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Full text of "Biographie universelle, ancienne et moderne; ou, Histoire"

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BIOGRAPHIE 

UNIVERSELLE, 
ANCIENNE  ET  MODERNE. 

PARTIE    MÏTHOLOCIQUE. 

MA— ZY. 


PARIS,    IMPRIMERIE    DE    P,    DUPONT    ET    LACDIONIE  , 
nue  Je  Criniille  St-Ilonoré,  a.  SS. 


BIOGRAPHIE 

UNIVERSELLE, 

ANCIENNE  ET  MODERNE. 

P4RTIE    MYTHOLOGIQUE  5 


HISTOIRE,  PAR  ORDRE  ALPHABETIQUE,  DES  PERSONNAGES  DF.S  TEMPS 
HÉR0ÏQ0E5  ET  OES  DIVINITÉS  GRECQUES  ,  ITALIQUES  ,  ÉGYPTIENNES  , 
HINDOUES,  JAPONAlSESi   SCANDINAVES,  CELTES,   MEXICAINES,  CtC. 


TOME  CINQUANTE-CINQUIEME. 


A  PARIS, 


CHEZ  L.-G.  MICHAUD,  LIERAI  IVE-ÉDITEUR, 

RUB    RICHELIEU,    N.    67. 

1833. 


5G0G4/' 


BIOGRAPHIE 

MYTHOLOGIQUE. 


.■^%.>-*v^X>3''^-*''*'*'*'*'*  ^^^^  * 


M 


MA ,  c'esl-a-dire  mère ,  la  mère 
par  excellence  :  Cybèle  en  Phrjgie. 
Dâ  Ma,  A«  Mu,  que  nous  voyons 
souvent  répété  dans  les  tragiques,  si- 
gnifie divine  mère,  déesse  mère,  Dea 
Mater.  C'est  de  la  sans  nul  doute  (et 
non  de  yS  ^«t7«|9)  qu'a  été  formé 
Dàraâlàr  ,  nom  grec  de  Cérès.  Mais 
de  ce  que  Cérès  a  élé  nommée  Dà- 
mâlâr  il  ne  résulte  pas  qu'elle  seule 
ait  eu  droit  au  tilre  de  Dâ  Ma  ou  de 
Ma,  qu'elle  seule  l'ait  porté.  A  vrai 
dire  ,  ce  titre  appartient  a  la  haute 
déesse  Passivelé-Fécondilë;  peu  im- 
porte sous  quelle  face  on  la  consi- 
dère. En  Phrygie ,  ou  pour  mieux 
dire    chez    toule    la  race    arméno- 

1)élasgique  habitante  du  plateau  de 
'Anadhouli ,  ce  fut  la  Terre-Monla- 
gne,laTerre-Cuhe,  en  d'autres  ter- 
mes, Cyhèle.  La  qualificaliou  de  Ma, 
donnée  a  celte  déesse ,  se  trouve 
parfaitement  en  rapport  avec  celle 
d'Amma,  père,  donnée  au  LelAtysson 
favori.  Réa  (  aussi  la  Terre ,  mais  eu 
Crète)  s'appela  de  même  Ma  en  Ly- 
die. Les  Lydiens  lui  offraient  des  tau- 
reaux en  sacrifice;  et  c'est  h  celte 
circonstance  que  fut  dû  le  nom  de 
Mastaure,  Mâ.<rrx<j(x  (de  Mus  T«ù- 
^a<),  imposé  a  une  ville  qui  fut  dans 
l'origine  un  sanctuaire  de  la  déesse. 
Enfin  de  Rée  les  mythologues ,  sui- 
vant leur  usage,  arrivèrent  à  une  sui- 
vante de  Rée.  La  déesse  garda  son 
nom  j  la  suivante  eut  celui  de  Ma. 


Ma,  dit  on,  fut  la  nourrice  (presque 
la  mère)  de  Bacchus  ;  et  ce  dieu,  ana- 
logue quelquefois  à  Mars,  reçut  k  cette 
occasion  chez  les  Cariens  le  nom  de 
Masaris,  M«s-''Ap>j5-,  le  Mars  de  Ma 
{Voy.  Masaris). 

MAANAGARMOUR  ou  Hâté, 
énorme  loup  de  la  mythologie  Scandi- 
nave, doit  le  jour  aux  amours  du  loup 
Fenris  et  de  la  géante  Gigour  ;  lors 
du  crépuscule  des  dieux  il  avalera  la 
lune.  —  Kalé  veut  dire  qui  Lait; 
Maanagarmour  signifie  dévoraleur  de 
la  lune.  Comp.  Mana. 

MABOIA  ,  le  mauvais  principe 
chez  les  Caraïbes  ,  passait  chez  ces 
ignorantes  peuplades  des  Antilles  pour 
l'auteur  des  tempêtes,  des  tonnerres, 
des  maladies,  des  éclipses,  des  appa- 
ritions fâcheuses.  Son  plus  grand  plai- 
sir, disaient  les  sauvages,  était  de 
revêtir  des  formes  hideuses  et  de 
rouer  de  coups  les  pauvres  mortels 
effrayés.  Pour  fléchir  sa  colère,  ils 
portaient  au  cou  de  petites  images , 
représentations  fidèles  des  formes 
sous  lesquelles  Maboïa  leur  avait 
rendu  visite,  et  accomplissaient  en 
son  honneur  des  pénitences  presque 
aussi  incroyables  que  celles  des  péni- 
tents hindous.  Ainsi,  par  exemple,  on 
les  voyait  se  lacérer  la  chair  a  coups 
de  couteaux,  et  faire  couler  de  leurs 
corps  enlr'ouverts  des  ruisseaux  de 
sang. 

MACAR  ,  MùtKUfi,  fils  de  Rhode  et 


LV. 


a  MAC 

d'Hélios  (le  soleil),  tu4,MBJoialDmciil 
avec  ses  frères  ,  Ténagcs  leur  frère 
commun ,  et  se  réfugia  dans  Tîle  de 
Lesbos  qui  prit  de  lui  le  nom  de 
Macarie. 

MACARÉE ,  Macareus  ,  Mxkx- 
ftis,  filsd'Eole,  commit  un  inceste 
avec  sa  sœur  Canacé ,  s'enfuit  a  Del- 
phes quand  Eole  voulut  punir  ce  cri- 
me par  la  mort  des  deux  coupables, 
et  là  se  fit  admettre  au  nombre  des 
prêtres  d'Apollon.  —  Cinq  autres 
Macarée  furent:  i"  un  Lycaonide; 
2°  un  fils  de  Jason  et  de  Médée 
(d'autres  le  nomment  Mermère);  3°  un 
Lapithe  qui,  aux  noces  de  Pirithoiis, 
tua  le  centaure  Erigdupej  4"  «n 
compagnon  d'Uljsse,  qui,  né  à  Mé- 
rite, finit  par  se  fixer  à  Caïète;  5°  un 
fils  de  Crinaque,  qui  a  la  tête  d'une 
troupe  d'Ioniens  passa  d'Achaïe  dans 
l'île  de  Lesbos  ,  et  donna  aux  deux 
villes  principales  qu'il  bâtit  les  noms 
de  Mélhyrane  et  Mitylène,  ses  filles. 

MACARIE,  1A»Kj.fU,  fille  d'Her- 
cule et  de  Déjanire,  et  par  conséquent 
«œur  d'Hyllus,  se  tua  elle-même  pour 
le  salut  des  Héraclides,  a  qui  l'oracle 
•vait  promis  la  victoire  sur  Eurjs- 
thëe,  à  condition  qu'un  des  fils  d'Her- 
cule se  sacrifierait  pour  l'armée  des 
Héraclides.  Les  Atnéniens  lui  consa- 
crèrent un  temple  sous  le  nom  d'Eu- 
démonie  ou  la  Félicité,  et  appelèrent 
Macarie  la  fontaine  de  Marathon. 
Macarie  est  l'héroïne  de  la  pièce 
d'Euripide  intitulée  \ts,  Héraclides. 

MACARTATE,  UctKi^rxra,  hé- 
ros dont  on  montrait  le  tombeau  dans 
Athènes.  Macartatos  est  le  super- 
latif de  Macar,  heureux,  usité 
dans  le  sens  à^ immortel ^  dieu. 

MACEDÎNE,  Macedwus,  M«*e<^ 
»»f,  un  des  cinquante  fils  de  Lycaon, 
ne  figure  point ,  comme  ou  pourrait 
le  croire,  au  nombre  des  person- 
nages mythologiques  à  qui  l'on  atlri- 


MAC 

bue  l'origine  du  nom  de  Macédoine. 
MACEDO ,  dieu  égyptien  que  les 
Grecs  égyptianisauts  disaient  avoir  la 
tête  d'un  loup.  Fils  d'Osir'is  et  frère 
d'Anubis,  il  suivit  son  père  lors  de  sa 
grande  expe'dilion  dans  la  Perse  el 
les  Indec,  et,  disent  les  mythograpbel 
du  monde  romain ,  forma  l'avantJ 
garde  de  l'armée  couqaérante,  comm^ 
Anubis,  ce  dieu  a  tête  de  chien , 
formait  l'arrière -garde.  Emblèmt 
frappants,  ajoutc-t-on,  de  Timpétuo^ 
site  et  de  la  vigilance:  de  TimpéUu 
site  dont  l'avant -garde  doit  faii 
preuve;  de  la  vigilance,  qualité  nécc| 
saire  à  l'arrière-garde.  Mais,  comt 
on  peut  le  voir  à  l'art.  AisuBis, 
prétendu  dieu  'a  tête  de  chien  n'ei 
qu'un  dieu  K  tête  de  chakal,  et  Mal 
cédo  lui-même  n'est  autre  que  ce  dieu. 
Les  Grecs,  assez  superficiels  dans 
leurs  observations,  prirent  la  tête 
d'Anubis  tantôt  pour  celle  d'un  chien, 
tantôt  pour  celle  d'un  loup  j  et  com- 
me évidemment  le  dieu  à  têle  de  chien 
devait  différer  du  dieu  h  tête  de  loup, 
ils  imaginèrent  Macédo.  Resterait  a 
décider  jusqu'à  quel  point  ce  dernier 
nom  fut  égyptien.  Etait-ce  un  surnom 
d'Anubis  considéré  relativement  h  une 
de  ses  fondions  et  à  une  de  ses  for- 
mes.^ élait-ce  un  nom  local,  primiti- 
vement renfermé  dans  l'enceinte  d'ui 
temple  et  dans  un  cercle  de  dévotsl 
était-ce  enfin  une  dénomination  syria 

Îue,  arabe,  élhiopienne  ou  grecquej 
l'est  ce  que  jusqu'ici  on  n'a  pu  décy! 
der.  Quoi  qu'il  en  soit ,   le  culte  dl 
dieu  a  tête  de  loup  parut  k  nombre 
de  Grecs  avoir  été  plus  particulier* 
ment  répandu  dans  deux  villes  égyj 
tiennes  qu'en  conséquence  ils  nommi 
rent  Lycopolis  (i),  tandis  que  dei 


(i)  On  disait  «ussi  \I,jrcon  ,  Lytu  ou  LycovA 
Lyeô ,  et  en  ajoutant  jwiis  ,  Lycon  polis  ,  Lyeut 
etc.,  quelquefoi*  pcut-èlie  en  latin  l.iipon 
nom  Siouth  que  nous  avous  donné  coiunie  l'équ 


I 


MAC 

aulresj  vouées  au  culte  du  chien,  re- 
curent celui  de  Cynopolis  ou  Cynôn 
(Kuvo''!raA<f  ouKu»àiv)  (2).  D'aprèscela, 
qui  ne  croirait  à  l'cxisleuce  de  quatre 
villes?  Il  n'en  est  rien.  Dans  les  deux 
Lycopolis,  comme  dans  les  deux  Cy- 
nopolis,  ou  adorait  le  guichetier  in- 
fernal Anubis  5  et  la  diffe'rence  des 
dénomiQationshelléniquesn'avaitpour 
origine  que  la  différence  légère  des 
effigies  divines.  Toutefois  les  anciens 
eux-mêmes  firent  justice  de  ce  double 
emploi,  et  réservèrent  le  nom  de  Ly- 
copolis ou  Siouth  a  la  ville  actuelle 
d'Acioutb  ou  Ociouth  dans  le  Saïd  à 
une  demi-lieue  du  INIl ,  et  celui  de 
Cynopolis  h  El-Chiz  (3).  Il  est  pré- 
sumable  que  plus  tard  ces  dénomina- 
tions furent  prises  à  la  lettre,  même 
par  d'autres  que  par  les  Grecs,  et 
que  le  loup  joua  un  rôle  quelconque 
dans  les  rites  et  dans  le  cérémonial. 
Plutarque raconte (/«5.  et  0«r.,p. 
38o  d'éd.  Xyl.  )  qu'à  Lycopolis  seu- 
lement les  habitants  osaient  manger 
du  mouton  j  ce  qui,  de  quelque  ma- 
nière qu'on  entende  la  proposition , 
indique  au  moins  un  usage  générale- 
ment pratiqué  a  une  époque  solennelle 
de  l'année.  Les  deux  chiens  (ou  plutôt 
chakals)  qui,  dans  la  sphère  antique  , 
gardaient  les  deux  points  solsticiaux 
(comp.  Clément  d'Alex. ,  Slroni., 
V,  7  ,  p.  67 1  ,  éd.  Polter) ,  et  qui 
dans  la  réalité  représentent  à  eux 
deux  le  seul  Anubis  (  P^oj-.  ce  nom) 
ont  pu  aussi  corroborer  l'erreur  : 
l'un  aura  été  pris  pour  un  vrai  chien 
sidérique  ,  l'autre  pour  un  loup ,  ce 


valent  égyptien  de  Lycopolis,  s'écrivait,  selon 
ChampoUion  (£§7/7/.  sous  les  Pharaons) ,  Siaoulh 
en  ihébain ,  Siaoïil  ou  Siooui  en  memphitique. 

(2^  Ou  même  tout  simplement  Cjnos.  Pline 
{liisl.  nalur.,\\i.  V,  chap  x)  l'appelle  Canum 
(  sous-entendu  oppidum).  L'ancien  nom  égyptien 
(  toujours  suivant  Champollion)  était  Cais , 
quelquefois  Koeii. 

(3)  Vulgairement  on  veut  que  c'ait  été  Minieh  ; 
mais  cette  opinion  est  fausse. 


MAC  3 

que  confirmait  Justement  la  coexis» 
tence  d'une  constellation  du  loup  ad- 
mise dans  tous  les  planisphères  céles- 
tes. On  peut  voir,  k  l'art.  Lycus, 
quel  rôle  aussi  important  que  my- 
stérieux et  varié  le  loup,  animal  ou 
constellation  ou  simple  mot  homo- 
nyme, vient  jouer  au  milieu  du 
culte  tout  solaire  d'Apollon.  Il  est 
impossible  que  l'union  d'Osiris  (dieu- 
soleil  semi-humain  des  légendes  égyp- 
tiennes) et  de  Macédo  n'ait  quel- 
que rapport  avec  Apollon  Lycien 
et  toutes  les  personnifications  de  ce 
genre.  En  effet ,  un  irait  du  mythe 
d'Osiris  montre  ce  prince  sortant 
des  enfers  sous  la  forme  d'un  loup, 
et  venant  ainsi  combattre  Typhon. 
Ici  le  dieu-soleil  n'est  plus  séparé 
du  dieu-loup,  il  est  loup  lui-même 
(qui  ne  songerait  à  Apollon  Lycien, 
Ayxiflf?),  ce  qui  ne  l'empêche  pas 
de  lutter  avec  un  dieu-loup ,  le  per- 
vers Typhon  (qui  ne  songerait  à 
Apollon  Lycoctone,  Av^axTcves,  c'est- 
à-dire  lueur  de  loups?). — Il  est  inu- 
tile de 'réfuter  l'opinion  de  Pindare, 
qui  dit  le  plus  gravement  du  monde 
que,  comme  Anubis,  Macédo  était  un 
des  généraux  d'Osiris  ;  qu'ils  étaient 
revêtus ,  le  premier  d'une  peau  de 
chien,,  le  second  d'une  peau  de  loup, 
ou,  selon  quelques  autres,  qu'ils 
avaient  des  casques  ornés,  le  premier 
d'une  tête  de  chien,  le  second  d'une 
tête  de  loup  j  que  naturellement  on 
les  désigna  par  les  noms  de  général  h 
tête  de  loup,  etc.,  etc.  (Diod.  de 
Sic,  liv.  I,  ch.  18).  Nous  ne  men- 
tionnons de  même  que  pour  mémoire 
la  fondation  du  royaume  de  Macé 
doine  par  Macédo  (le  même,  I,  20) 
Ce  dernier  fait  peut  aller  de  pair  avec 
la  fondation  de  Maronée  par  Maron, 
et  mille  autres  de  même  force.  Comp, 
Banier,  MythoL,  p.  267  du  t.  II. 
C'est  par  suite  d'une  confusion  plus 


4 


MAC 


bizarre  encore  que  quel(|ues  mytlio- 
graphes  ont  fait  de  Macédo  un  petit- 
fils  de  Deucalion.  Dans  le  cas  où  l'on 
tiendrait  h  concilier  celte  généalogie 
avec  celle  qui  donne  Osiris  pour 
père  au  dieu-loup  ou  dieu  -  chakol, 
il  faudrait  ne  le  faire  Deucalionide 
que  du  côte  de  sa  mère.  Or ,  jusle- 
inent  les  traditions  parlent  d'une 
Macédonie  qui  doit  le  jour  h  Jupiter 
et  àThyia,  fille  de  Deucalion.  Il  y  au- 
rait donc  ici,  outre  l'absurdité  du  fait 
primitif  (Macédonie  qui  donne  son 
nom  à  la  Macédoine),  identité  d'une 
nymphe  et  d'un  dieu.  Un  rappro- 
chement qui  n'est  pas  sans  intérêt , 
quoique  vraisemblablement  le  ha- 
sard y  donna  lieu,  c'est  celui  de 
Macedne  le  Lycaonide  avec  Macédo. 
Les  deux  noms  sont  presque  les  mê- 
mes, et  Lycaon  par  son  nom  comme 
par  sa  légende  rappelle  l'idée  de  loup 

(Aw«8f). 

MACÉDOME,  M«xe«r«/*,  fille 
de  Jupiter  et  de  la  Deucalionide  Thyia, 
donna  son  nom  h  la  Macédoine.  C'est 
la  Macédoine  personnifiée.  De  la 
chaîne  de  monis  qui  rampent  entre  la 
Thessalie  et  l'Epire  rayonnent  au  sud 
la  Grèce  propre  et  le  l'éloponèse,  au 
uord  la  Macédoine.  Or,  comme  Thes- 
sale  lui-même,  Deucalion  est  la  Thes- 
salie personnifiée.  Macédonie  descend 
donc  naturellement  de  Deucalion. 

M  ACES,  de  Buthrole,  fit  quatre 
fois  le  saut  de  Leucade,  et  quatre 
fois,  selon  les  prêtres  du  lieu .  il  fut 
radicalement  guéri  de  l'amour  qui  le 
maîtrisait  et  le  rendait  malheureux. 

MAC-GRIAN,  MAC-CUILL  ou 
Macuill  ,  MAC-CEACHT  ou  Ma- 
ceacht)  sont  les  trois  divinités  des 
Tualha-Dadan  de  l'Irlande.  Pris  com- 
mehommes, ils  se  nomment  Ea-Thoir, 
Cea-Thoir,  Tea-Thoir.  On  leur  don- 
ne aussi  les  noms  de  Var,  Jurka,  Jur- 
kata,  autrement  Brias,  Juchor,  Ju- 


MAC 

chorba.  Et  ici  un  fait  remarquable  se 

Srésenle.  \ar-Brias,  Jurka-Juclior, 
urkala-Juchorba  descendent,  dit-on, 
deCuill,  Ccacht  et  Grian  :  Mac  ayant 
signifié  fxls^  ils  sont  donc  bien  des 
Mac-Cuill,  Mac  -  Céacht  et  Mac- 
Grian.  Ce  n'est  pas  tout.  Cuill  et 
MaC-Cuill,  Céacht  cl  Mac-Céacht , 
Grian  et  Mac-Grian  ne  diffèrent  pas. 
Dans  la  mythologie  un  nu'ine  être  est 
dieu  et  homme.  On  en  fait  alors 
deux  personnes  ,  et  l'homme  est  fils 
ou  descendant  du  dieu.  Comme  dieux, 
Cuill,  Céacht  et  Grian  ont  pour 
grand-père  Daghda. 

M  A  C  H  .\ ,    héroïne    irlandaise. 

f^Oy.   MONGH-RUADH. 

MACHAON  et  PODALIRE,M«- 

;^<(w> ,  UeixMt'fiot  f  sont,  dans  la 
mythologie  grecque  ,  les  deux  Asclé- 
piades,  les  deux  fils  en  qui  se  délègue 
Esculape  (Asklêp).  On  leur  donne 
pour  mère  soit  Epione  ,  soit  Arsinoé. 
Leurs-noms  semblent  indiquer  la  mé- 
decine [fiix'i,  fi'^x.^i)  et  la  chirurgie 
{iro^ti,  Miftoa'i  «At/p*?).  Nul  doute 
que  ce  ne  soient  des  dieux ,  des  êtres 
tout  allégoriques,  des  Dioscurcs  mé- 
dicinaux comme  les  Acouins  de  l'Ilin- 
doustan.  On  les  donne  de  plus  comme 
habiles  chasseurs.  La  mythologie  épi- 
que les  a  transformés  en  hommesj  ils 
guident  les  troupes  d'OEchalie  au 
siège  de  Troie.  La,  Machaon  guérit 
Méuélas  blessé  d'un  coup  de  flèche  j 
Podalire ,  attaché  au  chef  suprême 
Agamemnon,  rendit  de  même  de 
grands  services  aux  Grecs  par  sa 
science  médicinale.  Machaon,  selon 
Virgile,  fut  un  de  ceux  qui  s'enfermè- 
rent dans  le  cheval  de  bois;  la  tradi- 
tion ordinaire  le  montre  tué  par  Eu- 
rypyle,  filsdeTélèphe.  Podalire  sur- 
vivant à  la  ruine  de  Troie,  fut  porté 
par  un  naufrage  en  Carie,  y  épousa 
Syrna,  la  fille  d'un  roi  du  pays,  et 
recul  en  dot  la  péuinsule  sud-ouest 


MAC 

qui  fut  depuis  la  Chersonèse  dorique. 
Machaon  avait  un  lombeau  et  un  tem- 
ple a  Messènej  Podalire  était  honoré 
de  même  a  Daunie  dans  la  Carie. 

MACISTE,  MÛ>ci<rro', ,  Atliaman- 
tide,  alla  s'établir  en  Triphylie,  où  il 
donna  son  nom  à  une  ville  dont  on 
lui  attribue  la  fondation. — Maciste 
était  aussi  un  surnom  d'Hercule^ 

MACRIS,  M«>ip<î,  l'Eubée  per- 
sonnifiée. Cette  île  h  forme  oblongue 
{fiencfûs)  est  extrêmement  fertile.  On 
en  a  fait  une  déité  nourricière  5  et, 
comme  telle,  c'est  Bacchus  que  l'on 
a  confié  a  ses  soins.  Mercure  ,  dit-on 
plus  tard  ,  le  lui  apporta.  D'autre 
pari,  l'Eubée  étant  consacrée  a  Juuon, 
on  jugea  que  la  déesse  devait  trouver 
mauvais  que  la  nymphe  élevât  le  fils 
d'une  de  ses  rivales,  et  l'on  écrivit 
que  la  nymphe  Macris,  chassée  de 
l'Eubée  par  Junon  ,  s'était  transpor- 
tée a  Pliéacie  (Corfou),  où  elle  nourrit 
de  miel  le  dieu  enfant.  Phéacie,  en 
récompense  de  l'hosiiitalité  qu'elle 
avait  accordée  a  l'iiumorlelle  fugi- 
tive, devint  aussi  fertile  que  l'île 
d'Eubéc. 

MACllOSIUIS,    M^y,pm;?/î    ou 
Mxx.pé(rtpis,  c'est-a-direle  grand  Osi- 
ris ,  aurait  élé ,    suivant  la  legend» 
athénienne,  un  énormegéanl.  Suivant 
Phlégon  ,  on   retrouva  un  jour  son 
corps  près  d'Athènes,  dans  un  tom- 
beau de  cent  pieds  de  long.  Ce  conte, 
comme  tous  ceux  de  même  genre , 
fut  dû  sans  doute  a  la  découverte  de 
quelques  ossements  fossiles  de  dimen- 
sions extraordinaires.   Les  Mégalo- 
saures  ,  par  exemple  ,  n'avaient  pas 
moins  de    quarante-cinq  pieds  ;  les 
Mososaures  en  atteignaient  soixante 
el  plus 5  on  a  trouvé  aux  environs  de 
Baïonne  des  requins  fossiles  dont  les 
os   annoncent  une  taille  de  plus  de 
soixante-dix  pieds. 

MACUSAM,  MAcusAwrs  ou  Ma- 


MACx  5 

r,^^sAT<us,   grand  dieu  dont  le  culte 
semble  avoir   été  porté  très-loin  ,  a 
été  pris   pour  Hercule  et  pour  Nep- 
tune.   Des    médailles    de   la  famille 
Posthumia  portent  le  nom  d'HERCULi 
Magusano  que  l'on  a  dérivé  de  la 
ville  de  Magusum   en  Afrique.    Une 
statue  découverte  dans  l'île  de  Wal- 
chertn   (Zélande)  présente  ce  même 
Magusanus  un  bident   dans  la  main 
gauche,  un  dauphin  dans  la  droite  , 
une  couronne  de  roseaux  sur  la  tête. 
Il  est  impossible  de  ne  pas  songer 
ici  h  Neptune ,  que  justement  des  mé- 
dailles de  la  gens  Posthumia  repré- 
sentent   dans    la  même   attitude   et 
avec  les  mêmes  entours.  Ceci  posé, 
qu'est-ce  que  Macusam?  un  Hercule? 
un  Neptune?    On  peut  penser  a  un 
Hercule-Neptune  :  IHercule  de  Tyr 
voyage  ;  il  passe  le  bras  de  mer  de 
Gadès  dans  une  coupe  ou  bari  sacréej 
il  brdle ,  Patèque  immortel  et  tuté- 
laire,  a  la  poupe  des  vaisseaux  ;  il  court, 
et,  frêle Mélicer te,  se  plonge  dans  les 
eaux.  Ajoutons  que  pour  des  peuples 
navigateurs  (les    Carthaginois,    par 
exemple)  le  dieu  des  mers  dut  être  la 
force  suprême.  Si,  comme  on  l'a  dit, 

he  tiitlciit  de  Nrplune  est  le  scepire  du  monde, 

l'Hercule  vrai,  c'est  Posîdôn. — Magu- 
sam  a  inspiré  au  baron  de  Donop  un 
trailé  en  deux  volumes,  das  Magii- 
sanische  Europa.  11  voit  l'Europe 
entière,  et  même  une  partie  de  l'A- 
sie, peuplée  par  les  Magas  (/^oy. 
l'art,  suivant). 

MADHOU  elREITABHA,  géants 
sivaïtcs  opposés  au  bhavanisme ,  fu- 
rent subjugués  par  MahamaVa,  indi- 
vidualisation brillante  autant  que  ter- 
rible de  Bhavani-Dourga. 

MAG,  Magus,  dieu  phénicien  (le 
grand  mage,  le  mage  modèle),  était 
le  père  de  Misor  {Foy.  ce  nom).  Oa 
l'appelait  aussi  Amyn  (Amoun). 


$  MAC 

MAGA  est,  dans  la  mytliologie 
fcindone  ,  le  fils  du  soleil  et  le  petit- 
fils  du  dieu  architecte  Viçouakarma. 
Des  traditions  lui  donnent  pour  père 
Agni  (le  feu)  né  du  cœur  d'Aditia(le 
soleil);  ISikchoumba  (l'immobile)  est 
sa  mère.  Il  habitait  une  région  mys- 
térieuse qui  est  le  pays  des  Saces. 
Samba  guéri  par  le  soleil  et  voulant 
ïui  dédier  sur  les  rives  du  Chinab  la 
statue  d'or  pur  qu'il  avait  fait  exécu- 
ter en  son  honneur,  Samba,  puissant 
dans  riambou ,  alla  chercher  Maga 
dans  sa  résidence  chérie ,  l'enleva  sur 
l'aigle  blanc   de  Viclinou  avec  dix- 
huit  familles  sacerdotales,  et  le  déposa 
dans  Sambapoura.  Maga  consacra  la 
statue  du  soleil,  et  reçut  en  don  la 
ville  de  Sambapoura  avec  de  grandes 
richesses.  —  Nous   laissons  de  côté 
les  riches  détails  du  mythe ,  mais  il 
est    essentiel   de    noter    les    points 
suivants,  i"  La  léjreudede  Maca  in- 
dique  I  importation  d'un  culte  étran- 
ger du  nord  dans  le  sud.   Plus  d'un 
exemple  de  ces  colonisations  pacifi- 
ques d'un  culte  étranger,  provoquées 
par  les  sectateurs  du  culte  indigène, 
se  trouve  dans  l'Inde.  Un  empereur 
mongol  fit  ainsi  venir  des  Bouddhistes 
du  Tibet  pour  civiliser  ses  guerriers. 
2»  Celle  colonisation  est  pacifique. 
3°  Elle  est  favorable  au  vichnouvisme: 
Samba  d'abord  avait  été  l'ennemi  de 
Krichna.  4^°  Les  Magas  sont  nne  race 
sacerdotale.  5°  Le  pays  où  ils  s'éta- 
blirent porte  le  nom  de  Magada  ,  le 
même  que  Sikata.    6°  Dans   le  pays 
même  d'oîi  Maga  est  dit  originaire 
habitent  quatre  castes,  les  Magas,  les 
Magacas,  les  Manaças  et  les  Magadas 
qui   correspondent  exactement    aux 
quatre  castes  hindoues.  Les  noms  mê- 
mes indiquent   que   deux  au   moins 
d'entre  elles  se  rattachaient  aux  Ma- 
gas. j"  Les  dix-huit  familles  sacerdo- 
tales venues  avec  Maga  s'unirent  aux 


MAC 

Bodjakas,  castes  guerrières  issues 
de  Bodja.  La  loi  des  castes  ainsi  v 
lée  fut  mise  en  oubli  dans  le  pays 
Magada.  8"  C'est  aussi  dans  le  pa 
de  Magada  que  nous  voyons  naître  la 
religion  bouddhique  qui  abolit  expres- 
sément le  système  des  castes.  Le 
berceau  véritable  de  ce  libéralismt 
religieux  ne  doit-il  pas  êlrecheicht 
dans  le  plateau  placé  aux  frontières 
septentrionales  de  l'Inde?  9°  H  est 
aisé  de  voir  que  Maga  et  Mage  ne  dif- 
férent point.  Ces  Magas  qni  habitaient 
au  nord  du  Kaboul  dans  la  région  où 
•e  trouve  l'antique  Baclres  (aujourd. 
Balk)  ou  Zariaspe,  ont  jeté  des  colo- 
nies et  des  idées  dans  la  Perse  d'une 
part ,  et  de  l'autre  le  long  du  Caucase 
et  dans  la  Transoxane.  La  Sarmatii 
l'Europe  entière,  les  îlesbritanniqu 
mêmes  connurent  le  nom  de  Magas 
vécurent  sousl'iufluencede  cette  idé 

MAGADA,  c'est-a-dire  probabl 
ment  Magd  ou  Maedchen  ou  Mai 
ou  quelque  mot  analogue,  était  la 
déesse  favorite  des  Saxons.  Ce  mot 
veut  d'ire Jîile  ou  vicrf;f.  Aussi  les 
mythologues  l'assimilent- ils  à  une  Ve- 
nus, C'est  sous  Charlemagne  que  fut 
abattu  sou  temple  long-temps  res- 
pecté par  les  Huns  et  les  Vandales. — 
Les  Magadas  sont  une  des  quatre 
castes  qui  habitèrent  le  pays  d 
Saces. 

MAGANCE,  Magantius,  ou  M 
GOINCE,  MoGOHTius,  fonda  Maïe; 
ce  (Mogontiacum).  C'était  un  d 
Troyens  qui ,  eciiappés  a  la  ruine 
leur  ville  natale,  se  réfugièrent, 
comme  Francus,  sur  le  continent  eu- 
ropéen ,  et  ne  purent  trouver  d'a- 
sile qu'a  sept  cents  lieues  de  leur 
patrie. 

MAGARSIDE,  Magarsis,  m«- 
yupa-iç.)  Minerve  h  Magarse  en  Cili- 
cie,  où  elle  était  honorée  comme  une 
dcilé  médicinale  {Minen>a  Medicà), 


^ 


asc 

I 


Ire 

i 


MA.H 

et  en  conséquence  représentée  sans 
égide  et  avec  un  serpent  dont  les 
plis  volumineux  enlacent  sa  taille. 

MAGÎSÈS,  M«7»;jf,  un  des  fils 
d'Éole  et  d'Énarète,  épousa  une 
Naïade  dont  il  eut  Polydecte  etDic- 
tys,  qui  tous  deux  se  rendirent  plus 
tard  dans  l'île  de  Sériphe  {Serfo), 
et  s'y  établirent.  ApoUodore,  I,  3,  3, 
lui  donne  encore  un  troisième  fils  ,  le 
célèbre  prince  thrace  Piéros,  père  des 
Piérides.  Eustathe,  suri' Iliade,  dé- 
roule toute  sa  généalogie  descen- 
dante ,  Alector  son  fils ,  Hémon  sou 
pctil-fils,  Hypéroque  son  arrière-pe- 
tit-fils 5  suivent  Tentbrédon  bis-ar- 
rière-petit-fils,  Prothoos  tris-arrière- 
petit -fils.  Prothoos  conduisait  les 
Magnètes  a  Troie.  Enfin  le  IScbo- 
liaste  d'Euripide  {sur  la  Phénic, 
V.  1 74^8  )  assigne  à  Magnés  pour  fem- 
me Philodiee,  pour  fils  Eionée  et 
Eurynome.  On  lui  attribue  aussi 
l'origine  du  nom  de  Magnésie.  Nous 
savons  à  quoi  nous  en  tenir  sur  cette 
espèce  de  mythologie.  Magnes  veut 
dire  les  Magnètes  et  la  plage  habitée 
par  les  Magnètes.  Le  sens  historique 
de  la  légende  serait  donc  que  les 
Magnètes  étaient  de  race  éolienne, 
qu'ils  peuplèrent  Lesbos,  qu'ils  jetè- 
rent des  rameaux  vers  la  ïhrace.  — 
Un  autre  Magnes  ,  fils  d'Argus  et  de 
Përimèle,  descendait  en  conséquence 
de  Phryxus  par  son  père,  d'Admèle 
par  sa  mère.  Il  fat  père  d'Hyménée, 
et  régna  dans  la  Magnésie.  C'est  aussi 
un  de  ceux  dont  les  légendaires  ont 
fait  l'auteur  du  nom  de  ce  pays. 
,  MAGUS,  chef  rulule  tué  par 
Enée. 

MAH,  Ized  delà  lune  dans  la  my- 
thologie zoroaslérienne,  est  présenté 
comme  mâle.  Comp.  Mawa  ,  Ama- 
zones, etc. 

MAHABALIousimplementBALI, 
géant  terrible,  avait  obtenu  la  souve- 


MAH  i 

raineté  des  trois  mondes.  Fier  de  sa 
puissance,  il  se  regarda  comme  l'égal 
ou   plutôt  comme   le   supérieur  des 
dieux.  D'un  avis  unanime  les  dieux 
chargèrent  Yichnou  de  punir  l'insensé. 
Vichnou,  qui  jusqu'alors  s'était  incar- 
né quatre  fois,  mais  sous  des  formes 
animales,  emprunta  les  traits  du  brah- 
me-nain  Varaana,  et  se  présentant  de- 
vant le  colosse  couronné  le  pria  de  lui 
donner  trois  pas  de  terrain.  Mahabali 
se  prit  a  rire,  et  jura  de  lui  accorder  sa 
demande.  Soudain  Vamana  développe 
des  jambes  immenses ,  il  mesure  la 
terre  d'un  pas  ,  le  ciel  de  l'autre ,  et 
du  troisième  il  va  embrasser  les  en- 
fers ,  lorsque  le  géant  pliant  les  ge- 
noux  devant  lui  le   reconnaît  pour 
maître  et  seigneur ,  et  confesse  son 
infériorité.  Vichnou  lui  laisse  la  sou- 
veraineté des  enfers,  et  prend  a  cette 
occasion  le   surnom   de    Trivikra- 
ma  ,  ou  aux  trois  pas.  Au  reste,  on 
ajoute  que  chaque  année ,   au  mois 
d'août  ou  de  novembre,  le  géant  pa- 
raît sur  la  terre,  livre  bataille  au  dieu, 
et  vaincu  de  nouveau  se  replonge  dans 
l'abîme.  Bali  est  une  incarnation  de 
Siva.  Sa  lutte  contre  Vamana  indi- 
que celles   qui  eurent  lieu  entre  le 
vichuouvisme,  représenté  d'abord  par 
d'humbles  brahmes ,  et  le  sivaïsme, 
fier  d'avoir  pour  adhérents  les  Kcha- 
triias,  pour  chefs  des  rois.  Il  faut  se 
garder  de  croire  cependant  que  ja- 
mais Bali  ait  existé,  et  encore  bien 
plus  de  croire  a  l'identité  de  Bali  et 
du  Béluj  des  légendes  assyriennes. 
Bélus,  c'est  Baal;  et  Baal,  c'est  Bali;' 
nul  doute!  Mais  Bélus,  Baal,  Bali, 
n'ont  eu  d'existence  que  dans  l'ima- 
gination des  peuples.  Au  reste ,  Baal 
et  Bali ,  ce  sont  les  maîtres  et  5e/- 
gneurs  :  eh!  bien,  un  des  caractères 
de  Siva,  c'est  d'être  roi,  Siva  Radja, 
Iça,  Içouara,  Mahéça,  Mahéçouara. 
La  conversion  de  Mahabali,  seigneur 


8 


MA.H 


des  trois  inondes  et  par  consétjueut 
du  séjour  lumineux ,  eu  Bali  simple 
soureraio  des  enfers,  est  curieuse  et 
s'explique  aisément.  Siva  est  noir  et 
fuucste  :  Kala  ,  voilà  son  nom  î  Le 
monde  romain  a  senli  Tinfluence  de 
ccsmjthes  dans  ces  guerres  de  géants 
et  dans  le  rôle  donné  à  Pluton.  Na- 
turellement Jupiter  est  dieu  des  trois 
mondes;  il  est  Summanns;  et  Aïdonée 
signiEe  le  seigneur  :  c'est  par  dé- 
doublement qu'on  voit  apparaître  Plu- 
ton,  roi  seulement  de  l'empire  des 
morts,  et  Pluton  au  fond  n'est  que 
lui  ;  témoin  ce  titre  de  Jupiter  In- 
Jtrnus  qu'on  lui  donne  si  souvent.  II 
est  donc  évident  que  Bali  et  lama  ne 
diffèrent  pas  aujourd'hui;  mais  l'iden- 
tité ne  provient  que  d'une  fusion  des 
cultes* 

MAHAÇOUARAGRAMA  {mot  li 
mot  la  grande  échelle  des  sons)t%i 
aux  Indes  la  gamme  personnitîée. 
Les  sons  se  nommeut  Souaras  ,  les 
modes  Rngas.  De  là  :  :°  la  gamme, 
Seplaka  (  heplade  )  ou  Souaragrama 
(l'échelle  des  sons  ),  qui  se  compose 
des  sept  sons,  dénommés  Sa,  Ri,  Ga, 
Ma,  Pa,  Da,  Kij  2°  les  Raguinis, 
nymphes  divines  qui  représentent  les 
quatre  systèmes  foudamentaux  de  la 
musique  indienne.  On  compte  cinq 
Ragumis  pourtant;  mais  la  cinquième, 
qui  est  en  un  sens  la  première ,  ré- 
capitule les  quatre  autres,  les  précède, 
les  contient.  Dans  une  charmantegra- 
vure  (/^.  Guigniaul,  trad.  de  Creu- 
zer,  t.  IV,  pi.  xviii).  la  Raguini  prin- 
cipale sort  d'un  puits,  le  vina  dans 
la  main  gauche,  et  dans  la  droite 
une  espèce  de  balance  {Voy.  Ragui- 
Uis).  Sa,  première  note  de  r^chcUe 
tonique ,  se  nomme  aussi  Shardja. 
Souvent  elle  paraît  sons  les  traits 
de  Saracouati,  déesse  de  la  musique 
et  reine  des  sons.  Mahacouaragrama 
n'est  que  Sa  ou  Shardja  sublinHM^  par 


MAI! 

conséquent  c'est  une  snballernisationT 
de  Saraçonati.  Dans  la  théorie  hin- 
doue, comme  dans  la  nôtre  ,  la  musi- 
(jue  dislingue  dans  une  gamme  oui 
dans  un  ton  la  tonique,  la  médianltf! 
(ou  tierce)  et  la  dominante  (ou  quinte)1 
qui  se  nomment  Ansa,  (iraha,  Viarai/l 

MAHA.Ç0U1\IDÉRA,  divinité  pé-*j 
gonane,  parèdre  de   Golama  ou  Sa-" 
manakodom  .  se  voit  dans  les  temple^» 
de  ce  dieu  réformateur.  En  IndochmeJ 
Mahaçoumdéra  passe  pour   femme  j 
c'est  grâce    à  elle  que   le  monde  s( 
conserve,  et  c'est  par  elle  qu'au  boni 
du  iouga    funeste  où   nous  sommes, 
la  terre  sera  brisée  et  THniversplont 
dans  l'abîme  du  chaos. 

MAIIADÉVA,  c'est-à-dire  Siva! 
Grand  Dieu  :  Voy.  Siva;  et.  poni 
ce  qui  regarde  la  dénomination  de  Mai 
hadéva,  Hrahma,  LUI,  487  et  snivj 

MAH.\DI,  le  dieu  des  Druses,  Ha^ 
kem,  dans  sa  quatrième  incarnation/ 
il  cachait  alors  sa  divinité  sous  les  traiti 
d'un  conducteur  de  caravanes  ,  posJ 
seiseur  de  mille  chameaux  (  y\ 
IIakf.m,  Biogr.  univ.y  XI\,  32o) 

MAIIA-KACIAPA  ,  le  premie< 
des  successeurs  de  Chakia,  fut  enl 
terré  h  Houddhagaïà.  Son  tombeal 
devint  un  pèlerinage  célèbre;  et,  dè| 
le  cinquième  siècle  ,  des  dévols 
grand  nombre  visitaicr.t  des  grofli 
qui  portaient  les  vestiges  dureligicul 
séjour  de  ce  personnage  fameux. 

MAHAKALL  Foy.  Kali. 

MAHAMAIA  ,  c'est  -  à  -  dire 
grande  Maïa  :  i"  Maïa  cllc-mèm< 
en  tant  que  femme  de  Hrahm  ,  et  pal 
conséquent  identique  à  Sakti  ou  Par 
çakti  ;  2°  Maïa  ,  en  tant  que  lîhavar 
(en  cette  qualité,  on  la  voit  dans 
Siva-Pourana  combattre  contre  Ici 
géaqts  Madhou  et  Keitabha ,  ainj 
que  contre  Mahécha  et  Mahéché 
coura ,  et  enfin  contre  les  géant 
Shoumbha  e<t  r^ishoumbhaj 


MA  H 

mère  de  Bouddha.  Celle  dernière 
n'est  qu'une  incarnation  de  la  grande 
déesse  que,  tour  a  tour,  on  voit  épouse 
de  Brahm  sous  son  nom  de  Maïa,  et 
femme  des  trois  personnages  de  la 
Trimourtij  sous  les  noms  de  Sri,  de 
Lakchmi  et  de  Bhavani. 

MAHANAÏMA ,  la  grande  âme , 
est,  dans  la  cosmogonie  du  Manava- 
Dharraa-Sastra,  une  des  émanations 
les  plus  hautes  de  l'Etre  suprême,  ou 
peut-élre  l'émanation  la  plus  haute. 
Mana  seul  peut  lui  disputer  ce  rang. 
Lorsque  Souaïarahhou,  devenu  Pou- 
roucha-Viradj  ,  développe  l'œuf  d'or 
qui  flotte  dans  les  eaux  primitives  , 
soudain  apparaissent  cinq  éléments  ; 
puis,  Ahankara,  l'individualité,  l'in- 
dividualisation el  presque  la  force  in- 
dividualisantej  Matianalma,  la  grande 
âme,  c'est-a-dire  la  A'italilé  univer- 
selle qui  circule  dans  tous  les  mem- 
bres de  ce  vaste  corps  qu'on  nomme 
Univers,  et  dont  l'influence  le  trans- 
forme en  Kosmos;  enfin  Mana,  l'in- 
telligence ,  la  raison,  la  raison  vo- 
lonté, le  Logos.  Ahankara  se  com- 
plique quelquefois  de  Mana,  mais 
plus  souvent  s'en  détache.  Les  com- 
mentateurs du  Manava-Dharma-Sas- 
tra  varient  beaucoup  sur  les  agence- 
ments des  huit  principes.  Toutefois 
ils  opposent  tantôt  les  cinq  éléments 
qu'ils  nomment  Malras,  essences  fe- 
melles, principes  passifs,  aux  trois  es- 
sences actives 5  tantôt  les  sept  prin- 
cipes qu'ils  qualifient  de  sept  Pou- 
rouchas  a  Mana  ou  à  Mahanatma. 

MAHANNA,  le  soleil  dans  la 
croyance  d'Olaïli  et  des  îles  des 
Amis,  apparut  avec  des  formes  hu- 
maines; et,  comme  tel,  il  prend  le 
nom  d'Euroa  Taboa,  septième  fils  de 
Taneet  de  Tarra.  Il  épousa  i"  Tauna 
sa  sœur  qui,  seule  de  toute  la  famille, 
était  restée  auxcieux,  tandis  que  les 
autres  frères' el  sœurs  desceudaient 


MAH  ^ 

sur  la  terre;  3°  Popoharra  Haréha 
qui  est  la  Roche  personnifiée.  Dupre- 
miermariage  ileutlestreizemois (Pa- 
piri,  Ovnounou,  Paroromoua,  Paro- 
romori,Mouriha,Heacha,  Taoâ,Hou- 
rororera,  Houriama,  Teaire,Tetai , 
Ouéaho,  Ouéa).  La  deuxième  le  ren- 
dit père  de  Télouba  Hamatou  Ha- 
tou.  Mahanna,  en  tant  qu'homme  , 
se  métamorphosa  un  jour  en  pons- 
sière.  Mahanna  est  comme  un  sep- 
tième Cabire,  représentant  du  grand 
être  ïane  ou  Taue  -Tana  (  alors 
androgyne;  comp.  l'art.  Esmoun); 
et  ses  treize  fils  rappellent  Kaciapa 
avec  les  douze  Aditias  ses  fils  (le 
treizième,  comme  on  sait,  tient  au 
système  d'année  lunaire  )  :  Taunou 
ressemble  à  la  belle  Aditi  et,  fait 
remarquable!  Mahanna,  comme  Ka- 
ciapa a  deux  femmes.  Son  incarnation 
n'est  pas  moins  digne  d'être  notée. 
Vichnou-Krichna ,  Souria,  Baal-Bé- 
lus,  Apollon  pasteur  et  maçon,  et 
la  longue  série  des  législateurs  solai- 
res dans  toute  l'Amérique  tiennent  à 
la  même  idée. 

MAHAPADMA,  un  des  quatre 
grands  éléphants  qui  portent  le  mon- 
de (c'est- "a-dire  la  terre  avec  les  Souar- 
gas,  etc.)  sur  leurs  vastes  épaules  et 
sur  leurs  reins ,  occupe  l'angle  sud 
de  l'Univers.  Les  trois  autres  sontYi- 
roupakcha  (est),  Saoumanaça  (ouest), 
et  Himapandoiira  (  au  nord  ). 

MAHÉCHA  ou  MAHÉCHAÇOU- 
RA  (vu!g.  Mahisha  ou  Mahishasura) 
est ,  dans  la  mythologie  hindoue  ,  le 
grand  (maha)  seigneur  (  ica  ou  icha  ) 
des  Acouras  (génies  funestes).  Roi  à 
la  tête  de  buffle,  il  attaque  les  dieux  , 
les  bat,  les  met  en  déroule  ,  les  force 
a  se  précipiter  surla  terre  où  ils  men- 
dient. Sacadvipa  (  le  pays  des  Saces) 
est  le  lieudercfugeoù  ils  se  réunissent. 
Cette  fuite  ,  cet  asile  ,  l'humble  et 
presque  ignoble  rôle  auquel  se  cou- 


10 


MAH 


damnent  les  dieux,  rappellent  parfai- 
tement et  la  Gigantomacliie  et  le 
triomphe  momentané  des  géants,  et 
la  fuite  des  dieux  liellénic|ucs  en 
Egypte,  et  la  forme  animale  qu'ils 
empruntent  pour  se  masquer.  La  vic- 
toire de  Mancchacoura  ne  dure  que 
f)eu  d'iustants,  c'est-a-direenmytlio- 
ogie  peu  de  siècles.  Les  dieux  battus 
et  mécontents  mendient  ,  outre  leur 
subsistance,  le  secours  des  divinite's 
les  plus  hautes,  Brahmâ  ,  Vichnou  , 
Siva.  Le  premier  confesse  son  impuis- 
sance; mais  Vichnou  elSiva,  indignés 
de  Tinsolence  du  roi  des  Âçouras  , 
se  réunissent  pour  commencer  sa  pu- 
nition. Vichnou  pousse  un  long  cri  et 
fait  résonner  sa  conque*  son  visage 
rayonne  en  même  temps  que  ce- 
lui de  Siva.  De  ces  flots  d'éblouissante 
et  pure  lumière,  dont  s'illumine  la 
profondeur  de  l'espace,  jaillit  la  puis- 
sante Mahamaïa,  haute  comme  une 
montagne,  armée  de  toutes  pièces 
comme  les  dieux,  guerrière  aux  dix 
bras  ou  aux  dix  énergies  (  aux  dix 
Saktis,  que  bientôt  on  transforme 
eu  dix  Matris).  Elle  taille  en  piè- 
ces l'armée  des  Acouras;  mais  Ma- 
bécba  revient  à  la  charge,  et  sa  ré- 
sistance opiniâtre  jette  quelque  dé- 
sordre dans  l'armée  lumineuse  que 
commande  la  Haute  Énergie.  Adroite 
et  légère  autant  que  forte  et  colos- 
sale, celle-ci  projette  sur  lui  le  lacet 
qui  prend  à  la  course  les  chevaux 
sauvages  et  les  taureaux  furibonds. 
Mahécha  saisi  dans  le  nœud  coulant 
qui  presse  son  cou  musculeux  se 
transforme,  pour  éviter  l'instant 
fatal  qui  doit  lui  ravir  en  même  temps 
la  victoire  et  la  vie.  Tour  a  tour, 
homme  ,  éléphant,  lion,  il  voit  la 
puissante  Mahamaïa  résister  a  toutes 
les  formes  qu'il  revèl  et  qu'il  emprunte. 
Il  en  revient  alors  h  sou  corps  pri- 
uilif;  cl  reparaît  cous  les  traits  de 


MAH 

Mahécha.  Mahamaïa  triomphe  enco- 
re, l'écrase  sous  ses  pieds,  lui  tranche 
la  tête  et  l'apporte,  trophée  hideux  et 
sanglant ,  aux  dieux  réunis  dans  Brah- 
inaloka.  La  magie  infernale  se  trouve 
détruite,  et  les  déilés  de  la  lumière 
entonnent  un  hymne  en  l'honneur  d« 
Mahamaïa.-^  C'est  surtout  dans  la 
Maïssour  que  le  mythe  de  Mahécha- 
çoura  est  populaire.  Au  reste ,  il 
n'est  pas  difficile  de  reconnaître  l'i- 
dentité parfaite  des  deux  noms,  ce- 
lui du  pays  et  celui  du  géant.  Maïs- 
sour,  c'est  la  région  de  Maliécharou- 
ra. — Holwell,  en  retraçant  la  lutte 
qui  vient  de  passer  sous  les  yeux  du 
lecteur,  a  parlé  des  dieux  qu'atta- 
que Mahéchacoura  comme  des  an- 
ges ,  et  de  Mahéchacoura  lui-même 
comme  de  Satan.  Puis,  Voltaire  e 
venu,  et  sur  ces  données  a  nié  la 
milivilé  de  la  narration  de  la  Gcn 
sur  la  chute  des  mauvais  anges, 

MAHÉCHAMOUUDINI,  la  tiiexi- 
sedehujjlts^  n'est  autre  que  Dourga- 
Bhavani  qui,  pendant  sa  guerre  avec 
Soumbha,  revêtildix  formes. Legéant 
s'était  changé  en  buffle  pour  la  vain- 
cre (Mahécha,  buffle)  Mahéchamonr- 
diniluifit  mordre  la  poussière. Sous  ce 
point  de  vue,  Ganga  est  jeune,  monte 
un  lion ,  agite  tantôt  six  mains,  tan- 
tôt dix,  et  porte  une  conque,  un  dis- 
que, une  massue,  un  lys  aquatique, 
un  bouclier  une  longue  lance;  sa 
queue  est  celle  d'un  serpent.  En  gé- 
néral Mahéchamourdiiii  nous  semble 
peu  différer  de  Singhavahini. 

MAHÉÇOUARI  (  ou  MAHES- 
WAUI) ,  c'est-h-dire  la  f^rande  si- 
gnora,  estunedes  huit  Saktis  ou  Ma- 
tris énumérées  dans  le  Dévi-Mahat- 
miam.  Elle  préside  au  sud.  On  la  re- 
présente montée  sur  un  bœuf;  ce  qui 
a  engagé  Paterson  a  la  rapprocher 
d'Europe  qu'enlève  Jupiter  métamor- 
phosé eu  taureau. 


MAI 

1 .  MAIA,  auxindes,  est  la  même  que 
Sakti,  Paraçakti,  épouse  dé  Brahm. 
Ainsi  que  l'essence  céleste  qu'on  lui 
donne  pour  mari,  elle  s'individualise 
en  formes  inférieures,  et  tour  à  tour 
se  présente  comme  femme  du  créa- 
teur ,  du  conservateur  et  du  grand 
modificateur.  Ainsi  elle  est  donc  a 
volonté  ou  Saraçouati  ou  Lakchmi  ou 
Bhavani.  Le  sivaïsme  l'a  surtout  ren- 
due célèbre  sous  ce  dernier  nom^  et 
leur  immortelle  déesse  a  dans  le  Siva- 
Pourana ,  tous  les  caractères  de  l'é- 
pouse de  Bralim.  C'est  elle  quicslla 
mère  de  laTrimourti  •  c'est  elle  qui  est 
la  première  vierge  et  la  première 
épouse  ;  c'est  elle  qui  est  la  mère  uni- 
verselle 5  c'est  elle  qui  est  la  nature 
divinisée;  c'est  elle  qui  est  l'Ioni 
(  organe  sexuel  femelle ,  qui  tour  à 
tour  symbolise  et  la  passiveté,  faute  de 
laquelle  le  créateur  agirait  en  vain 
pour  produireles  mondes,  et  l'activité 
même  que  la  passiveté  semble  receler 
dans  ses  profondeurs)  ;  c'est  la  cause 
latente  au  sein  de  l'être  suprême; 
c'est  l'énergie  (  soit  énergie  exécu- 
trice, soit  énergie  -  volition  ),  qui 
après  des  siècles  de  Nivritta  produit 
les  mondes  ;  c'est  la  phénoména- 
lité,  enveloppe  illusionnellc  de  la 
substance.  Car ,  dans  la  métaphy- 
sique hindoue,  il  n'est  qu'une  sub- 
stance, qu'un  dieu  :  le  monde  n'est 
que  phénomène;  etlasubstance  seule 
est,  et  les  phe'nomènes  ne  sont  pas  ; 
ils  apparaissent ,  rien  de  plus.  Ap- 
paraître n'est  pas  être,  et  ne  pas  être 
c'est  n^lre  pas.  En  conséquence  ,  le 
monde  n'est  pas;  le  monde  n'est 
qu'une  collection  d'apparences  de  vi- 
sions, d'idées,  de  rêves,  de  phantas- 
mata;  c'est  une  série  d'illusions;  c'est 
la  grande  illusion.  Maïa  n'est  pas  au- 
tre chose.  Elle  a  bien  d'autres  noms, 
cette  divinité  suprême!  vierge,  c'est 
Yiradj  ;  femme  ,  c'est  Ivi  ;  utérus 


MAI 


XI 


immense,  gros  des  mondes  en  germe, 
c'est  loni  ;  déesse  _,  c'es'  Dévi  ;  éner- 
gie, on  l'appelle  Sakti  ;  Mère  par  l'é- 
nergie, elle  est  saluée  du  nom  de 
Matri.  Mais  ladénomination  sublime, 
celle  qui  couronne  et  précise  les  au~ 
très ,  c'est  Maïa.  Ce  monde  tant  ad- 
miré, ce  monde  qui  suppose  tant  d'ac- 
tions productricesdistinctes, ce  monde 
qui  n'a  pu  naître  sans  une  énergie  di- 
vine, sans  uneparole  divine,  ce  monde 
matière ,  ce  monde  visible  .  tangible, 
à  tous  les  sens  accessibles,  ce  monde, 
la  réalite  même,  et  au  dire  de  quelques- 
uns  l'unique  réalité..., eh  bien!  l'Inde 
vous  le  déclare,  ce  monde  n'est  pas: 
les  phénomènes  ,  illusion!  la  ma- 
tière que  nous  voyons,  que  nous  pal- 
pons, illusion  !  les  sens  qui  jugent  et 
qui  croient  a  son  existence,  illusion! 
l'harmonie  que  nous  apercevons  dans 
ce  grand  tout,  illusion!  la  beauté  que 
nos  âmes  se  plaisent  à  y  saisir,  et  nos 
lèvres  a  y  proclamer  ,  tout,  dansces 
apparences  (jui  se  dessinent  sous  no- 
tre œil,  est  fantasmagorie.  Dieu  est 
comme  substance ,  le  monde  paraît 
de  temps  h  autre,  et  en  lui  nous  aussi 
alors,  nous  hommes ,  nous  ,  simples 
phénomènes,  ainsi  que  le  monde,  ap- 
paraissons. Bientôt  le  monde  cesse 
de  paraître ,  et  nous  aussi.  Et  ici  se 
dessine  la  loi  éternelle:  tour  h  tour 
Brahm  est  un  bloc  irrévélé  011  rien 
ne  se  distingue;  puis,  Brahm  se  dis- 
tingue ,  se  scinde,  se  fait  substance 
et  phe'nomènes.  11  y  a  donc  tour  à 
tour  émanation  et  absorption  ;  l'é- 
manation est  ce  que  l'on  appelle  créa- 
tion; la  réabsorption  de  ce  qui  émane 
passe  pour  destruction.  Des  milliers 
d'émanations,  de  créations  ont  eu  lieu; 
des  milliers  suivront.  Quand  lare'ab- 
sorption  est  faite  et  que  le  monde  n'est 
plus,  même  en  apparence,  Bralim  seul 
est;  quand  une  émanation  commence 
Brahm  est  Brahm-Maïa.  La  réalité 


3 


«a  HAI 

ne  cesse  point  et  le  fantastique  se  sent 
déjà 5  mais  ce  fantastique  j^ît  dans  la 
réalité.  Maïa  se  dessine  dansBralim. 
L'épouse,  naguère  absorbée  dans  Té- 
poui ,  ne  quitte  pas  les  bras  de  l'é- 
poux. Au  reste,  Maïa  naturf-illu- 
s'ion  n'en  est  pas  moins  Maïa  na- 
ture-beauté. Cesl  qu'efrcctivemeul  la 
nature  a  beau  n'être  qu'apparence , 
«lie  est  belle.  Et  que  nous  importe 
que  le  monde  soit  cbose  idéale  ou 
chose  réelle ,  si  l'idéal  nous  encbantej 
que  les  formes  ne  tapissent  point  de 
fond,  si  les  formes  sont  cbarmantcs  j 
ue  nul  substratum  u'étayc  cesmyria- 
es  de  phénomènes,  si  les  phénomè- 
nes s'harmonicnl  avec  nos  yeux  et 
■s'insinuent  voluptueusement  dans  nos 
âmes??îous  avons,  le  monde  et  nous, 
la  mêmeréalité.  Eu  faut-il  davantage? 
C'est  justement  le  fantasmap;orique , 
le  périssable  ,  le  changeant  que  nous 
aimons^  et  celle  substance  vraie,  im- 
muable, étemelle,  qui  peut  nous  dire 
qu'elle  est  belle  .^  Maïa  s'appelle  tiussi 
Mahamaïa,  la  grande  Maïa.  Funeste 
on  trompeuse,  sans  être  utile,  elle 
«'appelle  Mohanimaïa.  —  Presque 
toutes  les  mythologies  se  sont  em- 
parées de  Maïa,  c'est- k -dire  de 
quelques- unes  de  ses  faces j  mais 
c'est  en  Grèce  surtout  qu'il  est  cu- 
rieux de  la  suivre.  Elle  s'y  présente 
fious  des  masques  différents:  i"  éner- 
gie, elle  est  devenue  Pallas,  puis- 
«anle  en  armes, puissante  en  sagesse, 
assise  h  la  droite  de  Jupiter  ,  époux 
de  Junoii ,  vierge  par  excellence  et 
Jiièrepourlant(A^q)'.  Euichthomus) 
et  même,  assumant  le  rôle  mâle, 
l'organe  mâle  dansla  création  (<I)«/A«V- 
Pallas,  véritable  Arddhanari)}  2' 
épouse,  c'est  Maïa,  l'épouse  du  grand 
dieu  (elle  donne  naissance  à  l'inven- 
tion, Téloquence.  linduslrie  incarnée, 
Mercure) j  3°  mère,  c'est  la  grande 
accoucheuse ,   la  grande    Gleuse,   la 


l 


MAI 

grande  faiseuse, llitliye(/^'.ce nom),  et  1 
llithye  au  fond,  qu'est-ce,  sinon  Maïa, 
Mecict.,  MaiivTfix.  ('a  sage-femme)  V  4-° 
humanisée  ,  c'est  TÈve  païenne,  l'Eve 
de  la  famille  de  Japel ,  TEve  des  Dé- 
dalides;  c'est  Pandore,  la  beauté  et  il 
la  déception.  Mais  comp.  ici  a  Maïa,  :" 
Mohanimaïa,  en  apparence  sa  con- 
tre-partie ,  Maïa  elle-même  sous  la 
face  funeste. 

2.  MAÏA,  mère  de  Mercure,  eut 
ce  dieu  de  Jupiter.  On  la  montre  aussi 
nourrice  d'Arcas.  Quelquefois  Cybèle 
(ou  Tellus?)  ou  une  fille  de  Faune, 
femme  de  Vulcain  ,  semble  lui  dis- 
puter ce  nom.  On  sait  que  mère,  ac- 
coucheuse et  nourrice,  dans  la  langue 
jnythologiqueprimitive  ne  iirentqu'uu. 
De  même  nature,  matière,  terre, 
lune,  onde  primordiale,  ne  diffèrent 
as.  C'en  est  assez  pour  mettre  sur 
a  voie  des  interprétations  vraies 
qu'il  faut  donner  a  la  légende  de 
Maïa.  On  complétera  ces  notions  eu 
lisant  les  art.  Ilithye  et  Maïa  n°  r, 
Fauke  et  Ha>ou.man.  Au  reste, 
on  fil  de  Maïa  une  des  sept  Pléiades, 
filles  d'Atlas  et  de  Pléioiie.  Mais  tou- 
jours les  cultes,  en  se  fondant,  ma- 
rièrent ainsi  les  familles  étrangères  : 
la  haute  déesse,  la  sage-femme,  l'u- 
nifcrs,  fut  liée  au  dieu-mont  primor- 
dial j  et,  plus  tard,  cette  fille  d'un 
Titan  fut  censée  l'amante  du  chef  des 
Cronides  ou  d'un  de  ses  fils. — On  sa- 
crifiait h  Maïa  une  truie. 

S.  MAÏA,  autrement  Majesta,  di- 
vinité locale  du  Lalluin,  était  honorée 
d'un  culte  particulier  aTuscu^um.  On 
la  disait  épouse  de\  iilcain,  et  le  mois 
de  mai  (Maïus)  lui  était  consacré 
(Macrobe,  Sat.  1.  l,  c.  12).  Du  res- 
te les  anciens  ue  donnent  aucun  dé- 
tail sur  les  fonctions  de  cette  déesse. 
Toutefois  l'identiié  de  son  nom  avec 
celui  de  la  grande  divinité  femelle 
épouse  de  Drahm,  ainsi  qu'aycc  celui 


J 


MAL 

de  la  mère  de  Mercure  ,  permet  de 
penser  que,  selon  les  antiques  lliéogo- 
uies  du  Lalium ,  la  déesse  tusculane 
est  une  espèce  de  Junon-Vémis  ou 
d'Axiocerse  femelle  [F'oy.  Cabiees; 
Comp.  Spangenberg,  De  vet.  Lat. 
tel. dont.,  p.  66)' 

MAlÉÇOlIRA,ralr  divinise',  passe 
dans  le  Malabar  pour  une  des  cinq 
puissances  primitives,  émanées  du 
créateur. 

MAIRS  (les)  étaient,  soit  chez  les 
Celles,  soit  chez  les  Germains,  des 
espèces  de  ISornes,  Fées  ou  Parques 
qui  présidaient  aux  accoucliements, 
et  qui  douaient  les  enl'ants  au  mo- 
ment de  leur  naissance. 

MAÏS.   Foy.  Iama. 

MAIUS  ,  Jupiter  a  Tusculura  ,  ne 
semble  pas  avoir  été  la  terre  divini- 
sée (Maïa  masculine),  c'est  tout  sim- 
plement «le  grand  »,  Maha,  Mcz- 
dao.  Mai... {à' oh  Magis,  Major, 

fittCuv). 

MAKEMBA,  dieu  cougue  dont 
remploi  est  de  présider  a  la  santé 
du  roi ,  nVst  qu'une  natte  bordée  par 
l'extrémité  supérieure  d'une  bande 
d'étoffe  d'où  pendent  coquilles,  os, 
plumes,  sonnette,  petit  panier,  pe- 
tits tubes  de  végétaux  acotylédoues 
dépouillés  de  leur  moelle,  etc.,  etc. 
La  paix,  la  guerre,  sont  sous  l'invo- 
cation de  ce  Ferver  des  indigènes 
du  Congo.  Toute  l'adoration  consiste 
dans  une  aspersion  faite  par  un  Ganga 
sur  le  roi  et  toute  la  noblesse.  La 
sainte  liqueur  est  rouge;  et  même 
on  peint  eu  rouge  toutes  les  amulettes 
suspendues  a  la  natte  Mokisso. 

MALA  ou  MALEN,  un  des  neuf 
fils  que  la  mythologie  hindoue  donne 
au  radjah  de  l'île  de  Cliambam 
Aknidrouva.  —  Mala  était  un  uom 
de  la  Fortune  a  Rome.  Cotait,  on 
le  devine,  la  mauvaise  Fortune  5 
elle  y  avait ,  comme  telle,  uu  teH)ple 


MAL 

situé  dans  le  quartier  des  Esquilies. 
MALACHBEL  (en  lat.  Malagh- 
lîELrs),  divinité  palmyréuienne  que 
l'on  regarde  ordinairement  comme  la 
Lune.  Son  nom  pourtant  se  décom- 
pose en  Malach  (ou  Mélech)  et  Baal  j 
et  l'on  sait  que  Baal  d'ordinaire  se 
prend  pour  le  soleil,  quoique  dans 
le  langage  primitif,  et  pris  comme 
substantif  commun ,  ce  mot  veuille 
dire  maître,  seigneur.  Au  reste  il  ne 
paraît  pas  que  Malachbel  ait  clé  une 
déesse.Maislefaitn'auraitriend'élon- 
nant  :  Pharnace,  Lunus,  Tchandra  , 
dieux-lunes,  sont  tous  des  dieux  mâ- 
Ips,  ou  du  moins  des  androgynes  avec 
prédomiuance  de  virilité.  L'Arlérais 
asiatique,  d'où  Diane,  n'est  pas  même 
sans  vestiges  de  ce  genre  d'herma- 
phroditisme.  D'autres  considérations 
peuvent  se  joindre  encore  a  celles-ci 
{Foy.  Tchandea).  —  A  Malachbel 
est  uni  d'ordinaire  Aglibel,  que  d'après 
cela  il  faut  regarder  comme  le  soleil. 
Cet  Aglibel  semble  être  l'Elagbaal^ 
d'Emèse ,  si  célèbre  par  l'éclat  que  le 
jeune  grand-prêtre  lui  donna  lorsque, 
pour  UQ  instant,  les  artifices  de  sa 
mère  l'eurent  porté  à  l'empire. 

MALADIES  (les),  en  lat.  worbi, 
avaient  été  divinisées  par  les  anciens. 
Hésiode  ne  les  nomme  point  dans  cette 
longue  énumération  que  Ruhnkcn  et 
Hermann  regardent  comme  inteicalée 
dans  la  Théogonie  {v.  2  i  i-aSz). 

MALAINGHA  (les)  sont  à  Mada- 
gascar les  anges  du  premier  ordre,  et 
précèdent  par  conséquent  les  Kou- 
kop.lampons  (deuxième  ordre),  les 
Angalons  (cinquième),  les  Sakaras 
(sixième),  les  Biblis  (septième) 5  tous 
ces  dieux  sont  donc  comme  des  es- 
pèces dTzeds,  taudis  que  les  Malain- 
gha  ressemblent  à  des  Amchasfands. 
On  les  regarde  comme  présidant  aux 
étoiles  et  planètes,  aux  mouvements 
des  cieux,   a  l' alternative  régulière 


i4 


MAM 


des  saisons.  De  plus,  on  croit  qu^iîs 
veillent  sur  les  lionimes,  doul  ils  sont 
les  anges  gardiens. 

MALÉAiNDRE.  était  dans  quel- 
ques légendes  le  roi  de  Bvldos,  chez 
qui  le  coffre  -  tombeau  d'Osiris  se 
trouva  caclié  dans  une  colonue. 

MALINAR»  lé  génie  du  mal  se- 
lon les  Groënlandais ,  s'oppose  en 
toQl  a  Tliorn-gard-suk,  leur  Orinuid. 
Non  content  d'inspirer  les  mauvaises 
pensées  et  d'eirilcr  les  cœurs  au  pé- 
ché ,  il  sonflle  les  tempêtes,  fracasse 
les  barques  et  enlève  les  poissons. 

MALIS,  M*A(f,  une  des  suivan- 
tes d'Ompliale.  Hercule  eut  d'elle 
ua  fils  nommé  Cléolas.  Comparez 
Jardat4£  et  Omphale.  Le  nom  de 
Malis  (dont  au  reste  nous  ne  cher- 
chons point  Télymoiogie),  n'est  pro- 
baLlemenl  point  sans  rapport  avec 
celui  de  Mé!cs,  qui  peut-être  impliqua 
dans  l'Asie  antérieure  et  dans  la 
Grèce  pélasgique  l'idée  de  rojaulé 
{Méin.  de  l'ac.  des  Insc,  t.  IV). 

MALOPHORE ,  Malopuobes  , 
iAuXt^cftfy  et  non  comme  on  l'écrit 
▼ulgairemenl  Mai-lophobe.  Cerès  en 
tant  que  déesse  tutélairc  des  trou- 
peaux, en  d'antres  termes  déesse 
productrice  des  brebis,  était  honorée 
a  Mégare.  Elle  portait  encore  sous 
ce  point  de  vue  le  surnom  de  Mélo- 
trophos  (Rac.  j«àa«»  el  doricn^iA«», 
brebis  :  <^tfe»-^*X>.(f  signifierai  l  laine, 
et  par  consé(|uent  ne  serait  pas  ah- 
suide  j  mais  euhu  ,  til  n'a  pas  été  le 
sens  de  l'antiquité). 

MALOS  ,  lils  d'Amphiction ,  donna 
son  nom  à  la  ville  de  Malice. 

MAMAKOTCHA  était  la  déesse 
de  l'Océan  chez  les  Péruviens.  Ce 
mot  en  (|niclHia  veut  dire  mère  nier. 

MAMAKOUIN.  fétiches  qui,  selon 
les  habitants  des  IMoluques  ,  préser- 
vent ceux  qui  le*  portent  de  la  ma- 
lignité des  esprits  de  ténèbres ,  et 


MAM 

qui ,  lorsqu'on  est  sur  le  point  d'en- 
treprendre quelque  guerre,  en  pré- 
disent le  résultat.  Ce  sont  des  es- 
pèces de  bracelets  de  verre  ou 
d'autrts  matières  plus  riches.  En  ras 
de  guerre,  ils  immolent  à  la  nouvelle 
lune  une  poule,  trempent  les  brace- 
lets dans  son  sant>,  et  puis,  lorsqu'ils 
les  retirent,  examinent  quelle  nuance 
le  fétiche  a  pri^e.  Cette  nuance  leur 
indique  ce  qu'ils  ont  à  craindre  ou  à 
espérer. 

]\L\MA]NIVA,  déité  hindoue  qui 
a  sa  niche  dans  le  creux  des  acouatba 
(vulgairement  figuier  des  Banians), 
reçoit  pour  offrande  du  riz  ,  du  mil- 
let, de  la  moelle  de  canne  a  sucre. 
Tous  SCS  adorateurs  portent  au  front 
un  signe  rouge  tracé  avec  du  vermil- 
lon. Il  est  probable  que  cette  déesse 
n'est  autre  que  Hhavani  (A^oj.  cet 
art.,  LUI.  436). 

MAMERS  (  gén.  Mamertis),  le 
Mars  des  Sabins.  Ce  nom  ,  qui  dans 
la  réalité  ne  diffère  nullement  de 
Mars ,  est  indubitablement  la  forme 
la  plus  ancienne.  Mdha-Ert...^  le 
grand  Erla  (Ertosi  en  Orient  veut 
dire  Mars),  se  transforma  successive- 
ment par  Tintercalation  de  la  lettre 
M  (désinence  du  neutre  en  sams- 
krit)  et  la  contraction  des  voyelles 
»imilaires  en  AJaliaincrt...^  Maa- 
mert....  Mamvrt..,,  tandis  qu'une 
contraction  simple  donnait  Maart , 
Mari.  Mamers,  selon  le  système  sa- 
bin  ,  avait  pour  femme  Wériérié,  Né- 
rine  ou  Nérie,  la  virilité,  la  force, 
dans  laquelle  on  reconnaît  encore  le 
sainskrit  INara,  homme  {yir  par  ex- 
cellence). Mamers,  véritable  fétiche 
ilaliote  ,  était  représenté  par  «ne 
\a.uce  {qiieir .  car,  curis),  d'où  le 
nom  de  Quirinus  qui  le  désigna  cer- 
tainement plus  d'une  fois.  Ordinaire- 
ment ou  le  fêtait  conjointement  avec 
Nérine  au  printemps,  h  l'occasion  de 


MAM 

la  fête  des  Trorapeltes  ,  a  la  double 
ouverture  de  Tannée  et  des  combats. 
Quelquefois  le  sang  Immain  ruisselait 
sur  ses  autels.  Lors  d'une  disette, 
on  lui  vouait  le  produit  entier  d'un 
printemps,  plantes,  animaux  et  hom- 
mes. Le  fléau  passé,  on  immolait  tout 
au  dieu  au  commencement  de  l'anuée 
suivante.  Plus  tard  celte  sauvage  in- 
slilutionfut  modifiée  5  on  ne  consacra 
au  dieu  que  tout  ce  qui  prenait  nais- 
sance du  i*^'  mars  au  i"'^  mai,  et  11  fut 
arrêté  que  les  enfants,  au  lieu  de  pé- 
rir sous  la  lance-fétiche,  s'exileraient 
à  l'âge  de  quinze  ou  dix-huit  ans,  et" 
iraient,  la  tête  couverte  d'un  voile, 
fonder  des  colonies  loin  du  sol  natal. 
C'est  ce  que  l'on  appelait  ver  sa- 
crum ou  printemps  sacré.  Voir  Slra- 
bon,  l.V,p.  2  5o;Tite-L.,l.XXII, 
n.  9  et  I  o;  Den.  d'Haï. ,  1. 1,  ch,  i  6 
avec  les  comment,  j  Fest.  ,  p.  587 
d'éd.  Dac.  ;  et  comp.  Morilz,  An- 
thus.,t.\,  p.  329f  Nicbniir,  H. 
lom.  (eu  ail.),  t.  I,  p.  102  (3"  éd.). 
Cet  usage  fut  introduit  a  Rome  par 
Talius. 

MAMMON  on  MAMMOUN,  cé- 
lèbre dieu  des  richesses,  était  adoré 
des  Syriens.  Milton  a  mis  ce  Plutus 
philistin  parmi  les  anges  rebelles.  Ce 
nom  rappelle  le  Mai-Amoun  (aimé 
d'Amoun  ou  fils  d'Amoun)  qui  se  trou- 
ve tant  de  fois  sur  les  listes  des  dy- 
nasties égyptiennes  (Voy.  Relig.  de 
Vantiq.fiïdià..  de  Guigniaut,  1,957). 
Peut-èlre  aussi  est-ce  un  Amouu. 

MAMUIl ,  Mamukiijs  Veturius 
(fautivement  dans  quelque  édition 
d'Ovide  Mammurius),  artiste  romain 
que  Numa  employa,  disent  les  lé- 
gendes antiques,  h  la  confection  des 
onze  anciles  humains  au  milieu  des- 
quels le  prince  déposal'aucile  céleste 
{^HTriTtii)-,  de  peur  que  la  malveil- 
lance ne  pût  soustraire  ce  gage  de 
l'éternelle  durée  de  Rome.  Mamur 


MAM 


i5 


refusa  toutes  les  récompenses  que  lui 
offrait  Numa  pour  prix  de  son  travail, 
et  voulut  seulement  que  son  nom  fût 
mentionné  dans  les  hymnes  des  Sa- 
liens (Ovide,  Fastes,  1.  III,  v.  269, 
etc.  ,385,  etc.).  Cette  simple  com- 
mémoration du  nom  d'un  mort'  dans 
les  chants  officiels  passait  pour  une 
sorte  d'apoliiéose.  11  est  curieux  de 
voir  de  même,  à  une  époque  d'incré- 
dulité et  d'iudifférentisme,  le  monde 
romain  invoquer  a  table  le  nom  d'Au- 
guste avec  celui  des  deux  Dioscures 
vulgaires.  Castor  et  Pollux  (Horace, 
ode  i  ,  liv.  iv),  et  de  comparer  le 
vœu  du  peuple-roi  au  sujet  de  Ger- 
manicus  (Tacite,  Ann..  1.  II,  c.  83). 
Toutefois,  il  n'y  a  pas  ici  d'homme 
divinisé, — Il  serait  joli,  sans  doute, 
en  remontant  le  fleuve  des  âges,  de 
saisir  a  ces  époques  reculées,  sous 
des  formes  nouvelles  pour  nous,  celte 
passion  de  la  gloire,  dominante  chez 
lesarlistes,  de  voir  l'habile  ouvrier, 
au  lieu  d'inscrire  au  bas  de  son  ou- 
vrage Mainurius  fccl ,  glisser  son 
nom  dans  les  versets  sacrés,  au  mi- 
lieu des  noms  divins  que  répètent  les 
bouches  des  pontifes,  et  assurer  à  sa 
mémoire  la  même  immortalité  qu'à  la 
religion.  Mais  l'ingénieux  doit  céder 
la  place  au  vrai.  Mamurius ,  malgré 
les  longs  détails  de  la  légende,  n'eut 
jamais  d'existence  5  et  l'auteur  des 
onze  ou  des  douze  anciles  (car  rien 
n'empêche  que  les  douze  soient  sortis 
de  la  même  main)  n'a  rien  k  démêler 
avec  le  nom  auguste,  appendice  per- 
pétuel des  Axamenta.  A  notre  avis, 
ce  nom  n'est  autre  que  celui  de  Mars 
(Mameri  des  antiques  Sabinsj  comp4( 
Court  de  Gébelin,  Monde  prim. , 
t.  IV,  p.  373  ).  En  effet,  ne  serail-il 
point  étonnant  qu'un  dieu  tel  que 
Mars  n'eût  jamais  été  invoqué  par  des 
prêtres  guerriers  ,  par  les  prêtres  de 
Rome  la  forte ,  par  les  prêtres  qui 


s6 


MAN 


portaient  processionnelleinent  le  bou- 
clier, tandis  que  le  reste  des  cliants 
s'adressait  à  une  Mauia ,  a  une  Lucia 
Voluinaia,  a  un  Jupiter  Lucelius? 
Yarron,  h  qui  un  ducle  instinct  faisait 
sentir  Vallcgorie  qu'incontestablement 
renferme  tout  le  poème  sur  la  des- 
cente des  Ancilies  et  sur  T institution 
des  Salicns  ,  a  été  moins  heu  reux 
lorsqu'il  a  pensé  que  Mamur  était  la 
mémoire  personnifiée.  Ovide  peut- 
être  n'a  pas  été  étranger  à  cette 
opinion,  et  il  est  peruiis  de  croire  que 
ce  n'est  point  sans  dessein  qu'il  a  en- 
châssé daus  le  long  épisode  des  Anci- 
lies (ouv.  et  p.  d°*)  le  vers  suivant  : 

Tam  inenior  iinperii  •orUm  consittcre  ia  illoi 
Coasilium ,  etc. 

1-2.  MANA,  déesse  romaine  qui, 
dit-on  ,  présidait  aux  maladies  des 
femmes  ,  nous  semble  avoir  spéciale- 
ment sous  son  patronage  Tiudispu- 
sition  mensuelle  attachée  à  leur  sexe. 
Mii'rjj,  en  doricn  M*»a,  signifie  lune; 
et  qui  ne  sait  que,  même  encore  de 
DOS  jours,  c'est  avec  la  révolution 
lunaire  que  quelques  adeptes  mettent 
eu  rapport  la  périodicité  du  flux  san- 
guin ,  auquel  présidait  Maua?  On  sa- 
crifiait a  cette  déesse  de  jeunes  cliiens 
h  la  mamelle,  chair  si  pure,  dit  Pline, 
qu'on  l'offre  dans  les  repas  préparés 
pour  les  dieux. — Quelques  élymologis- 
tes  peut-être  rapprocheraient  ici  des 
jeunes  chiens  offerts  aux  sacrifices  le 
sens  un  peu  priapiquc  de  CatuUre. 
Un  rapprochement  plus  juste  serait 
celui  des  chiens  d'IIécale.  —  L!ne 
Mana  ou  Manuatîa  fut  mère  des  Mâ- 
nes, mais  qu'est-ce  que  la  mère  des 
Mânes?  la  reine  des  Enfers,  Hécate, 
Perséphalte.  Or, Hécate  est  lune.  Voila 
Mana  dans  ces  deux  rôles;  et  cette 
Mana-Généta,  surveillante  allenlive 
de  l'eogendrement  des  animaux ,  ne 
diffère  pas  non  plus  de  Mana  nien- 
slruelle.   Nous  avons  alors  dans  la 


MAN 

déesse  latine  la  triple  face  de  l'ArJ 
témis  des  Grecs  :   une    génératrice  j1 
une  lune,  une  reine   du  sombre  emj] 
pire. 

MAISAH,  déilé  arabe,  était  figu* 
rée  par  une  girosse  pierre  a  laquelle 
on  0 Tirait  des  sacrifices. 

MAINAIS'-MAG-LIR  était ,  en  It 
lande  ,  un  des  grands  dieux  des  Tua» 
tha-Dadan.  C'était  surtout  le  dieu  de 
l'Ile  de  Man  où  l'on  parle  un  dialecte 
de  l'irlandais.  Ce  mot  veut  dire,  il  c\ 
qu'il  parait ,  riiomme  de  I  Océan  i 
ou  l'appelait  aussi  Oirbhursiou.  Loi! 
que  l'on  creusa  son  sépulcre  un  lac  e| 
jaillit,  et  prit  le  nom  de  Luchoirbhui 
siun. 

MANARSOUAMI,tlicu  hindou  ad« 
réparlesKchatriiasdansdetrès-pctilel 
pagodes,  mais  non  par  les  Rrahmesi 
semble  n'être  que  Soubramania,  aii 
trement  Kartikeia  ou  Skanda,  le  die 
de  la  guerre.  lîn   effet,  Soubramal 
nia  porte,  entre  autres  noms,  celï 
de  Komaracouami,  et  M.  Guigniai 
a  lu  au   bas  des   dessins  du   Bral 
man  Sami,  a  la  bibliulhèque  royale  . 
«Manarcouami  quiestSonl)ramania. 
Ce  dieu    inconnu  préside,  dit-on  , 
l'année,  aux  saisons,  aux  mois.  Se| 
temples  sont  aux  champs.    Sauna 
lui  rappellent  Sivaet  Ganéça,  Salurni 
et  Jauus. 

MAINDJOURI,  architecte  divil 
de  la  mythologie  hindoue  bouddhique 
a,  par  l'ordre  d'Adibouddha,  conslruî 
sept  Palalas  dont  six  sont  habités  pa^ 
les  Daitias,  tandis  que  le  septième, 
distribué  en  huit  étages  ,  forme 
enfers  pour  les  pécheurs. 

WANDOU,  et  peut-être  Mak- 
DouÉi,  en  grec  Mendks  (MÉvcTuf), 
un  des  huit  grands  dieux  égyptiens 
que  nous  appelons  Khamépliioïdes. 
Hérodote  (liv.  II,  ch,  46),  le  premier 
qui  l'ail  fait  connaître  aux  Grecs,  le 
compare  a  Pan ,  ce  qui  a  donné  lieu 


MAN 

h  des  conjectures  bizarressur  le  rang 
élevé  de  Pau  dans  les  théogonies  sa- 
cerdolales,  et  a  nue  mauvaise  étymolo- 
gie  selon  laquelle  Pan  dérivé  de  ^-ar, 
Ta  -nuv,  tout,  signifierait  Funivers.  Le 
fait   est  que  telles  ne  furent  jamais 
les  idées  des  anciens  sur  Mandou  et 
sur  Pan,  et  que  l'unique  rapport  im- 
portant des  deux  dieux  est  leur  as- 
pect liirciforrae.  Des  poils  ,  des  pieds, 
des  oreilles  de  bouc  caractérisent  la 
famille  des  Pans ,  des  Satyres.  Man- 
dou était   représenté   sous  la   forme 
même  du  bouc-  Les  huit  dieux  suprê- 
mes, ont  été  diversement  nommés  et 
classés  parles  mythographes:  de  telle 
sorte  que,  le  plus  souvent,  en  omet- 
tant quelques-uns  des  dieuxvéritable- 
ment  importants,  on  a  trouvé  moyen 
d'y  faire  entrer  Mendès.   C'est  ainsi 
que  Gœrres,  ne  tenant  compte  de  l'ir- 
révélé  Piroml  et  de  Bouto  la  grande 
mère  par  excellence ,  nomme  successi- 
vement pour  diviuitéshypérouranin  es, 
Knef  et  Alhor,  Fta  et  une  Yenus  Au- 
rea  dont  le   nom  égyptien   n'est  pas 
connu  ,  Mendès-Pau  et  Neitb,  le  so- 
leil et  la  lune.  Dans  cetle  liste,  Men- 
dès et  Neith  sont  des    émanations  de 
Fta  et  de  la  Venus  Aurea  :  Mendès  , 
dit  Gœrres,  est  lePhalledeFla,]Neitb 
le  Ctîs  de  Fta.  Nous  ne  croyons  pas 
nécessaire  de  réfuter  un  système  que 
l'omission   de  Piromi    et   de   Bouto 
suffit  pour  faire  tomber   en  ruine. 
Ajoutons  néanmoins  que  dès  que  Fta, 
second   Démiurge   androgyne  ,    s'est 
scindé  en  Fta  et  Yenus  Aurea,  il  y  a 
eu  séparation  du  Phallc  et  du  Ctîs  de 
l'hermaphrodite,  et  que  par. consé- 
quent Mendès   et  Neith,   troisième 
couple,  seraient  absolument  les  mê- 
mes dieux,  les  iiiêmes  personnifica- 
tions que  Fta  et  Yenus  Aurea.  Creu- 
zer,  dans  sa  nomenclature  des  grands 
dieux ,  ne  classe  point  Mandou  j  et 
M.  Guigniaul,  dans  les  excellentes 


MAN 


17 


notes  dont  il  accompagne  sa  traduc- 
tion française  ,  semble  peu  fixé  sur  le 
rang  qu'il  doit  donner  à  ce  person- 
nage divin  dont  il  entrevoit  l'impor- 
tance. La  question  reste  donc  tout 
eutière  :  oiî  placer  Mandou?  Le  pre- 
mier expédient  qui  se  présente,  c'est 
d'abord  de  dresser  la  liste  des  trois 
Khaméphioïdes,  puis  si,  comme  Creu- 
zer,  comme  nous  (  P^oy,  l'article 
Khaméphioïdes),  on  arrive  à  la  com- 

Iiléter  sans  que  Mandou  figure    dans 
e  catalogue  divin ,  d'identifier  le  dieu 
avec  un  des  huit  portés  déjà  dans  la 
nomenclature,  et  de  donner  son  nom 
comme  synonyme  d'un  des  noms  fon- 
damentaux. Mais  la  encore   s'offrent 
quelques  difficultés.  Pan ,  dit-on,  et 
par  conséquent  Mandou,   est  le  dieu 
suprême  :  c'est  donc  ou  Piromi   ou 
Knef.  En  effet ,  la  fameuse  inscription 
d'Evandre  (dans  Théon  àeSm.jMu- 
sitjue,  chap.  4-7)  semble  l'identifier 
avec  l'Amour,  père  de  tous  les  êtres 
présents  et  a  venir ,  père  de  tous  les 
dieuxj  et  d'autre  part  on  est  uuanime 
surlesrapporlsd'ALmoun  ou  Knef  avec 
Mandou.  On  parle  sans  cesse  de  Man- 
dou comme  s'identifiant  au  dieu  du 
feu  générateur ,  au  second  Démiurge, 
a   Fia 5    et    de   la,  l'expression   de 
Fta -Mandou,  de  Mendès -Fta,  per- 
pétuelle  chez   les   mythologues  mo- 
dernes. Enfin  il  est  difficile  de  ne  pas 
voir  dans  le  Mandulis  des  Grecs  Man- 
dou-Li,  Maudou-Ri,  Mandou-Fré, 
c'est-a-dire  Mandou  Soleil.  Heureu- 
sement ces  difficultés  mêmes,  a  nos 
yeux  du  moins,  accélèrent  et  déter- 
minent   la  solution.   A  priori,  logi- 
quement,    Mandou    n'est   pas  plus 
Knef  que  Piromi ,   pas  plus  Piromi 
que  Fta  et  Fré  :  il  est  tous  les  quatre. 
L'Etre  suprême,  en  s'émanant,  s'é- 
mane h  la  fois,  et  comme  degré   de 
détermination  ,  et  comme  propriété  : 
comme  degré  de  détermination,  il  est 


le 


MAN 


flIAW 


n 


Piromi-Boulo ,  Knef-Neilh,  Fta- 
Alhor,  Fré-Pool)j  comme  propriété, 
ilestAgatboclémou,Man(luu,Cl)inouD. 
Ceat-à-dire  :  i°  que  l'iromi-Bouto, 
Kiief,  iSeilli ,  Fla-Atlior ,  Fré-1'ooh 
sont  chacun  Agalbodémon,  Mandou, 
CbmouD  ;  2°  qu'Agalliodémon  ,  Man- 
dou,  Chmoun  sont  chacun  Piromi  , 
Knef,  Fia,  Fréj  5°  en  d'autres  termes 
(et  pour  passer  des  noms  propres  re- 
ligieux à  un  langage  scientifique),  que 
Dieu,  dans  chaque  espèce  de  détermi- 
nation où  il  se  localise ,  possède  les 
trois  propriétés  de  Tessence  dirinr , 
et  que  chacune  des  trois  propriétés 
de  Tessence  divine  apparaît  dans  cha- 
que sphère  de  détermination  où  l'E- 
tre suprême  se  manifeste.  La  fin  de 
l'article  Khaméphioïdes  fait  sai- 
sir d'un  coup  d'œil  ce  jeu  des  person- 
nes-propriétés se  croisant  avec  les 
personnes  -  sphères  de  détermina- 
tion, et  indique  quelles  divinités 
composites  reiultent  de  leur  fusion. 
Les  réflexions  qui  le  précèdent  com- 
Diencent  à  démontrer  que  cette  ma- 
nière de  voir  est  la  seule  conforme 
aux  faits,  la  seule  qui  puisse  expli- 
quer les  contradictions  apparentes 
de  tant  de  légendes  et  de  dénomina- 
tions; et  prol)ahlement  ce  que  nous 
avons  dit  de  Mandou  complétera  la 
preuve.  Mandoueslla propriété  fécon- 
datrice. Cette  propriété  ,  apanage  de 
l'Etre  suprême  comme  la  bienfaisance 
(Agathodémon),  comme  le  pouvoir 
conservateur  et  sauveur  (Chmoun), 
existe  dans  l'être  irrévélé  antérieu- 
rement h  la  création,  et  dans  toutes 
les  périodes  de  l'aclioti  créatrice. 
Knef,  soit  comme  lumière  primitive, 
soit  comme  ensemble  des  idées  proto- 
types, est  un  fécondateur  du  premier 
ordre; Fta, feu-lumière,  féconde  d'une 
manière  encore  plus  spéciale  ;  et  quel 
fécondateur  plus  grand  que  Fré-soleil.^ 
Aussi  Kalabché  adore-t-elle  comme 


eu 

1 


la  divinité  par  excellence  Mandoulî 
(f^'oy.  ce  nom), Mandou-Soleil,  tan- 
dis que  le  Mandou  ordinaire,  identi- 
que h  Knef,  cumule  les  formesdu  houe 
avec  les  cornes  ou  la  tète  de  bélie^_ 
{f^'oy.  ci-dessous), que  méditant,  saofll 
lacominencer,la  génération  du  mondëP" 
Mandou  -  Piromi  -  Amoun  s'élève  en- 
core,  immobile,   au  rang  de   Pro- 
khaméphis,  et  que  Fla-Mandou,  Feu 
père  des  êtres,  conquiert  le»  bomn 
ges  de  la  pieuse  Memphis  et  de  to 
le  l'Egypte  sous  les  formes    grav 
ment  bizarres  do  dieu  ilbypallicpie 
éjaculateur.  De  ces  personnificaMons 
composites,   les  plus  célèbres,  sans 
comparaison,  furent  celles  de  Knef- 
Mandou  et  de  Fla-Mandou.  Mandou, 
en  tant  que  Knef,  était  honoré  prin- 
cipalement dans  les  \  iib-s  de  Chmoun, 
«n  Thcbaïde,  autrefois  Panos(n«ïéf) 
ou  Paiiopolis,  aujourd'hui  en  arabf^ 
Àkamini,  et  de  Chmoun-an-Ermar 
aujourd'hui  Ocfimoitn-Tarinnh , 
cliez  les  Créco-lloniains  ,    Mendèl 
Cette  dernière  appartenait  Kla  Bassï 
Egypte  et  donna  son  nom  a  la  bran? 
che  mendesienne  du  ]Sil  (la  cinquième 
en  allant  de  l'Ouest  a  l'Est).  Les  h^ 
biiants  du  nome  mendésique  n'immi 
laient  jamais  de  boucs  ni  de  chèvreà 
et  s'abstenaient  de  la  chair  de  ces  aiiij 
maux  qu'ils  regardaient  comme  l'cr 
blènie  le  plus  significatif  de  la  fécot 
dite.  Dans  le  temple  ,  on  entreten8_ 
magnifiquement  un  bouc  sacré  dont  h 
mort  causait  dans  la  ville  et  dans  le 
nome   tout  entier,    comme  celle  du 
bœuf  Apis  h  Meniphis,  la  tristesse  la 
plus  vive.  Herodole  assure  même  que 
de  son  temps  on  voyait  publicjiiement 
dans  le  temple  de  Mandou  le  bouc  di- 
vin s'unira  une  femme  par  un  com-_ 
merce  charnel  ;  et  quelipies  moder- 
nes ont  cru  que  celte  cohabitation 
répétait  fréquemment  dans  l'année  i 
peut-être  chaque  semaine.   On  sail 


G 


MAN 

avec  quel  dédain  Voltaire  a  traité 
ce  récit.  Cependant  l'accent  de 
surprise  et  de  conviction  avec  lequel 
s'exprime  le  naïf  Hérodote  ne  per- 
met pas  de  douter  que  la  cohabita- 
tion du  bouc  et  d'une  femme  n'ait  été 
un  fait  admis  par  la  dévole  popula- 
tion de  rÉgypte.  Seulement  on  peut 
soupçonner  que  le  prétendu  miracle 
était  censé  se  cousommer  dans  le 
sanctuaire,  derrière  un  voile  ou  der- 
rière la  foule  des  prêtres  qui  iater- 
ceptaient  le  passage.  Peut-être  mê- 
me, dans  cette  prostitution  symboli- 
que, le  bouc,  représentant  de  Rnef- 
Mandou ,  était  lui-même  représenté 

ar  un    prêtre    a  masque  de  bouc. 

ntragocépbale  au  milieu  de  tout  un 
cortège  de  ministres  sacrés  n'a  rien 
de  plus  étonnant  que  ces  léontocé- 
phales,  ces  ibiocéphales,  ces  biéraco- 
céphales  si  largement  disséminés  dans 
les  pompes  sacréesde  l'Egypte.  D'or- 
dinaire Mandou-Amoun  était  figuré 
par  un  bouc  criocépbale,  c'est-a-dire 
à  tête  de  bélier  (  on  se  rappelle  que 
le  bélier  était  l'attribut  d'Amoun  )  : 
assez  souvent  les  jambes  et  toute  la 
partie  inférieure  du  corps  dénotent  le 
bouc  ,  tandis  que  sa  tête  est  celle 
d'une  chèvre.  Quelquefois  la  tête  du 
bouc  subsiste ,  mais  alors  il  n'est  pas 
rare  qu'outre  les  deux  cornes  habi- 
tuelles, elle  porte  deux  cornes  de  bé- 
lier {f^.  la  médaille  gréco -égyptienne 
de  Mendès  dans  la  Dasc.  de  l'Ég., 
t.  V,  pl.LViii,n"26).  Tel  est  le  Mau- 
dou  de  la  table  isiaque  (  Montfaucon, 
Ant.  expL,  T.  I,  p.  270).  Celte 
espèce  de  coiffure  quadricorne  se  re- 
trouve fréquemment  sur  les  monu- 
ments, et  indique  constammeulun  dieu 
ou  une  déesse,  iauxquels,  pour  l'in- 
stant on  faitjoueiuiu  rôle  très-élevé. 
Le  bouc  Mandou  de  la  médaille  ci- 
dessus  indiquée  se  trouve  dans  la  main 
d'un  personnage  barbu  dont  la  tête  est 


MAN 


19 


surmontée  d'une  coiffure  symbolique. 
On  trouve  aussi  Mandou-Amoun  sous 
la  forme  humaine.  Rien  de  plus  re- 
marquable en  ce  genre  que  la  su- 
perbe figure  ilhyphallique  de  Karnak 
{Desc.  de  l'Ég.,  t.  III,  pl.xxxvi, 
u.  5  ).  Son  corps  est  bleu  5  sur  sa 
tête  s'élèvent  deux  longues  plumes  de 
diverses  couleurs,  coiffure  habituelle 
d'Amoun;  a  la  barbe  tressée  sous  le 
menton,  on  devinerait,  le  phalle  eùt- 
il  été  absent,  le  mâle  par  excellence. 
De  son  bras ,  il  saisit  ou  va  chercher 
le  van  stimulateur.  Un  riche  collier 
pare  son  cou.  Sur  sa  poitrine  s'épa- 
nouit le  plus  saint  des  emblèmes,  le 
globe  ailé ,  flanqué  de  deux  ourées  , 
symbole  de  l'intelligence  suprême,  de 
Toth,  tantôt  Araoun  et  tantôt  Pi- 
roml.  A  ses  pieds  ,  deux  personnages 
subalternes ,  véritables  pygmées,  si  on 
les  compare  au  dieu  qu'ils  assistent , 
s'occupent  dans  une  altitude  d'ado- 
ration, l'un  h  stimuler  le  gras  de 
sa  jambe,  l'autre  a  tenir  une  coupe 
au-dessous  du  phalle  sacré.  On  peut 
comparer,  h  cette  effigie  si  caracté- 
risée, les  scènes  encore  plus  significa- 
tives peintes  dans  les  tombeaux  des 
rois  à  Thèbes,  et  reproduites  par  la 
gravure  dans  la  Descr.  de  L'Eg. 
(t.  I  ,  pl.Lxxxiv,  Lxxxvi,  i).  Dans 
l'une  d'elles  on  voit  le  dieu  darder  au 
loin  des  jets  de  liqueur  séminale  que 
figurent  de  petites  pointes  rouget,  et 
qui  bientôt  se  terminent  par  un  pe- 
tit homme  xians  la  position  d'un  per- 
sonnage assis  ,  produit  immédiat  de 
l'acte  générateur;  autour  de  la  tête 
de  Mandou  de  petites  étoiles  diverse- 
ment groupées,  et  qui  sans  doute  ont 
aulérieuremeut  élé  produites  par  le 
procréateur  suprême, s' émanent  elles* 
mêmes  en  jels  séminaux  qui  tous 
aboutissent  à  un  petit  homme.  Dans 
l'autre  se  voient  trois  dieux  généra- 
teurs, mais  de  couleurs  différentes  :•• 


%, 


ao 


]5an 


lenr  corps,  forlemeut  coiirhé  eu  ar- 
rière ,  forme  un  angle  droit  dont  les 
reins  sont  le  sommet  intérieur,  tan- 
dis que  leur  chevelure  pendante 
tombe  perpendiculairement  à  la  co- 
lonne vertébrale  et  parallèlement  aux 
extrémités  inférieures.  Les  jets  sémi- 
naux donnent  cliacun  naissance  h  un 
homme  dont  la  face  est  tournée  du 
côté  du  générateur.  Mais  ce  qu'il  y  a 
de  plus  remarquable,  c'est  que  sous 
chaque  figure  ilhyphalliqueest  un  sca- 
rabée de  grande  taille  dont  la  pâte 
gauche  laisse  aussi  échapper  le  fluide 
séminal.  Ce  fluide  se  rend  a  la  bouche 
du  Mandou,  et  semble  être  le  même 
qui,  sortant  ensuite  parTorgane  pro- 
créateur, engendre  les  jeunes  créatu- 
res placées  en  regard.  Un  disque 
ovalaire  qui  semble  celui  du  soleil , 
s'arrondit  au-dessus  de  chaque  scène. 
Ces  trois  Mandons  sont-ils  le  même, 
ou  bien  seraicnl-ce  Mandou-Amoun  , 
Fta-Mandou,  et  Mandou -Li,  tandis 
que  le  scarabée  serait  Piromi?  C'est 
ce  que  nous  ne  pouvons  décider. 
Les  hiéroglyphes  inscrits  auprès  de 
chaque  figure  n'ont  point  été  déchif- 
frés j  ils  ne  diffèrent  que  par  leurs 
secondes  lignes.  L'idée  de  Mandou 
se  confond  jusqu'à  un  certain  point 
avec  celle  de  Chmoun  ,  le  conserva- 
teur et  le  sauveur.  Générateur  est  la 
transition  du  premier  au  second  :  la 
génération  doit  être  a  la  fécondation 
ce  que  la  conservation  est  à  la  généra- 
tion :  de-la  en  quelque  sorte,  un  fé- 
condateur ge'uérateur  et  un  généra- 
teur conservateur.  On  peut  ainsi 
concevoir  un  Mandou-Chraoun.  C'est 
tout-k-fait  gratuitement  que  Dorned- 
den  a  vu,  dans  le  dieu  bouc  Mandou, 
an  emblème  de  la  semaine,  parce  que, 
dit-il,  les  semaines  s'engendrent  rau- 
tuelleraèut,  et  que  le  huitième  jour  , 
censé  fin  ou  continuation  de  la  se- 
maine en  engendre  une  nouvelle.  Or, 


i 


MAN 

ajoule-l-il,  selon  les  anciens  ,  le  bouc-j 
est   apte  a  se  reproduire  huit  jours* 
après  sa  naissance.  A  ces  raisons  il 
eût  pu  joindre  que  Chmoun,  donné-] 
si  souvent  comme  svnonyme  de  Man- 
dou, signifiait  huit  eu  égyptien  (voyez, "^ 
pour    plus  de    détails,   Dornedden, 
Phmntuophis ,  page   Syy).  Vogel 
{Kersuch  uber  dit  Rclig.  d.  Alt. 
49)  qui  fait  éclore  la  religion  égyp- 
tienne d'un  fétichisme  primitif,  com- 
mun à  toute  l'Afrique,  regarde  Man- 
dou comme  un  représentant  de  toute! 
la  race  des  boucs,  sur  lequel  TEgyple 
concentra  les  honneurs  jadis  prodigués 
a  tous  les  individus  de  l'espèce. 

MANDOULI  (Mandulis  cl  M«»- 
^ovi.iç).  nom  sous  lequel  le  dieu  égyp- 
tien Fré  ou  le  Soleil,  avait  un  grand 
temple  a  Kalabché  (l'aucicune  Tal- 
mis)  ,  dans  la  Nubie  actuelle  {f^oy. 
Lelronne,  /iecA.  pour  servir  à 
l'h.  de  l'Egypte,  etc.,  1823,  in- 
8°5  et  Niebuhr,  Inscriptiones  nub.y 
Ilom.,  1820,  in-ii").Les  murs  de  ce 
temple  sont  couverts  de  bas-reliefs 
magnifiques  et  très-variés  ,  que  mal- 
heureusement on  n'a  pas  tous  copiés, 
et  de  7rpcstuv.jju,etTec  OU  actes  d'ado- 
raliou.  Pour  quiconque  est  habitué 
aux  phénomènes  des  transformations 
lexicologlques orientales,  ce  nom  rap- 
pelait Mendès,  et  ne  pouvait  cire 
qu'une  altération  d'un  nom  analogue 
ou  semblable  à  celui  de  Mandou- 
Ra,  Mandou-Rc  (Mendès-roi  ou 
Mendès -soleil).  Les  savantes  lectu- 
res de  Champoliion  ont  pleinement 
confirmé  celte  conjecture;  et  les  mo- 
numents de  Turin  et  de  Paris  lui  ont 
montré  constamment  un  dieu  à  tête 
d'épervier ,  ornc'e  du  disque  solaire 
surmonté  de  deux  longues  plumes,  ■■ 
avec  les  légendes  Mand ,  Mandou,  a|| 
Mand-Rij  d'où  il  a  conclu  clairement 
qu'on  avait  dit  aussi  Maudou-Ili,  et 
par  conséquent  Mandou  selon  les  di-» 


I 


MAN 

vers  dialectes  de  la  langue  égyplieune. 
(Voy.  Panthéon  égypt\  de  Cliani- 
poUion  jeune,  12*^  liv.  ,  27  ,  grav.  et 
expl.  ;  plus  sa  Dtsc.  de  l' Eg. 
ant.^  vol.  III,  pi.  o4-  el  3i;  et 
le  Voy.  de  M.  Cailliaud  à  Méroé, 
pi.  LXXi.)  Dans  le  zodiaque  du 
temple  au  nord  d'Esneh,  au  milieu 
d'une  longue  procession  de  dieux  et 
de  déesses,  ou  voit  au-dessous  du 
Cancer  uu  dieu  hiéracccépliale  aux 
attributs  de  Maudouli.  Gorap.  FrÉ. 

MiVNDUCUS  ,  dieu  romain  , 
était  répouvantail  des  enfants,  et  sans 
doute  une  espèce  d'ogre  {inanduca- 
re ,  manger).  Dans  la  suite  ou  en  lit 
un  personnage  de  caractère  avec  son 
habil,  son  masque,  ses  traits.  De 
grandes  joues,  une  grande  bouche,  de 
grandes  dents  aiguës  elLlanclie.s,  telle 
est  la  caricature  classique  de  ce  Cro- 
quemilaine  de  la  ville  éternelle. 

MAINE  et  SUINNA  sont ,  dans  la 
mythologie  Scandinave,'  la  lune  et  le 
soleil  personnifiés.  C'étaient  un  jeune 
homme  (Manc)  et  une  jeune  fille  d'une 
heauté  ravissante.  Roundilfax  leur 
père  osa  leur  donner  ces  noms  am- 
bilieux  ,et  significatifs  sous  lesquels 
nous  venons  de  les  signaler.  Irrités 
de  tant  d'audace,  les  Ases  enlevèrent 
Mane  et  Sunna,  et  leur  donnèrent  à 
conduire  le  char  des  deux  astres  dont 
leur  père  leur  avait  imposé  les  noms. 
Mane  a  deux  clievaux,  et  sous  chacun 
deux  outres  pleines  d'air  pour  les  ra- 
fraîcliir.  Sans  doule  il  trouve  cette 
provision  insuffisante,  car  un  jour  il 
enleva  deux  enfants,  Bil  etHionke, 
qui  portaient  une  cruche  suspendue  a 
un  bâton.  Ces  jeunes  gens  depuis  ce 
temps  raccompagnent  toujours.  Le 
loup  Fenrir  poursuit  sans  cesse  la 
lune,  et  quelquefois  sa  gueule  béante 
l'entame.  De  la  les  éclipses.  Un  jour 
il  l'engloutira;  ce  jour  sera  la  fin  du 
jnonde,'—  Mond^  la  lune,  e§t  mas- 


MAN  fti 

culin  en  allemand. Comp.TcHANDRA. 
MANÉROS,  jeune  prince  fils  du 
premier  roi  de  l'Egypte  (Menés?  ), 
initia  les  peuples  a  l'art  de  la  musique 
et  à  l'agriculture.  Il  mourut  a  la  fleur 
de  son  âge.  Les  Egyptiens  célébraient 
annuellement  en  son  honneur  une  fête 
de  deuil,  dans  laquelle  on  faisait  en- 
tendre des  chants  plaintifs  et  lugu- 
bres, qui  même  prirent  de  leur  héros 
la  dénomination  de  Mauéros.  C'est 
ainsi  qu'en  Grèce  Linos,  ce  fils 
d'Apollon,  périt  moissonné  au  prin- 
temps de  sa  vie  par  uu  trépas  préma- 
turé, et  que  ses  compatriotes,  en  célé- 
brant sa  mort,  donnent  aux  chants 
élégiaques  qui  retentissent  en  son 
honneur  le  nom  de  Lines  [Aiiot)  ou 
Eliues  (  K'Ixtfot ,  comme  AÎ,  A7ve  , 
A<,  Aivi).  De  même  en  Perse,  Raïo- 
morts,  l'Adam  de  l'Iran,  déplore  la 
perte  du  jeune  Siamek.  Partout  des 
pleurs  mouillent  les  premières  pa- 
ges de  l'histoire;  partout  les  tristes 
réalités  du  deuil  viennent  précipi- 
tamment se  substituer  a  des  joies 
en  espérance  ,  et  le  sombre  empire 
se  plaît  h  saisir  les  créatures  les  plus 
parfaites  ,  les  plus  pures,  les  plus  en 
harmonie  avec  le  dieu  de  la  lumière. 
Partout  le  dieu.-soleil  se  pre'seute 
comme  enveloppe  au  bout  de  quel- 
ques pas  d'un  voile  funèbre.  Adonis, 
Osiris ,  ne  brillent  ([ue  comme  des 
fleurs  éphémères.  Ailleurs,  au  lieu  de 
penser  excluslveuient  a  !a  forme  so- 
leil ,  on  imagine  au  delà  du  soleil  un 
fils  de  la  lumière.  De  Ta,  les  Phaé- 
thon,  les  Mauéros,  les  Memnon,  les 
Linos  ,  transition  asiauo-europeenne 
de  l'égyptianisme  a  l'anthropomor- 
phisme hellénique.  On  ne  s'étonnera 
point  après  cela  quedcsroythographeu 
modernes  aient  identifié  Manéros  avec 
Linos  {Voy.  Linos);  et  que  d'autres 
y  aient  vu  Memnon  au  tombeau.  Au 
îoud  ces  idées  jojit  justes;  ffais  la 


22 


MAN 


caractérisalion  de  chaque  forme  liéroV- 
que  ou  divine  ,  leurs  rapports ,  leur 
histoire ,  tout  cela  est  loin  d'être 
éclairci,  et  c'est  ce  qu'il  serait  impor- 
tant d'éclaircir.  Provisoirement  on 
pent  avec  Creuzer  voir  dans  Mané- 
ros  :  1°  le  génie  musicien  de  la  lyre  a 
trois  cordes  (par  opposition  h  la  mu- 
sique plus  compliquée  qui  remplaça 
la  musique  sacerdotale)  5  2°  Memnon 
au  tombeau  (Memnon  lui-même  n'est 
qu'un  représentant  terrestre  de  Fré, 
plutôt  comme  harmonieux  que  comme 
versant  la  lumière  (comp.  Memnon). 
Au  reste,  voy.  sur  Manéros  Héro- 
dote, liv.  II,  ch.  79,  avec  lesremarq. 
de  Larchcr  5  Jacobs ,  TJtbtr  die 
Grabcr  des  Memnons  und  die 
Inschriften  (  Mérnoires  de  l'Aca- 
démie des  sciences  de  Munich.  1809 
et  18 10),  page  19,  etc.  j  Mignot, 
Méin.  sur  la  vtl.  des  Phén. 
(Mém.  de  l'Ac.  des  Insc.  t.  XXXVI, 
1774). — Selon  Jablonski  [Vocab.^ 

F.  128),  Manéros  signifiait  fils  de 
Eternel.  Ce  qu'il  y  a  de  plus  proba- 
ble, c'est  que  ce  nom  n'est  point  sans 
rapport  soit  avec  celui  d'Amoun  (dit 
aussi  Amen  et  probablement  Men), 
soit  avec  celui  de  Ré,  Ri  ou  Ra  (qui 
ne  diffère  de  Fré  que  par  l'article): 
en  un  mot ,  on  croit  reconnaître  dans 
Manéros  les  Vestiges  d'un  nom  peu 
différent  d'Amoun-Ra  {V.  Amoun). 
Manès  ,  qui  lui  -  même  revient  à 
Amoun  et  à  Mana  {mens,  l'âme), 
est  lié  par  le  son  comme  par  l'idée 
à  Manéros.  —  On  donne  quelque- 
fois le  nom  de  Makébos  au  jeune 
fils  du  roi  de  Byblos,  qu'un  cri  d'Isis 
fit  mourir  de  frayeur. 

MAINES,  Maiîes  et  quelquefois 
Du  Mane*,  étaient,  dans  la  pneu- 
matologie  des  Etrusques  et  des  Ro- 
mains, les  âmes  des  morts.  Un  tou- 
chant souvenir  leur  assignait  quelque 
chose  d»  divin,  et  les  rangeait  parmi 


1 


MAN 

les  esprits  qu'il  fallait  adorer.  On  a 
tenté  de  donner  l'clymologie  de  Ma 
nés  :  quatre  principales  {rnanare 
découler;  mann.  homme;  l'orienti! 
moun  ,  d'cù  rnoan,  mau,  imajre 
fantôme;  maniius,  maniis.  mani 
bon)  se  sont  partagé  l'altenlion  d« 
savants.  La  dernière  est  la  seule  qui 
ait  quelque  degré  de  probabilité.  Bon 
(comme depuis  A(V//k,v  en  latin,  selig 
en  allemand,  etc.)  élait  un  euphémié 
me  desliné  h  remplacer  le  mot 
défunt,  tt  Que  personne  de  ceux  q^ 
sont  nés  dans  la  maison  ne  dcvieni 
bonn  [nianis  fint),  disait-on  eu  sa- 
crifiant un  chien  K  la  déesse  Mana 
Généta  (/^oj^.  Fcslus,  Maniios  et 
Mânes;  Servius  ,  surliv.  I,  139  de 
VEn.',  et  comp.  Plutarq.,  Quest. 
Jiom.,  LU,  p.  i33  du  t.  II,  édit. 
Wyltenb).  Toutefois  nouscroyons  que 
la  seule  élymologie  vraie  est  mana 
ou  mens,  l'âme .  Les  légendes  vul- 
gaires confondirent  les  Mânes  avec  1 
Lares,  comme  le  dénotent  lesmylh^ 
sur  Lara  ouLaranda,  mère  des  diet 
Lares,  et  sur  Mana,  Mana  Généla 
Mania  mère  des  Maucs.  Ëvidemmel 
ces  deux  déesses  ne  font  qu'une ,  éï 
Lara-Mania  elle-même,  qu'esl-clle? 
une  personnification  par  laquelle  (âfll 
rattache  tous  les  Mancs,  tous  les  L^| 
res  autour  d'un  centre  commun.  Mais 
voici  en  quoi  les  Mânes  diffèrent  soit 
des  Lares,  soit  des  Larves  et  des  Lé- 
mures (car  nous  ne  pouvons  nous  dis- 
penser de  joindre  ces  deux  dernières 
classes  d'intelligences  souterraines  aux 
Lares).  Lares,  Larves  et  Lémures, 
propices,  funeslcsou  neutres, cestrois 
peuples  d'esprits  semblent  résider  «</ 
libitum  sur  la  terre.  Ils  quittent, 
quand  et  coinrae  il  leur  plaît,  leur 
sombre  séjour,  et  reviennent  dans! 
domaine  de  la  lumière  exercer  lei 
bienfaisance  ,  leurs  fureurs,  ou  pr^ 
jneuer  leur  indifférence.  Les  Man^ 


eur 

1 


restent  confinés  clans  le  domicile  té- 
nébreux, et  n'en  sortent  que  trois  jours 
par  an,  le  24-  août,  le  5  octobre  elle 
8  novembre.  Delà,  trois  fêtes  infé- 
rieures en  l'honneur  de  la  migration 
périodique  des  âmes.    Nulle   affaire 
importante  ne  devait  se  traiter  pen- 
dant leur  durée.  Les  Mânes  en  masse 
étaient  censés  se  répandre  hors  du 
sombre  empire  par  une  ouverture  que 
bouchait  la    pierre    manale   {lapis 
inanalis)  dérangée  de  sa  place  habi 
tuelle  pendant  ces  trois  jours.  On  ex- 
primait celte  cérémonie  par  une  for- 
mule    extérieure    mundus    patet 
(comme  si  l'enfer,  séjour  des  morts 
et  tombeau  commun  de  tant  de  géné- 
rations écoulées ,  était  le  monde  par 
excellence),  ou  en  développant  mun- 
dus Cereris  palet.  Cérès  ne  diffère 
point  ici  de   Proserpine,  ou,    pour 
mieux  dire,  Cérès-Proserpinej  c'est 
AS,  la  Terre,  T/rx^if^kraf  e\.7ra.v^eX''^ç, 
qui  produit  tout,  qui  engloutit  tout 5 
et  ce  point  de  vue  antique  autant  que 
transcendanlal  nous  fait  remonter  en 
un  clind'œil,  et  par  enchantement, de 
l'Etrurie  a  l'île  sainte  de  Samolhrace, 
où  telle  était  la  doctrine  des  Cabires 
[f^oj-.  Cabires  5  Miiller,  Etrusktr, 
II,  95,  etc.  j  comp.  Matlhise,  Be- 
merk.  iib.  Stellcii  des  Livius,  qui  se 
prononce  contre  celte  opinion).  À  ces 
solennités  joignons  la  fête  des   âmes 
ou  des    Mânes  connue  sons  le  nom 
de  Féralles  (du  2r  au  24  février?). 
On  diffère  beaucoup  sur  l'époque  et 
sur  la  durée  de  Celte  fête   funèbre 
(/^Of.  Ovide,  Fast.,  liv.  II,  etnot. 
iii  de  la  trad.  fr.  Bayeux).  Le  der- 
nier jour  portait  plus  spécialement  ce 
nom   qu'Ovide   a    évidemment    tort 
d'expliquer  par  fero ,  et  qui  dérive 
de  feralis  ,    funeste ,  funèbre.  Peu 
importe  ensuite  c[\iejeralis  implique 
l'idée  de  feriœ  ,  repos,  inaction,  ou 
quelque  autre.  On  a  remarqué  que 


MAN 


23 


Dec.  Brnlus ,  prenant  le  contre-pied 
de  l'usage  romain,  célébrait  la  fête 
en  décembre,  et  par  conséquent  dans 
le  Capricorne ,  tandis  que  la  date  or- 
dinaire faisait  coïncider  les  Féralies 
et  le  Verseau  ou  les  Poissons.  Cette 
coïncidence  entre  une  fête  qui ,  com- 
me fêle  des  morts,  a  quelque  chose 
de  purificatoire  {f^oy.  Fébruus)  et 
les  idées  d'onde,  d'habitant  des  on- 
des ,  est-elle  sans  rapport  avec  les 
doctrines  orientales  sur  les  cataclys- 
mes ,  sur  le  gouffre  par  lequel  à 
Édesse  s'étaient,  dit-on,  retirées  les 
eaux  diluviales,  sur  les  déilés  pois- 
sons (Addirdaga,Oanuès,  Dagon)?II  y 
en  a  sans  doute;  mais  gardons-nous 
d'en  conclure  soit  la  réalité  de  l'éty- 
mologic  grotesque  qui  tire  mânes  de 
mnnare  {comme  si  les  fantômes  glis- 
saient,  coulaient  en  quelque  sorte 
dans  l'air)  ,  soit  l'idenlité  de  Mania 
(la  mère  des  Manes)avecla  Couronne 
Boréale  si  voisine  du  Verseau ,  des 
Poissons,  du  Taureau  équinoxial,  et 
dont  le  coucher  annonce  l'expiration 
de  l'année  et  le  retour  du  printemps. 
—  Les  naturels  de  la  Nouvelle-Hol- 
lande croient  aussi  aux  Mânes,  elles 
dépeignent  comme  sortant  de  terre 
avec  un  bruit  affreux  ,  vomissant  des 
flammes,  brûlant  les  cheveux  elle  vi- 
sage de  ceux  qu'ils  rencontrent,  et  le* 
retenant  pour  les  brûler  encore. 

MANES,  MâvKf,  fils  de  Jupiter 
et  de  la  Terre,  eut  Cotys  de  l'Océa- 
nide  Calliroé,  cl  fut  roi  de  Lydie 
après  Méon.^ — ManÎls,  comme  les 
Minos,  Ménon  ,  Menés  et  Mann,  est 
un  premier  homme  {mann).  Sa  fem- 
me est  l'onde.  Son  fils  a  encore  quel- 
que chose  de  divin  {Goit,  dieu). 

MANIA,  déesse  que  les  mytholo- 
gues a  généalogies  donnèrent  comme 
mère  ou  comme  aïeule  des  Mânes 
(Festus,  1.  XI).  Généralement  on  la 
regarde  comme  identique  à  Ljrï 


24 


MAN 


MAN 


I 


(Natal.  Conoès, IV,  4). Le  fait  est 
qu'autour  de  Mania  se  groupent  les 
Slanes,  comme  autour  de  Lara  con- 
vergent les  Lares  :  admise  ensuite 
(et  l'on  sait  que  les  anciens  l'admet- 
taient) l'identité  de  ces  deux  familles 
parallèles,  force  fut  d'identifier  les 
deux  mères.  Et  au  fond  ,  tandis  que 
les  Lares -Mânes  s'offrent  avec  deux 
faces  ,  l'une  lumineuse  et  terrestre, 
l'autre  sombre  et  infernale,  il  est 
très-remarquable  de  voir  Lara  (à  elle 
seule)  cumuler  de  même  les  deux  as- 
pects ,  les  deux  caractères  de  Lara- 
Mania.  En  effet ,  c'est  avant  d'avoir 

I)assé  le  guichet  infernal  que  Lara  se 
aisse  séduire  par  Mercure,  c'est  dans 
ce  sombre  séjour  qu'elle  devient  mère. 
— Dans  les  temps  primitifs  de  Rome, 
on  sacrifiait  des  enfants  k  Mania. 
Un  oracle  de  celte  déesse  en  don- 
na l'ordre  a  Tarquin-le  -  Superbe  ; 
mais  Junius  Brutus,  après  l'expulsion 
de  la  famille  des  tyrans,  abolit  cet 
usage,  et  substitua  des  têtes  de  pavots 
aux  tèlcs  humaines.  La  statue  de  Ma- 
nia était  suspendue  aux  portes  lors 
de  la  célébration  des  Compilales  {K. 
ce  nom),  tant  comme  objet  de  véné- 
ration ,  que  comme  talisman  préser- 
vateur (Macrobe,  Satiirnal.,  I,  yj 
comp.  Alex,  ab  Alex.,  II,  c.  22). 

MAMPA,  dieu  des  Tangutains, 
est  représenté  avec  neuf  tètes  qui 
s'élèvent  en  forme  pyramidale.  On 
célèbre  en  son  lionneur  une  fête  an- 
nuelle dans  laquelle  les  jeunes  gens 
armés,  en  proie  à  un  enthousiasme 
frénétique,  parcourent  la  ville  frap- 
pant tout  ce  qu'ils  rencontrent.  Ce 
culte  farouche  et  délirant  rappelle 
les  Cybébées  et  les  Lupercales. 

MAINITOU,  le  grand  esprit  ou  l'Ê- 
ire  suprême  chez  la  plupart  des  sau- 
vages de  l'Amérique  septentrionale. 
Ce  nom  varie  et  se  complique  de 
beaucoup  de  manières.  Ain«i  les  Al- 


gonquins el  les  Tchipaouans  disent 
Manitoa  ou  Manitou  5  les  Masikands, 
Mannittouh  (autrement  Pouhlam- 
maouvoa  ou  Potlamaouvous);  les  Cha- 
vanoks,  Manitah,  Visi-Mannitto  (el 
aussi  Véchillicoua)  ;  les  Miamis,  Mo- 
naitova  ou  Kitchi-Manétoua  (aussi 
Maiéhélangoué);  lesMcssissoks,  Mun- 
go-Minnato.  Joignons  k  cette  liste  les 
noms  de  llaouénéou  (lloouénéah) 
usité  chez  les  Sénékas;  de  INiioh  chez 
les  Mahaks;  de  ]Nio,  llavonia  ou  Ha- 
vonio  chez  les  Onondagasj  de  Haou- 
vénégou  chez  les  Kaïougas  5  de 
Kééiooh  chez  les  Onéidasj  d'Iévnou- 
niiouh  chez  les  Touskaroies;  de  Va- 
kon  et  Tongovakon  chez  les  INado- 
vessies;  d'Ifiki-Isa  chez  les  Mozkasj 
d'IcbtohoulIo-Aba  chez  les  Chak- 
taouas.  La  plupart  des  peuplades  sau- 
vages conlondent  cet  être  suprême  el 
])ienfai.>>ant  avec  le  soleil.  Quelques- 
uns  l'en  distinguent.  Mais  ceux-là 
même  admettent  un  grand  nombre 
de  divinités  inférieures.  Les  Iroquois 
nomment  ces  dernières  Hondatkon- 
sana,  et  les  distinguent  en  bonnes  et 
mauvaises.  Un  grand  nombre  de  tri- 
bus les  appellent  aussi  Manitous,  et 
alors  sans  doute  ils  mettent  une  épi- 
thète  devant  le  nom  de  Manitou,  poH| 
désigner  le  grand  esprit.  De  la  l<fll 
Kilchi-Manilou,Mungo-Minnal(),elc. 
Les  Manitous  vulgaires  deviennent 
bientôt  de  véritables  fétiches  ou  Mo- 
kissbç.  Un  arbre,  un  chien,  une  pierre, 
des  serpents,  deviennent  les  Manitous 
familiers  du  sauvage  qui  a  le  bonheur 
de  rencontrer  de  ces  animaux  oudeces 
objets  sur  sa  route.  Les  Illinois  font 
des  sacrifices  k  leurs  Manitous.  C'est 
surtout  le  chien  qu'ils  immolent.  Ce- 
pendant ils  sont  convaincus,  et  bien 
d'autres  peuples  avec  eux,  qu'i 
grand  chien  a  donné  naissance  a  l'ej 
pèce  humaine.  Au  reste,  les  pratiques 
principalçs  du  cul  le  clés  sauviJges  coa- 


MAN 

sistent  dans  les  opérations  de  sorcel- 
lerie auxquelles  se  livrent  pour  eux 
leurs  Agotkons  ou  jongleurs.  Leur 
croyance  principale  est  celle  de  Pim- 
portancedes  âmes. Quoique,  matéria- 
listes faute  de  développement  dépen- 
sée ,  ils  fassent  de  l'àme  une  omljre  , 
ils  distinguent  ses  opérations  en  Gan- 
nigons'lia  (acte  de  renlenderaent)  et 
Erienta  (acte  de  volonté);  ils  croient 
qu'elle  survit  au  corps;  ils  lui  assiguen  t 
pour  demeure  Eskcunanue  (le  pays 
des  ancêtres);  ils  admettent,  du  moins 
quelques-uns  d'entre  eux,  les  trans- 
migrations. Enfin,  et  c'est  ce  qui 
achève  d'exciter  la  surprise,  ils  re- 
connaissent une  âme ,  non-seulement 
chez  l'homme,  mais  dans  les  animaux, 
dans  les'  êtres  mêmes  que  l'on  regarde 
comme  inanimés. — Manitou  veut  dire 
esprit,  et  rappelle  d'une  part  les  ina- 
na  samskrit,  mens  latin,  fivi-/^;j  g'^'^» 
de  l'autre  toute  la  série  des  Mann^ 
Mènes,  Minos.  L'homme  est  l'àme, 
l'âme  est  l'homme,  l'àme-homme  est 
dieu;  Dieu  est  le  père  des  hommes; 
un  premier  homme  ,  tige  universelle 
des  peuples  ,  est  l'émanation  de  Dieu 
sur  ce  globe,  et  forme  la  transition 
du  ciel  h  la  terre. 

MAINMADIIS.  Foy.  Kaima. 

MANN,  Mannus,  passait  en  Ger- 
manie pour  le  fils  de  Tuislon  leur 
dieu  suprême.  Ou  lui  donnait  pour  fils 
Ingévon,  Islévon  et  Herniione,  des- 
quels descendirent  les  trois  races  prin- 
cipales de  la  Germanie  Ingévones, 
Istévoneset  Hermiones.  Comp.  Aga- 
THYRSE.  Quant  au  sens  de  Mann  lui- 
même  il  est  évident  :  Manu  est  l'A- 
dam germain  ,  c'est  un  dieu-homme. 

MANRESPAND,  un  des  vingt- 
tuit  Izeds  des  livres  zends,  était  le 
génie  delà  parole  divine. 

MANÏICLE,  Manticlus,  M^vr;- 
kX*ç,  Hercule.  Il  avait  un  temple 
90u§  ce  now ,  hors  des  murs  de  Mes- 


MAN 


a5 


sine,  en  Sicile.  Un  chef  de  la  colonie 
messénienne  qui  fonda  Messine,  664- 
ans  avant  l'ère  chrétienne,  portait  ce 
nom  de  Manticle.  11  est  à  croire 
qu'Héraclide  de  naissance  ,  ce  chef 
d'exilés  voulut  se  faire  passer  pour 
une  incarnation  d'Hercule. 

MANTINEE,  i°  un  des  cinquante 
Lycaonides,  2°  père  d'Ocalie,  femme 
de  l'Abas  d'Argos ,  donna  son  nom  à 
la  ville  arcadienne  de  Mantinée. 

MANTO,  Mavra',  fille  de  Tiré- 
iias,  fut  comme  son  père  habile  dans 
l'art  prophétique.  Ses  prédictions 
n'empêchèrent  pas  Thèbes,  sa  patrie, 
de  succomber  sous  les  efforts  des 
Epigones.  Il  existe  sur  son  compte 
quatre  légendes.  La  première  la  mon- 
tre envoyée  a  Delphes  après  la  prise 
de  Thèbes.  Dans  la  seconde  nous  la 
voyons  inspirer  de  l'amour  au  fils 
d'Amphiarâs,  AIcméon,  dont  elle  a 
deux  fi!s,  Amphiloque  et  Tisiphone. 
Dans  la  troisième  elle  est  emmenée 
en  Asie  où  elle  devient  la  femme  de 
Rhacius  le  Cretois,  et  mère  de  Mopse, 
et  où  elle  fonde  le  temple  Apollinéen 
de  Claros.  Enfin,  selon  une  quatrième 
version,  c'est  eu  Italie  que  la  prophé- 
tcsse  tliébaine  va  rendre  ses  oracles, 
et  Mantoue  qui  porte  son  nom  témoi- 
gne de  sa  présence.  Quelques  bro- 
deries surchargent  encore  ce  récit. 
Maulo,  dit-on,  s'appelait  d'abord 
Daphné;  et  on  ne  lui  donna  le  nonri 
sous  lequel  elle  est  connue  que  pour 
indiquer  sa  science  profonde  de  l'a  • 
venir  {^ûvTis,  prophète).  On  montrait 
à  Thèbes  une  pierredite  siègedeMan- 
to;  c'est  là  que  la  fille  de  Tirésias 
s'asseyait  pour  prédire.  A  Claros,  dit- 
on,  elle  composa  des  vers  fatidiques 
dont  Homère  fit  usage  dans  ses  poè- 
mes. On  veut  aussi  qu'un  lac  ,  auprès 
de  la  ville  asiatique ,  sa  nouvelle  pa- 
trie, ait  été  formé  des  pleurs  qu'elle 
versa  sur  la  chute  de  Thèbçs.  Ri<.'Q 


ft& 


MAR 


MAR 


de  si  facile  a  expliquer  que  tous  ces 
mylhes.  La  divination  (Manto)  est 
fille  de  prophète  (Tiiésias),  mère  de 
prophète (iMopse),  femme  de  prophète 
ou  d'un  fils  de  prophète  (TAmphia- 
raïde  Alcméon).  La  divination  a  pour 
siège  et  sanctuaire  divinatoire  Del- 
phes, Claros.  Mantoue.  Qu'importe 
que  l'un  semble  le  foyer  métropoli- 
tain d'où  émane  la  lumière,  tandis 
que  l'autre  semble  une  colonie?  Le 
lac  même  n'est  pas  un  trait  inutile. 
D'une  part,  elle  est  temple,  elle  est 
femme,  elle  apparaît  sans  cesse  en 
rapport  avec  les  eaux.  De  l'autre,  les 
eaux  sont  inspiratrices  ;  on  y  puise  les 
prophéties.  Les  exemples  abondent 
{f^oy.  Abatî,  etc.,  etc.).  El  effecti- 
vement le  lac  de  Claros  passait  pour 
faire  connaître  l'avenir  a  ceux  dont 
ses  flots  mouillaient  les  lèvres;  mais 
cette  liqueur  miraculeuse  avait  aussi 
le  don  fatal  d'abréger  la  vie.  Man- 
toue ressemblait  h  Claros  5  elle  est 
bâtie  au  milieu  d'un  lac. — Une  autre 
MàKTO,  ppophélcsse,  était  fille  de 
Polyide  ;  on  a  donné  comme  une  troi- 
sième Manto  une  Italienne,  amante 
du  Tibre  dont  elle  cul  Ocnos,  et  fon- 
datrice de  Mantoue.  Evidemment 
c'est  Manto  la  Thébaine  légèrement 
travestie. 

MANTURNE  ,  déesse  romaine , 
était  invoquée  pour  que  l'épouse  res- 
tât toujours  dans  la  maison  de  son 
mari  {maneo,  demeurer). 

MAN TLS,  le  même  que  Fébruus 
(f^oy.  ce  nom).  Quelques-uns  l'appel- 
lent Mauus,  et  l'identifient  en  consé- 
quence àSummanus.  Mantus  rappelle 
Mens  (l'esprit),  Menés  et  les  Mani- 
tous des  Américains. 

MARADJIT  {mxth.  hincl.),  sur- 
nom commun  a  Adibouddha  ,  l'es- 
sence suprême  chez,  les  Bouddhistes, 
et  a  Chakia,  septième  et  dernière  iû- 
carnatioa  de  ce  dieu^ 


1 


MARAKAS,  dieux  brésiliens,  pâs-tjj 
sent  chez  les  indigènes  de  cette  contrée'! 
pour  des  dieux  protecteurs  des  mai-Ml 
sons.  Leurs  images  sont  li>s  fruits  du4l 
Tamaiaka,  ornés   de    plumes  et  fi-.i| 
chés  sur  des  perches  que  les  prêtres 
enfoncent  dans  la  terre  en  ordonnant 
aux  villageois  d'apporter  des  vivres 
et  de  boire  en  leur  présence.  Les  Bré- 
siliens ont  chez  eux  des  Marakas,  et 
les  consultent  dans  toutes  les  affaires 
importantes. 

MARAMBA,  dieu  conguo,  adoré 
surtout  dans  les  royaumes  de  Maba,: 
de  Loango ,  d'Angola  et  de  Congo^ 
proprement  dit,  passe  pour  présidera 
h  lâchasse,  kla  pêche,  h  la  guérison^ 
des  malades  etsurlout  aux  serments.  1 
Les  prévenus  d'un  crime  doivent  soi 
réfugier  au  pied  de  sa  slatue  et  dire; 
«Vois,  Maramba,  ton  serviteur  est 
venu  se  justifier  devant  toi,  »  et  si  le 
suppliant  est  coupable,  il  tombe  raort'^ 
sur  la  place.  On  porte  aussi  son  image'* 
à  la  tête  des  armées.  On  lui  offre  le  f 
premier  morceau  et  la  première  coupe 
de  vin   qui  sont  servis  a  la  table  du 
roi.  Enfin,  dès  l'âge  de  douze  ans, 
les  adolescents  de  MaYaud)a  lui  sont 
consacrés.  Les  Netquas  président  h* 
celte   espèce    d'initiation.    Quelques 
jours  de  réclusion  dans  un  lieu  som- 
bre, un  long  jeûne,  le  silence,  sont  le' 
commencement  de  la  cérémonie.  Con- 
duits   ensuite   devant  l'idole  par  le 
prêtre  les    jeunes  Mystes    reçoivent 
sur  les  épaules  deux  incisions  en  for-  JHI 
me  de  croissant,  jurent  fidélité  h  l'i-  ^| 
dole,  apprennent  (|u'ils  doivent,  sous 
peine  de  maladies  dangereuses,  s'abs- 
tenir de  certaines  viandes  et  observer 
certaines  pratiques.    On  termine  en 
leur    suspendant   au  cou  une  petitdfj 
boîte  qui  vient  tomber  sous  leur  bras" 
gauche  et  qui  renferme  quelques  cen-l 
dres  de  l'idole ,   ou  bien  de  petite^* 

images,  copies  portative»  de  lastaluo*' 


;n^. 


MAR 

du  grandi  temple.  —  Maramba  est 
représenté  dans  une  alliliide  élevée 
contre  le  temple  destiné  k  son  culte, 
et  dans  un  panier  qui  a  la  forme 
d'une  ruche. 

MARATHON,  Mapâêm ,  béros 
e'ponyrae  de  ce  dèrae  si  célèbre  dans 
l'nistoire  des  guerres  raédiques  par 
la  victoire  de  Miltiade  sur  Darius, 
était,  dit-on,  un  fils  d'Epopée.  Crai- 
gnant le  courroux  de  son  père  ,  il  se 
réfugia  dans  l'Attique ,  et  bâtit  sur 
la  côte  orientale  le  village  qui  porte 
son  nom.  On  le  raonire  aussi  re- 
venant après  la  mort  de  son  père , 
dans  le  Péloponèse,  et  là  partageant 
le  royaume  entre  ses  enfants  pour 
retourner  dans  le  pays  colonisé  par 
ses  soins.  Une  autre  tradition  fait  de 
Marathon  un  héros  qui  se  sacrifia 
pour  donner  la  victoire  h  son  armée. 
De  ces  deux  légendes,  l'une  a  pour 
but  de  faire  voir  l'Attique  peuplée 
par  une  irradiation  du  Péloponèse, 
l'autre  est  une  variation  sur  ce  thème 
éternel  du  sacrifice,  Comp.  Hyacin- 
THiDES.  Marathon  était  fameux  aussi 
en  mythologie  par  son  taureau  dé- 
vastateur que  Thésée  domta. 

MARICA,  déesse  latine,  avait 
un  bois  sacré  vers  l'embouchure  du 
Liris  (  Garigiiano)  dans  les  marais 
de  Minturne.  C'est  comme  Boulo  la 
déesse,  femme  mère,  mère  univer- 
selle, mère  primordiale,  mère  mer, 
et  cette  mer  est  toute  vaseuse,  bru- 
meuse et  marécageuse,  c'est  l'onde- 
lagiine;  c'est  la  Maremma  personni- 
fiée [Maricus  stmWaxm  vieil  adjectif 
dérivé  de  Mare).  Ceci  posé  on  com- 
prendra aisément  les  variantes  semées 
sur  son  compte  chez  les  poètes  :  i" 
c'est  une  nymphe  ;  2°  c'est  une  femme 
de  Faune  (dieu  plutôt  que  dieu-hom- 
me), mère  de  Lalinus  (homme-dieu)  ,• 
3° c'est  une  Circé  (Hésiode);  4.°  c'est 
une  Yénus  (Seryius),  On  a  eu  tort 


MAR 


27 


de  repousser  cette  identité  sous  pré- 
texte que  la  Vénus  italique  est  Mur- 
cie  ;  l'un  u'empèclie  pas  l'autre. 
Circé-Vénus  habite  les  eaux,  les  îles, 
est  magicienne  et  génératrice,  haute 
déesse  simple  femme  :  et  voilà 
Marica!  La  forêt  de  Marica  était 
l'objet  d'une  vénération  profonde, 
rien  de  ce  qui  y  était  entré  une 
fois  ne  devait  en  sortir  :  c'était  com- 
mode sans  doute  pour  les  prêtres. 
On  raconte  très-sérieusement  que 
cette  défense  avait  ponr  but  de  sou- 
lager la  douleur  de  la  déesse,  incon- 
solable d'avoir  perdu  Ulysse.  Comp. 
Calypso  avec  laquelle  Circé  a  tant 
de  rapport.  Ou  trouve  le  nom  de 
Marica  dans  les  éditions  étrusques, 
suivant  Lanzi  (Saggio  di  lingua 
etrusca,  I.  2^0,  II,  422). 

MARIS,  Mâp^ç,  et  ATYMNE, 
fils  d'Amisodare,  tombèrent  k  Troie, 
Alymne  sous  les  coups  d'Antiloque, 
Maris   sous  ceux  de  Thasymède. 

MARISTIN,  un  des  dieux  de  la 
guerre  au  Japon,  a  une  fête  célèbre 
au  mois  d'avril.  La  cérémonie  prin- 
cipale consiste  en  une  joute  terrible. 
Deux  corps  d'armée  y  procèdent  d'a- 
bord par  des  escarmouches,  et  bien- 
tôt par  une  lutte  sérieuse.  De  jeunes 
enfants  engagent  l'attaque,  commen- 
cent vers  les  deux  heures  de  l'après- 
midi,  puis  les  deux  armées  marchent 
l'une  contre  l'autre  sans  s'arrêter, 
s'envoient  des  coups  de  mousquet  dès 
qu'elles  le  peuvent,  et  enfin  se  battent 
k  l'arme  blanche.  La  boucherie  ne 
cesse  que  lorsqu'un  des  deux  partis 
se  confesse  vaincu.  Chaque  combat- 
tant porte  sur  l'épaule  l'image  de  Ma- 
ris tin. 

MARITCHI.  Voy.  Aditi. 

MARMAX,  M««fl^a|,  un  des  pré- 
tendants d'Hijipodamie,  périt  vaincu 
par  OEiiomaiis,  k  la  course  des  chars. 

MARNAS  (seigneur?)  grand  dieu 


i8 


MâR 


de  Gaza  ,  était  honoré  par  des  cour- 
ses de  char  et  d'autres  jeux.  11  avait 
dans  la  ville  syrienne  un  temple 
magnifique.  On  ij^nore  quel  élail  ce 
dieu,  et  s'il  se  confond  avec  quelque 
autre  dieu  de  la  Syrie.  Plusieurs  en 
font  un  Jupiter  de  Crèti'.  Platon  y 
yoyaitlc secrétaire  de  MinosF^  Tou- 
tes ces  opinions  sont  insoutenables. 
On  ignore  de  même  d'où  peut  venir 
le  nom  de  Marnas,  qu'  iqu'il  rappdle 
le  mot  grec  /^ifruftitt,  combattre. 

MAKON  «lait  un  dieu  égyptien 
très-peu  connu,  quoique  en  le  classant 

fiarmi  les  suivants  d'Osiris  les  Grecs 
ui  aient  atlribué  la  fondation  de 
Maronée  enThrace,ou  la  plantation 
des  célèbres  vignobles  de  cette  ville. 
On  peut  remarquer  ici  le  nom  fameux 
aussi  de  vin  Maréoli((UP.  C'est  dans 
cette  liqueur  que  Cléopàtrc,  selon 
Horace ,  puisait  ses  fureurs.  Dans 
Homère ,  Ulysse  enivre  Polyphème 
avec  du  vin  de  Maronée.  JNonnus 
donne  Silène  pour  père  k  Maron. — 
Un  lils  d'Évanthe,  grand-prètre  d'A- 
pollon à  Ismare,  lit  cadeau  a  Ulysse 
d'excellent  vin,  pour  lui  témoigner  sa 
reconnaissance  do  la  générosité  avec 
laquelle  le  héros  l'avait  sauvé  du  pil- 
lage, lui,  sa  femme  et  ses  enfants. 
Encore  du  vin!  encore  la  Thrace! 
encore  des  cadeaux!  Évidemment  les 
deux  Maron  n'en  sont  qu'un.  — Un 
Maron  qui  se  distingua  pi  es  de  Léoni- 
das,  hTaffaiie  des  Thermopyles,  eut 
nu  hérôon  ou  chapelle  héroïque  sur 
ce  champ  de  bataille. 

MAUOUIN ,  Marunus,  Mercure, 
était  le  dieu  tutélairc  des  voyageurs 
dans  les  Alpes,  Nul  doute  que  ce  ne 
fût  un  dieu  indigène,  soit  des  Rhètes, 
soit  des  Lloégricns.  Dès  les  temps 
anciens  il  y  avait  dans  les  anfractuo- 
sités  et  sur  les  crêtes  neigeuses  des 
guides  nommés  Maronnes.  Un  dieu  , 
leur  maître,  leur  père  elleur  modèle, 


1 


MaR 

était  censé  les  avoir  sous  son  patro- 
nage. Les  routes  étant,  dans  la  niy-— 
thologie  grecque  et  romaine,  sous  i4H 
surveillance  de  Mercure,  les  Romains 
n'ont  point  manque  de  faire  un  Mer- 
cure de  Maroun   et   de  le  nomm 
Marunus. 

MAUOUTA.  Fo)  .  Pavana. 

MAROUTOINKÈ LS  (les)  sont , 
dans  la  mythologie  hindoue,  de  purs 
esprits  que  vaguement  on  identifie 
aux  Dévarchis,  mais  qui  au  fond 
semblent  des  émanations  de  Marout^H 
le  dieu  des  vents,  de  l'air  pur,  dajl 
odeurs  balsamiques  cl  de  la  fumiga- 
tion. 

MARPÉSIE,  Marpesia,  Mxp- 
itiviecy  reine  des  Amazones,  soumit, 
dit-on,  les  habitants  (hi  Caucase  ,  et 
donna  sou  nom  n  celte  chaîne  du 
monlngues.  Si  jamais  le  Caucase  s'est 
nommé  Marpèse,  c'est  que  Marpésie 
était  la  montagne  personnifiée.  On 
aura  identifié  guerrier  montagnard  et 
montagne,  montagne  et  lune,  lune 
et  nduratiice  belliqueuse  de  la  liiut 


H 


Comp.  Amazones. 

MARPESSE,  fille  d'Événus  roi 
d'Etolic,  épousa  Idas  [P'oy.  ce  nom). 

MARS  (Mameus  des  vieux  Sabin 
Mavors  des  poètes),  en  grec  Aa 
(dorien,  Aras),  était  dans  le  mon 
gréco-romain  le  dieu    de  la  guerri 
11  naquit,   sirivanl  Hésiode,  de  J 
piter  et  de   Junou.   Des    tradilio 
modernes  ,    mais   qui    au    iond    re- 
montent a  une  haute  antiquité,  lui 
donnent  bien  Juuon  pour  mère,  mais 
en    ajoutant    que    nul    amant  ,    nul 
époux  n'eut  part  a  cette  maternité 
miraculeuse;  il  lui   suffit  de  toucher 
des  doigts  une  fleur  des  champs  d'û^^, 
lènc,  pour  voir  ce  dieu  terrible  ^PP)jH| 
raître  dans  ses  mains.   Dire  qn'elh?^' 
venait  alors  de  se  reposer  auprès  du 
temple  de  Flore,    et    que  Flore  lui 
avait  enseigné  ce  moyen  d'avoir  uu 


n 


MAR 

fils;  supposer  un  voyage  eti  Orient, 
comme  si  Olène  était  eu  Orient;  ima- 
giner que  Junon  se  mit  ainsi  à  voya- 
ger pour  avoir  un  fils  a  elle  seule,  le 
tout  par  jalousie  contre  Jupiter,  qui 
«cul  avait  produit  Minerve  de  son 
cerveau ,  ce  serait  s'égarer  dans  de 
vaines  broderies  étrangères  k  l'esprit 
de  l'antique  légende.  D'autres  généa- 
logies,rudimentaires  en  quelque  sorte, 
font  de  Mars  ie  fils  d'Enyo  (Enjo- 
Bellone  ou  Euyo-Véuus  :  sur  cette 
question  capitale  comparez  Anahid). 
Au  dire  des  Grecs,  Junon  donna 
son  fils  à  élever  k  Priape  (Titan  ou 
Dactyle  Idéen),  qui  le  fit  préluder  aux 
cruels  exercices  de  la  guerre  par  la 
danse  furibonde  et  sanglante  des  Co- 
rybantes.  Dans  cette  liypotlièse ,  la 
scène  se  passe  en  P])rygie,  et  les 
cliaînes  montagneuses  de  l'Anadhouli 
servent  de  gymnase  préparatoire  au 
jeune  dieu.  Une  autre  opinion  place 
le  tliéàlre  de  ses  premières  années  en 
Thrace.  Ailleurs ,  c'est  une  déesse 
Tliéro  (la  vie  sauvage  personnifiée) 
{êi^'p  ,  bête  farouche  )  qui  veille  sur 
son  éducation.  Mars  prit  part,  se- 
lon Claudien,  a  la  guerre  des  géants, 
et  tua  dans  cette  lutte  célèbre  Pé- 
lore  et  Mimas,  En  revanche  il  fut 
obligé  de  fuir  devant  Typhoée  ;  et, 
pour  mieux  échapper  aux  coups  de  ce 
prince  des  Açoura  helléni([ues,  il  se 
métamorphosa  en  poisson.  Il  faut  re- 
marquer qu'Apollodore  ne  parle  pas 
de  Mars  dans  cette  guerre,  et  que  le 
grand  rôle  y  est  joué  par  Minerve. 
Beaucoup  plus  tard  les  deux  Aloïdes 
triomphèrent  du  dieu  des  combats , 
et  treize  mois  de  suite  Mars  languit 
dans  les  fers.d'Olos  et  d'Ephialte.  11 
ne  dut  sa  délivrance  qu'k  l'indiscré- 
tion d'Iphimédie  et  a  l'adresse  de 
Mercure.  Il  faut  croire  que  son  élo- 
quence surpassait  son  adresse  k  ma- 
nier l'épée.  Ayant  tué  Halirrholhe, 


MAR 


29 


il  fut  cité  par  Neptune  au  conseil 
des  dieux  ,  et  l'assemblée  tenue  dans 
Athènes  l'acquitta.  C'est  k  cet  anti- 
que et  premier  échantillon  des  causes 
célèbres  qu'uue  des  légendes  les  plus 
en  vogue  en  Grèce  attribuait  l'in- 
slitulion  de  l'aréopage.  Quelques  faits 
particuliers  se  dessinent  encore  dans 
la  biographie  de  Mars.  Pendant  la 
guerre  de  Troie  il  se  déclara  en  fa- 
veur de  Priam.  Yénus  blessée  lui 
permit  de  prendre  son  char  pour 
voler  au  combat.  Il  prit  les  traits 
d'Acaraas,  et  tua  une  foule  de  héros: 
il  vengeait  ainsi  la  mort  d'Ascalaphe 
immolé  parles  Grecs.  Mais  Minerve 
le  ramena  du  champ  de  bataille,  et  le 
fit  asseoir  malgré  sa  fureur.  Un  autre 
tre  jour  il  fut  blessé  par  Diomède; 
mais  son  cri  terrible,  semblable  au 
houra  de  cent  mille  hommes  qui  char- 
gent l'ennemi,  fit  trembler  les  Grecs. 
Hébé  et  Péon  réunis  le  guérirent  de 
ses  blessures.  —  Mars  n'a  pas,  chez 
les  poètes,  d'épouse  unie  k  lui  par 
les  liens  solennels  du  mariage,  mais  la 
liste  de  ses  maîtresses  le  cède  peu  en 
longueur  k  celle  des  dieux  importants 
du  paganisme.  Rien  de  plus  célèbre 
que  ses  amours  avec  Vénus  et  les  épi- 
sodes qui  s'y  lient.  Nul  doute  que 
dans  les  croyances  primitives  des  Pé- 
lasgues  Mars,  identique  k  Vulcain,  ne 
fût  l'époux  légitime  de  Vénus  5  mais 
dans  les  siècles  postérieurs,  l'Andro- 
gyne-tolalilé  se  dédoublant  en  deux 
sexes,  donna  lieu  k  la  distinction  de 
Vidcain  et  de  Mars;  l'adéquate  subal- 
terne devint  un  remplaçant  furtif  de 
Mars,  et  le  Hiéros  Gamos  de  Samo- 
thrace  fut  pris  pour  un  adultère.  Vul- 
cain, continuèrent  les  poètes  ,  en  fut 
averti  par  le  Soleil  (Apollon)  qui  lui- 
même  avait  aspiré  k  la  tendre  affec- 
tion de  Vénus ,  et  qui  par  celle  déla- 
tion se  vengea  de  ses  rigueurs.  Vul- 
cain fabriqua  le  filet  invisible  {f^oy. 


3o 


MAR 


VuLCAï») ,  le  plaça  arlîsteraenl  au- 
tour du  lil  qui  recelait  les  Weux  cou- 
pablfs,  puis  convoquant  l'Olynipe, 
dieux  et  déesses,  leur  admiuistra  la 
preuve  flagrante  de  sa  bunle.  Les 
dieux  en  rirent  sous  cape,  et  Mercure 
en  rit  tout  haul  (/^oy.  Mercure,  et 
comp.  de  nouveau  Vulcain).  Après 
Vénus,  on  trouve  encore  en  ra[)port 
avec  Mars  Agrauje,  Allhée ,  Aityo- 
cbé,  Atalante,  Bistonie,  Calliroé, 
Céléno,  Chrysé,  Critobule,  Cyrène, 
Démonice  (autrement  Andronice), 
Otrère,  Parnassi  (ou  Egine?),  Pé- 
lopée,  Prologénid,  Pyrène ,  Réa 
Sylvia,  Séta,  Stérope  (  ou  Asté- 
rope),  Télée,  Telpbuse.  Il  eut  de 
ces  n\mpbes,  princesses  ou  simples 
mortelles,  i°  Alcippe  violée  par  ila- 
lirrbothe  qu^ensiiilc  Mars  tua  pour  la 
vengcrj  2°  Méléagrej  3"  les  deux  ju- 
meaux Argonautes,  Ascalaphc  et  lal- 
mène  5  4°  Partbénopéc  ,  un  des  sept 
cbefs;  5°Tcrée;  6°Histon;  y'Lycus, 
donné  aussi  pour  fils  de  Neptune  5  8° 
Phlégyas;  9°  Pangée;  io°l3iomcde, 
roi  desBistones;  i  T'Mulus,  Kvénus, 
Tbcstius  ou  Pylus  ou  Pylcs;  12° 
Hippolytei'Amazoncj  1 3° Sinopej  1  i" 
un  des  deux  Cycnus  qui  furent  tués 
par  Hercule;  15"  Oxyle;  16°  le  se- 
cond Cycnus  que  tua  Hercule;  1 7*  Ro- 
mulusetRémus;  1 8°Bitltys;  i  g^OEno- 
mas;  20"  Ëvadné;  21"  le  dragon  que 
tua  Cadmus.  11  faut  y  joindre  deux 
autres  fils  d'amantes  inconnues,  Clia- 
lybs  (l'acier  personnifié),  qui  donna 
son  nom  aux  Chalybcs,  et  Calydon, 
héros  éponyme  d'une  des  capitales  de 
l'EtoIie.  Vénus  aussi  était  devenue 
mèie  par  son  intimité  avec  Mars,  Si- 
monide  nomme  Erôs  (l'Amour)  com- 
me le  fruit  de  cette  union  clandestine. 
L'opinion  samolliracieune  faisait  naî- 
tre des  deux  dieux  Harmunie.  On  y 
joignit  plus  tard,  d'après  des  idées 
toutes  différentes,  Dîmos  et  Phobos, 


MAR 

l'effroi  et  la  crainte.  Comme  les  syno- 
nymes de  ces  deux  synonymes  abon- 
dent en  grec,  il  eùl  été  facile  de  don- 
ner h  Mars  dix  fils  pareils  à  ces  der- 
niers. On  sent  du  reste  que  ce  sont 
des  parèdres  transformés  en  fils;  car 
fils  et  parèdre  sont  des  émanations 
subalternes  du  dieu  principal.  Joi- 
gnons ici  la  liste  con  plcle  des  divini- 
tés parèdres  de  Mars  :  Hellone,  Enyo, 
Lyssa, tris, Dîmos  (ou  Formido),Pno- 
bos  (ou  Pavor),  Pallor,  Pbygà,  Nicà 
(la  victoire), — Les  surnoms  de  Mari' 
sont  tous  relatifs  a  la  guerre,  Nous 
ne  donnerons  ici  (|ue  les  principaux. 
Ce  sont  d'abord  Marmcsse  ou  Mars- 
Piter.  Ensuite  viennent  les  noms 
de  Gradivus  (qui  marche  au  com- 
bat)', Stator  (qui  arrête,  ([ui  attend 
de  pied  ferme),  de  Tîcliésiplète  (qui 
ébranle  les  murs)  ,  d'Alloprosall  (qui 
va,  qui  saute  de  l'un  à  l'autre), 
d'Alalaxios  (relatif  au  houra  des  an 
ciens,  Alala;!),  de  Thourios  (l'éner-| 
gique),  d'Hyperméuèle,  d'Arnogète, 
d'Obrimotliyme,  de  Cartérodiîr  (qui 
indiquent  vaillance,  fureur,  et  bras 
robustes),  de  Phonios,  Mia;plionos, 
Brotolcegos ,  Polymoclithos  ((|ui  par 
lent  de  sang,  de  sueurs  et  de  cata- 
strophes); de  Brisarmale,  de  Cbalco 
chylon,  Cbalcocoryste ,  de  Cbalcéos 
Phéraspis,  IJorysthène,  Chryséopé 
lex  (pittoresques  épithèles  qui  fon 
saillir  h  l'œil  les  épëes  d'acier,  le_ 
cuirasses  de  cuivre,  les  boucliers  d'ar-j 
genljlescasques d'or);  ceux  enfind'É- 
nyalios(Enyo  mâle  ou  filsd'Euyo);  de 
Bathyptolème  (à  la  guerre  profonde), 
d'Ultor  et  liis-Lltor  (vengeur  et  dou- 
ble vengeur);  de  Pacifer  (qui  donne 
la  paix),  de  Victor  et  Nicéplioros  (qui 
donne  la  victoire).  On  consacrait  sur- 
tout a  Mars  le  coq  en  mémoire  d'A- 
leclryon,  le  cheval  saisi  equel  il  n'es 
point  de  grande  guerre,  et  enfin  les 
oiseaux  de  proie.  Les  nns  en  effet 


I 


J 


MAR 

sont  braves,  et  livrent  bataille  à  plus 
fort  qu'eux  (le  gerfaut),  les  autres  sont 
rapaces  et  s'éjouissent  sur  les  cada- 
vres. On  sacrifiait  à  ce  dieu  le  tau- 
reau, le  veau,  le  bélier ,  des  chevaux 
peut-être,  et  même  des  chiens,  des 
boucs, des  ânes,  et  même  des  prison- 
niers de  guerre  j  mais  les  chiens  étaient 
offerts  par  les  Cariens,  les  boucs  par 
les  Lusitaues,  les  ânes  par  les  Scy- 
thes et  les  Saracores.  Est-ce  que  tous 
ces  peuples,  placés  sur  le  globe  à  des 
distances  de  quiuze  cents  lieues,  ado- 
raient le  même  Mars?  Nous  répon- 
drons plus  tard  à  cette  question^  pour 
l'instant  notons  que  la  Grèce  et  Rome 
au  moins  l'honorèrent  sous  ces  noms 
d'Ares  et  Mars  ,  Rome  surtout  qui 
lui  attribuait  la  naissance  de  ses  fon- 
dateurs, Romulus  et  Rémus,  et  dont 
toutes  les  idées  étaient  tournées  a  la 
guerre.  Le  culte  des  prêtres  saliens, 
institué  par  Numa  et  lié  aux  Anciles , 
fut  le  premier  hommage  rendu  par 
CCS  futurs  conquérants  du  monde  au 
dieu  de  la  guerre  [f^oy.  Salius).  Le 
temple  même  de  .Tanus  ne  doit  être 
regardé  que  comme  un  temple  com- 
mun a  la  paix  et  h  la  guerre.  Dans  la 
suite  il  eut  des  chapelles  au  Capitole 
et  dans  plusieurs  des  villes  romaines. 
Toutefois,  les  Romains  souvent  paci- 
fiques en  paroles  élevaient  des  tem- 
ples a  la  paix,  ala  concorde,  ou  bien, 
concentrant  toutes  les  puissances  par- 
tielles dans  leur  Jupiter  ,  invoquaient 
un  Jupiter  Stator,  Férétrius,  Milita- 
ris  ,  etc.  C'est  plutôt  aux  époques 
postérieures  que  l'on  vit  le  dieu  des 
armes  se  distinguer  très-nelleraent  du 
dieu  suprême,  et  avoir  sous  sa  sur- 
veillance le  départeraentde  laguerre. 
Auguste  fit  bâtir  un  temple  à  Mars 
Ultor  après  la  bataille  de  Philippes. 
Quant  aux  Grecs,  pendant  long-temps 
ils  firent  de  leurs  dieux  favoris  des 
protecteurs  de  la  cité,  et  en  consé- 


MAR 


3î 


quence  ils  connurent  peu  un  dieu  de 
la  guerre.  A  Sparte  on  avait  pour- 
ta  it  un  Mars  enchaîné  par  les  pieds. 
La  plupart  des  temples  de  Mars  étaient 
situés  hors  des  villes.  —  Mars  est 
représenté  sous  les  traits  d'un  guer- 
rier des  temps  héroïques,  en  qui  s'u- 
nissent la  force,  l'adresse  et  Tao-ililé. 
Les  belles  médailles  de  Métaponte 
sont  les  monuments  où  il  a  le  plus 
grand  caractère.  Le  corps  robuste,  la 
poitrine  large,  les  bras  vigoureux,  la 
figure  indifféremment  barbue  ou  sans 
barbe,  l'aii' hardi,  sévère,  sombre  ou 
menaçant,  le  costume  héroïque  ou 
bien  la  cuirasse,  voila  les  traits  qui  le 
caraclërisentj  ses  armes  sont  le  grand 
boucher  argien,  le  casque,  l'épée. 
Quelquefois  des  génies  les  portent 
(Willemin,  Cost.ant.^  8i),  ou  bien 
préparent  son  trône  {Pilture  d' Er- 
colano^  I,  29).  Très- rarement  il  est 
précédé  de  la  chouette  de  Minerve, 
symbole  de  la  prudence  qui  doit  se- 
conder la  valeur.  De  temps  à  autre 
aussi  il  porte  l'égide  sur  la  poitrine. 
Un  char,  traîné  par  des  chevaux  fou- 
gueux que  guide  Bellone,  l'emporte 
sur  les  cliamps  de  bataille  5  Dîmos  et 
Pallor  le  précèdent,  Phygâ  le  suit, 
quelquefois  Nikâ  est  dans  ses  mains. 
Dîmos  et  Phobos  (Forraido  et  Pavor) 
sont  parfois  les  deux  chevaux  qui  font 
rouler  la  bige  sanglante.  En  général, 
il  reste  pen  de  ÎWars  de  l'ancien  style. 
Alcaraène  en  fit  un  le  premier  :  la  sta- 
tne  était  debout.  Scopas,  un  peu  plus 
tard,  figura  le  dieu  assis  de  grandeur 
colossale.  —  Mars  est  un  dieu  d'ori- 
gine hindoue,  et  très-probablement  un 
Siva  subalterne  en  tant  que  force, 
c'est-h-dire  un  Skanda,  Soubramania 
ou  Kartikéia.  Privé  de  cette  puissance 
qu'il  eut  dans  l'Inde  méridionale,  ou 
peut-être  grâce  à  celte  supériorité 
qu'il  eut  dans  l'Inde,  le  culte  de  Siva 
passa  de  bonne  heure  dans  les  ré- 


Sa 


MAR 


MAR 


m 


gîons  de  la  haute  Asie ,  et  la  Tran- 
soxane  en  fut  long-lemps  le  foyer. 
On  peut  supposer,  il  est  vrai,  que  dans 
cette  émigration  du  culte  hindou,  c'est 
Bhavani,  l'épouse  et  souvent  l'anta- 
goniste de  Siva,  qui  se  popularisait 
dans   l'esprit    des  Asiatiques.   Nous 
l'admettons.  Mais  que  ce  système  ne 
devienne  pas  exclusif:  Bliavani  dans 
cet   exil  n'est  plus  l'ennemie  de  Si- 
va; le  couple  sacré  se  réconcilie  ou  , 
pour  mieux  dire  ,  Siva  résume  Blia- 
vani, Bhavani  implique  Siva.  Toute- 
fois, de  celte  idée  commune  éma- 
nent deux  faces  de  culte  :  dans  l'une 
Siva ,   le  dieu  Mars ,  s'en  va    vers 
Test  et  le  nord;  dans  l'autre  Bha- 
vani avance,  suivie  de  son  fiU  Kar- 
likéia ,    vers   le  nord  et   le    nord- 
ouest.  De  tous  côtés  pleuvent  les  ter- 
res guerrières,  les  lunes  guerrières, 
les  ondes  guerrières,  les  génératrices 
guerrières,  les  roules  éloilécs  guer- 
rières. L'Arménie  a  son  Anahid  ,  le 
Caucase  son  Amazone  modèle,  la  Tau- 
ride  son  Opis,  le  Danube  sa  Bendis , 
la  Phrygie  sa  Cybèle.  Dans  tous  ces 
lieux  un  Atys,  un  dieu  subalterne,  un 
parèdre  jeune,  beau,  agile  et  robuste 
se  dessine  sous  la  rude  matrone.  Ce 
dieu,  c'est  Mars.  Atys  au-dessous  de 
Cybèle;  Skanda  au-dcssousde  Bliavani 
dans  le  pays  des  Saces  ;  Mégabyze  au- 
dessous  de  cette  amazone  modèle  dont 
le  nom  n'est  pas  donné,  mais  que  rien 
n'empêche    de   nommer    Martésie  ; 
Thoas  ou  Taure  (Thor)  au-dessous 
d'Opis,  et  Mars  au-dessous  de  Bendis: 
voilà  les  groupes  mythologiques  tels 
qu'ils  furent  dans  la  pensée  des  peu- 
ples. Mais  bientôt  chacun  adore  à 
son  gré  séparément  la  déesse  sans  son 
parèdre ,  le  parèdre  sans  la  déesse. 
Aras    un    jour   se    trouve    isolé  de 
Bendis.  Vous  croyez  qu'il  l'a  été  de 
tout  temps?  Tout  prouve  que  non. 
Yoyez  dans  Samothrace,  si  voisine  de 


;ux 
me 

1 


la  Thrace,  Aras  couché  dans  le  même 
lit  avec  Aphrodite,  Aphrodite  qucleij|l 
Latins,  héritiei's  directs  du  langagwB 
pélasglque  comme  les  Venèles  ou  \  e- 
nèdes ,  nommaient  Vénus.  Vénus, 
Vendis,  Bendis  ,  voila  le  même  mot 
faisant  écho  des  bouches  de  ITsleT: 
aux  sources  du  Save  (faux  Dnuube] 
eu  Islrie,  et  de  l'Islrie  dansTEtiuri^ 
et  dans  les  valléis  des  Sabins.  De 
coïncidences  bien  plus  curiciise.s  voi 
encore  se  dérouler.  Mars  eu  Thraci 
était  adoré  sous  la  forme  d'un  vieux 
sabre  fiché  en  terre.  Eh!  bien  hllorac^ 
cl  chez  les  Sabins  le  dieu  Quirinus] 
qui  est  Mars  même,  ne  fui  d'abord 
que  la  lance,  queit\  la  lance  féti(| 
che  chéri  des  guerriers ,  la  lauc 
tour  ù  lour  donnée  comme  arme  fil 
chée  en  terre  par  un  bras  puissant , 
ou  comme  produit  spontané  du  sol. 
Le  javelot-figuier  du  vieux  Uouiului 
n'est  pas  autre  ciiose,  ou  tout  an  ph 
y  a-l-il  sous  cette  légende  Tidée  d'i 
Mars  rival,  Mars  sabiu,  d'un  piluu 
futur  vainqueur  de  la  haste  des 
Italioles.  La  Tran,soxanc  offre  Ibj 
même  spectacle.  La  aussi  c'est  à  ui 
épée  immobile  en  terre  qu'on  ren| 
hommage.  Bliavaui  s'appelle  dai 
celle  région  lointaine  Asailévi.  Skanc 
son  fils,  vaincu  par  le  dieu  diplonialî| 
Ganéça,  comme  JMars  par  les  favoris 
de  Minerve,  comme  Ajax  par  Ulysse, 
s'en  va  frémissant  dans  les  régions  du 
nord,  et  Ih  plonge  son  glaive  dans  la 
gorge  de  la  terre.  Ce  glaive,  ajoute- 
t-on,  est  Asadévi.  Qu'il  soit  Asadévi, 
ou'il  soit  Skanda,  voilà  le  Mars  féti- 
che tout  trouvé;  ellaScylliie  au  nord- 
est,  le  Lalium  au  sud-ouest,  la  Thra- 
ce au  milieu,  nous  présentent  trois 
jalons  remarquables  de  l'itinéraire  du 
dieu  de  la  guerre.  Ne  nous  imaj 
nons  pas  que  ces  jalons  soient  le 
seuls  !  La  Germanie,  la  Gaule,  l'Hia 
panic,  adoiaieut  ausM  un  Mars  fél^J 


MAR 

clie.  Le  nom,  certes  nous  ne  sommes 
pas  de  ceux  qui  tenteront  delà  don- 
nei  j  mais  quant  a  Pidée  d'être  aveu- 
gle, on  doit  reconnaître  qu'elle  se 
|)i  ésente  d'un  bout  de  l'Europe  à  l'au- 
tre. El  quoi  de  plus  simple?  c'est  un 
des  mille  traits  qui  ont  signalé  le 
voyage  de  celle  grande  race  hindo- 
germauique,  se  répandant  de  proche 
en  proche  des  flancs  boisés  de  l'ima- 
laïa  a  la  noinie  de  AVardhiius  et  à 
l'île  de  Léon,  sur  les  plaines  délicieu- 
ses qui  s'éleudenl  au  sud  deTAlbord]" 
et  du  Caucase,  et  dans  le  voisinage 
des  Geisers  de  l'Islande  et  des  eaux 
bouillantes  qui  fument  au  sein  de  l'hi- 
ver éternel. 

MA118E,  MaRSUS,  Mupertç,  fils 
d'Ulysse  et  de.Circé,  donna  son  nom 
à  la  célèbre  peuplade  des  Marses  en 
Italie.  Toutefois,  les  Marses  préten- 
daient aussi  descendre  soit  du  Phry- 
gien Marsvas.  soit  de  Mars  lui-même. 
Tacite  place  en  Germanie  un  peuple 
qu'il  aomme  Marsej  il  a  tort  de  le 
rej^arder  comme  une  des  branches 
principales  des  (jermains.  Ils  se  di- 
saient issus immédialement  du  grand 
dieu  de  la  Germanie,  Tuistou.  On 
nomme  aussi  des  Marsaces.  f^oj^. 
Pline,  IV,  i5. 

MARSYAS,  My.p<rùxs,  fils  d'O- 
lympe ou  d'Hva£;nis ,  ramassa  la 
flûte  inventée  par  Minerve,  cultiva 
l'instrument  imaginé  par  la  déesse,  et 
inventa  la  double  llùte  (comp.  Pajn)  et 
la  ligaturequiempêchaille  gonflement 
du  visage:  il  finit  par  porter  un  défi 
musical  au  dieu  possesseur  de  la 
lyre.  Les  Muses  choisies  pour  arbi- 
tres donnèrent,  comme  de  raison, 
la  préférence  au  Dieu  Musagète.  Des 
légendes  qui  ont  pour  elles  de  l'anti- 
quité reoréseuteni  au  contraire  Apol- 
lon vaiucu  au  jugement  des  Muses 
mêmes.  A  celle  époque  on  n'avait 
pas  sans  doute   constitué  un  chœur 


AlAR 


33 


de  neuf  Libéthrides,  Héliconides , 
Pimpléîdes,  modulant  des  chants  clas- 
siques sur  ceux  du  maître,  et  for- 
mant autour  de  lui  un  cercle  dont 
il  est  l'àme.  Les  syncrétistes ,  qui 
même  eu  fait  de  fables  ne  dérangent 
pas  les  existences  acquises,  conciliè- 
rent au  mieux  les  deux  récits.  Apol- 
lon et  Marsyas  ne  firent  d'abord 
que  de  la  musique  instrumentale, 
et  Marsyas  l'emporta.  Apollon 
alors  joignit  la  voix  à  la  lyre,  et 
fil  pencher  la  balance  eu  sa  faveur. 
Une  autre  légende  montre  Midas 
choisi  pour  jugej  mais  c'est  entre 
Pan  et  Apollon  qu'eut  lieu  la  lutte 
dont  le  roi  de  Célènes  était  l'arbitre  j 
l'erreur  du  reste  n'est  pas  des  plus 
graves,  car  dans  l'un  et  l'autre  cas  il 
s'agilde  la  supériorité  des  instruments 
à  vent  sur  les  instruments  K  cordes,  et 
peut-être  d'un  différend  entre  deux 
systèmes  de  musique.  Admis  ce  point 
de  vue,  Marsyas  représenterait  les 
Gluckistesdes  anciens  jours,  Apollon 
se  trouverait  un  précurseur  des  Pic- 
ciuisles.  Comp.  Midas.  Quoi  qu'il  en 
soit ,  Apollon  déclaré  vainqueur  or- 
donna d'attacher  Marsyas  h  un  arbre 
et  de  l'écorcher  vifj  il  paraît  que  la 
peau  du  célèbre  musicien  resta  sus- 
pendue à  l'arbre:  car,  dit  Elien,  joue- 
t-on  de  la  flûte,  elle  s'agite  et  réson- 
ne 5  jone-t-on  de  la  lyre,  elle  reste 
immobile  et  muette.  Quand  le  dieu  du 
jour  eut  passé  sa  colère  aux  dépens 
du  pauvre  joueur  de  flûte,  il  eut  re- 
gret de  ce  qu'il  venait  de  faire,  et, 
sans  doute  pour  consoler  l'ombre  de 
Marsyas,  il  brisa  les  sept  cordes  de 
sa  lyre,  et  en  déposa  les  débris  avec 
les  flûtes  de  son  antagoniste  dans  une 
grolte  consacrée  k  Bacchus.  Le  sang 
de  Marsyas  devint  un  lleuve  du  même 
nom.  Au  reste,  les  anciens  connais- 
saient trois  rivières  de  ce  nom  ,  l'une 
danï  la  grande  Phrygie  non  loin  d'A« 

3 


34 


MAR 


panée,  Taulre  dans  rApamène  en 
Syrie,  an  milieu  crime  Irès-grande 
plaine  de  mémo  nom ,  la  troisième 
daus  laCyrrbesliquc. — Laflùte  élant 
jointe  au  culte  de  Cybèle,  on  admit 

3 lie  Marsyas  était  le  père  nourricier 
e  celle  déesse  ou  son  instituteur,  et 
qu'il  l'accorapagua  dans  ses  voyages. 
Diodorc  vante  sa  continence.  \  a-t-il 
là  un  vestige  du  célibat  et  de  l'cunu- 
cbisme  des  Corybantes? — Lu  groupe 
célèbre  de  Marsvas  est  celui  qu'on 
trouve  dans  le  recueil  des  marbres  de 
Dresde,  pi.  65.  Monlfaucon  eu  a 
donné  un  grand  nombre  ,  tora.  I,  i'' 
part. ,  55  ,  54.  Ou  peut  voir  encore 
un  magnifique  bas-relief  qui  repré- 
sente le  supplice  de  Marsyas,  dans 
Wiuckelmann,7iyo7i«/7i.  ined.,  4*. 
Au  reste,  les  anciens  menaient  sou- 
rent  sur  leurs  places  des  slalues  de 
Warsvas. — On  représente  Marsyas 
comme  un  être  semi-sauvage,  ênf  ou 
<P^p,  disent  les  légendes.  Cesl  donc 
un  Pan,  un  Sylvain,  un  Cepb  ou 
Céphée,  un  Kabho-Mansou,  un  ila- 
nouman,  enlîu  un  dieu-singe  à  coté 
des  grands  dieiis. 

