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I

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BCU - Lausanne

llllliillii

VOYAGE

LES DÉPVtftlïMBSS'DtJ NHDI

HE EA>H6â3<fe^!

TOME III.

HDAYOY

Chez l'Editeur TOURNOSEN fils, Libraike,

T T I ïï M.n T

VOYAGE

DANS i '

LES DÉPARTEMENS pu MIDI

•DE r A FRANCE; Par AvBlN-Lovis MILtIN,

Membre Je l'Institut «c île la Légion J'honneuc, CoMcivatpur dei incdaiilfs. Je) pierrej giivée} et dw aniii]ue) it la Bibtf<'((icq<iF impéiialc , Pwleistur d'aDÙ<|uités , Membre de la Société royale dei idencei, de Goiilingue, Je 'l'Académie italienne, de celle dei curieux de la nature à Erlang. dei r^cicnces pbytiqiiei de Zurich , d'biiroire naiurelle et de nihécalogïe d'léni,de l'Aca- ilémie royale de Dublin ,de la Société linn^nne de Londres, de l'Ai^diîmie impériale tri nafiitaliste) de Moscou , de l'Académie leyale des antii|uii*B de Copentague; det Sociétés d'histoire naturelle, philomathitiuc . i^lvanïque, celtii(iie . médicale d'émulation .de l'At^née des arts.4e Paris ; des AcaiUmiei CI Sociétés dex sciences de Tqrin.Lyon , Ro»en , AbbeifiV. Bouiojne . Poitiers , Niort. Nimes, Mar^ille. Alenton, Caen, Grenoble , Colmar. Nanci, Gip, Sttasbgui^, Miyenee, Beunjon, Nantes, Soisjons, Lille . &c. &c. &c.

TOME m.

A PARIS; DE L'IMPRIMERIE IMPÉRIALE.

M.DCCQVÎB.

i y3d

VOYAGE

DANS LES DÉPARTEMENS DU MIDI DE LA FRANCE.

CHAPITRE LXX.

DiFART dfc Niée. -^ SaIMt-Laurîënt. Le Var. ^ L'Anguille est prise par les Anglois. -^ Nmisli. Gagnes. Château. Peintures. Cérémonici des fiinéraîHcs. La Colle. Saint-Paul; Vence. Inscriptions. Taurobole. Sarco- phage thrélien. Coloiines données par les Aîaisilii, Fontaine.' '— Ihscripiion provençale. Ttmplicn. ^<- Commerce.

JNiCE devoil être le point le plus éloigné de noire

voyage ; Gènes ne &isoit pas alors parrie de l'Ëm*

pire français , d'où il n'entroit pas i

sortir : nous songeâmes donc au n

vbité toute la côte de Marseille; r

nir par la mont^ne : nous nous

Braves matelots ( i ] ; et l6 22 juin nous ptîtnes

(1) Nouï n'avions eu qu'à nous loiier de leur complaisance, ds leuc pRjbhé « de leur tfonnc conduite : leur chef, M. Roussel, lieutenant des cîouanes, eit un jeune homme actif, hrave et In- telligent, qui probablement a reçu auiouid'hui ravanceraent qu'il

Tome JII^ " A

a CHAPITRE LXt.

des mulets pour nous rendre à Grasse. II y a une toute plus directe et beaucoup plus courte; mats notre intention étoîi passer par Vence, parce que cette ville renferme des monumens antiques.

Le chemin jusqu'au pont du Var est très-bien entretenu ; et la mer, que l'on a constamment à sa gauche , forme un agréable coupHTceil. Après une heure et demie de marche, onarrive à Saint-Laurent, l'on fait un excellent vin muscat : c'étoit autrefois la limite du comté de Nice; c'est aujourd'hui celle du département des Alpes-Maritimes.

Le Var étoït a]>pelé par les Romains Varus, nom qurest probablement celtique. On regardoil ce fleuve comme la limite entre la Gaule et Tltalie , en con- fiindant avec cette dernière la contrée au-delà des Alpes-Matitimes qu'on appeloit Hespérîe, Il prend la source dans le département des Alpes-Maritimes:

voy ois à Marseille, par cette occasion , les minéraux, les plantes, Ici insecte* ^u< noiu 2vi«iu recueillit : tout a. été pris par let

manière) sans. être dangen^use» ay<Mt qudque cfaosa d'eâfra^ant . caute . de la largeur du fleuve , qui^ en cet endroit, a huit cents mètres (i), et de la rapidité de s6n cours ^ On fe passe aujourd'hui sur ua mauvais pont de bois. II est probable cpi'apràs avoic terminé la nc^yelle. iHXite dltaliepar Gènes, on en construira un en pkrre ; ce qui âcBiteca le roulage je£ augmentera le CQfiiméitie de Nice : mais, tomme il faut toujours qMù le .mal se mêle au bien^ ie coâin mexi^ de Gf tfssf pcfurra ^n soufirin .

Après avoir travçi^é le ileuv-ç, on est sur le terri- toire des ^ncieiQ5\A^<r7:vw%, cités dsUis l'inscription du trophée d'Augfiste k h Turbie (2). Bientôt on arrive ^ Cofftes, vttfage dom le sol est presque entière- ment recouv^t de cailloux roulés g ex est arrosé par une petite rivière^ du même nom. Qn y cultive du blé ) des vigoies et d^ oliviers. Lé^ chemins qui con- duisent k ce village /$oat bordés d'aloès et de gre- nadiers : les rufô.sçnt.salé^ et . étroites, et les mai^ sons mai bâties ; mais on doit s'y arrêter pour voir le diâteau qui apparteQ<^t autrefois à |a famille Gri- maldi. La cçur de ce bfzarre édifice est si petite , qu'une chaise à porteur ne pourroit y tourner sans qu'on en ôtàt les bâtons; et cependant elle est re* vêtue de marbre : l'escalier lest aussi tout de marbre

Il ■! i imttmmmi*m»mmiimi9mmtmÊÊm9fmmmi0mammmmmmmmmimm

(i) Plus de 2450 pieds, ti) To«cH,pagej8i, ,

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4 CHOtPITftE "LXX.

aaipté en aiabèÈqae; jla rompe est sbattaïue par de gros baUistres lAe tout présente un ensemble aussi massif que pourrait l'être un esoilier de Versailliâ ou de qudque aatn: grande maison r&fBie. Ces <ïé- gsés ne ctmdais^' ceptendant qu'à des Mlles d'une médiooe gràndear et d'une distnbuti(»l^ peti com» mode. On vani« k cAare de PAoétin qui tii peinte ^ûr le plaËmd du> salon : f'histoim oitière du fils d^ApoHoa et de Clymène eKt r^résântée àwM <des médaillons qui entourent le ^SHJell prihcipâl, et le tout est soutenu .pu des^tëltitii&ds." On ataibue cet ouvrage à Carhne , auiear du plafond de l'église de l'Ànnonciade à Cènes ; il ne nous a pas pani mËric^ la réputation dont il "jouit. t>es arti^teurs t^étoient emparés de ce beau salo» pour j joi^r la Comédie; le tfiéitre étoit dressé, eltoi-né de décora* ■rions de papier-: i'eSpoir dy vw exercer les taleiis déCagjitfes rte put cepen- Xrgét ùotre s^our dans ce

is d'une' cérémotiife inté- resse, qui, par son pei pHson ou d^ tombeau, aprfle.où l'on célébrdît Ift messe, i^usKUifs en&ns à geïiOiiz et formant uii cercle ; chacun d'eux tenoit à la main un cieige. Nous crûmes d'abord qu'on étoit à l'élévalion de l'hostie, et que ces cierges avoîent pour objet de

r

rendre plu^ sçleniidi çç momeiiit d]^ saiut iaQ^i§çe { iiou$.;i{>prQ€^âmes ^ et nçms, vîmes sur |e çafre^ ^9$ pçtite bière . garnie de^ linge Uanç , ^ms iaqu^ étoît unjoli en^nt enveloppé d'un tinçeul de milme couleur , et couronné de roses çt.cte fleprs odorante^. La simplicité nslïve de cette céréjp;)Qnie fiin^rç » qiM contra^tQÎt avec l'obscurité diji li^ elle se «é|ér broit , nous causa une vive émotion. Le même usag^ est suivi dans presque toutes fer viBes de la Pro- vence. On répand des feuilles de lierre sur les corps des jeunes filles ; les personnes mariées sont ense- velies dans des draps noirs.

Le chemin, en sortant Gagnes, est bordé de petites collines agréablement couvertes de bois : on nous montra à gauche , dans un enfoncement , un village appelé la Coite, dont le territoire produit des orangers en pleine terre dans des lieux abrités ; et près de Saint-Paul , petite ville entourée de vieilles foriificarions ,dont TefTet est pittoresque : non- seulement les orangers y prospèrent aussi , mais la canne à sucre y passe Thiver sans précautions ; on y récolte^ un vin justement estimé dans tout le dépar- tement. On distingue Grasse dans le lointain.

A neuf hewes nous étiom à Venee , appelée par les Romains Vmia et Vintium Nirusiorum (ij. Cette ville, bâtie sur un banc coquîHîer fon

( I ) Cette viiie conienoit des magasins pour rapprovisionnement lïcs armées, puis(|u elle est encore appcioc Vifitim Horreum Citsaris,

A ^

.6 CHAPITRE LXX.

trouve quebfues fossiles agatîsés , étoît sous ' Ie$ Romains la capitale des Nerusii , et *elle conserve encore quelques monumens antiques : ce sont, en général , des inscriptions^ qui ont été scellées dans les murs de la cour de Tévêché , nous nous ren- dîmes. Plusieurs ont été publiée^ , mais d'une ma- nière inconecte. La première ( i ) , jdacée près d^ f église , est en forme d'aûtel.

i:

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(

P. CpÇNEHO

LICINip . VALE

RIANO NOBILIS

SIMO CAES.

PRINCIPI IVVEN

TVTIS

NEPOTI ET FII.IO

D D NN VALERIA

J4I ET GALLENI

AVGG . ORDO

VINTIENSÎVJ^

V

V

J

A Puhîitts [%) CortifUus Licinius Valçrianus {^) , trés-mofle Càar,

(i) Papon, Histoire de Provence, t, loi,

il) publia,

(3) ^^ prince est celui ^ui est vulgairement connu sous

CHAPITRE lîCît. 7

]^nce de la jeunesse, petit-fils et fis de nos seigneurs (i) Vdérîeu tt Cnllien (a) Augustes (3), Vordre dfis Vintienses (4).

La suivante est inédite.

IVLIVS MARCIA NVS AVRELIE SABI NILLE CONIVGI MERENTISSIME FEC ET MAXIMIA QVIN TINAVIVIA CORNE IIES SAfilNELLES SVE iPIENTISSIME F E CIT

EN NIA FVSCINA

VIVA SIBI

FECIT

(7}

. Julius Marcianus à Aurélia Sahinilla, i^nse très-méritante; Maximia Quintina, de son vivant {^), à Comelia Sahinilla (6) sa file, qui la ehérissoit,

ir II r T ^— ^^■~^— ^.fa^— ^— ^— i^MMi»^— ^

nom de Valerianus le jeune, et plus souvent spus celui de Saloninus. li fut nommé César i'an de Rome 100^, 253 de J. C, par son pcrc , qui étolt aiors dans les Gaules; et c'est probablement à l'époque de cette nomination, et pour ia célébrer, que cette inscription a été faite, (i) Dominorum Nostrorum,

(2) CALLENI , par erreur, pour G ALLIENT. '

(3) Cette inscription confirme que Saioninus étoît pctît-fiis Valérien et fils de Gaiiicn et de Salonine, ainsi que GrUTER , Jnscript. CCLXXV , j , i'avoit déjà établi d'après une autre inscrip-

1

ticMi.

(4) ORDO viNTlENSrUAf,Ondoi%so\iS'enteTïdrcdesd/curiont.

Nous avons vu que ce corps étoit chargé de l'administration des villes. Supra, 1. 1, p. 430. .

(5) VJVIA pour K/Kw4, par erreur.

(6) Probablement çorNELIES sa^IN^LLJ^S est pour Cor*

nelia Sahinilla» (j) Bouche, Ch9r. df Provence, 1. 1 , p. 184.

A 4

L. VE^iV?>IVS VALERIANVS DEC. VINTMAG f^ ET SACERDQ TIO FVNCTVS SIBI ^E VIBIAIÇ l MVCI FH

PATERNAE VXORl VIVI S . F

W^m

î F " 1

Lucius Vehdius Valerianus , décurion dt Vence(i), ayant rempli l es fonctions de magistrat ei de prêtre (2)^ À lutet âscn^ouse Vîhia Pa- tema, filk de Mudus (3 ). //& ont fait ce monument de leur vivanti^4)*

D. M.

IVCVNDILL

A ]yiAT. FH.IO

ONE SI PH 0 R

0 FIENT VIVA

FEÇ JT. y. A. XX W

Ce monument (j) a donc été fait pour Onesî- phore, âgé de xxv ans, par sa mère Jucundilla^

pendant qu'elle vîvoît.

■■ f > ■■

(i) DECurio VINTia,

(a) MAGistratu ET SACERDOTIO,

(3) MUCliFilia,

(4) VJVI Sibi Fecerunt.

(5) Bouche^ Chor. de Provence, 284»

/

eHAflTUf LJXXp

9

IDAEAE MATRI YALERIA MAR CIANA VALE RIA CARMO

aNe et CASSI

VS PATERNVS SACERDOS TAV RIPOLIVM SVoSVH V CELEBRAVERVNT.

(0

^

i4 la. mkt Uànnt-, Valerui MoHiaiui, Vaima CanmêMîé efCu^ slus Patenm , f^trc ont célébré ce tauroioh à leurs fids (2],

^i"«p

IVHO EYGE . NIjO

IVLIVS CLE MENS ALVM NO PIENTIS SIMO FECtT

(?)J

^^^

D- i^ M.

MAECI.A

MAECIANI FIL

VALERIA

yiVA SIBI. FEC.

n J(4)

(i) Bouche,. 1. 1 , p. 59.

(a) Les corémonies d'uivtaurobob devant exiger dks inkt assai considérables, il y a encore, beaucoup d^auties) «cempies d*asso- ôatioB de plusieurs personnos pour cet «ac de retigîon.

(5) Bouche, Ckcr,^ Provence, ^84. \Â)ldem, 283.

4

CHAPITRE LXX;

l

MARTI VliTl»

r

M.RVFÏN1VSFELIX SALIiiiiI VIRETIN COLA CEMENEL

ExVoToS

]

M

'Au Mars Vintien {i) , M,4lufinus Félix de Saline {i), sévir (4) et habitant de Cemenelium , pour l'accomplissement d'un vœu,

A la suite des inscriptions scellées dans le mur de la cour de l'ancien évêché, est une pierre de

m^m»

(i)GrùTER, LVIII, 8, incorrecte; MURATORI, XLV, 5, de même^ SPON, Aîiscell. 93; id. Ignot, Deor. Ara, 31 j hlCZT.dt Ldpid, ; Maguriï, DivinatJn Miscel Ital. t. II , p. 228 ; Keysler , Antîq, Sept, 445, incorrecte; CLUVERi ItaLant, 6j\ JOFREDI, Nicaa civit, 10, incorrecte; BouCHE, Chor, de Prav, 28?; BOU- QUET, Script, rer. Gatt. t. I, in Exe. G RU T. 136; Maffei, Ars crit, lap, 280 ; DONAT, Suppl. ad Thesaur. MURAT. 25, 2; PapON., *Hist. de Prov. I , i o.

(2) C'est-à-dire , des habitons de Vinùum [ Vence ]. On a beau- coup d'exemples des surnoms donnés aux dieux d'après les lieux iis étoient adorés : ainsi l'on disoit Junon Argienne^ Apollon Sminthien, &c,

(3) SALiniensis, à Saline, Bouche pense que le lieu appelé Salina, dans le territoire de Suetri , étoit Castellane; mais ies raisons qu'il rapporte ne sont pas concluantes. D'AnvHIe conjec- ture avec plus de probabilité que c'étoitSeiiians» près de Faïence; mais ii n'y a là-dessus rien de certain. "'

(4) ////// VI R, Augustalis est sous-entendu , ou le mot sévir doit seulement s'entendre de l'un des six magistrats chargés de l'administration de la vilfe.

/

/

CHAPITRE LXX.

trente - cinq pouces de haut sur quatre pieds dix pouces de large , ornée d'enroulem^ns qui forment dix - Iiuit cadres remplis de rosaces , de colombes , d'étoiles, d'ancres, &c.; dans les interstices, il y a des grappes de raisin , des feuilles , Slc. : au*dessus «st une pierre <:arrée , de vingt-deux pouces , qui porte la figure d'un aigle debout , ayant les ailes éployées. Les colonnes qui, dans Pégibe, entourent le chœur, sont décorées de pareilles sculptures.

Le devant d'un autd de cette église qui est dédié à S. Lambert, offre, sur une dalle de pierre froide , ' les vers $uivans , gravés en lettres à-peu-près sem- blables à celles des inscriptions de Sens ( i ) :

DTSCAT QUI NESCIT, QVOD EPISCOPUS HIC REQUIESCIT I^OMINE LAMBERTUS, MULTA BONITATE REFERTUS, QUIQUE QUATERDENIS HUIC SEDI PRiCFUIT ANNIS : NON HUNC EREXIT RES BLANDA NEC ASPERA FLEXIT. FARCAT PECCATIS ILLIUS FONS PIETATIS, ET LUCESCAT El LUX PERPETUEE REQUIEI.

Que celui qui l'ignore apprenne qu'ici rq^ose un fvêqne nommi Lambert t recommandable par son extrême bonté, qui a tenu ce si/ge pendant quarante ans .- // ne se laissa ni enorgueillir par la prospérité , ni abattre par l'adversité. Que la source de piété lui pardonne ses péchés, et que lumière du repos étemel brille pour lui.

Le devant de Tautel de S. Veran, qui est auprès,

(jj TomcL*%p. 87 €t 130.

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L-3>ii»fc. » ...i. . .~ '"^,JS'**,^3^^. - I '1 %fci

Af CHAPITRE 1.3{X.

fit composé é0 h pvtîe aBiténeure d'w s^rcopîi^ge , dfvhée en trois ci^F<é$. Sur celui du roUieu, ron voit cbns ^ne conque i^ buste d'un homme et celui d'une femme ; à chacun des deu^ angles $upérie\ir$ est un triton sonnaftt du buccin. Au-dessous de la conque, h gaudie , il y a deux génies : l'un ^Hent dans }a main droite un masque comique , doU^t il se couvre le yisiige ; l'autre , placé devant çelui'ÇÎ , sur un plan moins élevé , a son masque pa?ès de lui. En face , on distingue un autie génie mutilé , en qiû n'a plus de mains ; derrière ce géjaie est i'entrée d'une grotte sur laquelle est perché un oiaeaa qui bipcquète une. grappe de raisin.

Les deux petits côtés ont été ^ciés et placés au bas : ils offrent chacun ïa figure d'un homme barbu , enveloppé dans son manteau, et représenté jusqu'à mi-cuisses.

On trouve encore dans l'église ces deux fragmens €pxî paioissent avoir appartenu à une même ins* cription ; l'un d'eux indique qu'il y avoit à Vence un aqueduc.

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^F A V E NTI

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V M S TR^;

4 r s M Ç^ CL I AQVAEDV

CHAPITRE tXX; I5

Dans h bàsse-coùr de itaîsdn commuïW , on fit (i) : - T

IMP CAES . M. ANTO N I Ô GORDIANO PIo ^EL ATO, pont. MAX. TRIB. POT. lî. PP. GOS, CIVIXAS VINT. DEVO TA. N y^ INI MAIES TATIQVÇ EIVS

'

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.i

(i) SpON, Mise, 202; MURATORI, M^CiilV, 6\ Dictionn. encycL

tXVII, p. jfoj IkK^^^^C^l.^Mii, >9i Bouche, CA^tt. ^<

Provence, 5^9. .î.

Otte mscription h*à pas besoin d^cMpitcatf on : Fhidîcation ^u second consulat apprend qu*elfe a été fartb en l'honneur ée Cmiiett III; *on père n'a régné <ju'un mois et demi. Elle doit (tre de Vtn de Rome 992 , et 2 39 die J^ C. Atiquei sn rapport* itL seconde année du règne de Gordien-Pie.

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ni CHAPITRE VXXé^

Dans un itwr qui ^oime sur la rue» près de la maison commune , on lit l'inscription suivante :

-

QVIN

T F PATR

E

M ATRI

PlISSIMAE

G R AE C I N K

C F

MA R C I

N A

EXT P

D

D D

Nous vîmes deux colonnes qui, selon la ti^ditiôil ^^ ont été apportées de Marseille. Elles étoient autre- fois enclavées dans le mur près du principal autel de la cathédrale. L'une de ces colonnes , qui a neuf pieds deux poi:fc:es de hauteur et dix-sept pouces de diamètre , est posée sur une base de pierre dij pays dans la place dei'ancienr'cimetière. A. la partie supé- rieure , on lit (2) :

MASSILIEN

s I y M

DEDICANTE PROC. AVG. EX '

MARITIMARM ,

L'autre colonne^ qui a la même dimension , étôit

>!■ M

•tmtlmtm

(i) Cest un frAgtnçot:;ai|>si terminé :,QÇJNTi Filio pATRi Et MATBI PIISSIMAE: GRj^CINA Cail FiliaAiARCIl^A EX feSr- tamentopositum Dedicavit Décret 0 Decurionum , ou ùedit Dedicavîu

(2) JoFRÉDl, Nîcaa\ cipltas. Entre ia seconde et îa troisième ligne» H y a une dietance è^peu*p'rès suffisante pour pouVoir.y placer une ligne.

CHAPITRE tXX. If

à nuMtîé entarrée dans la cour delà maison commune, et i'on n'y voyoh pas d'imoription ; nom ia fime$ jetourner, et nous y lûmes :

CVRANTE AC IVL. HONORATO PP. PRAESID. ALP.

Ces trois lignés paroissent se lier aux trois der- nières de la colonne précédente , en les plaçant à gauche , de cette manière :

MtBtUfMM

\

1

1

I

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8

CVRANTE AC IVL. HONORATO PP. PRAESID.ALP

MAvS^ILIEN ÇIVM

DEDICANTE PROC. AVG. EX MARITIMARVM.

^ii ^ r^B 1^ v'^ vsa V

Umitfs da territoire ( i ) iies Marseiiiois , par les soins de Julius Honoratus, procurator d Auguste, un des préposés à la défense des Alpes maritimes (i);

(i) Il paroît qu^on a coupé une portion du haut de ia colonne "k gauche. Il y avoit probablement , à Tendroit qui répondoit à la ligne on Ut Massiliensium , ces mots finis agri ou terminus agri^ fin ou limites du territoire des Marseiiiois : c'étoient des bornes posées par l'autorité du magistrat,

{%) kfs prapçsitis PR^siDiç, .

i^»^iM.£.-«— L,

\

1^ CHAPITRE LXX.

Depuis notre d^att, on a encore tnmvé sur la piaœ devant la paroisse , rkiscription suivante, en forme d'autel : elle m*a été envoyée par M. Bouyon, maire de la ville , dont nous avons reçu Faccueil le plus obligeant.

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A l'empereur

CHAPiTttE tXX. 17

A i'empereûr Casar , fib du dii^in Antonin (t) , pttît-^b dt, ^ihnn Sévère (*), Marcus Aurelius Antoninus , pieux (3) , heureux (4) , Auguste , jouissant de la puissance trièuni tienne pour Id troisième fois , tottsul pour la troisième fois (5 )*, père de la patrie,

La vflle d^ Vence est noire et mal bâtie : cepén^ dam ia grande rue , ombragée par quelques grande ormes , et arrosée par un ruisseau d^une eau daîre et limpide , offre un lieu assez frais et assez agréable ; c'est que les habitans de la ville se rassemblent pen** dant une grande partie du jour. Auprès est la place , au milieu de laquelle est une fontaine d'une formé assez pittoresque. Le grand nombre de ces fontaines répand une sorte de vie dans toutes les villes de la haute Provence : elles sont ordinairement formées cTun grand bassin à hauteur d'appui , au milieu duquel

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(1) DIVI ANfONiNt F 1140, c'çst-^îrc; iîl$ de Caracalla. Ceiuî-ci, fiïs de Scptitnc -Sévère et pctit-fils de Bassianus, tvoit pris ie nom ^Antùnin pour plaire au peuple.

(2) DÏVI SEVERl NKPOTI,Vw<{\JLtAzg3k^t'pcCtiO\t \t titre de fils de Caracaliài il devoit être le pedt-fih de Septime-Sévère , père de ce prince. Les mots divi ont rapport à ce que ces deux princes étoient morts et déifies.

(3) P/a Caracalla etÉlagabale^ connus par leur insigne mé- clianceté> prirent ce surnom d* Antonin, quW appeloit le pieux, comme on dit le bon Henri,

(4) FELici. Commode est fe premier qui ait ptis le surnom de Ftiix par un décret du sénat,

(5) Le troisième consulat d^ÉIagabale s*étend à fa moitié de la troisième et de ia quatrième année d^ son règne; mats lés mots TRiBunitiâ POTestate II ï annoncent que cette inscription a éré * faite dans la, troisième aimée, Tan de Romr 0731 et 220 de notre

Tome IJl, ' B

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l8 CHAPITRE LXX.

s'élève une pyramide contournée d'une manière un peu gothique, d'où jaillissent quatre ou six filets d'eau qui tombent sans cesse dans le bassin ; cette eau en sort par un trou, et forme des ruisseaux qui lavent les rues, les rendent plus saines, plus propres, et répandent dans Tair une douce fraîcheur. Cette fontaine est le rendez- vous de toutes les femmes, comme le lieu ombragé est celui des hommes : on y va , à tout moment, puiser pour les besoins journaliers une eau claire et toujours fraîche , qu'on boit avec dé- lices sous ce ciel brûlant. Le bruit régulier et étour- dissant du battoir s'y fait continuellement entendre ; pendant que l'une lave son linge, l'autre nettoie ses herbes potagères ; le muletier qui traverse la ville , y fait désaltérer ses patiens animaux. C'est 1^ que se débitent toutes les nouvelles , qu'on apprend les ma- riages , les décès , les querelles de ménage et les rac- commodemens. Autour de la fontaine de Vence nous lûmes cette inscription provençale :

LA PRESENTO BASSINO. ES ESTADO. FACHO PER. MESTRE. lANNON f AVCON. 1578 ET LOVTERS AOVST. feRON. COSOS. ANTON I. ISNART. LAMBERT MARS. ÏT. LOIS. lOLlAN. TRESAVRIER.

Cette fontaine a été faîte par maître Jean Faucon , le ^ août i//S/ Antoine Isnard et Lambert Mars étant consuls , et Louis Julien

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trésorier.

Ces eaux pures, fraîches et salutaires, rendent le

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CHAPITRE LXX. 19

séjour de Vence très-saîn. L'é vêché de cette ville étoit un des plus anciens de la Provence, Les figues , Phuîle et le vin sont les principales productions de son ter- ritoire; on n'y cultive les orangers que dans la parrio basse. II s'y faisoit autrefois un commerce de cuirs assez considérable; mais il est absolument tombé.

Sur la montagne dite des Pénitens-Blancs, il existe des vestiges d'un village qui se nommoii Saint- Lau- rent. Oa trouve , dans le quartier de Saint-Martin , les ruines, d'un château qu'on dit avoir appartenu aux TempUers : une partie des voûtes et des murailles est encore dans le meilleur état.

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CHAPITRE I.XXI.

Route Vençe à Crasse. «-^Montagnes. Terrasses.— Culture. —• GbA3S]|^. r-^ Çpurs. ^^ Parfumerie.

IN O u S reprîmes notre routç pour aller coucher à Grasse. A peine a-t-on cpiitté Yence, que le che*'- min devient impraticable ; il faut sans cesse monter et descendre : ia route a été taillée en rampe avec des degrés comme ceux d'un escalier ; ces degrés sont couverts de cailloux roulés , de pierres angu* leuses , de débris de rochers , sur lesquels les mulets mêmes ne sauroient marcher avec assurance. C'est qu'on pejut admirer l'instinct de ces utiles animaux : ils sondent , pour ainsi dire , le terrain avec les pieds de devant ; ils ne les posent qu'après avoir écarté les galets j et trouvé sur les autres pierres une assiette solide : le pied de derrière prend la place tracée par celui de devant. Malgré ces précautions, ilieur arrive quelquefois de s'abattre , et l'on est toujours en dan- ger de tomber ; il faut leur abandonner absolument le 5oin de sa conservation. Une injuste défiance tourne à leur profit ; car le voyageur effrayé ne peut guère s'empêcher de descendre dans les passages les plus difficiles ) et de faire une partie de la route à pied.

CHAPITRE hXXr: 3kl

On 65t dédommagé des fatigues du voyage par la vue d^ sites extrêmement pittoresques ^ et par Taspeet d'uJie cultufre très-singuiidre : souvent on a d'un c6té Im précipice, de l'autre des rochers me- naçans et susp^dUs ^ et l'on voit serpçmer un ruis« seau d^is une joUè valiée. Mais ies fruits que pro- duisent les vallée» , ne sUffir<^ent pas pour nourrir la miilième partie dés habitans ; il a donc fallu con- quérir les montagnes à ragriodture , et empêcher bt teire végétale d'être entHaiméé par les phiies : on a construit poiu: cela^ de dlstâifte en distance, des terrasses ^i ia re^Ment. Cette difficulté dans la- cultiu'e eut d^d>ord ufte heureuse influence sur l'état dvil des habits^ de la Provence ; le» cultivateurs d^ cette contrée étoient déjà f^ôp^étaires un siècle et demi avant l'édit de Loui^ le Hutin qui àbcJit li^ servitude en Fraâce^ Lé» seigneurs ne retirant point de ieurs bi^iis ruraux un produit qui pût les indem* niser de l'entifetiend^s serfs*, affranchirent ceuDc-ci ^ leur £stitt>uèrent des^ teites U charge de cens , do lods , de banfaUté»^ et troutèi^tdans ces redevance» un revenir supérieur kceluiqi^'ils tétiroîenf de$ champ» qu'ils a voient concédés, ^ors leshâbitcinséetaircirent les bruy'ères^, défrichèrent les landes ; et j*ompant le» rochers , fls' étayèreht de leurs débrb élevés en mur» les terrains indinés, et couvrirent la Provence d€ riches amphithéâtres. On vie peut s'empêcher d'ad^ mirer le courage et la longue patience qu'3 a ftlhl

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22 CHAPITRfi LXXÏ.

pour disposer ainsi ces terres déclives , et y répandre la fertilité ; l'imagination a peine k concevoir les frais immenses auxquels on pourroit évaluer ia construc- tion de èes innombrables gradins , qui tous sont en pierres vives, et entre lesquels il n'y a souvent que six pieds d'intervalle. Sans doute ces étonnans ouvrages n'ont pu être faits que dans un temps les moyens de subsistance n'étoient pas en rapport avec la population. Ce n'est que par des soins et des travaux continuels qu'on parvient à les entre- tenir : l'agriculteur n'obtient rien que de son indus- trie. Sur chaque terrasse, on cultive quelquefois sépa- rément, mais le plus communément ensemble, des oliviers, de la vigne, du blé et des fleurs.

Après une route pénible , on arrive enfin à Grasse. Cette vif le est bâtie à l'exposition du midi, sur le penchant d'une montagne très-élevée; les rues sont étroites , irrégulières , sans aucun édifice remar- quable: le seul endroit agréable est le Ci^i/rj, qui est bien jïlanté. Nul site dans le département n'offre une aussi belle vue que celle dont on jouît de cette pro- menade : on voit s'élever en groupes une multitude d'habitations rurales plus ou moins embellies ; Fceil s'étonne à l'aspect de ces champs créés par l'indus- trie et entretenus par la persévérance. Lés îles de Lérîns terminent cette perspective vers le point les regards vont se perdre dans l'horizon vaporeux de la Méditerranée.

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CHAPITRE tXXr. 2^

L'îndastrîe des h:d>itans de Grasse est aussi remar- quable : ils savent ajouter au luxe d'une végéta- tîoi^ vigoureuse, favorisée par la pureté du ciel et la douceur du climat, celui de la culture la mieux entendue et la plus rechcrcîiée. Il faut observer avec quel art on tire parti des sites les moins favorables , comme on y assortit fes plantes au terrain , comme on y. supplée , par la chaleur des engrais , . aux rayons affoîblîs du soleil dliîver, enfin comme on rend titîle une source abondante qui, naissant au haut de la ville , arrose de chute en chute <^ les jar- dins, les prairies, et met les moulins en mouve- ment. Les terres , soiitenues en terrasses par des murs construits à grands frais , forment un immense amphithéâtre de jardins suspendus, l'oranger, le rosier ^ la cassie , le jasmin , la jonquille , la tubéreuse, exhalent ces doux parfums qui , recueillis avec soin et fixés dans diverses substances , sont exportés et vendus dans tout l'univers. Outre les fleurs que produit son territoire. Grasse en tite encore pour cinquante mille francs des viflages cîrconvoisins : la Napoufe et un village près de Gagnes hii fournissent» douze à quinze cents milliers de fleurs d'orange. Plu- sieurs habitais distillent chez eux , et font des eaux: comwiunes. La grande floraison des orangers offre un coup-d'œil enchanteur : tous les* habitans sonp alors occupés à en recueillir les fleurs, qu'ils jettent sur de grandes toiles étendues au pied des arbres.

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t4 CHAPITRE tXXU

Depuis long^tempsy les parfumeurs de Grasse excellent à tirer l'arome des fleurs pour en par* fuiper des esprits et faire des savons odorans , de^ pommades et de$ eaux de senteur. Ce commerce est encore entrete^^ p;ir une douzaine de manu^ fàctiiriers ^ dont les pius actifs et les {Jus intelligens sont MM< Farge<>n et Laugier ; outre les par&ms^ ik fabricjuent aqssi avec succès des liqueur^, des pâtes ^ des dragées , et tout ç^ qui tient ^ Tart dw confiseur et du distillateur. Mais ce commerce , autrefois si brillant , commence beaucoup à décliner : Tusaga des pommades et des savonnettes a, été tdiement réduit , et la fabrication des liqueurs si bien imitée ailleurs , que le produit de cette industrie a diminué de plus de moitié*

II es,t ^ craindre que Grosse ne perde bientôt entiè- leme^t cette ressource i Nice absorbera son corn*» inerce ; aussi les b^bitaj^is de Grasse opt-Us vu avec peine la réunion de celte vil{^ ^ I^ Fiance. On a déjk établi ik Nice quelque^ parfumeries ; h yoîsinage la mer^ celui de la grande route d'Italie^ à laquelia on trayailie > rendant les^ communications plus faciles et les ports moins chers , cette ville pourra baissa les prix et obtenir ïa préféreïice, L^avantage que Nice doit obtenir sur Grasse > sera sur^tout remarquable qua^d le pont sur le Var aura été bftti.

Grasse a encore d'autres moy^is d'industrie; mai« ils 3(Hxi bien inférieurs à ses parfumeries ; ce $cm%

CHAPITRE LXXI. ij

cfes teintureries , des filatures de soie , des chapel^ lerieS) des fabriques de bourras et de sergette. On sent bien que l'abeille doit se plaire dans un lieu oh Ton cultive les fleurs en si grande abondance : aussi récolte-ton encore^ beaucoup de cire dans cet arron- dissement. On tanne les cuirs , à Grasse , avec la poudre de Içntîsque , et mieux encore avec celle de myrte ; c'est ce qui les rend verts : on assure que ces cuirs sont d'un meilleur usage que les cuirs rouges.

L'ancienne cathédrale est remarquable : ce sont trois églises élevées l'une sur l'autre ; les deux infé- rieures ont été bâties par M. de Megrigni , évéque de Grasse^ k la fin du dix-septième siècle ^ sans ébnuiierré^iise supérieure. Cet évèque a aussi fondé Hôpital: i'égiise de cette maison renlèrme basses bons tableaiuCy qui Un ont été donnés par le comte âeThorenCy lieutenant général des monnoîes»

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CHAPITRE LXXII.

DÉPART de Grasse. Mulets. Oliviers, Marbre^ Albâtre. Faïence. DrAGUIgnan. Feux de la Saint- Jean. Dessins des curiosités du dépar- tement. — Bibliothèque publique. Cabinet d*his- toire naturelle. Médaille cufique. Prisons. Enfans - trouvés. Industrie. Manufactures. . Culture. Salernes. -^ Chute de Sillans. Grotte de ViUecroze.

JNous partîmes dte Grasse à trois hêurèsv du matin ^ montés sur des mulets^, qui gardoîent entre eux ïin ordre de marche qu'on eût vainement tenté d'in- tervertir : celui que leur conducteur appeloît l' Amou- reux étoît toujours à la tête^, venort ensuite le Afeur- blanc , c'est-à-dire, Museau-blanc , &c. Le mulet est de la plus grande utilité dans ces montagnes , il y a très-peu de routes praticables pour le roulage : cet animal , fort et courageux j^ supporte une charge de cinq à six cents livres; on le nourrit avec une grande facilité , et il peut demeurer près d'un jour sans boire ni manger. II est la seule monture qui offre quelque sûreté dans les passages difficiles ; jamais il ne se trompe ; et quoiqu'il aille tou- jours sur le bord des j^récipices , et qù'it semble

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CHAPITRE LXXII. 27

choisir les endroits les plus périlleux , on peut- se confier à lui sans danger : d'ailleurs on réussîroît difficilement à vaincre son obstination et à lui fiiire^ quitter la route qu'il veut suivre, II faut avoir soin^ de ne pas le mettre dans la compagnie des chevaux :* 3 a pour eux une si grande aversion , qu'il les attaque avec une fureur inconcevable ; ce qui devient danr- gereux pour le cavalier. Oit fait sur cette monture à-peu-près une lieue de Provence par heure. le conducteur suit à pied : dès qu'il est arrivé , il fait reposer ses mulets pendant environ (p:^atre heures ;> ii se couche ensuite sur i'un d'eux ; et ces animaux, reprennent d'eux-mêmes leur route sans se tromper, et sans qu'il arrive aucun accident à celui qui leur confie ainsi chaque jovir le soin de sa vie.

On ne peut s'empêcher d'admirer , dans les cam- pagnes quî environnent Grasse, l'espèce des oliviers: ils poussent des tiges semblables à celles des arbres des forêts, et leurs fruits donnent une huile excellente et très-recherchée ; elle n'a cependant pas le goût du finît comme celle d'Aix.

On traverse d'abord un pays calcaire , où. il y a* du marbre blanc et de très^^bel albâtre. Nous mar- châmes douze heures sans nous reposer : nous eûmes beaucoup à souffrir de l'ardeur du $oIeîI.. Ori ne trouve pas une seule auberge l!on puisse s'arrêter ;* le seul èndrcnt qui présente un groupe de maisons , est Fàience , ily ji une verrerie, une teinturerie.

iS CHAPITRE LXXir.

quelques chapdieries , et de$ fabriqae$ de potcrio grossière y qui ont peut-étie fait donner à ce bourg le nom qu'il porte* Son ^]ise seroit ^sse? belle> si dOte n'étoit déparée par le sanctuiûre» qm est |)iu9! bas que la nef «

Nous arrivâmes enfin ï Dmguîgnan , exténués £itigue. Après quelques momens de repos ^ faUai Yoir M. Faucbet y k qui l'administraticHl du départe^ ment du Var értoit alors confiée.

C'étoit la veitle de la Saint'-Jean : cm voyoit dan» toutes les rues des feux allumés , le peuple fài- soit cuire des gousses d'ail pour les distribuer ensuiter dans chaque famille. Cet usage doit peut-être son origine aux ravages que la peste a quelquefois exer- ces dans ces contrées* Comme je m'amusois à écouter les joyeux propos qiiî se tenoieitt autour de ces feux , |e me sentis couvert 4'nn déluge d'eau : je voulus prendre la route de mon auberge ; mais il me fut impossible d'éviter tes potées qui pleuVoient sur moi de chaque maison. Pendant ce temp^-*iii , fentendois faire à son de trompe une proclamation portant! défense , sous des peines sévères , de jeter de i'eau sur tes passansb U est prc^bb que ies habifans de Draguignan auront Uen de la peine à aban€lonnei; im si aimable amiusement. Je conseille aux personnes qui voyageront en Provence de rester chez elles dansi la nuit qui précède la Sain^iean,

Cette ville est située dans le pays calcaire , sw les

AmiA ttÊm^t^Êkti^lÊÊM

CHAPITRE LXXII. 29

bords d'un bas$in tniversé par la rivière de la Pis , autrement Nartuli, II n'y a aucnn édifice remar- quftbfe ; mais les rues sont plus propres et plus larges que celles de Grasse.

Le cbef-Iîeu de Fadministration départementale Vf oh d'abord été établi à Toulon : mais, outre que cette viffe n'étoit pas au centre du département , les adminbtrateurs de la marine y rivalisoient sans cesse avec les magistrats revêtus de l'autorité x^vile ; et l'on ayoit vu les habîtans se porter envers ces derniers à des excès impardonnables. Ces divers moûh dé- terminèrent le Gouvernement à transférer ailleurs le siège de l'administration : Draguignan obdm la préférence ; et cette ville ne tarda pas k en ressentir d%eureux- effets pour sa prospérité. La maison du préfet , les personnes attachées à la j^réfècture , la troupe qui y est en garnison , l'état-major de la gen- -darmçrie, y mettent chaque jour douze cents livres de pliis en circulation^

Af Fauchet s'appliquoit avec beaucoup de zèle à tout ce qui pouvoit intéresser le département confié k ses soins. li avoit fiiit une étude particulière de la Provence ; et ses adrainbtrés hii doivent plusieui» institutions utiles : il a créé la bibliothèque , le cabî* nei d'histoire naturelle , et fi>rmé la société d'émula- tion; on iui doit le régime actuel, des prisons; il a ftttt faire des fouilles à Fréjus. II occupoit un artiste ï faire les dessins de tout ce que son département

30 CHAPITRE LXXU.

renferme de plus remarquable (i) : ces dessins sont exécutés avec soin.

( I ) J*en donne ici la notice :

A Frejus. Ruine antique de la porte romaine. Ruine antique de deux tours et d*une arcade isolée des' aqueducs, côté de la porte Romaine. ( On y aperçoit dans le lointain le séminaire. ) -^ Ruine antique du phare, à l'entrée du port, Ruines des grands magasins , dans la propriété de ia famille Chaben. Grand réservoir enseveli sous la piate-forme des magasins, vis-à-vis la porte Romaine. Vtfc de la Baume , sur les bords de la rivière deTrans, prise de la. propriété de M. Bernard, ingénieur. Reste du Forum des Romains , dans la propriété de Grisole. ( On y aperçoit d*un côté quelques arcadcs^ de l'aqueduc, et à gauche la maison de Grisole. ) Temple antique servant de baptistère la paroisse. •— Ruitie de la grande masse des aqueducs des Romains. ( On voit à la partie supérieure de Tune ^es arcades » le canal couloit Teau et qui a résisté au temps. ) Ruine de la porte Dorée. Porte dite Paticière, au bas de laquelle passe le Reiran. ( On y voit la dérivation du Reiran, dont les eaur -viennent alimenter les moulins de la ville. ) Ruine de la porte des Gaules ou de Pompée , avec la vue de l'église et du couvent des ci-devant Cordeliers. Porte moderne de France, avec les ruines des remparts de l'ancienne ville. Vue de la porte mo- derne d'Italie. Vue extérieure de la porte occidentale du cirque. ( Le dessinateur y a fait apercevoir le Reiran, l'écluse et le pont de cette rivière, la maison des ci-devant Dominicains , et la porte occidentale. ) Vue extérieure de la partie méridionale du cirque. Ruine intérieure de ce cirque. Ruine intérieure .de la partie méridionale du même édifice. Porte orientale du ^ême. Ruine d'un temple antique. Ruine antique des bains d'un particulier, dans la campagne de la famille Barbe. Plan des inêmes bains , avec l'indication des difierens détails qui les composent ou qui en dépendent. Ruine de la tour de la plat^ forme Saint-Antoine, de laquelle on descendoit sur le quai méri- dional.— Tour antique du grand bastion Saint-Amoinc.— Ruine

CHAPITRE LXXII. .31

Le bibliothécaire vînt nous, prendre, pour nous faire voir rétablissement qui lui est confié. Les livres

de Ja grande voûte du bastion Saint-Antoine , seryant de béai « et dont les eaux se distribuent dans les mouiins de Fréjus. ^ Grande masse de bâtisse ëtoit anciennement la douane ma^ ritime. ^7- Ruine du pont des Romains, dans la plaine ( sur ic chemin qui conduit à Amibes ). Ruine extérieure d'un tombeau antique , dans la campagne de la famille Sufïret. Ruine inté- rieure du même tombeau. Ruine des aqueducs dans le vallon de la Moule, à Test du vallon de Gargalon^à une lieue de Fréjus. ^- Ruine des mêmes dans le vallon de Gargalon , à^ la même jdis-^ tance.

Vue de la cataracte de Trans , prise du bas de la rivière. Vue de deux ponts sur la rivière de Trans.

A Antihes, Vue de la tour dite de l'église, ( Cette, tour a vingt toises de hauteur; elle a été percée en 1740. Le dessinateur y a fait apercevoir Thorloge de la ville , la paroisse et les prisons. ) Vue de la tour carrée et d'une partie des anciens remparts* ( On y aperçoit dans le lointain la gorge du Var et les côtes de Nice. ) Ruines romaines des . tours et des remparts. Citerne antique à coté de Téglisc. Restes du cirque ( placé à la rue Foumiguière, et qui a existé jusqu'en 1691 ). Vue intérieure de la porte antique dite du Ravelin. Vue d'un portique atte- nant à rhôpital Saint-Jacques, rue du Puits-neuf. ( Il offi'e un ordre d'architecture mi-fustique et gothique , . dont la forme sin- gulière annonce la décadence de la belle architecture.) Sur la même feuille est dessiné un lacrymatoire trouvé dans la pro- priété de M. Gautier, -h- Ruine antique des aqueducs pour con- duire à Amibes des eaux venant de Bouillide. ( On aperçoit dans ce dessin le pont de Valaurie et la chapelle de Notre-Dame de Valaurie. } Deuxième vue à^% mêmes aqueducs, sur le pen- chant des montagnes, à quelque distance du pont de Vajaurie. .

A BioL Vue du tcmple.de la Chèvre d'or, dans la propriété de Constant. Vue du pont et de la fontaine, sur la Braguç. A Saint - Laurent du Var, Vue d'une partie de ce Jbqurg

^2 tHAriTRE L^XII.

n'y sont pas très-nombreux ; mais if est bien tentli M. Fauchet a choisi lui-même dans les dépôts les ouvrages qui en font aujourdliui Fornement (i)*

prise de rentrée du port au bas de fa chaussée, ( On distingue dans ce dessin fa porte de Saint-Laurent , fe Var à sec en certaines parties, des montagnes des environs d#Nîce, et quelques mon^^ tagnes du Piémont. ) Fontaine de Pénas ou de fa Tour, à un quart de fieue de fa mine de fer. ( Cette source , à pf us de qua- rante pas dans fa montagne, est très-abondante et d'une excel«* iente qualité : set eaux pourroient être conduites facilement et à peu de frais au vifiage de Saint-Laurent ; ce qui procureront un ^and avantage aux babîtans» qui sont obligés de boire fes eaux bourbeuses du Var. Ce moyen simple et salutaire préviendroit la t>f upart des maladies que leur cause une boisson dangereuse , et qui font que tous ies jours ce pays se dépeuple davantage.) ^Vue du pont et du corps-de-garde , prise du chemin de Saint-Laurent. (Ce pont a été construit par le général Ansefme, lors du pas* sage des troupes françaises dans f e comté de Nice. )

Vue de fa cataracte de Silians. —Vue de fa tour du Muy. -^ Vue des ifes de Lérins , prise du Pinchinat à Cannes* ( Sur fc premier pian on voit la chapelle de Saint-Pierre; sur fes deuxième et troisième plans, ilfe Sainte-Marguerite et l'ile Saint-Honorat de manière à apercevoir fe canal qui les sépare.) -^ Pont moderne du fleuve d'Argent. Vue de Tauberge de i'JEUteref , prise du coté de f'est.

(i) Nous remarquâmes entre auti^s.

Un manuscrit des Lettres de SÉt^QVE à Luciiius , écrit vers fl fin du XIII.® bu au commencement du XIV.* siècle; format ift-4.*

Un Spéculum vita humann , Paris , Gering , 1 475 , în-4«**

P/^i^t jtf£T<i,Venet. per Leonardmn Wild de Ratisbf>na> 1481 » gr. in-4.^, exemplaire d*une beffe Conservation.

Un vof ume in-folio , grec, Vcnet. Afdus Manucîus , 1 497 > co»^ tenant : Aristotelis Vita,' ex Laertio. Ejusd, Vita per Joaun, PhilwonUM.— Theophrasti Vita, ex Laertio, Galbnci ^e

Dans

CHAPITRE LXXII. 33

Dans une chambre voisine de la bibliothèque , il y a lui cabinet d'histoire naturelle qui contient prindpa- ieraent les minéraux du département , parmi lesquels on. remarque de belles incrustations. Nous vunes dans ce cabinet quelques essais faits pour le rouis- sage des feuilles de Taloès ( u} : M. Fauchet se propo- soit de faire cultiver cette plante dans les lieux arîdes voisins de la mer. Nous trou vâmes aussi dans un mé- daillîer qui n'étoit pas en ordre, une médaille cu- fique, que j'ai fait gra\ex{pL /, n/ 8J, et dont mon ami M. de Sacy a bien voulu me donner la des- cription suivante.

ct.Lecôté tf n'a qu'une seule inscription dans un » cercle; elle est ainsi conçue : v^^ *»f Vf *}\^ m\ m » c'est-à-dire : Au nom de Dieu. Il n'y a point d'autre TU dieu que Dieu seuL

» L'autre côté ^.présente deux, inscriptions ; l*une »,dans le champ ,i'autre autour du cercle. Dans l'inté- wiijBur du cercle, on lit : *»t Jj^j o^ c'est-à-dire : jo Mahomet est l'4^otre de Dieu. L'inscription autour » du.cerele ne peut^ pas être lue en entier, parce que » le flan paroît ne s'être pas assez étendu sous le

philosophor. historîa, ÀRlSTOtELlSf (bvatmç aicfoaoîcfiç P>tShtA ,^^, Ej. decah] de genertutmte et corruptione, Ateieoralogka , iemundo:^ PriliO IiAieeus demwidff. -^ jHEO?HRASTUS^ igné. U, deventif* d€lapidilms,^c. ^

Tome JJL C

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j4 CfirA:PÎTkE L*3tl^.

>> màitéâtt pcw recevoir toute rèmpte&ne^ et que la » ipiiècë û Souffert âuàsr quefijoe fhtl iiJtt le fcorrf ; oit » tîl séùreitiértt bîett dfiibtltittement téi dfefttc mots t » mt oywî* Obeî^'dttah. Ce nom , dît M. de Sûcy , pom^ >5 rôft pàroîtré Insuffisant pour déterrtiihèr ît queSé » époque celte piêee îi été frappée rfe stife cepeiidaht » très-porté à croîïë que , ne présentant aucun câi^te** » tërè qui puisse fkire amïbuer ab ^miifer câlSfé y> dfe la dynastie des Fâtémfres , lioriîhié OMH-txtlah , » è#e doit ap)pârfèhlr & Oi^etd^alfaft quf ftt go^ » vèrneûr d^Êgyptè Vers la fin du premier sîède de » Thégire , et fut ensuite intendant ^e$ tôntrilm- » tioiis l'Mique , 3 pérft dàwj une **vblte D3 des habîtans occasionnée par sa dtireté^, dartr Ie$ premières années du second siècle, JPar parfé iSé » cepersonnage dans le Magasin tttcyct. ^fmét iV , » t. Vt, p. 1 î 3 et suiv. , à fbccasion d'une pâté du » cabinet du cbevâlfer Nani , âattt h légende avoîl >> èïé maf expîftjuée ^, et ce qui më- oonfkmô^ AftB » fôpîriîon que titonnôie dtmt H ^ligit M ârppar^ » tient à ce même OMd^aPtak^t^éstcfa'ûy ab«ui^ i^ coup de ressemblance entre lesrcaracflènbs^ 4k Vfàm 3»-e^ de gautf» légende^

9s> Cette méd&ille n'est pas sans intérêt, puisque , ». si eUe apparûentyvCpmme je le crois ^ au personnage » doAt fe^^ien»-^ parler.^ eKe pcoiuye.q^e les califeç 93 ont quelquefois délégué aux gouvémaitis ou> i»^ » tendans des contributions fe droit de faire fiapper

i»dé^ tfiof»!éli^ éâ l€fiir nom, et cju'dîe lètë ainsi »Fobjectîon qu'on pourroit fcke contre i'opinibil ^ fat étiomée j^ëlativèHfiéiif à h pâte du chevalier y^2ÈÊâ^ enr h fëgâtéàAt côtniide Hfté itionnc^ ouune

Ny^é part ïéS' ptftiékis sdût soumises à un rér gîme ftAffvLJL entetklu'qali Draguîgnan. Le^ détenue f sdât istreiât^ à se' Ir^reV à dijffëf'eÀs travau:^ ; on Y ^fbmé toi élsiMssérMM de soupe» à la Rumfbi^ ; et Ton est ainsi parvenu k obtenir îe dbuble avàn«- txgs dé* pfésefV^ de^ fofeiv^té leé maiheureust qui hs^Mtit tH tifisfes^ <leiheiirei$^ et de tes feire joùil* ^ane ÀdiaMftiîréf ^ahié^ abondante.

On compté dimfs là: \ilfe pkisieilrsî Maisons Vàû t^kte câ^Ms abàhckHinéd^ ^ oïdinatrement ^ôttt des énût^ i£^hoif^dii>itntriage. II esttuès-rare ^ueSii pérsôtufes n^ttti^es exposertt les lèfurs ; et les payî^îfn^ fiôtttV ^^èrtéraï,tit>p aisés eh ProVeice pour avoîk rëèbttrs à cet odieux moyen : niais^ les expositibhi <Fénfents iHégi^es sont assez fréquentes. Les mœurs^ en Provence , sont infiniment plus dissolues qu^ ^rîs : on plëiit eh feîre ia remarque dans les petites y^Se^ , et même dans les campagnes. Une jeune per^ f^omie qui a joUî par ahtidpatiôn des prérogative^ la maternité, rfen trouve pas tnôihs un bon parti : 6n 9L même Vu» tme flfie mère recevoir des visites de couches. £n général , la pudeur n'est pas , dans ces comréfes^, une vertu dottiînâme. Le rapport des

c 2

3(J CHAPITRE LXXHi

^ aiaissances non légitimes est aux nais^jaces légitima comme i est à i4 ou 1 5. ^

Le gypse abonde autour de Draguignan. La yill0 renferme des tanneries , des chapelleries^ une fiHi- ture de soie , plusieurs fabriques de .bougies, de draps grossiers , de poterie; il y a six manu&ct^res Sacétitc dt plomb , vulgairement appelé sel de Saturne. : 1

M. Fauchet vQulut nous conduire à la grotte de Yillecroze et à la chute deSilIains : nous partîmes à cheval vers sept heures du matin. .:

On se sert à Draguignan et dans les environs» pour les licous des chevaux et différensautresr usages, de cordes faites. ayf<ç4u crin de cheval et 4e la laine ou du chanvre : ces cordes.^ sont préférées à cdies de chanvre seul, paxça qu'elles^ont moins sensibles que celles-çî aux impressions-de ralr , et qu'elles ne se raccourcissent ou ne s'alangçnt pas comme elles. Le mélai^e qui leur donne cette propriété, est encore, pour les gçns de la campagne , uii objet de lucre , parce qu'ils trouvent ^insi un emploi avantageux des crins de leurs chevau?ç. > ^

Nous nous ^rjrêtâmes à Sûlernes^pqux faire -rafrair cbir nos chevaux. Ônry recueille beavic^ jp de pêche^ , et des poires d'upe grande beauté : les ^ sources y sont vives et nombreuses. On y file la soie ; on y 6- Ijo-jque dès diapeâ^ux , des draps grossiers et de la faïence. - Nous arrivâmes ensuite k SillanSyoh la rivîèrç

CHAPITRE LXXIi; 37

de Bresse , ijui , à deux. lieues de , se jette dans l'Argent,fcmne une cataracte très-pittoresque de<:ent dix^huit pieds de hauteur. II n'y avoit pas alors beau- coup d'eau; mais nouspûmesfu^er cpie^dansla sai- son des crues , cette chute doit offirir un superbe coup-d'œil; , î

r Nous nous rendîmes de à Villecroze, village près.duquel il y a une taume , c'est-à-dire, une grotte de, stalactites. Elle est d'un eSet agréable, mais n'est pas très-étendue. On a brisé depuis peu une des cdonnes d'albâtre qui sont dans sa partie princi- pale. Les différentes chambres qui composent cette grotte, sont actuellement beaucoup plus humides qu'elles ne l'étoient autrefois : la première de ces chambres est carrée et entièrement tapissée de l'es- pèce de fougère appelée asplenium ou ruta muraria. Autrefois un hermite habitoit celle qui suit ; le dernier qui y a vécu est enterré dans la grotte du fond : une autre chambre servoit alors de chapelle. Près de est un torrent moins considérable que la Bresse ; il se précipite d'une assez grande élévation , et produit dans sa chute un fort bel effet.

Dans le département du Var et dans ceux des Alpes-Maritimes et des Basses-Alpes, on ménage les tenains d'une manière particulière. Chaque pro- priétaire réunit ordinairement sur le même sol , du blé , de la vigne et des oliviers : les terres sont divi- sées par bandes ; il y en a une de vigne entre deux

c 3

30 CHàPÎTRB XKXII.

de blé ; mais chacui^e des deux pièces it bié ttstè ahemamement une année ea lachàne^ afiniqi^e Is» v^ne puisse tirer ses sucs de ce cété* Les dii'^ier^ et les figuiers sont jAiaanMès par-tout ok Ms peuvent erotoe sans nuire aux autres culture^. On se sert^ pour le labour , d'un araire sans contre , qui a tpnv k " ftit la ferme de celui ^ décrit Viigîle i on teièrt h terre cpii en surd^i^e te soc, awc mi bâton armé d'une peme pdle de &r; opératioii maïutiense , qui gène ie iaboureur jet le distndt deia conduite des (^e?auK et de It ditectton de sa chamie.

39

CHAPITRE LXXni

DÉPART de Draguîgnan. Tai^RTû^uiL -*- Lot^vf^ --- Ctthiit. *^ Au«$. *** Troiçe dit CiïB*4dicusi. Urne cfalbâiiRe. ^^ I|ifcriptipD$. -^ Baupve?^. fxmU^nfi4^Èvtqve, Le Verdçn. Sainte-Croi^. Jiti, Riez. Colonnes. Panthéon. BoM- miens. Inscriptions. TaûrobDre.

iM Otf s iTôuIiom partir die gi^Mi matiii poinr tioi» rendre "àt feoniie lieure à I^e\i miôs les dbeyjmx » firent attendre , ^ nous ne pûiD^s «ortîr de Dng^ gnan qu'kimit henres^ La niantâgne de Tw»$êur^^\ domine !a ville , est presque inadte ; on tiy r^ que quelques diènes verts bi àlancs , ^juelques fim maritinnes y et fe pinu% sitvMris , mais en très*petîte quantité : ces ail>res servait k prou^ver que ceÊtûmàr tare pourroit) avec des soim , devenir {dus dbôn^ dante. Le reste du territdre de Tourtour ( i ) pcsod«ît i^ comme sdKeurs , du i>Ié mêlé dvec Ja vigne et f pUh vier ; on y recueifle beaucoup ^ tuuicots blancs : ee territoire est arrosé par de feeUips sources*

Nou^^ passâmes fe peni du Temfd^ , près d\ine ferme dn même nom , ainsi appdée sans doui;e parce

(i) Le nom de ce viWage dérive du mot îarin ièriura ,,cc*t*M? r }>»ce <[uoti y^ souffi^ir mort à (d< gn»d$ cnmififh^ ^nei (i^c ciU en r^y^^f^^ ^B£ la Vie <|k i'^b^é I$»m/ écrite en 1 040.

c 4

'4o CHAPITRE LXXIIT.

que ce territoire appartenoit autrefois aux Templiers. Non loin de est la fontaine de Longvay , qui est regardée comme une des curiosités du pays , à cause de l'abondance de ses eaux.

"Le terrain est ensuite presque entièrement cultivé en blé. Mais, quoique nous ne fussions qu'à la mcMtié de messidpr , les campagnes étoiènt déjà dépouillées d'une partie leurs richesses : elles présentoient l'aspect de celles des environs de Paris au commen- cement de l'automne* La nomenclature des mois du calendrier républicain étoit vicieuse , puisqu'elle ne pouvoit convenir qu'à une partie de la France. .

A notre arrivée k Aups , nous aperçûmes à la porte de l'auberge , qui est établie dans un ancien couvent de religieuses, deux femmes coiffées avec dès bandelettes : c'étoient le^ actrices d'une mal- heureuse troupe de comédiens* Un plat de merluche qu'on faisoit cuîr^pour eux étoit la seule prpvision que possédât cette hôtellerie, digne de figurer. dans ies histoires de Dom.Quichote , de CH-Blas et AeCus- man d'Alfarache; heureusement les bâts de nos mur lets avoient été bien garnis de vivres.

Nous questionnâmes pendant notre dîner ces infor- tunés successeurs de Thespis et de la Rancune. Leur troupe n'étoit composée que de cinq acteurs , .dont deux femmes et une petite fille. La plus âgée de ces femmes , qui étoit Tépouse du directeur , jouoit ^»ns l'occasion les /7^rfJ nobles et les jftnanciers ; et fa

CHAPITRE LXXIII.

plus jeune étoit ou Colin ou^ Cohttej selon les df- " constances. On donnoit ce soirJà V Honnête Criminetf drame pathétique , et qui pouvoit faire inonder de larmes ies mouchoirs des habitans d'Aups : on devoit jouer ensuite les Fausses InJidUHés; certainement le langage de cette pièce^ toute fondée sur les usages et le jargon de la société , dut paroitre absolument étranger dans ces montagnes. Mais on préparoit lou Groulié bel esprit [ le Savetier bel esprit ] , pièce provençale , dont la représentation étoit attendue avec une vive impatience.

La ville d'Âups n'offre rien de curieux ; elle est seulement un peu moins noire et moins triste que la plupart des autres villes de la haute Provence. Ueau y est très-abondante. Il y avoit autrefois un chapitre ancien et très-célèbre (i). Le maire » M. Giniud, à

(i) Ses Statuts, que j'ai fus dans un cartulaîre que possède M. de Saûnt-Vmccns,n.** loi , ont été faits en Tan looo, confir- més dans le XII.* siècle par Eugène III et Anastase IV , et rédigés en 1302. On y a indiqué Jes heures Ats anciens offices, fes distri- butions dont étoient privés ceux qui xCy assistoient pas. Les cha- noines étoient nobles ; ils dévoient, à cause de cela, porter sur la tête un morceau de fourrure, veïlutum qûîd , à peine d'être excom- n)unié$. Ils pouvoient avoir un chien , un cheval , un oiseau de proie. On y voit aussi l'usage de faire brûler une lampe devant le sanctuaire , luminare ante corpus Christi ; de donner l'hospitalité à tous pauvres venant y la quantité de pain ,. de \4ande , de légumes , que chaque chanoine avoif par jour. Les bénéficiers dévoient respect aux chanoines, à cause de leur noblesse, &c. L'évêque de Fréjus pouvoit visiter le chapitre j miis s'il y demeuroit , c'étpit à se$ ïrm^

■■ri^ I

4;t çjfi^riTR» fL^xHU

ffà M. Fattchet fkm$ sm^it adres^é^ » nws dicz M. Esparron, qui po6$è(te vum Jbdie 4uzie d*.^^ Mtœ : elle a été trouva? k Puymwsm Ueu voisJQ de Riez ; elle r diK-4imt pouces 4e hiUl » et PP 1^94 dans son grand diamètre. J'en lu fait ilg^rar U &>aa# ( pi XXIV, n: 41). On tfouva iwforè^ <»^ ttc^ fimgiBens d'nœ même inscriptîoii ;

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Les lettres AVGT avaient (ait cnûre ipie ealte time étoît du temps <f Auguste ; mais on sait que \c titre iSntiguste a été donné à tous ies empereurs ro^ mains et à leur famille. On a d'al^e^rs trouvé dans le même lieu des ntédcôUes de Marc-Aurèle; etia forme deTume^avec ses rudenturesen spirale, peut la faire attribuer au 111/ siècle de notre ère. On retira encore de ia même fouille un anneau d'or avec une tèt^ d'aigle.

Nous desirions voir la fontaine VEvêqut , et pour cria nous ne pouvioiiis suivre la route ordinaire. Nous prhnes à Aups un second guide , pour ne pas nou» égarer : il nous conduisit d'abord à Bauduen , l'on trouve d'assez beau marbre ; et vers huit heures ^ nous étions à la fontaine VEvêque , nommée ain^

parce cpi^ÈHe mt jfpismt da iieti 0a un évéqoe de Kbz JtToit êâthêiûrmie raaÎBon 4e plaisanoe. Cette sùvgce sort ivec un grand ûzdi ^ causé par son impé^ moshé et son abondance ; mais oh peut dire ^'eSé €ât beançcmp de farnit pour peu de diose. Apvès «votr donné le mouvement à <;udcpies moulins, eBe va s^ perdre àdeux cems pas dans le Verdon : les eaux de cette rivière f mpièuent chaque jour sur ce court et^ paoe. On fabrkpiç à Baudbien des draps giossiers. B étcHt près de neuf heures quand nc^us fèmes sur ie l>oid du Verdon, et le gaifirur ( i ) avoit quitté son poste; cmtitt^-temps d'autant pku fâdieux , que le Verdon avoit beaucoup grossi. Cette rivière , qui pvead sa source dans les montagnes de Barceion- nette, roule presque toujours parmi des buics de locha^ dans des vattées très^resserrées. Entre Bau- doen, nom étions, et Sain^-<Croèc , ^i est sur I^tre live ^ il y a de grands aifia^ de cailloux rou<* lés; et cette rivière, ou pktèt ce torrent, grossit d'une manière étonnante en quelques heures, sur^ teut vers ie soir. A cent pas de Bauduen , ses eaux se sont fait fbur à travers une m<»Ttagne calcaire, par une scissure étroite et profonde coupée à pic sur ies deux bords : on y remarque les restes d'un pont romi^. Le V«*don va se jeter ensuite dans h. Du- rance au-dessous de Cadarache.

( i) C'est ainsi que i*on appeiie celui qui fait passer les hommes et les chevaux à gue.

44 CHAPITRE LXXIII.

Le gaifreur revint enfin nous prendre : nous pas- sâmes la rivière avec une assez grande difficulté; nos chevaux avoient de l'eau jusqu'au ventre. Sur la rive opposée, f eau s'éloit répandue dans les champs et les marais , et nous eûmes bien de h peine à nous retirer de ces terres bourbeuses.

Enfin nous arrivâmes à la montagne Sainte-Crbk ; mais, parvenus au sommet, nous ne. pouvions rien distinguer, tant l'obscurité étoit épaisse. Nous étions sur les limites du dép^xtemeni des BasseS" Alpes, àzn% le territoire des anciens He'i , qui dépendoient des Salyes. Il étoit onze heures quand nous arrivâmes à JRiei , à demi morts de fetigue et de faim. - Cette ville est une des plus noires, des plus tristes et des plus maussades de l'ancienne Provence; mais elle est curieuse pour un voyageur, à cause des beaux restes d'antiquités qu'elle renferme encore. Il paroit qu'elle avoit le nom d'Aleiece , avant de por- ter celui du peuple jd<mt elle étoit' la capitale : on l'appela ensuite Alebece Reiorum ApoUinarium ( i ) ; peut-être ses habitans prirent-ils ce surnom à cause du culte qu'ils rendûient à Apollon. Pline dit que c'é toit seulement un oppidum, qualification donnée aux villes qui jpuissoient du droit latin ; mais dans plusieurs inscriptions elle prend le titre de colonie.

(i) Ptm. m, 4.

CHAPITRE LXXIII. 4}

Dgns des t^B{>$ moins anëi^s , die a reçu les noms de Riffum et Rem$ d*oii s'est fonné celui de

.Quoique cette Y^Iie eût ^ avant la révolution , un évéçhé f eUeiip ren^rme aucun édifice un peu remar* qUfd>Ie : personne ne paroi t s'y occuper des sciences et des lettres ; et nous n'aurions pu obtenir les moindres renseignemens , sans la complaisance de M. Joseph Morenon, orfèvre, qui , sans avoir fait d'études , a un :g9Ùt naturel pour l'bistoiFç et les monumens de s(H> p^ys : c'^t k lui que je dois les dessins de la pf^cke LI/I, ils sopt représentés.

II nous mena d'abord voir les qus^tre magiuifiques colonnes qui. soQt à une portée de fiisil de la ville , sur le grand chemin (pi, LlUifig, i J :h bâtisse sur laquelle elles posent est d^ pierre fi-oide ; les bases et les chapitea«pc sont de marbre ; le fût est de granit de Provence (2) ; l'entablement qu'elles supportent est décoré de différentes moulures , et l'on remarque disons des omepiens qui variant entre chaculi de$ trois entrç-coIpnnemens/i^iVi;i/^2^.0nafait sur ccft édifice bien d^s cpr^ectures : quelque^-ims prétendent que ces colonnes étoient au nombre de douze , et

(i) On lit, clans le Mercurt de juillet 1748, une lettre sur ie nom de Riez.

(a) Hauteur du fût; 5 «n^«« 85 ««ntiméu*».

Circonférence 2 3 ^,

Entrc<olonnement^ * ^ . < i*

iC ohaVitré txxift:

qu'on^HTok ^cé au wS&éû la staetcte toldssalé é^Apd^ icsn ^ ultm l^inion^ de Scikté , eil^ dé(k)rôieMt l'entrée tfun mausolée; et le P. Miraillet pert^é que ccf sont i«s ye^èé iTmii prét^h^. Ces ^gùi^ éon|ec- ti^c» sont; piédèémeia ^ qui désfbô^c^ h iéeMè ée$ an^ké&; p^ U culti^^ âveé siiR^è^, fi^nit tavoôr à'absfeniiTy aimique dans tMtes les autr^, d'expliquer ^6 qvt^mt' ne peut déeidiivrir. Côthme c^ ne possède aucun reftseignemeht sut Tédificé àut^iël ces be&fr^ddnnes^oiit appanenu^ €<)^it«e^ opkiîi^ii % cet %aiiès«ikHt hasardée : mais' on peut jvtgètA^'^ lement, d'après de si beaux restés^, sli^ ntagfâfii^ cence et de sa majesté.

A (pielque ^stance de h est iljtie rbtidnde déM iss murs modernes sont soutenus pai* huit -colôÂiié^ et gtmnît , d'ordre corinthien f iHd. tt? ^} ûaxxMé les précédentes (i) : au milieu ifti- ^dRfhie qu'on A cMsmiit dessus es^ uiïe peme fâilferile; On erdlt qup cet édtfke a iông- temps stPà de bapti^è^ét C^toît probablement un temple ctttulalre : dn ftrt èxxmà k nomade Panthémi^ \ cause de Finscriptiôli suivjâstë^, qui a été trouvée dan^ une diapellë

(i) Hauteur îa^rcJtonde lametres ^8 cendmétrèi

Sa crf conférence extérieure i6 oo.

Hauteur ctu fôt des colonnes 4 12.

Circonférence i 6^,

£ntre-coidntiement. .»..., t 5^9.

vdsnie, et qtrbir tok âUjotiritlio) dans^qn «ngiecto Fétiific0 (t) :

W hI , IIIIIIIIM Mil

AVCVSTÔRVM CVR A

On a interprété ainsi cette in^ption , 'Aux DieiNC , par les soins, des Augustes ; mais il est é vi- desnt q^'iI faut lire ^ Aux Divinités des Augustes, par

les soins de Le vidfe laissé sur la pierre devoit

contenir les noms de celui ou de ceux qui avoiênt fait cette inscription votive, laquelle n'a voit proba- blement aucœ&e rehitibn: avec le tempte. L'inscription à la mère dô$ Atmt^ dont ^ ferai bientôt mention , et fa forme cjroilàil^ de^ i%difice, qui étoit celle des temples con^cté^^ k Gyt^ , ainsi xjue l'attestent plusieurs médaillé» , M^ {>a^ssenf devoir faire pré- sumer que celui-ci à a{>|mtteii«f au culte de cette déesse. Cet édifice a été long-temps sans porte: il a servi

Segiofsis, ai. » _

48 CHAPITRE LXXIII.

aux réunions des pénitens de Riez ; depuis la révo^ lution, il étoit abandcHiné aux gens de la campagne , qui y trouvoient \xn abri lors de la moisson : c'étoit aussi, pendant toute I'anné&, la retraite des bohé** miens ou diseurs de bonne aventure qui parcourent la Provence ; ils en ont noirci les murs en y faisant leur sale cuisine.

Sur la place ^ en face de la grande porte de Té- •glise y il y a une fontaine semblable à toutes celles qui sont d'un usage si commode dans les villes de Provence : la pyramide d'où sortent les jets est sou- tenue par une pierre carrée fpL LUI, nJ^^J^dont la face vers le sud et celle vers le nord sont chacune ornées d'une tête de taureau, d'une tête de belieret d'un cône de pini La face vers Test porte cette ins- cription ( ï ) :

■i 1 1

MATRI PEVM

maq^Aeqve idaeae

l. d^cimvs pacatv6

et cqelia secvnpina

: Eiys op saçrvm;

TAVROROW F

A la mère des dieux , et ponde Idéennè , L. Decitnus Pacatus et Cœlia

^•^*^"

(i) MuRATOR.xxxii, 5 j Don. ^; Bouche, Çhçr.dt PnweAce, 59 5 Bartel , Pr^nles ecdesia JRegiensh^ ao.

S(cundina ,

,,

CHAPITRE LXXIIÎ. 4^

Stcundinût son Cotise (i), pour un saq^ifce de taureaux qu'ils ont fait (2).

Cette inscription votive a donc été tracée en com- mémoration dW taurobole à la mère des dieux : la tête de bélier indique que ce sacrifice a été suivi d'un criobole en rhohneur d'Atys , son prêtre et son favori.

Peut-être l'édification du petit temple rond que je viens de décrire, a-t-elle été aussi l'effet de la piété de |L. Decimus Pacatus et de Cœlia Secundina en- vers Cyfaèle. Cette conjecture a quelque probabi- lité. Il seroit nécessaire d'enlever cette curieuse ins- cription , dont les lettres , rongées par l'action des eaux qui coulent continuellement de la fontaine , auront bientôt disparu.

On rencontre encore dans Riez quelques autres inscriptions antiques. Nous vîmes , dans la rue de Paris, ce fragment d'une pierre qui a été sciée pour être employée dans des constructions :

M A IN J

VENNI^

ET -IVLirj

TERSAC't

HONOR!^

liSACEFT^

NIOIVLIO^

(1) EJUS, sous-entendu conjux, commt cela se remarc^uc dans^ plusieurs inscriptions.

(2) Faaum,

Tome IJL D

/

JO CHAPITRE LXXIII.

Dans ia makon de M. Cc^ordan , on !h cette inscription ( i ) , qui a été trouvée au bas de la colline Saint-Maxime , du côté du nord :

C

^.

(

mmrmmmummim

VERV8

VER A .. SO M ETI ; SATVimiNAE VXSORI

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SATVRNINA]^ VER I FILIAE

i**"— •■■^■-iw

)

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(i) MURATORI, MCCXI, B.

CHAPITRE LXXin. 51

Cette autre, qui est aus^ dans la même maison, se lit sur une pierre qui a été tirée des fondemens des remparts : H paroît qu'il y est mention d'un curator d'Avignon (i).

n ^^1 >

QVAESTV^

PRAEF^

CVRATORj

AVE

NI^

PATR^

A

M. Morenon nous conduisît près de la ville dans une maison qui appartient kM. de Campagne. Nous vîmes dans la cour une pierre en forme d'autel , avec cette inscription, qui a été troiivée en 1703 près de Tédifice circulaire dont j'ai donné la description ; peut- être est-ce un vœu k Sylvain par Diadumenus (2) :

•^•Ê^m^

(r) ¥tat'étTC faut-ii sons-cntciKlre retpublîca ou publicce pe^

amm,

(a) Ce Diadumeniis devoît être iefcrmicr {pittUus} de Syrn- piioBtuSy dont le nom est g^ec; et c'est- pour obtenir ki fertiiité i'i k terre qu'il offre cet autei à Sylva»,

D a

L

5^

CHAPITRE LXXIir,

DIAOYW^

NVS SYMPHOEi*

Nous trouvâmes encore dans la même cour le fragment suivant :

%;«

VCiuk'^*^

i

iMPCAESARETRA L

^HTADRIANOAVS Pf ^^AVIÀSSinCESTni^^

Le sol des environs de Rfez présente ime espèce de poudingue mêlé d'un gravier fin, de beaucoup

(l) MURATORI, LXVII , lo.

(a) aVCTORE ÎMP CJESARE TRAJatio HADRUNO AUGUStê' ^. . VIA SILICE STRucta,

CHAPITRE LXXIII* 55

de cailloiix et de sable; il se bris^ sous les doigts avec une extrême facilité. On a trouvé à une liéue la ville , dans du sable que.Fon extrait pour faire! la couverte de la faïence y plusieurs dents d'éléphant f de neuf à dix pouces de longueur.

Sur une montagne près de Riez , on voit une cba- pelle dédiée à S. Maxime , patrpn et Fun des premiers^ évoques de cette ville. Six colonnes de granit en dé- corent rintérieur , et il y en a deux autres à l'entrée : elles proviennent sans doute des édifices somptiieuifr cjue renfermoit Tancieiuie ville. Le bénitier ,. d'une assez belle forme , est de marbre du pajrs. Au-dessus de l'autel est un tableau représentant une apparition de la Vierge à S. Maxime , et qui se fait remarquer par des traces assez singulières du vandalisme révo- lutionnaire : pour donner à ce tableau une étendue proportionnée à la place quiî occupe , on Ta entouré avec un autre tableau coupé par bandes ; de sorte que chacun des cAtés de cette bizarre bordure offre le coup-d'œil repoussant de têtes , de bras, de mains et de jambes séparés du tronc."

La plupart des^ villes de la Provence ont des fêtes locales, auxquelles les habitans sont très- attachés;, ils les célèbrent avec beaucoup de pompe, et pres- que toujours d'une manière extrêmement bruyante. A Aix, comme on l'a vu, c'est celle de la Fête- Dieu; dans plusieurs villages des environs de cette ville, c'est celle de S. Éloi; à Manosque, celle de

. ^ 3

*

y4r CHAiPiTBE LXXÎH.

S. Pancrace ^ 8lc. |je guet dt S. Maktme a fieu à Riez ( I ) , durant les trois joiirs^ de Pentecôte : c'est une bravade entre ies Qirétîens et les Sarrasins. Les babîtans aisés , vêtus & la hussarde , composent uil corps de cavalerie bien monté (2) : les artisans se réu- nissent en compagnies de fantassins. Les Sarrasins ont des cocardes vertes et des étendards de même couleur. On élève dan$ le préau de foire , près du tçmple rond et des quatre colonnes, un fort construit en planches et orné de feuillages verts. Le dimanche et le lundi , fes Chrétiens attaquent et bloquent ce fort , qui est occupé par les Sarrasins : il se consommé , dans

t

/

V

(.<) Qaelqu£6 anecdotes attestant îa passion mcroyâMe que Ton y montre po*ir cette c^pémpQi«« Un pauvre habitant qui ne pos- ^^doit qu une truie et seS douze petits , ies vendit pour acheter de la poudre. Sa ftmme, furieuse, court après lui, et, au milieu de ia bravade > Taccabie des plus jtistes reproches. Le iharî se retoui^e voyelle en riant, ooi^tiniio de tirer r et iui dit à chaque coup de fusil : Tiens , voilà encore un petit cochon fui crie. Un autre» dont la femnie étoit morte le jour de ia Pentecôte, cacha cette perte pendant les trois jours de fa hravanc , pour ne pas être obligé, par bienséance, 5e priver du plabir d'y prendre part. On çn a vu un troi^ièn^c yasaister,quoiquesonpère fût mort trois jours auparavant.

(2) Lorsque nous allâmes visiter fe temple rond, plusieurs de ces messieurs nous accompagnoient. Leur petit uniforme est veste et culotte de nankin, avec liséré et ornemens k ia hussarde en petits rubans de velours ,* le grand unifoi^ne est beau et riche. Si quel^ que personne de marque vient à passer par leur ville, ils lui four- nissent une garde d*honneur.

•^iM^m^^Am

CHAPITRE LXXIII. 5J

cette occBsioii , quioiie à vingt quintaux de poudre. Enfm on s'empire du fort h tfoisième four ; on ie ssaccatge^ on le brâle, et Ton emmène les Sarrasins prisoniueri fissqu^uxx poftes de la viUe» Le tout iimt fax un repat* Le iendemain , tout ie monde va & Samt*-Max3me ) poipr œiùerçiet le vénérable patron âe la ville de ce que personne n'a été blessé* Là, le commandant de ia bravade se nomme un^uccesseut pour Tannée suivanfe : fl le désigner €n plaçant son chapeau sur la t^e de celui qu'il f uge le plus digne de rempKr cette place ; et ce dernier y en signe d'ac^ ceptatîcm, lâde son fet, c'«st-à-dire qu'il tire un coup de iùfiil dans TégBse ( i )

Qu(^|ue Riez soit au milieu des montagnes , ses habitans n'iaim^it point à être appelés mênûignards ; ifs donnent ce nom k ceux de Moustier, qui ha* bitent un pays plus élevé que le leur ; et ces derniers prétendent <^e ce nom ne convient qu'à ceux qia som^kicc^^ plus enfoncés dans la r^on monta-" gneuse.

Riez n'a d'autres fabriques que quelques tanne- ries et quelques mégisseries : on y recueille beaucoup d'amandes. Ses vins sont assez estimés (2),; et en

(i) Cette fête est sans doute ancienne. Elle rappelle les ravages des Sarrasins dans le pays , et la terreur qu'ils y inspirèrent.

(2) Vinum Reiense super ottmia vina recense. Cet ancien proverbe iatin prouve la réputation dont ii jouissoit.

i> 4

j6 CHAPITRE LXXIII«

elBfet, quoique peu spiritueux , ils donnent unè'boîs- son agréable : ils perdent cependant aujourd'hui de leur bonté , parce qu'on réserve pour les oliviers les terrains exposés au midi , et qu'on plante la vigne dans ceux qui sont au nord. En général , le$ vins de Provence n'ont pas la qualité qu'ils auroient si l'on youloit choisir les plants , les bien exposer , ne point les placer sous i'ombrage des oKviers et des figuiers , qui leur dérc^nt les rayons du soleil; et même, sans ces précautions, on y feroit encore de très-bon vin, si les procédés mis en usage pour exprimer cette iiqueur étoient mieux entendus : mais on la donne à si bon marché , que le débit ne pourroit dé- dommager des frais d'une bonne maiiipuiation. On se hâte de mettre le raisin dans la cuve, on le presse à l'air libre et souvent même lorsqu'il pleut. On faîsoit autrefois un excellent vin cuit , qui n'étoît pas jugé indigne d'être servi sur la table du Roi ; mais on néglige au|ourd'hui ce, genre de fabrication.

y

.f^A

chapitIie lxxiv.

PUYMOISSON. yioMSllEVi.'- Notre-Dame de Beau-, ve^er, Le sire de Blaccas. Senez. Digne.

Bains. Dessins de M. Constantin. Villages des montagnes subalpines. FoNTENELLE. MA Li GI ER. •^Rocher coupé. —^ Sisteron. Histoire. Ville.

Excursion à Saint-Geniez. Inscription de Dar- danus. r— Plantes. -.— Theopoljs, r Notre-Dame de Dromon, Houille. Retour à Sisteron. r Ins- criptions supposées.

Il étoh à peine deux heures du matin lorsque nous quittâmes Riez , le 28 juin. Nous passâmes près de Campagne ( i ) , et fûmes bientôt à Puy mois son (2) , dont le château â, été détruit par les gens du pays pendant la révolution. II auroit falhi prendre sur la droite pour aller à Aîoustier et à Sene^^ ; mais ce détour nous auroh empêchés d'arriver à Marseille à temps pour nous rendre ensuite à Beaucaire. La situation de Moustier sur la pente d'une montagne , au bord d'un précipice , et un monument singulier qui y existe , méritent cependant d'attirer inattention du voyageur. Le nçmde AfoustUr est une corruption du

—^1^ I I H^— .— *i—i ^— ^— M»^—

(i) Supra, page 51.

[2) Appelé dans les actes Podium Mois^num > sans doute à caïue de la fertilité de s(m territdre*

j

58 CHAPITRE LXXIV.

mot latin manasteriûlum : H vient ^mi monaslève <gM les religieux de Lérins y avoient fondé vers ia fin du xi/ siècle. On remarque h. côté de cette ^ille la cha- pelle de Notre-Dame de Beauve^er ( 1 ) , qui est bâtie entre deux montagnes très - escarpées. Au sommet de chacune de ces montagnes on a fixé une diaîne , au milieu de laquelle est une étoile à cinq pointes qui est suspendue sur Tabime 4 on croit que c'est Faccompiissemcsit d'un vœu fkit à la Vierge de Beauvezer par un chevalier que quelques personnes disent être Anne de JViquety , et d*autres le sire de Blaccas , qui se distingua autant par les agrémens de son esprit que par sa force et son courage ;, et dont le nom décore la liste des Jjraves et celle des trouba- dours provençaux ; mais on n'a sur ce point que de^ conjectures (2). M. Morenon a bien voulu medon;^ ner un plan de c^ site singulier f pi, LIV, n! t); i| es( aussi représenté dans l'ancien éci^son de Môusr tier. On couservoit dans l'église , dont on attrxy bue la fondation à Charlemagne, àQ% reliques qu'dn disoit avoir été domiées par ce prince. Il y a dans la ville une manufacture de faïence : les villages voi^ sins sont peuplés de tourneurs qui travaillent le buis , qu'on y cultive pour ce genre de Êbrication.

Sene-;^ , à quelques lieues plus loin , est une ville

{1) Q^tstrV'à^^^^deBtlUmie.

(3) PaPON , Histoire d(^Pr$v€nce^ t. Ï/S î>îigc ié^\.

CHAPITRE LXXiy. 59

noîte , triste , et qiri ne renferme aucune curiosité. Le climat y est tempéré en été , maïs humide en hiver : la plupart des habitans descendient alors dans la basse Provence pour y feire paître leurs troupeaux ; toute la contrée est presque déserte pendant cette saison.

A cinq heures , nous descendîmes une montagne rapide nommée Tellon ; nous traversâmes le village SEstoublon; et après avoir passé l'Asse surtm pont très-long , nous remontâmes fa rive droite de ce torrent , laissant un peu à droite îe village de Alezan , et nous arrivâmes à Dl^e vers neuf heures, sans être descendus de cheval.

Digne, autrefois Dinia (i ) , itoît la capitale d'un petit peuple appelé Bodiontiti, On regarde son siège épîscopal comme très-ancien. Cette ville est petite , mal bâtie , située au pied de hautes montagnes , sur les bords de la Bléonne , torrent qui en reçoit plu- sieurs autres, et qui rbule comme eux d'immenses amas de cailloux. Elle n*a rien de curieux que ses bains.

M. Alexandre de Lameth , qui étoit alors préfet du département , et que j'avois eu Thonneur connoître partiailièremeht à Paris , nous reçut avec ces manières aimables et élégantes qui le distinguent.

(1) C'est une opinion accréditée <ïans la ville, que César a parle de Digne en ces termes, Dîgna, urhs indigna , îatronum spelunca [ Dignes ville indigne, repaire de voleurs ] \ mais fan- cien nom de Digne est Phila , et \\ ne se trouve pas dans les Commentaires de César.

Co CHAPITRE LXXIY.

11 nous condiûsît ai*x bains : on y arrive par k grande route d'Italie; il faut traverser plusieurs fois le torrent. a^ Aiguës-Chaudes , qu'il seroit nécessaire de contenir dans son lit , afin de réserver un passage conve- nable pour les voyageurs. On percevoit pourtant le droit de passe dans cet endroit , qui est souvent impraticable , même pour im mulet.

En arrivant vefs la maison des bains, qui est éta- blie sur les bords du torrent, le chemin n'est qu'une rampe très-étroite pratiquée sur le flanc de la mon- tagne I parvenu à la porte d'ime masure , qu'on pren- droît pour l'entrée d'un toit à porcs , on se trouve dans une prétendue cour , qui n'est qu'un long et étroit couloir entre le bâtiment et une montagne taillée à pic et d'une hauteur excessive : le .soleil n'y pénètre que pendant les courts momens il est à sa plus haute élévation. On voit souvent des reptiles , sur-tout aux époques de l'accouplement , tomber deux à deux de ces rochers -.heureusement leur mor- sure n'a rien de redoutable. Lorsqu'on lève les yeux , l'imagination est effrayée de la hauteur des masses de pierres brunâtres, qui semblent prêtes, à s'écrouler et à écraser les bâtimens. On est surpris , en entrant dans un lieu dont les abords sont si sauvages, d'y trouver une distribution assez commode et aussi agréable que l'âpreté du site peut le permettre. Le long d'un grand corridor sont différentes chambres pour les malades \ à l'extrémité est la chapelle. Les

Chapitré lxxîv. 6i

bains sont alimentés par des sources dont la chaleur est naturellement graduée : on y distingue , i .* la source d(S Vertus ^ qui est presque" froide ; 2.* teUe de Saint-Gilles , qui est consacrée à ce saint , parcd qu'on prétend qu'il a habité dans les cavernes de ces contrées ; 3 .** celle de Saint- Jean ; 4*** l'étuve ( 1 ) , dont l'eau est à un tel degré de chaleur , qu'oii ne peut y demeurer un instant , la porte fermée , sans sentir couler de tout son corps une sueur abondante^ Le mois de mai est le temps o^i^oil vient prendre ces eaux, qui, étant très-chaudes et fortement impré- gnées de vapeurs minérales , ont une grande effica-^ cité pour la guérison de& blessures* Quelques géné- raux français en ont dernièrement éprouvé les plus heureux effets. La proximité du théâtre de la guerre en Italie rendroit fort utile l'établissement à Digne d'un hôpital consacré aux militaires blessés.

Nous passâmes la soirée à la comédie, une

petite réunion d'acteurs tirés des deux" théâtres de

' Marseille jouoit la Alort d'Abel; l'orchestre , com-

posé d'amateurs , étoit conduit par un musiciea

(i) Consultez Les Bains dt^CjjgHt en Provence , par SÉBASTIEN Richard , médecin ; Lyon, 1 6 1 9, in-8.** Les Merveilles des bains naturels de Digne en Provence ^ avec un traité de leurs serpens sans^' venin, par D. T. DE Lautaret, mcdecin^Aix, 1620, in- 8.** - Mémoire sur les bains de Digne, 170a, in-fol. ChaMPORCIN et RlCARY, Analyse des eaux de Digne, Voyez aussi ïfiistoire de la Smiti de médecine, tome I.*' , page 336.

6z CHAPITRE LXXIV*

napolitain. Nous avions pris, avant le spectacle, on grand plaisir à voir les porte - feuilles de M. Cons« tantin : cet artiste a un talent très-distingué pour les paysages à la gouache ^T'à la sepia. Après âfvoir demeuré vingt ans iT Aix , il s'est fixé depuis trois années à Digne. )Les vues des environs de la villa qu'il a exécutées pour M. de Iiameib , sont très* belles. Le généreuac propriétaire de ces desHns a bien voulu me pernaettre de làire réduire celui qui représente les bani^x)!» le placer ici {pi, L V }.

Digne acquiert au^CMurd'bui qudque impoftance ^ pa^rce que c'est ie chef-lieu du département et la rési* dence des mepeibres des principiJes autorités : elle sera toufouis célèl»^ poikr avoir été la patrie de Gassendi, qui naquit en 1)92 à Qiamptercier ^ village à une demi ^Keue die la vîtte ; il a été chanoine et prévôt de la cathédrde.

Mon projet étoît de m'anrèter à Skniane.. Bovis , ancien membre de la Convention nationale,, et au^ ^rd'hui directeur ^^ contributions du département des Basses-^iUpes, me proposa de nouâ accompagner pour voir M. Pallier , notre ami commun» La con- noissance qu'ii^voit du pays, nous fut aussi utile que son aimable gaieté nous étoit agréable. En quittant Digne , nous longeâmes le torrent de Bléonne y et tra- versâmes le lit de |4usieurs autres torrens qui vœnnent s'y jeter. Le chemin est assez beau jusqu'au Rocher Cdupé, appelé ainsi , parce qu'en effet la route y a été

CHAPITRE hXXlYk 6^

pratiquée entre deux lochets par h mam des Itômmes. Ngris vibmb it droite, sur la montagne, ie châ^au de FontintlU, oorupé paf M»>^ de Minbeauu

Amvés aa irittage de Alaligrer, nous y fômes reçus aT6c beaucoup d'aâ&bilité par M. de Mal^ier, Biaitiv dit chiteau, Api^ avoir accepté qudquei vafrsâctBSsemens, nous reprnnes k route de ^teron , nous arrivâmes vers otnase heures»

La contrée que ooiis avions tiaversée est dans lei montagnes subalpines , qui commencent h D^e : les viHages sont dans de peiâts vaUons ou ^r des coteaux ; ils ont un air de misère et de vétttsié qui contraste I)eaucoup avec le riant aspect de ceux des cositrées méridionales de la Provence. On lencomre cq>endantde vastes prairies, d^isiez beaux champs de blé ; ie revers des montagnes est couvert die ibrèls : msûs ce paysage n^est point animé par la vigne et Tolivier. Le département est borné vers I^e par cefaû des Alpes-Atarithnes ; et au«deik de Sisteron , par le département des Hautes- Alpes^, sont les montagnes du Dauphiné*

Envur^n une iieue avant d'être à Sisteron , on suit les bords de la Durance : on a k sa droite des mon* ^gnes calcaû^es , dans lesquelles on voit de temps en temps des fiions dfun marbre blanc grossier , mar- qué (fe veines grisâtres : on distingue dans la masse calcaire, des ammonites, des camites etd'aufres co* quilles pétrifiées. '

6i CHAPITRE LXXIV,

Sisteron est nommé Segustero dans Tltinéraîre (PAntonîn et dans.Ies Tables Théckldsiénnes : c'étolt probablement son nom celtique. On l'appela ensuite Civitas Segesteriorum , puis Segestermm , et enfin , Sisterium, d'où il a été facile de faire Sisteron. Cette ville a été , en I j 5 2 , le théâtre de sanglans combats entrei les protestans qui s'y étoient réfugiés et ies catholiques, qui parvinrent enfin à les en chasser. ehâteau a servi depuis , pendant quelque temps , de prison à Casimir, roi de Pologne, lorsqu'il fut àrVêté , à son retour de Gènes, en 1658 , par le comte d'AIais.

Pour entrer dans Sisteron , on traverse la Durance sui* un pont d'une seule arche. Rien de plus affreux cjue Paspect de la ville vue de la rive opposée de cette rivière : c'est un amas de hideuses masures élevées les unes sur les autres en amphithéâtre , et qui paroîssent ne recevoir le jour que par des ouvertures longues et étroites comme les fenêtres des prisons.

II étoit trop .tard pour aller voir Theopolis et ^'inscription de Dardanus : cette partie fut remise au lendemain I et nous employâmes le reste de la soirée à visiter la ville et à prendre un repos nécessaire^

L'intérieur de Sisteron n'est pais aussi désagréable que ses dehors ; il y a plusieurs maisons bien bâties , une place assez spacieuse , et quelques rues qui ne sorit ni aussi laides ni aussi étroites que celles de Riez et de Digne.

Nous

\

' Noui pibtîtiie&^cimra&ileJfendeitiafiaiI^ k^resï dttinatia : nqos éironsL sans gpide , celai iqua iiousr0(vbfi5fettiinbla-vettliia]{i0t manipié depaiolep 'mw oit pmis mdiqujt si EitetL DOdw roàiÊe^ isfàé nooi» ne nèusr égartm» pokiL li ^ous. iàlfot tniverser ui^ payçf presque inhabité , en suivaBt unichemiq é^oât y à peine fmy>^ , et couvent pratiqué suri le horci des pp^ipkes. Ces montagnes >soilt &rt arides ^'ettm produisent que de( bui^soi»^ ; cm :^rçpit' istule^ ment , ^espace en espace , ^qaelques coins terve ea culture et des af bres très^clalrsieinés. Epfin on smve^ à VBà lieu nA tes moAtagnés se^ resservent ; iet cbemût passe d^s \e fit dVm «orient » entre deur sochersi escarpés : c'est au point te termine oécte goi^e y et la vallée (^cKimience , i]ue se trouve Ig belle inscription qui attirolt notre curiosité , et qiics Foa nomme dans le pa^s ptfra 9^s$rtUo [ pierre écritié ]i J'ai; ào&aéî (fl. UV\n* :t )MXi<^ vue de ce site pitto-^ resque ; ^ la dois à f amîdè de M. Ssmson , ingé» rieur des ponts et chaussé^, dans le dépanement des Hautes-^pesy qui a eu aussi la bonté de &ire pour mon adas^ plusieurs autres dessins intéressa ns^

Cette inscription a déjà été publiée paj- plusiçuf^ aut^rs ( I ) , mais, sans être figurée , et toufours d ur^

\

(i ) SpoN , Misctll. I 50 ; SiRMQND , Antiotationesin APOLLINAR. a m Thesauro GROI^ortT, toifn. X, pag. nJ^-, SlBONIJ EpisL \. V, cp. 9 ; GruTER , CLI, 6; BerGIER , Grands Cîtemms , i6f j BoLDON. Epigraphica,%t)j\ BoUCHE, Chor, de Prov, a44integr.^

Tome IIL E

^6(6 CHAPITRE JLXXIV.

manière . inexacte* M. Je . SOUS -jpréfèt de Sisteron nous eh avoit procuré uiie copie plus £dèle que celles qui ont été imprimées : nous employâtties deux heures à la confronter avec l'original , et nous y trpuvâmes .encore quelques inexactitudes. Celle que je publie ici, a été fait^ avec la plus scrupu- leuse attention. H^est aisé de juger qu'aucun des auteurs qui ont parlé de cette, inscription et qui en- ofit imprimé des copies , n'a pris la peine d'aller la voir dans le lieu âpre et sauvage , mais pourtant intéressant et pittoresque ,, elle est plî^cée , et èù elle pik>duit un effet si.beau et si singulier, que ce rocher mériteroit . d'être imité dans quelques-uns de nos jardins modernes.

La partie supérieure de Tîflîscriptîon est sur la Êice verticale du rocher ; mais comme la place n'étoit pas suffisante pour la contenir loute entière , le reste a été écrit au - dessous , sur une portion qui saille horizontalement au bas de; l'autre sous un angle d'en- viron soixante-quinze degrés. En voici le texte et la traductioh : ^ ^^

a^o mutil.;D'.BoÙ<iUET, JVn/r. ter. GalLtomJ, in Exe, GruT^ 1 37 ; De la GandarA , NoMHaripy armas y triumfos di Galicia » 35 ; ChorIER, Histoire du Dauphiné , 187 , mutilée; Papon , Histoire de, Provence , pag. 95 et 96 ; Hagenbuch, de Diptycho Brixiensi, p, 63 ; Mevolhon, sur des inscriptions récemment trouv/es à Sisteron, 1804, in''8,'* . >

IMi— M— ■■Élfc 11' ^* i^É—

n

CHAPITRE LXXiy. 6j

CL T^ P05TVMVS DARDANVS~IN;^ETPA rrRICAE DIGNITATIS EX CONSVLARIPRO VINCI AE VIENNENSIS EX MAGISTROSCRL

Nil UB f^EX QVAESTj^EXPRAEF f^PRET^ GALL f^ ET NEVIA CALLACLAR f^ ETINL J^ FEM f^ MATERFAM EIV5 LOGOGVINOMEN THEOPOLIS EST VIARVM VSVM C AESIS VTRIMQVEMON TIVM LATERIB C^ PRAESTITERVNT MVRt)S ET PORTAS DEDERVNT QVOD IN AGRO PROPRIO CONSTITVM TVETIONIOM NIVM VOLVERVNT ESSE COMMVNE ADNI TENTE ETIANV C^ INL Ç^ COtA Cy ACFRATllEM ^ E MORATÏ ViRICL C^ LEPIDO EX CONSVLA GERMANIAE PRIMAE EX MAG MEMOR EX COM (^ R£RVM PRIVAT J^ VTERGAOMNI

JvM SALVTEM EORV ^ «MT^M stvdivme;

Jt DEVO

.^11 II u OM it m

TIONIS PV// <r <f If "i mA mAl

TITVLVS POSStm »^<^ii ••» •■^ ■■■ »OSTENDI

Qaudius^i) Postumus Dardams , homme illustre (a) , Revêtu dt U dîgnilédi patfice (3) , ex-gouverneur consulaire (4) de la prùvinc%

(i) CLaudiuS, (

(1) vif INLustris,

(3) PATRICAE DIGNITATIS. Ces mots ne signifient pas que

Ciaudius Dardanu^ ctoit à' origine •patricienne, mais qu il avoit été

«rvêtu Awpatriciat. Ce titre n annonçoit plus dors l'antiquité on

l'illustration de la familie ; il étoit purement personnel.

' (4) EX CONSULARI, Les consulares étoicnt, dans l'origine , des

fi Z '

/

CHAriTRJI LJCXIV.

Viennoise, ex-mdttreJes re fuites ( i ) , ex^qvesuur [%), epftéfitdtt'prét^ire des Gaules (i) ; et Nevia G^Oa, femme clarissime et illustre (4) , som épouse (j); ont procuré à la ville appeléeThcofoWs l'usage des routes, en faisant tailkr des deux cotés les flancs de ces montagnes (6) , et lui

gouverneurs que l'on choisîs5oit parmi les hommes consulaires ; c*est-à-<lire, parmi ceux qui avoient été consuls. On donna» dans la suite , le même nom aux gouverneurs qui n'avpîcnt pas obtenu cette dignitç^ parce qu ils avoient les ornemens et l'appa- reil consulaires. Le consularis d'une province étoit celui qui ia gouvemoit avec l'autorité consulaire.

(i) EX MAGISTRO SCRINII LiSellorum. Cétoît une espèce de secrétaire d'état qui se chargeoit des requêtes adressées à l'em- pereur. Les mots scfininm liàellorum désignent It bcite l'on plaçoit ces mémoires,

(a) EX QVAESTore,

(3) EXPRAEFecto PRETorii GALÛœ, Ces officiers furent établis, ^ 39a , à Arles , qui étbît devenue la métropole àos Gaules, après que la ville de Trêves, ils résfdoient auparavant , eût été prise par Ib Francs. Ils étoîent chargés du gouvernement de la province pour ce qui coficernAii principalement le civil et les finances, et ils y faisoient exécuter les ordres de l'empereur.

(4) Quelques auteurs avoient lu ainsi ces mots : PPAEFectus PRETorii GALLiae ET NEMausi GALLœcia, préfet d\\ prétoire des Gaules , de Nîmes et de ia Galice : c'est pourquoi LA Gan- PARA a rapporté .cette inscription page 75 de son Nobiliaire de la Galice, déjà cité çi-dessus , page 66 , note j mais au lioii' de ces mots , dont l'expliciation seroit impossible, on lit évidem- ment NEVIA G ALLA ÙLARissima ET INLustris F E Mina,,

{5) MATERFAMilias EJUS. Cette formule peut désigner seu- lement son épouse \ elle peut aussi indiquer que Dardanus étoit mort lorsque U reconnpi^sançe des Jiabitans de Theopolis lui consacra cette inscription , et que sa veuve, Nwa'Çalla , vivoit encore. II y a des exemples que le mot materfamiU^ns estquclquçfo« pris dans Je sens de veuve,

1^6) L'opinion .communf est que le rocher formoit è wie de ses

CRAFITRB LXXtrj ^

mH dmm/df$form H des murailles, Tâut ah a S^fdikJtttlmrpHkfpre terrain; mais ii$ l'ont vouh rendre commun pour la sûreté de tous (»}. Cette inscription a et/ placée pat les soins de [i] Clnudius {■^)Lépidus^ tomte et frère de P homme d^k cité , ex-Coniuldire de la première Ger- manie (JÇ) , ex^maifreducoÈseitdesménûbesL{^)^j»<omttJêgfeikkup pardcuiiers {6) de Tétitpereur, afin de pouvoir mçmrer kur soJUtsttêde, pour le salut de tous , et d'être un témoignage écrit {2) delà reeonnois- sance publique*

extrémités une espèce de cul-dcrsac, et que Dardanus Ta faft ouvrir : maïs îc torrent qui y couîe dcpuîs' un temps dont on ne peut apprécier la àineét , cl qui a sans doute ie\é \t #ol en ttt endroit , ett «ne preuve p^ysiquis du contraire^ Ces roots M i'msr , cription , casis utrimque montium laterHus , attestent encore quç Dardanus a seulement fait élargir ce passage, en coupant de cbaqoe c^é une portion da rpcher.

(1) TrETWMrpëiLYtmtUm.Spûn zécàk maU-prapo» mmt^ téonit

(*) ADNITENTE ET! AN pour etiatn,

(3) Claudio,

f4) PRtMAE &EKMAmÀÈ, Sa métropbfe étcwt Moguntiutd \ May fnct

(5) EX MACistro ArSMOSiœ. Qn afpefciit scnuiét^' memo^ ria, ou memorialet , des o(Eciers qui étoient changés de conserver , ïcs extraits ies décfsions* rendues par le prince , et d'en délivrer des expéditions. Le ptcirfdent de ce bureau étoît une espèce de icônlstFç; il no«|niio?t mpghier scrifiii memma. Lqiû^Citrini a^cté omis îcu et nous nr lisons qmtmagister memoria.Ctto&ckr^ lors de sa nomination , recevoit de. ta main du piriflco ut»e deilicurtf dorée..

(6) BJÊ COMitt nÉRVM PmVATarkm, Cetvh l'intendant des revenus du prince , dont i! ne devoit compte qu'à lui : cet •ffiee rdrenoît% celui quepcRtplk ^joord^huf en FVaneelVMtm- dant dt la liste civile,

(7) DEVOTIONIS FVbUca TiTVLVS POSSH OFTENDK

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70 CHAPITRE LXXIV.

Uentîèrè solitude , le bruit du torrent, les sottvei* ijîrs que cette inscription rappelle , les beautés que la nature déploie dans ce lieu sauvage , tout concourt à imprimer à i'ame une douce teinte de mélancolies, on aîmerôît à livrer son cœur à la bienveillance en- vers le magistrat ^qui a feit un usage utile de sa fortune et de son crédit, et envers ses concitoyens, qui ont voulu éterniser sur cette roche la recon- noissance du bienfait qu'ils avoient reçu. Pourquoi faùt-ii être contraint de réviser son estime à celui à qui Ton se plairoit tant k Taccorder î S. Jérôme ( 1 ) et S. Augustin (2) font un grand éloge de Darda- hus ; mais ils ne l'ont jugé qwe sur ses lettres. Si- doine ApoHinaire , témoin de sa conduite , a pu Je juger d'après ses actions; et il dit en propres termes que c'étoit un monstre qui réunissoit tous I^ vices des divers tyraps qui avoient envahi les Gaules sous l'empire d'Honorius ; la légèreté de Constantin (3) , la foiblesse de Jbvîil , et la perfidie de Géronce (4). Souvent des hommes injustes et criniinels dans leur cpnduite publique ont des vertus domestiques ^ des qualités privées : ils soignent leur «famille , ils font

m^U^

(i);HlERONYMI £/;«/. 129.

(2)8. AUGUST. Epist. 57. . (3) Cciui qui passa d'Angleterre dans les ^Gaules , et sctabiit à Arle5.

(4) Cûm in Constaftdno inconstanfiam , in Jovînc faciUtatem, iV Gerontio perfidiam , siuguïa in singuUs , omnia tH Dardano Ctimiua sîmuî cxuraroitur, Si\>o^, AvohLm. Y , «^

du hieri kct qui les entouré ; ces i>onnes actions pari- ticulières méritent la reconnobsance des personnes, qui en ont été f objet. Mais les magistrats dhargés d'un grand pouvoir et auxqueb le prince a confié son autorité, sont tou^otin^ responsables^ de 4^sage qu'ils en font; et ce n^est point pour avoir répandu aiitour Jd*^ux quelc^ei tiëiiâîts ^ qu'ils doivent être absous des actes d'oppression et d'injustice dcmt ils se sont rendus -coupoles.

L'agreste Apretédu^lku est la pierre «de Dar^- danûs , est adoucie par la présence de nqml^neux végétaux qm tapissent les rochers . 0a ' bof dent les torcens. Oit y distingue i'opâirys^bifoli^ ( i )' '^ ^^^''^ Bîfiïfiée (2) : il ne restoif piôs que desi débris de cette p^te ^y afnsî que de f asphodèieà fleurs blanches ( 3) , ranttiàffc'k fleurs de:iis^(4r) , du martagon Manc piqué de pourpre (5) etde l'orchis caryopbyM^e {6) ; tnaîs I»soIdaneIIedéipAI^(^) ^ la peti«e cataire (8) ^ i'oseilkt/àifeuilles^ei^ bouclier (9) ,' la hiauve cré-

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%, -^ H.

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(3) Asphodelus albus, .

(4) Anthmcum UHago,

(5) JJiikmmarmgo pfft fmÊCtato,' (6) . Orchis car^ophyllata,

(7) SjpUanella Alpimroùuuiifolia

(8) Nepeta nepeuUa,

(9) Rsmix scKtatus»

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|>eù y}ve^ poéif ae f)as tlefiôver. de voir iiM é^ cieti» Thàopalis dbnt IeS| h^ham ise sont tnoiiùtrés

pouflsâiines; do^c lios > cheV.aax jtsscju'À Sa'a^^enit^ ^ petit village composé cte.idht; fm sk masunes, est «tùi d«Bs>iè(t6ifc'it09re4« £)rotii0invaù mi)iettd\ine xampagne ateea riaiiteTeticofuv|emè d'arbres iruimrk iNiQ^siiîi'y>ti:ou9àmes inJecJuné.fil ie inidare ;xet/^»oài5 sië savioiis k ic^î ndus/advesser.^oiiriobtaoij^ desxei»-

Jo^^qmé ieiHds^rd ilOûs>Biir^çoriti^ «a fêurie hfidnodf qin!l^ropo8atde nôu^ ajctootpagoer :fc'étfi)al:3lbiic)taÎM ^e>ce |)ién< pays, M. Xabotd^:^ (Cf^e^aon espiifc et sôifi «jn^^trttdtion ^6^^ firçn^ pi^if d^ne 'd'dihî^iBpct ^vt% farareux, nbns (forçai kiraedepter ^lihidÉjeÊBèij^aék aussitôt après nous partîmes avec lui. Au bout d'un quart- d'heure de marcbe sûr lin Terrain aride , dont les coteaux n'offrent guère que des: .iroche6^pt»)ûI-- iées , et les endroits susceptibles de ciïtÉtrirè ^nt labourés avec la charrue sans oreilles, a^ppeîép i^r^yre , nous arrivâmes au pied diir ra^€«- de DiH9»<m.. I^ Y laissâmes nos chevaux.

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(i) Maha crispa,

(3) Astragalus aquikgia folio.

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Sûri et fodier^ ()aî "esit arès^baiit .^ et Icpii n'est accessible que du côté opposé à Sain^^enitir^r oh Toh aiccaé qndcpi» restes de maçonfaern antique ; on yiBemaacqpe aussi tm 'cbeifain et un ibassin tanUét tbhs leïbc : le bassin a cinq À six pie(k> de Imigueiir sur foiffroi^ un pied et demi de profbndmry et un peu ^plittr<de detix pieds de largetiir; It y ^ fiai^s ie.^iion^ dci disiamce œn distance, ? quelques restes dercons^ vuctions antiques > et les laboureurs en découvrent souvent^ Tout ce ; vallon et les rtiomagnes: ^on aperçoit au-delà, sont ^lionnes pat d^s tontens qui, claque année , causent des éBoufemeni^ {^c» ôttiiTioitH coiisidéraUes; c^est ll^ées ébbuiemens qu'en 'a^trïbne j'al«iifi6itteiit^suoc^f lia terrain rà'atfxisfté f^dn^ tim^Tkec^lis ^ termin que fésf^^Ds^cta^pays pfétèndem avoir été^fifdfe^beaiicoitp^plur âeif4;>Oh f-irçmvé etfàoret^qi»^is/eh b^oâbâtvlà terre ^, diÉ>2mmau«?/^^^mé^aîHes 'jet dti^iti4$ HfOiteeauit

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^ De iDÉHè ^«afe , qui Ait étrétiés^împdmnte > à en îôgér i*ies»sîmaiîôns^pttr lè^'isotes <pàt^tbîent été ^ris {»Mf S^renÂre acce^bte ; ^ lè^irbÀ^ <|u'on iui hmk itî^^'^t ) , €t fSifrl1mï^lànc0;dà pférfchnagé xpki^rféiéMlétmj^siÈitty^ ne teste {){ô$ {{ne quelques ruines, son nom antique conservé dans l'inscription qtiè)ë viens d'«xp6i^ét ^ et hkvSétneife ce nom

(T^)^^T)^f*p/«,'t*est4-ah^,t^///r/fe Dieit.

.1

74 CHAPITRE LXXiy.

dans cduî de Théou, par lequel on dé^ne> aujciur- tf huî son emplacement.

M^ Lafaorde nous conduisit ensuite k ia chapelle souterraine de Nptre-Dame de Dromon, située pnàs de l*ancîertné ville dpnt nous venions de visiter les foibiesi restés. II y a environ soixante ahs.cpi'un berger, en frappant la terre avec son bâton ^enten- dit un son qui indiquoit une cavité ^: il communiqua sa découverte au curé de Saint - Gêniez ; on fit creuser^ et cm trouva cette chapelle, l'on voit encore troiç petites (Colonnes dont les chapiteaux sohi décorés de têtes d'aniiiiaux. Ce genre.d'oroe- meht avoit feit penser à M. Laborde que c'étdit;un ancien tempie de Diane ; mais ce qui détruit abscSu^ ment sa conjecture , c'est qUe tie style de ia sculpture de ce$ ic^iapi^aux est gothique,^ et qu'ib.sont.tra- yaillés dans je gdût de^ chapiteaux historiés .qu'cm voit dans pli^ars église^; J^urdessus de; .cet^: dm- pelle, on en a bâti une plus moderne en J^oàisi^riSe Notrç-Dame^ de* Dromon y.^t qui partit Ic^rjilme grande réputation d^w fo cpntréeHiNous-îjfjyime^ des béq^iUes ef ^zxxtx^ytx-yoto. Le^A;|uittef> JI devoit y avoir. grande affluence de fidèles :<il^}f Kieiit quelquefois plusieurs milliers de per!Sonrie^.]^;p^Ie-- yînage. •- , _ .;-... ^ . -i^. . ' •- ,•:':'.

L'ancien vicaire de Saint - Genie35 , M# Tabbc Comte j et M. Laborde, de concert avec quelques autres habitans aisés du canton , onf sollicité à

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C H A P I T R E L XX I V. 7 j'

diverses reprises l'autorisation d'explbiter les mines de houille dont le pays abonde, et qui jusqu'à présent sont demeurées inutiles : ils ne, rédamôient du Goa* vemeitieni ni encouragemens ni secours. Au moment la rareté du. bois commence à se faire sentir , il seroit important de leur accoider l'objet de leur de- mande : ils prétendent quils pourroient vendre la houille à un prix inférieur de moitié à celui qu'elle vaut dans le pays.

11 existoit si)r le territoire de. Dromon une mine de plomb assez riche ; mais elle a été abandonnée ï l'époque de la révolution. On y exploite des car- rières de plâtre 5 il est probable qu'on y trouveroit aussi du cuivre et du fer. On a découvert dans les environs quelques morceaux de succin ou ambre }3(une ( I ). A l'exception de lai soude, le pays possède tout ce qu'il faut pour l'établissement d'une verrejm Le marbre n'y est point r^t^ ; m?is jusqu'à présent on n'a i^it usage que de celui qui se montre à h surface de la terre, et qui , nécessairement altéré par l'action des pluies et de l'air atmosphérique , ne sauroit être employé à des ouvrages de quelque importance : il ,est à pifésurner qu'en faisant des fouilles plus profondes , on en extrairoit d'une qua- lité bien supérieure.

Depuis mon retour du . midi , on a trouvé à

(1) M^ùires de l'Académie des sciences , 1745» * -

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y^ 4CHAl»ïTRE LXXIV»

Sisteron quelques inscriptions qui ont été publiées par M. Mevolhon (i). Dans l'une, il est question d'Un certain Héraphile, qui^ étant grand prêtre , anit fait un vœu à Mercure ; l'autre porte qu'w/i chevalier romain attaché h Marius, et qui avoit servi sous ses ordres contre les dm très et les Teutons, a fait uni station sur le tombeau d'Hérophile , fis de Adarius, Je ne rapporte pas le texte et ne prends pas la peine de le commenter, parce que la forme des lettres , Forthographe des noms , les fautes contre l'histoire èr la chronologie, tout en annonce la fausseté.

On a demandé par qui ces inscriptions poudroient avoir été fabriquées»: la réponse ne sera pas facile à donner. Cela ne prouve cependant rien en faveur de leur authenticité : car dès qu'une inscription a tous {es caractères de la supposition, eHe doit être réputée fausse , quoiqu'on ne puisse itidiquer le faussaire ; de même qu'une chose n*ea est pas moins volée, tpioiqu'on n'en puisse pas découvrir le voleur. Il ne paroît pas néanmoins que ces inscriptions soîeiit tout-îi-fait récentes : je pense qu'elles au^ Tont été composées par quelque moine , dans des tertips d'ignorance. Par la suite , ces pierres ont

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*MWfc— *i— I I ■! Il PW— ifc<— ^^*1^M— ^ ^ i— M— *— ^— W^— 1^— >^M^ii^— ^—

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( I ) Inscriptions grecques et latines trouvées en thetmidor an Xtî , à Sisteron, département des Bastet-A^es ; xn-S^ li.zctc de M. Me- volhon , qui a bien voulu faire imprimer fe texte de ces inscrip- tions afin que ics antiquaires pussent en porter leur jugement # mérite toujours icur cfogc et leur reconnoissancc.

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CHAPITRE LXXIV. ^J

été employées dans des ccmstructions , comme tant d'autres qui sont également chargées d'inscriptions ; et le hasard les fait reparoitre aujourd'hui pour donner un vaste champ aux conjectures des curieux et des antiquaires.

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78

CHAPITRE LXXV.

Peyruis. GiROPÉ. Montagne de Lure. Abîme de Cruis. yWem/w/.-r-FoRCALQyiER.^»— Ses Comtes. SiMiANE. —Rotonde.

Il étoit déjà plus de trois heures quand nous ren- trâmes à Sisteron : nous repartîmes à cinq , dans l'espoir d'arriver le soir à Forcalquier ; mais le temps nous manqua , et nous fumes forcés de passer la nuit dans un mauvais cabaret de Peyruis, village que Bouche regarde sans aucune autorité comme la patrie de Pétrone. Ce gîte détestable nous parut cepen- dant mériter quelque intérêt, lorsque nous connûmes la* bonne conduite des braves gens qui Fhabitoient et la résolution qu'ils avoient montrée quelques années auparavant. Viton , c'est le nom de l'auber- giste, ayant appris que des brigands qui înfestoient ie pays, étoient entrés à force ouverte dans maison du maire , réunit chez lui les hommes les plus cou- rageux ; et ceux-ci , ayant à leur tête un ancien mili- taire, parvinrent , après un siège assez vif, à mettre en fuite les brigands , qui s'étoient déjà retranchés.

Nous reprîmes notre route à quatre heures du matin. Depuis Peyruis jusqu'à Giropé , la droite du chemin est bordéepar une forêt qui, dans les temps de brigandage, étoit un des principaux repaires des

» .

CHAPITRE LXXV. 7p

Toleurs; à notre gauche nous avions toujours eu k Durance. Depuis Sisteron jusqu'à Forcalquier, on Toit de loin , sur la droite , la montagne de Lure , dont la chaîne s'étend de Test à l'ouest ^ dans un espajce d'environ neuf lieues ; elle se lie au mont Ventoux , et finit à Malaucène , dans le département de Vaucluse. Le sol de ces montagnes est calcaire : il est en grande partie infertile ; sur quelques endroits on voit végéter des chênes blanci et des hêtres : mais y autour des lieux habités , il y a de bons pâtu- rages. A peu de distance du village de Cruis, on trouve un abîme célèbre ; l'opinion vulgaire est qu'il n'a pas de fond : cependant on raconte qu'un prêtre s'y fit descendre , et qu'il crut y voir des spectres si eflrayans , que sa raison en fut égarée pour le reste de ses jours. D'après les expériences de M. Verdet , il résulte que cet abîme , qu'on peut comparer k celui de la fontaine de Vaucluse , a deux cents pieds de profondeur ( i ) .

Forcalquier est situé sur les bords d'une petite rivière appelée la Laye. Rien de plus noir et de plus triste que l'intérieur de cette ville; les plus belles maisons sont bâties sur l'esplanade, hors de la porte : auQun monument ne peut y fixer la curiosité. Ce lieu a cependant quelque célébrité dans l'histoire : il paroît que c'étoit la capitale d'un petit peuple appelé

(f) Darluc , Histoire naturdU de la Provence, U , yu

8o CHAPITRE. I.XXV. '

Aîemini pajr {^ Romains ; que , sous {a domination de ceux-d , on le nommoit Fpnm Neronis / que , daniSi des temps plus modernes , . il a reçu le non» de For mm ^^Icarinm $ à cause de la chaux qu'on y* trou- voit PU dont on y feîsoît commerce , et que. c'est de que s'est formé celui 'de Rrcûlq^krAj^^ la villes porte itiaintenant. .

Dans \b moyen âge , ce pays fprmoit une souve- wîneté particulière, appelée d'abord cçmté d$ Sht9mn% et qui prit ensuite le nom de comté de Fmalquip-. Cet État, assez étendu, renfermoit tout ce qui est cpm- pris entre la Duraiice , Ilsère et les Alpes : c'étoit la plus grande partie de la haute Provence ou Pro- vence occidentale. II fut démembré par Godefrot exv 6veur de ses neveux , Guillaume-Bertrand II , qui prit le titre de comU de Nice, et de Godefroi II , qui eut celui de comte de Forcalquier. Leur héritière , Adélaïde, fille de Bertrand , épousa Ermengaud I V, comte d'Ur- gel. Enfin son arrîère-petit-fils , Guillaume IV , dît h Jeune ( i ) , n'ayant eu qu'une fille appelée Gar- sende, la maria à Raynier de Sabran. La fille sanée de celui-ci, nommée aussi G^rrr^^f, épousa, en i\^^ y Ildephonse II , comte de Provence , et son aïeul lui donna en dot le comté de Forcalquier : i'Embrunoîs et le Viennois en fiirent détachés en faveur de Béatrix

( I ) GuUtlmus jutthr eamef Forcaîqumi,,.,, Joatm, COLUMBI Manuasc^sis Qpuscula varia / Lttgduni, 16^8 , ÎQ-foI. , pig. 76?

de

Boutgogne , <tiu|)hfa d0 Viinhob. ÔtSHtttiiîië àé repMfk msuktf ^ l'aigan^e qa'it avéii &!(« âvet lé' «Mme I^*«ing0 5 II s^ttHÎl «t tj^rmte tfé^ T6ii4 louse , et promit de l'instituer son béifitiét ; tHA cdWâ de§ gfim^ qut dufèmit foi^ fa motties «eût pttec« , €ti I iop: Alors GâiHsitiftié Srftfttî , çOtiiiÉt àë^fytynlèt et fifs êAUx^ ^ù^t GvSflàmiite IV, prétendit avoir seul par ^ irière dé» droit* àù tXMttté df» Fc^calqujéf : Âaymoifel 4e Sëféngèt ût Tégier la chose , en i llù.pAt tm }ugétnenî àrbitï^I , gafda ïés dcnnainés j il ôe i^sla k Gttifeùme

ap^^me penie qûissythê é^ xètm ^ et h titré comté âe Forcaïqttiéf , qi»é sa dc^^ewdànèe si ttstiijWrij à I* inafisofi de Bfaiieàsf ( f )< CépeâdoMl tùiùîê d& TorcsikfEàer fut t^ti^^fs^ regardé é€p^ côttithé\M dépendam» dtt comté éé^PtùVetice ; et léé ^î^d^ Ffanec, dails fes dédafatibit» ^lelEititie» à té^^ pt<^^ yfiAté y pi«nofenl fe» tilfiei àè êèmm Pfàî^ettce ti

Dans ée% lanp» iffoii^ i^eéâlés^ ,^ Idt^ <le^ gu^^^ de religion , cette ville a été le théâtre de plusieurs combats. On y &brique aujourd'hui des étoffes gros- sières , et il y a qjuelques êkitures de soie: liés coteaux exposés au midi sont piaiités^ d'odiviefs ^ la

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(i) RUFY, Disstrtaiion sur l'arigint dté cmttïdt FùTâé^^, Maneiile, 171a, inr4,*

Tonic III, ^ F

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»a CJHAPITRE LXXy.

ville est entourée de campagnes riantes et de jardiiif assez bien cultivés. Le territoire d'Aigles , village à deux lieues de , contient des mines de fer et d^ar-- gent ; mais jusqu'id elles n'ont point pgru mériter d'être exploitées.

On remarque aussi dans l'arrondissement de Fpr- calquier quelques plantes jcurieuses , parmi iesquelle$ on peut principalement citer Fasphodèie jaune ( i ) , l'oseille digyne (2) , fei camphrée de Montpellier {}} , le giroflier des Alpes (4) , la gs^ridelle ( 5 ) , le lis rnskr- tagon (6), la stéhélinç douteuse (7), . Notre ami M- Pallier nous avoit envpyé des che- vaux; nous partîmes àci|iq heures, etjiousarrivâmesi, à Simisme à la nuit, par un chemin détestable. Toute ce^te contrée paroît^très-^aride : la, terre çst çouvei^te de lavande commune ; les^ bois qui fnvironnent la^ ville , sont plantés de, chênes verts et blancs qui y prospèrent. On trouve une quantité considérable de mâchefer répandue ài§ tous cÂtés : il ne faut pas. croire que ce soient des traces de volcans ; les Sar-, i^nst qui habitQient ces contrées , y ont ouvert des

(i) Asphodehs luteus , L. Pouïraquo jauno. {1) Rumex dîgynïis , L. Eigretto rundo. . (3:) Camphorosmà Mânspeliaea, L,

(4) Cheirantkus Alpinus, L. Lou garamé fer*

(5) Carîdelia nigelîdstrum , iàk

\6) LsUum martago , h, ^ -

(7) StahflittaduiiafL»

CHAPITRE LXXV, 83 \

mines , construit des forges ; et ces scories sont les restes des préparations qu'ils fàisoient subir au fer. . . AI. Pallier a été membre du Conseil des cinq- cents , et s*y est fait estimer par la sagesse de ses opinions et par sa conduite courageuse : ii s'est retirée depuis dans la petite ville de Simiane, ii a sa famille et ses propriétés., II nous fit Taccueil ie plus amical ; et le plaisir de ie revoir fût aussi un des plus grands que j'eusse éprouvés pendant mon voyage.

La vilie de Simiane , qu'on devroit appeler un viUage , est située sur une colline assez élevée et entourée de plusieurs autres collines arides ; elle est petite et mal bâtie. L'huile que produit son territoire est aussi bonne que l'huile d'Aix ; mais elle suffit à peine aux besoins de la population , qui pourtant n'est pas nombreuse. Le blé y .est plus abondant. .

Deux monumens attirèrent notre attention. L'un est l'église , qui est assez belle et bien bâtie ; elle a deux petites nefs ^ et ressemble en miniature k , celle de Saint-Maximin , dont je parlerai bientôt. L'autre monument est pius important , et il est indi- que dans les différentes descriptions de la Provence ; mais ceux qqi en ont parlé n'ont pas pris la peine de ^ le visiter. C'est une rotonde. Le mur d'enceinte est nu dans sa partie inférieure jusqu'à I21 hauteur de douze pieds : ïî cette élévation il y avoit autrefois un plancher soutenu au milieu par un pilier ; quelques per- sonnes ont vu la moitié de ce plancher. A ^la partie

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84 CHAPITRE LXXV.

supérieure , fl y a douze niches à plein cintre , dont l'une servoît de porte d'entrée. , Les intervalles qui régnent entre elles sont occupés chacun par trois petites colonnes : çelie du milieu , qui est ia plus grosse y déborde les deux autres. Chaque faisceau de colonnes est surmonté d^une tête grotesque d'homme ou d'animal, grossièrement travaillée. Plus haut règne une corniche en boudin , sur laquelle leîj arêtes forment une saillie. La porte de la partie infé- rieure est sous la niche à droite de celle qui servoit d'entrée k ia partie d'en haut ; elle est «l ogive à l'intérieur.

Le dôme est divisé en douze cintres séparés par des arêtes : la clef de la voûte forme une ouverture circulaire. Quatre autres ouvertures avoient été pra- tiquées dans le dôme; mais elles sont bouchées, en dehors par une construction en massif. Les chapi- teaux soiit , en général , composés de feuilles.

La forme ronde et les douze niches ont fait regar* der cet édifice comme un panthéon antique : ceperï- dant Fogîve que ïa porte d'entrée offre dans l'inié* rieur , les chapiteaux ornés de feuilles, et les tète^ grotesques , qui sont ie caractère des bâtimens appe- lés gothiques , prouvent jusque l'évidence que eeluî^ ci ne peut avoîi" été ccmstruît sous les Romains ; ce n'est donc ni un panthéon , ni un ancien tombeau. Le plancher qui îe partageoit dans sa hauteur, lii forme anguleuse de l'intérieur, hi donnent une

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CHAPITRE LXXV. tj

conformité remarquable avec l'octogone de Mqntmo- rillon (i). II se peut que c'ait été un lieu destiné à servir à-Ia*fbis de chapelle et de sépulture, quoique rien n'annonce qu'il ait été consacré au culte chré- âen. Peut-être n'étoit-ce aussi qu'une dépendance de l'habitation des comtes de.Simiane. L'omc^ment de la portç de cette rotolide » que fai &it gmver f pi. I, n* jf J y ressemble à d'autres omemens* du même genre qu'on regarde * comme particu- liers à l'architecture saxonne ; les voûtes , qui sont presque toutes à plein cmtre , portent aussi le 4caraç- tère de cette architecture (z) ; enfin ce petit édifjcç a beaucoup de rappcurt avec cel^i qui tient à Saint - ^tienne de Caen , église que l!on sait avoir été bâti^ par des architectes saxons : ces divers rapprochemens me portent à croire que la rotonde de Simiane est do xi/ siècle , et qu'elle appartient à ce genre de construction cpi'on appeloit opus ramanum , parce ^

que c'étoit Une grossière imitation de l'architeaurç romaine. /

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(i ) VoyoK mes JifoMMWfens annçMes inédits; tomç U, pige ^^ , et h 4.* voJmne ce Voyage, k ï^xùde de Poitiers.

(2) Vù^riDlJCAïiLL,Anglo'norman tf»//firi^»p!. XIII;GrosE| Antijuity of England , ifc. préface, page 76.

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CHAPITRE LXXVI.

DÉPART de Simiane. —* Lavande. Vul^ientes, Apt. Histoire.-»— Pont.— Situation. Cathédrale.

Tombes' chrétiennes. Inscriptions. Ex-voto sin- gulier. — Vestiges d'anciens édifices. Pont Julian;

fabrique de faïence. Cabinet de M. de Sigoïer,

Aérolithe, -* Détonation d'une meule à aiguiser.

Industrie. Manosque. Huile. Durante.

Après avoir donné trois jours à l'amitié, ilfiiiïut quitter M. Pallrer. Nous partîmes de Simiane le 3 juillet, à sept heures du matin. Le pays que nous traversâmes est absolument pierreux et aride: cepen- dant on y voit quelques arbres ; ce qui prouve qu'avec un peu de soin ces coteaux seroient propres à la végétation. La terre est couverte de lavande com- mune ( I ) : on obtenoit autrefois quelque produit de cette plante ; mais l'usage de l'eau de senteur qu'on en retire, a considérablement diminué*

En arrivant k Apt j on traverse , sur un pont d'une seule arche, le, torrent de Cavâlori» Ce pont a une assez belle apparence ; mais il n'est pas aussi solide qu'il le paroît , car passage en est sévèrement interdit aux voitures.

(i) C'est ia lavande à larges feuîHes appelée aspic, lavanduia sjfUa,

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CHAPITRE IX XVI. 87

Nous arrivâmes à Apt vers dix heures , et nous commençâmes aussitôt nos courses , accompagnés de M* Fagesy à qui M. PaUiér nous avoit adressés.

Apt étôit autrefois la capitale d'un petit peuple que lés auteurs romains appellent Vutgientes. Jutes César i'embeifit et l'agrandît ; et pour témoigner sa re- connoissance à ce prince , elle prit le surnom deJuIia. Pline la notnmeAptaJuIia Vulgientium { i ) : ilJa rangei parmi les villes latines; mais plusieurs inscriptions prouvent qu*elle àvoit le titre de colonie (2). Cette yille , après avoir été successivement dévastée par les Lombards et par les Sarrasins , essaya de se rendre indç{>endante et de se former une administration particulière. L'évéque recevoit dans le x/ siècle le titre de prince > quoiqu'il n'eût que, la seigneurie du bourg:, tandis que la maisori de Simiane avoit celle de la ville ; mais cette maison réunit ensuite l'une et l'autre; , et les vendit successivement aux cointes de ia maison d'Anjou.

