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COLLECTION

DE PIÈCES

KBLATITIS

A L'HISTOIRE DE FRANCE.

I. LIV.

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IMPRIMERIE DE G.-A. DENTU,

nie des Beaux-Arts, n9* 3 et 5.

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COLLECTION

DES

MEILLEURS DISSERTATIONS, NOTICES

ET TRAITÉS PARTICULIERS

■■LATIV*

A L'HISTOIRE DE FRANCE,

. COMPOSéE, EK GRANDE PARTIE, DE PIÈGES RARES,

OU QUI n'ont jamais ETE PUBLIÉES SÉPARÉMENT;

POVn IIRTIK A COMPLiriR TOOTKS IBS COLLICTIOMS VB MiKOIKBS SOB CITTI NATIKIIR.

lûav €. tebn,

^ »>

TOME VINGTIÈME.

PARIS.

CHEZ G.-A. DENTU, IMPRIMEUR-LIBRAIRE,

rue des Beaux- Arts, no« 3 et 5; XT PALAI8-R0TAL , GALERIE VITRÉE; l3.

M D CGC XXXVIII.

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COLLECTION ^J^

MEILLEURS NOTICES ET TRAITÉS PARTICULIERSf*

RELATIFS

A L^HISTOIRE DE FRANCE.

<v»/yttwii%.^0¥vti%n0vmiww*iti¥tiw%Mww*tv%ni

QUATRIEME PARTIE.

ADDITIONS AU CHAPITRE PREMIER, S /// (i).

ORIGINES DES COMMUNES

ET DES BOURGEOISIES. OBSERVATIONS DE L'ÉDITEUR CL.,

SVB. LES RECHERCHES DE M. DE BRÉQUIGKT,

relatives à rétablissement des Communes et des Bourgeoisies.

L'affranchissemekt des communes n'est, au fond, 91e la révolte des peuples contre les souverains. On s'en occupe beaucoup depuis quelque temps ;

(i) Tome 5 de la Golloction L Liv.

524

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mais les esprits qui jugent à froid, et sans préoccupa- tion politique, les monumens de notre vieille histoire, n'y chercheront point des argumens en faveur du fait ^ntre le droit, ou du droit contre le fait : ils ne con- clueront rien d'une émancipation violente , mais né- cessaire, mais réglée, à l'exercice d'un pouvoir assis sur des bases séculaires, étayé du consentement de trente générations , et fort d'une durée que n'égale celle d'aucune loi de la société qui le reconnaît : ils ne verront, dans l'établissement des communes, que le droit du plus fort passant des mains de l'oppresseur dans celles de l'opprimé; avec cette différence, pour- tant, que l'action de l'oppresseur, née de la féodalité, n'avait abouti qu'à l'usurpation , tandis que la réac- tion du servage, fruit de l'oppression, ne fit que rétablir le droit usurpé. En un mot, les libertés mu- nicipales conslituaient le droit le plus ancien du pays; et dans le pacte social , la légitimité n'est qti'un fait de priorité sanctionné par le temps.

Quoi qu'il en soit , on travaille plus sérieusement que jamais à recueillir les chartes de communes et de bourgeoisies de l'âge s'accomplit cette première re- naissance : il résultera au moins de leur ensemble la connaissance d'un assez grand nombre de faits bons à constater, si ce n'est un tableau absolument nouveau de la régénération municipale. Jusqu'à ce que ce pro- duit d'une longue et laborieuse exploration des dépôis publics et des cabinets particuliers ait été livré h la presse, les Dissertations de M. de Bréquigny, qui for- ment lès préfaces* des tomes xi et xii de la Collection

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en

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(6)

Uabitiir ( i ). Le serment devait être prête par tous ceux qui formaient le corps de la commune ; mais ni tous les habitans d'une ville de commune n'étaient obligés de le prêter, ni tous ceux qui le prêtaient n'étaient pour cela membres de la commune. Cies habitans de condition serve n'y étaient point assujettis. C'est ce que ne dit pas M. de Bréquigny. Cette omission, qui ne peut être qu'une inadvertance, laisse un vide sen- sible, et répand même une certaine obscurité dans ses distinctions. En effet, après avoir fait observer que tous les habitans d'une ville ne prêtaient pas le ser- ment, et que tous ceux qui le prêtaient n'étaient pas membres de la commune, il cite , dans l'explication de cette circonstance, l'exemple de Soissons, dont tous les habitans sans exception furent tenus de jurer la commune; il fait remarquer ensuite que les ecclésias- tiques et les nobles qui la juraient, n'étaient pour- tant pas réputés en faire partie. Cela explique bien comment tous les jureurs n'étaient pas communistes, mais on n'y voit pas quels habitans n'étaient -pas obli- gés de jurer, et l'exemple de Soissons paraîtrait exclure toute exception. Or, c'était les serfs qu'on exceptait; et parce qu'ils n'étaient comptés pour rien dans l'or- dre civil, la commune, bien cpie jurée sans eux, pou- vait être réputée jurée sans exception. Alors, tout est clair dans l'explication de M. de Bréquigny. Les ec- clésiastiques et les nobles juraient, quoiqu'ils ne fus-

(i) Charte de Sens, t. 1 1 du Recueil des Ordonnances du Lou- \^rcy p. 262; autre charte de ViUeneiive-le-Roi , ibîd, p. 278.

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(7) sait pas r^Mitës membres de la commune; mais ils âaient partie au contrat qui limitait leur puissance, et c^est à raison de cette opposition d^intërét, quV jffès avoir consenti le pacte, ils devaient s'obliger sous la foi du serment à en respecter les conditions. La conmiune ëtant établie dans Tintérét de la bour- geoisie contre Tusiupation de la noblesse et du clergé, les bourgeois seuls en composaient le corps ; et de la l'exemption du serment pour tous ceux qui n'appar- tenaient ni à la bourgeoisie, ni à la noblesse, ni à Téglise , c'est-à-dire les serfs.

AV^rd de la seconde partie du pacte, contenant la rédaction des coutumes , on désignait sous ce titre de coutumes, non seulement les lois municipales qu'un long usage avait fait nommer ainsi, mais encore celles que la commune adoptait en se formant, et qui acqué- raient par-là autant de force que les premières. Les coutumes telles qu'elles sont rédigées dans les chartes, comprenaient cinq objets principaux ; savoir :

Les Jois qui réglaient les contrats civils et la pmii- tion des crimes;

La juridiction municipale;

Les franchises et les privilèges , qui n'étaient , en grande partie, qu'une conséquence de la liberté ren- . due aux bourgeois ; «

Les réserves apportées à l'exercice de ces facultés '' dans l'intérêt de ceux dont elles modifiaient le droit i et le pouvoir ;

Et enfm les charges.

Nous reviendrons sur ces conditions, qui sont toutes

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. %

(8) plus ou moins importantes, curieuses, essentielles au pacte de la communiaj qui constituent bien la com- mune telle (ju'on doit la concevoir, telle que Tentend M. de Brëquigny; mais comment y reconnaître une création de Louis VI ?

Le savant académicien convient d'abord que l'acte du serment, ou de la confédération jurée, formait le caractère distinctif du pacte. Or, le serment, condition principale de l'acte, ne touche pourtant que la forme; il est étranger au fond des choses , qui peuvent être convenues, sans être jurées, sous la garantie ordinaire des contrats : comme forme , il n'avait rien de nou- veau, car le serment ne fut jamais plus commun que dans les siècles d'ignorance et de barbarie. On ne peut donc voir, dans cette circonstance caractéristique du pacte, une institution nouvelle, ni pour le fond des choses qu'elle ne touche point , ni dans sa forme , qui était le mode le plus commim des jugemens et des contrats (i), sous les deux premières races.

D'un autre côté, l'opinion de M. de Bréquigny ne

(i) Jamais les sermens ne furent plus communs sous la seconde race , et par conséquent plus mal observés. Nos rois les faisaient réitérer à une même personne en diverses occasions. Alors , dit l'abbé de Yertot, on ne voyait plus que sermens, que parjures, que révoltes, que guerres civiles. ( Dissert, sur les sêrmens. ) Tous les traités , les engagemens , les promesses de faire ou de s'abstenir, étaient placés sous Ja foi du serment, dans les affaires pidiiliques et le règlemçn^ des droits privés.

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( .o )

caMtés qui jouisâ^t , qui n'ont jamais cessé àp jooir, c^pais les temps les plus reculés , de facultés et de franchises telles que celles qui nous paraissent avoir été créées par les chutes de communes. C'est qu'en effet les chartes n'étaient qu'une œuvre de restaura- tion, et que la plupart des droits qu'elles restituaient pouvaient subsister sans elles la possession n'en avait pas été sensiblement troublée.

A l'égard des franchises et des privilèges qui au- raient pu sembler nouveaux , ils consistaient princi- palement dans l'abolition ou la restriction des droits envahis par la féodalité. Ce n'était, à proprement parler, qu'une transaction faite avec le seigneur, qui cédait une partie de ses prétentions pour assurer le reste. Ce qu'il conservait du drt)it usUrpé formait les réseJrves, et les charges étaient le prix ou Tindeni- nité de ce qu'il relâchait. Qu'on se figure la féoda- lité comme un établissement moyen qui, s'interpo- sanl entre deux âges , et corrompant le cœur de la monarchie, en a suspendu, pendant quelques siècles, le mouvement naturel , et dérangé tous les ressorts ; qu'on fasse ensuite abstraction de l'état violent il a jeté le royaume, et qu'on réunisse les âges qu'il a séparés, on trouvera entre l'état le plus ancien, des .villes de France et les communes des derniers siècles , une' conformité si frappante dans le fond des choses, qti'il ne sera plus possible de penser ni de répéter que les communes sont une institution du règne de! Louis y I . Nous conviendrons que cette dénomination de commune ne date que du douzième siècle. Mais qu^^inxi

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( i6 ) .♦

les habitans d*iin territoire qui s'ërigeait en com- mune n'ëtaient pas libres de se soumettre ou de se soustraire à la résolution de la majorité. La charte les obligeait tous au serment. Tous étaient également tenus d'en remplir les conditions à charge et à profit, et les jureurs avaient le droit de se faire justice par la . confiscation de la maison et de l'argent de celui qui refusait de jui*er (i). Cette circonstance remarquable est du nombre de celles qui ont échappé aux recher- ches ou à l'attention de M. de Bréquigny.

Comme le pacte de communion supposait une con- cession faite à titre onéreux , et conséquemment un contrat synallagmatique, on ne pouvait s'en prévaloir . qu'autant qu'on en produisait le titre j s'il était perdu, il fallait justifier de sa préexistence, et, au besoin, le faire renouveler.

Les chartes de commmies afiranchissaient les vas- saux ou sujets des seigneurs , de toute taille injuste , de prise, de prêt forcé , d'exigences déraisonnables, etc. C'est ce que les seigneurs redoutaient le plus. C'est cette garantie donnée au repos et à la propriété des

(i) C'est ce qui résulte du texte suivant :

Unii^ersi homines inter QÎÎlqs'suprà dictas œmmorantes, in cU- jmcwnque terra morentur, commumam jurent. Qui çerà jurare noîueritf illi gi4 juraçerirU de domo ipsàis et de pecuniâ fàcièid jmHdam. (Art. 12 de la charte de Yiilli, Condé, etc., déjà citée, Sfddleg* )

La même disposition se retrouve dans plusieurs autres chartes,. notamment dans celle de Soîssons, art. i5.

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(17) sujets qoi in^râ âii trop irritable abbé de Nogeht te mouvement d'indignation, plus d'une fois cité, et qui n'avait rien alors d'extraordinaire : (c Commune ! nom ((nouveau^ ncmi détestable (i), par toi les censitaires «sont affrancbis de tout servage, moyennant une ((Simple redeyance annuelle. Tu n'imposes d'autre (T punition ptmr l'infraction des lois qu'une amende ((déterminée, et tu interdis toutes les autres charges ((pécnniakes auxquelles les serfs sont ordinairement « assujettis. » Telle était, en effet, la condition géné- rale , celle qui servit de ba^ au plus grand nombre des chartes.

Le règlement des coutumes en formait la partie plus importante. Toutes ces coutumes, si différentes entre elles, étaient déjà consacrées par une longue pratique dans les villes anciennes , lorsque les com- munes les réunirent en corps de lois, avec de nou- velles dispositions. Les villes récemment fondées, ou qui n'avaient point encore de coutumes propres, adop- tèrent celles de leurs voisins, ou se conformèrent aux statuts de la cité principale de leur territoire.

Ces coutumes, comme on Ta déjà m, embrassaient fcs lois civiles et pénales et la juridiction municipale. C'est cette juridiction , plus ou moins étendue ou res- trdiiLte au civil et au criminel, qui distinguait essen* tiellement la commune, des villes régies en prévôtés, c'est-à-dire soumises à l'administration d'un prévôt

(i) Commumo noçum acpessimum nomenîifixkih.^ de Vitâ sud, I. 3, c. 7.)

I. trv. a

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nommé par roi, et qui le représentait dans ses fonctions.

Le nom, le rang et les pouvoirs des magistrats mu- nicipaux rétablis par les chartes, varièrent beaucoup selon les temps et les lieux. J'ai donné sur ce person- nel quelques détails curieux qui rentrent dans un autre plan; j'évite de parler ici des personnes, pour ne m'occuper que des institutions.

Les franchises et privilèges accordés par les chartes se renfermaient quelquefois dans des termes géné- raux, tels que la formule que les- hommes de la commune soient libres eux et leurs biens (i); car la liberté était le premier bienfait inséparable de cette confédération. Elle rendit aux peuples les facultés les plus chères parmi celles dont la féodalité les avait dépouillés. Le père de famille y retrouva le droit de marier son fils et sa fille , en ne prenant conseil que de leur inclination ou de sa propre sagesse; de les retenir sous sa tutelle quand ils étaient mineurs , et d'exprimer dans son testament des volontés qui étaient respectées après sa mort. La veuve y recouvrait aussi le droit de disposer de sa personne après le décès de son mari, ce qui ne lui était pas toujours permis avant les chartes. Indépendamment des franchises absolues ou générales , il y avait des privilèges dont la nature et l'étendue variaient selon les besoins par-

(i) Quo'l liofnines communice , cum omnibus rehus suis , liberi permaneatU. (^ Charte des communes de Roye et de Saint- Quentin. )

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( ï9) ticoliers de la commune, ou les circonslances de son Glissement. Par exemple y des abonnemens étaient fixés pour les redevances qui pouvaient engendrer des abus. La charte de Laon porte que les tailles dues par ]a commune seront acquittées sur le pied de quatre deniers par terme (i). Dans la charte de Montolieu, donnée en i3i2, le roi déclare les bourgeois exempts de tous dons gratuits, prêts forcés, corvées d'hommes et de bétes de somme, excepté dans les cas de néces- sité et d'un subside général (2). Il leur laisse la li- berté de transporter leur domicile bon leur sem- blera, de disposer de leurs biens entre -vifs ou par testament, de marier leurs enfans, de faire entrer leiu^ fils dans les ordres ecclésiastiques.

M. de Bréqûigny pense que si ces droits ne sont pas énoncés dans toutes les chartes de commune, c'est peut-être parce que les habit ans des villes con^ sidéraUes et anciennes eii'jouissaient de temps immé- morial , ou par des privilèges déjà obtenus. Il n'est pas douteux que plusieurs cités anciennes ne fussent dans ce cas , mais non pas relativement à tous les droits accordés par la charte de Montolieu. Sans entrer ici dans des distinctions qui me mèneraient trop loin , je me bornerai à faire observer que quelques-uns de ces droits, tels que la librç translation du domicile, pou-

V

(^i^Singuiis terndrds quatuor denarîos sohat (Et on Ht

ensuite) : Ultra autem nullam aliam persolçat (Ordon. du Louvre, t. ii, p. 187, art. 18,)

(2) Ibid., t. 7, p. 5oo, art. 6.

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vaient n'exister pour aucune ville , avant les affranchis- semens; et que d'autres, tels que l'exemption du d(Mi gratuit , ont pu se trouver également en péril après comme avant les chartes.

On remarque , surtout , parmi les privil^es octroyés aux conamunes, le droit de se fOTtifier et de se défen- dre. Une des dispositions de la charte de Crespy, au- torise la communauté à se fortifier sur le terrain de qui que ce soit (i). Celle deCorbié porte que, dans la banlieue , nul ne pourra bâtir de forteresses sans \at permission du roi et de la commune. Philippe IV ne permet pas seulement aux habitans de Saint- Jean- d'Angély, il leur ordonne d'employer toutes leurs forces pour défendre leurs droits et ceux de l'Eglise, contre toutespersonnes, sauf la fidélité due au roi (2). D'après la charte de Rouen, dans les cas pressans, et stir l'ordre des magistrats, tous les bourgeois devaient sortir en armes , à la réserve de ceux que le maire et les échevins désignaient pour garder la ville; et ceux qui n'obéissaient point à l'heure fixée denieuràient à la merci de la commune, qui pouvait les punir, ou p^r une amende, ou par la démolition de leur maison.. 0n aura plus d'une occasion de reconnaître que les obligations imposées aux bourgeois et la resporfsabilité de leurs magistrats , ont toujours été proportionnées

(1) Vbicumque major etjuraU nllam Qvis^isxX foinare vobie" rinU ( Ordonn. dtf Louvre, t. n, p. 807, art. 2Ô. )

(2) Totam çim...,. contra omnem hominem,,.., sabâ fidelitate nostrâ. (Ibid., t. 5, p. 671.)

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(21 )

mK libertés des uns et aux pouvoirs des autres. En voici unjs {H*eniière fMreuve. Les citoyens de Rouen pouvaient se défendre; mais ils couraient le riscjuc d*étr^ ruinés par le simple refus d'user de ce droit, qfù ileven^ilt alors une chaire. La plupart des chartes consacrent ce droit de guerre , dont la <xniservati<»i éiait commise aux soins et placée sous la responsabilité du maire. Lcnrisque la mili(se de Beauvais était en marche pour la défense de la commune , sa charte Im défendait de parler à aucun /ennemi sans la per- mission du maire et des échevins (i)* A Roye, si un étranger, noble ou roturier, coupable de douunages causés à Ja commune, n'obéissait pas à la sonunation que Je maire lui faisait de les réparer, ce magistrat était tenu de marcher à la tête des habitans pour dé- truira rhaUtation du délinquant; et si c'était un lieu fortifié dont ils ne pussent se rendre maîtres , leur charte leur permettait d'invoquer Taide du roi , qui Jeur devait main-forte en pareil cas.

Qumque le droit de battre monnaie et de régler le titre et le poids des espèces n'appartienne qu'au sou- verain, plusieurs villes, au nombre desquelles on compte Saint -Quentii^ et Crespy, obtinrent par une clause de leurs chartes, que la monnaie n'éprouverait pour elles aucune mutation , sinon du consentement de leurs maires et des autres officiers municipaux. "■ 'i .

(i) Nisl majoris etparùun licfntiâ. Les échevins de Beau- veaîs avaient pris le nom de pairs, ( Voyez notre Hist. du pouçoîr municipal, p. 223 et sulv. )

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D*autres droits moins essentiels , mais plus parti* culiers aux communes, parce qu'ils formaient une dépendance de la juridiction municipale, consistaient dans la possession d'un hôtel commun, depuis h6tel- de-ville, pour la réunion des magistrats ;d^une cloche pour en indiquer l'heure; de la tour cette cloche était suspendue, et qu'on désignait aloi*s sous le nom de beffroi (i) ; du sceau pour sceller les délibérations, et d'autres objets semblables. Quelque simple que nous paraisse l'établissement d'une cloche , comme objet d'utilité publique, c'était dans ce temps -là un droit propre aux villes érigées en communes.

La charte de Laon ayant été révoquée, Philippe de Valois fît un règlement il était ordonné « que les (( cloches qui furent de la commune jadis de Laon, (( les deux qui sont en la tour que l'on suelt dire le ((beffroi...., » seraient confisquées au profit du roi, et qui défendait que cette tour fût jamais appelée bef- froi (2). De vient aussi (ju'après l'érection de la commune de Compiègne , il fallut des lettres particu-,

(i) Prœterea iisdem hominihus cq/ficessimus ut campanam ha-- béant in cwitate, in loco idoneo, ad pulsandum ad ooluntatem eo- mm pro negotiis villce. (Charte de Tournay, art. 82, ap» d'A~ chéry, Spic, t. a, p. i52, in-f>. )

(2) Ordon. du Lom>re, t 2, p. 79, art. 9.

La tour du beffroi servait ordinairement de prison pour la justice criminelle. Des lettres du roi Jean , à la date de 1 363, permettent à la commune deDourlens de garder la tour de Beauval , pour y faire leffroi et y tenir prison.

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lières du sori^erain pour autoriser les habhans à sonner les doches du beffiroi , comme signal de meurtre ou d'incendie (i). En y rëflëchissant, on trouve que ces précautions étaient fcnrt sages , relativement à d*autres institutions dont elles écartaient le danger. Ijorsqu^une multitude de petites populations années , et autorisées à repousser la force par la force , pouvaient être mises en mouvement au bruit d^tme dodie^ la faculté d'u- ser de ce moyen d'alarmes ne devait pas sembler si indifférente qu'elle ne dût être soumise à de certaines restrictions.

Mais les chartes de ccMumimes ne contenaient- elles aucune disposition qui tendît à maintenir ou à fortifier les droits d'usages dans les campagnes et la jouissance des commtmaux ? M. de Bréquigny, qui a fait une récapitulation si exacte des privilèges qu'elles accordaient, passe entièrement sous silence tout ce qui appartient au régime rural. Il est vrai que, dans un recueil il n'entre que des actes de nos rois, le consciencieux éditeur semble n'avoir s'occuper que des règlemens royaux; et qu'en général les chartes de communes qui sont émanées de l'autorité royale, ne

(i) Ce qu'on appelle proprement tocsin , équivalent de soime-cloche^ parce que la cloche commune recevait aussi le nom de saint, ou stUn, dans le sens de signum. « Pour que « cousons (consuls) puissent être plas legierement et plus- «tost assemblés, ils auront un saint ou campant commune, i( qui sera au-dedans de leur consulat. » ( Article i6 des priyili^ges de Peyruse, octroyés par Charles V, en mai iSyi.)

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(H)

i&tratîoii imë- villes qn^elles [s, des chaortes plmAt à Taf- aoipatiôn des la campagne , s besoins par- yeux de vëri- )ar'des grands vdssaux 9 et qui n'ont pas été toutes Isoiinptises à la con- fimiation du roi. Il est à regretter que M. dcBréquigny lés ^it point examinées, ou que les connaissant, il ait négligé d'en rapporter quelques* dispositions dans une analyse, d'ailleurs si fidèle, dont le but mani- fe$te est de donner l'idée la plus complète de l'institu- tion des communes. Il y aurait trouvé des clauses rdia- tivQS aux usager ruraux, doni il n'a point parlé, parce qu'il n'en, 0stpas question dans les actes de l'autorité royale auxquels il s'est exclusivement attaché. Par exemple, la charte donnée à la ville d'Arras par le comte de Flandre, au retour de la croisade, en 1187, contient un article des plus intéressans sur les pâtu- rages (i), et l'on peut citer plusieurs autresî titres de

(i)Les actes de con£édëration des communes furent auss^ qualifiés pactes d'amitié ou de paix.

Telle est la charte d'Arras : Cornes confirmai leges et con- suetudines amicîtîse Ariensium in Artesià.

Elle établit douze juges choisis dans Vamitié, qui doivent jurer de rendre exactement la justice à chacun, sans acc^p-

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(a5)

crnsemom semblables, du même temps. Mais il est juste de reeolmaitre <fae Fédiieiir des ordomianoes de aos tm n'avait point à s'oàcnper nëœssairement des actes des autres princes souverains, sauf le cas de oonfirmaticm royale.

Nops av(ND[s vu en quoi eonsistaieiit les privilèges des communes urbaines* Ces bénéfices û-étinent pas saos réserve^, 'et surtout sans ebai|;es.

Gomme nniemion du monan^ n'albit pas jus- qu^àvouloir dépouiller l^seignéurs de tous leurs droits, et parce qu'il ne s'agissait que de les restreindre dans de justes bornes, les lEvantages devaient être assez ba^ lanciîsdes deux parts, ^ur empêcher qu'un contre» poids trop puissant ne fit passer F^Jitis, de la classe de l'oppresseur dans celle de l'opprimé* C'est pourquoi le dernier article des chartes coiltient ordinairement cette clause .* Sauf notre droit j celui des évêqueSj du ciergéj des seigneurtj des nobles ^ des mgénus.

tion de pauvres ni de riches , de petits ni de grands. Tons les cantons qui font partie de Vandtié sont tenus aussi de s'engager par serfnent à se prêter matuellement secQurs.

In anûcitiâ i^tur siaU duodecim electijudioef, qidji^ etju- ramento firmaçerunt quoniam in judicio non acdpieni personam pauperis vel dlçitis, nohîUs çel ignobilis, projdmi oel exirand.

Omnes amian ad amicitiam pertinerUes inlke per fidem et sacrameittum firmwermU guàd unus suboeniet alteri tanquam fratri suo in udH et hônesto. (Art. i, Spicileg, d'Achery, t, a^ ifl-f% p. a53.)

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lyautres di^Kisitions défendaient à rautoriië munici- pale de s^immiscer dans la connaissance des droits féo- daux. Le serment même de la commune était réputé fait, sauf la foi due au seigneur {\\ Ces réserves protégeaient le faible dans le système des chartes, qui donnaient la force aux bourgeois ; et relativement au siècle, il eût été sage de les prescrire, quand bien même on ne les aurait pas exigées. Je h*en citerai plus qu'une, à laquelle les possesseurs de fiefs attachaient beaucoup de prix. (Tétait celle qui défendait d'ad- mettre dans la commune , les vassaux des seigneurs voisins, ou qui ne le permettait qu*à des conditions \ ces derniers. }l était surtout interdit es de recevoir les hommes de corps du [omaines. Si quelqu'un d'eux y avait été t forcé d'en sortir, et par-là on conser- eigneurial qui portait sur les personnes. Ces clauses s'étendaient aux hommes des abbayes royales , et à ceux des auires communes (2). Si les habitans libres de la campagne pouvaient être agrégés à une commune voisine, c'était sous la condition qu'ils abandonneraient à leur seigneur les terres qu'ils possédaient dans son territoire. Il ne letir était permis de retenir à la ville que ce qu'ils pouvaient y trans- porter avec eux (3).

(i) Sahàfidditate dominorum. ( Charte de Bray.) (2) Charte de Saint-Quentin, art S; de Bray, art i3. (3) Si rusticus extraneus causa intranâi commumam in villam venerit, de quocumquc districto sit, qmdquid secum adduxerit sal-^

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Viennent ensuite les chaînes, dont les plus pe- santes résultaient de la mise à prix de raffranchisse- ment. Les TiUes étaient tenues de payer une rançon , pour se racheter de la servitude d*où elles étaient ti- rées par la charte de commune, et pour indemniser le seigneur de la p^te de droits et de pouvoirs qu^il en é{Ht)uyait. N^examinons pas si cette condition était digne du trône y mais rappelon»*nous que les seigneurs y étaient les premiers intéressés, et que la concession de la charte rendait leur consentement nécessai^

Indépendamment de For que Ton prodiguait^k clergé et aux nobles pour neutraliser leur opposition, nos rois percevaient d*ahord une somme plus ou moins forte , qui formait un secours ffcésent ; ils im« poAient ensuite des redevances pécuniaires annuelles, qni grossissaient leurs revenus, et ils tiraient d^autres avantages du service militaire , qui était encore une charge de conunmies.

Les habi tans deLaon avaient fait des sacrifices con- sidérables d'argent pour obtenir le droit de conmiune: Louis YI en profita. La conmiune d'Amiens fut aussi achetée à prix d'argent (i). Les grands vassaux se fai- saient payer de même les concessions de communes , dans les domaines dont ils avaient la souveraineté ; et, à leur exemple, les seigneurs particuliers ven-

wm ent, et hoc quod sub districto domini sut remanehit domiru erit (Charte de Roye, art 19.)

(f) Ambiard, rege illecto pecuniis ^ feccre communiam, (Gui^' bcrt. )

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( ^)

daien}, aussi' leur consentement , quand on le croyait nëcessaire ou simplement utile. Ce n'est pas tout, il ne suffisait pas de payeip ce droit pour l'obtenir , il fallait faire encore de nouveaux sacrifioe^ de deniers pour le conserver} l'exemple de Laoù, qui obtint, perdit et ressaisit sa ccnnmuue à force d^ai^^t, eu est une preuve remarquable.

Le poids des redevances était proportkmné à la ri- chesse des villes afiranchies. Qa en vit même qui, prdjfepttant plus qu'elles ne pouvaifânt tenir, furent

Éigëes de renoncer au bënéfice dont liss charges les usaient. La ville de Roye , qui ^'ët^t engagiée à payer au prince cent onze livres dix sow parisi^ par an , fut supprimée sous Charles V(ï), Hiilippe Auguste n'ac- coorda le droit de commune à diverses villes du L»n- nmf que moyennapt le doublement des redevances annuelles dont elles étaient déjà grevées (s). Crespy

(i) L'ordonnance est de janvier iSyS.

K Nous ayioos, dît le roi , plusieurs hommes yassaux, cens, t< revenus et autres possessions de nostre domaine et grands m prooffits et émolumens, tant en justice comme es aydes, « ordonnez en la dicte chastellenie et ailleurs, avec cent onze « livres dix sous parisis de rente, etc*» La ville de Roye, rui- née par les dernières guerres et abandonnée par ses habi- tans , ne pouvant plus supporter ces charges , on supprima la commune dont elles étaient la condition. ( Ordon. du Lou- çre, t. 5, p. 662.)

(2) Nohis omnâs redditus nostros denanorum, tam in placi- tis quàm in aliis rébus, armuatim dupKcabunt (Ibid., t. 11, p. a34.)

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ne robtini du même pr mce qu'en s'obligeam au ser- vice d'une renie considérable (i). Sens lut imposé à six cents livres pàrisis de rente, non compris de fortes redevances en grains (:i). Les redeyances annuelles entraient aus^ dans le prix que les seigneurs particu- liers m^^iai^itàleui' consentement, lorsqu'il s'agissait d'établir des Communes dans leurs mouvances; mais ils étaient censés les recevoir à titre d'indemnités ré- ^éfô par le souverain , et ntm comme un droit qu'ils eussent iïnp<9sé.

lie «er vice niilitâîre, bien qu'il fôt utile aux commu- nes, format ei^ore l'objet d'une obligation envers le prinee et ttne condition principale des chartes. Toutes les viUe^ communes y étaient assujetties. Les habitans des autres villes^ étaient tenus de suivre leur seigneur à la guerre, et Celui-èi, selon le devoir de son fief, mar- chait âveo ses vassaux aux ordres du roi : mais quand des bourgeois avaient obtenu une commune , c'était au mr qUrHls devaient immédiatement ce service, et le seigneur était alors dispensé de fournir le nombre d'hommes dont il aurait été tenu dans le premier cas (3). Cependant , l'obligation du service militaire

»*+-^

'(i) Tenettirreddere, singUiîs annis Baîlii^is nostris, trecentas et teptuQ^fOa Ubras. ( Ibid., ibid., art. 3i. ) (a)C3iarte Sens, art. 23.

(3>De eocercitu et de eqidiatîonef prœfàtam ecclesiam (l'ab- baye d€ Saint -Jean- de -Laon ), quantum ad has quatuor cil- las ^ reïaxamus et absolvimus; eo quàd prœfatœ QiUœ exercitum et eqtdtationem nobis debent, sicut alîœ communias nostrœ. ( C)r- donn. du Louvre, t. ii, p. 271.V

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(3o)

n^était pas la même pour umtes les communes. Saint- Quentin devait le service d'o.<rt et de chevauchée (^i)^ toutes les fois qu*il plaisait au roi de le conunander. Bray, au contraire, ne marchait qu'en cas de convo- cation pour une guerre générale , et on ne pouvmt mener sa milice au-delà de certaines limites assez res- serrées, à moins que ce ne fût aux frais du monarque. Telle était aussi la condition des bourgeois deMâcon : ils devaient suivre le roi à leurs dépens, en quelque lieu que ce fut , pourvu qu'ils pussent rentrer chez eux le soir. Dans le cas contraire, ils n'en étaient pas moins tenus de marcher; mais le roi les défrayait (2). Tournay était obligé de fournir au roi trois cents hommes de pied bien équipés , lorsqu'il faisait mar- cher ses communes; et s'il s'avançait avec son armée jusqu'aux murs d'Arras, toute la commune de Tour- nay devait venir le joindre , sauf le cas les com- mimications auraient été coupées (3). On voit, par un rôle de I253, que le service militaire des communes

(i) Osty du mot hostis* Le service à!ost ou de che^aucliée, était proprement celui des chevaliers et des hommes d'ar- mes à cheval ; c'était le service militaire par excellence , dans un temps les hommes de pied étaient comptés pour peu de chose. Mais le terme S'est s'étendit à signifier toute espèce de troupes ; et , à l'égard des communes , il ne peut être pris que dans le sens de fantassins , ou milice à pied.

(a) Ordonn. du roi Jean, de février i35o, art. 19, t. 2 du Rec. du Lowre, p. 348*

(3) An. 34 et 35 de la charte de Tournay. ( Ibid., t. 1 1 ,

p. 25l. )

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(3. )

avait été ré^é long-temps ayant cette époque. Chaque conunune était taxée à raison de sa pc^ulation, et son contingent se composait d'un certain nombre de ser-^ gens de pied; car les milices communales ne ser* yaient qu'^à pied, comme les vélites chez les Romains. On sait que la force principale des armées françaises ne consistait alors que dans le corps des chevaliars et des hommes d'armes qu'ils menaient avec eux. Les villes les plus considérables fournissaient à peine quatre ou cinq cents hommes ; et leurs milices ne firent corps avec l'armée, que long-temps après l'ins- titution des communes. Rigord et Guillaume -le - Breton, écrirains contemporains de Philippe Auguste, leur donnent le nom de lésons (i) : chaque légion portait le nom de sa commune.

Les bourgeois étaient , enfin , obligés par les chartes , à divers services d'intérêt local qui constituaient bien une charge pour les individus, mais dont la masse ti- rait tout le profit. C'étaient eux qui devaient pourvoir à la garde de la ville, à l'entretien et aux réparations des murs , des ponts , des rues et places publiques. Telles sont les obligations imposées aux habitans de Montaubanpar létir charte, datée de janvier ï323 (2). A Noyon, il n'y avait que les possesseurs de maisons qui devaient guet et garde, et qui étaient tenus de con* tribuer aux frais des affaires de la commune ; encore

(1) Rîg., Gesta PhiL Aug,-^ Guil. Brit., PlUlippidos.

(2) En comménçaot l^attnée à Pâques, ou i323 en comp- tant du 1^^ janvier.

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le clergé et les nobles éiaient-Us exceptés de cette obligation, hes bourgeois de Pontoise devaient tous contribuer, à proportion de leurs facultés^ aux dé- penses qu'entraînaient la défense et la sûreté de la ville. Quelquefois même on obligeait les possesseurs de fonds , dans le territoire de la commune , à supporter leur part des frais de son administration ^ quoiquHls n'en fissent point partie. C'est ainsi que les seigneui^ des eniârons d'Angouléme et leurs homilies, dans un rayon diei deux lieues^ contribuaient au gnetet garde et à l'entretien du château, (c II est bien cbose rai- (( sonnable, dit le roi , que eux, leurs honunes et su- ce jets contribuent au guet , garde et réparations d'i- (( celle ville, car c'est pour garder le leur même (i). »

Voilà quelle était, en général, la conditicm des communes sous le régime des chartes , sauf la dififé- rence des proportions entre le bénéfice et la charge^

M. de Bréquigny devait apprécier mieux que per- sonne le but politique de ces institutions. On en est d'autant plus étonné de ne pas trouver dans son cha^ pitre des Motifs de rétablissement des communes en France j \me seule réflexion qui s'élève à la bau- leur de ce sujet.

L'hcmoraUe académicien réduit les avantages que nos rois tirèrent de Ja concession des chartes, à ces trois chefs : la somme une fois payée , les redevances annuelles et le service militaire.

(i) Lettres de Charles V, t. 5 des Ordonnances du Lcmvre, p. 679.

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(33)

Sans doute Fai'gent doit être compte pour quelque chose ; le monarque en avait besoin : la milice des villes lui devint aussi d'un très^and secours ; elle donna une armëe nationale à la France, qui n^en aVait point : mais nous ne voyons que des avantages secondaires, et non pas le motif principal , la pensée qui devait dominer toutes les autres dans Tesprit du monarque. Il suffit de se rappeler Tëtat de désordre et de dissolution tomba le royaume sous le despotisme féodal, pour sentir combien il importait au souverain d'en réprimer les excès; de quel intérêt il était pour lui de saisir, de fortifier, de diriger lui-même le contre-poids que Té- nergie des villes venait d'y opposer.Cest à cet intérêt tout puissant, bien plus qu'à leur détresse, que des factieux durent la protection du trône. Les cités qui ont le plus contribué à l'établissement du régime des chartes , étaient en révolte ouverte contre des seigneurs auxquels on reconnaissait un droit de souveraineté bien ou mal fondé qui pesait sur elles. Cette circons- tance-là seule prouverait que l'avantage des villes n'é- tait pas le motif déterminant des concessions qu'elles obtinrent en pareille position. Si le prince n'avait eu en vue que l'intérêt des révoltés, il n'eût pas choisi ce moment pour les aider : il n'aurait pas commis l'imprudence d'autoriser la rébellion par sa compli- cité. Cest parce qu'il agissait dans des vues plus éle- vées ; c'est parce qu'il y allait du salut de la monar- chie , qu'il dut saisir l'instant l'hydre affaiblie par de vives résistances lui offrait une victoire plus facile, jet d'un effet plus sûr. Il lui importait de ne pas laisser 1 I. uv. 3

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échapper une oc(;asion aussi favorable pout^ en triom- pher, maigre rincoâvënient de «ervir des rebelles. Le besoin le plus pressant du trône ëtait alors de se rap- procher d'uii peuple dont il ëtàit séparé dépuis des siècles, et de s'aider de ses efforts coiltre Tennemi commim. Cet ennemi c'était la féodalité, dont la ^lissance fondée sur Tesclavage des sujets ne pou- vait se soutenir avec l'afiTranchissement. Ainsi TafiFran- chissement armait les villes en faveur du trône. Le monarque avaittout à gagner, et rien à perdre dans ce grand déplacement de pouvoirs. Ce qu'il accordait lui était chèi:ement payé et ne lui coûtait rien; c'était aux dépens de son enrlemi qu'il dotait ses défenseurs; il profitait également de ce qu'il retirait à Tûn , . et de ce qu'il dpnhait à l'autre. Plus il étendait les libertés dès villes, plus il acquérait force pour les limiter ùii lés reprendre, si jamais on en abusait contre lui: c'est ce qui est arrivé; et l'évènènient a confirmé ceue vérité déjà manifeste , que, sous la pleine et libre puis- sance du trône, les libertés municipales ont toujours été su)>ordonnées à son intérêt à ses droits.

De l'éssehce même du pacte de commune naissait encore iiu avantage immense pour l'autorité royale.

Les divers térrit6ii*es dont la France se com étaient deïneutés comme isolés les uns des autreis, la différence des lois et des usages qui rendaient l'h^ bitant d'uilé cité étranger au àtoit et à la conditid d'une autre tité. Chaque contre avait, pour aiflj dire, propriété et la disposition de son code, e ce sens qu'il n'intére^it que le pays, et qu'il n'ava

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d'effet nécessaire que celui qu'il recevait des décisions du pays, par l'organe de ses magistrats. La féodalité n'avait pas Seulement aggravé les inconvéniens de cette po^itionf^ elle l'avait rendue intolérable en s*in- terposant entre la loi méconnue et la justice suprême qui l'eût fait respecter. Les seigneurs étaient à la fois jugés et législateurs dans leurs domaines. Leur intérêt, armé de ces deux pouvoirs , avait corrompu toutes les institutions pour s^asspijettlr tons les droits ; et les victimes ce despotisme étaient d'autant plus à plaindre, qUe le défaut de liens et de rapports entre plusieurs coutumes, ne leur permettait d'invoquer ni raut«rilé ni la faveur des exemples étrangers à leur territoire.

L'établissement des communes ne changea rieh au fond des usagés locaux ; mais il leur donna une base toute Nouvelle , et devint la garantie la plus sûre de leur conservation.

On n'a pas oublié que le corps principal de la cliirte se formait du règlement des coutumes, c'est-à- dire du di-ôit criminel, civil et de police par lequel la commune avait été ou devait être régie. Le roi, en accordant ou confirmant une charte, is'apprbpriait par- l'institution ouïe renouvellement de la coutume dont elle fixait ou tnédifiait les dispositions. En y imprimant le sceau de son autorité J il lui donnait le carabtère, la fipfce et la stabilité de la loi. Il s'en , cons- tituait le conservateur et l'arbitre. Il la faisait dépendre uniquement de la volonté du Irène dans son existence légale, et de sa suprêine jù^iièe dans soii exécution ,

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(3<i)

parce qu^une des conditions essentielles des chartes était de réserver la haute juridiction des villes de com- munes aux juges royaux. Dès-lors , la coutume n'ap- partenait plus au pays qui la suivait, que par son ap- plication ; elle n'existait plus que par la puissance du trône. Si les parties d'un même empire continuaient d'être régies par tant de droits différons , tous ces droits du moins demeuraient soumis à un régulateur unique^ à volonté du monarque qui fusait la loi ; et c'est, peut-être, le plus grand pas que le siècle ait fait dans les voies de la civilisation. Voilà pourquoi les villes ne pouvaient renoncer au bénéfice de leurs chartes, sans l'agrément du prince. Ces actes étaient des lois : elles ne pouvaient donc être retirées que par le pouvoir qui les avait données.

M. de Bréquigny n'a pas jugé à propos d'entrer dans ces considérations, sans. doute parce qu'il avait plus à s'occuper des faits que de leurs conséquences. Il semble, néanmoins, qu'en rendant compte des mo- tifs de l'établissement des communes, il n'aurait pas négliger le premier, le plus puissant de tous, l'in- térêt de la société générale et le salut de l'Etat.*

Je suis loin de prétendre que le cœi^r de nos rois soit demeuré insensible aux gémissemens de leurs peu- ples; qu'ils n'aient donné aucune attention l'état déplorable languissaient les campagnes et les villes, quand l'heure de l'affranchissement a sonné 'pour elles : les chartes qui sont lem* ouvrage portent l'em- preinte de sentimens plus honorables pour leur iné- moirp. Onjit dans quelques-unes, qu'elles ont élë

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( 37 )

données, entre autres motifs , pour délivrer les pau- vres (c'est-à-dire les faibles) d'une trop grande op- [Nression, prb ninUd oppressione pauperum (i); ou pour réprimer les excès du clergé, ob enormitates clericorum (2)^ ou simplement pour le maintien de la paix, habeant communiam prb pace conser- çandà (3). Mais qu'est-ce que cela prouve ? que Tin- térét qu'avaient nos rois à accorder des chartes de commune se fortifiait de celui que les villes avaient à les recevoir, et rien de plus (4).

C'est aussi dans leur intérêt que les seigneurs, à l'exemple des évêques et du souverain, établirent des communes dans les villes de leur mouvance. Par-là ils prévenaient, ou des rebellions ouvertes, ou la déser- tions des hommes de leurs terres, qui , pour éviter les vexations , se réfugiaient dans les communes voisines ou dans les domaines royaux, avec le titre de bour- geois du roi- Mais il y avait cette différence entre

Ti) Confirmation des privilèges de la ville de Mante, par Louis- le- Jeune, en ii5o , t. 11, p. 297 du Rec. des Ordorm. Ju Loue.

(2) Confirmation de la charte de Compiègne, par Philippe Auguste, en 1186. lbid.9 p. 24.0.

(3) Charte de divers lieux dépendans de l'ahhaye d'Âuri- gny, accordée par Philippe Auguste, en 12 16. Ibid., p. 3o8.

(4) M. de Bréquigny convient lui-même que « l'intérêt « que ceux qui accordaient les communes avaient coutume « d'en tirer, contribua souvent plus à ces concessions que « l'intérêt de ceux à qui elles étaient accordées.

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•le monsrque et les seigneurs , que le monarque aug- mentait sa force en autoï*isant des communes , avi lieu que leà seigneurs ne faisaient que modél'er Tafiaiblis- sèment dVne puissance qui kur échappait.

La plupcirt des villes du Languadoc ont reçu leurs chartes des sei^eurs, et quelques-unes de ces conces- sions $ont des plus anciennes. Suivant domYaissette, rémanpipation de Carcas$onn€) se serait effectuée en 1 107, époque antérieure aux premières charte con- firmées par Louisrle*Gros. Gell^ de Mtotpelli^ est rapportée à Tannée ur3; celle de Béners à iiai; celle de Wîmesà u44î celle deNarbonnêàM48, et Taffranchissem^t de Castres, à Tan 1 160. Le rétabli»- sepient de . l'adwinistration municipale de Toulouse remonte aussi v^rs le milieu du dôu^ièmç siècle (r).

Jl y a cependant, ajoute le cftêmp auteur, quelque différence entre Tprigine des communes de Langue- doc et celles de France, La plupart de ces dernières lurent établies par l'autorité de nos rois , indépen- damment des seigneurs qui avaient le domaine des villesj au lieu que les bourgeoisies et les communes des villes du Languedoc furent instituées par les sei- gneurs immédiats, qui leur accordèrent divers jaivi- léges, firent ériger leurs coutumes particulières, et leur donnèrent des lois de police et de gouvernement. C'est ce qui résulte, entre autres chartes, des cou- tumes que les vicomtçs de Saint-Antonin en Rouergue

(1) Histoire du Languedoc, par les Bénédictins ) t. 3, p. 5i5^

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(39) dopi^reût v^s Tan 1 136 aux h^^itans de cette ville. Ces règlemens permettem le duel et Tëpreuve du fer chaud y autcmt que les parties y consentent; ils abo- lissent les quespM et toutes les autres impositions for- cées; ilfii accordant uiie pleine franchise et sûreté à tous ceux qui viendraient à la fête de Saint-A>it(win duncK)^de septqui})]^^, huit jours avant et après (i)« Il semblerait que ces diverses chartes ^ du moins les plus anciennes , auraientëtë accordées par les seigneurs, s^ois la partidpation du monarque. Cette circonstance n* aurait' rien d'^txtraordinaire pour le temps le rôi de Franpe n'avait pae; encore la propriété , pwis seide- ment la souver^ilieté des principales villes du Lan- guedoc, que Char^emagne avait réduites sous son obéiss^ce..Qi| convint d'aill^nrs que, dans U rigueur du droit fèodal , les ducs et \es^ comtes souverains poi:^vaienjt ^ croire fondés, jusqu'à un certain point, à s'absienir de. consvdter le tfône, quoiqu'il ne soit pas sans exemple que de grands vassaux aient recher- ché sa garantie, en soumettant leurs actes à la confir- mation royale. Mais cette indépendance* a toujours été considérée comme un des plus grands abus de la féo- dalité. Dès. l'instant le monarque eut commencé à ressaisir Tempire dont elle s'était emparé , il ne fut plus permis de contester ces maximes, conséquence inévitable du droit de souveraineté ; qu'au roi seul ap- partenait le pouvoir de créer des communes, oudç les

(i) HisL du Long. ( Ub. sup.)

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( 4o )

autoriser, ou de les défendre ; que les villes de France étaient ses villes, et non celles des seigneurs; qu'çUes lui étaient immédiatement soumises; que lui seul avait le droit de les régler, et d'apporter dans leur administration les changemcns qu^il jugeait néces- saires (i). Si quelqu'un osait contester V autorité r/e la commune de Beauvais , dit Louis VU , dans ^s lettres de confirmation, on est dispensé de lui ré- pondréj parce que le roi Va garantie j confirmée^ et voulue ainsi (2). C'est encore parla force du même droit qu'il a été déclaré que les juridictions des villes de communes dépendaient exclusivement du monar- que, non comme seigneur des fiefs qu'il aurait acquis i' mais comme souverain du royaume. Par le règlement de la juridiction de Lautrec, il fut ordonné que tous les consuls et autres magistrats municipaux de ces lieux reconnaîtraient solidairement tenir leur con- sulat du roi, non à droit féodal comme seigneur, mais à droit de sous^erdinetéj et comme roi (3). En

(i)Ordonn. de Philip, de Val., i338; du roi Jean, i35a; de Charles, régent, i35ft; t. a, 3 et 4 des Orâoru du Lowre^ et passim.

(2) Qidcumque contra ilh^nk ^f^ çob^erity quoniam ilkmi con- firmaçimus et securaQÎmus nequaquant ilH respqndebitui\ (T. j dçs

Ordonn, du Lom?,, p. 625. )

(3) OrdinaQit qubd dicU consutes*... ac consîHarii..*. eorumdem recognoscant ipsum consulatum tenere in. solidum à Domim) nos- tro rege, ut rege. ( Réglem. de Charles VI,déceinb. i^io, t. a àt% Ordon. du Louo.y p. SSj. )

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( 4i )

eSet^ le roi seul exei:çaitla puissance législative. ( conditioii des villes ne pouvait être ehangëe que une loi , de même (pic^Ia justice municipale ne pou y être rendue qu'au ncnn et sous Tautorité du prince qui faisait la lo'u

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RECHERCHES

SUR LES COMMUNES.

PAR M. DE BRÉQUIGNY (i).

Pour traiter avec quelque ordre cette portion im- portante de notre droit public, jusqu'à présent peu ëclaircie, nous diviserons en plusieurs articles le sujet que nous nous proposons de discuter, i** Nous déter- minerons ce que nous entendons ici par le mot com- munes ; 2*^ nous fixerons Tëpoque de Fëtablissement des communes en France, et nous en développerons rapidement les premiers progrès; 3** nous recherche- rons quels furent les motifs de cet établissement; 4* nous examinerons quel devait être le titre qui donnait le droit de communes; nous ferons voir quel était Tobjeldes principales claucesque ce titre renfer- mait; nous exposerons enfin comment, par qui et par quelles raisons, les communes ont été quelquefois modifiées, abolies ou rétablies.

(i). Extrait de la préface du lome ii des Ordonnances du JjQwre.

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(43) I.

Ce que nous entendons par le mot Communes,

Ce terme , employa dans racception la plus éten- due, désigne tout c(»rps d^babitans réunis pour vivre en sociéié sous des lois conmiunes; en ce sens, les conmiu- nés sont sans doute plus anciennes que les monarchies-

Mais nous n*entendons ici par ce mot que les corps municipaux qui s'établirent en France pour ga- rantir de l'oppression les habitans des villes , soit que ces corps se soient forages d'abord par des confédéra- tions lumultuaires, autorisées ensuite par le souverain , soit qu'ils aient été établis à l'imitation de ces pre- mières confédérations, en vertu de concessions au- thentiques préalablement obtenues.

Comme le but de cette sorte d'associations était de se d^endye de la tyrannie des seigneurs, les mem- bres de la commune se juraient respectivement de s'ehtre-secourir les uns les autres, et de maintenir leurs communes. Ces sermens étaient exprimés dans l'acte même d'association : les coutumes anciennes y étai^it rédigées , ainsi que celles qui étaient nouvel- lement établies ; on y fixait les formes de l'élection , et l'étendue du pouvoir des magistrats chargés de les faire observer; enfin, on y stipulait les franchises ^ les droits et les obligations de la commune.

On verra, dans les articles suivans, le développe- ment et la preuve de tout ceci : il ne s'agit , quant à

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présont 9 que de faire apercevoir les caractères distinc- tifs de ce <jue nous nommons communes. Ils peuvent se réduire à trois : Tassociation jurée et autorisée par titre authentique ; la rédaction et la confirmation des usages et coutumes ; l'attribution de droits et privilè- ges, du nombre desquels était toujours une juridic- tion plus ou moins étendue , confiée à des magisti^ats de la commune et choisis par elle.

Ces caractères suffisent pour faire sentir en quoi les droits de commune diffèrent d'autres privilèges, qui y ressemblent à quelques égards ; tels que les af- fi:*anchissemens ou abonnemens de redevances féoda- les ^ les concessions ou confirmations de coutumes, les droits qu'on nommait bourgeoisies; enfin la juri- diction municipale, dont plusieurs de nos grandes villes paraissent incontestablement avoir joui dans les temps les plus reculés (i).

Les villes de commune réunissaient ces divers pri- vilèges. En payant des redevances fixes, elles étaient af&anchies de ces droits arbitraires et odieux que les seigneurs se croyaient les mahres d'en exiger ; elles

n'ont été que trop souvent confondus par

Q ont parlé en passant ; entre autres par rao-

! remplie d'ailleurs de recherches curieuse^

les droits de la noblesse , insérée dans le

nres âe littérature, p. 107 et suiv. Du Cange«

la liste qu'il donne des chartes de com-

mune, a souvent confondu les droits de commune avec le&

couiufi^es.

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(45)

étaient régies par les coutumes qui y avaient été de tout temps observées, ou par celles qu'elles décla- raient vouloir adopter; leurs habitans étaient ordinai- rement désignés sous le nom de bourgeois; les affaires publiques étaient confiées à des magistrats élus par eux et tires de leur corçs : mais d'autres villes pou- vaient jouir de ces mêmes privil^es , sans être ville de commune , parce que ces privilèges réunis ne ras- semblaient pas encore tous les caractères de la com- mune.

£n e£Fet , les af&anchissemens et les abonnemens de redevances féodales n'attribuaient point de juri- diction (i). L'usage d*être régi selon certaines cou- tumes ne supposait point le droit de se choisir des magistrats pour les faire observer ; il imposait seule- ment au juge royal ou seigneurial l'obligation de s'y

(i) Voyez la charte d'affranchissement et d'abonnement de redevances, accordée aux habitans de Peyrusses en i347 par leur seigneur, ccmfirmée par Charles YI en i383 : le pre- mier article porte c[ue considérani être cJiose pieuse et cowena- hle de ramener en liberté et francidse les hommes et femmes qui de leur première création furent créés et formés francs 9 etc. Il est dit ailleurs qu'ils étaient ^tmciermeté taillables et exploi- tables à colonie, et de serve condition. Après les avoir affran- dûs, et avoir fixé pour l'avenir leurs redevances, la charte ajoute pour ce dernier article : demeureront lesdits hommes et femmes, justiciables à moi et à mes hoirs, en tous cas. ( T. 7 de ce Rec, p. 3i et suiv.— (Du Recueil des Ordon. Toutes ces no- tes étant l'éditeur des Ordonn», c'est toujours ainsi qu'on devra entendre les mots ce Recueil.) (^Edit, C. L.)

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(46)

Conformer dans Tadministralion de la justice (i). Le titxe de bourgeois se donnait quelquefois aux hati- tans des villes qui n'ëtaient point gouvernées en com- mune. Pour n'en citer ici qu'un seul exemple, la commune d'Auxerre ne fut établie qu'en 1194; ce- pendant on trouve dans une charte de Tan 1 188 (2), le nom de bourgeois donné aux habitans de cette ville. Brussel (3) , en interprétant le premier article de l'ordonnance de Philippe-le-Bel en 1287, au sujet des bourgeoisies (4), dit que celui qui veut être reçu bourgeois doit se présenter au maire de la ville , s'il y a une commuhe ; et s'il n'y a point de commune, au prévôt.

Le privilège qui ressemblait beaucoup plus au droit de commune était la juridiction municipale , qui en formait effectivement lin des caractèi'es principaux ; aussi a-t-on presque toujours confondu les villes de

(1) L*artîcle 3i des coutumes Ae Mailly - le - Château , il n'y avait point de commune, porte que le prévôt ou juge sera tenu de jurer l'observation de ces coutumes (t. 5 de ce Recueil, p. 717). Il y avait à Péronne àes coutumes long-temps avant qu'il y eût une commune. Il est dit dans l'article 28 des lettres qui établissent la commune de cette ville, en 1207, que les bourgeois continueront d'ob- server les coutumes dont ils ont joui jusqu'alors : Omnes in- \as burgenses Peronae kacienus tenue- seroent, (Ibid., p. 162.) xerre, t. 2, Preuv., p. 3i, 64. , p. 903. dans le t. i de ce Rec, p. 3i4.

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!

' ( 47 )

comimine avec eelks qui jouissaient de cette juridîc- j tion. il &ut donc, avant d'aller plus loin, nous arré* I ter un peu stdr ce point essentiel , et prouver que le droit d^avôir des officiers municipaux ne suf^se point essetitie|)ement Tétablisseinent d'une commune. \ Il suffit pout» cela de faire voir qu'il y a des villes

qui, long-temps avant d'avoir une commune, ont eu dès officiers municipaux. Le savant auteul*(i) de la Dissertation sur FHôtel-de-Ville de Paris, placée à la tête de rHiôtoire de cette ville par D. Félibien, a fait VOIT que la juridiction municipale de Paris était différente du droit de commune , dont Paris n'a ja- mais joui. La ville de. Lyon, qui fait remonter l'ori- gine de son corps municipal jusqu'au temps des em- pereurs romains (a), n'a jamais joui non plus du droit de commune, ainsi qil'il lut jugé par arrêt du parle- mètii, en tn'jS : Càrt^ apud Lugdunum non esset nec cotHmUriia nec unwersitasj nec umguâm fuis- set (3).

La Ville de Reims est, de temps immémorial, en possession d'une juridiction municipale. Sous les rois de nos deux premières races , elle était gouvernée par ses propres magistrats , qui portaient le nom àiéche- vinsj et qui étaient élus par le peuple. Dans le neu-

(i) M. le RouVoy. la première partie de sa ï)îssert., § 5, et h seconde partie, § i.

(a) Fby. Dubos, Etabiîss. de la monarchie française, t. 4, p. 3o2.

(3) Registres oKm, t. 2, sous Tan 1273.

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(48)

vième siècle, le cëlèbre archevêque Hincmar eut re- cours à leur tribunal (i); cependant, au commence- ment du douzième , elle n'avait pas encore le droit de commune ; elle le reconnut elle-même, lorsqu'elle sollicita ce droit auprès de Louis VIL Et qu'on ne dise pas qu'elle ne sollicitait que la confirmaticm de ses droits anciens , sous le nom nouveau de commune^ elle demandait une commune semblable à celle qui ëtait établie à Laon depuis environ dix ans (2).

Louis VII accorda aux Rémois la grâce qu'ils dési- raient. Nous n'avons point le titre même de la con- ceission j mais nous avons deux lettres de ce prince il en est fait une mention expresse^ Elles sont rap- portées par Marlot (3) , qui les a tirées d'un ancien manuscrit de l'abbaye de Saint-Thierry* Tout^es deux ont pom* but de reprocher aux Rémois ^ à qui elles sont adressées ^ l'iabus qu'ils faisaient du droit de eoin- mune qu'ils Venaient d'obtenir. Dans la première, le prince leur rappelle les conditions auxquelles il leur a octroyé ce droit. «Vous savez, leur dit- il , que sur (( votre humble demande , et condescendant à vos priè- è res , nous vous avons accordé une commune sur

(i) Voyez Marlot , Hist ecclés. Rem.^ t. a , p. 824 et suiv. Bergier, de VAntiq. de VécheQÎnage de Reims, p. 7 ; et ie Mé- ii bailliage de Reims, en 1766, p. 8. e de Laon fut établie par Louis VI , vers nous le dirons plus bas (art. 2) ; cell^ de [ Marlot, ubisuprà, p. 827. ) et suiv.

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(49) (( le modèle de celle de Laon^ sauf le droit de Tar- «chevéque et des ëglises, voulant que vous en rcti- (( riez avantage y mais sans faire préjudice à autrui ( i )• » Il leur marque ensuite son mécontentement de ce qu'ils abusent de cette concession pour usurper les droits des églises. Il leur fait à peu près les mêmes reproches dans la seconde lettre , il dit expressément qu'ils ont outrer-passé les droits de la commune de Laon , qui leur avait été donnée pour re^e{^. La com- mune qu'ils obtinrent de Louis VII n'était donc point la coniirmalion d'un droit qui leur était déjà propre ; c'était, au coniraire, la concession d'un droit qui leur était absolument étranger. La ville de Reims n'avait donc pas une commune avant le règne de Louis VIF, quoiqu'elle eût de toute ancienneté une juridiction municipale. Il ne faut donc pas confondre la juridic- tion municipale avec le droit de commune.

Ce droit de commune ajoutait encore à tous les privilèges dont nous venons de parler : le serf deve- nait libre par le simple afirancbissement j l'homme libre devenait bourgeois par son association aux ci- toyens d'une ville qui avait des franchises et des pri- vilèges; mais quels que fussent ces franchises et ces privilèges, il ne devenait homme de commune que , .-^P

{i)Scids quia nos humiii petitiom et predbus vestris assenswn praèenies, ad modum communiœ Laudunensis communiam Qohis indulsimus, etc. ( Marlot, vbi suprà, p. 326. )

(2) Modum Laudunensis communiœ, qui çobis propositus est, cmnino e(Lceditis. (lbid.,,p. 827. )

I. Liv. 4

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( 5o )

lorsque cette ville , outre ses cputumes particulières , outre sesfrandiises, outre sa juridiction propre , jouis- sait de Tavantage d^avoir des citoyens unis en un corps par une confédération jurée , soutenue d^une concession expresse et authentique du souverain. Telle est ridée que nous attachons au mot commune/ et cette idée sera justifiée par tout ce que nous allons dire de rétablissement des communes, de leur objet

et de leurs fermes.

IL

Epoque de rétablissement des communes en-France, et leurs premiers progrès.

De ce que nos rois de la seconde race ont accordé quelques privilèges à divers lieux , il n'en fiiut pas conclure avec Brussel(i) qu'ils ont institué des com- munes , parce qu'aucun de ces privilèges n'avait les caractères que nous venons d'assigner aux communes. Les chartes de franchises accordées aux villes et vil- lages de France avant le douzième siècle , dit un au- teur étranger fort versé dans notre histoire (2) , ne contenaient ni établissement de corporation , ni gou- vernement municipal, ni droit de guerre privée, mais

(i) Usage desjlefs, te i, p. 180.

(2) Robertson , Etai de l'Europe, depuis la destruction de Vempire romain jusqu'au quinzième siècle, à la tête de VHis^ toire de l'empereur Charles V, t 1, note 16 ^ p. 25i. Cet excellent ouvrage vient de paraître en anglais , à Londres. ^ en trois vol. in-4.**. »

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(5. )

seulement des afliranchissemens , des abonnemens de redevances , des exemptions de serrices. Les com- munes ne se fonnèrent, en France, que plus d'un siècle après le commencement de la troisième race de nos rois.

Dans les temps d'anarchie et de désordres , pen- dant lesquels on avait vu cette race s'ëlever, les comtes et gouverneurs des villes s'ëtaient approprie les droits attachés à leur charge. De quelque façon que leur pouvoir ait commencé , ils étaient venus à bout de le rendre héréditaire. Bientôt^usant arbitrairement d'une autorité usurpée, ils en avaient fait sentir tout le poids à leurs sujets (car c'est ainsi qu'ils appelaient leurs justeciables); et sans ^ard pour les anciennes lois, ils les avaient accablés de toutes les vexations qu'a- vait pu leur su^érer l'avidité ou le caprice.

Les villes les plus opprimées ou les plus puissantes se soulevèrent enfin contre ce joug intolérable ; leurs habitans formèrent ces confédérations dont nous ve- nons de tracer les caractères , et auxquelles ils don- nèrent le n<mi de communes. Ce fut sous le r^ne de Louis VI qu'elles prirent naissance. Nous avons , sur leur origine , des détails curieux dans les Mé- moires (i) de Guibert, abbé de Nogeiit, témoin ocu- laire (2) des troubles dont elles furent l'eflet ou la cause»

(1) Gnibert., de Vitâ suâ, 1. 3.

(2) Le nécrologe de Téglise de Laon s*expriine ainsi en parlant du récit que Guibert a fait des troubles causés par

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( 5a )

Une des premières qui se forma fut celle de Noyon : Guiben atteste qu'elle lut le modèle de celle de Laon. Les lettres de Philippe Auguste, qui confirmèrent la commune de Noyon en 1 1 8 1 , nous apprennent qu'elle avait ^té établie par Louis VI (i). Le titre de réta- blissement s'est perdu ; mais il nous reste une charte de Baudri(2), évêque et comte de cette ville, qui nous instruit des principales circonstances. Les habi- tans de Noyon , consternés des vexations étrangères et domestiques qu'ils éprouvaient, cherchèrent à s'as- surer un protecteur en élisant poitr leur évêqûe Bau- dri , leur compatriote, archidiacre de leur église (3). Ce prélat, ami des lettres et des hommes, plein de vertus dans un siècle qui en fournissait peu d'exem- ples , répondit à leurs espérances et combla leurs vœux , en leur procurant l'établissement d'une commune. Il en rédigea lui-même l'acte dans une assemblée géné- rale du clergé, des nobles et des bourgeois; il fit ju-

l'élâblissemeut de la commune de Laon : Hœc et aUa quam- plurima memoratus Abbas, qui his diebus prœsens aderat, plenâ fide etoeritate consaipsit; not Dacherii ad Guibertom, p. 85a.

(i) Philippe Â.ogusle parle ainsi dans ses lettres : Commu- mam Nwîomensem, quant avus noster instUuit.,,. et postmodiim paier noster.».,* manutenuit (Ordonnances, p. 224 de ce vol. ) (Du t. II des Ordonn.)

(a) Elle a été publiée par le Vasseur, Annales de FégUse de Noyon, p. 8o5. Il Ta tirée d'un cartulaire de cette église.

(3) Il fut élu en 1098. Voy. sur cet évêque, GalL Christ, t g, P- 998-— jHw«. Utt. de la Fr., t 9, p. 579.— Baluze, MiscelL, t. 4) P- 3o8 et suiv.

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(53)

rer d'en oliseryer les articles; enfin, il obtint du roi des lettres de concession revêtues de leurs formes (i). Ces lettres de Louis VI n'existent plus ; mais il est aisé de voir c{u*elles doivent a[^)artenir aux premières années du règne de ce prince , car Baudri mourut en II i3. D^ailleurs, la commune de Noyon subsistait avant celle de Laon, à qui elle servit de modèle (2) : or, nous allons voir que TcMÎgine de la commune de Laon remonte jusque vers Tan 1110.

Guïbert nous a transmis toute l'histoire de réta- blissement de la commune de Laon. L'évéque , loin d'y contribuer, s'y o{^)osa de toutes ses fcarces. Ce prélat, bien différent de l'évéque de Noyon, avait été élu à la recommandation du roi d'Angleterre, dont il était référendaire. Plus propre à aggraver les maux de son diocèse qu'à les calmer, il en fomenta les trou- bles, il en augmenta les désordres. Trois ans après ^n élection , il eut part à l'assassinat de Gérard de Crecy, bomme respectable par son rang et par ses vertus^ qui fut massacré dans une église. Laon était

(i) Voici ses termes dans la charte rapportée par le Vas- senr : Communionem in nooiomo concUto elericorum ac miUtum, nec non et Burgensium mefecisse, et sacramento, pontifleaU auc- toriiate, aique anathemùtis çinado confirmasse f et à dominù Ludo- oico rege ut ipsum concederet et regali signo corrohoraret impe- trasse, etc. ( Annal, de Fégl. de Noyon , M suprà.)

(2) Guibert dit de la commune de Laon : Jurmit communion nis ilHus se jura tenturum, eo quod (lisez qud) apud Nwiomagensem urbem*,*.» ordine scripta existerant. (De Yitâ snâ, 1. 3, p. 5o4.)

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( 54 )

alors le théâtre de tous les crioies : les étrangers y étaient impunément pillés et outragés^ Jes domesti- ques du roi même n'étaient pas à Tahri des insultes; les nobles y exerçaient des yiolence» et dei| cruatités dont Guil)ert trace un tableau qui fait frémir (i): Les habitans n'envisagèrent de ressources que daos Téta- Uissement d'une comnnme : ils {«'ofitèrent de l'ab- sence de leur évéque po^r obtenir le consentement des ecclésiastiques; ils achetèrent à prix d'argent ce- lui 4es nobles, et la commune fut jurée (2). L'évê- que y à son retour, fut fort irrité ; on l'apaisa avec de l'argent. La concession du roi manquait ; on l'obtint en payant de HouveUes sommes : mais les habitans ne Jouirent pas long-temps d'un privilège qu'on leur ^vait vendu si cher. L'évêque, impérieux et violent, ne pouvait s'accommoder d'une administration qui ré- tablissait l'ordre dans la ville, et ne lui permettait plus d'abiiser de son autorité ; il employa tous $es ef- forts pour faire abolir la commune. Les bourgeois alarmés offrirent 400 liv. au roi pour qu'elle fiit main- tenue ; l'évêque en offrit 700 , et la commime fut supprimée.

.Les uoble^ s'étaient joints à l'évêque, qui avait fai^

(0 Guibert., 4e yUâ sn4, 1. 3, p. ^o3. Çrbi ilU tarda ab ai^ iiquo a^ersitas inoleçerai^ ut rieque J^eus, T»eqm Dominas quis-^ fdam inihi timeretur, sed adppsse et IMUun cujusque, rapims e$ cauKbus rtspublica, misceretur, etc. {Voyez aussi le chapitre ii|^ p. 509.)

(2) Toat ce r^cit est tiré de Guibert , vhi suprày

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venir des gens de ses terres , et en avait rempli sa mai- son et les tours de son église. Les habitans au déses- poir prirent les armies contre lui. Après avoir tenté de se défendre y il fut réduit à se cacher ; mais il fut bientôt découvert et mis en pièces (i). Les désordres forent extrêmes , son palais brûlé , diip églises, quan- tité de maisons réduites en cendres ^a). La ville pres- que détruite, ^abandonnée de ^es citoyens , dont les uns cherchaient à se soustraire aux fureurs du peu- ple, les autres au châtiment de leurs excès, fut pillée par les habiians des villages voisins : il fallut plu- sieurs années pour réparer tant de désastres. Les cho- ses se pacifièrent peu à peu ; et ce ne fiit qu^au bout de seize ans (3) que la commune deLaon fut rétablie. Il y avait eu une concession primordiale ; de les lettres de rétablissement semblent annoncées comme

(i)Le aS avril II i9f ftelon Goibert, uèisuprà, c. 8, p. 5o6. Bob. de Momit^ApperuL adSigibert, ann. m. cxj,adcala Gmà., p. 74.7, ^'exprime ainsi : Ferid V Hebdomadœ PasduUù VU eoL maii, in litaniâ majore. Nous remarquerons eu passant que le nécrologe deTéglise de Laon jJace la mort de Vévè^ que on jour plus lard. VI kal* maii, obiius Waidrid episc^pi, etc., ad cale. Guib., p. 65a ; mais les caractères cbronologi- qpies donnés par Gâibert , et Rob, de MàrUe, ferid V,et in li- iamà majore, désignent incontestablement le jeudi, jour de Saint-Marc , aS ayril.

(a) Voyez )es auteurs cités d^essus, et Hermann. Monach. de Mime. S. Marim Laudun. ; ad cale. Guib., p. SaS.

(3) En iiaS. Voyez les lettres de Louis VI, p. iS5 de ce ToL (Du t* 1 1 de» Ord^)

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un traité de pacification, înstitutio pacis (i). Tous leB droits de la commune y furent confirmés , et Ton y ajouta im pardon général pour tout ce qui s^était passé , dont treize personnes seulement furent excep- tées (2),

Ce fut au milieu de désordres à peu près sembla- bles, et peu de temps après la première époque de la conunune deLaon, que s'établit celle d'Amiens. L'ë- vêque Geoflfroy, qui en était aussi le seigneur, prélat recommandable par sa piété , et qui fut mis depuis au non^)re des saints, Pavait accordée aux bourgeois, et leur en avait obtenu des lettres du roi (3). Le comte d'Amiens , Ingelran de Bove , qui relevait de Tévê- que(4), prétendit que l'établissement de cette corn-

(i) Nous n'ignorons pas que le mot pax s'emploie sou- vent dans nos anciennes chartes pour désigner la banlieue, le territoire de la juridiction municipale : mais les circons- tances de l'établissement de la commune Laon paraissent indiquer en cet endroit l'acception que nous donnons à l'ex- pression pacis institutà), quoique daps plusieurs autres let- tres elle ne signifie que l'attribution d'un territoire^ ( Voyez dans ce vol. les lettres de commune de Grespy, p. ^36 , de Bruyères , p. 245 , etc. )

(2) Art. 8 de la charte de commune de Laotu, p. 186 de ce vol.

(3)Guîb., ubi suprày p. 5i5.

(J^Gall Christ, t. 10, p. ii48.-- Longuerue, Descr. de ta Fr,, part i, p. 54, s'exprime ainsi : « La seigneurie tempo» <t relie de la rille ( d'Amiens ) fut donnée par les rois de « France aux évéques d'Amiens; et ce sont ces prélats qui

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(57 )

miine prëjudiciait à ses droits (i), et youlut Tabolir à main armée. Il ftit chassé de la ville par Tévéque et les bourgeois. Ses partisans réfugiés dans une tour, au milieu de la ville même, y soutinrent, contre le roi en personne, un siège de deux ans : la famine les força de capituler; la tour fut rasée (2); et la com- mune fut maintenue en vertu de nouvelles lettres de Louis VI, sollicitées par Yves, évêque de Chartres; car il paraît que c'est l'objet d'une lettre que cet évê^ que écrivit à ce prince, et qui a passé jusqu'à nous (3). 11 semble y désigner la confirmation de la commune

« donnèrent le comté d'Amiens aux seigneurs de la maison « de Bove , qui en furent dépossédés par Raoul , comte de « Veraiândois , dont la fille Isabelle épousa Philippe d'Aï- « sace , comte de Flandre , qui céda en ii85 le comté d^A- « mieus au roi Philippe Auguste. » La chronique de Trîvet ]^ace cette cession en ii83, et ajoute que la ville d'Amien» resta à l'éyèqiie, aux charges de la tenir du roi : Cwitas Am- bianensis, concessîone régis Franœrum remansit episcopo Ambia- nensif de ipso rege tenenda, (Dachery, SpiciL^ t. 8, p. 4^6.)

{i)Ex conjuraHone Burgensiwn, Condtatûs sièijuta oetusta imdi''. (Guib., ubi sup,, p. 5i5.)

(2) Guib., îbid., p. 517. Vita S^ Geqffiiài Ambkm, Episc; apvdSurmm,

(3) Yçonis CamoL Epistokz, p. 446, epist 253. Après avoir exposé la douleur que l'évéque d'Amiens ressentait des trou- Mes qui agitaient la ville, Yves supplie le roi d'avoir égard aux plaintes de ce prélat : Didt emm regiam ma/estaiem çes^ tram^ ut pactum facis quod, deo inspirante, in regno çestro con- famari fecistis, nullâ lenadtante amicitiâ Qel f attente desidià nolari permittatis.

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d' Amieiis par ^expression de pactum pacis^ de même que la confirmation de la commune de Laon est aussi désignée par Texpréssion institutio pacis dans les let- tres de Louis YI. Il est assez probable que cette con- firmation eut peu d^effet, car les habitans demandè- rent de nouveau le droit de commune a Hnlippe Auguste j qui le leur accorda en i igo par les lettrea que nous publions dans ce volume (i).

Quelques écrivains, qui n'ont connu^e cette der- nière concession, ont supposé qu'Amiens avait eu une commune avant que nos rois lui en eussent oc- troyé le droit : ils se sont fondés sur le témoignage d'Etienne de Tournai , qui parle d'une commune éta- blie de son temps à Amiens , dans une lettre dont on ne peut rapporter la date au-delà de 1 164 (2). A la vérité, cette date est antérieure à la concession de la commune d'Amiens par Philippe Auguste, en 1 190 ; mais elle est postérieure de plus de cinquante ans à la première concession de liOuisVI, qu'ils n'ont pas

(^i) Ad petitionem ipsorum (ciçàtm Ambîanensium) communfam eis concessimusy p. 264. de ce vol.

. {7L)Steph, Tornac. Epist, p. i64, t^t. ii3. Communiai Am- bianensi ad quam judidum sangidnis speciat, etc. L'anteur dit plus haut qfue la ville d'Amiens était alors sous ta domina- tion du comte de Flandre. Elle n'y passa qu'en 1164, par Isabelle, liéritière en partie de Raoul, comte de Yerman- dois, et femme du com(e de Flandre, Philippe d'Alsace. Nous ayons dit ci-dessus (p. 56, note 4)) <iae ce comte de Flandre céda Amiens à Philippe Auguste, environ vingt an& ^près.

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connue : ainsi , elle u^e prouve point qu* Amiens eût eu une commune avant de Tavoir obtenue du roi.

La commune de Saint-Quentin , antérieure à celle d'Amiens , est à peu près du même temps que celle de Noyon; car Guibert dit que Tëvêque de Laon consentit à rétablissement d'une commune dans sa ville,. sur le modèle des conmiunes de Noyon et de Saint-Quentin (i). En associant ainsi ces deux der- nières communes , il sembla annoncer qu'elles étaient à peu près du même temps. S'il fallait attribuer quel- que antériorité à l'une des deux, ce devrait même être à celle de Noyon, qui est nommée la première : or, nous avons fait voir que la commune de Noyon ne fut établie que vers l'an 1 1 lo.

Cependant, quelques écrivains font remonter beau- coup plus haut l'établissement de la commune de Saint-Quentin , et voici sur quoi ils s'appuient. Cette commune fut confirmée par Philippe Auguste en 1 195 (2). prince s'oblige ,' par la charte de confir- mation , de maintenir les habitans de Saint-Quentin dans la jouissance des coutumes observées du temps de leur comte Raoul et des prédécesseurs de ce comte (3) i or, disent-ils, ce Raoul étftit Raoul I", qui fut comte de Vermandois; en xiig; par conséquent ses prédé-

(i) Eo qm apud Nwiomagensem vrhem et Sanquindnense op^ pidusm orêaie scripta exdteranL ( Goib., M fup*, p. 5o4* )

(a) Voy. ces lettres, p. 270 de ce roi.

(3) Usus et consuetudines qùas in tempore Radulfi comitis et 0fiiecessonim suorum, Burgenses S, QidrUini tenerunt ( {bid, )

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cesseurs vivaient long-temps avant le douzième siècle: d'où ils concluent que cette commune ayant existé sous les prédécesseurs de Raoul I*% avait par consé- quent été établie bien avant le règne de Louis VI.

Mais 9 i"* il est probable que Philippe Auguste, en confirmant les communes de Saint-Quentin , avait en vue celles dont cette ville était alors en possession , sans renvoyer à des temps anciens dont il eût été dif- ficile de constater les usages. Ainsi lorsque, dans Tar- ticle 23, Philippe dit que tous les procès, hors les causes réservées , seront portés par les hommes de la commune devant le vicomte royal pour y être jugés par les échevins , comme du temps du comte Raoul ( i ) , il y a tout lieu de croire qu'il entend parler, non de Raoul I*', mais du dernier comte de ce nom , c'est-à- dire de Raoul II, mort en ii64? dont la succession fut cédée à Philippe Auguste par Eléonor, fille de ce comte , et devenue sa seule héritière.

2** Quand on supposerait que Philippe a entendu parler de Raoul I" et des prédécesseurs de ce prince, il ne dit point que Raoul et ses ancêtres eussent éta- bli une commune à Saint-Quentin , mais que de leur temps il y avait des coutumes dans cette ville. Or, comme nous l'avons déjà dit, il ne faut pas confondre les coutumes avec les communes; car il y avait des coutumes sans commune, puisqu'un des objets des chartes de commune était de confirmer les coutumes^

{i)Ib{d,, p. 272.

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(6i)

déjà subsistantes. Les coutumes , par leur nature, n*ë* tant fbndëes que sur un usage immëmorial, ne con- naissent point de date , et $ont nécessairement anté- rieures aux communes, puisqu'elles y sont ordinaire- ment rappelées. Donc, quand Raoul I*' aurait autre- fois ratifié les coutumes de Saint-Quentin , il ne s'en- suivrait pas qu'il eût accordé une commune à cette ville. On n'a donc aucune raison de croire que cette commune soit antérieure à celle de Noyon , avec la- quelle Guibert semble la lier. Certainement elle n'é- tait pas antérieure au siècle de Guibert , puisque cet auteur, qui la connaissait et qui en parle, ne laisse pas d'assurer que toutes les communes en général étaient^ de son temps, un établissement nouveau (i). Guibert écriv|iit vers la fin du règne de Louis VI.

Parcourons plus rapidement les époques de nos au- tres communes les plus anciennes; nous n'en trouve- rons aucune établie avant le règne de ce prince. Ce fut lui qui accorda celle dfi Soissons , maintenue en- suite par Louis VII, comme nous l'apprennent les lettres de confirmation de Philippe Auguste (o). Un ancien catalogue des évéques de Soissons, cité par

(i) Conùmmiœ nooum,... nomen. (Guîb., de Vitâ suâ, 1. 3, cy.y

(a) Voici les termes de Philippe Auguste : Ams noster Lu- doçîcus Burgensibus Suessionensibus Communiam inter se haben- dam concessU, et si^iH sui auctorltat eœnfimumt ; post cujus de- cessum, poier noster Ludwicus,,* eis eam manuteradt et custodiçit. (P. 219 de ce Tol.)

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( 62 )

Dormay (i), en place l'origine sous T^piscopat de Liziardy qui ne commença qu'en 1109 et finit en 1 126. Louis yi établit aussi celle de Saint*Riquier ^ comme il est dit dans un règlement qu'il fit sur quel- ques articles de celte commune , et que nous avons publie (2). La dommune d'Abbeville, que quelques- uns (3) ont cru antërieure à toutes les communes du royaume , est au contraire postjérîeure à toutes <îelles dont nous venons de parler ; car les habitans d'Ab- beville achetèrent originairement le droit de com- mune de Guillaume Talevas, comte de Ponthieu, selon le témoignage des lettres de confirmation (4) accordées en xi84 par Jean, comte de Ponthieu, !!• du nom t or, Guillaume Talevas ne devint comte de Ponthieu que du chef de sa mère , qui n^ mourut qu'en ii3o.

Si quelque commune pouvait faire remonter son Origine avant le règne de Louis VI , ce serait celle de

(i) Histde Soiss.f t. a, p. 81.

(2) Page 184 ie ce voL Rex Ludo^icus apud S* Richanum, et causa uUUtatis nostrœ, inter homines nostros commiudam Ibi statuit La charte est de fabbé de Saint - Rlquier. La date est de 1126; ainsi le roi qui y est nommé est Loals VL

(3) Voy. la NoU hist du comté de Ponthieu, publiée en 1769, t. I, p. 96. Au reste, l'auteur ne prétend pas placer l'établis^ sèment de la commune d'Abbeville avant l'an ii3o, quoi- qu'il la suppose ie premier exemple des communes.

(4) Ord., t. 55. Cum,», cornes Willelmus Talevas,,. Bùr- gensihus de Abbatis-çillâ... Communiam pendidisset, etc»

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Beauyais (i); mais nous allons prouver qu^elle doit aussi son établissement à ce prince. Il est vrai qu^il e$t fait mention de cette commmie dans mie lettre écrite par Yves de Chartres (i») à Hugues , doyen de relise de Beauvais, qui ne Tétait plus en iio3 (3) ; mais Louis VI régnait d^ depuis plusieurs années; il avait été associé au trftne par son père Philippe V% dès Fan 1099 (4) , et il exerça le pouvok souverain, conjointement ai^ec Philippe , jusqu'à la mort de ce pnnce (5).

Ce &Lt précisémem vers le temps de Passociation de Louis TI que les habitans de Beauvids jettent les premiers {ooàemens de leur conunune.Yves de Char- tres ^danâ sa lettre que Ton cite, ne parle de cette commune naissante que comme d'une confiédération tmmiltuaire qui était encore sans autorisation ;^^r^-

(i) Voyez Simon, sapplément à V Histoire du Beawoisis, p. 26. (2)Epist JJyl^» i56*

(3) GalL Christ, t. 9, p. 770.

(4) On troave dans la bibliothèque de Qnny, uoe charte de Louis Vl, datée du mois d'octobre iioS, et de la cin- quième année du règne de ce prince. ( Art fie oérifier les da- tesy p, 498O ( J'en possède une semblable. Edit. C L)

(5) Philippe continua d'exercer la souveraineté durant loQt le temps de son excommunication, eomme Ta démon- tré Blondel, d»is son Traité sur la formule Régnante Chnsto. ( Voyez aussi le rapport fait à l'assemblée du clergé de France, par M. de Choiseul, évêque de Tournay, le 17 mars 1682.)

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lenta conjuratio factœ communiorUs (i), comme d*une conyenuon privée qui, malgré le lien du ser- ment, était sans force contre les dispositions positives du droit cancmique (2). Il fait entendre qu'elle était accordée par Tévêque , puisqu'il dit que ce prélat s'é- tait obligé d'en observer les règlemens; maid il ne dit point qu'il en eût obtenu la concession du roi , qui seul pouvait donner force de loi aux articles des communes, comme nous le prouverons plus bas.

Voyons maintenant dans quel temps Yves de Char- tres écrivit la lettre dont il s'agit. Il y est question d'un procès pour un droit de moulin que les bour- geois prétendaient devoir leur être garanti par leur évêque. Nous apprenons, par la. sentence (3) interve- nue sur ce procès , que cet évêque se nommait An- sel; or, Ansel n'avait été élu évêque de Beauvais qu'au mois de juillet 1096 (4) : ainsi la lettre d'Yves de Chartres est postérieure à cette date. Ansel ne fut sacré que la troisième année après son élection : ce fut l'année même de sa mon , car il mourut le 3 1

(i)Epist. 77, p. i56.

(2) Pacta enùn et consuetudines oel eUam juramenta quœ suni contra leges canonicas, nulUus sunt momenii. ( Ibid. )

(3) Elle est imprimée dans les Mémoires de Beauvais , par Loisel, p. 226, et commence ainsi : Hœc sunt oerbaju- dieu quodprotuUt Adans^rin presentiâ Anselli BeUoçends épis- copi.

{i)Gall. Christ, t. 9, col. 714.

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novembre 1099 (i), et Fëpoque de rassociation de Louis y I à la couronne.

Ansel ëtait un prélat plein de douceur et de piëtë (2), caractère ordinaire des ëvêques qui favorisèrent les communes y conune on a pu le remarquer dans ce que nous avons dit prëcëdenunent. On a pu observer aussi ^e les évêques seigneurs de leurs villes se chai^eaient d'obtenir du roi les lettres de concession des com- munes qui se formaient sous leurs auspices : la mort trop prompte d' Ansel ne lui permit pas sans doute de rendre ce service aux babitans de Beauvais* Après lui, deux prétendans se disputèrent son siëge(3), et remplirent Beauvai^ de troubles et de désordres: Yves de Chartres en fait , dans plusieurs de ses let- tres (4), la peinture la plus toucbante. «Nous n'a- (( vons pu (dit-il au clergé de cette ville malbeureuse) « lire d'un œil sec le récit des maux que vous souf- « frez ; vos maisons pillées^ vos terres envabies, etc. (5). » Louis YI fiit contraint de se transporter à Beauvais pour j rétablir l'ordre et la paix : il y était au mois de février iio3/4; il y confirma les privilèges du

(0 Obituar.y S. Pétri, citât Ibid., col. 715.

(2)Loayet, Hist de Béarnais, t a, p. 217 ; «< ibi chrordq,

{S)Gall. Christ, t. 9, col. ji5 et suiy.

(i)Yçonis Camot, ejdst 187, a63, a64, etc.

(5) Siccis oculis légère non potuimus infestaUones Burgentium, domorum spoliationem , terrarum inffosionem, in quibus omnibus fiât impetus, non ratio, et praçahdt œmuia cierîcorum làicalis ffrœsump/io. ( Epîst. a63 , p. 462* )

I. uv, 5*

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clei^ë par des lettres que Loîsel a publiées (i), et qu*on trouvera aussi dans ce volume de notre Recueil: ce fut probablement dans ce même temps qu*il rati- fia, par une concession en forme , la commune qu*Ân« sel avait commence d^y établir, mais tpi, de scm temps, n^était encore qu^une confédération dénuée du sceau de Tautorité souveraine, turbulenta conjuratio.

Tlous n'avons plus les lettres de concessicm de Louis yi, mais nous avons celles de confirmation de Louis VII, en 1 144' Elles portent expressément que le droit de commune avait été accordé aux habitans de Beauvais par Louis VI. « Nous confirmons , dit « Louis VII dans ces lettres (2) , la commune que <( Louis notre père avait accordée il y a déjà long- er temps (3), et nous la confirmons telle qu'elle fut (( instituée et jurée dans sa première origine (4). » Quand nous n'aurions pas toutes les raisons que nous avons exposées pour croite que la -commune de Beau- vais fut l'ouvrage de Louis VI , le témoignage exprès de

(i) Mémoires de Beawais, p. a6S. Ordoïouy p. i j6 de ce volume.

(2) Commimiam illam quam à pâtre nostro Ludoçico permuHa arite tempora homines Belimcenses hahuerunt, p. 198 de ce vol Dans la confirmation de PhiUppe Ângnste en 1 181 ( t. a de ce Rec, p. 63a), Philippe dit : A pâtre nostro Ludoçico et anteces- \ soribus nostris* U faut lire on entendre : A pâtre etapoLudwU» antecessorihus nûstris.

(3) Selon ce que nous venons de dire, il y avait au moinft quarante ans. j

(4) SicutprUiS instituta etjurata, p. 198 de ce vol. j

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Louis VII 9 son fils et son successeur immédiat, ne per^ metu^t pas d'en douter. Cest do^c encore à Louis VI qu'il faut reporter rétablissement de la conuntLne de Beauyais.

Partout on voit les ccHnmunes se former dans le cours du «douzième siècle. La chronique de Saint- Bertin (i) semble attribuer presque toutes celles des villes de Flandre à leur comte Philippe d'Alsace, contemporain de Philippe Auguste. Il est vrai que l'historien des comtes d'Ardi^es fait remonter l'origine de la commune d'Ardres presque au milieu du on- zième siècle, en l'attribuant au comte d'Ardres Ar- nouj^ I*' du nomj mais il se trompe; car il ajoute qu'eljle fut établie gjûr le modèle de celle de Saint- 0mer(2) : or, Ja commune de Saint -Omer doit son origine à Thierry d'Alsace (3) , comte de Flandre ,

(i) Cbron. S. Berlini, c. 45, p. 3, apud Martenîum, Thés. Anecd., t 3^ p. 666 : Hidc çillct (^nomne Dam) prÎQilegium de- dit ( PhiKppus ) ut Uberi sînt per Handriam ab omni exactione. Datum anno i i8o. Iste cornes quasi omnes Flandriœ ieges dédit amio ii8i.