MAKTÉSIE,  MAnTEsiA,M«/>Ti;- 
viUf  reiue  des  Amazones,  partageait 
l'empire  avec  Larapéto  ou  j^ampédo. 
Ge  ijom  ressemble  singulièrement  îice- 
lui  de  NJarpésie,  mais  plus  encore  k 
celui  de  Mars,  et  surtout  k  celui  de 
Brilomarlis(la  douce  vierge).  Cesdeux 
dernières  coïncidences  sont  graves. 
D'Ares  (Arles,  Ertosi,  etc.  )  k  la  fière 
Arlémis  ,  le  passage  est  facile  en 
nom  comme  en  idéej  et  d'autre  part, 
qu'est-ce  que  la  douce  vierge,  la  vier- 
ge des  Crélois.'*  Artémis,  on  le  sait; 
i'I  Arlémis  est  la  grande  souveraine 
des  Amazones. 

MARTILS,  devin  ilaliole,  passait 
pour  avoir  composé  des  livres  qui 
étaient  conserves  dans  le  trésor  du 
Gapitole  avec  les  volumes  sibyllins. 


I 


MAS 

Le  sénatus<consn1te  qui  déclara  ces 
livres  sacrés  avait  été  rendu  après  la 
bataille  de  Cannes  prédite,  dil-on,  par 
Marfius.  \ers  le  même  temps  aussi, 
les  llomaiiis  instituèrent  des  jeux  en 
riionneur  d'ApuUon,  le  tout  sur  Tor- 
dre on  la  recommandalion  de  Marlius. 

MAllTZAINA  était  la  déesse  des 
moissons,  selon  les  Slaves  de  Kiev. 
On  a  voulu  en  faire  une  Vénus  des 
Sarmales. 

MARUNUS.  roy.  Marouw. 

RIAinAlNUYN,  MAnYAM)Yiiui 
Mccfiât^vte;  ,  béros  éponyme 
Alaryandynes  en  Bitbynie.  Comme 
on  ignorait  l'origine  de  ce  peuple 
qu'en  général  les  modernes  dérivent 
de  la  Thrace,  ainsi  que  les  Tbyni,  les 
uns  firent  de  Waryandyn  «n  fils  de 
Fliryxos  (origine  tliébaine  pélasgi- 
que) ,  les  aulres  lui  donnèrent  pour 
père  soit  Phinée  (origine  tbrace),  s 
Ciinmérius  (origine  kimri(jne,  trèi 
douteuse  par  conséquent,  mais  incoi 
teslablcment  plus  seplenlrioiiale  q' 
les  autres,  transdanubienne  el  p 
être  tauri(|ue). 

MASAHIS,   Bacchus  en    Cari 
On  donne  pour  origine  à  ce  nom  M 
nourrice  de  Baccbus,  el  Ares,  par* 
que  Ma  persuada  k   Junou  que  Si 
nourrisson   était   un    fds   de   Mari 
Comp.  l'art.  Ma.  l'ournou»,  il  sem 
ble  que  Masaris  est  le  Mahéconara 
des  Indes (/'oj'.  BAUcnus  (]iii  a  pres- 
que tous  les  noms  usuels  de  Siva). 

MASSIQUE,  Massicus,  cbef 
é<rusqne  qui  conduisit  au  camp  d'É- 
née  les  guerriers  de  Clusi«m  et  de 
Coses.  Un  vin  de  ce  nom  (iVJassicum) 
était  fameux  k  Borne  du  temps  d'Ho- 
race, et  se  confondait  presque  avec 
Falerne.  Tous  ces  vignobles  sont  d 
truits  anjourd'bni  :  au  reste,  il  fal 
noter  que  Massique,  ainsi  queMassl 
appartenait  k  l'Elrurie ,  tandis  que 
Falerne,  Gaure,  Calés  et  les  colea 


0- 

ue 

1 


MAT 

massiques,  tous  voisins  de  Sorrente, 
faisaient  partie  de  la  Campanie. 

MASïOR,  M^o-lwp,  1°  de  Cy- 
thère,  père  de  Lycopliron  j  2°  père 
du  devin  Halitherse. 

MATAI,  le  dieu  du  vent,  selon  la 
légende  d'Olaïti  [Foj-.  Tane;  et 
comp.  la  légende  contraire^  article 
Etoua-Rahai).  Dans  celle-ci  le  vent, 
nommé  Orré-Orré,  est  membre  d'une 
triade  sacrée. 

MATALI ,  conducteur  du  char 
d'Iudra* 

iVlAlCHI-MANITOU  est,  selon 
les  sauvages  de  l'Amérique  nord  , 
un  dieu  malfaisant ,  le  même  que  la 
lune.  Les  orages,  disent-ils,  ne  sont 
causés  que  par  l'esprit  de  la  lune  qui 
s'agite  au  fond  des  eaux.  Aussi ,  lors- 
que les  tempêtes  se  font  sentir^  jel- 
tent-ils  au  fond  des  eaux,  afin 
d'apaiser  le  dieu  malin  ,  tout  ce 
qu'ils  ont  de  plus  précieux.  —  Malsi, 
IVlalchi  veut  dire  lune  ,  et  Manitou 
esprit.  Coinp.  Amazoues  et  Mani- 
tou. 

MATCHIA-VATARAM,  ou  plu- 
tôt Matsiavatar,  c'est  Vichnou- 
poisson  (première  incarnation). 

MATERA,  Minerve-pique,  ou  or- 
née de  piques.  La  Matera  était  un 
trait  a  l'usage  des  Gaulois. 

MATÈRES,  MxTipis,  c'est-a-dire 

MÈRES,  dÉESSES-MÎîRES.    F^.  MiiRES. 

MATILALRUIA,la  déesse  des  eaux 
selon  les  Azlèques,  était  représentée 
vêtue  d'un  linge  Lieu  céleste  en  forme 
de  tunique. 

MAI  IvOMEK,  dieu  des  indigènes 
de  l'Amérique  septentrionale  et  prin- 
cipalement desiroquois  ,  était  le  dieu 
de  l'hiver;  c'est  du  moins  en  cette 
saison  qu'on  l'invoque, 

MATR^,  Matres.  ;^.  Mères, 
et  comp.  l'art,  suivant. 

MATRIS  (les)  sont  liuit  ou  dix 
déesses,  effloresceoces  divines  de   la 


MAT 


35 


haute  Maharaaïa,  Mahaçakti,  Maha- 
matri.  On  les  nomme  dans  le  Dévi 
Mahatmiam,  Brahmi  (fille  de  Brah- 
raâ  )  Mabéçouari  (fille  de  Siva), 
Aindri  (  fille  d'Indra  ) ,  Varahi 
(fille  de  Varaha),  Vaichnavi  (fille 
de  Vichnou),  Kaouraari  (fille  de 
Koumara),  Kaouvéri  (fdle  de  Kou- 
véra).  On  peut  leur  joindre  Nara- 
cigni  (fille  delNaracingha)  ou  Tchan- 
dik  a  (surnommée  Aparadjita)  ouTcha- 
mounda.  Tour  a  tour  les  énuméra- 
lions  présentent  ou  huit  ou  dix  Ma- 
tris.  Les  trois  dernières  sont  celles  à 
qui  l'on  conteste  le  plus  souvent  une 
place  dans  les  listes.  Il  est  essen- 
tiel de  remarquer  que  les  Ma  tris 
n'apparurent  dans  la  mythologie, 
telles  que  nous  les  trouvons  aujour- 
d'hui, que  lors  d'une  fusion  des  cul- 
tes. Trois  d'entre  elles  ,  Vaichnavi 
Varahi,  Naracigni  sontvichnaviennes. 
Braiimi,  Kaouraari,  Kaonvéri  appar- 
tiennent au  Brabmaïsme;  Mabéçoua- 
ri ,  Tchamounda  el  Tchandika  ,  l'in- 
vincible tueuse  de  Mounda,  sont  des 
émanations  sivaitiques.  Aindri  flotte 
sur  les  confins  de  Vichnou  et  de 
Brahmà.  A  présent,  quels  sont  les 
rôles,  les  caractères  et  les  places  des 
Matris?  1°  C'est  au  brahmaïsme 
qu'on  donne  vulgairementles  huit  Ma- 
tris. On  a  tort:  comme  elles  ne  se  lo- 
calisent sous  aucune  des  trois  grandes 
déités  trimourtiques ,  c'est  dans  le 
brahmisme  qu'il  faut  les  réabsor- 
ber, car  Biahm  résume  Bhramà, 
Vichnou ,  Siva.  2°  Souvent  on  fait 
des  huit  déités  féminines  un  groupe 
parallèle  aux  Vaçous.  Varahi,  dit-on, 
préside  au  nord,  Mahëcouari  au  sud, 
Brahmi  a  l'est,  et  Kaouraari  au  cou- 
chant. Puis  viennent  au  nord-est, 
Naracigni,  au  nord-ouest  Aparadjita , 
au  sud-ouest  Aindri,  au  sud-est  Vaich- 
navi. Comp.  les  huit  Vaçous  pre'si- 
dant  aux  huit  Rhumbs  principaux  de 

3. 


36 


MAT 


la  rose  des  vents.  3° Il  est  tout  sim- 

fi!e  que  les  hi»il  Malris  se  récapilu- 
cnl  par  uneMahamalri.  Mabamatri, 
qui  n'es!  autre  que  Mahamaïa ,  est  un 
centre  Hu  cercle  dont  les  simples 
Matris  occupent  la  circonférence: 
d'elle  partent  les  huit  rayons  qui  vont 
affleurer  de  4  5  en  4  5  degrés  a  la  pé- 
ripl)éiie  circulaire;  à  elle  reviennent 
converger  ces  huit  divergences:  à  elle 
seule  elle  est  le  cercle  entier.  Elle 
n^est  pas  la  somme  des  huit  unités, 
elle  est  l'entière  somme  des  fractions, 
et  les  fractions  ici  sont  huithuitièmes. 
4."  11  V  a  liaison  intime  entre  les  idées 
énergie  et  production.  Or,  mère 
n'est  pas  autre  chose.  Comp.  Tart. 
Maïa  :  Maïa  est  Sakii.  Sakii  est  Ma- 
Iri,  Sakti  se  se  nde  en  htut  Matris,  et 
Saktis  et  Matris  ne  forment  qu'une 
seule  ogdoadc.  5"  C'est  surtout  dans 
l'Épopée  grandio.se  des  gm-rrescontre 
lesgéants,qu'ilesl  question  desMatris. 
Tchandi  et  tous  ses  alliés  s'é'ancent 
contre  les  dieux  :  qui  les  saviva?  l*our 
les  Sivaïtes,  auteurs  du  Markandeia- 
Pourana,  c'est  Dourga.  gigantesque 
et  hautecomme  une  montagne,  Dour- 
ga, déesse  à  dix  bras ,  à  dix  arme<, 
éblouissante  de  beauté.  «La  Sakii 
»  Brnhmi,  les  reins  reinlsd'une  corde 
n  blanche,  et  portant  une  {gourde 
»  creuse,  vint,  montée  sur  un  char 
»  tiré  par  deux  cygnes  :  elle  a  pour 
»  surnom  Br;ibmaiii.  Ensuite  apparut 
»  Mabécouari,  montée  sur  uu  tau- 
»  reau,  armée  du  trident,  portant  un 
T)  large  serpent  en  guise  de  bague  et 
î)  le  croissant  de  la  lune  pour  orne- 
»  ment  de  tête.  Parmi  les  eunemis 
»  destines  à  combattre  les  enfants  de 
D  Diti  (Titans),  >e  montre  aussi  Kaoïi- 
»  mari,  dont  les  mains  Icuau-ul  la 
V  lance,  h  laquelle  un  paon  seivailde 
»  monture,  et  qui,  sous  l'arme  de 
»  Kartikaïa,  élail  Ambika(la  mère). 
»  Vaicboavi  arriva  moulée  sur  un  ai- 


MAT 

»  gle,  portant  la  conqne,  le  disque, 
»  la  mas>ue,  l'arc,  Tépée,  que  s 
»  cinq  mains  soutenaient.  Sousle  no 
»  de  Yarahi,  vint  renerj;ie  de  Har 
»  qui  prit  la  forme  sans  égalede  l'on 
»  sacré.  Ou  vit  se  présenter  Nara- 
»  cigni  (femme-lion),  dont  la  forme 
»  ressen  blait  absoliiment  'a  celle  de 
»  Naracingh(homme-'ion);  sa  crinière 
»  se  liérissait  ,  cl,  s'élevant  formida- 
»ble,  menaçait  les  cienx.  Ensuite 
»  Aiudri,  portant  le  tonnerre  dans  sa., 
»  main,  et  moulée  sur  le  roi  des  élÂlfl 
»  phants;  semblable  en  tout  h  Indr?" 
n  aux  cent  yeux.  Et  enfin,  Ténerf^ie 
»  tel  rib'e  nommée  Tcliandika  :  Sakii, 
»  qui  s'élança  du  corps  de  IJévi  (Par- 
»  vati  elle-même^,  horrible,  poussant 
»  de  longs  liurlemenls,  pareils  aux 
»  gémissements  affreux  decenleh.ikals 
»à  la  lois.  Ce  fui  ille,  la  déesse  in- 
»  vincible ,  ce  fut  Aparadjila  qui 
»  parla  en  ces  mois  h  Içaua  ,  dont  'a 
»  tète  est  environnée  des  tresses  noi- 
»  res  de  ses  cheveux.  On  vit  Tcha- 
»  manda  debout  sur  un  cadavre  , 
»  Varalii,  assise  sur  un  buffle  ,  Ai 
»  dri  moulée  sur  un  éléphant,  Vaic 
»  navi  portée  par  un  aigle ,  Mali 
»  couari  par  un  taureau  ,  Kanuma 
»  par  un  paon,  lira'  mi  paruncvgn 
»  enfin  Aparadjila,  que  le  monde  e 
»  lier  révère.  Ce  sont  les  Matris 
»  douées  de  toutes  les  facidtés.»  11 
faut  lire  la  fin  de  ce  magnifi(|ue  épi- 
sode dausEug.  Burnouf,  yu«;7A.  a.?., 
tome  IV,  24  ,  32  ,  ou  mieux  en- 
core dans  Holwel  et  Edward.  Les 
dix  déesses  ici  sont  autant  de  rayons 
du  soleil  de  Bhavani.  a  Les  Saktis, 
va-t-on  dire,  ne  rentrent  donc  pas  ici 
d.ins  le  bralimisme  ?» — [Son  et  ou 
INon  :  car  la  Dourga cpii  luede.sgéan 
est  Uhavani.  Oui  :  car  Bhavani  pou 
les  Bhavanisles  était  lagra  ide  déess 
la  mère  de  la  Trimonrli,  la  reine 
Tèlre,  Elle  ne  uaîl  pas  de  Siva,  Siyi 


MAT 

naîl  d'elle  ;  elle  nVst  pas  un  des  an- 
gles du  triangle,  elle  est  le  triangle  5 
c'est  Mahamaïa.  Et  ce  n'est  pas  la 
une  iiiterprélallon.  L'Homère  hindou 
qui  a  lais^é  tombi-r  le  chant  des 
splendeurs  de  Dévi  le  proclame  lui- 
même,  h  dix  reprises.  D'autre  î'art, 
aussi,  il  faut  penser  que  ces  Poura- 
nas  furent  lédigées  à  une  époque  où 
le  sivaïsme  avait  fléchi  sous  des  cul- 
tes plus  heureux,  et  où  en  consé- 
quence les  Orphées  sivaYques,  tout  en 
exaltant  leur  déesse  chérie,  ne  peu- 
venl  refuser  Ventrée  dans  leurs  vers  a 
des  divinités  rivales  ou  ennemies. 

MATTA  est  encore  de  nus  jours 
honorée  a  Nagrakat  (Lahore)  dans 
une  riche  pagode  où  se  rendent  beau- 
coup de  pèlerins.  On  assure  que  des 
enthousiastes  se  coupent  un  morceau 
de  la  langue  pour  le  lui  offrir.  Se- 
rait-ce un  dieu  du  silence  ? 

MVT  f A-SALOiMPO  passait  h 
Célèhes  pour  le  premier  roi  de  la 
cajiitale,  Boni.  Comme  Botchica  et 
Mankokapak  ,  il  s  était  marié  a  une 
Eve  de  même  nom  et  en  avait  eu  un 
fils  et  cinq  filles  de  qui  descendirent 
tous  les  princes  de  Boni,  Au  bout  de 
quarante  ans  le  couple  divin  retour- 
na dans  l'empyrée ,  sa  patrie.  Les 
nombres  i  et  5  sont  ici  asseit  remar- 
quables. La  main  s'émane  en  cinq 
doigts. Puis,  autre  question:  lessœurs 
ne  sont-elles  pas  des  épouses?  Comp. 
Bath,  surtout  pag.  in,  lom.  LIIL 
MATURlNE,  Maturna,  déesse 
romaine,  était  invoquée  lorsque  le 
blé  venait  en    maturité. 

M\TUSE,  Mattjsius,  dePh^agu- 
se,  semblait  l'ami  le  plus  dévoué  du 
roi  Démophon.  De  sombres  désirs  de 
vengeance  couvaient  sous  celle  ap- 
parente tranquillilé.  Démophon  jadis 
enlevant  sa  fille  l'avait  immolée  au 
pied  des  autels  pour  obtenir  des 
dieux  la  fin  d'une  maUdie  épidéiniquc 


MAT  37 

qui  ravageait  son  royaume.  Investi 
peu-a-peu  de  toute  la  confiance  da 
prince,  un  jour  IMalnse  l'invite  avec 
ses  fils  à  un  repas  splendide  ,  égorge 
ces  jeunes  victimes  du  crime  de  Itur 
père,  ei  offre  a  Démophon,  dans  une 
coupe  d'or,  la  pourpre  écumeusede 
leur  saiig.  Démophon  ,  échappé  des 
mains  de  Matuse,  le  fit  jeter  à  la 
mer  avec  la  coupe  fatale.  Mais  tous 
deux  en  furent  tirés  parles  dieux, etia 
coupe  devint  une  constellation. 

MATU TA,  divinité  latine,  qui  vul- 
gairement passait  pour  la  même  que 
la  Leucolhée  ou  Leucotboé  des  Grecs 
(Cic.iVrt^c?.  Z>.,1.  m,ch.  19),  et 
à  qui  l'on  donnait  pour  fils  Portunus, 
l'équivalent  romain  du  Pa'éraon  hel- 
lénique fcomp.  PAt.ÉMON).Tousdeux, 
après  s'être  précipités  dans  la  mer,  ar- 
rivèrent, portés  par  les  Néréides,  sur 
les  côtes  du  Lalium,où  ils  auraient  été 
mas>acrés  par  les  Bacch.mtes  si  Her- 
cule ne  fût  venu  a  leur  secours.  Alors 
la  mère   et  le  fils  adorés  par  les  no- 
mades du  Latium  reçurent  d'eux  des 
noms  latins.  Portunus,  ainsi  qu'on 
peut  le  deviner    au    nom  seul ,  était 
cen^é  présider  aux  ports.    Tout    an- 
nonce donc  eu  Matuta  et  enPorliinus 
des   divinité»   marines   (  f^.    Ovide, 
Fastes,  1.  VI,  V.  /iyS,  etc.;  comp. 
Oudendorp,  sur  V Ane  d'or  d'Apu- 
lée, p.  307).  Mais  sous  d'autres  rap- 
ports ,  Matuta  semble  s'ebdgner  con- 
sidérablement   de  Leucolhée.   Dans 
Lucrèce  (  1.  V,  v.  655,  656),   on 
la    voit    ramener    l'Aurore  au    sein 
de    rélher.  L'adjectif  latin    Matu- 
tinus   ne   peut  dériver  que  d'rn  mot 
bien  voisin  de  Matuta.  D'autre  pirt, 
la  fêle  de  cette  déesse   se    nommait 
Matralies  [31atralia);  et  diverses 
circonstances  (on  l'invoquait  en  faveur 
desenf.inls  des  autres)  impliquent  ici 
l'idée  de  maternité.  Cette  idée  et  celle 
d'Aurore  se    concilient  facilement. 


38 


MAV 


Matuta,  espèce  d'Aurore  latine,  dées- 
se du  jour,  est  par  là  même  la  déesse 
qui  met  au  jour,  la  déesse  qui  faci- 
lite les  accouchements  :  c'est  prescjuc 
ime  Ilitiiye.  AussiJuuon  porte-t-el/e 
le  nom  de  Matula.  Cette  qualifi- 
cation prouve  tout  simplement  que 
les  deux  diviniléb  sous  certain  aspect 
se  fondaient  dans  une  idée  com- 
mune, celle  d'accoucheuse  ,  d'intro- 
ductrice a  la  lumière.  Mais  y  a-t-il 
moyen  de  concilier  de  même  l'idée 
d'Aurore  Ililhye  et  de  Leucothée? 
C'est  ce  qui  nous  semble  indubitable, 
quoique  jusqu'ici  l'on  n'y  ait  point 
songé.  Leucothée,  nourjice  et  tante 
de  Bacchus,  n'est  évidemment  qu'une 
divinité  lumière,  une  aurore  (awxij  , 
lumière  ;  MvkÔs^  blanc  :  Albtscere 
luceniy  etc.  f^oy.  LeucothoÉ).  Les 
Matralies  se  célébraient  le  1 1  juin. 
Le  jour  était  néfaste.-  Les  dames 
romaines  avaient  seules  le  privilège 
d'entrer  dans  le  temple  de  Matuta  5 
elles  y  admettaient  cependant  une 
esclave ,  qu'elles  renvoyaient  après 
l'avoir  légèrement  souffletée,  ce  qu'O- 
vide attribue  a  la  haine  qu'Iuo,  d'a- 
bord appelée  Leucothée,  portait  à 
l'esclave  Périplière,  qui  entretenait 
avec  son  mari  Athamas  une  liaison 
criminelle,  et  qui  lui  dévoila  la  ruse 
dont  elle  se  servait  pour  causer  la 
stérilité  dans  la  Béolie. 

MAU,  divinité  des  î!es  Sandwich. 
Sa  statue  (figurée  dans  Choris,  F^oy. 
pitt.  autour  du  monde,  Sandw., 
pi.  \I,  f.  i)  se  dislingue  par  l'énorme 
bouche  dont  le  gouffre  semble  mena- 
cer d'engloutir  ses  adorateurs  (Comp, 
Kaleaoko)  et  par  la  coiffure  den- 
telée qui  couvre  sa  tête  (il  est  essen- 
tiel de  la  voir  dans  les  planches  de 
Choris  pour  s'en  faire  une  idée). 

MAVORS  (gén.  Mavortis),  nom 
de  Mars  chez  lesllaliotes,  dérivé  sans 
doute  des  mots  Maha-Erlapar  l'inser- 


MÉA 

tion  ou  la  substitution  de  la  semi- 
voyelle  v ,  comme  Mamers  par  celle 
de  la  lettre  m  :  Mahavarta  ou  Ma- 
houarta,  Mawharla,  Mavarta,Ma- 
vorle. 

MÉANDRE,  M^AiïDEB,  Ma/«»- 
^fos ,  le  fleuve  Méandre  personaifiç, 
passait  pour  fils  de  Cercaphe  et  d'A- 
naxibie,  et  pour  roi  sans  dotite  de 
quelque  canton  de  la  Phrygie.  Lequel? 
11  n'importe.  Toutefois ,  il  semble 
qu'on  doive  nommer  Pessinonte.  At- 
taqué dans  cette,  ville  par  une  forte 
armée  étrangère,  il  promit  a  la  haute 
déesse  de  Phrygie  d'immoler  en  «on 
honneur  la  première  personne  qui 
viendrait  le  féliciter.  Archélaiis,  son 
fils ,  paya  de  son  sang  la  promesse 
imprudente  de  son  père.  D'autres 
joignent  au  jeune  homme  la  mère 
et  la  sœur  de  Méandre.  Ce  serait 
donc  trois  victimes  au  lieu  d'une.  Il 
est  croyable  que  cette  augmentation 
imprévue  n'a  d'antre  cause  qu'unsyn- 
créti.^me  sans  critique.  La  légende  du 
sacrifice  offrait  des  variantes.  Des 
mythologues  trouvèrent  tout  simple 
de  réunir  toutes  ces  variantes  en  un 
seul  fait  :  une  triple  immolation.  Une 
tradition  difl^érente  donne  au  drame 
des  vœux  de  Méandre  un  tout  autre 
dénouement  :  au  lieu  d'immoler  son 
fils,  il  se  noie.  Ailleurs  enfin,  encore 
un  trait  de  syncrétisme  !  il  tue  son 
fils,  il  immole  sa  fille,  il  verse  le  sang 
de  sa  mèrej  puis,  soit  délire,  soit  re- 
mords, il  se  jette  dans  le  fleuve  qui 
baigne  ses  états.  — Le  Méandre  était 
célèbre  chez  les  Grecs  par  les  sinuosi- 
tés de  soncours,  sinuosités  bien  moins 
remarquables  pourtant  que  celles  de 
la  Seine  ou  du  Missouri  ou  de  mille 
autres.  Il  ne  passait  pas,  comme  on 
se  l'imaginera  peut-être,  à  Pessi- 
nonte. Au  reste  ,  on  voit  que  plus 
d'un  nom  de  ce  mythe  appartient  à  la 
géographie.  Il  y  avait  en  Phrygie, 


MÉC 

vers  le  nord-est ,  une  ville  d'Arché- 
laïs.  Le  Méandre  était,  au  dire  des 
théogonisles  gtecs,  un  fils  de  l'Océan 
et  de  la  Terre ,  et  pour  fille  on  lui 
donne  une^  nymphe  Cyanée  {kvuvi-^, 
azurée). 

MÉCHANÉE ,  Mechaneus,  M;;- 
y^cinùi  ^  «luplter.  Au  milieu  d'Argos, 
sur  la  place  publique ,  on  voyait  un 
cippe  de  bronze  qui  soutenait  la  sta- 
tue (le  Zévs  Méchanée.  La  tradition 
voulait  que  les  Grecs  eussent  prêté 
devant  cette  statue  le  serment  de  pé- 
rir devant  Troie ,  plutôt  que  de  re- 
noncer à  leur  expédition  contre  cette 
capitale  de  l'Asie  antérieure.  Mécha- 
née est  une  espèce  de  Bulée  ,  quoi- 
que avec  la  uuauce  de  moyen  d'exé- 
cution venant  seconder  les  décisions 
de  la  volonté.  ^ 

MÉCHAINITIS,  Af^;ii«v7r/f  :  i" 
Minerve,  2°  Vénus,  l'une  et  l'aulrc 
a  JVJégalopolis.  Ces  noms  sont  impor- 
tants ,  surtout  s'il  s'agit  de  Minerve  , 
Minerve  énergie  du  dieu  suprèjnc, 
volonté  par  conséquent  du  dieu  su- 
prême, Sakli-Dourga,  qui  sait,  qui 
décrète  et  qui  exécute  (Com[).  HÉ- 

PHESTOBULE  ,    MaUAMAÏA  ,   MaTRIS  , 

Neitii),  Minerve  inventrice,  d'ail- 
leurs ,  Minerve  déesse  a'ix  expé- 
dients, Minerve  qui,  la  où  d'ai\tres  ne 
voient  que  le  but,  voit  quelle  grande 
roule  et  (|uel  chemin  de  traverse  mè- 
neront au  but.  Erganà  déjà  nous  fuit 
voir  dans  Minerve  Tindustrielle  par 
excellence  j  mais  atteindre  au  but, 
accomp'ir  une  mission ,  créer  et  met- 
tre sous  la  main  un  résultat,  c'est 
œuvre  d'art  et  d'industrie:  dans  celte 
carrière,  comme  dans  la  leclinologie 
pure,  il  a  falfu  s'induslrier  ;  des 
rouages,  des  poulies,  des  leviers, 
étaient  nécessaires  pour  aboutir  à 
cette  fin.  Minerve  donc,  soil  que, 
sinople  Erganà,  elle  se  liorne  h 
l'industrie  vulgaire  des  arts  et  raé- 


MËD  39 

tiers,  soit  que,  industrielle  transcen- 
dante, elle  manie  les  cœurs  des  rois, 
les  caprices  tumultueux  des  peuples 
et  les  oscillantes  volontés  des  as- 
semblées délibérantes.  Minerve  est 
une  haute  mécanicienne  :  Erganà  est 
Méchanitis, —  Pour  Vénus,  Mécha- 
nitis  n'est  qu'une  épilhète  badine:  la 
déesse  des  amours  est  rusée  et  fertile 
en  expédients  5  les  ruses  de  guerre 
ne  lui  manquent  pas  ;  elle  met  à  du- 
per les  adeptes  autant  d'esprit  que 
Minerve  a  inventer  les  voilures  des 
vaisseaux,  ou  les  miroirs  concaves  qui 
brident  la  ûotte  romaine  dans  les  eaux 
de  Syracuse. 

MÉCÎSTÉE,  Mecisteus,  m>î- 
y.t(rTi\js  :  1°  Lycaonide  5  2"  père  de 
l'Epigone  Euryale  ;  3°  fils  d'Echius 
et  compagnon  d'Ajax  (Polydamas  le 
tua  au  siège  de  Troie).  Chez  quelques 
poètes  le  second  est  un  des  sept  chefs. 
11  avait  Talas  pour  père ,  Adraste 
pour  frère. 

MÉDÉBRONTE  ,  Mr,èitfl,Tr.ç , 
un  des  fils  d'Hercule  et  de  Métraie 

o 

(F".  M  égare). 

MÉDÉE,  MedEA,  Myju'ci,  la 
grande  déesse  des  Colques ,  passe 
chez  les  Grecs  pour  une  femme,  pour 
une  reine,  pour  une  magicienne.  Son 
père  alors  était  Eète,  sa  mère  Hécate 
ou  Idye  ou  ISéère  ou  Aslérodie,  etc. 
Au  fond,  qu'importe?  Toutes  ces  gé- 
néalogies reviennent  toujours  à  la 
faire  naître  de  la  terre,  du  ciel  ou  des 
e.iux.  Puissante  sorcière,  elle  joignait 
a  l'arl  terrible  des  enchantements  une 
ravissaute  beauté.  On  la  voit  d.ins 
PloléméeHcphcslion  disputer  hThé- 
tis  ce  jirix  que  plus  tard  Junon ,  Vé- 
nus et  Pallas  se  disputaient  sur  l'Ida. 
Le  roi  de  Crète,  Jdoraénée  que  la 
chronologie  évhémériste  ne  place 
qu'un  peu  plus  loin,  fut  pris  pour  ar- 
bitrej  mais  on  sait  qu'Idoménée  figure 
parmi  les  juges  infernaux  ,  et  la  ma» 


4» 


MÉD 


rilime  Thétis  et  la  magicienne  Mé- 
dée  ont  une  face  chthoniennc.  La 
légende  merveilleuse  de  Medée  se 
complique  de  Ions  ces  caractères. 
Aussi  est-ce  h  la  première  naviga- 
tion ,  au  preniii-r  navire  (  P^oy.  Ar- 
gonautes) que  les  Grecs  lièreul  Pin- 
canlalrice  pur  excellence.  QuVst-ce 
en  effet  que  voguer  sur  les  flols? 
n'esl-cc  pas  un  prodige  qui  lient  de 
la  magie?  Et  ce  bàlimenl  léger  qui 
flotte  imperméable  h  Tonde  sur  l'onde 
qui  se  tord  en  longs  sillons  d'écume  , 
et  qui  semble  béci'  pour  l'engloutir, 
n'est-ce  pas  le  cbif-d'œuvre  d'un  art 
nngique?  Minerve  même,  Erganà 
Mécbanîtis.  présida  dans  la  terre  de 
Grèce  a  la  construction  de  la  nef 
miraculeuse.  Dans  la  terre  qu'arrose 
le  Pbase,  une  autre  Erganà  vien- 
dra doubler  ses  rôles,  et  la  rempla- 
cer ou  la  reflrter.  Enfin  voici  .îason 
arrivé  en  Colcliidc!  11  faut  qu'il  tue 
les  gardiens  de  la  toison  :  exploit 
impo>sible  sans  miracles  !  mais  la 
femme  aux  niiracles  est  là.  Elle  est 
tcule  la  première  prise  au  piège  fas- 
ciiialeur  de  la  beauté  :  elle  aime  Ja- 
son,  se  fait  aimer,  reçoit  les  serments, 
prodit;ue  en  échange  les  herbes  ma- 
giques, les  formules  magiques,  et, 
3nand  le  lendemain  Jason  se  liasarde 
ans  lalice  où  tout  annonce  qu'il  doit 
mourir,  il  est  impossible  qu'il  sente 
même  l'ombre  de  l'effroi.  Sa  libéra- 
trice, celle  qui  cumule  tant  de  rôles  h. 
la  fois,  beauté,  amour,  magie,  illu- 
sion ,  Kama-^Iaga-Maïa  abandonne 
l'Asie  pour  l'Europe,  le  père  pour 
l'époux  ^  le  passé  pour  l'avenir.  Ces 
viei'les  terres  où  jadis  In  pensée  lui- 
œainc,  seule  fée  qu'il  y  aitau  monde, 
enfanta  des  prodiges,  vout  être  dés- 
héritées au  profit  d'un  nouvel  univers: 
la  métropole  ne  peut  p'us  retenir  la 
lumière  sous  un  buis-clos  jaloux  j  la 
science,  long-temps  cloîtrée,  prison- 


med 

uière,  s'évade-  elle  se  fait  nomade 
aujourd'hui  pour  être  demain  ro<mo- 
politr.  Toute  production  nouvelle 
pourtant  suppose  une  destruction.  Le 
perfectionnement  en  venant  au  monde 
froisse  et  déchire^  chaque  pas  danj,  la 
voie  du  progrès  se  dessine  par  des 'ar- 
mes ou  du  sang5  initiation  iuipli(|ue 
toujours  saciiiice.  IN'e  nous  étonnons 
donc  pas  que.  lorsque  la  science  (sa- 
luée du  nom  de  féerie)  écliappe  aux 
murs  épais  de  sa  prison  d'Asie,  les 
geôliers  qui  l'ont  tenue  au  secret 
s'indignent,  s'arment  et  courent  après 
elle.Eèle  envoie  Absyrte  sur  la  trace 
du  navire  (|ui  tend  les  flols  de  l'Euxin, 
emmenant  les  Argonautes,  la  toison 
et  Médée.  Absyrfe  meurt  :  sa  sa-ur  le 
décliirede  ses  mains,  et  sème  la  p'age 
côtoyée  par  Jason  de  chairs  livides  el 
d'os  brisés.  Sanglants  vestiges  qui 
jalcnneul  la  voie  de  l'émancipation! 
Les  légendes  nous  montrent  ensuite 
les  Argonautes  incertains  de  leuri  ou  te. 
Médée  les  aide  de  ses  conseils,  et  sur- 
monte mille  obstacles  j  mais  ici  les 
délais  n'ont  rien  de  priniordial  el  de 
grave  (/^oj-'.ARGOîSAtrTE.s  et  Jason). 
On  arrive  enfin,  on  touche  h  Phéa- 
cie,  où  même  quelques  traditions 
montrent  les  deux  amants  encore 
suivis  par  Absyrte.  Là,  grâce  h  l'é- 
pouse du  roi,  le  mariage  se  célèbre 
et  se  consomme.  Ainsi  Médée  était 
vierge,  et  nous  retrouvons  encore 
ces  deux  idées ,  une  île  terre  primi- 
tive et  tvpique  (a<«,  ^Ea  5  comp. 
CiRCÉ),  une  vierge  énogie  et  magie 
(Maïa-Sakti).  Puis  la  Grèce  d'où 
est  parti  Jason  reçoit  le  navire  voya- 
geur. Là,  plus  que  jamnis,  Médée 
se  montre  fée  bienfaisante  et  fée 
terrible:  elle  rajeunit  le  vieil  Eson  , 
elle  fait  déchirer  Pélias  par  ses  hlles  , 
et  ne  le  rend  pas  à  la  vie.  La  même 
chaudière  (Argha  mystique  au  sein  de 
laquelle  s'élaborent  les  êtres)  tour  à 


MED 

lotir  rempile  de  sucs  [«^concis  et  d'her- 
bes stériles  a  reçu  les  deux  cad  ivres: 
mais  l'uu  sort  brillant   de   tou(e    la 
fleur  de  la  jeunesse,  el  la  viecnmine 
une  sève  puissante  cii  cule  p.ir  torreiils 
dans  ses  veines;  la  froide  dépouille 
de   l'autre  ne   peut  s'irapréguer  du 
principe  vital ,  et  reste  inanimée  au 
fond    de   la   cuve.   Le    vase  berceau 
d'Éson    est    le    tombeau   de  Pélias. 
Dans  rhisloire,  telle  que  les  évhé- 
méristes  l'ont  faite,  Pélias  était  an- 
tagoniste (l'Eson  ou,  ce  cpii  revient 
au  même,  des  Esonides,  Sa  mort  est 
donc  pour  le  chef  des  Argonautes  ou 
une  voie  simple  pour  reconquérir  le 
trône  usurpé  par  cet  oncle  ambitieux 
(toutefois   comp.   Acaste),  ou   une 
vengeance   s'il    ne    pouvait  ressaisir 
le  rang  suprême.  C'est  h  cette  seconde 
bypollièse  qu'on  est  forcé  de  donner 
la  préférence.  Car  un  peu  plus  tard 
nous  voyons  Jason  et  Médee  a  Co- 
rintlie.  Médéeest  mère,  mais.Tasonlui 
est  infidèle  :  il  va's'unir  a  la  lire  du 
roi  d'Éphyre.  La  jalouse  magicienne 
offensée    empoisonne    sa    rivale    par 
une    tunique    semblable    h   celle   de 
Nessns  ,  égorge  ses  (ils,  gages  d'un 
amour  profane,  abandonne  aux   re- 
mords et  a  !a  solitude  l'époux  tjui  l'a 
traliie,  et  plane  diins  un  cbar  attelé 
de   drogons  au-dessus  du  pa'ais  de 
Corinlhe  incendié.  Ici  la  scène  chan- 
ge, el  la  magicienne  va  se  trouver  en 
rapport  avec  deux  antres  personnifi- 
cations solaires.  Selon  les  uns,  c'est 
elle  qui  avait  guéri  de   sa  démence 
Hercule  furieux,  et  quand  elle  s'éloi- 
gne de  Corinlhe,   c'est  auprès  du  fils 
d'Alcmène    qu'elle    va    chercher   un 
asile;  selon  les  autres,  ses  reptiles 
ailes  abaissent  leur  vol  sur  la  terre 
d'Attique.  Egée  y  règne,  Egée  l'e- 
pouse.   Ou  devine  que  certains  my- 
thologues ont  dû  ne  rien  voir  d'in- 
conciliable dans  les  deux  faits,  et  que 


MÉD 


4i 


la  Mingrélienne,  a  leur  dire,  passera 
de  Jason   à  Hercule  et  d'Herru'e  k 
Egée.    Le    tout,    pourquoi?    Parce 
qu'Hercule,  alors  eu  exil,  ne  pouvait 
protéger    efficacement    la  réfugiée. 
Médée  auprès  d'Hc  rcule  e«t  bien  une 
terre  ou  lune  auprès  du  soleil,  mais 
l'antagonisme    n'est    point   marqué. 
Auprès  d'Egée,   c'est   autre   chose. 
Un  fils  d'Egée  arrive  un  jnur  dans 
Athènes:  c'est  Thésée, Thésée-soleil; 
chlhonienne  ou  lunaire,  la  fée  le  voit 
de  son  mauvais  œil  :  elle  veut  l'em- 
poisonner.   On  peut  voir  aux   arti- 
cles Égke,    Éthba,  Thésée,  com- 
ment   le  jeune  prince  évite   le  piè- 
ge. Médée  impuissante  cet  le  fois  s'en- 
fuit enrore;  mais  elle  va  encore  dans 
une  rour  (en  Phénicie);  elle  épouse 
encore  un  roi;  elle  a  un  fils,  Midas; 
elle  passe  pour  la  mère  d'un  grand 
peuple,  les  Mèdes.  —  Les  modernes 
se  sont  crus  d'habiles  critiques ,  les 
nus  en  prêtant  encore  des  crimes  a 
Médée,  les  autres  en  plaquant  sur  sa 
légende  un  vernis  romanesque  de  fem- 
me vcrlntust,  innoctnte  el  per- 
séculi'e.  Réfuter  ces  deux  manières 
de  voir,  qui  au   fond  u'en    forment 
qu'une,  serait  du  temps  perdu.  En- 
fin, il  y  a  dans  l'histoire  fabuleuse  de 
Médée  quehiuts  traits  empruntés   a 
des  réalités,  mais  ces  lëalités  n'ap- 
partiennent pas  plus  k  tel  siècle  ,  a 
telle  race,  a  telle  partie   du  monde 
qu'à  une  autre.  En  tout  pays  et  en  tout 
temps  il  y  a  eu  des  filles  de  rois,  des 
amoureuses,  des  voyageuses,  des  em- 
poisonneuses, des  vendeuses  de  reuiè- 
des;  il  y  a  eu  de  prél<ndues  sorcières, 
il  y  a  eu  des  jalouses  qui  tuent  leur 
rivales  et  laissent  la  leurs  amants.  Mais 
qu'une  princesse  du  lô"  siècle  avant 
J.-C,  ait  couru  toutes  ces  aventures 
exprès  pour  fournir  des  tragédies  à 
Euripide  et  des  disserlations  a  Clavier, 
il  est  impossible  de  le  croire.  Medée 


A» 


MÉD 


MÉD 


1 


est ,  autant  et  plus  que  tout  autre 
persoQuage  de  la  mythologie,  un  èlre 
d'imagination.  D'une  pari ,  le  drame 
grec  a  singulièrement  brodé  sa  lé- 
gendej  mais  de  l'antre,  avant  que  le 
drame  grt  c  surgît  avec  ses  boucs  et  son 
raa&que  de  Ire  du  tombereau  de  Tbes- 
pis,  la  légende  existait.  De  tout  temps 
ou  crut  aux  lées.  La  haute  déesse  aux 
Indes ,  c'est  Maïa ,  l'illusion  .  l'éner- 
gie, la  beauté.  Illusionner,  c'est  èlre 
féej  agir  avec  énergie,  c'est  être  fée  5 
être  belle,  c'est  être  fée.  Les  croyan- 
ces indiennes  se  sont  répandues  jus- 
que dans  la  Germanie  et  dans  la 
Scandinavie  par  une  longue  diagonale 
dont  l'isthme  qui  sépare  la  iVler-jNoire 
de  la  mer  Caspienne  e-sl  peut-être  le 
nœud  le  plus  important.  Mais  quand 
ce  fait,  admis  aujourd'hui  par  loul  ce 
qui  comprend  l'histoire  ,  serait  con- 
testé, l'idée  de  magie  n'en  serait  pas 
moins  une  des  formes  élernelles  de 
l'esprit  humain.  Dans  la  Nouvelle- 
Zemble  comme  sous  l'Equateur,  en 
Irlande  comme  eu  Chine,  dans  les 
îles  de  corail  de  l'Océanie  comme 
sur  le  continent,  l'iiumctnité  admet, 
n'importe  sous  quel  nom,  la  féerie  et 
les  fées.  Et  qu'est-ce  au  fond  que  la 
féerie  î  Des  effets  dont  on  ignore 
les  causes.  Or,  les  peuples  jeunes  ne 
voient  dans  les  faits  que  des  faits.  Les 
causes  qui  les  produisent ,  ils  n'en 
savent  ni  le  nom  ni  la  théorie-  tout 
pour  eux  est  donc  magie.  Qu'un  hom- 
me un  peu  plus  habile  découvre  le 
moindie  enchaînement  de  causes  et 
d'effets  inconnu  au  vulgaire,  et  grâce 
à  cette  cause  reproduise  l'effet  a  vo- 
lonté, cet  homme  passe  pour  un  ma- 
gicien ,  et  il  l'est.  Il  l'est  jusqu'à  ce 
que  tout  le  monde  en  sache  et  en  fasse 
autant  que  lui.  La  nature  surtout  est 
une  puissante  magicienne.  Fée  subli- 
me, elle  agit  sans  cesse,  crée  sans 
cesse,  nous  ravit,  nous  éblouit,  nous 


étonne  sans  cesse.  Sans  cesse  elle  jette 
la  beauté  a  pleines  mains  et  dans  tout 
l'univers.  Energie  et  Magie,  il  n'est 
pas  surprenant  que  tel  ait  été  long- 
temps son  nom.  Ainsi  deux  ordres 
d'idées  :  la  grande  fée  INaturej  les 
magies  secondaires,  émanations,  indi- 
vidualisations de  la  grande  fée.  Apré- 
sent,  un  mot  encore.  C'est  chez  les 
femmes  surtout  que  s'est  localisée  l'i- 
dée de  féerie.  Trois  causes  y  ont 
concouru.  La  beauté,  cette  espèce  de 
mystère  qui  plane  sur  l'idée  de  sexe, 
enfin  l'identilication  de  la  nature  (fée 
suprême)  h  une  femme.  i\lédée  peut- 
être  en  est  une  preuve  plus  frappante 
encore  que  tant  d'autres.  Si  ce  nom 
rappelle  les  Mèdes ,  et  semble  la  Mé- 
die  personnifiée,  il  fait  penser  aussi 
h  la  médecine  (mais  qui  peut  dire  que 
Mtdos  et  mtdicns  n'aient  pas  un 
lien  commun?)  5  Médée  aussi  se  rap- 
proche de  inaid  ^  la  vierge  (d'où 
ma^d^  mœdchcn). 

MÉDÉIDE,  V.Yihlh.i  ,  pilote  du 
navire  tyrrhénien  (jui  prit  Katclius, 
fut  seul  épargné  par  le  dieu.  Comp. 

AciiTE. 

MÉDÉON,  U'Jua,  héros  épo- 
nyme  d'une  ville  deBéotie,  devait  le 
jour  a  Pvjade  et  "a  Electre. 

MÉDÉSICASTE,  Mn^nriKua^ii f 
fille  naturelle  de  Priam  ,  épousa  Im- 
brios, de  Pédase^  et  fut  emmenée  eu 
captivité  par  les  Grecs ,  après  la 
chute  de  Troie. 

MEDICURIUS,  Mercure.  Ce  fut, 
dit-on,  son  premier  nom.  La  paro- 
nomasie  des  deux  n!ots(  medicnria , 
Mercurius)  a  seule  pu  engager  a 
émettre  celle  opi-ilou. 

MEDICIJS,  MÉDECIN,  Apollon  : 
c'est  un  des  surnoms  les  plus  impor- 
tants de  ce  dieu  [Foy.  Apollon  et 
comp.  Esculape).  A  ce  titre,  Apol- 
lon avait  le  serpent  au  pied  de  sa 
Statue  et  était  honoré  à  Balanagrea 


MED 

(Cyrénaïque),  où  on  lui  immolait  des 
chèvres. — Minerve  aussi  avait  le  nom 
de  Medica.  Sagesse  suprême ,  il  n'est 
pas  étonnant  qu'elle  se  délègue  en 
déesse  médicinale;  mais  sous  d'autres 
rapports  encore  elle  a  droit  à  ce  titre. 
INature,  magie,  génie  inventif  (méclia- 
nîtis),  qui  peut  mieux  qu'elle  trou- 
ver, pour  rendre  l'homme  à  la  santé, 
de  magiques  expédients? 

MÉDIOXIMES  (les)  passaien  l  pour 
des  dieui  raito\  ens  (aériens)  ?  vu  que 
l'air  lient  le  juste  milieu  entre  le 
ciel  et  la  terre.  Servius  en  fait  des 
dieux  marins,  et  Apulée  des  êtres 
supérieurs  a  l'homme  et  inférieurs 
ans  dieux. 

MÉDUSE-  Médusa,  M^'hua-et, 
la  grande  Gorgone,  est  une  fée,  une 
vierge ,  une  espèce  de  Médée  dans  la- 
quelle prédomine  la  face  chthonienno 
et  ténébreuse  .Aussi  certaineslégendes 
lui  donnent-elles  une  éclatante  beauté. 
Rien  surtout  n'égale  sa  longue  et 
blonde  chevelure.  Des  milliers  d'a- 
mants sollicitent  sa  main,  Neptune 
aspire  a  ses  faveurs;  et,  métamor- 
phosé en  oheval  ailé  (c'est  à  tort  qu'on 
dit  en  oiseau),  il  l'enlève,  la  por- 
te dans  un  temple  de  Minerve,  et  la 
se  livre  avec  elle  aux  voluptés  d'un 
amour  clandestin.  Ainsi,  beftuté,  vir- 
ginité, clandestinité,  cheval-oiseau 
{t^oy.  HiPPios),  onde,  et  par  consé- 
quent magie  se  trouvent  ici.  Survient 
la  face  ahrimanlenne  de  la  légende. 
1"  Méduse  est  laide.  Soit  qu'elle  ait 
porté  à  Minerve  le  déli  de  la  beauté, 
soit  que  la  violence  qu'elle  a  subie 
dansson  temple  ail  fait  naître  le  cour- 
roux dans  le  cœur  de  la  virginale 
Athânà,  on  voit  Méduse  odieuse  k 
cette  brillante  déesse  de  la  lumière. 
Au  lieu  de  la  belle  chevelure  qui  flot- 
tait autour  de  ses  jambes ,  des  ser- 
{)enls  aux  dents  vénéneuses  coiffent  de 
eurs  spirales  grisâtres  la  tête  de  la 


MÉD  A* 

vierge  insolente  ou  de  la  concubine 
déshonorée;  une  teinte  fenugineuse 
remplace  celte  blancheur  éblouissante 
qu'admira  le  dieu  des  eaux.  Ses  yeux  l 
rigides  pétrifient  quiconque  en  reçoit  | 
unregard,  et  transforment  le  cœur  qui 
battait  naguère    en    épais    minéral. 
Nombre   d'infortunés  périssent  ainsi 
dans  les  environs  du  lac  Tritonis  sous 
l'ascendant  de  ce  coup  d'oed  immobi- 
lisatcur.  2°  Méduse  doit  mourir.  On 
lui   donne  deux    sœuis,    Euryale  et 
Slhényo  :   celles-ci  défient  la  vieil- 
lesse et  le  trépas.   Des  trois  Gorgo- 
nes c'est  donc  elle   qui  est  la  moins 
haute,  la  moins  grande  ;   c'est  elle 
pourtant  que  l'on  regarde  comme  la 
Gorgone   par    excellence.    Serait-ce 
donc  que  les  Gorgones,    étant  une 
personnification  du  malheur,  et  que 
la  mort  étant  un  malheur,  la  Gor-  | 
gone    mortelle    est    la    Gorgone    la] 
plus  terrible?  3°  Il  y  a  lutte  entre 
le    soleil  incarné    d'Argos  (Persée) 
el  Méduse.  Le  glaive   d'or  du  Mi-i 
thra  de  la  Grèce  décolle  la  tête  de  la| 
Gorgone;  des  gouttes  de  sang  jaillis- 
sent et  teignent   en  pourpre  l'écume 
blanche, de  la  mer  :  Khouçor  et  Pé- 
gase naissent.  Encore  du  sang!  Tan- j 
dis  que  Persée  traverse  l'espace  sur  \ 
Pégase,  tenant  a  la  main  la  tète  hi- j 
deuse ,  chaque    goutte    que  laissent  | 
échapper  les  artères  se  change,  lors- 
qu'elle   touche  la  terre,   en   un  ser-/ 

fient  de  dimension  colossale.  Enfin  , 
a  tête  elle-même  conserve  au  sein 
de  la  mort  sa  propriété  terrible.  Qui-1 
conque  arrête  son  œil  sur  l'œil  de 
Méduse  est  changé  soudain  en  un  ro-j 
cher  a  forme  humaine.  Persée  lui-mê-' 
me  subirait  ce  destin  funeste  si  la  tête 
qu'il  emporte  en  trophée  n'était  ca- 
chée sous  un  tissu  protecteur.  Dans 
la  suite  on  voit  Minerve  placer  sur 
l'égide  qu'elle  a  reçue  eu  don  de  Ju- 
piter, la  tête  aux  mille  serpents.  C'est 


44 


MED 


l'arme  la  plus  terrible  de  la  Donrga 
des  Hellènes  qiia  -d  elle  vole  sur  les 
cnainps  de  lialail'e  ,  qiiMle  lue  les 
géants  cl  qu'elle  liiboiire  k  coups  de 
lance  le  corps  des  impies  pour  faire 
passer  leurs  :imes  avec  le  sang;  parles 
plaiei  qu'elle  a  ouverles.— Tout  ce 
que  l'on  peut  dire  pour  donner  h  Mé- 
duse un  aspect  de  reine  africaine, 
chasseresse  et  guerrière,  n'rsl  que  fa- 
ble. Il>uffira  de  lire  l'art.  GoRGO^ES 
pour  revenir  de  relie  erreur  si  on  la 
pariageait.  Ajoutons  que  Méduse  est 
une  Minerve,  mais  Minerve  terrible. 
Minerve  est  née  au  sein  du  lac  Trilo- 
nide  :  aquatique  ainsi  que  Neplune, 
elle  est  rivale  de  Keplune;  hurière 
élbérée ,  elle  est  l'opposé  de  INeplune. 
Cette  opposil  on  n'est  quebjuefois 
qu'un paral'éiismetalorslcs  deux  êtres, 
fruits  d  une  scission,  aspirent  à  se  con- 
fondre. JNeplnne  aime  la  déesse  ti  i- 
ioniennej  il  la  pussède.  Vulcain  aussi 
dans  les  mythes  dédalides  ,  domte 
dans  sa  forge  la  pudeur  d'Albànà. 
Athènes,  depuis,  sauva  par  un  aulre 
conte  la  virgin  té  de  sa  déesse  [f^. 
ERiCHTHOMrs).On  fit  de  même  dans 
les  mythes  'uni-solaires.  À  jirésent 
nous  ét(ndrons-uous  sur  l'identifica- 
tion de  Lune,  de  Terre  .  de  ténèbres, 
d'inorganisme  ,  de  pétrification,  de 
mort  et  de  malfaisance?  Les  art. 
Gorgones,  Diane,  etc.  peuvent 
nonsexempler  de  ces  détails.  — Ou 
gaidait  h  Tégée  (  ville  Minervienne  ) 
des  cheveux  de  Méduse.  Ils  servirent 
de  Pilladium  k  la  ville.  Deux  légen- 
des couraient  s'Ji  l'origine  de  ces  che- 
veux. Snivont  Tune,  c'était  Hercule 
qui  en  avait  fait  cadeau  k  Érope,  fille 
de  Cépliée;  .suivoul  l'autre,  Céphée 
les  tenait  de  Minerve. — Une  foule  de 
monuments  antiques  représentent  Mé- 
duse même  ou  bien  sa  lête.  Voy. 
L\ppt'Ti,DactjIioth.,  II,  26;  Maf- 
fei,  Gem/7i.,  loin.  IV,pl.  ayçtaSj 


MÉG 

Beger,    Thes.^  Brand.,  III,  3 1 5  , 

Z\6'^MnH'e  /!or.,  tom.  I,  pl.Ss,  n. 
4. —  10,  pi.  3."?.  n.  I  —  9'  un  denier 
de  IManrus  (Eckl  el.  Ah/».  Jnecd., 
page  i5)  présente  Méduse  el  au  le- 
vers l'Aurore  sur  son  char.  Une  suite 
de  sujets  relatifs  k  Prrsée  et  k  Mé- 
duse se  trouve  dans  Mi'lin,  Galerie 
rnythtd.,  386,  586-387,  ^87. 
1  ous  les  antiquaires  ont  remar- 
qué la  Méduse  assise  sur  des  rochers 
accablée  de  douleur  de  voir  des  ser- 
pents s'alonger  sur  sa  tète,  k  la  place 
de  sa  be'le  chevelure,  el  même  sur- 
gir de  tontes  parts  autour  de  sa  peau 
délicate,  dresser  leur  tète  qui  semble 

,  sifller,  et  s'enrouler  autour  de  son 
corps  el  de  ses  jambes.  Celte  idée  a 
été  souvent  reproduite  par  leslilho- 
glypIies.Quelqnel'oi.>»latêlede  Méduse 

'  a  des  ailes.  Léonaid  de  Yinci,  parmi 
les  modernes,  a  Hil  une  lête  de  Mé- 
duse, monument  qu'onregarde  comme 
un  de  ses  chef,s-d'œuvre.  — Deux  au- 
tres Méduse  étaient  filles,  l'une  de 
Sthénèle,  l'iiulre  de  Priam.  ' 

MÉGABROINTE,  Megabrontfs, 
MiyxZficvTy.St  chef  ddiitn,  fut  tué  par 
Hercule  sur  les  côtes  de  Sicile  dans 
une  balai 'le  entre  les  Argonautes  el 
ses  compatriotes. 

MKGALARÏE,  M£y«A«OT«f,  et 
MEGAL0M.\ZE,  Uiyu.hUcil6ç,  in- 
venteurs de  la  panification,  portèrent 
celte  invention  en  Béotie.  Tous  deux 
eurent  des  statues  k  Scolion.  Cérès 
aussi  avait  le  nom  de  Mégalarfe. 
Délos  célébrait  en  sou  honneur  les 
Mégalarlies,  fêle  remarquable  par 
une  procession  où  l'on  portait  des 
pains(Rac.:  ^Éyas",  grand  5  uprtsj 
pain,  «&;i^««,,pàle). 

MEGALÉTOR ,  Me7«>L^V»^,  fut 
changé  en  Ichneuraon(^.  Munvque). 
—  RJÉGALÉioR,  élail  aussi  un  sur- 
nom d'Apollon. 

MÉGALOSSAQUE  mya.>.lTTx. 


MÊG 

Kiç,  Dolien,  tué  par  Castor  et  Pol- 
liix  dans  la  bataille  que  les  Cyzicèaes 
livrèrent  am  argonautes. 

MÉGAMÈDE,  M£7««^'#«  ,  fille 

d'Arné,  est  une  des  femmes  de  Thes- 
piiis.  mère  des  cinq  Thespiades. 

MÉGAISIRE,  Megawira  ,  M«.v^- 
yufx,  dont  quelquefois  on  fait  MÉ- 
TAHiEE,  est  1°  femme  d'Arcas  ,  2° 
femme  de  Celée.  Comp.  des  varian- 
tes, art.  CÉRÈs. — Mkgatjire  est  la 
grande  Nére'e,  la  grande  audrogvne, 
idée  venue  de  riude  où  elle  est  Irès- 
frcquenle,  et  où  le  mot  qui  veut  dire 
hiimme  enlre  dans  la  composition  de 
beaucoup  de  noms  de  femmes  {/Vara 
en  samskrit,  ùv^ip  en  grec,  ISériro  en 
zend,  homme,  vir).  Comp.  NtRÉE, 
jNérike,   etc. 

MI£G  APENTHE,  Megapenthes, 
Meyet^ÊvfljjV  ,  fds  de  Prœlus  ,  neveu 
d'Acrisius  et  cousin  de  Danaé,  régna 
d'abord  a  Tirynthe,  tandis  que  Per- 
sée,  Thérilier  d'Acrisius  son  aïeul, 
avait  Argos  sous  sa  domination.  Plus 
lard  ,  les  deux  princes  tirent  un 
échange  et  Mégapenthe  alla  s'éta- 
tablir  dans  Argos,  tandis  que  Persée 
émigrait  dans  Tirynthe  et  de  plus 
fondait  Mycènes.  Ce  t'ait  de  l'histoire 
fabuleuse  aderimporlance.  Entendu 
à  la  lettre,  il  fait  comprendre  com- 
ment la  postérité  de  Persée  occupe 
Tirynthe  et  Mycènes  et  non  Argos, 
Tirynthe,  par  Hercule,  et  Mycènes 
par  Crissée.  Hygin  assure  que  Méga- 
penthe tua  Persée  pour  venger  la 
mort  de  Prœlus,  c'est  probablement 
un  conte  l^orgé  à  plaisir.  Mégapenthe 
laissa,  en  mourant ,  le  trône  à  son  fils 
Anaxagore  qui  lut  le  dernier  de  sa 
race.  —  Un  MÉri^pEKTUE  ,  Hls  de 
Ménelas  et  de  l'esd  ive  Piéris  ou  Té- 
ridée,  avait  pour  frère  Nicostnle. 
Tous  deux  furent  exclus  dii  trône 
comme  tiis  d'unf  cuu.ubiue;  i|Utl- 
quefois     on     pont-e     Mégapenthe 


MEG 


A5 


épousant  soit  une  princesse  Spar- 
tiate, fille  d'Alector,  soit  Hermioae. 
Il  était,  ainsi  que  son  fi ère,  repré- 
senté sur  le  trône  d'Amvcles.  Une 
tradition  rbodienne  portait  que  Mé- 
gapenthe et  jNicostrate  chassèrent  Hé- 
lène de  Sparte,  et  la  contraignirent  à 
se  réfugier  chez  les  Rhodiens. 

MÉGAKE,  MEGARA,M£y««px, pre- 
mière femme  d'Hercule,  est  fameuse 
par  la  mort  déploiable  qu'Hercule  lui 
fil  subir  alusi  qu'à  ses  enfants  lorsque  les 
enfers  le  rendirent  k  laterre,  en  proie 
à  de  sombres  accèi  de  démence.  Mé 
gare  passait  pour  fille  du  roi  de  Thè- 
bes,  Créon.  Hercule  l'avait  obtenue 
en  récompense  du  triomphe  qu'il 
avait  remporté  sur  l'orrhoménien  Er- 
giiie.  On  noMima  les  fils  de  Mégare  , 
Thérimaque  ,  Crénntias,  Déicoon  et 
Déion.  Du  reste,  il  existe  des  varian- 
tes «ur  leurs  noms  et  sur  leur  nombre. 
Hygin  n'en  c  'mpte  que  deux,  Euri- 
pide va  jusqu'à  trois.  La  légende  vul- 
gaire montrait  Créon  spolié  du  trône 
par  Lycus,  et  Mégare  pendant  l'ab- 
sence d'Hercule  obsédée  par  les  sol- 
licitations du  tyran  qui  voulait  en 
faire  son  épouse.  To  il  h  coup.  Her- 
cule arrive  en  fureur,  immole  Lycus 
et  rend  le  trône  h  Créon.  Mais  soit 
excès  de  colère  ,  soit  jalouiie,  il  est 
encore  agite  pir  une  noire  frénésie 
quand  l'usurpateur  n'est  plus,  et  .sou 
courroux  s'étend  sur  Mégare  elle-mê- 
me. Une  autre  légende  fait  périr  sous 
les  coups  d'Hercule  en  démence  ses 
fils,  mais  non  sa  femme.  Rendu 
bientôt  à  la  raison.  Hercule  déplore 
sa  fatale  vengeance  ;  et,  ne  pouvant 
regarder  Mégare  sans  honte  et  sans 
regrets  amers  ,  il  la  cède  à  lolas, 
son  a  ni  et  son  coiup  ig  ion  le  plus  fi- 
dèle.— Un  MÉGARE,  Mci^'irjs,  M=- 
yx^o,,  fils  de  Jupiter  et  d'une  nym- 
p'ie  Silhade  échappa  aux  flots  lors 
du  déluge  de  Deucdiion  en  gagnant  à 


46 


fMÉG 


la  nage  la  cime  d'un  mont  sur  lequel 
croissaient  des  grues.  La  montagne 
prit  de  là  le  nom  de  Géranienne  (71- 
fxfoç.,  giue). 

MEGAREE,MEGARErg,Mfy«fi»f, 
héros  éponyme  de  M»  gare,  passait 
tantôt  pour  tils  d'Apollon,  tantôt  pour 
fils  de  Neptune  et  dEnopc,  ou  même 
pour  fils  d'Hippomène'5  tué  en  por- 
tant du  secours  à  INisus  assiégé  par 
Minos,  le  fils  de  Neptune  aurait  été 
enterré  aux  pieds  du  mur  de  la  ville 
dont  sa  cendre  était  comme  le  Palla- 
dium. Une  tradition  différente  le  fai- 
sait gendre  et  successeur  de  INisus. 
Deux  fils  et  une  fille  furent  les  fruits 
de  son  hymen,  raaisl'un  péritsous  les 
coups  des  Dioscures,  devant  Aphid- 
nes,  l'antre  (OEdipe)  fut  mis  en  piè- 
ces paF  le  lion  du  Cilliéron.Mégarée, 
alors,  promit  sa  fille  à  celui  nui  la 
vengerait,  en  tuant  le  lion.  Alcathoiis, 
obtint  ce  prix  de  la  valeur.  —  Un 
second  MÉgabée,  petit  fils  d'Hercule 
fut  père  d'Hippomène;  peut-être  cette 
généalogie  esl-elle  due  h  quelque  ré- 
daction imparfaite  de  la  précédente. 
—  Mégaree  et  la  ville  de  Mégare  ne 
font  qu'un.  Les  légendes  laissent 
apercevoir  deux  faits:  1°  que  Mégare 
tirait  son  orii'iue  de  Thèbes;  2° 
qu  elle  avait  des  prétentions  à  la 
puissance  maritime. 

MEGAS,  Miyuç,  père  de  Périme, 
fut  tné  par  Patiocle  a  Troie.  Comp. 
MegÈs. 

MÉGÈRE  ,  MeG^EA  ,  Mîyccipa.. 
/^O^.    FuiUES. 

MÉGÈS,  Mîyvs,  (les  Doriens  di- 
saient Megas)  :i°  chef  grec,  fils  de 
Phjlée,  prétendant  d'Hélène  et  con- 
ducteur des  quarante  navires  de  Duli- 
cliium  et  des  îles.Ecliinades  à  Troie 5 
2°  chef  troyen,  Messe  ,  la  nuit  de  la 
prise  de  Troie  par  Admèle  d'Argos. 
Mégès  avait  été  représenté  le  bras 
en  écharpe  sur  un  tableau  de  Poly- 


MEI 

gnote  qui  était  consacré  à  Delphei, 
MÉGESSARE,  MegessaresI 
M(7£c-<r«^»?f,  père  de  PI  arnacé,  uM 
des  mystérieuses  déesses  qu'on  fan 
femme  de  Sandak  et  mère  de  Cinyrej 
Pharnacé  veut  dire  lune;  Sandal 
était  le  soleil.  Il  est  croyable  que  Mé« 
gessare  est  une  e,spèce  de  temps  ,  c( 
grand  sare,  ce  cycle  de  cycle j,  le  Ma« 
nouantara  personnifié. 
^  MÉHADU  (il  faut  lireMAHADEvij 
d'où  Mahadev,  Mahadéo,  etc.)n'e« 

fias  une  divinité  subalterne.  Ce   sont 
es  Rralimes  qui  le  disent.  Mais  lei 
Brahmes  adorent  Rrahmà  et  veulenj^ 
à  toute  forceqne  Hrahmà  ait  la  préé 
minence    sur  tous    les   autres  dieuj 
de  la  Trimourti.  Au  reste  les  Brah- 
mes  mêmes  avouent  que  Méhadu  fut 
créé  avant  la  formation  du  monde, 
et  qu'un    jour  il  détruira  le  monde. 
MÉHER  Foy.MuiR. 
MEn*>DH,  célèbre  reine  du   Co- 
naughf,  dut  lejour  àEochaidh-Fiedh* 
lioch  descendant  d'Errcamhon;  et  enj 
conséquence  fut  la  sœur  des  trois  Fi-j 
néamlinas.  Elle  ent  pour   mère  Bé-| 
ma,  fille  de  Criomlhan,  issue  de  la] 
même  race  d'Erreambon.  Elle  était 
fort  jeune  encore  lorsque  son  écla-j 
tante  beauté  inspira  un  amour  crimi- 
nel  à  ses  trois  frères.   Oeux-ci  dansj 
l'ivresse  commirent  l'inceste  avec  leurl 
sœur.  De  cette  liaison  criminelle  na- 
quit   Lnghaidb- Riablidearg.    Nous] 
n  avons    pas    besoin    d'avertir     que' 
tout  ici  est   falsifié  k  plaisir,  et  que 
les    triades,    les   incestes,    sont  les 
cadres   systématiques    dans    lesquels 
tourne    perpétuellement  la    mytho- 
logie irlandaise.  Eochaidli-Fiedhlioch 
avait    trois    favoris  Fiodhacb ,    Eo- 
chaidh-Allat  et  Tinne.   Tous    trois 
prétendaient  à  la  main  de  la  belle 
Meibdh.  Le   roi  issu  de  Konrach- 
Magh-Sainbh  partagea  le  Conaught 
entre  ces  trois  princes ,  sans  doute  à 


JNEI  MEI                   i(7 

lilre  de  vassaux ,  et  les  somma  de  tour,  «ît  pria  son  mari  de  lui  perraet- 

lui  indiquer  un  lieu  propre  à  devenir  Ire  d'aller  se  plonger  dans  les  flols 

sa  résidence  souveraine.  Les  deux  pie-  bien    loin    de    l'endroil   où  Feargus 

raiers  déclarèrent  qu'ils  ne  paieraient  nageait.  Le    bon   prince   y    constîn- 

de  tribut  qu'au  chef  qui  résiderait  à  tit;  mais  Meibdh  ne  resta  pas  long- 

Tara.  Tinne  au  contraire  dit  a  Eo-  temps  dans  la  petite  anse  que  formait 

diaidh-Fiedhlioch  :    «  Va   bâtir   ton  le  lac  et  où  elle  s'était  d'abord  jetée 

palais   où  bon  te  sendjlera;  là  j'irai  aux  yeux  d'Oiliollj  entraînée  par  un 

le  payer  l'impôt.  »  Tinne  obtint  ainsi  irrésistible  peucbanl,  et  babile  dans 

la  préférence  sur  ses  deux  rivaux  et  l'art  de  nager,  elle  se  rapproclia  iij- 

ful  le  premier  mari  de  Meibdh.  Eo-  sensiblement  du  jeune  homme.  Oi  ioU 

chaidh-Allal  osa  lever  l'élendard  de  à  celle  vue,  eu  proie  a  une  araèreja- 

la  guerre  contre  son  heureux  compé-  lousie,  donna  ordre  à  un  de  ses  pa- 

tileur  5  il  perdit  K  la  fois  son  royaume  rents  de  percer  Feargus  d'un  coup 

et  la  vie.  Tinne  abandonna   le   ter-  de  lance  et  fut  obéi.  Feargus  expira 

ritoire   conquis  au  blond  OilioU,   à  presque  iinmédialementj  mais  aupa- 

OilioU-Fionn.  Dans  la  suite  il  suc-  ravant,  arrachant  le  fer  de  sa  bles- 

comba  lui-même  dans  une  bataille  k  sure,  il  tua  le  lévrier  d'Oilioll  en  vou- 

Tara  contre  le  Mealh  Monuidhir  ou  lanl  atteindre  le  roi  inhospitalier.  Ce 

Maceacht.   Devenue  par  celle  mort  massacre  du  lévrier,  symbole  connu 

souveraine   de  tout  le  pays  (on  ne  du  druïdisme,  du  sacerdoce,  a  trait 

nous  dit  pas  comment  j  OiUoll-Fionn  sans  donle  h  une  guerre  de  religion, 

et    Fiodhach  étaient  doue  morts),  à  une  révolte  des  classes  opprimées 

Meibdh  régna  dix  ans  sans  partager  contre  les  oppresseurs.  Cet  incident 

l'autorilé  avec  qui  que  ce  fût.  Notons  au  reste  est  très-commun  dans  les 

en  passant  que  dans  l'ancienne  légis-  annales  fabuleuses  de  l  Irlande.  Oi- 

lafion  les  femmes  étaient  toujours  ex-  lioll-More  fut  lue  d'un  coup  de  lance 

dues  de  la  domination.  Au  bout  de  dansuncombatparKonnall-Kearnacb, 

ce  laps  de  temps  elle  épousa  en  se-  un  des  trois  fameux  Fins  ou  bérosde 

condes  noces  «OilioU-More,  Oilioll-  l'Ulsler.  Oi'ioll  était  alors  parvenu 

le -Grand,    fiU    de     Ilona-Ruadh.  K  un  âge  très-avancé.  Meibdh  versait 

M.   d'Eckslein    soupçonne    cet   Oi-  encore     des    larmes    sur    le   trépas 

lioll-More  de  ne  pas  différer  d'Oilioll-  prématuré  du  beau  Konnor.  Isolée, 

Fioun.  Meibdh  par  suite  de  cet  évè-  méprisée,    malheureuse,   elle  quitta 

nement  donna  le  jour  a  sept  fils  qu'on  Cruaciian,  son  ancienuedemeure,pour 

appelle  les  sepl  Maine.  Quelques  an-  aller  habiter  luis  Cloilhroin  près  du 

nées  après  arriva  le  beau  Feaigus.  lac  lllbh.  Pendant  l'été   elle  passait 

Accueilli  avec  transport  par  Oilioll  des  jours  entiers  à  se  jouer  dans  ces 

et  mieux  encore  par  Meibdh,  Fhôle  eaux  fraîches  et  délieieuseS.  Un  jour 

des  souverains  du  Couaught  alla   un  le  tiis  du  roi  Konnor  de  l'Llsler,  Jor- 

jour    se  promener  avec  eux  au  bord  buidhe  ,    vint    secrètement    prendre 

d'un  lac.  Le  roi  eut  la   fantaisie  de  avec  sa  ligne  de  pêcheur  la  mesure 

voir  Feargus  se  baigner.  L'exilé  con-  exacte  du  lac,  d'un  rivage  a  l'autre,  du 

sentit  k  satisfaire  ce  bizarre  désir 5  il  côté  où  s'élevait  le  fort  de  Meibdh  , 

se  dépouilla  de  ses  vêtements  et  se  Inis  Cloilhroin.  De  retour  dans  l'Uls- 

plongea     dans    les     eaux.     Bientôt  ter,   il  arracha  deux   arbres  et  les 

Meibdh  eut  envie  de  se  baigner  a  son  planta   tous    deux   k   une    distance 


48 


MEI 


f^ale  à  celle  qui  séparait  les  deux 
bords  du  lac,   puis,  ayant   fixé  une 
pomme   sur  la  cime  dépouillée  d'un 
de    ces  troncs ,    il    alla    se    placer 
auprès  de   Taulre  ,    s'exrrca    long- 
temps   a  frapper   au    moyen    d'une 
pierre  plat-ée  au  bout  d'un  laci-t  la 
pomme  élevée  sur  le  pieu,  cl,  à  forf-e 
de  multiplier  es  épreures,  parvint  h 
être  sûr  de  l'abattre  a  son  gré.  Vint 
un  jour  où  conformément  a  un  plan 
concerté  d'avance  les  clans  du   Co- 
nau'^bt  et  de  l'Ulster  s'assemblèrent 
pour  mettre  fin  h  de  longues  que- 
relles par  une  paix  solide.  La  reine 
était  occupée  dès  l'aube  naissante  k 
se  baigner  dans  son  lac  favori.  Kon- 
nor  et  .lorbiiidlu"  se  rendirent  a  l'as- 
semblée. Jorbuidbe  lance  sa  pierre  : 
Meibdh  atteinte  K  la  tète  et  blessée 
mortellement  disparut  dans  les  flots. 
En    tout   elle   avait    régné     quatre- 
vingt -dix -huit  ans.    ^ous    n'avons 
pas  besoin  de  faire  ressortir  tout  ce 
qu'il  y  a  de  mylbique  dans  la  vie  de 
celle  reine   de   l'autiqne   Conauglit. 
Meibdh  est  une   seconde   Mélusine, 
uue  Wymphe,  une  Naïade,  une  On- 
dine  :  sa  vie,  son  bonheur,  c'était  de 
folâtrer,  de   s'ébattre  au    sein    des 
eaux.   Ces  Ondines   k  leur    tour  ne 
sont  point  sans  rapport  avec  les  belles 
Nymphes  lacustres  ou  fluvialiles  en 
tant    que    fécondes   et     fécondantes 
(/^O)'.  Anna-Peren>'a,  CamasÎitje, 
Juturne).  Quant  aux  nombres  dont 
l'histoire  entière  est  semée,  3,  lo, 
98,  tous  sont  symb(diques  et  ont  trait 
à  des  thèmes  mythiques  tracés  d'a- 
vance, vrais  lits  de  Procrusle    aux- 
quels il  a  fallu,  bon  gré  mal  gré  que 
les  délails  de  la  fable  fussent  ac(  om- 
modés.  Restent  les  aventiires  amou- 
reuses de   la   nine,  'es  incestes ,  le 
double  n)ariage,  l'adultère.  Les  in- 
cestes, nous  le  disons  plus  liant,  re- 
TÎenneBt  k  tout  instant  dans  les  or\- 


MEI 

gines  irlandaises.  Le  père  et  la  fille, 
la  mère  et  le  fils,  voilà  un  premier 
cycle  d'unions  itionsirueuses  qu'a  cha- 
que inslani  proclame  l'Irlande  théo- 
logique :  l'Orient ,   l'Egypte,  l'Inde 
nous  en  offrent  des  myriades  d'exem- 
ples :  les  cohabitations  fréquentes  du 
frère  et  de  la  sœur  se  déroulent  en- 
suite. Qui  admet  le  plus  tolère  na- 
turellement le  moins:  bs  incestes  de 
frère  k  sœur  ne  sont  pas  moins  fré- 
quents que  les  premiers  dans  la  my- 
thologie  de  quelque   peuple  que  ce 
soit  5  et  en  Orient  ils  passèrent  dans 
la  morale  pratiipie  rédigée  par   les 
instituteurs  des  ro\sftd  usuni.  D'ail- 
leurs de  l'inceste  du  père  avec  la  fille 
k  celui  du  frère  avec  la  sœur  le  pas 
est  facile,  si  l'on  songe  que  les  fils  ne 
sont  que  des  émanations  du  père.  Dans 
le   mythe  de  Meibdh  en  particulier, 
les  trois  jumeaux  Finéamhnas  forment 
à  eux  trois  une  Trimourii  a(lé<piale 
d'Eochaidh  -  Fiedhlioch.    1^'infidélilé 
que  Meibdh  fait  à  Oilioll  en  faveur 
de  Feargns  rappelle  d'abord  le  com- 
merce scandaleux  de  la  reine  femme 
de  Bartolam  avt  c  le  serf  Togadh  , 
puis  la    mort    de   Fiai,    femme  de 
Lughaidh  ,    fils    d'Ith   le    Brîgante. 
Celle-ci"  nageait   toute  nue  dans  la 
rivière  de    Feil,  quand    son   époux 
l'aperçut  5   elle  en  ressentit  tant   de 
hon'e  qu'elle  en  perdit  la  vie.   La 
mort  du  léviier  d'Oilioll  a  son  pen- 
dant ou  plutôt  sa  contre-partie  dans 
celle  du  lévrier  de  la  reine,  femme  de 
Bartolam.  Le  roi  certain  de  son  mal- 
heur que  lui  confirmait  encore  la  bou- 
che de  sa  femme  arracha  violemment 
Samer  (c'était  le  nom  du  favori  lé- 
vrier) du  sein  de  l'épouse  criminelle 
et  le   jeta  par  terre   si  brusquement 
que  l'innocut  animal    péril    sur  la 
place,  depuis  appelée  Inis-Samer. — 
Une   antre  Meibdh  ,    femuie  d'Art 
(ils  de  Kojin  aux  cent  batailles,  donna 


I 


MEL 

son  nom  a  un  fort  des  environs  de 
Tara,  Ralh-Meibdli. — Une  Iroisième 
Meibdh,  divinité  des  Tiialha-Dadan, 
faisait  parlie  de  la  Trimourti  fé- 
minine Eillina-Vatacli  ,  Mollira  et 
M'ibdh.  On  l'anpelle  viili^aiiement 
Meibdh-Kruachna,  parce  qu'elle  avait 
pour  mère  Kruachan. 

MÉLAMPE,  Melampus,  Màa^- 
TTosi  médecin  habile,  était  (ils  d'A- 
mitliaon  et  de  Dorippe,  et  neveu  de 
Jason  {'têiirûxi,  guérir).  Il  semble 
aussi  avoir  été  devin  et  poète.  Fa- 
meux déjà  dans  toute  la  Grèce,  il 
mit  le  comble  h  sa  gloire  en  guéris- 
sant de  leur  monomanie  les  Frœlides 
qui  croyaient  avoir  été  transformées 
en  vaches.  En  récompen>e,  il  exigea 
que  le  roi  de  Tirynllie  lui  cédât  les 
deux  iiers  de  son  royaume,"  il  épousa 
Iphiaiiasse,  une  des  piincesses  qu'il 
avait  guéries,  et  laissa  trois  fils.  An- 
tipliate,  Abas  et  Mantius. — On  a 
beaucoup  divagué  sur  Mélanipe.  Se- 
lon les  uns,  il  guérit  lesPrœtides  avec 
de  l'ellébore  et  même,  comme  l'ont 
fait  depuis  les  naturalistes,  il  imposa 
son  nom  a  cette  plante  [mclampo- 
clium).  Les' autres  veulent  qu'il  n'ait 
rais  en  usage  pour  la  guérison  que  des 
formules  magiques.  Ue  même  on  s'est 
demandé  quelle  était  la  maladie  des 
Prœtides,  démence,  hystérie,  névrite, 
elc..^  On  eût  dû  voir  que  les  Prœtides 
étaient  les  Bacchantes.  Prœlus,  c'est 
Fréj  Fré  est  le  soleil,  le  soleil  est 
Bacchus.  Les  Prœtides  sont  doue  des 

f)arèdres,  des  hiérodoules,  des  fil- 
es du  soleil  ,  et  comme  Bacchus- 
soleil  a  presque  toujours  l'aspect 
tauromorphique  ,  ces  dociles  miàs- 
trantes  atfictent  les  fcjrmes  et  le  ca- 
raclèie  delà  vache.  La  «uérison  des 
Prœtides  par  Mélainpe  n'est  donc  que 
la  cessation  deshaules  chaleurs,  sym- 
bolisées par  des  reslriclons  qu'ap- 
porte un  sage  au  cult«5  trop  orgiasliquc 


MEL  /,9 

de  Bacchus.  On  a  donc  eu  tort  de  voir 
dans  Mélampe  un  propagateur  de  ce 
culte:  tout  au  plus  le  parti  que  son  nom 
représente  le  régularisa-l-il  en  l'asser- 
viss  inl  h  des  formes  plus  pures.  Il  y  a 
p'us  :  une  des  épithèles  lavorites^du 
lumineux  Dévauicha,  c'est  celle  de 
Levkopous  {Aiv>cÔ7:6vs)Rn  pied  blanc: 
Mélampe  veut  dire  au  pied  noir.  Au 
reste ,  on  a  expliqué  ce  nom  par  d'au- 
tres causes.  Dorippe,  dit-on, avait  ha- 
bitué son  fils  à  marcher  sans  chaus- 
sure, et  le  soleil  avait  noirci  les  pieds 
de  l'enfnnt.  Le  peuple,  toujours  hy- 
perbolique dans  ses  récits,  prétendait 
que  Mélampe  entendait  le  langage  des 
animaux,  et  Apollodore  rapporte  un 
conte  bizarre  ace  sujet.  Lesévhémé- 
ristes  ont  placé  la  guérison  d»-s  Prœ- 
tides tantôt  sous  Prœlus,  tantôt  sous 
Anaxagore.  Ce  dernier  prince,  dit- 
on  ,  avait  d'abord  refusé  a  Mélampe 
le  prix  qu'il  demandait  pour  la  gué- 
rison de  ses  cousines.  Jusque-lii  Mé- 
lampe n'avait  demandé  que  le  tiers 
des  étals  de  son  auguste  client.  Il 
partit;  rnppelé  au  bout  de  quelque 
temps  il  eu  exigea  les  deux  tiers,  et 
en  donna  moitié  h  son  Irère  Bias. — 
On  trouve  encore  deux  Mélampe: 
le  premier  esl  ua  des  Uioscures  Tri- 
topators  (les  deux  autres  se  nom- 
ment Alcon  et  Eumole),  le  second  un 
compagnon  d'Hercule,  père  de  Cissée 
et  de  Gyas. 

MÉLAMPYGE,  M£>«^;ryyaî, 
Hercule  en  tant  que  tournant  les 
épaules,  le  dos,  etc.  {'/rvyip,  c'est- 
à-dire  passant  d;ins  l'hémisphère  aus- 
tral qui  est  opposé  au  nôtre,  et  liis- 
sant  aux  habitants  de  l'hémisphère 
boiéal  rhivrr.  les  frimos,  les  lo  'gués 
nuits,  les  ténèbres.  Hercule  Mélam- 
pyi^e  est  mis  en  i apport  dans  a  my- 
thologie avecles  Cercopes.]N'ou,-.avons 
dit  dans  cet  article  tout  ce  qu'il  est 
essentiel  de  savoir  sur  leMélampyge. 


5o 


MEL 


MÉLANÉE,  Melahea,  fille  de 
Neptune  ,  fut  aimée  du  dieu-fleuve 
Nil,  et  lui  donna  If  ncm  de  Mêlas. 

RIÉLAISEE,  Mei,a>eus,  M£;\«. 
ifj{  :  1"  Elhinpieu  lue  aux  noces  de 
Persée;  2" fameux  Centaure;  5"vjiec 
si  habile  a  tirer  de  l'arc  qu'on  le  di- 
sait fils  d'Apollon. 

MÉLAISliGIS,  MELAN.tGlS,  Mt- 

P^ii«<>/;  :  Bacchus  k  Herniione,  où 
chaque  année  on  célébrait  en  son 
honneur  des  jeux  dans  lesquels  ou  se 
disputait  le  prix  de  la  musique,  de  la 
natation  et  de  la  rame.  Ce  nom,  dij^nc 
de  remarque,  nous  ramène  à  Téj^ide 
possédée  par  Jupiter  cl  par  Minerve, 
a  l'idée  de  puissance  généra tiice  su- 
prême ,  enfin  a  celle  d'esprit  funeste 
et  ahrimanien.  Les  Apaturies  athé- 
niennes étaient  consacrées  à  Dionysc- 
Mélané^is,  a  Jupiter  et  à  Vulcain. 

MÉLAINIOIN  :  Al£A«v/i»vi"llippo- 
mène;  2"  un  des  disciples  de  Chiron. 

MKLAINIPPE,  femmes.  Foytz 

MÉN  \L1PPE. 

MÉLAINIPPE,  Melamppus,  Mj- 
Piavi'snrô^-.  1°  Fils  de  Mars  et  de  la 
nymphe  Tritia,  fonda  en  Arcadie  une 
ville  h  laquelle  il  rionua  le  nom  de  sa 
mère.  2"Filsdu  chefthébain  Ithaque, 
fut  tué  par  Amphiaras.  ïydée,  qu'il 
avait  blessé,  se  Ht  apporter  sa  lèle, 
et  la  déchira  de  ses  dents.  Minerve 
irritée  enleva  de  la  tente  du  barbare 
le  remède  qu'elle  lui  avait  apporté 
pour  le  giiéîir.  3°  Fils  de  Thésée  et 
de  Périgonc  ,  remporta  le  prix  de  la 
course  aux  jeux  néméens  que  célé- 
braient les  Epigones  vainqueurs  de 
Thèbes,  et  conduisit  une  colonie  grec- 
que en  Ca»ie.  4°  Jeune  homme  de 
Paires,  vio'a  Comélho,  prêtresse  de 
Diane-Triclarie ,  dans  le  temple  mê- 
me de  la  déesse.  Une  épidémie  ef- 
froyable s'ensuivit,  et  Diane  elle- 
même  révéla  l'impiété  des  deux 
amants.  Comélho  et  Mélanippe  péri- 


MÉt 

reut  au  pied  de  l'autel,  et  il  fui  d^* 

crété  que  oha([ue  année  verrait  de 
même  verser  le  saug  d'un  jeune  rou- 
pie remarquable  par  sa  beaule.  —  De 
huit  autres  Menamppe,  tr(  is  sont 
des  chefs  troyens  tués  par  Antiloque, 
parPalrocle,  par  Teucer  ;  un  (]un- 
Irièmefut  fils  de  Priam;  un  fils  du  roi 
d'Elolie ,  un  fils  de  Mêlas,  Iné  par 
Tydée,  se  présentent  ensuite,  el  la 
liste  se  complète  par  un  prêtre  d'A- 
pollon h  Cyrène-,  égorgé  parles  or- 
dres du  Ivran  Nicocrate. 

MÉLANOPE,  Melanopits,  Mt- 
M.))cir.c$,  de  Cumes,  était  auteur  d'un 
hymne  en  l'honneur  d'Opis  et  d'ilé- 
caerge.  Coup.  Olen. 

MÉLAISTHE,  fils  du  Néléde 
Audiopompe,  fut  chassé  avec  ses  frè- 
res de  la  Messéuie  par  les  Héraclides, 
trouva  un  asile  dans  Athènes,  tua 
Xanlhus  roi  des  béotiens  en  combat 
sluguliir,  grâce  h  une  supercherie  qui 
fil  instiUur  la  fêle  des  Apaturies,  et 
fut  élu  roi  des  Atliéniens  en  rempla- 
cement de  Thyniète.  Codrus  son  fils 
lui  succéda.  Ovide  nomme  un  Mélan- 
ihe  compagnon  de  Bacchus.  —  Deux 
autres  MÉr.AWTnE  ,  Mdanthius , 
Mi)\û\êto{,  furent,  l'un  un  chef  troyen 
tué  par  Euryale,  l'autre  un  prétendant 
de  Pénélope  ,  pendu  h  une  colonne  , 
puis  mulilé  et  mis  a  mort.  Ce  soupi- 
rant de  la  reine  n'était  pourtant  qu'un 
simple  berger  d'Dlyisse. 

MÉLAINTHEE  ,   Melai^theus  , 
Mi>\stvihvf,  père  d'Anqdiimédon ,  un. 
des  prétendants  de  Pénélope. 

MÉLA]NTHIDE,Melahthis,  Me- 
Xxv^iç,  Bacchus  dans  Athènes,  en  mé- 
moire de  ce  qu'il  avait  paru  derrière 
Xanlhus,  affublé  d'une  peau  de  chèvre 
noiresurk'sépaules, pendant  son  com- 
bat avec  Mélanlhe.  «D'où  vient,  s'é- 
cria le  jeune  champion  d'Athènes,  que 
vous  avez  un  second  à  vos  côlés;'» 
Xanlhus  regarde  derrière  lui,  Me- 


MEL 

lantlie  profitant  de  cet  instant  d'inad- 
vertance rétend  a  ses  |»ieds  (  J^oy. 
Mélauthe,  et  corap.   Mélanegis). 

MÉLANTHIE,  Me/^vS/*,  fille  de 
Dencalion  et  de  Pyrrha. 

MÉLANTHO,  Ma«t^^',  Océa- 
nide  aimée  de  Neptune, (jui triompha 
d'elle  sous  la  forme  d'un  dauphin. 
C'est  une  Pseith  noire  ou  Neilh  infé- 
rieure, Neith  mère.  Neptune  viole 
Athànà,  si  nous  comprenons  bien 
l'histoire  de  Méduse. — Une  autre 
MÉLANTHO,  suivante  et  amie  de  Pé- 
nélope, entretenait  une  intimité  cri- 
minelle avec  Eurymaque. 

MÊLAS,  MéA^f  :  i"  fils  de  Nep- 
tune (Minerve  emprunte  ses  traits 
dans  l'Iliade);  2°  fils  d'Ops  5  3°  fds 
de  Protéej  4"  fils  de  Portliaon  et 
d'Euryte  (ses  neuf  fils  périrent  tués 
par  Tvdée  ,  au  moment  où  ils  se 
préparaient  a  tuer  OEnée  leur  oncle, 
pour  donner  le  trône  a  leur  père); 
5"  Argonaute  qu'on  dit  filsdePhryxus 
et  de  Clialoiope  (comme  Hellc  ,  sa 
lanle,  il  se  noya  en  route);  6°  un  des 
Tyrrhénicns  de  la  troupe  d'Acète. 

MEi.CARTUS.  y.  Melkarth. 

MELGHOM,  dieu  des  Ammoni- 
tes, eut  de  Salomon  un  temple  dans 
la  vallée  d'Ennon ,  et  de  Mauassès  un 
autel  dans  le  temple  de  Jérusalem. 
Josias  renversa  ce  monument  de  l'i- 
dolàtrie  de  son  aïeul.  Généralement 
on  prend  Melcliom  pour  Moloch.  Ne 
scrail-ce  pas  Chara  (on  Ciiamos),qui 
justement  était  !a  grande  divinité  des 
Ammonites? 

MÉLEAGRE,  Meleagkr,  Me- 
Aî«y/)os,liU  J'OEnée,roi  de  Galydon, 
et  de  laTliesliade  Ai  lhée,prit  pal  I  dans 
sa  jeunesse  a  l'expédition  di's  Argo- 
nautes, puis  fut  le  chef  de  celle  chasse 
fameuse  dirigée  contre  le  sanglier 
dévasUteur  tics  campagnes  calydo- 
nienncs.  Le  sanglier  succomba;  mais 
Diane  dont  l'attiinal  farouche  servait 


MEL 


5i 


les  vengeances  ,  Diane  qui  l'avait  en- 
voyé pour  punir  OEnée  de  l'avoir  ou- 
bliée dans  ses  sacriGces,  Diane  irritée 
du  bonlieur  de  ses  antagonistes  excite 
une  rixe  cruelle  entre  les  triompha- 
teurs. Amant  d'Atalante ,  la  belle 
chasseresse  qui  a  la  première  blessé 
l'animal,  Méléagre  offre  à  cette  ama- 
zone de  l'Arcadie  la  hure  énorme  du 
sanglier.  Les  frères  d'Althée  se  ré- 
crient :  de  part  et  d'autre  on  court 
aux  épées  ,  le  sang  coule.  Méléagre , 
toujours  destiné  à  la  vicloire,  étend 
ses  oncles  roides  morts  sur  la  pelouse 
de  la  forêl.  Altliée  alors  se  souvient 
que,  quand  elle  donna  le  jour  à  ce  futur 
raeui  trier  de  h.es  frères,  les  Parques 

firésentes  ala  naissance  du  jeune  prince 
ni  ont  révélé  que  la  destinée  de  son 
fils  était  liée  k  la  durée  d'un  tison 
posé  au  milieu  du  brasier.  A  ce  mot , 
Althée  oublianlles  douleurs  de  la  fiè- 
vre puerpérale  s'est  précipitée  hors 
du  lit,  a  retiré  du  feu  le  bois  fatal,  a 
éteint  les  traces  de  flamme,  et  l'a  ca- 
ché dans  les  réduits  les  plus  secrets 
de  son  palais;  mais  ses  frères  ne  lu 
étaient  pas  moins  chers  que  son  fils. 
Elle  court  k  l'asile  mystérieux  qui  a 
reçu  ce  dépôt  si  cher,  saisit  le  tison  , 
le  jette  au  milieu  d'un  vaste  brasier. 
Soudain  un  feu  secret  s'insinue  dans 
les  entrailles  de  Méléagre,  le  torture, 
le  dévore,  le  consume,  et,  quand  le 
tison  n'est  plus  que  cendres,  Mélé«i<;re 
n  est  plus  qu'un  cadavre.  —  A  cette 
légende  que  le  tragiquç  Phrynichus 
popularisa  le  premier,  substituons  k 

f)résentle  récit  primordial.  Diane  et 
e  sanglier  y  figurent,  mais  point  d'A- 
talante. Les  deux  peuples  qui  se  sont 
coalisés  pour  délivrer  leurs  campa- 
gnes du  rapace  mammifère  se  dispn- 
teut  sa  peau  et  sa  hure;  ia  guerre  s'al- 
lume entre  les  Éloliens,  d'un  côté,  et 
les  Curetés  de  l'autre.  Les  frères  d'Al- 
thée, les  fils  de  Thestius  commandent 


4. 


52 


MEL 


anx  Curetés;  M^léagre  conduit  les  ban- 
des éloliennes  ,   el  les  guide  a  la  vic- 
toire. ]Non-seulemenl  il  taille  en  piè- 
ces Tai  inée  ennemie:  les  chefs  mêmes 
périssent  de  sa    main.  Mais  dès-lors 
ce  guerrier  intrépide  est  comme  souil- 
lé: c'est  presque  le  sang  maternel  qu'il 
a  versé;  ce  sang  ,  c'est  une  furie  qui 
va  s'attacher  a   ses  pas ,  planer  sur 
sa  tète;   sa   mère  elle-même  dévoue 
l'assassin  aux  Euménide.s.  Un  aflais- 
6ement  mortel  oppiiine  alors  le  cœur 
de  Méléagre.  Les  Curetés  reprennent 
l'avaulage.  ils   frémissent  en   armes 
autour  de  Calydon,  el  rien  ne  peut  ti- 
rer Méléagre  de  la  somnolence  dou- 
loureuse qui  pèse  sur  lui  comme  un 
invincible  caucbemar.  La  vo.x  seule 
de  Cléopàlre,  son  épouse,  l'arrache  à 
cette  sombre  torpeur;  il  marche,  il 
ranime  l'ardeur  des  s;ens,  il  refoule 
jusque  dans  son   camp  l'tnnemi  déjà 
iiiaîlre  des  avenues  du  palais  et  sur  le 
point  d'incendier  la  ville;  mais,  dès 
que  le  danger  n'est  plus,  lardeui  fac- 
tice que  lui  inspirait  le  spectacle  eni- 
vrant des  batailles  s'éteint,  el  la  noire 
mélancolie  assombrit  de  nouveau  son 
âme.  Il  meurt.   Ce  sont  les  Furies 
Maternelles,  dit-on,  qui  ont  abrégé 
ses  jours.  «  Fatal  exemple,  dit  le  vieux 
Phénix  a  son  élève,  des  désastres  que 
la  colère  entraîne  a  sa  suite  ,  et  des 
amères  douleurs  par  lesquellesla  ven- 
geance  expie    pendant    des   années 
ses    joies  d'un   jour!  »    Autour  du 
.pâle  et  mourant  Méléagre  se  grou- 
pent  des  fleures  non  moins  doulou- 
reuses.   Althée   qui,   dans  l'une   et 
dans  l'autre  légende  ,  est  la  cause  de 
sa  mort,  se  tue  lorsqu'elle  n'a  plus  de 
fils;  Cléopàtre,  sa  femme,  se  pend  de 
dése>poir  ;  ses  soeurs,  Gori^é  ,  Déja- 
nire,  Ménalippe,  Euxiiiiédée,  se  cou- 
chent,  les  yeux  baignés   de    pleurs, 
auprès  de  son  tombeau,  el  traînent 
un  deuil  sansiiu,  jusqu'à  ce  que  Diane 


MEL 

par  pitié  les  transforme  en  oiseaux. 
Primitivement,  sans  doute j  on  ne 
donnait  à  Méléagre  que  deux  sœurs, 
Déj.uiire  et  G'rgé  ;  mais  comme 
celles-ci  apparaissent  ai'leurs mariées, 
l'une  a  Audrémon,  l'autre  Si  Hercule, 
on  en  ciéa  deux  autres,  puis  tour  a 
tour  on  dit  que  les  quatre  princesses, 
ensuite  que  deux  princesses  seulement 
avaient  subi  la  transformation.  Sans 
doute  aussi  on  cessa  plus  lard  de  comp- 
ter exactement,  et  Ton  admit  des 
Méléagrides  en  nombre  indéfini.  Mé- 
léagrides  !  til  est  leur  nom;  il  est 
analo-ue  à  celui  des  Phaélhontides 
donné  aux  Héliades.  La  Cléopàtre, 
femme  de  Méléagre,  était  la  Hllc  d'I- 
das  et  de  la  celehre  Marpesse. — On 
voit  combien  la  légende  qui  l'iidmet 
dans  la  famille  de  Méléagre  s'éloigne 
de  celle  qui  fait  d'Ataluute  sa  parè- 
dre  habituelle.  Il  y  a  dans  cette  iler- 
nière  quelque  chose  de  cabirique.  Les 
oncles  de  Méléagre  se  nomment,  se- 
lon lesuns,Piolhoos  et  Comète,  selon 
les  autres,  Toxée  et  Plexippe, — La 
guerre  des  Eloliens  cl  des  Curetés 
rappelle  de  loin  celle  des  Pandous  et 
des  Kourous.  Réduite  à  la  Grèce  et  a 
une  donnée  historique,  c'est  une  que- 
re'le  entre  Calydon  et  Pleuron,  les 
deux  villes  importantes  de  l'Ëlolie. 

—  Méléagre  ne  laissa  qu'une  fille, 
Polydore,  qui  fut  mariée  à  Protési'as. 

—  Millin  a  donné,  dans  sa  Gai. 
mylh.  ^  4o9*-4i5,  une  admirable 
suite  de  représentations  figurées  re- 
latives a  Méléagre, 

MELECH,  c'est-a-dire  /w,  dieu 
phénicien,  ou  mieux  surnom  commun 
à  plusieurs  divinités  phéniciennes  mâ- 
les ,  Adraraélecli  ,  Ananiélech  ,  elc 
Malais, Molok,  Melkarlh,  ne  sont  que 
des  variantesoudesdérivalionsdu mé 
me  mot.  An  resle.  le  nom  de  roi  appli 
que  aux  dieux  n'est  point  particulier 
aux  religions  sémitiques.  Pi-ftéeu 


MEL 


MEL 


53 


Egypte  n'a  pas  d'autre  sens;  Eros  ou 
Eros,  Héré  (Junon),  sigii.fienl  de  mê- 
me maîlre  et  .seigneur  (Acrr,  allem., 
herns,  la  t.);  Axiéros  vient  al'appuij 
le  dieu  des  enfers  est  dil  roi  d'Ameuti, 
Racijamenli  d'où  Rbadamanle.  L'ai  l. 
Baal  fournit  encore  d'autres  rap- 
prochements qui  eiiibrasseiil  uu  nom- 
bre de  noms  di\ins  considérable.  — 
Comp.  ausbil'arl.  Don. 

MÉLÉCHEU ,  dieu  que  les  Juifs 
adorèrent ,  fut,  selon  les  uns,  le  so- 
le 1,  selon  les  autres,  la  lune.  Les 
femmes  lui  offraient  un  gâteau  con- 
stellé j  c'était  aussi  l'offrande  que  les 
Grecs  faisiiienl  k  la  lr.ne.  Comp.  l'art, 
qui  précède. 

MELES,  MÎAiîî  (qu'il  ne  faut  nul- 
lement rapprocher  des  iMÉlas  de  la 
Grèce,  cl  surtout  de  l'a  Ijectif  r^Useî), 
passe  en  mytho  ogie  pour  le  père  de 
Candaule .  dernier  prince  que  la  mai- 
son des  (iandau  ides  ou  Héraclides 
donna  au  royaume  de  Lydie,  a  Si  le  roi 
Mêlés,  »  disait  un  de  ces  vieux  oracles 
qui  courent  les  p;iys  après  que  L  s 
événements  sont  irrévocablement  ac- 
complis, a  avait  jadis  conduit  autour 
«  de  la  ville  de  Saides  le  lion  qu'une 
«  de  ses  concubines  avait  mis  au  jour, 
a  jamais  celle  capitale  ne  serait  loin- 
cc  bée  aux  maiubdeCyrus.  jj  Au  reste, 
Mélès,  comme  tant  d'autres  person- 
nages, semble  un  nom  géographique 
personnifié.  Non  loin  de  Saiyrne  cou- 
lait une  pelile  rivière  qui  tarit  eu 
été,  et  dut  le  nom  était  Mélès.  -C'est 
d'elle,  assure-t-on,  qu'Homère  tire 
son     épithète    de  Mélésigène. 

MÉLIBEE,  Melicoea,  M£A/Io/««, 
et  AMV CLE,  biles  de  ^iobé,  furent 
seules  épargnées  par  Diane,  et  dans 
leur  reconnaissance  élevèrent  k  La- 
tone,  dans  Argos  ,  un  temple  où  Me- 
libée  eut  une  statue  près  de  la 
déesse.  Mélibée  était  surnommée 
Ciilgris  la  verte,  la  pâle,  a  cause  di.'  la 


pâleur  que  lui  inspira  le  sort  de  ses 
frères  et  de  ses  sœurs. — Une  Méli- 
BÉK,  Océonide,  épousa  Pélasgue.Unc 
Ville  de  Thcisalie  portail  ce  nom , 
piobableraenl  k  cause  des  beaux  pâ- 
turages de  cette  délicieuse  contrée 
{/iiiMij  ^o~is)'  Philoctète,  qui  était 
de  celle  ville,  lui  dut  le  surnom  de 
Mclihœns . 

MÉLICERTE.   Voy.   Ino  ,   et 

comp.   MliLK-ARTH. 

MÉLIE,  Melia,  MeA/a,  Océa- 
uide,  eutd  Apollon  deux  fils,  Térène 
et  Isniène  et  les  nymphes  Méliades. 
- — Deux  autres  MÉlie,  Océanides  , 
et  qui  sans  doule  ne  diftèrenl  pas  de 
la  première  ,  sont  dites  l'une  amante 
de  INepliine  et  mère  d'Amycusj  l'au- 
Ire  femme  d'inachus  et  mère  de  Pho- 
ronée  et  de  Phégée.  Comp.  Inachus, 
fin. 

MÉLIES,  Meli^,  M»;>i/«<  :  1° 
Nymphes  qui  naquirent  du  sangd'U- 
ranus,  mutilé  par  Saturne,  et  de  la 
Terre.  LIne  d'elles  fut  aimée  de  Si- 
lène, el  en  eut  le  Centaure  Pholus. 
2"  Nymplies  prolectrices  des  trou- 
peaux (/^oj'.  IÎpimélides). 

MÉLlGUNiS  ,  MiAr/ôi^v/f,  hé- 
roïne éponyme  de  l'île  actuelle  de 
Lipari  ,  passait  pour  fille  de  Vénus. 
A  vrai  dire,  Méligunis  esl  une  Vénusj 
et  probablement  le  nom  signifie 
femme-reine. 

MELINE,  une  des  cinquante  Tlies- 
piadts. 

MELINOÉ ,  Pille  de  Jupiter  et  de 
Proserpine,  est  peinte  tantôt  blanche, 
tantôt  noire,  tantôt  couverte  de  vê- 
tements jaunâtres,  et  affecte  a  tout 
instant  des  formes  effrayantes.  Au 
fond,  c'est  une  Hécate,  c' est-a-dire 
une  Proserpine.  La  fille,  la  mère,  la 
sœur,  l'épouse,  c'est  tout  un  en  my- 
thologie. 

MELISSE,  Melissa,  Méxi<r(nt, 
fille  dç  Mélisse ,  le  roi  de  Crète ,  el 


54 


MEL 


CBur  d'Amallhée  ,  nourrit  conjointe- 
ment avec  elle  Jupiter  au  berceau. 
!Nous  ne  croyons  pas  qu'elle  diffère 
d'Amahhée,  et  en  conséqueuce  nous 
rejetons  bien  loin  rélyniologie  qui 
tire  son  nom  de  melissa  .  ft,ïxtrir*  , 
abeille  [f^oy.  AmalthÉe,  et  comp. 
Adrastée  qu'on  donne  ainsi  qu'Ida  , 
sa  sœur,  pour  une  nourrice  de  Jupi- 
ter). Amaîlhée  et  Mélisse  s'appellent 
nymphes  Mélissides. — La  prétendue 
Océanide  Mélisse  n'est  autre  que  Mé- 
lie.  On  donnait  encore  ce  nom  en 
Crète  aux  prêtresses  de  Rée  (la 
grande  mère),  dans  Epidaure  a  une 
fille  de  Proclès,  femme  de  Périandrej 
dans  "Coriuthc  a  Une  femme  que  le 
peuple  mit  en  pièces,  parce  qu'elle 
refusait  de  se  faire  initier  aux  mys- 
tères de  Cérès. 

MÉLITE,  MfAiVj),  1°  Kéréide, 
3°  Nymphe,  3"  fille  du  dieu-fleuve 
Egée.  Elle  eut  d'Hercule  Hyllus. 

MÉL1TÉE,Meliteus,  MiXtriiç, 
fils  de  Jupiter  et  d'Olhréis,  fut  exposé 
dans  un  bois  par  sa  mère,  nourri  par  des 
abeilles,et  découvert  par  Plirague, que 
déjà  Olhreis  avait  eu  de  Jupiter.  Du 
nom  des  insectes  industrieux  qui  lui 
avaient  fourni  les  premiers  aliments, 
il  se  fit  appeler  Mélitée  et  fonda  un 
établissement  dans  un  lieu  qui  prit 
son  nom  [Mdeda  de  l'Adriatique  ou 
bien  Malte). 

MÉLIOS ,  MytXiii ,  aux  brebis 
ou  aux  pommes;  Hercule  àThèbes 
et  à  Thespies.  L'usage  était  de  sacri- 
fier aux  dieux  une  brebis  {melon, 
fcîjXo)i).  Un  jour  l'Asope  débordé  ne 
permettant  pas  de  porter  la  brebis, 
un  jeune  homme  fît  remarquer  que 
melon  signifiait  pomme  ,  et  tuut 
bonnement  on  saciifia  au  fils  d'Alc- 
mène  des  pommes  supportées  par  de 

Setits  bâtons  en  guise  de  jambes.  Le 
ieu  Addéphage  rit  de  l'expédient , 
et,  depuis  ce  temps,  les  pommes  rem- 


MÊL 

placèrentles  brebis  dans  les  sacrifices. 
MELKARTH  est  familièrement 
nommé  l'Hercule  phénicien, l'Hercule 
deTyr.  C'est  le  quatrième  des  Her- 
cules mentionnés  par  Cicéron  [Nat. 
des  Dieux).  (jcnhÀcmtnl  on  expli- 
que ce  nom  par  roi  de  la  vil!e(M<  Ick- 
Kartha.)  Ilest  plus  simple  d'y  voir  le 
roi  fort  (Meick-Artn).  Celte  désinence 
Arta  se  retrouve  dans  d'autres  noms 
sacrés  et  spécialement  dans  celui  de 
la  grande  déesse  phénicienne  Astarté. 
Ainsi  que  l'Hercule  grec  ,  Mclkarlh 
se  présente  dans  la  théogonie  comme 
un  Cadmile,  un  Dieu-Rapport  ,  un 
servant,  réabsorbablc  soit  en  Axio- 
cerse,  soit  en  Axiéros.  Cadmile  pur, 
il  cumule  les  traits  d'Hercule  même  et 
d'Hermès  :  il  est  force  et  .sagesse,  il 
est  action  etvcrbe(vcrbe  parlé  comme 
verbe  éciil),  il  est  vainqueur  et  voya- 
geur (c'est-à-dire, danslcs  idées  phé- 
ciennes,  navigateur  ).  I!  est  guerrier 
et  commerçant.  Ceci  sur  la  terre  !  au 
cielilestsolei'(le  soleil  agit,  voyage, 
navigue  même  5  le  ciel  était  censé  un 
grand  océan  suspendu  sur  nos  têtes: 
y.  TpÉ).  Dans  l'un  et  l'autre  cas,  il 
unit.  Et,  pour  déterminer  ce  fait  vague 
(union)  par  quelques  exemples,  lors- 
qu'il cingle  le  long  de  la  voûte  céleste 
ou  au  travcrsfIelaMéditerraiiée, infati- 
gable voyageur^  il  fait  correspondre, 
rapproche,  met  en  contact  le  couchant 
etrorient,GadèsetTyr,lesdeux  moi- 
tiés du  zodiaque,  les  deux  moitiés  de 
la  sphère.  Psychologiquement,  il  est 
le  nœud  qui  unit  le  projet  et  l'acte  : 
lavoiilionet  laforce  (activité)  accom- 
plissent et  déterminent  un  produit. 
Politiquement,  il  est  le  lien  fedératif, 
ici  de  toutes  les  villes  qui  forment 
un  étal  indivisible  ,  la  des  colonies 
et  de  la  métropole  :  c'est  le  concen- 
tus  ,  l'harmonie  ,  la  cenlra'isation. 
Comp.  ici  tous  les  développements 
sur  Cadmile,  Mercure,  Bacchus,  Her- 


MEL 

cule,  Harmonie  et  Amour,  art.  Cabi- 
RES.  Voyager  et  lier  ainsi,  c'est  être 
Démiurge  (c'est-a-dire  activité,  force, 
personnification  herculéenne)  5  effec- 
tivement,- le  soleil  en  Egypte  était 
compté  parmi  les  Démiurges.  Mais 
d'autre  part ,  c'est  être  messager,  in- 
terméfliaire ,  c'est  être  paroleelidéc, 
c'est  être  Mi-rcure.  Melliarlli  au  fond 
est  donc  plitlôl  un  Hcrmoracle  qu'un 
Héraklès,  et  rien  de  plus  juste  que  la 
conjectîirequi  le  rapproche  deSumès- 
Ilenr.ès.  Il  paraîtrait  aussi  que  IMel- 
karthful  identifié avecMrs,  du  moins 
à  Cartilage,  ce  qui  conviendrait  en 
effet  soit  au  caractère  guerrier  du 
tiieu ,  >oil  a  sa  physionomie  sidéri- 
que  (conlinuL'lhmenl  on  voit  le  so- 
leil s'incarner  en  planète  ).  De  plus, 
la  racine  des  noms  grecs  Ares,  Héra- 
klès, est  la  même  de  part  et  d'autre. 
Essayons  maintenant  de  localiser  itlel- 
karih  en  tant  que  Cadmile  dans  un 
Cidre  cabirique  adapté  a  la  religion 
phénicienne.  Leclassements'opèrede 
lui-même,  lîaal,  Astarlé  et  Melkarlh 
(  Baal  Axiéros  et  Axiocerse  uià!e, 
Aslarté  Axiocerse  femelle,  puis, 
Melkarlli) ,  vo'lh  les  trois  dieux,  voila 
la  sainte  triade,  contre-épreuve  facile 
de  la  triade  cabirique,  Ilépheste, 
Aplirodite,  Herit.éracle,  dans  laquelle 
Héphesic  remplit  deux  rôles,  dans  la- 
quelle Ilépheste,  à  la  fois  élevé  et  fu- 
neste, laisse  très-facilement  entrevoir 
qu'il  ne  répugne  point  a  s'incarner  en 
Cronc  et  en  Ares  (Mars).  La  généa- 
logie cici:ronien:ie  de  l'Hercule  deTyr 
ne  contredit  <[ne  supe:  ficicUement  ces 
données.  Jupiter  et  Astérie  se  résol- 
vent en  Ba;il  et  Asiarlé.  I*ourcelle-ci 
le  rnpport  n'est  point  douteux  :  le 
nom  et  l'idée  établissent  Tidenlité. 
pour  l'autre  il  sufiit  de  se  reporier 
à  l'art.  Baal  (et  subsidiairement  a 
Cabires  et  a  Fta)  pour  se  convain- 
cre de  la  facilité  avec  laquelle  les  my- 


MEL 


55 


thographes  grecs  substituèrent  Zevs 
à  Baal.  Melkarth  était  adoré  a  Gadès, 
a  Malte,  à  Carthage  comme  à  Tyr, 
et  d'immenses  débris,  d'énormes  sub- 
structions  témoignent  enccre  de  la 
magnificence  de  son  culte  (Eres, 
Malta  aniica^Tp.  i44  ;  Miiuter 
p.  45,  etc).  Les  colonies  de  cette 
dernière  ville  envoyaient  annuelle- 
ment a  leur  métropole  une  théorie  et 
de  riches  tributs  h  l'occasion  de  la  fête 
du  Bûcher  ou  de  l'Autocaïsme.  Car- 
thage même,  a  l'époque  de  sa  splen- 
deur, ne  manqua  jamais  de  rendre 
cet  hommage  au  grand  Cadmile  in- 
digène (/^.  Polybe,  fragra.  des  /^mà. , 
c.  1 14,  etc.,  et  comp.  les  détails  cu- 
rieux rassemblés  à  ce  sujet  par  Miiu-  ' 
1er). Long-teiîips, sans  don  te,  Melkarlh 
n'eut  point  d'images  autres  que  le  feu. 
Une  flamme  éternelle  bridait  dans  les 
temples  que  l'Afrique,  que  l'Espagne 
méridionale  avaient  élevés  en  son  hon- 
neur. Toutefois  il  est  probable  que 
cet  usage  cessa  plus  lard.  Les  médail- 
les de  Thasos  (  colonie  de  Tyr  )  pré- 
sentent Hercule  armé  de  l'arc  et  des 
flèches,  et  on  le  retrouve  sur  des  mé- 
dailles de  Gadès  (avec  légendes  soit 
puniques  soit  romaines  )  caractérisé 
par  la  peau  de  liou  et  la  massue. 
Ajoutons  que  le  choix  même  de 
ces  accessoires  symboliques  dépose 
et  de  la  tardive  apparition  et  de  l'o- 
rigine grecque  de  cet  anthropomor- 
phisme. La  .statue  de  Mtlkarlh  était 
chargée  delieusj  ce  qui,  dit-on,  avait 
trait  h  la  faiblesse  accidentelle  ou  pé- 
riodique du  dieu  soleil(/^.  Adonis). 
A  Gadès,  il  avait  un  autel  comme 
année  (comparez  ici  Janus),  et  c'est 
sous  un  point  de  vue  analogue  (pia 
l^onnus  {Dionjs.^  Yiv.  xl)  appelle 
Hercule  Ménagèle,  c'est-a-dire  con- 
ducteur des  mois.  Enfin ,  Melkarth 
faisait  partie  de  la  série  des  Cabi- 
res  phéniciens,  et  venait  sans  doute 


56 


MEL 


imnaécliatenrent  après  Sidik  leur  pè- 
re, ou  plutôt  Sidik  restant  dans  la 
tante  sphère  cosmogoni(|ue  se  délé- 
guait, s'incarnait  en  Melkarlh  lors- 
qu'il s'agissait  de  donner  naissante 
aux  sppt  Cahires.  La  série  planétaire 
des  Treze-Douze  Egyptiens,  série 
dont  Djdin  est  le  chel ,  semble  repré- 
senter pnrfailenient  les  sept  Cabiies 
dont  Melkarth  es!  comme  le  dief  de 
file.  Ce  que  nous  avons  nomme  Aulo- 
caïsive  est  celte  pompeuse  cérémonie 
commune  a  Carinage  et  à  Tyr .  dans 
laquelle  on  voyait  un  immense  bùclu-r 
devenir  la  proie  des  flammes,  puis 
îoul-h-coup  du  seiu  des  cendres  res- 
plendissantes et  des  braises  colossales 
un  aigle  sortir  et  se  pei  di  e  dans  la 
nup,  pareil  au  phénix  d'Kgyple.  Cet 
aigle  élail  le  symbole  de  l'année  et 
du  temps  qui  renaît  de  ses  cendres. 
L  IliTCule  au  Mont  OEta  des  légen- 
des lii-IIéui(|ues  n'est  qu'un  embellisse- 
ment épique  de  cilteso'ennité.  Miin- 
ter  y  reti  oive  Toriginc  d'une  des  plus 
célèbres  circonstances  des  apothéoses 
impériales  (l'aigle  qui,  du  sein  du  bû- 
cher, allait  porter  aux  cieux  l'àme 
du  divin  empereur).  Des  victimes  bu- 
maiiU's  (des  prisi  nniers?  des  étran- 
gers? des  nègres  ?)  arrosaient,  dit-on, 
^  de  Kur  sang  le  pied  du  bûcher  élevé 
à  Melkarth.  Les  Phéniciens  lui  sa- 
crifiaient aussi  des  cailles  :  allusion 
à  la  disparition  périodique  de  la 
force  solaire  (prise  pour  une  mort, 
une  léthargie,  un  évanouissement)  et 
h  l'excellence  prétendue  de  ia  cervelle 
de  caille  contre  l'épilepsie.  Comp. 
loLAS.  Le  Mrlicerte-Palémon  de  la 
famiUe  Cadméenr.e  à  Thèbes  n'est 
évidemment  qu'un  Melkarth  [Foy. 
Iso  et  PalÉmon  )  :  même  nom 
(aux  voyelles  près)  et  même  rôle 
(divinité  de  la  mer  )  5  notez  de 
plus  qu'Hercule  en  grec  se  nomme 
nx?ix/fi&'ï,  le  lutteur.  On  peut  soup- 


MEM 

çonner  aussi  que  c'est  a  la  diffusion 
du  cidte  de  Melk;irth,  vers  la  limite 
occidentale  de  l'ancien  monde,  que 
sont  dues  ep  partie  les  fables  grec- 
ques relatives  aux  expli)ils-de  l'Her- 
cule tliébaiu  dans  l'ilespérie. 

MELLOÎ^E,  Mkllona,  déesse 
latine,  avait  les  abeilles  et  le  miel 
sous  sa  protection.  Voler  le  miel  de 
son  voisin  était  s'exposer  h  sa  co- 
lère. 

MELPOMÈINE,  MsATa^tv»?.  muse 
de  la  tragédie,  porte  d'ordinaire  le 
cothurne,  le  poignard,  le  sceptre  et 
une  couronne.  Sou  maintien  est  grave 
et  sévère.  On  la  voit  dans  la  Mo- 
saïque d'Italica,  pag.  19,  le  masque 
tragique  ii  l;t  main.  Dans  les  Piltnre 
tV Krcolano  elle  a  ,  outre  la  grande 
tunique  et  l'amp'e  manteau  Ira-ique, 
et  la  massue  et  le  mas(|ue  hercu- 
léen, l'espèce  de  coilTe  que  les  mé- 
diiilles  milylénienncs  donnent  h  Sa- 
pho.  La  massue  se  retrouvif  aussi 
dans\Viiicke'mann,i1/o/2M//;.  inéd.y 
n°  45.  Une  Melponiène  colossale  du 
Musée  Pio-CU'intnt. ,  n°  191,!  26, 
a  un  pied  appuyé  sur  un  rocher,  atti- 
tude ([ue  les  anciens  ont  quelquefois 
donnée  aux  héros.  Ou  retrouve  ces 
attributs  dans  ce  même  Èhuée  Pio- 
Cà'nicntin  j  1\,  i5. —  AJt/po  en 
grec  indique  un  chant  large,  et  qui 
participe  h  la  fois  du  grandiose  de  l'é- 
popée et  de  la  magnificence  du  lyri- 
que. Telle  était  en  effet  la  tragédie 
antique. — MELPOMÎiNE,  JlJtlpo- 
menos ,  est  aussi  un  surnom  d'A- 
pollon. Il  existe  une  bille  statue 
d'Apollon  Me'poraénos  dans  le  Musée 
Pio  -Cicrncnlin.  Comp.  ]\  1  u  se  s . 
L'Acarnanie  et  Athènes  adoraient  sur- 
tout Apollon  Melpoménos. 

MEMAL,  MtEMALUj,  M«/;e««Aaf, 
père  du  chef  grec  Pisandre,  qui  alla 
au  siège  de  Troie. 

MEMBLUR,  Membliarus,  sui- 


MEM 

Vant  (le  Caciraus ,  donna  son  nom  à 
une  île  de  l'Egée,  une  des  Cyclades, 
entre  Anaphe  et  Tht'ra. 

MÉMEHCUS.  Foy.  Mermère. 

MEMINOîS%  Mïuvm,  iiicarnalioa 
extra-helléniijue  de  la  lumière-sola- 
rilé,  passait  eu  Grèce  pour  un  prince 
venu  des  loi  ilaines  contrées,  pairie 
ou  siège  favori  de  Tastre  du  jour; 
mais  quelle  contrée?  Ici  l'on  variait. 
C'est  de  l'est  que  vient  la  lumière , 
c'est  au  sud  que  l)rille  la  lumière. 
Deux  légendes  se  sont  formées  aussi- 
tôt. L'une  localise  le  prince-dieu  dans 
ïhèbes;  l'autre  place  son  Irûne  dans 
l'orient,  au  centre  même  de  l'Assy- 
rie, h  Susc  ,  la  ville  des  lys.  Les  gé- 
néalngies  reflètent  ce  double  point  de 
vue  :  dans  l'une  Memnon  est  né 
d'iléméra ,  le  jour  (le  jour  dans  toute 
sa  beauté,  la  lunière  au  méridien  et 
au  zénith,  le  midi);  dans  l'autre  il 
doit  le  jour  h  l'Aurore  (et  l'Aurore 
est  l'orient  ).  An  reste ,  l'Aurore 
s'offre  accompagnée  d'un  époux,  'li- 
thon  (et  Tillioii .  au  dire  des  Grecs , 
était  le  frère  de  Priam  et  le  fils  de 
Laoniédon),  ou  bien  Astrée.  Ema- 
ibioi  était  son  frère.  Un  riche  palais, 
un  immense  labyrinthe  prèsd'Ahydos, 
en  Egypte ,  signalèrent  la  magnifi- 
cence de  Memnon.  Les  partisans  du 
système  oriental  ont  placé  ces  deux 
nobles  édilîces  a  Suze.  Le  syncré- 
tisme soupçonna  ,  sous  la  double 
légende,  un  empire  qui  aurait  em- 
brassé, par  la  conquête,  toute  la  ré- 
gion du  ^.l  et  l'Asie  jusqu'à  l'embou- 
chure du  Choaspp  ou  de  l'Eulée. 
Comme  les  historiens  évhémérisles 
qui  donnent  l'Egypte  a  Memnon  em- 

f)loient,  pour  indi(juer  son  royaume, 
e  terme  vague  d'Ethiopie  ,  on  eut 
dû  penser  aussi  que  ce  mot  avait 
deux  interprétations  différentes,  et 
que  les  uns  l'avaient  traduit  par  Assy- 
fie-Iude,  tandis  que  d'autres  avaient 


MEM  5^ 

donné  comme  synonyme  exact  Egypte» 
Méroé.  Attaqué  par  les  Giecs,  Priam 
envoya  demander  des  secours  au 
sph  ndide  seigneur  de  la  Susiane. 
Memnon  était  son  neveu  :  la  force 
du  ^ang  et  une  vigne  d'or  que  lui 
envoya  son  oncle  le  délermiuèrent 
à  punir.  Dictys  de  Crète  le  mon- 
tre arrivant  à  la  tète  d'une  année 
innombrable  d'Ethiopiens  et  d'Li- 
diens,  et  d'une  armée  navale  non 
moins  considérable  sons  les  ordres 
de  l'amiral  Phalas.  Ailleurs,  ce  puis- 
sant renfort  se  trouve  réduit  à  vingt 
mille  hommes,  fournis  moil.é  par  la 
Susiane,  moitié  par  I  Ethiopie,  et  a 
deux  cents  chariots  5  et  Memnon  lui- 
même  n'est  que  le  général  du  roi 
d'Assyrie  Teulame,  dont  Priam  est 
le  vassal.  Long-temps  après  on  mon- 
trait encore  les  traces  de  sa  marche, 
depuis  le  fleuve  Choaspe  jusqu'à 
Troie  assiégée.  Quelques  évhémérisles 
parlent  d  une  rue  magnifique,  bâtie 
par  ses  ordres  et  sur  son  passage. 
Chemin  faisant  il  eut  à  combattre  les 
Solymes.  Arrive  a  Troie  ,  il  tua  Au- 
li loque,  filsdelNestor,  blessa  Arhille, 
combatlil  Ajax,  et  enfin  fut  lue  par 
le  roi  des  Phthiotes,  soit  comme  le 
disent  quelques-uns,  en  combat  sin- 
gulier, soit  a  la  suite  de  son  com  • 
bat  avec  Ajax.  L'Aurore,  sa  mère  , 
parut  aussitôt,  et  vint  pleurer  sur 
son  cadavre  5  ce  sont  ses  larmes  qui 
brillent  le  matin  sur  l'herbe  et  les 
fleurs,  en  perles  liquides  qu'on  nom- 
me la  rosée.  Deux  récils  plus  cir- 
constanciés nous  montrent  Grecs  et 
Troyens  faisant  une  trêve  après  la 
mort  de  M  ranon  ,  le  corps  du  prince 
de  Suse ,  rapporté  a  Troie,  déposé 
sur  le  bûcher,  réduit  eu  cendres,  et 
l'urne  qui  contient  ses  restes  iiif  ir- 
tunés  reprenant  le  chemin  de  la  pa- 
trie. A  Paphos,  Ilàméra,  sa  sœur, 
les  prend  dans  ses  mains,  et  l'Aurore 


58 


MEM 


supplie  les  dieux  d'iionorer  son  fils  par 
quelque  prodige  nouveau.  Soudain  des 
oiseaux  inconnus  surgissent,  ballenl 
des  ailes,  se  becqueltenl  avec  fu- 
reur, et  chaque  année  s'élancenl  dans 
les  plaines  de  la  Troade  pour  s'y 
battre  yur  le  tombeau  de  Meinuon. 
La  Paphlngoiiie  donna  le  nom  du 
liéros  h  une  de  ses  rivières.  l'Assyrie 
lui  é'eva  un  temple ,  Suse  lui  rendit 
les  honneurs  héroïques,  et  les  TLé- 
bains  instituèrent  eu  son  honneur  un 
sacrifice  anuuel.  Ils  lui  dédièrent  en 
même  temps  ci-  colosse  célèbre  qui, 
lorsque  le  soleil  dardait  ses  premiers 
rayons  sur  la  pierre  ,  rendait  un  son 
distinct ,  et  semi)lait  saluer  de  la  voix 
«es  adorateurs. — Autour  de  ces  traits 
généraux,  (|ui  se  récapitulent  par  trois 
points,  rapport  avec  le  sud  ou  Test 
(en  d'autres  termes  avec  la  biniière), 
secours  donné  à  Troie,  mort  et  ré- 
surrection sous  forme  d'oiseaux  ,  sous 
forme  de  voix  ,  se  groupent  une  foule 
de  détails  secondaires,  les  uns  anti- 
ques, les  autres  récents,  et  forgés  à 
plaisir,  mais  sur  des  données  antiques. 
I»  Memnon  était  le  plus  boau  des 
mortels,  le  plus  bianc,  et  pourtant  li 
tente  minute,  et  en  sa  qualité  d'E- 
thiopien ,  on  le  fait  noir.  2°  11  appar- 
tenait à  la  race  des  Ethiopiens  Ma- 
crobiens. 5°  Cinq  générations  s'écou- 
lèrent durant  sou  règne  5  et  cepen- 
dant on  le  pleura  comme  prématu- 
rément ravi  h  l'amour  des  peuples. 
4°Cest  par  le  secours  des  Phéniciens 
que  l'Aurore  retrouva  les  restes  de 
son  fds  à  Paphos.  5"  Les  oiseaux 
gladiateurs  qui  vont  célébrer  des  jou- 
tes funèbres  sur  sou  sarcophage,  par- 
tent de  Cy/iquej  la  bataille  a  lieu 
en  automne;  iis  viennent  |)ar  bandes, 
et  ne  s'en  retournent  que  quand  la 
moitié  d'entre  eux  est  restée  sur  le 
champ  de  bataille.  6"  Ils  sont  noirs. 
7"  Du  vivant  même  de  Memnon  le  Wil 


MEM 

oula-sse  une  montagne  de  sable.  8° 
Mt-mnou  figure  dans  quelque  légende 
sous   le  nom  d'Eôos  (l'oriental},  9° 
La  tombe  était  placée ,    suivant  les 
uns  ,  sur  les  bords  de  i'Esèpe  ,  selon 
les  autres  à  Paplios,    ou    en   Svrie 
sur  le  lleuve  Jiala ,   ou  en  Pairstine 
sur  le  Bâtée,  non  loin  de  Plolém;iïs, 
ou  en  Assvrie,  ou  h  Suse,  ou  a  Ec- 
balane;  en  un  mol  les  Memuonium, 
car  tel   était  le  nom   des  tombeaux 
de   Memnon  ,     abondaient    partout, 
10"  Ces   Memuonium  étaient    aussi 
des     palais,    des    tours,   de    vastes 
édifices.     Il"    L'épée    et    li    lance 
de  Memnon  étaient  conservées  dans 
le  tombeau  d'Esciilipe  h  JNicomédie. 
12"  Ees  Elhiopieus  en  apprenant  la 
mort  de  Meinuon  appcniiireul  leurs 
Gouruimes  aux  pointes  des  ronces,  et 
ces  couronnes  tombèrent  dans  les  sa- 
bles.   i3'  Memnon,  dans  un  passage 
du  Scho'iaste  d'Aristophane,  est  ex- 
pressément qualifié  de  fils  de  Jupi:er 
(ailleurs    oji  lui   donne  Cissie   pour 
mère).  i4"LeTeutame  ijne  (juelcjiies- 
uns  donnent  comme  le  sultan  (le  la 
Susiane  peut  sembler  aussi  sou  père. 
15"  Le  son  que  rendait  au  lever  du 
soleil  la  pierre  vivante  (A/t)off^4t»;'«f) 
était  septuple,  selon  quelques  m\  li)o- 
logues.   i6"DeThespie  (ou  Asop  s) 
il  eut  les  sept  Muses  d'Epieharme. 
17°  Memnon   figure  comme   archir 
tecte,  artiste,  inventeur  de  l'écriture. 
18"  Enfin,  de.s  traditions  éthiopiennes 
niaient  que  jamais  Memnon  eût   été 
il    Troie.    Par    Ethiopiens,     il  faut 
entendre  sans  doute  habitants  de  la 
Thébaïde  méridionale  et  des  contrées 
intertiopicales    situées    au    sud    de 
Syène,  peut-être  mpme  de    Méroé 
ou  Axoum.  — A  ces  traditions  ajou- 
tons les  idées  eoujecturale>  que  les 
anciens     regardaient     comme     des 
certitudes,    i"    Hérodote    identifiait 
Sésostris  et  Memnon.  2"  Plus  tard, 


I 


MEM 

on  regardait  Memnon  comme  ne  dif- 
férant point  du  célèbre Osymaudyas  à 
la  couronne  d'or  de  trois  cent  soixante 
coudées  5  et  Creuzer,  parmi  les  mo- 
dernes, adopte  cette  opinion.  5°  A 
partir  du  siècle  qui  précéda  l'ère 
chre'tieniie,  l'ancien  Pharaon,  Amé- 
nof  (avec  l'article,  Famënof),  fut  pris 
pour  l'exact  synonyme  de  Memnon. 
Une  foule  d'inscriptions  qu'on  lit  en- 
core sur  les  débris  de  la  statue  de 
Memnon  attestent  la  vogue  de  cette 
idée.  Mi/u.yoyoç  ii  ^u^avo-ç  ,  tel  est 
l'hémistiche  que  l'on  trouve  textuelle- 
ment sur  la  pierre,  et  sous  l'influence 
duquel  semblent  avoir  été  rédigés  les 
vers  des  autres  visiteurs.  4"  On  com- 
prend qu'Osiris,  Haroéri,  Hercule, 
durent  être  chacun  à  son  tour  com- 
parés a  Memnon,  et  ta^itôl  distingués 
de  ce  prince,  tantôt  confondus  avec 
lui.  En  ajoutant  à  cette  liste  de  noms 
ceux  de  Mithra,d' Adonis,  de  Phaé  thon 
et  deLeucippe,  on  aurait  h  peu  près  la 
nomenclature  complète  des  êtres  my- 
thiques que  rappelle  Memnon.  Pour 
nous,  n:il  doute  que  les  légendes  de 
Leucippe,  de  Pliaelhon,  d'Adonis,  de 
Mitbra,  d'Haroéri,d'Osirjs,  d'Ocou- 
niandouéi  (Osvmandyas),  ne  soient  ba- 
sées sur  des  idées  analogues ,  et  que 
dans  ce  laps  de  temps  elles  ne  se  soient 
fait  des«emprunts  les  unes  aux  autres. 
Quant  aux  différences  de  détail  .  elles 
sont  naturelles,  et  c'est  à  les  bien 
préciser  que  doit  tendre  l'habile  my- 
thologue. Sans  dire  encore  comment 
la  légende  grecque  poslbomérique 
se  forma ,  proclamons  qu'au  fond 
le  Memnon  de  la  Suskine  auquel  ils 
donnèrent  la  préférence  est  bien  le 
Memnon  de  Thèbes,  mais  qu'à  Thè  • 
bes  même  ce  Memnon  était  la  lumiè- 
re. Osiris  et  Isis  en  furent  les  incar- 
nations lumineuses  memphitiques.  et 
alexandrinés,  et  prirent  surtout  L'as- 
pect de  soleil  et  de  lune ,  de  conqué- 


MEM  59 

raut  législateur  et  de  ten  e,  d'Hercule 
lutteur  et  de  reine  persécutée.  Thè- 
bes plus  naïve ,  plus  voisine  des  tro- 
piques ,  plus  incorporée  eu  quelque 
sorte  a  î'incandesct'nce  tropicale , 
Thèbes  qui  alors  peut-être  n'était  que 
l'écho  de  l'équatoriale  Méroé,  adora 
la  pure  lumière,  mais  la  lumière  in- 
carnée et  humanisée.  Voyez  le  jour, 
Hàméra,  donner  naissance  a  son 
Memnon.  Ou  bien,  si  nous  rappro- 
chons les  généalogies  helléniques  qui 
donnent  tantôt  Astrée ,  tantôt  Titlum 
pour  époux,  et  quelquefnis  le  beau 
Céphale  pour  amant  a  l'Aurore  ,  nous 
apercevons  sous  tous  ces  noms  tra- 
vestis h  la  grecque  To  (dédoublement 
de  Fia),  Imôoulh  (le  ciel  étoile  tout 
comme  Astrée),  Tpé  qui  en  égyptien, 
comme  Céphale  en  grec,sii;nifiail  tête, 
et  qui  de  plus  était  le  nom  de  Thèbes. 
Ce  n'est  pas  tout:  quel  est  le  fils  de 
Céphale  et  de  l'Aurore?  Dans  certai- 
nes légendes  Phaéthon  :  et  Phaélhou 
c'est  Fta  5  Fta,  c'est  la  lumière.  Ce 
n'est  pas  qup  fa  lumière  ne  se  méta- 
morphose parfois  en  soleil.  Memnon 
assume,  lui  ausbi,  la  forme  solaire, 
mais  peu  :  il  reste  surtout  lumièrej 
et  comme  Ici  il  est  le  rayon  qui  glisse 
rapide  du  ciel,  le  rayon  splendide, 
riche,  beau,  blanc,  doré  ou  d'or,  le 
rayon  qui  joue  dans  l'air  et  qui  s'iden- 
tifie h  l'air,  le  rayon  sonore  (car  l'air 
produit  les  sons,  et  l'on  a  vu  Apollon 
inventer  la  cithare),  rayon  qui  fait 
naître  les  lys  blancs  comme  lui,  rayon 
qui  pompe  les  eaux,  et  les  vaporise , 
afin  que  la  nuit  suivante  le  froid  les 
condense  pendant  son  absence,  pen- 
dant qu'il  semble  gisant  dans  le  tom- 
beau ,  et  les  rende  a  la  terre  au  lever 
de  l'Aurore  sous  forme  de  rosée.  Ce 
doux  et  pur  rayon  aériforme  ne  sem- 
ble-l-il  pas  toujours  venir  de  l'orient.^ 
n'est-il  pas  une  harmonie  ,Vnie  voix 
qui  chante  les  louanges  d»  la  nature 


6o 


M£M 


créatrice,  une  lyre  ou  une  heptacorcle 
qui  résonne  spoulanément  sous  le 
baiser  de  l'Aurore 7  El,  quoique  lu- 
mière plulôl  que  soleil,  Memnon  ne 
demande  pas  mieux  que  d'être  liom- 
me.  Mais  alors  c'est  un  prince 
plutôt  qu'un  roi,  un  neveu  plutôt 
qu'un  oncle,  un  jeune  homme  plutôt 
qu'un  adulte,  un  être  pur  et  que  ne 
ternit  aucune  amante,  un  souille  qui 
n'a  pas  le  temps  de  devenir  un  cri, 
une  fleur  qui  tombe  sans  s'être  épa- 
nouie 5  ce  n'est  plus  le  fils  de  la  li- 
liacée,  c'est  le  lys  lui-même.  Le  sable 
aride  que  roule  le  dévorant  i)in;oun 
entoure  la  colonne;  le  rejeton  des 
Macrobiens  ne  vil  que  cinq  âtjes 
d'homme;  comme  Kaïomorls  et  Li- 
nos,  comme  Adonis  et  Manéros, il  périt 
emportant  dans  la  tombe  les  regrets, 
les  larmes  et  les  hvumes  de  tout  ce 
qui  l'environne.  Et  toujours  le  mythe 
fait  jouer  ensemble  de  vives  couleui  s: 
du  sang  cou'e  de  la  bles.sure  de  la 
blanche  victime;  c'est  la  pourpre  sur 
la  neige,  le  corail  str  l'alhàtre,  la 
rose  sanglante  sur  les  fjs.  Le  sang 
d'Adoiîis  aussi  joua  un  rôle  semlla- 
ble  ;  et  les  roses  ,  de  blanches  qu'e'les 
étaient,  devinrent  rouges  a  partir  du 
jour  où  elles  s'alFaissèrenl  sous  son 
agonie.  Les  oiseaux  aussi  apparais- 
sent pour  verser  du  sang.  La  ri- 
vière paphiagonitnue  imite  l'exem- 
ple des  volatiles,  et,  lors  du  fa- 
tal anniversaire,  substitue  à  l'azur  de 
ses  eaux  un  rouge  foncé  (comp.  Ado- 
nis). A  ces  nuances  vivement  purpu- 
rines s'oppose  toujours  du  blanc,  de 
blancs  courtiers,  uue  île  blanche, 
une  vilie  blanche  ;  l'aurore  même 
s'appelle  l'aube,  Alha,  et  a  pour  mère 
Leucippe.  «Mais,  dit-on,  alors  Mem- 
non est  Fia?  »  JNon!  Fta  n'est  qu'un 
dieu,  Memnon  est  dieu-homme.  Fta 
dieu  est  un  n.in  grotesque,  Memnon 
est    uff   tel  adolescent.   Fta   est   H 


MEM 

-  deux  pôles ,  et  souvent  effraie  le 
monde  par  sa  face  sinistre;  Memnon 
ne  s'offre  qu'avec  un  air  liant.  Il 
plaît  aux  yeux,  et  chatouille  délicieu- 
sement l'oreille;  il  est  brave,  mais 
ses  armes  ne  servent  qu'il  secourir 
l'opprimé  :  c'est  toujours  Mauimouu 
le  bien-aimé  d'Amoun,  le  bien-aimé 
de  l'univers,  le  bien-aimant.  L'iden- 
tité partielle  pourtant  est  dans  tout  ce 
que  nous  avons  dit,  et  dans  cette  épi- 
thète  daimé  d'Amoun  (ce  qui  semble 
dire  fils  aîné  d'Amoun),  et  dans  son 
identihcation  îi  la  colonne,  et  dans 
les  rôles  d'artiste,  d'architecte,  d'in- 
venteur de  l'écriture;  car  le  Vicoua- 
millira  d'Egypte  c'est  Fta,  et'  Tôt 
(.«cribe  par  excellence,  Tol-colonne) 
est  piesqueFta.  Et  il  ressuscite!  Ces 
oiseaux  (pi'un  mot  de  l'Aurore  lait. soi - 
tir  de  sou  urne,  ce  soûl  ii  eux  tous  la 
monnaie  du  phénix,  renaissant  de 
ses  cendres.  L'oiseau  ,  selon  le  bvre 
d'Hrrmès,  était  le  degré  immédiat  au 
sortir  ducpil  Tàme  rentrait  dans  le 
corps  humain,  et  atteignait  d.tns  le 
soleil  ou  Sirius  l'apogée  de  la  gloire 
k  laquelle  les  dieux  l'avaient  réser- 
vée. L'oiseau  de  proie  qui  fixe  le  so- 
leil était  le  roi  des  animaux  sacrés; 
Eoioch  était  qn  Milhra.  IMus  tard 
quebpies  auteurs  ,  en  élaborant  le 
mythe, donnèrent  aux  oiseaux.un  plu- 
niage  de  deuil  et  de  n;ort ,  emblème 
de  la  brune  couleur  des  Ethiopiens  , 
emblème  Ivphouien  et  ahi  imanicpie. 
En  celai's  eussent  eu  tort.  s'. Is  avaient 
été  exclusifs. — Passons  en  revue  les 
autres  traits  lumineux  et  solaires  de 
Memnon.  i"  Il  va  vers  le  couchant 
ou  vers  le  nord.  2"  On  le  voit  Ci.uler 
sous  forme  de  lleuve  (Osiris  est  bien 
le  ]Nil).  5"  Sa  voix  au  lever  de  l'au- 
rore s'émane  en  sept  voix  (la  gamme 
a  sept  notes,  la  lyre  sept  cordes,  la 
Pléiade  sept  étoiles,  le  système  pla- 
nétaire sept  planètes,  la  terre,  selou 


I 


I 


MÈM 

Zoroaslre,  sept  Keclivar,  le  Nil  sept 
bouclies  ;  la  Sicile  avait  sept  Muses). 
4"  Celle  route  qui,  de  remboiicliiire 
du  Choa>pe,  nous  mène  a  Troie,  est 
une  ébauche  du  vaste  slade  zodiacal 
que  traverse  l'astre-roi.  5   Les  obé- 
lisques; les  tours  s'élèvent  de  toutes 
parts  sous  le  uom  de  Meranonium  en 
rho  ineur  du  héros  5  obélis(jues,  ai- 
guilles,  pyran.ides  et  colonnes   sont 
autant  de  svmbolisalions  de  la  flèche 
so  aire.   6°  Les  Muses  qu'on  donne 
comme  ses  (illes,  sont  filles  aussi  du 
soleil  primordial,  Jupiter,  et  soeurs 
du  sdleil  suballerno,  Apo  louj  d'ail- 
leurs Apollon   lui-même  a  aussi  des 
Muses  pour  sœurs,  des  Muses  pour 
lille.'>.  les  llcliade?  5  et  même  ces  Hé- 
liades  on  le'»  faitnaiire  d'un  prétendu 
béros  humain  ,    Hélios.  y»  Le   nom 
d'Eùos  lui  est  commun  avec  Adonis. 
8"  Le  Ba!a  ou  Hélène  sur  les  bords  du- 
quel est  enseveli  Memnon  n'est  autre 
que  Baol-fleuve.  9°  C'est  en  Assyrie 
qu'ont  lieu  les  aventures   de   Clylie 
et  de  Leucolhoé,  épisode  de  la  légende 
d'Apollon.   I  0°  Pa|ihos  où  l'uiue  fa- 
tale passe  dans  les  muiusd  Hàméra  et 
la  ville  des  Cinyrades,  nous  lancent 
dans  le  monde  des  Sandak ,  des  Cé- 
liiidéris,  des  Oxypore.  i  1°  La  pierre 
vocale  ou  animée  rappelle  les  pierres 
sensibles  a  la  lyre   d  Amphionj  ces 
pierres  aussi  étaient  lliëbaines,  quoi- 
que Iroiscentslieuesséparenl  les  deux 
terres.   12"  Memnon  passait  pour  le 
protecteur,  le  Khamé|)his,  le  grand 
Prytane  de  Thèbes  j  le  foyer  conser- 
vateur élait  confié  a  sa  garde,  et  une 
flamme  étemelle  devait  y  luire  par 
ses  soins.  —  Crenzer   ajoute  h   ces 
idées.  Convaini'u  que  Mi-muon  ne  dif- 
fère  pas    d'Ocoumandouéi ,    il    voit 
dans  notre  héros,  pour  Tœil  le  cercle 
d'or  de  l'année,  pour  l'oiei  le  u  1  cer- 
cle annuel  de  cantiques  qui  se  répè- 
tent chaque  jour  en  son  honneur.  De 


MEM 


61 


plus  ,  sa  statue  ,  ainsi  que  l'a  voulu 
Jahlonski,  élait  une  colonne  destinée 
a  des  observations  célestes,  ainsi  que 
l'a  ima'^iné    Dornedden,    était    un 
gnomon,  un  chronomètre  solaire,  un 
calendiier.     Enfin,     Ocouraandouéi 
ayant  Ibntié  une  bibliothèque  k  Thc- 
bes,  Memnon  a  du  être  naturellement 
pris  pour  l'inventeur  de  l'alphabet  et 
de  l'écriture.  On  a  regardé  le  Mem- 
ncnium  el  l'Osymandeum  comme  sy- 
nonymes;  et  Jablonski,  par  l'expli- 
cal'on  qu'il  donne  du  nom  d'Osymau- 
dyas,  a  fra*é  (a  voie  à  ceux  qui  ont 
vou'u  identifier  le  roi  de  ce  nom  avec 
Meranun.  —  A  présent  esl-il  certain 
que  nul  prince  réel  n'a  servi  de  mo- 
dèle à  ce  Memnon  fameux  dans   la 
Thébaïde  et  en  Grèce?  A  vrai  dire  , 
quelque  vagues  qne  soient  les  tradi- 
tions, H  est  impossible  de  nier  cette 
j)osMbilité.  Des  recherches  modernes 
onl  mis  au  rang  des  vérités  démon- 
trées l'immense  puissance  des  Pha- 
raons de  la  dix-huitième,  de  la  dix- 
neuvième  el  de  la  vingtième  dynastie 
(de  1822  à  i3oo  avant  .T.-(].);  et  de 
gigantei.ques  bas-reliefs  qu'il  est  ira- 
possible  de  prendre  pour  des  allégo- 
ries, même  lorsqu'on  les  regarderait 
comme  des  hyperboles ,   font  foi  de 
conquêtes  lointaines,  au  moins  par  le 
grand  Sésostris.  Ce  n'est  pas  dans  un 
siècle  quia  débuté  par  la  période  de 
1800  a  1812  qu'on  doit  inscrire  ces 
prodiges  dans  la  liste  des  faits  im- 
possibles [Foy.  t.  II,  m  des  An- 
tiquités delà  Description  de  l'E- 
gypte ;  Denon,  Atlas;  Gau,   An- 
tiq.  de  la  Nubie).  Les  scènes  sculp- 
tées sur  les  pal.iis  ou  les  temples  de 
Thèbes   ou   de  la  Nubie,  les  belles 
pe  nlures  du  lombeau  égyptien  expo- 
sées par   Bilzoni,  nous  ont  fait  voir 
Asiatiques,  Assyriens,  Medes  ou  au- 
ties     marchant    pr^cess  onnellement 
aux  funérailles  du  Pharaon  Ousiréi, 


69 


MEM 


traînant  aux  pieds  de  la  Uinité  tlié- 
baiae  les  chefs  de  plus  de  trente  na- 


fil«  de  Rarasès  I*'^  Le  voyage  de 
Champollion  jeune  annonça  bien  d'au- 
tres découvertes  encore  au  monde  sa- 
vant :  ici  Méncflha  l*""^  livrant  bataille 
aux  peuples  ennemis  de  TEgvpte,  et 
rcntrnnt  en  triomphe  dans  sa  capitale; 
là,  Ramsrs-le-Grand  soumettant  h 
l'Egypte  la  foule  des  peuples  orien- 
taux j  plus  loin ,  SésoDcliis  (  l^oy, 
ce  nom,  Diogr.  iiniv.  XLI,  i5o) 

X  pieds 

icfs  de 
lious  vaincues,  entre  autres  louda- 
hamalek  (le  royaume  des  Juifs  ou  de 
Juda)  dont  le  nom  se  lit  en  toutes 
lettres.  Il  y  a  plus,  ces  vastes  con- 
quêtes sur  la  liaule  Asie  sont  attri- 
buées par  les  auteurs  oîi  a  puisé 
Diodore  à  Osymnndyas ,  Sou  ans 
avant  Sésostris.   Mais,  de  tous  ces 

Î)riuccs,quil  est  celui  dans  lequel  il 
audrait  reconnaître  le  prétondu  neveu 
de  Priam  ,  le  splendide  satrape  du 
ïeu lame  d'Assyrie,  le  iiérosii  qui  fu- 
rent dédiées  les  statues  colossales  et 
les  gigantesques  palais  (car  les  laby- 
rinthes, nous  n'en  parlons  pas)?  Si , 
avec  les  anciens  Egyptiens ,  nous 
cherchons  un  Faménof  dans  les  listes 
généalogiques,  nous  trouvons  dans  la 
dix-huilièmc  dynastie  trois  Améuopliis 
selon  Maiiéllion,  deux  seulement  se- 
lon les  monumenlsj  mais  ces  Améno- 
phis  ne  concordent  point  les  uns  avec 
les  autres.  Nous  trouvons  aussi  un 
Araénoftpj  les  Maïamotm  et  Amon- 
roaï  ne  manquent  pas  nonp'us,  et  des 
Thoiilr.Msis  abondent  de  même.  Dans 
l'impossibilité  de  faire  un  choix  dans 
cette  foule,  et  de  saisir  nn  fil  dans  ce 
dédale,  nous  nous  bornerons  à  don- 
ner sur  deux  colonnes  l'iraportanle 
liste  de  Manéthon  et  la  série  entière 
des  noms  royaux  monumentaux  ,  mis 
en  ordre  par  CharapoUion  jeune 
au  moyen  de  la  table  des  prénoms 
d'Abydos. 


MEM 

D'ajrt   Uanéthon.     D'après    les  [monuÀ 
ments. 
I.  Amisis  Thonttno-     Aiw'noftT  ;  . 

sis,  fil^  tic  Mistra- 

thouUnosis; 
a.  (".lu'hron,  (ils;  Tliontmosis; 

3.  Ati)riiO|p|iis  ;  Ainon-Maï; 

/|.  Aincnsca,  «riir;       Aiiicnsé; 
5.  Mi{)lirès    ou    Mi»     'l'Iiuutuiojiis  (a)  ; 

]>lir<i,  (ils,  Mcrris  un 

MtHs  (l'Ilôrodote  et 

df  Diodorp; 
G.    Mi|)braUtouUuo-     Aucaopliis  (i) } 

sis,  (ils; 

7.  Ttioiitmosis ,  fils  ;     Tlioutmosis  (iri)  ; 

8.  Amciin|)liis  (ii);       Amrnopliis  (n)  j 

9.  Ilurus,  (ils;         -A     Ilor  ; 

10.  Al«-iichcrsès,  (illc ;     Maumot  ; 

1 1 .  Rathotis,  Athoris ,     Ramscs  (  i)  ; 
frèn;; 

la.  Achondiércs,  fils;     Oiisiréi  ; 
iJ.Aclieiichorès.frère;     Maudouéi  ; 
i4-  Armais  ou  Anncs,     Ramscs  (11)  ; 

fils; 
i5.  Ramesscs,  fils;         Ramscs  (m)  ; 
iG.  Ramesscs  -  Maïa-     Ramscs  (iv)  ; 

inouii  ; 
17.  Amctiophis  -  Ra-     Ramtès  (▼). 

iDes8cs(\mvnoplii8) 

(a.). 

Ce  dernier  est  le  père  du  grand  Sé- 
sostris ,    Rampes    VI.     Champollion 

i'eune  regarde  Aménophis  (II)  comme 
e  Faménof  que  les  Grecs  ont  méta- 
morphosé en  Memnon.  Deux  textes, 
l'un  .de  Georges  le  Syncclle,  l'autre 
de  Pausanias(I,  42),  le  mettaient  sur 
la  voie  de  celte  opinion,  qu'ensuite 
sont  venus  confirmer  plusieurs  cartou- 
ches qui  tous ,  an  reste,  se  résolvent 
en  une  seule  et  même  Icgi  ndc  :  «  le 
«roi  du  peuple  obéissant,  dominateur, 
a  par  Fré  et  par  Salé  (ilsdeFré,  Amé- 
a  nof  président  de  la  région  supérieu- 
«  re.  »  Un  nombre  immense  de  mo- 
numents égyptiens  répète  celle  légen- 
de royale  :  (elles  sont  les  plus  vieilles 
conslruclions  du  palais  de  Luxor  à 
Tlièbes  5  les  grandes  ruines  connues 
sous  le  nom  de  Memnonium;  le  tom- 
beau royal  de  l'ouest  dans  la  vallée 
de  Liban-el-Molouk  •  le  temple  de 
Knef  (Rnoufi)  dans  Eléphanline,  et  k 
cent  lieues  au  sud  de  Pbiles  les  colon- 


*1 


MEM 

nades  du  palais  de  Soleb.  Quant  a 
Osymaiid^as,  l'Idenlil^  de  Memnoii  et 
de  ce  pnnce  ne  peut  plus  être  admise, 
depuis  que  le  cavalier  Giulio  de  S. 
Quintiuo  a  lu  sur  une  magnifique  sta- 
tue colossale  de  seize  pieds  el  demi 
de  haut,  de  la  collection  de  Borelli  : 
«Le  loidii  peuple  obéis.sanl,  soleil  gar- 
ce dien  des  mondes  .  aimé  d'Auioun 
«  (Amoiimaï),  filsdu  soleil  Maiulouéi, 
«scrvilcur  de  Fta.»  Ce  cartouche  se 
reirouve  sur  les  plus  anciennes  con- 
slrnclions  du  grand  temple  ou  palais 
de  Kmnak  àTliébes.  Eu  compulsant 
les  documents  antiques,  puis  en  les 
comparant  aux  données  modernes 
fournies  par  les  carlouclies,  on  iiriive 
à  reconnaître  trois  Mandouéi  qui,  si 
nous  rclrograilons,  sont  i"  le  Meu- 
dès  de  Diodore  (dix-neuvième  dynas- 
tie), 2°  Mandouéi  (treizième  prince  de 
la  dix-huilième),  3'  Ocoumandouéi, 
rOsymandvas-Ismandès  vulgaire.  Ce 
premier  des  Mandouéi  connus  jus- 
qu'ici remonte  jusqu'à  L  quinzième 
dynastie  ou  tout  au  moins  ii  la  Icle  de 
la  seizième^  et  bien  certainement  il  ne 
peut  avoir  réguti  plus  tard  que  le 
vingt-troisième  siècle  après  notre  ère. 
Mempliis alors  n'exislail  pas,  etThè- 
bes  elle-même  avait  au  plus  deux  cents 
ans  de  date,  il  est  donc  impossible  de 
faire  descendre  ce  roi  dans  la  période 
qui  suivit  Sésostris.  Déjà  les  ajiciens 
avaient  reconnu  ce  résultat  j  et  Dio- 
dore, qui  place  le  M'-ndès,  anteur, 
dil-il  ,  du  labyrinthe ,  après  Sé- 
sostris,  fait  Osyinandyas  antérieur 
à  l'époque  où  semble  devoir  se  pla- 
cer Améuophis-Memnoa.  Au  reste, 
peut  -  être  Aménolt  ou  Aménoftp 
est-il  le  même  nom  qu'Aménof,  el 
alors  on  pourrait  reconnaître,  non 
plus  trois,  mais  quatre  Aménoftp. 
L'Araénoflp-Memnon  serait  le  troi- 
sième. Cliampollion  jeune  traduit  le 
nom  d'Aménoftp  par  celui  de  cjuA- 


MEM 


63 


mouii  a  ffoûté.  Nous  épargnerons 
au  lecteur  Télyradlogie  de  Jablonski 
et  les  rapprocliemcuts  que  d'autres 
ont  fait  venir  il  la  suite.  — -  J.e 
Memnouium  d'Ecbatane  était  une 
tour  du  soleil  a  sept  enceintes  et  à 
créneaux  de  sept  diverses  couleurs, 
représentation  symbolique  des  sphè- 
res célestes.  On  la  regardait  comme 
le  chef-d'œuvre  des  mains  de  Mem- 
non  :  elle  portail  le  nom  de  tour  de 
Cyrus.  Quant  au  Memnouium  de 
Thèbes  ou  Araénophiou  des  Egyp- 
tiens, seul  Mcmnoniuin  dont  le  temps 
nous  ail  laissé  des  restes,  il  était  situé 
sur  la  rive  gauche  ou  libycjue  du  ]Nil, 
c'est-à-dire  dans  Médiuet-Abou  et 
Gournah.  Il  consiste  aujourd'hui  en 
une  immense  snilc  de  ruines  qui  s'é- 
tendeul  sur  un  espace  environ  de  dit- 
huit  cents  pieds  de  longueur  j  dix- 
Imit  colosses  ,  dont  les  moindre* 
avaient  vingt  pieds  de  haut,  s'y  voient 
encore  mutilés  ou  brisés;  deux  sur* 
tout  du  côté  du  fleuve  n'ont  pas  moins 
de  soixante  pieds  de  haut.  Celui  da 
nord  était  la  statue  sonoiej  ses  jam- 
bes, sescuisse.s,  ses  bras  et  les  autres 
parties  du  corps  couverts  d'inscrip- 
tions latines  el  grecques  attestent  en- 
core qu'au  3*  siècle  de  noire  ère  «n 
entendait  des  sons  partir  de  ce  bloc 
énorme,  au  Jever  du  soleil  (  Voy. 
JJesc.  de  CEgypt.^Ant.y  vol.  Il, 
pi.  22).  Les  inscriptions  recueillies 
par  l^ococke  et  les  savants  de  l'Egyp- 
te ont  été  répétées  à  l'ei.vi  par  Ja- 
blonski, J;.C)bs,  Cliampollion-Figeac, 
Letronne  :  il  en  reste  encore  à  resti- 
tuer el  a  interpréter.  Le  docteur  Ri- 
chardson  y  a  reconnu  celles  de  Julie 
Romilla,  Cécile  Trébouila,  Phlitha 
Balbina  et  autres  dames  d'honneur 
et  courtisans,  qui  accompagnèrent 
Adrien  el  sa  femme  Sabine  dans  une 
excursion  à  ces  ruines  imposantes. 
Près  du  grand  colosse  on  en  yoit  un 


64 


MEM 


autre  de  dix  pieds  de  hauteur  et  de 
granil  gris  :  c'était  aussi  un  Memnon; 
ainsi  le  jirouveui  les  carlouches  ab- 
soluinenl  identiques  a  ceux  de  lagran- 
de  statue.  On  y  avait  soupconué  Osv- 
mandyas.  Ses  pieds  posent  sur  une 
statue  au-dessus  de  la  grandeur  natu- 
relle ,  mais  remarquable  par  le  cos- 
tume d'un  monarque  demi-barbare. 
C'est  à  lielzoni  que  Ton  doit  la  décou- 
verte de  ce  monumeitj  la  (èle  qui 
est  d'une  rare  beauté,  et  qui  pèse 
douze  tonneaux,  se  retrouve  au  mu- 
sée britannique,  auquel  Helzoni  en  a 
fait  présent.  C'est  à  une  partie  seule- 
ment du  Memnonium  (|ue  l'on  a  donné 
le  nom  d  Osymandeum  ou  tombeau 
d'Osymandyasj  et  M\l.  .lo'lois  et  De- 
villeis,  dans  leur  description  de 
Tlièbes,  ont  même  voulu  prouver  l'i- 
dentité complète  du  Memnonium  avec 
l'Bsymandeuni  tel  que  le  décrit  Dio- 
dore.  M.  Leti  onne  au  contraire  .  non 
content  de  ruiner  l'hypothèse  de  ce 
savant,  en  vient  à  dire  que  dès  le 
temps  de  Ptolémée  1"  (322-3oo  ans 
avant  J.-C.)rOs\mandeum  n'existait 
plus,  et  que  peut-être  jamais  il  n'a- 
vait existé  que  dans  l'opinion  des 
prêtres,  qui  avaient  réuni  les  traits 
empruntés  à  tout  ce  qu'il  y  a  de  plus 
gigantesque  dans  tous  les  débris  de 
ïhèbes.  ALuxor,  sur  la  rive  droite  ou 
arabique  du  ]Nil,  se  voient  les  restes 
d'un  palais  immense  bàli  encore,  se- 
lon Champollion  jeune,  par  Amé- 
noftp  (III)  et  par  Sésostris.  Deux 
grands  obélisques  de  soixante-douze 
et  de  soixanle-quin/e  pieds  de  haut, 
cbacun  d'un  seul  bloc  de  granit  rose , 
en  signalent  l'eiiliée,  et  <  nt  |r's 
d'eux  quatre  cdosses  de  même  ma 
tièie,  dont  deux  de  quarante-quatre 
pieds  et  deux  de  trente.  Arri\een- 
suiîe  un  immense  pylône  haut  de 
ciu({uante  pieds  et  un  péristyle  de 
deux  cents  colonnes  la  plupart  encore 


MEN 

debout.  Quant  au  son  de  la  statue, 
ce  miracle  qui  a  beaucoup  occupé  les 
anti(juaires  ne  nous  étonne  nullement: 
le  canon  du  Palais-Roval  annonçant 
midi  ne  frappe  pas  dViounement  le 
rentier  parisien  (^oj'.  dans  la  liiof*. 
univ..  les  art.  IlAiviEssiis,  XXW  II, 
45 j  SiîsosTRis,  XLl,  i5i5  TuouT- 
Nosis,  XLY,  5^2). 

MEMPHIS,  31t,«fp'f»  déesse  épo- 
nyme  de  la  ville  de  ce  nom ,  dite  en 
Egypte  fille  d'Uchorée  ,  amante  du 
JNil,  transformé  entauieau,  et  n»ère 
d'un  fils  nonmié  Egyptus.  Eu  Grèce 
on  la  fit  épouse  d'Eplièse  et  mère  de 
Libye.  Celle  mythologie  n'a  rien  pour 
nous  que  de  clair. — Meimpius  aussi 
passe  pour  un  être  mâle,  elconime  tel 
il  fut  nommé  fils  de  Jupiter  et  de  ]^ro- 
togénie.  Lydie  ,  assnre-t-on,  était  sa 
femme.  Neseiait-ce  pas  Libye  qu'il 
faut  lire? 

JjLMKOIjM,  Membuihus,  Mé^- 
pov^uof  y  le  Vicouakarama  phénicien^] 
apprit  aux  boiimies  à  se  couvrir  de 
peaux  de  bêle,  lança  en  mer  un  arbre  j 
ébianché ,   modèle  du  premier  vais- 
seau, consacra  deux  pieires,  en  guisej 
d'autel,  au  vent  et  au  feu,  en  un  rao| 
donna  l'essor  a  la  civilisation  et  aui 
arts  dans  la  Phénicie.  H  passait  poui 
fils  des  génies  et  en  conséquence  pouM 
le  premier  homme  :  anneau  précieul 
de  la  chaîne  qui  unit  a  une  race  (juasi'j 
divine  la  race  humaine  si  fragile  et  si 
peu  riche  d'idées!  On  le  divinisa,  dit- 
on,  après  sa  mort.  Des  morceaux  de 
bois  et  de  pierre  lui  furent  consaciés, 
el  l'on  établit  des  lèles  annuelles  en 
son  honneur. 

JVILIS,  Mi)*,  passe  souvent  pour  le 
même  ([ue  Luniis  :  peut-être  y  a  l-il 
celle  dilïérence  (|ue  Je  ilieu  Lune,  en 
sedédoubl;inl,eiifan'e  plu.-ieursMen, 
comme  Adili  aux  IikUs  p  usieurs 
Adilias.  Ou  a  en  i  iîtl  un  Me   Arcœus. 

MÉ]NA  ou  MÉjNÉ.  r.  Mana. 


MEN 
MÉNACH,  Menachus,  M%W;^(jf, 

Egypiide  tué  par  TNi'Io. 

MÉNALGÈS,  MiiNALCES,  rWa- 
je);y,  un  des  cinquante  Lyoaonides 
qui  ouvrit  le  conseil  de  tuer  un  en- 
fant pour  éprouver  la  diviiiité  de 
Jupiter.  C'est  lui  qui  fuj  le  héros 
éponvme  de  la  vil  e  et  de  la  mon- 
lagne  nrcadienne  de  ce  nom  ,  innn- 
la:',ne  fameuse,  el  par  la  biche  aux 
cornes  d'or  qu'Hi-rcule  y  prit,  el  par 
la  mélamojphose  de  Dipliné,  et  par 
la  résidence  de  Pan ,  ou  par  les  ex- 
cursions fréquentes  de  Diane  au  mi- 
lieu des  rorèlxlonl  e'ie  est  (ouverte. 
— Mi-nalcès  s'appelait  aussi  Ménale. 

M  ':nalio]n  ,  M^NALioN,  Mxi- 

»«A  oiv,  lin  de  ceux  que  la  myllmlogie 
donne  pour  père  d'Atalante  l'Arca- 
dienne.  I-eul-ètre  ce  nom  est  l'alléra- 
tion  de  Mil.inion,  époux-amant  de  la 
belle   rbas<eresse. 

1.  MH;jNALIPPE,Mv.A<Tr«,  ou 
'Mect'*>i'7r7[>j,  dont  on  a  tiré  MÉla- 
TJiPi'E  ,  est  une  Eve,  Eve  à  fo  me  de 
cheval  ,d(  s  Eoliens-Réoiiens.  Hippé, 
Evippé,  Ménalippé,  tous  ces  noms  rc- 
vienni-nl  au  même.  Leiadical  Ai^j»... 
cheval  eu  cavale,  y  dumiur.  Aussi  Hip- 
pé, Evippé,  Mt-nalippé  est-elle  la 
fille  du  Centaure  par  excerence,  de 
Cliiron:  c'est  'a  Ccnlauresse  primor- 
diale en  qui  se  résume  tout  le  peuple 
centaure.  A  présent  il  faut  trouver 
en  elle-mèmi  la  mère  des  hommes. 
Lhcomniencenl  de^ divergences.  Eole 
est  tour  k  tour  son  fils,  son  amant,' 
son  père.  De  là  trois  fi'iations  as- 
cendantes, (diiron  esl-il  si"n  père,  elle 
a  deux  fils,  É'»le  et  I  éole,  el  c'est 
Neptune  qui  l'a  séd  lile.  Est-ce  Eole 
qui  'ni  a  donné  h'  jour,  el'e  est  en- 
core l'amante  de  Neptune  el  lui  don- 
ne deux  fils.  Son  père  iirilé  lui  fait 
crever  les  yeux  et  lajelfe  en  pr'son. 
Ses  fili  la  déchirent  el  Neptune  lui 
r«Uidla  vue  :  le  roi  de  Métaponte  l'4- 


MEN 


65 


ponse.  Enfin,  Chiron  redevient  son 
père.  Cette  fois  l'Eole,  fils  d'Hellen, 
e>t  le  corrupteur.  Ménalippé,  qui 
jusque-là  vappclait  Thélis  et  faisait 
prrtie  de  la  suite  de  Diane,  cessa  de 
ihasser,  el  la  déesse  punit  sa  faute 
par  la  métamorphose  qu'annonce  son 
nom.  Suivant  d'autres  i'ers  ons,  la 
jeune  fille  alla  se  cacher  dans  les 
bois  pour  dérober  sa  grossesse  aux 
yeux  vigilants  de  son  père.  Les 
dieux  et  même  (selon  Eraloslhène)  la 
sévère  Diane  sensible  à  sim  malheur 
exaucèrent  sa  prière.  Elle  fut  placée 
aux  cieux  sur  la  même  route  que 
Chiron,  mais  au  point  diamétralement 
opposé.  Selon  'Ihéon,  c'était  un  ex- 
cellent moyen  pour  que  Chiron  ne 
put  la  voir.  Diamétralement  opposé 
ne  veut  donc  point  dire  vis-à-vis. 
On  ajoulr  que,  pour  cacher  son  sexe, 
ou  n'a  pas  fignré  la  partie  posté- 
rieure du  corps  du  cheval.  Il  est  cer- 
tain en  effet  que,  toutes  les  fois  que 
la  constellation  monte  sur  l'horizon, 
le  centaure  Chiron  achève  de  se  cou- 
chi  r.  Il  seiiible  même  (|ue  le  centaure 
Chiron  est  la  moitié  du  cheval  dont 
Ménalippé  est  l'antre  moite j  et  en 
réunis.ant  les  deux  moitiés  de  ces 
constellations,  on  aura  le  cheval  tout 
entier. — Uemarquons  quatre  autres 
détai's.  1°  Neptune,  pour  triompher 
de  Ménalippé,  s'était  changé  en  che- 
val :  encore  Posidôn  Hippios!  2"  On 
a  fait  de  Ménalippé  une  prophétesso 
que  les  dieux  changèrent  en  jument , 
po'ir  la  punir  de  ce  qu'elle  révélait  les 
secrets  de  l'aveu  r.  3"  La  coiisttlla- 
t;on  mén-ilippine  se  nomme  vulgaire- 
ment cheval,  ou  cheval  Pégase^  on 
l'apije'le  aussi  INIéduse.  4°  On  célé- 
brait à  Sicyone  des  Méuilippies  ou 
Mélanippies  ,  soit  en  l'iiouneur  de  la 
Centaur^essc,  soit  en  mémoire  de  Me- 
lajjippe  l'AstaeiJe. 

2-4.    MENAUPPE  :   f  roint 


LV. 


66 


MEN 


des  Amazones  (  elle  donnaj  sa  cein- 
ture à  Hercule  h  qui  Eurystbée  avait 
ordonné  de  la  couquerir  :  songer  ici 
et  aux  Hippomoigues  et  au  solvere 
zononi  des  anciens);  2°  une  des  Mé- 
léagrides  {V.  Mkléagre);  3"  nym- 
phe,  mère  de  Béole  ,  qu'elle  eut 
a  Ilone  (nul  doute  que  celte  dernière 
Be  doive  être  regardée  comme  iden- 
tique h  la  précédente). 

MÉNALIUS,  MoiNALirs,  passe 
chtxCicéron  pour  le  père  du  (juatriô- 
Bie  Vnlcain. 

MÉNA]SE  ou  AMÉNAINE  (  Me- 
1iA>vs,  Ambnantjs)  ,  fleuve  divinisé 
que  les  traditions  sicilii  nnes  recueil- 
lies par  S.  Clément  d'Alexandrie 
[Honiét.  Vf,  i5;comp.  Creuzer  sur 
iVrt'7.r/.Z>.deCicér..llI,  22,  p. 601, 
etc.)  font  père  des  Paliqut-s.  Peut- 
être  est  ce  le  fleuve  de  Tanoée  (Comp. 
Amna-Pebenna  ).  Peut- être  même 
k  ÎWénoijès  auii  dn  roi  d'Assyrie  INi- 
nus  et  qui  épouse  la  femme  poisson, 
Sémiraniis,  se  réfèrc-t-il  h  la  fable 
de  IVlrnane. 

MÉÎSASINE,  Mewasinxis,  fils  de 
PoUux  ,  avait  une^  statue  h  Corinllie 
dans  le  temple  de  sou  père. 

MÉINATE,  était  cliez  les  anciens 
Arabes    le  distributeur  des  grâces  , 
et  tel  éiait  le  sens  de  son  nom. 
ME^DÈS.  f^oy.  Mandou. 
MÉINÉ.  Voy.  Maka. 

MÉNÈCE,METSOETlUS,TVIevo/r/«J?, 
fj«  de  Ceiitboiiyrae  et  gardien  des 
troupeaux  de  Plulon  ,  s'opposa  tou- 
jours aux  victoires  d'Hercule  ,  aver- 
tit Géryon  que  le  héros  thébain  lui 
avait  enlevé  ses  bœufs,  et  osa  l'as- 
saillir lorsqu'il  descendit  aux  enfers. 
Hercule  se  contenta  de  lui  fracasser 
les  côtes.  Il  l'eût  tué  indubitable- 
ment sans  l'intervention  de  Proser- 
piiie.  Ce  Ménèce  diffère-l-il  d'un  fils 
de  Japet  et  de  Climène  qui  prit  parti 
pour  les  Titans  contre  les  Ci  onides, 


MEN 

et  que  Jnpiter  d'un  coup  de  foudre 
précipita  dans  rtrèbe?  Kous  ne  le 
pensons  pas.  Ce  Ménèce  est  l'homme 
(mensch).  Comp.  Promkthée.  — • 
L'n  autre  MÉNÈCE.  hlsd'Actor  et  d'É- 
gine,  mari  de  Stbénèle,  père  de  Pa- 
Irocle,  Allouante,  tenta  en  vain  de 
détrôner  son  père,  se  retira  en  Lo- 
cride,  et  y  soumit  un  territore  dont  il 
se  fit  un  petit  empire.  Palrocle  son  HU 
prit  de  lui  le  surnom  de  Menœtiades. 
MÉJNÉCÉE,  M^^E(;E^Ts,  Mg.*»- 
«fûf,  (ils  du  roi  de  ïhèbes,  Créon,  so 
sacrifia  pour  .•■auver  la  ville  attaquée 
parles  Argiens.  En  vain,  son  père 
voulut  s'y  opposer  et  lui  ordonna  de 
fuir  plutôt  que  d  aller  livrer  sa  vie  sur 
les  remparts.  M  énérée  courut  recevoir 
le  coup  de   la  mort  pour  déliver  son 

Î)ays.  Selon  Tirésias  ,   ainsi  le  vou- 
ait  Mars,  k    qui   était  consacré   le 
dragon    mystique  que    tua   Cadmus, 
et  dont  la  soif  de  vengeance  ne  par- 
viuL  a  s'apaiser  que  quand   le   sanjj' 
du  jilus  jeitne  des  princes  issus  du  sang* 
du  drcigon  eut  coulé  en  son  honneur,  • 
—  Le  tombeau  de  Ménécée  était  or- 
né d'un  grenadier  venu  de  Ini-mème, 
et  qui  se   reproduisait  par  des  reje- 
tons.  Mures,   les   grenades    se    feu-1 
daieiil  et .  comme  le  jeune  rejeton  d'es'l 
Spartes,  épanchaient  volontairement^ 
le  suc  rouj;e  qui  semblait  leur  sang. 

]Vi£ISECLE,M£v.^>.«,  hlle  (l'Hyl- 
lus,  épouse  d'ilippoleet  mère  d'Eole. 
MÉINÉDÈME,  Menedemus, 
Minèttf4,cç  ^  tils  de  Bunée  et  parèdre 
d'Heicu'e,  indiqua  au  héros  le  moyen 
de  nettoyer  les  élables  d'Augias,  ■ 
combattit  avec  le  fils  d'Alcmene  con- 
tre le  perfide  roi  des  Epéens,  périt 
dans  la  bataille  et  fut  inhumé  au  cap 
de  Lépréum.  Hercule  y  fit  célébrer 
des  jeux  funèbres  en  son  honneur. 

MÉNÉLAS,  Me]nelaus,  Mî»/- 
Xa.0?  ou  M':vtXicûç^  était  le  frère  d'A- 
gamemnon.  Sur    son  père ,    Voy. 