Apt est située dan$ une large vallée entourée de coteaux; ce qui fait qu'on y éprouve les rigueurs de l'hiver et l'ardeur brûfante de l'été : les coteaux sont couverts de vigne et d'oliviers; le terrain yjest bien cultivé. . La ville' a des rues assez propres et asses^Jarges ,

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mmmm^^mam^

(1) Hisu îw/.ÏU, 4^'^ (j) Spon, Mél. 6i.

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JT^çe : IaL§Qur e<rt devenue unft pUca pi»bljque ^ 4tar laquelle on vient tf^4^Ur wi^ fwtaiwi h bâtî- ifi^m fit rhabitadon dyi tom^préf^t, ^t k tn&uiu4

Np^ AllÀmei ^'a^rd k h cathédrale , qui «st «ou^ i'iavo^^tÎQtt S, Caator «t de S.*^ A^w ; U^ cîipfe m lef relii|ues qui y cmt é\é réniiréi. par Içs pieai: Sénédictms «rtwri du V^j^ge Httémir^ [\)fn^ ^^ I^Ms dans k trésor r mai» nous visiitàmes fe$ <;iYpte%, -qui txistefit enccM^e, Ci?s lehapeU^ «é,pukr^l^ r?afer^ «ent des caisses de marbre en forme d^ ton^m^s U\.

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■•^•^^•^^■"••^^^•■•■^^P^^F^WW^WiWiWlW*^

(i) T<?m« Lff , page 28f .

S^ulcre de S." Anne, ou Histoire de la translation de$ rçliquff de cettesainte à Aft , avec quelques particularités de la fondation de ladite i^lise ifiscepale, pai^ M. Plem VPi GRAND, ÇhiUi^onob , svwak et procureur du roi à Apt j A»ft I ^Pj p iPr?»î;; T h^Mbfhfk df jjl A^spiçe^^vrtmjgp^i'eguç d'Axtt^ avec un ^hrég^ chronologique d'vne grande partie des évêques qui lui ont succédé t par P/wr^DE M ARMET ; î^aris , 1 68 5y,in- 1 2 ; />^ sancto Caftore, epis€op$ Apta 'Mia , vkJt MoMsati^eriaatiçtoritfitfs, etcofe^(iM(mu^Çqini\iiJi^tin\fuY4Çjfif:i(i^ ^ietatifJesH, 4^s ^^çi^l^P So|:.LANÇU5r, ai) 21 septeipbre^ Vie de S, Castor, evêqued'Apt, traduite du iatîn dt RaywondBOT , l'un de ses successeurs ( ou Critique de cette vie ) , par M. DE SÀprt^ Cï^ççiTiN.} Apt, 1 6»a j et d^m hs PSin fiigitittes 4fi M* tfAl* GLEMONT, Paris, 1705 , tome IV, page 56, in-ia ; Histoire de la vie et des ouvrages de S, Castor, par D, Antoine Ri VET , Béné* dictln, dans l'Histoire littéraire delà France ^pi^n^ Ij^, ps^ f ^Ce saint viToît au V.* siècle. 1 )

" * 1 tu iiMiii ^Km^ éI H r

^f sans doute avoient été destinées k irecevofr des reliques; car elles ne sont pas assez grandes pour contenir des corps entiers. Près de est une crypte séparée, l'on prétend avoir trouvé autrefois le corps de vS.*^ Anne et celui de S. Auspice, preraiet éfècpxe et Api et martyr.

L'autel de cette crypte est soutemi par une pîerrt en forme d'autel avec une inscription ainsi conçue:

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T: CAMVLIIO

T. FIL. VOLT. ABMI

LtAlIt). FLAMINI

liîl VU^O» COL. I YL. APT. OHPO A»P//iJ^SlV^

\*'An HONORÉ CON t»».ry'4 IMPENDIV»

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mm^m^itmÊm^mi^frmm

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A Titus Camulîiusj^milianus, fis dtT'itut(i),éeèdtnhu V§hittia{i)^

(a) VOLTiniâ, sous-tntendu tribu.

j- . t>

9<o < Chapitre lxxvi.

Jelafimtlk /Eîmilui , famine , quartumvhr {i) Jt U^cohnie Julitune d'Apt (2), l'ordre des Apunsiens (3) .......••••..

satisfait de l honneur , a remis la. dépense [\),

, * . \ . '

Ces demîers mots font voir que Camullhis ^ ^tîs-

fait de l'honneur que Focdre des décurions lui avpit

fait en lui décernant une statue^ s'est conienté;,dç

cette; décision et n'a pas youiu qu'on en ilïlles

;ftais(5).

L'église est sans aucun ornement. Nous remar- quâmes dans la chapelle Sainte-Ânne deux tableaux votifs qui y ont été placés pour la cessation de la peste de 1720. Les habitans d'Apt et leurs syn- dics ont pris f dam l'inscription qui accompagne ces ex-voto, les titres fastueux de senafuspopulusque Ap- tensis [ le sénat et le peupfe d^Aîpt],

Nous avons parlé de la colère du mulet , dont on ne peut éviter les effets que par la fuite : un ex-voto de la même chapelle représente un muletier près d'être écrasé pu- un de ces animaux devenu furieux.

On voit dans plusieurs caves , notamment chez MM. Gofrédi et ^ontems , des voûtes , des niches ,

(i) ffll VlRO.La quatuortfiri étoicnt des magistrats supérieur^ tirés de Tordre des décurions ; ils étoient spécialement chargés de Tadministration municipale.

(%) COJjonia IVûœ APTensts,

(j) ORDO^pteNSIVM, c'est-à-dirc , Vordre des décurions d'Apt.

(4) HONORE CONtentus IMPENl>IVAî reAfIsit,

(5) On trouve plusieurs exemples d'une pareille remise. {^^ Gruteb, ccccxi, I. r;

CHAPITRE LXXVt, ^I

des portions d'aqueduc, qui ont évidemment appar^^ tenu à d'anciens édifices ; plusieurs inscriptions trou- vées à Apt ont été publiées par divers auteurs , et sont aujourd'hui perdues ; enfin on y découvre jour- nellement, en fouillant la terre, des ampliores, des urnes de verre, des tuyaux de flûte, et beaucoup de ces petits ustensiles qui ornent les cabinets des anti- quaires; un grand nombre de ceux que possède M. Calvet , à Avignon { i ) , viennent de cette vîHe.

M. Fages nous fit voir , dans une cave , «n reste d'aqueduc , et if nous assura qu'on en trouve dans plusieurs caves d'autres vertiges qui prouvent que sa direction étoit de l'est à l'ouest. Le peuple prétend que S. Auspice venoit par ces conduits prêcher les fidèles et baptiser les énfans.

Dans la cave M. Poncet- Pontet , rue Saint- Pierre, passage Guiminel , nous vîmes des fragmens de mosaïque très-bien conservés ; il seroit aisé de les enlever.

Dans la n^atinée du 4 juillet , nous fîmes une excursion au pont JuUan , à gauche de la route d'A- vignon, à une lieue et demie d'Apt. Ce pont a été nommé ainsi , parce qu'on en attribue la construction à Jules César. Il consiste en trois arches , dont celle du milieu est plus haute et plus large que les deux autres. Il est fort bien conservé , à l'exception des

* I

(i) Suprà, tome II , page 169.

^•

9?i CHAPITRE LXXVI.

parapets , qui sont un peu dégradés : chacune des piles qui sont à côté de ia grande arche , a une ouverture d'une extrémké à l'autre , en forme de niche , comme on en voit a\i pont du Saint-Esprit. Cette confbr- mité de construction me fait prjésumer que ce pont a :été bâti à-peu-près dans le même temp$ que celui<:}.

En revenant , nous^ entrâmes dans la manufiiçturç de poterie et de fa'tence de M. Bonnet, située près du chemin. La faïence qu'on fabrique dans cette maison résiste au feu : elle est presque toute de cou- leur jaune. II y en a aussi de la brune; d^autre qi|i imite différentes espèces de marbre et de brocâtelle: itiais la jaune est la meilleure. Le vernis extrêmement vitreux de la poterie grossière paroît très- malfaisant.

Le chemin qui conduit d'Apt à Avignpn , oifre encore quelques restes d'une voie romaine; on J'ap- pelle lûu camîne rameau.

De retour k notre auberge, no\is trouvâmes nos amis MM. Pallier et Bovis , avec cpiî nous passâm^ la journée; et notre excellent hôte, M. Gaire, nous prouva qu'il avoit résolu le problème de l'avare , d^ faire bonne chère pour peu d'argent.

Le cabinet de M. de Sigmer mérite d'être vjsitç; tf ai une assez bonne bibliothèque , plusieurs manusqrits arabes , un armoriai très-bien peint , desporte-feuiil^ de dessips et d'estampes , des coquilles^ des miné- î^x, et une petite collection de médailles impériales.

On avoit trouvé à Apt , peu de ternp^ ayant nptre

s

tMAPÏTftE LXXVI. p3

passage , une pierre atmosphérique ; die a été envoyée au ministre de l'intérieur par M. Joseph Briin : on n'avoit pas même songé à en garder un fiagment; ainsi nous ne potivons dire si c'étoit réel* lement un aér^litht. Le bruit que produisit la chute de cette pierre, fut, dit- on, entendu dans tous les environs , et même jusqu'à Aix.

Nous apprîmes un événement singulier. Un ha- bitant nomvsfk CremouUn arrondissoit une meule d'un pied environ de diamètre , pour aiguiser une fàuciife ; son aide faisoit tourner la meule avec rapidité i tout- a-coup elle éclata avec une détonation semblable à celiè d'un coup de pistolet ; quelques morceauje forent lancés jusqu'au toit de fa grange, et Cremoulin fot dangereusement blessé à la tête ; on désespérôit encore de pouvoir lui sauver la vie. On nous fit voir le lieu l'accident étoit arrivé , la pierre qui l'avoît causé ; et chacun nous raconta le fait 'de la même manière. Un pareil phénomène , selon M ; Pallier , avoit eu lieu dans un moulin à vent, à Vachère près de Simiane. Il paroît qu'on peut l'attribuer au mou- vement de rotation trop violent donné à la meule , qui a augmenté l'action de la force centrifuge.

Le commerce d' Apt consiste en grains , en vins , en fruits ; on y fabrique aussi des eaux fortes et des bougies. Les confiseurs sont très-célèbres . MM. Pin et Legîer sont les pliis renommés j ils font des envois )usqu*à Paris.

Lft -t^-± ■fïMbJ

pi CHAFITRjE LXXVI.

Les cuirs tannés, le vin et ia soié,^ sont les objets que ies habitans d'Apt peuvent exporter ; ils ne re- ciieillent pas assez d'huile ni de blé pour leur propre ^ consommation.

Alanosque, nous fîmes aussi une excursion, n*a de remarquable que l'agrément de sa situation , à une demi-lieue de la rive dt'oîte de la Durançe. On a creusé dans la jolie plaine qui s'étend entre la vill^ et la rivière, plusieurs canaux qui servent à l'arroser et à prévenir les inondations.

Les rues de la viile sont couvertes d'un fumiei; limoneux et infect ; ce qui la rend désagréable, tandis que les dehors en sont charmans. Les principales pro- ductions du pays sont les amandiers, les mûriers ; la graine d'ognon y forme une petite branche de corh- liîçrce ; les melons y viennent assez bien : mais les autres fruits ne prospèrent pas, malgré le zèle des paysans , qu'on regarde comme les plus industrieux de toute la Provence ; la fréquence des arrosemens en est peut-être la cause. . . .,

Les coteaux éioient autrefois plantés en vignes; on y a subiytitué des oliviers , parce qu'ils sont d'un meilleur produit. Les huiles sont très-estimées, quoi* qu'on les trouve un peu grasses; on les fabrique à merveille, et on les exporte dans l'intérieur de la France et chez l'éttanger, %o\xs\q nom â" huile d' Aix. Il y a autour de Mano$que et sous les collines qui entourent cette cité , des mines de charbon et de

"^mm/t^

CHAPITRE LXXVI. py

soufre , auxquelles, on attribue les fréquens tremble- inens de terre qu'on y a ressentis. Les plus fortes secousses ont eu lieu au mois d'août 170^; il en reste encore des traces sur plusieurs murs et plusieurs maisons , Ton remarque un grand nombre de cre- vasses. II y a deux sources d'eaux sulfureuses au nord , à peu de distance de la ville. Elle renferme les restes l'ancien palais des comtes de Forcalc^ier, qui y habitoient l'hiver. Guillaume le jeune, le dernier de ces comtes, y est mort en 1 209. On y voit les frag- mens d'un buste d'argent du bienheureux Gérard Tenc, fondateur des hospitaliers Saint- Jean de Jén^alem , aux Martigues , et dont le corps fut transporté à Manosque après la prise Rhodes. Ce buste avoit été fait par Puget : il n'en existe plus que la tète.

Aianosque étoit un bailliage de Tordre de Mahe ,- et le premier la langue de Provence.

l^e îours de la Dunmce , qui ba^ne l'autre moidé de la plaine, est extrêmement rapide. Cette rivière y forme de petites îles, qu'il faut ^traverser à pied; mais quelquefois elle les couvre de ses flots en ^14 de minutes : les voyageurs et les bateliers surpris par cette inondation sont exposés aux plus grands dangers.

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CHAPITRE LXXVII.

*

DÉPART d'Apt. Momagite du Leberon. Rous- SILLON. Histoire de Cabestaing, Cadenet. Troubadours. Frédéric Barberousse. ^nlface de Castella ne. <*«^ Bertrand de Carbone!.--^ Elias deBar)oi5« ^^ Blftcas* '— Blacanet* «- Le moine des ties d'Qr.

Le 5 9 à cinq heures du matins nousieprfmes leche* min d'Aix. Au iieu de suivre la grande route y noiîi voulûmes traverser la Montagne xlu Leberon par iL Tour-d'Afgue ; ce qui nous fit (aire un détour. H: faut passer, en ^ortajit d'Apt» par des chemins dilSt-' ciles , et descendre dans des fondrières des bri- gands pourroient aisément attaquer les voyageurs , ainsi que cela est arrivé quelquefois. Nous viiiies plusieurs cbâ»tçiux bruies^ dont notre guide ne put nous apprendre les noms.

Nous n'étions pas éloignés de JRsflSsillm, viBage vtotsin d' Apr , devemi célèbre parla tragique aveiituce du niaiheureux troubadoiu' GœHaume de Cabestaing^ Ce ^une gentUhomme avoit été élevé,, en ipiaiitécfe yarlety auprès de Raymond de Seiihans , comte de Roussilion ; il inspira une tendresse innocente à Tridine Carbonelle , épouse ^ du comte : le cruel chevalier fit massacrer Cabestaing et servir son cœur

à

^ K

CHAPITRE LXXVII. ^7

à Tricïiiae ; il mit ensuite ie comble à cette bar- barie en lui apprenant de quel horrible mets elle s'étoit rassasiée^ Tridine se précipita de désespoir par une fenêtre. Les chevaliers et les amans s'assem-^ blèrent et détruisirent le château de Raymond. Cette tragique aventure , rapportée par Jean Nostrada- mus ( 1 } , n'est sans doute qu'un roman : celle, du sire de Couçy et de la dame de Faîel, que Eauchet nous a transmise, et qui a servi de sujet à des ro- mans , des chansons et des pièces théâtre , paroît layoir été inventée d'après celle-ci.

Un peu. plus loin est un autre lieu également çéièt^e dans les fastes des troubadours ; c'est Cadenet. 3Lç seigne\;r de ce nom, ayant vu son château ravagé et la fortune de ses pères détruite , alla courir le )nor)de sous le nom ignoble de baguas (2) ; aprè$ avoir visité plusieurs cours et composé différente^ poésies, il entra dans l'ordre des hospitaliers, il mourut.

C'est au temps des croisades que le génie poé- tique parut se ranimer , et qu'il fut consacré à célé- brer un nouvel art d'aiijier et de plaire. Quoiqu'on ait voulu ravir à la Provence la gloire d'avoir donné la naissance aux premiers charftres de ce singulier inélange de grâce, d'hpnneur et dWour, qu'on

■^Mi

(i) Histoire des troubadours , p, 58, ^») G?urçon.

Tomt IIL

^8 CHAPITRE LkXVII.

zppelle galanterie , on s'accorde généralement à regar- der cette contrée comme leur berceau. Le nom troubadours { i ) caractérise bien ces ûigénieux inven- teurs d'anecdotes piquantes , de vers gais et baditis , de leçons, souvent fortes et vranes , mais revêtues de form^ aimables qui laissent un trait dans Tame.

Ce fut sur-tout pendant le règne des princes arra- gonois que la poésie se perfectionna. Raymond- Bérenger II s'étant rendu à Milan pour recevoir Frédéric I/' , dît Barbtrousse , i'invéstiture des terres d'Arles , de Marseille et de Piémont , qu'il àvoît acquises par les armes , et conclure son hyif^eA avec Richilde j veuve du roi de Castille et proche parenté de cet emi^éreur , celuî-cî fut tellement charmé dei poésies que lui récitèrent les troubadours, qu'il Vofl-»- lut en prendre le titre. Ces vers si connus, qu'on Iiii attribue , prouveroient qu'il dn étoit digne :

Pfas mi cavalier Françes , £t la donna Cathaiana, Et i*ourar des Gynpes , Et ia cour de Kastelfana, Lou cantar Proveiisaîes, Et dansa Trcvîsaïia> / Et iou ebr Aragoncz ,

(i) ^Trovatori , trobadores , troubadours, de trovare [ trouver j. C*est de (jûfe \ts pôëtes cte \l langue d'Oil, ou France septctt* trionale , ont été ^appelés trouvères. M. LE Grand d^Aussy » dans ses Fabliaux , a voulu réclamer pour ces derniers Fin vent ion de fa poésie : mais M. pAl*ON a. vivement défendu ses compa-- triotesi et ia «question paroû décidée en faveur des'PfoVénç^ux.

CH^PITRl LXXVII. 99

Las perlas de Giuiiana,. Las mans e cara d'Angics ^ Et'Jou'domel de Toscana.,

faime h chtvalnr français et la dame catalane, ^industrie dii G/- mis n la cour castUlane, le chant provençal , la danse irAfisane, le corps arragonois et la perle JuUant , Jet mains et le teint de l'Anglois, et le jeune Toscan ( i ).

Ces poètes jouirent du plus grand crédit à la cour de Rayinond-Bërenger IV [2) et de sa noble et aimable épouse Réatrix de S?voie (?) : beaucoup de seigneurs , pour plaire à leurs souverains , devinrçi\t troubadours et leur adressèrent des verll . Sous ce règne et le suivant, Bpniface de Casteli^ne, poète ingénieux et caustique , fut un des plus célèbres : le fiel répandu da^is Sies vers , s^s vJo|wtes satires contrp Charks I/' d'Apjpu et son épouse Béatrix, furent peut-être dus aux malheurs qu'il éprouva. Le yip plus que Tiodignation aiguisoit ^ouyent sa méchaf;- ceté ; il se reprochoit quelquefois lui- ïP^^rne «nsuite la hardiesse de ses expr^ions : Rocm^ Çi^'f^ ^^chfiAÀ est le refrain assez ordinaire de. sçs chanson^.

Bertrand de Çarbonel, qui, selon Çipstradamws, étpit vicomte de Marseille , se plaint , d^n^ plusieurs (Jes siennes , des rigueurs d'une belle qu'ij aiiîje,

(1) Si cette ^iccccst de Frédéric l.*^"", il faut au moins convenir qu'dfc a été considérablement altérée par Jean Nostradamus , qui l*a fe premier rapportée. i , .

{z) Supra , tome W , ^, 2$^,

[}] Ibid. p. a88. / \..\

(4) Bouche , qu*as-tu dit î .

G 2

lOO CHAPITRE LXXVIl. *

Les chansons d'Elias de Barjols , fils d'un mar - chand d'Agen , ont été renommées : il célébra sur-tout le mérite et la beauté de Garsende , veuve d*IIde- phonse II. II surpassoit par son talent et par la dou- ceur de sa voix tous les autres poètes.

Nous avons déjà parlé du sire de Blacas (i) , te noble , brave et magnifique troubadour , qui aimoit à faire l'amour et la guerre , à dépenser , à tenir coiir plénière , et qui partageoît son temps entre les /nuses , la gloire et les plaisirs. Son éloge a" été écrit par Sordel, autre troubadour. Bliacasset son fils se moritta digne d'un tel père.

Des religieux cultivèrent aussi Fart des vers, re- naissant soiis le beau ciel de la Provence; le moine de Fassan , et ' principalement un moine de Léfins appelé lou Moungê des îles d*Or, sont dtés pai*rnî les troubadours: des femmes même , telles que Garsende de Forcatquîer et comtesse de Die , décorent la liste de' ces gafains poètes. On -en pouVroit indiquer beaucoup d'autres ; mais il seroit impossible de citer ici tous ceux qui dans cette période de temps se livrèrent à la poésie (2). *

La plupart dès premiers troubadours menbieiît

(i) J'tfpri, p. 58.

(a) Les vies des poëtes provençaux ont été recueillies et écrites par Hugues de Saint-Césaire, par le Moine des îles d*Or, et par ceiui de Montmayor, SLppclé ie fl/au lif s troubadours, Jeain NosTRADAMUSapubiJc un ouvrage sur ce sujet j il parut en j 57 j ,

CHAPITRE LXXVII. ioi

une vie errante : ils alloient de château en château. Ils ne se bomoient point à des chants d'autour , à cé-^ lébrer des fait$ âe chevalerie : ils composoient a,ussi des légendes en vers ; ils écrivpfent* même sur ia théologie. Oh a encor^ les poésies d'un troubadour du XIII.* siècle, dans lesquelles il cherche à réfuter les erreurs des Albigeois , qui s'étoient répandues en

in-8.<*, sous le titre de Vits des plus cÛibrn ^t anciens poët^ proven- çaux , &c. Gio GlUDlCE en donna une traduction itafienne à Lyon, dans fa mên^ année. CrÈSCIMBENI a également traduit le iîvre de Nostradainus , datiS la première partie de son grand ouvrage intitulé Storia dtlîa volgar potsia : les savantes notes de Crescîm* béni ajoutent un. grandprix à cette traduction ^ et I*abbé Miiiot n'en a pas profité. Haïtze, DE Sade et d'autres auteurs ont parfc des troubadours provttiçaux. Nous avons vu que M. LE Grand^ d'Aussy a voulu» dans ses Fabliaux, ieor ra^r l'honneur d'avoir été les pères de notre poélie , et que M, Papon l'a réfuté dans les lettres qui font suite à son Voyage de Provence, M. BÉREN- GEK l'a réfuté ausïsî dans ses Soirées provençales. L'abbé MiLLOT a donné une Histoire des troubadours en 3 volumes ; mais il n'a pas fait assez de recherches, «t cette histoire manque de critique. C'est encore un ouvrage à entreprendre : on pourrott se servir utilement àts cent cinquante-deux notices manuscrites que le sa- vant LA CuRNE É>E Sainte-Palatte avoit faites, et qui sont dans le dépôt dçs manuscrits de la Bibliothèque impériale. Je ne cite ici que des troubadours provençaux. On comptoit parmi eux tous les poètes du Dauphiné^ de la Cuienne, de la Champagne, de f Auvergne, et mêïhe quelques anciens poètes italiens. Tous ceux qui étoient au-delà de la Loire appartenoient à la contrée l'on padoitla langue d'Oc, d'où lui est venu son nom : les autres poètes qui étoient en deçà de la Loire ^composoietit dans la langue d'Oil; on les nommoit trouvères, \

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io± CHAfiTRE Lxxvrr:

Provence^ il expose et combat d'une manière assez plaisante leur système sur la métempsycose. C'est à tort qu'on a voulu leur attribuer des ouvrages dramatiques ; fis n'en ont jamais composé.

Nous arrivâmes à dix heiyes à la Tour- d'Aiguë. Mon ame est encore pénétrée de douleur , quand je songe à l'horrible dévastation de ce beau lieu , con- sacré par des souvenirs intéressans et par de granJs services rendus à l'humanité.

Cette terre , une des plus belles de la Provence ^ avoît été successivement possédée par une branche de la mîtison de Sabran et par celle d'Agout. En 1 j62 il y avoit déjà, selon Pénissîs, un superbe, riche et fort château, dont il fait la description (i). On croit que René de Boulier , vicomte de Reillane , «1 avoit jeté les fbndemens au^ commencement du XVI.* siècle, et que ce bel édifice fut continué par Antoine et Jean-Louis Nicolas barons de Cental , son fils et son petit-fils ; ce dernier a sur-tout contribué à son embellîssemenf. On prétend qu'il étoit épris de Marguerite de Valois » première femme de Henii IV : il espéroit que l'auguste princesse, qui aiifioit les voyages , attirée par la beauté du lieu , lui feroit l'honneur de le visiter , et il voulut le rendre digne de la recevoir. Lefranc de Pompigna» raconte ainsi la chose :

m,^^m,mmmfmmJammm^^,^i^^mmr^^^^l^mfim..,^mmmiÊ^^mmmmm'mmmm^mm>ma^^t

(i) Histoire tks guçrw du Comtat V^rtnimn; Avignon > 15^^^,

CHAPITRE LXXVIT. ioj

Or ce baron de Centjtf Fut épriç d'une héroïne Qui fui donna maint rivaî; Voyageant en pèlerine. Tantôt bien et tantôt mal j Villageoise ou citadine, Promenant son cœur banal De la cour de Catherine A quelque endroit moins rc^af r Cette dame de mérite Fut fa reine Marguerite; Non celle à Tesprit badin , Qui de tendres amourettes Des moines et à^% nonettes ^A fait un recueil malin; Mais s.i nièce tant prônée. Dont notre bon roi Henri Fut pendant plus d'une année Le très-affligé mari , Et qui, plus qu'une autre femme. Porta gravé dans fon amc te commandement divin De Tamour pour le prochaiii.

Le b^ron fut txpmpé dans son attente,»

Au demeurant , la gentille princesse

Ne yit jamais ce lieu si beau \ Et ic baron , qui Tattendoit sans cesse.

En fut pour les frais du château.

On n'est pas forcé d'admettre daps Iliistoîre Tautorîté des poètes : il n'est guère probable que le baron de Cental eût osé concevoir et avouer un si chimérique espoir. On sait que Catherine de Mé* dicis s'arrêta dans ce château en 1579, lorsqu'elle

4

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yô4 CHAPITRE LXXVII.

parcourut la Provence pour en pacifier les troubles ; et l'pn doit présumer que le galant seigneur fit peindre à cette occasion les M et les C entrela- cés qui ont été le sujet d'une erreur que le goût du merveilleux a accueillie et que le temps a accré- ditée. On lisoit autour de ce chiffre : Satiabor ciim apparuerît, TJn seigneur a pu s'exprimer ainsi pour peindre le désir qu'il avoit de recevoir sa souveraine; mais jamais un sujet n'eût osé déclarer si publiquement l'amour dont il brûloit pour l'épouse de ^n maître.

Cette terre avoit p^ssé aux ducs de Villeroi , et enfin à Jean-Baptiste Bruni, seigneur deSaint-Cannat. Le château avoit toujours été embelli par ses difFé- rens propriétaires : le dernier qui Tait possédé a été le vertueux président de la Tour-d'Aigue , qui avoit conservé et augmenté l'intérêt de ce beau lieu , en y réunissant toutes les richesses de la nature, et en s'occupant constammeht d'y acclimater des animaux ^ et des végétaux utiles. Il y avoit formé un riche ca- binet d'histoire naturelle > principalement pour la' minéralogie : ses bosquets étoient remplis de végé- taux exotiques ; enfin , pour compléter l'intéressant spectacle de la nature, au milieu des plantes rares ou utiles de tous les pays , on trouvoit une ménagerie bien fournie d'animaux curieux.

Le château avoit déjà été la proie des flammes en 1782 ; un terrible incendie en consuma un^ partie : mais c'est pendant la révolution qu'il a

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CHAPITRE LXXVII. 105

éprouvé la dévastation la plus cruelle. Eq 1790, le club delà Xour-d'Aîgue envoya une députation au club d'Aix : la , destruction de cette belle ^e- meure fût résolue et promptement achevée ; le marteau et la hache anéantirent bientôt ce que le premier incendie avoit épargné : ii n'en reste que des parties , qui , n'étant point iiées entre elles , n'offient aucun ensemble. On peut cependant ju-^ ger,par ce qui subsiste, que l'architecture approchoit de ç^IIe du palais du Luxembourg à Paris : on y remarque encore des C , des D et des M , entrelacés pour consacrer par- tout le nom de Médicis.

Une ancienne tour carrée , qu'on regardoit comme un ouvrage des Romains , et l'abondance des eaux, sont probablement ce qui a fait donner à ce lieu le nom de la Tour-d' Aiguë: en effet, le chemin est bordé de sources fraîches et vives ; et il y a encore auprès du château un immense bassin qui commence à se combler. Le parc est entièrement dévasté.

L'air brutal et farouche de notre aubergiste cadroit assez avecTaspect afïreux des ruines que nous avions sous les yeux : nous croyions, en l'écoutant, lui et sa famille, être au milieu des brigands qui y ont porté le fer et la flamme. Nous quittâmes avec des sou- venirs douloureux ce lieu que sa. magnificence et la noble bienfaisance de ses maîtres n'ont pu sauver de la rage de ces furieux.

De la Tour-d' Aiguë nous nous rendîmes à une

IO(î CHAPITRE LXXVII. :

petite ville appelée Pertuis ( i ) En sortant de s^ inurt , nous passâmes la Ehirance dans un bac. Le sol est , dans un grand espace* de terrain , couvert de cailloux qui annoncent les ravages que cette rivière doit causer dans ses crues : il y auroit sans doute des moyens pour les réprimer (2).

Nous laissâmes sur la gauche Jouqu^s (3), d'oil viennent les eaux que Sextius fit conduire à Aix ; cUes passoient par un aqueduc dont on voit encore des traces à Meyrargues. Ce iieu doit son nom (4) à Màrius j^^ qui , en attendant l'arrivée des Cimbres , occupa ses soldats à dériver les eaux du vallon de Jouques, et à les conduire à Aix à travers des rochers qu'il avoit fait couper. Plus près de la route est Pei^ rolles. Venelles est le dernier bourg que l'on ren- contre^ Enfin nous revîmes Aix avec d'autant plus de plaisir, que nous avions grand besoin de nous délasser de nos fatigues-, et que nous y étions atten^ dus par l'amitié.

{ I ) Voyct Abrégi historique et chronoîogiqut de la ville de Pertuis , T^ )eat% MONÏER; 1706, in-4.°

(i) M. Barrai, ingénieur ^ a fait un projet d'encaissement de cette rivière. Cette opération rendroit dix mille hectares de terrain à Fagriculturc ; ce qui en couyriroit bientôt la dépenie.

(3) Castrùm de J^as,

(4)- Dérivé de Marii ager , champ de Mari us. Ce lieu est appelé Meiranicum, dans les actes du moyen âge.

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CHAPITRE LXXVIII.

Retour à Aix. Grande-Peigière* Tretz.

Monument. Défaite des Teutons. Montagne Sainte-Victoire. -^ Fête commémorative de la victoire de Marias. Rivière de TArc. Saint-MAximin. Eglise. Architecture dans la Provence, Sainte* . Madeleine en Provence. Inscriptions du chœur. Crypte. Reliques. Sarcophages. Sainte- Baume. Poënie sur la Madeleine. Marbre de Saint-Maximin. ToURVES. Château. Cïbo^ rîum, Lacs. BriGNOLES. Prunes.

JLa tournée que nous venions de faire a voit été longue et pénible. C'étoit le temps le plus chaud de l'année : il auroit fallu voyager la nuit ; et cependant nous ne pouvions le faire , puisque notre objet étoit de voir et d'observer. La barque qui* nous avoît con- duits le long de la côte, n'étojt point couverte; et les rayons d'un soleil brûlant, réfléchis par la mer et renvoyés par les moruagne$, ^voient une ardeur insupportable* C'étoit pourfant avant le jour que sou- vent nous nous mettions en rout#, et nous arrivions jM-écisément à l'heure le soleil commence à se cacher : d'autres fois nous ne pcmvions terminer nos observations que vers midi ; et comme nous ne vou- lions pas perdre un seul moment, nous partions aussitôt après. Une partie de la nuit étoit souvent

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>o8 CHAPITRE LXXVIII.

employée à la rédaction de notre journal. Notre acti- vité étoît continuelle ; aussi nos plabirs étoient tou- jours renaissans : le nombre, la variété des objets , l'intérêt dont ils étoient à nos yeux , nous empê- choient de songer à l'incommodité de la saison , à la difficulté des moyens de transport , enfin k toutes les difficultés qui acconipagnent ordinairement les voyages.

A Aîx , une journée entière fut consacrée à mettre ' en ordre les matériaux que nous avions amassés en parcourant la haute et la basse Provence ; et nous nous préparâmes à retourner à Marseille , que nous n'avions vue qu'en passant : mais nous voulions au-' paravant visiter Saint-Maximin. .

Nous partîmes le 2 1 messidor , à trois heures du matin : à huit heures , nous arrivâmes à l'auberge de la Grande - Peigière , nous fîmes rafraîchir nos chevaux. Cette auberge jouit , depuis plusieurs siècles, d*une grande célébrité : c'est le seul gîte , de temps immémorial , on sache que les voya- geurs aient pu se reposer. On présume , non sans vraisemblance, que c'est le lieu appelé Tegolata ou Tèctolata dans \ Itinéraire d'Antonin ; mot qui peut- être indiquoit déjà un tugurium ou espèce d'abri pour les voyageurs. Ce lieu , qui n'est aujourd'hui qu'un des plus mauvais cabarets de la Provence , rappelle cependant une action bien mémorable. Nous étions dans la plaine célèbre Marius vainquit les Teutons

CHAPITRE LXXVIH. iCf^

et les Ambrons , peuples du Nord , qui , peu de temps après la fondation d'Aix , êtoient venus fondre sur la Gaule pour pénétrer ensuite en Italie. Le nombre des barbares étoit immense. Marins arriva dans ia Provence avec son armée ; mais ik s'étoient dirigés vers l'Espagne. Ce général occupa ses soldats \ des travaux considérables pour conduire à Aix les eaux des lieux voisins* Deux ans après , les barbares rentrèrent dans la Gauie , et se partagèrent en deux corps d'armée : les Cimbres se dirigèrent vers Lyon pour traverser les Alpes ; Marins , secondé des Mar- seillois , défit ies Ambrons et les Teutons.

La plaine dans laquelle fut livrée cette mémorable bataille s'appelle plaine de l'Arc , du nom de la rivière qui la traverse , pu plaine de Trèt^ , de celui d'un bourg qui y est situé. Eile est entre deux chaînes de montagnes : l'une , appelée chame de Sainte* Baume^ est formée des monts Olympe et Aurélien ; l'autre est celle de Sainte- Victoire cm Notre-Dame des Victoires* C'est ik que Marins prit ses positions ; et il en descendit pour tomber sur les barbares , qui avoient campé dans la plaine sur ies bords de la rivière de l'Arc. Deux cent nulle barbares y laissèrent la vie, ou y perdîrait feur liberté : ièu» femmes elles-mêmes se précipitèrent dans les rangs^ avec leurs enfans , four ne pas tomber au pouvoir du vainqueur.

Marhis fit choisir dans le butin et mettre à part tout ce qui pouvoit orner son trio.mphe ; il offrit le

IIO CHAPITRE LXXVIII.

reste en sacrifice sur un immense bûcher, qu'entou* roiént ses soldats couronnés de fleurs , et auquel il mît lui-même le feu (i)»

Les histpriens modernes ajoutent cpie ce général, voulant laisser un monument de sa victoire, bâtit un swc de triomphe ; mais les édifices de ce genre n'étoient point encore en usage chez les Romains au temps de Marius. t)'autre$ historiens ont pr en- tendu que ce monument étoit une pyramide , et qu'on en voit encore la base près de la rivière qui fut teinte du sang dcfis, barbares. Cette rivière a reçu le nom de rivière de l'Arc , de la fausse opinion qui a prévalu que M^^rius avoit élevé dans ce. lieu un arc de triomphe. On croit aussi que le bourg de Pour- rieres, qui est voisin^ a été appelé ainsi dut mot putredo [ corruption ] , parce que c'est dans ce lieu que des monceaux de cadavreê furent laissés sans sépulture.

A un quart de lieue plus loin qUe Taubefge, est un pont sur la petite rivière de TArc ; et à quelques toises au-delà', on remarque sur la droite, à deux ou trois pas du chemin ^ des restes d'une ancienne rnaçonnçrie qui s'élèvent environ d'un: jSied au- dessus du sol 2 piu$ieur3 traces peuvent^ fiûré soup- çoJVier que le monunlent dont celte maçonnerie étoît la base, avoiî uiije forme carrée. Papon (2) et

'1 f < Il ■!;;'.""

(t) PlUTARCH. tn Mario.

'A (i) Voydge é» Promener,

CHAPITRE LXXVIII. m

M. Dulaure ( i ) disentque c'étoit un arc de triomphe» M. de Saint- Vincens possède un dessin M. de Gaillard en avoit fài^ un obélisque* £n effet , ce qui reste de ces fondemens convient assez bien à la base d'une pyramide ou d'un obélisque» mais ne paroic pas avoir jamais appartenu à un arc de triomphe* Le village de Fourrières , situé à l'extrémité cettd plaine y a eu long-temps un obélisque dans ses ar- moiries ; ce qui pourroit indiquer qu'il y en avoit un remarquable dans les environs : enfin M. de GaiUard possédoil autrefois une tapisserie du xvi** siècle, ce lieu étoil représenté avec une pyramide qui avoir à sa base trois esclaves enchaînés.

Ce sont les seules autorités qui puissent faire penser qu'il y avoit un monument commémoratif de la victoire de Marias; car il n'est question de ce monument dans aucun historien ancien. Les fonde- mens qui subsistent pourroient aussi bien avoir appartenu à un fort, ou à un édifice qui auroit eu une autre destination que celle qu'on lui suppose.

Le noqi de montagne ^de U Victoire, qui s^est long- temps conservé, est le plus beau monument de la reconnoissance des Salyes et des peuples qui leur ont succédé. Dans le moyen âge , l'antique tradition s'est altérée : on croyoit alors que tout de- voît être mis sous la protection des saints ; et il n'a

^1 1 »i

(i) Description des principaux lieux de la France^

jrifcfc

t\l CHAPÎTftE LXXVIIf.

pas été difficile de placer le mot sainte avant celui de. Victoire. Depuis ce temps cette montagne a coh'^ serve le nom de Sa in te- Victoire. Quelques auteurs l'appellent aussi iai montagne de Sainte- Ventûre , nom moins noble , qui doit sans doute son origine ou au bonheur que les habitans'ont eu d'être délivrés des barbares par la valeur de Aîarius , ou au vent qui souffle conçnueUement sur cette montagne, dont l'élévation . est assez considérable , quoiqu'elle ne puidie être comparée à celle des montagnes alpines. II y a, à son sommet, un couvent , autrefois habité par les Carmes , et occupé ensuite par un hermite. Au lever du soleil , on y jouit d'une vue magnifique.

Il subsiste encore un monument d'un autre genre , et qui consacre d'une manière pittoresque et siri- gulière le grand exploit de Marius ; ce sont les fêles que célèbrent les habitans de quelques villages voî-^ sins, et plus solennellement encore ceux de Per-* tuis , petite ville située sur les bords de la Durance , / et dont j'ai déjà parlé.

Les raisons que Jean Moniér ( i ) rapporte pour prouver que cette petite ville a été fondée et peu-^ plée par une colonie de Marseillois , reconnoissans des services que les montagnards de cette contrée

(i) Lfnre 4 MM. les prieurs de la confrérie de Sainte-Victoire , « érigée en V église de Permis, sur le pèlerinage qu'ils font le 2^ avril, pour faire un feu de joie sur la montagne de Sainte-Victoire; Aix, 1712, in-4«*

des

;

CHAPITRE LXXVIII* 113

des basses Alpes leur avoîent rendus contre les bar- bares , ne sont ajppiiyées sur aucun témoignage his- torique : il est également impossible de remonter, comme jl prétend le faire , à l'origine de la solennité qu'on y célèbre; mais il est certain qu'elle a quelque chose de remarquable, et qu'elle paroît être corn- mémoradve de ia grande victoire remportée par Marius^

Dans la fournée du 23 avril , bruit du tambour se fait entendre et rassemble les hâbitans : les en- fans, les garçons, les jeunes jfilles, et même des vieillards , se réunissent ; ils choisissent pour les con- duîre un chef qui est chaigé de pourvoir à la sub- sistance de cette petite troupe* Tous partent le soir au son d'une marche dont fat fait graver la musique ( pL JV, n!j) : arrivés sur la montagne , au lieu de se livrer au repos, ils s'occupent à- ramasser du Ix)îs , en construisent un bûcher , et y mettent le feu , après s'être couvert la tête de fleurs. Alors le roule- nient du tambour redouble : on forme des ronds joyeux et des farandoles bruyantes autour du bûcher, qui semble consumer encore If s dépouilles des bar« bares ; la hiontagrie retentit de cris de joie , et par- tout on entend répéter. Victoire! Victoire! avec v^ne espace de délire. '

La troupe , satisfaite d'avoir célébré l'époque mé^^ moràbte de la délivrance et de la gloire de ses jpères , se remet en marches rentrée dam Pertuis est une Tome III. H

BL Fi «

Il4 CHAPITRE liXXYUK

espèce de triomphe : chacun tieoi à la. main uiè branche tfarbue et des bouquets , et Ton crie à l'envi , sancta Victoria l sancta Victoria I Les habîtans vont ensuite au temple rendre grâces au: Dku des armées , qai n'a pas permis que ieur antique patrie fût sub- |uguée par les barbares du Nord* ,

On célèbre dans Pertuis même une autre fète qu'on peut regarder aussi comme une seconde com-^ mémoraiioijt de. ceiitç délivrance. On construit sur un char un btkher, qui brûle pendant qu'on le pro-' mène par la ville : le char ^ traîné par des mulets attelés deux à deux jet guidés chacun par un condtuc-^ leur, est précédé,d'appariteurs vêtus, de blanc, ayant Fépée au c6té. et un bâton blaioc à Ja main ; il est suivi des abîmés de la Jeunesse ; às& jmagmrzts et des iptf^onvm les phis (quaKfiées. Les/ rues sont éclairées paf une grande quantité de tades, ou morceaux de bois d'irbres conifères aHuniés, que chaque habitant ù§ï\t ^ h lîjaln ; il y en a à toutes les fenêtres , à toutes }es( fortes: chacun aime à entendre pétiller ce bois, ^ à. respirer, les vapeurs résîiieuses qui s'en exhalent* Piar-tQut ôùllechir fiasse ,^ l'air reifientit df acclama- tions. Cette céréjiKMiie a Keu le jour des Rois, §st lappélée pour cèue raison la Belle-EtotU , parce qu'on croit communément qu'elle a. ^ instituée mélH^ire de tétoile qui conduisit lés m^es^ > Il est probable qiie ces fêtes sont d'une or^ime très-ancienne I et qu'elles ont subi,. après l'établis»

CilA^lTRE tlÇXyilU 115

semant 4e ia rielig^pn d^réyenne^ les modifications qui canv6nc^€ii:vi 4U noHve^ucuJî^ que Ja. Prpyence avoîl eoil^rft^^.. I41 fête ,du bilcber sur la moa* tagne Q!a\plii5 çu., pour. le peuple, <J>ujre .objet que xfc rwdre, sur un lieu saoctifié par la re^ligion, un pur homiiiage ^ l^emel ; et celle de J^^ Bflle-^ ^fçije^ a jdûf seulement rappeler Tadoratio^i que lef rois de TOrij^t .viniîentjt>flrrix au §)s dp M^riç, pour îodîquer q^e $<^n cwUe s'ét^ndroit Jusqujq^cbe^iles pelions ie^ plu^ lointaines* ' :

jLa petite, ^ille de Treti étpît ^i^i^e/pi.s, i^n chef- lici», Qn a dérivé sou noii> ,4e ^fiticitm,. p^rçe ijua son tenritoke . produit beaucoup de ifprqçffif : ipyj Peiresç y défiWvrit u*^ ios^^iptioiî daris I^qjieile if t$x ;parlé> 4Vni vW^u offJ^rt à Tr'tttia ^ipzx^MarctiS XikiMS LQngus ( I ) ; ains; jl paraît, gue^ la viKe d.QJ^ ^oa nom à .cett<? divinité topique, c'est t.àrdire , lo- cale. II y avoit, sur une montagne aju midi , un inor nastère fondé par SXa^sien ^l'honneur de S^ Jçan- Q^ptiste. Lç$ h^bitans célèbrent la fête du Précurseur avec une, ; grande Mennilé leHç.e^t annoncée huij îftipij^ d'avance* au ^>(>a des tambpjirs, et il y ^ u^ rww^w^^ célèbre. ,

Le terrain exige , pour produire , d^^slabpijrs p^q- fonds , beaucoup d'engrais et di^ soins. On y réçplte

* m m II I I I I Of J I L Ji ■■■ t' > ;

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ll6 CHAPITRE LXXyilt.

du blé, de l'huile, des haricots noirs , du vin et dd la garance. On trouve à Fuveau des mines de charbon de terre qui pourroient être d'un très-grartdt avantage dans ce pays , le bois est si rare; Saiht-Antonin , Beauncueil et Châttaune,uf -Je ' Rouge ^ qui apparu tiennent aussi à l'arrondissement de Tfetz, ont de3 tarrières qui renfertnent une brèche qui approche , pour la beauté , de celle du Tholoriét.

Pendant que nos chevaux se reposoient , nous nous promenâmes sur les bords de la rîvièrç de l'Arc ^ . dont lés^ eaux ont été teintes de tant de sang. Un botaniste peut y trouver un agréable déiassementè Au*delS du pont fêté sur l'Arc,, on est. dans le dépar- tement dû Var. Le chemin devient efïtoyable. Nous vîmes beaucoup de maisons qui ont été détruites pendant la révolution, par ordre du Gouvemeinenr, parce qu'elles sèrvoîènt de repaire aux brigands qui îrifestoient les routes. '

11 étbit onze heures quand nous arrivâmes à Saint Maxlmin. Cette ville doit son nom à un des prin- cipaux saints de la Provence , sou3 l'invocation duquel est son église : te superbe monument de l'arcM- tecture dite mal-à-propos gothique étoit i'objet de notre excursion.

De tous les édifices de la Provence qui ^ ont été élevés ou perfectioiuiés dans le xv.*' siècle , les plus remarquables sont le clocher , la nef et le portail de l'église de Saint-Sauveur d'Aîx, dont il a dé;à été

r

V

CHAPITRE LXXVIII, I17

qu^tîon ( i) ; l'église et le château de Tarascon , dont |e parlerai dans un autre chapitre , et l'église de Saînt-Maximîn. Ce magnifique édifice a été com- mencé dès le xiii/ siècle, puisque Charles II, dit le Boiteux , en fit jeter les fbndemens en 1 29 5 : il fut continué pendant le cours du siècle suivant \ mais , quoiqu'il ne fut pas encore achevé , il tom- bait déjà en ruine dans les premières années du xv/ siècle, parce que les troubles et les guerres de ïs^ Provence avoient mis les souverains dans l'impossibi- lité de le terminer. D'après la demande de Louis III , ' roi de Sicile et comte de Provence, le pape Mar- tfai V aVoît permis aux frères Prêcheurs , qui. des- servoient cette église, de s6 faire délivrer, pour les réparations les plus urgentes, mille florins d'or k prendre sur les legs pieux qui n'avoient aucune des- tination certaine, dans les trois provincesecdésias- tiques d'Aîx, d'Arles et d'Embrun, Cette collecte répondit pas probablement à l'espérance que les religieux en avoient conçue ; et d'ailleurs la somme étoit insuffisante. Le roi René .fit achever et presque

reconstruire ce monastère : il doit donc en être

•'1-

regardé comme le second fi^ndateur ; et l'on piçut dire avec vérité qu'il appartient au xv/ siècle. Il y établit un collège.

Antérieurement k la bulle d(^ Martin V, dQHt nous

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(i) Tome II , page 2^5.

H 3

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1 t8 CHAPITRE LXXVIII.

avdrïs fait cohnoitre les disposîrîons , Jean le Maîhgi<è,- inàréchal de Boucicaut, dont la Vaillance a si bien servi le roi Charles V et son fiîs Charte^ VI , Marié de Bfois et Louis II son fiis, avoil fait vœu de faire construire deux chapelles i Fune dans l'église supé- rieure, l'autre dans Téglîse souterraine de Saini- Maiimin. D'après un acte que m'a communiqué M. cip Saînt-Vincens, on voit que ces travaux ont coûté onze cent cinquante florins d'or.

Il est malheureux qu'un si bel édifice n'ait point une façade convénafalfe; le portail (ï) n'a jamais été commencé ; on croit entrer dans une châp'eile de vit^ lage : rnai's cette difformité même prddui'e Une' sur- prise agréable; >tar on est toul-à-tôùp frappé l'ordonnance imposante et nfraj'estuéuse qui règiiè dam Fintérfeur. ' \ ' ' *

>

On îgndre qiiel est l'architecte- que toi René chai'gea de la direction des tràtrâux de cette magnî^ ifique église : on pfeut prèsurner qi!*!! étant Italien ; elle'ésl mile dans le 'goût des^plus beîles élises quf bmëfé! construites en Italie dans ïe xïv/ siècle. Elle a tfofs nefs ; i'oûte est souteriiie^r des piliers tîbilt ôti adriiiré avec raîsoh la hardiesse et h hauteur.

i- '

'' ' ( 1 ) UéiYéïigiéak^ii'mdnisthe demandèrent âii cardinal Mazvîn, qui ie visitoit , de faire bâtir ce portail ; ils vantoient la munifi- cence du roi René, à qui l'on devoit cet admirable édifice. Ce roi Ta

commencé, répondit le cardinal j cherchei^ tàufbii ijui U fasse finir.

^ - * C

f

CHAPITRE LXXVIIÎ. Ilp

II jr a peu €églis€% en France qui pf^ésentent autant de nobiesse et tftiégance. ^

On n'a jamais itabii avec certitude que fa sainte qui est révérée dam l'église catlioliqué sous le nom de Afarie-Afag^/ekine, et doni i'évahgéliste S. Luc a décrit la rigoureuse pénitence, dût être distinguée de Magdeieine , sœur de Lazai<e et de Marthe , Tes hôtes chéris de Jésus-Christ à Béthanie. Les saints Pères ne reconnoissent , en général j, qu'une Mag- deleîne, et se fondent sur le récij de S. Luc; c'est celle que l'église appelle fa Péiheresst ; les plus cé- lèbres hagiographes s'accordent à dire qu'elle moufut iEphèse; et f Opinion des anciens légendaires, qui la font venir en Provence , est une superstition reçue seulement parmi le peuple, et qucf les hommes qui joignent les lumîênes de la critique à fa plus austèie piété ne craignem point de rejeter ( i )

Il ne seroit pas sahs intérêt de savoir confiment a pu se répandre et s'accréditer une ophiion û con*- traire à tout ce que l'histoire de la relfgron nous enseigne. D'aprèé des recheiches curieuses faites au XV.*" siècle par un habitant <le Saint-Zacharje (2) , fou

t •"• . ' r '■

(i) Thie^S ,' f.eitrt fiur la précieiw larnif Je Vendême. GoDES- CARD, Vies des Sdipif , &.C, FLEURI, Œuvres posthumes.

( i ) Les notes qui contenoicnt le résuftat de ces recherches ctoient dans la bibfiothèquc de M. Lebiahc-Duvaure , un d^s «lesceiKlà^s de leur autèiur.

H 4

/

120 CHAPITRE LXXVIII.

voisin de Saînt-Maximin et de la Sainter-Baume , il paroît qu'à l'époque où. les Sarrasins détruisirent le monastère des religieuses Cassianites, près de Saint-Zacharie , au vili.* siècle ^ une de ces filles, nommée Magdeleine , échappa au massacre que ceux-ci firent de ses compagnes. Elle alla se cachetr dans une des grottes de la montagne voisine , elle se nounissoît de fruits sauvages , et y vécut si pieusement , que la grotte, sancti^ée par son séjour et ses tonnes œuvres , fut appelée Sainte- Baume, Cette religieuse mourut ^ Saint - Maximin , étoit un monastère de l'ordre de S. Benoit , et y fut enterrée, D'abotd on honora et on ne voulut honq^ rer , à Sàint-Maximin et dans les diocèses d*Aîx €ît de Marseille , que la religieuse Cassîanite nommée Aiagieleine: mais , peu de temps après , des moiness grecs vinrent en France , et y répandirent des opi- nions nouvelles relativement aux fondateurs des églises de ce royaume , qu'ils dirent être deS| disciplç^s de Jésus-Christ , ou des missionnaires envoyés par les apôtres ; ils prétendirent avoir lu dans leurs chro- niques , que S. Denis de Paris étoit Denî^, TAréppa- gite , que S. Tifophime d'Arles étoit un disciple de S. Paul, et que S. Paul lui-même avoît prêché Fa foi en Espagne. Le goût du merveHIeux fit saisir sfvidement ces opinions , et en fit naître d'autres qui s'établirent aussi. On assura qite X^zare , qui avoit été ressuscité par Jésus-ÇbriUt ;. JVl^ximîa , un

CHAPITRE tXXViq* 12^1

des. soixante -douze disciples; Sidoine ^ Taveugle ; Magdeleîne et Marthe, étoîent venus en Pro* vence pour y prêcher la foi. Alors k Magdeleme Cassianite fut. oubliée , et son culte fut remplacé par celui de la Magdeleîne de TEvarigile, que Ton pré- tendit avoir fait pénitence à h Sainte -Baume et avoir été enterrée à Saint-Maxjmin. ( i )•

Cette tradition a cependant été le motif de I*étà- blFssement de plusieurs fêtes , de l'exécution de plu- sieurs monumens de Tart ; et la croyance que l'église 46 Saint-Maximin renferme les précieux restes la belle pécheresse , ajoute encore à la vénération que cette basilique inspire. Les nombreux tableaux et

i«"

(i) Je ne prétends pas regarder cette opinion comme absolu- ment démontrée ; elle prouve au moins ce que des gens ^éclairés pensèrent alors sur çc^te question. M. de Valois a -juge aussi que les traditions des églises , qui font remonter aux temps des apôtres Tépoque de leur fondation, doivent icur origine aux Grecs venus en France sous le règne de Pépin : ces Gr^ecs , pour plaire aux Français , établirent l'opinion que S. Dçnis , évêque de Paris , étoit Denis rAréopagite.M.deTilieipont, cet excellent critique, croit que les églises de Provence ont été fondées dans le iil.* siècle, que S, Maxîmîn a pu vivre à la fin de ce siècle , et que S. Trophime, premier évêque d* Arles , a été envoyé en France avec S. Denis de Paris, S. Paul de Narboiine, vers l'an 240. Il ap- puie cette dernière opinion sur l'autorité de Grégoire de Tours : il en conclut que les evêchés de Marseille et d'Aix ont avoir été» établis par S. Trophime ", et que les noms de Lattre et de 'Af/i3limin ont pu être ceux des premiers pastçurs de ces églises , sans qu'il soit prouvé que ces saints aient été les disciples de Jésus-Christ , ni^u^iîs aiènf été envoyés par les apôtres.

/ y

122 CHAPITRE LX?CVIII.

4

tous les ouvrages d'ornement qu'on y remar(|ûe , sont relatifs à l'histoire de cette sainte : tel? sont des bas* reliefs scdptés en bois , dont la 'diaire est décorée , et les diflférens traits racontés par les Evangé- listes sur la Magdeleine Pécheresse , et sur S,** Marie- Magdeleine, qui avoît reçu ce nom parce qu'elle étoit née dans la petite ville de Magdala y sont évi- demment confondus. Au-dessus de la diaire , oh voit , sur un bas-relief «1 marbre, la sainte., qui, selon la légende, est transportée par les anges -sur une mon- tagne voisine de la Sainte-Baume , pour être plus près du séjour des bienheureux : un de ces anges Joue du violon ; l'autre tient une lyre ^semblable à celle d'Apollon. On lit au bas cette inscription (i) :

D. O. M.

HEGNAîlTE SERENT.«> DD. VTRIVSQ; «ICïLl^ REGE ET COJVWTE-

PROVINCI^ .

CAROLO ï SACRATISSIMVM D. M. MAGDAL* CORt>VS V** ÏDVS

DECEMBRIS AN. 1279 AB£XC£L"opRrNClPESALERMl CAROLO EIYSPRIMOGEIVITO

DIVINO SPI

RANTE PNEAVMATE (sic) EIQ; SEMEL ET JTERVM SACRATIS-

SIMA PŒNITENTE ' '

' (i) a Au Dieu très-bon, très-grand. Sous fe règne du sérénis- » sime seigneur Charles I.*^'^, roi des Deux-Sjciles et comte de » Provence , le V des ides [ le 1 8 du mois ] de décembre de l'année » 1 279 , Charles son fils aîné , excelientissime prince de Salellic , » averti par une inspiration céleste et par deux révélations de » S.**^ Marie-Magdeieine, a fait dans cette basilique l'invention du

corps vénérabie de i:ctte bienheureuse pénitfente, en présence

»

CHAPiTRE LXXVni. II5

REVELANTE PR^SENTIBVS NARBONENSI ARCEAT EBREDVN ET

AQVEN. AR

CHIEPISCOPIS SPECTANTIBVS MAGALiONET^fil AGAtHENSf Et

GLANDEN

SI EPISCOPÏS m MAC BASILICA INVENTVM FVÏT CVlVS Vt

SANCTITATI ET

MAIESTATI CONSVLERETVR SVCCESSV tEMPORÏS NONK Vï*

DËLÎCET MAH

AN. iiSl SEX PONTinCVM ETDECÉM ABBfAtVivi CONlTOCAtA

smODO (sic)

NEMPE GRIMERII AQVENSISARCHJ. RAYMVNDl APTENSIS PETRI

' SIStARI

CENSIS RAYMVNBI CARPENTORATENSIS ÈERTRANDl FOROIV-

•LIÉNSI8 ET

€Vlli£LMrvt»)CI£N5]$ ÊPISCOPO"^* HYVONIS CLVNIACENSIS ,

. > . ASTORGII

SANCTI ^GIDIl PONTII AQV^E BELL-« BERTRANDI SILV^

' CANENSIS

GVILIELMI FRANCARVM-VALLIVM ARNAVDI VALUS-MAGN^ ALPHONSE

*■— ■^— f ^— ■— i—

des archevêques de Narbonpe , d'Ariés > d'Eijnbrun t% d'Aîx , et » ^t% ëvtqucs de Magueïone, d*Agde et de Glandève. Afin de » prendre une détermrnation convenafcle à la sainteté et à îa ma- » jest^ de ces précieuses reliques, il a été convoqué quelque temps » après , c*est-à-dFre, je jojur des nqnes [ fc 7] de mai 1 28 1 , un sy- » nodc composé de six prélats et dix a&bés , savoir, Grimérius , » archevêque d'Aix ; Raymond , évêque d'Apt; Pierre, évêque de ^ Sîsteron ; Raymond, éV'èqU^e deCâi'peiitl'as;Bdrtrattd, évêque <le yi Fréjus , et Goifl^umfe, 'éi^êqùfe dt Veiïcc ; Yves , abbé de Ciuni ; Astorge, abbé dt; Sàîfit Cîtfcs ; 'Pbtts, àbi'é tfAîgûcbelfe; Ber-- » trand, abbé itîe Saùvecane; GuHfaume, -abbé de Franquevaux ; » Arnaud , abb^ de Valmagne ; Alphonse, abb^ de Thoronet; » GuHfaUttie , afciWé it Sehk^aè j Bcttiaifd , abbé de Sauve-royafe ,

ni CHAPITRE LXXVIII»

THORONETI GVII.IEL*'' SINAMQV^ f ^'(^ J BERNARDI SILVuC

. REGALIS(^T JOAIWIS

VALLIS REGALIS ABBAT."" EORVMDE OMNIVM MINISTERIO

SOLEMNIS»**» RIT V ET

POMPA IN CAPSA ARGÊTEA IN MA4ORI IPSIVS ECOLES'* ALT A R

«

FVIT REPOSITVM EIVSQVE CAPVT IN AVREA THECA yARIIS GEMMIS PRETIOî-

SISQ circvmorna'

TA LAPJDIBVS NONIS MAII ANNI 1283 RÊCONDITVM AD PER-

PETVA REI MEMORIÂ.

Au-dessous de la table <^u|. contient cette inscrip- tion , il y a des ornemens en arabesques ; on y lit :

JOA. ANT. LOMBARD FECIT 1684.

En face , il y a une table de . marbre noir v^veç cette autre inscription en caractères dorés ( i ) :

NOVERINT UNIVERSI TA PRAESËTES QUÂ FUTURI CHRIST"'»

GALLI^ REGE

LUDOVICO MAGNO XIV BELLI PACISQUE ARBITRO ANUENTE

ETSPECTÂTE !

» et Jean» abbé de Vaîréas ; par le ministère 3ésquef s le corps » a été déposé solennellement et avec pompe dans une châsse d*ar- » gent , sous le principal autel de l'église , et le chef a été placé » dans une boîte d'or, enrichie de perles et de pierres préctëuses , » aux nones [le 7] de mai 128^, afin de 'perpétuer le souvenir de » cet événement. »

(i ) « Qu'il soit notoire à toutes personnes présentes et à venir, » que le jour djcs nones [ le 5 ] février i66o , avec rapprobation » de Louis XIV, roi de France -très-chrétien» J'arbitre delà guerre » et de la paix, en sa présence et en celle de la sérénissime reine- » mère M.'"^ Anne d' Autriche, et de son altesse le -prince Philippe » de Bourbon, frère unique du roi, suivis d'un nombreux cortège

;

CMÀMTRE Lxxvtn:' , iaj

UNA CV SEREN»^ REGINÀ MATRE D. ANNA A4JSTRIACA. AC

ECCELL"o PRÎCIPE PHI-

LIPPO BORBONIO GERMANO UNICO , MAGNA PRTcIPÛ DUCÏ/

ATQUE NOBILlU COMI-

TANTE CATERVA SACRAS ILL"** PCENltÊTlS MAGDALENiE RÉLi-

QÛÏÀS EXt/RNA

PLÏÏBEA IN PORPHYRÈTlCÏ PRET'IOSAM ALIAMPÉR5UM«*PONT

ÛRBANÏÏ VIIISOL^-

Nl RITU ROMyE BENEDICTA PER EXCELL"" D. TOMINICÛ DE

MARINIS ARCft. AVENIO^

NENSEEX ORDINE PRiEDlcÀTORÛ ASSUMPTÏÏ AC DICTEE URN^E

LARGITOREM MUKinçÛ PRIORE AC CjÇTERIS BELIQIOSIS HUJUSCE REGl^

POM? ASSISTENTIB? /

I PSI US REGIME M^JESTATIS JUSSU ET APPLAUSU FUISSE NONIS

" FEBR" AN. 1660 '

SOLEMNITER TRANSLATAS, CUJUS REI GRATIA PRyEFATI CCEKO*

BIT^ ALTA- RE LATERITILJINMARMOREÏÏVARIIS FIGURIS DEAURATIS SÛMIS

EXPEN-

SIS MAGNAQUE CURA ET ARTIFICIO ELABORATIS ORNATU AC

URNA . '

n de princes, cîe ducs et de seigneurs, fe prieur et fes autres reli- » gîeux de cette maison royale jr assistant. S, Exe. M.*" Dominique » deMarinis, archevêque d'Aviron, éJu dans l'ordre des frères y* Prêcheurs, a, par ordre e^tavec i'assenlitnent desa majesté royale, » retiré d'une urrie de plomb les saintes reliques de Ja très-iliustre » péni tente Magdefeiiiè , et en a fait la translation solennelle dans » une autre urne^dc poi^hyre d'un travail précicuk, don de sa » propre munificence, et qui avoit été bénie à- Rome, avec les r> cérémonies d'usage, par le souverain pontife Urbain VIIL A cette » occasion, les susdits cénobites ont remplacé, le i4dcs ides[ie 17] » d'avril 168 3 y lautel dt briques par un autel en marbre,. orné

\

?

126 CHAPITRE I,3f?CVIII.

^OaPHYJlETrCA. DECQHATV IMMUTABUNT UT LAtTEîUTl A B£C-

qA'TRjlCÊ ^UA^ AD PkDBS U^I PLURJMI VIDERANT IN PŒNITENTÊ ET

POR-

P^YRETICA Î^UTATÂ UNIYER5I VJDERÊT AC ADMIRARET

i4*»1P,AP. AN. i6§3. ' '

fyN^E|;R^a i,aci^jv|as pœnitenti>e qui^quis sis pcenitêtis

EXE MPLO ET TE TOTU *

- ' . . * i _

SENTIES IW.RÇNU LMMUTATU AX^fJfE TR^NSLATU L.CTUSQUE

AC mLA.AUDlES .

<• * i

. VADE IN PAGE.

A l'ex t rémtté^ de la petîté* nef; à êatiche diï chœw , y y a yn.amel dohtïe devant est décoré d'une pein- ture sur bois qui représeriit^ Jésus- Christ mis iau tombeau et entoure <)e$ saii^tes fei^imes ; a,u-de$spu$ on lit en caractères gothiqiies-:

^ .i-î. . A . ... ;.;l. .;., ,\ ; ,,^,,^;: •,., :.:

»CHANBERLAèï DU ROY, SENG' ^,.3?J)E $, blACbAKÎ^A FAIT FERE CEST VAUSTI.ER 1520 ET 29 DE MAU

?* àt figures dotées # :ex!Çfii»çée& à graiiçïjs ftak'et avec beaucoi^p ide » soin et cl*ait,.et y otiî, placé l'urne deporpl^yre , a^ que tout » fe mon^ ccBiteihpIât set» adnpjirât ceti^ que i'on avok vue péche- ^resse et de brique aux pté4sduSei^p;uqur,,tpaiiitçpaDtcbaxigéeleQ * pénitcnie et en perphyre^ Qui que vous sp^ez, reversez ilonç,, à sonexem^fc, des larmes de repentir ;e^vou&;^p^ ti^ouvere^ en- » ttèremem^ansformé en bie^ ,.et plein de pie vous -vous enten- » drez dice comme die , Mk^ CB p^^i ^ .>

3 ~, tt; 1. 1 (

CHAPITRE LXXVIII. îlj

On lit encore» près. de la porte du (;hceur , cett^ autre inscription : ^

D. O. M.

Aï^NO REPARAT*E SALVTW MDC€tXXVI XM[E XÏX S£PT£MBRI$

B£GIAM HAN<^ BJ^LpCA^ ^

SVR INVOCATIONE S. M. MAGDALEN^ SOLEMNI RITV CONSÊCRÀVIT ILLVST AC REVER IN PATER

'■: D. ©.

3ACOU FRANC THOMAS D'ASTESAN ORP^ PR^D. ^ISCOPVS NICIENSIS HVlVSTlEGirCO>JVENTVS ALVMTiVS. '

Le maître ai^tel est enfermé dans le chœur , qui est sép«ré de la grande nef par des grilles de f^r ^ et de^ nefs collatérales par . des murs peu élevés qui soutiennent les stalles. Le sançti^re est entouré de cinq piliers ; il est éclairé par de^ fenêtres à deux étages , qui forment ce que l'on nornme le rond- point de l'église. Lçs murailles du sanctuaire sont revêtues d'une scaïole qui figure des compartimens de marbre de différentes couleurs : on y lit lenpm de celui qui a fait cet ouvrage (i). Les mur^^epnt ornés de tableaux assez bons , de statues de bois doré et de b^s-relieli. La balustrade est marbre fa^pé l l'autel est de inarbrç ejîrîchi de figures et de médaU Ions de broiize j le tabernacle , qui est aussi de marbre, est surmonté d'une \xri\p de pprphyre , bien travaillée ^

(i) JoA. AnIp. LoMBÀtoy^/r, 1^84.

t »

V

Il8 CrtAPlTRE LXXVIII.

ceinte de deux chaînés de bronze doré, portées par deux chiens aussi de bronze y tenant un flambeau : c'est l'emblème de S. Dominique.

Dans une chapelle qui est derrière la chaire , il y a une mauvaise copie de la Magdeleme de Lebrun. . Nous* visitâmes ensuite la célèbre crypte Ton montre les chefs de S. Maxhnin et de la Magde- leine. Le premier a été refait depuis la révolution : le visage de, la Mâgdeleine est recouvert d'une corne transparente ; c'est une tête de momie , qpi a encore les dents bien conservées. Le sacristain voulut nous faire observer l'endroit , selon la légende , Jésus- Christ a touché la pécheresse : pour aider à distinguer

cette place, un mauvais tableau suspendu à la muraille

- ' -.

représente Jésus-Christ lui posant la main sur le front. Quelques fioles placées auprès contiennent , dit-on , des poftioris de la peau et des chèveui de la même samte. Il y à aussi une boîte remplie d'anneaux de verre , que l'on fait toucher à la châsse , et que l'on distribue à six sous pièce.

'Cette cry|)te renfermé des monuméns plus inté- féssâns des premiers temps du christianisme dans les Gaules : ce sont quatre sarcophages. Sur celui qu'on dit avoir renfermé le corps de S. Maximin, il y a une crèche : sur celui qu'on attribue à S. Sidoine, an voit aussi crèche, la multiplication des pains , l'hémorroïsse , l'aveugle , le reniement de S. Pierre et la résurrection de Lazare ; la tessère ou tablette

est

BBDBJîi* hi»iM

est icratenue par de$ anges : sur le tombeau cle S.^ Mar^ Ceïle, il y a des mdentures en spirale ^ et deux figures, |>ro)>abIement Celles de S. Pierre et de S. Paul : enfin celui de S.*"" Magdeleine oflfre la représentation du sacrifice d'Abraham et celle de Daniel dans la fosse aux lions* Ces divers su;ets de l'Ecriture sont à-peu-, près figurés comme on ies voit sur d'autres tom- beaux du même genre , publiés par Ariaghi , Bosid et Bottarï*

' I>e Saint-Maxitnin , nous serions allés autrefois à la SainU-Baume ( i ) , qui n'en est qu'à deux lieues : mais cette grotte , consacrée par une antique piété ^ presque tous les souverains de la Provence ont fait dès péletrinages > que la mère et l'épouse de Fran- çois I/'> Aime d'Autriche , et grand Louis XIV lui-même y ont visitée avec tant de fetveur > a été dévastée pendant la révolution ; la statue colossale de

■y

t^mmmtim^'mmt

(i)On a composé plusieurs ouvriges suV ia Sainte-Baume* p^ui curieux est cdui de Jean-Louis Barthelemi, à Valréas en Provence en 1616, li perdit à dix-huit ans« au bout de quelques semaines de mariage» une épouse qui lui étoît chère: alors îf quitta it monde , et se renferma chtl ies Carmes de Vairéas'i ii charma sa douleur en composant un poëme sur la sainte qui étoit fa pa-* tronnc de celle qu*i! pleuroit : ce poëme est intitulé la Magdeleine au désert de la Sdinte-Èaume en Provence, poëme spirituel et chrétien, tn donxf Hvres; Lyon, 1 66\. Rien de plus singulier que I!amour mystique de ce religieux.: les yeux de la sainte sont, selon iiii , des thanielles fonduei ; %t% cheveux blonds, dont elfe' essuie les pieds du iSauvcur , sopt des torchons dorés; %^ larmes / de Veau de vie ; llparlcd*HcrcuIe, de V<iui, &C; _' -^

Tomt JIL 1

t3o CHAPiTitE txxviin

h sainte a été brisée^ et l'on n'y trouve plus rien <It ce qui pouYoh . la rendre digne de curiosité. La dévotion >de. quelques fidèles » excitée par le zèle de M. l'archevêque d^Âix , a tentéde rétablir cet oratoire ; mais on parviendra diiïicileinent h lui rendre son ancienne réputation* Du reste, on peut encore visiter ce lieu^ pour ia vue étendue dont on y jouit, et les beautés pittoresques qu'il présente.

Après sivoîr vu tout ce queSaînt-Maxîmin pouvoir nou^ offrir de plus curieux, nous suivîmes la grande route de Draguignon. Les coraux que l'on aperçoit recèlent une grande quantité de marbres colorés : les moines de Saint-Maxiinin connoissoient très-bien ces ' marbres ; Louis XIV les trouva si beaux , qu'il ordonna de les exploiter, et qu'on en transporta un grand nombre de blocs pour servir à l'embellissement de Versailles et de Marly. On en a aussi fait usage pour la décoration du château et des jardins de Tourves.

Le comte de Valbelle n'avoît rien épargné pour embellir ce lieu. Il y avoît rassemblé une riche biblio- Ihèque, des ubieaux, des statues; la beauté des arbres , la longueur des allées , la grandeur du châ- teau , tout donnoit à cette demeure l'apparence d'une maison royale : cependant la richesse , plutôt que * goût, pavoft en avoir dirigé Tordonnance ; ou du moins on a pris la bizarrerie pour Toriginalité*

Le château est situé à l'une des extrémités d'une colline très-alongée ; il n$ p^^nte plus que des

HA

CHAPITRE LXXYltî. tjt

minés : la façli<|]e: seule côté de BégndUes est un j>eu conservée $ c'e$t un pbrtîqife de' dix cdoones doriques accouplée^ , en pîerw? firoide , dont les fûts sont d'une swte pièce. A Tautre extrémité la coi- lîne, il y a un^ pyramide qui îmîtë grossièrement celle de Cestius à Rome , et dans Ilntériçur de ia- quelle on a pratiqué une chambre. Au bas de cette' même coIUne , le ^^mte de . Vafcelle ivoît établi une- vacherie, et^y avoii; adossé. un ri^^mam gothique, qui avoit seryî autr^foi^ à la paroikse de Tourves , encore existante fpt. LI,jig,^). On appelle ^/^^ rium un petit. éc^içe en forme de tour, et détadié du maître autel, darl» lequel on gardoit le S.*-Sacrement; II a feît mettre sur Je mur l'inscriptbn suivante :

A grandeur trop souvent succède ignominie : De temple quç f étois , égtise )t devins ; J'en conçus tr<^ d'orgueil , on m'a fait écurie. * Passant , q6i vois i'afTrônt dont ma g!oife est suivie/ Apprends] saiù murmurer à céder aux destins.

^ Les eaux sourdent de toutes parts dans les envi- rons de Tourves;Ies foriiaînes y paraissent inépiiî^' sables : aussi des arrosemens faciles et muIôpKés y' rendent ia plaine fertile. Mais ces eaux deviennent stagnantes dans quelques ba^fonds ; elfes y forment de petits lacs , dont les émanations , à certaines épo* ques de Tannée , produisent la carie deà blés et sont très-nuisibles à la santé des hgbitans; Les plus grands iaj:s de Tourves sont du côté, de Brignoiles : on croit que les cavités dans lesquelles leurs eaux se sont

I a

132 CHAPITRE tXXVIlI.

rassemblées, ont été produites par raffaîs^ement dct lieux brûloieht des volcans. Ces eaux sont salées. On trouve, dans quelques endroits, des feves com- pactes qui renferment du quartz peu altéré.

On cultive f olivier sur les coteattîc; mais il ny parvient pas à une hauteur considérable.' Les prin- cipales productions de Tourves sont lès Blés , les foins , les haricots. Ia Carami ^ le Càtttànitz^ versent soA territoire. -On fabrique à Tourves des draps grossiers, du papier et du sàvori; il y a aussi une chapellerie* * *\ ''• ' '*

Nous allâmes coucher à Brignolfeà. Cette ville n'offre rien d'important : elle jouissôil autrefois d'une grande réputation pour sa salubrité; elle est appelée dans des tîties Ville des enfans ( i ) , parce que les comtesses de Proverice ^'y faisoient porter à l'époque de leurs couches. S. Louis , évèque de ;Toulouse, fils de Charles II , dit le. Boit£ux, y est né- et y est mort. Elle a été ravagée, pendant les guerres civiles. Le duc d'Épernon y pensa périr par i*efFet d'une, machine infçrnale. 1 . ^ ,.

J^jgnolles est l^âtîe* dans le , pays calcaire , sur If penchant «J'^nç' colline.; Les belles fontaines qui en arrosent les rues, ne les rendent pas plus propres, à cause du fu^nier que l'on y fait pourrir.

Les terres ;Sont^ en général, imprégnées de sel

(1 ) Vilia puerorum.

CHAPITRE LXXVni. 133

marin \ ot\ f\e doit pas leur donnet un labour pro- fond. Les oliviiers ont prescpie tous pén. On fabrique, dans la ville, du savon, des draps , de la colle-forte, de la cire ; il y a des tanneries , des teinturerie^ ^ des poteries , d^ moulins à huile et à foulon. I^ blé et le vin sont les productions principales de son territoire. II Êiut mettre aussi les prunes parmi ses objets de commerce les plus intéressans. Ces prunes appar- tiennent à la variété appelée perdrigon. On plan^ les pruniers dans des enclos , ils sont abrités : leiu's fruits acquièrent ainsi plus de consistance et de beauté. Quand ces fruits sont bien mûrs, on les fait tomber en secouant Tarbre légèrement ; des femmes les ramassent, en enlèvent la peau , et les embrochent avec des brins d'osier écorcés , ou les entrelacent dans de la paille de seigle, pour les sus* pendre à des perches et les faire sécher au soleil. Quand ils sont parvenus à un degré suffisant de sic- cité, on. en fait sortir le noyau en les pressant avec le doigt. La priuie, aplatie et arrondie avec précau- tion , est ensuite placée sur des claies garnies de papier , jusqu'à ce qu'elle sôit entièrement sèche : jamais on ne l'expose lorsque le soleil est couché ou par un temps couvert ; elle perdroit la fraîcheur et la transparence qui en font le principal mérite.

La ville qui a donné son nom aux prunes de Bri- gnolles , n'est cependant pas la seule on les pré- pare; car la plus grande partie vient du département

\

134 CHAPn-RE tXÎVIII,

4es BasscsrAIpes : mais c'est celle qui en fart le prin- ,dpal commerce. On y met une enveloppe marquée ,au chiffre de {a vUIe.

1! seroit intéressant d'introduire aussi dans ces contrées le^x damas violet que Ton Cultive à Tours: ce seroif ime nouvelle branche dindes trie*

Les montagnes qui Cornent l'horizon de Bri- i^nolles, forment un bassin de deux. lieues de long sur autant de large»

Le célèbre ligueur de Vins, dont faî fait figurer ie tombeiau { i ) , étoit à BrignoIIes. On y montré encore l'emplacement de son jardin , qu'on appelle h petit Paradis. Cette ville a aussi vu naître Laurent Fauchier, habile peintre de portraits ; Joseph de Paul, très-versé dans l'histoire ecclésiastique; l'abbé Granet, judicieux critique; Louis Maille, professeur et théologien célèbre, et son neveu, Joseph -Au- gustin Maille , antagoniste du P. Berruyer.

Nous reprîmes le lendemain la route d'Aix, nous rentrâmes sadsfaits de notre excursion*

(i) Voj^xxaat II, page 397; pi, XLVÏ, n.^ u

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CHAPITRE LXXIX.

I) i p A RT d'Aix.-- M A RSE I LLC*--- Fondation.--.Hî»toîre-^ Musée, Monumens grecs. Gnomon. Autel; triangulaire avec une inscription. Autel rond avec une inscription. Tt)mbeau sur lequel on a représenté les derniers adieux d'un guerrier. Tombeau de deux époux, avec une inscription. Tombeau de Giauciat^ avec une inscription. «-^ Monumens romains, Sarco- phage de Flavius Memoriusj Combat de centaures et de lions.— Sarcophage d'un enfent , représentant les gc« nies de Vulcain qui forgent les armes des fondateurs- de Rome. Sarcophage de Julia Quintina ; triomphe deBacchuset tfAriadne.-*- Sarcophage de Anno- nîus : images du Sommeil et de la Mort. *^ Siège de marbre. Masque tragique. Colonnes. -^ Chapi« teaux. ïsis de basalte.

Wous partîmes le soir pour revcnr enfin Matseille^ nous n'avions feh que passer , et nous eûmes h; plaisir de jouir du spectapcie magnifique qu'offie ia Vis ta au coucher du soleil (i)*

Narbonne^, Autun, Lyon et Marseille^ sont les villes les plus célèbres de l'ancienne Gaule ; mab cette dernière se dbtingue entre les autres par une ori- gine encore plus reculé^ et une civilisation plus an* cienne. Tout ie monde sait qu'dle a été fondée par une colonie grecque ; mais on n^est pas d'accord sur

(i) iW/f^4loiiitII»page5^8«

J 4

1^6 CHAPITRE LXXIX.

les causes qui portèrent à cette émigration le peuple qpî s'y établit.

Arîstote avoît composé un Traité de la république des Marseillors ; il ne nous en reste qu'un fragment qui nouis a été conservé par Athénée ( i ). Trpgue Pompée avoit donné d'assez grands détails sur leur histoire , ainsi qu'on peut en juger par ce que Justin , son abréviateur , nous en raconte. Son récit est à-peu*près conforme à celui d'Aristote ^ et il prouve que la tradition relative à la fondation fabuleuse de Marseille subsistoît depuis long-temps , et s^étoit conservée , mais avec quejque altération dans les noms des personnages. Nous devons aussi k Justin de nous avoir fait connoîtrè l'époque de cette fon- dation {i).

Dans la quatorzième année du règne de Tarquin l'Ancien {3) , quelques Phocéens d'Asie (4) > qui fàî- soient le métier de marchands ou de pirates, et peut-

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(i) Deipnosoph,^W, 3^. -

(1) Justin , Hist XUII, 3.

{3) Environ 600 ans avant J. C.

(4) On a dit que ces Phoeéens fuyoicnt la cruauté qu*Harpage exerça au nom de Cyrus. Hérodote, qui a raconté l'histoire de* ^conquêtes des Perses cn^onie, ne dit rien de la fondatioil de 'Marseille , et elié doit être bien plus ancienne que le règne de Cyrus : mais il paroît qu'il y a eu plusieurs émigrations des Pho« ccens à 1^2^%t\\\€}lj>^^cWLK ^ Essai. de chronologie , dans sa Traâuc* tion ^HÉRODOTE, tome VII , page 437. Euscbe, et plusieurs auteurs latins > confondent mal-*-propos les Phocéiwis d'Ionie^^ avec les habitans de k Phocide dans la Grèce propre.

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\

/ CHAPITRE LXXIX. '137

être l'un et I autre selon Toccasion, entrèrent tians la mer des Gaules et s'établirent sur la côte. II leur fiillut souvent combattre contre les Liguriens et divers peuples de ces parages. La petite quantité et le peu de fertilité des^uitres terres qu'ils possédoient 9. furent cause qu'ils tournèrent toute leur attention vers la mer: ils se livrèrent principalement à la pèche et au , commerce , et même à la piraterie. Ayant pénétré jusqu'à l'extrémité du golfe des Gaules (i) , à l'em- bouchure du Rhône , ils furent charmés de la beauté du pays ^ et , de retour auprès de leurs compa^triotes ^ ils excitèrent la curiosité de plusieurs d'entre eux par le récit de ce qu'ils avoîent vu. Cinq ans après (2.) , ,ils formèrent une nouvelle expédition, dont Simoset Protis (3) étoient les chefs. Ils se rendirent auprès de rNannus, roi des Ségobrigiens, pour obtenir de lui la permission de bâtir une ville sur les confins de ses Etats. Ce prince prépàroit ce four-là les noces de sa fille f qu'il devoit donner , selon l'usage de sa nation , à celui qu'elle choisiroit pendant le festin. Les Grecs fwent invités à cette fête. Nannus ayant dit à sa fille de présenter de l'eau à celui de l'assemblée qu'elle préféroit pour époux , elle fixa son choix sur Protîs ,

(1) SifiMS Gallicuf , ie goifc de Lyon.

(a) LaîICHBR, Trad.À*HÉnoDOTE , tomel.^' , page ^6.

(3) Aristote , dans !e passage cité, nomme ce second chef Euxène, PLUTARQUÈ, in SohMe,^, 79, ne nomme que Prçtis, qu*if appcjie Profoj, ^

13^ CHAPITHE LXXIX.

qui devint ainsi le gendre du roi ^ et fonda Mars^IIe» Aristotedit quecetiejeune fille se nommoii Petta ^ et qu'elle changea son nom en cdmdLÀmtùxene ( i ), peut- èlre pour indiquer J^ bon accueil qu'elle avoit ait k ces étrangers* Ils eurent un fils ncnnmé Protis , dont les descendans furent appelés PrvtiaJes (2)*

Selon Timée^ le nom de Afâfsûlia (3) , dont on a fait celui de Marseille ^ fut impoi^é à cette ville , ^rce que le pilote ayant jeté un câble \ un pécheur qui étoit sur la côtç , lui cria Masai alieu (4) ; c'est- Jl-dii^ y Attacht , pécheur. Daléchamps ( 5 ) dérivoit avec plus de raison cette étymologie des Salyes , qui habi- toient cette contrée. M. de Saint-Simon Sandricourt avoit renouvelé cette explication , en ajoutant que ^ dans la langue celtique y mas signifie habitation : il reste à savoir si cette signification du mot mas est démontrée (6).

»■■ III mil tmi ,, ■■ Il ^«1— ^— id^.

(1) Ce mot signifie en ^/rec èote txcellent.

(1) Outre les divers historiens de la Provence, et RuFFi dans f Histoire de Marseille , on peut consulter Pétri HElNDRiCH Massiiia^ sive de antîqnd Afassiliensium repuhlica, Argentorati , i(ff2, tS^S ^ în-i 6 ; Gkmvius, TkesoMr, antiquité Grœc, ; Jean-Pierre DEsOuRfr DE MandajoB^, Dissertation sur la fondation de Marseille, la se- conde de (pelles qui sont à ia fin de son Histoire critique de la Gatiit itarbonnoiie , Paris , 1733 ; m-îi , page jod ; et fWwrCABT , Diàr sertation sut la fondation de Marseille , Paris > >744» ûi'i^«

(3) Stephan. Byiantt, au«iot HûummJl

[4)HSoizi, Jb^tiif (5) /jfP£/i\r. 111^,4.

{6) Le même« dans les Lettres de M. GuTS stir la Grkt,, l ,

I

r> ".. -TV - *■ —1 . ■! n r

Les Marseiiloîs , san^ cesse occupés à repousser les attaques des nations voisines , et principalement celles des Liguriens, eurent besoin de ta bravoure qui Ie$ camctérisoit pour se maintenir dans leur nouvel éta-*- biissement ; mais toujours ils se montrèrent amh fidèles des Romains. Us donnèrent des marques pu- bliques de deuil lorsque Rome fut prise par. les Gau- lois , et contribu^ent à compléter le poids de Tor et de l'argent que ceux-ci exîgeoient poiu* sa délivrance : en témoignage de gratitude , les Romains leur accor- dèrent l'exemption de toutes les charges qui étoîent imposées aux autres villes alliées , une place de dis- tinction aux jeux du cirque parmi les sénateurs , et conclurent avec eux im traité qui leur étoit hono* rable { i). Ceux-ci > de leur côté , furent d'un grand secours aux Romains dnns la guerre contre Annibal : ils fournirent des galères à Scîpion (2). Ce général fit précéder sa flotte de deux vaisseaux marseillois, qui fàisoient l'office d'éclaireurs, et qui s'exposoient courageusement à tous les dangers (3). Nous avons vu (4) combien les MarseîUois aidèrent Marins à

41 8 > apporte pour preuve qu'à Arles mas signifie haiitatitm t mais mas n*est-il pas une abréviation provençale du rnoxmaisû», qui dérive lui-même du mot latin mattsiê»

(i) Justin, XLIII, 5.

(i)TïT.Liv.XXVI. 19.

(3) POLYB.UI, 95.

(4) JW/vi, page 109, ,

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i4q chapitre lxxix.

triompher des Ambronsl Ces services s^nalés ïeur méritèrent de plus en plus i'amitié du grand peuple destiné à devenir le maître du monde. Leur recom* mandation étoit puissante auprès de lui : Us ob* tinrent la conservation de Phoçée , dont le sénat avoit ordonné la ruine, parce que ses habitans avoient porté les armes contre les Romains (i).

Pompée et César avoient étendu le territoire de Marseille et augmenté sa puissance. Lorsque la guerre éclata entre leiirs deux bienfaiteurs , ^en vain les Marseiliois voulurent conserver la neutralité ; ^i vain ils protestèrent qu'il étoit de leur devoir de ne point servir l'un des deux contre l'autre : César, à qui il importoit d'occuper leur ville , la fit attaquer par terre et par mer ; il traita les habitans en vainqueur , leur enleva leurs armes , leurs vaisseaux et tput leur argent y et ne leiu: laissa que le vain nom.d'une chi- mérique liberté {2). On vit doi^ porter en triomphe la représentation de cette ville célèbre, sans laquelle les Romains n'avoient presque jamais triomphé des nations transalpines (3).

Dès ce moment , Marseille fit partie de l'empire Romain , en conservant cependant le droit de se

(i) Justin. XXXVII ^ i.

(a) Dion Cassius , XLI, 19 et 2$. Voyti sur ce siège ïe$ M/moires militaires de Ch. GuisCHARDT , ia Haye^ »7Ji8# in-4,^, |ome II , pages 37 48.

(5) QCER. 1^ (?jf c. II, 8.

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CHAPIT>IE LXXIX. l4r

gouverner selon ses propres lois : elle garda éga- lement, sa suprématie sur quelques-*unes de ses colo- nies, Athenopblis Olim (i) et Nice. . <

Constantin poursuivit son beau-père Maxîmîen dans les murs de cette ville, fy surprît au moment^ il vouloît le trahir, et le fit poignarder. Dans les temps suivans, cette ville devint, comme le:re$te des* Gaules , la proie des barbares t elle se soumit à là' domination des Francs sous la seconde race. Lorsque^ la Provence eut des comtes héréditaires; Marseille eut ses vicomtes particuliers , qui la possédèrent de- puis ^62 jusqu*au milieu du xiil/ sièclel^ y

Cettje ville , depuis la réunioii de Provence à la couronne , a été regardée comme une des plus importantes de la France. Les. troupes de Charles- Quint, commandées. par le connétable de Bourbon^ l'assiégèrent inutilement. Après avoir suivi le parti de Ja ligue, elle eutli jH'étentionde former une Vépu- blique particulîère{;i) . Enfin elle se soumit à Henri IV, qui avoua que ce n'étoit, que de ce moment qu'il se regardoît comme Eoi de France (3). L'étendtie et l'activité de son commerce l'ont fait parvenir au plus . haut point de prospérité,^ ^ , ^

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(i) Suprà, tomé Iirpage 452.

(1) /«^4,chap.LXXXï.;' *(3) V Histoire de 'ÂJarseîlUlvL pîus complète est ccife ^Antoine Dt RUFFI , Mafscîiîe , iiSçé , a. voï. in-foT. Elle tii enrichie ic * figures de moimoies , xle sceaux et de moimmexu.

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V

l4^ CHAPÎTItË LXXIX.

Notre impatience de voir les cuifiosités de cette ; vîHe célèbrô étoit exttèine. Dès le matin , nous» fûmes joints par. nos amîs, M. Bràck, et M. à&' Saiftt - Vîncens , qtiî étoh venu d'Aix pour nous ^compagner: nous allâmes au musée» : Ce local est Taiiicien' couvent des Bernanfines : le* <:orps primiîpal du bâtimeht^ avec de bettes courj^ et* vastes jardins, est affecté au lycée; le reste est cx>nsacré au musée , à l'école de dessin^ à !a biblio-^ thèque pubjiquie, au cabinet d'histoire naturelle,^ et' aux assemblées de Pà^ adémie et d'autres sociétés (|Ui s'occupent de: sciences et d'oeuvres de bienfaisance. G'^st au3C soins de M. le conseiller d'état Thibaadeau, préfet de ce département , que Marseille doit ces établissemens. Dans la pièce qui précède ie musée, £{ qui en est comme le vestibule , on a réuni des sarcophages , dès inscriptions, et dîifièrerts marbres, dont j'ai fait dessiner et graver lès principaux (i).

Je commencerai cette d^cription par les monu- mens grecs; On croiroit , d'après? l'antiquité , ia ' ridhesse et l'importance de cette colonie phocéenne ,

(i) Pendant le temps de fa terreur , fes monurtnêns àvoîent été " dispersés , et la plupart brisés ; quelques-uns itoient entassés dans- « ia cour du lycée : M. Thibaudeau a fait rechercher et rassembler da^s cette salie tous ceux qui n*étoient pas détruits. M. FauRJS- Saint-Vingens en a rédigé un catjalogue squs ce titre : Noiia des monumens antiques consery/s 4ans U fiîu^^um df flUrifeilk, M9X' seillc, i8o5,in-8.^,.3i8 yages, - ^. . ,

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\

CHAPITRE LXXIX» l4j

tfevoîr en Rencontrer un plus ^rand nombre ; cq>en-^ dant , quoiqu'on ait trouvé , en difFérens ^emps , beaucoup de monumens dans le territoire et dans le ^ort de Marseille , la plupart des marbres gxec^. qui décoretit le musée ont été apportés de la Grèce / par des curieux; ils sont étrangers à cette ville/ et ne peuvent servir à éclaircii^ son histoire. Com- mençons notre examen.

Nous vîmes d'abord un çadrm solaire de marl:fre (pi» XXVI t n** j et 6 ). Les Grecs donnoient le; Qom d! hetiotropium à ces instrumens , destinés à mar- quer les divisions du jour par l'ombre projetée d'un style ou gnomoi^ sur une surface partagée en plusieurs^ sections. Je ne ^reproduirai pas tout ce qui a été écrit sur l'antiquité des cadrans solaires ( i } ; je me bornerai à décrire celui-ci. Ce&t , coxnmfi la plupart <}es monumens de ce genre , une t^ble carrée > sup% portée perpendiculairement par (fes griffes de lioa et par une. dalle ornée d'une rosace : on a tracé sur cette furàjce «^ demi-cercle , )qui est jpartagé en, douze divisions i »u milienie^t im t«ou carré (n! y)^ le styj^ éloil fixé. II reste encore d'autres gnorr mons du n^me genre , ^ peuvent être comparés

mmtmmmÊmÊ0ÊÊm

r

(i) J*ai réuni dans le Dictionnaire des heaux-arts , an^ niots

Ô N oAf ON , Cadran , Heuotropivm et Horlocë, tdus

les détails que j*ai pu trouver sur ces irfonamcns : j'y hidi<(uc eeux qui existent aujourd'hui « et les ôuvragel dans iesqueis ils ont i»é décrits;

t44 CHAPITRE hXXlX/

avec céluî-cî ; H y en a un à Athènes sur h ntonu-* ment érigé à Thrasillus ( i ).

Nous vîmes ensuite un pttit autei triangulaire ^ qui paroît avoir été la base d'uii QBXiàé\â^xè^( planche XX\XVI, n' I ). Plusieurs monuméris prouvent que l'on plâçoit le feu sur cette base pour y faire des iîba- tions ou brûler dés parfums. Chaqueface est décorée , selon l'usage , d'une figure imitée 'd'après- le plus ancien style grec : sur I\ine fn/^J,^st Apollon qui tient sa lyre ; sur l'autre ^w/ j 2lJ , THane nrmée de. son arc; sur la trobîème (n/ j h)y reine des dieux,* Tauguste Junon, qui tient la haste pure ou s^hs fer. Sur fe bord inférieur d'Une des fecei du trépied

^ SriSXMINoiSÊTAtOPÔY

^ , JAPÀniISIANOrBÏETXHN (t) ; ' '

■• * -

c^èst-ànflirè V Sositnihûs % fis d^Evagprûs , a accompli l-r ww (3) à Seràpis, à isis et à ÀHuhls f4);^':

-Eà iftahîèré dont cettè irïscriptibrt ésr écrite , les ricMsT des divinités égyptiennes âU^ueiies elle esf consaèréô, tout doit fâîre^ rapporter te monument à» une époque postérieure au ïègne d^Hadrten.

Nous Tefftiarquâmes encpre un beatt tas *- relief ,

(i) y oyez Galerie p,ntique , pï. XLVI et XLIX. .

- (5) ^^X?^ i^npaxrtv^vofum solplt, ...

' {A)'0^ trouve spjivent aussi, dans d'autres inscriptions, Isi ,;

Serapi, AhuM, pour hidi , Serapidi, AnubiM. MuRAT. LXXIII^

j,^jLXXIV,5.

malheureusement

CttAPirftE LXXIX. t4j

ftîalheutîetisement fragmenté ( pL LVI , n.' ij;'û représente trois personnages ; un hommb debout devant une femme assise , à laqueHe il donné ia main ; dans le fond , une troisième figure qui tient dans ses bras un enfimt. On peut ne voir ici qu'un de ces adieux si souvent figurés sur les tombeaux ' des anciens; on trouve un grand noînbre scûlp- tui-es semblables dans le Péloponnèse ( i ) : niais quelques détails de costume qui sul^sislent encore , serviront à y faire distinguer peut-être une action particulière. La partie supérieure manqi\ant abso- lument , on ne peut connoître la coifTarè du hérosi On aperçoit l'extrémité recourbée d*un horniet: pointu dont la tête de lenfant est couverte : si Ton v<5uloit que ce fût un bonnet phrygien, on se/oit. porté à croire que ce marbre représente les derniers adieux d'Hector et d'Andrômaque. Cependant cette scène toufcHtfnte est décTite par Homère d'une Ui^nière ta peu différente de celle dont nous la voyons id figurée. Dès qu'Andrpmaqpe apprend que.le Coitibat entré! le^'Grefcs et les Trbyens va recommencer, elle court sur lés mursi ; Hécto^ la cherche vainement dans h palais, et sort pour aller combattre. Andromaque va k sa rencontre , suivie d'une seule esdav^ , qui

.T-T..?,l

(i) PAClAUpi t AÎQnuijnenui Peîpponnesia , 11, 231, ^33, 273. Stuaiit , Autiq, of Athens, l, ji. Marmora Oxoniensia, toitt» l, 146, UIU

Tome IIL K

\ »

._.*i^. '

y

1^6 CHAPITRE LXXIX.

porte Astyanax dans ses bras* Hector lui prend la hiain : c'est alors qu'elle lui adresse ce discours si plein de doucetur , noblesse et de sentiment, qu'il est encore reg^é comme un modèle de la manière ^'exprimer une situation qui a tant de fois se renouveler.

Ici l'épouse du fils de Priam , la tète couverte d'un voile comme les dames grecques , est assise sur uiï trône à marchepied; ce gui indique sa noble ori- gine. Hector, vêtu, comme lés héros, d'une simple chtamyde , prend congé d'elle en lui serrant la main ; îl paroît lui adresser le tendre et consolant discours qu'Homère a mis dans sa bouche.

L'artiste auroit donc commis une erreur en repré- sentant Andromaque assise. On pourroit répondre qu'il n'a voulu figurer cette histoire que comme un symbole, et non la rendre dans toute sa vérité. D'ail- leurs , fes poètes et les artistes '^e sont couvent permis de grandes innovations dans la manière de retracer fes événehiens de la mydiolqgie et de l'histoire hé- to'ft^ : on peut «n citer pt^mr exemple le prmce ÂsiykmiXj qu'ils figutenk tantôt;, conformément au récit d'Homère, comme ùtal enfant au berceau, et teuitôt cémme im enfant de dix à quatorze ans (i}.

(i) Vbjffi un bas-relîef de !a vîila Borghèsc. WiNCKELMANé -^onum. iiied. n.*** 135 et 137. M. Giraucl possède uh très -beau camée, que j*ai fait graver^ Astyanax y est représente dam Ttgo fie quatorze, à quinze ans. '

dK.

CHAPITRE LXXÏX. î^j

Il seroit donc possible que ce marbre rappelât )a sépai^tion d'Hector et d'Androinaque ; allégorie heureusement imaginée pouF peindre la situation d'un jeune ^errier qui part pour une expécCtion dans laquelle il doit trouver la mort , et qui s'éloigne pour jamais de sa jeune épouse et de son en&nt en bas âge^ porté ici par sa fidèle nourrice.

Près de ce marbre est un autre tomb^u grec ; c'est une grande pierre carrée fpL //', a/ joJ, sur laquelle on voit les bustes de Télesphore et de son épouse : le premier est vêtu d'une tunique et d'un pallium ; la femme a un voilé sur la tète. Au-^dessous il y a un homme couché sur un lit ; à côté de lui est une table servie , dont les pieds , au nombre de trois, sont faits en forme de jambes d'animaux , et devant laquelle est assbe une femme voilée. C'est sans doute l'épouse de Télesphore, qui lui a fait fiiire ce tom- beau , et qui y a elle-même été ensuite renfermée. Le repas indique l'admission de cet époux chéri aux banquets célestes.

L'inscription est ainsi conçue :

TnOMNHMA TEAE2*OPOT O EHOIHSBN

Arrn h itnh xphsth mnhmhs xapin.

Tombeau de Télesphore, que lui a élevé son épouse chérie , pour honorer sa mémoire.

Au milieu de la salle est un autel rond ( pL XXIV, n* éfj , haut de quatre pieds et demi , et ayant trois

K 2

l48 CHAPITRE LXXIX.

pieds de diamètre : il est orné de guirlandes suspendues à des bucrânei , ou tètes de taureau , dont le . front est paré de"^ larges bandelettes. A ces guirlandes pendent des tètes dont quelques-unes sont barbues : •on ne peut les considérer que comme des masques dont on âisoit usage dans les fêtes de Cérès et de Bacchus. On voit des masques ainsi suspendus à des ;arbres, sur la magnifique coupe de sardonyx du Cabinet impériaF. Ces masques , et les guirlandes composées d'épis et de pavots, ainsi que la tète de bœuf à laquelle elles sont attachées^ annoncent que cet autel a été consacré à la déesse protectrice des moissons. . On lit cette inscription :

^lATTni MNHSIEnHS

nPAHIKAEOTS NEOMHAOT

Sa formule est singulière : il faut entendre que ce monument a été consacré par MnésièpjB , fille de Neomèdes , à Philutos , fils de Praxiclès ( i ). .

Mais comment cet autel peut-il avoir été con- sacré k Philutos \ on ne connoît aucune divinité de ce ,nom , et on ne peut penser que ce soit un dieu topique oxx local; le nom de son père Praxiclès, qui est indiqué dans l'inscription, prouve que c'est un personnage qui a réellement existé. Il es^

■■Il ' ' I ' ' I ' ' *

(i ) C'est du moins ainsi qu'on peut expliquer pourquoi le nom <le Philutos est au datif, et celui ^e Mnésièpt au génitif.

\

I j»..Mn^.^ ,.^ ^ ^

CHAPITRE LXXIX. li^i

probable que Mnésîèpe voulant lui consacrer un mo- nument, aura trouvé cet autel de Cérès , qu'elle aura ^ feit placer sur son tombeau en y feîsant aussi graver cette inscription : peut-être aussi ce Philutos avoi^iI une dévotion particulière à Cérès , ou remplissoît-il dans son culte quelque ministère isacré ; peut-être aussi est-ce un symbole de son initiation aux ce- ièbres mystères de la déesse d'Eleusis.

Sur la tnhle même de Tautel on voit ce mono- gramme y J^ % , dont la forme est d'un temps bien postérieur à i érection du monument. En le comparant avec d'autres monogrammes du même genre, il paroît latin : peut-être aura-t-il été apposé par l'ordre de i'un des princes latins qui ont régné si long-temps en Achaïe , dans l'Archipel , et dans presque toutes

les provinces de l'empire d'Orient (i).

>

Daiis le courant du mois de mai 1799, on trouva, sous les débris de l'abbaye Saint- Victor, un tombeau de pierre d'environ cinq pieds et demi fpl. L VII) ; il avoit été fait pour être placé debout , et il étoit probablement surmonté d'un buste. On le conserve dans le musée (2).

■I ■■ ■« Il ji I m

(i) On voit un monogramme latîn sur un dîpfome grec du roi Roger de Sicile, dans ia Palaographia graca deMoNTFAUCON,

page 409. . •'

{2) Qe monunient a été plus amplement expfîcjué par MM. DE Saint-Vincens et Villoison, dans le Magasin encyclopédique, ann. V, tom. III , page 5^9 , et dans la Notice de M. DE Saint- VlNCENS sur son père.

K 5

\

IJO CHAPITRE LXXIX.

L'inscription renferme sept vers , dont le troisième; et le sixième sont hexamètres ', et les cinq autres pentamètres ; le dialecte ionien domine dans cette petite pièce sentimentale :

1. ThaviûtL '^ m^oc' 9ra/c JC oh^u fioç,

2. Aeij^ûbç âc /udfi^i nDt}ç Tncti^ ivofSm,

OvK t^vmç, i^njuoY, tditv ypYoY' çtoç eof nr m

5. li ^^QYi^ ^i, vfjfAç TttLrr eUlKiavL Tvy^

7. XfieACUt, JlfÇl(Y}i Ticuièç CLfJi ip^AYtn (i).

•Xjt tombeau est celui de Giaucias. Son jeune fUs lui a consacré »> ce monument de sa piété filiale , qu^îl a manifestée dès sa plus V tendre enfance. Infortuné Giaucias , tu n'as pu jouir de la vue » de ton fîls : un jour, au lieu de t'ériger un tombeau, il t'eût » nourri dans ta vieillesse I La Fortune jalouse vous a tous traités » d*une manière bien injuste : elle n'a laissé que des larmes à » une mère accablée d'années , la vîduité à une épouse désolée , » la perte d'un père chéri à un malheureux orphelin. »

Au-dessous sont deux cornes d'abondance sculp- tées en relief et posées en sautoir; sur le côté opposé

^r^

(i) I. Glaucia tumulus hic est; fiUus autem consecravit juvenis, a. Declarans à teneris unguiculis suam pietatem erga patrem,

3 . Non tibi contigit illudtèmpusadtingere , ô infelix ( Glaucia )^

qui vidisses jilium ; taîis erat ut tibi

4. Stni aîiquando paravissetnon tumutum, sed victunu

5. Ittvida autem , vos omnino injuste tractcms Fortuna ,

i, Matri quidem ( Glaucia ) in sentctute lacrymas posuik^

efusdem vero conjugi 7, Viduitatem , infelicis filii cum orbiiate.

am

CHAPITRE LXXIIC. IJf

à rinso'îptlon , il y a une barque tracée par des iîgneîi. larges et profondes; sur le troisième côté /ont voit , dans un petit carré en relief^ une guirlande , deux bandelettes, et un ornement qui rassemble à un bouclier.

La barque est ici le symbole, non des navigations: lointaines que Glaucias a entreprises , mais du séjoui^ de bonheur dans lequel il est arrivé t c'est pourquot on voit souvent , sur les tombeaux , à^s dauphins y des tritons , c^es néréides. Les cornes d'abondance peuvent aussi indiquer la plénitude dès biens dont il jouit aujourd'hui.

On voit , par leur style ou par les inscriptions dont ils sont accompagnés , que tous ces monument ont été exécutés par des Grecs. Le musée raiferipe aussi plusieurs bas-reliefs provenant de sarcoplyrges qui avoient été destinés à rçilfermer les cprps de quelques riches Romains appelés à Marseifte par leur état ou par les chaiges qu'ils exerçoient.

Le plus remarquable est le tombeau de Flavius Memorius ^pL L VI,fg. 2, /, -^/ Il est sculpté sur «et quatre faces , et le couvercle est lui-même chargé d'ornemens : la masse est formée d'éçailles imbti- quées , et les extrémités sont décorées de pal- mettes. ..

Sur la face principale ( n,* 2), on voit ui| cpm- bat animé de deux centaures contre un lion : Tun d'eux , attaqué vivement par le terrible animal, va

K 4

i

1^1 CHAPITRE. LXXIXL

lui porter un coup de sa pesante massue; ^alitne^ vient. au secours du premier , et soulève. aVec sa^ deux mains une pierre énorme pour en écraser feur adversaire. Au centre du lieu de ta scène est un^aibre , qui indique qu'elle se passe dans une for.êt. X^es hK>- numens qui représentent des centaures combattant contre des hommes, sont assez communs ; ii est pluç rare d'en trouver l'on voie comme ici (Jes Cen- taures aux pris.es avec des bêtes féroces. Cepen-^ dant ce genre de représentation convient bien aux mœurs ^ aux habitudes que les poètes ont données à ces êtres fabuleux : souvent ils I<esdépeigi>em chas- sant lés aniinabx des forêts ; et Chiron , le précepteur de tant héros , et du grand Achille luirmêrae , nourrissoit ses élèves avec la moelle des ours et le cœur des lions ( i ).

Le revers f nJ" ^ ) nous représente une urne cinéraire à dçuic anses , d'une forme élégame : elle est entre deux griffons qui y posent chacun une |>attéy dans la même attitude nous en voyons souvent qui ont entre eux un candélabre (2) ou une lyre. Sur chaque petit côté (n,^ 4 ) y'^ y a ua iiphinx.

Les centaures , les griffons et les sphinx se ren-

(i) StAt. AcMtUîd. Il, 38 j.

(2) Comme sur une beife urne de M. de Hoom. Voyri^ mes Monumeusi xmtique& inédit ^ tome ly , pagç 305, pi, XXXU

ir 1^

MMaBÉIM

tÊÈm

CHAPITRE LXXIX. 155

contrent fréquemment sur lèa sarcophages , et nous les voyons ici rassemblés sui^ un seul. M., Herdet avoît pensé { i ) qu'ils étoîent figurés sur les tombeaux comme des symboles die la destruction : M.d'Hancaiv ville veut que cette coutume dérive des Hyperboréens ou des Scythes (2) ^ dans les tombeaux desquels on trouve souvent de petites figures d*animaux qui y ont été renfermées (3). H paroît plutôt que ces animaux, qui font partie du cortège de Bacchus , sont , sur les tombeaux des anciens , un emblème de l'initiation , et, par conséquent, du bonheur céleste dont jouit celui qui y est enfermé. Le sphinx est un symbole *de la prudence; et les griflfons, qui veillent avec tant de soin sur l'or dont la garde leur est confiée , met- tront la même vigilance à protéger un trésor encore plus précieux , l'urne sur laquelle ils posent la patte pour indiquer qu'ils sauront la défendre contre tous les téméraires qui voudroient y porter une main pro^ .fane. Enfin la réunion de ces monstres ' peut avoir "pour objet d'effrayer les violateurs des tombeaux, et d'empêcher un genre de sacrilège qui étoii le plus aflFrèux et le plus redoutable aux yeux de toute l'an- tiquité.

' » I I I I ' I I II I Il ;

(i) Supplément à \2i Dissertation de l^.hlJSS\^G sur la ma-' nière de représenter la Mort; Recueil de JanseN', tome IV,.p. 27 et

(2) Jiechenhes sur l'origine de la religion de la Grèce , II, 94» 9J« (j) AUas de K Histoire de Rome, de Lecurc, pi. U-xi.

Ij4 CHAPItRE tXXIX.

L'inscription qui est aa-dessus de l'urne, notts apprend quelles sont les cendres confiées à ia vigi- lance des griffons et à la prudence du sphinx ; elle commence au petit côté à gauche (n* 4), et finît au grand côté (nJ" 3). On /lit :

BENE PAUSANTI IN FACE. FL. MEMORIO V, P QUI MILIT INTER JOVIANOS ANNOS XXVIIl. FRO DOM ANN VI FRAELANCIARIS SPE... PIS AN III. COMES RIPÉ AN I COM MAURET TING ANN II.I VIX AN LXXV PRAESIDIÀ CON DULCISSIMO.

A celui qui répose ici en paix, Flavius { i ) Memorius , homme très'- parfait (2), qui a fait la guerre parmi les Joviens [\) pendant vingt- huit ans , a été intendant des domestiques (4) pendant six ans ; pre^ mier lancier {^) de la garde de Vempereur (6) pendant trois ans; cornu

(i) FLavio,

(2) Viro Perfectissinw.

(3) Joyiens et HercuUens étoîent les noms de deux îé^ons éta- blies par Dioclétîen et par Maximien, dont l'un avoit pris nom de JupherfJovisJ , et i*autre cdui d*HercuIe. ZoziM. Hist, m, 30.

(4) pROcurator DOMestîcorum,

(5) Pralanciaris, On sait que lancea ctoît un mot gaulois, dont nous avons fait lance, DiODOR. SicuLV , 30* Les écrivains de !a basse latinité se servent des mots lanceare et lanciare [ lancer ] , lancearius et lanciarius [ lancier ], Le sculpteur de l'inscription a écrit lanciaris , qui ne se trouve dans aucun lexique. H paroît toujours qu*if est ici question d'un corps de lanciers qui faisoit partie de la garde du prince.

(6)SPEculatorum princiPIS, Selon TACITE (HistA, 24, 25; ïï> 1 1 ), et Suétone {in Aug. 74), les speculatores étoient des gardes attachés à la personne du prince.

vl

CHAPITRE IXXIX. 15J

êe hi rhe ( du Tibre) (i) fendant un an , comte de la Mauritanie Hn^tane {2) pendant trois ans, lia vécu soixame-quin^ans. Prasidia À son époux chéri (3).

Ce magnifique sarcophage avoit été , comme beaucoup d'autres, enlevé par un salpètrier d'Abc pour sa manufacture ; et le trou que Ton remarque sur l'arbre, atteste le sale usage auquel il a servi. M, Achard le découvrit, et le préfet le fit transpor- ter à Marseille. Si les habitans d'Arles n'avoient pas mis alors tant de négligence à la conservation de leurs monumens , ils n'auroient pas été privés d'un de ceux qui étoient le plus Êdts pour être l'orne- ment de leur ville.

Le titre de cornes , la forme de plusieurs lettres ,

' Il I II ■>

(i) RIPE pour ripa. Dans la Notifia imperii occidentalis , on trouve y parmi les magistrats qui relevoient du prafectus urèis, un cornes riparum et alvei, sous-entendu Tiheris ; ï\ est pro- bable que Memorius avoit exercé pendant un an cette magis- trature.

(a) CÇMes MAURETaniœ TINcitanœ. On appela d*abord co^ mites , du verbe comitare [accompagner], ceux qui composoient k cour de l'empereur et Taccompagnoient par-tout. Auguste avoit formé dans son palab une espèce de sénat privé ; on appeloit comités Augusti ceux qu'il y admettoit : c'étoit seulement une dé- signation qui servoit à indiquer les courtisans que le prince aâfec- tionnoit Je plus , et non le titre d'un otHce. C'en fut un dans i^ ^uite; et les comités ne reçurent plus ce nom de la faveur du prince qu'ils accompagnoient, mais de l'office qu'ils remplissoient , ou de la province qu'ils dévoient gouverner. C'est ainsi que Me- morius est nommé ici comte de la Mauritanie Tingitane,

(3) CONjugi BULCJSSJMO.

If6 CHAPITRE LXXir.

ne permettent pas d'assigner à ce monument uriè très-haute antiquité; cependant le style, sans être des plus beaux temps de l'art , n'appartient pas au Bas-Empire. Je pense qu'il a été fait à uné^poque plus reculée que celle pu l'on y a déposé le corps de Memorius ; que celui-ci est mort vers le temps de Maximîen ou de Constantin , et que ce beau sarco- phage, s'étant jtrouvé libre, aura été destiné à le recevoir. C'est encore ainsi qu'on peut expliquer pourquoi l'inscription , qui , comme nous l'avonis vu, commence sur uii^ des petits côtés, a été placée d'une manière si peu commode pour son développement. Un autre beai^ sarcophage de marbre ( i ) , figuré pf. XXVI , fg. 4 , attira notre attention (2^. Il est de grandeur à pouvoir contenir un enfant de dix k douze ans : la face postérieure est lisse ; sur chacun des petits côtés , il y a un griffon ( 3 ) ; sur la fece antérieure, dix génies qui forgent une armure : les trois premiers à droite sont occupés à travailler sur une enclume un grand casque d'une belle forme, et assez semblable à celui de la Minerve de Velietri ; ïes deux suivans soutiennent un bouclier sur leqyel

' ; ~ ' ; ^ ;

( 1 ) Ce sarcophage est gravé à rebours et d*une manière exécrable dans fés Antiquités de Marseillt de Grosson, pi. XXII , n.** i ; un peu toieux, mais d'une manière peu exacte» dans RuFFi, t. II » p. 132; {2) n étoit autrefois dans Fcgfise souterraine de Saint Victor, et les os de ce martyr y avoient été pfacés; ils en furent tirés a.»* XI v.* siècle pour être mis dans une châsse d'argent» . (5) Suprà,^. 15a.

"V

^^taÉaiMiMMte«^^tiEil

iÊÀ

CHAPITRE LXXfX. 157

on a figuré la louve allaitant les deux jumeaux Ro- muius et Rémus, et qui est supporté par un sphinx accroupi^ dont les ailes éployées et levées en Tair embrassent ie disque : c'est îe symbole de la pru*- dence , qui soutient le signe" commémoratif de la fondation de Rome. Trois autres génies forgent une espèce d'armure , qui me paroît être une cnémide qui servoit à couvrir la jambe : deux de ces génies sont debout ; le iroii»ième est assis près d'une cuirasse déjà terminée. Les derniers génies , enfin , paroissent tremper un bouclier dans le feu qui brûle sur un autel, pour le rendre impénétrable.

Les génies de Vulcain , occupés à forger des armes pour les fondateurs de Rome , ou à tremper le bou- clier qui , la rendant invulnérable , la fera devenir la dominatrice de l'univers , composent donc le sujet de ce sarcophage , qui a renfermé le corps de quelque Romain distingué. Ce sujet et le style du monument concourent pour fiiire reporter l'époque de son exé- cution au règne d'Antonin Pie. Ce prince regardoît comme un acte de religion et un témoignage de sa piété envers Rome , de rappeler sur ses monnoies differens traits de l'histoire primitive de cette cité: aussi les beaux médaillons qui ont été frappés sous sort Tègne en retracent-ils plusieurs. A son exemple, les Romains qui lui étoient attachés ont rechercher ces sujets de composition , qui seront devenus alors un objet de piété,- de. flatterie et de mode. Rien ne

Ijg CHAPITRE LXXIX:.

parut donc être mieux choisi pour le sarcophage à*iitk jeune enfant d'un rang distingué , qu'un sujet qui rappeloit l'enfance des héros fondateurs de Rome: ce choix étoit encore plus heureux , si le sarco- phage a renfermé deux jumeaux.

Un autre sarcophage de marbre , figuré planche XXXVII, n! j, est aussi digne d'être remarqué. II étoit dans l'égiise de Saint-Victor , et il a renfermé le corps de S. Mauront, évêque de Marseille, qui vivoit sous l'empire de Charlemagne. C'étoit alors l'usage de choisir, pour y déposer les chrétiens, dé» sarcophages païens décorés de belles sculptures : le corps de Charlemagne lui-même fut mis dans un tombeau antique qui représente l'enlèvement de Proserpine (i).

Deux Victoires , tenant des palmes , soutiennent un médaillon qui est supporté par un tronc de pal- mier : s^ux deux côtés sont des prisonniers de guerre qui ont les mains liées derrière le dos ; comme on voit , sur les médailles , la Judée , la Dacie ou la Ger- manie captives. Sur chaque côté du tombeau , il y a un char traîné par un centaure et une centau- resse. Dans le groupe à gauche du médaillon , le centaure, couronné de pin comme toutes les divi- nités champêtres , tient d'une main une lyre, et de l'autre le plectrum : la centauresse porte une corne

{ I } II est au mtuée ^e$ Augustîm» n.^ 4^8.

- -^

CHAPITRE LXXIX. 159

<I*abondance. Le premier est attaché par une large bande , dont un petit génie , qui est debout sur sa croupe, tient Pextrémité, comme pour le diriger. Bacdius est dans le char; il est nu et s'appuie sur son thyrse ; il est embrassé et soutenu par un de ses sui'- yans ou favoris , Ampelus ou Acratus, comme on le remarque dans plusieurs groupes célèbres.

L'autre groupe est à-peu-près semblable : mais le centaure porté d'une main un vase à boire , en forme de corne , appelé rhyton , et de l'autre im pedum , dont on ne voit plus que quelques légers vestiges ; la centauresse tient une branche de lierre chargée de ses baies. Le petit génie qui est sur le centaure ne le guide pas , comme l'autre , avec des rênes ; mais il cherche à hâter sa marche avec un fouet. U y a dans le <:har i^ne femme vêtue d'une longue tunique avec une ceinture , et coiffée à la manière des bac* chantes : fe ne §ais ce qu'elle tient dans la main.

Le médaillon soutenu par les Victoires porte Fins* cription suivante :

D. M.

IVLIAEQVINi* ^ >IAEC0SSVTIA

t HYCIA.MAtBR

FILIAÊ PlISSIMAE

Aux Mtu* mânes. et à Julia QuîHtina : Cçuuda Hj^ia, sa mke, à une fille très-tendre.

Grossôn, qui a donné de ce mon^imem (i) uner figure dans laquelle il' l'a dénaturé de matiiêre la plus étrange et la plus dégoûtante , s'étonne de ce que ces simulacres guerre se trouvent sur le tombeau d'une jeune fille, et paroît penser que ce sarcophage avoit été destiné à un guerrier triomphateur , et que , pour un motif qu'on ignore, on y renferma la dé- pouille mortelle de Julia Quintina. Mais on peut donner de toute cette représentation une explication bien plus naturelle. Nous avons déjà dit que les bacchanales sont figurées sur les tombeaux coitime un symbole de Tinitiation : tout ce que nous voyons ici a rapport à Bacchus considéré comme vainqueur de rinde; c'est le triomphe de ce dieu : il est traîné par un centaure qui célèbre ses exploits au son.de la lyre , et; par une ceniauresse qui tient le syitibole de la fécondité ; il est soutenu dans son char par un de ses suivans; un bouclier votif est i àelo» Fiîsagei des Romains ,^ supporté et couronné par des Victoires, et soutenu par un palmier, qui <est aussi le symbole des succès guerriers ; les captifs des nations qu'il a vaincues y sont enchaînés. J)ans l'autre char est Ariadne ou Libéra, qui vient partager la gloire de son divin épouxv Probablement , sous

' . ■■

(i) Antiquités Marseille , pi. XXII, n.® i. La figure en boîs' ^ufest dans Vflistoire Marseille de RuFFI, page 129, cjt pré- férabici quoique très-inexacte aussi.

cette

màÊÊ^c.^^.^^^m

CHAPITRE LXXIX. j6i

cette dernière allégorie, on a voulu représenter HycKi elle-même , dont le nom est inscrit stxf ce bouclier, et indiquer son initiation aux mystères.

Le tombeau suivant a été figuré et décrit pat Grosson, mais à sa manière (i). La face prinrfpâle {pi. LVIII, n." i ) est divisée en tïofe parties : sur les deux latérales on voit fe Sortitiiéif et ta Mort couchés et endormis dans un bocage ; sur célFe dti milieu est l'inscription suivante , que lèmème auteur a rapportée aussi de la manière la plus fautive :

t. A J. .. 1 ■«

rffb

DVLCÏSSIMO a:jNNOCÊ]SfTl3^. FILIOT. ANNONIO QVI y l^XT ANN. VI. M VI. D. VI. T. ANNOïfv^ a? VALERIANA. PARENTES FIUO CARISSIMO ET OMNI TEMPORE VITAE SVAE I>ESIDERAiriSSIMC)

A Titus Annonius , jils tris-<her et très-innocent, pti a vécu six gMs six mois et six jours ; Titus Annonius et Valeriana, s^sparens, à un fis très-chéri , et puisera regretté -pendant tout le ttfnpsde leur vie.

Les deux petits càtés sont décorés de gjuiriandes très- élégantes. Ce beau sarcophage avoit été enlevé du cimetière public de Paradis , et placé dans une salle du palais. II avoit été transporté ensuite. à la fontaine de l* Aumône , pour y servir d'ornement. Malgré les dégradations qu'il a subies, il mérite

^yy^ryre^ 1 *1 f tian.tf ftlT. i\^** fMirTftlI'V'

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(i) Antiquités de Marseille, ^k'XlV*

Tome IIL

1^2 CHAPITRE LXXÎX,

. On voit encore dans ce musée quelques monu» mens qui ne portent aucun signe de christianisme: les plus remarquables sont un beau siège de marbre que fai fait figurer (pi. XXXVIII , nr 6 et 7 ) ; un manque tragique en pierre , qui a été trouvé sur le chemin de Toulon en 1 803 ; une pierre carrée chargée d'armes habilement groupées ; une colonne torse ; le chapiteau d'un pilastre corinthien ; deur autres grands chapiteaux, deux petits, et deux pe- tites colonnes accouplées.

11 n'y a dans ce musée qu'un seul monument égyptien : c'est une figure de basalte, dont les jambes sont brisées ; la bande sur laquelle elle est appuyée , est chargée d'hiéroglyphes. Cette statue étoit autre- fois à l'arsenal.

Nous vîmes encore ces deux fragmens de pierres terminales :

IN-F-P-XXII

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IN F PQXhl

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( I ) /J^ Fronte Pedes XXII. .

(a) IN Fronte Ped€S (luoArtid.xm.

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iS}

CHAPITRE LXXX.

Suite de !a description du musée. Mono mens cïiré- tiens. —'Monogramme du Christ. Divers sarco-

phàges. -— Tombeau d'Eugénie: Jésus- Christ entre sès^

apôtrçs, colombes, dauphins, couronnes, inscription,

Tombeau des compagnons de S, Maurice : légion thébéenne, le Sauveur sur la montagne, fleuves du paradis, palmier, difîerens événemens de la Passion;

Pilate, comment figuré ; moisson et vendange allégo- riques. — Tombeau des compagnes de S.** Ursule: miracle de la multiplication des pains, cerfs mystiques, grappe mirac4ileuse. Tombeau de S. Cassien : agneaux mystiques. Tombeau d'Eusébie ; Jonas rejeté par le monstre marin , Moïse frappe le rocher avec sa ba- guette, inscription. Tombeau de S. Chrysanthe et de S.** Darie : nid, serpent^ limaçon inystiques.— Tombeau de Tabbé Isarn : crosse grecque, inscription.

Inscription de Catherine de Médicis,

Outre les marbres grecs et roinains dont je viens de parler, le musée renferme encote diverses tombes des premiers chrétiens : elles viennent toutes de l'église de Saint- Victor , qui en possédoit plusieurs autres. Ruffi en a figuré quelques-unes ; mais ses gravures , feites en bois , manquent d'exacjtitude , ; et il n'en a pas donné d'explication. . J'ai déjà dit un mot de Tutilité desmonumens

^ L 2

/

V

|(Î4 CHAPITRE LXXX.

des premiers temps du christianisme : ils sont vérî« tablement curieux sous plusieurs rapports. On y suit l'histoire de l'art dans sa décadence; on y re- connoit les costumes du Bas- Empire ; on y disthigue dips usages , des formules des païens , que If s diré«* tiens employ oient encore ; on y voit enfin comment ceux-ci ont fait servir les symboles mythologiques pour représenter les dogmes et les mystères de leur religion , et quelles sont les nouvelles allégories qu'ils ont imaginées. Pausanias, en.pj^rcourant la Grèce, a donné la description des monume^ç que la reli- gion avoit consacrés dans les temples : la caisse de Cypsélus , dont il parle avec tant de détails , n'étoit probablement pas plus belle que le coffre de Sens , que fai décrit. Ceux qui aiment les arts , ceux qui étudient l'histoire , ceux qui se plaisent à suivre les traces des modifications que le génie a été contraint 4'iidopter dans la littérature et dans les arts par Finfluence du christianisme , observeront avec plai* sir les premiers bas-reliefs chrétiens : ces monumens :u:quièrent aussi un grand prix aux yeux de celui dont la foi est ardente et vive. Ils sont aujourd'hui bien peu nombreux; et il est intéressant d'en em- pêcher la destruction.

Je parlerai d'abord du signe révéré du christia- nisme , du monogramme par lequel les^ premiers chrétiens ont voulu à-Ia-^fois exprimer le nom de- Dieu et représenter allégoriquemem son éternité s

. CHAPITRE LXXX- i6$

H se retrofuve sur presque tous les autres nK>im>- mens ^ et c'est le premier que fe vais décrire.

C'est une dalle de pierre ^{^ pi. LVI , n,^ y )t chargée d'omemens percés à jour : du milîea d'un vase à deux anses sort un riche cep de vigne , qui forme de larges enroul^mens ; deux colombes sont perchées sur la branche la pks élevée , et elles tournent leur bec vers le monogramme du Christ : cette partie est séparée, par une petite bafKié, d'une autre partie de la pierre ornée seulement de barreaujt croisés y avec des attaches ( i }*

Le corps de l'homme est souvent désigné ^ dans les livres saints, par les. mots de vast dt Vmne (a) ^ yast d'argile (3} : le divin agriculteur répand dessus ses bienfaits; ii féconde et fait fructifier le germe des bonnes actions qui y est l'enfermé , et qui s'é^ taid et s'épanouit comme une vigne ridie et vigon^ feuse.; lès colombes , symbole d'une smie douce et ^

I>urc , se jpfccent dessus , et , tôuhiéés vers le mo** nogramme , semblent vouloir becqueter ce signe du salut.

Le monogramme du Christ est ufi plus

{ I ) RUFFI , H'tst, de Marseille , II , 1 3 1 , a publié un marbre à- peu- près semblable, cl çuî est égaleritcrit rfàfis te musée : Il drfrcre de celui-ci par la forme des enroulemens , l'absencfe des cofombes et - des barreaux croisés. ïl yenoit aussi de Saifit«Victor.

(a) 1 Thessal, IV, 4.

(}) a C^rinA. iv, 7. ^

1-3

l66 èHAPITRE LXXX.

anciens symboles de la religion chrétienne : ceurjquî la professèrent les premiers , imaginèrent de rappeter. i^ nom de Dieu par ies initiales enlacées du mot 'Ckristos , enfermées dans un cercle , symbole de Téter-, jiité , et accompagnées delà première et delà dernière lettre de l'alphabet grec, alpha et oméga (i), pour exprimer qu'il est à-Ia-fois le commencement et la fin. Ces lettres paroissent indiquer que ce signe fut imaginé dans la Grèce : mais les païens n'en fài- soient point usage , jiinsi que quelques auteur^ Font prétendu; si on l'a trcmvé syr des monupiens profanes , c'est qu'il y avoit été ajouté postérieure- ment par des chrétiens qui étoien;: devenus posses-* seurs de ces monumens. Après que Constantin Peut inscrit sur les étendards de son armée , il fut le symbole du triomphe du christianisme. Selon les historiens chrétiens, cet empereur reçut en songe Favis deie placer sur les boucliers de ses soldats; et c'est, disent-ils, à la puissance de ce signe, qu'il

(i) Ces vers, écrits sous un moiv^gramme qui étwt à Milan dans iVglise de Sainte-Thècie, donneront une juste idée de ce caractère mystique :

Circuîus kic summi compte hetiiïît nomina Re^îs ,

Que m sine principh et sine fine \ides : * Principium cumfine simul tîbî dénotât A 0.\

X ft V Christl nomina sancta tenent,

Allecï^ ANZA, Monum.anticÂidi Miiaaa, 1^

CHAPITRE LX«X. i6y

dut la mémorable victoire qu'il remporta sur le pont Mîfvîus. Depuis ce temps ^ le symbole du Christ a décoré non-seulement ies étendards , les casques , les cuirasses et les boudiers , mais les vêtemens , ies vases à boire, les tombeaux , tout ce qui servoit k des usages sacrés et profanes ; et on le remarque sur les médailles des Flavîens. L'usage en a duré jusqu'au XI / siècle ; et il paroît avoir été souvent renouvelé pendant les querelles contre les héré- tiques , comme un signe de soumission à la foi : c'est sur-tout dans le temps des disputes contre l'arianisme ^ qui se rallumèrent au vil/ siècle , qu'on en a fait usage, parce que les Ariens, qui nioient la divi- nité de Jésus-Christ , refusoient de placer l'a et 1'» auprès de ses symboles,

La bonne exécution du monogramme que je dé- cris, sa forme, les figures qui l'accompagnent et qur le rendent conforme aux autres monumensdu même geme exécutés dans le V.^et le vi/ siècle, ne per- mettent pas de le placer à une époque moins re-s culée,; f ' :

' Nous vîmes ensuite un sarcophage d'environ sept pieds de long fpl. L VI II, n' j), dont la face anté- rieure représente, comme celui d'Aix (i), Jésus- Christ' au milieu des .doiîzè apôtres. II est assis sur \xù siège un-peu étevé et ayant im marchepied, près

( I ) Tome U , p. a 68 , pi. XXXVir.

L 4

r

fé^ CHAPITRE L?CXX,

duquel e$^ T^gneau , symbole de sa douceur et de sii patience. Le Sauveur est imberbe ; il paroît enseigner sa doctrine à ses disciples. Son siège est dans une niche moins large maïs pj^s élevée que les six autres niches , devant chaame desquelles &ont égaiemeni ^sis deux de ses disciples , sur un banc continu » çouveift 4'une draperie. I!$ écoutent tous avec ajtw tîon et recueillent avec respect les paroles du divii* maître , et témoignent , par des attitudes variées ^ l'émotion qu'ils éprouvent.