(a) Et scaèinos eidem loco (^Ardeœ) ordinaçit, et eorumjudi" da secundian juridictionem et institutionem Audomarensium sca- èinontm et bwgensium tenenda et in perpétuant seroanda.,, jura- çit et confirmamt (Lamb. Ard. Comit Ardcns. , 1. 1 1 , Hist. Fr. , 1^ 3a5.— /d^m^ cap. ïii, apud Ludwig. fteliquîse Mss. diplo- aatnm. Francof. et Lips. 1727, in-8®, t. 8, p. Bao. )

(3) Philippe I^', comte de Flaadre^ qui confirma la corn- nrane de Saint-Omer, était fils de Thierry d'Alsace ; et dans les lettres de confirmation, il atteste expressément que cette

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qui ne put prétendre à ce comté qu'après la mort du comte Charles de Danemarck, dit le Bon , en 1 127 : la commune d'Ardres ne fut donc établie qu'après cette époque, probablement par Amoul III, petit-fils d'Amoul I" ; et en effet, on voit jusque-là les habi- tans de la ville d'Ardres exposés à des vexations con- tinuelles ^i) , dont l'établissement d'une commune les aurait préservés. Arnoul III avait épousé la nièce de ce même Thierry d'Alsace , qui avait établi la commune de Saint-Omer ; est celte circonstance ajoute un nouveau degré de probabilité à notre opinion.

Le comte de Boulainvilliers (2) a cité une charte de commune, accordée selon lui aux habitans de Vervins, vers le milieu du onzième siècle, sous le règne de Henri I*', par Thomas de Coucy, seigneur de Vervins ; mais le premier du nom de Thomas de la maison de Coucy qui ait été seigneur de Vervins, est le second fils de Raoul de Coucy, premier du nom, qui lui laissa par son testament la seigneurie de Vervins en 11 90 : ainsi la charte de commune de Vervins assignée par le comte de Boulainvilliers, et que nous ne connaissons point, ne peut être que pos-

commune avait été accordée par son père : Sicut pater nuus concessit (Voyez ces lettres, t. 4 de ce Rec, p. 247. )

(i) Voyez sur ces vexations, THistoire de Lambert d'Ar- dres, soit dans le recueil de Ludwig, cité pias haot, soît parmi les preuves de la maison de Gaines, par Da Chesne, p. 161 et suiv.

(9)Hîst de V ancien gow. de la France, U i, p. 3io.

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(69) térieure de près dW siècle à Tépoque que nous assi^ gnons aiix plus anciennes communes.

Nous n^avons encore parle que des communes de laFrance septentrionale ; celles du reste de ce royaume ne sont pas plus anciennes : qu^il nous suffise , pour abroger, de renvoyer sur ce sujet au témoignage de D. Yaissette (i), qui a examine ayec autant d'exac- titude que de discernement les mcmumens de Fhis- toire de nos provinces méridionales. On pourrait bous opposer des lettres accordées aux habitans d'Aiguës- mortes, si ces lettres étaient effectivement de Tan ïO'jg y date sous laquelle elles ont été imprimées. dans le quatrième tome de ce Recueil (a), sur la foi du registre 80 du Trésor des Chartes : mais i"" ces lettres ne sont point proprement une concession de com- mune; ce sont des franchises que Ton y accorde, quelques-unes même pour un temps limité; c^ sont des règlement que Ton prescrit sous le nom de cou- tumes : Libertates et consuetudines concessimus. Or, ces concessions ne suffisent point pour caracté- riser une commune. 2"" Il y a erreur dans la date des lettres dont il s'agit; il faut lire 1 379 au lieu de 1079 : ainsi ces lettres sont de Philippe III , et non de Phi- ^àpçe I*'. D. Vaissette Ta déjà prouvé dans son His- toire du Languedoc (3); M. Secousse lui-même a eu soin d'avertir de la méprise par un carton annoncé

(1) HîsL de Langued., t. 2, p. 5i4 et 5i5. (a) Page 4*4 ^t saiv. (3) Tome 3, noie 36.

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(70) dans le sixième rolume de ce Recueil , et dam une note du septième (i) : mais ni les précautions de M. Secousse ni la critique de D. Yaissette n^ont pu empêcher qu'on n*ait continue j dan$ pltii^0urs ou- vrages cëlèbres (2) , d'sAtriliâer à Philippxe I*' réta- blissement d'tme cominune à Aigiies- mortels : tant rerrettr s*afccrédite aisément et se détiliit oteo peine. Nous crcfyons donc devoir nous arrêter ici un mo- ment pour la combattre de nouveau.

L'historien du Languedoc a prouvé (3) non seule- ment que Philippe 1*' ne possédait rien dans le Lan- guedoc, mais que le port et la ville d'Aigues-mortes ne subsistaient point encore du temps de ce prince : Tun et l'autre doivent leur origine k saint Louis , aussi bien que les franchises qu'il y établit en i a43 (4) Les lettreis attribuées à Philippe !•' ne sont qu'une confirmation de celles 4^ saint Louis, avec quelques lehàngemens par Philippe III son fds. Elles sont da-

(i)VoyezX,% doRec. des Ordonn., préface; et t. 7, p. iS^» notes.

(a) Tels que le Noweau Traité de diplomatique , 1 4 ) P* ^ 74-. -— ilémoires de l'atadémie des Beiies - leUres, t sS, Hi9i.f, P> âSg.

(3) Tome 3^ de ï Histoire du Languedoc, par ^ Yaissette ^ p. 598.

(4) Les lettres de Saint-Loais , qu'on avait prises pour la , confirmation de celles de Philippe , auxquelles au contraire elles ont servi de modèle , sont imprimées dans le Traité du Franc- Alleu 9 par Galland, p. 365 de Pédit. de 1637, in - 4"-.

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( )

l4es de la neuyième année du règne du prince qui kf accorde ; et la neurième année de Philif^ III indique Fan 12799 au lieu que la neuvième année de Philippe P' ne peiit jamais indiquer Fan 1079. Ajou- tons à cet preuves alléguées par D. Yaisseue un' ar* giunent sans relique : aucun des grands^ffiders qui existakm en 1079 n'a signé les lettres dont il s'agit , et tous ceux qui les ont signées existaient i^9*

En effets éeux qui les ont signées sont(i} Ymbert onHumbert, connétable; Jean, bouteiller; Robert, duc de Boui^ogne , camerier : or, on trouve les noms de ces mêmes officiers dans diverses lettres de Tan 1279 et des années voisines. Uo&fie de grand-sénéchal était vacant en 1279, comme on le dit dans les lettres en question; il Tétait dès 1 191 , et ne fut jamais rempli depuis. Au contraire, en 10791e grand-sénéchal Thi- baud vivait encore, le connétable se nommait j4 dam j le nom du bouteiller était Hervé j celui du camerier était fVderan^^).

Il est donc évident que la date des lettres dont il s'agit n'est pas exacte dans le registre 80 du Trésor des Chartes; et il est aisé d'imaginer la source de la méprise du copiste. Cette date est écrite tout au long dans ee registre, millesimo et septuagesimo nono; il bUait éiH^ire millesimo ducerUesimo et septuagesimo nono. Le copiste a omis le mot ducentesimOj qu'on

(i) Ord., t. 4, p. ^47.

(a) Voyez-en les preuves dans les diverses histoires des grands-officiers de la couronne.

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(7») trouve en effet dans la date de cette même ordon* nance transcrite dans un autre registre du Trésor des Chartes, coté 129 (1), ce qui achève de lever tout doute sur ce sujet. Donc, quand hien même les let^ très dont nous venons de discuter la date pourraient être regardées comme des lettres de commune , elles ne prouveraient pas quHl y ait eu de commune à Aiguës -mortes avant 1279, c'est-à-dire plus d'un siècle et demi après rétablissement des premières communes dont nous avons parlé. !Nous n'en avons trouvé aucune qui soit antérieure au douzième siècle; aucune qui ait été accordée par quelqu'un de nos rois avant Louis VI : c'est donc au règne de ce prince qu'il faut fixer l'origine des communes en France. Après en avoir ainsi déterminé l'époque , examinons- en les motifs.

III.

Motifs de rétablissement des communes.

Nous les avons déjà indiqués dans ce que nous avons dit jusqu'ici : i"" l'avantage des habitans qui deman- daient le droit de commune ; 2** l'intérêt des souve- rains qui l'accordaient. Quoique ces deux motifs aient presque toujours agi concurremment, nous les exami- nerons cependant l'un après ra.utre.

I. Le besoin de se réunir pour se défendre contre la tyrannie des seigneurs , dont les vexations multi-^

(i) Voyez la note (d) de la p. iS/J du t. 7 de ce Rec^

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(73) pliëes étaient portées aux excès les plus inouïs, fut la première cause qui porta les habitans des villes de France à se former en communes. La nécessité de mettre fin aux troubles et aux guerres domestiques que ces vexations occasionnaient, fut souvent le mo- tif qui détermina à leur en accorder le droit. On en a déjà vu quelques exemples; rapportons -en de nou- veaux, et joignons-y les termes mêmes des chartes.

Louis VII, dans les lettres par lesquelles il confirma en 1 i5o la conmiune que Louis VI avait accordée aux habitans de Mante , donne pour la cause de cette con- cession l'oppression excessive sous laquelle les faibles gémissaient : Pro nimiâoppressione pauperum{i).

Ce même prince accordant une commune aux ha- bitans de Compiègne en 1 153 , allègue pour motif les excès auxquels le clergé de cette ville s'était porté, oh enormitates clericorum (a).

Philippe Auguste , dans la charte de commune de la ville de Sens, en 1 189, dit qu'il s'est déterminé à accorder cette commune dans la vue de rétablir la paix et l'union parmi les habitans; intuitu pietatis et pacis in posterum conservandœ (3). Le même mo- tif est exprimé en mêmes termes , dans la charte de commune accordée en 1200 aux habitans de Neu- ville-le-Roi en Beauvoisis (4), et dans celle qui fut

(i) Voyez p. 197 de ce vol. (pL)IbitL p. 24^.

(3) Ibid. p. 262.

(4) Ibid, p. 278.

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(74) pareilkmeni àctatAée âcnt haUtam de Creq>y eaVin lois, en iâi5 (i). Le bien de la pm fut enooce le motif qui fit accorder k dfoit de commune en I3i6, à diyers lieu^ d^>ettdws de l'abbaye d'Amigny; ha^ beànt ôommuniam ffto pace cwuefvandd (pi).

Les méme^ considérations engagèarcsit les grands vassaux de la couronne à établir des eonucnunes dois les tilles ils élerçsdem les droits de sonteraineté. Les babitans de 1$ Rocbelle obtinrent du roi d^ Angle^ t^rré, Henri II, comme duc de Guigne, au nom d'Eléonor, sa femme, les droits de commune, afin qu'ils pussent jouir plus pleinement de leurs biens et défendre mieux leurs possessions (3); ui sua prth pria jura meliàs defenderé pùssùttj et ma^is inté- gré cuHodire. Eleonor elle-même leur confirma ces mêmes droits par les mêmes raisons (4), ^n 1 199.

Les comtes de Ponthieu accordèrent au commen- cement du douzième siècle, une commun^ aux ba- bitans d'Abbeville (5) et à ceux de Dourlens (6), pour les mettre à T^abri àes dommages et des vexa- tions qu'ils ne cessaient d'éprouver de la part des sei- gneurs particuliers du paysj proptet injuHas et mo^

(i) Voyez p. 3q5 de ce voL

(a)Z^Mf. p. 3o8.

(3) Ibid. p. 320.

{i)Ièid. p. 319.

(5)T. 4deceRec,, p. 55.

(6) Voyez p. 3ii de ce voK

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(75)

lesdas à potentibus terrœ bw^ensibut fréquenter illatas.

Aussi le premier artide des charte de ocmoeasion de cmnmiine porte^t-il ardinairement : ijue les boiu^eois se préteroni un secoors mutuel pour em- pé^^T qfOLim ne leur fasse auonn tort, qu*on ne les assujettisse à des tailles arbitraires; qubd aUer al-^ teri....é. auxUiabiturj et quhd milfatefuês patieniur qubd alUjuis alicui aliqmd auferàtj vel ei taUiatam fûdat, etCi (i).

Gel aTautage général que procurait le droit de eom" mune en entraînait beaucoup d^autres, ou comme siiites eu comme doyens. Un des principaux était la fixation des redeyances féodales, afin <jue les seigneurs n'eussent pli:» occasion d'abuser de celles qu'ils pou* yaient exiger légitimement. Les vassaux étaient af- firancbis de toute exaction injuste, sous quelque titre que ce £(it, de taille, de prise, de prêt forcé, etc.; ab omni iêdUatd injuste ^ captionej creditionej et ab omni irtaticfriabilt ea:acticne (2). Ces franchises, ou plutôt ces précautions contre les vexations les plus odieuses étaient ce qui excitait le plus les clameurs et les o{^Kisitions des seigneurs particuliers, surtout des ecclésiastiques , qui semblaient ménager d'autant moins

(1) Voyez dans ce vollune les chartes de commune de Gimpiègne, de Soissotis, de Vaiôly, de Crespy, etc., etc.

(2) Voyez dans ce volume les chartes de commune de liante, de Chaumont, de Château-Neuf, etc., etc.

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(76) leurs vassaux qu^ils leur étaient en quelque sorte plus étrangers. Ecoutons à ce sujet Tabbé de Nogent , <{ue nous avons souvent cité : a La commune ( i) , dit-il y c( nom nouveau, nom funestei a pour but d'afiranchir c( les censitaires de tout servage, au moyen d'une re- cc devance annuelle ; n'imposant d'autre punition pour « l'infraction de la loi, qu'une amende fixée, et déli^ (cvrée de toutes les autres exactions auxquelles les c( ser& sont ordinairement assujettis. »

Un second avantage que procurait droit de com- mune était d'avoir des lois fixes, et des magistrats chargés de les faire observer. C'était le frein le plus puissant contre les entreprises despotiques des sei- gneurs. Nous en parlerons avec quelque détail, ainsi que de divers autres avantages particuliers, lorsque nous examinerons les clauses les plus ordinaires des chartes de commune. Tous ces avantages étaient payés chèrement; et l'intérêt que ceux qui accordaient les communes avaient coutume d'en tirer, contribua sou- vent plus à ces concessions que l'intérêt de ceux à qui elles étaient accordées.

II. Nos rois tiraient de la concession des commu- nes trois, sortes de secours : une somme plus ou moins

(i) Communia, nomm ac pessîmum mmen, sic se Jtahet, ut ca- pite cend omnes soUtum servitutis debitum dominis semel inanno sohanti et si quid contra jura deUquerirUy pensiùne legaK emen- dent ; cœterœ censuum exactiones quœ servis injligi soient omni- modis vacent (Guib., de Vitâ suâ, I. 3, c. 7, p. 5a3. )

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(77) forte, qui leur était payée d'abord, et qui formait un secours présent; des redevances pécuniaires annuel- les qui grossissaient leurs revenus; un service mili- taire qui augmenta considérablement la puissance, long-temps faible , des premiers successeurs de Hugues Capet.

I . Nous avons déjà vu que les habitans de Laon avaient donné beaucoup d^ai^ent à Louis VI, pour en obtenir le droit de commune (i), indépendamment des grosses sommes qu'ils avaient payées au clei^é et aux nobles, afin qu'ils leur fussent favorables; car ces babitans malheureux prodiguaient l'argent pour se ra- cheter en quelque sorte , en rassasiant l'avidité de leurs oppresseurs (2), qui ne s'adoucissaient qu'à force de dons. La commime d'Amiens fut aussi achetée du roi, à prix d'argent : ^iii6<Vim^ rege Ulecto pecunUSj fecere communiam (3). Les grands vassaux se fai- saient payer de même les concessions des communes

(i) Compulsas et re% est largithne pleheiâ. (Goib., uhl suprà, p. 5o4* ) Homines de Laudunesio*.... data régi Ludowco astima- tione pecuniœ , communiam ordinaçerunt hahere. ( Chroii. de Laon], citée par D. Molinet, sur la lettre Sg d'Etienne de Toiimay,p. 54; et par d'Acherysnr Guibert, p. 660.)

(2) Hâc se redimendi popubis occasione susceptâ, maximos, tôt açarorum hiatibus obstruendis, argenti aggeres obdidenmi; qui tanto imbre fuso sereniores redditl, sefidem eis super isto negotio savaturos sacram^tnJds prœstitis firmaçerunt ( cleri et proceres ). ( Guib., ubi suprà, p. 5o3« )

(3)Guib., p. 3i5.

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(78)

dans les parties de la France cju^ils occupaient. Enfia les seigneurs particuliers vendaient aussi leur consen- tement, lorsqu'on le croyait nécessaire ou même seu* )ement utile. Ainsi les comtes de Ponthieu avaient déjà vendu à deniers comptans le droit de commune aux habitans d'Abbeville (i) et de Dourlens (2); les habitans de Roye Pavaient acheté des comtes deYer- mandois (3). Dans les premiers temps de rétablisse-^ ment des communes ^ tout ceux qui croyaient avoir le droit, et qui sous des règnes mal affermis, avaient souvent le pouvoir de s'y opposer, ne s'apaisaient qu'a- vec de l'argent; nous en avons cité des exemples. Ce n'était pas seulement pour obtenir le droit qu'il en coûtait de grosses sommes aux habitans*, c'était aussi pour le conserver. Les habitans de la ville de Laon éuîentve^ius à bout, à force d'argent, d'être en pleine possession de leur droit de conunune en 1 128; cinq ans après, l'évêque tenta de les y troubler. Ce ne fiit qu'en donnant à diverses reprises de nouvelles som- mes au roi, qu'ils parvinrent enfin à s'y maintenii^(^). Ceux de Dourlens n'obtinrent, dans des temps^beau-

(i) Càm.».. amies Willelmus Taiepos*,., burgemibus de Abba- iis-oilla,»,. communiam çendidissei, (Ordopa., t. 4) F* ^^}

{a) Càm.,::, Giddo cornes Pontwi..,,*. burgensibus DullendU»»**»' commumam çenâidisset* (P. 3ii de ce yol. )

(3) Cùm prima communia acgîsisita Jidt (Ibîd., anS. )

(4) Rex sponsioni pecuniœ harens , episcopum et suos non

auâwit (Chroniq. de Laon, dans tes notes de d'Achery sur Gaibert, p. 660. )

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(79) coup {4u6. récens , la çonfinnation de divers privilè- ges, dcmt le droit de eommune fais^t partie, cp^en payant cinq cents francs d'or à Charles Vj medianti- bus quingertfis/rémcis auri, quQS nobis propter hoc Uèeraliter deàerunù, et quos confitemur récépissé in pecmùd numeratos {i).

2.Ces secours passagers 9 quoique considérables pour ces filèclesi étalent moins importons que les redevan* ces annuelles. Quelque faibles qu'elles nous parais*» sent an^ourd'hui) elles deyinrenjL) dans certaines cir- constances , teJAement à cbarge aux villes y que plusieurs aimèrent mieux renoncer à leur commune, que de continuel: à porter un fardeau qui leur paraissait si pesant, comme nous le dirons p^ la suite.

JLes babitans -de Neuville -le -Roi en Beauvoisis, s'étaient obligés en lâoo, pour obtenir leur droit de commune, de payer au roi tous les ans, cent livres parisis (a). Outre l'argent comptant que les habitans de Laon avaient payé à l'évêque et aux nobles, pour les faire consentir à la commune, ils s'obligèrent en- vers le roi , dans les lettres mêmes de concession qu'ils en obtinrent en 1128 (3), à une redevance annuelle

(i) Fofe& les lMve$ 4e Cbarles Y, en sept. i366vp. ^9 ^u 1 4 de ce Rec.

(a) Oi istàis eamnmUm co7^(ssiQnetn,Bwgens^,. ViUœ'noçœ whe^noàis singulk annis cejifimUbras parisîenses. (lettres de Philippe Auguste, p. 279 de ce vol., art. a6. )

(3) Trihvfi oidbus in onm sfyigulas procuraiiones , « in c&ête- tem çenerimusf nobis prceparabunt : quàd si non çenerinms, pro

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(8o)

de trois droits de gîte chaque année, évalués à vingt livres. La ville de Roye s^obligea , pour le droit de commune, de payer au roi cent onze livres dix sous parisis par an, comme nous Tapprenons par les let- tres de suppression de cette même commune, en 1873 (1). Philippe Auguste n^accorda le droit de commune à diverses villes du Laonnois, qu'aux con- ditions qu'elles lui paieraient le double des redevan- ces annuelles dont elles étaient chargées avant la concession de ce nouveau droit (a). Il ne l'accorda aux habitans de Grespy, en Valois , qu'en les obli- geant à une rente annuelle fort considérable pour ce siècle (3). Ceux de Vassy n'étaient obligés de lui payer que cent sous par an (4). Par le vingt-troisième article de la charte de commune de Sens, ce prince déclare que, tant pour la concession de cette com-

eis çiginti libras nobis persoloent, ( P. 187 de ce voL^ art^ a2. )

(i) « Nous ayions cent onze liyres dix sons parisîs de

« rente sur ladite commime , dès sa fondation. » ( Lettres de Charles Y , portant suppression de la commune de Roye, t. 5 de ceReCf p. 66a.)

(a) Sciendum quoniam 7iomines>.„ qmbus hanc commumam in- dulgemus, nobis omnes redditus nostros denarîorum, tam in pia- citis quàm in aliis rébus, annuatim dupUcahunt. ( P. a34 de ce vo^., art. 3o. )

(3) Dicta çero communia. tenetur reddere bmlU^is nostris

apud Crispiacum, singulis arniis, trecentas et septuaginta libras. (P. 307 de ce vol., art. 3i.)

ii) Sciendum est etiam quàd hac communia annuatim nobis àabitcentum soiidos, ( P. a39 de ce vol., art. ao. )

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( 8i )

isune que pour quelques autres dr<Mts^ les bourgems de Sens lui paieront par a^i aix-ceuts livres parisis, outre de grosses redevances en gpdns (i). On trou-* vera dans Bmssel les rentes dont quelques autres com- mnaes étaient chaînées (s).

Quand le seigneiar de Poix accorda aux habitant de sa viUe la permission de se former en conmiune^ il les char^ d'une rente de cent-quarante livres en- vers lui; et pour obtenir la ratification de Philippe- Auguste (3), il les obligea de payer à ce prince une redevance annuelle de dix livres. Les comtes de Chant- pagne et de Brie, lorsqu'ils permirent à la viUe de Meaux d'établir une ccmunune, Fd^ligèrent, entre autres redevances, à une rente annuelle de cent-qua- rante livres (4)- Les seigpeurs particuliers , pour c(m- sentir à rétablissement des communes dans leurs mouvances, obtenaient aussi des redevances, non comme droits imposés par eux , mais comme indem- nités procurées par le souverain : ainsi , par la charte de commune de Bruyère, la redevance annuelle de

(i) Ob Istùis autem communias concessionem, Jabunt nobis

ches commumœ Semnensis, armuaiim, sexcentas Hbras parisien- sis monetœ, et sexties oiginti moàsos bladi, P. a63 de ce vol., art. 23. ( du t. 1 1 des Ordonn.)

(a) Vsage desjiefs, t. i, p. ^09-

(3) Voyez Ji^' 606 du t. 7 de ce Rec

{i) Pro permissione cwmumiœ reddent mihi. centum ^ua-

draginia Kbras annuatim. {Voyez les le'ures de concession dans Bnissel, de VUsage desfi^s, t. i, p. i83 et suïv,, art. 33.) I. tiv. » * G

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(80

Yingt livres y dont lés hàbitana {arent changés» dèyiât psrtàger t>âr tiers entre le roi, révéqœ ^ Laon et im autre sdigneor (ï).

3. Mais un avantage bien pins grand, et qne le roi seul tirait de cet établissement, fiit le service nûK^ ttire. Ôrderic Vital (îî), qui vécut dans le temps les premières communes se fbrmèrent, et t{Ui en attribue avec raison Torigine à Louis VI, stippose que Tobli- gation de ce service ^t Tobjet unique des commn^ »e». Après le r^e àt Philippe I**, qui , si nous l'en croyons, mourut accablé de vieillesse (3) et d'infir- mités, Louis VI fut obligé d'implorer le secours è^ vtsm les évéques de France pour arrêter les mutine- ries et les brigandages qui désolaient son royaume. H Ce iut alors, dit-il, que ks communes lurent ëta- «( blies par les évêques , afin que les prêtres accompa- « gnassem le roi à la guerre, suivis de tous leurs pae aroissiens rassemblés sous leurs bannières (4). >' Il

(i) Pro henefido pads hujus quœ instUuta est, ipsius pacis ho- mitées oigiatî Ubras hoiUM moneiœ per sîngulas annas persoipere pepigerunt, quas ita distribuerunt prasdecessores nostri, ut sîbi ip- sis inde tetHam partem retinefent, etc. ( P. 947 de ce roiotne,

art riaO

(a) Dmè la Collection des Histoires de Nonn^die , par Du Chesne.

(3) Quia senio et infirmitaie rex Philippus à rêgalifastigio de- dderat. (Order. Vital., p. 836.) On sait cependant que PU- Uppe l*' mourat dans la cinquante-septième année de son

^' ^

(4) Tune ccmmwùtas in Frandâ popuiaris statuta est à prœ^

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est aisé de )Uger par ce réét, qu'Orderic ne voyait que

him. eonfiisénient, du fond de 8on clotire, ce qui se

passait au dehors. Loin que Louis TI se soit adresse

aux évêques pour instituer les communes, les ëvé-

^les s^y oppc6èrent presque toujours. Nous ayons vu

^e celui de Lami se fit tuer plutôt que de souffrir

une commune dans sa rille» L^ardievéqUe de Reims

ne cessa <k dëdbmer coratre les communes en toute

occasion, surtout à la oour du roi^ il prêcha même

pubUquement contre cet ëtahlissement, odieux au

clergé {}). On peut voir dans les lettres d^Yves de

Chartres, de Jean de iSalid;»xry, d'Etienne de Tour*

nai, Je» dëcIamatioDS des ecdësiastiques contre les

premiers ëtahlissemens des communes. Orderic ne se

trompb pas moins, &i nous présentant le service mi*

litaire des communes comme le seul fruit et le hut

unique de leur étahlisaemem. !rrinsistx>ns donc point

mr le tâoioignage d*un écrivain de si peu de poids en

eette matière, et cherchons dans les titres mêmes des

communes, les preuves du service miUtaire qu'elles

devaient au rm.

Toutes j étaient assujetties. Philippe Auguste, dans ses lettrea qui accordèrent en 121 5 la commune de

suEbus, vtpreshyten comitarentur régi ad ohsidioneih çel pugnam, aon çexiilis et parochiams omnibus. (Order. y ital., vbi suprà^ ) (i) VemtrmbUis tt êapiem arduepke^pus,... inUr missas sermo- mm héÊbM^d£€3DecmàiMbm camnmmis UHs, tic.,, de fu4 te eUam mÊÊkodens in reg^ mnâ, sœpiàs aUàs m diverm œtwehiibm dis- pattmt ( (^ihB., p. 509. )

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(^4)

u^elle sera obligëe envers lui oume les autres communes r :ercUus et eqtdiaUones sicut

KO;

s qui n'avaient point de eom-

ie suivre leur seigneur à la selon le devoir de son fief , LX aux ordres du roi. Quand >tenu une commune, ils de- nmédiat^nent au roi le ser- vice militaire; et le seigneur était alors dispensé de fournir le nombre d'honnnes qu'il était auparavant obligé de faire marcher. Ainsi , lorsque l'abbé de Saint- Jean de Laon consentit au droit de conunune pour lieux dépendans de son abbaye, Philippe ratifiant ce droit par ses lettres de 1 1 96 , le cette abbaye serait dorénavant dispensée militaire, auquel elle était obligée à raison de sa dépendance, la commune devait e , parce que ces lieux devraient désormais ce service au roi comme les autres communes (2)*

L'obligation du service militaire de la part des vil- les de commune, n'était pas la même pour toutes. Lorsqu'il y avait à cet égard quelque dérogation par-

■. "»»- '' i.i»i. . «

(i)P. 3o8 de ce vol., art. 3a.

(2 / de e^iattone prC^foUan eccksiam, quaniàm

ad h is, relaxamus et dèsohùmis; eo quàd prcefaiot

(fuat îtum et eguiiationem nobis tkàent, skut aBm

communiœ nostrœ, (P. 217 de ce vol. )

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ùcoKàre à Tasage ordiiiaîre) let chartes de oommune ayaient soin d*en faite iMiitioo. La commune de Saut-Quemin éuâl obligée- au service, d*o^ et de ehe- SHtuchée^ toale^ les feis qu'il plaisait au roi (i); mais oeilede Btay tie mardbait qoe 4^uis le cas d'une con^^ Yoeadtion pour une guerre générale, et <m ne pouvait la mener aurdelà de certaines linûte» asses. resserrées^ à meus que ce fàt aux dépens du rç (3). Phi- lippe Augusifr dûpmse les hiedntnis :de Ghailnumt^ psat leur dbarte decomnwine en ii&i, de marcher en armes au^elà de la Seine ou de lîOise (3). Six ans vpcèsy' û octroya un privilège semblable à la commune de Pontoise (4). La ville de Tburnai, par les lettres de commune qu'il lui accorda, était obligée de fournir au roi trois cents lK»n»es depi^ bi^ armés, toutes les fois qu'il ferait marfeheir ses't^ommFunes; et dans le cas le roi s'avancerait avec son armée jusqu'à Arras , ou à paveiDe distança ideToomai, toute la commune

(i) Quotitscumque communiam sulmonatnmus , commuma in êXerdûis et equUatlones noktrasoerdèt (Charte de commune

Sïînt-Quetrtîn, p. iyS, art 3i.)- ' ^

(a) Ntàpte in eûbereèSiak'lèêque ih ëtfwtationemnosfrémi Hunt,' f^fiftènossubmmitioaem m$trfimfacerarm, nomine beUi^ 9et p&pt^ €hristianUatfm ; et tufiC'^ eifam fion trm^sù^nt metas consU-r tvtas, Rmos et Katalamàpn ex ma parte^ Tamaatm ex aliâ et Parisios.^., Si autem iîlos ultra metas illas, ad denarios nostros ducere çellemus, ipsi vernre tenerentur. ( Page 297 de ce volume art. 38. ) (3) Page ia6 au ce vol., art. i3. (4) Page 255 de ce vol., art. i3.

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(86)

de Tournai derak Ttmr le joindie, à moins que Ia Qcmimunioalioii ne &A:ooiajpêe (i).

Ne pouMons pas phisJoin ces dëtûls. Us suflisent pour montra ^pals ibiait les ymciping avtntagc» qui ponèrem les pei^les à soBtoiter rëiablisi«iieart des oammiuic$yetle8»Kbàracocvder.Oixtmles waii^ tages généraux, ou verra» dans FarticlesiûvaD^ quel-* ques privil^s partioulieis ju^oerdéi aux o^mmimes^ et quelques droits acquis suc elles aux simvwrains par les lettres de leur ëtaUissenwnt, demi il est tM(i|iSt d'examiner les fqxmts.^

ÏV.

Quei dwait être te Utre fonim^nuU du dfok de cQmmuf^?

Qudquefi>is la CQmnmnè était aoeoidée long^mpa avant d'être rédigée par écrit. Les habitans d'Ab- beville n'avaiem point de lettres de commune avant II 84» Ils n'çn obtinrent que cette année de Jçajptj^ comte de Ponthieu, quoiqu'ils eussent :^^qbeté Ç0 droit, il y avait envk'Q» ciuquaw^ ans, 4e Guil- laume, grand <-pèi^ d^ Jean (â). Jusqu'à l'exp^^^ tion de ces lettres, la commune était en quelque sorte plutôt tolérée qu'accordée. Cet état de plê-^

-— ■* * ' i' I ' ■■■ I H I I I II t t I I Itfl I I ,1

(i) Page 25i de ce vol., art. 34 et 35. (2) Cùm sitper iîlâ penditiom ifurgenses scripàsm autheHtkitm non haherent (T. 4 de ce Ree.» 56.)

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(«7)

de caP4?es»Qn jNK^ppwimiL dite, dw« jiliHieu» cbsiv \m relatives wx cammutie^ Âm^i > diuE^le» leure» ^ avfprîwwt. U <«)iimime 4e Roye (i)| U eM dit ^pie fabitanfl damemetoipit comne U$ étakot a¥«m U cpéatiou ou Cû2miMtf de la coosumme. La owunwie a'éUH donc regardée cooMoe ayant reçu toute» aea iforiMa^ que lerBcju'il y eu arait «a thre autlieatûpi^ Quel <kyaîl èbne m ûtre? q'ett ce i^ne noua aUoI» diboitèi:;^ et, pour le &îre :a[ree quekjuç méthode, nous e¥aiyiiiMntms,t i^ en quoi conabtffit ««entielle*- mem Tacte foBdamental de la commune; 3^ quellea jMsnKxuM^ devaiem y intorvaidr ; 3"" quddk autorité devait le oonfinuer; If eufiu, ce qm pouvait an|qilâBr à ce titre, lorsquUl n'était pas possible de le repré- senter.

I. L'acte fi»damemal de la commune était' la confédération des habitans unis ensemHe par ser- ment, pour se défendre contre les vexations des sei- gneurs qui les. opprimaient Nous ne répéterons, point ^ que nous avow déjà, dit à ce sujet; nous çjjseryr- ron* se^leme^xt que cette coufédération ^:ffm\ pi^Qr fteme^t qu'une révolte, t«Qt qu'dile n'était pas ainor risée. C'était ce qui iâdsMt nommer' ptt^ Yves Chartres (i), ccîlé de Bèauvais, avant que Louis/ VI l'eôit confînn^e , turbulentà confuratio. Le même mot cônjUratio est employé par Guibert, en parlant

(1) Foje* t. S des Ord., p. 66a.

{2)Efdst 77, p. i54.

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(88)

êé la coâilmUie d'Amiens, contre laquelle ie comte Ingelran réclamait (i).*Àùreéte, quoique cette e]»:- IMssion emportât quelqnefiiid une idée odieuse, é&t n^ëtait cependant sourent appliquée aux commiib- nes qu^à cause du serment qui eu unissait les mem- bres, af^lés furés par oeite même raison (a). La «(Hnmune de Trêves est appelée con/uratiù dans une <k^ne de Frédéric l^^ (3), en i i6i« La ocmammé de Roye est nommée jur^e dans les lettres de Char^ les y (4), qm la suppirîment en IStS. Les aapeilihlëes la commune ont été nommées conjure, eonfure^ ment (5).

3. Examin<ms les £»mes de cet acte fondamental, et d'aibord, quelles étaient les personnes qm devaieilc

; - (i) Videm hgekamm cames, ex e$njumiiome hurgendum^ siU jum QetHsta recedi, ( Gnib», p. 5i5. )

(a) C'est en ce sens que le mot juré est employé dans les chartes de commime d'AbbevilLe, t 4? P* 5^« d'Amiens , p. 264., du présent volume; de Dourlens, ièid., p. 3n, etc. TLinsi an Gange a eu raison de dire ( Glbss, lat, lom. 3^, toi. i633)^ : Jurati plemmque ékunlur qtdMet oppidàni qm ùete^ à rege pei domino eommunim jutiius ne pH^ikgUtf rm^ tifom s9>{Ji4em jmuInmL Nous remarierons cependapt que ce mot a été du moins aussi souvient employé pour désigpier les magbtrats municipaux que pour désigneras bourgeois*.

(3) Voyez la charte dans Brower. ( Annal. Treoir,, édit i^ 1. i4, p. 801. )

(4.) Tome 5 de ce Rec, p. 662.

(5) Carpent. n. supp. au Gloss. de du Cs^e, au mot Conjuratio.

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(«»)

Le seigneur particulier accédait plus nécessaire- ment encore à la formation de la commune établie dans soQ fief ^ et ^devait aussi la garantir pat serment. [ Nous ayons vu que pour obtenir son consentement,

(i) Page 197 die ce vol. (2)Giiib., p.5d3.

(3) Omnes cierkl omnèsque milites firmiter juraçenïht

(Page 2a8 de ce roi:)

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es séaam»» Uifêr met ywœé d^aboni ille (i). La nosm attira celle qnekt meé ëe fonner/ik Em fik : Thomam, m, ad comnumii smtmfh

ieiks à t^ssanstm fieignsi^ £Ù0ai«i( ^^y eus., ^«to. Lofr lerpoKpt d'ébserw dcttwaiexit àm^ tau de Saint-^Ri* dàgnè ittt jurées te, au Bcu(ii du roi % à^xoL autres wr

c autres ae^peu^ pt<dè la vaie (4)-

>(i) Oblata repeiàk sedaçit ami afTgaitàfuê cQUgarim^- Jmmà

iUfque eamnmnÎQm iOfu^ sej^ fen^ffutrii ( Çt1*^> Ft ^<>4* )

(a) Ibid,, p. 5i5.

(3) Burgenses fide et sacramento se eocequi promiserunt, etînàe nobis obsides donwerunU ( Page i84 4^ ce VjOl. ) .- -

(4)//i paîatio Compendii, ex pracepto nQ^M, Qt^dlpi Sitti^ula" rius, Triais, i}aseranm, Jtmib^^^de Inmlâ; «< ^km4fi€$> pra- cepto regînœ, Ludoçicus de Clioisiaco, PtfgaHus^dc BesUsi 4^'^%

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C90

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( 9^:})

ordrabia. >itan$:^

^mmune LSftôn èm co«Hr du- a de Pë- liiq[àéli-

iiem de«

ktjtillon-

si cette:

5nm de: >diîc^

Brussèl a cru ^ qUô le poi 5exfetçàt^ qUet^efoi» ip

(i) y^/mo//M ^ontf/ï., 1. 5, c. 56, p. Syg.— Labbe, BièL MS., t. I, p. 379.

' (2)Labbe, BihlMS., t i^ ^ B^UêpUc. AutUs(ùd.^4::>'^ ^^ p. 466. (5ttl/. a«^., t. d,*^dî4i i.~I^ebeuf, Hist. d*Jk^ xerre, t. 2, p. 109. ; , •> - .

(3)Brnssel, Umge des fiefs, t, i , p. fcret 'i 32f. '

(4) B/W., p. 188, Yiotes. r :

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<&3)

(3) Voye^ Und, Commune de Soissons, art. 1,2,10 et 20.

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(94)

le de Lomift YI il y eut eommime de SMso&â^ rt de ce <{ii*eUe violait s de son dioeè^ : IM Bommune^ et confirmés ) de Look YI, oe qui a acoordë la com- but dcmc pas s*^umner rvient en auotme façon lime de cette ville. Cetf t de ce que rapporte Re^ iistoire de Soissons (3), sbarte de ccifiiiùuiie âe- se trouve répété dam ^s de la eoutonne (4)* Ai sur aucune autorité le quelcpies ooucessions ssons à divers liewf àû Soissounaia^ mais ce sont aeuleâieiit des franchises et

Il ■iniiiiMii iii.iimii ■«!«■ iiiniiiar < w Tian'in mir * t n i t f **

(i) Elles ont été publiées par D. Martène (Ampliss. ColL, 1. 1, p. 74-^ )• Brnssel les a insérées dans son TraM âe l^usage àesfiêfi (p. 179, notes).

munt jçamm

dimh is avoir

expo \DeKs

omnii nos dé-

posai

(3) Page 98.

(4) Tome d, p. 498.

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i9S)

iittnrcmités qui ne sont mètne aéônrdëM <|tt*avéc la ^ oonfirnialioti Yétêcpe y pat scft cùfiSÉtttêfnêni et M n)oUmtéj en teccmnais^ant tenit dt lui lesdils lieux

3. Si le seignettf iminédiftt M prifioi|)al défait ton- trilnier à rétablissetnem de k commune, et hii don^ ner en quelque sorte une première forme, le roi de- ywx Pamoriser par une ^^oneeasion spéciale. Ainsi nous avons vu que les ëvéques de Noyon «t d'Amiens, comme seigneurs de ces villes, «vàient en quelque sorte pvésidé à la formation de leur^ cmnmuues, et en avaient ensuite obtenu du roi k ccmcession. Dans les lettres du 32 avril 1423 (2), on reoemnaît que de tout temps les évéques de Beauvtds ëtaiant les seuls seigftettfs spirituels et temporels des ville et comte de Beauvais, dont te gouvernement ^néral appartenait à eux seuls, sauf la souveraineté du roi. Cependant nous avons les lettres de confirmation de la ccHAmune de Beauvais par Loms YII et ses successeurs : elles rappellent la concession originaire émanée de Louis YI; cUcs contiennent d*aillem^ pour dernier article , une

(i)P^ 4ia ic ce vol. ,

(a) Page 160 àt ce vol. « Comme (l'évéque et comte de «fieaayais) à cause de ses dits éyéché et comtés soit sei- « gneor temporel et spirituel de la dite ville et comté de «Beauvais, et y ait toute juridiction, justice et seigneurie.... 0 et à lui appartient le générai gouvernement d^icelle ville «et cité, réservé notre souveraineté, etc.

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<96) clause qui fait seatir de quelle nécessité était la con- firmation du roi. L'article dit que si quelqu'un vou- lait contester Tautorité de cette conu^une, oa était dispensé de lui répondre, parce que le roi Tarait ga- rantie et confirmée : qilteuinque contra illam loqui vohierit, quoniam illam confirmwimus et secura- vimusj nequaquam iUi respondebitur (i).

Gautier Tyrel, sixième du nom^ seigneur de Poix ,

confirma en 1007 la comipune des bourgeois de Poix,

accordée par son père; et par ces mêmes lettres, il

déclara que, sur sa demande, le roi l'avait agréée et

prise sous sa protection. En i353, Jean Tjrel, des-

tier, reiH)uvela les lettres de la com-

dont l'original avait péri sous les tui-

détruite par les Anglais. Il fait men-

duvelles let^es, de la concession de

née non seulement des seigneurs de

[^esseurs, mais des rois de France :

perjkndatixme, instUiUione et dùtd"

œ dicùB *t}illœ'^ tam eisdem et suis

:oncessd et donatd ab UlustrUsiam

ibus FrancicBj guàm à nostris prœ-

decessoribus et progenitoribus domSms dictœ i/iUœ

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( 97 ) €i de nostris auetofpxite nfegid et speciali gratid cort'-

Les grands vassaux eux-mêmes obtenaient quelque-- fois d€ a roi , pour les communes

qu^ik i leurs Etats; au moins pou-

vons-n s:emple$ que nous allons ci-

ter. Lf II, comte de Pondiieu, eut

£ât qi] is à un des articles de la

ooilmaïune'^de Dourlens, les maire et ëchevins en ob- tinrent, ei;& lasi, la ooiifirmation de Philippe Au*« gosie (2); et cse prince, en les confirmant, ajoute de sa propre autorité , que les bourgeois ne pourront re-' ceyoir ni retenir aucun de 9es vassaux dans leur com- ' innne sans sa permission (3). Ce j^ fut cependant qa^en I2;>5, que Dourlens ftit cédé au roi de France, par Marie ^ comtesse de Ponthieu, fille et héritière de Guillaume (4). Le duc de Bourgogne obtint ert 1 1 83 , de Philippe Auguste, la garantie de la commune de Dijon , qu%l venait d'établir (5) ; des lettres semblables

(i)i^à?., p.607. ^

(2) Voyelles Aex\s^s de confirmation dans le "présent vo-

I. uv.

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(9«) forent de nouveau demandées à Philippe par le duc de Bourgogne, en 1 187; et le terme exprès de confir- mation j qui n'avait pas été employé dans les premiè- res, ftit inséré dans celles-ci (i).

Nous voudrions cependant pas conclure de ces esempIiBs, que les grands vassaux, qui dans lews do- maines exerçaient tous les droits de la souveraineté , ne fussent pas en droit d^y établir des communes, leur seule autorité. Nous pensons au contraire quMls regardaient les lettres du roi pltitôt comtné une ga- rantie que conune une confirmation d^entiellé. Mais les rois p^étéAdaient avoir seiils le pouvoir d^autorl*^ ser véritablement les commîmes, dans toutes les par- ties du royaume soumises h leur domination immé- diate; c'est en ce sens qu'il ftut entendre ce que Beaunianoir écrivait en 1284) ^<xii royaume as France nul ne pouvait faire mUe de commune j si- non le roij ou avec le consentement du roi (2); et ce que rapporte Thistorien des évéques d* Auxerre , au sujet de l'opposition que Vun de ces évêques^'forma à l'établissement d'une commune dans Auxerre , sous le règne de Louis VII. Ce prince, dit l'historien,, sut

2m de-

:cRe-

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(99) ftfl iB£HiTais grc à réyéque, comme s'il eût voulu lui enlever la ville d*Auxerre; eau*, ajoute-t-il, le roi re- gardât. toutes les villes de commune comme sien^ nés (i),"c'estï%^ire comme faisant partie de ses Etats dcmûhiaux. C'est encore selon le même sens qu'il fut pigé ea 131:89 par un arrêt du Parlement, que la Goinmtàte^^ dë'^ChelIes serait suf^rimëe, parce qu'une ville ée pouvait avoir de commune sans lettres du roi (2)4 jle même enfin Charles V, n'étant alors que régent^ d^ait dans ses lettres du mois de novembre i358 , qu'à lui seul en cette qualité de régent, et so- ^lidair^Qiem avec le roi son père , appartenait le droit d'âafclîr de$ coiiiéiunes : càm ad dictum dominum ^^^W^ 0 ^^s fe solpium^ pertineat creare et constSuere comulaUêS et œmmunUates (3).

4. C^ïime tout df oit de commune devait être fondé sur une coneession spéciale, lo^^e ce droit était dk^esté, qn ne^'Jxmvait le just^er que par la repré- sea^^ du titi^e original, ou. de quelque autre litre qiâ le si^léât.Nolls venons de dîreque la commune de^Chelles fut déclarée supprimée par un arrêt du Pfilement^ ei^i3i8, parce qu'elle ne put représenter oe' lettres daroi qui l'eussent accordée. Les habitans

4 (i) S^eputabat doitaiès ùpnes suas esse in qtdbus communia

'Jj^(a]^ etjuratoset commit"

iuifrày t. 3 , m Parlam. oc-

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( lOO )

Kl ia83^ d'usiu^r les droilb lisaient-ils, sur I9 possession ^age des bonnes villes* d'Aii* in devait être' maintenu dans (juoiqu'on n'eût point de ti- j'ëglise collégiale de Brioude îs haLitans n'ayant pu établir i (2), Philippe III, par ses 5 1282, les débouta de leurs >a dans le tome septième de rincipales de cette affaire, pas aux villes, lorsqu'ellegj stater le <lroit de commune^

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( 'oi )

Ordinairement les babitans n r^il cas, quelques copies de 1 auxquelles ils demandaient qu'o cité suffisante , pour suppléer Toi très de la ville de Poix furent br dans Tincendie qui la réduisit e légua point, en 1 353 , une possession de plus dW siè- cle et demi, pour justifier son droit de commune (r). Elle soutint que ce droit lui avait été concédé par des lettres dont il lui restait des copies; elle prouva, •par Je témoignage de ses magistrats et de ses bour- . geois, que ces copies méritaient qu'on y ajoutât foi , et demanda qu'on expédiât des lettres qui y fussent conformes.

Cette nécessité de représenter le titre de conces^ fion du droit de commune , ou un titre équivalent, démontre ce que nous avons avancé, en déterminant la notion de ce que nous nonunons commune; que la commune n'est point l'ancien droit dont jouissaient de temps inunémorial les principales villes des Gau- les, mais un privilège spécial, un droit introduit con-

(i) In cujus QÎUœ eçersione, ndnà hosUK et incendio^.. omise' ruad,*»,, carias, Ktteras, acta, instrumenta et nmmmenta, guas d, (jm penès se habehant, de et super fundatione, instituHone et àotaUone communiœ dicUe çilice.... prout pbtres ipsorum habitan- tàan et Burgensium, et prœcipuè major et phares scabîm retuie-

Tuat honâjide;.,.* et înier cetera, quasdam copias, ^iiia5«.*.«

originalium veras essê copias afferabant , nobis ecoibisemnt, etc. (T. 7 de ce Rec, p. fto2. )

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[ 103 )

et qui par cela seul a besoin «se.

18 que prenaient les villes de ires de leur commune ^ lors- par quelque accident, et sans iées par aucune contestation, nunune des villes du G*otûi et 1 1209, ayant été brûlées par Taoût i346, les habitans sup- lire chercher rentegistrement dans les registres du comté de Ponthieu, et de leur en faire donner une expédition^ pour tenir lieu de. Toriginal (i) ; ce qui leur fut accordé par des lettres de Philippe VI, du mois de décembre de la même année. De encore l'attention d'obtenir de règne en règne des confirmations nouvelles; notre Recueil en fournit tant d'exemples , qu'il serait superflu d'en ci- ~ ^ enfin ^ les soins qu'on prenait pour n de ces titres. Un des articles de la unuoe de Beauvais défendait que , sous Le, cette charte ftil transportée hors des lie (2). On ne doit pas être étonné que ces chartes fussent si précieuses aux villes qui les obtenaient; elles con- tenaient la partie la plus essentielle de leur droit pu-

(i) Voyez t. 5 de ce Rec., p. 180.

(piyQuàd prœsens charta, propter nuttam causam, extra dd- iatem portahitur. (Art. 21 de la charte^e commune de Beau- veais, t. 7 de ce Rec, p. G2S. )

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( »o3)

blic et privé, leur juridiction municipe chises et pririlëges, leurs droits utile ([«es 9 comme nous Talions voir en ] danses principales qu'elles renfermaiei nairement»

V.

Quel était r objet des principales clauses des chartes de commune-

Dans ces chartes on aperçoit deux parties al)solu- ment distinctes : Pacte ou l'obligation de la confé- dération et du serment; 2* la rédaction des coutu- mes, c'est-à-dire des lois municipales anciennes ou nouvelles, confirmées ou adoptées. La première par- tie, qui caractérise essentiellement la commune, est ordjbiairement à la tête de la charte, et renfermée en un ou deux articles : tout le reste contient ce que Ton nomune les communes. Cette division , toujours sensi- ble, est spécialement indiquée dans les lettres de con- firmation de la commune de Soissons, par Philippe Auguste; elles distinguent l'acte de commune et la rédaction des coutumes : chartam super communia et communiœ consuetùdines (i). Les lettres de commune de la ville de Poix, après avoir, dans les deux premiers articles, donné acte de la confédéra- tion et du serment, passent ensuite à la rédaction des coutumes , et emploient cette transition re-

(i) Page 219 de ce vol.

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bilans â^ûne viUl de commtme n^ëtaient ablié»^ de le prêtée, ni tous ceux qui le prêtaient n'étaient pour cda membx^es de la commune. Expliquons ceci par des exemples qui enTeront en même temps la preuve.

On fixait d'ordinipre , par la charte de commune, ^ ks blutes du témtojûre, qu'on nommait la banlieue. On d^gnàit ensuite ceux qui, dans Tëtendue de ce tcrritoîçe^iieTaiént jurei*la commune, et ceux qui en étaiétftls^^^^. Tous les habitans de Soissons, sam exéfeplion, soit dans la ville, soit dans les faubourgs, quel que ftlt té^fief sur lequel ils avaient leur dcmii- dle^ dôva^jl jurer la commune : infra mumm ckniatis et extra in ranées, in àttfttsctmujue terrd Mais à'CoBi^iègne il y avait des e bitaîÀ'db territoire de la commun dés murs, soit au-dehors^ devaien méfait ceux qui se trouveraient co croissemens futurs de la ville , à des vassaux dHia fief désigné : i Droconis de Petra-fonte ^ et hominibus suis capt- taUbus{^).

Nous avons dit de plus que tous ceux qui faisaient le serment ne devenaient pas pour cela membres de- la commune. Ce p'était proprement qu'aux bourgeois, et en leur faveur, que la commune était accordée.

En effet, il ne faut jamais perdre de vue que le

r-^ ;; ' .'-' y ,-^

(1) Page 220 die ce vol,' art if, ' J-

(2) Page 241 de ce vol. - /%

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( "o )

PcnOus extra camnmni(»m et ijubd nullus principum assensu régis et npsUro Richarii) in commHf^am lela signifie -t -il ^ulaiiient aient entrer 3uir lt| territoire

ésiastiques ne pouvaâbat en

parfaitement membres de la

tur naissance leur donnaient

avec les charges et les obli-

commune imposaient;, et ces

soin de le^ réserver ex|)ras-

tle sentent de se cmiforin^

établissait : omnes clericij

)\, omnesque nUliteSj salçd

fiiklitatè nùstrd et jure sUOjfimUter futmerunt (a).*

Mais insensiblement ces détails nous conduisent a

Texameri de la seconde partie des chartes de coiaou-

mune, c'est-à-dire aux règlemens' particuliers qui y

sont compris sous la dénomination de coi^^me.^^

a. Nous avons^ observé ci ^dessus qu'on désignait sous cette dénomination, non seulement les lois mu- nicipales qu^un long usage avait fait nommer ainsi , mais celles que la conunune adoptait en se, formant,

* (i)Pagc i84 de ce voh

(2) Voy^ la commune de Roye, p. 228; celle de Sàinl- Qtieniin, p. 270, etc. %.

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( UI )

et Iteqaellés IHisage h venir nom. Les coutumes ancienn< conservées que dans la mém ' éternelle d^al>us, parce qae V nit à la fois rdceaskm et le moyen de les violer. Les chartes <fe commune fixèrent cette incertitude, en ré^ digeant par écfrit les coutumes des villes (.rie); mais quel» quefeis on y stipulait qu'outre les articles qui y étaient expressément rédigés (i), on continuerait d'observer ceax que le témoignage des magistrats de la com-* m^uney ou une information juridique attesterait avoir été en tiÉige. Ainsi les citoyens , par un excès d'atta- cheil^eât pour leurs coutumes anciennes, et dans la <yy[me cPy porter la phis légère atteinte, perdaient ime partie dli fruit qu'ils devaient tirer de la fixation de leur dr<Sl coutumier.

An cémmencement de la troisième race de nos rois, chaque district avait ses coutumes. Nous n'entre- rons pokit dans l'examen de. ce qui les avait ainsi mtlllîjdiées^ il faudrait remonter aux mélanges des diverses natiolts qui s'établirent dans les Gaules, vers le temps de la formation de notre monarchie. Ges mé* . langes confondant les lois comme les peuplés qu'elles r^^sssûéht, fonnèrent insensiblement mille C(mibi-

(tX J^^^ co]aimmie d'Athyes, art. a8, p. 3oi de ce vol. OïïiAts imuper' légitimas et rationahiîes cansuetudùêes tfuas ipti 軧enses..^, kactenus iermerunt, eis concedimus..*. per iegitimofn recorîiàiionem majoris et juratorum»{\ oyez aussi commune de T<iarûay, ibùi,, p. 25 1', art 33. )

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es; et le nbsdbre' s^éa acfSnit jolies que les^ circoiïstancès^ ÎUps de troublés , t>u la plu-" in maître particulier qui^'éii- ite reèohnaisàLientpoiiït dè^ les rappeler à lin droit cdhs- '^

jfiffér^ntes étaient déjà t&n- les villes anciennes, lor^iju# \ |£lirent^ les rédigèrent et y '^ articles, hek villes de *aâda-^ iprf conséquent ne ^outai^t * s'y adoptèrent celles âfes villes^ feint à la ville priB^ipËé^ou ^situées ; de xSfttte clauisè sî^^ Jjps de commoiié, sefidà disposithrij selon le modèle des coutumes de'tèÙe^ ou de telle "ville (i). ^ *^^

Nous distinguons dans lés coutumes, telles qu'elles!^ sont rédigées dans les cliartes de cônmiùne, cinq ob- ** jets principaux : les lois concernant les^ontrats civiW et la punition des crimes, la juridiction mimicipaJe,* les franchises et privilèges, les reserves, enfin les f charges. Il ne fiiut pas Vàttendjfe à^'irôuver fees cinq

(i) Ad piùicta commumœ Pèronoh, (Commune d'Athyés,- ' ' p. 2g8.^ Ad punc^m^ et ad modumlVernoliL\CoïAm'&Xïé àe^ !N6nancouct, p. 289*) Ad punctâ et consv^tadines comri^àda* Rûthomage^sîs. (^Commjime^àe jNiort, p. 287.) Ad piàicttmf commumœ Bruerensis.xGomtanne deGf^spy, p. a'SS, etc., etc.,

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(ii3)

cinq articles riangë» avec inéthode dans les chartes mêmes. Il semble quellfoefois que le rang dès articlos soit réglépar leur importance; mais cette impcMtance, « toujours relatire, Vâi^ autsmt que les causes et les circonstftnces de la ccaqicessicm des lettres de com-* amte : le plus souvent ils sont places au hasard ; de kle désordre, la coniusion , les redites qui se trou- vent dans ces lettres, et que nous tâchons d'éviter dans le compte que nous en rendons.

1 . Tïous ne lîous étendrons point sur les règlemens . civils et c|p9Ùpels renfermés dans ce qu'on nomme leB^coiOumes rfej communes^ Nous observerons seu- lement^ avec les savais auteurs de la Bibliothèque^ des coutumes {i) y que ce sont les véritables source^ * ée nptre àtxkt privé j que c'est qu'on trouve les premi^s.jiTaQes de no| coutumes générales ou parti- culières; que dans ce qu'on appelle la France coutu^ mière^ ces anciens. r^lemens ne peuvent servir qu'à llustpire pu. quelquefois à l'éclaircissement des cou- tumes qui sont aujourd'hui en vigueur; mais que dans les pays de droit écrij, ce sont des lois muni^ ei^es auxquelles il faut se conformer, lorsqu'elles ne smn point abolies par d'autres lois ou par des usages contraires.

Plus les chartes de commune sont anciennes, plus les lois qu'elles contiennent se rapprochent des pre- mières lois des Francs. Parmi les traces d'ignorance,

(i) Berroycr^et Laurière ; Bihl. des coût, Conjectures $ur l'origine du droit frakiçais , p. 35. ^ ^ w :, I. Liv. 8

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(ïi4)

de superstition , de férocité même , pn y découvre ejicore des restes de cette écjuité sim^^le let franche, .et de cette honnêteté . de mœurs, qui ont prescpe toujours distingué les peuples que nous appelons 6ar- ôore^. L'horreur pour le parjure les portait .à;déférer presque en tout au sCTmcnt, en matière civile et u même criminelle : la vie des hommes leur était; sa- crée; la plupart des crimes n'étaient punis que par, 'des amendes; ils employaient quelquefois la honte au lieu du suppUce, même dans le cas de crimes graves; selon quelques anciennes coutumes, la p^e de l'a- dultère (i) était de courir nu par la ville, si Ton p'aimait mieux payer une amende de soixante sous, ou de cent sous, au plus. Ce ne serait pas sans plaisir . et sans fruit qu'on entrerait danjS les .détsâU de. nos lois anciennes, qu'on les combinerait .ensg^mble, qu'on en observerait les progrès et les chan^emens, qu'on en développerait les causes morjdi^ et politi- ques. Ce Recueil contient des , matériaux abondaiïs pour un pareil ouvrage; rii;^is nous ne ^pouvons ici > qu'en indiquer le sujet.

3. Nous devons nous arrêter davantage sur les arti- cles de ces coutumes qui sont relatilfe à la juridiction

in adulfenp, çeU*

'onem delinquttttis* art. \2.— Voyez 99, art '21; et de

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. ( )

vemés en prévôté au lieu d'être gouveméa en com- mune; et qu'en la place de maire et de jurés qui n'a- vaient plus^eu, il députerait un prévôt pour régir

en son nom.

Il ne* nous est pas possible d'entrer ici dans les dé- tails de l'administration municipale des villes de commune. Les noms, les raiigs, les pouvoirs des ma^ gistrats qui eu étaient chargés, variaient à Jinfini. On les appelait plus ordinairement maires échevins et jurés dans les villes de la France septentrionale ; syndics et consuls dans la partie méridionale, tés droits attachés aux mêmes n6ms n'étaient tou- jours de la même étendue. Les consuls de la ville (Sk Montauban obtinrent une ^ugmentâùoa de poiivoir en 1828 (i). On regardait ce titre decorisuls cOmme le plus éminent des titres de la jup<iiction munici- pale, dans les pays était en usage. Les hsÛMxas de iMarvejols, qui avaient depuis long-tenips dès syn- dics, demandèrent en i366, à Charles y,d;accarder à ces magistrats le titre de consuls, comme un tiwe plus honorable et plus révéré des peuples (2).

* slon de la ëomnmiie de Roye, t.,5 de ce Rec., p. 66o;%e . - ' Neuville-le-Roi , ibid., p. 333 ; et le règlement pour l'a^- ♦* / nistration de la -viUédeLaôfav depuis la sappression de la

t. ^commune, i. a, p. 78. -" ' T ? ' ' * ^,' .(i)Page64dcce.vol., /•-: ' : v. %,, '.,;

» ^ (2) TtOioii ac homtrabiUoji lamine^...^. ^ffAemareniur. «

*- , constdari mhùfUJ et consulaids £gn&aU mmm-etoffdo.

V«-«'WCTjfttf't.rJCome4deceReç.,p^ '.

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("7)

Quoiqu'il ftCtt ordinaire^ dans les chartes de com- mune 7 de laisser aux bourgeois le droit d'élire leurs officiers municipaux, ce droit ne leur ëtait pas tou- jours attnbuë sans restriction. Ainsi , dans les com- munes de Rouen et de Falaise (i), les cent pairs de la ville avaient seulement le droit de présenter trois notables au roi, qui s'était réservé de choisir^ parmi ces trois, celui qui devait être maire de la ville.

Une question intéressante à examiner au sujet de la juridiction municipale, est celle qui concerne les droits des seigneurs hauts-justiciers des villes de com- mune, sur la jm^idiction municipale de ces villes* Nous n'entreprendrons point discuter ici cette question , somnise actuellement à la décision de la cour, à l'occasion delà juridiction municipale de Reims. Mous nous contenterons de rappeler deux principes généraux, sans prétendre les appliquer à l'espèce par- ticulière. Le premier, que nous ne nous lassons point de répéter, c'est que les conununes sont instituées poiir mettre les bourgeois à l'abri des entreprises des seigneurs,' ce qui suf^se qu'elles laissent peu de droits aux seigneurs, relativement à la juridiction de. ces mêmes conununes. Le second, c'est que les lettres qui établissent les juridictions municipales, sont des lais, et que par conséquent ce qui les concerne, sem-

(i) Si opporteatmajorem in Rotomagensi oel in Phalesîâ JUHy ilU centum qui pares constituti sunt, eUgent très proborum homi- num ciintatisy quos Domino régi prasentabunt, ut de quo iHi pla- cuerit, majorem faciat (Tome 5 de ce Rcc, p. 671. )

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(n8)

ble dépendre exclusivement de celui qui a la pcds- sance législative. Sans doute, c^est des hauts seigneurs ^ de ceux qui exerçaient les droits régaliens, que Beau- manoir a entendu parler, lorsqu'il a dit (i) : Ouïs- cun sire qui a bonnes viles desous U esqueles il a quemuneSj doit sasH>ir chascun testât de le vile, et comment ele est démenée et gouvernée par les majeurs j etc. Nos rois eux-mêmes ont déclaré que les juridictions des villes de conunune dépendaient d'eux, non comme seigneurs de quelque fief qu'ils auraient acquis, mais connue souverains. Ils avaient acquis une grande partie de la vicomte de Lautrec, dès le commencement du quatorzième siècle (2). En- viron cent après, il y eut un règlement foit étendu sur la juridiction des consuls de Lautrec, qui fat confirmé par Charles VI, en i4io (3). Le principal objet de ce règlement était de distraire de cette juri- diction quelques lieux de son territoire ,, et d'y éta- blir des consuls particuliers. Par le quatrième article, il fat ordonné que tous les consuls et autres magis- trats municipaux de ces lieux , reconnaîtraient soh- dairement tenir leur consulat, du roi, non à droit féodal et comme seigneur, mais à droit de souverai- neté et comme roi : ordinasfit quod dicti consules^... ac consUiarii....* eorumdemj recognoscant ipswn consulatum tenere in solidum à domino nostro rege

(i) Coutumes de Beauvoisîs, c. 5o, p. a68. (a) Voyez HisU du Langued ., t. 4i P- i34- (3) Koyez t. 9 de ce Rec, p. 557.

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( 119 ) Ut rege i^.^JiL)g(i^ les juridictions muAicipales sem- blent ^vÂîi^^ë regardées comme étrangères à la sim-

^,^6 .féodalité.

3* Outre la juridiction municipale , les villes^ de coTBT^UTie^ jouissaient de plusieurs autres privilèges et femchises exprimées dans leurs chartes. Ces jfran- chises, quelquefois octroyées avant l'établissement de commune 9 recevaient alora une nouvelle sanction, qui les rendait plus respectables aux seigneurs, tou- jours disposa à les enfreindre. Quelquefois elles étaient exprimées par cette formule générale, que les hémn^ de la comn^une fussent libres eux et leurs biens ; qubd hamines communicBj cum omnibus re-

jbus suis Uberi permaneàrU (2) ; clause dans laquelle

'^u^eurs villes de commune ont cru apercevoir le franc-alléu (3). Quelquefois, expliquant avec plus de détail ces privilèges, la charte portait que les gens de la GomçQune demeureraient à perpétuité exempts de

.. toiiys.^its de prise, tailles injustes, prêts forcés et

(i) Voyez t. 9 de ce Rec, p. SSy.

(2) CeUe clause est fréquente dans les chartes de com- Bume, et fonne d^ordinaire le premier article des coutnmesi ( Vt^ez, dans ce volume, la commune de Roye, aa8 ; celle de Saint^Qnenjtîn, p. 270, etc., etc. )

(3) Ce système a été fortement combattu par les inspec- teurs du domaine du roi. ( Voyez, sur cette question, les Mémoires imprimés soumis au procès pendant encore au Conseil, entre la ville de Saint-Quentin et le receveur gé- néral des domaines et bois de Picardie.) ^

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( i^o )

exaciioQs : &b omni êalUMA imjuBldj ùa0ime, ett- dUknej et unwersd irratàcmabiU exactiane{i). Scm- vent le droit de main-morte ëtait spécialement ahçii^ mortuas autem manus omnino exctudimus {2). Quelquefois aussi Tabolition n'était pas eï^iniëé: ce fut par une enquête qu'on justifia qu'il n'y avait poiat eu de droit de main-mc^rte dans Beauvais, d^uis, rétablissement de la commune (3). Cependant Tabo- liti<Hi de ce droit n'était pas essentîellembent liée à la concession de commune ; comme on le v<rit paa: la charte de commune de Bray, il e^ dit quet nul seigneur, autre <pie le roi, ne pourra lever le droit de main -morte sur les honmies de la commune: nullus dommusj nisi noSj..... moftuam manum cà- piat in villd ab homine de communia {^).IJexms^ tionde droit de main-^norte n'avait point été accordée aux habitans de Soissons, par la charte de LooisYI^ qui leur octxoysL le droit de commune ; cette fran- chise fait partie des articles accordés par Philippe

(i) Voyez commune de Mantes , p. 197 de ce vol.; com- mane de Chaumont, p. aaS, etc.

(2) Voyez, dans ce Yolume, les commîmes de Laon, art. 12 ^ p. 186 ; -de Bmyères , art 1 3^ p. s46 ; de Gre^py en Val^ art. i5o, p. 3o6, etc.

(3) Homines commumoms Behaçams^ quaUter mmamioiiiGa^ suam Unuerimt à miie iBtermgaU, léiJ^rmt (piàd, e^ ^ corn- nuiidamJuMivenmtp mmquam mamm motitutm Beifiaco ^kai ^ éknmt (Art. 2a de la commune de Compièijne, p. 2^% de ce vol.)

^ (4) Page 396, art. a.

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( lai: >

Us étaient' mineurs ; ce <iroit par lequel on se survit : en cpidkfûe sorte, celui de prescrire par son testament ^. rexécutigax de ses volontés après la mort j enfin la > liberté qu'une veuve acquiert par la mort de son

(tJPrœierJias consuetudines à patnbus nostris concessas et in- âubtUf concedîmus vt, etc.. nec cuiquam Ucehlt ab aliguo oelali- " quà de communia, manum mortuam exigere, ( Art. 20 de la com- ^ mime de Soissons, p. 221 de ce vol. )

(2) Cofisuetuâinarias autem talUas ita reparaQÎmvs, ut unus- qmsquê hominum ipsas talUas deèentium, sînguUs termini^ qmbus ialUas débet, quatuor denariios sobat; ultra auteinnuUam aliam talliam persohat (Page 187 de ce vol., art 18.)

(3) Voyez Guibert, ubi suprà, p. 5o3.

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Lj^ar itrer i ces^ 3sde 5 des

i ^\ (i) Concedimus etiam ut eis... ad libitum sïàintpuellàs etçiduas

' uxorareyet bàllia juoenum et pud- vtradictiàne, libéré liceat et Ssoitè, ' )rout 0obierint ordinare. (Tome 5* aussi, dans le présent y<Jame^ I Laon, art lo, p. i86; de Senst , art. 5, p. 219, etc., etcO p. 5oo,. art. 7.

* (4)*lWf., art. 10.

{S)tb{d., art. îa.

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> . aent de

, i lement,

le droit ids que t cours

"^V^lprés droite moins essentiels, mais à quelques

égards j^u» particuliers aux. communes, parce qu'ils

^Sù^ent d'ordinaire les attributs de la juridiction mu-

nicîpalei, étaient l'hôtel cx)mmun pour les assem-

-^i&ÊSy la cloché pour les indiquer; le beffroi celte

I ' x^Iochë ëtait suspendue; le sceau pour sceller les dé-

^ - ^ ^^^v/ :;,_i ^ '•

j ^- (i)JPage aa8 de ce vol, art. ii.

{ij.Voyez, à^s ce vol-vles p-aSo, art, 35; a/S, art. 38; et 367, art. ai).

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( 1^6 ) libëri - - - j^jj^

les cl ef qui

les SI t. txop ,

long Ibuts.

Nous te^i^*:

qu'ui W^9^ *'

dans , , ^, . --.ii|fe^^

lëge qu'a désigne. ^ #j,W^.^^ '^

Le beffroi, selon lui, est uiie ms^phii^e de^^^ôinçé, une toi^r d^bois à plusieurs étages, que Ton {appro- chait des murs pour attaquer ou défendre la ville ; d'où il conclut que le droit d^ beffroi n'^bitp^s. un des moindres privilèges des commùneç. Mais Je Jbeflfçpr des communes n'était aui e **

clocher, qui par son éleva is ,

machines de guerre dont p ', ^

à cause de cette ressemblai e

que.de renfermeçjla cloch r^

geois, et quelquefois desservir i|<5 prison pour Texer- .: cice delà justice» orijûânelle> de la conunuiïë. T^Ue est l'idée que nous en donnent les .lettres qui con^ cernent les communes méin^s (a). .1 .. ^

Celles par lesquellesPhilippe VI, en i33i, règlè%

l'administration de ville de ^iaon. dont il avait sup^

pimé la commune j portent : j^X^É^S? cloches qu^

' ' "*' î

(i) Le Roi, Dissertation sur^'Hôtel^-Ville 4e Paris, ' /oc. at, p. 10 et II. ' j '

(2) Ajpntez qu^o^ s'en servait 'aussi comm^ d'eschanjgiiietle « . pour découvrir ce qui se passait dans la campagne.

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( i^z)

léiïré, mais une tour ordinairer, ^*on froi que parce qu'elle ^rvait à ren- phes de la commune. Fo^ dit que le beffroi servait aussi,4e prison poW^'çi^érèicé de la justice criminelle de la corn- mune.^Qpdes lettres du roi Jean, en i363, au mois (3), il est permis à lt|l commune de [igarder la tour de Beatival, pour y faire prison.De là, lorsque la commune fiinée/'et c^'ony eut établi un pré- caire, ilfut dit que le beffroi serait t la prison du prév6t{Z\ Au. reste, du beffroi étaient tellement un attribut de

jl%

f que lorsque la commune de Compiègne

les çlbd la cou

fut ^fablie^l fallut des lettres particulières du pi pour' aptorîsjer les hiabitws à sonn^ les clpcbes 4u beffroi, en cas de meurtre ou d'incendie (4)- 4* Ap^ès avoir parlé des clauses qui contiennent

(1) Tome 2 de ce Rec.; p. 79, art. 9.

(3) Elles fiireiit produhes en 1 7 19^ au procès entre la cpm- mnne JDourlens et le prévôt de cette ville. ( Voyez le Mé- moire qui liit alors imprimé pour la commune, p. 7.)

(3) Tome 2 de ce Rec, p. 79, ^rt 9.

(4) Voyez p. 5i4 de ce vôL

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.< I^ )

pritUëgc^ des communes, nous devons .dire quel- , que chose des ré^erres qui restreignaieixt ces privi- lèges. Tîous avons déjà remarqué que Tc^et de la concession des communes n'était pas de dépouiller le$, seigneurs de leurs droits, mais de les empêcher a'en abuseir. Les hourgecns opprin^ avaient droit 4'exiger Jeur. souverain secours et protection y mais il de- vait cette même protectjion aux droi^ l^itîm^èdà sei^eurê 4 au^i dans les chartes de ÇjÇ»nmtuie , ces droits sont-ils toujours expressément réservés:

Le dernier article de ces chartes contient; ordinai- rement la clauJl suivante : sauf noire droit, acides é^êques, du clergé, des seigneurs j des nobie^ydes ingénus {i). Outre cette réserve général^ ^ 41^ jf «n avait souvent de particulières, Ainsi, par l'artide xix de la comnaune d'Amiens, il est dit que cette ccmu- mune ne se mêlera point de ce qui concerne les droits féodaux (3). Ces droits féodaux étaient si r^^peciés, que la charte de coinmui|e d'Abheville, en supprimant

(i') Charte de eommime de Laon : Saipo nostro panter et episcopaU jure et ecclesiastico^ nec non et procerum ^ intra terminas pacis districta sua et légitima jura habent (p. âSy de ce vol.) Saloo jure ecciesiarum, miUium et^^^t^^nuorum'^honiiiaim concessimus communiamy etc. (CommOQe de quelque^ lieox du Laonnois, p. aSa de ce vol.; çoyez-y aussi le^^liartes de Crespy, p. 287; de Vaissy, p. aSg; de Soissons, p, 221 ; de Compiègne, p. 243^ etc.', etc.)

(2) Commurda de terris m^ feoâis domirtorum non débet se in- trotnittere. ( Page 265 de ce vol. )'

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( »29 )

rexaction ^Ju (çrét forcé et sans gage, excepte cepen- dâût le cas le vassal serait expressément obligé, à cause de son tenement, au prêt d'une somme fixe (i). Le serinent n^ême des membres de la commune

Slât être fait sauf la foi due aux seigneurs (3). ^ ad liOm^ VII accorda le droit de commune aux" habitaoôsdeCxmpiègne, les droits seigneuriaux de Fabbé ** » furent exj^imés et conservés (3). Nous avons vu que * le paiçme^t du cens était ordonné , même sur peine d'aînende. ^ *

Une (5es rServes les plus importantes, était celle qui d^endâit d'filmettre dans la commune les vas- ;^saux^/^ s^neurs voisins, ou qtii rie le permettait .* gu'à^ des conditions avantageuses aux seigneurs. Il-* ' é^i^^cialement défendu aux communes de rece- . , voir lë^iiqinines de corps du roi et de ses domai- * \ nes|[À:si mielqu'un d'eux y avait été admis, il était '**

(t^iHd iale fuerit Unementum, cujus possessor certam 5ii/w-« Inam jkimmi^jpio ex debito credere teheatur. (^Tome 4 àe^ce' R|c., p. S6, art i5.) . '

(pk),.Omnes communiant jifabunt, salçâ JideUtaie dominorum> -^(Oiartç dejccmmune de Bray, p. 296 de ce vol., art i."^ Sabâi^fi^itaU coj^V. ( Commune de Sainl-Quentîn , p. 270 *

{^Eoûcepto hoc, qubd homines villœ abhailpi^ très mensesàe

*^ptmM came et piscihu^ creâtUones facient. piscatores ^erK, "

JormseSy no^, idsl per qtdndecim dies piscationem Jacjj^t {P. 2^1 dece vol., art. I et a.) . / - ''

^ li) De hpminibus nostris de corpore... muititm récipient,

(Commune de Saînt-Qqentin^ art. 5,. p.. 27b de ce yol^;» .' k Liv. ' ^ ^9*

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des maisons, excepte les nobles et le clergé, devaient ^t et garde , et contribution aux frais pour les af- faires de la commune (i). Par l'article viii de celle dePontoise, les bpui^eois devaient tous contribuer, h proportion de leurs facultés, aux dépenses nécessaires pour défense et la sûreté de la ville (2). Les com-

Jmunes d'Aiguës - mortes (3) et de Marvejols (4) étaient obligées au guet et garde, à la volonté des. » consuls. Quelquefois on obligeait les possesseurs de fonds dans le territoire de la commune, de contri- buer aux dépenses de cette commune, quoiqu'ils n'en fussent pas membres. Ainsi les seigneurs et leurs hommes des environs d' Angoulême , dans l'étendue de deux lieues, contribuaient au guet et garde et à l'en- tretien du château, a En effet (disent les lettres de (( Charles V ), il est bien chose raisonnable que eux, <t leurs hommes et sujets contribuent aux guets, gardes et réparations d'icelle ville; car c'est pour gardtr le <f leur même (5). » Qu'il nous suffise d'indiquer ces * objets généraux; et après avoir vu quand, pourquoi, par qui et à quelles conditions les communes ont été

établies , terminons nos recherches en examinant de

(i) Behent excubias et adjutorium cwUatis, et œnsuetudines tommumonis. (Pag. aa4- ^e ce vol.)

(a) Ibîd*, p. 254. Voyez aussi l'art. 7 de la charle de com- mime de Pôissy. lôid., p. 3 16.

(à) Tome 4 de ce Recueil, p. 461 art. 5.

(4) Koyez ibid., p. 677, ^rl. 12.

(5) Tome 5 de ce Recueil, p. G79, art 1".

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*

( i34) *

qoelie façon et par quelles raisons ei^ ont éié quel- (^efois modifiées , supprimées ou rétablies.

VL

Par qui et pour quelles causes les communes étaient modifiées^ supprimées ou rétablies.

La même autorité qui avait établi les communes, pouvait seule les modifier, les supprimer ou les rétâ- Uir. Des lettres émanées du souverain avaient donné aux communes le degré d'authenticité suffisant : des lettres semblables étaient nécessaires pour les révo- quer ou les faire revivre. Il ne suflSsait pas aux bour- geois de renoncer à la concession qui leur était &ite du droit de commune, comme on renonce à un pri- vilège de pure faveur, quand il devient onéreux, parée que le droit de commune n'était pas un single privilège. Les chartes de commune, à certains égards, étaient des lois, des ordonnances; et c'est à ce titre qu'elles entrent dans ce Recueil : le droit de les abolir ou de les renouveler appartenait au législateur, comme- celui de les créer. -

Les circonstances politiques avaient fait ériger les communes; le changement de ces circonstances les fit tantôt modifier, tantôt supprimer, tantôt rétablir.

1. Les souverains qui accordaient les communes n'épuisaient pas leur autorité à cet égard par une pre- mière concession; ils demeuraient toujours les maîtres d'y faire les changemens qu'ils croyaient convena-

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de lëgislateiirs attachait à leur per-/ le ]^btip^ inaliénable d'exercer leur autorité portion du droit public de leur royaume. a^Bûs publié dans ce volume les changemens * yrfit au premier établissement de la çpm- # ^de:Sàint-Riquier(i).On trouvera dans le tome* prenoierjo^^^^ Recueil (2) plusieurs ordonnances de

et de Philippe-le-Bel , contenant des règle- < iârmi^ pour les communes, indépendamment

{^rticulièresqui les avaient accordées. Ces ^ * aMpctttent principalement sur l'élection des «* ^^X siatUs comptes qu'ils devaient rendre, sur la * sâr<^ d^ Hêniers communs, sur le retranchement * dtii^^^genses p^ les affaires de la ville, etc. Quand , '

[es y rétablit, en i368, les habitans dFPéronne .daibols droits anciens de leur commune (3) , ce fut ^ ^^ grand nombre de modifications. Il en mit k

lus à la charte de commune de Tourna^(4), fia renouvela en 1370. On peut regarder aussi coimme une modification du droit de coiomune, 1,'ar- ticîie LXîti de l'édit de Moulins, en février i566, qui laissant l'exercice du criminel et de la police, aux maire, échèvins et autres administrateurs des corps de villes, leur interdit la connaissance des instances

(t) Page î84 de ce vol.

(2) Tome !«' de ce Recaeii, p. 8a et 3i5.

(3) Voyez t. 5, p. i63. (tt^oy^^t. 5, p. 374.

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( i36 ) . f

La ville de Reims J^iiit et article, dans la jouis-

: mais elle y fiit ,^_ ^ e prouva que k|ustice mémorial , long' * '^P^P^ oaune (2) , et qu'pi tes- *

ssions des communes ^

suppressions momeàà-

nées que quelques communes éprouvèrent dans lés

« premiers instans de leur formation ; suspensions , plutôt que suppressions réelles, obtenues à force de brigues et d'argent, par les seigneurs qui avaient in- térêt de s'opposer à ces établissemens. Ils employé* rent m Jne les armes. Nous en avons rapporta des exemples, en parlant de l'établissement des' com-

,, munes de Laon, d'Amiens et de quelques autres;

' mai^il n'est ici question que des suppressions revê- tues de formes légales, et fondées sur des causes juétes avouées par le souverain*

Elles avaient d'ordinaire l'un de ces deux motifs : ou l'intérêt même des bourgeois qui demandaient la suppression de la commune, devenue pour eux une

(i) Recueil d'ordonnances, par Néron et 6irard, t. p. 483.

(a) Voyez le Discours de l'antiq. de l'écheQinage de Reims, par Bçrgier, produit au procès de la ville de Reims contre les officiers de rarcheyêque, en 1628, et les arrêts qui y sont joints.

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lé. Les ma- taient poftës règlemenS; e du roi (i). $2, priva les . Cette ville

I ir, en fut de

efelles qu'ils

j t plutôt une

nt dite; car

i leur fut ren-

dait ôtée que ue les trou-

vas toujours ; charges que

1 Lance qui fut

DU de la ville »mmune (3),

f bonnes cou-

fussent con-

....,.^ . ^ , . ^ ... ...

suppression de la commune de Toumay '

'' (^1 ^^^^ ^^^ lettres 4e Charles , fil3 aîné et ^eutenant du roi^ean, en novembre i3â6, t. 3 de ce Recueil, p. 92 ; et à ia 6q du volume , p. 189, additions et corrections pour la

' {%Xy&^ez\t^ leyres de Charles V, du 6 février iS;®^, p. 372 du t. 5 d^ce Recueil. > -i-

■' (3) Tome 2 de ce R«:ueii, p. 78.^

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(143),

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mes, que celles de leiir établissement:

" *• Ç> P:^9* '^<>^^2 aussi les lettres déjà citées M/i 1 p. 37a^^du tome. 5 de ce RecueiL

fâiyÊ^ letVç|^*i^? I^yî^r 1,36%, t. & de ce I^ec.

^.^,.-.•

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( '44 )

Fimërét des habitons qoi le deman^biîipnt; |J du sopiverain qui en tirait avantage. ^

Les formes étaient aussi à peu près ,sembl|ibles Comme il fallait des lettres émanées du sk>uvç^ pour fonder le droit de commune, Jl enfaÛaitpQur ' le rétablir; d'autaiit plus que ce rétaJïUssemen^JOL^^tait pas toujours pur et simple, {misque souvent ^ piodi- fiait l'ancien droit, ou y ajoutait. Mais^ les lettres^ de > rétablissement des communes rappel^çet'f toujours les concessions premières; et par-là elles unissaient, à la confirmation du droit, les avantages' qu^Taiic^eu- gieté pouvait y joindre. ^^^^^ ,

Terminons ici nos recherches sur les cohununQSf. Un traité complet sur. cette matière dem^dérai^ un voluûie entier ; et les bornes que nous devons ^us prescrire ici, nous obligent de passer àjjx autres objfts que nous nous sommes proposé d'y trait(^<f '^

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RECHERCHES

^^ aPRJLES BOURGEOISIES.

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v.

.^* _^,^pfe^ PAR M. DE BRÉQDIGÎÏY.

Koiàs ^c^'lbiiimes aperçus plus d'une fois que les aiî|eur9^ cm parle des bourgeoisies, ont été induits m e^ix^lwr la multiplicité des acceptions de ce ^ moC%Jrûlîr (^f iter cette erreur trop ordinaire, nous * (Ji^rvef ^is!^<îae le mot bourgeoisie j comme celui de ' bmtg^isj^p^'ûàétïyej et celui de ^owrg"^ d'où sont deux autres, ont eu chacun plusieurs si- fiju'il est nécessaire de distinguer.

1j^ moiâhourg est- il originairement celtique ou grcd? On' a souvent disputé siur ce point,- mais écar-^^ tons oçtte question frivole, ou du moins superflue re- ktivenienf à notre objet. Remarquons seulement que daiijs^lietdi^iènîe siècle on appelait bourgs les simples > idBa^s qui n'étaient point fermés de murs (i), selon "^ . le !]témoignage d'un écrivain de ce siècle même. Les ^ maÙ^tfr^ des temps ayant obligé de clorre de murail^

* (i) jt^hgrvgationemdomorum quœ muro non clay^ditw^ Luit- pra^i^ lib. 3, cap. la. ' *.

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( '46) ' les ces habitalions, elles conUnuèreni de porter le nom de bourgs (»). Enfin, ce nom insensiblement ' ne fut plus donné qu'aux lieux fermés de murs, et X s'éloigna ainsi de la signification primitive. *

Il en fiit de même du mot bourgeois. Sans pléten- dre en rappeler ici toutes les acceptions (a), ^ous nous contenterons de dire qu'il fiit d'abord'^mployé pour désigner, en général, les habitans d^^m-ês/)u villages, soit ouverts, soit fermés. Lorsqùe^fes bourgs fermés s'âevèrent au titre de vUle, les hj^itans con- : servèrentlenomde6oKrg-eow.Enfm,lorsqiieces lieux obtinrent des privilèges pour leurs habitans réunis en « corps, le nom de bourgeois devint propre aux indivi- ■■ ., dus de ce corps, à l'exclusion non seulei^ett^jies ha- '• bitans des lieux non privilégiés, mais mên^fràe^ççux des habitans du heu privilégié qui n'avaieni |>as *été V associés »u corps pour lequel le pivilégç avaitj a^ ' cordé (3). ï»ar-là on restreignit l'accep^tibn ,J)remière

(i) Voyez du Gange, Gloss. lat, au mot BurgusJ , /; " (a) Du Gange, au lieu cité ci-deissus, définit le mo^*>iir- geoîs : burgorum seu Qitlarum incolœ; vel qid tcneinénta iri,iis

'um domino bwr^^pças&^mt»

[ans les bourgs ^^f»0^é-

% ils payïiient lairejteyiU^

4 is porté ie .ideiaide ^ar*

i ./' our eux un titre m pii^-

îls n'étaient bourgeoîs'fttc

'ut aussi quelquefois nom-

es(2)et(3),p. li;.^;-/

(3) Tout habitant d>n lieu il y avait bourgeoisj^è n'é-

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(i47)

du mcA èoiageois; il avait d'abord désigné en géné>«> r^l^ tout habitant des lieux auxquels on donnait le nom de bout^; il désigna par la suite Thabitant as- socié aux privilèges de ces lieux. 11 n'avait çxprimé origiÉairement qu'une idée de position, l'on y joignit une idée i^e privilège (i). '*

Ék ce j^ bourgeois se forma celui de bourgeoisie j dont la agnification éprouva encore plus de variations : oDt iK)niina bourgeoisie j tantôt le territoire (2) dont les habitans,.sbus le nom de bourgeois j avaient des privi-r , 1^^ en iranmun ; tantôt la redevance annuelle dont les boû^îdisélJ&nt chargés pourprix de ces priviléges(3). .

tài^t p^ baàrgebis par cela seul. Pour le devenir, il devaîl être abfibmé àacoq)S des autres bourgeois, comme on le verra ^dat^^ j^ônde partie de ces recherches. . .0^ M^gr^e'préteiidons pas que le mot bourgeois aiC cessé* d'avoir en même temps d'autres acceptions ; par exemple , celle ig[i:^^^^ait une classe d'hommes différente de celle jftlie^^^bËÈi^ei des paysans. Fbyez ci-dessous la note (1),

; ^YjK est^pris en ce* sens dans une charte de i284i ci^ée « contîauatenr du Gloss. lat^àe du Can^e^au mol Bur- l5i àUqid infra.:* Burgesiafn villœ ArvUaci de nooo çemre''^ ,>/i^ Deméme, dans l'arrêt des grands -jours de :^il^j^87, cité par Brussel, on lit : Bwgenses venien-.- ^rgéndis sms, etcVsai^e des fiefs, t. 2, p. go3. Il serait lià'dié iÂultipUer les preuves. 1{3^ O^lit dans une charte de Philippe Auguste, en 1200, citée ^ar dif Xan|;e , au mot Burgesia : De sementibus laids .

schokmum qtdmrtdebenfVUfiQZmim nobis;Ht dans une charte

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4

( ï48 •) Tantôt ce mot, comme collecûf, servit à draguer la classe des habitans des villes, par opposition à la classe des habitans de la campagne j ou la dassc des rotu- rière, par opposition à la classe des nobles (i). Enfin il signifia le droit accordé aux habitans d'ifn lieu au à ceux qui leur étaient associés j de jotm", à certaines conditions, de privilèges communs- Vm»- sel soutient qu'il ne fut en usage que sur la fin du treizième siècle (a), quoiqu'on se servît dep^iis long-

d'un comte de Bloîs, en 1277 : J'ai donné en f4pétuelle m- mène... à prendre sur mes BOURGEOISIES de Guyse, parla mam de celi qidjiour Uns recepora ïesdUes BOURGEOISIES; Du Cauge, îbîd. Il faut observer qu'on a aussi compris, sous Je nom de iourgeoisiesy de simples redevances féodales appartenantes aux seigneurs sur les fiefs qu'ils avaient dans lesbourgs ou villes, et qu'on appelait plus communément ^owigrû^ , 4^ît réel par le terrain; au lieu que la redevance. dont|ious ^parl<ms ici éuit un droit personnel par bom^doîs. ,; Voyez Thaumass., Covt. de Berry.i^. ;i3 ; et ci - dessus la

note (2), p. i46- ^ ^ jdfr

. (i) Le mot bourgeois fut aussi employé en ce s^s, i^mT^ anciennement. Foye^ du Cange , sous le mot Burgèràes, W^s nous ferons vpir, dans la seconde partie, que l'haWialioii dans les villes ne fut pas toujours essentielle à If iKip^êoi- sie, et que la bourgeoisie ne fut jamais încompa^ble Ai^c la^oblesse, quoique ces; deux cpnditiojas aient toujours pu, fk divers égards; être naîses en opposition.^ >, -." > (2) Brussel, Usage desfiefs^ t. 2, p. 940 : « 1.1 est remar- ie quablè que le mot ^iir^^owiVr ne se rencontre dans aucone «ordonnance qui précède celle de 1287... H n'en est pas * « ain^i du mot bourgeois, car il se trouve dans quelques char- ge tes fort ancîenfies, etc.» ^„^ " ,7' ^ ' "

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( «49 )

temps du mot bourgeois. Cependant le mot baur-- geoisie existait dès le temps de Philippe Auguste , dans un sens différent, à la vérité, de celui dont il s*2Égit (i) ; mais il n'est guère probable ,au'il n'ait pas éié dèâ^lors employé dans ce sens mraie, qu'il offirait si naturellement, et qu'on avait si frâjuem- ment bescûn d'exprimer, puisque ce fut surtout alors que les bourgeoisies, prises en ce sens, se multipliè- rent. Quoi qu'il en soit, et sans nous livrer à ces discuSsiom, il nous suffira de dire que c'est seton cette dernière acception que nous nous servirons de ce mot dans! le cours de nos recherches.