MÉN 

Agamemtîon.  Du  reste  on  le  nom- 
mait Atride  ainsi  que  son  frère.  Il 
passa  la  [ilus  gi  ancle  partie  de  sa  jeu- 
nesse a  Sparte  près  de  Tyndarée  ,  et 
fui  un  des  concurrents  k  la  main 
d'Hélène.  La  jeune  princesse  lui 
donni  la  préférence.  El  le  lui  apportait 
en  dot  la  survivance  du  royaume  de 
Sparte;  car,  lorsque  Tyndarée  mou- 
rut, Castor  et  Pollux  restèrent  dans 
Aravcles,  Me'riplas  et  Hélène  régnè- 
rent sur  Lacédémone.  Créthée,  son 
aïeul  maternel,  mourut  en  Crète  sur 
ces  entrefaites  :  Ménélas  partit  pour 
l'île  où  était  situé  Tnéritage  à  recueil- 
lir. Il  n'était  pas  le  seul  qui  eût  des 
vaisseaux  :  Paris  débirqua  dans  le  Pé- 
loponèse ,  tandis  que  le  roi  de  Sparte 
se  rendait  en  Crète,  alla  recevoir 
l'hospitalité  dans  le  palais  du  prince 
absent,  et  proposa  tout  siinplfinenl  a 
Hélène,  dont  l'affabilité  le  charmait^ 
de  se  laisser  en'ever  par  son  hôte. 
On  partit;  et  l'île  célèbre  de  Cyllière, 
(d'autres  disent  Migonitis)  reçut  les 
d.^-ux  fugitifs  a  leur  première  station. 
Ménélas,  revenu  sur  l'avis  qu'on  ne 
manqua  pas  de  lui  expédier  lorsque 
k's  précautions  étaient  di-vcnueji  inu- 
tiles, trouve  un  palais  vide.  Aussitôt 
il  annoncesondésappointementh  tous 
leschefsdela  Grèce;  et.  comme  ceux- 
ci  avalent  juré  de  se  liguer  contre 
ceux  qui  raviraient  Hélène  a  l'é- 
•poux  choisi  par  elle  ,  ils  mirent  tant 
dé  célérité  k  leurs  piéparalifs  de 
guerre ,  qu'au  bout  de  (|uaire  ou 
dix  ans  ils  eurent  autour  d'eux  une 
centaine  de  mille  hommes  prêts  a 
mettre  a  la  voile.  On  conçoit  que 
Ménélas  faisait  partie  de  cette  coa- 
Htion  entreprise  uniquement  pour  lui 
rendre  son  Hélène.  Soixante  vaisseaux 
lé  suivaient  et  portaient  les  Irou- 
pcsde  Sparte,  de  Phare,  de  Messène, 
de  Bl-isée,  d'Amycles  ,  d'Hélos ,  de 
Laas,  d'Ehgye  et  d'OEtyle.  Il  mon- 


MÉN 


Si 


tra  du  courage  dans  cette  expéditioB 
Déjà,  avant  le  départ,  il  avait  été 
en  ambassnde  k  Troie  avec  Ulysse 
et  tous  deux  ycoururentdegraves  dan- 
gers. On  assure  même  que  sans  Anté- 
nor,  le  peuple,  animé  par  Paris ,  leur 
eût  ôté  la  vie.  Arrive  devant  Troie 
avec  la  confédération,  Ménélas  se  si- 
gnala d'ans  plusieurs  occas'ons.  On  le 
voit  dans  le  liv.  5  de  l'Iliade  se  battre 
en  combat  singulier  avec  Paris  et  le 
vaincre;  mais  cet  avantage  devint  inu- 
tile. Une  flèche  lancée  par  Pandare, 
contre  la  foi  des  traités ,  l'empêcha  de 
luer  Paris;  et  Paris,  revenu  parmi 
les  siens,  trouva  moyen  d"'éluder  l'o- 
bfigation  nvi  il  était  de  rendre  Hé- 
lène et  ses  trésors.  A  la  prise  de  la 
ville,  Ménélas  thnna  des  ordres  pour 
qu'on  respectai  la  maison  d'Anfénor: 
mais  il  fil  borriblem  nt  mutiler  Déi- 
phobe  a'ors  époux  d'Hélène.  En  re- 
venant, i!  s'arrêta  k  Ténédos,  puis  à 
Suni  im  pour  donner  la  sépulture  k 
Phrontis  son  pilote. Une  violente  tera- 
pêle  le  jeta  sur  l'ile  de  Crète  où  il 
pcr  lit  la  raaJL'ure  partie  de  ses  vais- 
seaux. Cinq  seulement  lui  restèrent 
et  l'aidèrent  k  gagner  l'Egypte.  Le« 
évhémérisics  qui  calculent  avec  erac- 
tilude  les  dates  de  ces  temps  reculés, 
assignent  sept  ans  et  queli|oe  chose' 
an  séjour  de  Ménélas  en  Egypte.  Re- 
venu a  Sparte,  h:iitans  après  la  lirise 
de  Troie,  dix-huit  ans  aprèsle  départ 
des  Grecs  ,  vi.ijjt-deux  ans  après  le 
rapt  de  sa  femmp,  il  y  régna  paisible- 
ment pendant  plusieurs  années,  et 
maria  sa  fille  Hermione  k  Pyrrhus. 
Comme  il  ne  laissait  pas  de  fils, 
Oreste  son  neveu  devint  possesseur  " 
de  ses  éfats^  ainsi  que  de  ceux-  de- 
Cyllabare,  fds  de  Stlicnèle.  Ménélas 
était  adoré  à  Thérapnv.  —  Mé- 
nélas est  un  personnage  plus  fabuleux 
qu'Agamemnon.  Ses  voyages  sont  d(« 
rcvcj.    Son    nom   n'est  que  celui  de 

S. 


6t 


Mm 


Mioos.  Comp.  surtout  Canobe,  Hé- 
LEDEf  Paris.  —  Euripiclf  s'est  plu  à 
représenter  Mé  icias  sous  des  couleurs 
vraiineul  iguoMiS.  f^'u/.  les  deux 
Iragédi  s  ai' Ainlromwjue  et  </'/- 
plii^énit  t-n  AuUiit. 

ME]N£L£Ë,M£N£LEUS,M'HAiJ;, 

centaure. 

MÉjNÉPHIRAS,  Menephiraus, 
Mii'c'P'f (A $>  géant,  devait  le  jour  au 
Tarlare  et  à  la  Terre. 

MÉI^ÉPHOIN,  M ;,«?•'»,  Thessa- 
lien,  fut  chaugé  eu  l)ète  fauve  pour 
avoir  voulu  surprendre  sur  le  inoul 
Cyllare  sa  mère  euloriuie  Quelques 
Iradi.jons  le  font  mourir  de  la  inaiu 
de  sa  mère  avaul  qu'il  ail  cousummé 
l'allental. 

MÉNEPTOLÊME,  \i.«,T«'A,,«cf, 
Grec  agile,  était  av  c  Médun  a  la  léte 
des  l'hliules  devant  Troie. 

MENES  lui,  dans  la  ihrono'o  ie 
égyptienne  que  nous  a  conservée  en 
p  rlie  Manéllion,  e  cbel  di-  celle  dy- 
nastie TbinileTliébaine  que  Ton  voit 
à  la  lète  de  loules  les  dyu.islii  s  égvp- 
liennes  humaines.  On  'e  donne  comme 
le  successeur  immédial  des  dieux.  11 
modifia  le  cours  du  INi',  dessécha 
cl  rendit  habitab'e  la  Basse- Egypte 
qu'occupaieuldes  lagunes, fonda  iVlem- 
phis  (qui,  suit  dit  m  passant,  n'exis- 
tait pas  eucoie  sous  la  treizième  dy- 
nastie), appiit  aux  hommes  à  ho- 
norer Dieu  par  un  culle  et  des  sacri- 
fices, et  enfin,  selon  de  bizaires  tra- 
ditions, leur  fil  connaître  le  luxe.  Un 
de  ses  descendants,  Ténéphace  ,  le 
maudit  solennellement  en  plein  tem- 
ple pour  avoir  introduit  le  1  xe  en 
.  És^'pte.  —  Il  esl  clair  que  Menés  est 
un  personnage  mvtl:iih>gi<pie  ijui  dé- 
8  giie  Vespèce  humaine.  Sun  noiii,  le 
rnême  qn.  ceux  de  Meus,  Mt  nsch , 
Mei'ou,  Minos.  indique  assez  (juec'eil 
dans  ce' le  lisle  de  prél- ndus  héros 
qu'il  faut  aller  le  chercher.  Il  serait 


MEN 

plus  ridicule  encore  de  prétendre 
fixer  sou  époque  dans  IMiistoiie,  h 
moins  (|ue  par  son  épo(|ue  <>ii  inlende 
celle  où  le  l)ella  de  l'Egypte  fui  for- 
mé j  mais  il  esl  évideul  que  Celle 
époque  esl  antédiluvienne.  Les  monu- 
nienls  nous  font  remonter,  pour  l'oii- 
gine  de  la  seizième  dynastie,  à  Tan 
2272  avant  J.-C.  La  plupart  des 
savantN  modernes  oui  placé  Menés 
vers  Pan  2100.  —  Lu  autre  MÉ- 
>t;s  fi;.,ure  à  la  tète  «les  dyna^tes 
d'EraloMhèue.  Ce  nom  seul  suliirait 
p(uir  laire  comprendre  ce  que  l'un 
doit  entendre  par  le  Menés,  pre- 
m  er  d<  s  rois  humains  Méuè.'t  devient, 
selon  les  diveis  systèmes  (|ue  l'on 
adoptera  pour  la  coiHurd.inee  des 
décans  et  des  dyu;isles  ,  Lhoularé  , 
Suiiclio  eu  Subis. 

MENESIUE,  M«vf«r-i:  1°  chef 
grec  tué  par  lleclor;  2"ME^E^THlus, 
^Uii'iitoii  fils  de  Polydoie,  mariée  à 
Buie,el  du  llenveSpercI  ins,  étuil  un 
des  capitaines  d'Achille.  —  Ln  troi- 
sième ^Jt^ESTHE,  (ils  (i'Aréillioiis  et 
de  Phi  oméduse,  loi  d'Arue,  fut  tué 
par  Paris  devant  lioie. 

MÉNLSTHEE,  Menestheus  , 
JMeyfff-dfuf ,  fils  de  Pa'ée,  el  par  con- 
séquent arrière -peiit -fils  d'Eiech- 
thée,  usurpa  le  trône  d'Athènes  sur 
Thésée,  qu'il  conlraigiiit  de  se  réfugier 
à  Scvros,  rendit  de  grands  servi- 
ces k  Ag.'imemnou  devant  Troie  ,  el 
mourut  au  retour  dans  l'île  de  Mélos 
après  vingt- trois  ans  de  règne. 

MÉJNETE,  Menottes,  MïvojW, 
pilote  de  Gyas,  fil  perdre  le  prix  de 
la  course  navale  k  ce  chef  troyeu  qui, 
dans  son  dépil ,  le  jeta  à  l'e.iu.— 
Ln  autre  MË^^i.E,  de  la  suite  de 
P-Jas,  fui  lié  par   1  urnns. 

MEJNG!  ADEesl ,  d  ns  la  mytho- 
logie Acaiidinave,  une  vierge  géante, 
habitante    d'un  palais  enchanté. 

MÉJNIOS,  Lycaonide  chanjjé  en 


I 


MKN 

loiip  ainsi  que  son  père,  pour  avoir 
blasp'iémc  la  divinité  de  Jupiler. 

MÉNIl'PE,  M^vVti;,,  fille  d'O- 
rion ,  se  sacrifia,  ainsi  t|ue  Mélioqiie 
8.1  sœur,  pour  délivrer  son  pays  d'une 
épidémie.  Proserpine  cl  IMulon  cé- 
dèrenl  leurs  corps  à  Tempyrée,  oîi 
ils  brillenl  mêla  i  orphosées  en  comè- 
tes à  longue  chevelure.  Un  (emple  cé- 
lèbre d'Orcboinène  élait  sous  Piiivo- 
catioîi  des  deux  jeunes  Oricmides;  et 
cluiquc  année  la  jeunesse  des  deux 
sexes  leur  offrait  des  sacrifices.  La 
fonilalion  du  temple  remontait  aux 
temps  des  Aones.  Le  mythe  eût  donc 
été  antérieur  h  la  domination  ties  Pè- 
lasgues.  Ménippe  et  Méli'ique  étaient 
parées  de  tous  les  dons  de  Minerve 
et  de  Vénus,  en  d'autres  termes 
Aphrodite  leur  ivail  prodigué  la  beau- 
té, et  l'industrieuse  Ergauà  les  avait 
initiées  h  Tart  de  lisser. 

MÉINIFFIDR,  Mesippid^s.  Me- 
»/!rit  '■^jys ,  \\\-  d'Hercule  et  de  1j  T hcs- 
pia  e  Eiidéis. 

MKiNIS,  le  mèive  sans  doute  que 
MÉnÈs,  apprit  ii  TEgypIt'  l'usage  de 
l'argent  inonnoy."  Une  stèle,  phcée 
dans  nu  temple  a  Thèbes,  portait  une 
imprécation  contre  cet  invenlfur  d'un 
usa^e  fatal.  Un  loi  d'Egypte  s'élant 
trouvé  par  hasard  ,  dans  une  guerre 
contre  les  Arabes,  réduit  a  coucher 
sur  le  sol  et  h  savourer  de  gro>siers 
alimeils,  se  trou» a  si  bien  du  bivouac 
et  lie  la  chair  de  cheval,  <pi'd  dit  aua- 
thème  aux  douceurs  de  la  vie,  aux 
richesses,  au  luxe,  à  la  monnaie  et 
à  l'introducteui-  insensé  de  ces  vi's 
métaux.  Revenu  dans  Thèbes,  il  fit 
graver,  ad  niciuoriani  i'ei\  !a  stoï- 
que  formule,  sur  une  colonne. 

MÉlNON,  Mfvi»,  cheftioyeii  tué 
devant    Troie  par  l^éontée. 

MENO  rVllAiNNOS ,  M^vari/j.v- 
»flf,  c'esl-h-dire  roi  des  mois,  Atys 
eu  Phryjjie. 


MEN  69 

MENOU,  un  des  fils deBrabraâ,  est 
ràmemème,  est  riiomnu  même. Mana, 
Manon,  Mann, Mens,  Mensch,  Menés. 
Tout  à  fait  imaginaire  et  hors  de  l'em- 
pire des  êtres  réels,  il  n'en  doit  pas 
moins  sembler  à  tout  évliémériste  un 
homme,  un  roi,  un  civilisateur.  Nous 
n'y  voyons,  nous,  que  la  civilisation 
même,  cette  émanation  de  Mana,  et, 
si  nous  tombons  d;ins  une  sphère  plus 
élroile,  la  législation.  En  effet  ,  Me- 
nou  ,  ('ais  les  Imles .  passe  pour  'e 
législateur  par  excellence,  et  le  plus 
ancien  code  de  lois  se  nomme  Ma- 
nava- Dharma -Sastra.  ou  code  dis 
lois  de  Mciiou.  Un  code  c'est  un  mo» 
numi  ni ,  \  ont  dire  ceux  dont  nous  si- 
gnalons la  tendance  h  tout  traduire  en 
histoire  indiviiluelle^  un  homme  donc 
en  est  l'auteur:  il  a  e*islé  un  Menou. 
El  ils  se  meltent  h  rechercher  h  quelle 
date,  à  quelle  race,  h  quel  pays  ap- 
partenait le  législateur.  Une  lois  lancé 
dans  cette  sphère  d'investigation,  on 
peut  varier.  Aussi  a-l-on  long-temps 
varié  dans  nos  écoles  sur  les  époques 
de  Menés  et  de  Minos.  Pour  nous, 
ces  problèii  es  ne  peuvent  sembler  gra- 
ves Menou,  Menés,  Minos,  Winyas, 
Méon ,  Mann,  ces  êtres  énigm  ti- 
ques, qui  tous  reviennent  k  un  seul, 
l'a  1  e  homme,  l'àm  humaine,  et  dont 
Minerve  n'est  que  la  récapitulali»n 
suprême,  ne  sont  pas  du  domaine  de 
l'histoire  propremmi  dite.  La  seule 
làchi-  que  doit  s'imposer  le  mytholo- 
gue d'elle  est  celle-ci  :  caractériser 
la  légi.vlalioa  elle-même,  s'il  existe 
des  vestiges  de  celte  législation,  la 
comparer  aux  autres  grands  traits  de 
la  législation  iudigè:ie,  se  fixer  sur 
rhomo^;énéilé  des  |irincipes  formulés 
dans  ce  code  ,  en  déduire  et  leur  va- 
leur intrinsèque  ,  et  leur  date,  et  leur 
pliice  chroiiologi(|ue,  non  pas  daiig 
telle  ou  telle  année,  mai.-  dans  tel'e 
période.  C'est  cç  qu'approxinjalive- 


7» 


BfBN 


MEN 


Bient  on  peut  faire  pour  Mrnoa.  i'' 
Pourcequ'on  appelle  son  coHe,  il  «lis- 
te 5  nous  en  avons  donné  le  lilre.  W. 
Ji  lus  t-n  a  piiblitf  la  traducliun  en 
anglais  (Calculla,  1794,10-4";  Lon- 
dres, 1796,  in-S^jj  Hukner  l'a  repro- 
duite en  allemand  avec  un  glossaire 
et  des  notes  (VVeimar,  1797).  a*  On 
«ait  à  présent  dislingoer  ce  code  sa- 
cré, décoré  par  Juius  du  nom  dlu* 
stilut,  de  deux  autres  recueils,  dont 
l'un,  publié  en  français  sous  le  lilre  de 
Code  des  lois  des  Gentoux{\*aThf 
1778),  n'est  qu'une  cuinpilalion  ré- 
cente des  Hraliiuanes  du  Bengale,  tau- 
dis que  l'aulie,  connu  sous  le  titre 
de  Pandecles  hindoues^  a  été  tra- 
duit du^samskrit  en  anglais,  donné  en 
partie  par  Colebrooke  (  Utgeat  oj 
hindu  iaw.  ttc,  Londres,  1801, 
in -8°).  3"  Voici  les  époques  de  la 
littérature  hindoue  selon  Sclilegel: 
les  Véda,  avec  tous  les  livres  qui  s'y 
rattachent  (de  ce  nombre  est  le  Ma- 
nava-Uharma-Sastra  ) ,  les  systèmes 
philosophiques  antérieurs  à  la  philo- 
sophie Védanla,  les  ouvrages  attri- 
bués a  Viaca,  c'est-à-dire  les  dix- 
huit  Fouranas,  le  Mahalihiirata  et  la 
philosophie  Védanla,  eniin  la  poésie 
drainalique  de  Kalidaça.  Gcerres  fait 
suivie  les  grandes  masses  littéraires 
de  rinde  dans  l'ordre  suivant  :  Véda 
ou  mythes  pnniitilsj  Pourana,  romans 
mylhiqiies;  poéiies historiques,  parmi 
lesquelles  Kamaïana  et  Maiiabharala^ 
morale  dout  le  code  de  Menou  est  'a 
principale  expression  5  systèmes  théis- 
tes ou  orthodoxes ,  c'est-à-dire  les 
deux  philosopliies^iaïa,  les  deux  Mi- 
mansa  et  les  deux  Sankhia.  Creuzer 
adopte  le  même  ordre,  et  place  ainsi 
l'époque  de  la  législation  entre  celle 
des  poèmes  épiques  et  celle  de  la  phi- 
losophie. Ajoutons  que  les  lois  de 
lleuou  ne  citent  jamais  que  les  Véiîas 
et  l*s  Angas  ou  Védaugas  (commen- 


taires des  Védas  au  nombre  de  six). 
Au  reste,  le  code  lui-même  est ,  avec 
les  Fouranas,  la  Niaïa  et  laMimansa, 
pi  ilosophie,  un  des  (piatre  Oupnngas 
oiiSous-Angas.  4°  La  morale  du  Ma- 
nava-Dharma-8astra  n'est  pas  tou- 
jours la  même,  et  par  consé(|uent 
elle  ne  di»it  pas  être  regardée  comme 
l'œuvre  d'un  seul  siècle.  5"  Mais  quels 
que  soient  les  siècles  qui  en  peuvent 
J-cvendiquer  la  rédaction,  tous  re- 
montent à  une  épo(|ue  ancienne,  à 
une  époque  où  le  samskril  n'étiiil  pas 
encore  tombé  en  désuétude,  Khudc 
cependant,  dans  deux  écrits  succes- 
sifs (uA.  j4Uerund  JVcvLh  einigcr 
morgenlœndl.  Ui  kundeii .  p.  62- 
65  5  cl  Beilrage  zurAlltrtlmtnsk. , 
p.  98,  de),  a  voulu  rapprocher  cou- 
sidéiablement  répo(|ue  des  lois  de 
Menou  ,  a  sans  toutefois  dépasser  la 
»  période  où  les  états  de  l'Inde,  jouis- 
»  saut  de  leur  indépendance  pi  iini- 
»  tivc,  n'avaient  pas  encore  subi  la 
»  coniiuète.  m  Comp.  l'art,  suivant. 
ML^iOLS,  èlres  mythologiques 
du  système  bnihmaïque,  sont  au  nom- 
bre de  quatorze,  savoir  :  1°  sept  qui 
ont  déjà  paru,  Souaïainbhouva,  Soua- 
lotchitclia,  Oultama,  Tamaça  ,  Kai- 
vata,  Tcliakcliouclia,  Vaivacoualaj 
2°  sept  qui  sont  encore  à  paraître, 
Souria  -Savarni,  Dakcha  -Savarni , 
Brahmà-Savarni ,  I )iiarma  •.  Savfirni , 
Roudra-Savarni,  iloulcliéia,  Agni- 
Savarni.  Colebrooke,  Fr.  bchlegel, 
Majer,  etc.,  etc..  regardent  les  Me- 
nous  comme  des  êtres  humains,  des 
rois,  des  prophètes,  des  pali  iarches 
de  rauliquilé.  Celte  opinion  est  in- 
admissible. Nous  ne  sommes  pas  ten- 
tés pourtant  d'y  voir  des  constella- 
tions d'uu  ordre  supérieur.  Autour' 
de  Menou,  premier  homme,  premier 
législateur,  piemicr  palriaiche,  gra- 
vitent des  Menons  secondaires  en  qui 
il  i'esl  scindé.  Adili  s  émane  eu  douze 


>ix).     % 


MEN 

Adhias,  Hanouman  en  Haaoumansj 
de  luême  il  serait  naturel  que  Me- 
nou  s'émanât  en  Menons  d'un  ordre 
inférieur. Toutefois  il  faut  dire  que  ce 
Menou  idéal,  dont  il  est  ici  ques- 
iion  ,  celte  .espèce  d'Addlii-Meuou, 
n'est  pas  le  Mtuou  législateur.  De 
Brahm  découle  virtmlleinenl  un  Me- 
nou, sagesse  et  sainteté  suprêmes,  un 
Menou  qu'on  n'a  point  songé  a  dis- 
tinguer dans  le  catalogue  des  dieux, 
et  dont  les  quatorze  Minons  d'une 
part ,  lu  Menou  législateur  di;  l'jLutie, 
sont  des  elllorescences. 

MENS,  c'est -a-dire  la  pensée, 
avait  à  Rome  deux  temples,  l'uu  d.uii 
le  Capitule,  l'autre  dans  la  luiilième 
région.  Ce  dernier  avait  été  tlevé 
après  la  perle  de  la  bataille  de  Tra- 
simènej  l'autre  était  une  construc- 
tion du  préleur  Olacilius.  Mens  élait 
prise  tantôt  pour  rame  du  niondL' , 
taulùl  pour  i'ùme  indivi.lucUe.  Ou 
rinvo([nail  comme  une  Volumnia  ou 
inspirahice  de  bo;mes  idées. 

MEJNTÈS,  Mivr>,s,  roi  des  Ta- 
plùens  et  fds  d'Ancliiale.  Minerve 
prit  ses  traits  pour  annoncer  à  Télé- 
uiaque  le  retour  d'Ulysse.  On  a  voulu 
faire  de  ce  Meules  un  négociant  de 
Leucade  qui  prit  îlomèie  avec  lui ,  et 
le  couduiail  dans  tous  ses  voyages.  Le 
poète,  dil-on,  pour  reconnaître  ses 
bienfaits,  idéalisa  Meutes  et  rendit 
son  nom  immortel. — Un  antie  Meis- 
Tiis ,  roi  des  Cico.ies,  était  à  Troie  j 


Apollon  emprunta  ses  traits  pour  em- 

"       Vlénél 
de  Panllioos. 


pécher  Méuélas  d 


1  ses  traits  pi 
'emporter  le 


MENTHE.  Foy.  Mintui. 

MENTOPx,  Mi,r^p,  ami  d'Ulysse, 
fut  chargé  par  ce  prince  de  la  sur- 
Viillance  de  sa  maison  pendant  son 
absence.  Minerve  pieuall  souvent  ses 
traits  et  sa  voix  pour  encourager  Té- 
lémaque  à  la  verlu.  Ceux  qui  out 
voulu    nous  donner   une  biographie 


MEP  71 

anecdo  tique  d'Homère  ont  assuré 
que  ce  poète  reçut  dans  Ithaque  uA 
accueil  bienveillant  de  Mentor,  et  l'eu 
récompensa  en  insérant  son  nom  avec 
éloges  dans  l'Odyssée.  On  sait  quel 
parti  Fénélou  a  tiré  de  Mentor  peut 
son  Télémaqne. — Trois  aulres  Men- 
tor furent  :  i"  un  fils  d'Hercule  et  de 
la  Tiiespiade  Asopis;  2°  un  fils  d'Eu- 
rysthée  {Foy.  ce  nom)j  5°  le  père 
d'Imbrios. 

MÉNUTHIS,  n'est  autre  qu'A- 
iniiun-Noute  ou  Noute-Fen  {Voy. 
ce  der  lier  nom). 

MÉON,  Mjeon,  M«t/«v,  roi  d'une 
partie  de  l'Asie  antérieure  occiden- 
tale, alors  désignée  par  le  tilre  vague 
de  Phrygie,  eut  Cylièle  de  Uindyme, 
sa  femme.  On  ajoute  qu'instruit  deS 
amours  de  Cybèle  avec  Atys,  il  fit 
mourir    ce  jeune   héros  et  les    sui- 
vantes de  sa  fille.  Comp.  des  varian- 
tes, art.  Atys  et  CvniiLE. — Evidem-  ^ 
ment  Méou  est  un  être  ambigu  qui 
tient  du  dieu  et  de  l'homme  j  c'est  un 
Adam  typique   et  u#  Zévs.  Il  est  le 
père  d'une  Eve-Terre  j  il  est  l'époux 
d'un  mont  rigide  et  n.assif ,  le  Din- 
dyme,  aux  deux  cimes  jumellesj  enfin, 
lui-même  est  la  gé-uéiatrice  masculi- 
nisée (Ma,  Maïa),  il  est  la  terre  ,  et 
l'on  voit  la  Lydie  s'appiler  de  son 
nom  Méonie,  avant  di  prendre  celui 
du  héros  Lydos.  Au.v^i  Oniphale  et 
Arachné  sonl-e'les  titrées  Mœonis. 
Homère,  ainsi  que    l'acchus ,  qu'on 
honore  en  Lydie,  prend  l'épilhète  de 
Mcconiiis,  et  les  Muses  ,  qui  ont  in- 
spiré l'Iliade,  s'appellent  Mceouides. 
— Deux  aulres  MÉo:s  furent,  i'un  un 
chef  tliébain  qui  seul  échappa  au  car- 
nage  que   fit    Tydée    des   cinquante 
gutrriers  aposlés  par  Etéode  pour 
l'a? sassiner  5    l'iiulre    un    chef   latin 
qu'Enée  blessa  d'un  coup  de  javelot. 
MEPHITIS  ,  déesse  de  l'air  vicié 
pat  les  exhalaisons  méphitiques,  a'é' 


72  MER  ;MER  « 

tait  autre  que  Jimon.  Elle  avait  un  dans  l'Arcadie.  Sn  léffprdp  se  rom- 

lemple  h  Crémone  el  dans  la  vallée  pose  en   grtnde  pirlie  de  Irails  (Pn- 

du  lac  d'Amsanlo.  Quelpiessalses  on  diese  et  de  liloulerie.  Enfiinl,  Il  vola 

Volcans  boueux  pl.tcés  dans  le  voisi-  I'    trident   de    Neptune,    l'épée  de 

nage   de  Crémone  exp'ii|uent    asseï  Mars,  la  ceinture  de  Vénus;  Ai'ollon, 

Torigine  du    cidle  de  Mépijilis;    el  réduit  h  garder  les  troupeaux   dAd- 

dans  les  environs  du   lac  d'Amsanlo  mêle,  peidil  un  jour  hs  plus  beaux 

on  voit  encore  aiijouid'hui  des  creux  d'entre  eux;   avant    couru    après  le 

A^pAén  fnefîie  ei  niefitinelie.  vol  ur,  il  le   menaça  des  pni oies  el 

MKR.  f^oy.  Thalassa.  du  poing,  cpiand  tout  à  coup   I  s'a- 

MEllA,  compagne  de  Diane,  fut  pirçul  (pi'il  était  sans  carcpiois.  Lors 

séduite  par  Jupiter  sous  la  l'orme  de  de  la  mésavenluie  de  Vénus  surprise 

Minerve,  percée  de  flèches  par  Diane  avec   Mars  dans  les  invis.bles  HIets 

el  changée  en  chienne.  Quel(|!ies  poè-  du   dieu    du    feu,  Melcure,    téra  in 

tes  n^admetlenl  de  la  pari  de  Jupiter  «^i    11  ij^rml    délit   avec  le  rehle   des 

qu'une  tentative;  mais  le  dénouement  U«''1tauts  de  l'Olympe,  dit  tout  liant 

esl  toujours  le  même.  On  peut  voir  ii  qu'il  s'accommoilerail  à  mernille  de 

l'art.  Érigo>'e  le  rôle  de  la  chienne  la  place  de   rinforluné    c.iplif.    Ces 

Méra.    Il  est    cliir    que  la    légende  brillantes  dispositions  en;;agèrent  Ju- 

qui   la  donne  comme  nymphe  d'Ar-  piler  à  le  choisir  pour  le   contidenl 

témis    n'a     été   imaginée    que   dans  de    ses   amours    el    le  rommission- 

l'inlention  de  ne   point   laisser  sans  naire    des  dieux.    C'esl    ii  lui    que 

précédent    un  acieur  au«si  important  fut  ctmfiée  l.i  garde   de  la  belle  ge- 

daus  le  drame  d  Erigone  et  d'icarius.  nis>«  lo;  el,lor>que  Junon  jalouse  eut 

Lorsque  l'on  donna  une  généalogie  à  mis  celle   future  rivale   sous  la  sur- 

Méra,  son  pèrvfnt  Prolée  (le  pre-  vrillance  d'Argus,  il  se  chargea  do 

mier,  Tanci' n  des  jours),  el  sa  mère  l'endormir  el  de  le  luer:  il  y  réussit. 

la    nymphe   Asie  (la  déesse;   comp  Envoyé  par    les    dieux   h   Thèbes  et 

AsAiiÉvi  el  Asts),  dont  on  a  fait  Au-  à  INaxos   pour  y  recueillir  le   jeune 

^ie  el  Analhie. — }Lne  anire  Méra,  Bacbus  el  le  confier  h  des  nourrices 

Allaulide, cul  de  Lycaon  Té^féaii'. On  altenlives ,  c'esl  lui  qui  avec  l'aide  de 

en  nou)me  aussi  une  parmi  les  Prœ-  Vulcain  allaclie  (selon  Hygin, /'/'iA, 

tides;  mais  elle  ne  figure  pas  parmi  cxliv)  le  Irisle  Piomélhée  sur  le  Cau- 

Celles  de  la  Triade  furibonde.  case.  Dans  Homère,   il  vend  Hercule 

MERCEDONA,  déesse  latine  qui  esclave  h  Ompliale.  D.ins  l'Odyssée, 

présidait    au     commerce    {//lerces ,  il  est  député  à  Egislhe  par  le  vénéra- 

marchandi^es.)  ble  cercle  de  10  ympc^  pour  le  dis- 

MERCllRE.  Mebcuriu'!,  en  grec  suader  de  ses  projets  d'assass'nat  el 

Hermî-:s,  'Epiu,-!s,  est,  dans  la  my-  d'usurpaliim.Ai'leurs  il  enchaîne  Ixion 

ihologie   VI  Igaire  ,   le   dieu  du  com-  sur  la  roue  dont  les  mouvemenis  éter- 

ine! ce,  de  l'éloquence  el  des  voleurs,  nels    le    torlurenl.   Il    va    porter    k 

le  inps>ager  de  Jupiter  el  des  dieux  de  PJiryxos  el  h  Hillé  le  bélier  h  loisou 

l'Olympe,  enfin  le  gu  de  des  ùmes  aux  d'or  qui  doil   les  mcllre  h  l'abri  des 

fnfers.   Il  passait  pour  fils  de  Maïa  coups  d'ino.  Il   assiste  Persée  dans 

(A^oy.  ce  nom),  et  par  ciinsé(|uenl  du  son  expédition  contre  les  Gorgones, 

dieu  suprême  Jupiter.  On  le  fait  r.aî-  conduit  Priam  au  camp  des  Grecs,  se- 

trt  d'ordinaire  sur  le  moat  CjUèae  coude  Ulysse  daus  toutes  ses  entre- 


MER  MER                  73 

prises.  Lonj^-lcmps  avant  la  iîiiorre  les  coin]iair'fil(^s  d'ï^orrafe  lui  font 
des  Tilans  il  a>ail,  de  concerl  »vfc  hoiiniMir.  Lps  ]  rincipaiix  sont  ceux 
Ej^ipati,  escamolé  la  dt'pouillf  iiisfn-  d%\rf;iplioiilt'  (meurlritr  d'Ari^us), 
silile  et  glacée  de  Jupiter  du  fond  de  An^elos  (  messiiger  ),  Agoiée  (qui 
1  autre  coryc  en  où  Tavait  plicée  Ty-  sièi^e  au  foruii' ),  Clia  idote  (qui 
phon.  Il  rendit  un  service  de  même  do'.iÉ)e  la  paix,  la  beat  tuile),  Clirv- 
nature  a  Mars,  en  brisant  les  fers  dont  sorrh.ipis  (a  la  bau^uelle  d'or)  :  ii 
Tara  eit  chargé  les  deux  AliaMes.  En-  faut  y  joindre  ceux  de  Uhabdouqne  , 
fin,  la  Giganloiai  liie  le  vit  terrasser  ltlivplialli(]ue,  Héi^emonc,  Clithouios 
Hipp'dyte,  el  prendre  le  cas(|ue  invi-  (ou  >oulerrain),  Ciiojiliore(porle-bé- 
silde  de  Flulon:  sa  bravoure  pourtant  lier),  Diactor  (qui  sert  d'inlermé- 
ne  put  'e  soustraire  a  la  né<essilé  de  diaire)  ,  Empolée  (marrhand),  Do- 
fuir  en  Egypte,  avec  tous  les  autres  lios  et  Slrophée  ('e  matois),  d'E- 
dieux ,  déguisé  en  ibis.  Des  scènes  pilhalamios  (paicdredu  iil  nuptial), 
plus  duur<  s  attirent  enviiile  noire  ai-  etc.  Qui  Iques  autres  épilhètes  ou 
ienliuD.  Il  donne  à  Fandore  le  lan-  surnoms  se  rapportent  à  des  vues 
gtige  ,  Tauiabilité  .  les  grâces,  el  la  plus  Iran  c.ndinlales  :  tels  sont  les 
conduit  à  Proniélbée,  puis,  Mir  le  mois  de  Tricépiiale  ou  aux  trois  tè- 
refus  de  ce  tin  Tilan,  h  Epim'-tl'ée.  les,  de  Parainmon  {gr:iiid  Amoun  5 
Ami  de  la  paix,  il  glisse  entre  deux  f^oy.  encore  Pan),  ou  parèdre  d'A- 
serpenls  (|ui  fraient  la  baguette  (ju'il  moun  ,  d'Agonios  ou  qui  pré*i  le 
porte  dans  tous  ses  voyages,  et  se  aux  jeux,  de  jNomlos  ou  pasteur,  et 
forme  aiusi  un  sceptre  paré  de  ser-  d'inibrau  e  que  nous  regardons  com- 
pents,  un  sceptre  emblème  d'auiour  n.e  une  altération  d'Himéros  (Imé- 
el  de  concorde,  el  lui  donne  le  ros  ,  Lnbros  ).  INous  ne  parlons 
nom  de  caducée.  Un  jour  une  lor-  point  d(S  innomluables  suinoms  lo- 
tue  se  présente  sur  son  pa-sage,  il  canx,  Cyllénios  ou  Cyllios,  Lycos, 
enlève  sa  cirapace  écailleuse  et  en  etc.  IMeicure  nVsl  pas  un  dieu  grec 
forme  la  lyre.  IJes  traditions  moiiis  d'origine.  L;i  1  hra  e,  Samolhrace,  la 
grecques  le  donnent  comme  inventeur  Syrie,  l'Egypte  ,  Lien  d'aulres  pays 
de  la  musi(|ue  tout  entière,  du  disque,  encore  le  représenieit  sons  le  nom 
de  l'écriture  et  de  Talphabet ,  des  d'Hrrmèsel  de  Tolh  légèremen!  al- 
poids  et  mesures,  de  Tescrime,  de  la  léré.  Totb,  nul  doute,  était  le  Mer- 
clepsydre,  de  la  géométrie,  des  sa-  cure  d'Egypte.  Or,  ce  nom.quisem- 
crilices ,  elc.  Quoique  complaisant  lie  identique  aux  Dfv  zend,  Dev 
messager  du  maître  des  dienx  dans  ses  slave,  7iW  Scandinave,  J  cva  sam- 
amours,  il  opère  quelquefois  pour  son  skrit,  Etoua  ou  Aloua  polvné.^ien, 
propre  compte  5  témoin  Cliioné  ,  Théos  (c>  oi)  des  Grecs  el  /^rff.ç  des 
Creuse,  Mérà,  Anlianire,  Polvmèle,  I^at.ns,  rappelle  Tuislon  el  Tcuta- 
et  même,  suivant  ritéocrile,  Péné-  tes.  les  ru.illia-nadan  ,  dieux  më- 
lope  ((omp.  Pan).  Enliii,  c'est  lui  lallur^i}*l•.■s  de  l'irlimle,  etc.  ;  (piant 
qui  Conduit  aux  enfers  la  loule  des  au  nom  d'Hermès  usuei  en  Grèce, 
pà'es  ombres  :  alors  surtout  il  est  ou  a  vu  déjà  le  mot,  autant  par 
pacifique  il  préside  au  voyage,  il  le  son  que  par  l'idée ,  refléter  le 
agite  le  caducée.  Ses  .surnoms  belle-  Pironii  de  l'Egvp''*,  le  Hrahn  à  ou 
niques  expriment  assez  ses  diverses  r>rahm  desIndes  (lar  on  dit  >nssi  bien 
aventures,  ainsi  que  l'éloquence  dont  Birma ,  Birouma,  etc.),  l'Herman  ou 


94 


MER 


MER 


Arminius  des  Germains  et  des  Her- 
iniuni-s,  l'Erréamhon  des  Irlandais, 
puis  les  mots  'alins  Termes  et  Fir- 
Inus,  le  grec  llerma,  etc.  jNous  uoiis 
boruerons  a  rciinir  en  uu  même  ta- 
bleau les  faiisconuus  on  évidents,  i'ar- 
llii  les  phénomènes  aisément  divinisa- 
bles  se  présentent  sur  une  ligne  paral- 
lèle la  lorce  exécutante  et  la  pensée, 
la  pensée  qui  chez  Thomme   est  tout 
l'bomme,  quiche/  Uieu  est  tout  Dieu, 
la  pensée  qui  tour  à  tour  présente  et 
plusieurs   laces   et    plusieurs  degrés. 
Lesquels.'  Les  voici,   i"  C'est  l)ieu 
inéme  hrétatd'irrévébtion.  a" Quand 
Dieu  se  ré»  èle  ,  c'est  l'intelligence  di- 
vine, la  raison ,  la  sagesse  individua- 
lisée ,  en  grec  le  Logos.   5"  Quand 
Dieu    déjà    révélé  se    communique, 
c'est  la  comnuinicalion  ,  la  transmis- 
sion^ cette  transmission  a  lieu  par 
deux  voies,  la  paro'eet,  plus  lard, 
récriture.  L'une  suppose  l'autre,  il  est 
yraij  mais  chaque  peuple  envifage  un 
aipect   l'avori,   et  arbore  un  drapeau 
ditiérent.  L  Egypte  avec  ses  institu- 
tions silencieuses  et  imtiiobilisaules, 
TEgvple  tonte  mysléiieuse  et   enve- 
loppée de  langes  comme  ses  momies, 
ri!,g\ptequi  sculptait  ses  lettres  sur 
la  p. erre,  ou  les  peignait  laborieuse- 
ment sur  les  enduits  des  hypogées  et 
des  catacombes  ,  l'Egypte  lit  de  sou 
dieu  communicateur  un  pilastre  ba- 
riolé d'hiéroglyphes,  et  le  salua  du 
titre   de 'lolh -colonne.   La  Grèce, 
dont  l'esprii  était  l'antipode  du  staiu 
quo  saceidotal,    éloquente,    incon- 
stante et  turbulente  comme  toutes  les 
démocraties,  devait  finir  par  adorer 
l'éloquence.  Toulelois  les  deux  points 
de  vue  ne  furent  pas  contemporains  j 
et  il  V  avait  des  siècles  que  l'olh-co- 
lonne   était    nue    énigme  sans   mot, 
lorsque  la  Grèce  de  Pérlclès  et  d  A- 
lexaudre  donna   au    fils  de  Maïa  le 
dépaitement  de  réloquencc.   Si  les 


Égvpliens  se  bornèrent  K  voir  dans  la 
communication  de   la  pensée  l'écri- 
ture   ils  conçurent  pourtant  d'autres 
commnniralioMS.  Ce  furent  celles  de 
roi  à  sujet  (voila  pourquoi  dans   la 
légende  d'Osiris  on  voit  Hermès ,  ce 
no.n  tout  grec,  jiiuer  un  rôle)  et  celles 
du  monde  supéiieur  au  monde  infé- 
rieur: de  là,  l'idée  d'Anébo  qui  n'est 
au  fond  qu'un   lolh,  (|uoi({ue  la  my- 
tho'oi.MP  égyptienne  lui  ail  donné  une 
iiidividual  té,  et  l'ait  conslilué  à  part. 
Anébo    alois  devint    le  gardien   des 
âmes, et  i'otlilescril'epar  excellence, 
le  juge  et  presque  le  souverain  des 
enfers.  11  faut  voir  aux  arides  Awu- 
Bis  cl  ToTH  les  développements  des 
deux  rôles  et  les  considérations  aslrc- 
noniicjues,  cosii  ogonicpies,  |)hv.'.i(|iics 
et  morales  cpii  s'y  rattachent.  Il  faut 
soH'^er  aussi  que,  dans  ce  passage  il 
nn  rôle  nouveau, 'loth ,  jus(jue-la  a 
tête  d'épervier,  devient  un  dieu  ibio- 
céphaîe.    De  l'iîgvpte,    Tolh  passa 
sans  doute    en    Hliéuicie,    et  y  fut 
nommé    Taaut   (à    moins  peut-être 
qu'on  admette  qu'Egyptiens  et  Phé- 
niciens eussent  emprunté  Itur  dieu- 
écrituie  h  une  source  commune).  Y 
a-t-il  seulement  rapport,  ou  bien  y  a- 
t-il  identité  entre  Siirmobel  (Hermès- 
Haal)  et  'Kaaut?  le  lait  au  moins  sem- 
blait que  Taaut,  scribe  par  excellence, 
ne  lut  pas  chez  les  infati;4ables  com- 
merçants de  Tyr  le  greffier  des  en- 
fers,  mais  bien  le  commis  préposé  à 
la  tenue   des  livres.  De  là  1  idée  de 
commerce   personnifie,    l'idée    com- 
mentée depuis  par  la  Grèce.  De  part 
et  d'autre  au  reste  les  altributs  étaient 
semblables    :  de   part  et  d  autre   le 
stylet  de  cuivre;    la  règle    dentelée 
dont  chaque  dent  est  une  unilé;    de 
part  et  d'autre  la  balance.  Mais  dans 
la   balance  égyptienne  Tolh  juge  les 
âmes.  pè.>e  les  bonnes  œuvres  et  les 
pécbésj  la  balance  phéuicieune  est 


1 


MER 

celle  de  la  dépense  et  de  la  recelte. 
Ainsi,  voi'a  une  troi  ième  manière 
de  traduire  l'idée  de  communicn- 
tion.  Les  Pélasgues,  ou  pl'ilôt  le 
peuple  iuconiui  à  qui  les  Pélasgues 
durent  leur  civilivitioi ,  l'entendirent 
autrement.  Communication  pour  eux 
signifia  rapport,  et  le  rapport  fut  dé- 
veloppé de  mille  manières  tonr  à 
tour,  contact,  jonction  des  sexes, 
amour,  désir,  produit,  harmonie,  or- 
ganisation. Ces  traits  itnporlanls  ont 
été  développés  aux  arliclesCABiREs  et 
Cadmile.  Samolhrace,  en  systéma- 
tisant la  lliéogonie.  donna  le  nom  de 
Cad  tiile  au  dieu-rapport,  et  fit  sou- 
vent de  son  Cadmile  un  phalle. Parmi 
les  noms  qu'elle  lui  donna  se  trouvent 
ceux  d'Hercule,  de  l'acchus,  d'Éros, 
d'Hermès ,  enfin  d'Harmonie.  Har- 
monie, on  l'a  vu ,  n'était  qu'Hermès 
féminisé.  Mercure  aussi  nommé  lin- 
brame  ou  Inihre  ne  reste  pas  l(mj(uirs 
Cadmile^  une  fois  sorti  du  sanctuaire 
de  Samothrace,  il  se  dessine  sous  des 
faces  partielle.^,  en  apparence  exclu- 
sives les  unes  des  autres.  Parium  et 
Lampsaque  rappe'lentPriape,et  met- 
tent les  jnrdins  sous  sa  prolectinn; 
car  la  propagation  se  reflète  en  fruc- 
tification. Tlièbes  prend  Cadmile  ou 
Cadrae  ou  Cadmos  ,  son  Cadmus , 
pour  l'inventeur  de  l'écriture,  et  du 
reste  ne  le  sépare  pas  de  l'ordre  et  de 
la  beauté  ,  car  elle  lui  donne  pour 
femme  Harmonie.  Athènes  fait  de  lui 
un  dieu  pâtre,  soit  parce  que  dans  son 
exubérance  itliyphallicpie  il  a  .  ainsi 
qu'Egipan,des  formes  de  bouc(romp. 
Mandou),  soit  parce  que  le  monde 
est  une  vaste  prairie,  uu  mont  tapissé 
de  verdure,  un  roc  paré  de  vé-éla- 
tion  spontanée  et  d'espèces  animales 
naissantes.  C'est  le  culte  des  E;^ico- 
res  ou  paires.  Plus  tard  seulement, 
on  le  voit  s'unir  aux  déesses  agricul- 
turale$  par  Hersà  ou  par  Aj^laure. 


MËR  ti 

Les  progrès  de  la  civilisation  amènent 
ensuite  !a  fusion  de  tous  les  cultes  5 
Heim'^s,  Posùiôu,  Héphesle,  Dàraâ- 
tài'  s'unissent  successivement  dans  une 
espèce  de  Panthéon  à  la  tète  duquel 
brille  majestueusement  un  dieu  suprê- 
me, Zévs-  Athànâ.  Des  quatre  dieux 
principaux  qui  lui  sont  subordonnés, 
deux  sont  ou  frères  ou  sœurs.  Deux 
autres,  et  même  Alluma  ,  se  dessi- 
nent comme  fils  ou  filles.  Mais  là.  que 
de  différences  !  Atliànà  jaillit  de  Zévs 
seul  5  le  sein  d'Héra  donna  naissance  a 
Héphesie^  plus  antique  et  plus  pro- 
fondément oriental,  Hermès  n'a  d  au- 
tre mère  que  la  haute  génératrice  elle- 
même  ,  Maïa  l'accfucheuse,  dont  le 
nom  transporté  des  bouches  dn_Gange 
aux  sources  du  Céphise  et  de  l'Hisse 
nous  ramène  h  la  sublime  cosmogonie 
desVédas:  de  Rrahra-M  ria,Birma  •  de 
Zévs  et  Maïa, Hermès. — Récapitulons 
ces  préliminaires.  Le  dieu-peu  ée  a 
été  pour  nous  essence  suprême  .  rai- 
son,  voie  de  communie  ition  j  et  la 
communication  a  été  écriture,  com- 
merce, amour,  amour-coït,  et  aussi, 
mais  en  revenant  sur  nospas,  voyage  du 
cielaux  enfers,  passage  d'une  vii  à  l'au- 
tre,mort. Mercure  fut  do'icHermès({^- 
(K«,  colonne),  Patèqne,Fhalle,  Psyco- 
pompe.  L'ielee  arrivée  a  ce  point  a 
pris  encore  les  formes  de  vie  pasto- 
rale,  d'ordre  mélodieux  et  harmo- 
nieux (  musique -lyre,  etc.),  d'élo- 
quence, puis  enfin,  lorsque  le  génie 
ironique  des  Grecs  broda  la  mvtlmlo- 
gie,  de  filouterie.  Le  commerce  en 
généra!  implique  un  peu  l'arl  de  faire 
des  dupes,  de  surfaire,  d'avoir  deux 
poids  et  deux  mesures,  selon  qu'on 
vend  ou  qu'on  achète.  Tous  les  fa- 
voris de  Mercure  ont  plus  ou  moins 
ce  caractère.  H  f.iut  y  joindre  pour- 
tant l'e.sp  it  et  la  finesse.  Le  rusé 
commerça  't  coui^.ît  les  hommes j  sa 
voix  change   selon  ses  chalands  j   il 


^ 


MER 


pirle  à  cliarun  son  lan^^age.  Ainsi 
commerce,  éloquence,  friponnerie, 
voici  par  le  polc  bérii-ux  roiiiment  se 
présenlc  le  Mercure  grec.  Charlala- 
nisine  el  belles  paroles,  escroquerie  et 
leurs  de  passe-passe ,  voila  le  pôle 
burlesque. — Justprici  Mercure  n'a  clé 
envisagé  quVn  lui-même  ^  mais  rc- 
lalivi  meni  aux  aiiln-s  di  ux  el  déesses 
quelle  placi-  orcupe-l-il?  La  voici,  i' 
Dans  rOlvinpe  liflléui(|ue,  arra-ige- 
menl  arhilraire  et  moderne  .  il  est  un 
des  donr.e  grands  dieux  (ni  Toll)  en 
Egypte,  ni  IVlaliarléva  aux  Indes,  n'ont 
aussi  évidemmeni  cecaraclère).  2"  Pris 
dan>l.')  sphère  idéologique  el  priscom- 
me  pensée,  il  a  pour  rivaux  Apollon 
cl  Minerve,  et  par  suite  qnehjUi'S  au- 
tres di'UX  que  les  trinsceiidanlalisles 
nomment  esprit  du  solt-il  ou  àmc  du 
inonde.  Il  y  a  donc  en  quilqne  sorte 
douiie  ou  triple  ou  quadruple  eni|)loi 
dans  tous  ces  noms.  Vlais  t-n  myilio- 
logie  les  douMe.N  emplois  se  tolèrent,* 
car  cngrande  partie  ils  proviennent  de 
lalusiondedeuxsyslèniesqui  originai- 
rement n'offrirent  pa.s  ce  vice  de  dou- 
ble emploi.  De  plus,  Apollon  et  M»  r- 
cure  diffèrent  du  tout  ;iu  lout  :  en  ce 
que  Mercure  intelligence  universelle 
est  par  lii  autant  au-dessus  d'Apol'on 
intelligence  solaire  ,  ou  plolôl  so  eil 
élevé  a  riiitelligence  que,  Kta,  le  feu- 
vilalilé  (jui  court  en  ruissraiix  élec- 
triques dans  les  veines  du  monde,  s'é- 
lève au-dessns  de  Fré  ,  le  feu-soleil, 
0!i  que  Vulcaiii  s'élève  au-dessus 
d'Apollon  conducteur  du  char  solaire. 
A  plus  forte  raison,  fanl-il  en  dire 
auiant  des  liaci  hus,  des  Hercule,  des 
Esculape.  De  Minerve  a  ^Jercure,  au 
contraire,  la  dislaore  en  hauteur  n'est 
pas  aussi  grande.  Minerve,  la  JNeilli  de 
Jupiter,  est  une  Sal  li ,  la  haute  rai- 
son, l'idée  engeiidranle  ,  el  comme 
telle  la  peusée  cl  presque  l'àme  uni- 
verselle :  tel  est  Ueriuès.  La  diffé- 


MER 

rence  consiste  en  ci  ci ,  que  Miicrve 
se  dessine  comirc  fdle-épouse,  en 
d'autr»  s  termes,  comme  Axiocerse 
près  de  Jupiter,  taudis  que  Mercure 
n'apparaîi  que  comme  rapport,  éma- 
nation ou  tils ,  en  d'autres  termes, 
que  comme  Cadmile.  De  là.  Minerve 
déesse,  tandis  que  Mercure  es!  dieu, 
el  pouriant  l'analogie  fondamentale 
est  grande j  Minerve  parlois  est  hom- 
me, puisqu'elle  est  l*ha  le,  el  Mercure 
est  lemme,  puisqu'il  est  Harmonie. 
3"  Dans  la  sphère  astronomique  Mer- 
cure fut  pris  comme  planète  ;  il  pré- 
side au  quatrième  jour,  I\ltrcniii 
(lies  en  lalin,  dont  nous  avons  fait 
mereredi  :  les  Hindous  de  même  ont 
leur  Houddhadinam  ou  jour  de  boud- 
dha. Dans  la  suite  des  temps  ,  et 
quand  Rome  et  la  Grèce  se  laissèrent 
alli  r  aux  chimères  de  l'Orient  et 
aux  romans  de  laslrologie,  Mercure- 
planète  fut  lié  a  la  lune  et  à  la  cani- 
cule. On  le  nomma  l'intilligence  lu- 
naire(et  auxlmles,  rneffel  Bouddha, 
l'esprit,  est  mari  d'IIa,  la  liile  de  la 
lune).  En  Syiie  il  fil  nonim-  Nébo  : 
or  rii'/to  veut  dire  le  chien.  Aného  des 
Egyptiens  n'est  pas  aiilre  chose.  Le 
chien  était  p'acé  sur  la  limite  des  hé- 
misphères boréal  el  austral;  et  bien- 
tôt, comme  la  ligne  équinoxi;ile  sem- 
blait le  couper  en  deux,  il  fui  divise  en 
deux  personnages,  l'un  au  ciel,  Her- 
mès, el  l'aiilre  aux  enfers.  Mercure. 
Le  premier  fut  Psyehopcmpe  ,  el  le 
.set  ond  gardien  de»  enfers.  Par  les 
mêmes  raisons  Menure  fut  uni  k 
Cérès,  à  Hilhye  (dans  Egire),  à  Isis. 
Isis .  Hilhye,  Cérès,  ne  sont  pas  seu- 
lement d.  s  génératrices  ou  reines 
dont  il  est  le  fécondateur  ou  le  con- 
seil ,  ce  .sont  aussi  les  typ'S  de  la 
vierge  céleste  qui  vient  dans  le  yoilia- 
qiie  entre  le  Lioii  el  la  Balance.  Or, 
Sirius  s'apjjtUe  féloile  d'isis  ,  le 
chien  d'isis ,  enfin  l'étoile  du  chien. 


MER 

A  É'eusis  le  liérauf,  l'Hiérocéryjt  re- 
présentait Mercure  :  servant  du  lulle, 
c'élail  un  CaJinile.  Duns  la  classifi- 
cation des  travaux  luiinains,  le  com- 
merce s'oppose  à  la  production,  ti  la 
production  à  son  tour  se  scinde  en 
exploitation  du  sol  (  le  vulgaire  la 
réduit  à  l'agriculture)  et  en  art  in- 
dustriel. Cérèsel  Vulcain  svmbolisent 
ces  deux  liranclies  d'utiles  travaux. 
Hermès ,  Hépheste  et  Dàraàtàr  se 
gr(tupent  donc  en  une  grande  Tri- 
uiourli  qui  récapitule  l'industrie  hu- 
maine tutière;  cl  chaque  tiers  de  l'iu 
duslrie  a  son  représentant  divin  qui 
est  aussi  son  législateur  et  son  pa- 
tron. Ainsi  se  pose  la  hiérarchie  di- 
vine au  premiir  coup  d'ceil,  et  cet 
agenceraeul  di-s  trois  personnes  a  du 
vrai.IViais  un  examen  plusapprofomli 
n'en  révèle  pas  moins  et  des  lacunes 
et  des  empiétements.  Dans  cette 
agriculture  où  sont  les  travaux  des 
mines  ?  esl-re  qu'ils  sont  abandon- 
nés à  Vulcain  ?  Aiais  Vulcain-  travaille 
le  fer,  et  ne  l'extrait  point  des  pro- 
fondeurs qui  le  cachent.  Et  en  dehors 
d(  s  trois  branches,  où  sont  les  tra- 
vaux de  l'esprit,  le  fait  même  de 
l'invention,  la  médec  ne,  et  ce  que  les 
anciens  admiraient  surtout,  la  luagif? 
Enfin,  en  dehors  même  de  ces  sciences 
utiles,  où  sout  les  arts  inuli  es  ou  fu- 
nestes, le  jeu,  la  guerre.^  Ces  pro- 
blèmes une  fois  posés  nous  mènent 
à  comprendre  tout  Mercure.  Ce  n'est 
pas  seulement  le  dieu  du  commerce  : 
dans  son  empire  il  réunit  encore  les 
mines  et  les  carrières,  section  souter- 
raine des  exploitations  du  sol;  les 
prairit's,  sous-Mctiou  de  l'agricul- 
ture proprement  dite;  Tiu  enlion  ru 
général,  la  divination,  la  magie, 
ra.^lriilogie,  les  pratiques  uiéiiiciua- 
les,  en  un  mot  tonte  la  famiile  îles 
arts  lii.érawx;  puis  les  jeux  i^ymui- 
ques,   section  de  la  grande  famille 


MER 


77 


des  arts  inutiles.  De  là  les  surnoms 
il'Agonios  ou  Enagdnios,  d'Acacète 
et  d'Acacésios,  de  Chlhonios,  d'É- 
riiiunios  ;  de  la  l'union  au  beber 
et  au  bouc.  —  L'Eirurie  appelait 
Mercure  Turms,  nom  que  l'on  a 
souvent  comparé  à  Hermès;  mais 
nous  ne  savons  quel  culte  elle  lui 
rendait.  Seulement  on  rencontre  son 
nom  avec  celui  de  Selhlans  sur  les 
monuments  avec  la  traduction  la- 
tine. On  peut  comjiarer  Tagès.  Le» 
Latins  placèrent  Mercure  au  lang  de 
leurs  divinités  principales  ou  dieux 
d'élite  dits  Selecti.  Home  lui  dédia  un 
grand  lemple  le  i5  mai  79  avant 
J.-C.  ;  et  le  1 5  mai  devint  en  etfel  le 
jour  de  la  fêle  soU  nnelle  de  ce  dieu. 
C'étaient  surloul  les  marchands  qui 
la  célébraient.  Ovide  nous  peint 
{Fasles,\')  le  boutiquier  de  Rome  en 
tunique  retroussée  et  pur, autanl(|u'on 
peut  l'être  à  l'aide  d'eau  lustrale, 
demander  pardon  au  dieu  des  filous 
dts  petits  pai  jures  qu'il  a  commis  et 
de  ceux  qu'il  espère  commettre  en- 
core. On  lui  offrait  du  miel,  du 
lait  et  les  prémices  {des  figues.  Cet 
usage  venait  sans  doute  d  Athènes. 
On  lui  sacrifiait  des  veaux  et  des 
coqs.  Celait  suitout  les  langues  des 
victimes  qu'il  était  censé  aimer.  Les 
voyageurs  de  retour  lui  offraient 
des  pieds  ailés  k  titre  d'ejc-vo/o. 
Am|)hion,  qui  descendait  de  Cadmus, 
U  Àlercure  pélasgique,  lui  éleva  le 

fueraier  un  autel.  Le  Féloponèse  et 
a  Crète  l'admirent  ensuite.  Cyllène, 
sur  les  confins  de  l'Arcadie  et  de  l'É- 
lide,  se  vantait  d'être  le  berceau  de  ce 
d.eu.  l'ouru(ius,c'esl(lire  iju'e  Itétait 
un  des  foj'ers  d'où  le  culte  avait  éma- 
né. L'Arcadie  l  1  consacra  un  tt mple 
avec  un  oracle,  il'où  hs  cousultauts 
devaient  sorùi  le.->  orei'Ics  boiichéfs, 
lùcliaiit  néauii  oiiis  d'entendre  ce  que 
l'un  dirait  autour  d'eux.  La  premier* 


r 


7t 


parole  aiosi  remrillie  élait  la  ré- 
ponse de  Mercure.  En  Allique  nous 
avons  vu  Irs  Egicores  honorer  Cad- 
mus,  et  par  suite,  comme  chef  d'A- 
thènes, l'unir  à  Cérès  dans  les  £lru- 
àoifs.  Ici  le  culte  rayonne  du  centre 
incipal,  Thèbes.  A  Crolone ,  dont 
métropole  religieuse   ne  nous  est 

r'  connue ,  nous  voyons  Mercure  et 
lune  présider,  selon  Fvlhagore, 
aux  deux  planètes  ou  sous-planèlcs 
de  leur  nom,  et  faire  entendre,  Mer- 
eurernt,Junon  le  si. —  On  représente 
ordinairement  Mercure  avec  des  ailes 
aux  épaules  et  aux  talons  (ces  der- 
nières se  nomment  lalonnières);  sa 
main  porte  le  'aducée,  ailé  aussi  ;  sur 
sa  tète  se  voit  le  pétase,  qui  a  ;inssî 
des  ailes;  de  plus  le  pétase  hien  sou- 
vent coiffe  le  caducée.  Dans  les  monu- 
nents  d'ancien  style  le  caducée  seul  le 
caractérise.  Rarement  il  est  nn  de  la 
tète  aux  pieds.  La  chlamyde  eutor- 
tillée  autour  de  son  bras  indicpie  avec 

3 uelle  célérité  il  accomplit  les  ordres 
ont  il  est  chargé.  Le  doigt  sur  sa 
bouche  indique  assez  sa  discrétion.  Sa 
position  oblique  au  milieu  du  ciel  in- 
dique qu"il  vole  h  travers  l'espace. 
Touche-t-il  la  terre,  il  est  debout,  ou 
qaelquefoisse  reposeaprèsdes  courses 
Fongues  et  pénibles.  Président  des 
palestres  et  des  exercices  gymnasti- 
ques ,  il  offre  à  l'œil  des  formes  ro- 
linstes,  et  .s'àppnic  sur  le  palmier, 
symbole  des  vicli  ires  athlétiques. 
Eloquence  personiiifiée ,  il  accompa- 
gne s;i  voix  du  geste:  commerce  ,  il  a 
la  bourse  ou  bien  la  balance  à  la 
main;  pacifique,  il  porte  des  têtes  de 
pavots;  brave  ,  il  a  la  massue  ,  le  tri- 
dent ou  une  tète  d'Argus,  sanglant 
trophée,  a  la  main;  solei  ,  il  a  la  tête 
ra<liée;  ciel,  il  est  émaillé  d'étoiles 
comme  le  firmament  ;  essence  suprê- 
me, il  a  la  barbe,  le  manteau  tom- 
hanl  aux  pieds  et  les  rides  imposantes 


MER 

du  vieillard;  dien  delà  miwique,  il  a 
près  de  lui  la  tortue  dont  Técaille  four- 
nit la  première  lyre;  inventeur  des  sa- 
crifices, il  est  caractérisé  par  la  patère 
et  le  bélier  (  tantôt  il  est  assis  sur  cet 
animal,  tantôt  il  le  conduit  vers  l'au- 
tel on  en  emporte  la  tète  dans  un  |)lal); 
psychopompe,  c'est-a-dire  contluc- 
leur  des  àraes,  il  pousse  les  morts  avec 
soncaducée  :  sa  cllamydealors  est  mi- 
parlie  de  noir  et  de  blanc,  et  chaque 
paire  d'ailes  au  calcanénm ,  aux  omo- 
plates et  aux  pariétaux  se  compose 
d'une  aile  blanche  et  d'une  aile  noire, 
Ge  trait  frayait  la  voie  aux  deux  Gé- 
meaux. Castor  et  Pollnx,  et  h  Her- 
manubis.  C'est  pcut-èlre  en  celle  oc- 
casion qu'il  porte  a  la  main  des  pa- 
vots. La  corne  d'abondance,  la  lance , 
la  perche  armée  de  traits,  le  cygne, 
symbole  d'élmpirnce,  étaient  aussi 
se»  attributs  On  sait  qu'on  donnait 
le  nom  d'Hermès  h  des  tètes  de  Mer- 
cure qui  se  tei minaient  en  colonne- 
cari  ée.  Depuis  ce  nom  fut  npplitpié  a 
toutes  les  tètes  de  dieux,  de  poêles, 
de  philosophe»  et  d'hommes  célèbres 
posées  sur  une  pi»  rre  carrée.  Ces  tè- 
tes étaient  un  ornement  convenable 
dans  les  gymnases ,  et  servaient  de 
but  dans  les  palestres.  Quelquefois  la 
même  pierre  portait  deux  lètes  divi- 
nes dont  Tune  était  la  tète  de  Mer- 
cure; c'est  ce  qu'on  appelait  tètes  gé- 
minées. Plus  tard,  on  voulut  réunir 
en  une  seule  tête  les  divers  caractères 
de  Mercure  et  de  la  déilé  sa  voisine. 
De  là  la  nombreuse  série  des  Hermé- 
rade,  Hermalbène,  Herméros^  Her- 
m<inubis,Herraarpokral,  Ilerniaphro- 
dile  ,  Herinammou.  La  plus  célèbre 
statue  de  Mercure  est  sans  contredit 
le  fameux  antique  connu  sous  le  nom 
d'Antinous  [Musée  Pio- Clémen- 
tine I)Vii).  C'était  un  Mercure  gym- 
nique. On  peut  citer  après  ce  chef- 
d'œuvre  le  Mercure  de   l'autel  rond 


MER 

du  Mvuée  capitoUn  ,  et  celui  du  bas- 
re'ief  de  la  villa  Albani.  Le  Mer- 
cure à  la  barbe  cunéiforme  d'Aélion 
(Millin.  Pierres  gravées  inéd  );  le 
Mercure  messager  de  Dios'oride 
(Bracci,y1/e/«o/'.,Il,  65):  le  Mercure 
de  Cléomèue  avec  la  tortue  à  ses 
pieds  (Landon,  y^n/ia/.,  V,  12);  le 
Mercure  enfant  qui  tient  une  bourse 
[Muses  Pio-Cié'fi.,l,5)-^  le  Mercure 
qui  se  repose  sur  uu  roclier,  il  a  en- 
core les  lalouuières  ,  mais  u"a  plus  de 
pelase.  Beaucoup  do  scènes  diverses 
relutives  h  la  vie  de  Mercure  se  trou- 
vent dans  la  Gnlene  mylhol.  de 
Milliu  :  i,l  déclare  sa  passiou  à  Hersa, 
9o4  j  il  reçoit  Baccbiis  sortant  de  la 
cuisse  de  Jupiter  ,  azS  ,  le  porte  aux 
nymphes,  226,1e  remet  ckins  leurs 
raaiiis,  227,  2285  il  préce  le  lecbar 
de  Plulo  1  ravissant  J'roserpiuc,  559; 
et  i amène  la  jeune  dcessç  a  sa  mère, 
219,  54  I  j  d  lient  l'ccbelle  à  Jupiter 
qui  va  enUrer  parla  fenêtre  cbe/ A'c- 
mèae,  el  reçoit  le  petit  Hercule  après 
sa  naissapce,  429;  d  le  {i;uide  au  ciel, 
462  ;  il  assisic  ala  conquête  des  poni- 
mesL  d'or  des  Hespérides,  444  j  il 
conduit  Priam  au  camp  des  Grecs,  il 
pèse  les  de.Nlinoes  d'Ad'ille  el  de 
Memnon,  5975  il  conduit  Psyché  aux 
enfers,  5^2  ;  il  en  lire  Prolésilas  el 
l'y  ramène,  56  i. — Remarquons  en- 
core un  bélier  de  Mercure  chargé  de 
la  bourse  du  dieu  (Buouarolti.  M^- 
ilail.  ani.  ,  4i)>  et  des  génies  de 
Mercure  (ouv.  d"). 

MÈKES  ou    DÉliSSES  iVliiRES  (les), 

étaient  selon  les  uns  des  diviuilés 
champêtres  comme  les  Sulèves,  les 
Commodèves  ,  les  Sylvatiques,  avec 
lesquelles  on  les  confondait  dans  des 
ioscripl  ons;  selon  les  autres  des  gé- 
nies particuliers  a  telle  ville,  a  tel 
paysj  suivant  une  Iroisième  opinion, 
les  Parques  elles-mêmes.  Les  trois 
hypothèses  ont   du  vrai,   et  ne  pè- 


MER 


7» 


chent  que  lorsquMIes  deviennent  ex- 
clusives. Les  Parques,  fileuses  de» 
desti  écs  humaines,  sont  nos  Mères } 
elles  le  sont  encore  bien  davantage 
lor.s(]ue  Ton  voit  en  elles  les  éma- 
nations d'Ililhve-Imarmène,  ou  lors- 
que leur  rôle  de  fileuse  devient 
cehù  de  dispensatrice  universelle  des 
biens.  Dès-lors  aussi  qu'on  se  rap- 
pelle que  loute  déesse  est  une  face- 
plus  ou  rayini  individuelle  de  la  Gé- 
nélvUide  AUjirèmc,  de  la  nature  di- 
vinisée, de  la  production-énergie. 
\éi»us,  Cybèle,  Artémis  ,  Cérès, 
Junoa.  Proserpine.  ne  furent  j>mais 
autre  chose. Voilii  les  vraies  Déesses- 
Mères  d  ns  la  plus  hatte  acception! 
Ililhye,  leur  tvpe,  esl  la  Parque  mo- 
dèle; les  Parques  vulgaires  sont  donc- 
aussi  des  Mères,  (^ue  sont  donc  les 
déesses  des  moissons,  des  fleurs,  des 
veuuangijs,  productrices  el  dispensa- 
Uiccs  d«  raboodaiice/  Ce  sont  dt» 
Parques,  ce  sont  des  Mères;  et  ces 
Par(|ucs,  ces  Mères  ne  sont-elles  pa» 
les  génies  lienfaisauisdeslieux  qu'elle» 
enrichissent.''  La  déesse  qui  fait  mii- 
rir  les  olives  n'csl-elle  pas  la  prolec- 
trice de  la  Provence?  les  coteaux  de 
Sorreiile  n'onl-ils  pas  uire  déilé  tifté- 
laiie  dans  celle  qui  lait  mûrir  les  rai- 
sins sous  l 'S  paiiip:  es?  Tout  se  tient  :  '■ 
el  Heure.-.,  Griices.jNymplies.Napées, 
Kaïades  ,  Parques,  hautes  déesses- 
monades  ,  sont  des  mères,  el  à  diver» 
litres  se  reabsorbenl  les  unes  dans  les 
aulres. — IN'oublious  pas  que  Gyb^e 
s'appelaiila  mère  des  dieux,  la  Mère, 
Ma  par  excellence.  C  est  surtout  par 
des  inscriptions  que  l'on  connaît  les 
Mères,  lianier  4|[^ussé  une  disserta- 
lion  sur  les  déesses-mères  (  Ment, 
de  L'Acad.  des  Insc.  el  Belles- 
LeLlres  .  t.  X  de  l'édition  in-12). 

MÉRIONE,  MiiRioNEs,  M>ifMm, 
fils  de  Môle  et  de  Melphis  ,  et  p.  r 
conséquent  neveu  de  Deucalion  .  pré- 


bo 


MER 


tendit  à  la  main  d'Hélènp.  Suivi  d'I- 
doiiu'uéf  .son  ron.sin.  il  alla  à  Troie, 
où  il  eul  en  propre,  sous  son  coiim>an- 
deiiipot,  une  pai  lie  des  qualre-\  Dgts 
voiles  de  la  Hotle  créluisc,  ronduisil 
la  seconde  roloune  des  Cretois  aux 
diverses  attaques  qui  rnrt  nt  lieu  dans 
la  plaine  dTlion  ,  tua  Harpalion, 
Morvs,llippolion,Acain.is.  Lao^one, 
remporta  aux  icux  l'inèlups  donnés  h 
propos  de  la  mort  de  Palrorl»  le  p  \t 
de  Tare  et  celui  du  javelot,  et  selon 
quelijues  itiNlhologues  pas^a  de  la 
Cièle  dans  PItalie  méridiop;<)o  après 
la  prise  de  Troie.  Une  tradition  vul- 
gaire le  faisait  mouiir  en  Crèle,  et 
même  un  moulrail  son  tond)eau  à 
Cno>se.  —  Un  aMlre  Mkhionk,  fa- 
meux par  ses  riihesseset  suna\arice, 
él^il  le  fil  s  de  Jason. 
MERMEUE.MeR     EBtJS,Mif(^.l^ef, 

ïiU  de  Jasnn  et  de  INlédée,  fut  mis  en 
pièce.-)  par  un  lion,  ou  tué  par  sa  mère 
{f^oy.  MÉDt£).  ou  lapidé  avec  Pérès 
son  frère,  en  punition  de  la  robe  fa- 
tale i|u'ils  avaient  apportée  à  Creuse. 
— Deux  autres  MEnirtiiRE  furent:  Pun 
un  (.enlaure  tué  <'iux  noces  de  Piri- 
llioiis,  Taulre  un  chel  troyen  tué  par 
Âutiloque. 

MtliOPE,  Mi/>''îr.?:i*  Atlantide, 
femme  de  Sisvphe,  et  par  conséquent 
la  seule  des  sept  (illes  d'Alias  et  de 
Pleitiue  qui  n'ait  pas  éle  l'épouse  d'un 
dieu  (aussi  d.t-on  que  c'est  elle  qui  élnit 
la  moins  Uiiiiueust  des  sept  éloilescpie 
l'on  distingue  à  l'œil  nu  dans  la  con- 
stellation de.s  Héiade.s)  ;  2"  Fliaélbon- 
title;'  S'Tilled'Ererl  lliée,  femiiu-d'Eu- 
palame  et  mère  de  Dédale^  4"  femme 
de  Mégarée  »l  nièi|||d'Hip|i()mène5 
5°  fille  (i'OEiiopion  ,  aimée  dUrion; 
6*  une  des  trois  ti  les  de  Pandaie  le 
Mé  opide^  7"  et  8"  nymphes  flnvia- 
tiles  liées  à  la  famille  de  Prumi  (l'une 
ni  e  duSangariiiselailsa  femme,  l'iiu- 
tee,  fille  du  Cébren,  fut  sa  bru);  <>'• 


MES 

fil'edeCvpsMe,  femme  de  Cresplionfe 
l'Héroclide  et  mère  d'itpvie,  et  de 
plusieurs  enfants  qui  loH<  périrent 
sous  les  coups  des  assassins  de  leur 
père  Eur  pide  avait  compo.sé  une  tra- 
gédie de  /1i('/r)|'equ'Arislole  regarde 
comme  son  chef  (rrriive.  MaHei  et 
Voltaire  oui  Irailé  le  mèuie  sujet  avec 
le  plus  grand  succès. 

MÉKOPIS,  Ide  d'Eumèle,  fut 
changée  en  cliouetle  avec  sa  sœur 
Byssa  et  son  frère  Agr«tn. 

'  MÉROHvS,  Mif,^,  l'Adam  de  l'ile 
df  Cos,  qui  quelijue  temps  porta  son 
nom,  et  uù  Ton  su|lpo.^e  (|u'il  régna, 
fut  si  affligé  de  la  mnrt  de  sa  l'en  me 
Eihème,  que  Juiion  le  changea  eu 
aigle  et  le  mil  aux  cieux  ,  où  ii  hrdle 
sous  forme  de  ronslell.ition  (comp. 
PÉbiphasJ  e^itrela  lèteduSerpeiita  re 
et  le  l.ion — (^u.Ure  autres  Miî' oi's 
fuient  :  i  un  des  géants  qui  entre- 
priienl  d'escalader  le  ciel;  2°  ni  loi 
de  Peicole,  père  d'Amphius  et  d'A- 
drasle  (/^(^j'.  Adbaste  5);  3°  épinix 
de  C  imène  ,  mère  de  PUiéllion; 
4°  un  Troyen  tué  en  Italie  par  Turnns. 
Wi:Si"HIA  et  MESCHlA^iE  , 
étaient  en  Perse  le  couple  primitif, 
auteur  du  genre  humain,  tous  di  ux 
sortis  de  l'arbre  Ueivas,  dix  ;ins  après 
sa  naissance,  et  cinq  ans  après  la 
mort  violente  de  l'homme  typique 
Kaïomoits  La  semence  de  c<'lle  vif- 
lime  d'Ahriman  s'était  é|iani.héi'  sur 
la  terre  à  l'iuslaut  de  sa  mort.  Né 
riocengli  et  Sapatidomad  veillèrent 
sur  el  e.  Le  solei'  la  puiifia,  et  nu 
bout  de  quarante  ans  la  lige  de  Rei- 
vas  s'éleva  du  I  eu  où  le  sein  de  la 
terre  s'était  impré.né  du  ferment 
préci  ux.  L'arbre  mit  dix  ans  encore 
h  prendre  sa  croi.ssance;  et  au  liout 
de  ce  temps  présenta  l'.n  âge  d'un 
homme  et  d'une  IVnime  unis  ''un  à 
l'autre;  il  portail,  au  lieu  de  fruits,  dix 
honipies  et  dix  feiitmes  formant  dix 


MES 

couples.  Mescliia  et  Meschiane  étaient 
les  premiers.  Tons  deux  à  cette  épo- 
que fortunée  étaient  pleins  d'inno- 
cence et  créés  pour  le  cielj  mais  Tas- 
tucieux  Ahriman  eut  l'art  de  séduire 
leurs  âmes  trop  crédules.  Il  leur  fit 
boire  le  lait  d'une  chèvre  et  ils  se  sen- 
tirent malades.  Il  leur  présenta  en- 
suite des  fruits  et  ils  perdirent  cent 
béatitudes^  une  seule  leur  demeura. 
La  femme  fut  la  première  a  sacrifier 
au  Dev  maudit.  A  cinquante  ans  ils 
eurent  deux  iilsSiamek  et  Véchak,  et 
vécurent  encore  un  demi-siècle.  Ils 
porteront ,  dit  le  Bouudéhech,  d.ins 
fenfer,  la  peine  de  leur  péché  jusqu'à 
la  résurrection.  Ou  ne  s'explique  pas 
nettement  sur  la  descendance  détail- 
lée de  Meschia  et  de  Meschiane.  Les 
neuf  couples  placés  comme  eux  sur  la 
lige  de  Reivas  ne  sont-ils  que  les  pré- 
formations des  neuf  premières  géné- 
rations qui  vont  suivre,  ou  bien  veut- 
on  dire  que  l'humanité  se  composait 
de  tribus  distinctes,  a  la  tête  de  cha- 
que tribu  se  dessine  un  couple  humain? 
La  première  hypothèse  implique  la 
préexistence  des  germes  inclus  de 
toute  éternité  les  uns  dans  les  autres 
par  un  merveilleux  emboîtage  ;  la 
deuxième  se  rapproche  davantage 
des  idées  modernes  qui  tendent  a  faire 
dériver  les  races  humaines  de  plu- 
sieurs foyers  distincts.  Ce  qu'il  y  a  de 
certain  ,  c'est  que  le  Boundéhech  dis- 
tingue dix  espèces  d'hommes  reflets 
des  dix  couples  de  l'arbre.  De  plus  il 
fait  mention  de  quinze  peuples  ou 
races  nées  de  Meschia  et  ae  Mes- 
chiane :  six,  dit  le  livre  canonique,  de- 
meurèrent dans  le  Khonnerets;  les 
neuf  autres  passèrent  dans  les  six 
Kechvars  latéraux,  et  moulèrent  sur 
le  dos  du  taureau  Sarécéok. 

MESITE,  Mta-irtjs,  Mithra  com- 
me centre  de  l'univers  et  foyer  com- 
mun dans  lequel  viennent  converger 


MES 


8i 


Ormuzd  et  Abriman.  Si  ces  idées  ont 
réellement  été  persanes,  il  est  sûr 
qu'au  moins  le  nom  persan  a  été 
changé.  Mésite  vient  du  grec  fcîrjsj 
qui  tient  le  milieu. 

MESSAPE,  MESSAPUS,Mt<nr<tT(>f, 
seconda  Turnus  dans  sa  guerre  contre 
Enée  et  se  signala  par  de  hauts  faits 
d'armes.  Virgile  le  fait  fils  de  Nep- 
tune, et  comme  tel  lui  donne  une 
grande  habileté  dans  l'art  de  conduire 
les  chevaux.  Jupiter  sur  le  Taygète 
eu  Italie  portait  le  surnora^de  IVles- 
sapie. 

MESSÈINE  ,  MiT<r^y^  ,  fille  de 
Triopas  d'Arsi[os,  épousa  Polycaon, 
et, voyant  ce  fiN  cadet  de  Lélex  ohligé 
de  céder  la  Laconie  à  son  frère  My- 
lès,  décida  son  mari  à  se  créer  un 
royaume  dans  là  Messénie.  Tous  deux 
ensemble  consacrèrent  sur  i'Ithorae 
une  enceinte  a  Jupiter  j  et  Glaucos 
l'Epytide,  en  la  rétablissant  plusieurs 
siècles  après ,  consacra  une  statue  k 
Messènc.  On  voit  que  cette  reine  est 
simplement  l'héroïne  éponyrae  de  la 
Messénie.  Quant  à  la  richesse  de  la 
statue  moitié  or  ,  moitié  marbre  de 
Paros,  y  croira  qui  voudra.  On 
donne  aussi  Messèuecomme  importa- 
trice du  culte  do  Cérès  et  de  Proser- 
pine  dans  la  Messénie.  Si  l'on  doit 
prendre  ce  détail  en  considération,  il 
faut  entendre  par  là  que  le  couple 
fondateur  de  la  Messénie  réunit  dans 
une  même  enceinte  religieuse  Zévs 
(ciel)  principe  actif,  puissance  mâle 
et  Arets  (terre),  passiveté,  puissance 
femelle.  Arets  a  fait  Gérés,  et  Gérés 
ne  diffère  pas  de  Proserpiue.  Ici  s'en- 
trevoient dans  un  lointain  obscur  les 
vieilles  croyances  pélasgiques  qui 
doimèrent  Perséphone  pour  épouse  k 
Jupiter. 

MESSIES  (déesses  des  moissons?) 
étaient  aussi  nombreuses  que  les  es' 
pèces  de  récoltes. 


LV. 


rs 


MET 


MESSON,  être  surnalnrel  que 
rAmériqne  seplenlrionale  regarde 
comme  le  réparateur  du  monde  après 
le  déluge,  était  un  jour  k  la  chasse 
quand  ses  chiens  se  perdirent  dans  un 
grand  lac.  Soudrtin  Teau  monte,  fran- 
chit ses  rives,  et  inonde  le  globe;  mais, 
par  un  miracle  qu'on  a  p:iue  K  com- 
prendre. Tonde  en  se  répandant  de 
tons  côtés  perd  en  profondeur  ce 
qu'elle  gagne  en  surface,  et  bientôt 
quelques  animaux  gigantestjnes  créés 
on  envoyés  par  Messon  absorbent ,  K 
force  de  laper ,  cet  Océan  maréca- 
geux qui  courrait  la  terre. 

MESTLÈS,  Ui^xii,  et  ANTI- 
PHE  commandaient  les  Méoniens  du 
montTmole,  qui  vinrent  au  secours 
de  Troie.  Tous  denx  étaient  fils  de 
Pylémènc. 

MESTOU,  yiirrvp,  un  des  quatre 
fils  de  Persée  et  d'Andromède,  eut 
Myccnes  en  partage,  épousa  Lysidice, 
c  tint  père  d'Hip[iolhoé(|u'en!evaNep- 
tnne.  —  Deux  autres TMestok  furent, 
l'un  un  des  fds  légitimes  de  Priam  , 
l'antre  un  des  descendants  du  Meslor 
Perséide. 

META,  fille  d'HopIcs  et  femme 
d'Egée.  N'est-ce  pas  Mélile? 

MÉTABE,  Metabcs:  i°  fils  de 
Sisyphe  ,  donna  son  nom  K  la  Méta- 
ponte  d'Élolie  (Corap.  Metapowte); 
*"  chef  des  Privernates.  Il  avait  été 
chassé  par  ses  sujets.  Père  de  Camille, 
il  lui  donna  cette  éducation  guerrière 

3uifil  delà  jeune  Italienne  l'Amazone 
u  Latium.  La  Métaponte  tarentine 
l'honorait  comme  son  fondateur. 

MÉTAGITiMOS,  miTuyur,ics, 
Apollon  dans  l'Atlique,  soit  à  cause 
des  Métagitnies  célébrées  en  son  hon- 
neur dans  le  mois  de  Métagilnion , 
soit  parce  qu'il  présidait  a  la  transla- 
tion de  domicile.  Les  habitants  du 
vieux  dème  de  Mélite  avaient  ainsi 
transporté   leur    séjour   à   Diomée. 


MET 

Apollon  Agyiée-leur  servait  de  con- 
ducteur; il  faisait  le  déménagement, 
il  était  ce  jour-la  le  Métagilnios  de 
Mélite.  C'est  h  ce  propos  qu'eut  lieu 
l'institution  des  Métagitnies. 

MÉTALCE,  MiiTALCES,  J^iiruX- 
xrç,  un  des  Egyptidcs,  fut  tué  par 
Cléopàtre,  sa  femme. 

METANOEA,  Mir«v«/«  ,  n'est 
que  le  repentir  personniiié. 

MÉTAPOÎSTE,  Metapohttts, 
Mtr«Tfl»r«f,  héros  éponyme  de  la 
ville  tarentine  de  Mélaponfe  ,  esl  dit 
fils  de  Sisyphe  et  mari  de  Tliéano. 
Est-il  préhumable  qu'il  y  ait  de  la  dif- 
férence entre  ce  Métaponte  et  Métabe 
le  Sisyphide? 

ME  FHARMÉ,  fille  de  Pygmalion 
dans  les  généalogies  solaires  de  Cy- 
pre ,  épouse  Cinyre,  et  donne  K  ce 
prince  cinq  enfants,  dont  trois  filles 
(Orsédice,  nrésie,  Laogore),  et  deux 
fils ,  Adonis  cl  Oxypore.  On  sait  que 
cette  légende  n'est  point  la  plus  ré- 
pandue, et  que  presque  toujours  on 
se  figure  Adonis  sans  frères  ni  sœurs, 
naissant  de  l'inceste  de  Mvrrha  et  de 
Cinyre.  Mais  incontestablement  elle 
est  précieuse,  en  ce  sens  qu'elle  nous 
présente  une  analogie  plus  complète 
des  phénomènes  du  .soleil  et  de  l'an- 
née. Adonis  esl  la  i"  le  soleil  en  gé- 
néral, et  2",  dès  que  l'on  spécialise,  le 
soleil  en  tant  que  beau,  puis  faible  et 
pâle,  et  se  laissant  tuer  par  l'hiver: 
Oxypore  est  le  soleil  en  tant  que  ro- 
buste et  infatigable  voyageur.  Les 
trois  sœurs  sont  les  trois  saisons  de 
l'année  primitive.  Il  est  fâcheux  que 
nous  ne  comprenions  pas  le  sens  du 
nom  de  Métharmé  qui  dut  en  avoir 
un  (peut-être  grande  mhe,  T^ar- 
motitli).  La  parenté  de  celte  reine 
avec  un  roi  de  Tyr,  un  Pygmalion, 
n'est  qu'un  remplissage  sans  impor- 
tance, et  qui  sert  seulement  a  taire 
voir  que  dans  les  légendes  solaires  de 


MET 

cette  partie  de  l'Aflîe  antérieure ,  la 
Cilicie ,  la  Pliénicie  et  Cypre  furent 
toujours  dans  la  plus  étroite  corré- 
lation. 

MÉTHON,  Mîêûiy,  héros  épony- 
me  de  Méthone  ,  passait  pour  fils 
d'Orphée. 

MÉTHONE,  Mtê^'vv,  fiHe  d'Al- 
cyonée  le  géant,  f^oy.  Mothone. 

MÉTHYER,  Isis,  selon  Plutarque 
qui  explique  ce  nom  par  la  pléni- 
tude et  la  cause.  C'est  sans  doute  un 
nom  altéré.  INous  y  soupçonne- 
rions plutôt  Moylh,  la  mer,  ou  Mot, 
la  matière. 

MÉTHYMNE,  M£««,«»<*,  héroïne 
éponyme  de  laMélhymne  lesbienne, 
passait  pour  fille  de  Macarée  et  pour 
femme  de  Lépydne. 

MÉTHYNE,  MeOi»»>,  déesse  du 
vin  nouveau  ou  du  viu  pur ,  avait  sa 
fête  h  Rome  le  3o  nov.  {Rac.  :fctiv). 

MÉTIADUSE,  Mt^Ttâ^evTx,  de 
la  race  des  Dédalides ,  fut  fille  d'Eu- 
palame,  femme  de  Cécrops  et  mère 
de  Pandion  (R.  :  /uÎjtis',  éaîjtxi). 

MÉTION,M.}t/<»v,  un  des  fils d'É- 
rechtliéeetdePraxithée,eutde  Chal- 
ciope  plusieurs  fils,  entre  autres  Eupa- 
lame  et  Chalcon.  La  branche  dont  il 
fut  le  père  porta  le  nom  deMélionide, 
et  parmi  les  Mélionides  se  distinguent 
les  Dédalides  issus  de  Dédale,  un  des 
fils  d'Eupalame.  Les  Mélionides  pro- 
prement dits  détrônèrent,  dans  la 
personne  de  Pandion  II,  la  branche 
aîuée  légitimement  en  possession  du 
trône,  et  furent  plus  tard  chassés  eux- 
mêmes  par  la  branche  puînée. 

MÉTIS,  Miiriç,  la  méditation,  la 
sagesse  personnifiée,  est,  plus  que 
toute  autre  déesse  grecque,  la  Neith, 
laSakli  de  Jupiter.  Les  uns  l'ont  faite 
sa  femme  et  la  mère  de  Miuerve  5 
mais  Minerve ,  c'est  Métis  brodée  de 
légendes.  Les  autres  disent  que  Ju- 
piter l'ayala,  elle  et  son  fruit.  Èa 


MET 


«3 


Brahm  repose  Sakti,  en  Dieu  la  rajl- 
son.  Ailleurs  ce  n'est  que  l'associée 
du  dieu  devenu  grand,  associée  insé- 
parable, nous  le  comprenons.  Quel- 
ques théogonistes  parlent  d'un  ora- 
cle qui  faisait  voir  k  Jupiter  dans 
l'avenir  un  enfant  de  Métis,  plus  sage 
et  plus  puissant  que  lui.  C'est,  disent- 
ils,  pour  celte  raison  qu'il  avala  Mé- 
tis, et  c'rfst  k  la  suite  de  cette  absorp- 
tion que  son  cerveau  conçut  Minerve. 
De  subtils  mythologues  nous  montrent 
Métis  préexistant  en  quelque  sorte  k 
Jupiter  et  présidant  a  sa  naissance. 
Les  pierres  massives  englouties  paï 
Saturne  sont  bien  les  fds  de  ce 
dieu  5  Métis,  k  l'aide  d'un  breuvage , 
lui  fait  rendre  Pluton ,  Neptune  et 
Jupiter.  Platon  a  fait  de  Métis  la 
mère  de  Poros,  l'abondance,  la  ri- 
chesse.— UneautreMÉTis,Océanidé, 
ne  doit  pas  être  distinguée  de  laNeith 
péla.sgique  dont  il  vient  d'être  parlé. 

MEITSQUE,  Metiscus,  conduc- 
teur du  char  de  Turnus. 

MÉTOPE ,  Miré^Tifi,  héroïne  flu- 
vialile  ;  1°  fille  de  Ladon  et  mère 
d'Asope  j  2,"  femme  de  Sangarius  et 
mère  d'Hécube. 

MÉTRA,  M^Tfct.  Voy.  Éby- 
SICBTH05.  Une  tradition  lui  fait 
épouser  ,  après  la  mort  de  son  père  , 
Aiitolycus,  grand-père  d'LMysse. 

METRAGE RTE,  M;jr^«y<;^r^f, 
initiait  les  Athéniennes  aux  mystères 
de  Cybèle,  quand  tout  a  coup  les 
Athéniens  fondirent  sur  lui  et  le  tuè- 
rent. On  éleva  dans  la  suite  h  ce  mar- 
tyr du  culte  phrygien  une  statue  au 
lieu  même  oîi  il  avait  succombé.  Il  est 
évident  que  Métragyrte  n'est  que  la 
personnification  de  ces  prêtres  men- 
diants et  nomades,  dont  le  vagabon- 
dage encombrait  les  grandes  villes  du 
monde  romain.  Comparez  ce  que 
nous  avons  dit  des  Métragyrtes  à' 
l'article  Corybantes,  I-IV,  45. 


*»4  ^^ 

MÉTRÉS  est ,  chez  Servius ,  le 
père  de  Pygmalion  el  de  Didou. 

MÉVRl  ou  MÈVRE  (  eu  grec 
Meuros  ou  Meures,  MiZcos,  Miî/xs), 
vingl-builièir.c  dyuasle  du  laterculc 
d'Ératnsthène,  répoud,  suivant  les  di- 
verses hypothèses  (  Foj.  l'art.  DÉ- 
CASs  et  le  tableau  des  coucordanccs 
y  annexé),  li  uu  des  quatre  personna- 
ges célestes  suivants  :  Cnat  (Smat  de 
Saumaise,  Théméso  de  Firraicus), 

Îreniier     Dccan     du     Capricorne  , 
'houor  (ïepisalosuii  de  Firmicus), 
troisième  Décandcs  Gémeaux,  Chom- 
mé  (Chéncn  de  Firraic),  troisième 
Décau    du    Sagittaire ,    ou    Pléhiou 
(Aleiuboui  dcFirmic),  troisième  Dé- 
can  des  Poissons.  L'auleur  du  later- 
cule  joint  au  non»  de  Mévii  ou  Mcvre 
les  quatre  syllabes  grecques  (p«Ae9-«a- 
pos  qui,  si  on  les  divise  en  deux  mots 
<pius  Kopos,  signifient  s^7//cie  amie. 
Faut-il   traduire  ami  de  la  satiété, 
comme  s'il  y  avait  cp/>.«f  yJpco,  ou 
bien  doit-on  supposer  quelque  autre 
alte'ralion    dans   ce    qui   semble    un 
deuxième  mol  ,  el  lire  par  exemple 
Xipw  (de  la  danse),  x.ipo>v  (des  jeunes 
filles)?  Ce  qu'il  y  ad'inconleslable  , 
c'est  que  le  passage  grec  ,  el  peut- 
élre  aussi  le  nom  égyptiaquc ,  a  été 
altéré  d'uue  manière  quelconque.  Du 
resle,le  commencement  du  nom  pro- 
pre   {Mai,  Mi,  J/f',  .7/eM)  veut 
dire  effectivement  aimé,  de  ou  qui 
aime[Foy.  Part.  Memnon);  et  le 
nom  de  Mèvri  ou  Mèvre  se  rappro- 
che  assez  de  ceux  de  Méris ,  Mans , 
Miphré,   Miphra,    etc.,   pour   que 
l'o»  soupçonne  entre   eux   tous  une 
idenlilé  fondamentale. 

MÉZENCE ,  Mezektius,  célèbre 
roi  d'Agylle  ou  de  Gère  en  Elrurie , 
joignit  l'impiéié  a  la  barbarie.  Son 
spe'clacle  favori  était  de  faire  lier  un 
corps  vivant  a  un  cadavre,  et  d'assis- 
ter à  cette  horrible  agonie  d'un  hom- 


ME/ 

me  qui  meurt  h  la  fois  asphyxié  par 
l'atmosphère  fétide  de  la  mort,  et  dé- 
voré par  les  tourments  toujours  crois- 
sants de  la  faim.  Silon  Virgile  ,  ses 
sujets  se  soulevèrent,  et  mirent  le  feu 
a  son  palais.  Mézcncc  trouva  un  re- 
fu<'echezTuruus,  le  seconda  de  tou- 
tes  ses  forces  dans  sa  lutte  contre 
Enée ,  vit  périr  a  ses  côtés  Lausus  , 
son  fils,  dont  les  vertus  formaient  le 
contraste  le  plus  complet  avec  les  vi- 
ces de  son  père ,  et  enfin  fut  égorge 
par  le  roi  des  Troyens.  Des  tradi- 
tions toutes  différentes  montrent  Mé- 
zcnce  attaquant  Enée  après  la  mort 
de  Tnrnus,  le  battant,  puis,  quand 
ce   ciief  des  Troyens  n'existe  plus  , 
faisant  assiéger  Ascagne  dans  Lavi- 
niiim.  Enfin  Lausus  péril  dans  l'entre- 
prise ,   Mézence   demande  la    paix  ^ 
selon  d'autres,   c'est  h  lui  qu'on  la 
demande.  Quoi  qu'il  eu  soil,  une  daH 
conditions  du  traité  semble  être  cellc^" 
ci  :  que  tous  les  ans  on  lui  paiera  uji 
tribut  en  vins.  Chez  les  uns,  Mézence 
dès-lors  n'a  plus  été  qu'un  intrépide 
bnveur  ;   les  autres    ont   voulu    que 
celle  imposition  annuelle  fùl  comme 
un    hommage    exigé   par   un  ^su^'t^l 
rain.    On  soupçonne  aussi  MézenciPl 
de  n'être  qu'un  Jupiter.  Le  vin  se 
change   alors    eu    une  guirlande  de 
feuilles   de   vigne    en  or.    Enfin  les 
év.héméïisles,  qui  ont  voulu  tracer  de 
point  en  point  la  biographie  de  Mé- 
zence ,  se  sont  demandé  ce  qui  était 
arrivé  après  la  mort  de  Lausus  :  Mé- 
zence se  mit-il  h  la  tète  de  son  armée 
pour  arracher  un  tribut  onéreux  aux 
fugitifs  de  Troie,  ou  bien  crut-il  que 
le  seul  parti  à  prendre  était  de  renon- 
cer "a  une  guerre  désormais  douteuse? 
Mézence  n'est  pas  plus  mi'Enée  un 
personnage    historique.    Comme  les 
Troyens  ne  sont  pa.s  venus  dans  Tlla- 
lie  centrale,  un  conflit  de  Troyens  et 
d'Éf-asques  n'est  pas  plus  îdnjissible. 


M!  13 

Nul  doute  que  Mézence  n'ait  été  un 
grand  dieu  [mezd^  nwha,  f^tyca), 
mais  dieu  funeste,  typhonique,  abri- 
nianien,  le  grand  Antéc  {niezdao 
'AyT«7»f).  Les  MoU)ch,  les  Siva,  en 
sont  des  types  frappants  5  et  puisque 
ici  nous  parlons  de  Siva,  comprenons 
que  Mézence  est  un  Zévs  Dionysos 
imité  de  Siva.  Quant  au  trait  des 
corps  vivants  attachés  aux  cadavres, 
on  s'accorde  K  imputer  cette  atrocité 
aux  pirates  deTyrrhène,  et  on  dut  na- 
turellement en  faire  \m  des  traits  du 
dieu  terrible  qui  peut-être  était  ho- 
noré par  des  victimes  humaines. 

MIDAS,  Mi'^oi;,  célèbre  roi  de 
Phrygie,  passait  pour  fils  de  Gorgias 
et  de  Cybèle.  Il  est  connu  surtout  h 
deux  titres  différents  :  i"  sa  richesse, 
8on  avarice,  sa  sottise;  2°  l'arbitrage 
qu'il  exerça  entre  Pan  et  Apollon. 
Bacchus  étant  venu  en  Phrygie,  Si- 
lène resta  assez  long-temps  auprès 
d'une  fontaine  de  vin  remplie  par 
Midas  pour  inspirer  des  inquiétudes 
à  son  élève  ;  mais  Silène  qui  avait 
été  conduit  et  livré  endormi  au  palais 
de  Midas  avait  reçu  a  la  cour  j)hrv- 
gieune  Taccueil  le  plus  gai ,  et  re- 
vint, au  bout  de  dix  jours  de  ré- 
jouissances et  de  festins,  enchanté  de 
celle  hospilalité.  Bacchus  permit  au 
roi  de  lui  demander  en  récompense 
tout  ce  qu'il  souhaiterait.  «  Que 
tout  ce  que  je  louche,  s'écria  Mi- 
das ,  se  change  en  or  h  l'instant  mê- 
me !»  Ce  souhait  lut  accompli.  Quel- 
ques heures  durant  ce  fut  pour  le  roi 
de  Phrygie  un  enchantement  :  tout 
se  convertissait  en  or  sous  ses  doigts. 
Mais, quand  la  faim  le  fit  asseoir  k  une 
table  richement  servie, le  prodige  con- 
tinua :  les  alimeuls,  a  mesure  c|u'il  les 
approchait  de  ses  lèvres,  devenaient 
des  lingots.  L'imprudent  se  vit  obligé 
d'implorer  encore  Bacchus.  Le  dieu 
consentit  a  lui  ççljf eç  le  doA  funeste 


Min 


»s 


qu!  avait  élé  l'objet  de  ses  vœux,  et 
lui  commanda  d'aller  se  laver  dans  le 
Pactole.  La  brillante  prérogative  du 
roi  passa  aux  eaux,  et  long-temps  le 
Pactole  ?4  été  célèbre  par  les  paillettes 
d'or  qu'il  roule  (  Foy.  la  curieuse 
dissertation  de  Barthélémy  il  ce  su- 
jet). La  seconde  aventure  de  Midas 
montre  ce  prince  donnant  k  Pan  la 
préférence  sur  Apollon.  Apollon  a 
joué  de  la  lyre,  Pan  de  la  syrinx;  en 
nnseus,  c'est  une  querelle  entre  les 
instruments  k  vent  et  la  foule  des  ins- 
truments k  corde;  en  s'élevant  plus 
haut ,  il  y  a  lutte  entre  la  religion 
agreste  d'Atys  et  le  culte  si  pur,  si 
élégant  d'Apollon;  plus  haut  encore, 
c'est  une  lutte  entre  la  doctrine  des 
dieux  impondérables  et  celle  des  féti- 
ches qu'enveloppe  la  croûte  épaisse 
du  matérialisme.  Midas,  le  bon  roi, 
prononce  en  faveur  des  instruments  à 
vent,delalourdemélodie,dc  la  syrinx 
monotone  rivale  de  la  cornemuse  j 
i)abitant  des  montagnes  ou  Hu  moins 
des  paraméras,  il  s'accommode  d'un 
culte  grossier  et  rudimentaire  comme 
cette  roche  du  sein  de  laquelle  sortit 
un  jour  AgJistis.  Au  reste,  Apollon  le 
punit  en  aftublant  sa  tête  d'oreilles 
longues  et  velues.  Midas,  afiligé  de 
la  dimension  formidable  de  ses  carti- 
lages auditifs,  ne  s'occupa  plus  qu'a 
les  cacher  sous  une  tiare  mî'gnifique. 
Mais  il  n'e^l  tiare  qui  tienne;  quand 
vint  le  barbier,  le  pauvre  Midas 
obligé  de  quitter  le  diadème  employa 
sans  doute  et  menaces  et  promesses 
pour  obtenir  le  secret  :  il  devait  lui 
rester  encore  quelque  chose  de  ses 
lingots.  Mais  que  sont  des  millions 
devant  le  plaisir  de  parler.^  Le  coif- 
feur promit  le  silence,  mais  avec 
une  restriction  mentale  qui  gâta  tout. 
Sorti  du  palais,  il  fait  un  trou  eu 
terre  ,  y  plante  des  roseaux  ,  dit  tout 
hasj  doBS  ce§  étroites  cavités,  »  le  roi 


86 


MID 


MIL 


Mida$,^mon  maî(re,  a  des  oreilles 
d'âaej»  puis  ferme  le  trou  et  se  relire. 
Au  bout  de  quelques  mois  les  acoly- 
lédouesmyslérieux  s'ëlanceut  de  terre, 
el,  syriax  vivantes,  dès  qu^un  vent  lé- 
ger les  agite,  répètent  ce  le  roi  Midas  a 
aes  oreilles  d'àne!  »0n  comprend  que 
tous  ces  mythes,  quoique  bizarrement 
caricaturés  par  Tironie  naturelle  aux 
Grecs,  posent  sur  des  idées  graves. 
D'abord  il  y  a  lutte  de  deux  bases  re- 
ligieuses, lutte  de  deux  cultes,  lutte 
de  deux  ordres  d'instruments.  Arri- 
¥ent  ensuite,  avec  ridée  de  montagne, 
celle  d'air,  de  vent,  de  sonorité,  d'é- 
cbo,  et,  quand  on  arrive  au  roman, 
d'indiscrétion.  La  syrinx  n'est  pas  au- 
tre chose.  Pan  aima  Syrinx,  et  Pan 
aima  Écho.  Pan  est  Pavana,  Ma- 
routa,  Vaïou  aux  fibres  sonores.  Au 
simple  contact  de  l'air  à  peine  agité, 
le  tube  léger  gémit  et  parle ,  et  ra- 
conte ses  secrets  aux  échos.  Enfin, 
la  Phrygie  est  une  riche  terre  où  rit 
la  pourpre  des  raisins,  où  floUe  l'or 
des  moissons  :  cet  or ,  cette  pourpre , 
se  marient  a   merveille.    Il   semble 
qu'un  même  dieu  les  dispense,  Déva- 
nicha.  Et  ces  moissons,  au  fond,  que 
sont-elles?  Des  richesses,  de  l'abon- 
dance, de  l'or  :  l'agriculteur  en  fait 
de  l'or,  le  commerçant  en  fait  de  l'or, 
le  roi  qui    prélève  la  dîme  sur  son 
peuple  en  fait  de  l'or.  Malheur  à  lui 
pourtant  s'il  thésaurise,  s'il  enfouit  la 
moisson  et  affame  les  peuples,  s'il 
garde  l'or  et  ne  veut  plus  semer  ,  dans 
cette  fausse  croyance  que  le  me'tal  est 
tout,  que  le  travail  des  hommes  n'est 
rien!  Bien  des  praticiens  en  économie 
politique  se  l'imaginent  encore  ,  et 
croient  or  et  richesse  synonymes.  On 
voit  par  quel  personnage  mythologi- 
que le  sens  exquis  de  l'antiquité  réca- 
pitule et  symbolise  leur  théorie. — Mi- 
das envoie  a  Delphes  une  chaîne  d'or 
d'un  prix  inestimable  dans  Hérodote, 


J,  i4,  et  avale  du  sang  de  taureau, 
soit  pour  ne  pas  tomber  vif  entre  les 
mains  des  Cimmériens,  envahisseurs 
de  la  Phrygie  (Strabon,  I) ,  soit  pour 
se  débarrasser  des  songes  fâcheux  qui 
l'obsèdentdepuislong-lemps.  Le  beau 
marbre  grec  trouvé  en  1739  dans 
le  stade  d'Athènes  représente-t-il  Mi- 
das? Nous  ne  le  croyons  pas.  Le  Do- 
miniquin  ,  parmi  les  modernes,  a  lait 
une  très-jolie  composition  représen- 
tant le  jugement  de  Midas  et  la  ven- 
geance qu'en  lire  Apollon. 

MIDÉE,  MiDEA,  Ui^itoi,  :  1°  nym- 
phe que  INeptune  rendit  mère  d'As- 
plédon  5  2"  Phrygienne  ,  maîtresse 
d'Electryonetmère  de  Licymuius^  3° 
fille  de  Phylas ,  femme  d'Hercule , 
mère  d'Aiiliochus.  Asplédon  el  Mi- 
dée  sont  des  villes  de  13éolie. — Une 
autre  MidÉe  en  Argolide  forma  un 
royaume  indépendant  sous  Eiectryon. 
MIGOINITIS,  Mr/e.ir^f,  Vénus  à 
Migouium  dans  l'île  d'Hélène,  où  l'é- 
pouse de  Ménélas  céda  pour  la  1'^  fois 
a  l'amour  de  Paris  (  Rac:  fiiyyvf^t). 
MIHR,  dieu  perse,  est  unMilhra 
typique.  Trois  feux  principaux,  Gou- 
cnasp,  Milir,  Bersin ,  donnent  lieu  à 
trois  dieux  ,  Anahid,  Milhra  et  Ber- 
sin. Raciapa,Mithra,  Vrihaspati  aux 
Indes  en  sont  les  reflets.  Gouchasp 
symbolise  les  feux  derEmpyrée,Mihr 
les  feux  solaires,  Bersin  les  feux  mé- 
téoriques ou  atmosphériques.  Une 
coïncidence  remarquable ,  c'est  que 
Mihr  en  parsi  signifie  amour  en  même 
temps  que  feu.  Le  soleil  est  tout 
harmonie,  atlraclion,  fusion,  amour: 
le  monde  s'aime  en  lui  [V.  Mithba). 
MILANION.  Voy.  Atalawte. 
MILÈSE  ou  MILESS  (autrement 
MiLESS  Spain)  ,  héros  irlandais,  épo- 
nyme  de  la  race  guerrière  des  Miléadhs 
ou  Milésiens,  passe,  dans  la  mytholo- 
gie, pour  époux  de  Scota,  père  d'Am- 
hergin,    père    d'Ir  el  d'Erreamhou 


MIL 

el  d'un  grand  nombre  d'aulres  en- 
fants. Ce  qui  caractérise  lesMiléadhs, 
c'est  l'aspect  belliqueux  et  laïque 
qu'ils  imprimèrent  a  l'Irlande  jusque- 
là  peuplée  de  clans  agricoles ,  soumis 
à  une  domination  pastorale  et  sa- 
cerdotale. Cette  révolution  est  sans 
contredit  l'événement  le  plus  impor- 
tant des  annales  fabuleuses  de  l'Ir- 
lande. La  légende  rattache  l'expédi- 
tion de  Miless  en  Irlande  au  meurtre 
d'Ith.  Ce  dieu  suprême  des  Milésiens 
débarque  à  peine  sur  le  littoral  de 
l'Irlande  que  trois  rois  des  Tuatlia- 
Dadan,  qui  se  disputent  la  possession 
d'un  bijou  (l'Irlande),  le  prennent 
pour  arbitre.  Mais  Ith  a  l'imprudence 
de  vanter  devant  eux  la  beauté  de 
leur  territoire  :  ils  conçoivent  des 
soupçons,  et  l'assassinent.  Ses  com- 
pagnons ,  ses  fils  portent  le  cadavre 
sur  leur  vaisseau  ,  comme  les  Ases 
portent  le  cadavre  de  Balder  sur 
Kiughorn,  traversent  la  mer ,  elle 
déposent  aux  pieds  du  noble  Miless 
Spain  (Miless  l'Espagnol)  qui  arme 
et  part,  arrive  et  remporte  la  victoire. 
Le  meurtre  d'Ilh  est  regorgement  de 
Dionyse  par  les  Corybantes,  ses  frè- 
res. Ce  meurtre  est  un  des  types  fa- 
voris des  mythes  pélasgiqiles  5  et  Ir, 
le  fils  de  Miless  ,  se  trouve  de  même 
victime  d'une  mort  prématurée  dans 
la  mythologie  primitive  d'Érin. 

MILET,  MiLETrs,  MiA>irof,  hé- 
ros éponyme  de  Milet  en  Carie,  était 
le  fils  d'Acacallis  (  ou  d'Aixé  )  et 
d'Apollon.  Exposé  dans  un  bois, 
nourri  par  des  loups ,  élevé  par  des 
bergers,  il  quitta  sa  patrie,  la  Crète, 
quand  il  eut  atteint  Tàge  d'adoles- 
cence,  passa  en  Carie,  s'y  fit  aimer 
du  roi  Euryte  et  plus  encore  de  sa 
fille  Idothée, l'épousa,  en eutCauneet 
Biblis,  et  régna  sur  une  pnrtie  de  la 
côte  sud-est  de  l'Asie-Mineure.  C'est 
là  q[ft'a  fit  bâtir  U  ville  de  Milet.  Ce 


MIM  87 

mythe  donne  a  Milet  une  origine  Cre- 
toise. Comp,  Raoul-Roche tte,  Col. 
gr.,  t.  II,  iSy. 

MILETIE ,  M<A;îr/« ,  fille  de  Scé- 
dase,  fut,  ainsi  que  sa  sœur,  violée 
par  deux  jeunes  Thébains. 

MILICHIUS,  MtiXtx'Of,  surnom 
commun  a  Zérs  (Jupiter)  et  a  Dionyse 
(Bacchus).  Tout  commode  qu'il  peut 
sembler  de  l'expliquer  par  le  grec 
ionien  jUri/Xt^o?  ou  f^nXi^ioç ,  doux 
comme  miel  {fc'iXi)',  nous  aurions 
de  la  peine  h  croire  que  cette  forme 
hellénique  ne  voile  pas  le  nom  orien- 
tal mélech,  roi,  donné  a  tant  de 
dieux  (Anamélech,  Adramélech,  Ma- 
lachbel),  et  qui  ne  convient  à  per- 
sonne mieux  qu'à  Jupiter  (le  suprême 
monarque)  et  à  Bacchus  (l'incarnation 
perpétuelle  ,  ubiquescente  et  midli- 
forme  de  l'essence  divine  en  tant 
qu'active  ).  Au  reste  ,  les  Grecs 
voyaient  la  raison  de  leur  f^nXix,icç , 
doux  comme  miel,  1°  dans  la  cessa- 
tion des  guerres  civiles  dans  l'Elide , 
due  à  Jupiter,  a**  dans  l'importation 
des  figues  due  à  Bacchus. 

MILTHA  ,  ou  plutôt  MiLiTHA, 
Diane  chez  les  Phéniciens,  les  Cap- 
padoriens  et  les  Arabes. 

MIMAINS,  M/V«f  (gén.-«vrof  ), 
chef  bébryce,  tué  par  Polliix  lors  de 
l'expédition  des  Argonautes. 

MIMAS,  M/^«f  (g.  -dvTOi)  :  1° 
géant  foudroyé  par  Jupiter.  On  con- 
naît ces  beaux  vers  de  Malherbe  : 

Et  là  suait  Mimas  à  di-taclicr  les  rodics 
(  )u'Euc'elacle  jetait. 

2°  Centaure  tué  aux  noces  de  Pirî- 
thoiisj  5°  fils  d'Eole;  4°  compagnon 
de  Paris,  né  la  même  nuit  que  ce 
prince.  Il  lui  survécut,  suivit  Enée  en 
Italie,  et  fut  tué  par  Mézence. 

MIMIR  ou  MIMIS  ,  géant  célèbre 
de  la  mythologie  Scandinave  et  de  la 
poésie  épique  des  Germains.  Cheï 
ceiu-ci  c'est  l'ancien  dieu  des  fwrge- 


88 


MIM 


MIN^ 


rons.  Quiconque  ve'it  s'inilier  aux 
merveilles  de  l'art  et  aux  mystères  in- 
dustriels s'adresse  h  cet  Arclii-Cabire 
septentrional  et  à  sa  forge  :  si  Mimir 
daigne  lui  conférer  le  marteau,  il  est 
artiste  comme  le  géant  lui-même. 
Ainsi  se  reflète  dans  les  légendes  ce 
fait  déjà  connu ,  que  les  .irts  métal- 
lurgi(|ues  ne  se  répandirent  que  par 
l'intermédiaire  des  affiliations.  Dans 
la  mythologie,  Mii  ir  déjà  sublimé, 
Mimir  maître  de  Velint  et  de  l\ei- 
giun,  Mimir  le  Prométhée  d'un  peu- 
ple à  croyances  cabiriques,  quelque 
temps  indépendant,  mais  opprime  ^ 
Mimir  occupe  un  puils  aux  ondes  clai- 
res. «C'est  d:ins  ce  puils  qu'Odin,  le 
«monocle  suprême,  cache  son  œil 
»  (chaque  soir  sans  doute  pour  toute 
»  la  nuit).  Chaque  malin  Mimir  s'a- 
»  breuve  d'une  boisson  immortelle, 
n  puisée  dans  ce  gage  que  le  père  des 
>>  batailles  lui  a  abandonné  dans  l'a- 
5>  bîmc  [f^œliiftpa).  »  Ce  puils,  c'est 
l'Océan  oiî  Odiu,  soleil  à  l'œil  unique, 
semble  se  plonger  pour  trouver  le 
repos.  Le  lendemain,  à  l'instant  du 
départ,  l'immense  surface  liquide  pa- 
raît miraculeusement  enflammée  ,  et 
relient  pour  un  moment  cette  pourpre 
que  le  soleil  h  Toccideuly  a  déposée. 
On  ajoute  que  toute  sagesse,  toute 
création  viennent  du  puits  de  Mimir, 
En  général,  la  création,  suivant  les 
cosmogonies,  a  été  tirée  d'un  Océan- 
Chaos  où  tout  flottait,  D'aulrepart, 
on  sait  que  des  eaux  surgissent  les 
Muses, lesNornes,  les  Nymphes  inspi- 
rées (comp.  AcAiNiFrE).  Ainsi  Mimir 
nourrit  les  êtres  encore  a  l'élat  la- 
tent dans  l'abîme  ;  Mimir  veille  sur 
les  trésors  de  sagesse  contenus  dans 
l'abîme.  Là  Odin  lui-même  vient  la 
puiser  ,  et  pour  l'obtenir  il  laisse  en 
gage  un  œil  ,  et  s'en  retourne  aux 
cieux  monoc'e.  On  a  mis  en  regard 
Iijner  et  Miiflir,  La  ditfçreiicç  qu'il  y 


1 

lelel 


a  entre  ces  deux  géants ,  c'est  qu 
premier  symbolise  la  masse  brute  et 
inorganique,  taudis  que  Mimir  c'est 
l'organisme  près  de  faire  son  appari- 
tion dans  le  monde. 

MIN  ET  DES  (les)  ou  MINYADES, 

^\inta.8iç ,  M<»t;<i^£f ,  Alcathoé  ou  Al-  ' 
cilhoéjClimèneetlris,  d'autres  disent 
LeucippeetLeuconoé,fillesdeMinyas, 
liéros  éponyme  des  Minyes,  Ce  peuple 
brave,  industrieux  et  riche  se  trouvait, 
vers  le  lô*"  siècle  avant  J.-C,  ré- 
pandu dans  la  Thessalie  a  lolcos,  dans 
la  Béotie  a  Orchomène,  dans  les  îles 
h  Téos  et  a  Lrmnos.  Les  Minyes 
de  Téos  venaient  d'Orchomène  5 
ceux  de  Lemnos  devaient  sans  doute 
leur  origine  h  lolcos.  Aux  Minyes 
appartient  le  rôle  majeur  dans  l'ex- 
pédition des  Argonautes 5  aussi  voit- 
on  souvent  le  nom  de  M  nyes  donné 
en  commun  a  tous  les  héros  de  l'ex- "dHI 
pédilion.  Les  Minyes  d'Orchomène ^"1 
étaient  souvent  en  guerre  avec  lesThé- 
bains.  Sous  Ergiue  ils  recevaient  un 
tribut  de  ces  fiers  voisins.  Hercule  en 
délivra  de  bonne  heure  ses  compa- 
triotes. Dans  la  suite,  on  voit  les  Mi-  ' 
nyes  d'Orchomène  s'associer  aux  Io- 
niens pour  passer  dans  l'Asie-Mineure. 
LesMinyes  d'Iolcos,  après  avoir  pos- 
sédé des  établissements  à  Lemnos,  en"! 
furent  chassés  par  des  bandes  pélas- 
giques.  Ils  allèrent  alors  s'établir  dans' 
Àujycles  en  Laconie  ,  s'annoncèrent 
pour  descendants  des  Dioscures,  ob- 
tinrent terres,  droil  de  cité,  mariage, 
aspirèrent  alors  à  une  part  dans  la  ' 
royauté,  s'insurgèrent,  et  furent  tous' 
jetés  en  prison.  Grâce  à  un  strata-' 
gème  de  leurs  femmes,  ils  parvinrenlij 
h  en  sortir,  passèrent,  les  uns  en 
Triphylie,  les  autres  a  Théra  ,  les' 
autres  à  Mélos  et  en  Crète  avec  F^ol- 
lis  et  De'phos.  Minyas  qui  récapitule  1 
tout  ce  peuple  lut  ,  au  dire  des  my« 
thologuesj  célèbre  par  ses  richesses  y 


MIN 

et  fit,  le  premier  parmi  les  rois  d'Or- 
chomène,  bâtir  du  asile  secret  pour 
ses  trésors.  On  îiii  donne  pour  père 
Chrvsès,  pour  fils  Orchomène.  Ses 
filles  furent  iTinriécs  aux  princes  voi- 
sins^  mais  quand  la  gloire  des  Minyes 
cessa  de  briller  dans  la  Grèce,  les  Wi- 
jiéides  fournirent  matière  h  des  fables 
aliriraanienncs.  Selon  les  uns,  elles 
s'opposèrent  au  culle  de  Bacclius, 
travaillèrent  le  jour  des  orgies  ,  et 
furent  changées  par  le  dieu  du  vin  en 
chauve -souris.  Les  autres  nous  mon- 
trent ces  jeunes  insensées  possédées  du 
désir  effréné  de  manger  de  la  chair 
humaine,  et  dévorant Hippase.  En  mé- 
moire de  cet  horrib'e  événement,  le 
grand-prèlre  d'Orchomène,  lors  d'un 
sacrifice  annuel,  poursuivait  le  glaive 
au  poing  les  femmes  qui  venaient  aii 
temple,  et  ne  s'arrêtait  qu'au  premier 
sang. 

MINERVE ,  MiNERVA  (  d'où , 
dans  les  inscriptions  étrusques  , 
MiSERV,  Mnerf),  en  grec  Athana 
ou  AthÎÎina,  'Aêuvu,  'A^fjvS,  et  très- 
souvent  dans  l'une  et  l'autre  langue 
Pallas  (n«A>i«f)  est,  d;ius  la  my- 
thologie gréco- romaine  vulL;aire,la 
déesse  delà  sagesse,  en  d'autres  ter- 
mes, l'intelligence  dans  sa  plus  haute 
comme  dans  sa  momdre  acception. — 
Dans  la  légende  la  plus  usitée  Minerve 
est  fille  de  Jupiter  seul.  Quelques  uns 
la  font  naître  de  Jupiter  et  de  Cory- 
phe  ou  de  Métis.  Coryphè  (xo^uPjj) 
reut  dire  la  tête  ;  Métis  (  Murn) ,  que 
d'ordinaire  on  traduit  par  méditation, 
signifie  au  fond  esprit,  entendemeni, 
comme  en  latin  mens.  On  va  voir 
que,  de  ces  trois  récits,  ceux  qui 
donnent,  soit  Métis,  soit  Coryphe 
pour  mère  a  Minerve,  ne  diffèrent 
de  celui  qui  fait  la  déesse  fille  de  Ju- 
piter seul ,  que  parce  que  ce  dernier 
est  plus  riche ,  plus  compliqué.  Ju- 
piter, dil-oii ,  ^yalti  un  jour  la  puis- 


MIN 


89 


saille  Métis.  Il  ne  tarda  pas  a  être 
affecté  d'un  mal  de  tête  épouvantable. 
Pour  se  délivrer  de  cette  violente  cé- 
phalalgie ,  le  roi  des  dieux  ne  trouva 
lien  de  mieux  que    de   s'adresser   a 
Vulcain.  L'artiste  boiteux  vient  à  la 
sollicitation  du  malade  au  front  nua- 
geux {nÇO.yiytnru  Zivs),  et  d'un  coup 
de  marteau  lui  ouvre  le  crâne.  Aussitôt 
jaillit  Minerve  armée  de  pied  en  cap  et 
poussant  le  terrible  olalevau  son  du- 
quel'es  armées  rangées  en  bataille  s'é- 
branlent pour  charger  l'ennemi.  Mi- 
nerve,même  dans  cette  hypothèse, doit 
donc  le  jour  à  Métis  ou  k  Coryphe. 
Au  brandisscmenl  de  salanceTOlym- 
pe  trembla,  la  terre  gémil,  l'Océan 
hou  llonna  en  mugissant,  le  char  du 
soleil  s'arrêta  {Hymne  homéroïdi- 
que  à  Minei'K't).   Le  jour  même  de 
cette  miraculeuse  naissance,  ApoUuu 
voulut  qu'a  Pihodes  on  offrît  un  sa- 
crifice à  la  belliqueuse  déiléj  et   une 
pluie  d'or  ruissela  en  riches  torrents 
autour  de  tous  ceux  qui  prirent  part 
h  cet  homm'ige  improvisé.  Née  ainsi 
dh  plus  noble  des  organes  paternels  , 
née  sans   le     concours  charnel    des 
deux    sexes  ,  Minei  ve  pure   et   im- 
matérielle divinité,  fut  sur  le  champ 
f>lacée    par    son  père  h    la  tête    de 
a    foule  qui    peuple    1  Olympe,     et 
presque    sur  la  même  ligne  que  lui. 
Il  voulut  encore  l'élever  au  rang  de  sa 
femme,    ou  plutôt  de  sa  concubine 
favorite.  A  peine  née,  dit  une  légende, 
elle  eut  k  se  défendre   des  tentatives 
erotiques  de  son  père.  Le  souveraia 
(le  l'Olympe    n'ayant  pas  eu  l'avan- 
tage dans  celte   lutte  renonça  défini- 
tivement i\  ce  dessein,  etperrail  même 
•|ue  désormais  Minerve  vierge  se  re- 
fusât a  l'hymen  et  h  l'amour.  Seul , 
le   roi  des  dieux   était  digne  de  sa 
couche 5  puisqu'elle  l'avait  repoussé, 
nul  concurrent    ne  devait  aspirer  à 
sa  main.  Ailleurs ,  c'est  Minerve  qui 


90 


MIN 


adresse  cette  requête  en  virginilé  k 
son   père.    Une  autre  série  de  sys- 
tèmes mythologiques  faisait  venir  Mi- 
nerve du  sein  des  eaux.  Ogygès,  se- 
lon  les    uns,   Neptune    suivant  les 
autres,    fut    son   père  :  la  nymphe 
Tritonie  lui  donna  le  jour.  Comme 
une  autre  Anadyomène  elle  apparut 
au  bord  du  lac  triton.  L'idée  primi- 
tive de  ce  récit  a  élé  varie'e  de  plu- 
sieurs manières.  Triton,  Trit,  au 
fond  signifia ,  dans  quelques  langues 
inconnues  aujourd'hui,  e^K.  Venir  du 
lac  Triton ,  c'était  venir  du   sein  des 
eaux,  comme  jaillir  du   cerveau  de 
Jupiter  et  sous  le  marteau  Vulcanien, 
c'est   naître  du  feu.  Ensuite   il  s'est 
agi  de  donner  un  père  à  la  fille  des 
eauxj  naturellement  ce  fut  Neptune 
pour  ceux  qui  ne  reconnaissaient  que 
ce  dieu   h  la  tèle  des    mers,  Ogygès 
pour  ceux  qui  avaient  conservéle  sou- 
venir   de  cet  Océan  primordial.  La 
mère  fut, nommée  Tritonie  ;  c'est  le 
Iac,c'esl  l'eau  personnifiée,  c'est  Am- 
philrite.  Le  lac  même  (par  lequel  on 
a  formulé  l'eau  )  a  élé  transporté  eu 
diverses  contrées  ;  les  Béotiens  le  mi- 
rent  enBéotie,  fortifiant  ainsi  le  sys- 
tème généalo-ique  d'après  lequel  ils 
faisaient  de  Minerve  la  fille  de  leur 
vieil  Ogygès.  Quelquefois,  au  lac  Tri- 
ton ils  subsliluaient  le   Copaïs,  qui 
peut-être  fut  le  mêmej  puis  par  là, 
comme  Alalcomène    était  auprès  du 
lac  Copaïs,  ils  arrivaient  a  métamor- 
phoser Id  déesse  en  Alalcoménienne. 
Aldcomène  devenait  son  nom  (toute- 
fois on  peut  penser  qu'Alalcomène, 
Ville,    prit  son    nom  d' Alalcomène, 
déesse).    Enfin,    on  alla  plus    loin; 
Alalcoménie  se  détacha  de  Minerve  , 
et,    fille  vraie   d'Ogygès  ,  devint  la 
parèdre,  la  nourrice  de  la   déesse. 
D'autres  imaginèrent  un  Alalcomè- 
ne, père  nourricier  de  la  belle  Héo- 
tieûûç.  L'idée  dyaunautç  dafts  h% 


MIN 


^ 


temps  postérieurs,    fut  qu'U  fallait 
chercher  le   lac   Trilonien  {Tiito- 
nis  palus)  dans  la  lisière  septentrio- 
nale de  l'Afrique,  à  peu  de  distance 
de  la  grande  Syrie.  Le  lac  actuel  de 
Chibka-el-Loudeah  (lac  des  marques), 
se  divise  eu  deux  parties  à  peu  près 
égales  ;  vers  le  milieu  de  la  portion 
nord-est  se  trouve  une  île  qu'on  ap- 
pelait île  de  Fta  (se  souvenir  que  Fia 
etVulcain  sont  des  dieux  analogues): 
les  eaux  au  delà  de  l'île  de  Fta^por- 
tèrent  le  nom  de  Palus  Tritonis,  cel- 
les  qui   étaient   en    deçà  jusqu'aux 
Marques  s'appelèrent  Pallas  Palus. 
Du  reste ,  on  lui   fabriqua  aussi  un 
père  nourricier,  Triton,  et  une  com- 
pagne   familière  de   ses  jeux  ,  Pal- 
las, fille  de  Trilon.  Ainsi,  en  Libye 
comme  en  Béolie,  la  déesse  naît  d^ 
eaux;   on  la  dédouble  :  sou  père  cl« 
vient  sou  père  nourricier,  elle-mê^ 
devient  une  parèdre.  Arrivèrent  ei 
suite  les  syncrélisles  qui  firent,  coq 
me  on  pouvait  s'y  attendre,  une  (et 
lative  de  concilia  lion  entre  les  deuj 
traditions  capitales  relatives  à  la  nai| 
sance  de  Minerve  :  la  déesse,  il  e| 
vrai,  sortit  du  front  de  Jupiter,  ma 
cet  événement  eut  lieu  sur  les  bor^ 
du  lac  Trilon.  La  réunion  des  de^ 
légendes  n'est  pas  aussi  étrangère  au^ 
vraies  bases  de  la  généalogie  minei\ 
vienne    qu'on    le   croirait    d'abord] 
Cette  magnifique  déesse  naît  de  l'eai 
et  du  feu,   et  mieux  encore  du  fe| 
qui  s'élève,  pyramide  brillante  et  in, 
attendue,     au  sein   des  eaux  merci 
{f^oy.   Athor,    Bouto,    ÉthkaI 
Neith).  L'onde-Ioni-nature  préexisJ 
te  ;  la  flamme ,  Lingam  démiurge  , 
gisait  inaperçue  :   l'Ioni  alors  élail, 
un   tombeau.  La   flamme   s'éveille  ,4 
palpite,  jaillit   en  colonne    vivante; 
rioni  n'est  plus  que  le  magique  cof-, 
fret  dépositaire  de  la  vie.  On  devine  à| 
présçfll  couiiaeût  par  quelques  légères 


MIN 

modifications  on  arrive  a  ce  résultai  : 
Minerve  fille  de  l'encéphale  de  Jupi- 
ter, Minerve  fait  sa  première  appari- 
tion au  bord  des  eaux.  Vénus  aussi, 
cette  génératrice  universelle ,  Vénus , 
qui  est  une  Anadyomène,  doit  le  jour 
à  une  substance  venue  de  l'Empyrée 
(P^oy.  Uranus,  Vénus)  ;  au  sein  de 
l'humide  Bouto  grandit  Haroéri ,  fu- 
tur fanal  des  mondes  5  c'est  de  l'O- 
céan lacté  que  sort  Souriaaux  Indes. 
Et  qu'est-ce  pour  presque  toutes  les 
raythologies  que  la  voûte  céleste? 
Une  mer  5  et  pourtant  sur  cette  mer, 
dans  cette  mer  scintillent  les  étoiles. 
Le  feu  dans  l'eau  ,  et  non  l'eau  dans 
le  feu ,  voilà  l'idée  qui  préside  sans 
cesse  aux  conceptions  primitives  des 
peuples.  Leurs  naïves  idées  se  for- 
mulent dans  ce  sloka  du  lyrique  de 
nos  jours  : 

l«  sérail  de  Stamboul  brillant  do  feux  sans  nombre 
Se  mirait  dans  la  mer  resplendissante  et  sombre. 

Comme  le  Jupiter  de  notre  première 
légende,  Neptune  fut  épris  de  la  mâle 
et  majestueuse  beauté  de  sa  fille.  Il 
voulut  lui  faire  violence  (comp.  la 
fin  de  l'art.  Méduse).  Irritée.  Mi- 
nerve quitta  l'humide  empire,  et  vola 
aux  cieux,  près  de  Jupiter  qui  lui  as- 
sura que  Neptune  ne  viendrait  pas  la 
troubler  dans  ce  ^nouveau  séjour,  et 
qui  lui   assigna    dans    l'Olympe    la 

filace  qu'elle  y  occupe  depuis.  Selon 
es  Grecs  des  temps  sémi  -  histori- 
ques, Minerve  eut  a  se  défendre  des 
mêmes  assauts  de  la  part  de  Vulcain. 
Mais,  dans  une  des  théologies  origina- 
les, au  moins  elle  fut  son  épouse. 
Rien  de  plus  naturel  que  celte  union, 
nous  le  démontrerons  plus  bas.  Eu 
un  sens  c'est  elle  qui  est  le  type  du 
mariage,  du  Hiéros  Gamos.  Pour  les 
Grecs  doriens,  jaloux  de  conserver 
à  Minerve  son  caractère  d'immaculée 
virginité ,  ils  commencèrent  par  dire 
que  le  mariage  célébré  ne  fut  point 


MIN 


91 


consommé,  et  que  Minerve,  la  nuit 
des  noces ,  se  déroba  du  lit  conjugal. 
Le  lendemain  Vulcain  se  plaignit  au 
maître  des  dieux.  Minerve  appelée 
répliqua  j  et  le  maître  des  dieux,  après 
avoir  entendu  les  deux  époux  ,  donna 
raison  à  sa  fille  qui,  dès  ce  jour,  fit 
vœu  de  jesler  étrangère  a  l'amour. 
Une  aulrelégende  plus  comique  et  plus 
scandaleuse  supprime  le  fait  du  ma- 
riage ,  et  nous  montre  tout  uniment 
Minerve  occupée  à  visiter  dans  Lem- 
110s  les  brûlantes  officines  de  Vulcain, 
et  Vulcain  s'élancant  sur  elle  au  mo- 
ment où  elle  est  le  plus  loin  de  s'y 
attendre.  Déjà  il  l'a  acculée  dans  un 
angle  de  la  forge  ,  il  l'élreint  de  ses 
bras  musculeux  ,  il  est  sur  le  point  de 
la  posséder.  Un  brusque  effort  dé- 
barrasse la  déesse 5  l'artiste  divin, 
chez  qui  bouillonnent  à  l'instant  de 
la  défaite  tous  les  feux  de  l'amour, 
ne  macule  d'une  écume  alcoolique  que 
le  sol  de  l'atelier.  Mais  le  sol  s'amol- 
lit sous  ces  flammes  liquides,  et  le 
bizarre  Erichthonius  aux  jambes  ca- 
gneuses naît  pour  attester  que  celle 
fois  le  divin  artiste  n'a  qu'ébauché  son 
ouvrage.  Apollon  aussi  dans  quelques 
vieilles  traditions  passa  poui  le  fils  de 
Minerve  et  de  Vulcain.  C'est  Fta  et 
Neith  (au lieu  d'Atlior)donnanlle  jour 
à  Fré.Leslégendesfamilièrcs  aux  poè- 
tes montrent  Minerve  mêlée  à  une 
foule  d'aventures  tant  divines  qu'hu- 
maines. Dans  laGigantomachie,  c'est 
elle  qui  donne  a  Jupiter  le  conseil 
d'appeler  Hercule  à  son  aide.  Elle 
perce  de  sa  lance  le  géant  Pallas  dont 
elle  prend  la  peau  pour  tapisser  son 
égide  (mais  voj^.  plus  bas  une  autre 
tradition),  et  jette  sur  le  corps  de  l'é- 
norme Encelade  une  île  non  moins  co- 
lossale, la  Sicile.  Lorsque  Prométhée, 
Vulcain  titaiiide  ,  a  formé  l'homme 
du  limon  de  la  terre,  elle  anime  ces 
formes  belles,  mais  eucoïc  vides d' in- 


<I4 


MlPÎ 


MÎN 


telligence  ,  ou  du  moins  elle  enlraîiie 
Promélhce  sur  son  char  jusque  sous 
les  voùles  célestes,  et  lui  laisse  pren- 
dre l'éliucelle  qui  doit  faire  couler  la 
vie  dans  les  veines  el la  pensée  dans 
les  nerts  de  l'argile  qu'il  a  pétrie. 
Quand  Athènes,  future  métropole  des 
arts,  s'élève  à  quelques  stades  de  la 
mer.  Minerve  ne  cède  pas  h  Neptune 
l'honneur  de  donner  son  nom  à  la  viHe 
naissante  5  et  taudis  que  le  dieu  des 
eaux,  d'un  coup  de  trident,  fait  jaillir 
du  sel  leclieval  emblème  de  la  guerre, 
el'e  donne  naissance  a  l'olivier,  divin 
emblème  de  paix.  Ilus  jette  les  fon- 
dements de  Pergame  :  jalouse  d'être 
la  protectrice  d'ilion  elle  laisse  tom- 
ber de  TEuipyrée  le  palladium  son 
image,  gage  d'inexpugnaltilité,  de 
puissance  induslritUeet  guerrière,  de 
richesse.  Persée  ,  Hercule  ,  Belléro- 
plion,  lesArgonaules,  t'ont  pourauxi- 
iiaire  dans  leurs  aventureuses  el  loin- 
taines expéditions.  C'est  d'elle  que 
Pandore  ncoit  le  don  de  filer,  de 
lisser,  de  broder,  découdre.  Par 
<;lle  Argus  construit  Argos,  Mélhar- 
mon  le  vaisseau  de  Paris.  A  elle, 
non  moins  qu'a  Hermès,  les  Dédalides 
doivent  celte  habileté  qui  crée  des 
merveilles.  Ararhné  la  surpasse,  el 
Minerve  jalouse  la  lue;  mais  pour  qui 
comprend  le  mythe  ,  Arachné  n'est 
qu'une  Minerve  changée  d'abord  en 
parèdre,  ensuite  en  rivale,  enfin  en 
impie  contemptrice  de  la  divinité. 
Méduse  aussi,  cette  Archi-Gorgone 
violée  par  Neptune,  n'est  que  Mi- 
nerve elle-même.  Les  trois  nym- 
phes Agrauiides  auxquelles  elle  remet 
la  cassette  (|ui  renferme  Erichthonius 
ne  so'it  qu'elle.  Hersâ  surtout,  Hersà 
aimée  de  Mercure  est  une  Minerve. 
Nous  retrouvons  encore  la  fille  du 
cerveau  de  Jupiter  disputant  h  Vénus 
et  à  Junon  sur  l'Ida  la  pomme  d'or 
prix  de  la  beauté  j  iuyenUut  la  ilùle, 


\ 


mais  la  jf-tant  lorsqu'elle  s'aperçoit 
que  les  contractions   auxquelles  elle  .^ 
se  livre   pour  tirer  du  buis  uu  son ,  al 
déforment  son  beau  visage  j  favori-  ^" 
saut  Ulysse  dans  toutes  ses  entre- 
prises;  lançant  la  fcudre   sur  Ajax 
l'Oïlide  qui  a  outragé  Cassandre,  pre- 
nant pitié  d'Oresle  livré  aux  Furies, 
insliliiant  l'aréopage,  et  joignant  sa 
Vi'ix  aux  voix  qui  l'absolvent  ;  aveu-  : 
glnnl  Tirésias  qui   l'a  vue  au  bain, 
puis,  par  commisération  pour  Chari-^ 
clo,  sa  inère,  compensant  la  perte  desi 
veux  que  l'adolescent  a  perdus  pai 
la  science  divinatoire   dont  elle   lui 
dévoile  les  secrets.  Dans  des  mythes 
moins  connus  Minerve  ligure  au  nom- 
bre des  arbitres  qui  doivent  déciderij 
la  querelle  musicale  entre  Apollon  el 
Marsyas,elavec  Jupiter  et  Junon  elle 
regarde,  comme  pour  la  diriger,  la 
course  d'Hclios(lestdeil)  dans  les  cieuxj 
Si'lon  les  agencements  les  plus  scho-^ 
lasliques  de  la  hiérarchie  dans  ce  pa- 
lais des  dieux,  Minerve  n'a  guère  a«- 
dessns  d'elle  que  Junon  ,  l'épouse  lé-* 
gilime   de  son   père.   Mais   dans  Ics^ 
doctrines  transccndanlales ,  les  seules! 
vraies,  Minerve   est  la    plus    hautt 
des  déesses.  C'est  la  Sakli,  la  Para- 
cakti  de  son   père.  C'est  Jupiter  fe- 
melle ,  mieux  encore  c'est  le  phalle 
même  de  Jupiter,  dès  que  Ton  aper- 
çoit le  phaile  h  part.  Ici  le  dieu  père 
de  la  haute  déesse  se  présente  k  Tétai 
d'irrév'lé^  le  révélateur,  c'est  Mi- 
nerve. Dès-lors  elle  est  tout  ce  pan 
quoi  l'irrévélé    se  révèle;    elle    est 
phalle  ,  intelligence,  raison  ou  verbej 
(Vaich),  volonté,  iutelligence-volon- 
té-parole  pour  la  génération   raêmt 
de  la  matière  première,  pour  l'orga- 
nisation des  mondes,  pour  l'harmo-J 
nisalion  des  masses,  inlelligence-vo-î 
lonle-parole  aussi  pour  les  détails  :j 
nous  le  verrons  plus  bas.  Seule  ,  elle 
a  comme  Jupiter  le  pouvoir  de  lancer  i 


MIN 

la  foudre ,  ou ,  si  on  le  veut  ^  à  elle 
seule  Jupiter  contie  de  temps  en  temps 
le  terrible  instruraenl  de  ses  vengean- 
ces. Il  lui  dunna  aussi  l'égide  ou  bou- 
clier formé  de  la  peau  de  la  chèvre 
Araallhée.  Dans  la  suite  la  déesse 
plaça  sur  celte  arme  détensivela  lète 
livide  et  sanglante  de  la  Gorgone  Mé- 
duse que  Persée  avait  tuée,  grâce  k 
ses  secours,  et  dont  l'aspect  pétrifiait 
ceux  qui  l'apercevaient  un  instant. 
Flusieurs  mythologues  atlaclient  de 
l'importance  à  Tinslant  auquel  eut 
lieu  ce  don  de  Jupiter  a  sa  fille. 
C'est,  disent-ils,  après  le  combat  des 
géants  et  des  dieux  que  le  maître 
de  rOlyrape,  rétabli  sur  son  trône, 
récompensa  la  brillaute  valeur  de 
Pallas  par  le  don  de  l'égide.  — Les 
fonctions  de  Minerve  sont  nombreu- 
ses, et  a  chacune  d'elles  se  rattachent 
quantité  de  surnoms  importants  et  cé- 
lèbres. 1°  C'est  une  Sakli,  énergie- 
volonté,  émanée  du  cerveau  de  Ju- 
piter. A  ce  titre  on  la  nomme  Poly- 
milos  ou  Polvniélis  (la  multipen- 
sante)5  Pronœea  (la  prévoyante  ou 
la  providence  même),  nom  qui  al- 
terne, vu  la  paronomasie,  avec  Pro- 
nœa  (celle  qui  est  placée  en  avant  des 
temples);  Philenlhéos,  l'inspiratrice; 
liulee,  (la  conseillère);  Budèe  (Boud- 
dha femelle);  Draca;na  (dragon  fe- 
melle :  car  dans  la  théologie  trans- 
cendante non-seulement  le  serpent  est 
prophète,  il  est  rElrc-suprème;comp. 
Knef).  2°  Minerve  est  phalle,  caria 
forme  symbolique  la  plus  saillante,  la 
plus  nette  de  l'énergie  créatrice,  c'est 
le  pballe.  Sons  ce  point  de  vue  elle 
prend  d'abord  le  nom  de  Pallas,  à  tort 
expliqué  par  ^«.XMii ,  par  nk'hXift , 
par  ■zkx'Xoi,\.  Elle  se  manifeste  comme 
gigantesque  Acoura  (le  géant  Pallas 
qui  ne  diffère  pas  d'elle)  tombant  sous 
les  cdups  de  la  Dourga  grecque. Elle  se 
localise  dans  la  péninsule  tbraco-ma- 


MIN  ^ 

cédonienne  et  le  dème  athénien  'qui 
portent  le  nom  de  Pallène,  dans  la 
ville  de  Pallanlium  ;  elle  jette  le  pal- 
ladium à  Troie;  elle  se  lie  en  Atli- 
que  à  Hermès  Phalès  ;  elle  est  le 
type  de  Paies  et  des  Paliques  ;  elle 
est  déesse  slabililrice  (  ithyphallis- 
me  tout  pur  :  comp.  Fta  ).  5"  (Et 
c'est  la  suite  naturelle  de  la  lance 
substituée  par  la  civilisation  nais- 
sante au  phalle  )  Minerve  est  guer- 
rière: delà  les  nombreuses  épithèles 
qui  désignent  ses  armes  (Chrysolon- 
chos,  Dorysthènes,  iEgiouchos);  sou 
humeur  belliqueuse  (Obrimoihymos» 
Aïslos,  Polémoclonos,  Hoplocnarès, 
Stratia  ,  Ormastîra)  ;  ses  opérations 
(Léîtis  ou  Agelîa ,  spoliatrice);  ses 
victoires  (  INicéphoros  )  ;  ses  liaisons 
avec  Mars  (Arée);  son  enveloppe  du 
cuivre  transformée  en  temple  (Chal- 
ciœcos).  Ou  a  encore  dans  ce  sens 
Athànâ  Hippia  (Minerve  aux  che- 
vaux), et  Athànâ  Salpinx  (Minerve 
trompette).  4°  Miiierve  est  la  pro- 
tectrice des  étals,  des  empires.  Aussi 
l'appelle-t-on  Polias,  Poliàlis,  Po- 
liouchos  (palrone  ou  reine  de  la  ville)} 
Erysiptolis (rempart  de  la  cité);  Py 
laïlis  (qui  préside  aux  portes)  j  Clê~ 
douclios  (gardienne  des  clés).  5°  Mi- 
nerve est  l'inventiice  des  arts.  Nous 
avons  déjà  vu  son  nom  d'Ergauà 
{Foy,  ce  mol).  Il  faut  y  joindre 
ceux  d'Eurésilechnos  (inventrice  des 
aits),  ;Eth via  (teinturière),  Mécha- 
nîlis  (mécanicienne), Telcliinie  (Tel- 
cbiue  femelle  ou  grande  Telchiue). 
6°  Minerve  a  tous  les  arts  de  la  pen- 
sée sous  sa  protection.  De  là  Minerve 
Musicienne,  Minerve  Hygie (exerçant 
la  médecine  ou  rendant  la  santé), 
Minerve  Pansophos  ou  Philosophes, 
et  surtout  la  Minerve  magicienne  dont 
Circé,  Méduse, Médée. sont  en  grande 
partie  les  reflets  terrestres.  7  '  Mi- 
nerve est  tour  h  tour  l'espace  et  Tonds 


94  MIN 

ou  tous  les  deux  à  la  fois  ;  et  onde , 
air,  espace,  elc,  nous  indiquenl  d'une 
part  pureté  ou  purification,  de  l'au- 
tre asile   de  paix  ou  défense  contre 
les  maux   de  la   vie.  Alée  n'est  que 
l'espace    refuge.    Il    faut  y    joindre 
les  épitliètes  de  Solîra  (salvatrice), 
d'Irènophore  (Pacifère),    et   toutes 
celles  qui  n'en  sont  que  les  synonymes. 
A  la  tête  des  dcnominalions  relatives 
a  l'onde  sont  Trilogénie,  Trilonis, 
etc.  C'est  dans  cette  classe  aussi  que 
se  placent  les   nombreuses  appella- 
tions relatives,  les  unes  aux  genres  de 
beauté  de  la  déesse,  Xanthocome, 
Glaucôpis    (  blonds   cbeveux ,    yeux 
pers),  et  a  son  éternelle  virginité, 
Parlliénos,  Aîpartbenos,  Pliygolec- 
tros,  Misonyrapbos.  8°  Minerve  est 
la  nature  j   de  là  la  célèbre  Athànà 
Pbjsis    et    l'épilhète    iEolomorpbos 
(aux  formes  variées,  fantastiques). — 
Une  foule  de  noms  locaux  seraient 
nécessaires  pour  compléter  cette  lislej 
tels  sont  entreautres ceux  de  Suniade, 
Acrée,  Agorée,    Alée,  Alipliérée, 
Itonie,  Pallénide,  etc.,  etc.  Il  est  es- 
sentiel de  remarquer  ici  que,  de  ces 
épithèles  regardées  comme  locales, 
plusieurs  ont  trait  à  l'idéologie  de  la 
déesse.  Nous  l'avons  dit,  Telcliinie  , 
c'est   son   industrialisme  5    Palléiiis, 
c'est  sa  face  pballiquej  Alée  est  cette 
hospitalité  purifiante  qu'elle  oifre  à 
qui  veut  fuir  le  mal-étre.  Ajoutons-y 
qu'Alalcoménéide  c'est  la  force  (Alcé) 
femelle  j  qu'Ilonie  c'est l'activitéj  que 
Coryphasie  ou    Corie ,  c'est  soit  la 
pensée,  soit  la  virginité,  soit  le  cad- 
milismc  (il  se  lie  aux  Curetés  et  aux 
Corybantes);   que  Nédusie,  c'est  la 
maternité  (conciliabledans  les  mythes 
avec  la  pureté  virginale  )j  qn' Agorée 
n'est  pas  seulement  la  déesse  du  fo- 
rum ,   mais   la  délibérante,  la  reine 
des  Consentes  ,  la  Bule'e-Budée,  sa- 
gesse-volonté de  Jupiter Maïa , 


MIN 


jVvI 


Bhavaiîî,fei  surtout  Bhavani-Dou^ 
aux  Indes,  Isis  et  Neitb  en  Egypte, 
offrent  une    ressemblance  frappante 
avec  Atbànà.  On  a  même  prétendu 
qu'Atbànà  et  Neitb  étaient  le  même 
nom  j  autant  comparer  au  nom  grec 
le    nom    arménien    Nabid    ou   Ana- 
bid  (dont  même  on  a  fait  Anaitis)! 
Quoi  que  l'on  en  dise,  on  ne  sait  en- 
core d'oiî  vint  le  culte  d'Atliânfi  en 
Grèce?  Et  dans  ce  cas,  Cécrops  et  la 
triade   cécropide  représentent-ils    la 
Iribn,  la  caste  qui  la  première  courba 
la  tète  sous  celte  déesse?  ou  bien, 
faut-il,  avec  les  anciens,  courir  tan- 
tôt h  Sais  en  Egypte  d'où  Cécrops 
était,  dit-on  ,  originaire,  ou  bien  en 
Libye,   ou  bien  dans  l'Afrique  ro- 
maine, pour  arriver  h  trouver  les  ves- 
tiges prnnordiaux  du  mythe.  A  notre 
avis.  Minerve  est  une  déesse  pélas- 
gique.   ]Nul    doute   qu'elle   n'ait  été' 
conçue  sous  rinfluence  des  souvenirs 
de  l'Inde  sivaïteou  plutôt  bhavaniste. 
Mais  depuis  long-tempsl'idée  de  Hha- 
vani-Dourga  la  guerrière  s'élancant 
brûlante  de  l'œil  de  Siva,  plantant  le 
glaive    dans  la  terre  de  Scythie,  et 
se  liant  dans  la  Colchide  à  l'eau  ,  fée 
suprême,  était  implantée  dans  l'esprit 
des  Pélasgues,  lorsque  des  co'onies 
phéniciennes  ou  autres  arrivèrent  chez 
eux.  Elles   n'y  exercèrent  point  une 
grande  influence  ;   et  il  n'y  avait  pas 
besoin  du  contingent  d'idées  qu'elles 
j  apportaient  pour  donner  naissance 
a  Minerve.   La  Béotie  etl'Altique, 
une  fois  débarrassées  des  eaux  infé- 
condes symbolisées  par  Ogygès,    se 
f peuplèrent   d'adorateurs  de  la  pure 
umière.  Lumière,  chaleur,  air  salu- 
bre  ,  rosée  limpide,  végétation  opu- 
lente,   fragiles  bourgeons,    fruits, 
fleurs  et  verdure  se  marièrent  dans 
leur  imagination  5  et  l'on  eut  bientôt 
une  fille  des  lacs,  étiucelante,  tiède  et 
pure,  quoique  pluviale  et  fluviale. 


H 


1 


II 


MIN 

D'ailleurs  le  ciel  et  l'oude  s'unissent  5 
ils  sont  d'azur,  ils  semblent  courbes, 
ils  changent  de  forme:  on  dirait  des 
magiciens,  des  Prolées!  puis  le  ciel 
se  mire  dans  l'eau  ,  le  feu  solaire  s'y 
reflète  et  y  tremble,  les  étoiles  s'y 
couchent,  baigneuses  charmantes.  La 
déesse  par  qui  Ton  symbolisa  tant  de 
phénomènes  gracieux,  électriques,  im- 

fiondérables  et  facilement  réductibles 
es  uns  aux  autres,  fut  comme  l'agri- 
culture élhérëe,  elle  eut  pour  organe 
Cécrops  ,  pour  représentantes  terres- 
tres ses  filles.  Toutefois  est-ce  la  to- 
talité de  la  Béotie  ou  de  l'Alfique  qui 
rendait  ses  hommages  à  la  radieuse 
Alhànâ?  Ce  ne  furent  d'abord  que  les 
Pédiaéens  ou  habitants  de  la  plaine. 
Les  Egicores  honoraient  Hermès,  les 
pêcheurs  ou  habitants  de  la  côte  Po- 
sîdôn.  Depuis,  les  cultes  tendirent  à 
se  fondre.  Athànà  définitivement  su- 
blimée affecta  surtout  les  cieux  ,  et 
plana,  déesse  suprême,  avec  Jupiter 
sur  les  divinités  inférieures:  Cérès  la 
remplaça  comme  divinité  agricullu- 
rale  bornée  a  la  terre.  Alors  Hermès, 
Dàmàtàr,  Posîdôn,  formèrent  com- 
me la  triade  terrestre,  honorée  par- 
tiellement suivant  les  lieux  dans  la 
personne  d'un  de  ses  membres^  Athà- 
nà  et  Zévs  furent  honorés  en  commun 
dans  tous  les  lieux  par  toutes  les  cas- 
tes. De  la  les  Pandies,  les  Panathé- 
nées ou  fêtes  universelles  de  Zévs, 
d'Athànà.  Sparte,  Erylhres,Trézèue, 
la  Crète,  rionie,rArcadie  adoraient 
Minerve;  mais  l'Attique  ne  cessa  pas 
d'être  son  sanctuaire  de  prédilection. 
Dès  la  haute  anliquilé  elle  y  eut  des 
statues,  des  palladium  grossièrement 
sculptés,  mais  dont  justement  ces 
sculptures  grossières,  non  moins  que 
le  noir  luisant  et'la  matière  (de  bois 
d'olivier)  attestaient  Tanliquité.  La 
tradition  les  donnait  comme  tombés 
du  ciel.  Quelques  légendaires  faisaient 


MIN 


95 


vemrcecultedeTroie(/^(9y.PALLAs). 
Après  la  bataille  de  Marathon  ,  les 
Athéniens  élevèrent  a  Minerve  une 
statue  colossale  en  bronze.  Enfin Pé- 
riclès  en  fit  faire  une  d'ivoire  et  d'or 
par  Phidias.  Elle  avait  vingt-six  cou- 
dées de  hauteur,  et  faisait  le  plus  bel 
ornement  du  Parthénon  bâti  en  mê- 
me temps  par  l'amant  d'Aspasie  en 
l'honneur  ae  l'Aîparthéuos.  La  ma- 
gnificence de  cet  édifice  ne  fit  point 
oublier  les  deux  petites  chapelles 
anciennes  consacrées,  l'une  a  Nep- 
tune-Erechthée,  l'autre  a  Minerve. 
A  Rome,  Minerve  avait  une  chapelle 
dans  le  Capitole ,  et  des  temples 
dans  neuf  régions  différentes.  Les 
plus  remarquables  étaient  ceux  qui 
avaient  été  construits  par  les  ordres 
de  Pompée  et  d'Auguste.  —  L'idéal 
de  Minerve  est  une  taille  imposan- 
te, un  visage  noble,  jeune  et  beau, 
et  une  mâle  sévérité,  souvent  un  air 
méditatif  et  grave.  L'inventrice  des 
airs  sérieux  ne  peut  promener  au  ha- 
sard ses  regards  sur  ce  qui  l'envi- 
ronne. Aussi  dans  les  belles  statues, 
a-t-elle  les  yeux  légèrement  bais- 
sés, indice,  non  pas  de  modestie, 
mais  de  réflexion.  Sa  pose,  ses 
traits,  indiqueraient  autant  un  beau 
jeune  homme  travesti  en  femme  qu'u- 
ne femme  même  j  et  ici  se  reflète  heu- 
reusement l'idée  de  phalle  et  d'Ard- 
dhanari.  Ses  yeux  sont  glauques,  ou, 
selon  l'expression  de  La  Fontaine , 
pers  (c'est  la  nuance  des  yeux  des 
lions  et  des  léopards)  j  ils  sont  grands, 
et  reposent  dans  des  orbites  profonds. 
Leplussouvent  ses  cheveux  flottent  eu 
spirales  ondoyantes  derrière  sa  tête. 
Un  casque  a  visière  [yùa-ùv]  couvre 
presque  toujours  sa  tête.  Sur  sa  poi- 
trine s'arrondit  la  peau  écailleuse  du 
monstrueux  reptile  dont  elle  délivra 
la  Libye  j  celle  espèce  de  spencer 
estcecjne  l'on  appelle  l'égide 5  (mais 


96 


MliV 


comparez  les  traditions  sur  la  chèvre 
Amalthée)  :  le  bouclier  argoliqiie 
charge  ses  inains^  ;iu  milieu  du  large 
disque  que  foi  nie  celle  arme  clélcnsive 
irapénélrahle  apparaît  la  tète  san- 
glanle  de  Méduse  (  Voy.  ce  nom)  h 
l'aspecl  de  laquelle  les  ennemis  de  la 
Iiaule  déesse  sont  subitement  méla- 
raorphosés  en  pierre.  Très-rarement 
l'égide  seule  placée  sur  le  bras  gau- 
che de  la  déesse  lui  sert  de  bouclier. 
Une  longue  tunique,  un  péplum,  et 
quelquefois  un  riche  collier,  <les  bra- 
celets, des  pendants  d'oreilles,  com- 
plètent le  costume  de  la  belle  guer- 
rière. 

MIINOS,  M/v»f,  célèbre  roi  de 
Crète,  n'est  pas  un  nom  imaginaire 
comme  les  Ogvgès,  les  Eurôtas  elles 
Pliorônée.  Wul  doute  qu'un  prince  de 
ce  nom  n'ait  réellement  gouverné  la 
Cl  ète,  couvert  l'Egée  de  ses  flollilles, 
porté  au  loin  sou  nom,  ses  armes  et 
ses  denrées,  vers  la  fin  du  quator- 
zième siècle  avant  notre  ère.  Riais 
avant  d'entrer  dans  les  détails  de  sa 
biographie  il  est  nécessaire  de  bien  se 
fixer  sur  quatre  faits.  i°  Le  nom  de 
Minos  étant  un  mot  générique  qui 
veut  dire  homme  et  âme  [  V oy. 
l'art.  Meîiotj).  et  qui  dans  tous  les 
pays  du  monde  ancien  a  été  donné  à 
une  foule  de  rois,  il  est  possible  que 
dans  l'histoire  de  Miiios  les  légendes 
aient  compris  des  évèneraenls  quiont 
préparé  ou  développé,  ou  modifié  ses 
conquêtes.  2°  Anlérituremenl  à  cette 
période  de  conquêtes  que  récapitule 
le  nom  de  Minos,  et  dont  sans  in- 
vraisemblance on  peut  comprendre 
une  grande  partie  dans  la  vie  de  ce 
prince,  se  déroule  une  époque  pri- 
mordiale qui  est  celle  de  la  civilisa- 
lion  commençante  :  c'est  ce  que  l'on 
peut  appeler  période  adamique.  3° 
La  civilisation  devient  promplement 
législation.  Un  code  perdu  pour  nous, 


MIN 

un  code  qui  peut-être  n'exista  jamais, 
semble  la  formuler;  et  ce  code,  si 
l'on  s'en  rapportait  aux  lé.  endes,  il 
semblerait  qu'un  homme  l'écrivit,  le 
promulgua  anlérleuremenl  h  Minos. 
Tout  prouve,  au  contraire,  que  ce 
code  ue  date  guère  que  de  Minos, 
et  qu'il  fut  l'ouvrage  d'un  long  laps 
de  temps.  En  conséquence  le  mot 
Lois  de  Minos  exprime  toute  une 
période;  le  mot  Conquêtes  de  Mi- 
nos ue  résume  que  la  vie  d'un  hom- 
me. 4°  Dans  l'une  et  l'autre  pé- 
riode ,  au  lieu  d'être  narrées  histori- 
quement, ces  légendes  ont  été  tra- 
duites en  langue  fabuleuse  ;  de  telle 
sorte  que  ce  qu'il  y  a  d'histoire  dans 
les  récils  mythiques  doit  être  extrait 
de  la  lettre  de  ces  récils  ,  comme  le 
métal  de  la  gangue  impure  qui  le  ca- 
che, el  le  rend  pour  l'instant  inappli- 
cable aux  besoins  de  la  vie.  La  lâche 
du  mythologue  est  donc  triple  dans  le 
dépouillement  de  l'iiisluire  de  MinoMil 
discerner  la  législation  d'avecles  cooSB 
quêtes,  la  civilisation  adamique  d'avec 
la  législation  ;  discerner  la  fable  d'a-,_ 
vec  l'histoire  ;  discerner  danà  la  coaÉfl 
quête  même  le  vrai  Minos  de  ses  pré- 
décesseurs el  de  ses  successeurs.  Jadis 
on  a  procédé  plus  simplenienl  en  ap- 
parence. Législation,  conquête,  tout 
était  amalgamé.  C'était  un  bloc  uni- 
que, hérissé  d'incohérences  el  d'ana- 
chronisines;  el  l'on  croyait  h  cet  en- 
semble extravagant.  Un  peu  plus  lard, 
eu  reconnaissiiut  l'impossibilité,  des 
faits, les  habiles  du  jour  proclamèrent, 
les  uns,  que  tout  était  fabuleux  dans 
la  légende,  les  autres,  qu'elle  recelait 
de  rh;sloire.  C'était  un  pas  bien  fai- 
ble vers  une  solution.  On  en  fil  un 
second  quand  plus  lard ,  essayant  de 
classer  les  faits  dépouillés  de  leur  in-, 
vraisemblance  dans  un  cadre  chrono- 
logique, on  distingua  deux  Minos. 
U  est  naturel  qu'on  ait  été  divisé  sur 


MIN 

la   réparlilion  des  évènemeuls  ,  que 
ceux-ci   donnèrent  au  premier   Mi- 
nos,  tandis  que  d'aulres  les  mettaient 
sur  le  compte  de  Minos  II.  Enfin  le 
jour  vint  où  l'on    discerna    dans  la 
masse  des  fails  deux  points  culminants, 
véritables  foyers  ,  noyaux  ou  centres 
vers  lesquels  convergent  comme  au- 
tant de  rayons,  les  détails  de  la  lé- 
gende. Dès-lors  on  dut  dire:  civilisa- 
lion  et  législation,  Minos  P"^  j  conquê- 
tes, empire  de  Crète,  domination  ma- 
ritime, et  par  conséquent  voyages, 
guerres,  succès,    revers,    colonies, 
Minos  II.  La  ligne  de  démarcation 
ainsi  tracée ,   il  restait  un  problème 
capital  h  résoudre.  Les  deux  Minos 
sont-ils  des  rois,  sont-ils  la  Crète  ou 
ime  partie  de  la  Crète  personnifiée 
dans  deux  époques   fondamentales? 
Les  deux  solutions  ont  eu  chacune 
des  partisans  5  on  sait  la  nôtre.  ]\ous 
croyons  Minos  F""  une  période,  et  Mi- 
nos II  un  borame. — Voici  la  légende 
du  second,  le  seul  qui  ait  une  haute  im- 
portance historique.  Lycaste  (d'autres 
disent  Astérion  )  était  son  père,  Minos 
1"  son  trisaïeul.  Son  frère  Sarpédon, 
ou  même,  disent  quelques  mytholo- 
gues, deux  frères  lui  disputèrent  la 
couronne.  Minos,  prenant  l'Olympe 
pour  arbitre ,   supplia  les  dieux  de 
donner  a  celui  des  deux  princes  qu'ils 
préféraient  une  marque  éclatante  de 
prédilection.  Neptune  fit  sortir  aussi- 
tôt des  flots  salés  un  superbe  taureau 
blanc,  et  la  victoire  lui  fut  adjugée. 
Minos  de  plus  plaça  le  taureau  dans 
ses  étables,  et  le  fit  paître  avec  le 
reste  de  ses  troupeaux.  Il  paraît  qu'il 
eût  du  ne  pas  le  garder  si  précieuse- 
ment, et  qu'il  fallait  en  faire  hom- 
mage au  dieu  son  patron.  Le  fait  est, 
selon  les  mythes ,  que  le  dieu  des 
eaux,  irrité  de  son  avarice,  résolut  de 
se  venger.  Justement  Vénus  avait  à 
celte  époque  une  ancienne  rancune 


MIN 


y: 


contre  les  enfants  du   soleil.    Pasi- 
phaé,  femme  légitime  du  roi  auquel 
on  donne   aussi  pour  épouse  Crélé 
(la  Crète  personnifiée),  Pasiphaé  de- 
vait le  jour    au  soleil.    Déjà  Minos 
avait  eu  d'elle  quatre  fils,  Deucalion. 
Calrée,  Glaucos,  Androgée,  et  qaa- 
Ire    princesses  ,  Hécale  ,  Xenodice  , 
Ariadne ,  Phèdre.    Ces  huit  enfants 
étaient  vraiment  le  pur  sang  de  Mi- 
nos :  Pasipbaé    compléta    l'ennéade 
par  un  étranger.  Elle  se  sentit  amou- 
reuse du  taureau  que  son  mari  avait 
négligé  d'immoler,  et  bientôt  le  Mi- 
notaure  naquit.  Ainsi  les  deux  conju- 
rés accomplissaient ,  K  l'aide  l'un  de 
l'autre ,    leur    vengeance  :  Neptune 
avait  donné  l'amant,  Vénus  inspirait 
la  passion.  Ou  demandera  comment 
la  bizarre  passion  de  la  reine  put  être 
connue  et  partagée,  comment,  par 
quel  biais  le  désir  put  se  transformer 
en  acte  réel  et  complet ,  par  quel  pro- 
dige ou  par  quelle  déception  le  ma- 
gnifique herbivore  quitta  son  espèce 
pour  aller  consommer  avec  une  espèce 
inconnue  plus  qu'un    adultère.   Des 
difficultés  si  simples  n'arrêtent  point 
des  mythologues.  Léda  et  son  cygne , 
Junon  et  son  coucou,  ne  sont  pas  plus 
extraordinaires;  d'ailleurs  Europe  et 
son  taureau  étaient  bien  un  antécédent 
respectable.  Mais,  chose  étonnante  ! 
on  daigna  expliquer  le  mystère.  On 
fit  venir  d'Athènes  tout  ctprès  Dé- 
dale, alors  en  butte  aux  persécutions 
pour  avoir  voulu  s'emparer  de  l'au- 
torité ou  pour  avoir  tué  son  neveu 
Acale,    ou   même   tout    simplement 
pour  s'être  montré  homme  de  génie. 
Cet  habile  mécanicien,    afin   d'être 
bien  vu  de  la  reine,  et  d'avoir  pour 
long-temps  ses  entrées  a  la  cour  de 
Crète,  eut  bientôt  imaginé  un  moyen 
de  satisfaire  les  goûts  monstrueux  de 
Pasipliaé.    Ce  fut  une  vache  mou- 
vante dans  InqucUe  la  reine  entrait  , 


9» 


MIN 


3I1N 


^m 


s'enfermait,  el  variait  sa  position  a 
voloiilc.  Le  taureau  s'y  trompait,  ou 
(!u  inoius  y  fut  trompé  assez  long- 
temps pour  que  la  reiue  tlevîut  mère 
d'un  rejeton  en  qui  la  nature  avait 
uni  au  Lusic  du  mari  de  Pasiphaé 
la  tôte  énorme  et  les  cornes  me^ 
nacaules  deramant.  Minos,  informé 
de  celte  naissance  extraordinaire , 
soupçonna  dans  sa  sagesse  que  sa 
femme  l'avait  joué,  el  pour  empêcher 
qu'on  ne  jasàt  eu  Crète  de  celte  hi- 
deuse anomalie,  il  décréta  i"  que  Dé- 
dale complice  du  crime  lui  construi- 
rait un  labyrinthe,  2°  que  ce  laby- 
rinthe servirait  a  jamais  de  prison  au 
Minotaure  (tel  fut  le  nom  donné  au 
monstre).  Il  s'agissait  ensuite  d'avoir 
des  mets  choisis  pour  la  table  du 
jeune  prince  :c'étaildifiicile.  Le  jeune 
prince  annonçait  un  goût  marqué  pour 
la  chair  humaine  j  son  père,  à  ce  qu'il 
paraît,  ne  lui  avait  pas  légué  ses  ap- 
pétits ,  et  s'il  avait  sur  ses  épaules  le 
cou  el  la  tète  du  taureau,  il  n'avait 
pas  ces  molaires  qui  broient  l'herbe. 
Sur  ces  entrefaites,  Androgée  était 
allé  remporter  dans  Athènes  les  prix 
de  tous  les  jeux,  ou,  à  ce  que  disent 
quelques  auteurs,  tuer  le  taureau  de 
Marathon,  ou  enfin  seconder  les  ma- 
nœuvres des  Pallantides  contre  Egée. 
Ége'e  le  fit  tuer;  MIuos  alors  se  mit  a 
la  tèle  d'une  flotte,  d'une  armée; 
opéra  un  rapide  débarquement  sur  les 
côtes  delà  Mégaride 5  prit  Megare 
par  la  traliison  de  Scylla  qui ,  trop 
éprise  de  lui  et  se  berçant  de  fausses 
espérances,  avait  tranché  sur  la  tète 
de  son  père  le  cheveu  fatal,  palla- 
dium de  la  ville;  entra  dans  l'Attique, 
pilla,  brûla  tout  sur  son  passage  ;  ne 
put  prendre  Athènes,  mais  la  ran- 
çonna grâce  a  la  peste  et  a  la  famine, 
et  imposa  aux  Athéniens  la  loi  d'en- 
voyer annuellement  en  Crète  sept 
jeunes  garçons  cl  sept  jeunes  filles. 


au  bain;  mais  l'a,  tandis  qu'il  se  livre 
aux  délices  du  repos,   des  vapeurs 


Ces  quatorze  enfants  d'Athènes  de- 
vaient servir  de  pâture  au  Minotaure. 
Pendant  ce  temps.  Dédale,  quoique 
confiné  dans  une  prison,  avait  trouvé 
moyen  de  s'échapper;  ne  pouvant 
jiercerles  murs  de  son  cachot,  il  avait 
du  moins  percé  les  toits,  et,  grâce  à 
des  ailes  dont  il  n'a  pas  laissé  le 
secret  a  la  postérité,  traversé  un 
vaste  bras  de  mer  el  gagné  l'Italie, 
selon  les  uns,  la  Sicile  ,  selon  les  au- 
tres. Minos  jura  de  se  venger,  et  mit 
à  la  voile  pour  cette  île  triangulaire, 
tant  de  fois  fatale  a  ceux  qui  en  ont 
essayé  la  conquête.  Côcale ,  roi  des 
Sicaues,  le  reçoit  en  apparence  avec 
transport,  et  ses  filles  le  conduisent 

indis  qii 

)os,  de 
étouffantes  emplissent  la  salle  étroite 
dans  laquelle  on  l'a  conduit,  et  l'as- 
phyxient. Une  tradition  fausse  et  sans 
autorité  montrait  Dédale  fuyant  vers 
l'Attique  qu'il  a  jadis  quittée  pour  la 
Crète,  et  Minos  l'y  poursuivant.  Au 
milieu  on  autour  de  ces  événements 
se  place  l'histoire  de  Thésée,  venant 
de  lui-même  se  ranger  parmi  les  vic- 
times du  Minotaure.  — On  voit  que 
jusqu'ici  les  mythes  étouffent  l'his- 
toire comme  les  vapeurs  du  bain 
chauffé  par  les  Côcalides  e'touffent 
le  roi.  Il  y  a  plus,  les  savantes  ana- 
lyses de  Hœck  ont  prouvé  que  ce  qui 
semble  résulter  le  plus  clairement  des 
légendes  qui  précèdent^  une  guerre  de 
la  Crète  contre  Athènes,  puis  une 
revanche  d'Athènes  sur  la  Crète,  n'est 
qu'une  illusion.  C'est  beaucoup  plus 
tard,  et  dans  les  temps  réellement 
historiques ,  qu'éclatèrent  des  inimi- 
tiés violentes  entre  Athènes  et  la 
Crète  ;  et  c'est  alors  que  les  poètes 
travestissant  l'antique  récit  l'accom- 
modèrent à  la  passion  du  jour.  Les 
mythes  riches  de  Pasiphaé,  du  blanc 
taureau  dont  l'onde  fait  cadeau  à  la 


MIN 

terre,  d'Aiiadue  qui,  de  plus  en  plus 
idéalisée,  vole  par  l'iuterraédiaire  de 
Thésée  dans  les  bras  de  Bacchus, 
lous  CCS  mythes  impliqueiil  diverse- 
ment le  ciel  et  Fonde,  les  feux  et  la 
terre.  La  Crète  est  une  terre  féconde 
que  broute  le  taureau ,  que  caresse 
l'onde  avec  des  mugissements  d'a- 
mour, que  baise  la  pure  lumière  des- 
cendant de  l'Élbcr  en  filets  d'or,  et 
rebondissant  dans  l'Ether.  Pasiphaé 
veut  dire  toute  lumière,  Phèdre  la 
brillante,  Ariadiie  l'étoilée  ou  la  reine 
(comp.  ce  dernier  article  qui  four- 
nit d'autres  indications).  Ainsi  voilà 
lin  culte  de  lumière -lumière  et  lu- 
mière-ioleil.  Au-dessous,  et  sur  une 
ligne  moins  ne ttemeul  tracée,  la  terre, 
la  mer,  ont  aussi  leurs  autels.  Puis  , 
un  fait  capital  se  promulgue  sousl'u- 
UJon  de  la  foiie  lumière  (solaire  ou 
autre)  et  de  la  terre  :  la  terre  raàle, 
la  terre-taureau,  enceinte  du  ciel  fe- 
melle, du  ciel-lu;iiière,  Pasiphaé (c'est 
tout  le  contraire  de  Jupiter  touchant 
lo)  ,  la  lerre  qui  absorbe  ,  engloutit 
et  dévore  les  flèches  lumineuses ,  la 
terre  met  au  jour  un  fils  semblable 
à  elle,  un  fils  affamé,  un  fils  qui 
absorbe,  engloutit  et  dévore.  Ce 
fils,  c'est  le  Mahadéva  de  l'Inde, 
c'est  (chose  bizarre)  le  Mithra  Bou- 
phagos,  c'est  surtout  l'affreux  Mo- 
locli  de  la  Phénicie,  c'est  Tllebdo- 
nagène  ou  Hcbdomagète  des  Grecs, 
mais  plus  terrible  que  ne  l'ont  fait 
les  Grecs.  Soleil  a  forme  de  taureau, 
soleil  adéquate  à  la  semaine ,  il  ré- 
absorbe continuellement  sept  jours  et 
*cpt  nuits,  voilà  les  sept  garçons  et 
les  sept  filles.  Mnévis,  Bacisen  É.jpte 
sont  moins  cruels,  mais  au  fond  dif- 
fèrent-ils de  lui?  Non  :  ce  sont  des 
incarnations  solaires;  seulement  leurs 
formes  ne  sont  empruntées  qu'à  une 
esfièçe,  et  l.çut  ftw  pli^s  peul-on  dire 
<juç  de  rtign^me  ils  ont  V^me;   Le 


MIN 


»9 


Minotaure,  lui,  est  un  monstre,  ^ 
l'on' prend  la  légende  à  la  lettre: 
car  il  a  deux  formes  inconciliables. 
Mais  c'est  justement  celte  coexistence 
de  formes  iuconciliables,  celte  mons* 
truosité,  ce  cumul,  qui  doit  ouvrir  les 
j'eux  de  tous,  el  faire  dire  <«  c'est  \^^ 
symbole.  »  Le  soleil  en  Crète  s'iu- 
carne,  non  pas  eu  taureau,  non  p*s 
en  homme,  mais  en  homme-tau- 
reau. Ici  deux  types  se  présentent, 
Hébon  el  le  Minotaure.  Le  Mi- 
notaure a  la  tête  du  taureau  et  la 
corps  de  l'homme  ,  Hébon  la  tète  de 
l'homme  et  le  corps  du  taureau.  En, 
tous  cas,  le  fait  est  que  l'incavualioa 
solaire,  telle  que  la  présentent  Hé- 
bon et  le  Minotaure,  implique  et 
force  et  pensée.  Et  telle  élait  l'idée 
des  anciens,  à  qui  le  soleil  sembla  sou- 
vent un  esprit  recîenr,  une  àme  des 
mondes.  Dédale  se  glisse  ualurelle- 
menlau  milieu  de  lous  ces  êtres  my- 
tJiiques.  Il  est,  lui,  Tincarnation  du 
feu  pensée,  mais  non  du  feu  pensée  in- 
offensive et  pure.  Le  feu  tue  souvent: 
Dédale,  vrai  Sovk  à  formes  humaines, 
est  espiègle,  impie,  jaloux;  il  aispire  à 
tout  ce  que  Dieu  interdit  à  l'homme; 
il  fend  les  mers,  il  fendl'espace,  il  unit 
ce  que  la  nature  voulut  séparer,  les  es- 
pèces dissemblables;  il  crée  les  métis, 
le  meurtre  lui  plaît,  rinceslclc  char- 
me :  c'est  lui  sans  doute  qui  a  inspiré 
aux  Côcalides  l'idée  diabolique  de 
tuer  son  ennemi  au  bain.  Du  reste, 
lors  mêmç qu'il  esl  bienfaiteur,  il  nuit; 
il  invente  les  bains  chandâ ,  Minos  y 
laisse  la  vie  ;  il  invenle  les  ailes,  Icarei 
se  lue;  il  invente  rarcbiteclure,  c'est 
pour  y  mettre  à  l'aL'ri  de  toute  alla.» 
que  un  monstre  avide  de  sang.  Là, 
un  sens  nouveau  se  présente.  Le 
lal)yrinllie  est  bien  une  conslruc-^ 
liou  architecturale,  mais  c'est  de  plus 
une  Hyno.  f^awa  vcwl  dire  aligner^ 
ri^nger  çowwe  une  rue^  uu«  gaù-i»^ 


lOO 


MIN 


un  long  corridor;  et  lalryros,^Yenîon- 
cernent,  le  creux  d'une  mine.  Cet  ar- 
chitecte, ce  sculpteur,  ce  forgeron, 
sait  donc  encore  quelque  cbose  de  plus 
qnebàlir,  ciseler,  forger  et  fondre 
les  métaux  :  il  sait  aussi  fouiller  dans 
la  terre,  et  poursuivre  dans  ses  ténè- 
bres le  riche  filon  métallifère  qu'il  va 
couler  en  gueuse,  qu'il  va  tour  à  tour 
affiner,  aciérer,  laminer,  tréfiler, 
qu'il  va  transformer  en  cpées  ,  en 
charrues  ,  en  serrures  et  en  miroirs. 
La  culture  industrielle  que  supposent 
ces  légendes  n'est  certes  pas  conlem- 

Î)orainc  de  Minos  :  elle  commença 
ong-temps  avant  qu'il  naquîij  elle  se 
développa  et  atteignit  son  apogée 
long-temps  après  sa  mort.  De  même 
aussi  les  fre'quents  échanges,  plagiats, 
emprunts  d'idées  religieuses  et  in- 
dustrielles, auxquels  doivent  se  ré- 
duire les  prétendues  guerres  athéno- 
raégariennes,  et  le  rapt  de  deux  prin- 
cesses Cretoises  par  Thésée  ,  ne  scm- 
j>lent  pas  évidemment  avoir  eu  lieu 
sous  Minos.  Voici  ce  qu'on  peut  avec 
vraisemblance  regarder  comme  sa 
biographie. — Lycaste  était  originai- 
rement sa  capitale.  Son  royaume  était 
borné  au  territoire  de  celte  ville  et  a 
(|uelques  annexes.  Sa  race  était  la 
lace  dorienue  ou  hellénique.  Autour 
de  lui  se  trouvaient  deux  autres  races 
issues  de  même  souche  ,  les  Achéens 
et  les  Pélasgues,  les  Achéens  qui  sont 
de  race  hellénique ,  mais  qui  pourtant 
diffèrent  des  Doriens,  les  Pélasgues 
venus  de  plus  haut,  et  qui  dans  l'his- 
toire s'opposent  sans  cesse  kla  race  do- 
rienne.Ces  trois  races  peu  amies, mais 
dont  la  dernière  venue  est  évidem- 
ment la  race  dorieune ,  s'opposent, 
rises  ensemble ,  aux  Sidoniens  et 
aux  Etéocrèles  (vrais  Cretois,  francs 
Cretois).  Peu  à  peu  la  race  dorique 
dirigée  par  Minos  prend  de  l'ascen- 
daut  sur  les  deux  autres  races  venues 


MIN 

du  Péloponèse.  Un  jour  arrive  ouT* 

f)rotecteur   commun  se  fait  déclarer 
e  maître  :  les  Cretois  de  l'ancienne 
roche  résistent  peu  h  Ihabileté guer- 
rière desDoricns,  alorsdansla  période 
des  conquêtes.  Le  chef  suprême  de  la 
confédération  achéo-pélasgo -dorique 
réunit  sous  ses  lois  la  belle  île  aux 
cent  villes.  La  constitution    dorique 
alors  s'harmonise  avec  les  vieilles  cou- 
tumes; et  l'on  s'habitue  h  refouler  ces 
lois  dans  les  âges  antiques  en  les  at- 
tribuant h  Jupiter  ou  a  son  émanation 
directe,  le  vieux  Minos,  Adam  des 
Etéocrèles.    C'est    Sparte     surtout, 
la  cité    dorienue,  despote  et  guer- 
rière   par   excellence ,   qui  accrédite 
ces  idées  et  qui  exalte  la  sagesse  du* 
code  de  Minos  pour  croire  sur  parole 
à  la  perfection  des  lois  de  Lycurgnc  ; 
car  Minos  est  le  précurseur  de  Ly- 
cnrgue ,  et  le  code  de  la  Crète,  lei 
programme  du  code  de  Sparte.  Sou 
vorain  incontcstéde  l'île  fertile,  indus 
trieuse  et  riche  en  ports,  Minos  en-t 
courage  l'abattage  des  bois  de  l'Ida. 
Aux  canots,  aux  frêles  pirogues  ,  suc» 
cèdent  des  navires;  la  voile  second 
la  rame;   on  quitte  la  côte  pour  1 
pleine  mer.  Ce  ne  sont  plus  des  p 
cheurs,    avec  leurs  filets,    qui   voni 
guetter  des  mulets  et  des  trigles;  ce' 
sont  des  guerriers  qui  vont ,  armés  d 
pied  en  cap,  chercher  fortune,  expor 
ter,  importer,   trafiquer,    jeter  de 
comptoirs  sur  tous    les  rivages ,   et 
quand  il  le  faut ,  modifier  par  le  poid 
de  leurs  épées  les  oscillations  de  l 
balance  du  commerce.  Des  colonie 
alors  s'établissent.  La  Carie   qui  t 
semé  les  mers  de  corsaires,  voit  la, 
piraterie  détruite;    on  accueille   les 
Cretois  comme  des  bienfaiteurs.  Là 
mer  Egée  applaudit  l'autocrate  fidèld 
k  la  loi  des  nations;  les  Cyclades 
etDélos  plus  parliculièrement,  la  Ly- 
cie ,  la*  Carie ,  la  Méonie^,  la  ïroade 


MIN 

reçoivent  des  établissemPiUs  Cretois. 
Les  modernes  ajoutent  que  dans  ces 
colonies  l'habile  roi  de  Crète  déporte 
et  fond  des  pelotons  de  pirates,  que 
la  majorité  ciétoise  contient  et  sur- 
veille. Des  princes  du  même  sang  que 
lui,  deviennent   vice-rois  dans    tous 
ces  pays.  Ici  peut-être  on  peut  douter. 
Plus  tard,  il  veut  enfin  compter  aussi 
la  Sicile  au  nombre  dès  îles  qui  re- 
çoivent ses  lois.  L'établissement  ne 
rencontre    d'abord    aucun    obstacle. 
Bientôt  des    défiances  s'élèvent  5    et 
la  colonie  Cretoise  étouffée  dès   son 
berceau  se  réduit  h  rien.  Minos  mou- 
rut sans  doute  peu  de  temps   après 
celle  tentative  malheureuse,  mais  en 
Crète,  mais   au  sein  de  sa   capitale 
nouvelle.  Ce  n'était  plus  Lycasle,  c'é- 
tait Cnosse. Nous  allons  voir  que  celle 
du  premier  Minos  avait   été   Cydon. 
iVïinos  en  mourant  laissa  au   moins 
trois  fils  :  Androgée,  l'aîné  d'entre  eux, 
était  mort;  mais  deux  fils,  ^hénèle 
et  Alcée,  lui  survivaient.  Calrée,  Deu- 
calion,  Chrysès,  succédèrent  a  Minos 
et   se  partagèrent  ses  étals.  Calrée 
passe  pour    le   successeur  véritable. 
Mort  sans  postérité,  il  laissa  le  trône 
h  Deucalion  qui  lui-même  eut  deux 
fils,  Idoméuée  et  Môle.  Idoméuée  a  la 
suite  de  la  guerre  de  Troie  s'exila;  et 
c'est  Mérione,  fils  de  Môle,  qui  fut 
la  lige  de  la  dynastie  crétoisc  dans  les 
temps  postérieurs  aTr  oie. Nous  aurons 
complété  la  liste  des  noms  fameux  qui 
se  rattachent    h  Minos,  quand  nous 
aurons  dit  que  Sarpédon  et  Rhada- 
raanthe  passent  dans  la    mythologie 
pour  ses  frères,  et  que  c'est  a   eux 
qu'il  confia  les  gouvernements  de  la 
Lycie  et  de  Rhodes. — Rétrogadonsù 
présent  et  dessinons  ce  qu'on  appelle 
Minos L  11  eut  pour  père. Jupiter,  pour 
mère  la  belle  Europe.  D'autres  le  font 
naître  d'Aste'rius  ou  Astérion.  Enfin  on 
a  identifié  Juoiter  et  Aslérius  et  ou 


MIN  iqi 

en  a  fait  un  roi  de  Crète.  Nous  admet- 
trions cette  identité  que  nous  ne  croi- 
rions pas  a  l'existence  d'un  roi  Zévs 
Asiériôn.  Qu'est-ce  qu'Ouranos,  cet 
aïeul  de  Zévs?  Astraeos,  les  Astres 
mêmes  personnifiés.  Et  le  patrony- 
mique d'Astéres,  c'est  Astérion.  Le 
Zévs  des  Grecs  est  Kronîôn,  est  Ou- 
raniôn,  est  Astérion.  Vingt  autres 
voies  nous  amèneraient  k  ce  résul- 
tat. Les  marbres  d'Arondel  lui  assi- 
gnent pour  capitale  Apollonie ,  de- 
puis Cydon.  Du  reste,  sous  mille 
rapports ,  ou  le  confond  avec  son  il- 
lustre homonyme  le  ihalassocrale. 
Ainsi  on  donne  pour  frères,  au  vain- 
queur des  Athéniens,  Sarpédon  et 
Fthadamante.  Nous  croyons  que  c'est 
h  Minos  I  qu'appartiennent  les  deux: 
parèdres.  On  voit  parfois  Crété  rem- 
placer Pasiphaé  dans  la  couche  du 
conquérant;  nous  croyons  que  Crété 
fut  une  femme  de  Minos  I  (car  par- 
tout la  terre  est  l'épouse  de  l'homme 
primitif),  ce  qui  n'empêche  pas  qu'il 
ait  aussi  pour  femme  Ilone.  En  re- 
vanche on  donne  a  Minos  II  Cnosse 
pour  capitale  ;  Ariadne  est  sa  fille, 
Idoméuée  son  petit-fils.  Ces  confu- 
sions ne  sont  plus  des  énigmes  pour 
nous.  —  A  présent  arrivons  au  trait 
important  :  la  civilisation-législation. 
Est-ce  que  la  période  représentée  par 
Minos  eut  une  civilisalion?  Oui.  Eut- 
elle  une  législation?  Non;  elle  eut 
des  coutumes  ;  c'est  tout.  Mais  na- 
turellement les  Doriens  rattachèrent 
leurs  institutions  aux  usages  depuis 
long-temps  reçus  ;  et  naturellement 
les  indigènes  ,  les  Etéocrètes,  admi- 
rent cette  explication  consolante  ponr 
des  vaincus.  Au  reste  ,  comme  dans 
toutes  les  mythologies,  leur  loi  est  une 
révélation.  Tous  les  neuf  ans  Minos 
se  rend  dans  une  grotte  sacrée,  et  y 
confère  avec  Jupiter  (nous  sommes  au 
fait  de  ces  grottes  3  Koy,  JVIithpa  , 


t»TrtNY«:fe,  efc.  ).  De  ÏA  l'cpilhèle 
(rEîihéoros.  Quelques  traditions  di- 
saient que  celte  épilliète  indique 
seulement  un  règne  de  neuf  ans.  I!  est 
possible  que  celle  explication  posât 
Sur  des  données  anliquesj  mais  k  coup 
sÂr  elle  était  combinée  avec  l'autre. 
Mtuos,  a  ce  que  l'on  voit  parla,  était 
p<1ifaitement  avec  Jupiter.  Il  Tiraila 
dans  ses  amours  ,  et  il  aima  plus  que 
déraison,  les  uns  disent  Milct  son  fils, 
les  autres  Atyinne.  Ces  deux  noinsdoi. 
Teniselocaliberdans  d'autres  époques. 
On  lui  donne  aussi  pour  fdie  Acalleou 
Acacallis.  Encore  une  confusion  avec 
l'histoire  de  MinosII!  MinoS  en  mou- 
rant laissa  le  trône  K  Lycasle  qu'il 
avait  eu  d'Ilonc,  sa  femme  (Itona,  la 
même  peut-être  (ju'Ila,  rappelle  l'Ida, 
et  par  suite  Crété,  la  Crèle  même  qui 
peut  s'individualiser  par  son  mont 
t)rincipal). — On  a  gravement  assuré 
que  les  Cretois  élevèrcntkleur  vieux 
souverain  un  tombeau  sur  lequel  se 
lisait  en  toutes  lettres,  Mi'vaieçTcv  Ai\s 

TÛTfos,  TOMBEW  DE  MlNOS  FILS  DE 

Jupiter.  Malheureusement  le  temps 
enlci  a  les  deux  premières  lettres  de 
l'inscription ,  et  il  ne  resta  que  A/W 

rciÇtos,  TOMBEAU  DE  JUPITER,  CI  CÎT 

Jupiter.  Les  Cretois  dirent  partout 
que  Jupiter  avait  e'té  leur  premier  roi, 
qu'il  ét;ilt  enterré  chez  eux ,  qu'ils 
avaient  encore  son  tombeau ,  que  les 
monuments  font  foi,  etc.,  etc. 5  et 
les  rhéteurs  dissertèrent  pour  et 
contre.  Pour  nous ,  jusqu'à  ce  que 
nous  ayons  vu  le  tombeau  ,  ou  que 
nous  lisions  chez  quelque  auteur  un 
peu  moins  aisé  a  surprendre  que  les 
Tite-Live,  les  Callimnque  et  les  De- 
nys  d'Hallcarnasse  qu'il  a  vu  le  tom- 
beau, qu'il  en  a  constaté  l'âge,  qu'il 
a  vérifié  l'aulhenticité  ,  la  conlempo- 
ranéité  de  l'inscription ,  nous  pren- 
drons la  liberté  de  douter  du  raonu- 
inent.  Ensuite  nous  demauderions  ce 


MIN 

qtie   signifient  les  mots  dont  voici  le 

sens:  Ci-gît de  ZÉvs  :  qui 

ou  quoi?  un  homme  ou  une  chose.^ 
le  corps,  ou  les  entrailles,  ou  le 
cœur?  parent  ou  fils  de  Zévs?  ami 
ou  antagoniste  de  Zévs?  Enfin ,  y 
eùl-il  une  affirmation  nette  et  claire 
dans  ces  fragments  mutilés,  il  reste- 
rait à  dire  que  les  Cretois  (selon 
les  anciens)  étaient  les  Gascons  de  la 
Grèce. 