Les nich.es sont séparées Tui^e de l'autre par une cfolonnç qvi se rapprpçhç de l'ordre corinthien, et çntre chaque cintre il y a un ornement : ie cintre qui ^rmç I^ nîçhe du milice , esx accompagné de deu% colombes , qui caractérisent ia simplicité , la pudf ur ^ l'innocence , la charité > I{^ douceur et l'attention i^éces^s^res powr éviter les embûches du démon. Oa voit insulte d^ daMphins ;. ce signe» sur le^ swcq^ phages, est , dît^c^ , relatjlf ait iom qu'ont les dau-» phjns de porter à terre les çprps des, hommes qm la nu»f a engloutis ; mais n'a-t-on pas voulu pkitôt donner m ?>^hoIe de ïa fermeté d^s rxmtfïs, , quf se montroieçt calmes çt tr^nqij(Hps au ipS^m ^s, pe^r sécution^ , c^rpme ces cétaçees jouent s^r les flott pendant les. plus afïre^ses j^mp^tf^ I Le^ çwr«ftsç$ désignent la réçorapeiiisevqHi att^ij^ ceim^^l,m demeuré ferme dans la foi.

Ruffi a publié încorrectenjent ce tombeau , qn'îl

N

CHAPITRE LXXX. I<f^

dit être celui de S. Maurice ( i^) , lequel souffrit le martyre sous Dioctétien ^ avec ia légion diébéenne , dont il étoit commandant : maïs rinscription qui est gravée sur le couverde, et qu'on n'avoit point aper- çue dans le souterrain de Saint- Victor , proirve qu'il a renfermé les restes d'Ikigénie , dame chrétienne adonnée aux œuvres de charité ^ qui mourut sans enfàns , et à qui son aïeule fit faire ce sarcophage. Cette inscription est en vers hexamètres et penta- mètres : mais ils ne sont pas séparés ; une feuille de lierre indique seulement la fin de chacun : il y en a deux sur chaque ligne. Les lettres sont grandes et bien gravées : la forme des lettres b ,d, g, l'ortho- graphe de quelques mots (2) , font conjecturer qu'elle est du vu.'' ou di viii/ siècle. £Ue est figurée sur ia planche L VI JI, n* 3.

NOBIUS EVGÇNIA PRiECLARI SANGVINIS ORTV, QViE MERETIS VIVIT, HIC TOMOLATA JACIT.

EXVIT OCCVMBENS ONEROSO CORPORE VITAM , QVO MELIVS SVPERAS POSSIT ADIRE DOMOS.

QViE PRVDENS ANEMIS PERJVt AN SIT PONDEREMORVM, PROVÎDA LAVDANDVM SEMPER ELEGIT OPVS.

(i) F^^plvs bas, page 170.

(%) Mareiis pour meritis , urniolata pour mwmlaia, nétiU po«it sphùlis , laèsam fOut îapsam, besstm pour HssmU, cattdrdh font €»ndidit, lacrâmîs foi» Ucrymîsu

i7^ CHAPITRE LXXX.

PASCERE JEJVNOS GAVDENS FESTIN A CVCVRRIT , I EXAVRIENS EPVLAS, O PARADISE, TVAS.

CAPTIVOS OPIBVS VINCLIS LAXAVIT INIQVIS, ET PVLSOS TERRIS REDDEDIT ILLA SVIS.

MENS INTENTA BONIS TOTO CVI TEMPORE WTJE ^ ACTJBVS EGREGIIS. VNICA SANCTA FVIT ,

QVAM SVBOLIS LABSAM BESSE'NIS INCLITA LVSTRIS CONDEDIT HIC LACREMIS AVIA MŒSTA PUS.

Lit vohk Eugénie , issuf d'un sang illustre, (fui vit par ses bienfaits, repose dans ce tombeau. En mourant, elle dépouilla son ame d'une rttveloppe incommode, afin qu'elle pût arriver plus facilement aux de- meures célestes. Prudente danà ses désirs , elle respecta constamment l'autorité des mteurs. Prévoyante, elle choisit toujours une occupation, louable. Joyeuse et empressée , elle courut au secours de ceux qui avoient faim, se repaissant, o Paradis, de tes festins. Elle employa ses richesses retirer Us Captifs d'un inique ' esclavage^ et à rendre à leur patrie eeux qui en avoient été éloignés. Son esprit fut sans cesse tendu vers If bien durant tout le temps de sa vie ; par ses bonnes œuvres, elle fut une sainte parfaite. Comme elle est morte sans lignée , son a'teule a^igée , recofm/Mndftble par dou^e lustres] ta renfermée ici en versant des larmes de tendresse, / . ■/:.::'.

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La tombe suivante ( pi, X'IX, n/ i ) ne doit pas être séparée de celle-ci , jpuisqu'on prétend i:ju'elle Tenfermoit les corps des compagnons de S. Mau- rice (i). Ce sarcophage est partagé en cinq arcades

(r) On ne sait sur quoi cettcr^tVadition peut être fondée. Ce tonrhcau n*a jau contenir l?s* c6rps><les confipâgïiùns de S. Mau- rice^ puî&que ta icgron'rthjébécnne, qu'il comltoandoit , etoit com- posée de dix niiile hommes. On pounroit dire que c'est ceiui

.^^^^Hll^HM

- 1

CHAPITRE LXXX. ITI

soutenues par des colonnes torses , avec des chapi- teaux corinthiens : dans celle du milieu , le Sauveur est assis sur la montagne sainte , entre deux de ses disciples. Les chrétiens plaçoient ainsi le Sauveur sur une montagne, non- seulement en signe de puissance et de supériorité, m^s encore pour indiquer la subli- mité de la doctrine céleste. Les quatre fleuves qui éii découlent, sont ceux qui, selon la Genèse, sortoient du jardin d'Eden , et que les Pères de l'Eglise re- gardent comme désignant les quatre évangiles , qui se sont répandus par toute la terre, ou bien les vertus cardinales , qui sont le soutien de la religion et qui en constituent la sublime morale. Aux pieds de Jésus- Christ sont S. Joseph et la Vierge ( i ) , qui repré- sentent peut-être allégoriquement les deux époux pouf qui ce tombeau avoit été feit. On voit , dans les quatre autres niches , différentes actions de la vie du Seigneur. Chaque groupe est ombragé par un pal- mier; ce qui fait connoître Ique faction se 'passe en Falestine.. Dans le premier à gauche , on voit peut-être Jésus.- Christ qui annonce it S. Pien^e -le

II

d'Exupère et cïe Candide, les principaux officiers de ce corps après Maurice; mlis la tradition géntfllement rteçlie' est 'que fa iégioif ^thébç^nc: /ut martyrisée à Agmna , ville* toisinc du Valais, nonomcc aujourd'hui Saint^-Moriti en mémoire de tîec événement : quçique^ comp?.gnons du saint, qui n'avoient pas alors rejoint la légion, reçurent le mart)TC àSoleure et à Turin

' (i) J'ff/r^, t. Il, p. 268. * ^

IJl CHAPITRE LXXX:*

reniement dont il doit se rendre toapable ; dfliti le second , il est saisi par ies hotrimes armés pierres ; dans le troisième , il est entraîné par des» hommes armés de bâtons : le dernier groupe repré^ sente Pilate, vers qui Jésus-Christ va être conduit. Ce gouverneur est au moment de le condamner , et de se laver les mains pour témoigner que c'est contre son vceu qu'il le fait , et qu'il se croit absous par cette vaine pratique d'avoir ver^é le sang innocent. II est assis sur son tribunal , devant lequel est un marchepied ; ce qui , sur les ntcmumens chrétiens comme sur les monumeftis pro&ies ^ est signede supériorité et de puissance : il aime tuHique et une espèce de paludammt attaché sur l'épaule gauche avec une agrafe ; sa tète est ceinte d'im dia-^ 4è|me orné de pierreries. Constantin en avoit intro^ duit l'usage^ et les artistes croyoient ne pouvoir aiieuie exprimer k puissance des gouverneurs de provinces ^ qu'en les figurant avec les décorations impériales t c^esft pourquoi , sur d'autres monumens , Pilate a ia tèitf ca^ime de lauriers. L'esclave qui est devant lui ^ est VétU d'une simple tunique retroussée'; ce qui désigne sa condition. Le bon Pasteur est ordinairement ainsi représenté. Tous les autres personnages de notre bas^ reli^ portent la toge. Cet esclave présente à faver k Pilate dans un bassin plat ; et le vase d'où 3 Véi^e \ Feau , a la forme de ceux que les antiquahres appellent

% simpuyiumf et que nous nommons communément

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<:hapitre lxxx. 17^

ûiguihe : devant est un grand diota , ou vase à deux anses, placé sur une table à trois pieds. On remarqua au-dessus des colonnes, entre le cintre de cbaqu6 arcade , un serpent qui , par son enroulement , forme une espèce de couronne , et à chaque extrémité une colombe qui becqueté des fruits dans un panier.

II y avoit autrefois une frise ; mais elle n'existe plus : |e l'ai fait figurer d'après Ruffi. Elle représente des génies chrétiens ou des anges qui moissonnent le dhamp et vendangent la vigne du Seigneur : les uns ont achevé de couper les épis , qui sont lié^ fn gerbes , et ils s'apprêtent à les emporter ; les autres expriment dans un vase le jus d'une grosse grappe de raisin , tandis que deux d'entre etue foulent la vendange en dansant dans une cuve: nous voyons souvent les Faunes ainsi occupés dans les représentations des bacchanales païennes.

Le tombeau suivant (pi. LlX^n! ^^étoît, selon la tradition , celui de deux vierges qui souffrirent le martyre avec S.^^ Ursule { i ) . La face est partagée en sept arcades : celle du milieu est à double cintra avec un porte-à-faux; Jésus-Christ y paroît entre S. Pierre et S. Paul sur la montagne , d'où coulent les quatre fleuves (2); les^ apôtres sont dans les autres

' ( I ) S.*^ Ursule et %ti compagnes ont souffert le martyre près cîc >€oiogiie.

(a) Sufrà, p. 171,

\

}yi CHAPITRE LXXX.

arcades , deux par deux ', excepté dans chacune des deux dernières il n'y. en a qu'un : tous expriment par leur geste Talteniion et ie dévouement. Les colonnes qui soutiennent les arcades, ont des chapiteaux co- rinthiens. Ruffi , qui a fait graver ce tombeau ( i ) , n'a exprimé aucune des beautés de l'original : les figures sont bien sculptées , d'une bonne proportion ; les draperies bien jetées, et indiquant ie nu : il doit avoir été exécuté par un bon artiste ; ' «et il peut être lîiis au rang des meilleures sculptures du temps ces tombeaux ont été faits.

Des génies chrétiens (2) , placés au miliieu , dévoient soutenir la tessère ou tablette destinée k recevoir l'inscription , et au-dessus de laquelle est le monogramme du Christ. Des deux côtés sont des dauphins qui ont chacun quelque chose de rond dans la gueule; c'est peut-être le denier de César, qui fut trouvé dans le corps d'un poisson. A droite, on voit trois -vases placés les uns sur les autres : c'est le signe du miracle de la multiplication des pains et

[i) Histoire de Marseille f\\ , 127. .

(2) Cette frise étoit séparée lorsque je visitai Marseille; on Ta- voit remplacée par celle d'un autre tombeau brisé , sur laquelle étoit le monogramme du Christ entre deux colombes ; c*est pour- quoi elle a été gravée séparément dins la première livraison de mon atlas, pi. XXXVIII , n,^ 8 : maisM.deSaint-Vincens ayant reconnu, d'après la figure donnée par Ruffi, quelle appartient, à ce monument, je me suis décidé à la repi^oduire ici.

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jGHAÇITRE.LXXX- 17 j

des poissons à Beth^aïdé { i ) ; Jésus-Christ étend les mains sur hs vases , et le miracle e^t opéré. II y a à gauche deux cerfs qui se désaltèrent à Pun des quatre fleuves qui coulent de la montagne , et sur le sommet de celle-ci on aperçoit une biche; Le cerf est plusieurs fois cité dans les livres, saints, il devient le sujejt de plusieurs sentimens moraux : aussi les premiers chrétiens l'ônt-ils fréquemmenjt figuré sur les lampes , sur les meubles , dans les peiii- tures et les mosaïques , et sur les tombeaux. Tantôt il est le symbole du Christ (2) ou des apôtres (3), tantôt il est celui des fidèles (4) ou des saints (j) : s'il cherche à se désaltérer , c'est le néophyte qui veut apaber la soif qu'il a du salut , et s'abre^i- yer des eaux du baptême : ici ce sont les chrétiens qui boivent aux sources qui sortent du paradis vJ^ c'est un symbole des secours que le chrétien qui désire son salut peut trouver dans TEvangile. La biche qui est sur la montagne figure le Sauveur. .On voit à droite deux Israélites qui portent sur leurs épaules, à l'aide d'un bâton , l'éijprme grappe de raisin qui prouve la fertilité de la terre promise (6) ;

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(1) S. Math, xiy, 19; S. Luc. ix, 13;$. Johan. vi, 11.

(2) S; AmbROS. Enarrat. in psalm, XLl,

(3)à.HlERONYM.//ï îsaiam. XXXIV; BeDA, in psalm, XXV II l. ^ (4) CA5S10D0R. in psalm. XLl. -(5) OlîfGEN.' lib. III , in canticum cant, a, 9. [6) Numeri , XlU , 2^,

Ij6 CHAPITRE LXXX.

c'est ie symbole des biens infinis qui attendent celui qui , par sa piété et ses bonnes actions , peut mériteï d'être admis dans ie séjour des élus.

Cette fnse est moins bien travaillée que le tom- beau même, et n'est certainement pas du même ar- tiste ; elle avoit été faite séparément. On a placé sur ce tombeau , au iieu du couvercle qui lui appar- tient , une autre frise ^pl» L VI, n! 6), qui représen toit douze colombes , symbole des douze apôtres et des premiers fidèles ; il n'y en a plus que dix.

Un autre tombeau chrétien (pLLVl, nf j) étoît également célèbre. On a pensé qu'il renfërmoit le corps de Cassîen , que Marseille révère comme un de ses saints 9 et dont Tabbaye de Saint- Victor, qu'il avoit fondée , xonservoit les reliques dans une châsse d'ar-^ gent. La fece antérieure est partagée « cinq arcades , séparées jSar des pilastres avec des chapiteaux qui resseniblent à ceux de fordre dorique. Au milieu est le Christ : ti'ois autres arcades sont occupées diacune par un de ses disciples ; ils écoutent avec admiration i'esprit divin qui s'exprime par sa bouche. Un homme vêtu d^une tunique et d'une toge , et une femme voilée ^ élèvent en l'air un enfant. On a pensé que la figure qui est à l'autre extrémité est celle de Cassien, et que cet homme et cette femme lui pré- sentent leur enfant et le mettent sous sa protection : mais il est évident que cette tombe chrétienne re- présente , comme les autres , un trait de ia sainte

Ecriture ;

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CHAPITRE LXXX. !77

Ëcriture ; c*est la Vierge et S. Joseph qui ofirei^t k Dieu leur fils nouveau-né. Celte tombe étoît autrer fois portée par quatre piliers (i) ; ii ne reste aufourr d'hui que le sarcophage.

Sur un autre tombezvt ( pi, LfX , n/ ^), oh voit cinq apôtres dans dés nid^es plates, à * peu ^ près comme sur celui de S. Mitre (2} : ils sont tournés vers le Christ , qui est assis au milieu; il est san$ barbe, ef a la tête entourée d'une auréole. Le boni du couvercle forme uAe. espèce de fti^e, sur laquelle il y a douze agneaux , symbole des doui% apôtres , qui ireprésentent la réunion des fidèles. On remarque le monogramme du Christ sur un petit côté. J'ignore quel est le saint qu'on prétend avoir occupé cette tombe.

Le sarcophage^/?/. L VIII, n^z) n'est pas moins ipté* ressant : c'est celui d'Eusébie, abbesse des religieuses Cassianites. Au milieu de cannelures en spirale , semblables à celles, qui décorent un grand nombre <Je monumens du même genre , est un médaillon qui contient un personnage vêtu de la toge : c'est sans^ doute celui à qui ce tombeau étoit destiné. Au* dessous est un homme couché près d'un monstre qut a une tète de dragon , et dont la queue forme quel* ques replis : c'est Jonas , qui vient d'être rejeté par

( I ) RUFFï , Hist, de Mârmlli , tome H , page 126^ {2) Tome II, p. 268.

Tome III. M

^'i-^. ^

* ^-r^^

178 CHA.PJTJIE LXXX.

le poisson qui Tavoit englouti. Nous voyons pas le pal ma christi sous lecjuel le prophète reposa. Sur les monumens nqnibreux qui retracent cette his- toire , la figure du monstre est absolument la même. Tous les commentïiteurs ' de l'Ecriture dissertent gravement siu l'espèce du poisson qui avala Jouas: les plus fiabiles décident que ce n'a pu être une baleine; car ce cétacée.a le gosier ,trop étroit, et il ne se trouve pomt dans la mer le prophète fut précipité. Le plus grand nombre penche à croire que c'^tpit le grand requin (1). Mais Jonas n'auroit pu passer intact dans l'énorme gueule de cet animal ^ tapissée de dents en forme de scie ; et quand cela seroit, il n'y auroit pas vécu un moment : ce pro- dige n'a donc pu s'opérer sans la volonté de Dieu. Cependant les artistes chrétiens , n'ayant aucune idée du monstre qui fut en cettet occasion l'instru* ment de la puissance xlivîne , en .ont, à l'exemple des Grecs , composé un imaginaire : ils lui ont donné une tête de fantabie avec une gueule decrocodile (2), et la queue d'un poisson.

Au côté gauche du sarcophage, on voit un homme debout qui paroit saisir quelque chose qui tombe du ciel. Je présume . que c'est la nHume.

(1) Squalus carckarias,

(2) Les chrétiens ont lusi donné une gueule de crocodifc au dragon des Grecs. * . , .

■^ w^-*.

«MH^ÉÉib^MMi

CHAPITRE hX^X^ \J^ ,

envoyée par le Seigneur aux Istaélîtes pour apaiser leur faim. Au côté droit, un autre tient une baguette ; et devant celui-ci , il y en a ^n troisième agenouillé, qui est coiffé d'un bonnet.

Rufii ( I ) et Grosson {2) , qui ont fait figurer ce tombeau de la manière la plus inexacte , n'ont pas hésité à reconnoître ici les cérémonies de i'affrah- chîssement. La comparaison de ce bas - relief avec beaucoup d'autres sur lesquels Li même action est. représentée , suffit pour prouver que c'est Moïse qui frappe le rocher avec sa baguette , et qui en fait sortir i'eau rafraîchissante que les Israélites boivent avec avidité. Sur beaucoup de monumens , les Hébreux , et le Sauveur lui-même , sont coiffés du bonnet que nous voyons ici.

Les habits du personnage placé dans le mé- daillon indiquent le v.* ou le vi.' siècle ; sa toge est bordée du latus clavus. La construction de ce tombeau est donc antérieure de plus de deux cents

, - *

ans au temps S.*"" Eusébie, religieuse Cassianiie,'

y a été déposée. Son épitaphe étoit sur une pierre

séparée , qui est aussi conservée dans le musée ; la

voici :

Thicrequiescet in pa ce evsebia religiosa c^ magna ancella c^l qvi

( I ) Histoire de Marseille , page 128. (a) Antiquités di Marseille , pi. XXI.

M X

^8o CHAPITRE hXXX.

IN SECVLO AB HENEVNTE ETATE SVA VIXIT SECOLARE^ANNVS XIIII ET VBI A C^O ELECTA EST

IN MONASTERIO ScS CYRICI SERVIVET ANNVS QVINQVA ,

GENTA RECESSET SVB tsi^lE '^ . PRlC^KAL» OCTOBR* INÈkl SEST*

Jci re}wse {i) en paix Eusébie , religieuse , grande servante du Sei^ ffteur (2)^ qui a passé dans le siècje les quatorze premières années ( j) de sa vie comme séculière , et , après avoir été élue par le Seigneur p I'a servi cinquante ans dans le monastère de S, Cyr : elle est morte la veille des calendes d'octobre , dans la sixième indictton. ^

Au bas de cette inscription , il y a un vase entre deux colombes qui vont y plonger leur bèc (pi. LVIII, n." ^ ) : ce sont les fidèles qui s'a- breuvent de Teau pure, symbole deJa foi enseignée par Jésus- Christ. Ces colombes mystiques ont la queue semblable à celle du paon.

On ne sait rien de positif s^r S*** Eusébie. Son épitaphe fait voir qu'elle a vécu soixante-quatre ans ; mais elle ne nous apprend pas Tannée de sa mort* L'incorrection de Torihographe ait placer l'époque de cette inscription dans le viil.* ou le ix.*" siècle.

( I ) Requiescet pour requiesdt,

(i) Qui pour quœ , ancella pour ancilla.

{}) Ab heneunte pour ab ineunte, secolares fom secul^es, annus pour annos.

MÉ^h.«jÉMteiteMBMÉIriMift

La tfâdhîon prètertd que cette aamte abbesse ftit martyrisée par les Sarrasins : qudques légendes rap-^ portent qu'elle et ses religieuses se coupèrent le tiet pour échapper «ux violences de ces barbares ; èl comme ia figure du médaillon a le ne» mutilé ^ ou par aceident, ou pour être conforme à la tr^ition, ie peû(Je croyoit y vénérer {'image dt 4à- pudique Vierge du Seigneur.

Le tombeau qu'on dit être celui de S* Chrysanthè et de S.'* Dôrïe (pi. L VÏlI.fig, 4), èsf partage en sept arcades : celle du milieu noua fait Voir^tine montagne d'où sortent deux sources auxquelles deux cerfs se désaltèrent ; sous les autres arcades sont les apôtres dans différentes attitudes ; dans i'avânt- dernière il y a un coq, qui désigne S. Pierre. Les piliers de ces arcades sont formés par des troncs d'arbres , et le feuillage de ces arbres en fait la Vôâte. Aux deux extrémités un serpent s'enroule autour de l'arbre, et menace de dévorer de petites colombes dans leur nid ; c'est le symbole dii démon , cîontré lés embûches duquel les chrétiens doivent toujours être sn garde. Le limaçon qui monta suç un autre arbre en portant sur son dos sa fragile maison, indique la prudence que le chrétien doit mettre dans joutes ses actions.

Le tombeau de l'abbé Isarn (fl. XXXVI, w/, 4) n'est pas un des moins curieux : il éloît plate debout dans la crypte de S. Victor. L'abbé est vêtu d^une lu- nique, ettiçnt k la main un bâton en forme de béquile,

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;i .

ïgjl CHAPITRE LXXXy

sur la traverse duquel^ on lit le mot VIRGA; c'est fa crQsse dçs évéqijes grecs , appelée gamma à cause de fa ressemblance avec la lettre greçqiie de ce nom ; ce ji|uî;6ih penser-qu'un côté, de la poignéie devoît être pijus long que TamtetiLa forme de ç^ttejbéqiiUIè proiive f^%: cette^ éppque l'abbaye de Saîiït-tV içtor conser- voit encore qÇfcelques ufeagesde; Tégljise grecque. Au- tour de la tombe ,i et sur la pierre carrée qui couvre le, corps, oïl litj'inscriptîon suivàntç, que j'ai fait figurer à cause, d^ sa singulière disposition et. de 1^ forme de quelques lettres : .

SAtRA VIRI CLARI SVNT HIC STTA PATRIS ÏSARNI

MEMBRA, SVIS STVDIIS GLORIFICATA PtlS, QV^E FELIX VEGETAJ^S ANIMA PROYEXIT AD ALTA

MORIBVS EGREGIIS PACIFICISQUE ANIMIS : NAM REDIMITVS ERAT HIC VIRTVTIS SPECIEBVS

VIR DOMINI CVNCTIS, PRO QVIBVS EST HILAJIIS, qyjE FECIT DOCyiT ABBAS PIVS ATQVE BEATVS,

DISCIPVLOSQVE SVOS COMPVLIT ES5E PIOS. SIC yiVENS TENVÏT REGIMEN ; SED CLAVDERE LIMEN

COMPVLSV^VITE EST ACRITER ET MISERE, BEXIT BI3 DENIS SEPTEMQVE ÏIDELITER ANNIS,

COMMtSSVMQVE SIBI DVLck ( sic ) GREGEM DOMÏN! RESPVIT OCTOBRISTRÀNSACTO OCTAVO^wV^CALENOAS,

ET CEPIT RVTILI REGNA SVBlkÉ POLI. /

V

ici reposent les vén/rahhs memhres du père Isarn , homme célèbre, qui les glorifia par sa fervente prêté, et qui , lés fortifiant avec succès de toute Ja vigueur de son^ame, les éleva ju^qu aux deux par ses tmeurs exemplaires et la douceur de son esprit : car cet hotnme du Seigneur éto'd doué de tous les genres de vertus, et c'est par elles qu'il jouit au) our- d'hti de la félicité. Ce pieux et bienheureux abbé joignit l'enseignement à U pratique t et il iut persuader À ses disciples dedevenirpietot. Telle' fut

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Chapitre lxxx: i8î

la cenJuîte qu^il ttht durant sa vit; mais il a été contraint de terminetif fouragmstmftît sa carrière au milieu des misères humaines. Après avoir^ gouverné fidèlement pendant vingt-sçpt années, il 4^,, le 8 des calendes Moctohre (i), abandonné avec douceuf le troupeau dié Seigneur tfUÎ lut avoit été confié, et s* est élancé vers les royaumt s célestes [%), . .

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La première figne de finscriptîoh est séparée ;

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on y lit :

1

OBIIT ANNQ MXLVIII INDICT. I, ^PACTA IH.

^. t

// est mon l'an lo^ ^ le premier de l'indiction{^) , et le troisième d^

V^acte[^), \ \ _ ^

On lit ensuite dans l'inscription "qui entoure la tête et les pieds : *

CERNE, MORS QUE' LÇX* HOA|Îî1;NI NOXA PROTXÎPLASTLIN Mit DEFUNCTO INEST MISEROî SICQUE GEMENS CORDE, DIC, DlC:

Dêus , Huic M15ERÉRE. Amen.

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Vq^'ei^ comme ta mort, qui, par péché du premier homme , est 'devenue une lot ,• à' exercé -son empire sur moi, malheureux défunt; et dites, dites donc ai'ec un caur gémissant :] Dieu ,jqye^pitié de lui. Ainsi soii-U. ^ , , .

'■ Isam étoîjt à Toulouse; il fut déterminé, par ïes prédications de fabbé Gaiicelîn , à prendre l'habit

*i^

(i) Le 24 septembre. RuFFXr Hist. de Marseille, II, 148, al donc tort de placer la date de sa mort au 2 septembre.

(2} Cette inscription a été copiée de la manière la plus fau- tive par RUFFI, Hist. de Marseille, \l» 129 ; et H n*en a pardonné la figure. ^ i

(:)) Llndk^on étoit une révc^utîon de quinze années. , (4) L epacte est fa série de onze jours qu on a été obligé d'ajouter à ^l'ani^ iun«irc ^ pour reudre égale à Tannée solaire.

M 4

|84 CHAPITRE hXXX^

monastique, et U entra dans Tabbayè de Saint- Victor, dont H fut nommé abbé après ia mort de Wifret. H $e distingua tellement par sa piété et sa bienfiiîsance , qu'il fut regardé comme un saint , et qu'on lui attri- bua des guérisons miraculeuses. En 1476 , Louis XI envoya trente écus d'or en offrande à son tombeau.

Le musée possède aussi quelques plâtres moulés , parmi lesquels on distingue TApoilon du Belvédère , la Vénus de Médicis , la Vénus Callipy^e , lés Lutteurs, le Torse, la copie du sarcophage d'Aix qui représetite facçôuchement de Léda ( 1 ) , et un Amour du célèbre sculpteur Canova. Sur un marbre qui étoitauxCapu^ cins , on voit lès armoiries du roi de France mi- partiel avec celles de Médicis, et les armoiries du grand-prieur.

Depuis mon départ ] les tableaux ont été placés dans la salle qui leur étoit destinée : ils sont aujour- tf hui , d'après le catalogue qui en a été publié (2} ^ au nombire de cent soixante-dix. Cette collectiori è'est formiée de la réunion de ceux qui décoroîent ïes églises ; elle offre les noms dfe grands ttiattres du plusieurs écoles.

On y voit une sainte FamiUe et un Christ r^ffî, xjui sont de bons ouvrages du Pérugin , très-impor- tans pour suivre les progrès de Tart de la peintiirç et remonter aux commencemens de Técoïe italienne*

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(i) St^àiVbmt II, page 244.

(2) CatalogKf da tMtaux qui comfim»f le misénie Mantille *

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CHAPITRE LXXX. l8y

Dans le premier tableau, la S.**" Vierge est assise sur un trône élevé sous un portique; elle a son fils Qhéri sur ses genoux; S." Anne, sa mère, placée derrière elle , posç ses mains sur ses épaules ; S." I^li*- sabeth tient le petit S. Jean dans ses bras, et près d'elle sont S. Joseph et S, Joacfiim. Le nom de chaque personnage est peint sur l'auréole qui en- toure sa tête. Le dessin de ce tableau est correct, et il est utile dans Técole pour faire connoître aux élèves la première manière de Pérugin : l'architecture est d'un bon style.

Le second tableau est de {^ seconde manière de ce peintre. Le Christ mort est étendu sur les genoux de sa mère, dont la figure a une expression de dou- ieqr très-bien sentie ; S. Jean , à genoux , soutient sa tête ; Magdeieine est à ses pieds , qu'elle mouille de ses larmes ; d'un côté est S. Nicodème , de l'autre S. Joseph d'Ârimathie. Le fond est un portique d'un l)Ctfi style , qui laisse apercevoir un paysage. La com- position de ce tableau est très-belle : le coloris est vigoureux ; il a malheureusement soufFert , et l'on y remarque un grand nombre de retouches. Mais si Ton reconnoît l'authenticité des tableaux du Pérugin , celle du S. Jean camposant VApQcalypst, qu'on attri» bue à Raphaël , a été contestée ; on croit cependant y reconnoître la seconde m^nièae de ce maître : it faut avouer que ce tableau a été très-maltraité fet très-mal réparé. S. Jean est assis sur l'aigle, et H

/

l8^ CHAPITRE LXXX.

écrit sur une tatlette qu'il tient de la main gaucfce ; lés formes sont régulières et bien contre-posées , et les draperie;^ majestueuses. L'artiste a placé , au bas du tableau, une vue de la ville de Castello. On ne peut pas assurer non plus qu'une Noce de village, qu'on dit être d'Annibal Carrache , soit réellement de lui : il en est de même d'une Magdeleine , qu'on attribue.au Dominiquin. Quelques bons tableaux de l'école ita- lienne se font remarquer dans ce musée ; tels sont les Suivons : un Hermite contemplant une tftc de mort, par Saivator Rosa ; un Crucifix , par Solimène; un Christ mort, entre deux //w^fJ^parleCaravage; la Charité ^ et trois Cavaliers , par Paul Véronèse; une Construction dt VArthe , de Bassan \ Hector disant adieu aPriam , par Guerchin. Les figures de ce tableau sont plus grandes que nature ; c'est une scène de nuit : un jeune homme tenant un flambeau allumé éclaire le tableau \ Hector et Priam sont richement vêtus. L'efFet de nuit est bien senti ; le coloris est bon : mais Je tableau, pour les formes et les costumes, offre les mêmès^ défauts que tous les autres ouvrages de ce peintre.

On possède de Rubens une Flagellation , qui est un de ses bons ouvrages , une Adoration des bergers , une Résurrection j et une Chasse au sanglier ^cj^i mérite d'être décrite. Le principal objet du tableau est un chasseur nu , poursuivi par un sanglier : sa lance est brisée, et if n'en peut présenter que le tronçon à l'animal. L'expression de terreur de cette figure est

>

CHAPITRE LXXX, 187

du pitis grand effet. Deux chasseurs arrêtent ce san- glier, avec leurs lances; pn iroisième, à cheyal , te perce de son ép^ ; deux chiens ont saisi i'aninlal^ d'autres sont morts, Rubens est à cheval aii mitied de ses deux femmes. Ces figures ne prennent aucune part à l'action , sans doute parce que ie peintre a craint de nuire à la ressemblance : i'exf)ressionesttouteTéunie sur le premier chasseur. Le piqueur qui ^onne du cor pour appeler le reste de la troupe, a été également soigné; ie coloris a^iimé, l'action des veines et des muscles, indiquant bien ses efforts. Au premier coup- d'œil, la composition ne surprend pas; mais , enl'exa4 minant > on trouve que tout est beau , que tout est fini : Je coloris est admirable; le ton local est argenté.

Parmi les autres tableaux des écoles allemande y flamande et hollandoise, en distingue un Paysage , par Breugel; un Christ mort y sur :Us. genoux de Vierge, '^2LX Van Dyck; la PécAe mira€uleuse, une Sibylle, par Jprdaens ; rAss(imptim , par Philippe de Champagne; Enée a Carthage, par Lairesse^ un Philosophe lisant , pur Skzlken. . ' Les tableaux de l'école française sont en plus grand nombre que les autres. Plusieurs sont insignifians, et ne méritent pas l'honneur d'être iK)mmés : nous excepterons une Adoration desiergers , par Mignard; la Présentation au temple ; par le Sueur.' Les figures de ce tableau sont plus petites ,que nature. La, pose du prêtre q|t grave : f exprçs^on de >a tête ièst

t88 CHAP.ITRE LXXX.

pleine de dignité ; elle est levée vers le Père étemrf^ qui est porté sur un groupe de trois anges : ia Vierge et S/* Anne sont à genoux sur le même plan ; S. Jo-» seph et quelques autres personnages sont sur le second plan* Ce tableau est éclairé par les rayons de Tén- fant ; ie fond Représente l'intérieur d'pn temple. La composition est facile, l'effet harmonieux. Ce tableau a un vrai mérite* Li Ctnturion dîmandûnt a Jésus^ Christ la guérison desMJih , et la Ptsclne miraculeuse^ sont des ouvrages du respectable sénateur Vien.

Ce musée renferme, en outre, une smte nom?' Breuse de productions des plus célèbres peintres marseiilois, Puget , son fils , et Serres. Les plus beauit tableaux de Puget sont, le Baptême de Constantin ^ celui de Clovis^ et le Sauveur du mande, qui étoient à la Major. Ce dernier tableau est regardé comme le chef-d'œuvre de ce peintre : le Sauveur est assit mafesmeusement sur un trône de nuages; de la main gauche il montre le ciel , et ta droite est appuyée sur son genou ; la tête est d'une forme noble et d'une expression touchante ; le manteau bleu , qui sert de draperie, est richement dessiné; la tunique est d'un rouge pâle dans les clairs [ pour conserver la masse dans le centre tableau ; cinq anges sont groupée avec grâce autour du Sauveur. Ce tableau n'attire pas seulement les regards par l'effet du coloris, il est encore d'un dessin mâle et vigoureux : il fait voir ce qu'au* roit été Puget, s'il ne s'étoit adonné quîà la peinture.

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I

CHAPITRE LXXX. l8^

^ II y a de Puget fib une Présentation et deux Visitations. Serres est celui dont on a le plus grand nombre de pemti;res , et néanmoins son nom est presque ignoré ; il n'étoit pourtant pas tout-à-fait sans mérite : il est vrai que sa couleur. est terne et peu * agréable ; cependant on voit avec quelque plaisir son Martyre de S. Pierre» Le dévcHiement que cet artiste a montré pendant la peste de Marseille , l'effrayante peinture qu'il nous en a laissée, auroient suffire pour arrachet son nom à cet injuste oubli (i). Le musée possède de lui vingt-un tableaux : h Martyre de S. Pierre, que je viens de citer, est le meilleur; quatorze représentent la vie de S. François.

JI y a aussi dans le musée quelques portraits. On remarque ceux de M. le Bret, président au parle- ment d'Aix , par Daret ; de M. de Saint' Fiorentin , par Toque ; de Ninon de l* Enclos , de. Henri duc d^ Savoie, de Jean Racine, tx du Maréchal de Villars» Ce musée est sous la direction de M. Goubaud^ membre de l'académie , et prc^esseur de dessin dMS différentes écoles. C'est à la complaisance de co jeune et habile artiste que je dois des notes sur fes meilleurs tableaux du musée^ ^t les d^simis de pIu<-> sieur» sarcophages chrétiens. •>

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^i) Le nom <îe Serres ne se trouve point dans les Dkdonnatres des artisus de FUESLY , de PlLKlNGTON et de FuOA ; ^ n'est pas. même dans le Dictumnaire des illustres Provençaux; et M. ÇUYSl'a seulement cixi danvl'ouvrage intitulé Marseille ancienne et moderne.

CHAPITRE LXXXI.

Description de Marseille. Quartier neuf. La Cane- bière. Rues. Théâtre. Abbaye Saint-Victor. La ville vieille ; ses habitans. La Major. Eta- blissement du christianisme en Provence. Ancien temple de Diane. Pilastres prétendus antiques. ; Reliques. Tableaux. Baptistère, par le Puget. Sarcophage. Crosse. Histoire de S. Lazare en bas- Telief. Maison de T. Anrjius Milo ; son bustèl Hôtel-de-ville. Ecusson sculpté par le Pùget. Statuçde Pierre Libertat ; son histoire. Tableau de Serres ; Peste de Marseille. La Consigne. Bas-^ relief du Puget. Boutiques. Vaisseaux. Tableau de David,

ijA nouvelle ville de Marseille, car on peut appeler ainsi la réunion des édifices qui ont été bâtis vers la fin du dernier siècle, a beaucoup de noblesse et de magnificence. Elle commence à la moitié du grand cours: est le quartier de laCanebiere, nommé ainsi parce quïl a été bâti sur des champs qui produîsoient du chanvre ( i). La grande rue de ce nom est bordée de boutiques richement fournies ; les maisons y sont très-élevées , et d'une architecture uniforme : à son extrémité , on voit flotter les vaisseaux dans le port.

(i) Le chanvre s'appelle en Provence canébé, mot évidemment dérivé du grec xtu/vctStç^ cannabis.

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CHAPITRE LXXXI. ipi

Lorsque les riches négocîans eurem commencé k bâtir dans ce quartier d'après un plan régulier , il acquit erîcore un accroissement considérable par raddîtîon de l'arsenal des galères , qui occupoit , à l'est du port, autant de terrain que le tiers de la ville. Le roi céda cet' arsenal à une compagnie pour six millions , et on envoya les galères à Tou- lonw La compagnie combla cette partie du port avec les décombres de l'arsenal , et vendit le ter* rain. La triste demeure des forçats fut remplacée par de beaux hôtels , et le luxe règne aujourd'hui habitoîent autrefois l'opprobre et la misère. Les rues sont bien alignées , bien pavées , bordées de trottoirs; il y en a trois principales dans toute la longueur de la ville : elles sont traversées par un grand nombre d'autres ; ce qui forme de grands massifs de maisons, qu'on nomme îles. Ces diffé- rentes îles sont numérotées , et les maisons qui les composent ont aussi un numéro particulier. Cet usage existe dans toute la Provence : peut-être vient- il du Comtat , les papes l'avoient introduit ; car on sait que la ville de Rome étoit autrefois ainsi par- tagée. Quelques-unes ces îles sont d'une architec- ture uniforme ; il est fâcheux qu'on n'ait pas suivi le même plan pour toutes les autres. On craint cepen-> dant que, dans le plan de ce quartier, la salubrité* n'ait été sacrifiée à la magnificence : pour garantir la ville de la trop grande action des vents et du soleil

L

tpl CHAPITRE LXXXI,

levant , peut-être auroit^on tracer les tues dans la direction du levant au couchant , et non dans celle du nord au sud.

La. principale rue est celle de Beauvau , cjui a pris le nom du gouverneur de Marseille au temps elle a été ouverte, Le théâtre est à son extrémité, sur une grande place , et entièrement isoi4: la façade , ornée de colonnes et surmontée d'une attique , est assez belle ; mais le toit qui s'élève au-dessus fait un mauvais effet. On croiroit voir VOdéon de Parb «t la rue qui y conduit. Les corridors sont trop étroits ; mais rintérieur delà salle est très-^beau. Le spectacle est toujours fort suivi : on y fome le grand opéra, on y représente des ballets d'action ; et, de même que dans toutes les ville^s du premier ordre , le goût domi* nant s'y déclare pour ce dernier genre de représen- tation , qui porte un coup funeste aux progrès de i'art dramatique.

C'é toit dans ce quartier qu'étoit l'antique abbaye de Saint- Victor , dont on attribue la fondation à Cas- sien vers Tan 4o8 , et qui avoit été bâtie au milieu de$ champs. Les religieux qui Thabitoient étoient au nombre de cinq mille : c'étoît de ce monastère* et de celui des Iles d'Or qu'on tiroit ceux qui étoient destinés à réformer les abbayes. La sainteté de ce cloître avoit fait donner à tout le terrain ^u'H occupoit, le nom de Paradisus : c'est pourquoi la plus longue rue du quartier neuf de Marseille , qui

passe

CHAPITRE I.X.XKÎ- 19}

pqs^e&ur cet anpi^ §<)îi, ?$^^ppe4éela md^.Parndi^.

Une antique relîgioaavoit cQnsacifé ,cq monastère t les reliques de scm riche irésôr éloient célèbres. Ses religieux, siécul^isé§ ^n ri 7 39, pQ»to|em titre fomtes^. U a été «létruit. ; et les anciens sai;çophageé qp'il E^nferiiaoît ,. et qjai som les moaumem de la piété dps pjfeintièrs chrétiens de Marseille, Moment au jour* d'hui , comiiie an \'a vri ^ h wmée, de cette ville ( i ).- Après avoir visité \^ iK>uveauK tfuartiers , nous patcQ^mm^Vannertfif^nlJjS. Elle est bâtie sur une longue coUhie ,.à iîouçst <Jû poHlyh distribution en est la» mêune que celle de h viUe neuve : elle est aussi divisée par trois grandes rues ^ traversées elles- mêities par d*aûtres qui forment des îles ; mais les rues se dirigjent.de J'est h fouest. Presque toutes soiit noires, iOjdes> anguleuses, ^e$ et puantes.. Le grand nombre de puits empêche d'établir desegouts;. ce-? pendaç^t ç'e^l; un préjugé de croire que > quand même €es*ëgoutS' seroient Bien construits ^ îes pùîis^seroient corrompus T de s'esf èt2Lh]i le sale et insalubre usagé de pgfîçrs a chaque raatiii.eît;. chaque spîr, les immiQïiT dices^dons les rui8B;eau)c-v teplus souvenVori fes jetoit par^s fenêtres 1 ' çni^rïint pûsiare^ X\ht H'^^ vant de : près la pairolè, on enjç^;i4Qîfj,,par~lput ré-: peler. les: rimprécations de D.i J^apKèt'tfArménieî Lâvfeilàtfrë'cîu ipréfet-dé Sîbiicè; M^dé-*Pérmoilt, *

- ^\ P\ ni .7:01 . ".'.i .^Wi-izYr'' ' v/-î^\v'\ c:j' : '{'^ . ■•. .

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(i) Si^à\ p. i7<$et^^NM i^;>î>i , Vwab^.r -:V vuo VA

Tome IIL N'

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1^4 CHAPITRE LXXXI.

a empêché ce désordre , en faisant établir , sur d!f« férens points, des lieux d'aisance , et en imposant aux contrevenans de fortes amendes. On peut au- jourd'hui aller le soir dans les rues sans craindre ies cassates ; mai$ les ordures que Ton dépose près des ruisseaux , les rendent plus dégoâtantes ef plus infectes que ies étables d'Augias. Des hommes , appelés^ escoubiers , vierment chaque jour les nettoyer ; et cette entreprise est pour eux très-lucrative.

A l'extrémité de ce quartier ( i ) , près du rivage, est l'antique cathédrale, appelée /'JE^//:r^ majeure , et en provençal la Major, Si l'on s*en rapporte à la tradition adoptée par quelques auteurs , cette église a été construite dès Forigine du christianisme (2) ; c'est la plus ancienne des Gaules. 5. Lazare , dit- on , en fut ie fondateur : ii avoit été chassé de

( I ) Pour tien connoître la vîHé de Marseille , on doit se procu*^ rcr ie Plan géométral de la ville et de ses faubfputp ^ leui pai( crdrt df$ Roi en lyS^ , sous l'inspectton de M. DE PlERRON , lieutenant- colonel du corps du génie, iXc. par RoULLET , en deux feuiUcs. Le cadre est orné de gravures ^ui représentent ies prmcîpaHx» édi- fices de ia ^iHe. I| a p«r» un autre plan {çv^pai; GuiMET'^enli TÇttifB faut y joindre le Plan de Marseille avçc un projet d'agrandisse? ment et d^embeilissement , 1 804 > fn-fol. La ville fait travailler depub i3o2'à uii'tiôU^eau pian très-^étaillé ; ce grand Ouvrage, c«itrpï«ispar:MM..'CA^iissEtletD£SMABETS, sera;bient6t tern>mé^

(a) Massilia chrisHana ,-auctQre X Bapu Gi/E$KAy, è Sf^i Jcsu. Voyez ht^ Annales de Afhrseille , Lugd. 1 657, in-fdf. His- toire ecdéiekstique- de Marseille par RuFFt , xx laseconde édîdoit àc %on Histoire de Marseille, i^9^,ûi-;ffti;j\ : : , v^?. (:;

CHAPITRE LXXXI. ipj

Jérusalem avec S/^ Marthe et S.** Maria-MagcJ^eîne ses soeurs , Marcelle leur servante , S. . Maximin , 5. Joseph d'Ârimathié y S. Célidoine ^ qu'on croit êtrf l'avei^ie , et d'autres disiciples de Jésus- Christ , parce qu'ils prêcboient hautement que le Sauveur du monde étolt i^ssu^cité; ils fut'ent tû^s exposés d^ins un vaisseau sans voiies , sans avironsr et. sans gouver*- nail : înab pieu vèiHoit sur ia bar<|u^jqui.portoit la saintb troupe ; éile aborda heureusnmfot dsms le port de Marseille» Cettexobnie chrétienne rép'^i^it dans la Provence culte du vrai Di^u^-qi^l remplaça celui de Diane y que Ja colonie phocéerme y avçlt établi ; Je temple de la dées^ fut transformé ^n j^rie église^ qui a toujours été depuis le siège des .évêque$. Lç^ saints protecteurs de la Provence^ 'c M^g^lçleine et I.azare, demeurérerlt à MarseiUe, tandi^ qijiç S* Maximin et^S: Célidoine alière^.tjj>i^tpr,ib JGm dans ia ville d'Aix^ ainsi que S.'*. Marthe ef S/f^Maç. ceUe (bns celle de Tarascon. ^ - _i .,.

LliistoiiCé ne confirme pas ces vieilles crpy^tnces^ et nous avons. déjà vu (i) ce qu'on doit en penseï^ ^lon Sulpice Sévère » le contemporain et l'ami <^ S. Martin de Tours , ia foi a péi)étré assez tard dan; iès Gâuleà : les illustres martyrs^ de Lyon et de Vienne, qui s<mt ^norts en 1 77 , furent les premiers

qui donnèrent leur sang pour religion. Grégoire

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(i) Supri, p. 119. o^

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|05 CHAPITRE iXX^Xf;

tie Tours fixe au îii.* siède TartRée de Su Tïd- pbîme à Arles ; U est certain que , verè la fin de cette t>éri6de, il jr ^voit des chrétiêûs.'en. Jfcoveaeeï^ tt que la-' p^rsi^ution de Dioclétieil' et de Mkxirmeà y«^ d€?s maitjrff* Le premier côncUe d'Arles; leim ^h 314:, lie préàèilte fe$ noms qtie ïfc.fax)is églisK fïu évèchê^ dans loiite k Provence , Arle^/ Mup- sïïHe et ApiV^t de quatre égKs«iTimhr6phe's^Fi^/7«^, Yaisèn , 'P/kè'-ét'Omnge, Dairis le ¥/ ilècle, le thnstisp^ ni^me étdit trè^-répandu dam :la:Fr6Vence , et pro- fessé fettr dfe^ hommes d'un haut rang : les beaux tdmt héVLUX chrétieïis coftservë^ i Aix ( 1.)% à- Samt-^Maxi*- tnîn (i}Vi^-^fe^ (3) ^ ^ Maîseiile, to offircht des témoignages.' - . .\ ^ , . -,

On présume que /^/ï^yV a Voit remplacé Fan- cîen teniple- éé- Diane ; plusieurs défari^L d'édfficeft Wofinés^ avîôiènt au moins* servi à sàconscnièdon. -Henri- IV «n fît enlever de b^Hes i^olônnes j le comte de Tende en fitenfev» d^oxâUtres pour les donner au toilnélàbie de Montmorencr, son bëau- ftère. Nous avons vu (4) que le niiausalée de Gaspar ^e Vins , ¥ Aix , fut ausst constt'uït iiec dés itiafisirci iîtés ie cette église; r ^ - I ..

^*' Cet'éifi^cé*, qui* tombe èh ruîrtè^, n'a rieA ^k

r " » 1

{2) Suprà, "p^gc iiB.

"" (3) ^^fi^' ^ Tartide rf*ArîC5.

(4) Suprà^ tome 11^ page ^97»

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Temarquable dans sa construction : rintérieur en est étroit et irrégulier. On nous fit remarquer des pi-r iastres de'raarbre agréablement ornés plantes char- gées flMeurs et de fruits y parmi lesquelles se jouent de petits génies. Grosson , qui les a publiés ( i ) > i^ regarde comme de précieux restes de l'ancien temple de Diane; mais le sty{e en est bien supérieitf à celui de la sculpture chez les anciens ^ au temps ils surchargeoient d'omemens les pilastires et les colonnjçs : qn y reconnoît , à la première vue , la manière qui a régné depuk François I." jusqu'il Henri IIL La conformité de ces omemens arec des sculptures semblables exécutées à Anet , à Ecouen ^ à Gaillon, &c. rend la chose indubitable.

Les chefs de S. Lazare et de S. Cannât étoient enfermés dan^ des reliquaires trop riches pour qu'ils échappassent à la proscription qu'ont essuyée les restes de tant d'autres saints.

Les tableaux de Puget qui décoraient cette église en ont été enlevés; ils sont placés au musée (2). On voit encore dans la sacristie un ancien tableau^ dont les figures ont beaucoup d'expression ; il repré- sente Jésus-Christ condamné au tribunal des pontifes. Si le baptistère est , comme on le dit , de la compo- sition de Puget , cet artiste a bien manqué de goût dans son exécution.

«Il <

(i) Amiquitis de Alamilîe , pi. XXHI ct XXI Y; (a) Suprà,^i!L^ 184.--

N 3

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1

'ip8 chapithe ixxxr;

Le devant d'autel de la chapelle iSLt% fonts est un sarcophage antique ( pL LIX, fig. 4 ). On y voit un philosophe ) ou plutôt un magistrat, vêtu à la ro- maine, ayant près de lui des manuscrits attacRR avec une courroie : aux deux extrémités, il y a aussi de^ hommes , dont l'un tient un rouleau , et en a éga- lement un paquet près de lui. Le bas - relief du maître autel est uiie grande dalle de pierre sculptée à la manière des sarcophages , mais d'une dimension bien jJus considérable (pi. LIX, Jig. j ), II est par- tagé en trois arcades soutenues par des colonnes , dont trois ont des chapiteaux corinthiens , et une a un chapiteau ionique : toutes ont des cannelures au-dessous des volutes. Dans i'arcade du milieu est la Vierge , vêtue d'une ample robe dont les manches sont très -ouvertes , comme celles que les femmes avoient vers le milieu du dernier siècle. Elle porte une couronne basse avec de larges échancrures ; elle est assise sur uii siège sans dossier. L'Eln&nt Jésus , qu'elle tient sur ses genoux , a la tête en- tourée d'une auréole ; dans sa main est un rouleau déployé, qui, sans doute, contient la parole de Dieu» Les deux saints qui sont sous les autres arcades, ont chacun un costume différent. L'un porte sur une longue tunique une autre tunique plus courte , k franges, qui paroît être de lin; elle est attachée avec une ceinture : par-dessus le tout est une grande chape fixée sur la poitrine avec une fibule ou agraf<»

CHAPITRE LXXXr; ïpf

dont h tète paroît être une gemme. L'autre saint a sur sa tunique une espèce de surplis à pointe , par- tagé dans le milieu parcune large bande qui forme ITf sur la p(;iitrine. Tousies deux ont Fétole, et sont coiffés d'une mitre très*basse , assez semblable à un bonnet ^ attachée par derrière avec une bande dont les bouts tombent surPépauIe , et teUe que les évêques en por- toîent dans le XI / siècle , ainsi qu'on ie voit principa- lement sur leurs sceaux. Ils tiennent (kns la main une grande crosse d'une fonne particulière : elle est recour- bée , selon l'usage ( i ) ; mais son extrémité supérieure est tenninée par une tête de serpent. Les. chrétiens avoient adopté ce dem|er signe » qui , chezles païens , recevoit tant de significations ; et ils i'employoient i ou pour désigner le démon , tantôt cherchant à trom^ per les chrétiais , tantôt abattu par le triomphe de Jésus- Christ , ou pour caractériser la prudence , comme chez les anciens Grecs et les Romains. Jésus- Christ recommande à ses disciples d'être prudens comme des serpens (2) : cette vertu doit être sur- tout celle des évêques i aussi leur bâton pastoral est-il'souvent décoré du signe que nous remarquons ici 9 et qui se voit sur un grand nombre d'anciens

(i) L'usage de la, crosse des évêques, qui est le symbole di« Hton des pasteurs , est tros-bien exprimé dans ces deux vers :

Attrahe per prtmuin ; mtdio rege, punge per imum ; 'Attrahepeccant^f,regejustos,puvg€iag4intis^ ^

(a) MattkX, i6.

n4

Hcà CHArîTKE ;,1CXXÏ.

mônumené. D'après la foiine des vêtemens et^elîè de la mitre , ce devant d'autd peut avoir été fait dans le X/ ou le xi/ siède : îi aura peut-être été apporté dltalie ; car il est d'une trop bonne exécution pour avoir été sculpté dans la: Gaule à cette époque.

Près de la sacristie, on voit, au-dessus de l'autel de S. Lazare , trois statues en marbre , qui sont peintes et dorées : S, Lazare est au milieu, dans le costume épiscopàl : à droite est S/' Marthe; elle tient la cruelle Tarasque, qui dévore un homme t k gauche est S." Magdeleine, Plus haut il y a une 6uiie de sept petits bas - reliefs , -qui représentent toute ^histoire de S. Lazare : i.** Jésus -Christ approcha du tombeau de Lazare pour le ressusciter; 2,** aprè^ ce miracle, le saint, assis sur le bord de sdn tbm-r beau , parle aux assis tans; j.** Jésus»Christ est à table fivec lui; la Magdeleine vient essuyer > avec 3a che^ Velure ,- les pieds du Sauveur, qu'elfe avoit arrosés de^ baume; 4»** Lazare arrive dails une barque iC Mar* èeille; j.** il prêche en chaire devant le roi du pays; 6.** il sacre des évêques;'7.''* son martyre.

Nous avions amené des maçons pour découvrir une inscription arabe qui existoît autrefois dans cette église , et que nous espérions trouver encore dans un caveau que M. Achard nous indiqua ; mais ho$ recherches. furent vaines.: il paroît.que cette insçrip-» tiona été brisée et perdue coram^. 'a plupart de-célles qui e3ç}itoiçnt ^utrefoi? 4an§ h Prpvençe, J'en' ai

J

CHAPITRE liXXXI. lOi

t

TP plusieurs copies manuscrites^ mais , comme elles ne mejwoissént pas phts fidèles que celle que Ruffien a donnée ( i ) , J^ i^'^i pas cm devoir ia faire des^ner. Nosamisnous oonduisfarent^ en,sortantd^ia'Mâfor^ dans la rue des Grandç^-Carmes , pour y voir une masure que la tradition a rendue célèbre : on pré- tend que c'étoît rhabitatîon de 7T Annius Milo, cet illustre banni que Télotjuence de Cicéron ne put garantir de Texil , et qui demeura Iong-t«nps à Mar* seiile. On nous y fit remarquer le buste grossière- ment £kil d'un homme nu , ayaùt les mains drofeées sur le ventre : ce, buste est supporté par une console décorée de fa figure d'un loup , et a au-dessus de tète une couronne en forme d'uii simple cercle, comme celles du vi,* siècle, qui est soutenue par trois chaîner /pi, LJX, n! 6). Selon la nlêrtie tra- dition , ce buste est l'image de Mîlon , qui a été placée par ies Marseiilois , dont il avoit su gagner raffeciion pendant son exil. Ruffi et Grosson {2) soutiennent vivement cette opinion ; elle a cepen- dant été combattue par d'autres auteurs , qui n'ont voulu voit dans cette sculpture grossière qu'une image de S, Victor. Ceux-ci ont au .moins reconnu que Mîlo , distingué par sa naissance et par ses richesses , n'avoît pu habiter une si chétîve demeure , et que les Marseiilois a\^roient alors employé le ciseau

(i) Histoire ^e Marseille , tome II , f2Lge 316, , (2) Anti^uitfs d( Mmeilk, pi, XJ et xxxiv.

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i02 CHAPITRE LXXXI>

de quelque artiste grec à reproduire ses traits : ils ont bien senti que cette mauvaise figure ne pouvoit appar- tenir qu'au moyen âge. Les feuilles qu) suspendent la couronne, et qui ressemblent absolument aux omemens du même genre qu'on voit sur les mgnu- mens de cette époque; la forme ogive des ornemens de cette couronne y que Grosson appdk mal-à-propos un pendentif; tout enfin atteste que cette image ne peut avoir été faite avant le xiv.^ ou le xv/ siècle : mai$ ce n'est point une figure de S. Victor, qui, étant soldat , n'auroit pas être représenté nu. II est évident que c'est celle du Christ après la flagellation ; la nudité du corps et les bras croisés le démontrent d'une manière certaine. La couronne qui est sur sa tète , convient au roi du monde.

Ce quartier, sur- tout en descendant vers la mer, est le plus mal bâti ; il n'est , en général , composé que de misérables masures , qui servent de réduits aux pêcheurs. Ceux qui l'habitent diffèrent réellement des autres habitans. de Marseille et de tous les Pro- vençaux, par le vêtement, les habitudes et le lan- gage : ils ne s'allient guère qu'entre eux , et leur race demeure ainsi sans mélange. On pense que c'étoit vers ce lieu que l'ancienne Marsdile étoît située, et que ce sont les descendans directs des premiers Phocéens qui la fondèrent. Cette idée est exagérée : dans tous les temps , dans tous les lieux , plus ï'homme est voisin de la misère ^ plus il est loin

CHAPITRE LXXXÏ. aoj

icTune compïète civilisation ; et ces pauvres pllcheurs ne sont pas plus d*anciens Phocéens , que les déchi- reurs de bateaux de la Râpée , à Paris , ne sont d'anciens Parisii.

Nous descendîmes sur Je quai pour voir l'hêtel-de-- yîlle , dont la façade donne sur le port. C'est qu'est la bourse, ou ce qu'on appelle la loge des marchands. Cet édifice, qui est aujourd'hui Y hôtel du commis- sariat de la police et celui de la mairie , n'est pas assez étendu et n'a pas assez de dépendances pour sa desti- nation (i). La façade est composée d'un corps-de- logis flanqué de trois pavillons : ils étoient décorés de bas-reliefs allégoriques, auxquels on avoit substitué de maussades sculptures dont les sujets étoient rela- tifs à la république et à la constitution de 1 79 3 . Nous remarquâmes un coq dont la queue étoît tournée vers tête, parce que l'ovale il étoît représenté rie s'étoit pas trouvé assez grand pour lui donner di- rection qui lui convient, Uécusson royal , sculpté par Puget (2), n'avoit pa$ été tout-à-fait détruit; mais il avoit subi d'étranges métamorphoses : les lis avoient disparu pour faire place au bonnet roûge, et ceïui-ci figuroit au centre du cordon de l'ordre du

(i) li est figuré sur (e plan de Marseille.

(2) Puget avoit fait prix de quinze cents livres : il repré- Knta que le marbre lui coûtoit treize cent quatre-vingt-dix-huit livres , et qu'il ne iuî restoit que cent deux livres pour le prix de son travail ; il offrit aux échevins six mille livres pour racheter ion ouvrage ; mais crux-ci le forcèrent à tenir son marche.

J

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ao4 CHAPITRE LXXXf,

Saint-Esprit, qui avoit été conservé. I>epurs quelque temps on a placé sur Técusson les armes de l'Empire^ ^t sur la façade le buste colossal de l'Empereur^ exécuté par M. Chardini. L'ancien écusson avoît été fait avec beaucoup de délicatesse : mais , comme il demandoit plus de soin que de génie , il auroit être confié à un ouvrier plutôt qu'à un artiste ; et ce travad étoit indigne d'occuper le ciseau du Phidias marseiliois:

Comme cet hôtel étoit trop petit, on a imaginé de construire l'escalier dans une maison. voisine, et de faire un-pont pour la comnuinication.

Cet escalier , d'une exécution très-hardie , est orné d'une statue de marbre qui représente un guerrier cuirassé ; c'est celle de Pierre Libcrtat,^ libérateur de Marseille : elle lui fut décernée pour avoir arraché cette ville à la tyrannie des chefs de ligueurs qui la gouvernoîent. Quant au nom de Libertati on en ignore l'origine (i). L'action de

(i) On a prétendu que le nom de sa famiHe étoit Ba}oit; qu'elfe étoit originaire de Caivi en Corse , et avoit reçy , deux cents ans auparavantjenomde Liber tat ,^o^xr avoir affranchi cette ville de la tyrannie des magistrats , qui voulqient la livrer aux Espagnols. La conformité de cette histoire avec celle de la délivrance de Marseilie* en prouvelasuppositton : eîiè a sans doute été inventée par ies pa- négyristes de Libertat , pXHir relever son origine ; et elle a été accré- ditée par lui-même et par sa famille, quand ils eurent reçu des lettres de noblesse. Barthélemi , qui vint le premier s'établir à Marseille, ii'avoit sur sa tombe que le nom de discrète persQnn$

CHAPITRE. LXXXl. ;20y

Pierre Lîbertat fut utile à son pays : maïs rile n'est accompagnée (Faucuii signe d'héroïsme ; rien ne la rend véritablement noble i et généreuse*- Pierre Li- ber tat ^étoit vendu aux terribles duumvirs de Mar- seiile, Charles de Càsautx çt Louis Daîx ( i ) ; ces scé- lérats pay oient ses services , i'admettoient dans leurs secrets ^ et lui; avoient confié la garde de h porte Royale. II cafcuia adroitement que leur puissance ne pouvoit sesoutenir , et les t^fahît par intérêt, et non par amour de la patrfe , puisqu'il n'agît qu'après avoir fait un accommodement par lequd on lui assuroit des honneurs , des dignités , 'dés terres et de l'argent (2), La manière même dont il exécuta son projet est artificieuse , et elle n'a aucun! caractère de bravoure et de grandeur. Il trahit Loùb Daix, et le livra aux assîégêans , en faisant fermer la porte derrière

\ t

BanhéhmiLièfrfat, s^ns aucune memioii de celui <ie B^ijon^Som, fib Barthéleim, îc 15 juiflct 1640 , neprenoit.d'*uire.ti|rç,<iuc celui de marinîtr. Pierre, le libérateur de Marseille , estinort^ans enfans : les LUtrtat qui ont été connus, depuis, dç$çftndc|içî\t d'Antoine son frète. II existoit encore en 1789 .wn c<ieva,liçrv€lf libcrtat. On ôroit cette famille icteinte.

(i ) Charles de Gasaiik , h<wtime turbulent cfccouvert dp .çrigo^ç*^ s'étoit fait wômmfer consul ; et Louis Daix , que les triiwma^ix tvoicnt flétri, et qui avoi't^té forçat sur la galère du d,uç d'Auçiâlç, ^oit parVe«ii itfa cbarge de vigùkr par rappui des siditieujLs .

{%) Ces ^ndîtions sont consignécy rôàns un manuscrit de la Bibliothèque >ri4pcrialc> fonds de Dupuy , n.** 155. PAPO^f , Histoire de Pthvxkce , TV, 39 j ; les a rapportées. Elles coiitieim^ à-peu-près tout ce qui toi fut ânstiite aecoidé par le Roi, :. . ^

J

ao6 CHAPITRE Lxxxr.

lui , après une sortie. li avoit conçu le dessein de feire tomber la herse devant Casaulx , et de Tas^as- siner ^ntre les deux guîdiets ; mais il abandoi^ina cette idée pour une autre r aussi lâche : il attira . ce dernier, par un faux aVis, vers la pcn-te qui lui étoit confiée, et près de laquelle il se tenoit Tépée k main; Casaulx, qui le croyoit armé poiu: repousser les assiégeans , s'avança sans défiance ; Libertat le jeta à terre d'un coup d*épée , et se fit aicfcr par son frère Barthélemi pour le tuer (i), L^ suite de cette action fut la reddition de. la yUie. et la délivrée de Marseille : aussi les habitons of$rirept-iis à ^on auteur des gages éclatans de leur reconnpîssancep Us arrêtèrent que cet heureux évéttemcntseroit cé- lébré par une procession annuelle, et qu'on éleveroit

(i}On peut consulter^surla reddition de Marseille, les ouvrages suivans : Histoire véritable de la prire^ de Marseille par ceux de U ligue , et la repritv(e par ks bons serviteurs du Rm.,. le 26 avril rjSf. Voyez tome I.*^*" de V Esprit delà Ligue, page 83. Lettres écrites Marseille^ contenant au vrai les choses qui s'y sont passées les 8 ,p et jo du mots d'avril ij8y , in-8.° Discours véritable de laprije et réduction de Marseille: Paris, 1596 , in-4.** Discours véritable des particularités qui se sont passées en la réduction de la ville de Mar-^ feille en VobéissMtce du Rai ; t^^6, iiorS.^ -^Discours de ce qui s'est passé en la prise de Marseille , pour le service du Roi, par monseigneur h duc de Guiie, son lieutenant-génial en Provence, selon l'avis donné par un de la ville même, du i S février tjp(^* Voyez Journal de Henri IV, tome IV , la Haye , 1 741 , in-8.° Histoire véritable dt Aa réduction de Marseille à l'obûssance du roi Henri IV i Anvers , n^i6, itf-S.** Histoire de Marseille, par RuFF^ , t. L*S p. 4aoj et ceUc di Provetice, par Papqn , t, VI, p, 388,

~;

CHAPItRE LXXXI, io/

dans rhôtel-de- ville un monument à libertat, dont le nom fournit aux poètes le texte d'une infinité feux de mots et de calembourgs, qui ne contri- buèrent pas peu à le faire placer à côté de celui des héros libérateurs de leur patrie (i).

Henri IV donna les plus grands éloges à libertat; il le combla de biens , en confirmant presque toutes les promesses qui lui avoient été faites par le duc de Guise. II lui accorda des lettres de nd^Ieske pour lui et ses frères , le nomnxa viguier , lui fit pajrer une gratification de cent mille écus y l'exempta des tailles; et lui donna le commandement de deux galères , de la porte Royale et du fi>rt de Notre-Dame de la Garde. Ce grand roi devoit ainsi récompenser magnifique- ment un homme qui i'avoit si bien servi ; il ne devoit voir que l'effet , sans remonter à la cause ; et la poli* tique l'engageoit encore à encourager ainsi tous ceux qui contribûpient , par des moyens quelconques , à ramener les villes sous son obéissance : mais' il est constant que Libertat, en mettant à prix ses services^ a avili son action ; il devoit en retirer de grands

I

(i } On ferdit un volume des misérables vers remplis de maus^ •ades équivoques sur ie mot Libertat; je ne citerai que distique;

OccisusjustislÀhtxtxCdsalus.armis, '. , >

Laus Christo, urbs Régi» LUertas sic datur urlU .

<?n fit encore ces vers français :

Digne cœur de ton nom , puisque tu as été Pans Marseille psetnier auteur de iij}erté»

"^

!•*

iio8 CHAPITRE tXXXU

avantages , et elle lui prfeeiitoit peu de risquea à cpuriir^ enfin elle est du nombre de celles qui doivent être payées seulement avec de l*argent. J'avoue qu'entassant devant la statue de Lîbertat, pensât à la*)oïe que ies.MarseîHob durent ressentir d'être délivrés de deux scélérats qui les tyratmisoiait , et dfe rentrer sous les lois de leur souverain légîiinié ; et dç? quel souverain ! du bon Henri ! mais, je *n'é- prouvaî pas ce sentiment xi'admirationi qui élève Tame et procure un contentefment si parfeît, i la vue des images de ces hommes qui ont été animés du pur désir de la gtoire et du véritable amour de la patrie;

Cette stetue est d'une assez mauvaise exécution. La nlain de Libertat est armée d'une véritable épée; peut-être est-ce celle qu'il trempa dans le sang du rebelle Gasaulx.

Deux grands tableacux fixèrent long-^témip^^fK^t^e atteatîdn mon qu'ils se recoHunandènt pâroînè -ia- vante composition , par t^i dessin correct, pàriin brillant xoloris ; mais .^^ représentent d^s détalk ^1 variés et 51 vrais de la plus grande calamité dont-ting population nombreuse puisse être affligée:^ que <iOus lie pouvions nous arracher ail triste plaisir de f es contempler ; de même qu'on s'attache à îîrè un ro- man médiocre, à voir un drame souvent mai dialo- gué et mai conçu , parce qu'ils nous racontent ou exposent sous nos yeux le.îjpeçtacle de ijiisères que

nous

#

N

CïîAPÎTftÈ tXXXU tôf

ïious pouvons partager , de malheurs qui peuvent aussi nous atteindre. Ces tableaux retracent, avec une extrême fidélité , les horribles^ravages de la pesta de 1720.

De célèbres historiens, de grands poètes, ont décrit ce terrible fléau , cette maladie d'une ville , d'une nadon entière : on cite encore comme des modèles l'éloquente description de la peste d'Athènes par Thucydide , et les beaux vers de Lucrèce. La peste de Marseille a été le sujet de plusieurs ouvrages (i) ; et il y a peu d'années encore , elle a été décrite d'une manière énergique par Marmontel et Papon {i\

. ( I ) Relation succincte touchant tes acctJens de la peste de Marseille ^ sonprognostic, &c. par MM. ChIcoyneAU , Verny et SoULLlERS^ médecins de Montpellier j Paris, 1720, m-^P Ces m«dedns sont ceux que le Roi envoya à Marseille pour y observer la nature de la contagion. Relation historique de la peste de Marseille , paï Bertrand ; Colôgije , \yzi ,m-\i, Cest l'ouvrage le plus exact et le plus circonstancié. -— Relation histoHque de tout ce qui s'est passé à Marseille pendant la dernière peste ; Lyon, Duplain, in- 12. Cet ouvrage paroît n'être qu une contrefaçon de Vautre. - Observations sur la peste qui règne à Marseille, par MM. BERTRAND €t Michel ; Lyon, 1721 , in-12. Journal abrégé de ce qui s'est passé en ia ville de Marseille pendant la dernière peste ^ tiré du Mémo* rial de ta chambre du Conseil de l'hotel-de^ville , tenu par le sieuf PiCHATTI DB CroISSAINTE ; Rouen , 1721 , in-4.*» Avis dt précaution contre la maladie contagieuse de Marseille , par Jérofnt* Jean PESTALOZZI ; Lyon , 1721 . in-12. Relation touchant les éicc(dens de la peste de Marseille , son prognostic etson caractère; Paris ^ 1720, in- 1*2. Journal de ce qui s'est passé à Marseille pendant lu #(7»û^/V« ; Paris , 1 72 1 , in- 1 2 .

(2) Marmontel a fait, dans son Histoire de la régence^ t. Il ,

ToîM m. . o

/

2IO CHAPITRE LXXXl.

Je n'en rappelleraî pas les diverses particularités : il suffit de savoir que cette maladie fut apportée par un navire qui renoit de Séide, et qui entra dans la rade le 25 mai 1720, On douta d'abord de lanature du mal, mente après qu'U eut pénétré du port dans la ville ; et il y exerça des ravages qui ne cessèrent entièrement qu'au mois de juin 172 1 (x).

Serres (2) , élève de Puget et auteur de ces ta- bleaux , exerça pendant contagion HionoraMe et périlleuse fonction de commissaire de son quartier ; fet il fut du nombre de ce^ hommes respectabies qui se distinguèrent par un généreux dévouement : il a donc bien coimu les détails que son pinceau devoît retracer ; aussi sont-ils tous variés et d'une vérhé effrayante , malgré le défaut de persi>ectîve et ïa sécheresse des couleurs. Ces ,deux tableaux repré- sentent le déplorable aspect qu'offroient alors les quais et le cours : on voit des moribonds étendus ,

page z6^, un tableau assci animé de la peste de MarseiHe. pAPON a donné, dans son Histoire de Provence, t. IV, p. 654, des détails plus étendus : raak c'est siir-tout dam son ouvrage intitulé , de la Pesu, eu ÉpofUts mémrMes de ce fl/aâ.umt I.", p. zo6 et siiiv. , qu il faut lire Thistoire de ce grand dé6a5tre ; il «n a vivement retracfé reffrayant spectacle. Au surplus, ces deux autcui-s ont pris pour base la Reidféon du médccm BERTRAND.

(1) Eiie emporta, dans cet ^pacc de temps, 4^,^ 6^ per- jonncs à Marseille, 10,148 dan* les ^iffegc^ voisins, 15.283 à Toulon , 6,900 à Arles, 7,534 à Aix) en toftt;;»,* 34-'

(a) Siq^rà, p. 189.

Mh^iÉfci^— —fc^** * I I 1 II . ..^^^^^igi^utajgii^

CHAPITRE LXXXn ' lu

dyant près d'eux une cruche et un vase que quelques personnes compatissantes remplissent avec" terreur (TeauL et de bouillon? le cours est jonché des ca* davres de ceux qui ont cherché l'ombragé de ses arbres ou celui des toiles que les ofiiclers munici- paux y ont ûit tendre : pàr-tout ce sont des scènes déchirantes d'enfans , de femmes , de vieillards expi- rans. Au milieu de ce spectacle d'horreur , Toeil s'at- tache avec complaisance sut les hommes ^ju'îl voit Voccuper du soin de secourir les malades {i )', ou se charger du ministère le plus dangereux et le plus utile , celui de faire enterrer les morts : les forçats , les malfaiteurs employés à ce terrible office , n'y peuvent plus suffire ; iW précipitent les cadavres par les fenêtres , les entassent dans des tombereaux , ou ies traînent avec des crocs (2), L'intrépide chevalier Rose (3) les conduit. On reconnoît, à leur costume^

les médecins qui firent dans cette occasion le noble

>

(i) On y distingue les médècms Bertrand» Montagnrer, Peys-» sqne! , Raymond , Audon , Audebert> et les commissaires , parmi lesquels Serres s'est représenté lui-même.

(2) C'est pourquoi on les appeloit des corbeaux,

(3) II y a au château Borelly, àBonneveine» un tableau de dt Troy, qui représente le chevalier Rose faisant jeter par les galé- riens les corps pestiférés, abandonnés dans les souterrains qu'il a découverts sous l'espJanade de la Tourette. Ce tableau a été gravé par Simon Thomassîn, en 1717. On peut dire que, sans Tins- criptioiT, on ne devineroit aucunement ^intention de l'auteur « tant la composition est confuse et peu caractérisée.

0 7.

1

aia CHAPITRE LXXXI.

sacrifice de.Ieiur vie. On ne peut contempler san* émotion la vénérable image de Beizunce , ce prélat qui gouvernoit alors Féglise de Marseille. On le voit portant aux mourans les dernières consolations de la religion , et prodiguant pour eux ses biens et ses jours ( I )..Dieu , qui mit dans son ame tant de diarité et de vertus , veille sur lui pour qu'il puisse en être encore le plus parfiiit modèle (2).

Notre ame étoit trop émue pour que nous pus- sîons^ songer à autre chose qu'à la terrible catastrophe que nous avions sous les yeux : nous ne regard4mes pas quelques maussades peintures qui tapissent aussi cette salle sans la décorer , et nous nous rendîmes à la Consigne, ou Bureau de santé, qui est à l'entrée du port dans la fausse baie du fort Saint^ Jean , sur le même quai*

(i ) Toute l'Europe a célébra ce vertueux prélat, dont le nom floît vivre à jamais dans la mémoire des hommes. Pope lui a coii« ^cré des vers qu'on a traduits, ainsi :

Lorsqu'au sein de Marseille un air contagieux Portoit l'affreuse mort sur se^ rapides ailes , Pourquoi . toujours en butte à se% flèches mortelles» Ce prélat, s'exposant pour sauver son troupeau, Marche-t-îl sur les morts sans descendre au tombeau f

Essai sur l'Homme, ^p, IV.

(a) Ces deux tableaux ont été gravés par J. Rigaud; le défaut de la couleur disparoît dans la gravure, et Timportance du sujet Suffit pour y répandre un grand intérêt. Je ne sab pourquoi io graveur a omis le noxn de Serres*

CHAPITRE LXXXT. 413

La Consigne est le lieu dans lequel l'administra* tion sanitaire tient ses séances; son bureau est com- posé de seize conservateurs de la santé ( i ). L'édifice est fcâti sur pilotis ; on s'occupoit à l'augmenter à fépoque je le visitai : il est composé d'un vesti- bule , d'une salle k manger , et de plusieurs salles pour les membres du bureau , les archives , et deux maga?* sins destinés à serrer des marchandises et les agrès des bateaux du service de la Consigne : autour sont deux balcons ; /l'un pour faire passer aux vaisseaux qui isont en quarantaine les provisions nécessaires ; l'autre pour interroger les capitaines. Une fontaine fiicilîte aux équipages qui sont en quarantaine à la chaîne du port , les moyens de faire leur provision d'eau. La salle les membres de l'administration tiennent leurs s&inces, est décorée d'un bas-relief

(f) On îcs rcnouvelîc tous les ans par quart; iîs sont divisé» en sept comités pour sept branches de l*adminlstration , qui sont: 1,** Icf ouvrages de serrurerie et de menuiserie; a.® les fontaines et conduites des eaux; j.® les bateaux de service; 4.® les gardes ; j.** les parfums; 6.® les purges des marchandises; 7.*^ les meubles et ustensiles du bureau. Un des conservateurs préside fe bureait entier pendant une semaine ; il est appelé ad/ninistrateur semât' nier. Ils sont tous nommés par le ministre de Tîntérieur sur fa présentation du préfet; ils travaillent directement avec le mairc^ et leurs demandes sont transmises au ministre par fe préfet. Les administrateurs sont choisis parmi des négocians qui ont résidé dans les l:.c'helles du Levant , et parmi les anciens capitaines qui ont navigué dans ces parages : ils remplissent leurs fonctions avec fo plus noble. zcle et le plus grand désintéressement; leurs- em- ployés seuls reçoivent des appointemess»

^ll CHAPITRE LXXXI«.

dont le sujet est convenable à l'objet de cette insti- tution : il étoit alors, soigneusement enfermé sous des planches , à cause des réparations qu'on faisoit ftu bâtiment ; MM. les administrateurs eurent la bonté de le f^ire découvrir. C'est le plus bel ouvrage en ce genre qui soit sorti du ciseau de Puget : il représente la peste de Milan (i ).

La composition de ce bas-relief est véritablement ndmirable. Le généreux et tendre dévouement du saint évêque de Milan y est bien exprimé : il adresse fivec une ferveur touchante ses prières au del; et des anges, en. lui montrant au sein des nuages la croix qui a été ritistrument du salut des hommes» semblent lui annoncer que ses voeux sont exaucés , et qufe le terrible fléau contre lequel il implore le secours du Tout- puissant, ya bientôt cesser : deux prêtres Paccompagnent ; l'un porte la croix épiscopale du prélat , l'autre un ciboire pour donner le viatique aux mourans.Ce beau groupe est pfein d'intérêt et d'expression. D'autres groupes retracent de la ma- nière la plus vive les scènes d'horreur dont le vertueux évêque est entouré : un fossoyeur trame par les pîeds , avec un croc de fer, le corps d'un pestiféré; il dé- tourne ïa vue avec effroi , et craint 4e respirer l'odeur

{i ) CebasHfeiicf avoit été commencé pour l'abbé deîa Cbamb^» çMrc <k Siaint'BarthéI«mî à Paris : if ne fut pas envoyé à sa pre- 'içicrc destination, et depuis il a été acheté dix miHe francs par kl administrateurs du bureau de la Consigne.

\ .

CHAî^JTllE LXXXn I15

fétide^ meurtrière qtri s'en exhale. Près de là, une

feune femme , tenant une croi% entre ses mains ,

expire à côté de son père et de ses deux enfans,

dont Tun rend le dernier soupir , et Tautre , cherchant

un refuge auprès de S. Charies BcH'romée , embrasse

ses genoux. Plus loin , une belle architecture , et un

lit somptueux dans lequel un jeune homme est / \^

étendu mort près de son épouse dcsoiée^ attestent

que ce mai destructeur n'épargne pas phis le riche

que l'indigait. M. de Caylus a fait graver ce bas-

relief par Moreau, d'après le dessin d'un artiste

marseillois appelé David.

Cette belle sculpture n'est pas terminée ; la mort surprit Puget avant qu'il eût pu y mettre la dernière main : mais tout ce qu'il a eu le temps d'achever est admirable. .

Puget ejt véritablement le Léonard de Vinci de la France. On lui doit, comme architecte , les pl^ns d'un grand nombre d'édifices , teïs que la halle aux -

poissons , la maison de charité , l'église des Char- treux; ingénieur, il a construit la machine à mater les vaisseaux; peintre, il a fait le Baptêmi de Cons^ tantin, celui de Clovis, et beaucoup d'autres tableaux d'église : mais c'est sur-tout dans la sculpture que son talent est admirable pour le dessin , i'énergiej et le sentiment (i).

(i) On peut lire ia vie de Puget dans V Histoire des sculpteurs , de D'ArGEN VILLE j Gmys p Marseille ancienne et moderne;-^ les

' 04

Zï6 CHAPITHE LXXXI*

Le bureau de la Consigne possède encore un autre chef-d'œuvre; c'est le tableau de David, que Marseille a aussi vu naître : il représente X Hoc h. L'ad- ministration de la Quarantaine le demanda à David pendant son séjour à Rome en 1780 ; mais il fût trouvé trop beau pour être placé dans un lieu les amateurs ne pourroient point en jouir à leur gré , et il demeura au bureau de la Consigne. S. Roch invoque la Vierge pour qu'elle fasse cesser la peste ; il élève lès^nfiains vers elle : on voit dans le bas un mourant ; plus haut sont deux jeunes gens, qui expirent. On admire le dessin et l'expression de la tête de S. Roch (i).

«•

dtMX Antenors modernes ,tcm^ II; le Magasin Encyclopédique, juillet 1807, page a 66. Uacadëmie de Marseille a proposé pour sujet de prix V Éloge du Puget / il a été remporté par M. Émerîc David j l'accessit a été donné à M. Rabbe, étudiant en droit, à Aix.

(i) Voyez dans fe Magasin encyclopédique, ann. i8o6 ,t«Iir* p. 34^ , h descrjptîpn que M, Brun^^Neehgaard a faite de ^c

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CHAPITRE ixXXII.

Quarantaine. Arrivée des vaisseaux à Pomègue à la Consigne. Purification des lettres. Examen delà patente. Différence des patentes nette, touchée^ soupçonnée, brute.— Degrés de suspicion. Quaran- taines du casco, de l'équipage, des passagers. —^ Des- cription du lazaret. Capitaine , lieutenant , garde- loges, inscriptions, maladie, mort, sortie. Quaran-. taines des marchandises susceptibles , non susceptibles. ■— Purge , grande et petite sereine. Transport des marchandises au lazaret. Porte-faix. Frais. Contagion déclarée. -^Désinfection, »EtabIissemenf philanthropiques de Marseille.

JN ô u S avions encore f imagination frappée des idées sombres dont les tableaux de Serres i'avoient remplie. Pour connoître les moyens que les habitans de Marseille ont pris afin de se préserver du retour d'une semblable calamité , il nous eût fallu voir le

I k

lazaret : mais ii est impossibie d'y entrer ; oa ne peut . arriver que jusqu'à la première porte. J'ai cependant pensé que l'exposition des méthodes adoptées pour repousser ce fléau pourroit intéresser, sur- tout à cette époque , la fièvre jaune > qui s'est manifes- tée en Europe, a fixé l'attention sur ce point impor- tant d'hygiène publique. Mais pour bien connoître le lazaret, il h\xx l'avoir habité. J'ai principalement

V ^

/

2i8 CHAPITRE LXXXIU

pviîsé ce que j'écris dan5 un excellent mémoire, ma- nuscrit , qu'un des administrateurs sanitaires a eu la bonté de me donner (i).

Tous les vaisseaux levantins doivent d'abord s*anêter à Vîle Pom}gue , à environ six milles de Marseille, il y a place pour soixante bâtimens. Toute cette île n'offre à la vue que des rochers sté- riles et ajfFreux : quelques soldats invalides du château dlf y gardent la tour appelée Brame-pan. Celte garde est renforcée en temps de guerre , et augmentée d'une compagnie d'artilleurs. Ces soldats ne peuvent entrer que par une petite anse, appelée la PiagghUj au nord de l'île ; ils n'ont pas la permission de pénétrer dans le port, ni de descendre sur le rivage, ils ne pourroîent d'ailleurs parvenir que par des sentiers escarpés et d'un difficile accès. II est défendu aux canots , aux chaloupes et à toute espèce de bàtimens qui ne sont pas en quarantaine , d'approcher de l'île à plus de cent toises. H y a seulement cinq postes ,

f I ) Le célèbre HowARD , dans son ouvrage sur 1^ ïaiarets , n'a dit qu'un mot de celui de Marseille. M. Papon est entré dam déplus grands détails, Histoire de Pravençe , IV, 707, Ils ont été copicis par M. FiSCH , Briefe uber die sudlichen Provin^, M. Fis- , CHER, Reise itàch Hyeres, 239; Briefeines Sudlander, 40, Leipsfgi» T805 , 1*1-8.® j uher die quarantmne-anstalten ^ Marstilîe , Lcipsig, 1805 , in-8.®, a donné àts^ renseignemens plus étendus : mais ceux qui m'ont été adressés , d'après l'invitation de M. le préfet , par un Ats membres de l'administration sanitaire , sont plus circons* tanciés'et plus exacts.

-^

CHAPITRE LXXXII. ^19 .-

la Câurei , San-Peire et r Estel lo , Barquo , Spassado et Faoussado, les bateaux pêcheurs peuvent aborder pour tirer leurs filets. Ceux qui gardent Ule ne doivent y recevoir personne : il y a une petite char pelle ç^ un aumônier vient dire la messe quand le temps le permet.

En arrivant y les navires déploient leur pavillon ; ^lors I<B, fort en hisse, un autres qui indique de quelle nation est le navire qui est dans son mouillage : ce signalât sui^Ierchamp répété par la vigie de'îMrfr^- Dame d^ la Garde,

Aussitôt après , Tofficier de santé fait raisênner /^ wvw , c'estrà-dire qu'il demande, au capitaine , avec uii porte-Voix , d*où il vient , commçnt il s'ap- pelle , quel est son chargement ^ de quelle patente il est porteur. II lui indique ensuite le lieu il lui est |>ennis, d'après la nature de sa patente, de ^tet l'ancre (i), et il. lui prescrit d'aller avec son canot devant le logement du commandant , qui est sur le rivage : le capitaine s'en approche à une petite dis- tance, et, après avoir répondu aux mêmes ques- tions , il reçoit l'ordre , s'il n'a qu'une p^nte soup- | pmie ou brute, de retourner à bord en attendant

( I ^ ' ^e vfiîsseau porteur 4* une patente neue ou touchée peut demeurer î, Tancre dans le petit port de Tile j cçlur <jui a une patente soupçonnée, doit aller au nord de ce port, daps un lieu appelé îa Grande-Prise, quinze^ bâti mens peuvent mouiller séparés- les uns des autre». .....

\

a20 CHAPITRE LXXXIt.

son bîlfet d'entrée dans le lazaret ; si sa patente est nette ou touchée^ il doit aller k la Consigne.

Il y a toujours k Pomègue des bateaux de qua- rantaine; un d'eux prend celui du capitaine k la remorque, et le tire ainsi avec une longue corde

. de sparte y pour n'avoir avec lui aucune communi- cation.

Dès que le canot est devant la Consigne , le conservateur semainier paroît sur le balcon : il présente de loin un des évangiles selon S. Jean ^ placé dans un cadre et couvert d'une glace , au capitaine , qui le touche avec une baguette , et jure , en présence da crucifix, de dire la vérité. Alors le commissaire recom- mence à-peu-près les mêmes questions, et lui de- mande , en outre , s'il vient directement du lieu il^ a pris sa cargaison, en quoi elle consiste , s'il a eu communication avec quelqu'un en mer , combien 3 a d'hommes d'équipage , combien il amène de pas- sagers, qui ils sont.

Le capitaine présente sa patente au bout d'une perche ; des servans de la Consigne la prennent avec des pinc^ de fer, la plongent dans le vinaigre , et retendent sur une planche devant le commissaire^

' celui-ci l'examine, et dicte la déposition du capi- taine ou du patron k un des commis , qui l'enre- gistre : le capitaine reçoit alors , selon le cas il se trouve, la permission de se placer k la chaîne du port, parmi les navires en quarantaine ^ ou l'injonction de

v

CHAPITRE LXXÎin ait

Tctournef k Pomègue jusqu'à ce quli ait de nou- veaux ordres.

Celui-ci demande ensuite le vaisseau apporte <ies lettres p)our l'administration ou pour les autorités supérieures : s'il y en a , on les reçoit au Ixmt d'un bâton, et on les met dans ia machine à parfums { i ) , aiprès les avoir coupées sur le bord en plusieurs en- droits; les lettres adressées à de simples particuliers sont seulement incisées avec un fer tranchant, et plongées dans du vinaigre , parce que ia vapeur est une exception.

Le capitaine retourne ensuite à Pomègue , pour y attendre de nouveaux ordres ; son vaisseau demeure sous la surveillance de quelques bateaux qui em- pêchent que personne ne descende k terre , et l'équi- page attend quelquefois huit à dix jours avant de pouvoir entrer en quarantaine. Afin que le temps d'épreuve soit abrégé , les passagers doivent chercher à quitter le vaisseau avant l'ouverture des écoutilles , parce que ce temps compte de leur entrée dans le lazaret, et qu'autrement il ne compteroit que de- puis le déchargement. Quoique l'on emploie le mot quarantaine, la durée de la réclusion n'est pas toujours fixée à quarante jours ; elle dépend de la nature de ia patente dont on est porteur, et des accidens qui peuvent survenir pendant le cours de l'épreuve. H

m I .11.1 ,— ■^M—

( I ) Cest une boite fermée , garnie d'une griik , sur laquelle oa fmt la lettre, «t ^i^i^ cylindre qui distribue U vapeur ^gaiement.

a22 CHAPITRE LXXXIl.

faut aussi avoir soin de porter avec soi le moins d'effets qu'il est [k>ssible.

Les patentes ou billets de santé sont délivrés par les consuis et leurs délégués ; elles doivent énoncer l'état de la santé de Téqùipage et celui delà salubrité de la cargaison. Ces patentes ont difFérens noms.: la patente nette indique un état parfait de santé; la patente touehie fait connoitre que l'équipage est sain , mais qu'il vient d'un lieu suspect ; la patente soup" f année , que ie vaisseau arrive d'un pays il régnoit une épidémie , ou d'une ville qui a eu communica- tion avec des caravanes d'un pays elle existoit : la patente brute est la plus mauvaise ; elle annonce décidément que la peste étoît dans le pays d'où le vaisseau a fait voile et il a pris sa cargaison , ou qu'elle règnç à son bord. C'est donc la patente qui détermine l'espèce de quarantaine que doit subir le vaisseau : la moindre supercherie et rrïéme la plus légère négligence dans ceux qui doivent s'en pour- voir ou la délivrer , les exposeroient k des peines très-rigoureuses.

Les vaisseaux sont plus ou moins suspectés , selon qu'ils viennent , i.** de la Dalmatie orientale, de FÉgypteou de Maroc; i,"" de Tripoli ou d'Alger; '3.° de Constantinople , des Dardanelles, de Siuyrne et de la mer Noire ; 4.** enfin de l'Amérique sep- tentrionale, et des côtes de l'Espagne et de l'Ita- lie , quand on sait que la fièvre jaune y règhe. Les

CHAPITRE t-XXXII* 22J

premiers, avec des marchandises susceptibles, patente nette , sont soumis à mie quarantaine de vkigt jours , et de dîx<4iuit avec des marchandises non susceptibles; elle est de vingt-cinq si ia patente est soupçonnée: tA faut y outre cela /neuf ;ours de purge , si la patente est touchée; quatorze de purge et trente de quarantaine, û ^ patente est brute,

Xies vabseaux de Tripoli et d'Âfger sont soumis à vingt-hutt jours de quarantaine avec patente nette et lnarchan£ses susceptibles; à ving^cinq seulement,* si les mal^chandises ne sont pas susceptibits ; à trente jours avec patente touchée ; k trente-dnq , et quinze jotirs de purge à bord , avec patente soupçonnée ; avec patente brute , à quarante fours , et trois semaines de po'ge à bord.

Les vaisseaux de Constantinople et de ia met Noire sont toujours traités comme ayant une patente brute et des marchandises susceptibles,,

On distingue plusieurs espèces de quarantaines : î.** çelie du casco; ^!* celle de i'équipage et des passagers ; 3 .^ celle des mardiandbes. (

La quarantaine du casco, c'est-à-dire, du vaisseau, consiste à laisser celui-ci à la place on lui a fait jeter i'ancre ( ï ) , sous la surveillance de deux chaloupes montées par des gardes : pendant ce temps , les

(i) C*est pourquoi on appelle cette espèce de purge 5^^/»^ j«r ftr , c'est-à-dire, sur ancre : fcs Provençaux donnent le nom de fir à une ancre à quatre pattes^

a24 CHAPITRE LXXXIL

grandes et petites lucarnes du vaisseau sont tou|ourf ouvertes ; on le lave et on le frotte continuellement. Durant la quarantaine de l'équipage, on apporte à ceux qui le composent leurs provisions , qu'on leur présente au bout de longues perches. Chaque vais- seau peut pêcher , pourvu que ce soit de manière à n'avoir de communication avec personne : on le vi^te régulièrement tous les jours ; dès qu'ii y a un malade , il est aussitôt envoyé au lazaret ; si un homm^ meurt, *il est ouvert à i'instant , sur les bords d'une fosse , par le chirurgien du vaisseau ou un élève en chirurgie , en présence du chirurgien du lazaret et du capitaine , pour s'assurer de la cause de sa mort , et il est enterré aussitôt; on tient un registre exact, que Ton envoie chaque jour au conseil de santé. La quarantaine de l'équipage est toujours de la même durée que celle du casco : elle commence aussitôt après le transport des marchandises ; elle est toujours de dix jours plus courte que la quarantaine de celles-ci. Les porteurs et les écrivains du vaisseau sortent les derniers. Une mort dont la cause n'est pas connue , sumt pour faire recommencer la quarantaine.

Le dernier joiir de cette séquestration , le com- . missaire de santé , accompagné de ses commis et du chirurgien, fait une visite générale : on fouille scru- puleusement par- tout; la sonde est enfoncée la main ne peut pénétrer , pour savoir si rîen n'a été caché , et Ton examine encore chaque personne de

- l'équipage.

CHAPITRE LXXXIU ^ij

réquîpage, La moindre fraude entraîile des pêînei .graves, et toujours une probngatron de quaran- taine. Ce qu'il y a , en effet , de plus k cf aindre, c'est fa contrebande , parce que les marchandises que I*bit veut dérober à l'examen peuvent être infeciées j t'est par la contrebande que la peste s'introduisît à Arles et à Toulon ; aussi est-elle punie des peines les plus sévères > et celui qui en est convaincu est fusillé sur-le*champ.

Cette vhite terminée, on lave encore le vaisseau ; on y feit les fumigations d'usage, après avoir fermé les lucarnes ; on trempe toutes les coMes dans la mer, etJ^ vaisseau obtient la iitn entrée^

Tous les vaisseaux , quelle que soit leur patente , passent les dix derniers jours de lair quarantaine dans le port , en face de la Consigne , sous la garde de deux chaloupes ; c'est ce qu'on appelle être à tohervatioTtu

Les passagers peuvent demeurer à bord ou entret au lazaret, à yolonté ; ce n'est que par avarîce ou par indigence qu'on peut prendre ce dernier parti* Le passager qui préfère d'entrer au lazaret , ne doit pourtant pas quitter son bord que ses effets n'aient été soigneusement enregistrés : il y est intfoduit par le quai destiné au genre de patente dont il est porteur.

Le lazaret (planche XL) est un vaste édifice situé au nord de Marseille : il se prolonge depuis la pointe Tome m. P

Z26 CHAPITRE LXXXIi;

du nord de Tanse de la Joliette, appelée anciennen- ment. Porto-gallo , jusqu'à k pointe de Martin d'A- renc ; ce qui comprend un espace d'environ six cents toises : il a été bâti en 1666 , et a été depuis successivement agrandi. Howard en a donné un plan fort inexact (i). II est placé au nord de la ville , à environ cinquante toises de ses murs. C'esl un vaste assemblage de bâtimens divers , divbé en sept en-< dos , séparés les uns des autres par des murailles ^ dans lesquelles on a pratiqué différentes portes , qui sont toujo^irs fermées pendant la nuit, et qui s'ouvrent pendant le jour lorsque l'enclos ne présente rien de suspect : quatre de ces enclos soi^t destinés aux quarantenaires , et les trois autres aux marchan- dises ; on nomme ceux-ci ^^7ff^/ enclos, petit enclos, et enclos neuf

Le grand enclos (nJ^ 16) est divisé en deux parties par une grancfe barrière de fer. La partie supirieun comprend, dans son enceinte, les magasins à poudre

(i) Howard avoue lui-même qu'il a obtenu le sien à Trîcste. Voyez son ouvrage intitulé : An account of the principal laiarettos in Europe ; whh various papers relative to theplague , together witk fwrther observations on- some foreign prisons and hospitals, and addi- tioualremarks on the présent state ofthose in GreatBritàin and Ireland; by John HowARD, F. R. S. the second édition, with additions; London, 1791 , în-4.'* Le plan que je publie m*a été donné par M. le préfet ; il est calqué sur celui qui est déposé à la Consigne: on peut donc compter sur sa fidélité.

CHAPITRE LXXXII. %vj

(n! àf. )yAe quaiantaine et du commerce (n.^. j^, les parionrs ( nt 21 ) y Je logement du capitaine (n* 10) y l'auberge (n! 14) ^ les avenues du petit endos, celles des quatre enclos des malades et de i'^idos impérial, celles des écuries, les greniers à foin, les logemens d^s pdefi'eniers et la chambre de correction. La fartie inférieure est disposée pour recevoir les marchandises avec les personnes qui les soignent.

Le logemait du capitaine ( nj' 10 ) est sur une hauteur d'où il domine une grande partie du laza- ret* La vue de la mer , le jardin «et les terrasses qui l'entourent , en rendent hi position agréable.

Le ternûn qui, du côté du nord , domine ie loge- ment du capitaine , est divisé en quatre parties , qui forment les enclos de Saint-Roch ( »/ // ^ , on loge les pestiférés , du Cassadou (n! 12), du Puits et du Belvédère (nJ" i^) 9 destinés à recevoir des qua- rantenalres ; chacun a une fontaine , un lavoir , pour l'usage seulement de ceux qui l'habitent , et une issue sur le dmetière. Plusieurs personnes peuvent se prq- mener isolément et sans se toucher dans la grande avenue qui conduit au logement du capitaine, et respirer ie thym et les autres plantes aromatiques qui y croissent naturellement.

Quoique fes eaux soient abondantes, on a cons- truit une vaste citerne pour en prévenir la disette.

Près de la grande avenue est une prison (n^ij)

àlS CHAPITRE LXXXII;

destinée à ienfètnièT cèiisf que de graves contraven-* tiotis ati* lofis sanitaires obligent d'y renfermer. . Ueti^erfiblë des bâtimeiis est ceint de deux murs ^ n.' 34) hauts vingt-cinq, jriéds, et éloignés rmi de Tautte sit toîsfes, entre lesquels des gardes foht de fréquentes patrouilles pour empê- chet toUtfe correspondance avec l'extérieur ( i ) . On ne peut arriver que jusqu'à la porte' principale ^72.* i ) , qui se ferme à l'entrée de la nuit , et €ont les clefs sont rehiises au capitaine. Outre cette porte priiicipde , il y en a encore deui autres p!us petites.

L'établissement est sous I^autorîté exclusive de l'ad^ ministratibtl de la santé. En général , bn choisit pour capitaine un négociant de bbrtné réputation , qui ait Voyagé tïans le Levant , âgé de quarante à cinquante ani, veuf ou garçon. Ses appoîhlèmens sbrit considé- rables, J^arce ^^^'il ne doit jamais rien recevoir de personne. Il doit toujours t:oucher au laxaret , et ne peut même le quitter le four sans periilission. On exige qu'il soit célibataîte et qu*ii Vive cdmnie tel, parce qu'on rie souiflFre aucun externe dans le la2al^t,et iqu'on craindrdit qu*une femme et des enfarts ne

(i)Ce second mur a été construit en 1724; il n*y àvoit aupara- vant cju'un seul mur avec des tours dans les angles» des soidats ctoient logés pour en empêcher l'approche : quatre de ces tours subsistent encore. On a commencé en 1786 une troisième en* ceinte; niais elle n*a pas été contir*'''^'^

CHAPITRE LXXXII. a.2 ^

pussent le distraire cle ses deypîr^, et n'absorbassent une partie de son temp^, aiji doit être entièremjenj consacré aux soins qu'ei^pîge la confer^ation pu- blique. Ce capitaine a exclu^îveflpent la police 4^ lazaret , en i'absence des conseryatei^rs : il règle le prix des parfums , fait acquitter le sa)a|fe de^ gardes ; ^I suit les offic^ef s de santjé dans leurs visites , par- court les enclos et les hangars , surveijle Jes garc^es , rédige les testap^ns des ijial^(je$, leçqueb ont autant de valeur que ceux qui^ont passés par-devanpîotâîre^ et il fait inhumer les morts ; il dénonce Ijes tr^psgresr siôns des réglemens sursitaires , jpt pMnjt çjbmX qui y manquent.; il doit jnforpjer l'administration de lout^ et il est responsable desfawtes qui sp cpjnmettent par sa négligence. Soi) lieutenant doit avo^jr i^ussi voyagé dans le Levant, et il est soumis aux menées obliga- tions. Cette place a été çréép pn 1738 ; il sppplée le capitaine, et lui est suborcjonhé : il a la surveillance particulière de l'endos neuf; il s'occupe prmdpaler ment de ce qui est relatif au soin des marchandises. Les gardes du lazaret sopit d'aneierfs matefots c^ At$> soldats de marine , à qui le çpmi^erçe dfi Leyant n'est pas étranger. II y en a qifarpnte k cinquante y dont une partie est eipployée à faire des rpnf^ps entra les murs , dans les enclos et sur les quais ; les autres servent les quarantenaires , et les empêchent de comr m'uîiiquer avec personne. Chaque garde ne quitte . celui à qui il est attaché que dans le cas

A

V*

^3© CHAPITRE LX:XXIt.

contagion se dédare (i). Us doivent faire au capi*» taine , deux fois par jour , un rapport , qui est envoyé à l'administration de la santé, hes portiers de chaque enclos sont de vieux pilotes ; leur emploi exige beau- coup de soin et de surveillance.

A son entrée dans le lazaret , on donne au quarantenaire une loge , ou petite chambre , oîi Von brûle du thym et des herbes aromatiques , et qui n'est garnie que d'un lit de fer et de meubles de bois et de paille , qui sont les moins susceptibles de contagion.

La plupart des toges sont exposées au sud*sud- est , et ont la vue sur la mer et sur le nord de la ville. Il y a au- dehors une gderie les quarante- naires peuvent se prottiener , sans cependa^it commu- niquer entre eux.

L'auberge { nJ" 14) est à peu de distance du lo- gement du capitaine ; il y a dans la cuisine un tour, chaque garde va chercher ce que son quarante- naire a demandé : les prix sont fixés d'après le taux courant des denrées. Si l'on veut quelque chose de dehors , on dépose sa demande chez le portier ; celui- ci la donne à un pourvoyeur qui vient deux fois par jour, mais qui ne pénètre pas plus loin. Le linge

(i) On peut n*avoîr qu'un gardien pour deux quarantenaîres , deux pour trois ; mais si I*un des quarantenaires associés tombe malade^ ^AxiX aussitôt sépàr«« et Ton donne un garde à chacun»

/

CHAPITRE LXXXII. ^ 2}l

itst confié à des blanchisseuses qui ne sortent pas du lazaret. Ce sont les femmes de ceux qui y sont attachés.

Celui qui a xme patente nette peut sortir de sa loge ; mais tous ceux qui en ont d'autres , ne peuvent la quitter que le seizième jour. Lorsqu'on se promène dans l'enclos , les gardes veillent à ce qu'on ne puisse communiquer. La forme des parloirs^»/ :ti), l'on peut causer avec ses connoissances et ses amis du dehors , s'oppose eiie-mème à toute communication t c'est une galerie longue et étroite ^ qui donne sur la campagne , près de la gnmde porte ; elle est garnie de bancs en dedans , et il y en a aussi à l'extérieur pour les étrangers , afin que l'on puisse causer assis à l'abri de ia piuie; mais elle est garnie, du haut en bas , de grilles et d'un treillis , et il y a extérieurement un fossé qui empêche d'en approcher^ La communi* cation est également impraticable du côté de la mer. Il y a un petit port ; et pour entrer au lazaret , on descend sur celui des quais qui est assigné à l'espèce de patente dont on est porteur. Tout bateau qui oseroit aborder sans ordre , seroit brûlé à l'instant.

Cliaque quarantenaire a un numéto ; et le portier de son enclos l'avertit qu'on le demande au parloir , en sonnant le nombre de coups qui correspond à ce numéro. Le soir , chacun est enfermé avec son gardien , et les clefs sont remises au capitaine. On sent combien un pareil genre de viç doit être

p4

1^ y -.j^Sjtr*

V

%^î CHAPITRE tXXXII.

insupportable: aussi les murs sont- ils couverts d'ins- criptions dans toutes les langues , qui expriment le dégoût, l'impatience et Tennui ( I ) . , ,

Lorsqu'un quarantenaire tombe malade, il est encore plus soigneusement séquestré : im médecin vient le voir avec le capiuipa ; il l'examine , en se tenant à la porte , et lui prescrit les reipèdes néces-» saires à son état^ Si cet état, est alarmant , le malade peut trouver un chirurgien qui y pour de l'argent , consent à s'enfèrmet et à fiiire quarantaine avec lui.

Quand il ne reste enfin aucun espoir de guérison , on redouble de surveillance ; mais on ^n fait un mystère aux autres quarantenaires. Lorsque le malade veut faire un testament , oiî appelle le capitaine , qui se tient k la porte de la loge , et qixi écrit sous sa dictée. S'il demande un prêtre, cetui-cî se p^ace dans un coin d'où il ep tend sa confession, et lui donne l'absolution et k bénédiction ; jamais les malades ne reçoivent Fextrêpie-onction ni le viatique. Le prêtre, en sortant, doit jurer sur le-crucifix qu'il n'a point touché ni approché le malade.

Si celui-ci meurt, les gardes entraînent son corps hors d^ lit, avec des cordes de sparte (2) armées

^ I I I III n >i I I I n.,|^>,|i|il I I I I I I 1 Il J W U I I II II I > I n n I ttmm^m^^fm

(i) Celle-ci, cCfitc en arabe, est rQp^^rqw^i^^ pour la tQurpurc 4c la pensée : La vie est une quarantaine pour le paradis.

(a) On emploie le sparte , stipa tenacissima, non - seulement à cause du fréquent usage qu*on en fait en Provence, mais parce ^^u'ii est regardé comme absoiumetU non susceptibU.

CHAPITRE LXXXII. 233

de crocheta de fer ; on le met sur une cîvîère ^ et on l'emporte pendant la nuit dans le cimetière du {azaret ; on jette dans la même fosse , remplie de chaux vive, tout ce qui a appartenu au décédé , et on brûle tous les vête^nens de ceux qui ont eu avec lui la moindre comiriunîcation. Sa mort est tenue secrète , ou attribuée à un accident ; h plus souvent on pré- tend qu'il est mort dHine çhûte, ou d'un coup qu'il y reçu. On parfume , toutes les semaines , pendant quarante jours, la chambre qu'il a occupée (1)^ et tous les meubles qu? I4 garnissent , sont exposés à Taîï- pendant tout ce temps.

Il est d'usage d'accorder w quarantenaire un jour de grâce , lorsqu'il ne survient aucun accident pendant sa séquestration. Enfin , le moment de 1%

$ortie arrive : on le mène ^ h chambre des parfums,

. ' •• .

* "■ ' '. ' '■ '■ " ' J "lUii' II.-' -i 1. ■' I I ' t "'

(i ) Voici quelle étoit fa compositîpn de Fancien parfum :

Soufre vif 6 liv, «^Gingembre. . . . . . 4 ''v*

Poix nésine. , , . . . 6. Cumin, .,..,...• 5*

Myrrhe ^.^, 4. Curcuma. . . . . . .. .2^

Encens 4. Cardomomuni. . . . 2,

Laudanum. ..... 2, Aristoloches ioj^gues

Storax « . 4. Euphorbe ..•.«...

Poivre noir. . , . , j. Cubcbes ,....*.,.

Genièvre. ^ . . . , . ^. Son. 49»

En tout lep livres.

On se sert aujourdliui Ju procédé de M. GuYTON DE MoR- VEAU , pour toutes Ics^ opérations de la purge des malade^-, de leurs vêtement et ip tops les objets susceptibles.

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^34 CHAPITRE LXXllI.

Les murs sont garnis de crochets de fer pour donner ia facilité de suspendre et d'étaler les effets qu'on veut pariîimer ; on y a pratiqué un foyer dans lequel on allume une quantité considérable d'herbes sèches qui produisent une fîimée épaisse, dont l'apparte- ment se remplit; lorsque les flammes commencent à s'abattre , on répand sur la braise une dose conve- nable du parfum dont j'ai indiqué la composition : tout cela produit une fumée qui remplit une chambre il faut demeurer cinq à six minutes , pendant que le gardien reste à la porte. On introduit ensuite le qua- rantenaire ainsi purifié dans la salle d'administration du lazaret , siègent le capitaine , son lieutenant, le médecin et le chirurgien; là, on le déclare sain, et on lui délivre sa patente , en lui annonçant qu'il peut sortir du lazaret , et qu'il a la libre entrée de la ville. Quand il est sorti , la chambre est aérée pen- dant plusieurs jours , et Ton y fait des fumigations.

Pour désinfecter les pap^rs du quarantenaire , on les [Jace dans une boîte pyramidale dans laquelle il y a un réchaud , sur lequel on jette de l'acide mu- riatique et de l'acide sulfurique, d'après les procédés de M. Guy ton de Morveau ; ils sont roulés en cornets pour que la fumée les pénètre mieux : c'est à leur couleur jaune et à Fodeur forte qu'ils ont contractée qu'on juge s'ils sont suffisamment purgés.

Les marchandises dont les vaisseaux sont chargés sont ûJtinguées en suseepîiblts et non susceptibles.

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CHAPITRE LXXXII. 23Ç

Celles qu'on regarde comme susceptibles de conta- ^on sont , les étoupes , les poils de chèvre , les soies , le linge , les étoffes de toute espète , les éponges , les peUeteries , les maroquins , les livres, le parchemin, le papier, le carton , les plumes , les coraux enfilés , les chapelets , la verroterie, les rosaires , la quincail- lerie ; tout ce qui se fabrique avec la laine , le coton, la soie , le chanvre ou le lin ; enfin , les meubles , les «rètemens de toute espèce, les monnoies, les fleurs fi^îches , et les cordes non goudronnées.

Les marchandises non susceptibles sont , les racines , le café , f orpiment , le tabac , les coraux bruts , les peaux qui ont encore leur suint , la garance , la po- tasse , le salpêtre , le natron , Kvoire , ia noix de galle, les minéraux , les métaux en barre , les plantes et les graines colorantes , les cendres , la soude , la potasse , le salpêtre , l'huile , les salaisons , les fruits secs , les vins , les liqueurs , et, en général , tous les liquides ; les cornes , la sciure de corne , le sparte , le suif et les cordes goudronnées.

Les animaux à long poil sont soumis à la qua- rantaine du casco ; ceux à poil court sont obligés de gagner la terre à la nage : les perroquets et les autres oiseaux sont seulement lavés avec du vinaigre.

La quarantaine des n(iarchandises dépend aussi de la nature delà patente : c'est la patente qui décide si, avant leur transport au lazaret , elles doivent éprou- ver à bord une première purification qu'on appelle

Z26 CHAPITREE LXXXII.

^ sereine. La patente touchée n'oblige qu'à h petite sè^ reine, qui est de neuf à quatorze jours; h patente hrute nécessite une grande sereine, qui est de quatorze à vingt -un jours. La considération d^ lieu d'où vient le navire, et dje l'état de l'équipage, apporte à tout cela des modification^.

On se sert aussi , pour le transport des marchan- dises , selon la nature de ia patente , des bateaux dii navire ou de ceux de quarantaine ; de la Saint-Mich/^ à Pâque , ce transport se fait depuis sept heures dn matin jusqu'à trois heures du soir; et die Pâque à la Saint-Michel, depuis cinq heures du matin jusqu'à >, cinq heures du soir, II faut quje tout §e pa$se ai^

four, afin que rien ne soij çjétourné, confondu, et n'échappe à I^ surveiifançe des inspecteurs.

Dès que ïe jour du débarquement est fixé, le

consignateur du vaisseau arrête un certain nombre

I de porte-faix, en faisant prix avec leur chef, parce

qu'à Marseille les por^e-faix forment uriecqrporation : ^ ceux-ci doivent être munis d'un certi^cat de ^nté ,

et ils sont encore examinés avec soin. On les intro- duit dans i'enclçs indiqué sur la patentje , et le dèr chargement commence. C'est le plus ordinairement dans V enclos neuf ( n." 2^) s il renferme une suite d'édifices vastes et solides , qui font l'admiration des étrangers. Ce n'a été qu'en 1757 qu'il a été porté au degré d'agrandissement qu'il a aujourd'hui. G'est^là qu'est le logement du lieutenant (n' 2j), qui en a la

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^

CHAPITRE LXXXII. ^37

<\ef; le capîtaînç en a une double , afin qu'ils puîssfînt , à tous les momens, se concerter sur les mesures ur- gentes. On y voit quatre grandes belles halles , dont chacune peut contenir trois mille <:olis fn," j^) (i); les petites en contiennent de quinze h dix-huit cents. II est prouvé que le lazaret peut contenir à-la-tbis J)lus de trente mille colis , et jusqu'à trente-six car- gaisons en purge, dont les deux tiers sont dans Tenclos neuf. Le vent souffle de tous côtés dans ces halles, et souvent avec tant d'impétuosité, qu'on est obligé découvrir les balles décousues, avec des filets de sparte, [X)ur empêcher les flocons de laine d^être emportés au dehors. Il y a, pour .cet enclos , un port particulier^;;/ ^^^. Les porteurs habitent tous dans le même lieu; et si l'un d'eux tombe malade, on l'isole selon l'usage (2). Toutes les marchandises sont mises sur des bancs de pierre élevés d'un pied, ou sous* des hangars. si elles sont de nature à être gâtées par l'humidité : ces hangars sont de grandes arcades ou- vertes qui peuvent contenir trente mille balles. Tout est rangé dans le plus grand ordre; la manière d'ex- poser les marchandises dépend de la nature de la patente (3).

( 1 ) Colis et balles sont synonymes.

(2) Comme ils manient sans cesse ces marchandises, elles tonscrvoient le moindre miasme pestiientiel , un d'eux en seroic ticntôt atteint; et c*cst ainsi qu'on juge de leur salubrité.

(3) purge au lazaret de MarseiM^ est accompagnée àe$

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^38 CHAPITRE LXXXIL

Les grains sont toujours mis dans des greniers et souvent remués; les tonnes d'huile sont plongées dans la mer; les moindres morceaux de soie, de cotoh, de parchemin ou de papier, sont regardés comme suspects ; les matières d'or et d'argent sonf dépaquetées et passées dans le vinaigre ; toutes Jes plantes doivent être privées de leurs fleurs et de leurs boutons.

modifications suivantes , qui dépendent des différences de la pa* tente; on peut classer ainsi ces modifications :

L Patente nette et touchée, i Coton cru , poil de cheval , maroquin» pelleteries, éponges, cFianvre, étoupe, lin, iîlosefle, draps, cordouan.-— Dans ia première moitié de la quarantaine^ on retourne i*un des côtés de Tembailage ; et pendant l'autre, on retourne l'autre côté^

2,^ Laine de mouton, d'agneau et de chèvre, coton fHé d'A- lexandrie. — Pendant la première moitié de la quarantaine , les Ballots sont ouverts par le haut ; pendant l'autre moitié, ils le sont par le bas, et les Cordes sont enlevées.

3.** Coton de Smyitie, poil de chèvre, Comme dans le n,** z , à l'exception que les cordes peuvent rester,

4.** Coton filé de la Syrie, soie, Les deux côtés de l'embal- lage sont retournés pendant toute la quarantaine; les ballots sont placés à de grands intervalles , et l'on n'en met tout au plus que trois les uns sur les autres.

5,** Peaux sèches. On les entasse à la hauteur de six pieds , et on les retourne deux fois pendant la quarantaine.

6/* Plumes, livres, draps , cartons, coraux enfilés et chapelets, parchemin, quincaillerie et effets de toute espèce. Les caisses sont ouvertes, les ballots retournés des deux côtés, et le dedans <st remué deux fois pendant la quarantaine,

7,** Épiceries, café, cire, cuivre travaillé, plantes et graines

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CHAPITRE LXXXII. 2J9

A la fin de la quarantaine , les marchandbes sont portées sur le quai destiné à leur embarquement; et tous les lieux elles ont été déposées , sont aérés , et purifiés par des fumigations et dçs lotions de vinaigre.

Les firais de quarantaine sont , pour celle du casca, d'un pour cent ; pour les passagers , de douze à dis- huit francs par jour; et pour les marchandises^ de six y huit et dix pour cent. On ne les acquitte qu'à

colorantes , dents d*éléphant , orpiment, potasse, tabac. Les ballots, les caisses, les sacs, &c. sont ouverts ei^ sondés.

8.^ Seigle et noix de galle en sac. Le sacs sont ouverts et sondés.

U. Patente soupçonnée et Brute. Les marchandises spécifiées cr-

dessus sous les mêmes numéros.-^ i.^ Les ballots sont totalement

11

ouverts ; pendant la première moitié de la quarantaine, 6n tourne vers fc levant l'un des cotés; pendant l'autre moitié, fautre côté. Le tout est remué quatre fois pendant la quarantaine» afm d'ad- mettre Taccès de Tair.

a.^ On les déballe entièreipent et on les pose par tas sur deé banquettes.

3,** On enlevé tout remballage.

4.*^ L'emballage est enlevé ; les marchandises sont disposée» dans de plus grands intervalles, et ne scHit point entassées.

5.** Elles sont entassées à quatre pieds de haut, et retournées quatre fois pendant la quarantaine.

•6.^ L'emballage est enlevé, et les marchandises sont remuées" quatre fois. Si ce sont des plumes ou des étoffes, le tout est déballé et exposé à l'air.

7.** La même opération est répétée plusieurs fois dans des in- tervalles de quelques jours.

8,^ La même opération est encore répétée plusieurs fois.

1

44o CHAPITRE LXXXÎI.

Marseille, entre les mains du consîgnateur , aubu-^ 1

reau de la santé. 1

H y a des lazarets Ton ne reçoit pas les navires atteints d^ la cofitagion ; ils sont admis dans celui de Marseille. On a vu recevoir des vaisseaux qui avoîent la peste à bord , et qui avoient été repoussés de tous les ports de la Méditerranée. Alors on leur indique la piace ils doivent jetet Tancre : la qua- rantaine du casco et de l'équipage doit durer quatre- vingts jours ; celle des marchandises , cent. On double les gardes ; on place dès ventilateurs à chaque lu* came ; les effets de Téquîpage sont plongés dans la mer toutes les vingt-quatre heures.

Dès que la contagion se manifeste sur un individu ^ il est aussitôt débarqué au port du petit enclos , et ^^, introduit , par le tambour des portes de la marine ( n!" j) y dans un appart;pment qui n*a pas, d'issue dans Tenceinte du lazaret : il y attend la visite de l'officier de santé , qui y procède eii présence du conservateur semainier et du capitaine , qui sont placés dans un éloignement convenable. Si le pro- cès-verbal énonce que le malade %%i atteint de la contagion , le capitaine et toutes les personnes qui habitent dans ie lazaret , (Sont aussitôt déclarés en état de quarantaine , et le malade est aussitôt introduit dans V enclos de Saint- Roc h. Pendant cette translation, les barrières sont fermées; l'appel des quarantenaires ^ aux banières de la grande avenue ,

cessa; jst \^% ni remm<fan3 l^Hj9tAkïW^ quft

pestiféré, a^ Inftit 4^ iwg^^pfrcbfî^ , d^ de«r^r-ï

lui ie$i péce^ç^r^.; çelwi cpji te itiJiiJBfcoire dftn^ sfc

^fs,gWt^ fit im? ftimfsftl^ideî tQÎlf wée ; H qwttft ^ v^lçmwit en somntî « H-Iq Jai^fc tovlow^ cfo

pp$^ ^ gmnd ^în Si qu^qu|^();i^v$Iàt«ftmnpà>We9i

«î 6^-«&t ifiipraticabie, eR'fQurnit nu chirurgien lêé

^èmëivmmùs' qyjfzn gaïSé ;^^Wi Tuî aoniie des

lan^/toaqhfii ie^inaladfi ayec^.i|3ijtpgia$; il sïh%P^ ^tot la chambré avec de^grâSdllnèéhaùâiV^ï^*^^

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â4i tofrA4^ïtftfc Ljcxicn*

il se frotte alveé fori vinaigre. Enfin, quand le inraladi^îest gctérf , ce qui sef reconnoît âièc dcâtric^ des tobohs (4), 8 opmmencie une quarantaine de quatre-vingts jowiiv *^ns pouvoir quitter sa chambre avant le cinquantième ou le scnxantième. S'fl meurt, X est enterré dans la chaîne vive avec tout^^s les for- Bial&és : déjà indiquées^ : on brûle tout ce qui lui « sëfvi t î*on grûtte' ef Vùn «blanchit les murs de sa diambre ; en&i on pl'o^ède à la désinfection Feo(do^{)arIes^Hfoyens quenofis avons iiïâi^ués : tout ^\titr qui ont toiùibé ï 12e ()ui lui a zppSLt^na, ét^t MssPsômtiH^^ une ^atsâitaine de quatre-vingfs |ûUrs4 Cette moirr es€ ^i|^;»mèment cachée aux autres <{ua^ fântéftaife$> quî>/*l fô^le; tteJ>€^vent sonir^e i^urà trfiambrèi tant^i y ampestiffpé dans lélàzaret. Les m^fctefidi!^ fS^ilt mi^s en sereiilé à bdid,

pul^ jportfts lÊai^^mm^ ^te ^ l'otf miouble

ffâltèiitibtoL>E)arnte$ laéféi», lés remuer, et Rassurer Ife^teur dèsîiifé«M)rt. Les porte-fiîîx reçoivent cin-^ ^ânteà'^«ïttité>iivréè par four poiir leur 'sih&fè. Toifté la l|«9raniaine recommencé' èèfe qu^^

î,. t ., -l-iri-iTr!. i..f'.-t;>|r..rr.-. ..r. '.' ' ^...j , ■. ..

tO Pl««cj« in^<lcji,onç gu4ris par x^ttc incision ^ysuit Ja maturlté^u bwbon^.En i784,7o2ichîm Blanc, élève en chî^» rutgié, prit la contagion en soignant les ptstitcKi^s du cap/tainc Minrdi, Raguslâ^^ ii ^giérît en ouvrant it ÏMihétkqvtW sivait à Wi^c. En i^HiJj^^ Pont, ëcve en chirurgie, BaJthax^ Melllé^ matelot, et Joseph Martin, écrivain, ont ouvert leurs Bubons avant la parfaite maturité , et ils ont été giiéiU complet tttneht. "■ ' ^ .1

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mâlaâld S0 dédare ou qu'un malade meiirt t si ceh arrive trois ibis , et que fa cxxiis^ioiitie^p^roiage pajj^ éteinte^ on brûle le vaisseau ahrec toute* ^-cugabon t mais ce cas est extrêmement rare. Le vaisseau qui a obtenu sa libre entrée» demeuré encore en surveil^ bnce pendant dix jours entre les deux forts*

II est interdit à tout passager d'entrer à Marseiflô wnVâire quarantaine; et nous avons vu que per-» sonnerie peut n^tre pied à terre sur la côte y s'if n'est muni d'un certifient de santé (i). De cette ma^ «lière , on a lieu d'espérer que les maliieurs de i'annéa 1720 ne pourront jamais se renouveler.

L'établissement des lazarets peut être regardé comme une des plus grandes preuves d'une admi**- nîstration éclairée : ce sont eux qui écartent de l'Europe ces fléaux qui détruisent encore la popu^ lation des contrées il n'existe qu'une demircivi^ tisation. Le lazaret de Marseilie) par sa. posiâon» son étendue ^ son institution , et par ia niamère donk it est administré y est très- propre M, préserver noi^* seulement fa ville, nuûs r£mpire entiei^^ du fléau de la peste. Plusieurs navbes , repoussés de tous les ^rts, refetés de tous les lazarets, y ont été reçus *eC désinfectés. L'armée d'Orient, à son retour d'Egypte^ y a été admise toute entière ; elle étoit de neuf mille hommes. Pendant Tanpée 1 805 , plusieurs vaisseaux

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céiiainanent/intiodaita dana fnos dki»^^ Lq b^^ii^t Tûulûn ne sert cpie fioi^fî ia ^arin^ mfàmh^ il est sous la suraeillaïuse dedcebii ileJVIwtieîttf .^5^ lazaret qui peut seial jQ(>n3f rvier à JVlsrseiUé iaickim^ ivefice exclusif sdes: Echelles fhil^eiiant^ipws^'aiir jcunp i^ille de :I*£iBpire &3xvçdis^.utig»ssèàq e»c<9ur&:iM» pareil étalJisisemâm ; et les détails que nous airaiif donnés ^ prouvercuat aîsémesâ qu'il n'i^st pds fiiciki d'en fonder, xfe semblables^ . ^

MaTsetUe., outre son beau latam ^ fiossè^te i^f ore d'autres étabtissemei]is {^iianthropiqiies «t jpbfêieiim éiistitudoDS de <:harkéu U y . ayoit , j^ 17 89 ^ .^a -grand aouike d'h^»ftaux ; mai^ ils oftt ^$ i^^i)^ % •trois. .- .■. .; , '.

, L'àéuI-uiieUf ppnr ies. malades , est iBJl tç^-fejç^» iDdtiraentySÎtué daqs riptéxieurdeja vieilfe viU^>.i|^ -k ani-côte, .aéi;é îet s^lire : H n'^â^ poi^J^l^^j cependant il. ipem xonteihir ^sîx . ç^Ui^ ix]|a{ii^»,iÇ^ y reçoit les fâfcsjenicçuolai&flrt fe&«*ifWis.ftfg^é|i |»ur Y ôtBe;aflajtés >ttaqufà3àe^ip3iîik,Ssg»^5fnyp(yi^ len xiourrioe.' " < >:jj.j,r.i' .. •as:;:';:* : L'kâpitalJ&r pjaums est ansshsÎAs»évdm$ ia, j^e^II^

iriUe;ddost.ttiii)édifipe yà&te ^âréguU^CfetttÂ^' qxàqnm^i il e&tde&imé aux vieillards des d^^y ^^^s , aux mcu--

rablesy et aux enfans tro^vfs^ j^r^qj^ %<tt{;igi^ vde

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iwArriee; 3 comiem enViion hait cents ihâéiidi»u U y a une très-belle diopelle*

L'hôpital dis insensés est dans {efàdbonrg Samtn I^azi^e : ii a été fonné de la rémiion de plusîecnrs^ maisons données par la charité de quelques ha&itans^ i)ti acquises par T^dministration ; il est donc très^ irtégalier , ea assez maovah état , et peu propre ^ sa destination % il e^ difficile d-y pratiquer les pro-» ({èdés curatifs <k la ncmie. Le local est cepeadm» bien situé , et ii seroit très-coQvenakle pour y fovmtr un nouvel établissement de cette espèce. ,

II y avoit autrefois plusieurs œuvres de bienfaisance, parmi lesquelles la plus importante étoit la Grande Miséricorde , chargée de répartir des secours à des familles qui, par des malheurs , étoient tombées dans rindigence. Cette oeuvre étoit richement dotée , et elle recevoit en outre annuellement des aumônes con- sidérables. Les débris de cette belle institution avoient été recueillis par l'administration des hospices. Le bureau de bienfaisance , créé par fa loi , une société de bienfaisance , calquée en tout sftr la société philan- thropique, de Paris, distribuoient aussi des secours ; mais ces diverses institutions se contrarioient : M. Thi- baudeau , préfet , les a toutes réunies sous le nom A^ administration centrale des secours publics. Cette administration a établi des dispensaires , des soupes a la Rumford , des ateliers de travail, des secours pour les femmes en couche ; et son faut est de parvenir

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M^ CHAPITRE LXXXIi;

^ éteindra la mendichë. Elle e<5t dfr%ée ptr 4et citoyens édaiiés et vertueux , parmi lesquels nous ne pouvons nous refuser au plaisir de citer MM. Csi- simir Rostaii et THuIk, quîontété les premiers fon- dateurs dé la société de bienfaisance. Je dois associer jaunomdeM. Thulis celui de sa respectable épouse, qui y par le bien «pi'edié ne cesse de faire , est regardé^ comme un ange de bonté. Le préfet , M^ Thibau^ énUf et le maire y M. Andunne, sémbleiil donner la .▼ie it tous ces étabUssemens.

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CHAPITRE LXXXIIIp

Port de Marseille. Quai Saint-Jean. —Place Saint* Jean. La Tourrette. Pavé des quais. Opus spicatum, Quai Saint-Nicolas. Fort, Inscrip- tion. -^ JSastide de Louis XIV. Machine à cttrer le port. Commerce de Marseille. ^ Histoire. Vernet. -7- Robert et le président de Montesquieu. Le Bienfait anonyme. Nicolas Compian. —Le che- valier Paul. Roux de Corse. Notre-Dame de U Garde. Promenades.

I) E, la rue .de ïa Canebière on v<»t s^élever ïe§ mâts des vaisseaux , qui , privés de leurs voiles , pré- sentent l'image d'une forêt de pîns dépouillés de leurs feuilles ; cette rue conduit à- peu-près au milieu du port. *

Le quai Saint^Jean pu de la vieille ville, qui règiW à droite, est celui sur lequel il y a le {>lus de mar-* chands, et, par conséquent , un plus grand mouve*' ment, une plus grande activité : Ie& boutiques y sont étroites et pressées; on y trouve des parfumeurs, des orfèvres, des fàbricans de sparte, des horlogers^ des marchands de cartes de géographie ; on peut y acheter des dattes , des oranges , des dirons , des. raisins , des crabes , des sîtiges , des perroquets , des images : c'est aussi la partie du portoù il y a un plus gfand nombre de vaisseaux ; on len voit de tootea

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«^a CHAPITRE LXXXIII.

hs formes; A f nttrftnW é5t iz pTm SSÏhT-J?Si; l'on trouve à droite une terrasse zpotHée la Tourreite j qiii se prok)ng;e jifsqu'k ta Major i ce seroit , à cause de la vue dont on y.ioBÎtsur la mer, la plus belle promenade de Marseille, «i elle n'étoit pas aussi expoiée ali mistral ; aucun arbre ne peut y prospère*-; les mijfûreï dont elte est bohïée, en rendent aassi Tasp&ct et le séjour désàgrêiibles. ■"■ Le pâvè dés quais a quelque chose remar- quable ; il est entièrement; composé de briques po- sées obliquement sur la tranche.

C'est préàsëpiehe éfet^ éspèfcé db rtiS^herie ^tf les ancsens appeiéteAt opus spicahirh, parce qtié lés matériaux y feoni di^pcfeés cofnme !es bailès d*ùn épi. Le pavé des .trottoirs de' ftlilfaieiirs rUes 'esï de ïa mêrtïfe sorte. Cette manière de bâKt- paroît assei sblîd*, et pourroit être essayée dâti$ les lîfcùx o^ rfiaiiique le betm, grès k paver.

Le fon Saim-Jean fértité l'entré* dii piOrt de ce- câté ;. il s échappé \ destruction ; les ouvrages en sont assCE bien conservés : il est iittiiè de câpoAs.

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GîiAfîTftE t%ii^m. S4^

* îtétis mVef^âftiés ie pôft dans une bàrqtlé puni en vim(èt iWtrè rfi^ 5 qu^oti àp|>éHe qUai Sâint^ NUolàS ou ïleAîn ntU^t t céltti-d est jnôîrts peuplé et tnoifis Imitant , n^afe beaucoup plus large que premier ; ïéà vottiirès y péttVènt drculer. Cest que Sont îês ittagasifli de bois de conàtruttîôn , de ré- sines , de cordâgeis $ pour marine. II est terminé par le fort Sâint-NicoIàs , qui , avec le Yort Saint- Jean^ contribue à défendre Teiltrée du |iort. Oh â enlevé pendant révolutîoil i'inscriptîoh qui étôît sur la porte, et qui disoît que Louîs XIV Favoît fait construire en 1 6éo ^ par lés conseils du cardinal de Mazarin , pôu¥ ntettte fin aux séditions causées par la tuii>ttlence des Marsêilfois ( i ). Le féline monarque , en faisant bâtir ce fort , dît qu'il vouloit aussi avoir iû: bastide h MaEtséîile. Cet édifice est détruit eh gtande partie.