Fous y considérerons les bourgeoisies, i** en elles^ mêmes, et relativement aux privilèges qu'elles jffo- curent;' 2** relativement aux personnes qui peuvent les accorder ou les obtenir. Dans la première partie, nous remontions à rétablissement des bourgeoisies, et nous développerons les objets des privilèges qui y ont été attachés. Dans la seconde, nous examinerons par qui ces privilèges peuvent être accordés, à qui ilpjpeuvent être accordés, et par quelles formes. Ce p)^ nous paraît propre à présenter avec clarté les iK>tiûfts les plus importantes sur la matière que nous nous proposons de traiter.

(i) Voyez^ la charte de Philippe Auguste, en laoo, citée ci-dessus, note (3), p. 14.7-

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( i5o )

PREMIERE PARTIE. :.'^^

Des bourgeoisies considérées en elles-mêmes j et ré^ * lativement aux privilèges qu^ elles procurent. ^

Le3 bourgeoisies considërëes en eUes-mémes^ nous ofirent deux questions que nous discuterons successi- vement : i** quelle filt l'origine, quelles ont été les progrès de rétablissement des bourgeoisies; 2"" quels en sont les caractères et les objets.

I.

De V origine et des progrès de rétablissement des bourgeoisies,

L'établissement des bourgeoisies fut un des effets de Tabua de la féodalité. On sait qu'au commence- ment de la troisième race de nos rois, tout en France était devenu fief. Le système de la féodalité aurait pu être un système d'union , par lès ri^ports de service et de protection qu'il mettait entre les puissans et les faibles; mais il était devenu un système d'oppression, parce que le pouvoir que rien ne balance franchit insensiblement toutes bornes, et que l'état d'anarchie le royaume était tombé à la fin de la seconde race, avait persuadé à chaque seigneur d'un territoire que ses vassaux étaient ses sujets; il les nommait de ce

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- ( i5i ) ^

nom^ et les traitait comme s^i) eût eu sur eux un poQTok: de propriété aussi absolu* que sur le territoire même.

La puissance publique, qui, possédée à titre privé, avait ccmstitué la seigneurie ou la puissance féodale, se trouvait morcelée en une infinité de parties, et dis- tribuée en une nuiltitude de mains, soit par l'abandon volontaire du souverain, soit par l\isurpation des grands. La portion de cette piùssance publique qui restadt entre les n^ns du monarque, lorsque Hugues Capet en recueillit les débris, ne le mettait pas en état d'y réunir par la force ce qui en avait été dé- m^njbré. Il fut réduit à légitimer des droits qu'il eût été dangereux pour de vouloir détruire. Son c(m- sentement, exprès ou tacite, ratifia toutes les prétentions de la féodalité; et il fut content d'être reconnu pour k seigneur dominant, médiat ou immédiat, de cette foule de sei^etus dépendans la plupart les uns des autres. Sa souveraii^eté n'était presque qu'une suzeraineté; mais l'hommage que tous ces fie& lui devaient et lui reportaient, était un fi) qui liait ensemble et attachait à sa omnx)nne, ce nombre prodigieux de parties di- visé^; et ce fil, tout faible qu'il paraissait, fut si ha- bilement ménagé par Hugues et ses successeurs, qu'il devint entre leurs mains le principal moyen dont ils se servirent pour ramener à eux la plénitude de l'autorité , par un mouvement uniforme et sans effort. Nous ne nous occuperons point à suivre pas à pas ces opérations de leur adroite politique; nous devons nçus bornei' a ce qui concerne les bougeoisies.

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( ï^a ) ^

Nos rois, qui surent s'en servir si efficacement pour l'abaissement de la puissance féodale, ne les imagi- nèrent point, mais ils les tournèrent à leur avantage. Les premiers privilèges qui ont fonde le droit des bourgeoisies ne furent que la confirmation'des asso- ciations formées sous le nom de communes par 1^ ha- bitans des villes contre la tyrannie féodale, ou le re- nouvellement d'anciens droits municipaux réclamés vers le même temps par plusieurs cités.

Nous ne répéterons point ici ce que nous avons dit ailleurs (i) sur l'origine des conamunes. On peut se rappeler qu'au commencement du douzième siècle, diverses villes opprimées par leurs seigneurs opposè- rent la force à l'injustice. Leurs confédérations tu- multu^ires furent approuvées dif souverain leur pre- mier seigneur, et qui était leur protecteur-né, pr l'essence même de la souveraineté. Il vint à leur se- cours, et légitima les communes en y imprimant le sceau de son autorité. Vers le même temps (2), d'au- tres villes, surtout dans les provinces méridionales, rentrèrent dans l'usage des droits municipaux dont elles avaient joui avant la fondation de notre monar- chie; et nos rois les y confirmèrent, donnant en quel- que sorte aux anciens privilèges une seconde origine ,^

(i) Voyeznos Recherches sur les communes, dans la pré- face du tome 1 1 de ce Recueil ( c'est-à-dire du Recueil des ordonn, ). Cette observation est commune à toutes les notes la même citation se représentera. {Edit CL.)

(2) D. VaisseUe, Hist de Languedoc, t. 2, p. 5i5*

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(i53)

i deveiiaient

L qu'on peut

it des bour-

e douzième

des ^droits

«. Car quoi-

)s privilëges

eus munici-

LUifes (2), cepepdant les, concessions

lëges étaient proprement des conces-

loisti^e avec plus ou moins de préroga^

en Tairait un double, avantage, i** la diiâjUQQtion dii^pôuvoir féodal, ai;i joug duquel on était soustrait en receyant du roi la bpurfi^eoisie; Tac- <Toi^^p!nent <4^ ^ W^l^»-^ laquelle le bour-

geoiÉfeveha^ soumis immédiatement. 'Nous ne par- loiàsTOpit ici des redevances pécuniaires, pjrix ordi- nài^œ. ces concessions. ^

feasTl, qui paraît avoir le premier tenté cette S^ ressource, et ses successeurs, à son exemple, ni^ligèrçht aucune occasion d'en faire usage. Non se^enient ils renouvelèrent les privilèges réclamés pâi* 1^ ]x)Xirgeois des anciennes cités, ou légitimèTent les privilèges dont plusieurs autres villes s'étaient mi-

(1) De l'Usage des fiefs y t. 2, p. 902. (a; Nous expliquerons ces diffîreiic$5 au commencenïfent de l'ariîclc suivant.

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( »54 )

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(155)

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( i56 )

objet» (jue nous flétaillcrons dans notre sec^de par- tie. Suivons le plan que nous nous sononnes proposé pour celle-ci, et après avoir exposé quelle fiit Tctt-iginé et quels fiirent les progrès des bourgeoisies, voyons quels sont les caractères et les objets des prml^es qu^elles pro<îtiraient. ^^ .

II. . ^^

.-'t

Caractères et objets des privilèges atiat^éis aux . bourgeoisies. ?, ^

Les caractères généraux des bourgeoisies scmt : 1* quelles ne peuvent être conférées qu'à des person- nés de condition libre (i); 2** qu'elles supposent' lin corps auquel ces personnes sont associées; S'* quelles exigent la réunion de ces mêmes personnes dans tm lieu détermine, pour y jouir en conunun de leur droit, soit que cette réunion soit réelle ou ^ç^iye. Dé- veloppons ces trois caractères.

!*• La bourgeoisie ne pouvait être accordée qu'à des personnes libres (2). Si on voulait l'accorder à des serfs, on avait soin de les affranchir préalablement; Je , tant de lettres de bourgeoisie à la tête desquel- les ceux à qui on les accorde sont affranchis. L'homme

(i) Nous entendons ici par condition libre, celle dans la- quelle on n'était point assujetti à rasservissement propre- ment" dit, celle q^ était opposée à la condition serve.

(2) Voyez part, de ces Recherches, arU i , àts per- sonnes qui potivaient' acquérir la bourgeoisie.

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C i5*7.>

làk \ A^.

^ geois

:oire; pour rocur

•e as- (érent mplê acieçL i atiel-

e, re- es de

atUTQ

. Lçs ^. ou jugesT faire villes lois , tous^ilei^ règlemens, du roi ou de leurs seigneurs.* Tpttfë, coBganune^ tout muni<;ipe jouis^it des droits de Ii^urgepisie ;. mais toute ville de bourgeoisie ne jouis- saiti^as des droits de commune ou de municipe, ce cpé cei^x qui ont écrit sur ces matières n'ont pas tou- jtRura assez distingué.

i^L'obligatibti du domicile dans le lieu priyilé-

''' -/^^ .'','. ■'■ : . ..\ ■■ '" ' ^T"

*(i). ro^e^h a«wp^rt. de ces Recherches, arti 2, des formes par lesquelles on acquérait la bourgeoisie.

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.C:i58,>

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^ ûit.qugn-

la^ partie ars cour- i les restes

« îs exemp-

tasse des

•. Piédroit

1 levées de

questesj

* bourgeoi-

î xeinption

■^ semblait

^ iplier les

^ mune, et

i es Fescla-

;, la liberté

f, ercice du

îpï^l^lcs droite de Tautoritë paternelle, celui de poicrvoif aji sort de leurs enfans. Les bourgeoisies ren- dpent aux^yeuves ia^liberté de se marier à leur gré (2) ;

!, ^. ...

^âiallia, albergûta, tpiœsta; nec re- um nid gratis^ mutuan sibi çohenrd oL et ailleurs* Abomrd toltà et tal- m exactione ommnb Kberi et quicU îind.\ p. ^08, ciç. ) ie nostrâ et prœpositi nostri licentîà , nùbere de se matitare poterunU ( ÏOBfi. 11, p. 22a, art. 8.)

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qti^elles conféraient. Nous n'en devons {Mrésenter ici ((u'une idée générale; les sommaires de» chafr^ de bomçeoisie, que nous avons donnés dans nyps ttèles, peuvent suppléer aux détails.

Les bourgeois sousUnaits à la juridictîoidj^i}^ ou, pour mieux dire, à la l^slation arbitraîfeCdb. leuats seigneurs, avaient besoin d'une l^slatMm â».$t ia* variable; et le premier acte de la juridiction n<meUe sous laquelle ils passaient devait être de leur .pres- crire la loi par laquelle ils seraient désoi^cq^obs régis. Le but était de les attacher par une législaiif^ qui pût le}ir plaire; ainsi loi'squ'il s'agissait d'un i^ déjà habité (2) y et qm avait des coutumeîs que Jkssi habi- tans désiraient de conserver, on leur en msaém. Tu- sage, on les rendait plus avantageuses encore^ et s'il s'agissait d'ime habitation nouvelle , m :^fflgruniait souvent les coutumes précédemment aisé;»rdées auK lieux voisina, dont les habitans devaient ^natureBe- ment contribuer à la peupler (3).

(i) <?était seulement quant à la juridiction ponKmn^te que les bourgeois étaient soustraits à la juridictiôo de leurs seigneurs; ils y restaient soumis quant à la juridiction réeÛe. Voyez cetie distinction clairement établie dansi'<Nrdonfiaiice du 27 août 1876, t. 6 de ce Rec, p. 217,

(2) Usus H consuètudines quas in tempore Radulfi eomiiU €t prœâecessorum suorum». temerunt, concessimus, ^."(Tom. u, p. 270. ) ^

{3) PeiOûme Iia^iiantium , L(Hnad consuetisdmes ipme éen^es- simus. (ïom. 11, p. 204.) 11 s'agit des habilâns dii Helmei ,

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r" ( v^3 )

Gé9 edouimes insërëés dans les chiHies de bôur- gçoî^e, dont elles remplissent d'ordinaire la plus grttide pajrtie^ y acquéraient la force de loi; et c'est cpïe sont consignes les droits que la bourgeoisie confiait. Les objets gënëraux sont la sûreté des par- ticuliers^ procurée par la punition des crimes et de$ dâi|$, l'ordre des successions^ les conditions des ma- riages y la protection accordée au débiteur contre les ▼exaticms du créancier, au créancier contre la mau- Taise foi ou la négligence du débiteur, la liberté du CQSÉmeree^ enfin les formes de procéder que, dans tous les temps, l'injustice obligea de jH'escrire pour assuter robservation de la loi.

Toutes ces coutumes variées à l'infini, quant aux détails, ofirent, quant au fond, une ressemblance dont on est fi*appé, et qui indique manifestement qu'elles ont une source commune, qu'elles repré- sexgient les usages généraux d'une même nation (i). Mais lesp^ usages ne cons^vent entre eux i|he par-

prti èe Lorris. Dafnus habiiaiorièus no9œ bastidœ de Peym- ié.^. Ubarêates amsuetuéHBês^.. juooia Unarem coasuetudiman b^m» Mardad. ( Tom. |3 , p. SjG, H sùmUa passim. }

<i) Gest $iirtoul dans les bour^oisies d'iine^méme pro- vince f»e cette miifpnnité se fiait sentir ; et en les considé- raiit>eû général , on aperçoit aisément des différences re- marqjubfes entre les bourgeoisies d'une province et celles d'une anitre. H serait à sonhaiter que les historiens des pro- vinces s'atiacbassent à développer ce qui caractérise spécia- leneBf les bom^oisies de la province dont îlir écrivent

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( »64 ) fr.

fiàié tini&raûté^ qu^autaBt qu'elle y est mamiènue par Funité de puissance. Il était donc impossible qoe cette uniformité ne fût altérée par les .démemhre- mens arrivés dans les temps d'anarchie et de trou- bles ^ par les secousses qui brisèrent les Iiens.de toutes les parties de la monarchie, par le bouleverse- ment de tout droit sous le despotisme féodaL De M naquit la diversité de cette foule de coutumi^ parti- culières qui s'établirent dans les heux distribués sous tant de pouvoirs isolés, à l'époque de l'origine des bourgeoisies. De cette foule de coutumes loiââi^ qui subsistent encore malgré la réunion du pouvoir en une même main, malgré l'ouvrage du temps, qui af- faiblit insensiUement toute espèce de nuances, mal- gré les efibrts réitéra du législateur pour rapprocher de l'uniformité ta^t de coutumes disparates, monu- ment trop durable de l'empire de l'habitude sur les hommes.

U serait^ sans doute, intéressant pour l!faistoire de notre gouvernement, pour l'histoire de nos'.^œurs^ pour l'histoire de l'humanité , de rapprocher les divers tableaux de ces lois; de comparer les articles des anciennes coutumes qui ne subsistent plus^ avçc les Ibis correspondantes qui y ont été substituées ; d'en combiner les changemens avec les circonstan- ces qui ont pu les produire : maïs une pareille ma- tière ne peut être traitée en passant , ni en ""peu

l'histoire, et ce qui les distingue des autres. Noos ne pou- vons iippVofondir ici c^s ressemblances et ces diffêrences.

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de imyts; et elle n'appartient point essenûeUement au sujet dont il est ici question. IVous nous borne- rons donc à rapporter quelques diqx)sition5 de ces Coutumes y et nous les choisirons parmi les articlesqui concernent les délits et les peines, comme les plus propres à caractériser Tesprit de législation qui r^nait dans temps ou les bourgeoisies s'établirent.

En effet, on peut remarquer que parmi les lois ré- digées dans les anciennes chartes de bourgeoisie, lés lois pénales sont en généraL celles qui occupent rela- tivement le plus de place; caractère distinctif des corps de lois des peuples qu'on n(»nme barbares; car leur législation doit principalement être dirigée contre la violence , comme celle des nations policées doit J'être contre l'astuce et la mauvaise foi. A Fépoque dont il s'agit, notre nation était encore, à divers égards , presque aussi barbare que du temps oii la loi saliqu^^çuWt tous les degrés du crime, et les éva- luait en ar^nt. C'est une chose digne d'être observée, que plus nos mœurs ont été barbares^, plus les peines ont été légères.

Cependant la peine du talion, celle que la nature semble jindiquer, et que la justice semble prescrire^ se trouve souvent ordonnée dbns les chartes de bour- geoisie : vie pour vie, membre pour membre. C'é- tait une des coutumes des bourgeois de Cerni, de Roye, deTournay, de PéronnCj-^de Montdidier (i),

__ __ . ; . ^■♦rl

(i) A Monldidier : Capui pro capHg, membrum prô mem- bro reddat (T. la , p. 289.) Voyezlts autres coutume» citées.

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( î66 )

etc., etc« Mais dans quelqaes-unes de ces vilfes, les juges étaient autorisés à convertir ces peines en sim- ple amende; dans d'autres^ Tamende était la seule pu- nition <]u*on pût infliger à celui qui avait coupé un membre à son ennemi (i).

Le meurtrier était conununément puni de mofti; sa maison élait abattue , ses biens étaient confis<]ués (a); les églises, asiles respectés se réfugiaient alors^s coupables, ne sauvaient point le meurtrier (3). 11 y avait Cendant des lieux .où il n'était puni qqe parle bannissement et la confiscation des biens (4)* Obser- vons une opposition singulière dans la distribution des peines selon les diverses coutumes» Tandis que rbomicide n'était puni à Boye (5) par aucmipe peine

(i) Si mutilaUo membii întejvenerit , in seocaginia solidis IV losanis, oel ampUiis^ condemnetur. (Coutume de Atandac, arti- cle 3o, t. 12, p. a43*)

(a) Q^ite plectetur, domus ejus... diruetur; qmdqmdresiduum habet intafector débet communia hahere. (Coutume de Toornay, art. I, t. II, p. 248.) '

(3) Qmcumque honUnem occident , et ad ecclesiam co/^tg^t, tccî^da ei garandiam cmfem mn patent, ( Ib,, art. siij sBo.) Mais à Péroime, le meurtrier qui se réfutait dans une église avait la vie sauve. Capite plectetur, nisi captas Juerit w eçclesiéL (Tom.5, p. iSg, art. i.) Il en était de même dans la cotttume d'Athyi^, p. 298, an. i.

(J^iaUquis aHum,.^ interficiat,, à çillâ banmetur in œtantan^ et ^aomwn habitent, dimetur, et aUa bona ejus nostra enaU^ (Coutume de Roye, ^. 11, t. 12, p. 228.)

(5) Voyez fa note précédente..

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mont en Ai^onè (i), et en 1376, ceux desr Imbitaiis d^Ervy en Champagne, non seulement autorise le duel judiciaire, mais condanme à ime amende les parties quii^ après le duel ordonné, voudraient s'en dispenser par un accommodement.il est vrai qu'on avait quelque- fois le droit de faire combattre pour soi un champion à gages. Les communes mêmes, comme les particu- liers^ avaient aussi des champions qui s'engageaient à soutenir leurs droits par le duel; et ce titre de cham- pion d'une commune, ou la pension qui y était atta- chée , était quelquefois tenu de la commime par hommage : car il fut un temps tout en France avait pris les formes féodales. Je citerai pour exemple l'acte d'engagement du champion de la commune de Beauvais en 1*336; cet acte est très-curieux, et je le rapporterai tout entier ci -dessous (2). Celui dont le

art. II. Les mêmes dispositions se trouvent dans les confir- mations de diverses coutumes dans le quinzième siècle, par Charles VI. Voyez le t 9 de ce Rec, p. 161, art. 9; p. S78, art. 16, etc., etc.

(i) Cette ville est nommée, dans les lettres de 137a, Ckmiont en Bassîgny-

(a^ ^o Gaufridus ^ àictus Blondel, Pugiï, mtumfacio ommr èm présentes îitteras inspectmis, qubd ego sum homo majonsm et parium communie Bebacin» et tocius communie ejusdem, pro QÎginti soiid. Par. quolibet anno ndJd reddendis^ nomine pensio- msy oel certo manda to meo , infesta Sancii-Petri ad çincula, in

* Cette pièce a été copiée sur Tonginal dans les archives de la ville de BeauTais, et nous a été cçmmuniquée par M. de Fôncemagne.

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(176)

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( Ï77 ) droit de fëodalité. Les seigneurs de fief faisaient leurs serfs des sujets libres, et de leurs sujets libres ik faisaient des boiirgeois; c'est-à-dire qu'ils les réu- nissaient en corps, leur accordaient des exemptions, riaient leur administration, rédigeaient, confir^ maieiit leurs coutumes. Cela ne paraissait point excé^ der lés bornes de la puissance féodale, dans un temps les seigneurs se prétendaient les législateurs inuné' diats de leurs vassaux, conune ils en étaient les juges. Tïos rois , forcés de souffrir les abus de cette puis^ sance rivale de la leur, et réduits à chei*cher les moyens d'en tirer quelque avantage, se bornèrent d'a- bord au droit de confirmer les bourgeoisies accordées par les seigneurs de fiefs. C'était reconnaître la pré- tenticm des seigneurs; et la confirmation du roi sem- blait n'être qu'un acte de suzeraineté. Un seigneur ne pouvait abréger son fief (c'est - à*- dire en diminuer les redevances, les prérogatives) sans la permission de son suzerain, qui avait intérêt de conserver dans toute son étendue le fief relevant de lui ; ainsi les bourgeoisies qui diminuaient les droits du seigneur inmiédiât sur ses vassaux, devaient être confirmées par le suzerain; et la confirmation du souverain, en- visagée sous ce point de vue, émanait plutôt de sa su- zeraineté que de sa souveraineté. Les archivés de nos villes sont remplies de concessions de bourgeoisies par les seigneur^ inunédiats; et notre Recueil (i) offre une

(i) Voyez 8urt<mt les tomes ii ef 12.

I. Liv. la

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( '78) multitude d^exemples de confirmations par nos rois. Il y eut donc des bourgeoisies royales et des bour- geoisies seigneuriales', mais il y avait entre les unes et les autres des différences essentielles; il y en avait dans le motif qm les faisait établir, il y en avait dans la faculté de les accorder. Le souverain accordait des bourgeoisies pour accroître sa puissance, en ofirant aux vassaux opprimés des asiles contre les vexations de leurs seigneurs. Les seigneurs cherchaient à se conserver ces mêmes vassaux, en leur offrant des concessions semblables à celles dont Fattrait les invi- tait à changer de maîtres. Mais les seigneurs ne pou- vaient communiquer qu*aux hommes de leur fief les bourgeoisies qu'ils accordaient, parce que leur pou- voir ne s'étendait point au - delà de leur fief; le roi , au contraire^ qui, soit comme souverain, soit comme suzerain, étendait son pouvoir sur tpu^ les fiefs, com- muniquait les bourgeoisies aux vassaux des seigneurs, lorsque ces vassaux se réfugiaient dans ses villes. Ainsi le sçigneur ne pouvait réclamer ses honunes , devenus bovurgc^ois du roi C*)> ^* ^^ ^^ pouvait récla- mer les siens, s'ils avaient tenté de se faire bourgeois d'un seigneur particulier. Enfin les bourgeoisies sei- gneuri^ll^s n'étaient accordées qu'en vertu de la féo- dalité ; msùs dans la concession des bourgeoisies royales, la suzeraineté se combinait avec la souveraineté , et

(i) Le seigneur pouvait cependant réclamer ses serfs; maïs c'était parce que les serfs n'étaient pas susceptibles du droit de bourgeoisie, comme nous le dirons plus bas.

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( 179 ) dsflïs h concours de ces deux pouvoirs, celui de la souveraineté prévalut.

Ce fut un des plus grands pas que firent nos rois pour recouvrer leur autorité» Ils accoutumèrent les peuples à ne plus voir que l'exercice de la souverain netédans la concession des bourgeoisies. Dès le temps de luouis yil, le roi regardait les villes de commune comme siennes(i); en i3i8, il fut jugé <ju*il ne pou- vait y avoir de communes sans lettres du rm; trente ans après, il fat déclaré que le roi seul pouvait éta- blir des communes. Ces principes furent appliqués aux bourgeoisies en général, et c'était ainsi que nos rcHS se ressaisissaient insensiblement de tous les droits qui avaient rapport à la législation, attribut essentiel de leur souveraineté. Le droit d'accorder des bourgeoi- sies est expressément mis au nombre des droits attachés exclusivement à leur couronne, dans une instruction que OiarlesY fit rédiger à lV)ccasion de la cession de la baronnie de Montpellier, faite au roi de Navarre en 1373 , en échange de diverses villes. Le roi y expose qu'U se réserve toidS les droits et souverainetés j les* quels sont toujours appartenant au roij en tout son royaume (2). Il entre ensuite dans le détail de ces

(i) Voyez nos Recherches sur les communes, à la tête da lome 3 de ce Rec, p. a8 et 39. (Ici, p* 98 et 99.)

(a) Tom< 5 , p* 4-77 « C'est l'avis et instruction faîte sur u la conservation des souverainetés et ressorts , et autres « droits royaux... lesquels sont toujours appartenans au roi

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(i8o)

droits; et parlant en particulier de celui des bour- geoisies, il déclare eic[n«ssëment que ce droit appar- tient au roi seul, et pour le tout (i). Uinstrucuon dont il s'agit est imprimée dans le tome 5 de ce Re- cueil (2).

Nous Tenons de &tre voir quelles personnes avaient le droit d'accorder la bourgeoisie : mais en &yeur de qui ce droit pouvait-il être exercé? quelles étaient les personnes susceptibles de la bom^eoisie? (Test ce qui nous reste à examiner dans cet article.

En concédant les bou^eoisies, nos rois respec- taient toujours les projHriétés des sujets; de cette clause ordinaire dans ces concessions : Sauf les droits des seigneurs j ou sauf les droits des clercs^ des sei- gneurs de fiefs et des ingénus (3). Cet esprit de jus- tice qui s'accordait avec la politique , caractérisa le gouvernement de Hugues-Capet, dont il affermit le trône; et ce principe adopté par ses descendans, qui ne s'en sont jamais écartés, éternisera leur puis- sance. On le retrouve dans la formule toujours em- ployée par nos rois , lorsqu'ils fi)nt quelque conces-

« en tout son royaame laquelle instmction a été baillé le

« 8 mai 187^. »

(i) Tom. 5, p. 480, art 10.

(a) Pag. 4-77 et soiv.

(3) Je traduis par seigneur de fief le mot ndUium , parce qa'en cet endroit il me paraît mis en opposition arec les in- génus, qui n'avaient point de vassanx et qai n'étaient vas- sanx de personne.

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( i8i )

sion : Sauf notre droit en autre chose j et celui â^ autrui en toutes.

La formule usitëe firëcpiemment dans les chartes de ])oa^eoisie , nous présente trois sortes de person* nés {ormdJit deux ordres privilégiés par leur état, et distingués des habitans qui n'étaient que boui^ems > IVdre des ecclésiastiques ei Tordre des seigneurs de fief et des ingénus, salw. jure clericorumj militum et ingenuorum. Quels étaient les droits qu'on leur réservait? Ces détails nous conduiraient à Texamen de Tétat des personnes, et nous entradueraieut trop loin* fiomons-nous aux objets indiqués dans notre plan.

Quand le nom de bourgeois ne fut employé que comme un titre de distinction et de privilège , il ne fut' au-dessous de personne; quand il fut employé pour désigner une classe de citoyens subordonnée, il fut dédaigné des classes supérieures; nous ne nous servons ici de ce nom que selon la première de ces deux accq)tions.

En ce sens, le noble, comme le roturier, fut suscep- tible de la bourgeoisie. Rien n'est plus commun que les chartes Ton voit des noms considérables avec la qualification de bourgeois* Le continuateur du Glossaire de du Gange cite des lettres de iinô , qui sont au Trésor des chartes^ dans lesquelles Richard des Costes est qualifié à la fois écujrer et bourgeois de Lyon (i). Il en cite d'autres de i474î P^^ lesquelles Jeanne de Grournay, veuve d'Aimery de Duras, che-

(i) Don Carpentier, Ghss, ^ t. i<p. 676.

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( i8a)

yalier, obtient du roi , pour elle et ses hoirs, le titre et les privilèges de bouf^eoîs de Bordeaux (i). A la tête d'une requête présentée au roi par les boui^eois de Bëziers , vers Tan 1 260 , on trouve le nom d*un bourgeois issu d*un père qui portait le titre de cAa-* valier (a). En 1298, un acte de notoriété atteste que dans toute la Provence et dans la sénéchaussée de Beaucaire , les bourgeois avaient le droit d*être armés dievaliers , sans être obligés d*en obtenir la permis- sion du prince , de porter les marques et d*us^ des prérogaùves de la chevalerie (3). Joignez à ces preu- ves une foule d'exemples de personnes nobles, qua- lifiées bourgeois de telle ou telle ville , ra[^rtës dans le Traité de la Roque sur la noblesse (4)- Un bourgeois d'Auxerre ayant été anobli y et se croyant par-là exempt de la çontributicm qu'il payait comme bourgeois, des lettres de Philippe YI, en i34i, dé- clarèrent que son anoblissement ne changeait rien à sa bourgeoisie (5). Enfin, on sait que dans les plus anciens temps, il y a eu des villes qui ont joui du privilège d'anoblir ceux de leurs bourgeois qu'elles

(i)DoB Garpentier^ Gbss., t. i, p. 676.

(a) Sidsubjecti fidèles BUJaGENSES^. Joannes de Bojano,filim (psondam Joanrds de Bojano MIUTIS. (D.Vaissette^ Hist de Lan- gued., t. 3, pr. coL Sij.)

(3)/dl,«^iVf., p. 607.

(4.) Pag. 33 1 et suiv.

(5) Lettres du 3i août i34i, rapportées par Lebeuf^ HisU d'Auxerre, t a, pr. p. 3oo.

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( '83)

jugeaient à propos ( i ). U n'y avait donc point d'incom- patibilité entre les titres de bourgeois et de nobles; et les nobles, par conséquent, ont toujours été sus- ceptibles de la bourgeoisie.

Le statut fait en 1480 , au sujet des tournois, con- firme encore ce que nous Tenons de dire. Il défend aux nobles, sous peine d'être exclus àes tournois, de se faire bouigeois d'une ville (3). Cette défeme sup- pose que les noUes étaient dans l'usage d'obtenir les droits de bourgeoisie.

A la vérité , il j avait des villes les nobles étaient exempts de certaines contributions auxquelles les autres bourgeois étaient sujets. Dans la ville de Char- roux (3), les nobles ne contribuaient aux dépenses c<Anmunes que pour l'entretien des ponts , des tues , des murs et des fontaines. C'était la même choàe (4) k Mont-Chabrier et à Gardemont : nouvelle preuve que les nobles étaient admis dans les corps de bour- geois des villes.

Ce n'Aait qu'aux conditions de conserver leurs pré- r(^atives personnelles, que les ecclésiastiques pou- vaient désirer d'entrer dans les bourgeoisies. Nous les en voyons quelquefois formellement exclus. Tous les

(i) Barcelonne, Perpignan. Voye^lts Rechercltes sur la no- blesse ife» citoyens de Pajdgnan et de jBûr^&nyï^, par M. l'abbé Xaupi, 1763.

(2) De la Roque, Traité de la noblesse, p. 335.

(3) Ordonn.f t. 11, p. 5o8, art. i4.

(4) Ibid., p. 364, art i5, et p. 384, art. i5.

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(184)

habitans de la ville de Bray, lors de la conotsôon de ccmimune qui leur fut faite en isio^ furent décla- ra bourgeois de cette commune, à Texoeption des ecclésiastiques (i). Par les coutumes deVemeuil-sur- Oise, ils ne pouvaient même acquérir ni posséder d^immeubles dans cette ville (a) y ocnnme on le voit par les lettres du mois d^août i3 18, qui levèrent cette exclusicm. Mais la \(À n^était point générale, et ils étai^t susceptibles de la boiirgecÂsie^ puisque ncHJs les y voyons admis à Douay (3), et qu'ils y pouvaient même parvenir à l'échevinage. Ce n'était que par une exception formelle qu'ils étaient quelquefois exclus de la boui^eoisie. Elle leur était absolument interdite à Lille, et Ton disait au nouveau bourgeois qu'on y

recevait (4) : Si "vous étiez bâtard ou clerc ne

seriez mie bourgeois; si perdriez votre argent. ^

Bouteiller (5) faisant l'émimération des personnes qui ne sont pas susceptibles de la boui^eoi^e, nonmie aussi les bâtards, les serfs et les criminels bannis par jugement. La coutmne de Lille y ajoutait les enne-

(i) Orâoruu, %. 11, p. 296, art. i.

(a) Ordorm., ibid., p. 4-65.

(3) Avec ceue distinction, que le nombre des ecclésiasti- ques admis à Péclieyinage dievait être au-dessous 4ii tiers du nombre total des échevins^ {Ordonn.9 1 5, p. i32, art &)

(Ji) Yander Haër, Châtelains de Lille, p. 181.

(5) Somme rurale, p^ 793 : «Si ainsi est ÇEi'Il soit recevable m de bourgeoisie , c*est à savoir qu'il ne seit serf, ne bâ- « tard... ne banni de sa juridiction pour cas de crime, etc. «k

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( i85)

mis du roi et de la ville (i). Celle de Calais (2) exi- geait u£Le attestation de vie et mœurs ^ et cpi'on ne fût point is$u de famille de lépreux (3).

Ces diverses inçap$icit^ étaient de d^ix espèces difôrentes. Les unes étaient en quelque sorte indé- léHles ; les autres pouvaient s^effacer. Ainsi Thomme devenu inÊme par les condamnations que ses cri- mes avaient attirées, était pour jamais exclu de la bourgeoisie ; mais le bâtard pouvait ep. avenir sus- ceptible par la Intimation , le serf par TsiSraBelùsse» ment.

C'était une maxime reconnue (4), que nul serf ne pouvait être bourgeois. Si on lit dans les lettres de 1313, en faveur des bourgeois de Coucy, que ces bourgeois étaient de plusieurs serves condi- tions (5), cette expression ne désigne que des servi- tudes féodales y et non Tétat de serf proprement dit. Lorsqu'un serf se réfugiait dans les villes qui commu- niquaientle droit de bourgeoise , si , dissimulant sa con-

(i) Vander Haër, vhi suprà. (3) Cbiit^ieik, t. If p. iii5.

(3) Nous ne parlerons point d'aatres exclusions arbitrai- res portées dans diverses chartes de commune. Ainsi , Phi- lippe Auguste excluait de la commune de Chamblî, les hom- mes àes abbayes ou des autres communes dont les vassaux devaient au roi ost etcheoauchée. {Ordonn,,\. ia,p 3o3.) Nous n*accamulerons point les exemples.

(4) Brussel, Usage des^fs, t. a, p. 904.

(5) Ordonn., l. 12, p. 4o4*

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( 186) dition, il s^y fidsait recevoir bourgeois , son seigneur avait le droit de le réclamer; et ipiand Philippe ^le- Bel, en 1 287, fit on règlement sor le droit des bour- gemûes, il déclara que son intuition n'était point que ses sujets ne pussent poursuhre h retraire de hour- geùisie leurs hommes de corps ( i). Les serfi ou hom- mes de corps (s), disent nos coutumes^ sont censés réputés du pied et partie de la terre. Il fallait donc affitinchir le serf avant de Padmettre à la bourgeoisie. On a vu que lorsqu*(m accordait les droits de bour- geoisie à des lieux dont tous les habitans étaient serfs, Partide préliminaire contenait raffiranchissement gé- néral de ces habitant. Les preuves en sont si multi- pliées dans les deux derniers volumes de notre Recueil, que nous croyons superflu de les indiquer.

Cette précaution cessa d'être nécessaire lorsque la sarvitude n'eut plus lieu en France. Philippe-le-Bel avait donné Texemple de l'abolir, ayant nommé en i3o3 (3) des commissaires en Languedoc , avec de pleins-pouvoirs pour affranchir les serfe en tel nom- bre qu'il leur plairait. Louis X rendit une loi géné- rale pour Tafiranchissement de tous les ser& de son royaume. Nous n'avons point l'ordonnance même

(1) Ordorni,, U i, p. 3i6, art. 9. Nous parierons ao long de ce règlement dans rarticle suivant.

(2) Voyez la Thaumassière, Coutume de Berry, p. 8; dm- iume de Vitry, art. i45.

(3) Voyez les lettres imprimées dans ï Histoire de Langue- doc, par D. Vaisseite, t. pr. p. 127.

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( »87) pour cet affiranchissement général; mais nous avons les ooiiuiiissions(i) données pour exécuter. Rien n*é- tait plus beau que le naotif dont le prince paraissait animé. ccConune selon le droit de nature^ disait -^îl, ((chacim dmt naître franc... Nous, considérant que (iUGtxe nrjraume est dit et nommé le royaume de (f France j et voulant que la chose en vérité soit ae- (( cordante au nom^ et que la conditiofi des gents « amende de nous, en la venue de notre nouvd 9011^ (( vem^nent*.. avons ordonné... que géhéraument parr il tout notre royaume... servitudes soient ramenées \ <rirancluses...y pour que les autres seigneurs qui (mt «liommes de corps preignent exemple à nous, etc. n Mais ce motif apparent n'était qu'un prétexte pour voiler le vrai motif, qu'on aperçoit aisément sous ces paroles adressées aux commissaires : (cYousmandcms,.. ((que... à tous les lieux, villes et communautés, ou a à toutes personnes singulières qui ladite franchise rrrequéreront, traitiez et accordiez de certaines corn- et positkms par lesquelles sofiSsapt recompeQsation nous «soit faite des émolumens qui désditas servitudes (( pourraient venir à nous, etc. (a). » Ainsi cette vo-

(i) Voyei dans notre Recaeil , t. i , p. 583 , les lettres du 3 juillet i3i5, et celles qui sont indiquées dans la note sur ces lettres. On en trouvera d'autres semblables, ihid,, p. 653; d'autres encore dans les mss. de Brienne la Bibliothèque du Boi), vol. ii58; et même des ai&anchissemens accordés en conséquence, et confirmés par le roi.

(a)Tom. i,p. 583.

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lonté du prince, de procurer à ses sujets serfi un af- franchissement général , se réduisait à la promulgar tion d*une vente de cet aflranchissement à ceux qui se présenteraient pour Tacheter.

Cétait encore un grand bienfait; et les servitudes étant un des revenus de la couronne, on ne pouvait trouver injuste que le roi, en les éteignant, exigeât quelque dédommagement : mais le prétendu bienfait n*en était plus un, si le dédommagement était exces- sif, si le prix de Tachât était au-dessus de Tavantage que Tacheteur en retirait : or, ce prix était tel, qii*on s^empressa peu de profiter de la grâce. Le roi le pré- voyait sans doute; car, deux jours après la commis* sion que nous venons de citer (i), il adressa aux com- missaires un mandement dans lequel il s^exprimait ainsi : (c Pourroit estre que aucuns... charroit en des- uconessance de si grant bénéfice... que il voudroit (( mieux demourer en chetiveté de servitute , que ve- « nir à estât de franchise...; vous mandons... que vous, fc de telles personnes, pour Taide de nostre présente (c guerre , considérée la quantité de leurs biens (s) , <c et les conditions de la servitute de chascun, vous en

(i) La commission adressée à Saince de Chaumont et Nicolle de Braye est du 3 juillet i3i5. (Onfonw., 1. 1, p. 58i.) Le mandement est da 5 du même mois. Il est imprimé dans le tome ii an Spidlége ded'Acheiy, p. 887 (édît. in-4^), et danslaThaumassière, Coutume de Berry, p. aSi.

(2) Les serfs avaient des biens - meubles qu'il leur élail permis d^acquérir.

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(( leviez si souffisamment et si grandement comme la « condition et la richesse des personnes pourront bon- <( nement souf&ir, et la nécessité de nostre guerre le « requiert. » Cette grâce, qu'il n'était plus permis de refuser, n'était donc que le prétexte caché d'une taxe ibrcée, portée aussi haut qu'il était possible, et qui parut à plusieurs plus dure que la servitude même.

Quoi qu'il en soit de ce moyen , il réussit peu à peu. Les seigneurs imitèrent le [nrince , en tirant de l'affranchissement de leurs serfs le même* avantage que lui. Les rois ne se bornèrent pas à affranchir les serfs de leurs domaines; ils affranchirent ceux des domaines des seigneurs (i). Par-là insensiblement il ne se trouva plus de serfi en France (2), et la servi- tude ne fut plus au nombre des causes qui excluaient de la bourgeoisie.

Résumons ce que nous venons de dire, touchant le droit d'accorder la bourgeoisie et la faculté de l'ob- tenir. Le dr<Ht de l'accorder fut d'abord considéré conune ym droit féodal , et ce fut à ce titre qu'il fut

(i) Ce fut aux charges d'indemniser les seigneurs; mais l'indemitilé était payée par l'affrâUDchi. (Voyiez Boachel ^ au mot Affranchissêïïnent)

(a) 11 reste cependant encore en quelques lieux des traces profondes de l'ancienne servitude. C'est de là, par exemple, qu'on voit , dans presque tout le parlement de Besançon , les colons tellement attachés à la glèbe, qu'ils ne peuvent la quitter sans l'aveu du seigneur, et que le seigneur hérite d'eux quelquefois au préjudice des héritiers du sang.

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( ^90 ) acocnrdë dsois les premiers temps, non seulement par les seigneurs dans lenrs fiefe , mais par le roi dans ses domaines. La chaîne féodale exigeant que le suze- rain confirmât ces concessions, les seigneurs qui ac- cordaient des droits de bourgeoisie étaient oUigës de les fiôre confirmer par le roi, suzerain de tons les fie& de son royaume. Bient6t ce ne ^t plus seule- ment à titre de suzeraineté que les rois pétendirent leulr autorité nécessaire à ces concessions; ce ne fiit plus même à de simples ccmfirmations qu^ils se bor- nèrent. Les bourgeoisies tenaient à la l^islation, droit inaliénaUe de la souveraineté. Plus instruits de leurs prérogatives , ou plus en état de les faire valoir, ils ( les rois ) déclarèrent que le droit d'accorder les bourgeoisies était attaché à leur puissance souveraine, et ils se réservèrent à eux seuls l'exercice de ce droit. Quant à la faculté d'obtenir les boui^eoisies, deux sortes de personnes n'en étaient point su^eptibles: ou ceux qui étaient exclus de la société comme pou- vant y être nuisibles, les lépreux ou de race lépreuse, les gens déclarés infâmes, les ennemis de la patrie; ou ceux qui, sans l'avoir mérité, se trouvaient placés hor^ de la société par des conventions faites sans eux, les bâtards et les serfe. La loi qui excluait les bâtards ne nous paraît que locale, et nous ne trouvons point de loi formelle et générale qui les exclue de toute bourgeoisie (i) : la servitude s'est abolie insensible-

(i) 11 semble qae les bâtards n'étaient point exclus de la

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( '9' ) ment; il ne reste plus de traces de la lèpre, aâb^use maladie qui semblait retrancher du nombre deg hom- mes ceux qu'elle attaquait : ainsi la boui^eoisie pa- raît n'être plus interdite qu'à ceux qui, par leurs a*imes, se sont rendus indignes de l'obtenir ou ont mérité de la perdre. Telle a été la marche de notre droit public à l'égard des privilèges de boui^eoisie , relativement aux personnes qui pouvaient les accor- der ou les acquérir. Il nous reste à rechercher pur quelles ùmoBS, à quelles conditions on pouvait les acquérir et les conserver.

IL

Par quelles formes et h quelles conditions pouvait- on acquérir et conserver la bourgeoisie.

La bourgeoisie s'acquérait ou en vertu d'une con- ces^on générale et primordiale, ou en vertu d'une concession spéciale. La boai^oisie accordée par une concession générale à tous les habitans d'un lieu, passait aux héritiers de ces premiers habitans par la

bourgeoisie à Douai , car ils y étaient spécialement exclus de l'éehevinage {prdonn.y t. 5, p. i3a, art 8); ce qui donne lieu de conclure qu'ils étaient au moins admis à la bour* geoisie. Il est dit, dans la couiume d'Oudenarde, que les bâ- tards étaient bourgeois du chef de leur père, comme les en- bas légitimes. {Naweau Coutumier général f t i, p. io65.) La coutume de Bruxelles porte qu'ils peuvent être admis à la bourgeoisie, à certaines conditions. (JbitLf p. i^Si.)

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naissance , se communiquait par les mariages (i)^ se prescrivait quelquefois par le domicile d'un an (2). La concession spéciale s'obtenait par Tagrégation for- melle d'une personne à un corps de boui^eoisie. Ces diverses manières d'aoquërir la boui^eoisie n'avaient pas Ueu toutes indistinctement dans toutes les cou- tumes (3). Quelques-unes ne connaissaient que trois manières de l'acquérir : la naissance^ le mariage, l'a- chat ; d'autres y ajoutaient le domicile et la conces- sion du prince. U y avait des villes le simple do- micile , quoique continué pendant un an et un jour, ne procurait que le titre d^habitarUj et non les droits de bourgeois ; car tout habitant n'était pas bourgeois, comme l'a remarqué Bouteiller (4) dans sa Somme rurale : Manans sont ceux qui demeurent es villes et cités jetn' ont point franchise delabourgeoisie{Sy

(i) A Bfècoii , lorsqo'on y devenait propriétaire d^ime maison par mariage, on devenait boiu^eob. (T. a, p. 349, art i4 et i5.)

(a) A Prissey : Si aliquis aliundè oeniens, moramfecerit in dicta çiilâper armum sine reclamatione alicujus domim, habebi- tur pro Burgense, rT.3, p. 697, art. 10.) A Nevers, il fallait un domicile d'an an et un jour. (JbitL, p. 118, art 8 et 9.)

(3) Nous n'entrerons point dans ces distinctions, qui nous mèneraient trop loin ; il sera aisé de les apercevoir dans les Recueils des coutumes.

(4) Pag. 395.

(5) Us n'étaient tenus qu'aux aides de la ville, et non aux redeyances particulières des bourg«>b, dont ils ne parta- geaient point les avantages. (Bouteiller^ ibid.)

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( '93)

De tout cela résulte une nouvelle division de la bourgeoisie en deux espèces : la boiu-geoisie acquise de droit, et qui émane directement du titre primor-- dial; la bourgeoisie par aveu, et qui est conféi^e par un titre particulier en vertu duquel on participe aux privilèges que le titre pîmordial accorde. La pre- mière de ces bourgeoisies, primitivement concédée à tous ceux qui habiteront à l'avenir un territoire cir- conscrit, semble attachée au territoire , et à cet égard on peut la nommer réelle; l'autre peut être regardée comme personnelle j lorsqu'elle n'impose point l'o- bligation d'un domicile fixe et continu dans un lieu déterminé, et qu'elle est, pour ainsi dire , inhérente à la personne.

C'est cette bourgeoisie qu'on nomme conununé^ ment bourgeoisie du roi{i). Sur quoi il faut remar- quer que le nom de bourgeoisie du roi peut s'em- ployer sous deux rapports : ou relativenïent à la bour- geoisie seigneuriale; c'était la bourgeoisie accordée par le roi, considérée en opposition avec la bourgeoi-

(i) Noos ne disconvenons pas que le litre de bourgeois au roi n'appartienne aussi , à divers égards , à ceux qui étaient sAtm^ aux bourgeoisies établies par le roi dans les villes, avec l'obligation d'y résider habituellement ; mais on enten- dait communément et spécialement , par cette dénomina- tion, les bourgeois qui n'étaient assujettis qu'à un domicile ûcûî dans les villes de bourgeoisie , ou à une résidence de peu de jours , dont il leur était même permis de se racheter en payant une somme fixée , comme on le verra ci-après. I. Liv. i3

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. ( 194 )^ $ie accordée par les seigneurs ; ou relativemeilt à la bourgeoisie des villes ; c'était la bourgeoisie accordée par le roi, considérée en opposition avec celle qui était eft quelque sorte communiquée par le territoire. C'est selon ce second rapport que nous parlerons ici de la bourgeoisie du roi. Sous ce point de vue , son principal effet était de mettre sous la juridiction im- médiate du roi ou de ses officiers, la personne de celui à qui elle était accordée , et qui , n'étant point assu- jetti à fixer sa demeure dans un lieu certain , était pour cela nommé , en général , bourgeois du roi ou bourgeois du royaume ( i ).

Ces bourgeois du roi sont ceux qui, dans certaine» coutumes, sont nommés bourgeois du dehors ou bourgeois forains (2), par opposition aux bourgeois du dedans. Ceux-ci étaient proprement les bourgeois de la ville, ceux qui y étaient nés, ou qui, y étant venus à dessein d'y résider, y avaient acquis un do- micile. Les autres , sans être astreints à une résidence

(1) Voyez du Cange/G/055. laty t. i, col. i3S8. Il y défi- nit ainsi les •bourgeois du roi : Qui Hcet in alterius jundic- tîone maneatf ah îllâ tamen eximitur, et jurisdictiom regiœ tan- tum subest, rdsi daminus juribus regiis gaudeat

(2) Voyez par exemple les coutumes d'Alost et de Gram- mont, NouQ. Côut, ge'n., t. 7, p. 1109. La Thaumassière nomme aussi bourgeois forains les bourgeois qui, étajit venus se domicilier dans un lieu de franchise, açaientfait aoeude leur bourgeoisie dans l'an de leur demeure ^ après quoi ils étaient ternis et réputés bourgeois. Il oppose ces bourgeois forains aux bourgeois originaires. (Coût de Berry, p. 19.)

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( 195 ) .

fixe , étaient seulement inscrits sur les registres des bourgeois : ils avaient prêté serment de fidélité, et ils payaient à la ville un droit annuel , dont les bour- geois du dedans étaient aSranchis ; ce qui faisait nom^ mer oeux - ci francs * bourgeois ( i ). Chacune de ces bom*geoîsies avait des formes et des conditions essen- tielles. Celles de la bourgeoisie des villes, de la bour« geoisie réelle , consistaient à fixer son domicile réel dans îa ville dont on prétendait être bourgeois, à être agrégé au corps des bourgeois de la même ville, à en partager les charges comme on en partageait les pri- vilèges. Les formes et les conditions essentielles de la boujgeoisie du roi, de la bourgeoisie personnelle, con- sistaient (2) à se soumettre immédiatement au roi,

{%) La Thaumassière , ubi smj^ et p. a!i3. Coût. d'AloH et de Grammont, ubi suprà, Voy. aussi le règlement de 1287, analysé ci-après, art i du Règlement.

(2) Ces formes sont expliquées bien clairement dans les lettres de translation en la ville d'Àigue-mortes , des bour- geoisies du roi précédemment établies â Montpellier et ii Sommières. Quicumque,.. âirrdssâ sui immédiate domini subjec- tione, fubjectionem nostram ingredi, et nostri burgenses effici ^ passant... y admitterentur libéré, prœsiito per eos juramento , quàd mm dolo facerent , çelinfraudem sui domini supradictL.. hoc ad* J£cto, quàd^qiiiUbet dictontm burgensium unam domum oaloris h& soKdorum.,. acquirere ieneretur if^fra armum à die ma^recep" tionis in burgensem, in qud, in fesUçitatibus Nftalis et Paschœ donurdy pet tresdies CQnUnuùs facerent residentiam personalemy aUàs unam marcham àrgenti (re^*)**'* sobduri. (Ordonn., t. S, p. 627.) Ces lettres de translation sont de 1378; mais les formes qu'elles rappellent étaient plus anciennes.

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( 196 )

quant à la juridiction personnelle , quoiqu*on ne fut pas habitant d'un lieu relevant du roi ; mais il fallait affirmer avec serment, qu'en reconnaissant le roi pour seigneur immédiat, on n'avait point pour objet de dé- pouiller le seigneur dont on habitait le territoire; serment suspect, et qui supposait une distinction bien délicate et bien abstraite entre le but de la demande et l'effet nécessaire et connu de la chose demandée. On était agrégé au corps des bourgeois, mais sans être astreint à habiter constamment parmi eux; et pour suppléer au domicile réel par un domicile fictif, il fallait acheter une maison dans le lieu qui était dé- signé pour obtenir ces bourgeoisies ( i ) ; il fallait même y habiter trois jours de suite dans chaque année, à Pâques et à Noël, ou payer au roi une redevance. Nous détaillerons bientôt plus au long toutes ces for- mes , en analysant le règlement qui les rendit fixes et invariables.

Les seigneurs qui avaient les droits régaliens étar blirent, conune nous l'avons dit, des bourgeoisies per- sonnelles et indépendantes du domicile, à l'imitation ^ des bourgeoisies du roi (2), qui ne s'étendaient point sur le territoire de ces hauts^eigneurs, comme l'a re- marqué du Gange (3). Les bourgeoisies du roi n'eu-

(i) Ce lien fat, pour le Languedoc, d'abord Montpellier, puis Sommière^ , puis Aigue-mortes. Voyez ci-après , n" 4 1 des formes pour acquérir la bourgeoisie.

(2) Brussel en a cité des exemples. Voy. Usage des fiefe, t. 2, p. 917 et suiv.

(3). Voyek le passage dans la note (i) ci-dessus, p. 194*

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( 197 ) rent lieu en Champagne (i) qu'après la réunion de cette province à la couronne, en 1285. Sitôt qu'elle y fut réunie , les bourgeoisies du roi s'y introduisi- rent; non cependant avec une parfaite uniformité, car pour être boui^eois du roi dans le comté de Joi- gny, on était obligé d'avoir des lettres de bourgeoisie obtenues du bailli de Troyes (2) ; au lieu que , dans le reste de la Champagne , il s^fldsait de désavouer son seigneur et de s'avouer boui^eqj|s du roi : ce qui s'appelait acquérir la bourgeoisie du roi par simple as^eu.

Les bourgeoisies, cette dernière espèce surtout, âaient infiniment préjudiciables aux seigneurs parti- culiers , et le devinrent bien davantage par les abus dont elles étaient susceptibles. Ces abus excitèrent des plaintes générales,* et Philippe-le-Bel, obligé d'y remédier, fit en 1287 ^^ règlement par lequel il fixa les formes et les conditions des bourgeoisies en géné- ral. C'est d'après ce règlement que nous allons les tracer.

L'objet était , pour nous servir des termes du rè- ^ement même , iiôter les fraudes et malices dont les sujets étaient durement grés^és et durement plai- gnans(3l). Ceux qui se plaignaient n'étaient pas seu-

(i) Pasqaîer, Rechercltest 1. 1, p. 38i.

(a) léLy ibiéU; Coutume de Troyes, art. i ; Ckmt, gen., t i, p. 4^3* Voyez aussi Coût de Sens, ibid., p. i^g.

(3) Voyez le Bèglemem, 1. 1 de ce Req. , p. 3i4 et suir. , art. 1.

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( 19») lement les seigneurs ; c^étaiem aussi les villes dont les bourgeois, sous prétexte d'avoir passé dans une bour- geoisie différente de celle, à lacpielle ils avaient été auparavant admis, éludaient les anci^ines diJ^atioiB auxquelles ils étaient assujettis. Voici les firmes qu.e le r^ement prescrivit pour obvier aux inconvâiiens qu'on éprouvait.

I . Il fut statué qu'à l'avenir celui qui voudrait en- trer en bourgeoise se présenterait, soit déliant le maire ou juge municipal, s'il s'agissait d'une viUe municipale ou d'une commune ; soit devant le prévôt ou juge royal, s'il s'agissait d'une ville qui n'était point administrée par ses propres magistrats. Il devait déclarer au juge qu'il requérait la bourgeoisie , et se soumettait aux obligations qu'elle iihposait(i).

Ces obligations variaient selon les diverses bour* ' ^isies (2) : elles consistaient en redevances, soit en argent, soit en services. Les unes étaient au profit de celui qui avait accordé la boui^eoiâe, les autres au profit conunun des bourgeois même , pour subvenir aux fixais de l'administration et peur acquitter les autres charges de la corporation. Les redevances, ainsi qiie les privilèges dcmt elles étaient le prix , ont été

(i) Voyez le Règlement , 1. 1 de ce Recaeil , p, 3ï4 et soir.^ art. X.

(2) On peut consulter, sur les variétés de ces obligations^ les diverses chartes delïourgeoisie insérées dans notre Re- cueil : rénun^ération en serait infinie.

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( »99 ) quelquefois dësignëes sous le nc»n de beourgeohies ( i )y comme nous Tayons observe plus haut : elles étaient souyem inégalement reparties ; et on sqypelait^raniii^ bourgeois ou petits -bourgeois ceux qui payaient une redevance plus ou moins forte, et francs -bourgeois ceux qui étaient dispensés d*en payer aucune (s).

a. Une obligation dW autre genre que le nouveau boui^epis devait contracter expressément lorsquUl se présentait devant le jyge, en conséquence du nou- veau règlement , c^était d'acquérir ou de bâtir dans la ville ou il demandait d*être admis à la bourgeoisie, une maison du prix de 60 sous au moins. Il en faisait semfênt entre les mains du juge, en présence d^ deux ou trois bourgeois du lieu, et il devait exécuter sa pnnnesse dans Fan et jour. Tout ce que nous venons de dire était enregistré , et on en expédiait lettre au nouveau boui^eois(3).

L'obligation dcmt nous venons de parler est expri- mée dans la plupart des chartes de bourgeoisie anté- ri^ires (4) au règlement; nuôs le règlement la rend

(i) Voyez ce qoe nous avons dit, au eommencement de ces Recbercbet , sur les diverses acceptions du mot hour^ geoide.

(3) La*Thaumassière, Cbu^ de Berry, p. ao. Voyez aussi dans le Now* Coût gén., t i, p. iiog, les coutumes d'Âlost et de Grammont sur les/ra/ic5 bourgeois, citées ci-dessus.

<3) Règlement de 1187, art. i.

(4) On en trouvera des preuves dans la plupart des an- ciennes chartes de bourgeoisie que nous avons publiées.

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( aoo )

gënërale. La maison qu*on était obligé d*aoquédr, pour obtenir la boui^eoisie, répondait en quelque sorte de Inexactitude du nouveau bourgeois à remj^ 8e& engagemens. On la saisissait, on la amfisquait, on la démolissait , selon le degré par la suite il pou- vait devenir coupable (i)- Il semble dcmc que le prix ^e cette maison aurait être fixé selon les temps, de manière qu*il fut toujours proportionné aux amen- des que le bourgeois pouvait encourir ; cependant réé- valuation qui s*en trouve dans les plus anei^mes chartes de boui^eoisie , u*e^ augmentée ni dans le r^lement ni dans les confirmations postérieures , quoi- que les augmentations successives du prix du marc dWgent eussent donner lieu à une augmentation proportionnelle de cette évaluation. Au reste, ce dé- &ut d'évaluation proportionnelle n'est point particu- lier à cet objet ; il se retrouve dans presque toutes les anci^mes redevances pécuniaires représentatives des fimds. * ^ .

3. Immédiatement après la lettre de bourgeo^ie obtenue, le juge qui avait reçu le serment du nouveau bourgeois lui donnait^ un sergent pour la notifier au seigneur qu'il venait de désavouer (3). Cette lettre marquait Tan et le jour il était entré en bourgeoi- sie , et les noms des bourgeois qui en avaient éié té- moins. Par-là, le seigneur connaissait le vassal qui lui

(i) !Nous en avons cité des exemples en parlant de la pu- nition des crimes. (2.) Règlement, ¥ài $\iprk<

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( ^01 )

échappait^ et était en état de le réclameri s'il y avait lieu. Il ëtait instruit de Fëpoque précise ce vassal avait cessé d'étré son homme ; ce qu'il lui était im- portant de savoir^ parce que (i) ^ connoîssance et V exécution des querelles mues contre ce vdssal^ et des méfaits wenus trois mois aidant la réception en bourgeoisie^ appartenaient à Tancien seigneur. Enfin ce seigneur était à portée de juger si les formes pour acc{aërir la bourgeoisie avaient été remplies exacte- ment^ car la bourçeoi^ie n'était acquise (2) que lors- que tout ce que nous venons de dire avait été fait, et qu« sûreté avait été donnée de remplir les engagemens auxquels la bourgeoisie obligeait.

Après avoir prescrit les formes pour acquérir la bourgeoisie, le règlement en prescrit pour la con- server, et elles consistent principalement dans la con- tinuation du domicile (3). Le nouveau bourgeois ou sa %n|^e doit résidei^ de fait et continuellement dans le lieu de sa bourgeoisie, depuis la veille de la Tous- saint jusqu'à la veille de la Saint-Jean, à moins d'ex- cases légitimes, qui sont spécifiées par la loi. S'il n'a point de femme , ou s'il s'agit d'une femme qui n'a fkas de mari , le domicile personnel peut être sup pléé par celui d'un valet ou d'une servante , excepté les jours de fêtes annueUes. On pouvait cependant en- core être dispensé du domicile pour ces jours même,

(i) Règlement de 1287, p. 3i6, art. 7*.

(a) Ibid. , p. 3i4i art. 2.

(3) Jbid,, p. 3i5, art. 3, 4 et

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( ao2 .)

soit lorsqu^on ëtâit hors du pays , soit lorsqa^on atait une permission du roi (i).

Au reste, la nëcesÀtë du domicile imposée par k règlement regardait spécialement les bourgeoisies que nous nommons réelles; le caractère des bourgeoisies personnelles était y au contraire , de ne point exiger . de domicile continu. Il est certain , par exemple, que dans les sénéchaussées de Toulouse, de Carcassonne, Beaucaire (3) , ceux qui youlaient être bourgeois dv roi obtenaient des lettres de bourgeoùde de* Mont- pellier, ou de Sommières, ou d*Aigues- mortes, car ce droit fut successivement attaché à ces trois dififô- rentes villes; et pour jouir de cette bourgeoisie, il leur sufiBisait, conmie nous l'avons dit, de résider trois jours de suite, aux fêtes de Pâques et de j^oël, ou même, s'ils Taimaient mieux, ils éuient quittes de cette courte résidence au moyen d'un marc d'argent qu'ils payaient au roi tous les ans (3). Ainsi ^^li^

(i) Le Règlement ne parle point de la permission que le roi peal donner ; mais D. Carpoitier cite des lettres de Philippe-le-Long, en s3i7^ qoî dispensent un bourgeob de Mâcon de résider dans cette ville aux fêtes de la Toussaint, de Noël et de la Pentecôte, sans être privé pour cela ni du titre ni des privilèges des autres bourgeois domiciliés. (Sqppl- au Gïoss. lai. de du Gange, t. i, p. 676.) Ces lettres, en prou- vant l'exception « confirment la règle.

(a) Voyez les lettres du 29 juillet 1873, t. 5 deceRecveif, p- 627.

(3) Voyez Ordonn., t. 5, p. 627.

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(ao3)

tk>B di^ domicile devenait mille pour les bourgeois du Foi, et était convertie en une redevance pécu-^ nimre ; mais ce qui semblait r^résenter davantage le domicile, c'était la maison qu'ils étaient tenus, de- même que les bourgeois vraiment domiciliés, d'ac- quérir dans le lieu ils obtenaient des lettres -de bourgeoisie (i), c(»nme on Ta vu ci-devant.

5^ Nous avons dit comment on pouvait acquâ*ir et conserver la bourgeoisie, disons aussi comment on potivak la perdre. On la perdait de deux façons : ou l'on en était privé par pimition, ou l'on y renonçait de sa propre vdionté. On en était dépouillé , ou pbur crime, ou pour désobéiss^ce aux ordres de la corpo- ration, ou faute de remplir les (J^ligatîons imposées par le règlement (i). Si <m y voulait renoncer (3) , le règlement j^esorivait des formes pour cette renoncia- yon, surtout quand on se départait d'une bouigeoi* sie pour passer dans une aut]re(4)* H fallait alors dé*

(r) Foyez Orddû., t. 5, p. 6iV ; t 6, p. ai^ et suiv.

(je) Les privil^es accordés àut villes sont remplis de danses qui portent la peine de perdre la bourgeoisie. Le dé- faut de résidence dans le lieu de la bourgeoisie^ à certaines époques , emportait la perte de la boui^eoisie , selon l'or- donnance du 27 août iS^G, t. 6, p. 218.

(3) L'ordonnance du 27 août 1376 maintient les bourgeois dans le droit de renoncer volontairement à la bourgeoisie : Possint remmdare burgesiœ, si et ^uandù ooiuerint, dum tamm hoc fiât Uherè.., ac sine fraude ^ t. 6, p. 618.

(4) Règlement, p. 5i5 et 5 16, art. 6 et 8.

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(ao4)

darer qu'on abandonnait la bourgeoisie r<m avait é\é admis, acquitter ce qui restait de toutes les redevances auxquelles on avait étë oblige comme bourgeois y et payer les droits de sortie , tels qu'ils étaient fixés dans la boui^eoisie que Ton quittait (i). Ce n'était qu'après avoir rempli ces formes, qu'on pouvait être admis dans une autre bourgeoisie. Cet ar- ticle du r^lement ayait pour objet d'obvier aux firau- des que Tancienne botu^eoisie aurait eu à craindre, si (m avait pu se soustraire à sa juridiction avant d'a- v<Hr satisfait à toutes les obligations auxquelles on était tenu envers elle.

6. Le règlement que nous analysons n'aurait re- médié qu'impar&itement aux abus des bourgeoisies , si les fcarmes auxquelles il les assujettissait n'eussent eu lieu que pour l'avenir. Il obligea dond non seule- ment ceux qui par la suite voudraient être admis au^ boui^eoisies de se soumettre à ces formes (s) , maïs il enjoignit à ceux qui jouissaient déjà des bourgeoisies de les obtenir de nouveau, selon les formes prescri- tes, dans l'espace d'un mois, à compter du jour de la publication de la loi, sur peine de perdre leurs pri- vilèges. Observons que ce règlement ne fat pas d'a- bord une loi générale : au contraire, lorsque Phî-

(i) Ces droits de sortie (oa à^îssue, comme les cootomes les appellent) étaient dus , même dans le cas l'on était malgré soi dépooillé de la bourgeoisie. (Foyez le Now. Coût. gén.y 1. 1, p. 887, 904, 96S, etc., etc.)

(a) Règlement, p. 3 16, art. 10.

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( 2o5 )

lippe-le-Bel le publia pour la première fois, en 1827, il déclara que son intention n^ëtait point qu^il eût lieu dans la partie de ses Etats qui confinait à l'Al- lemagne (1); mais six ans après , il en enjoignit Texë- cution par toute la France; et en i3o2 (2), il le fit entrer dans sa grande ordonnance pour la rëforma- tion du royaume. Lorsquiè les nêbles de Champagne se plaignirent, en i3i5, à Louis X, que ce règle- ment n'était point observe , ce prince , faisant droit sur leorâ griefi , ordonna qu'il serait exécute (3) , et le renouvela peu de temps après (4)« Enfin , l'obser- vation en fiit enjointe de nouveau, en i35i, par le roi Jean (5) , et le fut encore depuis , à plusieurs re- prises, par Charles V (6).

Les abus que l'on fit des boui^eoisies, surtout dans le Languedoc , obligèrent ce {M^nce à publier une dernière wdonnance pour les réprimer. Ils y sont dé- taillés fiofct au long. Les plus considérables étaient que ceux qui se nommaient bourrais du roi se dispen- saient de résider en aucun temps dans le lieu de leur bourgeoisie, et négligeaient d'y acquérir une maison,

(i) Ordomu, 1. 1, p. 3i6, note.

(2) Eln 1293. Voyez le t. 1, p. 367.

(3) Lettres do mois de mai i3i5. Recueil des ordonn., 1. 1, p. 575, art, 8.

(4) Lettres du mois de décembre i3i5, ièid., p.6i3.

(5) Lettres du mois d'octobre i35i, t. 2, p. 461.

(6) Lettres du 20 juillet 1367, t. 5, p. 22, art. i3; du 24 aoât 1371, t. 6, p. 70; 27 août 1376, ibid, p. 214 et suîy.

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comme ils y éuient obligés par le règlement de ¥tà- Iippe4e-Bel. Sur les plaintes que les seigneurs portée rent au parlement, il y eut arrêt qui ordonna que le règlement serait exécuté ; et en conséquence de Tar- rét , le roi rendit une ordonnance , le 27 août 1 376 ( i ) , qui rappela les droits et les obligations des bourgeois du roi 9 conformémUnt au règlement dont il s^agit, ayec quelques cbangemens cependant en faveur des seigneurs qui se .plaignaient à juste titre, car ils étaient continuellement dons Tincertitude si le yassal denieurant sur leurs terres n^était pas bourgeois du roi; et ils n^osaient exercer contre lui la justice, de peur d'être poursuivis comme infracteurs de la sgtiVe^ garde du roi, sous laquelle étaient tous les bourgeois. Le roi ordonna donc que les bourgeois seraient tenus dorénavant à une résidence personnelle et continue dans le lieu de leur bourgeoisie , durant huit jours , n^i seulement à Pâques et à Noël , mais à la Saint-- Jean et à la Toussaint,' confirmant d'ailleurs le rè^ glement de Pbilippe-le-Bel , regardé c(nnme la base et Ibndement de tout le droit des boui^eoi»es. Quelques personnes, sous le règne suivant, voulurent se pourvoir contre cette ordonnance par appel au parlement; mais leur aj^l fut rejeté par arrêt du 20 novembre iSga (2).

Nou§ n'avons considéré les bourgeoisies que sous

(1) Imprimée dans ce Rec.^ t. 6, p. 214 et saiv.

(2) Voyez cet arrêt, i. 6, p. 21 5, note.

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( 307 ) des points de vue généraux ; on trouvera des détails ^ des exceptiiMQfi et d^ singularités sans nombre, si on veut parcourir dans nos Tables les sommaires qu# nous y avons donnes de cette quantité prodigieuse de chartes de bourgeoisie (i) répandues dans notre Re-*- cueil. rtous terminerons ici nos recherches sur cet objet par quelques réflexions sur les avantages infinis qui ont résulté cbe rétablissement des bourgeoisies.

Nous avons vu qu'il contribua beaucoup à faire rentrer dans les mains du souverain la portion de la puissance publique usurpée par les seigneurs particu* liers, qui ai avaient fait Tusage le plus oppressif; nous avons vu que cet établissement ferça les sei* gneurs d'adoucir tellement le joug sous lequel ils fai- saient gémir leurs vassaux, que les serfs même pous- serait quelquefois Tindifférence jusqu'à refuser de se racheter pour le prix auquel on avait évalué leur af-* franchissement : mais un autre avantage, et peut^ être le plus grand de ceux que procurèrent^les bour- geoisies, fut de peupler les villes et de les multiplier; objet aussi utile dans le temps les bourgeoises fii^ rent élabHes, qu'il paraîtrait peut-être nuisible au- jourd'hui. En effet , dans VétM actuel de la France , il semblerait avantageux de repei^ler «nos campagnes du superflu des habitans de nos viUes; mais dans le douzième siècle , et même long-temps après , il fallait

(i) Noas nomiDons aîtisi les lettres de commraie ou de privilèges par lesquelles sont coûcédés ou confirmés les droits des bourgeoisies.

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des villes pour la sûretë des agriculteurs y il fidlait des villes pour rencouragement des agriculteurs. * Dans des siècles régnait en France la pr^nière et presque la seule loi des peuples barbares , la loi du plus fort; Fëpreuve par le duel l'avait introduite jusque dans Tordre judiciaire; Tabus énorme des guerres privées avait fait du royaume entier un théâ- tre dliostilitës perpétuelles; Tautorité ecclésiasti^ que avait été contrainte de venir au secours de Tau- torité séculière, pour fixer dans le cours de Tannée des jours de trêve forcée, afin donn^ la liberté de se livrer au SQÎn des moissons , la moitié des terres restait en firiche. Et comment s'occuper à défiricher de nouveaux terrains , quand les incursions et les ra- vages faisaient trembler sans cesse pour les produc- tions des terrains mis en valeur ? Il était donc néces- saire alors de multiplier les villes, pour servir d'asiles aux personnes et aux fi:uits de leurs travaux (i).

Les aiAsieimes s'agrandirent, et on en fonda de nouvelles. On invita, par des privilèges, les hommes épars à venir s'y réfiigier. On sut même quelquefois les amener au point de les construire à leurs propres frais; car la nécessité d'acquérir ou de bâtir une mai- son dans la ville nouvelle, pour y obtenir le droit de bourgeoisie, obligem les nouveaux habitans de

(i) Beaucoup d'agriculteurs étaient bourgeois des villes : oii en trouve la preuve dans les chartes de bourgeoisie , on leur accorde des exemptions de droits d'entrée sur les vins de leur crû, sur les grains de leurs récoltes, etc.

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ccmstruire insensiblement la ville presque entière à leurs dépens.

11 fallait des villes pour rencouragement des agri- culteurs, dont la classe était dans une proportion beaucoup trop forte , reladvement à la classe des con- sonunateui^ ; et c'était encore une des raisons pour lesquelles la moitié de Ja France restait en friche. L'anarchie et les troubles intérieurs excluaient le commerce; par conséquent, peu de consonunation extérieure. La servitude , les guerres appauvrissaient la population; par conséquent, peu de consommation intérieure. La France n'était presque peuplée que d'agricoles, serfs ou presque serfs, peu dififérens des animaux qui leur étaient associés pour le labourage , et traités à peu près de même ; sans émulation, parce qu'ils étaient sans espoir; sans courage, parce qu'ils étaient sans ressources ; fuyant comme un travail «ans fhiit celui qui leur aurait produit des récoltes au- delà de ce qui suffisait à leur nourriture et au paie- ment de leurs redevances féodales.

Mais ceux d'entre eux qui se réunirent dans les villes les privilèges de la bourgeoisie les attiraient, affiranchis des servitudes décourageantes , tranquilles et maîtres d'améliorer leur sort en se livrant à des métiers utiles, déployèrent lein* industrie et ouvri- rent de nouvelles somxes de richesses qui se répan- dirent sur les campagnes et y excitèrent la culture. Des honunes s'appliquèrent aux arts, et le commerce naquit. Ces hommes formèrent une classe de consom- mateurs opulens, dont les besoins occasionnèrent les I. uv. i4

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défrichemens, qu'on multiplia à proportion de la po- pulation, augmentée elle-même chaque jour par IV bondance : ainsi j par Faction et la réaction conti- nuelle de ces causes, et de ces effets devenus causes à leur tour, bientôt la France se trouva couyerte à la lois de campagnes fertiles et de vill^ puissantes et riches.

Les sciences et les lettres ne profitèrent pas moins que les arts de la réunion des hommes dans les villes. Là, rapprochés les uns des autres, les citoyens dis- pensés des travaux pénibles, jouissant d'une aisance qui met à Tabri du besoin journalier, sentirent naître insensiblement le premier iet le plus précieux fruit du loisir, le désir de conns^tre et de s'instruire. A portée de se communiquer leurs vues, de s'exciter aux dé- couvertes, de s'entr'aider dans leurs recherches, leur esprit s'agrandit , leur goût se foïma , l'avidité d'ap- prendre s*accrut par la honte d'ignorer, la rivalité produisit l'émulation- et hâta le [HX^ès de tous les genres de connaissances.

Tels furent lies principaux avantages que l'établis- seïnem des boujqgeoisies produisit, soit pour les rois dont il rétablit l'autorité , soit potirles sujets qu'il af- franchit de l'oppression, soit pour le royaume, en général , qu'il rendit le plus florissant ,état de l'Eu- rope 5 mais il est (te la natuf e dés privilèges de devoir être modifiés selon les circonstances. Le nombre, la variété, l'étendue des privilèges dés bouj^eoisies, en- traînèrent des incc»[ivéniens auxquels il fallut remté- dier, surtout l<»squ'ils ne furent plus ccmipensës par

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(211)

les avantages, lorsque la puissance féodale n'alarma plus le pouvoir souverain, lorsque Féquilibre parut établi entre le nombre des consommateurs et celui des cultivateurs , lorsqu'il y eut lieu d'appréhender qu'une plus abondante population des villes ne fît dé- serter les campagnes, et que la classe des hommes qui rendent un Etat florissant n'épuisât celle des hommes qui le nourrissent.

Alors nos rois crurent devoir réduire dans de justes bornes les privilèges des bourgeoisies. De , tantôt ils ont diminué la quantité des exemptions trop mul- tipliées, et qui redoublaient les charges des sujets qui n'y étaient point compris ; tantôt ils aùl restreint des privilèges qu'il leur a paru convenable de rapprocher de l'ordre commun ; tantôt enfin ils ont ramené^ au- tant qu'il leur a été possible , à l'unifcHraaité , cette va- riété prodigieuse de coutumes locales qui faisait dire à Beaumanqir, en laôS (i) i qu'on ne poussait trou- s^er en France deux chastellenies qui de tout usas- sent d'une mesme coutume. .

Mais nous ne ferons point aujourd'hui l'histoire de ees changemens, postérieurs aux époques qu'embrasse jusqu'ici ûotre Recueil; et nous nous resservons à les indiquer, à mesure que l'ordre des temps les consi- gnera dans la suite de la Collection des ordonnances' de nos rois (2).

(i) Beaumanoir^ Cknd, de BeaweisiSy p. 2. (a) Fioyw cette Collection.^ -. - ^

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»^»»w^^»M»»»MMmi»mw«iw)iixiww>mwww^

i^^w*i¥wi*itnnMMMvtm¥*nmMwtnnn^mnni»iy*niinnm

QUATRIÈME PARTIE.

ADDITIONS AU CHAPITRE III, % 1 (i).

RECHERCHES HISTORIQUES

SUR LBS

ROUTIERS ET LA JACQUERIE W.

Que des monarques puissans et courageux subju- guent par la force de leurs armes. les peuples^qui les

(i) Tome 7 de la CoUect.

(a) Ces carieuses Recherches ont été imprimées par par- ties dans le Journal de Verdun, mois de mai , juin, juil^ et octobre 1761. Les quatre articles ont été ensuite réiuiis dans un tirage particulier, dont il n'existe qu'un très -petit nomBre d'exemplaires, et c'est d'après le texte revu de l'on de ces exemplaires que nous les donnons ici. Le nom de l'au- teur ne s'y trouve point ; mais voici ce que nous lisons à ce sujet dans le préambule du premier article du Journal de Ver- dun: « Une personne studieuse et versée dans notre histoire, « dont elle fait ses principales occupations, nous a remis un « manuscrit rempli de recherches qu'elle a faites sur les

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( ^»3 )

ravironnent ; qu*ils aillent même p(»ter dans les ré- gions les plus éloignées Tefiroi et Tëpouyante, ce n^est pas, après tout, un prodige bien rare; mais que des aventuriers sans nom, sans autorité, et sans autres ressources que leurs brigandages, aient pu, pendant un temps considérable, ravager presque toutes les parties de TEurc^ , se rendre la terreur des princes les plus puissans, et soutenir contre eux, et souvent avec succès, des guerres longues et meurtrières, c^est un pbéHomène dont l'histoire ne fournit guère d'exemples. Tel est pourtant celui qu'ofire à nos yeux les routiers, qui vont faire la mati^e de ce Mémoire.

Il nous paraît surprenant que des hommes si fa- meux, dont l'existence fait une époque aussi frap- pante dans nos annales, n'aient trouvé jusqu'à présent

«Touders, ces brigands si fameux autrefois, dont tout le « monde parle ou a entendu parler, sans pent-étre les trop « connaître encore. Cet homme de lettres a para désirer « qu'on déposât ce fruit de son travail dans ce journal; nous « avons cru qu'en lui accordant cette satisfaction , nous ne « déplairions pas au Idoins à un certain ordre de lecteurs. «Gomme le Mémoire dont il s'agit est assez long, nous « le partagerons en plusieurs morceaux, qui paraîtront suc- « cessivement et sans aucune interruption. »

On voit cependant que le dernier article s'est fait atten- dre de juillet à octobre.

Consulter sur ce sujet les savantes Dissertations de Secousse , recueillies avec les preuves, en deux vol. in-4", sous le titre de Mémoires pour servir à l'histoire de Charles II, roi de Na^ i>arre..», surnommé le Mauvais. Paris, ijSS. {Edit C. L.)

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persoane qui ait entrepris de nous donner leur hi£h toire en particulier. Notre intention n'a point été ^ à beaucoup près, de supi^er à ce dé&ut. Ce que nom pourrions tout au plus nous pnnnettre de notre tra^ Tail y serait petit -éire de &ire naître à quelqu'mi IV dëe de traiter ce sujet avec tout Tintérét dont il est susceptible, et de lui ëpai^er, au moins ^i pmrtie, la peine des recherches, en lui indiquant la plupart des sources il pourrait puiser. Cest dans ce dessein que nous avons rapporté scrupuleusement les ciutions.

Donner une définitiou juste et exacte des routiers, en marquer les différentes espèces, en fixer Torigine, raf^iorter leurs actions les plus remarquables, et in- diquer, à peu près, le tenips l'Europe eut le bon- heur d*étre délivrée de ces brigands, tel est, en deux mots, le but que nous nous proposons ici.

Le nom de routier est un nom générique donné à plusieurs espèces de brigands qui, sans aucun ordre ni discipline militsûre, prenaient les armes, formaient des compagnies sous un chef qu'ils se donnaient eux- mêmes, et ravageaient la campagne et tous les en- droits par ils passaient. Du Caflge (i) prétend que c'étaient pour la plupart des paysans qui dévastaient les provinces , et s'enrôlaient de temps en temps au service des princes (2). Ces sortes de gens venaient

(i) Ghss* de du Cange, sur, VUIehardouîn, p. 368.

(2) Prœdones ex rusUcis patissimhm coUecti ac œnstati, gui prù^incias populabantur, et interdùm miliUœ principum sese arf- dlcebant ( Ghss. de du Cftiige, t. 6, p. i544* )

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(a.5)

4e différ^l^. endroiu, et ne se rëunissaiem que pour ff^^ ëcJUter toute leur fureur, comme ces nuag^ qui ue ^ ras^mblem que pour lancer avec plus de vio- l^jce k^ foudre qu'ils patent dans leur sein.

On Je$ aj^lait routiers j selon Borel (i) et Fure- tièr^ (a), parce qu'ils brisaient tout ce qu'ils rencon- traiblit , et 5 selon du Gange (3) , popce qu'ils labouraient I4 terre. Cette deir^ière ëtymc^o^e dénote bien leur ^Xtr^tiou, mais ne désigne pas leurs ravages. Cer- taim wtçnrs finit dériver le nom de routier du mot iipglais routte (ou rqut^^ qui, selon Rymer, se prend in- ^flTéremiiient pour trahison, révolte, cons[ùration (4)9 ejisqiyantMeursius, si^ifieune troupe de soldats (5). Aussi M. de Marca, dans son Histoire de Béarn^ en s'attachant au Glossaire de Meursius, dit que le^ ]|^utiers ét^ent des gens de guerre anployés par les seigneurs, qui vivaient s^ns solde et discipline mili- taire, pillant et ravageant le plat pays, et qu'ils avaient pris leur nom de l'^cienne diction gauloise rupta ou route j qui si^iâe une bande et une compagnie de soldats (6).

(i) Borei, Àotiii' gasl-, iii-*4<'« jk ioi.

(2) Furelière^ Dictionn. in-f», t. 2, p. 626.

(3) Quod terram aratro pmscinderent seu dirumperent. ( Gloss. de du Cange, t 5, p. i543.)

(4.) Pro cpdbmcumque proditiombus, rehelliomhus y routis , cfmqftgaÉiombus f canspimtionibm.

(5) Me^sios, Gless- ia-4°t ?• 478.

(G)Hîst.deBéam, in-f«, p. 5io.(iîoa/, tfl anglais, signifie cohue y foule , attroupement, bande.) {Edit, G* L.)

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(ai6)

D*autres auteurs pensent qu^on nommait ces bri- gands routiers j parce qu^ils abîmaient et ravageaient tout(i), ou parce qvU'ûs pillaient les voyageurs , et dëvastaient les «chemins (;^|t Ce sentiment est con- tredit par M. la Cite. Cet auteur, en parlant des Albigeois, qui furent appelés nmtierSj parce qu'ils étaient associés ayeo ces brigands, dit formellement, sur le rapport de Trithème, qu'ils ne furent pas ain«i nommés parce qu'ils brisai^it et pillaient tout ce qui se trouvait sur leur passage, mais parce qu'ik étaient imis avec les soldats routiers (3). Par-là, M. de la Côte, sans nous donner la propre signification du mot routier j nous fait néanmoins entendre que ce nom ne tire pas son origine des excès que commet- taient ceux à qui on Pavait donné.

L'qpinion d'Innocent Ciron et de ses partisans est aussi combattue par plusieurs auteurs célèbres, qiii disent que le mot routier a la même signification, quant à l'origine, que celui de roturier. Jean Be^, dans la lettre qu'il envoya à M. Dupuy, sur l'ori- gine des mots roture et roturier, prétend que du mot route, [nroprement dit pour terre rompue et Ja- bourée , fut fait routier pour labourem*, et que les

(i) IrmocenL Cyron. Paratitia, in quint. Lib. D, in-folio,

p. 4^4*

(3) Ritjfnaidi Annales , primas iomus, p, 196. Ratami^no- men ab infestandis obsidendisque inis ac expUandis ciatoribus. traxerant.

(3) Ménage, Dict. étymoLy p. 637.

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( 217 )

cooDipagnies de soldats qtii ottt eu le nom de rùutîerj étaient tirées des ccnnmunes du pays, et vrais roturiers. De il conclut que roupie j roupUer^ ropture et rop- turierSj viennent du même mot; que dans leur pre- mière origine, ils ne dénotent qu'une même chose; que route était rotui\e, routier roturier, et que ce n'est que Fusage qui les a variés , et leur a donné différentes significations (i). M. Ménage est du même sentiment. Les routiers, dit M. de Gyves, avocat du roi au pfésidial d'Orléans, sont des soldats et gens de pied tirés de la campagne, gens agrestes et accou- tumés à rompre la terre (2). Enfin, D. Lobineau pré- tend que les routiers se nommaièm ainsi , à cause de leur mianière de vivre , qui les mettait toujours: en route, pour aller tuer et piller selon qu'ils étaient commandés (3). Ce sentiment est aussi celui du Père Barthélémy Piachinat. Les routiers, dit-il, se nom- maient corriers ou coursiers j parce qu'ils couraient le monde pour favoriser les entreprises dés héréti- ques, et se servaient de ce prétexte pour piller les églises et les maisons des catholiques (4)- D- Lobi- neau paraît suivre, dans son ex]:dication,le sentiment

(i) Hisù des comtes de Poitou, in-f*, par Jean Beli. Voyez la fin du Yol.

(2) Ménage, Dict étymol, p. ôSg, Suetî terram rwnpere, vndè Ruptuaru,

(3) Hist.de Bretagne, t. p. iSg.

(4) Pînchinat, Dict des hérésies, in-4% ?• i3a et 43o.

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( ai« )

de Jean &cimpton(f ), historien smgUis, qui 4ési§^^ les rouiier$ p^r le mot ruchcis, qui, selon à\^ Cange, signifie rue, chemin, vias, platées (9). Néaimpi^s, Guillaume Sommerez qui a 4anné im Glo^^aire pour rinteUigâUce dea term^ extruordinsiires qiii se trpu- Tent dans son B^eueil des historiem angbhj f^t dârirer le mot ruca de reuten^ ou mptotij ^^ m allemand , signifie piller, saccager, prœdoHr popW-

Ces diffëcenies opuions sur rëtymoiogie du mot routier, peuy^it se réduire à quatre. Les uns dis^t que les routier» étaient des paysans ou rotupejr^, ^ qu^ils se nommaient ainsi, parce qu'ils ayaient labouré la terre. Ijqs autres assurent qu'oJi leur ayfùt dc^oné ç^ BCMn , parce qu'ils ravageaient tcwut ce qu'ils rençMir. traient* Ceux-ci fcwit dériver le mot routier de r^ça^ qui signi& rue, et prétendent que les revers n'a- vaient eu ce nom que parce qu'ils étaient toujours, m rottte et sar les chemins, pour massacrer et piller* Ceux-l^ ^ifin font venir le mot routier de. mtta, qui désigne une troc^ de soldats qui se liguent (4)* Ce dernier sentiment est celui de Gérard Yossius (5), de

(1) Recueil des JUst angl., t. 1, p. 1268.

(2) Du Gange, Ghss., t. 6, p. i532.

(3) Gloss. de Somineré, t. 2 du Recueil des Jdst angl.

(4) Gloss. de du Gange, t. 5, p. i64o.— Galepiu, Dicty t. 2^ p. 497-

(5) Vassitts, in-4®î ^^ Fitiis sernionis, lib. 2, p. 267 et 268.

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( ^J9 ) Gesarius, de PTiceias, et d'autrps auteur^: c'est au^i, à ce qu'il parsdtt, çehii de M. Ihiniay (i).

Comme ces opinions sont appuyé^ sur des preuToa qui ne spnt pas sans fondemen);^ nous croyons qu'il est permis d'être indifférent sur le qboi^f cependant- la dernière nous paraît la plm naturelle , et mîeu^ repadre la propre siguific^tioU <lu mot rouUeir* Cai? dans cette opinipu on expriuie directement les 0:^^ . de ces brigands , qui ëtaientde^ Ugueur^qul n^psspb craient et pillaieiit ce qu'ils trouvaient 9ur leur pas^ sage, et Ift dë%itiou qu'on neu^ en donne convient en niémetemf^ ^ toute espèce 4e routiers, qui, quoi- que pour la plupart paysans, et par consi^ueut rott^ riers, ne l'étaient pas tQu^, jnai$ ét^eut tpu$ des soldats factieux et ^es brigands. jLa première n'ap^ cet av^-^ tage; car non seulement elle ne nous fait pas con^ naître les routiers par les brigandage^ qu'ils exerçfiûent , mais l'explicaticm qu'elle nous en donne no peuts'^ç)* pliquer à toutes les espèce^ d^.routiers, puisK|u'il y en av^t beaucoup parmi eujç qui n'^t^ient pas payssin^ , mais de sin^pl^s soldats,, qui, faute de s^de, quittaient le service des prinpes pour s'abandonner au pill?^^ La sieconde opinion nous laii^ à la vérité, d|q^s Xesr prit, une idée ju§te des excès qu^ conxmettaieilt les routiers; mais la manière dont elle en explique le nom, loin de la distinguer de la {Mremière, semble,

(i) Dumay, Noiœ in epistoias Irmoœntii terdi, p. 238, à rotâ oeteri Qocabuio cujus nominepars eooerdtâs intelligebaiur, jRo- tarlos dicimus.

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( 230 )

quant aux termes , Tunir avec elle, et prescpie l'iden- tifier. La troisième paraît confondre nos brigands avec ces voyageurs qui connaissent les chemins , et qm y pour cette raison , sont appelés routiers. Mais on dira peut-être que dans notre opinion la définition que nous y donnons du nom routier^ est si vague, qu*elle les confond avec tous les brigands. A cela nous ré- . pondons que nous ne les appelons pas routiers^ pré- cisément parce qu'ils étaient des brigands, mais parce que c'étaient des soldats qui s'attroupaient pour Sac- cager tout ce qu'ils rencontraient. Par-lk, nous les distinguons des autres fectieux qui n'avaient pas été dans les troupes.