MINOTAURE.  Fof.  Mir»os. 

MINÏHI,  MfvSiç,  fuf  la  concubine 
de  Pluton  avant  ([ue  ce  dieu  ravît  Pro- 
serpine.  Irritée  de  la  préférence  don- 
née hla  fille  de  Cérès,  elle  ose  l'injurier 
et  se  préférer  h  elle  pour  la  naissance 
ainsi  que  pour  la  beauté.  Elle  fut  me'- 
tamorphosée  en  menthe  (par  Cérès? 
Appicn,  Hal.,  III,  484  et  suiv.  ;  ou 
par  Proscrpine?  Ov.,  Mctam.,  X  , 
728).  Mlnlhi  est  qualifiée  de  nymphe 
du  Cocyle.  C'est  tout  simplement  le 
Cocyte  lui-même,  c'est- a- dire  le 
sombre  empire,  l'Amenthi,  Menthi 
ou  Emenl  personnifié.  Dans  les  per  - 
sonnificationsde  ce  genre,  l'habitant 
est  censé  dieu  mâle  ,  le  lieu  est  fe- 
melle. Ainsi  le  Ciel  eslTpé,  l'Egypte 
Isis,  l'Espace  Neith  ou  Salé,  Mi- 
nerve ou  Junon.  Et  l'on  sait  ce  que 
veut  dire  en  latin  loca.  Quant  a  la 
transformation  de  la  nymphe  en 
menthe,  c'est  en  grande  partie  une 
paronomasie,  résultat  du  hasard;  et 
les  Grecs  n'ont  pas  manqué  de  remar- 
quer une  ressemblance  entre  l'hum- 
ble tige  foulée  aux  pieds  {vxTijêiÏTxv 
non  ixTrciTfjh'tTciv ,  comme  on  lit  dans 
Strabon  5  f^oy.  Apollodore  de  Da- 
cier,  II,  65)  et  la  maîtresse  de  la 
veille  écrasée  par  l'épouse  du  lende- 
main.—  Toutefois  il  faut  noter  que 
la  mauve,  avec  laquelle  se  confon- 
dait la  menthe,  figurait  iusleraent,  à 
cause  de  son  extrême  mollesse,  parmi 
les  plantes  funèbres  {f^o^.  Adonis). 


Il 


MIR 

MINUTIUS,  dieu  romain  invo- 
qué pour  les  minuties,  avait  a  Rome 
un  sacellum  près  de  la  porte Minutia. 

MIPHLESETH,  dieu-pballe, 
Priape  ou  Mitlira  selon  les  uns  , 
Hécate  selon  les  autres,  fut  honoré 
en  Judée  par  l'aïeule  d'Asa.  Parvenu 
au  trône,  Asa  en  fil  réduire  l'image 
en  cendres.  (Rois,  III,  xv ,  i3jet 
Paralip. ,  II,  xv,  1 6).  C'était  peut- 
être  une  divinité  parèdre  de  Inial- 
Vioxl  {V.  ce  nom).  Les  textes  saints 
ptrtent  aussi  ISiplila  :  nous  incline- 
rions a  croire  que  c'est  plutôt  Miphla 
qu'il  faut  lire.  Miphléselh  serait  un 
motcoraposé  ou  une  forme  dialectique 
(peut-être  nuance  fértiiuine  :  on  sait 
que  Paies,  Pallas  et  autres  déesses 
n'en  ont  pas  moins  le  caractère  viril). 
La  syllabe  Jla  rappelle  le  phalle. 
Les  peuples  du  INord  regardaient 
Miphléseth  comme  le  dieu  de  la 
terreur. 

MIIlOROU,autrementFOÏTÉE, 
un  des  quatre  dieux  de  la  ricliesse  et 
du  bonheur,  dans  le  sintoïsme  japo- 
nais, est  représenté  avec  un  ventre 
énorme.  Ce  sont  surtout  les  mar- 
chands qui  l'invoquent  :  outre  la  ri- 
chesse, assurc-t-on,  ils  lui  demandent 
de  la  santé  et  des  enfants  (Kaimpfer, 
Jiescli.  von  Japan^  I,  277). 

MIR.TEE  (  communément ,  mais 
à  tort,  Mybtée,  en  latin  Myrtus, 
en  grec  Mv^raioç)^  vin^^t-troisième 
dynaste  de  la  liste  d'Ératosthène, 
suit  le  roi  ou  la  reine  ]N[itocris,el  pré- 
cède Thysimare.  Ou  traduit  son  nom 
par  don  d'Ainmon-,  effectivement 
Mai  ,  Ml ,  Ma  ,  en  égyptien  ,  indi- 

3uent  l'idée  de  don  5  mais  il  est  assez 
ifficilc  de  deviner  quelle  portion  du 
mot  Mirtée  ou  Myrtée,  signifie 
Aramou.  Du  reste  on  peut,  en  atten- 
dant mieux,  rapprocher  ce  nom  des 
suivants.  Mares  (neuvième  dynaste), 
Maris  ( trente -quatrièrae),  Meuros 


MIS 


to3 


(vingt-huitième),  Thyosimarès  (vîn-^t- 
qualrième)etMoschéri  (dix-septième). 
Peut-être  en  les  confrontant,  en  les 
contrôlant  les  uns  par  les  autres, 
approcher a-t-on  de  leur  orthographe 
véritable.  Comme  tous  les  dynastes 
du  latercule ,  Mirtée  ne  fut  sans 
doute  qu'un  Décan  rangé  au  nombre 
des  rois  et  des  êtres  humains.  Admis 
ce  point  de  vue,  ce  serait  Sesmél, 
(Tepiseuth  de  Firmicus)  ou  Clious,  ou 
Slochénê,  ou  Pliau  (  f^Ofez  Décans 
et  la  table  de  concordance). Dupuis  re- 
marque que  la  constellation  du  Cocher 
(Myrlile^  suivant  les  légendes  vul- 
gaires), se  couche  après  Cassiopée  et 
se  lève  après  Amraon ,  autrement  le 
Bélier;  et,  comme  selon  lui  la  Nito- 
cris  du  latercule  a  de  grands  rapports 
avec  Cassiopée,  il  trouve  dans  celte 
suite  d'apparitions  sîdériques  la  raison 
et  du  nom  doMyrlée  et  de  l'ordre  dans 
lequel  nous  apparaissent  INitocris  et 
Mirlée  (Myriile),  qualifié  de  don 
d'Ammon  ou  fils  d'Amoun  (  Orig. 
des  Cultes ,  éd.  Aug. ,  1 822,  t.  vu , 
p.  75).  ^ 

MISEE, M<(r«/«,mèredeBacchus, 
selon  les  Orphiques  est  une  MaVa  ou 
P»havani  supérieure  h  Sivalui-même  : 
c'est  Mahécna  féminisé.  Vierge,  Mère, 
Reine,  Androgyne,  et  partout  répan- 
due, voilà  ses  traits  principaux.  Les 
vers  orphiques  qui  exaltent  sa  gloire, 
reviennent  adiré  :  et  c'est  la  lune,  c'est 
la  terre ,  c'est  la  nature ,  c'est  Cybèle, 
c'est  Vénus,  c'est  Cérès,  c'est  IsIsjj. 
Et  en  effet  voyez  quel  rapport  de  son 
entre  Misée  et  Maha-Isi  (la  grande 
Isis)  ou  Maisi  (Isis  mère).  Isis  rappelle 
tant  par  le  nom  que  par  l'idée,  Icani. 
Ou  peut  aussi  songer  a  la  Mysie. 

MISETSE ,  _  MisENUs ,  trompette 
de  l'armée  d'Enée  ,  défia  un  jour  les 
dieux  de  la  mer  de  l'égaler  en  talent 
musical.  Triton,  qui  sonne  de  la 
conque  devant  le  char  de  N'>ptnne,v 


io4 


WIT 


répondit  a  la  bravade  doMiscne,  en 
venanl  le  saisir  et  en  le  noyaul  sous 
les  flofs.  Enée  lui  éleva  un  tombeau 
et  donna  son  nom  au  cap  Misène. 
Virgile  qualifie  Misèue  de  phare 
d'Éole.. 

MISERE  (la),  ^Erlmna,  dans  le 
sens  d'Angoisse,  était  la  lillu  de  TÉ- 
rèbe  et  de  la  INuil. 

MISÉRICORDE.  Foy.  Pitik. 

MISMA,  Mfit>î,  mère  du  Cad- 
luile-Gigon  Ascalabe  (Ant.  Liberalis, 
Mètam. ,  c.  24  ).  Creuzer  soupçonne 
avec  raison  que  le  nom  est  corrompu 
{Syinh.  H.  ï\Iyth.,\\^  467).  On  a  vu 
(art.  Ascalabe)  que  ravciiture  de 
cet  épbèbe- moqueur  est  attribuée 
dans  Ovide,  à  un  Abas ,  fils  de  l'alhé- 
nienne  Méganire.  Méganire  et  Misma 
au  fond  ne  »onl  qu'une.  Elles  sont 
l'Axiocerse  femelle  d'nnc  tétrade  ca- 
biroïdique^  où  Céres-Proserpine  est 
1  Axiéros. 

MISOR,  dieu  syriaque,  filsdeMyn 
(ou  Amyn),  fut  père  de  Taaut.  Il  est 
aisé  de  démêler  dans  tous  ces  noms, 
tantôt  des  dieux,  tantôt  de  simples 
épithètes  égyptiennes  et  hindoues, 
Mahécoura  (le  grand  Acoura)  Mahé- 
cha,  Amoun  et  Toth.  Rien  de  si  ualu- 
rel  que  l'identification  d'un  dieu  su- 
prême, espèce  d' Amoun  de  la  Syrie, 
de  mage  modèle,  Mag;  et  rien  de  plus 
aisé  à  comprendre  que  le  nom  de  Mi- 
sor,  si  c'est  l'analogue  de  Mahécoura. 
Le  deuxième  démiurge  d'Egypte  de- 
vient souvent  fatal ,  il  s'cmane  en  Sovk 
h  Memphis,  en  Dédale  dans  Athènes , 
eu  Telchine  à  Rhodes  et  dans  le  Pélo- 
ponèse.  Il  est  possible  aussi  que  Misor 
ne  soit  qu'une  épitliète. — Comp.  Ma- 

UKCUA  ou  MAHIiCHACOtlRA,    dont   le 

nom  est  devenu  celui  d'un  état,  le 
JMaïssonr,  Mysore  des  Anglais. 

MITG  est  chez  les  Kamtchadales 
la  mer  personnifiée.  Dieu  puissant , 
mais  égoïste,  Mitg  euvoie  les  pois- 


MIT 

sons,  ses  agiles  et  tremblants  esclave'», 
lui  chercher  dans  la  profondeur  de 
l'abîme,  du  bois  propre  à  la  construc- 
tion de  ses  canots.  On  le  représente 
lui-même  sous  la  forme  d'un  poisson 
(Ici  pensez  aux  Addirdaga,  Dagox, 
Oannî^s  et  Vicunou-Matsia). 

MITHODIS,  dieu  cimbre,  faisait 
partie  d'une  Trinité  de  dieux  subal- 
ternes, analogue  peut-être  k  celle  des 
trois  Démiurges  de  l'Egypte.  Peut- 
être  aussi  celte  Trinité  ne  résulte-t- 
elle  que  d'uu  dédoublement,  comme 
les  Furies,  les  Gorgones,  les  Cy- 
clopes.  Et  justement  TEdda  nous 
présente  un  puissant  magicien,  Mi- 
iholin  qui  s'est  sans  doute  scindé  eu 
parèdres  et  en  mlnlstrants,  comme 
en  Grèce  Iléphesle  s'est  émané  en 
trois  Gydopes  principaux,  Argès, 
Bronlès  et  Stérope. 

MITHOTHIN,  magicien  modèle 
selon  la  mythologie  Scandinave,  s'em- 
para du  trône  d'Odin,  absent  à  la 
suite  des  infidélités  de  Frigga,  et  en- 
treprit de  se  faire  dieu.  Au  bout  de 
dix  ans,  Odin  cessa  de  gémir  sur  la 
légèreté  de  son  épouse,  revint  au 
ciel  et  força  Milliolhln  et  ses  adhé- 
rents a  céder  la  place  aux  Ases.  Ce 
mythe  rappelle  celui  de  la  Gigan- 
tomachie. 

MITHRA,MiTHRAs,  M/C/"«?,  dieu 
parsl ,  célèbre  non-seulement  dans  la 
région  médo-persane,  sa  patrie,  mais 
encore  dans  l'Asie  occidentale  entière, 
dans  rÉgyple,  dans  la  Grèce,  dans 
l'Italie  ,  dans  tous  les  lieux  que  sou- 
mirent les  armes  romaines,  a  été  dans 
les  temps  modernes  une  des  énigmes 
les  plus  désespérantes  pour lessavants. 
Deux  causes  y  ont  concouru  :  i"  l'état 
de  mystère  auquel  s'offre  la  religion 
railhriaque  dans  l'occident;  2°  le 
vague  avec  lequel  le  Zend-Avesla 
énonce  le  nom  de  Mithra.  Parlons 
de  ce  que  Milhra  olfrc  en  premier 


MIT 

lien  de  plas  saisissaUe  ,  soi!  culle 
dans  l'occident.  D'abord  se  pré- 
senlenl  des  raonumenls  en  grand 
nombre.  Les  plus  remarquables  sont 
le  bas-relief  de  Ladenbiirg,  trans- 
porté dans  le  cabinet  de  l'électeur  h 
Manbeiin  ;  celui  de  la  villa  Albani 
(planclie  xxvi,  i3i,  dans  Guiguiaut, 
trad.  delà  Symb.  deCreuzer)^  ce- 
lui de  Felbacii ,  décrit  par  Satler 
{Hist.de  PVùrtenherg,^ag.  i33, 
192  ,  etc.  )j  enfin  le  inonument  aux 
douze  tableaux,  successivement  décrit 
par  Horraayr  (G.  von  Tyroi),  Gio- 
vanelli  (  Ltttere  ) ,  de  Hamnier 
{I^Vien.  lit.  Zeitschr.^  1816,  p. 
1463,  etc.)?  de  Pallhausen  {To- 
pog.  roniano  -  ceit.  ) ,  enfin  par 
Secl  {Mithragcheininisse,  1823, 
p.  496-557  ).  Il  faut  y  joindre  deux 
autres  bas-reliefs  trouvés  à  Mauls  en 
'I  yrol  et  h  Stix-Neusiedel  (ce  dernier 
en  I  8 1 6) ,  et  une  pierre  gravée  don- 
née par  M.  de  Hammer.  L'idée  es- 
sentielle de  la  scène  représentée  par 
les  sculpteurs ,  c'est  le  meurtre  d'un 
taureau  que  l'on  peut  comparer  au 
vaste  Aboudad,  contenant  le  germe 
des  êtres,  par  un  adolescent  en  bon- 
net plirygien.  La  scène  se  passe  dans 
une  grotte  sous  la  voûte  qui  en  forme 
l'entrée.  Le  jeune  assassin  est  négli- 
gemment posé  sur  le  dos  du  puissant 
mammifère  ,  comme  sur  un  clivan  ou 
sur  de  moelleux  tapis.  Sa  main  plon- 
ge un  cimeterre  persan  dans  la  gorge 
de  sa  viclirae,  la  lame  aiguë  est  pres- 
que tout  entière  cachée  dans  les  mus- 
cles du  taureau  qui  lève  la  tête  ,  et 
semble  pousser  un  mugissement  plain- 
lifj  des  gouttes  de  sang  bouillonnent 
en  légère  écume  autour  de  la  garde 
du  glaive.  Le  taureau  est  a  demi 
couché  et  plie  les  genoux  ;  un  chien  , 
un  serpent,  un  scorpion,  une  four- 
jni,  s'acharnent  autour  des  parties 
géuitale$  du  mourantt  À  ces  trait? 


MIT 


io5 


principaux  se  joignent,  dans  quel-  " 
ques  monuments ,  de  nombreux  ac- 
cessoires. Un  personnage  lient  la 
queue  du  taureau ,  et  se  trouve  sur 
le  même  plan  que  Mithra;  dans  sa  main 
est  le  bàlon,  objet  d'un  vers  sacré 
dans  les  mystères.  Ln  lion  et  un  oi- 
seau se  tiennent  auprès  du  céleste  sa- 
crificateur. Les  bas-reliefs  de  Laden- 
burg  et  de  Felbach  présentent  au- 
dessous  de  ce  sacrifice  principal,  #t 
sur  un  second  plan ,  un  sacrifice  ter- 
restre: on  voit  le  bàlon  du  pasteur 
levé,  le  glaive  tiré,  la  palèrepenchée, 
le  chien  fixant  les  yeux  sur  le  taureau, 
le  serpent  plongeant  dans  le  vase 
mystique.  Le  bas -relief  aux  douze 
tableaux ,  remarquable  par  la  ri- 
chesse des  accessoires,  offre  deux  ban- 
des latérales  divisées  chacune  en  six 
compartiments,  dont  quatre  présen- 
tent le  bélier  et  le  taureau,  le  lion 
et  le  scorpion.  Il  n'est  personne  qui  k 
celte  vue  ne  songe  au  zodiaque.  Eu- 
fin^  dans  un  de  ces  monuments  ,  le 
jeune  homme  a  des  ailes  5  a  ses  côtés 
se  voient  un  dieu  qui  élève  un  flam« 
beau  et  un  dieu  qui  a  le  flambeau 
baissé.  Ailleurs,  c'est  un  être  aux 
formes  et  aux  gestes  priapiques,  qui 
darde  des  flots  de  semence  sur  le 
taureau.  Enfin  arrivent  les  foudres, 
les  triples  étoiles,  les  vans  stimula- 
teurs, les  arbres  semblables  au  pal- 
mier de  liom  et  au  pin  d'Atys ,  des 
êtres  mythiques  entortillés  de  ser- 
pents, le  char  solaire  k  quatre  che- 
vaux, les  autels  on  brûle  un  feu  éter- 
nel. Le  bas-relief  de  Slix-Neusiedel 
f)araltavoirétépeinldetroiscouleurs, 
)leu,  rouge  et  blanc.  Tous  ces  acces- 
soires sans  doute  ne  datent  pas  de  la, 
même  époque,  et  ne  peuvent  préten- 
dre k  la  même  autorité.  Toutefois  il 
est  clair  que  sous  ces  broderies  dif- 
férentes persiste  un  même  fond  d'i- 
dées, «acrifîce   du  taureaUi  Ce  sa* 


io6 


MIT 


crificc  est  cosmogoiiique  et  solaire. 
Un  dieu  jeune,  beau,  brillant,  ro- 
buste, égorge  la  victime.  Ce  jeune 
homme  n'est  autre  que  le  soleil  :  il 
tue  TanDce  ancienne  pour  ramener  la 
nouvelle;  d'un  glaive  d'or  il  perce  le 
sein  de  la  terre  ,  féconde  femelle  du 
taureau;  il  laboure  profondément  des 
flancs  stériles  pour  y  jeter  k  flots  les 
germes  reproducteurs.  Ces  actes  de 
tk  puissance  solaire  ont  leur  type  dans 
les  phénomènes  du  monde  entier. 
Partout,  c'est  la  destruction  qui  don- 
ne naissance  k  de  nouveaux  èti-es.  La 
mort  est  la  condition  de  la  vie.  Le 
gazon  et  les  fleurs  ne  tapissent  que 
des  cimetières.  Quant  aux  principaux 
entours,  on  voit  d'abord  dans  le  chien, 
le  scorpion  et  la  fourmi,  détestés  de 
Zoroaslre  ,  l'idée  d'abrimanismc.  Il 
n'est  pas  sur  que  le  serpent  ait  le  mê- 
me sens,  du  moins  sur  toutes  les  pier- 
res mithriaques.  Les  deux  flambeaux 
Far  leur  position  inverse  indiquent, 
un  l'année  qui  finit,  l'autre  l'année 
qui  va  naître.  La  grotte  connue  déjà 
par  tant  de  légendes  indique  hiver  et 
ténèbres,  vie  latente  et  utérine.  C'est 
l'Ioni ,  et,  dans  un  sens  moins  haut, 
c'est  l'asile  secret  d'où  l'on  va  s'é- 
lancer a  de  hautes  destinées.  Achille 
à  Scyros,  Haroéri  k  Ronto ,  ont  Ik 
aussi  leur  grotte  mystique,  froide, 
opaque,  aqueuse,  et  où  ils  ne  vivent 
que  d'une  vie  préparatoire.  La  fou- 
dre, le  van,  les  étoiles,  n'ont  rien 
qui  doive  nous   embarrasser.   Ou  le 

Î'eune  dieu-soleil  se  sublime,  et  devient 
e  darde -tonnerre,  le  stimulateur, 
l'étoile  monade  en  qui  se  résument 
les  étoiles;  ou  bien  il  est  sous  la  pro- 
tection de  tous  ces  êtres  divins,  et 
leur  sert  de  Cadmile.  Il  reste  un  fait 
important,  c'est  celte  espèce  de  dieu- 
pàtre  armé  du  bâton,  et  qui  s'occupe 
à  lever  la  queue  du  taureau.  ISous 
croyons  ayec  Creuzer  que  c'est  la 


MIT 

lune,  la  lune  audrogync  ou  mâle,  qui 
tantôt  élait  censée  ne  recevoir  la  se- 
mence du  soleil  que  pour  la  rendre  k 
la  terre,  tantôt  passait  pour  un  dieu 
fécondant  {f^oy.  Ltimis).  Au  reste 
l'idée  de  pasteur  et  de  nourricier- 
producteur  sellaient.  A  présent  quel 
est  le  nom  du  jeune  dieu-soleil  qui 
tue  le  taureau?  Le  monument  de  la 
villa  Rorghèsc  porte  en  toutes  let- 
tres :  N\MA  SebKSIO   DEO  SOLl    IN- 

viCTO  MiTHR^,.  Tous  les  doules  sont 
donc  levés,  et  nous  voilà  certains  que 
le  jeune  dieu  s'appelle  Mlthra.  Quant 
K  Sebesio,  ce  nom  rappelle,  il  est 
vrai,  le  Sabos  ou  Sabazios  des  Thra- 
ces;  mais  nous  n'en  concluons  pas 
que  c'est  le  nom  du  bouvier  parèdre, 
et  moins  encore  qu'il  veuille  dire  la 
lune.  Nous  nous  sommes  expliqués 
ailleurs  sur  le  sens  des  deux  mots  que 
nous  traduisons  par  «Gloire  k  Siva!  » 
Siva  et  Sabos,  Sabos  et  Bacchus  se 
tiennent  de  près;  ils  tiennent  aussi  de 
très-près  au  soleil,  soit  comme  in- 
vincible, soit  comme  roi  des  mondes, 
soit  comme  s'élançant  de  la  grotte 
montagne  Mérou-Ioni,  soit  comme 
rapide  immolatcur.  Nous  ne  voyons 
pas  qu'il  tienne  ainsi  k  la  lune.  Sans 
donc  prononcer  encore  que  Siva, 
Mithra  et  Bacchus  ne  font  qu'un, 
nous  admettons  un  rapport  entre  eux,' 
surtout  lorsque  nous  remarquons  la 
posture  et  la  physionomie  de  Siva  sur 
son  taureau  Nandi,  —  Les  mystères 
de  Mithra  se  composaient  sans  doute 
(fe  dogmes  et  d'épreuves.  Celles-ciij 
étaient  d'abord  légères ,  puis  violen-j 
tes  et  presque  insupportables  ;  c'était] 
la  natation,  la  prison,  une  coulinence 
rigoureuse,  de  longs  jeûnes,  des  fla- 
gellations cruelles,  enfin  des  tourments 
de  plus  d'un  genre,  et  qui  souvent 
mettaient  la  vie  des  aspirants  en  pé- 
ril. Les  épreuves  duraient  dequaraute- 
cinq    ou  cinquante  h  quatre-vingt* 


MIT 

jours.  Les  récipiendaires  étaient  en- 
suite baptisés.  Un  autre  jour  ou  im- 
primait sur  leur  front  un  sceau  qui 
les  consacrait  au  bon  principe  5  ce 
sceau  ians  doute  n  était  qu'une  onc- 
tion avec  de  l'huile  et  une  pâte  lé 
gère.  Plus  lard,  venait  l'offrande  du 
pain  et  du  vin  5  des  paroles  mysté- 
rieuses accompagnaient  celte  cérémo- 
nie. Enfin  on  mettait  sur  la  tète  du 
néophyte  une  couronne,  et  il  la  reje- 
tait par  dessus  l'épaule ,  en  disant  : 
«C'est  Milhra  qui  est  ma  couronne  m  . 
Il  gardait  l'épée  qu'on  lui  offrait  en 
même  temps,  et  soudain  il  était  dé- 
claré soldat  de  Mithra,  et  saluait  tous 
les  assistants  du  nom  de  frères  d'ar- 
mes ou  syslratiotes  {avarpuriurcci  ■, 
commilitones).  La  confrérie  mi- 
tbriaque  était  divisée  en  sept  grandes 
catégories  ,  et  par  conséquent  recon- 
naissait sept  grades  distincts.  C'est  la 
cette  mystique  échelle  aux  sept  éche- 
lons qui  a  joué  un  sigrand  rôle  dans  tout 
l'orient,  et  par  suite  dans  l'occident, 
depuis  la  période  alexnndriue.  Les 
adeptes  du  grade  inférieur  se  nom- 
maient soldats-  ceux  ou  celles  du  se- 
cond s'appelaient  lions  s'ils  étaient 
hommes,  hyènes  si  elles  étaient  fem- 
mes 5  ensuite  venaient  au  troisième 
rang  les  corbeaux  (Coraces,  yA^otitis) , 
au  quatrième  les  Perses,  au  cinquième 
les  Bromes  {Bromii^  Bfôfiot)^  au 
sixième  les  Hélis  ou  soleils  (j^«/iï, 
iixioi.) ,  au  septième  les  Pères  [Pa- 
tres). De  laies  noms  de  Léontiques, 
Coraciques  (ouHiérocoraciques),  Per- 
siques,  Bromiques,  Héliaques  et  Pa- 
Iriques  pour  désigucr  tantôt  les  gra- 
des ,  tantôt  les  solennités  religieuses 
ou  les  initiations  à  tel  ou  tel  degré  du 
mithriasme.  A  la  tête  de  toute  la 
hiérarchie  était  le  père  des  pères, 
grand  pontife  du  culte  secret  de  Mi- 
thra. Chaque  classe  d'initiés  était 
distinguée  par  un  costumç  qui  proba- 


MIT 


107 


blemenl  reproduisait,  soit  par  l'atti- 
tude, soit  par  l'habillement  ou  un  mas- 
que, l'animal  auquel  était  emprunté 
le  nom  du  grade.  11  est  question  de 
griffon ,  d'aigle  ,  d'épervier  5  il  serait 
assez  diindle  de  dire  à  qui  ces  noms  ap- 
partiennent.Toutefois,  nous  croirions 
facilement  que  les  griffons  étaient  le 
cinquième  grade  (plus bas  on  va  voir 
pourquoi),  les  aigles  le  sixième,  et  les 
éperviers  le  septième  ou  les  pères. 
Il  ne  nous  manque  donc  d'espèce  ani- 
male que  pour  le  quatrième  grade, 
c'est  peut-être  le  taureau.  Notoùs  ici 
que  l'aigle  était  confondu  avec  l'éper- 
vier,  ce  qui  réduit  deux  grades  à  un 
seul  représentant  volatile  j  et  d'autre 
part  que  le  chef  suprême  n'a  pas  à  lui 
en  propre  un  adéquate  mystique  par- 
mi les  animaux  supérieurs.  Au  reste, 
ce  dernier  fait  n'est  pas  étonnant. 
Ici  rappelons  les  noms  des  quatre  oi- 
seaux sacrés  parsis  ,  Eoroch ,  Hou- 
frachmodad  ,  Eorochasp  ,  Achtren- 
gad.  L'Eoroch  ,  épervier  selon  De 
Hammer,  a  pu  être  le  représentant  des 
Pères.  L'Houfrachmodad  Simourgb 
du  même  orientaliste  aurait  alors  re- 
présenté les  Hélis  (soleils-prophètes). 
L'Achtrengad  dans  le  nom  duquel  en- 
tre certainement  l'idée  d'astre,  et 
qui  sans  doute  est  quelque  gallinacé 
au  brillant  plumage,  l'oiseau-lyre  par 
exemple ,  aurait  été  le  Brome  5  car 
dans  l'opinion  de  l'antiquité  les  astres 
sont  moins  que  le  soleil:  les  étoiles 
sont  donc  d'un  cran  au-dessous  des 
soleils.  Quant  à  l'Eorochasp,  ce  se- 
rait le  griffon  5  car  asp  veut  dire 
cheval,  et  nous  reconnaissons  déjà 
l'Éoroch  pourl'épervier.  Quelle  était 
l'autorité'  du  père  suprême  sur  tous 
ses  fils?  Une  autorité  despotique;  et 
probablement  sa  prétention  était 
d'offrir  en  lui  sous  les  traits  d'uu 
homme  un  dieu  incarné ,  Mithra 
lui  -  même    se    perpétuant    en    une 


to8 


MIT 


succession  non  interrompue  d'Loroch 
ou  d'iioiumes  sur  cette  terre  qu'il 
échauffe  de  ses  rayons,  qu'il  éclaire 
de  sa  lumière  ,  qu'il  ameuDlft  de  son 
glaive  d'or,  qu'il  féconde  de  ses  efflu- 
ves clhércs  ,  qu'il  vivifie  de  son 
amour.  On  appelait  Pater  Patratus, 
Tinitié    auquel  avait   été    conféré  le 

f)lus  haut  grade.  —  Les  offrandes  et 
es  sacrifices  différaient  selon  les  de- 
grés d'initiation  et  selon  les  jours. 
L'eau  était  bannie  des  Léontiques; 
dans  les  Persiques  on  offrait  du  miel 
à  Milhra.  Près  d'Alexandrie  et  a 
Rome  on  immolait  des  victimes  hu- 
maines. Adrien  prohiba  ces  horribles 
sacrifices,  mais  ils  continuèrent  ^  et 
Commode,  dit-on,  immola  de  sa  main 
un  homme  a  Mitlira.  Le  24  avril 
était  fameux  par  la  fête  des  Gryphes. 
Les  inities  portaient  des  robes  bario- 
lées de  bizarres  figures  dans  lesquel- 
les étaient  réunis  le  mammifère  au 
long  corps  maigre  et  l'oiseau  aux 
griffes  profondes ,  au  bec  courbe  et  à 
l'immense  envergure;  on  donnait  par- 
fois le  nom  d'olympique  h  ce  genre 
de  dessin.  —  Origène  nous  a  trans- 
mis des  détails  curieux  sur  l'échelle 
aux  sept  échelons.  Ils  étaient ,  le  pre- 
mier de  plomb  ,  le  deuxième  d'étain , 
le  troisième  de  cuivre ,  le  quatrième 
de  fer ,  le  cinquième  d'un  amalgame, 
le  sixième  d'argent,  le  septième  d'or. 
Voici  les  noms  des  dieux  auxquels 
chacun  était  consacré  :  Saturne  ,  Vé- 
nus ,  Jupiter,  Mercure,  Mars,  la 
lune,  le  soleil.  Les  raisons  alléguées 
k  l'appui  de  chacune  de  ces  consécra- 
tions sont  trop  subtiles  pour  être 
vraies.  Toutefois  ,  l'argent  et  l'or 
symbolisaient,  dit-on,  par  leur  cou- 
leur la  lune  et  le  soleil.  Le  long  de 
l'échelle ,  et  correspondant  k  chaque 
degré  ,  étaientsept  portes;  k  l'exlré- 
mité  supérieure  il  y  en  avait  une  hui- 
tièmç,  Mçœç  en  adniçUant  la  syn;- 


MI'J' 

bolisation  side'rique ,  il  faudrait  re- 
connaître dans  celte  échelle  une 
image  physique  du  cercle  que  doi- 
vent parcourir  les  kraes  de  plus  eu 
plus  épurées  et  sublimées,  pour  arri- 
ver k  la  béatitude  et  se  réabsorber 
dans  l'èlre.  C'est  ici  le  cas  de  se  rap- 
peler les  sept  Cabires  de  la  Phénicie 
et  le  huitième  qui  est  tout,  Esmoun. 
—  L'idée  de  Milhra  semble  avoir 
commencé  k  faire  irruption  dans  l'A- 
sie-Mlueure  vers  le  6"  siècle  avant 
J.-C,  et  quand  les  conquêtes  de  Da- 
rius eurent  popularisé  la  puissance 
persane  au  delk  de  la  haute  Asie.  Les 
troubles  qui  eurent  lieu  dans  la  mo- 
narchie persane,  l'expédilion  du  jeune 
Cyrus,  les  soulèvemenls  de  l'Egypte, 
Alexandre,  la  guerre  qui  suivit  sa 
mcrt,  et  enfin  l'élablissemeul  de 
monaixhies  helléniques  dans  l'orient 
amenèrent  Milhra  sur  les  rives  de 
l'Oronle  ,  du  Méandre  et  du  Nil. 
Alexandrie,  fournaise  ardente  où  tou- 
tes les  doctrines  turent  mises  en  ébul- 
liliou  pour  arriver  k  se  fondre,  vanla, 
commenta  Mithra,  s'extasia,  parce 
qu'elle  n'y  comprenait  rien,  et  en 
donna  une  édition  nouvelle  aux  cu- 
rieux du  monde  grec  -  romain.  Mi- 
lhra arrive  ainsi  dans  Rome  vers 
l'an  loi  de  J.-C.  Peu  k  peu  il  s'é- 
tendait, mais  sans  doute  par  une 
autre  voie ,  au  milieu  des  Alpes  no- 
riques  et  rétiennes;  et  c'est  en  effet 
l'Allemagne  qui  nous  a  donné  le  plus 
grand  nombre  de  monuments  mithria- 
ques.  Des  données  nouvelles,  basées 
sur  l'histoire  par  masses  des  grandes 
émigrations  qui  ont  peuplé  le  monde, 
et  sur  la  comparaison  des  docUines 
religieuses,  permettent  d'aller  plus 
loin:  Milhra  aurait  sa  racine  dans 
l'Inde,  et  serait  k  la  fois  un  Siva  et 
un  Yichnou.  L'un  et  l'autre  s'é- 
manant  de  la  Trimourli  hindoue, 
assument  le  rôle  de  soleile  Siva  je 


MIT 

nomme  Souria  :  Mitra  (ce  nom  mê- 
me se  trouve  dans  la  liste  des  Aditias), 
voila  le  nom  deYiclmou.Milra possède 
quelque  cliose  de  plus  pur,  de  plus 
doux,  de  plus  bienfaisant,  que  Souria. 
En  Perse  donc,  sous  l'empire  d'une 
loi  d'amour,  Mitra  eiface  Souria, 
l'absorbe  presque  tout  entier,  et  se 
place  a  un  haut  rang  sur  la  liste  des 
divinités  bienfaisantes.  Quel  fut  le 
foyer  de  son  culte,  la  Perside  ou  la 
Bactriane?  Nous  inclinons  pour  la 
seconde  ,  quoique  la  première  ne 
manque  pas  de  raisons  a  faire  valoir. 
Alors  deux  routes  s'offrent  a  Mitra  , 
l'une  au  nord  par  les  Paropamises  et 
la  Transoxane;  l'autre  par  le  sud  et 
le  long  du  golfe  Persique  et  de  l'Eu- 
phrale,  pour  delà  passer  dans  l'Asie 
Mineure  et  en  Syrie.  Mitra  envahit 
les  deux  routes,  et  par  l'une  il  se 
glisse  dans  l'île  de  Tyr ,  entre  dans 
Alexandrie,  débarque  dans  Rome; 
c'est  par  l'autre  que  contournant  la 
Mer-Caspienne,  franchissant  la  porte 
de  fer  (de  Derbend),  laissant  derrière 
lui  le  golfe  Putride,  il  file  le  long  du 
Danube ,  et  va  chez  les  rudes  ancê- 
tres des  Hongrois,  des  Styriens,  des 
Grisons,  inspirer  de  grossières  sculp- 
tures. Il  y  a  plus  :  on  le  voit  par  cette 
voie  sans  doute  ,  plutôt  que  grâce 
aux  navigations  phéniciennes  ,  s'éta- 
blir dans  les  Iles  Britanniques  (car 
Milhra  en  irlandais  ancien  veut  dire 
le  soleil) ,  et  même  M.  de  Humboldt 
le  retrouve  dans  le  dieu  mexicain 
Tonatiouh.  Peu  de  cultes  ont  donc, 
quoique  dans  les  ténèbres  de  l'orga- 
nisation mystique,  fait  une  fortune 
plus  brillante  que  la  religion  de  Mi- 
thra  ;  rien  pourtant  de  moins  précis 
que  son  caractère,  en  Perse  même. 
Voici  le  résumé  des  phrases  éparses 
où  le  Zend-Avesta  le  nomme  avec  ces 
éloges  emphatiques  dont  il  est  prodi- 
gue pour  !ï  moindre  des  esprits  Or- 


MIT 


109 


muzdiens.  Mithra  figure  parmi  les 
Izeds.  Ormuzd  est  son  créateur,  il  est 
soumis  a  Ormuzd  ;  il  est  plus  grand 
et  plus  brillant  que  les  autres  Izeds , 
il  est  le  haut  des  hauts ,  il  a  l'éclat  de 
la  lune ,  l'élévation  de  Tachter.  On 
l'invoque  avec  le  soleil,  il  paraît  en 
même  temps  que  lui;  cependant  il  en 
est  distinct;  il  est  le  Hamkar  d'Haran 
et  du  Gab  Séfandomad,  il  préside 
seul  au  16  du  mois,  et  avec  Ormuzd 
au  8,  au  1 5  ,  au  23.  Il  reçoit  le  Sa- 
déré  de  tout  être  qui  s'est  absorbé 
dans  la  perfection;  il  donne  Tsour 
(la  vigueur),  accomplit  la  loi  d'Or- 
muzd  dans  les  hauts,  et  anéantit  la 
loi  d'Aliriman.  Sans  cesse  il  élève  les 
mains  vers  Ormuzd  ,  et  le  reconnaît 
pour  le  souverain  de  la  nature.  Il  a 
mille  oreilles  et  dix  mille  yeux;  il  fait 
entendre  une  voix  de  vérité  au  milieu 
des  Izeds.  Médiateur  dans  Béhccht 
(la  partie  du  ciel  habitée  par  Ormuzd) 
et  sur  l'AIbordj  (la  montagne  primor- 
diale), il  procure  aux  hommes  les  se- 
cours de  llachnérast,  couvre  la  lerrc 
de  fruits,  de  fleurs  et  de  verdure.  Par 
lui  de  nombreuses  populations  se  par- 
tagent ces  aliments.  Il  les  défend  des 
attaques  de  l'armée  ahrimanienne.  Il 
garde  toutes  les  créatures.  Héros 
voyageur  et  coureur,  il  s'élance  dans 
l'espace  armé  de  pied  en  cap ,  frappe 
ça  et  là  les  fainéants,  écarte  Daroudj 
des  rues,  des  grands  chemins,  des 
lieux  habités  ;  trace  k  l'eau  la  route 
qu'elle  doit  parcourir;  donne  le  repos 
aTIran.  Il  dispense  la  lumière  et  le 
soleil  k  la  terre;  il  place  sur  le  trône 
les  bons  rois ,  à  la  tête  des  provin- 
ces les  loyaux  satrapes ,  dans  l'ar- 
mée les  braves  guerriers;  il  est  bien- 
faisant, compatissant,  clairvoyant,  vi- 
gilant.  actif;  il  donne  la  santé,  la 
vigueur.  Ormuzd  l'a  comme  placé  eu 
sentinelle  sur  Gorotman,  bien  au 
dessus  des  quatre  oiseaux.  De  la  il 


iio 


MIT 


t. 


veille   snr  runivers.  Il  ressemble  à 
Houfrachmodad.  C'est  lui  qui  a  insli- 
iiié  les  liens  moi-aux ,  qui  a  gradué  les 
rapports  des  liommes  avec  les  hom- 
ines,  qui  pèse  les  acliotis  humaines  au 
passage  du  pont  Tcliinévad  qui  sé- 
pare les  demeures  mortelles  du  royau- 
me de  rélernilé.  On  doit  Pinvoquer 
trois  fois  le  jour,  au  lever  de  Taurore 
à  raidi,  au  coucher  du  soleil.  Un  des 
mois  de  Tannée  parsi  lui  est  consa- 
cré, et  dans  tous  les  autres  mois  il  a 
un  jour  [f^o^.  plus  haut).  Le  péché 
commis  ce  raois-la  ou  ce  )our-Ih  est 
plus  grave  que  les  autres,  et  on  ue 
l'expie  que  par  des  pénitences  plus 
austères.  Ainsi  s'expriment  les  tex- 
tes sacrés.   Si   nous  les   comparons 
k    ce    que   nous    savons    des    cultes 
étrangers  au  parsisme  et  des  détails 
non  biographiques  de  la  religion  par- 
sique,  voici  ce  qui  en  résultera,  i"  Il 
y  a  six  feux  (f^of.  Béri'ckcingh). 
Parmi  ces  feux  se  dislingue  le    feu 
Mihr,  soleil  et  amour,  consacré  k  Vé- 
nus.   2°  De  cette  double    propriété 
(solarité,  amour),  on  a  conclu  l'iden- 
tification  du  soleil    k  bienfaisance, 
harmonie, affinité,  attraction, amour. 
3"  On  a  ensuite  identifié  le    soleil- 
barmonie  -  amour   h    une  grande    el 
haute    déesse.    A"    Le    nom    de   la 
grande  déesse,  c'est  Milhra,  le  même 
qu'Anahid  (Yénus-Luna,   disent  les 
traducteurs  bellénoïdes).  5"  Mitbra- 
Mitbras  est  un  androgyne  dont  tour 
à  tour  prédominera  le  sexe  mâle  ou 
le  sexe  femelle.  L'Arménie  a  donné 
la  préférence  a  ce  dernier.  Des  tem- 
ples rivaux  se  sont  voués  au  culte  du 
premier.  6"  Milhras  se  dégageant  de 
Mltbra    ne    s'est    point    dégagé    de 
l'Ioni  :  il  est  resté   k  l'entrée  de  la 
grotte  qui  est  aussi  l'Albordj ,  et  en 
t;énéral  l'entrée,  le  seuil,  le  vestibule, 
Xinitiupi  général  (comp.  Zoroastre, 
Blogr.itniv.,  LII,  457)-  7°  ^i- 


MNÉ 

ibras-soleil  organisateur  devînt,  non 
pas  soleil  physique,  mais  l'esprit  rec- 
teur du  soleil,  l'intelligence  solaire, 
la  pensée  rccliice  des  mondes  qu'elle 
meut  avec  amour  et  en  cadence ,  la  loi 
pensante.    8"  Milhras  soleil -pensée     _ 
fut  regardé  comme  le  centre  des  mon-    « 
des,    et  k  plus  forte  raison  du  so-     ' 
leil  et  de  la  lune  que  l'on  regardait 
parfois  comme  deux  pouvoirs  oppo- 
sés.  90  Mithras  soleil  au  milieu  du 
monde  ,  in  medio  ,  fut  le  médiateur 
au  moral ,  médiateur  entre  |c  ciel  et 
la  terre  ,  médiateur  entre  Ormuzd  et 
l'homme,  médiateur  entre  la  lumière 
et  les  ténèbres,   médiateur  entre  le 
péché  et  la  pureté  (c'est  donc  lui  qui 
inspire  le  repentir  et  ramène  k  la 
vertu).   10°  Mithras  idéalisé  s'élève 
au  rang  suprême  de  la  hiérarchie  di- 
vine ,  et  c'est  le  premier  des  Izeds. 
]\nl  doute  ;  mais  il  est  de  plus  l'Éo- 
roch  lui-même,  il  est  l'Amchasfand     Jl 
des  Amchasfands,  il  est  Ormuzd,  il     11 
est  Zervane-Akérènc. 

MITRA,  Vichnou-solcil  aux  In- 
des.   Voy.  MlTHRA. 

MNASIINOOS ,  M»««;<;«,  fut  fils 
dePollux  et  de  Pliébé  IcLeucippide, 
selon  quelques  auteurs. 

MÎSEME,  yiviiff^,  une  des  trois 
Muses  primitives,  /^oy.  Muses. 

MISEMOSYNE,  ^h>,fco<r^y^,  cé- 
lèbre dans  la  mythologie  romaine  et 
grecque  comme  mère  des  Muses 
qu'elle  eut  de  Jupiler,  naquit  du  Ciel 
et  de  la  Terre,  ou  bien  de  Saturne  et 
de  Rhée.  Jupiter,  pour  la  séduire, 
s'était  transformé  en  berger.  Diodore 
a  fait  de  celte  Titauide  une  fenmie 
qui  apprit  aux  liommes  le  raisonne- 
ment, et  imposa  des  noms  a  tous  les 
objets  de  k  nature.  Des  modernes  y 
ont  presque  vu  les  procédés  mnémo- 
techniques.Une  statue  du  Musée  Pio- 
Clémentin,!,  28,  représente  Mné- 
mosvne  le  bras  enveloppé  dans  sou 


MNÉ 

ample  manteau  el  dans  une  ûUîlude 
(|ui  exprime  la  médilation.  Mengs  l'a 
peinte  sur  le  plafond  de  la  raaguiflqiie 
galerie  de  la  Vl'la-Albani.  Ou  nom- 
me quelquefois  les  Muses  j\înéraosy- 
nidcs  on  Mnémonides,  c'est-a-dire 
filles  de  IMuéraosyne  ou  filles  de  Mé- 
moire; en  effet  Mnémosyne,  en  grec, 
signifie  Mémoire. 

MINÈSE,  Mvii'cro;,  Mnksus,  chef 
iroyen  tué  par  Achille. 

MINÉSIMAQUE,  Mkesimaghe  , 
My/iTif^ci^^vi  ,  avait  été  enlevée  par 
Euryliou,  et  fut  délivrée  par  Her- 
cule. Quelques-uns  la  font  maîtresse 
volontaire  d'Euryliou. 

MNESTHÉE, Mkesthexîs,  Mv;?- 
<rêi\iSi  chef  troyen,  suivit  Enée  dans 
l'Italie,  remporta  aux  jeux  donnés 
en  Sicile,  pour  l'anniversaire  de  la 
mort  d'Ancliise,  le  second  prix  de  la 
course  des  vaisseaux,  se  distingua 
dans  la  guerre  contre  Turnus,  et  fut 
la  tige  de  la  fnmiile  Memmia. 

MNESTHÈS,  Ur>;<Têyjs,  Grec  tué 
par  Ulysse. 

MNESTRA,  ■^hUrçx  :  r-  Da- 
naïde,  2°  la  même  que  Métra  {f^oy. 
Erysiohthou). 

MINEVIS ,  un  des  trois  taureaux  * 
qu'honorait  l'Egypte,  îi  titre  d'une 
incarnation  solaire,  était  révéré  dans 
Héliopolis.  Les  deux  autres  étaient 
Apis  et  Onfis  ou  Onufis  (vulgairement 
Omphis)  auxquels  il  est  permis  de 
joindre  Bacis.  Ces  quatre  noms  se 
résolvent  en  trois  taureaux.  L'opi- 
nion est  qu'Apis  était  consacré  h  la 
lune,  tandis  que  les  autres  l'étaient 
au  soleil.  Il  y  aurait  beaucoup  K  dire 
sur  ce  système.  A  notre  avis.  Apis 
serait  plutôt  le  soleil ,  en  tant  qu'in- 
férieur h  la  lune  ou  h  la  terre.  Un 
soleil  lunaire  eu  quelque  sorte;  un 
soleil  descendu  aux  enfers,  et  y  deve- 
nant le  juge  des  âmes  (ainsi  Indra  est 
Janaa,    Osiris,    Busiris,     Jupiter, 


3I0E 


iir 


Plulon).  Bacis  au  contraire  aurait 
été  le  soleil,  soleil  dans  toute  sa 
gloire  (Bacchus,  Bagliis,  Bhagavan). 
Mnevis  aurait  tenu  de  l'un  et  de 
l'autre.  Vrai  soleil,  il  eût  été  pourtant 
le  soleil  afiaibli^  vaincu,  voilé  par 
les  noires  ténèbres.  Le  fait  est  que 
Mnévis  et  Onfis  devraient  être  noirs 
et  avoir  le  poil  tourné  en  sens  con- 
traire des  autres  taureaux. 

MOCHTARA,  dieu  arabe,  le 
même,  dit-on,  que  Jupilcr. 

MODGOUDOUR,  chez  les  Scan- 
dluaves,  est  la  jeune  fille  hla(juc]ie  est 
confiée  la  garde  du  pont  jclé  sur  le 
Giault,  et  qui  mène  du  monde  d'en 
haut  dans  le  INiflhcim.  Avant  d'y  ar- 
river cependant  il  faut,  neuf  jours  et 
neuf  nuits  durant,  traverser  d'im- 
menses et  sombres  forêts.  Il  passe 
par  jour  vingt-cinq  mille  morts  sur  le 
pont  du  Giault.  Comp.  Charon. 

MOERAGETES,  M./^^v^r;?,,  en 
français  MEiîAGi;TE,  c'esl-a-direcon- 
ducteur  des  Parques,  des  Deslins: 
1°  Pluton;  2"  Jupiter  en  Arcadie  et 
en  Elide.  Ce  surnom  ,  pour  ce  der- 
nier dieu,  est  très-remarquable. 

MOEROR  (le  Chagrin)  est  dans 
Virgile  le  fils  de  la  Mort ,  et  a  pour 
frère  Momus,  pour  sœurs  les  Hespé- 
rides.  C'est  un  des  dieux  allégoriques 
que  l'Enéide  place  h  la  porte  des 
enfers.  Les  Grecs  aussi  avaient  divi- 
nise le  Chagrin,  mais  sous  des  noms 
différents  :  i°Algos  qui  est  du  neutre 
cl  fils  d'Eris;  3"  Lypë,  qu'Hésiode 
montre  sur  le  bouclier  d'Hercule  au- 
près des  Parques,  Les  représenta- 
tions figurées  du  Chngiin  n'ont  au- 
cune importance.  C'est  une  femme 
assise  tenant  ses  genoux  des  deux 
mains  :  c'est  un  homme  a  visage  livi- 
de, au  teint  hâve,  aux  dents  ser- 
rées, aux  griffes  aiguës,  aux  joues 
sanglantes. 

MOEZ,  dieu  druse,  n'est  autre 


112 


MOU 


que  Hakera  dans  sa  septième  incarna- 
tion. Comme  tel,  de  Maliadid,  bril- 
lant théâtre  de  son  incarnation  sous 
le  nom  deKaiem,  il  se  transporta  vers 
l'est,  et  fonda  Rosette  sur  les  bords 
de  la  Méditerranée. 

MOGHA  NU  ACHAT,  fille  du 
sang  des  Eibbears  (les  Ibères),  cbassa 
du  Munster  en  Irlande  les  Earnaci 
qui  avaient  pour  défenseurs  Qonn- 
aux-cent-balailles  ;  et  alors  eut  lieu 
le  partage  de  l'Irlande  en  deux 
grandes  parties ,  la  moitié  de  Mogba, 
Leath-Mogha  et  la  moitié  de  Qonn, 
Leatb-Qonn.  La  dernière  était  au 
nord.  Le  vrai  nom  de  Mogba  Nua- 
gbat  fut  Eogan  Mor. 

MOGODA  et  SARIBOLT,  dis- 
ciples favoris  de  Bouddha  {f^oyez  ce 
nom). 

MOGON  était  adoré  par  les 
Cadène8(peupleduISortbumberIand). 
Une  tradition  portait  qu'il  avait  dé- 
fendu le  pays  des  ravages  d'un  tyran. 
On  a  trouvé  en  1607,  dans  le  River- 
head,  des  monuments  qui  attestent  le 
culte  de  ce  dieu. 

MOGOSTOCOS.  F.  Ilithye. 
MOHAINIMAIA  ou  MAHAMO- 
HAINI,  la  fausse  beauté  aux  Indes, 
naît  comme  Lakchmi  de  la  mer  de 
lait,  et,  quoique  trompeuse  et  fantas- 
tique, n'a  point  l'aspect  assombrissant 
et  de'solé  de  Moudévi.  A  vrai  dire , 
Lakchmi  est  plus  Mohanimaïa  que 
Moudévi. Moudévi  c'est  la  face  unique 
du  pôle  noir.  Lakclimi  etMabamohani 
sont  deux  faces  du  pôle  blanc.  Ainsi 
en  Grèce  la  Néphélè  dont  les  con- 
tours simulent  les  formes  de  Junon 
est  plus  voisine  de  Junon  que  la 
sombre  Proserpinej  et  justement 
cette  Képbéiê,  de  laquelle  le  nom 
vient  de  se  placer  sous  notre  plume, 
cettenuée,  a  l'aide  de  laquelle  Jupiter 
mystifie  la  crédule  insolence  d'Ixion, 
est  bien  nu  reflet  de  IMahamohani. 


MOK 

Au  jour  où  Dieux  et  Aconrns'se  sont 
unis  pour  la  distillation  de  l'Amrita  , 
lorsque  les  génies  funestes  se  sont 
emparés  du  barril  d'immortalité, 
Vichnou  emprunte  l'extérieur  sédui- 
sant de  Mahamobani,  et  moitié  folâ- 
trant, moitié  usant  de  cette  force  in- 
vincible qu'il  développera  dans  ses 
iiicarnalious,  reprend  le  liquide  pré- 
cieux qu'il  partage  entre  les  dieux  de 
la  lumière.  Un  peu  plus  tard  la  tête 
de  Rabou  qui  seule  a  su  se  glisser 
dans  les  rangs  dos  futurs  immortels 
tnmbe  sous  ses  coups  (A^.  Ambrosie). 
Mahamobani  excita  les  transports  de 
Siva  lui-même  et  eut  de  lui  un  fils 
nommé  Aïénar.  An  reste  qui  pourrait 
tenir  rigueur  h  l'irrésistible  beauté  de 
Mohanimaïa.^  aimable  quand  elle  est 
Maïa  l'illusion  véridique,  nel'esl-elle 
pas  bien  plus  encore  lorsqu'elle  de- 
vient Maliamoïani ,  l'illusion  men- 
teuse.'' 

MOKISSOS  (les)  sont,  chez  les 
Congues  du  Loango,  les  dieux  secon- 
daires soumis  à  Zambam-Congo ,  qui 
f)eut  a  son  gré  les  châtier  et  leur  ôtcr 
a  vie.  Leur  puissance  pourtant  est 
grande.  Rien  au  monde  ne  se  passe 
sans  qu'un  Mokisso  s'en  occupe. 
Chaque  homme  même  a  le  sien.  Est-il 
heureux  et  bien  portant,  c'est  qu'il 
est  dans  les  bonnes  gràcesduMokisso. 
Survienne  un  revers,  une  maladie, 
cela  s'explique  encore  :  le  Mokisso 
boude.  Pour  prévenir  ces  caprices 
funestes,  les  vœux,  les  oifrandes, 
les  sacrifices  ne  manquent  pas. 
Kombre  de  Mokissos  sont  représen- 
tés avec  des  formes  animales,  dont 
presque  toujours  les  oiseaux  et  les 
mammifères  font  les  frais.  Le  bois  ou 
des  pierres  grossières  sont  les  maté- 
riaux de  ces  statues  inélégantes  qui 
s'élèvent,  les  unes  dans  les  tem- 
ples ,  les  autres  dans  les  rues  et  sur 
(es  grands  chemins.    Ces  dernière» 


MOL 

sont  beaucoup  plus  nombreuses. 
MOKOCH  était,  chez  les  Slaves , 
le  protecteur  spécial  des  chèvres  et 
des  moutons.  Au  reste  un  dieu  plus 
grand,  Volosse,  présidait  aux  trou- 
peaux eu  général. 

MOKOURIS  passe  chez  lesBoud- 
dhistes  Japonais  pour  un  des  apôtres 
modèles.  Il  se  montra  d'abord  sur  les 
côtes  de  Malabar  et  de  Cororaandelj 
puis  peu  a  peu,  à  mesure  que  sa  doc- 
trine s'étendit,  il  envoya  de  saints 
missionnaires  annoncer  les  vérités 
prèchées  par  lui-même  :  c'est  ainsi 
que  le  culte  de  Bouddha  arriva  à  la 
Chine  et  de  la  au  Japon.  Toutefois  il 
faut  noter  que  le  Bouddha  prêché  par 
Mokouris  se  nomme  Amida.  Il  y  a 
beaucoup  de  traditions  différentes  sur 
l'introduction  du  Bouddhisme  au  Ja- 
pon. Comp.  Bouddha. 

MOLES,  MoLiE,  déesse  latine  des 
meuniers,  passait  pour  fille  de  Mars 
qui  moud  les  hommes,  comme  la 
pierre  meulière  broie  le  blé. 

MOLION,  M<.X/(ôv:i°filsd'Eu- 
ryte  ,  tué  par  Hercule,  à  OEclialie; 
a"  écuyer  de  Tymbrée ,  renversé  par 
Ulysse,  au  siège  de  Troie. 

MOLIOINE,  UuXtmri,  femme 
d'Aclor  et  amante  de  INeptune  dont 
elle  a  deux  fils,  Euryte  et  Ctéate,  ap- 
pelésdunom  deleurmèreMoliouides, 
Aclorides  du  nom  de  leur  père  puta- 
tif. Les  noms  d'Actor  [ÙK-ivi.,  rivage) 
et  de  Neptune  font  penser  k  ime  lutte 
entre  le  continent  elles  mers.  Celui  de 
Molione ,  que  se  partagent  les  deux 
rivaux,  semble  être  l'expression  de 
celte  lutte.  Molione  est  la  femme  des 
combats,  comme  ledit  Creuzer,  mais 
il  ne  faut  voir  rien  en  elle  qui  res- 
semble à  une  Amazone. 

MOLIONIDES,  MaïKmylhs  et 
M*X<av/i^«6< ,  fils  de  Molione,  épouse 
d'Actor, et  de  Neptune,  étaient  quel- 
quefois nommés  Aclorides  par  allusion 


MOL 


ii3 


à  leur  père  putatif  qu'Apollodore(liv. 
II,  ch.  vu),  Ovide  {Met.,  l.VIII, 
ch.  vni)  et  Homère  {Iliade,  1.  II, 
V.  621  )  prétendent  avoir  été  leur 
père.  Selon  le  lyrique  Ibycus  ,  dont 
Athénée  (1.  II,  t.  I,  p.  221  ,  édition 
Schweigh.)  nous  a  conservé  les  vers, 
les  Molionides  étaient  sortis  d'un  œuf 
d'argent.  Un  peu  plus  bas  il  les  re- 
présente comme  inséparablement 
unis  l'un  a  l'autre  {ïviyvt'ovi)'^  ce 
qu'Apollodore  confirme  en  disant 
qu'à  eux  deux  ils  ne  formaient  qu'un 
corps  (  (Tu^tpue/f) ,  et  ce  qu'Hésiode 
avait,  long-temps  avant  le  poète  de 
Locres  ,  consigné  dans  ses  vers.  L'u- 
nion intime  des  deux  Molionides  de- 
vint une  espèce  de  proverbe  en  Grèce, 
s'il  faut  en  juger  par  cette  phrase  de 
Plutarque,  dans  son  Traité  de  l'a- 
mitié fraternelle  (  1. 11,  p.  290  de 
l'édition  deWyttenb.):  «De  nos  jours 
on  n'est  pas  moins  surpris  en  voyant 
deux  frères  d'accord,  que  si  l'on 
voyait  les  Molionides  dont  les  deux 
corpsétaient  réunis  en  un.»  Cependant 
il  paraît  que  tout  le  monde  ne  comprit 
pas  la  tradition ,  et  au  lieu  d'un  né- 
téradelphe  pourvu  de  deux  tètes  et  de 
quatre  bras,  on  imagina  deux  frères 
doubles  ((^<(|)j;£7f)  et  qui  chacun  avaient 
deux  têtes,  quatre  bras,  quatre  pieds 
et  im  seul  corps  (Phérécyde,  dans  le 
Schol. à^Hova.surll. ,  1. II,  v.  708), 
Cléale  et  Euryte  étaient  leurs  noms 
spéciaux.  Comme  héros  humains, 
Ctéate  et  Euryte,  neveux  d'Augias, 
prennent  part  dès  l'enfance  à  la 
guerre.  Ce  prince  se  soutient  contre 
les  Pyliens  commandés  par  Nélée. 
Nestor  s'élançait  sur  eux  afin  de  les 
immoler ,  lorsque  Neptune  leur  père 
les  enveloppa  d'un  nuage  épais  et  les 
déroba auxcoups derennemi(i/£«^. , 
X,  v.  708  et  749).  Plus  tard,  ils 
parurent  aux  jeux  d'Amaryncée,  et 
remportèrent  sur  Nestor  le  prix  de  la 


l-v. 


ii4 


MOL 


course  des  chars.  Enfîu,  lors  àe  Vin- 
vasion  d'Hercule  en  Elide  ,  ils  vinrent 
encore  au  secours  d'Augias  ,  tuèrent 
Damcon,  un  des  fidèles  suivants  du 
héros  (  Pausan. ,  1.  VII ,  ch.  xx) ,  et 
même  expulsèrent  de  TElide  le  vain- 
queur du  lion  de  ]Ncmée.  11  est  vrai 
^u^ils  ne  durent  la  victoire  qu'à  la 
perfidie  :  Hercule  ,  malade,  avait 
conclu  une  trêve  avec  les  Molioui- 
des;  ceux-ci  la  rompirent,  et  se  je- 
tant à  l'iniproviste  sur  Tarmée  d'Ar- 
gos,  la  mirent  aisément  en  déroute. 
Hercule  en  courroux  employa  les 
mêmes  moyens  contre  ses  vainqueurs. 
Les  Molionides  se  rendaient  comme 
députés  des  Ëléens  aux  jeux  isllimi- 
quesj  toutes  les  hostililés  étaient  sus- 
pendues dans  la  Grèce  à  cette  épo- 
que. Hercule  se  mit  en  embuscade  h 
Cléones  et  les  tua.  Long-temps  après 
on  montrait  encore  leurs  tombeaux 
auprès  de  Cléones  (Pausan.,  liv.  II, 
ch.  I  5).  Quant  à  Tinterprétatiou  de 
ce  mythe ,  il  est  a  peu  près  évident 
que  c'est  moins  aux  aventures  pure- 
ment humaines  prêtées  h  ce  couple 
héroïque ,  qu'a  leur  coexistence  en  un 
seul  et  même  corps,  qu'il  faut  faire 
attention.  Le  plus  souvent  on  n'y 
a  vu  que  deux  guerriers  qui  condui- 
sent un  char.  Cléate  et  Euryte  réunis 
représentent,  selon  Creuzer,  la  ri- 
chesse avec  la  force  qui  la  défend. 
Sans  la  guerre ,  sans  une  puissance 
militaire  protectrice  {tupvTos,  d'eu  et 
puoftxi  avec  signification  active),  il  est 
impossible  de  se  maintenir  dans  la 
possession  de  ses  biens(»TéaT«;).  «Qui 
veut  rester  maître  de  sa  terre  natale 
doit  tenir  d'une  main  le  glaive ,  de 
l'autre  le  soc  qui  fend  la  terre  :  il  lui 
faut  deux  bras  pour  l'épée  et  le  bou- 
clier (ou  si  l'on  veut  pour  l'épée  et  les 
rênes,  pvrâ,  du  char  militaire  qu'il 
dirige),  deux  bras  pour  stimuler  la 
leotiiur  dje  sc&  bœufs,  a  JVt^s  qu«  diun 


MOL 

seul  corps  s'élance  ce  double  appareil! 
qu'une  seu!e  volonté  soit  proloniotrice 
des  deux  paires  de  bras!  celte  expli- 
cation admir.nhle  commence  à  devenir 
subtile,  lorsque  Creuzer,  dérivant 
Molione  de  Môlos  (^«Aar,  combat), 
veut  qu'Euryte  et  Ctéale,  par  leur 
double  nom  de  Molionides  etd'Acto- 
rides  (  emblème  en  quelque  sorte  de 
leur  diphyisme)  soient  a  la  fois  et  des 
hommes  de  guerre  et  des  hommes  de 
paix,  a  Aclor ,  dit-il,  est  l'homme  de 
la  mouture,  du  blé  écrasé,  moulu.» 
D'autre  part  aussi  Actor  est  homme 
du  rivage  («xt«)  et  par  conséquent  le 
symbole  de  cette  côle  sur  laquelle 
expire  et  se  brise  la  puissance  de  la 
mer.  Ce  n'est  que  lorsque  enfin  on  a 
mis  un  terme  aux  envahissements  de 
celte  puissance  terrible  et  conquis  la 
terre  sur  l'onde,  que  l'homme  peut 
acquérir  des  ricliesses  et  se  livrer  aux 
opérations  mUitaircs  qui  lui  assure- 
ront la  possession  de  sa  propriété  : 
c'est  quand  Actor  a  fait  son  apparition 
sur  la  terre  qu'apparaissent  les  Aclo- 
ro-Molionides.  Hcrmann  (  Ueù,  d. 
TVeseii  u.  d.  Behandl.  d.  My- 
thol.  _,  p.  5  I  )  regarde  les  Molionides 
comme  des  hommes  qui  débai-quent 
{cixTofis)f  apportent  par  monceaux 
(y«fciA«f)  des  marchandisesqui  s'écoulent 
bien(tû^uTeuf  ),  et  qui  leur  procurent 
de  grands  gains  {kt'îxtx).  En  substi- 
tuant ici  à  l'idée  de  gain  celle  de 
denrées  ou  richesses  quelconques  ap-- 
por  téespar  les  marchands  d'Hermann, 
on  a  certes  une  explication  ingénieuse 
et  jolie.  Mais  ces  idées  n'ont  rien 
d'hellénique,  ni  même  d'antique  ,  et 
elles  ne  peuvent  que  faire  sourire  urt 
instant.  On  trouve  une  interprétation 
de  Welcker  dans  la  traduction  fran- 
çaise de  Creuzer  ,  tome  II,  Tioii  3. 
MOLOCH,  moxix. ,  est  le  plus  cé- 
lèbre dieu  de  la  famille  phénicienne 
des  Mlaehira,  c'est-à-dire  de  celte 


MOL 

famille  de    divinités  dont    tous  les 
inembi'es  portent  le  nom  de  Mélecb  , 
comme  Auamélech ,  Adramélech,  Ma- 
lachbel.  Me'lech  ouMoloch,  dans  les 
langues   sémitiques,    veut  dire  roi. 
Ainsi ,   par  lui-même ,  et  quand  nul 
autre  mot  ne  vient  en  déterminer  le 
sens,  c'est  moins  un  nom  qu'une  qua- 
lification générique  également  appli- 
cable a  tous  les  dieux.  Nous  savons 
qu'il  en  était  de  même  des  mots  Baal, 
Adonaï,  Marnas.   Toutefois,    dans 
l'usage,  ces  noms  d'une  vague  géné- 
ralité   s'appliquent  plus    souvent  à 
quelqu'un.  À  qui  s'applique  le  nom  de 
Moloch?ll  est  clair  que  pour  résoudre 
cette  question ,   il  est  bon   de  jeter 
préalablement  un  coup  d'oeil  sur   le 
culte,  sur  le  caractère ,  sur  les  formes 
du  dieu.  Seulement  notons  h  l'avance 
que  ,  l'esprit  du  culte  pbénicien  avant 
été  essentiellement  solaire  et  sldéri- 
que,  tout  nous  porte  a  présupposer 
que  Moloch  fut  ou  une  planète  ou  le 
soleil.  La  lecture  de  divers  passages 
soit  de  l'ancien  soit  du  nouveau  Tes- 
tament ne  peut  laisser  aucun  doute 
sur  ce  point  (^oj^ez  entre  autres, 
Sopbonie ,  ch.  I,  v.  4  et  5^  Amos, 
ch.  V,  V.  6,  et  jéct.  (les  Apôtres, 
ch.  VII,  V.  4^2  et  45)-  C'est  dans  le 
Cbanaan ,    et  plus  parliculièrement 
chez  les  Ammonites,   que  fleurit   le 
culte  de  Moloch.  Les  législateurs,  Içs 
prophètes    y  reviennent    a    chaque 
instant,  et  l'interdisent  aux  Israélites 
avec  les  menaces  les  plus  sévères,  La 
mort  seule  peut  expier  le  crime  de 
celui  qui  a  sacrifié  k  Moloch  {Lcvit. , 
ch.  XX,  V.  2).    Cependant  daus  le 
désert  même  et  quand  Moïse  ,  à  force 
de  miracles,   arrachait  ses  compa- 
triotes K  la  servitude  d'Egypte ,  les 
Hébreux   faisaient  déjà  des  vœux  h 
Moloch  (Amos,  pass.  cité).  Plus  tard 
Salomon    lui  éleva  un    temple  tout 
près  de  Jérusalem  ,  8«ir  le  luuut  des 


MOL 


n5 


Oliviers.  Trois  siècles  après  Pioipie 
successeur  d'Ezéchias  renouvelle  cet 
exemple  et  consacre  son  fils  au  dieu 
des  Chanaanites.  Peut-être  même  ja- 
mais ce  culte,  tantôt  protégé,  tantôt 
toléré  par  les  rois,  ne  souffrit  d'in- 
terruption réelle,  et  la  vallée  de 
Tophet  et  d'Hcnnon,  à  l'orient  de 
Jérusalem,  vit  toujours  affluer  soit 
ostensiblement,  soit  en  secret,  la 
foule  des  pèlerins  superstitieux. 
L'occident  connut  aussi  ce  culte  que 
nous  retrouverons  il  Carthage.  Dé- 
crire tous  les  détails  des  sacrifices  h 
Moloch  ou  des  cérémonies  pratiquées 
dans  son  temple  seraitimpossible.il 
est  présumable  que  les  premiers 
furent  aussi  variés  que  les  dernières 
étaient  compliquées  et  minutieuses. 
Ce  qu'on  a  le  plus  répété  c'est  que 
l'on  brûlait  des  enfants  tout  vivants  en 
son  honneur.  Que  cette  horrible  pou- 
turae  eût  été  en  effet  vantée  par  les 
prêtres  et  mise  en  pratique,  c'est  ce 
dont  on  ne  saurait  douter  sans  nier 
tout  ce  qu'il  y  a  de  plus  incontestable 
dans  l'histoire  5  mais  il  est  à  croire 
que  l'on  s'est  plu  à  exagérer  le  nom- 
bre des  victimes  dévorées  par  le 
dieu,  et  que  presque  toujours  la  ce'- 
réjiionie  se  réduisait  h  faire  passer  les 
enfants  par  les  flammes,  ce  que  le 
charlatanisme  sacerdotal  appelait 
j)uritier  par  le  feu.  Celte  consécra- 
tion valait  beaucoup  d'argent  aux 
prêtres-  et  ils  la  recommandaient  à 
tous  les  gens  disposés  a  les  entendre  : 
ne  point  l'aire  passer  son  fils  par  les 
flammes,  c'était  l'exposer  h  tous  les 
dangers.  Les  rois  mêmes  obéissaient  k 
ces  injonctions,  et  c'est  aiusi  qu'on 
voit  le  fils  du  roi  juif  Manassé  ,  puri- 
fié par  lefeudans  la  vallc'ede  Tophet. 
Mais  qu'à  chaque  instant  le  fanatisme 
allât  jvisqu'k  brûler  vifs  déjeunes  en- 
fants, que  des  mères  pieuf  émeut  bax- 
baies  «nvoyasieat  te^rs  fils  de  \^  aui- 

8. 


1x6 


MOL 


MOL 


«elle  alaslaluedeMoloch,  pour  qu'ils 
n'en  revinssent  pas,  qu'à  Tcpoque  où 
Agalhocle  vint  mettre  le  siège  devant 
Cartilage ,  deux  cents  enfants  des  pre- 
mières familles  de  la  ville  aient  élé 
ofiferfs  en  holocauste  au  prolccleur  de 
l'empire  ,  c'est  ce  que  des  historiens, 
plus  véridiques  et  plus  sceptiques  que 
les  anciens  ,  ne  feront  jamais  admet- 
tre. Même  ainsi  modifié  et  déblayé  des 
atrocités  dont  on  l'a   surchargé,  le 
culte  du  dieu  de  Clianaan  et  de  Car- 
ihage  est  encore  assez  horrible.  Selon 
Diodore  de  Sicile  {Biblioth.,  liv.  xx, 
eh.  XIV,  éd.  Wesseling)  combiné  avec 
les  récits  des  Rabbins   (  yoy.  Sel- 
den  ,  1 ,  6),  la  statue  de  Moloch  était 
de  métal  et   avait  les  bras  étendus 
comme  pour  embrasser  les  offrandes 
humaines  ,  qu'apportaient  ses  adora- 
teurs.  D'autres  disent  que   ses  bras 
étaient  penchés  vers  là  terre.  A  ses 
pieds  et  quelquefois  dans    son  inté- 
rieur, était  allumé  un  grand  teu.  D.ms 
cette  fournaise  invisible  venaient  s'eii- 
gloulir  les  victimes  que  l'ori  posait  dans 
les  mains  de  l'idole.  Probablement  des 
ressorts  intérieurs,  dont  le  jeu  était 
connu  des  prêtres,  faisaient  tomber 
ces  tristes  offrandes  des  bras  du  dieu 
dans   la    flamme    que   cachaient  ses 

Earois.  On  dansait  au  son  des  cym- 
ales  et  des  tambours  autour  de  la 
statue  pour  étouffer  les  cris  des  vic- 
liines.  Les  statues  ainsi  décrites,  ou 
l'ont  été  superficiellement  ou  n'étaient 
que  d'un  rang  secondaire.  Mais  pro- 
bablement il  y  avait  des  idoles  plus 
complètes.  Telles  furent  celles  que 
mentionnent  les  rabbins  Siméon  et 
Salomon  [ployez  dans  Selden).  L'i- 
mage creuse  ,  comme  toutes  les  au- 
tres, présentait  a  l'extérieur  sept  com- 
partiments, capsules  ou  petites  cham- 
hrettes  (conc/awrt  Molochi),  dans 
lesquelles  on  déposait  les  offrandes. 
La  première  était  destinée  aux  végé- 


taux ,  h  la  farine  :   dans  la  secoiiB 
se  plaçaient  les  tourterelles  5  dans  la 
troisième  une   brebis,   dans  la  qua- 
trième un  bélier ,  dans  la  cinquième 
un  veau  ,  dans  la  sixième  un  bœuf; 
entin  dans   la  septième   des  enfants. 
Une    cavité    intérieure  contenait  la 
flamme  qui  devait    consumer  ou  pu- 
rifier   les  offrandes.    Vraisemblable- 
ment ,  lorsqu'il  ne  s'agissait  que  d'une 
consécration  par  le  feu,,  l'enfant  ou 
robjft  qu'on  voulait  soumettre  à  la 
purification    était    conduit    par    les 
ressorts   dans    une    espèce  de  canal 
dont  les  parois  d'airain  le  séparaient 
de  deux  brasiers  latéraux.  Peut-être 
quelquefois     recevait  -  il     la    vapeur 
d'objets  sonmis  à  la  combustion,  et 
en  élait-il  quitte  pour  des  fumigations 
violentes.  Au  reste  ces  modes  de  pu- 
purification  purent  varier  a  l'infini. 
Ainsi,    paf   exemple,  dans   les  Pa- 
lilies  romaines,  les  enfants  snulaient 
par    dessus    jjes    flammes.    (  Corap. 
Ovide,  Faslts,   liv.  IV,    v.    781, 
et  comm.)  Les  adorateurs  d'Apollon 
au  mont  Soracte  en  Italie,  ceux  de 
Diane  Pérasie  en  Cappadoce,    pas- 
saient   pieds   nus    sur   des  charbons 
ardents.  Le  rabbin  Lévi  Ben  Gerson 
(liv.  IV)  prétend  que  dans  la  vallée 
d'Hennon  les  enfants  passaient  entre 
deux  bûchers,  ou  entre    deux    feux 
placés  vis-a-vis  l'un  de  l'autre.  Quelle 
que  lût  la  statue,  il  est  à  croire  que, 
dès  que  l'on  se  jjornailh  la  purifica- 
tion par  le  feu,  de  nouveaux  ressorts 
portaient  l'enfant  ou  l'objet  purifié 
hors  du  corps  de  la  statue.  Dans  le  pays 
des  Ammonites  elle  était  très-riche. 
Sur  sa  tète  était  posée  une  couronne 
d'or,  ornée  de  pierreries,  le  tout  du 
poids  ou  du  prix  d'un  talent  (le  poids 
serait  126  livres,  et  par  conséquent 
indiquerait,    en    supposant  le  métal 
au    titre    de    y 00,     une  valeur  de 
4.00,000  fraacs)^  sur  son  front  étin- 


MOL 

celait  une  perle  de  la  plus  grande 
beauté  :  le  corps  du  dieu  était  de 
pierre,  mais  doré  depuis  le  haut 
jusqu'en  bas  :  de  plus  il  était  assis 
sur  uu  trône  et  avait  de  chaque  côté 
une  statue  de  femme  pareillement 
assise.  Dans  Carthage  devenue  ro- 
maine, les  termes  ainsi  que  les  mots 
lurent  modifiés,  et  Saturne  prit  la 
place  de  Baal  :  il  ne  faut  pas  eu 
conclure  avec  Creuzer  que  celte  rao- 
dificalion  ait  été  au  piint  de  con- 
fondre le  dieu  avec  Apollon.  Que  cette 
statue  colossale  d'Apollon  conquise  k 
Gela  en  Sicile,  par  les  Carthaginois, 
puis  donnée  par  eux  a  Tyr ,  leur  mé- 
tropole (Diod.  de  Sicile  ,  livre  XIII, 
io8,  et  XVII,  il  ,^6j  Plularque, 
f^ie  d' Alex.,  ch.  xxiv;  Q.~Curce, 
livre  IV,  ch.  m)j  que  celte  autre 
statue  colossale  dorée ,  transportée  de 
Carthage  a  Rome  par  Scipion  vain- 
queur {Foy.  Plut. .  p^'ie  de  F  la  m. 
ch.  I  5  Polyb.,  liv.  VII,  ch.  ix)  aient 
représenté  un  Baal ,  et  que  Moloch 
lui-même  ait  porté  le  nom  de  Baal, 
ces  deux  faits  peuvent  être  admis  : 
mais  qu'en  résulterait-il?que  Carthage 
adorait  plusieurs  Baals,  dont  l'un 
sembla  aax  Romains  un  Apollon, 
tandis  que  l'autre  leur  semblait  un 
Saturne.  A  une  époque  plus  an- 
cienne, Moloch  avait  été  figuré  avec 
une  tète  de  veau  ou  de  taureau. 
Maintenant  reprenons  le  problème 
posé  au  commencement  de  cet  ar- 
ticle :  qu'est-ce  que  Moloch?  Sel- 
den  ,  Beyer  et  surtout  Fourmont 
{Mém.  de  l'Acad.  des  Inscript. , 
t.  III,  p.  56-69)  cherchent  a  expli- 
quer l'origine  de  toutes  les  traditions 
relatives  k  Moloch  par  des  faits 
historiques  de  la  vie  d'Abraham. 
Nous  nous  dispenserons  de  les  suivre 
dans  cet  inconcevable  examen.  Disons 
la  même  chose  d'Ant.  Fouseca  qui, 
a  l'aide  d'analogies  superficielles  et 


MOL 


117 


d'hypothèses  absolument  gratuites, 
s'est  imaginé  que  Moloch  el  Priape 
ne  faisaient  qu'un.  Dupuis  {Origine 
des  Cultes,  t.  III,  p.  525,  etc.) 
incline  k  croire  que  Moloch  n'est 
qu'un  des  noms  de  la  planète  de  Mars: 
à  l'appui  de  cette  opinion,  il  rappelle 
que  les  Carthaginois  dans  leurs  guerres 
malheureuses  contre  Agathocle  solli- 
citèrent l'aide  de  Moloch  5  il  invoque 
la  couleur  éminemment  rouge  de  la 
planète,  couleur  a  laquelle  semble 
faire  allusion  le  moiÀzer,  Azder 
qui  entre  dans  la  composition  du  nom 
Àdramélech,  dieu  des  SépharvaVtes, 
selon  Hyde  [De  rel.  vet  Pers.  ),  et 
conséquemment  le  même  que  Moloch 
selon  Dupuis.  Ces  raisons  paraîlrout 
sans  doute  bien  pauvres  k  nos  lec- 
teurs. Dupuis  fait  preuve  de  plus 
de  perspicacité  ,  lorsqu'ilf^  soup- 
çonne un  Moloch  bucéphale  iden- 
tique a  Mithra  monté  sur  le  bœuf, 
et  lorsque ,  après  beaucoup  d'autres 
il  est  vrai ,  il  rapproche  de  la  légende 
du  dieu   aux  sept  capsules    les  sept 

f)yrées  qui  brûlaient  autour  de  Mithra, 
es  sept  portes  par  lesquelles,  pour 
transcrire  textuellement  le  langage 
mystique,  les  initiés  devaient  passer 
dans  les  mystères  de  Mithra.  Eu 
suivant  ces  idées,  nous  arriverions  à 
voir  dans  Moloch  la  personnifica- 
tion du  système  planétaire  des  anciens 
(les  sept  capsules,  les  sept  pyrées, 
les  sept  portes  étant  autant  de  sym- 
boles de  leurs  sept  planètes)  ou  le 
soleil  lui-même.  Gér.  Vossius  [De 
orig.  et  prog.  idolol.)  développe 
très-habilement  la  dernière  de  ces 
deux  opinions.  Sabbathier  a  consigné 
la  première  dans  son  Diction,  pour 
t intell,  des  cuit,  class. ,  t.  XXIX, 
pag.  233  j  art.  Moloch.  Doiu  Cal- 
me t  {Die t.  de  laBilf.,  art. Moloch) 
n'a  point  ouvert  un  avis  méprisable 
en  faisant  de  Moloch  un  dieu  heraja,- 


ii6 


MOL 


Shroditf ,  tour-a-toHr  soleil  el  lune. 
lais  l'opinion  commune  qui  identifie 
Moloch  k  Saturne  est  encore  la 
meilleure.  Aslroiogiqueinent  parlant, 
Saturne  est  un  astre  sinistre;  astro- 
nomiquement,  c'est  un  asire  énorme, 
c'est  le  plus  élevé,  le  plus  distant  de 
tout  le  système  planétaire  des  anciensj 
mythologiqueracnt ,  il  dévore  ses  fils. 
Certes  il  n'est  point  sans  rapport  avec 
le  soleil,  car  perpétuellement  les  my- 
thologies  ont  lié  ce  grand  astre  et  les 
planètes  :  k  Isis  ou  la  Lune  l'Egypte 
annexa  Vénus  ;  a  Osiris  ou  le  soleil 
elle  joignit  Jupiter  ,  mais  quelquefois 
Jupiter  el  Saturne,  Jupiter  comme 
«ienfaiteur  ,  Saturne  comme  destruc- 
leur.  En  ne  quittant  point  la  sphère 
solaire  Jupiter  est  nn  Ormuzd ,  un 
Viclinou,  Saturne  uu  Aliriman,  nn 
Siva.  Or ,  si  dans  un  système  où  le 
soleil  garde  la  primauté  il  revêt  qucl- 
qites  caractères  de  Saturne  et  de  Ju- 

fiiter ,  dans  ceux  où  quelque  planète 
ui  ravira  le  premier  rang  celle-ci 
empruntera  quelques  caractères  du 
soleil.  Doit-on  s'étonner  après  cela 
que  Moloch  ait  jusqu'à  un  certain 
point  une  physionomie  solaire,  et  que 
des  savants  l'aient  rapproché,  les  uns 
de  Mithra,  les  autres  d'Apollon?  Tou- 
tes ces  conjectures  sont  vraies ,  mais 
elles  ne  posent  que  sur  des  traits  épi- 
«odiques  :  le  fond  de  Moloch,  c'est 
Satorne. 

MOLON  était  honoré  comme  un 
dieu  à  Gortyne,  où  on  le  regardait 
comme  petit-fils  de  Miuos. 

MOLONGO  est  l'Être-suprême 
chez  les  peuples  voisins  du  Monomo- 
tapa.  Au  reste,  ils  donnent  ce  nom  à 
leurs  rois,  auquel  ils  prodiguent  les 
titres  magnifiques  de  souverain  de  la 
nature,  seigneur  du  soleil  et  de  la 
lune,  roi  de  la  terre  et  de  la  mer, 
etc. ,  etc.  Lés  seuls  objets  de  ce  culte, 
après  Molongo  et  les  rois,  ce  sont 


MOM 

les  îlities  en  l'honneur  desquelles  il 
célèbrent  une  fête  dite  Musimos. 

MOLORQUE,  MoLOBcnus,  M«- 
>ie»x,eç,  dieu-berger  de  Cléoues,  donna 
l'hospitalité  h  Hercule  qui,  pour  le 
récompenser,  tua  le  lion  de  INémée, 
redoutable  aux  habitants  de  Cléones, 
ainsi  qu'à  ceux  de  la  vallée  k  laquelle 
il  dut  $onnom.  La  lésrende  ordinaire 

o 

ne  fait  pas  mention  de  Molorque, 
C'est  sur  l'ordre  d'Eurysthée  qu'Her- 
cule va  combattre  le  lion  dévastateur 
de  l'Argolide.  On  institua  en  l'hon- 
neur de  Molorque  des  fêles  dites 
Molorchies. 

MOLOS ,  MoLus ,  MZXûç  :  i  fils 
de  Mars  et  de  Démonicel'Agénoride  ; 
2"  fils  du  roi  de  Crète  MinosII; 
5*  fils  de  Deubalion  ,  frère  d'Idomé- 
née  el  père  de  Mérioue. 

MOLOSSE ,  MoLossrs ,  Ma^ao- 
a-is ,  héros  éponyrae  des  Molosses  et 
de  la  Molosside  ,  contrée  de  l'Épire, 
passait  pour  fils  de  Pyrrhus  et  d'An- 
clromaque.  A  la  mort  de  son  père, 
Hélénus,  troisième  époux  d'Andro- 
maque,  prit  les  réûes  de  l'Epire. 
Molosse  ne  fut  que  son  successeur. 
On  voit  Molosse  dans  l'Andromaque 
d'Euripide ,  qui  du  reste  ne  lui  donne 
qn'un  rôle  des  plus  secondaires. 

MOLPADIE ,  MoLfADi A  :  i  "  Ama- 
zone  qui  tua  Antiope  devenue  femme 
de  Thésée;  2°  fille  de  Slaphyle,  ho- 
norée aCastalie(^oj'.  Parthénie). 

MOLPHÉE,  MoLPHEUS,  un  des 
adhérents  de  Phinée  dans  la  rixe  qui 
eut  lieu  aux  noces  de  Persée  et  d'An- 
droniiède,  fut  tué  par  Persée. 

MOMIME,  MoMiMus,  et  AZIZE, 
étaient  les  patèdr es  du  Baal  (soleil) 
d'Édcsse.  Jarablique  en  faisait  Mer- 
cure et  Mars. 

MOMLS',  mZ/^cç,  dieu  de  la  spi- 
rituelle ironie  et  du  sarcasme,  n'est 
que  la  moquerie  personnifiée.  Hésiode 
le  uomme ,  mais  saos  entrer  daus  le 


MON 

raoînclre  détail  sur  son  compte.  La 
haute  antiquité  n'y  a  pas  songé  da- 
vantage. En  général  une  gravité  res- 
pectueuse présideau  berceau  des  êtres 
dirins,  et  ce  n'est  que  quand  on  s'est 
déjh,  un  peu  familiarisé  avec  ces  cé- 
lestes soliveaux  que  l'on  corainence  à 
mettre  le  mot  pour  rire  dans  les  lé- 
gendes. Tout  ce  qu'on  a  imaginé  sur 
Momus  est  relativement  moderne.  Il 
lançait ,  dit-on ,  le  brocard  sur  les 
dieux  mêmes.  Neptune  ,  Vulcain  et 
Minerve  l'ayant  prié  de  juger  de  l'ex- 
cellence de  leurs  ouvrages ,  il  les  cri- 
tiqua tous  trois.  Neptune  eût  dû  mettre 
au  taureau  les  cornes  devant  les  yeux 
ou  du  moins  aux  épaules.  La  maison 
de  Minerve  eût  dû  êlre  portative  en 
Cà'S  de  mauvais  voisinage.  L'homme, 
ce  chef-d'œuvre  de  Vulcain ,   eût  dû 
avoir  une  petite  fenêtre  au  cœur.  Mo- 
mus alla  jusqu'à  critiquer  la  chaussure 
de  Vénus.  Il  est  vrai  que ,  pour  un 
épigrammatisle  de  profession ,  lancer 
on    mot  sur  la  chaussure  et  se  taire 
sur  le  reste,  c'était  avouer  la  beauté 
de    la  déesse.    Le   seul     trait  anti- 
que dans    tout  ce  qui  nous  a  éti^  lé- 
gué sur  Momus,  c'est  qu'il  était  fils 
du  Soleil  et  de  la  Nuit.  On  le  repré- 
sente un  masque  et  unejmàrott*  a  U 
main.  '      -    -         ' 

MONÈQUE,  MoNiËcuà,  gnerrier 
colque,  fut  tué  par  Jasôti. 

MONETA,  Junon.  Ce  surnom  est 
célèbre.  Il  nous  montre  dans  Junon, 
la  Sakti,  le  Logos,  l'intelligence  de 
Jupiter.  Junon  alors  est  une  Minerve 
(Rac.  :  mens  ^  d'où  même  moneré). 
Au  reste,    selon  le  vulgaire,  Junou 
Moueta  présidait  dans  Piome  au  frap- 
page  des  monnaies.  La  légende  fai- 
sait remonter  l'origine  de  cette  aUri- 
bution  au  temps  de  Pyrrhus.  Pressés 
par  le  besoin  d'argent,  les  Romains 
s'étaient  adressés  à  Junon.  La  déesse 
tes  tira  biçntôtdç  pémc  y  bû  ne!  dit 


MON 


"9 


pas  comment.  Sans  doute  le  miracle 
consista  tout  siraplemeut  à  vider  le 
trésor  enfoui  dans  les  cryptes  du  tem- 
ple. Junon  Moneta  avait  un  temple 
au  Capitule  ,  sur  la  place   oii  jadis 
s'élait  élevée  la  maison  de  Manlius. 
Ce  feraple  fut  l'hôtel  des  monnaies  de 
la  république  et  de  l'empire.  Aussi 
les  médailles  représentent-elles  sou- 
vent Junon  les   balances  et  la  corne 
d'abondance  dans  les   mains,  et  un 
monceau  d'argent  monnayé  sous  les 
pieds.  — Il  est  simple  qu'on  ait  fait 
de  Moneta  la  mère  des  Muses;  car 
Mens,  Mnémé,  Mnémosyne,  Moneta 
furent  synonymes.  Mais  cette  généa- 
logie, qui  ne  se  trouve  que  dans  Hy- 
gin,  fut  mal  entendue  a  une  époque 
oîi  l'appât  du  lucre  formait  toute  l  in- 
spiration des  poètes.  Quelques  ray- 
thographes,  songeant  au  sens  de  ino- 
neo ,  et  non  au  sens  radical ,  dirent 
que  ce   nom  signifie  l'avertisseuse, 
et  qu'il  fut  donné  a  Junon  lors  d'un 
tremblement  de  terre  pendant  lequel 
une  voix  inconnue,  sortant  du  temple 
de  la  déesse,  avertit  les  Romains  de 
sacrifier  une  truie  pleine  pour  apaiser 
les  dieux. 

MONGH-RUADH  ou  MACHA, 
la  grande  déesse  des  Némèdes  (une 
des  races  qui  peuplèrent  l'Irlande), 
a  été  transformée   par  l'histoire   en 
une  héroïne  humaine ,  reine  et  con- 
quérante. Il  existe  sur  son   compte 
plusieurs  traditions.  Les  voici  selon 
M.  d'Ecksteiu.  —  1.  a  Trois  princes 
issus  d'Ir,  prétendus  monarques  de 
toute  l'Irlande,  et  fils  de  trois  frères 
quigouvernaientle  royaume  d'Ulster, 
régnaient  chacun  a  son  tour  pendaiit 
vingt  ou  vingt-un  ans.   C'est  là  une 
disposition  systématique  particulière 
à  cet  arrangement  de  l'histoire  irlan- 
daise ,  et  qui  s'y  reproduit  coustaui- 
ment.  Ou  y  voit  toujours  trois  prin- 
tki  d§  la  même  ràcç  prendre  altèr- 


lao  MON 

nalivemeni  les  rênes  du  gouvernement 
pendant  un  espace  de  temps  donné , 
ou  se  succéder  régullèreraent  ;  et  tous 
périssent  de  nnort  violente.  Cette  ar- 
tificielle combinaison  ne  laisse  aucun 
doute  à  quiconque  a  étudié  Tantiquité. 
Après  s'être  long-temps  disputé  rem- 
pire  ,  les  princes  dont  nous  parlons 
convinrent  de  régner  sept  années  cha- 
cun, et  de  se  céder  l'empire  à  l'amia- 
ble. Ces  sept  années  répétées  trois 
fois  composent  le  total  de  vingt-un 
ans  accordés  a  chacun  des  rois.  De 
même  ,  quand  les  Milésiens  abordè- 
rent eu  Irlaudc,  trois  dieux  des  Tua- 
tlia-Dadan,  trois  frères  y  régnèrent  j 
ils  se  disputèrent  l'empire  jusqu'à  ce 
que  la  même  convention  d'alterner 
le  pouvoir,  au  lieu  de  le  partager,  les 
eut  pacifiés  et  réconciliés.  La  reine 
Macna  étiiit  fille  de  l'aîné,  femme  du 
cadet  de  ces  frères.  Elle  se  nommait 
Mongh-Ruadh,  aiix  cheveux  roU- 
ges ;  son  père,  Aodh-Ruadh  ,  se 
nommait  aussi  le  rouge  (ruadh).  Le 
second  des  cinq  frères  a  cinq  fils  qui 
disputent  l'empire  a  Mâcha,  et  ne 
veulent  pas  qu'une  femme  soit  maî- 
tresse du  gouvernement.  L'héroïne 
Maclia ,  redoutable  amazone ,  triom- 
phe des  cinq  princes  rebelles.  Obser- 
vons encore  ce  nombre  de  cinq  con- 
stamment reproduit  dans  ces  mythes 
irlandais  dont  on  a  fait  de  l'histoire. 
Par  exemple ,  le  père  de  Mâcha  tue 
les  cinq  Luighaidh  qui  se  ressemblaient 
de  figure  comme  de  nom.  Ces  cinq 
Luighaidh  rencontrent  dans  la  forêt 
une  sorcière  décrépite,  ils  la  touchent, 
elle  devient  jeune  et  belle.  Mâcha  se 
rend  aussi  dans  la  forêt  où  se  sont 
cachés  les  cinq  ennemis  qu'elle  a 
vaincus.  Pour  se  rendre  méconnais- 
sable ,  elle  voila  ses  cheveux  rouges , 
puis  elle  s'approcha  de  l'endroit  où 
les  frères  venaient  de  faire  rôtir  un 
ours  sauvage.  Les  jeunes  gens  la  rç- 


MON 

gardèrent  avec  étounemenl,  et  l'invi- 
tèrent h  partager  leur  repas, ce  qu'elle 
accepta.  Uu  des  princes,  épris  de  ses 
charmes,  lui  demande  une  entrevue 
secrète  qu'elle  lui  accorde.  Dans  ce 
rendez-vous  Mâcha  saisit  le  prince , 
le  garrotte,  l'attache  a  un  arbre,  et 
revient    trouver    les    quatre    frères 

Qu'elle  séduit  tour  a  tour,  attire  dans 
es  lieux  écartés,  et  enchaîne  sépa- 
rément. Ensuite  les  ministres  de  Mâ- 
cha condamnent  les  princes  a  mort  j 
mais  Mâcha  leur  laisse  la  vie  sous  la 
condition  qu'ils  lui  bâtiront  uu  palais. 
Elle  se  sert  de  la  grande  aiguille  qui 
rattache  ses  cheveux  pour  tracer  le 
plan  de  cet  édifice  nommé  Eomuiii 
(Eamhuin)  Mâcha,  du  nom  de  l'ins- 
trument employé  pour  en  faire  le 
tracé.  Ce  fut  ensuite  la  résidence  des 
rois  de  l'Ulster.  »  2.  «Suivant  nue 
aulre  version  de  la  même  fable ,  Mâ- 
cha est  femme  de  Qruin,  filsd'Adna- 
nihuin.  Il  faut  savoir  que  Némed, 
époux  de  Mâcha  ,  est  aussi  le  fils  de 
cet  Adnamhuin,  l'une  des  divinités  des 
Tiiatha-Dadan.  Ainsi  Qruin  n'est  que 
Wémed  lui-même  sous  une  nouvelle 
forme.  Qonnor,  roi  de  l'Ulster,  con- 
traignit Mâcha  à  entrer  en  lice  pour 
disputer  le  prix  de  la  course  h  ses 
chevaux.  Elle  remporta  le  prix,  et 
arriva  la  première  au  lieu  où  fut  bàli 
le  palais  qui  porte  son  nom.  Elle  était 
grosse,  et  accoucha  de  deux  jumeaux, 
un  garçon  et  une  fille.  Dans  les  dou- 
leurs de  l'enfantement,  saisie  d'in- 
dignation contre  la  barbarie  de  Qon- 
nor, elle  lança  une  malédiction  contre 
les  guerriers  de  l'Ulster.  Pendant 
long-temps  les  héros  du  Clanna  Ru- 
ghraide  furent  en  proie  h  des  douleurs 
qui  ressemblaient  à  celles  de  l'enfan- 
tement. C'est  le  souvenir  effacé  d'un 
mythe  fréquent  dans  les  religions  an- 
tiques, et  qui  se  rattache  à  la  doctrine 
d'une  nature  active  et  passive,  tour  K 


MON 

tour  souffrante  et  réhabilitée.  Suivant 
celte  croyance,  les  dieux  changent  de 
sexe,  d'hommes  deviennent  femmes, 
de  femmes  hommes, -et  leurs  secla- 
teurs  les  imitent.  —  «  Cette  Mâcha , 
continue  M.  d'Eckslein,  celte  Mâcha, 
déesse  des  Némèdes  et  des  Tuatha- 
Dadau  >  des  ponlifes  et  des  agricul- 
teurs de  Faiicienne  Irlande,  est  trans- 
formée en  Amazone  dans  l'Irlande 
guerrière.  Elle  devient  reine  ,  elle 
reste  établie  dans  l'Ulster,  introduite 
dans  son  histoire  j  et  cependant,  même 
K  travers  celte  métamorphose,  on  voit 
encore  percer  le  caractère  de  la  vieille 
divinité ,  d'une  déesse  de  la  nature 
passive  et  active,  au  génie  hermaphro- 
ditique.  Au  sexe  delà  femme,  Mâcha 
joint  le  génie  de  l'homme  :  elle  esl  la 
seule  femme  qui  ail  gouverné  l'Irlan- 
dej  elle  adopte,  encore  enfant,  Ugaiue 
More ,  ce  grand  roi  qui  porte  les  ar- 
mes mllésiennes  sur  les  rives  de  la 
Gaule  et  de  l'ibérie,  où  il  exerce  en- 
core ses  pirateries.  Pour  dernière 
preuve  de  l'identité  de  Mâcha  avec  la 
déesse  des]\émèdes,aioulons  que  dans 
l'histoire  de  celle-ci  on  voil  également 
paraître  quatre  frères,  quatre  archi- 
lecles.  Ce  sont  quatre  Foraoraïcesou 
pirales  établis  dans  l'Ulsterj  ils  op- 
primentNémed  et  Mâcha,  son  épouse. 
Ils  sont  vaincus  et  forcés  de  construire 
un  palais  pour  Némed.  Deux  de  ces 
frères  ou  architectes  se  nomment  Bog 
et  Robhog  :  ce  sont  lesllobhogdii  de 
l'Ulster  dont  parle  Ptolémée.  Quand 
les  Milésiens  devinrent  maîtres  de 
l'empire ,  une  partie  des  anciens  pira- 
tes^ qui  avaient  quitté  leur  roélier 
pour  se  confondre  avec  les  aborigè- 
nes et  devenir  agriculteurs  ,  furent 
contraints  de  bâtir  des  forteresses 
pour  les  conquérants  5  de  même  que 
dans  les  temps  antérieurs  ils  avaieutété 
forcés  de  construire  des  temples  pour 
les  Druides,  Tel  est  le  sens  de  cç  raj- 


MON 


121 


the  défiguré  des  pirates  architectes. 
Némed  fit  égorger,  selon  la  tradition, 
ces  quatre  architectes  le  lendemain 
du  jour  où  le  palais  fut  achevé.  Il 
craignit  qu'ils  ne  construisissent  pour 
d'autres  des  palais  aussi  magnifiques 
que  le  sien.  Doire  Lighe  fut  le  théâ- 
tre de  ce  meurtre  accompli  au  lieu 
même  où  ils  avaient  terminé  leur  édi- 
fice, monument  de  leur  génie.  Chez 
beaucoup  de  peuples  anciens  on  re- 
trouve la  même  fable  :  souvent  le  sang 
d'un  homme  arrose  et  consacre  les 
murs  du  palais  bâti  par  un  prince; 
souvent  aussi  le  cadavre  de  l'archi- 
lecte  lui  sert  de  fondement.  Des  tra- 
ditions toutes  semblables  se  retrou- 
vent paruii  les  Russes  ,  les  Scandina- 
ves et  les  Serviens.  Chaque  temiile  ou 
réside  le  dieu  de  l'univers,  chaque 
palais  où  demeure  le  roi ,  ponlifc- 
gucrrier  qui  représente  cette  divinité, 
offre  le  symbole  du  monde  entier  qui, 
selon  beaucoup  de  mythes,  a  été  ci- 
menté par  le  sang  d'un  dieu  créateur 
de  l'univers,  offert  en  holocauste  pour 
conserver  sa  propre  création.  LesFo- 
moraïces  ou  pirates  enseignèrent, 
dit-on ,  aux  ISémèdes  l'art  de  cons- 
truire des  maisons.  Ensuite  Némed 
défrichadouzeforêlSjdou7,emrtr^/i5.» 

MOINOECUS  ou  MONOECOS, 
Môvontos  ,  Hercule  sur  une  petite  cri- 
que de  la  Méditerranée  ,  où  la  huile 
qui  lui  était  consacrée  ne  portait  au- 
cune image  d'autre  dieu  (  ftovos , 
seul,  û/x.jiv,  demeurer).  Ce  lieu  devint 
dans  la  suite  la  ville  de  Porlus  Her- 
culis  Monœci,  aujourd'hui  Monaco. 

MOiNTAGNES  (les).  Montes, 
"Op,  figurent  dans  la  Théogonie  d'Hé- 
siode comme  filles  de  la  Terre  seule. 
Elles  apparurent  après  Ouranos  (la 
voûte  céleste  personnifiée)  et  avant 
Ponlos  (le  profond  abîme).  Presque 
tous  les  peuples  ont  adoré  les  Mon- 
tagnes j  énormes  fétiches  qui  sem-_ 


xaa 


MOP 


Lient  fouler  la  terre  qtt'ils  dofûlneht 
de  leur  tête  ,  et  coramauder  a  la  fou- 
dre ,  aux  images ,  aux  glaces ,  aux 
orages  :  l'Albordj  en  Perse,  le  Mé- 
rou aux  Indes ,  dans  la  haute  Asie  le 
Caucase,  en  Plirygie  le  Cybèle,  en 
Lydie  le  Tmole^  à  Rhodes  l'Ataby- 
rius  ,  en  Grèce  l'Olympe  ,  eu  Libye 
l'Atlas ,  en  soill  des  preuyes.  Si 
nous  parcourions  de  même  toutes  les 
contrées  habitées  par  les  Slares,  les 
Tatars,  les  Malais,  les  Papous  ,  les 
iunombrables  peuplades  de  l'Améri- 
que inciv'ilisée  et  de  TOcéanie  ,  par- 
tout le  même  spectacle  se  reprodui- 
rait h  nos  yeux. 

MOISTIN,  MoNTinvs,  dieu  ro- 
main, passait  pour  lé  génie  des  mon- 
tagnes. 

MOTSTQUE,  MoNYcHts,  Cen- 
taure qui  déracinait  les  arbres ,  et  les 
lançait  comme  des  p\e]o\s  {ftii*v%6ç 
eu  grec  épique  est  l'épitliète  usuelle 
du  cheval,  k  qui  certes  elle  conyient 
k  merveille). 

MOOUT.  Foy.  Motjth. 

MOPSE ,  M<j'4i;,  une  des  Sirènes 
selon  certaines  traditions. 

MOPSOPE ,  M«4«T0f ,  donna  son 
nom  a  TAtlique. 

MOPSUS,  Mo'-ios-,  famenx  derin, 
passait  pour  fils  d'Apollon  et  de  Man- 
to.  Il  se  distingua  par  la  vérité  de 
ses  prophéties  au  siège  de  Thèbes, 
a  la  cour  d'Amphimaque,  enfin  h  Cla- 
ros.  Après  sa  mort  il  reçut  les  hon- 
neurs divins,  et  le  souvenir  de  son 
habileté  fit  naître  l'adage,  plus  cer- 
tain que  Mopsus.  —  On  voit  que 
Mopsus  est  l'incarnation  clariennc 
d'Apollon.  Du  reste,  ses  adorateurs, 
pour  l'exalter  plus  aisément  par  des- 
sus tous  les  autres  devins,  assuraient 
qu'il  avait  vaincu  Calclias  en  talents 
prophétiques.  Amphimaque  méditait 
une  entreprise  importante  ,  et ,  sui- 
vant l'usage  du  temps,  consulta  dV 


MOP 

bord  les  deyiùs  sur  la  réussite  plus  ou 
moins  probable  de  ses  projets.  Mop- 
sus ne  prédit  que  nialbeurs ,  Calchas 
au  contraire  allirtna  qu'Amphimàque 
reviendrait  vainqueur.  Calchas  eut 
tort  et  mourut  de  chagrin.  Lue  autre 
légende  relative  h  la  victoire  de  Mop- 
sus sur  Calchas,  nous  montre  les  deux 
devins  s'occupant  ii  dire  quel  nombre 
de  figues  couvre  le  figuier  qui  est 
sous  leurs  yeux,  et  combien  une  truie 


pleine  qui  passe  devant  eux  porte  de 
petits  dans  ses  flancs.  Enfin,  selon 
Plutarque,  Un  gouverneur  de  Malles, 
athée  ou  peu   s'en  faUt,    envoya  nn 
billet  cacheté  à  l'oracle  de  Mopsus. 
Le  commissionnaire,  selon  la  coutu- 
me, dormit  dans  le  temple,  et  k  son 
réveil  trouva  un  billet  cacheté  h  ses 
pieds  ;   il  l'emporte  ,    rumeur    k   la 
cour,  on  se  hâte  d'ouvrir  la  lettre, 
on  n'y  trouve  qu'un  mot  :  Noir.  Tous 
les  courtisans  de  crier  k  l'absurdité , 
k  l'imposturej  mais  le  gouverneur  leur 
fait  voir  le  duplicata  de  la  lettre  qu'il 
a  envoyée  au  dieu ,  et  qui  contient  la 
question  suivante  :  T'immolerai-jc  un 
nrcuf  blanc   ou  noir?  —  Six  autres 
Mopsus  furent  :  i°  un  devin,  fils  delà 
nymphe  Chloris  et  d'Amycus,  Argo- 
naute ,  fondateur  de  la  ville  de  Ten- 
chira,  non  loin  du  port  oi\  fut  bhtie 
depuis  Carthage  ,  et  divinisé  après  sk 
mort    par    ses   anciens   compagnons 
d'infortune;    2"   Lydien  qui   se  ré- 
volta contre  la  tyrannie  d'Addirdaga 
et  d'Ichthys,  son  fils,  et  qui,  s'étant 
emparé  par  les  armes  du  trône  de 
Lydie,  força  le  fils  et  la  mère  à  ae 

firécipiter  dans  un  lac  voisin  d'Asca- 
on  (Comp.  AoruRDAGA)  5  5"  chef  ar- 
glen  qui  fonda  Phasèle  sur  le  coteàli 
de  Colophon  j  4-°  fils  d'OEnéè,  reine 
des  Pygmées ,  et  de  ]Nicodamas(les 
Pygméeslassés  des  cruautés  de  saraère 
l'enlevèrent  de  la  cour  pour  l'élever  k 
leur  maniçre) 3  5"»  ïhracçqui,  banéi 


I 


MOR 

de  soQ  pays  par  Lycurgue,  s'adjoi- 
gnit Sipyle ,  attaqua  les  Amazones 
commandées  par  Myrinc,  et  remporta 
sur  elles  une  victoite  complète;  6"  La- 
pithe  qui  se  rendit  célèbre  au  siège 
de  Tlièbes ,  et  qui  passa  pour  avoir 
donné  son  nom  à  la  ville  de  Mop- 
suéste.  H  faut  réduire  le  héros  épo- 
nyme  de  Mopsueste  et  les  deux  de- 
vins Mopsus  à  uh  seul  personnage. 

MORDAD,  l'ange  de  la  mort 
dans  la  mythologie  parsi. 

MORGÈS,  Mé/iy>ff,  roi  d'une 
partie  de  Tltalie,  après  Itale,  donna 
aux  OEnotres  le  nom  de  Morgètes. 

MORÏSAQUI,  un  des  saints  du 
Japon,  soit  Bouddha  (Chakia)  dans 
une  de  ses  incarnations  ou  sous  un  de 
ses  points  de  vue,  soit  un  de  ses  dis- 
ciples ou  des  propagateurs  de  son 
culte. 

MORITASGUE,  dieu  celte.  On 
a  trouvé  sou  nom  sur  une  inscription 
déterrée  en  1662,  k  l'entrée  du 
vieux  cimetière  d'Alisia,  aujourd'hui 
Sainle-Reine.  ■^''  ^  ' 

MORMO  reçut  de  l'oracle  Vot- 
dre  de  former  une  ville  au  confluent 
de  l'Aradis  et  du  Rhodauus  ,  et  jela 
les  fondements  de  Lyon  sur  la  mon- 
tagne qui  forme  aujourd'hui  le  fau- 
bourg de  la  Croix-Rousse. 

MORMONES,  espèce  de  Lares  ou 
fantômes  (R.  :  utpiua). 

MOROUTCHOUDA,  pénitent  cé- 
lèbre, dix-neuvième  arrièi-e-petit-fils 
d'Ikchimadida ,  étonna  par  ses  péni- 
tences la  ville  hindoue  de  Coliban.  Il 
n'est  pas  mort,  quoique  les  prodiges 
de  sa  vie  érémitique  remontent  à 
lus  de  deux  mille  ans,  et  Songa  dans 
e  Bhagavat  prédit  qu'il  vivra  jusqu'à 
l'expiration  du  Kaliiouga  pour  renou- 
veler dans  l'âge  suivant  (le  cinquième) 
Ift  famille  des  Souriavansi. 

MORPHÉE,  MoRPHEus,  le  dieu 
des  songes,  £ls  du  Sommeil  et  de 


MOR 


143 


r. 


la  Nuit  I,  passe  vulgairement  pour  le 
Sommeil  lui-inême;  et  en  conséquente 
on  le  place  dans  la  ténébreuse  et  sta- 
gnante région  des  Ciinméfiens  que  ni 
Cook  ni  Bougainville  n'ont  rencontre'e 
en  faisant  leur  voyage  autour  du  mon- 
de. On  Ta  représenté  affaissé  sous  le 
poids  du  sorttitieil;  on  lui  a  donné 
pour  attributs  les  soporifiques  pavots, 
mais  le  nom  même  du  dieu  {nepipeii, 
formes)  indique  assez  qu'il  préside  K 
ces  formes  fantastiques  et  vaines  qui 
viennent  se  peindre  au  cerveau  dé- 
tendu par  le  sommeil.  Morphée  se 
dédouble  en  trois  dieux,  Icèle,  Phan- 
lase  et  Phobétor,  que  l'on  i*egardé 
tour  a  tour  comme  ses  fils  ou  comme 
ses  frères.  C*è?t  lui  qui  est  de  tous 
les  songes  le  plus  habile  h  prendre 
l'air  ,  le  ton  ,  la  voix  ,  de  ceux  qu'il 
veut  représenter. 

MORPHO ,  Vénus  voilée  et  en- 
chaînée k  Lacédémone,  avait  été  con- 
sacrée en  ce  lieu  par  Tyndare,  selon 
les  uns  comme  emblème  de  la  chas- 
teté et  de  la  fidélité  dps  femmes;  se- 
lon les  autres ,  comme  le  hymhole  dô 
ce  caractère  inconstant  et  lascif  qu'il 
faut  tenir  dans  la  captivité,  et  en- 
rayer par  des  chaînes  de  fer.  Le  bon 
Tyndare,  ajoule-t-on,  avait  sur  lé 
cœur  la  conduite  de  ses  filles,  Hélène 
et  Clytemnestre,  peut-être  aussi  le 
trop  facile  laisser-aller  de  sa  femme 
Léda  avec  son  cygne;  et  les  voiles  et 
les  chaînes  dont  il  affublait  Vénus 
étaient  une  petite  vengeance,  des  me- 
nottes en  effigie. 

MORT  (la),  MoBs,  QâvctT6f, 
déesse  grecque  et  romaine ,  passait 
pour  fille  de  la  Nuit  et  sœur  du  Som- 
meil. Les  enfers  étaient  son  séjour. 
Son  nom  n'était  eu  quelque  sorte  ja- 
mais prononcé  par  les  Grecs.  La  fa- 
ble d'Alceste  nous  la  montre  lut- 
tant avec  Hercule.  Élis ,  Sparte  l'ho- 
noraieûtj  mais  la  Phénicie  et  l'Espa- 


ia4 


MOS 


gne  lui  rendaient  plus  particulièrement 
un  culte.  Peut-être  dans  la  mytlio- 
logie  la  plus  antique  fut-elle  en  rap- 
port avec  la  Faim,  l'insatiable  Faira 
qui  dévore,  et  par  suite  avec  TAmour 
(jui  estaussi  de  lafaiin,  deTappétit,  du 
désir.  L'Inde  a  eu  la  même  concep- 
tion,  et  Bralim  Tomuivore,  Braliin 
est  Moulli.la  Faim,  la  Mort. — Les 
poètes  donnent  li  la  Mort  un  cœur  de 
fer,  des  entrailles  d'airain,  des  ailes 
noires,  un  filet  dont  elle  enveloppe 
la  tète  de  ses  victimes  comme  le  gla- 
diateur réliaire  ,  enfin  la  harpe  ou 
faux  de  Saturne.  Les  sculpteurs  et 
les  peintres  ont  tous  conservé  celle 
faux.  De  plus ,  ils  ont  fait  de  la  déesse 
un  squelette.  C'est  seulement  an  sa- 
l(m  de    1781  que  M.  llarthélemy, 

f»our  peindre  Apollon  commandant  h 
a  Mort  et  au  Sommeil  de  porter  en 
Lvcie  le  corps  de  Sarpédon ,  a  fait 
de.  la  Mort  une  belle  femme  au  visage 
bave,  aux  lèvres  blanches,  aux  yeux 
fermés  et  empreints  de  la  rigidité  ca- 
davérique. C  était  Jusqu'à  un  certain 
point  rentrer  dans  les  idées  anciennes 
(Comp.  Qaïaïp).  Si  les  Etrusques 
sur  leurs  vases  ont  douné  à  la  Mort 
une  gueule  béanle,  ou  bien  la  tète 
de  la  Gorgone,  ou  bien  la  forme  du 
fabuleux  Vollar  5  plus  souvent  les  re- 
présenlations  de  la  Mort  se  distin- 
guaient par  des  traits  graves ,  mais 
beaux,  lugubres,  mais  nobles.  Telle 
était  la  statue  de  la  Nuit  tenant  dans 
ses  bras  le  Sommeil  et  la  Mort ,  l'un 
dormant  profondément,  l'autre  fei- 
gnant de  dormir. 

MOIIVS,  MÔfi'jç,  fils  d'Hippotion, 
fut  tué  paiMérione  au  siège  deTroie. 

MOSCHÉRIS  ou  MOSCHÉRI, 
dix-sepllème  roi  d'Egypte  ,  selon  le 
latercule  d'Eralosthène  qui  interprète 
ce  nom  par  (fue  donne  le  soleil  (ce 
qui,  pour  le  dire  en  passant,  nous 
(jngagerait  à  soupçonner  que  Mos-* 


MOU 

chéri  est  une  corruption  de  Maris, 
Mari,  Miré,  etc.),  serait,  selon 
Dupuis,  le  second  Décan  de  la  Vier- 
ge (Ouestucali  de  Saumaise,  Topite 
de  Firmicus).  Gœrres  le  fait  tomber 
avec  Mousthi  et  Pamm-Arcliondès 
dans  les  Poissons,  domicile  du  soleil, 
et  par  conséquent  l'assimile  a  Pté- 
biou  ou  Erébiou  ,  premier  Décan  des 
Poi.-'Sons,  en  élaguant  Menés  du  nom- 
bre des  Décaiis^  et  du  reste  ,  suivant 
Dupuis,  on  identifierait  Moschéri  avec 
Tomi.  Enfin,  en  parlant  d'Alolbès  I 
dans  le  latercule ,  et  de  Sotbis  dans 
la  liste  des  Décans,  on  ferait  coïnci- 
der Moschéri  avec  Réuo. 

MOSKOI-TSAR,  le  roi  mariti- 
me, était,  selon  le  dogme  de  Kiev, 
le  roi  de  la  mer.  Probablement  ce 
n'est  là  qu'une  épilhèlej  mais  jus- 
qu'ici l'on  ignore  le  vrai  nom  du  Nep- 
tune des  Slaves. 

MOT  est ,  dans  la  cosmogonie 
phénicienne,  la  malière  première  qui 
résulte  de  la  fécondation  de  Baaut, 
la  Nuit,  par  le  vent  Kolpiah  à  l'aide 
du  Désir  ou  de  l'Amour  dont  on  ne 
donne  pas  le  nom  phénicien.  On  peut 
comparer  l'art.  MouTH. 

MOTHONE,  Moômyi,  la  même 
que  MÉrnoNE  ,  passait  pour  fille 
d'OEnée  ,  tandis  que  Méthone  avait 
pour  père  le  géant  Alcyonée. 

MOTVE,  MoTYA,  Marvx,  hé- 
roïne éponyme  d'uue  ville  de  Sicile, 
fit  connaître  à  Hercule  celui  qui  avait 
osé  lui  voler  ses  taureaux.  Reflet  si- 
cilien du  mythe  italique  relatif  h  Ca- 
cus! 

MOUDÉVl,  aux  Indes,  est  la 
face  noire  et  funeste  de  la  grande 
Sakti,  mais  plus  spécialement  de  Sakli 
produisant,  de  Sakli  suballernisée, 
deSakti-Lakchmi.  La  discorde  et  la 
misère,  voila  les  œuvres  de  Moudévig 
Elle  stérilise  la  terre  et  dessèche  les 
âmes.  Elle  est  peinte  de  cguleur  vertej 


MOU 

son  vabauûm  est  Tàne,  animal  im- 
monde etabliorré;  ses  mnins  portent 
une  bannière  au  milieu  de  laquelle  le 
corbeau  étend  ses  ailes  sinistres.  Mal- 
heur a  celui  que  protège  la  glaçante 
déesse!  il  ne  rencontrera  pas  même 
nn  grain  de  riz  pour  apaiser  la  bou- 
limie affreuse  qui  dévore  ses  enlrail  - 
les.  Moudévi,  dit-on,  ne  trouva  point 
d'époux  parmi  les  dieux.   Pourtaut 
on  la  donne  souvent  comme  seconde 
femme  de  Vicbnou.  D'autre  part,  son 
nom,  identique  h  celui  de  Mahadévi, 
nous  reporte  dans  le  Sivaïsme.  Mou- 
dévi est  une  Kali  (la  noire),  Rou- 
drani  (la  mère  des   larmes),  Moha- 
nimaïa  (la  fausse  beauté);  c'est  l'en- 
semble des  amères  réalités  de  la  vie , 
c'est  l'adverse  fortune,  c'est  la  rixe 
qui  demande   la  guerre  et  du  sang, 
c'est  le  froid,  l'inertie,  l'improducti- 
vité, la  morl.  Niklas  Miiller  la  rap- 
proche d'Alilal,  de  Lilith,   d'Euyo, 
de  Rellone,  des  Furies,  de  la  mau- 
vaise Forlune. 

MOURTAKÉCHI,  Bhavani  Dour- 
ga  en  tant  qu'ennemie  des  géants. 
Elle  est  nue^  sa  couleur  est  bleue. 
Debout  sur  le  sein  de  Siva,  elle  lient 
de  ses  deux  bras  gaucbes  une  épée  et 
un  casque  5  des  deux  bras  droits,  l'un 
plus  élevé  est  nu  5  l'autre  un  peu  plus 
bas  ordonne  d'approcher  sans  crainte . 
MOUMBO-IOUMBO,  dieu  nègre, 
préside  aux  ménages  et  notamment  a 
l'anlorité  des  époux  sur  leurs  fem- 
mes. L'idole ,  au  dire  des  crédules 
babllanls  du  pays,  intime  souvent  ses 
ordres  aux  femmes,  et  celles-ci  man- 
quent rarement  d'y  obéir.  Le  peuple 
jure  par  celle  idole,  et  il  n'y  a  pas 
de  serment  plus  saint.  Des  voyageurs 
nous  assurent  que  presque  tous  les 
Nègres  marquants  savent  à  quoi  s'en 
tenir  s6r  Moumbo-Ioumbo  5  ce  dieu  , 
ou  du  moins  le  rôle  qu'il  remplit  si 
bien  aujourd'hui  au  proiil  des  maris, 


MOU 


I2t> 


n'aurait  été  imaginé  que  dans  la  vue 
de  maintenir  plus  aisément  la  subor- 
dination dans  le  ménage.  A  l'intérieur 
de  la  statue ,  qui  a  de  huit  à  neuf 
pieds  de  hauteur,  et  dont  une   robe 
d'écorce    d'arbre   et  un  chapeau  de 
paille  composent  le  costume,  se  cache 
un   Nègre.  Des  moyens  particuliers  . 
donnent  a  la  voix  du  vice-dieu  un  son 
qui  semble    n'avoir    rien  d'humain. 
C'est  d'ailleurs  la  nuil  qu'on  le  con- 
sulte.  Survient- il   dans  une   maison 
quelque  différend  entre  l'homme  et  la 
femme,    les    deux  contendants  s'en 
vont  chez  Moumbo-Ioumbu  ,    et   le 
prennent  pour  arbitre.  La  décision 
est  presque  toujours  à  l'avantage  du 
mari.  Il  faut,  pour  être  sûr  des  sen- 
tences de  Moumbo  ,   se  faire  initier 
à  ses  mystères;  on  prête  serment  de 
ne  jamais  ,  quelque  chose  qui  puisse 
arriver,  révéler  le  secret  à  des  fem- 
mes;  du  reste,   on   n'est  reçu  dans 
celte  espèce  d'assurance  contre  la  ty- 
rannie du   sexe  qu'à  l'âge  de  seize 
ans.  En  1727  ,  le  roi  de  Jaga  ayant 
révélé  le  secret  h  une  de  ses  femmes, 
fut  tué  par  les  grands  aux  pieds  de 
Moumbo-Ioumbo.  On  ne  se  présente 
que  couvert  devant  la  statue.   Pen- 
dant le  jour  elle  esl  exposée  sur  un 
poteau;  a  l'entrée  de  la  nuil  on   la 
transporte  dans  l'enceinte  sacrée  où 
ont  lieu  les  opérations. 

MOUNDA,  TCHANDA  et 
DOUMRALOTCHANA  sont,  dans 
le  Dévimahatmiam  (épisode  du  Mar- 
kandéia-Pourana),  les  trois  généraux 
de  Soumbha  l'Açoura,  dans  la  lutte 
sacrilège  et  gigantesque  qu'il  soutient 
contre  Dourga-Dévi.  Tous  trois  pé- 
rissent ,  et  la  déesse  prend  des  deux 
premiers  les  surnoms  de  Tcliamounda 
Tchandika(Fq>'.  soit  anal,  et  trad. 
d'Eug.  Burnouf  dans  le  Journal 
asiatique^  IV,  2. i-l  2  ^soii  du  Siva 
Pourana,  ch.  V,  §  6 ,  par  le  baron 


i%6 


MOU 


d'Eckslein,dans/e  Cathol.,  t^XIV, 
n"  42).  Mouiida  etTcbanda  étaient 
cux-mènies  des  Acouras,  Daiiavas  ou 
Daitias  (Tilans  hindous).  On  les  voit, 
non  seuleineut  combattre  ,  mais  veil- 
ler et  remplir  le  double  rôle  de  seuli- 
nelle  et  de  messager.  Soumbba  les  a 

Placés  eu  vedette  sur  les  cimes  de 
Himalaïa,  et  quand  la  divine  Ara- 
'bika  paraît,  ce  soal  eux  qui  vont  lui 
en  donner  avis,  et  qui.  rexcitenl  à 
mettre  en  œuvre  tous  les  moyens  pour 
posséder  cet  te  incomparable  inconnue. 
MOUUIMO  ,  cbiï  les  Detjouanas 
(autrement  Moulitjouanas  el  Sit- 
jouanas ,  et ,  dans  la  langue  des  Hot- 
tentots,  Brigouas),  est  le  dieu  su- 
prême ,  dispensateur  invisible  des 
tiens  et  des  maux.  Son  nom  rappelle 
le  mot  Mourinua  qui,  dans  la  langue 
de  l'Afrique  sud-est, signilic  seigneur. 
Ses  adorateurs  semblentavoir  pour  lui 
plus  de  crainte  que  d'amour.  Au  reste, 
ils  sont  peu  attachés  aux  prati(|ues  re- 
ligieuses. Les  missionnaires  qui  ont 
tenté  leur  conversion  y  ont  échoué  , 
non  pas  qu'ils  soient  enthousiastes  du 
culte  indigèije ,  mais  parce  qu'ils 
tiennent  peu  à  uu  culte  quel  qu'il 
soit.  Un  seul  a  obtenu  la  considération 
des  Hetjouauas,  c'e^t  celui  <|ui  leur  a 
fait  connaître  la  charrue.  Ils  ont  la 
prélculiou  de  deviner  l'avenir  a  l'aide 
de  dés  pyramidaux  laiis  de  cornes 
d'antilopes.  Leurs  prèlres  sont  char- 
gés de  l'ubservation  des  asires  et  de 
l'arrangeaienl  du  calendrier,  divisent 
l'aunée  en  treize  mois  lunaires,  et  sa- 
vent distinguer  les  planètes  des  étoi- 
les fixes.  Leur  chel  est  le  premier  du 
pays  après  le  voi. 

MOU  TH,  MOOiTH  ou  MOYTH, 
[myth.  hind.),  divluilé  }>hénicienne 
que  l'on  regarde  comme  roi  ou  reine 
des  enfers,  et  par  conséquent  comme 
une  espèce  de  Pluton,  a  été  confondu 
par  {^u^vrs  mythologues  avec  Mût 


MOU 

qui  est  la  matière  première,  mère  uni- 
verselle  des  êlres  et  principe  de  tout 
ce  qui  est.  L'identité  de  Mot  et  de 
Mouth  n'est  pas  prouvée;  mais  si 
l'on  songe  au  rapport  soit  idéologi- 
que, soit  phonique  des  mots /«rtfer  et 
inattriaj  si  l'on  se  souvient  que  tour  k 
tour  la  matière  comprend  l'esprit  dé- 
miurge, et  l'esprit  démiurge  la  matiè- 
re, si  l'on  pense  que  le  développement 
du  monde  suppose  destruction  comme 
création  ,  et  qu'en  conséquence  tout 
Zévs  est  un  ïladès,  si  l'on  se  rappelle 
que  Brahm  -  Brahmanda  -Hirania- 
gliarba-Souaïambhouva,parlaraême 
raison  qu'il  contient  tout  ,  absorbe 
tout,  dévore  tout,  eslMoutli  la  faim  et 
Mouth  la  mort  ,  on  ne  s'étonnera  pas 
que  la  matière  et  la  mort  ne  fassent 
qu'un.  Et  sous  un  autre  point  de  vue, 
pour  les  spiritualisles  par  exemple, 
quoi  de  plus  naturel  ((ue  de  voir,  dans 
l'esprit  principe  actif,  la  vie,  dans  la 
matière  principe  passif,  la  mort? 
MOIJTCHOUKOIJJNTHA, radjah 
hindou  de  la  dynastie  deoSo'uriavansi, 
avait  aidé  les  dieux  k  combattre  les 
Dailias,  et  pour  recompense  avait 
obtenu  le  privilège  de  dormir  éter- 
nellement jusqu'à  la  venue  de  Krichna. 
«  Si  quelcju'un  ose  me  réveiller  ,  5> 
avait-il  demandé  a  Indra ,  «  que  la 
«  flamme  de  mes  yeux  irrités  le  dé- 
«  vore.  3)  Poursuivi  par  le  sivaïte 
Rala-Iavana,  victorieux  enuemi  (je 
son  culte,  Krichna  enlra  prècipilam- 
merit  dans  la  caverne  où  dormait 
Moutchoukouniha ,  et  eut  soin  de  se 
placer  derrière  sa  tête  pour  ne  point 
être  exposé  k  ses  regards.  L'ardent 
Ë.ala-Iavana,  eu  s'élancaulk  la  »iule 
de  Krichna  dans  l'antre  ,  pousse  avec 
rudesse  les  pieds  du  radjah  endormi. 
Soudain  le  prince  s'éveille  en  sur- 
saut; les  flammes  divines  le  dévorent 
lui  et  sou  armée.  Le  sommeil  de 
Moutchoukouniha  rappelle  c«ux  de 


MUN 

Koutnbbakharna  (F".  Ravatîa),  d'É- 
piménide,  d'Endymioa,  de  la  Belle  au 
bois  dormant.  L'ensemble  du  mylhe 
s'barmonise  d'une  part  avec  la  mort 
de  Kansasivaïte  lui-même,  deKansa 
que  pétrifie  la  vue  de  Vicbnou  j  de 
l'autre  ,  avec  l'bistoire  de  la  mer  de 
lait  battue  par  les  dieux  qui  ont  en 
main  la  queue  du  grand  serpent  Adi- 
cécba,  tandis  que  les  Dailias,  qui 
tiennent  la  têle,  sont  exposés  aux 
poisons  délétères  que  distille  sa  bou- 
che. 

MULIEBRÏS.  Foy.  Fortttne. 

MULIOS,  M9vA<af  :  1°  époux 
d'Agamède  l'Augéide  5  2°  cbef  épéen 
tué  par  ]Nestor;  3°  chef  troyen  tué 
par  Patroclej  4°  héros  natil  de  Du« 
lichium  et  au  service  d'Amphinome , 
nn  des  prétendanls  de  Pénélope. 

MU'NYQUE,  MuKYcnus,  Moû- 
)»j;)/9j,fils  d'Âcamas,  d'antres  disentde 
Démophou  et  de  Laodice  ,  fui  élevé 
dans  Troie  par  Elhra.  suivit  son  père 
en  Grèce,  et  donna  son  nom  kun  dème 
del'Atlique  (  Voy.  Acamas),  qui  plus 
tard  devint  un  faubourg  et  un  des  trois 
ports  d'Atliènes.  On  sait  que  Diane 
honorée  dans  cette  ville  prit  le  nom 
de  Munychienne.  11  y  eut  des  fêles 
appelées  Munychies,  et  l'en  nomma 
Munychion  le  dernier  mois  du  calen- 
drier athénien.   Quelques  traditions 
faisaient  aller  Muuyque  en  Thrace  a 
la  suite  d'Acamas,  et  ajoulaietil  qu'il 
y  mourut  de  la  morsure  d'un    ser- 
pent.— ^Un  antre  Munyque,  devin, 
n'eut  pas  l'artde  deviner,  ce  qui  pour- 
tant lui  arriva,  que  des  brigands  met- 
traient un  jour  le  feu  a  sa  maison  trop 
fortementbarricadée,etrinvesliraient 
ainsi  d'un  /éseau  dellamme,  lui,  sa 
fetnme  (Lélante)  et  ses  quatre  enfants 
(Àlcandre,  Mégalétor,  Phylée,  Hypé- 
rippe).Les  dieux,  par  pitié,  les  chan- 
gèrent en  oiseaux.  Munyque  fut  un 
-tfiôrGhis  (espèce  de  balbuzard?). 


MUR 


127 


MURCIE,  MuHGiA,  Vémis  des 
Celtes  et  des  Ibères,  avait  un  temple 
à  Rome  au  pied  de  l'Avenlin ,  jadis 
Murcus,  on  l'assure.   On  a  dit  que 
celte  \énus  Murcie  est  la  fainéan- 
tise   personnifiée ,    vu  d'abord    que 
sa  statue  était  couverte,  vu  ensuite 
que  la  volupté  frappe  l'homme  d'ato- 
nie, l'énervé,  le  rend  incapable  de 
tout  ce  qui  est  grand   et  généreux. 
JNous  ne  pouvons  nous  empêcher  de 
soupçonner  d'étranges  erreurs  dans 
ces  assertions  tranchantes.  D'abord, 
Murcie    a-t-il    le    moindre   rapport 
avec  les  Murcus,  Murcidus,  Mur- 
ginari  et  Marccre^  comme  ou  le 
suppose;  puis,  quand  cela  serait,  l'i- 
dée naturelle  a  déduite  ne  serait-elle 
pas  celle  d'une  Boutn  pâteuse  et  va- 
seuse, analogue  au  Srible-ct-Eau  ou 
Limon  primitif  des  Egyptiens.^   Ou 
arriverait  ainsi  h  une  Vénus-Thalassa 
grande  génératrice,  stagnante,  il  est 
vrai,  mais  apte  a  prendre  vie  et  mou- 
vement. Les  lagunes  de  l'Adriatique, 
les  lacs  d'AmsanIo,  les  palus  du  La- 
tium    (marais  Pontins,    etc.),    ont 
dû  donner  des  idées  de  ce  genre.  Nul 
doute  que  les  bassins  que  forment  les 
monts  de  Rome  et  de  l'Elrurie  n'aient 
été  remplis  de  Caspiennes  microsco- 
piques. Si  la  mythologie  de  la  Grèce 
assainie  et  séchée  nous  offre  encore 
dans   ses  Eléochora  des  vestiges  de 
la  Grèce  marécageuse,  pourquoi  veul- 
on  que  le  Latiuiu  ne  laisse  pas  percer 
le  même  fait  dans  les  seules  archives 
qti'ait   un    peuple   sans  écriture,  la 
mylliologie?  Si  Ton  admet  que  Mur- 
cie est  une  Mer  Putride,  n'«st-elle  pas 
une  déité  paresseuse.^  n'a-t-elle  pas 
l'ahrimanisme  de  la  fainéantise?  Mais 
tant  que  les  preuves  manqueront,  i! 
sera  téméraire  d'arranger  ainsi  les 
faits,  fùt-il  cent  fois  démontré  que 
les  Venèlcs  (anciens  habitants  de  ce 
que  flOHS  appelons  le  département  jdu 


128 


MUS 


Morbihan)  eussent  une  Vénus  pour 
déesse,  et  que  celle  déesse  était  une 
paresseuse,  et  que  celle  paresseuse 
se  jouait  dans  les  eaux  sous  forme  de 
ciae  {anas^  g.  anatisj  ii  itirrcc) , 
d'où  le  nom  de  ^euètes,  etc.  ,  elc. 
—  Murcie  diffère-t-elle  de  Marica? 

ML RRAN,  MuBBANUS,  chef  la- 
tin du  sang  royal  ,  fut  renversé  de 
son  ciiar  par  Turnus. 

MLSAGETE ,  Musagètes,  Moh- 
a-xyiTijs,  c'est-a-dire  guide-muse:  i" 
Apollon,  2"  Hercule.  Ce  surnom  de 
la  plus  liante  importance  se  conçoit 
aisément  tant  que  c'est  Apollon  qui 
le  porte  j  mais  Hercule,  quel  rapport 
y  a-t-il  enlre  lui  et  les  Muses';'  Le 
voici  :  non  moins  qu'Apollon,  Her- 
cule est  le  soleil,  il  est  le  recteur,  le 
guide ,  le  chef  d' orchestre  des  mon- 
des 5  rharmonie ,  c'est  luij  il  ouvre 
la  voie  à  l'année,  aux  saisons,  aux 
heures,  qui  chacune  douent  la  terre, 
aux  Grâces  qui  emhcllissenl  le  vaste 
ensemble  et  les  minces  détails  du 
grand  tout  ;  il  se  meut  en  mesure ,  en 
cadence;  il  décrit  dans  l'espace  sa 
courbe  magnifique;  le  reste  des  as- 
tres semble  se  régler  sur  lui  ;  il  est  la 
flûte  dirigeante  qui  donne  le  la  aux 
concerlanls  éloilés;  il  est  la  tonique, 
centre  et  base  de  tous  les  autres  sons; 
il  est  l'accent  de  chaque  accord  har- 
monique. Les  Muses  donc  sont  bien 
ses  filles,  ses  parèdres,  ses  suivantes. 
Elles  forment  autour  delui  cellegale- 
rie  fraîche  et  variée  que  forment  les 
Gopis  autour  de  Krichna.  Dans  la  my- 
thologie vulgaire,  on  voit  Hercule  se 
faire  rival  d'Apollon.  A  Saraolhrace  , 
il  est  Cadmile  comme  lui;  a  Delphes, 
il  prend  le  trépied  et  prophétise  com- 
me lui;  dans  Athènes,  il  prend  le 
masque  dramatique  comme  lui.  Dans 
l'atelier  des  artistes ,  il  a  la  massue 
6OUS  les  pieds;  il  lient  a  la  main  une 
lyre,  et  les  Muses  ne  demandent  pas 


MUS 

mieux  que  de  faire  vibrer  la  lyre  au 
spectacle  des  hauts  faits  d'armes  cl 
des  grandes  découvertes. 

MUSÉE.   Voy.   Biogr.    univ., 
XXX ,  471. 

MUSES  (les),  MusiE,  M.vTut, 
déesses  grecques  et  latines  qui  prési- 
dent aux  arts,  aux  sciences  et  aux 
lettres,  en  un  mot  h  tout  cet  ensemble 
de  connaissances  élégantes  que  les  an- 
ciens comprenaient  sous  le  nom  de 
musique.  Originairement  on  n'en 
comptait  que  trois,  Mnémé ,  Méletc 
et  Aédé,  ou  bien,  selon  Eumèle,  Cé- 
phise,  Boristhénis  et  Apollonis;  Ci- 
céron  en  nomme  quatre,  Mnémé,  Mé- 
lété,  Aédé,  Thelxiope.  Dans  Aratus, 
Thelxiope  devient  Theixinoé.  et  Ar- 
che remplace  Mnémé.  La  Sicile  por- 
tait le  nombre  a  cinq  et  même  a  sept, 
ISilo  ,  Trilo  ,  Asopo  ,  Heptapore  , 
Achéloo,  Pactolo  (vulgairement  Ti- 
poplus)  et  Erodie.  Enfin  ,  on  en  vint 
à  une  ennéade,  mais  la  encore  les 
neuf  noms  différèrent.  La  Piérie,  en 
Macédoine,  donnait  aux  neuf  déesses 
des  noms  que  nous  ignorons.  Les  Pé- 
lasgues  les  nommaient  Collichore, 
Eunice,  Hélice,  Theixinoé,  Ter- 
psichore  ,  Eulcrpe ,  Encelade  ,  Dia  , 
Ëunope.  Enfin  ,  voici  la  nomenclature 
dorique,  la  seule  «jui  ail  prévalu,  el 
qu'ait  adoptée  l'usage  moderne:  Clio, 
Euterpe,  ThaHe ,  Melpomène,  Ter- 
psichore,  Erato,  Polymnie,  Uranic, 
Calliope. — La  généalogie  des  Muses 
est  tout  aussi  contestée  que  leur  nom- 
bre et  leurs  noms.  Cicéron  les  fait 
naître  de  son  Jupiter  HI  et  de  Mné- 
mosyne;  Plmrnute  et  Alcman  d'Ou- 
ranos  el  de  Gaea  (le  ciel  et  la  terre)  ; 
Eumèle  d'Apollon;  Aratus  d'Éther  et 
el  de  la  nymphe  Plusie  ;  Epicliarrae 
de  Piéros  et  de  la  nymphe  Pimpléis  ; 
Nalalis  Cornes  de  Memnon;  enfin 
la  légende  qui  prévalut  de  Jupiter 
et  de  Muémosyne  (la  mémoire  selon 


I 


Mus 

Sti  Augustin,  l'inlelligence  selon  Gi- 
raldi,  la  volonté  ou  l'averlisseuse , 
Moneta,  selon  Hygiu).  —  Nul  doute 
que  les  diverses  personnifications  et 
les  groupes  divers  auxquels  Tidée  de 
Muse  a  donné  lieu  n'appartiennent  ou 
à  des  tribus  ou  a  des  époques  diifé- 
tentes.  Des  luttes  eurent  lieu  entre 
les  arrangeurs.  La  dispute  des  Mu- 
ses avec  les  Piérides,  qui  finirent  par 
être  vaincues,  dépouillées  et  chan- 
gées en  oiseaux,  en  est  une  trace  évi- 
dente. Ainsi,  plus  tard,  on  voit  Her- 
cule ravir  le  trépied  de  Delphes  au 
bel  Apollon,  et  crier  qu'il  ne  connaît 
pas  d'Adonfs  parmi  les  dieux.  — 
Les  Muses  avaient  chacune  des  attri- 
buts distincts  :  Calliope  présidait  k 
l'épopée,  Clio  k  l'histoire,  Euterpe 
k  la  musique  ,  Thalie  k  la  comédie 
(  et  peut-être  aux  chants  de  table), 
Melporacne  k  la  tragédie,  Terpsi- 
chore  k  la  danse,  Erafo  k  la  poésie 
erotique ,  Polyrauie  k  l'ode ,  Uranie 
k  l'astronomie  et  aux  mathémati- 
ques. Quelques-uns  attribuent  la  der- 
nière de  ces  sciences  k  Euterpe  j  on 
le  comprendra  pour  peu  que  l'on 
songe  au  rapport  que  la  philosophie 
ancienne  admettait  entre  la  musique 
et  les  nombres.  L'astronomie  d'ail- 
leurs est  presque  une  science  musi- 
cale, car  les  astres  roulent  harmo- 
nieusement dans  l'espace.  La  régu- 
larité de  leur  course  est  une  harmo- 
nie, et  au  physique  même  ils  ren- 
dent un  son  :  le  Maître  l'avait  dit. — 
On  verra  aux  articles  particuliers  les 
mots  grecs  desquels  les  neuf  Muses 
tirent  leurs  noms.  Quelques-unes  des 
Muses  ont  encore  d'autres  fonctions 
que  celles  que  leur  assigne  l'étymolo- 
gie.  Thalie  passait  dans  les  campa- 
gnes pour  protéger  les  jeunes  pousses. 
D'autres  présidaient  aux  bergeries  ou 
aux  fraîches  herbes  des  prés.  Au  res- 
te ,  toutes  prennent  souvent  les  carac- 


MUS 


129 


tères  de  prophétesses,  de  Bacchantes 
et  de  Nymphes,  particulièrement  de 
Naïades;  et  ici  se  dessine  plus  nette- 
ment le  véritable  caractère  des  Muses. 
Ainsi  que  les  belles  Raginis  des  Hin- 
dous, ce  sont  des  Nymphes  des  eaux. 
L'eau  murmifre,  l'eau  coule  en  ca- 
dence,  l'eau  est  la  mesure  naturtlle 
du  temps,  témoin  la  clepsydre  (qu'au 
reste  un  mythe  donne  comme  l'in- 
venflon  de  Mercure,  l'éloquence,  la 
voix  faite  homme).  De  la  l'eau  Muse 
primordiale,  première  cantatrice, 
première  musicienne  ,  première  pro- 
phélesse,  première  magicienne,  pre- 
mière Sirène,  première  Circé  ,  pre- 
mière Muse.  Cette  Mui.e  dont  les  au- 
tres ne  sont  que  le  aédoublement , 
quel  est  son  nom?  L'ame  ,  mens  ^ 
l'énergie  dansante,  pensante,  ^tuaj  , 
la  pensée,  niana  (saraskrit).  Dans 
ces  mots  deux  lettres,  mn ,  dominent* 
et  l'antiquité  identifiant  l'inlelligence 
k  une  des  facultés  intellectuelles,  l'an- 
tiquité qui  dit  mémento  ,  fttftv>i<ro 
(songe),  changea  sa  Mens,  première 
Muse,  en  Mnémé  ou  Maémosvne.Maig 
toute  haute  déesse  se  dédouble.  De 
la  Mnémé,  la  mémoire;  Mélété,  la 
pensée;  enfin  Aédé,  le  chant;  puis, 
comme  la  pensée  traduite  en  chant 
ravit  l'oreille  et  l'ame,  Thelxiop«  ou 
Thelxinoé.  Il  serait  inutile  de  pour- 
suivre ce  développement  :  revenons 
aux  Muses-Naïades.  Si  les  preuves 
théologiques  manquaient,  une  des  no- 
menclatures ci-dessus  y  suppléerait. 
Qu'est-ce  que  les  Pactolo,  leS  Asopo, 
les  Nilo,  les  Achéloo,  les  Heptapore  , 
les  Trilo,  si  ce  ne  sont  des  fleuves- 
femmes  ?  et  qu'est-ce  qu'un  fleuve- 
femme,  sinon  une  Naïade?  Trito  sur- 
tout nous  force  k  un  rapprochement 
que  nous  aurions  sans  doute  trouva 
sans  elle.  Trito  est  un  des  noms  de 
Minerve;  et  Minerve,  c'est  l'ame, 
c'est  la  Muse  par  excellence,  c'est  l'é- 


LV. 


i3()  MUS 

{luuse  transcendantale  de  Jupiler. 
Jupiter  et  Minerve  reviennent  à  Ju- 
piter et  Mnéraosyne.  Les  Muses  sont 
«les  Minerves  inférieures  et  partiel- 
Irs.  Les  eaux  sont  dans  la  cosrao- 
i;cuîe  mythique  le  grand  principe  fe- 
melle. Or ,  ce  principe  ,  c'est  tour 
h  lour  la  volontc-raison-mémoire , 
l'énergie ,  le'  pballe.  Au  reste  tout 
cela  existe  dans  Minerve ,  tout  cela 
ciiste  donc  dans  les  Muses;  et 
voila  pourqiioi  les  Muscs  sont  Tonde 
incarnée.  Cependant  nous  croyons 
que  les  Muscs  aussi,  pour  quelques 
i)«uples,  ont  pu  être  des  person- 
niHcations  terrestres  ,  montueuses  , 
ronlinentales.  Les  Piérides  ,  sans 
doute,  apparliennent  a  cette  classe. 
La  querillo  de  ces  Muses  rocailleuses 
avec  les  Muses,  filles  de  l'élément  hu- 
mide, rcflèlc  donc  la  lutte  de  la  terre 
et  deseaux  des  monlagnaids  riverains. 
Peut-être  aussi  la  querelle  des  Muses 
avec  les  Sirènes  doit-elle  s'entendre 
d'une  opposition  entre  l'onde  fluviale 
et  la  mer,  entre  les  habitants  de  la 
plaine  fertilisée  par  les  rivières  ,et 
les  habitants  de  la  côte  que  baignent 
les  flots  salés.  Toutefois,  on  voit 
poindre  un  sens  moral  sous  l'écorce 
de  la  fable.  C'est  l'antagonisme  de 
l'art  sévère  et  grave  et  de  l'art  effé- 
miné, corrupteur.  Les  Muses  for- 
maient un  chœur  sacré  dont  la  prési- 
dence appartenait  à  une  haute  déité 
récapitulatrice  :  Minerve  ,  Métis  ou 
Mnéraosyne,  voila  celle  qu'implicite- 
ment l'idée  d'Ennéade  pensante  sup- 
pose et  implique;  mais  la  mythologie 
usuelle  des  siècles  postérieurs  plaça 
un  dieu  au  milieu  du  groupe  sacré. 
Ainsi  Yichnou  aux  Indes  danse  au 
son  de  sa  propre  flûte  au  milieu  des 
Gopis.  Ce  dieu  ,  coryphée  du  chœur 
des  Muses,  fut  tour  à  tour  Hercule , 
Bacchus ,  Apollon.  C'est  à  ce  dernier 
fiurlout  que  les  poètes  attribuèrent  le 


MUS 

généralat  de  la  troupe  sacrée.  Ce 
point  de  vue  remarquable  a  valu  à 
chacun  des  trois  dieux  le  surnom  de 
Musagète.  Les  Heures,  les  Grâces, 
ont  aussi  de  loin  des  rapports  avec  les 
Muses.  Après  ce  qui  précède,  ces  rap- 
ports n'ont  pas  besoin  d'être  expli- 
qués. —  Les  Muses  passaient  pour 
vierges  ainsi  que  Minerve.  'Ae/îra/i- 
êî^oi  (  c'est-k-dire  toujours  vierges), 
voilà  l'épilhèle  favorite  de  ces  chastes 
filles  de  Mnémosync  et  de  Jupiter. 

Prosit  milii  vos  cJixisse  pucllas, 

s'écrie  le  caustique  Juvénal.  De  nom- 
breuses légendes  de  maternité  con- 
trastaient bizarrement  avec  ce  titre. 
Clio,  un  jour,  s'élanl  moquée  de  l'a- 
mour qu'Adonis  avait  inspiré  à  Vé- 
nus, se  passionna  pour  Apollon ,  pour 
Magnés  et  pour  Piéros,  et  ceux-ci  la 
rendirent  mère  d'Ialème  ,  d'Hymé- 
née  et  d'Hyacinthe  ;  Calliope ,  éprise 
d'OEagre,  donna  le  jour  à  Orphée  , 
et,  ajoutent  quelques-uns,  à  Linos; 
d'Euterpe  unie  au  dieu-fleuve  Aché- 
loiis  naquit  un  autre  dieu-fleuve  ,  le 
Slrymon;  Érato  avec  le  même  Aché- 
loiis  donna  le  jour  aux  Sirènes  j  Rhé- 
sos, héros  ou  fleuve,  devaitl'cxistence 
a  ïerpsichore  j  Uranie  ,  quillaul  les 
astres  pour  Apollon ,  devint  en- 
ceinte de  Linos  que  nous  avons  vu 
passer  aussi  pour  fils  de  Calliope.  Au 
reste,  on  varie  beaucoup  dans  toutes 
ces  listes  généalogiques.  Les  Sirènes 
dans  plusieurs  légendes  ont  pour  mère 
soit  Melpomène ,  soit  Terpsichore, 
etc.  -r-  Les  Muses  étaient  placées 
par  quelques  poètes  dans  le  ciel,  où 
elles  charmaient  les  dieux  par  leur 
voix  et  par  les  accords  de  la  lyre. 
Plus  souvent  on  les  montre  habitan- 
tes de  la  terre.  Des  montagnes,  de 
riants  bosquets  ,  de  frais  rivages  sent 
alors  leur  demeure  ordinaire.  C  est 
ou  de  ces  localités  diverses,  ou  des 
régions  dont  elles  faisaient  partie  que 


MUS 

furent  tirés  leurs  noms  ou  surnoms. 
Voici  les  principaux  :  Parnassides , 
Héliconides,  Piérides,  Pindides  (le 
Parnasse ,  l'Hélicon ,  le  Piéros  ,  le 
Pinde,  étaient  des  montagnes);  Pim- 
pléides  (Pimpla  était  un  vallon);  Co- 
rycides  (  Coryque  était  un  autre  fa- 
meux) ;  Libéthrides,  Caslalides,  Hip- 
pocrénides,  Aganippides  (Libéthra, 
Castalie,  Hippocréne  ,  Aganippe, 
étaient  des  fontaines).  On  les  appelait 
encore  Aonides,  Thespiades,  Ardali- 
des, Mnéraonides, c'est-à-dire  habitan- 
tes del'AonieoudeThespieSjprotégées 
d'Ardale,  filles  de  Mémoire.  Rome 
leur  donnait  le  nom  de  Camènes.  Le 
culte  des  Muses  fut,  dit-on,  introduit 
dans  la  Béotie  par  les  Aloïdes.  11  est 
possible  qu'il  ait  été  établi  antérieu- 
rement dans  les  contrées  septentrio- 
nales du  Roum-Ili ,  soit  Thrace,  soit 
Macédoine  ou  Thessalie.  Le  rôle 
majeur  que  jouèrent  les  écoles  orphi- 
ques dans  ces  régions  engage  a  le 
croire.  Rien  n'indique  qu'il  en  ait  été 
ainsi  pour  Samothrace.  Provisoire- 
ment donc  on  peut  regarder  les  Emi- 
neh-Dagh  et  les  Balkans  comme  le 
fojer  primitif  de  la  religion  des  Mu- 
ses. La  Béotie  les  mit  plus  tard  sur 
la  liste  de  ses  dieux.  L'idée  de  Muses 
aquatiques  prédomina  chez  elle  ;  et 
les  grottes,  les  bois,  les  monts,  ne  fu- 
rent admis  que  comme  accessoires 
des  eaux,  ou  comme  conquêtes  des  fil- 
les des  eaux.  Le  Nord  au  contraire 
semble  avoir  donné  de  l'importance 
aux  monts  eux-mêmes.  La  c'est  une 
Agdislis  qui  récapitule  les  Muses;  c'est 
une  Trito  dans  la  Béotie.  Les  Aones 
étaient  sans  doute  encore  les  maîtres 
du  pays ,  lorsque  l'introduction  du 
culte  des  Muses  eut  lieu.  Thespies  en 
fut  un  des  sanctuaires ,  Thespies  de- 
puis célèbre  par  le  culte  des  Grâces  ! 
mais  les  Grâces  ont  quelque  chose  des 
Muses:  comme  elles,  elles  sortent  des 


MUS 


431 


eaux  ;  comme  elles,  elles  se  lient  aux 
Heures  ;  il  est  même  un  nom  commun, 
ou  peu  s'en  faut,  aux  trois  nomencla- 
tures, Thalie,  légèrement  infléchi  en 
Thallo.  Aussi  à  Rome  voit-on  les 
Grâces  et  les  Muses  habiter  le  même 
temple,  les  Grâces  et  les  Muses  invo- 
quées aux  mêmes  repas.  La  Béotie  et 
l'Atlique  en  ces  temps  reculés  se  te- 
naient. Les  Muses  passèrent  vite  du 
Copaïs  aux  bords  du  Céphise.  Pausa- 
nias  mentionne  un  autel  magnifique 
dédié  aux  Muses  dans  Athènes.  Le 
Péloponèse  y  resta  long-temps  étran- 
ger ,  mais  les  événements  qui  portè- 
rent les  Pélasgues  en  Sicile  et  en 
Italie  y  portèrent  aussi  l'idée  de 
nymphes  chantantes,  législatrices  et 
fatidiques.  Les  Sirènes,  les  Sibylles, 
Circé,  Fauna,  Carmente,  Camasène, 
Egérie,  naquirent  ou  se  développèrent 
sous  cette  influence;  et,  de  plus,  le 
nom  même  de  Muses  persista.  Seule- 
ment les  déesses  ,  les  nymphes  du 
chant  furent  des  rivières.  Le  Nil, 
l'Asope,  le  Pactole,  etc. ,  furent  méta- 
morphosés en  déilés  inspiratrices.  Ce 
point  de  vue  était  frappant;  le  nom- 
bre de  sept,  reflet  des  sept  notes  de 
la  gamme,  des  sept  cordes  de  la  lyre, 
des  sept  sons  de  fa  voix  de  Memnon , 
des  sept  bouches  du  Nil ,  des  sept 
planètes  et  peut-être  des  sept  Cabi- 
res,  ne  l'est  pas  moins.  Les  nombres 
de  huit  et  de  neuf  n'ont  rien  de  plus 
étonnant;  tous  deux  étaient  sacrés, 
tous  deux  résultaient  d'opérations  ca- 
balistiques. Les  sept  notes  avec  la 
tonique  reproduite,  l'octave,  forment 
une  ogdoade,  Esmoun,  le  premier, 
est  aussi  le  huitième.  Huit  d'ailleurs 
est  la  troisième  puissance ,  le  cube 
de  deux.  Quant  à  la  triade  par  la- 
quelle peut-être  on  débuta,  c'est  un 
groupe  si  fréquent  dans  les  personni- 
fications mythologiques  qu'il  serait 
puéril  de  s'y  arrêter ,  smÉDut  si  l'oa 


i3a 


MUT 


ne  sait  voir  dans  les  trois  Muses  que 
les  trois  modes  de  musique  primitifs, 
la  voix, les  instruments  a  veiit  et  Us 
lyres  ouïes  instruments  a  cordes.  Les 
KoraaiiK  dédièrent  trois  temples  aux 
iVIusesdans  leur  capitale.  Un  d'entre 
eux  sans  doute  était  antique  :  car  là 
les  déesses  étaient  honorées  sous  le 
nom  de  Camènes,  identique  h  Cama- 
sène,  rétrusque  épouse  (le  Janus. — 
lies     Muses    ont    été    fréquemment 
représentées  :  le  plus  souvent  on  les 
a  figurées   sur  les   rochers  du  Par- 
nasse ,    tantôt    assises,    tantôt    dc- 
})onl.  Leurs  attributs  sont  très-nom- 
l)reHX,  mais  presque  toujours  les  ar- 
tistes modernes  en  ont  créé  d'imagi- 
naires.  Ceux    qui  tiendraient  à  les 
connaître  doivent  consulter  les  monu- 
ments, mais  non  les  statues  qui  pres- 
«|uc  toBtes  ont  été  cassées  aux  exlré- 
Tnités ,  el   réparées  arbitrairement. 
Les  bas-reliefs,  les  pierres  gravées  et 
les  nrédailles  sont  donc  les  documents 
les  plus  utiles.  Nous  indiquons  aux 
articles    particuliers  et  ces  attributs 
véritables  et  les  plus    belles  repré- 
sentations figurées  de  chaque  Muse. 
Ici  nous  nous  bornerons  h  mentionner 
les  monuments  où  se  trouvent  réunies 
les  neuf  Muses.  Ce  sont  :  i°  un  bas- 
relief  de  l'ex-coUeclion  de   Towley 
gravé  dans  la  Mosaïque  d'Italica, 
pag.  195  les    Muses  plumant  les  Si- 
rènes dans  Millin,  bas-relief  inédit^ 
3*  le  supplice  de  Marsyas  (  Winckel- 
mann,   Monumenti  inediti).   On 
peut  ajouter  le  bas-relief  des  Génies 
des  Muses  apportant  chacun  les  attri- 
buts d'une  des  déesses  a  un  adoles- 
cent sous  les  traits  d'Apollon  (Musée 
Pio-Clémentin,TV,  i5). 

MUSUCCA  ,  l'esprit  du  mal  chez 
quelques  peuples  de  l'Afrique. 

MUTA  était  la  même  que  Lara. 

MUTH.    roy.  MoTJTH. 

MUTIME,  MuTiMus,  dieu  Uùn 


MUT 

du  silence  [miitus)  ou  du  gïoinelle- 
raent  {mntire),  ne  nous  est  connu 
q»e  par  Turnèbe. 

MUTilNITUTIVI,  phalles  pro- 
tecteurs ,  étaient  des  Hermès  priapi- 
dcs  placés  a  l'entrée  des  édifices  pri- 
vés ou  publics  {f^oy.  Mutinus). 

MUTUNITIINUS  ou  MUTlTsUS 
TITINUS ,  dieu  étrusque  ou  latin  , 
passe  pour  un  dieu  du  silence.  Nous 
pensons  que  c'est  un  loni-Lingara. 

MUÏINUS  ou  MUTUNUS,  ou 
plus  brièvement  Mtjto,  était,  dans  le 
vieux  Latium  ou  en  Étrurie,  le 
phalle  personnifié.  On  en  a  conclu 
que  c'était  Hermès  ou  Priape.  H  pa- 
raît que  la  naïvelé  antique  voyait  par- 
tout ces  fétiches  bizarres,  et  sérieu- 
sement les  adorait.  Le  sens  de  Mulo 
en  latin  est  connu  par  Lucile  {Frag- 
ment "VIII,  12)  et  par  Horace  (liv. 
I,  satire  11,  v.  68).  Martial  et  les 
Priapées  nous  ont  initié  aU  dérivé. 
Les  pères  de  l'église,  Terlu]l\en{aux 
Gentils,  11,  1 1),  Arnobe,  Lactance, 
reviennent  souvent  sur  ce  Lingam  de 
l'Italie.  Nous  apprenons  par  eux  que 
les  jeunes  mariées,  lors  de  la  cérémo- 
nie nuptiale^  prenaient  pour  siège  ou, 
si  l'on  veut,  pour  selle  l'obscène  idole, 
lui  donnant  ainsi  leurs  prémices  en 
effigie  (i).  Il  nous  reste  une  foule  de 
simulacres  de  Mulunus  chargés  d'an- 
nexés qui  semblent  autant  de  carica- 
tures, un  nez  ,  une  bouche  ,  une  têle 
tout  entière,  des  oreilles,  des  bras, 
les  uns  en  forme  de  terrine,  les  au- 
tres en  forme  de  lampe. — Tutunus, 
que  l'on  donne  comme  un  autre  Mutu- 
nus,  nous  semble  être  plutôt  l'organe 
sexuel  féminin.  Il  en  résulte  que  Mu- 


(i)  Et  MiiTJNiis,  iii  cujus  sinu  pudendo  nu- 
benles  prausident ,  ut  illaruin  pudicitiam  prior 
dens  dclibassc  vidcatur.  I.actant.,  de  Fa/sa  Ite- 
lig.,  \,  20  — Etiamne  Mutinus,  cajiis  immanibus 
pudcndis  hoircntique  f;isciiio,  vesivas  iiiequitafc 
lUiitronas  et  auspicabilc  dititRi  et  optatis;'  Afc. 
VO»;  4dv,  Cinl.,  \\,  I 


MYC 

tunus  Tutunus  est  un  phalle-clîs  ott 
un  loni-Lingam. 

MYGALE ,  Mvfcâxyi ,  mère  de  deux 
Lapîthes  célèbres,  Brotée  et  Orios 
(non  pas  Orion),  était  ThessaUeni>e , 
et,  comme  beaucoup  de  femmes  de  ce 
pays,  exerçait  la  magie.  Une  ville  de 
l'île  de  Samos,  célèbre  dans  les  guer- 
res médiques,  porta  le  même  nom. 