Le port a quatre cent cinquante toises de lon- gueur ; sa largèift" il'est que de cent trente : îf peut contenir neuf cents vaisseaux. ïl est , en tertps de paix , comme f e rendez- vous de toutes les nations de TEitt-ope : outm iei nàvités qui appartiennent aux

.^-4.

(i) rJe fdelis Massiîîa , nffàrus àl/'guorbm motibus sœpius conci^ iàta ; Hn pr&priliiH rè^ JitAaiuin, ifd aùdadorum pftttlantiâ , vet nimkt Ubertatk cupidine-, ttindfpt ritftrtt LurhvtÇMs XIV, Galùfftnn Rex^ optîmatum populique s^curitati hacarce providit, Rexjussit; Juliu$. eardînnîh Maiarînus, pace npud Pyreneas composltâ, suasit; Lndo* Pftâs Sc'0tl6mt/prêt'1nCict guhr/tator fjxecutusest. Aï.DCLX.

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2SO CHAPITRE LXX3CIII.

peuples de fa Méditerranée, tek<]ue les bitimens génois y chargés de châtaignes et d^ pommes \ leSk chétives barques de Sân-Remo, qui apportent des ognons de fleurs; les navires de Toulon, de Mâ« forque et de Fréjus , cl^irgés d'oranges et de sardines ; les felouques de Nice , de Livourne et de Bastià ; celles d'H y ères et de Porto - Ferra jo , avec leurs cargaîscms de bois ; enfin les gros vaisseaux levantins , dont les équipages viennent montrer en France les mœurs de l'Afrique et de l'Asie ; on y voit alors afHuèr aussi des vaisseaux anglois, hollandois, suédois, da- nois, russes; et bdiâférence des langues, variété des costumes, celle des physionomies , rendent la pro- menade du port ravissante pour un homme curieux d'observer.

Le port de Marseille est Un des plus sûrs et des plus commodes qu'il y ait au monde ; mais il est tou- jours menacé d'être encombré par les immondices qu'y conduisent les égouts de la ville , et par les terres que les eaux pluviale entraînent. Il faut saiis cesse être occupé du soin le curer. On a déj^ inventé plusieurs machines destinées à ce travai; et dernièrement encore on a proposé , pour leur per- fectionnement , un prix qui doit étrê décerné à celui qui indiquera les procédés les plus propres à prévenir i'encombremeht du port. La machine dont on se sert aujourdliui, est un -ponton sur lequel il y a une grande roue semblable \ celles d'une igru^|h|ae de&

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riiHMHit^kÉ^lAC^Aï

CHÀPITRB tXXXIII. âjl

hommes foui toHOi^r; elle met en mouvement deux poutres qui, en plongeant alternativement dans la vase, y font pénétrer une cuiller de fer k bords trancbans, dont elles sont armées, et enlèvent la bpue, qu'elles dépcsent dans une barque appelée la Salope, que Ton Va ensuite vider dans une anse ' près du lazaret : il y a actuellement sept pontons en activité. A mesure que cette boi^est enlevée, qud* ques ouvriers la divisent avec les mains pour en retirer les objets qu'elle pourroit receler : outre les morteàux de bois, de fer et de cuivre qu*on en re< tire , on y a encore trouvé quelquefois des objets plus précieux , et même des mçoumens antiques ; un buste de marbre, dont M. de Saint-Vincens a donii||| la desaiption (i), et une petite figure qui est dans son cabinet (2) , proviennent de ce curage*

La vue du port de Toulon retrace à la pensée les ^exploits et le courage de nos marins : celle du port de Marseille réveille d'autres souvenirs ; l'imagi* ^ nation se reporte jusqu'à ces hardis Phéniciens qui nous. ont doiuié l'alphabet, les premières connob* sancés géographiques, et qui ont portéia civilisation diez les plus antiques nations. On cToit retrouver encore dans Marseille les restes de ces Phocéens à qui la Gaule doit les premières notions des arts et d\ine active industrie; on la compare à ces villes

- O— ^>1^»— I I II) I I II I I > I !■ ^ .

(i) Magasin encychféd, ann. VII, tome fV» page 352. (») Svffi^i tCMnc II, page 137 ; et atl^., pi, XXXVÏ, n.* a.

^ i^i^kiè» jttdfs si pàîësâfiférs ; dti ifXïgè au génkr dé^fiàr4is ipét^Iâtêuts^ qt^ ôifc âiit de 1^ liéA Veiw #e^df âe5 rrchosses rOfiiât. SI iè^ ifégôciam ftatttçai) ri'cMiS pas éti-, édtmnë tes lllèikis , I1jobA6ui' èê dcfhiièr dé^ p£ip«s fc I* étlrélfetfiité , d«& sôtt^eTaî^ if feai* |>atri& , 6t lèvtf^ #)«9 à dés r^h , ôt% éomptô pîstmi eux de>s hôtiMés ^Ué Tûtl petit ecHnpaFèr aux F^ggéfetautStfétajirWi jpeut dte# Ja(Cqtieâ Cêsm: Mfir»èiHè répète èhcé^ ftV^c ofgueîi nom J^m DavfHagé, iiévaii ce riche négociant; cduî ^ £ti6valier Paul^ dont Je parfeitoî bientôf ; et ceux Borelty, Rémusat, déSmn), de Gé^ge ^ôùtL^ §lf de plusieurs àmfiens gentilshofftmes , tel^ ^ue ied Candèlle et lés Môiitolieu y qtii ^hôâoi^tit du ûtte de négociant*

S l'on en tr^ A^âthiiA (i) , MôrSèîIfe ti^toîr encore rien perdu de $ôh ancietme^ ^lendèuf au Tl/ siècle ; mais lei intisiùtis dés Sarra^tnii lûi por^ tèreht des coups ^etisibiesv Son .coitiméf ce sembla remtlfUô a^ îX." sièdé : se^ négodiati» y unis à ^mx Lyèii et d'Avîghoh, aifoient alors deâxfofepar érr fit Atekandrie , et eti rappbitdiem tes épiceries nnde et les parfuma âe l'Ai^bie ; ces ifiafohandl^i» temontbient te Rhône et la Saône ; 6n ïés emban» fjuoit ensuite sui* fe Mosélte , qui les d&tiibww fM

^i)* Page 13.

CHAPITRE hX^Xlllj ;2yi

le-Rhîn >'Ie Mein et leNecker,, jifsqu'çwx.^xtréfï^JL^ de FAHemagne. . . . .[

^ Jjes Mar&eiilois fG^x)j^<^nf. m ,^wd WQmbje de / ^abseau;^ pour ie parcage d^s pjinç^ croisés. Lo«jr ^ue c^jK-ci ejvreptpws Coi^mniwopie, lej Vjéni?- ^ns' V^pa^rèi^m de tpiji,^;^-cpUMîifii;ce d^ lieya^^ •Après Ip irétabUssemçn; 4ps ojgpérçwr? grcjpç , \ff fiénois;, qpiayoie^tlç {ilfis conuibyé àJ'éXjH^^^ 4ç5Xaûi^^ a^r^hèreru awc P^éplp^çs deç ffàvpç |égjBs dçiiït il$ jquirent 4Voe manj^^f rPypre^^, pnfin la pip«(e ^ Constepljiv?pî? par Jp$ Tj^ jcntièrement leiip: ^OQUi^neQ ; ifc pjîrdiï;ent jné^' leurs pos^sioçs daos la ÇfWPyte et ^w i* ipisr Nç«;ç^^ et les Vén^îç^s rqpruieïxt Jevr prewiif^r ^cçwto^t içr fKxpiirpnt d^ xicjiç^e^ i^iioen^ {i^. . \j8s Marseil^ois jàvoiem çetîré dçs J3yéiii^cç§ ^jpa- sidérables du transport dfi:^ ^W^J'^» a^jcji^ô^s çi^j^^ foin 4e psocm^er ;i,ç^t ce ffi^y pçtuyojk é^r^ utj|j|e ou Cûiruncvlej y^f|^,tWi^t;pnjcpre fiçs priuj:e$ chf^iiçp^ des privilèges avantageux. Les p^Ier^iages^ <jpi eoflr tj^^qsff^ ^lè^hfy^ 4e^^wkfkie^, %ent pour fux 1^ açwppdp nouveauit pr^^fifô, ^t l'op vit jiwitre^g fortunes. Ijrjllantes. JLes épicerie?^ Ip âuerje, ^ 50^, ^iwem Jf^spiinçip^ipc ai»liçfce? dif p?P[iïpiecç^ 4çs jfi^arr seillois : cepen^^pt^îe.cQmm^ce 4if J^ p^;i ;^p§j^; |[p-; ffe^nt qi<iJ;^urQit pu i!ê^> à4;^f 4^? gJ^^F^ ^B^s

t , ^ ,

(i ) Notice sur fauris Sai^t-VJpcefff^, p^gp ji^^^

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aj4 CHAPItRE LXXXltt.

pendant un siècle et demi , Ie$ comtes de Provence eurent à soutenir contre les rob de Sîdie.

Le commerce reprît son activité , lorsque Mar- rie eût été réunie à la France avec le reste de k Provence. Le commerce du Levant devint pour elie une espèce de patrimoine. Les rois accordèrent au port de Marseille de grands privilèges ; ça haute fortune, qui n'a été interrompue que par les troubles de laLigueet par lapestede i720yfitdesprogrès|us^ qu'en 1 78p. Depuis que Loub XIV eut fait respecter le pavillon français dans les Échelles du Levant, en Barbarie, en Grèce, en Syrie et en Egypte, le com- merce de cette partie du monde fut concentré^dans MarseiHe, déjà si bien avantagée par la beauté et la sûreté de son port , et par sa situation , qui lui permet de recevoir les vaisseaux qui passent de rOcéan dans la Méditerranée.

Les gentilshommes même' purent se livrer au commerce sans déroger; ib prénoient le titre de nobles marchands { 1

Comparer l'état actuel du commerce de Marseille avec Tancien , c'est mettre en parallèle la mort et la vie. Cinq mille vabseaux sont entrés dans le port en 1 78 8 , et il n'en a pas reçu mille en 1 805 . Les rapports qu'elle avoit avec l'Amérique , ont absolument cessé ; ceux qui existent avec l'Espagne et Tltafo, sont

(i) Discours iSMr le négoct des gmtilshmmes de Marstiîle , pur

i 4

CiîAPltkM LXXXîiU 15J

peu importans; et ceux qu'elle a avec le Nord, sont pres(|iie nuls. Les produits du commerce avec les Écheltes du Levant ne s'élèvent pas au tiers de ce quTIs écoietit autrefois ; ce commerce étoit pourtant une des principales sources de Ja prospérité de Marseille : la dédMience-de l'empire turc avoît déjà commencé à, fafFc^btir ; les malheurs de la guerre y ont porté le dernier coup ; et il est à craindre que jamais il ne se relève avec les mêmes avantages , parce que le pèîrt lie Cèti^ offire E>éàttcoup de facilités pour son expldiCÀtioft. * '

Oétoit ^our lious un sujet de tristesse que de voir ces vai^eattié rangés près du rivage, et dont la pi^oue impatiente iparoissoit demander d*aHer fendre encore les ^è^'; nous éprouvions le regret de ne pas nous trôtiv^tui milieu de ce concours d'hommes de pays i^^iSël^iis , rassemblés pour un même motif, celui d%dgnlenter leui' fortuite par une active et honorable iÈkfttStHe; noùÀ pehsiohs aux événemens singuliers dont* 4ce port a été témoin aux jodrs sa prospé- rité. Cette idée réveflla en nous d^intéressans sou-

Cest dans^cètfe mdè que Vemétâiroit apprendre i^ttft^ piMtéëi^^ j^^^ Jés terribles effets de

€^ iëi èëi cplif» <|u«> le présidait de Mont«- 4{iiMit-«rottva le jeun» Robert , -fik- d'un eourtier , «pif pour payer fa ntt^ é^ son pire , piisoniûar à

i

A

:jj6 CHAPIT^lE i^ïMM^

yiçr$er por^ ChaifUfi ^ ccMpipem le g^éDtHS pa^igi&trat.fit rache^r secrèjpmem rinfert|i#é-Rftfe(W# pt riefidii: un pè^re à s^p yftrm€|U3p.^ « ^^«i^iBJBii

(f u|i pj-pcéfjé ri généreuse : deux a*?? ja^^s, îj «^{tcmY^ ie pré^dçnt sur Je port, «e précipitftà $^ pierfs ,iiiii l^rpdigue les témoignages du resp^cf §t 4e l^ jft^se poiss^nc^, e)t veut fe ç.qx^^m W ^î|i 4§-lM'J&il¥lilf dans laquelle il a ramené le ^)onheur; maîçjje^jpf^^ 4ent s'ob^nç au sUeia^e, %i Is^m «Ro^iB?t 4éf^4 de n'avoir p4 forcer son bienfaiteur à^yç^i^ ^ga )^^%7 fait : il seroif eoqorç jgnoré, si, 4an§ I^j .pipif ^-g. j(J^ la succe^siçui du p^jésidepî, Qj> s^ut tro^yé uQ^^^uijr lance de M. Main » banquier, à Ç^di^ ^ W^^' .I^W j^ompie ij^e 7 5 09 livr^ , dp^t $QÇ>q ^^<^fift| ::élf poippté?^ ppur./f .(^livrancf # J^&bpïhrj^r î-fiffS

jrejsantç ^ujifç .est te >u/ç| 4'wi%j^i|r}iw^t§:f (jujéi

que rien n'est plus attrayant que ce qui nous i^ç(i^y:^

L , 9^ 9^ PÇÇf.iJf /aj^ier saqsifttgfifte^^st»»» J^ toire de Robert ; celle de Nicolas Compiaij^jjji'eil ^uerp mgiçis fçjuçbaçte^ y. est-pi;^ ^ ^ vm^m

marseilloîs

.<

CHAPITRE hXXXm. 457

marseiUois par un cofSdire de Tripc^i^ et vendu à uhi licbe hahîtsMit de cette yitte* Le MM5u)i|ian , voyant que rien ne pouticis t^bner bdoulevr de squ captif,, lui permet d^atier revoir sa pallie et $^ famîUe } il exige seulemenit sa. parde qu'il reviendra près d^iii: moitié dqnt il jest l^ami pfaitdt que Teacbve. Com^ pim retGKKne à Marseille ; més^ fidèle à sa parole ^ il f 'arracbe aux embrassemens de $^ frère& et de sea amis , pour alfer rempfir son eagaganem. ^riv6 à Tr^xili, il troayeJfi Miiâttiinau xians une yiy# afflic&oa : son épouse y cpj?A €héris»ok.tendrei»eut , étoit eiiptrantew <€> Cfaoétien ^ lui dit -il , |oins tes » prières aux miémxes : Dieu est boa ; et celles de; 3> fbamme de lai^a, de qudtque religion €px*û mit f jf doirtent fe tèucbet*: » Compian se mot k g^noxec^ prie a!vec ftrveur à 'côté 4^ son .maître : le ciel exauce/ leurs vœux , et la jeune femme aecouvce h smté. Le Msfliométan ^ transporté , emlvassa Compian et lui rendit la liberté: mais il ne voulut pas renvoyer, dans Tindigencs cehiL qu'il ne regardait plus que comn^ un hôle et on ami ; il lui donna un vais-i aesu^ctogé de Uéy cpii éeviatiaisouirce die $a foii'-* tune» Ce vAituemc négociant étoit digne des succès qutîl avoât' obtenus : c'est im. quia reçut une car* ^ison de blé dans un temps la disette affligçoit ia. viilq , et le peuple : murawrok contre Vm^ torilé ; lies écbeviœ lui eai offit^rent ausâtôi soixante fivres du setier.. !a jfe . ne spécule pa& %\xr h misère Tome TIl R

458 CHAPITRE LXXXIII;

publique » , ré|)Ondit ie généreux Compian ; et il donna son blé au prix de trente livres , comme il auroit fait dans un moment d'abondance*

C'étoit peut-être près du lieu nous nous étions arrêtés pour nous livrer à ces méditations , que le dhevalier Paul , devenu vice-amiral , aperçut un pauvre matelot avec qui il avoit été mousse : ce brave , digne de sa gloire et de sa fortune , traverse la troupe dorée des généraux et des officien qui l'environnent^ prendre par b main son ancien camarade, té- moigne la joie qu'il éprouve de le revoir. , s'entre- tient k part avec lui, s'infi>rme de son état , et lut procure un emploi suffisant pour le Ëiire subsister tranquillement lui et sa famille. On parle encore avec surprise de cet intrépide marin, dans le iyatéau d'une pauvre lavandière , qui , obligé de se cacher der- rière un ballot pour obtenir h faveur d'être mousse, devint un des plus heureux défenseurs de l'ordre de Malte et la terreur du Croissant ; se fit admirer par son courage , estimer par sa conduite ; qui unbsoft l'adresse k la grâce dans les exercices du corps , et s'attachoit ^ïAn par sa modestie. et sa bonté >ceox qu'il avoit étonnés par sa magnificence. Les soldats et les matelots provençaux commandés par lui ne con- noissoient pomt de dangers ; ils le suivoient à tra^ vers des torrens de feu : ils le pleurèrent après sa mort. Ces vers de J'épîtaphe qu'ils Jui consacrèrent , lie sont pas )>om ; mais ils attestent, d'une manière

* «

éiKsrgique ^ ropinipn qu'ils av^ent de leur bravô chef; .

Celui qui naquit poiir Cotùbattre» Et qui vivoit dans ït ccmibat , Eau , feu , fer , ne purent t*abattré^ Une âèvfe lente i*abat 0 h

La liârdiésse du fameux négociant Roux de Corsé étoit d'une Aaluré diâférente : chaque jour il paroîssoit hiettre sa fortune eil péril , et chaque jour ses impru* dences ét(Meht suivies des succès les plus inattendus» Jamds il ne &isoit assurer même les plus petites tar- tanes, auxquelles il conHoit âes chargemens de cent kniffe écûs ; et il sèmbloit que ses vaisseaux dussent bràVeir toutes les tempêtes et tromper tous les cor-: saires. Deux (bis il paria quW navire qu'il attendoit ée la Martinique arriveroit à un jour et même à une heure qull avoit Bxés , déuk fois it gagiia sa gageure* Ses ridiesses devinrent immenses, et sa témérité ne conhut plus de bornes. Eii 1 740 , il équipa à ses frais un vaisseau de ligne et une frégate de quarante canons, qui protégeoieiit ses onze vaisseaux mar- chands , et il déclara personnellement la guerre au

■MtaB

(i) Ces vers recommandent autant Sa mémoire , que les sui» vans, qui sont ie Bachaumont ;

C'est ce Ptul , ilont rexpérieoc« Gourmande It mer et le vent ^ t>Ont bonhear et U vaillanèè Kendent formidable ta France A tous ies^upies du hevuHt^

K X

«<îa CKA.PITHE LXXXIII.

lol d'Afigletei , par un in^uiifeste iptkuld , Giorge Roux à George roi. Sa petite flotte obtint d'abord quelques succès., et s'empaiq de piutieiir« bâtiniens ennemis : mais la fbftune abandonna enfin son indis- cret favori; le vaisseaif c)e ligi^e â^^ ^iql)|asé par la fbudrç, la fr^ate périt dans une tempête^ .etJes navires marchands furent pris pat les Ânglois.

Leivers deBachaumpnt (1} ont rendu lech^teau de Notre-Dame delà £?<ir<:/( trop céièbfe^pçur qu'uni voyageur puisse se dispenser de le visiter; nous en fîmes donc un jout un point de promenade. Nous tra- traveraames d'abord le quartier qui avpisine le q|U^î Saint-Nicolas , et nous vîmes les msgasins de inannç , la suiferie , la corderie ; mais les travaux étpfent ^an; activité. Nous entràiiies dans le choix (2) q^i avoi^ étf; construit par M. Bergasçe, e;quiestavfourd'hui gban:^ donné. C'étoit le plus cpnsid^érable j mais il y en « encore plusieurs autres : ils sont destinés \ donner; aux vins du pays une préparation q^ilesren.d Proprefi aux voyages de long cours., pour les(mel^,ils ne,pQUr voient pas être emplQyés. auparavant. p^;a|>lissaf|çpjt du chaix , à M. Bergasse , a singulièrement encou- ragé la culture de la vigne , et donné de gtiindes

(') Tome ir, page )79.

(ï) Un chaix est un lieu "où l'on mélange, l^^ vins, o leur fait subir différentes p^ré^iaraiJons. U.cn SCia ^escion à l'ai ticle de Bordeaux, où'il y e^ a fluùeitrs.

âdlités au commenie de Marseilb fow $e$ amie* mens.

Le diemîn tjui condûh à Toratoiré ^ ^t roidfe et dîi$c3e. La chapeUe est petite et étroite , mai^ ornée par-topt des tributs de {a piété des navigateurs ; aïk pltndier $oait suspendus de petits vaisseaùk avec leurk agrès et: ayajnt leurs nom$ écrits ^ut la poupe ; ib figurenjt ceux que la prpiectÎQn de h mère du Christ a sauvés d'uit ciruel naufrage> bu ehlevés à h> fu* reur des pirates et d^s corsatreau Les tableaux vottâ représemeni dès Hai^ragés ètendaBt les mains vers la Vierge y c^ui leur moiUm un viisséau prêt ii les secourir ; d'autres naufragés sont dérobés à la mort par quekfues débris dont ils se salissent i cTautires enfin fuient dans une chaloupe lèinjde, leur vaîssniu^ que lamervli engkmtk^ oa^ràïeiifipujducieidéf^Biv /

Ce ifortest élevé àibdes&us.de la mer de quatre^» vingt-cinq toises : au r^plè >4I nja jien de.remarqnable^ et nous n'y vîmes p^ un seiH canon. C'est vtgîe fa^pluâ voisine ; elle 36igfiaie tous les^vabsçéuli qui approchent du port.. O^ y . découvre A<Jdte ik vifle de AUi^eitle : Tceil |>eiitsbivie [es.I^Itea.raa alignées des nouveaux quartiers; on voit pfesqaccea face I^ amas de msusons'âe ia vieille ville ^ h'rffBsai bâpital» la place des Tourréttes^, Ma|or étleiiiza- fet« Des montagnes semées de riantes bastidbssv^M file de moulina dont le vent &it tourner' la^^i^as'^ fotméiïXh Ibnd dB'tahlea«u>A<i'«Didi^Ia vue 'i'éaoatl

R 3

V '^ -

-C»

atfa CHAPITRE txxjéiu:

suria vaste mer, après s'être agréablement promenée sur la rade et sur les îles.

Les plus belles places pt^bliqûes de Marseifie sont ^ la place Castelane , qui termine ta rue du fàubourgnle Home ; la place Saint-Fertéol , sur laquelle étoît bâtie la belle église qui a été démoKe pendant la révolu- tion; la place de ta Comédie; la place de Afmtiers s eHes sont plantées d'arbres , ou décorées éê fontaines*

Les allies de AleWàn, en face de la Canebière^ sont comme un second cours bordé de belles mai* sons et planté de douze rangs d'arbres : c'est une des promenades les plus fréquentées ; elle conduit au -jardin de botanique.

La ville de Marseille étoit entourée de remparts ; ils ont été détruits , et à leur place on a fait des bou- ievarts magnifiques , qui formait, pour tous les quar- li«rs/, des promenades agréables , et qui le seront encore davantage lorsque les plantations qu'on y a £aites donneront de l'ombrage. Ces boufevarts ont léié, en grande partie, exécutés par les soins de M. Delacroix, préfet, et continués par son suc- cesseur M. Thibaudeau. La ville de Marseille doit aussi à ces deux magistrats plusieurs monumens , dont les uns sont exécutés , et d'autres en exécution. .. La- fontaine du Boulevan dn Fainians doit être ëécoréé de deux bas-reliefs en marbre, représentant IfLpkke ei la ricoltt des alhes. Sur une autre fontaine dans, hi nu df JHoaa, on voit le buste de Puget^

CHAPITRE LXXXIII. ^6j

€tï jace de sa maison. A ia fontaine de la ptace de U Douane, on doit placer un Hern^s géminé, c'est-k--' dire , à deux faces , représaitant deux célèbres Mar^ seilIois^Eutkymèneet Pytbés^ ( i ) , de grandeui'colos- sale. Deux stames en marbre , celle de la Paix et celle de la Victoire , ont été inaugurées dans tes fètes triom- phales consacrées à la gloire de nos armées.. Tous ces ouvrages sont dus aux talens de trois habites sculp- teurs, MM. Chardinî, Chénard et d*Anthoine.

Ce n'est vraiiibnt que depuis Pan vili que la vfife de Marseille a vu s'élever dans son sein des. monu- mens dignes de son antique renommée et de sa splendeur; c'est donc un bienfait de plus qu^elte doit au Héros du siècte et aux préfets qu'il a envoyés dans le département des Bouches-du> Rhône.

Au bout du cours Bonaparte ^ il y a une foiv- taine , au-dessus de laquelle s'élève une colonne granit surmontée du buste d^ ce Héros ( 2). Cecours

(f) Infirà, page %ju

(2) Le piédestaf pfïre trois bas-rdiefs en marbre blanc ; du côt^ Je t'est un trc^bée d'armes avec un, boudicr sur lequel on % gravé ces mou en lettres d'or : «

A BONAPARTE VAINQUEUR^ ET PACIFICATEUR MARSEILLE RECONNOISSANTE.

Sur les côtés sont des trophées de commerce et d'agriculture^ du côté du cQuchant, i'inâcrrption suivante :

Ce monument a àé élevé Van X de la République française une et indwmbU , j^<^/ dt Vke vulgaire, le généra ^ONATARTE étant

r4

2^4 CHAPITRE l.li:xXU%

e&t terminé par une esplanade. |Mmtk{aée sAr «fi ro*- tïher d'où l'on dééptvre la mer^ iie port et la vïle. A ih fcnftaine située à k porie de Paradis^ s'eSète une liutre cûfoniïe de ^aiût qui ponte tm génie ( i ) ; eUe

ffremer Censiii; lès àto^ens Camiacér/s et Lebrun , second et troiâèmt Consuls; Chaptat, ministre de l'intérieur ; par les soins du citoyen Charles Delacroix, pr^et au département des Bouckes-dU'RhSne , d'à-- pris te pœu du conseil muhicipàt,

La cmntmme d'Aîie, partageant kssentàmétts de cdlejêe Marseille » a donné le fit de la colonne, m.

(i) Cette colonne est surmontée à'une figure en marbre repré- sentant le génie 4e fa ^nté relevant 4*Hnfc méiri le flambeau de la vie pi^œ éteint, tandis que de Fimire^i! couronne les noms àt ceux qui se dévouèrent à une mort certaine pour secourir ics victimes de ce Héau. Sur le piédestal on lit quatre însd*iptions ;

I.® Ce monument a été élevé Van de la R^uhlitfue française âme et indivisible, 1802 de Vert vulgakê, le gén^td BONAPARTE éant ^entier Consul, les àîtoyens Cambacérés et Lebrun étant second et troi- sième Consuls; le citoyen Chaptal étant ministre de V intérieur ; par les soins du citoyen Charles Delacroix^ préfet du département des Bouches- idu'Rkone, organe de la nconHéissance des MaHé^lèis, '

-3^^ A Vétef'tttlle mémoire des Âommes coure^eutt dont les noms suivent : Langeron, commandant de Marseille; de pilles, gom^emeur- viguiet; de Bel^pHce, évéque; Estelle, premar^heuin; Rose, commis- salrt'gtnéftdpour le quartier de lUve-neuve; MHkrs, Jésuite, commis- saire pour la rue de VEscalle , principal foyer de la. tont^on ; Serre , peintre célèbre, élève du Puget; Rose V aîné et Rolland, intendans de la santé; Chicoyneau, Verny, Peyssonel, Montagnjer , Bertrand, Michel et Deidier, médecins : ils se dévouèrent pour le salut des Mar- seillois dans V horrible pesu de lyzo,

3.** Hommage à plus de cent cinquante religieux, à un ^and nombre de médecins, de chirurgiens , qui moururent victimes de leur "(èle à secourir et consùlèr les màurdns.

ï,(m noins ont péri : puisse leur exemple n*itire pas peréi !

li^^pi^

CHAPITRE LXXXIII. iSj

est dédiée aux mânes dés ViCtfrftés de fepejtè 1 720 y et aux hommes courageux qui , à oette époque y se dévouèrent pour le salut commun.

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i&ii^^

^«Mirifa^kM^ahi

fuîssent-ils trouver dn ifiritateurs, sitttjà^rs de caiamilé vtnoUnt i rendkre /

4.** Hommagt à Cïémtnt XI , qui nourrit Afaraiik afiig/e,' Hommage au roi Tunisien , ^i respecta et don qu^un Paptfaisoit au. malheur!

Ahsi la morale uniuerieHe rallie à U hienféÎHmu Itt fiommtk vertueux que divisent les opinions religieuses.

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CHAPITRE LXXXIV.

Observatoire de la Marine. —.M. Thulis.

M. Jean-Louis Pons. Température de Marseille.

Mistral. Climat. Instrumens. Navigateur»

marseilloîs; Pythéas, Euthymène. Histoire litté-

faire. Illustres. Académie.

J_iE lendemain, nous allâmes k Yobseryatoire de la marine : il est sur la butte des moulins , qui est le Jieu le plus élevé de la ville. Il consbte en trois étages , qui forment le logement du conderge , 1^- bîiation du directeur, et le lieu destiné aux obser- vations.

Le troisième étage se compose (Tune grande salle carrée , accompagnée de deux cabinets : U y a encore trois petites tours rondes , une au nord et deux au midi , couvertes chacune d'une coupole. Le toit de l'observatoire proprement dit est plat, et fonne une terrasse , sur laquelle est une girouette qui , par des roues de renvoi , marque les aires de vent sur le plafond de la grande salle.

Jusqu'en l'année 1764, les Jésuites en ont eu i'administration ; il. a été ensuite dirigé par M. de Saint-Jacques Silvabelle , qui a eu pour successeur, en 1800 , M. Thulis, membre distingué de l'aca- démie , et très-zélé pour la science astronomique. M. Jean-Lotib Pons le seconde parfaitement bien.

CHAPITRE LXXXIV. 'n^f

Cet homme intéressant, à Peyre, dans le départe- ment des Hautes* Alpes y est entré à l'observatoire de Marseille en. 1789* sa bonne conduite et son intel- ligence lui ont fôcilement gagné la bienveillance de fhonnète et estimable directeur de cet établissement. Il a pris un goût extraordinaire pour les observa- tions, et son industrie lui a procuré des instrumens utiles. A l'aide d'une lunette qu'il a fabriquée lui- même en entier , d'après celle qui est à l'école de navigation de Marseille, il aperçut premier, le " ï I juillet 1801, une petite comète près de la tète de la grande ourse ; et le Bureau des longitudes lui décerna le prix de 600 francs que M. de Lalandè avoît déposé chez un notaire de Paris pour celui qui fêroit une découverte de ce genre, M. Pons ^ enflammé par ce succès , est devenu , pour ainsi dire, i'amant des comètes; il les guette avec -une attention et une persévérance singulières : le 2 6 août iSoï ^ il observa encore le premier une très-petitb x^omète dans le Serpentaire.

Une inscription placée sur la porte , dans i'inté- rieur de la grande salle , apprend que cet observa- toire a été commencé en 1699 ^^ achevé en 1702; qu'il a été réparé dans l'an iv [ 1794-^795 ]• % longitude est de 3** 2' 6" à l'orient de Paris ; sa latitude septentrionale est de 45* ^7' A9" > l'éléva- tion de cette salie au-dessus de la mer est de cent vingt-neuf pied^ six pouces.

.^^

éi:69 CMAriTRE SjXXXIV.

M. Tfiulfô suit avtc un saèle soutenu les dbset ^ 'Valions auronomi^es et météblroIogîquëSy dont il présente les résultats à f académie : elles ont fkk voir ^Vn été ta disilwr se soutient ôi^n^iiremënt entits £ i et 2 f * du thermomètre di$ Réàumur ; mds , depuis dix heures du matin fUsqu'à six heures du soir , tl y a une brise de mer appelée gartin > cpxi procui^ jdu firàisv. £n hiver , le froid est* de 2 à 3^ : très^ira^ Tement de 5 à tî; et k-peu«près toutes les années^ une fois seulement , de 8 ^ 9"" : likis ceià ne dure qufe quelques heures. En général ^ il règne dans cette sai- son,une agréable tempéititute de é à ii^ dechaleuf. X.a hauteur moyenne du baromètre est de ^8 ) 1 L. ) .

Le printemps , excepté durant i'équinox» , il y a quelques fours de pluie , est très-agréàble ^ fâu^ toituie, toujours très-doux /se prolonge ftt»qù*en iîovembre, et même jusqu'en décembre î léstirois semaines du solstice d'hiver sont froides et pluviôses ; •mais Thiver n'existe réellanent qu'à la fin de jalivief. La seule incommodité de ce beau climat est te'X^wjr*- italf vent glacial du nord- ouest, qui soufBedails sa plus graïKle force , trois , six , neuf, quinze jWits , inais rarement trois semaines de suite* Ce vent est si redouté des Provençaux , qu'ils ie regâfdent Comme une ^de leuiTs fdus grandes èalamités , ainsi qcie l^\y test^ ce Vieui proverbe :

Le pàrremént, îe mistral , !a Durancc , Sont ics trois fléaux de Provence.

XI souiBe avec pli^. qk mAns de feece, pendant tpute Tannée y :49^ ^ p^éei tirasses & pi^^ , ainsft

que daps Ip Bâ^Lai^[iiMQ<?«

^£^^^ Tail en cbif ^ p»3f rb dîmat, ^c ep chaud ^ . ç§t tcè&-&uoiahIe à la sant4 ; il eon^îen^ pnncipd^nMfii àrceuK^^ dm des mabdies de nerfs ou de ppitrine^

La grande ,saUe» 4^ , l'pb^iejv^l^i^jse 4i&t décovée du> por^t p^nt di^ P^ iFauiUée^ Jésuite , et de cehi? en M. de Saiiïtr J^tques ^RVabeHe, connu aussi sous

le npm de M, ^e §auU-^3^f;qS^$i^<fe^;,fa*wl(eç 4eX5^- h^Gm/^aàiyV^vûMQ^ Cook, et^ portpaios grarés^ de Saunderson^, Màmsteéd , Çoôk, JétàmèTusijaiXide ^ Newton, d'AIëmbërt et Diderou

4.vec vn .t{i^O(99 pbeè danft cetee saUe, on êktaogae très*bMn'i>»e toui* bitie sur une petite fie à cinq lîeups Màrseflié, é t qp^i sert; pbai'e en temps de paix; pn, l^^ ^^fq^eot W mofi obstmi^ tsârtt. sui le n[iur de Notre-Dame de fa G^tâe ( i j .

■■ .iT!i'jmiaii>i B Miiwiii > ,1.

(i) Voici ia note, des' iijstirunieQ^;^yi,.?igp^l^cvqnfiRtiy^ vatoîre de Marseille : f

^1,^ y.î? t;;:^s-I;>ea44 tât^opftgr^rî^^^fiMmnStiOSfr^ de dix- neuf décimètres de foyer, ponant la date de 1756. li repose sus. une ip^hipep^a,^Ctiqu^ f;;^ hpf^^i'i^g^çl^le^f^^Èmki o^ets de deux cents à do^^a c^nx^ff»^. l^f^^u^ fifitkà. ni»oks spnt tjçcs-oxi^éç dcjmis une vjugit^^ âtj^ji^ém,.

2.^ Un autre télescope du même artiste, ayant sKMxaate-oîn^ 'centimètceailftfipgur^ UjgBMmaÉkp ^upsh^u d^ ^ùavrC'VÎngt-dxx

■iÊ^^':^^-

37B CHAfiTttE LXJCTXIV.

L'appartement de M. Thulis a un« vue ttès- étendue sur ville et sur le golfe. Près de son cabî' net est une terrasse ordinairem«it garnie de fleurs ; c'est que ce dtoyen vertueux et modeste omsacra

oiitTCf <d>f«c^ non

i Rob cents fmi : il e achromatiques,

}." Une lunau achronuiii^weit DoLLONp , de onze détimctro ie foyer, ayant une ouvBiture de solxantwtrol] millimètres. Cette lunette est pcts^e «ur une ro&chinc panllKtique en bob d'acB)ou ; lE £tre rendue

/Vl1>.*

CHAPITRE LXXXIV* I7I

sa vie à d'uâes observations, qui lui ont mérité festime des savans.

L'écob de marine est dirigée par M « Duhamel , faomme d'ui^ mérite distingué.

Il est impossible de jeter les yeux sur les rives de Marseille , de visiter son fcole de marine , sans son- ger aux iHustres navigateurs qu'die a produits ; et l'imagination ^ toujours exaltée par le souvenir de Tanriquité , se reporte aussitôt vers le temps de Py- ftéas. Ce célèbre astronome , contemporain d'Aris* tote , s'il n'est pas plus ancien que lui , a vécu au moins dans le milieu du |y.^PcIe avant l'ère chré- tienne (i). Si l'on ajoute foi k ce que les auteurs nous en ont appris , il a le premier déterminé la latitude de Marseille , et connu les rapports con3tan$ entre les marées et les mouvemens de la lune» Ses voyages sont encore plus étonnans que ses découT vertes astronomiques : allant de cap en cap , il cô-^ loya toute la partie méridionale de l'Espagne , entra dans le bra$ de la Méditerranée qui se joint à. rOçéan par le détroit de Cadix ^ après avoir pa^s^; ce détroit , il fit le tour . de la Lusitanie et de

(i) BOUOAINVILLE , Éclair^issmefts sur la vie et les voyagea 4e Pyth/as ik Marseille , dans les M/moires de l'Académie dis belles» lettres, tome XIX, page i4($. M. MuRRAT, dans sa Dissertation de Pythea. Massiliensi , imprimée dans ies Acta Societatîs litU" raria Gà^ngeusis , 177J , Xois^ VI ^ a troi^icn développé tOHÇ ce ^A c$x rfia^ à B/tbéas,

lijx CHAPITRE tZXXIT.

rEspa^ne, gigoa i^s x:âtes def Aapûtiine 6t defAiH morique , qu'il doubla pour entrer dcms\t ctoai ofien, appeSe la Aianchei suivit lei» càtes' oriafitak& «te.f île britannique ; et lorsqu'il fin à sa partie ia plus s^ten*^ trionale , poussant tQu|oiirs vers ie nord^ii s'arauça , en six fournées de navigafion ^ fus^'à ^axi pays cpie les barbares nommoie^t TkuU, et que nous appelons aulourdlmi Islandt.

\ Dans Hn second voyage, ii en<p^ ps- Mmdie

dans la mer du Nord^ et de ceHe-ci^ par ie déi»^ du Sund , dans ia l^tique , sur iaqueHe ii vogua

< jusqu'à f embouchtiTé^Pk fleuve qull- appe& Tamh.

Combien il est fâcheux que les à&xH relatiofis- q»^

* avoit publiées de se$ voyages <^ aieni: été peidues !'

nous n'en avons que des fragmens épavs', par les- quels on voit qu'elles centenoient beau€ôt»p dedétail? intéressans sur les productions ^es pays^ quSI avoit parcourus, et sUr les mœurs ienrshabitans.

^ On ne peut nier que Polybe (î) , et sur-fout

Strabon, n'aient traité Pythéal avec le mépris du au ^ mensonge ; qu^ils ne l'sûeft t regardé com me un impos-^

teur j que Bayle rfait accueilli leur opinion ( 2 ), et que ce navigateur n'ait tfouvé encore un plus redoutable oitique dans M. Goftaellin^ ( j ) , œ s^va^t dpnt

(l) POLYB. X?CXIV, J. ' .

; 433) Efkwmn^ artid« PytUÉAJ^ (3) Géographie des Grecs analysée, p/^^ et iujyanws. ^

l'autorité

if iriirTi''

FMtorhé a tsnt de poids dans les matières têlative^ à^fa ^éogmjrfiiê' ancienne : îl a démontré des etreui% * qui doivent faire présumer cpie Pythéâs n'a fam^^fe fiât fcsJwyiagi^P5û'*ôft fei dttttbôe ç mufe , bu ttiôîtts , fefe MarscftitolS' a ^asseuMé tfaififcienries «arïitîom ^P, •sans hifi y nou$' [sêrOîeni îiïceJrtmie^ ,- ^tibfqti'fl ^ -slh déôgurtes pe«t-être pour en ca^B^ ik^i^îné. N'ést-'H pas poskaâè éiiéôite tspé dèuk-éfai ont sueeessîveinerit transcrit sèsf técîts ^ les aient afeéréis par^moùk' pdi& Jfe inenreiHftuxir -, ' - ^^'«

•fe Wttditàîs pouvoir parler -tfàsiî^ *£uthymèn^ •iiiitre> Aavîgtitetir marseîflois :, oti prétertd qùé ,' sii?- vaitt^a mute îdéfà tt'àtée par Hahnoft , il poussa ste découvertes ati wîdî , et i^ù'a pàitdurat les ctttfe de ¥A^pêciv^{i) fsis^^^ thaïs oh ri^a poiHt

-d^auwels détâili sur k)n entreprise: "' *- ;:;

. Dians d^s teitfps plus modèitteS , Mâï^illé^ -^éât dfer aVfee hdrtiÀeut ie dapiteinè-ftëfiaûa , qiii Jle pri*- TOÎaf, ttvec'ûn^p^it batH|em; a^yittt -pris pavfflPëi ifespagiïkrf', t osa passer le détïôlt ' décôuitett ^at ^- •gi^Janw ïtile tt'^ôdUii «ifedrè' bëaticbup de ihzèàs Tcptti 156 ^nt ^ît' Uh nom o.ii ^ar !ieur habileté Ûaiife^îa ^navigation/ bU'^jpaÉ-ilhïrèjiîdi* qu'ils ohi Montre contre les ennemis de leur |)attlè; ^-«^

* It A*èst pas douteux que lès .Phpceens'jn'aîent transporté dans cette partie dp/fa G^MleJje^jïciçsnces

■t i ^ \

,j t.*

(i) Senec. Quasunat. W , %.

Tome JJL

a^i CHAPITRE tXXXIÏ.

et les arts de h Grèce. Q^îqu'il tn^ tioui reste aucurt mpnument de rârç|iiteCti*r!e çi dç:,!»- sculpture ^des anciens Marseillois, on peut juger de leur goût par I9 s^le de leurs médailles, si diffi^mt de cdui des monpoies qui ont:ét^ frappées dans (eS: aMtrefe villes de cette contrép. Ias ridwçses qiie .{vocurç te com- merce, durent iwe fleurir dans MgrseUle tout c^qoi tient au luxe et aux jouissances de la vie. Ce iùt c«tte ville qui adoucit le$ mœuredes barbares : après s'être rendue célèbre par ses vîaoires, çlI«.rtN:b«rcha la ^oire des lettres.; ses citoyens les plu$ distillés' s'a- donnèrent à la philosophie et à l'éloquence , et répao* dirent dans le reste def^ÇauIe le goûtides beaux-an». Après qu'elle, se fi^tsoumise à César ^- Marseille j|»erdit.beaijcoppde.S|pri importance militaire et poli- tique; le commeree :et les spiences i'eiFi^édommar- .gècentiS» éfoles devjnrQpt célèbres , et les Romains .finirent par les préifèxer à celles d'Athènes (1). Aor gaste.,.qu^ vouloit éloigner de sa cour son itefeu ^^ifi$, saps cependant parokre l'exiler, Teavoya-À . Marseille comme pour y achever sps éluder (z) ; Agri- cola^y fiit éiey^ i[j), La désign^tipn 4'Atkènes dft Cailles que Çicéron (4). donne à cette ville^ n'éttnt doncjUfi iin titre usurpé. . ,

' (1) Sthab.IV,i8[.

(ji)TACiT.^BW.IV.44.

(}) U. VïM ÀgricoLt , 4.

J4) CicEH, (>«./'« i"iif«,XXVi, éj. "

. C ttl PITRE IXXXIV. i^J

Lirruptîofa deà Vandales , :qaî s'emparèrent Marseille (lY^ y \ éteignit teut-k^fait ie goût dé^ lettres. Lorsque. ié^ tscubadoi^rs provençaux rame'*-' nèrent celui de la poésie, les Muses se fixèrent d^ pr éférenc^e à Aix ; et y comme nous l'avons vu^ c'est à la cour de Raymond ^ de Béàtroc , et sur«-tout du roi René (2) , qu'on vîç retiaître ieur àdte»

Marseille se livra :plus excHisivement> au côm^ -merce; les troubles de la Ligue en bannirent entière- ment les lettres* On y a vu paroître depuk plusieurs hommes distingués : on peut citer^ entre autres, Ber- nard Carbonely Rostang fiérenguier, poètes estimés au temps du roi Robert et de Philîppe-le^Bel ; Pierre Paul, qu'on : regarde comme Ile restaurateur de la poésie provençale j "roicent Leblanc , célèbre voya- geur; Honoré d'Urfé, auteur de VAstrée ; le généa- ïoeiste Pierre d'Sozier; fHistorien.de Marseille Pierre de Rufii; les naturalisieSf Plumier, Feuillée et Peyssonel , le poète Bonnecorse, l'éloquent pré- dicateur Mascaton; M. Guys, auteur des Lettres sur la Grèce ^ et beaucoup d'autres que j'ai déjà eu occasion de faûre conncitre {))•:•'

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(1) En 414. . .

(a) Supra, tome II , page 340U

(j) On pei^t cQi^sulter sur tes illustres Marsei'fois l^es ouvrages suiva;ns : Réponse de l'auuur dt Marseille savante, iXc. à la lettre qui lui a été écrite de Provence le j/f février lyip. Mercure, 1730, \yùsi.^Dîfécrivaini deMarstilU,^ par (^UfiSNÀY. Yc^çLÀnnaly

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■fkj^ .CHAPITilE LXXXIV.

On àvoit eu le projet Id'étàbKr à Maïseîile une académie (ij^iloràque ies suites funestes de h coii^ 4agi0n <fa 17^0 empêchèrent deisVn occuper. ' de -ébt ;pottrtant presque aulsebidesiboirréurs lie b p^Vé 3q[Yie cette* com'j^agnie pnt iiaissarvcei/Quelques f>èt!- :$oniies réfugiée^ ^ia /cahiftagiiie sèl rëumàsoiëi^ chaque semaiinâ dans hn.|àniia ^ipouf sj^ . èntrëf^ir 4e iûtéiatuTe i.cèfiéau ayaqt totiilement cessé'^ la même société r s'issembla encete péndilit dettic an- fiées 9 k Marseille , chez un de ses * membres ; enfin ^ ^le fut érigée : en académie par lett'resi patentes de 17269 et adoptée par rAcadémie'ïbinçaise^ bà^s€( fBeiiibrès avdien^ le droit de siéger âansries séances |)ubiiqueSy et à qui eiie envbjroit tous ies 'atis^

de Marseille, çorotîaire 8 ,daliv. IL filçges de juelfues illastm Màrfeniois, par ct ttuipVï.'^oyfei fc'Xiy/iiWc àc^^^^ ^ Marseille, 16^6 , In^CFf. ^ Éhgà de 'ftuh\térs ^ckénfntfaèks ^ ' Marseille , couttSTAs danf les Re€tuUsde<mt aiaifimiet M, LA VlsCLÊDE A'fajrseille ancienne et moderne ^^ux M. GuYSj Paris, i78è,în-ô.**On peut^cncorc trouver de bonnes notices <ïai\s ^ Mémoires pttursMr'û Histât're des héirikes Wà'àrei de PMenh\ far ic P. BoUGEREL, 175^^ fn>ia vfitisur-tQistfaib in DitUo»- naire des hommes illustres de la Provence et du Comté Venaissin, Mar- sêilTc, 17B6, 2 vof. in-4.*^ " "~ '^

(i) Lettre écriupar M. DE LA RoQUE à M, DB'^tdàknl^sur le projet d'établir à Marseille une acddéàteldéf s'àfhèes'et des Mes- îettres; "où il est parlé de î'/fncienhè acaMtié de ^Mâfiefîk, et des MarseiHois ^ul se sont distingués dans hs ^àèitch èt'diûit In 'Miéi^ dfts; de Paris, ic i.'^ivril 171e. 'Sè^t Â'^rti'dè î>^i)h tJ^7>)wiTierj'ait.XlV;i{>'ag«ei>^. -^ '^' ' -^ t

^QOmijM ^ikui^ uoe {vèceea vers ou.ea prose (^)«> Q[m]^(|i^ i'^jçadémie de Marseille ait perdu totisses' zeyeni3|s, ell^ ^ rfpri^ sies travaux et cHe s*y livre avec activité : plusieurs de ses membres «sont avanidgeu- sein^ (;osm)^ dans ia iittéraita^.^ Elle s'assemble aiijiQMrd'huii^aâ^ une parffe des hâtimem^de Tandea couvent des Bernardines (a),

4'as^i$tai,à l'une, des séances de cettç compagnie ^ ^Ht . )'j9i j'hoDnour d'êire membse. Vl. Ca^mti^ i^s^n y \^\ mi trjèsrîbon mémoife sur lin éksMéctiori 4€s^ siiutBréiles , qui d^soloient aioi;^ la campagne. Le résultat de son mémoire étoit de donner deuiE ^Hs.paT: livre de sauterelles ^ et quatre sous pai* livre d'œufs. Cela prouve combien ce fl^a^v étoit foneste p0ui If^iodltMre. Oa assure que, dans une année ^ ^U leLterntbiie d'Arles fut ^n proie aux ravages ^ ces îsfif ctes ^ op parvins à dét^tre trois miiSg qutnit^x de lei^rs^osuÊ (jf^. IVL Casimir Rostanestf ua IfUne homme ptein de zèle et d'activité : il a voyagé ^n$ fai Grèce avec le ptis grand fruit*, il est très-^ x^sé dans la lasigise d'Homète* et de Démosthènet I^ rapport de goûts et d'études favoît lié ayecf te

(i) Depuis 1727 jusqu'en 1790/ cette société a putfié trente HffmeHs^6s!& oin^ages iitf ckns m séances.

( j) M. le pi^éfet a adopté depuis ^ti mesures qui ont déliyjçe b campagne de Marseifle de ces insectes j ik dévoroîcnt toutes ]e^ SéPÔice$.etjâs^Éux)4ïutits arbres.

S 3

«74 CHÂPITÏIB i.txitfr?

Cétôbre^d'Ansse de Vinoison.-li cufrive avec succSr Ijt botanique; Qt l'entomologie, et il if des coianois- sances profondes en numismatique* Ses talens se-^' TQÏent bien -plus, utiles aux lettres , s'il- n'en étoit- ((istrait par une p^sionplus noble' encore, c^le de- servir l'humanité : if est l'atne deia plupart des éia- blissemens de bienfaisance. .

M. Girard î secrétaire de la préfecture, lut ensuite un raémcàre sur ta Crau, que nous ne taideroits pas à visiter.: c'est un extrait d'une statistique du département;, qy'on doit regreiiçr qu'il n'ait paa encore publiée; elle est écrite avec le goût, la puret^et l'élégance qu'on remarque dans les autres ouvrages échappés de sa plume. . L'académie étoît alors présidée par le pré&t du département, M. le conseiller d'état' Thibaudeau ; qui montre le plus grand zèle <pour' sa 'prospérité ^ comme pour tout ce qui tient aux progrès dei iù- piières. plusieurs ,de ses membres s'occupent prin- ciptdement de la faûe fleurir : M. ThiJis y- présente t«jbiit de ses observations astronpmiqties ; M. <Jè £fnety, le résultat de ses expériences sur i'agrîcùl- ture, et ses calculs statistiques; M, Deli&le- Saint- JAi^ïûn y mgntie Içs ingénieuses machines dont il «st l'inventeur ; M. Barthet y expose ses beaux instni- mens de Dhvsirrue et d'nniinuf>' ; Itinhilp nharinn.

CHAPITRE LXXXIV. '279

historiques ; M. ' Gorse ofïre ses calculs mathéma- tiques et le résultat de ses expériences ; M. de Saint- Vincens y f^ part des monumens qui ont été découverts ; les artistes dont fai déjà eu l'occasion de parler [}) fY exposent leurs ouvrages ; enfin cha* cun y pçrte successivement le tribut de ses travaux et de se^iumières (2).

La société de médecine s'occupe principalement de Tétude des maladies locales; ce qui rend cette in$.ti|utîôn. tr^s^utile. Elle* a beaucoup c<»itribué à xépandrè les procédés 4^ h vaccination. M. Valen- tin , <]ui jtrint l^eaucdup d^autres coQiulisfances à celles de la médedne , ett ula de ses principa^x^ membres.

(1) Su/H^â , page 165. Je «îois faîiftf îtj mention d*ini ait^e pro-* vençal qae l'ai été ' as^ heureux poui; attirier à Paria > où, ii s^ distingue par ses talens : M. Ange Cfçncr, à Arles , a été élevé âf Rome; îl a demeuré à Naples dix-neuf ans , pendant ïesquefs îr a gr^vé b^eaucbup de planches pour fa coHectîon ées smi^mtés^ d'Herculanum. C'est lui qui a exécuté une ^nde partie des des- sins et toutes les grav^qrcs de la secjonde collection- des vases grecs d'Hamilton, publiée par Tisch-Be£N. Il a aussi gravé pHisieurs prianches pour le recueil des Peinttïres Homériques de ce dernier.- Cest: lui qui a dessiné .et ^avé an grapd xtomhic de moniH mens repvésentés dam mon ati^;^ il se propose de donjiçr uji grand et beau recueil de vases grecs inédits.

( a ) Depuis sou rétablissemsnt * Tacadémic a publié troî» Rteutih de ses mémoires.

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CHAPITRE LXXXV.

MANUFACtURES.— Histoire. Etat actiiel. Soieries. Pelleteries. -^ SaVôntieries. Bijoux dia coraiL' Phelloplastique. Bonnets de laîtto. *^'Épiteriet,'

JlFRÈs avok pris dés remeig4ictiteii9 àxf h com- merce de Marseiâe , desircMs cpmidttre sei^ manu^ctures. M. de Saint -Vilïcensf'iJ le père , qui ('étoit livré à des recherdies' mt ces étaBIîs- semens , ne les fait pas remonter au-delà Ai Xll«'

Tf^rïf* La& I^Iu& «ir*/**^riy>^e ■faKytnilflg ér\n¥ .^Allaft

de citfrs ^ de pçaux préparées et <fe salaisons. On y feçoniioît aussi des dïaps ; mais ils n^'étoiènt pas^^ ^ssez fins pour être recherchés par les étrangers, et ceux d'It^^ie étoient d'une qualité bioia supé- rieure.

La soie étoît uii objet de commercé jpiour Marseille : dès k ?îil/ siècle , les^ femmes y ayoiqit dcjs robes de soie (2); mais 9 dans le siècle suivant^ l^usage^ en fût prohibé dans cette ville cpmmre (îçins ïa'

(i) Notice sur Jules Faurls SattJt'Vîncens , page 16. (2) Suu, de Mars, de v^//, liv. fl, châp. 38.

pfuppft 4^ ^t;^^s (fejp^luiope, et il n^^^oit penn^ :(us ÎBtm^s iWHf gS: 4^ PPÇteç qu'aux .g^ûturas.

un ne cpnfioît pf^ ,4'^^^ i^^î^^ uès-prédse L'épcH^ à laquelle on a commencé à fair^ dp la soie en.ProyeDce ; mais il paiK)ît cp'il y en ayolt des h-^ briquçs avant le ¥V/ siàcie* Le sénéchal de Beaucairo fit partir un exprès 4^ Nîmes » i /' juiilet i ^45 r pour porter à Paris douze livres de soie de Pro* vençe , de dcms^ couleur^ xlifierentes , ^hetées à Montpellier , pour ila .reine, ^u {hîx de soixante-seize^ sous .lournois ia iiyrçf^),. Pendant que la soie étoit^ si rare en France , eile ^toit très*^cpmmun^ en Italie : on vit k Gènes , dai^ i^ne procession, vers le milieu du xv/ siè^cle, plus.de mille personnes en habât de soie*. Aujourd'hui la Proviej^^çe fitft lui grand cpmmercft de cette substance ; on la porte presque tout^ k la. foire de Beaucaire.

On faisoit encore à Marseille, dans le xv«'' siècle y im commerce considérable de pelleteries, et presque tous les habiilemens étoient fourrés ; c'étoit alors un, u$^« général en France^

Les manufactures étoient nom'brei^ses ^ant la ré*- volut^w ; et malgré ce fiiux axiome , ^uun€ yillc de commerce ne ehit pas être une ville de fabrication (2) ,

(.1) Histoire de UiMguedûe A^ *

(%) Mémoire des fermiers ^néraux et de la chambre du commerce f ,

imprimé en lyCo.

- ,-i:'* . is^>-^ ^- **-i^'*>.

toutes prospéf oient à Marseille : quélqiies-unes four- nissoient ies principaux articles destinés aux Échelles du Levant. Les fabriques de velours de <k>toh, de toiles teintes et imprimées \ %t , par confséqùent , les blanchisseries de toiles et d'indiennes , n'existent plus; les mouiim k soie ne 'sont plus en activité depuis dix ans : mais on^y remarque encore d'autres genres d'industrie très-iniéressans ; des papeteries > des verreries , ' des tannerie^ , des blanchisseries de cire du Levant / des? tuileries ; des fabriqués de

chandelles , de liqueurs /de parfums , de soUfre » d'alun 9 de tartre , de tapisseries imprimées à f huile ou à la détrempe , de iâïende , de porcelaine » de teinture de coton en rouge , de plâtre ; des tisserand^ en toile et en Coton , des tailleurs de meules, et des moulins à blé > k huile , à ciment , et pout battre ie sparte. ,

Les plus anciennes fabriques de Marseille sont les savonneries : on ne peut cependant pas donner à l'art du savannier une trèSrhaute antiquité* Il est probable qu'on a été long-temps avant de connoître cette utile combinaison d'huile et d'alcali que nqus appelons /avon ; on a d'abord faire usagé des plantes savonneuses ( i ) , des argiles douces , des

marnes , des magnésies , de la lessivé de cendres , et

■^'~— ' , -

(i) Telles que notre saponaire, oa quelque autre pîantc sa- vonneuse , que les Hébreux appeloîcnt n^^a ( borith ), sefon SCH OETTGEN , Atitiquitaîes artis faîlonitz , 1 44«

CHAPITRE LXXXV. â8)

même de quelques matières animales y tdies que la bile et les éxcréméns de porc (i).

Cependant le savon proprement dit patoît aroir été, depuis: un temps assez reciiiè> un objet de com- merce pour ]»% Marseiiloîs , puisqu'on regarde les Gaulob comme les premiers qui en aient ^briqué. On i'employoit dans la médecine et pour changer la couleur des cheveux (2) : on ne le&isoit d'abord qu'avec de la cendre et du suif {3) ; mais il y a long- temps qu'on a subsdtué l'huile d'olive à cette dernière substance. Le savon n^est devenu un artîcte important de commerce qu'à Pépocpie^où IHisage du linge a été plus commun.

Les savonneries de Marseille ^ont aujourdliuî les plus beaux établissemens de^ce genre. On ny emploie que l'huile commune , qui est moins chère et saponifie mieux : on la ,tire de l'Italie, de la ri- vière de Gènes et dès côtesde Barbarie. Les soudes jdont on se sert sont la soude d'AIicante , le salicor de Narbonne^ les cendres de Sicife ou du Levant, et

(i) Les anciens ont encore fait u^age de Turine et du nitre; ils connoîssoient l'emploi du soufre pour blanchir ies ctoflfcs. JuL, PoLWX , Vil , 41 y Apuu Metam! \ , 9.

(1) SapQ, OalUarum hoc invenhtm rutilandis capillis. Plin.

XXVllI, laj Martial, Epigr. XIV, 17; Boettiger, Sabl-

na, 62,

(3) C'est pourquoi on le nommoh unguentum cinerisn Valer.

MAXiM.il, 1^ TcRTULL, <id Uxor. n , 8.

. L^

V

ïfii nfttron y qv^ i'on . cQml)în& en&embi^ en» diffirenteS' proportion?. On les iTièfe <^'abord avec de la diauX' ^w^ pour les dépcmiUçc d|e i'adde autbonique^ et d«3 ^efo et des/ teaos qu'ailes contienneat; oa potte ce rmélangû dax^s.de grands, oixieis (|e hoîs bknc ou de brique, appelés Imgad'ànsi;. sous ces CM^ierSy H y; a des xéservoirs nommés re^ibidotts , dQ&tihês h recevoir eli à conserver les iessives- : oa ver^ Âucle mélange assez d'eau pour Pen couvrir» d'enyitx>n}ùa pied ;*on ouvjre ierobinet , et oaobtîenti premâre lessive. On en ^t sdnsî quelquefois fus-* Kçùi cinq succes^v-ement ; les dernières servent à lessiver les soudes neuves. .-

.Quand les soudes sicMit épuisées , on vide les isuga- 4ières ; les résidus, peu vent, servir d'engrais pour \ei lenes humides. Le m^kre détermine ensuite avec ie p^e-Iiqueur la qualité desl lessives ; il. les coupe et les mélange ^usquli ce qu'il les ait amenées au degré convenable*

(a combinaison de l'huile avec la sou4e: caustique qui constitue le savon solide, se fait dans de grandes chaudières , dont la partie inférieure est en cuivre ; et les côtés son| en mî^çonnfrie ou en biques posées à plat. Dès que les. lessives sont préparées , on met dans la chaudière Thuile qu'on veut employer; il en faut, en général, six parties contre cinq de bonne soude. Pendant la cuisson, on commence par verser la le^^ve la, plu3 (oihhL , et sufice&ft&t

CHATPIXKlî LXXXt, i»j

.Tcment ensuite k plus forte : ort facîHre h com- binaison avec une longue spatule de bois ; h ma- tière se rapproche, s'empâte et devient bbiKjhe': on ia|oute alois peu à peu la première lessive ; bi ^àte, devenue plus, épaisse ^ surnage ^. on fait coufâr par ïépirUjO^ tuyafu pratiqué au bas de la chaudière, la liqueur qui len occupe le fond ; on rallumie le fêu , on dissout le savon à l'aide d'un peu d'eau qu'on irerse dans la chaudièk'e ; on agité mélai^^ H, lorsqu'il es^ parfaitement liquéfié et bouiUant f on y scoute peu à peu la iderfiière portîoa de la pre- mière lessive. . . ! .

Dès que le savon est cuit , on éteint le, fm v on vide la lesrfve par l'épine , on |>uxseJa péte avec des sewt de cuivre ou de bois , ^ oa.Ia transporte <kns les mises ; ce isont des former de bois dont les planches se défont facilement en ôtânf les'clefs qui les assUfettissent* Lorsque le saVon est duk^i ^ ùïiVéH des mises , qui en contieniient quelquefois plus <ft «feux miiliears pesant ^ et oii le cowpe sça jpains plits du raoms larges , Ijt I!a0e d'un fil-dejaliton ç enàuite^ôfi pose ces pains sur un planche^, pour iqU'ils prennent encore plus de consistance. Le savon ne doit êtj:ç mis dans le commerce. que quîind les doigts ne s'y impriment plus, . ^

Pout veiner le' iftVon / ftfVécîé '({ti^ôn âppelïe "ad savon marbré , on y mêle du sulfate tîe fer : ce savon est "plus dur et meiUeur pour le blanchissage.

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a8(> CHAPITRE LXXXV.

Trois livres d'huile doivent dohnëK iîhq Rvres <îe savon ; c'est sur ce produit que l'honnête fabricant fonde ses espérances. Quelques hommes san^ probité savent l'accroître en sophistiquant leur savon par f incorporation d'une certaine quantité de poudre de chaux , de plâtre cuit , d'argile blainche tamisée , ou en iui fabadt absorber , après ia fabrication , une très-grande quantité d'eau : mais ces fraudes Jnfames sont indignes des principaux fabncans, qui jouissent k Marseille d'une réputation méritée ; et le commerce entier se réunit pour livrer ceux qui les pratiquent au blâme et au mépris qu'ils mé^ rîtent (i). - . ^.

La gi^erre à porté un coup sensible' atix sâvon^ neries de Marseille : le prix des huiles a beaucoup augmenté par la cessation de la conclirrence dfans les marchés , de celles d'Espagne et d'Italie ; l'Itàlië emploie elle-même les siennes, et partage celles du L.evant: la matière première deviteftt pli^s rare et plus chère , et le nombre deà savonneries' do|t diminuf^r en raison de ce qu'il augmentera àGènes etdans l'Italie; lès ports de Livourpe> de Gènes et d'Espagne, ■Il '. < : '. : L—^

(i) Pour bien connoître tout ce qui a rapport à fa fabrication lîu savon , il faut lire l'article SAVONNIER A^LmXflncyciopédU^ dans la Collectienjdes arts et métiers, ,ti sur-tout i'ejçcelleiH tfaîté intitulé Chimie appliquée aux arts, de M. le sénateur Chaptal. If m'a servi de guide pour rédiger ces détails et xnicux expliquer ce qucj'avoisLVu. - -' ....,:; J-

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iatssj^on^ pa$ poi:ter: à Marseille ie$ hciiles que Ion y pourra maniifficturei'. .

Npiis^{âmes voir un autre genre de ftbrîcatîon plus particulier à la yiUe de Marseille ; c'est celui des bijoux 4^^ çoraii^ Je ne connpîs aucune autre ville en France l'on se livre ialis$i en. grand à ce genre de travail. Le$' anciens fàisoîent xiilFérens usages de cette substance , à laquelle ils attachoient ijuelques idées superstitieuses j et on Teinployoît au- trefois dans les; Gaules cQmme objet , d'orniement. Pline dit que Jes Çauiois en paroient leurs boucliers : il v£ut parlersans doute des Çauiois qui étoient voisins de la Méditerranée ; il dit mêm^ que le coraiji quW ,pèchoit sur les côtes des îles d'Hyères et sur celles de la Sicile, étoit le plus recfa^içbé, II :paroît que ,cç genre de fabrication s'est conservé h, Marseille , ou qu'on l'y a fait reyivre depuis loug^ temps. Les pêr- cheurs et les marchands de corail ^avoient dédié ji $* Eloi, dan$ l'église des Dominicaiçs!, .un autel cjçné des produits de leur in^ustrj^. > :

Le corail brut vient de l'île de Ççr^e , de Majorque^ des côtes de la Catdogne , du Languedoc et de 1^ Provence , mais prinçîpalepient du fort de la Çail^;|i Alger. Il se forma une compagnie exclusive qui fit d'abord de^^grailds profits*; mafsTa~ négligence' fi^t ensuite tomber' cette^manufàctur^e. : elle &t rétablie 4ans tout son-éclat eh- 1781. Une autre compagnie atheta la pêche d'Afrique pour un aj^sez long espaça

:288 CHAPiTllË IXtKV.

de temps > et réunit , pour éa illettré en oeuvre tes produits , un grand nombre d'ouvriers très^tabilèàL Cette fabrication fut !^iiiîvie^elisuitè par la fidlÀilIe Hemusat : iors de tertettr^ elle cel^sa toùt^i-fàit^ iTvais elfe a repris son activité : elle est aux klléé^ de Meiilan. M. Carâmbois en possède une' àùbfe près^Ia pbce Monthion : ieile s^est éts^ie en.iSbaju Ce genre d^iidustrîe est pr^ieiix, sur-^out par ce t^ii occupe des femmtts et dès ëtliàns, pour Ibs^ <)ueis ii est ^toujours plus difficile de trouver du traî- vail. M. Caràmboîs eût k bonté àè nous '5&îre suivre les travaux et.de nous ië% expEquer àvècline ^trente complaisance (i).

La première pièce de l'étabKssettient èii destilTéfe ^m corail btut : les morcèiauX ies plus è'oSf fe^jplui purs, dont les branches présentent d'agréabléè ra«- mifîcations cta fornïent un bel éVe^tail; ceux qiu adhèrent à- dès corps étrangers , tels (\\jte dès ihadr^ pores ou dés tèstacés de différentes fespèces ; tottt ceux enfin qui offrent des accidens ^singuliers , sorit «nîs à part pour être montés sur de petits socles , fet orner les eabinèils ; les autres morceaux sont des- tinés k être travarBés. Nous vîmes dans fe cabinet db

iiiir

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pAgc 1 17, UDC dcscriptionctrèfi-iiigréabie^de c$tfeff9ani|^tuf!eiChi en trouve' encore une autre très-détaiilée , dans l'Almanach^ de tacé^îngl* j ^Coiiinger Tàschcn'Kalenaîr yom Johr j/S6^

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çffApiTR^ l:kxxv. êSjl

matHi^li^fe 1U1 trèi-bfau mch^ de eOr^il ^ qui ofB*^ tuijç rÂunfoU die p Imîeukis madrépores , et que Itf ^^jt^MI ,À^i^ il WpT^Vtktii^ ^maxà cinquaate Imib* On enlève d'abord ^ awc.uoe lime, Ja ccQÛie qi^ cmytfi le ççK^ilrjsms cette pfé$:wtioa , il (ciaietoit fn inofi;cA\lif feH;$^'oA esâaîefioit de le coiiper : toiitet Ifi^ brPQçhc» en sont cAsuite. partais avec ide groe ç^aq^^ qui le« dividem kiissî ii^temjeni,<]ue le (jlianiBDt ço^pe: te vftre. OnvcfettèiausIfisjnoEoeauli ^ omdek dtftttts; <^ux^e l'on mamncat sains et sans . cfii;ie , 90iit,iBéi>^selQirtIett^ grosseur/ Qtaqiaft cylindre eit ojianke > pecizé an sàoyeii d'uiie miîàm d'ackr tt:è(^iiBe et bien trempée ; qui est mise ea V^ouyenvtnt par arcbet^ : .on polit sur ia meûie de gi;^ iQursanie^ .-ponr > les dégnï^ , les nionceaiak forés d6'<»ttè manière, et liss. atrondu tm\* le» iaîstni fouier sbr-one plaque de fdQrimiuittéeft cou» yerte dlult sal>ii fin. Pour {es, tailler à &cettes, oq emploie les mêmes procédés qne eûvs. des bpidairesu \^ gr^s i eisortis selon I4 grosseur Au la. jtouieur ^ «etvem ibîte des ooUiers , des bracelets ^et d'antre| gbjets de peruféc Lorsqu'on^ i^s. enfile pour éàbe des «ottiers, ctor^ soin de mett^ les houles rondes ou milieu , eUès sont plus en évidence y et de piaoef les boules dpfanies sur les côtés ^ on }es voit mohis. On -estime ie.décfiet de ia. fabricaticm à envifou % moitié du pqidsi ^esorte que r)en tJivies.de coi^il brut 4oiuisiil; nenvinul cidqaaftie Jvseslde €Ôrail façonné; Tome m. T

Le prit du corail brut varie beaucoup ^lôn m beauté et sa grosseur: il y ^i a cpii ne ^ut que de quinze à vingt fiatics la livre ; et il y en a d'autre qui en vaut cent dnquante.

Le prix du corail ouvragé varie aU9${ selon sa pu* leté, son poli et sa couleur : tes morceaux poreux n'ont aucun mérite ; ceux d'un rouge pâle sont les moins chers. On distingue encore tes nuances d'après les diffiirentes teintes du sai^ ou de la couleur d<»s mûres : ainsi il y a l'écume de saiig , le prunier >, le second > le troisième sang ; les mûres pAles , rociges , rouge* noirâtre. Le talent du négociant consiste à composer ses assortimens selon le goût des pays il fait sej^ envois. Il doit donc savoir que les Anglon aiment ie coiail de la Caile^ qui est d'un rouge très-vif^ et que ies Chinois préfèrent le an-ail. couleur de diair. Le cUrecteur nous en fit voir des grains non percés et très-piles , qu'on vend à la Chine cent cinquante fianos l'once.

he cboik , la couleur , la grosseur et la taille de» grains , donnent aux colliers une valeur plus <m ^moins considérable: il y eo a depuis six-francs fusquli cinq tàits francs ; le pàx ordinaire des* colliers à fiicettes est de cinquante à soixante fhmcs.

On fàisoit peu d'usage autrefois en France des parures de clorai! ; elles ne sont guère devenues de mode <pie depuis la révoluticHi. Leplul» gmnd corn* merce s'en fai^oit dans le Levant r Constantinopie y

Mbstot^ èl t^etei-sbou^g , tliofont aUssi t>eâi»îOiip Cette prédeU^ marchandise; JLés ifeitimes gï^qtt^ techerchént genre d'omemèi^t i et aujoimf hui I0 goût sVn* est répatidu dans toute TËttrope.

On travaille aussi des morceaux de côrafi pour être sertis et nlontés , et servir à orner les couroiméS des rds d'Aftiquè et d'Asie. Les Africains sur^tout sbnt passionnés pour ce genre de parure t ii est vrai ipi'un collier et des bracelets At coràii: siéent à âier^ teille sur une gorge et des bras d'ébène. Les mor-^ ttsxkX taillés «npoire > en ceuf bu en périe, ou siinplé« tti&Èt «a^s comme des bâtons de dre d'Espagne ^ sont employéi^ comme objets d'échMge pour ta traite des nègres. ~

Le directeur nbu^ montra deuit pièces de conift encore brutes ) et fious assura que la plus gr^fide; ^ quand elfe se^a travaillée, Vaudra , si fon est assei heureux poUr- ne pas l'endommager , dix-^huît miUd fiancs , et que la petite sera du prix de cHit loub.

Nous allAmes ensuite voir l'atelier de M. Stamatf ; qui a un talent rare pour imiter en liège les monu- mens antiques. Cet art y auquel on a donné le nom dfe phtUoptastlque^ a été inventé à Rome par Auguste Rosatquidjescendoit du célèbre peintre Satvator Rosa. Cet artiste « assez habile dans le dessin, conçut le projet de représenter ainsi tous les monumens an- tiques : il commença par quelques colonnes des ruines cht temple dtJupk» Tanans* Sea succès l'enhardirent

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45^1 ÇHAP1TR:E LXXI515.

49US. $ofkmnn «(pp^ Cj|^£U,,dgnp^§8^ t^f i^m

Goiha et.4'fw»i9^,ySte$> NoMSf.ifewm îi çtMft rtoh iît^ lo giiixvi .nonsl^a^ 4e hnu% ou^fuj^j iqpjft ce$

n^d^k^ ^QtA e«éf miés 4Maç t^woiffi d'ft^^^ae ^et <iGi gi^ Il &'«st prûiçîpalement appliqué à. liiprétwuii le^ noiiuinec^ du micii de bi Fiance, t^»; qiwi {2^ tow

d'i^;,rarc d^mngevIepontd^Q^di^kfnm&QMtio $• Reml, les aiènos de Mîmes , &€« Malbejtiygmyiatm. il n'a.pds Eût dessîaer ce^ nMwi»m»tiL 91 plu^^riî 4i|

ses modèles sont exécutés d'après ies gi^yu^s 46 lOoftffMCOn, qui tOQ6 tJsè^i^i9|C9<;t^. U ««''OJ;! à 4^sî-

fw cpele Gpuvérja^iniflOt «n>pli)yâ*^9itigfeni^jrto tracttf d'une mixiiiètr^&iàhif^.mû^

musée d'archUecmre <:i9i)fi^ $9m4^ M-, X«éQft Pufourny .{ I )*

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(1): Voiçjja. Wtq 4w <^%yr9L^^ ^T^ !?4gF H4Ç .^ .Sx^^lîfTJ'^ d^éjà exécutés : !afontame en ohéWsque.k Rome,.rarç Jc^^rîompl^ de Scptimc Sévère, celui Je Constantin", !e temple de Vcsta, tombeau de Néron , fc tempie de h. Tôax , fcp^^^^ik^^ tempi* de »a Concorde, la. pyrauïfa d$ CaJils ^-S^^^ i^, Pflftte^ .^ tqmple J(upitçr Torai^m , Ie:F^nt,héo^ la fontaine ^a^ric^lcs restes du tempie de ia Paix, ies restes du temple de Minerve MeMca, les restes du tcnipiedc JunUs, le çeni^e db'Bacchus».di Fé^i^de S. Urkiia-^ ks* jrestfis. «Lu .Fq«im\, dciiUot«{p,fl».pob

La mani&cture bonaet^ de tbtori teints êh Touge iB^t atièsi digne i'attetitÎGilhi àSxh vtfjràgètir curîeux.'Ces botlnets sont d'abord tricoté!;; feu- trage en rapproche la rààtièféet la lait devefilf k4â^ fds souple et compacte : on le$ teiht en rbUge patfft procédai déjà connus , et on ié^ itiét èfi pi^^è. Ces bonnets, qu'on peut regarder comme siftipléis icalottes , %<mt ûSxn usage général dans le Levahk , et Foti en ê}tpôfie jusque dans les Indé§.

.11 y a aussi- dans Marseille plusit^rs tftfllnerië». Le sucre fût d'abwd uh obfet de cbHimëi-cè pour ses habitans;'ils fePtilDientd'AIexatuîrfè. Cette substance «ntroit, au xr/ siècle , dahs les ^metis et dims lii^ remèdes t Hpârolt qUe toute pi-épai-àtiéh qu^bnldi fàik>Tt subir alors > Cotisistôit à eicprhtier le sue lli carme et à le iaf sser dans de!^ vases pour lin doûtiét fe tenijprs de se durcir. On sait que le^ Croisés ttàfïipoi- térênt la cartne à sucre de Tripoli et rfAfèitandrîe Ai Sidie ; qti'oïi la cultiva ensuite dans les parties lëh plUs

1 ••

Saïaro â Jeux iniîfes Se Rbme ; îa petite maison fi SiSylfe ^h <TfTof}, îes restes ^tt éempte it TivoR/Ii èdmbeati de K fafcîfte Pkitttii, prèsL d|er|a mêitlç yïM ; Turi itA troii t<wipW * P<rf- uim, une fontaine «Je Neples, le temple de Sf oletto et Fqii^ cfevc à Ciitumncj'ia .tour, de Pise inclinée, l'arc de Pola en fetrie ; W cfôchér des Àc<anjlièi à MùÀéttc ; \t docW de Skrnl- Jéan et; inoçiûtieiit: de f^aeien calais de fuiticei Av(; fàW'it ic mausoJee de Sàînt-femi ; ia tout Magne de JNîmes rcstaitfô^ , la même en ruine, la maison carrée, le pont du Gard ; 1 arc de trioAipné érOturigé. i

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S/^i CHAPITRE LXJCXV.

méridîotiales de l'Espagne,* et que de Ih'eBe'pusa ^ Madère et enfin en Amérique. Les tentatives que Ton fit au xv/ siècle pour en natur^iliser la culture en Provence , n'eurent point de succès ; mus les raffi- neries qui se sont étaUlîes à Marseille , soutiennent la concurrence avec cellef d'Orléans , de Bordeaux «t de Nantes.

Les Maueiflois faisolent presque exclusivement en France ie commerce dès aromates , des épiceries et des drogues , avant que de hardis navigateurs eussent doublé le cap de Bonne- Espérance. Ce cc»nmerce avoit lieu alor& par les caravanes; et tous les articles qui le composent, se tiroient d'Alexandrie. Nos pères faisoient entrer dans leurs mets nne grande quantité d'épices et d'aromates , parce qu'ils croyoient par ce mc^en faciliter la digeslîcm. Ce commerce a beaucoup déchu depuis que les . Hollandois et les

Le <^(^9iti^ce des poissoas a tonfours été producâf pour les Mars^ois : depuis un tonps très-reculé , les Pro vénaux savent nHuiner le ibon et la sanfine ( i ). On fait encore ches eux un grand débit de saidines salées.

La manu^cture de soufre sublimé de M. Michel est-un établissement récent* On y en^Ioie le soufre qu'on appelle dans le convnerce soufre brut ou soufre empierre; c'est celui qu'on obtient par distiitalion des pierres des environs de FEtna ou du Vésuve , et de la Soifatara près de Pouzzol en Italie. On le fait fondre à un feu doux dans des chaudières de fey> dont on recouvre la surlace pour empêcher rinflani>* mation : les knfoiretés se séparent et tombent au fond; quand elles sont bien déposées , on coûIe la matière dans des moules de bois pour en former du soufre canon^

Pour avoir le soi^e en fleur ^ on pkce en dehors d'une chambre , sur un fourneau , une chaudière qui est recouverte, de deux tuyaux particuliers ei^ maçoi^ nerie^dont Fextrémité donne dans cette chambre: le soufre s'y dépose sur les mu|s y il forme une couche as^z épaisse ; c'est ce qu'on appelle fieur de soufre es soufre sublimé.

Nous vîmes dans la rue Sainte une m^mufàcture de fer battu qui mérite Tattention d'im curieux; elle

(i) SuprÀ^ tome U|,p. 488*

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appirtîqîtsu sieur Marin ^ sefnu^' et bOlAigBte : cet ouvrier higénîeur fabrique ^ sur <l«5 Unfîes de fèi^y Aei baâ«>rdiefs et dts omemend st bJ6ti exécutés, •qu'on les crbirôit fondus et réparés i l'outil^ faiidfs qu'ils ne sont que battus et repassés, comme torfévreriè.

On prépare atisit î Marseille du sel Saturne, du vitriol bieù et de la crèm^ tartre ; il y a des filatures de coton , des manufactures on le teint », sinsi que le chanvre itlé ^ èil fouge dU tfd bleu. M. Vé- rany fabrique des toiles avec des brins tfef sparte seuls ou mêlés avec de la laine ou du cdtoh ^ et il en fait des cordages qui reçoivent le go«dmtl. Oît fbit, dam cette vîHe, des creusets aussi bôtis^^ c^îc d'Alle- magne', on y prépare très bien les peaù« d'agneau; on y fait du maroquin qui imite , mais tônfours impar- faitement, celui du Levant. II y a, comme dans toutes ies grandes villes , des fabritarts de cire , de poteries et de diapeaux i ^activité «ë développe de fDtite manière ; et l'industrie manuftèturfèrè tépare , autant qu'il est possible, les pertes qu'éprdUVe en ce moment l'industrie commerçante.

25,7

CHAPITRE LXXXVÎ.

Rsi.IOTHi<rDE. «<* Calibtt â'hf«t«ke naturelle. -^ Cof- Ucûont {MU'ticvlièrei. -»^ Jairdiit bôtaniqucé -^ Envi- rons de MarsdUe. ««- Eygaladfs. ^.— Tapiisc m sing^ iière. - Château Borelly. Jle».

J'ayois visité tous les monumens publier ^ fe§ màr iiu&ctul'es et les atdiets : il ne me restôit plus à côn- nottre que ce qui pouvoît être rçtiFernlé dans bi- bliothèque et dans quelques collections jpàrtîçulièrès ; et mes amis voulurent bien me servir de guidés.

Labibliothèque publique renferme plus dequatréf vîngt-dix mille volumes. On y tf ôuve les grands corps d'ouvragés les pïus împortans ; oh y compte plus de deux mille manuscrits (i).

Le Cabinet dlîîstoîre natureflé, formé en 1803 , par les soins de M. Thibaudeau , des débris des cabinets de FOratoirè et de rAcadémie, est dan^

(i) La plupart sont fruit du loisfi* tks môhns^ ièi traitetik 4e Im théologie^ il y en i près troii cents c(ui traitent iogique» piiileiophie tt de thétàriqvit, mais à fà'mâhSèrë det écrivains scofastrqiies > it ifS sbnt d'àucuhé iinportàiîcè. Lci manuicrits les plut curléw^ que eet Iftàblissement pbisMeV sont deux belfes Bibles latînét èû XiV.^ sfècle, très^bfcH éafitti, avec des variantes et del Séoiîes tn^ginafés; une béife Bible bébraipie ; un Dictionnaire Irabé et latin ; kièuhiï êe S. Ànséihte; psHes de S,Boâa^fniutt : les Côrdellà^ / qUî éohservbîént céHéSii- â, les regardoîent comme aDiogrqyilei. E}k6% sont» en éffo « dd

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2^ CHAPITRE LXXXVI.

un assez mauvais état : ii y a de tottt ; mak l«s suites ne sont pas assez complètes pour qu'on puisse dire que ce soit une collection. On y voit le cro- codile du Nil, celui d'Amérique; un très^grand de^in /Boû constrlctor J , des diodons, des tétrodons ^ de^Gonmx, des madrépores, comme dans tous les cabinets : mais ii y a peu de pièces qui méritent d'être citées.

Depuis S|X)n [ i ) , tous les voyageurs qui sont venus à Marseille n'ont pas manqué de &ire mention d'un homme attaqué d'une hydrocéphale , et dont on con- servoit le crâne chez les moines de l'Observance. Ce crâne a trois pieds de circonférence , en mesurant la ligne horizontale qui embrasse le front et l'occiput. Cette tète devoit paroitre encore plus monstrueuse lorsqu'elle étoit charnue et cheyelue. Cet homme ^ mort à quarante pu cinquante ans, se nommoit SQrduni{z).

Xin.* siècle— Le roman de Giron le Courtois, II y a un Tliucydi^e grecj^^i paroiC être du milieu du XV.* sfècfc; f^gnorc s*it a été coilationli4 r-*On voit oicore uiie Motion d*un voyage aux Cana- ries, par le P. Plumier; (ix volumes in-MÀoà' Observatioris astrono" MÎ^ues, par le FEuatÉ; huit à di^^ veiQnH» in-4.^ du laborieux Fierre- Joseph DE Haitze ; une assçx bonne Hisioire littérasK de la ville de Marseille, écrite en latin , sous le titre d*Ashenaitm Mms* silietue, par le P. ARTAUD , de l'Oratoire.

{ I ) Voyage d^ Levant, tome I , pagç 13.

(a) Cétoit ime espèce d'imbécitie qui confîrmoît le proverbe^ grosse tête, peu de sens. Le peuple de Marseille dit géncraiement^ en parlant d*^un idiot: Ap<ifmat di sen fuéBordunL

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tf^^H&...Ji^

. CHAPITRE , LXXXVÏ. 1^

La collection des coquilles présente peu de pièces nres; on y voit des moules vertes (i), dont une colonie étoit venue momentanément habiter nos mers : un groupe de ces moules fut tfouvé adhé* rent à la . carène d'un vaisseau qui avoit séjourné long-temps dans les mers d'Afrique ; on jeta cei coquillages sur des récifs qui bordent la citadelle à l'entrée du porf , et ils s'y multiplièrent en peu de temps. Les curieux les âisoient rechercher avec soin pour en orner (eurs collections , et ils en ont enrichi tous les cabinets de France* L'un de ces curieux marseiliois , M. Bçugon, fut jaloux de s'approprier exdusiveçient ce trésor ; il fit faire plusieurs pèches générales de toutes les moules vertes , et il en fil ainsi disparoître l'espèce , qui n'avoit pas eu le temps de se répandre hors d'une çer^taine enceinte de rochers appelée la Réserve.

La cc^iection des minéraux n'offire rien de remaiv quable, si ce n'est une collection géologique de la Provence; l'on y voit un assez grand nombre d'içhtbyolithes des carrières d'Aix , qui ont beaucoup de rapport avec les pétrifications du même genre des montagnes du, Véronois (a). IJ y a encore un droguier assez complet ; mais il auront besoin d'être renouvelé.

(;^) Infri, chap, xc.

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b.

^M> .c«Ai*îtRt: LXXt,1rh

La côIieqtrtM$ de^ mëâàflies n^ésf ct>Tht>d^éè *que ^e médailles latln^r il y «i a peu ^ui (TiWtèni d*ècrfe i^tnarquées : la cdHéction d^s médûillès d'argent à disparu pendant la tit volution. Il reste cependant uiiè assez jdiè suite de médaiUe^ tnarseiikri^fes. M. FàUfXs de Satnt-Vincens le pare en atoit fait hdmttiagë k facadértiie ^ et son fils a promiis de Cromplétet*.

On voit aussi quelques bronzes i qqelqtié^ idoles •t ustensiles antiques ; la plupart ^ant dès ouvtàt^ égj^dens. On y remarque un assez beau busle de Sérapid, un Cânope^ une Isîi chargée d'hiéro- glyphes , et une momie d'enfant,

Marseille ne possède donc poîht de collection^ littérahres dignes de $a gtandetli? et ^a richesse ; il n*y a pôut tàAt pà^ de viHe qui solt iHîëùx ^éè jK)uf i'en procurer. H ftudroit ^ulértieftt que' e^^t'- ques négocians , zélés pour ïa gloiî^é et le bîeh de leur p^rie, fissent dès fohds pour rèntrétîèii ^un teftdin nombre de jeunes voyâ^urt , àuiqdels Ift ttrôgrtlânè et lès tonsuls |irocUrer6iént toutes lè^ fr- utilités h^ceisaires : les uns îi'oîfenl dans le LeVam titachér à Kgnôrance des Turcs et à rînsoudkrtcè €és Greci feàl inscriptions , les ihédaiHeis et' tous les nlôhumens qtri peuvent îriitéres^f les arts éclaircir l'histoire ; d'autres en rapporteroieiit dés ]f)rd- ductions naturelless L'immense c^>n«»pendan€e que la paix va rouvrir au commerce de Marseille > luif prc- cureroit les productions de l'Asie, delà Syrie, de la.

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chapitre; L3f5fXVl. ^Qi

iQarbariç , de l'Egypte , de la Per^e , de i'Aipéric|ue ^ de rilspagpe, de i'^Ue, et du nord de J' Jlurope. lien- i^etien de ees voyageurs coAtefoit p;eu de chpse suif les vaisseaux que le commerce expédie tou$ les. ai^^ Vqxxj stimuler sur ce point i'aiîiQUr-propre des Mar- se^pis ^ il fau^dçpit ppvt-êtte ,p)iii4re ^u cours d^ ^gW^f^e que le- QQ^ver^eipent; vient d'étal)ljuf ^hez e^y;.^ i\a€^ école ^péci^Ie l'on enseignât, aus4 le grec ancien et niQdernq ^ ^ Thi^toirç uatujjellej AI, Ç9i%t„fsipJM^bine,quf^^^^^^

9». espè>:e de mj^tt^, ^^.e. fSç9?.^9'^?J plaçé^ mlr-^ à^- propos p^rmi Jçs, mpwnisçnô j^tjcjuçs' de , iyj^ï;-^ ^ille ( I )fa II a ^ussi ui?e futie t;êtç ei> m?jhïe , aui^ dessus de laquelle on Ut le vfXQX ^^0fr/f ; ip^is. if eff iifipossi^Ie d'jr re^onnoftre, coi|im# Tqiit 6iit qi:{el- quesj antiquaires, l'iin^ge duipiî^datgu^ ^ M^ieil^a

c'est une fig^^p^d» ÇiffsfcWi^^W^^ ^^- '

Chez Mv CwjppM, ru« des Not^^^/.JfJHs^ VW^

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(i) Cette inscription est aujourd'hui clans^^UJ^ofi|OSI^ ^^^ pagned€^dp,5iaii^^-JgflÇCi^iàj§?ii«,^Jlt^^ : ,}

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362 cnkPîriR.t txxt'^h

La forme des h, de quelques-unes des M , Celte quelques T, et la manière dont toute cette Inscrip-^ tion est figurée , prouvent 4^'eUe est du lil.* ou IV.* siècle de notre ère.

M. Rostan, dont fai déjà eu occasion de pair'» 1er (i)y nous montra ^a collection de médaille^ ^ parmi lesquelles il y à mille à douze cents HiédaîIIës grecques, qui ont te mérite d'avoir été recueillies sur les lieut mêmes auxquels elles appartiennent. Nous y remarquâmes une belle suite^ de médailles d'Athènes, parmi lesquelles celles de bronze pré- sentent plus de soixante différeiîces j noui y vîmes jj^Iusieurs beaux médaillons grecs et la curieuse mé- daille du roi Brogitarus , dont 11 a publié loi-même ia figure et la description (2).

La veuve de M. Gautier nous fit Voir uil médàtl- fier , dont elle a traité depuis avec 5V1. Millingen , et une collection de coqutUéè Itrès-bîén choisie. ' Nous trouvâmes chez M. Roux un bas-relîef grec que j'ai fiiit copier f pi. LXl,n/ ij. Il représente une ^ femme vêtue d'une mnique et d'un grand manteau , €{u'eUe retrousse d'une main i tandis* qu'elle élève l'autre mahi daiis l'attimde de quêlqu^uh qui pro- nonce un discours : cette figure paroît colossale auprès de deux petites prétresses , dont l'une tient

'W'" ]^'VT' '■' 11*1 ni |l^ l|i |l||, j Mlll il.^lll,

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<l) Jj^lfi/ p. 277.

{%) JUagmin enc/dûpétli^ie , «n.lV| tome V> page 4^0*

un ibmheàxx^ et l'autre un vase de parfurtls. II est aisé de, voir y par la grandeur du flambeau , qu^il apfMurtiem à la figure principale , et non pas h la peéùt fiUe qui le lui présente. Nous pouvons donc feçonnoître ici mut prêtresse qui parle au peuple ^ pendant que deux de ses jeunes assistantes tiennent le flambeau et le vase de parfums dont elle doit faire usige^ Il ^t probable que cette pierre ornoit le tombeau d'une prêtresse à qui la reco^Missanoe 4u peuple a ofFéft ce monument. Le itiot^ dfmos (ly [ peuple] , inscrit au milieu d'une couronne , semble siitoriser cette expUcadon, La nature de cette cou* riwne , qui est de laurier , pourroit faire présumer ^ec'étoit une prêtresse d'Apollon ; mais on ne peut former^ sur le Dieu qu'elle servoit, le tempf wquçl elle a vécu , et le peuple par qui ce mo^ nument lui a été consacré , àtioiine cmijecture lïûsonnable , sans savoir d'où ce monument a éfè apporté.

Nous vîmes encore ^ chez M. Barbe^ih , un bas* relief parfaitement conservé , qu'on r^lutioît colijme antique ; il représente trois hommes armés, debotlt^ ift paroît être de quelque maître italien depub 1^ restaucadon des aris. H possède aussi ^elques tableaux.

M' Graitet, dors maire du Midi, pbisède un E>eao

(l) AHMOS.

lA '.jW^Br.

X"^' ^.^'«?— *- - ' *-' v/

grpupe rn ^rl^ro^ge, r^éiéhtfiif un combat <j['uA taureaa « 4'un lion (pirnshâ LIJ(, fig'j)*

lypus^ ^f^giis atMr$i ^^ve qndquès . exciinhB»' 4am I^ envirops 4$ fo viite* Nous alU^es d'aiK»4 au farc(ln.l>otdnicp0, II e^t litn^ au bord d'one fsimcfr slvi^re, \ }'e^uimit4 d^ promenaife h plus fré*- qvtçntéç ]iÏ9r$«Uk< Son ^poshkat est uài<>£iVo«' Yable, ef foi).4lfadie proportièàûéeàia desdiiaif^it»' Un çan^Ji d'^u couranu le trimr^e dans sa Ion»' gueur» et alinie^tie ^ix bassina cfistribués de npon^èM* à facmter Ta^rpsage*

, \j^ Htim^t réunit ce . cpic est néce^^e potir la i^ops^rvaiioi}. d^^ plantes çt rétade de:Ia botanfqoe. Une grandci ^ire* occupe toute ia: partie antérieuvf (^ujre^'de-Ghi^ussée : on trouve, au premier étage/ une sa)|e ^'^s^mblÉ^» une petite bibliothèque, un» $aUe de d^moniAralio^ ; et dans le surplus de Tédi*- %$ 9 de$ i^Çigfinens et c&verses pièces appr<^iéai^ à la culture du jardin.

. . yne;gai$rÎ9^ attSeioMit au mur du nord de la serre , fpj^ )^s 4tui( ailes A\x bàthneialy ètabik une jcom- maEÛi^atîon fn^^e dei bgemens aitx cadres àtt fpur-* 9fî^MUC» qvi.$olit parfaitement c$speiésy ahisi que( lés induite 40 la tannée; >^t Don a si bien cafcuié foutéâf les proportions de la serre d'après l'inclinais^» ^ ip)f^ ^ quci ^aimo^iftièfe y est toujours % on de^i^é de

chaleur CQnyenable. ^ -^- -

Il règne beaucoup d'harmonie dam tmite ^e)te

composition ,

CUÂflTkE LKXXYU ^Cf

éainpûsition , qui porte d'aiHbprs uii caractère frap- pant d'élégance é^ éô simpliste. On tCj voit point d'ornemon^ superflus ; la sculpture a été réservée ^iquemç^ poi^r Je^ chapiteaux. L'architecture. est d'un style pur et gracieux : son auteur > M. Peil^ chaud ^ semble avoir prfe pour modèle les maison^ de plaisance d'Italie , qui se dessinent d'une manière si pittorescpie sur le paysagie.

La statue de maAre de Flmpératrice, auguste protectrice de ce jardin ^ ser^ placée dans la serre, comme dai)s.ua temple qui lui est <;Qnsacré ; elle sq^^. blera y veiller à la conservation d^s plantes précieuse» dont elle a dessein d'enrichir la France , et garantir par sa puissaotf» influence le succès d'un si grand Men&it. '

Cet établissement , qui est entiêtemênr aU3r ^oins de M. Thibaudeau , a reçu, à juste titre, le nom de Jardin de natumiimtiMé II est destiné , en efièt , à naturaliser les plantes qui pourront s'acclimater dans les départemens méridipnaux ; elles seront ensuitq distribuées aux personnes les plus instruite^ «a agriculture ( i ) . ' *

(i)Pami! celles qtd y sont naturalisées , on remarque VEfééèdni^ drum drgdit, joli arbrrsseau tmifouti vert , et qu? ^rbAiFt M ff âîl ^ane saveur addule fômgréàWe : cette plante a paisé fcs défi nîcrs hivers sans éprouVcr htVlmoîndre altération. Dtvei*s âùtltlj végétaux y |ouissent du même avantage , tels que \ti Mijàèsd- àtborea, hucocephâU, ^tùphanthà* Arbutûs ortdrâcjie: €inàontA

, Tome m. V

*'.'» ~i' ' -t,' %-/

^06 CHAPITRE tXXXVIè

La botanique est la science des» âmes douces et sensibles i Tbnpératrice en fait «es délices ; elle a

^■te

siihua; Artemisia arèorescens^ Justifia ddathoda; Olea fragransf Diospjros htus , kakii Phaseolus caracdliai Psidium pjriferum ; Cobea scandens ; Yucca gloriosa / Aîelaleuca hypericifolia , Wjrtifolia; Cassia tomentosas Fuchsia coccinea; Verbena triphyllas flJespilus japonica : Datutaarborea ;\ts Meiianthusmajnr , miuor; Anthyllis Hermanni, barba Jwis, Nous remarquâmes une colicc* tion assez considérable de rosiers , parmi lesquels on distingue les Rosa divtrsijolia , r-^ sinica; plusieurs belles espèces de liliacéest telles que îes Amaryllis bella dona, -^ formosissima , lineata; les Omithogalumcaudatum , arabicum; Mor€achiHensis;Sisyrittchium itrifitum; Ferrariauttdulata, &c

Presque toutes ces plantes fructifient déjà , et offrent Tespoîr de pouvoir être naturalisées dans les départemens du nord de l'Empire.

Les végétaux renfermés dans des serres sotit de (a plus grande beauté par kur taille gigantesque. On y voit un Euphorbia tirucalii de plus de trois mètres de hauteur; un Aletris Jragrans , aussi haut» ainsi que plusieurs Ficus, tels que les Ficus religiosa, benghalensis i Achrassapota ; Coffea arabica ; Cesalpinia sapan ; Brucea ferruginea ; Morînga nuxben ; Eugenia utiifinta ; Musa sapientum , paradi- siaca; Carica papaya ; Solandra grandi fiora; Laurus persea ; Ame mum lerumhet, jingibn; divers Mimosa ; un Ficus de la Nou- velle-Hollande, en fleur à présent; Murraya sinica; Phytolacca dioica: latropha curcas, muUifida (ces trois plantes fleurissent et fructifient annuellement ) ; Citharexylum quadrangulare ;, Plu^ meria rubra; une collection de plantes grasses des plus «omplctes , et dont les individus qui la composent se font sdititrer par leur volume. Plusieurs de ces végétaux, qui n'ont encore fleuri i^e trçsf rarement en Europe, donnent annuellement ét$ fieuit : on.j distingue les Crassula portulacea , ;— cotylédon; Staptlim variegata, hîrsuta; Portulacaria afra ; Cactus monstruosus, var. du Cactus peruvianus , grandi florus , répandus, spinosissimus , T^ çyUndriçus ; ce dcr*^' ** Heurit pour la première fois^ et a prêt

CHAPITRE LlCXXVI. 507

imrichi ce jardin d'une collection nombreuse vé-* gétaux rares et curieux de la Nouvelle -HoUandé* Ces plantes y puissent d'une belle végétation ; plu- sieurs s'y multiplient par les graines qu'elles pro- duisent ( I ) ; elles promettent aussi de réussir en pleine terre (2). Le lin de la Nouvelle -Hollande paraît devoir s'acclimater facilement dans ce terroir, et pourra fournir un fil fin et tenace. Il faut espérer que les Provençaux le cultiveront mieux que l'aloès , <h>nt ils ne font, aucun usage. Du reste, toutes le$ plantes de la Nouvelle-Hollande végètent à mer- veille , et promettent les plus heureux succès.

La direction de ce jardin est confiée à M. Lacour , > qui cultive depuis long-temps la botanique par goût , et dont les serre», que j'ai aussi visitées à une lieue de la ville, contiennent une coliecdon très^précieuse.

Nous allâmes voir ensuite Eygalades ou les Eygar l-ades: c'est une des plus agréables bastides des envi- rons de Marseille , ainsi nommée à cause des eaux du Biaud dont elle est arrosée. Nous y vîmes une tar- pisseik singulière ; c'est un tissu de soie , d'or et

irf^i

lk 4cux mètres de hauteur. Toutes ces belles plantes, par leur riche végétation, embellissent ces serres r et nous retracent l'image du printemps au milieu de Thiver.

{1 ) Correa alba ; les Mimosa longifolia , strtcta , -r- suaveolens.

(a ) Antholoma moHtana ; Ceanothus africanus; conchyum rubescens, « ladfolium, pinifolium, '^ fpiculosum ; FabrUia lapigata,^^. &c. Malpighia coccifira,

va

^b__aH.

308 CHAPITRE I;XXXVI.

(Targent , travaillé à faiguilie. Cette tapisserie est haute de dix pieds quatre pouces; sa largeur est d'aiviroa douze pieds et demi* Le maréchal de Villars Tavoît achetée à la vente des effets du duc de Mazaria ^ qui la tenoit de 3on oncle le cardinal ; et il ôst probable que celui ci l'avoit apportée d'Italie. Leduc de Villars , gouverneur de Provence comme son père , avoit acheté à vie le château d'Eygalades ; il y est mort , et ^ laissé cette tapisserie à M. Mestre d'Eygalades , avec tous les meubles qui ornoient le château^ Elle a été acquise depuis par M.* de Barras , propriétaire actuel de cette bastide.

Lçs tapisseries ont servi long^temps à conser- ver des souvenirs historiques. Il paroit que ce sont les tapbseries médiqués , persanes et baby-'^ Ioniennes, qui ont suggéré aux Grecs l'idée plusieurs animaux imaginaires. Les pipli qu'on exposoit dans les grandes cérémonies , étoient àe$ tapisseries sur lesquelles on brodoit des mythes entiers , c'est-à-dire , des histoires complètes de quelques diaix ou de quelques h^&/ Tel était l'ou* vrage auquel Ar^chné et ses smurs étoient occupées^ lorsqu'elles furent punies d^àvoir osé comparer leujf talent à celui de Minerve. On suspendott de riches tapisseries ainsi décorées de sujets historiques pu religieux, 4ans les grottes sacrées, dans l'intérieur des temples, et devant les ouvertures des portes^

Dans le moyen âge , l'usage s'est peipétué de

>Jï- V

conserver de la sorte h iriémoir e 4^s gnoids évé^ pemçns. Le monument le plus remaïqu^Ie en ce geitre est h célèbre tapbseiie <jiie Von conserve k Biiyetuc, et que la reitie Mathîlde exécuta atec ses ^Qimes:) pour rappeler la conquête de l'Angleterre faite par son époux GuJHaume de Normandie ( i )• On pourroit citer beaucoup d'autres tapisseries histo* lîcjues moins importantes » mais dont les sujets sont pas sans intérêt, et qui peuvent servir au moins ^ faire connoître 1 état de Part diK dessin à fépoque eu elles ont été Êiites.

Depuis mon départ de Marseille , M. de Saint*^ Vincens a fait dessiner la tapiisserîe tfEygalades : il a cpnsulté plusieurs savans Fretice et dltalie ; il m'a communiqué ses propres idées et lès leurs ; j'y ai joint If s rai^nnes^ et l'explication que j'en vais donner est {e résultat de toutes tes observations réunies.

Cette tapisserie (plane/te LXIIJ n'est formée que d'un ^seul tîs^u ; mais elle est partagée en pliisieui^ çottipartimens*

-La principale scène est dans le tableau du miiiett. Sur un trône formé et orné à la manière gotbi^pie ^ iPiA voit le Maître du monde as^is , revêtu d'urne chape y et ioiffé d'un bonnet m forme de tiare,

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(i) MONTFAUCON , Afojiuftiefts de la, Monarchît française ,

MMkÉ

lié CHAPITRE LXXtVTÎ

jmb entouré d'une seule couronne. DeUr àngei sont à genoux aux côtés trône : f un tient tui ih ;, l'autre une épée. Deux autres anges étendent der.-» TÎère le trône un voile qui semble lui ^setvir de £:>ml. Le Tout -puissant bénit de la main di^ite un ïîvre ouvert qa'il tient dans ïk gauche; et sont tracés des caractères informes. A ses pieds on voit h, mer, et un peu plus loin I4 terre avec des arbres.

- Al}- dessous et à quelque distance du trône , il y a un grand nombre d'hommes à genoux. Cette troupe est divisée en deux bandes : à la tête d# celle qui est à gauche du spectateur , on voit un pape coiffé de la- triple tiare; à la tète celle qui est à droite, est un empereur vétu d'une longue tunique et d'un long manteau ^ et qui porte une couronne fermée. Derrière le pape sont deux car-? dinaux , un évèque en mitre , deux prêtres ëij chasuble ou en chape, des religieux ou reîigî^ses. Derrière l'empereur sont dix personnages dontjân a la couroime ouverte sur {a tète ; lut seiil a une {ongue barbe^'. - ^ ' ^ *. "

La partie' de la tapisserie qui est â gauche du specfâteur , est divisée en trois çompartimens et re-f présente trois actions.

La plus basse , qui est la plus grande des trois ," paroit représenter le mêmç çmpereur que l'on a vu à genoux dans ïç t^JDjeau d^ milieu : içt il eçf

; CHAPITRE L^XXX VF. 311^

debout^ 3 porte fin sceptre dans la main droite, et îpose la main gauche sur sa poitrine : derrière lui sont plusieurs personnages ; à ^ c6té , un peu en arrière , un homme coiffé d^iine calotte rouge tient à ia main un bonnet couvât de broderie. Devant {'empereur est une femme à genoux, que plusieurs autres femmes'accompagnent. Au-dessus , un homme et une femme se prosternent devant une image de ia Vierge , renfermée dans un petit cadre rond , et qui leur apparaît dans dei nuages. Cette petite scène est séparée par un pilier qui porte une insi^ij^tion gothique. î '

La scène qui occupe la partie la plus élevée du côté gauche y réprésente une forèt ou un bosquets Au fond, à droite , entre les arbres » j^roît un per* ioiïnage dont le corps est enveloppé d'une draperie Irouge; il a sur la tète un bonnet ou chap^âU qUa Pon voit soùv^it répété sur cette tapisserie , et sem- blable à celui que portoient Loiûs XI et le roi René j il a Wn de parler aux personnes qui viennent. En face de lui est un jardinier , qui a pied appuyé sur une bêche ^ et qui porte pour chaussure des bot* tines de couleur noire* Celui-ci se retourne, et sou- lève son voile ou sa capote pour voir les person- nages qui arrivent : il y en a sept derrière lui , qui sont vèttts de robes longues et coiffés de diverses manières.

La punie à droite de la ttpisserie peut être

v4

«ubdivîféiî «n ^ix ^çtianf. OUôf^tfwtiJtsï qui af h pl^s d'étendue , représei^te p^. f|rki(Çf ^ f>oite siur ja tête unç couropi^f puveifl0ci^t qui îi a^tc^ui di| cou. un Jarga ^snaailî^hertnine^ «wp^el tient ihi long marn^au s il qf&e un an^ew* > me |>rioceM0 qui paroît assis^^ Cette princesse naps^i um cou-t roRPei^lIea $ur Jefaira^ gwch^ ui^ ^ic^rwiil qu'frfle tient ewh^w^* 1^ ^uqv^ elle d(mm ^ hm^ droite un pf^t ^Eruîtf.yert. A $e^ pieds ioa* uoM jeunes enfkm , sans .doute des piigfi»^ donl les culottes, \e^ bas et le^ soulic^f ne iiçtr|Tif|it ^'une seule .pièce ; sorte de vêtement dont on fkisoit H$age dans Ï6 xV/ sii^Ie et ^\^ c^nlinei^e^ioent ; du jçYî/ Derrière te fJ^ersonnuge cmmr\fm\ voit troi$ bonlmes qui oftt Vm d^ s'pa^reltnir îavec iot térêt : le^ premier porte la barbe; te «fjçdnd a f^it tonsure teïle qw h pottoient fes écdésiastiqiies et , les religîeïix; le troîftième a leàicbe^eiix pendani et la tête couverte d'un bojtinet p«iu?ché; il appiâé $a main sur li fomm& du ^ras.^ de h chaise ùbx dis trône du prince. , . *^ :

. Au haut de. cette scène , oii ea f ertiar<|u« troii aiitres; mais on <firoit que dans celles^ les p^xsmH nages sont placés dans^ des trifaunos pratiquas: ^ali haut de l'appartement se célèbrent Jbes fiançailles du prince et de la princesse. . ;

La première de ces tribunes, à gauche, cobw tient quatre personnages : une fanHie, en pc^àire

4e $uppfidi|te:«st deyant «n pritice tourotané, qui ^ un sceptre 4ar)s la m^in giwite ; un des dtux autres p^sonnagje$ n )ie$ ch^yeiit hmg$ et hôimet pelu- ché^ Daris ia tribune du milieu , trois personnages ont Tair de s'entretenir de ce qui se pâise en bas ; il yz uim hmmt parmi eux : au-dessus de i«ùr tète est un écusson dont ia partie supérieu^re 9e terminé en poinfe ; il porte une inscription gothique.

Xja troisième tiitone renferme aussi trois person-f fiag^s dont h codVersaûoii paroit animéec

A droite ^^«au-rdessus des scènes que je viens décrire y ^oa remîirque deux acdoas séparées par un j^Iier.

:Dan^ la. pt0nlièr^ , une femme qui occupé le de^ vani de la s<èn0 ^ ai les bras étesidusxemme une per«« ^opi^ ^r déclame; derrière elié sont des femmes f dont Tuni^ a Tair d'écouter avec un intérêt plus vif ^ ce groupe est composé huit personnages , parmi |^<|u^s ilit'y t qu'un homme. La seconde ^ action préisente une table couverte d'une large pappe dont le bs& est bïodé i cette taUe occupe tout le devant du t^Ueau ^ ^i,esjt^beducoupTHoiaslai^ge que le pré^ çédeiit ; eUe est chargée de deux flacons , tfiui vase^ de^ (juelquesi fi^ixpes, et dst plusieurs mets. Derrière 19n^ assb deux personnages ^ dont un est; une fëmtM ffii\(k ra|r de tegardel: la scène qoA se paise à e&ié , et d'y* prendre part ; et l'autre tient un bras étendu^ vers le coté exposé. " .

\

5l4 CHAPITRE LXXXVI.

Les séparaticms des grands tableaux sont formées paf une espèce dfe portique soutenu par dès pHiers gothiques à plusieurs angles : ces piliers supportent des statues de saints qui ont sur la téte^es dais élé*^ ^gamment décpupés. ' ^

' Tel est le monument curieux qui avoiit éfé acheté fort cher par ie raajéchal de Villars, que le duc son fils conservoit avec un si grand soin, et auquel il prenoit tant d'intérêt , qu'il tfoii fait arranger Je principal appartement de son château d'Eygalades pour l'y placer^ Cette tapisserie dèvoit avoir un grand éclat dans sa nouveauté ; elle paroit encore très-riche : l'or n'y est cependant pas prodigué sans goût; il n'est répandu que sur tes hat>its et sur les ornemens. Les figures sont mal dessinées ; mais l'ouvrier a cherché à en varier les traits et à saisir les ressemblances. Le duc de ViHars , homme d*esprit et fort instruit , n'avoît probablement pa's pu en. deviner le sujet , pui$qu'aucun de ceux qu'à admettoit à sa société n'a pu l'expliquer.

Celte tapisserie est certainement un des Ouvrages feits à Arras dans xv.*' ou le xVr/ âècle. Ce fut pour cette manufiicture que Rapbaôl composa ses cartons : mab les incorrections du dessin d^ celte-ci annoncent qu'elle est antérieure au tefr^psde ce grand peintre , et que les ouvriers n'ont point eu^ pour la travailler, les beaux modèles que firent exécuter le^ papes Jules II et Léon X ; elle doit donc être rapportée

CHAPITRE IXXJCVr. ixf

un milieu ou à la fin du XV. " siède.' Le nom du fabri- cant est brodé efi bas, on lit ce mot à gauche:

VCTAVIANUS.

La scène milieu représente une invocation à Dieu y et en même temps une yrtion de grâces solennelle faite par les principaux personnages de l'Europe. Uhistoirê d'Esther ôt d'Assuérus, figurée dans dés ccnnpartimens qui régnent autour ^ doit faire présumer que cette scène du milieu a rap^ port à quelque grande calamité qui a menacé les chrétiens^ de même que fa nation .juive avoit été i la veille- d'une destruction totale au temps d'Assuérus et d'Esther, et que c'est pour célébrer une délivrance inattendue 'qu\in des princes <jui y ont contribué K fait exécuter cette tapisserie. - n

Peut-être cM-çe en Mémoire de ^expulsion deâ Maures , effectuée, en 1492. , psff Ferdintand et I^'i belle, représentés sous les traits d'Assuérus et d'Esther f peut-être est-ce à l'bccaston de fa grande victoire remportée, eh 1 4^5 6 , par les princes chrétiens , sous les murs de Belgrade. Constantihopffe avoit ^té prise quatre ans auparavantpar Mahomet II , qui menaçoît d'enrahir la chrétienté. Les traits de Frédéric lU et ceux de Çallîxte III, qvii régrioient en i4î^> ^^^^ viennent assez ^ l'empereur et au pape qui sontrépré-i- pentes dans le tableau du milieu.

Quoiqu'il en sdit, voîci Texplicatiôn que l'on peu^ dpnner df$ diâférent^ scènes qui sont figurées

f- \*

d&iiis let compartînlens qui luî setveAt comme d'en- tourage.

Toutes ont rapport à l'histoire d'jfcthfï; les deux hucrtptiens gotiques qui sont ^'imekdroite, l'autre à gauche , l'indiquent assez.

A la drtâie spetiatear , le, grand tijileau le- pr^ehtç le mariage d'Assuérus et dXstAer. II y à au-dessus trois.petites scènes : dans l'une, Assuirus présente son sceptre pour déclarer qu'il a fait tAoi* d'£sther} dacsjes deux autres, ce sont les Juifs qui *e moritrent empressés de voir fa reine » sur iaqueHo reposent toutes leurs espérances. Let deuie tableaux les plus élevéf de ce cÀté représentent, l'un ,i Esthei priant et se lamentbnt avec ses femmes; l'autre, repas qu'elle donne à Assué'rus et à Amaih. C'est ce- qu'indique, ikn« dos inScripdons gothiques placées ttu^un des écussiBw: : . -

KZGl.BGyfrtgemregumJJi.DQKe.yiJ ATQ. IVT [imocavk] Tji ftum] PArATV». .,; . £JCiB/"WiMj7 AT ILIA PBMO^A AVT QVO POTVIT SATlAf VA. . .

■_ ' '.'■■■ ■..'■-"■■".■•

Ellf (Esther) adcra rtinfoqua l( Raiiiii.rois : aUrsan Juiftépare 2 man^; maïs eVt ne se repaît qâ< de gSltau consacra ou de ce qu'elle

CHAPITRE LXXXVI. 317

on voit Esther devant Assuérus ^ à qui elle est venue découvrir Tordre qu'a donné Aman de massacrer tous les Juifs. Le tableau le plus élevé représente Assuérus qui est sorti de chez ia reine , et qui se promène dans son |ardin pour, méditer sur ce qu'H doit faire. C'est ce que rappelle l'inscription placée "adroite:

CVM OSCVLATA FVERAT

SCEPTRYM ASSVERI HÊ^T^a SCIPHO VTITVR

REGIS PLEKQ MERI.

* * " ' * «A.

I 1

Comme Esther avait haisé le sceptre d' Assuérus , elle se servit du verre du roi, plein de vîtt pur.

Les costumes et les vraisemblances ne sont point observés dans ces tableaux. Assuérus est tantôt repré- senté sous tes traits d'un jeune tiomme , et vêtu comme ï'étoient les princes dans les xv.*" et xvi.* siècles ; tantôt il a lUie longue t^arbe et des v4te^ hiens semblables à ceux des empereurs d'Ocxidem dans ces mêmes siècles. Mais on sait combien peu on étoit exact k suivre les convenances dans le temps cette tapisserie a été faite.

La scène qui représente un prince et une princesse èr genoux devant une iii^age de i^ Vierge , doit se rattacher à celle qui est figurée dans le milieu : cela paroît d'autant plus vraisemblable, que la figunp de

> I

\

5i8 CHAPITRE txxxiri.

l'empereur est la même sur l'une et l'autre de c^ deux représentations.

Le château Borelly , dans le canton de Bonneveine nous offi-oit encore un autre lieu' important à visi«- ter. C'est une habitation qui pourroit passer pour magnifique même dans les environs de Paris. Nous y remarquâmes deux canopes accompagnés d'hiéro- glyphes. II renferme aussi de bons tableaux : on voit^ dans une galerie au re^-de-chaussée , un tableau de de Troy , qui représente le chevalier Rose faisant eil- terrer les pestifërés ( i ) ; mais il étoit trop tard , et la nuit nous empècla de rien observer. Les jardins sont bien tenus ; ils ont de l'ombrage : mais leur étendue n^est pas considérable. Ce château appartient aujour* d'hui à M. de Panisse. On doit aussi voir la belle &çade de l'église dés anciens Chartreux*

La montagne appelée Ad^arseille^Beyré est très* remarquable; ell^a deux cent dix-sept toises de hau- teur : aussi y a-t-on établi xme excellente vigie, qui, le jour, hisse ses pavillons, et, la nuit, ses lanternes. Les naturalistes y trouvent des plantes , des coquilles ; ils peuvent voir, dans la baume appelée la baume de Rolland, des pétrifications curieuses.

Les jours de fête , toutes les petites chaloupes sont nettoyées , parées de leurs avirons ; et c'est une partie de plaishr pour un grand nombre, d'babi tans,

(i) Suprà, p. aiu

y

i^a«wftfc

CHAPITllE LXXXri. ^tf

^pie d'a&er manger des coquillages dans ohe des îles €pû précèdent l'entrée du port,

La plus voisine est celle est bâti le château d* If ^ <îqnrfe nom étoît autrefois formidable, comme ceux d^ Pierre-Endse , de Vincennes , et des autres pri- sons d'état. Plusieurs prbonniers célèbres y ont f enfermés :. le, dernier que l'on cite est le comte de Mirabeau. C'est aujourd'hui un <^épôt pour les dé- portés de la Corse «t de L'île d'Elbe*

L'iie Pâmèguf j^t h phis éloignée; sa distance dfi Marseille est d'environ six à sept milles : c'est ià, conime je l'ai dit ^ que les vaisseaux qui viennent des Échelles du Levant demeurent en quarantaine, .

JL'iU de Ratonneau est aride , désçrte , et absolu* ment abandonnée. Le château fut cqnstniit pai^Fran- çois L", pour mettre la rade de Marseille à l'abri des entreprbes de Charles -Quint. Les Marseillois ont bâti, en 1597, un autre petit fort qui n'est gardé que par des soldats invalides. On raconte une his- toire singulière d'un de ces soldats. En qualité de caporal , il commandoit quatre hommes qui compo- soient alors toute la garnison ; sa raison s'égara , et il finit par croire qu'il étoit le roi de ille. Comme ses camarades ne vouloîent point reconnoître sa souveraineté , il profita d'un jour qu'ils étoient allés chercher des provisions , et à leur retour il fit feu sur eux , et menaça de les tuer s'ils approchoient. On rit pendant ^quelque temps de sa folie ; mais enfin elle

320 .CHAPITRE i^xxâcyi;

devint à ciiirge auxpèchçir» y xpi'il &nr çoit & kmértër ^ et à lui porter des *provi9i4>ns; Detit kdmmes vi^oi^ reux s'approchèrent de rtie avec patiflon Uanc t des mécontentemois les obligeoient , lui dnmx- ili ^ Il quitter Marseille ef à se réfugia dans^^s états. Le nout«au prince ^ que la sditude commençoh peut^ti^ à ennuyer y^ et que les reilles continuelle^ feâguô^tif i)eauçôup y vit avec plaisir de» sujets qui pai^^gcî* roient avec lui le soin pén&Ie de la garde de iûti empire ^ il les admit avec confiance : mais ils se sai- sirent du roi de Ratonneau , et le conduiisiretti à t\^ pitai des fou» , il est mort se croyant un souvehrai détrôné.

" r ;

CHAPITRE

îik

CHAPITRE LXXXVIL

Gouvernement des anciens Marseilloîs..^ Conseil des six cents, Tithvquès. Mœurs et "usages. Lois ^oniptuàires. ^ Suicide. iériothéniis Les mœurs se corrompent soùs les ethpere*tits ronValns et dans le

. tncy en âge. fc^ M œuifs actuelles. —^ Goût imnfiodéré pour le plaisir. -^Clubs», raaisoi>s de jeu, b^ls , courtisanes. ^— Manière vivre. Denrées^ Usages. Ornemcns des églises. ÏFêtes. -i— La Noël : aubaàes , crèches, 'cigo|;neSy repas, calendeaii , caco fiiech, -^ Veille dei Hôis. Fête delà Bdîe-ÉtoïIe.^Jôtodes Rameatix> ' Idu ràtnpaâu de V'Cspkdoît, Poîi chiches. ^— t l>élivram:e Vlcscaptife. ^=«* Fe» 9e la ^aînt-Jean. '^^ Ventte de fleurs^ ^i— Fêtes champêtres. S. Antoine. —La Hatnado^ -^ La moisson^ la vendange. t- JioùjnaPagL t— Fêtet^ patronales.

li/IES 'alùteu^è anciens Sdht fous à^àccorà pour louer sagesse gôuvériflémént des Marselliois. La fbnnè ^irtétbh aiistôcratr^e ; ràdmihistta'tiôné'toit confiée à sht cents sénatfeuts appelés tiftiuquei ( i ) , nom qui felépritnoit la considération attachiéie à îeurs fonctions : un conseil paYtîculîeï <ie quinze sénateurs e^édioit lei afFaiVes les plùi pi*eiséés; et parn^î ces quinze^ trois avbîent la pirêséahee et utie autorité sotiverainew Pour être timuque(2), il failoit avoir eu des enfàns^

.^.,-11 -i 1 1 1 •■ fa <*

(t) Cest-à-dire, ^ui est hou^ré, qui jouit d0$ hcnwurs^ de rtfàii^ honneur, et d*€^f /r , avoir. (a) StràB. IV^ji

TomtlIL ^ X

^ I \\»M ■*! .* lima

aiS CHAPITRE LXXIjVII.

ei être inscrit sur te rôle des citoyens depuis ttok générations. Le prévaricateur étoit privé de ses biens, et voué par un jugement h l'infamie. Cette adminis- tration étoît si prudente et si sage , que , Seîon Cîcé- ron, il étoit plus facile de la louer que de limiter ( i ) . Cette forme de gouvernement , qui ressemble k-peu- près à cdie qu'avoit autrefois le canton de Berne , peut offrir de grands avantages dans de petites ré- publiques ; mais elle ne sauroit convenir à un grand État- Le gouvernement marseilloîs reçut beaucoup d'altération après, ta prise dis la vîÛe jpar César r et depuis il a éprouvé les changemens qu'ont y apporter les diffièrentes dominations sou» lesquelles îl a passé.

LesT)onnes lois font lès tonnes matù)^ : Mâriêflle en offroit la preuve ; car les auteurs s'accordent en- core à louer sa disdpline comme s^ gouverBeoient Selon TVdt^J .(a), Cetie ville aypil fait im beureu* mélange de la pOlitesie grecque avec la tempérance gauloise. Çlaute , pour désigner des nweurs irrépro- chables, les appelle des mmrs mûrsiilloisfS (î)* mbdération.et la fustîce y.étoient tellement d'obfiga- tion , qu'un maître pouvoit casser jusqu'à trds ftwS l'oflTrîinrhfftceniem au'il avoit accordé à son esclave.

^^■*i^MMMa*W^M.Ma«M»*i

liW^^^prfaMM**a*«ki^kta4M«^-MM«*-4l

il) Ut omnes ijus instliutd Uudare fadlHis possint quàm amulari, CiCÊK. pfo L Flatcd, a«. (i) T KCVT>Agric. 4. (3) Plaut. in Casin. act. V, sccn. iv^ v* u

r ÉiÉTi Y liîi

CHA!>ïTitE Lxncvïn ^n

ft les Magistrats veconnoisibientqifft atoit été trompé trois foU par ce tnèmeesciavC^; ma» le qiia» crtème affi-anchtssément n^étoii plus susceptible d'itre annùlié. Les femmes ne poii voient boire ^vîn'^lê» jeux scéniques étoient défendus; chaeiin devoit-^so iivrer à une occupation ^^concpie ^ sans qu'sEiicaix modf de religion pût en dispenser: personne nfawHt ie droit d'entrer armé dam la vlIIé; les ëtranj^eti jD^renoîMt leurs annes à la so^rtte {t). Les lois somptus^ires deroîem être rigottreuseg dans une Titt^ fi attentive à la conservation dèr^së^-ind^uïs. ha pios grande dot étbit de cent pièces d'bt (2) t il n'étcii pa< permis d'en employer plus de cinq en faabiis^ et prix du restef de la parure n<e devoh pas nbn^^j^si excéder cette defhière somme« Il y avc4t> devant Ja potrte de la tiUe^ deux cafisses sépulcrales , >ixné pour les hommes libres, l'autre pour les esdstte^^ on les ptiitoit stfns pi^rs et un^bifAt^ dans"uii èha- tjot, au lieu de kur sépiïitare^ l'emenem^iit :écoh terminé par un s^KtHice dom^fifo|ue et un repas entre les parens^ le^ «tfeûM ne devôif durer qu^mr %)oiai p*après une^ diiscif^e ausii Sâstère^ tes crimes A& votent èi#e ' rates vattssi legkiiv^'qi»slV>ticonsieryGEi:

■— I I uni I ' \i ' ,^u^l i >• > M 1. 1 1

(1) Valer. Max. II , vi , 7 et suiv.

(1) On n*a cependant encore trouvé aucune monnbie de Mar- seille en or ; la seule que Ton connei^^ est dïns h Cabinet irtipé- rial , et die est fausse.

X X

^|4 tHAMtïlÈ LXXXVîtV

depuis la; fondation de la ville «pour la punition ^^ criminels , étok*-iI'i?o»gé.par la rouille.

H est stnguKer qu'une manière de ^îvre atissî sage ieti aussi ^l'éguiière n'ait pu empêcher les suiddes; tnaisv au moins personne fl^^pouvoit disposer de sa ^opre ^e -sans avoir exposé aux magistrats les mo^ tifs qui ie.portoient à y renoncer. Cette coutume étoit didtéey dit V-alèïe-Maxirae^ i ) , fwr.iin noble "dorage et unte doi>ce Mènveiilance ; on ne^vouloit pas permettiTe qu'un citoyen se donnât la itiort pour un mômeiït de éégoAt et -une cause légère , mais -on 'vouJôit 4MIS non plus Imposer 4e fardeau tie la vie; à^ celui à ][{ï(i eUeétoit devenue< justement insuppor* table: le conseM des six-cents -^oit aiors remettre ail fnalheureux qui àvoit des causes légitimes pout ^haïr la vie> une^portion delà qguê dont la garde lui ^toit confiée.

* C?est chez les Àlarseilloîs que Luciejli >z puisé . uh lies >plus ibeaux traits d'amitié qu^il ait dtés dait$ ^on Tûxaris |a).^Ménécrate, privé de sesèienspat ïe-0<>nseîldes six-cents pour avoic proposé -un décret contraire aux loisy av. oit une fille épileptique et si dégoûtante^ ^ue c'étoit -un monstre de jai^^r : son père, désolé, croyoît ne pouvoir jamais la marier, lorsque son ami Zénothémîs, dont tout le monde

•MMUb

(t) Valer. Max. II , vi^^.

(1) LUOAN. éde ÂmkU. 24.

Tantoît h richesse et admifoîtiâ befawté, fa prit 'pu-' IbKquement dans un festin pour son épouse , en re-^ connoissant qu!)f avoit reçu d'^He une- dot de vîn^t^ cinq talem. Sa génémsité ne dèinéura pas sans: sécompense; il eut de sa femlne-un enfant -charmant^ dont- les grâces^ naïves obtinrent k réhabilitation ât son grand-père^ qui reprit dans le tribuna^sa pfe^ mîèse oœisidératicMK

€e sont les- Marseiltoîs^ qui" ortt porté fa civîlîsa- tion dans toute cette partie de la Gaufé, et qui ont «iseîgné successivement aux peuples voisins à tailfér fa vigne , à cultiver Tolivier , et «ifin à^vivre âàns. des villes enceintes^ de muKé.

Il faut; que- ia prise de*^cette vîllè par César , ' erîà «ommumcatfon habkueHe avec les Romains sous lès; empereurs, y aient' porté aux-^mœnrs un -coup brén sensible LÂiliénée, qui Vf voit soustè règne Màrc^ Aurèle^, parie- de$ Marseillois comme d^hommés- sans énergie et^sans mociâs (i>) ; pour désigner alofs^ un efféminé , on disoit, il viétit dt Mkrstiît't ; et Suidas», qiHjrappof te ce proverbe, ajoute qu^ls pof- toient alors de longs vétemens brodés, qu'ils étoiènr couverts-^ de-parfum« , efr que leurs cheveux étoîènt lelevésavec mollesse (2).

X)aiis id' mo^a âge , le passage -dès Cik^fsés et lëst < -

(1) Athen. XII, }.

3CÎ

X

çomiiiuniç9|tioB$ avec le Levant ont éncdrè can-* tribuer à entretwir cette mollease et ce relàdiemaii des mœurs , et Ie$ îi^memes produhs -du: commerce ^'étoîent pa$ pFÇ|>rQs ky rappeler la simplicité amicfixe* ^ Aujourd'hiiâ le plaisir paroit être Tunique but da toi^tç^ ies actions des Marseillois : le négociant ne se livre à des opérations commerciales , Touvrier ne tra- vaille une partie de la semaine , que dans i'espcMr de s'amuser le reste du tanps. Ils sont loyaux et fkcHes <|^s les affaires , et connoissent peu f avarice^ravidhè qu'ils montrent pour s'enrichir, mât seulement du désir de dépei^ser. L'effervescence des têtes proven- çales est cause que tous les arausemens sont tumul* tueux et brvyans ; il semble que le bruit soit néces- saire pour donner aux Marseillois la certimde qu'ils 9nt obtenu délassement qu'îk cherchent* Ces plaisirs ne peuvent donc pas être ceux qu*on trouve au sein d'une vie tranquille; les g^ûts domestiques, les charmes d^ l'étude, {eur paroissent, en général, sa^s attraits ; un peu de désordre semble être chez ^S^ un assaisonnement pour tous les genres de jouis- sfuices.

II y a peu de maisons la société se rasseanbie habituellement; l'àveftion naturelle qu'on épiouve popr toute esp^e de gêiie, empécheroit de s'y plaire : les hommes préfèrent les lieux ils peuvent

se réunir sans être assujettis aux devoirs et aux égards

«

qu'exige la société des femmes, les plus fiéquentés

GHAI^ITRE LJIXXVIL ^ZJ

sont VlAiott et U Cluh sans pritenîîon; le club de rUnk>n possède une petite collection de livres rela-^ ti6 an commerce.

Les lieux règneune entière liberté, conviennent toufottrs davantage aux hotnmes qui cherchent le pkisir saps contrainte. Les maisons de jeu , oi^ la cupidité âut trouver un attrait puissant , sont encore plus nombreuses et plus fréquentées à Marseille que les clubs : elles sont tenues par des femmes, dont plu« sieurs sont reçues par* tout ; on voit même quelques^" unesdecellei qui ont un certain rang dans la société, hanter habituellement ces maisons : on s'entretient publiquement de ce qui s^ est fait , de ce qui s'y est dit ; des négocians ne craignent pas de s'y montrer ; et ce qui par-tout ailleurs nuiroit à leur crédit» estregardf à Marseille comme une action indifférente.