Quoi qu'il en soit , il est certsdn qu'il y eut diffé- rentes espèces de routiers qui eurent plusieurs sur* noms. Les uns se nommaient cotterauXj les autres brabançons j ceux-ci les compc^iesj ceux-là les tard- ^enus. Tues cotteraux, vulgairement nommés routiers (i), se louaient à tous ceux qui avaient be- soin d'eux pour se venger de leurs etmemis, et rava- geaient eux-niémes le pays. On les appelait cotte- rauXj parce que, pour saccager les maisons, ils marchaient la nuit, armés de grands couteaux que les Toulousains nommaient vulgairement cotterels (2). C'étaient, dit Borel, des paysans assemblés et armés de bâtmis ferrés et de cotterets, d'où letup fut donné

(i) Chroniques d'Abérîc des Trois-Fontaines, sons l'an- née 1 185. CoUerelU quI^ dkuntur ruptuam.

(2) Hist. de Béarn, de M. de Marca, liv. 6, ch. i4» P- 5n*

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( 221 )

ce nom (i). Suivant le Père Pinchinat (2) et M. le Carpentierl[3), les ootteraux furent nommés ainsi du mot cotteriej qui signifie assemblage, parce quHls^ réunissaient pour exerçai leurs brig^dages.

Les cotteraux étaient la plupart fantassins ^ et les routiers cavaliers (4). C'est ce qui fait dire à Gérard Yossius, que ruptuarius vient de reuter, qui, selon les Allemands et les Flamands , signifie cas^aUer (5). Les Brabançons étaient destroiq>es sorties duBrabant pour se joindre aux routiers, et ne former qu'un corps avec eux. Les compagnies (6) étaient des soldats qui, voyant qu'ils étaient mal payés, s'atlroupaieni» sous un (Ak'^f nommé Armuild de Cervolej dit Varchi- prétrej homme distingué par sa naissance (7). On les appela d'abord, selon Yalsingham, gens sans chef; mais peu après , ils en élurent plusieurs dont la plu- part étaient Anglais (8); les compagnies prirent aussi le nom de compagnies blanches. Ce fiit Cervole qui rassembla ces troupes licenciées, qui ne pouvaient rester dans l'inaction , et en forma lui-même un corps

(i) Andq. gaul,, p. 112.

(2) Pinchinat, Dict des Iiérésies, in-4^, p. i32.

(3) Jean le Carpentier, Hist de Cambrai, in -4^, t. 2, p. 43i.

(4) Abrégé chronol de Mézerai, in-12, t. 3, p. 85.

(5) Gérard Yossius, de Vitlis sermoms, lib. 2, p. 168.

(6) Froissard^t i, p. 2o5.

(7) Balnze, Hist des papes d'Açignon, notes, t. i, p. 946*

(8) Hist. anglf p. 178 et 522.

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à qui on donna .ce nom (i). Les tard -venus étaient une espèce de routiers qui, selon Mëzerai, aimaient à être nommés ainsi , parce que, disaient-ils^ ceux qili les avaient précédés , avaient mois^Uné la France, €t qu'ib ne feraient plus que la glaner (2). Les routiers eurent encore plusieurs noms ou surnoms qu^il serait trop long de rapp(»*ter ici. Comme ils venaient de diflférens pays, le nomi de la nation ils avaient pris naissance était ordinairement celui qui leur était donné.

Quant à leur origine , les uns en fixent Fépoque dans Tonzième siècle, les autres dans le douzième. Ils ravageaient, dit du Gange (3), les provinces Vers l'on- zième siècle. Du temps de saint Fulcran, évéqué de Lodève, qui vivait dans le même siècle, les routiers exerçaient leurs bri^ndages, et ils s'emparèrent du château de Gibret pour s'y retrancher et y conserver leur butiti. C'est ce que nous rapporte Bernard Gui- don, daris la Vie de saint Fulcran (4)* Baillet néan- moins, dans laYie du même saint, ne fait aucune mention de ces routiers dont parle Bernard Guidon. D.Vaissette parle, à la vérité, du château de Gibret,

(t) Baluze^ Histoire des papes d'Aoignon, notes, U i, p. 947.

(2) Mézerai, Hist de France, în-P>, t i, p. 846.

(3) Gloss> de duCaDge, t 5, p* i544*

(4) Acta sanctorum, Feèruarii, t â, p. 716. Quidam rup- tuarii miUtes i^ rapinam rerum pessimè inhianies inbrà foriem mumtionem ejusdem castri chm rapiâ prœdà se receperunU

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( "3 )

mais il ne dësigiie pas sous le nom de sùldats rou* tiers \es brigands qui s*én emparèi%in(i).

En 1160, ajoute Mëzerai, la maudite engeanee des routiers et des cotteraux con^nença à se faire connaître par ses cruautés et ses brigandages (2). Le concile de Làtran, tenu en 117g, lés excommunia , défendit de les inhumer en terre sainte, exhorta les <^dioliques de se saisir de leurs biens , et accorda des indulgences à ceux qui prendraient les armes pour les exterminer (3). En i:îoa, Jean saûs Terre Tint, h la tété d'une multitude innombrable de cotteraux, pour suiprendre Artur, qui assiégeait le château de Mirebeau (4). Le légat du concile de Monteil (5), «ônu en 1209, ordonna au ccmtte de Toulouse de {dus employer à son Service ses Inrigands diffamés sous les noms de routiers et de cotteraux. En I3!2i8, saint Louis donna un édit en faveur des églises et contre les hérédiques du Languedoc, par lequel il or- donna que les routiers seraient chassés de cette pro* vinoe^ afin que leut absence procurât une paix per* pétuelle que chacun aurait soin conserver (6).

De là, il paraît qu'on ne peut fix^ l'origine des routiers que dans le douzième siècle, et que ce n'est

(i) Hist de Languedoc^ t. 3, p. i4-3. ,

(a) Mëzerai, Abrégé chronol y in- 12, t. 3, p. 85.

(3) Ibi(Lf p. 174.

(4) HisU de Bretagne deB. Lobîneau, t 2, preuves SSj.

(5) Hist de VEgUse gallicane 9 t. 10, p. 332.

(6) Orêonn* des rois, de Secousise, t. i, p. 5f.

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("4)

que dans ce temps qu^ils commencèrent à être connus sous ce ncHn. Car, quoique du Gange les fasse remonter jusque dans l'onzième âède, il n'appuie son senti- ment que sur ce que nous rapports Bernard Guidon, dans laYie de saint Fulcran, tandis que tous les autres auteurs qu'il cite pour confirmer la dëfinitiœi qu'il donne de ces brigands, n'en parlent, selon lui, que dans le douzième ou le treizième siècle (i). De plus, nous ne voyons dans les hist(n*iens les plus connus, aucune mention des routiers dans l'onzième.

La première ordonnance qui fut donnée contre ces brigands, fut celle de saint Louis^ en 1228. L'histo- rien de Languedoc, en parlant de ces brigands, qui vivaient du temps de ^nt Fulcran , ne les désigne pas sous le nom de routiers, et M ëzem n'hésite point à placer leur cnrigine en 11 60. Or, s'ils eussent com- mencé à exercer leurs brigandages dans l'onzième siè- cle, et eussent été connus dans ce temp-là, comment celte connaissance aurait-elle pu échapper à nos his- toriens , surtout à ceux qui nous ont parlé si souvent de ces brigands ? Pourquoi les rois , si exacts à former (sic) des (Mrdonnances contre eux, pour réprimer leurs dé- sordres, auraient-ils été si long-temps sans en donner? G)mment Mézerai, auteur fidèle et exact dans ses recherches, aurait - il pu assurer que les routiers ont coBûEmencé à exercer leurs brigandages dans le dou- zième siècle? Pourquoi enfin don Yaisseite, à qui le nom de routier n'était pas certainement inconnu,

(i) Gloss. de du Caoge, t. 5, p. i544i ^^ mot Bx^taru.

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( 225 )

puiflqu''il s^est applique en quelque » les ûâts, aurait-il oublié d'appelei lërats dont il fait mention dans la cran ? Il est donc hors de doute qu'il n*y eut des routiers que dans le douzième siècle, et qu'ils com- mencèrent alors à exercer leurs brigandages; mais tous les brigands connus sous ce nom ne parurent pas en même temps. Les cotteraux et les Brabançons se signalèrent les premiers, frayèrent la route «^tux autres, et ce ne fut que dans le quatorzième siècle que les compagnies et les tard -venus commencèrent à déployer leur fureur, les unes en i356, les autres en i358-

Différentes expéditions des premiers Routiers.

î^ous allons actuellement examiner les actions que firent les premiers routiers, noys arrêtant seulement à celles qui nous paraîtront les plus frappantes. On sait que Henri second, roi d'Angleterre, essuya bien des disgrâces, surtout sur les dernières années de son règne ; le flambeau de la discorde et de la division était allumé dans toutes les provinces de sa monar- chie, et tous ses sujets semblaient avoir conspiré sa perte; sa femme et ses enfans se révoltèrent contre lui. Le roi de France appuyait cette révolte, et levait des troupes pour soutenir le jeune Henri dans les entreprises qu'il formait contre son père. Henri se- cond se voyant ainsi attaqué par ses propres enfans, et ne trouvant aucune ressource dans ses sujets, fut l. Liv. i5

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( 226 )

loyer à son service des troupes étran-*

s Brabançons. Cei de routiers, gagna d^abord un< Bretons y et CQtte défaite les ren qu'ils deraient à leur prince. Lu aussi lever le siëge de Rouen , < de France et les jeunes princes anglais (i); ils taillè- rent en pièces une grande partie des ennonis, batti- rent^^le comte de Leycestre , et le firent prisonnier (2). Ces soldats mercenaires, qui, selon M. de Larrey, n'étaient pas des troupe» sûres, parurent cependant assez modérés dans cette guerre. Mais ils surent bien, dans des occasions plus favorables, se dédommager de la modération qu'ils avaient gardée dans celle - ci. Quelque temps après, ils s'associèrent avec les héré- tiques de leur siècle, non pas tant pour appuyer leurs hérésies que pour avoir un moyen plus fecile de piller les clercs et^ de saccager les églises (3). On eût Mit, remarque M. de Marca, qu'ils eussent été des païens par les cruautés qu'ils exerçaient sur les chré- tiens. Ils pillaient, ruinaient tout ce qu'ils rencon- traient, n'épargnaient ni les veuves, ni lespupîles, ni les églises, ni les monastères (4).

Le Languedoc et la Gascogne lurent le tbéWe

(i) RapinThoiras , HisU d'Angiet., t. a, p. i85 et sui?. - Larrey, Hist d'Angiet, in-f«, t. i, p. 389 et suîv. (a) Matthieu Paris, Histangl., t. i, p. lag. (3) Mëzerai, Abrégé chronoL, în-is, t. 3, p. 374* {^) Hist de Béant y p. 5 10.

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( 3^7 ) ils ccxniBencerent leurs premiers excès. Comme les guerres étaient commmies dans ces provinces, et que souvent elles se faisaient sans ordre et sans sujet , outre les soldats que fournissait Je pays et les voleurs qui s'attroupaient d'eux-mêmes, on employait ordi- nairement ces sortes d'aventuriers. On ne smirait se représenter les excès les portèrent leur cupidité et leur I>arbarie. Les temples ne furent pas à Tabri de leurs violences, ni un refuge assuri|K)ur les ministres du Seigneur. Etant entrés dans l'église cathédrale d'O- leron, ils coupèrent la corde qui tenait su^ndu le saint ciboire, et renversèrent les saintes hosties qui y étaient renfermées. Un d'entre eux, plus im{Me que les autres , pour insulter le clergé et tourner en dérision les cérémonies de l'église , se revêtit des omemens pontificaux, voulant représenter l'évêque pendant qu'il eélèl»:^ les saints Mystères. On dit même qu'il fît une espèce d'exhoi^tion aux routiers, qui applau- dissaient à cet in&me sacril^e,et qu'il reçut leurs offrandes. Ensuite , pour amsommer son impiété et signaler sa fureur, il osa porter ses mains sur les clercs , n'ayant aucun ^ard au serment qu'il avait fait de ne leur fitire aucun mal(i); mais les routiers étaient accoutumés à manquer à leur parole. Nous en avons un exemple bien frappant dans la mort tragique de Baudouin , frère de Raymond , comte de Toulouse. Malgré les lois de l'amitié et de l'hospialitë , qui semblaient lui promettre un asiie assuré dans le châ-

(i) Annal dcRaynauld, t. i, p. 343, à l'année i2i3.

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( 228 )

teau de TOlme , il y fut surpris dans son Ut par une troupe de routiers ^ conduits par Ratier de Castél et le seigneur de TOlme , il s*ëtait retiré. Ces brigands se yoyant maîtres de ce prince, lui demandèrent la tour de son château, il y avait une garnison fran- çaise. Baudouin y loin d^acquiescer à leur demande, fit défense à la garnison de se rendre. Pour se venger de ce refus, les routiers le firent jeûner pendant deux jours. La gamisoci^^ependant se rendit à eux, à con- dition qu^ils lui accorderaient la vie , ce qu'ils lui promirent; mais par une perfidie abominable, à peine en furent -ils les maîtres, qu'ils firent pendre tous ceux qui la composaient. Ils emmenèrent ensuite Bau- douin à Montauban, ils le tinrent enfermé dans xme étroite prison , jusqu'à l'arrivée du comte de Tou- louse, qui le condamna à perdre la vie. Ce jugement barbare fut exécuté par le comte de Foix, par soïi fils Roger Bernard, et par Bernard de Porelles, qui se saisirent de ce prince, et eurent la cruauté de 4e pendre à un noyer (i). C'est ainsi que les routiers joignirent la mauvaise foi à la barbarie; mais que devait- on attendre de gens sans honneur, sans reli- gion , et que les plus grands prodiges ne purent pas même arrêter dans leurs désordres !

Etant entré, nous dit Matthieu Paris (a), dans l'é- glise du bienheureux Amphibale, Dieu faisait éclater sa puissance par un nombre infini de miracles,

{îy Hist.de ÏMnguedoc de D. VaisseUe, t. 3, p. 258. (2) JBf4^.. a]tigL , . t ^ , P- >94-

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( 239 ) '

ils dépouillèrent les moines /prirent les reliques qui ââient sur Fautel , et les {»rofànèrent.Uh (f entre eux , si nous en croyons l'historien, cacha dans son sein, à Tinsu de ses con^agncms , une croix d'or et d'ar- gent dans laquelle ëtait renfermée une portion de la n'aie croix; ce sacrilège ne demeura pas impuni. Le démon se saisit à l'instant du profanateur, et lui causa de telles agitations, qu'il voulait immoler à sa fureur t(His ceux qui l'environnaient. Ce que voyant ses ca- marades, ils le conduisent dans une autre église, à dessein de la ravager; mais ils n'y furent pas plutôt arrivés ; qu'un prêtre, vêtu de blanc, se présenta à eux pour s'opposer à leur profanation. Ce spectacle les interdit, et les surprit au point qu'ils ne firent aucun dégât dans cette église* A l'instant, on vit sortir du sein du routier la croix qu'il y avait cachée. Le prêtre la ramassa, Téleva en l'air, et s'informa de toutes les circonstances du crime que ces brigands venaient de commettre.

Tels étaient les excès des {nremiers routiers, sur- tout des cotteraux. Us dépouillaient, dit saint Anto- nin (i), les églises, enlevaient les vases sacrés, fpu- laient aux pieds le corps de Jésus- Christ, donnaient à leurs concubines les corporaux pour s'en faire des voiles^ emportaient les calices, les Incisaient avec des n^arteaux ou des pierres, et les partageaient en mille pièces. Nous ne donnons ici qu'un léger détail de leurs désordres. Conune les princes les incorporaient

(O Saînt-Antonîn, Hist ecclés», t. 2, p. 769.

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(a3o)

dans leurs iroi^>eSy pour les aider dans leurs expëâi- lions mililaires, les historiens ont ctmîondxxy à ee qu^il parait^ leurs actions avec celles des soldats des souverains au serviœ desquels ils s'étaient attaches. Cest ce qui fit que les Brabançons et les coiteraux cessèrent de nous être connus sous le nom de routiers. Ils furent cependant assez long-t^Dips connus sous ce nom, s'il en faut croire MatthieuParis. Car, en laJo^ cet historien rapporte qu'un certain Olivier de Termes përit dans les croisades avec une troupe de routi^s (i). Ce fait néanmoins ne se trouve point dans les auteurs qui nous ont donné Y Histoire des Croisades j et nous n'en voyons aucune mention dans Larrey ni dans Rapin Thoyras.

De plus, on sait (a) qu'en il 83, Philippe Auguste en défit un grand nombre. Sur la plainte que lui fi- rent les habitans duBerri, des ravages qu'ils com-< mettaient, il envoya une année qui en tailla en pièces une grande partie. La noblesse du Berri.fit une ligue contre eux, aj^lée la ligue des pa€ifiques.\aL no- blesse d'Auvergne se réunit aussi pour délivrer le pays de ces monstres. Elle en tua jusqu'à trois mille: ces sortes d'exécuticms les réduisirent à un petit nona- bre, et Içs dissipèrent (3).

Cette (^faiie des routiers, qui ne fut pas néanmoins

(i) Matthieu Paris, Hist angi., t. 2, p. 795.

(2) Daniel, Hist. de Frante, t. i, p. 128. Hist. ecciés. de Saiiit-Ântonin, t. a, ySg.

(3) Saint- Antonin, Hist ecciés., t. a, p. jSg.

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( ^3, )

^nérale, semblait annoncer à FEurope qu'elle aUait entièrement être dëlivrëe de cette pe$te qui Tinfectait depob Iong-temp9 et désolait ses provinces; mais elle était destinée à éprouver de plus grands malheurs. Ce qu'elle avait enduré jusqu^alors n'était que le pré^ lude des maux qu'elle devait encore souffirir.En eOei, dans le quatorzième siècle elle eut à combattre d'au« très brigai^b pour le moins aussi terribles que les premiers.^nPprison du roi Jean , l'esprit de revente que 8oi]^aient partout les émissaires du roi de Na- varre^ et l'épuisement des peuples , donnèrent naissance à une nouvelle troupe de &ctieux. connus sous le nom de Cfmtpagnies.Gétaient des soldats qui^ voyant qu'ils n'éuient plus payés, se débandèrent et rava- gèrent, sous différens che&, la France et snrftut le * Languedoc. On leur dcmna aussi le nom de routiers j quoiqu'ils ne fussent pas de la faaion de ceux dont nous v^Qons de parler, parce mi'ils exei*caient les mêmes brigandages; car il n'est fas vraisemblable que la £ietio9i qui commença en i i5o à se iâfre redouter, ait pu subsister sans interruption jusque daifô le qua- tm'zième siècle. Des hommes rassembla de différentes nations, qui ne sont attadiés à aucune , dispersés de côtés et d'autres, souvent divisés d'intârét, harcelés par des guerres continuelles, et nullement assujettis aux lois, peuvent-ils former un corps fixe, permanent et inaccessible aux révolutions des temps? Une telle faction ne doit-elle pas se détruire par elle-même, et éprouver le sort de tous les brigands, qui se dissipent après ajFoir salisfait leur cupidité et épuisé leur fureur?

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(a3a)

Qum qu^il en soit, il est certain que les compagnies firent beaucoup de tort aux provinces elles se rë- pandirent. On peut juger de leurs excès par la lettre d^Innocent yi au roi de France. Pïous a{^renons avec douleur, s'écrie-t-il, qu*il y a dans nos Etats des bri- gands qui corrcHiq>ent les vierges, enlèvent les fënunes à leurs maris, pour satisfaire leur brutalité; fimt vio- lence aux veuves, violent les religieu^. saccagent les églises et les mcmastères, dépouilleiflls clercs de leurs biens, font souffinr aux chrétiens des tourmens inouis, o|4igent les mères d'abandonner leurs enfans à leur aruauté «pour sauver leur vie, et les enfans d'abandonner leurs parens pour se soustraire à leur iureur(i)!

D'Aord, les compagnies vinrent en Provence, y prirent plusieurs villes et châteaux, et ravagèrent tout le pays jusques à Avignon (3). Le pape Innocent VI, qui y Êdsait alors son séjour, fîit épouvanté , et quelque assurance que lui 4onna Cervole de rejeter ses terres, il fît lever des troupes et tracer des fortifica^ tiens, ne croyant pas devoir se fier à un honune sans foi et sans probité. Ces sages précautions n'empêchè- rent pas les routiers de prendre plusieurs châteaux . et d'exercer leurs brigandages. Le pape , craignant dès suites plus fâcheuses, fit venir. Cervole à Avignon

(i) Annales de Raynauld, t. 7, p. 25 et a6.

(a) Froissart, t. i, p^ 2o5. Gaufrîdy, Hîst de Prooence^ t. I, p. 223. Dom Vaissetle, Histoire de Languedoc, t. 4 > p. 29a.

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( 233 ) ^

pour traiter avec lui. 11 lui fit très-bon accueil, aussi bien qu*à ses gens. Il lui pardonna ses crimes; et pour l'engager à se retirer, il se vit obligé de lui faire li- vrer quarante mille ëcus. Froissait raj^rte que Cer- vole dîna avec le pape et les cardinaux (i).

On peut dire en général , que tant que les papes siégèrent à Avignon, les routiers leur firent beaucoup de tort dans le Comtat-Venaissin, et surtout dans ritali (s). C'est ce qui obligea les Florentins de se réunir sous Malatesta (3) , pour les chassepr et les forcer de se retirer en Lombardie. Les mêmes motifs enga- gèrent les princes d'Italie à s'allier ensemble pour éloigner de leurs provinces ces brigands qui les dé- solaient continuellenaent (4); et le légat se vit obligé de poursuivre avec vigueur cette année de factieux, commandée alors par le comte de Landon (5). Mais Cervole ne se contenta pa3 d'avoir rançonné le pape, il passa en Bourgogne , il continua les mêmes bri- gandages : il rentra ensuite en Provence, il assiégea la ville d'Aix; mais il en fut bientôt repoussé par Jean Simeonis, jurisconsulte de Vence, et ses troupes

(i) Froissait, t. i, p. ao5.

(2) Muratori, t. i4i aux Annales de Césène', p. ii8a et ii83.

(3) Malatesta, seigneur de Rimini, qui défit ce fameux Antonio Ordelaffi, seigneur de Forli, dont on voit la gé- néalogie dans Chazot, t. 2, p. 546.

(4) Annales àe Raynauld, t. 7, p. 11 3.

(5) Matthieu Villani, Hi^t de Florence, lir. 6, ch, 46 et 56,

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(a34)

furent battues en différentes rencontres. La Provence ne fîit pas pour cela délivrée des rootiers^ : quel({tie temps après, il en vint une nouvelle trot^ dans les terres de Marseille, qui se firent appeler tuchinSj c'est-à-dire coquins ou rebelles (i); mais ils n^ firent pas un grand dégât, ni même un long séjour; car les Marseillais abattir^it leurs pr(^)re$ maisons pour empéoher qu'ils ne s'y fortifiassent avec ceux qui viendraient à leur secours , et par ce stratag^ne , la Provence se trouva débarrassée de ces factieux (2).

On peut dire à la louange des Provençaux , que dans les guerres qu'ils eurent à soutenir contre les routiers, ils joignirent au courage la prudence et la politique; ce qui ne put cependant les mettre à l'abri de leurs incursions et de leurs ravages. Le Berri éprouva le même sort. En iSSg, Cervole y entra à la tête de trois mille combattans, dévasta le pays, et prit tout ce qu'il trouva sur son chemin ; il porta en- suite ses pas vers l'Auvergne : mais la noblesse de ce pays le voyant aux portes de la province, rassembla des troupes pour s'o[^>oser à son passage. Les deux arxpées campèrent sur deux montagnes élevées. Le camp des routiers était fort avantageux ; c'est ce qui les engagea à s'y retrancher, parce qu'ils étaient les plus faibles : les Auvergnats ne voulurent pas non plus abandonner le leur ; mais ils convinrent d'aller

(i) Ghss, de du Gange^ t. 6, p. i332« (2) Gaufrîdy, Hist de Provence, t. i , p. 224; et Ruffi > HisU de Marseille, t. i, p. 197.

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(a35)

sur le minuit fi reusement pou de ce projet. minuit, et se g^s du pays qu^il avait fait prisonniers.

L'Alsace et laL{H*raine ne furent pas à couvert des insultes des routiers (i ). j^près la paix de Brétigni. coi^due en i3ôo, entre le roi de France et le roi d Angleterre^ les troupes des deux armées ayant été congédiées, quinze ou seize mille soldats (^Toa-- ûed) de différentes nations se /oignirent ensemble j formèrent un corps d'armée, et vinrent fondre -sur le Barrois et la Lorraine. Robert, comte de Bar, pria Vévêque Adémar de lui ensH>yer de ses troupes, pour V aider à s'opposer à ce torrent. Adémar y alla lui-même à la tête de quinze cents hommes, et rendit de très -grands sen^ices à Robert. Ces sortes de guerres procurèrent un bien à la Lorraine ^ en ce qu'elles engagèrent les ducs de Luxembourg , de Lor- raine et plusieurs autres seigneurs, à faire alliance entre eux , afin d'être en état de s'opposer aux efforts de ces brigands (3).

Les seigneurs d^Âlsace (3) ayant appris les ravages qu'ils venaient de faire sur les terres du pays de Trêves^ pour se précautionner contre l'orage qui les menaçait, conclurent entre eux un traité à Cplmar,

(it) Dom Calmet, Hist. de Lorraine, t. 2, p. 609. (s) Preu^s de VHist. de Lcnraine, t. 4f P- ^^^ C3^ Laguiile, HisU d'Alsace, t. i, p. 3o3 et 3o4.

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(a36)

et s*unirent pour leur défense commune. Malgré cette imion, les routiers vinrent, en i365, au nombre de quarante mille , près de Savefne , ayant à leur tête Cervole, surnommé Yarchiprétre. La plupart étaient armés de cuirasse,, et portaient de riches habits, finiits de leurs rapines. Ils s'approchèrent de Strasbourg , y ^ent beaucoup de prisonniers, égoi^èrent ou mmait à la tCMTture ceux qui ne voulaient pas se racheft à prix d*ai^ent , enlevèrent les enfanspour les employer à leur service, forcèrent les fenunes d'être les victimes de leur infème brutalité. G)nune ils ne pouvaient fkire de siège , ils portèrent le fer et le feu dans les villages et les bourgs, et partout ce n'était que vol et carnage. L'empereur, indigné de tels forfaits, se dé- termina à combattre ces brigands, et s'avança jusqu'à Colmar^^mais ils ne l'attendirent pas, et leur retraite fat si précipitée, qu'ils firent plus de chemin en un jour que les impériaux n'en faisaient en quatre.D'ail- leurs, l'Alsace était ruinée, et la crainte de perdre leur butin le^ fît hâter leur marche.

Jusqu'à présent nous n'avons pas vu les routiers aux mains les uns contre les autres. Quoique distin- gués entre eux , et souvent divisés d'intérêt, ils ne se faisaient pas la guerre. La conformité des s^Eitimens et des inclinations semblait les réunir, et ils réser- vaient* toutes leurs forces pour se défendre contre des ennemis communs. Actuellement, ils vont combattre les uns contre les autres; mais ils n'en seront pas pour cela anéantis. Ils sauront, comme le polype, trouver leur vie dans ce qui pai^aîtra la détruire j en sorte que

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chaque membre s^Murë du par lui-même, pour ainsi <j Cervole , qui fut toujours à 1

au combat , va tourner ses armes contre ceux qui ra- vageaient la France.

En effet, Charles, dauphin et rëgent du royaume, fatigué des brigandages que les tard -venus commet- taient dans le Lyonnais et la Bourgogne , attira dans son parti Cervole , pour, employer sa valeur dans les guerres qu'il avait à soutenir contre ces brigands et contre le roi de Navarre , qui aspirait à la couronne de France. Il envoya Jacques de Bourbon avec lui pour exterminer cette nouvelle espèce de routiers, qui (i), sous des che& vieux et méchans, pillaient la Champagne et la Bourgc^e, prenaient dans leurs troupes les gens dut pays, qui, pour se venger de leurs compatriotes, les conduisaient et leur montraient ce quHl fallait saccager. Le comte de la Marche , à la tête d'une armée de douze mille hommes, ne tarda pas à joindre celle des tard -venus (3), qui avaient alors pour chef un chevalier gascon nommé A^e^m de Badesol (3). Elle était campée près de la petite ville

(i) Paradin, Annales de Bourgogne, liv. a, p. 3^6 et 34.7.

(2) Daniel, Hist. de France^ în-f», t. i, p. 601; etChoîsy, Hist. du roi Jean, p. 137 et i38.

(3) On lit dans VHist. du comté d'Eçreux, de le Brasseur, P* 9^9 preuves, qu'après la bataille de Cocherel, le roi de Navarre promit à Badesol mille livres pour l'engager à faire la guerre au roi de France j et comme il demandait

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( 238 )

de Brignaïs; elle s^ëiait postée sur une colline située entre deux mcmtagnes fort élevées, et s'y était retran* chée. Jacques de Bourbon, malgré leurs retranche- mens, voulut les forcer dans leur camp, parce qu'il avait appris qu'ils étaient en petit nombre. Les enne- mis le reçurent avec fermeté , et , dès le {nremier assaut , ils lui tuèrent beaucoup de monde. Cet échec irrita . la noblesse, qui redoubla ses eficnrts ; mais ils furent inutiles, car on vit tout-à-coup s'avancer en bataille tin gros corps de troupes fraîches, qui f<Hidit avec im- pétuosité sur les Français, et mit l'armée en déroute. Cette action fut très- vive, et il y eut beaucoup de seigneurs de tués. Jacques de Bourbon y fut blessé dangereusement, et trois *jours après il mourut à Lyon de ses blessures. Froissart (i) dit que Cervole montra beaucoup de valeur dans cette bataille, et qu'il y fut blessé et pris avec plusieurs chevaliers de sa compa- gnie. Cette victoire mit les tard-venus en état de tout entreprendre. Ils se séparèrent en deux corps. Les uns restèrent près de la Saône, les autres marchèrent du côté d'Avignon , et arrivèrent au pont Saint-Esprit, qu'ils surprirent. Ils y commirent des désordres eJp- froyables, et y laissèrent une forte garnison , dont le chef prit de lui-même nom d*ami de Dieu et d'ennemi de tout le monde. Le pape et les cardi-

I n I '■ I ' I I >.. Il I I ,1 1 1 .1 .

qu'elles fassent placées sur les terres du royaume de Na- varre, le roi fut tellement irrité de sa demande, quMl le fit empoisonner.

(i) Froîssârt, t. 2, p. 257.

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( 339)

11 aux se virent, pcMir la seconde fois, à la merci des routiers. Pour les ëloignar de 5es terres, le Saint-Père publia une croisade contre eux; pinceurs s*y enga- gerait ;, et Pierre duMoutier^ cardinal d^Osiie , fut le chef des croises : mais comme ils n'âaient pas bien payés, et qu^ils Q^avaient pour sdide que de» indul- gences (i), ils quittèrent le serricc, et désertèrent pour la [^upart.

Les tard-venus ne le cédèrent pas en cruauté aux compagnies que commandait Cervole* Après avoir déployé leur fureur sux les Etats du pape, ils se je-^ tèrent sur TAuvei^e et le Languedoc, ils exer- cèrem toutes sortes d'excès. Ce fut à peu près daujf le niéme temps qu'ils vinr^it dans la Champagne. Philippe-le-Hardi , duc de Bourgogne, vola, à la sol- licitation du roi de France, au secours cette pro- vince. U ocHBomença par faire le si^e ée Nogent*«ur- Seine, que les routiers avaient pris; il leur enleva cette ville, fit prisonnier plusieurs de leurs chefs, dispersa leur armée , et les obligea à se séparer les uns des auu*es , et à se retirer dans divers endroits. Cette séparation ne fut pas avantageuse à Philippe. Ces bngands, chassés de la Champagne, se j^èrent sur la Bourgogne, et se joignir^it aux Comtois (2),

(i) Daniel, Hist de France , in-f», t 2, p. 6o3.

(2) On les nommait Comtois, parce qu'ils étaient fâchés de voir Pbilippe se dire duc et comte de Bourgogne, au pré- judice de Maiig;iierite de France , ^'ik regardaient comme leur souveraine et la seule héritière de la Comté.

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(34o)

qui continuaient leurs hostilités contre le duc et ses sujets 9 n'ayant aucun égard à la trèvé ordonnée par le roi, du consentement de la comtesse Marguerite. Par-là, Philippe se vit dans la nécessité de concentrer ses forces dans ses propres Etats, et de se défendre lui-même contre les routiers. Ces brigands, après s*étre emparés de Pesmes, détachèrent des troupes pour enlever le duc, qui était à Vesvre : cette démarche fat sans succès; car les seignoirs de Vaudenay et d'Ai- gremont en donnèrent avis à Philippe, qui prit les moyens nécessaires pour faire avorter leur entreprise. Irrités de n'avoir pas réussi, ils augmentèrent leurs \excès dans le duché de Bourgogne; et malgré les mesures sages et prudentes que prit le duc pour les en chasser, ils continuèrent à y exercer leurs brigan- dages. Le butin qu'ils disaient dans cette province et dans la Champagne, les rendait comme des lions fa- rieux sans cesse acharnés à leurs proies. Le fort de Vesvre, dont ils s'étaient emparés , en leUr procurant les moyens de rafraîchir leurs troupes, les mettait en état de faire leurs incursions avec plus de force et de vigueur. .

Fatigués de ces ravages fréquens, les habitans du pays n'eurent d'autre ressource que d'aller exposer au duc leur misère. Philippe fat touché de leur désastre, et leur fit remettre le fort de Vesvre, en donnant une somme d'argeilt au chef des routiers, pour l'engager à évacuer le fort et en retirer la garnison. Ce fat Arnauld de Cervole qui lui prêta cette somme; il était alors fort lié avec le duc, et il l'avait servi très-avan-

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( Hi )

t^eusement dans les guerres quHl eut à soutenir contre le comtedeMontbeliardy qui prenait le parti de Mar- guerite de France. On peut dire aussi qu'il rendit de gnmds services au roi de Fràûce , et que ce monanjue doit en partie à la valeur de Cervole les avantages qu'il eut en diffërens temps sur ses ennemis et sur les brigands qui rav^^ient son royat^ne. Il est vrai que Corvole ne lui fut pas toujours attaché ; car Froissart nous apprend qu'il fut chef des gens du prince Galles, et qu'il assiégea les compagnies françaises au fort de Durnel (i); mais tant qu'il commanda dans les armées du roi de France ^ il est certain qu'il se distingua par sa valeur, voulant r^>arer le tort qu'il avait fait à son prince par ses brigandages. Aussi choisit -il ce royaume pour le lieu d^ son refuge et de spn repos. Fatigué de toutes les expéditions qu'il avait faites dans l'Alsace et dans la Suisse, il vint se reûrer en France, renonça pour toujours à la qualité de chef des routiers, et termina p^iblement ses jours dans un lieu il avait mis autrefois le trouUe et la confusion. Cependant M. Baluze (2) assure que Cer- vole fiit tué en i365 par les siens, après avoir été repoussé de l'Alsace par les Allemands : mais nous ne croyons pas devmr ajouter foi à ce fait, car La- guille, en nous raccmtant la défaite de Cervole en Alsace, ne dit rien de sa mort (3), etDuchesn^ as-

(i) Froissart, 1. 1, p. 362.

(2) Baluze, Vies des pûpes d'Avignon , t, i, p.^ 3j^,o et 87 1 .

(3) Laguille, Hist, d'Alsace, t. 1, p. 3o4.

h uv. , 16

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( a42 )

sure Cervole ae pot exécuter le des^em quHl eut de conduire au-delà dea mers le$ compagnies 9 et qu^il mourut en i366 dans la Provence, après avoir pris la qualité de seigneur de Château -Yillûn (1). Ain^ finit ce fameux capitaine des compares 1 bomoKe belliqueux à la vérité, mais de mauvaise réputation , et aimant le pillag^ (3).

Mais la faction des routiers ne fut pas détruite par la mort de Cervole; elle survécut à son chef; et si , pendant jdusieurs années , elle parut rester dana Vi-* nacticoi, ce ne fut en quelque sorte que pour méditer ses projets et ranimi^ ses forces. En effet, dès que Cervole se fut séparé des routiers, et même après sa mort, ces hrjigands dirent plusieurs chefs qui sai- rirent les traces de leur ancien capitaine; et sous la conduite d'Ës^guerrand de Goucy, on les vit presque aussi furieux qu^ils avaient été jusqu^alcnrs. Ce sei- gneuTi issu du sang des ix>is, devait hériter de son grand«père plusieurs terres situées en Alsace, comme le Brisgaw, le Sunt^w et le comté de Ferrite (3). Il entreprit de les répéter et de reimeiUir la ^looes-- sion de son aïeul le duc Léopold, que les diio» à'Avic triche Albert et Léopold retenaient contre t^ote jm^ tice. U éc^dvit à ce sujet aux maçftstmts de&trasbouurg

(i) Duchesne, Généalogie de la maison de Château-Villain, p. 54. ( C'est aussi le sentiment de Zarlauben. Foy, son Mé- moire sur Cervole, t. 18, p. 455 de celle Colk) (EditCL.)

(2) Mpratori, t. 14., p, ÎS6.

(3) Laguille, Hist. d'Abacx, t. i, p. Sog.

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(^43)

evm Colmar, mai&sa lettre fk peu (fimpresâicm sw leiB* esprit. ^

Ëmgaefrand sévit par-là oblige d'avoir recours à la

Toie désarmes; ai pourmi^x réussir dans son pm^et;

il Rengagea ditnâ son parti les lymtiers r^apdus ((i^nà

la France et lafoetagoe, en sorte qn*tl fiit en peu

temps \ la tel» d'une nombreuse armée. Les routierf

emarèrçnt d'ahord dans TAlsace m gnoid nombre ^ et

se rendirent aux entrons de Strasbourg^ ils mirem

tout à feu et à sang , tirèrent de fertes contributions,

fbr<^rent les pay^uQs de s'enfuir et d'abandonner

leurs mâsons à la fureur dès soldats , cpii exerçaient

partout d'horribles eruauAés. Engi^errand^ qui n'étoil

pas encoife réuni aux routiers, apprenant ces succès,

ne tarda pas à les joindre. {1 canduîsit ^on armée à

Brisach ; mais ne tcouyant pas dana ce Heu^ ni dam

les confins de l'Alsace, de qucii feiffe 8tl>sister ses

troupes^ il fut c^ligé d'avanper jusqu'à Berne, où'les

ffoutiiers s'eviparàrent d^un monastère potir s'y retira:

mais les brares du pays s'étamt rassemblés , fondirent

sor eux avec impétuosité, et ^ tuèrent jusqu*à trois

miUedaas le lieu même ils s'étaient réfugiés; enfin,

pressés par la faim ^ £itigu^ d'une expédition il

n'jr aurait fdos rien à gagner, les routiers se retirèrent,

et Ëngiierrand n'e^t d'autus fruit ée son entreprise ,

^le d'aycâr rédmt à' la dernière misère un pays qui

n'avait pris aucune part dans sa querelle.

Les routiers coximir^^t ^rucQxe^ en 4i^6ntçs an- nées, plusieurs autres excès, surtout dans le Lfitigue^ doc, le Gévaudan, à Bézi^^s, outils xs'empopèrent de

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(^44)

dîveis diàtoant > dans la Guj^ectQe. et dans les séné- chaussées* de Toulouse , de Carcassoitne , de Beau- . caire et de Rouergue. Nous ne noos arrêterons pas à I ^£aâre le détail , d'autant qu^ils nous paraissent moins frappans<{ue ceux dont nous venons de parler. D^ml- leurs t rhbtorien de Languedoc a eu soin de ks rap pcn^ter tous exactaoaent. On peut le considt^ (i).

U ne nous re^e plus<{CL^à fixer li pea près le temps lafaction des routiers fut anéantie^ ou, pour mieux dire, ne fîit plus ccumue sous ce nom; car on mt trouve pas dans Thistoire une époque fixe de leur destruction» Le silence iies historiens sur les routiers peut être la seule preuve que nous puissions apporter de leur extincti(m.

On sait qu'on tenta plusiem^s Ibis en France de vider le pays de ces sortes de brigands , et qu'on £>rma même le dessein de les mener contii'e les Turcs; maïs ces tentatives n'eurent pas tout le succès cp'on mi attendait. En i36o, le roi d'Angleterre, parle traité de paiic qu'il fit avec le roi de France, promit de Tai- der à chasser de son œ^aume ks cpmpa^ies; mais^ à ce qu'on prétend, u leur fournissait seerètenUâm des secour^. C'est ce qui engagea Charles Y k lui 4éclarer la guerre; et dès qu'elle fut ctnmnencéë^ quelques-unes ées [ compagnies, pirent le parti de la France, les atitres celui de l'An^eten%(3). Ëp

(i) Dëm Vaîssette, Histl'ik Langueéjic, t.' 4, p. 367, 3^6, 43*^,493- . (a) Ordoroh des rois i France, t. 3^ p. 43&-

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(a45)

j362 (1)9 le roi Jeaa a^engagea, à la sollicitation du roi de Cîhypre et de Pierre de Lusignan, dans la croi- sade que publia Urbain V contre les infîd^esy afili de purger la France des compagnies de brigands qui la ravageaient, en les emmenant arec lui au-delà des mers.

En i365, Bertrand Dugueàdtîn et Pierre de Bomv bon (s) profitèrent d^une guerre qui était entré le roi don Pierre de Castille et Henri son frère, pour £sôre passer en Espace les compagnies de routiers* Elles y passèrent efieçtivement , parce qu^on leur fit espétex qu'il y avait beaucoup de- butin à faire dans ce pays, et que le pape leur fit donner 200 mille firancs d'or, dont il se dédommagea par une décime qu'ail imposa sur le clergé de France : cependant il est bon de remiarquer qu'il ne donna cette somme que malgré lin, parce qu'il s'y vil forcé par les courses conti- nuelles que les routiers faisaient sur ses terres. Ber- trand Duguesclin avait engagé les routiers dans la croisade qu'il avait publiée contre les Turcs, en le«r promettant de leur &ire livrer par le pape'deitx; cents mille ilorins, avec l'absolution des censures qu'ils avaient encourues. Urbain Y doxma pouvoir àson légat d'absoudre les routiers, mais il m voulut pas con- sentir à leur donner la somme qu*ils demandaient,

I i>i ' I II III I II '1 I I il I I II 1 «É I mi .)i II II ■' ■! " ■■'i _ '■

(i) Duhailian, Hîst de France ^ p. SSy. Daniel, lîdtL, în-f», t. 2, p. 606.

(2) Froissart , t. i , p. 294. D. Vai^iette, Hist de Lan- guedoc^ t. 4, p. 32J et 33o. , ^ =

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( 346 ) fA que DiigèéicUn leur avai^ iait espër^.Ce refus la itidigiia et les aninu au peim qu'ils se- {étirent sur les terres du pape, et y commirent de grands idësoi^ ^es^ Urbain royant qu'il ne pouTiut iqpaiser leur ti- reur qu'en satisfaisant à leur demande, et que le dâsd ne pouvait qu'augmenter et multiplier leurs excès, Wa^ sur les habitons 'd'Avignon, la somme que les Derniers exigeaknt de lui , ella leur £t remettre pat ton légati Bertcand U refusa ^ parce qu'il Bppnx que c'étaÎA l'argent du peiq)le; et il répondit à celui qm ht lui apporta, que c'ëtsôt au pape et au clergé à loiH^nir cette soimiie , et qn'îl ëtait en état de aou- tenîr cette dépense.

Ce £it alors une néeeamé pour la cour de Rome, de s'accommoder au temps, et tout fut exécuté sdea les intenUons de Dugueselin. On kd apporta deim 4ientM mille francs tirés de la bourse du ps^ et des cardinaux, avec l'absolution par écrit et scellée dn sbeau de Sa Sainteté , et Ton rendit au peuple l'ar* geiltqni avait été levé sur liii(i).Du^esclin, cocon- lÀlié âarec le |yq)e , proposa à ses troupes d'aller atta- quer les Sarraains de Grssnade, dans le dessein de les empêcher de retourner de sit6t en France. Si toos^ les ohe& des aroutiers se lussent conformés à ce fo^ojet, lik France eût été entièrement délivrée ^e ces bri- gands; mais plusieurs, pour venger la mort de la reine

(i) Bataid , Hist. de Fyknce, iâ^f% t. a , p. 63B €3a Du Ch^stelet, Hist de Dugueselin, haf-f», f. 88 «l *uiv.

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( ^47 )

de Gasiille , se sëpûi*èreiit ei retournèrent en France avec leurs compagnies.

Bfi 1439(0? Louis, dauphin de Fratice^ fit un trmé avec les rcmtiers pour les engager à sortir de la province de Touloitoe; ik Fëvaçuèrent en effet, moyennant la somme de deux mille ëcus d^or, xpé les haliitâns de Totiiouse leur donnèrent en diffiàrens templs^ : m^ après le dëpart^du dauphin , ils rentré- IP6I11 dân« cette province, et ravagèrent le Louraguaié |t 1^ èirvirtmà de Montréal* Eri i444 ip)i ^P^ ^^ le dauphin se fiit saisi des biens du comte d'Arma- gnac, qui ravageait la province de Languedoc avec routiers, et qu'il l'eut fait prisonnier, lés commis- saires qui |H'ësidai€nt aux Etats de Montpellier pro- mirent aux habitons que le roi ÏFerait incessamment retirer ces gens d'armes et les brigands qui dés(^aient la province.

On voit par toutes ces démarches que fit la France poin* chasser entièrement ses Etais les routiers, qu'elle en diminua le nombre , mais qu'elle ne put en venir à une destruction totale. Cependant , après Tannée i444, l'historien de Langtiedoc, qui a suivi les routiers, pour ainsi dire, dans toutes leiu-s courses, cefise de nous en parler et de nous les désignerions le nom de routiers.TJ^ semblent ici se confondre avec les bandolièrs et les arbàlétrim, qui étia^nt d'autres

{%) lUst de tanguedoc, t. 4^ P- ^S^* (2) Ibid., t. 5, p. 4 el 5.

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( ^48 )

ac&émtB qm les siûvirent et marchèrent sur lairs traces.

Cependant Almergarde ^ prêtre de Li^e, dams sa G>llection des actions de Louis XI (ï) , parle <îe plur si^irs brigandages cdmmis en i48i dans les Pro- yincçs-Unies^par des ^ns nonnnés ru^erij c'est-à" ^Q.rcmiev$;'caxle moi de mptHoriuse^àeruiheruSj suivant du Capge, ont ]fL même sigpûfication (3). Ces I^rigandsy si Ton ^1 croit Xlmargacde, s*unirent afec les Trajectîns ou habitans d^Utrecht, dépeuplèrent les villes et les campagnes^ mkent tout à feu et à sang, et ravagèrent presque toute la Hollande (3).

Quoi qu'il en soit, nous nous en tenons, sinr les rouûars, an silence de Thistorien de Languedoc, qui , n'est point coAtredit en ce point par les bîstœiens les nûeux accrédités, et nous croyons que ce fiit vers le milieu du quinzième siècle que casèrent de nous éu'e connus ces fameux brigands qui fw^it si long* t^Enps le fléau de l'Europe et la terreur des princest les plus puissans.

Recherches sur la jacquerie.

Après la bataille de Poitiers, la France se vit dans

(0 Bom Msotenne, AmpUss. colkct , t 4y P* 799 et suiv. *(a) Du Qinge, Gioss., 5, p. j545.

. ^3) Hollandîam incursantes incendiis, cœdibus ac mpini^

postalam, ^rasMm, desertamque fécenmt. ( Dom A|arten<i« ^ AmpUss. coUect.y t. p- 804.)

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(^49)

le tiodbte et la confasicm,. L'épuisemem des- finances, le feu. de la discorde allumé de toutes parts par les émksaires du roi de NaTarre, les gij^rres intestines répandues dans le royaume , la piâson du roi Jean , les ravages des brigands atu*otQ)és, tout semblait alors annoncer la destruction entière de la monarcbie. Paris même 9 le centre de la nation, était devenu celui du tumulte et de la divifflon. Livrée à la con-^ fiiston qu'entr^nent ^aleii^nt et Fanardiie etla j^ ralité des chets, cette ville paraissait concourir avec les ennemis du dehors pour hâter la ruine de TEtat. Pour mettre le comble aux maux de la nation, il s'é- leva au milieu d'eUe une nouveUe faction composée de paysans qui sortsàent de la Brie et de la Picardie. On r^^^la la jacquerie, sehm les uns, parce qu'ils portaient de longues casaques de toile qu'on nommait Jacques j et, selon les autres, parce qu'ils avaient à kiur tête un nommé Jacques ^o7uAa/7i^(i).Plusieurs pensent que le n^m de Jacquerie tire son origine d'une raillerie que les seigneurs avaient alors cou- tume 'de faire pour se moquer de leurs paysans et vassaux. Lorsqu'ils les avaient dépouillés impitoya- blem^it et que ces malheureux osaient se plaindre, ils insultaient à leur misère , en disant qu'il fidlait bien que Jacques Bonhomme payât tout. Ils a.}ou- tent que les paysans, pour répondre à la raillerie des nobles, appelèrent le chef qu'ils se donnèrent Jacques Bonhomme.

(i) Daniel, Hisi* de France^ in-P», t. à, p. 582.

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(250)

Quoi qu*il en toit, ks pajmii» cpiî formatent k }tte<]tterie 9 opprimes de tous c&tës, sans recours et saits ressource, yejma leub rnsôsons an pillage, et la cam- pagne abandonna à fnreur des éoUsEts et des w^ leurs, s'unirent entre eux et résolurent, pour se cU- dodmiager des pertes ^*ils essuyaient, de ravager ei de piUer tout ce quUls renconu;eraient« lia se îetèrent d'abord nyec .violenoe sur les biens des genùlslumi- mès, brûlènmt leurs cbàteaux, pour user en œ^a» occasion de représailles^ et pour, se v^g^ de T^tat de la noblesse, qu'ils regardaient ooiiime la aomroedes maux qui accablaient le royaume , et comme Yep* proJwe et l'ignominie de la France. Hésolua d'exter- miner les nobles , ils s'asàemblècent dans le Baau^ ¥oisia au nombre de eent^ et ils se multiplient h meexxte qu'ils se répandirent dans les campagnea. Pour mieua: signaler leur haine irréconciliable contre les gentilshommes, et ccxnme pour insulter à la dou- ceur et à l'humanité de lacheralei^, ili érigèrent en vertu la Sérocité la fiu9 brutale.. Semblables à des Uon» &rieux à la vue de jLeur proie^ ils firesl msîn basse sur le& dbevaliers , . n'^ar^ndnt ni les fenmies ni les en&ns; On ne peut s'imaginer les cruautés qu'ils exercèrent conu*e les gentilshommes qm tmn<* bèrent entre leurs msâns; ils en embrochèrent plu- sieurs, les firent rôtir à petit feu, violèrent le» dames et les d^noiselles, et les massacrèrent ensuite. Ce n'était partout qu'incendies et ravages dans les pays deLaon, de Soissons, sur les bords de la Marne et de rOise , et le mal s'étendit jusque dans le pays d'Ar-

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(a5i )

1015(1). Froissart (2) rapporte qu'après avoir assouvi kor bmtâlité sur une dame , en présence de 90a mari ^ ik'k forcèrent de manger de la eh^r de cet éfoax 'lùkritmé qu'ils venaient de &ire rôtir à ses yeux, et qa'eùaaite ils la fii*ent mourir cruelkment ^ déchirant smi corps en mille pièces , et le livrant amx d^iens pôttt- leur servir de pâture.

Les gentilshommes^ attàqi»^de toutespart^par ces brigands; se virent titMgés se réunir entre eux plus létrottement que jamais paor se défendre, eux, ledrs femmes et leuifs ènfans,^ dissiper ces sc^léraïui* Ils mirent des troupes sur pied, courcoreUt sur les jac^érs, en défirent pluneurs handes, et lespen-^ dirent par doU2aine aux arinres qu'ils trouvèrent sur les grands chemins. Le nombre n'en diminuait pa^ pcmr cela; ils étaient alors plus de cent' mille répan- dus en divers ^adroits, et la bourgeoisie des villes ils se retiraient leur était favorable. Dix ou doui;e mille de ces brigands se rendirent aux environ^ de Paris pour y feire une espèce de recrue , et ils se joignh'cnt à une troupe de bandits tirés du menu peuple* ïh allèrent d'abwd (3) à Gompiègne pour dévaster oôtic viSé^ Éitôs en ayant été r^^Kiussés, ils outrèrent dans S^œlîs, ils abattirent le château d'Aïmenonville et f^tiâeurs autres; ils obligèrent les seigneurs de è^en--

(i) Daaiel , Htst. de France, in-f«, t. 2, p. 583. Mëzeray^ ibid., t. I, p. 832.

(2) Froifsart, t. i, p. 308.

(3) Belleforét, Annales de France, t. 2, p. 890.

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(aSa)

ibir avec leur famille , et de leur aband(»mer ^irs

lûens pour ae soustraire à leur fiireur Après avoir

abattu une partie du château deBeai!uiiont*sur-rCI^, ils marchèrent vers la ville de Meaux , le duc d'Orléans s*était retiré avec la duchesse sa femme et la dauphine. Plus de trois cents dames et demoiselles de qualité s'étaient réfugiées dans le même lieu pour éviter ime nuMri certaine et échapper à la cruauté de ces infâmes brigands. Les jacquiers, à la vue de tant de noblesse rassemblée dans un même endroit, senti- * rent redoubler jleur courage , ou {dutôt leur brutalité, et ils paraissaient dans la résolution de mettre tout à feu et à sang(i); mais ils furent trompés dans leur errance. Le dauphin, avant son départ^ avait laissé dans la ville de Meaux le comte de Foix et le Captai de Buch, pour commander en son absence. Ces deux braves. capitaines, qui n^avaient que soixante lances, s'unirent au petit nombre de ceux qui défendaient la forteresse de Meaux. L'honneur des dames qu'il fallait mettre à l'abri des insultes des jacquia:s, joint à la nécessité les nobles se trouvaient de défendre leur vie, ne permit pas au comte de Foix de réfléchir sur les dangers, ni au Captai de Buch de pei^ ^pi'il était Anglais. Ce dernier profita avec empressen^nt de la liberté que la trêve entre la France et l' Ajigle- teire lui laissait de suivre des sentimens plus forts dans le cœur des nobles que toutes les inimitiés na-

(i) Dom Tonssainct Duplessis, Hist. de Meaux, tom. i^ p. 374.

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(^3)

iimâlés. De pltis , le danger était pesaant, et il &Uait un pron^t secows. Les habitans étaient d'intelligence a?ec les iactieux. Jacques Soûlas/ maire de la ville, avait £dt venir de Paris, par l'entremise d'un nommé GtUles^ épicier, un corps de troupes assez considéra- ble; mais ce n'étaient que des artisans, honmies [dus propres a garder une boutique qu'à nianier les armes* Ces rebelles ouvrirent les portes aux jacquiers. Les dames se virent obligées de se retrancher dans le terrain appelé le marché de Meaux^ poste séparé du reste de k ville par la rivière de Marne. Les no- bles eurent alors deux assauts à soutenir, l'un contre le maire et ceux de son parti, l'autre contre les jac- quiers. Mais le comte de Foix et le Captai de Buch,' à la tête de la noblesse , firent face à ces deux corps de brigands. Us repoussèrent ceux qui se présentèrent à eux à la porte du pont , avec tant de vigueur, que la plupart furent précijÂtés dans la rivière, ou passés au fil de l'épée, et qu'il s'en sauva à peine deux mille. Le maire de la ville se battit pendant quelques temps avec assez de courage ; mais la victoire demeura à la noblesse , qui n'épargna ni les hommes ni les édifices pour exterminer les rebelles. Jacques Soûlas, avec ses complices et plusieurs principaux de la ville de Meaux, forent pris et décapités pour expier leur tra- hison. Ensuite, pour se délivrer du reste des jacquiers qui s'étaient retirés dans un canton de la ville, on y mit le fçu, et il n'y eut dans cet incendia quç la seule cathédrale qui fut épargnée. Toutes leS: maisons des faubourgs et celles des. chanoines furent consu-

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( 354 )

mëes par les flammes. Dan» cette occasion, U^fiéril plusde sept mille jaoqixîers, sans eonuplar les r'ekelleat> qui fbrent brûiëa dana k ville. Le xé^wx{i)f daou» la guerre qa*il fit à la jacqiieriey en tw en mi jxnm plus de vingt mille^ et le rot de Navarre ^ fit un graqid carnage. IL se saisit de.GuîUftame GaiUet, %ta de leurs principaux cheb, à qm il fit trancher latiête) Quoique ce prince parût être intéressé à favoriser la rëvoke des jacquiers, il se déclara néanmoins coalire eux avec beaucoup àt (âiakiir, sans doute dansVea^ pérance de se conoilicar la n€3>lesse9 et de la faire enr tner plus aisément dans aas vues* Ce fut ^i Picardie que Charles V poursuivit Vigoureusement les jacquiers , et le jour de Saint- Jean -Bsç^tiste fut presque l'épo- que de leur entière extinction. Enguerrand de Coucy achevade dÂss^)er les restes éparsde cette canaiJie(3). Ainsi finit cette nombreuse fiicdon qui fit tant de progrès en ji peu de i^mps* L'attaque du mdrdbhé de Meaux fiit son dieriùer offort ^ et «celte viU^ devint scoi tombesm* £Ue fît beauccmp de mal à la Franoe; ear non senlament ^e mit le trouble et la confiisiscm dans une partie du royaume, mais elle &Lt une des causes qui empêchèrent Charles Y de peendre des mesures pour s'oj^ipser i rinvasùm dont les Anglais menaçaient la Brance, aussitôt que la tnève serait

(i) Belleforét^AnnnïeyS France /i. i,p. ^90; ètduHaîl- lan, p. 828. ' ' i ' : ,.

' (a) Mëxersrjr, Hisi. dd France) p. 85^, ;

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( 355 )

expira (i). Si nous comptons ces brigamlsanx rmi* tîecs dont noos avcms parlé, ils nous paraîtrom moins eGtarageux etWÊoms puissans^mais nous les trouverons plus nx^ans et plus cruels. La mulii{âicitë de leurs exoès leur &t tellement nuisible , qu'Us ne subsistè- rem pas lpng<«»Mps. Lamine année qui les vit naître, les vit aussi se dissiper. Ce qui aotélëra leur ruine, ce hi leur acharnement à massacrer la noblesse, et leur pea d'expâience dans le métier de la p^erék.

DE lA MILICE DES HEISTRES ET LkVSKETHEJS DU RHI19GRAVE, DtJ C0L0I9EL CHRISTOPHLE HE BASSOMPIERRE (a).

Pour continuer l'ordre que j'ai tenu dans le volume précédent, je prendrai occasion de parler des reistrés et des lanskenets, dont il est fait mention , aussi bien que de Cbristophle de Bassompierre , lors lieule- nant-colonel , et depuis colonel en chef, au récit de l'escarmourche de Graville , fait par Michel de Cas- telnau dans le premier chapitre du livre quatrième de ses Mémoires, je commence le «econd tome de mes Commentaires historiques. Tout le monde sait, aux dépens de la ruine de tous les Etats de FEtn rope, que les nations du Nord que nous appelons

(i) Rapin Tfaoyras, Kst d'Angleterre, t. 3, p. 179. (a) Actions aux Mémoires de Castelnau, par le Ld>oune«rv m-f<', t a, I 4e Téâit 4e iGSg.

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( 256 )

aUemandes, étant fort fécondes en peuples, la né- cessité d'occuper de nouvelles terres plutât que Tam- bition de dominer, à laqueUe ils sont moins semiHes qu*à leur intérêt et à leur profit , les a haUtués aux armes , et qu'ils y ont été entretenus par la divisian de rXllemagne en diverses principautés, qui ne lair a rien laissé de consanun que la langue , et qui a &it que chaque seigneurie est un membre mort à k pa- trie, dojA Fâme n*est autre chose /pie l'union et Ta- mour et la communion d'intérêts. Le schisme et l'hé- résie sont venus ensuite , qui ont accru le désordre, et qui ont achevé de miner les restes de la fraternité de ces anciens Germains, par les guerres de la religion; et la raison d'Etat y fit prendre parti à nos rois Fran- çois I" et Henri II pour les luthériens, sous prétexte de défendre et de protéger les princes et les commu- nautés protestantes dans leurs principes impériaux. Mais la justice de Dieu , qui se plaît à confondre les conseils des hommes et à ruiner les entreprises qu'ils font sur l'avenir, fît bien voir tôt après, que les plus grands héros en politique, ne méritent bien souvent d'autre estime que celle d'avoir été les ministres de sa vengeance , et que leur mémoire ne doit subsister qu'avec le reproche d'avoir inunolé à sa colère des millions d'hommes qu'ils croyaient sacrifier à la gloire de leur patrie , pour des desseins dont l'événement est dans ses mains, et qu'il ne souffire point qu'on lui arrache, qu'on ne tombe de la violçn^^e qu'on veut faire à ses décrets.

Après les troubles d'Allemagne, survinrent ceux

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de France pour le même sujet de religion ; et les princes de l'empire , tant catholiques que protestans^ ne manquèrent pas de se servir d'une si belle occa- sion de se défaire avec avantage du poids de leurs armëes, et d'avoir une milice toute prête pour leurs desseins, qui s'aguerrît à nos dépens, et qui enrichît leurs Etats du pillage de ce royaume, qui la soùdoye^ rait pour sa ruine. Les huguenots leur demandèrent secours et l'obtinrent aisément, et ou en fit aussi venir contre eux pour diverses considérations. La principale fut que la reine Catherine, quoique mère du roi, se souvenait toujours qu'elle était étrangère , et que les dangers qu'elle avait courus l'entretenant dans la défiance des grands de l'un et de l'autre parti, elle crut qu'il était important d'avoir un corps de troupes étrangères aussi, qui la servirait aveuglément dans tous ses besoins ; car sans faire tort aux reistres et aux lanskenets, on les peut comparer à des che- Taux de service à la guerre , qu'ils [professent sans affection et sans réfléchir sur le parti qu'ils tiennent. Comme tels, ils se vendaient à leurs chefs, qui les re- vendaient aux princes, et ils ne se conservaient de liberté que celle de se racheter de prison en tour- nant du côté du victorieux. Par ce moyen , ils subsis- taient toujours; c'était im fardeau qui ne diminuait point , et on pouvait dire qu'ils n'étaient véritable- nnent ennemis que du pays ils étaient employés. L'autre raison plus favorable de Catherine était qu'il fallait puiser dans la même source d'où les hérétiques tiraient toute leur assistance, soit pour la tarir ou I* Liv. 17

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poar en divertir le cours , ou bien enccMre afin «{u^oc- cupant ainsi cette nation belliqueuse, on romfât les desseins qu^elle pourrait faire de son chef sur la iâi- blesse de la France , parce que les grands Etats cmt toujours quelque chose a s*entre*demander, et TEn^ pire principalement a toujours sujet de se plaindre de ses voisins 9 qui ne r^ident point de civilité à sa vieillesse, et qui même ne se réconcilient pcnnt avec luiquUl ne lui en coûte quelque province ou quel^ place.

Ainsi y la nécessité du côté des huguenots , et la politique de la part de la reine, attirèrent sur ce royaume ce peuple que nous avions soulevé et sou- doyé contre la maison d'Autriche , et nous achetâmes encore bien cher cette alliance ruineuse , qui tint les affaires de France en équilibre , qui maintint Théré- sie, et qui entretint la guerre civile. Philippe, comte du Rhin, autrement appelé le Bfiingnwej servit avec plus d'affection qu'aucun autre colonel de reistres, comme celui qui était tout Français d'mclination, et qui pour s'être attaché aux intérêts de cette cou- ronne , encourut le ban de l'Empire, c(»nme fit aussi le comte de Rokendolf.\ Il se maria en France avec Jeaime Ricarde Galliot, dite àeGenouiilaCj veuve de Charles de Crussol, vicomte d'Uzès, grand-panetier de Frâilce^ et eut pom* imitateur de sa conduite, comme pour successeur en sa charge, Christophle de BassomjHerre, baron de Haroel, fils de François de Bas* sompierre et Marguerite de Dompmàrti^, et petit- fils de Qirisiophle^ mari de Jeanne de Ville. Ces deux

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adlknces les attirèrent des frontières d* Allemagne à h cour de LcHraine , et cela ne fut pas inutile à' ce second ClttÎ8tq>lile pour scm établissement en France^ et ponr y tirer âveur de la maison de Guise. Il se maria avec Louise le Picard , fille de Georges s. de Hadeval et de Louise de la Motte , qui lui apporta dHl« bstres parentés^, car de la même maison des le Picard étaient, en scm temps, la maréchale de Brissac et la dame de Pompadour, mère de Madeleine de Pompa- deur, comtesse de Tillières, etaïeulede MarieleVeneiidr de Tillières, qui de Paul , comte de Salmes , 1 JTssa Ghrestienne de Salmes; de laquelle et de François de Lorraiiie , comte de Vaudemont , sont nés les ducs Obrles et François de Lorraine, Mai^erite de Lor- raine, duchesse d'Orléans, etc. Louise de la Mot^ avait pour mère Anne de Montmorency, fille de Ro- land, haron de Fopeux, et de Louise d'Orgemont, et par ce moyen elle était alliée des deux côtés ati con- nétable de Montmorency. De ce mariage naquit Fran- * cois de Bassompi^re , colonel* général des Suisses et maréchal de France , aussi illustre par ses disgrâces que par tant de belles qualités d'esprit et de géné- rosité, qui ont intéressé tout le public dans le mal- h^ir et dan^ la rigueur de sa longue prison.

Entre plusieurs traités faits arec les colonels des reistres , il y en a un du i8 juin i5j4j avec Chris- tophle de Bassompierre , par lequel il s*obligea d V mener d* Allemagne six cents chevaux pistolliers, sous deux capitaines et deux cornettes de trois cents homnies chacune; et les conditimis principales qu'il

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est à jHTopôs de remarquer, pour faire^voir combien celte milice étrangère vendait son service , furent que lui , en qualité de colonel, aurait six cents florins par mois, le lieutenant-colonel et les deux capitaines chacun trois cents, et les autres officiers à proportion. Outre lesquels, il aurait encore six cents autres florins par mois pour appointer les plus a{q)arens et suffisans de son régiment, ce sont les propres termes : de plus, on lui devait passer à la montre trente six payes à raison de douze pour cent en chacune cornette , et on fti accordait encore quatre cents florins par mois pour davantage aider à sa subsistance. On lui donna pour les frais de la levée sept mille deux cents florins, à raison de douze florins pour cheval ; on promit douze montres dont le retardement courait aux dépens du roi, et que le roi gagnant une bataille ils auraient combattu, leur montre leur serait acquise dès le jour, et qu'ils en commenceraient une autre. Par ce traité, ils étaient obligés à servir le roi et sa couronne envers et contre tous, excepté le saint Empire et leurs sei- gneurs féodaux, avec serment de n'abandonner le régiment pour révocation qui put être faite par Tem- pQreur, la chambre impériale ou lem^ dits seigneurs féodaux ; d*chéir aux ordres pour leur marche , soit par régiment ou par compagnies détachées; de ne rien prendre sur les sujets du roi saas payer; et en cas de mort de leur colonel, de recevoir celui de leur nation que sa majesté voudrait choisir, sans de- mander pour ce nouvelle capitulation; et enfin de mettre entre ses ntains ou de son lieutenant - gâiéral

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tous leinrs prisonniers de guerre^ en recevant pour le plus six mille ëcus. Il était aussi porte expressément que ces troupes s^emploieraient partout il serait commandé au sieur de Bassompierre par le roi et la reine sa mère, qui fit ce traité , et qui y fit couler cette marque d^autorité assez extraordinaire. Depuis le sieur de Bassompierre continua à faire des levées , et fit monter son régiment jusqu'au nombre de quinze cents reisires. Pour dire la vérité de cette milice , comme elle était fort mêlée de bons et mauvais soldats par Tint^êt qu'avaient les cbefc d'en amener grand nom- bre, on ne s'en pouvait guère assurer, et (m y fut trompé de part et d'autre en beaucoup d'occasions qui faisaient assez regretter le butin et la solde qu'ils em- portaient de France. C'était toujours aux rois à les payer, tant amis qu'ennemis, pour les mettre hors du royaume j et c'était l'emploi ordinaire de Michel de Castelnau de négocier avec eux pouc leur sortie, comme nous verrons en plusieurs endroits de cette histoire..

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(36a) QNQUJÈME PARTIE.

ADDITION AU CHAPITRE PREMIER (i).

DE E'INTÉBIEUR DE LA CHAMBRE A COUCHER

D*UNE REINE DE FRANCE,

àMJ liOlIBin^ ELLE DONVE UN nÉaiTIER kV TRÔNE.

Chapitre cnrieiw des Mémoires de Loaise Bowgeois , dite Boursier,. sage-femme de Marie de Mëdîcîs (a).

Comment j'ay eu l'honneur de parvenir anservice de larcyncy

il est traité en snlte des coaches de la royne

et des naissances des^enfans de France,

Ayant été receue ( sage femme jurée ) fe conti- nuois de practiquer je servis graml nombre de

(i) Tome 8 de la Collect.

(a) Extrait textuel de la seconde partie du livre intitulé ; Obsavations dloerses sur la sténllté, perte defrmct,fœcondité, accouchements, et maladies des femmes et enfants nouçeatàs naU; amplement traittées, et Jieureusement practîquées peur L. BoimcEOis^ dite Boursier, sa^e femme de la Rotne....^ Rouen, Thomas Daré, 1626, in-S**, port.

Le volume que nous revoyons en ce mioment était cooi-

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femmes ià»t pamrrea que mëdioones , dames <pie dhe- moiselles, et jusques h des princesses^ il ne se parldit par la ville que de la grossesse de la royne (i), et que le roy lui donnoit madame Dupuis pour sage fenune^qui avait sarvy madame la duchesse, ce qu'elle n'avoit gueres agréable, parce que madame la mam* quise de Guercheville, damed'homieur de la royne, sW estoit servie aussi. Elle la présenta à Sa Majesté |>ar plusieurs fois, qui n'en fit point d'estat, et ne lui dit aucune chose : iamais il n'entra en mon entende- ment de penser à l'accoucher, sinon qile i'estimois hien^èheureuse celle qui en auroit l'honneto, et pén*^

posé depuis loDg-temps, lorsque nous apprîmes que le frag- ment ci -dessus annoncé des Mémoires de la dame Bour- geois venait de reparaître dans le tome i4 des Archives cu- rieuses de l'histoire de France. Notre première pensée fut de le supprimer et de Iç^ i*emplaeer, chose très-facile, par quel-- qu'autre pièce plus ou moins piquante : nous aiHÎons vo[ulu éviter le concours , jusqu'à présent sans exvnple , de deux réimpressions d'un même document dans deux Collections qui concourent elles-mêmes à un but commun d'instruction historique ; mais le récit edt curieux , et d'un intérêt tout spé- cial qui n'a $09 équivalent dans aucun autre livre de cette classe» Apirèsi'^voîr relu, nous avons fini par nous persuaiâer q«e nos so^scripte^rs seraient ipoins disposés à partager nos sçmpules qu'à nou3 féliciter de n'y avojr pas cédé. Au reste, le yolume qui nous fourait ce singulier épisode n'est rien moins que commun, et l'on peut douter qu'il ait jamais les honneurs d'une réimpression complète. ( Edit C. JL. )

(i) Vers le milieu de l'année 1602. La rcîne accoucha fc aa novembre smvant {EâH, C. L.) .

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\ au mal que madame DupuU m^aooit fiât; à la vé- rité ie Teosse [dustost desirë à vne autre qu^ elle. Il arriua que la première femme de monsieur le preâ- dent de Thou lut malade dont elle mourut; elle m^aimoit et cognoissoit dés long-temps, me«ne m*auoit tenu vne fille 'sur les fonds. Apres que la consulta- tion de la maladie de madame de Thou fut faite, elle dtmanda à monsieur du Laurens comment il alloit de la santé de la royne, il luy dit que fort bien grâces à Dieu, mais qu^ils èstoient en g^tnd peine, monsieur de la Riuiere et luy, touchant la sage femme que le roy desiroit qui accouchast la royne; quHls sçauoient que la royne ne Tanoit nullement agrea})le, et que néantmoins c^est la principale pièce de Taccouche- ment, que la sage femme agrée à la femme qui ac- couche ; qu^ils auoyent résolu de sHnicmner de quel- quVne qui fut plus ieune, qui entendit Inen son estât, et fut pour patir avec madame Dupuis, qui es- toit grandement fascfaeuse, afin que venant la royne à accoucher/ et continuant à ne vouloir madame Du- puis, que la seconde Taccouchast. Il pria les médecins qui ne bougeoient de Paris luy en vouloir enseigner vne propre àcela : ils èstoient cinq doncques, monsieur dm Laurens, messieurs Malescot, Hautin, de la Yio^ lette et Ponçon : monsieur Hautin demanda à la com- pagnie si Ton auroit agréable qu'il en proposast vne , il me nomma, et dit que i'auois plusieurs fois accou- ché sa fille ^ d'accouchements fort difficiles et en sa présence : monsieur Malescot dit qu'il Tauoit preuenu en me nommant ; monsieur de la Violette dit,'ie ne

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la cogQois point, mais Ten ay entendu dire du bien : monsieur Pcmçon dit, ie la cognois fort bien, il ne se peut faire meilleure ellection. Monsieur du Laurens leur dit quHl me desiroit voir : monsieur Ponçon s'of- frit de raccompagner cbés nous, en leur retournant. Madame de Thou me recommanda à lûy de tout son eœur en faneur de leur alliance. Ils prirent la peine de venir cbés nous : monsieur du Laurens me dit ce qui s'estoit passé entre luy et ces messieurs, et qu'ils feroient auoir agréable au roy (s*il leur estoit possi- ble^ monsieur de la Riuiere et luy, d'auoir vne se« conde sage femme pour les causes susdites, et qu'il me ]»rometoit que s'il y en auoit vne seconde, que ce seroit moy, qui en aurois grand profit et bonneur. Quand la royne se laisserok acccnicfaer par madame Dupuis, qu'elle estoit vieille^ q^c i^ ^^y succederois; maisque l'on la tenoit pour mauuaise, qu'il fallait que i'en endurasse. le luy dis que pour le service du roy et de la royne ie luy seruirois de marcbe-pied, le re- mercie , et le suj^lie de me continuer l'bonneur de sa bienveillance; il me dit que le seruice qu'il de- uoït à la royne lui obligeoit à cause du bon récit qu'il auoit entendu de moy, auec l'instante recom- mandation dé madame de Thou. Quand ie vis que sans iamais y auoir pensé vn tel honneur se juré- sentoit à moy, ie creuque cela venoit fliê Dieu, le-' quel dit, ayd^ toy et je t'ayderay, et pensay devoir auec mes amis faire ce que ie pourrois pour faire agréer à monsieur de la Riuiere, que si le roy auoit agréable qu'il y eust vne seconde, que ce fut moy.

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le prie vne dame de mes amis de prier pcmr m<^ madame Lon^nie, qu^elle en voulut prier mon* sieur de la Biuiere qui logeoit deuant sa pcxte, ce qu*elle fit de bon cœur. U s^y employa au t^oqis qu'il fidloit. Ayant asseùrë mon affaire de ce oosté-là, fat lay trouuer madame la duchesse d^Elboeuf , que iV uois eu rhonneur d'accoucher , à qui ie dis comme le tout s'estoit passe, elle en eu^ une très -grande ioye, et me dit qu'elle s'emj^oyeroit poi^ moy de toat son cœur en cet affaire - là, et qu'elle le desiroit aœc passion, mais qu^elle n'en n'eust ose parler que se- crettement, craignant de &scher le roy, qui ne vou- loit point que la royne en vist ny entendist parkr d'auU'e que madame Dupms. Gratienne , qui auoit esté à feu madame la <jbdhiesse, en parla va iour au roy, attribuant la faute à madkme Dupuis de som dernier accouchement; il s'en fascha ej: dit que la première personne qui en parleroit à la royne , qu'il luymonstreroit qu'il luyen desplairoit. Madame d'El- bœuf m'enuoya présenter par vn de ses geniils-iom- mes à madame de Nemours, sa tante, lequel auoit charge d'elle de la supplier, si l'occasion se preseri^oit de feire pour moy, auprès de la royne, qu'elle l'en supplioit de tout son cœur, et que sur le IxMi seruîce que ie luy auois rendu, elle luy asseuroit qu'elle au- roit honneû:^ de s'en estre meslée. Madame de Ne- mours me reçeut fort Ken, et pria le gentil -homme d'asseurer madame qu'elle ne perdroit l'occasion, poi»- ueu que la rôyne en ouurit le propos, mais que per- sonne ne l'osoit ouurir. Madame d'Elbeuf voyant la

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refl|)ODse de madame de INemours, se hasarda allant voir la royne qui luy demanda de sa couche comme elle s'en estoit trouuee^ elle luy dit<{ue fort hien, et se loiîa surtout de sa sage femme, à quoy la royne presta roreUle, et tesmoigna prendre plaisir d^en entendre parler, luy demanda qui elle estoit, de quel aage, et de quelle façon, à quoy elle luy satisfît, et me conseilla de penser par qui ie pourrois estre présentée, etqu^elle feroit tout ce qu^elle pourroit au reste. Le roy et la. royne alloient ordinairement vne fois ou deux la sepmaine manger au logb de monsieur de Gondy, ils se retiroient de Timportunité du peuple et des courtisansyct menoyent personnes fa- miliers. le pensay que monsieur de Helly, parrin dVn^ de mes filles, àuoit despuis trois mois espousë la ieune filk de monsieur de Gondy, et que par son moyen ie p(HUTois paruenir k ce que ie desirois. le le suppliay donc de u*ouuer bon que ie fusse allée saluer madame sa femme, cequ'fl eust fort agréable; i'y fus donc, et trouuay vne dame grandement ccmrtoise, qui me fit toutes sentes d'o£Sices en faueur de monsieur son mary . A huict iours de là, ie retourne la voir, ou ie m'en- hardis de la supplier de me vouloir tant faire de bien que par son moyen ie pousse estre présentée à la royne , lors que elle nlangeroit à Fhostel de Gondy; elle me dit qu'elle estoit extrêmement marrie de ne me pour- voir promettre cela, d'autant qu*elle estoit mariée * seulement despuis trois mois , et que cela seroit trouué mauuais, qu'elle prist la hardiesse de présenter vne sage femme à la royne, au veu et au sçeu de tant de

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(26«)

daines aagëes et qui auoient eu plusieurs eii&ns; mais que pour m^enuoyer quérir lors que la royne iroit , qu^elle le feroit bien^ et que lors que ie serois entrée^ que ie ferois ce que ie pourrois. Yne mieime amie qui auoit fort long temps logé monsieur de Helly ch& elle, qui estoit auec moy, luy dit, madame vous estes bien aymëe de la seignora Leonor que la royne ayme tant, vous ferés bien cela auec elle : il est vray, dit- elle, que la seigneur Conchine m^aime voirement; mais elle est aussi nouuelle mariëe que moy, ie crains qu^elle n'en oze parler ; mais Dieu vous aydera, à h première veuë de la royne vous verres ce qui se pourra faire. Il arriua que la royne ayant accoustumé d*j al- \e£ souuent fut bien quinze iours sans y aller. Ma- dame de Helly lut doncques aduertie comme le roy et la royne y deuoyent aller soupper, qui estoit*vn vendredy, elle me le fit scauoir, afin d*y aller dès le matin. le prie donc ma dite amie de m'y accompa- gner, nous demeurasjpes tout le iour, c'estoit enuiron le mois d'aoust; la royne y arriua la première sur les quatre beures, accompagnée de madame la ducbesse de Bar, sœur du roy, auec mes dames les princesses , . dames d'honneur et d'atour. La royne se promena dans les jardins iusques à sept heures du soir que le roy arriua auec monsieur le duc de Bar et autres {^rinces. Testois dans la chambre du sieur de Helly. le h'auois eu moyen de voir la royne, d'autant que madame la marquise de Guercheville sa dame d'hon- neur estoit tousiours proche d'elle, laquelle s^es- toit seruie de la dame Dupuis sage femme, et tenoit

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son party proche de la royne , pour le roy, que per- sonne, bien quil sçeui que la royne ne Tavoit-pas agréable, n'en eust osé parler. Ayant veu le roy et la royne entrer en la salle pour souper, estant assk à table, ma dite aniîe et moy y enstrasmes auee Tvn des gens de monsieur de ^Uy; la table estoit dressée en po- tence, au bout d'en haut le roy et la royne y estoient, pois les princes et {princesses chacun selon leur rang, et surtout ceux de la maison de Guise , les seigneurs et dames après. A Fissuë du souper la rome fut con- duite par le roy sur le lict verd pour se^eposer, ac- compagnée de madame sa so^ur. Le roy demeura au milieu de la salle auec les princes et seigneurs à ra^ conter de plusieurs faits d'armes : cependant nous ap- prochâmes de madame Conchine et de Helly, laquelle parla à la dite dame Conchine de moy, comme i'es- tois elevatrice , qui est à dire , elle me regarda et fit plusieurs demandes , lesquelles me furent interprétées . par la dame de Helly, et de mesme elle luy dit en ita- lien mes responces. Ëpuiron les onze heures du soir venues, le roy fut prendre la royne par la main et luy dit, mamie allons-nous retirer il est bien tard, et la conduit hors de la salle, suiuis 4^ tous les princes et seigneurs, princesses et dames, de sorte que ceste mienne amie et moy demeurasmes seules dans la salle nous regaçdans; ie luy dis allons-nous en aussi, puis- que le bonheur ne m'a tant voulu fauoriser que i'aye peu estre yueë de la royne, cela a esté du tout impos- sible. Sortons nous vismes la royne qui s'asseioit dans sa chaise sur le perron, à l'entour de laquelle estoient

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( ^7^ ) six pages de la chtfnbre tenans des flambeaux auec six -eatafiers qui auoient accoustumë de la porter, et les dames de Conchine et de Helly qui accomodoiem sa robbe dans sa chaise. le jH'iay madite amie de par^ 1er à madame Helly, à ce qu^elle ramenteut à ma- dame de Conchine de parler à la i^ne de moy, veu que le roy, [Nonces et princesses, seigneurs et dames estoient tous entrés en carrosse , et que pas yn d^eux n^ me pouuoit voir, ce quelles firent : La royne dit à madame C^Achine , à ce qui me fut dit, que veux-tu que ie fac^WLe roy m'en veut donner vne qui ne me fdaist pas, mais il faut,t[ue ie passe par-là. Madame Conchine luy dit, madame Yoslre Majesté la peut voir que le roy ne le scaura pas, vous n'auez veu (jue ceste vieille qui ne vous agrée pas : il me fut donc commandé d'aj^rocher que la royne me vouloit voir, ie fis la reuerence à la royne, qui me regarda enuiron la longueur d'vn Pater j puis commanda k ses esta- fiers de marcher, tous les carosses estans sortis qui pouuoient estre douze ou quinze, Ton portoit la royne. Apres madame Conchine entra dans le dernier carrosse, et madan^e^de Helly costoya la royne par- lant à elle iusqiles à la porte : et moi apre$> ie deman- day à madame de Helly si la royn^ luy auoit point parlé de moy, elle me dit que non. Le lendemain enuiron vne hem'e après midy, madame ^de Helly print la peine de passer deuani nostre logis et me fit appeller, et me dit courage madame Boursier, il 7 a de bonnes nouuelles pour vous, je viens de preq^cka congé de royne pour aller en mon mèsnage , ie

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n'i^ pas encor esté. D'aussi loing qn^elle m'a venë elle m^a demandé <|u'est il de Teleuatrice que tu me montras hier? Que fait- elle? le luyrespondis^ ma- dame dJe est en ceste ville en sa maison, qui attend de recevoir Thonneur de vos cpmrnandemens : asseu^ rës-là que iamais autre qu'elle ne me touchera^ le le leiKlemain prendre congé de madame de Helly^ qui m'asseoira de rechef de la bonne voloI^)é de 1^ royne* Monsieur de Helly me faisoit l'honneur de me v(Hr souuent, et me demandoit si ie n'auois pcûnt rien appris touchant mon affaire. Enuiron quinze iours afH^es le partement de madame de Helly, il me vînt voir et me dit qu'il estoit infiniment fasché dont ne seruirois point laroyne. le demeure fort eston^ née^t luy demanday comment il le seauoit; il me dit qu'il ne le seauoit point autrement, sinon qu'il luy semblait que si ie l'eusse deu seruir que i'en eusse entendu d'autres nouuelles* le repris coura^ et Juy àks, que s'il n'y aiK>it que cela , ie n'en desesperois points que l'on tenoit que le roy alloit faire quelque Yoyage, que peut-estre la roy ne attendoit qu'il* fust pttrty, à cause qu'elle sçatfôit Ken qu'il eust tousiours de^ré que ç'eust esté madame Dixpuis qui l'eust ac- couchée, le n'entendois parler partout i'sdlois qitô du part^nent de la royne.qui deuoit aller à Fontaine Ubau faire ses couches, que le roy luy laissok madame sa sœur pour vDte bonne et gaye compagnie attendant son retour, lequel deuoit estre auant son aooouche^ ment. L'on parloit aussi de l'appareil de madame Dupuis, laquelle tenoit son voyage tout asseuré en

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( ^72 ) ayant eu parolle du roy et de madame la mar- quise de Guercheville : madame du But esp^oit que par ses amis la i^yne ne voulant madame Dupuis, elle pourroit entrer en la place. le ne disois mot de ce que i'auoiseu Phonneur d'auoir ëtë veuë de la royne, de ce qu*elle auoit dit à madame de Helly . Tauois tout remis TaSaire à la volonté de Dieu. La veille dont le roy partit, il dit à la royne, et bjen mamie, vous sçauez ie vois demain, ie retourneray Dieu aydant assez à temps pour vos couches. Vous partirez après moy pour aller à Fontaine bleau, vous ne manque- rez de rien qui vous soit nécessaire, vous aurez nsia- dame ma sœur qui est de la meilleure compagnie du monde, qui recherchera tous les moyens qu'elle pourra pour vous faire passer le temps, vous auez madame la duchesse de Nemours, grande princesse su- perintendante de vostre maison, madame la marquise de •Guercheville vostre dame d'honnetœ, madame Con chine vostre d'ame d'atour, madame de Monglas qui sera gouuernante de l'enfant que Dieu vpus don- nera, vos femmes de chambre ordinaires. le ne veux point qu'il y ait ne princesse ni dame autres que celles-là à vostre accouchement, de peur de faire nai- stre des ialousies, aussi que ce sont tant d'aduis que cela trouble ceux qui serùent. Vous aués monsieur du LaurensTOstre premier médecin , le seigneur Guide vostre mededn ordinaire, madame Dupuis vostre sa- ge femme : la royne commença à branler la teste, et dit , la Dupuis , ie ne veux me seruir d'elle. Le roy demeura fort estonnë, comment mamie auës-vous at-

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( =«73 )

ien^ mon despartcment pour me dire que vg&s ne vouliës pas madame Dupuis, et qui voulés-vous donc? Je veuxvne femme encor assés ieune, grande et aile-- gre, qui a accouché madame d'Eibœuf, laquelle j'ay veuë à rhostel de Gondy . Comment mamie , qui vous I Ta faict voir? est-ce madame d'Elbœuf? Non, elle est , venue de soy. le vous asseure que mon voyage ny af- ^ faire que i'aye ne me mettent tant en peine comme cela ; ^ que Fon m'aille chercher monsieur du Laurens. Ar- ^ riué/le roy luy dit ce que la royne luy auoit dit, et la peine il en estoit : monsieur du Laurens luy dit, j Sire, ie la cognois bien, elle sçait quelque chose, elle i est femme dVn chirurgien. Il y a long temps que 1, chacun sait que la royne n'a pas agréable de se seruir de madame Dupuis, et,mesnie5 ie m'estois informé . des bons médecins de ceste ville, s'il arriuoit que la^ . royne continuast à ne vouloir madame Dupuis, quelle femme nous luy pourrions bailler auec elle, afin que : venant au poinct, la seconde seruistde première, n'o- ^ zant dire à Votre Majesté ce cpie nous sçavions de la volonté de la royne, veu que vous desiriez que ma- dame Dupuis la seruist , ils m'ont nommé celle-là. Qui sont les médecins qull'ont nommée ? C'a esté monsieur Malescot qui est le plus ancien de cestg ville , monsieur , Hautin qui a l'honneur d'estre à Votre Majesté, mon- , sieurdelaVioletteetmonsieurPoinçon: Le roi demanda estie^votis tous ? en viie consultation que nous auons £dcte pour la femme de monsieur le président de Thou, jsfcâ est fort malade. Ce n'est pas assez, dit le roy, al- lez promptement la trouuer, et qu'elle vous nomm.6 1. Liv. i8

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(=»74)

▼ne deusaîoe de femme» de qualité qu^elle aiis^nûes, sçauoir si elles s'en eonientent. Monsieur dd Lauren» vint donc Aez nmm dû?e le couifloândemem ^UI v^Qoit de reeenoîr du roy . le lay eserivîs enuiiroa vne tremeûiie de femmes de» dernières que i'auoiâ âcocK^ cibéeç^ et les plus proches de nostre logis. le le fis conduire paryn de noftseiruiteiirsi dbez six ou sep% ^pû ealoient en coucbe, donc il y auoic madame Arnaud Tintendanle ^ madam<nselle Perrot la conseillère , nîepce de monsieur de Fresne secrétaire d'estat, mar damoiselle le Meam^ femme de Tintendant de mon- âeur de Kheimsi) madamoiseUe de Pousse -molÊe, feoimet dVn secrétaire du roy, madame Freeard, une riche mitf obande* U fut ausn parler à madame la duchesse d'Elbœuf , puis retournai me dire quHl es- tait deuëment informé , et qu'il alloit bien réioiàir le roy ei la royne; et me dili ce qub s'estoit passé entre lerroy et eUe sur ee sujet: si tostque le roy fut purly, la royne Iny coimnaiida de me Tenir troouer le len- demain matin , pour me oommander d'estre à son lé- guer. U m'auoit dit qu'estant à k pente de la cham- bre de lar^ne, ie deasnandasse la piremiere femme de ohambre de la royne nommée madamoi^elle de la MenomUiere, qpe ie luy disse que i'allois. de sa part; elle me regarda, et me dit, mamie vous estas ImB faemseuse d'anon: gagné les bonnes grâces de la TOjmSy SUES les auoic méritées : la n>yne est^ leuée <pd YkppAàf Renoiiilliere qui a il là? Mad|g»e, c'est vostre S9ge fe^^lle que vous auez choisie; ouy ie l'ay ^oisie^ ie k vénx, ie ne me trwipay iamaâs en chose

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( 275 )

(jtie i'aye choisie , qu'elle s'approche. Elle me regarde et fie prh à rire âuec Viic couleur vermeille qui luy vim aux ioues; elle tne dh que le lendemain ie Tal* la^se voir tiïe heure plus matin , p<>ur toir au fect ; et craignant que ie ne l'eusse entendue )uy Commanda de me le dire, et tfussi que Ton altàst commefndêt au ta^ ijÂâsier de tenir vn lict pre^i pour moy , et qu'elle me dit qnefe tinsse mon eofire prëstpotn* partir àueé elle dans trofe ou quatre^ ioui^s ; et cependant que ie ne manquasse tous le^ matins de l'aller voir attant son leue^. Feus ausâ charge de ladite damoiselte de tenir un garçon prest pottr seruir, et qu'ayant appresté mon cofee, je Tenuoyasse à la garderolAe de la royne, pour le faire charge avec l'autre hagagé. l'y fus donc le len- demain, selcHi le commandemem qui m'en auait esté •foict, i'eus Phonnèur voir la royn^ an lict, et parler à elle, et lui dit^ mon aldnis de l^enfant que ie eroyois quf elle àuroit , à cause que elle me le demanda : elle desitoit âe m'énhardir auprès de sa Maiesté, et faire que ie la peosse entendre, car elle ni'entèndoît fert bien : ie fus àduettie pafi^ madamoiselle de la Renoîxilliere , la veille du partemem , d'aller le len- demain li telle béare. le fus mise dans le carrosse de la royne , dans lequel èstoient madame k marquise de Guerchéville , anec madamfeCon chine, chacune à vne portière , et maistre Guillaume le fol du roy, qne l'on Mit du Cost^ dn cocher, l'on me commanda de me mettre au derrière. A la disnée l'on me fit aHer.trbuuer la royne dans sa éhambre, iusqnes à ce <|u'elle dkst dîsner ; Ton me lAéna disner auec les

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* ( 276 )

femmes de chambre ^ puis Tapres-disnëe Ton me ra- mena dans la chambre de la royne Ton me dit que ie fisse tousiours ainsi. Le voyage de Fontainebleau se fit en deux iours; la x^ouchëe du premier iour fut à Corbeil en vne hostellerie, il n'y auait quVne P meschante petite chambre basse de plancher, bien estouffëe pour la royne. L'on mit coucher les femmes de chambre et moy dans ce qui estoit marqué pour cabinet de la rpyne ; il n'y auoit entre son lict et le mien 9 qu'vne petite cloison de torchis. Le matin l'eus l'honneur d'estre à son resueil , le disner fut à Melun , au logis de monsieur de la Grange-le-roy, il n'y auoit aucuns meubles, et sur txmt il n'y auoit que de grosses [ûerres au lieu de chenets. L'on auoit faict du feu^ encor que ce fust vers la tin d'aoust, il ne faisoit pas trop chaud, il auoit esté mis trois grosses bus-« ches au feu ; la royne qui y auoit le dos tourné estant debout , ces busches yindrent à ébouler qui estoient extrêmement grosses : i'estois au costé du iambage de la cheminée , ie me iette à bas , pour arresler vne grosse busche ronde qui alloit tomber sur les talons de la royne, qui IJeust infailliblement faict tomber en arrière : Voilà le premier seruice que i'eus l'honneur le hiy rendre , et au roy qu'elle portoit. Arriuant à Fontaine-bleau, ie suiuis la royne en sa chambre, d'où ie ne bougeois que pour manger et dormir. Mada- moisêlle de la Renoiiilliere me dit de la part de Sa Maiesté, qu'ârriuant son accouchement, ie rie m'es- tonnasse d'aucune chose que le pusse voirj qu'il se pourrpit faire que quelques personnes faschées de ce

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* ( 277 )

qu'elle m^auoit pise , me pourroient dire ou faire qnelqtie chose pour me fascher ou intimider; cela arrivant 9 que ie ne me souciasse nullement, que ie n'anois affaire qu'à elle, et qu'elle n'entreroit iamais en doute, de ma capacité; que ie fisse d'elle, ainsi que de la plus pauure fenune de son royaume , et de son entant , ainsi que du plus pauure enfant. Soutient la royne me demandoit ce que ie pensais qu'elle deust auoir, ie l'asseurois que ie croyois qu'elle auroit vn fils, et véritablement ie diray ce qui me le faisoit croire.

levoyoislaroyne si belle, et auec vn si bon teinct, l'œil si bon que selon les préceptes que tiennent les femmes, ce deuoit estre vn fils; mais le plus fiirt et asseurë iugepaent que i'en auois estoit, que Dieu nous monstroit qu'il vouloit restaurer la France, ayant rendu bon catholique nostre roy, le maistre, marié, et la royne grosse , auant que personne eust eu le temps de le désirer ; voyant que tout cela estoit de grands œuures de ses mains, ie croyois qu'il les par- fèroit , nous donnant vn dauphin. La royne dememra enuiron vn mois à Fontaine -bleau , auant le retour du roy, pendant lequel temps Madame sœur du roy, faisoit tout ce qui luy estoit possible pour desennuyer la roy rie , et luy faire passer le temps : elle faisoit des ballets , elle accompagnoit la royne à la chasse , s'en- tend pour la voir; elle estoit dans ^a littière j et Ma- dame dans son carrosse. Le premier iour qu elles y furent , Madame voulut que i'entrasse dans son car- rosse auec elle, de peur que la royne qui estoit sur

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( 278 ) 9

SOU i^oie VLexm besom d^ moy, ce que ne vauloit permettre ipadaii^ la marquise de GuercheviUe^ t^Uemen^ qi:^ T^tois aiteudftut qiie ce)a fu«t ao* cprdé entre' dlea. Ma4am6 me c^mmandoit d'emier, madame de Gueroheyille me dîacût) ne le faictes {i9s; enfin Madame le gaigna^ ^t me fit dire par ma* dame de Gt^cherille qu^ Tobeysse à Madame , tout le long du chemin elle me parloit du deaîr quVle auoit de voir la xojm lieiireu3emiait aeco^H i;hëe , me demfmdant cie que l'en pensois; quel mifant ie croyois qu'elle auroit , bien qu'elle eust bien désiré TU dauphin. U^^r^ace qu^elle auioit que IHea en donneroit plusieurs au roy et à elle ^ faisoit que la Tpyapt bien accouchée , elle seroit extrêmement con- tentai quoy que cefii3t, car elle T^ymoit parfaitement. •le redoutois en moy mesmç que la royne n'eu$t des odiiques en accouchât; à cause que Ton m^woit dit qu'elle auoit mangé umte v»e quantité de glace, melons I raisins, alberges et panis. le supplie Sa Ma- iesté d^ ne plus manger de melons, elle me promit, pourae.^ que Ton ^eluy en sejruist plus. Fen prie son inai^il^ d'hostel, et mesme ie luy ranienteus scmuent. Htnqt iours auant raccouchement , le roy wrioa de Cal^^s il estoit allé , dont la royne , Madame , et toute la co4ir finr^at grandement resiiE»iys. Fen auois vue ioye itieslée dVne crainte, à cause que ie n'auois point eu rbonneur d'auoir esté veuë de Sa Maiesté, et que ie sçauois que tout çç qui est du monde est incertain; bien est vray, que i'aueôs ime grande con- fiance en la royne, qui me faisoit l'honneur de me

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( ^79 ) tt»ioîgzier de sa bien-veillance. Pour ce iour, ie ne fas point Tapred-disnëe en la cbambre de la royne à eaoïse de Tamuëe du roy. Le lendemain mon deuoir fat de me Iroui mnstume, ^ à quartier. Le ] mamie emrce c} Le roy me voul TtMifr seruitlai bic

point , ce dit la royne : madamoiselle de la Renouil- liere dit au roy, la royne la ehois ie; ouy dit la royné, ie Fay choisie , et diray que ie ne me trompay iamaés en chose que i*aye choisie, ainsi qu'elle auoit des-ja dit auLouure. Le roi me dit, ma mamie, il faut bien laite, c'est vne chose de grande importance que vous aués à maniar : ie luy dis, inespéré , Sire , que Dieu m'en fera la grâce. le te croy, dit le roy, et s'appro- chant de moy, me dit tout plain de mots de gausserie, à qnoy ie ne luy fis aucune response : il me toucha sur les nudns, me disant, vous ne me re^xmdés rien ? le Juy dis, ie ne doute nullement de tout ce que vous me dites, Sire. Cestoit qu'estant aux couches d^ ma- dame la duchesse, madame Dupuis viuoit auec vne grande liberté auprc toutes celles de cet < disnëe ie retournay comme ie soulois £a quelle fut incontine cesses, des seigneurs sieur l^uc d'Elbœu

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( !i8o )

et me dit ma bomie amie i'ay vne grande ioye de vous voir icy ; le roy luy dit, comment mon cousin, vous connoissez donc la sagç femme de ma femme? Ouy^Sire, elle a relcué ma femme dont elle s*est bien trouuiée. Le roy fut à l'instant dire à la royne, ma- mie , voila mon cousin d^EUxBuf qui cognoist vostre sage femme, il en faict estât, cela meresioiiit, et m*en donne de Tasseurance grande. Le lendemain fes au resueil de la royne,écomme de coustume, laquelle me dit qu^elle croyoit auoir vne fille, à cause que Ton tient que les femmes grosses dVn fils amaigris- sent sur la fin de leur grossesse. le luy dis quHl n'y auoit règle si estroitte il n^y eust exception, et que cela ne me feroit point changer d'aduis; elle me dit si tost que ie seray accouchée, ie cognoistray bien en vous voyant, quel enfant ce sera. le suppliay Sa Ma- iesté de croire que en me voyant il ne s'y pourroit rien recc^oistre , quoy que ce fiist , d'autant qu'il estoit grandement dangereux à vne femme venant d'accou- cher, d'auoir ioye ni desplaisir, qu'elle ne fust bien deliurée , et que la ioye et la tristesse auoient vn mesme eflfect, qui estoit capable d'empescher vne femme de deliurer; que ie la suppliois de ne s'en point informer, que ie ferois triste mine encor que ce fiist vn fils , afin qu elle ne s'en estonnast. Le roy entra nûnl sçavoir dequoy nous

parlio: > dequoy. Le roy respondk

que si ie ne le dirois pas douce-

ment, s tant que ie pourrois, et

qu'il me au monde qui^en vae

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( a8i )

telle affaire eust pouuoir se taire. le suppliay Sa Ma- iestë de croire que ie sçaurois taire, puis qu'il y alloit de la vie de la royne, qui estoit la chose prin- cipale, et qu'outre ce il y alloit de Thonneur des femmes, que i'estois obligée de soustenir, et qu'à Tef- ièct Sa Maiesté le cognoistroit^ Madamoiselle de la Renoiîilliere, première femme de chambre de la royne, dont i*ay cy deuant parlé, me demandant que ie luy fisse vn signal , si tost que la royne seroit accouchée, afin d'auoir l'honneur de le dire la première au roy, le signal fut que la royne estant accouchée d'vn fils, iedeuois baisser la teste en signe que tout alloit bien; si ç'eust esté vne fille ie la deuois renverser en arrière. Gratienne qui estoit vne femme de chambre de la royne, me demanda aussi vn signal, à laquelle ie dis que ie l'aubis promis à madamoiselle de la Renoiiil- liere , qui si elle sçauoit que ie l'eusse donné à un autre , ne me le pardonneroit iamais : elle maymoit, et me parloit librement , comment dit-elle , serois-tu bien si beste de ne r deux de tes

amies à la fois ? le s< e l'hoiôieur à

madamoiselle de la R se de son aage

et de sa qualité , et i *, à cause de

celuy que ie te porte ; fais au nom de Dieu que i'aye le premier signal , afin que ie l'aille dire au roy. le luy dis que ie ne Sçauois de quelle façon i'en pourrois venir à bout , sans estre apperçeuë de madamoiselle de la Renoiîilliere , elle me dit qu'elle ne vouloit point que ie reçeussc de déplaisir en l'obligeant, et pour faire qu'elle ne s'en' apperçeut, que ie luy

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( 282 )

disse tout haut y à u»t que la royne seroit acooucl^ dVn fils, ma fille chauffe moy vn linge. Le lende- maiti estant au resneil de la ro jne , Sa Maiestë me fit rhonneur de me dire elle mesme, ce cp'elle m^âuoh fait dire par niadanioiselle de la Renoûilliem ^ il y auoit desja quelque temps , touchant la confiance qu'elle auoit en moy, et que ie ne m'estoimasdê dW- cune chose que Ton me peust dire^ ny quelque mine que Ton me fist, dautant que ie n'auois affaire qu% elle.