MYGA.LESSIE,  MukxMo-j-Zcc  :  Gé- 
rés adorée  h  Mycalesse  en  Béotie. 
Elle  l'était  en  beaucoup  d'autres  en-  ' 
droits  de  celle  contrée  qui,  comme 
l'Atllque,  prétendait  à  l'honneur  d'a- 
voir reçu  sa  visite ,  et  de  lui  avoir 
donné  l'hospitalité  lorsqu'elle  par- 
courait le  monde,  cherchant  sa  fille. 
L'origine  de  Mycalessie  était  toute 
fabuleuse.  On  dérivait  son  nom  du 
mugissement  {/LcvKua-êat)  delà  vache 
qui  avait  servi  de  guide  a  Gadmus 
lorsqu'il  fonda  Thèbes  (Comp.  My- 
cknée).  On  apportait  aux  pieds  de 
Gérés  Mycalessie  les  prémices  des 
fruits  de  l'automne  qui  se  conservaient 
frais  toute  l'année  suivante.  L'Her- 
cule Dactyle  Idéen  était  uni  a  celle 
déesse  par  ses  adorateurs.  On  assurait 
que  chaque  nuit  il  ouvrait  et  fermait 
les  portes  du  temple. 

MYGÈNE,  M««.,'v„,  fille  d'Ina- 
chus,  épousa  Areslor,  et  donna  son 
nom  a  la  ville  de  Mycène  [Foy.  l'art, 
suivant). 

MYGÉNÉE,  Myceneus,  Mw«»î- 
»6Mf ,  fils  de  Sparte  ou  Sparton  qui 
lui-même  est  fils  de  Phoronée,  fonda, 
dit-on,  Mycènes.  Ainsi  dans  celle 
tradilion  absurde  un  fils  de  Phoronée 
aurait  été  fonder  Sparte,  et  le  fils  de 
cet  occupatenr  prématuré  de  l'angle 
sud-est  du  Péloponèse  serait  revenu 
vers  le  nord  jeter  les  fondements  de 
Mycènes.  Nul  doute  que  tout  ceci  ne 
soit  de  la  mythologie  topographiquej 
mais  ici  la  mythologie  topographique 
ne  se  traduit  qu'eu  invraisemblances. 


MYC 


[S3 


Ail  reste ,  un  autre  Inachide  (  mais 
Inachide  fem»lle)  dispute  k  Mycénée 
la  gloire  d'avoir  fondé  Mycènes.  G'est 
Mycène,  Mv«>/y»},  que,  par  le  plus  ri- 
dicule des  anachronismes ,  on  fait  fille 
d'Inachus  ,  et  cependant  femme  d'A- 
reslor,  son  représentant  à  la  cinquiè- 
me  ou  k  la  sixième  génération ,  à 
moins  pourtant  qu'on  ne  prenne  ici 
fille  pour  descendante,  ou  qu'Inachus 
ne  soit  lase  (  t^oy.  Iase  ,  Inachtjs, 
lo).  A  ces  deux  traditions  différentes, 
mais  qui  s'accordent  en  ceci ,  qu'elles 
résument  Mycènes   en  un   être  hu- 
main ,  en  un  Inachide  (  ce  qui  indique 
ou    confirme  l'origine  proto-pélasgi- 
que  de  la  ville),  s'opposent  deux  ou 
trois  autres  étymologies.  La  premiè- 
re, c'est  (e<u>6«(r0a«(mykàsthae),  mugir. 
Mycènes  alors  a  trait,  soit  aux  meugle- 
ments de  la  vache  lo  ,  soit  aux  mu- 
gissements des  Gorgones ,  qui  là  gé- 
mirent elles-mêmes  sur  le  Iriste  sort 
de  leur  sœur  Méduse  décapitée  par 
l'Argieu  Persée.  Dans  tout  ceci  re- 
marquons que  les  Gorgones ,  person- 
nifications   lénébroso-lunaires,    ont 
naturellement  pour  emblème ,  pour 
adéquate  la  vache.  Il  en  est  de  même 
d'Io.  Mycènes  alors  se  trouve  être  la. 
ville  d'Io  (une  lopolis  comme  il  y  en 
avait  en  Asie  et  ailleurs),  la  ville  lu- 
naire,  la  lune  ville,  la  lune  terre. 
La  terre  est  une  vache    mugissante  • 
[Foy.  Ganga).  La  seconde  étymo-* 
logie  nous  mène  k  reconnaître  Per- 
sée pour  fondateur  de  Mycènes.  My- 
kès  ,  filjKiiç ,  veut  dire  champignon, 
{fungus  de  Linn.  )  et  bouteroUe  ou 
poignée  del'epée.  Selon  les  uns,  Per- 
sée dévoré  de  soif  arracha  un  cham- 
pignon dans  la  plaine  mycénéenne  : 
aussitôt  une  source  bienfaisante  jail- 
lit; et  en  commémoration  de  cet  évé- 
nement la  ville  voisine  prit  un  nom. 
de'rivé  de  celui  de  celte  plante.  Au 
dire  des  autres ,  Persée  laissa  tomber; 


j34' 


MTC 


MYC 


(sans  doute  du  haat  des  airs  où  il 
voyageait  porté  sur  Pégase)  le  four- 
reau de  son  épe'e  en  ces  lieux  ;  et  le 
fourreau  donna  son  nom  a  la  capitale. 
Choisir  entre  ces  opinions  serait  pué- 
ril. Il  est  clair  qu'une  même  idée 
Î réexiste  a  tous  ces  mythes,  c'est  celle 
e  passiveté  féconde.  Lune,  terre, 
onde-source ,  plaute  qui  suppose  les 
eaux,  enfin  épee  qui  ouvre  le  sein  de 
la  terre  et  la  rend  féconde,  tout  ren- 
tre dans  cette  idée  fondamentale. 
Quant  à.  ce  qu'il  peut  y  avoir  d'histo- 
rique sous  tous  ces  mythes,  on  l'i- 
gnore. Mycènes,  dit-on  ,  fut  d'abord 
nommée  Argos.  Mais  si  Ârgos  siguifie 
originairement  plaine ,  comme  on  le 
prétend,  il  serait  probable  que  cette 
tradition  revient  k  dire  qme  la  plaine 
avant  de  céder  la  place  aune  ville, 
était  une  plaine.  Pour  le  VTai  fonda- 
teur de  cette  ville ,  jamais  on  ne  le 
connaîtra  ,  rien  de  si  évident.  D'ail- 
leurs n'y  en  a-t-il  eu  qu'un  ?  On  sait 
assez  que  les  anciens  qualifiaient  de 
fondateur  tout  colon  important  qui 
agrandissait,  embellissait,  modifiait 
ou  peuplait  de  nouvelles  tribus  une 
cité  dont  l'existence  était  antérieure 
k  son  arrivée.  Tout  au  plus  pourrait- 
on  se  demander  à  quelle  race  doit 
être  rapportée  l'érection  primitive  de 
Mycènes.  La-dessus  nous  croyons 
qu'on  peut  l'attribuer  sans  crainte  aux 
Pélasgues  :  Mycènes  n'existait  point 
sous  les  Lélègues  j  Mycènes  existait 
depuis  long-temps  lors  de  l'appari- 
tion des  Hellènes.  C'est  ce  dont  font 
foi  les  ruines  de  murailles  cyclopéen- 
nes  qui  abondent  dans  les  environs. 
Reste  une  autre  question.  Mycènes 
est-elle  plus  ancienne  qu' Argos?  Les 
savants  varient  sur  ce  point.  Cepen- 
dant on  penche,  et  nous  penchons 
pour  l'antériorité  d' Argos.  Plus  tard, 
Mycènes,  grâce  k  Persée,  prit  la  su- 
périorit»,  «l  fut  la  yraie  capitale  des 


^ 


suzerains  de  l'Argolide.  A  sa  mort, 
l'Argolide  ayant  été  divise'e  entre  les 
quatre  princes  ses  fils,  cette  supré- 
matie de  Mycènes  devint  de  plus  en 
plus  marquée.  Cependant  elle  ne  dura 
qu'autant  que  les  temps  héroïques , 
et  définitivement  le  manque  d'eau  fit 
abandonner  une  ville  qui  jamais  n'a- 
vait été  ce  qu'il  fallait  pour  devenir  ia 
capitale  d'un  empire  puissant.  M.  Bar- 
bie du  Bocage  avait  composé  sur  l'o- 
rigine et  les  divers  fondateurs  de  My- 
cènes un  mémoire  (mss  ?  )  souvent  cité 
par  M.  Raoul-Rochette.  Comp.  aussi 
vVelcker,  Gesch.  dergriech.  f^œl- 
kerst.,  tom.  I,  Pclasg. 

MYCONE,  Mvxû>v«V,  héros  épo- 
nyme  de  Mycone  la  plus  pauvre  des 
Cyclades ,  passait  pour  fils  d'Enniu» 
(Anius?  de  Délos?  ). 

MYDON,  MwÉ^ai»  :  1"  frère  d'A- 
mycus  et ,  comme  lui ,  tué  par  Her- 
culej  2°  fils  d'Atymne  et  conducteur 
du  char  de  Pylémène  (Antiloque  le 
tua  devant  Troie);  3°  autre  Troyen 
tue'  par  Achille. 

MYGDON,  Uh^av,  prince  phry- 
gien, donnasonnom  aux  Mygdoniens. 
C'est  dire  assez  qu'il  n'est  autre  chos« 
que  le  peuple  mygdouien  personnifié. 
On  le  voit  s'opposant  aux  Amazones 
avec  Otrée  long-temps  avant  la  guerre 
de  Troie,  et  pourtant  son  nom  repa- 
raît pendant  la  guerre  de  Troie.  Le 
fiancé  définitif  de  Cassandre,  Corèbe,, 
qui,  la  dixième  année  du  siège,  va 
porter  d«  secours  k  Priam,  est  un  fils 
de  Mygdon.  Ce  n'est  pas  qu'à  toute 
force  un  même  prince  n'ait  pu  vivre 
de  l'époque  des  Amazones  k  celle  de 
la  chute  de  Troie.  Hercule  fit  la 
guerre  kfcesbelliqueuses  aventurières, 
et  Hercuîfe  mourut  peu  de  temps  avant 
la  guerre  de  Troie.  Les  évhéméristes 
ont  voulu  mettre  en  relief  la  possi- 
bilité des  deux  faits  en  nous  montrant 
Priam  ;  encore  fort  jeune;  anxiliaire 


% 


Mirt 

de  Mygdon  dans  sa  querelle  contre 
les  riverains  duTherraodon.  Mygdon 
en  lui  envoyant  Corèbe  et  des  trou- 

fies  mygdoniennes  ne   fait  donc  que 
ui   rendre  la  pareille. 

MYGDOINIDE  :  i"Mygdonides, 
Mvy^ovi'ê'fis,  Corèbe  {Voy.  Fart,  qui 
précède);  2°  Mygdonis,  M«y<^o»/f, 
Cybèle  honorée  en  Phrygie  (les  Myg- 
dones  habitaient  la  Plirygie). 

MYIA  ,  MvTie ,  nymphe  -  mouche 
(^u7a  en  grec  veut  dire  mouche),  est 
devenue,  sous  la  plume  des  légendai- 
res grecs,  une  amante  d'Endymion  et 
en  conséquence  rivale  de  Diane.  Elle 
avait  les  Formes  humaines.  La  déesse 
la  changea  en  mouche.  Myia  qui  cher- 
che partout  son  Endymion  se  pose , 
toutes  les  fois  qu'elle  en  trouve  l'oc- 
casion, sur  les  peaux  rosées  et  tendres 
dont  la  vue  lui  cause  une  douce  illu- 
sion, en  lui  rappelant  le  beau  berger, 
le  beau  donneur  qu'elle  a  tant  aimé 
pendant  sa  vie. 

MYIAGRE,  M«/««7p«r,  dieu  chasse- 
mouches,  était  sans  doute,  chezchaque 
peuple  qui  insérait  dans  son  catéchis- 
me religieux  de  semblables  épithètes, 
le  dieu  même  auquel  on  allait  offrir 
des  sacrifices.   Chasser   les  mouches 
était  une  de  ses  fonctions,  une  de  ses 
faces.    Elis  et  l'Arcadie  invoquaient 
ainsi  Myiagre,  et  tout  annonce  que 
Myiagre  c'était  Zévs.   Il  y  avait  des 
légendes  à  ce  sujet.  Etien  raconte  gra- 
vement, et  du  ton  qu'Hubert  eût  rais 
à  décrire  la  formation  de  ces  alvéoles 
hexagones  oii   les   abeilles  déposent 
leur  miel,  que  l'on  fait,  lors  des  grands 
sacrifices  aJupiter,  la  part  des  mou- 
ches, et  que  ces  pieux  coléoptères, 
cédant  a  la  voix  de  la  reconnaissance, 
s'^en  vont  d'eux-mêmes  sans  attendre 
qu'on  les  débusque ,  et  ne  reviennent 
que  lorsque  la  fête  est  achevée. — On 
appelait  aussi  Hercule  Myiagre   ou 
Myiode  .Consulter  pour  quelques  coïn- 


\ 


MYL 


«35 


cidences  curieuses  l'art.  Baal-PÉor. 

MYLÈS,  MwAs??,  fils  de  Lélex, 

inventa,  dit-on,  les  meules  de  mouliu 

(jMuAij). 

MYLINE,    Mylinus,    mi\nôsi 
roi  de    Crète,  tué  par  Jupiter. 

MYLITTE,  MuA/rra,  était  san» 
doute  la  grande  déesse  de  Babylone. 
Hérodote,  qui  l'a  fait  connaître  à  l'o- 
rient, la  regarde  comme  une  Aphro- 
dite (Venus)  Uranie,  et  raconte  qu« 
le  jour  de  sa  fête  a  Babylone  toutes 
les  femmes  devaient  se  rendre  dans 
son  temple ,    et   la  s'abandonner  au 
moins  une  fois  au  premier  qui  vien- 
drait, une  pièce  de  monnaie  ala  main, 
et  au  nom  de  Mylilta,  l'inviter  au  bi- 
zarre sacrifice.  La  sommation  sacrée 
était  conçue  en  ces  termes  :  «  A  ce 
prix  je  te  rends  Mylitta  propice  (oa 
je  supplie  Mylitta  de  t'être  propice).» 
Peu  importait,  du  reste,  la  somme 
offerte  par  l'invitant  k  sa  partenaire. 
L'argent  reçu  par  celle-ci  était  donné 
aux  prêtres ,  et  entrait  dqns  les  cof- 
fres de  la  déesse.   On  sait  que  cette 
coutume ,  qui  au  fait  semble  si  peu  eH 
harmonie  avec  les  mœurs  orientales , 
avec  la  jalousie  des  hommes,  avec  la 
séquestration  absolue  du  sexe  au  fond 
des  harems  et  des  gynécées,  est  un 
des  objets  sur  lesquels  s'est  le  plus 
exercée  la  verve  acre  et  sceptique  de 
Voltaire."  Mais  ses  plaisanteries  ce 
jour-là  ne   valaient  pas    mieux  que 
celles  qu'il  faisait  sur   les  éléphants 
fossiles  des  Alpes ,  qu'il  transformait 
en  éléphants  d'Annibal,   et  sur  les 
énormes  bancs  coquilliers  qu'il  disait 
provenir  des  pèlerins  qui  passaient 
les  monts  ponr  aller  à  Notre-Dame  de 
Lorelte.   C'est  justement  parce  que 
le  sex.e  était  si  étroitement  et  si  inep- 
tement  asservi  au  huis-clos  des  liarttns 
qu'il  saisissait  arec  transport  toutes 
les  occasions  de  se  précipiter  au  de- 
hors. Alors  les  vieilles  coutumes ,  les 


i36 


MYL 


mœurs  miotidienues ,  les  maximes  du 
barem,  disparaissaient  abîmées  dans 
un  cataclysme  de  volupté.  Les  reclu- 
ses, tout  à  coup  métamorphosées  en 
nomades,  erraient  de  plaisir  eu  plai- 
sir, et  sans  doute  ne  se  bornaient  pas 
à  l'unique  sacrifice  que  commandait 
Mjlitta.  D'ailleurs  les  hommes,  leurs 
tyrans,  avaient  leur  part  de  ces  excès. 
Que  Ton  n'oublie  pas  non  plus  que 
c'est  presque  sous  les  parallèles  inter- 
tropicaux que  se  jouent  ces  scènes 
brûlantes  que  nous  proclamons 
si  hardiment  incroyables.  Enfin  les 
faits  viennent  k  l'appui.  Les  déliran- 
tes cérémonies  du  sivaVsme  hindou  ne 
peuvent  être  révoquées  en  doute  j  et 
dès-lors  quoi  de  plus  naturel  que  cette 
série  d'imitations  que  nous  offrent  la 
Perse ,  la  Babylonie  ,  la  Phénicie , 
l'Egvpte ,  la  Grèce  même  et  l'Italie. 
Qu'il  nous  sufiise  ici  d'indiquer  les 
nombreuses  Phallagogies  égyptiaques 
et  grecques ,  les  Paamylies ,  les  Or- 
gies, les  Floralies,  les  pierres  coni- 
ques ou  pyramidales  de  Cypre,  de  la 
dardaigne,  Priape ,  Isis,  Cotytto, 
Astarté ,  Succoth-Bénolh  ,  Fauna  ou 
la  bonne  déesse.  Les  mœurs,  il  est 
vrai,  semblent  muius  ouvertement 
violées  dans  les  contrées  occidentales 
qu'en  orient.  Mais  là  se  trouvent  deux 
graves  modifications.  D'abord  le  cli- 
mat est  moins  ardent;  ensuite  les 
femmes,  plus  libres  dans  le  cours  or- 
dinaire de  la  vie ,  s'adonnaient  avec 
un  peu  moins  d'énergie  et  de  fureur  à 
la  volupté.  Enfin ,  qui  sait  bien  ce  qui 
se  passait  dans  l'ombre  des  temples, 
des  grottes,  des  bois  sacrés  et  des 
sanctuaires  ?  Les  boucs  des  fêtes  de 
Mandou,  lesasellides  Mystères  de  la 
bonne  déesse,  ne  sont  peut-être  pas 
aussi  imaginaires  que  nous  voudrions 
le  penser  pour  l'honneur  de  l'huma- 
nité (^0;y.  Juvénal,  sat.  VI)* — My- 
liUa,  selon  les  anciens,  signifiait  Vt- 


MYR 

nrtipx,  génératrice.  Il  est  impossible, 
une  fois  cette  traduction  admise,  de 
ne  pas  songer  à  Ilithyc  ou  Eleutho. 
Le  M  initial  est  sans  doute  l'analogue 
du  maha  samskrit  (grand,  grande) 
ou  du  ma  phi*ygien  (mère).  Ma-Eleu- 
tho  ou  Maha-Ilitta,  Mahélitta,  Mou- 
litla  est  donc  la  Haute  -  Déesse ,  la 
Dîa ,  la  Dévi  par  excellence ,  la  Fé- 
condabilité,  la  Passiveté,  la  Matière, 
l'Eau,  l'Eau-Flamme ,  l'Ethra,  la  vé- 
ritable Vénus -Uranie,  épouse  adé- 
quate du  Feu,  d'HéphesIe,  de|^Fla. 
Comp.  Ilithye,  Siva,  Vénus. 

Mi'lNÈS,  Moy»?f,  régnait  a  Lyr- 
nesse,  et  était  l'époux  de  cette  Hippo- 
damie,  fille  de  Brisés,  dont  Achille 
fit  sa  concubine.  Mynès  était  tombé 
sous  ses  coups  lors  du  sac  de  la  ville. 

MYRIîNE,  M«(o/v.7,  héroïne  épo- 
nyme  delà  ville  de  Myrine  en  Eolide, 
était  reine  des  Amazones  lorsque  ces 
intrépides  guerrières  furent  vaincues 
dans  les  plaiues  de  la  Cilicie  par 
Mopse.  Elle-même  fut  tuée  dans  la 
bataille  par  le  devin-prince.  —  Une 
autre  Myrine,  femme  de  ïhoas  et 
mère  d'Hypsipyle,  est  connue  par  les 
légendes  de  Lemnos.  Mais  que  sont 
les  Lemnienues  de  la  légende,  si- 
non des  Amazones?  Les  deux  reines 
Myrine  ne  sont  donc  qu'un  même 
ncto  que  chaque  ville  aura  brodé  dif- 
féremment. 

MYRIONYME,  Myrionyma,  et 
en  grec  ^  M.vpimv/u.og  (  sous-ent.  0iu , 
déesse),  c'est-k-dire  aux  dix  mille 
nomsy  surnom  qu'on  pourrait  donner 
k  toutes  les  grandes  déesses,  puisque 
toutes  étant  des  personnifications  d'at- 
triduts  divins  arrivent  (en  vertu  de  ce 
principe  que  la  personne  divine  est 
dieu)  a  être  la  divinité  tout  entière, 
et  par  conséquent  peuvent  devenir 
personnifications  de  tout  autre  attri- 
but divin,  mais  que  la  déesse  égyp- 
tienne accapara  de  préférence  k  lou- 


4 


MYR 

tes  les  autres.  On  sait  qu'à  l'époque 
de  la  décadence  égyptienne,  autant  le 
culte  d'Osiris,  d'Isis  et  d'Haroéri  de- 
vint populaire  par  les  légendes  et  les 
cérémonies  du  dehors,  au  tant  il  affecta 
dans  l'intérieur  des  temples  et  sou:>les 
voûtes  consacrées  aux  mystères  une 
tendance  transcendantale.  Isis  monta 
dans  la  première  dynasiie,  et,  femme 
de  Fré-Osiris,  elle  fut  Isis-Pooli 
(Isis- Lune)  5  femme  de  Fta-Osiris, 
elle  fut  Isis-Athor;  femme  de  Knef- 
Osiris ,  elle  fut  Isis-Neitii  5  antérieure 
aux  trois  Démiurges  eux  -  jnèmes , 
elle  fut  Isis-Bouto.  Boulo  ,  Neitli , 
Athor,  Pooh,  ne  contiennent-elles  pas 
en  elles  les  germes  du  monde?  astres, 
éléments,  agents  majeurs  de  tous  les 
phénomènes  célestes,  premiers  mo- 
teurs de  la  machine  de  l'univers,  tout 
u'est-il  pas  la.  Ne  nous  étonnons  donc 

f)oint  de  voir  les  poètes,  les  orateurs, 
es  philosophes  elles  théosophes  syn- 
crélistes  lui  prodiguer  les  qualifica- 
tions les  plus  pompeuses  comme  les 
plus  variées,  et  lui  déférer  les  noms 
de  mille  autres  divinités  hellénico- 
romaines.  C'est  la  Nuit,  mère  univer- 
selle des  êtres  (Bouto)  ",  c'est  la  Na- 
ture ou  la  Matière  (  Alhàuà-Physis , 
identique  a  Neilh,  ou  Bouto)  5  c'est 
Vénus  céleste,  et  l'Eau  primitive,  et 
l'Amour  (Athor?)-  c'est  la  Lune 
(Pooh)  5  et,  soit  h  titre  de  Lune  ,  soit 
à  titre  de  Nuit,  c'est  Hécate,  c'est 
Salé,  la  reine  des  enfers.  Aussi  Apulée 
{Ane  d'or  y  liv.  XI,  p.  678  de  l'éd. 
Paris,  1601)  lui  fait-il  tenir  le  lan- 
gage suivant  :  «Me  voici  :  voici  la 
«  Nature,  cette  mère  universelle  des 
«êtres,  souveraine  des  éléments, 
«  tige  primordiale  des  siècles,  anneau 
«  le  plus  élevé  de  la  chaîne  des  dieux, 
a  reine  des  Mânes,  reine  des  essences 
«célestes,  type  fondamental  dont 
«  dieux  et  déesses  ne  sont  que  des 
«  reflets.  Cimes  étincelautesdç  l'Ein- 


MYR  137 

«  pyrée,  brises  salutaires  de  l'Océan, 
a  silence  plaintif  des  enfers,  un  signe 
«  de  ma  tète  vous  maintient  eu  équi- 
«  libre  !  Lue  par  mon  essence ,  j'en- 
c£  lève,  sous  mille  formes,  sous  mille 
«  noms,  sous  mille  cultes,  les  homma- 
«  ges  de  l'univers.  Les  Phrygiens , 
«  ces  premiers-nés  de  la  Terre , 
u.  m'appellent  la  mère  des  dieux,  la 
«  grande  mère  de  Pes5iuonle(Cybèle)j 
«je  suis,  chez  les  autochthones  de 
«  l'Altique,  la  Minerve  de  Cécropsj 
«  dans  l'île  de  C^pre  que  battent  les 
ce  vagues,  la  Vénus  de  Paphosj  pour 
«  les  Cretois  aux  ilèches  rapides, 
«  Diane  Diclynae  ^  pour  la  Sicile  au 
«  triple  cap,  Proserpine  ,  la  reine 
«  du  Styx^  aux  Eleusinies,  l'antique 
K  Cérès;  pour  d'autres,  Junon,  Bel- 
«  loue,  Hécate,  Rhamnusie.  L'Elhio- 
«  pie,  plus  voisine  des  feux  du  soleil 
«  naissant,  TAsie,!  Egypte,  sainte  dé- 
«  positaire  des  doctrines  antiques, 
«  m'offrent  les  hommages  les  plus  di- 
a  gnes  de  moi ,  et  me  donnent  mon 
«  vrai  nom ,  Isis-Rcine.  n  Donnée 
pour  épouse,  non  plus  simplement  à 
Oàirls,  mais  a  Jupiler-S^napis  (sou- 
verain seigneur  des  cieux  et  des  en- 
fers), Tlsis  Myrlonymc  des  temps  pos- 
térieurs a  été  représentée  avec  soa 
époux  sous  les  traits  du  serpeul,  em- 
blème du  bon  principe  et  de  Tinfini- 
tude.  Les  deux  reptiles  ont  une  tète 
humaine  5  sur  la  première  est  le  mo- 
dius,  insigne  mystérieux  de  Sérapisj 
sur  l'autre  se  balance  une  coiffure  de 
feuilles  ou  de  plunics(Voy.  Dcscr.  de 
lÉg.,  t.  V,  pi.  69,11). 

MlllMEX,  'Slvffi-à  (fourmi):  1° 
femme  d'Epiméthée  et  mère  d'Ephyre 
(c'est  faire  venir  les  Corinthiens  des 
Myrmidous,  ou  bien  encore  ramener 
les  légendes  h  fourmis)  ;  2"  jeune  fille 
favorite  de  Minerve  qui  lui  fit  cadeau 
de  la  charrue.  Myrmex  y  ajouta  le 
versoirj  puis,  au  lieu  de  recouyaître 


i38 


MYR 


qu'elle  n'avait  que  perfectionné  l'ius- 
trumcnt  imaginé  par  Minerve,  elle 
s'en  attribua  l'invention.  Minerve, 
pour  la  punir,  la  changea  en  fourmi , 
et  «lie  devint  raère  d'une  multitude  de 
fourmis  que  Jupiter ,  h  la  prière 
d'Eaque,  changea  en  hommes  (  J^oy. 
Eaqve;  et  comp.  Clytoris). 

MYRMIDON,  Mvff^iS'o,,,  fils  de 
Jupiter  et  d'Euryméduse,  régna  dans 
laThessalie,  et  donna  sen  nom  aux 
Mjrmidons.  Ce  peuple,  on  le  sait, 
habitait  aussi  Egine,  île  du  golfe  Sa- 
roniquc.  On  a  varié  sur  l'origine  et 
sur  le  mode  de  sa  dispersion.  Les 
Eginètes  donnèrent-ils  naissance  aux 
Myrmidons  de  la  Thessalie ,  ou  bien 
les  Myrmidons  de  la  Thessalie  la  don- 
nèrent-ils par  une  émigration  k  leurs 
homonymes  Eginètes?  Pour  qui  sait 
apercevoir  la  physionomie  des  peu- 
plades antiques  et  reconnaître  des 
Pélasgues  dans  les  Myj  raidons,  la  ré- 
ponse ne  peut  être  douteuse.  De  la 
Thessalie  partit  la  colonie  qui  alla 
peupler  Egine.  Il  n'est  plus  permis 
aujourd'hui  de  faire  irradier  les  Pé- 
lasgues  d'un  centre  méridional  vers  le 
nord  :  il  est  bien  reconnu  que  ce  haut 

filateau,  nœud  commun  delà  Thessa- 
ie,  de  la  Macédoine,  de  l'Epire  et 
de  l'IUyrie ,  fut  le  vrai  berceau  des 
Pélasgues.  Il  est  vrai  qu'une  troisiè- 
me solution  pourrait  s'offrir  h  l'esprit. 
Les  Myrmidons  Eginètes,  dirait-on, 
n'ont  nul  rapport  avec  ceux  de  la 
Thessalie.  Le  nom  seul  est  le  même 
de  part  et  d'autre  ;  et  dans  le  fait  une 
origine  tout  autre  que  celle  du  Tbes- 
salien  Myrmidon  est  assignée  aux 
Eginètes.  La  population  primitive  de 
cette  île  fameuse  venait  de  périr 
victime  d'une  épidémie  5  il  ne  restait 
que  le  roi.  Eaque ,  c'était  son  nom, 
supplia  Jupiter,  son  père,  de  lui  donner 
de  nouveaux  sujets,  ne  fussent-ils  pas, 
dit-il ,  en  plus  grand  nombre  que  les 


MYR 

fourmis  que  je  vols  sur  ce  chêne  qui 
t'est  dédié.  Jupiter  l'cxauca,  et  les 
fourmis  devinrent  toutes  des  hommes. 
Eaque,  en  mémoire  de  cet  événement 
miraculeux  ,  les  appela  Myrmidons. 
Eh  bien  !  cette  tradition ,  en  appa- 
rence si  éloignée  de  l'autre,  n'en  dif- 
fère pas  essentiellement.  D'abord 
Eaque,  pèredcPélée,  aïeul  d'Achille, 
nous  ramène  à  la  Thessalie.  Le  rap- 
port de  la  Thessalie  et  d'Egine  est 
donc  déjà,  établi  :  l'antériorité  de  la 
Thessalie  est,  nous  l'avons  vu,  incon- 
testable. De  plus,  Eaque  est  fils  de 
Jupiter, comme  Myrmidon;  Eaque  est 
l'homme-fourmi,  comme  Myrmidon. 
Pour  les  preuves,  les  voici  :  Myrmi- 
don est  toute  la  race  myrmidonienne; 
la  race  myrmidonlennc ,  c'est  la  race 
myrmécienne  ;  et  la  race  myrmé- 
cienne  qu'est-ce,  sinon  les  fourmis, 
«(  ft\)f)(Afix.isl  Myrmidon  est  donc 
l'homme-fourmi,  Eaque  l'est  aussi; 
car  c'est  un  être  chlhonien  (il  est  juge 
aux  enfers)  ;  car  c'est  un  législateur 
agricultural ,  et  l'agriculture  (  Foy. 
Cecrops)  a  son  emblème  dans  la 
fourmi.  Les  Athéniens  aussi,  ces  Pé- 
lasgues qu'avaient  précédés  les  Lelè- 
gucs  ,  et  que  suivirent  les  Hellènes  , 
les  Athéniens  en  se  prétendant  Au- 
tochthones  admettaient  des  symboles 
analogues.  Cécrops ,  leur  Tolh  a  face 
humaine,  est  l'homme-cigale ,  et  ils 
portaient  des  cigales  d'or  à  leurs 
cheveux  comme  indice  de  leur  autoch- 
thonat,  et  comme  preuve  de  leur  ci- 
vilisation agricole. 

MYRRHA,  Miipp^s,  fille  de  Cinyre 
roi  de  Grèce ,  eut  un  commerce  in- 
cestueux avec  son  père  ,  s'enfuit  du 
palais  dès  qu'il  se  découvrit,  et  ai'- 
rlva  ainsi  dans  les  déserts  embrasés 
de  l'Arable,  où  les  dieux  la  métamor- 
phosèrent en  arbre  a  myrrhe.  Quoi- 
que enveloppée  d'une  âpre  écorce  , 
elle  mit  au  monde  Adonis  au  bout  du 


MYR 

terme  ordinaire  de  la  geslation  ;  et 
ce  fruit  d'un  amour  infortuné  acquit 
en  peu  de  temps  des  grâces  égales  a 
celles  de  sa  mère.  Plusieurs  mytho- 
graptes  font  naître  Adonis  tantôt 
d'une  autre  mère  que  Myrrha,  tantôt 
d'un  autre  père  que  Cinyre  {V^oy. 
Adonis,  LIII  ,  71).  Quelques-uns, 
en  lui  donnant  Myrrha  pour  mè- 
re ,  font  de  cette  princesse  l'épouse 
du  roi  égyptien  Ammon;  et  alors 
Adonis  est  le  fruit  légitime  de  l'hy- 
men. L'idée  orientale  vraie  est  celle 
qui  admet  l'inceste,  mais  l'inceste 
sans  culpabilité  {p^oy.  Sakti).  Du 
reste,  Ammon,  ou  mieux  Amoun,  n'est 
que  le  grand  dieu  époux  naturel  de  la 
haute  déesse  Myrrha  ou  autre.  Ce 
dieu  distinct  du  soleil  (et  Cinyre  est 
un  soleil)  peut  pourtant  se  déléguer 
en  un  soleil.  Cinyre  et  Myrrha  sont 
donc  une  légende  cypriote,  Amoun  et 
Myrrha  une  légende  gréco-cypria- 
que  des  Grecs  égyptianisants.  Il  est 
inutile  d'ajouter  que  Myrrha  est  l'ar- 
bre à  myrrhe  personnifié.  Les  épou- 
ses, les  amantes  du  soleil  sont  souvent 
des  arbres.  D'autre  part ,  qui  dit 
haute  déesse,  dit  fécondité,  passive- 
té,  matière,  tige  qui  effleurit  a  la 
surface  de  la  terre,  en  conséquence 

filante,  arbre,  fleur.  Admirons  aussi 
a  délicatesse  du  mythe  qui  fait  d'A- 
donis un  produit  balsamique  ,  un  en- 
cens vivant,  un  parfum,  une  am- 
brosie,  digne  et  suave  objet  des  inex- 
tinguibles amours  de  Vénus.  Myr- 
rhe en  arabe  se  disait  mor.  Quel- 
ques traditions  regardent  le  nom  de 
Myrrha  comme  identique  h  celui  de 
Smyrna,  et  substituent  ce  dernier  à 
celui  de  Myrrha.  —  Alfiéri  a  fait  une 
tragédie  de  Myrrlia,  qui  est  plutôt 
un  opéra  qu'une  tragédie,  mais  qu'on 
a  eu  tort  de  dédaigner. 

MYRSE ,  Myksus  ,  Mu/Kror ,  de  la 
race  des  Héraclides ,  régna  en  Phry- 


MTK 


139 


gie,  et  fut  père  de  Myrsîle,  le  même 
que  Candaule. 

MYRTILE,  Myrtiltjs,  Mi^r/- 
A«f,  cocher  d'OEnomaiis ,  devait  le 
jour,  selon  les  uns.  à  Mercure  et  k 
Cléobule,  ou  à  Théobule ,  ou  a  Cly- 
tie ,  ou  à  l'Amazone  Myrto ,  ou  a  la 
Danaïde  Phaéthuse  ;  suivant  les  au- 
tres ,  a  Jupiter  et  a  Climène.  OEno- 
raaiis  avait  vaincu  a  la  course  des 
chars ,  et  par  suite  avait  massacré 
inhumainement  tous  ceux  qui  préten- 
daient h  la  main  de  sa  fille  Hippoda- 
mie,  quand  Pélops,  amoureux  de 
cette  princesse ,  et  désespérant  de 
l'obtenir  par  les  voies  ordinaires, 
entreprit  de  corrompre  Myrtile.  Il 
lui  promet ,  au  dire  des  uns ,  la  moi- 
tié de  son  royaume  ou  bien  la  moitié 
de  l'Elide,  selon  les  autres,  la  pre- 
mière nuit  d'Hippodamie.  Quelques 
traditions  portent  qu'Hippodamie 
elle-même  lui  en  fit  le  serment.  Quoi 
qu'il  en  soit ,  Myrtile  docile  aux  vues 
de  Pélops  négligea  d'arrêter  les  roues 
du  char  d'OEnomaiis  par  le  moyen  :i' 
le  roi  d'Elide  tomba  dès  le  commence'  ' 
ment  de  la  course,  et  se  fracassa  la 
tête.  Pélops  vainqueur  lança  Myrtile 
h  la  mer ,  lorsqu'il  viut  réclamer  le 
prix  de  sa  trahison.  Son  corps  arriva 
(on  devrait  bien  nous  dire  comment)  k 
Phénée  en  Arcadie,  oii  les  Phénéates 
instituèrent  une  fête  funèbre  en  son 
honneur.  Pélops  lui-même  élev?  un 
monument  a  celui  dont  il  venait  de 
se  débarrasser,  et  chercha  par  tous 
les  moyens  imaginables  a  calmer  le 
courroux  auquel  il  croyait  Mercure  en 
proie.  Il  lui  bâtit  même  un  temple  k 
Elis.  Cependant  Mercure  irrité  ne 
cessa  pas  de  poursuivre  la  dynastie 
des  Tantalides,  et  il  plaça  son  fils  au 
ciel ,  oii  il  devint  la  constellation  du 
Cocher  (^o/.Absyrte,  Phaéthow). 
MYRTO,  Mup»  :  1°  Amazone 
dont  Mercure  eut  le  célèbre  cocher 


i4o 


MYS 


Mjrlile;  2"  fille  de  Ménèce  et  sœiir 
de  Palrocle ,  fut  femme  d'Hercule  et 
inèred'Euclée(Ew'x>£<a).  C'est  de  l'une 
d'elles  (et  non  de  Mjrlile)  que  vient 
le  nom  de  Mer  Myrloïque  ou  Myr- 
toenne  (Mvrioum)  donné  h  une  ré- 
gion de  l'Arcliipel. 

MISCÈLE  et  quelquefois  Ml- 
CYLLE  ,  Myscelus  ,  Micyllus, 
MvVxtAo;,  M/«t.A>.of,  d'Argos  ,  avait 
pour  père  Alémon.  Dcus  fois  Hercule 
lui  apparut  en  songe  pour  lui  ordon- 
ner de  quitter  sa  patrie  et  de  fonder 
au  dehors  une  ville  nouvelle.  Mys- 
cèle.  qui  craignait  les  peines  portées 
contre  les  émigrants  par  le  code 
d'Argos,  n'obéit  qu'a  la  deuxième  in- 
jonction. Ce  qu'il  redoutait  arriva 
justement  :  on  eut  veut  de  ses  prépa- 
ratifs de  départ.  Il  est  pris,  traduit 
en  justice,  condamné  :  mais  quand  on 
dépouille  le  scrutin,  au  lien  des  bou- 
les noires  que  chaque  juge  y  a  placées 
ostensiblement ,  on  ne  voit  que  des 
Loule^  blanches.  Il  devient  évident 
qu'un  dieu  protège  Myscèle.  II  part, 
touche  rilaJie,  et  voyant  au  lieu  oii 
il  aborde  le  tombeau  d'un  nommé 
Croton,  il  donne  à  la  ville  qu'il  bùtit 
Je  nom  de  Crotone.  Maintenant  on 
va  dire  pourquoi  s'arrète-t-il  au  tom- 
beau de  Croton.^  C'est  qu'une  cour- 
tisane y  pleurait.  L'oracle  lui  avait 
ordonné  de  fixer  son  séjour  au  lieu  où 
il  verrait  pleuvoir  par  un  temps  se- 
rein. Myscèle  crut  avoir  trouvé  la 
vraie  soluijîon  de  l'énigme  dans  celle 
espèce  d'antinomie  que  présentent  les 
larmes  et  le  rôle  plus  gai  que  jouent 
d'ordinaire  les  femmes  de  l'espèce  de 
celle  qui  s'offrait  a  sa  vue.  Les  dou- 
leurs d'une  fille  de  joie  ,  n'est-ce  pas 
la  la  pluie  elle  beau  temps.-' 


MYT 

MYSIE,  Mysia,  M«ff/«,  Cétès 
ainsi  nommée  en  Achaïe,  en  La- 
conie ,  et  sans  doute  aussi  a  Argos, 
en  mémoire  de  Myse  (Mysos  ou  My- 
sios),  Péloponésien  qui  lui  donna 
l'hospitalité.  A  Hallène  en  Achaïe 
son  temple  s'appelait  Mvsée,  en  La- 
conie  ses  fêtes  étaient  dites  Mysies. 
Les  Mysies  pallénicnnes  duraient  trois 
jours.  Le  troisième ,  on  chassait  du 
temple  les  hommes  et  les  chiens  mâ- 
les j  les  femmes  restaient  enfermées 
toute  la  journée  et  toute  la  nuit  sui- 
vante. Le  lendemain  de  ce  pervigi- 
lium  bizarre,  les  hommes  rentraient 
dans  le  temple,  et  les  brocards,  h 
ce  qu'il  paraît,  plcuvaient  départ  et 
d'autre.  Comp.  Ciînfes. — Diane  aussi 
porta  le  nom  de  Mysie  en  Laconie. 

MVSTE,  Mystes,  Mva-Tvs  (qu'à 
tort  on  a  traduit  par  le  mystérieux), 
Bacchus  qui  joue  un  si  grand  rôle 
dans  les  Eleusinies  et  le  Cabiroïdisme 
des  Corybanles. 

MYTHIDICE ,  M.O  J^., ,  fille  de 
Talàs,  sœur  d'Adraste,  femme  de 
Mnésimaque  et  mère  d'Hippomédou  , 
un  des  sept  chefs. 

MYTO,  MuTÛ  (g.  MvTovi) ,  fille 
de  Mylilène  et  de  Neptune,  fonda 
la  ville  de  Mytilène ,  et  lui  im- 
posa le  nom  de  sa  mère.  Il  est  diflS- 
cile  de  trouver  de  la  mythologie  to- 
pograpliique  plus  pauvrement  imagi- 
née et  rédigée.  Evidemment  Myti- 
lène dut  son  nom  à  l'immense  quan- 
tité de  rayliles  (les  mollusques,  qu'au- 
jourd'hui nous  appelons  moules)  dont 
étaient  remplies  les  eaux  des  envi- 
rons. Mylilène  veut  dire  pays  aux 
moules  (comp.  les  noms  géographi- 
ques Moxoène,  Sophèue,  Abrellène, 
etc.,  etc.). 


IV  AI 


TfAI 


i4i 


N 


NABO.  Foy.  Nebo. 

NAGAKANIA  (la  femme  au  ser- 
pent )  se  montre  dans  le  Skanda- 
Pourana  assise  au  pied  de  l'arbre 
de  la  sagesse  (Kalpavrikcha),  qui 
fleurit  dans  l'île  du  soleil  (Souvarna- 
Douipa  )  ,  vers  l'occident.  L'enfer 
(  Patala  )  développe  ses  gouffres 
aux  pieds  de  la  sagesse.  Une  autre 
section  du  même  Pourana  nous 
montre  un  arbre  magnifique  aussi, 
surgissant  du  sein  de  l'abîme.  C'est  le 
même  que  Kalpavrikclia  j  il  se  nomme 
Lakchmivrikcha  ou  Vichnavavrikcha. 
C'est  l'arbre  solaire,  l'arbre  aux 
pommes  d'or  ,  l'arbre  des  richesses, 
et  c'est  aussi  l'arbre  Plutouien. 

naïade,  Naias,  qu'on  donne 
pour  la  mère  de  Priam,  n'est  qu'une 
naïade  anonyme ,  de  même  que 
toutes  les  autres  naïades  que  l'on 
pourrait  rencontrer  chez  les  poè- 
tes ,  sans  qu'un  nom  propre  y  fût 
adjoint.  Notons  de  plus  que  INaïs  ou 
INéls  est  le  même  nom  que  Naïade. 

naïades  (les),  Honâèis,  ny  mphes 
des  eaux  fluvialiles.  Filles  de  Jupiter, 
elles  apparaissent  souvent  chez  les 
poètes  a  la  suite  de  liacchus ,  et 
même  ce  sont  elles  qui  donnent  nais- 
sance aux  Satyres  (Comp.  ce  nom). 
Celte  association  des  eaux  et  d'un 
dieu  brûlant  n'a  rien  qui  doive  éton- 
ner :  Ganga  est  la  femme  de  Siva. 
D'ailleurs  les  nymphes  en  général 
sont  liées  au  culte  dionysiaque.  Vin  , 
miel,  huile,  fruits,  fleurs,  telles 
étaient  les  ofi^randes  qu^on  présentait 
à  ces  déesses.  On  leur  sacrifiait  aussi 
des  chèvres  et  des  agneaux.  Dans  les 
représentations  figurées,  les  Naïades 
spnt  jeunes  ,  jolies  ,  minces  5  des 
roseaux  ornent  leur  chevelure;  leurs 
ipains  portent  un  coquillage ,   queî- 


âuefois  des  perles;  comme  le  dieu- 
euve  elles  ont  à  la  main  une  urne 
dont  l'eau  s'échappe.  Près  d'elles  se 
trouve  quelquefois  le  serpent  ascle- 
pique,  symbole  de  santé.  Les  Naïades 
alors  deviennent  plus  spécialement  les 
déesses  des  eaux  thermales.  Quelque- 
fols,  ainsi  que  les  Grâces,  elles  se 
tiennent  parla  maiu.  [Voy.  Paciaudi, 
Monuni.  Pelop.,  I,  223.)  Elles 
ont  souvent  Hercule,  Pan,  les  Dlos- 
cures  aupris  d'elles.  Un  bas-relief  du 
Musée  Capilohn  (IV,  54)  les  mon- 
tre enlevant  Hylas.  Dans  quelques 
monuments  elles  servent  a  indiquer  la 
contréedans  laquelle  l'action  se  passe. 
Quant  à  la  diSérence  qui  sépare  les 
Naïades  des  Potamldes,  des  Lim- 
niades  et  même  des  Nymphes,  il  faut 
recourir   a  l'article  Nymphes. 

NAIIRAS  (les)  dans  l'Inde  sont 
huit  jeunes  et  belles  nymphes,  musi- 
ciennes, qui  comme  les  Gopls  forment 
avec  le  céleste  dieu  bleu  des  danses 
ravissantes.  On  les  nomme  aussi 
Naïagas,  Au  fond  ce  ne  sont  que  les 
Gopls  considérées  sous  une  autre 
face.  Vichnou  a  pour  femme  Lakch- 
ml  ,  a  la  fols  lumineuse  et  lactée 
(fille  de  la  mer  de  lait)  :  Lakchmi 
monade  s'émane  en  huit  Lakchmls  j 
Lakchmi  lumineuse  et  lactée  se  scinde 
en  huit  déesses  étoiles  et  huit  déesses 
laitières,  c'est-h-dirc  en  huit  Naiikas 
et  huit  Gopls. 

NAINS.  Foy.  Dvergar. 

NAIS,  HctU  ■  1"  maîtresse  de  Sa- 
turne et  mère  de  Chiron;  2"  fem- 
me de  Bucolion  et  mère  d'Esèpe  et 
Pédase  [V .  AbarbarÉe);  3°  femme 
d'Otryntéeelmère  d'Iphllion, — Naïs 
n'est  pas  un  nom  propre,  c'est  le 
mot  générique  Naïade. — On  nomme 
encore  une  NaÏs,  nymphe  de  U  meç 


l4a 


NAN 


Rouge.  Elle  prodiguait  ses  faveurs  à 
tout  venant ,  puis  changeait  les  mal- 
heureux en  poissons;  enfin  Apollon 
vint  et  lui  fit  subir  à  elle-même  cette 
transformation.  U  est  clair  pour 
nous  que  celte  dernière  n'est  qu'une 
Ondine-magicienne  dont  le  type  s'est 
reflété  dans  les  Addirdaga,  les  Circé, 
les  Méibdh  ,  etc.,  et  même  au  moyen 
âge  dans  l'Armide  du  Tasse. 

INALA,  le  vaillant  singe,  devait 
le  jour  h  l'architecte  céleste  Viçoua- 
karma.  Il  fait  partie  de  toute  celle 
trorfpe  de  guerriers  singes  qui  suivent 
Rama  lors  de  l'expédition  contre 
Lanka  (Comp.  Sougriva). 

NAN  (les),  esprits  médicinaux 
selon  les  Lapons,  affeclent  surtout  la 
forme  de  mouches.  Les  bons  habitants 
du  Lappland  en  prenant  ces  insectes 
croient  avoir  des  puissances  préser- 
vatrices, elles  portent  soigneusement 
avec  eux  dans  des  sacs  de  cuir. 

3NANA,  nom  qu'Arnobe  (cont. 
les  Gentils  j  V,  4),  on  ne  sait  sur 
l'autorité  de  quelle  légende ,  donne  à 
la  jeune  nymphe,  fille  du  fleuve  San- 
gar  ou  Sagar  {Sagaris  ou  Sanga- 
rius ^  auj.  Sakaria),  et  mère  d'Atys. 
On  sait  qu'elle  devint  enceinte  pour 
avoir  caché  dans  son  sein  les  fruits  du 

{)halle-amandier ,  jadis  organe  viril  de 
'androgyne  Agdistis  {Voy.  ce  nom). 
Évidemment  Nana  est  une  nouvelle 
personnification  de  l'organe  sexuel 
femelle,  comme  conceptivilé;  et  en 
vain  l'on  objecterait  à  celle  idée  le 
double  emploi  qui  résulte  de  la  co- 
existence d' Agdistis  et  de  la  nymphe 
préalablement  mentionnée  :  on  peut 
en  mythologie  rentrer  dans  l'ombre 
et  en  sortir  à  volonté. 

NANDA,  célèbre  roi  pasteur, 
avait  pour  femme  lachoda.  lachoda 
venait  de  mettre  au  monde  une  jeune 
fille,  incarnation  de  Kali.  Les  deux 
époux  la.  changent  contre  le  jeune 


NAN 

Krichna  qui  vieHt  de  naître  de  Dévagî 
(ou  Dévaki)  et  de  Vaçoudëva.  Kansa, 
le  tyran,  à  la  nouvelle  de  l'accou- 
chement de  sa  sœur,  court  h  sa  pri- 
son, et  s'empare  de  l'enfant  que  les 
prophéties  désignent  comme  le  futur 
instrument  de  sa  punition,  k  C'est  une 
fille»,  crie  la  mère  tremblante. Kansa 
allait  néanmoins  écraser  l'enfant  con- 
tre la  muraille  lorsque  tout-k-coup 
Kali ,  repoussant  son  bras  avec  vio- 
lence ,  s'élève  radieuse  au  sein  des 
airs.  «  Ecoute,  Kansa,  dit- elle, 
et  tremble  !  Je  suis  Bhavani  :  tu  vou- 
lais m'égorger,  je  saurai  te  punir. 
Sache  que  ton  meurtrier  est  né 
dans  un  impénétrable  asile  j  il  gran- 
dira pour  revenir  ceint  du  glaive  de 
justice,  j»  Nanda,  en  effet,  emmenait 
le  jeune  Krichna  dans  sou  domaine 
de  Vrindavanl  ou  Gokoulam.  lachoda 
le  nourrit  de  son  lail.  Plus  tard,  se 
croyant  menacé  à  Vrindavanl,  ils  émi- 
grèrent  encore,  et  choisirent  Nan- 
dagrama  pour  séjour.  Le  taureau 
Vahanam  de  Siva  s'appelle  aussi 
Nanda.  Nous  abandonnons  au  lec- 
teur les  incontestables  rapports  qu'il 
y  a  entre  ce  taureau  de  la  mytholo- 
gie sivaïque  et  le  père  nourricier  de 
Vichnou-Krichna. 

NANDI,  déesse  hindoue  de  la 
joie,  est  identifiée  tantôt  à  Bringhi, 
tantôt  à  Radha.  Le  fait  est  que  toutes 
trois  sont  des  incarnations  parallèles 
mais  non  identiques  de  la  déesse-fer- 
tilité, Prilhivi  ou  Louki,  qui  elle- 
même  est  une  face  de  Lakchmi.  Les 
Gentoux  nous  font  voir  Kissen  dan- 
sant au  milieu  des  deux  belles  nymphes 
Nandi  et  Bringhi:  Kissen  (Kisna, 
Kistnah)  n'est  autre  chose  que  Yich- 
uou. 

NANN,  Nannus,  roi  des  Ségo- 
briges,  enGaule  ,  donna  sa  fillePetta 
ou  Gyplis,  en  mariage  au  chef  pho- 
céen Protès,  et  favorisa  l'établisse- 


I 


NAO 

raenl  de  la  colonie  qui  fonda  Mar- 
seille, On  lit  Mann  au  lieu  de  Nann 
dans  quelques  écrits. 

NANNA,  femme  de  Balder,  le 
plus  beau  des  Ases  Scandinaves,  mou- 
rut de  chagrin  à  la  nouvelle  de  sa 
mort ,  et  fui  brûlée  en  même  temps 
que  lui  sur  le  grand  navire  Ring- 
horn.  Un  nain  vivant  et  son  cheval 
furent , livrés  aux  flammes  en  même 
temps  que  son  cadavre. 

INANNAK,  ]SANNACUS,N(i»vaK«f , 

un  des  rois  les  plus  anciens  de  la 
Grèce,  avait  prédit  le  déluge  deDeu- 
calion. 

NANOS,  Nocvlf  :  1°  fils  de  Teuta- 
mide  et  descendant  de  Lycaon  (  on 
le  donne  comme  un  des  plus  anciens 
rois  de  la  Grèce) 5  2°  Ulysse  (c'était 
selon  les  uns  son  premier  nom  ;  selon 
d'autres,  qui  le  fout  mourir  en  Tyr- 
rhénie,  le  dernier:  on  le  traduisait 
par  errant).  - 

NAOIS ,  Cadmile  irlandais  ,  fils 
d'Ouisnéach ,  inspira  un  vif  amour  à 
Déirdrej  il  vit  celte  jeune  recluse 
grâce  a  la  complaisance  de  Léabhar- 
cham,  et,  secondé  d'Aïnle  ou  Anle  et 
Ardan  ses  frères  et  de  cent  cinquante 
guerriers ,  la  lira  d'esclavage ,  lui  fît 
traverser  les  mers  el  la  conduisit  en 
Ecosse.  Mais  bientôt  le  roi  des 
Scots  conçoit  pour  l'Hélène  d'Irlande 
une  passion  fatale;  et  ÎSaoïs,  avec  ses 
frères  et  ses  guerriers  qui  forment  le 
clanna  d'Ouisnéach,  se  réfugie  dans 
une  île  située  sur  les  côtes  d'Ecosse  : 
Déirdre  l'y  accompagne.  Ses  amis 
auxquels  il  demande  du  secours  s'a- 
dressent tousaQounor,  roi  d'Irlande, 
et  sollicitent  la  rentrée  du  brave 
clanna.  L'astucieux  Qonnor  consent 
à  tout,  et  envoie  Eogan  chercher  les 
trois  frères  el  leur  suite  5  mais  Eogau 
a  des  ordres  secrets  ,  et  bientôt  Naoïs 
et  Ardan  tombent  sous  sa  lance. 
Coœp.  Dëibdre. 


NAR 


143 


NAPÉES  ,  Napjeje  ,  nymphes 
présidant  aux  collines,  aux  vallons, 
auxbosquels.iVir/^Oi'engrecse  prend 
pour  vallée  et  pour  tout  lieu  couvert 
d'arbres  [F^oy.  Nymphes). 

NARAIANA  [celui  qui  s'agite 
sur  les  eaux),  Dieu  même,  courant, 
en  quelque  sorte,  sur  l'eau-pàte-raa- 
tière,  chaos,  de  laquelle  sa  puissance 
créatrice    tire  le   monde.   Ce  nom , 
aux  Indes,    est  donné  a  Brahm  et  k 
Vichnou  :  le  dernier  surtout  est  cé- 
lèbre sous  ce  nom.  Il  est  alors  l'ame 
du  monde  qui  pénètre   et  conserve 
toutes  choses,  qui  les  produisit  par 
l'intelligence  au   commencement  de$ 
temps,  et  qui,  lors  de  la  destruction  du 
monde)  les  recueillera  dans  son  sein. 
Dans  ce  système,  Brahmà  est  subor- 
donné à  Viclinou  et  naît  du  nombril  de 
ce  dieu.  L'idée  de  Brahm  ou  de  Vich- 
nou-Naraïana  est  un  des  types    le» 
plus  remarquables  de  la  mythologie. 
Bien  d'autres  dieux   aussi  apparais- 
sent en  quelque  sorte  a  fleur  d'eau. 
Le  Padma-Ioni-Univers  flotte  pareil- 
lement sur  l'onde  bleue.   Les  dieux 
qui  naissent  du  Padma  ne  sont  qu'un 
calque  moins  étroit  du  même  modèle. 
Les  Lingam  qui  se  dressent  orgueil- 
leusement sur  les  coupes  profondes, 
ou  aux  larges  contours,  appartien- 
nent h  la  même  série  de  symboles. 
Mithra  sur  le  seuil  de  sa  grotte,  et 
tant  d'autres  qu'on  montre  dans  la 
mêmeposition,  rentrentdanslemême 
ordre  de  conceptions.  Qu'est-ce  enfin 
queLakchmi  sortant  de  la  merde  lait, 
et  Anadyomène  vomie  par  la  mer  avec 
l'écume  et  l'algue  sur  sa  surface  azu- 
rée? Evidemment  des  Naraïana. — 
On  représente  aux  Indes  Naraïana, 
personnification  de  Vichnou,  couché 
et  flottant  sur  les  eaux.  Il  a  le  corps 
bleu  :  l'onde  salée  a  la  même  couleur. 
NARASSIMA-VATARAM,  qu'il 
faut  lire  Nàracinghav  AT  AB  ouN.  .a- 


i44 


NAR 


VATARàM  :  Vicbnou  dans  sa  qua- 
trième incamnlion  ,  c'est-à  dire  a 
forme  de  lion  {f^oy.  Erouma). 

NARCÉE,  ]N\rceus,  No<f icfûî , 
fils  de  Bacclius  et  de  Physcoa,  insti- 
tua le  premier  des  sacrifices  a  Bac- 
cbus,  élaMil  un  direur  de  musique  en 
rhonneur  de  Physcoa,  elbàlilua  tem- 
ple a  Minerve. 

NARCISSE,  INabcisstjs,  n«^- 
xia-a-as,  eî>l  célèbre  en  mjtbdiogie  par 
le  bizarre  amour  qu'il  conçut  pour 
lui-même  en  vovonl  sa  ravissante  fi- 
gure réflécbie  par  le  cristal  des  eaux. 
On   a  biodé    ce    llième    si    simple, 
i"  Tiresias  avait  prédit  que  Narcisse 
vivrait  tant  qu'il  ne   se  verrait  pns. 
2"  Sa  mort  fui  une  vengeance  de  l'A- 
mour. Il  avait  méprisé  l'amour  d'E- 
cbo  ,  Écbo  élail  morte  de  désespoir  ; 
Narcisse  alors  se  vit  dans  l'eau  ,  et , 
comme  la  Nympbe  (ju'il  avait  mépri- 
sée, mourut  d'un  amour  qu'il   était 
impossible  de  faire    partager.   3°  Il 
fut  changé  en  une  fleur  qui  porte  son 
nom.  i"  On  ajouta  que  Narcisse  aui 
enfers  se  regarde  encore  dans  l'eau 
du  Styx.   5"  Enfin,   on   doune  pour 
père  a  Narcisse  le  dieu-fleuve  Cé- 
phise  cl  la  nympbe  Liriope.   A  ces 
traits,    dont  les  deux  derniers  ont 
de  l'importance  ,  joignons  l'explica- 
tion ridicule  des  évhémérisles.  C'est 
que  Narcisse  avait  une  sœur  jumelle 
qui  lui  ressemblait  parfaitement.  Il 
eal  le  malheur  de  la  perdre  ,  et  dans 
sa  doiJeur  il  venait  au  bord  d'une 
fontaine  où,  en  regardant  son  image, 
il  croyait  la  revoir.  On  pourrait  soup- 
çonner   dans   cette    hypothèse    que 
Narcisse  aima  sa  sœur,  n'en  put  être 
aimé,  et  mourut  de  douleur. —  C'est 
ici  le  cas  de  faire  l'histoire  d'Echo. 
Celte  Nympbe,  dont  le  nom  veut  dire 
voix,  son,  bruit  (iî;!i«f)  >  ^^^''  "°^  ^^* 
«nivantes  de  Junon.  Plus  fidèle  a  Ju- 
piter qu'k  sa  maîtresse,  elle  sut  k  di- 


NAR 

verses  reprises,  par  les  charmes  de  s!( 
conversation  ,   empêcher  la    jalouse 
souveraine  des  dieux  de  découvrir  les 
intrigues  galantes  de  Jiipiler.  Junon    ' 
enfin  s'aperçut  de  la  ruse:  Echo  fui 
bannie   de    l'Olympe  ,    et   condam- 
née "a  ne  plus  répéter  que  les  derniè- 
res syllabes  que  prononceraient  ses 
interlocuteurs. Descendue  sur  la  terre, 
e'ie  fut  aimée  de  Pan  ;  elle  lui  résista. 
Eprise  K  son  lour  de  Narcisse  ,   et 
ne  pouvant  pas  lui   faire  connaître 
son  amour,  au  moins  par  la  voix,  elle 
se  consuma  de  douleur,  et  peu  a  peu 
s'évapora  dans  les  airs.  A  partir  de  ce 
jour  ce  ne  fut  plus  une  Nymphe,  ce 
fui  un  son. — L'amour  cl  la  mort  de 
Narcisse  onl  inspiré  k  Ovide  un  des 
épisodes  les  plus  spirituels  des  Méta- 
morphoses (ÙI,  34i-5io).  Dumous- 
tier.  Lettres  sur  la  Mythologie,  a 
heureusement  imité  et  quelquefois  em- 
belli ce  morceau  ,  qui  est  a  coup  sûr 
le  plus  agréable  de  son  ouvrage. Le  my- 
the de  Narcisse  tient  a  la  religion  de 
Thespies,  où  sans  cesse  on  voit  repa- 
raître les  eaux,  lacs,  sources,  fleuves, 
dieux-fleuves,  nymphes,  et  les  fleurs  : 
les  fleurs  se  mirent  dans  les  eaux,  et, 
d'autre  part,  les  fleurs  jaunes  sont  des 
symboles  de  deuil.  Ce  n'est  rien  en- 
core; a  toute  minute    des  éphèbes  , 
de  jeunes  braves,  des  vierges   s'iden- 
tifient aux  fleurs:  Clylie,  Ajax,  Hya- 
cinlbe,  Abder,  Dapbné  ,  en  sont  les 
charmants  et  tristes  témoins.  Allons 
plus  haut  à  présent.  Ces  existences 
qui  s'effacent  de  plus  en  plus,  ces 
héros,  ces  vierges  qui  deviennent  des 
fleurs,  ces  fleuves  qui  se  résolvent  en 
images,  ces  images  qui  ne  sont  que  le 
néant,  symbolisent  la  vanité,  non  pas 
des  choses  humaines,  c'est  dire  trop 
peu,  mais  de  l'univers  entier.  Qu'est- 
ce  que  le  monde?  Maïa,  Maïa  beauté 
maisillusion.  Sans  doute  il  est  beau, cet 
univers,  avec  ses  astres,  sa  lumière, 


I 


NAR 

ses  couleurs  ,  son  harmonie  et  sa  po- 
pulation d'animaux  et  de  fleurs  5  mais 
tout  cela  dans  les  dogin<es  du  spiri- 
tualisme,  est-ce  ou  n'est-ce  pas? 
voila  la  question.  Et  la  réponse,  la 
voici  :  cela  n'est  pas  (comp.  l'article 
Maïa).  Qu'arrive-t-il  donc?  L'uni- 
vers, tout  illusioum'l  qu'il  est,  ne 
s'imagine  pas  que  tout  soit  illusion  :  il 
s'aime,  il  se  mire,  il  s'admire,  il  as- 
pire a  la  possession  de  quelque  partie 
de  lui-même.  11  soupire  pour  des  il- 
lusions. Il  tend  les  bras  a  des  images, 
il  trouble  l'eau  paisible,  condition  du 
phénomène  :  et  alors  adieu  le  specta- 
cle dans  lequel  il  s'est  complu!  Nar- 
cisse est  donc  le  monde.  En  un  sens 
moins  haut ,  Narcisse  est  lame  qui, 
avide  de  positif,  prend  la  fantas- 
magorie physique  pour  une  réalité, 
et  tantôt  sur  les  ailes  du  plaisir  la 
poursuit,  l'embrasse,  l'élreint,  et  s'a- 
perçoit qu'elle  n'étreint  qu'une  om- 
bre, tantôt,  se  livrant  aux  spéculations 
de  la  métaphysique,  scrute  le  phéno- 
mèue ,  cheiche  un  critérium,  et  ne 
trouve  à  la  place  de  la  certitude  que 
de  désolantes  raisons  de  tout  révo- 
quer en  doute.  Les  idées  que  nous 
esquissons  ont  été  variées  de  plus 
d'une  manière  par  d'habiles  mylbo- 
graphes.  Nous  ne  pouvons  les  suivre 
dans  tous  les  détails  auxquels  ils  se 
livrent.  Le  phénomène  si  fameux  du 
mirage,  qui  a  donné  lieu  a  la  création 
de  la  fée  Morgane  et  à  Mélusine,  etc., 
se  lie  de  loin  aux  fables  de  Narcisse. 
L'eau  est  la  grande  magicienne. 
Que,  pénétré  de  celte  idée  ,  on  par- 
coureîes  fables  de  Circé,  de  Calypso, 
d'Addirdaga,  dcNeith,  on  sera  éton- 
né de  la  richesse  de  ces  mythes  en 
eux-mêmes,  et  des  rapports  qu'ils  of- 
frent avec  Narcisse  et  tant  d'autres. 
Comp.  aussi  le  mythe  des  Nymphes 
ascanides^  enlevant  Hylas,  ainsi  que 
celui  des  Sirènes  attirant  K  elles  qui- 


WAR 


14S 


conque  passe  et  le  gardant  à  fout  ja- 
mais dans  leurs  eaux.  — La  plus  cé- 
lèbre représentation  figurée  de  Nar- 
cisse est  celle  qu'on  trouve  dans  le 
Musée  florentin^  III,  pi.  71  : 
J^oy.  aussi  Winckelmann,  Monum., 
ont.  ined.^  XXIV;  et  les  remarques 
de  Visconli,  31uséc  Pio-Ciémen- 
tin,  II,  p.  60,  etc. 

NARËDA,  fils  de  Saraçouali  et 
par  conséquent  de  Brahmà,  inventa 
la  vina  ou  lyre  indienne.  Musicien 
habile,  il  est  lié  a  Krichna  cl  Hanou- 
man  jouant  de  la  tlùte  au  milieu  dci 
chœurs  célestes  des  Gandharvas,  des 
Kinnaras  ,  des  Raguinis  et  des  autres 
personnifications  hindoues  de  l'art 
musical.  Il  y  a  plus  :  la  viua  fut  faite 
d'écaillé  de  tortue,  et  cette  tortue  à 
la  carapace  sonore  n'est  autre  que 
Vichnou  {f^oy.  Kourma).  On  voit 
parfois  Naréda  naîlre  de  Saracouati 
seule,  ainsi  que  Dakcba  et  les  six  ou 
douze  Ragas. Saraçouali  alors  doit  être 
considérée  comme  la  sagesse  divine. 
—  Nareda  figure  toujours  sur  la  lislo 
des  Pradj.ipatis,  mais  non  sur  celle 
des  Menons;  toutefois,  comme  les 
Pradjapatis émanent  lantùtdeRrahmà 
immédiatement,  tantôt  de  Brahm  par 
Menou  son  fils,  il  est  évident  qu'on  a 
pu  qualifier  abusivement  Naréda  de 
Naréda-Mauou.  De  là  le  nom  de 
Nardman  sous  lequel  on  le  désigne. 
Est-il  besoin  de  faire  remarquer  l'ana- 
logie de  Naréda  et  de  Mercure?  De 
part  et  d'autre  se  rencontrent  sagesse 
et  lyre  faite  avec  l'écaillé  de  la  tor- 
tue. Maintenant  un  autre  trait  de 
coïncidence  plus  important,  c'esl  la 
ressemblance  de  Naréda  et  d'Ha- 
nouman,  et,  comme  Hanouman  a  une 
tète  de  singe,  de  Naréda  et  de  ïoth- 
Hermès-Anubis. 

NARFE  est,  chez  les  Scandina- 
ves ,  le  fils  de  Loke  et  le  frère  de 
Vale.  Ce  dernier  le  dévora,  et  se» 


tv. 


146 


NAT 


inieslins,  changés  en  chaîues  de  fer, 
servirent  de  liens  à  son  père. 

NARFI,  la  nuit  infernale  person- 
nifiée chez  les  Scandinaves. 

NARS,  dieu  arabe,  était  repré- 
senta sous  la  forme  d'un  aigle. 

NASAMON,  héros  éponyme  des 
Nasamones  en  Afrique ,  selon  les 
Grecs  passait  pour  fils  de  Trilonis(ou 
Diane)  et  d'Amphilhémis,  et  avait  pour 
frère  Ccphalion. 

WASCIO  ou  NATIO  ,  déesse  ro- 
maine, était  censée  présider  à  Theu- 
reuse  naissance  des  enfanb  et  à  la  dé- 
livrance de  leur  mère.  Elle  avait  un 
temple  à  Aidée  où  on  lui  oGFrait  nn- 
Duellemcnt  un  sacrifice  solennel.  La 
cérémonie  principale  était  une  pro- 
cession (R.ac.  :  nasci,  naître). 

NASTE,  NaSTES,  N«irriff,  chef 
carien,  secourut  Priam  assiégé  par 
lesGrecs.  Il  avait  pour  pèrelSomion. 

NATAGAI  est  le  créateur  du 
monde  cher  les  Mongols,  qui  du  reste 
ne  lui  rendent  aucun  culte. 

NAÏIGAI  ou  STOGAI.  ^oy.  ce 
dernier  nom. 

INATTS  (les)  sont,  chez  les  Bir- 
mans, des  esprits  aériens  et  malfai- 
sants. 

NATURE  (la)  tant  de  fois  divini- 
se'e  par  tous  les  peuples  du  monde 
sous  mille  noms  différents  (/^.  Bha- 

VAIÎI  ,   DlA?iE,    GÉTSÉTYLLIDE,  IlI- 

THYE,  Isis,  Maïa,  etc.),  Ta  été  de 
plus  sous  les  noms  mêmes  de  Na- 
tura  et  de  Physis.  On  la  faisait 
femme  ou  fille  de  Jupiter.  Ces  va- 
rianlesse  traduisentpournousen  fille- 
épouse,  et  n'offrent  aucune  contra- 
diction. C'est  surtout  Isis  et  Minerve 
qui  ont  été  prises  pour  la  Nature.  On 
peut  voir  la  Nature  sous  les  traits 
d'un  enfant  dans  le  superbe  bas-re- 
lief du  Musée  Pio-Clémeutiu,  repro- 
duit par  Mllliu,  Galerie  mylhoL, 
548. 


NAU 

NAUBOLE,  Naubolus,  N«i^«- 
Aof  :i°  tils  de  Lernos  et  père  de  Cly- 
touée  (  Aoy.  Nauplius)^  2"  fils 
d'ilippase;  5**  père  de  deux  chefs 
phocéens,  Kiiislroplie  et  Schédius. 

NALPIDAME,  N««7rJ«^..,  fille 
d'Amphidaraas  ,  maîtresse  d'ilélios 
et    mère  d'Airgias. 

NAUPLltS  ,  N«JirA«f,  le  héros 
par  excellence  des  Eubéens ,  n'est 
que  la  navigation  personnifiée  dans 
quelques-unes  de  ses  rirconslanres. 
L'impossibililé  de  concilier  les  détails 
de  sa  biographie  a  mis  les  niodirnes 
évhémérisles  dans  la  nécessite  de  le 
scinder  en  deux  et  même  en  trois 
personnages.  Du  premier,  ils  font 
un  fils  de  Neptune  et  de  la  Dauaïde 
Amymone  :  navigateur  habile,  il  fon- 
da Nau[)lie,  porta  en  Mysie,  à  la 
cour  du  roi  Teiithras,  Aiigé  rejeté 
par  son  père  loin  de  la  continentale 
Arcadie  ,  el  enfin  péril  noyé  sous  les 
flots  marins,  pour  s'être  indigné  que 
les  dieux  noyassent  les  hommes.  Nau- 
plius  donna  le  jour  à  Prœlus,  de  qui 
dcscendiieut  en  ligne  directe  Lernos, 
Naubole,  Clylonée  et  enfin  Nauplius 
le  jeune.  On  fait  aussi  de  ce  Nau- 
plius Il  un  fils  d'Amymone  5  son  père 
est  Clytonée.  Il  fut  Argonaute.  C'est 
lui  qui  le  premier  guida  les  navires  à 
l'aide  des  étoiles,  et  fit  connaître 
la  grande  Ourse  aux  Grecs.  On  as- 
sure qu'à  la  mort  de  Tiphys  il  se 
présenta  pour  la  place  de  pilote , 
mais  Ancée  l'emporta  sur  lui.  —  Un 
troisième  Nauplius  ,  puissant  en 
Eubée,  passa  sa  jeunesse  sur  les  mers. 
Le  roi  Calrée  lui  confia  ses  filles, 
Erope  (ou  Aérope)  et  Cliraène,  pour 
les  conduire  en  pays  étranger.  Nau- 
plius maria  Erope  k  Plisthène ,  et 
garda  pour  lui  Climène  dont  il  eut 
trois  fils  ,  Palamède,  OEax  et  Nausî- 
médou.  Quflques  mythologues  font 
naître  ce  dernier  de  Philyre  ou  Hé- 


I 


NAll 

sione.  On  sait  comment  Palatnède 
périt  devant  Troie,  victime  des  ru- 
ses d'Ulysse.  Nauplius  s'en  vengea 
en  allumant  un  brasier  en  guise 
de  phare  sur  les  nombreux  écueils 
du  cap  Capbarée,  a  l'époque  du  re- 
tour des  Grecs  victorieux.  Ballot- 
tés par  la  tempête  ,  ceux-ci  se  di- 
rigèrent vers  ce  qu'ils  croyaient  un 
refuge  favorable ,  et  ils  se  brisèrent 
sur  la  côte.  Jusqu'ici  tout  est  mytho- 
logie maritime.  Qui  ne  voit  sous  ces 
légendes  le  creusement  d'un  port, 
l'érection  d'un  entrepôt  commercial 
sur  les  rives  de  la  nier,  l'idée  d'un 

f)hare  sauveur  des  navires,  et  enfin 
e  voyage  maritime  qui  transporte  les 
Européens  sur  la  côte  de  l'Asie  ? 
Plus  tard  on  renchérit  sur  le  my- 
the, et  l'oa  voulut  que  Nauplius 
commençât  sa  vengeance  par  ren- 
dre toutes  les  femmes  des  chefs 
grecs  infidèles  h  leurs  maris.  Pour 
y  parvenir,  il  n'eut  qu'à  leur  faire 
annoncer  par  les  fils  qui  lui  restaient 
la  défaite  de  l'armée  grecque,  et  re- 
gorgement ou  la  captivité  de  leurs 
époux.  Les  fils  de  JNauplius  secouru- 
rent Egislhe  contre  Oresle,  et  furent 
tués  par  Pyladedans celle  entreprise. 
Il  doit  être  clair  pour  tout  lecteur  que 
ces  trois  ]Nauplius  se  réduiraient  a 
deux,  s'il  fallait  prendre  les  légendes 
pour  des  histoires.  Pour  ceux,  qui 
comprennent  l'esprit  des  anciens,  il 
est  plus  clair  encore  qu'il  n'a  existé 
ni  un,  ni'deux  Nauplius.  Les  Grecs 
firent  naufrage  en  revenant  de  Troie; 
on  broda  le  récit  du  naufrage-  on 
voulut  qu'un  fanal  perfide  eût  été 
allumé  sur  le  littoral  del'Eubée,  puis 
on  imagina  ,  pour  amener  à  ce  dé- 
nouement, une  fable  dans  laquelle  la 
jalousie,  la  vengeance  et  J'asluce  la- 
inilières  aux  peuples  marins  jouaient 
leur  rôle. — Sophocle  avait  fait  sur 
ISanplius  deux  piè,ces  intitulées,  l'une 


NAU 


ï47 


les  Navif^ations ,  l'antre  h  Phart^ 
de  ISauplius.  Le  cap  Capliarée  se 
nomme  aujourd'hui  d'Oro.  INaupliuf 
dérive  de  vaus,  vaisseau,  et  de  fXtli  y 
naviguer. 

ÎSAUSIKAA  ,  'Nxv<r,Kix  ,  fille 
d'Alcinoiis,  roi  de  Phéacie(Corfou), 
lavait  SCS  robes  à  la  rivière  avec  ses 
compagnes  quand  Ulysse  ,  après  son 
naufrage,  se  présenta  nusnrle  rivage. 
Les  jeunes  filles  de  s'enfuir;  Nausikaa 
prévenue  par  Minerve,  qui  avait  em» 
prunté  la  figure  d'une  de  ses  amies 
pour  lui  annoncer  son  prochain  maria- 
ge, resta,  écouta  le  récit  du  héros, 
lui  fit  donner  des  vêtements,  et  le  con- 
duisit ainsi  au  pilais  de  son  père,  tou- 
jours marchant  la  première  ,  et  lui 
recommandant  de  se  tenir  à  dis^ 
tance.  «  Plùi  a  Jupiter,  dit -elle, 
que  le  mari  qu'il  me  destine  fut  fait 
comme  cet  étranger  !  »  L'Odyssée 
ne  dit  pas  comment  Minerve  ac- 
complit sa  promesse  ou  sa  prophé- 
tie; mais  Eustalhe  certifie  que  U 
princesse  phéacicnne  épousa  Téléma- 
que  dont  elle  eut  Perseplolisou  Pto- 
liporthe.  On  aiiribuait  h  Nausikaa 
l'invention  de  la  sphérislique,  danse 
qui  s  clécutait  en  lançant  une  balle 
en  l'air. 

NaUSITHÉE,  iiuv<r,iîx,  de  Sa- 
lamine,  fut  donné  dans  Scyros  à  Thé- 
sée pour  guider  son  navire  en  Crète. 
Phalère  avait  un  naïdion -consacré  à 
i'Iiabile  pilote ,  et  la  tradition  vou- 
lait qu'il  eût  été  dédié  par  Thésée. 
Ainsi  Canobe  ,  pilote  de  Ménélas, 
avait  sa  tombe  et  son  autel  kRhacc- 
tis  (  bourgade,  noyau  d'Alexandrie). 

KAUSITHOUS,  Kccv^/êoos,  et 
NAUSI^'OUS  ,  Nicv<rt\«as,  passent 
pour  des  fils  d'Ulysse  et  de  Calypso. 
Le  radical  de  tous  ces  noms  esty^W , 
vaisseau  (y  joindre  yoof,  esprit  ;  $oas, 
rapide). — Un  autre  ISausithouj, 
père  d'Alcinoiis  j  qui  devait  le  jour  in 


iA8 


NEA 


Neplnne  ri  à  Péribéf,  régna  dans  Vile 
de  Fliéacie,  et  enseigna  aux  habilauts 
de  celte  île  l'arl  de  la  navigation. 

^'AUTÈS  suivit  Énce  en  Italie, 
et  fut  cliaigé  par  le  pieux  lugilif  de 
la  garde  du  Palladium. 

IS'AXIOS,  N«$««î,  fils  de  Palé- 
mon,  donna  son  nom  hTiie  deKaxos 
(f^oy.  l'art,  suivant}. 

INAXOS ,  N«Ç»? ,  fils  d'Acacallis  et 
d'Apollon  selon  les  uns,  d'Endymion 
selon  les  autres.  Un  Naxios  et  non 
^axos,  fils  dePalcraon,  a  élc  aussi 
nommé  par  les  mylliologucs.  Il  est 
clair  que  ce  héros  iraaginaire-n'eslquc 
Pile  de  Naxos  personnifiée.  Nous 
ne  nous  arrêterons  point  à  relever 
la  contradiction  qui  existerait  entre 
ce  mythe  et  la  légende  qui  nioutre 
Bacchus  élevé  dans  N'nxos  par  une 
triade  de  nymphes  (Philie,  Croni<î 
et  Cléis).  Ce  qui  nous  importe  da- 
vantage, c'est  de  bien  voir  i"  que 
JN.ixos,  jNysa  (le  mont  de  Hac- 
chus),  Nicha  (la  nuit  eu  samskrit, 
d'où  Dévanicha),  enfin  vija-oç  (île 
«n  grec  )  ont  été  confondus  de  telle 
sorte  que  Dévanicha-Dionyse  a  élé 
non  plus  le  dieu  de  Nysa ,  mais  en- 
core le  dieu  des  îles,  ^tCç  (pour 
Ziwf  ou  êtes)  yKtrai*',  S*  qu'Ariadne 
dans  l'île  de  Naxos,  c'est  Ariadne  sur 
nie,  Ariadne  surlelolos,  Ariadne 
Anadyomène,  une  iibavani-Kamalâ- 
çana. 

JNEAÇA  était,  dans  la  mythologie 
de  l'Irlande  ,  fille  d'Eochaidh  Sal- 
bindhe  ,  femme  de  Fachlna  et  mère 
du  grand  Qonnor,  le  célèbre  roi  de 
rUlster,  qui  souvent  est  nommé 
Qonnor  Mac  Néaça  ou  Qonqovor 
Mac  Néaça.  Qonnor  la  viola  dans  un 
moment  d'ivresse,  et  en  eut  un  fils 
numrac  Qormaq  Qonlingios.  Il  faut 
bien  se  garder  de  voir,  soit  dans  ces 
généalogies,  soit  dans  l'incesle  qui 
a'y  mêle,  le  moiudre  fait  historiquç, 


NEB 

Tout  y  pose  sur  des  données  mytho- 
logiques modifiées  à  plaisir. 

NÉALCE,  Nealces,  Nt«AK»iV, 
ami  de  'l'urnus,  tua  Salins. 

ISEAMAS,  N£tfM«f,  Troyen,  tué 
par  Mérione. 

NÉANURE,  NU»^p»f ,  fils  de  Ma- 
carée,  régna  dans  Tile  de  Ci'S. 

TSEAISTHEjINeanthes,  Ntavtf^V, 
fils  du  roi  Pillatus,  acheta  des  prê- 
tres d'Apollon  la  lyre  d'Orphée,  qui 
résonnait  d'elle-même,  et  alla  dans 
les  champs  pour  attirer  les  rochers  et 
les  arbres,  mais  il  n'attira  que  des 
chiens  qui  le  dévorèrent.  Comp.  Or- 
phée. 

NEB,  N>ito,  une  des  formes  du 
nom  de  Kneph  ou  Knef.  Nous  la 
concluons  du  nom  composé  Aménéhis 
pour  Amen-Ncb ,  Amoun-Knef),  lu 
par  M.  Lclronne  (/îcc/i.  siirVEg., 
p.  207  et  suiv.)  dans  une  inscription 
grecque  de  la  grande  Oasis  (A^.  Knef 
et  Noub).  Celle  forme  Neb  est  im- 
portante comme  transition  du  nom  de 
Knef  a  celui  d-'Annhis,  d'une  pari  et 
del'autreau  radicali\'e^...  owNab... 
que  l'on  retrouve  h  la  tête  ou  dans  le 
corps  de  tant  de  noms  royaux  ou  di- 
vins tant  égyptiens  qu'asiatiques,  Na- 
bukliadiiézar,  Nectanébo,Naho,  etc. 
NÉBO,  NIBAZ,  NIBCHAS, 
N;j«*,  Ni^etÇ,  N/Cveéf,  divinité  as- 
syrienne à  tète  de  chien,  était  surtout 
adorée  chez  les  Hévéeus.  Nous  n'avons 
pas  besoin  de  faire  remarquer  l'ho- 
mophonie  de  ce  nom  et  de  celui 
du  dieu  égyptien  Anbo  {lairalor 
Anubis).  Nibchas-n'est  donc  qu'un 
Anbo  assyrien  5  et  il  ne  diffère  de  son 
homonyme  memphilique  que  parce 
qu'il  n'est  point  lié  en  Assyrie  a  une 
légende  deconquêtcs  elde  civilisation, 
puis  peut-être  parce  que  l'on  s'habitua 
plus  qu'en  Egypte  à  l'identifier  avec 
un  génie  planétaire,  avec  Mercure. 
Eu  effet,  les  Chaldceus,  chez  qui  le 


NEB 

culte  de  Nébo  était  plus  particulière- 
ment établi  (/5^i'e,XLYi,i), donnaient 
H  Mercure  le  nom  de  INébo  ou  INabo 
(Hyde,^/e  i'Ct.  Pars,  rel.,  67:  corn p, 
Riccio'i,  127  j  Selden,  de  D.  Sj'/:, 
synt.  Il,  ch.  12  ).  Lu  chieu  figure 
parmi  les  parauatellous  du  Cancer  et 
du  Lion  dans  la  sphère  de  Scaliger  : 
dans  les  planisphères  de  Kircher  se 
dessine  un  homme  a  tête  de  chien. 
Celse  (Orig.,c.  Celse, \iv.\l)  faisait 
mention  d'un  génie  à  tête  de  ciiien 
(le  sixième  parmi  ceux  qui  président 
aux  sept  cieux  ou  aux  sept  planètes), 
et  lui  donnait  le  nom  d'Erathaoth. 
Mais  l'Aiibo  d'Egypte  est-il  un  Mer- 
cure? Si  ce  n'est  le  même  dieu,  c'est 
une  forme  du  même  dieu,  un  rôle  du 
même  fonctionnaire.  C'est  rilcrmès 
infernal,  'Epftîjs  x^^^^os  [f^oy.  Aku- 
BisJ. — Dans  ce  cas,  pourquoi  lui 
donner  la  tète  de  chien?  Jgnore- 
t-on  que  l'Anbo  d'Egypte  était  un 
dieu  à  tète  de  chakal  .^  Soit,  mais 
il  suffit  qu'on  s'y  soit  trompé  ou 
qu'on  ait  une  fois  pour  toutes  jugé  la 
différence  assez  légère ,  pour  que  les 
Assyriens,  en  s'eraparaul  du  dieu, 
n'aient  plus  songé  a  être  fidèles  a  la 
tradition  égyptienne  orthodoxe.  Les 
rabbins  prétendent  du  reste  que  l'on 
représentait  aussi  Nibchas  avec  les 
attributs  du  serpent.  Ce  serait  un 
nouveau  rapport  avec  Hermès  (se  rap- 
peler le  caducée),  avec  Esmoun-Es- 
culape,  avecSérapis.  Enfin  saint  Jé- 
rôme {surisaïe,  pass.  d")  attribue  la 
l'idole  de  Nibchas  le  talent  de  la  di- 
vination.— Les  noms  de  INabopoulas- 
sar,  Naboupharzan ,  et  en  Egypte 
les  Neclanebo  nous  rappellent  ce  nom 
qu'on  voit  encore  dans  l'israélite  ]Sa- 
bal,  le  Lacédémonien'îiabis,  les  Ara- 
bes Nabathéeus,  et  peut-être  la  Nu- 
bie. Naboulione  [JSabuUone),  nom 
original  de  Napoléon,  en  vient  aussi, 
et  c'est  a  torl  qu'on  explique  ce  mot 


NEC 


149 


par  lion  des  vallées  (»«c7e>,  hiat), 
NÉBROPHONE  :  i°n  fe>?oW, 
fils  de  Jason  et  de  la  Lemnicnne  Hyp- 
sipyle;  2°  Ntvpo^ô*>i ,  nymphe  de  la 
suite  de  Diane. — Ntbr...  veut  dire 
faon,  Néùrophone  qui  tue  les  faons. 
La  nébride,  on  le  sait,  étnitune  peau 
de  jeune  faon  dont  s'enveloppaient  à 
demi  les  suivants  de  Bacchus.  Au  faou 
depuis  on  substitua  la  panthère,  et 
l'on  conserva  le  nom  de  nébride. 
Plusieurs  surnoms  de  Bacchus  se  tirent 
de  celle  circonstance  5  tels  sont  Né- 
brodès ,  Nébridopéplos  ,  etc.  —  On 
appelle  Apollon  Nébrocbarès,  c'est- 
à-dire  qui  aime  les  faons. 

NECESSITE, Nécessitas,  en  grec 
AnaîiKHÉ,  'Avxyy.'î,  déesse  latine, 
dont  le  nom  ne  fut  connu  qu'à  partir 
du  beau  siècle  de  la  Grèce  civilisée  et 
métaphysicienne.  Platon  lui  donne  un 
fuseau  de  diamant  qui  touche  d'un 
bout  la  terre  et  de  l'autre  les  cieux, 
et  que  lourneul  les  trois  Parques. 
Horace  la  peint  avec  un  marteau,  des 
coius,  des  mains  de  bronze,  des 
crampons,  des  clous  et  du  fer.  Les 
rlous  sans  doute  tiennent  à  l'usage  où 
Ton  était  d'enfoncer  solennellement 
un  clou  daus  les  murs  du  Capitole, 
pour  indiquer  qu'un  an  s'était  écoulé  j 
de  là  par  suite  l'idée  de  chose  sûre  , 
irrévocable  et  sur  laquelle  il  est  im- 
possible de  revenir.  Anankhé  se  con- 
fond avec  Tyche'  (ou  la  Fortune), 
ou  Mœra  (la  Parque),  ou  Imarmè- 
ne  [Fatum f  le  Destin),  et  enfin 
avec  Némésis ,  Adraslée ,  etc.  Quel- 
ques poètes  l'ont  faite  fille  de  la  For- 
tune. —  Anankhé  avait  h  Corinthe 
un  temple  où  les  prêtres  seuls  en- 
traient. 

NÉCROPOMPE,  Necropompos, 
TAiy-faTtofATios ,  Mercure  qui  conduit  les 
morts  aux  enfers.  C'est  un  de  ses 
surnoms  les  plus  remarquables.  Il 
dwil  être  rapproché  de  celui  de  P.^J'- 


iio 


"StP. 


chopnmpe  (Rac.  :  itxtéi,  vau-neç). 
NECYS,  ti'iKvç ,  mort,  cnda- 
vrCj  Mars.  Ce  dieu  recevait  en  Es- 
pagne de  grands  bonneurs  sons  ce 
tona  ,  et,  chose  bizarre,  avait  la  tète 
l'adiré.  Quelques  philologues  veulent 

Si'on  lise  ^icon  (vainqueur)  ou  Néron. 
DUS  pencherions  pour  ce  dernier 
nom ,  qui  se  rapproche  de  Nara , 
nomine  (en  samskril)  et  de  ses  nom- 
kreux  dérivés. 

NEDA,  N>i'^«,  «ne  des  nourrices 
de  Jupiter,  avec  Hagno  et  Thisoa, 
ielon  la  légende  d'Arcadie ,  passait 
jpour  une  Océanidc.  C'était  a  tort  j 
Néda  n'élait  que  la  rivière  Mts- 
àébieuno  de  ce  nom,  Longarche  per- 
sonnifiée. — M.nerve  avait  aussi  un 
temple  sur  le  bord  de  la  Néda,  lé- 
iboin  le  surnom  de  Nedusie  qifon  lui 
donne  quelquefois. 

KÉDYîVIlNE,  Nedymkus,  n»'- 
.i'iuiosy  Centaure,  fut  terrassé  par 
Tliésée,  aux  noces  de  Pirithoiis. 

NEERE,  Ne^era,  hixifx,  est 
dans  la  mythologie  trausccndanlale 
là  fille-épouse  du  soleil;  et  comme 
'cette  fi'le-epouse,  assimilée  à  la  lune, 
est  soit  mille,  soit  androgyne,chez  les 
anciens,  son  nom  tiré  de  Nara,Nero 
et  Antr^  homme,  son  nom  identique 
à  r.  ..a>ttpu,  qui  termine  tant  de  mots 
de  la  langue  ionienne,  et  qui  revient 
à  9  à»»//!,  indique  assez  virilité.  On 
Ta  dédoublée  en  deux  héroïnes  prin- 
cipales: i'  Une  amante  d'Hélios,mère 
des  Héliades  Phaélhuse  et  Lampétie 
qu'elle  envoya  daus  une  île,  île  tri- 
mourtique ,  île  ti  langulaire ,  île  qui , 

-  ,...au  loin  sur  trois  fronts  s'étendaot. 
Oppose  un  triple  écueil  à  l'abimc  gronciaot, 

pour  y  garder  les  troupeaux  de  leur 
père.  2"  Une  fille  de  Pérée  (PVé), 
femme  d'Alée  et  iuère  de  Cépliée  (le 
dieu-singe, le  parèdre  héliaque de Per- 
sécj  de  Brahmà,  d'Oairis),  de  Lycut- 


NEF 

^ue  {XvKr,  lumière)  et  d'AiJgé  {aùy^', 
éclat). — On  nomme  encore  trois 
NÉÈRE  qui  sont:  1°  fille  de  ISiobé; 
2*  femme  du  dieu-fleuve  Strymon; 
3"  femme  d'Autolycus. 

1.  INEFTE  (le  véritable  nom  fut 
Natfi,  probablement  aussi  INatfé, 
puis  NATriiÉ  ,  NATrni  ,  NATrÉ  , 
ISETinK,NETPE;  quelquefois,  en  in- 
terverti>8ant  les  deux  consonnes  du 
milieu,  TNErm-nt',  ]SEi>HTm,d'où  le» 
Grecs  ont  fait  la  forme  usuelle  Ne- 

PHTHYSOu]NEPHT\S,Ne?«yf,NE(pTi;s), 

la  dernière  des  cinq  grandes  divinités 
osirides  {Foy.  Osinis),  naquit,  le 
cinquième  jour  épagomène,  ne  Sa- 
turne (Cronc,  Sovk  ,  Remfa)  et  de 
Rhéa  (Maifé),  sthm  les  légendes 
belléno-égyptlennes.  Sœur  d'Osiris , 
d'Isis  et  de  Typhon ,  c'est  h  ce  dernier 
que  les  mythes  l'associent  de  préfé- 
rence, etdans  le  dualisme  manichéen, 
auquel  celte  répartition  des  quaire  i 
personnes  divines  donne  lieu,  elle 
l'orme  avec  Typhon  le  couple  mauvais 
etslérile,  commeOsirisellsis  forment 
le  couple  bienfaisant  et  fécondateur. 
Toutes  les  iniluences  funestes  sont 
des  œuvres  et  des  émanations  de  ces 
deux  déliés  ennemies  de  l'homme ,  de 
l'ordre  et  du  bonheur.  Toutefois,  en 
saqnaliléde  femme,  Neflé  est  plutôt 
passive  qu'active,  landis  que  vents 
sinistres,  ardeurs  brillantes  ,  vapeurs 
délétères,  fléaux  endémiques,  mala- 
dies homicides,  sont  les  événements  ' 
par  lesquels  Typhon  se  manifeste. 
Nefté  se  présente  surtout  conimp  la 
terre  inféconde,  comme  la  lisière 
sablonneuse  du  de'serf ,  comme  la  por- 
tion de  l'Egypte  située  h  l'ciccident  de 
la  vallée  du  ]Nil,_landlsqu'Isis,  l'épouse 
chérie  d'Osiris,  en  tant  que  INli,  est 
sous  un  polnldevue  la  vallée  niliaque. 
Mais  le  mauvais  principe  femelle 
n'est  pas  tellement  falal  par  lui-même 
qu'il  lie  puisse  subir  des  influen- 


I 


NEF 

ces  salutaires  j  sa  stérilité  fécondée 
produira   à    son   tour.  Le   mauvais 
principe  lui-même  iie  peut  jamais 
opérer  le  bien  ■  mais  Tauxiliaire  dans 
laquelle  il  dépose  les  germes  du  mal 
et  qui  alors  devient  funeste  par  con- 
tre-coup, ne  répugne  pas  ainsi  quelui, 
par  le  lait  même  de  son  essence,  a  la 
production  du  bien.  LMiumus  peut 
amender  le  sable  infertile  ;  les  eaux 
limoneuses  du  Nil  peuvent  atteindre 
l'aride  limite  où  commence  le  désert  5 
le  fécond  Osiris  peut  se  rapprocher 
de  iSefté.  Ainsi  le  comprirent  les  dua- 
listes de  l'Egypte  5  et  dans  les  légen- 
des   osirityphonienncs    on  voit,    1° 
Osiris  avoir  un  commerce  furtifavec 
Nefté  qu'il  prend  pour  Isis  (Anbo, 
le  dieu  a  tète  de   chien,   ou  pour 
mieux  dire  cynocéphale,  est  le  fruit 
de  cette  union    insolite    et  involon- 
taire) 5  2°  ISefté  déserter  le  parti  de 
Typhon  pour   suivre  celui  du  jeune 
Haroéri,  de  cet  adolescent,  vivante 
image  du  héros  avec  lequel  une  douce 
erreur    l'a  unie  un  instant.  Isis  ne 
voit  pas  de  mauvais  œil  une  sœur  qui 
le  plus  souvent  se  contente  de  souffler 
ses  pernicieuses  influencessurd'autres 
contrées  que  rÉgypte;  elle  n'est  point 
jalouse   de   l'éphémère  complice  des 
infidélités  de  son  époux,  quoiqu'elle 
ait  reconnu  sur  le  sein  de  jNcfté  la 
guirlande  de   mé'ilotos  qu'Osiris    y 
laissa  par  mégarde.  Il  y  a  plus,  c'est 
elle  qui  se  charge  d'élever  et  de  nour- 
rir  l'infortuné    Anbo  ,     exposé    au 
fond  des  bois  par  une  mère  plus  sen- 
sible a  la  honte  qu'aux  affections  de 
la  maternité.  Outre  ÎSeflé ,  Typhon 
a    pour  concubines   Aso,    la    reine 
d'Ethiopie,  et  Thouéri.  Indubitable- 
ment ces  deux  héroïnes  ne  sont  que 
des  formes  de  Nefté  ;   mais  elles  re- 
présentent,au  liou  de  la  terre  inféconde 
en  général  et  de  la  terre  libyque  en 
particulier  ,   l'Élhiopi*  et  la  lisière 


NEF 


i5i 


arabique    (Ti-Arabia    de     l'ancien 
égyptien  :  Voy.  Champolllon  jeune, 
Eg,  sous  les  Pliar.^  t.  I).  A  notre 
avis  IXefté  n'est  qu'une  délégation  de 
la  grande  Ntfté  que  nous  nommons 
Nalfé  ,  la  Rhéa  égyptienne. La  déesse 
du  second  ordre  s'est  émanée  dans 
une  déesse  du  troisième  ordre;  voilà 
lout.  Du  reste  nous  ne  prétendons 
point  qu'elle  s'y  soit  émanée  entiè- 
rement. Elle  s'y  émane   surtout  en 
tant  qu'épouse  d'un  dieu-planète  re- 
gardé comme    éminemment   funeste 
(Remfa-Saturne).  Remfa  est  l'origi- 
nal, le  type  de  Typhon  ;  INatfé  est  celui 
de  notre  INefté.  C'est  ce  qu'expriment 
encore  ,  pour  ceux  qui  comprennent 
la  langue  mythologique,  1°  la  filia- 
tion prétendue  de  Rhéa  (INatfé)  et 
de  Nefté;  2**  l'identité  ou  du-moins 
l'extraordinaire     ressemblance     des 
noms  que  maintes  fois  les  textes  des 
raonumenlscoufondent.Welté  m-  pou- 
vait manquer  de  paraître  aux  enIVrs. 
Eflcclivemcut  c'est  une  des  déesses 
les  plus  puissantes  de  l'Amen ti  et  une 
des   plus  fréquemment  représentées 
surles  peintures  desmonnmenls  funé- 
raires. Elle  est  quelquefois  jointe  ou 
opposée  h  Isis,  comme  dans  la  belle 
scène  du  bas-rellet  du  petit  temple  au 
sud  du  palais  de  Qarnaq ,  reproduite 
Dt'.sc.dtL'Eg.,  t.  III, pi.  64.1siset 
INefté  (et non  ,  comme  le  veut  Creu- 
zer,  ITsis  céleste  et  l'Isis  terrestre) 
se  lie  nent  debout,  l'une  h  la  tête, 
l'autre  au  pied  d'un  lit  fi'nèbre  sur 
lequel  est  étendu  Osiris  mort.  Nous 
recommandons  la  scène  oîi  Haroéri, 
sortant  du  sein  d'un  lotos  épanoui, 
reçoit  de  Nefté  la  croix  ansee,  sym- 
bole desavie  à^ixim  {D  c  s  c.  de  l'E  g.  y 
tom.Ijpl.pS,  i).  A  l'exemple  des 
anciens  qui  prirent  toujours  Pïepblys 
pour  Aphrodite,  c'est-à-dire  Venus, 
M.Prichard(/7«/«0Hirx,etc.)ideu- 
tifie  Alhor  et  Neftc.  M.  Guigniaut 


iSa 


NBF 


(Irad.  de  Creuzer,  1. 1,  p.  807,  not.), 
d'ions  Ja.h\oas[.'\[Panth./E^)pt. y 
m,  p.  ii2-i3o),  les  disliiigue  cl 
voit  daus  Athor  une  Vénus  céleste , 
dans  Neflé  une  Vénus  inférieure  ou 
terrestre.  Selon  nous  ?Jefté.  parmi 
les  Osirides ,  représente  Natlé  parmi 
les  dicux-dynastes.  Nalfé  k  son  tour 
se  lie  en  bien  des  points  K  la  jeune 
Atbor,  et  se  réausorbe  avec  elle 
comme  sable  et  eau  daus  Tunité  pro- 
fonde et  suprême  de  IjouIo.  Mais 
comme  d'autre  part  les  femmes  su- 
bordonnées ne  tendent  pas  moins  à 
se  confondre  entre  elles  qu'à  rentrer 
dans  leur  type  supérieur,  Nalfé  se 
rapproche  de  Salé,  dominatrice  de  la 
région  inférieure  en  même  temps 
qu'Alhor  de  Tpé.  Le  ciel  se  scinde 
pour  ainsi  dire  en  Tpé  (hémisphère 
supérieur)  et  Salé,  ce  que  daus  cer- 
taines localités  on  traduisit  par  «  se 
scinder  eu  Athor  et  ^;itfé.  »  JNcflé  à 
son  tour  se  trouve  donc  avoir  dis 
rapports  avec  Salé  et  est  en  quelque 
sorte  la  Tpé  de  l'hémisphère  austral. 
ÎSefté,  Athor,  INefté  Salé,  Alhor- 
Salé,  toutes  ces  fusious  mythiques 
s'enchaînent,  se  tiennent,  se  sup- 
posent, s'enfautent  muluellement-,  cl 
quand  Naifé,  s\'manant  daus  la  sphère 
osirilyphoaienne  ,  deHenl  jNefté  , 
elle  est  encore  une  Alhor-Salé,  une 
Vénus  des  régions  inférieures,  'Avfa- 
êiTij  ti  Kctroû.  Au  reste,  c'est  bien  ce 
qu'indique  l'étymologie  même  de  son 
nom  Né- Tpé,  le  non-ciel  {Fcy.  l'ar- 
ticle suivant). 

2.  INEFTÉ  ou  NATFÉ,  Net- 
PHE,  Ketpe,  Netfe  ou  Natphe  ,  eu 
grec  NÉrjpt,  déesse  égyptienne,  une 
des  Treize-Douze  ,  figure  |;armi  les 
Dynastes  [P'oy.  Treize -Douze)  h 
l'exlrémilé  inlérieure  de  la  peulade 
femelle,  cest-a-dire  des  déesses  élé- 
ments. C'est,  ace  qu'il  paraît,  la  terre 
persoumûée^  etçeux  qui  crgieulla  feli- 


NEF 

gion  hellénique  dérivée  de  la  théogo- 
nie cgyptieune  ne  ponvfni  se  refuser 
de  reconnaître  dans  Natfé  (tel  est  le 
nom  que  nous  emploicrons)le  t  vpe  de  la 
Ilhéa  Cretoise,  assimilée  depuis  K  Cy- 
bèle,  et  même  totalement  fondue  avec 
elle  dans  les  poètes  et  chez  les  my- 
thographes  vulgaires.  Récapilulons 
succinctement  Ks  principaux  traits  de 
la  divinité  qui  nous  occupe.  1°  Elle 
est  de  la  deuxième  peniade-hexade  (en 
d'autres  termes,  peninde  femelle, 
penlade  élémentaire)  de  la  série  des 
Treize-Douze,  peulade  qui  a  pour 
correspoiidaute  une  première  peu- 
tadc-hexade  composée  de  dieux  mâ- 
les, de  dieux  astres.  2"  Elle  a  pour 
Archi-Dynasl<î  médiat  Fré-Djom  ou 
le  Soleil,  pour  A  rclii-Dynasle  immédiat 
Pooh,  la  Lune.  3"  Les  quatre  autres 
éléments  (on  su  rappellera  que  les 
Egyptiens  eu  avaient  ciu(|),  l'éther 
(Salé),  le  feu  (  Anouke),  l'air  (Routo 
II),  l'eau  (Athor  11),  la  précèdent; 
en  effet  la  terre  est  le  cinquièine  des 
cinq  éléments,  celui  qui  a  le  plus  de 
pesanteur  spéciKcjue  5  et  l'on  comprend 
asseï  que  dans  des  théogonies  ,  qui 
sout  au  fond  de  vraies  cosmogohies  , 
cet  excès  de  pesanteur  ait  foil  ranger 
au  bas  de  la  hiérarchie  la  déesse  re- 
présentative de  l'élément  pesant.  4° 
A  Naifé,  déesse  femelle,  répond,  dans 
la  colonue  sidérique  ,  le  dynasle 
Sovk  oulléphan,  Phan-Ré,  Ilemfa, 
etc.,  qui  n'est  autre  que  la  planète 
Saturne.  5°  L'union  conjugale  de  Sa- 
turne et  de  Rhéa  dans  les  légendes 
hcllénoïdes  n'est  donc  que  la  simple 
traductidu  du  rapport  quasi-conjugal 
établi  p:jr  les  Egyptiens  eptre  Rem- 
fa  et  i\atfé.  6""  Ni  Sovk-Remfa  , 
ni  Natfé  ne  sont  précisément  des 
émanations  de  deux  dieux  de  la  famille 
khaméphioïde.  Ce  sont  plutôt  des 
espèces  de  transition  entre  le  Pro- 
Ji,t»afiiépi4i5  Piromi  elle  premier  Kh^- 


NEF 

méphis  Araoun ,  de  telle  sorte  que 
tour  à  tour  Rerafa   semble  un  Pi- 
romi  ou  un  Amoun  inférieur,  et  tour 
a  tour  INalfé  une  Boulo  ou  uneTNcilh 
subordonnée.   Peul-èire   se  rappro- 
cherail-on  du  vrai ,   en  se  souvenant 
de  l'hypolbèse  par  laquelle  nous  iden- 
tifions coinplèlement  P)oulo  a  la  con- 
ception mystérieuse  et  innominée  de 
Sable-et-Eau.  Que  Sable-el-Eau  dnns 
ridée  des  docteurs  mcinphitiques  et 
ihébains  aient  colleclircment  signifié 
matière,  matériaux,  c'est  ce  dont  II 
n'est  pjs  permis  de  douter  :  Sable-et- 
Eau  ne  forment  donc  qu'un  seul  et 
même  être,  un  seul  et  même  dieu 5 
mais  ce  dieu  en  s'émananl  dans  une 
sphère  inférieure  peut  se  scinder,  et 
donner  lieu  1°  à  une  déesse-eau,  2"  à 
une  déi'sse-terre  :  Athor  II  serait  la 
déesse-eau,  etNatfé  la  terre.  Remfa 
et  TSalfé  étaient,  dit-on,  les  plus  jeu- 
nes des  dieux  dynastes.  Cela  signifie 
sans  doule   qu'ils  furent  ajoutés  h  la 
liste  des  majestés  divines  long-li-mps 
après  sa  confection  primitive.  Mais 
pourquoi  celte  postériorité?  A  notre 
avis,  elle  a  pour  causes  cl  la  dilliculté 
que  l'œil  nu  avait  à  saisir  la  planète 
de  Saturne  {Vf^j.  art.  Sovr)  ,  et  la 
subtilité  du  dédoublement  de  Boulo 
en  eau  et  sable,  eu  Alhor  et  INalfé. 
Comme  dans  la  doctrine  sacerdotale 
l'eau  élail  le  principe  par  excellence, 
Athor  se  trouva  imaginée  long-temps 
avant  qu'on  s'avisât  d'avoir  besoin  de 
!Nalfé.  Mais,  quand  aux  dieux  planè- 
tes on  eut  ajouté    Remfa ,   il  fallut 
lui  chercher  une  épouse ,  et  le  cin- 
quième élément  se  trouva  la  fort  heu- 
reusement. Il  nous  semble  même  pro- 
bable que  la  dénomination  ou  la  pé- 
ripiirase  de  Sable-et-Eau  pour  Bouto 
ne  prit  naissance  qu'après  la  création 
de   ÎSaifé.   Ce    n'est  pas  la    grande 
déesse  Sable-et-Eau  qu'on  a  dédoublée 
ÇQ  déesse  eau,  déesse  sable  j  ce  sont 


NEf 


iS3 


les  deux  déesses,  déesse  eau,  déesse 
sable  (ou  déesse-lerre),  qu'après  coup 
.on  a  réunies  en  une  grande  déesse  uni- 
que, la  déesse  Sable-el-Eau,  la  déesse 
matière,  la    déesse    nuit  profonde, 
Boulo.  Si  dans  la  mythologie   grec- 
que Saturne  et   Rbéa  sont  noimi  es 
parmi  les  dieux  les  plus  anciens,  puis- 
que leur  domination  précède  celle  de 
Jupiter,  e!  suit  immédialemenl  celle 
d'Ourane  (ou  Uranus) ,  cette  diffé- 
rence tient  sans  doute   1"  a  ce  que 
dans  l'Egyplc  même  quelques  corpo- 
rations purent  intervertir  Tordre  j»ri- 
milif  des  dieux    p'anètes,  cl  pi .ci-r 
Remfa    immédiatement    après    Fré- 
Djora  et  avant  Zéou  (Jupiter),  ce  qui 
est  juste  ,  puisque  de  cette  manière 
les  cinq  dieux  planètes  se   trouvent 
rangés  dans  un  ordre  conforme  a  ce- 
lui de  leurs  dislances   du  soleil;  2"  a 
ce  que  les  dieux  dynastes  étant  souvent 
absorbés  dans  les  Rharaéphioïdes  on 
put  idenlfier  Imôoulh  (le  ciel)  a  Pi- 
romi,    et  Remfa  a    une   espèce    de 
Piromi  subalterne,  transition  du  vrai 
Piroini  à  Rnef.  Au    reste,    nous  ne 
parlons  ainsi  qu'en  faveur  de  l'hypo- 
tlièsc  (peu  exacte  h  noire  av'is^,  qui  fait 
découler  toutes !escroyance>  grectjues 
des  idées  égyptiennes.  Ajoutons  que 
cette  jeunesse  comparative  de  Nailé 
et  de  Remfa  nous  explique  comment 
dans   des  généalogies  vulgaires  toui 
les  dieux  osirides  ou,  comme  on  peut 
les  nommer,  osirityphonides  naqui- 
rent de  Saturne  et  de  Rhéa.   Placés 
dans  un  tableau  synoptique  de  la  re- 
ligion égyptienne,  h  l'extrémité  de  la 
seconde  dynastie  de  dieux  et  avant  la 
troisième,  ils  semblent  donner  nais- 
sance à  la  troisième.  Quelques  autres 
explications  non  moins  plausibles  doi- 
vent être  fondues  avec  celle-ci,  et  la 
complètent   {f^oy.  OsiRis  ).   Nilfé 
s'émane  danslNefté  (  ^oj'.cel  arl.), 
vulgairement    Nepbihys,    Diodore, 


i54 


NEF 


dans  les  livres  mythologiques  par  les- 
quels déliule  son  histoire  toiil  em- 
preinte des  fausses  couleurs  d.-  révbé- 
ntfrisme,  fait  de  Crone  (Saturne  ro- 
main) et  de  Rhéa  deux  dieux  terres- 
Ires  ((T<yi/flti  ),  les  deux  premiers 
dieux  terrestres  issus  des  dieux  du 
CieI(7Àii'  i'r  ovpxti  cuTù')/).  Synésius  et 
Plular(jue  {/sis  et  O.^iris)  en  di- 
sent autant,  et  semblent  ne  pas  dou- 
ter que  réiliement  ces  deux  per- 
sonnages niaient  régné  sur  l'Kf^vple, 
et  n'aient  été  divinisés  après  leur 
mort.  Quelque  fausse  que  ioil  celte 
idée  fondamentale,  et  quelque  clair 
qu'il  soit  pour  nous  que  les  dieux 
célestes  sont  les  Khaméphis  et  le 
Prokhaméphis,  les  dieux  terrestres 
les  Treize-Douze  dyuastes  ,  il  ue  fal- 
lait pas  en  conclure  avec  Jnblonski 
{Panth.  j^i^ypt.,  liv.  II,  ch.  i, 
p.  i/io  cl  i4i)  que  jamais  l'É- 
gyple  ne  connut  de  déesse  analogue  k 
llhéa,  cl  que  tout  ce  que  1rs  anciens 
ont  raconté  de  celle-ci  doit  s'entendre 
d'Alhor.  sans  doute  la  jeune  Athor. 
Ce  que  nous  avons  dit  ci-dessus  sur 
l'émanation  de  Bouto  en  Alhor,  puis 
en  Athor  et  Naifé.  peut  faire  com- 
prendre la  cause  de  Terreur  de  Ja- 
blouski. — Chimpollion  jeune  a  re- 
trouvé Nilfé  sur  beaucoup  d<'  monu- 
ments originaux  5  la  planche  56  de  son 
Panthéon  és^ypt.en  represmle  une 
image  simple.  Les  chairs  sont  de  cou- 
leur verte  :  un  modius  surmonte  la 
tête  5  le  vautour  décore  celte  tète  ar- 
mée de  cornes  de  vache  5  un  dis- 
que rouge  plane  au  deshus  de  l'effigie 
sainte.  Ces  deux  derniers  signes  indi- 
quent, l'un  que  Natfé  est  une  mère  ou 
nourrice  divine,  l'autre  qu'elle  fait  par- 
tie de  la  famille  de  Fré-l)jora  ,  dieu- 
soleil,  Arciii-Dynasle.  Sur  les  monu- 
ments funéraires  elle  occupe  fréquem- 
ment la  place  de  Salé ,  et  lorme  le 
centre  des  représentations  nécro  du- 


NEI 

liques,  les  unes  étant  au  dessus  de  sa 
tète  et  de  ses  bras,  les  autres  se  dé- 
roullut  h  ses  pieds.  11  n'est  pas  rare 
alors  (jue  deux  images  de  Salé  se 
trouvent  l'une  h  sa  droite,  l'autre  h  sa 
«lauclie,  et  déploient  leurs  ades  au 
dessous  de  ses  bras.  Enfin  elle  passe 
aux  enfers  ;  mais  là  plus  que  jamais 
elle  se  confond  avec  son  émanation  et 
homo;iyme  Nel'jé. 

INÉHALLÉINIE,  Nehallenu, 
doit  être  une  déesse  slave,  analogue 
de  Ganga,  qui  est  h  la  fois  l'onde  ir- 
rigati  ice ,  la  terre  fertilisée  et  la 
lune  k  lueur  pâle  et  bienfaisante.  On 
a  trouvé  en  1646  plusieurs  statues 
de  Néhallénie  dans  l'ile  liollandaise 
de  Walcheren.  Depuis,  la  France, 
l'Allemagne ,  l'Italie,  en  ont  offert 
d'autres.  Ces  statues  lui  donnent 
toujours  l'air  jeune  avec  un  vêtement 
qui-  la  couvre  de  la  tète  aux  pieils. 
Tantôt  debout  ,  tantôt  a.ssise,  elle  a 
une  corne  d'abondance,  des  fruits, 
un  panier,  un  chien.  Trois  fois  elle 
se  trouve  en  compagnie  de  Neptune; 
de  là  les  diverses  idées  qu'on  s'est 
formées  sur  son  compte.  On  y  a  vu 
tantôt  une  des  Déesses  Mères  (  Voy. 
MiiREs),  tantôt  une  divinité  marine. 
La  ressemblance  de  Nehallenia  et  de 
Nova  Luna  ou  vé«  EAÉKt  a  fait  pen- 
ser que  c'était  une  nouvelle  lune. 
Keisler  y  voit  la  divinité  de  Halle. 
Comp.  l'article  suivant. 

NEHAVI,  que  peut-êlreon  devrait 
lire  Néhalm,  élail  adorée  dans  la 
Germanie,  au  lieu  où  est  maintenant 
la  ville  de  Halle. 

NEITH,  d'oii  quelquefois  cbez  les 
Latins  Neitha,  Nij/^  (  abusivement 
N»)<d),  grande  divinité  de  l'Egypte 
dont  les  Grecs  ont  fait  leur  Athànà 
('A^Jîv^î-Mlnerve)  par  latransposilion 
des  deux  consonnes,  doit  être  prise 
pour  le  dédoublement  femelle  de  Knef, 
c'est-a-dire,  si  nous  employons  la 


NEI 

terminologie  populaire,  pour  sa  fille 
et  pour  sa  femme.  Priiiiilivement  on 
se  figura  Kuef,  ainsi  que  Fia,  ainsi 
que  Fré,  comme  un  être  unique,  sans 
songer  h  le  décomposer  :  plus  tard  , 
lorsque  l'on  se  demanda  comment  a 
Knef  avaient  succédé  Fia, Fré,  on  fui 
conduit  a  l'analyser.  Le  vulgaire, 
pour  qui  Knef  élail  le  père  ,  l'aïeul 
des  deux  Démiurges  inférieurs,  le 
dédoubla  en  mâle  et  femelle  5  les 
prêtres ,  plus  ou  moins  Iranscendan- 
talistes  dans  le  secret  de  leurs  lem- 

Îles,  le  scindèrent  en  deux  facultés, 
desquelles?  le  fait  ici  échappe  h  la 
certitude.  Toutefois ,  on  pressent 
que,  Cfimrae  la  doctrine  populaire  est 
toujours  un  reflet  des  théories  sa- 
cerdotales, l'esseuce  divine  dut  être 
partagée  en  deux  facultés  ,  dont 
l'une  active  et  l'aitlre  passive,  et 
que  celle-ci  devint  le  Knef  femelle 
ou'lNeilh.  Mais  des  facullés  divines 
laquelle  peut  sembler  passive  et ,  par 
suite,  femelle?  Aucune,  sans  doute  , 
si  des  métaphysiciens  modernes  eus- 
sent travaillé  h  la  confection  de  toute 
cette  théologie.  Wais  les  Egvptiens 
décidèrent  que  c'était  rintelligence, 
la  Volonté,  TEnergie,  et  tantôt  ils 
distinguèrent,  tantôt  ils  fondirent  et 
identifièrent  cestrois  classes.  Au  fond, 
on  peut  opposer  l'intelligence  qui  es- 
quisse les  idées  prototypes  des  êtres 
à  la  puissance  volonté  qui  les  réalise  j 
on  peut  aussi  opposer  la  volonté  qui 
«e  détermine  k  créer  à  l'activité  qui 
crée;  enfin  on  peut  opposer  l'énergie 
(^  Wif/na.^  'vi  \)i(fyit)  créatrice  en  re- 
lief Kla  préfoririation.  Intelligence, 
volonté,  énergie,  c'est  Neilh  :  Knef, 
dans  chacune  de  ces  trois  hypothè- 
ses,  est  ou  puissance-volonté,  ou 
puissance  seulement,  ou  activité  pré- 
formalrice.  Notons  encore  qu'assez 
souvent  les  trois  hypothèses  se  réu- 
nissent, et  que  Neitb  se  trouve  intel- 


NEI 


i55 


ligence-volonlé,  intelligeDCe-énergîç, 
volonté  -  énergie.  Maïa-Sakti  aux 
Indes  présente  un  spectacle  ana- 
logue, Maïa  volonté,  Maïa  énergie, 
Maïa  volonté  créatrice  de  Bralira. 
Ou  obj(clera  peut-être  que  Neilh 
dans  ce  système  devrait  précéder  Knef. 
Oui ,  si  un  esprit  géométrique  avait 
présidé  a  la  science  la  plus  antigéo- 
métrique  qui  ail  jamais  été.  M:iis,  si 
chronologiquement  le  projet  précède 
l'action  ,  chronologiquement  aussi 
l'action  s'aperçoit,  se  sent  avant  le 
projet.  Un  acte,  comme  fait  unique, 
nous  frappe  :  c'est  un  peu  plus  lard  que 
nous  l'analysons,  et  que  nous  distin- 
guons le  dessein  qui  a  présidé  a  l'exé- 
cution de  l'acte  même.  Ainsi  en  théo- 
rie on  a  long-temps  admis  Knef  com- 
me première  révélation  démiurgique 
de  l'être,  avant  de  descendre  dans  l'a- 
nalyse de  ses  éléments,  avant  de  se 
dire  que  le  passage  de  la  première  à 
la  seconde  révélation  suppose  la  dé- 
composition de  Knef:  lors  donc  que 
la  décomposition  a  été  opérée,  peu 
importait  que  la  faculté  trouvée  agît 
antérieurement  à  la  faculté  essentielle 
qui  gardait  le  nom  de  Knef.  Elle  avait 
été  aperçue  postérieurement,  en  d'au- 
tres termes,  elle  avait  une  postério- 
rilé  objective,  on  ne  tint  compte  que 
de  l'antériorité  objective  ;  et  Neith- 
inlelligence ,  Neilh  volonté,  Neilh 
énergie  fut  fille-épouse  de  Knef,  c'esl- 
à-dire,  aux  yeux  du  vulgaire,  fut  un 
peu  postérieure  et  un  peu  inférieure 
a  Knef.  D'aulre  part ,  l'idée  de  l'é- 
lernité  ou,  si  on  l'aime  mieux, 
de  la  coéternité  de  la  matière ,  ne 
pouvait  manquer  ddns  une  occasion 
semblable  de  s'offrir  à  l'esprit  des 
théologiens.  Certes,  quand  on  croit 
en  Dieu,  et  que  l'on  proclame  la  ma- 
tière coéterncUe ,  il  n'est  pas  diflicile 
de  traduire  ces  deux  mots  par  activité 
et  passiveté.  Inerte  et  inorgaaiquC| 


l'îfi 


XEÎ 


la  malière  subit  et  souffre  tous  K's 
actes;  Dieu  est  l'agent.  Formor.  pé- 
trir, ordonner,  harmoniser,  voilà  dos 
actes  de  Knef;  prendre  formes,  s'as- 
sujél.'r  aux  lois  de  l'ordre ,  se  inéla- 
morphoser  en  un  tout  harmonieux , 
voilà  le  destin  de  la  matière,  voilà  la 
nature,  voilà  Neilh  passlvelé  de  Knef. 
Knef  et  Neilh  dans  la  trinité  démiur- 
gique  forment  donc  le  Démiurge  su- 
prême, et,  soit  qu'on  les  envisage 
comme  activité  et  matière,  comme 
puissance- volonté  et  iiitelligence,  ou 
ae  toute  aulre  manière  mélaphysii|UP, 
on  a  tour  à  tour  en  eux  on  un  her- 
maphiodite  divin,  Knef-Neith, 
Neilh  -  Knef,  ou  un  couple  pi  olo- 
plaste  ,  K:ief  el  JNeilh.  Ces  deux  for- 
mes peuvent  ensuite  se  ramifier,  et, 
par  exemple,  dans  l'hcrmoplirodilc 
divin,  on  peut  taire  à  volonté  proèmi- 
ner  le  sexe  mâle  ou  dominer  le  sexe 
contraire;  et  dans  les  scènes  où  les 
deux  dieux  se  trouvent  séparés,  on 
peut  rendre  l'androgvnisme  à  l'un 
d'eux.  Ainsi  le  veut  le  système  de 
l'émanation  ;  là,  chaque  personne  est 
l'clre  entier;  la  parlie  égale  le  tout. 
Keilh  égale  soit  Knel-Neilh,  soit 
Knef  et  Neilh  ;  et  quand  l'androgyne 
s'est  divisé  en  deux  sexes,  chaque 
sexe  égal  à  l'androgyue  primilifcon- 
ticnt  en  lui  les  deux  sexes. — Jusqu'ici 
Neilh  u'a  été  considérée  que  comme 
fille-épouse  de  Knef,  et  par  consé- 
quent comme  la  première  des  révé- 
lations féminines  démiurgiqnes,  révé- 
lation inférieure  à  l'irrévélée  Bouto, 
supérieure  à  la  deuxième  forme  dé- 
miurgique ,  Fia.  Il  est  essentiel  de 
remarquer  que  sa  place  dans  la  hié- 
rarchie khaméphioïde  n'a  pas  tou- 
jours été  aussi  expressément  détermi- 
née. Revêtue  du  caractère  complet  de 
la  passivelé,  et  identifiée  à  la  nature, 
elle  fut  prise  pour  l'antique  Bouto  ; 
et  l'erreur  de  ceux  pour  qui  Amoua 


NEI 

était  le  dieu  suprême ,  vu  qu'ils  ne 
connaissaient  point  Firomi ,  le  Pro- 
khainéphis,  ne  pouvait  que  donner  du 
poids  a  celte  opinion  sur  Neilh. 
D'autre  part,  soit  parce  que  Neilh 
s'émane  daus  Alhor ,  fille-épouse  de 
Fta,  soit  parce  que  Knef  et  Fia  sont 
souvent  fondus  en  un  dieu  unique, 
Neilh  fut  proclamée  épouse  de  Fta, 
et  par  conséquent  mère  du  soleil  (Fré) 
fils  de  Fta  et  troisième  Démiurge. 
Celte  seconde  doctrine,  vraiment 
inorthodoxe  au  fond ,  fut  une  des 
plus  répandues  en  Egypte.  Daua 
les  classes  inférieures  Ntith  se  re- 
produit, i"  en  Suuan  el  en  Salé , 
2°  en  Isis;  Souau  déesse  des  accou- 
chements, Salé  personnificalicn  de 
Téther,  Isis  déesse  semi-lerreslre  qui 
tour  à  lour  identifiée  à  chaque  haute 
divinité  femelle  lie  se  retrouve  nulle 
part  mieux  qu'en  Pooh  et  en  Neilh. 
De  là  l'expression  d'Isis-Neith  em- 
ployée par  Creu7,er(5ym^. M. /ï/^^/t., 
p.  619  de  la  Irad.  Guigniaul),  ex- 
pression parallèle  à  celles  d'Isis- 
Alhor,  Isis-Pooh,  Isis-Bouto,  que  l'on 
pourrait  employer  également ,  et  qui 
a  coup  sûr  seraient  chacune  le  cahjue 
fidèle  de  quelque  opinion  égyptienne, 
quoique  probablement  nulle  de  ces 
opinions  n'ait  eu  partout  la  vogue 
populaire,  el  que  du  temps  d'Héro- 
dote peut-être  l'idenlilé  de  Neilh  et 
d'Isis  n'eût  point  encore  été  prêchée 
hors  des  collèges  sacerdotaux.  Reve- 
nons au  caractère  et  aux  propriétés 
de  Neilh.  C'est  surtout  comme  Aa'yef, 
comme  verbe,  que  M.  Guigniaut,  en 
parlie  d'après  Creuzcr  (notes,  page 
828  du  t.  I),considère  Neilh. t>  Knef, 
«dit-il,  qui  est  toute  lumière  et 
«  toute  vie,  qui  est  a  la  fbis  mâle  et 
«  femelle,  voulant  créer  dans  la  piè- 
ce nllude  de  la  force,  la  parole  divine 
«  fil  éruption  daus  le  pur  ouvrage  de 
«  la  nature ,  et ,  s' unissant  avec  le 


NEI 

«  démiurge  Knef  dont  elle  partageait 
«  l'essence,  elle  mit  au  monde  Fia.  » 
D'après  ceci,  Neilb  est  donc  parmi 
les  Rhaméphioïdes  la  grande  mrrc 
par  excellence j  comme  hermapliro- 
dife.el  parlageant  la  puissance  virile 
de  Knet',  elle  est  génératrice  et  mo- 
trice; femme  du  bouveraiii  architecte 
du  monde,  elle  est  conservatrice  et 
gardienne;  femme  du  plus  puissant 
des  Rhaméphis ,  elle  domine  sur  les 
régions  supérieure  et  inférieure  (la 
force  accompagnée  de  sagesse  et  dou- 
blée par  elle  ,  tel  est  sou  apanage); 
femme  du  principe  bienfaisant,  elle 
domte  le  génie  du  mal  et  punit  les 
pervers;  c'est  la  grande  castigalrice. 
Toutes  ces  attributions  se  concilient 
les  unes  avec  les  antres,  et  jusqu'à  un 
certain  point  se  supposent  mutuelle- 
ment. N'en  voir  qu'une,  c'est  être 
exclusif  et  faux,  c'est  méconnaître  le 
génie  égyptien.  Tel  a  été,  par  exem- 
ple, le  défaut  de  Vogel  dans  son  Essai 
sur  la  religion  égyptienne  (  A'e/'i'wc/i 
iib.  d.  Rel.  d.  ait.  vS^g.,  p.  i36), 
lorsque,  sur  la  foi  de  Platon  (  t.  IX  , 
290  de  l'éd.  Dcux-P.),  d'Hérodote 
(II,  169)  et  d'autres  auteurs  relati- 
vement modernes,  il  dit  que  Neitb  en 
Egypte,  comme  Athànâ  en  Grèce,  fut 
la  déesse  de  la  sagesse.  Conformé- 
ment aux  assertions  toujours  étroites 
et  gratuites  de  Dornedden  {P/iarné- 
jiophis,  10,  etc.,  3i,  etc.,  67,  etc.), 
faut -il  admettre  que  Neilh,  à  la 
fois  déesse  et  signe  hiéroglyphique , 
représentait  ii  l'œil  ainsi  qu'à  l'esprit 
tles  dévots  l'année  de  trois  cent 
soixante-cinq  jours  un  quart  opposée 
à  l'année  ancienne  de  trois  cent 
soixante-cinq  jours,  ou  la  différence 
de  six  heures  qu'il  y  a  entre  ces  deux 
années,  ou  enfin  un  cycle  d'années  au 
bout  duquel  le  commencement  de 
l'année  de  trois  cent  soixante-cinq 
jours  et  de  l'autre  coïncident  (ce  cy- 


NEI  i$7 

clé  serait  de  U60-1461  ans)?  Nous 
ne  le  pensons  pas.  A  part  même  Tex- 
clusivilé  du  système,  rien  ne  prouve 
que  jamais  INeilh  ail  passé  en  Egypte 
pour  un  cycle,  pour  une  période  quel- 
conque de  temps;  et  cette  idée  d'ail- 
leurs seiait  assez  difficile  a  concilier 
avec  les  allribulions  élevées  que  nous 
avons  reconnues  appartenir  h  la 
déesse.  Toutes  sont  prouvées,  el  par 
les  caractères  emblématiques  des  ani- 
maux en  rapport  avec  PSeilh ,  et 
par  les  monuments.  Ainsi,  par  exem- 
ple ,  d'une  part  nous  voyons  le  vau- 
tour accompagner  presqut  toutes  ses 
images,  la  lète  mâle  du  bélier  généra- 
teur s'élever  sur  son  cV^rps  ainsi  que 
sur  celui  d'Amoun  ,  1,  lion  à  la  fois 
symbole  de  force  irrésistible,  dé  flam- 
me ardente  el  de  sources  fécondes, 
lui  prêter  tantôt  sa  lète ,  tantôt  son 
corps  (de  là  le  sphinx)  ;  et  de  l'aulre 
les  monuments  accumulés  dans  les 
musées  européens  nous  la  montrent 
successivement  généialrice  (tant  mâle 
que  femelle),  motrice  et  conserva- 
trice, castigalrice.  JNous  nous  borne- 
rons à  citer  1°  les  effigies  habituelles 
qui  représentent  une  femme  ailée  as- 
sise (quelquefoisagenouillée)  et  coiffée 
du  pchenl  placé  sur  la  dépouille  du 
vautour;  2"  les  innombrables  figures 
de  INeith  léontocépliale  (c'esl-h-dire  à 
tête  de  lion  ;  voy.  Desc.  de  l'Fg., 
t.  IV,  pi.  V,  et  les  ciselures.de  la  tête 
colossale  du  musée  Durand,  aujour- 
d'hui au  musée  égyptien  du  Louvre); 
3°  la  magnifique  Neith  castigalrice, 
écrasant  le  serpent-géant  Apoph  ,  re- 
présentée dans  la  pi.  vi  stptits  du 
Patith.  ég.  de  Cliampollion  jeune; 
4"celledu Rituel  funéraire (111'' part. , 
§m,  form.  2o)qui  présente  la  déesse 
avec  le  phalle  (l'organe  mâle)  et  trois 
tètes,  dont  l'une  humaine  coiffée  du 
pchent,  l'autre  léonine  avec  deux  pal- 
mes ,  la  troisième  de  vautour  anssi 


i55 


NZI 


NEI 


^ 


avec  les  deux  palmes;  5°  le  bas-relief 
de  Kalabclié(Gau,y^«f.  delaNub., 
pi.   XXI ,  n"  I  ;  Pantli.  égypt.  de 
CliampoUion  jeune,  pi.  vi  quinq.\ 
où  Neith  criocépliale,  avec  les  chairs 
vertes   ou  d'un  bleu   foncé   (  comme 
Amoim),  porte  sur  la  paire  de  cornes 
caraclcristiques  du  bélier  la  coiffure 
s^fmbuliqiie  de  Souan  (Ilithje  égyp- 
tienne); ou  remarque  que  derrière 
elle  se  trouve  Souan  même,  et  que 
sur  le  bas-relief  suivant  Knef-Neilh 
dédoublé  (ail  place  a  un  Âmoun-Ra, 
assisté  de  Neilh  sous  sa  forme  divine 
et  coiffée  du  vautour  5  6"  le^  Kelth-  . 
Panthécs  dont  une   image  se  trouve 
représentée  dans  le   même  Panlh. 
ég.fSXler). — Ncilh  était  particulière- 
ment adorée  a  Saïs  dans  PEgypte  in- 
férieure.  Une  iiffecription  célèbre  lui 
faisait  dire  :  «  Je  suis  tout  ce  qui  est, 
«  qui  a  été  et  qui  sera  :  le  soleil  est 
a  mon   fils   (0»    f/u    KXfitii    irtKiï  ., 
a  nXits  £7i»£To),  et  nul  mortel   n'a 
K  soulevé  mon  voile.  »    Ces  paroles 
mystérieuses    et    emphatiques,    que 
Dornt'ddeu  commente  dans  le  sens  de 
son  explication  (passage  cité),  s'en- 
tendent plus  naturellement  du  carac- 
tère tour  a  tour-métaphysique  et  cos- 
mogonique  prêté  a  Neilh  que  d'un 
cycle  solaire  ou  autre.  Dieu  est  tout, 
en  conséquence  INeilb  est  tout.  Elle 
l'est  bien  plus  encore  comme  partie 
intégrante  du  premier  Démiurge.  Ce 
premier  Démiurge  identique  au  Pro- 
kbamépbis    est    ce   qui   a  été  (  l'ir- 
révélé);    identique   aux    deux    Dé- 
miurges qui  suivent,  est  ce  qui  sera  : 
il  est  trop  évident  qu'il  est  ce  qui  est. 
Maintenant  de  Knei-JNeitb  passons  à 
Knef  et  Neith,  c'est-a-dire  au  dédou- 
blement du  grand  Androgyue.  Epouse 
de  Fia  (identifiée  a  Knef),  Neith  en- 
fante Fré  le  soleil  j  épouse  de  Knef, 
Neith  enfante  la   lumière  qui  devient 
(iyi/fr«)  le  soleil ,..  c'est-à-dire  qui 


s'individualise  en  une  troisième  for- 
me, et  devient  Fré  :  ainsi  d.ins  les 
deux  hypothèses rinscriplion  dilvrai. 
NulmorUl,  ajoute  Nellli,  n'a  soulevé 
mon  voile.    C'est  ici    Ncith-Bouto, 
Neith-nult  profonde  ,  Neith-nature  , 
Neilh- abîme  d'iramcusilé,  ou  mieux, 
eu  mariant  toutes  ces  qualifications, 
Neilh-  immense   et  obscure    nature 
{' A^Kyi-^va-if)  dans  la  plus  haute  ac- 
ception, qui  prononce  un  oracle  vrai 
encore  de  nos  jours,  incontestable  au 
temps  des  anciens.    A  la  porte  du 
temple   de    Saïs    élaient    figurés  un 
vieillard  et  un  enfant  (Plut. ,  lais  et 
Osir.,  p.  80  de  l'éd.  Squire).  Vrai- 
semblablement ils  représentaient  Pi- 
romi,  l'irrévélé,  et  la  première  révé- 
lation ,  Knef,  ou  mieux  Knef-Piromi 
et  Fia  5  on  pourrait  dire  aussi  l'éter- 
nitc  elle  temps.  On  célébi  ait  annuel- 
lement in  Egypte  une  fête  magnifique 
en  l'honneur  de  Neilh.  Elle  consistait 
principalement  en    illuiiiinations    et 
peut-être    en    lampadodromies    ou 
courses  k  la  lueur  des  flambeaux.  On 
devine  que  cette  cérémonie  se  réfère 
à  Neilh,  mère  et  épouse  de  Fia.  Les 
poêles   et  les  mylno^raphes   gréco- 
romains  onldonc  Irouvé  dansla  Neilh 
égyptienne  tous  les  éléments  de  Mi- 
nerve ,  la  haute  sagesse  ,  la  force,  la 
virilité  ;  et  destradilions  anciennesou 
transcendantales,  ordinairement  en- 
veloppées d'une  obscurité  profonde, 
s'expliquent  aisément  par  la  comna- 
ralson  des  deux  théologies.  Ainsi  Mi- 
nerve est  prise  pour  la  région  supe'- 
rieurede  l'air,  taudis  que  Junon  n  est 
que  l'air  inférieur  elsublunairequi  oc- 
cupe l'espace  entre  l'clber  el  l'almo-- 
sphère    terrestre  :  c'est  que   Neith 
khaméphioïde    s'émane      en    Salé, 
déesse-dynaste.  Minerve    est  femme 
de  Vulcaln(Cic.,iF.  des  dieux,  III, 
21):  Neilh  a  été  prise  pour  fille- 
épouse  de  Fta.  Minerve,  ait-on,  fut 


I 


NEL 

fille  du  ISil  :  c'est  qu'Araoun  ou  Knef 
est  pris  souvent  pour  ce  fleuve  {l^oy. 
Knef  et  ]Noute-Fen).  Minerve  naît 
du  cerveau  de  Jupiler  :  ]Neilh  est  la 
fille  intellectuelle  d'Anioun.  D'autres 

{joints  corrélatifs  sont  indiqués  à 
'art.  Minerve.  Selon  les  élymolo- 
gistes,  Neilli  (en  cgyptienINAiEiouiT) 
signifiai l/bn^/û/rice  du  lempsfixe, 
ou  bien  je  suis  venue  de  moi- 
même.  Nous  ne  croyons  guère  plus 
a  Tune  de  ces  explications  qu'à  l'autre. 
NÉLÉËjNeleus,  N»fAewf,  fds  de 
Neptune,  ou  de  Crélhée  .  ou  d'Hippo- 
coon,  et  de  Tyro  ,  fut  exposé  par  sa 
mère  avec  Pélias,  son  frère  jumeau,  et 
recueilli,  ainsi  que  lui,  pardes  bergers. 
Plus  tard  P-clias  tua  sa  mère  à  l'au- 
tel de  Junon.  Puis  tous  deux,  se  mi- 
rent en  possession  des  étals  de  Sal- 
monëe,  leur  aïeul,  sur  Ks  confins  de 
l'Élide  et  de  la  Messénie.   C'est  là 

3 ne  Nélée  bâtit  Pylos,  que  d'autres 
isent  avoir  été  l'ouvrage  d'un  héros 
éponyme  dépouillé  par  Nélée,  épousa 
Cbloris  de  laquelle  il  eut,  outre  Péro, 
trois  fils,  Nestor,  Périclymène,  Chro- 
mius,  et  s'unit  par  des  liens  moins 
graves  a  d'autres  femmes  qui  le  ren- 
dirent père  de  neuf  enfants:  Taurus, 
Astérius,  Nicaon,  Déimaque,  Eury- 
bios,  Epiléon,  Phrasis ,  Antimène, 
Alaslor,  étaient  leurs  noms.  Des 
douze  jeunes  béros  que  nous  venons 
de  citer  ,  le  Sclioliaste  d'Apollonius 
retranche  Nicaon,  Epile'on,  Phrasis, 
Antimène,  Chromius,  et  les  remplace 
par  Pylaon,  Epidaiis,Chadios,  Eury- 
mène,  Evagoras.  Pbylaque  lui  ayant 
volé  des  bœufs,  il  promit  sa  fille  Péro 
à  celui  qui  les  lui  ferait  recouvrer. 
Mélampe  remplit  cette  condition , 
et  obtint  la  main  de  la  princesse. 
Mais  d'abord  il  fut  employé  un  au 
de  suite  par  sou  beau-père  à  des 
œuvres  serviles,  et  même  il  fallut 
<ju'il  lui  cédât  toutes  ses  richesses. 


NÉL  i59 

Nélée  soutint  la  guerre  contre  les 
Arcadiens,  et  leur  livra  bataille  près 
du  fleuve  Céladon  et  à  Phét-  sur  Jar- 
danej  Nestor  y  tua  Ereuthalion.  Est- 
ce  avant  ou  après  cette  expédition 
que  Nélée  refusa  de  purifier  Hercule 
du  meurtre  qu'il  avait  commis  sur  la 
personne  d'iphilus,  ou  plutôt  osa  ré- 
sister aux  prétenlidiis  du  héros  de 
Tirynlhe,  qui  voulait  lui  faire  recon- 
naître la  suzeraineté  des  roisd'Argos.^ 
Ce  qu'on  donne  pour  certain,  c'est 
que  tous  les  Néléides  re.>lèrent  sur 
le  champ  de  bataille,  à  rexceplion 
de  Nestor  qui ,  trop  jeune  alors  pour 
prendre  part  à  la  guerre ,  avait  été 
envoyé  à  Gérénie.  Quelques  poètes 
arrachent  au  massacre  général  Péri- 
clymène qui  fut  changé  en  aigle.  Né- 
lée conserva  pourtant  le  trône.  Il 
mourut  dans  sou  lit  à  Corinthe  ,  et 
Sisyphe ,  son  ami .  l'ensevelit  si  mys- 
térieusement que  Nestor  lui-même  ne 
put  savoir  où  était  son  tombeau.  — 
Nélée  était  un  roi  pasteur,  et  les 
mytiiologucs  lui  donnent  des  trou- 
peaux delà  plus  grande  beauté.  Il  fit 
venir  de  Pylos  des  bœufs  que  toute, 
la  Grèce  admira.  Ses  chevaux  étaient 
magnifiques;  aussi  envoya- 1 -il  un 
quadrige  à  Olympie  pour  y  disputer 
le  prix.  Chevaux  et  char ,  tout  fut 
perdu  pour  lui;  mais  quelque  temps 
après ,  Nestor  reconquit  par  son 
adresse  ce  que  les  envoyés  de  son 
père  avaient  perdu.  Nélée  est  un  de 
ceux  qu'on  donne  comme  avant  fondé 
ou  renouvelé  les  jeux  Olympiques. 
Nestor,  son  fils,  lui  succéda.  Les  Né- 
léides, ses  descendants,  étaient  divi- 
sés en  quatre  branches  quand  les 
He'raclides  envahirejit  le  Péloponèse. 
—  NÉLEE,  fils  de  Codrus  et  frère  de 
Médon,  exclu  du  trône  par  l'oracle 
qui  prononça  en  faveur  de  son  frère , 
alla  fonder  un  établissement  à  Milet, 
et,  afin  de  pourvoir  de  femmes  sa  co- 


i6o 


NÉM 


lonie  ,  fit  tuer  les  Milésiens  par  les 
aventuriers  qui  s'étaient  associés  h  sa 
iorlune. 

NÉMAL'SE,  IS'emausus,  héros 
éponvme  de  INîme.s,  JSernansus. 

ISÉMEUH  (vulg.  Nemedhius  ou 
Nemethius)  est,  dans  la  mvlliologie 
irlandaise ,  un  Hls  de  Dnaiuliain  ou 
Âdnamliain ,  et  a  de  Maclia  ,  son 
épouse  ,  quatre  fils  ,  Si-Tiearna , 
Aixiun  ,  Jarbhaiiiicl-Faid  ,  Fergus 
Leallidearg.  ISul  doute  que  tous  ces 
noms  ne  puissent  être  pris  pour  les 
noms  de  héros  réels.  Maclia  est  la 
divinité  suprême  d'une  race  sacerdo- 
tale, les  Tuallia-Dadan  ;  les  quatre 
fils  de  Kémedli  en  sont  les  dieux  su- 
ballerneb.  Kémedh  lui-même  émane 
en  (juelque  sorte  de  Macba.  Un  agen- 
cement moderne  lui  donna  Dnam- 
Lain  pour  père.  Lue  fois  ceci  com- 
pris, il  devient  clair  que  par  ^'éraedh 
est  représenté  un  groupe,  un  clan,  un 
peuple  irlandais.  Ce  peuple  sera  nom- 
mé les  jNémèdes.  Plis  comme  peuple 
qui  émigré,  n'importe  d'où,  el  va 
chercher  fortune  en  Irlande,  il  se 
place  entre  Barlolam  et  les  Fiibolg. 
Tout  semble  prouver  qu  il  est  identi- 
que aux  Tuatna-Dadan  j  seulement  il 
faut  noter  que  la  nation  sacerdo- 
tale désignée  par  ce  nom  a  une  ma- 
gie et  des  lois.  Magicienne,  elle 
affectionne  le  nom  de  Tualha-Dadanj 
pourvue  de  lois  et  docile  à  ces  lois, 
e  le  se  nomme  INéraèdes.  Neimeadh 
était  le  nom  des  antiques  lois  d'Ir- 
lande. Elles  étaient  appliquées  par 
des  juges  sacerdotaux  dont  on  appe- 
lait les  sentences  Breilh-JNemcadh. 
Ces  lois  étaient  en  vers  dans  l'origine; 
d'où  Nemead  dans  le  sens  de  poè- 
me, et  Naom,  JSeiintad  pour  juge 
pontifical.  —  Les  Kémèdis  étaient 
de  race  gaélique,  et  passent  dans 
l'histoire  tabuleuse  de  l'ancienne  Ir- 
lande pour  être  tombés  sous  le  joug 


NÉM 

des  étrangers,  des  Afrigh,  des  Fir* 
bo'g  et  même  des  guerriers  indigè- 
nes, Tuatlia-Dadan  ,  tpii  h  leur  loui 
plièri  nt  sous  Tcpée  des  Mileadhs  ox 
Scuiths.  Soumis,  les  uns  vécurent  sous] 
le  joug  des  pirates  (Afrigb)  jusqu'à] 
l'arrivée  des  Firbolg.  que  l'on  a  vou-J 
lu  à  tori  rattacher  à  la  race  des  Né' 
mèdes ,  les  autres  vidèrent  le  pays. 
Originellement  pourtant  ils  en  avaientj 
vaincu  les  antiques  possesseurs.  Leuri 
di  meures,  dit-on,  furent  conslruilesl 
par  les  Fomlioraïces  ou  Afrigh.  Cela>| 
veut  bien  dire  que  les  Afrigh  avaienlî 
fléchi  sous  leurs  armes,  et  qu'en  bal« 
tant  les  Némèdes  ils  ne  tirent  quï 
prendre  une  éclatante  revanche. 
Valencey  a  fait  des  Némèdes  une  co- 
lonie nu'.iiidique.  Il  n'est  pas  besoii 
de  faire  sentir   le  ridicule  de  celte 
idée.^ 

INÉMÉE,  Ne^U,  Nemea,  fillet^ 
du   dieu  -  fleuve  Asope  ,   donna   soi 
nom  à  unr  ville  de  l'Argolide. 

INÉMESIS,  N£^£<r<ç,  passe  vulgai- 
rement pour  la  Vengeance.  Puis,  eUi 
élargissant  de  plus  en  plus  ce  rôle,' 
pour  la  gi ande  Furie, pour  la  Justice,, 
pourlmarmèneoulaFortunejusticièroj 
souveraine,  de  qui  tout  émane.  Puis, 
en  l'individua'isant  derechef,  pour  la 
haute   génératrice    et   pour  la  lune 
prolotvpique.  Ceci  posé,  ou  compren- 
dra qu'on  l'ait  confondue  avec  Hé- 
cate, Proserpine,  Clotho,  Carmente, 
avec  Dicé ,   Thérais,  Adrastée ,  avec 
Tyché  (la  Fortune)  et  toute  la  longue 
série  des  personnifications  du  destin^ 
avec  les   Vénils,    Ilithye  ,   Latone, 
Léda,  Junon,    avec  Lis.    On  com- 
prendra qu'on  l'ait  faite  successive-| 
ment  (ille  de  la  Nuit  seule  (Uésiode),| 
de  la  ]\uit  et  deTErèbe  (Hvgin) ,  d< 
rOcéan  (Pausar.ias) ,  de  la  Justice 
(Ammien  MarccUiii),  de  Jupiter  et  d« 
la  Nécessité  (anonyme^wr  LalUmt 
que)>  Ofl  comprendra  que  cette  fille 


NEM 

de  Jupiter,  suivant  les  uns,  ail,  sui- 
vant les  autres,  joué  près  de  lui  lo 
rôle  d'épouse.  Il  la  posséda  endormie: 
lui-même  avait  alors  la  forme  d'uu 
cygne.  Un  œuf  provint  de  cette  union 
clandestine,  et  Mercure  alla  le  porter 
à  Léda  qui  se   chargea  de  le  faire 
éclore.  On  comprendra  que  uous  re- 
jetions bien  loin  la  vulgaire  étyraolo- 
gie  vifAta-^Vi  s'indigner,  pour  voir  dans 
ce  uom  la  grande  mère,  nama-iça , 
namceca.  Nul   doute  que  la  déesse 
Vengeance  ne  soit  une  Bhavani  Icani 
chez  qui  prédomine  parfois    la  tace 
Kali,  Doiirga  qui  fait  verser  des  lar- 
mes et  ruisseler  du  sang,  Mabécha- 
raourdini  qui  tue  ,  perce ,  lacère,  as- 
somme, flagelle,   asphyxie,  euipoi- 
soune.  Celte  Bhavani,  sombre  exter- 
minatrice, n  en  est  pas  moins  la  blan- 
che lune  dont  les  rais  d'argent  trem- 
blent moelleusement  dans  l'eau  bleuâ- 
tre du  Gange,  et  le  Gange  qui  roule 
la  fraîcheur  et  la  fertilité  sur  sept 
cents  lieues  de  terre  ,  et  la  terre  que 
bariolent  les  lleurs,  veloutenl  les  her- 
bes et  couronnent  les  fruits  :   plus 
haut  encore,  Bhavani  est  la  passiveté 
nature,  la  mère  universelle,  la  grande 
monade  euccinte  de  tous  les  dieux. 
Si    l'on    se  rappelle   la  danse  pro- 
fonde  pendant  laquelle   s'échappent 
del'amplesein  de  la  nouvelle  Hirania- 
gharba  les  trois  œufs  trimourtiquesj  si 
l'ou  rapproche  de  cette  grandiose  cos- 
mogonie sivaïle  celle  du  bralitnaïsrae 
qui  sous  Brabmâ  (le  dieu  au  beau  cy- 
gne-aigle) montre  Brahmanda,    œuf 
du  monde  ,    œuf  imique  cette   fois, 
n'est-il  pas  évident  que  l'œuf  orphi- 
que  est  l'œuf  pondu  par  INémésis , 
couvé  par  Léda,  porté  par  Mercure, 
le  dieu  transition,  de  la  déesse  con- 
ception à  la  déesse  incubation,   n'est 
qu'un  Brahmanda  né  de  Bhavani  par 
Brahm-Hainsa?  —  Hellénisée,  INé- 
mésis surveille,  juge,  châtie,  com- 


Î^EM 


i6i 


mande  a  l'aveugle  destin,  fait  ad  libi- 
tum sortir  de  l'urne  fatale  la  boule 
blanche  ou  la  boule  noire ,  humilio 
les  superbes ,  courbe  les  notabilités 

?  [n'enorgueillissent    bonheur,    génie, 
orce  où  beauté,  accable  surtout  du 
poids  de  sa  haine  l'enfant  coupable  du 
crime  de  lèse-paternité,  et,  au  dire  des 
poètes  erotiques,   venge    les  amants 
malheureux  des  infidélités  qu'ils  pleu- 
rent, le  jour  où  ils  s'aperçoivent  qu'où 
les  trahit.  — Sans  dire  que  Perses, 
Assyriens,  Babyloniens,  Ëlhiopiens , 
l'adorèrent;  sans  rappeler  que  quinze 
chapelles  lui  furent  dédiées  sur  les 
bords  du  lac  Mœris  (Némésis  serait 
alors  une  Tithrambo);  sans  assurer 
enfin  que  les  Etrusques  l'aieut  connue 
et  couronnée  d'un  diadème  de  pierres 
précieuses,  on  peut  admettre  que  sou 
culte  s'introduisit  dans  les  contrées 
subdanubiennes  par  Orphée  (les  éco- 
les orphiques,   bien  entendu);   que 
Samos ,    Ephèse  ,    Smyrne ,  Sidon , 
l'honorèrent  sous  son  nom  classique  ; 
qu'elle  eut  un  temple  a  Rhamnojile 
(d'où  le  nom  local  de  Rhamnusie); 
qu'une  fois  répandue  dans  l'empire 
romain,  elle  eut  un  autel  au  Capitule, 
un  temple  aBrixia,  des  sacrifices  ea 
mille  lieux  différents. —  Oh  la  repré- 
sentait couverte  d'un  voile,  que  vul- 
gairement on  explique  par  l'impéué- 
trabililé  des  vengeances  célestes;  mais 
Bouto,  mais  Isis  le  portent  ce  voile, 
et  ne   sont  pas    essentiellement  des 
déesses  de  la  vengeance.   Ailleurs , 
c'est  une  roue  qu'elle  a  sous  les  pieds , 
ou  un  gouvernail  qui  sert  de  support 
a  sa  main,  ou  un  vase  et  une  lance 
qu'elle  lient  dans  une  altitude  majes- 
tueuse. Tous  ces  emblèmes  sont  hin- 
dous ,    sauf  le   gouvernail.  Avec  la 
roue ,  ses  pieds  foulent  un  compas 
dans    la  statue  de   Brixia;  de   plus 
uuc  couronne    de    laurier    orue    sa 
tête.   Ailleurs   le   narcisse  remplace 


lôa 


ISE.N 


9t\\e  feuille  sévère  ,  et  rappelle  le 
Padma  ou  Kamala  de  Tlnde.  Des 
ailes  ,  soit  lomhanles ,  soit  éployées  , 
an  griffon  qui  semble  voler,  un  glaive, 
on  péplum,  enfin  la  couronne  radiée, 
voilà  les  autres  attributs  de  INémésis. 
—  On  voit  cette  déesse  auprès  de 
Jnnon,  d'Isis,  d'Ariadne,  qu'elle  sem- 
ble consoler.  Plus  souvent  encore  elle 
est  seulfe.  Telle  était  la  magnifique 
utatue  qu'Agoracrilf,  élève  de  Phi- 
dias ,  avait  faite  pour  les  habitants 
de  Rhamnonte;  elle  avait  a  la  main 
?ine  branche  de  frêne  ou  de  pommier. 
— ISémésis  se  dédoublait  en  une 
bonne  et  une  mauvaise  Némésis  :  c'é- 
taient des  Kémèses(»t;<£<rt»f  ).  Il  est 
aussi  question  dt^Némèsesdont  ou  ne 
fixe  pas  U  nombre ,  dout  on  ne  ca- 
ractérise pas  les  fonctions.  Ce  ne  sont 
3ue  desNémésis  siiballenies.  Alexan- 
re  ,  dit-on,  reçut  d'elles  en  songe 
l'ordre  de  rebâtir  Smyrne.  On  les 
voit  avec  Jupiter  (Venuti.  Mus. 
alb. ,  xxxni ,  I  )  près  d'Apollon 
(MoreW,  Aléclaillons  du  roi,  vni, 
8) ,  et  dans  la  maiu  de  Cybèle  (ouv. 
d"*,  xvii). 

INÉMESTRIN,  TSEMESTBiNrs, 
dieu  latin,  présidait  aux  forêts,  et, 
quand  les  Romains  commencèrent  a 
connaître  la  mythologie  grecque,  so 
transforma  en  souverain  desDryades, 
Faunes  ,  it  autres  divinités  des  bois. 
NÉMÉTOR,  Nt^traip,  e'est-a- 
dire  le  ï^engeur  :  Jupiter,  auquel 
appartiennent  toutes  les  fonctions,  et 
consé(pienmient  celle  de  punir  le  cri- 
me. Ici  le  surnom  est  remarquable, 
et  a  cause  delà  foudre  dont  on  l'ar- 
me principalement  dans  ce  but ,  et  h 
cause  de  ses  liaisons  avec  INémésis,  la 
vengeance  personnifiée. 

TSiÉiNlE,  ]Sa:nia  ,  le  chant  funé- 
raire personnifié  ,  avait  un  temyjte 
hors  de  Rome  ,  près  de  la  porte  Vi- 
ininalc.  On   l'invoquait  dès  le  com- 


NÉP 

meucement  de  l'agonie. On  assure  que 
les  vieillards  surtout  l'imploraient. 
On  peut  comparer  lalèrae  ,  qui  est 
aussi  un  cbaut  de  deuil  personnifié,  et 
Linos,  qui  semble  avoir  été  dans  le 
même  cas. 

INÉOPHROxN,  Kiivf^,,  fils  de 
Timandra,  fut  métamorphosé  en  vau- 
tour ])3T  Jupiter  (/  .  Er.vPE). 

1SÉ0PT0LKME.  F.  Pyrrhus. 

3NÉPE1STHE,  ISkpenthes,  n»;- 
woCijV,  Apollon.  Ce  dieu,  par  sa  pure 
lumière,  dissipe  la  tristesse.  Ce  serait 
en  quelque  sorte  le  Népenthe  per- 
sonnifié. Le  INépenïhe  ,  selon  l'O- 
dyssée, est  une  plante  d'Egypte  qui, 
mêlée  au  vin,  endormait  la  dou- 
leur. Hélène  en  sert  a  Télémaque  à 
la  table  de  Ménélas.  Le  poète  n'ou- 
blie pas  de  dire  qu'elle  l'avait  reçu 
de  la  reine  Polydamua  ,  femme 
de  Thouis.  Il  est  absurde  de  voir 
dans  cette  plante,  avec  Plutarque  , 
Athénce,  Pl'ilostrafe  et  Macrobe,  les 
contes  qu'Hélène  faisait  aux  convives 
pour  les  divertir.  Evidemment  le  N«- 
penlhc,  dans  l'idée  du  poète,  étail,  de 
l'opium,  ce  qui  ne  signifie  certes  ni 
qu'on  le  distillait  du  temps  d'Homère 
avec  l'exquise  perfection  qu'on  j  met 
aujourd'hui,  ni  que  l'on  ne  pensât  pas 
au  nectar  et  a  l'amnla-ambrosie  en 
parlant  du  Népeuthc  (R.  :  v» ,  nég.  ; 
TTivêog ,  deuil). 

NÉPHALION,  N?(p<tA/ô/y,  un  des 
fils  de  Minos. 

INÊPHÉLÉ  ,  Nivix»,  (  ce  mot 
veut  dire  nuée)  :  i"  première  ou 
deuxième  femme  d'Athamas,  mère  de 
Phryxos  et  d'Hellé  {Voy.  Athamas,' 
Chrysomalle,  Ino);  2°  nymphe  sub- 
stituée par  Jupiter  à  Junon  et  prise 
pour  elle  par  Ixion ,  dont  elle  eut  les 
Centaures.  La  lable  vulgaire  parle 
d'une  nuée  5  mais  on  vient  de  voir 
que  nuée  se  dit  eu  grec  IXéphélé. 

INÉPHOS,  m^cç,  fils  d'Hercule. 


4 


NEP 

NEPHTÉ,]NEPHTHYS.  Foy. 
Kefté. 

INÉPIA,  N»)^/«6,  fille  de  Jasoa  , 
épousa  Olympe,  roi  de  Mjsie ,  et 
donna  son  nom  aux  champs  uépiens. 

INEPTUrsE,  Neptuaus  ,  et  en 

grec  POSÎDAN  ou  PosÎdÔn,  ITocrt/J*», 

Uoa-itim  ,  dieu  des  mers  ,  selon  les 
Grecs  et  les  Lalins,  passait  pour  fils 
de  Saturne  et  de  Rhée,  el  en  consé- 
quence pour  frère  de  Jupiter,  de  Plu- 
ton,  de  Junon,  de  Cc'rès  et  de  Vesta. 
Comme  ses  deux  frères  ,  il  fut  cache 
par  sa  mère  qui,  au  lieu  de  l'enfant, 
donna  au  vorace  Saturne  une  pierre 
énorme  h  dévorer.  Quelques  mytho- 
logues substituent  h  celte  pierre  un 
jeune  poulain. ChezHygin(/izA.cxxx) 
c'est  dans  la  mer  qu'elle  va  lui  cher- 
cher un  asile ,  et  c'est  Saturne  lui  • 
même  qui  l'y  cache.  Tzetzèslui  donne 
pour  nourrice  Arné,  ou  Arno.  Nep- 
tune aida  Jupiter  dans  sa  lutte  con- 
tre lesTitanide.s,puisdansla  Giganlo- 
machie.  C'est  lui  qui,  lors  du  dénoue- 
ment de  la  première  de  ces  guerres, 
enchaîna  les  Titans  dans  le  Tartare, 
et  en  ferma  l'entrée  avec  des  chaînes 
de  fer.  Lorsque  les  trois  frères  victo- 
rieux se  partagèrent  Fcmpire  du 
monde  ,  Neptune  eut  les  mers , 
et  pour  sceptre  le  trident.  Dans 
la  Giganlomachie ,  il  combattit  le 
géant    Polybote  ,    le    contraignit    à 

Prendre  la  fuite  ,  et  dans  sa  course 
écrasa  sous  le  poids  de  Tîle  de 
INisyre ,  qu'il  lui  jeta  sur  le  dos. 
Lors  de  la  retraite  des  dieux  en 
Egypte,  il  les  accompagna  sous  la 
forme  de  cheval.  Plus  tard,  il  prit 
part  h  la  conspiration  d'Apollon  con- 
tre Jupiter,  et  résolut  de  mettre  aux. 
fers  ce  maître  des  dieux.  Mais  le  roi 
de  l'Olympe  découvrit  le  complot  et 
condamna  ses  deux  ennemis  a  vivre 
un  an  sur  la  terre.  C'est  alors  qu'A- 
pollon el  Neptune  réunis  éleycrcnt 


NEP 


i63 


les  murailles  de  Troie.  Lorsqu'ils  eu- 
rent achevé  ce  travail,  Laomëdon  leur 
refusa  le  salaire  convenu;  la  part  de 
Neptune  consistait  en  chevaux.  Nep- 
tune, irrité,  submergea  le  pays,  puis, 
se  laissant  fléchir  par  les  prières  de» 
Troyens,  consentit  à  n'envoyer  contre 
eux  qu'un  monstre  marin   auquel  on 
finit  par  promettre,  pour  arrêter  ses 
ravages,  une  jeune  fille  k  dévorer  cha- 
que jour.  Hésione,  fille  de  Laomc- 
don ,  venait  d'être  désignée  par  le  sort, 
et  d'être  attachée  au  rocher  fréquente 
par  lemonstre,  quand  Hercule  parut, 
et,  moyennant  un  prixc  onvenuavecle 
roi  de  Troie  ,  tua  le  colosse  dévasta- 
teur. Andromède,  délivrée  par  Per- 
sée,  offre  les  mêmes  faits  sous  d'au- 
tres noms,  et,  la  aussi,  c'est  Nep- 
tune qui  a  envoyé  l'animal  marin  qui 
maage  les  jeunes  filles.  Nous  voyons 
aussi  Neptune  envoyer  h  l'Attique  le 
terrible  taureau  de  Marathon;  et  k  la 
Crète  le  beau  taureau  que  Minos  ne 
veut  point  sacrifier  ,  et  qui  ensuite 
devient  l'objet  de  l'ardente  passion  de 
Pasiphaé.  Enfin ,  dans  Athènes,  quand 
Thésée  trompé  par  Phèdre  maudit 
Hippolyte,    il  lâche  contre  le  jeune 
homme  Un  autre  monstre  marin  dont 
l'aspect    épouvante  les  chevaux.    Il 
disputa  la  possession  de  l'Argolide  a 
Junon,  et  celle  de  l'Attique  k  Pallas, 
mais  il  échoua  dans  l'une  et  l'autre 
prétentions.  Inachus  avait  été  arbitre 
dans  la  première  affaire;  les  dieux 
réunis  avaient  prononcé  dans  la  se- 
conde :  ou   sait  que  dans  celle-ci  le 
prix  avait  été  promis  a  celui  qui  fe- 
rait k  la  ville  d'Athènes  le  présent  le 
plus  utile.  Neptune  ,  d'un  coup  de 
trident  ,  fit   jaillir  du  sol  un  cheval 
aux  crins  ondoyants;  Minerve  donna 
naissance  k  l'olivier.  Neptune  perdit 
aussi  un  autre  procès  devant  l'aréopa- 
ge. Halirrhothe,  son  fils,  avait  été  tué 
par  Mars  ^  il  voulut  cpe  Mars  fui  euo* 


it. 


1^4 


]3y£P 


damné  par  les  dieux  :  Minerve  ,  eu 
s'opnosant  a  sa  demande  ,  liii-fit  en- 
core manquer  .son  but.  Dans  la  guerra 
de  Troie,  îSeplune  prit  le  parti  des 
Grecs.  Lorsque  leur  armée  recula  du- 
rant Hector,  il  s'clanca  en  quatre  pas 
à  Èges,  attela  son  cliar  ,  le  lit  rouler 
ipapidement  sur  les  flols,  et,  arrivant 
au  champ  de  bataille,  ranima  Tar- 
deur  des  deux  Ajax  et  d'autres  héros. 
Pvudanl  le  sommeil  de  Jupiter  sur 
rida  ,  il  parut  eu  personne  dans  les 
rangs  :  les  Troyens  plièrent ,  et  il  fal- 
lut que  Jupiter  éveillé  lui  intimât  par 
Iris  Tordre  de  revenir.  ^Neptune  avait 
donné  pour  présents  de  noces  a  Pelée 
les  deux  célèbres  chevaux  Xanlhe  et 
Balios;  c'est  lui  qui  changea  Péricly- 
raène  en  aigle  ,  Hiérax  en  oiseau  de 
proie,  et,  chose  bizarre,  la  jeune  Cé- 
m&en  homme.  C'est  lui  aussi  qui, .par 
wlié  pour  le»  douleurs  de  Latone, 
(ixa  au  milieu  des  flots  Tile  jusqu'a- 
lors flottante  de  Dclos.  —  Ondonne 
pour  femme  à  .^Neptune  la  belle  Am- 
philritc,  souvent  confondue  (a  tort) 
avec  Télhys.  Parmi  ses  nombreuses 
maîtresses  se  distinguent  les  suivan- 
<es  (la  2*  colonne  désigne  leur  père, 
l;i  5"  leur*  enfants)  : 


l'rr  b««. 
Tyio. 

M/'lionr. 

Méduse. 

Hippothoé. 

J.ibye. 

Lysianasse. 
CeléDO. 

Halcytiiie. 

<  iiiont'. 
<'.cnis 

Ainymone. 
r.érès . 
■Biltj-viiis. 


Kurynii'duu. 

.SullUUflFC- . 


l'IiorCTS. 
Meslor. 

Kpnplie. 

Kpii|>he? 
Atlas. 

Allas. 

ICxadms? 

Daiiaiis. 

Satui'iie. 


Kaii>illiou'>. 

I'cli.'.s. 
•  Nc'co. 
.  Oloi 
jKphialtc, 
/  Kurylc. 
JCléatfi. 
(  Pégase, 
^  Clirysaor. 
ITaphius. 
.'Btliis. 
s  .Agcnor, 

IBusiris. 
Lycs. 
Ilyriri'. 
Ilyptiote. 

Kuuioljif. 

iVaoplIus, 
.Aiiori  le  L-heva!. 
Mnynis. 


Asiypalée. 
.\vnu<. 

AnliopC 
Eurynome. 

nii-uiisto. 

Aeaiiirde. 

OKiiopi'. 

Europe. 

Mélie. 

AUipr. 

ré^ln.v. 

tunulc. 

(^bry.sogi'iiie 

Mrlanllio. 

Alistra. 

.Scainandrodice. 

Midr.-. 

Clcodore . 

Cliloiic. 


l'bflpnix. 

OKbale? 

Éo\e_ 

Nisus. 

Uypsce: 
Al  ,<;«■. 
Kp<ipcc. 
Tityp. 
(  lce;i  n  ? 
Cricyiiii. 

Miiios, 


.Aiicée. 

(  lifole . 
j  Hellrn. 
\  Aginov. 
^Belltruphon. 

Actor.  , 

Kupbfiiue. 

Aiiiyctis. 

(lipputbous, 

Asopr. 

Orion. 

(:bi'ysÀ.<. 

Osvsn.s. 


Eurytc 


Asplt'don. 
Daiinû<.  P.nrnassc. 

<"litoii.  lo   enfimls   iq 

connus. 

Ibilirrbolbc. 
Horus.  Alllirpc. 

On  donne  encore  pour  fils  à  jNei 
tune,  mais  ici  les  mères  sont  o 
douteuses  ou  inconnues,  Aon,  Albioi 
ou  Alébius,  Amphimaue  ,  Acioriouj 
Bergion,  Cercyon,  Cenchrée,  Chiui 
Crocon  ,  Cromus ,  Dercyle,  Dorui 
Laniie,  Lélex,  Lestrygou,  Mégaréc 
Mclion,  Messape,  JNyctée,  Oiicliestej 
Pélasgue  ,  Phéax  ,  Sicule  ,  Sicaniosd 
Taras  ,  etc.  Ces  noms  offrent  les  ir 
dicalions  les  plus  précieuses^  iov 
jout  allusion  h  des  circonstances  cei 
sées  maritimes  ,  aux  rivages 
montagnes,  aux  mugissemenis  d( 
IloLs,  ou  bien  ce  sont  des  héros  ép 
nymes,  soit  des  plages  riveraiues,  ei 
des  villes  situées  sur  le  littoral 
marquons  que  l'on  donne  comme 
de  Neptune  beaucoup  de  brigands  èï 
de  chefs  tyranniques.  JNepiune  portait 
un  Irès-o-rand  nombre  de  siirunms. 
\oici  les  seuls  importants:  i  "Hippios, 
en  latin /ï'f^we^/m,  et  tous  ceux  dans 
lescpiels  en trerélémeul/?/^yj.... che- 
val j  2°Enuosigée,  Euosichlhon,Ciue- 
^  sichllion ,  Sisichthoii ,  c'est-à-dire  qui 
ébranle  la  terre  ;  3°  Asphaliée.  Tlir- 
meliouque,  Gaîèokhos,  qui  l'entoure 
ou  la  tient  sous  son  pouvoir,  qui  la 
consolide  ;  4"Mélaole,  3Iyk.ète,  Tav- 
rios,   4^^^on,   toys  iixlica'uurs  aie 


TiV.V 

force  puissanle,  de  puissantes  figures 
animales,    de   vastes    hruissemenisj 
5"   Damée,    qui   domte  ;    Basilévs, 
roi  j    6"-  Prosclystios,    alluviqnnelj 
7°  Phytalmios,  nourricier;  8°  Erech- 
thée,  le  terrestre;  9°  Consus,  Cano- 
be,etc.  (ce  sont  les  noms  de  person- 
nes divines  étrangères  à   la  Grèce, 
mais  réabsorbables  dans  Tidéal  d'uu 
dieu-mer);  10"  Cyanocliète,  ou  h  la 
chevelure  bleue,  etc.;  11°  Eulriène  , 
Aglaolriène,  Mégatriène  (allusions  au 
trident,  en  grec  triœna);  12°  Enfin 
la  foule  des  surnoms  locaux ,  Téna- 
rios,  jNisyrcos,  Oncbestios,  etc.  Ce- 
lui  d'Isthmios   mérite    une    mention 
pnriiculière  ,  parce  tju'il  indique  non- 
seulement    le    culte    dont   Neptune 
était  l'objet  dans  Tisthme  de  Corin- 
the,  mais  le  voisinage  et  la  pui.ssance 
de  Niptune  dans    tous    les  isthmes 
imaginables. — Le  séjour  de  Neptune 
était  au  fond  des  mers,  mais  quelques 
îles,  quelques  villes,  quelques  caps 
étaient  aussi  ses  résidences  favorites. 
La  plupart  de  ces  lieux  célèbres  sont 
ceux  oîi  il  avait  fêtes,  temples  ou  au- 
tels ;  et  presque  tous,  de  manière  ou 
d'autre,  ont  été  incorporés  à  sa  lé- 
gende. Tels  furent  Nisyre  ,  Eges  en 
Achaïe,   Eges  sur  la  rôle  d'Eubée , 
l'isthme  de  Gorinthe  ;  le  cap  de  Té- 
nare,  où  il  avait  un  temple  qui  servait 
d'asile  aux  criminels;  Oucbesle  dont 
le  bois  sacré  et  le  temple   existaient 
encore  h  l'époque  de  Pausanias;  Ca- 
lamrie  où  l'on  n'admettait  pour  prê- 
tresses que  de  jeunes  filles  d'un  ?ige 
trop  tendre  encore  pour  être  nubiles; 
Manlinée   où  nul  homme   ne  devait 
entrer   dans   son    temple  ;    Sunium , 
Géresle,    Tbérapne,    Sparte,    Rho- 
des, Tbèbes  ;  Hélice  où  les  Ioniens 
célébraient    en     sou    honneur     une 
grande  fête  solennelle  dite  Paninnie; 
Trézène  qui  lui  était  consacrée ,   et 
qui  se  nommait  Posidonie;  Patres  en 


NFP 


T^3 


AcluiVe.  Platon  assure  dans  son  Cr/~ 
tias   que  Neptune  avait  un   temple 
dans  l'île  poétique  de  l'Atlantide.  Ce 
temple,  dit  le  philosophe,  avait  un 
stade  de  longueur ,  et  trois  plèthres 
de  large;  sa  hauteur  répondait  aux 
deux   antres  dimensions.  L'or,  l'ar- 
gent, les  pierres  précieuses  y  resplen- 
dissaient de  toutes  parts,  et  de  riches 
incrustations  ornaient  les  murailles. 
Une  précieuse   mosaïque    s'çtendait 
sous    les  pieds    des    adorateurs    du 
dieu.  Parmi  ces  chefs-d'œuvre  d'un 
art  miraculeux  se  vovait  Neptune  lui- 
même  sur  un  char  altclé  de  chevaux 
ailés,  cl  entouré  de  cent  Néréides  qui 
avaient  des  dauphins  pour  montures. 
Devant  le  temple  étaient  des  statues 
d'or  massif,  représentant   tous    les 
rois  et  tous  les  princes  de  la  famille 
royale  par  qui  l'Atlantide  était  heu- 
reuse d'être  gouvernée.    C'est   bien 
déchoir  (pie  de  retomber  de  celte  \\f. 
éblouissante  k   Rome,    où  nous  ne 
trouvons  en   l'honneur  de   Neptune 
que  quelques  temples  dont  un  surtout 
dans  la  neuvième  région;  la  roagnih- 
que  galerie  d' Agrippa,  qui  offrait  en- 
tre autres  chefs-d'œuvre  le  tableau  des 
Argonautes  j  et  enfin  les  Cimsualies 
an  mois  d'août  et  les  Neptunales  en 
juillet.  Dans  Athènes  le   8  de  chaque 
mois  était  consacré  a  Neptune  ainsi 
qu'a  Thésée.  On  sait  que  deux  mois 
athéniens    portaient   son    nom.    Le 
dernier    n'était    qu'un    mois    inter- 
calaire, et  se  plaçait  après  le  douzic- 
rae  mois  de  l'anne'e ,  tantôt  de  deux 
en  deux,  tantôt  de  trois  en  '.rois ans 
(dans  l'oclaétéride,  Posîdônll  venait 
terminer    les  années  trois,  cinq  et 
hnil).  Corinihe  célébrait  en  l'honneur 
de  Neptune  les  jeux  islhmiques.  Se- 
lon les  uns,  Thésée  les  avait  inslilués; 
suivant  les  autres,  ils  remontent  au 
lemps  de  Mélicerte  et  de  Paléraon. 
Des  syncrélistcs  admettant  la  de;- 


nlcre  hypothèse  ont  soupçonné  nue 
réorganisation  par  Thésée  :  l'un  n'est 
pas  plus  croyable  que  l'autre.  Le  fait 
certain  est  que  ces  jeux  étaient  au 
nombre  des  quatre  grands  Agônes  de 
la  Grèce  j  ils  se  célébraient  de  quatre 
en  quatre  ans  (Piudare  dit  de  deux 
en  deux  :  peut-être  en  fut-il  aiusi 
pendant  un  laps  de  tems.  Les  cou- 
ronnes varièrent  j  primitiyeraent  le 
feuillage  du  pin  était  en  possession 
de  les  fournir^  plus  lard  on  y  sub- 
stitua le  persil  flétri,  puis  on  sup- 
prima le  persil,  et  le  pin  reprit  ses 
droits. — Les  surnoms  de  Neptune 
ont  dû  faire  comprendre  ses  divers  ca- 
ractères. Nous  nous  bornerons  h  en 
présenter  un  rapide  résumé.  Neptune 
est  l'eau  personnifiée.  Il  diflère  de 
Pontos,  d'Océan  eldcNérée,  i^par 
la  richesse  de  sa  légende^  a"  par  sa 
jeunesse  relative.  AubsiPoutos,  Ogên, 
Tbalassa  sont-ils  des  dieux  pélasgi- 

3ues,  ou  peu  s'en  faut;  Posîdôn  arriva 
ans  le  Péloponèse  par  les  Doriens 
de  la  Crète,  qui  eux-mêmes  l'avaient 
reçu  des  Phéniciens  ou  de  la  Libye. 
A  l'époque  élégante  de  la  Grèce, 
Neptune  fut  placé  par  les  théogo- 
ïiistes  parmi  les  Cronides,  antago- 
nistes des  Titans,  des  géants  ,  et 
en  ge'néralde  toutes  les  forces  aveu- 
gles et  brutes.  Qu'on  ne  s'y  trompe  pas 
pourtant,  Neptune  avait  été  primiti- 
vement un  être  h  face  ahrimanienne. 
Son  nom  n'est  autre  que  relui  de  Nefié 
(Ne-tpé,  le  non-ciel),  selon  les  Grecs 
Neplilbys.  L'Egypte  avait  la  mer  en 
horreur.  La  déesse  fatale,  l'ennemie 
d'Isis  était  et  le  sable  brûlant  de  la 
Libye  et  la  mer  qui  baigne  ses  rives. 
Las  Grecs  qui  durent  de  bonne  limire 
tant  de  remercîments  h  la  mer  ne  fu- 
rent pas  aussi  exclusifs  qucTEgynle, 
et  tour  à  tour  Neflé  masculinisée  fut 
une  déité  bienfaisante  et  une  déilé 
fifale.  Souvent  pnnr  tenir  le  milieu 


NEF 

entie  ces  deux  points  de  vue  iutervïol 
l'idée  de  force  :  la  force  est  alterna^ 
tiveraent  utile  et  funeste,  tutélaire  eî 
destructrice  ,  attrayante  et  farouchoJ 
De  là  cette  présence  perpétuelle  di 
taureau,  du  cneval  dans  les  mythes  dj 
Neptune.  Son  père  dévore  un  cheval  i 
sa  placej  il  est  cheval  afin  de  jouir  de 
faveurs  de  Cérès;  il  fait  sortir  un  che 
val  du  sein  des  mers;  il  est  le  père  du 
cheval  Arion,  l'aïeul  du  cheval  Péj^ 
se  ;  il  secoue  les  flols,  comme  le  che< 
val  sa  crinière  ;  il  fait  trembler  le  sol, 
commele  cheval  impatient  du  combati 
il  roule  des  masses  d'écume,  commi 
le  cheval  qui  mord  son  frein  ;  il  va  ej 
vient  (Vénilie  et  Salacie),  comme  1( 
cheval  qui  prélude  dansl'hippodrom^ 
à  une  course  sérieuse  :  les  flots  hen< 
uissent.  Les  taureaux  se  conçoiveuj 
de  même  :  et  d'ailleurs  les    fleuveii 
aussi  sont  représentés  sous  celle  for- 
me. Nul  doute  que  l'hippopotame,  e^ 
aussi  l'hippocampe  h  cause  du  nom  , 
le  dauphin   comme  vahanam   favorij 
des  Tritons  ,  et  les  formes  subrondej 
des  gros  cétacés,  n'aient  subsidiaire- 
ment    contribué   à    populariser 
idées  de  taureau  et  de  cheval  dans  U 
culte  de  Neptune.  Jusqu'ici  Neptun( 
n'est  qu'un  dieu  robuste  ,  et  comme 
tel  il  n'a  pour  (ils  ou  pour  représen- 
tants que   des  héros.  Dans  d'autres 
légendes  va  se  dessiner  un   Neptune 
robuste  et  funeste.    Celui-là   est   le 
père  des  Cercyon-Sinnis,  des  Halir-^ 
rhotlic,  des  Leslrygon,  des  Busiris, 
tous  noirs  de  crimes,    de  vols,  de 
viols,  de  meurtres ,  de   sacrifices  hu- 
mains ou  d'anthropophagies.  Celui-là 
inspire  et  fait  cingler  à  pleines  voiles 
sur  la  mer  Tyrrhénienue  les  pirates 
qui  infestent  la  côte.  Celui-là  se  ré- 
volte contre  la  divinité  suprême,  et 
rêve  la  chute  de  Jupiter.  Celui-là  se 
venge  et  punit  l'arrogance,  la  perfi- 
die, le  meurtre.  Celui-là  enfin  «'in- 


NEP 

cornore  a  la  nuil;  la  chouetle  est  son 
symbole;  et  les  eaux  marécageuses, 
la  vase,  les  brumes  épaisses,  les  mias- 
mes délétères,  les  oiseaux  stymphali- 
(les,Ies  reptiles  lernéens,  semblent 
sous  saprotection.  Les  autres  traits  de 
la  physionomie  de  TSeptune  sont  plus 
doux.  1°  11  caresse  les  vierges  qu'il 
enlace  de  ses  bras;  il  jette  l'eau  fer- 
tilisalrice  sur  lesguérets  qu'il  inonde, 
il  s'altelle  a  la  charrue ,  laboure  le 
sol  aride,  brise  sous  son  sabot  la  glèbe 
rebelle  ,  ameublit  le  sillon  qui  va  re- 
cueillir les  semailles;  il  concourt  avec 
Cérès  a  l'alimentation  des  peuplades 
humaines  :  le  voila  lié  a  l'agriculture. 
2°  11  transporte  les  richesses  de  l'A- 
sie, de  la  Crète  et  des  îles  lointaines 
dans  le  Péloponèsc.  Les  trésors  af- 
iluent  sur  les  rives  qii'il  baigne.  Par 
lui  le  sud  et  le  nord  ,  l'est  et  l'ouest 
se  rapprochent  et  sont  en  contact;  il 
est  la  mer  Egée  (car  Egée  est  sou  in- 
carnation et  Egéon  un  de  ses  noms). 
Lo  voila  l'instrument    principal    div 
commerce  qui  sans  lui  languirait  dans 
d'étroiteslimiles(comp.MoMONiDi;s). 
5"  Il  n spire  h  être  la  pure  lumière 
(le   ciel  et  l'onde    sont  souvent  en 
jonction  dans  la  mythologie).  11  iend 
k  être  l'époux  de  Minerve  (l'élher), 
ou  a  remplacer  Junon  (  l'atmosphère) 
dans  la  possession  d'Argos, — L'idéal 
de  Neptune  diffère  peu  de  celui  de 
Jupiter  quant  a  la  physionomie.  Ses 
traits,  ses  cheveux  et  la  forme  de  la 
barbe  sont  les  mêmes  a  peu  de  chose 
près;  mais    chez  lui  la   puissance  a 
quelque  chose    de  moins  facile,   la 
majesté     quelque    chose    de    moins 
clhéré  que  chez  le  roi  de  l'Olympe. 
Son  corps  est  plus  mince,  plus  agile; 
ses  muscles  tendus  et  forts,  sa  taille  , 
son  air ,   expripaent  la  rudesse.    Le 
plus  souvent  il  est  nu.   De    tems  h 
autre  une  légère  chlamyde  et  plus  ra- 
rement un  ample  manteau  l'envclop- 


?ÎER 


167 


pent.  Un  Neptune  li'ès-occnpé  près 
dune  nymphe  qu'on  croit  Amymone 
la  Danaïde  a  le  pied  sur  un  rocher 
(Millin,  Peint,  de  vases,  II,  20). 
Sur  une  médaille  d'argent  de  Titus 
(Gessner,  LX,  1,2),  son  pied  foule 
un  globe  :  ce  détail ,  mieux  encore 
que  l'apluslrum  qu'il  tient  à  la  main, 
rappelle  le  vers  de  Leraierre  : 

Le  trident  de  Keptuiic  est  le  sceptre  du  monde. 