Diaprés tout cela, il est aisé de penser que le nombre des femmes qui font trafic de leurs charmes est considérable. Il y en a pour toutes les fortunes , pour tous les états , et de toutes les classe^ : si l'on ^ouloit en offrir le hideux tableau , il fàudroit les ranger dans un ordre systématique , ainsi que le baron de Bom a classé les ordres monastiques à la manière deUnnéus. L^es rues qui conduisent au graqd théâtre» sont remplies de ces femmes perdues , qui , par leurs mdécentes avances, font un outrage continuel à la pudeur; les fenêtres des étages inférieurs en sont garnie^ le jour et h nuit , et présentent par-tout et \

x4

■JMAHflÉ.

jaS CMA.PÏTRE txxmr.

tout moment la dégoûtante image du ééterg dage le plus ébonté et de la pi|is vile prostî^tion*.

La plupart des gens riches e;itretienneat d^^ femmes^; ce qui multiplie k i'excès. le no^Ke des. courtisanes. : celless qui sont le plus, à la modi^y, acquièrent dans, les manièves cette aisance qme donnit^ ^k fortune -^ elles font très-bien les hooneuis.de ieuc . maison. Ces. nuoeurs rappellent celles d!Atbànes ^ ia société se tenoitchez les coiurtisanes^ qjoi doiv^ noient le ton pour les. grâces et l'esprit , tandis que les mères de , famille, ae s'occupoient que des spif^s. domestiques*.

Les spectacles sont r^empUs de ces femmes; «itre- tenues, ou qui cherchent fortune ; l'orchestre .est la place qu'elles ont choisie; et Içs, hoiiimes, vont s'y placer » et. causer avec eUes^ en présence ,de leur Emilie et de toqs ceux qui les coanoissent^ on en voit même souvent . laisser: leur épouse et les per* sonnet qui sont près d'elle^ pour aHer faire leur courra ces. nymphes. Quelquefois.; un homme nouveUeipent marié ne rougit point de se montre!:, dans ui^e loge avec la maîtresse qu'il entretient : souvent aussi sa femme est en, faqe de bii avec l'amant qui la con-^ sole^ et qu'elle avoue presque ai^ssi publiquement que sonc mari avoue sa maîtresse^

Il n'est pas rare non plus que des. hommes, se laissent captiver au point d'épouser celles avec qui & ont vécu ïpng-tempj dans une wipn ilIégitiiRei

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.1

€t fon admet sans répugnance dans la* société les femmes qui se dépouillent par ce moyen des livrées de leur ancienne profession.

^Le iil>ertînage ^oit être une suite nécessaire de

, cette extrême liberté de mœurs: aussi peut on dire

qu'il r^ffe à Marseille plus que partout ailleurs; il

y paroît, sous toutes les formes , sans même qu'on

prenne aucun soin pour le cacher.

Lorsque les affaires sont finies, -chacun. cherche la dissipation qui lui r plaît. Les concerts et les ba]s ^publics et particuliers se renouvellent tous les jours pendant l'hiver.

Quoique ces traits peignent, en général , les mœucs

. des Marseillois , le noble dévouement qu'ils ont raon^

tré pendant l'affreuse calamité qui: a désolé leur ville,

Jeur, courage, dans les combats, leur loyauté dans Içs

affaires, prouvent que,. si le plaisir les captive^et les

, ^traîne , leur . cœur est aussi, susceptible des plus

généreux sentimens. Ce penchant pour la.dissipation

,n!est.pas même lellement général, qu'on n'y puisse

^jfiiire de nombreuses exceptions: nous . avons vu

combien il y a . d'établissemens de bienfaisance , de

, sociétés, établies pour. secourir ies indigens ; ily.a

aussi une société , de jeunes gens, qui,, principal

Jement les jours de fêtes, se consacrent à la visite et

à la consolation des malades. dans les hôpitaux.

. La nourriture, est .chère Marseille. Le blé y

vtent de l'Afrique et .du Languedoc, et ie pain est

liMMiaiM iii

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-~- - '■ .

ieore est celledea f<int«mes ^i sont derrière It vietUd ville y et qui arrivent au port. Cotif me , dans toute la Provence > le bœuf est rare et le vem eneore plus , en mange principalement du mouU>n , de Pagneau 0t du chevreau ; îl y a une grande quantité d'ex** ceOens poissons; beaucoup de melluaques et df crustacées servent aussi aux délices de la table : les légumes sont abpndans. Outre les fruits du pays , tels que les figues, les amandes , les prunes, les raisins, fl y en a encore beaucoup d'autres qtii viennent de diverses contrées. L'Espagne fournit ses orangef et ses grenades , moins acerbes que celles de Nice et d'Hyères ; l'Italie, ses châtaignes, ses pommes et a^es rafains secs ; et le Levant , ses dattes et ses pis- taches. On ne consomme guère à MarsdHe que du lait de chèvre : tous le$ matins , )usqu1i nf uf <^ dix heures , les marchands de iait eondiûsent ieujrs chèvres dam la place de la Comédie , et établissent leur comptoir sur les degrés de cet édi&ce; fls lés fraient k mesure que les pratiques se présentent. Le peuple mange beaucoup de firuits cuits : à la pointe du |our , dès que le bruit du canon a annoncé l'ouverture du port, on entend des femmes qui les débitent en criant : perre cuecka! pouma cuakâl UMei caudû! Le soir , ce sont les betteraves tôutâ caudo qui ont du débit ; elles font le souper de la plus grande partie des gens de peine et des ouvriers.

en Àf tXRE XXXXTIU^ JJ?

Tihit^e que je viens da dite tknt aux {AflHirs généh i6ilf& 1 3 me leste encore it fme connoi^e qiielqued usages particuliers à Marseille et à diverses autm filles de la Provetee.

J'ai dé^ parlédeqttdques pratkpes religieuses ( i ijrentnmt dans les églbes^ on est âappé de h singularité des iwages du Christ sur la croix ; il ^t Tptésq^e toufonks vêtu d'un ample caleçon* Cet usage appartient ii l'Eglise grecque ; Cas^n Tavoît ap« portée avec beaucoup d'autres, de Cotistantim^le^ On appelle ces sortes de représentiâiom 4ies aructfoc^ iJéi grecque^ On en vo^oit autrefois de semblables, sur-toutàSaint-*Vîctor, aux Accoules^et dans d'autres axnennes ^lises; mais il y en a encore le Chrbt , entre fe caleçon , a tme tuaicpe blanche et une cha^ iuUe de pouqire , qui sont les marque^ du sacerdoce et de la royautés

Beaucoup de maisons ont leurs portes marquées d'une croix y qu^on &it le four de la Chandeleur avec de. la cire ou de la fîimée : cette pratkpie a pour ob^ d^dbigner l'esprit maljn. Depuis un temjw

•A.

(i) François Marchetti a composé sur ce sujet un volume «Ati^r , fncitufé Explieation dts usages tt coutumes des Marseilhis ; Marseille, 1683, iïi-8.** , tome I.**', contenant ics coutumet sacrées ( le second volumfe n'a pas été publié ). La plupart des usages que l'auteur décm n'existent plus ; plusieurs se retrouvent 4ans toutes les églises f^thotiques ; et le tout est noyé dans ua insipide et ennuyeux commentaire.

3J3L CHA^FÎTRE LXXXyrR

immémorial, or bénit daûs-l'églbe dè'Saint-YîiekMr^ ie jour delà Chandeleui; y dbs cio'gcs de codeur verte*

On voit sortir de lacharre du^prédicateurungfand bras sculpté en bois y - cpxt porte un crucifix mobile r dans d'autres: égUscs, ce bras porte ia> deige pow aider à lire dans les soirées d'kiveiu

Dans les grandes solennités, Tin teneur dh»s^^Kses est tendu en damas cramoisi encadré dans des ga«^ Ions d'or; les chapelles sont pavées à: ^extérieur de franches d'arbres , et sur-h»it de lauriei^; et For dresse, à l'enti ée du chœur., ek de¥ant la porte prin-^ cipale, des arcs de triomphe en 'verdure(r}.

La fête de Noél est unede celles queles Provençauac célèbsent avec le plus de plaisir et de solennité. Pen-» dam un mois , on entend, dans la rve, des concerts qu'on appelle aubades de calene (2) , symbole des concerts. angéliques qui annoncèrent la naissance du Sauveur. Les enfans, les jeunes gens, attendent ce jour heureux avec une rive impatience; et toutes les^ Êimilles . aisées se préparent à. le fêter dignement en faisant d'amples provisions. Plusieurs jours avant ^

(v) On ne reti:oiive guère àMatseifb de tr^^ccs^ de ces divcrib «sages; maïs ils existent encone à Fréjus, à Antjbes., â Nice, ftc

(1) C'est le mot caîtndt corrompu. L^ Françsûs commen-^ f oient autrefois l'année le jour de la Nativité» qu^ils appeloiqitt \tjour des cajendes -^ c'e^t le nom que Itû diimiueot Froiss^xx C| d'autres anciens auteurs françai;!..

i

MMflMiÉMHIHMiflMll

iciiAtitiiE txrxvit. 35 j

les lK>titiqu«s de comestibles déploient tout le Tu^e tie la fîjandise>; les q\iais sont encombrés de fruits du. Midi; les boutiques du marché aux fleurs sont cou*- vertes de bra«cbe$,d't>ranger , chargées de leurs fleul-s éblouissantes et de leurs fmits dorés. On achète^ pour, parer la table du )oyeux bampiet ce jo\ir doit étre-c^ébré) xle petites oranges dans d'élégantes corbdlles y d)es r^insdans de joiis pots. On donne aux enfans des branches de iaulrier> auxquelles sont suspendus des fruits nouveaux, ou de$ fruits secs ou iïonfits; on leur d6nne de petites ijrèches garnies de miroirs et plus ou moins ornées , remplies de - JOUJOUX , parmi lesqudk iotit des figures en plâtre des animaux et de tous les personnages qui ont figuré . à ia naissance; du Sauveur i on y ajoute des figures de prêtres > de papes , d'évéques ^t de saints : parmi les animaux on place des ^rigognes de carton ou de cotofi, qui ont un grand bec de kine rouge. D'où, vient ce dernier usage ! Probablement de ce que les Marseillob ont conservé ce symbole antique de la piété filiale , sans songer qu'ils le tiennent des Ro-. mains { i ) , et qu'il pourroit , dans cette occasion , , iR>umir matière à d'utiles leçons.

La veille de la fête est sur-tout remarquable. Dans» nos villes du nord de la France , on entend seulement^ un bourdonnem^it sourd de personnes qui se rendent

m

(i) Sur beaucoup (fe métUiiies romaines, on voit une cigogne avec le root pietas.

Jj4 CMAMTHE LXXXVII/

k la messé de tninuit ; les bottiit^& dés diarcutieri eti d&i marchands de vin sont seules éclairées : les gêas^ ridies et de la haut» société ne prennent aucuhe pÊêtt à h fête $ il n'y a que le peuple qui fas&e cd &fsM lepas qu'on appelle févHiïon > et qui ddniiste uniqûie-' iheht à manger de& ^aucis&^s àciw, des^boudinsiftidi^ gestes y du jambon dur y et enfin des viandes imp¥é^ gnées de séi et dt poivm » ipii excitent à boire ^ et qui fbnt souvent dégénét«ff ces pieuses ftgapes en dé- goûtantes orgies ^ déshonorées par l'ivresse ) etquel^ quefois ensangtamées par les déiiats qui^n sont l6t ^te. A Marseille ^ le cours est éclairé la veille d4 Noël comme djins la nuit delb $abit-Jeân ; toutes tei, bouquetières ont leur habit de fête; lesboudqpi^soâl parées ) ie^ cafés sotit richement ibuninés^ et pa^-^ iKc^t une lumièire brillante annonce la joie ^uséé par la nai^^ance du Sauveur t les plus p^vres mar^ <^nds de marrons rôtis ont leur gril enmuré de plusieurs lampôs. Aucune femme n'oseroit parottre susins bouquet i les ftlles publiques portent de grosses ofanges et d'énofmës touffes d'èeSIets. Uéclat des. représentations théâtrales est augmenté; on y eîé^ cute les plus beaux ballets : tes maisons de |èu donïient dés bais et dès soupers. Pair- tout le son du violon se méié \k celui du bruyant tambourin et du perçant galoubet ; par-tout on entend chanter les noëls pro*- vençaux sur les airs qui leur sont consacrés (i)é Les

(i) 11 en sera cfuestion ailleurs, à 1 article des Bohémiens.

'■--t:U;j*s»-ir-..-

\ .

W&ci %oh% côtivei'tes de tfioade ; ctiftcuii De jprésse pour Met |>rendm pait au banquet qui tkiit lieu de la coHatidA dii Doih

Dans IH familles le^ itïos!ùH ^tkfaè^ ^ sbhf

iCQkis^rvéès , on prépare une chëpèfllè detattt liqûeile

on «ires^ê une colfàlfon t c'«st ôrffînaihemait ie chè^

de la famiiiëqui pfé^iàe à cet arrangement; quelques

fàk 4té $ont «es enâns^ sur^éut les |eune$ fitté»^

qoi lont chaygéi de 42e ^in. tùû^ Ié$ tfiembtet de

k famitlè ikMlt invHéii , tàtisi qtte ie^ peitdtinèir &

qui elfe ddit du tesjf^i -, èil à qui élte ii de§ ^i^^

gQitonè^lh ^nt encdHî invités àii dther du jour

Noôl, et on ôppdie delà pàsUr fkt eHseniUe. Gèi

f^^ 0nt réelIerMnt quèkii^ chose de patHaitàl i

èft cette institution est des plus heureuses pèu^

efiftretéiâr runion dans les^ famlBes : ceux qui mi

j^ssé Une année entière sans se Vôiir, scmt forcée de

se rapproel^i* ; ^es înîttiitiés fbmemèeS pendant jik-*

ëièurs m^ , iièssent* On se regarde d^abôrd avec cOn-

ttftJnte; on se parle peu, puis davantage; la liberté

flu festin «tttièhe I*abandon et la cohfiâhcè ; ort s'ex*

pHquê , dn finit par s'eatendre , et Une réconcilia*

«on sînt?ère et durable nà!ï du sèirt des plaisirs. Deà

Iftarîages ^dnt souvent aussi la suite de Ce b&nqUet

domestique î faraam timide s^enhardit ; ia feune fiiie,

inalgrê sa retenue , laisse apefàevohr préfërettce

que son cteur accorde ; les parens s^entendeiit, !e5

arrangemens sont bientôt faits , et Timion est comduB»

HHMMM«HMiM^MÉM^Hlî^Ba

L'^égance des inets> la propreté de la talbté <rt de la salle; ajoutent encore -un plus grand leharmé à cette fête de famille^ Ceux q\ii suivent 'scrupu«>^ leusement les usages andens ^ couv^c^nt la table de tFob. nappes^ et y mettent treîce pains ornés de branches de myrte; de grandes corbeilles sont diar-»-. gées de raisins fiais ou secs ^ de figues , de pommbs^ de poires , de cédrats confits ; des boîtes feçouTertes de papier rose ou blanc artistement découpé ren-^ fer;f9ent des fruits secs ; des raisins de Corinthe» des' jmmes deBrignpUes; les oranges forment des pyra-n HHdes» terminées par des bouquets de ia fi^iir ôdo« iraii^e du bel , arbre qui, les a produites^ Âiitour de ççs mets exquis » offerts paria nature; sçnt rangées des pâtisseries 9 de^ friandises de xoute*espèce , parmi lesquelles le nougat blanc (i) se fait surr^ut remar*^ quejr. Les flaconf^ont, remplis de malvoisie, de viiV cuit et de muscat de Tquioii ou de Cassis»

Pendant ce tçmps-ià) le ^aiignau ou ùalendeau^ ç'est-^-dire^ \2l kuche des calendes ^ brûle dans la che* minée : c'est une gi;os5e bûche de chêne ^ qu'Qn arroso de vin et d'huile. On crioit autrefois 3 en la plaçant ^ (olene yen / tout ben yen; c'est-à-dire , eaUnde vient, tout va tien.: Peut-on méconnoître ici l'usage antique des

" -1

(1) C'est un mélange.de noisettes, de pignons de pîn^ et (te pistaches, confits dans du miel de Narbonne : le plus souvent il n'y a que des amandes et du mieli recouverts d'un pain à «chântec^

libations ;

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ii

À

fibaiâdns^ transporté^ ;comme tant d'autres cérémo ïiîes palenneSydsms les pratiques des chrétiens ! C'e^ 3e chef en le plus 4Lgé de la famille qui doit mettre le feu à îa bûche r ia flamme que ce bois ainsi arrose produit, i'appGUefOjÇofufcA, <:'e8t4-dire, feu d^amJs ; «et en effet la fête de Noël est véritablement, <:he« ies Provençaux ^ la fète de l'amitié.

Dans la campagne, cette fèie €st quelquefois raccompagnée, comme la fètepatronale^ de luttesv, de XQurses , ^e combats de qoqs ; on y <iresse aussi ^es mâts de cocagne.

Je ne puis passejr .sous sâence un usage <pri existe

^ans la basse Provence^ et prmc^alejnem dans les

territoires d'Amibes, de Fréjus, ^e Dj-aguignan, «l

^e quelques autres yifles du département Ai Van

Pendant les ^uatrc|^ semaines qui précèdent Noêl^

ïesjeunes gens domient des àul)ades au:^ filïes qu'ils

TeçhejFchent eii mariage ; chaque fiHe prépare pour ta

V^ile de la fète un gâteau qui porte son nom et utt

ïiumér-o^ et le remet à cdui qui est regardé comme

fe coq du vitl^Cy et qu'on appelle 7 V^^^v Deux ;ours

après No^I , tous les feùnes gens se rassemblent sur

«ne place; on y apporte les gâteaux dans une grande

corbeille, et ils sont tous mis à l'enchère ; le plus jeune

des garçons lire successivement untie ces gâteaux,

€t proclame le numéro et le nom de celle qui V^

donné ; aïors viennent les éloges de^sa beauté, de son

économie , de toutes-ses qualités ; on enchérit à l'envi

Tome III X

i

5î8 CHAPITRE LXXxVir.

pour avoir son gâteau. Il est facHe de deviner que fei gâteaux des filles jeunes et jolies trouvent plus d'ac- quéreurs que ceux des filles vieilles ou maf faites : cependant tout a du débit, et le produit de la vente est mis en commun pour payer les ménétriers pen- ' dant tout le reste de l'année.

Les Marseîlloîs ont encore d'autré^s fêtes dans les^ quelles leur gaieté naturelle trouve à 5e manifester ; telles sont U veille des Rois , la fête de la Belle Etoile': on promène , comme à Pertuis , cette étoile dans ùii char.

II n'y a pas fong-temps que Ton a aboli à Mar- seille In coutume de porter dans les rues , le jôiir Pâques- fleuries, une grosse branche d'olivier qu'escor- toîent plusieurs enfans trouvés de l'hôpital , en criant de toutes leurs forcés, lou rampaou de rÊspitaou; les femmes attachoîent à ce rameau des gâteaux et des fruits : lés enfans présentoient leur tirelire à tous ceux qu'ils rencontroient .; et en les poursuivant pour en recevoir quelques pièces de monnoîe , ils les appeloient mon pire ou ma mère. Quelques per- sonnes portèrent des plaintes contre une coutume qui leur paroissoit scandaleuse , et les échevins dé- fendirent cette promenade, dont Tinstitution étoif très-ancienne : aujourd'hui on suspend , seulement aux rameaux de laurier ou de palmier garnis rubans que portent les enfahs, des gâteaux, des fruits et des confitures; le prêtre les bénh, et on

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CHAPITRE LXXXVIÏ. ^3'^

lès sert dans les collations def la semaine. Dans toutes les familles des artisans, on a conservé la coutume de^ manger ce jour-là des pois chiches { 1 ). On a. voulu retrouver dans cette pratique la fête des Pyanepsks, instituée à Athènes par Thésée , et qui étoit appelée^ ainsi parce qu'on y mangeoit des fèves /^nJcen)^, pyanon], en mémoire de ce qu'au retour de Crète les jeimesgens que ce "prince avoit délivrés mangèrent les' féy^s qui restoient des provisions de leur voyage [1) : mais M. Grosson prétend qu'un vaisseau chargé de pois chiches fut jeté sur la côte de Marseille daiis un temps de disette, et qu'en commémoration- de; det événement, l'usage.s'introduisît d'en manger tpus-^ Ifs ans. Cepetidant cet usage n'existe pas seulement? à Marseille ; il se retrouve encore en Italie , en Es- pagne , à Gènes et à Montpellier. Le peuple de cette dernière ville croit que lorsque Jésus- Christ entra- dans Jérusalem , il traversa une sesJeroit, ou champ. de peîs chiches, et qu'en mémoire de ce grand jour Fusage s'est perpétué de manger des sesejr ou des pois chiches (3). Il me paroît plus naturel de penser que cet usage est une commémoration de la coutume des Hébreux de mettre les pois chiches au nombre des provisions qu'ils empdrtoient dans les voyages : c'étoît aussi la coutume des philosophes

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(i) Cîcer arietinum,

(2) Magasin encyclopédique, année 1805, t. IV, p. 244.

(3) Magasin encyclopédique, année 180^ ; t. VI, p. 2^9.

Y 2,

'^iô ChÀ^ITHE Ï.XXXVIT.

içyniques» que Ton nous représeme souvent ayant leur besace remplie de pois chiches^

J'ai parié du goût des Provençaux pour las proces- sions^ et j'ai décritcelles qui ont lieu à Aix et kMar-- seille le jour du 5aint-Sacrement ( i }, La procession xleJa délivrance <Ies captifs avoit pour les Marseiilois un intérêt vraiinentdfamatique : c'étoîent les religieux -de l'ordre delà Merci, fondé ert Espagne par S. Pierre Noiasque, et les Trirâtaires, établis en Pjovence dans le xiK^'siède par Jean de JVtatha et Félix de Valois, qui se chargeoîent du noble sewn de recueillir les -dons des chrétiens compatîssans, et d'en employer le pro- <Iuità la rédemption des captifs ;4Isconsacroient même àcette œuvre méritoire le tiers de leurs propres revej nus. Ces sacrifices pécuniaires n'étoient que les pré- mices d'une charité plus sublime encore >yd!un. plus -généreux dévouement-: ils alloient ensuite braver les périls de-toute -espèce, les avanies qui les attendoient <ians la Barbarie, et ramenoieut avec eux un notfibre plus ou moins grand d'infortunés qu'ils avoient arra- chés k l'esclavage. La procession de ces captifs , mar- chant deux à deux en casaque rouge ou br4xne^ les mains encore chargées de fers, montrant les marques des coups qu'ils avoient reçus , des mutilations qu'ils avoient souffertes, et suivant leurs rédempteurs pour aller rendre grâces à Dieu de leur rachat, avoit un.

CHAPITRE LXXXtil. J^i

't:aractèrep!us vénérable et plus touchant à MarsèîBe qu*à Paris, Fon voyoit aussi d)e tempç en temps ie -même spectacle r les- communications fréquentes ôt directes des Marseilloi&avec le Levant pouvoient faire craindte à chacun d'eux un pareil sort, et l'homme est naturellement plus sensible auxmaHieurs qu'il pour- roît également éprouver; il y avoit d'ailleurs parmi ces captifs de» hç>mmçs qui avoient encore des amis letdès relations dans la ville. Espérons qu'une société d'hommes, bienfaisans s'établira- pour remplacer les ' généreux Pères de fei Merci et les^Trirritaires^, et que*, dirigée par un esprit philanthropique plus étendà et plus digne encore d-une si beBe institution , elte ne se borrïera pas à délivrer des chaînes Tunis dt •d'Alger lès esclaves catholiques*, maïs qu'elle étendra ses^ soins charltabhes à tous ceux qui mériteront ck Bienfait,; quelle que soit ki religion qu'ils- pto^ fessent;

La veille de la Saint- Je^i est égafementuiï joxxt de joie pour les Provençaux, Us allument de grands feux^- les jeuneS'gens sautent pardessus* A Aâx, oil accable les passans-de fusées et de serpenteaux f ce •qui a eu souvetit de fâcheux effets. A Marseille , oa s'iiK>nde réciproquement d'eau de senteur, que l'on Verse des fenêtres-, ou que l'en jette avec de petites sMHiguesfi') : le plus grossier badinage est de couvrir

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j4^ CHAPITRE LXXXVIf.

d'eau pure les passatis ; ce qui donné lieu à de grands éclats de rire. A Marseille , la vente des herbes et des fleui^s donne à cette fête un caractère parti- culier. '

Le commerce des fleurs devroît è^re encouragé , par des considération^ morales et d'hygiène publique. Le parfum qu'elles exhalent , rend l'air plus pur , du moins pendant le jour. Une fleur a des charmes aux yeux du pauvre ; elle n'est pas un objet de dédain pour le riche. L'humble basilic du savetier, la vulgaire capucine qui grimpe en spirale autour des fils que l'artisan lui a tendus sur sa Fenêtre , leur font autant de- plaisir qu'en peuvent causer à l'homme opulent le jare metrosideros et le superbe datura , qui s'élèvent dans des caisses d'acajou sur son balcon dbré : une jeune fille arrose avec autant d'intérêt son myrte et 4on rosier, qu'un fleuriste hollandois en met k soigner ses orgueilleuses jacinthes, se^ riches tulipes et ses magnifiques ariémones. La vue et le parfum des fleurs adoucissent les peines de l'ame , sans l'arracher à la mélancolie nécessaire pour user sa douleur. Il est rare que celui qui airtie les fleurs soit mécliant : elles peuvent, en procurant une douce émotion, distraire de ridée d'un crime un homme dont la raison s'égare. La fleur est la parure de la jolie grisette commet la fière courtisane , celîe delà simple bergère coiiîme de f auguste reine. Il est un temps dans la vie une fleur est le don le plus gracieux qu'q^i puisse offrir

CHAPITRE tXXXVXl. 34j

^t recevoir; et même, quand les heureuses illusions dûporoissent avec Tâge, on aime toujours les fleurs qui "viennent des personnes que l'on chérît. Avec quelle douleur on voit se flétrir et dbparcwtre ces gages si charmans de la tendresse d*un frère, d'un fils , d'an ami ! il semble que ces fleurs soient dépo^ fitsûres de leurs sentiment ; on croit cuhive|' en elles )a tendresse fraternelle , l'amour filial , et le charme de ^amitié. Voilà pourquoi les poètes ont tant célébré les fleurs , pourqupi elles sont si chères aux amans. I^es Orientaux ont été jusqu'à leur prêter un lan* gage; ils trouvent dans leurs formes et éms leurs çoideurs une manière d'exprimer toutes les nuances 4^ r^espoir , de l'amour et de la jalousie.

Les fleurs ne devroient être vendues que dans des quartiers spacieux, dont l'abord fût propre et facile^ par des femmes agréables et élégamment vêtues) ; ces Glycères trouveroient alors des Pausias. A Paris, la vente s^n fait dans le lieu le plus sale de la ville ^ près du qiarché au poisson ( i ) : on y arrive par des rues nc«res, étroites, boueuses et infectes; et la inaîn grossière qui les présente , sent encore l'huître ^ qu'elle vient d'ouvrir, la limande ou le merlan qu'elfe a débité la veille. A Marseille , au contraire , la vente

(i) On en vend aussi sur îc ^uai de la Ferraille; mais ce Ircu est étroit, et n*a pas Ta^ment qui convient pour im march/aux fieurs,

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j44 CMAWTRÊ trxxTm

«tes ffeurs se fait sur le cours , entre la me <fe Rbtn^ et la Canebière ; etfe a lieu toute Fannéev et ménM^ pendant Phi ver : c'est que <îe jetines filles, agréa* blement vêtues , dont phisîèurs sont coiffées cPunchai- peau de castor rond orné de rubans et de gâtons d'argent, se rangent sur deuxfifes; elfes tiennent dans les mains des touffes de fleurs ; elles ont de& arbustes dans des pots ; elles présentent des plantes agrestes commedes plantes cultivées ,. des tubéreuses^ àes narcisses , des jacinthes, enfin des KKacéés de toute espèce , des cassies, des jasmins, des brandies d'oranger et de nyctanthes. Plus ïoin sont entassa tes melons, tes pastèques, les aubergines, les raisîns^^ tes figues, tes pèches : par- tout Pomonè unit tes richesses au luxe de Fibre.

Le goût des fleurs est sr généraf , qu\ine filîe , qiidtï, que pauvre qu'elfe soit, n^oseroil sortir fe dimanche sans en parer son sein. Outre les jardins de Mar- seîlte , on met à contribution, pour en obtenir une aussi grande abondance, ceux de Toukm , de Nîce> de Sàiiit-Remy. Tous les balcons, toutes les t^^rasses,. en sont garnis. La veille de h Sain t- Jean , h place de Noailles et fe cours sont nettoyés. Dès trois heure* du mîrtin, les gens de h campagne y aflîuent ,^ et S si^ heures tout y est couvert d'une quantité considé-» rabfe de fleurs et d'herbes aromatiques ou autres :. le peuple attache à ces plante^ des idées superstitieuses ^ ii se persuade que si elles ont été cueillies le jour mémo

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CHAPITRE LXXXVII. 34)

iVant le lever du soleil ( i ) , elles sont pi'opres à la guérison de beaucoup de maux. On s'empresse à i'envî d*en acheter , pour en faire des présens , pour en remplir sa maison. Les paysans en donnent aux personnes à qui ils fournissent habituellement des légumes et des fruits. On fait encore ce jour-là, dans quelques villages , des cavalcades sur des mulets oti des ânes ; diacuri y porte à la main une torche de bois résineux.

Quelques fêtes sont liées aux différentes époques <ïes travaux champêtres. Le jour de Saint- Antoine, par exemple, des moissonneurs , armés de faucilles et portant des épis , passent dans les rues , et donnent à ceux qui leur jettent quelque inonnoie, l'espoir d'une bonne moisson.

Dans plusieurs villages, et principalement dans celui de Tretz , le second jour de la Pentecôte , on va faucher une prairie communale. Cette cérémonie , toujours accompagnée de chants et de danses , s'ap^ pelle la JRamaJo, c'est-à-dire, la Ramée.

Le jour de la inoisson , on porte en triomphe une colonne d'épis haute de dix à douze pied^ , et l'on forme alentour des rondes joyeuses. A l'époque de la vendange, on promène sur un tonneau pne figure grotesque , chargée de pampres et de grappes de raisin.

( I ) De vient le proverbe provençal, Aco soun d'herùos dt San* Jtan [Cela ne vaut pa* mieux quelles herbes de la Saint- Jean].

34^ CHAPITRE Lxxxyii.

La fête patrpnaie de chaque lieu s'appeHe Rouma-- wgi y et par corruption, Romerage. On la nomme ainsi parce qu'elle précédoit autrefois un voyage à Rome , que le seigneur faisoit entreprendre , ou qu'il faisoit lui-même par piété : c'est une espèce de foire > dont les amusemens se composent (fes jeux dont il a 4é|à été question.

J'ai parlé ailleurs d'autres fêtes et d'autres jeux que l'ai eu occasion de décrire (i).

^i) Vpjfei^k Nice, tome H, page 568, Us festins; à Aîx, ihîd. page 305 , ^t procession ; à Marseille, ièiJ. page 372 , à Riez, suprà, page 54, la brapode; au chapitre suivant, différem jeux; à Taiv tîcle d'Arles, U ferraik.

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CHAPITRE LXXXVIII.

Saint-Marcel. Bas-reliefs égyptiens. Culture. L'Huveaune. Bastides. La Renarde. Fête patronale. Trin , courses d'animaux , d'hommes ; divers exercices ; le saut, les trois sauts ; l'orbe de fer, le palet , le ballon , la bravade ; jeux de hasard; danses, la provençale, la farandoulo , la moresque, les bergères, les turques, les épées.

Je ne voulois pas quitter Marseille sans avoir visité avec attention Tauroentum. M. Thifaaudeau m'avok învttë , iors de mon premier passage , à feire avec lui cette excursion (i). Nous nous rendîmes à la Menante j il nous attendoit.

J'auroîs désiré voir en passant la maison occupée yar le génial Gardane : mais ii étoît at>sent; ce qui aious priva du plaisir de le saluer, et d'examiner i{uelques pierres gravées qu'il possède.

Nous nous arrêtâmes à Saint- Marcel ^ hameau jvoisin de Marseille , près 'duquel est une maison de campagne sur les bords de i'Huveaune , qui appar- tient à M. de Saint- Vincens : nous voulions y voir .deux ^s-reliefs égyptiens. Ils ont été apportés par Bonnecorse, poëte marseîHoîs, que les satires de Boileau ont rendu P^^s célèbre que ses propres écrits,

(i) Supra, tome II , page 38a.

^48 ÉHAFitRE Lxxxrnr.

Boifean ^ pfacé un de ses ouvrages parmi fes Iîvt«ï qull fait servir au combat des chanoines [i ) » et Vst associé à Pradon dans ime de ses épigrammes {z)*, Bonnecorse a voit été consul au Csûre, il s'étott probablemerrî procuré ces monumens^ dont fal donné la gravure ^pf, XLV, n^^ 2 ^^ i)^ ^^ y ^^ît -un personnage coiffe d'une cafotie , vêtu d'une peau ^ et tenant à la main une arme d'une espèce particu* lière > qw est terminée par un gros cylindre l à côté sont differens signes hiéroglyphiqvies. Je n'entrepren- drai point de déterminer ce que ces figures lepré:* sentent (j).

On croit , sans fondement > qu'il exbtc une rivière souterraine auprès de Saint-Marcel. Ce lieu est bien planté en vignes. En générai ^ le terroir de JVlarseilfe produit d'assez bon vin , mais en petite quantité, parce que ies bastides couvrent une portion considérable du soi ^ et qu'on mange en grande partie les- raisins qu^on y cultive. Les oliviers donneroient une huiie de la première qualité; mais depuis l'hiver de 1789 > qui a fait périr ces snrbres précieux , leur produit est presque nul. L'agriculture de Marseiliese réduit donc à très-peu de chose.

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(1) La Montre df amour JWoytz le Lutrin, chant y.

[x] Eptgjr. IV ^ Venez, Pradon et Bonnecorse ,

Grands écrivains de même force , &c.

(5) M. de Saint- Viticem a ptacé depuit un de ces bas-rcKife dans son cabinet d*Aix«

CHAT^TT^K lXXXVÏi!> J%

ÏJWuveaune , qui passe à Saint-Marcel , est k| ^yièi:e la plus considérable du teriitoire de Marseille; elie prend sa source au pied de la moitti^gne est Ta Sainte-Baume^ dans le département du Var, entrer dans celukdes Bouches-du-Rhône |>dr Auriol , pa«sc^ à Roquevaire , \ Aubagne^ traverse ia campagne de JMarseiUe jpar la Rei^rde , et se jette, dans la iner^ au quartier de Bonne veine, dans le golfe <Ie Mont- redoo. Getterivière reçoit à Saînt-Geniez Je Jjuet^ qui con^mence au plan de Cuques, dan? rarrondîs- sèment d'AlIaucb; puis elle traverse les quartiers dq Saîm-Just et des Chartreux. ,

C'est, au hameau de la ^^nme qu'est la .prise dii^ •cai^I.de dérivation qui. passe sur les. aqueducs, au- dessus^ de la ppr^e d'Ai3c,-où l'on reçoit toujours quelques gouttes d'eau qui s'en échappent. -Cet aque-, duc se termine aux Présentînes , dans un bassin de division qui distribue l'eau à toute la yille.

Les jiartîes du territoire qui sont arrosées par le^ Biaud, le Jaret et l'Huveaune ^ sont plus fertiles que, les parties non arjosables, et fournissent di|fourr^e^ des légumes verts et des fruits d'été, mais en trop petite quantité pour la consommation de la ville ji nous avons vu d'où, elle tire ses. denrées. On a conçu bien des projets pour l'arrosage de tout le territoire de Marseille (i) ; mais leur exécution a

(i) Michel, Statîstîqut du département des Bottehet-du-Rhêne 4 <^m k Journal de statistique , page 34^»

JjÔ CHAPITRE LXXXVIII.

toujours paru impraticable : l'eau contribueroit ca-- pendant beaucoup à rembeIKssement des bastides* Il n'y a que celles qui sont le long de THuveaune ^ui ont de l'ombrage ; ce sont aussi celles dont 1er terrain occupe une plus grande étendue,

C'est par le défaut de verdure et d'ombrage que la plupart de ces habitations , si chéries des Marsçff- lois, manquent de l'agrément qu'on estime ie plus dans une maison de campagne. Les bastides ordi- naires ne sont que de très-petites mabons , compo- sées d'un salon , avec deux ou trois cabinets , et , dans un étage au-dessus , de deux petites pièces destinées à y passer seulement un#ou deux nuits par semaine pendant l'été. Chacune de ces bastides a ses petits produits. Ce qu'on appelle le jardin n'est qu'un petit champ de légumes , et j le plus souvent , dft vignes , s'élèventquelques oliviers , des amandiers, dès figuiers,' des mûriers : tout autour régnent des murs très-hauts , dont la blancheur éblouissante réfléchit les rayons d'un soleil brûlant , et fatigue la vue. Tout cela offre un ensemble ennuyeux , triste et maussade : jamais on n'y est récréé par le murmure des eaux ; ef le ramage des oiseaux , qui fuient des lieux aussi arides , est remplacé par le bruit monotorfe et msuji- portabie des cigales.

Aucun Marseillois un peu aisé ne sauroît se passer d'une bastide ; et quoique les capitaux qu'on emploie à celte acquisition ne produisent aucun intérêt j il n'j^

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CHAPITRE LXXxV^IIIé 3JI

à pas un^se^I négociant qui n'ait sienne : Tanisan même a une masure qu'il appelle sa bastide. Aussi, rnalgrêleur grand nombre, en trouve-t-on rarement à louer ou à acheter , sur* tout en temps de paix ; et le prix en est toujours très-éievé. On s'y rend le s^edî au soir ; on y passe ia journée du dimanche avec lef amis que Ton y reçoit , et J'on revient le lundi matin, La table et le jeu remplissent toute la journée : mais un plaisir plus réel se mêle à ceux-ci y qu'on trouve* foit par- tout; c'est de vivre dans un autre lieu que celui l'on a ses occupations , de se sentir éloigné des afFalrés , des personnes qui pôurroient en parler , et de tout ce qui peut les rappeler. C'est sans doute cette certitude du repos , du dolce far mente ,. qui fait que le Marseillois affectionne tant ces demeures châm» pêtresy qui lui paroitroient bien tristes , si , comme les habitans des contrées moins arides, il y cherclxjit, par-dessus tout, les agrémens et les charmes que la nature prodigue dans une belle campagne.

La ville n'est au:^ yeux d'un Marseillois que le séjour qu'il est contraint d'habiter pour gagner de f argent; c'est sa boutique, son comptoir, son ate- iîer :- îl ne travaille donc que pour aller à sa bastide dimanche. Phis de cinquante mille âmes sortent <^ jour-làde la ville pour se répaildre dans la cam- pagne ; tous les thevaux et les carrosses de louage sont retenus et occupés. ' Le nombre des bastides s'^èv^ à cinq mSie. En

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3ja tttAPtTRB LXiXVÏïK

Voyant de la Vista cette încroyabict quantilé to petites maisons d'un b{anc éclatant) réunies dans un espace très- peu étendu > qui est borné par la mer et par une montagne, aride et grisâtre » au niilieu des plantations, oncroit être dans un jardin anglois rem«: pli de petites fabriqu^s%

Il ne faut cef)endant pas croire que toutes les bas- tides .soient comme celles que je viens de décrire : on en voit sur la montagne appelée la Vista ^ cfA sont, k k vérité, sèches et poudreuses , maïs qui Jouissent d'une vue>admirable : le vent frais de la mer y supplée au défaut d ombrage; on peut y prendre Tair sur une petite galerie couverte, qui est ordinai- rement pratiquée sur fe devant de la maison. Celles qui sont situées sur les bords du Jaret ou du Blaud, comme les Eygalades , et même encore sur ceux de THuveaune , comme la Renarde , sont les plus agréables. , sous le beau soleil du midi , avec un air toujours pur et embaumé, oii retrouve, pendant nieuf mois de Tannée, la belle végétation et le riche ojnbrage des plus riantes cpntrées septentriondes : il est rare que les propriétaires de ce^ charmantes habitations n'ajoutent encore', par la culture de quel* ques plantes exotiques, à l'agrément qu'y procurent les eaux , les bois et la verdure ; ils se plaisent à tes acclimater pour en admirer l'éclat et en respirer le parfum , qui se mêle à celui du jasmin , de la tubé- reuse et des âeurs les plus odorantes , qui sont semées

par* tout

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J>«r-tôirt avec profusion; Le rossignol et tous les «^seaux chanteurs y trouvent l'asile qui leur con- sent , et semblent s'y réunir pour répéler ieurs con* certs.

La Renarde est u«ie des (Jus agréal)ies bfastides de$ «nvirons Marseille : elle appartient au général Dumuy , qui Tavoit prêtée à M. et à M*"* Thibau- lieau. La maison est située sur une petite hauteur, «Atoutée de beaux arbres ; il y a des prés^ des vignes ; h, culture est variée; le site est pittoresque: au t^as de la colline coule f Huveaune , qui passe dans Ven^ freinte de cette charmante habitation , et en fertilise les présv

L'obtrgwnt aceueili de M. Thibaudemi répond parl^ifement à la beauté du lieu. La conduite ferme et courageuse q|i11 a tenue dans la révcJutîon, lui a ac^|ub Testime des bons citoyens. Il a^ souvent ha- sardé sa vie potir combattre les désastreuses opinions des bommes^ qui gotcnemoient alors la France i son énergie leur a arraché plusieurs victimes ; et plus d'uit proscrit lui doit sa^ fortune et soii existence. Sa généreuse éloquence a obtenu la révocation de plttsf^i»^ lois révolutionnaires. II a fait rendre des décrets importans pour les bibliothèque3 , le musée d'histoire naturelle^ et tous les établîssemens d'instruc-» don. L'Empereur a récompensé ses talens.et son zèle en rappelant à soa conseil , et en lui confiant l'admis nistration d'un des plus beaux départemens de la Tome III 7.

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354 CHAPITRE *tXXXVIII.

France. M. Thibaudeau a un grand amour pour le irar vail et une faciihé extrême pour le§ affaires : il parle; avec grâce. II s'occupe beaucoup des établissement publics ; il s'attache particulièrement à ceux qui. sont consacrés à la bienfaisance et à , rinstructiqn : le musée, la bibliothèque ^ le jardin bot^niquç, l'aca- démie , lui doivent leur institutioa ou leur rétablisse- ment. J'avois eu l'avantage de connoître particulière- ment à Paris M.. Thibaudeau ; mais l'accueil que j'eq reçu y a changé cette liaison en amitié, 11 m'a procuré plusieurs dessins des monumens du musée » et beau-i coup de renseîgnemens utiles ; et les services^ qu'il m'a rendus, méritent toute ma reconnoissance»

Je passai chez lui quelques jours ^ pendant lesquels •n vint nous inviter à aller à u(i trin : c'est ainsi qu'on nomme à Marseille Ja iète patronale d'une commune. Les amis , les parens des habitans , et iioe foule de ctnrieux , s'y rendent de dix lieues à laronde* Nous avons vu qu'on la nomme aussi Rournavagi ou Romerûge[\).

La matinée, jusqu'à midi, est consacrée à la célé* bration de l'office divin : le curé , accompagné de ses assistans , passe au son des cloches sous des }>ortiques de verdure , et va dire la messe au grand autel, qui est paré de fleurs. A midi , le tambourin se fait en* tendre; les farandoules commencent: viennent ensuite

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(i) Snprà, p. 34<».

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ies osmrfes^, 4pà soAt le principal divertissetnent de cette fête ; elles se font avec des chevaux , des ânes ^ et'jsiir^tout ées mulets.

. On pfomène dans tes jours précédens, pour annon- cer la fête, un caparaçon de mulet , orné de broderies en laine, souvent plaqué de mcwfceaux'de verre de ' différentes couleurs , et entouré d'argent feux : c'est le prix d^s«iné*au vainqueur ; cependant ce prix se rachète moyem^ant une somme, et le caparaçon est revendu à d'autres villages et sert dans plusieurs occasions semblables. Ceux qui promènent le prix ^ sont accompagnés de tambourins ; Tun d'eux quête pour ies frais de la i^te. Ce caparaçon a toutes ses pièces , jusqu'à la muselière , en sparterie. On porte aussi , suspendus à^ titie grande perche par des noeuds d€r rubans ,4es autres objets qui doivent être le prbt diss-difi^ens j€^x»

Ces jeux commencent presque toujours deux oa ^iV>îs heures *pte^ tard qu'ils nV)nt été annoncés. C($inme dans les fêtes du pagaïusme et celles du moyen âge , ils . sont précédés de cérémonies rdî-^ gieuses; le curé bénit solennellement les animaux qui doivent disputer le prix*^

II y a aussi des courses d'hommes, et même de jeunes filles : les courses de ceHes -cr rappellent à ^Imagination ceHes des jeunes fiHes de la Grèce ; mais ies modernes Atabntes sont chargées de lourds ju* pons , dans lesquels le vent forme des plis roides et

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grossiers ; aucun ^cul{>teaf ne les dbôiskoit poar^éei modèles de grâce et de légèreté.

Ces courses s^exécutent d^ plusieurs manières»: Outre celle qui a lieu dans vUi champ plat et laiî^ on dispute encore le prix de la vitesse sur un terrain indiné qu'il faut monter <ïu descendre: tjuelquefom la course a lieu dans un terrain nouvellement labouré ; ^elqueSiûs aussi les coureurs iiont'envebp^és. dans nwi ^c dontPouverture est attachée autour deleur<x>ui Jjes prix adjugés aux vainqueurs soc^t tine échupe de soie avec une dentelle d'argeht, un beau plat d'étain^ tine paire de bas de soie, un chapeau 'ga- lonné^ et d'ai^tres objets dont la gloire du tnorapbd augmente la yaleur.

De nouveaux c^am pSons se .présentent pour wé* liter un de ç^s ft^ dans l'exercice du saut : il faut franchir un fossé, ou passer par-des^is im -tertre de •gazon 9 une h^ie^ une palissade.

UexeKÎce des trois "sauts a lieu prîncipalettiem: dafts le département des Bouches-du-Rhôtie^ et s'eicéoite de cette manière : des liommes ayant Iburrû une course de huit à dix mètres pour.pren<&e leur âan^ partent d'im point iixe, ^t font -à.<:loche-pied trois 3auts en avant ; Ms parcourent^ ordiimiremem dans çe% trob sauts un espace de s^pt \ huit;Biètres.. .

D^autres fois on lie les jambes des 'C<mtendâr4;, «t les efforts qu'ils font pour avança: excitent ifc irire dt$ spectateurs ; il augmente ^-tout iorsqu'uii

'Û6$ champipus^ perdant féquilibiçe ; trébuche et

Le saut n'est pas le seul amusement qtiî rappeUé h. gymnastique des anciens Grecs et ies exercices dans. lesquels ies Gaulois montroient tant ^adresse «t de vigueur;, ovt voit encore des concurrens kijcef d'un, bras vigoureux une bouîe.senrf:)I'abïe au s^oj» [opÀoçJdont parle Homère, ou un palet de fer. Si4e9 antagonistes étoient nus^ leur attitude* contrastées pouiuroit enflammer ie génie d'un autre Myron, et nous aurions peut-être une statuerivafie da Discoboles

Enfin des jeunes gens se partagen-t en deu» bandes^ et font voler en i^ai» un énorme balk>» iju'ils reçoivent et Tenvoient avec de fom brassardiî..

Dans quelques communes ,^ ceé fèteis: sont plus tumultueuses et plus bruyantes» Nous avons vtt comment à Riez f i ) et à Manosque on fait le siège d'une; cjtadeHe de bois* Mais, dans ces)by.eux com-^ bats, s'il arrive quelques accidens fâcheux, e*esâ plus souvent par la: maladresse des assiégés et des assiégeans^ que parla résistance des îins ôw l'achar- nement des autres :. des fusils ,, des- |«stof ets tropr chargés crèvent et occasîonnentdes raafiieurs presqtjè^ înévi^ks , parce qu'il faut toujouis que Sa peii^e set «lêle^u plaisir,, et la douleur à la joie^ ». ' i

, .Après les courses, Ia.fète devient générale: oa-

mmmmmmmtÊmmmSâ^Ja

55* CITAMTRE LXXXyJtU

diante, c^ boit^ on danse; celui qma été ilammé roi de ia fète , pose une couronne de fleurs* sur tt tête de reine qu'il s^est choisie. Ordînaiit^ment un ou deux habitans se chargent de tous les frais de la danse ; et au moyen de la rétribution des éjwngles ( i ), ils y font contribuer ceux qui ont le plus de part à ce divertissement. On paye vingt sous par paquet d'épingles : la plus fine galanterie consiste à offrir chaque fois à sa maîtresse le paquet entier; ceux ^nt la libéralité est moins stnmdéepar fansour, ménagent davantage leur argent, et ne donnent que k moitié du paquet pour une contre-danse. II y a des danseurs à qui il en coûte douze à quinze francs , selon le nombre des contre-danses auxquelles ils prennent part. Pendant tout ce temps , le tambourin et le galoubet se font entendre : on appelle Jiûiet WL galoubet une petite flûte à bec, percée de trois trous seulement, à laquelle on fait rendre tous les torïs.

Ces divers exercices mènent ordinairement jus- qu'à la nuit : alors on va souper. Par malheur , un passe-temps plus fiineste se mêle souvent à ces plai^ sirs innocens et en altère la naïve simplicité : c'est le Jeu. Les défenses les plus sévères n'ont pas eftcote pu réussir à l'empêcher : la cupidité s'alhime , et ft sa fait quelquefois des pertes considérables. Nous

(i) JW/;r^i, tomcll, page I9J,

.AÉÉMx

CHAPITRE LXXXVIII. JJp

vîmes un valet de ferme perdre six louîs qu'il avoît amassés peut-être par plus d'une année de travail. Celui qui a gagné , devient plus avide ; celui qui a perdu, ^e plaint et se fâche : on se querelle, on s'in- jurie, on se bat ; et le théâtre de la joie devient une arène sanglante.

Pannr les danses particulières au pays , nous devons d'abord citer la provenç^tf : c'est une espèce de holero ou de danse mimique, par laquelle on cherche k exprimer Tattrait et le charme del'anwurj mais il s'en faut de beaucoup que cette danse ait inollesse , la grâce et l'abandon des danses portu-^ gaises et espagnoles : nous n'en devons pas juger |>ar la manière dont l'audacieux V«stris et k viv€ Cbevigné, le brillant Duport et sa piquante soeur, dansent la provençale à l'Opéra (i). En Provence, ie danseur et la danseuse, sans songer aux grâces du corps et à la variété des attitudes, ne pensent qu'à montrer la force des hanches et l'agilité des pieds , et souvent ils font des pas surprenans.

La danse vraiment nationale est la farandoulo y qui paroît être grecque d'origine. Dix, vingt, trente , et même cent personnes, se tenant par la maîn, forment une chaîne, les sexes sont quelquefois con- fondus ; cette chaîne alors est menée par un homme

(i) Cette danse a été introduite dans les anciens fragmcns appelés les Fêtes provençales; on la danse aujourd'hui dans la, Dansamanie, Cûlhette à U cour, &c

f z 4

3^0 CHAPITRE hXXXriîU

OU par une femine: d'autres fois la chaîne est endère^ ment composée d'hommes ou de femmes. Lorsque ces bandes joyeuses viennent à se rencontrer , elles passent rapidement Tune devant Pautre en sens con- traire. Tous ceux qui les composent^ sautent au /son du galoubet et du tambourin ^ ou en répétant un air qu'entonne celui qui les conduit : on parcourt ainsi les rues, et l'on vieMt former plusieurs cercles autour du mai ou du gros noyer sous lequel le bai est étabfiw Souvent il arrive que l'impétuosité de la course fait rompre en plusieurs points cette chaîne mobile; on diront alors un ver partagé en différentes parties » dont toutes remuent et paroissént vouloir se re- joindre : en effet , chaque portion de la farandoule se rapproche; les mains désiuiies s^unissem de nou- veau y et la (iaqse recommence.

Le beau bas- relief antique qui est connu sous le nom de danse Borghese (i), représente réellement une espèce de farandoule , dans la manière dont on l'exécute aujourd'hui,

La moresque se danse à Istres; M. Fischer (2} en a distingué quatrç espèces. La première peut être re- gardée comme un balleÈ économique; elle s'appelle les Bergères: les figurans tiennent une faucille, un râteau^ un fuseau, un fléau, ou quelque autre instrument

(i) Villa Pinciana, 5tanza I, pi, i^. (2) Rmenach Hjieres, s, i^8*

i^^^^MM

CHAPITRE LXXXyiII. 3^1

«d'agriculture ou de ménage. La seconde , nommée les Turques^ est une espèce de bal la politique : on se range sur deux files , qui s'avancent l'une vers Tautre avec beaucoup de gravité ; la pantomime semble exprimer que tous ces hommes réunis se consultent sur de grands intérêts. La troisième esr pèce y qui est celle qu'on appelle plus spécialement Jes Moresques , est un ballet sentimental ^ dans lequel les femmes sont pâtées de fleurs, et les hommes ont au genou de petites sonnettes ; les danseurs se cher- chent et se rencontrent avec un plaisir qui annonce ia volupté. Enfin la dernière espèce est un ballet guet' r/Vr> qu'on nomme les Epies : les hommes et les femmes se mêlent vivement et pfîrent l'image d'un combat très-animé. Ce ballet a quelque analogie avec le Bacchu^ber ou la danse armée , dont je parlerai en don- nant la description de Gap. Les rapports de plusieurs de ces danses avçc le boléro ^ et le nom de quelques* unes , doivent faire présumer que ce sont les Sarra^ns qui en ont laissé l'usage en Provence.

Ces réunions durent ordinairement jusqu'au lever du soleil : elles recon^mencent assez souvent le lendemain, mais d'une manière moins bruyante , parce que les sauteurs , les coureurs et les danseurs sont épuisés de fatigue. Enfin chacun retourne chez soi, dans l'espoir de se retrouver bientôt à la fête d'un autre village.

Pendant notre séjour à la Renarde, nous fîmes

5(Î2 CHAPITRE LXXXVIII.

quelques excursions dans tes commune:» de& en vircm^* Nous allâmes un jour k Auriol ^ se fabriquent tous les carreaux qu'on emploie à Marseille et dans les départemens circonvoisins pour paver lés salons et les chambres ; on les nomme malons : quoique ce commerce soit asseiz étendu ^ il est peu productif.

Les habitans de Roçuevûire ( i ) , nous allâmes ensuite , sont très- laborieux ; c'est cette commune intéressante qui fournit à la France et à l'Europe ces mélanges de fruits secs qu'on appeUe/m/'/j de carême^ et vulgairement /es quatre mendians. Les fruits du canton sont la principale base de ce commerce ; mais il y a aussi à Roquevaire des commissionnaires qui réunissent les fruits préparés dans d*autres com- munes des départemens dés Bouches-du-Rhône et du Var , pour les expédier > suivant les demaixles , dans tout l'Empire et cheîs l'étranger.

Nos courses nous menèrent une autre fois à Géme*- nos y maison de plaisance qui appartient à M. d'AJber- tas [z). L'agrément de ce beau lieu l'a rendu xxû objet de curiosité et de promenade pour lès Marseîllois r il est à quatre lieues de Marseille et à une lieue d'Aubagne ; une source qui sort de la montagne de ■"— ' . . . - ^

(i) Rttpes varia, dans fcs chartes.

(a) A une Jieue de Gémaios. est fa chapelk de S, Gàrffiitr^ fameuse par les pèlerinages qu'on y faisoît avant la révolution ; elle vient d'être rouverte : ce lieu est connu dans les anciennes inscriptions sous le nom de Gargarkum,

j

CHAPITRE LXXXVIII. ^6$

S^fint^Pont, fonniitdes^ eamx aboiidafiies quî étoîéiît dirigées avec goût dans le parc de Gémenos. On y voyoît des jets d'eau , uhe* (Cascade, qui entretenoient une délicieuse fraîcheur dans de rians bosquets. Avant d'arriver dans le parc, la source de Saint- Pont arrose dès sa naissance des ombrages magiiiiiques , entou- rés de rochers sauvages ^ fertilise un vaHon d'une <iemi- lieue , et y fait mouvoir un grand nombre d\isines , telles que dés papeteries , des martinets , des moulins à foulon et à farine , qui dépendent de la terre de Gémenos. Cette charmante habitation , qui pourroit rivaliser avec les plus belles maisons de campagne des eïi virons de Paris , a éprouvé |)endant larévolutionde grandes dévastations ; ces dégâts a'oùt point été réparés. Cependant les beautés na^reifes dit site et la richesse des eaux attirent toujours }es étran^* gers et les habitans de .Marseille dans k.parc do Gémenos et dans le vallon de Saint-Pont, qut a été dbanté par le Virgile français. On y voit les laines d'un ancien monastèîe des teligieiises de l'oidre do Che^ux , qui , dans le Xîv.*' siècle , a été trzmfété à Hyères : l'élise subsiste encore.

«MriMfWkMMarii»

3

■3*54

CHAPITRE LXXXIX.

AubAGNE» Excursion à Tarenta j €rt - ce Fàneîcit Tauroentum! —Fouilles' faites par M* Marin. Nou- velles fouilles faîtes pap M. Tbibaudea». Mosaïquesi^ Sarcophages. Résultat de ces recherches^ Sable mouvant. Astragale. Scarabée sacré. LesLèqjues.

La Cadière. La Ciotat. Prud'hommes^

La Bîguo, La Targuo, Pêcheurs. Ile-Verte,. Cap de TAigle. Grotte de corail. Comédiens. Théâtre provençal. Vin muscats

xjE 24 messidor, nous partîmes de la Renarde pour aller visiter le lieu Ton place communément l'ancienne ville de Tauroentum. Le préfet étoit ad- compagne de quelques - uns^ de ses secrétaires j de M. Gervaise y directeur des contributions ; de M. Maggi , chargé de la levée du cadastre y et (Je JA' Brack, dont j'ai déjà parlé. Nous suivîmes la route de Marseille à Toulon jusqu'à Aubagne^ Ton recueille un très-bon vin muscat', et il se fait des poteries de terre, Lar culture gagneroit beaucoup à la suppression de deux moulins à farine qui détour^ nent les eaux de l'Huveaune y dont on ne peut &ire usage pendant quatre jours consécutif de chaque semaine ; les productions de la terre périssent de sécheresse au milieu des eaux qui devroient ies^ abreuver. Les maiscms d'Aubagne s'étendent^ dans.

-■ ^

Wi assez ïong 'espace , sur les deux bords du grand chemÎH, CVst dans cette vHIe qu'est le PI ^Sicard^' ce vartufeux missionnaire . auquel nous devons des^ notions intéressantes sur TEgypte , et qui , aprè$ avoir déployé le zèle ardent d'un apôtre et l'éru* dition d'un savant , mourut au Caire en servant les pestifi^rés. Mais Aubagne doit sur-tout se glorifier d'avoir vu naître l'illustre Barthélémy , à qui f ai eu i'honnei|]: ^e succéder dans Ja garde du c^iiiet des médailles^ sans avoir la gloire cte ie remplacer i.

À quelque distance de: , nous traversâmes un pays sablonn^ipc. Le bois qu'on en tire est très^utilef pour le.^auâfage de Toulon et de Marseille ; car il y apeUj^je c^ combustibfe icfons le département des Bouchesrd^^hÔne , et il s^^iit ' trop coûteux d'tm faire arriver psir terre du <iéçactei»ent.duiyar rnéan-* moins les parties, jde ç^ ^département qui avoisinent les côtes , concourent avec la Corse et la Sardaigne à compléter l'approvisionnement de cette grande até.

L'âpreté du chemin nous força bientôt de mefS^ pied à terre; et après avoir ainsi fait une lieue, nous entrâmes dans /^z C/(>^tf/.

Le bateau de la douane étoit prêt pour nous rece« vdr ; mais les prud'hommes rinrjait en députatîôn ré^ damer l'honneur de conduire eux-mêmes leur préfet, et il dut leur accorder la préférence. Ces braves; gens avoient leur grand coutume , c'est-k-dire qu'ils

j66 CHAPITRE LXXXIX»'

étoîent vêtus <Fun habit noir complet à la française : ceux qui dévoient ramer , s'en dépouillèrent poui? «'être point gênés dans cet exercice pénible ; te pilote garda le sien , et s*einpara du gouvernail, qu'A étoit 'singulier de voir entre les mains d'un homme en costume de cérémonie.

, Après avoir traversé le golfe des Lèqufs , noul descendîmes au iieu appelé Tûrento, Ton pense qu'jétoît située autrefois l'ancienne Tauroeïs , qu'on nomme vulgairement Tauroentum (*)* H s'est élevé des difficultés sur ce pointa géographie ; on a pré-^ tendu que ce lieu n'a point existé la tradition le place. Les uns veulent que Tauroeis ait été au cap Skies (a), les autres au cap Cepé (3). (^lelquieis sa- Y^w I!ont i:herchée dans k golfe de Toulon {4) T d'^AUnes enfin ont pensé quec'étoit Toulon même ( 5 ).

- (i) Ilest aisé <îc voir qu'on a prîs pour le nom du ïicu Paccusatif 4^ ce memje nom; Tampeis, ça grec 1 fait Tauroetm kV^ccasaXif', et c'est à ce cas qu*f ! a été employé par César. En le mettant aif nominatif, on en aura fait Tauroentum , nom qui est devenu celui /^tt casteHum; on a dit ensuite, par corruption , Taurentum; et les balritans rappellent aujourd'iiui Tarento,

(2) Peut-être à l'île Embiés. M ANNERT, Gtographit dn Griechc^ und Rotmer; 2."' theil, i.**?* heft, s. 79.

(3) AcHAHD, Mémohrt sur Tauroentum, dans les Mémoires de l'iicaéâme de ÂLvseiUe , tome fil , page 1 84.

(4) Le hras de Saint-George et TÉvescat. Wesseling, Ad itiner, Antonit^i, p. 506. Oberlin^ CjUSAR, Comment, de beîlà civîîi , Il , 4.

' {f^\ Samson et BoutHE.

CHAFITRE LXXXrX. 3(^7

li e$^ plus at$é de combattre le sentiment; qui place Tancieiine Tauroeis à Tarento , que d'appuyer par des preuves les sentimens opposés , puisqu'on n'a pour indices quç dç$ distances et des mesures incertaines, L'^nfiqu^ tradition , la conformité des noms , la déci- sion dp célèbre géographe d'Anville , ont formé l'opi- nion la ^s généralement reçue; mais on ne sauroit avoir, sur ce point, une parâite conviction.

Jn^o^înç ii^ Tauraeis étoit fort ancienne. - Des PhpcéeJD$ , dont le navire àvoit été séparé de leur flQtlç^ abordèrent sur cette plage , et y fondèrent cet établiss^inerii , qui reçut son nom de la figwre de taureau qui leur servoit d'êmeîgne. Ce lieu paroît n'avoir jamais été bien ilomsant : il étoit seulement destiné à la défense 4e la côte ; et la dénomination 4e fûsullum que lui idbnne César , porte à croire que de soft temps ce n'étoit fJus qu'une forte- resse. :

- .M. JVbùiti lut , en 178 1^ à Facadémie de Mar- seille, un mémoire qu'il a fait imprimer depuis (i) , ^ dans lequel il affirme «que Fancien Tauroentum occupoit l'emplacement que la tradition lui assigne : TJL prétend même , en suivalit fes découvertes qui y ont été Élites , retrouver la ville , la citadelle , le théâtre ^ les bains publics ; établissemens que ce lieu

n'a jamais possédés , et dont nous n'avons pu , mât^ gré les recherches les plus attentives , apercevoir la moindre trace*

La lecmre du mémoire de M. MaHn engagea M. Tiiibaudeau à visiter ^ au commencement de Tan 1 804) les ruines décrites par cet académicien ; et la découverte d'une mosaïque donnant de noa* velles espérances , il fit reprendre les fouilleis à ses frais : elles furent faites avec toute Tactivîtè et I'in<^ telligence possit>ies , sous la direction de M, Magioird Olivier, de la Ciotat , membre du conseil du dépar-* tement* M. Magloire Olivier a fait d'excellentes émdes ( t y; ii aime les recherches historiques ; il desi* roit voir confirmer un^ ait avancé par son ancien ami M. Marin, et curieux pour sa patrie. Ces travaux , conduits d'après lés plans donhés par M. Marin /ont ùh découvrir une grande quantité de bâtimens qui n'avoient point encore été aperçus, et qui se iient à présent aux pièces qu^il avoit dé* crites.

Nous suivîmes les détails de ces fbuifles avec M. Thibaudeau ; et voici ce que nous avons remar^ que de plus intéressant. Les bâtimens mis à décou- vert occupent un emplacement d'environ treize mille cinq cent quatre-vingt-neuf mètres carrés ;^ ils se composent d'environ soixante pièces différentes , qui

(i) Pendant le séjour qu'il a fait à Paris comme président d'un conseil électoral » il a harangué sa Sainteté en latin,

se

CHÂÎ>ÏTRE LXXSCÏX. ^6y

«^€DWîiTmnîquent ou sont attenantes, et forment une seule masse ( i )^

H seroit trop ïong et superflu de décrire chacune •de ces pièces et leurs communications; il suffit d*en donner une idée générale. La principale a cent «quarante pieds de long et quarante de large ; elle est divisée , dans toute sa longueur , en deux parties , far une assise de pierres de taille , de niveau avec le pavé, et par un canal d'un pied de large, séparé de I^ssîse de piefres de taille par un mur de cinq pieds de haut et de sept pouces de large , en briques posées de. champ. %

La partie le ïong de laquelle îï règne plusieurs pièces, a dix huit pouces de largeur; elle est pavée «n mosaïque : toutes les pièces ont leur entrée sur cette galerie* Divers canaux eldes aqueducs traversent ces bâtimens ; on y a aussi trouvé des tuyaux de plomb qui àmérioîent les eaux des sources qui sont svr la montagne. Ces aqueducs sont bien construits;' mais on ne peut les suivre que quelques pas , à cause des éboulemehs qui les ont encombrés* Ces ouvrages se terminent à la mer.

Les murs des différentes pièces sont peints ea couleur rouge, bleue, jaune ou verte, tantôt unie,

(i) M, ThibauJeau en a fendu compte dans son A^emoire sut Tawromtum , imptimé dam \t tome lU des MéMoirts de Vacddémh de Marseille, Ces recherches nous ayant été communes, f«n^ prunterai quelquefois ses propres expressions.

Tome III. A a

370 CHAPITRE LXXXIX.

» tantôt avec des compartimens ou des arabesques : ces couleurs sont encoj^e très-vives , et elles sont em- ployées avec plus de goût que dans ia grande gale- rie, qui est pourtant couverte de peintures à fresque représentant des arbres et des animaux plus grands que nature , parmi lesquels nous reconnûmes un chien , un lion , un léopard et un taureau ; ceT qui peut faire croire qu'on y avoit figuré une chasse, ou un combat d'animaux.

Les mosaïques qu'on y a trouvées , présentent , en général , un fond blanc et une bordure bleue simple ou do^e : on n'en a vu que deux q^i eussent des dessins ; Tune, découverte par M. Ma- rin , a été détruite depuis ; l'autre est menacée du même sort , si M. le préfet ne la fait enlever , quoi- qu'on ait eu soin de la recouvrir de plusieurs pieds de sable. On remarque sur cette dernière un enca- drement formé d'enrôulemens gracieux ; à chaque coin il y a un calithare, ou vase à deux anses, d'une forme élégante. Les ouvriers prétendent qu'on y voyoit autrefois un serpent : peut-être y avoit-il aussi une ciste d'où ii sortoit ; ces attributs bachiques au- roient été fort convenables pour une salle à manger. Cette mosaïque a été endommagée , en quelques endroits, par les racines de Y astragale marseilloisi qui s'y sont fait jour.

Tous ces édifices n'avoîent point été découverts au temps de M. Marin : ceux qu'il a connus sont

CHAPITRE LXXXIX. «371

sur le bord de la mer. On y voit une longue suite de bases de colonnes alignées ; ce qui annonce assurément l'ancienne existence d'un portique. On trouve encore une salle carrée de cette forme | ^ ; niche ronde qui la termine , a être destinée à une statue. Le pavé est formé d'un ciment ferme et grisâtre, dans lequel on a implanté symétrique- ment des rhombes de pierre d'une couleur plus foncée. On voit encore des ruines d'édifices sur les rochers la mer vient se brber.

Une pièce ouverte dans le rocher présente deux sarcophages ; i'un bien conservé , et l'autre mutilé ; ils sont placés ainsi :

, Sarcophage mutité.

I

L.

O U

WD

Entrée.

Tous deux sont en pierres communes, et dévoient être à-peu-près semblables. La face de celui qui est conservé, a, dans son milieu , une rosace, entre des cannelures sinueuses nommées strigiles, comme on en voit depuis le lll.* siècle ; il étoit soutenu par une plinthe en marbre décorée d'une rangée de ces

Aa a

57^ t:nAï>ïtnK ^xxxlx^

petits l)6udîers qu'on appelle parma ; elfe avoît arradiée, et nous ia vîmes sur le toit d'tm pècheur> Ce tombeau est dans la prc^riété de M. Darquier, t]ui Ta découvert.

II y avoit sur -un de <es tombeaux une ins^ttk •on ilsoit :

PAT>ERNA QVINtTlAïiïl C05

«Cettte -frise a été transportée à près d'an mffle, k la batterie; et li rfen existe plus que<:ette portion de mot, viNCTiANï, Comme la date du consulat imanque , oh ne peut savoir dans que! temps a vécu ce Quînctianus ; mais il est probable que^ces deux tom- beaux sont le sien et celui de son épouse i>u de sa £lIePaterna.

D'après ces détails sur les édifices qui restent à Tarento, il est aisé de juger que rien ne favorise Topinion que c'ait été l'ancien Tauroentum , si l'on veut que cette ville ait eu quelque importance : on n'y voit ni théâtre , ni cirque, ni gymnase ^ ni place publique ; et l'on ne peut supposer qu'une colonie marseilloîse ait vécu dans des huttes , comme les habitans de quelques [Kirties de Tinlérieur des Gaules*

Parmi les fragmens d'antiquités que les fouilles ont fait découvrir, on distingue une tète de femme, un torse de Bacchus , que M. Marin a remis à M. Thibaudeau; des frises , des moirfures de marbre, une colonne , des tronçons et des bases de colonnes de marbre et de granit. Il est à reftiarquer qu'à

, .CHAPITRE XXXXfX*^ ^75

Fréjùs, â Ant3>es, à Nice^ sur toute cette côte ,. tous les restes de monumens sont «n pierre du pays^ appelée pierre froide ; on n'y trouve presque pas de marbre : à Tarento, au coiïtraîre ,Je marbre est très- abondant ; outre des colonnes entières , on rencontre ^ une grande quantité de petits morceaux de marbre blanc très-minces qui ont servi pour des pavés , des revêtemens de murs y ou pour la couverture de toitr et de terrasses ; ii y a aussi des fragmens de granit, et de rouge antique, marbre (Ju'on ne trouve employé que depuis ie temps cfes empereurs romains. Cett* richesse de matériaux fortifie l'opinion que ce lieu ^étoit une maison de campagne : on sait avec quelle profusion tes Romains aimoient à embellir lemsvil/a de marLres précieux ; et le voisinage de la mer avoit procuré à Quinctknus la possibilité d'en feire venîi: à peu de frais.

J'ai rapporté un ftagraent de ciment,, dans fequef H y a une grande quantité de marbre concassé ; ies reflets spathiques des grains^ de marbre et la couleur rouge du ciment donnent à ce mélange d'une dureté coiîsidérabFe , l'apparence du por- phyre i on pourroit l'employer avec succès dans nos^ édifices.

On trouve dés briques: de toutes les formes^ rondes , carrées , longues; quelques-unes avec le nom du fabricant : nous en vîmes on lisoît ces mots, jMARl. EVRAS. F. ; nous remarquâmes sur-

Aa 3

'374 CHAPITRE Lxxxix;

tout des briques triangulaires arrondies sur une de

leur faces .^ "^^ ; la réunion de quatre de ces

briques iforme un disque

Ces briques paroissent avoir été destinées à faire des colonnes , et peuvent être utiles pour ce genre de construction.

Le nombre considérable de fragment de cette es- pèce de poterie rouge si commune dans les Gaules, peut faire présumer qu'il y en avoit une &brique dans les environs ( i ) . On n'en a pas trouvé une seule pièce entière ; on retire seulement de terre , mais en petit nombre , des lampes , des morceaux de verre , des iacrymatoires, des amphores, des strigiles, et d'autres

(i) M. GriVAUD, dans sa Description des antiquités trouvées dans hs jardins du Sénat, a très-bien trahé de ces sortes de vases ^ de leur forme^et de leur fabrication.

CHAPITRE LXXXIX. Î7Î

testrumens de bronze du genre de ceux qui se ren- contrent ordinairenaent dans ces sortes de fouilles.

La distribution de ces édifices , le luxe et la ri- chesse des ornemens dont on rencontre des indices , tout fait croire que étoit, non pas la ville de Tau-- roentum , mais une de ces charmantes habitations que les Romains aimoient passionnément , et pour l'embellissement desquelles ils faisoient des dépenses excessives. Ces habitations étoîent, comme celle- \ ci , bâties sur le penchant des collines ; on recher- choit sur-tout le voisinage et la vue de la mer : elfes étoient partagées en trois corps; la villa rustica^ qui étoit la maison destinée aux ouvriers et aux détails de la culture 5 la villa fructuaria , étoient les gre- niers, les celliers, et Ton conservoit les liquides et les fiuits ; enfin la villa urbana, qui étoit l'habi- tation du maître. Les colonnes, les marbres, étoient destinés à prner cet'te partie de la villa de Quinctianus , et à former un portique , une galerie couverte , d'où i'on jouissoit de la vue de la mer. On sait qu'à la villa rustica on joîgnoit souvent un petit temple , et que ces édifices étoient , en général , accompagnés de I;||au- coup de chambres attenantes à une grande galerie.

II est très-probable que le propriétaire de cette belle habitation étoit ce Quinctianus dont nous avons vu le tombeau et celui de sa fille ou de sa femme

Paterna. La forme de ces tombeaux , l'usage des mo-

».

saïques, les médailles, découvertes, qui ont toutes

A a 4

^7(5 CHAMTRE LXXXIX^

des têtes depuis Claude jusqu'à Décence ( i ) ^^oÎTcnt faire présumer que ce Romain y qui peut-être exer- çait une magistrature dans ïe pays , a vécu dans te iv/ siècle de notre ère; et c'est à cette époque, je croîs y qu'il faut placer la construction de ces bâtif- mens. Je seroîs porté à croire que la villa urbana de Quinctianus étoit sui te bord de laf mer^ au.Ketf M. Marin a trouvé un portique ^ et que sa villa rustka étoit plus loin y àfendroit Tfaibaudeau a découvert une suite de pièces attenantes à une galerie : Quinctianus aura fait crèusep dans te rocher^ près de son habitation y un tombeau pouv recevoir son sarcophage et ceki de son épouse»

Quant au temps cette villa à éxé détruite y oit ne peut pas même hasarder une conjecture; mais on peut deviner plus aisément quelles sont tes causes qui en ont amené ta ruine ; abandonnée dans un temps de trouble, cette Ii^bitation auiaété pillée ^ comme Tont été depuis quelques années Tourves et la Tour-d" Aiguës, dont il ne restera bientôt plus de vestiges ; te sable a recouvert ensuite ce que tés spoliateurs n'avoient pas emporté. Tout ce qui étoi^ entier, jusqu'aux cotonnes.de l'édifice, ayant été entevé, on doit en conclure que cette spoËation s'est opérée par succession de temps ; car ceux qui

(i) Ôtt na trouvé que deux monnoies marseilioiscs ; et ii est probable qu'on en^ auroit découvert davantage^ si ToB eût été iur i/emp!acement de l'ancien TauroentuM^

-^ - ^-- -^-^-^.«^^-a^i-^

CHAPITRE hXXXlX. 377

^ent une catastrophe quelconque , ne songent pas à emporter des statues et des colonnes.

Lorsque le mistral souffle dans toute sa force , H élève avec tant d'impétuosité les flots sur cette côte, qu'on croiroit que c'est l'effet d'une haute marée ; et ils ne se retirent qu'en déposant sur le rivage une grande quantité de sable. A mesure que ce sable s'amoncelle , il sèche , et n^est plus qu'une poussière impalpable que le vent pousse avec une extrême facilité ; le mistral en fait rçuler des couches entières les unes sur les autres ^ jusque sut le sommet de la montagne , qui est pourtant assez élevé : ces mon^ ce^ùx de poussière ne redescendent que lorsque les pluies les entraînent, ou qu'ils sont pcHissés pal^ le vent contraire ; mais ils ne retournent point jusqu'à la mer. Les arbustes , les arbres même , sont recou^ verts de ce .sable mouvant ; et des hommes qui , lorsque le mistral souffle , oseroient rester sur le pen- chant de cette colline , risquerc^ent d'être bientôt engloutis. C'est le mistral qui a riecouvert de douze à quinze pieds de sable les ruii^es dont |e viens dt parler.

Cette plage aride est tapissée de cette espèce d'astragale ( i ) qui forme d'énormes touffes rondes dont les boules sont hérissées d'épît>es : cette plante est appelée dans le pays asseti di capelan [ chaise de

( I ] Astragaîus massiliensis.

378 CHAPITRE LXXXIX.

^ prêtre ] ; les longues épines dont elle est armée , ne

doivent cependant pas en faire un siège fort com- mode. Nous étions assaillis par une quantité consi* dérablç de gros insectes noirs : c'est ie scarabée sacré ( i ) , auquel les Égyptiens ofFroîent un culte ; on le trouve assez communément en Provence et en Languedoc. J^observai deux de ces insectes occupés , à remonter leur boule de terre : l'un rouloit la boule sur une élévation , et l'autre se tenoit derrière lui , et paroissoit vouloir ie soutenir , et , pour ainsi dire , le pousser ; mais plusieurs fois la boule échappa , et entraîna les deux scarabées en bas de la petite col- line de sable.

II n'y a que cette portion de terrain qui reçoive le sable entraîné par la mer et poussé par le mistral : tout le golfe des Lèques est bien planté en vignes, et un joli bois couvre le cap est placée la bat- terie. Derrière Tarento est un grand marais, appelé la Palu, qui conduit à la Cadiere, lieu dont le nom rappelle Tindécent procès du P. Girard, accusé d'avoir séduit sa belle pénitente.

Nous retournâmes à la Ciotat , et nous suivîmes M. le préfet au tribunal des prud'hommes , pour les remercier de leur bonne réception : leur salle est dé- corée d'un portrait en pied de l'Empereur. Cette pein- ture atteste plutôt le désir qu'ont ces braves gens de

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( i) Scarahaus sacer.

CHAPITRE LXXXIX. 379

posséder Kmage de leur souverain , qu'elle ne prouve le talent de celui qui Fa exécutée.

C'est une curieuse et intéressante institution que celle des prud'hommes. On appelle ainsi une cor- poration formée entre les pêcheurs , laquelle exerce sur toute cette caste honnête et laborieuse une juri- diction dont les jugemens sont toujours dictés par la pïus stricte équité , et exécutés avec la plus scrupu- leuse soumission. Il y a des prud'hommes à Marseille , à la Ciotat et à Martigues. Les quatre prud'homales et leurs suppléans sont élus tous les ans le jour de la Pentecôte, en présence du maire : on les choisît ordinairement parmi ceux des anciens dont le sens droit et la probité sont reconnus. Leur tribunal a ie nom de juridiction des prud'hommes pêcheurs. Ils portent l'habit français noir : tous ont de plus une robe de palais quand ils tiennent leurs assises. Ils connoissent de toutes les contestations i^elatives à la pêche. Les procès ne durent pas long-temps; chacun explique soi-même naïvement ses raisons : les friais ne sont pas considérables non plus ; chaque partie donne une pièce de deux sous. Les juges écoutent attentivement : leur décision est toujours sag« ; et le président l'exprime en disant à celui dont la plainte n'est pas fondée , la ley vous coundano : toute la sen- tence est comprise dans ces seuls mots , et personne ne peut appeler de c^t arrêt; jamais on n'en attaqua la justice. Cette belle institution date du x/ siècle :

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^8o CHAPITRE LXXXIX.

elTe reçut du roi René y en 1 4/ 1 » son organisation définitive; elle s^est maintenue pendant la révolution^ et a conservé ses archives. Combien il seroit à désirer que tous les procès pussent être jugés avec la même facilité 1 II semble que la raison et h justice se soient réfugiées parmi les pêcheurs.

J ai déjà dit qu'on regarde ies pécheurs comme tm reste des anciens Phocéens : cette idée n'est pas fus te; mais ii est certain qu'ils^ ont une droiture, un sens, une énergie y un kngage , des chanscxis^ des moeurs et des usages , qui leur sont particuliers.. Ils. s'allient toujours entre eux.

Leurs jeux ont quelque chose de vif et de sin- gulier. Un des plus communs est lajoûte, espèce de combat qui s'exécute dans le port^ comme nos joutes sur Teau au Gros- Caillou et à la RÂpée: mais^ outre sa lance , le jouteur est armé d'un petit bou- clier sur lequel il reçoit le coup de son adversaire; ce qui le jM-éserve des contusions y et donne à cet amusement un caractère plus guerrier.

Il faut voir avec quelle adresse les jeunes pécheurs montent au mat de cocagne , pour se saisir du prix qu'on y a suspendu. Cet exercice rend leursmembres- plus agiles, et les dispose à grimper aux mâts el suip les antennes ; peut - être lui devront-ils leur con- servation dans ime tempête. Il s'appelle la bigue^ Celui qu'on nomme la targm, consiste i marcher sur un mât incliné vers la mer, et fortement enduit

CHAPITRE LXXXIX. 3*1

^e siiîf ; îl faut aller pieds nus sur cette perche ^glis^nte, et saisk le prix qui est suspendu près <Ie son extrémité. On sent combien les chutes sont fréquentes , «t chacune excite ie rire des specta- teurs. C^i (pii tombe dans la mer, nage et vient reprerjdre une place derrière les autres , et ainsi suc^ cessivement.. Enfin le frottement continuel fait dis*- paroitre {a graisse , et le prix est remporté au bruit des acclamations.

C'est un coupKTœil plein d'intérêt que de voir le départ des pécheurs , de contempler la mer couverte tie ces Ijardis navigateurs dans leurs frêles barques ; c'est sur-tout dans un beau soir , c'est au clair de la lune, que ce spectacle est ravissant. II n'est pas moins curieux de les vcât revenir à pleines voiler ou à force de rames , et se presser à Tenvi d'atteindre !e rivage avec leurs corbeilles remplies de poisson Les quais sont bordés de ceux qui veulent en acheter les premiers. Les pêcheurs débarquent leurs filets, et les étendent pour les fiiire sécher; leurs femmes , leurs fîUes , les attendent , et les con-^ duîsent à la chaumière, ils trouvent le plus grand des biens pour l'homme pauvre et laborieux, sommeil et le repos. Ces scènes pittoresques ont exercé les pinceaux des plus grands maîtres ; çlles font le charme de ces jolis tableaux qu'on appelle des marines.

La Ciotat est une ville moderne ; on a^t

-I

382 CHAPITRE LXXXIX.

qu'elle doit son origine U quelques pêcheurs cata- lans : elle a commencé seulement à acquérir quelque importance dans le Xiv/ siècle; son nom signifie y il le (i). Ses habitans se livrent au commerce, à la pêche, à la construction des navires; <mais le voisi- nage de Marseille empêchera que cette petite viUe ne prenne jamais un grand accroissement. II n'y a dans son enceinte que deux puits d'une eau saumâtre ; mais Iz, fontaine du Pré, qui coule à peu de distance , fournit uiie eau claire et limpide. II seroit très- facile de la conduire jusqu'à la ville ; mais on s'y est toujours re- fusé, pour ne pas ôterles moyens de subsister aux femmes qui sont continuellement occupées au trans- port de cette eau. Ce n'est pas une preuve d'une sage administration municipale ; il seroit plus con- venable d'établir des fontaines dans les rues , et de procurer aux femmes et aux enfàns une occupation qui tournât davantage au profit de la commune.

La ville est bâtie sur le roc : la principale forte- resse s'appele lou Berouard, c'est-à-dire, le Boule- y art (a).

L'abbé Durand, auteur de Cantiques spirituels ; le pauvre Pellegrin, qui dînoit de l'autel et soupoit du théâtre ; Joseph Seguin , auteur des Antiquités

(1] On a dit d'abord Sieutat, ensuite Cieutat, puis Cioaiaf, enfin Ciotat,

(2) Beloardus, dont on a fait Beloard, puis Berouard,

CHAPITRE LXXXIX. jSj

d'Atles, étoient de la Ciotat. Le doyen actuel' dçs gens de lettres, M. Marin, qui à Tâge de quatre* vingt -dix ans conserve encore toute la vigueur et la gaieté de son esprit , a écrit l'histoire de cei;te ville , sa famille a toujours tenu un rang distingué.

Pans une petite promenade sur mer, nous pas- sâmes entre le cap de TAigle et une île peu consi- dérable qu'on appelle très-improprement l'île Verte y car elle est nue et couverte seulement de mousses et d'algues marines : on y va quelquefois manger dit poisson. Ce lieu paroît avoir été détaché du cap appelé aujourd'hui le JVr, et qui est cité dans les anciens auteurs sous le nom de Promontoire de l* Aigle: en effet, la partie qui s'avance dans la mer, a encore la configuration d'une tête, d'aigle. Plus loin est un autre rocher en saillie appelé le Capucin , Ton prétend qu'il y a une grotte de corail ; quelques personnes crédules ont déjà hasardé leur fortune et leur vie pour s'emparer des prétendus trésors qu'elle contient.

II y avoit des comédiens à la Ciotat , et ils jouoient quelquefois des pièces marseilloises : nous ne pûmes y assister ; mais cela me donna occasion de faire quelques recherches sur le théâtre provençal. Les anciens troubadours ont composé des tessons, espèces de dialogues qu'on voudroit inutilement décorer du titre de comédies, puisqu'on n'y retrouve rien de ce

*

384 CHAÏ>ITRÉ LXXXtX.

qui constitue un drame : ce sont des conversations en vers sur des sujets d'amour et ^uelquefob de ^politique ; il y est question de guerres et des croi- sades (i). ' ^ Les' drames pieux que ïe roi René a fait repré- senter en Provence et à Avignon , ont été composés' en français > et le plus souvent par Michel d'Angers , auteur de plusieurs pièces saintes ; l'Homme mondain ^ qu'il fit aussi représenter, étoit également écrit en français; On n*a ensuite joué que des pièces du théâtre français , et ce n*est que fort tard qu'on a fait* des drames en provençal. On a composé à Aix, à Arles , à Avignon , des pièces écrites en cette langue, IBais selon le dialecte de ces contrées ; on ne conndît

(r) PaULET, de Marseille, dont ia vie n'a pas été pubiiée, et dont les poésies n^en sont pas moins dignes d'être conservées , yîvoit à la fin du XI II.* siècle ; i! étoit contemporain de Charles IJ* d'Anjou. Accoutumé, ainsi que Tétoient tous les Provençaux, à fa domination douce et patemelfe des anciens comtes de la maisoit de Barcelone, il ne pouvoit souffrir que des Français fussent venus leur donner des lois et les eussent entrâmes à la conquête lengue et périlleuse du royaume de Naples. Lés guerres deNaples* les impositions, les vexations commises en Provence, et fa prison de Henri de Castille, font les sujets de plusieurs dialogues en. vers provençaux, d^fis lesquels une jeune bergère et Paulet lui- même déclament foHement, mais avec esprit et adresse, t:ontre Charles L*^' , contre fa France , et finissent par faire dts vœux^ pour que f*Espagne dépouille les Français de la Provence. Le, tensoi^ ou dialogue étoit la tournure la plus ordinaire que pre«^ noient les anciens troubadours.

point

pùhA de tragédies d'opéras provençaux qui mé- ritent d^tre citée { i ).

Nous revînmes par Cassis. C'est ïe port que les ilomains appelorçnt Carc'uL II a peu d'étendue; cependant on y construit des barques , et même 'ée petits bâtfm«is marchands, connné à la Ciotat^ 4ont les t:JiaTp€ntiers ont cependant pïus de repu- tation. On y fait un commerce de cabotage^ et l'oii y récolte vn excellent muscat : les figues et sur- tout les grenades tJe Cassis ont une grande répu- tation. Le grenadier est originaire de l'Afrique , d'où 8 a passé dans k Grèce; il y étoit recherché li cause tfe fe beauté de sa fleur et de la bonté de son fruit ? on prétendoit que sa couïeur étoit due au sang du fa* ipouche Acdestes (2)^ La superstition l'avoit consacré x

■!*•

(1) Les pripcipalcs pièces proveirçales toht , l<ftt nàvi Tarât [f^ tiouveau ^arîé en parure , ou paré pour Jes noces ] , en trors aictes, par yirfl)» Co YEN A NT , en 1771 ; 4n F€sios ia. pax [les Fêtes tic la piiix],<Ii«ioguc entreinêfé de prose, de. vers et de ichaftt> joue en 178^ ; la Bienfaisaiïct de Louis XVI, par BLmc Cilles; Jean-Piort Vtngut de ijrûfit ou qu!" Espéra n^apds, pouf ïe même é\étiextitwt\ Moussu Aîaniclo, pu loH Groulîé M esprit [M. Minicle, ou ïe Savetier bel esprit ], par un machiniste d* Marseille, M. Just ; kis doues Coumaires [ les deu^ Commères ] , par iin commissionnaire-chargeur Marseille. On mêle quelque- fois des scènes provençales dans des pièces française?; mai^ qu^nâ CCS scènes ne sont psis jouées par des actrice^ du p*y«^ fsLïigut provençale n'est plus reconnoiisable^ (2 ) ArN OB. Adversàs geHtes,

Tome IIL B b

)86 CHAPITRE tXXXIX«

dans les mains de Jupiter (i) et de Junoti (2) / c'étoit un symbole mystique de l'abondance ; dans celles de Mercure ( }) , c'étoit , à cause des différentes loges ses graines sont cachées , un emblème de l'obscurité du discours : les femmes n'en pouvoient manger pendant la célébration des mystères d'Eleu- sis (4) > parce qu'on croyoit que c'étoit pour ce fruit que Cérès avoit tralii le serment qu'elle avoit fait de ne prendre aucune nourriture avant d'avoir re- trouvé sa fille , enlevée par Pluton. Les Rhodiens sur- tout aimoient à cultiver ce bel arbre; sa fleur sert de type à leurs médailles (5) ; on prétend qu'ils sa- voient en extraire une couleur d'un pourpre rosé pour teindre leur laine; ce secret n'a pas été retrouvé. Son fruit , appelé en Grèce m/n [sidê] , avoit donné son nom à la ville de Side en Pamphylie ; il en est du moins le type parlant sur ses médailles (6) :on le voit aussi sur celles de l'île de Mélos (7). C'est à la forme de la fleux du grenadier que Ton doit un ornement d'architecture qui en a pris son nom (8). Les Romains

(i) AchillesTatius, III, d.

(2) Pausan. II, 17.

(3) Clemens Afcxandr. Strom^ p. ^79.

(4) Clemens Alcxandr. Prom/^r. p. 12.

(j)' Spanheim , de Prastantia numismatum, II , 3 18.

(6) LiEBE, Gotha numaria, p. 195.

(7) HUNTER, C^m/. pi. XXXVI, fig. XXVI, XXVII, XXVIII.

(8) Ltbalustre, du mot /èa^twçtoY [èaiausdonj, parlcqacHc$ Grecs dcsignoicnt la Heur du grenadier.

CHAPITRE LXXXIX. 387

donnèrent à ce fruit ie nom de malum puniçum [ pomme punique] , sans doute parce qu'ils Tavoîent importé lors de leurs guerres contre les Carthaginois : dans des temps plus modernes , ce fruit a reçu le nom de gre- nade , à cause du grand nombre de grains brillans qu'il contient dans ses loges. Le grenadier se répandit dans l'Italie et dans les parties méridionales de la Gaule: il se peut cependant que les habitans de Carcici, tribu- taires des Marseillois, en aient la connoissance aux Grecs , avec lesquels ils faisoient le commerce. Get arbre croît spontanément dans les terrains secs. Le grenadier sauvage (i) a les rameaux épineux , et la plupart des haies en sont formées ; le beau pohceau de sa fleur forme un agréable contraste avec le vert foncé et brillant de ses feuilles : la culture lui fait pro- duîre des variétés qui donnent un fruit doux ou un jGruit acide , et il prend alors le nom de balaustier (2). Les jardins sont ornés d'une variété à fleurs doubles , qu'on rentre dans l'orangerie pendant l'hiver, comme ie grenadier que l'on cultive pour l'agrément dans les jardins des contrées moins méridionales.

La culture du câprier est aussi très-productive ; elle »'étend depuis Cassis jusqu'à Toulon. Cet arbris- seau paroît être originaire de l'Asie, d'où il aura été importé dans la Grèce, et de dans l'Italie et

(1) Punîca spinosa. LamarCK, Flore fiançoise , III, 483.

(2) Punica sauva. DUHAMEL, Arb. pi, 44.

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la Gaule méridionale. Les Grecs lui donnoiem le nom ^e nous lui avons -conservé (i). Le câprier com- mun (i).estla seule espèce de ce genre qui ne soit pas étrangère k l'Europe , et encore 3 n'y vient qu'au moyen de la ciduiye. On le plante en quinconce,«t on le couîrre de terre pendant l'hiver : H fleurit au com- mencement de l'été. Mab pour obtenir la càp« , il £sat préven'ff la floraison; car cVst le bouton tpton appelte ainsi. Les femmes et les enfens sont occupés \ le àwflfir, et jettent leur récohe dans des tonneaux Remplis de vinaigre , l'on ajoute un peu de seL On laisse amû macérer les câpres pendant quarante jours, après lesquds on les passe dans des cribles de ^:uivre : on léontt celles qui sont d'une égale gros- seur; ies plus petites sont les plus recherchées ; «n Renouvelle le vinaigre et le sel , et on met le tout :dans de petits barils. Ce commer<:e est très -lucratif, «arce que la câpre de Provence est <>elle qu'on pré- fère : on la legMde comme Wen supérieure à la câpre de Tunis. On donne le nom de cornichons de câym ;aux fruits que 4'on a laissé rnûrh: , et qui ont été <X)nfit8; ik sont beaucoup plus gros que les câpres. Ce frmt si doux que nous devons à la Grèce ; ■ce fruit qïH étoit tellement cher aux Athéniens (3) ,

{^) Capfarhtpinata.

(j) Ath£N.XIV^ ,«;P«;TARCH-Z>*«(n«-n,îa}.

» A P I T RE EX X X rX.- J Sp.

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qn'îfs avoient prononcé la peine de mort contre cdûi qui en exporterait dans une terre étrangère ; ce fruit dont la beauté fit nahre au roi de Perse le désir de conquérir Theureux sol qui le prodwisoit ( i ) , et qui fournit à Caton (x) Ingénieuse applicadoBrr qui décida ia perte de Carthage , la figue, croît spon- tanément dans tout cet arrondissement. On en fait $écher une grande partie. Si h datte y mûrissoit ^ cette heureuse contrée réuniroît toutes les produc- lions dont Dieù^assara la possession aux Israélit6fr dans la terse promise ( j ) ^

Un clinsat si favorisé de la nature a teujourr kispirer dbs idées riantes et aimabres ^ aussi étoit^ce à peu de distance de Marseille , d^Aubagne et de Cassis, aux châteaux de Signes et de Pierr^fiu yXÇXB se tinrent de célèbres cours d'amour. Ces galans^^ tribunaux dévoient décider les questions que les ^oubadours proposoîent dans de$^ espèces et dis* putes en vers , appelées jeux dt partis t des princes^ renommés par leur prudence et leur valeur (4).

(i) Athen. XIV, i^ ; Plutarch. Àpopfuk, t. lï, p. 173. (a) PlUTARCH. «r Catone, t. ï,. p. y$z.

(3) Let cinq fruits que Dieu ppomit aux Israélites dam fe pays- de Canaan ,. sont ie raisin ,Ja figue» ia grenade, ToKve et i^datu. Voyez Deuter. VIII, 8; Num, XIH , 23. Ce dernier manque seul au territoire de Marseille. Le iivve -des Rois ajoute que diaquc braéiite devoit s'asseoir sous $on propre figiûcr. J^^, m^ 25 ,. xvm, yi 'y,Es, xxxvr,. 6j Alich. iv,.4.

(4) Aiphonse, roi d'Arragon; Richard, roi d^Angfeterre^ l'An» jeteur Frédéric Barbcrouss*.

4

39© CHAPITRE LXXXIX.

ne dédaîgnoîent pas de les présider. Maïs cet hon- neur étoit ordinairement réservé aux dames ; et l'on choisissoit toujours les plus distinguées par l'éclat du rang y l'ancienneté de la naissance et la délicatesse de l'esprit : l'histoire nous a conservé les novfïs de quelques-unes d'entre elles. La Pro- vence cite d'abord Rostagne, dame de Pierrefeu, et Bertrande, dame de Signes. Étiennelte, femme du comte de Baux, et fille de Gerberge, comtesse de Provence , étoit une de celles qui assistoient à ces graves jugemens. On nomme encore Adélasie , iricomtesse d'Avignon ; Alacre , dame d'Ongle; Her- mesinde , dame de Posguières ; Bertrande , dame d'Orgonf; Mabile, dame d'Hyère*; les comtesses de Die et Jausserande de Claustral. Ces cours ëtoiént florissantes et considérées sous les Bérenger ; la belle Laure fut ensuite un des ornemens de la cour d'amour , dans laquelle Ganthelme de Romanil, sa tante ^ tenoit un rang distingué. On y avoit compté , parmi les présidentes , Jeanne , dame de Baux ; Agnès de For- calquier, dame de Tretz; Briande d'Agout, com- tesse de Lune ; Mabîle de Villeneuve , dame de Vence ; Béatrix d'Agout , dame de Sault ; Isoarde de Roque- feuil, dame d'Ansouis; Anne , vicomtesse deTalIard ; Blanche de Flassans; Douce de Mortier, dame de^ Clumang ; Antoinette de Cadçnet , dame de Lam- besc ; Magdeleine de Salon , dame de Salon ; Rixende dePuyvert, dame de Trans. Ces galantes juridictions

CHAPITRE LXXXIX. 39^

subsistèrent long^tempsà fa cour d*Avîgnon; ce fut «alors lepoque de leur résurrection; et les pontifes eux - mêmes les protégèrent. Innocent VI donna aux comtes de Vintimille et de Tende , qui étoient venus le visiter , le spectacle d'une de ces séances , 4ont ils furent émerveillés (i).

Les cours d^amour connoissoient des tracasseries des amans , et de tout ce qui concernoit la galan- terie. Les chevaliers les plus intrépides étoient pré- cisément ceux qui se faisoient le plus de gloire de respecter Jes décisions d'un tribunal formé par les dames , auxquelles ils avoient voué ieuris services et consacré leur vie.

Le retour des papes à Rotne , les malheurs de l'Etat, diminuèrent la pompe et le crédit des cours d'amour, et elles disparurent tout-à-fait ; mais le goût des questions subtiles sur une métaphysique galante dura encore long-temps. Martial d'Auvergne , pro- cureur et notaire à Paris vers le milieu du XV.'' siècle, composa , sous le titre d'Arrêts d'amour, un ouvragé channant, dans lequel il réunît cinquante - une causes : toutes sont le.fruit de son imagination; mars. les traditions des véritables décisions de ces singuliers tribunaux s'étoient encore conservées; et ces arrêts

( I ) Discours sur Us arcs triomphaux drtssis en la ville d'Aix , p. i ^. Consultez, sur les cours d'amour, Touvrage de M. RoLAND» intitulé Recherches, sur les prérogatives des dames che^ les Gaulois et sur ki cours d'amour ; Pairis, 1787 , in- 1 a.

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Jpz CHAPITRE LXXXrX.

fictifs peuvent en faire connoître Tesprît (i)^ iLt prince d'Amour , son Heutenant et ses pages ; que- BOUS avons vus figurer dans la bizarre procession d'Aix; , rappellent encore cette cour autrefois si chérie des Provençaux.

Après cette excursion y nous revînmes à I2 Renarde, nous attendoit f aimable épouse du préfet y qui , dans ie temps de cette galante institu-^ tion^ aurait été jugée digne de présider la cour d'amour; mais les charmes qui b distinguent auroient mis souvent son équité à de rudes épreuves» en k fendant juge et partie.

i*. *i

(1 ) Cet ouvrage est réellement singulier par la forme juridique ^e i*habJie praticien a donnée à chaque cause : tous les termes 4e ia chicane y sont employés de la manière fa plus piquante et la plus ingénieuse; ce qui prouve bien que ce n*est qu*un jeu d'es-» prit. 11 a eu plusreursconmientateurs : ie plus célèbre est LECOURar DE Sawt-Symphorïen , savant jurisconsulte, qui discute avec une plaisante gravité plusieurs passages du galant arrêtiste» dont il soutient on réfute les opinions avec une érudition aussi éton«^ nante par soa étendue que par son emploi , en s'appuyant de i auto^ rite des lois romaines , du droit canonique, des pères de i*Éjgiise, et des poètes grecs et latins. La meilleure édition est celle qui & été dorâée par LeNGLET-DufIUSNOY..

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CHAPITRE XC.

DÉPART de Marseille. Ichthyopètres. •— Clamim.^-» Mausolée Inscription, Arc. —Divers monumens. Saint-Remy. Inscriptions. Culture.

J E quittai avec regret cette belle cité ^ tout annonce l'industrie et respire le plaisir ; mais la foire de Beàucaire alloit commencer , et je ne voulois pas manquer l'occasion d'assister à son ouverture.

Nous passâmes rapidement à Âix ; M. de Saint- Vîncens étoît resté à Marseille ; et séparé peut-être pour toufoufô de cet ami si cher ^ me hâtai d^aban- donner le lieu qu'3 habite , et j'avois eu tant de plaisir à le voir.

La montagne qu'il faut gravir en sortant d'Aiît , fît qu'on appelle AÎ&ntéeitAvign&n ,€Sî toute de gypse; elle contient une gtande quantité d'ich&yt>pètres t pierre est une espèce de schfstë bituhiineux ; iei empreintes sont noires; le^ vertèblres de poissons et les ^étes sont marquées en noit sur un fond jau-^ nâtre. Ces pierres font effervescence avec les acides { la couleur noire dîspiroît d'abord ; il s'exhale lUié odeur de corne brûlée , et elles deviennent enfin blanches. On y reconnoît des poissons qui approchent du genre des dorades ^ des poissons barbus , des

35)4 CHAPITRE XC.

pleuronectes ou poissons plats , mais qui appartiennent sans doute à des genres et à des espèces dont la plupart ont disparu.

Comme la route que nous avions à suivre nous étoit connue, nous courûmes toute la nuit, et nous arrivâmes à Orgon au point du joun Nous ne vou- lûmes point en partir sans revoir encore le beau travail fait pour le canal des Alpines ( i ) . J'en donne ( planche LVi n/ 2) une vue d'après un dessin que fe me suis procuré.

Ici nous quittâmes la route qui conduit à Avignon , pour prendre celle par laquelle on va en Languedoc

A quatre heures du matin, nous étions à Saint" Remy ; c'étoit l'heure la plus favorable pour bien voir les curieux inoifuméns qui rendent ce lieu cé- lèbre, et qui sont en effet si dignes de l'attention des voyageurs. En payant une demi-postè de plus, on a la facilité de s'y faire conduire. A un demi^ mille de Saint-Remy s'élève une rangée de rochers calcaires , coupées ^ pic ; au bas est une petite colline ^ sur le plateau de laquelle sont les édifices. .

Il est certahi qu'il y avoit une ville du pays des Salyes , qu'on nommoit probablement Glant et que les Romains ont appelée Glanum , en lui don- nant le surnom de Z/v/7, qui peut-être étoit celui du fondateur de cette colonie (2} : mais ce Livius nous

(i) Supra, tome II, page 185.

(a) Comme on appdolt Aix À^utit Suttia, du nom de StMtiu^

CHAPITRE XC. 355

«st inconnu , et le lieu lui-même n'a aucune célébrité dans l'histoire ; on en. ignoreront peut-être l'existence, si l'Itinéraire d'Ântonin , et la Tabïe Théodosienne, publiée par Peutinger, n'en faisoient pas mention. Gianum aura été renversé pendant l'invasion des peuples qui ont ravagé Arles ; mais les deux monu- mens qui y existent encore , en perpétueront à jamais le souvenir.

Ces monumens ne sont pas éloignés l'un de l'autre de plus de quinze pieds : il n'est pas probable que cette proximité ait existé sans intention ; sans doute ils étoient consacrés tous les deux au même person- nage, dont on aura placé le tombeau près de l'arc destiné à rappeler ses victoires et les services que sa prudence et sa valeur avoient rendus à la patrie.

Le mausolée (pi. LXIlI,fg. z) attira notre atten- tion , à cause de l'inscription qui y est gravée sur une frise. Sa hauteur est d'environ cinquante pieds, et il est composé de trois parties posées l'une sur l'autre. >

La première est une base carrée, ornée, sur ses quatre faces , de bas^eiiefs à-peu- près grands comme nature et d'un assez bon dessin. Du côté du nord , on voit, selon M. l'abbé Lamy,un combatde cava- lerie : au couchant, un combat d'intânterie ; sur le premier plan , des soldats se disputent le corps d'un guerrier qui a été tué dans l'action : au midi , l'in- fanterie et la cavalerie se retirent pêle-mêle ; à

y9<f CHAMTltE XC.

gauche ^ un sanglier semble Touloir pénétrer dbw un rang de soldats ; k droite, une femme nue est^ étendue aux pieds d'un cheval furieux , queqUelques^ soldats ont peine à retenhr ; un vieillard expire au milieu de ceux qui l'entourent : au levant est la repré* sen talion d'un triomphe; des hommes et des femmes^ se Kvrent aux transports de la foie ; et sur te pre^ nûer pian , il jr a un fleuve appuyé sur son urne ( i )». Aux quatre angles sont des pilastres sans piédes* taux , et dont les chapiteaux ont une forme bizarre..

0

La corniclie est ornée de guirlandes grossières, aux- quelles des masques sent suspendus ^ et qui soirt^ portées par des génies nus»

La seconde partie est composée d^un bâtiment carré , percé à chacune de ses Êices ; ce qui forme quatre arcades ,, dont les cintres posent sur des pi- lastres sans bases (2) : ces cintres sont prnés de^

(i) Telle est k description de M. i*abbé Lamy. J'avoue que Im^ dessins publiés par Breval , Remarks on several parti of Europe ^^ t, I , page \^\,cx ceux qui ont été levés par M. de Saint^Vincens ,. n'offrent rien de semblable : je n'entreprendrai pas d*en donner une explication ; cela me paroît imposable..

(2) On a plusieurs figures de ce tombeau et de Tare. Celle qu'en* donne BoucHE , Histoire de Propeike^ I, t^j, n'en présente qu'une foible idée; SPON , au frontispice de ses Recherches d* antiquités » Fa copiée servilement : cdie de MoNTFAUCON , Ant. expL t, V ^ .part. I, page 132, est plus fidèle. II est étonnant que MoREAtf DE M AUTOUR, Acad, des belles-lettres, t. VH, p. 2^2^ ait fait graver de nouveau ces monumens d'après des dessins de son- fils , pour en donner une figure moites exacte Celle <{ue M.

frampres^ étla def est une tète de Méduse avec des ailes. Les quatre angles sont supportés par des co^ ionnes cannelées avec des <jiapiteaux corinthiens. La frise est ornée d'un arabesque composé dliippo"- -campes <m chevaux marins dlés : au mSieu $ont deux sirènes avec de grandes ailes d-oiseaux.

La troisième partie est composée de dix colonnes cannelées^ avec des chapiteaux coriniliiens , rangés ^n cercle ; elles supportent un petit dôme : la frise est élégamment décoréede feuilles dont ies enroulemens sont pittoresques et d'une bcmne exécution. Ce petit édifice a fair d'un temple roai. Au fnilieu sont demtt ifigures debout ; Tune dTiomme, l'autre de femme: les têtes en <mt maffaeureusement été perdues. La frise de la coupole est entourée d'un fort cercle éê &r, qui la rend plus sofide.

Sur îa frise du petit «édifice carré composé d'ar- cades^ du côté du nord-^est, on lit :

S£Xl-MIVl-iEICl?PAilENTIBUSSVElS.

Souche (t) arapporté les onze manières peu satb- faisantes dont cette inscription a été lue par des

ClRARD a jointe à sa carte dt la Provence, ne vaut fzs tnieux« La meilleure gravure est celle de i*abbé LamY, en 1787 : on vend à la poste» avec un livret qui en contient l'explication. Bkeval I dans Touvrage dé|à cité , a fait représenter le mausdée #t ses bas-reliefs ; mais ie dessin de ceux-oi est trcs-inexact.

(i) Histoire de Prwence, 1. 1, p. 1 37.

59$ CHAPITRE XC.

hommes trèi-înstruils ( i ) ; Moreau de Mautour (2) n'a pas été plus heureux : mais tous ont travaillé d'après des copies . infidèles. L'illustre Barthélemi Fexplique ainsi (3) : Sextus , Lucius , Alarcus , tous trois Jils de Cdius Julius , a leurs parens (4)- Un savant allemand (5) propose^de lire : Les Juliens , Sextus , Lucius et Marcus , fils de Caius Julius , à leurs parens. La tournure seroit différente, mais le sens est le même ; et première interpréta- tion me paroît devoir être préférée (6).

L'arc de triomphe (pL LXXIII,fig. 2) est trop intimement avec cet édifice , pour que je n'en donne pas la description avant de hasarder quelques idées sur

I 'I I II ■■ I I I !!■ Il I I '■

( I ) Voyez aussi Rapport de l'inscription du mausolée de la ville de Saint- Remy , des diverses interprétations de ladite inscription, et de la fondation et appellation de la ville royale de Saint»Remy, par Jean DE BOMY, avocat à Grenoble; Aix, 1^33 , in- 12. Description des antiquités de la ville de Saint- Remy , par Fr. Peilhe, d'Arles, antiquaire; 171 8, inr4.* Description de deux mon^mens antiques qui subsistent dans la ville ele Saint- Remy, par M. i'abbéLAMY* 1787.

(a) Académie des belles lettres , t. VII, page 263.

(3) Académie des belles-lettres, t. XXVIII, page 579; Œuvres, t. n , page 84 ; Lettres sur l'Italie , seconde édition , 1 802 , page 336.

(4) SEXtus Lucius Marcus JULll Caii Filii PARENTIBUS SUIS, JVLIEI : cette manière d'écrire El pour / se rencontre dans plusieurs inscriptions, et notamment dans ceiIe-ci,où nous lisons SVEIS; nous la retrouverons bientôt sur i'arc de Saint-Chamas.

(,5) FISCH, Brieff. S. 363.

(6) Cette inscription , trouvée à Gènes, LM MINUCEIS QF RUFEIS, et citée par i'abbé BARTHELEMI, prouvcroit en favcar de l'opinion de M. Fisch.

CHAPITRE XC. 39^

le mausolée. II est placé au nord de ce monument : il est encore entier depuis le rez-de-chaussée jusqu'au- dessus de Tarchivolte; mais la partie supérieure a été détruite par le temps. Afin de conserver ces restes précieux , on a élevé un massif de grosses pierres , en ménageant des pentes de chaque côté pour l'é- coulement des eaux. Ce monument é toit très-simple €t très- petit; il n'avoit qu'une arcade peu élevée, mais il étoit chargé d'ornemens. De chaque côté il y a deux colonnes cannelées : les pilastres qui sup- portent l'arc, sont doriques ; ils retournent carrément sous l'arcade et en forment les angles : les chapiteaux servent d'imposte k l'arc, et ils ont une espèce de fiise décorée de patères , de simpules , de sécespites, de flûtes , et enfin des divers instrumens propres aux sacrifices.

Les sculptures de l'archivolte représentent des pommes de pin , du lierre , des raisins , des branches d'olivier , attachés avec des bandelettes ; toute la voûte est couverte de caissons hexagones , dont les moulures sont enrichies d'oves , et dont le fond est rempli de différentes espèces de rosaces.

Entre les colonnes, il y a deux figures tenant au mur. Vers le levant, ces deux figures sont un homme et une femme attachés à un arbre, ainsi qu'on a cou- tume de représenter les villes et les provinces con- quises : du côté du couchant , une femme pose la main sur le bras d'un guerrier enchaîné. De l'autre

4ôft etirÀ»ktitfc xe.

tç6té f une ésmme est assise sur des trophées ; Hiomittt iqui est près d'elle , a les nflains liées derrière le dos ^ et il est lui-même attaché à un arbre.

he monument a été détruit jusqu'à ces figures t ^&es ne sont pas entières ; il n'y en a que deux dont les tètes soient conservées. Dtùx Victoires tenant des palmes sont couchées le long des voussoirs^ On len vcMt les figures entières dans un dessin levé par Peiresc ( i ) » lorsque cet arc étoit moins dégradé $ c'est celui qui a été gravé par Montfàucon. Il est pro* |>able que la frise ou l'entablement portoit une ins-** criptiou: mw cette partie est à présent détruitîî ; on Ta remplacée par un toit de pierres carrées pour empè« cher le dégât des eaux pluviales (2).

II est impossible de former aucune conjecturé rai*» sonnable sur le temps ces monumens ont été faits , et sur le général h qui ils fiirent cônsacrésé Malgré la beauté de Taisembie du mausolée et ta déli-» catesse de qu^ques omemens , il ofl^ des défauts i les colonnes cannelées , avec des chapiteaux corin-» tbiens et des bases attiques , n'om pas de justes

^m^t

, ( I ) la BibIiothà|uç hnpcriak pocscde deux volumes d'un recueil de dessins de monumens et d*objets d^sut qui ont appartenu à Peiresc.

(a) Cet arc l aussi été puBIîé par BoUCHE , ffistoin dt Pfo- vence , I, 1 37 j MONTFAUCÔN , Antiquité expliqnie , Suppï. t IV* f>L XXXIV^ d*^jrès un destin de Peinsc^ Moreau m

proportions

CHAPITRE X€. 4oi

|m)pt)tlSo»ns ; la comîdie et la frise ptirtent du milieu ifles coioni^es, qui ne les supportent pas entière- ment ; il y a des parties d'ornement très-grossière$ let très^négligées : enfin il est aisé de voir que cet édifice n'a pas été feit dans ie bon temps de Fart; if est sûrement d'un temps postérieur à celui des Ântonins. Les figures qui omènt l'arc , ies bas- teliefs qui décorent le mausolée, ne peuvent rien nous apprendre sur Toiigine de ces monumens ; on ïie peut pas même déterminer avec précision si les sujets de ces bas - reliefs sont tirés de la mytholo- gie, ou s'iîs ont rapport à l'histoire des personnages auxquels ces édifices furent consacrés^ Cette der- nière opinion paroît cependant plus probable ; mais aucun écrivain lîe nous a transmis des détails qui puissent servir à l'appuyer. Le guerrier dont de% armées ennemies se disputent la dépouille, comme les Grecs et les Troyens combattant pour le corps de Patrocle, est-if celui ^ qui le mausolée été élevé , ou le général qu'il a vaincu l Le fleuve est-iï le Rhône î Cette femme est-elle celle du vainqueur ou celle du vaincu î Que signifie le sanglier î Tout

m*m

MKimovn , Academii des beUn-kttres, Vïï, 265 j M. DE^IRARD^ sur ia carte d'Aix ; BreVAl'j Travels , I, 15 J ; Beaumont, SelfCt Vi^s êf midi, p. 1 1 ( trcs-infidclc ). Ce que j'ai dit des gravures du mausolée, s'applique également à celles que ces auteurs ont données de l'arc ; celle de M. Tabbé Lamy doit être préférée

Tomt m. c c

-*- * I *■ ^

I

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\

402 CHAPITRE XC.

te qu'on peut dire de plus probable , c'est que ces bas-reliefs rétracent un événement locçil ; inab aiicun auteur ne nous en a conservé le souvenir.

On ne sauroit non plus rien avancer de certain sur le personnage à qui le tombeau a été élevé. H s'appeloît Julius Caïus : mais étoit-il de la nobift femille Juliaî ou n'étoit-ce qu'un Gaulois qui avoit pris le nom de cette famille , dans laquelle il avoit ses protecteurs et ses patrons l L'abbé Barthélémy { i ) , d'après quelques médailles attribuées vulgairement à César, sur lesquelles il y a des- armes assez sem- blables à celles que Ton voit sur les arcs d'Orange ^ de Saint-Remy et de Garpentras, et d'après un rapr port qu'il croit apercevoir dans le goût qui a dirigé ces monumens, pense que ces médailles et ces arcs, avec lesquels il auroit pu citer l'arc de Gavaillon , ont été construits par un des ancêtres de César : mais cette supposition est contredite par le style même de ces monumens ; et nous ne connobsons d'ailleurs aucun personnage de la famille Julia qui , avant Cés^ir , ait vaincu les Gaulois.

Glanum ayant été détruit de fbnd en comble sans doute par les barbares qui dévastèrent la Provence, comment ces deux monumens ont - ils été seuls

(i) Voyage en /w/;V. Voyez ses Œuvres, t. II,p.&4, et ses Let^es, p, 2 24 de la première édition, et 239 de ia seconde.

CMAPITHE iC. 405

épargnés î C'est encore une question qu'if est impos- sible de résoudre. ' Le lieu qui nous occupe devoit être assez consi- dérable. On voit encore quelques débris de ses murs, et une branche de la voie aurélieiine (1). A peu de distance , près des montagnes ,, un aqueduc souter- rain s'étend depuis la place qu'occupe à présent Saint-Remy, jusqu'à Arles ; on Ta découvert en plu- sieurs endroits : c'est un canal voûté , de cinq pieds de haut sur deux de large (2). On trouve souvent, dans le voisinage7 des urnes, des médailles d'or, d'argent , de cuivré , et diverses antiquailles ;• nous avons nous -inèmes remarqué plusieurs fragmens

* (i) Cette branche conduisoit à Glanutn; la voie auréiienne traversoit la Crau et conduisoit à Arles : on appelle àujourc£hiji \t% traces de cette voie , Ion Camin aurignati.

(1) il prenoit Teau dans le territoire de Molièges, à deux

iieues nord-est de Glanum, et recevoit dans son cours les eaux des

montagnes voisines : alors sa hauteur moyenne étoit de quatfe pieds

sept pouces, et sa largeur de 'deux pieds onze pouces. M. GuÉRiN,

dans sa Description de Vaucluse, dit que les eaux qui arrîvoient

à Arles par Taqueduc, dérivoient de cette source; mais Pôpi-

nion de M, P. Veran paroît devoir être préférée. On peut suivre

ce canal dam l'excellente carte qu^il en a tracée, et qui est au

nombre des planches que le P. Dumont seproposoit de publier;

51 formoit un grand nombre de sinuosités. Nous verrons , à l'article

de la ville d* Arles, que M. Veran en a découvert le réservoir. Il y

a quelques années , en fouillant auprès de ce canal , on a trouvé,

'dans le vallon appelé Armerait, àt% tuyaux de plomb et deux

têtes de marbre d'un très-bon goût.

C C a

K

4o4 rHAl>ITRï: XG.

d'inscriptions (i), ainsi que c«$te pierrfe tumuÏMt entièrement conservée :

M. thirand, qui a une campagne près de Saînt^ 5Remy> possède un beau fragment de sarcophage >

jqui

(i) Pirmi plttsicars fragmens 3e picmés , on en distingue unfe i est SGuiptce en forme de coqailie, telle qiron en voit quelques- fois parmi les ornemens dçs frises.

Sur un autre fragment de pierre cassée^ans sa kmgtteur, oti lit, d'un côte, QVI PASSI , et, de l'autre, on distingue les lettres :suiVamc*, disposées ainsi sur quatre lignes^

1

*

RIE

Un autre fragment de pierre n'ofir« xjuc ies lettres MD* i* «litre «st^nsi formé c

JSER

j

Ces trois lettres terminent tm mot, pairoe qu'à la droite il y a un

^.A.

-

tJbntMwMeuinier a eu la bonté dôme commuhîquep fe dessin ^pl^ LIX,Ji^. S)^ Le eouverrfe e^t formé d'écailIes imbriquées comme cdlesdap^Jmièr. Ity ar $ur la fcûe deux cdémbés qiii vont boîre dans un vase au côté gaucbe^ une autre colombe va se désahé'- xer de m^me,,eton lit au-dessus^i roPTÔNr xaipb [Salut; â Gonoui.Adm i^Gation]'. Ces 4^1<»inbé& poujToient &iT!e'regafd€tr ce*monumeiitcomme diré^ tiea; mais on voit ^ de l'autre f:Ldsé^ un petit géiJie^li} tient dsAs^ i^i^e ioain IWc^rm ouiicpârre à: encens-, et qui ^ dq l'aut]^^ j/Hte de celiencens sur un brasier : il est doi;r<; glos; probabie-cptejc'ion Am .tombeau païerïi On. ^t cependant q^e ,. sw tes tombeaux des pre- miers, duitiens^.oa trouve des symboles relatîii^auife

On y voit aussi un fl'agment'tI*èntaHemem ^uî est de îa mcn\é fonne que ceuxqa/oxtrèmanjuc sur^usieun pilastres.de FâqucdliC ^e^arbtegil , à Arles^ : .

' 1 ' ' '■"' ->.

> .

p>A:

Jffef apporte cw'fôtgbïcmi parce qu'on peu! un jour troavcp- ^esr inicnptionv pii^c^ccendues ,. et; qu'ils contribueront alors à, donner des ifidices sur Thistoire des monument, de Ghmum, SVO^ y Recherches (Tanti^ités , front ispilsce , n.° », a gravé une i^tatue ^u4 a été dccoarerxc prèidu mausolce j maïs elle est d'uti tre^mauvAis style.:

^c 3

I

- ^ T

4o(f CK-'APITRE -gt'Jf

Mi^s^u paganisme. Si l'on reconiïoî^i«o}t ce tombeau' pwr chrétien , il prouvêroît que Glanum èxîstoît en- core au I II/ sièdè , temps ta foi a été portée à Arles.'

Lorsque Monsieur^ frère de Louis XV! , voyagea dans la PfovenoB, qui étott son «panage, il voulut VairétÇHà Saint-Remfpdur en visiter les monumens ; jiiisqu'alors ils avoient été extrêm€fff1é^flt négligés , et l06. ftgbttans les regardoiem avec indifférence : mats OA se h&ta de faire le chemin commode qliî y donduît"; on consVnûsit un piint sur le- rui^seato qui coiilè ptès de^ édifices; on nettoyff>là place, \>n creiisàun fossé tout autour; on planta Juwe allée circéfirrré d'ormes, et l'on mîtdes banc^ pierre pou^ qu\Dtt put se repo- seret considérer k Taise ces rentes élég'ans et curieui de l'architecture romaine. De^ baibaxes ont coupé une partie des arbres et renversé, les bancs. Sans doute ces dégâts auront été réparés : ceseroit une honte jx)ur la municipalité de Saint-Remy , que délié pas rendre ï ce lieu tout l'agrément et tout riritérêtdont il est sus- ceptible ; elle se montreroît indigne de posséder des monumens auxquels cette petite ville doit unique- ment sa célébrité, ei qui sont les seuls objets qui puissent y retenir les v(5yageùrs.

Saint-Remy a'est pioprementrquVçb gws bouig : il reçut le nom qull porte, en yoi ,' vers le temple Clovis alla assiéger, dans Avignon , Gpridebaud^ roi des Bourguignons : S. jSemy TaçcQmpagna dan^ c«tte expédition. Un habitant du pays, nomme

CHAPITRE XC. 407

Sênoit, dônl îl avôit guéri la fille, qui étoit possédée du démon , lui avoit donné dès biens que le saint évêque légua à J'église de Reims.

On conserve dans la maison commune une belle inscriprion , qui est très -précieuse^ parce que c'est le seul monument, (Je ce genre Ton trouve le nom >de Glanum (i); .

MORIE AETERNA EB VTI ^AGATHON

9

VIROCJ AVG C

1

ORP <

\7X> AT" .tri*

EB ^ AREL^ CVRAT El: . CORP. BIS. ITEM. IlH RO. COL. I VL. APTAENA AE. ARARICO CVRATORI

PECVLI RP. ÇLANICO QVlî

VIXIT ANNOS LXX

AEBVTIA EVTYCHI A PATRO

NO erga se PIENTÏSSIMO

r

(i) CAYLUS, RtCKfiU VII, 165.

c c 4

^^Êm

4o8 CHAPITRE XC.

A U mmohrt itemtlU ( t ) d'yEbutius Agathon (i ), Méifhrangàstal f|J[ du corps de la colonie Julia Patenta ArUsienne{^) , curateur du même corps (5) , deux fois quinquennal de la co fonte Julienne d'^Apt [6) , négo^ étant de la Saône [j), curateur des repentis des haàkattr de Gianuin (8)> '^ui a vécu soixanttdix ansi /Ebutia Eutychèa i smpatrott bienfaisant»

La forme des M et des G dans Poriginal doit êiire rapporter au i v.* siècle cette inscription , qui prouve que la ville de Glanum étoît alors un Wsxk assez con^ sidérable, puisqu'il y avoit des sévirs d'Ai^uste et un intendant des revenus pubfics. La statue d'iËbu- tius étoit probablement placée sûr cette pierre»

de Lagoy, qui habite Sain t-Remy pendant une grande partie de Pannée, vient d'y faire transporter de Paris une collection précieuse xle dessins originaux ^ dont ie nombre s'élève à plus de trois mille. Ces dessins sont du plus beau choix ^ et proviennent en grande partie des collections de Va$ari, de Crozat,^ de Mariette , de Gianetti , et de celles qui sont con- nues avantageusement : ils sont classés par école^ selon Tordre chronologique des maîtres, au nojubre de huit cent soixante-dix, et forment une histoire

(i) meJUORlAE AETERNAe.

(2) AEBUTli AGATHONis.

[l) Jllllf yiRO AVGustali, Supra, tome I, page ^^j.

(4) COBPorîs colonia Julia patERna ARELatensb^ Nous verrons» \ l'article d'Arles , l'origine des surnoms de cette colonie.

(5) CC/RATori EJusdeM CORPorîs,

(6) BIS ITEM IlUlviRO COLonict JUIÀa APTAE.

(7) NAUtAE ARARico, Suprà, tome I, page 246,

- («) eURATORI PECC/lliMeiPubUeaClANlCOrutH,

V

X

CHAPITRE XC. ' 4op

"^lïe l'art depuis le xiv.* siècle jusqu'à nos jours. La partie la plus curieuse est celle des anciens maîtres de l'école florentine ; plusieurs sont inconnus. Contre l'usage ordinaire des amateurs, M. de Lagoy n'a 'pas cherché à leur donner des îidms; il. s'est attaché, au contraire, à rendre à leur obscurité ceux qui 'en avoient été tirés mal-k-propôs. Dix-sept dessins liîèn authentiques de Raphaël, et un pareil nombre de Michel- Ange , forment à eux seuls une grande rîdiesise dans cette collection; ceux des autres chefs d'école sont aussi très-nombreux , tandis qu'un seul dessin des peintres médiocres suffit pour les faire connoitre. M. de Lagoy a gravé une partie de ces dessins avec la plus scrupuleuse exactitude; et il se •proposé d'en former un recueil qui sera intéressant ^ pour les artistes et les véritables amis des beaux arts.

U possède aussi une collection de médailles grecques et romaines, parmr lesquelles on distingue une suite de six cents* censulaires en argent de ia plu^ Wle conservation. Les ^milles les plus rares s'y trouvent; entre autres, deux de I9 faucille Horatia, dont l'une restituée par Trajan*

Les environs de Saînt-Remy peuvent fournir aux amateurs de Fantiquité une riche mine à exploiter; et M. de Lagoy se propose bien de faire faire des fouilles qui doivent enrichir son cabinet.

Le terroir de Saint-Remy est défendu contre le

. . .A

4ïO CHAPITRE XC.)

vent dtt nord par la petite chaîne des Alpines ^ qne la Durance sép|ire de la grande chaîne , appelée dans le pays les Aupiif; elle commence à Orgon , et finit à Saint-Cabriel , autrefois £^a^^i/i2//ff^ , i)n

Ce pçtic p^ys est très^gré^^te par la douceur de son climat et la t^auté' de sa culture. Les flancs de la' montagne sont plantés d oliviers ; et depuis Saînt- Remy jusc^'au territoire de Mailiane , dans un espace de plus d'une lieue,, c'est une suite comînueite de jardins, qiui fournissent des légumes verts et des plantes potagères à plus de dix lieues à la ron^de : la marjolaine (z) y vient aussi en grandef abondai^e, et Ton voit des champs couverts de chardons abonné* tier ( }) , dont on trouve le débit; pour les manufactures de draf» des dépaf temens* environnaas. Ces- terrains .précieux sont arrosés par un canal se dédiargent les eaux des marais de Molléges et de Vilargèles.yqui sont eux-mêmes alimentés par lia source du Loiiroun Pyron : ce canal fournit toujours la même quantité d'eau. On recueille aussi un asser bon vin ; le blé du canton de Graveson est estimé , et on?Ie recherdia principalement pour les semailles,

(i) Il en est fait mention dans îa table de Peutinger; cette viHe avoit un corps d'Utriculaircs , qui est cité dam une inscn|>tion rapportée par DuMONT, n.** 179.

(2) OriganuM majorant,

{3) Dipsacus fullonum.

' î ^

4ii

CHAPITRE XCI.

Route de Saînt-Rèmy à Beaucaire.— Jardins.— Origine -deBeaucaire, Ugermim,Belïum-<^adrum. His- thire. -,- AucassT4?i et. Nicolette. -** Coiit plén^ière. ^

, ^Çi.OguIières profusf on^* '-^^ Guerres ; religiojr. -*- Foirci-i^ JBpntiques; enseignes. ^-rPr^ de Sainte-Magdelerne;ca.- ban es ; barques ; chapelle ; arrivée , placemei\t. Voleur* de grands chemins, filles publiques, jeux, filoux, mé- decins, chirurgiens, enterremens, notaires, huissiers, pôiîoé. 1 Ouverture. Arrivée dés ctnriénx.

, .Aiïb^rgesijcfôtàiiratenxs, cafés, spec ta ctesr, danses suV le pré. I^^jéede ja franchise. Départ. Débor^ dément du Rhône. Solitude ordinaire de la ville. Porte du Rhône. Château^ Voie romaine, r— Nçtre-Dame de Pbmier. Bas-xeRefs gothiques.

JL/k Saint-Remyà Beaucaîre , la route forme fl'qgféahles sinuosités ^ à travers des fardins riches de culture, et dont la douce verdure repose foefl fttîgbé par l'éclat du èoièiî. Ort arrive bientôt \ Taras- con , dont on aperçoit de loin ïe célèbre château» Tout étoît en tumulte dans U ville : la place éloit couverte de cafés , de cabarets, établis^ sous des tentés ; on auroit cru qu*une hoi'de iiomade étoît veiîue s'y établir. Nous eûmes biei> de la peine à trouver deux chambres pour nous loger;, et apiiès

4ll CHAPITRE XCf.

nous être assurés ^un gîte ^ nous nous hâtâmesi de nous rendre à Beaucaire.

Cette ville est regardée , par d'AnvîIIe f i ), comme YUgemum des anciens; c'étoit un des vingt-quatre vici ou bourgs qui dépendoîent de Nîmes. Ce lieu conserva son nom , quoiqu'avec quelque altératîonV jusqu'au conMnencement du xi/ siècle; on l'appeloît sJors Ugemo:ver$ ic;; o /iltcçttceluiàeBelti'Cadmm ou Belcûdm; on croît que ce fut k cause de la forme carrée des tours de son château (2), 6u de fa plaine qu'il domînoit.(j).

^ ^Bçaucaîre est célèbre dans les écrits des trouba- dours et des romanciers. La douce Nicolette ^ dont

( I ) Les auteurs de V Histoire du Languedoc, 1 , 197 et 1 98 , pensent ^\xUgemum n'est pas Êeaucaire , mais Beîlegarde, entre Nîmes et Arles. La position que donne à Ugernumiz. Tahkde Peutinger, dont ils s'appaîenty est, en effets plus basse que la position de Beau» Caire; efic est en droite ligne d'Arles : mais fe sentiment de D-Ai*- VILLE , Notice sjit Vanctenne Gaule ^ ifie semble appuyé sur des témoignages qui prouvent i^Ugemum étoit sur ià^rive du>Rh&hei et me paroit devoir êtt-e préféré. »

(a) Vo^e:^ une note sur l'origine de. Beaucaire* éa.ni.VHisfain du Languedoc, par D. Vaisse,TTE, t. U, note XXXVIII j Recherches historiques et chronologiques sur la vitU de Beaucdire , Avignon ^171^

in-8.° : . .;: f •••'.'

(.3 ) Cadrwn , pan corruption du mcft Qufidp^tm. EnlanguedocîeA «t en provençal, un cadré ou catré signifie un carré, un espace. Beaucaire pourrait encore devoir son nom à sa riame situation» tes Langi«docîèn$ Pappellent Bel-Caire;: (xs deux niots , prti acptiément 4 «gnîfîem ^AJii ^/r«r/ârr^

4 4

«fj-:

CHAPÏTRE XCÏ. 4^5

les aventures avec l'aimable ef tendre Àucassiixsont ie sujet d'un fabtiau ingénieux et touchant ( i ) , étoit ^e adoptive du vicomte de Beaucaire. Pou voit -on jplacer mieux que sur les rives du Rhône , sôus le beau cîel du Languedoc, ce parfait modèle des amours du bon vieux, temps !