Commeut et en qael temps la royne acconcha.

La nuict du Tingt-^xiesme septembre k minitict y le roy m'enuoya appeller, pour aller Toir la rojrne qui se trouuoit mal : i'estois couchée dans la garde- robbe de la royne estoient les femmes de chambre, souuent pour rire on me donnoit de fausdes allar- mes^me trouus ent que ie croyois

que ce fiist de it appeller par m

nonun^ Pierrot lambre ; il ne me

donna pas le 1< :ant il ^ has«oit.

Entrant en la ( ^ 9 ^^ ^^y <iemaada

est-ce p^s la sage femine? On luy dit qu'ouy : il me dit, venez., vene^ ^age fenune, m^ femme est ina- lade, recognoissez si c'est pour accoucher^ elle a de grande? douleurs; ce qu'ayant recogneu, ie Fasseuray qu'ouy. A l'instant le roy dit à la royne, mamie, vous sçauez que ic vous ay dit par plusieurs fws, le besoin qu'il y a que les ptinces du sang soient à vostrc

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(383)

accoutument. le vous supplie de vous y vouloir re- emdrey c'est h. grandeur de vous et de vostre enfant; à ipioy la royne luy respondit, qu'elle auoit esté lonâours résolue de faire tout ce cp'il luj pbiroit. le sçay bien mamie que vous voulës tout ce que ie veux , mis ie cogaois vostre naturel 'qui est timide et bon* , VWfif que ie crains que si vous ne prenez vne grande rasolution les voyant, cela ne vous empesdie d*ao- ocMieher : c'est pourquoy derechef, ie vous prie de ne Voi|j estonner point y puis que c'est la forme que l'on tient au premier accouchement des royues.

Les doulecu^ pressoient la royne, à chacune des- quelles le roy la tenoit, et me demandoit s'il e^oit tomps qu'il fit Tenir les princes ; que i'eusse à l'en adoertir^ d'autant que ceste affîdre estoit de grande importance qu'ils y fiissent : ie luy dis que ie ny inmiquerois pas lors qu'il en seroit temps. Ënuiron vQe heure après minuict , le roy vaincu d'impatience de voir souffrir la roy] ' " sou-

cheroity et que les pin i d'y

veair, il les enuoy a qu< rs le

prince de Conty, de S ; le

roy disoit les attendant , si îaniais l'on a veu trois princes en grand peine, l'on enverra tantost; ce sont trois princes grandement pitoyables et de bon na- turel, qui voyant sonffirir ma femme, voudroient pour beaucoup de leur bien estre bien loing d'icy. Mon cousin le prince de G)nty ne pouuant aisément en- tendre ce qui se dira , voyant tourmenter ma femme , crmra que c^est la sage -femme qui luy faict du mal^

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(a84)

Mon cousin le comte de Soiss(His voyant soi^Brir ma femme, aura de merueiUeoses inquiétudes, se voyant réduit à demeurer là. Pour mon cousin de Mcmtpen- sier, ie crains qu'il ne tombe en finblesse, car il n^e$t pas profHre à voir souffirir du mal. Ils arriuerent tous trois auant les deux heures, et furent enuiron demye heure là. Le roy ayant sçeu de moy que Taccouche- ment n^estoit pas si proche, les enuoya chez eux, et leur dit qu'ils se tinssent prests quand il les enuoye^ roit aj^Uer. Monsieur de la Riuiere premier médecin du roy, monsieur du Laurens premier de la royne , monsieur Heroiiard aussi médecin du roy, le seigneur Guide, second médecin de la royne, auec monsieur Guillemeau chirurgien dtr roy, furent appeliez pour voir la royne , et aussi tost se retirèrent en vn lieu proche. Cependant la grand chambre en Oualle de Fontaine-bleau, qui estoit proche de la chambre du roy, qui estoit préparée pour les couches de la royne, estoient vn grand lict de velours cramoisy rouge , accommodé d'or, estoit prés le lict de trauail , aussi les pauillons, le grand et le petit, qui estoient atta- chés au plancher et troussés, furent destroussez. Le grand pauillon fut tendu ainsi qu'^vne tente par les quatre coings auec gros cordons; il estoit d'vne belle toille d'Hollande , et auoit bien vingt aulnes de tour, au milieu duquel y en auoit un petit de pareille toille, sous lequel fut mis le lict de u*auail la royne fust couchée au sortir de sa chambre. Les dames que le roy auoit résolu qui seroient appellées à Taccouche- menl de la royne, comme i^ay dit cy-deuant furent

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( 285 )

mandées. Il fut apporté sous le pauillon vne chaise^ des sièges plians et des tabourets pour asseoir le roy, Madame sa sœur et madame de Nemours : la chaise pour accoucher fut aussi apportée, qui estoit couuerte de velours cramoisy rouge. Sur les quatre heures du matin vne grande colique se mesla ^army le trauail de la royne, qui luy donna d'extresmes douleurs, sans auancement. De fois à autres le roy faisoit venir les médecins voir la royne , et me parler, ausquels ie rendois compte de ce qui se passoit. La colique tra- uailloit plus la joyne que le mal d^enfant , et mesme Fempeschoit. Les médecins me demandèrent, si c'es-^ toit vne femme n'y eust que vous pour la gouuer- ner que luy feriez-vous. le leur jMroposay des remèdes qu'ils ordonnèrent à l'instant à Fapothiquaire , lequel leur en proposa d'autres à la façon d'Italie , qu'il di- soît qu'en pareil cas faisoient grand bien. Eux sça- chant raffection qu'il auoit au service de Sa Maiesté , et que si le remède ne faisoit tout le bien que l'on en esperoit, qu'il ne pouuoit faire aucun mal, le firent donner. Il y auoit deux anciennes et sages damoi^lles Italiennes , qui estoient à la royne,' lesquelles auoient eu plusieurs enfans, et s'estoient trouuées à plusieurs accouchemens en le^ur pays : la royne auoit eu pour aggreable qu'elles se trouuassent à son trauail , polir hiy servir comme ses femmes de chambre. Les reliques de madame saincte Margue- rite estoient sur vne table dains la chambre, et. deux

iainct Germain des Prez , qui prioi^at

ser.

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( 386 )

Le roy dit mCil ne vouloit que personne donnaat son adub qae les médecins , selcm que ie leur atmâs TBppOTtéy et qoe nous en serions comtônos ensemble ; tellement qoe ie peux dire qn^en lieu du rtumde ie n*ay en telle iranquillitë d'e^KÎt, pour le bo» ordre que le roy y anlit apporte, et Tasseur^nce que inV um donnée la royne. Il aarriua que pour cooibattre ceste insujqportable e<dique , il &llut pinceurs grand» remèdes, à qooy la royne ne résista nullement; car anssi tost que le roy ou lesn^edeoim lui en parlaient, die en estoit contente, ponr désagréables qu^ik ftfisent , ne Toulam en rien se rendre coulpable de mal. Cesc ponrquoy pluÂenfs femmes sont souvent cause par leur <^nniastrete , que les cboses leur suo^ cèdent mal , pour eut et pour Iem*s enfens. Le mal de la royne dura vingt et deux heures et vn quart : elle auoit vue telle vertu, que c'esioif chose admira- ble : elle discerna bien ses doideurs premières , et les derai^es d'auec les autres estoit ceste mauuaâse colique, selon que ie luy fis entendre. Petfdant vn ss long temps qu^elle demeura en trauail, le roy ne r^dMindonna nullement; que s*il ssortoit pour mâoiger, il enuoyoit sans cesse sçauoir de ses nouoeU»; Ma- dame sa SGSur en faisoitde m^me. La royne craigm>it detumi que d'accouoher, que monsieur de Ysmdosme nVntrasi en sa dMpiloe pendant son maï, à cause de son bas âge; mais elle sentant le mal ny prit ganrde. Il me demanddEt à toute heure si la royne ac- coQcheroit hiea tost, et de quel enfimt ce seroît;pour le contenter ie luy dis qu'ouy : il me demanda à^jp^

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. ( 3«7 )

el^f ({«el enfiuit ce serok , îe luy dis que ce serok. ce (foe ie voiMbeîs : et qnoy dit il, n^est-il pas &it? Je liiy dîsqu^ouy, qu'il estoit en&nt, mais que i*ea ferois va fik «n vne fille , ainsi qu'il nie plsorok. Il medôt, sage feniHie, puis que cela dépend de tous^ meitez-y les. pieiee(Si^vi!i fils. le lui dis, si ie Êùs irn fils (Mon- sâeur) quelle domieres vous? le tousi donneray tout ce que vous voudrez , {dustosi tout ce que i'ay. le femy VA fils , et ne vous demande que rhonneur de VQStze bien ' veillance , et que vous me vouliez tous^ iours d^ bien ; il me le pcooiit et Ta tenu. Il arrina bien p^^dant ceste longueur de temps, que ceux que. la royne aooit iugë qui deâroient de me troi^bler, dirent quelcpie chose, e% firent quelque mine, dont ie ne m'eslonnay non plus que de rieH , d'autant que ie voyois que veu le bon courage de la royne tout saccedeiroit à bien , et qu'elle se fioii du tout en moy, comme elle ui'ailoit dit. Lors que les remèdes eurent dissipé la colique , el que la royne alknt accoucher^ ie vàyois qu'eUe se retenoit de crier, ie la supfdîay de J3te s'en retenir de peur cpe sa gorge ne s'enflast. Le I roy lixy dit^ mamie faites ee que vosire sage femme vous dit, ciriez de peur que vostre ^orge ne s'enâer elle auoit desîr dTa.ceouaher dans sa (biaise, estant assise, les princes estaient dessous le 9Dand.pauillon, visi à vis d^elle. l'estois scer vn petit sie^ denant la

«e , laquelle ^ànl accouchée, ie mis monsieur le hia dans d^ linges et langes daiis mon gii)Qn> aan» que p^cscmne sçeut que moy quel en&nt estoit^. ^le Fenuelopay bien , sânsi que i'entendois à ce que

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( 288 )

Tauois à faire. Le roy vint auprès de moy ; ie regarde Tenfant an visage, que ie vis en vue grande foiblesse de la peine qu^il auoit endurée. le demande du vin à monsienr de Lozeray, Fvn des premiers valets de chambre du roy ; il apporta vne bouteille ; ie luy de- mande vue cuillier ; le roy print la b(»|||ille quUl tenoit; ie luy dis, Sire, si c'estoit vu au^^enfànt ie mettrois du vin dans ma bouche, et luy en donnerois^ de peur que la foiblesse ne dure trop. Lie roy me mit la bouteille contre la bouche , et me dit, faicies ccMume à vn autre. I^^nplis ma bouche de vin et luy en soufflay ; à Theure mesme il reuint, et sauoura le vin que ie luy auois donne. le vis le roy triste et change, s^estant retiré d*aupr^ de moy, d'autant qu^il ne sçauoit quel enfant c'estoit , il n'auoit veu que le visage ; il alla vcts Tonuerture du pauillon du costé du feu, et commanda aux femmes de chambre de tenir force linges , et le lict prest. le r^arday si ie verrois madamoiselle de la Renoiiilliere pour luy donner le signal , afin qu'elle allast oster le roy de peine j elle bassinoit le grand lict. le vis Gratienne à qui ie dis, ma fille chauffez moy vn linge : alors ie la vis aller gaye au roy, lequel la repoussoit, et ne la vouloit pas croire , à ce qu'elle me dit depuis ; il luy disoit que .c*estoit vne fille, qu'il le cognoissoit bien à ma mine : elle l'asseuroit bien que c'estoit vn fils, que ie luy en auois donné le signai; il luy disoit, 'fait trop msuiuaise mine, ^re, elle vous a dit qu*l le feroit; il luy dit qu'il estcwitvçiy, mais qu'il n'estoit pas possible qu'ayant vn fils , ie la peusse faire telle :

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( 389 )

elle luy respondit , il est bien pos^ble , puis qu'elle l'a faict. Madamoiselle de la Renoiiilliere entra, qui* vit le roy se faucher auec Gratienne ; elle vint à moy, ie luy fis le signal , elle me demanda à Toreille , ie luy dis à la sienne que ouy. Elle détroussa son chap- peron , et alla faire la reuerence au roy, et luy dit que ie luy auois faict le signal , et mesme luy auois dit à l'oreille. La coukair reuint au roy, et vint à moy à costé de la royne , et se baissa , et mit la bouche contre mon oreille, et me demanda, sage femme est^ ce vn fils? le luy dis qu'ouy. le vous jme ne me donnés point de courte ioye , cela me feroit mourir, le desuelope vn petit monsi«fir le dauphin j et luy fis voir que c^estfrât vn fils , que la royne n'en vid rien; il leua les yeux au Gel ayant les mains iointes, et rendit gracçs àlHeu. Les larmes luy couloyent sur la face , aussi grosses que de gros poids. Il me de- manda si i'auois fait à la royné, et s'il n'y auoit point de danger de luy dire. le luy dis que non , mais que ie supjdiois Sa Maiestë que ce fiit auec le moins d'émotion qu'il luy seroit possible» Il alla bai- ser la royné et luy dit, mamie vous.aués eu beaucoup de mal , mais Dieu nous a fait vue grande grâce de nous auoir donné ce que nous luy auions demandé : nous avons vn beau fils. La royne à l'instant ioignit les mains, et les leuant auec les yeux vers le Ciel, jetta quantité de grotôes larmes , et à l'instant tomba en foiblesse^ le demanday au roy à qui. il luy platsoit que ie baillasse monsieur le dauphin , il me dit à madamoiselle de Montglas, qui sera sa gouuernante. 1. gf» uv. 19

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( ^9o >

l^damniselle d#^la RenouilUere le prit et le bailla ^ madame de Montas. Le roy alla embrasser les prinœa, ne s*estant apperçeo de la foiblesse k royne , et alla ouurir la porté de la chambre , et fit emrer tontes les personnes qu^il trouua dans Tumî- chambre et grand cabinet* le oroy qu'il yauoit deux cens personnes y de sorte que Ton ne poouoit se re« muer dans la chambre pour porter la royne dans son lîct-

l'estois infiniment faschée de la voir ainsi, le dis , quHl n*y acioit aucune apparence de faire entrer ce :< monde i^, que la royne ne fust couchée : le nvf ^ m^entendit qui me viii^firapper sur Fespaule^ et me ^^ dit, tais-^toy, tais^^toy^ «âge femme, ne le fàsche j^ point, cet enfant est h tout le monde, il faut que ^ chacun s^en resioiiisse (il estoit dix hc^ures et demie ^ du soir, le ieudy 27 septembre mil six cens vn, iour ^ de & Co^tie et S. Datnian , neuf mois et qoatorae ^ iours après le mariaf^ de la royne)* Les valets de ^^ chambre du roy et de la royne furent ^peliez qui ^ porteroient la chaiae prës de son tict, auquel elle £ai , mise, et alors Ton remédia à sa foiblesse; et luy ayant rendu le seruice que ie deuoisy ie fiis accommoder monsieur le dauphin, que miadame de Monglas me . remit entre les maii^, monsieur Ed<m«rd se trouua, et commenj^ de à le seruir; il me le fit p lauer entîexiement de vin et d'eau, et le r^arda par tout auant que ie Femmaillotasse. Le roy amena ks . princes et plu^urs seigneurs le voir. Pour tous ce«^ de la maison du roy et de la royne , le roy Iwr faisoi^ /

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( 291 ) vmr, et puis les enuoyoit^ poar faire place Mxx atiireâ* ChiENTan estoît si resîouy qu'il ne se peut exprhner ; tous ceux qui se renoontrbi^t s^entr'embiassoi^Eit^ sans auoir égard à ce qui estmt du plus ou du tnoiiiSé Tay entendu dire qu'il y eust des dames qui rencon* trant de leurs gens; les embrassèrent, estant si trans* pestez de ioye qu'elles ne sçauoient ce qu'elles faî- m^at. Ayant acheué d'accommoder moudit seigneur, ie le rendis à madame de Monglas, qui Talla monstrer à la royne , qui le vit de bon œil , et par son corn- Bouoidement fiit conduit en sa chambre par madite dame de Monglas, monsieur Ëdoiiard et toutes les £nnnies qui deument estre à luy ; aus^ tost qu'il y fasty sa chaml^e ne desemplissoit nullement > n'^- toit qu'il estoit sous vn grand pauillon l'on n'en- troit pas sans l'adueii de madite dame de Monglas. le ne sçay comment Ton eust peu faire, le roy n'y auoit ]^ si tost amen^ vne bande de pér^nnes, qu'il en nanenoit vné autre. L'on me dit que pat le bourg , tqute la nuict ce ne furent que feux ioye , que tambours et Irompettes, que tonneaux de vin def- fonces pour boire à la santé du roy, de la- royne, et de mon^ur le dauphnié Ce ne iurent que personnes qm prkent la poste pour aller en diuers païs en porter la noiKielle, et par toutes les prouînces et bonnes villes de France/A l'instant que la royne fut accoi:|çbée, le roy fit dresser son lict attenant du sien, il coucha tant qu'elle ^e pœia bien. La royne craignoii qu'il n'en reçcusi de l'incommodité, mais il ne ,1a voulut* iamais abandonner. le tafeuuay.le lend^siain apvesr

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( 29^ ) disner monsieur de Vendosme qui esloit seul à la porte de Fanû-chambre^qui tenoit la taqpisserie pour passer dans le cabinet par Ton passoit pour aller dbés monsieur le dauphin, et estoit arresté fort estonnë. le luy demanday, qooy ! monsieur, que faites vous là? 11 me dit ie ne sçay, il n^ a gueres que chacun parloit à moy, personne ne me dit plus rien. C*est, monsieur , que chacun va yoir monsieuJr le dauphin qui est arriué despuis vu peu, quand chacun Taura ^uë , Ton vous parlera comme auparauant. le le dis à la royne qui en eust grand pitië, et dit, vrâla pour fabe mourir ce pauure enfant, et conmiandaque Fou le caressast autant ou plus que de coustume; c^est que chacun s'annise à mon fils, et que Ton ne pense pas à luy, cela est bien estrange à cet enfant. La bonté de la royne a tousiours esté merueilleusement grande. Le vingt-neufiesme dudit mois, ie fus pour voir moo- sieur le daufdiin,son huissier Bira m'(»iurit la porte, ie vis la chambre pleine; le roy, madame sa sœur, les princes et les princesses y.estoient, à cause que Vqa vouloit ondoyer mcmâeur le dauphin; fe me retiray; le roy m^apperçeust , et me dit, entrez, entrent, ce n*est pas à vous à n'ozer entrer. 11 dit à Madame et aux princes, comment! i-ay bien veu des personnes , mais n'ay iamais rien veu de si résolu^ soit homme soit femme, ny à la guerre ny aillettrs', que ceste fenune là; elle tenoit mon fils dans son giron , et re- gsufdoit le monde auec vne mine aussi froide que à elle n*eust rien tenu; c'est vn dauphin qu'il y a quai^- vingts ans quMl ïÈ*ea eswit nay en France.

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( 393 ) (Siw ce ie li;^ r«pli({uay) Tauoisdit àYostneMajeslëy Sire, qcCil j alloit beaucoup de la santë de la royne; il est vray ce dit le roy , ie ne Tay aurà dit à ma femme qu^^^ës que tout a esté faict, et si la ioye Ta iàtct èsuaiioîur, iamais femme ne fit mieux qu^elle a £iict; si eBe eut faict autrement, c'estoit pour faire mourir ma femme. le veux d'oresnavant vous nom- mer ma résolue. Le roy me fît l'honneur de me fâflfc demai\46r si ie voulois estre la remueuse de mon- sieur le daupbin, et que i'aurois pareils gages que la nourrice ; ie fis supplier Sa Majesté d'auoir agréable que ie ne quittasse point Texercice ordinaire de sage femme 9 pour me rendre tousiours plus capable de seruir la royne , qu'il y auoit-là vne honneste femm» qui Fèntendoit fort bien. le demeuray auprès de la royne pour la seruk en ses couches enuinm vn moi», puis huict iours après, attendant le retour deSaMa-r jesté à Paris , qui m'auoit fsiit commander de l'at- tendre.

Des eonehes de la rDyne de madame EUzabeth, première fille de France.

La royne estant grosse de madame sa fille aisnée, aDa à Fontaine bleau, pour faife ses couches, et partit en octobre , de Paris, après la moitié du mois ; es- tant arriuée Ton auoit veu quantité de nourrices qui importunoyent tellement le roy et la royne, et tout le monde, que leurs Majestés en remirent Feslection à Fontaine bleau, il ne manqua d'en venir de tous

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( 594 ) coûtes; Ton attendit prodie de FacocNidieiiient de la * royne à en faire Tesleeticm. Il vint vn homme ^ lequel anoit ennoyé sa femme pour estre nourrice, laquelle auoit vne petite fille fort délicate et moiuë; la fi»mne esUHt bien honneste et de gens de bien j en faueitf dequoy il se trouua des phs signalés seigneurs det la cour qui en parlèrent dWection aux médecins; ce lÊk yn Waire qui me donna l»en de la peine ; elle logea chës yne de mes amies, laquelle s'emplpya de bon cœur pour elle ; elle me prioit aussi d^ &ire ce que ie pourrois ; ie voyois son enfant extrem^nn^t menue , mais elle estoit apprc^ée à son aduantage, de sorte que le hart paroit le fagot. Quand Ton m'en |tarloit, ie ne pouuais respondre gavement, à cause que sa nourriture ne m^agreoit gueres. le fus tu iour, comme i'avms de coustume, la joir, ^entendis nommer ceste nourrice du nom de son mary. le me ressouuins que c'estoit le nom d'vn ieune homme que mon mary auoit Iraiië de la veroUe, lequel auoit voulu sortir sans attendre qu'il eust esté guary. l'en auois , entendu parler que iamais l'on ne le peut empescher de sortir, quelque chose que l'on luy peut dire. H'dit à mon mary qu'il estoit guary, qu'il se sentoit bien, et qu'il vouloit prendre l'air, et se fortifier pour se marier. Mon mary luy resmonpra ce qui en pourrut arriuer ; il s'en mooqua et Iviy dit , ie suis œnteni de vo^. A trois ou quatre années de-là, ie vis quelqu'?n de la ville d'où il estoit , i'en demanday des nouuelles^ sçauôir s'il estoit marié; l'on me dit qu'il y aiKHt long temps aés son retour de Paris, mais qu'il y auoit vu

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(395) .

mi eu fon

<F an

ne

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de

fer

hiê

qan

toit retenue, ie n'en parlerois point , et la laisserois retourner en son pays. Elle (fut retenue, et aussi t6$t on fit estât de renuoyer toutes les autres : c'estoit Vheure du disner. le fis chercher monaieur du Lau*- rens, lequel estoit dlé disner en compagnie. Comme ie vis qu'il ne se trouuoit point , et qu'il n'eusit pas este à propos de le dire , quand les autres nourrices eussent este renuojées, ie priay madamoiselle de Cer- uage, femme de chambre de la royne, de luy aller dire de ma part : ce qu'elle fit, laquelle luy dit, allés dire à la sage &] vnbon seruîce, i sonne qi^e d'elle que ie luy en La royne le c haut, que des ] tromper, devant

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(396)

monsieur du Laureos et les autres médecins, lesquels me vindrent trouuer pour sçauoir la vérité , et coœ-

oaiy et que

re de moii-

lostre logis

; la vérité,

^,qui auoit

ela fut ve-

rices. Tes-

it de ceste

leurs Ma-

rla pasteà

mon mary, comment cela s'estpit passé. Le marj de

ceste femme qui n*auoit ozë aller à Fontaine bleau ,

d'autant que trois ou quatre oflkiers du toy, de la

ville d'où elle estoit, Festoyent venus voir ct^ nous

qui sçauoyent son mal ^ lesquels attendoyent à ce que

Ton dit, si ie ne IVus&e dit, pour le dire. Il craignoit

qu'ils en parlassent auant l'affaire faite. Il s'estoit tenu

autour de Fontaine bleau; il ftist aussi tost à Paris,

il alla essayer de surprendre m<m mary; il l'alla

saluer et caresser; mon mary s'estonnoit de cela, veu

que ie luy auois mandé. Il luy dit, monsieur, i'ay

us sçaues comme u y a se chés vous ; il y a vn lie qui m'a appelé ve- ous plaidons ensemble, ie le ruine; si votis me n rapport comment ie que d'vn petit vlcere

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( m )

noa malin que Tauioîs ii la iambe , ie tous donneray ce qu'il tous plaira. Mon mary luy dit qu'il sçauoit bien que cela n'estoit pas ainsi , que pour rien il ne ftxoit vne fausseté. Il le fit prier, puis menacer, e^fin le fit assigner deuant le lieutenant ciuil Miron, pour luy deliurer rapport. Mon mary ne croyant pas qu'il deust insister, ne comparut point suj mieres asâgnations : il fit dire qu'il y s par corps , et mené sans scandale. Il par deux sergens, il fut fort tance rapport k cet homme, qui disoit estre icy retenu pour cela,: protestant tous despens, dommages et intérêt^ contre luy. Monsieur le lieutenant ciuil donna du papier et de l'encre, et commanda à mon mary de luy deliurer sur l'heure vn rapport. B(on mary de- manda s'il n'entendoit^>as vn rapport véritable ; mon- sieur le lieutenant luy dit qu'ouy. Mon mary luy en d(;»mayn tout cachette; il demanda à l'autre s'il ter uoit mon mary pou et s'il le

croiroit pas en son r 3 pouuai^t

faire autrement : il J r le lieu-

tenant vid le mal , it s'estoit

passé. Monsieur le ite, et le

força de signer le rapport de mon mary à cause de sa témérité : nous le regardons. Il ne se peut dire les mesdisances et meschancetés qu'eux et les leurs nous ont faictes, et font tous les ioinrs à ce sujet : il vaut bien mieux que nous en ayons du mal, qu'il fiist ar- riué mal de madlme. L'on n'a pas tousiours du bien pour bien faire sur l'heure, le temps amené tout.

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Sa Majesté accoucha le yendredy vingt «deuxiesme nouembre , mil six cens deux, à neuf heures et demie du matin : elle croyoit auoir yn fils, tellement que quand elle sçeut que c^esioit vue fille, elle fost estcm- nëe, à cause qu^elle pensoit que le roy en seroit fas* ^hë, mais il n^en fit aucune mine, tant s*en faut il colisoloit la royne , et lui disoit que Dieu seauoit bien ce qui leur falloit, qu'il estoit nécessaire de fidre des alliances en Espagne et en Angleterre.

La ro^ne accoucha heureusement sans colique :ci|r elle s'estoit empeschée estant grosse, de manger chose qui luy peut faire mal ny à Tenfant, à cause de son premier accouchement qui auoit esté si rude. La royne accoucha dans son lict de trauail, dans sa chambre, qui regardoiuson petit iardin , à costé de la chambre en oualle , comme i'ai dit , parlant de naissance du roy. Cont toûsi^ours esté les mesme lùeubles de cou- ine que ^, Con- nbre. le cotHîhe au train

lenne.

oucfaes, 1er d'al- ler coucher au Louure bien cinq sepmaines avant s<m

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( ^9 )

accmichement^qui fiist le vendredy dixiesme feburier mil six cens six, à deux heures après midy, et qui fut dan$ sa chambre odinaire du Louure. La royne a accouche de tous ses enfaus, commençant mi roy^ d'vn §ros et d'vn menu. Le roy estoit assës puxssant| madame fille aisnëe estmt menue, et madame Ghre^^ tienne e^oit puissante; la royne en fut plus malade, elle en accoucha dans sa chaise, ainsi qu'elle auoit &it du roy. Plusieurs personnes croioyent que ce se-^ roît vn fils, à cause quWle auoit demeuré quatre ans saas auoir d'ei^ians. le diray auec vëritë, que le roy ecmsola encor la royne sur les alliances, et ne tesmoi^ ffxa iamais d'ea estre fisohé; iljalloit souuent voîv madame, tdut de mesme que si c*eust esté vn fils, et n'en pouuoit parler auec trop d'affection à la royne, à son gré, comment il la trouuoit belle. Les couches de la royne se passèrent heureusement, pendant les- quelles ie receu#vn honneur de Sa Majesté. Un ioui| que madame C ' ' * cbay pourluy r< iour vn man dît : hé, sage & Madite dame h agréable de la V Oui, mats ie vc la fit recognois n'osass^t porb porter le chape rices ; pas vue ce dit la royne, i'ay regret que ie ne m'en suis adui-»

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( 3oo )

sée plustost, et sur Fheure commanda k monsiem* Zocoly, son tailleur, d'aller à l'argenterie quërir du velours, pour me faire des chapenms. Voilà com- ment i'ay este la prenûere sage femme qui Ta iamais porte; elles portoient, à ce que m'ont dit perionnes qui ont cogneu celles de la royne , mère du roy Henry troisie^ne, le coletde velours et la grosse chaisne d'or au col. La royne dont je viens de parler en a eu deux; sa première mourut, ^le en reprît vn autre ^ j'ay eu l'honneur que femme du monde n'a touché la royne que moy, pour l'accoucher, ny pour la garder ; s'il eust pieu à Dieu nous garder nostre hon roy, j'eusse es* perë la seruir de tout ce qui YUy eust pieu luy donner.

De l'accoachement de la royne de Monsieur le doc d'Orléans.

La royne partit de ceste ville enniron la my Mars, pour ail lu faire ses couches. Ainsi

qu'elle i sa belle gallerie, enuiron

sur les c elle sentit vne grande dou-

leuT) qu it retourner dsais sa cham-

bre, d'où grandes douleurs la prirent sans qu'elle peut permettre qu'on l'eust déshabillée; elle en eust enuiron quatre presque insuppcntables; l'on appela les tapiders et femmes de chambre, qui acheverem de tout accommoder. La royne fut mise dans son lîct de trauail à la manière accoustumée, duquel elle se le- uoit quand il luy plaisoit, après ces pénétrantes dou-

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* ( 3oi )

leurs, elle demeura bien trois heures sans douleurs. Le roy se trouuait mal, qui se couoha dans le graiid lict de la rcmie, et m'appela pour sauoir comment il alloit de son trauail; ie luy dis que ie ne Tauais pas encor recogneu, que lors que ie le scaurois ie luy dirois ce qui en seroit lors que les douleurs Tauroycoi^ reprise, que c'estoit bien pour accoucher, mais qui^ ie ne pouuois dire si Tenfant alloit bien encore. Lors qu'il sceut que les douleurs eurent repris à la royne, il m'appeUa et m'en demanda des nouuelles. Monsieur du Laurens estoit auprès de luy, ie snppliay Sa Ma^ jesté de ne se point estonner, que tout reiissiroit à Ymn, que véritablement l'enfant^venoit les pieds der- vaut ^ mais qu'il estoit menu , que la royne estoit pleine de courage,, et auoit de bonnes douleurs. Le roy me dit sage femme, ie scay que vous aués la vie de ma femm^ et de son enfant plus chère que la vostrej fai- tes ce qui sera de vous , si vous voyés qu'il y ait du danger, vous scauës qu'il y a i ^ ' '^ *s

qui accouche les fenunes,.? e

grand cabiqet; ie redouterois f ,

que la peur qu'en auroit ma i

danger de sa vie, ioint qu'il i s

. plus honteuse s'il f^lloit qu'on l'eust veuë. Allés vers elle ; i'y ftis wm tost qu'il luy prist vne doulepr, auec peu d'ayde que ie luy j5s, elle accoucha heureuse- ment d'vn aussi bel enfant qui s'en vit iamais^ qui es- Vdit grand et menu. La ioye en fiist si grande que l'on la sauroit dire. Le roy se leua gay pour s'en res- iouir aueç tout le monde. lamais monsieur Honcnré

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( 303 ) *

n^imoit este à la cour ny à Fontaine bleau poiBr les couche» de la royne, que œste fois là^ lequel n^entrâ iamais ny pendant ny après raeccmcli^^nt dans la chambre de la royne. Ce fîit quelqn^un qui le y<mlui gratiâer, desiraoït qu'il enst Thonneur et le profit d^es^ ëre pour vn besoin; encor M. du Lanrens me pria de le trouuer bon pouf subuenir^ s'il arriuoit quelque ehose d'estrange, à cause que la royne estoit beau- coup plus grosse qu'elle n'auoit encore esté. le liiy dis que ie ne trouuerois iamais rien de maunais, qui peust seruir à la royne ma maistresse. Nous auiona souuent mangé ensemble dans ma chambre : ie le faisoîs à, cause que i'estois bien aise que Ton oqgne«8t comme quoy nous estions en bonne imelHgeaee luy et moy. La royne accoucha le lundy seizième auril mil six cens sept^ à dix heures et demie du soir.

De raccouchement de la royne âe Monsieur le duc d'Anjo«.

La royne partit de ceste ville vers la fin de mars, pour Alet faire ses couches à Fontainebleau; elle ac* coucha le vendredy vingt-séptiesme auril mil six cens huict, iour de saint Marc euangeliste, à neuf heures et demie du matin : le mal la prit le matin que le rdy esloit allé voir le grand canal qull fiiisoîl foire à Fon^ taine bleau, de sorte que Sa Majesté ac€k>iicha que le roy n'y estoit pas. Le ieune Ldmenie , qui est à présent tbresorier de Monsieur, en porta la nouuelle au roy, qui retourna à grande diligence voir la royne et Mon-

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( 3o3 )

^ur. 11 les vist aiiec vii contentement extresme; il embrassa tant la royne de luy auoir faict m si beaa fils : o'estoit vn gros et gras enfant, qui auoit demeuré peu à naistre ^ de sorte (juHl sembloit le regardant qu*il auoit vn mois. La royne en accoucha dans son lict de travail. Il estià remarquer qu'il est venu au mondô r^ardant le ciel, qui n'est pas yne c)iose com- mune ; de cpm enfans il n'y en vient quelquefois pas vn, qaoy que l'on die que les fîUes y viennent, chose qui n'est point : en tous les enfans cpe j'aye Jamais recens, ie ne croy pas en auoir receu trente.Venant ain^i , ie oreus que c'estoit vn si bon augure pour luy, et pour toute la France, que i'en estois rauie ; et de fait toutes les person- nes de iugement qui l'ont sceu , l'ont aturihué à tant de bénédictions^ de générosités, d'obeïssance et conten-' tement poin: le roy et pour la royne, qu'il ne se peut dire d'auantage, à cause que tout ce qui regarde le ciel n'a rien de tep^estre* U y eust vne grand ioye en tenue 1^ cour, chascun s'entre^«mbrassoit. Il me sou- uient enire autre chose, que tnadamoiaelle de la Re- noiiîUiere, première femme de chambre de la foyne, dont t'ay cy deuant parle, reigioontra un des valets de chambre du roy qui la baisa de si bon cOurage qu'elle n'auoit plus qu'une dent pour la décoration de sa bouche qu'il luy mit dedans; chacun loiia Diei( et se re^oiiit* Monsieur d'Argouie, tbrevsoriér de la royne, me vint embrasser comme ie venoîs de remuer Mon- sieur; la royne le sceut et me le dit; ie }uy dis il est vray madame, il ne paroissoit non plus à mon. col, qu'une souris feroit à vn quartier de laird. Les cou-

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(3o4) ^

ches de la royne furent heureuses^ i^eus l^honneur de la seniir comme danois tousioiirs fait;.

L'accoachement ^e la royne de Madame , troisiesme fille de Fraûce.

Madame, troisiesme fille, nasquit h Paris dans le Louure, le ieudy vingt six nouembre mil six cens neuf, à dix heures et demie du soir : mal d*en&nt jnrit la royne sur les cinq heures du soir. Madame de Guise, la douairière 5 et madame la princesse de Conty estoient alors proches de Sa Majesté, lesquelles se vou- loient retirer à cause qu'elles scaupient comment aux autres couches cela s^estoit passé : la royne le permit à madame la jMrincesse de Conty, à cause qu'elle es- toit indisposée; pour madame sa mère, la royne la re- tint auprès d'elle. Il y auoit quelque temps que la royne auoit fait venir vn loumeUr dans son cabinet, qui faisoit des chappelets du bois de saint François, dont elle en donna aux princesses et à quelques da- mes. Il falloit oster le tour, et tout l'équipage du &iseur de chappelets. La royne £t ses couches dans son grand cabinet : ce fut pendant ces coaches-13i que ie represen- tay à madame Conchine, la perte que ie faisois pen- dant deux mois que ie demeiu^ois proche de Sa Ma- iesté^ pour les bonnes maisons de ceste ville, qui leur ayant manqué vne fois, ne me redemandoient iamais, s'estant servies d'vne autre, et que n'ayant autre chose que mes récompenses, vieillissant, ie demeurerois à ceste occasion auec peu de practiques et detnoyens.

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( 3o5 )

Elle me fit tanif de ^ace que de le faire entendre à la roy ne, laquelle pria le roy me donner six censescus de pension en cette considération. Le roy ne m'en vou- lut donner que trois. Il me dit : ie vous donne trois cens escus de pension que vous aurez tousiours, et tous les ans ma femme accouchera; si c'est vn fils vous aurez cinq cens escus de mes coffres, de recompense, auec vos cinq cens escus de pension,' ce ^nt huict cens 'escus que vous aurez , auec ce que vous gagne- rez auec les princes et autres dames. Si ma femme ne fait qu'vne fille, vous aurez trois cens escus de ré- compense, et trois cens de pension; il faut plus faire * de recompense des fils que des filles. Des la naissance du roy, il ordonna cinq cens escus du fils, et trois des filles. La royne me donnoit encor deux cens es- cus quelquefois. Le roy me dit , mon fils sera incon- tinent grand, qui vous fera du bien outre tout cela, et à tous les vostres; vous ne manquerez iamais, ayant si bien seruy ma femme. le fixs donc mise sur Testât des* pensions, ayant eu le breuet du roy; ce fut en décembre , et le roy mourut en may, ie perdis tout à la fois ; car depuis ie n'ay eu que la pension. le n'ay pas sujet de me plaindre , car ie n'ay rien ozé demander. Madame la mareschale d'Ancre m'a fait donner de sa grâce vn des estats de porte manteau de Monsieur pour mon fils , qui a eu l'honneur d'en ioiiir; et à l'heure qjie i'y songeois le moins^ elle m*enuoya quérir pour le me donner.

1. Liv. ao

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. ( 3o6 )

CINQUIÈME PARTIE.

ADDITION AU CHAPITRE II, % I (i).

DU MOT BIGRE.

TERME EMPLOTÉ BANS LES CHARTES, DOm* OH DEMAiinE LA SIGNIFICATIOH (2> *

J'ai cru jusqu'ici que le mot bigre était ua terme bas , ridioule , injurieux , fabriqué dans quel- que halle, etc. Cependant il se trouve employé dans les chartes latines et françaises depuis le douzième siècle. En voici deux preuves ;

Et habebit Domina Abbatlissa sancti Salvatoris duos bigros inforesta domini régis j etc.

J'ai droit d'envoyer mon bigre dans les forêts du rojTj avec les bigres dudit seigneur roy.

On ne doute pas que les experts dans la diplomatie {sic) ne donnent la vraie signification de ce terme par le moyen du Mercure j qui en a déjà proposé dVutres.

(0 Tome 8 de la Collecta V (a) ExtraH.d^ Mercure de s^tembre 17x8.

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M. duCange, dont j'ai eossulvé \eGlossaire, s'est con- tenté de pn^>oser ce m^me terme y mais il ne Ta pas expliqué.

* Explication du mat bigre (i).

Ce mot, qui est injurieux parmi la populace , n'est ri^ moins que cela chez les gens éclairés. C'est un lerme français dont Tétymologie vient d'un très-bon mot latin, lequel mot latin , aboli ou oublié dans les temps d'ignorance , a donné lieu de latiniser le mot français, et du mot bigre on a fait le mot biger ou bigrus^ comme du. mot quille on a faài quitta j dumc^ coin on a fait quengnum^ du met voûte on a fait vokaj et da mot bigre on a fait bignis^

Ce terme français vient originairement ibl terme laiin apigerj c'est-à-dire qui gouverne les mouches à miel : quigerit, qui régit apes; à^apicurus^ quicu^ rat apeSj qui a soin des abeilles. De l'un et de l'autre <le ces deux mots latins on a retranché Va; reste donc piger^ dont on a changé le p en bj ou picurus^ dont on a fait picrus^ en changeant lepen b dans le second crâmde dans le premier. Biger j bigrus. ^JpicuruSj qui curât apes ,^ comme mocuruSj qui' curât vias'* (Varron.)

(i) Extrait l. 2 , p. ioZ des Variétés historiques, ou Re- cherches d'un saçant. On a fondu dans cet article diyerses lettres tirées du Mercure, en ce qu'eltes ont de {Jus substan- iîeL

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( 3o^)

Cette ëtymologie ainsi dérivëe , il est juste d^en donner les preaves : les yoici^ tirées de chartes et de titres latins et français ignorée par du Cange , qui ù^a point donné la vraie explication de ce mot y non plus que dom Bessin dans ses G)ncilês de fïoi^tiandie, à la fin desquels il donne une explication des termes barbares qui se trouvent dans les chartes norman- des citées dans Fouvrage y quoique cette explication intéresse et la province de Normandie et tout le royaume.

I* Une charte de R(^er de Tony, ccunte de Con- ches, dans le chartrier de Tabbaye de TEstrée, ordre de Citeaux , diocèse d^Evreux, suffit seule pour {mx>u- ver évidemment Texplication en question. Novertnt untversij {jubd ego Rogerius dedi et concessi reli- giosisvhiSj abbaiiei moniachis abbadœ de strataor- dinis cisterciensiSjdiœcesis.Ebroic.j unum bigrum, id est^ acquisitiones apum inforesta mea de Chon- chis in ministerio de Champignoles.

a** Aveu du prieuré de Lierru , ordre de Saint- Augustin, dans le même diocèse, rendu au comte de Couches par les religieux de la maison. Item, ai^ns droit d'awir et tenir en ladite forest (de Conches) ung bigre, lequel peut prendre mouches j miel et cire pour le luminaire de notre ditte église^ mar^ cher (marquer), couper et abatre les arbres^ ou ettes seront sans aucun dangier ne reprinse^ etc. Cet aveu est de 1462.

3** Aveu de la seigneurie de Beinécourt, rendu au comte de Breteuil. Itemjàidroitde trois ans ^ quand

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(3o9)

on met les mouches en laditte forest ( de Breietfil ), Jt envoyer mon bigre avec les bigres du rôj-j lequel doit être juré devant le chastelain de

bien et fidèlement querre (quaerere et

le miel pour en faire mon besoing. de

i479-

4** Aveu de la seigneurie de Ncaupble , au même comte de Breteuil : et duditfiefétAuçergny dépend ung hostel appelle la Bigrerie , ou Fhostel aux mou- ches. Aveu de i465.

Chartes de la fondation de l'abbaye Saint-Sau- veur d'Evreux : dedi decimam mollis ipsius forestœ meœ :\ la vërilé le mot bigre ne s'y trouve pas, mais on doit le supposer de droit à cette abbaye, puisque c'était aux bigres à dimer J^^

6* Charte de la foimatioii de l'abbaye de Bonport, ordre de Cileaux, diocèse d'Evreux. Richard II, roi d'Angleterre, fondateur de cette abbaye, y donne in forresta de Bord (la forêt du pont de l'Arche) unum bigrum ad luminare ecùlesiœ (i).

(i) C'est dans cette explication que les bénédictins ont pmsé leurs articles Kgrus et Bigre du Glossaire de du Caiige eudu Supplément donné par Carpentier.

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(3.0)

AV«A<W«^A/«^^A«/M»«A*««'V*<MV

CINQUIEME PARTIE.

ADDITION AU CHAPITRE II, % II (i).

REMARQUES

SUR QUELQUES PIÈGES CURIEUSES DES MERGURES DE 1736^

Aa sujet 4*an ancien Missorium, l'usage de la Verdure et de la plantation du Mai.

PAR L'ABBÊ LEBEUF (2).

i-.

Je reconnais, messieurs, cpie pour la première iois que j'ai Thonneur de vous écrire en cette nouvelle année, je vous dois quelques étrennes; cela' est trop juste ; mais j^'ai^cru que yous agréeriez que ces étrennes consistassem simplement en des remarques que j*ai faites sur quelques endroits de vos journaux de Tan- née dernière. La j»:emière qui m^Qst venue est à Foc- casion de oe que j^ai dit dans une lettre imprimée au premier volume , en parlant des vases profanes Adai , les an^ens évéques faisaient quelquefois hotnmage à Dieu^ï*y marque , en. faisant le détail de ceux que

(i) Tome 8 de la CoUect.

(2) Extrait du Mercure mars 1727, p* 4-83L

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(3ii ) " •/ /• "

de lui donner en réconnaissanee; un^e f^le d^or du

trésor des Goths. L'historien appelle cette table m£y-

soriunni de inaêpie que Tinventaire du irësor de l'évê-

cpie Didier. Sisnand^ qui était? ven^ à bout de son

entreprise par le

tenir sa parole ;

table dW aux ài

bonheur de Tap)

de passer par le

leur fiit enlevé.

France de cette

deux cents mill

Téglise de Saint

était celle-là m^

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( 3ia )

la différence d^unel lettre ou deux^ papce que les an- ciens ëcmaîds qui ^t parle de ce roi; Font nommé tantôt ThorismûduSj conmie saint Grégoire de Tours ^ lib. 2,n.7; tsuaiàiThursemodus, comme Freiegaire à Tan 63o, n. 78. Dans d'autres fragmens du ;néme historien, puises dans la Chronique d'Idacê^ il est appelé Thoresmodusj Thutesmodus et Thursimo-

\ voir dans A.imoin ^. Cest pourquoi , Lotre manuscrit du iforme à celui da 5 j pour une si le- nier que cette ta- irgile était repré- Lorismode^ et' que

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( 3i3 )

qui

goûu

prësc

et qi

thëd]

mém

tioD i

ne \ii

que i

pius

detu

fert

aide

sensus- Sapiens verhis irmotescit pai4fiis^ Didier

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(3i4)

férence aux vases de saint Didier de Cahors (i), en * disant comme il se trouve dans une des lettres de ce

savant évêque de Clermont : Non hic per nudam . pictorum corporum pulcritudinem Hirpis prostat

tem deçejmstat artifi- rt vestibus histfiones.... iigillatu et nexibus^pa^ îs m'ont prescjué ^x\é à t cet évêque des Gaules int Grégoire - le - Grand j[isërée dans^ le droit ca- me de ce qu'il se mêlait nés et la grammau^, ce

qui l'obligeait d'annoncer de la même bouche les

louanges de Jésus -Christ et celles Jupiter. Mais ' une époque qui est dans la même lettre fait toiDnber

(2) Sîdon. ApolL, lib. 2, epist. 2.

(3) Dist. 86, cap. mm multa.

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(3i5)

c<»nmanëment sur saku Didier, archeyécpie de Viaoïne , ces reproches, ne regaWie auteurs païens que la manièi que ce saint pape relève ail|j ^ramniaire et des autres aru très -utile pour Tintelligençe reste, je ne prétends point i ma première conjecture sur Hi dire qu'il soit impossible a même nom quelle roi des ( raient souvent leurs noms su ici, au dixième siècle, des ce

k reine Emme, épouse du roi Raoul, attacha au tombeau de saint Germain, sur lesquels on lisait en- core le nom d'Ëloi, qui les avait autrefois fabriques, et qui n'était autre que celui qui devint dans la suite évéque de Tïoyon, et tm des plus gi'ands saints de la

les manuscrits des épitres de saint Grégoire ^IteUent sim- pleiynt Desiderio episcopo Galliamm.

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( 3i6 )

France. Je m^ëtais proposé de vqtis parler, à cette occa- sion, de la célèbre table d'A de FésUse de Sens, dont le fond représente à la vérité quelques endroits de rhistoire sainte , mais dont les accompagnemens con- ivent en figures profanes presque imper- gravées sur des pierres précieuses. Quelque de* la ville de Sens ne manquera pas, avant table soit changée de nature, de rendre 1 public de son antiquité et de toutes les- inscriptioitk qui s'y lisent, aussi ifteu que du ju-* gement qu^en a porté le plus grand connaisseur du royaume , c'est-à-dire le père Mabillon. M. le doyen de Sens, qui a composé une histoire exacte et détaillée de Téglise métropolitaine , n'y a pas oublié la des- cription de cette pièce curieuse.

Une seconde remarque qu'on a faite ici regarde ce que vous avez publié touchant une ancienne céré- monie d'Evreux. On. trouve que la coutume de couper des ai 'avril , ou au comnien-

ceihe] isser pour singulière à

cette rs-ci, de même qiât

Evrei ambulantes, surtout à

des pi n'entends point parler

ici de lis de. certaines autres

qui , selon la louable coutume de plusieurs pays de vignobles, se font tous les matins des jours non chômés qui sont entre Pâques et l'Ascension, Ton a vu et l'on voit encore souvent la jeunesse pré- céder le retour da la procession , à peu près comme le marque la relation d'Evreux. Tout le monde sait

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. ( 3i7 )

que porter en cette occasion des branches cTarlifc» •'appelle porter un mai. C'est ai commune de planter le mai le joi et de saint Jacques. Couper et p premier jour du mois de mai, é universelle dans le Milanès, du te Borromëe, que le cinquième conèi num. 3, fit un règlement à ce suje quait avec grande cërëmonie, suiv par le statut du saint ëvéque. L' partie, et il y avait de somptueux cérémonie. Saint Charles fit tous s cette coutume , qu'il disait être un reste des supers- titions du paganisnie, tanquhm Gentilitia supersti-- Uonis specient qudndam exhibet; et il ordonna qu'à la place on ai'hcH'ât des croix , et qu'à toutes les grandes fêtes, sans excepter celles de l'hiver, on ornât de ver- Hurp les portes des églises, selon l'ancien usage: ^ xjuemadniodimi veteris instituti est usuque romano comprobaUj et à ^oit

par-là que les lam titrél^

arbrisseaux qui c( it les

plus grands fi:oid smps

dans la province é tel

qu'il est dans ces pays-ci. Cet usage, qui était ancien, et péUt-être autrefois imiversel (i), subsiste encore

^

(i) Voyez notre Notice sur VOriginede Vusage de planter ie mai, t. 8 , p. 356 de U CoUect. , et ci-après , les Additions aux Remarques de lebeuf. ( Edit G là. )

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(3i8),

dans nos cantons , am moins aux fêtes patronales et aux dédicaces des églises, qui n'arrivent point en hji^ ver; çt j*ai des preuves qu^il n*y a pas cent ans que notre ^lise cathédrale était parée de verdure à la grande fête particulière ou patronale d'été. Je ne dis point de verdures représentées sur la toile, ni de ver- dures en tapisseries; mais des verdures réelles, for- mées par des branches d'ormes , de chênes et de vernes, ce qu'on s^pellaitde ht ramée.Yous n'ignorez pas, messieurs, la surprise qu'affecta autrefois un gascon qui entra dans une église ainsi ornée de tous côtés , le jour qu'on y solennisait la fêle de saint Yves, ni la naïveté qui lui échappa lorsqu'il prit le parti d'en sortir promptement. Ce n'est qu'à cause de cer- tains inconvéniens et parce que l'usage des tapisseries est .devenu commun, qu'on a cessé dans les éj^lises ces sortes de décorations , et Ton se contente mainte- nant d'orner de branchages les frontispices des églfsesf, de même que saint Charles l'ordonnait, ou bien le^ 'faite dés ou tout au plus d'ar-

Êorer le i 'église. Permettez que

je vous n et article, que le dic-

tionnaire » exact, lorsqu'il dit

eii parlant des ip£^s, qu'il n'y a que les. petites gens à (pu on en présente (i). J'ai vu bien des grandes villes

(i) Il eût fallu dire tout le contraire ; on en ofïiraît à Dieu et à la Vierge; ^'étaît hèmmage àû serviteur au maître , de Tinférieur an supérieur, de Tamant à celle qiiî régnait sur lui. Voyez Tes Additions éè-après. ( E^t C L.)

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( 3i9) oàTon en offre aux principaux du lieu en grande cérémonie; et pour peu qli^on voyagi enc(»re ces mais à leur porte, ils tout le cours de Tannée* Cela se pratii gard des premiers dans plusieurs petite vent^ comme lesbâtimens n'y sont pas on reconnaît , sans entrer dans ces villi monie y est en vigueur, parce que Y choisir les vernes les plus élevés qui pays , et qu'il n'est pas rare d'en trouver qui surpas- sent la hauteur ordinaire des maisons de province.

Vous m'avez fait le plaisir de me témoigner que rhistoire de la pelotte d'Auxerre , publiée dans le

Mercure de , avait été trouvée fort divertissante.

J'ai bien eu raison de dire que cette ridicule céré- mcmie n'avait pas été particulière à notre église, mais qu'il paraissait seulement qu'Auxerre avait été der- nière église qui l'eût conservée avec opiniâtreté. On m'a écrit qu'autrefois, Vienne en Dauphihé, le jet de la pelotte était usité pendant les fêtes de Pâques ; mais ce n'était point à l'église que cela se faisait, c'était daiis une salle de l'archevêché que tout le clergé de la cathédrale s^assemblait le lundi de Pâ- ques, pendant qu'on sonnait les vêpres. La sonnerie n'étak pas de peu de durée à ces jours de solennité, et le temps qui y était eipployé fixait l'espace pen- dwtt lequel on prenait la collation dans la maison de Tarchevêque; après quoi le prélat s'amusait à jeter la pelotte. Un manuscrit de cinq cents ans, à l'usage de cette église , renferme cette rubrique au lundi de

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(3ao)

Pâques : Ad vesperns dum signa puhantur^ totiis conçentus cons^eniat in domo archiepiscopi; ibi de- beniur mensœ apponi, et mimstri archiepiscopi de- berU apponere pigmentum cum aliisj et postea vi- num.Postea arçhiepiscopus jactet pelotam. Il pandt que ce jeu de la pelotte a subsisté à Vienne au moins durant trois siècles , puisqu'on lit en marge de ce manuscrit, d'une écriture de deux cents ans, ce qui suit : Et est sciendum quod mistralis débet provi- dere de pelotd, et débet eam jactare Domino archie- piscopo absente. On croit que par mistralis il faut entendre un oiEcier de Févêque, ou peut-être son maître -d'hôtel, que Jean le Lièvre appelle moisirai dans ses Antiquités de Vienne. Au reste, ce mot pa- raît avoir été employé par contraction pouri7uh£^^/^ ou ministerialis. L'ordinaire de l'église de Nevers de trois cents ans ne parle aucunement de la pelotte, mais il n'oublie pas la digression que faisait la pro- cession des chanoines pour aller rafraîchir au cha- pitre, au isortir des fonts. Feria secunda Paschœ ad ^espéras j pro ut in die Paschœ j in reditu procès- sionis ad fontes cantatur prosa : Die nobis Maria; et si sint canonici stagiarii^ debent vinum bonum et chenetellos in capitulo omnibus de choro, et tune 'vadit ibi processio. Ce mot chenetellos est pour le moins d'aussi basse latinité que mistralis. Il a autant de droit que l'autre de faire figure dans le Glossaire qu'on attend depuis ta»t d'années. J'entrevois qu'il s'agit de quelques friandises , comme des oublies ou des gaufres qui avaient la forme de ces gouttières,

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( 321 )

qn*eii plusieurs endroits on s^pelie échenUs ou échc- nez. Les statuts du chapitre de Toul qui font une ënumétation des collations que les chanoines pre- naient encore en commun au quinzième siècle , n^en marquent aucune aux fêtes de Pâques ; mais en rap- portant celle qu'on prenait à Tévêchë jour de l'As- cension, ils ajoutent : Ibi olim bibebatur in scyphis madrinisj et comedebantur hostiœ magncCj chêne- trelli et poma. Vous ave^ remarquer la différence qu'il y avait entre ce qui se pratiquait à Vienne et ce qui se Élisait chez nous : différences de lieu et de jour,* et, outre cela, qu'il n'y avait aucune danse dans cette première Eglise* C'est ainsi qu'on respectait le saint jour de Pâques, et les temples àxi Seigneur en certains pays plus qu'en d'autres. On est maintenant assez uniforme en France sur le retranchement de ces ancieimes manières gothiques. On n'y prend plus YexuUemus et lœtemur de Yhœc dies dans un sens si grossier; et il n'y a pas lieu de craindre que jamais, en ce royaume, la mode s'introduise que la prédica- tion serve ce jour-là de spectacle, comme en Cata- logne, où celui-là est sensé avoir prêché le mieux qui a fait le plus rire son auditoire. Quant au jeu de la paume , c'était de toute la cérémonie ce qu'il y avait de moins indigpe des ecclésiastiques, pourvu que cet exercice fût fait dans un autre jour que celui de Pâques, et non en pubhc. Ofa remarque que le chapitre ctënèi du droit canon ée le défend pas. C'est, dit-on , d'ailleurs un exercice corporel qui peut servir de récréation innocente lorsqu'il est pris dans

!• 9*LIV. * 31

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(3") an temps et un lieu convenaUes et ayec modéraiioii. Ce qui parait resseml^er, de nos jours*, h. ces anciens îeox de paume, est le jeu de ballon , auquel les éta- dîans se divertissent dans les collèges de P^a-is. Il semble, en le voyant, qu*(m aperçoive ces balles aa boules enfl^ dont Martial et d*autres anciens tom mention , et par ccmsëquent , que ce soit le même jeu auquel des empereurs très- graves, tels qu'Auguste ^ Antonin-le-Philosc^he, se dëlass»ent; j'ajouterai même, et des magbtrais du premier rang parmi les chrëtiais. Je trouve en effet dans la même leure que je vous ai dëjà cilëe de saint Sidmne, qu'ëtant fils des préfets du [nrëtmre et de rang à devenir patrioe, ainsi qu'il le lut ayant son élévation à Tëpiscc^t, il se retirait souventàsa maison de campa^ote, qui lui émt échue du eAié de Papianille sa femme, fille d'Avît, depuis fait empereur, et que il se divertissait avec Ëcdice, sûtt beau-fi:^e, à jouer à la paume dans une allée de tilleuls, jusqu'à ce cpie la pelotte filt osée et bots d'état de servir : Ingénies tHiœ.^. unam umbram mm una mdice conficîufUf in eu jus opacUate cwu me meus hecdicius illustrât j pihe ^acamus^ sed hoc eo usque donec tutb&rum imago €ontractior.^... IlUcale&torium lassis cùnsnmpto sphœnsteriofacitU. Je v^us fés^rve pour un autre envoi ce qui m'a été côefununiqué sur les fêtages d'Angers (i) , en vons priant de vous infcHiner en particulier, ou psor la voie , ^ . . ', _

(i) Vnyez ceWe pièce, t. 9, p. ^02, de la GoUect.

(BAV. CL.)

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( 323 )

àxkikrcurej d^une eqpèce de phénomène qui a quel- que ressemUance avec eelui du port de Marseille, dont tous les journaux ont tant parle. Je suis, mesr mxm^ ete.

A Amenrey ce i jaiivier 1727*

ADDITIONS DE L'EDITEUR

AUX REMARQUES PRÉCÉDENTES.

I** Sur V usage de la verdure.

L'us|ige de la paille et de la verdure , comme objet de commodité ou de décoration dariS l'intérieur des maisons et des temples , a long - temps subsisté en France , et l'histoire du seizième siècle en fournit beaucoup d'exemples. On en trouve même des traces plus récentes dont quelques-unes sont encore faciles à reconnaître.

A la messe de minuit y le jour de Noël , on j<m- chait de paille l'église. Les écoliers , dans les classes des collèges , n'étaient assis que sur de la paille. Il y avait même à Paris une rue particulière se vendait toutes celles qu'ils consommaient pour cet usagé. Elle portait le nona du Jbuare; nom qu'elle conserve encore ^ et que lui avait fait donner cette marchan- dise,.<{m en vieux langage s'appelait ainsi. Les licen-

■I " L I -111 I Il .Il II I .^ I , , pi

(1) Vie fvwie des Français y t. 3, p. i34 et suiv. k

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( 3^4 )

ciës en philosoj^ie étaient obligés d*en entretenir le chancelier de TUniversité; et chacun d'eux lui payait pour cela yingt-cinq sous.

Gomme en hiver on avait cherché à se tenir chau-

»

dément avec de la paille , en été on tâchait de se procurer de la fraîcheur avec de Fherbe et de la fouillée. On garnissait aussi de rameaux yerds les murs et les cheminées des appartemens. cr Le comte de (( Foix ) dit Froissart , entra dans sa chambre quHl (( trouva toute jonchée et pleine de verdure fresche et « nouvelle , et les parois d'envbon toutes couvertes de « rameaux tous verds pour y faire plus frais et odorant, « car le tems et Tair du dehors estoit merveilleuse- ce ment chaud. ^

Brantôme raconte queBonnivet étant couché, une certaine nuit, avec Tune des maîtresses de François 1'% tout-à-coup le roi, qu'on n'attendait pas, vint frapper à la porte et alarmer nos deux amans. Alors, « ce ftit « à s'adviser le galand se cacheroit pour plus « grande sûreté. Par cas, c'étoit en esté, l'on avoit « mis des branches et feuilles eh la cheminée, ainsi (( qu'est la coutume en France. Par quoy la dame lui (( conseilla de se jeiier dans la cheminée, et se ca- (( cher dans ces feuillages tout en chemise. »

Les cabaretiers eux-mêmes, poup l'agrément des personnes qui venaient boire chez eux , gs^jnissaient ainsi les différentes salles de leur taverne ; ersouvent les corps municipaux se sont occupés maintien^de cette couttyne. Parmi les statuts divers de la vOle de Bordeaux^, il en est un, donné en ï55o aux taver-

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( 3.5 )

niersi par lequel il leur est enjoint exfMressëmem àe fournir aux buveurs fierbe et jonchée.

Enfin, de même qu^au jour de Noâ le sot ^ Téglise ëtait couvert de paille, on le jonchait d'herbes odo|ifârantes le jour de TAssomption. JJakhé Ij^ beuf {Histoire du diocèse de Paris\ nous apprend qu'au treizième siècle , c'étaient les prieurs l'ar* chidiaconé, nommé JosaSj qui, ce jour -là, étaient obligés tour-à-tour de fournir les herbes et les fleurs. Au quatorzième, on n'exigea plus d'eux cette rede- vance, et l'on se contenta d'herbe ordinaire, tirée des prés! de Gentilli. Jean, duc de Berri, oncle de Charr- ies yi, étant tombé nudade à Paris, il donna au cha- pitre de Notre-Dame son hôtel de Nêle, à condition que, tous les ans, le premier jour de mai, les cha- noines feraient une procession avec un rameau verd à la main , et que Téglise ^rait jonchée d'herbe verte. (^Vojrez le Grand, Fie privée des Fr.^ t. ^^ p. 334 et suiv. )

2* Sur ht plantation du mat Mîii de Nostre-Dame de Paris (i). ,

L'an 1449 auctms notables personnages, maistres orphpures de Paris eurent - déuotion de présenter le pren^ier iouy de mai, à heui*e de jgaii;iuici, tous les ans, deuant le maistre portail de l'église Nostre-Dame,

(i) Extrait des Antiquités fie la Me de Parier par Glâurfe Malingre^ in^f», p. 16. '

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*"-

(326)

m Mai ; et esleurent yn prince , pour vn an seule- ment, qui auroit la charge de faire les frais dudit mai : et consecutiuement tous les ans il s'en feroit eslection dVn autre. Fut aussi erigëe , du consente- ment de monsieur Teuesque de Paris, vne confrjdrie' de satûcie Anne en ladite église , et quatre confrères ordonnez pour la régir. Le temps de Peslectioià du maistre ou prince est le iour de l'Ascension, et neantmoins il n'entre en chaîne que le iour de saincte Anne etisuiuant.

Depuis ( c'est à sçauoir Tan 15^5) fut oi^onnë que les quatre maistres auroient la charge et ^uuerne- ment dudit mai. Et aussi que ceux qui poudroient estre de la communauté dudit mai , mettrôient leirï^ noms par escrit, signez de leurs seings manuels, pour contribuer aux frais.

O est-il que ledit mai posé sur vn pilier en foatne de tabernacle à diuerses faces , esquelles on voyoit de petites niches remplies et ornées de diuerses figures de soye , or et argent, representans certaines histoires. Et au bas d'icelles pendoient de petits tableaux, pstoient escrits certains vers françois, pour l'expli- quations d'icelles. Ce mai ainsi (comme dit-est) posé au grand portail à l'heure de minuict, y demeuroit iusqu'au lendemain après vespres, que l'on le trans- portoit auec le utOMie pilier, deuant limage de la Vierge TSferie, qui est 4essous le long pulpitre, fai- sant de ce costé la' ^lostwe du chœiu:. Et le vieil mai de l'année^ précédente .estoi«r ixansporté en la chapelle saincte Anne, poiu* y esu-e gardé vn an. Ce qui a êslé

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(3a8)

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(0^

4ARTIN,

A l'OOCASION D'UlirB MÉDAILLE CUftlEU^, PARA.L.MTI1LIN. Avec des notes critiques de l'Editeiir CL. ^

La petite médaille qui fait le sujet de cette Disser- tation est d'argent. On y reconnaît d'abord l'oiseau qui figure le plus habituellement dans le repas de la fête qu'on célèbre le li de novembre, fête qui porte, Sans tous les calendriers du culte catholique, le nom de Saint-Martin.

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(3^9)

on voit sur plusieurs, des prêtres cpli ofirent une oie en sacrifice; et ils faisaient Certainement servir c^t oiseau à leuj était, avec le rois(i).

Les Grecs saient aussi p per^nne qui des Romains qu'on pourrai puis ({ue par: prérogatives -^

inviolable : cependant on le servait, cdinme les autreîs animaux, sur les tables; mais il n'avai| pas dans Iqs cuisines la même renommée que d|jps ]^ temples.

Sa chair n'était eependant pas absolui|||nt àban-

(4) W., Alexand, Sever., t. 37.

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( 33o )

éayeiir de cet oiseau, le» Bcxnaiiift le fercissaienl de chaif* de poulet et d*autres animaux (i).

Ken ayant qne Touloase et Strasbourg eoasent ac- quis une juste rencMnmée parleurs pâtés, on savait ù^ accroître le Tolume du foie de Toie en engraissant IV uimal avec des figues. Ce volume devenait encore plus Pline , en plongeant le viscère dans et de lait (2). Si Ton en crmt M^' »n le rendait plus gros que Fanimal ouve cette invention si belle, qu^il que Ton mette eji question si on onneur à Scipion MéteB^s, honupe consulaire, ou à M. Seîus, chevalier romain^ coniem- porain de Mélellus (4)« Yarron n parlé des grands

(t) Veùit poeta de wiciaOs. (Voyez An$hoL Y, i53, édit. Bonnanni.)

(3) Pinguibui etjiciè pastum jecur anseris albi.

rers 88.)

rs ii4.) iratîon ne daas une lèbres en-

58.) u lotum bo- num rrwenerit, Scipio ne Metellus oir consularis, an M, Séius eadem œtate eques Romanus, (Plîn., Hist naf>, X, 22^

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( 33i )

troupeaux d^oies que ces deux patriciens ncmrris-^ salent. La reconnaissance de la postérité peut donc se parta^r entre eux; mais Thommage qu'elle doit of- frir à Messalinus Cotta, fils de Torateur Messala, n*a rien d'incertain. Il est avéré qu'il fut Theureux in- Tenteur de la méthode de faire griller les palmes d'oie, et de les mettre en ragoût avec des crêtes de coq (i). Il n'est donc pas étonnant que l'oie ait aussi été d'un grand usage dans les Gaules. Mais quel rapport peut-^Ue avoir avec le saint évoque de Tours? Plu- sieurs saints ont un oiseau pour attribut : l'aigle ac*- oompagne saint Jfean, le corbeau saint Benoit, le cygne ssànt Hugues. Aucune antique image de sfednt Martin ne nous le représente avec une oié, quoique Hospinian (2) dise le contraire, sans en rapporter d'exemples. L'oie n'est point citée dans les hymnes religieux que les Francs et les Lombards, chez le»-

iius, palmas pmbim ex his torrere, atque patims cum gaUînaceQ" rum cristîs condire reperit. (Plin., X, a 2.) (a) De tempKs, p. aa4-

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(330

des cavernes profinides pour se soustraire aux ponces da monde et aux honneor» de Tëpiscopat, que les duréûens francs (i) yoolaient lui décerner, et qo'iine oie dëcéla sa retraite, n*est pas plos fondée, quoique Jean Bloy Tait répétée^ d*après Bartholin, dans de mauvais vers (2). Rien ne prouve qoe le sanvenr dH Cspitole ait trahi par ses cris le pins grand évéqœ des Gaules; et il est encore mràis croyable qae le bon saint Martin ait, pour un pareil délit, maudit cet oi- seau à perpétuité, et qu'il Tait à jamais livré, comme ajoute encore Bloy, à la chaleur des fours, à Tardeur des brasiers, et aux broches acérées de fer ou de bois, pour être mangé dans les familles en redisant, dans des chœurs joyeux, le sujet âe la solennité (3).

(i) Ponrqaoî chrétiens yr£i/u;5 ? Mieux vandrait Gaubis. Les Francs n'étaient pas encore établis dans les Gaules da temps de S. Mardn , qoi appartient an quatrième siècle. ( EdU. C. L.)

(?) re caçernas \-

msœpm esse '

us honores, lenteîs. ula w$$rL fis irdquiSf À^fidmsque sonis rauci stridoris obJdscit, Et misemm ansereo latitantem culmine tigni, ^Prodidii infandum infiàus Martùmm, et honores ConUûit inoito ; nom sic jfrotractus ah Qniro]; Anserum et ex olidis estfactus prœsui oietis.

(3) Hinc pia suscipiens Martinus oota quotantàsi Perfidus anser, ait, gùrritus crimen inertis

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( 333 )

Si nous n'acfoptons pas, avecFrëcîéric JNausëa, éwè- que 4e Vienne (i) , que l'oie a été consacrée au re- pas de la Saint-Martin, parce qu'elle veille et crie pendant la nuit, comme le saint éeéque veillait sou- vent pour rappeler aux fidèles leurs devoirs dans de vives prédications, nous croirons encore moins ce que dit Bartholin , qui lui - même montre un grand doute dans son récit, que les chrétiens mangent Foie dans leurs festins du ii de novembre ,||)arce que sa cbair trop pesante avai)^ occasionné des désordres da|}s restomac du saint, et avait causé sa fin. Son ami Sul- pice Sévère , qui a fait de sa mort un récit noble et touchant, ne dit rien de ces contes, répétés par l'ii gnorance et accueillis par la crédulité.

U faut tlonc attribuer Fuisage de manger, le 1 1 de nov^olire, une oie, qu'on appelle pour cette raison oie de la Samt-Martin , à des causes absolument étrangères à la vie du saint évéque.

Selon l'opinion du père Carinéli (2), cet usage dé-

■^ . fc '

Suf^UeiQ htet ceterno, populosque per omnes

Occidetet ieretes sendscèt çertice cultros

Damnatus fijÊrno , çerubusjfixusque colurnis

Neqidtiœ in pœnam ad lealÊs torrehitur ignés,

Quem bonus ingbme vidnus degulet amplâ f

Lœtitiœ causant repeiens et nominafesU,

( Johan Christ Frojpnann , Anser Martimanus , . 1 683, pars la.)

(i) Gué par Lamar>re, Tmiié de la police , t* a, p. 735. (a) Bella festa di S. Martino. (V. Storia di tHtri çostumi sacri e profard, t. a, p. 79.)

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( 334 )

riyeraît des Grecs. Ils célébraient tous les ans, en rhonnenr de Bacdbius, selon Plutarque (i), le ii du mois Anthfisterîon, une filte qu'ils appelai^it P£- thœgia (a), c'est-à-dire de Fouiferéure des vases à mettre le vin^ parce (ju'cm ouvrait, à cette époque, ceux qui contenaient le vin nouveau (3). Henri Etienne dit aussi que cette fète était semblable à celle que nous célébrons en Thonnenr de saint Mai^ tin (4). ,

L'époque des vendanges, œlle de Fouverture des tcMmeaux, ont être en effet, chez tous les peuples, des occasions de réjouissance. Les Romains avaient leurs VinaUaj leurs BrumaUaj conmie la Grèce avait sa Pithoegia : mais la joie qui se manifeste à cette époque dans nos ctmtrées peut être relative au plaisir que causent l'abondance de la récolte et la bonté du vin, sans avoir aucun rapport avec la fête que l'on célèbre il de novembre en l'honneur du saint évé- que de Tours.

D'ailleurs les Vinalia des Romains avaient lieu dans les mois de février, d'avril ou d'août , selon les

(i) Sympos. IX. (a) Ilc^tyea.

(3) Tou v/oti o7vou M-hi^^i fA^v h^txjSfi tou ÂvOto7npccSvoç pcvoç xa7clp)(dv7a( , IlcOoty/ocv tiqv ^pov xSXouv7cç. (Plut., Sympos, DL, ta)

(4) Doiiofmm aperUo festum erat BaccMmm apud Gnecas quale est tfuod in l^norem samU Mardm celedranais, çoce USoiyta.

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elimals; Tëpoque des Bnimalia devait varier aussi par ie6 mêmes causes. Il est difficile de croire <yue dans ritalie elles se fissent au ci vembre, puisque, même dans ] nales y le temps s'adoucit à cett quel<pies beaux jours, qu'on ap] Tété de la Saintr-MarUn. Quas mens, comment {Mrouver qtie le 1 1 du mois Anthes- terion répondait à notre 1 1 de novembre, puisqu'on n'est pas même d'accord sur la division de l'année qui portait ce nom, et que les uns disent que ce mois répondait à la fin de novembre et au commencement de décembre (i), et d'autres à la fin de février et au commencement de mars (a) ? Il est donc impossible d'assigner d'une manière précise , dans notre calen- drier, une place correspondante aux premiers jours de la fête des Anthesteria ou de la Pithoegia (3).

Çi) Pouer, Archaol, II, !i6.

(2) Poniederae AnUq. aai.

(3) Dans nos Obseurations sur la Saint -Martin (tome g, page IfiS et soivantes), nous avons supposé, suivant l'opinion la plus générale et d'après l'autorité du savant Ganneli^ q^ notre mois de novembre répondait à i'Anthes- tâion des Grecs : nous avons pu mal choisir entre plu- sieurs hypothèses ; mais l'erreur serait sans importance dans la question de l'origine des réjouissances de la Saint-Martin, que n^is rapportons aux Grecs. Quel que fik le temps plus onmoms rapproché de novembre, auquel la Pithoegia y ou féie de VOwertun des oases à meUre le tdn, était célébrée chez les Grecs, il était naturdi que les Gairiois, en adop*-

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( 336 )

Ceû^ëié une chose irès*inconvenantede mêler dés usages d^une mperstition grosûère à la fête «d'un saint qui faisait profession de la plus austère abstinence (i).

tant la féie païenne du diea du yin y la célébrassent eux- mêmes à l'époque ils en recevaient les dons, c'est-à-dire dans le temps de leurs rendanges , qui étaient un peu plus tardives alors, parce que le climat de la Gaule, couverte de forêts, était plus froid qu'il n'est aujourd'hui : et comme il est hors de doute que ces réjouissances^ s'y sont introduites long-temps avant l'institution canonique de la Saint-Martin, et même antérieurement au culte spontané que les premiers chrétiens des Gaules vouèrent à saint Martin , on peut être fondé à soutenir que les réjouissances qui concourent avec la célébration de la fête chrétienne de la Saint-Martin, eu- rent une existence indépendante de cette fête. D'abord pra- tiquées au nom de Bacchus, elles ont pu, depuis la mort de saint Martin, que l'Eglise place à la fin du quatrième siècle, se mêler au culte de ce saint et en prendre le nom^ comme aussi elles ont pu se confondre plus tard dans les divertis- semens qui précédaient le petit carême dont Millin va par- ler : mais la question porte sur l'origine de ces pratiqués ; et quels que puissent être les changemens qu^elles ont subis en traversant les siècles, on les retrouve toujours avec le même caractère et les mêmes moyens de divertissement dans un temps bien antérieur à la fête consacrée par l'Eglise.

(EdiL G. L.) (i) Inconvenante . soit , mais on a cent exemples de ces sortes d'inconvenances, que nous appellerons des scandales, et qui se sont perpétuées jusque dans les derniers siècles. ( Foyezles Dîssert. réunies dans le t. 9 de b Coliect.ytfilliB ne pouvait pas ne pas connaître les Sermons de saint Ei»j et la Vie de ce grand homme par saint Ouen : il savait doic de quoi étaient capables des hommes simples, ignorans ti

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(337)

Ce yoor /était si sacré p^rmi les chrétiens, qu'il avait une octave, honneur singulier rendu à un confest

crédules « i|ai n'avaient du chrétieP ipe le bapjéme; des fi- dèles qu'on ministre de l'Evangile conjurait de n'obseroer au- cune des coutumes saciiliges des Gentils..*.; de ne point iwoquer Neptune, Pbiton, Diane, Minerve, Junon, ni d'autres sembla- bles diçimiisi..f de ne pas mettre au rang des dieux k soleil ni la hmeé..., et surtout ne pas célébrer les (îles des saints par des dâbancbes ^ des danses , des châSts diaboliqpM et àe& excès de toutes içspèces. (Trad. àe^ Serm. de saint Eloy, par Levesque , p% 90. ) Saint Martin fut sans doute un objet de grande vénération ; mais il n'est pas vraisemblable que son culte inspirât plus de i^spect que le cuke de Diei^ mâuu^ Or, il suffit de se rappeler les orgies de la Nativité, de l'E- j^^^iîe , les fittes des Innocens et des Sous-Diacres, pour douter que U% cbrétifsns des preioiers siècles aient pu même coiicev«>ir les scrupules pu Millin pnise ^on argument con- tre U poissibiyté de la confusion d'une pratique p^'ennç a^ee le ^eux bommage rendu à saint Martin*

lies miracles attribués à ce saint, par Grégoire de Tours, n'ont pas peu contribué, s^ins doute, à maintenir le culte ba- chique 50«s une invocation nouvelle et dans mie intention devenue cbrétienne. Quelques-uns de ces n^iracles, et ce sont les ptus remarquable», révèlent une protecti^u spéciale pour la conservation de la vigne et de son précieux pis* Ici le saint a pitié d'ins pauvre luarioi^ des bords de la J^oire, qui n'a pas de qiioi ae réjouir avec ses camarades le jour de l'Epi- plumie; et il attire àw^ se% fileis un énorme poisson , dont le prî» a^ à aebpter un muid de vin (De Mirac* D, Martini, \xh. ^ C9p» 7 ) 5 c'*st un moiiic Saint- Julien de'J'ours^^ qui, le |our de fa fôle de Saiut-Marjtîn , reU-Q}iiVé*plein Jus- qu'à la bowde, un tonneau qu'il •J^^à-àoitié yidé la yçiUe I. Liv. ' 21a

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( 338 )

seur (i). Mais saint Martin ëtait comparé aux apô- tres; il a été le premier sous Tinvocation de qui l'E- glise, au moins celle d'Occident, ait élevé des au- tels, tandis que cet honneur ne s'accordait encore qu'aux reliques des martyrs. Enfin son culte a été si répandu qu'il n'y a presque point de pays où. ce saint n'ait des églises et des oratoires. Il faut donc auribuer la joyeuse fête du ii novembre ^ une eause autre qu'à celle d'honorer le saint dont ce jour porte le nom, et cette cause, le savant rehgieux camaldule Anselmo Costadini me paraît l'avoir trouvée (2) (3).

avec ses confrères, à l'honneur du saint (^De Glon Martyr,, cap* 35) : ailleurs une goutte d'eau bénite, recueillie sur le tombeau de saint Martin , renouvelle le miracle des noces de Cana* Ces traditions, accréditées dans le sixième siècle , suffiraient seules pour expliquer comment le culte de Bac- chus, déjà et depuis long-temps introduit dans les Gaules, a s'y conserver et se perpétuer jusqu'à nous , sons le nom de la Saint-Martin. {^Eâit. C. L.)