Sur  le  pied  d'un  candélabre  on  voit 
Neptune  marchant  sur  la  pointe  des 
pieds,  ce  qui  indique  la  célérité  d© 
sa  course,  et  tenant  a  la  main  droite 
un  long  trident  de  forme  élégante 
{Musée  Pio-Clément.,  IV,  32  ). 
Très-souvent  il  a  un  dauphin  à  la 
main.  Ce  dernier  attribut  appartient 
au  style  d'imitation.  Sur  les  monu- 
ments de  l'ancien  style  il  n'a  que  le 
trident  ;  tel  est  le  ÎSeplunc  de  Pestum 
(primitivement  Posidonic,  du  nom 
même  du  lieu)  (médaille  d'argent 
dans  Millin,  Gai.  myth. ,  293). 
Phidias,  Praxitèle,  Scopas  s'étaient 
signalés  par  de  belles  statues  de  Nep- 
tune que  nous  n'avons  plus.  On  doit 
regretter  le  Neptune  de  bronze  que 
Corinlhe  s'était  fait  faire  du  butin  en 
cuivre  arraché  aux  vaisseaux  de  Xer- 
xès.  Un  bas-relief  brisé,  aujourd'hui 
à  Ravennes,  offre  un  trône  de  Nep- 
tune voilé  ;  un  hippocampe  ,  une 
grande  conque ,  un  grand  trident  et 
d'autres  plus  petits,  des  dauphins,  des 
coquilles,  sont  les  principaux  orne- 
ments de  ce  morceau  de  sculpture  où 
l'on  voit  encore  trois  génies. 

NÉQUmON,  DÉNICHI  etMA- 
RISTIN ,  sont  dans  la  mythologie 
siutoïque  japonaise  les  trois  dieux  de 
la  guerre. 

NEREE  ,  Ni)/ieyf ,  l'onde  person- 
nifiée ,  faisait  partie  de  ce  cycle  de 
hautes  divinités  marines  dont  Pontes, 
Ogèn  (ou  l'Océan)  et  Posîdôn  sont 
les  sommités  mâles,  et  Thalassa,  Dq- 


iG8 


NER 


ris,  Télhys,  Ampbitrite,  les  person- 
nifications femelles.  Creiizer  entend 
par  Nérée  le  fond  "a  jamais  immobile 
de  la  mer  ,  et  par  Ponlos  le  lit  des 
eaux.  Nous  avons  de  la  peine  h  le 
croire.  Pontos,  Ogén,  N^rée,  passè- 
rent cbacun  chez  quelque  peuple  pour 
la  mer,  et  eurent  la,  dans  la  croyance 
indigène,  une  épouse  5  mais  c'est  après 
coup  que  les  syncrétisles,  admettant 
toutes  les  personnifications  qu'avaient 
rêvées  des  tribus  différentes,  préten- 
dirent les  enchc'isser  symétriquement 
dans  un  tableau  ,  et  faire  naître  du 
lit  de  la  mer  le  fond  k  jamais  immo- 
bile de  la  mer.  Nous  ne  faisons  au- 
cun doute  que  ce  n'ait  été  la  mer 
pour  les  insulaires  de  la  mer  Egée. 
Quoi  qu'il  en  soit ,  voici  les  généalo- 
gies vulgaires  de  Nérée.  Il  doit  le 
jour,  selon  Hésiode,  k  Pontos  et  k  la 
Terre  5  selon  ApoUodore,  qui  rap- 
porte aussi  d'autres  opinions,  k  Nep- 
tune et  k  Canacé  :  ce  dernier  narré 
est  absurde.   Neptune  ne  fut  connu 

3ue  postérieurement  k  Nérée.  Auprès 
e  Nérée  se  dessine,  a  titre  de  sœur- 
épouse,  Dôris  (la  Donneuse),  et  sous 
ce  couple,  que  toujours  on  représente 
comme  accablé  de  vieillesse,  se  dessi- 
nent les  5o  Néréides.  Le  trait  prin- 
cipal ds  la  physionomie  de  Nérée, 
c'est  la  diviuatiou.  Il  dit  à  Hercule 
oii  étaient  les  pommes  d'or  des 
Hespcrides.  Horace  le  fait  surgir, 
comme  Camoens  son  Adamaslor , 
ou  sein  des  flots  qui  séparent  deux 
mondes  (l'Europe  et  l'.\sie),  pour 
prédire  k  Paris  les  maux  dont  Troie 
allait  être  la  victime.  Devin,  il  avait 
de  plus  le  pouvoir  de  changer  de 
forme  ^  et,  comme  Prolée,  il  ne  ré- 
vélait l'avenir  que  quand,  ayant  épuisé 
le  cercle  des  transformations  aluipos- 
.  sibles,  il  était  obligé  de  prendre  sa  fi- 
gure première.  Cette  faculté  prophé- 
tique ns  doit  pas  nous  étonner,  nous 


NÉR 

qui  savons  que  l*eau  est  la  prophé- 
lesse  par  excellence  ,  et  qui  voyoni 
partout  magiciennes  ,  sibylles  mariti^ 
mes  et  devineresses  surgir  de  l'ondï 
et  nous  rions  lorsque  nous  enlendool 
Natalis  Cornes  faire  deNérée  Tinvet 
teur  de  l'hydromancie.  Nous  ne  pan 
Ions  pas  de  ceux  qui  voient  dans 
dieu  un  prince  habile  navigateur, 
que  l'on  venait  de  tous  côtés  consnU 
ter  sur  les  chances  plus  ou  moins  prC 
spères  des  expéditions  maritimes, 
était  adoré  a  Gythcum.  Nérée  faisa 
son  séjour  dans  la  mer  Egée. 

NÉRÉIDES  (les),  N^pie^K,  soi 
les  cinquante  filles  de  Nérée.  On  v« 
rie  sur  leur  nombre  et  sur  leurs  nor 
{f^oy.  Oc  lî  AN  ides). 

NERGEL  (Ne/)yU)  ou  NebgaI 
idole  des  Cuthéens  {Rois,  IV,  xviil 
était  figurée  par  un  coq  (selon  quetl 

3ues-uns  par  un  coq  de  bois).  Qu'il 
iquait  ce  symbole.'*   Les   CuthéeJ 
étaient  de  sang  perse.  Etait-ce  lefq 
qu'ils  adoraient  sous  ce  nom  et  soij 
cette  forme  (Nergel,  dit-on,  signif^ 
feu)?  Était-ce    la  brillante  constel 
lation  nommée  par  les  Grecs  l'oiseaï 
le  cygne  ,   par  les  Arabes   la  pou| 
(Adegije) ,  par  les  Hébreux  le  cc 
(Tharnigolet)?  ou  bien  faut-il  cor 
prendre  que  c'est  k  Mars  (  planète 
dieu  de  la  guerre)  qu'ils  adressaient 
leurs  hommages.''  Le  gaUinacé  dont 
les   chants   devancent    l'aurore     est 
l'oiseau  de  Bellone  autant  que  l'oi- 
seau du   soleil.  Les  légendes  gréco- 
romaines  le  consacrèrent  k  Mars.  Un 
Anerg  (mentionné  sur  le  monument 
de  la  reine  barbare  Comosarye,  con- 
jointement avec   Astara    et   Vénus) 
était  en  Tauride  le  dieu  de  la  guerre. 
Nérig,  dans  toutes  hs  langues  de  la 
Phénicie  et  de  la  Syrie,  était  la  pla- 
nète de  Mars. 

NÉRINE,  autrement  Nerîe,Ne- 
RiA  et  NÉRiÈNE,  femme  de  Mamers^ 


NER 

le  Mars-Fe'llcbe  des  Sablns,  est  nom- 
mée dans  Piaule  {Rust. ,  II,  vi,  v. 
34.),dans  Aulu-Gel!e(l.  Xïll,ch.  22), 
dans  Jean  le  Lydien  {Mois,  p.  83 
d'éd.  Scbœn)  ,  dans  Suétone  (  P^îe 
de  Tibc.re),  et  dans  Tite-Live  (liv. 
XXVII,  c.  4-1,  etc.).  Selon  Tau- 
teur  des  JSuits  attlques ,  ce  nom, 
qui  doit  se  traduire  par  vaillance , 
virilité,  venait  du  sabin.  Il  est  im- 
possible de  ne  pas  être  frappé  du 
rapport  qu'il  présente  avec  le  saras- 
Vr'iiNara  (homme, Wr).  Au  rese,  il 
paraît  que  Nériène  était  prise  tantôt 
pour  une  Vénus,  tantôt  pour  une  Mi- 
nerve. A  celle-ci  convient  surtout  ce 
caractère  de  force  qu'indiquerait  le 
nom  même  de  INériène  j  -k  celle-là  le 
rôle  de  femme  de  Mars.  Ou  fêtait 
INériène  avec  son  époux  le  25  mars, 
jour  des  Tubilustrics  ou  lustration 
des  trompettes.  On  comprend  que 
cette  solennité  avait  trait  également 
à  l'ouverture  et  de  l'année  et  des  com- 
bats. Comp.R.-Ottf.  Millier, ^//vf^  A". 
\.  II,  p.  5o,  etc.  —  Une  autre  ]Nt- 
KiîîNE  était  la  même  que  Névérila,  la 
déesse  du  respect  et  de  la  vénération. 
Virgile  donnele  nom  de  INiÎRiNE  à  Ga- 
latée  ,  mais  la* ce  mot  ne  veut  dire 
que  Néréide. 

ISÉRIOCENGH  ,  nn  des  vingt- 
huit  Izeds  parsis,  est  le  feu  qui  ani- 
me les  rois  ,  et  selon  la  plupart  Ati 
Destours,  l'Ized  du  feu  Bérécécingh  ; 
c'est  aussi  l'Ized  de  la  paix.  Il  pro- 
tègeles  justes  j  c'estlui  qui  jadis  veilla 
sur  les  deux  portions  delà  semence 
de  Kaïomorts,  dont  furent  formés 
Mescbia  et  Meschiane,  phalle  et  àme 
delà  vie:  il  garde  aussi  la  semence 
de  Zoroastre.  Enfin,  du  temps  de  ce 
sage,  c'est  Nériocengb  qui  fut  cbargé 
par  Ormuzd  d'aller  le  trouver  en 
Iran  pour  lui  ordonner  de  convertir 
le  monde  h  la.  loi  ormuzdienne. 

WÉRITE  (Neritvs  ,  N^><T»f ) , 


iVES  I  f.9 

Ithaque  et  Polyctor  étaient  trois 
frères  jumeaux,  et  construisirent  près 
de  la  ville  d'Ilhaque  un  bassin  pour  y 
recevoir  les  eaux  d'une  fontaine.  Un 
mont  de  l'île  d'Ithaque  porte  ce  nom. 

NÉSIMAQUE  ,  Nesimachus  , 
'ii^a■'f!,xx,os ■>  père  d'Hippomédon,  qu'il 
fut  de  Mylhidice,  fille  de  Talàs. 

NÉSO  ,  N^o-o)  (  R.  :  »?«r<>f ,  île  )  : 
i"  Néréide  5  2°  fdle  de  Teucer,  fem- 
me ae  Dardanus  ,  mère  de  Sibylla. 
C'est  évidemment  une  Océanide  ,  et 
peut-être  la  même  que  la  précédente. 
Suivant  Lycopiiron,  Dardanus  épou- 
sa, en  même  temps  qu'elle  Bâtie,  sa 
sœur  {Voy.  Teucer). 

NESR,  NESRA,  TSESROCH,  di- 
vinité assyrienne  que  l'on  représentait 
sous  les  formes  ou  avec  li  tête  de 
l'accipiter  ou  vautour  (Hyd.,^/e  vtt. 
Pers.  rel.,  c.  5,  p.  1S2,  et  comra. 
sur  UbighBeigb,  p.  18;  Selden,  de 
Diis  syr.^  p.  47).  L' Ancien-Testa- 
ment {Rois,  IV,  xix,  57)  nous  mon- 
tre le  roi  Sennacbérib  ,  lors  de  son 
reloura  Ninive,  allant  offrir  ses  bom- 
mages  h  Nesroch.  La  même  idole 
était  consacrée  par  un  culte  snpersti- 
tieuxcbezles  Arabes  avec  celle  d'Liïik, 
à  figure  de  cheval,  d'Iagoulb,  K  figure 
de  lion  ,  et  de  Soouà  ,  à  figure  de 
femme.  On  a  prétendu  aussi  que  c'é- 
tait le  grand  fétiche  de  la  tribu  de 
Hamiar,    adoratrice  zélée    du  soleil 

Qu'elle  représentait  sous  la  forme 
u  vautour.  Resterait  à  déterminer 
si  vraiment  ce  fut  au  soleil  même 
que  s'adressaient  les  adorations,  ou 
k  la  constellation  de  l'aigle  et  du 
vautour  céleste  appelé  chez  les  Ara- 
bes vautour  tombant. 

NESSUS,  Nta-iros:  i" célèbre  Cen- 
taure, habitait  sur  les  bords  de  l'E- 
vénus(s(in  histoire  est  contenue  dans 
celle  d'Hercule)j  a°  fleuve  de  l'Océan 
et  fils  de  Téthys. 
NESTOR,  Utrruf ,  le  plus  Jeune 


f70 


NGO 


des  douze  fils  de  Ne'Ie'e,   passa   son 
«nfance  k  Gérénie,*  échappa  ainsi  au 
massacre  général    des  Néléides  par 
Hercule}  tua  Éreutlialion  pendant  la 
lutte  que  sou  père  soutint  eu  Arca- 
die,  Itymonée  dans  la  guerre  contre 
les  Epéens ,    Mulius  dans  une  autre 
bataille  où,  non  content  dereconqué- 
rir  le  char  de  son  père  ,  il  s'empara 
de  cinquante  chariots  ,  chacun   sous 
la  garde  de  deux  hommes,  et  leur  fit 
mordre  la  poussière  h  tous  j  poursui- 
vit les  deux  Moliouides,    qu'il  eut  le 
chagrin  de  voir  soustraire  h  ses  coups 
par  Neptune;  puis, passant  en  Thes- 
salie,  secourut  les  Lapithes  attaqués 
par  les  Centaures  ,    devint  l'ami  et 
l'hôte  de  Pélée  ;  s'acquit  un   renom 
de  sagesse  et  d'éloquence   égal  h   sa 
valeur  ,  et  enfin  ,   après  la  mort  des 
Apharéides  (Lyiicée  et  Idas)  ,  réunit 
dans  la  Triphylie  et  la  Messénie  les 
états  d'Apharée  à  la  plus  grande  par- 
tie de  ceux   de   son  père.   Quelques 
mvthographcs  veulent  que   dans  son 
adolescence  il  ait  été  Argonaute.  La 
tradition  le  montre  au  siège  de  Troie 
dans  sa  vieillesse.  Homère  lui  donne 
pour  âge  trois  générations ,    c'est-à- 
dire  ,  dans  la  manière  dont  on  comp- 
tait alors,  environ  90  ans.  Il  condui- 
sait les  soldats  de  Pylos  ,   d'Arène  , 
de  Thryon,  d'Épy,  de  Cyparisse  ,  de 
Ptéléou,  deDorium  et  d'Hélos.  Après 
la  prise  de  Troie  il  revint  heureuse- 
ment dans  ses  étals  ,  et  dix  ans  plus 
tard  nous  le  voyons  recevoir  Téléma- 
que  dans  son  palais,  et  lui  donner  ses 
conseils  sur  les  moyens  de  retrouver 
Ulysse.Nestor  avait  épousé  Eurydice, 
puis  Anaxible,  dont  il  eut  sept  fils: 
Echéphron,  Slratique   ou  Stratios, 
Persée,    Arèle,  Thrasymède,  Pisis- 
trate  et  Anliloque.  Il  faut  y  joindre 
deux  filles  ,  Pisidice  et  Polycaste. 
NEVÉRITA.  Voy.  NÉRiNE. 
^^GOIA-CHILVA]Nl,  antique  roi 


NIC 

d'Angola,  enivré  de  ses  conqucte^j 
se  fil  rendre  de  son  vivant  les  h 01' 
neurs  divins.  Son  culte ,  aboli  daL„^ 
presque  tous  les  pays  qui  ont  fonti? 
le  royaume   d'Ango'la,  existe  encore 
chez  les  Singhilcs  (  espèce  de  prêtres 
de  la  secte  des  Giagas).  On  lui  attri- 
bue surtout  le  pouvoir  de  faire  lom- 
ber  la  foudre ,  et  sans  doute  aussi  le, 
titre  de  roi  du  monde  souterrain:  ca 
les  Singhiles  consultent  sans  cesse  1( 
niùnes  des  ancêtres,   et  sous  ce  prj 
texte  conservent  ou  prétendent  cor 
server  dans  des  chasses  portatives  le 
ossements  de  leurs  rois.  La  religi< 
des  Singhiles  est  atroce.  Au  moindt, 
souffle  de   vent   ils   veulent    que  d| 
sang  hum'ain  arrose  l'idole  k  laquclll 
ils  ont  voué  leurs  adorations, 

MA,  Cérès  chez  les  Sarmates;  „, 
donne  aussi  ]\ia  ou  Niam  pour  hijl 
espèce  de  Plulon  slave.  Ce  j\iara  nj 
serait-il  pas  le  même  que  Nia  ,  et  \\ 
déilé  infernale  ne  serait-elle  pas  un4 
espèce  d'Hécate  androgyne  ? 
NIBCHAS.  Voy.  Nebo. 
NICE,  Victoire.  Voy.  ce  mot,, 
NICEE,Nic^.A,  N<»«/«,  héroïni 
éponyme  de  la  ville  de  Nicée,  en  Bi- 
thynie,  est  une  Naïade  fille'du  fleuvi 
Sangare  (Comp.  Nana  et  Sanga^ 
Ris).  Elle  fut  aimée  de  Bacchus,  qui 
pour  triompher  d'elle  ,  l'enivra  ei 
changeant  en  vin  l'eau  d'une  fontaine 
oîi  elle  se  désaltérait.  Elle  fut  raèn 
des  Satyres. 

NILII  PL,  Niy.i'TTTii]  •  1"  Thespif. 
de  ;  2"  fille  de  Pélops,  épousa  Slhenèle 
et  en  eut  Euryslhée  j  3"  prêtresse  d« 
Cerès,  la  même  peut-être  qu'une  d( 
celles  dont  on  vient  de  parler.  LaNi- 
cippe  femme  de  Slhenèle  et  uière  d'Eu- 
rysthée  se  trouve  aussi  nommée  Leu- 
cippe,  Archippe  et  même  Aslydamic. 
— Un  NicipPE,  tyran  de  l'île  de  Cos,l 
ayail ,  K  ce  que  l'on  assure,  reçu  des^ 
dieux  ra-ssufance  do  sou  clévaliou  ; 


une  de  ses  brebis  avait  mis  bas  un  lion  ! 

NICODROME,  ISicoDRoMUs  , 
HiKÔê f0fi6?  ,  fils  d'Hercule  et  de 
Nicée. 

NICOMAQUE  ,  NicoMACHUs  , 
'Htx.ôf^ctxos  y  fils  de  Machaon  et 
d'Anlic'ée,  avait  pour  frère  Gorga- 
sej  et  après  la  mort  de  Dioclès, 
leur  aïeul  maternel ,  tous  deux  mon- 
tèrent sur  le  trône  de  Phères. 

rsICON  ,  Telchine.  Voy.  ce 
mot,  et  corap.  NiîcYs. 

NICOSïRATE,la  même,  dil-on, 
que  Carraentc.  f^oy.  ce  nom. 

NIGOSTRATE,  Nicostratus  , 
et  MÉGAPENÏHE  devaient  le  jour 
il  Mcnélas.  Leur  mère  était  Hélène  , 
selon  les  uns  j  suivant  les  autres,  une 
concubine  ,  une  esclave  du  nom  de 
Piéris.  Ce  mot  n'est  pas  un  nom  pro- 
pre, et  doit  se  traduire  par  de  la 
Piêrie.  Ils  ne  régnèrent  pas  h  Sparte 
après  la  mort  de  leur  père  ,  ce  qui 
devrait  nous  faire  pencher  contre  la 
légitimité  de  leur  naissance  ,  s'il  y 
avait  a  prendre  au  sérieux  la  réalité 
des  deux  personnages.  Nul  doute  que 
Nicosifate  et  Mégapenthe  ne  soient 
d€8  espèces  de  Dioscures  (  voy.  ce 
mot).  Ils  étaient  tous  les  deux  figurés 
sur  le  bas-relief  du  trône  d'Amycles. 

NICOTHOÉ,  N<x«Coij,  Haipye, 
que  Zélhcs  et  Calais  forcèrent  à  se 
précipiter  dans  le  Tigre. 

NIÉMIZA  ou  INÉMIZA  était,  se- 
lon les  Slaves,  le  dieu  des  vcnls  et  de 
l'air.  On  le  représentait  tantôt  avec 
des  ailes  et  couronné  de  rayons,  tan- 
tôt avec  le  corps  d'un  oiseau  et  Ai^a 
ailes  déployées.  Ou  dérive  son  nom 
du  samoïède  num ,  air,  ciel,  ou  du 
russe  ni'ôo,  qui  a  le  second  sens. 

NIKCIIOLBA  ou  KCHOUBA  est 
une  des  femmes  de  Martanda  (le  so- 
leil aux  Indes?),  Ce  dieu,  bri!Ia.;te 
incarnation  de  Vichnou,  a  deux  épou- 
ses, Radjini  au  ciel ,  Kchouba  sur  U 


NIK 


171 


terre.  Kchouba  se  nomme  encore 
Souranouh  (la  femme  du  soleil).  Son 
nom  veut  dire  la  mobile,  et  Nik- 
chouba  l'immobile.  Viçouamilra  était 
son  père.  Ne  pouvant  supporter  l'é- 
blouissante splendeur  des  regards  de 
son  époux ,  Kchouba  s'enfuit  de  la 
couche  conjugale,  et  laissa  son  ombre 
seule  dans  le  palais  de  Martanda.  Le 
dieu  cherche  inutilement  son  épouse. 
Enfin  il  s'adresse  à  son  industrieux 
beau -père.  L'habile  chef  des  Tchoub- 
daras  lui  révèle  la  cause  delà  désertion 
qu'il  déplore.  «Il  n'est  qu'un  moyen, 
Martanda,  de  rappeler  h  toi  l'épouse 
timide  qu'accable  ton  trop  de  beauté: 
laisse-toi  couper  tes  rayons!  »  Et  sou- 
dain les  rayons  posés  sur  une  roue 
de  potier  dans  la  péninsule  de  Saces 
(Sakadouipa,  région  scylhique)  sont 
rognes  par  la  main  deYiçouamilra.II 
ne  met  ii  cette  œuvre  importiinle  que 
cent  ans.  Kchouba  revient ,  et,  en- 
chantée de  la  forme  nouvelle  de  son 
époux,  elle  vit  six  mois  de  suite  avec 
lui.  Elle  le  quitte  périodiquement  le  7 
sravana,  et  revient  le  7  maga  (jan- 
vier). Vicouamitra  en  barbifiant 
son  gendre  l'avait  si  grièvement  et  si 
souvent  écorché  que,  l'œuvre  finie, 
il  fut  obligé  de  lui  appliquer  des  on- 
guents. De  la  l'aspect  maladif  et  lan- 
guissant de  l'aslre-roi  lorsqu'il  se 
montre  le  soir.  —  La  langueur  et 
la  physionomie  ou  glabre  ou  chauve 
du  soleil  sont  des  svmbolisations  de 
l'affaissement  périodique  de  la  cha- 
leur. Cet  affaissement  est  double: 
annuel  et  diurne.  Les  mythes  confon- 
dent l'un  et  l'autre,  quoique  le  pre- 
mier domine  toujours  (  Adonis  et 
Proserpine  se  présenlert  sans  doute 
ici  hla  mémoire).  Ces  rapprochements 
sont  vrais:  les  Hindous  eux-mêmes  s'y 
sont  livrés. — Du  reste,  rien  de  plus 
élégant  et  de  plus  naturel  que  la  filia- 
tion de  Kchouba.  Elle  a  pour  père 


fjl 


NlV 


ringcnîeur  en  chef  des  ciouK,  l'arli- 
san  par  excellence,  riiuluslriel  mira- 
culeux. Or  qu'est-ce  que  la  créa- 
tion ?  Le  plus  inaj^nifique  des  chefs- 
d'œuvre  de  Tarchiteclure  et  des  arts. 
Et  qu'est-ce  que  Kchouba.'  La  créa- 
tion. Un  Irait  charmant  couronne  ce 
mythe  :  les  rayons  retranchés  par  le 
Dédale  céleste  au  menton  ou  du 
crâne  de  Marlanda  lui  servent  ensuite 

fiour  achever  sur  la  lerre  les  merveil- 
es  des  arts. — Selon  les  Hindous,  un 
rayon  du  soleil ,  nommé  Souchorana 
on  Souchmana,  devint  la  lune.  En  un 
«ens,  c'est  dire  que  la  lune  est  fille  de 
l'orhe  solaire.  Dans  un  autre ,  c'est 
transformerla  sous-p'anèle  qui  éclaire 
les  nuits  en  iiine,  en  Sakli  du  soleil. 
— Encore  aujourd'hui  on  regarde  aux 
Indes  la  coupe  des  ravons  du  soleil 
comme  se  renouvelant  tous  les  soirs, 
un  peu  avant  l'instant  où  le  soleil  dis- 
paraît. Les  vapeurs,  en  s'élevant  au 
dessus  de  l'horizon  ,  semblent  alors 
décolorer  le  disque  solaire ,  et  le 
spolier  de  ses  rayons. 

NIL.  f^oy.  ÎNoute-Feu. 

]MLÉE,Nri,Ers, d'Athènes,  était 
nn  des  fils  de  Codrus  ,  et  fut  le  chef 
d'une  colonie  ionienne  qui,  tantôt  fon- 
datrice, tantôt  amélioralricc ,  habita 
Ephèse  ,  Milet,  Priène,  Colophon  , 
Myonte,  Téos,  Lrhédos,  Clazomè- 
ne  ,  etc.  —  Un  autre  Nit-Ée  s'était 
déclaré  pour  les  ennemis  de  Persée, 
lors  du  mariage  du  héros  raessénien 
et  d'Andromède. 

NIMIFO,  dieu  chinois,  pre'sidc 
aux  plaisirs  de  l'amour. 

NmOS  ,  Ni  NUS ,  fils  de  Bel  et  en 
conséquence  arrière-petit- fils  d'Her- 
cule, est  un  des  princes  (ju'on  nous 
donne  comme  roi  de  l'antique  Lydie. 
Une  dynastie  héraclide  (candaulide 
est  le  vrai  mot)  gouverna  ce  pays. 
Quant  au  ISinus  roi  d'Assyrie ,  vkv. 
Bio^r.  univ.,  XXXI,  288. 


NIO 

1.  MORE,  N^o'^;;,  fille  de 'fâi 
laie   et  de  Dioné ,  épousa  Ampliioi 
de  Thèbes,  et  en  eut  sept  fils,  Sipy| 
le,    Ninyle   (Eupinyle  dans  Tzel^èl 
et  Hy{:;in) ,  Ismène  ,  DamasichthonJ 
Agénor,  Phédime,  Tantale^  et  sei 
filles,  Néère  (Astyoché  ou  Asiymi 
dans    Hygin  )  ,     fhera    (  dans    le] 
vieilles  éditions  d'Apollodore  ,  Ethoi 
dvie),  Cléodore  ,  Astyochë,  Phthit 
Pélopie  ,  Astvcratie  ,    Ogygie.   H03 
mère  réduit  ce  nombre  a  six  fils 
six  filles,   Hérodote  à  trois  filles 
K  deux  fils.  Hésiode  l'avait  porté 
dix   enfants  de    l'un    et   de    l'aulri 
sexe,  en  toiifr  vingt.  La  double  hepj 
tade  est,  de    tons  les  systèmes, 
plus  suivi.  La  légende  nous  monli 
]\iobé  orgueilleuse  et  de  ses  charnK 
et  de  ses  enfants,  opposant  hLaloi 
sa  fécondité,  el  prétendant  se  subsli 
tuer  au  Latoïde  dans  Tadoralion  d( 
peuples.  Latone  se  plaint  a  Pliébo! 
a  Pnébus,  el  soudain  le  couple  iras| 
cible  descend   sur  la   terre   et  tUe 
coups  de  flèches  la  famille  entièrej 
Les  fils  tombent  sous  les  coups  d'A^ 
poUon,  les  filles  sous  ceux  de  Diane| 
Ovide  les  fait  mourir  tous.  Apollodorj 
on  sauve  une,  Chloris,  depuis  épous 
de  Nélée.  Télésillas  donne   a   cell 
qui  échappe  le  nom  d'Amycle  ou  M^ 
libée.  Quelques  mythologues  font  r  ' 
rir  en  même  temps  Zélhiis  elAuiphu 
^leur  oncle  et  leur  père).  Les  vicli 
mes  du  courroux  des  Latoïdcs  rej 
tèrent  neuf  jours  gisant  sur   le   si 
et  baignées  dans  leur  sang.   Enfin 
les  dieux  les  ensevelirent,  el  du  leni| 
de  Pausanias  on  montrait  encore  lei 
monument  a  Thèbes.  îSiobé,  en  prol 
Il  d'amers  regrets,    déserta  la  vill 
témoin  de  tant  de  catastrophes,  et 
s'arrêta  qu'en  Lydie  où ,  a  force 
verser  des  larmes ,  elle  fut  raétamor 
phosée  en  pierre.  Chez  quelques  pot 
tes,  c'est  un  tourbillon  qoi  l'emport 


eu  Lydie  sur  le  sommet  d'une  mon- 
tagne.   Ou  varie  sur   le  lieu   de  la 
scène.  Le  Cilbérou  selon  les  uns,  le 
Sipyle  selon  les  autres,  voila  le  théâ- 
tre de  cette  lamentable  tragédie.  Le 
fait  est  que  les    auteurs  du  drame 
n'ont  pas  songé  a  l'unité  de  lieu.  Le 
blasphème  et  le  massacre  ont  lieu  dans 
Thèbcs,  l.i  métamorphose  de  ISiobé 
s'opère  eu  Lydie.  H  y  a  plus,  et  c'est 
le  trait  essentiel,   on  n'a  pas  songé 
que  les  lieux  étaient  différents  5  et  la 
translation  par    terre    ou   par  eaa, 
ou   sur   l'aile   des   brouillards ,    est 
une  invention  postérieure  du  syncré- 
tisme. Parlhénius,  d'après  Simmias, 
ISéanthe  cl  Xanliius  de  Lydie  racon- 
tent le  mythe  de  JNiobé   tout  autre- 
ment. Fille  d'Assaon,  femme  de  Phi- 
lole,  elle  s'enorgueillit  de  la  beauté 
de  ses  enfants ,  qu'elle  dit  plus  beaux 
que  ceux  de  Laloue.  Latone  se  venge 
en  faisant  périr  son  époux  à  la  cliasse, 
et  en  inspirant  pour  elle  à  son  père 
une  passion  incestueuse.  Niobe   ré- 
siste en  vain,   et  bientôt  ne  trouve 
plus  le  moyen  d'échapper  au  sort  qui 
la  menace;  elle  égorge  ses  enfants, 
et  se  précipite  du  haut  d'un  rocher: 
son  père  se  donne  la  mort  sur  son 
cadavre. — Il  est  pitoyable  d'expliquer 
par  un  événement  hisloiique   la  lé- 
gende qui   vient  de  passer  sous  nos 
yeux.  Pour  les  uns,  c'est  imc  peste 
qui  tue  toute  la  famille  de  Niobé;  et 
.sa  pétrification  h  elle,  c'est  la  stupé- 
faction de  la  douleur.   Ailleurs,   ce 
sont  des  prêtres  d'Apollon,  qui  se  dé- 
barrassent a  coups  de  flèches  des  en- 
nemis de  leur  culte,  coulraij^uenl  la 
mère  des  jeunes  Kchatriias  égorgés  a 
quitter  le  pays,  et  laissent  les  corps 
de  leurs  victimes  exposés  à  la   dent 
vorace   des    bêles  farouches  cl  aux 
pi&eaux.    La  pierre,  c'est   uije  co- 
loijQe   sur    le   monument    que   plus 
l^r-d  on  leur  élève.   ?sul  doute  pour 


iNlO 


175 


nou.s  que  Niobé  ne  soit   une  antique 
liéroïue,    lune  prototypique   par  la 
face  inférieure ,  génératrice  par  la 
face  transcendautale.  Les  sept  fils, 
les  sept  filles  de  ISiobé  ne  sont-ils  pas 
une  symbolisalion  élégante  des  sept 
jours  et  des  sept  nuits  de  la  semaine.? 
que  sera-ce  si  l'on  songe  que  Niobe j 
ioùé,  Lopé,  iope,  io/c.  ioh,  se  tien- 
nent de  près ,  et  veulent  dire  lune 
[voy.  lo)?  que  sera-ce,  si  l'on 
songe  qu'Amphion   est  une   person- 
nalisation   du     soleil    (  voy.     Ly- 
eus)? — La  mort  des  INiobides  et 
la  douleur  comme  l'impiété  de  la  mère 
avaient  fourni  un  ricne  sujet  tragi- 
que aux   poètes   de  l'antiquité.   Es- 
chyle ,  Sophocle,  Euripide  même,  se- 
lon quelques  savants,  l'avaient  traité. 
Parmi  les  modernes,  le  peintre  Miiiler 
nous  a  laissé  sur  ce  sujet  une  tragédie 
dans  laquelle  il  y  a  du  Michel-Ange. 
Voici  comment  se  termine  celte  com- 
position qui  lient, dit  M. d'EcksIein, du 
Proniélbée  d'Eschyle  et  des  douleurs 
du  Laocoon.  Niobe  brisée  par  la  mort 
de  treize  enfants  implore  Diane  en 
faveur  de  la  dernière.  Diane  semble 
dire  que,   si  par   des   supplications 
la  reine  reconnaît  sa  puissance  ,  elle 
ne  frappera  plus  j  mais  quand  INiobé 
trompée  invoque    la  fiere  Latoïde , 
et  a  ùté  la  couronne  de  sa  tête,  Diane 
frappe.  INiobé  alors  se   relève,  re- 
place sur  sa  tète  le  diadème  marbré 
du  sang  de  ses  enfants  ,  et  dit  :  «Je 
«  n'ai  pas  succombé.  C'eSt  par  un 
a  artifice  infâme ,  par  un  lâche  stra- 
te tagème  <|uc  tu  as  fait  fléchir  mon 
«genou.  Cœur  de  marbre!    jamais 
a  l'innocence  et  les  bégaiements  les 
u.  plus  doux  ne  pourront  l'émouvoir! 
«  Jamais,  ô  vierge  cruelle  !   tu  n'a» 
«  senti  ces  mouvements  rapides   et 
«  brûlants  du  cœur  d'une  mère.  Sois 
«  mère  un  jour,  et  soullre  autant  que 
«  luoi  !    Écroule-toi ,    temple  oii  le» 


174 


NIO 


«  dieux  el  lesliommcs  s'oublient  cga- 
«  lement!  »  (Le  temple  croule  sous 
les  éclats  du  tonnerre.)  «  Ma  patience 
«  est  encore  un  triomphe  ^  reine  na- 
«  guère  et  la  plus  nohle  des  mères, 
«  }e  suis  aujourd'hui  reine  par  la 
«c  douleur.  Jupiter  m'appelle  5  je  Ten- 
«  tends.  La  deslructiou  ne  peut  rien 
«t  sur  moi 5  je  brave  le  temps,  et  des 
«  milliers  de  siècles  contempleront 
«  les  larmes  de  Kiobé.  Où  suis- je? 
«  est-ce  la  terre  qui  me  porte?  quel 
«ciel  nouveau  roule  sur  ma  tête? 
«  pourquoi  mes  veines  se  glacent- 
«  elles.^  Dieux  horribles,  jumeaux  au 
«  cœur  de  bronze  ,  vous  fuvez  I  l'O- 
K  lympe  pleure,  lesdieux  s'indignent^ 
«  ils  n'osent  me  contempler  dans  une 
«  lutte  terrible,  moi  mère,  moi  frap- 
«  pée  de  tant  d'angoisses  !  Je  Iriom- 
«  phe,  mes  enfants,  ne  pleurez  pas! 
«  Ces  deux  fils  de  Latone  ont  poussé 
«  trop  loin  la  volupté  de  la  ven- 
«  geance  5  h  l'aspect  de  mon  tremble- 
«  ment  silencieux,  le  ciel  même  s'cf- 
«  fraie.  »  (De  longs  éclairs  frappent 
les  épaules  de  INiobc.)  «Mon  seiu  est 
«froid 5  mon  cœur  s'apaise j  mon 
«  oreille  se  ferme  5  mon  œil  s'éteint  ; 
«ma  langue  cesse....»  INiobé,  s'é- 
crie ensuite  M.  d'Eckstein ,  est  une 
autre  mère  des  Macbabées  placée 
dans  une  sphère  idéale  et  surhumai- 
ne.... Humainement  et  religieusement 
parlant,  il  ne  peut  y  avoir  de  compa- 
raison entre  les  deux  sujets.  Celui  que 
l'Ecriture  a  fourni  offre  ce  que  Ihu- 
manilé  peut  donner  de  plus  vrai  et  do 
plus  grand,  de  plus  senti, de  plus  naïf 
et  de  plus  colossal 5  le  sujet  tiré  de  la 
fable  ancienne  est  un  symbole  riche 
euhautes  pensées, plein  d'une  terreur 
grandiose  et  d'une  gigantesque  au- 
dace qui  ébranle  l'imagination  sans 
émouvoir  le  cœur.  —  Les  arts  du 
dessin  a  leur  tour  se  sont  emparés  de 
ce  magnilique  sujet.   Les  figures  les 


NIO 

plus  célèbres  en  ce  genre  sont  celles 
que  l'on  découvrit  à  Rome  en  1 535 
ou  ,  selon  d'autres,  en  i583  auprès 
de  la  porte  Lateranensis.  Elles  sont 
au  nombre  de  dix,  dont  quelques-unes 
douteuses.  Long-temps  les  gens  du 
palais  méconnurent  l'exquise  beauté 
de  ces  figures  et  la  noble  simplicit^l 
de  composition  de  ce  groupe  qui  n»lB 
fut  placé  que  dans  les  jardins  fdu  card. 
Fcrd.  de  Médicis).  En  1770  l'empe- 
reur Lëopold .  alors  grand-duc  de 
Toscane  ,  le  fit  transporter  h  Flo- 
rence ,  cl  Winckclmann  le  révéla  aux 
artistes  en  1  779  dans  son  histoire  de 
l'art  5  .  la  même  année  Fabroni  pu- 
blia sa  Dissertazione  suUe  statue 
appaninenti  alla  favola  di  Nio- 
bc ,  Florence,  1779.  Depuis,  Vis-^ 
conli ,  Galli,  Niisch  et  d'autres  ,  l'onH 
minutieusement  décrit.  INous  rapneU"! 
Icrons  seulement  que  INiobé  serranl 
entre  ses  genoux  la  plus  jeune  A{ 
ses  filles ,  INiobé  majestueuse  sanl 
offrir  la  morgue  hautaine  des  Ju-|l 
non ,  sévère  sans  cette  froideur  gla-»| 
ciale  qui  ôle  tout  cbarmc  aux  ligu- 
res de  Pallas,  est  un  idéal  de  la, 
haute  beauté.  Rien  de  plus  aérien,  d^ 
plus  gracieux  ,  que  la  troisième  el| 
la  quatrième  des  JNiobides. — On  préJ 
sume  que  ce  groupe  est  le  même  qu« 
celui  dont  Pline  parle  (XXXVI,  4] 
comme  d'un  des  chefs-d'œuvre  qi 
étaient  placés  a  Rome  dans  le  temp! 
d'Apollon.  Ceux  qui  ont  voulu  que  ci 
fût  une  copie  n'ont  pas  apprécié  le 
style  sage  et  ferme  de  ce  morceauj 
On  l'attribue  à  Scopas  ou  à  Praxitèle* 
Une  épigramrae  de  l'anthologie  sem.l 
ble  confirmer  la  première  opinion,/ 
que  repousse  la  manière  un  peu  re- 
cherchée dont  a  élé  exécuté  l'ouvragï 
(comp.  Propjlœen ,  t.  II,  n"  i ,  p/ 
48j  et  n"  a,  p.  i23).  Ou  peut  citera 
encore  quatre  beaux  groupes  de  INio- 
bé, x«  dans  la  villa  Borgîièie  ,  a"  au 


NIO 

Vatican ,  3»  a  la  villa  Albani,  4.°  dans 
la  collection  de  feu  le  comte  de  Pera- 
broke  a  Wilton.  Une  Niobé  tendant 
la  main  a  Junon  forme  le  sujet  d'un 
tableau  des  Pitture  d'Ere,  I,   i. 

2.  MOBÉ,  fille  de  Phoronée  et, 
selon  quelques-uns ,  d'Inachus.  Elle 
fut  la  première  mortelle  aimée  de 
Jupiter  (toutefois  corap.  lo)  :  elle  en 
eut  Pélasgue,  qui  régna  sur  l'Argo- 
lide  après  la  mort  de  son  aïeul . 

]M0ÎS]\UALL,  c'est -a -dire  le 
fils  de  l'héritage,  est  dans  la  mytho- 
logie irlandaise  le  fils  aîné  de  Fénius- 
Farsa,  et  comme  tel  reflète  absolu- 
ment les  Aiteachla  ou  Fatochda  de 
qui  descend  Bartolam.  Il  s'oppose  en 
tout  a  Nioul  son  frère ,  et  sa  race  con- 
traste fortement  avec  celle  de  ISioul. 
Ainsi  partout  se  dessine  l'antinomie 
des  aînés  et  des  cadets,  des  antédilu- 
viens et  des  postdiluvieus,  des  hom- 
mes typiques  et  des  hommes.  INion- 
nuall,  un  des  habitants  primitifs  de 
l'Irlande,  est  un  homme  violent,  fou- 
gueux ,  meurtrier  de  ses  proches.  Il 
symbolise  la  race  belliqueuse  et  fa- 
rouche des  anciens  temps  j  ISioul  re- 
présente les  tribus  paisibles  et  déjà 
demi-civilisées  de  l'âge  postérieur. 

IVIORD ,  MORDR  ,  KIOR- 
DOUR,  le  premier  des  Vanes  Scan- 
dinaves ,  préside  au  vent,  apaise  la 
mer  en  fureur,  et  a  le  feu,  surtout  le 
feu  central,  sous  son  empire.  Aussi 
est-ce  lui  qu'invoquent  navigateurs, 
chasseurs,  pécheurs  et  mineurs.  Il  fut 
élevé  à  Vaulieilmr^  mais  depuis,  les 
Yancs  l'ayant  donné  en  otage  aux 
dieux  pour  recevoir  a  sa  place  Hamer, 
échange  qui  rétablit  la  paix  entre  les 
Ases  elles  Vanes,  il  a  choisi  pour  ha- 
bitation Notan.  Epoux  de  Skada,  fille 
du  géant  Thiasse  et  chasseresse  in- 
trépide, il  passe  neuf  nuits  sur  douze 
avec  elle  dans  les  montagnes.  En 
revanche,  Skada  en  passe   trois  de 


INIR 


175 


suite  avec  lui  sur  les  bords  de  la  mer. 
TSIOUL,  INIULoulNULL,  deuxiè- 
me  fils  de  Fénins-Farsa  dans  la  my- 
thologie irlandaise,  émigra,  et  devint 
le  père  des  Miléadhs  ou  Scots.  Une 
certaine  renommée  de  science  l'envi- 
ronne 5  et  cependant  sa  race  est  guer- 
rière. Mais  ces  guerriers  possesseurs 
de  l'Irlande,  en  détruisant  le  système 
sacerdotal  des  Tualha -Dadan,  sub- 
stituèrent un  autre  culte  h  celui  qu'ils 
renversèrent.  Comp.  INiojvjnuall. 

MOUSÏITCHITCH  ,  le  dieu  su- 
prême des  Kamtchadales  qui  le  regar- 
dent comme  \me  espèce  d'ancien  Aci 
jours. 

ISlPARAIAest  l'esprit  bienfai- 
sant, selon  les  Ednes  de  la  Californie. 
Ils  lui  opposaient  Touparan  ou  Quac 
(Wac).  JNiparaïa  créa  le  ciel  et  la 
terre.  Attaqué  par  Touparan ,  il  le 
défit,  le  dépouilla  de  sa  puissance,  le 
chassa  des  plaines  de  l'air,  elle  con- 
fina, ainsi  que  tous  ses  adhérents, 
dans  une  grande  caverne  souterraine 
qu'il  donna  en  garde  aux  baleines 
pour  l'empêcher  d'en  sortir.  Toupa- 
ran exerce  pourtant  encore  de  l'in- 
fluence sur  les  actions  et  le  cœur  des 
hommes  j  il  les  excite  h  la  guerre. 
ÎNiparaïa  au  contraire  déteste  ces 
rixes  sanglantes  5  ceux  qui  meurent 
par  la  flèche  ou  par  l'épée  ne  vont 
point  au  ciel.  Ils  tombent  dans  la  ca- 
verne de  Touparan.  Les  Californiens 
se  divisent  en  deux  partis,  l'un  qui 
adore  Niparaïa,  et  qui  est  docile  a  sa 
loi,  l'autre  qui  sacrifie  a  Touparan. 

INIPHE,  N/(piî, compagne  de  Dia- 
ne aux  bains,  était  sans  doute  une 
iN'aïade  (R.  :  viVr»,  laver). 

JNIPHÉE  ,  INiPH/Eus  ,  N<cpfls;«f  , 
chef  latin  du  parti  de  Turuus,  l'ut  tué 
par  ses  chevaux. 

jNIRÉE,  IN'iiiEus,  N<^£Uî,  fils  de 
Charops  (le  visage  gracieux),  et  d'A- 
glaïa  (la  splendeur),  naquit  dans  l'île 


Ï76  MS 

de  Syuoe,  entre  Guide  et  Lorvnie. 
C'était  le  plus  beau  des  Grecs  après 
Àcliille.  11  conduisit  en  Troade  Irois 
vaisseaux  (seize  selon  Hjgin).  Diodore 
lui  donne  le  titre  de  roi  de  Gnidc.  Il 
fut   tué   par  Eurynyle.    INirée    sans 
doute  fut  le  héros  de  beaucoup  de  fa- 
blés  eu  Grèce.  Ainsi ,  par  exemple , 
nous  le  voyons,  dans  Ploléinée-Hé- 
pbestion,  figurer  comme  favori  d'Her- 
cule qui  s'aide  de  lui  pour  tuer  Itï 
lion  de  TSémée. —  ISirée  sans  doute 
u'a  pas  existé^  c'est  une  personnifi- 
cation de  la  beauté  cbez  Tliomme, 
comme   Anadyomènc  est   la  beauté 
chez  la   femme.    ISirée  et  Anadyo- 
inùue  sont,  dans  celle  hypothèse,  dis 
iiidividualisalions  marines  j  Auadyo- 
roèoe  est  une  Amphitrile  Bouto  .  et 
"Nifée  né  au  milieu  des  mers  et  dans 
une  île  semble  un  Nérée  subalterne, 
TsIUOUTI,  un  des  huit  Vacous 
du  brahmaïsme,  a  sous  sa  garde  l'an- 
gle sud-ouest  du  monde,   et  préside 
aux  génies  malfaisants.  Sous  ce  point 
de  vue,  il  6e  rattache  a  lama  chargé 
de  la  garde  du  sud,  et  h  Varouna  qui 
a  l'ouest  sous  sa  dépendance.  On  sait 
de  plus  que  lama  préside  aux  morts  et 
aux  enfers,  et  que  Varouna  est  le  roi 
des  mers.  Or  c'est  toujours  l'hémi- 
sphère  austral  que   les  peuples    du 
nord  ont  pris  pour  l'enfer  5  et  le  so- 
leil, brillante  tormule  de  la  lumière, 
a  toujours  semblé  s'éteindre  daus  la 
mer  et  à  l'ouest. 

rslSL'S,  NT<r«f ,  fils  dePaudionU 
et  frère  d'Egée,  régna  sur  Mégare.  La 
légende  lui  attribue  un  cheveu  d'or , 
véritable  palladium,  auquel  tenaient 
et  la  stabilité  de  son  trône  et  l'indé- 
pendance de  Mégare.  Minos  étant 
venu  assiéger  sa  ville,  Scylla,  sa  fille, 
coupa  ce  cheveu  pendant  sou  sommeil, 
et  alla  le  porter  au  roi  de  Grêle  dont 
la  vue  l'avait  charmée.  Minos  la  fit 
cbasser  de  sen  campj  et  Scylla  allait 


se  jeter  dans  la  mer,  quand  les  dieux 
la  changèrent  en  alouette.  Son  père 
se  trouvait  transformé  en  épervier, 
et  depuis  ce  temps  le  terrible  falconé 
ne  cesse  de  faire  la  guerre  au  timide 
coniroslrc.  11  est  possible  que  la- 
louelle  dont  on  parle  soit  Talouetto 
de  mer,  espèce  qui  appartient  au  genre 
bécasseau,  de  la  famille  des  uuméuces 
et  de  l'ordre  des  grolles. 

ISISUS  et  EUKYALE  sont  célè- 
bres dans  rÉiiéide  par  leur  amitié  et 
par  l'héroïsme  qu'ils  déployèrent  daus 
une  sortie  nocturne  au  camp  de  Tur- 
nus.  L'un  et  l'autre  périrent  dans  leur 
entreprise.  L'épisode  de  ISisus  et 
Euryale  est  un  des  plus  touchants 
de  l'Enéide.  Il  a  donné  l'idée  de  ce- 
lui de  Gloridan  et  Médor  dans  l'Or-j_ 
laudo  furioso  ^  mais  cette  fois  l'imita»! 
teur  s'est  élevé  au-dessus  de  sou  mo- 
dèle {l'oy.  Ginguené,  Hist.  litlcr. 
d'Italie,  IV,  4io). 

!MTOGRlS,roi  ou  reine  d'Egypte, 
figure  dans  le  lalercule  d'Eratosthène 
au  vingt-deuxième  rang,  entre  Akken- 
kharé  et  Myrtée.  Son  nom,  que  le 
grec  rend  par  'A0«v»j  ytx,>}<péi,es ,  et 
le  latin  par  Minerva  victrix  (Mi- 
nerve victorieuse) ,  a  peut-être  quel- 
que autre  signification.  Qui  empêche- 
rait, par  exemple,  qu'il  ne  signifiât 
vainqueur  par  IMinerve,  vainqueur  eu 
sagesse,  etc.?  11  n'indique  donc  pas 
évidemment  qu'il  s'agisse  d'une  reine 
plutôt  que  d'un  roi.  L'idée  commune 
est  que  JNitocris  fut  reine.  Jusqu'à 
quel  point  était-ce  l'opinion  des  prê- 
tres de  l'Egypte.'*  G'est  ce  que  nous, 
ignorons.  Mais  on  ne  peut  douter  qii| 
ce  ne  soit  a  eux  qu'Hérodote  ait 
les  légendes  qu'il  nous  a  transmis* 
sur  cette  souveraine  fabuleuse,  ou' 
plutôt  sur  deux  souveraines  de  ce  nom. 
]Née  eu  Ethiopie,  la  première  régna 
en  Egypte  après  son  frère  ,  dont  le» 
grands  de  l'état  s'étaient  défaits  par 


4 


NIT 

tin  meurtre ,  et  vengea  sa  mort ,  en 
faisant  entrer  les  eaux  du  Nil  dans  un 
canal  creusé  à  grands  frais ,  et  où  elle 
donnait  un  festin  magnifique  aux  as- 
sassins (Hérodote,  liv.  II,  ch.  loo). 
La  seconde  parut  en  Médie  h  l'époque 
de  la  plus  grande  puissance  des  Mo- 
des ,  et  se  signala  par  des  coaslruc- 
lions  le  long  de  l'Euphrate  :  des  le- 
vées, des  égouts,  des  canaux,  un  vaste 
pont,  le  cours  du  fleuve  alongé  par 
des  sinuosités  artificielles,  voilà  les 
ouvrages  que  lui  prête  le  vieil  hifto- 
rien  cl'Halicar nasse  (liv.  I,  cli.  i85 
et  suiv.  5  ou  Rolliu ,  Hist.  anc. , 
t.  I,  p.  364).  Il  est  évident  que  ja- 
mais reine  de  Babylone  ne  porta  le 
nom  de  ]\itocris,  et  qu'en  consé- 
quence toute  la  tradition  relative  à  la 
dernière  des  deux  reines  n'est  qu'une 
imitation  et  une  contre-épreuve  de 
celles  qui  se  rapportaient  à  la  pre- 
mière. Celle-ci  à  son  tour  n'est 
qu'une  personnification  de  l'industrie 
humaine  creusant  des  canaux,  et  ré- 
gissant le  cours  des  fleuves.  Que  le 
nom  de  Minerve  triomphante  ou 
triomphant  par  Minerve  s'appli- 
que à  l'être  liumain  dans  lequel  on 
réalise  l'bistoire  et  les  vicissitudes  de 
cette  grande  branche  de  l'architec- 
ture publique,  on  le  conçoit  sans 
peine.  Ces  ponts  jetés  sur  les  eaux, 
ces  routes  tracées  a  un  fleuve  rebelle, 
ces  écluses,  ces  canaux,  ces  larges 
saignées  h  l'aide  desquelles  l'homme 
va  porter  les  eaux  et  la  fertilité  dans 
des  terres  arides,  ce  sont  bien  les 
iriomphes  du  ge'nie.  Pour  la  Nilo- 
cris  eratosthéniennc ,  qui  vraisem- 
blablement n'a  point  de  rapport  civec 
celle  d'Hérodote,  c'est  au  ciel  et 
dans  un  des  trente- six  Décans  que 
les  raylhographcs  modernes  la  re- 
cherchent. D'après  les  quatre  hypo- 
thèses de  concordance  entre  les  l)y- 
Uasleset  les  Bécan?  {Voy.  DécAifs) , 


INOC 


177 


Nitocris  est  ou  Stochn^né  premier 
Décan  du  Scorpion  ,  ou  Séket  troi- 
sième Décan  du  Bélier ,  ou  Chontarë 
troisième  Décan  de  la  Balance ,  ou 
Isrô  (l'Horaoth  deFirraicus)  troisiè- 
me Décan  du  Capricorne.  Du  reste  , 
Dupuis  {Orig,  des  Cuit.,  t.  VII, 
p.  74  de  l'éd.  Auguis)  remarque  que 
parmi  les  paranatellons  du  Scorpion 
se  trouve  aussi  une  reine  d'Ethiopie, 
Cassiopéej  et,  comme  cette  constel- 
lation a  son  coucher  est  accompagnée 
du  fleuve  d'Orion,  il  croit  qu'on  peut 
par  la  coïncidence  des  deux  faits  si- 
déiiques  expliquer  la  fable  égyptienne 
qui  nous  montre  la  princesse  éthio- 
pienne noyant  ses  sujets  d'Egypte  à 
l'aide  du  ïleuve  qu'elle  introduit  dans 
un  palais  souterrain. 

INITOES  (NiTWEVs) ,  génies  des 
îles  Moluques,sont  toujours  invoqués 
au  commencement  des  entreprises  uu 
peu  graves^  non  pas  qu'ils  aient  Tha- 
bilude  de  les  mener  a  bien,  mais  de 
peur  qu'ils  ne  les  mènent  h  mal.  Dan« 
chaque  famille  on  tient  des  cierges 
allumés  en  l'honneur  du  Nitoé  qu'on 
s'est  choisi ,  et ,  lorsqu'il  s'agit  de 
quelque  entreprise,  on  l'invoque  au 
son  d'un  petit  tambour ,  on  lui  sert  à 
dîner ,  on  l'invile  à  manger  et  k 
boire  ;  puis  les  assistants,  au  nombre 
de  trente  ou  quarante ,  font  dispa- 
raître les  restes,  c'est-'a-dire  tout  le 
festin. 

3SIXI  DU  (les)  étaient  trois  dieux 
qu'invoquaient  les  femmes  en  couche. 
On  les  représentait  agenouillés  et  les 
mains  entrelacées  sur  les  rotules. 
Leurs  statues  se  voyaient  au  Capi- 
tole,  devant  la  statue  de*  Minerve. 
Selon  la  légende ,  ils  avaient  été 
apportés  de  Syrie  par  Altilius. 

JNOCÏULIUS,  dieu  lalin  connu 
par  une  statue  et  une  inscription 
trouvées  à  Brest,  était  figuré  la  cape 
de  Télesphore  sur  la  tête,  le  costume 


lY. 


\% 


1-» 


NOK. 


d'Atys  aulour  du  corps  ,  un  doi^l  ii 
l'oreille  et  une  chouette  h  ses  pieds; 
iléleint  un  flambeau.  0»  en  a  conclu 
un  Alys  Noctulius  ou  pré.sidant  a  la 
nuit.  K'est-ce  pas  plutôt  »u  dieu- 
nuit? 

NOCTURNl^ ,  dieu  romain  des 
Icnèbres. 

jNODlISUS,  ]SoDosus,ÀSoDrTUs, 
jSoddtis,  dieu  latin,  présidait  au 
nœud  qui  serre  le  grain  de  b!é  dans 
l'épi. 

jN'ODUTERUS,  déilc  italique, 
agricole,  présidait  au  battage  du  blé 
(R.  :  nodusy  terere). 

JSOÉMON  ,  N<..)'p.«»  :  1  °  chef  ly- 
cien  venu  au  secours  de  Priam  et 
tué  par  Llysse;  2°  liabilant  d'Itha- 
que a  qui  Téléraaque  emprunta  un 
vaisseau  pour  aller  a  la  recherche  de 
son  père  ;  5°  compagnon  d'Antiioque. 

]NOÉTARQL'E ,  l'essence  suprê- 
me,le  Nous,  le  Logos,  selon  les  éclec- 
tiques, selon  les  lliéosophcs  partisans 
de  la  doctrine  des  Eons  5  après  INoé- 
tarquc  venaient  Émclh  cl  Amen. 
Celle  espèce  de  théogonie  appartient 
à  la  phdosophie  védanta ,  modifiée 
par  quelques  idées  égyptiennes. 

ISOGAINDARAGOIJ  ouîsOGAxN- 
DARA-EKE  (c'est-a-dire  la  mère 
verte)  en  mongol,  elDouLMA-NcoD- 
CHAN  en  tangulain  {f^'oy.  ce  der- 
nier nom). 

NOHelHINGÏN'Onsonl  clicz  les 
indigènes  de  la  Ilottentotic  le  couple 
primordial.  Tous  deux  enlrèrenl  dans 
le  pays  par  une  porte  ou  une  fenêtre. 
Ils  mirent  au  monde  plusieurs  enfants, 
et  Içur  communiquèreul  entre  autres 
arts  celui  d'élever  les  bestiaux. 

jNOKKA  ou  NIKKEN,  le  dieu 
de  la  mer  dans  la  péninsule  danoise, 
était  représenté  sous  la  forme  d'un 
monstre  marin  à  tête  humaine.  Comp. 
OannÈs.  11  apparaissait  tantôt  sur  la 
inerj  laalùt  sur  les  ûeuyes. 


ISOMIE  ,  PSoMiA  ,  nymphe  de 
l'Arcadie,  donna  sou  nom  au  mont 
INomien.  Evidemment  c'est  une  déesse 
des  pâturages.  C'est  la  vie,  la  région 
pastorales  personnifiées. — On  donne 
aussi  ce  nom  a  Paies.  iSouvelle  preuve 
de  ce  que  nous  avançons  (11.  :  tifiu», 
faire  paître). 

INOMIOS  :  1°  Apollon,  2"  Mer- 
cure, 5"  Pan,  4"  Juj)iter,  5"  Dac- 
chus.  Ce  surnom  csl  imporlant,  sur- 
tout peur  les  deux  premiers  dieux. 
Corflp.  Admi-:ti:,  Gopis,  Rrichna- 
—  Lu  fils  de  Cyrèue  et  d'Apollon 
porle  aussi  ce  nom  de  INoraios. 

ISOMOS  ,  Ns'itt:?,  la  loi  per- 
sonnifiée ,  est  dans  un  fragment  or» 
phique  le  parèdre  de  Jupiter;  dans 
un  autre  le  roi  des  dieux  el  des  hom- 
mes, le  recteur  des  étoiles,  etc.: 
dans  Pind.ire  cl  dans  Platon  c'était 
la  INécessité.  Tous  ces  points  de  vue 

{>hilosophiquc$  aisément  jusliiiables 
aissenl  toujours  un  doute.  Nomos 
a-t-il  élé  réellement  personnifié  et 
divinisé?  L'affirma live  est  plus  pro- 
bable./^'o/.,  art.  LAO-TsEU,ce  que 
nous  disons  du  Tao,  et  comp.  Thi^- 

MIS. 

iN'0ÎS^ACRIS,N«y«*;j/5r,  fille  d'Hé- 
licaon,  était  l'héroïne  épnnyme  d'une 
ville  d'Arcadie  célèbre  par  le  voisi- 
nage du  Styx.  On  appelle  «Mercure 
Nonacriates ,  Evandre  Nonaçrins 
/(t7'o*,etCallislo  Nonncrina  liintùt 
virgo,  tautôt  ursa.  etc. 

i^OR,  père  de  iNolt,  la  ISuit  dans 
la  mythologie  Scandinave,  fondateur 
du  royaume  de  Norvège.  Goe ,  fa 
sœur,  ayant  éle  enlevée,  Thorrou  , 
son  père,  lui  ordonna  d'aller  la  cher- 
cher, et  institua  des  sacrifices  pour  la 
réussite  de  celte  entreprise.  Goe  fut 
retrouvée  dans  le  deuxième  mois  de 
l'année,  auquel  on  donna  son  nom,  et 
]Nor  chassa  du  pays  ou  assujettit  a  ses 
^rinçs  lotis  les  petits  priûces  de  h 


NOR 

conlii-e  où  SCS  rcclicrches  l'avaieni 
amené.  Ces  IracJilions  sur  l'origine  de 
la  ïNorvège  rappcllenl  les  ravthes 
d'Agénor  et  des  Agénorides. 

JXOIIAX  {Nûipcci,  g.  uKos),  cheï 
de  la  peuplade  ibérienue  qui  vint  k 
une  épofjue  Irès-reculée  habiter  la 
Sardaigne,  el  y  fonder  la  ville  de 
jXora,  ia  plus  ancienne  des  cilés  de 
la  Sardaigne  ,  selon  la  plupart  des 
auteurs  :  cpiclques-nns  cependant,  par 
exemple  Paiisanias,  regardent  comme 
antérieures  la  colonie  d'Aristée  et  la 
fondation  d'Olbia  ,  depuis  Agylle 
{voy.  loLAs).  Les  légendes  faisaient 
de  jSorax  un  fils  d'Herniî's  el  d "Jîij- 
thrée,  fille  de  Géryon  (Paiisanias , 
1.  X ,  c.  1 7  )•  Il  est  évident  que  dans 
le  langage  antique  ceci  se  réduit  ii 
dire  que,  des  rives  occidentales  du 
royaume  prétendu  ,  Géryon  vint 
dans  File  de  Sardaigne.  Toute  colo- 
nie se  récapitule  en  un  bommejet 
toujours  cet  homme,  chef  de  la  colo- 
nie, est  une  incarnation  ou  un  fds  de 
Cadmile  (ici  de  Cadmile-Mercure). — 
La  similitude  des  noms  Nora  et  No- 
rax. appuie  encore  celle  manière  de 
voir.  D'ailleurs  les  deux  noms  font 
penser  a  ces  mystérieuses  construc- 
tions terminées  en  cône,  qui  se  trou- 
vent en  si  grand  nombre  dans  les 
parties  de  llle  sandaliformc  ,  et  qui 
sont  connues  sous  le  nom  tradition- 
nel de  INurnghs.  Il  est  vrai  que  gé- 
néralement on  a  penché  a  croire  ces 
édifices  d'origine  pélasgique.  M"ais  il 
semble  plus  probable  que  c'est  aux 
Ibères  et  aux  Celtes  qu'il  faut  en 
rapporter  l'usage,  surtout  s'il  est  vrai 
qu'il  s'en  rencontre  de  seuiblables 
dans  l'Irlande  et  dans  l'Ecosse  sep- 
tentrionale. Comp.  sur  ces  questions 
Petil-Radel,  Notice  sur  las  ISti- 
raghs  de  la  Sardaigne  (Paris, 
182 6",  avec  planches);  Miinler,  Itel. 
(1er  Karth,.i  p.  ti4  et  u^j  ch. 


NOR 


179 


2T,  ot  Append.  du  même  iib.  Sar- 
dische  Idole ^  p.  9,  etc. — Norax 
peut  faire  penser  aussi  cà  foute  celle 
famille  denoms,  ÎNérot,  INériène,  etc., 
dérivés  du  samskrit  n«/«,  homme, 
et  en  relation  avec  le  grec  àii^.p.  Au 
reste,  M.  Pt  lit-Piadcl  attribue  la  fon- 
dation ds  jNora  il  une  colonie  de  Pé- 
lasgucs  qui,  après  avoir  abandonné  la 
côle  du  Lalii;m  et  de  l'Etrurie,  au- 
raient été  s'établir  dans  llbérie.  Bo- 
cbart  veut  que  Caralis  (Cagliari)  et 
?<ora  aient  été  l'ouvrage  des  Cartha- 
ginois, rsiebuhr  admet ,  sans  mémo 
tenter  la  discussion,  la  tradition  de 
lorigine  de  îS'ora. 

iSOPiIK,  NoRicus,  fils  d'Hercule, 
ou,  selon  quelques  traditions,  d'Al- 
mane,  donna  son  nom  au  ISoricum. 

iNOPxISES  (les)  sont  les  Parmies 
des  Scandinaves,  mais  elles  ne  filent 
pas  ;  elles  disposent  a  leur  gré  la  vie 
et  Têlre  ,•  elles  prophétisent  ;  leur 
puissance  s'exerce  sur  la  création 
entière.  C'est  grâce  aux  jNornes 
que  tout  existe,  se  conserve,  se  mo- 
difie et  meurt.  Les  phénomènes  eux- 
mêmes  se  produisent  par  elles.  On 
ne  s'étonnera  pas  a  présent  de  lelirs 
noms,  Ourda  (le  passé),  Véraudi  (le 
présent),  Skalda  (l'avenir).  Toutes 
trois  sont  vierges.  Ce  sont  les  magi- 
ciennes, les  fées,  les  hautes  déesses 
par  excellence.  La  dernière,  Skalda, 
donna  son  nom  aux  scaldes,  prélres 
Scandinaves  qui  prédisent  l'avenir. 

NOSSA.  /  V-  Hnossa. 

IXORTIA  on  INURSIA,  déesse 
italique  que  l'on  honorait  a  Volsinies 
(aujourd'hui  Bolsena),  une  des  prin- 
cipales villes  de  la  confédération 
étrusque  ,  et  dans  tout  le  reste  du 
TElrurie.  C'était  une  vérilablo  For- 
tune latine,  une  souveraine  du  temps 
cl  des  années,  tout  aussi  bien  (ju'une 
dispensatrice.  Comme  les  déesses  de 
fréneste  çt  d'Antitnn,  elle  avait  le 


l'i. 


i8o 


NOT 


clou  pour  attribut ,  et  l'on  enfonçait 
annuellement  un  clou  dans  son  temple 
de  Yolf^inies {clavus  annalis)  pour 
faciliter  au  peuple  le  calcul  des  années. 
Cet  usage  passa  depuis  aux,  Romains, 
chez  qui  long-temps  le  consul  ou  le 
dictateur  enfonça  successivement  le 
clou  symbolique  dans  le  mur  droit  du 
Capitule,  tout  près  de  l'autel  de  Mi- 
nerve. Quelquefois  même  on  ne  nom- 
ma, assure-t-on,  un  dictateur  que  pour 
cette  cérémonie   (  clavo  fif^endo). 
Plus  tard,    et   lorsque  les  Romains 
devinrent  assez  forts  sur  le  calcul  du 
temps  pour  ne  plus  avoir  besoin  de 
points  de  rappel  aussi  grossiers,  on 
conserva  encore  cette  cérémonie,  mais 
seulement  pour  les  circonstances  ex- 
traordinaires. Ainsi  tantôt  la  peste 
(Tite-Live,l.  VII,  c.   3,  1.  IX,c. 
28),   tantôt  de  graves  mouvements 
populaires  (le  même,  1.  VIII,  c  18) 
donnèrent  lieu  à  planter  des  clous  sa- 
crés au  Capilole.  Le  nom  de  Norlia 
se  rencontre   assez  souvent  dans  les 
inscriptions  (Gori,  tom.  II,  p.  17; 
3o3,  etc.).  Ruperti  (sur  Juv.,  Sat. 
X,   7.   74,  I,  P'   2i65etII,p, 
56^7),  d'après  un  passage  de  Ter- 
tullien  {Ap.y  24)  ?  a  prétendu  qu'il 
fallait  distinguer  INortia  de  Nursia. 
On   sait  qu'il   existait  dans  le  La- 
tium,  vers  les  sources  du  ]\ar,  une 
ville  de    ce  dernier    nom    (  aujour- 
d'hui Norcia).  C'est  là  qu'était  née 
la  mère  de  Ve^pasien  (Suétone,  Vie 
de  Vesp.j  ch.  I  ).   Quelques-uns 
soupçonnent  que  Norlia  était  la  mê- 
me que  Pomone,  ce  qui  est  invrai- 
semblable.   Comp.    Mart.    Capella, 
Noces  de  la  PlùloL,  I,  18,  9  •  et 
Otlf.  Millier,  II ,  p.  54-  et  suiv. 

NOTOS ,  en  latin  ArsTER  ,  le 
vent  du  sud  personnifié,  est  un  des 
huit  vents  principaux  représentés  sur 
les  huit  faces  de  la  tour  des  vents  dans 
Athènes,  Ilna  se  distingue  de  Lips  et 


NOU 

de  Zépliyre  ,  qui  le  suivent,  que  par 
son  air  de  jeunesse  et  par  l'absence 
de  barbe.  A  sa  main  csl  un  vase 
qu'il  vide  ,  ce  qui  indique  les  pluies 
chaudes  que  ce  vent  amène. 

NOUB,  Nouo,  forme  égyptienne, 
probablement  très-peu  usitée,  de 
Knef,    a   été  proclamée  par  Cham- 

fiollion  jeune  [Panlh.  ég. ,  exp.  de 
a  pi.  3),  et  rend  plausible  la  conjec- 
ture qui  admet  aussi  la  forme  Neb 
{Voy.  Neb).  Noiib  en  nubien  si- 
gnifie or'^  et  c'est  de  Ih  que  l'on  a 
voulu  tirer  l'éljmologie  tant  de  Knef 
que  d'Anbô  ou  Anubis.  Ces  dériva- 
tions nous  semblent  fausses  [Voy. 
Knef  et  Akubis). 

NOUM,  Now^,  d'où  le  grec  Cwor- 
Mis  (Kfoy^iî)  et  non  Chnourais,  est  le 
même  que  Knef  [Voy.  ce  nom). 
C'est  uu  bien  singulier  1  appoi  l  que 
celui,  i°de  Numa  et  de  Knef  (ou  de 
la  première  personne  de  la  triade 
égyptienne)  ainsi  adouci  j  2°  de  Ro- 
raulus  (ou  Romus  ou  Rémus)  et  de 
Piromi ,  Pi-Romi,  antérieur  et  su- 
périeur aux  trois  personnes  de  la 
triade. 

NOUTE-FEN  était  en  Egypte  le 
Nil ,  du  moins  en  tant  que  personne 
divine.  Il  est  probable  que  ce  nom 
veut  dire  qui  verse  les  eaux.  Les 
mythologues  grecs  en  firent  un  fils  de 
Ponlos  et  de  Thalassa  (la  Mer)  (Hy- 
gin,^re/^.,p.5),  ou,  ce  qui  revient  au 
même,  d'Océan  et  de  Téthys  (Hésio- 
de ,  l^heog. ,  vers  338),  et  lui  don- 
jiaient  pour  fille  Memphis,  épouse 
d'Epaphe.  Le  sens  de  ces  mythes 
étroits  se  comprend  assez.  Les  astro- 
nomes, lorsqu'ils  placèrent  au  ciel 
une  constellation  du  fleuve,  voulurent 
bien  se  diviser  sur  le  nom  propre  le 
plus  convenable  au  fleuve  :  la  plupart 
se  déclarèrent  pour  l'Erldan  ,  le  Nd 
eut  quelques  partisans. Plus  tard,  sur 
le  sens   ambigu  du  mot  Eridan,  on 


NOV 

imagina  d'identifier  Eridan  cl  Nil. 
Ce  n'est  pas  une  faute  aussi  grave  que 
le  supposent  quelques  personnes.  Le 
nom  propre  du  fleuve  qui  figure  au 
ciel  comme  constellation,  c'est  à  vrai 
dire  le  fleuve  Océan  j   Qt  l'on   a  pu 

f)rendre  pour  Océan  tout,  grand  el 
arge  fleuve  a  vaste  embouchure.  Le 
Pô,  le  Nil  étaient  de  ce  genre.  Reve- 
nons a  l'Egypte.  Nul  doute  que  le 
grand  fleuve  nourricier  qui  coule  des 
monts  de  la  lune  a  Damiette  et  à 
Rosette  n'ait  été  regardé  par  les 
Egyptiens  comme  une  de  leurs  divi- 
nités principales;  mais  celte  divinité 
n'est  qu'une  face  de  divinités  supé- 
rieures à  la  terre.  Knef  qui  est  pre- 
mier Démiurge  ,  qui  est  le  ciel ,  ou 
même  le  ciel  prototypique,  ou  mieux 
encore  la  volonté  créatrice,  exhibi- 
tion première  de  l'être  naguère  irré- 
vélé, Knef  en  descendant  sur  la  terre 
est  le  Nil.  Son  nom  le  témoigne;  car 
Knef  et  Cauope  ne  difl"èrent  pas  ,  et 
Canope  dieu-vase  aux  mille  trous  est 
le  type  du  Nil,  Noute-Fen  {tffu- 
sor  aquaruni);  et  quoi  d'éton- 
nant! le  ciel  est  une  mer,  un  fleuve- 
Océan.  Knef  Démiurge  était  le  ciel. 
Le  ciel  avec  ses  astres  se  représente 
par  un  serpent  au  corps  bleu  semé 
d'étoiles:  Knef,  comme  Piromi,  était 
ce  serpent.  Osiris  aussi  était  le  Nil, 
qui  féconde  sur  la  terre  par  les  eaux 
comme  le  soleil  au  ciel  par  la  cha- 
leur. 

NOVEMBRE,  November,  a  été 
personnifié  plutôt  que  divinisé.  Ausone 
le  caractérise  par  des  attributs  qui 
conviennent  aux  prêtres  d'Isis ,  parce 
que  c'est  dans  ce  mois  qu'on  célébrait 
à  Rome  les  fêles  de  cette  déesse. 

NOVENSILES ,  dieux  sabins  sur 
la  nature  desquels  les  savants  varient, 
étaient  au  nombre  de  neuf  (  l^oy. 
Arnobe,  C-  les  nat.,  1.  III,  c.  38 
et  39).  Selon  Granius,  c'étaient  les 


ISfUÉ 


18X 


neuf  muses.  Pison  les  regardait  com- 
me des  divinités  propres  aux  Sabins , 
et  par  conséquent  sans  analogie  con- 
nue dans  les  religions  étrangères. 
D'autf  es  donnent  à  ces  neuf  dieux  les 
noms  d'Hercule,  Romulus,  Esculape, 
Bacchus,  Enée ,  Yesta  ,  la  Santé  ,  la 
Fortune,  la  Foi.  Manilius  y  recon- 
naissait les  neuf  dieux  ou  génies  qui 
seuls  avaient  reçu  de  Jupiter  le  droit 
de  lancer  la  foudre.  Cette  indication 
précieuse  est  conforme  aux  traditions 
de  la  discipline  étrusque  qui  parle 
souvent  des  neuf  dieux  de  la  foudre 
(oUj  si  l'on  veut,  de  dix,  mais  en  y 
comprenant  Jupiter),  et  qui  dislingue 
douze  espèces  de  foudres  dont^ieuf 
appartiennent  au  seul  Jupiter.  Toute- 
fois rien  ne  prouve  que  les  neuf  dieux 
fulminateurs  de  l'Etrurie  aient  porté 
le  nom  de  Novensiles  ;  et  il  semblerait 
plutôt  que  cette  dénomination  appar- 
tînt exclusivement  aux  Sabins.  Les 
Etrusques  l'adoptèrent-ils  plus  tard? 
avaient-ils  déjà  donné  des  noms  a  leurs 
génies  fulguriteurs?  les  changèrenl- 
ils,  ou  bien  se  bornèrent-ils  à  pronon- 
cer leur  identité  avec  les  Novensiles? 
Ce  sont  autant  de  questions  indéci- 
ses (/^oj.  Otlf.  Millier,  Etrusk.y 
t.  II,  p.  84,  n°  10;  et  Creuïer, 
t. II). — Quelques  mythologues  regar- 
dent les  Novensiles  comme  les  dieux 
que  Rome  recul  de  Talius ,  dieux 
nouveaux  pour  la  ville  de  Rome.  Ces 
dieux  e'taient  au  nombre  de  quatre, 
la  Santé,  la  Fortune",  Hercule  et 
Vesta.  De  la  deux  élymolngies  :  l'une 
tire  Novensiles  de  noveni  (neuf), 
l'autre  le  fait  venir  de  nOK'i  (nou- 
veaux). 

NUE  ou  NUÉE.  r.  NÉPHÉLE. 

NUÉES. Nebul^,  Neç-Ui*/.  Per- 
sonne n'ignore  qu'Arislo|ihane  l»s  a 
personnifiées  dans  la  pièce  de  ce  n(  mj 
mais  elles  se  proclament  clles-mtmes 
les  divinités  suprêmes. 


i&i 


NUI 


ÎSUIÏ,  Nox,  Nt;|,  (.Hvinile  allé- 
gorique, est  daus  Homère  le  principe 
de  tous  les  êtres.  Dans  !a  lliéogonic 
d'Hésiode  c'était  la  fille  du  Chaos, 
qui  est  une  des  quatre  essences  pri- 
mordiales, et  la  sœur  derÉrèbc. 
Sœur-e'poHse ,  elle  a  de  ce  frère  sou 
mari  l'Éther  et  Hémera  (le  jour). 
Puis  elle  engendre  d'elle-même  le 
Sort,  Kêr,  la  Morl,  le  Sommeil,  les 
Songes,  INomos,  Oïzys(rallliction), 
les  Hespérides,  les  Parques,  les  Kè- 
res,  iSéraésis,  la  Fraude,  TAinilié, 
la  Vieillesse,  la  Discorde.  Hygin ,  eu 
lui  diinuant  le  Ch.ios  pour  père,  y 
ajoute  une  mère,  Caligo  (en  latin  lus 
ténèbres).  Dans  Varrou  rÉièhc  est 
son  père.  A  cette  hvpollièsc  se  lie 
celle  qui  lui  donne  pour  époux  l'A- 
cliéron  et  pour  filles  Itjs  I''uries.  Hà- 
tons-nous  de  joindre  ici  la  liste  dos 
enfants  que  lui  assignent  Cicéron  et 
Hygin.  Dans  Cicéron  ,  à  la  suite  des 
noms  déjà  donnés  par  Hésiode,  se 
trouvent  l'Amour,  la  Peur,  le  Dol,  la 
Ruse,  le  Travail,  l'Obstination.  Daus 
Hygm ,  sa  postérité  se  compose 
de  Typiion  ,  Épapbe,  Porphv- 
rion,  Némésis  .  Euplirosyne  (  la 
joie  ou  la  volupté?),  le  Styx,  la  Dis- 
corde, l'Amilié  et  la  Pitié.  Les  hym- 
nes orphiques  la  qualifient  de  fille 
d'£rôs  (l'amour).  Aristophane,  d'a- 
près l'école  d'Orphée  ,  la  dépeignait 
étendant  ses  longues  ailes  noires  sur 
l'œuf  du  monde  que  sou  incubation 
fait  éclore.  La  Nuit  habitait  le 
Tartare,  l'Hespériej  ou  sait  com- 
Lien  ou  varie  sur  l'application  de  re 
mot.  Le  pays  des  Cimmériens,  le 
jiord,  pasiait  aussi  pour  le  séjour  de 
prédileclion  de  cette  déesse.  On  la 
montre ,  du  reste  ,  quittant  périodi- 
quement sa  demeure  pour  assombrir 
les  brillantes  régions  de  l'Olympe. — 
La  Nuit  avait  en  Grèce  des  temples  et 
des  oracles.  Oniai  sacrifiait  des  bre- 


bis  noires  et  des  coqs.  Le  hibou 
était  consacré. — On  lui  donnaitles 
nom  d'Erébéc,  d'Euphronie  etd'Eu- 
bulie,  c'est-à-dire  donneuse  de  bons 
consiilsj  de  Pcecilîmon  (au  costume 
bariolé),  deMélanarmale,  Mélauippe 
Mélauîmùn,  Mélanoptéryge  (au  c 
noir,  anx  noirs  chevaux,  au  noir  coîf 
tume,  aux  noires  ailes ,  etc.).  — Les 
artistes  de  la  haute  antiquité  l'ont  re 
présentée  sous  la  figure  d'une  femme 
portant  deux  enfants  endormis,  l'un 
blanc,  l'autre  noir,  tous  deux  avec  les 
pieds  crochus  (le  Sommeil  et  la  Mort, 
dit  Pausanias).  Sur  quelques  pierres 
gravées ,  elle  tient  au-dessus  de  sa 
tète  un  voilo  étoile.  Parfois  on 
lui  donne  des  ailes  de  chauve-souris, 
et  elle  fuit  devant  le  soleil.  Dans  plu- 
sieurs monuments  un  enfant  la  précè- 
de, portant  un  flambeau. Un  jaspe  san- 
guin du  cabinet  de  Paris  la  présente 
les  cheveux  épars  et  tenant  des  bou- 
quets de  pavots.  Elle  a  aussi  les  che- 
veux épars  dans  une  sardoine  du  même 
cabinet,  mais  de  plus  elle  est  endor- 
mie et  presque  nue  5  sa  main  retient 
négligemment  un  voile.  On  a  tort 
d'attribuer  aux  Etrusques  l'idée  des 
ailes  prêtées  à  la  Nuit:  les  Grecs  les 
connaissaient  déjà.  Lorsqu'on  peint  la 
déesse  sans  ailes,  on  lui  donne  un 
char.  Ce  char  n'a  que  deux  chevaux. 
Et  en  cela  la  Nuit  portée  dans  l'espace 
par  des  Bigas  diffère  du  solci^qu'cu- 
traîue  le  quadrige  ou  char  u  quatre 
chevaux.  Voici  donc  les  attributs  sym- 
boliques de  la  Nuit  :  char  ou  ailes 
(parfois  de  chauve-souris),  voile, 
étoiles,  flambeau  à  lueur  pâle  ou  ren- 
versé, hibou,  pavots,  sommeil  et  son- 
ges, mort.  Les  poètes  ont  diversement 
groupé  ces  caractères.  Les  artistes 
modernes  ont  encore  renche'ri  sur  ces 
finesses.  Est-il  besoin  de  dire  que 
d'autrespersonnificalions  peuvent  être 
prises  pour  parèdres  ou  adéquates  de 


I 


INUM 

la  Nuit?  Caligo  ,  Tenebra; ,  Dnopbos 
(qu'on  peut  aussi  appeler  Zophos  et 
Scotos) ,  sont  tous  dans  ce  cas.  Arri- 
vent ensuite  les  divinités  étrangères 
Ïii  ont  des  rapports  voisins  avec  la 
yx  grecque  ou  Nox  latine,  par  exem- 
ple le  Noctulius  de  Brescia ,  la  Nolt 
Scandinave,  la  Po  commune  à  tant  de 
nations  de  la  Polynésie,  la  Baaul  des 
Phéniciens  ou  Bouto  égyptienne.  A 
celle-ci  se  lient  beaucoup  de  déesses 
eau  bruineuse  ou  pâteuse  primor- 
diale ,  et  d'autre  part  beaucoup  de 
déesses  Lunes.  Enfin  arrivent  les 
personnilicalious  anti  -  lumineuses  , 
Grées,  Géryon ,  Acrisius,  INyctée, 
etc.,  iion-seuleuieut  en  Grèce,  mais 
par  toute  h  terre.  Un  trait  im- 
portant il  signaler  ici,  c'est  que  la 
Nuil  tyi  mythologie  se  distingue  en 
iSuit  primordiale  plus  ou  moins  iden- 
tique aTinorganisme,  l'irrévélation , 
les  péjiodes  antédiluvienne  et  anlé- 
adamique,  et  Nuit  vulgaire,  Nuit  qui 
revient  périodiquemeptde  vingt-qua- 
tre en  vingt-quatre  heures  ,  et  qui 
règne  plus  ou  moins  long-temps  sur 
rborizoD,  selon  le  cbmat  auquel  ap- 
partiennent les  localités. 

NUMA,  chef  rulule,  tué  par  Ni- 
sus  et  Euryale.  Quant  au  roi  Numa, 
voyez  Biog.  imiV.,.  XXXI,  449,  et 
comp.  les  art.  Noum,  Minos,  Me- 
Kou,  Nemedu,  etc. 

NUMÉRIE,  NtTMERiA,  déesse 
latine  de  l'arithmétique.  Les  femmes 
enceintes  l'invoquaient  (R.  :  numéro , 
compter). 

NUMICUS,  dieu-fleuve  d'Italie , 
se  nomme  aujourd'hui  Palerno  (  ou , 
selon Ligorius,  Rivo-di-Ncrai).  Quel- 
ques antiquaires  veulent  qu'il  n'existe 
plus  j  en  effet  c'était  un  simple  ruis- 
seau. Il  est  célèbre  en  mythologie 
par  la  disparition  d'Enée  et  d'Anna 
Pérenna,  que  la  mythologie  vulgaire 
y  noie  {Voy.  ces  articles\  On  ne  se 


NYC 


i83 


servait  pour  les  sacrifices  de  Vesla 
que  de  l'eau  de  ce  fleuve. 

NUMIÏOR.  F.  Amllius. 

NUNDINA  présidait,  selon  les 
Latins,  à  la  purification  des  enfants. 
Cette  cérémonie  avait  lieu  h  Rome 
neuf  jours  après  la  naissance. 

NUPTIALES  (Du),  ou  dieux  des 
noces,  étaient  au  nombre  de  cinq, 
Suada  ,  Vénus ,  Lucine  ,  Jupiter  et 
Junon.  Ou  pourrait  y  joindre  les 
Prema,  Pertunda,  Perfica,  Volupia, 
et  autres  déesses  non  moins  accom- 
modantes que  Suada  et  Vénus. 

NYCÏÉE,  NïCTEUS,  Nvjtrtwf: 
1°  fils  de  Neptune  et  de  Céléno  (il 
fut  père  d'Antiope);  2°  fils  d'Hvriée 
et  frère  de  Lycus;  3"  fils  de  Clîtlio- 
uius;  4"  père  de  Nyctimène  (c'était 
nn  roi  d'Ethiopie)  5  5"  compagnon  do 
Diomède,  fut,  ainsi  que  tout  le  cor- 
tège du  héros,  changé  en  oiseau  (oi- 
seau de  nuit?).  —  Un  des  quatre 
chevaux  de  Pluton  s'appelait  auss 
Nyclée.  Il  est  aisé  de  voir  que  tous 
ces  noms  sont  des  personnifications 
anti-lumineuses.  Eau,  vent  (e«p«f, 
car  nous  ne  voulons  pas  parler  d'etr- 
foy)j  nuit,  chouette,  région  lointaine 
comme  l'Ethiopie,  toutes  ces  idées 
se  su_pposaient  mutuellement  chez  les 
anciens. 

NYCTKIS  ,  Hvy.Triky  femme  de 
Polydorc  et  mère  de  Labdaque.  Etait- 
ce  la  fille  de  l'Hyriéide? 

NYCTEL,  NvcTELius,  NwrÉ- 
A<flf ,  Baccbus.  A  ce  nom  se  lie  la 
fêle  athénienne  des  Nyclélies  qui  se 
célébrait  de  trois  en  trois  ans ,  vers 
le  commencement  du  printemps ,  et  de 
nuil.  Ceux  qui  prenaient  part  à  la 
solennité  couraient  lumultuairemen 
portant  des  flambeaux,  des  bouteilles 
et  des  verres ,  cbanlant  des  airs  h 
boire,  et  faisant  d'amples  libations  h 
Baccbus.  On  présume  assez  que  quel- 
.qucs  désordres  devaient  s'y  commet- 


i84 


NYM 


Ire;  dd  moins  les  pères  ea  parlent 
souvent,  et  toujours  avec  l'accent  de 
témoins  oculaires.  On  donnait  aussi 
le  nom  de  Nyctélie  ii  une  fêle  de 
Cybèle. 

NYCTIME,  Nyctimus,  viCku- 
^«f,  le  iiualrièiiie  (d'autres  disent 
l'aîné)  des  cinquante  Lycaouides, 
régna  en  Arcadie  ou  sur  TArcadie 
après  la  mort  de  son  père.  Il  fut  le 
seul  que  les  flèches  de  Jupiter  épar- 
gnèrent, et  survécut  au  déluge  de 
Dciicalion.  Quelques-uns  ont  présumé 
qu'il  y  avait  eu  deux  Nyclime  parmi 
les  Lycaouides;  que  le  plus  jeune  fut 
sacrifié  par  son  père  sur  l'aulel,  et 
que  Taîné  seul  lui  succéda. 

NYCTIMÈINE,Nu»r«^i».f,  prin- 
cesse qui  eut  un  commerce  iucestueux 
avec  son  père  et  fut  changée  en 
chouette.  Les  uns  en  font  la  fille  d'un 
Nyclée  roi  d'Ethiopie;  les  autres  pla- 
cent la  scène  k  Le^bos,  et  donnent 
au  père  le  nom  d'Épopée.  On  varie 
aussi  sur  les  circonstances  du  crime, 
et  Ton  voit  tantôt  Nyctimène  se  glis- 
ser furtivement  dans  h  couche  pater- 
nelle, tantôt  le  père  violer  sa  fille. 

NYCTIS,  nUtiç,  fille  de  Nyc- 
lée, femme  deLabdaque,  et  mère  de 
Laïus. — D'ordinaire  on  ne  nomme 
pas  la  femme  de  Labdaque.  jN'aurait- 
on  pas  confondu  Nyclis  avec  Nycléis? 

NYMPHES  (les),  Nynph;e,n<;^- 
<pa< ,  sont  dans  la  mythologie  hellé- 
nique, qu'imitèrent  les  Romains,  des 
espèces  d'Izeds  ou  sous-Izeds  femel- 
les préposés  à  de  simples  détails ,  à 
des  spécialités,  à  des  faits  immobiles 
et  isolés  de  la  nature  physique. iVy/«- 
pha  eu  grec  veut  dire  jeune  mariée  et 
par  suite  jeune  femme.  Les  Nymphes 
sont  jeunes,  mais  ne  sont  pas  essen- 
tiellement vierges,  ou  bien  elles  sem- 
blent sur  cette  ligne  douteuse  où  la 
virginité  le  cède  à  l'amour  et  au  ma- 
riage. Dcladérivent  tous  leurs  carac- 


NYM 

lères  :  i"  jeunesse,  fraîcheur,  amabi- 
lité, naïveté,  beauté,  quasi-virginité; 
a"  aspect  de  simples  mortelles  et  im- 
mortalité douteuse  (tantôt  on  les 
donne  pour  immortelles,  tantôt  on  ne 
donue  ce  privilège  qu'à  quelques-unes 
d'elles,  tantôt  la  vie  immortelle  n'e.st 
phis  qu'une  longévité  presque  iudéfi- 
nie);  5"  pouvoir  limité  et  quant  au 
temps  et  quant  au  lieu  et  quant  h  k 
sphère  d'action  ;  aussi  allons-nous  voir 
des  Nymphes  des  eaux,  des  Nymphes 
des  bois,  etc.;  /»"  existence  ter- 
restre en  quelque  sorte  (  les  Nym- 
phes vraies  habiteut  toutes  le  globe 
que  foule  l'espèce  humaine,  et  c'est  à 
l'époque  du  syncrétisme  que  l'on  ad- 
mit des  Nymphescélestes);  5° l'absence 
des  légendes  ou  symboles  individuels. 
Les  légendes  en  effet ,  qnaud  elles 
existent,  se  bornent  presque  toutes 
h  nommer  le  père  ,  l'amant  et  le  fils 
de  la  Nymphe.  De  temps  à  autre  on 
la  voit  se  changer  en  arbre  ou  en  fleur. 
Quelquefois  c'est  une  princesse  que 
les  dieux  transforment  en  fontaine, 
et  alors  la  princesse  est  Nymphe. 
On  voit  aussi,  avant  l'apparition  de 
la  fontaine,  la  jeune  fille-source  qua- 
lifiée de  Nymphe. — Ne  tenant  aucun 
compte  de  l'époque  a  laquelle  ont  été 
imaginées  les  épithètes  additionnelles 
ar  lesquelles  on  veut  caraclérisir  les' 
ymphes  ,  nous  les  classerons  de  la 
manière  suivante  : 

I .  Nymphes  célestes  ou  Uranies. 

II.  Nyiiiplie»  teii-eslres  ou  lipigées. 

i"  Nymphes  des  eaux  ou  Ephydriadcs. 

1.  Nymphes  marines  : 

Océanides  ;   Néréides. 

2.  Nymphes  d'ca.j  douce. 
Nymphes  d^  fontaines  -. 

Najades  ;  Créncc»  ;  Pegces. 
Nymphes  des  fleuves  : 

l'otamides. 
Nymphes  des  lacs  et  étangs  : 
I.imnades. 
y'  Nymphes  de  la  terre. 

i.  Nymphes  des  montagnes  : 

Oréades;  Orestiades  ou  Orodemnîadcs. 
2.  Nymphes  des  vallées  et  des  bowgtt  ; 
Napées  ; 
Aulouiades. 


K 


4 


NYM 

3.  Njfinphes  des  prës  : 

Mélies. 

4.  Kyinphcs  des  forêts: 

Dryades; 
Hamailryadcs. 

5.  Kymphes  des  grottes  :  Coi-ycides. 

Une  nomenclature  différente  com- 
preudrail  les  noms  locaux  des  Nym- 
phes. Tels  sont  ceux  de  Paclolides  , 
Ilissides,  Céphissides,  lsménides,Ani- 
grides,  Achéloïdes,  Ascanides  relatifs 
à  divers  fleuves;  de  C\tl)éroniades 
a  cause  du  mont  Cylhéron,  de  Sillmi- 
des  à  cause  d'un  lieu  de  Ce  nom  dans 
la  Mégaride,  de  Dodonides  a  cause  de 
Dodone  ;  de  Lélégéides  en  mémoire 
de  la  Lélégic  ,  depuis  Lacoiiie.  En- 
suite viendraient  les  Corycides  déjà 
nommées,  les  Amnisiades  ,  lis  Tii)é- 
riades,  etc.,  etc.  —  En  général  tout 
groupe  de  jeunes  femmes  ou  de  jeunes 
fdles  qui  flottent  entre  la  divinité  et 
rimmanilé  aspire  au  nom  de  Nym- 
phes. Delkle  lilredeNymphesCécro- 
pides  ou  Agrauliennes,  Nymphes  agri- 
culturales,  donné  par  d'habiles  my- 
thologues aux  trois  filles  de  Cécrops. 
Les  compagnes  de  Minerve  sont  des 
Nymphes  Athànàïdes.  Les  trois  filles 
deMynée  sont  desNymphesMynéidcs 
ou  Myniades ,  des  Nymphes  Anti- 
Dionysiaques.  Les  trois  tantes  de 
Baccbus  au  contraire  sont  des  Nym- 
phes Dionysiaques.  Les  trois  Grâces 
sont  des  Nymphes  Aphrodisines.  Les 
trois  Heures  sont  des  Nymphes  cos- 
mogoniques.  Les  Muses  sont  des 
Nymphes  Apollinaires.  Enfin  les  sept 
Cabires  femelles,  c'est  k-dire  les  dé- 
doublements femelles  des  sept  Cabi- 
res, sont  nommées  Nymphes  Cabi- 
rides.  Les  Nymphes  se  dessinent  par 
bandes  autour  d'une  haute  divinité: 
les  Néréides  entourent  Nérée,  les 
Océanides  forment  la  cour  du  vieil 
Océan ,  les  Achéloïdes  habitent  les 
eaux  de  l'Achélous  ;  mille  Nymphes 
chasseresses  se  pressent  autour  de 


IVYM 


t8S 


Diane,  soit  qu'elle  gravisse  les  monts, 
soit  qu'elle  parcoure  les  forêts,  soit 
qu'elle  délasse  ses  attrailsdansle  bain. 
Ainsi  les  Nymphes,  quoique  se  prêtant 
facilement  a  la  vie  forestière,  mon- 
tagnarde et  agricole,  furenl  essentiel- 
lement dans  la  mythologie  greccpic 
des  habit-intes  des  eaux.  Addirdaga, 
la  Bouto  pisciforme  ,  le  Mat.iiavalar 
syriaque,  l'Oannès  femelle,  sont  leur 
type.  Qu'on  ne  s'imagine  pas  pourtant 
que  ces  Nymphes-poissons  ou  -onde 
fussent  des  il  rigalricis  etrlen  de  plus. 
Il  a  été  dit  mille  fois  que  l'onde  ins- 
pire :  mouvement  etcadence,rhylhme, 
clianl,  harmonie,  poésie;  mouvement 
et  pensée,  génie,  invention;  mouve- 
ment et  tendance  vers  l'avenir  ,  pré- 
voyance, divination,  oracle;  mouve- 
ment et  rénovati'in  des  choses  hu- 
maines, ces  idées  se  tenaient  de  près 
dans  l'esprit  anti-analytique  des  an- 
ciens :  aussi  apprlait-on  souvent  les 
devins  ou  autres  personnages  inspi- 
rés Nympholeptes.  Nous  avons  déjà 
creusé  ces  faits  aux  articles  Ca>obe, 
MÉDî.'SE,  Meibdu,  Muses. — Toute 
gracieuse  que  nous  semble  la  mytho- 
logie des  Grecs,  avouons  que  son  élé- 
gance offredes  Incunes.Dansbs  Nym- 
phes, sans  doute  elle  a  ses  Ondines; 
mais  oîi  sont  ces  génies  malicieux  et 
avares  qui  veillent  sar  les  trésors  mé- 
talliques enfouis  dans  le  sol,  et  ces 
Nymphes  impondérables  qui  glissent 
dans  l'air,  qui  folâtrent  dans  la  sphère 
de  feu  j'oùsontles  Robold  des  mineurs 
allemands,  les  salamandres  et  les  gno- 
mes de  la  Cabale  ,  les  aériennes  Pé- 
ris du  Farsistan  et  les  mélodieuses 
Raguinis  des  Hindous? — Romeeul  nn 
temple  des  Nymphes;  il  fut  brûlé 
par  Clodius.  On  offrait  à  ces  divini- 
tés du  lait,  du  miel,  des  fruits,  de 
l'huile,  peu  de  vin,  encore  iroius  de 
victimes  sanglantes  :  une  chivre ,  un 
raduton  pourtant  tombaient  de  temps' 


x86 


OA>' 


à  aulrc  en  leur  honneur.  Elles 
eurent  en  quelques  lieux  des  fèlcs 
annuelles  dites  Nyraphées.  Dans  la 
Triopide  on  les  liniiorail  conjointe- 
nieut  avec  Apollon  et  Mercure  (dieux 
Komioi  ).  Dans  les  siècles  posté- 
rieurs h  l'ère  chrétienne  les  invoca- 
tions et  les  sacrifices  aux  Nymphes 
devinrent  chose  fréquente;  une  loule 
d'inscriptions  allesteut  cet  usage.  On 
les  représente  tour  à  tour  velues,  mi- 
uues  ou  nues,  port  ml  des  roseaux, 
des  vases,  des  coquilles,  isolées  ou  se 
tenant  par  la  main,  assises,  accrou- 
pies ou  dehout.  En  général,  tout  ce 
que  nous  avons  dit  des  Naïades  leur 
convient.  On  les  place  souvent  sur 
les  rives  des  fleuves  ou  dans  des  grot- 
tes. Ces  grottes,  qu'on  appelle  INyin- 
phées,  ont,  outre  le  sens  physique  que 
tout  le  monde  devine,  nu  sens  sym- 
bolique analogue  à  celui  de  la  grotte 
de  Mithra.  Porphyre  a  éciit  sur  ce 
sujet  un  traité  intitulé  :  Dt  yîntro 
JSymphariim. 

JNl SA,  Nuo-«,  passait  pour  la  nour- 
rice de  Bacchus.  Dans  la  magnifique 
procession  que  Plolémée-Philadelpbe 


OAN 

étahlit  en  l'honneur  de  Bacchus,  NpS 
était  représentée  par  une  actrice  vi- 
vante. On  se  doute  assez  que  Nysa 
n'est  pas  atitre  chose  que  la  Nuit  en 
généial,  tel  est  le  sens  de  ce  mot. 
Sioiva-os.,  Dt!wauicha^  ne  signifie  que 
le  dieu  de  la  nuit  ou  le  dieu  de 
Nysa,  et  ces  deux  mots  sont  complè- 
tement synonymes  l'un  de  lautro. 
— Hygin  menlionne  un  père  nourri- 
cier de  Baccims  ,  et  l'apnelle  Nysus. 
Ce  ne  serait  que  Nysa,  la  Nuit,  Etre 
uts  êtres,  Généraliice  niascu'inisée  ; 
et  jusqu'ici  notre  étonneinenl  serait 
médiocre;  mais,  ajoute  Hygin.  Bac- 
chus avant  de  partir  pour  l'Inde  con- 
fia Thèhes  à  Nysus.  Or  Thèhes  a 
été  gouvernée  aussi,  dit-on,  par  un 
Nyclée ,  Nuit  personnifiée  ;  et  quand 
Bacchus  revient  h  Thèhes  on  ne  veut 
pas  lui  rendre  l'empire.  Il  faut  que 
Bacchus,  prétextant  des  orgies,  ar- 
me ses  bacchantes,  et,  grâce  au  dés- 
ordre d'une  fêle,  s'empare  de  sa  ville 
natale.  Ainsi ,  le  dieu-soleil  expulse, 
qui.^  la  réponse  est  simple,  la  Nuit. 
NISO  :  i"  Nymphe  dyonisiaque 
{V.  l'art,  qui  précède);  2°  ^.Ntso. 


i 


o 


OANNÈS  ,  Î2«»v)js-  (  quelquefois 
Oen,  'fl^î'v),  Hermès  des  cosmiigonies 
babyloniennes ,  se  présente  non-seu- 
lement comme  législateur  et  civilisa- 
teur, mais  comme  esprit  sortant  pé- 
riodiquement du  sein  des  eaux  et 
comme  Démiurge.  Ainsi ,  d'un  côté, 
on  nous  montre  Oannès  venant  ap- 
prendre aux  hommes  les  lettres,  les 
sciences  ,  les  arts;  il  fait  fleurir  l'a- 
griculture ;  il  élève  des  villes  ,  des 
temples;  il  donne  des  lois,  polit  les 
mœurs,  institue  des  fêtes;  il  laissa 
des  livres  surla  cosmogonie,  sur  l' ad- 
ministration, etc.  Jusqu'ici  il  a  toute 


la  physionomie  des  Hermès.  D'un  au- 
tre côté,  des  merveilles  inattendues 
s'accumulent  dans  sa  légende  :  1°  il 
sorlchaque  matin  de  la  mer  Erythrée 
et  y  rentre  le  soir  (quelques-uns  di- 
sent que  chaque  nuit  il  se  rend  a 
Memphis  ,  et  que  chaque  jour  il  se 
trouve  auprès  des  murs  de  Babylone); 
2"  il  a  le  corps  d'un  poisson,  les  pied« 
d'un  homme,  et  deux  têtes  dont  l'nne 
est  celle  d'un  poisson  et  l'antre  celle 
d'un  homme;  3"  il  semble  quadruple, 
selon Abydène  (dansleijyncel.,p.  38): 
d'après  Bërose,  quatre  animaux  mous- 
truenx,Eudoqïie,Eaeugame,Encubii- 


OAN 

le,  Anémeule,  sorlirent  des  flols  com- 
me Oannès.  Apollodore  (aussi  dans  le 
Syucel.,  59)  parle  de  quatre  Autiédo- 
tes  qui  firent  leur  apparition,  le  pre- 
mier sous  Araracnon,  le  deuxième  265 
ans  plus  tard  ,  le  troisième  sous  Dao- 
nus,  le  quatrième  sous  Evérodasquc. 
I!  donne  au  premier  !e  nom  d'Oannes, 
et  au  quatrième  celui  d'Odacon  ,  qui 
rappelle  Dagouj  4^°  enfin  dans  le  li- 
vre des  Origines  (Cosmogonie?), 
attribué  a  Oannès,  il  était  question 
d'un  temps  où  eaux  et  ténèbres  étaient 
confondues  et  contenaient  des  myria- 
des d'êtres  à  formes  incompatibles  et 
monstrueuses  :  des  bommes  h  deux 
ou  h  quatre  ailes  ,  des  androgynes  , 
des  bippocentaurcs ,  des  chiens  à 
quatre  queues,  etc.;  toutes  repré- 
sentations depuis  consacrées  par  la 
religion,  et  que  la  sculpture  avait 
vingt  fois  reproduites  dans  les  tem- 
ples. Que  conclure  de  tout  ceci?  Pri- 
railivemenl  on  a  vu  dans  la  légende 
rbistoire  fabuleuse  d'un  chef  qui  , 
venu  de  pays  étranger  par  mer,  au- 
rait apparu  dans  la  Chaldée  vêtu  de 
peaux  de  cétacés  ou  d'autres  grands 
mammifères  marins,  et,  comme  Cé- 
crops,.Cadmus,  Évandre,  aurait  fait 
faire  à  l'ignorance  des  indigènes  quel- 
ques pas  vers  la  civilisation.  Chaque 
soir  ce  législateur  quittait  la  terre 
pour  rentrer  dans  son  navire,  elc. 
Aujourd'hui  on  ne  discute  plus  de 
telles  hypothèses.  Toutefois,  ceux 
même  qui  les  adoptaient  auraient 
été  fort  embarrassés  pour  expliquer 
le  retour  périodique  d'Oannès  le  soir 
à  Mcmphis  et  le  lendemain  matin  h 
Labylone.  Au  reste,  on  doit  sentir 
que  l'explication  historique  s'appli- 
que aussi  facilement  h  la  légende 
des  q!ialre  Oannès  (chefs  d'école, 
de  dynastie  ou  d'instituts  religieux 
qui  se  continuent  ou  qui  se  succè- 
dent )  qu'à  celle   où  l'on  n'en   voit 


OAN 


1&5 


qu'un  seul.  C'est  moins  un  homme 
qu'un  ensemble  de  faits  et  d'institu- 
tions, qu'il  faut  voir  dans  l'Hermès 
babylonien  j  et  alors  les  quatreOannès 
seraient  comme  quatre  phases  d'une 
civilisation  soit  babylonienne  ,  soil 
commune  à  plusieurs  régions  de  l'Asie 
méridionale.  Dupuis(Or. </c.î  Cuit., 
1.  III ,  ch,  xvu)  regarde  Oannès 
comme  le  poisson  austral  ,  ou  (ce  qui 
n'eu  diffère  point)  comme  la  belle 
étoile  de  sa  bouche  (on  l'appelle  vul- 
gairement Fomalhaut),  Cet  astre,  de 
seconde  grandeur,  se  lève  au  com- 
mencement de  la  nuit  solsticiale  et  se 
couche  au  moment  de  l'aurore.  Mar- 
quant ainsi  son  époque  astronomique 
par  un  doub'e  phénomène,  tandis  que 
d'ordinaire  les  autres  constellations 
n'en  indiquent  une  que  par  leur  lever 
ou  par  leur  coucher,  il  devait  attirer 
particulièrement  l'attention.  D'ail- 
leurs il  se  lève  au  sud-est  de  l'Egypte, 
avec  environ  5o  degrés  d'amplitude  , 
et  par  conséquent  au  point  même  de 
l'horizon  où  l'habitant  de  Memphis 
plaçait  la  mer  Rouge.  Il  est  k  noter 
qu'ici  Dùpuis  ne  tient  nul  compte  de 
l'apparition  d'Oannès  aux  environs  de 
Bauylone.A  notre  avis  pourtantce  qui 
caractérise  la  légende ,  c'esl  le  pèle- 
rinage périodique  et  perpétuel  du 
dieu  qui  va  de  l'est  h  l'ouest  ,  de  la 
Chaldée  dans  l'Egypte,  de  la  mer  Ery- 
thrée babylonienne  (golfe  Persiquc)k 
la  mer  Erythrée  memphiliquc  (au- 
jourd'hui mer  Rouge).  Voir  dans 
cette  mer  Rouge  un  lieu  k  l'est  de 
Memphis ,  c'est  parler  en  géogra- 
phe mais  non  en  mythologue.  Ba- 
bylonc  et  golfe  Persiquc  c'est  tout 
un,  c'est  dire  l'est  5  Memphis  et  mer 
Rouge  c'est  aussi  tout  un  ,  c'est 
l'ouest.  Ceci  posé,  Oannès  csl-il  en- 
core le  poisson  austral?  La  chose  est 
douteuse  :  Oannès  a  tout  autant  les 
caractères  soit   du  ciel  entier  (  d'un 


i88 


OAN 


OAN 


Tpé  androgyne) ,  soit  du  soleil  (une 
espèce  d'Hypérion),  que  celui  de  tel 
ou  tel  astre,  de  telle  ou  telle  constel- 
lation. Le  fond  des  choses  cVst  que 
ces  explicitions  diverses  sont  conri- 
liables ,  et  qn'Oannès  nous  scntMe 
tout  ensemble  ciel,  soleil  el  constella- 
tions (les  quatre  qui  sout  censées  pré- 
sider aux  deux  solstices  et  aux  cicux 
équiuoxes)  5  car,  d'une  part,  le  soleil 
représente  le  ciel ,  et  de  l'autre  il  se 
trouve  tour  h  tour  associé  aux  quatre 
aslérismes  qui  marquent  les  qualrc 
époques  cardinales  de  l'année.  De  là 
deux  soupçons  :  Oannès  horizon 
(Anubis  babylonien),  et  Oannès  an- 
née. Et  Totn-Hermès  lui-même,  en 
Egypte,  n'esl-il  pas  Tannée  personni- 
fiée, en  même  temps  que  le  civilisa- 
teur }  Comp.  aussi  le  Janiis  italique  , 
quadriceps  comme  Oannès,  soleil-an- 
née comme  Oannès  (d'ailleurs  les 
noms  mêmes,  Jan,  Oan ,  ont  déjà  été 
rapprochés).  Et,  quoi  qu'on  eh  dise, 
Hermès  el  Anubis,  lorsque  l'on  ar- 
rive dans  les  hautes  sphères  d'identi- 
fication ,  ne  se  fondent-ils  pas  dans 
une  idée  commune  {f^Gy.  Ant;bis)  ? 
Mais  ce  n'est  pas  tout  :  les  quatre 
époques  .cardinales  de  l'année  (et 
par  suite  les  quatre  périodes,  les  qua- 
tre saisons)  n'expliquent  point  suffi- 
samment la  physionomie  pisciforme 
d'Oaunès.  Celte  conformation  mons- 
trueuse recèle  quelque  chose  de  plus: 
l'incarnation  quadruple,  quoique  tou- 
jours semblable  a  elle  -  même.  De 
même ,  aux  Indes ,  Vichnou  s'in- 
carne quatre  fois  avant  de  prendre 
les  formes  purement  humaines.  Il  est 
vrai  que  là  se  trouve  plus  de  variété  : 
le  dieu  se  montre  tour  h  tour  poisson, 
tortue',  sanglier  et  lion  5  mais  est-il 
étrange  que  les  imitateurs  n'aient 
point  connu  les  détails  de  la  légende 
indienne,  etque,frappésseuiement  de 
deux  idées,  poisson  et  quatre  ,  ce 


^ 


soit  à  celle-là  qu'ils  se  soient  attachés? 
Les  quatre  incarnations  primitives  de 
l'Inde  ont  trait  à  quatre  créations  dif- 
férentes. Il  serait  téméraire  sans 
doute  de  dire  que  les  prêtres  baby- 
loniens eurent  d'abord  la  même  idée 
avec  tous  ses  détails.  Véritabiement, 
ridée  de  quatre  invasions  de  la 
mer,  de  quatre  ordres  divers  de  créa- 
tions animales  marines  (  poissons  , 
crustacés,  mollusques  on  autres),  ful- 
elle  formulée  par  eux  en  mythes 
inintel'igibles  pour  le  vulgaire,  pleins 
de  sens  pour  leurs  adeptes  el  pour 
eux  ?  Il  est  difficile  de  le  croire  ;  mais 
l'Inde  avail  rêvé  quelque  chose  de  ce 
genre.  Il  y  eut  donc  aussi  au  fond  du 
mythe  d'Oannès  une  aperception  va. 
gue  de  périodes  cosmogoniqucs  très- 
diverses.  C'est  ce  qu'achève  de  prou- 
ver ce  trait  déjà  cité,  que,  dans  son  li- 
vre de  l'origine  des  choses,  le  scribe 
sacré  mentionne  des  formes  mons- 
trueuses, des  androgynes,  etc.  Ces 
quatre  périodes  cosmogoniques,  dont 
le  quadruple  Oannès  est  l'emblème, 
sont  comme  les  prototypes  des  quatre 
périodes  de  Tannée.  Les  saisons  ne 
sont  en  un  an  que  ce  que  des  myria- 
des d'annéçs  seraient  dans  un  cycle 
de  siècles;  en  d'autres  termes,  les 
saisons  sont  pour  les  mythologues  les 
miniatures  des  périodes  co.smogoni- 
ques.  Aussi  TInde  les  nomme-t-elie 
Ka!a  (temps);  car  les  Rilus  ne  sont 
que  des  demi-saisons.  Quant  au  rôle 
si  important  que  jouent  et  Teau  et 
la  forme  poisson  ,  ce  îi'est  pas  à 
présent  que  nous  devons  nous  en 
étonner.  L'eau  était  ,  pour  pres- 
que tous  les  anciens,  le  principe 
premier  :  transition  des  solides  aux 
gaz,  elle  récapitule  à  elle  seule  toute 
la  matière  ;  d'ailleurs  tout  corps  est 
censé  être  en  dissolution  chez  elle,  et, 
au  fond,  tout  ce  qui  n'y  subit  pas  la 
dissolution  y  forme  au  moins  un  pré- 


OA.N 

cipilc.  Admis  ainsi  la  préexistence 
et  la  prééminence  de  l'eau  ,  tout  ce 
qui  un  jour  arrive  à  être  hors  d'elle 
sort  d'elle  5  ce  qui  sort  d'elle  a  forme 
de  ce  qui  habile  en  elle  (poisson,  rep- 
tile, cétacé.  etc.).  A  Babylone,  ainsi 
qne  dans  toute  la  Syrie,  la  forme 
poisson  a  presque  été  la  seule.  On 
conçoit  a  présent  ce  que  c'est  qu'A- 
nadyomène  ;  c'est  la  Génératrice  sor- 
tant des  eaux,  c'est-à-dire  se  mani- 
festant. La  force  fécondeétaitcacliée  j 
elle  se  révèle.  Nulle  donc  plus  que 
Vénus  ne  mérite  ce  litre  d'Anadyo- 
raène ,  ce  rôle  de  portée  sur  les 
eaux  ,  se  mouvant  sur  les  eaux 
{f^oy.  Nabaïana).  Et  l'on  conçoit 
aussi  qu'en  un  sens  Aphrodite  soit 
mâle  autant  que  femelle.  Génération 
suppose  deux  forces:  une  activité  se- 
mant la  vie,  une  passiveté-réceplivité. 
Les  peuples  enfants  n'aperçoivent  sou- 
vent que  l'un  des  deux  pôles,  le  second 
alors  n'existe  plus  que  virtuellement 
et  implicitement  dans  le  premier. 
Dès-lors  on  a  tantôt  un  Vénus  mâle, 
tantôt  une  Vénus  déesse.  Eh  bien  ! 
Oannès  est  justement  un  Vénus  mâle. 
Ce  nom  de  Vénus  ,  dont  l'étymologie 
a  été  cherchée  si  loin  (  boa» ,  unir; 
Bendis;  tv,  dans,  etc.) ,  ce  nom  n'est 
autre  qu'Oannès.  Prenez  de  part  et 
d'autre  les  radicaux  (Ven,  Oann  ou 
Oen)  ;  songez  a  la  facilité  avec  laquelle 
V  devient,  ad  libitum^  voyelle  ou 
consonne  (V,  W,  OU, 0  ;  Ven,  Wen, 
Ouen,  Oeil) ,  et  prononcez.  Oannès 
est  donc  un  Hermès- Vénus,  du  moins 
dessinateur  (^sinon  architecte)  des  for- 
mes des  êtres,  et  civilisateur  du  genre 
humain;  pisciforme  parce  qu'il  se  ré- 
vèle au  sein  du  grand  tout ,  du  grand 
chaos,  vu'gaireme  ni  représentécomme 
rOcéan;  quadruple,  c'est  à-dire  se  ré- 
vélant dans  quatre  créations  successi- 
ves. Il  est  présumable  que  si  nous  con- 
naissions a  fondlesmylhesbabjlouienSj 


OBA 


189 


nous  verrions  dans  les  quatre  Oannès 
des  différences  manifestes;  probable- 
ment la  forme  animale  s'élèverait  de 
plus  en  plus;  et  si  le  premier  tenait 
bien  plus  du  poisson  que  de  l'homme, 
le  quatrième  serait  bien  plus  voisin  de 
l'homme  que  du  poisson.  Le  Dagon 
des  Philistins  semble  n'être  que  l'O- 
dacon,  quatrième  incarnation  d'Oan- 
nès.  Addirdaga  esl  un  Oannès  dans 
lequel  Vénus  efface  Hermès ,  comme 
dans  rOanuès  proprement  dit  Her- 
mès éclipse  Venus.  Les  étymologies 
tirées  d'aisv ,  œuf,  ou  du  syriaque 
Onerio ,  étranger ,  ne  doivent  être 
citées  que  pour  mémoire.  La  pre- 
mière nous  lance  dans  le  système 
cosraogonique  qui  fait  éclore  le  monde 
d'un  œuf;  et  l'œuf ,  en  effet,  esl  le 
vestibule  de  la  vie  pour  toutes  les 
classes  animales,  sauf  lesraammifèresj 
la  deuxième  n'a  trait  qu'aux  hypo- 
thèses des  évhéméristes. 

OAX,  Oaxus,  "o^lflf,  héros  ^po- 
nyràe  de  la  ville  de  Crète,  était  le 
fils  d'Apollon  et  d'Acacallis  ou  Acalle 
dont  on  a  fait  Anchiale  — On  nomme 
un  Oax  ,  Oaxes ,  fils  aussi  d'A- 
pollon et  héros  éponyme  d'un  fleu- 
ve de  Crète;  c'est  sans  doute  le 
même. 

OB,  dieu  syrien,  rendait  des  ora- 
cles; mais  d'une  voix  si  basse,  que  le 
consultant  s'en  retournait  sans  avoir 
rien  entendu  ,  ou  était  obligé  de  de- 
viner les  trois  quarts  de  la  réponse. 
Ce  filet  de  voix  semblait  émaner  des 

{)arlies  sexuelles,  des  aisselles  ou  de 
a  tête  de  la  statue.  Nul  doute  que 
ses  prêtres  ne  fussent  des  adeptes  en 
ventriloquie.  Dans  toute  l'Asie  anté- 
rieure on  croyait  que  les  êtres  surna- 
turels, lorsqu'ils  consentaient  à  parler 
aux  hommes ,  faisaient  h  peine  enten- 
dre leur  voix. 

OBA  ou  mieux  BOA  est,  dit-on  , 
le  dieu   suprême  des  Toungouses. 


iç^a 


occ 


itoa  rappelle  Foé  :  est-ce  que  le 
culle  des  Toungouses  serait  une  bran- 
che (lu  cbamanlMne  i 

OBARATOU  ,  lin  des  dieux  agri- 
culluraux  du  Laliuin  ,  présidait  au 
deuxième  labour. 

OBI  (i.E  VIEILLARD  DE  l'),  dieu  des 
As-Iaks  (Osliaques  de  l'Obi),  est 
peut-être  rObi  personnifié.  11  est  sur- 
tout invoqué  comme  favorable  h  la 
pêche.  Son  idoîc  eu  bois  a  des  yeux 
de  verre,  la  tête  armée  de  f^randes 
cornes,  le  nez  en  fonne  do  groin  de 
pourceau  j  un  crochet  de  fer  lui  traverse 
les  deux  narines.  On  lui  fait ,  de  trois 
«»n  trois  ans,  traverser  TObi  dans  une 
barque  ad  hoc.  véritable  bari  sacrée 
de  ces  peiples  septentrionaux,  qui  doi- 
vent eu  (ftet  avoir  pour  leur  fleuve  la 
vénération  que  TEgyple  sentait  pour 
le  iSil.  Quand  la  glace  commence  h 
fondre,  et  que  les  eaux  inondent  leurs 
rives  ,  les  Ostiaques  demandent  au 
vieillard  une  pèche  abondante,  et 
lui  en  dounent  bonne  part  lorsque  le 
succès  couronne  leur  vœu  ;  ils  1  insul- 
tent et  le  maltraitent  au  contraire 
s'ils  trouvent  que  leur  prière  n'a  pas 
tlé  exîuicée. 

OBODjdieu  arabe,  avait  été  adoré 
àOboda,  dans  l'Arabie-Pétrée,  jus- 
qu'à rétablissement  du  mahoraélisme. 

OBRliVIO,  '0!?p<^»',  Proserpine. 
Ce  nom  est  très-remarquable  par  sa 
ressemblance  avec  Brimo ,  la  même 
qu'Hécate,  la  même  quLis. 

OBSTINATION,  fille  de  la  Nuit 
{foy.  ce  nom). 

OCALÉE,  OcALEA,  ^ax-^Xtoc,  fille 

de  Mantinëe,  fui  femme  d'Abas  et 
mère  d'Acrisius  et  de  Frœlus  (on  a  eu 
lort  de  changer  ce  nom  en  Agluïa). 
La  Béotie  avait  une  ville  d'Ocalée. 

OCCASION,  OccAsio  ,  Koitpéf, 
était  en  Grèce  le  dieu  et  à  Kome  la 
déesse  de  rà-propos.  Les  Grecs  le  di- 
wieot  le  pH?  jeupç  des  fils  dç  Jupi- 


OCE 

ter  j  il  eut  un  autel  à  Llis.  Phidias  e| 
fit  une  femme  a  pieds  ailés,  à  lonJ 
cheveux  sur  le  devant  de  la  tcte,  nur 
chauve  j)ar  derrière.  Phèdre  la  fait 
courir  sur  le  fraucliant  dos  rasoirs 
sans  se  blesser.  A  Sicyone  et  sous  le 
ciseau  de  Lysippe,  ce  fut  un  adoles- 
cent, avec  des  ailes  aux  pieds  dont  la 
pointe  portait  sur  un  globe,  une  bride 
a  la  mam,  et  les  tempes  seules  garnies 
de  longs  cheveux. 

OCCATOll,  un  des  dieux  agri- 
culluraux  du  Lalium,  présidait  au 
hersage. 

OCCtJPO,  Mercure 5  c'est  un  so- 
briquet. Il  indique  assex  le  degré  de 
respect  que  l.s  Romains  au  siècle 
d'Auguste  avaient  pour  leurs  dieux. 
Ce  grotesque  surnom  ne  peut  se  tra- 
duire que  parle  mol  d'cnipoi^neur. 

OCÉAN,OcEA3SUs,'S2xt«v<Jî,  l'on- 
de personnifiée,  n'était  pourtant,  se- 
lon Homère,  qu'un  dieu-ileuve,  mais 
fleuve  primordial,  fleuve  Anaiidisécba, 
semblable  au  serpent  égyptien  de  qui 
la  lèle  mord  la  queue,  eldonlTem^ 
bouchure  et  la  source  se  confondent 
Dans  la  théogonie  hésiodéenne,  Vi 
céan  n'apparaît  qu'au-dessous  de 
Terre  (Gaea)  et  du  Ciel,  de  laTerr 
essence  priuiordiale,  du  Ciel  fils  de! 
Terre.  L'Océan  ,  selon  les  moderne 
commentateurs ,  serait  lu  masse  des 
eaux  primitives  qui  vint  combler  le 
profond  abîme  Ponlos.  Sans  donner 
trop  d'exclusivité  a  celte  idée,  on  peut 
admettre,  et  c'est  une  vue  haute,  qus 
de  la  terre  seule  naît  le  lit  des  eaux  , 
que  de  la  terre  el  du  ciel  résulte  l'eau 
même.  Ainsi  descend  des  sphères  cé- 
lestes Ganga  la  grande  irrigatrice.Et 
cosmo^,oniqiiemcnt  d'où  vient  l'eau? 
des  vapeurs  habitantes  de  cette  at- 
mosphère qu'on  nomme  cieU  L'hypo- 
thèse du  feu  central,  par  la  même 
qu'elle  pose  eu  principe  Tiiicandes- 
cence  d-'  woire  plauèle,  implique  unç 


(x:k 

vapoiisaliou  énorme;  puis,  a  raosiire 
que  le  refroidisseinenl  a  lieu  ,  une 
niasse  cVeau  énorme  qu;  vient  s'amas- 
ser dans  les  concavités  de  la  surface 
solidifiée  du  glohe.  L'Océan  est  donc 
le  plus  ancien  des  Titans  :  Cœos , 
Crîos,HypérioD,Japet,  Kliéa,  Tliéa, 
Théinis,  Mnémosyne,  Pliébé,  Téthys, 
Crone,  naquirent  cus:iite.  Des  six 
Titauides  ici  nommées,  la  dernière, 
Téthys,  devint  son  épouse;  il  en  ont 
les  fleuves  et  les  Océanides,  au  nom- 
bre de  plus  de  trois  raille.  Du  reste  , 
la  légende  d'Océan  n'a  pas  élé  beau- 
coup brodée  par  les  poètes.  Dans 
Homère,  on  le  voit  recevoir  la  visite 
di'S  dieux  qui  vont  périodiquement 
passer  dans  ses  domaines  huit  jours; 
et  ses  domaines  sont,  dit-on,  en 
Ethiopie.  Diodore.  donne  Océan  et 
Téthys  comme  les  éducateurs  de  Ju- 
non.  Ne  voil-on  pas  aussi  Bouto  éle- 
ver Haroéri ,  l'Egée  servir  d'asile 
à  Neptune  ?  Dèlos  à  peine  arrachée 
aux  flots  offrit  un  berceau  aux  deux 
Laloïdes.  Chez  Esch\  le, Océan  arrive 
près  de  Promélhée  enchaîné  sur  le 
Caucase  cl  lui  témoigne  de  riiilérèl. 
Il  a  pour  monture  un  plioque  dont 
I**s  nageoires  d'immense  envergure 
traversent  Tair  épais,  et  une  pique 
arme  ses  mains.  Les  représentations 
vulgaires  font  d'Océan  un  vieillard 
assis* sur  les  flots,  ayant  un  cétacé 
h  ses  côtés  et  une  haslc  ou  une  urne 
a  la  main.  Dans  ce  dernier  cas  il 
épanche  de  l'eau,  symbole  des  mers, 
des  fleuves,  et  des  fontaines.  On  voit 
Océan  dans  le  bas-reiief  du  Musée 
Capitolin  qui  a  pour  sujet  l'incaténa- 
liou  de  Prométhée  (Millin,  Gai. 
mylh.,  4H3),  bas-relief  dont  évi- 
demment l'auteur  s'est  inspiré  d'Es- 
chyle. On  croit  avoir  trouvé  un  Océan 
dans  l'Hermès  colossal  du  Vatican , 
découvert  a  Pouzzoles  en  lyyS.  Ses 
joues,  ses  sourcils,  sapoilriuçj  50ft^ 


OCÉ  lyr 

couverts  de  peaux  ,  les  unes  squam- 
raeuses ,  bs  autres  membraneuses  et 
lisses  comme  celles  des  chondropléry- 
giens;  de  .-a  barbe  ondulée  sortent  des 
dauphins  ;  des  cornes  arment  son 
front,  et  rappellent  l'épilhèle  de  Tau- 
rocràne  que  lui  donne  Euripide,  et  à 
laquelle  au  reste  ont  droit  toutes  les 
divinités  marines  ou  fluvialiles  mâles. 
Quelques  antiquaires  voient  dans  ces 
cornes  des  pattes  d'écrevissc.  Le 
pampre  qui  couronne  la  tête  du  dieu 
peut  pourtant  inspirer  des  doutes  : 
les  cornes  sont  aussi  l'attribut  favori 
de  Bacchus.  Voy.  d'autres  ligures 
dans  Beger,  Tlies.  Brancl.j  et  dans 
Montfaucon,  y^nt.  cjc/jI.,  1,6,5. 
— Océan  ne  difière  pas  d'Ogèu,  et 
le  vieil  Ogygès  et  Gvgès  le  ccnlimane 
ne  sont  que  des  Ogèn.  Agénor  (ou 
Cuàs)  en  est  une  déformation  :  aussi 
est-il  \]h  de  Neptune. 

OCEANIDES,  OcEATilTES,OcEA- 
MTIDES  OU  OCKAWINES,  (jlles  de  l'O- 
céan  et  de  Téthys,  étaient  au  nom- 
bre de  plus  de  trois  mille.  On  les  dis- 
lingue des  Néréides.  Comme,  à  vrai 
dire,  Ncrée  el  l'Océan  reviennent  an 
même ,  la  distinction  se  réduit  aux 
trois  circonstances  suivantes  :  i°  les 
Néréides  ont  pour  pèreNérée,  pour 
mère  Doris;  les  Océanides  ont  pour 
père  Océan,  pour  mère  Téthys;  2° les 
Néréides  appartiennent  h  la  religion 
des  Pélasgues  de  l'Egée,  les  Océani- 
des h  celle  des  Asiatiques  continen- 
taux; 5°  on  ne  compte  que  cinquante 
Néréides,  les  Océanides  vont  k  plu- 
sieurs milliers.  Au  reste,  dans  le  ca- 
talogue qu'on  donne  des  unes  et 
des  autres  se  retrouvent  quelques 
noms  semblables.  C'est  ce  que  prou- 
veront les  nomenclatures  suivantes  : 
la  première,  consacrée  exclusivement 
aui  Néréides,  résulte  de  la  combi- 
naison alphabétique  des  quatre  listes 
fournies  paf  dç§  auteurs  diifcrpnts , 


«9* 


OCÉ 


OCÉ 


Hésiode,  Homère,  ApoUodore  et  Hj- 
gin  (en  abré^^éHs.,  Hm..  Ap.,Hg.). 
La  liste  d'Hésiode  est  la  seule  qui 
présente  cinquante  noms  dont  un  deux 
lois  ,  Proto.  Hygin  en  a  quarante- 
neuf  dont  un  aussi  deux  fois,  Cli- 
mène.  ApoUodore  en  a  quarante-cinq, 
cl  H'  mère  Irente-tn-is.  Mais  Homère 
ajoute  h  son  énuméralion  «  et  tout 
le  reste  des  Néréides  ».  Dans  le  ta- 
bleau suivant,  les  INéréides  d'Hésiode 
sont  indiquées  en  lettres  roranines. 
Les  noms  en  lettres  italiques  appar- 
tiennent a  celles  qui  ne  sont  mention- 
nées quf  par  les  trois  autres  auteurs. 
Des  étoiles  placées  h  la  suite  des 
noms  désignent  celles  qui  se  trouvent 
portées  !>urplus  d'une  liste. 

Actcp*". 

Agave***. 

Ainathie  *. 

Amphinomf* . 

Amphithoé* . 

Amphitritc*. 

ApsetuU*. 

Aréthuse. 

Asie. 

Antoaoé. 

Méroé. 

Callianasse* . 

Cailianire. 

Caljrpso. 

Céto. 

Cliinène. 

Climène  II* 

CUo. 

Cranlo. 

Creuse. 

Cydippe. 

Cjniatolégé. 

Cymodocé**. 

Cymothoé***. 

Déiopée. 

Déjaiùre. 

Déro. 

Dexainène* . 

Dtoné. 

Doro. 

Doris**. 

Doto***. 

Drymc. 

Dynaniiue***. 

Éionc. 

Ephyre. 

trato*. 


Hs.,  Ap.,  Hg.,  Ilm. 

Ils.,  Ap.,  Hg.,  Ilm. 

Ilg.,  Ilm. 

Hg.,  Hm. 

FIg.,  Hm. 

Hs.,  Ap. 

Hg.,  Hm. 

Hg. 

%• 

Hs. 

"g- 

Hg.,  Hm. 
Hm. 
Ap. 
Ap. 

"g- 
Hg.,  Hm. 

Hg. 
Ap. 

Hg. 
Hg. 
Hs. 
Hs. 

Hs.,  Hg.,  Hm. 
Ils.,  Ap.,  Hg.,  Hra. 

Hg. 
Ap. 
Ap. 
Hg.,  Hm. 

1 

Ils.,  Hg.,  Hm. 

Hs  ,  Ap.,  Hg.,  Ilm. 

Hg. 

Hs.,  Ap,,  Hg.,  Hm. 

Ils. 

Hg- 
Ils.,  Ap. 


Eucratc. 

Eadorc*. 

Eiiliinèno*. 

Eumolpe. 

Eunire*. 

Eiipompc. 

Eurydice. 

Évagore  * 

Evarné. 

Galaléc***. 

Galciic. 

Glaiicc**. 

Glauconorac*. 

Halie  ". 

Ilalimôde*. 

Ilippnnoé  *. 

llippothoé*. 

lone 

[allasse*  .■ 

lanire* . 

1ère  *. 

I..aom(-Jie. 

LeucoUioi, 

Liagore. 

Ligee, 

LimDoric  **. 

Lycorias. 

I.ysiaiiasse*. 

Mélitc***. 

Ménippc*. 

Mera  *. 

Naustthoé. 

Némertès**. 

Néomèris. 

Nésce*". 

Ncso. 

Opis. 

Orithye* . 

PaDopc***. 

Panopée. 

Pasillicp. 

Phérusc**. 

PhjUodocé. 

Pioné. 

Plexaure. 

Polynoé. 

Polynôme. 

Pontotnéduse, 

Pontoporic. 

Pronoé. 

Proto***. 

Proto  II. 

Protomédie. 

Psamatlié. 

Psamathoé. 

Sao* 

Spio  ***. 

Thalic**. 

'i'hémislo. 

Thétis*. 

Thoé*. 

Xantho, 


Hi>.,  Ap. 

-1 

Ils.,  Ap. 

Ils.,  Ap. 

Ap. 

Hs^,  Ap 

Hs. 

Hg. 

Ils.,  Ap. 

Hs. 

Ils.,  Au., 

Hg- 

,  Ilm. 

Hs. 

Ils.,  Hg., 

Hm. 

H».,  Ap. 

Ap.,  lira. 

Ji 

Ils.,  Ap. 

1 

Ils.,  Ap. 

m 

Ils.,  Ap. 

Ap. 

Hg.,  lira. 

Hg.,  Ilm. 

Hg.,  lira. 

Hs. 

Hg- 

Ap. 

Hg. 

Ils.,  Ap., 

Hg. 

Hm. 

Hg. 

Ils,.  Ap. 

Hs.,  Ap., 

Hg., 

Ilm. 

Ils.,  Ap. 

Hg.,  Ilm 

J 

Ap. 

1 

Ap.,  Hg. 

,  Hm 

Ap. 

Hs.,  Ap. 

Hg. 

,  Hm. 

Hs. 

Hg. 

Hg.,  Hra. 

Ils.,  Ap., 

Hg. 

Hm. 

Hg. 

Hs. 

Hs.,  Ap., 

Hg., 

Hm. 

Hg. 

Ap. 

* 

Ap. 

• 

a 

Ap. 

il 

Ils. 

^ 

Ap. 

Hs. 

Ils. 

Ils.,  Ap., 

Hg., 

Hm. 

Ils. 

Hs. 

Hs. 

> 

Ap. 

1 

Hs.,  Ap. 

1 

Ils.,  Ap., 

Hg., 

HiT 

Hs.,  Hg., 

Hm. 

Hs. 

Ils.,  Ap. 

Ilg.,  Ilm. 

Hî. 

1 

OCE 

— Passons  de  la  aux  Océaiiicles:  neuf 
noms  nbsoluiuenl  semblables  h  ceux 
des  Néréides  vonl  s'y  relrouver,  ce 
sont  :  Asie,  Calypso,  Climène,  Dio- 
né,  Dpris,  Eudore,  lanire,  Plexaure, 
Tlioé,  On  peut  y  joindre  deux  autres 
noms,  Amphiro  et  Xantiié,  qui  diffè- 
rent h  peine  d'Ampbithoé  et  de  Xantho. 
Restent  trente-neuf  noms  qui  n'ont 
aucun  rapport  avec  l'autre  nomencla- 
ture. Les  voici  :  Acasle  ,  Admèle, 
Adrastée,  Altliée,  Calliroé,  Cercéis, 
Clylie,  Crisie,  Electre,  Ellira ,  Eu- 
rope, Eurynome,  Galaxaure,  Hippo , 
lanlhe,  Idyie,  Idolbée  ,  Libye,  Mélo- 
bosis,  Ménesto,  Métis,  Ocyroé,  Par- 
tbénope  ,  Pasilboé,  Pétraie,  Perséis, 
Philyre,  Pilbo,  Pléioue,  Pluto,  Po- 
lydore,  Prymero,Rbodie,  Slyx,Télcs- 
to,  Thrace,  Tyché,  Urauie  ,  Zeuxo. 
Parmi  ces  dernières,  Eurynome  fut 
amante  de  Jupiter  et  mère  des  Grâces; 
Métis  passe  pour  la  première  épouse 
de  Jupiter  et  la  mère  de  Minerve  ; 
Perséis  était  unie  à  Hélios,  Calliroé  à 
Chrysaor  ,  Climène  a  Japet,  Idyie  k 
Eète.  — Des  noms  tels  qu'Asie,  Eu- 
rope ,  Libye  ,  Thrace  et  Parthénope 
nous  montrent  de  vastes  terres  re- 
gardées comme  des  Océanides.  Vir- 
gile donne  quelques-unes  d'elles  (Bé- 
roé,  Clio)  pour  des  chasseresses.  On 
les  confond  avec  les  Nymphes ,  et  on 
ne  se  donne  pas  toujours  la  peine  de 
distinguer  si  ce  sont  des  iXymphes 
terrestres  ou  des  Nymphes  habitantes 
du  continent.  Au  reste  ,  ■î^oj'.  l'art. 
Nymimes.  —  On  représente  ordi- 
nairement les  Océanides  avec  des 
yeux  bleus  ou  des  tissus  de  même 
couleur.  L'idée  réelle  qui  gît  au  fond 
de  toutes  ces  descriptions,  c'est  celle 
de  chairs  bleues.  Les  flots  de  la  nier 
•sont  bfeus  ou  semblent  bleus.  Le  ciel 
qui  se  reflète  dans  l'Océan,  et  qui 
lui-même  est  un  Océan  solide,  est 
J)leU'  Un  peu  plus  tard  les  Grecs  eni' 

j.v. 


OCN 


»93 


pioyèrint  le  mot  de  cjantos,  quiiu- 
.  dique  un  bleu  noir,  pour  rendre  la 
nuance  de  leurs  cheveux,  de  leurs 
sourcils  :  on  se  complut  ainsi  à  lais- 
ser aux  jeunes  et  belles  déilés  la 
blancheur,  apanage  de  la  race  cauca- 
sienne; les  yeux  bleus  et  ia  cheve- 
lure bleue  furent  tout  ce  qui  resta 
d'azur  aux  déesses  de  la  mer.  Quant 
aux  draperies  qu'on  leur  donne,  c'est 
une  parure  grotesque  pour  des  habi- 
tantes de  la  mer.  Il  faut  en  dire  au- 
tant de  la  nuance  bleue  de  ces  dra- 
peries. Quelquefois  les  poètes  donnent 
aux  Océanides  et  aux  Néréides  des 
teintes  vertes. 

OCHESE,  OcuEsius,  'Ox>j«-/«;, 
chef  étolien,  tué  au  siège  de  Troie. 

OCHIME,  OcHiMus,  "o;(j<^«f,  fils 
d'IIélios  et  de  Khodé,  de  la  nymphe 
Hégétorie  et  père  de  Cydippe,  n'a- 
vait pris  aucune  part  au  meurtre  de 
Ténagée.' 

OCHNA,  'o;k'"«?  filledeColoncel 
dcTanagra,  aimait  Eunosle  sans  être 
payée  de  retour,  l'accusa  de  lui  avoir 
fait  violence ,  et  le  fit  tuer  par  ses 
deux  frères.  Hélicon,  sans  doute  roi 
du  pays,  mit  les  meurtriers  en  prison 
et,  plus  tard,  instruit  par  Ochna  de 
tout  ce  qui  s'était  passé,  leur  ordonna 
de  quitter  le  pays.  Ochna  se  jeta  du 
haut  d'un  rocher. 

OCIOli VOMI  NO-MIKOTTO, 
héros  japonais,  se  distingua  par  une 
foule  d'exploits  incroyables.  Le  plus 
célèbre  fut  l'immolation  d'un  dragon 
gigantesque  qui  portait  le  ravage  dans 
tout  le  pays.  Il  perdit  un  jour  son 
glaive  dausieTakamano-Farro.  Com- 
parez ici  AsADÉvr.  Après  sa  mort 
on  le  divinisa  sous  le  nom  d'Itsourao- 
no-o-Iésiro. 

OCNOS,  "Oxvflf,  fils  du  Tibre  et 
de  Manlo,  fonda  Mantoue,  Dans  Vir- 
gile, t'est  un  auxiliaire  d'Enée  dans 
U  guerre  des  Piulules,  — Les  Grecs 


194 


OCR 


ODI 


11 


persomilûèreul  la  fainéantise,  ou  plu- 
lùl  les  lenteurs,  diplomaliques  ou  au- 
tres, sous  le  nom  d'Ocnos,  et  don- 
nèrent à  cet  être  prétendu  ,  pour  pa- 
raître symbolique ,  un  àne  qui  dévore 
une  corde  a  mesure  qu'il  la  fait.  De 
la  l'adage  grec,  c'est  la  corde  d'Oc- 
nos ;  pour  dire,  beaucoup  de  peine 
pour  ne  rien  faire.  Pausanias  a  ima- 
giné un  Ocuos  homme  fort  labo- 
rieux ,  pourru  d'une  femme  fort  dé- 
pensière, et  a  cru  voir  là  une  admira- 
ble explication  du  mythe.  Le  fait  est 
qu'un  tel  ménage  est  bien  une  des 
spécialités  auxquelles  peuvent  s'appli- 

3uer  et  le  mythe  et  l'adage;  mais 
'autres  sont  tout  aussi  possibles,  et 
avoir  foi  en  l'existence  d'un  Ocnos 
en  chair  et  en  os  est  une  erreur  par 
trop  grossière. 

OCRIDION,  'Oxfi^Ui,  roi  de 
Rhodes,  fut  mis  au  rang  des  dieux 
après  sa  mort. 

OCRISIE,  OcRisiA,  mère  mytho- 
logique de  Servius-ïullius,  était, selon 
l'histoire, native  d'Ocrlculum. Esclave, 
ainsi  que  toutes  ses  concitoyennes,  elle 
eut  de  Tarquin-l' Ancien  un  fils,  ce 
Servius  qui  régna  sur  Rome.  La  lé- 
gende plaçait  en  avant  de  cette  nais- 
sance une  conception  miraculeuse. 
Ocrisie  vit  un  jour  se  peindre  sur  les 
tisons  ou  dans  la  flamme  l'image  d'un 
phalle.  Tanaquil  lui  dit  d'approcher, 
et  l'esclave  docile  devint  soudain  en- 
ceinte de  Servius.  Ceux  qui  ont  fait 
de  ce  phalle  un  Yulcain  n'ont  pas 
beaucoup  avancé  l'explication  ;  car  et 
les  tisons  et  la  flamme  se  prennent 
en  mythologie  pour  Vulcain,  la  co- 
lonne rougeàtre  que  forme  la  flamme 
lorsqu'elle  se  dresse  en  pyramide  est 
prise  pour  un  phalle ,  et  enfin  le 
principe  igné  que  formule  le  nom  de 
Vulcain  a  été  toujours  regardé  comme 
le  principe  mâle.  Du  reste  on  con- 
jiait  cette  fascination  bizarre  qu'exer- 


ce sur  l'œil  iv  demi  endormi  le  lîson 

qui  tend  'a  passer   du  rouge  vif  au     -^ 

blanc.  al 

OCTOBRE  était  personnifié  chez 
les  anciens  par  un  chasseur  ayant  un 
lièvre  aux  pieds,  des  oiseaux  au-dessus 
de  la  tète ,  et  une  cuve  près  de  lui. 
On  donnait  h  Rome  le  nom  d'Octo- 
ber  Equiis  à  un  cheval  que  l'on 
immolait  à  Mars  le  i4-  septembre 
(XVIII  kal.  oct.).  La  victime  était 
sacrifiée  au  champ  de  Mars;  et  sa 
queue  devait  être  transportée  au  tem- 
ple du  dieu  avec  assez  de  célérité 
pour  qu'il  en  tombât  encore  des  gout- 
tes de  sang  dans  le  feu,  lorsqu'on 
arrivait. 

'OCYALE  :  1  "  SlKvuh*!^  Amazone  ; 
2"  'n«u«e>«s-,  Phéacicn ,  disputa  le 
prix  de  la  course  aux  jeux  donnés 
par  Alcinoiis. 

OCYPÈTE,  'fî««îT£T«V  :  i"  Har- 
pye;  2"  Dan  aide. 

OCIROE,  'nKvpoijii"  Océanide  ; 
z"  fille    de   Chiro  et  de  Chariclo, 
prophétesse  habile.  Elle  découvrit  à   MÉ 
son  père  et  à  Esculape  leur  dernière  f  1 
destinée,  irrita  ainsi  Jupiter,  et  fut 
changée  en  jument. 

01) ACON ,  dieu  syrien  ,  le  même 
sans  doute  que  Dagon  (  ô  àxx.aiv ,  ô 
6.xym)  et  une  des  quatre  incarna- 
tions d'Oanuès  {Foy.  ce  nom). 

ODE,  dieu  arabe,  n'est  menlioané 
que  dans  le  Roran ,  et  comme  de  la 
plus  haute  antiquité. 

ODÉDOQUE,  ODOEDOcus,'o«r«/- 

«Texoy,  fils  d'Oponte  ("O;rotif ,  "O^rov- 
To?)  ^  fut  père  d'Oïlée  et  de  Cal- 
liare ,  qu'il  eut  de  Laonome,  et  en 
conséquence  fut  l'aïeul  d'Ajax  l'Oï- 
lide. 

ODIN,  et  dans  les  langues  du 
nord  Oden  ,  Woden,  Wodan,  le 
premier  et  le  plus  grand  des  douze 
Ases  Scandinaves  et  le  chef  de  tous 
les  êtres  divins  de  cette  mythologie , 


ODI 

avait  pour  père  Bor  et  pour  frères 
Vile  et  Vé.  Les  autres  Ases  sont 
ses  fils  5  aussi  le  nomme-t-on  géné- 
ralement Alfader,  le  père  de  tous. 
Comme  le  Jupiter  du  monde  grec- 
romain  )  il  préside ,  soit  par  lui- 
même,  soit  par  les  fils  ses  émana- 
tions, à  tout  ce  qui  se  passe  dans  l'u- 
nivers, mais  plus  particulièrement 
aux  naissances ,  aux  mariages ,  à  la 
mort,  à  la  guerre,  aux  arts  et  à  la 
magie.  Ses  amours,  aussi  nombreuses 
que  celles  de  Jupiter,  donnèrent  lieu 
à  une  foule  de  légendes  consignées 
dans  l'Edda.  Une  tradition  célèbre 
le  montre  privé  de  l'empire  pendant 
dix  années.  Une  autre  non  moins  fa- 
meuse détaille  sa  lutte  contre  le  roi 
Gilfe.  On  lui  donne  pour  palais  Va- 
Iholl.  Fréia,  une  de  ses  filles,  devint 
sa  femme.  Les  livres  sacrés  lui  don- 
nent une  fouie  d'épithèles  magnifi- 
ques. On  en  compte  jusqu'à  cent 
vingt-six.  Odin  de  plus  en  plus  idéa- 
lisé devient  un  vrai  Janus.  Deux  cor- 
beaux placés  sur  ses  épaules ,  Hougin 
(l'esprit)  et  Mounin  (la  mémoire), 
lui  révèlent  sans  cesse  le  passé  et  l'a- 
venir. C'est  Odin  qui  donne  aux  dieux 
l'immortalité  5  aussi  les  légendes  le 
présentent-elles  enlevant  l'iiydromel  : 
c'est  Odin  qui  inspire  les  poètes  ; 
aussi  le  voit-on  en  laisser  tomber  une 
partie  sur  la  terre.  De  plus,  c'est  lui 
qui  a  dicté  les  strophes  de  l'Havamaal. 
C'est  Odin  qui  a  donné  naissance  par 
son  fils  Heimdall  à  toutes  les  tribus 
du  Nord.  —  L'cnseiabie  des  diverses 
aventures  attribuées  à  Odin  reflète 
assez  fidèlement  l'histoire  de  la  reli- 
gion Scandinave.  Profondément  sa- 
cerdotale d'abord,  elle  devint  ensuite 
plus  laïque  ,  plus  guerrière.  Les 
évhéméristes  qui  d'avance  avaient  dé- 
claré Odin  un  personnage  réel  en 
conclurent  deux  Odin ,  l'un  prêtre , 
l'autre  chef-roi  des  Scandinaves.  On 


OEB  195 

a  aussi  oupconné  qu'Odin  était ,  si- 
non Bouddha,  du  moins  un  Bouddha. 
Votan  en  Ame'rique  présente  de  mê- 
me ,  tant  par  le  nom  que  par  l'idée, 
un  bien  singulier  rapport  avec  Odin 
(Vodan). 

ODIOS  était  un  chef  halizone  ; 
Agamemnon  le  tua. 
,  ODITE,  Odites,  'o^/t>iç:  x" 
Ethiopien  tué  par  Climène  aux  noces 
de  Persée  et  d'Andromède;  2'  Cen- 
taure tué  par  Mopse  aux  noces  de  Pi- 
rithoiis, 

ODRYSE,  Odrysus,  "O^pvror, 
dieu  thrace,  donna  son  nom  a  un  peu- 
ple et  à  une  Ville  de  la  Thcssalie. 
Etait-ce  un  Adam  des  Druides  ou 
Draot?  était-ce  un  arbre  primordial 
{^pui,  i  èfus)  personnifié  (  comp. 
Bob)? enfin  serait-ce  l'un  et  l'autre? 
N'oublions  pas  qu'à  ces  époques  re- 
culées la  Thrace,  encore  plus  que  le 
Roum-Ili  actuel,  était  couverte  de 
bois,  de  monts  et  de  glaces.  —  On 
donnait  le  surnom  d'Odrysios  a  Bac- 
chus  et  a  Borée,  à  Térée  et  à  Rhé- 
sos. 

OEAGRE,  OEagrus,  6'Uyftçy 
fils  de  Tharopset  père  d'Orphée,  ré- 
gna en  Thrace.  Comme  on  donne  à 
Orphée  Calliope  pour  mère  ,  OEagre 
se  trouve  époux  ou  amant  de  Cal- 
liope. 

OEANTHE  ,  OÏMh  ,  héroïne 
éponyme  d'une  ville  de  la  Locride , 
passait  pour  Nymphe. 

OEAX ,  0\'x% ,  frère  de  Palamède 
{Koy.  Natjplius).  Ce  nom  veut 
dire  gouvernail,  et  se  lie  aux  person- 
nifications de  la  famille  de  Nauplius. 

OEBALE,  OEbalus  ,  o/oaAof, 
fils  du  roi  lacon  Cynortas ,  épousa 
Gorgophone  et  en  eutTyndarée,  nom- 
mé souvent  OEbalide ,  ainsi  qu'Hé- 
lène ,  Castor  et  Pollux ,  etc.  —  Un 
autre  OEbale  ,  fils  de  la  nymphe  Sé- 
béthis  et  du  roi  téléboen  Télon  ,  se- 

i3. 


19^  ORD 

courut  Énée  dans  sa  guerre  contre 
Turnus. 

OEBOTE ,   OEbotas  ,    oIZÔtxs  , 

patron  des  allilctes  achéens,  était  ho- 
noré en  Acliaïe.  La  légende  voulait 
qu'il  eût  été  lui-même  athlète  pendant 
sa  vie.  Aucun  monument,  ajoute-l-on, 
n'honora  sa  victoire,  et  les  Achéens 
restèrent  long-temps  sans  remporter 
d'avantages  aux  jeux  Olympiques. 
Surpris  enfin  ils  consultèrent  roraclc 
de  Delphes,  cl  il  leur  fui  répondu  que 
leur  ingratitude  seule  était  la  cause 
de  leur  malheur.  Aussitôt  ils  érigè- 
rent une  statue  a  OEbote  dans  Olym- 
pie,  et  aux  jeux  suivants  Sostrale  de 
Pallène  fut  déclaré  vainqueui-. 

0ECHALIE,0Ecualia,O;;c«a/<«, 
femme  de  Mélané,  donna  son  nom  h 
rOEchalie  dans  la  Messénie. 

OEDIPE,  OEDiPus(g.  i  ou  odos), 
Olèi-Mcvs ,  fils  de  Laïus  cl  de  Jocaste, 
si  célèbre  dans  la  mythologie  grecque 
comme  type  de  la  fatalité  que  Tiiom- 
me  ne  peut  fuir.  L'oracle  avait  an- 
noncé a  Laïus  que  ce  fils  serait  l'as- 
sassin de  son  père  et  l'époux  de  sa 
mère.  Aussi  lut-il  confié,  quelques 
heures  après  sa  naissance,  a  un  paire 
qui  devait  l'égorger,  cl  qui  par  pitié 
se  contenta  de  lui  percer  les  pieds  et 
de  le  suspendre  a  un  arbre.  De  la 
son  nom  {o'i^th,  s'enfler-  ttoZç,  pied). 
Phorbas,  berger  de  Polybe,  roi  de 
Corlnthe,  le  détacha,  Tcinporla  au 
palais  5  cl  comme  le  couple  royal  était 
sans  enfants,  le  vit  adopter  par  les 
deux  époux.  OEdipe  adulte  consulta 
un  jour  l'oracle  sur  sa  destinée,  et  en 
reçut  une  réponse  analogue  à  celle 
de  Laïiis.  Sou  père  devait  mourir  de 
sa  maiu,  et  sa  mère  le  recevoir,  san- 
glant encore ,  dans  la  couche  de  l'é- 
poux assassiné.  OEdipe  ,  afin  d'éviter 
ces  malheurs,  quitta  Corinthe ,  et 
partit  pour  la  Phocide.  Sur  la  route 
de  Daulis  à  Delphes ,  à  l'erabraoche- 


OED 

ment  de  la  route  de  Thèbes,  un  char, 
lui  barra  le  passage,  et  une  voix  im- 
périeuse lui  cria  de  faire  place.  Le 
jeune  prince  ne  tint  compte  de  l'ordre, 
continua  d'avancerj  cl  ([uand  les  che- 
vaux   menacèrent    de  le  fouler  aux 
pieds,  les  arrêta  :  une  rixe  s'ensuivit; 
OEdipe  eut   tout  l'avantage,   cl   le 
maître  du  char  et  les  cinq  domestiques 
qui  formaient  sou  cortège  mordirent 
successivement  la  poussière  sous  ses 
coups,  h  l'exception  d'un  seul.  Ce  maî- 
tre du  char  était  Laïus.  Peu  de  temps 
après  nous  voyous  OEdipe  prendre  la 
roule  de  Thèbes  privée  de  roi  et  gou- 
vernée  par  Créon    régent ,  deviner 
rénigme  bizarre   du  sphinx    (  voy. 
ce  nom),  et,  courormémenl  au  pro- 
gramme publié  par  Créon,  recevoir 
a  la  fois  la  maiu  de  Jocasie  et  le 
sceptre.  Les  deux  parties  de  l'oracle 
alors   se  trouvaient  accomplies.   En 
vain  le  père  avait  voulu  se  débarras- 
ser h  jamais  de  son  fils,  en  vain  le  (ils 
en  quittant  Corinllie  avait  tenté  de 
s'écarter  des  auteurs  de  ses  jours:  la 
fatalité  ,     après    avoir    ajourné   ses 
coups  et  avoir  permis  dans  l'enfance 
du  jeune  prince   qu'il  fût  séparé  de 
ceux  auxquels  il  devait  la  naissance , 
les   a  tout  a  coup  réunis  :  l'enfance 
toujours  iuoffensive  s'est  passée  dans 
l'isthme     qui     joint    le    l*éloponèse 
a  la  Grèce  septenlrionalc;  l'âge  des 
combats  et  dus  amours  une  fois  venu, 
les  distances  dovienuent  inutiles  ,  et 
le  jeune  Thébain  prédestiné  au  parri- 
cide et  a  l'inceste  revient  vers  Thè- 
bes. Selon  Homère,  l'inceste  ne  fut 
pas  consommé  ;  mais  chez  la  plupart 
des  mythologues  on  voit  l'union  de 
la  mère  et  du  fils  donner  naissance  h 
deux  fils,  Etéocle  et  Polynice,  a  deux 
filles,  Autigone  et  Ismène.  Au  bout 
de  quelques  années  une  épidémie  ef- 
froyable   se  déclara  dans   Thèbes; 
l'graçle  annonça  qu'elle  ne  cesserait 


4 


OED 

que  quand  Laïus  aurait  été  venge.  Les 
perquisitions  amènent  bientôt  OEdipe 
a  connaître  non-seulement   qu'il   est 
le  coupable,  mais  encore  que  la  veuve 
denl  il  est  l'époux  est  sa  mère.  De 
désespoir  il  s'arrache  ou  se  crève  les 
yeux  5    ses   fils  le   chassent  du  pa- 
lais ,  et  s'emparent  de  l'autorité  que 
bientôt  ils  se  disputeront  le  glaive  à 
la  main.  Quelques  traditions  font  vi- 
vre  OEdipe  aveugle  au  palais ,  jus- 
qu'au  jour  où  Polynice  revient   en 
armes  demander  a  Etéocle  sa  part 
d'empire.   Le  sens  antique  et  l'ac- 
cent véritable  des  traditions  indiquent 
que  la  découverte  du  crime  suivit  de 
près  le  crime  5  et  dans  cette  hypothèse 
il  faut  admettre  une  longue  régence 
de  Créon.  Quelle  que  soit  la  légende 
à  laquelle   ou  s'arrête,  OEdipe  sort 
de  Thèbes  en  maudissant  ses  S\s  ou 
l'usurpateur,   erre  de  pays  en  pays 
conduit  par  sa  fille  Antigone,  et  enfin 
arrive  au  bourg  de  Colone  près  d'A- 
thènes et  y  rend  le  dernier  soupir. 
Sa  cendre  devient  un  talisman  pro- 
tecteur et   un  palladium.  Ainsi   en 
tout  pays  les  grandes  infortunes  sont 
une  notabilité.  On  regardait  avec  un 
respect  prodigieux  et  l'homme  et  le 
lieu  que  la  foudre  avait  frappés.  L'O- 
rient vénère    encore  les  fous,  qu'il 
regarde    comme    des    inspirés  5     et 
Alger  ,  du  temps  de  Charles-Quint , 
se  sauva  ranimé  par  les  véhémentes 
allocutions  de  l'insensé  loussouf.  Les 
tragiques  ont  brodé  cette  circonstance 
dernière  de  la  vie  d'OEdipe.  Ce  sont 
eux  qui  nous  montrent  auprès  d'OE- 
dipe a  Colone  Créon  d'abord  et  en- 
suite Polynice  :  tous  deux  viennent 
le   supplier  de   prendre  parti   pour 
eux;  OEdipe  résiste  a  tous  deux.  Une 
tradition  voulait  qu'OEdipe,  après  la 
rupture  de  son  mariage  avec  Jocaste, 
eût  épousé  Eurygauie,  et  l'eût  rendue 
mère  de  ces  quatre  enfants  que  lui 


OED 


'97 


donne  la  mythologie  vulgaire.  Athè- 
nes ,  il  est  vrai ,  montrait  son  tom- 
beau ;  mais,  outre  que  de  semblables 
reliques  ne  tirent  pas  à  conséquence , 
on   conciliait    les    deux  légendes  en 
disant  que  ses  ossements  avaient  été 
transportés  de    Thèbes  à  Athèuos. 
Sophocle  a  laissé  deux  tragédies  sur 
OEdipe ,   OEdipe  roi ,  OEdipe  à 
Colone.  Eschyle  chez  les  Grecs,  Sé- 
nèque  chez  les  Latins  en  composè- 
rent d'autres.  Corneille  et  "Voltaire 
ont  fait  représenter  sur  la  scène  fran- 
çaise  deux  tragédies  d' Œdipe  y   et 
Guillard  un  opéra  intitulé  :  OEdipe 
à  Colone.  Winckelraann,  Moniim, 
ined. ,  i  o3  ,  i  o4  ,  a  fait  connaître 
deux  bas-reliefs  relatifs  aux  aventu- 
res d'OEdipe.  Il  faut  y  joindre  qua- 
tre pierres  gravées  publiées  par  Mil- 
lin,  et  qui  toutes  représentent  OEdipe 
avec  le  sphinx  (Voy.  Gai.  niyth.  , 
5o2-5o5). — Les  penseurs,  aux  noms 
seuls  de  sphinx  et  de  Thèbes,  doivent 
voir  que  le  lieu  de  la  scène  dans  toute 
cette  fable  n'est  pas  la  Thèbes   de 
Béotie,   car  c'est  autour  de  la  Thè- 
bes aux  cent  portes  qu'abondent  les 
sphinx.  L'inceste  n'a  rien  qui  doive 
surprendre  :    l'Egypte  ,    ainsi    que 
l'Orient  et  l'Inde  ,  en  fut  prodigue. 
Et  quant  au  meurtre  du  père ,  c'est 
la  formule  ordinaire  de  la  rénovation 
des   formes.    Ainsi  les    Corybantes 
tuentDyonise,Corybante  comme  eux. 
La  différence  c'est  que  d'ordinaire  la 
victime  est  jeune,   et  qu'ici  elle  ne 
l'est  pas.  Enfin  les  frères  rivaux  sont 
desDioscures,  des  Açouins,  des  moi- 
tiés d'un  œuf-monade.  Les  deux  jeunes 
filles  elles-mêmes   en  sont  le  dédou- 
blement. En  résulte-t-il  que  l'épopée 
d'OEdipe  soit  venue  directement  de 
la  Thébaïde  a  la  Béotie?  Non  ,  sans 
doute.  En  résulte-t-il  même  qu'elle 
soit  venue  de  la?  Nous  n'en  répon- 
drions pas.  Le  fait  est  que  la  Béotie, 


19»  OEN 

toute  samolhracienne  dans  son  ori- 
gine, admit  un  luyihe  dont  les  parè- 
dres  (les  spbiox)  eurent  de  Tiiipor- 
tance  en  Egypte.  La  Phénicie,  lol- 
cos,  Samotbrace  et  les  traditions  ve- 
nues de  la  côte  d'Egypte  ont  pu, 
chacune  dans  sa  sphère,  contribuer  a 
la  formation  de  la  fable  totale.  Samo- 
tbrace ,  il  ne  faut  pas  l'oublier ,  con- 
sacrait eu  quelque  sorte  Tadullère  et 
Tinceste  en  substituant  Ares  a  Hé- 
pheste  dans  le  lit  d'Aphrodite. 

OEMÉ,  0/^«,  Danaïde,  uue  de 
celles  qui  avaient  Crino  pour  mère. 

OENÉE,  OEneus,  Oi'uuf ,  fils  de 
Parthaon  et  d'Euryte,  régnait  a  Ca- 
Ijdon,  tandis  qu'a  Pleuron  comman- 
dait Thespiiis.  Il  eut  deux  femmes, 
Althée,  Perlbée.  La  première  le  ren- 
dit père  de  Méléagre,  de  Théras  et 
de  Climène(d'au  très  disent  de  Phtrée, 
d'Agélas  et  dePériphas),  et  de  quatre 
filles,  Gorgé,  Eurymède,  Mélanippe, 
Déjanire.  De  la  seconde  il  eut  Tydée, 
père  de  Dioraède.  Hellérophon  était 
son  hôte  et  <>on  ami.C'est  lui  qui,  dans 
un  sacrifice  offert  à  tous  les  dieux , 
oublia  Diane ,  et  vit  en  conséquence 
le  sanglier  de  Calydon  ravager  ses 
domaines.  Méléagre,  son  fils ,  l'en 
débarrassa,  grâce  a  la  coopération 
des  jeunes  chels  grecs.  On  sait  com- 
ment ensuite  moururent  et  ce  héros 
rtsa  mère.  Plus  lard,  il  eut  à  soute- 
nir la  guerre  contre  les  Curetés  ;  ses 
neveux  se  déclarèrent  contre  lui,  ïy- 
dée  en  tua  deux,  Alcathuus  et  Lyco- 
pée.  Forcé  de  fuir  après  ce  double 
meurtre,  il  passa  en  Argolide  où  il 
rejoignit  Priam.  Pendant  ce  temps 
OEuée,  vaincu  par  les  fils  de  sou 
frère  Agrius,  échangea  le  trône  con- 
tre une  obscure  retraite  (comp.  de 
nombFeuses  variantes  al' art.  Agrius). 
Diomède  revenu  eu  Étolie  battit  la 
branche  usurpatrice ,  et ,  ne  voulant 
ni  garder  le  trône  pour  lui ,  ni  le 


OEN 

donner  a  un  père  affaibli  par  les  ans, 
il  y  fit  monter  son  frère  Andrémon. 
OEnée  mourut  quelque  temps  après 
dans  Argos.  La  défaite  d'OEnéc 
a  singulièrement  exercé  la  verve  des 
poètes  tragiques  anciens.  De  là  les 
nombreuses  légendes  sur  son  compte. 
Nous  nous  bornerons  à  une  remar- 
que :  OEnée  (  ùUos  ) ,  le  Noé  de  l'É- 
tolie,  est  le  vin  personnifié.  Une  tra- 
dition le  montre  prêtant  sa  femme 
Althée  à  Bacchus,  et  eu  revanche  re- 
cevant de  lui  le  vin.  Il  faut  ici  compa- 
rer IcARius.  La  guerre  contre  les  Cu- 
retés rappelle  l'attaque  des  Kourous 
contre  les  Pandous. — Trois  autres 
OEnée  furent  i"  un  Égyptidej  a"  un 
fils  naturel  de  Pandiou  j  3°  un  fils  de 
Céphale  et  de  Procris,  qui  régna  dans 
la  Phocide  après  la  mort  de  son 
grand-père  Déionée  (  A7»f  olyos)'-,  4-" 
un  priiice  dont  Hercule  tua  l'échansou 
du  Bout  du  doigt. 

OENÉIS,  0<V^,  nymphe  d'Éto- 
lie,  eut  de  Jupiter  le  dieu  Pan. 

OENIA,  0/ii/«,  fut  une  des  douze 
filles  du  dieu -fleuve  Asope  et  de 
Mëlhone. 

OENO,  0/y«,  fille  d'Anius  et  de 
Rhœo  (ou  Dorippe),  avait  pour  sœurs 
ËlaïsetSpermo.  Ces  trois  jeunes  filles 
furent  métamorphosées  en  colombes. 
Nul  doute  que  ce  ne  soient  trois 
Grâces  ou  Nymphes  approvisionna- 
Irices.  Leurs  noms  (o-tri^^a,  {A«««y, 
•m;)  signifient  grain,  huile,  vin. 
Leur  mère  est  la  fructification  ou  la 
munificence  j  et  le  nom  de  leur  père, 
quelque  altéré  qu'il  soit,  est  le  nom 
antique  de  l'année  (eve?,  hioivrcs). 

OENOÉ,  OUot,:  X  °  reine  des  Pyg- 
raées(les  dieux  irrités  de  sa  barbarie 
la  changèreut  en  grue);  2*>  nymphe, 
une  des  nourrices  de  Jupiter  (comp. 
OEno  et  OEnée);  3"  héroïue  épo- 
nyme  d'un  bourg  de  l'Attique. 

OENOMAS,   OEnomaus,  o»«'- 


OEN 

ftotùs,  roi  de  Pise,  devait  le  Jour  à 
Mars  et  a  Stérope  (ou  Harpinne  ,  ou 
Eurylhémis).  On  nomme  aussi  pour 
son  père  Alxion  ou  Hypéroque.  Il 
eut  pour  femme  Evarèle.  Leucippe, 
son  fils,   était  aimé  de  Daphné  ,  et 
Apollon  se  vengea  en  le  faisant  pé- 
rir. Hippodaraie,  sa  fille,  était  cé- 
lèbre dans   toute    la  Grèce  par   sa 
beauté.  Averti  par  roracle  que  son 
gendre   le    tuerait,    il    publia  qu'il 
ne  la  donnerait  qu'à  celui  qui  le  sur- 
passerait à  la  course  des  chars.  L'a- 
mant courait  en  avant ,  et  le  roi  le 
poursuivait    l'épée    a  la  main.   Ou 
nomme  quinze  prétendants  a  qui  leur 
audace  coùlala  vie;  Acrias,  Alcathoiis, 
Arisloraaque  ,    Capet ,    Clialcodon  , 
Chronius,  Eole,  Euryale,  Euryma- 
que,  Euryte,  Lasios,  Lycurgue,  Mar- 
max ,    Prias,    ïricolone.   Quelques 
poètes    restreignent    ce    nombre    a 
treize  j  Diodore    le  porte   a   seize. 
Enfin  Pélops  apparut,  gagna  Myrlile, 
cocber  du  roi,  et,  grâce  à  lui,  arriva 
le  premier  au  but  [f^oy.  Mybtile). 
Diodore    montre    seulement  Pélops 
parvenant  le  premier    au  but   sans 
que  Myrtile  porte  la  perfidie  jusqu'à 
le  faire  mourir;  et  OEnomas  se  don- 
nant la  mort  à  cette  vue  ,  puisqu'il 
voit  l'oracle  accompli.  Une  variante 
présente   OEnomas  comme  éperdu- 
ment  amoureux  de  sa  fille.  Ses  che- 
vaux s'appelaient  Philla  et  Harpye. — 
OEnomas  est  la  personnification  des 
jeux  Olympiques.  Hippodaraie,  c'est 
le  prix  des  jeux-  les  quinze  ou  seize 
prétendants  sont  les  régions  grecques 
admises   au    concours.    Les    Eléens 
aussi  disputent   le  prix  :    OEnomas 
alors  semble  épris  de  sa  fille. — Deux 
autres  OEnomas  sont  :  l'un  un  chef 
troyen  tué  par  Idoménée  au  siège  de 
Troie  ,   l'autre  un  chef  grec  tué  par 
Hector. 