Lors de la division du royaume d'Arles en grands fiefs , Beaucaire échut aux comtes de Provence ; îf fiit cédé en 1 1 a j , par Raymond Bérenger L*'' , à Alphonse Jourdain , comte de Toulouse î ce liett xrhétif a été regardé comme un des boulevarts de la France, Jusqu'au temps t?ù la Provence fut réunie à ce royaume.

Raymond y tint à Beaucaire , en 1 172 , une cour plénière , dans laquelle chaque chevalier chercha à surpasser ses., rivaux par sa magnificence. Lorsque Fon çut déployé toutes les ressources du iuxe , et qu'on eut usé de tous les moyens de faire parade de , ses richesses , on eut recours aux plus bizarres extravagances t le noble comte en donna lui-^méme l'exemple ; il fit présent à Raymond d'Agoust de cent mille sous (2) , que celui-ci distribua aussitôt à dix mille chevaliers qui étoient venus à cette cour.

amm

(i ) Ce chartnant conte a été publié par M. DeSainte-Palaye, €t extrait par Legrand-d*Aussy, II, 121. SÉDAiNEa pris dan» .<^e conte ie sujet de son opéra.

(») Gnquante sous valoient alors un marc dVgent fin.

L, .

4l4 .CHAPITRE XCI.

Bertrand Raimbaud voulut imiter cette noble libéra- lité ; mais ce fut par une ridicule profusion : après avoir fait tracer , par douze paires de bœufs , de larges sillons dans les cours et les environs du ehâ*- teau, il y fit semer trente mille sous en deniers; comme si les dons de Bacchus et de Cérès, le fro- ment , la vigne et Tolivier , n'étoient pas les plus nobles et les plus utiles que L'on put demander à la terre! Guillaume Grosmartel, ne sachant comment faire pour surpasser Bertrand Raimbaud , fitapprêter, à la flamme de flambeaux de cire . tous les mets des^ •tinés à sa table et k la nourriture de trois cents che- valiers qu'il a voit à sa suite : il n'est pas à présumer •que le rôti fût pour cela mieux cuit , ni que les sauces fussent meilleures. La prodigalité de Raymond de Venoux dégénéra en cruauté ; il fît brûler devant

r

toute l'assemblée trente des pkis beaux c;hevaux qu'il «voit amenés. La comtesse d'Urgel envoya une cou- ronne estimée quarante mille sous ^ et qui étoit des- •tinée à Guillaume Mite, qu'on devoit prodamer roi de tous les bateleurs; mais , par malheur pour lui, il étoit absent.

Beaucaire fut le sujet d'une gtierre sanglante entre Simon de Montfort et Raymond VI , à qui les biens du père de Simon avoient été donnés par le pape Honoré III, comme ayant été confisqués sur un hérétique, protecteur des Albigeois. La ville et le château ont souvent aussi été ensanglantés, au nom

cïîapitrî: xci. 4ij

de religion, par les catholiques et parles réformés: cm n'y trouve plus aujourd'hui aucune trace du calyimsme. Pehdànt cjue le comte de Montfort fut investi du comté. de Toulouse, il étabKt à Beaucaire un sénéchal, et cette dignité s'est conservée jusqu'à la révolution.

I

Le château -fut démoli en 1632, parce que les rebelles qui avoient embrassé le parti de Monsieur, frère de Louis XHI , s'en étoient rendus maîtres; le roi ,' pour récompenser ia fidélité des hahitans de la ville , confirma leurs privilèges , et , entre autres ^ la franchise de la foire qui s'y tient tous les ans.

On prétend que cette foiré a été fondée par Ray- mond VI, comte de Toulouse, en reconnoissance du zèle que cette ville montra pour ses intérêts ( 1 ) pendant la guerre des Albigeois , et que les franchises qu'il lai accorda , ont été confirmées par son fils. Cependant' la charte des concessions faites par ce prince aux habitans de Beaucaire n'en parle pas ; et l'acte le plus ancien il soit question de ces fran- chises, a été donné par Louis XI en 1 46 3 : mais on voit par une expression de cet acte , que cette foire étoit bien plus ancienne. Charles VIII ajouta aux privi- lèges accordés par son prédécesseur, celui de ne point regarder les fêtes comme jours utiles ; ce qui

{0 TraîU historique dt ki foire de BeoMcaire; Marseille, 1734*

4i^ CHAPITRE XCK

prolongea encore la durée de i'e^emptipn. Midgraj les réclamations des fermiers généraux ^ portées devant les tribunaux et le souverain iui«méme^ ces. privilèges avoient été maintenus ( i ) .

. Nous desirions. beaucoup de voir cette foire si ce* lèbre dans les annales du coitimerce et dans les fastes du plaisir. Quoique ^ par les suites de la révolution et de la guerre, elle eut beaucoup perdu de son éclat et de sa magnificence , c'étoit véritablement un spectacle curieux : tout y annonçoit une féccmde industrie, et l'air retentissoit de ois et de chants joyeux.

Long-temps avant la foire , les prkicqïaux mir* chands s'occupent de louer une maison , ou du moins un appartement. Toutes les chambres , dont chacune^ réunit ordinairement une famille entière , sont en^ combrées de lits ; et pendant ce temps-là le pro*. priétaire se relègue dans son grenier. Souvent ces maisons et ces chambres sont louées aux mêmes personnes pour plusieurs années (2}»

Les marchands de laine et les drapitfs doivent loger alternativement dans la grande rue et dans la

^•tm

(1) Louis XIII a pourtant établi sur toutes fes marchandises un droit appelé de réappréciation : ce droit étoit réduit à un abonne*, ment de quinze cents livres par an.

{2) Lettre d'un particulier de Beaucaire à un Toulousain de ses éunis , au sujet de la. foire qui se tient dans le lieu de Beaucaire It 22 juillet de chaque année; Avignon, 1771 , in-8.*

rue

CHAPITRE XCI. 417

rue haote ; les baux qu'on leur fait sont conformes^ à cette disposition : ainsi la même maison est louée è des drapiers pour iSo}, 1805 ^ 1807, et à à& marc^nds de laine pour i8o4) 1806 et 1808; de cette manière, les habitans de ces deux rues ont Taivanuige de posséder tour^à-toor les marchands Papiers , auxquels on ait payer les loyers plus cher ^ parce qu'ils ont un pins grand débit. Les lîngers s'é«> tabHtôenty tout prds de la porte du Rh&ne , dans isn lieu appelé la Phcette. Les Ju^ ne quittent poit>t la rue qui porte leinr nom pendant la foire , et qtd reprend ensuite cdui de rue des Cordelicrs : ils n'oc* envient que te centre de) cette rue; le haut et le bas $ont remplis de .marchands de cuir , qui se cèdent tllieniatirement la partie plus &YorabIe au com*

Les boutiques ne sont pas seules occupées : il y a , dfhram {es muis> des échoppes couvertes en toile; et Ton thre aussi partf de» bancs de pierfe , qui sont iou^ et sur lesquels on expose difl^^rens objets de petite mercerie. Les marchands suspendent à dei cordes qui tratersent les rues , des toties carrées qui portent l'inc&ation de leur nom , de leur domicile, et du genrede leur commerce. La bigarrure des cou- leurs , ia difféeence des ibrmes de ces écriteaux, leur disposition, et la variété des inscriptions^ font un coup d'ceil vraiment siiigulîen . La ville ne pourroit contenir tous ceux qui s'^ Tome IIL P d

4l8 XTHAPITRE XCi.

rendent à cette époque : on bàth en peu de jours xLtie seconde ville de bois, qui a aussi ses carrefours p ses rues et ses faubourgs. Sur la rive du fleuve , entre la porte Roquebrune et la porte Beaungard, est un .vaste pré bordé de grands arbres y appelé pré dt Saintt'-Magdeleint ; c'est que se construisent un ^raiid nombre de cabanes faites en planches , et que l'on dresse des tentes pour b foire. Le coup-d'odf seroit bien plus agréable , si l'on doniKxt plus de soin à la forme extérieure de ces cabanes, et si la déccMa-* tion en étCMt umforme comme oeHé des loges nos anciennes fcnres de Saint-Germain et de Sai|it^ I^urent , et des boutiques qui servent à l'exposition publique des objets de l'industrie. Cependant , quoique chacune de ces baraques soit constraite sans goût et sans propreté , leur réunion forme un en* ^emble qui n'a rien de choquant.

Celui qui fait l'entreprise de ces cabsuies , en retire un produit considérable , attendu le haut prix qu'il met à leur location. Chacun prend ordinainement jpour enseigne un instrument de sa profi^ssion. En général, les marchands d'un même pays ou d'une même ville se réunissent dans la même rue; ce qui rassemble aussi ies productions du même genre : id l'on trouve les bcHitiques des marchands de savoa ^ d'épicerie et de droguerie de Marseille : , \t%. parfumeurs de Grasse exposent leurs pommades ^t leurs savontiiettes ; ceux de Montpellier, leurs

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CHAPITRE XCI. 4i^

parfiims et Jeurs Hqueurs : ailteors de nombreuses? dbânes sont remplies de figues , de prunes , de raisins secs et d'amandes. Mais ce qui nous étonna le plus y ce: fût une rue dont les murs fort épais et fort élovés A^toîent composés çie d'ognons et de gousses d'ail ; Ik^^^uantité en étoit si eonsidérable^ qu'on eût pu croire qu'il y en avoit pour toutes les sauces IfEurope. Les cafês , les billards , les lieux l'oti danse vioiit, en général, placés dans grande rue^ ^nfôre sont les loges des bateleurs , des faiseurs 4e tours, de ceux qui monu:ent des animaux : il y avoit alors im jongleur qui , après avoir usurpé le nom^ du fameux escamoteur Cornus , y afoutoit le tttre modeste de physicien de l* Empire français ; le célèbre funambule Fôrioso occupoit une saile tou- jorurs remplie de spectateurs. A l'extrémité de la piaine est une chapelle l'on dit' la messe : elle est . consacrée à l'immaculée Conception ; et Ton y débite une grande quantité de rosaires. Cette cha* pelle est très* petite ; mais les fidèles qui veulent prendre part au saint sacrifice, s'pgenouiHent dans ie pré 9 en dirigeant leur vue vers l'autel et leur idtention- vers le ciel : c'est :aâ>si que, dans les temples des andens , les pràtf es étoient ordinaire- B&ent dans l'enceinte sacrée, tandis que les assi^tanç demeuroiestt 'répandus au* debOrsJ / > >

: iNon^^ seulement les mî^isons, les cabanes et les iâitps dut pré; sont r&nplits d'une imtnçnse popu-

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4l9 CRAPITHE 3tCD

felion , mail le fleaw même est fxuTvrt baeqntt; ^r lesquelles un grand nombus de pcnoimcs ontietic kâbitation 2 chticune de ces faan]ats a une place déiopi minée d'après sa forme , tes itunTcftandisea qu^eU» porte , et ie pays d'où eite y nm. La» barque» âan^r çafsés 96 rassemblent k Arlesi» Le patron de cette qui arrive la première , sahie k ^iH^ de B^aucafre avec mousquet ou ie pistolet qià'il pôrte^ à sott bord;! et ii reçoit , pour récoitipetide 69 sa célérité > uA lilouloA y dFert avec solennité c la peau du mottfofc èhipaiHée^ et des banderofas a$ta<bées i $<m mât^ :ftinon^eDt au hnn f facmneur qu'M a obitoau. Xi^iauiatt barques font aussi > à mesure qu'elles aaritent, mm sÀve de leur mousqueterie. Ce sont des pinquec espagnoles et principalement catalanes; de» ftloutspA^ génobesy qui dhtingusnt par isttrs biriies €Q»w leurs ; de^ (Chaloupes de MaaMÎtte : (sa bateaux du t&L\xt Languedoc, de fiordêaux ,. de k fiieti^ne, M de plusieurs pont de f Océan y anifsnt par ie ramé êe communicat^ des. deux mers ; ies barques du hyimmiiy du Daupèânè, deJa-^Suisse.et da.i'iye lemagne , descendent par ie Rh&ne^ On est, obligé de porter su»* des dianiettes lés matchandises de faaàfe Pwyéme ; ce €^ fah semer ioouiibÎBn il s^najt u^ de lyt-e «m Oanal de iiavigatien i|ut:tainmraie cette contrée, k Duiance ne cai»eifiiè ito nia veges. Outre ces barytes*, Il y a encore des ladÂux drargés de bois sdé> de pèsnctiMy da ^^ott^ea^r.ilci

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CKAFÏTRE XCl4 4^1

pmantfttf de O^èàux. Les I>aiiques tfiH deseendent kr^Rhône^ ne som âhfs que de plancbrs légères « qui sont aussitôt désassemblées et vendues; auprès sont. les coche» xl\3fau ^ et enfin kg petites p^nelia ou is^rques piates qdi servent au transport des grains^ la hptiiHe etjksautres mairehànd?ses.. Les barques ^Ftent pooi^meigne^ les unes ùndiapeaù de feutre^ in autres une grille de bois ^ unefenjiisiexle pallie, ôlc C^i) y vient actetev des mftrtfafiËncii&es coBuHe dans ies cabaneft ^da pr£. Là* }nultif:)licicé des bgrques , la ^ttfriété de l^r coii^tuetion , leur ^cshgement symé*^ 'mque , ie^n<^mbr^ d^ mât$ , fi^rment un tableau pitr <oresque^

Le^ommii» des march^ids arrivent cHtiinaireraé(nt iqtiîiTSe fouffe atAm;rouvertttre delaft^re, pour JitUfimgaMoef les marchandises ^ les enregistrer et kik exposer cc^veiiablement.

On sent bien cju'urie si ^odigîeuse affiuence de wqridii doit nécessairement exdter la cupidité des voleurs, attirer des filoux, des jcftieurset des prosti- ^tnées; Autrefpisiei c4i6mins^ ifeiieaucaire étoieiit «our 'Vpit'pea sûr&avapnt ei après k^irefdes brigands iv%mé% gaetseic^t r&rtiviée èt^à ^itiedes rnavchan^ jdiises : oA dte^encore i>e«utou(i^d'ave«^iires trag^ues *smvées à dei négociant <m'^ feun^.^otmnis. Mais, 3|^ce k lajvfgilsitce du icomjmandÀnt de la division, -un ïi?«fitaïdit pfflfi^ d^aucun éventent de <se genrè^: les patrouilles étoient nombrettôiN cX fréquentes. ËUes

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422 CHAPITRE XCI.

reçoivent et «e transme^ttent Tune à Tautre lin morceau de bois rond appelé marron , pour justifier qu'elles ont fait leur devoir. f

Les fiiies publiques se rendent ordinairement à Beaucaîre, de Nîmes, de Marseifle, d'Avignon , et des autres villes voisines ; il y en a pour tous les goûts, pour tous les états , à tous les prix : les unes feignent de vendre de la petite mercerie ou des rafeîcUsse- mens; les autres , logées 4ans les quartiers les (As éloignés , y attirent les porte*Êiiz et les matelots : toutes sont secrètement accompagnées d'anciens re^ cruteurs réformés et de tapageurs qui^ sans uniforme et affectant un air bénin, passent pour les pères, les maris, les frères ou les cousins de ces créatures, dont ils protègent les désordres et partagent les (>rofits ; aidées de leurs infâmes souteneurs, elles corrompent les jeunes gens et répandent la contagion dans les familles. La surveillance du préfet empêcha ce dé- sordre ; il les fit toutes arrêter et conduire k qudcpies lîeues (^e Beaucaire.

Il fit aussi fermer les maisons de jeu et même les plus petits tripots. Ges repaires de brigandage étoient ordinairement tenus par de mauvais sujets qui avoient été militaires » et qui, joignant à la ruse h force et faudace,. arrat;hçieiit souvent à la foiblesse d'un timide marchund qu'un moment de délire a voit égaré , tous les profita qu'une, hofm^te «t heùreui^ industrie lui avokvprocjiréa. : . : '

CHAPITRÉ XCU 42 Jv

Les filôux sont plus difficiles à at^indre que les- iFoIeurs de^ grands chemins ; ik font , pendant la foire^ fessai ou l'application de toute leur adra^se; ils^ s'introduisent par-tout : on composeioit un volume des ruses qu'ils mettent en usage et des tours qu'on- en raconte. Le prévôt pouvoit autrefois les juger sur- le-champ et en dernier ressort , et cette justice expé- ditive. en avoit beaucoup diminué ie nombre; mai», aujourd'hui que les formes judiciaires entraînent plu» de lenteurs, ils s'enhardissent et devieilnent plusr entreprenans.

Beaucoup de gens qui exercent des professions nécessaires et utiles , se rendent à Beaucaire et y sont très-occupés : les médecins soignent les malades , les chiruigiens pansent les blessés; car il y a toujours des gens estropiés dans des rixes ou par quelque accident : l'apothicaire débite ses drogues avec au- tant de promptitude et de ÊLcilité que le limonadier yend ses liqueurs. II est impossible qu'il n'arrive quel- ques décès pendant les huit oa dix jours qu'on reste à Beaucaire ; dors c'est un spectacle singulier de voir la pompe funéraire traverser ces* flots bruyans, passer devant les jeux , lès cafés , les cabarets y et les salles debal et decomédie: ilsemble quele ciel veuille rappeler à cette foule en délire, que la mort suit par-tout sa proie , et qu'elle h saisit souvent au milieu des plaisirs les plus vifs et les plus brayan§. , Les suivans d'EscuIape ne sQUt pas les seuls homm^

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>4ik»i

4i4- CHAPITRE xcr*

krobe ncnie qni &nt de bonnes afinres ; Tliénik y oavoie ausù ses suppôts : les notaites sont indnpen-> sablement nécessaires pour rédiger lesstîputations des paietnens à termes fiortaiitintérftt : les huissiers sont ausii 1^ pour soucenir leur déetse , et C(M- fiaindre le débiteur de mauvaise foi k s'acquitter; noasirîmes dans la grande ne {^sieurs enseignes de ces ofiiciera ezploiiaiis; nn d'eux vantoR rar-tooc dans ta sienne sa diligence et son habileté pour fa lédactton des protêts.

Autrefois c'étoit l'intendant de la pArvince qot pré&idoit au commerce, et qui veîitcnt au maintien du bon ordre et de la sûreté de la foire ; c'est SB|onr- d'hut le préfet du départemoit qui est chargé de cv soin : il s'y rend avec iHie escone degendannaie, b veiUe du jour elle commence. Son arrivée annoncée par le bruit des bt^es et de la mtwsqoe» terie; il y occupe le plos bel hâtd, et les dtffénens corps viennent te comi^menter. La ville lui acoovd* six mille francs en dédommagement des dépenses qu'il est obligé de faire..

A mesure (}ue l'époque de l'ouvertara de la iûire ■I^roche, et sur-tout la veille et le jour, le pont et les avenues sont couverts de gens à pied , à cheval ou en voiture : l'un , dans une élégante calèchis, fait voler la [xjussière sur l'hunible piéton; l'autre perce la foule en pressant les flancs d'im rapide coursier i la vue s'arrête avec.plaisit sur ce tableau ïnouvant ,

CHAPITRE XCÏ. ilf

imîmé d*ûtte wàuièr0 f^miresqm par fat vmM des figures et descoMimes (i). Le Rhàne est ausii couvert de barques chargées de voyageurs. Chacun S0 hâte pour trouver à se loger ^ ce (pu est toujours très- difficile : on esdge iti^e un prix exorbitant pour recetoir seulement ies voitures dans des cours elles sotkt eicposées aux injures de Fair. Cepem dant les um vont prendre ^te dans ies grandes auberges j les autres dans des cabarets ou des hottes ; il y en a pour toutes les classes^ Idce sont des tentes l'on trouve des viandes rôt^s ou bouiUtes; ces tentes sont disposées autour deâ cabanes du pré : aîlieturs, des espèce» de ti-aiteiises préparent seule* ment les^inets ; on doit ies emporter, et Ton ne peut' manger cbelt eiles : ceHes^i s'établissent dauts la ]dace pubiiqu^^ près des halles ; c'est ta que se nom% rident en générai les peûts mardiands. Sept ou huit

(i ) Lou IcxideroAin vclà la fieiro, Velà donc la franchiz* cnticiro ; Chacun coumenço son travaî. L'un d'amoun, Tautré d*aval ; Vous nou vezés rcn que coulados, Milo baisats, miîo brassados, Sur- tout parmi las bravos gens; L*on nou veî que de complîmens. Tout lou matin nou vezés gaîrc Que reverenças djns BeauCâîrt. L'on dîi, Sîas k)u bcn an4vat; Un autre « Slas lou ben iroavat;

J^lS CHAPITRE XCI;

bohémiens , cantonnés à rèxtrémité. du pré opposé au Rhône, près de la montagne, sous un abri formé de quelques branches d^arbres , font une ctMsine de Luci- fer: les plus pauvres mendians vont y chercher pour quelques sous des alimens dignes de ceux qui les préparent et de ceijx.qui s'en nourrissent; Ces bohé- miens viennent de contrées . très-éloignées exercer à Beaucaire, une profession pour laquelle on les croirait si peu propres^ Des . aubergistes des viiies environ- nantes viennent aussi partager les profits qu'on y peut faire : ils . louent , dahs . la ville même , des maispns spacieuses-^ l'on est servi à.vdlonté; il y en a, même qui prennent le tit][e de restaurateurs* La maison la plus fréquentée est cdile de Fahre et André.: on y présente, comme k Paris, une carte imprimée; dans la longue liste des mets.que cèle- d renferme, oii eh distingue dont les noms sont, peut-être inconnus aux gourmands de la capitale; on peut demander chez M. André, non-seulement voie polonaise fricassée , mais encore Aes pieds ^ amour

Diguas que fai vostro famiilo î L'autre dis. Que fai vostro fifloî Et ^*autrc. Que fai lou garçon î Après tout* aqueio façon , Chacun intro dins lous affaires , Autant vendeîres qu'achetaîrcs.

Jâan.iAïCHBt de Nîmes , l'Emiarras Ji lajîgiro de £eaucairtf poëme ; Ams^r^n , 1700, in-ia

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V CHA^PITRI XCI. izf

i la crèm0 (i). Le |otur que je dhiai dhtz hi, favqis bien envie coHnoitre ces me^ savoureux: mais tout JKVOÎt été consommé; ce qu'on nous servit, d*aiileurs^ ne* nous en donna pas une gnuide idée. Quokpi^ cette maison soit très - vaste , toutes les salles sont cominueilemeot remplies; on se presse 4ans It^ cours et dans les escaliers.

Tout ce train commence quelques fours avant fat foixe ; elle ne s'ouvre pourtant réellement que le a 2 juillet : c'est le préfet, accompagné des membres du conseil de. dépsUrtement et du corps municipdl <k Beaucaii^e, et escorté par des gendarmes ^t 1^ gardes luitionales , qui fait cette ouvarture. Le coirr tége, édairé par de^ torcbçs , passe à cheval , le 2 1 au soir, dans les principales rues 4e la ville , sur le pré et sur (eport, et Je préfet anoonce, au son d'une musique militaire, que les: marcbands peuvent jouir xlu droit de franchise. Chaque fois cpi'iL fait cette procbmatîon^ oïl lui répoi^d par de vives accIalna^ lions qui se m^at aux faites; et' au -bmitdtes boîtes. Toute marchandise que l'on débarqueroit avant cettefprmaïité , seroit soumise aux droits ordinaires.

Le lendemain, jotirde S." Mûgdeleine, on célèbre

une grande messe en musique avec le j^Ius de pompe

- possible : cette messe est suivie d'une procession ,

dans laquelle on portoit autrefois solennellement

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(i) Voya sa çtr^ imj^iupéir*

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4a$ ciTâPiTni xciy

OQe statua dd h sftinte , en irgent massif; on coi^ lente «ofomid1)ttî d*ime image de bok doré. T^w les corps assTst^nrMaussi à cette cérémonie, et k tendent pius impossine.

On ne sauroitfiiitidre fa confusion et la cohue tpA régnent pefida()t->tout le temps de cette foire (i)% La foule est continuelle ; iin &e pnesse , on se porte) if y a 9 dam toutes les fue&^un mouvement semblable ^ celui dei iiots de ia^ mer i H faut se prés^ver 4ea coups de coude ^ se favder des i^oÂt, et cependant «attsâire sa curiosités id on se^b^uttef on se bat Des^ inoskîehs ch»9<ent c|u son dés instfultiens , des charlatans débitent inirs drogues , 4e« mendiant cherchent à exciter, U pitié; le portée itiix, semble prèfi de vous écraser , en laiss^n^ tomber le f»- ^ftu qu'il porte eir écpttibie sur sa t^te ou sur se^ épaules ; les .celpoyieuys ^égocivHent à crier de$ évé<- Yiemens qui ne sont potptdans leurs gaeettes. c'est une cui^me renversée ; ici un homme évanoui; «iHeurs un convoi qtn passe; On vott de^ cotâmes d^

Qi#e fai merquat de son m^njat , Que pert tout d'un cop sa compagno. Que bravcj* ou t>cn cfie lavagno, Q^eccc^o per se debaiKha, Qu'a forso bruch per se coucha , Qu'a rendes -vous emb' uno puto , Que fai complimens, ^^ députai -

/

Idutu» les t^çofis^ 6n entend .I0ia«i ^rtn d^cBome»' et de patois: il semble que ce soient la réumoa éà iMtes h$ fïaiionè et la eonfosioii dSk htugMs.

Ce tmti^lxt a princtpatement iiçti pendant fcr |ràn Le soir on va toir les ménageries ^ les faato^ leurs y courses de cbevaust , }el datmetif s de corde y oala c^méife , ^ est établie dans ie |eii de pàame* La bonn^ eompagnid se rend ensuins snr le pré » <)è pàMoat on trouve la jojrease cantre^danae oit b ^v'aise fe^ve : As ii^tis câ^ le bnùt des însw tmmens se f^t «¥itëndr« ; kt <!^eat le bat de Niinesy ià^eltii d*Ài%, bitiêitfs csèiut <f Av^qon f chacun sa f^nt {i ^iui di^-aëï compftlri^tes. ^Le son gaiou** bet provençal est toujours mêlé à celui des. autiet i^4^t«tmen$. Q^ abtie t^ùt^ool k Vavfèkb.^ bat Hes Ctattilans^ ^\A^ ^hantaM^ô^v^haiuroûprxi^ ieiir pajFs étiA htùh des^tiscagn^tte^ dansent ei;tne eizz sana

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Qnt<j»jgiiîs,,j}à'^pcrc;r!ow^;p^là Qup se retiro ^mbc rçgrct, . n Que fai f amour à sa vezino. Que s<e coucfJ* rtnbé sa couzbid, "* Qucper lou caur «lostro f<iu ^îeoa» Qte fa ^ua bon ami cqdçu^M.:' Tant y a chacun s'accomodo BItVarrengo sùîvân salnôd'ô Et suivan son inclination^ Tacli' à contenta sa passion.

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J^^é CHAPITIIE XCï.

fimtnef , atic beauooiip de i^èreté, de prédbkm et ie mesure.

Oa vend à Beaucaire à-peu-près tout ce qu'on peut imaginer; nous y trouvâmes fusqu'à des an* tiques. Un marchand étc^t chargé d'un superbe camée représentant Qéopatre et Antiochus de Syrie ( I ). J'achetai pour M. de Saint- ViÉcens , chet une espèce de bijoutier qu'on appelle Vantiqualn, quelques pierres gravées , quelques médailles , et une très* petite boîte ronde en argent, guittochée en de- hors y contehailt une médaille d'argent de l'empereur Léopold, frappée en 165 S, époque de son sacre, et une médaille de chacun des électeurs qui y ont assbté.

' Lès frandiîses de la foire ne sont réellement accordées que pour tcois fours; miii» 9(1 a tiouvé le moyen d'en profonger Je tern^ , en ne^ri^dant pas les fêtes de S.^* MagdeMne et de S. Jacques comme àts fours utiles, quoique te commerce ne soit pas pour cela interrompu. En 1 ^6^ , à la suite d'un dé* bordement du Rhône , le fermier générai refusa de consentir i, accorder un four de plus; Tîntendaitt trouva moyen de l'obtenir en fiûsatit solenniser la fête de S.- * Anne. Depuis ce temps ia foire dure six jours, du 22 au 28 juillet au soiir; s'il y a

(i) H sera grave dans le W ouvrage que M. Visconti va p*H blicr sur Tlconologic..

.^^^^^î-j"* J

CHAPITRE XCI. 4ji

un dimanche immédiatement avant ou aprè$, c'est un jour de plus. On -annonce alors la cessation de la franchise y comme on en a publié l'ouverture ; lîfiab il s^en faut bien que cette cérémonie ait le même caractère de gaieté.

Biaitôt après commencent les préparatifs du dé- part ; les grandes routes sont de nouveau couvertes de voyageurs; ies barques sduent la ville en la <pûttant 9 comme elles ont fait à leur arrivée. II y a cependant des marchands qui demeurent encore plus de qtimze jours; mais il^ ïie jouissent plus de la fi'aïuiiise : les Cataians et les Juifs s'en vont ordi- nairement les derniers.

La foire avoit été plus nombreuse cette année que les précédentes ; les Espagnols sur-tout y firent beaucoup d'af&ires : les paîémens s'effectuèrent avec facilité. Les soies et les laines sont les deux ar-- ^les qui eurent le plus de faveur. Nous passâmes ]k trob fourà très-agréables ^ et nous eûmes beau- coup à nous louer de la bonne réception que M^ Dal- |ihonse , préfet du Gard , voulut bien nous faire. .

Nous avions suivi avec le plus grand soin tous les détails de cette foire; rien ne nous étoit échappé^ et nous étions réservés à être les témoins d'iu(ie C2^^-. mité qui heureusement est bien rare. II commença à pleuvoir le troisième jour de la foirç , et en peu, d'heures le RhÔhe déborda ; ce cm'on n'ayoit pas vu depuis plusieurs années. Non-seulement plusieurs

LakJB£k..j^ i. . '<.a ^ t

43^ CHAPITRE XCt.

ittftrchsaKli$6s furent g&tées par h pluie , mais le Aèuve inonda ia prabie , emporta les cabanes ; les çafëi , les bals <;hanipètres » disparurent s on n»*engmdoit par^ tput que des cm et des plaintes. La digue qui sépe«e les ponts de bateaux y fut entttreinent couverte ; bL communication p4r Tarascon devînt smpossîUe , et beaucoup de marchand$ fùxent ohligéi de faire le tour par Arles , parce que d^ant Beaujcaôre le fleuve est trop large pour qu'on puisse le tr»rerser en ba- teau^ sur- tout à Tépoque des déhordemens,

La navigation de l'emboucharedu Rhône n'est pas sans danger; la variation des vents en rend la durée! incertaine , et dans les grands débordemens elie est impraticable. La foire de Beaucake ofirira un bien plus grand avantage, lorsque le beau canal d'Aiguës-- mortes sera terminé ; et il y a liâu de axâre qu'on en fouira }jient6t(i)*

Nous avions pansuru d'abord tons les endroits de la ville et des environs. La vîtte est petite; se» rues sont anguleuses et étroites. Le nombre des maisons est considérable relativement à son étendue et à ^ population : mais elles ne sont habitées que durant ta foire; et, ie reste de l'année^ il est aisé db voir dam quel état de décadence et d'abandon peut tomber une ville dont les kabkai» ont un mojren

( 1} Je reviendrai sur Iq avantages de ce cs3(ia!^ quand je décrirai mon vo^ge inm le Languodoc

facile

, -_-_jj "j.

à

CHAPITRE XCI. 43)

Jâcile de se procurer sans travail ce tpii est stric- ^temetit nécessaire pouc leur subsistance. Le pfix excessif de$ loyers des maisons, des ma^sins, des hangars et des cours , suffit aux Beaucairois ( i ) pour ies faire vivre pelida^^une année : aussi ne songent- ils à aucune aune industrie; ils n'établissent aucune manu&cture , ils ne forment aucune entreprise ; ils cultivent seulement pour l«ir plaisir ipelques champs de vignes, Quelques plantation^ d'oliviers : ils ont une si grande horreur pour tome, espèce de travatl,- qu'on trouveroit à peine chez eux un tailleur ou un. cordonnier ; il leur faut, pour se âira vêtir ou chausser, f ttendre le retour de la foire , ou s'adresser à Taras-' coifi. Ceux qui ont vu Beaucaire pendant ce temps, ne pojv«it après se perstta<fer que ce soit la même ville : la plus grande partie des a^^rtemens sont fermés j rien n'égale la tristesse de ses rues désertes et de ses maisons sans locataires aussi affreuse qu'iofttten tans. 11 est cepeadant n se livrent à 'quelque k la foire diminuent tous pourroit finir par leui manquer. ,

La porte :qui. conduit au Rhône, est assfô. belle » le.quaïestlà^nbftûj eîle port est Oinmode.,(,r , >

Tome m.

4^4 CHAPITRE XCfc

Nous vool^nEies voir cet antique chlçeau de Beau-^ cakf f SX renommé dans les histoires de chevalerie : ii n'en xeaie' que des ruines ; ii a été afciattu en i6^2, par mordre deLouîi Xlil.

Nous aliâmei aussi à un qiuurt de Kçue de h ville i à l'endroit appèié &r Cmf-^oinfp demère le château Gauj^c , vob ia voie romaine qui c<mduboff d'îles à Nni«cf- on y a:trouvé phiMCwrs plefrres n* iiaireftk^iû n'avaient pciiit ètéà^fhqée/i. On croit que çé chemin fiiiscpt> partie de la voie Aurëlienne , qui «omroençoit à la vilte ^de Romei,' et alkrft àboutîjf ^ox ôxirémitte de f Espagne* M/ P. Véifarï semblé avoir bien établi , dansie mémohie ^ànuâ^îrrif qu'il pi'a commimiquéi que la route qni pâs^oftl^ GUnum et peu^étreao^fi k deauca^e, n^tpit qu^cî petite branche de cette YQÎe , et que {a branche prii^ cipaiè passoit à Aiies. ! . '

La gfcinde église ^ appelée No^^Dàmedt f\>mer) fut foiidée €in S^.ifi par Bernajfd, coittte' de Nar-* bontiOy niircplîs^ 4e Gotbîe et duadf Septimaiiieî feâ Ifoïigf qis fti pHIèrefrt; et Rajîmoijd/* éomle^ Ttttdbusô , eivfurfetrewaurateur: Le portail est orné de figures relatives à la ttaïssanwdtttS4rfiît;aùmliiëtt esl1a Vierge V-^vî tîen^ ehtre ^4 brklie-^îvfn fté- dempieur; ôftttt itt-cfesious éh cartictêfè^ gothiques.*

^^^ »4- ^REMIQ MAXW* a«MafiT SAPIENTIA l>Ef;

A droite, I*ange presica^lt 2^ S^ Joseph dVmmeîier

CHAPITRE XCI. <!i,35

Viergd~«t«Mt -ca&nt en Egypte; on lit- aiiGSfe-t

. OUCIT IN 4(ÏYFIUU JOSEEH CUM VIltgiNE CHR15TUM.

Enfin , sous l'adoration des mages ^ qui est à ^udi6{ Oit a-^critï - . ■' -^

NOSTBO DIVJNO DANT TMSTRIA MUMERA TRINO. .

' A Fépôqiïe des, guerres CÎvHes, plusieurs issrin- bfées de ta province se sont tenues k Beaucaire dans le réfectoire des Cordeliers.

. 5? I^iiiérieur. de la viUe est. tris^e,^es^enyirc>JÎ sont cliannan^ : U semble que le^iS^igulie; .cbâfefi^ de TarascQfi||ait. été bâd.,^:^p;-^4,,çour. lui sei^^ de perspeçriye ; la vue ^'étRpd ag^éal^iemept ,sHr Rhône, <jj*f , dans ce Iie^^,«j gna^ifique,, ^«^ sup ^s belles campagnes gui se piou^f^g^ot sur ses bords dai

pa] ys

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i^tm^*^m^^'

CHAPITRÉ XCli.

I^ns œrariusj pont sur le Rhône. TAltA3C0N«^ -* Histoire. Château. Intérêt que présentent les anciens châteaux. Pas de la Bergerette. Église de S.** A^artbe; statue «de la sainte. La Tarajqne. I ndustrie , manufactures. Hommes célèbres. Poésie provençale.

1 AR ASCÔN est Réparé de Beaucaire parle Rhône: iax tiiiHeû est une digue de pierre ^ que quelques aufeurs ont regardée comme le resté du Pons œrarîus des Romams ; mais d'Anvifle ( i ) prouve le contraire.. Pons œrariùs , appelé ainsi à cause du droit de passage qtfH y ^ioît payer, étoît situé sur la voie qui conduboit directement d'Arles à Nirne^ , à peu 'é& distance de Beflegarde , nous avons vu que ^ùché , CatèF, les auteurs de rHistoîre du Langue- doc; et M.* î*. 'Véranv placent Vgernûm^.île pont qirf est placé entteBeîtuèaîre et Tarascon^ quel que soit te norn qu*6n'dôîVe* lui donner, fortnbit une espèce de Z , afin d'offrir plus de résistance à Tim- pétuosîté du fleuve : malgré cette précaution , il a été renversé, et cette digue est tout ce qui en sub- siste. Deux pont$ de bateaux viennent s'y joindre ;

(i) Nttice dt l'ancienne Cauk, p. J5o.

CHAPITRE XCIÏ. 457:

ib sont sans parapets : aussi , brsque fe mistral ou le irent du midi souffle avec violence^ le passage n'est pas sans danger ; on Ta vu renverser dans le Rhôhet une charrette attelée de quatre chevaux.

Tarascon étoit connu au temps de Strabon comme une ville du pays des Salyes. On donne à son nenv une origine grecque ( 1 )• Les uns croient qu'il vient de l'effroi que causoi^it aux navigateurs arlésîens et marseiiloîs quelques brigands qui infestoient cette partie du Rhône ; d'autres l'attribuent à la crainte qu'inspiroit le drac (2) : mais ce sont les légendaire!» qui nous ont transmis la tradition sur cet animai jàiitastique , et le nom de Tarasco est bien pkis ahcien ; il est probable qu'il appartient à la languo des anciens Salyes.

Il ne paroît pas que ce lieu itit eu y dans t'anti^ quité, une grande importance , puisque Strabon et Ptolémée se sont seulement contentés d'eh citer \^ nom ; .mais , après le démembrement de l'empire romain , l'expulsion des V îsigoths et des Sarrasins ^ et l'extinctiendu royaume d'Arles, lorsque la Pro- vence eut des comtes héréditaires, Tarascon dut être considéré comme un point important pour la défense de la rive gauche de ce fleuve. Il y exisloit un dbâteau oii fut signée en 125 1, en ptfeeiice de plusieurs prélats, du sénédial de Provence, et^un

(1) Du mot m^^iomt(tarau€iH ) , troubler» efètvftx.

E e 5

4j8; çïfAl^iTfiç ïfqii; 1

gfBnd fiomt^re <Ie seig|iç4r$ , Jn capîtndtiJQnt par is^l quelte ia rép^b|qu€^ 4'ArMs ^^ donna à CbarJe* V\ 4'Ap)QM» cpmt^ de VtQY^Wie. Louis H ie fit abattie pour construira le çhi^Hw ^ est aujourd'hui rorne?. ment de la tiUû; il (^t commenàé en Tan 1 4oo » et qputi deu^ cent quarante mille Uv. de noirb monnoie^ iictuelle : les f^md^tioeis en sont établies sui* le roc ;t l^ pierres dont ît est bâti » tirées des oarrières de; Fofitvielle , prisi d*ArIes » sont tomes d'une dimei^ sion parfaitement égalç ; l'aplomb des murs lie iiisie rien & désirer » et les arêtes sont encore aussi vive» «lue lorsqu'elles ont été achevées. Nous mentàiiies sur la plate - forme , d'où b vue s'étend sur h beatt bassin du RhÀne ; le fleuve étoit couvert barques^^ et le pont encombré de gens qui se rendoieitt àBeam caire ; en face » on vptt tes luines du château (fe <Jette TÎUe ; et sur le pré, les baraques qui renferment un abrégé des productions de toutesles parties du monde; à gaudie , si'élàvent les clochers de$ églises. La vue sa prolonge sur la Camargue josquli remEK)uchure du Rhône , et embrase une grande piartie des riches plaities du Languedoc. Nous trouvâmes sut cette plate-fbrme un jeune artiste beaucairoîs qui s^est fixé à Marseille, M^ PonEe, ^ui étoit occupé à saisir àvto ses erajroBs les effeu variés de ce tableau magicpi^ : Si f des murs de ce ciiâteau , Ton jouit d'uit aspecf ravissant , il est lui-même un des phis beaux orne- mens des rives pittoresques du Rbôiiie. Qui doiK a

J

Ç5IAPITRE XG^n 4ii^'

pu concevoir; le ptQj^t'de fedèitfelîfr 'd*t>ù Vîeht cette rftge qiiî ilous poi^e encore à détruire des antiques demeitres de la ràleor et la beautés If fàm avoir une ame glacée, pour n'y voir'^iiè de^ Hiurs tombant en mîne. Les crétieaux qui lêi; ttm^ Tdnnani. les barbacânes, les meurtrières et les n'crnl*^ peurs mâchicoulis qui en défendit les àpprôcfiie^ , i^ous rî^peïent les sièges qu'elles om iprôUVés, !a çôble et courageuse résistance qu'oii' y a faîte ,' les marques de fidélité que leurs goilverneurs ont dbiiii ée^ à leurs Souverains; les tours qui les flanquent, ont été habitées par des chevaliers Ic^aux et braves , pai* des portes, des amans, des belles et des guerrierf* Quelle vslriété répand , sur un soi aussi heureux que celui de la Provence , le luxe des constructions an-î ^ tiques^ les ports (i), les théâtres (l), les amphî-^ théâtres 1 3 ) > les arcs triomphaux (4) , les aqueducs ( 5 ) , les portes (6) , les mausolées (7) > les tombeaux (8) y queleà Romains y ont laissés pour éterniser le souve- nir de leur grandeur et de leur puissance ! Mais,^i ces ruines nous reti^cent la puissante et les conc{u(6téS

(i) F^<^Frcjus,II, 477. ^ {2) Fôy^f^Orangc, n, 148; Arles.

(3) ^e>'^ Citnfee, II, 544 ; Arles, Nîmes , pcjrdeaux, Poitiers.

(4) K^^ Orange, 133; Carpehtràs, Nîmes.

(5) Viiye^Lyon, I, 485 ; Fr4jus, II, 477.

(6) Vojfi Autun , 1 , 3 1 5 ; SainL-Chama* , Saintes.

(7) Sifffra» Fge 399) Vienne, II, 44.

(8) Pa^m. . ;

£e 4

4io CHAPITRE xcir;

de ces maîtres de la terre , les vieux châteaux nou< rappellent les faits mémorables de ndtre histcHre, et en formeht une espèce de cours pittoresque. Combien c^ux qui ont été bâtis sous les comtes de Provence, animent encore la scène que je décris par r^et des oppositions aussi marquées pdur le souvenir des faits passés que pour les formes de l'ar- chitecture ! Interrogeons les lecteurs : cet ouvrage est tout*à-fàit vide d'intérêt, et l'auteur n'eut jamais l'écrire, s'ib n'ont pas éprouvé les mêmes sensa- fions que lui , lorsqu'il les a conduits dans l'antique château de Montbard , devenu le temfde le grand-préure de la nature rendoit en prose harmo- nieuse ses oracles immortek ( i ) ; lorsqu'il ieiir a fait passer en revue cette galerie de portraits de femmes charmantes, rassemblée par Bussy de Rabutin (2). N'ont-ils pas gravi avec lui au sommet du vieux château de Rochémaure (3 ) , qui , assis sur le noir basalte , semble dominer le Rhône , et tout retrace les grandes révolutions de la nature , tandis que son nom rappelle l'audace intrépide des aven- tureux-Sarrasins ! n'ont- ils pas parcouru les vastes salles du palais d'où les papes avigrïonnois fulminoient ces t^nibles excommimications qu'un trop fréquent usage rendit moins redoutaBles (4) * Les châteaux chevaleresques de Tarascon et de Beaucaire , célébrés

(i) Supra, 1,222. (3) SupràT^l, 100.

[i) Suprà^lfioS. (4) J'wpr/i, II, ijOk

*^. 1 1* „-"*

CHAPITRE XCII. 44»

par les poêles proveliçaux, ne sont pas un de$ moh^fres ornemens de ce beau fleuve, que ia tour de Sahit-LoiiU teunme si bien à son embouchure.

Si l'on pénètre plus avant dans les terres, ne regrette -t- on pas que la fureur des troubles civils ait renversé ia Toor-d'Aîgues et effacé ses tendres devises î On voudroit recomtruire ces châteaux de Signes >et de Pîerrefèu , les nobles présî-' dentés des cours d'amour rendoient leurs arrêts galails. Qui osera porter la hache sur le château de Grignan î toutes les femmes ne doivent-elles pas protéger ce monument, qui rappelle les grâces de Tesprit et les douceurs de la tendresse maternelle î Après avoir franchi le Rhône, et quitté cette terre classique, tout est empreint du nom romain , nous entrerons sur celle qui fut si souvent le théâtre^ des troubles civils : nous, sentirons encore davan* tage tout ce que la vue des anciens châteaux peut dire à une ame élevée. En partant de Pau^ qui vit naître le bon Henri IV, nous visiterons le lieu oti le loyal François I." reçut le jour; ceux les enne- mis de Henri ont senti les effets de sa vaillance et éprouvé sa bonté ; ceux qui furent témoins des lan- gueurs de Charles VII , des cruautés de Louis XI , de l'ambition des Guises , et de l'intrépide héroïsme de Jeanne d'Arc. N'anticipons pas sur nos jouissances, et n'intervertissons pas l'ordre des faits; revenons au château de Tarascon ; mais, avant d'achever ce

fc— ^i_

4ia CHAPITRE XCIU

qui an coiK:eme h description et rhistoire» mettom les vieux châteaux sous la garde des vrais Françab , sous la protection sur-tout de notre invincible Eilhpe-* teur^ si digne d'apprécier tout ce qui est noble et grand.

Ce diâteau^ si bien conservé à l'extérieur, est intérieuremeiu dans un délabrement extrême ; mab ses voûtes hardies , ses salles immenses, ses profonds soutenaim , annoncent la grandeur et le pouvoir de ceux qui Pont habité. Louis III et René y 6nl fait leur séjour k plusieurs reprises :. le buste de ce dernier prince étoit dans la seconde cour avec celui de Jeanne de Laval , sa seconde femme ( i ) ; ils ont été renversés. On. lit encore au-dessous de la niche qui les contenoit :

- DIVI HEROES FRANCIS LILIIS* CRU

CEQUE ILLUSTRES INCEDUNT lUGI TER PARANTES AD SUPEROS ITER.

Plusieurs édits de René sont datés de Tarascon ; B s'y occupoit de joutes , de vers et de galanterie ; et ce fût sous ses yeux qu'eut. lieu, en 1449» ^ des plus singuliers tournois doilt les fastes de la che- valerie nous . aient conservé le souvenir (2).

É*i*

*(i) Suprâ, tome II, page ^48.

(2) L. DE Beauvau, sénéchal d*Anjou et ensuite de Pro- vence, qui en aVoit été témoin, nous en a laissé ta description dans une lettre qu*il adressa à Louis de Luxembourg, son ami. J'en ai trouvé une notice trè»-étendue dans les manuscrits de M. de

CH&7ITXB X€U.> 4^3^

-.Philq^pe Lenoncovatt^ chevafief *du Ccw*-' Ant ( I ) , éoiyerdu roi, 1^ Phflihflrt de Laigue , sôsl chiinbclian , aVoiem £ût inviter tous les chtmlièrs dn icuytrs gentils à se rendre k Tarascon ie i /' ^uin y poui^ tompTQ contre eux une lance , en présence d'une gentè fûstowrtïU. Cette berpnm , que i*aûteurt ne nomme pas 1 étoh une dame ou demoiselle de quafité» placée sous un arbre , gardant sa krtbimesy^ tt ayanf ses-ihosettes profits etyUiettes ( z) ; elle réser-* voit au vainqueur la douce récompense d'un baiser, éx un bouquet de fisurs attaché à on rameau d'or. Dès qve les dames et les chevalie» furent réuni||. ies hérauts d'armes^ lés trompettes et les ménétriers oMrii^nt la marché : la bergère parut ; elle avoit un baoit de danias gris , foxu'ré et bordé de vair ; elle étoit coiffëe d'un petit chapeau couvert de fleurs , et

S^fntrVincenft. Cette notice a acryi à \x composition du mémonr^ que le P^Papon a joint» comme, suppicmcnt, au troisième volume de son Histoire de Provence : mais îl ii*a pas connu ie manuscrit même $ car il àh qu'il est mêlé de prose et de vers , et if est tout en vers. Celui d*aprcs lequel j*aî rédigé cette notice» est à la Bil>Hoî> thique knpcriale,J&«^ de Colvert, n.® 4365^, 79^7 nouveau nu- méro. On voit en tête fa bergère à la porte de sa cabane, auprès de^ Tenceinte ses moutons sont parqués ; à côté est un arbiè aaqud sont sasponduei «ne cuirasse blanche et une cuirasse noire: nlu^hast est Técusson de Seauvau; il y a au-dessus deux croc$ qui tiennent ensemble, et la devise, sans départir^

(i) Suprà, II, 307. ' j[»} Ce»t«à^re^ étant élé|ammeai vêtue.

444 CHAPITRF XCII;

pcntCMt une houlette garnie d'argent; D^uircâté pen« dok à sa ceinture un barill^ d'argent^ qui coiitencHt f e&u pour la désaltérer; de l'autre ^ étoit sa panetière», nie étoit montée sur une haquenée couverte d^uii^ és»p d'or, avec un chanfi'ein cramoisi, et ccmduic«r par deux jouvenceaux qui alloient à pied ; on me*^ noit devant elle un troupeau de brebis. Tous ceux qui dev(Hent entrer en lice , étoient sur de magm« fiques chevaux , bien équipés , armés de toutes pièces ^ mais habillés en bergers. On remarquoit sur^toul Philippe de Lenoncourt et Philibert de Laigue , qiu 4|oîent suivis de leurs éoiyers , du roi cf armes et du juge d'armes. II devoit être singulier de voir ces deux braves pastoureaux portant la houlette, b J|ttp sette, la flûte, le briquet, la panetière, le banl^ enfin tout le champêtre attirail du dieu Pan , sus«^ pendu à la redoutable armure du dieu Mars; car ils avoient aussi la cuirasse , et leur tète étoit couverte d^un heaume surmonté de plumes d'autruche de covieur pourpre. Uauteur prétend que sans doutance ils étoient moult beaux. Lauts chevaux avoient une housse grbe brodée d'or.

Ce bizarre cortège arriva sur la place le tour- noi devoit avoir lieu, et l'on avoit dressée tm écha&ud pour le roi , la reine et leur suite , et un autre pour les juges d'armes : au bout du champ ^ dans un lieu bien apparent , étoit la cabane dp la ber- gère^ construite avec des branchages ; près de cette

J

CHAPITRE XCH. , 44f

cabane de fleurs ^et de verdure^ s'éleToH ttn aibie, auquel les deux pastoureaux ifuî tencMent le loumfoi suspendirent leurs éctts« Le poursuivant d'armes p jappeH RBuvarin^ étok dms une tourelle ^ d'où H annooçoit -aux deux pastoureaux les cfaampiom ifM entroient dans la fice^afia qu'ils «se préparassent à iesbien receToir,

Le chevalier qui demandott lexCombat,»4ev<Ht toucher un des dbux boucHers : c^i cpà étoit tomtmi 4*^mour tt dt sa dame, devoit ciiercher à abattre i'écu noir , synitote d^un malheur cpi'ii craignoit d'é- prouver; le mal" content deyoit viser. k réau blanc, comme fû. eu| détesté Je signe d'un boohf ur qu'ai n'avok point goûté : . mais soudain un des deux pa$- tour^ux paroî^oît pour défendre son écu*

Louis de fieauvau décrit, les armes et les couleurs de. tous les chevaliers qui parur^it d»is ce tournoi^ qui dura deux jours* De ce nombre, étoient. Pierre de CiMffiy Louis de Montheron, Pbiiibert.de la Jaille, Guillaume Dynye» et Louis de Beauvau, qui, après 4111 combat long, opiniâtre» et souvent douteux» fit ^^&^ voler en éclats la Jance de son adversaire Pl^fibert de . Ls^ç » Cît obtint le p^bc: : . il eut I? ve^;g6«t le bouquet y et, sur* tout // baiser, lequel il tint à moult chier* _ :

Tannegyy du . Çhâtel succéda à Loui^ de Beau- vau» et savançar contre Philippe de Lenoncourt.: du Chàtel pqrtoitMOult gaiement en croupe la daima

Il f^

44^ CBJLPITRI XCII.

de Pontevès et de Cabane^ Les deux ccmBattam « heurtèrent a?ec tantéç vigiMir, que ieuis lan^cQs !^ jrcmipîient; ie fier Lenotioovn en ûi encore brisa: deux autres à^on ^Mhremire y et ie force de se iétirar^ îemportSMit avec ht sa conisigsusse datM^ ept dk» €€SM femtiie foote ^i'^^àk pa^ pék^du lei éttietu -

Ferri de Lorraine, gendre du rirà René, Mttitfi* iqfxùA& par b irfchessè de si(m'éfS|^)agé ^h^ beauté de son arDtiuce ^ poussa droit à fétu bism : a«i idjlbftmè coup , ilTeniportviâ victoiiti , et obtint la bei^ft le prix destiné au vainqueur | itiiiidôiuu en édiKâgè b housse d^ son civeval. * .. >.n(

Dans les intervalles des x^^dltibats y cdi sëvoit dut d»n«s difi^reM rc^ichissemeiss ; et ils éi6)eM biai nécessaires , ear ia barrière étoit oisiVétltè depuis midi }us<}u*à six heinres^du so& , ^'esi^Ihdire, pendant la plus grande diideur du ^Mâr* » - ;.!.>

Le pouTSuîvimt d^armes ec^iiisil l?s fuge^s-Hupr^ cte la bergère t fb allèrent avec éSk au^ pie<ist4â it>?, i^i leur accorda ia permisskm^de prononcer le juge- ment. La bergère ordonna au' pOut^iKVsfAt d^iMi de rendre les écus aux pastoureaiix ; eHe fit dédarâr par les hérauts que h pas tk Iw^^t^rf'étoH kèWiih pJl, er défendit à se* paàtotfteaux, de ie cotaiteôef: enfin elle leur fit ôter leur heaume, et frjr ààtM c$mm€ ses ^s serviteurs tt léyàùy^; ils reçui*eni! cette douce réconftpms^ en présenceMiet éôuie ïa oo«r', qui l^apppç^ra par «es appiaudîs^meris. La Ber^èté

monta alors sur saf^ hàc{uenée , et 0 Àeûx fois ie tour de la iîce au milieu de ses deux pastoureaux, au soii des instruméns , ayant devant elte le^ hérauts et' les piges d'afméâ, qui crioient, Lenoncouri et Laigut ; eik arriva ainsi chez Louis àt Beauvau, qui fui donna à souper : de ïâ dïe se rendit joyeUsemeiit au château y elle entra à pied;* précédée de méné- triers et d'un héraut d'armes qui* portoît d'une main une verge blanche, et de l'autre le grand prfx , qui consistoit ent une vergé d'oir et en un diamant qui valoir près de cent écus; mais, pourlegagner, il fidioit avoir rompu trois latïces. Le poursuivant d'armes demanda ait roi quel étoSt le chevîdier cfihl jugeoit digne dti prix* I/Mik de Beiauvïu et Guî Laval avoient rd^pu trois fantes ; mais Feni deLbrfâine* en a voit rompu quatjp^ j et il leçut le pribt i le brave chevalier Wt t'accepta que pour en parer îa téteddib noble ber- gère. ' Toute f afssemWée fit reteitir fes cris , Lorraint preguy [ Lorraine a le pSi^J ! If disinsa avec fat bergère, qui s'en retourna *véé ses paktouTeàux^et son cortège à l'appartement dé' Louis die Beaùvaii , f on servit des viandes , du vîri et des épices. Le jour parut, et mit fin ^ cette f*ètç.

Chacun refourna cjfans ses domaines ; mais le bon roi René eut soin de recommander à chaque chevalier de payer exactement la. dépense qu'il avoit faite ('i|.

La tr^dtition qiû f^t aborder -en Provence plusieurs

^tamm^

(i) Je pubiierai bientôt textuellemem , avec des notes , le ma- liiftcrit qui contient les détails de cette fête singuficce.

448 CHAPITRE XCII.

des discipf es4e Jé^-Christ , suppose que S.** Minfie vint porter la foi à Tarascon ( i ) ; Té^be principale de cette ville lui est consacrée. Nous Toulùpijss lit visiter. II y a devant la porte d'entrée un siarcophagi; antique renverié^ sur lequel on voit deux génies q\^ soutiennent une tablette sans inscription.

Les figures du portail ont été- mutilées avec un soin extrême. Le tombeau de Jean Cossa, grattai sénéchal de Provence, a été détruit.

La châsse de ta sainte é toit un présent que Louis XI lui avoit fait en l475 : le métal précieux dont elle étoit formée y et les grenats dont elle éfcôt. enrichie, ont causé sa perte. Je ne sais çofnmeipt une figure de marbre, placée dans la çhppelle souterraine, ^Hé conservée ; la bonne femme qui vend ies cierges xju'on brûle continuellement devant. cette image, nous assi^r^ique la sainte avoit aveuglé tous <3ei^ qui avoient voulu pénétfer dans cette çrypte.pour y porter la destruction* Cette /igure , qu'on dit être celle dfi S.'^ Marthe, paroît avoir éfé exécutée; au commencQinent duxvi.* sîèc{e; on Ut au^essus :

SOLICITA NON TVRBATVR.

Cette inscription obscure (a) n*auroîl sûrement

'MMÉitB

Ji)^«^ri,p, 119, ', : j

(a) On pourroît entendre par ces mots- que Ja sainte» entoi^rù Âe tribulations , n'en est pas troublée. Peut-être ce'mot solicita ^ mis ici pour solliciia, éxpriitie-t-if dette crainte religieuse qu'éprouve U juste qui va comparoitre devant Dieu.

1 * '

y

pas êSê CôiHJS^léiè a&iM pîrf^ ces savantes Béhédîcthtes cpii ,iâ<» ?tt^dln , ftfsofeht ai 1 3 { i ) , par \é\xt émditfiih , p!ftfeîpaterti«nir daifi^ fr latîgàe^ iatîné^ K gloire et FdrtiéfttéHt Tàràscb».

Le lifibÉter et unie? paWîe K Aéf «oht décdrés de bëlTeS ta^îsseirfes, qui* éfoiént autrefois dans le couVèH* des rt%teu^ï dk \%Ké incarné , et quî JîaKSfeiint éhte feur ou^^a^è.-

I^VièîBehiérôphaïkèqtti'iAiible présider aùi mys^ tères de eet^ crypte ^ venif de gitossîèrès îttiages saîirteeit répl^stht'éétôricfeîsanf mimonstréënchaîné; DaiM ïei? tehi jp5 <^%hofrançe , âe^ ariîihaax îné3nrilis , dètt^Hittagihation des'hortiAiëë exagérôît sonVehtla forc^ ét'iat^ièféckë, et' itiïikjàé^ fa crédulité prêtoit prtefe^ -tôùfours éts^ fôhhfes Biiiai¥èS , ont porté quél- queft>U' l'épouvante daWscèrtahies contrées.: ceùxî quî p#veiM>ileht à les éiV cBHî^r , mérîtoient ht recotiÉw&sancé des Kabkàl^ , qUî , pénétrés d'admi- ratîbh' pbur le côùrager et râdrèsse leuA libéra- t€fui«i', n'iiésîtbfetït poîritf ï ièù^^'d^cernet les Honneurs de Fapothéôsë; Cest ainsi qàé fâfnrfqilité plaçbît ley services de ce* genre* au* nombre des^ phis beaux! exploits ses héros et de ses dieux : elle a celébrë , entre^aiitresy ApoU<Hi^ vainqueur du serpent Python ; Henmlè , enchafeaiit Cetfeère^, assôhutiaiit Phydre de Lèrrié , perçant de ses flèches lés oiseaux deStvhi- phale,et purgeant la terre de tant d'autres monstres

(f) Pauadin, 7/iA DI, I. Bouche, 1, 3»^, Tome m. - F f

/

«

456 CflAPITRE XCII.

non moins redoutables; Thésée, domptant le taureau de Marathon et tuant le Minotaure; Méiéagre, dé- truisant |e sangfier de Caiydon« UEgiise , dans ses légendes , a cm devoir relever par de psyreiis faits h gloire de ses anges et de ses saints: Michel triomphe du malin esprit, qui est figuré sous la forme dW ^ragon; le même exploit çst attaché au nom de S. George ; S. Marcel délivre Paris, d'un horrible serpent; la Normandie doit à 5. Romain la destruc- tion d'un monstre appelé la gargouille ; et l'on donne le nom de r^intj^z^^àceluîdontondit queS/"" Marthe a purgé le sol de Tarascon. Le [dus ancien auteur qui parie de cette dernière tradition , est Gervais de Tifbuiy , gentilhomme anglob , qui prençit b 5|ualité, «de chancelier du royaume d'Arles , et qui écrivoit vers le commencement du xiil/ siècle ; elle est aussi con* sacrée sur les sceaux de ce temps-là ( i }• Selon Ger-, vais, la tarasque, serpent de la race du léyiathan , se tenoit dans le Rhône entre Arles et Tarascon , pour dévorer <ieux qui descen^pient le fleuve* S/^ M^the la dompta:et l'enchaîna avec son voile (2),

(i) Recueil de sceaux du moyen âge, dits gothiifues , pI.LXX,,u.® 5. ' (2) Le même auteur i^àdonte aimi i*histoîre du drac, dont ie nom, sans doute, signifie dragon. Il prétend <|^e cé^thonstre en-' traîna d^ns sa retraite une femme ^e Beaucaii*e«',quî cherchoit im vase de bois qu'elle avoit laissé tomber dans le Rhône : il Vy retint sept ans^ pour quVile eût soin de son fîis; et Ior5que celui-ci n'eut plus besoin des services d*une femme, on la laissa! aller. Elle raconta à ses amis , qui avoicnt bien de la pQÎi»e à la

J

CHAPXTil* XQW^,; 4,51

f C^|^i*ôttiène:t<lus les vis par ia. ville >,Ie àecQnd^^ jfQm de ja Pentecôte e\ le jwr deSa^ite-Marthe,^ i|ja^J|pttre,g«i^èrei qui représente fe /df;-4f^tf^, UHÇij f^mi|]^y qfui e3t:a4joui:d'hui chaînée de ce précieux i dépôt, .fit bien des di0icultéS: p<^r nou$ {e Ia($s^|^| voir ;j; elle, dou toit de la feryeiii: de notre zèle;. enfin, e)|e^ç^$entît à satisfaire notre curiosité; Cette figi^rei ^ est en ^i$, et représente^un dragon , non d'après les ]iq^Ie$ idées des artistes grecs , maisf d'après cf^ formes . l^arfes que, lui donnent leslégendaires ( i) :Ja corps^ e|st,fo|i^é de cerceaux recouverts d'une toile peinte,, et il a sur le dos une. espèce de bpiiclier hérissé de. cornes droites; ce bouclier, qui ressemble assez à la carapace d'qne^ tortue , a fait soupçonner à Bouche (2) qi|e l'idée. 4^}^ tarasque est venue de quelque .grosse,

Mcoimoître, les choses étonmintes demi elle. ïivoic été: témoin t- eUe leur dit que ics dracs se nourrissoient de çhair,(iumaiiie, et qu'ils pouvoient se changer en hommes. Un jour, disoît-elle, que le dirac lui avoit donné une portion de pâté d*anguiHe,ene frotta ifli de ses yeux avec fa graisse , et aussitôt cet ceil acquit la facultés voir sous ies eaux. Au bout de trois ans» cette femme reçomiut- ie drac dans ic marché de Beaucairc; elle i'appeia par son nom, «t lui demanda des nouvelles de sa moitié et de son fils. Le drac paroissant surpris quelle eût pu le rtconnoîiré, dleJuf raconta ingénument de quelle manière un de ses yeux, avort acquis une^ vue si périmante; aussitôt le drac lui mit ie doj^ dans cet œil, et le lui creva, pour n'être plus exposé à être recdnnu. GERVAilUS TlLBERlENSlS, Otia imperii , 85.

(i) Dictiomiaire des beaux-arts, au mot DRAGON,

(a) HUtokcdc ProHUce^l, 316.

VtZ

^m^^^

452 cnj^Mme iCM.

t^tii^ ftaMcfac'qtti se sMfa^MgKgée âBm4HM&9|icKare dit ÏKMncy ev aura éti ppké à Taïascoh t iiuUs ces boociier ne se j^ëmarque pu stir leit iotawr <pi MM' donneur la^plils'atidaitie figiuredefetslfasque; ^«nY pftroit que cdmmé un dngtm. K y^ a supies îlaBcs d(r cette momimeuse figure des poignées phfcè^ à^iler ^stances égales pour la' f<Mét plus commodéiMiitV-

Cest le siecond jour de ta' PMl€(odtë' qo^oti pté^ mène tarasque : huit jeunes gtos adnxts et v3g6tl« reuje sont chargés de ce soih ; ihùnt d^s-bavei ê^ souliersi blancs ; ieur tète est éoiâié cPim' bo«iîne^ 6e mousseOne , et ils pOf«em sih* h' poitrine uni^ctis!K>i<' diaigé d^uneftgâtre de'ratûmal; ifs porteiit^la tarasque à la hauteur de leur ceinture, et dirigent ses mouve*^ mens de manière qu'ils expriment la rage etk liire}iri tentât ils coufeii^ rapidement, tantôt ils s'arrêtent f- puis ik se retoumem brusquensait enciiant: lavavlm^ may nostrou tarascou [ Nous la voirons enooi^', nptte tarasque]. Pour augmenter la terreur que doit ins^î- rer le monstre cpii figure dans cette fête commémofa^ thre, Uil homme placé dans corps deranimaMuiiàit vomir des serpenteaux par Ifes yeux et par la bouche;

Ceux que la curiosité fait approcher de trop près^r t*eçoivent souvent de fertes contusions : alors lea Tarascdiinoîs paroîssent enchantés des prouesses de" leur monstre ; loin d'être attendris par les cris de^ malheureux déjà meurtris ; les suivans de la tarasque les font sauter de force ; et le peuple, remjJi de jde ^

/

^it retentir J'air de <:es acd^mations ?.A fua iemfe! a ^pm hmfi! la lUarascfUta îK^umn irél^Qe^t b^^fkhi jcHesit :bien fait! ^ W2^s>qg^e lyi0, rx>mp^ un Inas 1 ] he$ mf^v^ms^ etj^ iétran^$ qui igiK>rent cette brutale coutuo^^ .courent j^siqu/e 4^ h vie t plusieurs personnes oi^ léti tvàes; ^t oni^e pMomèns lamais ià.tarasqve ftans^ll^^ve^ud^iaccâàeut* ,

/Le fourbe la fête de S.^"" Marthe^ la larasque joue im ^ôljej^kn diir^ent : on k &it assister à ja pro- cession ^ $t ui^ jmfàe (fiUe vètiie de JbkiK: la con- duit attaçibéen^xec un Umg^fvbnn^ la même couleur ^ comme âutrofcâs la sainte ^u'on révère la mena -en- 4hsânée dans TarasCon» Lorsque Ja procession est entrée dans l'église , on la iMréaente à la parte du choeur ; ^n prêtre Tasperge d'eau rbénite ; f animal fait l^sieurs mouvemens <xHiviiIsi£s et tombe sur le c6té«

ffî Beaucaire, après la foire ^ présente l'image de la m(Ht , Tarascon^'âu OGaitsaiie, offie en tout temps cdie de la nie : la ièrtifitié des ^fJaines ^ l'entoureàt^ ^ctîvsié du commet ce^ dont les grains sont la prin- 4ipale branche, y répandent l'aisance dans ^toias bs états 4 par- tout on vjo^t le peupie ^e iivier au travail. On file du coton , <m fabri^iedes schakos . M Etienne Paschal a établi une manufacture d'eàu-devie : il assure que^ par -des moyens particuliers , H tire du fésidu qui reste dails Tdambic une quantité d'acide acétique, ou vinaigre"* épuré , aU moins égale à la quantité d^e^t de vin quela distMIation a produite.

Ff3

- 4î4 tHAPlTHE XCïT.

Tout , dans dette folie vHIe , respire la joie , Taisance

'et le bonheur y qui sont la juste récompense du trai^

et de l'industrie : c^est que l'élégance provençal

se montre même accompagnée du luxe. Les fenmies

sont à-peu-près vêtues comme celles d'Arles; elles

sont proprement cbau^isées; leur corset marque bien

la taille : elles aiment sur-tout la danse ; l'hiver , il

'n'est question que de bals et de fêtes; on les voit

-souvent quitter leurs occupations pour se mêler à' ta

' vivcfirûndôuJe, qui grossit en passant dans dutque rue.

Tarascon a donné naissance à Privât de Moiiêres ,

professeur de philosophie au Collège Royal , et aux

: deux frères Berthet^ dont l'un , Capucin , obtint qudl-

ques succès dan^ la chaire apostolique : l'autre » Jean

:Berthety se distingua par plusieurs ouvrages de litté-

. rature, d'histoire et de philosophie; il faisoit aussi

vers français , latins et provençaux. Parmi les dîflfe-

rentes pièces qu'il composa sur les campagnes du

"Roi y on distingue une épigramme qu'il fît à l'occasion

de la prise de Maestricht : il fiiut savoir que l'assaiit

' fut livré le jour de S. Pierre , et que la ville capitiîb

et fut rendue le surlendemain , jour de S. PauL

SanPeyré, eme sa testo raso, >

Diguec devant Maestric l'autre jour à san Pau: r Per coumbattre aujourd'hui prestomî toun êspaso;

Din doues joun, per mtrar , ti prestarai ma clan ( i). *

(i) « S. Pierre, avec sa tctc rase, disoit l'autre jour à S. Paul, »> devant Maestricht : Aujourd'hui prête-moi ton épée pour com- battre; dans deux jours je te prêterai ma clef pour encrier; ^

j

<k «

cîHÀPit*E xcn? 45 r

" Cette citation m'engage à dise quelques mots des poètes qui ont retrouvé la lyre que les vieux trou* badours ( i ) abandonnèrent après la mort de la reine Jeanne de Nâples, et sinr-tout lorsque la Provence eut cessé d'avoir ses comtes particuliers , et que la cour de ces princes ne leur offiît phis un asile et des protecteurs. Paul Belaud, Galaup de Chasteml^ François d'Aix et Berthet , firent renaître la poésie provençale; Pierre Paul et Louis Galaup en sont sur-tout regardés comme les restaurateurs* Le prer taier mérita ie titre de troubadour modernt. Louis Belaud de la Belaudière fut un des premiers qui se firent quelque réputation : il composa des vers dès sa^plus tendre enfance, et se rendit digne de cette honorable inscription dont on décora son portrait s Vertu me guide, Honneur me suit. Ses oeuvres (2) ont été recueillies par son ami Pierre Paul. Paul et Belaud ont été chantés par une muse marseiiloise , M."* d'AItoviti , que Ton a tort cependant de compter parmi les poètes provençaux , puisqu'elle n'a point laissé de vers dans l'idiome de sa patrie.

{%) Voyez svpràf page 97, Tartick sur Us troubadours, et, page 383 » rarticle sur ie théâtre forovcnçaL

(1) Ohos etfimosfrovinçaksdehom DE LA BELAUDlÈRE^^r//- hommoprwençau , revioudadosper Pierre Pa UL, escuyerde Matseillo ; dedicados at vertueux etgéninmx seigneurs Louis d'Aix et Charles de Casaulx, premiers consous, capitanis de doues galeros , guhematours eh l'anti^uo villo de Mârsiilh, 1 59$ » 111-4.^

rf4

I

i

4S^ ÇKAFPTItf fliCII»

Robert lie Ruffi^ fpfrïd-pèr^4e fH^mifiA 4e Mai^ séUle, a composé vuie^ cog^ffyfpffi tii^orifue .sur la

pest^<île i58o.Usfûèçe^Jb$^e$ife«éep,46?»^ ▲ntoîiçie id'Agar 4e Ç^fa^Ipa, f^ nioy^it de i^

pesite en i^i f$m'ffM¥ P^^^m^i^iff^^ l^t ^assiloiu^ im iÇl^m Fanfirlfi. <?I^e Çn^fi ^•Aix ayok hea^ça^p clb ^«çrye et de 6^^ i ^î»^ «pn .<ynî$nie ? d^ sc^^y^t f^îce rougir |a j»i^Nr def ^9â!tef fopHr^.qiç ^jgqoîapt ji'jpspîrer- f-e recue^ de se^ jpQ^sîei est m#^é ./^4C# 4^s Mns^ fmm^ %aU${\). Un autre ^eçiHHl q«î ppï'l« i# PÔiW tw», imprimé en i686» cç^nii^t impi pdéme .de J^yAÎer deBrijmçon , né^ ^v^^ i)9Mt^}é VÀi ^im\diPavii^% êU lou €rebo-cauer d'unp^j/sfifi à ta m^ct d( smm*\j^ pçédes de Barthéleuy F çt^lou, curé de Fla^ansdiuu

(i) Le p. BOUGEREL, dans son Parnasse provençal, ouvrage manuscrit , dont M. de Saint- Vincen^in'a conomuniqué une copie, prétend qu'il y ci^ a e$i de^K é^ivms, une de }^%% , i*ftu|Be ^666\TCkûi i\ se trompe. L'éditipp de léiS porte le tirade /iir/£rii Âey Musos provensalos , divisât en quatre partidos, /^^r Claude BruEYS» escuyer if^Aix; elle est imprimée chez Estienne David, et contrent des comédies et toutes les auti^ pièces de Bruey^. L'Autre édition n'est qu'un recueil de poésies de divers auteurs provençaux, ainsi que le prouve son titre : lou Jardin deys Muios prouvençalos , ou. Reeueil de plusieurs pessos en veri prauveuçaus, thausidosdinfleyso^s deys plus doctes poétos d'aques pays de Prâuvenp , aumentaf de prou* ueriis, senfencis, fimiUtudps et mauts ppt wm, i<K^^ 99^ 4^$ figw^es en bois , et cette jépigr^be :

Youtf tu faJrejigu' à l^ mouet, lÀinp ^uts libre et t'en ris fouet,

\$& principales picci^ soQt CoquaM, ou DiscêVJ â iasto»

i -T

1# âffifièsû <^f réj\^ ^ nîçjm jpips .été WMt0fm ; 4fc^ ^^,çfjp^<^ftnt qucjtqu? ^rite , jws^'elfes lui 9Ht fjèU4oKiJï^ Ifi nom J$0n4i prÇivençAls ^^^^'ts-w» ji^rçes pièces otot 4lé imppipiées dan^ le ^em^ dl^ jJ4- Jle jwésMettt^e V^bçlle^aÂnite-TuIle^ |i Tourvei, ^'il ^ ;fotiu4é ^«« So^sier. Fpmjpu wf^vjkpit en ▼ers : lorsque ie comte d'AIais; gouvernevir dp 9^^^ mr\f;f^y^ 4e .^siter^ )e jpyjtvx (çw^ Iiu adr^s^»^ en ]le .qp^taj^t 9 qoe^i^ies yec( çpv fini$fsoien| amsj :

I4^^o^yendrj^ de yquestre ^tesio^

]i. cbantoit souvent^ sur Taîr des lammtatims de Jh^ ^ y UM dMU>sen i]ii*i{ mo\\ ^te sur iejs laminia-^

Durand de Touloa .est auteur Je ^ttsîeurs pièces «atkîques { i ) qui n^oM point été imprimées* Les

- -T

fomjmtf î- rEmhflrquamait 9 his Ç$nquesto$ et l'htifous Viggi de Caramantran; leis Statuts deStngPeyré , que tous leis confi^airef depcn garJar eiohservar selon sa formo et teneur ; [eîs Amours dou tergie Florisco et de ia bergkro Ôîtivo; Comédie de Vïnterest ou de Ja Ressemblance, à trois personnages, en cinq actes , par Brueys ; *--ià Bugado propençato , ounte cadun ly a nnpanoucftmn,enliassadê difroverhis, sentenços, simiîliudos, et mots fer rire,, en^frovençau, en^ finnado tt coulado din un Httfou de dè^sons, fer la lauar, sabounar et eyssttgar comme si deou,

(i) Voici les tîtrei de ces' pièces ■: i;* la Afarùtte , en quinze allants, ii coiume en ridiqiie ^in Geikainr.rM« Marot; a.^ la Cmderenade, au 6u|ec d^iine dbputequii^tiicuÀBngnoiies enti« 4is Pénitens noirs «c Lebrun, frêne ^det du igrand Augustin ce nom , fort connu à Aix ; 3 .** l'Astre dt^Gibroun , faisant pou^uu

ifcrf.

4jli ChAPîtRE^XCiî.

comédies âe Gaspar Zerbin , avocat à Abc , ont été recueillies (t). Etienne Fontaine, maurais peintre et bon chirurgien , ^isoit des vers burlesques , dans

iesquels il fi'ancisoit les mots provençaux et pro-

«

vençâlisoit ies mots fi'ançais. François de B^ue et Charles Sceaux (2} ont laissé des comédies et dès chansons (3).

L'exemple des autres poètes provençaux ne fuit pas contagieux pour Natte , à Cuairon , village situé au-delà la Durance, à cinq iieues d'Aix; les religieux même qui composoient des vers, ne rougissoient pas non- seulement d'y présenter les idées les pJus triviales , mais même d'employer des

expressions d'une révoltante obscénité : qpantà liû,

> . " 1 ■•

à fa précédente;. 4.^ une lettre adressée à lui Darand, sur le procès du Ballon, à Brîgnolies, procès qui commença en 17^0; $S* ses Adieux à M, Bigaud, pièce d*environ cent vers , qu*ii fît au moment que Taubergîstç régf oit son compte ; enfin piusftfurs autres

|)îcces.

{i) La Petîo dey Musos et cùumédies ffouvensaks^ per M. Gas- par Zerbin, à Ays, i655,in-ii.

(2) Sç& principales comédies sont Brûs^et //' et Brusfuetll: Je sujet en est tiré de ia vie de Strûczi» prieur de Capoue, par Brantôme : c'est une inaîtation dU Sosie de P^AUTE. Ces piccef ont été représentées dans les collèges : ce sont pourtant de misé- rables farces^ il ny> rien pour éclairer Teisprit et former le cœur.

(3) Les chansons et les petites pièces de François de Bègue ont été recueillies dans icu Jardin deis Aïusos proifençalos , eu Recueil de plusieurs pessos en vers provençaux , recueillidos deis plus doctes pouéttt daquestpays, li^^, in-ia»

:^»

il composa des cantiques spirituels, qui n'ont pa$ été imprimés. Le capitaine Seguin, de Tarascon, a fût des comédies, qu'il jouoit hii-mème , et assez bien ^ quoiqu'il eût une jambe de bois : il n'a pas rigou* reusement observé les règles du théâtre; mais il y a dans ses pièces de la gaieté ^ et quelquefois des traits moraux assez heureusement exprimés. Voi^ comment 9 rend cette idée devenue si commune, que le mal se mêle toujours au Bieni

Ldu printen douno fa vepdweo,

L'estiou * remplis Icîs magasins ,

L*autoimo prouduît leis rasirn ,

E de rhîvcr naisse la glasso; '*'

De iatempesto faboukasso^i -

Et dou mau se tlro lou ben^.

. r » » '

» ' - t

Jean de Chazelles a composé un grand nombre de pièces et de chansons provençales ; son sonnet sur la Pauvreté est une de ses meilleures produc- tions :

su LA PAURETAT.

^ Troupode^fumofasorguiUottsopaurillo'y

Que tan fouert d*aqueou mau monstras de vous ^quar ^! Pauretat es un mau que noun se pou liquar ^^ Mai non oQcnço pas l*hounour d'uno famiilo. *

Au contrarî» leis dens que mouestro fa roupiflo ^ D*im pauré ^ue partout se iaisso puMicar,

* Vété, •Pôurijuoiptroisjee-voiissiseiK

* bontce; c*«st4-<lire , le calme» sible s à ce mal !

* Et ;du mai se tire le bien. ' £st ao mal qui ne peut se lécher.

' Pauvres orguciOemb 'Les dents que montreat les gne-

4

■S.

4^o CHknritE xcii.

Somn (Targnôf fqelou f<m fàlUtnen^ respectai*» iQn'es iin|^a|i cc^ d'hazar si qaaoga'un iaa|oiifil^*

JEqu pqii Açnso j?^[ri|jt rowtfa itou runhîow , £t laissa son houstau^^t %es cofires o^bers; ' Fau bon per lou voular qu'un larron siège ha1>He'^

Tan ben per cadenau n'a beson que d'un fiou *, ' l^usque lou $cou* doa Rey scrîé même inutile» jOmne^ (in I^HTittC a «iépi mes lou «km.

Nicolas Saboîy , à Monteaux dans le Cointat, étoît maître de chapelle à Sàînt-Pierre d'Avignon : 3 a composé un grand nombre de noêls (i) qui ont été recueillis avec ç^ux de Pueçh (2^ ».|j{u'pn préfère aux siens*

Franco» Berthet dorft fai parlé, vîvoîtk la même époque, Antoine Geofroy de la Tour^ k Digne ^ feibîlè jurisconsulte ; Charles du Pey rîer , Jean Sicard ^e la Tour-d'Aîgues , Gaspar Vend, magistrat à Aix, et le P. Cameron , se sont exercés avec succèfs à composer des vers provençaux. Mab Fraiiçois-

I uJi II libitum w^t piiw'iJW *" **

* Le moleste* ^ te jcen.

Sa maison. P 4> mM ëm^^ f Soit iiabife.

(i) La première éii(i<Hi a pam à Avignon «n .i^9St;'^«« préférable à ia seconde de 1704.

(2) Cefui-çi it, composé :ic noël des Beh/miens, dont je parlerai ailleurs. Il y a encore d'exceHçps caoïiqpçs çampoi^ par Reirol» jQienui&ier à Avïgnoii, imprimés sans date; et ceuxdu P.GACnlER 4e^Oratofre».p0^r les Missions, Avignon, -^35* '1^^* ^^^*^ ^^ RocH£» lilécoUet, Mavsetllc, 1805 , in-ia » lont nioins boni.

CH1:PIT]|£ xciu 4^

Toœsaînt Gros e«t vérhablem<îtft le'cïief du Par- nasse provençal : son talent précoce' fiit distingué par M,"** deSîmbne^ Tillastre petke-fille de M,~*' de Sévîgné. II est mort en 174*» S6i oeuvres ont été recueillies en i7346t en 1765 fi). Ses poésies sont d^im naturel et d'une naïveté très-piquantes ; la mo- rale en est saine et assaisonnée d-une f^santerîe fine , et par- tout on y trouve de l'esprit et de la gaieté. Je citerai sa préface , dans laquelle il s'excuse d'une manière très-ingénieusé d'B»oit composé set* vers eu provençal : ' ,

Que d'escrieoure au public es un toribie affalce!

A peno ai la plutp* à la man,^ Que m'enfrcni *, tressussi ** , et preni pcr «lavsns^ .

De- soungea qu*ai à satisfaire

Tant d'esprits de goûts diffêrens «Jtt Tant de patets ^ et d'espînpounejaii^^

Tant de letrus ^ en même tcns, Qu*assetas ou: ben drechs ^, eœ' un air grave et sajî«

En badaiHan, tout à troues ^ iigiran ' . Quauqu*un de meis escrits , et puis sç'en trufiaraii^'^^^ . , Aurai beiio emprunta lou plus pouir izngagi,.

Lei fîata, li faire ma cpur, dire^ capeou bas : Bénévo}« iectaur>.

I Kl . I 11 I I I I II I iiiui— ■ytfi^^yi

V k

(1 ) Rfcuildepwesies provençalùs de M. T. Gros , de AfarsHb; tonigeadoet âkgmtntado fer Vautour enu uno txpUcatieu dei mots lei piMsdigkik»;MKtsMe, i^dj Jn-S."*

Je suis agité* ' Stvans,

^ Je sue à grosi^ gontteS, « Astis ou droits.

Se dépiter, se mettre en c©Jére, * S«ns suite , sans ixâhM;

Indécis. Mis liront.

? VétiUctti:!, * flj "S'en moqueront;

X

4$S CHtA>PXTI|£ XGII»'

Ooun caëun quesio* iou suHragî ,

Fidcfe et sévère inspectour

De la sienço et de rignourcncî, . Ennemi de la sufficeitci ;

.Vous que scnsojmcfquyiarie ^

Boutas*^ toujours (& carestîc "^

A toute obro charmante et beilo

Que ven d'uno boueno cerveio ; ' ' *.

V<kis que tratas d'ai cabanîc ' f

fit coundanas à San-Laz^re ^ ,

Tout autour fade, impcrtincn.

En ii laissan pour paBsoten .

' Soun libre sec » dur et barbare

Que n'a pas caro de bouen sen S; Vous préguî, boiten iectour, de m*c;tre un pau proupid, De pas escalustra ^ ni trata de peoulllous

De ptureis enfans vargouignous,

Que ma muso , cncaro nouvici

Dins le stiie dei troubadours ,

A fa naisjIMe moun caprici. Chagrin despui Tong-tens de ies veîre estraiilas ^ p

Estrassas ^ et défiguras ,

Coumo un boueh paire» eme^ |usticî Leis ai , taus que vesés , quasi tous assemblas , Per leb émancipa. Puis d*un ton pathétique.....

« Alte^ià ! mi dira un critique ;

» Tu n*es qu'un sot , qu'un animal ,

» De t'escrimer en provençal : » Cest un |argon qu'on ne veut plus entendre.

' ^

* Dont chacnn quête.

>

Qui n> pas rooibra de bêu sent. .

* ians li'sine.

' Effaroucher»^

•Mettez.

Épari. , t^ w '

^'L'enchère.

* Déchirés.

* Sot. ignorant.

"Avec.

' Petites-maisons 4% AJtrseiiit.

,»■ - - ' ' '

Tome Ut:

E

,v -. . __:lv'

» Et que ie$ gens de gpût affectent d'ottbiîer; ' « Pour toi seul aujoui^d'hui doîs-je m*étudier

» A le lire , et même à Vs^pprenàre ,

» Aiuc dépens de ces. beaux écrits » Qu'ont produits de nos jours tant de rares esprits , » Et les laisser moisir au fond d'une boutique l » Non , je n'en ferai rien ; fe trait seroit inique.

» D'aiifeurs, tes vers ont-^iis du bonî . a* Es-tu fécond en nouvelles idées l / '

» Sais-tu bien assortir ia rime et la raison ; » Au son , à rharmopie, asservir tes pensées!

» Pour être un poëte fameux, » Il faut avoir du feu^ de la délicatesse, / » L'esprit sublime et le génie heureux; » Manier un sujet avec art et noblesse, »

Alto-là! cadun^ a soun tour. Moussu lou francillot; caspî ^! que motmùilâdo^! M'avés estoufega**; cependant perhowiour Vau répouendre à vpuestro charrado^.

Vous mespresas lou prQuyf^ç4u«

Et même mi tratas fouer mau^ .

De ce qu'auzi n'en faire usa^ : .

Saches que parli lou lengagi

Qu'au brès < ma maire m'ensigna ,

Que cade lenguo ^ a sa beouta -,

N'en trobi ' souvent dins la mieouno Qu'un autre, pourrie pas exprima dins la sieoui^oj. Ansin tau la cres pauro^ et la dis un jargqun.

Que sa préventîen ' es ben grando ;,

Et soun ourgueil senso resoun.

i4i

"•"Cftacun,

* Morbleu , peste.

Verbiage , réprimand/?» -, ^ Vous m'ave» suffp<^ué.

•Babil. ' Très-ma!»

7 I

' Berceau.

^ Chaque iangiMw

* J'en trouve.

-4

* Tel ia croit pMirre,

* Prévention,

1

4fii cifAnf Kf tféir.

Au resto^ sii>0é'li qb^tV to feU^o rdtimaiidd^, Andeno , ret^tMb, tit tllairé ^ itiêis^ tdis

De cous [es StSèr€tt$'khgai^

Deis ourlentaû9( Eàm^éns ;' L'espaignsotr, rifiitiéfi , H (foVo W ^ds^ suiUhtj^r , Tout de ftlkiie <|^<à fou fhittcdr. Aqueou* frances dolfilt ia^ doit^uh VduS' ftto , Qu'à fouerso d^4S^nnt4$!A yéhf beooxotimô es ^^

De ma lenguO ét^Unb sagktd'^"'; Lou prou v<i%(atrsi paHaVO féuti-c^ fèi

Ei coà» d'Aïlgtetéh^ et de^^çb'; En Prouvenço s'es fach l'afj^ihietb siffîahçd

Doou grec> doo» iktSny dbou* gk^B» Es a qui que ia rimcKeti^stkdb inVedtàéûr, Tanda qu tratar» nta-1iétf|[ûo de patbB ^

You ii farai la pcftkM4&:

Mai Mi* ittrvs qoë faba prouva

Tout cêifÊt veni> d'aVatiÇst : De provo ivai booeriM^ et-fideHdi''r Sarqua ieî , se voulér; i)>fM^ , estoifiasV Liges, fés coumo fktîiiV^â^^sés dl^ ca^^dèflds ,

Et saurés ce qae sôtih^tïts.

Quant eis écrits qU^ léFphDUiia^» Préféra îeis , es Juste, cfé* iî' ùOré artrasso**', S*aii d*arno^ espoiisur-M': càr^fau pas lou^ ifiar)iU!^^

Mi regardi'cèmno^un riiob!soun<

Pmtii tfautéûrtf d*un^tiBfii rtfiioun. . ^ '

Per ce quîrt^iftei Vert?; se sbuht boucftb'il^çb; Vose sont d'aquo^fti*^, \'dds ri'cit'dchiandii ttoôvà *

Cadun face que poôUi

* La langue roimmee. Tigne qui roil^litilivfés.

* Qu'on n'a rendu'béim'<îtfnhiie ii ' Fanfiinm. «t qu'à force 4Hè»p<«f; « MoucHwon.

* Rejeton. ^ S'ils soot beaux, dëlicatt. ' Faites-leur faire place*

CoaniQ

«^

_ -*

CHAPITRE XCII. 4^j

Coumo vous , moTita sur d'escasso * , v

Fau pas loudoutour doouPamasso; Ni même n'augi pas Vy ana cueilli de flous.

Dins mei lezis et dins meis badinagis , . Ai d'aquo deis enfans^ ,-aimi proun ieis eimagîs; Tant que pouedi , ieî fau simple , risens , courous ^^

£n oubservant que ma pinturo

Tou)our ressemble à la naturo^ Anfîn avés proun mangea , proun bugu ^ î

Liges , si noun croumpa vous chu *'.

Je Citerai une des fables de Gros pour faire con- noître son talent dans ce genre , qui fa fait appeler le la \Fontaine marseillois :

FABLO.

LEIS DOUS LOUPS.

Un jour un foup vieil , descarna , Sarquavo * à si desparjuna ^ : Lou paure diable s'en anavo Testo souto ^ , baiin balan'. Et sur sa vido , en caminan , Per enterin mouralisavo. X Qu'es devengut , entr' eou dîsîe, Aqueou ten que Marto fieiavo'^î De iloups ères iou capoulie * , Din t'abouba dou*" si gouenfïavoun " ; I ' . i' Il

* Échasses. , * Tête baissée* ,'

* J'ai comme les enfans* * £a se balançant.

* Agréables, ^ Ce temps au Marthe filoit , ce ' Avez vous assez mangé, assez temps de prospérité,

feu! Ne savez vous plusse dire! Le chef, caj>oraI,

* Ne dites plus mot* ■* Dans un troupeau de bœoâè» / ' Cherchoit. Se gorgeoient.

* A rompre son jeûne*

Tome m, G g

i66

CHAPITRE XCII;

Davan de tu cadan fegie' ; Avcs^ , t:an$*= , pastres , tous crklaTOim: Vci' àc\i garo lou barban*'! Aro lou mendré bfut t'cstouno ^ ; Uno inoaico Ves un taran^ : Parcns^ soch^ , tbut t'abaiicbùnd» £t n as pas sant aiimen ren^i En fen a queou resoun&meh ; Ves ûTl haliàn ' de soan cspéço ' Qu*à soun aise boutavo en péço Un moutoun gros et gras à lard. D'abord la joîo i'cstoufeguo*' , Dc)s utils i'èmpàssoS M defeguo; Et SI penso : N'auras ta pdrt , Si counoissen , sian camarado , Même autrcr fés i'y ai fa pllsi. Adounc , em* un air ioumbouri "* Humbfamen fa la coulado. Et lis dis : Bouen joui', moun amij» Fa bouen estre vous j fés l'ailpéri " i Quadenoun^, lou bel anithaU! Permettes que n*eii maiigi on paU: Moueri de fan et, de ntîseri^ Din lou besoun lami si ve^» L*autre d'un ton plein de mesprei» En 11 mountrah sei tHssaddiiiro f^ , «

fi lÉi

.*^)mm

* Chacun fuyoit. 1 roupcftttx*

' Chieas.

* Mot dont oïl se Ml rt pou» faire peur aux pctrtt enfant ; coihitié qui diroit toup-garoa,

* A présent tMMté JRmk t'é- tonné»

' Utfe rooucfae »tt tm taqn font toi«

« AirtiS, associes,

^ Tli as niôîns <^uê nen,

' \Jn glouton.

^ L'étoilff*.

' H le dévore des y^îc,

" D'ort «if raWfjaht.

' Vtfutfaitwrèmpcrèùr.

Diantre.

' Les dents.

_ »_

J

CHAPITRE XCII. 46.7

Li respouende : Que tant d'ami î Qu sies , vileno rato-souiro ' î Anen , sus, parte', crese mi; Qu*hôrs d*aqud ti iéVi la fédX)K ' Lou misérable, ben surpres ,

Va si 6êt pas di^e doues fe&i v

La quoue basso, grate pinedo^ En rémoumian ^ ; Aquo es fini, La pauvreta n a ges d'ami.

. Arles a encore produit quelques bons poètes, tels que Darlatan , Jean -Baptiste Coye , dont je ferai bientôt mention en parlant des hommes célèbres qui lui doivent k naissance.

* ViUine chuute-seuris. ' JI gftgn% le bois.

* Sans quoi je t'ôle la vie. ^ En marmblant.

V

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46»

CHAPITRE XCIII.

Navigation deTarascon à Arles. Provençalismes et Gasconismes^ Langue provençale, Proverbes,

JLj£ bateau qui nous conduisoît à Arles y avoit le vent contraire; ce qui' retarda beaucoup notre marche: nous eûmes tout le temps d'examiner le magnifique effet que produisent le beau château de Tarascon, Beaucaire, et fes riches campagnes cultivées en blé qui bordent les rives du Rhône

La barque qui nous conduisoît , étoit remplie de passagers q^i venoient comme nous de Beaucaire, ou des diverses parties de la Provence , pour se rendre par Arles dans les différentes villes qui bordent Tétang de Berre ou dans ia Camargue. Bientôt la conversation s'établit : Combien y a-t-ii , dît Tun d'eux à un petit homme sec qui étoit dans un coin , que vous manque:^ de Marseille ( i ) î Trois semaines ; j'ai été en Avignon^ du depuis à Beaucaire ^ et )e vas à Arles. Comme vous voilà fait ! On m'a marché dessus , et mon habit est tout péri (2). Vous étiez indisposé lorsque je vous vis à

(1) Que vous avez quitté Marseille,

I \

I 1^» m

CHAPITRE XCill. ^6p

Marseille. J'ai eu en effet rhume et f ai mouché pendant plus de trois semaines ; outre cela , f avois ïa joue enfie. Et madame votre espouset Elle est ^encore malade; tous les deux jours elle espère [i) la jfièvre : mais faî fait une consulte de médecins , et ils assurent que si je lui donne encore le quinquina et trois purges {2) , je risque {'i) qu'elle guérisse bientôt* Vous avez une jolie petite fille, dis- je à une grosse femme qui étoit près tlu patron; elle vous ressemble beaucoup, Oui, monsieur, chacun dît îgu'elle me dorme de Vair (4). En avez-^vous d'autres \ Hélas ! oui , j'ai encore deux filles et un enfant ( 5 f. Est-il avancé î Vous demandez sans doute s'il a d'esprit (6) ! Oui. Quoiqu'il n'ait que douze uns d'âge, il sait déjà bien lachiffire (7) : mais c'est uh démon ; au plus on lui défend une chose , au plus (8) il la fait : cependant je l'aime , et je lui rappdrtede beaux images (9). Cette jeune personne vêtue en noir n'est probablement pas une de vos filles \ Non , je suis sa marâtre (10); elle porte le deuil d'un

( I ) Attend. ( 5 ) Un garçon*

(1) Médecines. (6) S'il adercsprît.

(3) Je puis espérer, (7) L'arithmétique.

(4) Elle a de mon air. (8) Plus.

(9) Les Provençaux confondent souvent les genres ^ ifs disent» V huile est bon; voilà de beaux oranges, &c. Cela vient peut-être de ce que dans leur dialecte les mots n*ont point une terminaison distincte pour le masculin et le féminin.

(10) Sa belle-mère» >

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^yo CHAPÏTRJÇ XCïfl.

oncle qui lui a laissé un bon légat ( i } : et c'est bien heureux qu'elle soit riche ; car de i'humeur qu'fllc est (2) , eiie ne se fera pas aimer... Aussitôt la bonne femme s'adressa à elle: Rouseun (3), veux- tu man^ ger de ce gâteau ! Au contraire, Et pourquoi l C'est qu'il n'est pas tentatif[i). Et toi, Gou- thoun { 5 ) î ( Celle-ci ne se fit pas prier deux fois. ) Pouvez vous me dire, ajoutai-je , quel est ce monsieur qui a une jambe de bois ! C'est un ancien roarin très^famé (6) ; mais , quoiqu'il manque d'une jamte, il n'en va pas moins bien : on n'aura pas plutôt mi$ l'attache (7), que vous lui verrez monter le/ degrés (8) du port de quatre en quatre (9).

Alors celui *ci s'approcha de moi; il me demanda si l'a vois souventefois été à Arles. ^ Jamais, moiisieun Et vous ! "-^ Je ne fais qu'y passer , mais j!y ai resté autrefois (10): c'est une jolie yille. Il me paroît quç vous êtes amateur : vous y verrez beaucoup de belles tstatues (11). Je serai charmé de.pouvoir y faire votre connoissance. Je suis désespéré de ne pou- voir la cultiver ; mais demain je vais de de dans la Camargue, C'est un beau pays , et je compte

(i) Un bon legs.

(2) Donteife est.

(3) Rose.

(4) Tentant.

(5) Gothon, Marguerite,

(6) Renommé.

(7] Attaché Id eordt du bateau.

(8) Ucscaiier.

(9) Quatre à quatrcu

(10) J'y ai demeuré.

(11) Statues.

\

CHAPITRE xciii; 45^1^

1^ visiter en cpiittant Arles, r^-r Vous venez comme moi de de Va de Beaucaire : htfoîre étoit si pleine , que tout le monde n'y pouvoit contenir; H y eh âvbit juisque sur. le couvert fies maisons. La pluie a été si froide, qu'on aurait cru qu'il ^lloit glacer; mais dans ce temps nous aurons plutôt de pluie que de, neige, et cela n'est pas fini. ~ Peut-être. Oui, it chauffe (i) à présent: que voulez- vous /ow^r (2) qu*il tombera encore de Veauî Pour moi, fétois si trempe i qp'U m* a fallu mt changer de linge; et quoique fa sois bien hourri (3 ) , je %»i\^ que f ai b^esoin de trans- pirer : aussi je me ferai mettre cette nuit une bonne couverte f -rr Nous arrivons , ainsi vous serez bientôt chez VQijis. r J'ycourirai bien fort. Ciel! Qu%- vez-YOUSÎ ~- J'ai tomiém^. canne. Le courant l'emporte, -r- C'est un petit malheur. Adieu , mon-* ?ieur; si je vous retrouve de de là, j'en serai diarmé: on m'attend ^ et je sub sûr que la soupe est à table. Ces provençalismes sont extrj^memeât fté^ens \ même parmi des gens qui ont reçu quelque éducar tion et qui ont fait des études. On peut également aus$i leur donner le nom de g4fconi)mes ; car la plur part se retrouvent encore dans h Iai?gage habituel d'une grande partie des babitaiis du midi (4). Ces

(i) It fait chaud. (i) Parier. {3) Vêtu.

(4) Ainsi qu'on peut le voir dans Touvrage très-utile de M. PEsf- GBS)UAJ3, imituI4 iêSJG^0Hismi^C£lirig/si i^f^f, in-^."

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ÎJ*S*»

4?^ CHAPITRE XCIIi;

locutions ne sont pas une suite de l'ignorance des règles de la langue française; elles viennent de l'ha- bitude de parler la langue du pays. Le peuple de la Provence ou du Languedoc sait presque généralement le français ; mais il se plaît à parler le provençal ou le languedocien : les enfans l'apprennent dès le ber- ceau comme leur langue maternelle; ils le parient avec tous ceux qui les entourent ; et les hommes que les circonstances ont conduits dans des contrées éloi- gnées , ahnent à employer un idiome qui leur rappelle leurs premiers plaisirs et le lieu qui les a vus naître; souvenirs qui ne s'effacent jamais* Qu'un habitant du midi de la France en rencontre un autre k Paris, à Londres , à Pétersbourg , à la Chine , aussitôt vous eii pendrez , qu'es aqueou! &c» vous les verrez se cher- cher , et se livrer au plaisir de parler la langue de leur pays. Les expressions incorrectes ou vicieuses qui échappent aux Provençaux lorsqu'ils parient fran- çais, ne sont donc que des traductions littérales d'ex- pressions analogues consacrées dans leur propre dia- lecte; c'est ainsi quun Angiois et un Allemand qui poSiSèdent notre langue, ont peine à la parler sans y introduire quelques idiotismes de la leur.

Ceci me conduit à dire quelques mots de la langue

# provençale. L'ancienne langue française reçut le nom

de romane^ parce qu'elle conservoit beaucoup d'ex*

pressions de la langue des Romains, à laquelle elle

avoit succédé 4ans l'usage vulgaire ; elle prit des

>

_J

CHAPITRE XCIIÏ. 475

caractères difFérens , selon les conquérans qui vinrent y mêler la leur : ce furent les Francs au nord ; au midi, les Ostrogoths, les Visîgoths, les Sarrasins et les Alains. II se forma ainsi deux langues nouvelles qui se partagèrent la France : on se servit , pour les désigner, de la manière dont les uns et les autres exprimoient le mot oui ; toute la partie en-deçà de la Loire se servoit du mot o!l; toute la partie qui étoît au-delà employoît le mot oc: dès-lors on appela Tune langue d[oil , l'autre langue d'oc (i). Comme Ray- mond IV Bérenger possédoit en outre une grande partie de la Gothie et de l'Aquitaine, on désigna tous ses états par le nom de Provence , et l'on appela provençal la langue commune qu'on y piirloit. C'est pourquoi les anciens poètes provençaux ne sont pas seulement ceux qui ont^vécu dans les lieux situés entre le Rhône et le Var ; on donne encore ce nom \Sl tous ceux de nos provinces méridionales : on y compte même des Italiens, des Catalans, des Arra- gonois. De cent poètes provençaux , il y en a tout au plus un tiers qui appartient à la Provence pro- prement dite.

(i) K^^^Lacurne de Sainte-Palaye , Remarques sur U langue française des XI 1/ et X I II ,* siècles , comparée avec les îan^ gués provençale , italienne et espagnole , dans les mêmes siècles. Acadé- mie des bcHes-Iettres , XXIV, 6ji. Dissertation sur l'origine et les progrès de la langue provençale» Papon , Hist. de Provence , If,

45}-

/

474 CHAPITRE XCIU.

La langue provençale s'est formée des difTérens idiomes des peuples qui ont successivement habité ces contrées { i ) : c'est donc un mélange de mots grecs ,

M ■'

(i) Voici quelques morceaux» tirc$ des archives d* Arles, qui m'ont été communiqués par M, Véran, notaire, et qui peuvent faire voir et que la langue provençale a été à différentes époques. Le premier est un Hommage (ie Stéphanie et de Bertrand à Rajam." baud, archevêque d'Arles de lop à 1062 ;

Austu , Raimbaf jilius astrebure ! ego i\on vos toirai lo castel d'Aibaron , lo bastiment que factus est et in anten foetus erit, per nomen de castel. Ego nec homo necftmina per meum consilium , nec per meum consentement in nullo ingenio , ad istam tuam garJam, Id ettmartii, aprilis, maii,junii, julii , augusti. Si talem forfactum nonfacias de toire civitat aut castel; que usdir non pogues, aut emendar de son aver non voîgues \

Le sens paroit être : « Entends-tu , Rajambaud \ je ne t'cn- » lèverai jamais le château d*Albaron ( terroir d'Arles ) , ni le «bâtiment qui y est construit « ni celui y construire , sous le » nom de château. Je ne consentirai jamais à ce qu'aucun homme » ou femme t'offense d'aucune manière, à moms que tu ne t'avi- » sassesde t*emparer de la ville ou du château. Si tu commettoiîs un » pareil forfait, puisses-tu perdre l'ouïe et être dans l'impuissance » d'amender quelqu'un dans %€% biens ou dans son avçîr f »

Le second titre est de 1 1 90 :

Coneguda causa sia atrostots aquels que ison adavenir, son qu'eu Bertrans Guillem dom a Deu , et dis paupres de Jhrussalem , et ah fraires de la maison de Saint-Thomas t et ad aquels que i son vi son adavenir, de bon cor et de bonna volontat, tût aquo qu'eu ai vi dei aver al tor d'Ànsorie , en la man deu G. Baisle, maistre de la maison^ Aquis son garautias , ire. Arnauts de Trencatallas, Aquest don fou faig en lagleisa de Sant-Thomas, al mes de mai, amio ab incarna* tione Domini 1 1 90 { MCXC ).

« Sachent tous présens et avenir qu« Bertrand Guiflem donrwe

f

CHAPITRE XCIU. 4?)

hitins /allemands y arabes , espagnols, italiens, et

» à Dieu, aux pauvres de Jérusalem et aux frères de la maîsoi^ » de Saint-Thomas, présens et à venir, de bon cœur et de bonne » volonté, tout ce qu*i! a ou doit avoir autour d*Ansorîc, entre » les mains de G. Baîfe, maître de cette maison. Les garans n sont, ^c. AmajLid de Trinquetailie. Ce don fut fait en l*égli$« » de Saint-Thomas , au mois de-mai 1 190. »

Le morceau suivant est extrait des notes de Bertrand BoviSSET, écrivain d'Arles au XIV.*^ siecie ; mémoires dont i'originai s*est perdu pendant la révolution.

«

Quant Joan deBetiiafou cinat.

L'an i^8p , lojom X dtjonoyer^ lo rtyt de Frnnsa son cos propri fes cremesar, maistre Jo, de Beti^c , à Toîoia, quar disqueera erege. Item sapras que lo rey volîé que Jo, de Bethac perdlfs la testa, e Jo» de Betijac ausi que la testa dévié perdre, respondet al rey qu'el avu agut d*una Ju^evados enfans, et que eyrege era, e lajusticiapertenie à l'enqveredor , et non al rey. Item lo rey, ausi aquestas paraulas desohre^ dig Jo, de Beti^ac, e comandet, vistas las presens qiiefos arts cremat: et aysinsfou fag lo rey présens.

Quand Jean de Bétizat fut p^é.

« L'an 1389, le 10 janvier, le roî de France fit brûler son » propre cousin, M.^ Jean de Bétizat, à Toulouse, sur ce qu'il » dit qu'il étoit hérétique* Le roi voufoit qu'on lui tranchât la » tête ; ce qu'entendu par Bétizat, il répondit au roi qu'ayant eu

V deux enfans d'une Juive, il étoit hérétique, et qu'en consé- » quence il étoit justiciable de l'inquisiteur, et non du roi. Ce sou-

V verain, ayant «ntendu les paroles dudit Bétizat « ordonna de » suite qu'il fût brûlé sur-ie-cbaipp ; ce qui fut ainsi fait, le roi » présent. »

Ce dernier article est extrait des ^âpituts de \% yilie d'AH^s ,

annéci454:

Toutes femmes publiques, putan, catoniere', ou tenen tnalo vido e$

■M

/

^j6 CHAPITRE XCiri.

de français moderne ( i ). Elle s'est fort altérée depuis deux siècles par l'admission de beaucoup de mots ' étrangers : c'est dans les montagnes qu elle a con- servé le plus de pureté. Ces variations successives de ridjome provençal ont amené de grandes différences dans la manière de le parler : ces différences se font sur- tout sentira Marseille, à Toulon ^et dans le pays Venaissin. Les habitans d'Arles y mêlent beaucoup de languedocien.

On peut se faire une idée de la langue écrite des Provençaux par les morceaux que j'ai cités (2) ; l'ajouterai ici quelques proverbes pour faire connortre leur langage vulgaire ( 5 ) :

inhoneste, df mourant en carrière de las femmes de hen , que porte man- tel, vel en la testa, subre son col ou esf ailes , hoplecho , garlandes ou aunel d*or ou d* argent , ste condamnade per chascune cause en jo sots toronas et en perdamen de las causas susdicAes,

« Toute femme publique , de mauvaises mœurs , aifant la nuit par » les rues ( catonière ) , ou tenant mauvaise vie et malhonnête , demeurant dan5 une rue habitée par des femmes de bien > qui sera » trouvée portant manteau, voile sur la tête, sur le cou ou sur les épaules, capuchon, guirlandes ou anneaux d*or ou d'argent , » sera amendée de cinquante sous couronnés pour chacun de ces » objets , et la perte d'iceux. »

(î) Dictionnaire provençal , par le P. Sauveur^ André Vï.LLkS, religieux minime, Avignon, 17^ J , in-4.® Vocabulaire provençal , Marseille^ "785 > deux vol. in-4.®

(2) Suprà, pages 459 J^uiv.

(3) J'ai cité plus haut, page 456, un recueil trcs-ctcndu de proverbes provençaux*

/

CHAPITRE XCIII. lijj

Pan fiesc , proun Jiîlos et boutsc vtrd, meùoun ieou Ihousteau en désert. Du pain frais , beaucoup de filles et du bois vert, mettent bientôt ia maison au dé- sert (i). £r inquiet coumo un cristeri. Il tourmente comme, tm lavement. De chins , d* armes et d^a- mours , per ounplésir milledoulours. De chiens , d'armes et d'amours , pour un plaisir mille douleurs. Qua ben dinat, creis leis autreis sadouls. Qui a bien dîné, croit les autres rassasiés, Lauso la mar, ten ti a terro. Fais Téloge de la mer , et tiens-toi à terre. . Quofiu tro tirou.fais dous bouts. Qui tire trop h\i deux bouts. Jouine chivaou vieil maquignoun. A jeune cheval vieux maquignon (2). Es plus proche la car qut la camisou, La chair est plus proche que la chemise (3). Quu voou en tau tas peiros soun coùtéou dgw^ar, en tout roumavagi safremo menar, et en toutos aiguos soun chivau abeourrar, oau bout de l'an n'a qu'uno coutelo , nno putan , et uno haridello. Celui qui va aiguiser son couteau sur toutes les pierres , qui cc^dult sa femme à toutes les foires, et fait abreuver son cheval à tous les ruisseaux, n'a au bout de l'an qu'un méchant couteau , une femme de m^iuvaise vie et une.haridelle.

L'âne est le sujet d'une foule de proverbes : Lavas

«M

( I ) . Sont la ruine d*une maison. (a) Pour le dresser.

(3) Cest-à-dire qu'il vaut mieux rendre service à un ])arent ^u*à un indif^r^snt.

478 CHAPITRE XCIIl.

la testa à Vay , escampas lou Ussitou. A laver la tête d'dn âne , on perd sa lessive, A bouen yarletaureillos d'a^e. À bon valet, oreilles d'âne; c'est-à-dire qu'un bon valet doit écouter les injures patiemment. Es coumd ra-^e de capiton , suses quand vies venir lou bastt II est comme l'âne du chapitre ^ il sue quand il voit venir le bât. L*ay qu'a doues mtstres la quBuelipeh. L'âne qui a deux maîtres , la queue lui pèle ; c^est^ à-dire qu'il a beaucoup k souffrir^ -^^ Fa coumo aqueou que sercdvo soun ay et Veiro dessus^ II fait comme celui qui cherchoit son âxie pendant qu'il étôit dessus.

Les expressions proverbiales relatives aux fômmés ne respirent pas toujours cette antique galanterie dont la Provence a été le séjour : mais les hommes qui se plaignent des femmes , sont, en général , ceux qui les aiment plus. Les Provençaux disent , il est vrai^ que, se n'ero pas les fremos ^ Itis homes strim d'ours mau lipais [ s'il n'y avoit pas de femmes, les hommes seroient des ours mal léchés] ; mais ils £sent aussi, qui perde sa fremo eme quinze soùs, es grand doumagi de l'argent [ qui perd sa femme et quinze sous, la plus grande perte c'est l'argent ]. Les pro- verbes suivans sur les femmes et les filles sont tJ-ès- connus : Amour de courtisan , ben de vielan et de fumelo , noun duroun pas passât un an. Amour cour- tisan , générosité de vilain et fidélité de femme , ne durent pas plus d'un an, Ombra d'home vau cm

CHAPITRE XCIII. 47î>

Jknfos. L'ombre cfun horiimé Vaut tènt femmes. Fdlio que pren , se rende vo se vende. Fille qui prend , se rend ou se vend. Fil/io troutiero et fenestriero , rare- ment boueno menagïero. Fille qu'on voit souvent à la promenade ou à la fenêtre, est rarement bonne ména- gère. — Afouilhe di marinier, ni maridado ni muech. Femme de marin , ni mariée ni fille.

Celui qui a fait le proverbe suivant n'avoit pias à se louer du mariage : Doues bouens jours à l'home sur terro, quand prend mouilhe et quand Venterro [L'homme a deux bons jourô sur terre, quand îl prend une femme et quand il l'enterre ]. ÏI est vrai que celui-ci ne prouve pas que les femmes aient plus à se louer de leurs maris : Se unomarlusso venie veousop série grasso [ Si une merluche devenoit veuve , elle en- graisseroit] (i).

X

4So

CHAPITRE XCIV.

Arles. Histoire. Place du Marché. Obélisque. Placé de la Cour. Maison commune. Vesti- bule. — Inscriptions. Escalier. Vénus, Médée, Mithras. Autel de la bonne déesse. Colonne milliaire. Inscriptions.

C^ETTE ville, dont les rues désertes sont si tristes et si étroites, est-elle bien l'antique cité d'Arles, ri- vale de Marseille , et chef-lieu d'un royaume étendu et puissant î Son état actuel annonce une extrême décadence : mais les Tnonumens nombreux qu'elle renferme attestent le rôle éminent qu'elle a joué ; on voit qu'elle a été embellie par un grand peuple et habitée par des rois ( i ) .

Si l'on admettoît ces origines fabuleuses dont les villes antiques et opulentes ont cherché à relever leur histoire, Arles auroit été fondée par un roi celte

(i) On peut consulter, pour l'histoire d*ArIcs , Discours pané" gyrique de la ville d'Arles, prononcé le 2/ avril z/^^, avec des re- marques historiques servant à V histoire de cette ville ,ipzx \t P. Fabre, deTarascon ; Pontificat de F église d'Arles, par Saxi, chanoine, imprimé à Aix en 1 629 , m-4.° j Histoire de l'église d'Arles, par DUPORT , chanoine; Paris , 1 690 , in- 8.** ;— : Ro^ak Couronne des rois d* Arles, \>2it BoviS, peintre; Avignon, 1^48, in-8."; l'An^ cienneté d'Arles et sa république, par AnIBERT, 17791 in-8.®; plusieurs ouvrages manuscrits <}ui m'ont été utiles*

nommé

CHAPITRE X<}JV. 4Bt

pommé Arulus , qpi lui .auroit dominé son pom : mais rexîstence de cet Arulus est chiitiériqae , et Ton n$ t^peut rien savoir de certain sur cette ville avant fçtnp^ de César (i.) ,. qui ep a je premier fait men* jion, en parlant des^g^fêrfes qu'il y fit construne pour fpumettre Marseille, II es^ probable qu'à cette époque i^ç voulut humitîer yne vîUe rivale, et que lès Ro- m^ps profitèrent, habilement de cette jalousie pour les soumettre toutes deux. Arles acquit par ses ser- vices la protection des Romains, qui relevèrent au rang de colonie : elle est désignée dans les inscrip- tions par différens surnoms. Elle devint sur-tout puis- sante au III.* siècle : il y avoit un trésor, et l'on y fi'appoit des monnoies. Constantin lui donna son nom ; il y demeura long-temps ; il y plaça le siégé de la préfecture des Ga^les (2). Cette ville fiit, dans ie V.^ siècle, prise par Constantius III ; assiégée plusieurs fois par Théodoric I.*', roi des Visigoths, et par son fils. Les Francs, les Goths et les Sarrasins Font successivement ravagée : ceux-ci la. détruisirent presque entièrement. Après l'occupation entière de la

Gaule par la nation germanique , la Provence forma ,

—————— ' iiii «i.^— ■— —— I ——————i— —.—.—.

(i) DeBeliocipill,l,^6.

(2) SaxH Pontif, Arelat, 65, lîgn. 7, dans la dissertation într- tuiée. En quel temps le siège du préfet des Gaules fut transféré de Trkves à Atllesr; et Hist, du Languedoc , par DD. DE-Vic et Va^is- SETTE, 1. 1.*^', note 48. On établit que ce siège fut transféré de Trêves à Arles par Constantinîen II, en 391 ; mais ie passage cite par Saxy dément cette opinion. *

Tome III . H h

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482 CHAt>ITRE XCiVé

depuis 8 5 5 , un royaume particulier ^ qui fin fèaxA en 93 3 > p^ Rodolphe II y à celui de I9 Bourgogne transjuiane ( 1 ) ; M s'étendoit depuis fembouchuxe du Rhâne -jusqu'au mont Jura. Ce prince , ^on fils Conraa II et Rodolphe III , se nommoient dans les titres » tantôt rais de Bottrgogne , tantôt r(HS de Vienne ou d'Arles^ tantôt rois de Provence et d'Ah^ mamie (2). Plusieurs provinces de ce r<^amne

(i) Voyez Carte Je l'ancien j^ ou premier J royaume de Bourgognes Le royaume de Bourgogne et d'Arles, par P. Du VAL; Pans^ \6ji t ^6jj, ^684, m-fol. Z^ royaume d' Arles t par Gérard Mercator ; Amsterdam , 1609 , 1^13, în-foî, Guyenne, ou Aquitania [ et regnum Arelaiense ] , pcr Gerardum Merc ATOREM ; Duysbargi, hi-fol. - Dis^rtation sur l'étendue du second royaume de Provence , dit le royaume de Boson (ou d'ArJesJ, formé des dehis de Vancien royaume de Bourgogne; par D. PLANCHER , dans son Histoire de Bourgogne , 1. 1.*^', p, 4^3-470 > Dijon, 1739, in-foï.

(1) Aiphonsi Del-Bene de reg^o Burgundiœ Transjurana et Are' lotis; I^ugd. 1602, in-4.** Histoire du troisième et quatrième^ royaume de Bourgogne ( ou d'Arles) vcryci Histoire des Séquaneis et de Franche-Comté, par DUNOD , t. II , p. 83. Chronologie his- torique des rois de Provence et d'Arles , par D. Clément : voyez i'Art de vérifier les dates; Paris , 1770, p. 661. KOCH , Taàleau chronologique des révolutions de l'Europe, tableau LXXX VL L^ royale couronne d Arles, eu l'Histoire de l'ancien royaume d'Arles, enrichie de r Histoire des empereurs romains , des rois des Goths , des rois de France^ qui ont résidé dans sou enclos , par Jean-Bapùste BoYYS; Avignon, 1641, in-4.® Joh, Strauchii Tractatus de regno Arelatensi; •Ie;iae, 1 674, ^1-4.** Simonis Fred, Hahnii Dissertati9 historica de Justis Burgundici novi vel Arelatensis regni Umitibus, et de relictione ejus Rudulpho I HabsbUrglcû perperàm adscripta; Halas iVlagdcb. 171 6 , iii-4,*

CHAPITRE XCIV* 483

* passèrent successWement à la France , et la Provence eut des comtes pâyticttliérs. Vers le xn/ siècle,' les villes qui avo&eot quelque puissance se soulevèrent contre le joug intolérable de leurs comtes ou goit- vçriieurs , qui aVoient cohv'ei'ti leurs fohctions en dtoits , et avoient rendu leur pouvoir héréditaire : les habitans formèrent des confédérations auxquelles ifs donnèrent nom de communes; celles-ci se mena* gèrent un gouvernement qui leur assurât la liberté personnelle et la propriété de leurs biens , fsous ia protection de leurs propres magistrats. Cette vo- lution prit naissance en Italie; et les villes du midi de la France , entre autres Arles , Marseille , Nice et Avignon , s'empressèrent de suivre le même exemple, La liberté enfanta des factions qui causèrent des troubles çt amenèrent la licence; on confia à un magistrat zppelé podestat une autorité dictatoriale. Barrai des Baux , qui fut le dernier podestat d'Arles , en 1 2 5 o , réussît à persuader aux habitans de se sou- mettre, Tannée suivante, à Charles d'Anjou , comte de Provence : depuis ce temps , Arles s^ivit le sort du comté ; elle fut réunie avec lui , en i48 1 , au domaine de la couronne des rois de France (i J. ^ Il étoit trop tard pour que nous pussiçns rien Voir lorsque nous entrâmes dans Arles ; jnais , dès la pointe du jour, nous commençâmes nos recherches:

(i) J'âfpri, tome II, page a 1 5.

V Hh 2

484 CHAJPITRE XCIV.

elles furent dirigées par M. Pierre Véran, empièyl à la préfecture y homme très-versé dans Thistoire de son pays , et dont |'ai eu occasion de parier ( i ) ; et par un de ses parens du même nom que hir , notaire dans la ville d'Arles , grand amateur de Tan^ tiquité , auteur de quelques ouvrages inédit , et qui a rassemblé une immense collection de titres relatifs à sa patrie. La grande place , appelée la place du Aîar^ chi, reçut notre première visite. Dès qu'on y entre , U, vue e^ frappée par la noblesse de l'obélisque de granit égyptien ( pL LXIV, ;i/ / ) qui la décore, La hauteur de cet obélisque est de quarante-sept pieds > et son diamètre à la base est de cinq pieds trois pouces : avecle piédestal ^ il a en totit soixante- un pieds. Il pose sur quatre lions, qui sont de pierre falunaire de Fontvielie , -ainsi que le piédestal : cette substance n'est pas assez dure pour supporter un poids aussi considérable ; ce qui peut faire craindra que l'obélisque ne soit de nouveau renversé. Ce monument est le seul de ce genre qui existe dans f Empire français. On ne sait si l'on doit en attrî* buer l'érection à Constantin-le-Grand ou à Cons- tance, qui fit célébrer des jeux à Arles en 3 j4« II a été trouvé dans un terrain qui appartenoit aux Claristes, et l'on prétend qu'étoit autrefois cirque. Après avoir été renversé et mutilé par les

(ij Suprà ^ P*4^5-

i '

« I

CHAPITRE XCIV> 48j

barbares ) il deme>ira fort fong-temps értfouî : 3 fut découvert en 1 3 S9 ; mais il r^tra de nouveau soûs la terre, d'où Charles IX et sa mère Catherine de Médicis ie firent i;etïrer. Hei^ri lY vouloit le faire placer au milieu 4es; Arènes; ce rie fut qu'en 1676 que les habitaiis d'Arles entreprirent de ïe relever ^ pour ïe consacrer à Louis XIY. Peytret, architecte d'Arles , dirigea les travaux flu piédestal ; Claude Pugnon, de la vilte Madttigviss^.fHt chargé son transport et de son élévation : on plaça sur la cime un globe d'azur semé de fleurs de lis d'or , et couromié d'un soleil, qui étoit la devise du prince. Le temps avoit effacé, même avant la révolution, les fàsmeuses imci^ptions gravées sur les quatre &cés : c'çtoient des comparaisons assez communes de Louis XIV avec le soleil (1). On n'y reconnoissoit pas le bon goût et rexcellent esprit de leur auteur l'ellisson : l'exagération dans laquelle il s'étoit laissé ^ ^iti^aîner en les <îomposant y venoit sans doute dti désir de conserver les bontés d*un prince qu'il craî- gnoit d'avoir blessé par la généreuse défense ^'il avoit faîte du malheureux Foucquet, Les mémoires ijM Pellisson composa pour lui,, setont toujours un monument précieux de l'éloquence consacrée asservir

i'a^miîié.

Le bonnet rouge, qu'on avoit substitué au sym- fcole âdiopté par Louis XIV, a été remplacé par

(1) Terrin, V ObéUsqià et V/nas^Artei,t 63 o, in- ti.

Hh 3

(

/

48tfr CHAPITRE XCIV*

Faîgle impérial, et robéBsque a été consacré à ht gloire de l'Empereur . La ville <f Arles a donné, à cette occasic»! , des fêtes qui durèrent trois jours , et qui furent présidées par M. Thîbaudeau. Le pre- mier jour , ce magistrat posa , au nom de la vilte , hk premièjce pierre' de ïa restauration du piédestal de l'obélisque , sur lequel furent placées les quatre inscriptions suivantes, qui ont été composées j>ar M. Blain , s^étaire de la mairie.

Première face ; côté dii nord ( i ) :

VIRO IMMORTÀLI NAPOLEONl,

Primo Fraricorum' Imperatori , Imiaque primo Rtp ,

1 Btlh et pace verè magna,

Qui , exuris hostibus ûUritts t

Fluctibus cipHibus comvositisy

' / Hydrâ anarchia domitû ,

Vi legibusredditâ ,

' ( f ) A Ilmmortél NAPOLÉON , premieV Empereur des Français , premier Roi d'Italie, véritablement grand dans fa paix et dans la guerre, qui, ayant terrassé les ennemis du dehors» apaise îcs discordes civiles , détruit Thydre de l'anarchie , rendu aux lois leur vigueur, a rétabli l'Empire français ébranlé jusque dans ^es fonâemens; augtnenté, étendu sa puissa^ice, son conmierce et ses limites; ramené l'intégrité de la foi de nos pères; redressé les autels renversçs par l'impiété : la ville d'Arles consacre dans cett^^ile place, sous de bien plus favorables auspices, comme un monument étemel de son amour et de sa reconnoissance, cet obélisque autrefois dédié au soleil. Etant préfet du départe- ment des Bouches>du-Rhpne, M. Antoine-Claire Thibaudeaji , conseiller d'état, commandant de la légion d'honneur; maire de ia ville d'Arles , M. Henri Duroure ; adjoints, MM, Claude Val* Hère et Guillaume Di^nard. 28 âon i8.oj«

y

V-

CHAPITRE XCIV. 4*7.

Cbnpdlsum^ suis stdihus Imperium Gaïticum erexit^ * JUiusque vires, commercia, fines Auxit, propagavit; Intégrant majofum fdem revêcavit, Eversa impietate altaria restituitt ^ CI VIT AS ARELATENSIS,

In hoc magntfico foro. Ut mernum amoris gratitudinisque monumeiOum ,. Hmnc obeliscum , oHm soH dicatum , , Nunc felicioribus auspiciit

Devovet, consecrat,

Ostiorum Rh04Îani Frafitcto, D. Anmio Clarû

ThjBAUDEA U , Imperatorts à sanctioribus eonsiliis-,

Necnon Legicnis Honoris Duce.

Civilis disciplina Urbis Arelatensis Praposito

Z>. He^rico IXUROURE;

Adjutoribus DD. Claudio VajlliÈRE tt GuUklmo DiSNARIK

Die XXV il I Fhr. M. D, çcç, K. ,

s \

Deuxième face ; côté du midi ( i ) : NAPOlEONI MAC NO,

Imper atori invictissimo ,.

Qui, Italil, yEg^to r necnon GermanLt parte ,.

Vicissim victoriis peragraUs,

Fœderatos Germanos, Roxolanos,

Italos, Brîtannos,

Marengo debellavit,.

Bellum patravit s

CIVITAS ARELATENSIS. '

(i) A NAPOLEON-LE-GRANn, Empereur très-mvincîblé, quf » après avoir rempli successivement de ses victoires PÉgypte, iltaiîe et une partie de f Allemagne, mit en déroute, à Marengo, les AIieman4s, les Russes , les Italiens, ies Angiois confédérés , et ter- mina la guerre ; la ville d'Arles.

Hb 4

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48B ChAPITRÉ XClt

Troisième face ; côté du levant ( i ) :

NAPOLEONI MAGNO, ^ \ Patfi eptimo ,

Benefactori Uherdlissimo , Studiorum nrtium , religionis , / Uiftutum omnium

Patrono :

CIVITAS ARELATENSIS.

Quatrième face ; côté du couchant {2) :

NAPOLEON! MAC NO, Stti imperio fttûp)ri , Qui iatissimâ tttens fèrtunû, Raro moéleraiionis exemple , Victor iarum cursvm compressit, ' ^^ Pacem reconciîiâvit r ^

CIVITAS ARELATENSIS.

Les autres fours , il y eut des concerts , des courses k pied et à cheval , et des combatç de taureaux. On y voyoit une grande quantité d'étrangers , qui avoient été attirés par les spectacles divers qu'offroit cette fête.

L'obélisque est de deux morceaux , parce qu'il avoit été brisé dans sa chute : les gerçures que l'on

1^—— I I 1 II - Il I I I III m ■■! . ■■ Il I III,

(1 ) A NapolÉOn-LE-Gband, pcrecxccilcnt, bienfaiteur très- libéral , protecteur de« arts , des sciences , de la religion et Je 'toutes les vertus : la ville d'Arles.

(2) A Napoléon-lÉ-Grand , plus grariJ par Pcmpirc qu'îî i sur lui-même, qui, jouissant la fortune la bfus heureuse, pa^ iih rare exemple de modération, arrêta fc cours de ses victoires , rétablit ia paix : la ville d* Arles.

^^.

jchapitre x<:-iv\ 489

i^emarqûe à sa base , nuisent beaucoup ait bôtt effet de Tensemble (i).

La place qu'il décoré rfest i>aft régulière (2) j oh y voit des édifices curieux. VHotel-Je-'ViUt , nous- entrâmes d'abord ^ a été bâti en 1675 , par Pey tret , isur les dessins de Jules-Hardouîn Mansard. Cet édifice , situé entre deux places , ferôit un bel efFe^, si l'on abattoit quelques masureis qui ie masr quent et ie déparent du côté de l'ouest : ses deux façades sont ornées de trois ordres d'architecture ; on ayoit sculpté au-dessus de la porte les armes de ia vilie^ Les six médaillons des anciens rois bourgui- gnons , qui décoroient ia façade , ont été brisés , ainsi que beaucoup d'autrçs ornemens (j). On admire avec toison la hardiesse et ia beauté de la* voûte du vestibule : eile est cependant plus remarquable par sa savante construction que par l'élégance de la coupe ;

(i) H faut espérer qu'on va l'entourer d'une grilïe po^i" em- pêcher les enfans d'en appj:ocher* ie piédestal et la base sont dégradés par des coups de marteau , et par les pierres quon y jette. ^ _; ,..„_..

(2) El}e seroît pourtant parfaitement carrée, si Toà abattoit l'arceau 6JtTirfv7rhevêihé;ccv^m est irès-fat'ife/ptrfsqnyfes appar- temens qu'il supporte tombent «n ^uine. Cet abattis rendroit la place plus spacieuse, et ia façade de la maison archiépiscopale beaucoup piti^ belle. '^*

(5) Voici les noms qu'on lisoit sur les médaillons : Arelatensis rex Boson , Louis Bôsvn , Hugues , Rodolphi II , Gérard dit le Paci- fique, "

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^^^^~^f_,_^^^ ^

490 CHAPITRE XCIVJ

elle est très-surbaissée et presque plate ; vingt co^ lonnes accouplées et d'une seule pièce la supportent Oh a voit placé dans les entre- colonnemens, sur les |x>rtiques, les bustes des comtes de Provence ; au fond^ en hce de Tescalier, étoit ia statue de Louis XIV , exactement conforme à celle de Thomassin ( i ).

Autour, de ce vestibule sont rangées quelques pierres accompagnées «d'inscriptions:

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N.' I. '

S.

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SEX AEBVTI HERMETIS

A£B. CALLI OPE<:ONIVGl SANCTISSIMO

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(i) Rtcutil des m<mumett$ de VersaiUes , 16^4, pi. 8(i.

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CHAI^ITRIE XCIV.

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-^ tNArvwvvwvwvvYW^

PRECLr

pompeiaTÎ chrysothe

MIS J^ VXOR

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N.» 3.

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SECVRITATI AEMILIAE EVCÀR

rlAE c paqvIvs pardalas

CONIVGI CARISSImAE V. A. XXXI M yiii, D. X f^

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(«)

(i) Saxii Pontificium Areïatense ; Aix, 1^29, p. ^9. Pimt* VÉRAN, //«/• manusc. d* Arles , t. U, p. 109, année 1775.

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4j^i

CHAPITHE XCIT.

N." 4.

^Hita

J.

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AVIbLIAE «RATAE ' ALJ^ITVS AVG. tb VXORI OPTVMAE

N.«J.