(i) Durand. De âkin. ofûciis, III, 37.

(a) Ragionamento sopra la ricreazione di santo Martino. (Ca- logera, Nuo^a Raccolta, XX, i4-30

(3) Cette assertion n'est pas exacte. Quand bien même on s'accorderait avec l'auteur à reconnaître dans le peUt carême de la Saint -Martin V origine àes réjouissances qui se mê- lent à la célébration de la fête de ce saint, Millin ne s'en serait pas moins trompé en attribuant à son camaldule k mérite de la découverte de ce fait : c'est aller chercher trop loin ce qu'on a sous la main« Il y a cent quarante ans qu'un moine français a écrit littéralement ce qu'on suppose avoir été trouvé par le moine italien , mort à la fin do dernier

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(339)

ii^Eglise grecque avait d'abord quatre carêmes; TEgiise latiBe eu eut trois ^ et ils furent réduits à deux, dont Tun, appelé le grand carême ^ [Nrécédait la Pâque, et l'autre, nonuné le petit carême ^ précé- dait Noël : Celui-ci reçut aussi le nom de carême de

siède. On appelait icommiDDément Carême de Smtd-Mardn le grand jeâne institué par saint Perpéte, dont il est fait aien> tion dans le premier concile de Mâcon , et cpii se prolon- geait depuis la Saint - Martin jusqu'à Noël» Il fut introduit dans l'Eglise de Milan et dans quelques autres. « Il y a lieu « de croire, dit (^enraise dans son Histoire française de saint « Martin, que ce carékne fut l'occasion des réjouissances qui ce se font encore à la fête de saint Martin , autant que les « miracles qui se faisaient sur son tombeau , , comme le «rrappçMTte Grégoire de Tours (JFfi!s#. Franc , 1. 5, c. ax)^ te « vin qu'on y apportait croissait vbiblement , lorsqu'on y « avait mêlé une seule goutte d'eau du puits qui était auprès. « Cependant le cardinal Baronius les attribue à ces miracles, H et prétend que , dans la suite , ils donnèrent occasion au « peuple d'avoir recours à saint Martin pour la conservation « des biens de la terre , et particulièrement pour celle du « yin. » ( Vie de saint Martin, açea l'Histoire de la fondation de son égKse^ par Grenraise, p. 262, édition in-4-® de Tours,

D'après ces témoignages et ceux que n( tés daus nos précédentes Observations, c reproches Millin pourrait faire aux poèt< des fragmens, si ce n'est d'avoir brodé fournissait Grégoire de Tours, et nâs en \ vais^ ce que le père de notre histoire ava vraie ou douteuse. (

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(34o)

Saint-Martin , parce qa*il ctmiinaÉçaH le la de &o- tembfe, qui ëtaît le lendemain de la féie du saint. La Teille, qui était le jour de la fôte même, était ccmsa* crée, comme k veille des eendrea, c'est-à-dire du grand carême, à des plaimrs et à des festins.

L*usage du premier carême a cessé au conmience- ment du treizième siècle, et ne s^est plus conservé que dans qodques cloîtres. Il dure encore parmi les caonldules; et ces solitaires en consacrent la veille, le 1 1 de notembre, jour de Saint-Martift, a d'inno- centes récréations, telles qu^une promenade corn* mune au-dehors de leur monastère, pendant laquelle ils pouvaient rompre le silence rigoureux qui leur est habituellement imposé, tandis que des mets moins grossiers et plus substantiels qu*à r(^inaire,des vianr des même, qui, dans d'autres temps, s(mt toiqoors proscrites, les attendent au r^ectoice.

Personne n'ignore que les émissions de^ang pério- diques étaient en usage dans les monastères ; mais il y avait des différences dans leur nombre et dans leurs époques. Elles avaient Heu au moins deux fois, et au l^us cinq, par an. On dit dans les c<mstitutions des caimaldules de Padoue, faites dans le douzième siècle, que la cinquième se faisait avant la fête de Saun- Martin. Ces saignées, qu^on appelait minutiones^ di- nUnutiones^ etphlebotomiœ, devaient affaiblir beau- coup ceux sur qui o^^ pratiquait : aussi abrégeait- on, à ces époques, SRée des offices au chœur; ob augmentait les portS|r pour la nourrituro, et elle était composée de mets plus substantiels. Il était en^

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( 34t )

i^re naturel de donner ce» rëerëationsj^ès une sem- blable diminuiion, et à la veille d^une longue absit* nence.

Quoique le carême de la Saint-Martin eûtëtërëuni à celui de Pâques, et quHl n'existât [dus, le jour de réjouissance a subside. En rejetant une incommode abstinence, on a conserva la fête joyeuse qui la pré- cédait; et comme elle se lie, en quelques lieux, aux opérations de la vendange, ou plttiôt de la tnanipula- tion du vin , on Ta regardée comme une fête bachi- que, et on en a cherché Torigine dans les orgies païen- nes et dans les bac^ohanales.

CTest surtoiu ce qu'cmt fait les écrivain» du culte protestant , ei les sreiteurs eaiholiqiies ont eux-mêmes donné lieu à cette erreur, en Tadc^tant (i). Ambroi- sio Novidio Fracci, de Ferentino,^ne craint pas de la répéter : il parle des pronostics que présente Tétat du ciel le jour de Saint-Mairtin (2); il croit que le saint a la puissance de changer Feau en viq, (3) ; il intro-

(i) Hac est leta âUs : istd popubisipie patrestpie Luce cados relimtat, et defecata per onrnes Vinajermd mensas, ac libéra oerba loquuntut* TaUs ap¥4 9^res oUm sacrata hyœo Tmx erat à priscis çocUata Pithœgia GrajiSf Quàd ^ignata dtes ùperint âoUa feHk>

( MaittuaBus, dté par Voet iti Fast)

(a) Saai Fasti. Antverp , iSSg, îà-12, XI, i52.

(3) Sunt qm i>ina dari credani : mihi praoUma finsio^ Çuod defecandi iempora Quigus habet,

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( 34i )

doit enfin saint Martin, se comparant lui-même à Bacchus (i). Mais, ajoute-t-il, le saint inspire bien mieux que lui ses poètes (2).

Parsque, guod Ismario çerteham flundna succq: Hacfieri turbœ quod quoque nocte piUanL

. (Ibîd.)

(i) Quœque dabanf Btucho, ndhi pnzket gtatiei wigi;

Quœque ilU ratio est, non minus Uia mi'AiV Miles enim Bacchus, miks sum âictus et ipse:

Bii genâus Jiierat , bis genitusque oocor. Ule coUt Thebas, est et mihi GalHa curas;

Vins açidum quœso quem magis esse putes?" Nominor ante Uuus, clamaban$ ante Lyœum.

nu adnis thyrius, cruon nuhiptcta datur» ' Inâos ille domat, domvi persœpf tyrannos;

Nec miner iste mihi quàm labor iUe Juit* Tempora cingebartt edizre jw^eniUs JmcU :

Has noQa dot nostro ferre iaberna mero. Stulta clioros medUs ducebat famina sihis :

Ad (pathos saitat pota puella meos, Bacchus habet Cereris <ommercia muaus tt hujus,

MolUtian nostro nomine crescit opus» Beperit ille w>am, leoo oinum sordibus : Me duce et ut cédai oertitur unda mero,

Cftîd., 154.)

(a) Si Qacàt, adpm^iarias e cœh làbere laudes : Quœque damus faciles 9 ad tua vina oevi, Proque tuis Baccho façeas , adsis poetis ; Sed ndhi préeçipuè, quifua festa cano. Nam si Qera licet manifesta oocefateri. Et sequimur certa nrnnina nostrafide :

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( 343 ) '

Le célèbre Pontanus ne parle pas avec plus de res- pect du saint, dont il avoue que l'Italie devait le culte à la Gaule; il le fait entrer lui-même dans un festin, et lui demande d^apaiser la giierre que la France fait au royaume de Naples , puisque toute la Fraince obëit à ses lois (i).

FertiUor Musis es tu, quam Bacchus et Eçan Ingenium ex çero oatUnts ipse fads.

Curque fads causa 4$i, cujus tu cura putaris ,.

Quoque cales, et quo tu tibi numem luibes.

(Ibid.» i52.)

(i) Martinum conçioa saturque, et potus adoret: Hune nohîs rltum Gallia prima deéUt, Hune patres tenuere, tenent nunc Itala régna» '

Ipuer, et muHo pocuia tinge mero. Diçefaçe : nunc te coUmus, tua templa çeremuv.

Et numenfelix dudmus esse tuum. Vice adsis, Calahros , famuU , geminate trientes»

Instaurent positas fercula crehra dopes. Nianen adest : geminas ddeo splendere hicernas;

Intueor triplid tempora cincta face. Diçe parens Martine ades, et tua pocuia me.

Te cyatJdy et calices , te tua musta oocant. FMge pater, bibit ipse pater, calicemque supinat.

Quisquis adest, cyathos sumite, adeste Deo. Dicamus bona oerba, precemur et où'a pacis.

pace penus graçida est^ çinea pace nitef. Face ftuunt tua çina, pater. Tu Gallica s/eda

Prœlia,- nam servit Gallia cuncta tibi. ,^

Annuit ipse Deus, pueri noQa dna ministrent j., Vos mecum alternas continmte v^es.

(Eridan. I^ de Fest. Marliual)

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(344)

Bfalgrë ces liceaces poétiques, le nMÛf du repas joyeux du 1 1 de novembre n^est pas domeux : bous ▼oyons qu*U avait Ueu le jour de Saint^Martiu, mus non pas cn^ rfaonneur du saint* Mais pourquoi Voie en est -telle la base? I7ous avons dëjà vu qu'elle n^a aucun rapport à Thistoire du saint : la cause <{ui ed fait le principal mets de ce banquet^oit donc aussi lui être étrangère.

Uoie est un des oiseauit domestiques 1^ {ilm com- muns dam les Gaules; cMtait aussi le plus gros que Ton connût dans le moyen-âge. Ses nombreux usages le font recbercher dans tous les pays : ses plumes sont employées dans les arts; sa graisse même est préférée au beurre pour plusieurs préparations culinaires, et sa chair se sale et se conserve dans divers pays comme celle du bœuf. TI n'est donc pas étonnant que nos pères en aient fait tant de cas; peut-être même est-ce par honneur et à raison de son utilité qu'ils <mt re- présenté avec lin pied d'oie celle de nos r^nes qui est connue sous le nom de la reine Pédauque. L'oie a été en faveur dans leurs festins : ce fut pendant pla* sieurs années (i) la pièce de volaille la plus estimée.

(i) Plusieurs années. Nou$ croyons qn^il fktit Kre plusieurs siècles; car à quelle époqtie placerait <^ on ces quelques an- nées d^ la haute faveur de Toie dans les tuisîués féodales du moyen-âge ? La vérité est que cette rolâtîlle fut pendant des siècles un mets de pfédîlectièn, et qu'il n'y avait que le paon qui lui disputât préséance dans un banquet solennel^ notamment au repas de ta fête à laquelle il donna son nooi. Quoi qu'on ait pu dire des nombreux troupeaux que les au-

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(345)

Cbarlamagne ordonna que tout^ ses maisons en f^&^ «eni fournies. Il paraît que cet usage s'e^ conse^é loog-^empa dans les maisons royales, el on regardait comme un péché sans rémission, de voler ces oks. Cette irrévérence insijgne a donoé lieu au proverbe : Qui mange foie du roi, cent ans après il en rend la plume* Une oie apprêtée par sa femme est le r^àl ^ promet maître Patelin à M. Guillaume pour Ta- madouer et emporter son drap (i)» Les premiers r0tîjft-

^«"l«l I I». HIH )"*"■ *'H« ■■* >i M. I. ... I ^ .>».» «■ ■■ >n ■I...I.II . i ■■

tMiis]Vloritis(LaIii«àDS du Calaii «aient}» et dont ils pourvoyaient i tout |jen de penser que cet oisea mun et relativement beaucoup France depuis seizième siècle rifés du moyen-âge, le prix d'an< Iplitô belles, ne descend guère ai H l'on en pourrait citer cep

<»b)ets. Par exemple, dans le tarif rég^ par le conècil de Ghar- lesYl, en mars i48o, VFoccasion de la disette qui désolait la France, une oie figure pour xvj sous parisis, prix d'un faisande l'épofue,.et un porc pour une même somme de xvj sous pari- sis. Quelqu'abondante et commune que fiit la cbair de porc au temps dont il s^agît, la disproportion est si grande entre le profit qu'on tirait d'un porc entier et celui que rapportait «M oie dans vie domestiqué^ qu'il faltsAt hien^que Toié flt^ relativement an poro, un meii 4'one certainii^ rareté» pour valpirdix fpis autant foele ppt^ à supposer que ledernierx ^txmt moyen ^ ne pesât que dix fois autant que l'autre* ^

V {EditC.L.y (i) Et si mangerez de mon oye, Par Dleul que ma femme rôlîst.

{Farce âe maître Patelin, p. j'S.) '

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(34d)

setirs et marchands de volaille ont pris leur nom de Foie, parce qu'elle ëtait le principal objet de leur commerce : on les appelait oyers. La rue ils étaient rëuôis, selon Tusage du temps, se nommait la rue aux Oyers; et comme l'origine et la tradition se sont perdues, le peuple Ta nommée la rue auxOuac^^ dëndmination aujourd'hui consacrée par Tusage.

L'oie est figurée comme le prix du suooès stnr le tableau d'un jeu innocent que nos pères ont dit avoir éxé renouvelé des Grecs j pour annoncer sans doiHe que son antiquité se perd dans nos plus vieilles annA- \es. Mais pourquoi, dans les fêtes publiques, daiis les jeux de village , ctet oiseau si utile est-il livré à d'hor- ribles tortures availt servir au repas de celui qui, j>our montrer son adresse, a fait preuve de la plus atrçce cruauté! Le pauvre animal es.t su3pendu par la tête à "ua pieuf un autre pieu plus court que le pre- mier, et, planté devant lui, ne laisse qu'un éitbix pas- sage aux bâtons que des bras robustes laâicent succès^ siveiherit vers ce* malheureiix but. Il faut que leurs atteintes, rédoublées séparent larynx, l'œisophage, les muscles jf et tous les liens qi4 attachent le tronc au cou. Celui qjoîlç^ ^p^^ par vça dernier caup termine ainsi le supplice de rànin^l; et, proclame vainqueur, il emporte pourprix uite béte défigurée, et dont chair meurtrie ne peut plus oSrir qu'un mets dégoÀtant.

Qui peut donc avoir introduit parmi nous un amu- sement si cruel? S'il remonte à nos origines gauloi- ses, on pourrait regarder ce supplice comme une pu- nition de Favis qui priva les vainqueurs de .Rome de

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(347)

leur Tictoire. Mais n^en cherchons pas ]a oau$e dans rhistoire; trouvoiis-la dans le malheureux penchanit de rhomme pour faire du mal et pour, détruire : ce qui le rend naturellement chasseur, naturellement guerrier, et lui fait trouver du plaisir dans des exerci- ces harbares et des devoirs meurtriers.

L'ëpoque de la Saint-Martin est celle cet oiseau est plus gras et plus commun. Il est tout simple qu'elle ait été adoptée pour les repas qui ont lieu à cette épon que : aussi cet oiseau est * il cëlëhré toutes les foi^ qu'il est quesÛGji^ du festin du ii de novembre; e^ on rappelle Yoiseau de la SaînirMartinj Voie de la Saint' Marim (i). Ce n'est donc pas une supersiitioA qui le fait préférer : on peut s'en nourrir le joue de Saint-Martin sans offenser la religion , quoiqu'on, ait fait un cas de conseillée ; et Martin Schook^ qui a examiné ce cas^ et l'a disctué avec un grand scru^ pule (a), n'hésite point à donner cette décision.. superstition des hommes qui, nouveaux aruspices^ interrogent l'état des viscères dp l'oie , et examinent le degré de* transparence de ses os pour savoir si l'hiver sera doux ou rigoureux (3), est contraire seulement à la physique, et ne touche point à la reli- gion. Il n'en est pas de même de celle d'après laquelle

[t) Anser Martinianus.

(a) An Uceat McartinaUbus anserem eohiedere- (Eocerc.XWl^ p. ao5.) f .-'"'"'

(3) BarlhoL, hco citato.

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(348)

on croît que le ^aim change l*eau en vin dan« la non de sa fôte (i).

Nous voyons donc comment Foie est devenne la (>ariie la plus essentielle du repas de la Saînt-Martin. Mai» tout est sujet dans ce monde à Tempire du goàl et de la mode : un outre oiseau moins mile, mais qui, par sa grosseur et sa succulence , peut ^aleni^nt servir à des repas de Êimille, est venu de TAsie (a) ou de rAmërique septentrionale, partager le goûi que les Français avaiesit pour Foie. On attnbue Fintrô- ducdon dn dindon à Jacques Gbu%(3), au bon roi Renë(4). Cependant Aldrovande le décrit comme tni étseau rare (5), et Cbâmjner (&) en parle comme d'un mets nouvellement introduit. Il fallait qu^il tàn enc<»re rare au temps de Cbarles IX, piusqu'en i566 les ha- bifans d^ Amiens lui en offrirem douze en présent (7), et qu'enfin Linoeier (6) <Mt que oW un msâiger dé- licieux, digne d\m seigneter. On ne peut donc croira qu'il a éié introdmt en Europe par les jésuites^ Ce»

. :(i) Qi(od Urfuuia Ç0rtebam Jbimtèa s^cco*

; . ^ . (Ainl>ro$. Novidii, Fast ^Aqr. XI, jk iSça-)

' (^) ^érrhigl^tt, ÉÊisceUaiu, 1 78s , p. 1 97.

(3) Legrand, Vie prwée des Français, ëdil. nouv. de M. Ro- quefort, 1. 1 , p. 358^

(4) Bouche, HisU de Prooence^ U a, p. 478.

(5) OmithoL XIV. '

(6) De re dbana, XY , LXXJ, p. 83i.

(7) Daire, Hist d* Amiens, I, p. 90.

(8) Traité des plantes et des animau»,^ 4619.

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(349) pères ont bien pu en ëlev jvaî^ on ne leur en doit pas que c^est seulement vers i6 venu coomsun. Depuis ice^ ÊonilJe et populaire dont i distrihue surtout dans les v\

c^est parce qu^il n^y a pas de fête sans dindon^ <jp|e ToQ dît p(^;>ulairement d*un homme aux dépens de qui on rii, on boit et on mange : Cest le dindon de la fête. £nfin il s^est introduit jusque dons le repas du f I de novembre; et Ton dit le iU^dan^ comme on disait Voie de la SaintrMartin.

Cette usorpatipn n^a pas été si entité etsî soleur uellemeiBt consacrée dans les villes du nord que dans celles du midi. Quoique le rit luthérien ait aboli le culte de saint Martin , qui était cependant le patron du chef de la rëformei la solennité du repas du 1 1 de novembre s'est conservée comme fête populaire , et parce que , comme nous 1 avons dit , elle n'a aucune relation avec le saint qui lui donne son nom-

Beaucoup de rapports de famille, d'affaires fiscales , d'intérêts ruraux, se règlent au renouvellement des saisons, et chacun de ces renouveltemens est indiqué par la principale fête qu^on célèbre à cette époque. Celle de la Saint-Martin est surtout précieuse, parce qu'elle arrive presque à la fin des travaux agraires : c'est celle de la recette des revenus, du renouvelle-, ment des baux; et c'est pourquoi la fin dés vacances judiciaires et scholastiques est fixée, dans plusieurs pays, à la Saint Martin.

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( 35o )

Ce jour est donc consacre à des r^onissances de fa- mille ; certaines corporations se réunissent pour y pren- dre port. C'est pour une semblable réunion qu'aura été hsiffpée la petite pièc§ qui a donné lieu à cette Dissertation. L'oie, qui est la base de la fête, j figure d'un c6té; et le mot Martinalia, inscrit de liautre, exprime l'objet de la réunion. Ce mot Marti' HaUa a été reçu dans l'Eglise pour désigner la fête de Saint-Martin, comme on dit Paschalîaj Natalia^ parce qu'elle avait une octave. Dans les pays Ton suit la religion réformée, ce mot a été conservé en même temps qu'on a gardé l'usage du repas. La cour tume de distribuer des tessères ou des jetons d'argent parmi ceux qui forment des associations pour célébrer celte fête, paraît aussi fort ancienne.

Cette petite médaille vient du Danemarck ou du Holstein; du moins elle s'est trouvée avec quelques pièces modernes ou du moyen -âge qui y avaient été recueillies : d'après la forme des caractères, elle pa- raît avoir élé fi*appée au commencement de l'avant- dernier siècle.

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( 35i ) CÉRÉMONIE SINGULIÈRE

DES COl^FR^ES BE LA CHAaiTÉ, OU POfiTE - M OftTS ,

Qiir se fabait cha^e année , le jour de la Fète-Dien , à Yemoii en Normandie (i).

YoiGi, monsieur, un narré fidèle de la cérémonie qui se fait tous les ans dans cette ville , et dont vous n'avez entendu parler que confusément. Nous avons ici 9 comme dans presq\;te toutes les villes de cette province , une confrérie , dite de la Charité j dont les membres, au nombre de treize, s'engagent à por- ter et à enterrer les morts gratuitement. Le chef de cette société est tiré au sort et nommé le roi ; il y a aussi deux officiers nommés sénéchaux ^ lesquels, avec le roi, ne servent que durant une année; les autres servent deux ans entiers ; en sorte qu'il faut tontes les années procéder a une nouvelle élection, tant pour les trois personnes dont on vient de parler, que pour remplir le nofnbre des confrères qui peu- vent décéder pqndant leur exercice : c'est ce qui se fait dans l'octave du saint Sacrement , ordinairement

(i) Lettre écrite de Verdun, le 20 juia 1732 , et insérée dans le Mercure du mois de juillet suivant

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(35a)

le vendredi. On enregistre d'abord les noms de ceux I qui se présentent pour entrer dans la confrérie , et le lundi suivant ils voM tous en pèlerinage à Notre- Dame-de-Grâce, dévotion célèbre, à deux lieues de la ville : c'est qu'aprè» la mes9i^ entendue, le roi est tiré au sort : pour les sénéchaux , c'est un ofScier qui s'achète au profit de la confrérie. Le jour suivant ils s'assemblent tous, et le curé de Notre-Dame, ou son vicaire, leur fait une exhortation au sujet de leurs obligations, de leurs fonctions, etc.

Les officiers en charge vont tous les ans en céré- n^onie^ la veille de la Fête-Dieu^ prendre un des anciens confrères, selon son tour et son rang, qu'on appelle le Roi des rois^ ou le roi des anciens rois; et ils le conduisent de son logis à l'église de Notre- Dame, il assiste avec eux aux premières vêpres, et à matines, et le lendemain à la grand'-messe , et tout de suite à la procession solennelle du saint Sa* cremént^ suivant inunédiatement le diiis, et portant une couronne à la main. Ceux qui l'accon^pagnent et le3 anciens rois , c'est-à-dire tous ceux qui ont porté le chaperon, marque de cette dignité, portent des flambeaux ornés de fleurs, et sont en habit ordinaire, il n'y a que ceux qui servent actuellement qui por- tent la robe longue de la confrérie.

La jH*ocession finie, et la messe, qui se célèbre au retour, étant dite , on reconduit le roi des rois chez lui , toute la confi-érie dîne.

Mais avant que de se mettre à table, ils sont obli- gés d'aller servir douze pauvres, dont le couvert est

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( 353 )

mis sur une table dressée c

la maison du roi. Ce repas <

bouilli, en rôti, avec îine i

que pauvre , qui leur est

Ceux - ci sont debout autoi

viette sur le bras , et le roi est au bout de la même

table , aussi debout, la couronne sur la tête.

Le jeudi, jour de l'octave, on distribue encore un gros pain à douze autres pauvres, chàciin le sien; ce sont les fières en^exercice qui font cette dernière dis- tribution, le tout aux dépens d'une fondation, dont je ne sais ni Tépoque ni le nom de Fauteur.

Ne vous attendez pas non plus , monsieur, que je vous dise ici quel<Jue cbose sur la première institu- tion de cette pieuse confrérie,* nous ne sommes pas si savans dans ce canton. Je crois qu'on peut la faire remonter aussi haut que l'on voudra et lui dcmner même pour instituteur, du tnoins poït premier mo- dèle et pour patron, le saint homme Tobie. Le peintre du grand tableau dont vous nk parlez, qui se voit dans l'ëglise paroissiale de Louviers, à quatre lieues d'ici, était bien persuadé de son antiquité, puisqu'il fait assister des confrères de la Charité, à genoux , en habit de cérémonie, autour du lit de la Sainte-Vierge, dont il a prétendu repirésenier le trépas et les obsè- cpies avec \m bénitier aux pieds, etc.

J'ajouterai à cela, puisque vous êtes curieux de nos cérémonies, que les chanoines de notre collégiale ont choisi pour patron saint Barnabe. Un chante le jour» de k fêle une messe des plus solennelles , à Ia<{ueUe I. tf Liv. i3

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(354)

aosisient lous les ofliders, tant ecelésiastiqpcies que kï- ^foes. A roffertoire, les bnuts vicaires présentent i chacon de ces officiers tme couronne et un bouquet da fleurs. Le diacre m^e et le sous-- diacre quittent Fautel pour satisfaire à cette obligation. Je dis obli- gation, car ces meaneurs ayant Toula se dispenser^ il y a quelque temps, de la cérémonie , et iistmé poor cela une insunce au Parlement, les officiers ont été maintenus dans la possession de ce droit par un arrêt contradictoire.

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( 355 )

CINQUIÈME PARTIE.

ADDÈTimi AU CHAMTRE 11^ % ni [i).

DES CLERGS IvfARIÉS

DAÎîS LE MOtEîî-AGE (2).

l/ËGLiBE d'Occident a toujours regar^ le célibat comme une obligation indispensable des prêtlïss; ce- ti|>endait, sur la fin de lapremiène race, c'ëjtait un dé- sordre extrêmement ccknmun parmi eux'que dVntte- teuîr des femmes. On peut juger de l'effet qiieproflaisit lijèe dî^ordre sur les p^||^es barbares qui embrsfâsèrent -W^bristianâsme. Ils connaissaient peu , par leurs mœurs précédentes ,% vertu de la cooitinence ; et ceux d'entre eux, gm prirent les ordres sacrés , crurent approcher pïûs^ l^ de la perfection que leurs maîtres en fait

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(356)

papes employèreiit toutes sortes de n^yens ptipr le faire cesser. Ils privèrent les prêtres mariés de Jttb bénéfices , ils les excommunièrent ^ et ééfeniânSit d^entendre leurs messes; ils déclarèrent 1^9|s e^^ bâtards; ils réduisirent même à la servitude 4es sei- gneurs les firuits innocens de ces mariages iUégitiitîïÊS; et malgré tous ces moyens y ce ne fut que dansTle onzième siècle qua^ Saint-Siège et les conciles par- vinrent enfin à assujettir les prêtres au célibat. T^ous avons la preuve quMndépendamment>,de leur lépu- gnânce à la soumission sur ce points ils étaient con- firmés dans leur libertinage par la tolérance des évé-i ques. Elle résulte d*un des articles du concile ^tenti 11 ^ Lillebonne en Tannée 1080, en présence de Gml- laume-le-G)nquérant9 roi d* Angleterre et duc de Normandie. En voici les termes:

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: .% ( 357 )

:||est ai|é de concevcnr <jue cet article blessaii m»- nmH^meDt les droits de la juridicticm ecclésiastique siûri^<^ux qui avaient pris les ordres sacrée, aussi le même article en i%nd-t-il la raison immédiatement

«J^(BC (U^em prœdictus rex statuit, non peren- <^^^pr episcopis suis debitam auferendù juMiUanij (I sèd quia ea tempope minus quàm convenisset indè ((fecissent; donec ipse eorum emendationem m- « dendoj eis reddiderit pm henefacto quod tune de ^mûïÊU eorum iemporalUen tulerii pro comndsso.» pBelle leçon pour apprendre aux ëvéques quels sont ^ sur eux les droits de Ta royaut;é lorsquUls manquent aux devoirs de l'Eut.

Il resta cependant de cet aD^cien abus que le ma- riage n'était pas interdit aux clercs portant la tonsure \ et servant l'Eglise. Cette licence était encore tolérée dai^k quatorzième siècle^ comme on le verra par la l^suite \ et comme l'a remarqué M. Meury dans son ^sèpèième discours sur V Histoire ecclésiastique ^ n* 8, il dit :

Que comme les ordres mineurs sont compatibles ^âvecle mariage, tout était plein de clercs mariés qui, sans rendre aucun service à l'EgUse^ s'occupaient du trafic et des métiers, même les plusindécens, jusque- % que le concile de Vienne se crut obligé de leur àé^sxà)^ d'être bouchers et de tenir cabaret, et aupa- ravant on leur avait défendu d'être jongleurs ou bouf- fons de profession. ^ - Les familles y trouvaient leur avantagé, mais les

^-^

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(â58)

prinoes et les M^ieiurs ea aoaffrak&t , pif|0e cleros mariés ne cosmlMiaiem point f ux i et qa^ils se prétencUîem exen^ts de toute par Tsqpport à leurs héritages.

Sur ce fondement ,Jes pères et les mères tout le patrimoine de leurs familles S|ir la celui de leurs enfans qui était clerc, an mo; quM ils se croyaient exemptés de tous service^ vers les seigneurs dont ils étaient les vassaux. Le nui s^acorut àu^xMUt qu^il fallut y remédier, et ce fid: ce qui dimua lieu à Tun des articles du conc(N*4at tpB VhiMppe Augure et les barcms du royaume passèreaM avec le dergé pour Téfxixner tes enU: epÂes des êcdé-^ i siastiques sur l'autorité royale.

« Quartum capitulrim est qubd nullus burgensis icvel villanus potestfillo suo clerico medietatem i (iterrce suce vel plusquam medietatem donare : si\ <ic hahueritfilium vel fittos^et si décrit ^^HâÉÊÊ^ j (( tertœ citrh mediam, clericus débet red&cMie servitium et auxilium quale terra debebatéumtnis aquibus debebatuT; sed non potetit 4aWaîi^ nisi ((Juerit usurarius vel mercator; eé'pa^ deeéssum^ Ksuunij terra redîbit ad proxîmos parétUesi e( « nullus clêmcus potest emere terram qud^Êeddat ^domino taie servitium^quaïe terra àeb^^\(0k^ des comptes de. Paris, Terrier^. Cartel, de Norriti foL iaô.)

£ies évêqiies el^s barons de. J^orti^^xi^e^^issèi^ à |)éu près dans le même tém{i| , c^t^yîrf»iHrc' ytv^

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(3%)

Paa I3I9» un $c(md semkààAe en T^çli^piicr; ^n voici Je* termes:

{Scacdrium sancti Mîchaelis apud Falesîam. Jn.T>.M.CCXIX.)

« jiocorxUaum est pet tpiseopos et bartmes quàd (i sialùfuiscormam habem vei kabèum deric^iem^ « duxerit uxor^m, de feudo iaico quod tenet/hçi^ ^Âommù régi et ihminis aliïs quod feudwn debeh (i^ de burgap& hoc quod alii àu^emes /adutitj ii€tm bwgafpù fiet justitàst et m feudo Imoo pn ^cgmieoquoddebéu super ommia <melh(iîmùAe$) H q&m Hi ^frverUentur* Siveroj postquàmMcoasm a duxm-Uj coronam acceperit et habimm eierici^ de bm^agto et feudo faciet tatufunm taicus fwmop et uedmmUimlmcUéUHr.y^ilh.^ liv-5t. Just., fol. ib. 8^)

La phâwpagoQ éprouva aussi le^ mêmes abus, et Tlubaiu le posthume, oomle de Champagne et roi de ItaTsrre, en ayant porte ses plaintes au pape Inno^ cent IV, en obtint une bulle portant injonction au» évêijues de les faire cesser. Cette bvdle étant demeurée aaal effi^t, le même prince s^'adr^ssa d^ nouveau au même pape, qui pour lors était à Lyon, et eu fit ren* diye une seconde, datée du 5 des calendes d'ami Vm viu du pontificat >^uiant ^ qui r^>ond à Tan i ^49 > puiique Innoccim occupa le $aint^ Siège dqmis 1341 jusqu'en laâ^. {CartuL de Champagne j delà bibl. (hroij/oLS%)

, Nonobstant ce règlement, le fcandale continu^ en Normandie, puisque le concile de la province de

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(36o)

Rou^i, asaemUé au Pont*Audauer, le kaidemain de la fête de la décollation de saint Jean ^Baptiste de Fannëe 13&79 fit un décret à ce sujet. Il enjoignit à tous les curés d^averur leurs parois^ens pendant trois dimanches ou fêtes solennelles^ <{ue les clercs non mariés et ceux d*entre eux qui Tétaient eussent à s'abstenir de tout trafic, et principalement de tous emplois indécens, et à porter la tonsure et Thabit con- venaHe. Le concile déclare que si à la troisième tno- nition ils ne viennent point à résipiscence, Fl^^se ne. s'entremettra en aucune manière pour les proté* ger; qu'elle tolérera même, à l^égard des clercs ma- riés, que les seigneurs séculiers exigent d'çux les mêmes services que des laïcs; qu'enfin si, aq^r^ les mcmitions , quelques clercs persistent dans leur abdi- cation de Piiakit clérical et la tcm^nre, et commettent des délits graves pour lesquels les juges sécflpbrs les fassent emprisonner, les Pères du concile n'emploie- ront pdint les censures pour leur procurer la liberté. ( Chambre des comptes de Paris, Terrier. Cartul. de Normandie,^/. 3.)

Enfin, nous avons la preuve qu'en l'annéç r^ao^ l'abus sub^ait encore, puisqu'en cette année la com- mun^ de Meaux ayant prétendu que les clercs mariés de cette ville devaient contribua, tant de leur cbef que de celui de leurs femmes, aux tailles et aux autres impositions, il fiit réglé que les clercs mariés demeu- rant dans la ville ou dans les limites de sa commune, ne pourraient être mis à la taille de leur chef; mais qu'ils y contribueraient seulement du chef de leurs

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( 36i )

feimioies, de même qu^aux impositions ordinaires et extraordinaires, en sorte cependant qu*mi clerc marié ne pourrait être tenu de payer, pour raison de isa femme , que la moitié de la taxe qui serait faite sur un bourgeois de la viUe 9 qui lui serait ^al en faculté, et que pour cet effet Tassiette des tailles et des autres impositions serait faite à Fayenir par le maire et ses bourgeois, et par quatre ou âx clercs conjointement. L*aae de cette convention et les lettres de confir- maiion de Guillaume, évêque de Meaux, du mardi après la fête de saint Pierre de Vannée i330, sont dans le CartuL de Meaux, gardé en la Chambre des comptes de Paris.

Je crois que Ton peut attribua à cet abus, qjki ne sqbsiste plus en France , Uusage qui se pratique en Italie des permissions que le Saint-Siège accorde & des gens mari^, de porter la tonsure et Thabit clé- rical. J*ai traité avec le ministre d'un soutarain, qui était vêtu de la sorte, quoiqu'il eût fenune et enfans. 11 regardait cette permission comme une distinc^on, par le respea qu'on porte en ce pays, plus qu'en ténit autre, aux ecclésiastiques^ et comme une grande com- modité ; il aurait pu dire aussi comme une épargne. Je n'ai point ouï dire qu'il y eût aucune exemption en faveur de ces clercs mariés; inais il est sûr que le pape tire un droit modique des permissions qui leur sont expédiées en sa chancellerie. Je ne crois pas que ce droit excède de 25 ou 3o francs de notre monnaie pour chaque permission.

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( 362 )

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PARTICULARITÉS CURIEUSES

DE l'hISTOIM GAUITTE X QOTLQUB$-OïïS M TïOS *OIS. ANCIENÎŒ LEGENDE

9SS AMOURS DB G9IABI.B1IA0IÎB (l).

Quiconque prend garde aux extraordinaires cl wir- natiJfelFeffe^s des dainaons en toutes leur» malices, et q>éçialement en <^ste cy, est soudain conune fercé 4e recognoistre (m^lgr^ soy ) iju'il y a quelque j^ssance motriice qui faict jouer des ressorts secrets et cacl^és aux sens et à la nçiture. Et que comme ces m^Bn» esprits ne font jamai^Jparoistreleur, estre et leuir fSrce que pour ynal faire, et après avoir faict autant 9ia>ux q^Hls ont peu selon la permis^ioi^pi leur a este donnée, aus^ sont -ils cwtraincts de céder et d'obéir k quelque feutre cause première et ^uteraiiw

(i) Extrait àe V Examen des Aîmanachz, prédictions,, philtres, charmes, etc., par Antoine de Laval, p. S^t et suiv. de son Recueil intitulé : Desseins de professions nobles et publi- ques, contenant plusieurs traiez divers et rares.^i avec autres beaux secrets histoiiques, exiraîcts de bons et authentiques Mémoires et manuscrits,.. Paris, Abel Langelîer , * i^bS^ in-4'*« ( Edit. G. L.)

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"* ^ (363 )

qui leur commande , et ]eur a donné Testre ei la sub- sistance simple et séparée de matière aussi bien qu^aux aiues. Qui est justement pour revenii* au premier poinct de ce traicté^ qu^il y a une malice extresiiie à ne vouloir confesser Testre de Dieu et de nos âmes qw par le moyen de celui du diable. AinsiSàdian se pror duisani par ses effects magues, par les prestiges, sorti- ' léges et Êiscinaitions, fait comme la souris qui se trahit elle mesme, suo périt indicio sorex^ il porte en des-, pit de ses dents, les esprits infidelles et athées à re- eognoistra la cause souveraine du tout estre Dieu très . "grand, tiAs bon et très puissant* Ne trouvons donc pas esirange si par la permission de cette cause sou*- ver^e^de cet estre premier infini et incompréhen- sible (que la faiblesse humaine recognoist plustost par ce qui se dictde luy au non estre qu^en Testre j^esme) les effets pernicieux de cet imposteur Sathan sont ai firéque^s au numde. Nous voicy sur nostre matière /et premièrement sur le compte du roy Charleimagne eu^ sorcelé d^amour.

Pétrarque , aùtheur des plus fameux et célèbres de s(m temps, duquel les oeuvres, tant latines que vul- gaires, se recommandent assez déciles - mêmes sans autre préface de louange , escrit au premier livre de ses Ëpistres, en la troisiesme à Jean Colonne Romain, luy rend compte d'un voyage qu'il a faict en France et en Allemagne; et entr'autres choses remarquables de sa pérégrination, raconte ceste cy, qu'il affirme avoir veue «scripte aux registres anciens gardés dans h thrésor et archives de l'église d' A ix-la-Chapelïe en

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( 364 ) ^ ' ^

Allemagne, et dict encores qu^il Ta leue depuis en autres autheurs plus modernes. Mais avant de mons- trer si tout ce qu*il çn dict est du rang des choses faisables, je veux représenter simplement ce qu*il en escript, sans y rien adjouster du imen. Ycncy ^qu^il dict ensuitte de ce qu'il a veu. ^

« J*ay aussi este à Âix, Ton m'a faict Votr un. compte qui af^roche de la fable. L'histoire .portçt^ue -ce roy Charles (Charlemagne), lequel cette nation' ose égaler à Pompée ou Alexandre et le sumcmune . Grand j ayma ^rdument une dame, et sellonna te}<- lement en proye à cet amour, qu'il en A vint tout hors de soy mesme, négligeant et sa réputation (dont il avait toujours esté très-soigae^ix) et le bien de; son^ Estât, n'ayant flm d'autre soin de mémoire nj de pensée que de servir et caresser ceste nouvelle maisr" tresse , au grand regret et extresme déplaisir de tous ses meilleurs et plus loyaux serviteurs. Finalement, comme il n'y avoit plus aucune espérance de guéri- son (ce fol amour ayant bouché les oreilles de ce fnrince devenu du ^out incapable de tout salutaire con- seil), la mort de ceste dame survint inopinément, dont toute la cour se resjouist bien fort et en cachette toutes fois. Cette joie ne dura guères sans estre suivie d'une plus grande tristesse , d'autant que l'esprit de l'empereur se trouva saisi d'une plus salle et moins excusable passion, sa fureur amoureuse n'estant nul- lement amoindrie par la mort de celle qui l'avoit al- lumée, ains se trouvant ceste aflFection première du tout transférée en ce corps inort quelque puant ci

HV. ^

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. . ( 365 )

infect qu il peust estre, Ap-ès avoir faict embasmer et parer le plus richement qui se pouvrât <5este orde et immobile charoigue, ce pauvre prince y demieipa si assiduement attaché, qu'il y perdoit et repos et repas ^ se consommant jour et nuict aux £roids et fur nestes emhrassements de ce tronc remplyde puanteur et de vers. Et non seulement se rendoit inaccessi- ble aux ambassadeurs des princes estrangers qui accou-^ roient de toutes parts à luy pour les aflFaires de la chrestienté, mais ne permettoit Tentrëe de sa cham^ bre à ses plus particuliers serviteurs et prives doioes- tiques ; affligés du deuil delà maladie et transport * d*eaprit d'un prince si grand en toute autre chose. Au mesme temps se trouvoit en la cour de l'emne- reur un grand prélat^ archevesque deColoigne, aussi recoinmandaUe pour sa doctrine, qu'illustre pour sa preud'homie et grande saincteté de vie, qui luy avoit acquis tant de créance et d'authorité qu'il cstoit le chef du conseil et fort familier de l'empereur. A l'af- fliction et transport duquel ce bon archevesque com- patissant comme les autres loyaux sujets, eut recours à Dieu après avoir recogneu combien tous les moyens humains y estoient inutiles. Il commence à prier Dieu avec larmes, aumosnes et jeunes à ce qu'il pleust à sa divine bonté délivrer ce grand empereur d'une fu- reur si violemment desreiglée. Ainsi continuant ses oraisons, il se trouve consolé miraculeusement: il luy arrive en célébrant la saincte messe (comme il avoit de coustume de faire tous les jours), ayant baigné sa poictrine et l'autel sacré d'un torrent de pleurs, es-

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( 366 )

paada infinies ardentes prières, que scnidain tme voix. luy révèle qae la cause du tran^rt ^rieux^^ ce pfînce estoil caclié sous la langue du corps vèàft^ près duquel il dHoit languissant. Ce sainct i^xuooe in- finiment eajouy, son office a^evé, ascourt ^pt corps^ ft le plus secrettemcnt qu^l peust luj met la mam en la bouche, arrache de dessous la langue une pierre enchâssée ^ un petit anneau. tout à Tinstant ar- rive Charles Tempereurponr y continuer son^exercice %DCOiistumé; mais à peine estril entré qu^une horreur extcesme de ceste charoigne puante le 0&it, de sorte que tout frémissant il la fàict à grande haste enlever pour l'aDer jetier en terre, et en son lieu court à ce b^ prélat envers lequel toute ceste foreur d*amour s^estoit convertie; il Tayme, il le chérit, il Fem- hrasse , il ne dépend plus que de luy et lie s'^Dbjpeut séparer. Ce que recognoissant ausisitdst ce sage arche- vesque et -soigneux pasteur, résolut de se deffaîre de ce que plusieurs autres moins preud*hommes eussent tenu et serré bien chèrement comme quelque bonne fortune. Et consultant sur le moyen de perdre ce qtHj| perdoit son prince , craignit que cette bague ne rhit (la jettant à Tadventure) en la possession de qnel- qu'autre qui en abusast, ou que la mettant au feu il n*en si}rvînt quelque désastre à Feiïqigreur, partant jette ce maudict anneau dans le ^us creux des ma- rests de ce lieu d'Aix, lors estoit la court. L'em- p^^!ur à Tinstant chârit ce maresèageux séjour, le f«Gonmiande pour tme beauté particuUère oue Ipy seul y recognoist, en devient si amoureux, qu*ij^esta-

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blit $on séjour principal , et en faict le chef de Tempire^ y faict ba$tir un beau et somptueux palais avec une grande et riche église^ poin* n'obmeture au* cun ornement et lustre tempcnrel ou ecclésiastique qui le peusit décorer^ y achève le reste de ses jours ^ et cnrdonne d'y estre enterré y après avoir tcmtes lois faict une loy fort solennelle que la couronne et les autres enseignes de l'empire romain seront à ^usjours con- servées au thrésor de ceste église d'Aix. ^e la mesme tous les empereurs s'en viendront revestir, y seront sacrez et non ailleurs, ce qui durera (dict le statut) tant que l'empire de Rome sera au pouvoir des G^- mains ou Allemands. »

Cette histoire ne se trouvant escripie en aucun autheurdu tempsdeCharlemaigne, sembleroit appro- cher de la fable el de quelque compte faict à plaisir si nous n'en avions leu d'aussi estranges. Je ne fay point de doubte que Pétrarque ne l'ait trouvée dans les archives de ceste grande et belle église d'Aix-la- Chapelle , et qu'elle n'y ait esté mise de quelque bonne main. Mais ce; qui fejt que Pétrarque ne Tosa pas donner pour véritable, fut le doubte il estoit que cela se peust faire , bien qu'il assure l'avoir en- core leue ailleurs. Il y a de quoy s'estonner que ceux qui ont escript ^histoire de France ou d'Allemaigne dès ce temps -là n'en disent mot. Mais nous recog- noissons bien par les Mémoires qui se trouvent tous les jours, que c'est dequoy nos vieux historiographes seront les moins souciez que de nous laisser la mé- moire des actions particulières de nos rois, et n'ont

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( 368 )

pour la plus part remply leurs histoires que de gestes seignalez, d'effeds puUics, d'alliances , conquestes^ guerres, batailles ^ journées, victoires, abonchemens^ entreveues, trefVes, paix, traict&, entrées, trionaphes et autres pompeuses et esclattantes actions dofii le narré faict bruict , ravit l'esprit et Toreille , pare et enfle le stile et peut acquérir de l'honneur à traie-

ter ^

DE LA CONCUBINE DE CHMU^S VII, APPELÉE LA PETITE REINE.

(( Les amours de Charles YI, dit Sauvai (i) , sont « moins à condamner par la licence que par leur sin- <( gularité, puisque Isabeau de Bavière, sa femme, «n'y consentit pas seulement, mais encore y aida (( elle-même : car, comme ce prince, durant les accès K de sa folie , la battait quelquefois, craignsmt pis, la ((fille d'un marchand de chevaux, par son, moyen, « tenait sa place la nuit. Cette fille, au reste, était et ((belle et jeune, et d'une humeur agréable f si bien (( que depuis, tant à Paris qu'à la cour, on ne l'appelait ((point autrement que la petùe reine. Elle eut une (( fille de lui et deux maisons avec leurs dépendances, (( l'une à Bagnolet, à une lieue de la ville , Tautre à « Creteil , qui^ en est à trois (3). »

(i) Extrait des Amours des rois de France, p. 17 de Fédit de HoIL, 1789, petit in-ia.

(2) Sauvai ajoute : « Or, le brait courait qét cette liHe si

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( 369 )

Cette anecdote est tirée d'une ancienne chronique rédigée en latin, faisant partie d'un recueil de pièces manuscrites de Du Puy, et dont voici le texte :

Eo^ historié wtœ Caroli FI. M. S. Cap, vltimo.

Qsna tamen occasione suce infirmitatis {^sciUcet

régis) dubitabatur non modicum ne in personam

régime aliquid sinistrum committeretj secum dor-

mire non sinebatur; sedj sibi dataficit in concubi-

nam quœdam pulcherrima delectabiliSj et placens

fuçenisj Jilia cujusdam mercatoris equorùm j de

ccnsensu tamen reginœ^ quod^aldè videbatur ah-

sonum.Sed considerans mala^quœ sibi imminebant

propter verberationes et oppressiones qUas secum

pertuleratj et etiam qubd duobus malis propositis

minm est eligendumj iUud tolerabat. Quœquidem

filia competenter fiiit remunerata^ quia sibi fue-

runt data duo maneriq. pulchra cum suis omnibus

pertinentiis j siiuata^ vnum h. Creteil, et aliud à

Bagnolet : et ipsa vulganter vocabatur paJdm et^

publicè parva regina; et secum dià ^tit^ Susce-

pitque ab eo 'unamjiliam quam ipse rex matrimo-

nialUer copulavvt cuidam nuncupato Harpedenne,

belle, sans se soucier d'être battue , tenait ainsi compagnie au roi ; la reine, de son côté, tenait aussi bonne compagnie à un grand prince dont elle ne craignait point les coups. La Chronique scandaleuse assure que ic'était le duc d'Orléans y frère da roi, de son mari, etc.. »

I. Liv. ' ^4

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(370)

cmi dédit dmnmium de BeUeville in fèGtwia^fiKa- ^ae vocabaiur domiceUa de Belleville.

Cette femme se Aomntiait OdeUe de Champdè^^s^ La fille qu'elle eut de Charles VI fut reconnue et mariée sous le nom de Marguerite de Faims. (EàM)

LES REGRETS ET VIE

DE LA DUCHESSE DE BEAUFORT,

DiTulgoex en l*an 1597, lors de la ptlse d^Amîeas (i).

Ceux qui jugent par £^parence , qui préfèrent les richesses au repos, les grandeurs à rhonneur, etk vanité à la vertu , admireront ma bo^ne £>rtune; car

(i) Extrait 4'uD Recaeil de pièces manuscntcs relatives à l'histoire de France , provenant de la Collection de Fevret de Fontette, et qoi fait maintenant partie de notre cabinet. La belle Gabrielle n'avait pas moins d'ambition de tendresse. II ne Ini suffisait pas de régner également sur ^l'esprit et sur le cœur de son royal amant, elle aspirait en- core à ligner sur la France; elle convoltâdt nue ronronne ; et Henri IV, ivre d'amour, pensait déjà à Im sacrifier Mar* guérite de yak)ii5, lorsque la surprise d'Amiens par un parti espagnol arracha le roi des bras de cette dangereuse beauté. La nouvelle en était parvenue à la cour le 12 mars^ veiik de la mi-*- carême iSgj^ et les plus rives larmes y avaienl succédé tout à coup aux plaisirs ^n bal, <ie la taUe, ée la galanterie svrknM, q«i semblaient seuls alors captiver le coeur éa monarque» Mais la France , sa plus noble «•■- qpéte, était menacée; le héros s'était réveillé au coàp ptftî

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. ( 371 )

leurs âmes ambitieuses, qui font leur souveiain bien dés Irësors, n'ont aucune connoissance d'autre bon* beiir; mais les yeux clairvoyans, qui postposent ce Détail trompeur dont la jaune couleur aveugle les plus simples^ à mes ennuys prësens et à nigs appré-. bensions futures, au lieu de priser mes conteptemens, m'ayderont à plexnrer mes peynes. Il n'y a à la vérité, celuy qui me voyant belle et en fleur d'aage, et amie ' d'un grand iroy, n'estime ma condition fort beureuse^ . un chacun court poar me veoir, pour me liuer, pour

d'ÂraieBs, en s' écriant : « Ce coup est du CieL Ces pcuwres gens^ pour amir refusé une petite §armson que je lew^ ai çoulu bail/er, se sent perdus. Puis ( ajoute l'Estoile qui rapporte ce fait )y . songeant un peu, dit : C'est assez fait le roy de France , il est temps defmre le roy de Naçafre; €t se tournant vers sa mai- tresse qui pleurait, lui dit : Ma maîtresse, il faut quitter nos armes, et monter à cheoiU pour faire une autre guerre,- comme U , fit dès le jour même, marchant à la tête des siens et lepre-

^ ^^ cette circonstance de la surprise d' Amiens que fait âl/tfêîon le titre de Regrets, supposés, de la duchesse de \Be0i^rt, qualité qu'on donnait alors à Gabrîelle d'Estrées. jQuoiqfué cette pièce ne soit qu'une iMitire^ le roi n'est pas iplés épargné que sa maîtresse, elle ne nous a point paru înIdfffîDe de l'histoire , parce qu'elle tendait à prévenir une h^ffke folie, parce que le thème en est vrai, et que , dans IPaiciiertome d'un repentir réel , la duchesse aurait pu dire ou {>en^r, à peu de chose près, tout ce qu'on lui fait dire ici.

\li^S notes sont de l'éditeur C. L.

yi^ournal de Henri ly, par l'Estoile, mars iSgy, t. a,- p. 3^9 de IVdit. difci Haye, 1741. * '^ - - *

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(370

reipierir àe grâces. Les grands me désirait,!^ m*envtent, et tous ensemble me repaient bi mise. Je suis le but vers qui tous les jeux pi ^^miour se dédient, mesme celles dont les actions sont plus honorées. Mais o cid Cuit! do]|^ les événemens inconnus sont à les justes jugements infaillibles, tu sçais en.j de sortes ces prospérités me sôivt traversée^ bien si le temps présent me contente^ la passé me ti^waille , et Tincertitude Tad tourmente : le jour dont tu nlanifestes à tm:^i rite de mon crédit ne sert que d'esclairw et la nuict dont tu satisfaits à quelques ^ remémorer les offenses faites a la vertu; ^j ibrmer un tesmoignage de la vie de ma. m avaUture de sa fin , la quelle, ainsy qu'on laissa joiiir au plus ofirant et dernier eft^Bâci , convenant à mon pucelage , que j'avûb à soi regret gardé l'espace de quinze années avei nombre de mil escus dont le roy Henry d cédé fit porteur le sieur du Bouchage, m France , que je n'oserois regarder sans chant le tennoin et le spectateur de mes fautes continues n'âvoient aCcreu l^ii Mais on ne peut contrevenir aux deftinéés^ Ï4Î la jeunesse et l'exeiAple de nies plus proches çoient, incitoient , faisoient résoudre : ^ussy je de telle façon qu'à mon intérest j' tout, s'entretient de mes folies, et ii'aj eu en p(Bu rien à peproctenl n^ mère y tante p sijëiirs,

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, ( 373 )

les unes et les an^QS en divêr^lé de «objets aifem prodigalement dèparty leur courtoisie, et glorieuse* ment excellé en leur art ; si bien qae de main' en main je suis parvenue en celle de ce grand roy, tant faTOfisée et aymée, qu'il semble que le Ciel, pour piim^ me§ erreurs, m*ait expressément eslevèe en cette Iiauteur pour rendre ma chutte plus remarqua- ble» Car de m'y conserver plus longuement est hqrs d'espérance, ayant failly tant de belles occasions, et ne me pouvant persuader, tant mon ame craintive augure plustost le mal que le bien , qu'un roy dont les subjets propres' controllent les actions et du quel la soldatte humeur n'est gueres propre aux délices «^ d'amour, je le puisse longtemps maintenir en upe vie oysive, et telle que le bien et advancement de mes affaires le requerroient. Je scay d'autre costé le mau-- vais dessein de plusieurs pour le destourner, s'ils ap- perçoivent tant soit peu de son consentement, ou bien qu'ils trouvent qui veuille porter la parole comme le& . ambassadeurs de cette vieille reyne (i) notre vdisine, la quelle blasmant en autruy ce quelle approuve en . elle mesme, en a fait toucher quelques mots tcmchant

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( 374 ) .

qoi n*e9l pais fort fwptwwhk à sai eouyoïce. Car de ine praoKCtre oq cTeapérer une lëgkikne isaae de c^ anour, et Teoîr ooaYert im ooi]qple si dissemblablçTcfe flenr de Ijs, aoroit ae flatter et iromper tout enaemnle^ Le rojr auquel mqa flatteoses dcœpdoiis fittt tout ap^ |Koiivery ne IV aaë proposer en eette assemblée, âî^P^^ qa*il Fenst priiM^qialenMmt cofiY(Mxpée pour ce w^Bt., m'estant à demy persuadée qiie le desùr nniyeisel'tttt lojamne aooepteroîi plos volontiers mon Caesar (i)^ ja grand, qo*nn qui fbsl à concevoir, et dont Va^tente poDiToît canser de noayelles prétentkHis entre cet op- dre de princes tant désireux' de r^ner, ne considé^ rant et n'ayant esgard mon paternel UsayenI es- toit procorear deMonstreoil, et que du costé maternel Foiigine de ma noblesse seroit pins difficile à proaver; sins me semMoit l'amoar esgaloit toutes dboses^ Je me fiçoroîs un Henry VIII, roy d'Angletene^ amoureux d'Anne de Boolen marquise de Rockefbrt^ non Baoîns belle que moy et aussy débordée, pour la quelle il répudia Catherine d' Arra^cm , en ayant une ^fiUe ; et ne me semblent du tout inqMSsible et hors de r^san que Henry lY, roy de France, se sé^Murant de Marguerite de YiJcms, qui est stérile, n'eqpousast Gabrielle d^Sstrée, qui est enceinte et portant im dauphin sons son griffon. Aussi me vois je traîlrlée de mesme qu'une reyne épousa/^ soliditm, me levant e^^

-^

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(i) César, doc àe V^ ea ii»

roi. 11 avait alors deux ai

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( 3:5 )

couchant^ huy S ouiierts, dans fes litjs les lé^timas

embrassemen^ som sailement permis^ ne manquant

qu^uQ^ bieA petite oérëmoBia d'uni prestre pmur

l^c^ndbee mon contememeiift cai perfections Mais je

n^ay d*av^^ eosiiâ €%ard que ce garçon^ sur le ijnel

repose le plus solide fondement de ma i^auté, est

fiils ppësomptif de plusieurs pères dont Tombrage cet

parvenu jusques au rojr et son ^fpcéimaskoJk juagnes à

nu>y> lorsque le jpur du baptefinoe il fil refiosale nom

d' Alexandre (l)r de peur que le so^om, de Grand

ne confirmast Topinion qu'on ai?oit de la véritëi; et*

]yf adanie (2) , qui taist que fert peu ie diesq, en

le ctmtemplant ai ^m ibrmé pour le temps ^ pto^

no(Qiça qu'il vivroit ,. <^r sans donte il estoit à tenne^)

et plusieurs antres railleries qui pQurroient abbaîsser

ma présmnptiou si li^ imaginées grandeinrs ne m'ei:^

sont osté dtt tout la raî$on et le jugemexit. Mais qm

s'en)f>e$Qheroit de se mëcomioistrey si; quel eourage

n'esleveroit son ambition pour se veoir flattée et avoir

pouvoir sur toutes sortes de personnes de toutes qua-

litez et dignitez; un roy ei^ public et en particulier

ordinairement près de moy, plus soigneux de me sa-r

tis&ore que de préveoir à consçirver son royaume ^ le

î^ . . * "

(ï) U k donfîd^ am^bi^vj^r de Ve«4ôwft frèçe pu|oé:d«t César^

(2) Cathierine de Bdurboû^, princesse de .Navarre, iomit de Henri ly , qa'^A appielait alors M^4^ie^ et qui fut depuia doiçhea^e de Bar^ par $oa mariage arec Henri de Lorraine, duc de Bar, en janvier iSgg.

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«.376) WÊOj et pour les miais que ce '; un chancelier (i) dont les ii^ sc^Uest que ce qu'il plaisi à madame de ^ ,4 ai* taBAe; ud mareschal de France mon beau ^ ^ ^i)^ attBoit heureux en sestftutres exjdmts qu^en >^^ ntfâige; un duc d'Eq>emon autant mon amy ,^:i ht hast jamais de ma sœur Diane; un seigueur j# Aoqaelaure mon [Nroehe allié (3) du costé de maf 9i«yr Fabbesse.^ref tous ceux qui peuvent faToris^r fifcedever mon «dessein en sa splendeur so^t mes af* fecti(mneE en effet ou bien en semblât, excepté ceux ^ pour eux ou leurs parens hument Tair de cettQ eonronne , voire mesme les huguenots sont h teloj, tam ils craignent Tinfante pour reyne, et l'inquisi- tion pour dot , dont, je me - suis longuement et viye- nient entretenue en cette espëraoïce, scachant aussy qu'une petite batteirie feroit grande hresdie k sa fer« metë se je luy iaissois par trop approcher cette nou-

(i) Ptiilippe Hnrault de Cheremî.

(a) Jça» de Montluc, seifueor de Balagny, comte d^Or- bec, prince de Cambray et maréchal de France , qai avait époosé Diane d'Ëstrées, sœur de Gabrielle, laquelle, parsôn avarice, causa la perte de Cambray, et en mourat de dépit.

^3) Vraisemblablement Antoine de Kotpielaure , bon ca- pitaine, fin cwrtisan, qni, après avoir gagné les bonnes grâces de Jeanne d' Albret, devînt le compagnon d'armes de son fils , et jouit de sa confiance, qu'il mérita. Henri IV le fit maitre de sa gaoderobe, maire perpétuel de Bordeaux^ et lieutenant - générait en Guyemie ; mais il ne fut marécbàt qu'en i6i5^

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( 377 ) vdle connestable, dont je scay qu'il a le cœur chaud, et le compère froid aux pieds j j'y ay pour- veu si accortement que je n'ay à douter de ce costé là. Mais l'exemple de la Fosseuse et de la comtesse dëlaGuiche qui l'ont autant et si longuement possédé comme moy, des quelles maintenant, pour me penset obliger, il n'a souvenir que pour se mocquer, faire des contes pour récompense , me l'a fait appréhender pareille en mon endroit, et que sans doute il me rendra Ja risée du peuple et de mes envieux, non sans me procurer comme elles prou de larmes, si cette vertu martialie qui le fait régner s'^nveillit plus lojQguement par mes in^diques volupiez. Le roy, pour parler sainement et sans mon préjudice particu^ lier, ne doit plus mener une vie si reprouvée. Dieu le défiend et les hommes l'ont en horreur, et je ne doihs servir d'obstacle à son salut et au bien de l'Es- tat qui languit ppur notre pechè. Je juge beaucoup * mieux maintenant des yeux de l'esprit, que la sen^ sualité ^gloit aveugler, combien est mieux le dessin fondé sur l'opinion ; je vois prophétiquement le peu- I^e animé conjurer ma ruine, ma gloire ravalée, mon crédit fàilly, ma beauté méprisée, mes partisans honteux, sans le regret que j'auray de me veoir attri- buer tous les desastres advenus à la France , depuis mes adultères amours. Ceux qui m^tenant sur mes actions fondent la bienséance, me^gnaleront pour un monstre et pour le patron de la difformité. Il faut que le roy se ravise , el que cette profonde létargie qui luy a diverses années fait oublier et mépriser ce

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qu'il doh à sa renommée , ne retienne plus ses sm eagoordis , ny la 8up{Jicauon de ses misérables suints sans effet , les <}uels tous les jours kijr désirent ^ aicoesseur», dont Die» bénisse lu nussance et la ooneeptioQ y et dont les vertus de la M3re soient di- gnes de leuv grandeur; soit de celle (i) qui^ pcvrle DiaUieur de k France ou quelque aatipathie »iw«e de leurs ekesira^ la tenae quel(pe temps aépaiée^o» * bien de telle autre cpa*il semblera bon au saint »éffi de hiy permettre : à quoy donc, durant ees tempesieSf auray )e recours? Celuy qm maintenant; ésoeM mieiix percbre .la Picardie qne note fausser, aifli^ mieux tout autre compagnie que mcTenit'veoirv^ la mémoire de sa vergongne peinte en ma 60^ % aura par trop en horreur, et son premier coa^ de- Teloppèdes moyens de la volupté craindra de lecfcôoir es prisons d'où il sera sorty. Mon père est jaito,^* son iftcapacàtéde jugement assés remaïqnaUe en b nourriture (a) de ses enfants* Ma mère n'est pte? ^ sa fin a couronné sa vie^ et le peuple éSlf^^^^ ^ vangé sur elle le tcart quelle fàisoit à sovrmnevt. MonGoesar est petit; mon frère est «fc sot; mes *^^^"^ sont au bordeau; nos obligez seront ingrats, et»^ deux tantes qui suivent ma bonne fortune, doB»*"^ a gouverné la principauté, la ncdîlesse et le tiers estalr

(i) De Marguerite de Valois. Le reste de la phrase pa- raît avoir été tconcpié ; maïs nous ne changeons rien aa noscrit.

(2) Uéducation;

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( 379 ) et l'autre la justice, suivant ladëcadence de leur em- pire, se retireront et me laisseront du costé du vent, qui, retirée en mon marquisat avec mon fils de pu- tain , auray prou de loisir pour entretenir mes pen- sées et veoir esvanouir ma beauté , visitant mes cabi- nets es longues allées que j'ay maintes fois [N:omeuèe& dans un cbariot découvert, le roy àmon costé et loule la noblesse de la cour teste niie après. Cette souve- nance sera suffisante pour me phastier de mes démé- rites, et cette cbeute de mes premières prétentions, im condigne chastiment à mes folies. Je coiinois Thu- meur du roy, mesconnoissante s'il en fîist oncques, le quel me laisse faire pour un temps, sachant bien que j'auray à soufirir si sa fin me trouve dépourveue, qui seroit le comble de tous mes malheurs, et d'autre costé que l'absence est le vray remède de son amour. Aussy Dieu m'est tesmoing si je Tay tant aymé dV mour, que pour l'espérance des biens et des honneurs de mon fils, du quel je prevoy aussy bien que de moy la fortune mal appuyée , si monsieur le connestable ( i ) , du quel la race est ^i possession d'espouser les bas-

Ci) H^ri de Montmorency^ second fils d'Avvie y 4onl Henri IV acheta la soumission au prix de l'épée de conné- table, qaHl lai donna en iSqS. Ce fut lui qui reprit Amiens sur les Espagnols, dans la circonstance dont il s'agit ici. On a prétendu qu'il ne savait ni»lire ni écrire ; mais il sut gou- verner en souverain la province de Languedoc, il exerça pendant vingt ans une autorité plus puissante que celle du roi mêmev

"• '. ,,,^^ t. * j. ' «* Digitizedb^VjOOQlC

( 38o )

tards de France (i), ne persiste en l'opinion qu'il a de mon alliance. Aussy ne veux je rien laisser es- chapper tandis que le vent me dure à tout rompre; et tandis que je flotte à souffrir, j'am^y chèrement vendu mon honneur, acquérant de quoy faire une retraite assez helle, et de quoy causer plus d'envie que de pitié.

DB lA C0NSPIRATI0T9

DE LA DUCHESSE DE VERNEUIL,

HArTRESSE DB HENRI IT,

el de la soustraction de la promesse de mariage qae ce prince lui ayait faite (a).

François de Balsâg, l'un des chefs du premier ^ëge de Sancerre, et connu à la cour sous le nom de ^ieur d* Entragues j n'en possédoit pourtant pas la terre, qui fut portëeen mariage par Jeanne deBalsac, sa tante , à Claude d'Urfé , bailly de Forest ; mais il Faf-

(i) Allusion au mariage de François de Montmorency, frère aîné de Henri ^ qui avait épousé Diane lëgîtiniéc de France, fille naturelle de Henri II et de Philippe Doc, de- moiselle piémontaise. Elle avait été mariée en premières noces au duc de Castres.

(2) Extrait des Additions de le Laboureur aux Mémoires de Castelnau, t. 2 , p. 65i , édît in-f^de iGSg. La conspiration de la marquise de Vemeuil eut lieu dans les derniers mois de l'ai^née iSgg, par suite de la négociation du second mariage du roi avec Marie de Médicis. {Eâît C. L.)

( 38i )

fecta en mémoire de ses ancesires qui Tavoieni rendu illustre , et le préféra à celuy de Marcoussis et d'au- tres plus grandes seigneuries. Guillaume de Balsac son père s'estant attaché à la maison de Lorraine, à cause de la charge de lieutenant de la compagnie de gen- darmes de François duc de Guise, il suivit la mesme inclination envers le duc Henry son fils, et il s'y en- gagea d'autant plus qu'il n'estoit que d'avoir un patron de sa vigueur, dans un temps auquel un mérite sans fsLCÛon esloit sans lustre et sans estime j et que par ce moyen il parvint aux premiers honneurs, ayant esté fait chevalier du Saint-Esprit dès la première création. Estant revenu à l'obéissance du roy Henry IV, il der vint encore plus puissant et plus considéré par: k moyen de la marquise de Verneuil sa fille ; mais comme * il n'avoit souffert les amours du roy avec elle que sur l'espérance d'im mariage dont Henry luy donna Im promesse par escrit, s'en estant voulu prévaloir contre la puissance d'un prince qui n'avoit eu autre intention que de flatter l'ambition du père et de faaroriser 1^ bonne foy de la fille, il se laissa enfin persuada de jfàire im 1)arty d'Estat sous le nom du fils qu'elle avoit eu du roy. Les avis que ce prince en eut, ne le nàr rent pas tant en peine que les' re&s dédaigneux de tâ^ marquise, etil ne s'en servit que pour soimiettre cet esprit alti^r par la néçesâté de sauver son père et sa maison d'une ruine inévitable. C'estoit une quereUe d'amour déguisée en affaire d'Estat, et poussée de * toute l'authorité d'un roy qui ne çroyoit pas estre^si heureux dans le dessein qu'il avoit de trouver quelque

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crime sous la poursuite duquel il se put faire rendre sa promesse et rëduire cetiè famille , mais principa- lement la marquise , à sa discrétion. Il communiqua secrettement cette affaire au prévost Defunctis avec des tesmoîgnages d'une passion extrême de pouvoir perdre le sieur d'Entragues, lors relire dans sa maisan -deMarcouœis il se tenoit sur ses gardes, mais qui n'estoit pas tm^lieu pour estre à l'abri d'une si grande puissance 9 ni pour receler des thresors de l'impor- tance de ceux qui s'y trouvèrent. Il luy ofiirit dans la chaleur de son dessein dix canons et cinq régimens pour emporter cette place de force; mais le prévost plus prudent en ce qui regardoit la fonction de sa charge, luy fit entendre qu'il falloit plus d'adresse que de force, et que croyant opprimer un coupable, il le rendroit innocent en luy donnant du temps pour jn>endre résolution sur le sujet dusiége, et pour brusler tout ce qui pourroit servir à sa condamnaUtm, et ex- cuser la violence qu*on luy auroit faite. ^ Le roy contraint d'advouer qu'il n'estoit pas si ha- bile au mestier de prévost qu'en celuy de conquérant, luy laisse la conduite de toute l'affaire, luy accorde quinze jours pour l'exécution de ses ordres, et luy ,|romet ne n'en parler à personne , non pas mesme à la reine. Pendant ce temps- le prévost însiruit un archer, qui fait le soldat estropié, et qui s0us le mas- <fùe d'une fmisse jaunisse, gueuse huit jours au village de Marcoussis, espie ce qui s'y passe, void les trois ponts tous jours levez, et observe qu'aux jours maigres QliiNlLbatioit la planchette pour prendre du beurre irais

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( 383 )

et'defs (toés de qttelques f(^atïiies qui en apporiedent. Sur œfe Defunctis fait son dessein; il envoyé tjuerir à Jouy ehez le marquis de Sourdis, qu£rïi« habits de villageoises; il vient après luy même à Jouy avec quarante ardbers , <et y prend un ^de qui le .mené droit au lK>is qui joint le paro <ie Marcoussis , il dresse une l»nbtiseade, et pour plus grande sûreté y retieiELi le guidé ^ et fait partir quatre archers d^uisés en paysannes, qui vienhent de gl^and matin au premier p&nt avec leur heurre et leurs œu&.Ije cuisinier leur abat, les planchettes; mais avec le beurre quV>n luy ntontre y on luy présente aussi le pistollet à la ^(^e a>~ec menftoe de le tuer :s'il ose dire un mot» La porte ainsi saisie ^ans bvuk^ le prévoit arrive avec partie de ses gens, se coule de la cour à la montée , oii il ameste le valet de chambre qui descendoit, «t ^|ui av;oit kiss^la chambre ouverte. Il luy defTend sur la vie de parler, «t le mène avec luy suivi de quatre ar^ chers^ a^^rès ten avoir mis huit dans ia salle et quatre autres dans Tieatichambre. Il laisse les quatre icy^ à la porte de la (^xaml^e il entre seul avec k valet, et attend une het&e que le sieur d'Entr^^es s'4veiUe; lequel criant qui est*là? il repond, et en métâe temps tkre le rideau. Si jamais prisonnier d'Esté fut cons- terne, ce fm ce seignem*^ qui crut que le roy avoit résolu sa perte , et qui fit tout ce qu'il put pour gai- ^w le prérost, qui, de sa part, fit ce qu'il put aussi pour le oon$oler, le priant nëantmoins de se vouloir ha«« bilfer, et ayant fait vuider les podbes de Thabitqui hiy estoit préparé , retint les papiers et luy rendit ses cfefi.

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(384)

Le neur d'Entragues ëtant levé, voulut fouiller àsa& une armoire qui estoit dans Fespaisseur du mur der- rière la tapisserie vis à vis de son lit, et en estant re- fusé , il dit avec mille instances que c'estoit pour en tirer un bail de bois qui luy importoit de vingt mille escus s'il ne le délivroit dans trois jours , et qu'il l'a- voit destiné au mariage de sa fille. Il luy déclara enfin que la fortune luy avoit ce jour mis en main son honneur et sa vie et le salut de toute sa maison y et qu'il trouveroit dans une cassette qui estoit sur sa table pour cinquante mille escus de pieiTeries appartenantes à sa fille ; qu'il luy donneroit de grand cœur avec serment qu'âme vivante n'en sauroit jamais rien, et de luy en cstre toute sa vie intiment obligé, pour la seule grâce de luy laisser prendre le papier qu'il demandoit. Le prévost inflexible s'en estant excusé sur son devoir, y mit le scellé, laissa garnison au chasteau, et le. conduisant à Paris, envoya en poste advertir le roy, qui luy manda de le mener droit à la Conciergerie duYalais, et ensuite luy ordonna d'aller prendre les papiers. Comme il en avoit laissé les clefs au sieur d'Entragues, il les luy alla demander,* mais pour éviter le reproche d'avoir rien supposé, il voulust encOTe obtenir de luy qu'il luy nommast un des siens en présence duquel il pust faire l'ouverture de Tar- moire et la description des papiers, comme il fit en présence de Gautier, secrétaire du dit sieur d'Elntra- gues. Il y en avoit de diverses scMtes; mais la première liasse sur laquelle il mil la main, estoit la plus imipor- tante, qui eontenoit cinq pièces, sçavoir le chiSre du

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( 385 )

Toj d'Espagne^ une lettre du mesme roy en firtnçais adressante à d'Entragues, signée jro il Rej-j une autre toute pareille à la marquise de Vemeuil , et une troisième au comte d'Auvergne. La dernière signëe tout de mesme estoit une promesse de ce roy en fran* çais^avec serment solennel qu'en luy remettant entre les mains la personne de M. de Verneuil , il le feroît reconnoistre pour dauphin, vray et légitime succes- seur de la couronne de France , luy donneroit cinq fwteresses en Portugal avec une administration ho^ norable, et cinquante mille ducats de pension^ qu'il donneroit aussi aux dits sieurs d'Entragues et comte d'Auvergne deux places fortes, et à chacun vingt mille ducats de pension, et les assisteroit de toutes ses forces quand l'occasion s'en présenteroit»

Tout cela paraphé de la main de Gautier et porté au roy, qui reconnut d'ahord les chiffres d'Espagne: il tressaillit de joie, embrassa par cinq fois le prévost, comme celuy qui luy avoit rendu le plus signalé ser- vice qu'il pouvoit souhaiter, et envoya les pièces 4iu procureur-général pour haster ce procez. Cependant le sieur d'Entragues, qui sceut que tout estoit décou- vert, tomha dans le dernier désespoir, et ayant mandé Deiunctis, qui y vint avec permission, il luy dit qu'il estoit perdu si le roy ne se vouloit contenter du pa- pier qu'il avoit tant eu d'envie de tirer de ses mains, et qu'il luy rendroit enfin sur la seule assurance de sa vie. Le roy l'ayant plis au mot , et averti du lieu il estoit, y envoya sur le champ le sieur de JLo- ménie, secrétaire d'Estât, qui tiîbuva ïâ'promesse de I. Liv. 2 5

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niariage dans une bouteine de verre enfermée d^tme outre bouteille aussi de varre sur du coton , le tout bien bouché et muré dans une chambre de Mar- coussis. Après cda ce prince, satisfait d'ayoir ce qti^il demandoit et de voir à sa mercy la marcjuise qu^il aim<Ht encore, voulut assoupir Fafiaire; et le parle- ment au contraire voulant, sous prétexte de punir un crime d'Estat, rom[»^ cette amitié qui se renouott, s^o[Hniastra juscjues à donner arrest de m<n:t contre le sieur d'Entragues et ses complices, et à ordonner que la marquise seroit rasée et confinée entre quatre mu-^ railles; mais il n'en fut autre chose, et 41 nVn cousta à cette dame qu^une rousée de larmes au lieu du sang de son père , qui furent bientost ressuyées du soleil de la cour, et toute cette tragédie se termina par un incident tr^comique.

Peu avant la mort du roy, la marquise deVemeuil ayant besoin de protecticm contre les ressentimesos de la reihe pour demeurer à la cour en quelque consi* dératicm , elle écouta les propositionis de maidi^e que luy fît le duc de Chevreuse, qui la payade son incons- tance ordindbre.Le duc de Guise son frère vint après ^ et la chose alla jusques au cpntract de mariage. D prétendit depuisf qu^U estoit faux^ mais le 1 5 de a^ tembre i6io, elle le représenta enorigmal chez le comte de SoLssons, en présence du cardinal de Joyeuse et du duc d'Espemon, signé de deux notaires, d*uii pi«8ti9e et des parties* Il est Vtay ipie les deux notaires estoient fort vieux, sQitqu*(ni les eust choisis à dessein ait z^,\quel<an estoit inort; mais que Tautre encore

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vivant , mais moribond , désavouoit d'y avoir assiste. Quoy qu'il en soit, la marquise réclamoit sa bonne foy, et troubloit le traite de son mariage avec la douairière de Montpensier, qu'il ëpousa néanmoins, après qu'on eut assoupi ce différend par Iqs remons- Iran ces qu'on fit à cette dame^de ne se point com- mettre à l'extrémité avec un prince qu'Ole pourroit conserver pour d'autres intérests , et qui estoit assez puissant pour disputer ce parti contre le comte de Soissons, qui s'y opposoit dans la crainte qu'il ne tra- versast en faveur du comte de Vaudemont son parent, l'alliance qu'il méditoit entre son fils e|» l'héritière du duc de Montpensier. La reine , qui n'aimoit pas le comte de Soissons , et qui appréhendoit la grandeur de sa maison , portoit de toute son authorité la re- cherche du duc , jusques à dire tout haut que M. le comte avoit tort de vc^oir oster à M. d'Orléans sa femme , après luy avoir osté son gouvernement. Pour cette raison elle menaçoit la marquise, et elle mania tellement l'affaire par l'adresse du président Janin , qui s'en entremit, qu'elle l'obligea de s< de cesser ses instances sur im droit ( maintenir avec si peu de crédit. Bie Guise de ce que le procès se vuida , car le roy Henry IV n'eust pas n pour rendre valide un mariage .s pour les biens, él pour abattre par le (f une maison <pi'il n'avoit pu détri et de laquelle il avoit de faucheux ressouvenirs.

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DES REIATlOnS SUPPOSÉES GALAlinrES D*ANI!ÏE D'AUTRICHE AVEC LE ÎDUC DE BUGKINGHAM,

KkClT DES INCIDSNS &ECaKTS facililèreat U prise de la Rochelle par le cardiflS de Riclielieu (i).

qui

Jt

Le comte de Hollande eût été rhomme* de son

temps le mieux fait , si le duc de Buckingham n^eût

pas vécu. Ce dernier, avait dans la mine et dans les

manières (juelque chose de plus grand , et l'autre quel-

ipie chose de plus doux. La faveur du roi Charles I"

avait joint à la grande naissance de Buckingham, les

biens, les charges et toutes l,es distinctions quun sor

jet favori peut espérer d'un maître magnifique; il était

amiral d'Angleterre, premier gentilhomme de la

chambre, premier ministre, et fort jeune : son^naître

l'aimait tendrement, et le comte de Hollande, qui * "1

ité le cœur de la comtesse de Clarik,

ime ami, par la manière dont il sut lui

nquête , non comme un rival faâ>le et

is comme un homme plus sen^ble au

mi, piquë d'une véritable pa^ion^ qu'à

li disputer une maîtresse, qui en. savait

: pour lui donner alternativement bien

(i) Extrait du Recueil A, i'« pièce.

/ .

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0

des espëran^ j beaucoup d'amour et encore plus de jalousie.

La France et TAn^eterre avaient eu bien des de* mélës; ces deux royaumes avaient essuyé de longues gucOTes^ et pour cimenter Tanion que Ton croit, mal- gré Tusage du contraire y que les mariages devraient mettre entre de^x couronnes, celui de Henriette France ftit proposé , et le comte de Hollande nommé pour le venir négocier. Il eut Tobligation de ce choix au duc de BucLin|;ham. Cet ambassadeur parut à la cour avec toute la magnificence convenable à sa nais- sance, à la dignité de son emploi et à l'importance dufaitidont il était chargé.

M"* de Chevreuse avait pour lors sur l'esprit d'Anne d'Autriche, .reine de France, un pouvoir absolu; elle était surintendante de sa maison et sa favorite d^la- rée. Le comte de Hollande gavait trop le manège des cours pour ne pas essayer, par toutes sortes de moyens, de se faire ime entrée chez M"* de Che- vreuse; il en vint à bout. C'est un merveilleux appât pour tffie dame affamée 'd'afiFaires, et nourrie dans les intrigues , que le secret d'un ministre qui fait confi- dence de partie du sien , "qui veut plaire, et qui sait mêler le jargon d'un homme galant avec^l'importance d'aune grande négociation.

Le comte de Hollande traitait publiquemeni avec le cardinal d^ Richelieu, et voyait secrètement M"*' de Chevreuse; par elle, il était informé d'une infinité de choses relatives au succès de son emploi; et il ne fut pas long-temps sans découvrir que l'extrême poids du

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C 390 )

gouvernenent de VEtM^ dont le cardi||j|| de Ricbe- Ueu ëtait chargé, avi ce grand hon^tie le table et malhenreusi poQYait soafiBrir. Le c par les dépêches du ment de ce qui r^ panieolier des intri^ avec M"* de Chèvre son anû. La comtes8< de la reine, fort atti aucun des mojens p chait de cette prina

tesse de Lanoy le commerce intime du onme de Hol- lande et de M*"* de Qievreuse, et ne songea qu'à finir la négociation, afin df renvoyer promptement le né-- gociateur; mais Tamoq^ a ses martyrs comme les ai]^ très divinités; et quand Fambiticm, la vanité et le goût pour les femmes se fi)urrent ensemble dans les suaires, les resscxrts de la politique lajmieux arrangée sont souvent déconcertés.

Le mariage d'Henriette de France et le traité ep- tre les deux couronnes aliment être signés, et, par conséquent, Je comte de Hollande était prêt à repas- ser en Angleterre, quand le cardinal iiit informé, par cet ambassadeur, que le duc de Buckingham se pré- parait à venir lui-même recueillir l'honneur de la né- gociation qu'il avait fidte, et que le roi son maître avait cru qu'il était de sa dignité et de celle d'un traité aussi solennel, d'envoyer son favori, le p^tis grand sà-^

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( 391 ) gn^ircTAngleianne et sou prenùèrimiiiftre^poorscel-- 1er par lu magnificence d^une ambassade extraerdmairey le noeud de son mariage et d*un traité qui devùem m^tre à jamais Tunion entre dmx si grands rois.

Le c<mite de Hollande avait su par M""^ de Cbe* vreuse, que la reine s^ennuyait mortellement , quV vec toute la vertu du monde, son cœur naturellemem porté à la galanterie , eût voulu quelque chose d'agréa- ble qui pût Toccuper; le cardinal lui était insuppor* table, sa passioi ^* '** ' ;; le roi n^était guère aima- ble« Le coeur < sxe^ dans quelqu'âévation

qpi'elle soit, ne [ue trop su^^ceptible des oc-

cupations qui p muser ^agréablement toutes

les dames d^ipie cour galante qui Tenvironne.

Le comte de Hollande se mit en tète que la vanité du duc de Buckingbam se trouverait flattée du projet de plaire à la reine, et qu'étant liiomme de TAngle^ terre le mieux fait, il ne serait pas impossible qu'il réussîli^uprès d'elle. M"** de Chevreuse avait avancé des propos qui avaiept au moins évefllé dans la reine quelque curiosité de voir un homme dont la réputa- tion était si parfaitement établie. Ce furent le comte de Hollande et M""* de Chevreuse qui firent le pro- jet de faire venir le duc de Buckingbam, qui trou- vait dans ce voyage toi;it ce que l'amour propre et la vanité peuvent mettre dans l'esprit d'un counisan ai- mable, d'u^ ministre qui recueille glorieusement l'honneur d'ûjae gprande négociation, et qui trouve Toccasion d^ servir #on maître et celle de faire pa- rattre en France sa magnificence.

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(390

Le duc de Buokingbam arriva à Paris, suivi de tout ce qui peut accompagner la pompe d*une ambassade extraordinaire. Le comte de Hollande alla le recevoir sur le chemin de Calais; et tandis que M"* de Che- vreuse préparait la reine à l'arrivée de Thomme du monde le plus aimable , Tambassadeur d'Angleterre instruisait. le duo de Bi:(ckingham de tout ce oui était relatif aux afiaires , et flattait son cœur du dé^ et presque de la certitude de plaire à la reine.

La cour était à Paris : it à Tau-

dience du roi le matin , i d'aller à

ceUe de la reine le soir, à ] ^^ 7 ^^^

paré de sa bonne mine, d de plaire,

et d'un habit de velours gris, en broderies de perles mal attachées : quand je dis mal attachées, ce n'est pas que le dessin en lût mal disposé; au contraire, tout ce que l'art peut de mieux y était employé; mais les per- les étaient si peu cousues, qu'à tous momens il en tom- bait quelques-unes; et quand il eut fait son com^ment à la reine , et qa*avec les révérences ordinaires et res- pectueuses, il se tirait vers la porte de la chambre, en passant au milieu des dames qui étaient à l'audience , les perles^tombaient en plus grande abondance qu'elles n'avaient fait quand il était entré. Ce spectacle d'une magnificence nouvelle, fit naître une espèce de désor- dre et de murmuré pour ramasser ce que l'on pou- vait Croire que cet ambassadeur ne voulait pas perdre. On lui rapportait ses perles, et les mains qui les lui présentaient avec empressement ne pouvaient s'em- pêcher de ne les pas prendre, par la manière noble,

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gracieuse et persu»îye dont il imposâiià chacun, pour Fanfeourde lui , la nécessité de les garder. Les domesti- (jues de la reine en profitèrent, et ceux qui Tacccnn- pagnèrent lEvec des flambeaux pour le ramener à ses caoTosses, reçurent le soir un présent chacun de cent pistoles.

La magnificence d'un honune fait, dans le cœur d'une femme, le même effet que la valeur. Telle n'a besoin ni du courage d'un homme de guerre, ni des présens d'un homme riche, qui se laisse séduire par la réputation de son courage et par ceUe de son opu- lence, dont elle ne fait jamais d'usage. Quel moyen y avait-il que la reine ne trouvât pas aimable l'homme du monde qui l'était le plus, euqui Sfrait le plus d'en- vie de lui plaire? M"' de Chevreuse l'entretenait en particulier de tout ce que le duc de Buckingham fai- sait en public, et disait secrètement au comte de Hollande : ce En vérité , tout ce que la vertu la phis austère peut ||^re, dans ces sortes d'épreuves, c'est de combattre.» La reine combattit certainement avec succès l'inclination qu'elle se trouva pour Bucking- ham, mais elle succomba au désir de s'en faire aimer.

Quand j'ai parlé de l'habit de Buckingham à sa première audience, je devais peut-être aussi parler de celui de la reine. Il suffit cependant de ne pas omet- tre qu'elle portait des ferrets d'aiguillettes de diamans dont le roi lui avait fait présent quelques jours aupa- ravant, ce qui pour lors passait pour la plus nouvelle et la plus agréable parure qu'on pût avoir.

11 y eut à la cour quantité de fêtes; le cardinal de

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(394) Richelkn €ii doma une magnîfiyi& dans aes jacdim de Had, qui pftwaieQt alors potàr les plu» beamr ou royiniiie: uns les seigneurs qui se i»(piaieiitde Jkmne dbbre ou de poUtesse doanèrentdes soupegj^ des loidby des musiques et des mascarades ; il y en eox dbbes le roi et cliez la reine. M. de Buckingham dansait aussi Ubeo qu^homme du monde; la reine lui fit Thoim^ur de le prendre pour danjSer lés contredanses; et coonme à cette danse anglaise^ Toccasion de s^aj^rocher^ de donner la main et de passer souyent Tun auprès de Tautre^ setriHive à tous momens, les^yeux^ le ^este» la crainte et mille autres choses inexplicables, quoi- qu^intelligibles, parlent et tiennent lieu des discoiiors^ que le respect et les spectacles interdisent : c^en ^tait un trop sensible au csordianl de Richelieu, pourn^éise pas inquiet.de ce qu'il voyait et de tout ce qu'il en- tendait dire* La comtesse de Ijanoy lui rendait compte de tout ce qu'elle pouvait découvrir; car sous le spë- cieti^ titre'de dame d" honneur, les rok ont trouvé le moyen de mettre auprès des reines une Surveillante continuelle. Mais comme la surintendante de la mai- son a quelques entrées du cabinet encore^us psrti- culièi:es que la dame d'honhem-, M""' de Chevreuse passait des heures entières avec la reine; et le cardi- nal, informé de tout ce qui était extérieur, ne le pou- vait être de tout ce qui se disait entre la reine ei M"* de Chevreuse. Ce ministre pressait la négociation, et le duc de Bucldngham 1 Voulait; enfin le jour arriva que les affaires d'Etat finies, le duc de Buc- lûngham eut rhonneur d'épouser, au nom du roi sm

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échappaà la reine , qui &t de lui envoyer secrèlemeht ,

la veille de son départ, par M"** de Chevreuse, le»

fe^ets d'aiguillettes de diam^ps dont elle était parée

le j<iU||d$$ sa première audience; et ce présent , qui

pouvait être un témoignage de la magnificence de la

reine, devint, par les circonstances du don et par IV

grémçnt du mystère , une galanterie dont Bucking-^

haxn fiit charmé.