GENOISE,  oUiyn,  fille  du  dicu- 


OEN 


Ï99 


fleuve  Cébrène  et  Nymphe  du  mont 
Ida  ,  en  Phrygie ,   reçut  d'Apollon , 
son   amant,   la   science  de  l'avenir 
et  l'art  de  connaître  les  simples.  Plus 
lard,  elle  eut  de  Paris ,  encore  ber- 
ger ,   un  fils    nommé   Corythe.    La 
légende  la  lie  intimement  à  deux  in- 
stants solennels  de  la  vie  fabuleuse 
de  Paris.  Lors  de  son  départ  pour  la 
Grèce,  elle  lui  prédit  ses  infidéhtés  , 
la  ruine  deTroie  et  sa  mort.  aTu  seras 
blessé,  dit-elle,  blessé  à  mort,  et  alors- 
tu  te  souviendras  d'OEnone ,  tu  re- 
viendras près  d'elle,  lu  lui  demande- 
ras merci  :  OEuone  te  refusera  » .  En 
effet  la  dixième  année  du  siège  Paris 
blessé  par  Philoctèle  se  fil  porter  sur 
le  mont  Ida,    implora   les  secours 
d'OEnone  ,  et  mourut  dans  ses  bras. 
Toutes  les  traditions  la  montrent  sui- 
vant au  tombeau   cet  objet  de   ses 
amours  :  elle  meurt  de  re^^ret,  ou 
s'étrangle  avec  sa  ceinture  eu  arri- 
vant dans  le  palais  de  Priam.  Chez 
Dictys   elle  est  saisie  d'un   actes  de 
démence ,  et   se  laisse  consumer  de 
douleur.    Enfin,    dans    Quintus    d» 
Smyrne,  elle  se  brûle  sur  le  bûcher 
de  Paris.    Du  reste  ,  on  varie  sur  la 
manière  dont  elle  reçut  le  coupable 
repentant.  Selon  les  uns,  elle  em« 
ploie  tous  ses  soins  pour  le  guérir, 
et   n'échoue  que    parce  que  la  flè'« 
che  qui  l'a  blessé  est  empoisonnée  j 
selon  d'autres,  elle  le   renvoie  brus- 
quement   avec   ces    mots   :    a  Qu'il 
aille  se  faire  panser  par  Hélène!  » 
Mais  bientôt  elle  court  à  Troie,  au 
chevet  du   lit    du  malade.  Malheu- 
reusement 11  est  trop  tard.  Suivant 
d'autres  enfin,  elle  ne  porte  aucun  se- 
cours au  prince;  mais  on  transporte 
près  d'elle  le  cadavre,  et  on  la  charge 
de  l'inhumer.  C'est  a  cette  vue  qu'elle 
se  consume  de  désespoir. 

0EN0PE,o;v<*;7r.j,  fille  d'Épopée, 
femme  de  Neptune,  mère  de  Mégai  éc , 


2O0 


OEX 


OENOPE,  OEwpEus,  oîtat^iùf, 
ou  OENOPION,  o;»«îr/«»,  roi  de  Chio 
qu'on  a  mal  h  propos  scindé  en  deux 

Çersonnages ,  était ,  dit-on,  le  fils  de 
hésée  (ou  de  Dionyse)  et  d'Ariadne. 
11  épou2>a  Hélice  ,  et  eut  pour  fille 
Héro  ou  Mérope.  Orion  demanda  sa 
main,  et,  las  des  délais  qu'un  lui  op- 
posait, la  viola.  OEnopion.  feignant 
d'ignorer  Toutrage,  enivra  le  géant , 
lui  creva  les  yeux  ,  cl  le  jela  sur  le 
rivage  j  puis  il  se  cacha  si  bien  dans 
une  grotte,  que  le  fils  d'Hyriée  ne  put 
lui  faire  sentir  le  poids  de  sa  ven- 
^  geance.    Jusqu'ici  le   mythe    recèle 
1°  opposition  de  la  terre  au  soleil, 
2'  syzygie  du  soleil  et  de  la  lune, 
3°   éclipse.  Selon  Diodore,  Rhada- 
raanthe  avait  rendu  Chio  àOEnopion. 
lien  avait  donc  été  dépouillé!   Par 
oui?  Par  des  pirates.  La  présence  de 
Rliadamanthe  ici  lie  encore  OEnopion 
au  mythe  crélois  et  à  la  famille  de 
IVlinos.  Pour  qui  sait  que  <»/»a»  tt/hiv 
veut  dire  boire  du  vin,  et  orva»  ttoiiiv, 
faire  du  vin,  que  Chio  élail  célèbre 
par  ses  vins  délicats  ,  que  Thésée  est 
un  dieu-soleil  de  Tliasos  et  un  P)ac- 
chus  ,  qu'un  commerce  d'importation 
et  d'exportation  unit  la  Crète  et  les 
îles  de  i'Egée,les  traditions  relatives 
à  OEnopion  s'exoliquent  sans  peine. 
OEnopion  eut  encore  pour  fils  Evan- 
ihe,    Thalos,    Méléna ,   Salaque  et 
Atharaas,  On  montrait  son  tombeau  k 
Chio. 

^  OENOPS,  o;'v<»4.  :  1°  fils  d'Hé- 
lénus,  chef  grec  tué  au  siège  de  Troiej 
2°  père  d'Iliode,  devin  d'Ithaque. 

OENOTRE,  OEnotrus,  Om- 
Tpes,  la  race  œnotrienne  personnifiée, 
passait  pour  le  plus  jeune  des  Lycao- 
nides.  ISfjctime,  son  frère,  qui  lui  dis- 

Sute  ce  titre  ainsi  que  le  rare  privilège 
'avoir  été  seul  épargné  par  Jupiter 
lorsqu'il  foudroya  lesLyi^onides,  lui 
donna   de   l'argent ,  des-   va,isseaux , 


OEN 

des  hommes  ;  el  c'est  alors  qu'Œuo- 
tre  arriva  en  Italie.  Cette  colonisa- 
tion aurait  été  la  première  émigra- 
tion que  les  Grecs  opérèrent  dans  la 
péniusule.  Malheureusement  il  plauc 
des  doutes  sur  l'époque  et  même  sur  la 
réalité  de  l'émigration.  Denys  d'Ha- 
licarnassc  ,  d'après  Acusilas  et  Phé- 
re'cyde,  la  place  dix-sept  générations 
avant  la  prise  de  Troie.  M.  Raoul- 
Rochetle ,  d'après  un  synchronisme 
tiré  d'ApolIodore,  réduit  ces  dix-sept 
générations  a  finit.  Frérct  aussi  avait 
combattu   la    haute   anli(|uilé  attri- 
buée il  celte  émigration.  Divers  cal- 
culs   sur  les  Inachides  eux  -  mêmes 
pourraient  permettre  de  Uolter  entre 
les  deux  dates  extrêmes.   Dans  ces 
derniers  temps  Petit-Radel,  compa- 
rant  les  divers    synchronismes  que 
nous  ont  laissés  les  ancieus ,  réintè-    vl 
gre  l'émigration  d'Œnotre  à  la  dix-     '■ 
septième  génération  avant   la   prise 
de  Troie j  et  par  conséquent,  dans  le 
système  qui  tait  les  générations  de 
trente  ans ,    Œnotre    émigré    vers 
1710  avant  J.-C.  Reste  h  examiner 
si  l'émigration  eut  lieu.  Denys,  Stra- 
bon,  Pausanias  sont  unanimes  sur  ce 
point,  mais    rien    ne   prouve  qu'ils 
aient  raison.  Aristote  ,  dont  on  a  in- 
voqué l'autorité  a  propos  des  monu- 
ments de  la  colonie  d'Œnotre  ,  ne 
parle  que  de  quelques  usages  de  la 
vie  civile  introduite  parmi  les  Œno- 
tres  par  Itale  leur  roi.  Le  fait  est  que 
toutes    ces    questions    sollicitent   un 
nouvel  examen,  i"  Les  OEnotres  se 
lient-ils,   comme  on   a  droit  de  le 
soupçonner,  aux  Peucètes,  et  quels 
sont  leurs  rapports?  2°  Sont-ils  Pé-      » 
lasgues?  3°  Est-ce  d'Arcadic   qu'ils       '■ 
vinrent?  4°  Trouvèrent-ils  des  indi- 
gènes ?  est-il  vrai  que  ces  indigènes 
s'appelaient  Ausones?  â°  Est-il  vrai 
qu'ils  débarquèrent  dans  le  golfe  de 
iSte-Euphémie,  et  qu'ils  s'étendirent 


OGH 

d'une  mer  à  l'autre,  entre  Métaponte 
et  Pestum?  est-il  vrai  que  les  Auso- 
ues  étaient  une  de  leurs  branches? 
6"  Est-il  vrai  qu'ils  étaient  les  pre- 
miers colons  venus  du  Péloponèse  ou 
de  la  Grèce  septentrionale,  ou  bieu 
doit-on  adnaeltre  que  trois  colonies 
les  avaient  précédés  ? 

ŒNOTROPES  ,  ŒKOTROPiii , 
OhoTfojicùy  les  trois  filles  d'Anius 
{Foy.  OEno). 

ŒOCLE,  ŒocLUS,  bâtit  eu 
l'honneur  d'Ascra,  sa  mère,  qui  l'a- 
vait eu  de  son  coiiuuerce  amoureux 
avec  Neptune ,  une  ville  de  même 
nom  en  Béotie. 

ŒONE,  Œonus,  Oimcs,  cou- 
sin d'Hercule(par  Licyrane,  son  père, 
qui  était  le  frère  d'AIcmèue),  fut  tué 
à  Sparte  par  les  Hippocoontides  , 
sans  que  la  présence  d'Hercule  empê- 
chât le  meurtre. Quelque  temps  après. 
Hercule  revint  mieux  accompagné, 
massacra  Hippocoon  et  sa  famille, 
et  déposa  les  os  d'Œone  a  Sparte 
mènïe.  La  ville  lui  rendit  les  hon- 
neurs héroïques,  et  dédia  tm  temple  à 
Hercule  près  du  tombeau. 

OESÏROBLÈS,  OlrrpoZx-^ç,  fils 
d'Hercule  et  de  la  Thespiadc  Hésy- 
chie. 

ŒTYLE,  Œtylùs  ,    o<VvA«<r, 

héros  éponyme  d'une  ville  de  Laco- 

nie,  était  d'Argos,  et  avait  pour  père 

Amphianax  et  pour  aïeul  Anlimaque. 

OGEN,  le  même  qu'Océan,  passait 

>         pour  le  dieu  des  vieillards,   qu»  les 

,         Grecs  nommaient  ironiquement  Ogé- 

nides. 

OGHAM ,  dont  on  a  fait  Ogmios 
et  OGMius,"oyj«<oî,  dieu  celte,  était 
représenté  sous  les  traits  d'un  vieil- 
lard à  tête  chauve,  aux  rides  profon- 
des, au  teint  olivâtre  ;  arc,  carquois, 
massue  chargeaient  ses  mains  et  ses 
épaules.  De  sa  langue  partaient  des 
fils  d'or  et  d'ambre   avec  lesquels  il 


OGY 


2or 


attirait  une  immense  multitude  d'hom- 
mes qui  paraissaient  le  suivre  volon- 
tairement. C'est  Lucien  qui  donne 
ces  détails.  Raphaël,  sur  sa  descrip- 
tion, a  fait  un  Ogham  qui  a  été  gravé 
par  Cochin  et  Lesueur. — On  nomme 
Ogham  l'Hercule  gaulois.  Ces  fils 
d'or  qui  tirent  et  groupent  auprès  de 
lui  la  multitude  seraient,  dil-on  ,  le 
symbole  d'une  éloquence  entraînante 
et  persuasive.  Qu'on  donne  donc  à  cet 
Hercule  le  nom  d'Hercule-Hermès  ou 
d'Herméracle.  Toutefois,  il  peut  en- 
core rester  des  doutes  sur  le  vrai  ca- 
ractère d'Ogham  :  peut-être  était-ce 
un  dieu  des  mers.  On  explique  Ogli- 
Am  par  puissant  sur  mer. . 

OGOA  ou  OSOGO,  Neptune  k 
Mylase ,  ou  plutôt  l'eau  même  prise 
comme  essence  suprême.  On  croyait 
entendre  la  mer  bruire  sous  le  pavé 
de  son  temple.  Sans  doute ,  grâce  au 
mécanisme  de  quelque  pompe  cachée, 
ou  de  tuyaux  hydrauliques ,  la  mer 
était  censée  se  répandre  dans  le  tem- 
ple, et  y  renouveler  l'image  du  grand 
cataclysme.  Une  de  ces  miraculeuses 
inondations  ôta  la  vue  a  Epyte,  fils 
d'Hippolhoiis. 

OGYGES,  'I2yuy>)f,  vieux  roi 
du  plateau  béoto-atlique,  passait  poui" 
fils  de  Neptune  et  d'Alistra  ou  de 
Tarmère  (on  lui  donne  aussi  pour 
père  Béote).  Il  eut  pour  sujets  les 
Hellènes.  Thèbes,  Eleusis  furent  bâ- 
ties pas  ses  soins.  Une  Thèbes  aussi 
est  sa  femme ,  et  un  Eleusis  figure 
parmi  ses  enfants.  Cadmus  et  ane 
triade  femelle,  Alalcoménie,  Aulis  et 
Thelsinie,  complètent  sa  famille.  Un 
déluge  effroyable  eut  lieu  sous  son 
règne,  et  inonda  ses  domaines.  Var- 
ron  çl  d'autres  auteurs,  cités  par  St. 
Augustin,  rapportent  très-sérieuse- 
ment qu'à  cette  époque  la  planète  de 
Vénus  changea  de  couleur,  de  direc- 
tion et  de  forme:  et  des  modernee, 


203 


oih 


calculant  la  périodicité  de  la  grande 
comète  de  5jS  ans,  en  ont  conclu 
que  le  déluge  d'Ogygès  eut  lieu  vers 
1769  avant  J.-C.  Nous  ne  pouvons 
que  rire  de  ces  calculs.  F'oy.  au 
reste,  sur  Ogygès,  le  Catholique, 
t.  XVI,  dernière  livraison. 

OGYGIE,  0GVGlA,'f2yt;y|«,  une 

des  sept  filles  de  Niobé.  On  donne 
aussi  ce  nom  à  la  Béolie,  à  une  porte 
de  Thèbcs ,  et  enfin  à  l'île  si  mal  dé- 
terminée de  Calypso. 

OHINA.  f^oy.  Étoua-Rahai. 
OHIRA  -  RINE  -  MOUNA ,  déiié 
polynésienne,  fille  de  Ti  et  d'Osira, 
épousa  le  premier  après  la  mort  de 
sa  mère,  eh  lui  donna  trois  fils ,  Ora , 
Vanou,  Tilon,  et  trois  filles,  Hen- 
natou-Monourou ,  Hénaroa,  Nouna. 
Ces  généalogies  trimourliques  offrent 
la  plus  curieuse  comme  la  plus  frap- 
pante analogie  avec  les  légendes  ir- 
landaises. 

OIAROU  est  chez  les  Jroquois 
le  fétiche  spécial  de  chaque  individu  j 
ce  fétiche  est  à  volonté  un  calumet, 
un  outil,  un  animal,  une  peau  d'ours, 
etc.  Toutefois,  ils  doivent  l'avoir  vu 
en  songe  avant  de  le  choisir  pour  fé- 
tiche. Ils  croient  que,  grâces  k  ce  ta- 
lisman, ils  se  transportent  où  ils  veu- 
lent,  et  se  transforment  il  leur  fan- 
taisie. —  Leurs  devins  sont  ceux  qui 
ont  acquis  par  ces  visions  répétées 
un  pouvoir  surnaturel. 

GICLÉE,  OïcLEus,  'OiKXivs,  fils 
d'Anliphate  et  de  Zeuxippe,  époux 
d'Hypermnestre  et  père  d'Amphiaràs, 
de  Dolibée  et  d'Iphianire.  Il  fut  tué 
en  Troade  ,  lors  de  l'expédition 
d'Hercule  contre  la  capitale  de  Lao- 
médon. 

OILÉE  ,  OlLEUS  ,  'o;)i£Uf,  fils  du 
roi  locrien  Odédoque  (d'autres  disent 
Léodoque)  et  d'Agrianome,  fut  un  des 
Argonautes,  seconda  Hercule  au  lac 
StymphaVe,  y  fut  blessé,  succéda  en 


OLE 

Locridek  son  père,  épousa  Ériopis, 
en  eut  Ajax,  et  rendit  l'esclave  Rhéné 
mère  de  Médon.  — Un  autre  Oïlee, 
écuyer  du  roi  Bianor,  voulant  ven- 
ger son  maître,  fut  tué  par  les  Grecs 
devant  Troie. 

OKI  (Okée)  ou  KIOUAZA(Ki- 
wase),  déesse  qui  chez  les  Oumas, 
et  chez  quelques  peuplades  indigènes 
de  la  Virginie  et  de  la  Floride,  était 
censée  veiller  k  la  garde  des  morts, 
et  avait  dans  ce  pays  un  temple  qui 
fut  abandonné  lors  de  l'arrivée  des 
Européens  dans  ces  parages,  et  que 
l'on  n'essaya  point  de  relever.  On  la 
nomme  aussi  Kuioccos  (Quioccos); 
seulement  ce  dernier  nom  se  donne 
k  une  foule  d'aulres  dieux. 

OKISIK,  esprits  gardiens  dans  la 
mythologie  hurone,  sont  les  uns  bien- 
iaisanls,  les  autres  funestes.  Chaque 
homme  en  a  au  moins  un  attaché  k  sa 
personne. 

OLBE,  Olbos,  allié  d'Ochale  (dans 
Valérius  Flaccus,  Jrgonaulique , 
liv.  VI). 

OLBIE,  Olbia,  'oxQlct,  donna 
son  nom  k  une  ville  de  la  Bithynie. 

OLEN,  *f2A^',  (g.  '«xÉvof),  pon- 
tife-poète, premier  chantre  de  la  re- 
ligion de  Délos ,  passe  généralement 
pour  le  chef  d'une  colonie  sacerdo- 
tale qui,  des  côtes  de  la  Lycie 
(Suidas,  art.  'î2A;î'i/ )  ,  alla  porter 
dans  l'île  flottante  si  célèbre  par  la 
délivrance  de  Latone ,  le  culte  d'A- 
pollon et  d'Artémis.  Quelques  tradi- 
tions cependant  (par  exemple  un  des 
hymnes  que  l'on  chantait  k  Délos) 
indiquent  Olen  comme  Hyperboréen 
(Pausanias ,  1.  X,  c.  5).  Mais  peut- 
être  la  première  migration  hyperbo- 
réenne  (  c'est- k-dire  colchico-arraé 
nienne,  bactrienne  ou  persane),  m 
popularisa  en  Lycie  le  nom  et  le  culti^ 
des  deux  dieux-lumière,  valut-elle  ir" 
tous  les  prêtres,  k  tous  les  adhérents 


OLE 

du  nouveau  système  religieux  l'épi- 
thète  d'hyperboréeus.  Dans  ce  cas 
Olen,  coryphée  des  missionnaires  que 
la  Lycie  délachait  dans  l'Egée,  dut 
être  pris  pour  un  chantre  hyperbo- 
réeu  j  et  certes  il  y  avait  dans  cette 
espèce  de  qualification,  dans  cette 
origine  à  la  fois  immédiate  et  loin- 
taine, qui  rattachait  Délos  à  la  vraie 
métropole  religieuse  et  nonk  une  suc- 
cursale, quelque  chose  de  plus  mer- 
veilleux et  de  plus  séduisant.  Olen 
était  antérieur  a  Pamphos  et  même 
à  Orphée.  Creuzer  scinde  la  fon- 
dation du  culte  solaire  (  ou  hé- 
lioïde  )  à  Délus  en  trois  époques  : 
1°  la  migration  qui  donne  à  l'Ile 
sainte  l'idée  d'Ilithye,  2^*  celle  qui 
amène  Apollon  et  Arlérais  avec  les 
trois  (ou  deux)  premières  vierges  hy- 
perboréennes,  3°  celle  qui  conduit  aux 
mêmes  lieux  deux  autres  vierges  et  les 
Perphères.  Si  nous  prenons  pour 
base  celte  hypothèse,  il  est  indubi- 
table que  ce  barde  sacré  (person- 
nage réel  ou  allégorique  )  se  rap- 
porte à  la  deuxième  migration.  Long- 
temps après  Alexandre ,  et  même 
après  notre  ère,  on  chantait  encore 
a  Délos  les  hymnes  de  l'antique 
Olen,  en  vers  hexamètres?  (Pausa- 
nias  ,  Att.  et  Arc;  comp.  Héro- 
dote, IV,  cap.  35,  et  Blackwell, 
Vie  et  ouv.  cl'Jïom.,  p.  xii);  et 
toutes  les  probabilités  se  réunissent 
en  faveur  de  l'authenticité  de  ces  vieil- 
les poésies  ,  que  tout  au  plus  on 
peut  supposer  arrangées,  retouchées, 
interpolées  par  les  desservants  de 
l'ile  sacrée.  Dans  ces  hymnes  le  culte 
d'Apollon  et  d'Arlémis  se  présentait 
sous  des  formes  presque  spiritualisles, 
et  qui  prouvent  eu  dernière  analyse 
l'origine  quasi-persane  de  la  doctrine 
religieuse.  Mais  c'est  surtout  d'Ilithye 
(Latone)  qu'il  est  question,  d'Ilithye 
grande  fécondatrice  {Ifymne  d'Hom. 


OLE 


20  J 


à  Apoil.^  v.  97)  et  grande  accou- 
cheuse {/^oyoTToKos  de  Vil.  ,  XIX, 
io3),  d'Ilithye  mère  de  l'Amour 
(productrice  du  monde  par  l'Amour.-*), 
d'Ilithye  plus  ancienne  que  Crone, 
d'Ilithye  la  même  qu'Imarmèue  (E<- 
fta.pfi'':»}]) y  la  destinée  ,  d'Ilithye  la 
bouue  fileuse.  Toutes  ces  notions  al- 
légoriques et  transcendantes  nous  re- 
portent bien  loin  par-delà  la  Perse. 
C'est  la  métaphysique  religieuse  de 
rHindoustan(comp.  Ilithye).  Pau- 
sanias  cite  aussi  d'Olen  un  hymne 
à  Junon  ,  et  dit  qu'il  prophétisa 
dans  Délos.  Ailleurs  Creuzer,  par- 
tant de  ce  principe  que  deux  Ly- 
cus  (un  Telchiue  et  un  prince  athé- 
nien, fils  de  Pandion  II)  vinrent  a  des 
époques  différentes  s'établir  en  Lycie, 
en  conclut  que  la  colonie  religieuse 
d'Olen  eut  lieu  entre  ces  deux  événe- 
ments (probablement  vers  le  iS"  ou 
le  16"  siècle  avant  J.-C).  Dès  cettp 
époque  le  soleil  était  en  Lycie  nn 
dieu-loup,  et  le  loup  joue  un  rôle  dans 
la  mythologie  de  Délos  :  c'est,  comme 
on  sait,  une  bande  de  loups  qui  mène 
Latone  du  pays  des  llyperboréens  k 
Délos ^  et  elle-même,  pour  échapper  a 
la  colère  de  Junon  ,  prend  la  forme 
d'une  louve  pendant»ce  long  et  pé- 
rilleux trajet.  PHne  le  Naturaliste 
(XXVIII ,  2  )  parle  d'un  Olen  ancien 
et  célèbre  poète  de  l'Étrurie.  Proba- 
blement le  nom  d'Olen  n'est  qu'une 
altération  de  ceux  à'Jl,  El,  Aal , 
synonymes  de  Baal,  et  une  forme  qui 
commence  a  se  rapprocher  du  nom 
vulgaire  du  dieu-soleil,  Apollon  (gén. 
Ajjollinisy  rad.  ApoUin... ,  'AttoA- 
X0V...7).  La  syllabe  additionnelle 
in ,  en  ,  se  trouve  dans  plus  d'un  dé- 
rivé de  la  même  famille  :  ainsi,  pour 
ne  point  parler  d' ApoUin...,  Sélènc, 
Hélène  (et  la  forme  masculine  Hélé- 
nus),  Bélène  (Belenus),  en  offrent 
des  exemples.  Dans  ce  cas  ne  pour- 


2o4 


OLL 


rait-on  pas  soupçonner  que  le  barde 
my'liologique  Olen  n'est  autre  chose 
qu'Apollon  incarné,  se  faisant  propa- 
gandiste de  sou  culte  qu'il  popularise 
dans  la  Grèce  iusiilaire  par  le  niissio- 
nariat ,  par  la  colonisation ,  par  les 
clianis,  peut-être  même  par  la  pro- 
phétie ?  Trois  vierges,  dit-on  (Argé, 
Opis,  Loxo),  accompagnent  Artémis 
dans  son  pèlerinage  il  Délos.  Ces  trois 
vierges,  à  notre  avis,  sont  des  incar- 
nations de  la  déesse  [f^oy.  Opis). 
Pourquoi  Olen  ne  serait-il  pas  l'in- 
carnation du  dieu?  quoi  de  plus  ra- 
tionnel et  de  plus  conforme  h  l'esprit 
des  anciens  que  de  voir  aussi  les  deux 

fiuissances-lumières  (lumière  raùle  et 
umière  femelle  )  se  répandre  par 
elles-mêmes  ,  revêtues  de  formes  hu- 
maines et  directrices  de  la  colonie 
sacrée? 

OLÈNE,  Olenus  :  i"  fils  de  Ju- 
piter et  de  la  Danaïde  Anaxilhée.  Il 
épousa  Léthée,  et  fut  changé  avec  elle 
en  rocher  sur  l'Ida  :  c'était  le  héros 
éponyme  d'Olène  en  Achaïe.  2"  Fils 
de  Vulcain  et  d'Aglaé;  il  eut  deux 
filles.  Hélice,  Es:a,  l'une  et  l'autre 
nourrices  de  Jupiter  :  Théon  lui  don- 
ne pour  fille  Amalthée  5  on  sait  que 
la  cnèvre  nourrice  de  Jupiter  s'ap- 
pelle souvent  la  chèvre  olénienne 
{aiMiict  eti%).  5"  Parèdre  d'Hercule  , 
lors  du  déblaiement  des  éfables 
d'Augias:  quelques  mythograplies  le 
réduisent  à  être  un  roi  d'Olène,  et  le 
nomment  Dexamène. 

OLLAM  FODHLA  est  dans  la 
mythologie  irlandaise  l'aïeul  de 
toute  la  race  des  Iriens  de  l'Ulster, 
dont  Qonnor  était  censé  descendre. 
Il  sortit  de  l'enceinte  de  sa  provin- 
;  et  sous  sa  domination  le  clanna 
Rughraidhe  obtint  une  prépondé- 
rance en  vertu  de  laquelle  les  chefs 
siégèrent  à  ïéamhair  ,  résidence  des 
pontifes  suprêmes  et  d'une  espèce  de 


DLL 

chef  politique  auquel  on  rendait  un 
hommage  de  suzeraineté.  Il  eut  trois 
fds  qui  gouvernèrent  l'un  après  l'au- 
tre d'après  leur  rang  d'ancienneté. 
Fionn  Sneachta  [la  neige  blanche) 
régna d'abord(de  1 5 h 20 ans). Ensuite 
vint  Slanoll  [la  santé  vigoureuse) 
qui  donna  i  5  ans  des  lois  à  l'Irlande. 
Geide  Ollgotach,  le  troisième,  occupa 
le  trône  dix-sept  années.  Son  nom 
répond  h  haute  parole,  grande 
parole.  Les  interprètes  modernes 
ont  pensé  avec  raison  qne  ces  déno- 
minations tout  allégoriques  ont  trait 
h  des  groupes,  a  des  masses  de  faits. 
Le  premier  règne  indique  une  épo- 
que rudimenlaire,  et  à  laquelle  la 
neige  semblait  ensevelir,  asservir, 
glacer  et  rendre  insalubre  la  contrée 
entière. Sous  Slanoll  le  pays  reprend 
la  force,  la  vie,  la  jeunesse.  Enfin, 
par  Geide  Ollgotach  est  symbolisée 
l'ère  des  discordes  et  des  clameurs 
populaires  :  le  peuple  avait  la  voix 
haute  et  libre  dans  les  assemblées. 

OLLONDOU - EURGHELCID- 
JIKSIN-KHAN  appartient,  selon  les 
Mongols,  à  l'époque  primordiale  où  il 
n'existait  ni  lois,  ni  tribunaux,  et  où 
les  hommes,  ne  reconnaissant  point 
de  lien  et  de  mien  ,  s'emparaient  de 
ce  qui  était  a  leur  convenance  et  à 
leur  portée.  Fatigués  enfin  des  rixes 
perpétuelles  auxquelles  donnait  lieu 
cet  état  de  choses,  ils  convinrent  d'é- 
lire un  arbitre  suprême  qui  déciderait 
du  juste  et  de  l'injuste  ,  et  qui  aurait 
le  droit  de  punir  les  coupables.  Ce 
juge  étendit  bientôt  sa  juridiction  sur 
toute  la  terre,  et  finalement  il  fut 
élevé  à  la  dignité  de  Khan.  Son  nom 
alors  fut  OUondou-Eurglieucidjiksin- 
Khan.  Il  eut  pour  fils  et  pour  suc- 
cesseur Usus-Rullengtou-Guiéreltou- 
Khan.  Ce  deuxième  souverain  des 
hommes  donna  le  jour  à  Bouïautou- 
Khan.  De   Bouïantou-Khan  naqnit 


I 


OLL 

Dédé-BouVanlou-Klian  qui  lui-même 
fut  père  de  Telkan-Açaraklchi-Khou- 
touktou-Khan.  A  la  suite  de  ce  der- 
nier se  dessinent,  à  la  première  gé- 
nération ,     INanna  -  Koko  -  Kémaki- 
Klian;  h  la  seconde,  Usus-Kuliengtou- 
Khan^   à  la  troisième,    Saïn-Usus- 
KuUengtou-Khan  ;  enfin  a  la  quatriè- 
me (c'est-k-dire  comme  bis-arrière- 
petil-fils) ,   Teuglieus-Lsus-Kulleng- 
lou-Rhau.  Enfin  arrivent  et  se  succè- 
dent loujours  de  père  en  fils  ,  et  sans 
que  jamais  l'ordre  de  primogéniture 
semble  changer ,  les  six  princes  Tab- 
blktchi-Klian/falbiu-Bariklcln-Rban, 
Chaguni-Khan ,  Kuchi-Rhan,  like- 
Kuchi-Khan ,  SaVn-Usuktcfiti-Rhan. 
Voilà  en  tout  quinze  princes.  Ils  se 
répartissent   en    trois    groupes    qui 
correspondent  a  trois  âges  différents, 
et  dont  Tensemble  forme  comme  un 
grand  âge,  un  Manouantara  primitif, 
anté-historique,  anté-luimain,  anlé- 
cosmiquej  et  cependant  la  terre,  les 
Iiommes,  selon  la  légende,  existaient. 
Od  a  vu  assez  de  ces  contradictions 
pour  n'en  plus  être  étonné,  Bralunâ 
est  Brahmà-Pourouclia,  et  pourtant 
nul  homme  encore  n'existe.  Les  trois 
phases  ,  les  trois  iougas  (risquons  ce 
nom)  du  Manonantnra  divin  primor- 
dial  se    scindent  en    âge  valgaïque 
(cinq  khans),  âge  sarvaradique (qua- 
tre khans  5    ou   en  compte    cinq   en 
ajoutant  le  dernier  de  la  première 
période  .  double  emploi  fréquent  en 
mythologie),  âge  innominé(six  khans). 
Les  noms  des  quatre  khans  de  Tàge 
sarvaradique  veulent  dire  roi  de  qua- 
tre parties  du  monde  et  khan  d'or, 
roi    de   trois   parties  du   monde   et 
khan  d'argent,  roi  de  deux  parties  du 
monde  et  khan  de  cuivre,  roi  d'une 
partie  du  monde  et  khan  de  fer.  Cette 
double  dégradation  de  caractères  est 
des  plus  remarquables.  D'une  part, 
nous  avons  un  reflet  d^;  la  grandç 


OLY 


oo-j 


doctrine  des  âges,  reflet  en  tout  sem- 
blable aux  quatre  âges  des  Gréco-Ro- 
mains ;  de  l'autre  ,  voila  une  diminu- 
tion de  puissance  qui  originairement 
ne  put  être  que  symbolique  et  trans- 
cendantale,  et  qui  semble  en  consé- 
quence n'être  que  la  détermination 
de  plus  en  plus  étrécie  et  abaissée  de 
l'Etre -suprême.    Où    sommes-nous 
alors?   Probablement  sous  un  Etre 
suprême,  véritable  Adibouddha  mon 
golique,  se  dessinent  cinq  Bouddhas  5 
puis  le  dernier,  devenant  un  Boddhi- 
catoa,  s'individualise  de  plus  en  plus 
eu  Boddhiçaloas  de  moins  en  moins 
complets ,  de  moins   en  moins  puis- 
sants. Ainsi  se  fait  la  transition  de 
Dieu  à  l'homme.  Sous  le  khan  de  fer 
s'alongent    encore     six    khans ,    ses 
émanations ,    et    qui   avec    lui    for- 
ment une  beptade  cabirique.  De  nom- 
breux rapports  unissent  ces  généalo- 
gies prétendues  h  la  mythologie  si 
énigmatique  desDactvîes,  des  Tel- 
chines  et  des  Cabires  du  dogme  phé- 
uico-égypliaque ,  qui  sont  portés  au 
nombre  de  sept  et    non   a  quatre. 
Les  (piinze   khans  des   trois  iougas 
qui  forment  le  Manouantara  primitif 
occupent  quatre-vingt  mille  ans  dans 
la  durée,  et  Garga-Sindé  (peut-être 
les  quinze  khans  idéalisés  et  fondus 
en  un  seul  Dieu-Homme)  monte  aux 
cieux.  Le  Manouantara  humain  com- 
mença ensuite;  il  fut  de  quatre  mille 
ans:  Ganga-Gamméni ,  nommé  aussi 
Ganga-Mouni ,  le  récapitule  ,  et  son 
ascension  marque  la  fin  decette  deuxiè- 
me période.  Un  troisième  Manouan- 
tara se  distingue  par  le   {;élerinage 
terrestre  de  Gachip ,  et  dura  vingt 
mille  ans.  Enfin  succéda  le  quatrième 
Manouantara    (quatre   mille   ans?), 
dans    lequel     Chakiamouui   (  P^oy. 
BoroDHA)  fit  son  apparition. 

OLY,  idole  madécasse,  n'est  qu'une 
petite  hoîtç  divisée  eu  tuyaux  remplis 


w& 


OLY 


d'immondices  ou  de  bagatelles  inuti- 
les, de  sang  de  serpent ,  de  prépuces 
d'enfants  circoncis,  de  lambeaux  de 
chair  de  crocodile  (ou  même,  ajoute- 
t-on,  de  Français  égorgés).  Des  ra- 
cines aphrodisiaques ,  des  fleurs  por- 
tées jadis  par  la  femme  aimée,  for- 
ment le  complément  de  cet  assem* 
blage  hideux.  Chaque  objet  est  mis 
avec  beaucoup  de  solennité  dans  le 
compartiment  destiné  à  le  recevoir. 
Tous  les  Madécasses  ont  une  boîte  de 
ce  genre,  et  la  portent  autour  d'eux 
attachée  à  une  courroie  de  cuir.  Les 
riches  font  enchâsser  l'Oly  dans  une 
boîte  de  métal,  et  souvent  la  portent 
au  cou  suspendue  a  une  chaîne  qui 
forme  un  collier  très-làche.  Dans  le 
cas  où  ils  gardent  l'Oly  h  la  ceinture, 
ils  ont  au  cou  une  autre  boîte  rem- 
plie de  caractères  magiques,  qu'ils 
nomment  aussi  Oly.  L  Oly  est  censé 

f)réserver  de  tout  malheur.  Du  reste, 
orsque  la  conduite  de  l'idole  leur  dé- 
plaît, ils  ne  se  gênent  point  pour  la 
punir;  ils  plantent  en  terre  une  per- 
che au  haut  de  laquelle  ils  placent  la 
boîte  sacrée ,  puis  l'abattent  à  grands 
coups  de  gaule.  C'est  surtout  lorsque 
les  Madécasses  ont  été  battus  qu'ils 
se  livrent  à  cette  cérémonie.  La  for- 
tune vienl-elle  à  changer,  ils  sont 
convaincus  que  l'Oly  est  venu  a  rési- 
piscence. 

OLYMPE,  Olympus,  "OAv^Tro?, 
joueur  de  flùtc ,  a  deux  ou  trois  gé- 
néalogies qui  reviennent  à  une  seule. 
L'une  eu  fait  un  Phrygien  contem- 
porain d'Apollon,  l'autre  le  donne 
comme  Mysien  et  fils  de  Méon  ;  il 
eut  pour  maître  Marsyas.  Enfin  on 
ledonnepour  un  satyre  frère  de  Mar- 
syas. Il  inventa  trois  nomes  ou  chants 
classiques  en  l'honneur  des  dieux  : 
1°  celui  de  Minerve  5  2°  celui  des 
chars  j  3°  celui  d'Apollon.  —  On 
cite  encore  deux  Olympe  ,  l'un  in- 


OLY 

stituteur  de  Jupiter ,  auquel  il  apprit 
les  vertus  et  les  letlrçs  ,  l'antre  fils 
d'Hercule  et  d'Eubée.  —  11  est  aîsé 
de  voir  qu'Olympe  est  une  montagne 

Personnifiée.  C'est  comme  l'Albion  , 
Atlas  et  TAldbordj  des  mythologie» 
étrangères.  Ici  Olympe  a  deux  faces 
principales  :  par  l'une  c'est  simple- 
ment la  montagne  en  tant  que  mon- 
tagne; par  l'autre  c'est  la  montagne 
en  tant  que  liée  au  son  et  produisant 
la  mélodie.  Cette  mélodie  monta- 
gnarde suppose  surtout  des  instru- 
ments h  vent.  Conip.  Marsyas.  L'an- 
tiquité connaissait  deux  monts  Olym- 
pes ,  l'un  en  ThessaHe  (aujourd'hui 
mont  Lâcha  ou  Olumbos),  l'antre  en 
Rithynie  (Kerchich  Tagli).  Ils  ne  sont 
pas  extrêmement  élevés  ,  puisque  le 
second  n'atteint  peut-être  pas  i4oo 
toises,  et  que  le  premier  ,  selon  l'er- 
noulli  (dans  Buftbn,  Kpoques  de  la 
nature),  n'en  a  que  1017,  Xénagore, 
chez  les  anciens,  l'avait  aussi  mesuré, - 
et  lui  donnait  960  toises  (10  stades 
et  I  piètre  moins  4  pieds).  Il  est  vrai 
que  probablement  il  ne  prenait  pas  la 
hauteur  à  partir  du  niveau  de  la  mer. 
Comme  néanmoins  par  leur  position 
ces  monts  semblaient  aux  Grecs  avoir  • 
une  grande  élévation,  et  que  d'ailleurs 
ils  étaient  souvent  couverts  de  nua- 
ges et  de  frimats  ils  y  placèrent  le 
séjour  des  dieux.  Ainsi,  aux  Indes  , 
Siva  habite  les  cimes  du  Mérou.  Peu 
à  peu  le  Mérou  idéalisé  devint  Kai- 
laça  (le  ciel).  L'Olympe  aussi  devint 
le  àe\,cœlum.  Délaie  nom  d'Olym- 
piens donné  aux  douze  dieux  qui  for- 
ment le  conseil  céleste  ,  et  qui  sont  : 
1°  la  trimourti  mâle,  Jupiter,  Nep- 
tune, Pluton;  2"  la  triade  femelle  , 
JuMon,  Vesta,Cérès;  3"  les  trois  fils 
du  couple  suprême,  Mars  ,  Yulcain  , 
AnoUon  5  4-°  les  trois  filles,  Minerve, 
Diane  et  Vénus  [f^oy.  Consetites). 
De  ces  douze  dieux,  Jupiter  fut  sans 


I 
I 


0MB 

rontredit  le  plus  fréquemment  Idenli- 
fié  à  l'Olympe,  soit  comme  ciel ,  soit 
comme  montagne.  Aussi  voit-on  se 
liet  a  son  épitbète  d'olympien  les  jeux 
olympiques,  les  olympiades,  les  olym- 

Îéura,  les  statues  magnifiques  ,  etc. 
'armi  ces  dernières  brillait  le  magni- 
fique colosse  de  Phidias,  qui  était  en 
ivoire,  ei  dont  la  hauteur  était  de  4o 
pieds.  Sans  entrer  dans  les  détails 
connus  sur  les  jeux  Olympiques  et 
le  temple  de  Jupiter-Olympien,  nous 
nous  bornerons  à  renvoyer  pour  les 
premiers  à  deux,  excellentes  mono- 
graphies allemandes  (l'une  de  Reben- 
kees,  Abh.  lib.  d.  Tempelu.  die 
Bildsœule  Jupiters  zii  Olympia^ 
INurenberg,  1795;  l'autre  de  Vocl- 
ker  ^  ûb.  d.  grossen  Tempel  u. 
dit  Statue  des  Jupiters  zu  OL); 
pour  l'autre ,  au  Voyage  d' Ana- 
charsis,  tome  III,  et  à  l'Archéo- 
logie   de  Potter. 

OLYMPUSE ,  Olympusa,  Thes- 
piade ,  mère  d'Halocrate. 

OLYNTHE,  0LYNTHUS,'OAt;»^(jf , 
héros  éponyme  de  la  ville  de  même 
nom  sur  les  confins  de  la  Thrace  et 
de  la  Macédoine.  On  l'a  scindée  en 
trois.  Fils  d'Hercule  et  de  Balie  (Baal 
femelle),  il  est  donné  ailleurs  pour 
fils  du  dieu-fleuve  Strymon  et  a  pour 
frère  P»rahgas.  Un  lion  le  dévore, 
et  Brangas  inconsolable  dépose  ses 
restes  dans  un  tombeau  qui  devient 
le  noyau  d'une  ville  importante. — Le 
port  d'Olynthe  s'appelait  Macyberne. 
On  croit  que  c'est  aujourd'hui  Hagio- 
mama. 

OMAINE.  roj.  Amatî. 

OMBRIOS, "o,u:ptos  (c'est-a-dire 
pluvieux,  pluvial),  surnom  de  Jupiter 
en  Atliquc.  Il  avait  sous  ce  nom  un 
autel  sur  le  mont  Hymette.  Probable- 
ment ses  adorateurs  lui  demandaient 
de  la  pluie  (Rac:  of^i^pos).  Il  s'appe- 
lait Jupiter-PIuvius  chez  les  Romains. 


OMO 


407 


Ce  nom  se  lie  a  celui  de  Néphélégé- 
rélâ.  On  disait  encore  en  grec  Hye- 
lios,  et  en  latin  Pluvialis.  Dans  tous 
ces  cas,  Jupiter  est  évidemment  un 
dieu -atmosphère.  Il  se  lie  à  Nep- 
tune ,  puisqu'il  verse  les  eaux ,  et  à 
Pluton ,  puisque  ces  eaux  roulent 
dans  des  profondeurs  souterraines. 
La  pluie  d'ailleurs,  lorsqu'elle  tom- 
be, a  quelque  chose  de  purificatoire. 
C'est  donc  en  quelque  sorte  un  Fe- 
bruus  ou  Mantus,  que  le  Jupiter-Plu- 
vialis.  Les  médailles  présentent  des 
Jupiter  tenant  la  foudre  dans  la  main 
droite  ,  tandis  que  la  pluie  tombe 
de  la  main  gauche.  Sur  la  colonne 
trajane  l'eau  sort  à  grands  flots  des 
deux  bras  étendus  et  de  la  longue 
barbe  d'un  vieillard  ailé  :  ce  vieillard 
est  Jupiter-PIuvius.  Il  fut  ainsi  repré- 
senté en  mémoire  du  vœu  que  lui  fît 
nn  jour  l'armée  de  Trajan ,  mourant 
de  soif.  D'ordinaire,  Zévs-Ombrios 
est  caracl«risé  par  la  présence  de  la 
Pléiade. 

OMITO,  le  même  qu'AiviiDA. 

OMORRA,  ou  OMORORA,  an- 
tique déesse  chaldéenne  ,  femme  de 
Baal  ou  Bel ,  n'est  que  la  vaseuse 
Boulo,  et  conséquemment  s'identifie 
au  Sable-el-Eau  qui  est  une  des 
formes  du  chaos.  On  voyait  ce  désor- 
dre figuré  sur  les  temples  de  la  Sy- 
rie par  une  infinité  de  figures  gigan- 
tesques et  moBstrueuses.  Quand  le 
temps  de  la  création  fut  venu,  Omorka 
fut  coupée  en  deux  par  son  mari  :  la 
portion  supérieure  devint  le  ciel , 
l'inférieure  fut  la  terre  ;  Bel  lui- 
même  s'ouvrit  le  sein.  De  son  sang 
coulant  à  grands  flots  se  forma  l'es- 
pèce humaine  ,  que  quelques  mytho- 
graphes  pourtant  assurent  être  née  de 
la  tête  d'Omorka.  A  vrai  dire  ,  les 
deux  traditions  s'expliquent  par  deux 
races  humaines: l'une  antédiluvienne, 
qui  naît  d'Omorka  j  l'autre  postdi^ 


io8 


OMP 


luvieuue,  qui  naîl  de  Bel.  Tmttc  celle 
cosmogonie  rappelle ,  i"Bouto;2" 
Fia,  scindé  en  To  el  Poliri;  3"  l'ira- 
molaiion  du  taureau  Aboudad;  4°  la 
différence  de  Kaïomorls  el  des   dix 
couples  humains  issus  de  la  tige  de 
Reivas,    Mescliia    el    Mescliiane    a 
leur  lète  ;   â"    Hiahiuan    issu   de  la 
tète  de  Brahmà  ,    el  Albànà  du  cer- 
veau de  Zévs;  6"  enliii  le  dogme  qui 
proclame  la  nécessité  delà  mort  pour 
fa  naissance,  delà  deslruclionpour  la 
reconstruction  ,  du  sang  versé  pour 
l'apparition  de  formes  nouvelles   et 
d'êtres  nouveaux,  etc.  Comp.  Iimfr, 
et  MtDÉE.    En  rapprochant    le  sy.s- 
tème  religieux  dont  cette   fable  fait 
partie  de  la  cosmogonie  phénicienne 
conservée  par  Damascius  {des  Prin- 
cip.  dansJ.-Chr.Wolf,  Jneccl.gr., 
t.  III  ,  p.  269  et  suiv.),  on  ne  peut 
manquer  de  reconnaître  dans  le  Bel 
qui  coupe  en  deux  Omorka  le  Kliou- 
cor   (Cliusor,    Xivs-uifoV/r  ""    dieu- 
ouvreur,   représentant    asiatique   du 
Fia  égvplien,   et,  par  conséquent  , 
dans  Omorka  même  l'œuf  du  monde 
personnifié  el  divinisé,  f'  oy.  a  l'art. 
MouTH,  le  parallèle  des  cosmogonies 
égyptienne  ,    phénicienne    el    cbal- 
déenne. 

OMPHALE ,  'OudfiM  ,  Cybéle- 
Vénus  de  la  Lydie,  n'était,  suivant 
les  légendes  ordinaires,  qu'une  reine 
de  celle  btUe  contrée  asiaticiue.  Pour 
époux  elle  eut  Tmole ,  dont  le  nom 
rappelle  celui  d'un  mont  f.imeux  par 
ses  vins  ,  Tmole  qui  fut  arbitre  dans 
la  conlestaliou  musicale  d'Apollon  et 
de  Marsyas.  Ompliale  ful-cHe  reine 
dans  toute  la  force  du  mot?  en  d'au- 
tres termes  fut-elle  veuve?  Les  poè- 
tes ne  nous  le  disent  pas.  Ce  qu'il  y 
a  de  certain  ,  c'est  qu'a  une  époque 
iDdélerrainée  de  sa  vie  Hercule  de- 
vint son  esclave.  Mais  comment  es- 
clave ?  De  tQutçs  façons  et  comme  gn 


OMP 

le  veut.  Les  uus  le  supposent  esclave 
tout   de  bon.  Il  a  été  vendu  a  Om- 
phale  :  c'est  Mercure    (le   dieu  des  | 
marchands)  qui  a  fait  ce  marche;, 
c'est  l'oracle  qui  Ta  ordonné  ;  c'est  le 
seul  moyen  que  les  dieux  reconnais- 
sent ii  Hercule  d'expier  le  meurtre  d'L- 
gisthe  ((ils  d'Euryle  et  frère  dlole). 
ileureusemenl    que  plus  tard   (trois 
ans  après)  Omphale  consent  h  lui  ren- 
dre sa  liberté.  Pour  d'autres ,  c'est 
d'un  servage  d'amour  qu'il  s'agit  :  le 
vainqueur  de  tant  de  rois,  de  tant  de  i 
monstres,  tombe  aux  pieds  delabriUj 
lante  souveraine  de  Lydie  et  abjurel 
sa  fierlé.  La  belle  reine,  orgueilleuse  j 
de  son  triomphe,  veut  le  savourer  àj 
l'aise,  le  faire  envier  a  toutes  les  rei- 
nes :  il  faut  qu'Hercule  revête  la  san- 
dyx  ,  diaphane  parure  des  voluptueu- 
ses lydiennes;  des  bagues  brillent  k| 
ses  doigts, des  chaussures  de  pourpre, 
emprisonnent  ses    pieds;   un  fuseaul 
remplacera  la  lourde  massue  :  il  file,/ 
le  héros  donl  la  main  étrangla  deM 
lions,  et  dont  l'épaule   supportera,^ 
pour  délasser  Atlas,  le  poids  iinmensej 
des  c.ieux  ;  el  la  reine,  en  riant,  essaioj 
de  soulever  la  clava  meurtrière  ;  la 
femme   frêle  et  gracieuse  drape  sui 
ses  épaules  et  autour  de  sa  taille  U 
peau    velue   et   fauve     du    lion    efJ 
frol  de  IXémée  (Ovid.  ,  Héroïd.  ,1 
IX,  V.  55;  Sénèq.,  Hcrc.  fur.,  v. 
464,  ci  JlippoL,  V.  3  17).  Du  reste 
Hercule  (a  s'en  prendre  superficielle 
ment  aux  notions  extérieures)  se  rend 
coupable  d'infidéhlé.  Jardane  .  une 
suivante,  devient  par  lui  mère  d'Alcéc 
ou  de  Cléolas.  Alais,   au  fond,  qui 
ne  sent  déjà  que  Jardane  et  Omphale, 
fille  de  Jardane,  sont  le  môme  per- 
sonnage? On  parle  aussi  d'une  Ma- 
ils (\oy.    Mcin.  de  l'Jcad.   des 
//z.vc. ,    I,   IV ).    De    ses   entrevues 
avec  la  reine  naîl  un  fils  :  Lame  [Aa- 
ficç),  kIqii  Diodore  (l.  IV,  c,  5 1)3 


OMP 

Laomède  ,  selon  Palépîiale  [d.  ch. 
iiicroy.,  c.  4^5)  j  Alcée,  au  dire  de 
quelques-uns^  Agélas  ,  suivant  Apol- 
lodore(Il,  vu,  8).  Ce  fils,  quoique 
illégitime  si  Tou  ue  voit  qu'un  adul- 
tère dans  les  rapports  d'Hercule  et 
d'Oraphalc  ,  devint  le  chef  d'une  des 
races  royales  de  la  Lydie  (la  2^). 
Quoique  l'on  se  figure  toujours  Al- 
cidc  à  Sardes  sous  les  traits  d'Anni- 
bal,  a  Capoue  il  n'en  est  pas  tout  à 
fait  ainsi,  et  bon  nombre  d'exploits 
signalent  sa  présence  dans  les  états 
d'Omphalc.  D'abord  il  tue  un  énonjie 
serpent  sur  les  bords  du  Sagare  (au- 
jourd'hui Sakaria)  ;  et  c'est  a  cette 
occasion ,  disent  les  légendaires , 
qu'Oniphale  lui  accorde  la  liberté. 
Autour  de  cet  acte  éclatant  se  grou- 
pent encore  et  la  prise  des  deux  Cer- 
copes  ,  Acmon  et  Passale,  à  qui  leur 
mère  avait  envaln  répété  «  Gare  le 
Mélampyge  (  P^oy.  ce  mol)!  »  et  la 
déroute  des  Itonesqui  ravageaient  le 
royaume  d'Omphale  ,  et  la  mort  du 
tyran  Scolce  que  notre  esclave- 
araaut  étend  a  ses  pieds  ainsi  que  sa 
fille  Xénodice.  Ovide  (mais  sans  nul 
doute  c'est  lui  qui  a  imaginé  l'his- 
toriette) retrace  une  scène  assez 
plaisante,  à  laquelle  donnclieu  le  dé- 
guisement d'Hercule  et  d'Omphale. 
Ces  deux  amants  s'étaient  rendus  à 
une  fête  champêtre  près  du  Tmolej 
le  soir  Us  se  travestirent.  Or  Faune 
était  devenu  amoureux  de  la  reine  j 
et  la  nuit  suivante,  a  la  faveur  des  té- 
nèbres ,  il  s'avance  furtivement  et  à 
làtons  vers  les  deux  lits.  La  fortune 
le  favorise  :  il  arrive  d'abord  h  celui 
qui  a  reçu  Omphale  5  mais  il  sent  la 
peau  du  lion  de  Wéraée,  il  tremble, 
il  retire  au  plus  vile  sa  main  te'mé- 
raire  ,  et  passe  a  l'autre  lit.  La  des 
vêtements  moelleux,  des  étoffes  légè- 
res ,  la  chlamyde  d'Omphale  ,  tout  , 
Sauf  Omphale.  Pan  se  croit  déjà  au 


OMP 


209 


comble  de  ses  vœux ,  quand  tout  à 
coup  le  robuste  dormeur  ,  que  voilait 
la  sandyx,  s'éveille  et  jette  k  bas  de 
sa  couche  rustique  riulrus  désap- 
pointe {Fastes,  liv.  Il,  3o5,  elc.j 
cet  épisode  a  été  imité  par  Dorât, 
Faù.  nouv.,  t.  I).  Cléarque  (peut- 
être  d'après  Xanthus  de  Lydie  ; 
voy.  Eustathe  ),  et  après  lui  Athé- 
née {Dijjuos.,  XI,  5),  qui  s'abu- 
se, parlent  d'Omphale  comme  d'une 
lemmc  de  condition  ordinaire  que  sa 
rare  beauté  avait  rendue  l'Idole  des 
premiers  du  royaume.  Ses  amants,  af- 
firme-t-ou  ,  s'unirent  pour  la  mettre 
sur  le  trône  ;  mais  à  peine  y  fut-  elle 
montée  que,  honteuse  du  rôle  infâme 
qu'elle  avait  joué  par  force  dansleurs 
orgies,  elle  prostitua  leurs  filles  et 
leurs  femmes  aux  esclaves  les  plus 
vils.  Du  reste  elle-même  elle  s'aoan- 
donnait  h  tous  les  étrangers  qui  pas- 
saient en  Lydie  ,  puis  les  faisait  exé- 
cuter afin  d'assurer  le  secret  de  ses 
plaisirs.  Le  seul  trait  qui  puisse  sem- 
bler local  et  fondé  sur  des  faits  est 
celui  de  l'Infériorité  primitive  d'une 
reine  célèbre.  En  Lydie,  comme  dans 
toute  l'Asie  ,  les  grands  ,  les  rois 
avaient  leur  sérail.  Une  des  odalis- 
ques, par  son  esprit  et  sa  beauté,  au- 
rait acquis  assez  d'empire  sur  le  maî- 
tre commun  pour  être  reine  ,  pour 
succéder  à  l'empire.  Un  fait  de  ce 
genre  dut  s»  conserver  dans  i^  mé- 
moire des  Lydiens ,  et  on  l'intercala 
dans  la  légende  sacrée. —  Est-ce  il 
dire  qù'Omphale  a  existé?  indubi- 
tablement non  !  Peu  de  légendes 
ont  plus  que  la  sienne  la  physiono- 
mie fabuleuse  qui  exclut  rhistoirc. 
Nous  le  répétons,  Omphale  fut  «ne 
Cybèle-Vénus  de  la  Lydie.  C'est  la 
passiveté ,  la  nature ,  la  matière  con- 
sidérée comme  souveraine  absolue  et 
de  beaucoup  supérieure  kl' activité  ou 
force  qui  l'organise.   Dans  «n  sens 

14 


aïo 


OMP 


plus  étroit  c'est  la  terre ,   qui  a  pour 
ministre,  pour  servant,  pour  humble 
esclave  le  soleil  j  dans  uu   sens  plus 
restreint  encore,  c'est  la  Lydie.  Déjà 
Cjbèle,  en  Plirygie,  nous  a  offert  le 
spectacle  de  cette  me'lapliysique   sa- 
crée. Passiveté-humide  ou  terre^Cy- 
bèle  se  dessine  majestueusement  sur 
son  trône  de  montagnes,  sous  sa  cou- 
ronne de  créneaux  ,  coninne  une  ma- 
trone impérieuse   et  jalouse  j  Atys- 
Soleil   se  laisse   subjuguer    par  elle 
(Comp.  Baath  et  Keasaihe).   La 
même  idée,  mais  plus  fortement  mar- 
quée encore,  quoique  sous  des  formes 
bien  plus  riantes  et  plus  délicates  ,  se 
reproduit  ici.  Le  dieu-soleil  d'Om- 
phale  n'est  plus  un  Apollon  (comp. 
AdOjSIs),  comme  Atys,   comme  Es- 
moun,  c'est  un  Hercule.  Candaule, 
Sandon  ,   voila  ses    nonis.    Achille, 
dans  la  nuageuse  iicyros  et  près  de 
sa  Déidamie ,    a  quelque   chose    de 
semblable.  Sous  ces  images,  que  pein- 
tres et  poètes  se  sont  plu  a  rendre  de 
toutes  les  manières,  voici  les  idées 
que   l'antiquité    voulut   voiler    :    i" 
la  prééminence  éternelle  ou  périodi- 
que, complète  ou  partielle,  du  prin- 
cipe matériel  (d'ordinaire  supposé  fe- 
melle et  passif)  sur  le  principe  spiri- 
tuel, actif  et  mâle  ;  2°  la  disparition 
périodique  de  la  haute  chaleur  so- 
laire ,  quand  l'astre  du  jour,  s'incli- 
nant  vers  l'hémisphère  austral,  sem- 
ble, relativement  au  nôtre,  faiblir, 
languir  et  mourir  (comp.  Adonis  et 
Atvs)  ou ,  pour  parler  le  langage  des 
anciens,  disparaît  dans  r'0^(p««A<jî,  ou 
nombril  du  monde,  au  milieu  des  con- 
stellations méridionales  j  3°  le  carac- 
tère TÎril  que  prend  alors  la  femme, 
soit  comme  maîtresse  du   mâle   son 
Cadmile,  soit  comme  se  revêtant  du 
costumç,  des  insignes  ,  des  attributs 
de  l'autre  sexe.  Ainsi  la  massue,  le 
grand  arc  elles  flèches,  la  peau  de  lionji 


OMP 

quelquefois  le  casque  d'Hercule,  nous 
montrent  dans  Omphale  une  espèce 
d'Amazone,  de  Diane-Pallas.  Et,  au 
fond,  nul  doute, K  nolreavis,  qu'Om- 
phale  ,  pour  le  sens  comme  pour  le 
son,  ne  revienne  presque  h  Phalle, 
et  Paies,  et  Pallas,  androgynes  chez 
qui  proémine  si  souvent  la  virilité. 
En  revanche  ,  que  l'on  examine  l'a- 
mant; et  ,  outre  celte  énervation 
toute  féminine  ,  on  retrouvera  encore 
en  lui  un  tr.iil  précieux  de  la  physio- 
nomie mythique  des  grandes  fécon- 
datrices. Il  file  :  or  filer,  d.ms  la 
mythologie  transcendante ,  c'est  or- 
ganiser, dérouler,  révéler  h  l'œil  avec 
successivilé.  llilh  -  Artémis  est  la 
bonne  fileuse  par  excellence  ,  est  la 
déesse  h  quenouille  d'or,  Xov<roi>.â>c.u- 
Toç  êfâ.  A  présent  un  mot  sur  quel- 
ques détails:  I ° selon Hygin  [As trou. 
poét. ,  II,  i4).  Hercule  lue  sur  les 
bords  du  fleuve  Sangare  (Sakaria)  un 
énorme  serpent.  Encore  une  de  ces 
légendes  qui  ont  trait  au  Serpentaire, 
et  dont  on  trouve  tant  d'analogues 
soit  dans  les  récits  sur  Hercule,  soit 
dans  ceux  dont  Cadmus  ,  Pliorbas , 
Jason,  etc.,  sont  les  héros;  2"  Om- 
phale a  pour  époux  Tmole.  Encore  un 
mont  pour  représentant  du  principe 
mâle!  3"  dans  le  cas  où  Tmole  et 
Alclde  se  partagent  Omphale,  il  y  a, 
comme  a  Saraothrace,  coexistence  de 
l'époux  et  de  l'amant.  Omphale  est 
donc  infidèle!  Non!  on  doit  savoir 
par  vingt  exemples  que  dans  tous  les 
cas  l'amant  n'est  qu'une  émanation 
de  l'époux.  Mars  est  comme  un 
Vulcain  subalterne.  Des  amours 
d'Hercule  et  d'Omphale  descend  une 
dynastie  des  Héraclides,  la  seconde 
de  celles  qui  régnent  sur  la  Lydie. 
On  sait  que  presque  partout  les  dy- 
nasties font  remonter  leur  origine 
au  soleil  et  h  la  lune.  Les  Atyades 
descendaient  d'Alys,  l'amant  de  Cy- 


OMP 

l)èle,  déjà  incarnation  dû  soleil  5  les 
Héraclides  ou  Candaulides  venaient 
d'Hercule.  Notons  ici  que,  selon  les 
légendes ,  Omphale  était  du  sang 
des  Atyades  et  en  était  la  dernière. 
C'est  donc  comme  l'anneau  qui  lie 
les  deux  races  royales,  le  ligament 

Ïiar  lequel  les  Héraclides  s'articu- 
ent  aux  Atyades.  Les  monuments 
anciens  reproduisent  souvent  Her- 
cule vêtu  en  femme  et  travaillant 
à  la  laine  parmi  les  suivantes  de  la 
reine,  qui  tient  la  massue  et  lui 
donne  (selon  la  coutume  des  cour- 
tisanes anciennes)  des  coups  de  pan- 
toufle. Le  même  déguisement  se  re- 
trouve dans  une  pâle  antique  du  ca- 
binet de  Sloscli  (classe  2,  n°  186 5), 
où  l'on  voit  Hercule,  coiffe  en  femme, 
près  d'Iole  coiffée  de  la  peau  du  lion. 
Annibal  Carraclie  a  représenté,  dans 
les  galeries  du  palais  Farnèse  ,  un 
magnifique  Hercule  fdant  aux  pieds 
d'Omphalc.  On  croit  avoir,  dans  un 
bas-relief  du  cardinal  Borgia ,  un 
Hercule-soleil  descendu  dans  l'Om- 
phalos  ou  nombril  du  monde.  Les  pi. 
CLXXIV,  672,  a,  b,  c,  CLXXXV, 
CXCI  de  la  Irad.  de  Creitzer  par 
M.  Guigniaut,  t.  IV,  offriront  des  re- 
présentations qu'il  faut  comparer  à 
celle-là. 

OMPHIS  ou  ONUPHIS  (Om- 
Fl,  Onfi,  ONorn)  :  Osiris.  On  ex- 
plique ce  mot  par  bienfaiteur,  nom 
très-convenable ,  dit-on ,  h  l'astre  du 
jour.  Le  mieux,  peut-être^  est  de  se 
rappeler  ici  que  l'Egypte  avait  trois 
boeufs  sacrés.  Apis,  Mnévis,  Onupbis 
ou  Bacis.  Ce  dernier  avait  pour  ville 
sacrée  Hermonthis;  son  poil  devait  être 
noir  et  hérissé.  Apis  était  une  iucar- 
nationanimale  d'OsIris.  H  n'est  point 
impossible  que  les  autres  bœufs  fus- 
seut  également  des  incarnations  de  ce 
bienfaiteur  par  excellence.  On  peut 
soupçonner  aussi  dans  Ompbis,  1°  un 


ONa;  an 

rapport  avec  la  ville  d'Ombos  (au- 
jourd'hui Kouombo)  5  2°  le  contraire 
d'Anbo  ou  Nbo  (Anubis)  5  3"  le  pro- 
tecteur à^On  (ouHéliopoiis):...  (p/?, 
signifiait  gardien  :  témoin  Khamé- 
phis,  qu'on  explique  par  gardien  de 
Khami ,  Xtif^îu,  l'Egypte. 

OMSET  ou  AMSET ,  un  des  qua- 
tre génies  qui  dans  la  théologie  égyp- 
tienne président  au  royaume  des 
morts  et  que  l'on  trouve  perpétuelle- 
ment reproduits  dans  toutes  les  scè- 
nes funèbres.  Il  a  une  tête  humaine, 
tandis  que  les  trois  autres  portent  des 
têtes  de  chien  (ou  de  cynocéphale), 
de  chakal,  d'épervier.  Il  est  facile  en 
conséquence  d'y  reconnaître  des  re- 
présentants infernaux  d'Osiris  ,  de 
Toth-Herraès,  d'Anébô  et  d'Haroéri. 
Toutefois ,  les  quatre  génies  ne  sem- 
blent pas  moins  en  avoir  une  existence 
propre  et  totalement  individuelle. 
C'est  ChampoUion  jeune  qui  a  le 
premier  fait  connaître  au  monde  $&>- 
vaut  le  nom  d'Omset  {Syst.  hiéro- 
gfypli.,  expl.  des  pi. ,  p.  6  et  7  ), 
ainsi  que  celui  de  Hapi  ou  Api,  le  se- 
cond génie.  Tous  quatre  s'offrent 
tour  a  tour  sous  deux  aspects  diffé- 
rents :  tantôt  ils  ont  le  corps  serré 
dans  des  gaines,  et  ressemblent  kdes 
momies ,  ainsi  que  presque  tous  leS 
dieux  infernaux;  tantôt  leurs  têtes 
surmontent  des  Canopes  ou  vases  ni- 
llaques,  comme  si,  fidèles  images  des 
eaux  fécondantes  et  bienfaitrices  du 
fleuve  d'en  haut,  les  eaux  rafraîchis- 
santes offertes  aux  âmes  dans  l'A- 
mcntl  étaient  en  quelque  sorte  un 
]N11  infernal. 

ON,  le  soleil  en  égyptien  (c'est 
aussi  le  nom  d'Héliopoîis). 

ONAPiE,  Onarxjs,  "nvoicos,  in- 
carnation de  Racchus ,  passait  pour 
roi-prêtre  de  Naxos  5  il  épousa ,  dit- 
on,  Ariadne  exilée  dans  son  île  par 
Thésée. 


14. 


aia 


ONO 


OjSCHESTE,  Oncheoïus,  O/- 

;t;>î5T«î,  héros  éponyinc  de  la  ville  nia- 
xiliine  de  ce  nom  en  Béolie ,  est  chez 
les  uns  un  fils  de  INeplune,  chez  les 
autres  un  fils  d'Agrius.  C'est  lui  qui 
tue  Œnée  relire  dans  Argos. 

0INC0S,'Ov*«î,  hcios  éponymc 
de  rOuccalide  en  Arcadic  ,  passait 
pour  fils  d'Apollon  (Ap.  ISoinios.*) 
et  pour  possesseur  de  cavales  niagui- 
fiques.  Cérîîs  changée  eu  cavale  pour 
fuiir  IN'eplunc  daigne  se  cacher  parmi 
ses  troupeaux  j  elle  ne  s'en  laissa  pas 
moins  surprendre  par  le  dieu  des 
mers,  Pqsîdôn-Hippios.  L'agile  che- 
\a\  Arion  ,  fruit  de  celle  union  hi- 
xarre,  devint  la  propriété  d'Oncos 
qm  en  fit  présent  a  Hercule. 

OINÉSlPi^E,  O^ESlPPus,  o.ifVi;»- 
9r»f  ,  fils  d'Hercule  cl  de  la  Thes- 
f  iade  Chryséis.. 

OJNÉTOll,  'OuTtfj»  :  1°  père  du 
pilote  Phrontis,  qu'Apollon  tua  à 
coups  de  flèches;  2"  père  de  Laogo- 
ne,  tué  par  Mérionc  (11  était  prêtre 
de  Jupiter-Idéen). 

OINGNE-KONGE  :  Ïiong-Foufsée 
(ou  Coûfucius)  selon  les  Tortkinois 
(  f^oy.  CoNFXJCius ,  Bio^  univ.y 
IX,  4- 10).  \ 

ONIR  ,  OifiBus  ,  "ovtiposx  fils 
d'Achille  et  de  Déidamic,  fut  tue  par 
Oreste  dans  une  dispute  qu'ils  eurcDt 
à  propos  de  leur  habitation. 

OINIT,  fils  d'Hercule  et  de  Dé- 
anire. 

ONOUAVA,  déesse  celte  dout  la 
tête  seule  était  figurée  sur  les  monu- 
ments. Deux  larges  écailles  a  la  place 
des  oreilles ,  deux  grandes  ailes  dé- 
ployées au-dessus  de  la  tête,  et  deux 
serpents  dont  les  queues  vont  se  per- 
dre dans  les  ailes,  voilà  les  traits 
principaux  de  ces  représeutallous  fi- 
gurées évidemment  symboliques.  Il 
est  impossible  de  ne  pas  se  rappeler 
les  globes  ailés  efflanqués  de  serpents 


OPH 

qae  l'on  voit  en  avant  de  tant  de  dieux 
égyptiens,  et  l'œuf  orphique  qui  offre 
de  même  réuuis  les  reptiles  et  les  al- 
tribuls  de  l'oiseau. 

OOGÈiNE,  'Î2:v:v.i'j,  ou  né  de 
l'œuf  :  l'Amour  [/  oy.  Éuùs).  D;ins 
la  cosmogonie  orphique  c'est  uu  des 
surnoms  les  plus  graves  du  dieu. 
Comp.  lÎKAU^iA  (qui,  œuf,  s'appelle 
Lrahmanda)  et  OurntE. 

OPHÉLESTE,  'o?cA=Vrï.c,  chef 
troven  tué  par  T eucer. 

OPHELTE.  'OçUt;??  ou  '0;^É).- 
Txç,  fils  du  roi  delNémée  Lycurgue, 
avait  été  confié  aux  soins  d'Hypsi- 
pyle.  Celle-ci,  en  allant  indiquer  une 
source  à  l'armée  argienne  que  com- 
mandaient les  sept  chefs,  avait  laissé 
l'enfant  sur  l'herhe.  En  revenant  elle 
entend  des  cris,  et  voit  Ophcltc 
mourant.  Ln  serpeul  a  la  dent  veni- 
meuse se  retirait  en  même  temps. 
Hypsipylc  rappelle  les  Argieus;  on 
lue  le  reptile,  mais  cette  vengeance 
ne  prolonge  pas  les  jours  d'Ophrllc. 
Il  meurt;  et  les  braves,  cause  invo- 
lontaire de  sa  mort,  célèbrent  une 
joute  funèbre  en  sou  honneur,  insti- 
tuent les  jeux  JXéméens,  et  donnent 
à  la  jeune  victime  de  leur  imprudence 
le  nom  d'Archémore  (  tué  de  bomie 
heure  ).  — •  D'autres  Opuelti:  sont  : 
1"  fils  de  Pénélée,  père  de  Damasich- 
ihon  et  successeur  d'Authésionaiirlq 
trône  de  Thèbes;  a"  compagnon  d'A- 
cèle;  3"  roi  de  Thessalie,  conducteur 
d'une  colonie  de  Béotiens  en  Thessa- 
He  avec  le  devin  Péripolle.  On  nomme 
encore  deux  Opnf:LTE,  OpheltiuSy 
l'un  chef  grec  tué  par  Hector,  l'autre 
chef  troyen  tué  par  Euryale. 

OPHION,  'O^i/ûjv  :  1"  le  premier 
principe  selon  Boèce;  2°  roi  vaincu 
par  Saturne  ;  3"  géant  ;  4"  un  des  cinq 
Spartes,  dit-on,  qui  survécurent  à  la 
bataille  que  les  fils  de  la  Terre  se  li- 
vrèrent  cuire   eux.   cl  qui  aidèrciii 


OPI 

Ciidmus  à  bâtir  'f  lièbes  ;  5"  père  du 
R.nryce  Auiycus.  — Les  Irois  pre- 
miers au  moins,  et  racine  le  qua- 
trième cli;  CL's  personnages,  appar- 
tiennent aux  exislcnces  antédiliivien- 
ues,  et  se  réalrsoi-bent  en  une  seule. 
Ophis  veut  dire  serpent,  et  l'on  sait 
que  la  race  géante  dclrônée  par  le 
principe  orgauisateur  s'offre frctiueni- 
inent  avec  les  formes  de  sernenl. 
Comp.  l'art,  suivant. 

OPHÎOJNÉE,  OrnioivEUs,  'o?;<»;- 
vru$-,  passe  tour  h  tour  pour  le  chef 
des  géuics  funestes  qui  siusurgèreut 
contre  Jupiter  (Titans  ou  Géants),  et 
pour  Pluton  lui-même.  Ces  deux  opi- 
nions rentrent  l'une  dans  l'autre.  Mais 
de  plus  il  fatit  remarquer  qu'Ophio- 
née,  ie  dieu  aveugle,  parce  que  le 
serpent  loge  dans  les  profondeurs  où 
l'on  ne  voitpas,  était  le  dieu  des  pro- 
phètes ,  des  voyants.  Car  qu'est-ce 
que  voir?  C'est  voir  de  l'œil  de  Tin- 
telligence,  et  jamais  rinlelligence  ne 
voit  mieux  que  quand  la  rétine  refuse 
le  service.  Delà  la  haute  clairvoyance 
des  Tirésias ,  etc.  Sur  cette  idée  se 
basait  une  légende  célèbre  relative  à 
la  clnUede  la  Messéuic.UuOpliiouée, 
devin  en  chair  et  en  os,  était  aveugle: 
«  Un  jour,  d.l-il,  la  vue  me  revien- 
dra; mais  alors,  ô  !  Messéaieus,  mal- 
Leur  à  vous!  la  Messénie  sera  dé- 
truite. »  Quelque  temps  après,  une 
céphalalgie  violente  lui  arrachait  des 
plaintes  :  ses  yeux  s'ouvrirent.  A 
cette  nouvelle  Aristodème,  reconnais- 
sant que  les  destins  étaient  accom- 
plis, désespéra  du  succès,  et  se  perça 
de  son  épée  pour  ne  pas  survivre  a 
la  cluite  de  sa  patrie. 

OPHlTE,'o  ?/rçf ,  un  des  fils  d'Her- 
cule  et  de  Mégare. 

OPHIUSSE,  'oifiùva-j-ccj  la  même 
peut-être  que  Chalciopc ,  eut  pour 
père  Eète  et  pour  époux  Phryxus. 

OPI]NÏO:N(r),  selon  les  anciens, 


OPI 


ii'h 


était  une  Jeune  femme  à  démarche  ti- 
mide ,  mais  dont  les  regards  étaient 
très-assurés. 

OPIlxA,  sœur  et  femme  de  Ti, 
devait  le  jour  à  l'union  de  Tétouba- 
Amalon-Hatouetdu  Sable  de  la  mer. 
Etant  tombée  malade,  elle  supplia  son 
époux  de  la  guérir ,  lui  promc  ttanl  d'eu 
laire  autant  pour  lui,  lorsqu'un  acci- 
dent pareil  lui  arriverait.  L'infidèle 
ou  iudilïérentTétouba-Amatou-Hatou 
ne  tint  compte  de  ses  supplications, et 
Opira  mourut  laissant  deux  enfants  , 
Ti  et  Ohina,  Celle-ci  devint,  h  la 
mort  de  sa  mère  ,  la  seconde  femme 
de  Télouba-Amatou-Hatou. 

1.0P1S,'O;î-<î  (dorien"f27r<f ,  oZ- 
■zi;),  une  des  divinités  principales  (la 
première  peul-èlre)  de  la  Chersonèse 
Tauriqiie.  Le  saug  humain  arrosait 
ses  autels.  Ce  fut  au  pied  de  sa  statue 
qu'OresIc,  dit  la  légende,  se  vil  sur 
le  [loint  de  périr  par  les  mains  de  sa 
sœurlphigéiiie.  Ou  sait  que  cette  sta- 
tue, qui  probablement  était  li  tète  de 
taureau,  et  doul  la  vue  (coiume  celle 
de  la  tête  de  la  Gorgone)  inspirait  la 
démence  ou  donnait  la  mort,  fut 
enlevée  par  le  béios  .spartii'.le,  et 
portée  dans  celle  Lacédémone , 
bien  digne  par  sa  lérociic  d'adorer 
l'Opis  scylhiipie.  Primitivement  au&si 
des  victimes  humaines  tombèrent  im- 
molées dans  sou  temple.  Plus  tard  , 
et  notamment  après  que  Lycurgue 
eut  promulgue  ce  code  de  lois  si  dur 
auquel  ses  compatriotes  ont  dû  leur 
gloire ,  on  se  contenta  de  fustiger 
cruellemeulles  adolescents  au  pied  de 
l'autel.  La  cére'monie  se  nommait 
dianiastigost  iJiv.v.Aa-rrjucii'):^  et 
celui  des  jeunes  gens  qui  souffrait  les 
tortures  avec  le  plus  de  constance  pre- 
nait le  titre  de  Bomonique.  Souvent 
des  enfants  de  douze  ou  treize  ans 
perdaient  leur  sang,  s'évanouissaient 
gans  jeter  un  çrij  el  l'on  assure  qu'un 


ài4 


OPI 


jour  la  couronne  de  Bomoniqiie  fut 
posée  sur  une  tombe.  Opis  portail 
encore  le  nom  ou  l'épitlièle  d'Orlhià. 
Il  est  parlé  aussi  de  deux  tables  d'ai- 
rain qui  accompagnaient  sa  slatnc. 
Opis  est  presque  toujours  comparée 
à  Diane.  C'est ,  dit-on ,  la  Diane 
Taurique  ,  la  Diane  de  Scythie , 
pourvu  que  l'on  n'oublie  pas  que 
Diane,  nom  latin  par  lequel  on  a  tra- 
duit Artérais ,  doit  être  pris ,  non  pas 
dans  son  sens  vulgaire ,  mais  dans  un 
sens  plus  transcendnnlal  peut-être 
qu'Arlémis  elle  -  même.  Car  rare- 
ment Arlémis  s'élève  au-dessus  du 
rôle  de  grande  fécondatrice,  d'ac- 
coucheuse suprême  ,  de  de'esse  nour- 
ricière (maha  mater,  malia  inaïa, 
maba  potna).  Opis  fut  tout  cela  sans 
doute  ,  mais  plus  encore  :  elle  fut 
la  matière  primordiale ,  la  sombre 
nature  ,  la  nuit  aveugle  (  Koulo  , 
Lêlo  ,  llilhje).  Et  de  cette  idée  de 
nuit  a  celle  de  déesse  d'un  sombre 
et  noir  pays,  de  déesse  de  l'Amenli, 
de  déesse  aux  sanglants  sacrifices , 
il  n'y  eut  qu'un  pas.  Au  reste,  la 
Grèce,  toujours  remarquable  par  sa 
tendance  à  la  civilisation  et  a  l'hu- 
nianité,  modifia  sans  doute  dès  une 
baute  antiquité  les  prescriptions  san- 
guinaires des  sacrificateurs  scylHes  j 
et  tel  doit  être  le  sens.de  la  substitu- 
tion miraculeuse  d'une  biche  a  Iphi- 
génie.  La  Diane  qui  veut  la  tête  de 
la  fille  du  chef  n'est  auli;e  qu'Opis  : 
mais  Opis  en  Grèce  se  contente  d'un 
commencement  d'obéissance ,  et  le 
sang  d'une  biche  suffit  à  ses  exigen- 
ces. Sombre  et  impitoyable  en  Tau- 
ride,  Opis  n'en  est  pas  moins  apte  à 
devenir  une  déesse  tutélaire  en  d'au- 
tres lieux.  C'est  probablement  elle 
que  l'Italie  antique  honora  sous  le 
nom  d'Ops,  depuis  regardée  comme 
identique  à  la  Terre,  à  Rhe'a,  à  Cy- 
bèle.  Mais  ces  assimilations  en  sens 


OPO 

divers  n'ont  rien  de  conIradicloireT 
Eau  et  pâle  primordiale ,  Opis  de- 
vient la  grande  mère  (fécondaliice, 
accoucheuse,  nourricière)  :  la  Lunaj 
(Phéhé,  Arlémis,  Di.7nc)  est  la  pas- 
siveté  humide,  qui  féconde  la  terre,, 
par  conséquent  est  la  grande  nièrej' 
de  soncùté,  la  Terre  (Titaia,  Thîa, 
Ilhéa  ,  Gœa  ,  Cybèle  ,  Dà -Mater) 
n'est-elle  pas  la  mère  universelle  des 
êtres  (y«  7s-*fif*éi,r<»f)  ,  !a  passiveté 
épouse  du  feu  actif?  Donc  Arlémis 
revient  à  Cybèle,  Opis  à  Ops:  et 
quoique  l'usage  nous  montre  Opis 
comme  sanguinaire  cl  cruelle,  et  Ops 
comme  propice  et  secourable,  il  ne 
faut  pas  croire  que  ces  différences  de 
rôle  tiennent  a  l'essence  de  la  divi- 
nité. Ops  pourrait  opprimer  et  tuer 
les  hommes,  Opis  leur  être  utile,  sans 
qu'il  y  eût  en  tout  ceci  d'altération 
fondamentale.  La  ISuit,  mère  suprê- 
me, est  bonne  et  fatale-  et  la  Nuit, 
mère  suprême,  a  été  adorée  dans  ses 
fureurs  par  ceux  qui  ont  dit  Opis,  et 
dans  SGS  bienfaits  par  ceux  à  qui  le 
hazard  a  fait  dire  Ops,  O-^-. 

2.  OPIS,  "o?r/f,  vierge  hypcrbo- 
réenne  qui,  selon  Creuzer,  appartient 
k  la  deuxième  migration  fondatrice 
du  cullc  d'Apollon  et  d'Artémis.  Evi- 
demment c'est  une  incarnation  de 
celle  dernière  ou,  pour  parler  plus 
exactement,  d'Arlémis-Jlithye  (La- 
tone).  Comp.  PerpuÎcres  et  l'article 
précédent. 

OPITE,  OpiTES,  'OTiry,i,  chef 
argien  tué  par  Hector. 

OPOIAM  se  dessine  avec  l'impur 
Anaboïa  au-dessus  d'Akainbouié , 
comme  Ormuzd  et  Ahriman  sous 
Zervane-Akérène  :  Opoïam  est  l'Or- 
muzd.  Du  reste,  comme  tous  les  dieux 
des  Caraïbes ,  il  n'a  ni  temple ,  ni 
autel.  On  ne  l'honore  guère  que  par 
des  sacrifices  qu'on  nomme  Anakri , 
et  qui  ont  lieu  sur  de  petites  tables 


^ 


OPS 

(matatou)  de  roseaux,  et  on  ne  l'in- 
voque que  dans  les  cas  de  maladie. 
Les  jongleurs  auxquels  alors  les  pau- 
vres sauvages  remettent  le  soin  d'in- 
terroger Opoïara ,  et  de  le  rendre 
favorable,  se  livrent  à  toutes  sortes  de 
pratiques  superstitieuses  dont  le  ré- 
sultat est  de  s'emparer  des  meilleures 
provisions  du  malade,  et  par  consé- 
quent de  le  sauver  par  la  diète  ,  si  la 
diète  peut  le  sauver. 

OPONTE,  Opus  ou  Opuns, 
"OTtcvç  {'o-7!6vvros)-)  la  race  opon- 
tienne  personnifiée  ,  était  fils  de  Ju- 
piter et  ami  de  Ménèce. 

OPORA,  "OTrapct,  la  Fécondité, 
est  dans  Aristopliane  une  déesse  pa- 
rèdre  d'Irène,  la  Paix. 

OPS,  "0\I/ , ''li-kj/,  déesse  italique 
que  l'on  considère  comme  femme  de 
Saturne ,  et  en  conséquence  comme 
identique  a  Cybèle  ou  Rhéa(laTerre). 
En  latin  et  pris  comme  nom  commun, 
Ops  (inusité  au  nominatif)  signifiait 
secours,  et  sans  doute  en  étendant  le 
sens  un  peu  restreint  du  mot  (  comme 
au  pluriel  dans  o/pfii)  ressources,  ri- 
chesses, biens  quelconques.  Certes, 
rien  de  plus  convenable  qu'un  nom 
pareil  pour  la  Terre,  pour  cette  mère 
universelle  {■s-x/^fAurenp),  productrice 
et  dispensatrice  de   tous   les  biens, 
oX'oo^ûreipcc  partout  et  toujours  agis- 
sante. Et  quant  a  ce  titre  de  secou- 
rable    (ou    même    secours,   déesse- 
secours),  Ops-Rliéa-Cybèle  y  a  droit 
sous  deux  rapports  :  comme  Terre 
(car   toutes    ces    richesses,    opes, 
que  nous  prodigue  la  Terre  ne  sont- 
elles  pas  autant  les  é taies  que  les  dé- 
cors de  la  vie?)j  comme  mère  uni- 
verselle ,  comme  grande  accoucheu- 
se.  Trois    hautes    fonctions  carac- 
térisent la  grande  mère  par  excel- 
lence :  1°  concevoir,  porter  dans  sou 
sein  et  mettre  au  monde;  2"  opérer 
raccouçhcraent;  3°  uourrir.  Goeta- 


OPS 


21S 


tion,  parlurition  ,  lactation,  voilà  les 
trois  grands  phénomènes;  Ux/u,ftuTap, 
IleivTOKoç  ,  n«yrpi(()os  j  voilK  les  trois 
grandes  épilhètes  de  la  passiveté  fé- 
condée ou  fécondable  :  peu  importe 
qu'on  restreigne  son  rôle  à  celui  de 
passiveté  terrestre  (Terre,  Rhéa, Cy- 
bèle), de  passiveté  lunaire  (Poon, 
Phébé,  Artémis  au  sens  étroit),  de 
passivetéaquatile(Bouto-Athor,Maïa- 
Gauga,  Dercélo  ,  etc.  ) ,  de  passiveté 
céleste  (Tpé),  ou  bien  que  ce  rôle 
s'élève  à  celui  de  mère  virtuelle  de 
l'univers.  Utérus  oii  gît  la  Nature- 
fœtus,  matrice  des  êtres,  Hirania- 
gharba.  La  Phrygie  ,  centre  de  l'A- 
sie-Mineure,  fit  naturellement  de  sa 
grande  mère,  la  Terre,  l'immobile  et 
massive  Cybèle.  Cela  n'empêche  pas 
qu'en  même  temps  Ephèse ,  sous  les 
inspirations  delaColchide,  nepùtvoir 
dans  sa  grande  mère  la  déesse  aux 
nombreuses  mamelles ,  la  nourrice  , 
la  nuit  profonde  et  humide  prête  a 
laisser  jaillir  de  son  sein  la  création  , 
rt  que  pour  le  vulgaire  cette  antique 
déité  ne  prît  la  physionomie  de  lumière 
femelle,  de  lune.  Voici  maintenant  ce 
qui  résulte  de  cette  de'rivation.  L'an- 
tique nuit-onde-pàte  primordiale  dé- 
terminable  d'une  part  comme  terre  , 
de  l'autre  comme  lune,  Artémis, 
porta  sans  doute  un  nom  semblable  a 
Oupa(Oupadéva),  Oupis(Ou:r<î).  Les 
adorateurs  d' Artémis  en  Tauride  en 
firent  Opis  ('i2w<?  ou  "'Ow/f),  nom 
que  Lacédémone  inscrivit  plus  tard 
sur  la  liste  de  ses  divinités;  les  ado- 
rateurs italiques  de  Cybèle-Terre  en 
firent  Ops.  Peut-être  serait-ce  dans 
ce  sens  qu'il  faudrait  tracer  l'itiné- 
raire du  nom  sacré.  Venu  de  la  Perse 
(ou  de  riude)  dans  la  Chersonèse 
cimmérienne,  il  fut  de  la  porté  dans 
la  péninsule  de  Pélops,  d'où  une  émi- 
gration facile  put  le  faire  passer  dans 
l'Italie  raéridionale.   L'itinéyîi*"©  d« 


2l6 


ORA 


ridée  serait  différent.  Nous  ne  tonle- 
rons  pas  de  le  dessiner.  On  sent  assez 
par  ce  qui  précède  que  nous  ne  croyons 
iiuUenient  aux  étyniologics  latines  par 
lesquelles  débute  cet  article.  Elles 
n'ont  de  valeur  que  comme  indiquant 
des  idées  secondaires  épisodiques  en- 
veloppées dans  le  sens  fondamental. 
Nous  ne  croyons  pas  davantage  h  l'é- 
lymologie  grecque  que  Ton  tirerait 
deOy  ou"fl4i  vue,  regard.  Ops 
était  représentée  la  niaiu  droite  éten- 
due comme  pour  accorder  des  se- 
cours, et  delà  main  gauche  donnant 
du  pain  aux  pauvres.  Elle  avait  h 
Rome  deux  temples,  qui  passaient 
pour  avoir  clé  dédiés  l'un  par  Ta- 
tius,  l'autre  par  Tullus  Hostilius. 
Philochore  ,  dit-on,  lui  éleva  un 
autel  en  Afrique  :  et  cet  autel  et  le 
temple  de  Tullus  Iloslilius  étaient 
communs  a  Saturne  et  à  Ops.  On 
institua  aussi  deux  fêtes  en  Thonnetir 
de  cette  déesse 5  l'une,  célébrée  le 
19  décembre,  fom])ait  au  milieu 
des  Saturnales,  quand  celles-ci  du- 
rèrent plusieurs  jours;  l'autre,  que 
l'on  appelait  Opeconsiva,  revenait  au 
25  août.  C'était  une  solennité  do- 
mestique, et  qui  tenait  de  près  aux 
mystères.  On  en  ignore  les  délails  : 
de  plus  on  immolait  a  Ops  une  vache 
pleine  et  une  truie  au  mois  d'avril. 

OR.  F'oy.  Habolri. 

OPiA,  nymphe  dont  Jupiter  chan- 
gé eu  cygne  eut  Colaxe.  îSe  serait-ce 
pas    Léda   (Ililhye- beauté  ,    Aijr* 

ORAGALLS,  dieulapon,créé  par 
Perkel  (  l'esprit  du  mal  )  ,  élevé  par 
loumala  (l'esprit  du  bien),  n'est  que 
le  tonnerre  personnifié.  Il  lance  la 
foudre,  fracasse  les  rochers,  pulvérise 
les  immondes  entrepreneurs  de  sor- 
tilèges; les  météores  semblent  lui 
obéir;  et  les  saisons,  les  fruits  de  la 
terre,  les  produit?  dç  1»  chasse,  c'est 


ORf, 

lui  qui  les  dispense,  selon  son  j^ré. 

ORAKAL,  lîacchus  en  Scylliie.  Ce 
nom  mérite  d'être  rapproché  d'Er- 
clé  ,  antique  nom  d'Herc\de,  et  d'Ha- 
rakala ,  un^jdes  noms  de  \ichnou- 
Rania. 

ORIjONA,  déesse  laliue,  était  in- 
voquée par  les  parents  pour  ne  pas     mk 
être  privés  d'enfanls(0/'/>/'),  et  par  les    fli 
orphelins.  Son  autel  à  Rome  touchait 
au  temple  des  dieux  Lares. 

0RCHAlVlH,0Rru\MUS,'O/)"<i:<^eir, 
roi  d'Assyrie  (  et  tibusivcment  de  Per- 
se), n'est  autre  que  le  feu,  et  même 
le  soleil  personnifié.  On  lui  donne" 

fiour  filles  Clytie  et  Lcucothoé,  que 
a  mythologie  grecque  transforme  en 
amantes  d'Apollon,  et  que  le  potentat 
sévère,  gardien  delà  virginité, ordonna 
d'enterrer  vives.  Qui  ne  songe  ici  au 
supplice  des  Vestales,  à  la  perpétuité 
immaculée  du  feu  de  Vesta,  K  la  pu- 
reté virginale  dont  celle  flamme  était 
l'emblème,  enfin  h  l'origine  orien- 
tale de  ce  culte  du  feu,  et  par  suite  h 
Moloch  ?  Les  Grecs  fondirent  une  fa-      -J 
ble  orientale  avec  leur  légende  accou-    al 
tumée,  et  introduisirent  ainsi  dans  le    "  , 
monde  occidental  l'idée  de  mort  liée 
a  celle  de  feu  (mort  par  le  feu  ou  mort 
à  cause    du    feu).    —  Etymologic  : 
1"  Cliam  (Ghamos,  ou  ûi\  cr,  augm. 
et  CliciJu)  ;  2"  'ofx.'^f.ioç  {(îpyjtv),  roi; 
S'flpv/f.  Il  y  aurait  alors  corrélation    JM 
de  feu  et  phalle.  *■ 

1  .ORCHOMÈNE,  Orchopienus, 
'Opx,°i^^vO''  héros  éponyme  de  la  célè- 
bre ville  béotienne  do  ce  nom,  passait 
pour  fils  de  Minya.s.  Selon  Eustalhe  il  tm 
eut  trois  fils,  Asplédon,  Climène  et  11 
Amphithoos.  Vulgairement  on  le  fait 
mourir  sans  enfants,  el  le  sceptre  à  sa 
mort  passe  dans  les  mains  d'un  fils 
de  Phryxus.  Au  reste,  ce  fils  s'appelle 
ici  Climène.  On  fait  aussi  Orchomène 
fils  de  Zévs  et  de  la  Danaïde  Hésione, 
ci  dans  ce  cas  il  a  pour  femme  Her- 


orxC 

mippp,  fille  de  Bénte,  pour  fils  Ml- 
nyas,  pour  fille  Elara.  On  a  trouvé  un 
moyen  simple  de  couciller  les  deux 
Iradllions  enadraeltantrexislence  de 
deux  Orcbomèucs ,  et  alors  Orclio- 
niène  I  est  fils  de  Zcvs  et  père  de 
Minyas  j  Orchomène  II  est  fils  de 
Minyas  ,  et  père  ou  prédécesseur  de 
Cliniènc.  Le  seul  sens  dans  lequel  il 
soit  possible  d'admettre  celle  hypo- 
thèse seraille  suivant:  i"Zévs  et  la 
DanaVde,  Arddhanari,  encore  h  Télat 
d'irrévélaliou  ou  peu  s'en  faut  ;  Or- 
cliomène  premier  [If^éiuiivoç ,  Tarri- 
vant ,  le  vcuaut),  l'essence  suprême 
se  révélant;  Minyas,  l'homme  pri- 
mordial; 2*  Orchomène  II,  l'espèce 
humaine  qui  vient ,  l'homme  pri- 
mordial et  la  ville  qui  est  son  sé- 
jour. Au  resle ,  cet  Orchomène  II 
n'est  pas  le  seul  enfant  de  Minyas; 
et  cet  homme  primordial ,  marié  siic- 
cessivcmenl  h  Clylodore  (véritable 
Pandore)  cl  a  Phauosyre  ,  a  eu  de 
l'une  Preshon,Périclymène  et  Théo- 
clynièue;  de  la  seconde  Orchomène  , 
Atharaas  et  Diachlhonde. — Enfin, 
les  Théhains  voulaient  rattacher  Or- 
chomène aleur  ville,  en  le  disant  iils 
de'f  hémisloet  frère  de  Plinthe.  Tous 
deux  périrent  lues  par  leur  mère. 

2.0RCHOMÈiNE,héiOsép,.nyme 
de  la  ville  d'Orchomènc,  eu  Arcadie, 
est  un  des  So  Lycaonides. 

0riCIDE,0r.ClDKS,'Opy.;^^î,  chef 
bébryce,  Llessa  Talas  d'un  coup  d'é- 
pieu  lorsque  les  Argonautes«eurent  h. 
soutenir  les  altaqiu's  d'Amycus. 

OnCLS,  Plulon  allonu".  C'est  un 
des  noms  les  plus  é::igmaliques  que 
l'on  connaisse.  On  le  dérive,  i^d'C//- 
/(••(•o, presser  ;  :;"  à'ù'pya)^  enfermer;  3° 
d'0/'c<7.,vase  creux  el  profond.  Pour- 
quoi pas  d'Ores, énorme  célacé connu 
sur  les  côtes  de  l'Italie?  On  peut  aussi 
songer  aux  mots  :  yJrgha  (samsk.), 
piéme  sens  iin'Jrcaj  «^f^^,^  commau- 


ORE 


217 


der  :  Krk,  d'où  Hercule  ;  'o'^zof ,  ser- 
ment. Plulon,  en  effet,  était  invoqué 
lors  de  la  prestation  des  serments,  et 
l'onde  du  Slyx  était  le  garant  le  plus 
terrii)le  de  la  sainteté  des  promesses. 

ORliADES  .  'Ops/acTtî,  nymphes 
des  montagnes.  Voy.  INymphes. 

OKEAS,  'O/JE/W,  fils  d'Hercule 
et  de  Chryséis. 

OIIEE,  Op.EA,'Op£5{,  une  des  huit 
Hamndryades  [Voy.  ce  nom). 

OilEE,  Oreus,  Optioç,  Centaure 
tué  par  Hercule,  était  représenté  sur 
les  bas-reliefs  du  trône  d'Apollon 
Amycléen.  Hésiode  le  nomme  comme 
figuré  sur  leboucher  d'Hercule.  Orée 
veut  dire  moulagnard. 

OllESBIOS ,  ■Ooé<r:tof,  chef  grec 
qui  alla  au  siège  de  Tioie;  il  cu- 
mulait le  sacerdoce  et  le  rôle  de 
guerrier.  —  Bacchus  aussi  porte  le 
nom  d'Oresbios  (  qui  vit  dans  les 
monts);  Oreskios  (((ui  se  plaît  a  l'om- 
bre des  mouLs)  est  aussi  une  de  ses 
épitlièles;  Orésilèpe ,  qui  a  un  sens 
tout  contraire  (déserteur  des  monta- 
gnes), doit  être  ajouté  a  celle  liste 
des  noms  du  dieu  du  vin. 

OUESTE  ,  OuESTES,  ^Opia-Tt-f, 
fils  d'Agamemnon  et  de  Clylemnes- 
Ire  ,  avait  de  10  ii  1 1  ans  lorsque  de 
retour  à  Mycèues  son  père  lut  assas- 
siné par  une  épouse  parricide  et  par 
Egisthe  ,  sou  complice.  Sauvé  des 
uiaius  des  deuK  coupables  par  Elec- 
tre ,  sa  sœur ,  il  trouva  un  asile  à 
la  cour  du  roi  de  Phocide,  Stro- 
phius ,  son  oncle  ,  et  s'y  lia  intime- 
ment avec  le  fils  de  ce  prince  :  c'é- 
tait Pylade.  Au  bout  de  sept  ans, 
Oreste  et  Pylade  rentrèrent  furtive- 
ment h  Mycènes  ,  se  cachèrent  chez 
Electre  ,  répandirent  le  bruit  de  la 
mort  d'Oreste;  puis,  pénétrant  dans 
le  temple  d'Apollon  ,  oii  Egisthe  et 
Clytemnestre  s'étaient  rendus  pour 
rendre  grâces  au  dieu ,  ils  les  égorgé- 


ai8 


ORE 


rent  l'un  et  l'autre.  Ainsi  l'avait  or-*r 
donné  h  son  fils  l'ombre  même  d'A- 
gamemnon.  Celle  pieuse  cause  de 
parricide  n'empèclia  pas  que  les  Fu- 
ries nevinssents'abatlre  sur  lui  comme 
des  vautours  sur  une  proie  vivante  , 
et  l'envelopper  de  ténèbres  cl  de  tor- 
tures. Orcste ,  pour  fuir  les  épou- 
vantables déesses  ,  se  mit  K  errer 
de  contrée  en  contrée.  Delphes  l'en- 
tendit interroger  Pbébus,  de  qui  la 
voix  lui  avait  inliiné  l'ordre  d'as- 
sassiner sa  mère ,  sur  les  moyens 
d'en  finir  avec  ces  funestes  compa- 
gnes. «  Athènes,  dit  le  dieu  ,  l'offrira 
le  remède  h  les  maux.»  Oresle  y 
court ,  les  Euménides  l'y  suivent  ; 
Apollon  le  protège  contre  elles  et 
veut  qu'elles  s'écarlent:  Minerve  ap- 
paraît et  se  conslilue  l'arbitre  impar- 
tial du  débat.  Asa  voix  et  pnrses  soins 
un  tribunal  s'élève ,  c'est  l'Aréopage 
(comp.  Halirrhothe). Douze  juges  y 
siègent  :  six  déclarent  l'accusé  coupa- 
blej  mais  Minerve  donne  sa  voix  h 
l'accusé,  et  le  verdict  d'acquillement 
se  prononce  h  la  majorité  de  sept 
contre  six  :  toujours  la  sagesse  opine 
en  faveur  de  la  mansuétude  ,  et  c'est 
la  sagesse  qui  doit  présder  dans  le 
temple  de  la  justice.  Cependant , 
Oresle  absous  n'est  pas  encorequilte. 
En  vain  il  élève  dans  Athènes  un  aulel 
à  Minerve  guerrière  :  il  faut  encore 
qu'il  aille  a  Trézène  attendre  long- 
temps qu'il  plaise  au  peuple  de  cette 
ville  neptunienne  de  l'expier;  il  faut 
enfin  qu'il  dise  adieu  à  la  terre  ,  qu'il 
traverse  l'Egée  ,  la  Propontide  ,  le 
Ponl-Euxin  ,  et  qu'après  avoir  laissé 
derrière  lui  les  deux  Bosphores  il 
aborde  chez  les  Taures  farouches. 
Pylade  l'a  suivi  ,  l'a  encouragé  dans 
ses  excursions  fatigantes;  mais  quand 
il  touche  au  terme  de  sa  route,  le  pé-. 
ril  devient  plus  grand  qu'il  n'a  jamais 
été.  Iphigénie,  sa  sœur,  prêtresse  de 


ORE 

-  la  sinistre  et  sombre  Opis ,  qui  fait 
des  cadavres  humains  son  marche- 
pied, et  du  sang  des  victimes  humai- 
nes son  nectar,  Iphigénie  balance 
déjà  le  coutelas  sacre  sur  sa  tête,  lors- 
que lout-a-coup  elle  le  reconnaît  hun 
signe,  ajourne  sous  un  prétexte  frivol 
le  sanglant  sacrifice  ,  et  la  nuit  su 
vanle  part  avec  les  deux  amis  et 
statue  de  la  déesse.  Selon  les  uns 
Thoas,  roi  de  Tanride,  rugit  en  proie 
il  un  courroux  impuissant;  selon  les 
autres,  Thoas,  avant  le  départ,  a 
senti  le  glaive  fouiller  ses  entrailles. 
De  retour  en  Grèce,  Oreste  consacre 
à  Sparte  le  Palladium  qu'il  a  rcivi  aux 
Taures,  et  qui  plus  lard  fut  appelé 
Orlhià,  monte  sur  le  trône  d'Argos , 
y  joint  celui  de  Lacédémone  à  la  mort 
de  son  oncle  Mcnélns  ,  se  tiouvc  h 
Delphes  en  même  temps  que  Pyr- 
rhus, le  fait  massacrer  parle  peuple 
de  celle  ville,  épouse  Ilermione,  sa 
veuve,  et  meurt  en  Arcadie,  h  Ores- 
tée,  h  l'àge  de  90  ans  ,  mordu  au 
lalon  par  un  serpent.  Long-temps  au- 
paravant il  avait  donné  Electre,  sa 
sœur,  en  mariage  h  Pylade.  Il  eut 
pour  successeurson  fils  Pentliile.  Aux 
légendes  se  liaient  beaucoup  de  tra- 
ditions spéciales  ,  de  reliques  et  de 
représentations  figurées.  La  Diane 
liée  de  Sparte  passait  pour  l'Opis 
Taurique  apportée  par  Oresle.  L'A- 
réopage était  aussi  un  monument  vi- 
vant des  puissantes  aventures  du  par- 
ricide par  piété  filiale.  Sparte  avait 
un  tombeau  d'Orcsfe,  et  disait  que 
cet  antique  roi  avait  été  un  géant  de 
sept  coudées  de  hauteur,  et ,  comme 
preuve^  elle  conservait  des  os  énormes 
trouvés  h  Tégée  par  un  nommé  Li- 
chès.  A  Trézène  surtout  abondaient 
les  souvenirs  de  l'ami  dfe  Pylade. 
Ici  c'était  la  hutte  où  Oreste,  mal- 
gré son  acquittement,  avait  été  obli- 
gé de  demeurer  jusqu'à  ce  que  les 


III 


ORE 

prêtres  consenllssent  à  l'expier  j  la 
c'était  un  laurier  sorti  du  lieu  même 
de  l'expiation;  plus  loin  c'était  la 
pierre  sur  laquelle  les  neuf  juges  s'é- 
taient assis  :  on  la  nommait  la  pierre 
sacrée.  A  trois  slade^,  de  Gythiura 
était  une  autre  pierre  sur  laquelle  s'é- 
tait assis  Oreste  délivré  desFuriesj 
ou  la  nommait  Kappautas:  il  y  a 
mieux,  on  regardait  ce  bloc  informe 
comme  Jupiter  même,  et  Zévs  Rnp- 
paulas  {Zîvç  IvdTrTreii/rci;  Tpour  kcctu- 
TTctvTKs,  Jupiter  qui  fait  cesser)  était 
son  nom.  Les  tragiques  se  sont 
beaucoup  exercés  sur  Oresle;  une 
seule  pièce  pourtant ,  parmi  celles 
que  nous  a  laissées  l'inclémence  des 
temps  ,  est  intitulée  Oreste  :  c'est 
une  des  plus  belles  d'Euripide.  Es- 
chyle avait  donné  le  même  titre  h 
une  des  siennes.  Les  deux  Electre 
(l'une  de  Crébillon,  l'autre  de  Vol- 
taire), Iphigénie  en  Tauvide  (de 
Guymond  de  La  Touche),  nous  mon- 
trent  aussi  Oreste.  —  La  Galerie 
mythologique  de  Millin ,  616-626, 
nous  présente  une  suite  magnifique 
de  bas-reliefs,  de  pierres  gravées ,  et 
de  peintures  relatives  à  l'histoire 
d'Oreste.  —  Une  foule  de  circon- 
stances accessoires  se  sont  mêlées  , 
sous  la  plume  des  tragiques,  auxaven- 
tures  d'Oreste;  nous  les  avons  a  peu 
près  négligées  ici,  car  leur  importance 
mythologique  est  nulle.  La  seule  idée 
capitale  de  ce  mythe  si  large,  c'est  la 
nécessité  de  l'expiation.  Dent  pour 
dent,  voila  la  loi  ;  et  pourtant,  le  bras 
même  qui  n'a  été  que  le  ministre  des 
vengeances  célestes  est  passible  d'une 
peine.  Apollon,  Minerve,  Neptune, 
Diane,  cimentent  de  leur  haute  ap- 
probation la  mort  sanglante  de  Cly- 
temnestre  dont  le  crime  était  inex- 
piable ;  de  Clylemnestre  qui  de- 
vait périr  par  son  fils,  afin  d'ap- 
prendre h  la  Grèce  la  sainteté  de  la 


ORE 


219 


loi  du  talion;  de  Cljtemneslre  dont 
la  mort  devait  prouver  que  la  fou- 
dre ,  pour  punir,  jaillit  de  l'angle  de 
l'horizon  qui  semble  le  plus  calme. 
«Plutôt  un  crime  nouveau,  ont  dit 
les  dieux,  oui,  plutôt  un  parricide  que 
l'impunité!  »  Eh  bien!  malgré  ce 
jugement  d'en  haut,  Oreste,  choisi 
pour  l'exécuter,  n'est  pas  pur.  Il  faut 
du  temps  avant  que  le  sang  a  bon  droit 
répandu  par  ses  mains  palisse  et  s'ef- 
face ;  il  faut  des  années,  des  purifica- 
tions, de  longs  voyages  ,  des  absolu- 
tions solennelles.  Est-ce  à  dire  qu'il 
lui  faut  trois  purifications  :  une  dans 
Athènes,  une  sur  la  plage  trézénien- 
ne,  une  par-delà  les  mers?  Nous  ne  le 
croyons  pas.  Trois  grands  états,  l'At- 
tique,  rÀrgolide,  la  Laconie  ,  s'em- 
parèrent de  ce  grand  mythe  d'Oreste 
passant  par  des  purifications ,  et  va- 
rièrent le  thème  chacun  h  son  gré. 
Le  syncrétisme  des  temps  postérieurs 
amalgama  les  trois  légendes  ,  et  les 
disposa  dans  un  ordre  semi-ciironologi- 
que.  Pour  nous,  discernons  la  légende 
trézénienne,  la  légende  d'Athènes,  la 
légende  de  Sparte  etdeGylhium. Dis- 
tinguons quel  dieu  joue  le  grand  rôle 
dans  chacune,  Athànà  dans  Athènes, 
Posîdôn  dans  Trézène  ,  Opis  dans 
Sparte.  Sachons  retrouver  daas  celle- 
là  les  hautes  prétentions  des  Athé- 
niens à  la  science  du  droit,  a  la  sa- 
gesse et  aux  procédures  spéciales  sur 
le  meurtre  ;  dans  celle-ci  le  reflet  du 
dogme  qui  voulait  qu'Or thià  fût  une 
Scvthe,  protectrice  des  hommes  forts 
qui  savent  la  garder,  et  avide  buveuse 
du  sang  qui  coule  des  veines  géné- 
reuses ;  enfin,  dans  la  version  trézé- 
nienne, le  culte  sévère  rendu  h  Hé- 
cate ,  a  Hécate  purificatrice  par  les 
eaux,  à  Hécate  Phytalmios,  a  Hécate 
Océan.  De  ces  trois  versions,  la  plus 
attrayante  peut-être  est  celle  qui  fait 
intervenir  dans  la  querelle  d'Oreste 


230 


ORI 


les  douze  juges,  la  colline  de  Mars, 
Athànà  présidanl  ,  Apollon  plaidant 
lui-même  contre  les  Ëiimcnidcs  ,  et 
enfin  ces  fouets  vengeurs,  ces  formes 
hideuscN  et  lanlasliques,  ces  ailes  de 
Harnvcs.  ces  reptiles  qui  se  tordent 
en  spirales  bleues  autour  du  jeune 
matricide.  La  plus  riche  en  couleurs 
est  celle  de  Sparte.  Posîdini  ,  sur  le 
dos  duquel  cingle  la  gondole  d'O- 
. reste,  est  déjà  un  premier  purifi- 
cateur :  car  l'onde  est  sainte  j  le  sel 
qui  charge  les  eaux  est  plus  sacre  en- 
core. Heureux  le  coupable  qui  lou- 
che la  mer  où  bout  Técume  salée 
et  qui  en  est  mouillé  !  Mais  c'est 
en  l'auride  que  l'expiation  devient 
complète.  Celui  quia  tué  va  êlie  tué, 
celui  (|ui  a  violé  par  le  glaive  la  ma- 
melle maternelle  voit  une  sœur  bran- 
dir le  couteau  sur  sa  tête;  celui  qui 
a  versé  k  flots  un  sang  criminel  perd 
quelques  gouttes  d'un  sang  innocent  ! 
L'en  est  assez  :  lo  sang  du  juste  ne 
doit  pas  couler  a  tlots  comme  ce- 
lui du  coupable;  il  ne  doit  ([n'es- 
sayer la  mort;  l'essai  accompli,  la 
lâche  s'en  va  ,  le  crima  n'est  plus  ; 
ce  que  l'Océan  n'a  pu  laver  ,  nu  peu 
de  sou  sang  Tefiace;  il  ne  reste  que 
d'amers  souvenirs,  des  regrets,  et  de 
temps  h  autre  une  larme  solitoire. — 
Quatre  antres  Oheste  sont  :  i"  un  fils 
d'Acliéiolis  et  (le  Périniède;  2'^  un 
chef  grec  tué  par  Hector;  3"  et  4° 
deux  chefs  troyens,run  tué  par  Pc- 
Ivpète,  l'autre  par  Léontée. 

ORESTHÉE,  Orestheus,  'Ofi- 
çêivç,  donna  son  nom  h  Orcslhé- 
fiium  en  Arcadie,  depuis  Orcsléc. 

ORION,  "O^/ûv,  héros  insulaire 
célèbre,  est  l'incarnation  grecque  d'v.n 
Fta-Boulo- Allior.  H  a  pour  père 
tantôt  ISeptune  (amant  d'Eury;".lc) , 
tantôt  Hjriée  qui  n'cit  qu'un  autre 
lui-même  {hyr,  hor,  hour,  ne  diffè- 
rent point).  Cet  Hyriée ,  villageois 


ÔRI 

béotien,  dopna  l'hospilalilé  à  Jupi- 
ter, INeptune  et  Mercure  qui,  pour 
le  récouipenser,  lui  promirent  de  lui 
accorder  ce  qu'il  leur  deuianderail. 
Hyriée  veuf,  et  qui  avait  fait  vcru  de 
ne  pas  se  remarier,  désira  qu'il  lui 
naquît  un  fils  sans  avoir  commerce 
avec  une  femme.  Alors  les  trois  dieux 
urinèrent  sur  la  peau  de  la  génisse 
qu'il  avait  tuée  pour  leur  repas;  ils 
lui  dirent  de  l'enterrer,  et  au  bout 
de  neuf  mois  naquit,  de  celte  peau 
ainsi  fécondée,  Orion ,  dont  on  dé- 
rive le  nom  du  grec  o'ùpov ,  urine. 
]\ul  doute  qu'il  n'y  ait  ici  rapport 
et  avec  lîouto,  la  vase  iirévélée, 
et  avec  Haroéri  développé  en  si- 
lence dans  les  profondeurs  de  13ou- 
to-Ioni.  Haroéri  d'ailleurs  s'appelle 
Gros  ou  Or;  c'est  Orion.  L'éty- 
mologie  par  eiifov  est  aussi  détesta- 
ble (pie  célèbre ,  quoique  ovpoji  et 
c-yfïffioL  deviennent  parfois  synony- 
mes. Orion  Ilaroéii,  Orion-soleil,  est 
donc  un  dieu  jeune,  un  dieu  ^tfau  ; 
c'est  cfi'ectivement  ce  que  content  les 
mythes.  El  ce  n'est  pas  tout,  il  est 
Géant,  Titan,  soleil.  Il  se  mire  dans 
les  Ilots;  il  aime  la  chasse;  il  aspire 
à  la  possession  de  Diane,  et  Diane  le 
lue.  Le  soleil  n'est-il  pas  en  rapport 
avec  la  lune?  la  lune  ne  senible-t-elle 
pas  de  tt'm;)S  a  autre  triompher  du 
soleil?  Sur  les  circonstances  de  la  sy- 
zygic ,  il  est  vrai,  l'on  varie.  Tantôt 
Orion  tcnlc  de  violer  Diane,  tantôt  il 
la  viole,  tantôt  la  violence  ne  consiste 
qu'à  forcer  la  déesse  de  jouer  au 
disque  avec  lui ,  ou  même  a  loucher 
son  voile  d'une  main  impure.  Chez 
quchjucs  poètes  au  contraire,  c'est 
Diane  qui  est  éprise  du  bran  chas- 
seur ,  et  c'est  par  jalousie  qu'elle  le 
tue  :  Orion  s'est  laissé  enlever  et  por- 
ter dans  Délos  par  l'Aurore.  On 
narre  aussi  sa  mort  de  diverses  ma- 
nières. Ici  Diane  tuo  Orion  h  coups  de 


OUI 

ficelles  I  la  elle  envole  coiilre  lui  un 
scorpion.  Cerlaius  mythologues  ap- 
pellent Opis  l'objet  des  brutales  ten- 
tatives d'Orion,  et  semblent  faire  de 
cette  Opis  une  nym  phe  de  la  déité  clias- 
seresse  j  mais  Opis ,  nous  le  savons , 
est  Diane  même.  Des  traditions  dif- 
férentes font  d'Orion  le  mari  de  Sidéj 
et  après  la  mort  de  celte  jeune  épouse 
que  lui  ravit  le  couiroux  de  .lunoa 
(analogue  au  courroux  de  Diane 
contre  l'époux) ,  il  demande  au  roi  de 
Chio,  Œnopée,  la  main  de  Mérope. 
Le  roi  vignicole  feint  de  consentir  au 
mariage,  enivre  son  gendre  futur,  lui 
crève  les  yeux ,  et  le  laisse  ainsi  sur 
les  rives  de  la  mer.  Que  fait  Orion  , 
quand  au  bout  de  quelques  heures  il 
s'est  débarrassé  de  sou  vin?  Il  se 
lève ,  il  arrive  près  d'une  forge  au 
brasier  étincelant,  y  trouve  occupé  a 
entretenir  le  feu  sacré  un  tendre  ado- 
lescent aux  blonds  cheveux, le  charge 
sur  ses  vigoureuses  épaules,  et  guidé 
par  lui  s'avance  vers  la  p'agc  où  le 
jour  se  lève  j  à  peine  il  a  posé  les 
pieds  sur  ces  terres  lumineuses,  ses 
yeux  se  rouvrent ,  et  il  court  h  la 
vengeance.  Qui  ne  reconnaît  dans  ce 
mythe  la  disparition  et  la  réapparition 
du  soleil?  D  ordinaire  ces  deux  phéno- 
mènes se  réalisent  par  une  mort  et  une 
résurrection.  Ici,  par  une  traduction 
gracieuse,  on  s'est  contenté  d'appeler 
cécité  les  ténèbres,  et  rétablissement 
de  l'organe  visuel ,  la  lumière.  On 
a  brodé  ce  fond  par  une  fable  sur 
l'ivresse.  Qu'importe?  Cette  mer  sur 
les  bords  de  laquelle  Œnopée  abnu- 
domie  l'aveugle  de  fraîche  date,  c'est 
la  mer  où  chaque  soir  se  plonge  le 
soleil 5  là  grève,  c'est  l'horizon j  la 
forge,c'est  l'hémisphère  inférieur  dans 
lequel  la  lumière  semble  s'apprêter  à 
reparaître;  l'adolescent,  c'est  le  jeime 
soleil ,  le  soleil  qui  veut  se  faire  voir 
dans  quelques  heures,  t'est  un  dédou- 


OKI 


221 


blemenl  d'Orion  lui-même.  Le  couple 
décrit  par  la  fable  n'a,  en  quelque 
sorte,  que  deux  pieds  et  deux  jam- 
bes ,  car  les  yeux  du  géant  et  les 
jambes  de  l'éphèbe  ne  comptent  point. 
Lqs  deux  personnages  se  réduisent 
donc  h  un  seul;  mais  dans  cet  unique 
personnage  on  distingue  la  lumière 
d'une  part,  et  de  l'autre  le  raouve- 
Tnent.  —  Dans  quelques  écrits  on 
montre  Orion  violant  Méiope.  Ce 
viol  est  précédé  de  circonstances  atté- 
nuantes. OEnopée  avait  promis  sa  fille 
sous  la  condition  qu'Orion  délivrerait 
Chio  des  monstres  qui  l'infestaient, 
et  Orion  avait  obéi.  Ou  le  mon- 
tre aussi  entrant  par  la  fenêtre  dans 
la  chambre  de  Mérope.  Parfois  c'est 
Mérope  qui  résiste  à  Orion ,  tandis 
que  le  père  lui  est  favorable.  Parfois 
c'est  tout  le  contraire.  Certains  my- 
thologues font  intervenir  Bacchus  h  la 
prière  d'Œnopée:  Bacchus  envoie  les 
iiatyres  contre  Orion,  et  ce  sont  eux 
qui  l'enivrent  et  lui  crèvent  les  yeux. 
Au  nom  de  Mérope  quelquefois  on 
substitue  celui  de  Héro.  De  même , 
au  lieu  de  la  forge  souvent  on  nomme 
Lemnos.  Nous  nous  bornerons  à  re- 
marquer ici  que  Lemnos  est  une  des 
forges  par  excellence  du  dieu^feu  de 
la  Grèce;  qu'Hero  et  Mérope  sont 
Hérâ  et  Opis  (Jànon  et  Diane  )  per- 
sonnifiées sous  formes  terrestres  et 
inférieures. — Deux  mots  encore  !  1° 
Orion,  après  aybir  recouvré  l'usage 
de  la  lumière,  chercha  partout  Œno- 
pée pour  se  venger  de  sa  perfidie  ; 
mais  les  habitants  de  Chio  l'avaient 
si  bien  caché  qu''il  fut  impossible  au 
fin  chasseur  de  le  retrouver.  2°  Orion 
n'est  pas  toujours  un  chasseur  ,  c'est 
un  digne  fils  de  Vulcain  ,  de  Fta ,  du 
dieu-ïeu  ;  il  bâtit  (k  Neptune)  uu 
beau  palais,  et  c'est  h  la  vue  de  ce 
magnifique  édifice  que  l'Aurore  se 
met  k  l'adorer,     j"    On  ne  douu« 


fts«  ORt 

ïin  bel  Oriou' d'autre  postérité  que 
des  filles.  Ainsi  a  la  suite  du  soleil 
se  groupent  les  Héliades.  Une  épidé- 
mie désolait  Thèbes,  et  l'oracle,  se- 
lon l'usage,  prescrivait,  pour  faire 
cesser  le  fléau  ,  la  mort  de  deux 
vierges  du  sang  des  dieux.  Deux 
Orionides  s'offrirent.  Elles  furent 
placées  sur  le  bûcher  :  de  leurs  cen- 
dres s'élevèrent  deux  jeunes  gens  que 
l'on  appela  Slépliauoles  ou  Stépna- 
néphores.  C'est  la  fable  du  phénix 
bellénisée  ! 

ORÏOS  ,  "O^uos  ,  c'est -h -dire 
montagnard  :  i°  Centaure  lue  par 
Herrule,  lorsque  les  Centaures  vou- 
lurent forcer  l'entrée  de  la  grotte  de 
Pholus;  a^Lapilhe,  Gis  de  la'inagi- 
cienne  Mycale  ,  fut  tué  par  Gynéc , 
Centaure,  aux  noces  de  Pirilhoiis. 

ORIPPE,  Orippus,  "npt-TiTrcsj  de 
Me'gare^  le  premier  des  Grecs  qui 
courut  tout  nu  aux  jeux  Olympiques. 
Il  remporta  le  prix ,  et  fut  nonoré 
après  sa  mort  par  rércclion  d'uu 
monument  héroïque.  Ainsi  l'avait  or- 
donné l'oracle  de  Delphes,  au  moins 
selon  l'inscription  aujourd'hui  dépo- 
sée au  musée  des  Antiques.  Nous 
doutons  un  peu  qu'il  faille  entendre 
à  la  lettre  ce  qu'on  dit  des  limites  de 
ea  patrie  étendues  par  ses  conquêtes. 

ORlSSAjle  dieu  suprême  à  Bénin, 
passe  pour  un  esprit  invisible,  créa- 
teur du  ciel  et  de  la  terre ,  bon, 
sage,  et  qu'il  est  inutile  d'honorer. 
Le  peuple  croit  aussi  au  diable ,  et 
comme  le  diable  est  méchant,  ill'ac- 
cable  de  prières  et  de  sacrifices. 

ORITHYIE  ,  Orithvia  ,  'Opu- 
ivix,  fille  d'Erechihée  et  de  Diogé- 
nie,  jouait  sur  les  bords  de  l'ilisse, 
quand  Borée  l'enleva ,  et  la  rendit 
mère  de  Calais  et  de  Zélhès.  Nul 
doute  que  cette  fable  ne  se  rap- 
porte à  des  personnifications  soit 
agriculturales ,  soit  aati-agricullura- 


ORM 

les ,  qui  du  reste  n'empêchent  pas 
d'antiques  relations  entre  les  Aui- 
ques  et  laThrace.  Comp.  Eeechthée 
et  EuMOLPE.  Mais  s'imaginer  qu'un 
roi  de  Thrace ,  du  nom  de  Borée , 
épousa  une  princesse,  athénienne  du 
nomd'Orilhyie,*  dire  que  cette  prin- 
cesse emportée  d'un  coup  de  vent  se 
noya  dans  l'Hisse  ;  enlin  dériver  son 
nom  de  cpoç  et  de  êûa  ,  parce  qu'elle 
sacrifiait  sur  les  montagnes,  c'est 
donner  à  rire.  La  seule  étymologie 
admissible  est  celle  de  cpoç  qui  met 
le  mont  et  le  vent  en  rapport.  Tisch- 
bein  {Phases  peints ,  III ,  3 1  )  a 
produit  un  enlèvement  d'Orithyic 
par  Borée.  — Deux  autres  Oritiiyie 
sont  l'une  une  Néréide ,  l'autre  nue 
Amazone  fille  de  Marthésie  et  sœur 
d'Antiope.  Hercule  s'élaut  emparé  de 
celle-ci,  Orithyie  pour  la  venger  de- 
manda des  renforts  a  Sagille,  roi 
scylhe ,  qui  lui  envoya  un  corps  de 
troupes  commandé  par  sou  fils  Pana- 
sagorej  tous  ensemble  alors  se  jetè- 
rent dans  l'Allique  ,  mais  la  division 
se  mit  parmi  les  troupes,  et  les  Ama- 
zones succombèrent.  Toutefois  elles 
opérèrent  heureusement  leur  retraite. 
Orithyie  en  mourant  laissa  le  sceptre 
a  Penthésilée. 

ORMÈNE,  0RUz^vs,"Of^ims  : 
1°  roi  dolope  ,  père  et  prédécesseur 
d'Amynlor  j  2"  lils  du  roi  de  Thes- 
salie  Cercapho  5  S"^  père  de  Clésius 
et  aïeul  d'Eumée;  4"  et  5"  chefs 
Iroyens  tués  l'un  par  Polypète,  l'au- 
tre par  Teucer. 

ORMLZD,  en  zend  ÉuoBo  Mez- 
DAO,  en  pehlvi  Houmisda  ou  Hob- 
mizda-Choda  (Orrauzd  Golt)  d'où 
les  Grecs  firent  OpvOmazde  et  Ono- 
MAZE  {Oromazdus,  Oroinazus  ^ 
'Qpof/M^^^ùSy  'OpofAciloi)  y  était  chez 
les  Perses  le  bon  principe.  11  se 
dessinait  immédiatement  au-dessous 
de  Zervanc-Akcrèue,  le  dieu  snprc- 


ORM 

me ,  et  a  la  tête  des  Auichasfands 
dont  il  faisait  parlie.  C'est  lui  qui  par 
les  ordres  de  l'élernel  Zervaiie  créa 
le  monde  entier  [J^oy.^  à  l'article 
Ahrtmati,  les  détails  de  la  création), 
c'est  lui  aussi  qui  est  le  verbe  ou", 
comme  le  disaient  les  Parsis,  Hono- 
ver,  l'excellent,  le  pur  ,  le  saint  qui 
était  avant  que  le  ciel  fût.  Ce  roi-ver - 
he.  cet  Ormuzd-Honover,  est  en  même 
temps  la  lumière  5  ici  se  dévoile  toute 
la  théologie  parsiqae.  Les  peuples  de 
ce  vaste  plateau  qu'occupent  aujour- 
d'hui l'Iran,  le  Kaboul , les  Beloutches, 
étaient  actifs  et  belliqueux.  L'idée  de 
lutte  fut  une  de  leurs  idées  favorites. 
Autour  d'eux,  a  l'ouest  et  au  nord, 
étaient  les  nomades,  hardis  pillards. 
De  la  opposition  de  l'Iran  ,  patrie 
du  bonheur  et  de  l'ordre,  au  Touran, 
patrie  de  la  misère  et  du  chaos.  Enfin 
l'Iran  au  ciel  d'azur  et  sans  nuages 
voyait  son  soleil  poindre  derrière 
des  montagnes  inaccessibles.  Des 
montagnes  entouraient  la  lisière 
septentrionale  du  pays.  Dès -lors 
nord,  nuit  profonde,  Touran,  désor- 
dre ,  poison,  massacre,  misère  et 
malfaisance  furent  synonymes,  ou 
bien  s'impliquèrent  mutuellement.  Au 
contraire  sud,  lumière,  jour,  Iran, 
santé,  bonheur,  richesse,  gloire  ,  fu- 
rent regardés  comme  ne  formant 
(|u'un  seul  et  même  groupe.  Quels 
lurent  donc  les  traits  fondamentaux 
de  la  religion  des  Parsis?  1°  Le  dua- 
lisme, 2"  la  photopyrolâlrie  (adora- 
tion   du   feu -lumière  ). Ormuzd- 

lumière  n'en  est  pas  moins  Ormuzd- 
Iran,  la  terre  chérie  de  la  lunjière.  Il 
est  aussi  Ormuzd-Ardvisour  ou  l'eau 
primordiale.  Il  a  pour  grand  antago- 
niste Ahriman-  ténèbres  -  Touran- 
stérilité.  Ormuzd  est  tour  à  tour  pré- 
senté comme  plus  puissant  que  cet 
adversaire  redoutable  et  comme  égal 
à  lui.  Les  deux  solutions  dépendent 


GRM 


223 


du  point  de  vue  sous  lequel  on  le 
considère.  Ormuzd  est  dans  tous  les 
mondes  visibles  le  délégué  de  Zervane- 
Ake'rène ,  il  émane  de  lui  dans  le 
temps,  il  est  en  lui  dans  l'élernilé. 
Délaies  deux  qualifications  diverses 
dont  le  revêtent  successivement  ses 
adorateurs.  Pour  les  uns,  il  a  com- 
mencéj  pour  les  autres,  il  est  éternel. 
Ce  ne  sont  pas  des  conlradiclinns. 
Onnuzd-Honover  existe  d'abord  in- 
distinct et  enfoui  au  sein  de  l'être 
irrévelé  5  s'en  distingue-t-il,  il  est  sa 
semence,  il  est  le  fils  de  sa  semence , 
il  est  sa  parole,  sa  voix,  sa  raison, 
son  omni- science,  son  omnipotence, 
sa  volonté,  sa  bonté.  II  est  le  pre- 
mier-né de  la  création  et  la  créa- 
tion même.  Il  est  l'image  resplen- 
dissante de  l'infini  5  il  est  le  corps 
des  corps  et  l'âme  des  âmes.  Il  est 
le  noyau  et  la  substance  des  êtres, 
le  principe  des  principes,  la  loi  per- 
manente et  vivante  autour  de  la- 
quelle et  en  vertu  de  laquelle  se 
produisent  les  êtres  et  les  phéno- 
mènes. Son  nom  rappelle  le  grand 
roi,  etrappelleHaroéri  (vulgairement 
Orus,  Orion,  Oros,  Ilar-Héri).  Le 
Zend-Avesla  lui  donne  les  titres  ma- 
gnifiques d'essence  ivre  de  béatitude , 
de  souveraine  perfection, de  juste  juge. 
C'est  lui  qui  est  l'auteur  de  la  créa- 
tion pure,  ciel,  lumière,  feu,  astres, 
métaux,  espèce  humaine  et  toutes  ses 
races,  troupeaux,  eau,  arbres,  etc. 
11  l'alimente  et  la  conserve,  il  donne 
aux  arbres  leurs  racines,  et  h  tous  les 
êtres  le  feu  qui  les  anime  j  il  veille  sur 
le  juste ,  il  ouvre  les  voies  de  la  pu- 
reté à  celui  qui  a  soif  du  bien  5  il 
aide  l'homme  k  l'heure  de  la  mort. 
A  l'instar  des  six  fêtes  qu'il  célébrait 
après  chacun  de  ses  six  travaux  (lei 
six  principales  époques  de  la  créa- 
tion ),  il  institue  les  six  Gahanbars 
ou  fêtes  de  la  création.  Chacune  du- 


%2'i 


ORIV 


rait  cinq  jours.  A  la  (in  du  inonde, 
Orrauzd ,  pour  achever  la  ruine 
d'Ahriman,  enverra  sur  la  terre  le 
pronhèle  Sosioch ,  sauveur  des  âmes 
qui  par  lui  seronl  préparées  à  la  ré- 
surreclion  générale.  Il  siège  au  grand 
Ponl-Tcbinévad ,  qui  forme  la  bar- 
rière entre  les  deux  mondes,  et  y 
juge  les  âmes,  cumulant  ainsi  les 
rôles  d'Indra  et  dlama ,  de  Zévs  et 
d'Hadès.  Ormuzd  dans  toutes  ces 
fonctions  lutte  contre  le  gt'uie  im- 
monde. Créateur,  il  restreint  les 
tirélcntionsd'Aliriman;  descendu  sur 
a  terre  ,  il  protège  Dclienichid,  Zo- 
roaslre,  Féridoun,  et  se  déclare  con- 
tre leurs  ennemis  5  au  lit  de  mort,  il 
écarte  de  l'agonisant  la  troupe  des 
Devs.  —  Tour  a  tour  on  confond 
Ormuzd  avec  Honover  et  l'arbre 
Hom  dieu-homme  et  l'Ized  du  soleil. 
Mithra  est  son  propre  Ferver,  et  on 
l'en  distingue.  Ainsi,  par  cxeuiplc  , 
on  dit  qu'Ormuzd  triomphe  d'Ahri- 
luan  par  Honover.  —  Lu  demeure 
d'Ormuzd  s'appelle  Béliecht,  et  son 
royaume  Gorotman.  C'est  la  plus 
élevée  des  trois  sphères  célestesj  elle 
est,  disent  les  livres  zends,  bien  par- 
delà  TAldbordj.  Le  soleil  roule  bien 
au-dessous  de  son  trône ,  et  semble 
pendre  au-dessous  de  ce  dôme  ma- 
gnifique qu'illumine  la  présence  d'Or- 
niuzcf,  comme  un  riche  diamant  h 
l'extrémité  d'une  chaîne  précieuse. 
Du  reste,  on  invoquait  Ormuzd  avant 
le  soleil.  Sous  le  nom  de  juste  jv^c, 
il  préside  au  i*"  ,  au  8 ,  au  1  5,  au 
25  du  mois.  Des  quatre  oiseaux  cé- 
lèbres dans  la  mythologie  parsique, 
Houfrachmodad  est  piobablemeut  ce- 
lui qui  représente  Ormuzd. 

ORINÉE,  ORMiA,  '0/)v2«,  nym- 
phe qui  donna  son  nom  a  la  ville 
d'Ornée,  n'était  sans  doute  qu'un  dé- 
doublement féminin  de  Priajic  qui 
j)ort«il  le  îiom  dOrnévs >  et  en  Thou- 


ORP 

neur  de  qui  on  célébrait  ii  Oruénf  et 
surtout  h  Colophon ,  des  fêtes  dites 
Ornées.  11  est  h  noter  que  les  vierges 
étaient  exclues  de  ces  fêles,  qui  se  dis- 
tinguaient par  une  grande  alllnence 
de  spectateurs. — Trois  Ornée,  Or- 
neiis,  élaient  1°  un  Ceutaurej  2"  un 
Lapilhe  qui  fut  contraint  aux  noces 
de  Pirithoiis  de  prendre  la  fuite;  3° 
un  fils  d'Érecbthée,  père  de  Ménes- 
thée,  donné  aussi  comme  londaleur  de 
la  ville  argolique  d'Ornée. 

OUÎSITIIE,  0RNiTnus,'O|5v<C«f, 
conduisit,  avec  loxc  le  Mélanippide, 
une  colonie  en  Carie. 

OR]NTTHIOiS,'Opv»0/<wc,  était  fils 
de  Sisyphe  et  de  Glaucus. 

ORO ,  le  dieu  suprême  de  Taïli. 

OROBANTE  ,  •Ofi^cts,  vieux 
barde  grec  antérieur  ii  Homère.  Le 
mol  indique  un  chantre  montagnard. 

ORODE  ,  Orodes  ,  conipai»non 
d'Euée,  fut  tué  par  Mézence  à  qui 
il  avait  prédit  sa  mort  prochaine. 

OROMASE.  Foy.  Orjiuzd. 

OROMÉDON,  'o^of^'Jm,  géant 
écrasé  sous  le  poids  de  l'île  de  Cos, 
lors  de  l'entreprise  de  ses  frères  con- 
tre les  habitants  de  l'Olympe. 

ORONERTOIUR,  premier  fils  de 
Zoroastre  et  de  sa  seconde  femme , 
fut  le  pontife  de  Vardjengerd  et  le 
vivant  modèle  de  la  caste  des  agri- 
culteurs. 

ORONTE,  OroktES  ,  'Opivrin: 
1°  chef  troyen,  périt  dans  le  nau- 
frage de  sept  vaisseaux  d'Enée  sur 
la  côte  d'Afrique;  2°  géant  des  an- 
ciens âges,  dont  on  trouva  le  tombeau, 
long  d'au  moins  onze  coudées,  dans  le 
lit  de  I  Oronte  eu  Syrie,  un  jour  que 
l'on  détourtiail  ses  eaux  pour  travail- 
ler à  le  rendre  navigable. 

OROPE  ,  Oiiorus  ,  'nporros^  fils 
de  Macédo  et  pelil-hls  de  Lycaon. 

ORPHÉE,  Ori'ueus,  'Opcpcvsy 
le  civilisateur  sacerdylalde  laThracc, 


ORP 

selon  la  mythologie  vulgaire  ,  naquit 
dans  cette  contrée,  à  peu  de  distance 
de  rOlyrape  qui  alors  y  était  compris, 
et  eut  pour  père  Apollon  ou  liien  le 
roi  OEagre,  pour  mère  la  Muse  Cal- 
liope.  Pendant  sa  jeunesse  il  parcou- 
rut diverses  contrées  lointaines,  spé- 
cialement l'Egypte  j  et  la  ies  prêtres 
l'initièrent  aux  mystères  de  la  reli- 
gion indigène.  Quelques  variantes  le 
font  naître  soit  d'une  Muse  anonyme, 
soit  d'une  Piéride  ,  et  le  transfor- 
ment en  roi  de  Tlirace ,  le  montrent 
aussi  accompagnant  les  Argonautes, 
et  charmant  par  les  sons  de  la  lyre 

aue  lui  a  remise  Apollon  les  ennuis 
e  la  traversée.  Il  est  inutile  d'exa- 
miner si  c'est  Orphée  ou  Philammon 
qui  prit  ainsi  part  k  l'entreprise  com- 
mandée par  Jason,  et  quel  âge  Or- 
phée avait  lorsqu'il  s'y  adjoignit.  Au 
reste ,  voici  par  quelles  merveilles  il 
signala  sa  présence  sur  le  prodigieux 
navire.  i°  Par  l'harmonie  de  ses 
chants  il  changea  la  rebelle  iramobi- 
lite'del'Arghaeuunmouveraentrhyth- 
mique  et  rapide ,  analogue  au  procé- 
leusma  des  matelots.  2°  Au  moyen 
d'un  sacrifice  solennel  il  réunit  les 
Argonautes,  et  les  décida  non-seule- 
ment à  partir  ,  mais  encore  à  recon- 
naître la  souveraineté  de  Jason.  3° 
Dans  Lemnos ,  gnomique  sévère  au- 
tant que  lyrique  mélodieux,  il  ar- 
racha les  Renaud  de  la  Grèce  aux  sé- 
ductions des  Armides  de  l'Archipel. 
4°  Après  le  combat  des  héros  euro- 
péens contre  les  Cyzicènes,  il  apaisa 
par  des  cérémonies  propitiatoires 
l'ombre  de  Cyzique  et  la  colère  de 
Rhée.  5°  Il  suspendit  la  perpétuelle 
agitation  des  Symplégades  dont  les 
entrechoquements  auraient  brisé  le 
navire,  et  facilita  ainsi  le  passage 
d'Argo  sur  une  terre  hérissée  de  dan- 
gers. 6°  Ses  conjurations  évoquèrent 
Hécate  qui  ouvrit  à  Jason  les  portes 


ORP 


aa$ 


du  bois  sacré ,  réceptacle  mystérieux 
de  la  toison.  7°  Il  endormit  le  dragon 
ignivonie.  8°  Dans  la  mer  Ionienne, 
hérisse'c  de  brisants  harmonieux,  il 
capliva  si  exclusivemeutpar  ses  chants 
l'attcnllon  des  Argonautes  qu'ils  fu- 
rent insensibles  a  la  voix  voluptueuse 
des  Sirènes,  et  passèrent  devant  ces 
déesses  de  la  mer  sans  les  écouter. 
9°  Quand  Médée  eut  mis  en  pièces 
Absyrte,  son  frère,  il  offrit  aux 
dieux  irrités  de  ce  meurtre  un  sa- 
crifice d'expiation.  En  Egypte  sans 
doute  Orphée  eût  pu  se  trouver  mêlé 
à  autant  d'aventures  que  dans  le 
voyage  des  Grecs  en  Colchidej  mais 
TArgonautographie  était  une  des 
épopées  favorites  de  la  Grèce,  et 
les  poètes  l'ont  brodée  a  qui  mieux 
mieux*  il  n'en  fut  pas  de  même  des 
péleiinages  en  Egypte.  Aussi  les  lé- 
gendes accollées  à  son  nom  se  bor- 
nent-elles k  le  faire  voir  perdant  sa 
jeune  épouse  Eurydice  par  la  veni- 
meuse piqûre  d'un  serpent  qui  la  mord 
d  .Ls  une  prairie,  puis  se  faisant  ini- 
tier aux  mystères  de  la  religion  égyp- 
tienne. L'abbé  Terrasson  [Scihos)  et 
d'autres  ont  développé  très-longue- 
ment ces  prétendus  événements  de  la 
vie  d'Orphée.  De  retour  en  Thrace, 
Orphée ,  k  l'exemple  de  tant  d'autres 
législateurs,  s'enferme  dans  une  grot- 
te. Enfin  il  en  sort;  k  sa  voix  il  ras- 
semble auprès  de  lui  et  les  pâtres  in- 
cultes de  la  montagneuse  Thrace  et 
les  bêtes  sauvages  que  l'homme  n'a 
pas  encore  chassées  de  ces  âpres  dé- 
serts, et  les  arbres  gigantesques,  po- 
pulation immobile  de  ces  vastes  soli- 
tudes. La  nature  inorganique  même 
reçoit  avec  respect  les  révélations  du 
chantre  sacré ,  et  tantôt  les  monts 
inclinent  leurs  sommets  pour  l'enten- 
dre, tantôt  les  rocs  amollis  bondissent 
ou  semblent  bondir  avec  les  arbres 
dont  les  feuilles  gémissent  en  cadence, 

i5 


aaS 


ORP 


et  que  le  venl  du  nord  agile  en  me- 
sure. Dcuxlégendes  célèbres  trouvent 
f)lacc  encore  dans  celte  vie  rairacu- 
euse.  L'une,  c'est  la  résurrection  ou 
la  quasi-résurrection  de  Tépouse  ; 
l'autre,  c'est  la  mort  de  l'époux. 
L'une  et  l'autre  onlété  immortalisées 
parle  magnifique  épisode  du  quatriè- 
me livre  des  Georgiques.  Inconsolable 
de  la  perle  delà  nymphe  qu'il  adore, 
Orphée  essaie  de  pénétrer  auprès  du 
sombre  roi  des  enfers.  Les  modula- 
tions ravissantes  du  luth  aux  cordes 
d'or  et  de  la  voix  qu'il  y  marie  a- 
planissent  la  roule  des  enfers.  Les 
noires  portes  roulent  d'elles-mêmes 
sur  leurs  gonds.  Le  sinistre  portier 
oublie  sa  consigne  :  le  farouche  Cer- 
bère incline  l'oreille  pour  aspirer  au 
passage  ces  sons  délicieux.  Tisiphone 
craint  de  les  entendre  cesser  :  le 
fouet  tombe  de  ses  mains  5  les  ser- 
pents n'agitent  plus  leurs  anneaux 
sonores.  La  roue  d'Ixion  s'arrête. 
Tantale  effleure  l'eau  de  ses  lèvres. 
Les  damnés  respirent  ,  l'élernelle 
torture  est  suspendue.  Un  nouveau 
triomphe  attend  encore  Orphée.  Ar- 
rivé au  trône  des  sombres  époux 
dont  la  majesté  impose  à  l'enfer,  ses 
supplications  harmonieuses  amollis- 
sent ces  cœurs  de  bronze,  Pro- 
serpine  s'intéresse  à  l'époux  qui  n'a 
pas  oublié  son  épouse,  et  Pluton 
fléchi  par  elle  décrète  le  retour  d'Eu- 
rydice, k  une  condition  pourtant  : 
Orphée  ne  regardera  pas  celle  qu'on 
daigne  lui  rendre  avant  d'avoir  dé- 
passé le  fatal  guichet.  Et  soudain  un 
second  voyage  commence ,  voyage 
dont  le  point  de  départ  est  le  Styx , 
le  but  la  lumière,  voyage  nébuleux, 
fantastique  et  vague  à  travers  la  bru- 
meuse épaisseur  d'un  espace  dont  rien 
ne  peuple  le  vide  immense.  Cette  fois 
la  lyre  ne  retentit  plus,  un  silence 
profond  enveloppe  la  route  mystique. 


ORP 

Tout  est  muet,  jusqu'aux  êtres  aux- 
quels la  nature  prodigua  les  dons  les 
plus  brillants  de  la  voix.  Alors  le  rhap- 
sode sacré ,  privé  de  l'usage  de  la 
langue,  ne  peut  s'empêcher  d'user  de 
la  vue  :  il  jette  les  yeux  en  arrière  sur 
sa  compagne,  il  la  voit,  mais  pâle  et 
vain  fantôme  qui  de  plus  en  plus 
s'efface,  et  se  replonge  dans  l'opa- 
cité des  ténèbres.  Eu  vain  alors  il 
essaie  de  forcer  de  nouveau  par  ses 
chants  l'entrée  derÉrèbe:  l'exception 
ne  peut  passer  en  règle  :  Cerbère 
lui  barre  le  passage,  et  il  remonte 
seul  avec  ses  douleurs  sur  ce  "lobe 
sans  charmes  pour  lui  depuis  qu'il 
a  perdu  l'espérance  d'y  ramener  celle 
qui  l'embellissait.  La  résurreclion 
n'a  donc  duré  qu'une  heure,  qu'un 
moment.  C'est,  comme  dit  Pindare, 
un  rêve  ,  une  ombre  ,  le  rêve  d'une 
ombre.  Selon  Platon,  Orphée  perdit 
Eurydice  en  punition  de  ce  que  dans 
sa  maladie  il  ne  s'était  pas  offert  k 
mourir  pour  elle.  Arrive  ensuite  le 
mythe  relatif  k  la  mort  du  barde. 
Dans  quelques  traditions  il  meurt  de 
regret  d'avoir  perdu  Eurydice.  Dans 
quelques  autres ,  ce  sont  les  dieux 
qui  le  foudroient,  parce  qu'en  ins- 
tituant les  mystères,  il  a  donné  aux 
hommes  des  connaissances  interdi- 
tes k  leur  espèce.  Enfin  la  le'- 
gendela  plus  en  vogue  le  fait  mourir 
déchiré  en  lambeaux  par  les  femmes 
de  Thrace.  Du  reste,  ou  varie  sur  les 
causes  de  cet  homicide  délire.  Ici  ce 
sont  des  Ménades  échevelées  qui  ven- 
gent le  dieu  leur  maître  par  la  mort 
d'un  impie  qui  a  méprisé  son  culte. 
Là,  c'est  une  épouvantable  nympho- 
manie qui  souffle  la  rage  et  la  soif 
du  sang  dans  l'àrae  des  lascives  ha- 
bitantes de  l'Hémus.  «  Orphée  nous 
méprise  invoilk  leur  cri  de  ralliement. 
En  effet,  Orphée,  selon  les  uns,  re- 
fuse de  leur  dévoiler  les  mystères  j 


4 


ORP 

suivant  les  autres,  ne  veut  penser  qu'à 
Eurydice  ,  ou  bien  préfère  le  calme 
de  la  sagesse  aux  douceurs  de  l'amour  j 
car  nous  ne  parlons  pas  de  l'interpré- 
talion infâme  d'Ovide  qui  entoure  Or- 
phée de  Ganymèdes  ou  d'Alcibiades. 
Dans  les  siècles  postérieurs  on  ratta- 
cha la  mort  violente  du  barde  des 
Thraces  au  dépit  de  Venus.  Calliope, 
dit-on,  à  la  mort  d'Adonis  avait  été 
choisie  pour  arbitre  entre  Proserpine 
et  la  blonde  déesse  des  Cypriotes,  qui 
toutes  deux  se  dispulaientla  possession 
du  fils  de  Cinyre.  Calliope  n'adjugea 
en  totalité  le  jeune  homme  ni  à  l'une 
ni  à  l'autre,  et  décréta  qu'il  passerait 
six  mois  au  ciel  avec  Yénus ,  six  mois 
aux  enfers  avec  sa  rivafe.  Vénus  mé- 
contente inspira  un  amour  effréné  aux 
femmes  thraces  pour  le  chantre  des 
mystères,  et  ces  amantes  trop  nom- 
breuses le  déchirèrent  en  se  l'arra- 
chant. Calliope,  on  le  sait,  était  sa 
juère.  On  ne  spécifie  pas  toujours 
avec  rigueur  par  quelle  voie  fut  versé 
le  sang  du  lyriste  infortuné.  Ce  sont, 
tantôt  desglaives,  harpésoucouteaux, 
tantôt  des  thyrses,  tantôt  des  pierres. 
Le  lieu  de  la  scène  est  tour  à  tour 
l'Olympe,  le  Pangée,  l'Hémus,  le  pays 
des  Cicones,  et  probablement  aussi 
la  plage  de  l'Ebre.  Ses  membres,  dit- 
on,  furent  dispersés  par  celles  qui 
l'avaient  privé  de  la  vie,  mais  sa  tête 
fut  jetée  dans  l'Ebre  avec  sa  lyre. 
On  connaît  les  beaux  vers  que  cet 
égorgement  du  barde  a  inspirés  k 
Lefranc  de  Pompignau. 

Quand  le  premier  chanlre  du  inuiide 
Expira  sur  les  bords  glacés 
Où  r  libre  effrayé  dans  son  onde 
Reçut  SCS  membres  dispersés , 
1^  Thrace  errant  sur  les  montagnciS 
Kemplit  les  bois  et  les  campagnes 
Du  cri  perçant  de  ses  douleurs; 
Les  champs  de  l'air  en  retentirent , 
Et  dani  les  antres  qui  gémirent 
Le  lion  répandit  des  pleurs . 

La  lyre  etlatête  d'Orphée  arrivèrent, 
8elou  la  tradition  ordinaire,  à  Lesbos 


ORP 


aay 


où  elle  furent  rejete'es  par  les  flots  sur 
le  rivage.  La  tête  y  fut  ensevelie,  et  la 
lyre  placée  dans  un  temple  y  était  en- 
core montrée  du  temps  de  Lucien 
(comp.  ici  NÉanthe).  JEraloslhène, 
au  contraire,  la  transporle  au  ciel  oti 
elle  forme  la  constellation  de  la  Lyre. 
Lesbos  n'était  pas  seule  à  se  glorifier 
des  reliques  d'Orphée^  Dium  aussi  se 
vantait  de  les  avoir.  Originairement 
Libèthre  les  possédait  j  mais  un  jour , 
sur  le  midi^  un  berger  s'endormit  sur 
l'urne  où  elles  étaient  contenues,  et 
pendant  son  sommeil  se  mit  à  faire 
entendre  des  chants  merveilleux. 
Bientôt  la  foule  afflue  autour  du  dor- 
meur miraculeux,  et  en  se  pressaut 
autour  de  lui  renverse  la  colonne 
qui  sert  de  piédestal  a  l'urne.  L'urne 
s'ouvre  ,  et  le  soleil  darde  ses  rayons 
sur  les  os  d'Orphée.  Soudain  le  Hys 
inonde  la  ville,  enlève  habitants,  mai- 
sons, colonne  et  urne;  les  os  sacrés 
arrivent  à  Dium.  Piérie  ,  au  pied  de 
l'Olympe,  n'avait  pas  moins  de  pré- 
tentions a  la  possession  des  restes 
d'Orphée.  Peu  de  temps  après  sa 
mort  une  épide'mie  meurtrière  rava- 
gea le  pays  ,  et  l'oracle  annonça 
qu'elle  ne  cesserait  que  quand  on  au- 
rait rendu  les  derniers  devoirs  à  la 
tête  d'Orphée.  Mais  où  la  trouver? 
à  force  de  chercher,  on  la  découvrit 
encore  fraîche  et  chantante  dans  le 
fleuve  Mélès  {nielos,  mélodie?).  Uu 
tombeau  s'éleva  sur  les  rives  du  fleu 
ve ,  et  autour  du  tombeau  un  tem  ■ 
pie.  Dans  quelques  récits,  ce  sont  le» 
Muses  qui  recueillent  sa  membres 
épars ,  et  qui  les  ensevelissent.  On 
ajoute  que  les  femmes  dont  les  mains 
s'étaient  ensanglantées  par  le  meurtre 
d'Orphée  furent  métamorphosées  en 
arbres  par  Jupiter.  '-—Tels  sont  les 
traits  mythologiques  de  la  vie  d'Or- 
phée; quant  aux  inductions  histori- 
ques qu'on  en  peut  tirer,  et  aux  ou^ 

i5. 


«»8 


ORP 


vrages  qu'on  lui  attribue,  nous  ren- 
vayons  h  l'article  Orphée,  Biogr. 
unii'.,  XXXII,  i66.  Nous  ne  pou- 
vons cependant  ui>ns  dispenser  de 
parler  ici  des  écoles  orphiques.  Il 
faut  en  distinguer  au  moins  deux  , 
l'une  que  nous  appellerons  apoUi- 
naire,  l'aulre  que  nous  nommerons 
dionysiaque. On  peut  y  en  joindre  une 
troisième,  Técole  orphicpie  cbtho- 
niennej  mais  cette  dernière  se  lie 
de  près  a  la  seconde.  Les  trois  écoles 
«e  reflètent  par  trois  mythes.  Orphée 
refusant  de  s'unir  aux  Ménades  et 
déchiré  par  files;  Orphée  refusant 
d'entrer  dans  le  temple  d'Apollon 
k  Delphes,  vu,  dit-il,  qu'il  vaut 
Apollon;  Orphée,  enfin  descendant 
aux  enfers,  jetant  un  œil  curieux 
sur  les  sciences  interdites  aux  re- 
gards des  hommes,  et  en  quelque 
sorte  évoquant  la  puissance  pluto- 
iiienne  sur  la  terre.  Les  trois  écoles 
étaient  venues  de  l'Inde.  Par  quelle 
route  et  a  quelle  époque?  Il  est  un 
peu  plus  diificilc  de  le  déterminer. 
Selon  Creuzcr,  le  culte  orphique 
apollinique dérive  du  Caucase,  et  c'est 
des  trois  le  plus  ancien.  C'est  du 
vichnouvisme  tout  pur.  Le  représen- 
tant du  culte  y  est  l'antagoniste  de 
Bacchns,  qui  n'est  autre  que  Siva. 
Le  culte  dionvslaque,  au  contraire, 
n'arrive  qu'ensuite.  On  demandera 
comment  il  se  fait  que  le  sivaïsme.  plus 
grossier,  ait  pu  prendre  la  place  du 
culte  pur  et  philanthropique  de  Yich- 
nou.  C'est,  il  faut  y  bien  songer,  que 
laTbrace,  civilisée  pendant  un  temps, 
fut  presque  aussitôt  ressaisie  par  la 
barbarie.  Ce  n'est  pas  l'unique  exem- 
ile  de  réactions  qu'offrent  les  auna- 
es  du  monde  J  et ,  k  vrai  dire,  ce  si- 
vaïsme ne  fut  sans  doute  qu'une  ré- 
novation d'un  sivaïsme  primitif  in- 
distinct, et  jusque-la  sans  hautes  for- 
mules. Alors  6ç  dessinent  nettement 


r; 


ORP 

les  trois  époques  :  i"  barbarie,  fï? 
ticliisme,  lerre-Erèbe;  2°  élabora- 
tion d'un  culte  grossier  ,  civilisation, 
hommage  a  la  pure  lumière,  horreur 
des  misères  et  des  crimes  de  l'âge  qui 
précéda;  5°  défaite  du  culte  pur  qui 
a  jeté  la  Tlirace  dans  les  voies  de  la 
civilisation,  et  triomphe  de  l'élément 
incivilisé  arborant  des  formes  plus 
vives  et  plus  scientifiques.  Ces  trois 
époques  ne  reflèleut-elles  pas  à  mer- 
veille la  vie  d'Orphée,  son  voyage 
aux  sombres  lieux  ,  sa  frêle  et  cadu- 
que espérance  de  ramener  celle  qu'il 
adore  h  la  lumière  ,  et  la  brusque  pé- 
ripétie qui  replonge  la  morte  semi- 
vivante  dans  la  foule  des  ombres?  Et 
d'autre  part,  songez  aux  légendes  qui 
suivent  celle  de  la  démence  ignorante 
et  de  la  mort.  La  tête  et  la  lyre  du 
barde  chéri  d'Apollon  roulent  vers 
les  mers  et  les  îles  et  les  promontoi- 
res du  sud.  Nous  les  voyons  k  Libé- 
thre  et  k  Diura  dans  la  Thessalie,  k 
Lesbos  dans  l'Egée  et  k  Piérie. 
Ainsi  la  civilisation  chassée  de  la 
Thrace  abandonne  l'ingrate  contrée, 
mais  trouve  un  asile  sur  le  conti- 
nent que  couronne  l'Hélicon,  et  que 
baigne  le  Pinde,  sur  la  mer  des  Cy- 
clades  qui  louchent  Athènes  d'un  côté 
et  de  l'antre  l'Ionie.  En  effet,  la 
doctrine  orphique  est  la  mère  de  toute 
la  théologie  grecque.  Elle  influe  mê- 
me sur  la  philosophie  ionienne  d'He- 
raclite et,  par  suite,  sur  celle  de  Py- 
thagore  ;  elle  forme  la  transition  des 
doctrines  grecques;  on  arrive  par 
elle  aux  doctrines  orientales.  D'un 
bout  k  l'autre  elle  présente  le  sys- 
tème d'émanation.  Il  est  vrai  que 
ni  l'ordre  des  personnifications ,  ni 
les  noms  surtout  ne  sont  les  mêmes. 
Mais  la  cause  de  ces  variantes  n'est 
pas  un  mystère  pour  nous.  Nous  sa- 
vons que  tour  à  tour  prédominent  dans 
ces  CQfinogooiçs  U  princi{>e  passif  et 


ORP 

le  principe  actif,  et  tour  à  tout'  aussi 
la  puissance  conservatrice,  la  puis- 
sance modificatrice  remarquable  sur- 
tout en  tant  que  destructrice.  On 
compte  jusqu'à  cinq  cosmogonies  or- 
phiques. Dans  la  première  se  pré- 
sentent d'abord  Zévs,  Chthonie  et 
Cronej  dans  le  sens  transcendantal , 
Ether,  Chaos  et  Temps,  ou  plutôt 
Eternité  (  Zervane-Akérène  :  il  est 
étonnant  qu'on  ne  l'aitpas  subordonné 
aux  deux  autres).  Ensuite  paraissent 
les  éléments,  l'eau,  le  feu,  la  terre  et 
l'air. Phérécyde  qui  nous  a  laissé  cette 
cosmogonie  mentionne  aussi  un  Ophio- 
née  (serpent-dieu)  que  naturellement 
on  s'attendrait  à  trouver  avec  les 
trait»  de  l'Etre  suprême  ,  et  qui  au 
contraire  s'oppose  à  Crone,  et  em- 
pêche l'organisation  du  monde.  La 
seconde  cosmogonie  orphique  ana- 
lysée par  Clemens  Romanus  place  à 
la  tête  des  êtres  le  Chaos  éternel ,  in- 
fini, incréé,  principe  de  toutes  choses. 
Ge  grand  tout  n'est  ni  chaud,  ni  froid, 
ni  sec,  ni  humide,  ni  lumineux,  ni 
sombre.  Après  des  âges  innombra- 
bles il  prend  la  forme  d'œuf  j  puis 
l'œuf  se  change  en  un  androgynej 
plus  tard  l'androgyne  sépare  les  élé- 
ments ,  assigne  une  place  au  ciel , 
une  place  a  la  terre,  et  déroule  la 
chaîne  des  êtres.  Ce  Chaos  passa  des 
écoles  orphiques  dans  la  tnéogonie 
d'Hésiode,  et  fut  pris  par  les  uns 
dans  le  sens  d'onde  primordiale,  par 
ies  autres  dans  celui  d'air.  Les  uns 
et  les  autres  avaient  tort.  Quant  à  la 
séparation  du  ciel  et  de  la  terre ,  no- 
tons en  passant  que  c'est  l'androgyne, 
le  Fta,  le  Khouçor,  le  deuxième  Dé- 
miurge se  scindant  lui-même  d'un 
coup  de  harpe  en  deux  parties  qui 
sont  tour  a  tour  et  en  même  temps 
deux  sexes,  deux  mondes,  deux  prin- 
cipes. Dans  la  troisième  cosmogonie, 
rÉther  redevient  le  principe  suprê- 


ORP 


ak9 


mcj  à  ses  côtés  la  Nuit  couvre  tout 
de  ses  ailes ,  puis  la  haute  lumière 
(jEglé?  )  perce  et  illumine  l'Éther. 
Cette  haute  lumière  se  compose  de 
trois  rayons,  Métis  (la  pensée),  Phôs 
(la  lumière  vulgaire),  Zoé  (la  vie). 
Dans  la  quatrième,  la  nuit  se  montre 
a  la  tête  de  la  création.  Il  paraît  que 
les  orphiques  l'appelaient  aussi  Ma'ia: 
arrivent  ensuite  le  Ciel  et  la  Terre. 
Il  est  vrai  que  l'on  ignore  de  quelle 
manièrR ,  a  quel  rang ,  sous  quel  or- 
dre ils  s'échelonnent  dans  la  nuit. 
La  cinquième  cosmogonie  est  de  toutes 
la  plus  remarquable  :  i"  l'eau,  k 
titre  de  principe  suprême  ,  commence 
ou  plutôt  précède  la  série  des  déve- 
loppementsj  2<>  la  vase  se  dépose, 
s'agglomère  j  5"  He'raklès,  autrement 
Chronos,  en  naît  (  il  a  le  corps  d'un 
serpent,  la  tête  d'un  lion,  le  visage 
d'un  dieu)j  4°  Chronos  produit  un 
œuf  énorme,  tout  plein  de  la  force 
de  celui  qui  l'a  enfanté;  5°  l'œuf 
heurté  se  brise ,  s'ouvre  et  forme  le 
Ciel ,  moitié  supérieure  qui  est  on 
dieu,  la  Terre,  moitié  inférieure  qui 
est  une  déesse;  6"  la  Terre  et  le 
Ciel  s'unissent,  et  donnent  naissance 
à  trois  Triades,  les  Parques,  les  Cy- 
clopes,  les  Centimanes;  7°  des  gé- 
néalogies omises  ici  laissent  apparaî- 
tre les  Titans,  le  Tartare,  Zévs,  Rhéa 
ou  Dàmàtàr;  8»  après  diverses  aven- 
tures, Zévs  poursuit  Rhéa-Dâmàlàr, 
qui  se  métamorphose  en  serpent  pour 
le  fuir,  il  emprunte  la  même  forme , 
l'atteint,  l'enlace  des  nœuds  qui  ont 
depuis  formé  le  caducée,  la  possède 
et  la  rend  mère  de  Perséphone ,  qui 
a  quatre  yeux,  dont  deux  sur  le 
front,  la  figure  ou  la  tête  d'un  mam- 
mifère sur  les  épaules,  et  des  cor- 
nes; 9°  tandis  que  Rhéa-Dàmàtâr 
s'enfuit  a  l'aspect  de  celte  fille  hi- 
deuse et  refuse  de  l'allaiter  (d'oii  le 
nom  d'Athàlà  pour  Perséphone  ) , 


ft3o 


ORP 


ORS 


Zévs  recherche  Perséphone,  s'unit  à 
elle  ,  et  en  a  Dionyse  (Bacchus).  Il  y 
a  de  graves  différences  entre  cette 
cosmogonie  et  celle  d'Hésiode;  mais 
elles  ne  peuvent  être  analysées  ici. 
De  même  lorsque  Homère  ,  selon  les 
uns,  regarde  comme  les  plus  anciens 
des  dieux  Océan  et  Télnysj  suivant 
les  autres,  accorde  cette  priorité  k  la 
Nuit;  lorsque  les  Argonauliques  fout 
de  la  !Nuit  la  fille  de  l'Amour,  on 
n'est  plus  dans  la  théorie  rosmogo- 
nique  d'Orphée.  Toutefois  uolons  les 
principes  suivants,  qui  soûl  communs 
a  toutes  les  cosmogonies,  ou  qui  du 
moins  en  sont  la  clef,  i*  A  la  tète 
des  cosmogonies  se  reproduisent  sans 
cesse  quelques  -  uns  de  ces  noms  : 
Nuit,  Chaos,  Élher,  Eau  ou  Océan. 
Voici  pourquoi.  C'est  que,  la  créa- 
tion semblant  obscure,  ou  la  rédui- 
sait h  une  simple  transformation  de 
la  matière  inorganisée  en  matière 
inorganique.  Or,  c'est  justement  ce 
qu'était  le  Chaos  :  Nuit,  Ténèbres, 
Mer,  Brouillards,  enfin  Eau,  sem- 
blaient ne  pas  en  différer.  Pour  VE~ 
ther,  c'était  en  un  sens  un  feu  subtil 
comprenant  la  chaleur,  l'éleclricilé  et 
la  lumière;  c'était  sous  un  autre  point 
de  vue  l'esprit  créateur  ou  formateur 
qui,  en  opérant  sur  la  matière,  l'or- 
ganise et  la  vivifie.  En  général,  l'or- 
ganisme même  se  présente  comme 
progressif.  Le  Styx,  le  fleuve  de  gla- 
ce, est  la  plus  ancienne  des  Océani- 
d«s  :  cela  veut  dire  que  l'eau  h  l'état 
solide  précède  l'eau  à  l'étal  liquide, 
a»  L'œuf  dont  il  a  été  question  pour 
ainsi  dire  ii  chaque  cosmogonie  ,  se 
nomme  œuf  cosmique  ,  ou  œuf  du 
monde.  La  vogue  extrême  du  my- 
the de  l'œuf  cosmique  estdue  au  désir 
qu'on  avait  d'établir  une  espèce  de 
transition  entre  l'inorganisme  com- 
plet et  l'organisme;  a  la  multiplicité 
ats  espèces  ovipares  {c'cst-a-dirc  qui 


mettent  au  monde  des  œufs);  enfî 
à  la  forme  sphéroïdale  de  l'œuf  qui 
rappelle  la  forme  sphérique  que  l'on 

Srètait  au  monde,  et  les  portions 
e  spirale  que  les  astres  semblent 
décrire  dans  le  ciel.  L'œuf  du 
monde  était  représenté  flanqué  de 
deux  ailes  et  de  deux  serpents.  On 
symbolisait  ainsi  les  reptiles  et  les  oi. 
seaux,  la  vase  humide  et  la  lumière, 
la  terre  et  le  ciel.  Ou  indiquait  aussi 
par  l'association  de  ces  deux  emblè- 
mes contraires,  que  l'œuf  contenait 
l'univers.  5°  A  l'étal  inorganique,  la 
matière  est  comme  confuse,  indis- 
tincte. Organisée,  elle  offre  un  spec- 
tacle contraire  :  de  là  ce  qu'on  dit 
de  la  séparation  des  éléments ,  de 
celle  du  ciel  et  de  la  terre,  de  celle 
du  ciel  et  des  eaux,  elc.  L'œuf  du 
monde  coupé  eu  deux  se  divise  en 
deux  hémisphères,  la  terre,  le  ciel. 
Avrai  dire,  les  deux  hémisphères  au- 
raient dû  être  le  ciel;  et  le  phn  qui 
les  divise,  la  terre;  mais  les  anciens 
tenaient  peu  k  cette  rigoureuse  exac- 
titude. 

ORPHNÉ, 'Of(p»iî,  les  ténèbres, 
est  dans  Ovide  la  mère  d'Achéron  et 
l'amante  d'Ascalaphe, 

ORSEIS  ,  nymphe  qu'Hellen  ren- 
dit mère  de  Dorus,  Eole  et  Xuthus. 

OUSES,  chef  troyen  terrassé  par 
Rapon  {Enéide,  liv.  X). 

ORSILOQUE  ,  Orsilocuus  , 
'OpTi^o^os  :  1°  fils  d'Alphée  et  de 
Télégonc,  père  de  Dioclès  et  roi  d'E- 
lide;  2"  petit-fils  du  précédent  et 
frère  de  Crélhon  (Ënée  le  tua  au  siège 
de  Troie)  ;  3°  un  des  fils  d'Idoménée 
tué  k  Troie  par  Ulysse  dans  une  em- 
buscade; 4°chef  troyen  tué  par  Teu- 
cer.  —  Le  troisième  de  ces  personna- 
ges n'est  connu  que  par  un  de  ces  ré- 
cils mensongers  qu'Ulysse  fait  selon 
l'occurrence  etleslieux  où  il  se  trouve. 
»«  On  donnait  aussi  le  nom  d'Orsilo- 


1 

ifin ,     W 


I 


ORT 

que  ,  '0^<r<Aej5«  (d'i'^ 41  et  ?\.ô^os  )  ,  a 
la  Diane  laurique. 

ORSmOME,  Orsinome,  'O/kt;- 
vo^jj,  fille  d'Eurynome,  femme  de 
Lapithe,  mère  de  Périphas  et  de 
Phorbas. 

ORTHANE ,  Orthanes  ,  Priape 
ou  dieu  priapique  d'Athènes. 

ORTHE,  ORTHUs,''o^^(j<r  :  1°  Bac- 
clius  dans  le  temple  des  Heures ,  à 
Athènes.  Les  mythologues  assurent 
qu'Amphicliou  avait  appris  de  lui  le 
premier  à  mettre  de  l'eau  dans  son 
vin ,  et  par  conséquent  a  marcher  droit 
ÇOpêof)j  2"  chien,  fils  de  Typhon, 
frère  de  Cerbère  et  de  l'hydre  de 
Lerne,  gardien  des  troupeaux  de  Gé- 
ryon,  et  victime  d'Hercule,  qui  le  tua 
en  même  temps  que  son  maître  j  il 
n'avait  que  deux  têtes. 

ORTHÉE  :  1°  Ortheus,  'Ofôils, 
clief  troyen  du  temps  de  la  guerre 
des  Grecs  contre  Troie  5  2°0rthea, 
'Opê'i» ,   Hyacinthide. 

ORTHÉSIE ,  -OpS^rU  :  1°  Heure  ; 
z°  Diane  en  tant  que  secourable,  soit 

fiour  les  accouchées  ,   soit  pour  tou$ 
es  hommes  (Rac.  ipêt7*j  rectifier,  et 
par  suite  mener  à  bien). 

ORTHIA  ,    'Opê/cc  (  c'est-à-dire 
droite,  debout),  l'Arlémis,  ou  mieux 
l'Opis  lacédéraonienne  ,  au  pied  de 
laquelle   les  enfants  subissaient  an- 
nuellement la  Diamastigôse  [f^oy. 
Opisj  comp.  Pausanias,  liv.  HI,  ch. 
1 6).  On  explique  ce  surnom  d'Orthià 
par  les  brins  de  sarment  dont  elle 
était  liée  ,  et  qui  l'empêchaient   de 
pencher  en  quelque  sens  que  ce  fût. 
Ou  interprète  aussi  ce  nom  par  sé- 
vère, parce  que  la  statue  semblait 
goûter  du  sang  humain.  L'étymologie 
véritable  du  nom  d'Orthià  doit  être 
la    même   que    celle    d'Orthos.  La 
déesse  infernale,  le  chien  infernal,  se 
rapprochent  par  l'idée  comme  par  le 
nom. 


OSI 


a3i 


ORTYGIOS  :  I**  un  des  fils  de 
Clinis  et  de  Harpa  (il  fut  changé  en 
Égilhalle)  ;  2°  chef  latin  du  parti  de 
Turnus,  tué  par  Cénée.  —  Diane  et 
d'autres  dieux  s'appellent  Ortygia, 
Ortygios.  Ortyxxeal  dire  caille;  cet 
oiseau  était  l'emblème  du  feu  vital , 
et  il  revient  plus  d'une  fois  dans  les 
mythes  (/^.  Diane,  Hercule,  etc.). 
Une  des  déesses  accoucheuses  les  plus 
célèbres  de  l'antiquité  ne  pouvait  man- 
quer d'en  prendre  le  nom.  Diane  n'est 
point  seulement  Ortygia  ,  elle  est 
Ortyx.  Les  îles  ou  villes  berceau  do 
sa  jeunesse  et  théâtre  de  sa  nais- 
sance ne  pouvaient  nianquer  d'avoir 
le  même  nom  :  de  la  Ephèse,  Délos, 
et  une  île  de  Syracuse  nommée  Or- 
tygie. 