3

1

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CHAPITRE XCIV; 49 J

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Ce$ inscriptions sont eq miarbre; elles 'n*bfRent point de difficultés. :

N.** I . La première a été trouvée dans le Rhône en 1 747 , près de la Gardette de Fourques. ^butia Callippe l'a consacrée h jEbutius Hermès , son époux, qui étoit probablement un afFr^inchi ou plutôt un client de la famille i£butia.

N.** 2. ^Chrysothémis à son époux Pompéianus,

N.** 3. Aux mânes et a la sécurité d*j£miUa Eu^ carpïa : C. Paquius Pardalas a son épouse chérie, qui a vécu trente-un ans huit mois et dix jours (ij.

N.** 4* Consacrée à AvilUa Grata , épouse excel- lente, parAllitus, affranchi de La maison d'Auguste (2) .

N.*" 5 . A Calphumia ^Jille de Marius , vainqueur (3) des Cimbres. Celle-ci a été supposée par Jin mai- adroit faussaire (4).

La suivante, également en forme d'autel, et qui

(i) Vixît Annîs XXXI JHensibus VI II Diebus X. MURATORI, MCX, 5. DUM0NT,XV,9; Vi;44.

(2) MURATORI, 992, 7. LanceloT, Hist, de l'acad. VII , aji. DUMONT, pi. VI, n.*** 43 et 45. Eiic étoh autrefois à farchçvêché. Veran, II» 104.

(3) VlC'tIllC4Sn

(4) DaMONT, XXVlI, 184. Elle étoit autrefois dans le jardin des demoiselles Aulanler^ près de la porte de HAure*

-Il ( . ^

494 CHAPITRE XCIV.

étoh autrefois sous le portique de Tégfise Saint- Césaire, contient des détails plus intéressans (i) :

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[

1

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G. PAQVl. OPTATI

LIB. PARDALAE. lîïïil

AVG. COL. IVL. PAT. AR.

PATRON. EIVSDEM

co.RPORi Item, patron

FABRORNAVAL. VTRICLAR ET CENTONAR. C. PAQVIVS EPIGONVS. CVM. lIbERIs. SVIS

PATRONO. OPTIME. MERITO*

]

iw*ia«

(i) Selon Pierre VÉRAN, Hist, tnanuscr. de la ville d'Arlts^ t. II * p. 1 08 » eiie étoit dans ie jardin du mas de Cazeneuve , chez M. Dcviguier , frère de ï'abbessc de Saint-Césaire. .Selon Saxy, Pontificium' Arelatense ^ Aix , 16^9, p. 6<), elie étoit dans ie jardin àts demoiselles Aulaiyer, près ia porte dite de l'Aure* Selon Papon, u l, p, 55 , cile étoit dans le monastère de Saint-Césaire.

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^i^^if --

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CHAPltRjE XCIV. 49^

Aux manei dt G. Paquius Parddas (i), étffroMchi.d'Optatut (ij, zéifir Atigustal (3) de la colonie JuUa (4) Patenta (5) ArUstennt (6), ffoiron du mime corps, et encore patron des constructeurs de vaisseaux (7),

/

(1) Ce Paquius Pardaîas est celui qui a consacré à son épouse ifjAÎiiaEucarpia, l'inscription précédenunent rapportée,/^, ^r, Q.^ 3. Le nom de famille Paquia se rencontre souvent dans les anciennes insaiptions. K^. Grut. XXXI , 4; etFABRETTl,capJ, n.^ 45. PaqVIVS est une abréviation de PACVVlVS; le Q est. «nîs pour CV. Voyei^ EcKHEL, Doctrina numor, V, famiile Pa* cuvia* Ceux dont il est question icr« étoient af&anchis de Pa- quius Optatus.

(1) LIBertL

(3) SEVIRI AUGttsti ou AUGustalis. Snprà, 1. 1/^ p. 337.

(^ iVlJa. Elle aVoit été fondée par César : ce fut Tibère Ciaude Néron ^ pcre de i*empereur Tibère, alors questeur de C. César, qui conduisit à Arks cette colonie. Suet. in Tit,J^

(5) PATerna, On ne peut déterminer d'une manière précise Torigine de ce surnom, dérivé àc pater : peut-être indique-t-i( que cette colonie a été fondée par JuUus le père , c'est-à-dire. César, et non par Julius le fiis , c*e^-àrdire, Octavius, Ce qui peut le faire présumer, c'est que la colonie de Narbonne, également fondée par César, est aussi surnommée Par^frw/ï. Le même surnom a encore été donné à un membre de la famille Fabricia ; et je ferai observer à cet égard que , sur les médailles du cabinet impérial on lit le nom de Lucius Fabricius^ il y a en toutes lettres PATERN us, quoique cette leçon ait été contestée par quel- ques antiquaires. Vojf, Ec¥.HtL, Doctrina numor, vol. V, p. a 10.

(6) ARelatensis.

{7) PATRONo FABRORum NAVALium. Il paroît qu'Arles avoit des chantiers célèbres. Ce fut dans cette ville, comme nous l'avons vu, que César fît construire les vaisseaux avec^ lesquels il réduisit les Marseillois.

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h^

CHAPITRE XCIV.

-des utricuïatres (i) W des centenaires (a) ; €• Paquius Epigonus et ses tnfaus à un patron qui a bien mérité d'eux.

Près de est cet autre cîppe ( 5) , figuré pi. LXV, n.* I, avec le portrait de celle à qui il est consa- cré. Selon Muratori , cette inscription avoit une double face ; la seconde est aujourd'hui effacée :

IVLIAE. SERVATAE

e ANN. XXVIII M

DIES. VII.

SEX. IVLIVS. DORVS. FILIAE. pIiSSIM.

)

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(1) VTRlCLARiôrum, Plus bas au chapitre de Cavaillon. Vq^ei^ aussi DUMONT,pl. VI,n.°45 î ^^^o^ , Hist.de Prov. t.I, p. la, 73 ; CAtVET, sur les Utriculaires , 48; SWARTZ, de UtricL 38.

(a) CENTONARiorum. Espèce de charpentiers.

f (3) GrUTER,.DCXC, 19; MURAT. MDCC, 5j Hagenbuch, Epist, epigr. 493; DUMONT, pi. XV, n.*> ao, page XI, n.** 80 ; ViRAN, t. n, p. 97. Elle étoit, en 1775 ^^lans le jardin des demoiselles Aulanier, près fa porte de TAure.

Sextus

C H A n TR B X C 1 Vv 4^7

V. Stxtus(i)JulîusrDbrm a JuttaServasa sa fille trés-teudre, mme{i] à XXVll am . . . , moîs, t% VII jvurs,

. Qn y tiQivve encore celle-ci ( j) ;

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(i) Gruter a vouÎu faire rapporter 5^* à mens; mais cela n'est pas admissible. SfxtU9 ^iM .prénom dçifellus Dorus : peut-être Afens signifie-t-ll ici mensern unum; ou bien le sculpteur a oublié sur la pierre ie nombre des mois.

(i) 0. Cette îsigle -grecque se- mel^ pe«f ïè mot ^(UKOf ou tuMwm, mmuvrxmmefrttra, dans ferin&ciiptîoiis farttnes. GfttWElH 1 146 , 2. On ne 4a. trouve jamab» dans Jès^ insÇBÎî)dofts ^cqaes^ JfclRPEï , de $igh p. 54 ;^LMÏCKT , #/if i%/; 8$.

(3) DUMONT, n.« 4d, v

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4 . _.

45^8 CHAPITRE XCIV.

Aux mânes de Julia Amaiilis : L, Veratius Protptectas à urne épaust très-chère; et Julia Sahina , file de Lucius , à une mère très-tendre^

L'inscription en forme d'autel figurée/?/. LXVIII, nf I, est décorée { i ) d'un encadrement ; et sur un des côtés est ie terrible Cerbère, impitoyable gardien des «nfêrs. On y lit qu'elle a été consacrée à Sempronia ^ fille de TertuUe.

Le beau sarcophage de marbre ûgarépL LXI, n/ 2, est aussi sous ce vestibule : la tablette est accompagnée de tètes de béliers, qui portent de riches guirlandes de fleurs et de fruits élégamment attachées par des bandekjttes. Sur la partie posté- rieure, il y a une tète de taureau entre les deux tètes de béliers. L'inscription nous apprend que Cornélia Jacaea s'est fait iaire Ce tombeau àe soa vivant, et que ses héritiers ont pris soin de l'y déposer :

D. ^

M.

CORNEL. lACM/E. 1

SXAI, VIVA,

POSVIT.j

HEREDES.

CONDENDAM. CV

RAYER

(i)

(i) DuMONT» pi. XV, %.ïOj p. VI, n.°.4â.

{%) CONDENMM CUMyjSmMf^ DUMQNTi fL.XIX^ aj

^

t f ' i , . , .

J

CHAPITRE XCIV. 499

Ma^é la prévoyance de Cornélia Jacaca et les ^ç^ de ses héritiers , son corps a été enlevé de sa sépulture ; et ce , sarcopbage servoit de réservoir d'huile .aujp Dcxipviiçains (i).

Ce portique, sous lequel il, y a encore des chapi- teaux et des coIo|ines remarquables par leur antiquité > nous annonçoit déjà la riche moisson d'observations que pouvoit nous offrir la ville d'Arles.

L'escaliar est, orné de mpnumens encore plus précieu^f On y distingue le plâtre de la Vénus de marbre (pt. LX^IX, fg.i ) qui fut découverte, en i6j I , dans l'emplacement de l'ancien théâtre, en creusant pour faire un puil^près des deux magnifiques colonnes qui existent encore. On trouva, d'abord la tête, dont la beauté fit désirer d'avoir la statue en- tière ; on découvrît enfin le corps et sa base. Mais il s'éleva alors des contestations sur le nom qu'on devoit donner à cette statue : Rebattu avança que c'étoît une Diane (2); Terrin, que c'étoît urije Vémis : le

P. JAugières embrassa Fopîniôn de Rebattu. En

> , «-- '■. 0

(1) li fut trouvé en 1738, près de la châpclie dite du Crucifix, sur le chemin qui mène à la Crau. VÉRAN, Mss. t. Il, p. 500. ' ' [z] Ld Diane et le Jupiter d'Arles se donnant à connoUre aux esprits curieux, p^r François DE REBATTU ; Arles , 16^6, in-4.<* Le portrait de la Diane d Arles retouché, par François Dï. REBATTU; Arles, I ^59 , in-4.? Inscription symbolique sur la statue de Diant d'Arles; à Arles, 1 66ï , une feuille in- fol. La Vénus et Vobé-- lisque d'Arles, par TeRRIN; Arles, 1670, in-12. Réflexions sur Us sentiment de Calisthènes touchant la Vénus d'Arles, par it

^ li i

^OO CHAPITRE XCIV.'

1 684, ïes habîtans d'Arles firent présent à Louis XlV de cette statue ; et la question controversée fut souràîse au jugement du monarque , qui , d'après les avis de Lebrun et de Bouchardon, décida erifin que c'étoit une Vénus ( i )• Girardon !a restaura; et elle fut placée dans la galerie de Versailles , elle demeura jusqu'à * f époque de la révolution. Elle est actuellement dans le musée Napoléon (2)', effe est connue sous le nom de Vénus d* Arles : elle est nue jasqu'ti mr-corps , et drapée d^ la ceinture en bas; sei cheveux sont ceints d'une bandelette qui retombe avec élégance sur les épaules ; la tète est un modèle de grâce et de beaaté. Gîràrdon, en restaurant les bras, a placé dans la main gauche un miroir, et dans la droite la fetale pomme qui fut le prix de son triomphe sur ies déesses sts rivales; mais il est plus probable qu'elle tenoît d'une main casque de Mars , et de Fautre une lafttce :

p " D* AuGiiRES , t ^74 , m- 1 a . Lettres dt-Mu^ CaUsAènei ftm ks Béûexiotts d'un censeur : réponse de M. TerîUN à l'ouvrage ci- dessus.— iE^//^^''^"^^^^'"'^"'^' tfttwr^SAlNT-ANDlOL, archid. Arei Ârclate , i é8 1 , in.4.^ 8 ^.—Dissertation sur la statue qui étoit autrefois à Arles, et qui est à présent à Versailles; 1685 , ra-4.<> Sur la dbputc que cette statue a occasionnée, voyei Bougerel ^ Histoire des grands hommes de Provence, p. 308.

[i)Le triomphe de Vénus sur la décision de sa Majtsté, par M. Ma- ÔNIN ; pièce de 170 vers.

(2) Voyez-en la gravure d^s les ouvrages cités. Mellan en a fait une fort belle en 1 669, n.o 1 j8.-Dumqnt, pi. \^.-' Notice éb musée Napoléon, p. l2 5.-PIRA^ESI, Abusée Napoléon, t. î. pf. 60. Je l'ai fait figurer telle qu clic étoit avant la rwuuratioa.

CHAPITRE XCIV. 301

c'est aîn$î que l'on a représenté, sur les médailles, Vénus victorieuse ; el l'on peut croire que les Arlé- siens, dont la coIoni«^ prenoit le nom de Julienne , auront consacré c^tte image k la déesse qu'on regar- doit comme la soti^he de la ianiille Julta , dans la- quelle Auguste avoît été adopté, et qu'elle a été exécutée au temps de cet empereur. Cette statue est de ce marbre grec dur , d'une couleur un peu cendrée , .que les anciens statuaires tîroient , à ce qu'on croit, du mont Hymetie près d'Athènes.

Sur le palier de cet escalier est un groupe dont le sujet est unique ; je ne connois du moins aucun ^utre monument (pU LXVIII^ n." 2) qui le repré- sente. C'est Médée entre ses deux enfans , qu'elle va sacrifier à son atroce vengeance (1). Cette statue est d'un style qui annonce Tentière décadence de i'art. Si c'est une imitation de la Médée du peintre Timomaque, ou dune de ces statues que les épi- grammes de l'Anthologie ont rendues si célèbres (2), on peut dire qu'elle est bien grossière : fa figure manque absolument d'expression.

Cette statue de Médée est placée sur un cîppe en forme d'autel, l'on remarque deux colombes qui becquètent un panier de rai^n , symbole qui se trouve fréquemment sur les mohumens chrétiens.

' (1) Eump. >^f^. 1271 et 127a.

(2}BRUNCic,^tfirt II, 117,174**^3, ii6, 499; ÏH, 2i4,

S02 CHAPITRE XCIV.

On lit au bas cette inscription métrique (i) :

DEBITA. CONJUGIO. APELLES. PIA. CARMINA. SCRÎBIT.

QUAM. RAPUIT (2) MORS. INIMICA. VIRO.

M.£C. DEBENT. MEMORES. POSTREMA. IN. MORTE. REFERRE.

OB. REQUIEM. GRATAM. QUAM. PIA. CURA. DICAT. CONJUGIS. OFFICIUM. TESTATUR. CARMINE. PARVO.

EXTREMUM. QUE. TIBI. REFERO. MUNUS (3)

DULCIS. CASTA. VIRO. REVERENS. PIA. CARA. FIDEUS.

TOT. DAMNA. AMISSA. CONJUGE. JURE. FLEO. TE. LAPIS. OBTESTOR. LEVITER. SUPER. OSSA. QUIESCAS.

ET. MEDIiC. vETATI. NE. GRAVIS. ESSE. VELIS.

SEX. POMPEIUS. APELLES. CONIVGNCOMP.

Cette inscription ne peut souffrir une traduction littérale ; Sextus Pompéîus Apelles , qui probable- ment étoit un afïranchi de la famille Pompéia , a exprimé d'une manière trop obscure ses regrets sur la mort de son épouse (4) : les qualités de cette jeune femme méritoient sans doute d'être chantées plus dignement ; mais l'amour conjugal n'avoit pas ins- piré à Apélles ie talent des vers.

Le monument qui vient ensuite est très-curieux à Il I I « ——————— .———^

(i) MuRATORi, mccxcix, 8 ; Maff. Antiq. Gall 70; Bre- VAL'x Remarh, II, A. 2, 177; BoNADA, Carmin, ant. U, 116. (a) II manque ici un mot.

(3) Cet hémistiche est altéré.

(4) Le nom de cette épouse chérie est effacé dans Finscription: je ne sais pourquoi le P. DuMONTa placéici celui de Sempronia, qui rend le vers faux. Ce nom se retrouve encore dans plusieurs manuscrits conservés à Arles, On ne remarque plus sur le monu* ment que la trace d'un O.

CHTÀPITRE XCIV. 505

cause âê sa rareté : c'est un beau torse qui repré- sente Aîithras ; i\ a été trouvé, en i J98 , dans les fondatîohs d'un moulin à eau, près de la porte de ia Roquette, à peu (Je distance de remplacement étoit autrefois le cirque (i). II resta dans la cuisine d'une maison (2) près, de l'église de Sainte-Croix, |usque vers la fin de i'avant-demier sîècfe , que M. de Gravesop en fh l'acquisition : après sa mort , les con- suls achetèrent ce torse pour la somme de vingt-sept ïivres quatorze sous (5) , et le firent placer il est, avec une inscription sur la base , dans laquelle on le désigne comme un simulacre égyptien d'EscuIape {4).

■Wl— ■! Il ■'■ * '■ ' < ' I " Il ll> »l I, I

(i) On a trouvé, dans le même lieu, des colonnes de granit « des marbrés , et une iampe sur iaquciie on voit un sacrificateur avec des anaxyrides phrygiennes , qui dépecé une victime humaine. Cette fampe, qui existe encore aujourd'hui dans ie cabinet de M. Lyon , est gravée pi, LXIX , fg. 2, Elle peut aussi avoir été employée au cuïte de Mithras,

(2) Rebattu, Antiquités d'Arles, 78.

(3) Annales d'Arles , 1723..

(4) Celte inscription est dans un encadrement antique; ce qui fait présumer qu on en a gratté une autre qui occupoit ie champ

. de ia pierre > pour y substituer ceiie-ci , qui est ainsi tonçue :

HOC -«GYPTIACVM

^SCVLAPII

SIMVLACRVM VETVS

ANTIQVISSIM^E HVIVS

VRBIS MONVMENTVM

EXTERIS VISENDVM

EREXERVNT

CONSVLES. ANNO.

DOM. M,J>CC. XXIU.

li 4

\

-«* <^j- *

^

^ Ce Mithras est figuré pi. XXXVI, n^ j : h tète et les bras ont été suppléés d'après d'autres représentations semblables. Nous avons défà eu occasion de fixer notre attention sur son cidte ( i ) :: c'est le sdeil considéré comme le <fieu vivifiant de la nature et le ministre du Créateur. Dans la reKgioii de Zoroastre , les mages avoient donné au soleil te nom de Afithras, qui signifie aimable et èienfiii- sant (2). Les chrétiens avoient ce culte en horreur; ce sont eux qui nous en ont transmis les détails les plus intéressans. Tbemistius nous apprend qu'outre les images communes, qui représentoient cette divi- nité en habit persan, il y en avoît aussi de mysté- rieuses y que l'on ne montroit qu'aux initiés : celie de notre Mithras est du nombre de ces dernières. On peut expliquer ainsi ses attributs : la tète de lion désigne la force du soleil , parce que c'est quand cet astre est dans le signe du lion qu'il a le plus d'activité ; le serpent , par ses ch*convolutîons , est lemblème de l'année réglée par le cours du soleil , qui semble s'avancer en serpentant dans l'écliptiqutf . On pourroît croire que , comme les autres figures du même genre , ce Mithras avoît un globe sous le^ pieds , pour marquer l'empire que cet astre exerce sur le monde, dont il paroît être le roi; mais on n'en voit*

»■■■■■■■■ I II II II, Il I . Il I, ■. !■ Il I I

( I ) Suprà , tome II , page 1 17.

(2 ) Hyde , iie Religione Ptnrnu» , IV.

^ma^ ' - *.

jpas <ie traces. Par^ii les signes du zodiaque, les sols*- ticiaux indiquent les limites du cours du soleil ; les À}uinoxiaux étoient, selon Porphyre, le séjour de Mithras. Nous remarquons que le signe de la balance est tenu par un homme, et qu'un des deux gémeaux porte une lyre.

Les images de Mithras appartiennent , en général , au 111/ siècle , époque à laquelle les superstitions orientales se répandirent à Rome et dans ses co- lonies*

L'autel à bonne déesse (i) ûgaré pi. XXVTIlj n," (f, est un des monumens les plus curieux de cette collection : il est d'une bonne proportion ; sa face est décorée d'une couronne de chêne élégamment attachée avec des bandelettes , et qui renferme deu^ oreilles ornées de pendans. Au côté gauche de l'autel, il y a une patère décorée d'oves qui se réunissent à un centre commun , dans lequel on voit une tête d^ Jupiter Ammoiv : à droite est le vase que les anti- quaires appellent préféricule (2) , et qui servoit h con- tenir l'eau lustrale ; il est d'une forme élégante , orné d'oves , d'une bordure en forme de vagues , et d'une

(i ) Lettre de AI. SÉGUIER a M. le président d'Ôrbesran , 5ï/r ttn

*^ft0tumait trouvé à Arles ài iys^* "~ Réponse et Disseriation de

M. d'Orbessan, membre, de V académie de T^ttiôUse, —Voyez,

pour ces de«x pièces. Mélanges de M. le président d'OrbE5^AW,

tome II , p. 180 et suiv^

(2) Supra, p. 172»

jotf CHAPITRE XCIV.

branche dToIîvîer. Les enroulemens que Pon remarque ordinairement sur les autels , sont un peu dégradés sur celui-ci. Au-dessus de la couronne on fit cette inscription :

BONAE. DEAE. CAIENA. PRISCAE. LIB. ATTICE.

MINISTRA.

A la bonne déesse, Caiena Attict, afiranchie de Prisca, et ministre de la déesse.

Les nombreux tauroboles que Ton trouve dans la Gaule (i), prouvent combien le culte de Cybèle, nommée la bonne déesse , y étoit répandu. Caïena , esclave d'origine grecque, appelée Attict (2) avant qu'elle eût été affranchie par Prisca , a reçu le nom de femîHe de sa patronne (5) , et c'est pourquoi elle s'appelle Caiena (4) : le, titre de ministra qu'elle prend ici , prouve que l'on rendoit à Arles un culte à Cybèle (5) , et qu'elle y a voit une prêtresse

.«■

(1) Jw/va:, 1,455, J**; 11,73, 89, i54i Wï'48.

(2) Les inscriptions en ofïrcnt beaucoup d[*exemples. Voyie(^ GrUTER, CMLXXXXIX, la; MCXXI, 6; CCMLIX, lO, &C.

(3) On trouve aussi fréquemment des exemples sembfab!es«

F^y^GRUTER, CMLXXII, li.

(4) Ce nom n'est pas commun dans ics inscriptions. Voyt^ MURATORI, MDXXV, la; MDCIX, l.

(5) Cet autel a été trouve, au mois de juillet 1758 , dans rem- placement de réglise de la Major ; ce qui fait présumer que c'est qu'on avoit bâti le temgle de Cybèle.

^,

CHAPITRE XCIV. 507

que des ministrœ aîdoîent dans ses fonctions (i). Les deux oreilles ornées de pepdans sont ce qui exerce le plus Kmagination des antiquaires. On ne sauroit donner une explication certaine de cette of- frande , puisqu'on peut lui assigner plusieurs motifs. On a des exemples d'oreiiles d'argent offertes à Mi- nerve pour la remercier de quelque guérîson de Tor- gane de l'ouïe ( 2) : d'autres inscriptions font mention de pendans d'oreilles donnés à des divinités (?) ; on en paroit principalement les statues de Vénus : notre inscription peut avoir rapport à une circonstance de ce genre ; mais , s'il faut émettre une opinion , je crois que les oreilles placées sur cet autel signi- fient combien la bonne déesse est accessible aux prières et aux vœux des mortels , et combien Caïena Prisca, qui dessert son temple , désire qu'elle écoute les siens. Les pendans n'ont d'autre objet que d'ajou- ter à l'élégance de ce symbole , qui est d'ailleurs ici d'une parfaite exécution. Le goût pur de cet autel et de ses ornemens, l'élégante concision de l'ins- cription , la belle forme des lettres , peuvent feire présumer qu'il a été fait avant le lli.* siècle.

««

( I ) C'étoient des prêtresses d'un rang inférieur. (a) GrUTER, MLXVII, i.

{^) Orsato , Monumeata Patayina»

i

508 CHAPITRE XCIV.

Au*dessus de l'autel à la bonne déesse, on lit cette autre inscription ( i ) :

III *■

«■■MH

c.

FABIVS. C. LiBïfiRIVE»

InTiL

VI R.

AVG. C. I. P, AREL

Vives

FECIT. SIBI. ET. SV I S. eT

c. FABIO. L.

F. SECVïDO. PAR<>P^

ET, L. FABIO,

L. F. PR'MO. FRATR'

EIVS

R

M.

H. M. N. S.

C. (i) Fahtus T-îermh, affranchi de C. , sévir augustal de la colonie JuKa Paterna d' Arles (i), a fût faire ce momiment de son vivant (4)» â lui et aux siens, et â C, Fabius Secundus , fils de Lucius(^^ , son patron , et à Lucius Fabius Primus ,fils de Lucius et frère de 6. Fabius, Ce monument ne suit point t héritier (6).

Le dernier monument que nous vîmes sur Tesca-

5.

(i) DuMONT,xxvn, 4. Ma copie est plus correcte;.

(a) Caius.

(}) Colonia Zulix Paterna ARELatatsis.

(4) VI VOS pour vivus. Les exemples de cette orthographe sont fréquens.

(5) Lucii Fili9.

(6) Hoc Aienumentum HeredeM Non Sequitur.

CHAPITRE XCl^* ^9r

lier est cette fcorne miiliaire ( i ) , (jui a été reprcfduhe un grand nombre de fois :

r

\

SALVIS.DD.NN.

THfiOPOSlO. ÇT

VALENTINIANO

P. F. V. AC.TRIVM

semper^vg. xv cons v1r inl aVxtliaris PR

îh'ltETO. GALLIA

ARELATE MA

MILIARIA. PONI.S

MPI

UtiHBBMiliiiBMÊi

' (i) Pont. Ad itm. GalL Narhou. {>. 66. RlINBS, Varia Ltfit, p. 6io. Gruteh, cLix, 8. Spon , MhcdL i66, Muratori^ Thés. 467, 5. BergieR, Grands Chemins^ U, 37. Maffei, ÇW. anu 35. Maus. in Annal, BARON II, t. VU, p. 474- DONAT. 95. Journal de Trévoux, 1701, septembre, iid, avec des notes de COLONiA. UPS. Ana!. 30. Monte. Ant. expl. suppL IV, pi. 4?' UrsAT. Lex. 219, mit Banduri, /^Jumim. U, 559. CUPER^ Epist, in M'scell Lips. nov, vôi. I, part. I. BREVAlV Remarh, t. II, 176. J. .J. ScAUGER, in AUSON. Lect. Ub.II, cap. 1^. ■BoÛcuL,< horogr, de Prou. 307. Saxy, Pontif. Ard sS.SÉGUm, Antia.it. d'Arles , 5 5. BoUQUET , Script, rer. Gallic. I, « «J^^r^- ^r. 135. Maffei, Ars cridca lapidaria, 4S^. V A?0^ . HuL de Prwence, 5a. DUMONT , n.*» i<5.

îia CHAPITRE XCIY.

Du vwant de nos seigneurs (i) Théodose et Valenmlen , pieux ; heureux, triomphateur [i], toujours auguste (3), consul (4) pour la quin^éme fois , Auxiltaris (5)* homme illustre (6), préfet du pré- toire (7) des Gaules (8) , a persuadé (9) défaire placer des milles entre Arles et Marseille ( 10), Le premier mille commence ici {ii).

Cette colonne milliaire est placée sur une base dont rinscrîption nous apprend qu'après avoir été tirée des décombres , elle a été abandonnée pendant cent ans à la porte du collège ; on y lit le noni des

consuls qui la firent relever en 1769 (12).

■■' I II ' ' I «Il

(i ) DD. NN, Dominis nostris,

Ql) Pio, Felici, victori, TRIVJHphatori,

{3) AVGusto,

(4) CONSuli.

(5) auxiLIAKiS, C'est le nom ou le surnom de ce préfet dvt prétoire.

(6) JNLUitris,

(7) PBafecto praETOrii,

(8) GALUArum.

(9) PONI Statuit,

. (10) MAssilia AitLLiABlA. Pontanus Usmî^mamillaria , et îf i^egardoit ce mot comme ia traduction du mot theline, dérivé de %xii [mamelle], smhom que les Grecs avoîent donné à Arles, à cause de sa fertilité. Spon rend ce mot par matre, parce que cette colonne peut être regardée comme ia mère de toutes celles qui indiquent ia distance d'Arles à d'autres villes. Reinesius lit maritima milliaria, et croit que cette borne marquoit les distances maritimes. 11 est évident, ainsi que plusieurs antiquaires Tont re- connu, qu'il est ici question des bornes n^iliaires qu Auxiliarisu a ,fait placer entre Marseille et Arles.

(if) Aiille Passuum Unum»

(12) HOC AllLLlAHE, insignepropatria^onumentum,posts^cula multa ê ruderitus erutum, et Jovi improho, attte ades sacras collegii.

« I

CHAPITRE XCIV. Jii

La tour de i'horloge a éié consertée dans le plan de Mansard , à cause de sa beauté.

Contré le mur de la maison commune , du côté de Féglîse Sainte- Anne , on voit cette pierre qu'on appelfe vulgairement la coianàe Oonstantini (i ) :

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«il I I»***— .^t»

IMP. CAES. FL. VAL

CONSTAN TINO

P; F. AVG.

DIVI

CONSTAN TI AVi£>

PII FILIO

[l^VwVWVA/AWWWi

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jper annos C fxposftum, restituendum curavere et erexere noh, GuII. de Nicoîay eq,, Ant, Jos^ Yvan in sup. Aqu, cur, causidicus, Joan. Bapt, Elsparvier et Ant, Jos, Fahre , Coss^ anno» MDCCLXIX,

(i) MURATORI, Thés. 258, 8; 260, i. SÉGVm , Antiq. d'Arles, t. II, 2 d. Màn, de Trévoux, 1701, çcpt. ao8, avec des notes de

Çqlonu,

ï ' 1 î

^IZ CHAPITRE XCIV*

A l'mpmur.Césaç, Flavius VaUrius (i) Constantinus , piéux^, heureux, Auguste (x), fils du divin Constance Auguste, pieux,

C^te colonne, dont il nie subabte qu'un frag- ment , étoit probablenient plus longue : elle repo-^ soit sur une base . et elle étpit couconnée d'un cha•^ piteau qui portoit une corniche, sur laquelle étoit peut-être la statue de l'empeE^UJC;^ ce n'étoit peut- être aussi qu'une colonne votive, qui ne portoit pas de statue.

■^'^

(i) IMPeratori FLavio YAMtiff, (i) pio, Felici, AUÇusto,

:^ . ■: : -v.

CHAPITRE XCr,

jf-

Î'J

CHAPltRE XCV.

^A Tour Roland.— Aiiscamps, ou les Champs- Elysées. Chapelle de la Genouillade. Les PûTcelIets ; iear ch^elle. Inscriptk>as. -^ .Canal 4e Ja I>urance. Agueduc. ~ Eglise Saiot-Honorat. Inscriptions. Crypte. Sarcoph^es.

Messieurs VinAN nous ^jrcygpsèrem de feîre avec nous la visite die rauden couvent des Minimes , qui lenferme un.jgrand nombre de mtinumens antiques ; et ils voulurent bien diriger nos recherches , qui durèrent plusieurs jours.

En sortant d'Arles, on entre sur une petite «çpja- pade, que la maison de M. Pomme, célèbre mé- decin , domine agréablement ; on remarque stw-tout un petk édifice appelé la Towr Roland ou la Domi- ftante (jft. LXVIII, fg^ 3), dom la façade est formée de trois arcs placés i'un sur fautre : eile a appartenu à Tancîen théâtre, et c'est une portion du portique qui étoit placé derrière fa scène.

A pçine a-t-on passé cetjte ^pbnade , qu'op se jrouve dans une plaine assez étendue ; tout y porte Famé à h méiancolie et k la réflexion. Non loin du lieu Tonfouoit les chefs-d'œuvre de Plaute et de Tërence , et sans doute aussî^de grossières atel- lanes , la terre est jonchée de tpmbes antiques jetéip Tome III, X Je

5l4 CHAPITRE XCV.

l^éle-méle, comme si le terrain avoit éprouvé quelqae catastrophe physique : on croiroit que ce lieu a été soulevé et retourné plusieurs fobpar un trem- blement de terre ; mais ce bouleversement n'est qu'à l'avarice des hommes ^ et non aux ravages des élémens. I^ mahi sacrilège des spoliateurs a brbé les couvercles d'un grand nombre de sarcophages; ou en a rompu les extrémités , pour dérober les bijoux précieux qu'ils y croyoîent renfermés : quelques urnes de terre ou de verre, qudques lampes (i) , sont ies seuls trésors qu'ils y aient découverts ; leur cupidité trompée s'est changée en fureur , et leur rager est encore attestée par la manière dont ces tombes ont été jetées sans ordre les unes sur les autres. Cependant qudques - unes sont d'une grandeur et d'un poids si énormes, qu'on n'a pas tenté de ies déplacer. Beaucoup de sarcophages consacrés par l'amour conjugal , la tendresse fraternelle ou la piété filiale, ont été emportés entiers pour être employés à des usages domestiques, et contenir le vm, l'eau ou l'huile , servir au blanchissage ou à la préparation dit brûlant salpêtre, qui en à corrodé les ornemens : des amateurs des arts eh ont retrouvé plusieurs dans les

( i ) Une ancienne tradition veut qu'on y ait trouvé des iiunpe^ perpétuelles; mais on rcconnoit aujourd'hui; que l'existence de. ces lampes est impossible^ et l'on sait à quel phénomène on dcût attribuer ce qu'on en raconte. Je Tai indiqué dans mon DicdoMn $tétire J^i kaux-am, ardcle LAMPES,

CHAPITRE XCV. 515

celliers , les cWsîriès ou les ateliers^ , et en ont décoré leurs musées ; l'on en conserve à Lyon ^ à Aix, à MarseiBe(i) ; je les ai décrits précédem- ment. Malgré' ces spoKations^uccesèîves , il en reste encore un très-grand nombre que Ton voit hors de la terre; pilusieurs y sont sûrement encore , enfouis (i). L'administration municipale devroît empêcher, par-totis tes ttioyens qui sont eh soii

. (1) Voyi^h note suivante»

{1) Charles IX et Carficrme de Médicis /étant à Arïes , dSoîi^ lièrent plusieurs tonïkeaux au duc de Savoie et au princcrde Lorraine, Le monarque français et sa mère firent enlever liuit tolonnes de porpTiyre et plusieurs beaux sarcophages pour les transporter à Paris ; niais fe bateau fut submergé *au pont Ha Saint-Esprit, et Je IVhâncb recèle encore ces oijj^sîprécieux. cardinal Barberin a aussi obtenu de fa viite cJ^Airles la permissioa d^cnievcr plusieurs beaux tpmbeaùx,quH fît transporter en Italie, En 1 635 , ie marquis de Sairit-Chamont en reçut treize en présent du corps municipal.On en donna trois autres , en iC^o, à Aiphdnsè du Pkssis, cardinal ardieveque de Lyonj. ils furent placés dans sa maison de campagne : celui l'on a sculpté la chasse de Méléagre, tt qiie fs.rdéctitytomeI:'r\ page fjf, était peut-être de ce noinbre. M*; de.Pç^ussis en a obtenu un pour lui servir de tombeau; supra, ^, U^ p. ^5^1 MM. de Pçiresç de. Bon, ^^leur de Fpurqûes, le comte de Berton-Crillon,, le marquis d*An(ani le marquis de Caumont,, M. le Bret, intendant de Provence, M. Seguin , ont aussi enlevé des tombeaux et plusieurs curiosités tirées des Champs-Elysées. Un des plus curieux, sarcophages d'Arles , consacré à Memprius , comte de la Mauritanie , a été emporté par les ordres de M.Charles Lacroix, alors préfet', et est aujourd'hui un des principaux ornemens du musée de Marseille j ^uprâ, p, 151.

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/•

jj^ CHAPITRE XCy.

pouvoir , qu'oa «'enlève îi l'a¥ wff . auorn de «i

tombeaux (i).

Les lettrçg d H (2) , les fc^mulas dfô iœ<;ripiîaps, Je$ histoires qui soot représentées sht iés sarcophages ^ fout prouve que c^, cimetière ^^ d'abord été coni- sacré par les païens ; il a ensuite servi |i recevoir de$ tombes chrétiennes. C'est pourquoi, on a conservé ^ ces lieux le nom SAliscamp^i^^xPl-iki^yChAmpt^ Éiysées 'x) : on croit y voir errer autour de soi le$ mâiies des premiers habitans de la colonie arlésienne , çt ks âmes des fondateurs du Uiristiani^me dans cette partie des Gaules,

Une petite chapelle gothique, ^ demi ruinée^ placée sur le chemin de la Crau , afoute encore è i'efïet pittoresque de cet élysée : elle est déd^ à S. Jacques et k S. Philippe. La CTOyance vulgaire est que Jésus - Christ parut lui - miait au fniliea des prélats qui b oonsacièrent, pour bénir ce cîme^ tière, et qu'en se baissant il laissa sur une pierre

(1 ) M. k préfet èa département dv RhSiie vrent de rendre une ordonnance pour «npêcber k destruction des beaux aqueducs de Lyon. Je me plais à penser que hion article relatif à cts aqueducs ^, éveillé Tattention de ce magistrat sur cet obfet, et proroqué cette dédsion.

(a) Dits Aîanthus,

(3) Il y a un endroit particulier \c$ tombes «ont plus nonx^ breuses et les unes sur les autres^ et qu'on appelle k Champ tUs Mânes.

Teiripreinfte de son genou : €^?st pourquoi cette diapelle est appdhée la Gencuiltade.

L'intérêt , cfê^ exdté par les souVenks d'utie hautef antîqnhé et tes semknens religieux , s'accroh eti'- core k la vue d'un autre monument ^ qui est sur W diemin é^Arles aux Môumes ; c^est amsi une dia* pelle, mais si petSte et d'une si bumble apparence , qu'on* la croiroit peu digne d'être un des sanctuaires de h Divinité : combien cep^dant son importance est relevée par te nom de ses fondateurs , de ce^ Porcellns , si riches , si valeureux , dont on raconté tant d'actions héroïques ! On se rappdie ce bravé Guilfaume des Porcellets , seigneur en partie de h ville d'Aria et baron de Provence, qui avoit voué ses services à Ric^aM , roi d'Angleterre , si bien nomtife Cmr-àe-limf et qui sauva la vie à son illustré mahre. Ridiard éloit tombé dans une embuscade : des Porcellets s^écria, Je suis It tri, et attira ainsi sur iai toUs les dards des Sarras&)s. Le sultan Salacfin, ami de la vaillance et de fhimlanfté , au lieu de punit ce vertueux mensonge , fit à son nobfe prisonnier le traitement le plus distingué ; et Richard , pour témoigner f estime qu'if lui pôrtoît , donna pouf sa ^nçon dix des plus riches et des phis puissant chefs qui étoient en sa puissance. nom de Por- cellets étoit devenu si célèbre et si respecté darm rOrient , que les sultans , pour la garantie des traitas, demandoient la remise de.^ces iiAportames ,. des

jiS Chapitre, xcv;

otages , ou la parole d*un Porceileu. Enfin ^ cfehs f hor- Tible massacre des vêpres siciliennes , Guillaume III des Porçeilets" fm le seul épargné , à cause de i'kn- pression singulière que sa veiftu avoît faîte sur Tes- prit du peupie, ' . i .

On voit aussi près de une pdite, reste vénérable de l'antique monastère qu'on prétend que S. Césaîre fonda dans le yi/ siècle,

Les monumens de la religion sont augustes ; ceux de l'héroïsme militaire sont brillans : mais ceux qui rappellent le dévouement de l'homme compatissant et sensible, ont un charme qui ne tient ni à la durée des temps , ni aux opinions. Celui qui visi- tera Arles avec mon ouvrage, me' saura gré sans doute de l'avertir de s'arrêter devant un humble tombeau de forme pyramidale , qui est peu éloigné de la chapelle de la Genouîllade. furent ensevelis les consuls généreux , les prêtres dignes de leur noble ministère, les hommes charitables et vertueux, qui ont feit le sacrifice de leur vie pour assister , con- soler , servir leurs concitoyens pendant la peste de J720 (i).

Près de la chapelle des Porcellets, nous lâmes cette inscription (2) sur une tombe que Julîa Zozime avoît fait faire de son vivant pour elle et pour C. Pomponius Polycarpus son mari :

(i) Infrà, chap. G.

{%) DVJAOiiT , SjKUcU , 100.

ilil iMM" Il

- ■«^

Chapitre xcv.

5»jr

I

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lYLlA. ZOZIME

C. TOMPONIO. POLY

CARPO. MARITO. PIEN

TISSIMO

ET^ SIBI. VIVA. POSVIT

Le canal de dérivation de la Durance , qui sert aux arxosemens d'une partie de la vaste plaine de la Qrau et des environs de ia ville d'Arles, passe près du couvent des Minimes : ce canal est entre- tenu , par une compagnie , avec un grand soin. A quelque distance de , du côté de l'ouest , ce même canal coule dans une espèce d'aqueduc soutenu par une rangée de quatre-vingt-quatorze arcades , et qui a été bâti sur un ancien aqueduc romain. Ce canal est une suite de celui de Craponne.

La porte du couvent des Minimes est entière- ment dégradée. L'église étoit consacrée à S. Honorât , dont on venoit y révérer le tombeau. On attribue sa fondation à S. yirgile, dans le vil.* siècle. Elle

, est à trois nefs : sa forme est très- irrégulière ; il

*

n'en reste plus que les murs , sur lesquels , malgré les mutilations opérées par le sabre des soldats de Farmée révolutionnaire et les dégâts qu'y font les enfans , on aperçoit encore beaucoup de monumens ,

Kk 4

jlO CHAPITRE XCV.

qui presque tous rappellent les prmcipftuz traits de l'Ecriture sainte. On pourroît y faire un cours inté- ressant d'histoire sacrée y en observant lés idées que les premiers chrétiens avoient sur certaines traditions aujourd'hui contestées, et la manière dont leurs ar- tistes représentoient les événemens qui s'y rapportent ; on y puiseroit aussi beaucoup de détails r'^Iatifs aux mœurs 9 aux usages (i) et aux costumes du temps.

Le monogramme du Christ ^pl. LXJV, fg, 2) , renfermé dans une belle couronne de chêne et em- porté dans les airs par l'aigle romaine , qui le tient dans son bec et dans ses serres, est une nobfe et belle allégorie du triomphe du christianisme , dont tout rappelle ici les premiers temps. Ce fragment bas-relief est au-dessus du bénitier.

Sur un pilier de la nef on lit :

VIII: Kt : OCOBRIS: OBI

IL î PONCIA: ^E: AQVE

RIAî ANNO: ^OrtlII/ICE:

INCARNALIONIS: : G: h

XXIIil: ORATE: PRO: EAÏ

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(1) Vqyei ce que far déjà dit, tome /, page pB , et tome III, pa^e 16^, sur l\itHîté et fimérét àti monumews eftretieiw.

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i

CHAPITRE XCV. J2r

Ponce d^Aigaières , qui est morte le 8 des fcalendes ^octobre de Fan de Fîncarnatîon 1174» devoit être nièce ou peut-être fille de Polis d'Aiguières , consul de fa viife en 1 1 78 , et parente d'Imbert d'Aiguières, <|ui fut nommé archevêque d'Arles en 1 190.

La première chapelle, à l'entrée, étoît celle de Renaud d'AHein. Nous y remarquâmes un beau sar- cophage cfirétîen*en marbre (pi. LXIV,fg, ^}, sur kquei on voit , à droite , Moïse qui fait sortir l'eau du rocher : les Hébreux, q\ii se désaltèrent, ont un bonnet pareil à cekiji que nous avons déjà observé sur un sarcophage du musée de Marseille ( i ) ; ce qui confirmel'explîcation que j'en ai donnée. II paroît que ce bonnet étoit particulièrement en usage panni fes Juifs, au temps ces sarcophages ont été sculptés. Le second groupe nous ofFre Jésus-Christ entre ses £scipIeS) et tenant le livre de fa loi : des deux apôtres qui sont à ses câtés , celui qui est imberbe est probablement S. Jean fils de Zébédée; et celuî dont une barbe épaisse omlA^age le menton, doit être S. Pierre : tous deux étoient les disciples les plus chéris de Jésus-Christ. Plus bas est le paralytique qui emporte son lit après sa guérison. Plus loin , le prince des apôtres est mieux caractérisé par le coq qui

' (t) On le remarque encore sur d'autres monumens. BoTTARI^ pt XXXII, .XXXVI et XLI, et BuONAROTTi, Vetri antichi, p. i- Jc8BS«>Clirist » sur ies sarcophages chrétiens , est quelquefois faw même i^ifFé d'un bonnet semblaMe. BottaW, XXXI et CXXKV.

522 CHAPITRE XCr.

raccompagne : il proteste à Jésus- Christ de ne pLtnaaf l'abandonner; et Jésus-Christ hii annonce qu'avant le chant du coq il Taura renié trois fois. II est pro- bable que sur la partie fragmentée, à gauche, il y avoit un corps enveloppé de bandelettes comme les momies , et que le groupe qu'on y aperçoit , repré- sente la résurrection de Lazare, ainsi que nous la verrons figurée ailleurs. Plus près est la multiplica- tion des pains et des poissons : ordinairement Jésus- Christ touche les pains avec une baguette ( i ) ; -pour prouver la pubsance de Dieu, l'artiste a figuré le miracle de la multiplication déjà consommé , et a fait voir les paniers dans lesquels les apôtres recueillirent les restes. Le nombre des paniers est de sept, con- formément au récit de S. Marc (2) ; ce qui prouve qu'il est ici question de la seconde multiplication , qu'on regarde comme un symbole de Feucharistic. ' Jésus- Christ bénit les pains et les deux poissons , an y imposant les maiiïs avant de les distr9>uer :

(1) BOTTARI, pi. LXIX.

(2) £r sustulerunt quod superfuerat de fra^enth f septem sportas ( Marc. Vlll, 8 ). S. Mathieu et S. Je*an disent qu'il y en avoit douze. Et tulerunt reliquias , duodecim cophinos fiagmentorum pîenos (Math. XIV , 20). jEV impleverunt duodecim cophinos fragmentorum ex quinque panibus hordeaceis qua superfuerunt his qui tnanducayerant (JOH.VI, 13 ). Je ne sais pourquoi BOTTARI sur un autre sarcophage, S culture sacre j 1 , 169, ne voit, que six pains ;îi 7 en

a sept comme ici , six à terre et un dans ics mains d'un dei soi* vans de Jésus-Christ,

J

CHAPITR]^ XCV. 525

ide est venu Fusage , très-ancîen dans FEglise , de présenter le pain bénit* Jésus-Christ est encore ici sous une arcade soutenue par deux colonnes ; il étend les mains, et paroi t recommander à celui qui tient un rouleau, et qui est peut-être eocore Tapôtre S. Jean , de publier la loi de Dieu. . Dans l'escalier des catacombes il y a un sarco- phage de marbre, les histoires sont encore- plus nombreuses ( pL LXVIl , fg, i) : il est partagé en deux bandes ; ce qui annonce qu'il étoit destiné à recevoir deux corps (i). Le milieu de la bancfe supérieure est occupé par une coquille, dans laquelle on voit deux personnages , sans dcmte celui quÎNjr a été inhumé et son épouse : celle-ci porte au cou un collier , et au bras gauche un bracelet ; elle pose la main sur Tépaule de son mari , qui tient un rouleau. ^

Examinons actuellement la série des histoires , en commençant de gauche à droite. Le premier groupe est composé de quatre figures : un vieillard assis , vêtu d'une tunique et Swxipallium , drapé à la ma- nière des philosophes grecs , reçoit l'hommage que ' lui présentent deux jeunes gens ; l'un est Caïn , qui apporte au Seigneur les fruits qu'il a fait produire

( I ) On les appeïoit hisomum , trhomum et quadrisomum , seion qu'ils étoient destinés à contenir deux, trois ou quatre corps. BoTTARI, Sculture, pi. XXXIX.

524 cmapitke tcy.

à kl teire , fécondée par ^n (ra?aH ; YnntÉe est Abet , qui se -livre à la vie pastorale, et qui offre un des premiers nés de son tfoupeau (i). Dieu semble re- garder Abel avec plus de complaisance» quoîquH soit plus éloigné de lui que Caïn son aîné , et il fève les mains pour bénir ses dons (2}. Caïn et Abeî, l'un agriculteur et f autre berger, sont vêtus de la tu- nique retroussée que cène classe dTiommes portoic ftu temps ce sarcophage a été sculpté. Nous ▼oyons souvent le è^n Pasteur représenté de la même manière. On ne peut bien déterminer quel est fe vieillard que le ^cuIpteur a placé derrière Timage de Dieu, que, selon f usage ordinaire, il a fiiit plui grand que les autres hommes. ; ce île peut être qu'Adam, puisque lui et ses fils étoient alors lei ^euls hommes qui fussent au monde.

Ces histoires sont placées sans ordre ; de sotte qui cette première §cène, qui nous reporte au berceau du monde, succède Tarrest^tion de Jésus- Christ par les Juifs 4ans le fardin des Oliviers : les bonnets dont sont coiffés ceux qui raccompagnent , caractérisent les Hébreux , comme nous l'avons déjk vu, et servent

(i ) FuU aueem Abelpastor opium, et Coin agricola, Factum est au- tem post muitos dies utofferret Càin dejructibus terra munera Domino; Abel quoque obtulit eU yrtinogtnitis gMgn suu Gènes. IV 9 2*4.

(a) Respexit Dominus ad Abel et ad munera ejus ; ad Gûn verè a ari munera illius non respexit. Ibid. 4, j.

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GHAPITRC XCV, 52J

ici à Texplicatioa àe ce groupe. Lei sarcophages chrétiens nous offrent plusieurs autres exemples des sujets de l'ancien et du nouveau Testament ainsi inélangés.

C*est encore au nouveau Testament qu'appartient ja scène suivante : Jisus guérit^ en Im touchant les yeux y l'iay^ugle ^e Jéritho , appelé Bartimée ( i ) ; n^aîn droite , dont celui-ci porte ordinairement son Mton, est cassée ; Jésus tenoit un rouleau dans la inain droite, pour prouver que ce nûrade ne se hir tsoit qu'en confirmation de l'évangile ; et c'est pour*^ iguoi l'on voit un de ses disciples derrière ^ave^g{e.

Nous aperçevons^nsuite Moïse vêtu de la tunique et du manteau; il a un pied sur une pierre pour indiquer qu'ii est sur ie mont Sinaï : il reçoit de Dieu même les tables de la lot L'Éteinel est figuré par une main qui^ sort de la nue ; usage qui s'est con^ serve jusque dans le moyen âge, et auquel nou$ devons le symbole impérial qu'on appelle main de justke (z). Quoique les premiers , chrétiens figur rassent très-fréquemment les anges avec des fonit^ humaines^ ils avoient un grand éIoigneme;nt potîir représenter ainsi Dieu lui-même.

C'est encore la main de Dieu qui retient le glaive avec lequel Abraham, soumis à la volonté céleste,

(i) Marc. X, 4«.

(s) Dktmtmirif daitm^Mm^ au mot MAt-if.

^l6 CHAPITRE XCV,

va sacrifier son propre* fils sur un autel. Ici le sculpteur s'est- éloigné du récit de l'Ecriture : Fautel est une pierre- carrée , sculptée selon l'usage des Romains ; le feu brûle dessus , et Isaac est au pied ; tandis que l'Ecriture dit positivement qu' Abraham plaça lui-même son fils au milieu du bois qu'il aVôît- rassemblé sur l'autel. Les pierres qui s'élèvent derrière, indiquent la montagne qui avoit été dési- gnée par l'Eternel pour ce cruel sacrifice; Abraham est accompftjgné de deux serviteurs ; et cependant î£ les lai^à au pied la montagne j sur laquelle 3 monta seul avec son fils, qui portoit lui-même glaive dont il devoir être firappé et le bois qui étoït destiné à le consumer. Nous rie voyons pas rcî le bélier qui fut -immolé à sa place. Celle histoire se retrouve sur un grand nombre de sarcophages , mais toujours avec des circonstances variées selon le goût d^ chaque sculpteur.

Lesr~ groupes^ dont se composent les deux scènes que Reviens de décrire , nous fi^nt voir , des deux côtés de la coquille qui contient les bustes , deux repré- sentations symétriques; et c'est sans doute parce qu'elles forment ce que nous appeloris des pendans ', que l'artiste les a placées ici.

, Nous voyons encore le miracle de !a multipli- cation des cinq pains. d'orge et des deux poissons, avec lesquels Jésus-Christ nourrit, à Qethsaïde., plus de cinq miilè hommes, sans compter les femmts. et

CHAPITRE XCV. 51/

ïes enfîins{i). II impose lesnîains, ainsi que nous l'avons vu, pour opérer ce prodige.

La figure qui est assise à l'extrémité, termine cette suite de scènes de l'Ecriture , comm^ figure de Dieu recevant les dons de Caïn et d'AljflB^a commencée. C'est donc encore un pendant placé pour la symé- trie : mais quel est le sujet qu'on y a représenté î II paroîtque c'est le malheureux Job, déjà frappé par la main de Dieu , couvert d'ulcères , et assis sur uti monceau de cendres : près de lui on voit deux des trois amis qui étoient venus le visiter ; ils sont coiffés du bonnet qui caractérise les Juifs : celui dont la main est étendue, est probablement Éiiphaz ou Sor phar , qui reproche à Job son impatience , et hxi dit que nui n'est puni de Dieu sans avoir péché (2) ^ ou peut-être Bîldad, qui lui conseille d'espérer la fin de sesanaux (3).

Le groupe qui commence la série inférieure en partant de gauche k droite, nous fait voir la chaste Susanne; elle est souvent représentée, comme ici, la tête couverte d'un voile (4) : les arbres indiquent le verger dans lequel cette jeune femme fiit surprise par deux vieillards ; on n'en voit ici qu'un. Le

*•-*■

(1) S, Math, xiv, 19. S. Luc. ix, 13. S. Johan. vi, 6. {a) JoB, IV, xr.

(3) Uem, VIII.

(4) BuONARQTri I Vetri antichi , page i ; et BOTTARI, pï.

%xxiu

528 CHÂPITJl£ KCV.

niiracle de Feau changée en vin aux aoces <fo Cana , vient après : probablement le Christ tenoît à la main la baguette avec laquelle on le voit tou- cher I^ vases Mjt4'autres sarcophages ; il paroît <|ue ces vases étouJp^'une pierre creusée. Il n'est p^ aisé de détennuier ce que signifie le serpeiu entor^ liflé autour d'un arbje , devant Jequel est un bomine vêtu de la tunique et du fmUmm, Ce serpent n'est pas asseK élevé pour être le nehustan, ou serpent d'airain , que Moïse éleva dans le désert, Bottari, en 'expliquant un groupe à-peu^près jemblabte (t^, a pensé que ce .pouvok être le serpent qui étqît a^oré par les Babyloniens, et que Daniel fit mourir en lui donnant un gâteau composé de poix, de graisse et <fc poils (2). Ce seroit donc le^ophète que notts ver- riiMis m au moment de présenter au dieu de Baby-« lone ce fatal mélange. Cette explicatbn est , du reste, très*conjecturale.

L'histoire de Jonas, si connue et si fréquemment répétée sur les sarcophages chrétiens ( j) , vient en-, suite. La barque est montée par trois raatdots ; ils sont nus, afin d'être plus en eut de faire les manœuvres néce^res pour échapper et l'horrible tempêie qui menace leur vie : deux font mouvoir la rame; celui qui est dvis le milieu et qui paroît s'arracher les

(i) Sculture Cfistiane, pf. XIX. (3) Suprà, page 177.

'*^ cheveux ^

CHAPITRE XCr. 52^

rfieveux , est celui qui a été chargé d*exécuter l'arrêt ifàtal , et de jeter Jonas à la mer ( i ) : près de la barque est le grand poisson que Dieu avoît destiné pour engloutir le malheureux prophète (2). A peiné le corps de Jonas sort- il de la barque, qu^il est déjk avalé : plus loin le monstre lève la tête pour fairô pénétrer sa proie plus avant., A droite de la barque, on voit, encore ce même poisson qui> selon Tordre de Dieu, rejette de son sein le prophète, après Ty avoir conservé vivant pendant trois jours (3). Ici le sculp- teur a réuni deux circonstances : Jonas est représenté couché sous un arbre ; le prophète nous apprend lui- même que Dieu., irrité une seconde fois de ce qu'il n'avoit pas trouvé son arrêt contre Ninive assez sévère^ fit croîti'e pendant son sommeil un arbre (4) qui le couvroit de son ombrage , et qu'il envoya ensuite iiil ver qui fit périr cet arbrei L'artiste a figuré Jonas près du monstre qui l'a vomi et sous Tarbrr^ qui le protège > sans considérer le temps qui s'est écoulé dans cet intervalle. Quant à la nature de la plante itLpY>e\ùe>kikaion, sous laquelle Jonas s'endormit, S. Jé- rôme et S. Augustin ne sont pas d'accord : le pre- mier veut que ce fût uiie eucurbîtacée, et le second dit que c'étoit un lierre. Les Septante , partageant l'avis de S. Jérôme , prétendent que c'étoit une

(i) Jonas, î* (3) Um^ nu

(1) Idem,lU (4) Jdem, IV*

Tonti nié 1* I

530 CHAPITRE XCV.

coloquinte ; et plusieurs bas-reiiefs nous rq>résentent Jonas endormi sous un arbuste dont les fruits , sem« biables à des coloquintes, menacent son nez de leur chute. Les commentateurs plus modernes pensent, avec raison, que cette plante est lepalma Christi ( i ), qui s'élève très-haut dans iïgypte et dans la Pales* tine, où, du temps d'Hérodote , on le nommoit kiki (2) , comme on le fait encore à présent. II pa- roît , par la forme des feuilles , que le sculpteur s'est ^conformé à la tradition qui faisoit regarder cet arbrisseau comme un lierre.

Derrière est le Seigneur, qui étend la main sur Jouas y et qui ordonne au ver de Êiire périr le végé- tal sous les feuilles duquel le prophète a trouvé un abri.

Plus loin Adam et Eve sont punis de leur déso<^ béissance; le serpent qui les a trompés, rampe autour de l'arbre de la sdence du bien et du mai ; honteux de leur nudité , ils se couvrent de leurs mains. A côté d'Adam est une gerbe de blé, pour annoncer qu'il ne devra plus désormais sa subsistance qu'à soU'' labeur.

Daniel dans la fosse aux lions termine cette sculp^ ture : il est nu , et étend les bras pour demander au Seigneur qu'il le préserve de la fureur de ces

(1) Ricinus communes. (jj Herod. h, 94.

ftrlimaujc (i). L'Écriture dit que les lions étoient au nombre de sept; maïs les peintres et les sculpteurs n'en représentent ordinairement que deux (2)» L'un des hommes qu'on voit auprès de lui , est probable- ment Habacuc, qu'un ange avoit transporté dansBa^ bylone pour quil doimât à manger au prophète (3) ; l'autre doit être Darius le Mède , qui vient voir si Daniel a été dévoré , et qui s'étonne de le trouvei" encore vivante Le prophète a les mains étendues pout prier le Seigneur. Eusèbe dit (4) en effet que Darius le trouva dans cette attitude. Cette histoire , ainsi que celle des trois jeunes hommes dans la fournaise , est très-commune sur les sarcophages ; on les regarde ( j ) comme des allégories de la constance avec laquelle le vrai chrétien supporte les plus cruelles persécu^ lions.

Les histoires figurées sur ce sarcophage ne sont }x>int9 comme on le voit, classées dans un ordre chronologique ; le sculpteur a plutôt cherché la symétrie en opposant toujours les groupes les ims aux autres : ainsi la barque occupe le milieu; de chaque côté, les monstres, les arbres ^ les person-* nages , sont placés en opposition*

un t I wn

(1) Daniel, VI, 14.

(a) BOTTARï, Piûurt sactt, II> J # 32 , CC» 104*

(3) Daniel, XIV, 37 > 39.

(4) EUSEB. Orat in SS. Gret, cap. 17. (5), S. Clem. SfiiU I ad Cmnth. Xk."* 4J.

t.

532 CHAPITRE XCV.

L'inscription suivante est dans l'enceinte de Té- ,glîse : le marbre qui la contient, sert de rampe à . Tescalier du grand autel ( i ) :

OPTATINE RETICI AE SIVE PASCASIE ÇONI VGI AMANTISSIMAE EN NIVS FILTERIVS SIVE POMPEIVS MARITVS POSVIT SEPVLCRV M CVM QVA YIXIT ANNIS OCTO MEN SIBVS NOVEM ET DIBBVS DYOBVS

(

A Optdûna. RtticicL ou {x) Fascasia, sa tendre épouse , Ennius

(i) Voycx GrUTER, DCCCXIH, 9, peu exacte; Hist, de VAcad. des inscript, t. VII, 249, pius exacte; Maffei, Gall. Antiq.; BouCHE, Chor. de Prov. 311; DuMONT, Inscript, n.** 1 58.

{2) Sive. Les noms des Romains étoient quelquefois doubles ; alors ic second est mis dans les inscriptions avec les formules quiet, quiet vacitatur, sive.Mnsi on WtPrastus QUI ET Vespasianus {MaRINI, Iscrix. arval. 182); C. Maniius Januarius QUI ET VOCITATUR Asellus ( id. 505 ). De thème filterius est aussi appelé Fompeius, et Reticia ai aussi nommée Pascasia.

FHterius ôê Pompdusa ^érigé a sépulcre^ après avoir vécu nPtc elle huit ans neuf mois et deux jours ( i ). ^;

Isfous vîmes en face un sarcophage' de /marbre (pi. LXlVfJig. j^), remarquable par ses scùlpturesi Au mflieu est Jésus-Christ sous un portique dont la corniche et l'architrave sont chargées d'ôrhemensi Cet édifice particulier marque sa divinité. Le Sau^ veur, dans I^atûtude d'annoncer la parole de son père , est sur la montagne sainte, d'où coulent les quatre fleuves auxqilels'Ies chrétiens , figurés par quatre agneaux, se désaltèrent; derrière lui sont des pal* miers , symlx>Ie du triomphe de h^ foi, II remet k S. Paul (2)révahgile, pour que celui-ci le prêche par toute la terre. Le reste de la composition est partage en quatre arcades : sous celles cjui sont à la droite du Christ, on voit probablement S. Paul et S. Jean ; dont Tun porte une croix , l'autre un rouleau ; et soû« celles qui sont à gauche, S. Pierre et S. Jacques , qui tiennent également un rouleau. '

Derrière les apôtres on voit aussi des palrafeTs chargés de fruits; au milieu d'un de ces palmiersvii gauche , est le phénix. Les connôissances eti^ histoire naturelle étoiént encore si peu avancées , que les pre- miers chrétiens àvdîent adojrté les fables accréditées par une antique tradition sur cet oiseau imaginaire :

(i) A la dernière iignc , fc sculpteur a mis par erreur vrBBVX your DIEBVS, (») Supm, t. M, p. 2^9, note t.

1.1 5

\

Jj4 CHAPITRE XCY.

elles sont même répétées par plusieurs Pères de l'Église. On croyoit qu'il avoît la faculté de renaître de ses cendres , et il étoit regardé comme un sym- b^ de h résurrection*

Dans les niches des extrémités » on reconnoit deux scènes de la Passion. A gauche » c'est la der* Bière cène : Jésus-Christ va laver les pieds à Simon Pierre. Cette action est très-bien <;aractérisée pat Festrade sur laquelle est Pi^re , et l'on voit une dts sandales qu'il a quittées ; il a les pieds nuds; le vase rempli d'eau est au bas de l'estrade , et Jésus^ Cbrbt se baisse pour commencer cet acte d'humilité. Dans l'arcade opposée , Jésus-Christ est condait h Pilate ( I ) : celm^ci esc vèfu de la cuirasse, du pa/u-' dflmint , et couronné de laurier comme les empereurs romiains (2) ; la tour qui est derrière lui, désigne la ville de Jérusafem.

Les colonnes qui supportent les arcades , ont toutes des chapiteaux ccnrinthiens ; mais leurs futi^ difi^rent beaucoup par les ornemens ; deux de ces colonnes sont cannelées et rudentées, deux son^ torses , et deux sont couvertes de feuillages qui s'en* trelacent^ Les arcades sont richement décorées de moulures. Aux deux extrémités sont des tritons qui sondent de la conque ; entre les autres cintres il y a des coquilles au milieu de dauphins : ces symboles

^W— ^ I ■— ii.1W— *— Il I il II l|li I I ■■

ÇHAP|TRB X€V* J}J

inariiis annoncent que la parole de Di^ franchira les mers pour étrefeçue des nations les plus éloignées, £n montant les cinq marches de Tescalkr qui conduit au tombeau de S. Honorât , on voit à gaucl^ et à droite deux moidés d'uii , même sarcophage. Ce tombeau {pi: LXVII, fg. 2), d'une forme et d'une distribution élégantes , présente cinq arcades t dans le mffieu est le Sauveur du monde , qui montre le ciel à ceux qui recevront la loi de Dieu ; dans chacune des deux arcades qui sont à ses côtés , il y a un groupe de tiois personnages ; Tun représente Jésus-Christ arrêté dans le* jardin des Oliviers , et l'autre le moment on le mène à Pilate. Peut-être doit-on plutôt rec^inoître ici l'exécution de l'ordre d'incarcération qu'Hérode , dans la vue de plaire aux Juifs , avoit décerné contre S- Pieire et d'autres dis- ciples de Jésus-Christ ( i } : ce qui peut le &ire [N'ésur jmer, c'est que les deux autres histoires sont relatives, à cet apôtre. Dans la dernière arcade à gauche , on a figuré son reniement ; et dans l'autre arcade à droite , Dieu qui lui remet les clefs du ciel. Quoique l'on re- présentât autrefois les apôtres sans attributs ^ et qu'il ne leur en ait guère été donné que vers la fin du XI v.* siècle, ce signe distinctif deS. PÎCTre est très-ancien : on le trouve sauvent sur les verres peints et sûr les mosaïques; mais il est rarement sur les sarcophages.

i^mm^t^mi^mÊmmammmmÊmmtmmmimmmmm^mi^mmmmmmmmm

( i) Acia apostol XII*

xI4

^^Ê^^m-,' *----b^... - fc ^-„j^,^^g^^Jg^|^,^.^^^^,,,^|^J

j3(J CHAPITRE XCV^.

A chacune des extrémités de la partie supérieure celui- ci , il y a des tritons qui sonnent de !a conque ( i ) 1 etentrelesarcs^en voit des colombes quibecquètent des rabins dansxies paniers renversés (2).

Dans la chapelle spécialement consactëe k S. Hono^ rat , on voit encore un sarcophage {pi. LXIV,fa. j^. Ce monument avoît un- double droit à la vénéra- tion des Artésiens ; it servoit d'autel à cette chapeHe, et j d'après une ancienne tradhion , c'étoit le tombeau de S. Honorât , qui, après avoir* peuplé de pieux solitaires les îles de Lérins (3), avoit été élevé au siège d'Arles vers 4^28 (4). L'histoire des premiers ternps de l'église d'Arles est trop obscure, pour que cette tradition puisse être confirmée par des témoi- gnages authentiques ( J ) 2 cependant elle semble ajouter à la sainteté du lieu et en rendre le sanc- tuaire plus auguste et plus vénérable. Cette tombe est d'ailleurs fort simple ; elle esi ornée de cannelures en spirale : au milieu on voit Jésus-Christ, et aux

(1) Suprà, p. 534,

(3) Suprà, p. 165 et 173. "^

(3) Histoire d< la vie tt des ouvragn^ dit S. Honàikti, par D. An- toine Rivet, Voyez Hist, littér, de la Fremct , t* II , p. 1^7. Vie de S, Honoré^ par Gaspar, AVGERI , prieur de Manos^ue ; Aix , i6^\ , in-8.** Vie du même, par François GlRY;*d[ans son Recueil' des vies des Saints , au i6 janvier. Vie du m^ne, par Adrien Baillet, Voyci son, Recueil des vies des SaittU , si\x mèpn^, jour.

(4) Suprâ , t, ïl , p. $q6.

^^) Saxii Pûtitificium AreUtenfe,^ p.. 3<t#.

CHAPITRE XCV. 537

extrémités ^ deux apôtres ; l'un est probablement S, Pierre , et l'autre , S. Paul.

X

Dans la même chapelle, à gauche du maître- autel oîi est le tonibesiu de S, Honorât, est une portion de jarcophage en marbre , gtzvée pL LXVI ,Jfg. i. On voit , en suivant de gauche à droite , Moïse qui frappe le rocher (1)5 Jésus-Christ sur une estrade et tenant le livre de la loi : à ses pieds sont deux vieillards qui embrassent ses genoux, pendant que deux autres personnages couvrent leur visage de leurs mains en signe de douleur. Le vieillard , dont la main touche les-pleds du Seigneur, est probablement le prince qui M démanda de ressusciter sa fille que la mort vênoît de frapper r Jmposeï^ seulement Us mains sur elle, lui dit-il , et elle vivra {%) . '

Jésus le suivît avec ses disciples ; et pendant qu'il marchoit, une femme qui étoit affligée depuis douze ansd'un flux de sang , s'approcha par derrière afin de prendre le bord de son habit : Que je touche seule^ ment son vêtement ,- Ai- eWe y et je serai guérie. C'est ce que nous voyons ici ; i'hémorroïsse , figurée sur tant de sarcophages comme un symbole de la foi, est aux pieds du Seigneur , qui semble lui dire : Aye-^ confiance, ma fille; votre foi vous a sauvée (3).

Le Seigneur et ses disciples entrèrent dans ïa

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(i) Suprà, p. 179. (3) Ibid. 10, XX..

(2J S.. Matw. 1X„ x'é, 19.

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558- CHAFiTR£ XCV,

maison du prince ; il vit les apprêts funéraires , et ordonna aux joueurs de flûte de se retirer^ en disant: Eloignii-vûus ; cette jiimi JiUi nUst pas morte, elle dort. Aussitôt il lui prit les mains, et^Ik se leva (i)« Ca moment est celui que l'artiste t saisi ; îl a réuni en^ semble toutes ces circonstances sans observer la perspective , à peu près de la même manière qu'on trouve plusieurs sujets de la mythologie figurés sur les vases grecs et sur les bas*reliefs du style anticpie, parce que les monumens exécutés à la naissance ou au déclin de l'art ont entre eux une grande analogie.

Après la chapelle de S. Honorât , en prenant vers la droite , on remarque un sarcophage à-peu-ppoès semblable à celui que f ai décrit à Aix (2). Le passage de la mer Rouge étoit représenté trois fois sur les sarcophages d'Arles ; et c'est sans doute ce qui aura engagé à céder à M. de Pérus«is celui qu'il avok désiré consacrer à sa sépulmre. Le troisième oifFre qudqu^ différences : il est d'une parfaite conservation ; c'est poiu-quoi je l'ai fait graver (pi. LXVII, fg. 3).

On y voit , comme dans l'autre bas-relief, le Vh^ raon poursuivant les Israélites, ses chars et sts che- vaux en^outis par la mer ; Moiie tenant sa baguette; les Israélites conduisant leurs enfans, et portant au^ tour de leur cou, dans leurs vètemens , la farine non fermentée ; enfin Marie , sœtir d'Aaron , jouant

(i) S. Luc, VU, i^.

(2) Supra i tome II, p. 353 , pf. L

CHAPITRE XCV. 535^

êix tambour. La différence la plus remarquable est dans les trois personnages couchés au bas de {a re- présentation. 9ottari f en expliquant un bas-relief i-peu*-prè$ semblable^ a pensé qu'ik représentoient îes difFérens fleuves qui se jettent dans la mer Rouge: Hcependant on y distingue deux femmes tenant des paniers , et non des urnes. Je croirois plutôt que Tune est l'Egypte, Tautre la contrée au-delà de la mer Rouge, et qUe cette mer est figurée elle-même par le vieillard couché qui tient deux rames ; mais peut* *tre aussi est-ce le Nil.

Tout auprès, un autre sarcophage fpl. LXIV,fg, 6) représente une grande chasse au sanglier et au cerf ( i )• Le sanglier est saisi par les chiens, et un chasseur va le percer de sa lancé : Thomme qui arrête le cerf par son bob , pose ie geno^ dessus , et son attitude est celle dans laquelle on représente Hercule arrêtant la biche aux pieds d'airain. Plus loin, des chasseurs prennent une biche engagée dans leurs filets. L'espèce de camail appelé cucullus , que porte un chasseï» à cheval , fst remarquable ; il ressemble à celui de Télesphore sur les médaillons qui le représentent entre Esculape et Hygie. Ce tombeau n'est probable- ment pas chrétien. Nous avons déjà vu pourquoi lef

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(i) MONTFAUCON, Ant, expUq. suppl. lïl, LXXI, a fait graver ce sarcophage d'après un dessin tiré dirbeau recueil de Peircsc, que fou conserve à la Bibilothè<}ue impériale.

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j40 CHAPITRE XCV.

anciens aimoient k faire sculpter des chasses sur les sarcophages (i).

En face de celoî - ci , il y; en a un autre (pL LXVII,fg. 4) de l'espèce de ceux qui étcHent destinés à renfermer deux corps (2]. Sur celui-ci , les deux époux sont figurés dans un médaillon. On voit, à gauche , Jésus-Christ conduit à Caïphe et le sacrifice d -Abraham ( } ) ; à droite , Moïse recevant les tables de la-Ioi (4) , Susanne et les deux vieiHards ( 5 ) , et Pilate se lavant les mains ; dans la rangée inférieure , les trois jeunes hommes dans la fournaise, Daniel dans la fo63éaux lions [6] et le passage delà mer Rouge [j). , ^ On a posé dessus un petit câté de sarcophage qui représente Moïse faisant sortir l'eau du rocher , et les Israélites qui' se désaltèrent { 8.J . ^ Plus haut sont deu;c sarcophages -placés Tun sur l'autre. Le premier (pi. LXIV, figu7 ) pffre sept niclies : dans celle du milieu il y a deux person- nages, et chacune des six autres n'en contient qu'un; peut-être que l'un des personnages qui occupent la nîchçdu milieu , est celui pour qui le sarcophage a été fait, et que les autres figures représentent des apôtres. - Au milieu du second sarcophage , il y a une ta- blette : à gauche on voit un berger qui trait s^ ————■^1—— —^—1 Il ———»—— ——^— —————— ——■^——^—

* (i) Svprà, 1. 1, p. 53J. (5) Svjfrà, p. 527.

{\) Supri, p.-52^ (6) Suprà, p. 530,

(3) S/ii^râ, p. Pi-, (7) Supra, p. J3B. ,

(4) /^/V. (S; Suprà,f. i79'«S}7*

,^4

•^*

CHAPITRE XCV. ^/[\

chèvre; son chfen est en face de lui : à droite, une syrînx est suspendue k un arî^re , et un berger qui garde trois chèvres en tient une par la barbe. On ne peut assurer que ce sarcophage soit chrétien ; les symboles de ia vie pastorale semblent l'indiquer, mais ils n'en donnent pas la certitude.

Au-dessus de l'entrée de la crypte dans laquelle on prétend conserver encore les tombes sacrées des évêques et des saints personnages qui ont planté la foi parmi les Artésiens , on lit :

î>. O. M.

Hîc est locus în ^uo B. Trophimus, «x Christi discipulis, pr» Areiate ecclesiae prsesul, primusque Gaillarum aposto!u§^ prima _ Christian» reiigîonis fundamenta jecit. Hic fons aquée saiutiferse» ex quo tota Gailia iideî rivulos accepit. Hîc crypta sacra in qua SS. Honorati, Hîlarîî, Eonîî, Aurelii, Çoncordii, Vîrgiliî; Rot- landi, et afiorum Arel. pontificum, necnon sanctî Gcnesii mar- tyri5 ArcI. et Dorotheae V, M., bcatissiina corpora quicscunt.. Hanc autem anno Christi M..D. cc. X. piissîma ac reiigiosissima Minorum familia fîdèiium ocuiis exhibere censuit , ut qui vcna- l'abundi ad eam accesserint , tantorum patron. auxiliôapudDeuni omnium largitorem sentiant effectum.

4 Dieu très-bon et très-grand.

C'est ici que le Bien heureux Tfophime, un, dts disciples de Jùus-^ Christ, premier éveque de V église d'Arlei et premier apôtre des: Gaules, jeta les fondement delà religion chrétienne, Cest ici que. coula cette source dont les eaux salutaires se répandirent en ruisseaux sur toute la surface de la, France, et y portèrent la foi. C'est ici cette crypte sacrée &u reposent lés vénérables reliques des saints pontifes d'Arles, Honorât, Hilaire , Eonius^ Aurelius, Concordius , Virgilius , Rotlandus et autres , ainsi que celles de S. Genès , martyr de la même ville , et de Dorothée , vierge et martyre. L'an de Jésus^Christ lyio, la trés^ pieuse et très-religieuse congrégation des frères Mineurs prit la résolution

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^a^^^m

î4i CHAPITRE XCV.

i'accarJtr mut fiJiiti l'atcès de ce saint lieu, d)£a faf aia fri

v'm^itnt k visiter avec des sratimaii Je véaéraûon, putftnt rtfstmti^ tffm dt la paistoHtt ÎMierceishit de cts illtutra pnucttMrt miprèt du soaverttin iitfeiuaitii.t dt uuitt eketet.

Dans le mur de la sacristie, on fit cette inscription en lettres qui paroissent f tre An. x.* ou dn xi.* siècle ( i } :

IGFFtoCOniMKEIATiSIESa/inrvS GALLMC^KIMV>SENSlTAK)SroiCU ENKBCXBROSlÇhOCEKESFVISREBrrOSE CLMGEKlFSEFErRVSEOTSErEGHiSVS (MNISDEPnVSSWCEPÏÏGAIlIAFONTE tiiWASfflmfïMDOGlMOT^ICEM

ETMATRIDIiaïVMPREBVTrûpEqyÈ?

iMsiGNcq; CL^raEjiaMmÀ

Gffi/DETM)ST(^S^sélEKVISSEÇTIS

(i) S^i, X. \", p. 8i! « I )«.

CHAPITRE XCV. 543

Trûphimus hîc coiimr, Arelatii prasul avitus ,

GaïUa quem primum sensit apostolicum» En hune amhrosium proceres fudert nitorem

Claviger ipse Petrus, Panlus et Egregius r Omnis de cujus suscepit GalHa fonte

Clara salutifèra dogmata tune jideu Hinc constanttr ovans cervicem G allia jUctit,

Et matri dignum prebuit ohsequium / Insîgnisque eluens prestanti gloria semper ,

Gaudet apostolicas se meruisse vices (i).

Je n'entreprendrai pas la traduction littérale de ce% vers : il suffiyde dire qu'on y voit que, dans les X.*" et Xl/ siècles y ia tradition qui regardoit S. Tropbime comme le fondateur de l'église d'Arles, étoit déjà accréditée; qu'il y étoit révéré comme son patron, et honoré comme le premier apôtne des Gaules ; qu'on pensoit qu'il avoit reçu les leçons de S. Pierre et de S. Paul ; que c'étoit lui qui avoit répandu, comme une source pure , les dogmes de la foi ; et qu'enfin la Gaulé devoit regarder Arles comme sa mère, rela* ûvement à la religion.

On descend par deux escaliers dans la crypte ^ elle est toujours remplie d'un pied d'eau (2) ; de sorte qu'il nous fallut faire des amas de pierres pour que nous pussions observer à notre aise , à l'aide de flam'* beaux , les curieux monumens qui y sont rassemblés.

Dans ce sanctuaire reposent, dit -on, Ie%

(i) Cette inscription est rapportée inexactement par Skxy , Pontif. Arel, p. 30, et il ne Ta pas figurée.

(%) Le peuple croit que cette eau a la vertu de ^^uérir U fîcvre«

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544 CHA!>ITItE XCV.

dépouilles mortelles de tant d'illustres fondateurs du christianisme, on a droit de s'étonner que le pre- mier objet qui frappe les regards ( pL LXV,fg. 2 ) soit empreint de toutes les superstitions païennes x il représente la création et la fin de Thomme, selon les idées qu^on en avoit au temps de la mythologie allégorique.

Prométhée vient de former ÎTiomme aVec le limon

*

de la texre de Sinope, dont il a des masses déttem- pées près de lui dans un panien La figure modelée est encore placée sur le petit escabeau qui sert aulc sculpteurs, et le bras fragmenté tenoit l'ébauchoir» Derrière lui est Minerve, qui anime f ouvrage du fils de Japet ; elle est casquée et couverte de la redou-»- table égide; elle avance la main droite vers l'ou-^ vrage de Prométhée, et de l'autre elle tient 'une haste , dont on n'aperçoit plus qu'un fragment 2 la merveille s'opère par la seule volonté de la déesse; sut d'autres monumens , elle pose sur la tête de l'homme un papillon, symbole de i'ame. Ordinairement Pro- méthée n'a que Minerve pour témoin de cette opération : ici on voit derrière lui deux autres per- sonnages, dont un a la tête radiée; c'est peut-être Apollon , symbole du jour qui va luire pour l'homme ; peut-être le second est-ilEros, l'Amour, qui doit perpétuer l'ouvrage de Prométhée. *

Au bas de la figure 'qu'achève Prométhée , il y en a d'autres presque terminée^ Plus loin encore , deux

hommes

CHAPI-TRE XCV. ji$

hommes à peine nés se disputent > et fun d'tsux est renversé; iillégdrte dés guerres fatales q^^ se fbnt sans<:esse lés aveugles Irumakis^ comme si les maux sans nombre qui sont attachés à leur espèce if étoient p2LS sufiisatts pour la détruirez Le serpent qui se diesse contre deuk hommes nouvellement créés , est jpeut-être aussi un emMème de ces maux. Tous ces êti-es sont d'une stature inférieure à cdie des autres )>ersonnages , pour indiquer la dîâëiience.c^i exista ientre la îlature humaine et la natuire divine. Celte différence est marquée ausd sur les <»arcophages chré*^ tiens , Jésus-Ghrist et ses apôtres sont souvent représentés plus grands qûte ceux qui les entourent.

A peine Thomitte est -9 formé, que son ame f abandonne., et sia fin est placée près de sa nais- ■^ance. Mercure Psyc/topo^pe, c'est-à-dîre,^conduc* teur des âmes, coiffife du pétase et armé du caducée^ s'est emparé de leelle-d, c^i est représentée avec tiés ailes papîlîon , sous la %ûre de la |eune Psyché. Les Parqaes ont déjà réglé sa destinée ; Ladiésis lui montre avec ttne baguette ^ sur une Sphère coupée par la bancfe â;odiaade, ie signe sous lequel le corps fragile qu*elïe hafcite a pris naissadcei^ signe qui décide si eHe doij être heureuse <îhi. Jnïbr- tunée. Clôtho, qui est auprès, ïile le cours de ses jours, pour en marquer la durée* Ces déesses ne sont pas vieilles et ridées comme les dépeignent Lycophron , Catulle et d'autres poètes ; les artistes Tome JIL M m

54<5 CHAPITRE XCV*

les ont ordifuubrement figurées comme des vierges jeunes et belles , avec des ailes sur la tête , pour montrer la rapidité de la vie : souvent aussi elles ne sont qu'au nombre de deux. Derrière sont les Dioscures Castor et PoIIux, distingués par la forme de leurs bonnets. Plus bas est la Nécessité , ou pIutAt Némésis , qui tient sur ses genoux le livre des destins et semble prononcer ses arrêts irrévo- cables ; auprès d'elle est Turne qui contient les sorts que personne ne peut éviter. Plus loin, le fatal arrêt des Parques a reçu son exécution ; la jeune personne a subi le trépas : l'inflexible Atropos ne l'a pas quittée, et elle tient encore l'ample vête- ment qui couvre la jeune fille , et qui prouve qu'elle n'est plus qu'une ombre. Auprès de Psyché est une étoile , pour indiquer qu'elle va devenir immor- telle ( I ) . Dans le plan inférieur , on voit la Terre tenant à la main un pedum. Plus haut, Neptune est armé de son redoutable trident ; près de lui est Thalassé [la mer] ou Amphîtrite, distinguée par les pinces d'écrevîsse qui décorent son front; Enfin on voit une nymphe , et un mont personnifié , peut- être le Caucase , caractérisé par le pin qui est près de lui. Je soupçonnerois que cette tombe étoit celle

(i) Cette étoile pourroit aussi appartenir à Atropos. Sur ie bas-relief figuré par Bartoli , Admiranda Roma, pi. LXV , et par MoNTFAUCON, Attttq. 1. 1, pi, V, chtque Parque a aussi près d'eUc une étoik.

CHAPITRE XCV» 54^

dWt jeune fille, et que la figure de FoMbre nous en reproduit ies traits (i).

Le sarcophage {pi. LXV, »/ ^) est îl gauche , dans la même crypte , en face du précédent. Le. monogramme du Ghmt est au milieu (2) ; il est entouré d'une riche couronne > et placé sur une crqi^ dont les barres portent deux colombes : c'est un symbole du bonheur procuré aux chrétiens (3) par 4a glorieuse passion du Christ, Au pied de la croix sont deux soldats armés , en adoration ; ce qui exprime que le vrai chréden doit braver tous les dangers pour la défense de sa religion. Les douze apôtres sont vêtus de la tunique et du pallium; ib ont un rouleau dans la main gauche , et lèvent la droite vers la croix, ou pour prier , ou pour confesser Dieu en attestant ce signe sacré. Près d'eux il y a alternativement une Ou deux étoiles : cette variation symétrique dans leur nombre pourroît être un caprice du sculpteur, et non une allégorie ; mais Fétoile est ici le symbole du bonheur suprême qui doit être la récoïnpense de

^— —— .^— *—— ^ I I I I i*M^— ^— ^— g,^

(i) On peut comparer ce marbre avec trois autres qui repré* sentent ie même sujet ; ma?s tous ont des détails différens. Voyex Mus» Capitol, IV, pi. 25 ; Villa Pinciana, stanïa I, n,*» 17; Musk Napoléon, gravé par PiROLl, 1,13.

(2) Suprà, p. 520. Le monogranime sur ie Lahàrum étoît dans une couronne. EcJSEB. Vit, Constant, 1,31. Sur ies médailies de Zenon , d*£udoxie et de Puichérle, on voit aussi une croix entourée d*une couronne.

(3) Suprà, Y. 180.

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idlMB^^h^^^

j48 CHAPITRE XCVi

ieuis nobles travau^t. Ce^te récbmpéhke ^t etiidore mieux indiquée par la couronne cju'urie main célestl? tirât au-dessus de h tète âe chat:un d'e^x,

'. Les deux petits côtés repit^sentent tfeux seènès et la Passion^ 6gurëel à-fMU-près comme nous fe$ avons déjà vues : à galichie> c'est h dernière ci^^y le lav^metlt des j^îéds ; à dtt^té ^ Pitâte cfiA se fâve les mafîis ( î )

La corniche eSt composée d'ttïé tt&isèW* sans ins- cription, supj^ortéé par des àrtges :tfàtt*es angtes soutiennent tteux médaiHons ornés j^eÉïme^ ; l'un renferme le buste d\in fcomme^ I^autire teîuî d'une ifèmmé : oA tfstîngtxe celle ^cî à son coMiei-. H j a, .aù% extrémités du satcophage, des tét^s^ c^ommé Oh voit des masquas sur ceux des païens.

13 ùe ancienne tradition veut que 6k Gon$- >tahtin et iFàusta sa seconde ëpoUs^^ qaji étoh dan^ Arles, y ait été inhumé {i) i Mais I^ bmtJés Mdes deux médaillons Foht voir qUé ia loni&^ qù^ nous décrivons j étoît celle de deut ^strèS éjpoUk dont «otts ignorons les noms.

Sui Uri âufre sai-côphagé fpl LXVl,f^. s), on représente Jésus-Christ entre ses apôtres : il est sur un siège élevé , et a sous les pieds un tabouret , ité qui en le signe la puissatttë ; fes apôeies ^nt

: : ^ ' '^

(i) Supra, p.. 5 34 et 540.

(2) Saxy, Pontif. Arel 9J DUPORT, Hist. dt Végt.dl'Arkk, 23.

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sur 'ddi pfian$; Tous les personnage tUnaem un rouleau dans ihaîii ; Hs oni derrière eux des fidètes^ qui as^sistent à |a ^îvine asisembi^e. |.ç riche por- tîqi^ sons foc^«l el^a se tknt, ^st soutenu par dasi colonnes torses ; if y a à chaque extrémité un froitton; A droite on voit un homme , à gauche une femme , tous deux en posture de suppKans : ce sont peut- être le ftère-et lâmère de celui qui est /renfermé dans ce tombeau. , i

La frise est décorée des figures àes dou^e apétres^ chacun d'eux a près die sc^ un. paquet de vokitt^i symbole des évangiles : ils en ifennent un , et les'trois autres sont rouïés. Au mîtieu est tine tablette ômëé tfù inonogramme du Christ entre deux colombes' <|uî tienrient dans le bec une branche dbirvîer ( i ). Uki^ eription est métriijue et ainsi conçue (2.) s

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INTEGER ADQVE PIVS VITA ET CORPORE PVRVS AETERNQ HIC POSITVS VIVIT CONCORDIYS AEVÔ UVI TENERÏS PRIMVM MINISTRVM FVLSJX IN ANNIS POST ETIAM LEÇT^S COELESTÇ ^EGE SAÇE^DOS TRIGINTA E-Ç ÇEJV^JJ^O^ PI PfM Vf 3^ RÇBJDIBKP AlfNÎ^S, rfVNC CITO SïDEREÀm RAPTVM OMNIPOTENTIS IN AV]|^^ ET ^fA-^ÇftBlAÎïR^fKF F^A^%SIIJJ|JVf^|K qV4|RY^^

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(i) Jw/7ri, p. 547.

(2) DuMONT, Iman \^\\ %K%li yPar^f^Ard. 24*

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5JO CHAPITRE XCV.

. Coneaaiius, disûnpUfor sa probité et ta piâé, et Jont ht wle fui pieuse et le corps sans tache, repose ici pour vivre dans les siècles àemels. Dans ses jeunes années, il aidoit le pontife dans les fonctions de, son ministère; il obtint dans la suite, par un décret céleste, cette dignité pour lui-même, A peine a-t-il achevé sa cinquantième année; troMsporti f toudain dans le séjour rayonnant de l'Ltre tout-puissant, c'est dans cet asile céleste qu'une mère tendre et un frère chéri le cherchent en lui survivant.

On regarde cette tombe comme celle de C(m* cordhis f qui , seloti Tauteur de k Chronok^e des abbés de File de Lérins ^ fut appelé à Arfès pour en ravipUr le siège. Cependant nous avons déjà vu (i) que ce fut S. Honoré qui vint du monastère de Lérins au iv/ siècle. Les Arlésiens ont placé Concordius ku nombre de leurs saints, et Fon croit qu'il est mort vers 380 : mais la tombe qu'on révère dans les cata- combes, ne peut être ia sienne ; il n'est pas dit danj^ l'inscription que ce Concordius ait été abbé du ma- tiasière de Lérins. Celui-ci est un autre Concordius, fpxiy du simple grade d'assistant, s'étoit élevé au sa- cerdoce ; mais rien ne prouve que l'église d'Arles ait été sous sa direction.

Les petits côtés sont ornés de la figure d'un grif^ fon {pi. LXVy fg, 4) , symbole pris des monumens païens.

Les arcades de cet autre sarcophage (pi, LXV, J%* jj ^^^^ formées par des arbres, dont 4es branches

(i) Tomclî, p. 505, et supr/i, p. 53^

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CHAPITRE XCV. 55 l

«'entrelacent de l'un à l'autre : de tendres colombes jouent sur chaque tige. ; le serpent , image du démon , rampe autour d'un arbre pour dévorer les œufs de ces timides animaux (i). Dans le milieu > il y a une femme qui prie* : elle a les mains ouvertes ; et c'est ainsi que Faction de laprièire est marquée sur tous les monumens des premiers chrétiens. Cette coutume étoit dérivép des païens ; chez eux les images^ de ïa piété sont figurées dans cette attitude (2) : ce n'est que plus tard qu'on a étabir l'usage de prier les mains Jointes. II y a derrière cette femme deux person- nages; ce qui pourroit faire croire que c'est Susanne entre les deux vieillards : mais il est plus naturel de penser que cette figure est celle de la jeune vierge renfermée dans ce tombeau ,^ et que nous voyons derrière elle ses parens désolés.

Six miracles de Jésus-Christ sont représentés dans les six autres niches. En prenant de gauche à droite, nous y voyons la résurrection de Lazare , qui est enveloppé comme les momies égyptiennes; on voit, par un passage de l'Ecriture , que les Juifs entou- roîent leurs morts de bandelettes remplies d'aromates ; coutume qu'ils avoient sans doute empruntée des Égyptiens (3)..

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(i^ Suprâ, p. i8ï. '

(2) Musfo Pi(hClemmt W, pî. 47-

(3) Accfperunt ergo eorpus Jesu, et Ugavnunt iîlttd îinuis cuîn aromntthus , sicutmos est Judais Sepelire, S. JOHAN. XïX, 40^

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J5a CHAPITRE XCV.

« Le second miracle est celui de Tbéaiorroïsse ^ qui , après avoir dépensé inutilement toiu son bien pour se faire guérir d'uq £[u3ç ^ sang , vint se Jefer fvo^ pj^ ^9 Jéf us-Christ , tpucl^ sfHÏer m^nt le bas de sa, robe y et recouvra la santé ppur prix de son ardente foi ( i )• Ou voit îi çf5té le mi*' facle de la muhiplication desp^ôns et de^pc^s^ons (^}: Jésus-Christ toi^içhe les paniar$ avec une bagu^tte^ comme il touche , dans Tarcade suçante , le^ vasef 'A cbinge Teau w vin aux noces^ d^ Cana (i)^ Vieiment ensuite la giiérison de i'avfugle de Jérkbç,^ et celle de i'aveugle qui mendioit ^^ n^iiiw dif didmin (4) i aussi ce de^ff ^V^^il i^'upe sioiplç tunique. Ces m^'âcles ^nt soifv^ait figurés ^ur l^ sarcof^ges; ik indiquent qt^ Di^Vt 9^ ^ gi^^^

du baptême , dissipe l'aveuglement ç^b le pécfa^

d'Adam avôit répiandu parmi Ui hoimnes.

L'inscription ( 5 ) placée sm un autre sarcqpbagf ^//« LXVIp fg. ) ) nous apprend d'une mani^f positive les noms de cvx^% q^'il a leiifimnés :

(i) Suyrà, page ^yj, (a) Suprà, page 5ad, (3) S.JOHAN. Il, 3.

(4) S. Marc, x, 4(^; S. Luc. xviii ,35,

(5) Voyez Gruter, DCCl)fXX|X,- ij; /*>/r* 40' Académie Jf^Msa^oHs, t. Vil, p. 148 jSajcy, PQutlfmm Arel^unse , i :^i ; DuMoiiT|/««fry^ Î5J.

CHAPITRE XCV.

5ii

HVDI^IA£ TERTVLtAE

C. F.'CONIVGI AMANTI8SI

MAE. ET. ÀXIAE AELIANAE

FILIAE DVLCISSIMAE

TERENTIVS MVSEVS

HOQ SÇPVLÇHRVM

BOSVIT

Ge^e m^çnpt&on est soutenue paj^ ^m g4^mt 1m 4wx bustf^ d^ f^m^ids qu'oi^ y voit j^^u'à in MÎntiire , «ont ^ssRr^merit q^^ 4'Hydria Ter^idia ^ épOQse de Terentius IVIuseus ( i ) , f t de {eur fille Aw ^iana , ^ qui la tendresse d^ Tçrçnti^s % ^nsiicré ce moiiuniienl. Hydria TertuIIa doit ^tre ç^e qui «ccupe ia droita du tombeau. Outtç sa psmqw k manche* ïongufç j elle a p»f - 4ç^$i|s ^|i,e ani{ile ^T^A? , vêtement qui convient davantage à une femme mmie : elle est p^ ée de t>raçelfita ei dHin edlbr k deux rangs de peries ; elle tient dans s^s mains une colombe qui becqueté une jgrâppe de raisin. Derrière e&tune espèce de draperie vers I^qi^Ie dei^ fô^nma^ tendent les mains : comme ces femmes sont ^ns

hM**a

554 CHAMTRÉ XCV.

attributs 9 on ne peut dire si ce sont des figures allé^ goriques des vertus de TertuIIa.

L'autre figure, que je croîs être celle d'Aria iEUaHa 9 a aussi derrière elle une draperie vers laquelle deux hommes tendent les mains : elle a une simple tunique à manches courtes et attachée avec une ceinture , sans pal la ; sa coiffure est formée de deux rangs de tresses.

Je ne sauroîs dire ce que signifie le groupe de personnages tenant des rouleaux qu'on voit derrière TertuIIa; le groupe correspondant nous Tappren- dr<Mt peut-être , si cette portion du sarcophage n'a- voît pas été cassée : sont-ce les amis ou les parens de Terentiûs Museus! Les symboles que ces femmes tiennent entre leurs mains , peuvent feire supposer qu'elles étoient chrétiennes (i).

Le sarcophage qui suit {'pi. LXVI, fg. j) offre une disposition singulière : il est orné de ces can- nelures en spirale qu'on appelle des strigiles, parce qu'elles ressemblent à l'instrument dont les Romains

(i) Malgré rinscriptîon , la tradition a établi que cette tombe tst celle de S. Genès, à Arles, il étoît un des principaux officiers de Dioclétien. Il refusa de faire exécuter sur les chré- tiens les ordres sanguinaires de ce prince, et il paya de la vit sa désobéissance. On porta sa tête au lieu appelé aujourd'hui Trinque»- taillt; mais le Rhône s'ouvrit» et la tête traversa sur Tarène et vînt reprendre le corps dont elle avoit été séparée. D'autres pré- tendent que S. Genès porta sa tête jusqu'à un endroit le sang du saint martyr fit naître un mûrier. Saxt, Pont. Areh lo.

CHAPITRE XCV. 55^

se servoîent pour ôter la sueur qui couvroît leur corps après les exercices gymnastîques. II est aussi décoré de plusieurs histoires. A gauche , Moïse reçoit ia ioî de Dieu ( i ) : ce qu*il y a de singulier , c'est que Moïse n'est pas seul; il est accompagné d'un autre 'person- nage tenant un rouleau : à droite, le sacrifice d'Abra- ham (2) ; la main de Dieu Tarrète, et lui montre, dressé contre un buisson , ie chevreau qu'il doit i.m- molér à la place de son fils. Le milieu est partagé en deux. Dans la partie supérieure , on voit la crèche ; la Vierge Marie est auprès du berceau, qui est un tissu d'osier : un berger , tenant le pedum k la main , vient adorer l'enfant Jésus; le bœuf et Fane sont auprès. Cela ! s'observe encore sur d'autres sarco- jphages des premiers temps du christianisme (3) ; ce qui prouve, contre l'opinion du P. Sern (4), Fianti- quité de la tradition qui dit que ces animaux assis- tèrent à la naissance du Sauveur (5). Les trois per- sonnages qui sont au-dessous sont les mages : ils sont àu nombre de trois , selon ia tradition de l'Eglise ro- maine; tradition que' l'on attribue à S. Léon, mais

(i) Suprà, p. 5»j. (2) Supra, p. ^%6, X (3) BOTTARI, Scuîture sacre , pï. 3cxil. \^) Exercitat.TŒX,'^.

15) yoy^ S. Gregor. Nawaiw. (Trtf/.xxxvm; S. Gregor.

Ny.ssen. in Nativit. Christl, t. III, p. 349; S. HiERONTM. Vita S. Paula,Ul ; S. PaULINI Ejfist. XI, d^JVym^tt; PRUDENT. Ca- themerinon , bymn. XI , 8 kaî» januarii , v. 8^.

*p-

JJ^ CHAPITRE 3ÇG.V,

jygW psHP Içs ^r^pp^gesi, I^s Jaç( pc^twt p?s ici le|

twn^^ pl^rygien, pjrç^ qu'oa pfB¥MlqW«Ç^ ^Mi éVffejfït veflpsi de f^^tç p?nje 4^ fe Pôfse apprfé«

j^pmn^ d^s la fq^rn^e et {ei| sg^s m^^e^ ont mq ço^tupiç abspïun^ent seraLfeUe^ pafçe'^SJfs tf^cfin lîan {ôs ^^o^ veçîi* de^ pi6ff)f!^ çapt|éf$^ r

Le dernier sarcophage (gi LXI,Jis*^ 4) p&\^ ç^v^m^ fe précédent , wij^fVwifW ^ ç'eftr^-4ïre qu'^I^toîi destiné % ço(>ta:iir 4eux cprps ( 1 ) : oi| y disiingufi uq ^quble p^iifg dliistpi/es diflrérçnte% s afi^îs Ie$ figufe^ dp i[a piMpaïÇ des grpwp?^ ^mi trep I9u|i)f e^ ppwf qifpli pHfg^p t^ign en df ^rpiipc^ fe^. §¥ieî|.'

#^te, yepréjjBîitp fe p^WpliG*4i^ {2) \ V^mx^^ d§fnier, \^ guérison ^^ T^Veiigle # 1^^*^ (î); d»^ l'arc^îte dv njîlîw^ vqH JésHJ-Ghri^ q^

inontrff Ifl iri^rfinitifl ^Ia cou xiàca* il tt^irt' un rruii^nii

WïïT^mXT^ SV IVrTClHIllO UC sVn kFWV j 11 lIVlfK Un l\/UtCuU y

et a près de lui i*agneau sans taché (4)«

Dans la rangée inférieure, piiJ■tî^gé^ çorpme {a précédente en sept arcades , on yqit Moïse frappant

(j) Stsffm* t^i%y {3) Snprà, p, $%,$.

(2) J^ïz/^m, p. 52^» . (4) Jff^yrA%^s i\$-

CHAPITRE xcy. 5jy

-le rodier f i ) , fhéniDTmîfeSB^t'^) , fe ^angewenr dfc Teau en vin aux noces de Cana (;) : au milieu est la figure d'une remmenai aies it^s écartées, dans l'attitude de ia prière (4). A la naissance des arcades, II y a àlterhlltiVéthént des couronnes ( j ) et des co- lombes qui becquètent des raisins dans des pa- niers (6).

{2) Suprà, p. 5^a. (3) Sttprd,^f.fi2.

(4) S$4n^à,f.SSu

(5) Ji^i, p. J47- {6) Sifrâ,f.m.

. ^

558

^fc^iji n#fc>^>^K^^*^ii^»»ii^>M^^iii^irtw«^ii^r«i^'^

CHAPITRE XCVI.

Chapelle découverte appelée le Musée, Statues. Bas-relieÊ, Bustes. Sarcophages. Inscriptions.

JCjN sortant de cette église , qui paroît être plutôt un gymnase chrétien, dont les murs sont couverts de bas-reliefs destinés à apprendre aux enfans et aux jeunes néophytes les fiiîts miraculeux de Jésus- Christ et de ses apôtres , on entre dans une grande cha- pelle, dont le toit a été détruit par le temps (i). Au milieu sont jetés quelques sarcophages entourés de ronces et de plantes agrestes , qui sont devenues si fortes et si toufiues, que ces monumens en sont pres- que entièrement couverts. Dans le fond on lit (2) ,

MUSEUM ARELATENSE;

et plus bas :

P£R POMOS, FER AGROS, PASSIM DISPERSA C. J. P. A. (3) MONUMENTA

(i) Uéglise de Sunt-Honorat étoit à trois nefs^ ce qui est aujourd'hui découvert > en formoit la majeure partie,

(2) Dans les planches de la collection du P. DUMONT, ce musée a un aspect très-pittoresque; ie désordre qui y règne ajoute même à i*efFet qu'il produit: ce désordre a encore été aug-' mente par les ravages que ce lieu a soufïèrts depuis la révolutioiu

(3) Colonia Juliéc Patemtt Artlatensis, Suprà; p. 495»

CHAIU^TRE XCYI- ^J(^

IN UNUM COLLÇCERUNT A^N. 1784, 178J,

COSS. DOMINI C. DE CHIAVABY CABA5SOLE EQUES. B. LAURENS D^ MEDICUS. T. B. LIEUTAUD. BRET BURGENSES. A. DE BONIJOL DUBRAU EQUES. J. B. FRANC. GROSSY

IN A. C. CAUSID."*

P. GALOUTAIRE. A. L. REYBAUD BURGENSES.

SUCCESSORES, INCHOATA PERFJCITEj

ANTIQUITATIS INVESTIGATOR, \

BENEFICil MEMOR FRUERE.

^ Nous voyons, par cette inscription, que c*est en 1784 et 178J que les consuls qui y sont nommés ont rassemblé ces monumens épars; que les reli- gieux chargent leurs successeurs de continuer cette entreprise, et invitent l'amateur de l'antiquité à la reconnoissance. Ce sentiment est sans doute à la bonne intention des consuls qui ont formé cet établissement : on ne sait cependant comment on a pu décorer du nom de rnusé^ cette nef en ruine et ces monumens amoncelés. Voici quelle a été l'origine de cette collection

II y avoit , en 1785, dans le couvent des Minimes, un religieux appelé le P. Dumont , qui avoit passé quelque temps à Rome , il avoit pris du goût pour les monumens et acquis quelques connoissances pratiques. II annonça le dessein de publier et de dé- crire les antiquités d'Arles : la municipalité favorisa son entreprise; on permit aux Minimes de Rassembler des monumens dans cettt chapelle découverte, et

j6o <:!lAPITflE icvi.

Ton donna aH F. Dumoni dès fonds pour les frais des dessinS: , des gravures et de l'impression de son ouvrage. li panit d'abord un certain nombre de planches ; mais au bout sik ans l'impression étoit à peine commencée. £n i7<^8 , la municipalité , voyant que l'ouvrage n'avançoit point > arrêta de faire don au P. Dumont de tout ce qui étoit fait , et de lui laisser chercher des moyens pour terminer son entreprise. Le rdigieux proposa des souscriptions ; H toucha le prix de cinquante : cha^e étranger riche ou distingué qu'à, hitroduisoic dans ce pré- tendu musée ^ creyoh obligé premfre ime scâs*- cription y sam préjudfee d'uite aumône pour (e ecm- vent; î! teur rèmettoît fes* trente-^me gravwes €t les soiiante^dix^huit pages de texte déjà impi^ées. Macs il ne parott pas qu'il ait ^ véritablement fin- ténnon de terminer ce travail « il comjposoit à me* sure qu'on impriiAoil , et â s'e^arra^oit dati^ sa rédaction^ fes soixante ^X^mit pages qu'il a pu^ bliées, ne contiennent que d^s choses étrangères à son sufét , et il n'y dohne l^xpIicationF que de quatre lïionuméns ( i } Hêut*eusemeti t il atoit déjà fik graver fc recueil des inscriptions, au nombre détient ijuatre-Vittgt-sÈc , maïs sîuis les fnterp4*ét«lr (i). La

-. (i) Le dk^ Sylysân-, i'^utd de la J>onne Déesse» la VéQus , le dieu Mithras.

(2) On croyoit que les planches de cet ouvrage étoîent

révolution

CHAPITRE XCVI. jdl

révolutÎQn arrivée en 1789 fttt pour le P. Dùmônt une occasion favorable de se dégager des promesses qu'il avoît .^kes j il se fixa à Sakrt-Remy , il avoit été nommé jugç du tribunal de xji^ct ^ et il y mou- rut en i7^3-T . .

£n suivant de gauche à droite , quand on entre dans te prétendu muisée , on aperçoit d'abord deux sarcophages de marbre incrustés dans le mur. L'un est très-dégràdënl représente quelques miracles de * |

Jésus-Christ. L'autre n'est qu'un fragment (,pl. LXV, Jig, 6 ) : on voit probablement, au milieu , sous la figure de Susanne entre deilx'arbrés (i)^ la jeime fille que ce tombeau renfèrmoit ; à gauche on' a re- présenté l'ingénieuse allégorie du bon Pasteur qui ramène la brebis égarée , et S. Pierre arrêté par les

'Juifs (2) : ïa partie qui était à droite, a été brisée.

* ' » '

On trouve ensuite un sarcophage de pierr(ç do|it .chaque petit 4ôté est décoré d'une guirlande : hi

perdues ; Wiaîs' elfes bftt été retrouvées^ M. de la Lauzière avoit eu ic dessein de les publier ; et depuis mort de ce vieillard respec- table, son neveu, M. de Lagoy, amateur zélé des arts { supti; ^'p. 4Ô9); s'est'occùpé de ce soin. Cette côftection est précieuse^ ^

en ce qu'elle fait connôître plusieurs monumens aujourd'hui dé- 'truits : Je n*ai fait figurer et je n*ai décrit que ceux qui existent encore. J'ai acquis» à Tàrascon, tous les dessins originaux du' P. Dumont, d'une femme à qui il les avoit laissés en mourant* et j'en ai fait exécuter de nouveaux; sur les lieux, par M. CIcncr, •que j'ai déjà cité , suprà, p. ^79,

(i) Svprâ,p. ^iy. ,

(2) Suprâ, p. 535.

Tome III. N n

5^? C:Hiii^ITRE XCYij.

leasère test soaimue par des géipes »i&$ {pi. ^ 4) ( 'J > •U® porte cette inscHpUon ^a) s

<■! il if I ( riJiSg

,1

>M« IVNIO. MC9SIA190

VTRICL. CORP. ARELAT*

1

EJVSD, CORP. MAC. IIIJ. F. QVI. VÏXIT. ANN. XXVIU M.V.P^X<iyNlA.yAll.£illA 1

) _

^mm

Ju corps d'Arles, ayant. tx<rçé quatre fois Ja maîtrise du m^ corps {$), et qui a t^éou XXVIII ans V mois et X jours (6). . . (7).

fcM-*<

(i) Ke>'^GRUT.CCCCXXVI,d,çtCCCCLXXXIII, ijMUR.DXXXI, 5 ; SVOH, Antiq.de Lyon, loi ; S AXY , Pontif, Arel. 99; SegUIN, Afrtiq.d^ArieSflïyJUi'p* Jj VaiSsETTE, Hist. de Ling.tA,preuv, ft** 7x;JteUQ. JVrîipf. '^'*'* C^ *• ' fex,Egc„Sr,ii^$-; Calvet, XJtrîcul 53 ; DUMONT , pi. XV , n.** 11 ;id. Inscript, n.® 96.

(3) Le nom 4c Valerius et celui 4e Valerla^^t r^rouvent dam JlÛ5Îe^w ÎMcriptiom 4c îa ville d*Arie$.

(4) UTRiCulario CORPorJsAREi:,4Tet(sis,'VQyçiji^â,^.4^6, 'GrUTER ( CCCCX JCVl, 6 ) AVOjt U VEPECl :. U A,.i:cj^t»ié OXHICi. à jajp^ CCCCLXXXlll; mais Je rfste«t,plMS,îqf;»¥iç^

(^) EJUSDem CORmis MAQimio IIJ(I:FHHC0. M. G\LyïXj, l//r/V«/. <}, a mis ,un K auii^ 4*«n F.

(6) AN Nis XXVIII AfensHus V XfietufJC.

{7) Xa, dernière ligne est effacéç. JEilc ^d&toit^.à ce qu'il :pa- Voît, au temps de Scaiiger : eile ,a été qqn^çryçe par Orutjer^ ccccxxvi, 6, et par ceux qui i'ont copié ^ on yjisoit lAlUM^^ CARISSIMO, à son nourrisson trisHh&i.

.l/'A.

I

i

Le fOfmï'^ 4? «e ifrcpriuigf »e p«-^ pç; lui avoir appartenu; le petit côté gauche <fat§ çffkj^ inscription {\) :

\

'^■■■'■"'T'^TTrrTTTrTT^rïr a i

Le nom |de Tyrratif^ ^e ^e^ouye sur f^usieurs ins- criptions d*^rles.

Dans le même mur , près de ce sarcophage , sont les morceai^x '^Uivans : : _ >'- \

Uncippe(2) S^xr^eSxftp^ip^yi^ fig. j ), avec ces mots :

AS;AtJ[.CJL

co*fyL*Lo^Viyi.

Ô. H. S. S*

«

«

\ v

Les os d'Asiaûctts, ajfranchi des ConfidAeMS (3)9 simi dh^

rt^

(l) DUMONT, 1^5.

(1) Jd. n.<» 31 , pî. XV , n.*> 8.

(3) Asîaticus étoit afitanchi d'une famille ce nom.

(4) çssa ffîc sitA Sunu

Nh a

j64 CHAPITRE XCW.

'^' Un bustb, avec Une courte Insaiption presque effacée (i) :

i ^ I

V- J •#

I r

I

A BABBI. M. F ~ ^

{- ^TERE-BENIGNA

I

On lit ensuite cette autre (i) :

■i

I - « -

l »

1 *• 1

LERIA LVC. LYCILLA

)r

' I

N CORNELIO laVCIUAN

Et 'prôtoté<;to"cont

..•'il

T I

r ■/* * -

I » •*

Valeria (3) tucUh,fiU (4) J^ Z«ci//Kj, i Ctt€ims{$) Omlitts iMCiliauus, et t Prototecm^ou éj^oux\ii):^

Auprès fest une petîte-ftgu^ {7) .<Ie Jupiter ^ pi. LXVi fg. 7)1 a est caractérisé j par Taigle

j " -..^— ^^ . i^

-<i)DuMOi^,ii.* 77^ \%) W. n.» 36,

(4) LVCillijiUa.

{^) co^Juhetn^^i* ;Le mot contuhernaUs^ sîgnîfîoît un- cpow^ esclave, et dont i! ne pouvoit naître ^ue des esclaves. {7) DUMONT^ pi. XV, n,^ 5.

' "^ î

>■ * i

f >

CHAPITRE XCVI^ ^6^,

qu'on voit à ses pieds. Cette ôgwire est jplacée mi- dessus cfun cîppe, sur lequel on Ht (ij :

I D M J-

c'i M M T I ^r II ] i il ^

/=«

t

FLÀVIAE PO>P FORTV

TVS COKr

DVLCISSIJIl

ET. FL, RE.

AMICAE C

qyiNTi.

I

\

!..

L

Plus haut esjt c$ fiiagment :

' c

CUM. QUO. VIXI. ANN. XXXX.

SriTE. VLLO. AEMvio (;s).

}

■< » I Hiill«^ii.MWX

Hta

lÉHBMi

^■^tti

BCt>.

^66 ck'Ai'ITRE xcti.'

FIDELJ.

EAEw tîB

PRIMY . SÊGV"

dina. cgminiâ gonTvbernaLs

4

D

*

I

A FUelis, afiavehi dt PrivuU^ SuoêàkuL Cminia, sw ^wae, âsesfeais{t).

A la droite esi une tessèfé détachée d^un sarco- phage ; on voit ehcore des fiâ^ens des génies qui la soutenoient èdàn îiisage , et on y lit (3) :

ri

t. rirrr-t ffftfir -"rr^rs^z

£_*•

D j5 M

ALFENIAÊ AttAltDl M COELIVS ANTorfN CarVC.lNCOMFAKA . ..BIU

^mé^

^M, Calhis Antoninns à Aifenia Attalîs, ^use iucomparahk»

(i) Vqyi Menard, Histoire de Nîmes, x. Vil, |ief; ^ iW- MONT, n.*> 39.

(a) De Suo, sous-entehdu dicayil, consecrayiu

(3) DUMONT,ll.°Io8.

CWAPITRE revit i^^j/t

A rextrémîèé dt cette rangée est» cette autre îns- cription (i):

MMMH

^,

:

imt^mm<mmimi»mmm*

Jimm Marina it Jindns Junhiitar, sm ifoux tris^etùfri (2), à

Dans la titrîsîème rangée du Rasr, on Ht (4]r -

"i-r

FI40RAÊ CONtVBERN

' \

L

PIENTtSSïiMAE

ÉM^Kidri*Ma*MMMa*M*«MtMB«>ëMa*MaMMl#

surnom de SeKtus Mîus , qui ai consacré cette pierre à sort épouse flora , me paroît être CommissMs^ Sur ia même I%ne ( j ) î, ^ C AN^Q F F> %m

'a^l^BMMi^MMNtataiBMMa*^

■ti|^M*iriMÉi*ii«p«hH^dMa*i

iriiMrt

(ï) DUMONT,11.** 5^

(2) ôarissimo.

\l) AKAm Poni cur&vh.

f4) K^j^BïMARD, rtr iWW. èJjî W'-AitCH, Cbmm. di dtà

Taran. 2 1 5 ; DuMONT, n.<> j4. (5) DUMONT,ir.**32.

Nn 4

^iMMitttaBHidi

-■Jiii" i ip^^^N*^-

^-"-^

568 QHAPITRE XCVr.

Plus loin est la pierre figurée pi. LXVI, fg. S;

on y iit ( I ) :

EX JMPERIO

T. ATTIVS QVARTVS

CAILARO VSliM

Kous trouvons encore ici ïe nom d'une dîvîhîté locale y adorée par les Arléôeh» : sans doute elle avoit apparu en songe à T. Attius Quartus ; et c'est d'après %^% ordres [x) qu'il lui a consacré ce vœu (5)* Cette divinité s'appeioit Cailarus (4)- PI"* ^^^ > onlit (;}:

T). S^ M.

SEX DOMlTl

BLASTI

IN FROITe

P. XX.

Au» mines de SeXûu Domidus BLtstus. A Ltteie, vingr-pteds [6],

(i ) DUMON7, n.** 5 # et pi. XV , n.** a.

(2) EXIMPERIO, comme nous avons vu visu nifluitus [supra, t. n , p. 117).

(3) Votum €oMt tuhttts Merkâ.

(4) BiMARD, îH Murât, 63^ pen^e que ce mot vient du cdr ti<l\xt gdil et ar, ard [ terre]; que les anciens Gaulois ont dit gail-ardovL cail-ard, pour désigner un gras pâturage; que c'est pour cela qu'il y a dans fa Gaule narbonnoise plusieurs endroits ap- pelés h Cmltutd; et qu'ainsi Cailarus étoit le dieu des pamragv!^

(5) DvMom:, Inscrtpt. 35. -

(6) IN FRONTE Peda XX [supri, p. i Ci ).

CRAPItRE XCVI.

A droite (i) :

5^9

Aux mânes de Magusius Martialis,

Au milieu de ces différentes îriscrîptîons , on remarque une niche (2) qui contient quatre bustes (pl.LXI,fig6).

L'inscription précédente séps^e deux fragmens de bas-relief : Tun représente deux personnages liant un ballot ;• l'autre , un combat Ton distingue deux hommes à cheval , un dans un char y et plusieurs à pied.

La suite du même mur à droite contient les ins- criptions suivantes (j) :

D 0 M

me'Elliae protidis

MATRI 07 BIRÉILITAN LVCLNAE

N

Aux mûnes de Metèllia. Protis, mère de Lùcine Bilbilitane (4).

;

>

(i) DUMONT, n.** 37.

(2) A/, pf. XVII, n.** II.

(3) M 85,

(4) BlRBlUTANa^oyxr Biiiilitana^ de Bilhilis, ville d'Espagne.

J70

cnkPiTKZ xcvi:

G VALERIY^

PHILOCRA'ES

VIVVS SIBI

POSVIT

mmm^

G. Vakrius fhilocrates s'est posé cette pierre de son virant ( i ).

NERO VIBVS SIBI PO

ET SILVANi^PATRIClAE

POMINAE ET VXORI M

LIAIRI PIENTISSIHAE

QVIVS BENEFICIO VIX

I.POS MISIONS AI^OS XXX

SENE BILE

;• (i) Nero a pos/ cette pierre , de son vivant ()), â lui et â

Siîvana Patricia sa maîtresse et son ipousie (4), femme (j) très-fdèle , parla tendreisede laquelle (6] il d vécu, après sûn affranchissement {j), trente Itns sans (8) amertume.

■■ I ifc Il > I I

(1) DUMONT, 107.

(2) Jdem, iio.

(3) vibUs pour viPus, Nous avons déjà vu des exemples du B mis pour

^4) $iIvaiiaavoît af&anchi son esclave Néron et i'ivoit épousé, {^) MULIAIPI^wcmuUeri.

(6) QVIVS pout cttius,

(7) VlXIt POSt MISsIONEm.

(8) SENE pour sine, V\ a souvent été mis pour f S dans le» inscriptions.

4

<ÎHAI>ltftE XCVl.

J7«

I \ ml

<*> «Mil

TIT. FL. TITO COR

P. FABROR. 7ie

NARIOft. GéRP/

AREL tiT if,L H

VÉ^fTS. l^A

TROI^O. i^IE^T

MMÉfeÉéÉÉMMiiÉMM

«MMatt

^ J I* 1. , A A^ .*^ 1^^ * J ^* I

Éi^

lA *>».- ■* 4 * "w -

(0

^ 7y/»x Flavius Titus (a), membre du corps dés charptntietV. d'Arles (3) ; T//VJ Flavius (4) Inventus a un patron très-bienveillant (5).

Plifô ioia est une pierres qui contient deux bustes

^iaps un encdâr^nent d'areb^teeture (pis L Vhfi§i7);

€l9 sont ceux de deujC époux : is femme tient tut

. V miroir ; ^le fronton est soutenu par des colomles ;

le tympan . es% orné d'une rosace entre deux vases.

On fil ^i la eomidie ^

A* A^Yid SÉ0AT^ l»0M. GRAPrtiWfï et sur la base ,

J5VLVS IT SÊeVftvS fIlI pArêntibus

V FECERVHt. ^

■taoi

ti) firoFi4Pi(t

(3) cORPoratoFABRORumTIGNAnïànm CÙkPoti ÀRElatenst,

(4) TITUS Flavius.

(5) PJENTissitno,

*

J7t CHAPITRE XC VI.

jLÀ* JtmM^Sedaius et à Pompeïa ou Pompouia Grofiaiis, Sedm^ 1ms {i)tt Secums lenrsfiU ont fait faht cette tombe à leurs (2) pareiaj

Le pçtft côté à gauche a pour ornement un bou* dier échancré appelé pelta [i)é

Le saicophage (4) qu'on voit à l'extrémUé de ce mur (pi. LXI , »/ ) )j est intéressant par le sujet qu'il représente : ce n'est pas la vendange dts raisins j, telle qu'on la voit^ur quelques tombeaux (5) , mas la cueillette des olives; ce qui est peut -être une allusion aux douceurs de la paix qui attend l'homme juste et qui sera sa récompense. Treize génies de l'agriculture sont occupés à cette récolte : trois sont sur dçs échelles , qui ne sont formées que d'un bâtcm avec de petites barres saillantes d'un seul côté pour y poser le pied ; d'autres reçoivent les diives dans de petits paniers , et les portent dans* de plus grands y ils les rassemblent. Au milieu est le pnessoir y que deux génies font agir ; une poutre est fixée à son 9ctrémité , dans un pivot ; la partie in^|fjeure est dans la cuve : cette poutre soutient la meule ^ qui est posée de champ ^ etnon àjdat, comme dans

(i) seDVlVS. (i) svh.

(3) Cette pierre étoitatatrefoîs dans Ilié^Hal. K^^^MURATORI, MCCXU, 10, inexacte; Gruter, DCCXX> i* bien; DUMONT, Jttscripf. 79, pi. XV, n.*» 14*

(4) PUMONT, pi XX, n.® I.

(j) Stiprà, p. 17^

^

¥

CHAFITRE XCVJf. 573

lés mouUns «îifbléi une barre tr^^versale\ assi^efttie au trente jpàr tin -fort boulon , sert à faire rtiôuvoîr cette" meule ; elle éci^e , en tournant ^ les olives ^e la cuve contient y sans briser les noyaux y qui donhe- roient à l'hiûie im mauviûs goût : c'est pour éviter cet inconvénient cjueia moule est à cpelque distance des parois de la cuve. .

Ce torcularium , pressoir , est d'une extrême simplicité : il diffère beaucoup d'une machine cU| n^ême genre qui a été trouvée à -Stabîe ( i ) ; celle-d est composée d'.un cylindre placé au centre de la cuve^ et de deux meulgs.-qui éaas^ai les oli Vés contre les parois et contre le cyJindre : ie néire n'a qu'une seule meuIe.*Ce pressoir devroît être figuré d^s le cdilier à l'huile [cella oleariaj ;msLis le sculpteur a voulu réunir ensemble l'opération de cueilfir ies oliyes et: celte d^exprimer le liquide qu'elfes contiennent.

Sur le troisième mur , on trouve d'aboard une ins- cription (2) au-dessus d'une barque qui vogue sut une mer nagent quelques poissons fpl. LXIyfg. 8): c'est un symbole, du voyage que l'homme ftit d^n3

l

tO F^r^CUATTANl, Monnmenti inrditi, mai 1786, p. 39;

HEYNE, VIRGIL. t. V, p. 26a ; GrimalDI , AïtmorU su l'anticQ

frantojo d^oJh, Ncapoli, 4785 ; SCHNEIDER, Scrîpwres ni rus^ica,

tome I, part, a*» page 61 5 , pi. XI ; Beknabz) r Mémoires pour jic»^

à l*histért nAturclk de la Provence , 1788. > -

(a) Fby^MURATORI, MDCUCVI, 8^ DUMONT, pï, XVÎ/ Xi.^ 6f Inscript. 2^, i * «.;

i^MH

J74 CHAPITRE xçyi,

ia vie, #es p>9tg9f liV^'il PWt ï f^pm^t «t ^ P<W assMré qu'M <roMve enft> d;^ |f sfi^ #f J? W>rit L'BMWpsw est mm çoffçai it]i

VIVOS f^ FECiT ^ SIBÏ -ff J^ SVIS

Quhtus Deiius Nep, fils dt Quintut^ a fait et t^onument de ioi pivantpour lui et Us siens. Ce monument ne peut appartenir aux héri- tiers maternels {i).

' A droite est cette inscription ( 3 ) , que Jufia Par- ftéhope s'est &it faire de son vivant :

M .1 U 1 . i J

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11,. 1 I!

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BPmSmBSS

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On trouve au-dessus quelques fragmens qui ne présentent aucun sens.

(i) DuMONT^n.^ a^.

(j) NQC AtanwoMtuM AtMtentos ff4trtidf^ Mm Ae^idmr, Çtm farmuie ^est iiuoiiie, «c.ne 4jett. encore ^ouv^.qite. sur liQs mr criptîons d*Aries. C'est . mi^re .alml.^iiloii. doit .o^l^Hcr'V^ fMyiations de h pfge jp^,

(3) DUMONT, 112.

Pjii^Iotnj dansune mcht{jd* ULVI^fig."/)^ 9y a àfs^x [figures un peu nHdtrakées^; loe sont xieiks Cornelia Sedata et de saâQeCprmeliaOptaca, âgée ^ wn)^ ans. Geitte tombe a éterfidtexie iear vivant^ wm xpie db; l'inscription (i) :

mfmmt^m

|> ■■■■

CORNELIA L F. SEDATA

OPTaTAÇ AjHNJ)*'yM. XX

Pli AjB VJVA FîÇtCJT

I u u I 1 ;Jii > li II u ■< >i ti rf 1

Au-des$iis estiuncippef^) :

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1 ^ I I I [| i II I * HW I u M

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AMJ^CA BlO(«£NS

J».OSVIT IN HONP

REM C IVLI FOR

TVNATI Illïîl VIR

AVGVSTALIS

^ VXORI^

X^mi€,€cjlîgée de Vexid Ftlt^ta fiijrigé « cif(fK^ en l'hûMUeur d€ JÇ.^ Juliixif Xoruu^tus , sévir mguml, à fo» ^use.

<mmmmmmm^

(i) DOMONT, fï. XV, n.<» 20, Inscript, 78; GRUTER DCDX9CXVII, la; MURATORI, ^ÇDLVI, â.

(2) MURATORI, DCCLV, 5i DUA^QW, .».« ^3.

57^ CHAPITRE XCVI.

II paroît que F(»rtunatus ne pouvoh alors rendre lui-même à Veria Filtata ce dernier devoir, qu'une amie a bien voulu remplir.

, A côté est un sarcophage dont la tablette , soti- tenue par des génies aiiés qui planent en l'air , con- tient une inscription ( i ) dans laquelle la tendresse maternelle s'exprime de la manière la plus toudiante :

D

o. dolor. qvantae

/ lachrimae;. fecere

sepvlchrvm. ivl. lv

cinae; QVE. VICXIT. lA RISSIMA. MATRI. FLOS. TATIS, HIC. lACE't NTVS. CONDITA. SACXO. O. VTINAM POSSIT REPARARL SPIRITVS. ItLE. VT. SCIRET. QUANTVS. DOLOR EST QVAE. VIXIT. ANN. XXVII. M. X. DIE XIII IVL. PARTKNOPE. POSVIT. 11F ELIX. MATER

À

M

K

" O douleur / que de larmes ont arrosé le tombeau df Julta Lucina , fui, pendant sa vie , fut si chère a sa mère ! Alafieur de l^ge^ elh repose sous cette pierre. Oh L^plut au ciel quelle pût rengître pour être témoin de la douleur que sa peru a causée ! Elle a vécu vingt-sept

(i) DUMONT, n.« iij.

etMS

Chapitre xcyi« 577

mis dix mois tt trer^e Jcurs, Jnlia Pmthàiapi, sa Mère infortunée i lui d cmsacr/câ m^mmênt{i).

Près dfe est un autre sarcophage de même forme; les génies qui supportent la tablette sont debout (2).

■*MMtl

PAci. ET* Qvia:.

£T.'M£MOE» A£T£

Q. ARXSTXO. cHiES

IVN. QVI. VIXIT. AN,..

MENS. III. DIEBVS. V

ATERIA. cIReSTE. FRA

TRI. ET. ARIST. CHR£SIM

ET ARI8TIA. lELPIS. FIL

DYLCISSiM. ETHAOI

N

(i) Une jeune Angioi&e, M."*® Lucie Pamy , qui réside à Mar^ seîliei a traduit ainsi en vers cette touchante Inscription :

Qde de pieu^ ont couvert ce luneste tombem ! Lucine , de sa niÂre et ia gioxre et l'amie, Lucine y descendit au printemps de sa vie; Sous un marbré glacé s'édipsa ce flambeau. Ah! si ses yenx éteints s*ouvroient à la lumière. Us jugeroient combien ma douleur est amére. Cinq (oiéres et deux ans, dix mois et treize jours, D'une si belle vie ont achevé le cours. Parthénope à sa fille érigea cette pierre. Triste tt defnier témoin des regrets d'nne nére»

(a) MURATORI, MCDXXXVI^ i ', DUMONT, Inscript. n.<> 8^.

Tome ///, o o

«■■MB

lài

57* CHAPITRE XCVi;

j4u repos, à la paix (i) etâla mémoire étemelle (2) de Q.Aristâb

Chresimus le jeune [■^), qui a vécu ans, trois meis 5. . . Jomrr,

Ateria Chresu à un frère chéri, et Aristius Chresimus (4) et Aristia Helpis à un fis tendrement aimé. Heureux voyage (5) !

En revenant vers la porte de Féglise , on voit un fragment (fun sarcophage (pi LXV, jig. S) très- maltraité par le temps , et dont on doit regretter la perte. li représente Apollon au milieu des Muses, tel qu'il est figuré sur d'autres monumens du même genre : les attributs des neuf soeurs sont presque tous détruits. II ne reste en tout que cinq figures : celle du milieu ^ qui est la trobième , est sans doute Apol- lon ; ce dieu est caractérisé^ par le griffon qui est à ses pieds ; on voit ^ par la position de ce qui reste des bras, qu'il devoit tenir la lyre et le plectrum ; et sa longue robe le fait reconnoître pour Apollon Citharoede. If est probable (^ue sa figure représeittoit les traits

(i) QUlETi. '(2) AETErnae.

(3) Quinto^RfSTIO CHRESimo IVNiorL

(4) ARlSTiuS CHREStMus.

(5) ETnAQIn , cVst-à-dire , bonne navigation. Les anciens croyoient que, pour entrer dans le séjour des morts, H falfoît passer TAchéron dans la barque de i*infTexibIe Charon. G*étoit aussi une idée philosophique que de regarder le passage de la mort à une vie étcmeile comme un voyage : de vient ce souhait qui se trouve dans plusieurs inscriptions tumulaircs. Nous l'avons vu indiqué ci-dessus , p, j^^f, par la figure d'une barque. Quant à l'idiome dans lequel ce vcpu est écrit, on trouve quelquefois Ats vœux semblables c^^rimés en grec à la >uite des mscriptioxu latines.

tttAPlTRE XCVl* 579

I

de la per^oi^n^çnfermée <|aiis.ce tombeau. La pre- mière Muse est Thalie ; elle porte le masque comique de îhegemon ott conducteur des esclaves ; près d'elle est Mel^orinh^é tenant la massue et le masque her- culéen ; Clio est sufiîsammeht cîàràctérisée par le s^le qu'elle a dans la main droite : les deux autres figures sont tellement mutitéës^ qu'on ne sauroit r déterttiineà: ce qrfeHes sont; On vok , ^ans l'autre raur^ des^fragmens de figures sans tête, vêtues de .longues^ robes ; elles; parobsent avoir appartenu à ce .faas-relief. 'On a enchâssé à côié quelques ftagmisqs .de tombeaux: chrétiens. On en remarquef ,^ entrp autres,, deux qui pourroîentse rtunir : jq le^ai fait figurer /?/• L^CV^fig. j et lo (i). ^

Dans le milieu de i'ençeinte , il y a^ un assez gi?and ^nombre de sarcophages; on en â brisé plusieurs pour en enlever la face. L'un de. ces n)oi|umen$ paroit avoir été très-beau ; sur le petit côté qui en reste, ori Voit un griflfbn. Un autre a un bu^te au milieu; de cWquécôté, des moulures en foi'mfede <sti^gile (z) , et aux deux extrémités une figure de- ^bout. Un troisième offre des figures dans des niches» Ces sarcophages seront bien placés dans le musée ; .mais ils ne m'ont point paru mériter d'être dessinés* Aucun des trois ne porte d'inscription.