Cependant le roi d'Angleterre s'avança à Douvres, il y donna rendez -vous à son favori, il lui envoya un yacht k Boulogne, et la cour d,e France partit pour se rendre à Calais , la nouvelle reine devait s'embarquer. Buckingham arriva à Boulogne le même - jour que le roi et 1^ reines devaient séjpurner à Amiens.

Entre toutes le|,volujAés, la plus dangereuse es| celle qui nous vient de notre amour propre et de l'o- fHpion d'autrui. Baçkingham crut qu'il n'avait man-*

é^ f

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y ^/>A ^

r pour entretenir la reine en p^ticulier; et chercher, à (pielquc prix que ce fât, ce que jusque-là Foccasion n'avait pu lui présenter. M'"* de Chevreuse, inform^ de tout, reçut chez elle Buckingham ; mais^CMUDie il fut jugé impossible de cacher son arrivée, il ûtoire au cardinal de Richelieu qu'il avait reçu des ordres du roi son maatre, pour régler encore quelques détails de cérémonies pour le passage de la reine d'Angleterre, et vit le cardinal. Ce retour inopiné ne laissa pas de réveiller l'attention des courtisans, et particulière- ment celle du cardinal; mais les règles de Famour déconcertent ordinairement celles de la poUtique la jJus raffinée.

;Le roi logeait à l'évéché, dont le jardin était de plain-pied à l'appartement de la reine. Le soir, après qu'elle eut congédié ses femmes et qu'elle fut désha- billée, cette princesse, en robe de chambre, ayant pris sous le bras M"' de Chevreuse, et suivie <fc

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' * f 3Q7 )

M"* de Beaw promenait 9 qi roiscurité de sade de chanî tre entendu i à M-' de Che

de rhomme du monde le plus amoureux, et qui ha- sardait de plus sa vie pour Tentretenir, la supplia de Fécouter un moment. La reine fit le cri d'une femme surprise, au point que M""' de Beauvais lui dit : a Ma- dame, j'entends que Ton vient au bruit que vous fai- tes, je vais au devant, dire que ce n'est rien, et que votre majesté a eu peur. En effet, elle s'éloigna, la reine s'apaisa; et, sans rien répéter d'une conversation dont on ne peut rendre compte qu'incertainement et sans (sic) faire infiniment perdre de la grâce que de tels entretiens mystérieux doivent avoir, il est cer- tain que la reine eut besoin de toute sa vertu pour se défendre l'occasion et des engagemens son cœur l'avait conduite, au-delà peut être de ce que la bienséance et la majesté royale le permettaient. L'em- portement d'un homme amoureux est, pendant la nuit, la seule éloquence qui persuade : Buckingham n'oubliait rien pour être heureux ; et dans telle circonstance, le sceptre etfta l^oulette doivent al- ler de niveau, il n'y a que la fuite qui puisse empê- cher que la dernière ne soumette le premier. La reine cria d'un ton à vouloir être effectivement secourue : M"** de Chevreuse et M"' de Beauvais accoururent, et ayant retiré la reine de cette aventinre, qui deve-

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naît quelque cliose de plus fort qn^une conversation , elles la conduisirent à son a(^>artement. Buckin^iam désespéré 9 cliercha les moyens de sortir du jardin; et ëprès une infinité d'agitations et une cobyersation tendre sur les malheurs qu'il eut, avec M** de Che- vreuse, au logis de laquelle il se retira, peu d'heures de la même nmt le ramenèrent à Boult^e , pour re* passer en Angleterre, outre des refus de la reine, et peut-être d'une passion qui ne finit qu'avec sa vie.

Deux jours après, la cour continua son voyage jus- qu'à la mer. Henriette de France, devenue reine d'Angleterre, y passa, et fiit reçue de Charles I*' avec toutes les démonstrations possibles de joie, et les aj^ rences d'une intelligence parfaite entre les deux royau- mes que ce mariage unissait. La cour de France re- vint à Paris, et celle d'Angleterre prit le chemin de Lfondres.

Pendant le voyage de Buckîngham, la comtesse de Clarick, piquée de tout ce qu'elle avait entendu dire de son infidèle, avait trouvé le secret de lier nh com- merce de lettres avec le cardinal de Richelieu, qui^ de son côté, n'avait rien oublié pour augmenter le dépit de la comtesse; c'était le premier homme du monde pour multiplier, par toutes sortes de moyens, les intelligences <pi'il «pouvait entretenir dans toutes les cours de l'Europe; il mettait à cet usage beaucoup lA'industrie et beaucoup d'argent. Le don que la reine avait fiût de sa panure de ferrets de diamans, n'avait pu être m. secret que la comtesse de Lanoy, sa dame d'honneur, n'^ eût eu quelque connaissance^ et qu'il

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( 399 ) n'en fàl revemi quelque chose au cardinal de Ridie* lieu. Ce ministre charchait les moyens de perdre la reine dans Tesprit du roi, sur lequel il symt wofi àor^ tonte à la yërité très -grande , mais quelquefois Jba* kncëe par la reine. Il ëa*ivit à la comtesse de Cla* cick de mettre tout en usage pour se raccommoder arec Buékingham , et qu'au cas qu'à quelqu'une des fêtes qui se deraient faire à Londrea^ au carnaval pro- chain , ils se parât des ferrets d'aiguillettes de diamans ^ elle n'oubliât rien pour en couper adroitement quel- qu'un^ et les lui envoyer. EiTectivement, la comtesse se raccommoda^ avec Buckingham; les hommes sont faibles , et les agrëmen^ jd'une femme que l'on a £on aimée, séduisent encore quand on la retrpuve douce, etqu'elleveut absolument se faire aimer. Un soir qu'il y avait un grand bal k Windsor, Buckingham parut avec un pourpoint de velours noir en broderie d'or, sur l'épatile duquel, pour tenir le baudrier, il y avait un gros ncBudde ruban bleu d'où pendaient douze ferrets d'ai^iiUettes de diamansL Quand le bal ftit fini, et que Buckingham fut retiré, ses valets de chambre s'aper- çurent qu'il lui manquait deux aiguillettes, et on lui fit vcnr qu^elles avaient été coupées; il ne s'était point aperçu de ce vol, et il crut bien que ceux qui l'avaient ùàx n'étaient pas d'une condition à l'avouer ni à le restituer. Dès le lendemain matin, il dépécha des courriers à tous 1^ ccmunandans des ports d'An^- terne pour les iaiye fermer, avec ordre de ne laisser psràr ni le paquebot ordinaire des lettres , ni aucun ^tzmem chargé pour laFranee. C'était dms mie con^

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< 4oo )

}6Cttire les religionnaires du royaume avaient de- mande la protection d'Angleterre y et les Roche- lois révoltes attendaient des secours que le Parlement leur avait promis , et que le roi Charles I*' aurait eu hien de la peine à empêcher. La nouvelle de cette cessation de conounerce et de lettres fit en France un grand éclat, et donna heu à mille hruits, que la guerre allait se déclarer%ntre les deux royaumes. Cependant le duc de Buckingham employait secrètement tout son crédit et le savoir-faire du meilleur joaillier de Londres pour trouver des pierreries si semblables aux dix ferrets d'aiguillettes qui lui restaient, que Ton put refaire les deux qui lui manquaient, tout-à-fait con- formes aux autres. En effet , dès que cet ouvrage fut achevé, il renvoya des courriers pour faire rouvrir les ports d'Angleterre, en dépécha secrètement un çn France, qui porta à Madame de Chevreuse les douze ferrets de diamans; il l'instruisit de son aventure, lui faisait part des soupçons qu'il avait jetés sur la com- tesse de Clarick, auprès de qui il avait été au bal, et avec laquelle il avait dansé; et qu'enfin la priant de rendre à la reine le présent qu'il avait reçu de sa ma- gnificence , il suppliait S. M. de croire qu'il ne s'en détachait que par la crainte qu'il n'y eût en cela quelque mystère caché nuisible à la reine. Cette pré- caution ne fiit pas inutile; car, dès que le cardinal eut reçu les deux aiguillettes de diamans que la com- tesse de Clarick lui avait envoyées, ce ministre, qui cherchait en tout les moyens de perdre la reine au{Mrès du roi, dont la jalousie n'avait déjà que trop

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(401)-

éclate à roccasion de BucLingham^ lui mit en tête de prier la reine de se parer des fi^rets de diamans qu'il lui avait donna, ajoutant qu'il avait eu des avis se- crets qu'elle en avait fait assez peu de .cas pour les avoir ou donnas ou fait vendre, et qu'un joaillier an- glais lui avait fait offrir de lui en vendre deux* C'était un terrible assassinat qui retomba sur lui, puisque le . roi ayant exigé avec empressement de la reine de lui faire^evoir les mêmes douze ferrets d'aiguillettes dont il la pria de se parer, la reine, sans nulle affectation et naïvement, fit rapporter sa cassette , que le roi ouvrit lui-même , et revit la parure entière que la reine mit ce jour-là; elle eut même Insatisfaction de savoir que le roi avait fait des reproches au cardinal de ses dé- fiances^

Cependant l'union des couronnes renouvelée par le mariage d'Henriette, ne put durer longnemps. Les re* ligionnaires de France formaient un parti considéra- ble, et denoandaient en Angkt^re des secours, que Charles I" eût bien voulu reftiser, et que le Parle- ment y oïdait accorder. Us tenaient la Rochelle et quel- ques places en Poitou, dans les Cévennes et en Viva- rais. Le roi prit le dessein de réduire la Rochelle, et de commencer cette entreprise par un Uocus^ afin de donner le loisir à ses sujets huguenots et révoltés de se soumettre sans en venir aux dernières rigueurs. Cette bonté n'eut pas l'effet que la cour en espérait; aux premières nouvelles de la marche des troupes fi*ançaises vers le pays d'Aunis, l'Angleterre * déclara la guerre, disant qu'elle ne pouvait souffrir I. Liv. 16

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' (4o2)

que lës'ireJigiGbnaifsd^de Vrànte fbtôêm^tiAdtés^dè! re- belles : «me ptdss^nte flotte |ctfinue à h mer^^éosia conduite du'méftie duc de'Buckingbwi, 'qiii M fiit- tidtide la ^crète joiede^otirtbenter le cattdUi^ - RidiMièfu, pour<(ui il atait pris y en* Frâwee , une avm*- sibn aussi implacable qu^étàitcèUe' du) cardinal péUr lui. CéS'dettx hiMitkiêa^àilaitête desacffai^êS) 1^ tÊi- ^ 'âkient «me iMaire ^pànicaliève et petsômiélk ' âe ' la ' (querelle de lenrs Maitres.'La flotte anglaise vint npoml- ler deVimt I^le de Rbé; dont elle entrcj^itile aiége; Thcii^as^ se j^ta dedans èi la dé^dit si bien y que Bnc- 'kingbam fUt oblige, après tm^ ti*ès-long âi^e,«deie<le- ter ét'de se ï-etit^réansi aucun fimit de celte entre- priëe'. Chacun stit (fùe Tliôiras n's^knt plus de pondre, fît battre la cbamade, et signa la capitulation portant <]U*il rendrait la pli^ee s'il n'était secouru dans èinq |oûrs,-pèftid2nt lesquels ayant fait « passer par des na- geurs et pkmgeurs F^aTis de rextrémité dans^ laqueUe il ét^t^lifu'corinnaixdatfi^de Marennèsyetfqu^ quelque prii^ qàe 'te fta il iui fallait^ envoyer? "un secdurs de ' poudre la :Éruit'dd quatre aiu dinqùièmer jchir^ quelques Imrques' hasardées passerait' au traiv^:» lie l'annëean- ^aise, et appot^lèoent le seodurs qui;doana lieu, à Thoiras de rompit' la capitulation ^et de* reconimen- . cer sa défehse; qui £it récompensée dur bâton de ma- réchal de France.

L'Angleterre /piquée du mauYais^ succès deses^ar- ines, prit la résolution de faire d^assezr grands efforts pour remettre* à la mer une armée ^navale qui pftt, non senlemj^iit réussir à l'entreprise de Rhé, mais en-

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(4o3)

core à «ecourir la Bx>ehdle, dont le Uocus contmuiat. lie eardinal de Richelieu , parfailemeni averti, faisail titrraiUer avec diligence et industrie à celte grande di- gue dont on voit encore les ¥e$tiges ^ et qui 4eVait ren-** dre rentrée du port et par Conséquent le secours diffir cile^ ce travail était soiKvent comibattu et détruit par la fi^eur de k mer, au point que les connaisseurs et les ingénieurs croyaient que ce grand ouvrage, et d'une dépense immense, ne pourrait avoir le succès certain que le cardinal espérait. L'entreprise de la Rochelle était Taffaire du jour, et la plus importante de TEtat. L'Angleterre n'oubliait rien pousse prépai*er à secmi^ r ir cette ville , dont la réduction anéantissait en France le parti hugjienot; enfin voici ce 4fu^ les hommes peu- vent ailler les effets du hasard, ou, pour mieux dire, une disposition souveraine et impénétrable, qui Êât une liaison d'incidens si heureusement enchaînés que Ton peut y reconnaître les effets de la Providence. M. de Baumi avait une sorte d'enjoûment dans l'es- prit, qui le rendait non seulement très-^milieravec le cardinal, mais encore avee le roi, et oet enjoûmem le mettait à portée de dire hardwient bien d^ choses que d'autres n'auraient pu hasarder^ Toute la pour était oc- cupée dçs préparatifs de l'Angleterre pour secourir la Rochelle, et le cardin Cet événement. Bautrt « seigneur, avouez la v< (( ne suis pas trop sage

(( je le suis infiniment r

« antichambre est pie I

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(4o4)

« n*y en a ancun qui puisse imaginer (fit c^est Ban- « tru qui va vous proposer un moyen certain pour u empêcher que les Anglais ne secourent la Rochelle; (c mais donnes^vous patience , car du premier coup-* (c d^œil de raorn idée votre éminenoe dira que je sois « £>ii; un peu d'attention vous fera connaître ensuite H que je ne le suis pas tant qu'on le croit, et vous «( verrez, dans la troisième partie de mon discoure, que a Bautru pense, et pense justel— Je me tiens au pre- cv mier, interrompit le cardinal ; mais venons au fait. « N'est-il pas vrai , monseigneur, reprit Bautru, que (C ce serait rendre tA service important au roi, à l'E- (t tat et à votre éminence , que d'empêcher que les c( Anglais ne secourussent la Rochelle? ^3^rès-grand, (C répondit le cardinal. N'est-il pas vrai, reprit Bau- u tru , que toutes les femmes sont coquettes , et que «Ja reine, avec toute la vertu du monde, l'a été assez w pour avoir voulu plaire àBuckingham? JEh bien^ a interrompit le cardinal. Et n'est-il pas vrai , con- (( tinua Bauu*u, que Buckingham doit commander la <( flotte anglaise; qu'il est le premier ministie d' An- ce gleterre ; que c'est l'homme de l'Europe dont on (( peut le plus flatter la vanité; et n'est -il pas vrai (( qu'il a repassé en Angleterre le cœur plein d'une (( indicible passion pour la reine? Eh bien, inter- «, rompit encore le cardinal, à quoi tout cela peut-il ((aboutir? car jusqu'ici je me tiens au premier coup- (( d'œil de votre idée. Tout cela, reprit Bai^tru, (( aboutit à croirç (jue lorsque la sagesse est épuisée, « il faut trouver des ressources même dans l'impru-

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(4ô5)

« dence...; qu'un héros n'a qu'un u de la guerre , et qu'un grand '. « et comme moi les a tous, et q « écrive une lettj^ à Buckinglu a vanitë ; qu'elle se serve de tous les termes les plus ^ persuasifs pour l'empêcher de secourir la Rochelle; (( qu'elle l'en prie si cela est nécessaire , et que je me (( déguise pour porter moi - même cette lettre , et « achever pour votre gloire particulière et pour celle << du roi, ce grand ouvrage qui fait penser présente- ce ment à votre éminence que Bautru est unfou, et « qui fera qu'un jour vous le remercierez d'une cx- (( travagance qui aura réussi. Etes-vous tout-à-fait « fou? lui répliqua le cardinal j est-ce pour rire ou (( pour vous moquer de moi? La reine voudrait -elle « écouter seulement cette extravagance ? et quand « elle le voudrait, quel effet pourrait avoir cette let- « tre, et qui lui proposera de l'écrire? Moi, re- <( prit hrusquement Bautru. Et qui le proposera au <( roi? Moi encore, monseigneur, répliqua Bautru; « mais laissez -moi achever mon projet; et si je vous <( sauve l{i Rochelle, peut-être direz-vous un jour que (t Bautru n'est pas si fou que vous l'avez souvent dit. « Je voudrais, continua-t-il, demander une audience (f particulière au roi , et concerter que vous entrassiez M dans son cabinet un quart d'heure après moi; j'au- « rai fait ma propositioïi dans les mêmes termes, et <( dans le même temp à peu presque je vous l'ai faite; « le roi me traitera comme vous m'avez traité, d'extra- « vagaiit; j'essaierai de lui faire comprendre qu'il est

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(4o6)

a untquenent question de prendre la Rochelle , et u d*emp4iDher le seoours des Anglais ; j^exagei^rai la yanité de Buckingham , âauë de rendre on grand i< serviœàla reine, pour latjiielle, i^Koutdaccm^^e, c( il a remporte de France une grande et infrucmei^fôe « passion. Croyez*moi, monseîgnew, le oodur des «c hommes se oondmt tout autrement tpe les affsures fc d^tât; fiet-vous à moi; Tenez quand j'avurai eu le H loisir d'entamer la matière ; il faudra que votre ëmi- <( nence soit d'abord du même avis que le roi, qui me « traitera d'impeitinent; et puis insensiblement écou- te tant mes raisons , vous reviendrez à convenir que <( si cela ne réussit pas, «i moins cette lettre de la K reine ne blessera ni son honneur ni sa r^Hit^^on, t< ni les affaires du roi , et je concluerai que Bocidn- « gham est trop honnête homme pour faire auoux i( usage d^siçréable d'une lettre, que m^e )'essaîe- a rai, si Ton me chaire de cette oommissiop , <k ne lui «r pas laisser; et si préalablement je puis ei^er, avant (r que de la lui remettre, qu'il me la rende après l'a- « voir lue, je me mangerai suivant les con^ctnres, H et n'oublierai rien pour rapporter c^te pièce d'é- a criture qui s^nHe tant vous ÙKpaiéVdtj et laquelle K au fond doit être en ceci regardée loomme une Ai chose totalement indiffému», quoi qu'il en arrive. a Car à l'égasd d'obliger la reine à l'écrire , yd aie it changerai de lui en &ipe ia piiqgpositian , si votre « éminence le juge à propos ; mais il vaudrait mieux «qàe ce fût le roi qui exigeât d'eHe, comme une w vithise d^Etat^ T^béiissanoe de Pécrire; et fi#K-vou»

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(4P7;)

<€ à^ippî, modsçi^eur; elle aur^ peut-étr^ i^oi^s

€i poîn^ ettd^ r^pugiiance quç npus ne cAyons à fajuri^

<c œj pUipT à, s^ mf^ jeslé. »

Tout G^la , quoique vagi^e , parut au c^4în^ un,

pitojiçt bharre qigi pouvait avoir q^^elque. succès., et ce

nMiï|it, pji»; poHTi iwe, a^air^, dq.la çon&éqYiençe dff

prendre Bwhelk , risquer ^and chose qu'uiiç; lettre.

qU!à tout^h

iiséfl^iond^

port/qr, et l

s^il était m

aussi plus s

se rendit,

eheUe. Bap

iriw)nndi^<

convèjftu; en uj^ mot, apirès bien de$< cont^sta]tjions, des contredits, des répliquas, et des çoptre-jéplique^^. le roi et le cardinal se rendirent; la lettre Jfot écrite par la reine, et par Tordre du roi et à sa prière, dans

le» teqnes qi;te le çaK4wal et Bau lia reine tvouva o^émequ^il y a grand pour elle de rendre au r( service A monde , et que ce fi sa résistance et de l'amour qu'elle avait fait nmtre dans le cœur de Buckingham. Quoiqu'il en soit, Buc- kingham reçut la lettre à Londres , dan» le temps qu'il faisait préparer à Portsmouth , il devait s'em- barquer, tout ce qui était nécessaire au secours des Rochelois.

Je ne dirai point l'impression ni la surprise que la

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réception de cette lettre , dont les termes me sont m- connos, fit ÊLv le cœur de ce galant homme; J'igncH^ même la réponse qa^il fit j ni (sic) s*il en fit ; mais aa re- tour du courrier, la cour de France partit pour mettre la dernière main au si^e de la Rochelle. Ea flotte anglaise s'équipa , on embarqua les préparati& pbur le secours ; le duc de Buckingham se rendit à Ports- mputh y et u lutre fois

le«*e$te de V envoyait

des firégates [uelqaes-

unes rapport Qn , le roi

prît la Rochi re se pré-

para toujours, et n'arriva jamais. Toutes les histoires sont pleines des extrémités que cette ville souffrit avant que de se rendre. Quelque temps après, le duc de Buckingham fiit malheureusement assassiné, au même lieu de Portsmouth (i).

(i) L'anecdote est cnrieuse; on i'attribneà M. le M. de T. (le marëchal de Tessé); mais cette origine nous parait plus que suspecte; et, quant an fait en lui - même , nous atteU'r drons, pour y croire, d'autres preuves que le ténJKgnage l'éditeur du recueil A. ( EdiL C. L. )

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( 4o9 ) CINQUIÈME PARTIE.

^PDITION AU CHAPITRE III, % I (i). .LES

PARALLÈLES DE LA NOBLESSE,

PAR LE SIEUR CATHERINOT (a).

1e prëtends faire voir icy, comme je le fis le 9 de novenibre i685, à rouverture de uostre bailliage de^ Bourges, que la noblesse moderne vaut bien l'an- cienne, que la noblesse des loix vaut celle des armes, et enfin que la noblesse de ville vaut bien celle de campagne. Je commence par la noblesse moderne, depuis TaniSbo, que j'oppose à la noblesse ancienne, qui précède l'an i3ooj car depuis ce temps les anno- blissemens, les parlemens et les universitez ont com- mence. H me sufBroit d'allëguer en faveur de la no- blesse moderne ïa parabole des vignerons de l'Evan- gile. Les ims avoient travaillé dez le grand matin , et

(1) Tome 1 1 de h CoUect.

(2) Bourges, 1688, îii-4^. Pièce peu commune, et Tunê des plus curieuses du Recueil àts Opuscules de Nicolas Cathe- rinot. (iSAV, CL.)

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( 4iQ ). les autres un peu avant midy ; les uns depuis midj, et les autres sur le soir seulaiient; et néanmoins ils furent tous tcaiteiB égalemenit, et veçilûreut un même salaire. En effet, certaips nobles ont plus mérite en cent ans que plusieurs autres en quatre ou cinq cents. On ne mérite que par les lidles actions. Il en est de la noblesse connue de la foy ; et souvent il faut avoir la foy pour croire la nobles ancienne. Discms donc : NoèUitassine operibus mortua est. EHsons^ussi: Os- tende mihi nobilUatem tuam ex operibus tiUs. Mais je vais faire Fanatomie de cette ap^ienne noblesse ^ dans laquelle je n'entends point comprendre les mai- sons royales ni les têtes couronnées ; car quœ suprà nos, mhil ad ms.. .

Les anciens nob^ étoiept si igporaps ^'ils ne sçavoi^m ni lire pi écrire ; ils ne sçayoiept pas m^mé sji^er lew* nom ^ et pprtpiçnt tQ%prs lemç sce^i^ ou Ifur çacl^et dapç ^a pqobe» I^ pol)les^ n'étoit çpiij,t epcorc; guérie 4e oett^ malsidie ^ tpms de Fi^^cpisl; car pow lors eUe $e faisoiv epcçre bpnneji|jr d^ sqh ignorançq^ JL^ conn^^le de M^ti^ji^o^epcy ne 3ça- ypit sîg^qr qu'w^ partiç de §op nppi, et il achevpii V^utire eu pe^apt df? sa'plunf^e c|^elqiçes vaits xs^ fpjrméî^ qui ^vpiçp^ dp rsipport hf àfis h^^ard^s. ^b avoiept ^eu^s WP^e^yoc^li^i Jeprs apn^oiries parlantes, et quelquefois ridicules, qui leur tenoient lieu de mo- no^amme et de chifre. , . ^

On a depuis ipventé 1^ devise§j^ qui sont infini- ment pjp5 ^iiritpeUf^. Jlies gent^ifhopjme^ avoi^t droit jpottr lors d'être ignorans j car en ce même t^ips

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(4")

les gens d'Eglise n'ëtoient pas fort d voient ni ^ec, ni latin ^ ni prose , ni ni géographiç, etc. ; mais surtout il de critique, point de discernement, ] point de pierre de touche : tout leur lirtea de ^ntroverse remplissoient toutes leurs bi** Uiodièques. Le siècle di^ème étoit un siècle de ffnûâés ; mais ceux d'Alexandre et d'Auguste étoieni des siècles d'aigles. Il ne faut que voir les légendes ^ les décrétales, lesexplicaitions théologiques et les cour» ciles provinciaux; car pour les généraux, ils sont ir-^ réiragables. Quant aux légendes, elles sont presque toutes &rcies de fables.

Je ne dis rien du stile, qui est mêlé de rimes , et des chmes de vers. Quant aux décrétales, Burcard , Yves et Gratien les ont toutes reçues aveuglément , C(Hiime canoniques, sans les examiner,. et il y en a Hen cent d^apocryphes. Quant aux explications thé»- logiques, ûk ne sont point litéraux, et ils se jettent à corps perdu dans des lallégcnries outrées. Quant aux conciles provinciaux, celui de Tours,, en -56% cite Sénèqiie au canon XIY; celui de Limoges, assemblé en I022 par Gauslen, archevêque de Bourges, éta*^ blit Tapostolat de saint Malrtial contre la foy de Thi^ ttâre.

Àdjoûtez ïes inscriptions depuis huit ou neuf sièr- des jusques à celui de rïicolasY et de Pie II, restau* rsEl^eurs des bonnes et belles lettres en Italie, et de Fr^GcÂs I en France, est -il rien de plus gaufe ? Il» seavoient Tart de faire de$ solépismes , ils avoient le

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secret des fautes. Les auteurs, veré 800, ne Ëùsoiem que des centons et des rapsôdies ; témoin Jonas, ëvéque d'Orl&ns.

Les juges et les docteurs n'étoient pas aus» fbi:t savans. Non erant uniçersitates, sed asinhersiiate^K, comme disoit un certain. Jaques Faher dJEstaples a étë k I. savant de Paris, André Alciat le i. savant de Bombés ; Tun et Tautre ont livré ou rendu plu- sieurs combats contre les vieux Barbares, qui ne voyoient dans les sciences qu'entre chien et loup. Le 1. auroit été brûlé sans la protection de la duchesse de Berry, et le 2, souffrit beaucoup , aussi bien que Duaren son successeur. Celui cy s'en plaint souvent dans ses ouvrages imprimez : Tantœ molis erat ju- venesque senesque docere. Quant aux juges, Fran- çois L leur défendit de mettre leurs jugemens en la- tin, et de plus prononcer Curîa debotavUj et deholM. Jacques Colin, abbé de Saint- Ambroise de Bourges, et fort connu de ce prince , ayant été con*danmé sous cette formule le matin au Parlement, en fit une rail- lerie à François I. , et dédit caussam edicto. Comme les trois états du royaume nesavoient presque rien, aussi les f»:édicateurs les traittoient en eûfans , et ne leurs comptoient que des fid)les. Les peintres étoient pareillement abysmez dans l'ignorance. Voyez en cette ville les vitres de Saint-Ëtieime : ils ont pris le monogramme de Christ, qui est le rho enté sur k chij avec une barre au milieu, pour des fleurs de lis, et en voilà l'cKrigine. Les architectes n'avoient que leur méchante gothique. Enfin , omnis lingua cor-

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(4i3)

rupertU viam suam. Âio rants n'ëtoient que des al corps, et des coupeur En !i. lieu , les ancien au roy . Ils balançoient se

avec luy, comme s^ils eussent é\é pairs et compagnons. La France Aoit pour lors une anarchie plutôt qu'une monarchie. En certains tems^ rien n'est permis; en ce tems, tout ^toit permis. Le mal avoit commence 4e Fan 900., sous Charle~s-le-Simple : ilssedonnoient dëja des grands airs; ils se qualifioient princes, et même par la grâce de Dieu. Charles VU fit citer à Paris yi Bernard, qui se qualifioit par la grâce de Dieu comte d'Armaignac. Aldebert, comte de la Marche, se révolta <;ontre Hugues Capet ; Bouchard de Mont- morency prit les armes contre Philippe L ; Thibaud, comte de Champagne, se gendarma et dragona contre saint Loiiis. Ils avoient leurs chanceliers, leurs con- nétables ou maréchaux de la principautë ; ils frap- poient monnoyes, et il falloit de 4* en lieues avoir recours aux changeurs. Ils étoient des singes, mais ils étoient aussi des loups. Qui pourroit facoonter les cruautés de Foulques^ comte d'Anjou, sous. Robert; de Jean -sans -Terre, duc de Normandie , sous Phi- lippe Auguste; de Raimond III., comte de Toulouse, et de Guillaume 9 nostre duc d'Aquitaine, au tems de saint Bernard?

Ces cruels seigneurs usurpèrent plusieurs droits exorbitans sur le peuple : de nous restent tant de coutumes sales ^t bursales. Ils avaient droit de pillage

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(4i4)

et de volage , droil de battage et de tosge, droit de pocellage et de eoncnbinage, dr<Ht de duellage et de guerrage ^ droit de jurage et de blaqpheniage, e%e*

lU 6e fdsoient des guerres contmuelles, comine les comtes de Bombes et les seigneurs du bas Berrj, les aeîgneurs de Vierw)!! et ceux de Meuxii les sei^ears de Dun4e^oj et ceux de Culimt, etc«.

Ils fusoîent ausai la guerre au roy, et del^ sent re- tms tant de ocmfiseations ; car les roys de France u*om auf^nenté leur domaine et arrondy leur co\uroiuQ(f que par conquêtes, acqmsitions, donations , traittek, mariages, et enfin par ces ccimmises^Pourrëpriinâr ces guerres intestines, on inventa les trêves. Trêve* yî«it de triga^ comme guerre de cura. La trêve ^toit tou- jours de quelques ternaires de jours, de semaioea, de miois on d*ann^. Voyez les Décrétales de Gr^oire IX ; voyez M^ Dominici en son Traittë de cette matii^e, M. de la Thamnassi^e ega ses Coutumes locales, M. du Cange en son Glossaire laiin*4>e on a bàii tant de chiteàux , on a établi tant de drcÂts de guel et de gardes ; de les villes et Jes paroisses ont ob- tenu droit de commune et d'arborer les bannières, pour courir sur les infiracteurs de trêves. Voyez Gàl- lus en ses Questioas 177* et a5;2. , et Pape en sa Ques- tion 437. Louis4e-Gros réprima ces désordres; Saint Louis fit son ordonnanoei de la quarantaine. Salis- sons Dieu qui nous a fait naître en ce siècle, '^om sommes plus heureux sous LOUlSnLE-GR AJND que nos ancêtres n'étCHent sous Louis-le- Jeune, quand les seigneurs se faisoient des guerres privées.

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( 4t5 )

^^i3*JfeU) lésiinbien nobkB'ëtmem dea rebellés à Dieu; ils faisoient la guerre an Roy des roys. Ils ne fse <eoii^elitriem>pia8'4lfé09e acHmhii^^ d^ 'lèse ma- rjèitélMimaik^, il&¥OulèKiit(auisi ITétredeleze^niajastë divine. PUute disott de «cm «ems : Se scslere fieri polum ftoÀâéx/\et saint >J^fAme.:.iV^»éa& fêtctus est seelere. Les ènnamlès fiBrent\d!un grand seccfars pour r|yi»r|ger^la>Ffance'de'toii8'€es iridents.

Le^ roy R<^xt ckâtia>Renaud) 4x>mte de Sens, qui aEVoit es;ercédegrj|ndes yioleilces contre les églises, et Ireunit son dom^iâe au sien.

Un 4:iDaite de MâCon iut aussi un.grtmd persëca- Agsstf d'ég^iaès, sous Philippe I. L'histoire dit ^eks dâmms^ remportèrent veisFân 1169 (^iç).

Les eoiuKs^ de Glermont et du Puy^.et le vicomie d^*P4di^3MM:y<c(iii désolèrent les élises et les monas- tçr^^par lettff»i:^iiies ,' lurent. contraints de restituer, par-LoiUs-^le-Jewae^-sur les plaiiiites des ëvéques de Gli^niiimt ^ du Puy .

Sans sortir de cette province de Berry, Ebhe de Çhjavent<Ai,{im])ert;dQ<Bea^eu:et'le(>G<m^ de Gha- lonâp i^p44ierêm<€pi^}£[tiej» abhayes de leurs biens ; mads ^faiUppe^^^iigiA^e^c'i'^i^ ve|igeaalce.:$ans«sortâr méiâe de-^ett^ ville de3oUrge$, J)3s comte5^4e Boliiges, sous 1er jr9y Robert, restituèrent à<yj^lise'iesiahhayesrde Saint-And)rpÎ6i9r<^ jSainç^Ur4in ^i posent) çoU^ale , de Saint-»tOoi|dQmà présent, {xrieutfé) qu'iU.aymont usurpées. Lerey {Vo}>ert donna cçr|>ieux exempi^ , car il restitua aiftssi les abbayes de Saint-D^rnsen France , deSûint4iennain-des-Pre2 ei de. Sai^t-Mâr-

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( 4*6 )

tin de Tours, en la possession desqudles Hugues Ca- pet s'étoit mis.

Les critiijues médisans disent que le démon épousa Proserpine, et qvH'û en procréa ces 24» ûUes, mariées en cet ordre : Superbiam FlaminibuSj Simùniam Clericisj Hjrpocrisim ReligiosUj jimbitionem Con- cionatdtibusj Superstitionem Monachisj CuriosUa'' temMonialibuSj TyrarmidemPrincipibiiSjKk'^iJxiM NoBiLiBus, Blaspkemiam MUitibusj InjusUUamJu" dicihus, Perfidiam Procuratorihus j Duritiam Do- minis j Inobedientiam Subdids j Usuram Ci^ibus, Fraudem Mercatoribus j Seditionem RusttciSj In- fidelitatem Minis tris j Luxuriam Divitibus j Imd- diam PàuperibuSj jàvaritiam SenibuSj InZempe- rantiam JuvenibuSj Zelotypiam M^iritisj Susfricio- nem FemimSj Lêi^itatem Puellis. Mais ces alliances morales ne sont pas toujours conformes a la vérité; elles ressentent bien fort la calomnie, ei; les excep- tions en sont souvent plus nombreuses que les induc- tions.

Contre ces déprédateurs sacrilèges, TEglise assem- bla le concile de Toul en Lorraine en 859, de Douiy sur €her en 874? ^^ Reims contre Baudouin , comte de Flandre, en 892; de Chalons en Cham^^iagne contre Rodolphe, comte de Mâcon , en 9 15 f de Trosly c en Soissonois contre Erlebaud, comitem Castricenr sent y en 921 ; de Charlieu en Charolois en 926; de Fîsmês en Champagne en 93€l; de Saint -Tiiierry en Remois, contre le comte Ragenald, en 953,* de Poi- tiers vers' 1025, de Bourges en io34? d*Autun contre

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(4i7) Bobert, duc de Bourgogne, en io55; de Beauvaîs^ contre TKomas de Marne, en iii4; de Soissons en ii55, etc.

L'Eglise, pour se parer de ces usurpations , inventa lesavoyers (avoués) et les vidâmes, advocatos et vice- dominos. Tels ëtoient lesvidames d'Amiens, de Char- tres , de Reims et de Gerberoy ; mais ces prétendus pro- tecteurs devinrent souvent sesvexateurs. Il ne %it<jue lire les Annales des bénédictins pour en être plus que persuadé. Ils ont presque autant souffert par-là que par les Goths, Longbards, Vandales et Wormans, que par les hérétiques et schismatiques , que par les in- cendies , et enfin par certains abbés commandatàires, qui vivent dans leurs abbayes comme ez pais en- nemis.

L'Elise inventa aussi les pariages à même fin. Ainsi les anciens empereurs romains associèrent à l'empire des espèces de coadjuteurs, pour se déchar- ger d'une partie des affaires de l'Etat. Le père asso- cioit son fils, le frère son fi:ere, et quelquefois un Aranger. Notre Aubigny sur Nerre étoit un pariage. Le chapitre de Saint-Martin de Tours y associa Louis VI en 1108.

Les nobles modernes différent bien de ces anciens. En I- lieu, ils sont sav ans tous en latin, et plusieurs en grec; ilssçavent l'histoire, la géographie, la phi- losc^hie et les mathématiques ; plusieurs ont écrit des xnëmoriaux historiques, comme messieurs de Comi- nes, du Bellay, de Montluc, de Castelnau, de Ville- ' roy, de Sully, de Nevers, de Rohan, de Gruise, de la Lg«Liv. 37 ■'

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( 4i8 )

Châtre 9 etc. Le Roy a traduit le$ Comrnentdres de César y Monsieur THistoire de Florus, monsieur le duc de Luynes les OEuvres de S. Grégoire, pape, etc. En 3. lieu, ils sont fort sonmis au roy. En 3. îicu, ils sont encore plus soumis à Dieu, qui est le Roy des roys.

LA SECONDE PARTIE.

Je soutiens aussi que la noblesse des loix vaut lùen celle des armes. Je le prouve par autorités, par exem- ples et par raisons. Justinien dit, à la tète de ses Institutions de droit, que l'empereur doit faire sa pro- vision d'armes et de loix , d'armes pour le tems de guerre, et de loix pour le tems de paix; il doit se munir leg^hus et legionibuSj comme dit M. Cuj^. Léon et Àntheme, dans la loy i4> au code;^ Ad- wc.j comparent les avocats aux soldats et aux captr taines, et leur collège à une armée; ils nonmient leur employ une milice. Claudien met souvent en para- lelle les armes et les loix ; Claudien sllie souv^it les sennes et les loix ; il dit : Ârmorum legumçue pth- tensi et en outre : jirmorum procêres legumque potentes; et ailleurs : Justitid pacem^ vntôusnrma reguM.

Maiiile, au 3. livre de son Astronomie, fait une milice civile : Hoc quoque militiœ genus et diàU- bus actis compositum. Horace, écrivant à Auguste, luy dit : Res Italas armis tuteriSj Tmmbxis ornes j le- gibus emendas. Virgile, enfin, dans le livre ii. de son Eneïde, commence ainsi un éloge : JusUthene

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( 4^9 ) pHàs mirer belUne laborum? Mais Ckéron passe bien plus avant ; il préfère la noblesse des loix à celle des armes , et s'ëcrie de tonte sa force : Cédant arma togCBj concédât laurea linguœ. Aussi les sénateurs précédoient-ils les chevaliers à Rome ; les empereur» même ëtoient plus jmidiquement élus par le sénat cfue par Tarmée. Le grand sceau de France, decu- manum sigillumj représente le roy dans son thrône comme un magistrat. Aussi M. le chancelier est -il nommé altéra rege; au lieu que Monseigneur n'est nommé que secundus à regCj comme m'apprend le révérend P. Hommey, savant augustin.

Et qui ne voudrôit préférer un Ulisse à trois cens et à six cens Aiax? La noblesse prudente, sage et in- génieuse, vaut incomparablement plus que la no- blesse brutale et furibonde. Aucuns même ont osé dire que Miles a été nommé parce qu'il en faut choi- sir un bon entre mille ; mais pour moy je suis dans un autre sentiment. Je respecte l'espée; mais enfin: Noh n)irum facili redimit ^ui sanguine vitamj comme dit Martial. Aucuns ont bien autant estimé tto confesseur de 80. ans ' " ~

titer ille facitj qui mise quelquefois de sa vie , et est noyé et abysmé dam jeûne et trois palette de £h6 toute la brav<mre de ces capitans, matamores ferrées. Pallas étoit autan que celle des armes.

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( 4^0 )

Nous ne manquons point aussi d'exemples. Aiexaui- dre-le-Grand ëtoit aussi ^vant que vaillant. Aristoie avoit été son précepteur, et le père de ce prince esti- moit son fils heureux de ce qu'il étoit au tems de ce grand philosophe. Voyez aussi l'Eloge de Scipi<m ' chez Patercule. Jule C^sar suhjugua les Gaules, et il fut luy-même l'historien de ses conquêtes. Traversant une rivière à la nage , il nageoit d'une main , et de l'autre il élevoit des cahiers, crainte de les mouiller. Le même, étant dans son camp, prit le loisir de com- poser un ouvrage de Grammaire qui traittoit de l'a- nalogie. On le représente même en devise avec un livre et une épée , et ce mot pour ame : Ex utroque Cœsar. Charlemagne fit de longues guerres, et néan- moins il fonda l'Université de Paris , y évoqua le cé- lèbre Alcuin, et luy même composa un Eloge sur le décez du pape Hadrien. François I. , nonobstant ses emplois militaires, rétablit cette Université de Paris, y fonda de nouvelles régences , et y évoqua d'excd- lens professeurs. Notre invincible monarque se scwi- vient aussi des études et des studieux. Sa bibliothè- que, qui n'étoit ep i65o que de quatre mille volu- mes, est à présent de soixante mille. Son médailler est incomparable , et pour comble il assigne de gros- ses pensions à tous lés grands studieux de l'Europe. Charles VIII regrèttoit d'avoir été élevé sans étude; et on l'avoit ainsi traitté, parce qu'il étoit infirme. Henri III voulut sçavoir la langue latine, pour lire Tacite en original.

Mais voicy les raisons sur lesquelles je me fende.

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( 4ai )

En I. lieu, FEtat a besoin de loix en tout tems; il en faut poiu* la paix , et, ce qui est surprenant, il en fsMU même pour la guerre, car la gueixe doit être en- core plus policée que la paix.- Cicëron passe bien plus outre : il observe que les voleurs et les pirates ne sont point sans loix ; ils ont de certains traittez entre etçL qu'ils observent fort religieusement, quand il

s'agit prœdœ ereiscundœj raptoncm re-

gundorum. Au reste, Arrius Menander avoit écrit 4* livres des loix de la guerre; Tarrutenus Paternus en avoit écrit autant ; mais Maeer n'en avoit écrit que deux du même sujet, et Paul un livre entier des Peines militaires. Voyez le titre 4e re MUitarij ad Digeste. Nous avons encore en gred les Loix militai* res de Rufus, qu'aucuns attribuent à Justinien.

£n :2. lieu, la milice n'est que la succursale de la justice, comme la justice l'est de FEglîse; car pour refréner les scélérats, on commence par l'intérêt de la conscience , de on passe à la force de la justice , et enfin on finit par la violence de la guerre. On em- ploie l'artiUerie , qui est ratio ukima regum; on fait toôEiner les canons; et avec ces longues clefs on ouvre , à la distance d'im quart de lieuë, les portes des villes les plus rebelles. Nous pouvons dire que les loix ont aussi leurs guerres. Il y a des antinomies ou du moins des enantiophanes dans le droit romain. Les magis- trats fcmt aussi une espèce de guerre à toute outrance et irréconciliable contre les scélérats. Peut être que par ce motif l'empereur Charles IV. annoblit Bar- thole, ct^luy permit de porter ses armes, qui étoient

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d*or à un lion de goenle à Li douUe qneoë : de J^ ce docteur prit le ma^ de oomposer mt livre du ULascHi. Uempcreur Qiaiie&-Qiiint portoît pour devise : Phu legibiis quhm armis. Hiilippe II. son fils, roy d'Esr {MÉgne, ooiupiit IneiL plus dans son cabinet ([ue dans le camp^ Salicet dit hardiment qa*nne comtesse é^fifaor sant on docteur ne se mésalieroit poinu Boërins, an- cien avocat de notre siège y et depuis antéœssenr de noire université , et pois présidem à Boordeanx, dit, msKt Fart. 33. du vieux Bory, que les sçavans vont de pas ^al avec les nddes.

En 3. lieu, comme le maître est plus que le ser- viteur, le prince que le vassal , le députant plus le d^uté, le commandant que Tobeissant, T^itre- preneur que Texécuteur, IWcbitecte que le masson, le pilote que le rameur; de même le politique, rhomiDe de cabinet, le conseiller d*Etat, en un mot le cl|e?a- lier des loix est {dus que le soldat, et du moins au- tant que le capitaine. Tel étoit cet illustre Berru^er Mre Pierre Salât, chevalier des loix, docteur et pro- fesseur en Tuniv^rsité d'Orléans. Il est employé pour sa pension dans un registre de la chambre des comp- tes de 1466, et y est qualifie chevalier des loix«

Aucuns passent outre et soutiennent, par mâoaeté de raison, que ccworne nous avons des chevajiers des surmes et des loix, nous devons aussi avoir des che- valiers de la langue et de la rime, comme Babac et Corneille ; du globe et de la sphère , ccnnme Cluvier et Cassini ; de la colomne et de la voûte, comme Mi- chel-Ange et Mansard; du pinceau et du burin,

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(4a3)

comme le BruB et Nanteuil. Les anciens Romains r^peetoiem si fcMrt le mérite , même dans les serfs , qu*ils les affranchissoient volontiers : tels ont ëtë Tc- reaiioe^ Epictete et Phèdre. La loy de bestus épargne les industrieux. M. le président de Thou fait l'éloge àes, professeurs et des imprimeurs , plutôt que celui des généraux d'armée j et Séneque en auroit bien fait autant en son siècle , car il dit au 3. livre de ses Bé^ néfices : Nemo altero nobiliorj, nisi cui recdàs in- genium et artibus bonis aptiàs.

TROISIÈME PARTIE.

11 me reste à faire voir que la noblesse de ville vaut bien celle de campagne. La question n'est pas sans difficulté. En i . lieu , nous voyons que les Ro- mains, qui ont été les plus rafinés politiques du monde, ayant partagé leur ville en plusieurs tribus, partie urbaines et partie suburbicaires, donnèrent le pas à celles cy. Eux-mêmes ne portoient, pour la plus grande partie, que des noms de campague, comme ArboriuSj jésina^ Brutusj Bestia et Bubur leusj Cœpio et CicerOj Capra et Caprarius ei Car preolusj CaudeXj Fabius^ Frugij Floru^j Hortefh siusj LentiduSj Laçtucinusj LaureUj Oviniusj. Pi- SQj PitumnuSj Porcius^ Serranusj Stohj Scrofuj TauTus^ Vitelhis et FUellius^ etc. Souvent même ils ont nommé des laboureurs pour leurs magistrat^. Gincinnatus fut tiré de la charrue pour êire dictar tfiur, tant ils étoient fortement persuadez que l'agri*-

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culture est la baze d*un Etat. Tout vient de la ^sam- pagne, bled, vin, huile, laine, bois, et tout ce qui meuble une boucherie; aussi estimoient ils plus Prœ- tUa rusticaj quàm prœdia urbana. Ils préfëroient les fonds, ubi plus aratur, quàm venrUur.

Eu 2. lieu, Pline dans son Histoire, liy. i8. ch.5> et Vegece, liv. i. chap. 3. de TArt militaire, observe que la campagne fournit de meilleurs soldats que la ville ; ils sont plus laborieux et moins délicieux : c*ë- toit même une grosse inîure de traiter un soldat du nom de bourgeois. César, chez Lucain, parle ainsi avec indignation : Tradite vestra viris ignavi signa Quirites.

En 3. lieu, la chasse, qui est Poccupation ordi- naire des nobles de campagne, est un crayon de la guerre. Voyez sur ce sujet Jean de Salisbury, évéqœ de Chartres, en son Polycrate, liv. i. chap. H emt- prunte d*une Menippëe de Varronj intitulée les Mé- lëagres , une partie de èe qu'il y dit de la chasse.

Enfin Joseph Scaliger disoit qu'il y avoit plus de rapport d'un laboureur à un gentilhomme que d'un marchand. Un noble peut labourer luy-méme soa champ, sans déroger à sa noblesse; mais il ne peut feire le marchand, acheter pour vendre et vendre pour acheter, sans dérogeance.

Nonobstant toutes ces difficultés, j'ose soutenir que la noblesse de ville vaut celle de campagne. Je me fonde premièrement sur ce motif : l'homjne est composé de deux parties, Tame et le corps. La cam- pagne est bonne poui' fortifier le corps; mais l'ame

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X425)

ne peut s'instruire que dans la ville. Il faut lire, oiîir, converser, spéculer et composer, pour perfectionner son ame; et tous ces avantages sont plus frécpiens et plus achevés dans la ville que d^s la campagne. On n'apprend rien à voir des plantes, des animaux et des bétes chassées; il faut demeurer dans les villes, et dans les grandes plutôt que dans les petites, et dans les métropoles plutôt que dans les micropoles. On n'en est pas plus noble pour demeurer à la campagne, ni plus roturier pour demeurer à la ville; de même <jue Ton ne devient pas plus noble pour tirer son origine d'un lieu éloigné, et se mettre dans le prédi- cament de la no1;)lesse débarquée. Toute la campagne vient de la ville, et toute la ville vient à la cam- pagne.

Je me fonde secondement sur cet autre motif : des 22obles de campagne, les uns sont dans Pemploy, les autres non : ceux-ci, qui ne sont que des casaniers^ sont indignes de leur qualité. Etre noble et casanier, cîest comm^ être juge et concussionnaire, avocat et prévaricateur, notaire et faussaire. Le noble doit pen- ser comme Caton chez Lucain : No?i sibi sed toti genitum se credere mundo; autrement je luy diray : Ostende mïhi nobilàatem tuam ex openbus tuis. Quant aux nobles de campagne q rs ca-

ravanes et qui ont plusieurs anné je ne

leur oppose pas les nobles de ville nême

passe; mais je leur oppose une fo li ont

bien mérité du roy, de l'Etat et s uns

sont dans l'Eglise, comme les abbés, prieurs et cha-

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(4^6)

Aoines; les autres dans la robbe, comme les juges ^ le» avocats; les autres dans les finances, comme les chambres des comptes et les bureaux ; les autres dam les universités, comme les théologiens, juriscoasiit- ted, médecins et autres professeurs des langues et des mathématiques; les auuw dans la police, comme les maires , capitoux , échevins et autres officiers des hâtek de ville; les autres sont gouverneurs d'bôtels-Dieu et d'hôpitaux : enfin, personne ne croise les bras.

Mais il y a un mojen pour concilier les deux parw tis. Il faut ({ue les nobles de ville et de campagne soient amphibies, et qu'ils coupent leur domicile; il £wt qu'ils imitent le jurisconsulte ,Labeon, duqu^ parle Pompone dans la loy De origine /uns : il pas- soit six mo^s à Rome dans les conversations, et six mois à la campagne dans les compositions de livres. Ainsi Proserpine donnoit six mois à son mary Phir ton, six mois à Gérés sa mère ; ainsi Apollon demea- roit six mois en Délos, et six mois en Syrie; ainsi certains oyseaux sont semestres; ainsi les Romaias délicats avoient leurs maisons d'été et d'hyver, leurç ^es aussi d'été et d'hy ver, et enfin les anneaux d'été et d'hy ver.

. Nous savons même que pluâeurs nobles de Berry avoient leurs hôtels à Bourges, comme les comtes de Sancerre, est à présent la trésorerie; les d'Ai»-

boise, rue Jacques-G]Bur ; les d'Etampe, rue de ;

les de Bar, rue Narrette; les de Bre viande, rue de Sainte-Claire ; les de Monchevry, rue de Saim-Sul- pice, etc.

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(4^7)

On observe encore une

fondée non sur la demeur

mais sur le {»rivilége des â

maires et ëcbevins en certa

n^esi point si méprisable, comme aucuns se persua- dent. En I. lieu, ce privilège n^est pas toujours la peuve dWe roture précédente; en a. lieu, il vaut ipîeux avoir un vray titre que de n*en avoir point du tout, ou n'en avoir qu'un faux comme plusieurs no- bles de campagne. Enfin, quand cette noblesse est revêtue de services, elle me paroit aussi bonne que toute autre. On traite quelquefois la seconde noblesse de clocbe ; mais c'est faire un mauvais usage des noms. Noblesse de cloche n'est pas la noblesse de mairie , mais c'est la noblesse qui n'est que du côté paternel; c'est une noblesse de cloche ou clocheante.

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( 4^8 ) HUITIÈME PARTIE

ADDITIONS AUX MÉLANGES (i).

REMARQUES

^a UlïE MÉDAILLE FRANÇOIS I«', ET SÙA LA SALAMAKDBE^

qu'il avait adoptée pour DETISB (a);

Je croyais, monsieur, qu'il suffisait <jue la mëdailie de François I*', encore enfant, au revers de la Sala- mandre dont je conserve Foriginal, et dont je vous envoyai le dessin avec ma seconde lettre sur le voyage de Basse-Normandie, eût paru gravée dans le Mercure pour m'exempter de faire là^dessus aucune recherche, persuadé que vous prendriez soin de nous expliquer cette espèce d'énigme, du moins qu'elle ré- veillerait l'attention de quelque homme de lettres qui pourrait instruire le public^ Ennuyé de ne rien voir paraître sur ce sujet, j'ai employé quelque petit loisir pour l'examiner, et voici à quoi se réduit tout ce que j'ai trouvé qu'on peut dire sur cette médaille.

La prévention générale veut que la salamandre ne

(OTome i8 de la GoUect.

(2) Extrait du Mercure Ae juin lySo.

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(4^9 ) lut le symbole ou la devise de François I" que de- puis que ce prince parvint à la couronne de France ; on voit efiiecti^vement ce symbole sur la plupart des grands édifices construits par ses ordres durant son règne, et sur plusieurs de ses médailles. Je ne me souviens pas de l'avoir vu employée sur aucun monu- ment avant cette époque Texception de notre mé- daille frappée en l'année m d iv, qui était la dixième de la vie de ce même prince, nommé alors François^ duc de Valois j comte d'Angouléme*

Le premier auteur que j'ai consulté pour savoir si cette prétention était bien fondée, est Mézeray^et j'ai trouvé qu'elle ne peut pas subsister avec le témoi- gnage de cet historien.

«François I" n'étant encore que duc de Valois, ((dit Mézeray, t. 2, p. 1042, le roi Louis XII lui <( donna Artus.de Gouffier pour son gouverneur. Ce- <( tait le seigneur le plus sage et le plus chrétien de ((toute la cour, qui, reconnaissant que le naturel de <(Son nourrisson était excellent, mais semblable aux (( terres franches (jui produisent bientôt des orties et (( des chardons si elles ne sont point cultivées, n'omit (( aucim soin pour planter dans un si bon fonds tou^ (( tes les vertus (jue doit avoir un grand prince. Or, ((pour lui faire connaître qu'il devait appliquer la (( vivacité de son génie aux bonnes choses, non pas à (( la vanité, ni à la violence elle eût pu se porter, (( aussi bien qu'aux belles actions, il lui choisit la de- (( vise de la salamandre, qui se nourrit dans les flam- (( mes, mais qui tempère sa trop grande activité par

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( 43o )

^«a fimdeor, comme le signifient ces paroles qiii Tac- ce compagnent : Woraisco m. buono stîitgiïo et reo it (pour EL RBo)^ An resle , il n*est pas ^rai que la sala- « mandre cherciie le fen pour s'en nourrir, ni même H 4pLelle puisse durer longtemps dans un grand brasier ; il maïs il est constant <[u*elle est si fioide y qu'elle peut <( éteindre un petit feu. »

Mézeray ne se contente pas de rapporter ce lait , il le prouve et le rend certain y en rapportant aussi à la fin du règne de François P' toutes les médailles frappées pour ee grand prince qui sont venues à sa connaissance. Elles sont au nombre de vingt-sept» La première est juste- ment celle dont il s'agit ici, au revers de la salamandre dans le feu ^ avec une pareille légende pour le sens (i), car le ^veur a manqué d'exactitude dans quelques lettres; il s'est beaucoup plus mépris dans l'année, <pii ne peut pas être mgccgiiii, comme il le marque, mais MGCCCciin. Au surplus, Afézeuay n'a point fait ^aver la tête éo. prince, alors duc de Valois, et âgé ^eolem^it de dix ans, ce qui était le plus curieux. Il n'avait apparemment pas vu la médaille en original. Ainsi, monsieur, la mienzie, qui sert d'ailleurs à cor- riger les fautes du graveur, en devient plus cemsidé- rable; et c'est, comme vous voye«, la premi^ qui flât été frappée pour ce prince, avec le symbdie in- venté ( selon Mézeray ) par le sei^eur de Gouffier, plus de dix ans avant qu'il montât sur le trône.

' Ce n'est dqpc pas en quîaiité de roi de France que

(i) Notrf^co e boeuo sirîngo cl reo. M. CCCG IIII.

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(43. )

ce symbole a été donné d'abord à François V\ Il y a plus (1)9 Parâdtn veat qu'il ait appartenu auparavant à Charles, oomte d'Angouléme,«)n père, mais il nVn donne aucune prenre. Il me souvient^ ajoute -t*- il, avoir vu une médaille en bronze dudit feu roi Fran- çois, peint en jeune adolescent, au revers de laquelle était cette dei^ise de )a salamandre enflammée , avec ce mot italien : Nodrisco il buono et spengo il reo. Voilà , monsieur, encore notre médaille du jeune duc de Valois, comted'Angouléme, que Paradin ne cite que de mémoire, et dont il rapporte la devise à sa ma- nière. Cette pièce, con^ne Ton voit, était déjà rare en 1633, temps de rimpreasion livre de cet auteur (de Tune des dernières éditions), qui cite aussi une riche tapisserie de Fontainebleau , chargée du même symbole de la salamandre, et accompagnée de ce distique :

Ursus atrox, Â<}uike<pie levés, et tortllis Âoguîs Cessenmt flammae jam, Salamandra, tuœ.

C'est une allusion aux expéditions glorieuses de François I*' en Suisse, en Allemagne et dans le Mi- lanais. Au reste , Paradin n'est pas le seul qui fait re- monter ce fameux symbole jusqu'au père de Fran-

(i) La salamandre, avec des flammes de feu, était la de- vise du feu noble et magnifique roi François , et aussi au- paravant de Charles, comte d'Angouléme, son père. Je MOiJRBis BT j'ÉTBiNS. (Paradin, Bmses herdù/ues, elc« Paris, i6a2, in-8«.)

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(43a)

çois T'. Jean le Labonreur, dans ses Tombeauœ iU luslreSj après avoir parle de la cërémcmie du trans-- port du cœur de ce {urince (i) aux cëlestins de PariS| ajoute : a Le sieur d^Hemery d^Amboise lui donne la a salamandre pour devise, et dit que le roi François, (c son fils, la* porta après lui. » '

Le même le Laboureur, en rapportant aussi ce qui se passa le sa mai 1547? lorsque le cœur de ce mo- narque fut pareillement porté aux cëlestins, observe que (( sa devise fut une salamandre dans les flammes, « avec ce mot, nutrisco et extinguo. Quelques-uns ii Font, dit-il, interprète avoir ét^ le symbole de vertu M et gënërositë de ce roi en quelque entreprise que ce {(fût; d^autres, entre lesquels est Paul Jove, disent « que ce fut une devise amoureuse pour montrer qu'il

(( brûlait du feu d'amour et qu'il se nourrissait du

(( feu de cet amour. » Le même auteur dit aussi qu^il y ajouta ce mot italien, mi nutrisco.

Il y a lieu d'être surpris que le P. Daniel , qui a pu être instruit de toutes ces choses, qui cite même Pa- radin sur ce sujet , ait écrit si affirmativement que Franco^ !•' a prit pour symbole une salamandre, avec (( CCS mots de son invention : Nutrisco et extin- Guo. » Deux choses extrêmement douteuses, savoir : que ce prince ait choisi lui-même ce symbole, et qu'il soit aussi l'inventeur de la devise , comme le veut

(i) Charles de Valois, due d'Orléans, comte d'Angou- léme.

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(433)

«

le P. D^el. La médaille qui donne Heu à mes re^ mirques détruit absolument cette idée ; elle est frappée pour ce méme|H*ince, elle contient le même symbole; mais 1q prince a^avait alors ^ comme on Ta déjà dit, (pe dix ans; il n'était pas en &ge de se choisir un symbole, encore moins d'inventer -dessus des pa- roles, conirenables; la devise est d'ailleurs différente sur ce monument incontestable, de celle dont parle le P.Daniel.

Côt auteur ajoute qu'il a peine à pénétrer le îi^is et la finesse des deux mots de la devise &n question ; il croit cepend*nt que ale'jMfihtf© vouloitfaire côm- (f prendre que' comme cet animal, ainsi qu'on l^it, « vit ^u milieu du feu , de même il étoit à l'épreuve i( des plus rudes revers de la ibitune. »

Enfib le P* Daniel, qui avait vu dans Paradin ce qui est dit d^ila médaille du jeune duc de Valois, au revers de la; salamandre, avec la devise italienne: NotDitiSGo II. BUONo ET SPENGO IL AEO, explique ainsi cette jautre devise : « Par il marquoi^, dit -il ^ sa (tbotnté et son équité qnifierjTe^doîent libéral envers (des gete de bien, et lui >faisôien#\ punir les mé- Y^chaiist))

MasiH|)dse augmentera cette autre interprétation; qui prCKUve aa moins que^le P. 'Daniel n'a pas fait at- tention aux paroles expresses de l'auteur qu'il cite, que j'ai rapportées ci-devant, et que je suis obligé d^ r^)éter ici : (c II me souvient avoir vu une médaille «en bronze di;^it roy François peint en jeune ado- « lescent, au revers de laquelle, etc. » Je vous laisse^ I. 9* LIV. 28

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( 434 )

moosîear, joger » ce jeune adoleseeat , dont je voug ai nudrqué Tâge prëois par ma médaille ^ i^it ea ém ponir médiam ei de marquer sa libëtialhë ea^ vers les gens de Uen/ La même raison vait q^'û notait pas plus capable alors de donner à cet emblème une devise italienne qu*nne devise latine. Csff le Père Daniel ajoute <|ue a Tune latine (l) fut apparemment K faite d'après Titalienne^ qui &tt abbi^ée par oe (( prince même, ou par quelqu^autre qui ne sçavdt i< pas mieux le latin ^pe lui; car le nutri^t^ n'est pas « \m mot latin, i^ ^

C'est) ce me semble^ tout ce qu'on peut accorder là-oessus : mUrisco n'est pas un mot latîn > cda est certain; mais tout le reste paraît un peu hasardé. Quoi qu'il en soit, il doit du moins résulter de ces obser- vaticms, que ce n'est pc»nt Branç^ l!% soit comme duc de TaUns, soit comme roi de France , qui a in- venté le symbole et la dévise de la sàhnriandre ; que ce symbole paraît pour la première fois sur une mé- daille de ce prince , frappée dans son bas âge , et dix ou douze d30& avant scm avènement à la couronne^ et en£n qu'à moii^ qu'on ne produise une médaille ou quelqu'autre monum^t incontestable qui porte k nitéme symbole^ ait pour Charles de Yali^, csomte dTAngouléme^ ceique Paralia^ leLd»uremr et â'Hé- m^y o^t avimcé là^ckssus, se trouve dénué ife preuves, i?t avaticé sons fondement.»

(t) Il faut emeâdre ceile dont parle Pàtd Jove , èti^ p^^ ParadJn.

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(435)

£)ian$ ces circonstances) je ne vois, monsieur^ am- cun inconvénient de nous en ra^K»rter à Méz^Tay^ auteur plus exact y et d^un plus grand poids que les trois dont je Tiens de parler, et de donner rinvenûon de ce symbole et des paroles qui raccompagnent à Artus de Grouffier, gouyemeur du prince, dans Tin- tention et par les raisons marquées dans Thistoire. C'est sans doute œ sage gouvarneuir qui a £dt fir^ p^ la m^flaiUe que je possède, dont l'époque et Tâge du prince démontrent que c'est la première qui ait été faite pour Hii : elle con&rme ausâ mes remarques à ce sujet.

Il paraît par plusieurs autres médailles Irappées dc|)iiis que, ce prince fut monté sur le trône , qu'il aima particulièrement ce symbole^ qui lui vei^t d'une personne <di^e et respectaUe. J'en rappcnrta^ seu'* lement. quatre, du nombre de tselles que j'ai déjà dit acvjtnt été gmyées et expliquées dails Mé^aray, savoir: la 6., sur le revers de laquelle est une salamandre couronnée dans les flammes , Nutrisca et extinguo^je m'/noums et/e Vétems* I««a aS-^ une F couronnée, la salamandge-au pied, de cette lettre, et pqur deviset Opéra Domùn magna j firappée par ks ^beVins de Paris, itm mémoire du bâtiment de rHôtel'4e^yille* La 34'9 ^ salamandre dans le feu, et ccHircomée ; le champ de la médaille est É/^mé de la lettre F et de fleurs de lys, aveu ces mots : Extinguo, mOrior. El la a5., la ^amandre couché» au milieu des ilammes^ les dissi^ ou les auKntit par son baleine, tcmrnant la tête vers une couronne qui est au-dessus, pour

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marquer la grandeur du courage du roi; pour légende ces deux vers autour :

Dîscolil li»c flammaoi : Fnncisciis robore mentis Omnia penricit, renun immersabilis nadis.

Ces quatre médailles ont été frappées en or, et se trouvent encore en certains cabinets; elles prouvent la variation quHly a eu dans Tapplication dji symbc^e de la $alamandre, et dans les paroles qui Tont accom- pa^é j suivant les temps et les difféfentes vues des personnes qui Font employé depuis le premier inven- teur. Au surplus j ne faiscms point de procès ou de mauvaise, chicane à ceux qui ont estropié quelque nK>t italien , en gravant ou en im|»imant la devise en question,' comme je Tai remarqué au conanence- metft ; on n'était pas si exact en ce temps4k. Cela ne fait rien au fond du sujet , et lie dinûnue en rien le mérite du monument mginal qui est gravé dans le Mercure.

Peut-être , monsieur, ne serez-vous pas fèché qu**en finissant j'ajoute un mot en faveur du personnage à qui Afézeray en attribue l'invention^ Artos de Gouf- fier-, comte d'Estampes et de iCaravas , sdgiïeur de Boisy, etc., était issu d'une illustre etanciemfie maison de la province de Poitou, laquelle a été féconde &l grands hommes. Il était fils de Gtdllaume de Goufller, seigneur de Boisy, baron de Roanés, de Maulevrier, de fionnivet, etc. , premier chambellan du roi , gou- verneur de Languedoc et de Touraine, etc., gouwr-

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(43?)

neur du roi Charles YIII et de Philippe de Mcmt- morency.

Frsmçois P', dont il fut gouverneur, le comhla de biens et d^honneurs; il lui donna la charge de grand- maître de France , et le gouv^mement de Dauphin^, le fit son principal ministre, et Thonora de plusieurs ambassades importantes , dont la principale fut vers les électeurs de TËmpire , après la mort de Tempe- reur Maximilien, pour déterminer leurs suffrages en £iveur du roi son maître. Quelque temps auparavant, Charles Y, roi d'Espagne, qui fut depuis empereur, ayant pmposé un accommodement, le roi n(»nma de sa part, pour chef de la négociation, Artud deCroc^ fier, et le roi d'Espagne Antoine de Croiiy, seigneur de Chierres , qui avait aussi été son gouverneur; Ces seigneurs s'assemblèrent à Noyon , et firent le traité qui porte ce nom dans Thistoire, leqi^l fut ratifié par les deux rois. La France ne profita pas long -temps du ministère d'un homme si sage , et Axtus de Gouf- fier n'eut pas le déplaisîir de voir les dis^ces de TEtat. Il mourut en Pan i5i^ , lai^saAt un fils um? que, Claude de Gouffier,qui fiit duc de Roanés, pais de France, par érection de i566, comte de Cara- vas, etc., grand-écuyer de France, et dont la postérité a formé plusieurs branches, etc.

Deux fi'ères d'Artus de Gouffier, Adrien et Guil- laume de Gouffier, fiirent élevés à des charges et à des dignités considérables : le premier fut évêque d'Alby, puis cardinal , légat en France , et grand- aumônier : le second est célèbre dans rbisloire sous

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(433)

le nom à^anUral de Btmnivetj s*ëunt fort signalé par mer et par terre. Il fut aussi gouverneur de Dau- l^nnë et de Guyenne.

Deux autres frères furent distingues dans TEglise^ savoir, Pierre (i) de Gfouffier, abbë de Saint-Denis et de Saint-Pierre-sur^Dive, et Aimar, qui fat évêque de CoutanceSy puis d'Alby, ahhé de Lagny, et enfin suecesseur de son frère en. Tabbaye de Saint-Denis.

Un cinquiëne frère , Guillaume de Gouffier, sei- gneur de Bonnivet , puis de Thoy, par son second mariage fait la branolie âea seigneurs et marquis de B<mmTet. II se distingua dans les guerres d'Italie, et fut ttK à k jonmëe de Pavie en iSù^.

Je passe les autres iUustrati<ms et les grancfes al-^ Uanoes de cette maison , qui subsiste encore au^ur- d'kui dans les personnes du marquis (s) de Thoy, père du marquis de Goufl^er, du comte de Roanés, et du marquis de Bonnivet. Je ne dirai rien non plus de ses différentes branches de Caravas , d'Espagny, de Brazeux, de Heilly, etc., me contentant de remar- quer que le duéhé de Roanës est s<»rti de cette illustre maison par le mariage de Cbariotte de Gouffier, du-

(i) Doublet, dit le noorel Idstorieii de Smnt-Deiûs, nous a Gonserré Tépitaphe de Pierre de GoofSer, mort en i5i6, gravée sur une tombe d'ardpîse qui se voyait autrefois dans le chœur de Saint - Denis » avec ses armes ^ qui sont d'or à trois jumelles de sahle,

(a) Le marqnîis de Thoy est depuis d^édé le a mars 1739.

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( 439 ) ehesse de Roanés, oui épousa en 1667, François d^Aubusson de la Feuillade, pair et maréchal de France ) etc.

Je suis, monsieur, etc.

A Paris, le a janvier 1739.

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(44o) TRAITÉ

DES EOIS DE FHANCE AVEC LES ARCHEVESQUES DE ROOEII ,

Par lesqueb îli les oUigeni de Tcalr mne fois Tan à leur cour, à la charge

qa*ils les en feront convenablement semondre , et qa'ils envoyeroot

an- devant d*eaz un honorable convoy..^ L*an Ma.xxzxi (i).

(3) Av nom de la saincte et indiuiducTrinité. le Phi- lippe, par la grâce de Dieu, roy de France, octroyé

(i) Cette pièce et celle dont elle est suivie sont tirées d'un Recueil fort rare , intitule le Mercure isGaillon, oa Recudi de pièc€9 curieuses, iani Mérarchiques <^ poSUgues. A Gaiilon, de l'imprimerie du Chasteau archiépiscopal (de Rouen), i644-« in-4'*. Ce livre , dont il n'existe qu'on très- petit nombre d'exemplaires, fut publié par les soins de François de Harlay, archevêque de Rouen, qui traduisit ou analysa lui-même les pièces les plus anciennes rédigées en latin , et «pii se qualifiait le reUgfomsime François , etc.... II em pom* successeur le célèbre François de Harlay, son ne- veu, qui occupa ensuite le siège archiépiscopal de Paris,'niaîs qui était un peu moins que reUgiogissime, (JS£^ CL.)

(2) In nomîne sommet et indimàuœ Trinitatis. Ego PhH^prn, J)ei gralià Francomm Rex, concedo Abiatiam Sancd MeUoms de Ponte-Isarœ Domno VçUelmo Rotomagensi . archiepiscopo , et omnibus Successoribus suis, et dono infedium, Qt eam de me et de Successoribus imis perpétua teneant ad honarem et exalta- tionem Sanctœ Botomagensis Ecclesiœ. Sed et de EcdesOs atqm Altaribus quœ sunt in Vikassino, de quibus prœfatus Archiepis- çQp\tS monstrare patent rectitudinem Ecciesiœ suœ, concedo ei

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( 440 .

Tabbaye de sainct Mellon de Pont-Oyse à messire Guillaume, archeuesque de Rouen, et à tous ses suc-

auxiUum meum, fordtudinemf atque consiUum secundàm justi- tlam. Prœter hœc eUam conceâo et confirmo redditîonem illam, qua Gualierim Cornes fiHus Drogonis Condtis redàiâît Maunlîo Rotomagensi Archiepiscopo et ommBus Successonèus suis totum iUud quûd pertinet ûd Archidiacona^im de Vileassînù , suie in Castelh de Ponte*Isarœ, siue extra, et quodcumque ipst ante hœc in manu sua detinehat, oel aUquis per eum habehatetpossidebat» SimiUter et in Caluomonte, et reliquis siue burgis, siue çillis. Hanc, inquam, redditionem tali raiîone cof^rmo , çt si est de fedio meOf de me ilhid habeat Rotomagensis Archiepiscopus : si oerà est de Archiepiscopatu , de Comité Normanorum teneat, cuùis est Archiepiscopus. Hoc autem erit sendtium quodpro prœ- fatofediôfadet mihi Rotomagensis Archiepiscopus : Per singulos annos çeniet ad çnam ex CurOs meis, siue Beluacum, siue Pûri^ SUIS, due Sihanectum, si fecero eum conuenienter submoneri , nisi ipse iegitimam excusaUonem Jtabuent Cùm autem ad Cu-- riam meam 0enerit, imittam ei Conductum tut Caàmmmontem , siue ad Pontem-Isarœ. Sed et ad pîacita mea çeniet pèr VUcassi- num, si et ego eum inde fecero conùenienter submoneri, Vt autem hcec ratio omnibus tam prœsentihus quàm futuris fiât cogmta , et Caria hœcfimdtatem obtineat, Nominis mei inscriptione et Si-- gilU mei impressiorie corrobprari fed et prasmunin, Anno Mp, X&. V*. ab Incamatione DominL Huic œrà Donatiord interfuej runt ex mea quidem parte, V^ido Dapifer de Rochefort, et Adel" mus de Lusarces, et Galterus Tyt^l, et Pagamis de Nielfa, et OdofiJiiês V^alonis , et Hubertus Canceîlarius meus : Ex parte çerà Archiepiscopi, Odmvndus de Caluomonte, et Drogo fiUus Gualonis et Rîcardus de Pormort, et Fhibertus Archidiacon^s , et Bicardus Capdlanus, et Herbertus de Cahiomonte, et Vrssf Canonicus , et Rogerus de ConstanUis et Vvibertus Canomçi, &'^

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. ( 44a )

Casseurs , et la leur àatme en fief ^ afin qu*ils la tien- nent de moy et de mes saeeeaseurs pour toujours , pour rhonneur et exaltation de la saincte église de Rouen : comme aussi pour le regard des ^lises et autels qui sont au Yexin, desquels ledit archeuesque pourra monstrer la droicture de son ëglise, ie lui ac- ccnrde mon ayde, force ^ et conseil selon iustice. De jAuBy i'octroye et ccmfirme la restitution par laquelle le comte Gautier, fili du comte Druon , a rendu à Maurilles, archeuesque de Rouen , et à tous ses suc* cesseurs , tout ce qui af^>artient à Tarchidiaconë du Vexin , soit au chasteau de Pont-Oise , soit hors d*ice- luy, et tout ce qu^il detenoi) en sa main auparauant, ou que quelquVn auoit et possédoit par luy. Sembla- blement à Cliaumont et aux autres bourgist ou villes.

gnum ^ PhiUpfA RâgiSf signum ^ V^alten TircUip signum * Pu- gani Nielfa , dgmm f Adelelmi de Lusarces, signum V^ido- ms Dafdferi *• de Rocefort SigUlatum sigiilo antique m mas* tice in i{uo effigies Régis sedentis conspicitur.

Ego Joannes le Preuostpresbyier sancUe R^omagenâs eccledm sanotticus et MbUoÈecarius, in duttaUM dioced Raiomagensi noia- rius ûpostolicuÈy transumptum superiàs descriptum cum autographe in membrana vetustis characterièusexarafo, in archiau arckiepisah paH Rutomagensi studiosè asseruato, sincère et seduid contuU, ip- sumque oidographum ibidem reposai, de mandaéo reiigiosissimi et iihtstrissimi dondni mei, dffmini arckiepiscopi Rotomagensis Ner- maniœ primfltis. Anno DomM millesimo sexceniesimoquadragesin» tertio, pridie kaiendas Augustin

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{ 443 ) '

le coiifinne, dîs-Je, celte n que si elle est de mon fief, l'aye de moy : que si c'est tienne du comte de Norman uesque. Or ce sera le seru Rouen me fera pour ledit fie

nu à vue de mes cours, soit à Beauuais, soit à Paris,' soit à Senlis, si ie le fais c<muenablement semondre j si ce n'est qu'il aye excuse légitime. Or quand i) Tiendra en ma cour, ie luy enuoyeray tu ccMiuoy à Chaumont ou à Pont-Oyse. Il viendra aussi à ta^ pieds ^ar le Yexin , si ie l'en fais conuenablemeni semondre. Or afin que ce u^ittë soit conilu à tous, tant prësens qu'à l'aduenir, et que cette chartre de- meure inuiolable, ie luy ay voulu donner force et vertu par l'inscription de mon nom et l'apposition de mon sceau, l'an de l'Incarnation de Nostre Seigneur mil quatre-vingt-onze. Or à cette donation ont esté présents de ma part , Guy seneschal de Rochefort , et Adelme de Lusarches, et Gautier Tirel, et Payen de Neaufle, et Eudes fils de Valon, et Hubert mon chancelier; et de la part de l'archeuesque, Osmond de Chaumont, et Druon fils de Galon, et Richard de Pormort , et Fulbert archidiacre , et Richard chap- pelain, et Herbert de Chaumont, et Ourson cha- noine, et Roger de Coutances et Vvibert chanoines. Lie seing du roy * Philippe, le seing de * Gautier Tirel, le seing de ^ Payen de Neaufle, le seing -f d' Adelme de Lusardies , le seing * de Guy senes- chal de Rochefort. Sceellé d'vn ancien sceau en

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» (444)

mastic j auquel est représentée r image d'^^yn Roy assis en son thrône.

le lean le Preuost presire chanoine et bibliotjie'- Caire de la saincte église de Rouen, notaire apostoli- que en la ville et diocèse de Rouen , ay collationnë sincèrement et soigneusanent Fextraict cy-<lessus co- pié, auec son original , écrit de vieux characteres en parchemin , (jui est diligemment gardé dans les ar- chiues du palais archiépiscopal de Rouen, et j slj re^ lîj^ ledit original , et ce par le commandement de monseigneur le religiosissime et illustrissime turche- uesque de Rouen primat de Normandie, Tan de nos- tre Seigneur l643, le dconier iour de iuillet.

Signé i-E PREVOST.

TRAITÉ

DE RICHARD (CŒUR DE UOK), ROI d'âIïGLETERRE, aVeC l'aRCHEVESQUE de ROUEN,

d'Eschange des miles d'Aadely, aux comUt de Dieppe et BmiidUes, de JjQwiers, d'Alliermont , etc.

(i)RiCHARD, par la grâce de Dieu, roy d'Angleterre, duc de Normandie, Aquiuûne, comte d'Anjou : aux

(i) Bicatidçsy Bei Gratia BexAngliœ, Dux NoFmamœ, A^- taniœ, Cornes Andegauiçe ; Anhiepiscopis , Episcopis, Abbad"

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(445)

arolMuesques, eiiesques, abbez, prieurs, comtes, ba* Fons, iusticiers, s^Qeschaux, vicomtes, preuosts, mi-

àtis, Prianbm, Comitibus, Bawmbus , Justitiarijs,'Senescha^ Hs, Vîceœmitibus, Prœpositis, Ministris, et omnibus Batllhds, et fideUbii$ suis, SahOem. Cùm Sacrosancta Ecckuee Sponsa sit E£gis Bêgum, eêQtdca DUecta^iHus per quem Reges régnant et Principes gubernacula possidenf, tantà ampUorem à oolumas DeuatSanem a JReuerenti^m eaûdbere, quanta certiàs non Re- giam ianiian, sed omnem à Domino Deo esse eredimus Potesta- tem. Vnde sicut VenerabUis Bothomagensis Ecclesia, quœ inter çnàser^as terranmi nostrarum pbtrima cekbritate dignoscitur em- tere, pro retum necessitate ^el temporum, nostris àuxit çtilitati- bus opportuna HUgenÈia consulendum; sic nos eiusdem Matns nostrœ commuais et augmentas digna compensatione dignum du- dmus respondere. Sanè Villa AndèUad, et quibusdam aUjs adia-- ceniibm lods, quœ erant Bfithomagensis Ecclesiœ, ndtm si^[fi^ dettier firmatis, immids nostris in terram nostram Normaniœ per eadem hca patebdtingrwus, per quœ incendijs etrapiniSf nec mnk et aUjs. hostiKUffy $amtijs in eamdem terram nonnum- quam Hceniiùs grassùbantur. Qaomca , çen^rabili Pâtre Vutd^ tero ArchiepisiX^ et Capituio Rûtnomagensi debitum Ju^bentibus ad nostra et prcsdictce terrm nostrœ damna respectum, facta e^t }u»c Pemxutatiù inter Ecclesiam Rothomagensem et Arcfuepisoo- punh Rothomagensem Fualtertm eso çna parte, efmos ea^ altéra parie, deManerio de Andeliia hac forma,, SeiKcet quùd idâm Archiepiscopus de consçientia et çobmtaie Bomini Papm Cœles^ Uni Teri^, et de assensu CapituU Rothoma^mis Eeclesiœ , et c^iscoporumsuonan, et cleri eiusdem Archiepiscopatus , conces- mt et m p&petuum qùietum clamamt nobis et hceredibus nostris prœdktmn Maneriikn de AnâeU cum noua Castello de Rupe, et cum Foresta, etcum ùmmbus alijs pertinehtijs\et^Ubertatibm SUIS, exceptis Ecùlesiis,.et Prœbendis, et Feodis MiUtumy et «qp-

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(446)

nistres, et h tous baiUifs et ses femix, salut. Onnooe amsi soit que la ^cre - saûicte E^ise est Tepoose du

cepio Manaio de Fraadnis mm pertineatijs suis. Quœ omma iâem Archiejfdscopm EccUsùz Boihomagensi et sibi et successori" hus suis retimdt, cum omnilnis îihertaUbus et liberis consuetudim- hus suis, et cum omm integritate sua in perpetuum, Ita qubd tam MUUes quàm Clerid, et omnes homines tam de Feodis MiUit^n iptàm de PhJtBendis, sequentur molen^na de AndeU , skut cdr^ sueuéruntet debait, etmoltura erit nostra. ArcMepiscopas aatem et homines sui de Frasùims molent çbi idem Archiepiscopus polei, et si 0oiuerint molere apud Andèli, daînmt molturas suas, sicut aKj ibidem moîentes. In Escanèium autem prœdicti Manerij de AndeU cum pertinentijs , concessimus et in perpetuum quieta éla-* mamrrmaJEcàiesiœ Rothomagensi etprœdicto ArcTdefdscopo et suc- cessorihus suis, omma moiendina qwt nos haimmus Rolhomagi, quando hoec permutaUofactaJidt, intégré cumomni sequda et tnokura sua, sine aUquo retinemento eOfum qucs ad moiendina pertinent, çei ad moHumm» et cum omnibus Uiertatibus et libé- rés coniuetudinibus , quas soient et debent habere. Ifec aUad alij' ficebit fnolendinum faca^ iàUem ad detrimenÉam prœdictomm molendinorum : et débet Archiepiscopus sobsere eïeemosynas Oft^ 'Hquitùs staùdas eisdem molènMms, Concessimus etiameis Vil* iam de Diepa et Villam de Boieilles, cum omnibus perO^Èenim, et UhertatUnà, et liberis consuetudirdbus suis , exc^pUs eteemosy- M& constitutis in Manerio de Diepa à nùbis et antecessoribus m$^ tr^ , qûàrum summa esttrecentâs et septuaginia àum Ùhrœ, qua debent sobd per maman pra^cU Archiejdscopi et successorum suûrum bis qmèus assignatce swvt. Concessimus etiam eisdem Ma' àèrium de Lmiiers cum omnièus pertùftentiis , et^HèertatOfus, et Hheris consuetudinOus sah; cum Minesterio de Louiaps^ saàais ad Ofus'mstrtuà pemOùme nostnt et desiructione Forestm, iia tamen quàd non sii in reuuardo, Coficessimm etiam eis iotam Forestam

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( 447 )

m fi^ d0»Toy&, et IViiique bien -aymée de cekiy par K lequel les roy^ regaent et les princes possèdent les

de Altermontmm feris, et omnibus alljs periinentijs, et Hberta- lihus suis, sicut eam habuimus, Hœc autem omrda in Escamhîum prœdicti Manerlj de Andeli çum prœâicHs peHinenûjs data lia- bêbunt Ecclesia Roihomagensis et prœdîùtus Aràdepiscopus et successm^s sui in pérpetuum cum omnibus libertatibus , et îibens ooi^sueàsdinibus sm , dcat prœdicimi est* HonUn^s mUm f^w^ dicti^Archiefdseopi, de}pt?€$dicto Escambio, habebunt omnes liber- iates et libéras consuetudines quas habuerunt homines de An- deli, dian Manerium illud esset in manu ipsius Archiepiscopî, Hœc etiam omrda quœ idem Archiepisàopus in hoc Escambio re- cepit, vuarantîzabimus Nos et Hœredes nostri Ecclesiœ Rotho^ magensi etprœdicto ArcUejdscopo et Successoribus suis in perpe^ tmtm coiUra omries homines, ita quàd si aliquis^ Esmmbium ali^ ^pmd est rec^tufus pro aUifuo pAediciœitm quas memoratus Ar-- (^pisùo^m hic recepit, Nos çel Hœredes nostri faciemus illud Escambium, et Ecclesia Rotlwmagensis hœc prœdicta in pérpe- tuum pacifich potsidebit. Nos autem, quantum Rex )[>otest, ex- Gommunicamus , et concedimus qu6d incurrat Indîgnatîo- neiù Omnîpotentîs Dei , quicumque contra hoc £àctiim ve- nerit. Té^tibus his Huberto Cantuariensi Arçhiepiscopo , Joarme Vwgomiensi, Hugone Couentrensi, Sauariço Battoniensi, Hen- , riço J^^jo^ensi, Garino Ebroicensi, lisiardo Sagiensi , Vuillelnm kemuiemi,^ Fuillelmo Constantiensi i Episcùpis. .....' Abbai^

Sançtœ Trinitatis de Monie Rothomagiensi , Reginal^ sancti VmndregisiU, Viciore Sancti Geargij, .„. Vlterioris Portus, Os- het^ de PratelUs, ..♦• de AugO, ,.... de Corneuilla, Aftbatibus,

hgme Comiie MoreUmiî, Othone Comité Pictauiensi, Balduiff^ Comité de Albemarla, Bâukl/o.Qnmie Augi^ Fuiltelmo Maresr- ^ CmitedeiStrig^, FmllalmojfiJio Raduffi $enescM> Nor- mmd<e, Roberto de Tumdu^n Sgnescallo Andegauiœ, Vuilkltuo

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(448)

gouuememenui ; nous voulons luy rendre autant jAm de deuodon et reuerence^ que nous croyons certaine^' ment que non seulement la puissance royalle , mais toute autre est de Dieu. Partant comme la venerabk église de Rouen, laquelle, connneron sçait, est gran- dement célèbre entre toutes celles des terres de nosire obéissance , a trouué bon , selon la nécessité des af- faires et des temps, de pouruoir à propos à nos inte- rests ; ains nous iugeons raisoniiable de re^^ndre par vne digne compensation aux commodités et aduanta- ges de nostredite mère. La ville d'Andely et quel- ques autres lieux adjacens qui appartenoient à Te- glise de Roiien, n'estant pas suffisamment fortifiez, nos ennemis pouuoient aisément entrer dans nostre pais de Normandie par lesdits endroits par lesquels ils se iettoient plus licentieusement sur ledit païs, le brus- lant et rauageant, et y exerçant d'autres actes d'bosti- lité. Ce qui ayant porté nostre vénérable père Vvau- tier, archeuesque, et le chapitre de Roiien à considérer deuëment les dommages que nous et nostredit païs

de Humeto Constabl. Normanim, GitbertoJiUo Rdtfiedi, flii- goneBrun, Garfrlâo de Ledmaco , Fmilelmo de Rupièus, iia- du^o Camerano de Tancandlia, Vidllelmo Martel y Radulfû Teissun, Gaufrido de Saî, Bbbertà de Harecort, et mitlds aEJs. Daium per mamm Eustacfâj EleeU EUensUy tune agentis oices Cancellarij , apud Rùiliomagum , Anno ah Incamatione Dondm MC. XCVIL XVL die Octobns, Aano Btgni nostn octouo.

Si^latum sigîllo magno in cera YÎridi , cui appensos est Annulas aureus corn lapide pretioso»

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( 449 )

en reeeuîons; il s est fait cet eschange entre Feglise de Rouen et Yvautier arcfaeues(]ue de Rouen d'vne party et nous d'autre part 9 du maiu>ir d'Andely, en la forme qui &*en$uit. CW à ^ucûr que ledit arcâieues- que, de Tadueu et volonté de notre sainct pare le pap# C!elestin III, et du consentement du chapitre de relise de Rouen et de ses éuesques soHrsil^sGii , et du clergé dudit archeueschë, a cédé et délaie à peF-" petuitë à nous ^t à nos hoirs; ledit manoir d'Andely> âuec lenouueau chasteau de la Roche, et auec la fo^ rest, et auec toutes ses autres appartenances et liber- tés, excepte les églises et les prébendes, et les fie^ des cheualieirs, et excepté le manoir de Fresne auec ses appartenances. Toutes lesquelles- choses ledit ar* cheuesque a reserué à perpétuité à Feglise de Roiien, tant pour luy que peur ses successeurs, auec toutes les franchises et libres çoustumes dHcelles, et tout leur entier. De sorte que tant les chçualiers que les ecclésiastiques et tous les tenans, tant des ûefà des cheualiers que des prébendes, moudrpnt leurs grains $ux moulins d'Andely, comme ils ont accouslumé et doivent, Qij^la mouture nous apparti^jlydra : et Farcbe- uesque et ses sujets de Freaies mtouklront oi^ voudra ledit archeuesquej et s'ils veulent moudre à Andely, ils payeront leurs moutures comme les autres qui y meulènt. Et pour eschange dudit manoir d' Andely auec ses appartenances, nous auons cédé et délaissé h^ perpétuité à Teglise de Rouen et audit archeuesque et à ses successem^s, tous les moulins que nous auons eus à Roiien lors que cet eschange a esté fait, entière- !• 9* uv, ag

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( 45o)

ment avec foule leur sequele et mouture ^ sans mictine reserua des choses qui appartiennent aux moulins eu à la mouture, et auec touteé leurs francinaes et libre; ooustumes qu^ils ont accoustumë et doiuent auoir. £t ne sera permis à aucun auure d*y bastir aucun mou- lin, au pr^udice desdits moulins : et doit 1 arclteues que (A^rles aumosnes afiectëesd*aniiquité surlesdits moulins. Nous leur auons aussi cedë et délaisse la ville de Dieppe et la ville de Bouteilles, auec toutes leurs appartenances et franchises et libres coustumes, excepte les aumosnes affectées sur le manoir de Dieppe Ipar nous et nos prédécesseurs , desquelles la somme monte à urois cens soixan^te et douze liures, qui doi- uent estre payées par la main dudit archeuesque et de ses successeurs , à ceux ausquels elles ont esté as- assignées. De plus nous leur auons cédé le manoir de Louuiers auec toutes ses appartenances et franchises et libres coustumes, auec le ministère de Louuiers, sauf pour nostre personne le drcâct de chasse et de route en ladite ibrest, en sorte toutes fois qu'elle ne soit point en nostre garde. En outre nous leur auons oédé toute la for^t d*Alieimont auec les Ji»estes sau- nages at toutes ses autres appartenances et libertez^ comme nous Tavons eue. Toutes lesquelles cKoses données en eschange du susdit manoir d'Andely, auec les susdites appartenances, Téglise de Rouen et le sus- dit archeuesque et ses successeurs aurcmt à perpétui- té, avec toutes leurs franchises et libres coustumes, comme dit est. Et les gens dudit archeuesque dudit eschange auront toutes les franchises et libres eoos-

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( 45i )

ivams qu^ont eu les gens d^Andely^^lônque ledit ma^ noir cMott en la main dndit arckeoeaque* Et nous et nos hoifs pirantùvns tontes ces choses que ledit ar-^ di«T^K]ue a recéuës en cet escfaange, à l'élise de Roiien et andii archeuesqne et à ses successenrsà per- pétuité ccMitre tontes perac»uies : De sorte que si quelr quVn doit receuoir quelqu'escbange pour quelqo'vne d€i8 choses dessusdites que, ledit arcbeuesqué.a icy re- ciîes, nous ou nos hoirs ferons cet eschange-là, et Té- glise de Roiien possédera paisiblement à perpetiiité les choses susdites. Or nousj entant qu'vn rojr le peutj excommunions et consentons qiC encoure V indignation du Dieu tout- puissant ^ quiconque contreuiendra à ce fait. A ce presens Hubert arche- uesque de Cantorbery, lean euesque de Vvig(Mrne, Hugues ëuesque de Coùentre, Sauaric euesque de Bat- tone, Henry euesque de Bayeux , Garin euesque d'Eu- ^ reux, Lisiard euesque de Sées, Guillaume euesque de Lisieux^ Guillaume euesque de G)utances; .... Abbé de la Saincte Trinitë-du^Mont de Rpiien, Re- naud abbé de Sainct-Vvandrille , Victor abbé de Sainct- George, .... Abbédu Tresport, Osbert abbé de Préaux , .... Abbé d'Eu, .... Abbé de G)rnemlle; lean comte de Mortain, Othon comte de Poicliers, Baudoiiin comte d'Aumale, Raoul comte d'Eu, Guillaume Ma- reschal comte de Strigoil, Guillaume fils de Raou> seneschal de Normandie, Robert de Toui'nehan se- neschal d'Anjou , Guillaume» de Houmet connestable de Normandie, GiHebert fils de Reinfi'oy, Hugues Brun, GeojBfroy de Lesignjr, Guillaume des Roches.,

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( 45a )

Raoul chambellan de Tancaruille j Guillauine Mar- tel, Raoul TeisieB^ ^Geofiroy de Say, Robert de Har- court, et plosieœra autres. Donné par la mam d*Eus- tache Esleu d*Ely,pour lors vtce^luuicelîer^ k Rouen, Tan de Tlncamation de nostre Seigneur me. xcrli. le XYi^iour d^octobre, Tan hoicttème de nostre règne.

Scellé S DU grand sceau en cire v.erde, auquel pend m anneau d'or, auec vne pierre précieuse.

C\

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(453) TRAICTÉ DE L'OftIGINE

DES AMCnSCà ASSikSm$-9CmTil-COI^IàIDXt

Avec quelques eienplea de leurs attentats et botmcîdes é$ j^rsoanes . d^aucuns rois , princes seigneurs de la chrestîlk^é.

■H

PàR M. J}1£»\& LEBST-pC^^BAXILUr,

Conseiller da roi (■).

AU LECTEUR, .

Il y a quelque temps, vers le oommeDcem^t d/Q cette année i5g5^ qu*estant visité par aucuns de m^ amis y comme en nos discours et dems familiers ;qou| n^eussions propos plus communs que sur le suject plus coinmun que le temps mesme nous doftnoit, ^ .^* voir des assasinements tant de fois attentez contre la roy , après celuy commis à la personne du'roy Henry III par vn religieux assasin-porte-couteau, nous tombas- mes finalement sur la recherche de rpri^tne c|e ji^ mot5 assasinsj assasinements j^ assasihatSj^ a^s^r^ sinefj qu^aàcuns prenoient pour mots naturels ita- liens, autres pour espagnols, iusques à ce que ia leur fis entendre, par ce qui s^en trouue- par k^ histoi^,

(i) Sans indic. de K , i6o3 , pet iii-8o. Li^et peu com- inun , et des plus curieux.

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(454)

quelle en esloit la vrayè source, y adioustant ( selon que ie m^ea pouudis alors seuueuir ) quelques exem- ples des^^K)fi<ic|^ 0t âiteiittls é4 perêdones d^aucuns rois , princes et seigneurs chrestiens, par les premiers et ancien» ^iiwiint d^cntre ies Sarrasins et Mahome- tans, desquels non seulement le nom est depuis àè- meure en la chrestieni^ y a enuiroii 4^o ans, en h signification qu^il se prend ordinairement, mais aussi les. effets, p>ifltta<tente» déotrine et religion renouuel- lee, principalement en ce misérable siècle, par ceux qui plus se veulent parer du nom et du manteau de sainctelë et pieté, comme s*il ne restoit plus en eux «au lieu d^aciions de dbtestien^, qûVn effort entresuiuj et perpétuel de surmonter éz plus grandes impietez lès plus meschahs d^entre les payeus et infidèles. Ce m'a esté depuis vne occasion d*en dresser ce petit (raicté, pour le contentement de ceux qui n'en auoient éncôce la cognoissance : et auec les bons François qui ûiit'eii horreur tels assasins, leurs conseils et conseil- lers, quelque prétexte ou coulein* qulls se puisse don- ner sUr la -conseruation -miracideuse de nostre roy, nTescrier et coiisblér ^e mesme que firent les soldats i'omalns', après que le roy ]!)ecebalus eut failly de faii;e ''ainsi traîstreusément tuer le bon'emperein* Tra-

"'i^i/ eràs îlamnûsiaj vU eras? àuantuin abfuh fieùàWa liigèret? seét \^kiit jËenriovs.

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( 455 )

ha» sMmm emoîent «Qotemicni0m rue manière ê0 pmifie d'entre las Sairasns, d'vite aeeiç particu* Uere de la reli^»» de Mahomet, habitanf en laPhco^ nicie maritinie at praniaoe de. Tyr, mv les Énwebes des villes de Tortose, Damaa,^ Aàtinchè -^ de Haïr lape^ en lieux montagneux et inaccessibles , ils posSedûUsii c{uelqiies villes ou chasteanx très fiirts^ auec leurs villages, ]M)ai^ et vallées, autant abon* dantrs en tontes sorte» de fruits, comme plaisantes Qt agreaUes, Et faite -on esut qu'ils estoîent plus de quarante ou cinquante mil h<mimes : gens qui n'auoient autre foy uy loy que celle que vouldltleur.priixG^ el . s^igMur, qui estok comme, le grand maistre de leS «Nrdre, qu'ils souloiçnt eslire^ consiiuibr sur eux, non f&t droi^ de successicai de père «i fils , ou di*- gnît^ desang de noblesse, mais par, prérogative seu- lement de a^s mérites, prud^ace et valeur, Tappellans par excdleace sur tout auu^e tiltr^ d'honneur, le FmL im }e p^ieiUandj qu'aucuns escriuent le Vau de lamm^ taigne, ou des montaî^es, non tant pource qu'il fust vieil ify ancien , que poiir la dextérité et subtilité de son esprit , et qui se trouue aussi à|)pellé le prince des six montaignesj prince craint et redouté des autres prince^ prochains et loingtains tant Chrestiens que Sarrasins, qu'il faisoit souuen^fois Jud^erem- ment occire par ses messagers qu'il aUoit tqus ppests, comme nourris de ieunesse en ses* palais à cet effet,

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(456)

et {lersuadez par ce moyen de pcmuoir paraenir aux ioyes de paradùi, ainsi (ju'il sera déduit plus particu- lièrement cy après (i)- )

Us estc»ent pcemierement descendus des riions plus esloignees de TOiient deuen la cioé'de Bdbyione ou Baldac, 0t de œlle partie del^erse qui abouût au âeuve Indus, non loing des oonfitts ck la prouinoe Arriane soubs le mcmt Cauca&us, laquelle contrée «est preamtement iq^Uee par les BÈxhaate$, MuletlCj ou Muleketj en laquelle iadts furent les Asiaoeus, ^dont est fait mention es gestes dWexandre le grand, et de leur demeure enti^ le mesme fleu¥e Indus, et le fleuve G)phe , que Tautheur dp' Tbisitoire des Sanra- sins estime estre cèl^y que Joseph <en ses antiquitez tudûïques noxnme Cutk^s^ et auquel pays les dix tributs d'Israël furent transportées (a). Et furenoient telle (Mrigine dVn Sam^n^ppellé jihadin onjélaedin (mot qui signifie diuin) qui fut comme le premier abbé de leur malheureuse religicMi (ain^ qu'en parle lacques de Victry) et qui par ses prestiges, enchante- -mens, ou subtilitez (comme on les voudra nommer) speut trouuérmoyendese mettre en réputation pajcmj les siens : qu'il estoit com^^uoÀ àe Mahomet, et

(i) Jae. de Vîtriaç,, Hist orienft, cap. i4»."-Raphaçi Vo- laler., La. -«(^tltchi. Caméra., în Narn^Turcî. Petr. Ve- ner., 1. i*, tap. aS. Hayt., cap. 24. Math. Paris, sous Tan 1160. «^ÂmAufô Anton., 1. 3, tîl. 17, cap. 9, § 7. P. ^miKiis, en la Fie du roy Loys, 7.

(i) Aag. OiFÎo^^Saracenicde Hkt., 1. i et 3.

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(457) n^auoit -moindre pouuoir que luy de donner la vie Iden-Jbieureuse à qui croiroit en ses promesses, et obeyroit à ses QOinmandemeiis(i}.yoi^ que, çoi^me Mah(U9et preschaqt et ^omettaçt à ses Ajrahes gens grossiers, rustiques et luscessiteux , va paradis, Qt v^e ))eatitude dVutre vie, aiiec abcmdaixce perp^tiielle de tous viures exquis $ de vesiements et d'habits de saye, abandon et - iouyjssance de$^ plus, b^les femnies, et toutes autres dëlices et voluptez qui leur viendrofeut à souhait parmy des plaisans vei^rs etiardinc^es ai:* rousez.de fontaine^ et oruisseaux (jsxi quoy les Arabes se deleaént natureUemefit ) s'ils mouroieivt en la guerre contre le roy de Perse, sceiit tellement leflapiv mer et encourager, qu'ils s'exposoient yolontairenîeitit à tous dangers, mesqie à la inort pour son seruice ^ dont enfin il demeura victorieux. Aussi cet Al^din pour paruenir à ce qu'il preteindoit , vsa de ces ruses et impostures qu'il ^enseigna alix autres qui après luy commandèrent, à ceux de cette secte : C'est qù^en certaine, grande yaJlée entre deux montagnes très hautes , et ai4 pied de deux forts chastea^x qu'il y aupit, il fît dresser vii iardin et lieu de plaisance le plus beau qu'on eut sceu voir au. monde, plein de toutes sortes de fleurs odoriférantes, de fi^icts sauou-r reux, et de .toutes autres choses qui peuuent apporte^* délectation, il mit des pl^is belles damoiselles qu'il peiist trouuer, y faisant aussi bastir nombre de ma-

(i) Joan. L%on. Pand. Hist. Tare. Jac. de Vîtriac., c. i4- •— Cospin. Rîeh. Dominic. L. Confutat. legis iSahom.

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(458),

gtiîficfues maisons, senrichies de rares et excellentes peintures, et tons autres tels ornements, de façon qne ce sembloit estre le vray paradis promis par Mahomet, comme aussi il le nommoit paradis (ainsi que les Hebrieuic appellent tels iardins,neantmoin$queqci:eI* ques authenr^ grecs (i) font ce mot estre per^si^e) est^t ce lieu arronsë de plusieurs fentainés et rnisr seaux tant d*eàux de senteurs, que coulans quand il vouloit par certains conduits dessous terre propres à tet effet , le vin , le miel et le laict : et parmy les danses, esjsats, et exercices de ceux qui y estoiem enfermez j y résonants perpétuellement toutes sortes d*iiAruments de musique et mélodie de diuers oy- seabx, de mesme quasi qu'vn poëte latin (3) descrit les Champs elysiens , le paradis des payens.

. danses et chansons : partout roletans Les oi$eaax à Tenui degoisent leurs doux chants^, La terre sans labeur y produit ses dëlices, Les chants y sont musquez de roses et d'espices : Les ieunes gens ensemble y prennent leurs esbats^ Et y exerte^Amour sans cesse ses cotnlats.

^ V^ntree de iardin estoit p^ Fvu de ses chas- teaux, y avoit grosse ^de san;» que par autre en- droit on y peut entrer n^y sortir : hors lequel lieu ce Sarrasin nourrisspit certains ieunes hommes des plus robustes et asseurez qu'il pouuoit trouver, qu'il iugeoit

(i) XenopK. (a) TUwiin

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(459)

deuoir eaite les pli» {»t>pi?es atix armes, an dessus de dMse quatone ana, à auciina desquda dom il se Toulon setttif à Teffect et exécmioti de aes dessin^^ IciBsqii'il M Tojroit en aage capable , il âdsoit' boice cenam Iweiioage mhctâoaoïé qui ba rendoit. crainM^ rmm en. extate hors de leurs aena et tout emibrmîs. Et hsMr iUea fiôsoit «importer en ce l>aau iardin^ ({Qefa{i|e^leaipaa{«ei îrenaiu à se reaueiller^^et ae troa<^ aaoa au milieu de tant de'4^cesy ih se pensoieul pvopremem eatre au patadia de Mahomet, tirez des aûsârea deroe .monde, pour, iouyr des bi^i», ioyes et lifase par luy promises , et dont iq)re sauob esté deux w tipoiii iouffs amn participans, le Sfam»in les'faisoit 4ei$9ab^f,myur«r d^ ce premier lreuuage/|>ms ainsi e«4ûriiiis^*ila eatoi^it , les mettre Jboi« le iardin (i)v De meani/^ qua^ qu^il ^ troouie esorii ipie Philippe^ doc 4e Bws^o^o^y aumom'mé le J7oif > pour pirenie de TestrA^ge et variable condition dj&laviade Tbomnie, se^i^o^ut' io«er de Fini de ses àubieiïts ^ de la^ riUe (te Bfiips esk Flan^reis (lieantmoins que d'autres font œ qmte de Vempereur Charles Y, et dVn manait da* QaiiA) ^il trouuft vn boï^ yure et dormant proli»^. ckttieiit au milieu de la plâœ, auquel e^tat ii le «fît dQ|io9WepH ^fiportfcr w sou palais^. et coudber dans 99i cWmbi^iet ^m son juropo liot , luy ûisanlc^ettre

(i)'lFrèrc Odric,de Foro Julii, en soii livre des Pérégrî- aaliom de l'aua i33o, ck 3f.-«-Arnold.,Chftm.SclavM I. 3v cap. ult ' -

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(46o)

en la teste Tn de ses bonnes de.iraict,^et vestir Pvne de ses chemises , auac ^gsm ordonaez à r^atomrxle lay pour prendre ^trdeiqnaiMi il s*esaeiS[eroit.Qarne Ait point qu*au lendemùn matin , que cest famnme de- meura tout esmeraeillé. en <faid lieu il pOQnoiteMre, voyant tant de gens près de son lïcty gentik^homnies, pages et valkts de chambre, dont tattost se^ pei»oit encore resuer on songer en veiHant^ tantost (pie ce lassent iUusioià de mnnuais esprits , qu^il coimn^aça de vouloir adiinrer et chasser çn se seigôant de k croix (^). 'Et comme eux fissent bovme mine, et ainsi qu'ils auoient accoustumé de ^te euaers le duc, loy eussenr demande s'il luy pknsoit' se * leuer , et qués habits il vouloit prehdi^ ce iour, tl «e trouua ^cor plus estonnëf et ne ^caehant que respond»,; cepen- dant on Thabille, il sort de Ib chambre, et éM; cotn^duit àTeglife par les principaux de la suUte ordinaire do duc , il'oyt la messe on kiy donne le liure à bs^isery- et vse on entiers luy, comme» si c^ëust ^stsè le priiic^ mesme :4e la meas^ on vient ak^disner^ après lequ^ se mettent cartes et.dez, et argent. sur table péùr ioner : il ioue auec les alignons du^duc^ àÀ h meiae pourmener mi laxdin, chasser en la ^garenne et voiler yn oiseau. Le souper suit de mesme, on ^^^port^le^ flambeîjkx., la musique commence à: se faire ouyr, le •bal et les danses à^ec les dames et damoiselles vien«

(i) ThckMh Zaîiig^i , Tfaeal. vilae'hlnn. , part 2 , yoL ir, 1. 4; et voL 21, 1. 2.

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( 46i )

nent après ^ pvis quelques conunedies et plaisanteries , finalement'la cdOia^on, qui. se cbutûme bieu auant dans la nuict en récréations y et à bœre d'amant j principallexB^^t de la part de ce vilain ; lequel s'es- tant en juré ev endottni , le duc le fit quelque temps, après T^abiller de ^es premiers habits^ et remporter au mesme lieu il TauDÎt fait prendre le. soir preœ- dent , il (kn^ora dormant iusquès au matin , qu'es- tant esueillë et venaiit à.se souuônir de cçste vie delir ciéuse. et boone diece qu'il auoit faicte, il ne sçauoit que .penser de. telle /chose, ne sLc'estoit chosp^vSiye ou vision, qu'il eust eue en dcnrmant. Et enfin apA^ s'en estre bien trauaiUé en soy mesme, se résolut et* conclut que c'estoit vne vision: et songe, et comine tel le conta.à sa fi^oome, 9l^^ enfains, et voisins.

Ainsi ces ieunes gens mis hors de ce beau iardin du Sarrasin, et venans à penser en eux ôombieir peu de temps ils auoient esté ÎQuyssans de si grands plai- sirs,^ plaignaient et àttristoient extrêmement de s'envcnr si tost priuez. Et à pli]|sieurs eschappoit sou« Uent de dire qu'ils mourroient volontiers, s'ils sça- uoient rentrer, et pouuoir viure tôusiottes puis après en vne si heureuse vie qu'ils auoient si peu goustee. Alors te, Sarrasin se présentant à eux leur disoit: Ëscoutez moy enfans, et ne vousfaschez point, si vous. me voulez {»romettre de:m'obeir, et bazarder vostxe vie pour mon seruice quand il en sera besoin pour faire tout ce que ie vous diray, ie vous promets aussi de vous rendre contents et iojaissans à ian|iais de ce que vous desirez et regrettez tant. Ausquelles

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promeases ces imaerables repntans h mort à gain et à (uroffity MDft aucane erainte d^ioelle 'se vosoioit et abaodmnoîeiit à faire incUflEiBreiiinieiit tout œ ^'il leur eoiiiiiiaiidm^t.Telleiiiemqa'àvn dind^onl qu'il feur eusc fait, n'euMeat fait difficulté de se précipiter du plus haut d'rn rodier en lias, et s'edanc^ mx milka des glaiues, du feu et de Peau, vmre mec beaucoi^ fAas d^affectioa en ceste obéissance, que ce quon lit de ceUe d^ anciens Perses (i), non seule- ment en gênerai enuers leurs roys (du commmde- mtfir'desqnels ils jffenoient à grand honneur d'este Iftttus et guettez, mesme l'en ikisoîent remerder, et . s'estinuMeat bien heureux que le roy par eust rend» tesmoignage qu'U se sounenoit d'eux) (a), mais par- ticulierement de ceux qui estant portes en mesme nauire auec Xerxes, ainsî qu'il se retirait en Asie, comme es^ntsomemieTne furieuse -tempeste, «tk vaisseau en danger de périr pour h tiopgrande dbarge et grand nombre de ceux qui y ostoient, XerUs es- meu de crainte eust demande au comité et goauer- neur, si toute espérance de saint estoit perdue, et que sar la resposise 4'icéluy qu'il ne restoit plus que ce seulmoyen,si [diusieursd'entr'euxsei^toiempromp tementdanslamer, s'adressafet à ses Perses, leur eut parlé en ces termes : Vous Toyés, mes amis, qu'il est en vous de sauuer votre roy ; U est temps de raons- trer par eflTet combien vous l'aimer, et «ie»*s«n de

(i) Stri>., Senn. 12. (2) Hcrod., L a

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( 463 )

luy. A ce« mots après Taiioir adoré, ils se lancèrent attwi'tost dans Teau^'et ainsi fut la nauire deschargee; et le roy deliurë de ce péril retourna sain et sauf en ses pays. Dont tesmoigne Ambroise que telle obéissance des Perses duroit encore de son temps (i)^ Auquel exemple du prince Sarrasin semble que se voulut con- former celuy qui fut esleu le premier Roy des Tartares, enuiron Tan 1 303 , nommé par aucuns Changis ou Chmclàsj par autresi Canguiste ou Gngiste {cpl secoble aussi auoir esté quelque grand magicien auec ses visions et aduertissemens quHl disoit auoir de Dieu, dei grandes choses qui deuoient esûre faites soubs sa ocmduite, et Topinion qu^il auoit desia donnée que sa mère Teust conceu des rais du soleil) pour s'asseurer si ses subiets luyobeiroient en tout ce qu'il leur di- roit suyuant la promesse qu'ils luyt&isoient, com- manda entre autres choses que'les sept princes des sept nati<ms premières de ce peuple/ qui auparauant s'af^lloient le^ Magies ou Mongalles^ eussent en sa présence à couper la teste chacun à son fils aisné(a). Ce que ces princes firent aussi tost sans contredit, et dont estvraysemblableque ceste cérémonie est depuis demeurée entre les Tartares au sacre de leurs roys , qu'après que petits et grands se [urosternans deuant ceUof qui doit estre roy^^i^y ont dit dVne commune voix : Nous te prions et voulons que tu sois nostre roy, et que tu ayes puissance et seigneurie sur nous, luy

(i) Ambr. Hexam., 1. 5, cap. ai. (a) Sabel., Ennead. 9, 1. 6.

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( 464 ) '

respond en ces mots : Puis que vou$ voulez que ie vous obéisse en cecy, il faut aussi que vous faciez entière- ment, alliez^ veniez , et tuez tous ceux que ie voudray. 'Aquoy le peuple donnant sa promesse et consente- ment ^ le roy adioute : La parolle donc de ma bouché d*oresnauant sera mon glaiue. Laquelle condition est aussi tost acceptée par le peuple auec grande applatt- sion et battement de mains.

Ainsi donc le tyran Sarrasin ayant ses honunes ainsi persuadez et ensorcelez, en abusbit, et s^en ser- uoit principalement à faire commettre vne infinité de meurtres et d*homicides , dont àrriuoit que plu- sieurs princes et grands seigneurs se rendoient ses tributaires 9 ny^yant aucun d^eux, non seulement en ces contrées-là , mais par tout ailleurs -qui se peust garantir du danger de leurs aguets, ou du moins qui n*en fust en vne^ perpétuelle crainte et frayeur : voire non moindre que se trouuerent lesluifs sous l'em- pire de Néron, et gonuernement de Félix, et deFestus en la ludee , de certains brigands et meurtriers qui s'estoient esleuez au pays , et auec telle asseurânce qu*en plein iour et au beau milieu de Hierusalem se fourrans es assemblées et festes solennelles, et iusqaes dans le temple parmy la presse du peuple, tuoiënt* ceuk qu'ils vouloient auec des petites dagues qu'ils cachoient (recourbées à pointe comme des espeqsde Perse) sans qu'on s'en peust donner garde (i) : dont

(i) Joseph, 1. 20, ch. 6, 7 et 8 des Antlq., et 1. 2, eh. 12

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( 465 )

toute la ville se trouua en aussi grand estonnement ^ que pour tout autre mal , calamité ou sortes de misères (jumelle eut peu endurer, le plus asseurë n'attendant à toute heurQ que la mort, non autrement que si la ville eut esté forcée et abandonnée en proye aux en- nemis, estant les vns et les autres en tel soupçon entre eux, qu'ils se tenoient tousiours sur leurs gardes : et voyans quelqu'vn marcher ou approcher d'eux , n'or soient ester l'œil de dessus, ne se fians mesmes à leurs plus grands amis, ny plus proches parens. Desquelles gens aussi on tient que le mesme gouuerneur Félix se seruit pour se despescher du grand sacrificateur lonathan, auec lequel il auoit inimitié; et en la place desquels on peut adiou^tcr estre succédez du temps de Domitian , ces autres garnements qui auec^des ai- guilles empoisonnées picquoient ceux que bon leur semLloit, dmit plusieurs mouroient sans en auoir quasi le sentiment (i). Ce qui ne se practiquoit pas seulement à Rome, mais quasi par tout le monde.

Mais à l'histoire de nos assasins certains autfaeurs adioustent cecy de plus parlicuUer : Que le Sarrasin faisant ainsi enfermer en ses chasteanx nombre d'en- fans ses sujects dés le berceau, il leur faisoit aussi apprendre diuerses langues, comme la latine, la grec- que, la sarrasinesque, et autres, en toutes lesquelles les maistres qu'il leur donnoit ne leur chantoient^.

de la Gaerre des Juifs. Continu, de THist. de Gull. de Tyr, 1. 23, eh. 19. Zonare. (1) Xiphîl. ep. Dîon. in Domitian.

I. Lîv. 3o

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(466)

aotre leçon y sinon Tobeyssance qu^ils deuoient à leur seigneur (i). Quoy faisant ils se deuoimt asseùrer qu'il les rendnwi bien-beureux en vn paradis de tooie ioye et délices , selon le pouuoir qu'il en auoit par dessus tous les dieu:{C viuants : et au contraire, qu'ils ne pouuoient estre sauuez si en aucune cbose ils re- fusoient de faire k sa volonté. Tellement que depuis qu'ils estoient ainsi serrez , on ne leur laissoit reoir autres gens que leurs maisties, ny ne leur donnoit-on autre instruclicm, iusques à ce que pour se seruir d'eux à tuer quelqu'vn , on les faisoit venir deuant leur seigneur, qui leur demandoit s'ils estoient dis* posez d'obeyr à ses commandemens, à fin qu'il leur donnast son paradis. A quoy aussi tost ils re^n- doient îiardiment qu'ouy. Et alors le tyran leur don- noit à cbacun vn petit couteau d'or dedië et consacré i. cet vsage, et les enuoyoit bon luy sembloit pour tuer tel prince ou seigneur qu'il vouloit, soit poi» haine qu'il leur portast , ou pource qu'il en eut esté prie par aucuns ses amis , ou meu et corrompu à ce faire à force d'argent. Aussi tost ces misérables ieunes gens ainsi séduits se mettoient en chemin, quitians ,gayement le conuent de leurs autres frères, ainsi qu'en parle le mesme lac. de Victry, pour parfabre leur mortifère légation, n'ay^its plus grand soiag qu'à se scauoir accommoder en toutes guises, aux ha- bits, mœurs et façons des autres nations (2) : dont par

(i) Arnold. Lubec, 1. 6, c. 10, et 1. 8, ult (2) Jac. deVifry, ch. i4.

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( 46? )

cc^ûoissance des langues qu'ils auoiejat apprises, irou- uoient moyen d'auoir entrée par tput^ iusques aux maisons et compagnies de ceux sur lesquels il&auoient desseing ^ tamost sedisans estre marchands^ ou se des^ guisants en clercs ou moynes, tanlost se feignants estre amis, et auoir quelque chose de secret à dire, ou venir comme messagers députez : et ainsi e^^ecu- toiçnt ce qu'ils vouloient , sans se soucier des paines et tourmeiis qu'ils se doutoient bien qu'on leur ferolt souffrir, tellement qu'il estoit malaisé qu'aucuns se peussent garantir de leurs mains, non pas mesmes les plus grands seigneurs du monde qu'ils eussent entre- prins de tuer, sinon qu'ils sq rachetassent par ^r et argent, ou se tinssent tousiours armez et accompagnez, demeurants cependant 0n pei^etuel soupçon et crainte de la mocv Yoire at^pient encor ces assassins ceste opinion , que comme ils estoient estimez les [dus dé- vots d'entre tous lesBarhares, ne faisants cas ny de l'honneur y ny des autres choses plus désirées des hônptmes, tous les autres au regard d'eux ne. sem- bloient que preuaricateurs ( i ). Aussi que suiuant leurs vceux en tuant quelcun, mesmement quelque prince d'autre reli^on que celle! qu'ils suiucHent, ils en me- ritoient plustost ceste céleste éternité et vie bien-heu^- reuse <jui leur estoit promise, et qu'après leur mort, ils en seroient de ceux de leur secte plw estimez , et tenus pour saincts et martyrs, outre que leurs parens,

(i) Blond., 1. 6, dée. 2. Math. Paris, sous ran ii5o. Suminà Anton.

*

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(466)

sHls esioient de serve condition , devoieni estre digne- ment reicompensez par le prince, et mis en liberté. Au- quel prc^pos frère Richard lacopin (i) qui a escrit de la réfutation de T Aleoran, traictant de dix raisons qu'il a pour monstrer que la loy de Mahomet n'est pas loy de Dieu, allègue pour rvne d'icelles, que c'est vne loy de sang , de meurtre et violence , pource , entr'autres cho- ses, que les Sarrasins nourrissent et entretiennent tels assassins pour tueries autres hommes , leur promettans pour ce fait la vie éternelle , et les enuoyants par le monde pour se défaire ainsi des roys et prince^ par tous moyens et ruses qu'ils pourront, ne les appellent point assassins j mais Ismaélites^ comme estans le tige et tronc des Sarrasins, et les premiers défenseurs de la loy de Mahomet, instruits et nourris principa- lement pour fidre tels meurtres , suyuant intention d'iceluy, qui a voulu par sa loy que tous ceux Ik fus- sent tuez qui y seroient contraires et ny voudroient croire, ainsi qu'il se trouue par tout escrit en icelle, conune vne ordonnance générale rTuez, tuez, neant- moins qu'il appelle nommément sa loy Elesalem, qui signifie loy de salut laquelle aussi on tient que par telle force et crainte il fit ranger vn sien oncle et autres , sur lesquels il eut puissance). A quoy se peut rapporter ce qui se lit en la vie du' roy S. Loys, que l'vn des admiraux Sarrasins qui le tenoient pri»»- nier après la bataille qu'ils gagnèrent sur luy Tan '

(i) Frère Richard, jacob., ch. lo. r Jac. de Viiry. Aug. Cur., 1. i.

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(469)

isSo, prist cest ai^ment pour persuader à ses c(hii« pagnons de le faire mourir nonobstant la foy qu^cm hiy auoit donnée, que Mahomet commandoit bien de garder le serment comme la. prunelle Toeil, mais aussi auoit il donné vn autre commandement , qu'en F^bseurement de sa foy on deuoit tuer len- nemy de la loy (i).

Or accreut tellement la puissance de cest Alaedin et de ses successeurs ^quHls auoient instituez ce memie ordre en la Syrie , et auoient vn lieutenant de* leur profession en la ville de Damas , et diuers autres lieux. Aussi commencèrent les assassins à nous estre çogneus seulement du règne du roy Loys dit le leune ou le Piteux j VII du nom, aux premières guerres de nos roy s contre les infidelles outre mer, ce roy se trouua enijuron l'an 1 147, et le bruit et renommée d'eux fat Tvne des choses dont les princes chrestiens en Asie se trouuerent les plus émpescfaez , ne se craignants point tant des roys ou {pinces barbares" ausquels ils faisoient guerre ouuerte, que des menées de tels meur- triers couuerts (2).

Ils s'appelloient en leur langue heissessim, d'où il semble plustost auoir retenu ce nom d'assassins que de ces assacens dont cy dessus est parlé. Et se trouue qu'ils ont aussi esté diuersement appeliez assisins ou assesinsj asininSj asismeSj hassatutSj hartarsisj or- guasins^ accideSj et plus commtmement arsacidesj

Il .111 ■! Il I I I * I -■ I I I I I < I Ml I , ^

(i) Chron. du roy S. Loys, ch. 48. (2) Aug. Cur., L 3,

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(470)

chasiens ou chasisiens par quelques amheurs grecs (qu^aucunsde nos historiens modernes on voulu tour- ner en chasidresj Beduins et Esseens), desquels du moins ils estoient reputez prendre leur commence- ment, et retenir en partie leur escriture, ayants leurs lettres meslees d'hébraïques et chalda'iquel. Neant^ moins que pour le regard des Beduins le sire de loin- uille , en la Tie du roy S, Loys, en parlç yu peu autre- ment, comme des gens' qui viuoient bien, et habi- toienl auec les Sarrasins, maïs qui toutefois tenoient vne autre manière et façon de viure, et ne croioient p(Hnt en Mahomet, comme font lesWtres Ss^asins, mais gardoient la loy d'Hely son onde , par lequel il f^'«. misen honneur en ce monde; puis ayant acquis la seigneurie et prééminence du peuple , il se despita et s*esloigna d'iccluy Hely, qui ne pouuant supporter d'estre ainsi supedité, tira à soy du peuple ce qu*il en peut auoir, et le mena habiter à part es déserts et montagnes d'Egypte , et leur conunença à bailler vne autre loy que celle de Mahomet: dont depuis les vns jom appelle les autres mescreans. De laquelle loy d'Hely IVn des principaux poincts et commande- mens est tel, que quand aucun homme se fait tuer poiar Êûre et accomplir le commandement de son se^néur, ou pour quelque autre bonne intention, Tttne de celuy qui est ainsi mort va en vn autre meilleur corps, plus beau, plus fort et plus parfait que le premier, et dans lequel est à plus grand'aise qu'elle n'estoit auparauânt. Au moyen de quoy ils ne ne font compte de s'ofirir à la mort, et se faire tuer

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(47» ) pour Famour de leur seigneur. Yn autre poinct est que nul homme ne peut mourir quVn certain ioiir qui luy est déterminé ^ et pour ceste raison ils ne se veulent point armer quand ils vcmt à la guerre , et s^ils faisoient autrement ce seroit coUtrai^r à leur foj. Et quand ils maudissent leurs enfans , ils leur disent en ceste manière : maudit soiMu conmie eeluy qui s^arme peur de la mort (i).

Le premier d^entre les princes chrestiens sur les* quels ils attentèrent , futRaimond^ comte de Tripoly, de la maison des comtes de Tholose , et petit^fils de Bertrand, qui le premier fut inuesty de cette comté> après la prise de la ville Tan 1 109. Car comme il ne cessast de guerroyer les infidelles (lesquels dés Faage de dixhuict ans auant que son père fut inhumé il estoit allé rencontrer vers le mont Liban, et en auoit {m vne grande boucherie , ainsi que remarque frère Estienne de Lusignan) il fut en cette viUe-là trais-^ treusement assasiné, enuiron Fan ii5o ou ii5i, par deux de ces assasins qui s'estoient cachez en la porte d*icelle,: et dont les habitans furent tellement esmeus, que courans incontinant aux armes, autant qu'ails en trouuerent qui parloient auu-e langage que oeluy des

(1) Arnold., 1. 6, cap. io« Reinec. I Hayth. Mer des histoires, 1. 1, fol. aoi. sous l'an 1272. Gnil. de Mangis. -^ J. ( des Ghron. de Fr. Nicetas Chroniates, < et Ange, I. 2, ^ Vign. en sa Bible histor. a Jac. de Vitriac. Chron. du roy S. Loys, ch. 3o et 56.

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(470

nostires, ou portoient autre habit que le leur^ pensans rencontrer les meurtriers de leur seigneur, les firent tous passer au fil de Fespee. Depuis lequel temps aussi les autres seigneurs chrestiens prindrent occasion de se tenir phis sur leurs gardes (i).

I<eantm(Hns qu'aucunes histoires tesmoignent qu*^i- ttiron aioaan ans après, et Fan 117:2 oui 173, il prit yolonté au prince des assasins qui estoit alors, de se faire chrestien aueo tout son peuple , tellement que cœnme il estoit naturellement doué d*vn bon esprit, etprenoit plaisir et s*addonnoit aux lettres, aussi vou- lut il sçauoir que c*estoit delà religion chrèstienne, et des esmptures sainctes : lesquelles après auoir leuees et esplucbees diligemment admirant la pureté de la doctrine et la vertu des miracles, et conuoençant à iuger des abus et fausse loy de Mahomet, petit à petit vint à la condamner, et reiecter partie des supersti- tions introduictes en icelle, fit desmolir ses oratoires, defiendre Tobseruation de leur ieusne^ rabstinence de boire vin, manger chair de porc, et autres telles dioses (a) , voire mesmes qu*a,ucuns escriuent qu'il auoit ia receu la baptesme aueo toute sa gent, per- suadé par ce moyen debuoir au moins demeurer en pareille condition et liberté que les chrestiens, et estre descharge9 de la somme de deux mil escus, ou deux

(i) Math. Paris. P. Estienpe de Lusignan, en ses Gré- néalog. des roys de HiérusaL, de Cyprc et d'Arménie.

(a) Guil. de Tyr, I. ï4, Jac. de Vitrlac. ~ Math. Pa- ris, sous Pan ïi5o.

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(473)

mil besans que les Templiers qui tenoient quelques forts chasteaux et places voisines de leur région^ auoient accoustiuné de prendre et leuer sur eux par forme de tribut (i). Pour dequoy résoudre et sçauoir au surplus ce qui luy restoit à faire pour le &ict de la religion et foy chrestienne, il enuoya «xpres vn grand personnage d^entre les siens nommé Bohadeile en ambassade tant vers le patriarcbe de. Hierusalem que vers le roy Almaric de Hierusalem , iusques en la ville d'Acre , dite anciennement Piolemaîde^ cest ambassadeur fut tresbien veu, ouy, et rççeu du roy, qui loua Dieu d'auoir eu pitié de si grand peuple qi^ audit attiré à sa cognc^ssance, puis le renvoyant auec grand honneur afin qu'il tesmoignast à ^n maistre la bonne volonté en laquelle il auoit trouué les ohres- tiensy le fit conduire iusques près de la terre des assa- sinSy approchant de laquelle^ et comme il eust desia passé la ville de Tripoly, ne se deffiant d'aucune chose, pour Fasseuï^ance qu'il auoit en la fay et sauf conduict du roy, fut luy mesme malheureusaneut assasiné par l'vn des Templiers, sans que depuis le roy, qui sentoit le premier l'outrage luy estre fait, en peust auoir aucune raison, pour l'authorité pape (de la sauuegarde duquel «Othon de Sainct Amand \ùs^ grsoxd maistre des Teitxpliers, se targuoit, et me- naçoit de l'indignation du, S. Père si on entreprenait "(dus auant. contre le frère qui audit cc»nmis ce meut- » . -, ^ . ^

(i) LudoY. Viv. , de Veritale fideî Christ. , h "* J<>ai^ CaïQ.fîn narra* Tull.

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( 474 )

tre) sinrni qu^apres aaoir seulement fait prendre pri- sannier le meurtrier, il luy en demeura vn r^ret et maladie, de laquelle il mourut bien tost après. Ce qui fut cause que le prince infidelle iustemem indigne contre les chrestiens, comme vne noauelle plante non encor bien en racinee en la fby, rompit ce bon des- seing , reiectant et nostre reUgton et nostre accoinc- tance; et depuis ce temps, se monstrerent les assasins plus crttds ennemis des chrèstiens qu'ils n^aiK»ient esté, reprenans leurs mesmes erres soubs leur pre- mière loy, vœn et obéissance entiers leinr seigneur. Dequoy Henry, comte de Troyes, fils de Tfaibam, comte de Champagne, qui en Tan 1 178 estoit all^fcn Syrie auec grande suitte de noblesse irançoise au se- cours des cfaresti.ens contre le soiddan Saladin, vid faire vne {ureune estrangetleuant ses yeux, estant allë voir le prince des assasins d'al(»*s, sur le chemin de la ville d*Antioche à celle de Tyr, sous le sauf con- duit et asseurailce qu^il reûeut de luy. Car comme ce (nince luy eust voulu faire cbgnoistre l'obéissance que luy rendoient ses subiets, et luy ayant monstre au doigt au plus haut dVne tour certain nombre d'hom- mes, il en appella vn d'entre eux par son nom, lequel aussi tost et sans marchander, se ietta de tour en bas, de laquelle cheute il mourut, sur l'heure tout froissé et brise. Et voulant encore eu appeller d'au- tres pour faire le memie essay, il en fut destoumë par les prières du comte, autant e^ahy *que plein d'ef- froy et d'horreur en soy mesme ^ pour la hardiesse de telles gens prodigeans ainsi leurs corps et leur

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( 475 ) vie au simple commandement de leur maistre (i). Quelque temps après et Tan 1192^, Gonrard, mar- quis de Montferrat, qui tenoit la principauté de' la ville de Tyr, laquelle Tan it88 il auoil si vaillam- ment deâenduë contre le mesme soldan Saladin y et outre portoit le tillre de wy de Hierusakmj à cause d'Isabelle sa femme, sœur de la defTuncte royne Si- bylle femme de Quy de Lusignan , sœur du roy Bau- douyn IIII, conïme il se pourmenoit par la place de Tyr, fut massacré par deux de ce$ assassins baptisez qu'il auoit long temps âourris en sa maison , et qui âpres le coup se pensèrent sauuer à la fiiitey mais estatis pris iurent cruellement exécutez, endurans neantmoins le supplice fort allègrement , comme s'ils eussent commis quelque digne chef d'œuure : et ont voulu dire quelques vns que Hemfroy ou Emlrede, seigneur deThoron, fit faire ce meurtre, ayant donné ou promis bonne somme d'argent à ces Sarrasins (desquels il receut depuis pareil seruice ayant esté tué d'eux en trahison) en haine de ce que le marquis dés l'an 1 189, luy auoit desbauché ceste Isabelle qui estoit «a femme, et fait qu'elle le quittast pour pren- dre iceluy marquis pour mary. Quoyque d'autres tes- joignent que le prince Sarrasin d.e son propre mou- laiement auoit enuoyé les deux assasins à cest eflFet, pour se venger de ce que le marquis auoit fait tuer secrettement quelques marchands de sa terre près de

I ■!■■■ !■■>■ iM^ I m*) «IIP > ■■■iMi. N *

(i) Fulg,, 1. I, cap. I. Bapt. Ëgnat, de Exempl. illust, vlror., 1. 5, c. 6.

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( 476 ) Tyr : autres en gênerai pour la conspiraïkm faite p»r le Sarrasin auec les siens de faire mourir tous les princes latins qui estoient en la Palestine (i). Voire qu'aucuns ont passé iusques de dire que le Sarrasin auoit esté induict et gagné de présents par les chres- tiens mesmes, et que les Templiers en furent chargez^ comme semblablement le roy Richard d'Angleterre surnommé Cœur de Uon^ indigné ^e ce que le mar- quis n'auoit voulu espouser sa sœur. Qui fut aussi IVne des choses que l'empereur Henry, fils de Barbe- rousse, reprocha depuis au roy Richard, après qu'il l'eust retiré des mains du duo Lui^ld d'Autriche (qui l'auoit fidt son j»risonnier pour iniures qu'il pretendoit aurâr receuës de luy en Palestine) Le- quel soi:q>çon contre le roy Richard pourroit estre d'autant plus confirmé, s'il est vray ce dont on l'a-: uoit voulu taxer auparauant, qu'il eust pris argent des fils de SalacÈn. pour se faire par eux deliurer le mesme marquis de Montferrat..Semblablemenj: ce mespie roy Richard est accusé en aucunes de nos histoires d'a- uoir essayé de faire tuer de mesme façon le roy Phi- li^)e Auguste , auec lequel il auoit eu quelque dif- férent après la prise de la ville d'Acre , dont le roy Philippe prit occasion de s'en reuenir en France,

(i) Jac. de Vîtriac, cap. loa. Math. Paris. Arnold. Chron. Blond. - Fulg,, 1. 5, c 6. - P. iiEmiL BeUc- forest es grandes Gbron. 4e Fr. Lusignan en ses Généal. et en son Hist de Cypre. Ger. Fabriclus en sts Origines Saxe. ~ Albertus abb. Sud.

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( 477 ) peu de te;mps après qu'il fut arriué, il eut aduis que TAnglois, qui estoit demeure là^ aùoit enuoyë vn assasin par deçà pour le surprendre , dont il fut en telle peine quHl se faisoit garder iour et nuÎQjt. Et de- quoy la vieille Chron. S. Denys , et lean Charlier, mojnê du mesme lieu, en ses grandes Chron. de France , vol 2 , parle en ceste sorte : Vn iour estoit le roy à Pontoise, luy furent nouuelles apportées des parties d'outre mer, et lettres d'aucuns de ses amis, qui contenoient que le Vieil de la Biontaigne auoit cnuoyë en France vn hartarsis à la prière et au com- * mandement du roy Richard. Car il anoit occis nou- uellement le marquis, qui estoit «cheuallier nohle et puissant en armes, et qui puissamment et vertueuse- ment gouuemoit la terre auant Tadiiftnement des deux roy s; De ces nouuelles le roy moult trouhlé et esmeu, tantost se partit de Pontoise , et depuis celle heure , fiit moult curieux et moult soigneux de son corps garder, pource que son cœur estoit en efiroy.de ces nouuelles. Et pource que la peur et la double luy croissoient de iour en iour, se conseilla il à ses fami- liers qu'il feroit de cette chose. Paf leur conseil en- voya au Vieil de la montaigne qui est roy des Accîdes, pour en auoir plainement la certaineté. Et tandis comme ses messagers estoîent encor en ses messages, il establit sergens, qui tousiours portoient de grandes masses de cuiure pardeuant luy, pour son corps gar- der, et par nuict veilloient deuant luy les vns après les autres par diuerses heures de la nuict. A quoy on peut adiouster ce qui en a esté touche par Math, de

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(478)

Westmontier escriuant en ces mots : Le roy Richard fut aussi chargé par le mesme empereur Henry, dV uoir enuoyé des assasins pour tuer son seigneur le TOj de Crante. Sur toutes lesquelles choses il res- pondit fint Hen qu*il en deuoit estre excusé enuers tous : et sur ce enuoya yne solemnelle ambassade uers le Vieil de la montaigne , le {priant et ses assasins de vouloir par leur escrit le iustifier de ce qu'on hiy mettoit à sus. Ce qui fut faict Tan en suiuant; et ainâ tfi demeura le %t>y Richard entièrement deschai^é, Bspres la lettre qu'enuoy a le Vieil de la montaigne tant à Tempereur qu'au duc d'Autriche Tau 1 198 (1).

Alexis l'Ange G^mnene , empereur de Constanti- nople, se trouue aussi accusé d'auoir attitré un assasin pour tuer Rucraiin souldan ou satrape d'Aminze et d'Iconie, auec lequel toutesfois il estoit confédéré (a). Ce qui fut cause de la rupture de laipaix et de grands maux qui s'en suiuirent enuiron l'anr 120a, le Turc s^estant mis à courir les prouinces d'Orient qui aj^par- tenoient aux Grecs.

L'an I ai â , les petits enfans du royaume de France, en nombre d'enuiron 20 mille, prirent la croix, disans vouloir aller au secours de la terre saincte.. Et ainsi diui- sez par troupes, vindrent en diuers ports pour s'embar- qner, les vns à Marseille, les autres à Brunduse (Brin- des), les autres à Grenues; mais d'où neantmoins ils

(i) Math. Westm. abb. Vesper. Rîgord , en la Vie du roy Philippe Angnste. (2) Niceias Chromâtes.

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( 479 ) retournèrent comme ils estoient allez sans passer plus auant : et disoit-on que le Vieil de la montaigne te- noit prisonniers deux clers des pays de deçà la mar, msquels omnme il les eut reoogneus estre grandement sçauants et grands uegromantiens, il auoit proteste de ne les mettre iamais en liberté sinon qu^iU Iny fissent venir ces enfans , qu'on estima partant auoir este indiiits par faulses visions, illusions et |5romesses de se croiser comme (^la^.et entreprendre ce voyage* Qui fiit en la mesme année que la guerre commença entre les roys de France et d'Angleterre (i).

Vincent de Beauuais en son miroir bistorial (a) parlant de ceste sorte de peuple en Orient qu'on ncmi- moit Géorgiens, soiuans la doctrine et façon de faire des Grecs en la religion chrestienne ^ et des lettres qu'ils enuoyerent aux nostres après la pîse de la ville deDami^te sur les Sarrasins en Fan 1219, compte à grand grâce que Dieu fit au roy de Hierusalem et aux princes chresti^is, de les auoir preseruez tout du long du siège de ceste ville là^ qui dora quinze moys, des embusches des assasins, et de leurYnaistre le Vieil- lard de la montaigne, qui auoient (dit-il) accoustume de faire uotter les petiis cousteaux pour tuer ceux qm plus se trauailloient pour la cause de la chrestientë , comme pendant les tréues entre les cbrestiens et Sar- rasins, qui expirèrent en Tan 1317, ils auoient mal*- heureusement ma^acrë le fils du comte de Tripoly

(i) Anton., archev. de Fior., t 3, til, 19, ch. 2 et 4. (2) Liv. 3i, ch. gS.

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(48o)

ea la ville de Tortose ^ ainsi qu^il esunt en Feglise à genoux deuant Fautel de la Vierge Marie, dont pour vne telle irreligieuse violation, les Templiers ne ces- sèrent de les poursuiure^ et les humilier iusques à la seruitude d'vn grand tribut, comme de trois mille besanspar an.

Les historiens sont en différent de la mort deLojs i , duo de Bauieres : les vns escriuans qu'il fut tuë Tan 133 1, à vn soir après souper, comme il se pourmenoit sur le pont de Relhain, par vn sien fol , auec lequel il se ioiîoit et Tagassoiv, qui luy donna vn coup de Cousteau, dont il mourut sur le chan^ en la présence des siens : les autres que ce fut par deux ieunes gar- çons délibérez soUicitez à ce Ëdre par vn quidan, pour se venger de Toprobre et iniure que le duc luy auoit faite en violant sa femme. Et lesquels ieunes gens ce personnage offencë auoit nourris e^ préparez quelque temps auparauant à s^en hardir à vn tel faict, les exerceant et accoustumant à s'attaquer et se ietter à corps perdu contre les bestes mesmes et les deschi- rer, et se ietter à tout autre chose qu'il leur eust monstree au doigt. Mais quelques autres recitent que ce duc Loys estant de retour des pays d'oultre mer (oii nantmoins Auentin escrit qu'il ne fut iamais), fut au milieu des siens tuë par vn assasin (qui fiit aussi tost haché en pièces par les seruiteurs du duc) ayant este enuoyë à cest effect par le prince des as- sasins auec lequel l'empereur Frédéric II avoit alors alliance. De laquelle mon aussi les malueillans de l'empereur le voulurent soupçonner, pource que quel-

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( 48i )

^ que temps auparauant pour quelques iniures et des^ ^ [daisÎFS qu'il aucHt receus de ce duc, il luy auoit fait denoncar la guerm et le defiBer en ses biens et en sa » personne, ainsi qu'en parlent les Annales du moyne Godefiroy, àdioustant le mesme autheur qu'en Tan suiuant l!i32, Fempereur estant en Italie, et le soul-^ dan de Babylone luy ayant enuoyé en présent vu pauillon d\n merueilleux artifice, le ioùr de la Mag- delaine il traicta en festin les messagers du souldan et r ceu>t du Vieil de la montaioie en la compagnie de l^usieurs euesques et autres personnes signalées (i) :• : soubs laquelle mesme année 1^. Yigniér en sa Biblio- ^ theque historiale fait mention qu'à Fempereul: auoient esté amenées par les ambassadeurs de ces deux princes Sarrasins, plusieurs bestes rares et non accoustumees d'estre veuës. A quoy se pourroit adioùster ce qui se [ lit en la teneur de la déposition de cest empereur (qui est rapportée toute tronquée au 6. liure des De- creiales), comme le pape le taxe d'auoir fait hono- rablement receuoir par toute la Sicile les ménagers été ce souldan , et pour complaire à d'autres infidelles , et se vouloir procurer Talliance et ramitié ceux <xui mesprisant le siège apostolique se 3ont retirez de ^ IVnionde l'Eglise au mespris de la religion cbres- . tienne , auoit fait tuer par des assasins le duc de Ba-

(i) Aventin , L 7. Hier Zicgler. , in Hist. illust. Virer. 4^^Tm. Chron. Hirsaugieiise. Annal. Dominican. Col- ^g^SLT. Auclor compilatioiiîs chronologîcae. Gaill. de

I. Liv. 3i

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( 4«» )

uîeres deuotieux de tout enuers TEglise romaine (i). Comme semblablementce mesme empereur e^tdiaï^ par aucans historiens d'auoir fait oœire par telles gens le père d*Tn duc de Hongrie ^ vers quel toutesfè» en Tan ia46, Conrard^ roy des Romains, fils dHcelt^ empereur se retira, après auoir perdu la bataille ccmtre Henry Lantgraue de Thueinguie , eslu roy des Ro- mains dontre luy à la suscitation du pape par les princes et singnlieron^it par les prélats de la basse Allema- gne (dont ses aduersaires Tappellment rof de9 cletùà et des prestres), et fut le duc blasmë d'auoir. ainsi retire le roy Conrard, ne se souuenant de la mon de son père. Ce que neantmoins seroit contraire au tes* moignage qu'autres rendent de cest empereur, comme que luy estans Tenues nouuelles que Côradin d'aucuns appelle Caradinagius j fils de Saphadin souldan de Damas et de la basse Syrie s'estoit déclaré ennemy ouuertdes chrestiens, et àuoit suscité de tels assasins, pour se deffaire des roys et {HÎilces de cbrestientë, ce fat IVne des choses qui plus Tincita d'entreprendre le toya^ d'outre mer pour* en auôlr la raison (3). Ce que sentaût et preuoyant Céradin le rechercha de paix par ambassadeters qu'il luy enuoya, et moixrot auant que l'empereur àrrivast en Asie Van i!i26. Aussi que par l'vne de ses epistres au roy de Bo- hême contre Henry, duc d'Austriche, il se void comme

'(i) Smi. Schai^ns. Pétru^ de Vinciâ. (2) Monac Paâuao, 1. 3.

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(4S3>

entre autres choses il se plaint de luy de ce que tion seullement il s'estoit ioinct et aitoit machiné auec les Milanois et autres ses ennemis et de l'empire contre sa personne^ mais encor potar mesme efFcct auoit en* ïfôyé vers le Vieil de la montaigne et luy jfaire oftir or et argent, pour y employer ses assasins (i).

le trouue aussi qu*enuiron l'an 1286, le Vieil de h montaigne, qui estent lors, ayant ouyrenoïumej^la' prud'homie et zèle tienne par dessus to fot esmeu de le fair France deux de ses fiirent pris> enuers telle démence, que se contenta de leur £ les ayant honorez d seuretë auee lettres v^dncude » grande dit, d'auoir toi^ at Voire qu'aucuns autl desia enuoyé ces det ayant change le dot

pour aduertir le roy, qu'il se dbnnast garde des pre- miers : dont le roy prit oc<;asîon de s'accompagner de sergens à m£»ses , et autres, pour gardé de sa per- sonneiour et nuict. Et leà premiers assasins estans ainsi trouuez, le roy les traicta et renuoya aussi dou-

(i) Pet. de Viiicis, 1. 3, epîst. 3-

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( 484 )

cemenl que les deroiers (i).Qui pourroient estre les mesmes qu^on a voulu dire auoir este attireE en France pour mesme effect contre le roy, par Isabelle, fenune de Hugues ou Huon , comte de la Marche , aupara- uant femme du roy lean d* Angleterre et mère du roy Henry 3 (qui alors regnoit)^, après quelle eust failly de faire empoisonner le roy Loys, pour ne pouuoir suDDorter que le comie Hugues son mary, beau père 'd'raroy, et elle qu*on appelloit encor ro/zie^sedeus- sent tant humilier enuers Alphonse y comte de Poic- tou , frère d'iceluy roy Loys, que de luy faire les foy et honunage , et prester le serment de fidélité , pour la reprise de la terre et comté de la Marche , pour laquelle cause estoient en guerre auec le roy, auquel depuis le prince des assasins auroit faict entendre qu^il 3 de ceux qu'il auoit enuoyez pom- le is que rhistorien Paul iEmille ne se elle chose, ny que tel prince Sarrasin s chi*estiens eust voulJTcontre les sta- tuts de sa profession et sanguinaire r^hgion, reuoc- quer ce qu*il auoit faict : et plustost Veut croire que d'où le poison et le venin, de aussi tout le reste de la meschanceté estoit sorti (a).

En laquelle mesme année ia36 ou 1 288, se lit cjue le mesmie roy d'Angleterre Henry Hl eschappa des mains dVn qui eust la hardiesse de l'aller chercher

(i) Chron. de S, Denis. Chron. de J. Chartier. GkiilJ. de Nangîs. - P. iffimil.

(a) Chron. du roy S. Loys, ch. la et t3.

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(4«5)

iusques dans sa chambre ^ suscité pai^ vn gemil-homme du pap, pour le tuer à la façon des assûsins (i). La crainte descjuels croissoit lors telle entre les princes cfarestiens, qu'aucui^ furent contraincts de recher- dier la protection du prince assasin , et comme ra- chepter de luy leur yie, au grand opprobre et mespris de la dignité chrestienne , selon le propre tesmoignage an pape Innocent 4 9 par la constitution et decretalle ^ui se trouue émanée de luy, au concile de Lyon en Tan 1245(2).

Et le mesme roy S. Loys tomba de recb^en pareil danger de telles gens, en Tan 12 49 9 estant lors en Cypre pour aller en la terre saincte. Car comme le flôuldan d'Egypte qui estoit en querelle auec celuy de Hallapé, craignant d*auôir le premier les François sur les bras, eust enuoyé prier le prince assasin pour s^employer h les mettre d'accord , affin de se fortifier d'auantage de secours contre les chrestiens, à quoy neantmoings l'autre souldan ne voulut nullement en^ tendre , le roy est^mt prest de partir de Cjrpre pour paracbeuer son voyage, ^Uit d'estre tué par deux as- sasins enuoyez par leur maistre, lesquels toutesfois estans pris et mis à la question , comme on a voubi dire , confessèrent que le souldan d'Egypte et les Tem- pliers, qui en ce temps se monstroient plus amis des Turcs que des nostres , les auoient sollicitez à ce faire. Et quant aux Templiers, il est certain que le

(i) Polyd. Virg., L 16. (2) Tit. 4-7 !• 5, in sexto.

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ray leur fit de&nies mr peine <le la vie, de receuoir wcim aiBbaisade , ny traioter au^memoH mee ks Turoi (i>

A quoy fiiui adiowter œ qu^etoit en oe» termes le sire de Joinuille (2) de Tambassade de oe prince des assaaîn» vers le nk^voe xoy S. Loya, estant en 3a yijyie d'Acre «fures qu'il fut deliurë«de sa captiuiië, fiWf reuenir en France. Encor le roy aeioQrnanjt en Acre luy vint vue autre ambassade du prince des Beduins qui s'appelloit le Fieil de la Montaigne. £t YB iota* après que roy eust ouy messe il fit ve-* iMr deuai^ luy ces ainbassadeurs pour dire leur mes- sage* Et alcnrs eonunenfa à parler vn admirai qui estok le chef de Tambassiide, et demanda au roy s^il ne cogooissoit point Jeur seigneur le prince de la Mon- tai^è. lie roy luy req[K»)dit que non , car il ne Va- uoit iamais yeu, mais bien auoit ouy parler de luy. Et Tadmiral dit au roy ^ Ske , puisque vous auez 01:^ parlçir de «aonseigueur, ie jn'esmerueiUe moult que ne lliy ^uess epuoyë tai^t du vosti^e, que vous dissiez feit luy lyostre an^y* ainsi que font rempereur d* Alle- magne^ le roy de Hoj^gi^jij^,, Ijs ^uldau de Babylcme, et autres roy^ ^t princes qui fay euuoyent Soie» les affs de b^^auç. présents, pource qu'iU fH^^isaeiit bien que sau$ l^f as ne fiourroieni «e Tiune ne durer tant

*"' ' ^1 ' t 1 ' .1 '" ■* M M 'I I » 1 )1i I I I IL M ;i I Il »

(1) If inc. de Beanvais , 1- 3a , e. gS. -- Guill. de Nangb , Chron. du roy S. Loys^ ek 19. Belkforesl, en sa Ces- mogra.

(3) Ch. 56,

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( 48? )

qu'il leur f^airoit. Et pource nom enuoye il pat 4e« uerë vow pour Vous dire et aduertir que vouliez aimi £iire oomme les autres: ou tout le m<Hiis que vous le &sciez tenir quiue de ce quHl paye chacun an aux grands maistres du Temple et de THospitali et en ce faisant il se tiendra content de tous» Bien dit mcm* seigneur, que s'il faisojt tuer }e mais^re du Temple et de THo^ital ce qu'il pourroit aisément fake, il ny gaigneroit rien, c^ il y en ^uroit incontin^ent vjGt autre en sa |^e. Et pource jg^ veut il pas mettre ses gens en péril en vn lieu dont il ne pourrdlt tirer aucun prc^t, I^e roy ayant entendu parler l'admirai, luy respondit qu'il se conseilleroit sur ce qu'il Iwy dit, et qu'il reuint du soir par deuers luy pour m aupir re$ponce, et quant ce uijnt au ve^re qu'ils fu- rent renenus deuant le roy, ils tr<mum*ent le maistre de THo^ital d'vne part et celuy du Temple d'ai^tre, et lors leur dit le roy, que derechef ils luy dissent ce qu'ils auoieût dit au mâtin p et ils iuy respondirent qu'ils n'estcoent pas conseillez de le dire encor vn(ç fois deuaut ceux qui estaient présents au matin. Ado^/Q les maistres du Temple et de l'Ho^itaJ cc^^nmatode^ reat qu'ils h <lisse»t encOr vne fcâs. Et T^SK^miral qi» l'aonit dit au matin , dfjuant le roy, le 4it w^ qu'il esi contenu cydessu^ Et apr^ que Tadutiri^ eut mjis fin h smi paarler, les maisUres l^eur direut e:^ ^a^asi^ nois, qu*ils vinssent demain a^ matin à eux^ ,^t qu'Us leurs diroient Ja responce du roy. Au mal|n qu^md ils furent d'entre eux, ils leur dii^nt, que trop fol- lemeot leur seigneur auoit mandé telles parolles au

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roy de France, et que si n'estoit pour rhonneur du roy, et qu'ils estoient venus deuers luy comme mes- sagers, qu'ils les ferment tous ietter et noyer dans la mer d'Acre en despit de leur seigneur : et adciisez que dans quinze iours tous apportiez lettres au roy de vostre prince par lesquelles il sq>paise le roy, ^tant qu'il soit satisfaict de luy et de tous. Auant que les quinze iours fussent passez, ces mesmes messagers ne fidllirent de reuenir au roy et luy dire , Sire , nous sonunes reuenus à tops de par nostre seigneur lequel TOUS mande que tout ainsi que la chemise est habil- lement le plus près du corps, aussi tous enuoye il sa chemise, que Toicy dont il vous fait présent, en si- gnifiant que vous estes celuy roy seul lequel il aime et désire à vous voir, et pour plu3 grande asseuranoe de ce, voicy son anneau qu'il vous enuoye, qui est de fin or pur, et auquel est son nom escrit, et de cest anneau vous espouse nostre seigneur, et entend que descHinais vous Juy soyez tout vn comme les doigts de la main : et entre autres choses enuoya iceluy prince de la Montaigne vn olifant de cristal au roy, et plusieurs et diuerses figures d'hommes, tables et eschets aussi de cristal , le tout fait à belle fleurette d'ambre liée par dessus et à belles vignettes de fin cwr, dont aussi tbst que l'estuy fiit ouuert toute la cham- bre fiit incontinent embasmee de la grande et suaue odeur que ces choses rendoient. Le roy qui vouloit guerdoniier le présent que luy avoit fait et enuoye le Vieil prince de la Monuigne, luy enuoya par ses ipessagers et par fi:«re Yues le Breton qui entendoit

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(489)

sarrasinois, grand ({uantité deyestemens d'escarlatte, coupes d'or et d'argent , lecjuel F. Yues estant de re- tour raconta au roy entre autres choses^ qu'estant de- uers le prince de la Montaigne trouua au cheuet de son lict vn liuret auquel y audit en escrit plusieurs belles paroUes que nostre seigneur auoit autresfois dictes à S. Pierre, auquel liure ce prince des Bedmns disoit qu'il lisoit souuent et qu'il auoit moult grande fiance en S, Pierre, croyant qu'au commencement du monde l'ame d'Abel, quand son frère CalmTeust tué, entra depuis au corps de ]Npel , et que de Noël aptes qu'il fut mort reuint au corps d'Abraham, et depuis Famé d'Abraham estoit au corps de S. Pierre , laquelle est encore auec le corps en tare. Sur laquelle folle créance, le moyne luy voulut prescher la foy cvan- gelique : mais onc n'y voulut entendre.

Mais ce qu'il recitoitdeplus, et plus* remarquable, est du subiect particulier de nostre discours, des qus^ litez et affections des assasins au meurtre : que quand celuy pince des Beduins cheua:uchoit aux champs il auoit toustours vn honune deuant luy qui^portoit sa hache d'armes , laquelle auoit le manche couuert d'argent, et y auoit au manche toutjJein de cous- teaux trandbans, et crioit à haute voix celuy qui la portait en son langage : Tournez vous arrière^ fuyez TOUS de deuant celuy qui porte la mort des roy s entre ses mains. Aussi me souuiens ie auoir remarqué ailleurs que leur terre estoit séparée de celle des chrestiens par certaines pierres seruans de bornes et limites^ esquelles du costé des chrestiens estoit entaillée vné

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oroix j et du ocmé des assaôns la marque et d*vn Cousteau.

Maû quelques années après, et selwt aueuoa Ym 1358^ ou selon d'autres Vm 1260, ce pmee et m gtm pcMTte^^XMasteaux lurent de«Uruits par Haolou (m Alku frère de Mango ou ManguCham, roy desTaiv tares^ fait chrestian dés Tau 1346, à Hiistaïu^e eit suaskm soît de sa mère qui estoit cbresftieime , sc«t d*Hayum, roy d'Arménie : Lequel Allau ayant snb* iu^é le royaume de Perse, et paruezui iusques ca la icontree de ces assasins, les deffit entièrement, s*e- taiis le reste d'iceux laissez assiéger dans IVu de leurs pliffi f<»*ts chasteaux is^^ellé Tidago ou Fidago, Tes- paœ de tt^tns ans, ou comme aucuns esoriuent vingt- sept ans qu'ils furent enfin contraincls se rendra uon par deffaut de yûires ou autres munitions v mais d'ha- bits et Testemens seulement; dont depuis ce pays demeura . en la ptûasance às^ princes des Tartares d'Asie, iosques à ce qu'après le decés du prince Cas^ San , qui mourm l'an i3o4 , et que son firere ou son fils noinnié Ceanbagad tsùax aUuié la religion dires- tieinie pour prendre celle de Mahomet que ses ^ic- cesseurs ont teusîours de^mis ceteaatuë, ac^uans auoc la religion de perdre ee qu'ils auoient en Asie , Meleo- Naser souldan d'Egypte demeura tnaistre entieremem de la Syrie , et par conséquent les assasins souhs sa siid)iection : desquels aussi il se seru(»t en ses guerres ecnnme de bons archers et gens propres prind|>al^ ment pour assiegar des places , doilt ils sçanoient venir à bout, à force de machines, feux artificiels, nwnes

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( 49» ) et mitrisa mojrms, (»ifere cpi^il 1^ scmpit iestredu i^m fti>fff!ynis des<îhresrians(i),

le Ijub^ray à chacun ii:^er ^i ce powroît ^a%re le llIesm^ prince de iadia, k we^me geut^ et le ra^me paradis ou lieux de pl^saacei que leau d0 Maiide- ijûlje cHçuailiçr angld^ de^nrit <ijp^ tout de meime iiu Uure de se$ pi^egniiàtions, appiêUant ce prino^ ?ii ^rlclie luMi^iaibe qu'où uoiAiaoit Gectonalables ou 60^ ^^lan^besj deuieuraiat. en Tisle Macborat cm Melr ichoracl^e 6oid>a la piaîâsanee du presti^ leau , et ^a^ moiguant le me^ue autheur^ cpi^au tempe ^qu'il 7 fut (et %ofk y<>y0g^ 9e rsqipQite à Tau 14^3) les fi^KtaûiiSB 4u paradis et iardîu y estoiem eneores^ et n'y aiftcàt |>as long temps que fe lieu auoît esté dettihiict.- Et ^Cy comme il en parie :^ttie isle de Machorat eft Jl[^en]£illeusemem longue et large , dans laquelle y a moult ^and planté de tienS) et y ^ouiott d^mexvrer v^ riç^ }]U9nuîi^qu*o0 4^)eUoit^6(?/Q7ii9£ri^ quel estoiti^esr cauteleux, et raoit vu naouk be«i db^st^au dessYis yae niontaig^^ v^ £^^ ^^ ^ très uipMe <]^e c'estoit gramd merueiUe : et àsAmx^ k closture des mpiF^ ^oq bo^el, il auoit arbres dans le {^us b^ et n^}leiir liurdw qu'au npkpndie iut après paradis ten^estrcr Clevs arbres po^texit £nû^(s ^'oa ue sçauroit deuiser de n^^iilleurS) autres bien odcœaaa, et autres pprm^s d0 très -belles fleurs , et y a de tresn belles

■^M Ul II I il ■! IllMI ■■'■ >M<< * ■!■ ■■■! I ii»| ■• ■> ' , "

(i) Madi. Paris, sous l'an 1257. P. Veneius. 1. i, cap. a^.*- Haydionos , cap. â4.. SâbcHkas, Ennead. 9, 1. .7. <«^ Aag* Giirio« - Joach. Camer, Narrât Turck.

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(490

fontaines, empres lesquelles a des belles cliainKres et belles salles peintxes d'or et d*azur, auec belles his- toires d'oiseaux et de bestes saunages, qui chantoient et mounoient d'eux mesmes par engin , comme s'ils fussent vifs. Et auoit mis en ce iardin toutes maniées d'oiseaux qu'il pouuoit trouuer, et esquels il pouuoit prendre son déduit, et y auoit des plus belles damoi- selles de l'aage de quinze ans toutes vestuës de drap d'or, et disoit que c'estoiem anges : et si auoit fait fiôre trois fontaines toutes enuironnees de iaspe et <aistal, ouur^ d'm* et de pierres précieuses, et auoît faict fidre conduicts par dessous terre , que quand il Touloit l'vne de ses fontaines estoit de vin, l'autre de laict, l'autre de miel, et appelloit ce lien paradis: Et quand aucun venoit , qui estoit preux et hardy, il le menoit en paradis, et luy monstroit les choses di- uèrses, et son deduict, et le chant des oiseaux, et faisoit sonner plusieurs instmmens de musicjue , en vne haute tour san^ le veoir, disant, que c'estoient anges de Dieu , et qu'au iardin estoit le paradis que Dieu auoit {Mx>mis à ses amys, dissmt : Dabo notis terram fluentem lac et meL Et puis leur Ëdsoit vn Iweuuage qui les enyurôit^ et leur disoit: Il vous faut mourir pour l'amour de Dieu, et îl vous mettra en ce beau paradis après vostre mort, et serez en l'aage de quinze ans conime sont ces beaux iouuencéaux' et ces damoiselleç , et prendrez vostre déduit auec ces belles pucelles. Et puis après il leur sembloit qu'il les mettoit en vn plus beau paradis , ils voyoient visiblement , ce leur estoit aduis , la face de Dieu de

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(493)

natuce en yn plus bel paradis et en sa gloire : Et Ws le cheualier se presenioit à sa volonté, ^^Dieu lay commandoit d'aller tuer tel seigneur qu'il nommoit estre contraire *x seigneur du chastel , et (ju'il n'eust pas peur de ce faire , et de se faire tuer pour Fajtnour de Dieu« Car il le mettroit en vn paradis apces sa mort, cent fois plus beau que cestuy. Et ainsi ces eheualiets alloient tuer ceux qu'il leur estoit aduis qu'on leur auoit nommez , et eux mesmes se faisoient tuer en espérance d'aller en paradb, et ainsi ce Vieillar4 se ' yengeoit de ses ennemis par telle cautelk; Et {[puid les seigneurs.du pays appercèurent cette fauceté , ils allèr^t assiéger le chastel, et prindrent et tuèrent le Vieillard , et destruisirent les nobles du chastel, dont y auoit encor des fontaines et autres choses: mais tout estoit quasi abattu.

, Or auec la ruine des chasteaux et paradis des assa- sins, et la subiection de leur pays, ne fut pas toutes- fois du tout esteinte en ceux qui restèrent et qui yin- drent sqpres, œste mesme meschante yolonté et cous- ttune de faire de leurs prédécesseurs. Tesmoin ce qu'escrit le moyne padouan soubs l'an i :265, lorsque Ghiqrles, eomfe de Prouence, frère du roy S. Louys, fut mandé à Rome par le pape pour estre inuesti du royaume de Naples contre le bastard Manfrede ou Mainfroy, ccnnme iceluy Manfrede rechercha tous moyens d^ faire mourir le j^ince françois, tant par a«sasins que par autres , par fer ou par poison. Tes^ jnoin ce qui se lit qu'en l'im 1269 ou ^^7^ ^^ ^^7^7 qu^anfres ont youlu dire I273> Edouard aux longtt^â

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nmbesj fils aîsné dudit roy Henri III d^An^eterre, estam en Iff^^ d^Acre pour la deffimcbre cMitre le» Sarranns, en attendait lai venue du roj & Lcmys de France^ faillit d^estre tué à la mscitatlbn de Bendecar dît Melecdeerj aouldan d'Egypte ou de BabylaDe> par m assasin noorry soûl» terre (comme il est <puh Tàûé en Thisloire) qui aoaît ec^noiasance et familia^ rîtë aoec iceluy f^mee Edouard, et auoit aasoustomé le venir voir souuent soobs [nretexte des addresses eu pays qu'il scanoit, ou quelquefois de luy port^ des lettres d'vn adnural de I(^pe : dcmt vn iom* &igsa»t anoir quelque chose de secna à kiy dnpe, cocaïne le prince pour ceslB occasion eust £adt retôer vn dacujft et fut demeuré seul en sa. chambre appuyé et regar- dant à vne fcBesire, ce paillard tire oonœrtementvn Cousteau eiâpoisonné qu'il auoit caché ^ dc^ifêl il hay baiUa deux coups en Fvn des bras et vn troiâesme sottbs laîsaelle au coalé) et iadoiNitablement Teust tué 9 ainon qve le prince ieune, §om et vigooreux le poussast du pied , le ietta par terre> et luy osca ées mains le cousiean dont il le tua. Enquoy fàisani il se blessa tellem^xt de ce coosleaa en k main , que la pmson s'estant descouuerte |MP6n<ke et monter plus hauta»x autres membres, on eust bien de la pebie h le sauuer à force de bons remèdes et appareils. Au- cxnm toutefois ont escrit qoe le pri<nce se semant fir^pé, et n'ayaiit autre c^ose pour se d^ffendre, prînt le pied de k lable^ duqud il rompit la tesce à ce meurtrier. Autres que luy ayant saisi la meàn de laqnaeUe il tenoit le Cousteau etf crié » Taide, ses gens

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(495)

aussi tosi enirerânt en la chambre et assommèrent de . coups Tassasin , le ca^ duquel on fit depuis pendre auec yn chien vif sur les murailles de la yille^ pour donner terreur à ses compagnons. Neantmoins que P. iEmile parlant de ce fait en la vie àa roy S. Loojs estime au contraire de ce qu^on a esorit de cest assflh sin , que le prince Edouard tomba en œ danger ^ptat les menées de Guy, Gis de Simon, comte de Mom&rt et de Leicestre (et petitrfils de ce Simon qui mounU; en la guerre des Albigeois) pour venger la mort de s6n père , lequel en Tannée 1 164 comme chef de la faction àes barons et populace d'Angleterre esleuez ecAltre le roy Henry, ayant deflaict Farmee du roy et iceluy prins prisonnier auec Richard, duc de Cor- nouaille esleu roy des Romains son firere, ensemble le prince Edouard , Tannée ensuyuant 1365, Edouard tronua moyen d'escapper, et ayant ramassé vne puis- sante afmee donna bataille au amite Simon , qid de- meura mort sur le diamp auec vn autre sien fils nomme lean, luy rêvant ce Guy qui se retira vers Charles, roy de IXaples, d'où il peut dresser eeste en* treprise contre le prince Edouard, sans qu'il la^&ille rapporter aux assasins. Ce qui semble à noure histo* rien d'autant plus vtay semblable, que depuis ce Dn^me Guy ainsi animé contre la race royale d'Ain- gleterre, se. vengea enco# sur Henry, ^ roy Ri- chard d'Allemagne , qu'il fit tuer, ou tua luy mesme au retour de la terre saincte^ dans la grande église de Viterbe en Itfljlie, estait le roy Philippes, fils du roy & Louys : ioint que desia (dit ce mesme au-

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( 496 ) theor) c^estok vne chose commune d'appeler tous meurtriers assasins. Aussi qi^ cela luy semble es- trange à croire ^qu'yn barbare comme cela, quoy que desguisë et parlant nostre langue , eust pense se faire entrée ou de finrce ou par autre moyen en la chambre Jla prince Edouard à la suite de la cour, au milieu de tant de gens de gardes , portiers et seruiteurs de la maison , et autres qm ont accoustumé d'estre près la personne du prince ou (A^ de guerre , mesme en pays estranger. Depuis lequel temps, suiuant la re- marque du mesme historien cy dessus, et principale- ment entre les Italiens et nous, on a commence dVser de ce nom barbare ^assasiner pour tuerj et appeller assasins meurtriers de propos délibéré et guet à pens (de me^ne qu'anciennement le mot de bruUens fut pris pom* serfë, rebelles et fugitifs, et encor, avàour- d'hui celuy ^esclaues pour ser&, ceux d* arabes et brigands pour voleurs et pillards, et autres d'vn nom gênerai dVn peuple, comme il a|^rt aussi par la mesme susdicte constitution du pape Innocent IIII, par laquelle il foudroyé contre ceux des chrestieus qui se seruiront d'assasins, et autres telles gens à tels effects : et non seulement il excommunie tous c&iXy soient princes ou prélats, ou d'autre qualité, qui fe- ront, procureront, solliciteront, ou porteront faueur à telle chose ^#nais aussi les déclare prii^ez de leurs dignitez, honneurs, o£^ces et bénéfices, et veut qu'ils soient tenuz et reput^z perpétuellement deffiez pour leur estre couru sus par tout le peuple chrestien, comme ennemis de la religion chrestienne, sans qu'il

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( 497 ) soit besoin à iamais oontre ceux qui seront prob^tble- rmm c<muaincu$ de jejle meschanceté, d'autre et nouueUe sentence d'excommunication , de priu^tion de Imrs biens et honneurs, ou de deffi à Taduenir. Laquelle constitution fut aUeguee jau concile de Constance, par le docteur leî^n Ger^n., çhanceljier de rJEglise de Paris , pour réprobation des prc^sitions qui y furent faites par frère lean Parui, ou Petit, raoyne iacobin, pour la deffej^e du meufire commis par le dujc lean de Bourgogo Louys d'Qrleans, frare du lesquelles propositions p^r $ Paris, et de Tinquisiteur d pleine a^sepxblee deiS euesq aM^tres notables personnes, fui ' iniquiss et imustes,et comm^E lees : interu6U^M:its sur icelles les lettres patenies du roy Charles, du i5de mars i^l^y pour la faire publier et obseruer sur peine de confiscation de corps et.de biens ; et depuis Tarre^t de lia cour du paiement du 19 septembre i4i6, donné Tâ^sitance de rvniuer- ^Hé , p^ lequel estoit dépendu ^ur peine de tout ce

(j) Vieille Çhron. dej^. Denis* Chron. de Monlfort." Pol. Virg. , !• 16 et 17. Plat. , en la Vie du pape Gré- goire X. Guill. de Nangis, an 1270. Math. Paris, sous^ l'an 1272. Hayt., c. 53. BIod., Décad. 2 , 1. 8- Sa- |>el)^ , Enwad. 9 , 1. 7. P. iSE^miliiis. Nie. Gilfes , es Annal. deFr. Fulg,, I. 5, c, 6^.etl. 9, c. 10. Duïillet, au Recueil des traitez.

I. Liv. 32

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( 498 )

qu'on pouuoil commeure contre le roy y de dire , pu- blier ou enseigner <ju*il fust permis de tuer aucun, en quelque sorte que ce ftist, sans jnrealaUe sentence de iuge competani, ny d^auoir, transcrire , copier ou tenir semblables escrits et propositions que celles dHcelny maistre lehan Petit (i).

Ne se doit obmettre pour fin des exemples d'atten- tats de ces derniers assasins y ce qu'esorit Folgose (â) de celuy qui enuoyé par vn souldan^ pour tuer lac- ques de Lusignan, roy de Chypre, soubs prétexte de luy porter et présenter des lettres , s'en mit bien en deuoir, mais dont le coup neantmoins ne passa qu'en Tespaule du roy, et estant pris et exposé à vue cruelle mort, Fendura auec vn grand courage, <x>mme ayant entrepris ce faict pour le bien de son pays. Comme aussi se trouua vn Maure ny a pas long temps que ayant à desseing de se defiaire des roys Facdinand et Elisabeth de Castille , estans au siège d'vne certaine ville occupée par les Maures , venu en leur camp soubs prétexte d'auoir à proposer quelqu^es moyens et con- ditions d'^pointement, et ne sçachant pas bien les addresses, entra dans la tente dVn grand sei^eur 4e Tarmeequi estoit lors couché auec sa femme, sur les- quels se ietta aussi tost, pensant que ce fust le roy et la royne, tellement qu'ils furent grandement ofFencez et en danger d'estre tuez, sans le secours de leurs

(i) Extrait du livre des Ordomi. royaux , communément appelé le lâore croisé, au greffe du Parlem. de Paris. (2) Liv. 5, ch. 6.

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^ ( 499 )

0as et seruiteurs qui estoient : Surquoy s'e^fcirie Tvn des aiuheurs qui en font le conte ^ quel zèle et religion de cette Taine nation de s'estre ainsi per- suadée,, en tuant par quelque moyen que ce soit les plus appa^g^mts d'entre les chrestiens, que tela leur doibt tourner à grand louange , et que si pour cela il leur faut mourir, ils passeront bienheureux à leur dieu Mahomet (]).

Qui est tout ce que i'aypeu remarquer proprement de rorj!gine des assasins attentats et homicides, p des roys, princes et seigi sera à vn chacun de les aj occurrences de nostre ten nous en auons veuz depui rechercher iusques à Fred _

practiquer les deux clercs jju'elle enuoya pour tuer le roy Sigisbert à Vitry près Tournay Tan 578 , les ayant premièrement enchantez et endurez d'vn cer- tain hreuuage pour les encourager)(2) s'estans trouuez parlai nos ordres de religions d^aussi malheureux et enragez assasins porte-cousteaux comme Vouez et ser- mentez à vn autte Aloadin vn Yieil de^ montaignes (desquels au moins on peut dire que la main d'Ab- salon est tousiours auec eux) à la ruine des roys et princes qui ne sont de leur secte , ou qu'ils pensent

(i) Bapt. EgDati. Fulgos.

J[2) ^ég. de Tours, 1. 8, c. 29., C. Fauchet^ es Antiq. gauL, 1. 3, c. 17.

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( 5oo )

leui* estre en quelcpie obstacle (i). Plus malbeurei^ et encouragez que cette autre sorte de moyne et reli- gieux mandians qui se trouuent encore amourd'faui parmy les Turcs, de Tordre de Deruis ou Deruislar, et de TolPlaqui ouTorlaclar (car ainsi àluei^ement sont ils nommez) Pvn desquels en Tan i^^f, fei- gnant de demander Pausmone au sultan B«azetII du nom (pour lequel aucuns ont pris Mehemetll) qu?îl trouua à clieual par les champs au voy^ qui^il fai- ruyner les montagnard^ de la sultan se fîist arresté, comme il r, faillit à le tu^ dVn coustelas sous son manteau ou gahbe- crédit d'approcher iusques à la ir, pour le respect de son habit; nu à bout de son entreprise^ sinon que le cheual de l^nipereur efifraié se fust re- culé , et quVn des baschats donna sur la\este de ce moyne assasin tel coup de son busdogan ou masse de fer qu'ils ont accoustumé de porter, qu'il le ietta demy mort par terre , il fut incontinent acbeué par les autres qui estoient fite& du sultan, qui en fat quitte pour Tne légère playe» Mais dont dépuis ces Inms religieux ne furent trop bien vernis à Ctmstan- tinople , mesme que Baîazet les bannit vn long temps de son empire ,^ et depuis luy le sultan Selim les chastia fort rudement (2).

(i) Greg. NdziaD., Orat. in laudem Athanasîi.

(2) Thi?bfl. Spaiid. , en son Hisl. et orig. des Turcs.. * -

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(Soi)

Et au coinmencelnelit de Tannée iSSq (neant- moins qu'aucuns marquent le xi d'octobre 1579), Mehemet Bassa , gendre du sultan Selim i j , homme aagë d'enuiron 80 ans, tenant le second rang entre les Turcs, et qui estoit grand vesir ou lieutenant gê- nerai de trois empereurs, comme il donnoit audience au diuan.de sa maison , selon la coustume à ceux qui auoient affaire à luy, il entra vn de ses deruiz, lequel à la faueur de son liaLit et pi*ofession ayant irauersé parmi laptéâ^ hisquéâ fltfptôs de luy, tir teau duquel il luy bailla dans le seing et 1 roide sans' craindre ce qui luy en pouuo comme au^i sur Theure il fut haché en ceux qui se trcmtiei*ént (i ). On tient aiisfi mesme année iSgS», le sultan Mehemet a £ tue de mesme par vn qui sçpres^ità à luy habille eu moyne, mais dont ne sont encore les nouuelles bien asseurees. " *

Hist. rauselm., 11$^ 16. - ^aniA, , Hîst tiirc- ~ Tî. Nicoï. , J. 3 des Pérégrlm^ieB») c* 17* Boîfi»»^ in ïronib. Ma- rlnus Barloti, des Gestes de Scanderb. Auctor lib. ïur- cîcœ spurcîtias ef pel-iSdiâô àilggellatio^â «t eoisfetatiouis, cap. 22.

(i) Pand.., Hist turc. Boiss. , ip Tronîb» Joa. Rps, in appen» Ghroià<ti»nfe^ ^»u Ghroiii W^l. Gab*^ Ghap^^ en VHist. de ce temps. *

FIN DU VOLUME.

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TABLE

DES MATIÈRES

CONTENUES DANS GB VOLUME.

SUPPLEMENT.

QUATRIÈME PARTIE.

ADDITIONS AU CHAPITRE PREMIER, % III.

DES COMMUNES ET DES BOURGEOISIES.

^tdiU G. L. fur les Recherches de M. de Bréqui-

^tabibsement des Gommanes et des Bourgeoisies. i

Recherches sur les Goi|imanes , par Mi, de BrÉQUIGNT 4^

Recherches sur les Bourgçoisies , par le même, ..•••...... if^

ADDITION AU CHAPITRE III, S I-

Recherches historiques sur les Routiers et* la Jacquerie aia

I>e la milice àes Reistres et Lanskenets, du Rhingrave, du colo- nel Ghristophle de Çassompierre. ....... „_^ ^55

%CINQUIÈME PARTIE

ADDITIONS AU CHAPITRE PREMIER.

De l'intërieur de la chambre à coucher d*une reine de France , au moment elle donne un héritier au trâne. Ghapitre cu- rieux des Mémoires de Louise Bourgeois, dite Boursier, sage* femme de Marie de Médicis. .••^.••..» 16»

ADDITION AU CHAPITRE II, S /•

Du mot BIGRE, terme employé dans les chartes, dont on de- mande la signification 3oi>

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( 5o3 ) §11.

Puces

Bemarqiiei sur quelques pièces curieuses des Matures <le 1736 , aa sajet d*im ancien MUsorium, de Tusage de la Verdure et de la plantation du BCai. Par Tabb^ Lsbeuf » 3io

Addition de VE^L G. L. aox remarques prëci^dentes* 3a3

§m.

Les Martinales, on Dissertation sut Poie de la Saint -Martin, à roccasion d*une médaille curîetue. Par A. L. Millin, a^ee des notes critiques de VEdit. G. L . 3a8

Cërëmonie singulière des confrères de la charité , ou Porte-morts , qui se faisait chaque ann^e, le jour de la Fête-Dieu, à Yemon en- Normandie , . 35i

§VII

Des clercs rnari^ dans le moyen - Ige 355

Particularité curieuses de l'histoire galante de quelques - uns de

nos rois. Ancienne légende des amours de CWlemagne. . 36a De la concubine de Gliarles TU, appelle la petite Reine» .... 368 Les regrets et vie de la duchesse de Beaufort, divulguas en Tan

i5g7, lors de la prise d'Amiens 370

De la conspiration de la duchesse deYemenil ,maitrcsse d'Henri lY, et de la soustraction de la promesse de mariage que ce prince

lui avait faite 38o

Des relations supposées galantes d'Anne d'Autriche avec le duc de Bucldngham , ou récit des incidens secrets qui facilitèrent la prise de U Rochelle par le cardinal de Richelieu 388

CHAPITRE m.

§..

Les parallèles de la Noblesse. Par le sieur DE Gatherinot. . .

HUITIÈME PARTIE.

ADDITIONS AUX MÉLANGES.

Remarques sur une médaille de François I^r, et sur la Salaman- dre qu'il avait adoptée pour devise

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(5o4)

Pages Traité des rois de France avec les «rchevesques de Rouen, par

'lesquels ils les obligent- de venir une fois Tan à leur cour, à

la cliarge qu'ils les en feront convenaUeinent semondre, et

qu'ils envoyeront au^de^ant d*eux un honorable convoi ^^o

Traite de Rirhard ((^Jcur-de-Lion), roi d'Angleterre, avec IVr- cbevesque Rouen, d'escbange des vHles d*Andely, aux com- tés de Dieppe et Bouteilles; de Ix>uvicrs, d*Aliermont, etc. . 444

Traité de Torigine des anciens Assasins- porte -couteaux, avec quelques «xem^llcs de leurs altenltts et lionaiddes 4s j^^ft^fma d'aucuns rois» princes el seigneurs ^ U fihacêidmïfi' P^T M. De- nis Lbbbt-db-Batili.y , conseiller du m 4^i

FIN DE LA TABLE.

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