■ki*MiM

^l) DUMONT, pL XXV , II.*** 5 et C.

{%) Supra, p. J54,

o o a

\ \

i8o CHAPITRE XCVI.

Sur un quatrième , on lit celfe-fcî ( i ) :

3f

Njjj^ I T VALERI DIONTSI ' * >^

D^ VAl'ERIA CHARIS V^Oli ^T U^£RI "jK

N

i

MARCELLVS ET PELICIO PATRI PllS

Aux mânes [%)â€T, VàUrUis Dionjshts, ValeriàCharisionipouni Vaietltts Marcdlus it FfUda (^) ieut Wkktpin,

Tels sont ies précieux restes nosemUés ohns ce lieu si improprement décoré lia nom de musée^ L'iih démence des élémens , les insultes de ceux qui sV introduisent, y casent continuellemeiit des ravages. Je dirai plus bas comment on pourroit fermer, pour les recevoir y un établissement plus (^gne de l'antape et célèbre cité qui a l'avantage de les posséder.

On trouve encore quelques inscriptions dans f an- cienne maison des Minimes (4). Près du léfectoîre, <m voit dans le mur un devant de saFco{diage gnvé

(l) GKUTEB, bcCXLV, 1 1 et PCCCXX^VUi li MURATOW, MCDXVi, 4; Hist, de VAcadémit des inscript, tome VIIi 148} Saxy, Pontif. Arel 99; DuMONT, n.* 97.

(a) D*apcs fa copie donnée par Gruter, DCGCXXXVH»!, It première ligne qal matK^ue est memma atnmm. Cette mcription avoit été envoyée à Scaliger, <|uî se trompai eh l'attribaant à U vilie de Nîmes; il i'avoit rapportée très-inexactement à fa page DCCXLV, I , il dit cependant qu'etfe est à Arfes , dans PégVise Saint-Honorat* La cc^ie envojrée par k baron de ia Baslie à Muratori, MCDXVI, est tout-à-fait infidèle.

(3) PELICIO pour FELicio. On trouve souvent le P pour ff dans ies inscriptions.

(4) DUPORT, Histoire de V église d'Arles, p«ge 1 y.

CHAPITRE XCVI. j8l

fL LXIXffy. ^ : c'est une espèce cTarchitectpre , composée , sur 1^ côtés , de deux arcides sout^iues par des colonnes torses ^ avec des palmettes entre les arceaiqc ; sous chacune de ces arcades » il y a wm tête de Méduse : les anciens croyoient que ce ngne ëloignoit les maléfices. Au milieu est une tessère» ornée de chaque côté d'une petite fleur* On y lit cette inscription ( i ) :

PAX. AETERNA.

SrtCiSSIMAB. BT. INNOCEN

TISSIM. FILIAE. CHRYS0G<5nE. IV

NIOR. SIRICIO. QVAE. VÏXIT. ANN. III.

M. II. DIEB. XXVII. VALERIVS. ET CHRY

SOGONE» PARENTES. FILIAE. KARIS

SIMAÇ. ET. OMNI. TEMPORE. VI

TAE. SVAE. DESIDERATISSI

MAE

. Paix éurrulU. A unt file tendrement aimée et trMnnocente , à Chrysogone Siricio (i) /<rx cadetu, quia vécu trois ans àmx mois

M I

^mttm

^m»*m

(i) Voyei MURATORt, MDCCCU, 8 ; BOUHIER, Exfl. 17^ Hist. de VAcad, des inscript, t. VII, 249 i DUMOOT, pi. XV, fîg. 5 ,, Inscript, n.* 86,

{%) SIRICIO, datif de Sirîcitim, comme On dit en grec Cor-^ gonium , Melanium , Clycerium , atn îîeu 4t'0M^ià, Mëanik ^

o O J

582 CHAPITRE XCVi;

tt vhrgt'Sept jours. Valtrius et Chryiogont , son pirt et $a mère, à leur fiiU chérie, qu'ils ne cesseront de regretter, tant ^' ils vivTMt,

Ce sarcophage a été trouvé, en \6\%\ dans un tombeau, en creusant les fondemens du monastèrer des Minimes (i); et il renfermoît lui-même un cer- cueil de plomb , dans lequel i! y avoit une étoffe d'or et de soie très-riche, qui enveloppoit sans doute le corps de la' jeune Chrysogone. II est fâcheux qu'on n'ait pas conservé ce précieux tissu, ou du moins qu'on n'ait pas songé k le faire dessiner.

Dans l'escalier qui est auprès , on lit cette inscrip- tion, enchâssée dans le mur (2) :

l. domit. domitiani

extrIerarGIi. class. gSIm

pfcocceia, valentina

conivgi. pientissim

A £. Domitien, fils de Domitien, ex-triérarque (3} de la fiotu

Gfyceria : ce nom n'est pourtant pas grec ; aussi !c président BoUHlER veut-il que Siricio soit pour Syrtca, et que ce mot in- dique que la jeune Chrysogone ctoît d'origî#ie syrienne.

(i)^DuPORT, Histoire de Véglise d'Arles, page 13.

\%) Mur. DCCCXI, i, etDCCCLXXX, 5;CASTELL. Hist. de Palerme, 303 jMaffei, Gall, Ant. 6^, ii^correcte; Hist de l'Acad. des inscript, tome Vil , 2 50 ; SEGUIN , Antiq. d' Arles, ^^ 6 ; BRCVÀL. ^emarh, tome II, 174; DuMONT, n.* 98,

(3) Conunand^ni de trirème^

.ti

CHAPITRE* XCVI. 585

germanique [\), pieuse et fdèle (z) ; Cocceia Valentinn à sou tendre époux.

On voit encore, sur ie mur antérieur de celte maison, plusieurs fragmens de sarcophages.

Je ne me rappelle pfus ia place qu^occupent dans ce monastère deux sarcophages que f'jai fait des- siner et graver. Le premier (pi, LIX , n,^ p) n'est qu'un fragment ; il est brisé près de îa tabfette des- tinée à porter l'inscription r on y remarque Jonas dans la barque, la résurrection d^ Lazare, et Daniel dans la fosse aux lions (3). L'autre sarcophage (pL LXVJ, fg, 8 ) représente ïa résurrection de Lazare : sa sœur Marthe implore fe Seigneur; on voit ensuite k guérfson de l'aveugïe de Jéricho , Susanne entre les vieillards , Feau changée en vin , S. Pierre, et Moïse faisant sortir Feau du rodiei'. L'artiste, suivîint le goût de son siècle, a cherché fe symétrie et l'opposition des groupes , et ne s'est point •attaché à l'ordre chronologique des faits.

«■w*i

(i) Cette inscription est fa seule il. soit fait mentioi) de k fïotte germanique. La station de cette Hotte étoit sur ie Rhin.

TAcrr. 1. 1.

(2) P/dr Fideîi. Maffei a ïu mal-à-propos PÊCOCCÈJA,

(3) Le comédien Duménil^ qui a laîssédes dessins manuscvits de plusieurs, monumens de ia France, a copié ce tombeau, et ïi a fait de ce groupe un Satyre entre deux Priapfes ; cela suffit pour faire voir, queiie confiance on doit avoir dans cette c6iIectioiï> qui est aujourd'hui à la bibliothèque de l'institut.. .

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5*4

CHAPITRE XCVIL

Saint-Trophime. Portail. Sculptures. NefI Inscription attribuée à S. Virgile* Tombeau de Geminus.

JNous venons 4e ^siter un lieu qui, par l'effet pittoresque de ses murs en ruine , et la variété des monumens qu'il renferme , porte l'esprit à la médi* tation et au recueillement , et jette dans l'ame i^ germe d'une foule de pensées. L'édifice auguste que la religion des Artésiens a consacré au culte da premier de ses apôtres et de ses évèques , n'a pas moins de droit à notre attention : c'est un des plus curieux monumens de l'art ; c'est un des sanctuaires les plus saints et les plus révérés de l'antique Gaule. Nous avons dé|à parlé des différens sentimens sur l'établissement du christianisme en Provence ( i )• L'opinion vulgaire est qu'il fut porté à Arles par S. Trophime, que l'on croît avoir été un des soixante- douze disciples de Jésus-Christ, et dont on trouve le nom dans iesÉpîtres de S. Paul (a). On prétend qu'il étoît d'Ephèse, qu'après la mort de Jésus -Christ il suivit S. Çîerre h Rome , que le prince des apôtres i'enyoya prêcher la foi dans les Gaules, et qu'il

la Mil

(i) Suprâ , p. 1 1 9 et I ^jf.

(») S* Paul, xx, 4j xxi, a^.

CHAPITRE XCVIÏ. jSj

$*znètz à Arks , H abolit ie culte des idoles , les sacrifices humains, et il fit un grand nombre de prosélytes, qui reçurent le baptémeé II convertit les Champs-Elysées en un cimetière : ce fut à lui que J^us * Christ apparut pour bénir ce lieu destiné désormais à ia sépulture des fidèles , et il laissa su^ ime pierre l'empreinte de ^s genouXr S. Trophimè y bâtit une chapelle à h Vierge, encore vivante. II s'éloigna quelque temps d'Arles , pour répandre aussi ^ la foi dans d'autres villes des Gaules ; il y revint ^ enfin , et fut inhumé dans le cimetière qu'il avoit f ^ quelque sorte cQn<|iûs potur les chrétiens.

Cependant les iâits qui constituGnt cette" histoire, } ne sont fondés sur aucune iiutorité. Grégoire de ' Tours, comme nous l'avons déjà dit, fixe au llC siècle l'arrivée de S. Trophîme à Arles , au même ' temps l'on vit S. Paul évêque à Narbonne, S. Satur- nin à Toulouse et S. Denis k Paris; mais on doit penser qu'il y avoit déjà des -chrétiens dans Arles à cette époque. Quel que soit le temps S. Trophimè a vécu , c'est toujours lui qui commence la liste révérée des évêques d'Arles , et qu^on peut regarder comme ie chef de cette église. EUe reçut de grands privilèges des papes , des empereurs, des rok de France et des comtes de Provence ; Henri VII voulut i qu'elle jouit de ceux de l'église de Rome. Conrad lui céda tous ses droits impériaux , et laissa à ses évêques celui de battre monnoie et de donner des lettres de

58^ CHAPITRE.XCVIT.

noblesse : ils reçurent le titre de primats des Gaules ; ce qui causa des dîfFérens avec l'église de Vienne , cjui enleva enfin la primatie à celle d'Arles dans le /viii/ siècle.

On fiiit remonter l'époque de la construction de l'église de Saint-Trophime au temps de S, Virgile, ârdievéque d'Arles au vi.' siède. Il pouvoit exister alors un édifice pour la réunion des fidèles ; mais ce n'étoît assurément pas celui que nous allons visiter. On sait que cette église étoît dédiée à S. Etienne, le premier de nos martyrs. Ce ftt en 1 1 5 2 que Guillaume de Montrond, archevêque d'Arles, y fit porter le corps de S. Trophime, dont elle a reçu le nom. On composa , à cette occasion , un poème , qui existe manuscrit, et dont je citerai quelques fMusages comme un ancien monument de la langue provençale ^-

Cairt îos papas Sant Pcîr, Sant Pauf, Kffoa sagrat Saut Trofeme cors sant, £ls !i dcron poder que fos papa segons Entotos las procnsas que son desa ios mons.

Tôt aqucst grand poder Sant Trofcme garder Aytant que fbn evesques é visquet. £ pueys devenc que la sieutat defalhi > Entro que Temprador G)5tantin !a basti (i).

(1) Quand les papes S. Pierre et S, Paul eurent sacré S. Trophime évcque , ifs l'établirent second pape dan» toutes les provinces qui sont eir- deçà Ae$ monts. S. Trophipie conserva ce grand pouvoir tout le temps de son épiscopat et de sa vie. Ensuite la ville tomba en décadence jusqulaf» temps reropercur Constantin Mlit.

CHAPITRE XCVII. J87

Pucys nos dkxmet cura d pros Theodotis (i). ^••. ••..•••• ••••;

Cu ad ayso , senhos ^ sera obediens « NI non î mancara ren per nuil tems ^ As iettras , pcr veritat ben Ven venra; Et de Dieu bon guîderdon resebra (^);

....;-T.......; ..,.]

4-

EpcaraS , si deu mot alegrar tôt fisel Cant sap que per>el es avocat al sel Sant Trofcm Tarcivesque de la sîeutat

D'Arle^ et Sant Esteve premier iapidat (3].

t.

Deven aver grand et grand dcvosîon Et portar.reyercncia et grand suppiîcîon Per so qu'efs sans an Dieu nos acabon Tôt so que nos querem ni demandaren {/^,

(1) . . » f . . . Puis le preux Théodoric nous iccorda sus soins ou sa bien- veillance*

(2) Seigneurs , celui qui sera obéissant à ceei et l'observera toujours à fa lettre , certainement bien lui en -prendra, et Dieu lui en donnera une ampie iéc«nipense.

^ (^J^'fy plus, tout fidèle doit fort se réjouir de savoir qu'il a pour av<H cats dans le ciel Trophime , archevêque de la ville d'Arles , et S. Etienne» premier martyr,

(4) Nous devons avoir une grande foi, beaucoup de dévotion et de res- pect, faire d'ardentes prières, pour que les saints nous obtiennent aupr«f de 0ieu tout ce que nous leur demanderons. ^

iilh^

■■AaakM^^iMi

j88 ^ CHAPITRE xçyii».

Et tous scias gens que al luoc fés aurati^ Et oreiran certâmen» et per fui ptegfxan A Dieu onnipotent ios sans , AI cor «t a i'arait «ur«n v«ra sAluf ( »)» '

La différence des constructkHis pnmve que cette église a été bâtie à diflTérenteâ époques. Le pprtail ^ quoique très-ancien , est certainement d'une date bien pius récente. Sa forme (pi. LXX, fg. i J est

^ présente d'abord un immense

fronton , dont la corhkhe est soutenue par des con- soles décorées de fleurons et d'animaux qui figurent symboliquement les évangéUoes ; à la partie la pius élevée du fronton , est un ange avec les ailes éten- dues.

Le tympan est occupé par unt immense arcade circulaire , et non de forme ogive ; elle est formée de plusieurs bandes , dont diacime a un ornement particulier ; la dernière est couverte d'une foule d'anges qui paroissent occupés à louer le Seigneur et composent sa cour : à la partie la plus élevée du cercle , il y s d'autres anges qui sont Ams des atti- tudes extrêmement forcées ; ils sonnent de la trom- pette ^ comme pour appeler les nations au jugement dernier. Dieu lui-même est au milieu dans un mé- daillon ovale ; il a une couronne sur la tête , et il

(t) T«i4 ceux qm auront A>i à ce Utu U viH« 4'ArIe9)» et auront «oc ferme croyance» cl y pricr^m Dieu et iç$ $matt^ obtiendront it saint Àt leur corps et de leur «me* .

CHAPITRE XCTtt. \ît^

est assis sur un trône j H lève ïa mam comme poàr rendre ses irrévocables arrêts : antorur de lui sont un lion et un bœuf ^ tous deux aiiés , un ^^e et ua ange qui tiennent chacun un évangHe.

Tout i^édiftce est porté par des cofomiei /au nombre de six de chaque côté; fes chapiteaux en $ont taries : ces colonnes soutiennent une farge frise qui forme la base du^ fronton. Cette frise est chargée d^un grand nombre de figures, dont la plupart, selon l^usage du temps, représentent de^ scènes du Juge- ment dernier i au mflliéu sont lès douze apôtres assis; chacun tient un livre à la main ; ils paroissent former le conseil du Tout-puissant.

Les côtés rentrant ne sont pas moins riches. A gauche, on voit ^w/ 2J deux hommes qui ont une barl>e vénérable : ils sont assis entre des arbres , et chacun tient deux enfans sur tes genoux ; un angQ debout devant eux leur présente une autre figure. Je crois que ce sont des âmes qui vont paroître au Jugement, et que leurs patrons intercèdent pour elles.

Derrière est une jeune femme entre une femme plus âgée et un vîeiHard ; effe iest suivie de jiiusieurs hommes qui som vêtus , comme les apôtres , d*une tunique et de la toge romaine : ils élèvent une main comme pour rendre grâces. Derrière eux viennent des femmes voilées ; elles sont vêtues d'une tuniqut et d^uiîe espèce de péplum à pKs droits , ainsi qu'ort

J90 CHAPITRE XCVtlt

le remarque aux statues de l'aiicien style grec. Je crois que ces figures sont celles des hommes et des femmes qui ont éprouvé Teffet de la miséricorde de Dieu , et qui vont entrer dans le paradis ; c'est pour cela qu'elles sont vêtues comme elles l'étoient dans le monde : les. âmes qu'un ange présente au juge- ment, et pour qui leurs patrons intercèdent, sont encore nues (i). Les élus sont précédés de plusieurs évéques.

A droite des douze apôtres , on voit un vieillard, qui ne tient pas , comme les autres , des âmes sur ses genoux ; mab il* est assis sur un . homme qui s'appuie sur ses quatre extrémités : c'est probable- jnent un signe de réprobation. En effet, le groupe qui suit, et qui fait pendant k celui des élus que je viens de décrire, n'offre que des. hommes nus; un vieillard, peut-être S. Pierre, paroît leur ordonner de sortir d'un lieu que souille leur présence : tous sont enchaînés par une même corde, dont un démon tient l'extrémité ; et entre leurs jambes on voit déjk s'élever les flammes dans lesquelles commence I^ur étemel supplice.

Au retour {nJ" j), il y a un groupe de damnéf au milieu des fïammes ; au retour opposé (n.'' jf), on

(i ) Ceci paroit tenir à une ancienne tradition. Dans le tableau du Jugement dernier àt Breughel d'Enfer, toutes les âmes mises «n jugement sont nues : cdies qui vcrnt en enfer ,> restent ainsi} celles qui entrent dans ie paradis , sont revêtues de riches habits.

'^CHAPITjRE XCVII> Jpt

a figuré Adam et Éve> la cause du pé<^hé originel et de la damnation de l'espèce humaine.

On voit ensuite ^ dans la rentrée (n! ^), un ange qui ferme la porte du paradis y et des hommes qui expriment leur désespoir en mettant leurs mains sur leur front. Comme dans toutqi les peintures et les sculptures de ce temps, la forme de la porte dit paradis est celle d'une porte d'église. Les person- nages ont un bonnet qui ressemble assez à celui qui caractérise les Juifs sur les premiers monumefis chrétiens ; c'est cel^i qui étoit en usage pour les hommes, dans le xiv/ siècle : on voit des figures da Charles Y ainsi coiffées.

Sous cette frise , règne un double rang d'orne- mens imités des monumens antiques; ce sont ie méandre et les vagues (i).

Le milieu de la porte est soutenu par une colonne de granit qui a pour chapiteau un ange avec les ailes éployées ; quatre hommes agenouillas sont attachés par le dos k sa base, à-peu-près comme les rois captifs , sur les médailles relatives à ia soumission des pro- vinces : c'est probablement un symbole du triomphe de la foi sur les nations barbares.

Les jambages de. la porte sont formés par un iàisceau de petites colonnes , dont les chapiteaux

(i) Voyez mon Dictionnaire da htauK-arts, aux mots BOR'

f>UR£, Méandre et Vagues.

I J^I^M^I

592 CHAPITRE xcvir.

sont historiés* A gauche il y a un homma as»[s quf étend une main : à droite est la Viargé cpû tient i'en&nt Jésus sur ses genoux ; elle est entre deux anges. Dans la rentrée y on voit aussi les trois magei qui arrivent; l'un est etKbre k cheval , les deux autres en sont descendus; ik vont se présenter k Hérode, qui est assis sur une espèce de trône , et accompa- gné d^un garde ; ifs se remettent ensuite en route pour chercher le Sauveur ; ici ^ au lieu de chaperom ordinaires , ik ont de longs bonnets coniques. Oit voit phis loin tut baptême par immersion : un enfant est plongé dans une cuve par son père et sa mère; le Saint-Esprit, sous fa forme d^une colombe , des^ cend sur cet enfônt*

Dans la rentrée (n!^)^ on a figuré Fenfant Jésus suspendu avec son berceau , la Vierge nouvellement accouchée , étendue dans son lit , et S. Joseph gar- dant son épouse , qui vient de lui faire un don si précieux. Les trois rois mages ont trouvé le fils de Marie , qui est sur les genoux de sa mère ; chacun est placé sous une arcade ; ils l'adorent : derrière eux s'avancent les trois tètes des animaux ^i les ont amenés d'un pays si éloigné.

Dans Tau tre rentrée , il y a un vieillard au Rt , et près de lui un ange; on remarque ensuite des troupeaux ; au retour (n.^ 8) ,\xa cheval et deux taureaux gardés* par un berger accompagné d'un chien et vêtu de la cape pastorale, d'où les prêtres ont ehiprunté cette

espèce

tHÂPitRË XCVtti 59J

espèce de vêtement qu'on apjpelfe chûpe : isiir > tetour opposé, nyp , îl jr a des plantes.

Léi côtés s^ont décorés Ses statues de quatre per* sonnages ; on y distingue S. Pi^re , S. Jacques et S. Philippe : le nom de chacun est écrit sur le livre qu'il tient à la main. S. Pierre est à gauche ; il tient les clefi du paradis. Entre deujc figures s'élèVer un jpllâstre chargé d'arabesques (n^ lO et ïi).

Les colonnes sont sur une basé fcontînue, ornée iïe bas-reliefs : ils représentent le combat d'un taureau et d'un autre animal ; un mufle de lion ; au retour ûil tioitime agenouillé, sur le dos duqUel un autre homme pose quelque chose; un jeune homme conduisant tin ' lion ^w.* 12), et à droite un lion qui va dévorer irti serpent ; un autre homme qui conduit aussi un lion ; un autre assis entre des lions qui vont le dévorei* ; dii tnufle; un combat de béliers semblable au précédent j et un lion passant (n." ij). Enfin un homme nu tient de chaque main deux autres hommes par une jambe \ tls saisissent leur tête en se débattant (n.^ 14) : peut- être est-ce un tourment de deux damnéà* Un ceh* taure (n^ i^) lance des fléchés à (Éeûx lions.

Entre deux colonnes cànhèlées > il y en a une simple ; les chapiteaux sont trèà-vafiés : entre chaque colonne îl y*à une figure ; à gauche, il y en a deui qui tiennent un livré et pârôissént être des dtscfples ffu Chrîs t , ou des Pérès drfÉgffee: On y voit tme figure ti*évêqiré pôttaftt W cfôs!?e> accompagné de Tome III, Pp

* !>■■ «J^Pm - ^■... >— ..^— ^.^^ ^

^ 594 CHAPITRE XCVU.

deux assistans et de ^eux anges qui soutiennent sa mitre : cet évêque est S. Trophime. On lit sur son pallium cette inscription- en lettres gothiques :

CERNITVR EXIMIV5 VIR , CHRISTI DISCIPVLORVM

DE NVMERO TROPHIMVS HIC SEPTVAGINTA DVORVM.

De l'autre côté , dans le premier entre-colonne- ment , il y a une ame que deux anges élèvent et vont présenter à TEternel : c'est celle de S. Etienne, que nous voyons au bas à genoux entre deux hommes armés de pierres pour le lapider ; ce saint a une épée de forme antique , une espèce de parai^onium ( i ) , dont le fourreau porte des caractères indéchiffrables. L'artiste ne pouvoit mieux faire que de mettre ainsi en opposition les deux saints à qui cette église a été consacrée.

Dans le haut du mur qui est derrière les colonnes , il y a xme frise qui représente différens sujets. Ce sont principalement des faits tirés du Nouveau-Testament. On voit à gauche un ange qui prie les mains éten- dues ; un arbre le sépare du reste , pour indiquer qu'il est isolé. C'est ensuite la fuite en Egypte; S. Joseph conduit par la bride l'âne sur lequel est la Vierge Marie , qui tient son fils sur ses genoux : plus loin est le massacre des Innocens ; puis viennent Içs rois mages qui arrivent à cheval.

(i) Voyei^ ce mot dans le Dkûênnmt da bcoMM-aru^

CHAPITRE XCVÏI. jpj

Il y a encore au retour de ce côté deux bas-reiiefs que fai fait figurer- à part, parce qu'ifs ne peuvent- être représentés sur cetle planche. L'un ôffi-e (n.\ i6) fange Gabriel, qui pèse des âmes dans une balance : il^y en à une' qui a été trouvée de bon poids , et ^i va entrer dafts le paradis ; les deux autres sont encore dans les .bassins; Cette idée de peser les âmes est fort ancienne v elle se trouve d'abord dans les jjèëmes d'Homère, Jupiter est représenté pesant les destinées [kérh] d*AichiHe et d'Hector; une belle pàtère, publiée par Wincfcelmann, nous fait voir Mercure tenant la balance sont placées les kêris ^Achille et de Mémnon (i). J'ai découvert le même sujet sur un magnifique vase de la collection impé- riale [i)i C'est ce que les anciens appellent la psy- chostasie, om Id pesée des âmes, hss chrétiens ont exprimé de même le jugement de Dieu; et dans le singulier tableau du Jugement dernier attribué à Van Èyk , l'ange Gabriel pèse aussi les âmes comme -il le fait ici.

Au «/ //, le démon, assis sur un monstre à quatre pattes et k queue de poisson , tient deux hommes renversés entre ses bras ; il en a un autre entre ses cuisses. Un satyre, n' i8, tient un lion par une jpatte.

( I ) Voyez Monumrns antiques inédits, 11 , 34. (2) Je vais le publier sépatémcot, accompagne d'une disser- tation,

pp a

^^6 CHAPITRE XCVÏJ.

On monté à cette ^Iwe par un perron de sept ou huit marches qui se prolonge sur toute |a feçad^. Ce portail paroît être du XHI.* siècle; les tombeau» d'AljJhonse, roi tfArragén, de Raymond -Bérenh ger (i) et de Béatrix (2), <JUq aous avons figvrfe et décrits , prouvent qif il y avOît aîor^ en Provence des artistes capable^ d'exécuter un pareil édifice.

Ce qu'il y a de remarçiafale ^ c'est l'observatiop fidèle et constante du costume romain (feins ia re- présentation de ia plupart dés personnages. On peut présumer que le grand nombre de sarcophages qui étoient à Arïes dans les premiers temps du chris- tianisme en Provence, auront donné a^ sculpteur l'occasion d'étudier ce costume , et qu'il y aura copié pltisieufs des histoires qu'il a figurées silr ce portail ; car, à l'exception de quelques détails qui tiennent au temps^ l'ouvrage a été fait, ces bas-relîe& ont assez d*analogi€( ayec ceux que l'on voit sur les plus anciennes toirtbes chrétiennes. Le bas-relief du milieu de la porte est évidemment une copie des sculptures nombreuses qui représentent Jésus-Christ entre ses apôtres (3).

L'intérieur est composé d'ime nef avee deux ailes extrêmement étroites. On lit sur la muraitle

(i) TomcH, pages zS6, 288 , 289 ; et Atlas, pi. XLi— XLIV.

(2) IbU page 2S8 ; Atlas, pi. XUV,

(3) Atlas, pi. LXVI^ n.« 2.

CHAPITRE XCVII. 597

de l'aîle gauche , est I^ tribune des orgues , les vers suivans , qu*oii prétend que S. VârgUe y avoît fait graver (i) :

TEÏ«AB7M0MA<9EHINm

1(0 JMISSVS SEMTEEAPeiOiTVElVPINCOLMOSEP

OLlMCOïniITOIOETEOCONirçiIORCkO

C'e§t-à-dî|e ;

TERRARUM ROMA GEMINA DE LUCE MAGI&TRA ROS MISSU3 SEiyiPER ADERIT VELUT INCOLA JOSEPH OLIM CONTRITO LETHi£0 CONTULIT ORCO.

Ces vers paroissent devoir ^pfe interprétés de jce^te raanière:

',La double Rome (2), maîtresse de la terre (j), sera toujours une rosée (4) em^yée du ciel (5), tdle que celle que le colon Joseph (6) a

( I ) Franc. Rebattu în très versus pervetustos et dl^cths qui Are-

late in templo dm Tmphimi sculptl sunt, Aqujs Scxtiis , 1 644 , in-4.*

. (a) Rome ctpu appejéc GHA^INA à cause !a translation de

Tempire à Constantinople, qui étoit devenue une seconde Rome^

(3) Les anciens auteurs, et les poètes sUï:-tout, donnent sou- vent à Rome l'épithcte de maîtresse de la terre,

(4) ROS signifie l'instruction, et par conséquent fa religion ; % plusieurs auteurs ont donné le non> de rosée à la doctrine céleste.

(5) ISS US DE LU CE; envoyée du séjour delà lumière, c'est- à-dire, du ciel.

(6) INCOLA JOSEPH. M. Rebattu pense que ce mot désigne Jésus-Christ, avec qui les «uteurs sacrés comparent souVent le Christ ; il est appelé incola, parce qd'il est colon dons ce monde conunc Joscpb Tavoit été dàm TÉgypte^

598 ÇEtAPITRE XCVII.'

p&rtée dans le monde (i) après avoir vaincu l'infernal Orcus (2).

On attribue cette inscription à S. Virgile : mais la forme carrée des caractères me paroît indiquer un âge postérieur; et je croîroîs plutôt que ces vers ont été écrits dans le x.* ou le xi/ siècle.

L'intérieur de i'église est massif et irrégulîer , et ne rappelle en rien ia richessef et i*élégance du porr tail : cela vient peut-être de ce que l'architecte a été obligé de s'assujettir au plan des constructions plus anciennes ; et d'après l'inscription que nous venons de lire , on voit que cette église existoit depuis long- temps. Il y a des tombes enchâssées dans les murs, qui $ont extrêmement épais.

Le 'sanctuaire a été construit ou plutôt rebâti, vers 1 o , par Louis Aleman, évêque d'Arles , qui a été béatifié. L'autel est décoré d'un tableau qui repré- sente r adoration des mages ; il porte \e nom de son auteur; on y lit : Ludovicus Finsonius BelgaBrugensis fecit, anno 1614. Il y a sur la tribune, à la porte d'en- trée, un autre tableau le mèiBe artiste a peint la lapidation de Etienne,

Le devant d'autel de la chapelle du Sépulcre est formé d'un sarcophage que j'ai fait figurer planche luXIX^nf i^ On voit Jésus -Christ entre deux de

(i) CONTULIT.

(2) LOETEO pour LETH^O ORCO. Ces expressions , em- pruntées en partie du paganisme, désignent aussi, dans auteurs sacrés « l'enfer des chrétien^.

W.

\

CHAPITRE xdvir. 599

ses disciples, dont l'un tient une croix bouclée; ce sont probablement S. Pierre et S. Paul. Au-dessus de Jésus-Christ est son monogramme , maïs d'une forme particulière et extrêmement rare ( i ) : c'est seulement un P traversé d'une barre qui forme la croix ; ce qui fait ainsi une croix bouclée à sa partie supérieure, comme ceiie que porte ici S. Pierre.

On lîsoit autrefois sur cette tombe une épitaphe, que Ton a sciée pçur accommoder ce bas- relief au lieu il est placé. Elle apprenoit que c'étoit le tombeau de Geminus, à Cologne, qui a été gouverneur et intendant de neuf provinces , et est mort âgé de trente - neuf ans deux mois et six jours (2) ; mais rien ne pTouveque ce Geminus soit le même que Geminus Paulus , qu'on dit avoir été évêque d'Arles au milieu du vill.* siècle.

(i) On ne ïa trouve que sur unemoimoîe de Henri I.*'*', frap- pée àChâlon en Bourgogne ( Leblanc, Traité des monnoies d^ France, p. 148 ), et sur le sarcoph^e qu on croit être celui de Gaila Placidia, dans i'église Saint-Aquilin à Milan. Voyej^ hLL%* CRANZA, Sacri Monutnenti antichi di Afilano , p. 37.

(2) Saxy, Pogtif. Arelatense, 161 ; MaffEI , 90 ;DuMONT, 164.

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... k

pp 4

6oci

CHAPITRE XCVIII.

Archevêché, Tombeau. Inscriptions. Rester du théâtre. La Miséricorde, Colonnes de brèche africaine. Statues, torse de Jupiter, Faune endormi, tête de Bacchus. Arènes. Thermes. Forum. Prétoire. Palais its Empereurs. Urne de marbre. Arc de triomphe, Saint -Césaire. Couvent des Donnnicains. - Monumens chez divers . particuliers. Inscriptions. ^^ Arniazones, -^ Sarçc^ phage de Tyrrania.

J-jA maison commune, lès Champs-Elysées et régli$e Saint - Honorât , ne sont pas à Arles les seuls lieux Ton puisse trouver des monumens et des inscriptions : nos amis MM. Véran nous cont-: duisirent îi l'ancien arc|ievêché, l'antiquaire, et l'historien peuvent encore étudier quelques précieuaç restes. Nous remarquâmes d'abord cette belle ins- cription , cjuî étoît exposée dans la cour à d^s injure^ d^ toute espèce , et entièrement couverte de boup> de plâtre et d'eau de chaux. Elle a été copiée par plusieurs auteurs (i) ; mais ils ne l'ont pas figurée^ et aucun n'en a donné la traduction.

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(i) MuRATORi, Dxxvi, 5; Maffej, Gall, Ant.6/^\ Papon»

Himre de Prçvence.l,, j DUMONT» A.*» 21,

CHAPITRE XCVIII.

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^|COMINIO CLAVD. BOI?

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jV5*rAGR4COLAE. AELIO APROPRAER COHOR

TERT. BRACARAVGVSTANO

TRIBYNO. LEG.... ADIVT. P^OCVR

AVGVSTORVM. AD. ANNONAM

PROVINCIAL. NARBONENSIS

ET.LIGVRIAE. PRAEF. A... HARIAE

IN, MAVRETANIA. CAÇSARIENSI

N A Vie. MARIN. ARE L.

CORP. QVINQ. PATRO®

OPTIMO. ET. INNOCENTIS

SIMO

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p*i*-^"i"i"^

4 Cominm Bolonius 4gricola yElius Jprr (i), de la triin

(i) O^ trouve cbiiis ks Monumenti Gahhi, ouvrage profond, pu)>iié par M, VlSCQJ^TU àf& exempiei ci^rieux de c^te multi- plicité 4e nom$,

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i^AiA^lkHitaiiriMi

6oZ CHAPITRE XCVIII.

Claudia, commandant de la troisième cohorte (i) , de Bracara* Augusta (2), tribun de la légion stcourable (3), intendant des Au' gustes (4) pour l'approinsionnement de la province Narbonnoise et de la Ligurie, commandant de l'aile milliaire {5) dans la Maur/tanie Césarienne (6) , quinquennal du corps des maîtres de vaisseau de la marine d* Arles (7) , pairàn très-bon et très-vertueux.

Les inscriptions suivantes étoient aussi sous le

{i) PRAEFecto COHORtis TERTia.

(2) Viiïe de TEspagne tarraconnoise, aujourd'hui Braga, citée dans phisieurs inscriptions et sur plusieurs médailles. Vo^e^ Easche, Lexicon rei num. peterum, voce Bracara.

(3) Le numéro de la légion manque : nous n'avons que son surnom.

(4) PROCURatori AUGUSTQRVM, Ccs Augustes étoient pro- I>ablement Diocféticn et Maximien.

(5) PR^Fecto Ala milLlARlAE, On donnoit îe nom Galles à des corps de cavalerie qui avoient été institués pour couvrir les flancs de l'infanterie : ces corps étoient ordinairement cpmposés de cinq cent douze hommes ; mais il y en avoit aussi de plus con- sidérables, et dont le nombre alloit jusqu'à mille. Plusieurs autres inscriptions font mention de ces ah milliaria, Marini , gli M de* fratelli arvali , I, 474» ^•

(6) La Maurétanie étoit partagée en deux provinces : la 77»^/- tana, qu^ avoit pour capitale Tîngis , aujourd'hui Tanger; ctiar Mauretania Ca^ariensis. Auguste y plaça une colonie, d'où la ville d'A?/, aujourd'hui Alger ou Tene?, prit le nom de Casarea, et toute k province fut appelée Casariensis, NlTSCH , Woerterbuck deralten géographie , au mot Mauretania,

(7) NAVICulariorum AfARINorum ARELatensium ÇORPoris QUINQttennali. Les hàvicularii étoient , à proprement parler , les patrons é^ vaisseaux ; ils difFéroient des gubernatores , en ce que ceux-ci étoient les pilotes et tenoient le gouvernail.

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CHAPITRE XCVIII* 6oi

même vestibule, exposées de même aux injures des maçons et des chevaux ( i ) :

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M. IVLI FLORI

IVLIA. OLYMPIAS

COIVGI. PtENTIS

SIMO. PO SV.IT

QVI. VIXIT. ANNIS

XXXVIIII. MENS.XI.DIEB. XVI

1

Juîia Olympias aux mânes Je M.Julius Florus, époux excellent , qui a vécu trente-neuf ans on^e mois et sei^e jours.

(i) MtJRATORi, MCCCLXI, lo, d'après BiMARD.II amis maî- à-propos OUmpiufi pour Olympias , et carissimo pour pieutissimo,. Elle étoit bien dans GruT£^,DCCXCUj Dumont, VIII, 59..

' "!>'

6oi

CHAPITRE XCVIII.

D M

r^ c fn ATisi

SECVNDI Ç. AT^IVS ET. AFRO

DI A

OPTIMd

ET. IN TE G.

ERRIMO PATRÏ. D. p.

'Aux mânes de C. Atisius Secundus : C, Attius et Afrodisia, ont

consacré [i) cette pierre a leur père exceUent et îrriprocitabte (z).

*\ ■' .... " '

(i) DeDicaverUnt,

(2) DUMONT, IX, 61, GRUTER,DCCCLIX,9,adifîgurc c«te

inscription de manière à îa rendre inintcHîgibfe.

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CHAPITRE XCVIir

(Î05

U:-:.

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ALFIA PHILETE

CONIVGI CVM

PHILIPPO . FIL

FECKRVNT

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Alfia Philek à consojcté cette itifcr^tim à son époux, conjointement évec Philippe leur fils. _

(i).DuMONT, VIII, 57,

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CHAÎ>ITRE XCVIIÎ*

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memoriAe I

liciniÂe.

DËCWÏI

nAe, s ex.

LICiNiVS

irenAevs. VCori

ET. LICIN.

TITV1.LVS

MATRI 1

..„ ..,L. '

(•)

Aux mânes et â la m/moire de Licinia Dâcumina : Sextus Licinius Jrenaus a son épouse, et Licinius Titullus à sa mère.

[

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D M

SEX. AEBVTI

HERMETIS -

AEB. C ALLI

OP* CO N I VGI

SXNCTISSIMO

^

(^)

(i) Gruter, Dccc, },trcs-incorrccte;MuRATORi,MCCCLXv, 1% j Menard, Histoire de Nîmes, tome VU, 361 j DuMONT, XXIV, \j%,

(a) DUMONT, Vill ,6\.Ct tombeau a été trouvé, en 1747 1 dans le Rhône ^ près de la Cardette de Four<}ues«

CHAPITRJE XCVIII. 6of

Aux mSues de Sextus ^butius Hermès : ^buùa CaUiope à son niari irréprochable.

Et cette autre :

^

- >

a? MEMORIAE . AETERNE .

-

CANDIDIAE . QVlNTlîC . Q\4kE

.

VIXIT . ANV . XXX . M.VIH.D.XV.IVL.

QVINTINVS.. MATRI,a:.\lLERIA

MAXIMINA . MASCR . FILIAE

» *

I^FELICISSl^B . POSVERVNT

*

L N ».. AD

•,SKi4k'^>*»~ «iV mi O «^ «i^, ar^ ai^ «tf It^ aaïf 4 , «rfiaf ^B^ •^•■^ oif «^iW mm^ mm^ 4^ ^J mit ^ m^

Aun mânes \%) et k la, mémoire éternelle de Candidia Qtiinûna, fui a vécu treutt ans huit mois et quin^ jo^rs •: Julius Qtiintinus à sa mèrt , et Valeria Maximina à sa fille très -malheureuse, ont posé cette pierre (3).'

(î) DUMONT, pL XVI, n,** 1 17.

(2) La conjonction et annonce qu'il y avoit au commencement jdHs Jtiajtîbus, '

(3) Je n*ai point encore trouvé ctfs abréviations : peut-être {sMl-W ^t^ U€H( Nobis Assignatns , Dam. .

<J0ft CHAPITRE XCVltî.

Le P. Dumont n'a pas connu celle-ci (i) î

(

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I I I Wi

Il I Kl*

D T M ATVRIAÉ.CÀLLISIE

TROPHIMVSÉTCmo SIATV tIBER*

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Cette cour est remplie de débris qui rappellent l'aii^ cienne splendeur de la ville d'Arles. Ce sont desf trôti-^ çon$ de colonnes de marbre , d*un piedjet demi de dîa* mètre : la mardelle du puits est formée de la base d'une colonne , posée en sens inverse ; elle a quatre pieds de diamètre : on y voit auàsi des portions de colonnes, dont les fûts ornés de rosaces et les chapiteaux: {pL LXVIJl,fg. 4 et y ; LXIX, 4 et j) surchargés d'ornemens annoncent le règne de CcMistantin*

Nous entrâmes chez M. Constant, curé de l'église

mm^mm^mm^mmmmmi^,^^mmm, l ^■^1*— l l i l I |l I I II *— ^—

(i) MURATORI, MDXX, lo; MenARD, Histoire de Nîmes, tome VII, 4^7. II faut lire CalustE; i'i , dans les inscriptions , est souvent pour le T.

principale ,

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CHAPITRE XCVÏII^ 609

principale^ dont le logi^ment est dans cet édifice ; itious copiâmes dans sa qiisiné l'inscription suivante t

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J

L. HOSTILI . "nR SILVANI itNN^XXIIII .M . Il : D XV. MATER. FIL. pIi SSM

MISERA. ET X^LVCTV AETERNALI. BEIEFICI O. NOVERCAE(i^

Aux mânes de L. Hostilius Sllva^nus, de la tribu Teremina (a), ^géde vingt-quatre ans deux niois et ^uin'^e jours , sa mère très-malheU" reuse, et plongée dans undeuil éternel, à un fils irèsHendre , par la bienveillance de sa belle^mère (3).

Nous allâmes visiter les archives , qui soijt en bon

i^

(i) SaxY , Pcntif. Arel. ia8; DuM0NT,47A (a) T£Rentina SILVANI, Jnjrâ, p. ^11. >

(3) BENEFiciQ NOVERCAE. Cette bcile-mère est celie dt la mire de L. HostiiioSv *- . ' '

Tome IIL X2 q

.' ! >

^lô CHAPITRE XCVIIÎ*

oidre 9 et qui n'ont éprouvé aucun dégit pendant la révolution. On en doit la bpnne tenue et la conser- vation à MM* Véran, successivement archivbtes de €e précieux dépôt. Elles contiennent un grand nombre de titres: on j remarque de beaux cartu- laires, les originaux de bulles intéressantes , des di« [dômes de plusieurs empereurs. Les }Hèce$ les plus nombreuses sont celles qui viennent du grand prieuré de Malte de la langue de Provence; les plus anciennes sont celles relatives k l'antique abbaye de Montmajor. On y voitce cippe (i) :

1

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I

7

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L GRANIO L FILIO

TERETINA . ROMANO M TVL OLTMPVS N£GO TIATOR FAMILIAE GLA DIATORIAE OB HERIT

L GRANI yiCTORIS AVI EIVS MERENTI POSVIT

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wm^mmta^aÊii^gmrmgÊ^^mmmtmmmm''^'»''»''».

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(i) Gruter, cccxxxiii, 5i inexacte^ T^ulemar. Not. èm

CHAPITRE XCVIII. 6ll

'A Lactus Grauius Romanus, fils de Ltfcius, de la trihu Teren- tina (i), Marcus Tuîlius Olympus , marchand de la famille des gladiateurs {^), a élevé ce monument à la mémoire des bienfaits de L, Cranius Victor, son grand-père.

En sortant de rarchevéché , ^ nous allâmes à un ancien couvent appelé la Miséricorde (3), situé rue de la Calade; on passe, pour y arriver, sous une arcade extérieure de Tahcien théâtre. La frise (pi. LXVIII , fig. y) est agréablement décorée « de patères et de bucrânes, et elle continue dans une chambre d'ime maison voisine, occupée par un artisan (4) : cette partie est la mieux conservée.

^— 1— Il II I I I I I I II ■! Il II. Il I 1 ^1—^^^

Freher. Cecropistromach, 23 ; Breval, Remarks , II, i84i VvvkLZ, in binas vet, inscript, Commod, 16 \ VkVQli, Histoire de Provence, 1,56; DuMONT, 5^, ^

(i) TEREnTJNA* Tribu romaine établie Fan de Rome 454. Elle a reçu son nom d'un lieu appelé Terentus, qui ctoit à Tex*- trémité du Champ-de-Mars près du Tibre, et qui ctoit consacré à cause du prodige dont on peut lire le récit dans ValÈRE-* Maxime, II, 4, 5.

(2) On donnoit le nom de famille à une association de giadia* teurs réunie sous un seul chef, appelé lanista, dont ils étoient les esclaves. Suétone, in Julio Casart, 10, parle de la famille, c'est- à-dire; delà corporation dti gladiateurs, et H en est souvent ques- tion dans lés inscriptions.

(3) Histoire de la fondation du monastère de la. Miséricorde de la villed' Arles, par le P. ALEXANDRE d*ArIes , Capucin j Aix, 1705, in-8.*>

(4) On voit sur la façade de la maison habitée par madame Barras la Penne, et appartenant aux héritiers' de M. Firmîn, no-» taire, une frise moderne, imitée de ceHe du théâtre : il y a alternativement des patères, des bucrânes, &c.; mais Texécutioa est bien loin de celle de la fme antl^«,

Qq X

6l2 CHAPITRE XCVIII.

L'arcade (pi, LXVIII , fg. 6), et une portion de Tédifice appelé la tour de Rolland, et par corruption Rolland (i), prouvent que ce théâtre avoît une grande étendue; qu'il étoit entouré d'un portique, composé de trob rangées d'arcades l'une sur l'autre, et orné d'une magnifique corniche et d'une attique. Les tronçons des colonnes de marbre et de granit qu'on remarque devant plusieurs maisons de la ville, couchés le long des murs ou dressés au coin des^ portes et des rues pour servir de bornes, lui appar- tenoient sans doute : mais rien ne peut mieux faire juger de sa magnificence que les deux énormes co- lonnes (pi, LXIXtfg. 6) qui sont encore debout dans cet ancien couvent (2).

Au milieu du cloître est un petit jardin : Ik s'élèvent ces deux colonnes , qui conservent encore ïeur base , leur superbe chapiteau , et une partie de la corniche et de l'architrave qu'elles supportoient ; leur hauteur générale est de 26 pieds 1 1 pouces , leur diamètre de 2 pieds 9 pouces 3 lignes (^) : leur matière est une brèche africaine extrêmement

(i) Suprà, p, 513.

(2) Pcytret , architecte, avoit levé, en 1684, *^ p'^ui de ce théâtre, d'après ce qui en restoit; et Terrin en a publié une description ii a fait graver en petit les deux cofonnes , y arc et les arcades qui subsistent encore. Voyci Nouvelle Décou- perte du ihéâtre dans la ville d* Arles, sa description et sa figure, par Gdaude Terrin, dans le Journal des Savons, du 28 août 1684*

(3) On pense qu'il y avoit dans l'intérieur du théâtre plu$ de

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CHAPITRE XCVÏII. ^13

rare. On avoît résolu de les transporter à Paris ; Tieii- reusement un ministre ami des arts (1 ) a bien voulu écouter mes* rétiâmatîons et s'y oppôsfer. On re- rnarque, sur ces colonnes, les traces, du feu qui les a fait éclater en plusieurs endroits ; Faction l'air a rongé feur surface : elles se briseroîent aussitôt sous lés efforts de Cîeux qui tenteroient de les déplacer; et fon nepourroîties employer ddiis un édifice moderne sans les repolir et sans altérer leurs belles propor- tions. Mais, quand bien même on saùtoit prévenir ou farter ces inconvériiens , faudroit-îl encore priver les Arlésiens d'un monument qui leur offre un écla- tant témoignage de l'ancienne* splendeur de leur ville î Hors d'Arles , ces colonnes seroient isolées; là, elles ^narquent la place qu'occupoit son théâtre, et elles rappellent les édifices somptueux qui décô^ roiçnt cette superbe ville. Elles étoient accouplées ; ce qui peut faire juger de la grandeur de l'édifice auquel elles appartenoient : autour sont des sculp- tures, qui ont été trouvées dans ce lieu même, ou au moins dans les environs. Ces colonnes^ ces statues,

cent cinquante colonnes de marbre : d'après. les mesures prises , son diamètre pouvoit être de cinquante-deux toises cinq pieds j celui de la scène , de trente- une toises quatre pieds : autour régnoit un portique^ composé trois rangées d'arcades l'une sur l'autre,

(i) M, de Champagny,

Qq 3

I

6\i CHAPITRE xcviir;

r -**

/ont voir la richesse qui régnoit dans les décorations de ce théâtre (i).

Ce bel édifice a été pillé , ravagé, incendié , par les barbares qui ont dévasté Arles ; et il n'en reste plus que quelques arcades (2) , ces deux colonnes , et quelques fragmens de statues, dont voici les prin- cipaux : un torse d'un vieux Faune couché sur une outre faite de la peau d'une panthère (pL LXIX^ fg' 7 ) ii) > ^ partie inférieure d'un torse dont le corps est dans la maison de mon ami M. dte Faucon , ancien magistrat et chevalier de Tordre de Malte , chez qui j'ai logé pendant mon séjour à Arles; si ces deux morceaux étoient réunis, comme ils le sont dans la gravure , on auroit le corps d'un beau Jupiter colossal (pi, LXIX, fig. 11 ) (4) ; une très- jolie tête de Bacchus (pL LXIX, f g. 8), cou- ronnée de lierre et parée de cette espèce de ban- deau particulier aux divinités bachiques, et qu'on appeloit credemnotif parce qu'il ceignoit la tète sur le front (5) ; un fragment {pi. LXIX, f g. p) d'une belle statue, dont la poitrine étoit couverte, et dont

(1) La Vénus a été trouvée au pied de ces colonnes. (a) Suprà, p. 611.

(3) Le P. DuMONT, pî. VII, fig. j, Ta fait très-mal-hal)î- Icment restaurer.

^4) Cette figure a toujours été de plusieurs morceaux : îl y a, dans la partie inférieure, un creux pour recevoir le tronc,

(5) Monumtns antiques inédits, I, 8.

■■ '■' i

Cff APITRl XCVIH. 1^1)

la tunique avpit des manchçs a|ttadiée$ avec des fibules ou agrafes. Ce torse est peut-être celui d'une .ipuse ; on en peut dire autant des deux autres {pL fjXIsJg. S et g) : Jupiter, Vénus, ïes Misses , Jes Satyres j sont des divinités très.- propres àJa décoration des théâtres. Nous vîoies encore ump main avec un anneau au second doigt {pi LXIXi

II y a aussi dans ce jardin un autel semblable à celui de la bonne déesse [\)\ ja face est >ornée d'une couronne de feuill^ de chêne , mais sans oreilles au centre« Autour sont semés des bras des jambes , des portions de frise en marbre blanc*

.Ce jardin a été réservé pour les plaisirs de 1^ - ville j et le propriétaire est obligé d'ouvrir la porte à tous les curieux qui se présentent pour voir Je^ ;ipqr numens qu'il contient. N'est-il pas k craindre qll*uii jpur un de ceux à qui cette maison tombera en par«-

taiie , ne renverse les ccdonnes et n'anéantisse les précieux débris que le temps a jrespectés jusqu'ici^ pomr s'affranchir d'une ennuyeuse servitude»! N'au- ^roit-il pas été plus convenable que la ville achetât

cette maison , qu'elle enlevât les monumens qui sont

transportables, et qu'elle n'y laissât que les deux

colonnes!

Les arènes d'Aiies (2} , que nous visitâmes après ,

■I 1— *— îi I

(\) St^àt p. 50J.

(2} Description dts arènes 9U Fumphithéatre d'Arles , pur. Jmpk

Qq 4

i^)^ Chapitre xctiiî;

peuvent à peine offrir Pidée de ce qu^elIes étoient "Miïêfùîs i 0tï $e plaçâm sur les arcades > qui les en-^ toui^t j on distinjgué encore l'encef nte ^de cet am- phrAëâtré; mais les gradins ont été d^oKs; i'arène '^pt. I.XVIJI ,fig: p) est entièrement remplie de t:hétives maisons ; lés arcades supérieures servent de •toitliune sqite de taudis , auxquels oh arrive par des ruelles bâties sur les massifs des degrés; et les caves «ont pratic^ées dans ia galerie inférieure qui servoît à dVcâiation , et Ton renfermoit les feêtes féroces. II y â dahs cette enîedntp une chapelle et beaucoup dliabitations particulières. Les tours qu'on y re- marque sôiit modernes; elles auront été bâties à une époque Pon avoît fait des arènes une fwteresse ( i ). TôM Ice qifon peut dire d'après Tétat actuel de ce indnument', c'est que sa forme ëtoît ovifc comme ^ceBè' de tous les édifices de ce. genre; qu'il avoît deux rangées de portiques et quatre entrées princî* pales î celle du côté du nord est la mîetix conservée; ^Ile ofïre encore de belles formes : clia^e portique, conteiiôit sôîiaftle arcs ; les chapiteaux étoient co- rîrtttîiéiisf ; h. circonférence étoit de cent quatre-vingt-

■>

-Ouiz, prêtre tfe f'Oratoire; Arîes, i66$ , în-4.®; Description de Viimphithéâtre d*ArUs, par/r. Peilhe, 1725 , une fniiHc in-fol,'; Desctifftiou de l'Amfhithfàtre d* Arles, par SÉGUIN \ Maffei , GalU

]Ant»,'i^'yiLA LauziÈRE, Annales de la pille d'Arles. . ..

(i) C'est pourquoi RoDERlC appelle les arènes de Nîmes pm^isan arenarum* ...

t. '

1 « I '

CHAPITRE XC vin. 617

tqpatont toisesir la hauteur des murs extérieurs à son eutrée est de dix-^sept toises ( i ). Le terrain sur lequel cet édifice est assis, est fort inégal; ce qui a du augmenter beçiucoup les frais de ia construction. Cet amphithéâtre est phis grand que celui de Nîmes ; mais «es proportions sont moins beUes , et le portique extérieiu" n'a pas ^autant de magnificence, >. Ce magnifique édifinpe mériteroit que Ton. prît .plus de soin pour ie conserver. Henri IV avoit eu le projette le feire débarrasser des vibines habitations :qui ie déshonorent , et d'y faire placer l'obélisque qui décore ^aujourd'IHli la grande place : ce projet n'a jamais eu d'exécution ; il est réservé au grand Napoléon de l'accomplir. .

Sur la porte d'une écurie , il y a une ïarge pierre

sur laquelle on lit cette inscription (.2) ,

«• - .. •*

V. s. D. D. P. A. S.

f

que l'on traduit ainsi : Vau accompli par un. décret des décurions, pour le salut des Artésiens {3). Peut- être ce vœu a-t-il été fait à l'époque de quelque siège , ou à l'occasion de quelque autre calamité.

■»««*■

(1) Son^ plus .grand diamètre est de soixante-onze toises trois pieds dix pouces; et le plus petit, de trente-deux toises cinq pieds sept pouces. If y kvoit quarante-trois rangs de sièges : on pense qu'il pouvoit contenir vingt-quatre mille spectateurs.

(2) DuMONT, n.° î. ' '

(3) Votum Solutum Décréta Decurionum Pro Arelatensium Sainte,

V

6l% CHAPITRE XCVIII.

En visitant toutes iés caves du lieu étcnent ies anciens Thermes , au midi du réservoir , M; P. Véran est parvenu k pouvoir en lever ie plan (i). On a trouvé» dans ce quartier, des colonnes , des tuyaux de plomb et de brique , et des fi>umeaux.

M. P. Véran a observé (a) près de les restes de soixante-deux pilastres , qui dévoient fcurmar une longue suite de portiques , sur un carré de quarante- deux toises de longueur et de vingt de largeur. La position de ce vaste édifice , au nord des Thermes , la vase durcie qu'on a trouvée au fond , une croûte de ciment qu'on remarque sur le mur intérieur, lui donnent lieu de présumer que c'étoit un réservoir, et peut-être une naumachie.

Aries , comme toutes les villes riches et pubsantes, avoitun^r//m. Sidonius Apoliinaris > gendre d'Aviti», dit ( 5 ) que lorsqu'il vhit à Arles pour se rendre à la cour de Majorien , qui y faisoit sa résidence , il des- cendit dans le forum ,■ il s'aperçut que ses amis se cachoient derrière les statues et les colonnes, à cause d'une satire qu'on l'accusoit d'avoir faite contre

^■— ■— i— *M Il I II

(i) Voyez la planche xu de fa collection du P. DuMONT.

(t) Mémoire sur quelques édifices romains qui existent encore or qui ont existé à Arles. Ce curieux manuscrit , qu*!! a eu la bonté de me conununiquer, est accompagné d'une carte il a fixé la place que dévoient occuper ces itionumens, et contient plusieurs détails intéressans.

^3) Epist. XI, p, 2 y.

CITAPITRE ICVIII. <Sl9

leïprincipauix de la vill«. Ce jhmm étohdonc en- touré de coloones qui fomioient des portiques, sons lesquels on pouvoit se promenar et s'arrêter aux boutiques des marchands. M. Véran conjecture qu'3 étoit placé entre le ttiëfttre et la naumachîe , est aujourd'hui la place Saint - Lucien ou des Pone~ faix. La statue de Miner^-e (i) , celles d'Auguste, d'Hadrien {2) et de Recilius (j) > ^"î °"* ^'^ "'°"' vées dans cet emplacement, étoient du nombre des statues dont ilétoit décoré.

On voit près de les mines d'un édifice qui de- voit être remarquable : il reste encore deux colonnes de granit; et en 1731 , on en a enseveli quinze dans lesfbndemensdeiamaisonoù setenoit, avant 17851, le tribunal de commerce. Les portions de la frise qui existent aujourd'hui, présentent, dans un enroulement de pampres et de raisins , des poules , des coqs et des mo\ns*\xx(pl.LXVIlI,n.' ^/LastaniedeMinerve, trouvée à peu de dislance de dans l'emplacement que M. Véran regarde commele forum , et le nom de Notre-Dame du Temple donné autrefois k l'église Saint-Lucien , ont fait penser que c'étoit un temple de Minerve ; d'autres ont cru qu'il étoit dédié à Bac- chus : enfin l'opinion que c'éloit le Capitole , avoit prévalu ; et on lisoit sur ces ruines , en 1 778 ,frustum

(■] Màmin iii/Jit 4Ùi chevalitr DE ZOUIEV.

(»} Uid.

(3) /"><*. P- «Î'S.

620 CHAPITRE xcyiii;

Caphotiî. M. Véran a pensé que c^étCMt le prétoire ou une basiKque argentaire. Enfin Ha trouvé une portion de la frise Ton remar^oît les trous des cIôus qui y retenoient les lettres de bronze doré qui composoient l'inscription. M. Seguier, de Nîmes, a ainsi rempli cette inscription y en suppléant ce qui inaiK}uoit :

t

BIVO, CONSTANTINO. MAXIMO. PRINCin. D/V/. Constantii fïk

' divi C/audir. tjfpoti, DOMINO. NOSTRO. SEMPER AUGUSTO. FL. CLAVUio. Constanttn$^

,p. f. i, d, Cottstanthîi, f. niSSlMiE. AC. VENERABILI. HELENE, aviœ. Fausta. aug. matrL

atavrsquf,

Att divin Constantin, très-grand prïncf , fis du divin Constanr nvî^ petit fils du divin Claude, notre maître toujours auguste; i 'Flavius Cïanditts Constantimts , pieux, fidèle, invincible , fils du divin Constantin ; à la très-pieuse et vénérahU Hélène^ leur grcmd'mèrt; à Fausta leur mère, et à leurs ancêtres,

M, SeguÎCT , d'après cette inscription , regardoitcet édifice comme un monument élevé par la ville d'Aiies à la gloire de Constantin le jeune, de son père, de sa mère et de ses aïeux : cependant nous avons déjà fait voir cgmbien on doit peu compter sur ia ^ fidélité des inscriptions ainsi remplies à l'aide des clous; l'interprétation de celle-ci est tout-à-£ût arbitraire.

Quelques vieux murs qui ont servi d'appui à des maisons dégradées elies - mêmes-, et qui ne sont aujourd'hui habitées que par les plus pauvres

>.^r>.

j

CHAPITRE XCVIII. 6lt

kabttans , sont toat ce qui reste du palais des empe* reijrs , qui devoit s'étendre depuis le forum jusqu'à la rive du Rhône, On y remarque encore des restes de la corniche qui régnoit tout autour ; on trouve, daiis l'épaisseur des murs^ grands tuyaux de brique destinés peut-être k la descente des eaux pluviales* Les fragmens de statues , de colonnes de granit et de marbre^ de corniches, de frises, les restes de mosaïques , ies portions tuyaux de plomb , la quantité excessive de pierres froides , bien polies et d'une grosseur prodigieuse , qui ont été trouvées dans cette enceinte , sont des preuves, évidentes de la magnificence de ce palais , dont Ifô ravage^ d^ temps , la superstition , l'avarice et la méchanceté des hommes , ont causé destruction : le nom qu'on lui donne aujourd'hui, ne convient guère à son ancienne splendeur; on l'appelle le palais de la Trouille (i), '

On ne peut parcourir les restes sales et les esca- liers dégradés qui aident à circuler dans l'enceinte de cet édifice, sans éprouver un sentiment d'intérêt qu'inspirent toujours les âges accumulés : on se

( I ) Ce mot paroit dérivé par corruption de Trullum , nom que Ton donnoit au palais des empereurs à Constamiftople ; fcs conciles qui ont été tenus dans' ce palais , s'appellent concilia irt Trulh. Le palais de Troilia est cité dans un acte du 8 des Icalendes de Juillet 125a, qui nous apprend que Raymond-Bérenger, comte de Provence, y étoit logé.

1

p

622 CHAPITRE XCVIII.

replacé à l'époque ces lîèux ont été enrkfais par le Ittxe et habités par des empereurs puissans. GalUen, après en avoir chassé le tyran Crocus, s'y arrêta pendant quelque temps. Constantin-Ie-Gcand y établit sa cour ; l'impératrice Minervine lui donna un prince appelé Crispus / Fausta , sa seconde femme » y donna aussi à l'empire un autre prince qui fut surnommé l'Arlisien (i}« Constantin le jeune , Honorius, Constantin le tyran , Majorien, Avitus, les rois goths , visigoths , les rois de France de ia première race , les rois d'Arles et plusieurs comtes de Provence , l'ont successivement occupé pendant leur séjour daiu cette ville ; et ils pouvoiént , de ses murs, promener leurs regards sur la double cité, admirer les superbes édifices dont elle étoit décorée , suivre le cours du Rhône , voir sortir les galères du port, et contempler les rkhes moissons des carn* pagnes environnantes.

Cet antique édifice appanient en partie k M. Dar- iatan-Lauris , qui possède dans sa cave une jarre de marbre blanc antique , remarquable par ses dimen- sions. J'en ai donné la figure/;/. LIX,fg. p. Son grand diamètre est de trente*trois pouces et demi; celui du pied est de treize ; et celui de l'ouverture , de treizf pouces six lignes.

(1) C7i?ww«tt«ff5i4r^Ztftt»wj. Voy»SEXTU$AUREUUsVlCTOTl, CottstanÙHo. ZOSIM. Hist. II,

"N

CHAPITRE XCVIII. 6z^

Les habitons d'Arles avoient consacré à Constan- tin , près du palais impérial , un trc de trio^nphe qui exbtoit encore au temps de Louis XIII , puisque le cardinal de Richelieu en avoit fait prendre le dessin» On n'en connoît pas même aujourd'hui posi^vement la place (i).

Plusieurs raonumens iméressans sont encore épars dans difTérens lieux de la ville. Le vase qui sert pour les fonts baptismaux de l'église Saint- Julien , a été creusé dans un très-beau chapiteau; Nous en vîmes aussi un très-remarquable dans l'hôpital de la Charité.

On trouve , dans la cave du collège, deux niches , une colonne à moitié encastrée dans le mur , et un pilastre. Le P. Dumont, d'après ces foibles indices, a prétendu que c'étoit anciennement un Panthéon ; mais il auroit eu de la peine à le prouver.

On remarque encore , dans l'ancien couvent de^ Saint-Césaire , deux chapiteaux et une belle colonne de granit sur pied : on y trouvoit autrefois des * mosaïques ; et il y a lieu de creÎFe que des fouilles qui seroient âites dans cet endroit par un hommo intelligent , aurcnent du succès.

(i) VqyeiBoVCm, Hist. de PfW, I, 589} Saxy, Pont.AreL a5 ; SÉGUIN , n, 25 ; Dumont, pi. XVI. Des actes du xvi.* siècle font mention d*un autre arc de triomplie près de la place appelée mijourd'hui du Saint-Esprit, Voye^ également Papon, Histpir^ littéraire de Frmuce, tome I, page 185,

1

ClA CHAPITRE XCVIII.

Nous entrâmes chez M. Paultrier, ctururgieiiy pour copier une inscription , qui est dans le vesti- bule de sa maison : elle est cassée en deux, et ies caractères ont été presque entièrement usés' par le frottement ( i ). :

/

NIVS....

CAMARS...

>• IVD. TRIB* MIL

. •...R. EQ. ROM TVRM . ..LEB. PRAET. PROCOS

...PR. PROV. AFRICAE .•.S. SIBI ET-TANNIO . .X. ARG LIBRISCODED .•..QVAR. MANV PRET

VITITEM Is N ce

...IS OMNIBUS ANNiS T METAR AVT CIRCENS ..TVR

. ..ORIAE AETERNITAT

EXTRVXIT

Au coin de la maison de madame de Barrème,

(i) MORATORI, DCXXII, 6', MâIÏU , Mus, ViT. CDXYHI, i; DUMONT, 13.

rue

j

CHAPITRE XCVIII. 6^^

rae VaudetaUe / on lit cette, autre inscription (i):

r

1

ARISI DAMIS

VVENIS l'MVOCSX

CARISI

AmHioN ALEX

ANDER HeRA©A

COLLIBERT.

r

j t

3

Aux mânes de Carîsius (i) Damis » jeune homme très -par {3) Amphion, AlexanJer, Heraclas , affranchis avec lui par Carisius (4) .

Sur une petite place, près et derrière la maison commune , on voit des gradins en pierre assez usés : c'est qu'anciennement on rendoit la justice; et

■■ I iji i-ii

(1) DUMpNT, IX, (J7.

(2) cARISîi. '

(3) INNOCENtissimi.

(4) collibeRTL Tous portoîentjo nom de Carîsîus leur maître. Carisius Damis est mort le premier, et Us lui eut con- sacré cette épitaphe. On a mis CarisH au pluriel pour ne pas

répéter à chacun ie nom de Carisius:

Tome III. R r

6l6 CHAI'ITRE XCVÏIÏ.

l'on conserre dans les aRrchives beaucoup cTactes émanés de ce tribunal. Cette place s'appelle encore /e Plan de la Cour.

Nous vîmes , chez M, Cadet Sauret , une petite collection de monumens antiques ; presque tous ont été trouvés à Arles ou aux environs : ce sont des amphores ^ des lampes , quelques urnes en verre, &c«

Dans une cour extrêmement petite de la maison de M. Gages » pharmacien ^ il y a un assez grand sarcophage , qui a servi long-temps à couler la les- sive. Le grand côté (pi. LXlX,fg. i^) présente au milieu une tablette sans inscription. A gauche , on voit deux génies placés devant un arbre , qui paroît de la Emilie des tonifir^s, peut-être un cyprès. Un des génies , qui est prob^Iement celui de la mort , est assis et tient le fland>eau renversé , son symbole ordinaire ; il paroît regarder avec étonnement i'étre qu'un autre génie lui amène, et que celui qui est placé derrière son siège semble appeler : x:ét être symbo- lique est Psyché [i'ame] ; eBe porte son doigt à sa .bouche^ comme signe du silence que Ton garde éternellement chez les morts. Le génie qui la con- duit , tient un panier de fleurs , qui annonce peut- être que la personne qui étoit renfermée dans ce tombeau , et qui étoît probablement représentée sous la figure de Psyché > est morte à la fleur de ses ans. Au-dessus du génie de la mott^ il y a une guirlandç

CHAPITRE XCVIII. (>27

F

de plantes somnifères. Sur la ^ç^ de derrière sont deux philosopher assis»

M. Tinellis a dans sa maison, près des Cordeiiers, un sarcophage, sur lequel on lijt l'inscription qui suit (i) :

y

\

D. CORNELIO. VALERIANO TERETIN .PEFVNCT.ANN. XVIII

MENS.X. DIER. V .CORNELIVS UCINIANVS . ET. VAL . MATERJ^^A FILIO . PlISSIMO.

1 1 »■

^^•^^••^m^^mi^mmfm^i^^'^^

A D. Cornélius Vaîmanns, de îa. tribu Terentina (2), mort âgé de dix-huit ans dix mois et cinq jours : Cornélius Licinianus et Valeria Àfatrma à m fis très-tendre»

M 4 Esparvier a chez lui une autre inscription , qui a été détachée d'un tombeau dans ies Champs- Elysées (pi. LXUl,ji^* s)' ^ v^^ ^* traduction : En mémoire di ses bons ^ffi^es , à m marj bien méHr tant, Victorinus, qui a vécu soixante ans, Projecta, son ép$use, a pesé cette pierre lorsqu'il a reposé en paix U àf des noms de septembre; il a vécu avec elle quatre ans et deux fours.

mi^^t^m

^m^emm^'m^^

(i) GrutER, pçuîfXiX. 6, écrit TMRMNTWiO; MURATOW, MCLVI. Vid. BiM. Obs, ;o2 in Don. suppl. Mur. UUMOKT, ^^.

(z) Suprà, p. 611. MuRATORi, cxxvi^ écrit comme ici : il croit ^ue ce mot indique la patrie de Vaierianus.

Rr a

6l6 CHAPITRE XCVIII.

II y a aussi, dans le couvent des anciens Domi- nicains , deux inscriptions curieuses. Voici la pre- mière (i) :

r

1

]

D M

IVL.C.F. TERTVLLj^i

FLAM.COL .APTA

L VALLIVS . ATTILIAN

NE PO S,

I

i

3

' Aux mânes de JuUus Tertullinus , fils de C , qui a été flamine de la colonie (a) d'Apt (3) / X. Vallius Aùllianus son petit-fils.

La seconde (4) n'est pas moins curieuse :

(i) Gruter, cccxxïii, 6\ Cellar. Not. orbis ant. I, 28^;

Voyage littér, 1. 1. p. i8é; SlRMOND in SiDON Ep. i. 9 , cp. 9; Bouche, Chorogr. de Provence, 2a i ; Saxy, Pontifi Arelat. 1161 Marmora Taurinensia, t. I, a^j j DUMONTi 5jj.

(a) Suprà, p. 44.,

(3) Suprà, p. 90.

(4) Gruxer, dçlxiii, 7.

ÇJÎAPITRE XCVIII.

A'

f RECILIO . M . F i

î T . POMPEIAN O I

I N Q . DECVRlIS ï I . _, I

I VÏERAR . FL . PoiTlF. S

|ni JI^ arelatenses I

I CIPES . OPTIME . DE | RITO . PATRON O. 1

I i

l TA TVAE.HONOR3 I

I 9

62^

vs

IMPENDIVAI

F . REMISIT.

î

•««««-M1A4 «.iK«s«'<4M.«AA t.>«v«iu u«nH.trii« f»ir«<u»T<w-«r

i^^r décret des dicttrions (i), i ...... Preciliusr T. Pompeianus^, '

-fils de M.,... libéral envers Us cinq décuries {2), flamine (3), ffon^ife (4) de la colonie (5);. les habitans du municipe (6) d'Arles à tin patron qui a très-bien mérité d'eux (7) ; satisfait de l'honneur de la^ statue (8) , // a dispensé de la d^ense (9).

(i) decreto Dfcurionum pRECILIO,

(2) quiNQtte DEÇU RUS mUNERARio. On appeioit munerarius celui qui donnoit à ses frais ie spectacle des gladiateurs.

(3) FLamint.

(4) PONTIFici.

(5) coloNIa.

(6) municiPES.

(7) OPTIME DE se meRTTa,

(8) sTATUAE HONORE contentUS.

(9) Publicum REMISIT. Voyez supra, p, 90.

Rr 3

/ /

6^0 CHAPITRE XCVIII.

J'avois vu dans les gravures âa P. Domont celle (Tun sarcophage très-intéressant par les objets qui y sont représentés et par l'inscription qu'il porte. Ce monument étoît autrefois dans l'église que les Minimes avoient décorée du nom de musée, et il ne s'y trouvoit plus ; enfin , après bien des recherches , nous le découvrîmes dans l'atelier d'un fabricant de salpêtre, qui l'avoit enlevé pour en faire un bachat ( i )

Ce sarcophage a été d'abord trouvé dans les Champs-Elysées ; l'inscription nous apprend qu'il a reçu la dépouille d'une femme qui se consacroit entièrement à Texercice des arts , et qui étoit dis- tinguée par ses vertus domestiques : la musique étoit son principal amusement ; et cette noble passion est indiquée par les *instrumens divers qui sont les seuls ornemens de son tombeau (pi, LXIX,fg.i^J. Quatre pilastres doriques séparent la face en trois champs : ceux des extrémités sont égaux entre eux ; celui du milieu e$t d'une plus grande dimension: sur le champ k gauche on voit une syrinx ou flûte à sept tuyaux, suspendue au mur dans son étui, une hydraule ou orgue d'eau , un pin et un bélier ; à gauche , une lyre avec le plectrum pour la tou- cher, un instrument qui a la forme de celui que

(i ) Le beau sarcophage du musée de Marieifle , suprà, , p. 1 5 r, pi. LVI, fig. 3, 3, 4, a également été retrouvé chez un salpêtricr d'Arles.

CHAJPITRB XCVm. 631

nous appelons un tuorbe ( i ) ^ et le livre de musique suspendu à un clou comme la sjrrînx. Peut-être la chambre de Tyrrania étoît-elle ornée de ces instru- mens, dont «Ile se plaîsoit à jouer. On Toit souvent ainsi aujourd'hui, dans le salon d'une femme, les castagnettes et tambour de basque suspendus au- dessus du piano , près duquel sont les flûtes dont on l'accompagne, la harpe et la lyre qu'elle fidt résonner sous ses doigts délicats.

L^inscription (2) est écrite en lettres belles et régu- lières ; elle est ainsi conçue :

JVLIAE. tVC FIUAE. TYRRANIAE.

VIXIT. ANN. XX. M. VIII.

QVAE. MORIBVS. PARITER. ET.

DISCIPLINA. CETERIS. FEMINIS.

EXEMPLO. FVIT* AVTARCIVS^ NVRUI. LAVRENTIVS. VCXORI.

^i) On voit» parmi les peinèures du tombeaujc-des roU i*Egfpte, des personnages qui jouent d'une espèce de tuorbe abso- lument semblable à celui-ci. Denon , Atlas, pi. 135 , n.^ 3. Feu M. Townley m*a envoyé la gravure d'un bas-rdief de sa collection , sur lequel on voit les noces de Cupidon et de Psyché^ Près du lit nuptial est un génie ailé qui joue d'un instrument qui a quelque rapport avec le nôtre dans sa foriiae générale , quoique les détails soient un peu dtfFérem. . (2) VqyeiMAFFU, ^ôi^APOi^t Histoin de Protffttce,!, Ji; DUMONT» n.® 95, J'ai composé» sur ce curieux sarcophage» une dissertation* qui tst imprimée dans mon ouvrage intitula Monumens antiques inédits , tome II » p. » 9 1^

Rr 4'

6^2 CHAPITRE XCVlXï.

C'est-à-dire :

A Juîia Tyrrunia (i), fille de Lucius, laquelle a vécu. vinpMS et huit mcis ; ellt a été, par ses mœurs et son éducation {i),un exmpk pour les autres femmes. Autarcius à sa belle-filU , Lmrentius à m épouse (3).

Le bélier placé auprès d'un pin peut avoir rap- port à un criobolium, sacrifice qui faisoit souvent partie du taurobolium , dont j*ai déjà eu plus d'une fois occasion de faire mention (4) : quelquefois on n'offioit

( I ) Le nom de Tyrrania n'est pas insolite dans ies insaip- tions : on le trouve sur une pierre tumuiaire de la villa Bor-

Îrhcse , publiée dans le recueil de Grutcr ( Tyrrania. Anicia Ju' iana, CCCLIII, 2 ).

(2) Tyrrania n'est pas la seule femme qui ait mérite quon rappelât , dans son inscription tumuiaire , les succès qu'elle avoit obtenus dans les arts. Plusieurs épigrammes de V Anthologie sont consacrées à des femmes qui ont cultivé la poésie ( WoLFi Poetria ) ; et nous avons encore des monumens élevés à des femmes qui ont cultivé les arts, et principalement la musique: i*épitaphe d'Eucharis , affranchie de Licinia , dit que quoiqu'elle n'eût encore que quatorze ans, elle étoit versée dans tous les arts { Gruter, DCLVI); celle de Clitalia, épouse d'HernàoSt qu'elle étoit savante dans toute espèce de musique ( WlNCKEI>- MANN, Aîonum. rned. n.® 187, p. 244; Amaduzzi, Utmt sopra le tragédie di Euripide y p. 24; MoRCELLT,//f stylo iiiscrijt> p. III ; M ARINF , Iscriijoni Alhan. p. 78 ). Une autre inscription parle de Flavia Dionysia , qu'aucune femme n'aurdt surpassée dans les arts , si la mort ne l'eût moissonnée dans son printemps ( Gruter, dcliv, 3 ).

(3) UCXORI. Nous avons déjà vu plusieurs exemples de cet» orthographe. Voyei tomel.*^*^, pages Jo& et 509.

(4J Supra, p, 49 j et tome II, p. 88.

CHAPITRE XCVIII. d}3

que le crîololium. On sait que ces sacrifices étoient une expiation ou baptême de sang ; les femmes étoient admises comme les hommes à cette régéné- ration : ainsi le bélier peut signifier que Tyrrania a été ïavée de ses fautes par un criobolium , et qu'elle est reçue dans le séjour de la félicité. Cette conjec- ture est d'autant plus probable , que la ville d'Arles honoroit Cybèle , ainsi que le prouve le bel autel dont j'ai donné la description (i). D'après le signe de ce sacrifice, on peut présumer qu^ ce monu- ment est postérieur aux Antonins , puisque le règne de ces princes est l'époque des plus anciens monu- mens relatifs à ces sacrifices expiatoires.

Ce monument a été placé à la maison commune : je me réjouis d'avoir arraché à l'action corrosive du muriate de potasse-Ie tombeau de cette jeune femme, qui mérita les regrets si nobles et si touchans de son beau-père et de son époux. C'eût été une pro- fanation de laisser cette intéressant monument , cou-* sacré au talent et aux vertus , dans un atelier aussi sale et aussi dégoûtant.

(i) Suprà, p. 505,

r

6ii

CHAPITRE XCIX.

Musée à former. £tablis$cii|ens divers. Société, Divers animaux ; oiseaux ; insectes. Plantes. La tarente. Fontaine de la Crau. Climat. Maladies. Costome. Académie. Hommes célèbres. Troubadours et poètes arlésiens. Jèan- Baptiste Coye. Baléchou.

Je crois avoir décrit et expliqué tous les monu- piens qui existent encore à Arles. On a pu voir qu'au- cune ville n'en renferme un aussi gran<I nombre , et qu'ils ont tous un intérêt loc;({ ; cependant ils sont dispersés, toujours exposés à une destruction pro- chaine : il seroit intéressant de les réunir et d'en for- mer un riche musée. Le préfet du département , M. Thibaudeau , a demandé que l'église de Sainte- Anne fut consacrée à un si utile emploi : il ne pou- voit choisir un local plus favorable ; et l'on a lieu d'espérer que ce projet recevra bientôt son entière exécution.

L'établissement de ce musée donneroit aux habi- tans une plus haute idée des monumens qu'ils pos- sèdent : ils y paroissent déjà très -attachés; et s'ils ne font pas tout ce qui est nécessaire pour les con- server, ce n'est pas le zèle qui leur manque. Les étrangers auroient alors un motif pour aller visiter

CHAPITRE XCIX. df^J

Af iei. Personne ne seroit pins capable que M. Pierre Véran de diriger ce musée ; personne n'a mieux approfondi l'histoire de son pays, et ne s'est mon- tré pius ardent pour tout ce qui tient à sa prospérité et à sa gloire.

Arles a peu d'établissemens ; il y a très*peu d'in- dustrie : les faabitans vivent , en général , du pro- duit de leurs récoltes. Le territoire est si riche en blé y qu'on l'appelle /e grenier de la Provence et du Languedoc.

La société étoit dîspe«ée pendant le temps que f ai passé dans cette ville* Chaque propriétaire étoit dans sa maison de campagne, occupé à suivre les travaux de la moisson : mais, pendant l'hiver, on reçoit les étrangers avec beaucoup d'aménité et de politesse. Quoique la plupart des personnes riches aient quitté la ville depuis la révolution, il y a encore quelques bonnes maisons.

Si l'amateur des antiquités peut trouver à passer plusieurs jours sans ennui dans la ville d'Arles , celui qui aime l'histoire naturelle peut aussi satisfaire ses goûts , et rencontrer de nombreux sufets d'observa- tion : il remplira son herbier de plantes rares et curieuses , qui croissent dans les marais , les canaux et les sables limoneux (i). La vallisneria en spirale, ^ ^

(i) M. Artaud^ habife botaniste, s'occupe constamment cle k Flore d'Arles : on ddt desirar que cet ouvrage soit publté.

•«^■^waM

6^6 CHAPITRE XCîXi

dont la fructification est si singulière , y est assez abondante, ainsi que Valdrovanda vésiculeuse (i).

he fenouil (2) y vient spontanément. Les Proven- çaux le font entrer dans la préparation qu'ils donnent aux olives ; ils s'en servent aussi pour relever le goût des alimens. Il est étonnant qu'on ne recueille pas les fleurs du carthame ( }} , qui est très-commun dans tous les environs de la ville. On y cultive en grande abondance une espèce de vesce noire appelée bût- jalade^ qui donne un excellent fourrage.

L'ornithologue peut encore joindre à sa collec- tion plusieurs oiseaux palmipèdes ou de rivage , qui viennent des régions du nord peupler pendant iTiiver les marais qui bordent cette ville (4)» Les

(i ) On y trouve encore la Fran KEN I A pulvérulente, h giroflée d^-Mahon [ Chei^ANTHUS maritimus] , ic kali, le umarix de France [ Ta AP IX gallica ] ; le S T ATI CE limonium; à feuiiles d'auricule; VAtriplEX haUme, ranserinc lignensc, CheNOPODIUAî fruncosum, ClSTUS ledon, AJonspeliensis , i*- canus, albidus ( fa massugne ) , le genévrier de Phénicic (cade) [JUNIPERUS phœnicea] , PhYLLIREA latifoUa, dngustifolid (le dafadel), Artemisia mâridma, ROSMARINUS ufcinalism' culœfolia. Sic, &c.

(2) Anethum faniculum.

(3) CarthAMUS tinctorius,

(4) On y remarque, parmi les PALMIPÈDES, fc cygne , Al^^^ cycttus; le cormoran [ cormarin] , Pelecanus carbo; ic p^^'^^ [ganto], Pélican US onocrotalus (les paysans Tappeilent aussi grand gdfisier)\ plusieurs oies et canards sauvages, tels qu« * macreuse [ franche ], Art^^i nigru; la sarcelle [sarcclo], ^^^

. ^^ ^ -

CHAPITRE XCrX. 6}^

passereaux sont aussi très-nombreux, principalement les étourneaux ; on les prend à la pipée , ou dans des cabanes de ramée que l'on construit auprès des mas , et Ton attire ces oiseaux par des appeaux (i).

On trouve fréquemment à Marseille, à Arles , sur-tout quand le temps a été serein pendant plu- sieurs fours , et que le soleil est dans sa plus grande force y une jolie espèce de lézard qui est originaire

^utrcedula; le garot, A NAS fera; le harle [gabian], M ERG US merganser: parmi les OISEAUX DE RIVAGE, fe fïaman [bcccarut], Ph(ENICOPTERUS ruber ! \t héron [heroun], ARDEA cinertd; ie butor [ brutier ] , ArvJBA stellaris; la grue [ gruo ] , ArdbA grus; ia cigogne [dgougno] , Ardea alba; la béc^se, SCOLOPAX Tusticola; le courlis, ScOLOPAX arcuata; le chevalier aux pieds rouges [galejoun] , ScOLOPAX totanus ; la poufe d'eau [poulou d*aîguou ] , F U Lie A chloropus; le vanneau [ vaneou ] , TringA t^anellus; le pluvier doré, Charadrius plupialis ; le râle de genêt [ roufle] , Rallus crex : parmi les GAXLINACÉS , ('ou- tarde [cstardou], Otis tarda; la canepetière, OtJS tetrax,

(i)L*oriol [l'auriou], ORIOLUS flavus; le gros-bec [peco au- \bio ] t LOXIA cocothràustes ; l'ortolan [ ortoufan ] , EmbéRIZA^ hortolanus; le bruant, EaîBERIZA citrineile; le proyer [ tridou ], EaîBERIZA miliaria; la lavandière [ Ipu vaccerouno], MoTA^ CILLA alba; la bergeronnette [guignoqiioue] , AJOTACILLAfiava; le bec-figue [ lo becofiguo], MOTACILLA ficedula ; une autre appelée louenou rousset, MoTACILLApharticurus; la grosse alouette [calandra] , Alauda calendra; l\louctte huppée [ la bedonide ] , AlAUDA crîstata; le tarin [ lou lucre], FrINGILLA spinus; fa mésange bleue [ lou guing ], PARUS cœruleus; la mésange du Languedoc [lou pcndulino ^t PARUS Narbonensis.

^38 CHAPITRE XCtX.

de l'Afrique; c'est le gech de Mauritanie (i) : on l'appelle tarente par toute la Provence. Ce reptile a sûrement été importé d'Afrique , mais on ne sau- roit dire à quelle épo<^e. On croit qu'ii est venimeax, et on l'écrase impitoyablement ; mais c'est un pré** jugé : cet animal n'eçt pas nuisible ; i! est même udlC) parce qu'il détruit les insectes. Les plus importuns de tous en Provence , et sur- tout k Arles, à Fréjus, et dans tous {^s lieux qui ont des marais dans leur voisinage, sont les cousins (2) ; il y en a des my- riades qui obscurcissent lair et font un bourdonne- ment insupportable. Les gens du peuple, les paysans, sont obligés , ppur {es éloigner , de brûler de ia paille mouillée ; les enveloppes de gaze dont on entoure les !its, et même quelquefois les tabte, sont les seuls moyens de %^en garantir.

J'ai déjà parié des crustacées et des arachnides de la Provence (3). Ou y peut encore enrichir ses collections d'un grand nombre d'insectes singuliers» Nous n'avions pu voir à Aix celle qui a été rassen^* |>Iée par M. de Fons-Colombe ; mais M, Amoreux nous contra celle qu'il est occupé à former depuis plusieurs années qu'il réside à Arles : elle est arrangée avec un très-grand soin , et prouve ^ celui qui l'a faite a des connoissances profondes

( 1 ) Gecko maurit4tticus* «-^ Lacerta gfcÀo,

{%) II, 57a et 57}. (3) II,454'

CHAPITRE XCÏX. 6^^

dans Pentomologie ( t ) . Les marais sont peuplés d'un si grand nombre de sangsues , que ies bœufs et les

(i) Voici ia liste des principaux insectes qui se trouvent en Provence, et, en générai, sur toute ia côte de la Méditerranée :

ClCINDELAJUxuosa, Fab. stnuata , SCHNEIDER. nemo- ralis, Olivier, Cymindis humeralis, Lat. Odacantha mtla- nura, Fab. Drypta emarginata, Latb. QuPMIUAf olens, Latr» '^fasciolatum , L ATR. LiCIN USagricola , Latr. sUphoides , L ATR. HarPALUS megacephalus , J^ATR. bucephalus , LatR. ScA- RITES gigas , Fab. sabulosùs , OlW , NebRIA arenaria, Latr, BUPRESTIS taniata, Fab. cariosa, Fab. tenehrionis , Fab. '^ tenehricosa, Fab. luguhis, Fab. octo-guttata , Fab. rutilanst Fab. acuminata, Fab. marginata, Fab. deçà- stigma, TAB.'^mariana, FaB, cyanicomis, Fab. nîtidula, Fab. umbellatarum , FaB. discoidea, Fab. '^^cichorii, OlIV. '' novem-maculata, Fab. sînuata , FaB. ElATER bîguttatus, FaB. himacuîatus , Fab. atomarius, Fab. Cebrio gigas, FaB. LAMPYRîS italica, Fab. DasITES bipustulatus , Latr. quà- drimaculatus f Latr, Tillus unîfasciatus , Latr. EnopliUM serratuorne , Latr. trichodes S-punctatus , Fab. Necrobia

ruficoUis, Latr. Astrapaios ulmi, Graventiorst. Hister

major t Fab. inaqualis, Fab. semipunaatus, Fab. De RAt ES- TES viginti'guttatus , FaB. trifasciatus., Fab. NlTIDULA facuosa, Fab. Ateuchus sacer, Fab. variolosus, Fab. scmipunctatus , Fab. laticonis,YA^. supr. piîuïarius ,Vkb, Co^ PRIS emargittotus, Fab. hispanus, Fab. ONITIS ciinias,¥AB,

pophus, Fab. ^«(?«, Fab. 5/;^/»;r, Fab. Onthophagus

(Lmyntas , L ATR. Aphodi US fasciatus , F A B. scrutator , F AB. elevatus, FaB. Geotrupes dispar, LatR. OryCTES silenus ,

Latr. Se arable us punaatus , Latr. j/ww, Fab, Melo-

LONTHA occideHtalîs , FaB. /^/»/, Fab. fusca^ Oliv. '- jloricola, Fab. anncoïa, Fab. ^^fructîcoU, Fab. squamdsa^ Oliv. farinosa, Latr. CeTONIA metattica , VA^.—fastuosd, FAe. TRICHIUS succinctHs, FaP. ERQDIUS gib^s^ FaB. P/vW^^

6io CHAPITRE XCIX.

chevaux , qui sont affoiblis par quelque ftialadie , tombent quelquefois , et périssent épubés par les saignées que ces vers leur ont faites.

LIA bipunctata, Fab. muricata, Fab. AkiS spinosa , Fab, aaiminata, Fab. refiexa, Fab.* collaris, Fab. Tentyria glabra, Latr. TAGENIAfiliformîs, LatR. ScAURUS striatus,

fAB.BjLAPSgigas, Fab. Pedinus gibbus, Latr. Opatrum

serîceum, Oliv. PHALERlArufa, Latr. chrysomelina , Latr. MelANDJYA variegata, Latr. HelOPS chaîybaus, RoSSI.M?- TOXUS Rodriguii, Latr. AJylabriS iO'punctata,T AB. yaria- biiis, Oliv. cichorii, Fab. VaR. CerOCOMA viridis, Fab.

Schreiberi, Fab. Meloe îavigata , Fab. tuccla, Rossi. punctata, Fab. CaNTHARIS erythrocqthala , Ouv ^ Si TARIS api- calis, Latr. ZoNITIS sfx-maculata , Latr. prausta, Fab. ^-testacea , Fab. friva, Ross. Rhipiphorus subdlpterus , Fab.

labellatus, Fab. bimaculatus, Fab. Œdemera ruficolUs, Latr. rostrata^hAT^, RhINOMACFR umbellatarum , Latr.

curculiondides , Fab. B RU CHUS bimaculatus , Oliv. vaHus, OuV.'^nebuîasus, OUV. BrACHYCERUS barbants, Ouv, muricatus, Oliv. LlXUS anguinus, Latr. mucronatus, Latr. ferrugatus, Latr. pUcatus, Latr. ophthalmicus , Latr.

cynara, Latvl. CURC U^LIO maxillosus, Fab varioïosus, Fab.

lusitanicus , Fab. tamarisci , Oliv. PhloioTRIBUS olea,

Latr. Bostrychvs îuctuosus, Ouv. 2'mncuLitus, Latr.

muricatus, Ouv. é-dentatus , Oliv, Trogossita cœrulea,

Oliv. Spondylis buprestoides , Fab. Prionus faber, Fab. obscurus, Oliv. Lamia trisùs, Fab. frnesta , Fab. pedesiris, Fab. gallo-propinciaiis , Latr, atomaria, FaB. SaPERDA suturalisp Fab. punctata, Fab. bimaculata, Oliv. aythro^ cephala, Fab. rufipes, Oliv. violacea, Fab. CerAAîbYX balteatus, Fab. Callidium serictum, Oliv. ruficolle, OliV. "—fugax, Oliv, abdominale , Oliv. ruficorrie , Oliv. arvicoia, Oliv. gibbosum, Oliv. florale, Oliv. trifascia^,

tum, Oliv. unifa^ciatum , Ouv. STENOCORUsstrepens, Oliv^

A un

CHAPltftÈ XCIX. 6^1

A un quart de lîme de la vHIe , à f «itréé de la .Crau y il y a une fdittanie mfaiéràle appelée in fontaine tta ia Crau. On y arrive en suivant un

^— ■— i^M^— ^^^^^Mli I II I ^i— ^— i^Mfcj 'II. * [ ^1 II I ni I I I I ^mmmmm^m^m^^mmmmmi^^^^m^Km

Leptura unipuntùitn, Fab. ^=^mirulenta, Fab. -^ ^maeulata, Fab. CLYTHBAjfx-ma6ulatijk\ FA3^ -^ .€Ur/^axjniii , Fab.— jcr- panctatat Ouv*. scopoUna, Fab, r-^forftlkt Oliy* pamceit- shesis,FAB. ÇrypTOÇSPHALVS sHnttduhms ,Y kî^ variegotui, Fab. hisfriç, JaM, msfliatusj OlIV. signatus, Olïy. crof^s, J^ATR. 'T^ CffSYSOM£LA rugosa, ^KB.-^Banhsii^ FaB» -=- ^mericûnAy F^ ^^fatùfus , FAB. .-^fUriosa, Fab. -^-t a/ri, Oliv. CAiERVcÂinm^nakt, Iatr. Hmp)Atést(icea\ Fab. Fc>i?- FI eu 1^4 glgam^» Fab. -«- ^/ir/îw, -Fab. iPhasma fiossU, ¥am.

MaNTIS pmffetfflUiy Fab* T^QiejOMrigi, UNN^EI. spaihm^fHt, liossu-^ pt^at^, Fab- TRtiyACTJUH/S . M. Dufoar vient de découvrir, dansis^ ProyçQce» liiM nom'etlc espèce de ce genre singulier^ et q«i, pmrobfôit partiouiier à TAIJrrque. LocvsTA tuberculata, Kq^. ^^.serrdtA , Fab. Titc/XALIS nasutus , Fab. -^ grylloidts^ LatR. J^R\J>lVM UntoU , OLtv, macuktum , OlïV. -r nigro^scinsuM ; Latr. ^tï/TEt.LBRA semi-pimctuta , Latr, fiav(hUn$aUii Latr. -.*- nigefia., Latr. pnedemontana , Latr. Cors us paràdoxus, LÀtR. -r^ spinigeft, Fab. •— vtnatw, Fab. Ci CAD a omhOLlV. -^pkàaa^ OUV. -^pkm , 1.ATR. ./i^/z , OjLiV. -i- «rgftttam^ Oia\, -* fygmoAt Ouy.Fvâgora ,dnerea, OUY , -^ flavesctns ,p\4V , TET^IGOMETRAsuturàHs,

Latr. hmuitrha , Latr. Cqccus faH<afkœ, Ouv^^r- d^^, Oliv. characiàs, Bosc. Panorpa tipularia, Fab. Ascala- JPHUS italkui» Fab. â^<^^i«^ FAis. -^ "maiutàtui, Oliv. MyRMEUSQN HbelMoides , ¥Aïi,-^pisaàtim, UOSS» fiavicorne, ,Ross. formicalynx, var î Fab. KerMES îucifiigum, hATR^^fia- vicolU, Latr. Cimbex Ima, ¥a%. HrLO'ro^tA fiircma, Lath. X^EPH us comitressùs.LATB.. EvANiA apptHdlgasur , Fab. Dipl0^ JLEPÎS quercus ioja., LaT*. LeVCOSPTS gifiis, Fab. CYNIPS xkrysis, Latr. Diaprja comuta^ Latr. PaRNOPES €arkea,

Latr. Chrysis calens, Fab. Formica iadam, Fab. ^^sffufd^ Tome UL S s

6^2 CHAPITRE XCIX.

grand aqueduc de pierre /composé de quatre-vingt- quatorze arcades de quinze à seize pieds de hauteur. Une dérivation du canal de Craponne, qui passe près de y arrose les prairies , les jardins y les belles

^— iT— *— I II ^M^— .^M» 1^— n^— ^M

iaris , Oli V. AfUTiLLA mattra , FÀB. hungarica, Fab. italica, Fab. pedemontana, Fab. calva, Latr. erythroctphala , LatR. AIyfmoSA mdanffcephala , LaTR. TIPHIA tripunctata^ RO£S. Eus cylindrka, Fab. interrupta, FAB. S COU A insuhrica, Ross.— d-macuLûà, Y K&.^-'fiavifirons , Fab. POMmLUS amm- latus, Fab, *^ ^^punetatus , LATft« PEPSfS fàyipennis , Fab. -argentata, Y kh: FeloPAIUS spikifex , Latr. LarRA ickntttmonh fmniSf Fab, BemuEX oHvacea, Fab. Stiius bifasciatus^ LAtr. •»— ruficornis, Latr, VeSpa ocuhtd, Fab* *— tripMoata, Fab,

coangustata , Koss, CELaNITES apifiiinis, Latk. Prosopis éMtpts, Fab. Hyueus spirëlh,Ykh.ANDRENApUipes, Fab»

CeNTRIS niduïans, Fab. comuta, FaB, ÂNTHlDlVMfiamû- num, TfiB,'-~pariegàtum, Fab. AnthophùRA nmènsis, IlligeA. Papiuo jofius, .¥A9. triangulum, Fab* f^/flf>, Fab. luciUa^ Fab. cptara, Fab. ciVc€, Fab. fdia, f ab. iUsMEtf , Fab^ ttmla,'FAB, tudofd , Fab. salome, Fab. lachesis, HÛBNER. psyché, HuB. *^adipu$, Fab. ^onu-, £SPER. mekagtr , Fab. amymas, Fab. mppus, HÛBNER.

hypsipyle , Fab. rumma , FaB. hdemta , HÛBNER» ^/tf , Fab. eupàeno ; Fas. hélice, HÛBNER. phiccmme, HÛBN. cIeopatra,TAB. Hesperia lavtuhera, Tab.^Sphinx vtspertiUa» Fab. -^ nerii, Fab. -i- Hneata, Fab.— ^if//V, Fab. celerio, Fab. ZYCAlNAfausta, Fab. .-^Uta ( sphinx Ima, HÛB.y/ <:£V»- jii/Ar , Fab. lavandiUa, Fab. Boaîbyx maculosa ,HiJBfiEK. ^/zr/o//z ^HÛB. pudica,hl\JB, puichra, WJBJNocTUAmaura, Fab. spectrum, HiJB.' BombyuVS crïïciams,.YAB. Stra- TIOJfiYS fiavissima, Fab. PangoNJA macuiata, Fab. VoLU- CELLA fiorea, Fab. Cytherea oiscura ,¥ab. Anthrax yaria, fAB.-^titanus, Fab. AsiLC/s6arèarus;TA£. O^C/NIS p/û«,Fa1.

AcJioCERA gibkà, Fa^; &c. âcc. &c.

CHAPITRE XCIX. tî43

allées les habicins d'Arles aiment à se réunir, feît tourner plusieurs moulins , et roule ensuite tes eaux dans cet aqueduc, elles produisent urj 4oux murmure, Eji i()8o, les consuls avoient fait creuserom fcassin pour cette fontaine , et y avoient fait mettre une inscription , qui a été détruite. On prétend que les vertus de ses eaux oiit été décpu- vertes par une pauvre bergère qui étoit hydropîque depuis trois ans ^ et à qui. elles avoient rendu la santé. Chacun voulut essayer leur effet , et ^Ues acquirent une grande célébrité, pour la guérison de J'byxiropisie et de la gravelle ( j ) ; mais elles n'ont phis aujourd'hui la même réputation.

La situation de la, ville sur le bord d'un grand fleuve , entouré prairies productives , de cam- pagnes couvertes des dons de Gérés , est sans doute agréable; cependant, si l'on considère le nombre de canaux, de marais, qu'elle a dans son voisinage, on, croit voir une ville de la Zélande. L'abaissement du sol, qui est tout au plus élevé de sept pieds au- dessus de la mer, les attérissemens des rives, la proxi- mité de l'embouchure du fleuve , celle de la mer doivent concourir à y entretenir l'insalubrité, quoique

(i) Eaux minérales , découvertes auprès d'Arles ; Mercure, \6^6 , novembre^ page 123. -^ La fontaine minérale d'Arles, nouvelle- ment découverte ; par J. S. D. E. p. [Joseph SEGUIN, docteur ea .drcMt]; Arïes, 1681, in-4.^ DarlUC, Histoire' naturelle de la Provence , \, 277.

<?44 CHAPITRE XCIX.

le climat soit (TaiUeujrs assez doux ; car le froid ii^f descend guère qu'k ) degrés , et la chaleur tie s^élève qu'à 24degrés tlienhomètre.de Réaumur ( i ) : kmA la fièyre doubler tierce y règniB-t--eIIe une partie de Tannée ; et , dans les chaleurs de l'été , elle dégénère en fièvre putride très-dangereuse (2).

En 1720 et 1721 , la peste a exercé ses ravagea dans la ville d'Arles (3) ; elle enleva neuf inHIe per- iionnes. Ses magistrat» ont montré le plus géné- reux dévouement ; et son respectable évêque, M. de Janson , en donna i'exempfe.

Depuis un temps très-reèulé , AHe^ communique avec l'île de Camargue par un pont de bkteaux. H

■^

(i) D^uis fe commencement de |uîn )usqu*au 15 sq>terai>re» Je thermomètre ^ à deux heures après nàdï , se soutient de 20 à 24 degrés» et quelquefois plus; dans les hivers très -froids, fe thermomètre descend jusqu'à 7, ^, 9 et 10 degrés : c^est adors que les oliviers pét-îssent.

(1) Les aâections c^tarrales, avec teintei plus souvent biiieiises qu*inflammatoires , et ies fièvres intermittentes » quelquefois même rémittentes , sotit les maladies dominantes à Ariès ; mais cettes-* ci sont peu nombreuses et constamment bénignes dans le prin- temps.

(3) Relation ûhrêgét de et qui sUst passé en la ville d*Àrles en /Vv- vence pendant la contagion de ijii; par une dame de la même ville; Mercure, 1722 , février, pages Sx et 74. État de la vilh d* Arles et de son terroir, par rapport à la contagion, depuis le 26 no* vembre s y 20 , jusqu'au 20 mars 1^21, in-4.** -J- Relatif véitaâh de ce qui s'est passé de remarquable dans la ville d* Arles en Frovenct, durant le fléau de la peste de tyio; par un citoycii^ témotii ocu- laire [ Fr, P£ILHE ] ; Aries ^ 1724, in-4.*

y en i^ijY'oît un d^uis ie iv.* sîècje j^ et saps (ioutç ÏWgrtempi av^it ; A^sone ef 3? Paulia eo fonf: p^mipfi, (.e^ d^bâçle^ et )e& (|4bpr(^f^Ti#n^ dii flwv9 ont ^i^y^nt foicé à ie recooftruire. Q'çsf au>si q^i'il a itjé OTiporté en 1 8ia j par une crue du Rhône ; il a été Keb^tî ^ ^ S^o j : il s^ouvre api milieu poun' , donner passage aux t^rtapes qui 46scendent pu re^ montent I^ Rhône. A l'extrémité d^ pont est le ^MhQ^f g de TrinquçtaîHe. Ce faubourg i>'a rien qui piérite de fixer la curiosité ; mais sa situaition est riante et agréable. On voit au nqr^ , sur fe rivage , un ancien cimetière des Romains ^ dont h$ eaux du fleuve couvrent une grande paf t^e ( i }*

On espère que le second pont qui doit être jeté isur la branche du fleuve qu'on, appelle h petit Rhône,' entre Trinquetaîile et Fpurques , pour la. communication des départemens du Gard et des Bouches-du-Rhône , sera bientôt achevé.

Si l'on considère l'insalubrité du p^ys , on doit s'étonner de la beauté des femmes , qui a , de tout

(i) C'est sans doute de ce cîmetièrc et de celui àes Champs- Elysées, que i'Arioste a voulu parler, lorsqu'il dit, à Toccasion 4es combats livrés aux Sarrasins :

Délia gran muldtudine ch* accis», d'ogni parte in questa uftima gaerra.. Se ne vede ancor segno in quella terra Che presso ad Arli, o?c il Aodano stagna, Picna di sepoltiire è la campagna.

Orlatiiio furioso f cant. XXXIX.

S S 3

AU^ki^^MiÉM^HflHS^^rii^Ma

6^6 CHAPITRE XCIX.

temps, été célèbre; leur teint est cTune'blancIieur éblouissante ; leurs traits sont agréables et réguliers , leurs cheveux dun noir d'ébène ; ieur sourire est gracieux ; leur regard est enchanteur , et une viva- cité piquante anime leur visage. Nulle part on ne parle mieux la langue provençale ; et elle est , dans leur bouche , d'une douceur infinie : les termes qu'elles emploient, sont aussi séducteurs que leur expression est caressante ; les charmans diminutifs dont elles se servent, n'ont d'analogie que dans les langues italienne et castillane.

Autrefois les femmes portoient le drolet : c'étoît une petite robe très -courte, partagée en quatre bandes, qui descendoient juscju'au mollet; et elles se coîfFoîent d'un petit chapeau noir , bordé en rubans de soie ou en velours (pLLII,Jîg. ^, ^et j J. Ce costume gracieux a été abandonné ; il n'y a plus que quelques vieilles femmes qui s'en parent le dimanche : pourquoi cet abandon! il alloit si bien aux jeunes ! On en voit aujourd'hui des imita- tions sur nos théâtres, lorsque l'on joue Aline reine de Golconde , le Sourd, Al» Deschalumeaux , enfin toutes les pièces dont l'auteur a placé la scène en Provence. Ce costume régnoît sur toutes les rives du Rhône depuis Arles jusqu'à Avignon. Aujourd'hui les femmes d'Avignon, de Beaucàîre, d'Arles et de Tarascon, sont vêtues , comme dans tout le reste de la France, d'une espèce de corset; la jupe descend

CHAPITRE XCIX. ^7

jusqu'au mollet : mus ie tout est mis avec plus da grâce et de goût; elles aiment sur-tout à être élé- gamment chaussées avec des bas de soie blancs et des souliers. sans talons, couverts de larges boucles d'^igent. Les femmes de Beaucaire , de Tarascon et d'Arles, se distinguent par le mouchoir de mous- seline ou de soie, bariolé de vert et de jaune, dont elles entourent leurs tètes ; leurs coiffes sont garnies de dentelles. Elles aiment beaucoup les bijoux ; leurs bras sont entourés de bracelets , composés de fils d'or pins ou moins gros , et auxquels pend un orne- ment appelé maltaise, parce que c'est une espèce de niédaillon en forme de croix de Malte; et une énorme croix de même forme leur couvre presque toute la poitrine : les plus riches portent des croix à sept diamans.

Lorsque je décris les costumes d'une ville ou d'une province , je n'entends parler que des gens qui vivent habituellement dans ie pays, et dans un état un peu au-<Iessus de l'indigence : on les cher- cheroit inutilement chez' les gens riches , chez ceux qui tiennent un rang dans la société; car la plupart ont voyagé à Paris , ou du moins dans d'autres ville» du premier ordre, et ils en ont pris le ton et les mœurs : il semble que ce soit une honte d'être vêtu à la mode de son pays, La manie d'imiter les costumes parisiens est si générale , que , sans les paysans y les ouvriers et les petits marchands, onii&

s s 4

d4*^ ÇHAPITI^fi XCîXé

trouveToit aucune tr^ce des costumes de cliaque puys ; çt çncore ceux-ci ctœrcheiu^U à s'eri Soigner autant qu^Is le peiuvent, pans les d^p^f^çraens que j'aî p^i;courus, j^ n'ai i;rpuYé quei les pay^ia^ines de iVlàçqn e\ les Béarnais qui aient gzfàéf leur andenn[e manj^|:e ^ se yètir.

Louis XIV avoit éx;sih!^\ ^ Arles, çq 166^^ une i^^^mie rayali , cpmpofé^ d'ahpr^ 4^ MÎngt gen- ti^l^m^es, et successivement d^ trefit^ , puis de qijL^ra^te. Le duc de Sai^>Aigi>dn ç| le Qi^rquis de Dangeau ont été ses prefniers protecteurs. Un pareil établissen^ent parent d'abord singulier , pu'ce qu^ le Si^ voir et ie talent n'oçtpas be^i^, de preuves de noblesse ; mais il ^i^t connpître l'esprit cette ins- titutipn : la noblesse étojt alors npii^reuse dans Arles ; elle y donnoit le torf, elle élpit l'Orne de tput ; enfin elle ei^erçoit l'iofluence que donnent i^écessairement les richesses. N'étoit-ce pas un act9 politique, que de touruer Tatienrion de cette classe, privilégiée vers les sciences et les lettres , en excitant sop amour-propre î N'étoit-ce pas un moyen de les fiûre fleurir , que d'obliger les nobles açadémidens \ leur consacrer quelques heures de leur temps et quelques portions de leur revenu î La guerre de la succession fit sortir d'Arles la plupart des nobles ; les asswiblées l'académie devinrent moins nom- breuses, et cessèrent enfin entièrement. Peu de temp&.î\près son institution , les autres états ne furent

CHAPITRE XCIX. 6^9

point exclus ; elle, pouvoit s'adjoindre quelques asso-. ciés étrangers ) pour lesquels on n'exigeoit d'autre titre que le mérite : la différence du sexe n'étoit pas même un motif d'exclusion ; madame Deshoulières ( i ) et sa filfe en ont été membres.

Arles a donné la naissance à beaucoup d'hommes célèbres. Outre ceux dont j'ai déjà eu occasion de faire mention (2^ , je citerai principalement le phi- losophe Favorinus, dont parle Aulu-Gelle; Jean^ Antoine Barras de la Penne , qui étoit à -{a -fois constructeur , pilote et général de galères ; ïe P. Maure , qui prêcha devant la cour de Louis XIV avec un grand succès; Grille, fondateur de l'aca- démie ; Hugues, auteur de plusieurs ouvrages sur la musique ; Vautier, médecin ; Pierre de Quiçuer^n , auteur du traité intitulé VÉl&ge de la Provence; Nicoldi, célèbre antiquaire , auteur de plusieurs mémoires imprimés dans le recueil de l'académie des belles-lettres, dont il étoit membre; ie chevalier 4e Romieu, auteur d'un ouvrage sur les antiquités

(i) Observations sur V académie royale d* Arles, établie en 16^8, Voyez PiGANiOL, Description de la France , t. V, p. 102 , éditioa <ïc 1753.

{2) Tels que Saxy, suprà, ^. 480 etpassim; Duport, p. 4^0 et passittht Terrîn, p. 499» ^^ P* F^bre , p. 480; Sabatieri Seguin, p. 509; Anibert , p. 4^0» ^ovis , p. 4^^ î Rebattu^ ?• 499 i Pfjftrft» p. 485 ; La Lau^lére , p. ^61-, Pomme ^ p. Jii.

650 CHAPITRE XCIX.

d*Arles; Saviritn, ingénieur de la marine^ dont oit a plusieurs écrits sur l'histoire littéraire, &c.

Les Arlésiens se sont aussi fait remarquer parmi les poètes provençaux : Bertrand Dallarnanon étoit célèbre à la cour du comte Bérenger ; Pierre de Châteauneuf de Mollégcs est placé par Raimond de Souliers au nombre des meilleurs troubadours : il a composé une pièce à la gloire de Béatrlx, com- tesse de Provence , et plusieurs autres «ivrages en l'honneur de Jeanne de Porcellets , dont il étoit éper- dûment amoureux. On cite encore le monge des iUs d'Or, dont il a déjà été question ( i ) ; Jacques Afothes, dont les poésies faisoient les délices de son maître, le comte Robert ; Hugues Pena , dont la reine Béatrix faisoît un très-^rand cas ; il a composé un livre inti- tulé les Enganaires d* amour (2) ; enfin Jacques Dar- latan de Beaumont, assez bon poète; et Pierre de Morand, qui a obtenu quelque succès sur notre scène, et dont on a recueilli les œuvres en trois volumes ; il est plus connu cependant par se% étour- deries que par son talent (3).

Nous ♦devons sur-tout faire mention de Jean- Baptiste Coye , qui est mort en 1768 ; il a composé

(r) Suprà, p. 100.

(2) Les ruses <Ic Tamour.

(3) li avoit fait jouer une pièce intitulée V Esprit du divorctt le public trouva un peu outré le caractère d*une madame Argant gui faisoit débiter , par ses avocats, des satires contre son gendre i

•A.

CHAPITRE XCIX. (Jj I

^plusieurs ouvrages , entre autres lou novy Parât ( i ) , comédie en cinq actes ; lou Délire ou Descente aux enfers (2) , une épitre a M, de Moran ( J ) ^ et beaucoup de poésies encore inédites. Pour faire connoître le genre de talent de ce poète, qui avoît réellement de Tesprit et de l'originalité , je citerai une de ses pièces. Coye avoit chassé dans la Crau avec ses amis ; ils arrivèrent , excédés de faim et de fatigue , à une masure ib ne trouvèrent rien à manger qu'un vieux coq , qu'ils firent mettre à la broche , et à qui il consacra cette épitaphe :

Eypi Icissé icys os fou plus fougous d*eygaou (4) Qu*aguc jamais pupla d*Arlc jusqu'à Mcssinou(5), Un masclè espefouna [6) , proun robuste et prbun caou (7) Per amourti cinq ans lou fio vingt gaiinou (8};

Morand s'avança sur ie bord du théâtre, et assura que , quoique le caractère ne fût pa5 vraisemblable, il ctoit vrai ( c'étoit celui de sa belle-mère ). L^ pièce réussit : on l'annonça pour lende- main; un plaisant cria : Avec le compliment de l'auteur ! Morand , se croyant offensé, jeta son chapeau dans ie parterre, en disant : Celui qui veut voir l'auteur , peut lui rapporter son chapeau. Celui qui le ramassa, l'emporta, en disant : L'auteur a perdu la tête; il n'a plus besoin dk chapeau,

[}) Le Prétendu rejeta , imprimé en 1743-

(2) 1749.

(3) Magasin encyclopédique, avril 1808, t. II, p. 242.

(4) Des coqs.

(5) Messine,

(6) Un mâle chaponhé.

(7) Chaud.

(8) Le feu de vingt poules.

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6fZ CHAPITRE XCrX*

Kiiroux s€ sa vigour y avîé toujou dura i Msij, quan loti tetn yagué passj la cre5tou (i). Un pouiastre encmî siegué préféra ; Tafott es ia tristoii fm que i*âge nous aprestotu D'aquou paure anfmau , paysan , pioure iou sor». Et redoutou à toun tour une même avanturou : Lou traite femelan (2) ris de nosteys esfor. Qu'an sian abandouna de l'humaine naturou.

Les arts doivent à la ville d'Arles le célèbre Nîcih tas Baléchou , qui s'est sur - tout distingué p^r une manière particulière de graver qui umssoit ïe, mo^- ieux à une finesse de burin singulière. Tout le monde connoit sa Sainte Geneviève , d'après Vanloo ; la Tempête,^ h Calme et les Baigneuses, d'après Vernet. Son magnifique portrait de Stanislas , rai de Pologne, fut la cause de ses malheurs : il s'étoit engagé à n'en tirer aucune épreuve f et il fut convaincu d'en avoir gardé plusieurs; ce qui le fit exclure dei'aca- demie (3).

II semble que le goût des Arlésiens pour !es arts les porte plus particulièrement vers la gravure. Outre

^— ^i.^— M^i»— !■ Il .1*1 Il ■— Kfc— '

(r) JEn Tieiilissant il perdit ia crête. «

(2) La femme hautaine.

(3) Pour s'assurer de la fidélité du graveur, î! fut convenu iju'on ne tireroit aucune épreuve avant la lettre; cependant on répandit qu'il en avoit été vendu quelques-unes : Baiéch ou tacha de les retirer, et nia le fait. H fut pourtant exclu de Tacadéniie; et quelques personnes jugèrent cet ^rrêt trop sévère. Cependant la cjuestion est aujourd'hui décidée ; le cabinet des gravures de la Bibliothèque impériale possède^ depuis peu de ta3(ips> une

»<-

CHAPITRE XCIX. <f J J

Balècïiou, que je viens de citer, efle peut encore nommer avec orgueil Jean- Louis Rouit et, dont on a d'excellentes gravures, M. Cléner, dont faî déjà fait mention , est à Arles ; et le plus feune frère ; de M. Véran , qui étoit destiné à une profession bien f dîfféreritè, s'est formé sans maître à l'exercice cet art : il l'exerce aujourd'hui avec quelque succès ; et c*est lui qui a exécuté plusieurs planches de l'atlas que j'ai joint à cet ouvrage.

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superbe é^xeii^yp,^vdnt la katrt ^ antèste à-la-fok;ec tâlcmcc i*mfidé)ité de Jkiéchou : elie a été, p^^g^ ^oqq livres, li .)^«n a une autre à Nuremberg; mais elie avoit été coupée, et on l*a rétablie en rejoijgnant les morceaiix : elle a été pavée 2400 livres*

FIN DU TOME III.

<Î54

TABLE

DES

CHAPITRES CONTENUS DANS CE VOLUME,

i^HAPiTRE LXX. Départ de Nice. ^aint- Laurent. Le Var. L^AnguilIe est prise par les Anglois. Nerusii» Gagnes, Château.

Peintures. Cérémenies des fiinérailles. La Colle. Saint -Paul. Vence. Ins- criptions.— Taurobole. Sarcophage chrétien.

Colonnes données par ks AlassiliL -^Fon- taine. — Inscription provençale. Templiers.

Commerce r.

C^AP. LXXI. Route de Vence à Grasse. Mon- tagnes. — Terrasses. Culture. Grasse. Cours. Parfumerie 20,

Chap. LXXII. Départ de Grasse. Mulets. Oliviers. Marbre , albâtre. Faïence. Draguignan. Feux de la Saint - Jean. Dessins des curiosités du département. Biblio- thèque publique. Cabinet d'histoire naturelle.

Médaille cufique. Prisons. £nfans-trou- vés. ..— Industrie. Manufactures, Cuhure.

Salernes. Chute de Sillans. Grotte de Villecroze 26.

Chap. LXXI II. Départ de Draguignan. Tourtour. Longvay. Culture. Aups. Troupe de comédiens, Urne d'albâtre, ^

\

TABLE DES CHAPITRES. ^J J

Inscriptions.* Bâuduea» Fontaine-l'Evêque, •»— Le Verdon. Sainte-Croix. /?«, Riez.

Colonnes. Panthéon. Bohémiens. Inscriptions. Taurobole t . . . 39.

Chap. LXXIV. Puymoisson. Moustier. Notre-Dame de Beauve^er^ -?- Le sire de Blaccas.

Senez. Digne. Bains. Dessins de JV1* Constantin. Villages des montagnes subalpines Fontenelle. Maligier. Rocher iqupé. , Sisteron. Histoire. ■:— Ville. Excursion à Saint*Geniez. Inscrip- tion de Dardanus. Plantes. Theopolis» -^ Notre-Dame de Dromon, -*- Houille. Re- tour à Sisteron. Inscriptions supposées. ..... jy.

Chap. LXXV. Peyruis. Giropé. Mon- tagne de Lure. Abîme de Cruis. Aleminu Forcalquier. Ses comtes.- Simiane. Rotonde 78.

Chap. LXXVL Départ Je Simiane. Lavande*

Vulgientes, Apt. Histoire. Pont. Situation. ^- Cathédrale. Tombes chrétiennes. ^-Inscriptions. Ex-voto singulier. Vestiges d*anciens édifices. Pont Julian. Fabrique de faïence. Cabinet de M. de Sigoïer. Aérolithe. Détonation d*une meule à aiguiser.

Industrie. Manosque. Huile. Du- rance , 86.

Chap. LXXVII. Dépa^rt d'Apt. Montagne du Leberon. RjOussiilon. - Histoire de Cabes- taing. -r- Cadenet. Troubadours. Fré- déric Barberousse. Boniface de Castellanc. Bertrand de Carbonel. Elias de Barjols. . Blacas. Blaçasçet, Le iiioinç des ^les 4'Qr. ? . 96,

* ta»

6^6 TABLE

Chap. LXXVIII. Retour à Aix. Grande- Peigîère. Tretz. Monument. Dé&ite des Teutons, Montagne Sainte-Victoire. Fête commémorative de la victoire de Marins. Rivière de l*Arc. Saint^-Maicimin; Église. —.Architecture dans ht Provence. ^ S.*« Made- leine, en Provence. Inscriptions du chœur. -;— Crypte. Reliques. Sarcophages. Sainte- Baume. Poëme sur la Madeleine. *Marbre de Saint-Maximîn. *— Toùrves, - Château. Ciborium. •-*• Lâeé. Brignoies. Prunes 107.

Chap. LXXIX. Départ d'Aix. Marseille. Fondation» Histoire. Musée. Monumens grecs. Gnomon. Autel triangulaire avec une intcription; Autel rond avec uhe inscription. Tombeau sur lequel on a représenté les dér- "^ niers adieux d'un guerrier. Tombeau de deux époux 9 avec une inscription. ■•—Tombeau de Glaucias^ avec une inscriprion. Monument ' romains. Sarcophage de Flavius Menlorius. Combat de centaures et de Kons. Sarcophage d'un enfant) représentant les génies de Vulcain qui forgent les armes des fondateurs de Rome, : Sarcophage de Julia Quintina; triomphe de Bac- chus et d'Ariadne. Sarcophage de T. Annonius : images du Sommeil et de la Mort. Siège de marbre, Masque tragique. Colonries. -^ Chapiteaux. ; Isis de basalte 13;.

Chap. LXXX. Suite de la description du musée. Monumens chrétiens. Monogramme du Christ. Divers sarcophages. - Tombeau d'Eugénie: Jésus-Christ entre ses apôtres, co- lombes ^ dauphins, couronnes, inscription. ^■

Tombeau

.J

DES CHAPITRES. (îjjr

TQi3d»^Q«de$ compagnons de S. -Maurice : légion thébéenne, le Sauveur sqr la iBpntagQe^ fleuves du p^r^dt^y^i^mier^ difféieps éyé^^mens de ia Passion; PiJate^coAment il est figuté ; moisson et vendange allégoriques.'— -Tombeau dès compagnes de S.^^ Ubsule : miracle 4e la multiplication des pains ) csetÊ jl^ysli^iief /grappe miraculeuse. Tombeau de>S. Cassien : agneaux mystiques. -^ Tombeau .4*EAsft)ie ; Jôpas rçjetç par le monstrcT marin, Moi^e iJc^pe le rocher avec sa baguette^ inscription» .-r-.Tpilibfiau de S. Chrysanthe et de S.^* Darie inid» serpeitt, limaçon rajraciques. «^ Tombeau de J!abbe Isarn :^ciosse grecque, ins- ' cr^tion. Ifiscripliiosi^CAtberine de Médicis. . 163. GhA£« LXXXJ. Descnpiéoii de MarseUie. Quar- tier neuf. r^JU C^i^ièç^» -r- Rues. Théâtre.

Abbaye jSf^int-Victor. La ville vi^e ; s^ habîcans. -rr^.La Ma)or«i ^tabiisseipent du chris- tianjsipe en Provence.— Ancien temple de Diane.

Pilastres prétendus antiques, -r Reliques. - Tableauic. «^ P^tistere, par le Puget. Sarco- phage.— Crosse. -^Histoire4e S.Xazare en bas- relief, -r— Mais0n de T. Annius Milo; son buste.

Hôtel -r de -ville. ÉcUssoii sculpté par le " Pug<^t, -7-.St.atyed.c PierreLibertat; son histoire. . Tableau de Serres^ Peste de Marseille. ia Consîgjne.=^]Ba^-ielief duPuget. ^ Boutiques. -— - Vaisseiaux. -t- Tableau de Pavid. . . . s . .-^. . . ; 119Q.

Chap^ tXXiXU- Quarantaine. Arrivée des vais- - . jeaux à Pom.èguc; à la Consigne. Purifica- tion des lettfres.-f^xamen de la patente. Difi^'* rence des patentes nette 9 touchée , soupçonnée^ bmte.— P4«grés de^usjHcion.— Quarantaines du

Tome m T t

\ .

^58 TABLE

r^zsi:^^ deréquipage^despassagen.— Deser^tiert du lazaret. Capitaine, iieutenant, garde-loges, inicriptionsy maladie , mort, sortie* Quaran*. taines des marchandises susceptibles, non suscep-- ^ tibles. « Purge , grande et petite sereine. Transport des marchandises au lazaret. Porte- fittx. Frais. Contagion déclarée. ^— Desiiw . fection. * Établissemens philanthropiques de Marseille 217.

Chap. LXXXIII. Port de ManeîUe.— Quai Saim-- Jean. Place Saint-Jean. - La Tomrrette, Pavé des quais. C7pi/j j(;piV^tmz. -— Quai Saint- Nicolas. Fort. Inscription. *— Bastide de Louis XIV. Machine à curer le port, -^ Com- merce de Marseille. ■— Histoire. Vernet. Robert et le président de Montesquieir. •— Le Bienfait anonyme. Nicolas Complan. Le chevalier Paul. Roux de Corse.* Notre- Dame de la Qarde. : Promenades.. . ....-...• a47*

Chap. LXXXIV. Observatoire de la Marine. M. Thulis. M. Jean-Louis Ponsv Tempé- rature de Marseille. Mistral. Climat. , Instrumens. Navigateurs marseilloiâ; P)rthéas, Euthymène. *-- Histoire littéraire. —Illustres, Académie.. ...■•. 266.

Chap. LXXXV. Manufactures. Histoire. - État actuel. Soieries. Pelleteries» Savon-> ' neries. -^ Bi|oux de corail. PheHopiastiquei

Bonnets de laine. Epiceries, -^ Drogues.

Poissons marines et salés ^.. a8o,

Chap. LXXXVI. BibKothèque. Cabinet d*hi$-

toire naturelle. Collections particulières , ^

Jardin botanique. Environs de Marseille.*: ^

>/i

DES CIîAPITRES. . 6$^

ËygaladMf. ^ Tapisserie singulière. Château

Borelly. IIçs.. ;•*..•••• •• ^97*

Chap. LXXXyiI. Gouvernement des anciens McM^seilIois. Conseil de» six cents, Timmques, .

.Mopurs çt usages. Lois spmptuaires. -^^ Suicide* Zénothémis Les moeurs se cor- rompent sous les empereurs romains et dans le moyçn âge, Moeurs actuelles. Goût immo- déré pour Je plaisir. Clubs ^ maisons de jeû, bals, courtisanes. Manière de vivre, Den- rées. — Usages. Ornemens des égUses. Fêtes. La Noël .*• aubades, crèches, cigognes, repas, cajen^au, caco fueeh. Veille des Rois. •—Fête de ia Belle-Étoiie. *Jour des Rameaux, lou rampaou de Vespitaou, Pois chiches. Déli- vrance d^ captiÊ.. Feu de la Saint-Jean. Vente de fleurs. Fêtes champêtres. S. An-. toine. La Ramado. La mdisson, la vendange.

Roumûvûgi, -<- Fêles patronales ^ . . . . ^2r*

Chap. LXXXVIU. Saint-Marcel. Bas- reliefs égyptiens. Culture. L*Huveaune. Bastides. X^ Renarde, Fête patronale. Trin , course» d'animaux , d'hommes ; divers exercices ; le saut, les trois sauts; l'orbe de fer^ .

le palet, le ballon, la bravade $ jeux de hasard;, danses, la provençale, lafàrandoulofiajîioresqoe.,

les bergères, le& turques, les épéeSé. 347*

Chap. LXXXIX. ubagne. JExcursion à Ta- rento ; est-ce l'ancien Tauroentum/ Fouilles faites par M. Marin. Nouvelles fowlilles faites par M. Thibaudeau. Mosaïques, -p- Sarco- phages. — Résultat de ces recherches». Sable mouvant. Astragale. Scarabée sacré.

T t 2

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I

66ù TABXK

Les Lèques» «^ La Carfière. -^ €io^t»

Prud'hommes. I^sl Biguo, La Tdxga^.

Pécheurs. Ile- Verte. Cap de fAigle.— Grotte At corail» Comédiens. ^ Théâtre proveii^^

Vhî muscat v 4; 564.

Chap. XC. Départ de Marseille.— Icbtlijropètres.

Glanum. Mausolée Iiiscription. Arc.

Divers monumens. Saint-Remy. ^ Ins- criptions. — Culture. 393-

Chap. XCI. Route Saint-RemjF- ^ Beaucaire. --- Jardins. Origine de Beatrca^cu 6^i*- num , Bellum^Qttaàntm, Histoire. Aucassin et Nicolette. Cour plénière; -^ ^ngulicres profusions. Guerres ; religion. Foire. Boutiques ; enseignes. -— Pré de Siintè-Magde- leine; cabanes; barques; chapeUe; aorivéè, pla- cenlent. - Voleurs de grands chemins , filles publiques, jeux, filoux, médecins, cHiAirgiens, entcrreaïens, notaires, huissiers, police. Ou- * verture. Arrivée des curieux. Auberges , restaurateurs, cafés, spectacles, danses sur le pré.

Durée de la franchise. Départ. Débor- dement du Rhône. Solitude ordinaire de la

\ ville. Porte du Rhône. Château. Voie

romaine. Notre-Dame de Pomier. •^— Bas- reliefs gothiques. 4^ ^*

Chap. XCII. Pons œrarius, pont sur le Rhône.

Tarascon. Histoire..— Châtesu. Intérêt que présentent les anciens châteaux. Pas de la Bergerette* Église de S.** Marthe; statue de la sainte. La Tarasqne. Industrie, manu&ctures. -^ Hommes célèbres. Poésie provençale \ 43^*

. , DES CHJiFITKES^ 66l

Ch AP. XCIH. Nayigatîon de^ Tàrascon à^ Ârlesw Provai^Iismes et Gasc<mii«nes. hsmga& provençale; ~ ProveAcs i^*« 4^8.

Chap. XCIV. Arles. Hlstodr^ ~ Place do. Marché* -^ Obélisque* —Place de fct Coi»» -^ Maison commune. Vestibule. Inscriptions, Escalier. Vénus, Médée, Mithras. Autel de U bonne déessei. Ci>k)nne pjîllJMrev. -^ Inscriptions .,... . » . , , . . * v. ^ .* 48o-

Chap. XCV. La Tour Roland. Alescamps, ou les Champs-Elysées. -^ Tolérance. Chapelle de la Genouillade. -^ Les Porcellets; leur cha- pelle. — Inscriptions. Canal de la Durance. Aqueduc. Église Saint- Honorât. Inscrip- tions. — Crypte. Sarcophages 5*3*

Chap. XCVL Chapelle découverte appelée le Musée. Statues. Bas- reliefs. Sarco- phages. — Inscriptions J5^*

Chap. XCVII. Saint - Trophime. Portail. Sculptures. Nef. Inscription attribuée à S. Virgile. Tombeau de Geminus 584.

Chap. XCVIII. Archevêché. Tombeau. Ins- criptions.— Restes du théâtre. La Miséricorde. Colonnes de brèche africaine. Statues, torse de Jupiter, Faune endormi, tête de Bacchus. Arènes. Thermes. Forum, Prétoire. Palais des Empereurs. Urne marbre. Arc de trionqîhei SaintrCéstire, Ccwavent des Dominicains. Monumens chez divers par- ticuliers, — Inscriptions. Amazones. Sarco*

. phage de Tytranja , ..... . - 600.

Chap. XCIX. Musée à former. Etaibliss^nens divers. Société. Divers animaux; oiseaux;'

662, TABLE 0ES CffÀPITRES.

insectes. Plantas* La tarente. -i- Fontaine de la Craii^ Ciimae. NUhrdies. -^ Costume. '— Académie. Hommes îaélèbres. Trou- badours et poètes arlésiens. «^r- Jean -Baptiste Coye* - Baléchou 634.

riN J>£ LA TABLE DES C^ÀPITRSS pu TOME TRCyiSI£MS;A

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IMPRIMA '

Par les soins de J. J. Marcel, Directeur' général de rimprimeric impériale. Membre de- la JLégion d'Iumnenr*

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