ORUS  ou  OROS.  F.  Haboeri. 
OSIRIS(enlat.  OsiRis,gén.-iDOSj 
en  grec'Os-tpif  an'^Ontpa,  gén.-iytt 
ovi-taç'y  en  ancien  égyptien  OusRi , 
OusiRi,  OusiRÉi,  selon  les  légendes 
phonético-hiéroglyphiques  déchiffrées 
par  ChampoUion  jeune,  Syst.  Jiié- 
rogl.fY-  1 02  ;  quelquefois,  du  moins 
à  ce  que  nous  certifient  les  anciens, 
Hellanicus ,    etc.  :  dans   Plutarque , 
Traité  d'Jsis  et  d'Osiris,  ch.  34, 
37,  Bzj  Diod.  de  Sic,  liv.  I,  c.  11, 
Hysiris,  SiRius  et  Arsai'h)  ,  divinité 
égyptienne,  fut  sans  contredit  la  plus 
célèbre   de    toutes    chez  les  nations 
étrangères  a  l'Egypte,  a  cause  de  la 
physionomie  tout  humaine,  tout  his- 
torique   que  semblait  présenter    sa 
légende,  puis  aussi  a  cause  des  nom- 
breuses et  brillantes  interprétations 
auxquelles  se  prêtent  toutes  les  par- 
ties de  son  mythe.  Au  reste,  en  fixant 
ici  l'attention  sur  la  vogue   que  les 
fables  osiridiques  eurent  dans  la  pé- 
riode gréco -romaine,  nous  n'enten- 
dons  nullement    nier    qu'en   Egypte 
ïiiêmece  culte,  avec  les  tradltionsqui 
s'y  rapportent ,  ait  été  inconnu  a  la 


lU 


OSI 


OSI 


population.  Tout  prouve  au  con- 
traire qu'k  une  époque  quelconque, 
très- moderne  si  on  la  compare  k 
l'origine  de  l'empire  menipnilico- 
thébain,  toute  la  religion  exotérique 
de  rÉgypte  vint  se  concentrer  dans 
la  foi  à  Osiris  et  aux  dieux  ses  parè- 
dres.  Le  culte  seul  de  Scrapis  le  lui 
disputa  en  éclat  dans  la  docte  et  opu- 
lente Alexandrie.  Nous  venons  de  je- 
ter ici  le  mol  de  divinités  parèdres. 
Sans  L'Ire  absolument  exact ,  il  est 
juste  en  ce  sens  qu'autour  d'Osiris 
se  groupent,  se  meuvent  divers  per- 
sonnages divins  qui  comme  lui  ont 
■ne  physionomie  semi-historique  , 
quoique  bien  certainement  ils  n'aient 
pas  plus  existé  les  uns  que  les  autres. 
Ces  personnages  sont ,  d'une  part , 
Isis,  sa  sœur  et  sa  femme ,  avec  Ha- 
roéri  (vulgairement  Hôrus),  son  fils  j 
de  l'autre  Typhon  ,  son  hère  et  son 
ennemi  capital,  avec  INefté  (en  grec 
Nephthys,  Nijiptfwf),  son  épouse,  puis 
quelques  autres  dieux  de  moindre 
importance,  Poubasii  (Bubaslis), 
fille  d'Osiris  et  d'Isis,  Har-Pokrat  , 
espèce  de  fils  posthume  {voy.  plus 
bas)  dudieu  qui  nous  occupe,  Anëbo 
(Anubis),  son  fils  aussi,  mais  fils  illé- 
gitime ,  fruit  d'une  erreur  involon- 
taire et  d'une  jonction  illicite  avec 
Nefté ,  enfin  Thouéris,  concubine  de 
Typhon,  et  Aso ,  reine  d'Ethiopie, 
auxiliaire  de  cet  antagoniste  acharné 
d'Osiris.  De  ces  neuf  personnages  di- 
vins, les  quatre  premiers  sont  les  plus 
importants,  et  avec  Osiris,  leur  chef, 
ils  forment  une  pentade  ou  quinquem- 
déat  sacré  que  transforme  à  notre 
gré  en  bebdoraade  ou  en  ogdoade 
l'adjonction  d'Har-Pokrat  et  d'Auébo, 
puis  celle  de  Poubasii.  Généralement 
ces  cinq  ,  sept  ou  huit  dieux  ,  sont 
mis  h  part  dans  une  catégorie  subor- 
donnée que  l'on  appelle  assez  gratui- 
tement troisième  classe ,  et  qui  est 


censée  dériver  de  la  deuxième,  comme 
la  deuxième  émane  de  la  première. 
Le  fait  est  qu'elle  émane  directement 
de  la  première,  et  qu'elle  est,  sinon 
supérieure,  du  moins  égale  k  la  deu- 
xième série  divine.  Du  reste  ,  voici 
de  quelle  manière  les  Egyptiens  ex- 
pliquèrent l'origine  de  cette  espèce 
d'addition  aux  catégories  hiérarchi- 
ques de  leur  pays  :  «Hermès,  jouant 
un  jour  aux  clés  avec  la  lune,  lui 
gagna  la  soixante-dixième  partie  de 
chaque  jour;  de  la  provenaient  cinq 
jours  nouveaux  (  plus  exactement , 
cinq  jours  et  très-près  d'un  quart), 
qu'il  ajouta  au  temps,  c'est-h-direaux 
56 0  jours  desquels  se  composait  l'an- 
née solaire  la  plus  ancienne.  »  Or,  à 
chaque  jour  était  affecté  un  dieu  j 
dans  ces  cinq  jours  intercalaires  ou 
plutôt  complémentaires  naquirent 
cinq  dieux  nouveaux  dont  la  réunion 
forma  la  troisième  dynastie  [f^oy. 
Plut.,  Isis  et  Osiris,  p.  458  de 
l'éd.  de  Wyttenb,;  et  comp.  Ja- 
blonski,  Prolégom. ,  p.  75,  etc., 
ainsi  que  Gœrres,  p.  Sc^S  delà  My- 
theng.  d.  as.  TV.).  D'après  les  lé- 
gendes populaires  complétées  les  unes 
par  les  autres,presque  toutes  relatées 
dansDiodore  de  Sicile,  liv.  I,  et  dans 
Plularque,  traité  cité  plus  haut,  Osi- 
ris aurait  été  en  Egypte  l'auteur  de 
toute  civilisation.  Souverain  de  la  ri- 
che vallée  du  Nil  après  Jupiter  ,  son 
père,  il  arrache  les  habitants,  en- 
core sauvages,  et  même  anthropo- 
phages ,  aux  incertitudes  de  la  vie 
nomade,  les  fait  renoncer  k  leurs  hor- 
ribles coutumes,  et  leur  enseigne  k 
préférer  l'usage  des  fruits.  Isis  ,  sa 
femme,  leur  fait  connaître  le  blé  et 
l'orge,  que  désormais  ils  multiplie- 
ront aux  dépens  des  autres  plantes  j 
lui-même  il  cultive  la  vigne,  et  soumet 
le  premier  lesgrappes  mûres  au  pres- 
soir. Bientôt  on  travaille  l'argent  et 


nme    f| 


f 


l'or  dans  la  Thébaïde,  on  en  fait  des 
armes  pour  exterminer  les  animauK 
féroces  qui  disputent  le  sol  h  rhomme, 
et  des  instruments  qui  secondent  le 
travail  de  ragriculteur  ;  les  arts  sont 
inventés  :  Osiris  bàlit  la  ville  de  Thè- 
bes  ( Tpé) ,  connue  aussi  sous  le  nom 
de  Diospolis  (  ville  de  Jupiter);  élève 
en  riionueur  des  deux  divinités  aux- 
quelles il  doit  la  naissance  (Jupiter  et 
Junon)«n  temple  magnifique  ;  institue 
des  fêtes,  des  |)rêtres,  et  règle  tout 
le  cérémonial  du  culte.  Ainsi  l'espèce 
humaine  commence  à  s'habituer  aux 
idées  de  société,  d'ordre  ,  de  fixité  : 
à  la  butte  ambulante  du  nomade  suc- 
cède la  maison  de  l'agticulteurj  de 
nombreuses  bourgades  animent  la 
vallée  niliaque;  des  villes  lient  en- 
semble les  bourgades;  des  institutions 
civiles,  le  mariage,  achèvent  ce  qu'a 
commencé  la  religion.  Hermès,  ce 
scribe  sacré  des  dieux,  cet  inventeur 
des  arts  utiles  à  la  vie,  etplusencore 
des  beaux-arts,  figure  auprès  du  mo- 
narque législateur  ,  dont  il  possède 
toute  la  confiance.  L'Egypte  est  heu- 
f  euse.  Mais  ce  n'est  point  assez  pour 
Osiris,  il  veut  que  le  monde  tout  en- 
tier participe  aux  avantages  dont 
jouit  son  empire  :  il  confère  k  Isis  le 
gouvernement  de  ses  états,  et  lui 
donnepour  conseiller  le  sage  Hermès, 
pour  général  Hercule,  qui  d'ailleurs 
tenait  à  tous  deux  par  les  liens  de  la 
naissance  ;  Busiris  et  Antée président, 
«oos  les  ordres  ou  la  surveillance  de 
ces  fidèles  ministres  ,  l'un  à  l'appen- 
dice oriental ,  transition  de  l'Egïpte 
pure  k  l'Arabie,  l'autre  a  l'appendice 
occidental, communément  nommé  Li- 
bye ;  lui-même  il  part  pour  la  con- 
quête du  monde  k  la  tête  d'une  ar- 
mée nombreuse,  mais  dont  les  armes 
«eront  la  musique  et  la  poésie,  les  arts 
et  le  plaisir.  Dans  ce  cortège  riant  et 
raflé  figurent  Anbô  et  Macédo,,  ses 


OSI 


%I3 


deux  fils,  revêtus,  le  premier  d'une 

Seau  de  chien,  le  second  d'une  pean 
e  loup;  Pan  ,  dont  les  fonctions  et 
le  caractère  ne  sont  point  déterminés; 
Maron,  habile  vignicole,  elTriptolè- 
me,  agriculteur  non  moins  illustré; 
enfin  Apollon  et  neuf  musiciennes,  que 
les  Grecs  n'ont  point  manqué  d'appe- 
ler Muses.  Apollon,  disent  les  légen- 
daires ,  était  frère  d'Osiris.  L'armée 
égyptienne  qui  devait  conquérir  la 
terre  passa  d'abord  en  Ethiopie ,  où 
une  foule  de  Satyres  se  présenta  in- 
continent k  sa  rencontre.  Osiris  re- 
tint k  sa  suite  cette  population  dan- 
sante, qui,  avec  son  orchestre,  devait 
être  un  utile  auxiliaire.  Toute  l'E- 
thiopie se  soumit  k  ses  lois  ,  reçut 
de  lui  les  instruments  agricoles,  se 
remplit  de  villes  importantes,  et  con- 
sentit k  se  laisser,  en  son  absence, 
régir  par  les  lieutenants  qu'il  y 
plaça ,  et  k  leur  payer  des  tributs. 
Osiris  ne  quitta  l'Ethiopie  qu'après 
avoir  élevé  sur  l'un  et  l'autre  borddu 
haut  Nil  des  digues  puissantes  et  des 
écluses.  De  la  son  itinéraire  nous  con- 
duit au  travers  de  l'Arabie,  le  long  de 
la  mer  Rouge,  jusqu'aux  Indes  et  aux 
extrémités  de  la  terre.  Il  est  proba- 
ble toutefois  qu'au  mot  de  mer  Ronge 
il  faut  substituer  celui  de  mer  Ery- 
thrée ,  que  l'on  en  regardait  k  tort 
comme  synonyme  {Erythr... ,  d'où 
ipvêpxïeç,  signifie,  en  grec,  rouge), 
mais  qui  répond  k  toute  cette  partie 
delà  mer  des  Indes  qui  baigne  les 
côtes  méridionales  de  l'Arabie  et  dé 
la  Perse.  Les  Indes,  comme  l'Ethio- 
pie, lui  durent  plusieurs  importations 
utiles  :  il  y  planta  le  lierre  ;  il  apprit 
aux  habitants  kchasser  l'éléphant;  plu- 
sieurs cités  considérables  s'élevèrent 
k  sa  voix,  entre  autres  Nysa,  homo- 
nyme d'une  INysa  égyptienne ,  où 
quelques  récits  placent  sa  naissance , 
et  où  l'on  veut  que  la  première  vigne 


234 


OSI 


ait  été  plantée  par  ses  mains.  Des  co- 
lonnes (chargées  sans  doute  de  signes 
hiéroglyphiques  )  relracèrent  a  rœil 
des  Hinaous  les  leçons  qu'avait  don- 
nées sa  voix  ,   et  semblèrent  devoir 
perpétuer  et  ses  préceptes  et  le  sou- 
venir de  son  passage.  Déterminé  en- 
suite h  reprendre  la  route  de  sa  pa- 
trie, il  veut  revenir  par  un  autre  cne- 
inin  :  il  arrive  en  Thrace  et  tue  le  roi 
Lycurgue,    qui  veut  s'opposer  K  ses 
desseins  ,    établit  Maron  sur  la  côle 
jnéridiouale  ,  où  bientôt  s'élèvera  la 
vill(j  de  Maronée,  laisse  en  Macédoine 
son  filsMacédo,  qui  donne  son  nom  à 
la  contrée,  et  charge  Triptolèmc  d'al- 
ler apprendre  aux  nomades  d'Athènes 
l'art  d'ensemencer  leurs  champs  et  de 
cultiver  la  vigne.   Dans  les  régions 
dont  la  température  tuerait  la  vigne, 
il  apprend  aux  habitants  h  tirer  de 
l'orge  un  jus  apte  K  la  fermentation 
et  capable  de  causer  l'ivresse  (U  xpt- 
i^ç  ft'iév  :  Eschyle, iV/z/j/:».,  fin.).  Ce- 
pendant l'odieux  Typhon  avait  tenté 
de  s'emparer  du  pouvoir  à   la  faveur 
d'un  éloignement  qu'il  aurait  voulu 
rendre  éternel;  mais  Isis,  dirigée  par 
les  conseils  d'Hermès  cl  soulenuepar 
les  armes  d'Hercule,  déjoua  ses  intri- 
gues et  rail  en  déroute  ses  adhérents. 
Typhon,  battu  près  d'Antée,  feignit 
d'oublier  ses  projets  d'usurpation,  de 
se  réconcilier  avecisis.  Quelque  temps 
après,  Osiris  reparaît  triomphant  au 
milieu  de  ses  peuples,  qu'il  vient  com- 
bler de  bienfaits  nouveaux  ,  et  qu'il 
initie  a  raille  usages  ,  k  mille  travaux 
utiles  que  ses  vovases  l'ont   mis  k 
même   d  apercevoir    et   d  apprécier. 
Typhon  aussi  affecte  la  joie  et  convie 
Osiris  a  un  banquet  magnifique  au- 

3up1  assistent  72  conjurés  et  la  reine 
'Ethiopie, Aso.  Tandis  qu'on  se  livre 
au  plaisir,  les  esclaves  du  palais,  par 
Tordre  de  Typhon,  apportent  un  cof- 
fre artistement  configuré  et  ciselé. 


r: 


OSI 

tJhcri  d^admiralion  échappe  aux  con- 
vives. Typhon  promet  d'en  faire  don 
k  celui  qui  le  remplira  de  son  coïps  : 
tous,    les  uns  après  les  autres  ,    es- 
saient; tous  échouent.  Osiris  tente  la 
fortune  k  son  tour  et  se  place  dans  le 
coffre  :  sou  corps  ne  s'y  ajuste  que 
trop  naturellement  ;  le  traître  Ty- 
hon  avait  fait  prendre  secrètement 
mesure  du  monarque  ,  et  le  coffre 
avait  été  exécuté  d'après  ces  indica- 
lions.  A  peine  le  coi  ps  d'Osiris  a-t-il 
touché   la  boîte  fatale  que  tous  les 
complices  de  son  ennemi  se  jettent 
sur  lui,  referment  le  coffre  ,  scellent 
le  couvercle  avec  du  plomb,  et  aban- 
donnent le  corps  de  l'infortuné  prince 
aux  flots  du  Nil,  qui  le  portent  par 
la  bouche  Tanitinue  k  la  Méditerra- 
née. Osiris  était  alors  dans  la  28'  an- 
née de  son  âge ,  ou ,  comme  d'autres 
le  disent, de  son  règne;  maislesdcux 
données  peuvent  se  concilier  ,  puis- 
que probablement  sa  vie  et  son  règne    M 
commencèrent  en  même  temps  (  V.     VI 
plus   bas  ).   Les    prêtres    égyptiens 
croyaient  connaître   la  date  précise 
delà  mort  d'Osiris ,  et  la  fixaient  au 
19  d'Atliyr  (i3  novembre?).  Avant 
d'aller  plus  loin  ,    faisons  un  retour 
sur  la  généalogie  d'Osiris.  Suivant  les 
uns,  il  a  pour  ])ère  Crone  (Saturne) 
ou  bien  le  soleil,  pour  mère  Rhéa; 
selon  les  autres  ,  Jupiter  et  Junon  , 
auxquels  nous  l'avons   vu  élever  un 
temple,  lui  ont  donné  la  naissance. 
Au  reste.  Isis  est  sœur  jumelle  ainsi 
qu'épouse  d'Osiris ,  et  leur  mariage  a 
lieu  dans  le  sein  même  de  leur  mère. 
Isis  ne  vient  au  monde  qu'enceinte 
ou  déjà  mère  d'Haroéri  (  Voy.  ce 
nom).  Revenons  aux  aventures  d'O- 
siris. Nous  a^vons  épuisé  celles  de  sa 
vie  ;  mais  sa  mort  en  fait  naître  d'au- 
tres qui  lui   sont  en  grande  partie 
personnelles,  et  dans  lesquelles  il  joue 
un  rôle  élevé,  Isis  était  a  Chemmis 


\ 


OSI 

lors  de  Tassassinat  de  son  épOiix.  LëS 
cris  des  Pans  el  des  Satyres,  qui  a  la 
nouvelle  du  guet-apens  commis  par 
Typhon  parcourent  l'Egypte  en  la  fai- 
sant retentir  de  gémissements,  lui  ap- 
prennent quelle  perte  elle  vient   de 
faire.  Elle  se  détermine  aussitôt  a 
donner  la  sépulture  a  son  époux,  et 
a  tirer    vengeance   de    son   perfide 
beau-lrère.  Mais  où  trouver  le  corps 
d'Osiris  ?  Elle  suit  le  cours  du  fleuve 
jusqu'aux  lieux  où  il  se  bifurque,  el 
là  elle  s'arrête.  Des  enfants  lui  indi- 
quent enfin  le  bras  du  Nil  par  lequel 
le  coffre  fatal  a  été  porté  k  la  Médi- 
terranée. Mais  Isis,  arrivée  sur  la 
plage  maritime  ,   n'eu   est  pas  plus 
avancée*dans    ses  rcclierchesj  nulle 
trace  ne  lui  révèle  de  quel  côté  les 
flots  ont  emporté  la  dépouille  sacrée. 
Elle   prend   alors   pour   compagnon 
Anébô,  fruitdu  commerce  involontaire 
d'Osiris  avec  Nefté,  sa  belle-sœur; 
Anébô ,  le  dieu  cynocéphale,  et  qui , 
doué  de  la  sagacité  ainsi  que  des  for- 
mes du  chien  ,  saura  sans  doute  la 
mettre  sur  la  voie  de  ce  qu'elle  cher- 
che. Tous  deux  arrivent  ainsi  sur  la 
côte  phénicienne.  C'est  là  en  effet  que 
le  coffre  avait  abordé ,  auprès  de  Bi- 
blos,au  milieu  d'une  touffe  de  roseaux, 
et  au  pied  d'uu  végéial  (ipuKij,  dit  la 
légende ,  ce  que  d'ordinaire  on  tra- 
duit par  bruyère  j  mais,  selon  Sehre- 
ber,  sur  VJd.  V,  v.  64  de  Théocr., 
éd.  Harles,  ce  n'est  point  de  la  bruyère 
vulgaire,  mais  bien  d'une  espèce  ar- 
borescente, VErica  cinerea,  arbo- 
rta  ou  scoparia  de  Linnée  ,  qu'il 
s'agit  ici),  végétal  que  le  voisinage  de 
ces  restes  divins  porla  bientôt  a  des 
dimensions  extraordinaires.  Le  coffre 
se  trouvait  enveloppé  de    son  bois. 
Frappé  de  la  beauté  de  cet  arbre ,  le 
roi  de  Biblos  le  fit  couper  un  jour,  et 
la  tige  sacrée  était  devenue  une  des 
colonnes  de  sou  palais,  Isis,  instruite 


OSI 


235 


de  tous  ces  détails,  s'avance  jusqu'aux 
portes  de  Biblos  et  s'assied  ,   éplo- 
rée,  au  bord  d'une  fontaine  où  les 
femmes  de   la  reine    l'aperçoivent. 
Bientôt    elle    est   introduite    auprès 
de  cette  princesse,  qui  lui  donne  soa 
fils  a  allaiter  {Voy.  Isis).  Quelques 
jours  se  passent ,  el  l'humble  nour- 
rice ,    apparaissant    sous    la   forme 
d'une  puissante   déesse  ,  annonce  le 
sujet  de  son  voyage,   et  réclame  la 
colonne  qui  renferme  le  corps  de  son 
époux.  Le'  roi  de  Biblos  la  lui  aban- 
donne, et  Isis  en  relire  le  coffre  ho- 
micide ,   qu'eUe  rapporte  en  Egypte, 
daus  la  ville  de  Boulo  ,  où  Haroéri 
était  secrètement  élevé   par  ses  or- 
dres. La  elle  cache  le  cercueil  dans 
un  asile  écarté  ,  sans  doute  au  fond 
de  bois  sombres.  Mais  une  nuit,  Ty- 
phon, entraîné  iila  chasse  loin  de  son 
palais,  découvre  celte  tombe  ,  qui  fut 
exécutée  sous  ses  yeux,  la  rouvre,  et 
s'emparant  du  corps  de  son  frère,  il 
le  coupe  en  quatorze  parties  qu'il  dis- 
perse de  tous  côtés.  Isis  ne  tarde  pas 
à  s'apercevoir  de  ce  nouvel  attentat  : 
elle  se  désole  d'avoir  pour  la  seconde 
fois  perdu  son  époux,  et  s'embarque 
dans  un  esquif  de  papyrus.   Déjà  sa 
frêle  barque  a  parcouru  les  sept  bran- 
ches du  Nilj  déjà  des  quatorze  lam- 
beaux du  cadavre  d'Osiris  Ireize  ont 
été  retrouvés  5  mais  enfin  elle  apprend 
qu'il  faut  renoncer  au  dernier  ,  l'or- 
gane de  la  génération  :  des  lépidote» 
et  des  oxyrrhynques,  poissons  maudits 
depuis  cet  événement ,  se  sont  repus 
du  phalle  sacré.  Comment  concilier 
ce  détail  avec  un  autre  récit  quimontre 
l'infatigable  Isis  posant  l'organe  viril 
du  défunt  sur  un  crible,-*  Des  pein- 
tures égyptiennes  représentent  aussi 
le   dieu  d'abord   privé    des  organes 
sexuels,  puis,  dans  une  scène  évidem- 
ment postérieure,  pourvu  de  ces  mê- 
me» organes.  Sans  nous  engager  dans 


àis 


mi 


ces  discussions,  admet  Ions  la  version 
commune,  qui  proclame  irréparable 
la  perle  d'Isis.  Dans  celle  occurrence, 
la  déesse  remplace  le  membre  perdu 
par  un  simulacre  de  bois  de  syco- 
more, et  recompose  le  corps  sacré, 
qu'elle  ensevelit  et  consacre  à  l'extré- 
milé  méridionale  de  TEgyple,  h  Phi- 
les,  tandis  que  partout  où  s'est  re- 
trouvé un  des  débris  de  l'infortuné 
monarque  s'elèveut  des  tombeaux  et 
des  temples  subalternes  ,  comme  au- 
tant de  succursales  sacrées.  Peut-être 
aussi,  et  c'est  ce  que  disent  formelle- 
ment plusieurs  récits,  le  projet  de  la 
déesse  est-il  de  laisser  ennemis  et  amis 
dans  l'incertitude  sur  le  vrai  lieu  de 
|a  sépulture  d'Osirisj  peul-ètie  cn- 
!Rn  chacune  des  treize  villes  qui  se 
Vantent  de  posséder  le  corps  d'Osi- 
ris  ,  possède-t-clle  effectivement  un 
«des  treize  lambeaux  enveloppé  ou  en- 
touré d'aromates  et  de  cire,  de  ma- 
nière K  offrir  à  l'œil  l'aspect  d'un 
corps  entier.  Selon  des  légendes  un 

Ï»eu  plus  détaillées,  et  qu'il  n'est  pas 
mpossible  de  concilier  avec  les  pré- 
^dentes,  le  corps  d'Osiris  fut  ense- 
veli dans  une  tombe  en  forme  de 
bœuf,  et  son  âme  immortelle  fut  cen- 
sée passer  dans  le  bœuf  Apis  ,  d'où 
elle  émigré  de  2  5  en  2  5  ans  dans  une 
nouvelle  enveloppe  corporelle,  mais 
qui  est  toujours  un  Apis.  Suivant  quel- 
ques mythographes,  c'est  aussi  à  Osi- 
ris  qu'étaient  consacrés  les  deux  au- 
tres taureaux  divins,  Mnévis  et  Om- 
pbis.  Quelquefois  la  tombe  du  dieu  se 
terminait  aux  extrémités  par  une  tête, 
tine  poitrine  et  des  pattes  de  lion  5 
mais  le  bœuf,  symbole  de  la  généra- 
tion, de  la  fécondité ,  des  travaux  uti- 
les ,  était  le  décor  le  plus  ordinaire 
des  sarcophages  osiriques.  Voilà  les 
traits  principaux  de  l'histoire  mythi- 
que d'Osiris  :  il  ne  mous  reste  plus  à 
parler  que  de  sa  demi-résurrection  et 


OSI 

de  SCS  enfants.  Osiris  ,  pendant  l'in 
tervalle  qui  sépare  son  inhumation  du 
nouvel  attentat  commis  sur  lui  par 
Typhon,  s'échappe  souvent  du  téné- 
breux empire  et  semble  doué  de  la 
vie.  De  son  commerce  avec  Isis  naît 
le  faible  Har-Pokrat ,  dont  la  frêle 
et  incomplète  existence  n'annonce 
que  trop  qu'il  doit  le  jour  h  un  père 
rayé  du  nombre  des  vivants.  Ha- 
roéri,  son  premier  fils  ,  reçoit  de  lui 
des  préceptes  utiles.  Osiris,  qui  lui 
lègue  le  soin  de  sa  vengeance  ,  veut 
qu'il  soit  un  second  lui-même,  ets'ap- 
plique  h  faire  passer  en  lui  s:x  pru- 
dence, sa  bravoure  et  sa  bonté.  Outre 
ces  deux  fruits  de  son  amour  pour 
Isis ,  Osiris  a  encore  eu  d'elle  un  fils  , 
Macédo  ,  et  une  fille ,  Poubasti ,  que 
quelquefois  on  regarde  comme  la 
nourrice  d'Haroéri ,  et  qui,  par  con- 
séquent,  devrait  avoir  été  conçue, 
comme  llaroéri  lui-même,  dans  le 
sein  de  Junon  ou  de  Rhéa  (c'est-k- 
dire  dans  le  sein  de  la  déesse  a  la- 
quelle les  Grecs  transportèrent  ces 
Boms  de  Junon  et  de  Ilhéa).  Nous 
avons  déjà  prononcé  le  nom  d'Ané- 
bô  ,  vulgairement  Anubis  ,  et  nous 
avons  dit  que  ce  fils  d'Osiris  devait 
le  jour  a  Neflé  et  non  a  Isis.  Se- 
lon lesprêtres  égyptiens,  ce  commerce 
adultère  de  l'époux  d'Isis  avec  sa 
belle-sœur  ne  provenait  que  d'une  er- 
reur qui  fut  reconnue  plus  tard  par 
l'épouse  offensée,  a  la  vue  de  la  guir- 
lande de  fleurs  de  lotos  abandonnée 
par  Osiris  dans  le  sein  de  Nefté. 
Osiris  ne  fut  point  honoré  seulement 
dans  Philes  :  deux  autres  villes  consi- 
dérables, Busiris  et  Abydos ,  se  van- 
taient de  posséder  son  corps,  son  vrai 
corps,  et  non  un  des  simulacres  con- 
figurés par  Isis  pour  tromper  ses  en- 
nemis^ mais  c'était  aux  reliques  de 
l'île  de  Philes  que  l'opinion  publique 
attachait  le  plus  de  confiance.  L'£» 


i 


OSI 

gypte  n'avait  point  de  serment  plus 
sacré  que  cette  formule  :  «  Par  l'O- 
siris  de  Pbiles  {Ma,  ro»  îv  <biKcnç  O- 
ff<fl<v).>>  Nombre  de  monuments,  dé- 
couverts depuis  un  demi-siècle  dans 
cette  île,  se  trouvent  d'accord  avec 
ces  Iradilions  (  Voytz  Lancret  , 
Desc.  de  V Eg.  aiitiq.,  vol.  I,  ch. 
1 ,  §  y,  p.  4^4j  ®t  comp.  Zocga  ,  de 
orig.  et  usa  Obelisc,  p.  286,* 
Creuzer,  Comni.  Ilcrod.,  I,  §  i5, 
p.  182,  etc.).  Philes  n'était  accessi- 
tle  qu'aux  prêtres  ou  k  quelques  per- 
sonnes privilégiées,  à  qui  sans  doute 
de  fréquents  actes  de  dévotion  et 
beaucoup  d'argent  méritaient  cette 
distinction.  Chaque  jour  on  y  offrait 
au  tombeau  d'Osiris  trois  cents  coupes 
de  lait,  et  celte  offrande  était  accom- 
pagnée d'espèces  de  litanies,  ce  qui 
se  pratiquait  aussi  dans  la  ville  d'À- 
cantlie.Lessacrificesd'Abydos  avaient 
ceci  de  remarquable  que  nul  des  as- 
sistants ,  nul  des  officiants  ne  devait 
prononcer  un  mot  5  que  jamais  les 
sons  des  instruments  n'égayaient  la 
cérémonie  :  un  silence  inviolable  pré- 
sidait aux  mystères  de  ce  temple,  où 
tous  les  gVands  de  l'Egypte  tenaient  à 
honneur  d'avoir  un  jour  leur  sépul- 
ture. Peut-être,  dans  les  hautes  doc- 
trincs  sacerdotales  particulières  a  Aby- 
dos,  Osiris  élait-il  confondu  avec  le 
célèbre  Memnon  ,  qui  avait  aussi  un 
lemple  dans  cette  ville  {J^oy.  Diod. 
de  Sic,  liv.  I,  ch.  475  Jambliq., 
Myst.  d'Eg.,  liv.  VI,  cb.  7). 
Au  reste,  partout  les  cérémonies 
principales  étaient  des  pballagogies , 
processions  solennelles  où  le  phalle  , 
emblème  de  la  génération ,  était 
porté  en  triomphe ,  ou  bien  la  pro- 
cession d'un  bœuf  sacré.  On  Irou- 
fera,  k  l'article  Isis,  la  nomenclature 
des  fêtes  relatives  k  toute  cette  série 
de  mythes.  Nous  nous  bornerons  ici 
\  remettre  sous  les  yeux  4u  lecteur 


QSI  23? 

celles  dont  les  noms  contiennent  celui 
d'Osiris.  Ce  sont:  1°  le  17  d'Athyr 
(i3  novembre)  et  jours  suivants,  la 
disparition  d'Osiris  ,  véritable  apha- 
nisme  ,  fêle  de  deuil  et  de  larmes, 
qu'il  faut  comparer  avec  l'aphanisme 
des  Adonies  (  Voy.  Adonis  )  •  2" 
vers  le  solstice  d'hiver,  la  recher- 
che d'Osiris;  3° peu  après  le  7  Tibi 
(2  janvier?),  Osiris  retrouvé  (com- 
parez l'Hévrèse  dans  les  Adonies  )  j 
4°  la  sépulture,-  5°  la  résurrection 
d'Osiris;  6°  k  la  nouvelle  lune  de 
Phaménoth  (Mars) ,  l'entrée  d'Osiris 
dans  la  lune.  Il  est  k  noter  que  toutes 
les  époques  de  çt%  fêles  sont  fixées 
d'après  le  calendrier  alexandrin.  Pour 
tous  les  détails,  consultez  l'arl.  Isis  , 
et  sariouiV  Anafysis  0/  ^gyptian 
niythoîogyde  Prichard,  p.  62,  85, 
95,  etc.,  et  tableau  annex.,  p.  io3. 
Nous  voici  arrivés  k  la  partie  la  plus 
difficilede  cetarticle.  Qu'est-ce  qu'O- 
siris?  Les  évhéméristes  tant  anciens 
ciue  modernes  n'ont  pas  plus  reculé 
aevanl  l'idée  d'un  Osiris  monarque 
humain,  que  devant  tant  d'autres  railr 
liers  d'êtres  imaginaires  dolés  par 
eux  d'une  réalité  historique.  Ainsi 
l'on  écrivait  le  plus  sérieusement  du 
monde  ,  il  y  a  un  siècle ,  qu'Osiris 
e'tait  Joseph  ;  un  autre  veut  l'identi- 
fier avec  Moïse.  Banier,  violateur  un 
peu  moins  grossier  de  l'histoire  ,  y 
retrouve  Misraïra  ,  fils  de  Cham ,  fils 
deNoé(;j/j'fAo/.,t.I,  p.  29,  118, 
178,  etc.);  Marsham  affirme  que 
c'est  Cham.  Zoëga  lui-même  a  cru 
pouvoir  expliquer  par  l'apothéose 
le  culte  d'Osiris,  et  rendre  raison 
par  l'histoire  de  toutes  les  aventu- 
res que  l'imagination  prêtait  et  k  lui 
et  k  sa  famille.  A  l'entendre  (p.  689 
et  577  de  son  traité  De  orig.  et 
us.  obel.),  Osiris,  le  bon  roi,  le  bon 
pasteur,  le  pasteur  de  Philes,  serait 
tombé,  au  milieu  des  efforts  généreuf 


«38 


OSI 


OSI 


qu'il  faisait  pour  civiliser  TEgyple  , 
sous  les  coups  de  Baby  ,  le  chef  des 
nomades  j  Baby,  que  les  Grecs  appel- 
lent Typhon,  aurait  pendant  plusieurs 
années  pesé  en  maître  sur  l'Egypte  j 
mais  enhn  les  agriculteurs  remportè- 
rent de  nouveau,  les  cheikhs  nomades 
évacuèrent  la  fertile  vallée,  et  les  peu- 
ples reconnaissants  élevèrent  au  prince 
mort  en  les  défaudant  des  monuments 
et  des  temples.  L'idée  d'un  pasteur 
Philite  {(InXiTio;  ou  <I)<A<t/ai»)  ne  se 
ratlache-t-elle  pas,  selon  Hérodote,  a 
celle  des  pyramides?  Ce  pasteur  Phi- 
lite n'est-il  pas  évidemment  Osiris  , 
le  roi  de  Philes  ,  le  roi  qui  a  conduit 
ses  troupeaux,  c'cst-'a-dire  ses  sujets, 
k  Philes?  et  le  nom  de  pasteur  des 
peuples  {^Tiotuitiç  >«*»),  et  en  géné- 
ral de  pasteur,  ne  s'est -il  pas,  dans 
la  haute  antiquité,  donné  a  tous  les 
rois?  Ainsi  s'exprime  Zoëga.  Sans 
vouloir  entamer  une  discussion  ap- 
profondie ,  inutile  d'ailleurs  depuis 
l'excellente  réfutation  de  Creuzer 
{Comm.  Herocl. ,  1. 1,  §  1 3  et  s'uiv. , 
p.  i88,  etc.),  qu'il  nous  suffise  de 
remarquer  que  si  les  nomades  étaient 
en  horreur  a  l'Egypte,  studieuse  amie 
de  l'agriculture,  les  pasteurs  ne  l'é- 
taient pas  moins;  les  nomades  étaient 
pasteurs  (Vôy.  Genèse,  cli.XLVI, 
V.  34,  et  comp.  Manéthon  dans  Jo- 
sèphe,  contre  Apion,  I,  ch.  14., 
et  de  Rossi ,  Etymol.  j^gypt.  , 
p.  180)5  ^^  quand  on  admettrait 
quelques  exceptions  ,  quelques  res- 
trictions k  ce  fait  fondamental ,  ces 
idées  de  roi  pasteur  des  peuples  ont- 
elles  jamais  pu  devenir  assez  familiè- 
res en  Egypte  pour  qu'ils  les  substi- 
tuassent si  naturellement ,  si  k  l'im- 
proviste  ,  l'une  a  l'autre?  D'autre 
part,  quoi  de  plus  gratuit,  de  plus 
absurde  que  la  conversion  de  Philite 
en  un  adjectif  indiquant  un  nom  de 
pays?  et  quel  helléniste  ne  sent  que 


^tXxt  ne  donnerait  jamais  ^tuXt'rtos 
ou  <1)<A/t/«v,  mais  bien  ^tXtTKt  (qui 
se  trouve  dans  Et.  deByzance,p.  739 
de  Bcrkel  ) ,  et  peut-être  ^ixûrtis 
(ibid.)  ou  ^iXunvt}  De  plus,  ce  culte 
des  héros,  des  mortels  divinisés,  si 
commun,  du  moins  on  le  croit,  chez 
les  Grecs  des  époques  historiques,  sur 
quel  monument  authentique  affirme- 
t-on  qu'il  ait  été  connu  des  Egyptiens 
purs,  des  Egyptiens  de  la  haute  anti- 
quité (comp.  M.  de  Pasloret ,  Hist. 
de  la  législat.,  t.  II ,  p.  49  ,  etc. , 
et  Creuzer,  Comment.  Jrlerodotect', 
t.  I,  p.  199,  etc.,  aHérodotc  même, 
Hv.  Il,  ch.  142  ,  3  ,  4)?  Enfin,  que 
répoudre  a  cette  assertion  formelle 
du  père  de  l'histoire  qui ,  en  trans- 
mettant le  plus  souvent  avec  une 
naïveté  digne  d'éloges  les  traditions, 
incomplètes  ou  complètes,  vraies  ou 
fausses  ,  que  lui  ont  communiquées 
les  Egyptiens  ,  nous  apprend  que, 
selon  les  doctrines  sacerdotales  mê- 
mes, les  règnes  d'Osiris  et  d'Ha- 
roéri  étaient  antérieurs  k  tous  ceux 
des  dynastes  humains  ?  Les  détails 
daus  lesquels  il  entre,  les  chiffres  qu'il 
donne,  ne  peuvent  laisser  le  moindre 
doute  sur  cette  ligne  de  démarcation 
que  les  théologiens  établissaient  entre 
les  règnes  divins  et  les  règnes  hu- 
mains. Ainsi  dans  une  grande  période 
composée  des  146 1  ans  de  la  période 
sothiaque  multipliés  par  les  2  5  de  la  vie 
d'Apis ,  en  d'autres  termes  dans  une 
grande  période  de  3652  5  ans,  se  dé- 
roule toute  l'histoire  égyptienne,  dans 
laquelle  toutefois  ne  sont  compris  les 
règnes  ni  de  Fta  ni  de  Knef.  Fta 
règne  3oooo  ans;  Saturne  (Sovk)et 
les  autres  dieux  du  second  ordre  oc- 
cupent unespacede  3984  ans;  arrive 
alors  la  troisième  dynastie ,  ou  la  ca- 
tégorie des  dieux  du  troisième  ordre  : 
leur  empire  ne  dure  que  217  ans.  Au 
jeuneHaroéri,  Iç  dernier  de  cea  dieux, 


1 

ITIOS        ■ 


OSI 

succèdent  Mènes  et  36  dynastes,  qui 
à  eux  tous  embrassent  un  intervalle 
de  io55  années.  Discuter  ici  ces 
chiffres,  les  ajuster  entre  eux,  ou 
avec  l'histoire,  ou  avec  des  périodes 
soit  célestes,  soit  terrestres,  serait 
absolument  intempestif.  Mais  la  sim- 
ple inspection  de  cette  série  de  cal- 
culs aura  l'avantage  de  prouver  claire- 
ment que  les  anciens  eux-mêmes  ont 
rejeté  Osiris  et  tout  son  cor- 
tège par-delà  les  temps  historiques, 
puisque,  même  dans  l'hypothèse  la 
plus  favorable  h  l'évhémérisme  ,  Me- 
nés est  le  premier  des  rois  humains. 
Que  serait-ce  donc  si,  avec  les  plus 
habiles  critiques  modernes  ,  on  re- 
poussait Menés  lui-même,  et  les  36 
prétendus  monarques  qui  le  suivent 
dans  la  liste  laterculaire  d'Eratos- 
thène,  parmi  les  êtres  mythologiques 
ou  astronomiques  qui  n'ont  jamais 
existe!  A  cette  hypothèse  si  chétive 
et  si  ridicule  d'un  Osiris  humain  s'en 
rattache  de  près  une  autre,  historique 
comme  la  précédente,  mais  plus  haute 
et  plus  large  ,  en  ce  sens  qu'elle  ne 
demande  plus  a  la  vie  d'un  homme  le 
sens  de  ces  alternallves  variées  ,  bi- 
zarres, surhumaines,  au  travers  des- 
quelles nous  a  promenés  la  légende 
d'Osirls.  Chez  les  partisans  de  cette 
nouvelle  théorie  ,  c'est  l'histoire  de 
l'espèce  humaine  qui  se  déroule  ma- 
jestueusement sous  des  noms  propres^ 
chaque  grande  idée  ,  chaque  fait  ou 
chaque  puissance,  prend  un  nom.  Les 
uns  verront  l'agriculture  même  (  en 
d'autres  termes,  la  vie  sédentaire,  la 
civilisation  ,  puisque  la  civilisation 
pari  de  l'agriculture)  lutter  avec  la  vie 
nomade,  triompher,  tomber,  se  rele- 
ver faible  et  languissante,  être  anéan- 
tie de  nouveau,  puis  tout-a-coup  se 
recomposer  de  toutes  pièces  et  re- 
pousser définitivement  sa  rivale  dans 
l'aridité  du  désert.  Les  autres . cher" 


OSI 


2'ig 


chent  sons  le  voile  de  la  légende  les 
traces  plus  que  douteuses  de  la  domi- 
nation successive  des  différents  collè- 
ges de  prêtres  et  d'une  longue  période 
de  théocratie,  antérieure  à  la  monar- 
chie des  Pharaons.  C'est  principale- 
ment dans  r Histoire  de  la  législa- 
tion de  M.  de  Pastoret  (t.  II,  ch.  i) 
qu'il  faut  étudier  les  développements 
de  cette  dernière  conjecture,  mise  en 
avant  par  Larcher  (C/tro/i.  d'Héro- 
dote, ch.  I ,  §10,  fin),  et  qu'il  se- 
rait injuste  d'envelopper  dans  le  même 
mépris  que  les  hypothèses  étroitement 
et  matériellement  historiques  qui  font 
de  l'époux  d'Isis  un  roi  de  Thèbes. 
Toutefois  nous  ne  croyons  pas  que  ce 
système  soit  plus  fondé  en  raison.  Les 
interprétations  subséquentes  se  pré- 
senteront avec  un  tel  caractère  de  vé- 
rité, de  conformité  au  génie  égyptien 
et  au  génie  de  l'espèce  humaine  , 
d'harmonie  avec  la  marche  et  les 
grands  faits  de  la  nature  ,  que  pour 
quiconque  s'est  pénétré  de  l'esprit  des 
antiques  raythologles  ,  en  les  expli- 
quant les  unes  par  les  autres  ,  toute 
explication  historique  sera  évidem- 
ment fausse,  spécieuse,  quelque  satis- 
faisante que  la  trouvent  au  premier 
abord  ceux  qui  n'ont  pas  encore  vu 
jusqu'à  quel  point  l'allégorie  enve- 
loppe et  pénètre  toutes  les  idées  aux- 
quelles les  peuples  antiques  ont  voulu 
prêter  des  formes  propres  à  les  im- 
primer dans  la  mémoire  et  à  les  faire 
saisir  par  l'intelligence.  Le  plus  sou- 
vent on  regarde  Osiris  comme  le  svm- 
bole  du  soleil.  Dans  l'hymne  de  Mar- 
tianus  Capella  {JVoc.  de  la  philol., 
liv.  II ,  ch.  2)5  dans  le  beau  passage 
des  Dionysiaques  en  l'honneur  d'Her- 
cule Astrochyton  (liv.  XL,  v.  396)5 
dans  le  magnifique  discours  de  Julien 
sur  le  soleil  {OEiiv.,  p.  U^ç))'^  dans 
la  foule  des  noms  que  l'oracle  de  Cla- 
ros^cité  par  Eusèbe  [Prép.év.yXw, 


»4o 


OSI 


OSI 


m,  ch.  1 5) ,  donne  au  soleil ,  enfin 
dans  les  chants  que  les  I^gypticns 
adressaient  à  Osiris  ,  ridculité  du 
dieu  auquel  iU>  rendaient  leurs  bona- 
raages  et  de  ce  grand  astre,  roi  de  no- 
tre système  planétaire  ,  était  procla- 
mée de  la  maniÎTc  la  plus  formelle  et 
comme  un  fait  hors  de  toute  contes- 
tation (comp.  Synésius  5  Suidas, 
art.  "Oa-iftt'j  Chérémon,  etc.).  Les 
36o  coupes  que  chaque  jour  à  Philes 
les  prêtres  remplissaient  en  Thon- 
neur  d'Osiris,  les  5 60  urnes  des- 
quelles les  ministres  du  dieu  à  Âcan- 
Ine  versaient  de  Teau  dans  un  ton» 
neau  percé ,  ont  trait  aussi  au  so- 
leil, qui  lors  de  Tenfance  de  Tastro- 
uomie  était  censé  opérer  sarévolution 
autour  de  la  terre  en  36o  jours.  La 
disparition  d'Osiris,  victime  du  som- 
bre Typhon,  représente  arec  la  plus 
grande  justesse  la  périodicité  de  la 
Délie  et  de  la  mauvaise  saison  ,  sans 
cesse  aux  prises  l'une  avec  l'autre  , 
sans  cesse  remplacées  l'une  par  l'au- 
tre, et  la  couleur  même  du  cérémo- 
nial religieux ,  calqué  depuis  par  les 
auteurs  des  Adonios,  achève  d'ôter 
les  doutes;  Osiris  disparait,  Apha- 
uisrae  j  Isis  retrouve  le  corps  de  son 
cher  Osiris,  Hévrèse.  Il  y  a  plus  :  la 
faiblesse ,  la  semi-léthargie  du  dieu 
qu'on  retrouve  et  que  l'on  proclame 
ressuscité ,  est  marquée  bien  plus  for- 
tement encore  en  Egypte,  oîi  les  froi- 
des caresses  d'Osiris  ne  donnent  nais- 
sance qu'au  pâle  et  languissant  Har- 
Pokrat.  Il  est  vrai  que  la  fable  phéni- 
cienne diffère  de  la  tradition  égyptia- 
(jue  en  ce  que  celle-ci  montre  son  dieu 
deux  fois  ravi,  deux  fois  rendu  a  celle 
iju'il  lime  j  mais  cette  double  dispari- 
tion, ce  double  retour,  peuvent  s'exr- 
pliquer,  quoique  peu  naturellement, 
«ans  sortir  du  cercle  de  l'année.  Le 
soleil,  arrivé  à  l'époque  solsliciale  et 
90  coipble  de  ses  triomphes,  pâlit/ au 


bout  d^environ  un  mois  et  commeuce 
à  perdre  une  partie  de  son  éclat.  Ce 
déclin  seul  peut  sembler  la  mort.  On 
est  a  peine  en  septembre,  et  déjà  l'on 
s'imaginerait  subir  les  rigueurs  de 
l'hiver.  Cependant  de  beaux  jours 
égaient  encore  l'automne  et  annon- 
cent que  le  soleil  est  la  :  c'est  la  résur- 
rection du  bel  astre  ]  mais,  compara- 
tivement à  ce  qu'il  fut  il  y  a  quelques 
mois,  qu'il  est  pâle!  que  ses  feux 
sont  froids!  que  ses  rayons  sont  obli- 
ques! que  sa  lumière  est  terne!  Ce 
n'est  plus  l'énergique  époux  d'isis,  le 
père  a'Haroéri  :  c'est  le  père  du  boi- 
teux et  mol  Har-Pokrat!  Bientôt  l'hi- 
ver, et  non  plus  un  vain  simulacre  de 
l'hiver,  expulse  l'automne  et  suspend 
le  cours  de  la  végétation  j  Osiris 
rentre  dans  son  néant  et  retombe 
sous  les  coups  de  son  ennemi  triom- 
phant. MaisHaroéri,  soleil  nouveau, 
soleil  de  printemps ,  représente  son 
père  et  replonge  a  son  tour  l'affreux 
Typhon  dans  les  ténèbres.  Sous  ce 
point  de  vue,  Isis  devient  la  lune. 
En  effet,  selon  les  anciens,  le  soleil 
fécondait  la  lune  ,  qui  à  son  tour 
fécondait  la  terre.  Non -seulement 
il  lui  prêtait  l'éclat  de  ses  feux  ,  il 
lui  communiquait  aussi  un  pouvoir 
créateur.  Deux  grands  principes,  di- 
saient les  novices  physiciens  de  l'E- 
gypte ,  président  a  toutes  les  pro- 
ductions de  la  terre  :  l'un  est  la 
chaleur,  l'autre  est  l'humidité  ;  le  pre- 
mier appartient  au  soleil,  dont  le  dis- 
que lumineux  le  distribue  libérale- 
ment à  la  terre;  le  second  est  l'apa- 
nage de  la  lune.  Et  quoi  de  plus  na- 
turel que  cette  manière  de  voir,  quel- 
que fausse  que  l'observation  et  la  saine 
physique  la  proclament?  Comment, 
de  prime-abord ,  ne  pas  s'apercevoir 
que  l'humidité,  les  vapeurs  de  la  nuit 
ne  proviennent  que  de  l'absence  du 
8oI«îl?  Comment  ue  pas  donner  à  un 


OSI 

fait  positif  une  cause  toute  positive 
elle-même?  et,  dès-lors,  comment  ne 
pas  mettre  la  lune  de  moitié  dans  la 
création  de  l'univers ,    et  ne  pas  lui 
faire  tenir  en  commun  avec  le  soleil 
le  sceptre  de  la  nature?  Isisfut  donc 
la  lune,  et  la  fête  de  l'entrée d'Osi- 
ris  dans  la  lune  (/^oj-.  plus  haut),  so- 
lennisée  le  3o  Eplplii,  n'était  desti- 
née qu'a  célébrer  la  conjonction  du 
soleil  «tde  notre  satellite  {V.  Plut., 
Isis  et  Osir.,  p.  5  08  de  l'éd.  Wyt- 
tenb.,  et  comp.  les  Comm.  Herocl. 
de  Creuzer,  p.  120,  etc.).  Que  telle 
ail  été  l'opinion  égyptienne  sur  le  cou- 
ple divin,  c'est  ce  dont  il  est  impos- 
sible de  douter  ;  mais  ou  se  trompe- 
rail  si  l'on  en  concluait  qu'elle  n'a  rien 
été  que  cela.  Osiris  était  aussi  le  Nil, 
et  Isis  alors  se  confond  aveclEgypte, 
que  traversent,  qu'inondent  ses  eaux. 
Suivons  dans  tous  ses  détails  le  my- 
the populaire.  Après  avoir  parcouru 
de  lointaines  et  presque  inaccessibles 
conlrées,  le  voici ,  ce  fleuve  sacré, ce 
dieu  bienfaiteur,  a  la  porte  de  l'E- 
gypte, près  de  Philes,  entre  Eléphan- 
liue  etSyènejdes  rochers,  desîlols 
entravent  sa   marche  j  il  est  retenu 
entre  des  profondeurs  que  vulgaire- 
ment on  appelle  ses  sources  (  àç  è\ 
ècQua-irot  tÎTt  xl  îTijy*/,  Hérod.,liv.  II, 
ch.  28).  C'est  Osiris  au  tombeau  de- 
puis l'équinoxe  du  printemps  jusque 
{)rèsderépoquesoIsliciale  j  mais  alors 
e  dieu  se  réveille  et  peu  a  peu  secoue 
la  léthargie  qui  a  enchaîné  sa  vigueur: 
il  monle,  franchit  sa  rive,  et  s'épan- 
che, chargé  d'un  limon  fertilisant,  sur 
leseindel'Egypte,  sa  féconde  épouse^ 
Isis  mugit  de  plaisir  [f^uK^^azec.  t«ç 
''l(r;J«f,    S.  Grég.    de  ]Naz.).    Sou- 
vent  les    eaux    bienfaitrices   s'élan- 
cent au-delà  du  vallon  privilégié  et 
vont  baigner  l'aride  hsière  du  désert. 
Dans  ce  cas ,  l'imprudent  Osiris  a  été 
infidèle  à  son  épouse,  il  a  honore  de 


OSI 


241 


ses  dons  l'inféconde  Nef  té  j  la  ra- 
dieuse guirlande  de  lotos  est  restée 
dans  le  sein  de  cette  amante  involon- 
taire. Cependant  les  eaux  ,  qui  ont 
couvert  la  superficie  tout  entière  des 
guérets  ,  commencent  a  baisser  et 
roulent  vers  ces  innombrables  ca- 
naux d'irrigation  que  la  prévoyance 
nationale  a  multipliés  le  Jong  des 
deux  rives  du  Nil  :  ce  sont  les  lam- 
beaux du  cadavre  divin.,  Osiris  n'est 
plus  un  vaste  corps  :  morcelé,  mé- 
connu, il  coule  au-dessous  du  niveau 
de.  la  terre  qu'il  a  fécondée.  Isis  gé- 
mit sur  sa  disparition,  et  Typhon, 
sourit  à  l'aspect  du  grand  fleuve 
démembré  en  mille  ruisseaux ,  eu 
mille  canaux  insiguifianls.  Ces  deux 
idées  transcendantales  relatives  k  la 
nature  des  choses  durent  se  fondre  de 
bonne  heure  dans  une  seule  et  même 
idée.  Osiris  alors  devint  l'année  astro- 
nomique et  rurale  des  Egyptiens  , 
mais  plus  spécialement  l'année  rurale. 
L'Egypte  antique  avait  par  an  deux 
récoltes  ,  et  eu  conséquence  deux  pé- 
riodes distinctes  de  semailles  et  de 
moissons.  L'une  allait  de  février  jus- 
qu'au commencement  de  juillet;  l'au- 
tre comprenait  les  mois  de  septem- 
bre, d'octobre  cl  de  novembre.  De 
là  le  double  trépas  et  la  double  nais- 
sance d'Oiiris.  La  première  dispari- 
tion a  lieu  au  printemps  ,  en  Phamé- 
noph  (en  mars):Typhon  domine  alors 
sur  l'Egyple  jusqu'en  Epiphi  (eu  juil- 
let). C'est  l'époque  des  hag^es  et  ho- 
micides chaleurs  :  la  végétation  jau- 
nissante languit  et  meurt  j  les  débris 
calcinés  des  fruits  ,  •  des  fleurs  ,  jon- 
chent tristement  un  sol  qui  se  fen- 
dille ;  l'atmosphère  est  d'un  rouge 
sombre  j  l'horrible  Kasuiin  enlève  et 
porte  des  plaines  du  Sahara  sur  le 
terreau  de  la  féconde  Egypte  l'aridi- 
fiante  poussière  du  désert. Tout  est  sous 
l'empire  du  dieu  mcclianl,  de  ses  7  a 

16  ' 


A4a 


OSI 


complices  (c'esUK-dire  des  72  jours 
penoant  lesquels  H  va  triompher  sans 
obstacle) ,  cl  de  la  reine  d'Ethiopie, 
Aso,  qui  retient  Osiris  a  la  porte  de 
l'Egypte,  au  milieu  des  rochers  d'E- 
léphantine.  Enfin  le  solstice  d'été  ar- 
rive' tout  change  de  face  :  le  fleuve, 
dont  les  eanx  se  sont  enflées  par  de- 
grés, abandonne  sa  rive  et  promène 
sur  les  terres  la  vase  qui  doit  les  fer- 
tiliser. La  longue  vallée  alors  présente 
l'aspect  d'nn  immense  archipel  semé 
de  bourgades  et  de  villes  f  tous  les 
Égyptiens  parcourent  les  branchesdu 
fleuve  sur  des  barques  de  papyrus  , 
etle  24  septembre  les  écluses  s'ou- 
vrent au  milieu  des  applaudissements 
de  la  foule.  C'est  la  renaissance , 
c'est  le  second  triomphe  d'Osiris, 
triomphe  éphémère  et  caduc.  Tau- 
dis que  l'Egypte  sous  les  eaux ,  avec 
toutes  les  espérances  de  l'année,  se 
félicite  de  la  récolte  prochaine,  les 

i'ours  diminuent,  les  ténèbres  sem- 
)lenl  prendre  le  dessus  ;  i'hivet 
approche,  accompagné  des  longues 
nuits,  des  frimas,  de  l'infertililé. 
Osiris,  ce  puissant  générateur,  sem» 
ble  paralysé  et  privé  du  pouvoir  d'en- 
gendrer. Sa  veuve  met  un  fils  au 
jour,  mais  quel  fils!  Avorton  chélif, 
dieu  muet  et  inerte  ,  le  triste  Har- 
Pokrat  n'atteste  que  trop  l'énervalion 
de  son  père  et  crie  a  tous  qu'un  fan- 
tôme lui  2  donné  la  vie,  La  nomen- 
clature ,  et  surtout  la  distribution  , 
l'époque*des  fêtes  d'Osiris,  fournira 
une  dëraonstratiou  complète  de  la 
justesse  de  ce  nouveau  système  ,  qui, 
comme  nous  l'avons  indiqué  ,  sem- 
ble réunir  les  détails  les  plus  ira- 
portants  des  explications  solaire  et 
niliaque.  Osiris  est  donc  l'année  ru- 
rale ,  l'année  agraire.  Dornedden  , 
dans  son  Phaménophis,  s'est  appli- 
qué avec  assez  de  bonhenr  a  décrire 
les  rapports  qu'il  y  a  entre  ce  dieu  et 


OSI 

l'année  astronomique  la  plus  ancienne, 

2uine  se  composait  que  de  56o  jours, 
►n  conçoit  facilement  qu'il  invoque  et 
les  36o  coupes  de  Pliiles  et  les  36 0 
urnes   d'Acanthe  ;    clans   le   tonneau 
pt-rcé  où  tombe  l'eau  de  ces  derniè- 
res, il  soupçonne  une  espèce  de  clep- 
sydre destinée  a  marquer  la  fuite  du 
temps.   Un  passage  très -curieux  de 
MdCTohe{SatunîaL,  1.  XYIII)  vient 
a  l'appui  de  l'hypothèse  de  Dorned- 
den :  on  y  lit  que  chez  les  Egyptiens 
et  d'autres  peuples,  le  soleil,  pendant 
les  trois  premiers  mois,  était  regardé 
comme  enfant;  pendant  les  trois  sui- 
vants   comme    adolescent   ou    jeune 
homme;  pendant  trois  autres  comme 
homme  fait  j  enfin  pendant  les  trois 
derniers  comme  vieillard.  Or,  peu  de 
lignes  auparavant,  Macrobe  vient  d'i-^j 
dentifier  le  soleil  a  Racchus  et  Bac-J 
chus  h  Osiris.  Dornedden  en  conclu! 
que  les   56 0  jours    figurés  par    lefl 
3 60  coupes  forment  un  véritable  cy^ 
cle  dont  Osiris  est  le  nom  hiérogly« 
phique.   Aussi  explique-t-il  le  nor 
du   dieu  par  ceux-ci  :  «  Créateur  di 
temps.  «Du reste,  naliirellcment,c'ea 
vers  la  tin  de  décembre  et  au  solstici 
d'hiver  qu'il  faudrait  placer  la  nais 
sance  et  l'enfance  du  soleil.  Est-cl| 
avec  raison  que  Dornedden,  confoi 
mément  à  ce  fait  connu  ([ue  l'annél 
égyptienne  fixe  commençait  au  solstic 
d'été,  prétend  qu'a  l'hiles  l'cnfanc 
d'Osiris  comprend  les  90  beaux  joui 
de  l'été  ,  sou  adolescence  les  90 
l'automne  ,  sa  virilité  les  90  de  l'hl 
ver,  et,  ce  qui  ne  semblera  pas  pc 
bizarre,  sa  vieillesse  les  90  du  priai 
temps?  Est-ce  avec  raison  que  dai 
le  bâton  du  soleil  de  Plularcine  {(îem 
Tifpiov  viXioi)  il  voit  une  allusion  k  cet I 
vieillesse  d'Osiris?  C'est  ce  qni  nouij 
semble  extrêmement  douteux.  Dai 
tous  les  cas,  on  trouvera  une  analya 
assez  exacte  de  celte   théorie   dan^ 


OSl 

Funke,  Neues  RcalschaUex.,  III, 
p.  i2/|.i,  2,  3j  art.  Osiris.  Voy. 
aussi  notre  art.  Isis.  Est-il  besoia 
d'insister  longuement  sui*  les  détails 
de  la  légende  d'Osiris?  remarque- 
rons-nous que  d'après  ces  récits,  dont 
la  couleur  nous  rappelle  les  Mille  et 
une  Nuits ,  beaucoup  de  traits  sont 
véritablement  historiques,  offrent  une 
teinte  remarquable  de  localité?  ap- 
pellerons-nous l'attention  sur  la  na- 
celle de  papyrus  ,  en  grec  byblos 
(/SwÔAaj ) ,  oui  porte  Isis  dans  une  ville 
homonyme/  interpréterons -nous  sa 
généalogie?  si  Osiris  a  Isis  pour  sœur 
jumelle  et  pour  épouse,  qui  ne  voit 
dans  cette  union  le  reflet  de  tous  ces 
hymens  théologiques  hindous  et  égyp- 
tiens entre  le  père  et  la  fille  (  Voy. 
Brahm,  Knef,  Piromi,  Sakti)? 
Quant  aux  noms  de  Jupiter  et  de  Ju- 
non ,  de  Saturne  et  de  Rhéa  ,  les 
deux  premiers  représentaient,  pour 
les  Grecs,  Amoun  et  sa  femme  que 
plus  tard  ils  remplacèrent  par  î>é- 
rapis  et  Saté  j  les  seconds  ne  sont 
autres  que  Sovk  et  Petbé,  le  der- 
nier dej  six  couples  qui  composent 
les  dieux  du  second  ordre.  Or,  la 
pentade  osirique  étant  censée  former 
les  dieux  du  troisième  ordre ,  il  était 
naturel  de  faire  descendre  Osiris  de 
Saturne.  Disons  la  même  chose  de  la 
tradition  qui  lui  donne  pour  père  le 
Soleil,  quoique  sur  ce  point  on  puisse 
avoir  des  idées  un  peu  différentes,  et 
soupçonner  une  succession  de  dieux- 
soleils  déplus  eu  plus  empreints  d'hu- 
manité, de  plus  en  plus  s'approchant 
de  la  terre.  Ainsi  à  Fré  ("HA«f) 
ou  le  soleil  proprement  dit  succéde- 
rait Osiris,  à  Osiris  Haroéri,  a  celui- 
ci  des  rois  humains  qui  rattacheraient 
fiar  ce  moyen  leur  dynastie  aux  dieux, 
eur  sang  au  sang  des  immortels. 
a  Oinnis  potes  tas  a  sole.  »  Des- 
cendre du   soleil  ou  être   pris   pour 


081 


243 


lui  a  long-temps  été  la  chimère  des 
princes.  Les  Incas  au  Pérou,  Octave 
à  Rome  et,  dans  des  siècles  plus  mo- 
dernes, Louis  XIV  ont  payé  tribut  k 
cette  faiblesse.  Au  reste,  tout  indique 
que  le  titre  même  de  Pharaon,  quelle 
que  soit  son  étymologie  {Pé-Ouro  , 
Pi-Ré,  etc.),  se  rapporte  toujours  à 
Fré ,  ou  vient  du  même  mot  que  Fré, 
le  soleil.  En  effet  Osiris,  ce  dieu-soleil 
bienfaisant  et  actif  par  excellence, 
cette  haute  personnalisation  du  grand 
être  dans  le  grand  astre,  était  le  mo- 
dèle de  tout  Pharaon,  comme  Toth 
celui  de  tout  prêtre  (  Voy.  Creuzer , 
trad.  fr. ,  liv.  III,  ch.  11,  §  3).  Si 
dans  les  traditions  égyptiennes  popu- 
laires nous  voyons  Osiris  se  substi- 
tuer aux  divinités  les  plus  élevées  de 
la  hiérarchie,  il  est  facile  de  pressen- 
tir que  hors  de  l'Egypte,  qu'en  Grèce, 
par  exemple ,  il  apparaîtra  avec  les 
caractères  de  tous  ou  de  presque  tous 
les  dieux.  D'abord  il  ne  peut  manquer 
d'être  assimilé  à  tous  les  dieux-soleils. 
AinsiTitan,Hypérion,Hélios("HA<»f), 
Bacchus  que  ses  mystères  nous  don-* 
nent  aussi  pour  déchiré  en  lambeaux 
(  ^(cc(r7ici<r/^xTx  toj  B»x}(^ou  analogue 
aux  TTrecpttyficCT»  ooiK^vâdf]  'O(ript^os 
de  S.  Grég.  de  Nazianz.,  Poés.), 
Apollon  ,  enfin  Hercule  ,  présentent 
des  rapports  avec  lui.  Saturne  même 
n'en  e»t  point  exempt  j  car  ce  dieu 
ou  cette  planète ,  annexée  par  ja 
superstition  au  soleil ,  fut  souvent 
prise  pour  lui,  ou  reçut  les  honneurs 

Sue  l'on  voulait  rendre  'a  l'autre, 
upiter,  nommé  le  père  d'Osiris  par 
le  plus  grand  nombre  des  traditions, 
a  quelquefois  été  confondu  avec  lui. 
Tous  deux  avaient  rendez-vous  dans 
Sérapis  qui,  sous  les  Lagides,  com- 
mença k  captiver  tous  les  homma- 
ges, et  qui  par  rouséquent  dut  être 
appelé  par  les  Grecs  Jupiter.  Se-, 
rapis  n'était  au  fond  qu'Osiris,  eiï 

x6. 


344 


OSI 


OSI 


tant  qae  Nil  et  en  tant  que  roi  da 
sombre  empire.  De  même  on  a  pu 
prendre  aussi  Osiris  pour  Pluton, 
pour  Rhadamanle,  ce  juge  des  âmes, 
ce  roi  (radja  ou  ré)  de  l'enfer  ^men- 
ti). Comme  générateur  puissant,  sou- 
vent représenté  par  le  pballc  ou  Ti- 
tbjphalle ,  et  honoré  dans  les  plialla- 
gogies ,  il  a  dû  passer  pour  le  même 
que  Priapp.  En  Phénicie ,  on  le  re- 
trouve sous  le  nom  d'Adonis  et  en 
conjonction  avec  Aslarlé  (quoique  à 
notre  avis  celle-ci  représente  Tétoile 
de  Vénus  plutôt  que  la  lune)  5  en 
Chaldée,  c'est  Baal,  Baal  sous  pres- 
que tous  ses  noms,  BaaI-Péor,  Baal- 
Samen,  Baal-TsépLon  j  en  Perse,  c'est 
Mithraj  en  Inde  aussi  les  rappro- 
chements avec  Savltri  et  les  autres 
personnifications  solaires  ne  manque- 
raient pas.  Mais  c'est  surtout  dans 
les  hautes  sphères  de  la  religion  brali- 
manique  que  se  laissent  apercevoir 
les  rapprochements  les  plus  curieux 
comme  les  plus  incontestables.  Dans 
le  sivaïsme ,  Içouara  avec  Ica ,  son 
épouse,  présentent  k  la  fois  et  les 
noms  et  les  caractères  divins  d'Osi- 
ris.  Dans  le  vichnouisme,  les  trois 
dernières  incarnations ,  celles  de  Ra- 
ma, de  Bala-Rama  et  surtout  de 
Kricbna  semblent  le  plagiat  ou  l'o- 
riginal de  la  légende  d'Osiris.  Osiris 
et  Kricbna  sont  noirs  :  tous  deux  tra- 
vaillent a  l'amélioration  et  au  bon- 
heur de  l'espèce  humaine  j  tous  deux 
marquent  leur  passage  dans  la  vie  par 
la  promulgation  des  lois,  par  la  po- 
pularisation de  l'agriculture ,  par  des 
bienfaits;  tous  deux  ont  pour  cortè- 
ges des  nymphes  et  des  animaux  aux 
formes  bizarres  et  fantastiques 5  tous 
deux  meurent  sur  un  bois  fatal  sur 
les  confins  de  deux  âges  divers,  et 
forment  comme  la  transition,  le  nœud, 
le  joint  des  périodes  divines  aux  pé- 
riodes humâmes.  Enfin  tous  deux, 


^1 
iniri»     ï 


reportés  par  l'allégorie  dans  l  empire 
des  êtres  métaphysiques  ou  des  ab- 
stractions, deviennent  :  1°  le  principe 
du  bien  (Krichna-Bouddha  d'une  part, 
et  de  l'autre  Osiris-Agathodénion)  j 
2**  le  principe  suprême  de  l'intelU- 
gence  («  ycusj'o  »o»jTof)j  3"  enfiu  la 
première  mauifeslaliou  de  l'Être  su- 
prème,régalde  Kncf,  l'égal  de  Brahm,  fâ 
en  conséquence  le  principe  unique  et  « 
mystérieux  duquel  émanent  toutes  les 
existences.  Là,  aux  ludes  comme  en 
Egypte,  s'absorbent  les  unes  dans  les 
autres  toutes  les  individualisations  di- 
vines} là,  la  religion  populaire  vient 
s'identifier  à  la  haute  doctrine  dont 
elle  n'est  qu'un  reflet  bien  capricieu- 
sement brodé,  il  est  vrai,  mais  encore 
reconnaissable.  Osiris  se  retrouve 
dans  une  foule  de  ces  scènes  divines 
que  la  sculpture  et  la  peinture  mul- 
tiplièrent sur  les  murailles  des  tem- 
ples égyptiens.  Une  suite  d'images  em- 
pruntées h  divers  moiuimeuls  et  re- 
produites dans  le  granil  ouvrage  fran-  91 
çais  sur  l'Egypte  (vol.  IV,  Dcnderah,  l| 
pi.  XXIV,  f.  8  ,  pi.  xxvii,  f.  4.  et  5  5 
v.  III,  Thèb.,  pi.  XXIV5  Hirt.,  p.  Sp 
et  pi.  yui,  IX,  f.  59-62)  représente 
les  traits  principaux  de  la  vie  d'Osiris.- 
On  l'y  voit  tour  à  tour  privé  du 
phalle,  puis  avec  le  phalle  retrouvé. 
Le  plus  souvent  il  tient  le  sceptre  à 
tèle  de  coucouphaj  sa  main,  quelque- 
fois ses  bras  portent  la  croix  ansée 
ou  clé  du  Nil,  symbole  de  la  vie 
divine.  Un  bas-relief  de  Luxor  le 
montre  embrassé  par  Bouto.  Ordi- 
nairement il  a  pour  coiffure  une  mitre 
très-riche.  Il  n'est  pas  rare  de  voir 
son  buste  surmonté  d'une  tête  de 
bœuf  ou  de  taureau  :  les  Osiris  hié- 
racocephales  sont  moins  fréquents. 
Comme  roi  de  l'Amenti ,  il  porte  le 
van  sacré  avec  le  bâton  augurai. 
Creuzer  croit  retrouver  Osiris-ISil , 
près  de  son  réveil  au  solstice  d'été  , 


OTH 

dans  une  figure  d'homme  qui  semble 
dormir  la  tête  appuyée  sur  le  bras 
droit  dans  un  lit  funèbre  que  revêt 
unej)ean  de  lion  (Voy.  Descr.  de 
PEg.,  t.  IIL^pl.  Lxiv).  Le  traduc- 
teur français  compare  avec  raison  ce 
tableau  a  celui  du  sommeil  de  Vich- 
nou  étendu  sur  le  serpent  Sécha,  et 
de  son  réveil  au  bout  de  quatre  mois. 
Dupuis  (  Orig.  des  cuit.,  t,  V,  p. 
564-  )  s'est  plu  k  faire  des  rappro- 
chements entre  la  légende  d'Osiris 
et  l'histoire  du  Christ,  et  a  ramasser 
sur  ce  sujet  plusieurs  passages  de 
St.  A thanase  (coffre  les  Gentils), 
de  St.  Théophile  [àAutolyq.,  1.  I), 
d'Athénagore,  de  Minutius  Félix  et 
de  St.  Augustin. 

OSOGO.  Foy.  Ogoa. 

OSSILAGO  ou  OSSIPAGA,  OS- 
SIPANGA,  de'esse  latine,  présidait 
à  l'ossification  des  cartilages  destinés 
k  former  les  os.  Les  mères  et  les 
nourrices  l'invoquaient  en  faveur  des 
entants.  On  l'appelait  aussi  dans  les 
cas  de  luxation,  de  fracture  et  d'en- 
torse. 

OSTANE ,  '09-7-^v,jf ,  fut,  dit-on, 
un  chef  des  miagcs,  postérieur  de  peu 
d'années  a  Zoroaslre.  11  est  a  croire 
que  c'était  plutôt  un  titre  géne'rique 
qu'un  nom  propre.  L'histoire  men- 
tionne deux  Oslane  grands  mages , 
l'un  sousXerxès,  l'autre  sous  Alexan- 
dre-le-Grand. 

OSTAR,  le  dieu  de  la  lune  chez 
les  Scandinaves.  Le  mois  d'avril  lui 
était  consacré.  Pâques  se  dit  Oster 
en  allemand.      * 

OSTASE,  OsTAsus,  était  dans  la 
mythologie  syrienne  un  des  fils  d'U- 
ranus  et  de  Gé ,  le  ciel  et  la  terre. 

OTHREIS,  nymphe,  personnifica- 
tion du  mont  Olhrys,  fut  aimée  d'A- 
pollon, puis  de  Jupiter,  et  eut  du  pre- 
mier Phagre ,  du  second  Mélilée.  A 
notre  avis,  Phagre  est  une  espèce  de 


OUA 


a4S 


Dagon,  et  Mélitée  une  Ilithye  andro- 
gyne. 

OTHRYONÉE,  prince  thrace, 
auxiliaire  de  Priam  et  prétendant  de 
Cassandre ,  fut  tué  d'un  coup  de  pi- 
que parldoménée.  Selon  Homère,  il 
voulait  obtenir  la  princesse  par  sa  va- 
leur, et  non  par  ses  présents. 

OTIHOU  -  OTOUAI ,  autrement 
Oréro,  déesse  de  l'archipel  Sand- 
wich, reproduite  par  Choris  (  Foy. 
pittoresque  autour  du  mondes 
Sandwich,  YI,  f.  3).  C'est  une  des 
bonnes  sculptures  de  la  Polynésie. 
La  tête  est  laide  ,  mais  elle  est  posée 
avec  aisance  et  liberté,  et  (chose  uni- 
que dans  les  fastes  de  l'art  k  Sand- 
wich!) elle  est  proportionnée  avec  le 
corps.  Les  mamelles pyriformes  com- 
me celles  des  races  éthiopienne  et  ma- 
laie,  sont  finies  avec  Beaucoup  de 
soin.  Les  bras  k  lignes  rondes  et  va- 
riées se  détachent,  et  semblent  vou- 
loir jouer  avec  liberté  j  malheureuse- 
ment la  partie  inférieure  de  cette  fi- 
gure manque. 

OTRYNTÉE,Otrynteus,  roide 
quelques  plaines  au  pied  du  Tmole , 
eut  d'une  naïade  (qu'on  veut  bien 
appeler  la  nymphe  INaïs)  Iphition. 

OTUR ,  figure  diversement  dans 
les  mythes  Scandinaves  comme  être 
ahfimanique ,  instituteur  du  jeune  et 
beau  Fafnir,  qui  plus  tard  le  tue, 
et  qui,  pour  se  faire  expier  de  son 
meurtre,  est  obligé  de  couvrir  son 
corps  de  pièces  d'or.   Ce  mythe  im* 

f)ortant  a  été  développé  de  la  manière 
a  plus  brillante  par  M.  d'Ecksteia 
{CathoL,\^l,  3,oun''^8). 

OTUS  ou  OTOS  :  1°  un  des 
Aloïdes  {Voy.  ce  nom)j  2°  chef 
grec,  fils  de  Cyllène,  tué  par  Poly- 
damas  au  siège  de  Troie  {Iliade y 
liv.XV,v.  5i8). 

OUAHICHE,  génie  chez  les  Iro- 
quois ,  passe  pour  inspirer  les  joa« 


2/,6 


OUE 


gleiirs  et  pour  leur  révéler  l'aveuir. 

OUARAKARA,  dieu  féiiclie  des 
indigènes  des  Antilles.  C'est  une  es- 
pèce de  pyramide  tronquée,  haute  de 
trois  pieds.  La  grande  base  placée 
en  haut  a  près  de  trois  pieds  ac  dia- 
mètre. La  petite  qui  est  en  bas  n'a 
guère  qu'un  pied  et  demi.  Les  pans 
qui  forment  la  périphérie  sont  sculp- 
tés grossièrement.  Sur  un  buste,  qui 
est  celui  d'un  lézard  h  queue  courte, 
est  une  énorme  et  hideuse  tèle  d'un 
volume  égal  au  moins  huit  fois  au 
corps. 

OUCHSIT  est,  chez  les  Iakoules, 
le  dieu   chargé   de   présenter    leurs 

filières  au  ciel,  et  l'exécuteur  des  vo- 
ontés  du  Tout-Puissant.  Sun  nom 
veut  dire  avocat.  Il  apparaît  souvent 
à  leurs  yeux  sous  la  forme  d'oiseau 
ou  sous  celbde  cheval. 

OUESTUCATI(o.i  UESTLCATI) 
est,  dans  la  nomenclature  de  Saumaise 
{de  Afin.  CUm.)j  le  nom  du  deuxiè- 
me Décan  de  la  Vierge.  Firmicus 
l'appelle  Thopitc  (Tiiopilus)  •  et  l'on 
peut  remarquer  dans  le  zodiaque  rec- 
tangulaire de  Tentvra  un  nom  fort 
approchant,  Topit.  Oueslucati-Tho- 
pile  porte  a  la  main  le  sceptre  des 
dieux  bienfaisants,  et  a  pour  coiffure 
deux  cornes  de  bouc  surmontées  de 
deux  feuilles,  comme  son  homonyme 
Topil.  GœTves{Mythcngesch.^  t.  II) 
l'identifie  au  Phruron  ,  trente-sixième 
dyuaste  du  latercule  d'Eratosthène. 
Dans  le  système  de  Dupuis  ce  serait 
plutôt  Moschéri,  dix-septième  dynas- 
te ,  et  en  rectifiant  Dupuis  ,  par  la 
suppression  de  Menés ,  ce  serait  le 
dix-huitième  dynasle  Moustlii.  Enfin , 
fii  Ton  faisait  coïncider  dans  la  corré- 
lation des  dynastes  et  des  décans, 
Atolhès  I  avec  Sothis,  Ouestucati  se 
trouverait  le  même  que  Mares  ou 
Maris  I,  neuvième  souverain  inscrit 
«tir  la  liste  d'Ératoslhène. 


OU  M 

OUGRACÉNA,  radjah  hindou  de 
la  race  des  ladous,  occuj)a  long-temps 
le  trône  de  Mathoura,  et  donna  le 
jour  à  la  belle  Dévaki,  mère  de  Yich- 
nou,  et  à  Ransa,  l'opiniâtre  antlgo- 
niste  de  ce  dieu. 

OUIKKA ,  le  mauvais  principe 
chez  les  Esquimaux,  s'oppose  en  tout 
K  Oukouma.  Il  excite  les  tempêtes, 
renverse  Icsbarques,  fait  manquer  les 

flèches,  et  se  plaît  a  accabler  de  maux 
es  hommes, 

OUIS]NEAGH(WisREAGu)etaussi 
OusKEACH  est,  dans  la  mythologie 
irlandaise,  le  feu  sacré,  Tàlre  person- 
nifié j  Danan  elle-même,  la  grande 
déesse  des  TualLa-Dadan,  est  tour  h 
tour  la  génératrice,  la  terre,  la  flam- 
me. Lors  de  l'invasion  des  Firboigs , 
l'Irlande  fut  divisée  en  cinq  provin- 
ces. Le  centreauquel  venaient  abou- 
tir ces  cinq  provinces  se  nomma 
Ouisnéagh.  C'est  la  que  brûlait  le  feu 
éternel,  et  ((u'élait  le  siège  principal 
du  culte  druidique.  Dans  la  suite  on  fll 
démembra  une  portion  de  chacune  ^ 
des  cinq  provinces,  pour  former  un 
petit  territoire  sacré  dont  Ouisnéagh 
occupait  le  milieu.  Ce  fut  la  rési- 
dence des  rois  et  des  pontifes  suprê- 
mes. Quant  à  l'identification  de  l'a- 
ire,  du  feu,  du  territoire  et  de  la 
déesse  ,  elle  n'a  rien  d'étonnant  : 
Vesta,  on  le  sait,  est  le  foyer,  'E<rr/«. 

OUKOIJMA ,  le  bon  principe  chez 
les   Esquimaux  [J^oy.  Ouirka). 

OULLEIl,  Ase  Scandinave,  fils  de 
Sifia  et  beau-fils  de  Thor ,  préside 
au  duel.  Personne. ne  l'égale  dans 
l'art  de  tirer  les  flèches  et  de  courir 
en  patin. 

OULOUTOIOM  est,  chez  les 
îakoulesjlechef  des  vingt-sept  tribus 
d'esprits  méchants  répandus  dans  l'air. 
11  est  marié  et  a  beaucoup  d'enfants. 

OUM.  Foy.  HoM. 

QDMAR-CEO;  le  dieu  des  mers 


OUT 

à   Otaïii   {f^oytz.  Etoua-Rahai). 

OUINONTÏO,  le  dieu  suprêine 
chez  les  Iroqiiois. 

OUPIS.  Foy.  Opis. 

OURA'NOS.  roy.  Uranus. 

OUSUII,  OUSIUEI.  r.  OsiRis. 

OUSU  (Housu),  jeune  fille  chi- 
noise surnommée  la  Heur  attendue  ou 
la  fille  du  seigneur,  rencontra  un  jour 
sur  les  bords  d'un  fleuve  un  éléphant 
miraculeux  et  resplendissant, l'aspira, 
el  se  trouva  enceinte  d\m  fils  qu'elle 
mit  au  monde  au  bout  de  douze  ans. 
Ce  fils  était  Fohi. 

OUTCHEISRAVA,  cheval  de  la 
mythologie  hindoue,  appartenait  à 
Soumbha  ,  une  des  incarnations  de 
Siva.  C'est  un  des  plus  riclies  trésors 
de  la  terre,  a  L'éléphant  Iravat,  glo- 
rieux partage  d'Indca,  l'arbre  Parid- 
jata  el  le  char  traîné  par  des  cygnes 
t'appartiennent,  »  lui  disent  Tcnanda 
,  et  Mounda  pour  exaller  son  orgueil, 
lorsqu'ils  le  stimulent  au  rapt  d'Aui- 
bika. 

OUTIS,  Ouns,  eu  latin  Utis  , 
nom  d'Ulysse,  n'est  qu'une  défor- 
mation, une  abréviation  du  nom  clas- 
sique Odysscvs  {'oh-rnùi) ,  dont  le 
radical  Oilyss....  offre  la  ressem- 
blance la  plus  frappante  avccO/ù.v. .. , 
Ouliss....  La  forme  latine  Ulysse 
(  dont  certes  nul  ne  conteste  Taffi- 
iiité)  est  moins  voisine  d'Odyssevs 
qu'Outis;  car  la  métamorphose  du  D 
en  T  (de  la  lettre  douce  eu  forte) 
n'est  pas,  K  proprement  parler,  un 
changement.  Au  reste,  Outis  accen- 
tué différemment  [Ouns  au  lieu  do 
Oirts)  signifie  en  grec  personne.  De 
là,  un  jeu  de  mots  assez  plaisant. 
Polyphème ,  en  s'enivrant  sous  les 
auspices  et  par  les  soins  du  prince 
d'Ithaque,  lui  avait  demandé  son 
nom,  elle  rusé  convive  avait  décliné 
celui  d'Outis.  Plus  lard,  lorsque  les 
compagnons  du  h<iros  se  furent  enfuis 


OVIi 


247 


après  avoir  crevé  l'œil  du  géant ,  à 
toutes  les  questions  des  Cyclopes  qui 
venaient  le  secourir  et  qui  ne  cessaient 
de  lu.'  demander  qui  l'avait  mis  dans 
cet  étal,  Polyphème  répondait  a  Ou- 
tis (Personne).  »  —  «  Si  personne  ne 
l'a  attaqué,  ne  te  plaius  de  person- 
ne. >3  La  méprise  des  Cyclopes  est 
plus  marquée  eucore  en  grec  où  deux 
mots  eûVtf  et  fittTiç  sont  censés  sy- 
nonymes, et  où  Polyphème  n'em- 
ploie jamais  celui  de  fttirtgf  tandis 
que  ses  amis  l'emploient  toujour:i 
comme  équivalent  exact  de  tvTtç.  Eu- 
ripide a  reproduit  ce  calembourg  de 
la  haute  antiquité  dans  si  pièce  saty- 
rique  du  Cyclope. 

OVLSARA  est  l'Etre  suprême  à 
Beniu.  Invisible,  présent  partout, 
créateur  du  ciel  et  de  la  terre,  infiui- 
ment  bon;  il  n'est  pourtant  jamais 
invoqué.  Puisqu'il  est  bon,  disent  les 
Nègres,  ce  serait  inutile.  Du  reste, 
ils  croient  au  démon ,  aux  ombres,  à 
la  divination.  Un  pot  percé  par  le 
fond  eu  trois  endroits  est  l'organe  es- 
sentiel des  oracles  que  leur  rendent 
leurs  prêtres.  C'est  au  son  tiré  du 
vase  que  les  adeptes  reconnaissent  la 
volonté  du  dieu.  Ce  son  s'explique , 
il  est  vrai,  h  la  fantaisie  du  jongleur, 
mais  il  n'eu  a  que  plus  de  mérite. 
Au  reste,  jamais  prophétie  ne  doit 
rouler  sur  la  politique  ;  il  est  mémo 
défendu  aux  prêtres  de  Bénin,  sous 
des  peines  très-sévères,  de  mettre  les 
piecls  dans  la  capitale.  Cela  n'empê- 
che pas  que  de  temps  a  autre  les  rois 
du  pays  n'empruntent  leur  ministère 
pour  mettre  k  mort  en  cérémonie  les 
prisonniers.  Ces  aulo-da-fé  ont  lieu 
devant  les  grossiers  fétiches  qui ,  au 
dire  des  Nègres,  représentent  les  mé- 
chants esprits.  Les  victimes  doivent 
être  au  nombre  de  vingt-cinq;  du  res- 
te, on  peut  se  racheter  avec  de  l'ar- 
geul.  Un  Irait  curieux  des  habitant» 


348 


PAA 


PAC 


^^^■1 


le 


de  Bénin ,  c'est  qu'ils  placent  dans  la 
mer  leur  paradis  et  leur  enfer. 

OXYLE,  OxYLXjs,  "o?vA«f ,  fils 
d'HéinoQ  (et  non  Andiémou  qui  était 
son  bisaïeul"),  tua  son  frère,  et  en 
conséquence  fut  obligé  de  quitter  le 
pays.  Il  partit ,  non  pas  à  cheval , 
mais  sur  un  mulet,  non  pas  sur  «u 
mulet  ordinaire,  mais  sur  un  mulet 
borgne.  Un  jour  qu'il  parcourait  le 
")ays  en  si  brillant  équipage  ,  passent 
es  Hcraclides  fort  embarrasses  pour 
trouver  un  guide ,  car  l'oracle  leur 
avait  signiiié  qu'à  moins  de  prendre 
un  guide  a  trois  yeux  ils  ne  pouvaient 
réussir  dans  leur  entreprise.  ccYoilH 
notre  homme ,  »  s'écria  Cresphonte 
h  la  vue  d'Oxyle  monté  sur  son  qua- 
drupède borgne.  Les  Héraclides  ap- 
plaudirent, et  Oxyle  entra  dans  le 
Peloponèse  avec  les  trois  fils  d'Aris- 
tomaque.  Après  la  victoire  ,  il  eut 
en  partage  l'Élide,  rendit  Élis,  la 
capitale,  très-florissante  j  puis,  sur 
l'ordre  de  l'oracle  de  Delphes  ,  choi- 
sit pour  son  successeur  l'arrière-pe- 


tit-fils  d'Oreste ,  Agorîus.  —  Deux 
autres  Oxyle  furent  l'un  fils  de  Mars 
et  de  Protogénie,  l'autre  père  des 
Hamadryades  {Voy.  ce  nom). 

JPXYiNE  (OxYNus,  "olwcç)  et 
SCaMAlSDRE  (Scamandrius  ,  Sxa- 
ftit^ptoî),  fils  d'Hector,  furent  envoyés 
en  Lydie  pendant  le  siège  de  Troie, 
et,  après  le  départ  des  Grecs  vain- 
queurs, rebâtirent  la  ville  et  fondè- 
rent un  nouveau  royaume. 

OXYPORE,  'oiv^ipoç,  c'est-à- 
dire  le  marcheur  vigoureux  ^ 
frère  d'Adonis  dans  la  généalogie  ci- 
licocyprienne  de  ce  dieu.  C'est  la 
personnification  du  soleil  i"  en, tant 
que  roulant  sans  interruption  dans 
l'espace,  2"  en  tant  (|ue  fort,  c'est-à- 
dire  éblouissant  de  lumière,  bridant, 
fécondant,  invincible.  C'est  presqueBl 
une  opposition  complète  à  l'idée  d'A-^" 
donis,  languissante  et  froide  victime 
de  l'hiver.  Oxypore  a  trois  sœurs 
{P^oy.  Laocohe)  qu'on  peut  prendri 
pour  les  trois  saisons  de  l'année  pri3| 
mitive.  Leur  père  commun  est  Cinyre. 


PAAMYLE,  Paahivles,  nax/xli- 
Aijf ,  dieu  égyptien  aux  formes  phalli- 
ques, nous  est  du  reste  inconnu.  Etait- 
ce  Mandon,  l'analogue  de  Pan-Pria- 
pe?  était-ce  Osiris  en  tant  que  phal- 
le?  Le  nom  de  Paamyle  se  prête  à 
une  foule  d'étyraologies  diverses,  Pi- 
AmouTiy  Phall-Myll^  Padma  ou 
Padmala  (espèce  de  lotos  et  en 
conséquence  d'Ioni).  Quant  à  l'inter- 
prétation' vulgaire  de  Paamyle  par 
réglez  votre  langue,  il  faut  en  rire. 
Au  reste,  il  est  présumable  que  ce  dieu- 
phalle  se  présentait  avec  des  traits 
d'androgynisme.  On  donne  comme 
nourrice  d'Osiris  une  Paamylie  de 
ïhèbes;  à  qui  l'oracle  annonça  un 


jour  au  sortir  du  temple  la  naissance 
d'un  héros  sans  pareil ,  et  qui  peu 
de  temps  après  vit  naître  et  nourrit 
le  jeune  Osiris,  appelé  aussi  Para- 
mélès.  On  institua  en  son  honneur 
une  fête  dite  Paamylies ,  et  dans  la- 
quelle on  transportait  processionnel- 
lement  l'organe  viril. 

PAAS,  le  dieu  suprême  des  Er- 
sani  qui  font  partie  des  Mordouans. 

PACHACAMAC.  Foy,  Patcha- 

K.AMAK. 

PACTOLE,  Pactolus,  najcro». 
xUi  dieu  fleuve  célèbre  chez  les  an- 
ciens à  cause  des  paillettes  d'or  qu« 
ses  eaux  roulaient,  fut  lié  à  rhistoire|i 
de  Midas,  Le  roi  de  Célènes,  pour 


PAI 

se  débarrasser  du  fatal  privilège  qu'il 
avait  souliaité  de  tout  changer  en  or, 
se  baigna  dans  le  Pactole,  et  transmit 
aux  flots  la  propriété  qu'il  perdait. 
Les  anciens  ont  mis  aussi  une  pierre 
et  une  plante  aurifère  dans  le  Pac- 
tole. La  plante  trempée  dans  de  l'or 
en  fusion  devient  de  l'or  5  la  pierre 

filacée  a  l'enlrée  d'un  trésor  en  écarte 
es  voleurs ,  a  l'aspect  desquels  elle 
rend  un  son  éclatant  comme  celui  do 
la  trompette. 

PACTOLO,  ncucTaXaj  une  des 
sept  Muses  siciliennes  que  reconnaît 
Épicharme.  Toutes  les  sept  sont  flu- 
viatiles. 

PADMAPANI,  te  cinquième  d^'s 
Boddhicatoas  dans  le  système  des 
Bouddhistes  ,  a  été  chargé  par  Adi- 
bouddlia  ,  l'essence  suprême,  ou  do 
créer  des  mondes  ou  d'en  préparer  la 
création.  Conformément  à  cet  ordre 
il  produisit  Brahmà  ,  Vichnou  et  Siva 
auxquels  appartiennent  les  trois  fonc- 
tions subalternes  de  créateur  ,  con- 
«ervateur  et  modificateur  des  formes. 

PAGASE,  Pagasus,  n<»y«(r«f, 
chef  troyen  tué  par  Camille.  —  La 
Thessalie  avait  une  ville  de  Pagases 
fameuse  parla  construction  du  navire 
Argo ,  que  l'on  appelle  souvent  Pa- 
gasoea  navis ,  Fagasœa  puppis. 

PAITNOUFI,  nxvryovVa  ^  ou 
PAYTNOUFI,  le  même  mie  Thoth 
(Thoth-Hermès  cynocéphale ,  Thoth 
11?).  Les  inscriptions  grecques  d'un 
bas-relief  en  creux  du  temple  de 
Dakke  (  l'ancienne  Pselcis),  qui  était 
dédié  h  ce  dieu ,  répètent  souvent  ce 
nom  dont  nous  ne  connaissons  pas 
le  vrai  sens.  On  voit  dans  Gau  {An- 
ticj.  de  la  Nubie,  pi.  xxxvi  C)  un 
Pailnouil  cynocéphale  dans  l'attitude 
de  l'adoration  devant  une  lionne  h, 
triple  mamelle,  sur  la  tête  de  laquelle 
plane  le  disque  ou  globe  investi  de 
deux  ouréesj  un  vautour. coiffé  du 


pchent  étend  ses  ailes  sur  le  quadru- 
pède sacré  qui  ne  peut  être  que  Neith. 
Le  rapport  des  deux  figures  princi- 

f)ales  (la  lionne  et  le  cynocéphale)  et 
a  présence  du  disque  ont  donné  a, 
penser  (^0/.  trad.  fr.  de  Creuzer 
par  M.  Guigniaut,  p.  55  du  t.  IV  et 
cf.  1. 1,  823  et  828)  qu'il  y  a  ici  une 
représentation  symbolique  de  la  créa- 
lion  par  le  verbe.  Thoth  serait  le 
verbe,  et  Neith  la  nature,  la  raatièrej 
et,  en  d'autres  termes,  Neith  la  ma- 
tière, Thoth  la  forme  qui  s'impose  k 
la  matière. 

PAIVE  était ,  chez  les  Lapons ,  la 
déesse  du  soleil  et  une  des  trois  divi- 
nités supérieures  du  pays.  Sous  ses 
ordres,  trois  génies  subalternes  ré- 
gissaient le  dimanche,  le  vendredi,  le 
samedi.  Elle  n'avait  pas  de  statue , 
quoique  ses  collègues  en  divinité  en 
eussent. 

PAIX  (la),  Pax,  en  grecÏRÈNE, 
E/p'»»;,  était  en  Grèce  une  des  trois 
Heures  ( /^.  ce  nom),  et  en  consé- 
quence passait  pour  fille  de  Jupiter 
et  de  Tliémis.  On  la  représente  sou- 
vent portant  Plutus  dans  ses  bras. 
Chez  Aristophane  ,  elle  a  pour  com- 
pagnes Vénus  et  les  Grâces.  Athènes 
lui  dédia  un  autel,  mais  c'est  surtout 
k  Rome  qu'elle  fut  adore'e.  Le  tem- 
ple que  Claude  éleva  en  son  honneur, 
et  que  dédia  Vespasien  après  la  guerre 
de  Judée ,  était  le  plus  riche  et  le 
plus  beau  de  Rome.  Il  contenait,  ou- 
tre les  trésors  ravis  au  temple  de  Jé- 
rusalem, une  magnifique  bibliothè- 
que et  quantité  de  tableaux ,  de  sta- 
tues, d'objets  précieux  et  de  curiosi- 
tés naturelles.  Il  fut  brûlé  sous  Com- 
mode. Son  emplacement  était  non  loin 
de  l'église  actuelle  de  Maria-Nova, 
5ur  la  voie  sacrée ,  a  la  quatrième 
région  de  Rome.  Beaucoup  de  mé- 
dailles représentent  la  paix.  Ses  traits 
^out  ceux  d'une  belle  et  majestueuse 


aSo 


PAL 


matrone,  l'olivier  dans  «ne  main,  la 
hasle  pure  ,  le  sceptre  ou  le  caducée 
dans  l'aulre.  On  lui  donne  aussi  la 
corne  d'abondance,  le  bouquet  d'épis, 
le  flambeau  renversé  pour  attributs. 
Comme  d'ordinaire  c'est  après  les  ba- 
tailles qu'elle  paraît,  on  la  voit  avec 
la  palme,  avec  la  massue,  avec  la 
lance,  enfin  avec  les  grandes  ailes  de 
la  victoire.  C'est  presque  une  Pallas. 
Sur  une  médaille  d'Auguste  elle  met, 
avec  son  flambeau  allumé  ,  le  feu  à 
un  tiopbée  d'arbres. 

PALAjMÈDE  ,  Palamedes,  na- 
?ia.ft>ièr,s.,  fds  du  roi  d'Eubée  ,  Nau- 
plius ,  et  de  Climène  (  ou  d'Hésiode), 
avait  été  élevé  par  Cliiron.  Député 
mais  vainement  a  Troie  pour  y  rede- 
mander Hélène  ,  il  fut  un  des  instiga- 
teurs les  plus. ardents  de  la  guerre, 
déjoua  la  ruse  imaginée  par  Ulysse 
pour  éviter  de  prendre  part  a  l'expé- 
dition ,  fit  voile  pour  la  Troade  h  la 
tète  de  trente  vaisseaux ,  tua  Sarpé- 
don  et  Déipbobe ,  décida  les  thels  h 
reconnaître  l'aulorilé  d'Agamciunon, 
se  signala  par  diverses  inventions 
propres  h  distraire  l'oisiveté  des  sol- 
dats. Tant  de  services  ne  purent  le 
mettre  h  l'abri  de  la  cruauté  des 
Grecs.  Ulysse  cliargca  un  prisonnier 
phrygien  de  fausses  lettres  a  l'adresse 
de  Palamède  ,  puis  eut  soin  de  faire 
tomber  ce  complice  de  ses  perfidies 
dans  une  embuscade  où  il  périt.  Les 
lettres  trouvées  sur  sou  cadavre  fu- 
rent portées  h  l'assemblée  des  prin- 
ces grecs,  qui  crurent  que  Palamèdo 
trahissait  leur  cause  :  on  courut  a  sa 
tente,  et  l'on  y  trouva  cachée  la  som- 
me dont  Priara  lui  accusait  l'envoi 
par  sa  lettre.  La  preuve  du  crime 
alors  devint  complète,  et  Palamède 
lut  lapidé.  On  sait  quelle  vengeance 
tira  plus  tard  Nauplius  de  la  mort 
de  son  fils.  —  On  rapporte  à  Pala- 
ipède  l'invcution  de  cinq  Ici  Ires  de 


PAL 

l'alphabet  grec ,  des  poids  et  me- 
sures, de  la  fixation  du  mois  lunaire 
et  de  la  détermination  de  l'année  so- 
laire, de  la  tactique,  des  échecs, 
des  dés,  etc.  On  lui  attribuait  aussi 
des  poèmes  qui  furent  supprimés  par 
Agamemnon.  Rien  n'empêcherait  de 
voir  en  lui,  au  moins  avec  autant  de 
raison  qu'eu  Ulysse,  l'auteur  de  quel- 
ques-unes des  rhapsodies  de  l'Iliade 
et  de  l'Odyssée.  Palamède  recul  les 
honneurs  divins  dans  l'Eubée.  Une 
de  ses  statues  portait  l'inscription  : 
yîu  dieu  Palamède. —  Les  lettres 
qu'on  lui  attribue  sont  les  cinq  sui- 
vantes, <I>,  X,  0,  y.,  Y.  Ulysse, 
en  se  moquant  de  son  rival,  disait 
que  cette  dernière  était  de  l'invention 
aes  grues  qui  volent  rangées  sur  deux 
lignes  en  forme  d'ï.  De  là,  le  nom 
d'oiseaux  de  Palamède  donné  aux 
crues.  — Selon  une  tradition,  Pala- 
mede  ,  un  jour  qn  il  était  occupe  a 
pêcher  loin  de  l'armée,  fut  noyé  par 
Ulysse  et  Diomède.  Darcs  de  i*hry- 
gie  le  faisait  périr  de  la  main  de 
Paris. 

PALAMISÉE,  pALAMUiEus,  dé- 
mon lutteur  qui  attaquait  les  hommes. 
On  croyait  à  la  pluralité  des  l^alam- 
uées,  ce  qui  n'eujpêche  pas  qu'on  ne 
les  ail  récapitulés  par  un  chel.  C'est 
ainsi  que  l'on  reconnaît  trois  Furies 
et  une  grande  Furie.  Jupiter  aussi  en 
tant  que  punissant  les  coupables  avait 
le  surnom  de  Palainnéc.  —  Rac.  ; 
■^lâxti  lutte. 

PALANTHO  ou  PALATHO, 
fille  d'Evandre,  la  même,  dit-on,  que 
Palatie  qui  donna  son  nom  au  mont 
Palatin,  et  que  Pallanlée  l'amante 
d'Hercule.  Nous  croyons  que  c'est  une 
Pallas  subalterne  ,  une  INeilli-phalle. 
Comp.  l'art,  suivant. 

PALATIE  ou  PALATUE ,  Pa- 
LATiAj  Palatua,  décsse  italique,  fat 
une  ttes  feuvoesdc  Lutiuus  et;  au  dire 


PAL 

«le  ceux  qui  l'idenlifient  à  Palanlho  , 
la  fille  d'Èvandre  el  la  sœur  de  Pal- 
las.  C'était  le  moul  Palatin  personni- 
fié. Ou  dit  qu'elle  avait  donné  son 
nom  à  celte  montagne,  honneur  qu'au 
reste  lui  disputent  Paies  ,  Palanlbo  , 
les  deux  Pallas,  Pallas  l'Evandride 
et  Pallas  l'aïeule  d'Èvandre ,  et  les 
Pallante  de  Pallanlium  ou  Pallantia 
en  Arcadie.  Palatie  avait  un  beau 
temple  sur  le  mont  Palatin,  et  un 
prêtre  chargé  de  son  culte  portait  le 
titre  de  Palatual  ou  Palatuar.  Pa- 
latual  était  aussi  le  nom  du  sacrifice 
qu'on  lui  offrait. 

PALÉMON,  Pal^mon,  n»xxi- 
fiû» ,  fils  d'Alliamas  et  d'Ino,  et 
frère  de  Léarque,  s'appelait  d'abord 
Mélicerle.  Athamas  ,  dans  un  accès 
de  fureur,  veut  tuer  Ino,  Léarque  et 
Méliccrte.  Léarque  expire  collé  con- 
tre la  muraille.  Ino  se  jette  dans  les 
ondes  tenant  Me.licerte  dans  ses  bras. 
Ils  sont  changés  en  dieux  marins  : 
Lio  prend  le  nom  de  Leucothée,  Mé- 
licerte  celui  de  Palémon.  Ténédos  et 
Corinihe  honoraient  Palémon.  Les 
jeux  islhmiques  mêmus  furent  insti- 
tués en  son  honneur  par  Glaucos ,  el 
c'est  Thésée  qui,  en  les  rétablissant, 
les  plaça  sous  l'invocation  de  Nep- 
tune. Dans  le  temple  de  ce  dieu  à 
Corinihe,  Leucothée  el  Palémon  for- 
maient une  triade  avec  lui,  et  chacun 
des  trois  dieux  avait  son  autel.  Ou 
descendait  par  un  escalier  dérobé 
dans  une  chapelle  basse  où  Palémon 
en  personne  faisait  sa  résidence.  Té- 
nédos offrait  au  jeune  dieu  des  en- 
fants pour  victimes.  — Palémon  veut 
dire  lutteur,-  Mélicerte,  c'est  Mel- 
karlh  ,  c'est-h-dire  Hercule  ,  dont  la 
vie  mythique  n'est  qu'une  longue 
lutte.  Leucothée  avec  Mélicerle  dans 
les  bras,  c'est  Addirdaga  avec  Dagou 
ou  Ichlhys.  Comp.  Atuamas  et  Por- 
TVJiWE»  -^  Trois  autres  Palémon 


PAL 


aSt 


sont  :  1°  fils  de  Vulcain  ou  de  l'Af* 
gonaute  Étole^  2°  fils  d'Hercnle  et 
dTphinoé  (ou  l'identifie  h  Sophax)  ,* 
3°  fils  de  Priam. 

PALÉMONE,  Pal^emonius,  fils 
de  Lerne  ou  de  Vulcain  et  Argonaute. 

PALES,  déesse  italique  dont  le 
culte  fut  principalement  célèbre  dans 
Rome,  présidait,  du  moins  selon  l'o- 
pinion vulgaire  de  ses  adorateurs, 
à  l'augmentation  et  au  bien-être  des 
troupeaux.  Mais  probablement  les 
doctrines  antiques  attachèrent  un 
tout  autre  sens  h  son  nom  qui  semble 
avoir  le  rapport  le  plus  étroit  avec  le 
phalle  et  l'allas,  et  qui  souvent  même 
est  pris  pour  le  nom  d'une  divinité 
mâle.  Fît-on  abslraclion  de  cette  der- 
nière circonslauce  ,  il  est  clair  que 
Paies,  dans  cette  hypothèse,  auraii 
été  la  grande  génératrice ,  la  mère 

fiar  excellence.  Les  nomades  del'Ita- 
ie  primitive  se  plurent  sans  doute  à 
voir  en  elle  la  fécondatrice  des  trou- 
peaux, leur  unique  richesse,  et  mé- 
tamorphosèrent ainsi  la  haute  divinité 
cosmique  en  simple  délié  champêtre. 
C'est  sans  doute  aussi  jpus  l'influence 
de  cette  idée  générale  que  des  an- 
ciens identifièrent  Cvbèle  el  Paies. 
La  transformation  fréquente  du  nom 
de  Palilies  (fêtes  de  Paies)  en  Parilies 
(dérivé  de  parère)  peut  de  même 
donner  à  penser  que  dans  l'idée  de 
Paies  entre  celle  de  génératrice.  Nous 
venons  de  voir  que  la  fêle  de  Paie» 
se  nommait  Palilies  ou  ,  par  une  lé- 
gère altération,  «Parilies.  Elle  se  cé- 
lébrait le  2  I  avril  (  1 1  des  calendes 
de  mars),  le  jour  même  auquel  la 
li-adition  plaçait  la  fondation  de 
Rome.  Quoique  les  invocations  des 
bergers  annonçassent  que  l'on  rendait 
ainsi  hommage  h  la  protectrice  des 
troupeaux,  les  cérémonies  principales 
indiquent  plutôt  des  demandes  expia- 
toires, Il  est  vrai  q"Ç  rexpiaùou ,  la 


«Ss 


PAL 


lustratio ,  pour  employer  un  instant 
le  langage  du  rituel,  avait  été'  rappor- 
tée de  bonne  heure  et  exclusivement 
à  des  fautes  qu^occasionnait  la  vie  pas- 
torale. Laisser  brouter  un  arbre  par 
les  animaux,  les  faire  paître  dans  un 
lieu  consacré  par  l'incinération  d'un 
cadavre,  entrer  par  raégarde  dans  un     l'on  a  cru  que  les  adorateurs  de  Paies 


PAL 

en  vin  cuit.  Ovide  [Fus t. ,  liv.  IV) 
met  K  cette  occasion  dans  la  bouche 
des  bergers  une  prière  charmante. 
4°  Suivait  un  festin  rustique  dans  le- 
quel on  faisait  snrlout  usage  d'une 
boisson  dite  burranica  composée  de 
miel  et  de  vin  doux.  C'est  à  lort  que 


bois  et  y  effaroucher  par  ses  regards 
les  divinités  champêtres,  couper  des 
branches  dans  un  bois  sacré  pour  les 
employer  h  la  guérison  d'un  mouton 
malade,  se  réfugier  par  un  temps  d'o- 
rage dans  quelque  édifice  sacré  isolé 
au  milieu  des  champs,  troubler  le  lim- 
pide cristal  des  eaux ,  telles  étaient , 
selon  le  formulaire  sacré,  les  princi- 
pales souillures  à  effacer.  Les  purifi- 
cations se  faisaient  par  le  feu.  Voici 
comment.  i°  La  veille  de  la  fêle  une 
restale  distribuait  a  qui  en  voulait  des 
cendres  de  jeunes  veaux  brûlés  encore 
k  l'état  de  fœtus  le  jour  des  Fordici- 
dies  (fêtes  en  l'honneur  de  Tellus). 
Ces  cendres  devaient  être  semées 
sur  des  charbons  ardents  que  l'on 
arrosait  ensuite  de  sang  de  cheval j 
après  quoi  l'qp  mettait  le  feu  à  des 
gerbes  de  paille.  Lorsqu'elles  étaient 
enflammées  les  berorers  s'élançaient 
à  travers  le  fragile  brasier  qu'ils  tra- 
versaient trois  fois  en  sautant.  2° 
Le  soir,  lorsque  les  troupeaux  reve- 
naient du  pâturage ,  on  les  rangeait 
devant  le  bercail ,  et  l'a  on  les  asper- 
geait d'eau  lustrale  a  l'aide  d'une 
branche  de  laurier  5  des  fumigations 
sulfureuses  complétaient  cette  puri- 
fication. Le  bercail  même  était  sou- 
mis k  une  cérémonie  analogue ,  et  le 
soufre,  la  sabine,  l'olivier,  le  pin ,  le 
laurier,  le  romarin,  diversement  com- 
binés et  brûlés  ensemble,  épanchaient 
dans  cet  asile  des  troupeaux  uue  fu 


buvaient  au  milieu  du  sacrifice  et  de 
la  prière.  5°  Après  le  repas  ,  on  re- 
nouvelait les  feux  de  joie  de  la  veille, 
et  on  sautait  de  nouveau  par  trois 
fois  dans  la  flamme  du  chaume.  Le 
caractère  expiatoire  de  celle  solen- 
nité est-il  le  trait  fondamental ,  ou 
bien  n'est-il  qu'un  trait  épisodique? 
C'est  ce  que  nous  ne  discuterons  pas. 
Remarquons  seulement  1°  le  rôle  que 
joue  ici  (dans  la  distribution  des  cen- 
dres) la  prêtresse  de  Vesla  (  Vesta  si 
voisine  de  Cybèle,  Vesta  déesse  du 
feu  ) ,  2°  l'apparition  du  sang  de  che- 
val, soit  tout  simplement  comme  élé- 
ment fumigaloire  et  par  conséquent 
expiatoire,  soit  a  cause  de  sa  préten- 
due ressemblance  avec  la  flamme 
(  «  figura  sanguinis  ignicolor,  »  dit  S. 
Épiph.,  C^f .y  hérét.,\.\^  c.  18). 
Les  Faillies  ,  a  partir  de  l'an  de 
Rome  708  (avant  J.-C.  45  et44-)» 
furent  célébrées  aussi  en  l'honneur  de 
César,  parce  que  c'est  le  20  avril  au 
soir  que  Rome  reçut  la  nouvelle  de 
la  victoire  de  Munda,  Elles  se  soutin- 
rent jusqu'à  l'an  de  J.-C.  692, épo- 
que àlaquelle  le  concile  de  Conslan- 
tinople,  connu  sous  le  nom  de  Pseu- 
dosexte,les  interdit  ainsi  que  les  feux 
desNéoraénies(C««pn  LXV).  Outre 
les  Palilies  vraies  ,  on  célébrait  dans 
l'inte'rieur  des  maisons  uue  fête  ho- 
monyme, qui  serait  mieux  nommée 
Parilies.  La  maîtresse  de  la  maison 
se  couchait  dans  le  lit  de  l'Atrium,  et 
demandait  à  Paies  d'heureux  et  faci- 


I 


mée  propitiatoire.  3"  On  offrait  a  la 

déesse  un  sacrifice  qui  consistait  enfles  accouchements. 

gâteaux  de  miel  et  de  fèves,  en  lait  ,1^    PALESTIN  ,   PALESTiurs ,   fils 


PAL 

du  roi  de  Thrace,  Néphée,  perdit  son 
fils  Haliacmon  auquel  il  avait  confié 
le  commandement  de  son  armée,  el 
de  désespoir  se  jeta  dans  le  Strymon 
(aujourd'hui  Struma)  qui  s'appelait 
Cauosa,  el  qui  prit  plus  tard  le  nom 
de  Strymon.  Il  est  croyable  qu'Ha- 
liacmon  devint  aussi  un  fleuve, 

•PALESTINES,  Palestin^e,  les 
Furies  à  Paleste  en  Epire,  Près  de 
cette  ville  était  une  de  ces  mefitinel' 
le  (cavités  volcaniques)  par  lesquelles 
les  anciens  croyaient  qu'on  pouvait 
descendre  aux  enfers. 

PALESTRE,  PALiESTRA,  n«. 
Xx/oTpoif  la  lutte  personnifiée,  passait 
pour  fille,  tantôt  d'Hercule,  tantôt 
de  Mercure,  tantôt  de  Chorique  (le 
soufflet).  On  conçoit  toutes  ces  généa- 
logies. Hercule  fut  un  rude  lutteur. 
Mercure  passait  pour  l'inventeur  de 
la  lutte.  On  halète  en  luttant,  on 
souffle.  Dans  la  dernière  tradition  Pa- 
lestre est  l'amante  de  Mercure.  Ce 
sont  ses  frères,  Hénète  et  Plexippe, 
qui  ont  inventé  la  lutte.  Leur  sœur  dé- 
voile cet  art  a  Mercure.  Le  père  ir- 
rité ordonne  à  ses  fds  de  se  venger 
du  dieu.  Ceux-ci  happent  un  jour 
Mercure  endormi  sur  le  Cyllène  ,  et 
lui  coupent  les  mains.  Mercure  alla 
se  plaindre  a  Jupiter ,  et  l'on  arracha 
les  entrailles  à  Chorique  qui  fut  chan- 
gé en  soufflet.  On  dit  encore  de  Pa- 
lestre qu'elle  fit  permettre  la  lutte  aux 
femmes,  et  qu'elle  fut  l'inventrice  de 
cette  espèce  de  tablier  de  pudeur  que 
portaient  les  athlètes. 

PALEUR.  Foy.  Pallor. 

PALICES  ou  FRÈRES  PALI- 
QUES,  dieux  jumeaux  siciliotes ,  na- 

auirent,  selon  les  uns  de  Jupiter  et 
'Etna  fille  de  Vulcain  (ou  même  de 
Vulcarn  et  d'Etna) ,  selon  les  autres 
d'Adrane ,  qui  est  aussi  un  dieu  du 
feu  {yoy.  Adratîe).  Etna,  qu'on 
nomme   encore  Thalie,   fut,    a   sa 


PAL 


253 


prière  et  pour  ne  pas  être  aperçue 
de  Junon,  cachée  pendant  sa  gros- 
sesse dans  les  entrailles  de  la  terre. 
Au  terme  de  l'accouchement,  deux 
fils  jaillirent  brusquement  du  sol. 
Leur  temple  était  voisin  ou  de  Ca- 
tane  sur  le  Siraèlhe  ou  d'Éryx.  Près 
de  l'édifice  sacré  se  voyaient  deux 
lacs  d'eau  sulfureuse  et  bouillante, 
toujours  pleins  jusqu'au  bord,  tou- 
jours au  même  niveau.  Ces  lacs  s'ap- 
pelaient Delli.  Toute  la  banlieue  di- 
vine était  célèbre  par  les  prophéties 
que  les  deux  frères  rendaient ,  par 
l'asile  qu'elle  offrait  aux  esclaves  fu- 
gitifs que  l'on  ne  rendait  au  maître 
qu'après  serment  de  les  traiter  moins 
rigoureusement  h  l'avenir,  enfin  par 
les  jugements  qui  y  étaient  pronon- 
cés sur  les  contestations  relatives  aux 
paiements.  Dans  ce  cas,  on  se  puri- 
fiait aux  bassins  des  frères  Paliques, 
ou  donnait  caution,  on  écrivait  la  for- 
mule du  serment  exigé  par  les  prê- 
tres sur  des  billets  que  l'on  jetait 
dans  le  bassin:  ils  surnageaient  s'ils 
étaient  conformes  à  la  vérité  5  ils 
tombaient  au  fond ,  si  le  débiteur 
y  écrivait  un  parjure.  On  ajoute  que 
non-seulement  il  était  alors  condamné 
à  payer,  mais  qu'une  mort  subite  le 
punissait  à  l'heure  même  de  son  au- 
dace ,  ou  qu'il  se  noyait  dans  l'un  des 
lacs,  ou  qu'un  feu  secret  le  dévorait: 
Diodore  de  Sicile  réduit  la  peine  a 
la  perte  de  la  vue.  Long-temps  on 
avait  immolé  des  victimes  humaines 
aux  Paliques.  —  Il  est  clair  que  les 
frères  Paliques  ne  sont  que  l'eau  ther- 
male divinisée.  Les  lacs  où  on  les 
invoquait  se  réduisent  chez  quelques 
auteurs  à  un  seul.  Peut-être  fut-il 
divisé  par  les  prêtres  en  deux  com- 
partiments. Ce  lac  passe  tour  h  tour 
pour  leur  mère,  pour  leur  berceau, 
pour  la  route  par  laquelle  ils  revin- 
rent  a  la  terre-,   enfin   pour  eux- 


254 


PAL 


mêmes.  Toutes  ces  opinions  se  con- 
cilient. Quant  aux  variantes  sur  Unir 
généalogie,  Adrane   et  Vulcaiu  re- 
viennent au  même.  Qu'ils  aient  pour 
pcre  un  Yulcain  ou  pour  mère  une 
Vulcanide,  le  mythe  n'est  pas  diffé- 
rent.   Reste  h  expliquer  l'union  du 
feu  avec  les   eaux;  le  mot  seul  de 
source  thermale  explique   tout.    On 
sait  d'ailleurs  que  les  volcans  et  les 
sources  sont  en  rapport.  Il  est  pos- 
sible que  l'apparition    subite  d'eau 
chaude  sulfureuse  dans  le  voisinage 
de  Catane ,   k   la  suite  d'une  érup- 
tion de  l'Etna,  ait  donné  lieu  K  la 
création  du  naylhe  des  frères  Pali- 
qnes.  Parfois  les  jumeaux  se  réduisent 
a  un  seul  Pallque  ,  fils  de  Jupiter  et 
d'Etna.  Son  père,  toujours  dans  la 
crainte  de  Junon,  le  changea  en  ai- 
gle. Il  faut  songer  ici  que  Jupiter- 
Vautour  se  mêle  a  la  fable  d'Etna , 
et  que  le  vautour,  analogue  a  l'aigle 
par  ses  serres  puissantes,  se  rappro- 
che du  cygne  par  la  flexibilité  de  son 
cou.    Bochart  dérive  Adranie  (c'est 
ainsi  qu'ilécritAdrane)d'Adramélech, 
et  conclut  que  les  Paliques  sont  des 
dieux    phéniciens.   L'étyraologie    est 
fausse ,  et  la  dérivation  ethnographi- 
que  très-gratuite,    quoique  rien    ne 
s  oppose  à  ce  que  les  Phéniciens  aient 
porté  leurs   idées,    leurs  dieux    en 
Sicile. 

PALINURE,  Paunurtjs,  pilote 
d'Énée,  s'endormit  au  gouvernail, 
tomba  dans  la  mer,  et,  après  avoir 
erré  trois  jours  a  la  merci  des  flots, 
fut  jeté  le  quatrième  sur  la  côte  de 
rilalie.  Les  sauvages  habitants  de  ce 
littoral  regorgèrent.  Punis  de  leur 
crime  par  une  peste  violente,  ils  éle- 
vèrent 'a  ses  mânes  un  monument  fu- 
nèbre qui  devint  bientôt  un  autel. 
Dans  YirgUe ,  c'est  Énée  qui  rend  ce 
dernier  devoir  'a  Pallnure.  Le  tombeau 
qu'il  lui  élève  est  le  cap  qu'où  nora- 


PAL 

me  aujourd'hui  Cabo  diPalemido. 
PALLAINTIDES.  Voy.  Pallas 

1.    PALLAS,    Minerve     comme 
guerrière,  virile,  phalle.  Quelque  bi- 
zarrerie que  présente  ce   cumul  du 
phalle  et  des  traits  propres  a  la  fem- 
me ,  le  fait  n'en  est  pas  moins  indu- 
bitable. L'idée  de  femme  épouse, «ou 
sœur,  ou  fille,  est  une  face  de  l'idée 
de  parèdre.   Or,  qu'est-ce  qui  cons- 
titue le  parèdre?  la  personnalisation 
a  part  d'une  propriété.   Le  dieu  su- 
prême est  snge;  sage  est  une  qualité  j 
qu'on  la  substanlifie,  la  sagesse  est  un 
être,  le  dieu  sage  devient  dieu  et  sa- 
gesse. Mais,  d'autre  part,  ce  dieu  est 
fort,  est  générateur,  est  actif,  semble 
armé.  Vous  avez  alors  dieu  et  la  force, 
dieu  et  l'aclivilé  ,  dieu  et  l'armée  , 
dieu  et  l'instrument  de  la  génération. 
Ce  sont  quatre  parèdresj  la  sagesse 
en  est  un  cinquième.  Ces  cinq  parè- 
dres  sont  donc  cinq  dieux?  Oui  ,   si 
l'on  veut;  mais,  rigoureusement  par- 
lant ,  ils  se  réabsorbent  eu  un  seul. 
Dès-lors,  sagesse,   force,    activité, 
armes ,  phalle ,  ne  sont  qu'un  dieu. 
Et  en  vain  vous  aurez  fait  de  la  sa- 
gesse une  femme  ou  une  vierge,  cette 
femme  ,  celte  vierge   sera  le  phalle. 
Les  Grecs  ont  multiplié  de  vingt  ma- 
nières les  phalles  fantastiques,  à  for- 
me de  lanternes,  de  lampes,  etc.  Rien 
n'empêche  qu'on   n'ait  donné    à   un 
phalle  la  forme  de  femme.  Minerve 
fut  adorée  par  les  Pélasgues  sous  le 
nom  de  Palias,  et   ses  statues  por- 
taient le  nom  de  Palladium,  qui  fut 
plus  lard  le  titre  générique  des  sta- 
tues laHsmaniques  auxquelles  tenaille 
sort  des  empires.  Tels  furent  les  Pal- 
ladium de  Phocée,  de  Chio,  de  Mas- 
silie  (  Marseille  )    et  de   Rome.   Le 
Palladium  par  excellence  fut  celui  de 
Troie,  qu'on  donnait  comme  une  fa- 
lalilç  de  celte  ville  célèbre.  Suivant 


I 


PAL 

Apollodore,  l'effigie  sacrée  avait  trois 
coudées  (  4-  pieds  3  pouces  1/2  de 
hauteur)  ;  les  jambes  étaient  collées 
l'une  contre  l'autre,  et  les  bras  sans 
doute  étaient  de  même  collés  au  corps  ; 
dans  la  main  droite  était  une  lance  , 
dans  la  main  gauche  une  quenouille  et 
un  fuseau.  C'est  k  tort  qu'on  a  voulu 
refuser  des  mains  a  cette  statue  de 
forme  si  peu  élégante,  et  que  ,  par 
suite  ,  obligé  de  reconnaître  l'exis- 
tence d'un  Palladium  a  lance  et  que- 
nouille ,  et  par  conséquent  h  deux 
mains ,  on  en  est  venu  a  dire  qu'il  y 
eut  deux  Palladium  ,  l'un  véritable- 
ment antique  et  sans  mains,  l'autre 
fruit  d'une  élaboration  grossière  en- 
core, mais  dejàvisant  au  perfection- 
nement et  k  l'art.  Ce  système  n'a 
d'autre  base  qu'une  erreur  matérielle 
sur  un  mot  grec  {i:c^tpo7roi»]T»),  qu'on 
a  traduit  ^ar Ja.it  sans  mains  ,  et 
qui  signifie  nonjciit  de  la  main  des 
hommes.  Quant  aux  deux  Palladium 
mentionnés  par  Kanaboutsa  (Manusc. 
du  roi  ) ,  c'étaient  les  deux  Pénates 
primitifs,  dédoublement  de  Pallas. 
Le  Palladium  de  Troie  était  de  bois 
de  figuier  selon  les  uns,  et  d'os  se- 
lon les  autres.  Ces  os,  dit-on,  étaient 
ceux  de  Pélops  (ici  songez  que  Mi- 
nerve,  k  la  table  de  Tantale,  avait 
mangé  l'épaule  de  Pélops,  épaule  qui 
fut  remplacée  par  un  membre  d'i- 
voire, et  que  Pélops,  d'ailleurs, res- 
scinble  à  plialle).  La  statue  tomba  du 
ciel,  ou  elle  fut  donnée  de  la  part  des 
dieux  a  un  des  héros  fondateurs  de 
Troie.  Quand  elle  tombe  ,  c'est  près 
de  la  tente  d'Ilus  ou  a  Pessiiionte; 
quand  elle  est  donnée  ,  c'est  Electre 
ou  Chrysée  qui  la  porte  k  Dardanus, 
ou  bien  c'est  Asius  qui  la  donne  kTros. 
Dans  riliade  ,  Ulysse  et  Diomède 
prennent  le  Palladium.  Selon  les  tra- 
ditions pélasgiques,  tantôt  Enée  l'em- 
porte en  Italie  ,  et  Lavinium ,  la  villo 


PAL 


255 


sainte,  le  reçoit  dans  son  sanctuaire  j 
tantôt  l'Asie  prétend  ne  pas  l'avoir 
perdu  ,  et  quand  Fimbria  incendie 
Ilium,  on  trouve  le  Palladium  intact 
dans  les  cendres  du  temple  de  Mi- 
nerve. Les  conciliateurs  des  variantes 
admettaient  que  Dardanus,  possesseur 
du  Palladium,  l'avait  caché  dans  un 
asile  impénétrable,  et  n'exposait  k  la 
vue  du  publicqu'un  Palladium  de  main 
d'homme.  C'est  de  ce  dernier  qu'U- 
lysse et  Diomède  s'emparèrent. 

2.  PALLAS,  parèdre  femelle  de 
Minerve,  passait  pour  fille  de  Triton 
(ainsi  que  Minerve  elle-même)  et  pour 
nourrice  de  Minerve.  Comme  elle  , 
elle  s'occupa  de  guerre,  de  jeux  gym- 
niques. Les  jeux  un  jour  devinrent 
sérieux ,  et  Jupiter,  craignant  pour  sa 
fille,  présenta  l'égide  k  Pallas 5  celle- 
ci  fut  pétrifiée  k  l'instant  même,  et 
Minerve,  désolée,  fit  faire  ,  pour 
consoler  sa  douleur  ,  un  simulacre 
de  son  amie  (ce  simulacre  devint  le 
Palladium),  et  prit  elle-même  le  nom 
de  Pallas. 

3.  PALLAS  (g.  Pallantisl), 
génie  funeste  donné  pour  père  de 
Pallas-Minerve.  Il  se  dédouble  en  un 
Titan  et  un  géant,  tous  deux  victimes 
de  Minerve.  Le  Titan  devait  le  jour 
k  Crios  et  k  Eurybie  5  époux  de  Styx, 
il  en  eut  Nice,  Cratos,  Zêlos  ctBia.Il 
ne  faut  pas  douter  que  ce  ne  soit  celui 
que  Tzetzès  et  Clément  d'Alexandrie 
donnent  comme  époux  de  laTilanide  et 
père  de  Pallas-Minerve,  qui  eut  bien- 
tôt k  se  défendre  de  ses  incestueuses 
tentatives,  et  qui  le  tua  pour  en  finir. 
Le  géantfut,  lors  du  retour  des  dieux 
au  ciel,  renversé,  égorgé,  écorché 
par  Minerve  ,  qui  prit  sa  peau  pour 
en  tapisser  son  bouclier,  et  son  nom 
pour  éterniser  le  souvenir  de  sa  vic- 
toire. Nous  avons  vu  de  même,  aux 
Indes,  Bhavani,  victorieuse  deDour- 
ga,  s'emparer  du  nom  de  Dourga. 


ihô 


PAL 


Û.  PALLAS,  fils  de  Pandion,  se 
dessine  dans  l'histoire  d'Athènes  com- 
me frère  d'Egée,  de  Nisuselde  Lycusj 
ies  fils  (au  nombre  de  12  ou  de  5o) 
s'appellent  Pallan{ides.  Neveux  d'E- 
gée (seul  roi)  et  cousins  de  Thésée,  ils 
attaquent  le  premier,  se  laissent  Lat- 
tre par  le  second,  rentrent  dans  Pal- 
lène,  leur  seigneuriale  demeure,  et  ne 
revieunenta  lacharge  que  long-lemps 
après  la  mort  d'Egée,  et  quand  ïlié- 
see,  par  ses  perpétuelles  absences  ou 
ses  cruautés,  laisse  h  toutes  les  ambi- 
tions déçues  un  espoir  de  revanche. 
Les  Pallantides  triomphent  en  effet, 
et  Méneslhée  occupe  le  trône  d'Alliè- 
nes,  tandis  que  Thésée  cherche  un 
asile  h  Scyros.  —  La  rivalité'  de  Pal- 
las  et  d'Egée  rappelle  la  foule  des 
autres  mythes  solaires  oîi  le  jour  et  la 
nuit  l'emportent  alternativement  l'un 
sur  l'autre ,  ou  bien  se  partagent  le 
monde  eu qualitédc soleils semeslrieU. 
Douze  est  le  nombre  des  mois^  cin- 
quante celui  des  semaines  de  l'année 
lunaire.  Egée  et  Pallas  sont  l'onde- 
ciel  et  le  phalle  ,  tour  a  tour  iuactifs 
et  actifs.  Pallène  ,  séjour  isolé,  sep- 
tentrional et  brumeux,  est  comme  le 
lieu  de  retraite  qui  cache  le  phalle 
pendant  la  période  d'inactivité. 

5-8.  PALLAS,  princes  de  la  fa- 
mille d'Evandre.  On  en  trouve  quatre 
dans  les  raytiiologies,  savoir  :  1°  Pal- 
las,  un  des  5  0  fils  de  Lycaon  j  il  fon- 
da Pallanlium  ,  en  Arcadie  (Et.  de 
Byz.,  art.  n«AA<ivr<ov).  On  y  voyait  sa 
statue  (Pausau.,  YIII,  44.).  2"  Pal- 
las  ,  grand-père  d'Evandre.  C'est  de 
lui  que  le  mont  Palatin,  à  Rome ,  prit 
son  aom{f^oy.  Evandre). Quelques- 
uns  en  font  un  fils  d'Egée  et  père  de 
Thésée,  qui  l'exila  de  l'Altique.  3° 
Pallas,  le  fils  d'Evandre,  celui  dont 
nous  allons  parler  plus  bas.  4"  Pal- 
las,  petit-iils  d'Evandre  par  sa  mère. 
Mort  fort  jeuae,  et  probablement  sans 


PAL 

[lostérité,  il  fut  enterré  sur  le  montPa- 
atiu,  dont  quelques-uns  veulent  que 
le  nom  dérive  du  sien.  De  ces  quatre 
Pallas  ,  le  plus  célèbre  est  le  troi- 
sième.   Virgile  et  après  lui  tous  les 
poètes  le  montrent  allant  porter  des 
secours  à  Enée  dans  la  guerre  contre 
les  Rutules.  Il  ne  manque  point  de  s'y 
distinguer;  mais  il  meurt  de  la  main  de 
Turnus(£'7z.,l.X,  v.485).  Plus  tard, 
c'est  la  vue  de  son  baudrier,  dépouille 
opime  brillant  sur  le  sein  de  Turnus, 
qui  détermine  Enée  a  tuer  ce  roi  des 
Rutules,  que  la  pitié  lui  commandait 
d'épargucr.  Comme  son  bisaïeul  et 
son  neveu  ,  Pallas   est   censé  avoir 
donné  son  nom  au  mont  Palatin  ou  à 
l'humble  ville  de  Pallanlium  ,    bàlie 
par  Evaudre  sur  celle  colline  (Aurél. 
Victor,  Orig.  de  la  nat.  roni.,  5). 
Pour  quiconque  sait  traduire  le  lan- 
gage mythologique,  il  est  évident  que 
les  trois  Pallas  en  rapport  avec  Evau- 
dre (le  premier  s'en  éloigne  trop  et 
va  se  jeter  dans  les  mythes  de  Ly- 
caon )  se  réduisent  a  un  seul,  que 
tour  à  tour  on  présente  comme  as- 
cendant ou  descendant  a  degrés  di- 
vers. Il  ne  faut  pas  oublier  que  ,   se- 
lon plusieurs  mythographes,  Pallas 
était  un  géant.  Il  est  probable  qu'on 
lui  a  ici  donné  les  traits  des  Pallas 
en  rapport  avec  Minerve  {f^oj^.  Pal- 
las ,  n°  3).   Quoi  qu'il  en  soit ,  la 
stature  gigantesque  de  Pallas  deviat 
presque  un  article  de  foi  au  moyen 
âge  dans  les  monastères  et  dans  les 
écoles.  Les  histoires  du   12"  et  du 
i3'  siècle  parlent  le   plus  sérieuse- 
ment du  monde  d'un  corps  de  Pallas 
trouvé  à  Rome  en  io4i   ou  io54  j 
sous  l'empereur  Henri  III.  Ce  corps, 
dressé  contre  les  murailles  de  la  ville, 
les  surpassait  en  hauteur.  On  disUn- 
guait  encore  la  blessure  mortelle  j  la 
lampe  sépulcrale  briîlait  dans  le  tom- 
beau.  Toutes  ces  circonstances  ab- 


PAM 

snrdes  prouvent  la  fertilité  des  ima- 
giuations  monastiques  j  et  quant  aux 
ossements  eux-mêmes,  si  réellement 
on  en  trouva,  il  faut  les  mettre  avec 
ceux  du  roi  Teutobochus  et  du  géant 
de  Lucerne  :  ce  n'étaient  que  des  os 
d'éléphant(^o)'.  Cuvier,  Rech.  sur 
les  ossem.foss.,  t.  I,  p.  78,  etc., 
de  la  2*  éd.). 

PALLOR ,  LA  Paleub  ,  parèdre 
de  Mars cliez les  Romains. TullusHos- 
tilius  lui  vouaun  temple  lorsde  la  ba- 
"aille  contre  les  Fidénates,  quand  la 
dtfection  des  Albains  faisait  pâlir  ses 
soldtts.  On  sacrifiait  a  Palier  un 
chien  e».  une  brebis.  Ses  prêtres  s'ap- 
pelaient Pallorii.  On  voit  une  tête  de 
ce  dieu  sur  une  médaille  de  TuUus 
Hostilius,  dans  Havercamp  {Thés. 
Morell,  t.  I,  p.  200). 

PALME,  Palmus  ,  chef  troyen  a 
qui  Mézence  coupa  les  jarrets  et  en- 
leva les  armes. 

PALMYS,  nûxfcvs,  fdsd'Hippo- 
Uon  et  un  dos  auxiliaires  de  Priara 
pendant  la  guerre  de  Troie  ,  était 
tt'Ascanie.  Ses  frères  et  lui  s'étaient 
rendus  ensemble  au  secours  de  la  ca- 
pitale de  laTroadc. 

PAMBON,  dieu-icrpent  de  Ma- 
duré.  11  paraît  que  c'est  le  nom  gé- 
nérique d'une  ràpèce  d'ophidiens  , 
comme  Hanoucian  celui  d'une  espèce 
de  singes.  Va  le  nourrit  k  la  porte 
des  temp-'es ,  et  il  a  même  ses  en- 
trées d?«s  les  maisons. 

P^MISE  ,  PaMISUS  ,  nifttiTeç  , 
dipii-fleuve  de  la  Messénie  en  l'hon- 
aeur  de  qui  le  roi  Cynortas  institua 
un  sacrifice  annuel. 

PAMM-ARKHONDÊS ,  niftfccs 
'kfx.^^^*iS')  et  en  latin  Pammus  Ar- 
CHOKDEs  ,  nom  évidemment  défiguré 
(peut-être  faudrait-il  substituer  Pam- 
Oiachérès  ou  Pamchontaré  )  du  19* 
dyuaste  égyptien  dans  le  latercule 
d Eratoslbène,  tombe,  selon  Gœrrcs 


PAM 


%s^ 


(fiïythengesch  ,  t.  II),  avec  Mos- 
chéri  et  Mousthi,  ses  deux  prédéces- 
seurs supposés,  dans  les  Poissons,  do- 
micile de  Jupiter.  Il  en  serait  en 
conséquence  le  troisième  décan.  Dans 
les  trois  autres  systèmes  de  concor- 
dance imaginés  entre  les  dynastes  et 
les  décans,  nous  reconnaîtrions  dans 
Pamm-Arkhondès  soit  Soucho  (  Se- 
ruchut  de  Firmicus),  premier  décan 
delabalance,  soitAphout  (Aphoso  de 
Saumaise),  dernier  décan  de  la  vierge, 
ou  enfin  Chommé  ,  troisième  décan 
du  sagittaire. 

PAMMON,  nûfcftav ,  un  des  fila 
de  Priam  et  d'Hécube. 

PAMPHILE,  i°PAiwpHinJs,égyp- 
tide;  2°  Pamphila,  fille  d'Apollon, 
inventa  l'art  de  broder  en  soie,  f^oy, 
aussi  Pamphyle. 

PAMPHOLYGME,  femme  de  l'O- 
céan, en  eut  deux  filles,  Asie  et  Li- 
bye.— Pompholyx,  en  grec,  veut 
dire  gonflement.  Peut-être  ce  mythe 
indique -t -il  que  les  deux  grands 
continents  connus  des  anciens ,  l'Asie 
et  l'Afrique,  sont  dus  h  un  soulève- 
ment du  lit  des  mers. 

PAMPHOS  ,  n<«^(p«f,  barde  des 
époques  primitives  de  la  Grèce  ,  avait 
composé  des  hymnes  qui  se  chantaient 
avec  les  poésies  d'Olen  et  d'Orphée  aux 
mystères  d'Eleusis.  Pausanias  obtint, 
dit- il,  du  Dadouque  d'Eleusis  la  per- 
mission de  les  lire,  et  en  mentionna 
quatre  :  a  Gérés,  k  Neptune,  k  Diane, 
kErôs.  Onpeut  y  joindre  l'hymne  aux 
Grâces,  quoique  ni  leur  nombre  ni 
même  leurs  noms  ne  fussent  fixés  dans 
ces  vers  sacrés  ;  un  chant  funèbre  sur 
la  mort  de  Ninus,  et  un  autre  sur  l'en- 
lèvement de  Proserpine.  Philoslrate 
dit  que  l'hymne  homéroïdique  k  Pro- 
serpine est  une  imitation  d'un  hymne 
semblable  laissé  par  Pamphos.  Pau- 
sanias regarde  Pamphos  comme  pos- 
térieur a  Olen ,  «i  même  comme  U 


tT. 


«7 


asa 


PAN^ 


correcteur  et  l'éditeur  des  poésies 
d'Orphée  et  d'Olen.  Pamphos ,  dit- 
on,  était  d'Athènes. 

PAMPHYLE:  1°  Pamphyle,  nct/n- 
çwAjj,  fille  de  Rhacios  et  de  Manto  ; 
2°  Pamphylus,  Tlift(pvXof,  la  Pam- 
pbylie  personnifiée.  Ce  dernier  passait 
pour  fils  d'Égime  et  frère  de  Dymas; 
il  régnait  en  Doride.  Les  Héraclides 
le  tuèrent  lui  et  son  frère,  et  les  Spar- 
tiates vainqueurs  donnèrent ,  en  mé- 
*  raoire  de  ces  deux  princes,  le  nom  de 
Pamphylide  et  de  Dyinantide  à  deux 
de  leurs  obes  ou  tribus. 

PAMYLES,  Pamyles.  f^.  Paa- 

MYLE. 

PAN,  n»r,  dieu  rural  de  la  mytho- 
logie vulgaire,  est  l'Etre  suprême  soit 
des  Pélasgues  soit  de  ceux  auxquels 
les  Pélasgues  l'empruntèrent.  Voici 
sa  légende  pélasgo-dorîque.  Pères  : 
Mercure,  Jupiter,  Saturne,  Uranus, 
Ether,etc.,on  peutchoisir.Dansrhy- 
pothèse  de  Mercure  ,  la  mère  est  la 
nymphe  Dryope  ,  ou  bien  Pénélope. 
Toutefois  Pénélope  ,  chez  quelques 
mythologues ,  devient  enceinte  soit 
grâce  a  Ulysse,  son  mari,  soit  grâce 
k  la  foule  des  amants  que  lui  fournit 
Ithaque  pendant  l'absence  d'Ulysse. 
Dans  l'hypothèse  de  Jupiter,  la  mère 
estCallisto,  ou  la  nymphe  Cénéis,  ou 
Hybris  (et  non  Thymbris).  Dans  la 
troisième  hypothèse,  c'est  Rhée  qui 
l'a  de  Saturne,  Dans  la  quatrième  , 
c'est  Rhée  (la  terre)  qui  concourt  avec 
Uranus  (le  ciel)  a  la  création  du 
dieu  j  et  dans  la  cinquième  enfin  on 
donne  ponr  parèdre  à  Elher  une  Né- 
réide. Notons  en  passant  que  Mer- 
cure, pour  surprendre  Pénélope,  se 
changea  en  bouc.  Toutes  ces  généalo- 
gies présentent  pour  traits  fondamen- 
taux la  génération  (bouc-chèvre) ,  les 
vents  et  l'air,  les  bois  ou  mont  boisé. 
Quelques  syncrétistes  ont  imaginé 
êera  Pan,  l'un  né  de  la  nymphe  mon- 


PAÎf 

tagnarde  Sosa,  l'autre  de  la  nymphe 
des  plaines,    Pénélope.    Il  vint  au 
monde  avec  des  cuisses  ,    des  jambes 
et  des  pieds  de  bouc,  avec  des  cornes 
de  bouc  ,  et  avec    le  rude  pelage  du 
bouc.  La  nymphe  Sénoé  ,   sa  nourri- 
ce ,  et  les  autres  nymphes  arcadien- 
ues,  poussèrent  un  cri  d'horreur  à  sa 
vue;  Mercure,  au  contraire,  se  prit 
à  rire,  enveloppa  l'enfant  aux  Jambes 
hirciformcs  dans  une  peau,  et  le  porta 
des  flnncs   du  Lvcée  ou  du  Menai e 
dans  rOlympe,  où  il  amusa  les  dieux, 
notamment  Bacclius,  par  celle  bizarre 
structure  dont  les  nymphes    avaient 
eu  peur.  On  le  voil  souvent  en  com- 
merce d'amour  avec  les  nymphes.  Si 
la  belle  Svriux  résiste  k  ses  ardentes 
sollicitations  ,  Echo  ,  Pilys  ,    Séléné 
(la lune)  sont  moins  fières  etparlagent 
sa  tendresse.  Pilys  pourtant  était  ai- 
mée de  Borée;  et  le  dieu  ,  irrité  de  la 
préférence  donnée  h  Pan,  tua  la  jeun© 
fille,  qu'ensuite  Pan  changea  en  pin. 
Ponr  approcher  de  Séléné  il  prit  la 
forme  d'un  bélier.  D'Écho  il  eut  lynx, 
oiseau   magique   divinisé  ;   on  donne 
même  Echo  comme  sa  légitime  épouse. 
Quelquefois  encore  on  voit  Pan  avec 
Éi^a.  ou  Ex  ,  el  cf^He-ci  le  rend  père 
d'Egipan.   Il  est  vrai  que  des  poè- 
tes font  d'Egipan  ua  fils  de  Jupiter; 
mais  Jupiter  et  Pau  nt  diffèrent  pas, 
el   leur   fils    Egipnn  n'e&t  autre  que 
Pan     lui-même.    Pan    donna    aux 
dieux,  lors  de  leur  déroute  inomen- 
tanëe  dans  la  Giganlomachie,  Il  con- 
seil de  prendre  des  formes  anim4es 
pour  fuir  en  Egypte.  Lui-même  prn 
une  forme  qui  tenait  du  poisson  et  du 
bouc,  et  se  plongea  dans  la  Médi- 
terranée. Sous  la  forme  d'Egipan  il 
se  joignit  a  Mercure  pour   arracher 
les    débris    inanimés    de    Jupiter    à 
la   grotte  corycine  et    les   ranimer. 
C'est  encore  lui  qui  découvrit  la  re- 
traite dc'  Cérèi  lorsque  ,   désolée  d« 


w 


PAN 

l'outrage  qu'elle  avait  reçu  de  Nep- 
tune, elle  alla  se  cacher  dans  un  au- 
tre de  l'Arcadie.  Dans  la  guerre  des 
Titans,  on  le  montre  comme  le  prin- 
cipal instrument  de  la  fuite  des  en- 
nemis. Il  a  trouvé   de   grosses    co- 
quilles sur  le  rivage ,   il  y  souffle  et 
en  tire  un  son  que  fécho  rend  terri- 
ble :  lesTitans  éperdus  s'échappent  en 
désordre.  La  conque-trompette  nous 
mène    aux   autres    inventions   musi- 
cales de  Pan  :  c'est  lui  qui  détacha  les 
légers  ramuscules  du  roseau,  et,  per- 
forant en  tubes  sonores  les  branches 
de  cet  acotylédone  qui  fut  Syrinx, 
forme  de  ces  tuyaux  assemblés  le  cha- 
lumeau chéri  des  pasteurs.  C'est  lui 
aussi  qui  trouva  la  flûte  simple  ,  la 
flûte  droite,  et  même  ,  dit  Bion  ,   la 
flûte  oblique.  Fier  de  ces  inventions. 
Pan  défia  un  jour  Àpo'lon.  La  lyre 
vainquit  les  instruments  a  vent 5  mais 
Pan  étant  immortel,  le  dieu  de  la 
lyre  ne  put  l'écorcher  comme  Mar- 
syas.  Au  reste  ,  cette  scène ,  comme 
celle  de  Marsyas,  se  passe  dans  l' Asie- 
Mineure.  C'est  le  Tmole,  mont  ly- 
dien ,  qui  siège  comme  arbitre  dans 
cette  contestation  ,    et  qui  proclame 
Apollon  vainqueur.  Un  autre  combat 
de    Pan  mérite  quelque    attention  5 
c'est  contre  l'Amour    qu'il  eut  lieu  : 
d'abord  Pan  semble  l'emporter  sur 
son  jeune  rival  5  mais  Erôs  se  venge 
en  le  perçant  de  l'une  de  ses  flèches 
et  en  lui  inspirant  pour  Syrinx   un 
amour  que  cette  nymphe  ne  partagea 
pas.  On  attribuait  encore  k  Pan  l'in- 
vention de  l'ordre  de  bataille  des  pha- 
langes ,   de  la  distribution  de  l'armée 
en  aile  droite,  aile  gauche  et  centre. 
On  jouait  même  sur  les  mots  que  nous 
traduisons  par  aile  ,  et  qui  littérale- 
ment ,  en  grec  comme, en  latin,   si- 
gnifiaient corne  («épfltf,  cornu).  Une 
tradition    aussi    célèbre   qu'absurde 
sur  la  mort  de  Pan,  est  menlionnée 


PAN  a59 

dans  Plutarque  (  de  Oraculor.  de- 
feclu)  :  sous  le  règne  de  Tibère,  an 
faisseau  se  trouvant ,  le  soir,  dan» 
le  voisinage  de  Paxis,  une  des  Écbi- 
nades ,  le  capitaitie  Thamos  entendit 
une  voix  qui  venait  de  terre  l'ap- 
peler par  son  nom.  Il  laissa  deux 
fois  ce  cri  sans  réponse  5  mais  quand 
son  nom  fut  prononcé  pour  la  troi- 
sième fois  il  demanda  ce  qu'on  vou- 
lait :  «  Annonce  aPalode-,  dit  la 
voix,  que  le  grand  Pan  est  mort.  »  Il 
n'y  a  pas  d'extravagance  qu'on  n'ait 
imprimée  pour  expliquer  un  fait  qu'il 
eût  fallu  au  préalable  vérifier,  etdont 
nulle  autorité,  au  temps  de  Tibère, 
ne  dressa  de  procès-verbal.  L'histo- 
rien ecclésiastique  Eusèbe  s'est  ima- 
giné que  c'était  une  voix  miraculeuse 
annonçant  la  mort  du  Christ.  A  notre 
avis, l'explication  est  simple:  «legrand 
Pan  est  mort»  était  une  formule  sacrée 
des  mystères d'Osiris.  En  effet,  nous 
savons  que  dans  la  légende  de  ce  dieu, 
nommé  aussi  Phanaces,  sitôt  qu'il  est 
mort ,  les  Pans  courent  çà  et  la  par 
toute  l'Egypte  el  y  répandent  la  triste 
nouvelle.  C'est  par  eux  qu'Isis  l'ap- 
prend.— A  présent  nous  voici  trans- 
portés dans  une  autre  région  ,  l'E- 
gypte. Nous  y  voyons  et  Pan  et  les 
Pans.  Nous  savons  ce  que  signifie 
cette  contradiction  apparente  5  la  mo- 
nade se  dédouble  k  l'infini.  Les  Grecs 
adoptèrent  eux-mêmes  ce  dédouble- 
ment, et  groupèrent  aatour  de  Pan 
des  Panisques  {isque  en  grec  est  un 
diminutif),  ce  que  les  Latins  imitè- 
rent en  créant  des  Faunisques.  D'aiU 
leurs  les  SiWains,  les  Silènes  nous  en 
offrent  des  exemples.  Les  Pans  et  Pan 
suivent  Osiris  dans  son  expédition  en 
Orient  5  et  les  Grecs  disent  que  les 
Pans  et  les  Silènes  secondent  Bacchus 
dans  la  même  expédition.  Ici  donc 
Pan  se  distingue  d'Osiris!  Nul  doute 
pourtant  qu'il  ne  se  réidentifie  soa- 

17- 


a6o 


MN 


vent  kluî.  OsîrU,  grand  Part,  guidait 
les  Pans  5  on  en  concluait  qu'Osiris, 
accompagné  du  grand  Pan,  guidait 
les  Pans.  Pan  était,  selon  les  Egyp- 
tiens ,  fils  de  Paraifimon;  selon  Hé- 
rodote, il  était  un  des  huit  grand» 
dieux  des  Égyptiens.  Le  même  Hé- 
rodote, et  k  sa  suite  toute  Tanti- 
Îaité,  identifie  Mendès  (Mandou)  et 
'an  5  Mandou  et  Chmoun  étaient  sy- 
oouymes.  Les  Alexandrins  en  effet 
rendirent  toujours  Climunis  par  Pa- 
nos.  Au  reste  ,  Mandou  ou  Chmoun  , 
n'importe  le  nom  {f^oy.  l'art.  Man- 
DOO  ) ,  était  figuré  avec  les  traits  du 
bouc  et  l'ithyphallc  lançant  le  fluide 
générateur 5  et  ses  fêtes,  ses  pro- 
cessions typiques,  ses  larges  proslilu- 
lions,  ses  démences  qui  font  compren- 
dre le  mythe  d'Hybris  (l'hybridisrae, 
l'union  des  espèces  à  tout  jamais  sépa- 
rées par  la  nature,  la  cohabitation  dont 
résulteraient  des  monstres,  si  quelque 
chose  résultait)  n'ont  besoin  ni  d'être 
démontrées  ni  d'être  décrites.  —  A 
présent,  qu'était-ce  que  Pan?  En 
Grèce ,  c'est  un  dieu  des  pasteurs , 
des  monts  boisés,  des  coteaux  abrup- 
tes, des  sources  qui  jaillissentduroc, 
des  vallées  aux  riants  pâturages  ;  il 
aime,  il  guide,  il  protège,  il  procrée 
les  brebis,  il  en  écarte  les  loups, 
c'est  simple  j  et  pourtant  il  aime  les 
loups,  il  les  guide,  il  leur  donne  nais- 
sance j  comme  eux  il  erre  dans  les 
bois,  comme  eux  il  repose  dans  des 
antres,  comme  eux  il  bondit  sur  le 
roc  et  dans  l'ombre,  comme  eux  il 
paraît  à  l'improviste.  Ne  croyez  pas 
même  qu'il  n'ait  jamais  leur  forme! 
Diane  aussi  est  biche  quoiqu'elle  tue 
les  biches,  est  ourse  quoiqu'elle  frappe 
les  oursj  Apanchomène  elle  s'étran- 
gle, Britomartis  elle  tombe  dans  les 
filets.  Reprenons  :  Pan  est  le  dieu 
pâtre ,  voila  son  premier  caractère  j 
loup,  bois,  prairie,  montagne,  se 


PAT 

lient  à  lui;  Hermès,  son  père,  était 
aussi  Un  dieu  pâtre.  Mais  c'est  sur- 
tout en  Attique  qu'Hermès  va  se  des- 
siner; Pan  est  plus  spécialement  le 
Nomios  de  l'Arcadie.  Et  ici  un  trait 
en  passant!  Pan  est  un  dieu  pélas- 
gue  par  [excellence,  car  nul  lieu  de 
la  Grèce  ne  resta  plus  profondément 
et  plus  long-temps  pélasgique  que 
l'Arcadie.  Un  second  caractère  se 
dessine  a  présent;  il  émane  du  pre- 
mier, mais  il  est  plus  haut  que  le  pre- 
mier: Pan  est  la  musique.  Il  rassem- 
ble ses  chèvres  éparses  sur  les  pics 
alpestres  au  son  d'un  agreste  chalu- 
meau, ou  d'une  flîile,  ou  d'une  ébau- 
che imparfaite  de  cor;  il  est  vrai 
que  cor ,  flûte  et  chalumeau  ne  sont 
que  des  instruments  à  vent  et  ue 
sont  pas  toute  la  musique;  mais  la 
mythologie  n'est  pas  la  géométrie.  Du 
reste,  l'idée  de  musique,  tout  en  res- 
tant incomplète  dans  un  sens,  est  ri- 
che et  large  dans  un  autre.  Plusieurs 
des  arts  divers  que  les  anciens  y 
comprenaient  sont  de  l'invention  de' 
Pan.  Encore  Hermès  et  Pan  dans  un 
étroit  rapport!  Car  qui  inventa  la 
flûte?  Hermès.  Qui  fit  de  la  guerre 
un  art?  Hermès.  Qui  est  l'inventeur 
de  tout  au  monde?  Hermès.  Elargis- 
sez a  présent  l'idée  de  musique,  vous 
arrivez  k  celle  de  son  et,  par  suite ,  k 
celle  d'air.  Car  l'air  est  le  véhicule 
des  sons,  l'air  forme  des  ondes  sono- 
res, et  nulle  part  le  son  n'est  plus  re- 
marquable que  sur  les  cimes  des! 
montagnes ,  que  dans  les  immenses'' 
solitudes;  le  son  est  Pan,  et  Pan  est' 
l'air.  Pan  était  si  bien  le  dieu  de» 
sons  et  des  brusques  apparitions, 
qu'on  appelait  terreur  panique  l'effroi 
inspiré  par  des  bruits  dont  on  igno- 
rait la  cause.  On  racontait  k  l'appui 
de  cette  qualité  du  dieu  que  ,  lorsque 
les  Gaulois  conduits  par  Brennus  tra- 
versaient la  Phocide  pour  venir  pillée 


à 


PAN 

le  temple  de  Delphes  ,  un  bruit  sou- 
dain glaça  leur   audace.  Ils  s'enfui- 
rent pêle-mêle,    et    ne    songèrent 
1)lus  a  la  séduisante  expédition  par 
aquelle  ils  avaient  voulu  s'enrichir. 
Aureste,  Actéon,  Ajax, apparaissaient 
de  même  k  la  pointe  des  rochers ,  et 
une  vague  frayeur   suivait  toujours 
leur  apparition.  Ces  trois  caractères, 
la  vie  pastorale,  la  musique,  l'air  so- 
nore, forment  en  se  réunissant  l'idée 
du  Pan  pélasgique;  et  maintenant  la 
légende  grecque,  où  entrent  les  échos, 
les  Pitys,  les  Syriux,  les  boucs,  les 
loups,  l'Arcadie  ,  n'a  plus  d'énigmes 
pour  nous.  Seulement  notons  que  les 
trois  caractères  s'élayant  les  uns  au 
dessus  des  autres,  en  raison  inverse 
de  leur  vogue,  le  plus  célèbre  sans 
nul  doute  fut  le  plus  saisissahle,  le 
plus  vulgaire,...  la  vie  pastorale.  Pan 
musique  est  moins  connu.  Pan  air  l'est 
à  peine ,    et   ccpcndanl   les  vestiges 
en  sont  neltement  empreints  dans  le 
matériel  des  mythes.  Ou  a  vu  aussi 
dans  Pan   le    symbole  de   riinirers 
(wSv,    tout),    dans  ses   cornes    les 
rayons  du  soleil,  dans  le  rouge  vif  de 
sou  teint  l'éclat  du  ciel,  dans  la  peau 
de  chèvre  étoilée  qu'il  porte  sur  l'es- 
tomac les  étoiles  du  firmament,  dans 
ses  pieds   et  ses  jambes  hérissés  de 
poils  la  partie  inférieure  du  monde , 
la  terre,  les  plantes  et  les  arbres j 
non-seulement  ces  détails  minutieux 
n'ont  pas  l'ombre  de  vraisemblance, 
mais  encore  l'idée  de  Pan-univers  en 
Grèce    pèche  par  la  base    (Pindare 
«eul  la  conçoit  aussi  élevée)  ;  l'étyrao- 
logie  surtout  est  fausse.  En  Egypte, 
il  est  vrai,  le  dieu  qui  repond  a  Pan 
se  rapproche  davantage  de  l'univers  5 
toutefois  il  ne  l'est  pas.  En  effet , 
Manduu    est  moins  un   dieu    degré 
de  manifestation  divine,  qu'un  dieu 
propriété.  Il  en  résulte  qu'il  est  un 
Kncf  j  ou  Fta ,  ou  f  ré ,  gu  même  U 


PAN 


%6i 


Prokhaméphis-Pironii.  Quantkla  pro- 
priété qui  le  caractérise,  c'est  celle  de 
géuérateur-éjaculateur.  Or,  ce  géné- 
rateur adéquate  au  principe  actif  du 
monde    s'oppose   à  la   fécondabilité 
matière  qui  est  le    principe   passif. 
Pan  serait  donc  l'âme  du  monde  plu- 
tôt que   le  monde  dans  ce  système. 
D'autre  part ,  les  nomenclatures  or- 
phiques présentent ,  comme   né   en 
Egypte,  Phanès  dont  le  nom  est  voi- 
sin de  celui  de  Pan;  ce  Phanès,  qu'une 
étymologie  absurde  traduit  par  mani- 
festateur,  et  lie  phoniquement  k  (Çuos  3 
lumière,  ce  Phanès  identifié  k  Eros 
et  k  Protogone ,  ce  Phanès  qui  a  la 
tète  de  bélier  et  quelquefois  la  tête 
de  serpeut,  et  dont  l'ample  sein  re- 
cèle les  images  prototypes  de  toutes 
les  choses ,    ce  Phanès ,   comparé  a 
Phanos  (Bacchus),  k  Phanée  (le  so- 
leil) et  k  Phanak  (Osiris),   ce  Pha- 
nès n'est  autre   que  Pi  -  Amoun  ou 
Kncf.   Car   Kncf  est  le   premier-ué 
des   êtres  ,    le    Démiurge    typique  ; 
Rnef  est  criocéphnlc,    Knef  est  ce 
long  serpent  plié  en  orbe  d'azur,  et 
dont  la  tète   mord  la   queue.   Dès- 
lors   nulle  difficulté.    1°    Parammon 
n'est  que    Piromi,    et  tour  a  tour 
il  se  délègue    en  Rnef,  en  Fta,    en 
Fré ,  eu  Imôout,  ou  même  en  Osi- 
ris, qui  tous  sont  des  Mandous.  De 
la  toutes  ces  généalogies  diverses  de 
Pan.  Les  trois  principales  sont  celles 
qui  nomment  pour  père  Parammon  , 
Jupiter  et  Mercure.  La  première,  pu- 
rement égyptienne ,  revient  a  dire 
Piromi  est  père  de   Knef-Chmoun. 
Les   deux   autres  se  traduisent  par 
Fré-Chmoun  (ou  Maudouli) ,  fils  de 
Knef,  et  par  Knef-Ousiri,  fils  de  Pi- 
romi-Toth  (on  sait  que  Tolh,  dans  sa 
haute  acception  ,  est  le  dieu  suprê- 
me  irrévélé),   et  d'ailleurs  Param- 
mon, Piromi,  Pi-Hermès,  Birouma 
(pour  Braboià) ,  sont  çibsoluiuent  le 


a63 


PAN 


même  nom.  a**  Si  les  trois  Démiur- 
ges sont  chacun  Mandou  ,  le  Maudou 
par  excellence  pourtant  est  Knef,  et 
en  conséquence  Piianès,  et  en  consé- 
quence l'esprit,  le  vent,  le  souffle, 
l'air,  car  tous  ces  mots  s'impliquaient 
dans  la  cosmogonie  ancienne,  et  c'est 
par  eux  qu'on  formulait  l'idée  des 
principes  actifs  des  mondes  (Comp. 
Kolpiah).  3°  Ce  souffle  est  presque 
lumière  (comp.  à  la  fin  de  l'article 
les  illuminations,  les  lampes,  etc.), 
c'est  Bralimà  devenu  le  Vaçou-Vaiou. 
4**  Puis  vient  le  caractère  lascif  : 
Âmoun-Mandou-Pbanès  féconde  la 
matière  qu'il  louche;  c'est  un  Ephap- 
tor  et,  par  suite,  un  phalle  ;  sans 
cesse  il  agit.  Aussi  Chmoun-plialle  est- 
il  iihjphallique.  Sans  cesse  le  souffle 
qui  donne  la  vie  émane,  Iranssude  de 
ses  pores  :  des  jets  de  liquides  pro- 
lifiques en  sont  le  symbole.  Tout 
l'Orient  d'ailleurs  présente  ce  pre- 
mier Démiurge  sous  les  fraits  d'incu- 
bateur, d'incube.  Or  qu'est-ce  que 
Pan,  si  ce  n'est  l'incube  de  toutes  les 
nymphes,  de  tous  les  principes  fe- 
melles de  Tunivers?  5°  De  Knef  plu- 
tôt que  de  Piromi  ou  de  Fré  émane 
Osiris.  Si  donc  Knef  est  Phauès, 
Osiris  aussi  est  Phanùsj  et  comme 
d'aulre  pari  Osiris  ainsi  que  Knef  est 
lelSil,  est  Tirrigateur,  est  le  civilisa- 
teur agricole,  rien  de  plus  naturel 
que  Pan  ,  que  le  Pan  de  la  Grèce  , 
dieu  rural  des  frais  vallons  et  de  la 
vie  pastorale.  Les  pâtres  d'ailleurs 
aux  époques  de  la  vie  primitive 
étaient  chevriers,  et  le  dieu-bouc  de- 
vait devenir  un  chevrier.  6"  Le  dieu- 
bouc  n'en  est  pas  moins  dans  certai- 
nes occasions  un  dieu-bélier  (sous 
celte  forme  il  séduit  Séléné)^  et  du 
reste  le  Pan  bélier  est  en  même  temps 
le  bélier  cosmogonique  ,  symbole  de 
la  génération,  et  le  bélier  zodiacal, 
adéquate  du  «olcii  de  mars  et  du 


PAN 

printemps.   7°  H   est  le  dieu-loup  ^j 
nous  l'avons  plus  d'une  fois  proclamé»iij 
8"  Il  est  le  dieu-chien.  C'est  le  chiei 
universel,  c'est  le  chien  céleste  Si-|1 
rius,  c'est  le  chien  de  Rhée.  Mercure 
aussi  est  chien  (  du  moins  Mercure 
Anubis)5  Mercure -est  le  chien  célesle. 
9°  Nouveau  rapport  avec  Mercure  ! 
Pan  est  ilhyphalle  et  porte  le  van  sti-  ; 
mulateur,Pan  esl  Cadmile,  Pan  est! 
danseur.    10°  Enfin  Pan  est  Jupiter! 
et  Prolée ,  nouvelle  identification  II] 
Knef;  il  esl  Chmouu,  et  se  lie  à  Pro-» 
méthée,  identification  a  Fta;  il  esl 
père  de  Silène  et  suivant  de  Bacchus^] 
identification  à  Fré  duquel  d'ailleur 
le  rapprochait  déjà  la  fonction   dal 
blanc  bélier  ou  bélier  lumineux ,  doj 
lucidus  Pan,  de  Pan  printemps,  caï 
telle  était  la  face  sous  laquelle  l'ado-* 
rail  Mcgare.  L'Egypte  nous  ramèn^ 
ainsi  a  la  Grèce,  et  Pan  se  déroulai 
tout  entier  à  nos  yeux  dans  toutes  les' 
sphères  que  parcourt  son  nom.  C'eslJ 
dans  la  théologie    égvplienne    qu'il! 
joue  le  haut  rôle;  les  mythes  grecs  1 
le   montrent  humble  membre  de  la 
plèbe  divine  ;  à  Thèbes  il  flotte  com- 
me dieu  propriété  dans  tout  le  ca- 
dre des  Kliaméphis ,  et  se  fixe  comme 
dieu   Démiurge   au    premier    rang  j 
les  Pélasgues  l'abaissent  de  plus   en 
plus,  et  en  font  l'air,  la  musique  ,  le 
mont  boisé,  le  pâtre.  Faut-il  en  con- 
clure que  réellement  la  Grèce  reçut 
de  l'Egypte  son  dieu  Pan?  11  y  a  des 
raisons  en  faveur  de  ce  corollaire. 
Le  nom  de  Phanès  commun  a  l'Egypte 
et  aux  dogmes  orphiques  en  est  une. 
Mais  une    hypothèse  tout   autre  se_- 
dessine  vis-k-vis  de  celle-là,  et  mérite  fll 
la  préférence.  Phanès  etPan  ne  vien- 
nent ils  pas  d'un  foyer  commun,  l'Hin- 
doustan;*  Parmi  les  huit  Vaçous  en  SM 
qui  se  délègue  Brahmù,  Vaïou,   le  ^| 
veut,  se  nomme  et  Marouta  et  Pava- 
paj  il  a  pour  fils  Hanouma»,  ^u 


PAN 

singe,  inventeur  d'un  des  quatre  mo- 
des musicaux  ,  et  cbef  de  la  troupe 
nombreuse  des  Hanoumans,  auxiliai- 
res de  Rama.  Pavaua  et  Hanouman 
ne  sont  a  nos  yeux  qu'un  même  nom 
{Foy.  Hanouman),  et  Pavana  Ha- 
nouman est  l'original  de  Phanès,  de 
Phanos  ,  de  Phanak ,  de  Pbanée,  de  , 
Faune.  —  Ajoutons  quelques  remar- 
ques, i"  Les  boucs  et  les  singes  se 
retrouvent  a  toute  minute  en  mytho- 
logie, et  tendent  a  se  confondre.  L'u- 
nique trait  qui  caractérise  les  derniers 
chez  les  poêles  est  la  présence  d'une 
queue.  2°  Sénoé ,  nourrice  de  Pan, 
rappelle  Chmou»,  et  lui-même  portait 
le  surnom  de  Sinoïs.  3°  Voici  la  liste 
de  ses  autres  surnoms  :  Agrée  (  ou 
Agrios),  Égipan  (donné  aussi  pour  son 
fils),  Scolète  ,  Lytérios  ,  Lampée, 
Inuus  plus  communément  donné  k 
Faune  (mais  Faune  est  un  Pan  latin), 
Luperque  (surnom  célèbre  particulier 
à  ritalie),  puis  une  foule  d'épilhètes 
locales,  Ménalios  ,  Lycéos ,  etc.  A° 
Lie  culte  de  Pan  en  Egypte,  soit  com- 
me Phanès,  soit  comme  Mandou,  ne 
peut  ici  nous  occuper.  En  Grèce ,  il 
n'était  pas  connu  du  temps  d'Homère 
et  d'Hésiode  ,  et  la  présence  d'un 
hymne  à  Pan  dans  la  collection  bo- 
méroïdique  n'est  pas  une  preuve  du 
contraire.  Le  Péloponèse  et  surtout 
la  montagneuse  Arcadie  furent-ils  le 
berceau  de  son  culte,  ainsi  que  l'indi- 
que la  légende  qui  fait  de  Pan  un 
fils  de  Pénélope?  Dans  tous  les  cas , 
il  paraît  que  le  reste  de  la  Grèce  ne 
le  connut  que  par  Epiménide.  Athè- 
nes ,  quelque  temps  avant  la  bataille 
de  Marathon,  ignorait  son  nom.  Ce 
dieu  un  jour  apparut  h  ses  ambassa- 
deurs, et  leur  promit  sou  assistance 
contre  les  soldats  de  Darius ,  s'ils 
voulaient  lui  donner  une.  place  dans 
leur  temple.  On  lui  dédia  un  antre 
p  rès  d'Athènes ,  et  l'on  institua  en 


PAN 


%Ê% 


son  honneur  un  sacrifice  annuel  qui 
commençait  à  la  clarté  des  flambeaux. 
L' Arcadie  aussi  liait  à  sou  culte  l'idée 
d'illumination.  Parmi  le  grand  nom- 
bre de  temples,  d'autels,  de  bois  sa- 
crés qu'il  avait  dans  cette  région ,  se 
distinguait  un  temple  k  oracles ,  oà 
jour  et  nuit  brûlait  une  lampe.  On 
célébrait  en  son  honneur  les  Lycées, 
oii  les  jeunes  gens  frappaient  de 
verges  la  statue  du  dieu  ,  si  la  chasse 
n'était  pas  heureuse.  Dès  la  même 
époque,  ces  cérémonies  toutes  pelas  > 
giques  avaient  été  transportées  en 
Italie ,  et  les  Lycées  prenaient  le 
nom  de  Lupercales ,  le  dieu  celui 
de  Luperque  (Lupercus).  En  même 
temps  une  modification  commune 
changeait  le  mot  Pan  en  Faune  ,  ou 
bien  identifiait  ces  deux  noms.  Les 
Luperci  formaient  d'abord  deux  col- 
lèges ,  les  Quintiliani  et  les  Fabiani. 
César  eu  créa  un  troisième ,  les  Ju- 
liani.  Les  deux  premiers  faisaient  re- 
monter leur  institution  à  Romulus 
même.  Primitivement  sans  doute  les 
deux  collèges  n'avaient  été  que  deux 
familles  issues  de  Quinlilius  et  de 
Fabius ,  chefs ,  l'un  du  parti  de  Ro- 
mulus, l'autre  de  celui  de  Rémus. 
On  sait  que  Niebuhr  n'a  vu  dans 
celte  rivalité  des  deux  frères  que  celle 
de  deux  bourgades, Roma  et  Rémurie, 
ou  mieux  encore  de  deux  monts,  le 
Palatin  et  l'Aventin.  Il  est  croyable 
que  de  part  et  d'autre  on  adorait 
le  dieu-loup,  et  qu'une  fois  la  fusion 
opérée  les  deux  familles  sacerdotales 
se  réunirent  en  un  corps.  Du  reste,  la 
louve  de  Romulus  jouait  un  rôle  dans 
ces  fêtes,  et  l'on  nous  montre  les 
Lupercales  instituées  en  son  hon- 
neur. Dans  les  Lupercales,  comme 
dans  les  Lycées ,  était  admise  la  fla- 
gellation j  mais  la,  les  Luperques 
fouettaient. les  femmes  qui  s'offraient 
sur  leur  passage  et  non  le  dieu  j  puis 


<964 


PAN 


celte  flagellation  passait  pour  fécon- 
dante. Les  fouets  étaient  des  laniè- 
res faites  de  la  peau  de  deux  chèvres 
immolées  dans  la  fête.  On  immo- 
lait aussi  un  chien.  Le  coutelas  sa- 
cré devait  de  plus  effleurer  la  peau 
du  front  d'un  jeune  homme,  de 
manière  à  en  faire  couler  quelques 
gouttes  de  sang.  Jadis  sans  doute 
des  victimes  humaines  étaient  tom- 
bées eu  l'honneur  du  dieu,  et  les  sa- 
sacrifîces  humains  qu'aholit  Hercule 
ont  trait  à  cette  barhare  coutume. 
Comp.  ici  le  mjtbe  de  Lycaon ,  vrai 
Pan,  Luperque  dévorateur.  Les  Lu- 
perques,  pour  battre  les  femmes, 
couraient  tout  nus  à  travers  les  rups 
de  Rome.  Les  Lupercales  se  célé- 
braient le  1 5  février.  Pan  est  repré- 
senté avec  les  pieds  et  les  cornes  de 
bouc,  un  pédum  a  la  main  et  un  cha- 
lumeau dans  Tautre.  Une  peau  de 
chèvre  ou  quelquefois  une  nébride 
Tenveloppe.  Il  est  figure'  sur  beau- 
coup de  médailles.  ISous  remarque- 
rons celles  de  la  famille  Vihia  (dans 
Morell),  qui  a  la  têle  du  dieu  d'un 
côté,  le  pédum  de  l'autre  j  et  le  Pan 
imberbe  et  nu  d'Olympie  (  Hunier, 
JVum.  pop.  et  ui'l?.,  pi.  n"  4)- 
»ur  un  vase  pciul  (Millin,  Peintu- 
res de  vases,  I,  5i),  on  aperçoit 
Pan  derrière  Mercure. 

PANACÉE,  Panacea,  nuvumtuj 
fille  d'Esculape  et  d'Epione,  était, 
ainsi  qu'Acéso  cl  laso ,  la  guérison 
personnifiée.  On  l'honorait  kOiope, 
où.  elle  avait  la  quatrième  partie  d'un 
autel  (Fbj-.  AcLso). 

PANCRAÏIS  ou  PANCRATO, 
sœur  des  Aloïdes  et  fille  d'Iphimédie, 
lut  prise  par  un  chef  de  pirates  nom- 
mé Butés ,  adjugée  au  Thrace  Agas- 
samène,  et  délivrée  par  ses  frères. 

PANDA,  déesse  latine,  présidait 
aux  routes.  Son  nom  vient  de  pan- 
çicrej  çuyrir,  Oa,  doûuajt  m^si  le 


PAN 

nom  de  Panda  à  la  paix ,  qui  ouvre 
les  portes  des  villes,-  et  même  à  [Gé- 
rés, à  pane  dando. 

PANDARE ,  Pandarijs,  xiâtêei- 
fcçy  fils  de  Mérops  et  père  de  trois 
filles, Mérope,  Aédon,  Cléodore,  qu'il 
laissa  orphelines.  Junon,  Diane,  Mi- 
nerve, touchées  de  pitié,  les  comblè- 
rent de  leurs  dons;  et  quand  elles  fu- 
rent nubiles,  Vénus,  partageant  les 
projets  des  autres  déesses,  monta  au 
ciel  pour  prier  Jupiter  de  leur  oc- 
troyer un  heureux  mariage.  Mais 
pendant  l'absence  de  Vénus  les  Har- 

{)yes  enlevèrent  les  trois  vierges  et 
es  livrèrent  aux  Furies.  Le  Irio  fé- 
minin qu'embellit  la  réunion  de  tou- 
tes les  grâces  et  de  toutes  les  ver- 
tus rappelle  Pandore;  et  qui  peut 
dire  que  Pandare  ne  soit  pas  un 
Pandore  masculinisé  s'émanant  en  trois 
Grâces?  Mcropes  veut  dire  homme. 
Une  variante  de  ce  mythe  n'admet 
que  deux  Pandarides ,  Camiro  et 
Clité  ,  et  fait  de  Pandare,  leur  père, 
un  Cretois  de  Milet ,  complice  des 
vols  de  ïanlale  auquel  il  fournissait 
d'excellents  moyens  de  tromper  sans 
mentir.  Ainsi ,  par  exemple,  un  jour 
il  vola  le  chien  d'or  placé  devant  le 
temple  de  Jupiter,  et  en  fil  cadeau  à 
Tantale  ,  qui  jura  ne  pas  avoir  porté 
la  main  sur  le  chien  sacré.  Pandare 
fut  changé  en  pierre. —  Deux  au- 
tres Pandabe  furent  l'un  un  ïroycn, 
frère  de  Bilias  et  victime  de  Turnus 
en  Italie;  l'autre,  fils  de  Lycaon, 
auxiliaire  de  Priam ,  archer  habile , 
aimé  d'Apollon,  qui  lui  donne  un  arc 
et  des  flèches,  et  lui  commande  d'en 
décocher  une  sur  Mënélas,  malgré  la 
trêve.  Pbis  lard ,  il  blesse  Diomède 
qui  le  tue.  Pandare  est  devenu  célè- 
bre par  ses  complaisances  à  l'é- 
gard de  Paris ,  dont  Shakspeare  sur- 
tout le  montre  souvent  comme  l'a- 
geat  W  Mt  d'ifltiiguçg  amoureuses. 


I 


1 


n 


PAN 

PANDÂRÉE  ,    Voy.     Aédow. 

PANDÉE,  Tlcty^uU,  fille  de 
Dosane  (Hercule  indien  de  Méga- 
sthène,  dans  les  IncUq.  d'Arrien,  c. 
8  et  9  ,  et  mieux  peut-être  Déonacli, 
Dionyse),  naquit  de  ce  personnage 
divin  peu  après  son  apparition  dans 
l'Inde.  Dosane  avait  un  grand  nombre 
de  fils  ;  mais  Pandée  était  sa  seule 
fille.  Il  la  chérissait  par-dessus  tout, 
il  lui  donna  une  magnifique  parure 
de  perles  vivantes  et  sensibles  qui, 
comme  les  abeilles,  obéissaient  à  une 
reine ,  et  formaient  une  société  au 
fond  des  eaux;  puis,  voulant  la  ma- 
rier et  ne  pouvant  lui  trouver  un 
époux  digne  d'elle,  il  la  rendit  nubile 
dès  l'âge  de  sept,  ans  et  en  eut  un  fils 
duquel  descendent  les  Radjabs  de 
l'Inde.  Évidemment  Pandée  repré- 
sente les  Pandavas  des  légendes  in- 
digènes et  leur  race  royale.  D'une 
femmedivine  et  d'un  héros  surhumain, 
nœud  brillant  de  la  terre  et  des  cieux, 
émanent  les  rois.  La  femme  divine  a 
quelque  chose  de  fixe ,  de  stable ,  de 
permanent  (on  sent  que  c'est  le  globe 
terrestre  ou  ,  en  spécialisant,  l'Inde, 
puis  Pandava);  tandis  que  le  père- 
époux,  voyageur  immortel,  engen- 
dreur  infatigable ,  donateur  magnifi- 
que, c'est  la  force  active,  c'est  le  dieu- 
soleil.  Aiusi  a  la  terre  immobile  s'op- 
pose l'astre  au  mouvement  perpétuel  : 
ainsi  k  l'inerte  matière  s'oppose  l'ac- 
tive force  organisatrice,  au  fond  s'op- 
pose la  forme.  Pandée ,  ainsi  que 
Maïa,  Artémis  ,  Cybèle,  Omphale  , 
Pandore  et  Vénus,  créations  différen- 
tes pourtant  par  bien  des  points,  réu- 
nit virtuellement  beaucoup  de  traits 
de  la  grande  fécondatrice.  Terre , 
c'est  Cybèle  5  Mère,  c'est  Maïaj 
Nourricière  et  humiJe-passif,  c'est 
Artémis  5  reine  qui  accapare  le  dieu- 
soleil ,  c'est  Omphale  5  dotée  riche- 
ment, c'çst  Pandore  j  çrnçe  d^rétin- 


PAN 


205 


celante  parure  marine,  c'est  Anadyo- 
mène  k  la  belle  ceinture.  11  y  a  dans 
tout  ce  mythe  un  reflet  de  celui  de 
Brahmà  qui  engendre,  puis  épouse  sa 
Paraçakti.  Les  sept  ans,  époque  de 
nubilité,  ont  trait  sans  doute  a  quel- 
que cycle  solaire,  ou  peut-être  aux 
sept  planètes. — UnenulrePATJDÉEse 
trouve  nommée  dans  l'hymne  horaé- 
roïdique  k  la  Lune ,  comme  fille  de 
Saturne  et  de  la  Lune,  et  douée  d'une 
rare  beauté.  On  voit  que  c'est  la 
même  que  la  précédente,  et  que, 
comme  elle,  c'est  la  personnification 
des  Pandavas  {P  oy.  Pandoits). 

PANDÉMOS,  T\kA>,f<.,ç  {atout 
le  peuplé) ,  Vénus  en  tant  que  déesse 
lascive  et  courtisane,  avait  été  dans 
l'origine  la  haute  déesse  génératrice 
recevant  les  hommages  communs  de 
tous  les  dèmes,  de  toutes  les  castes  de 
l'Attique.  Comp.  Pandion.  Les  La- 
lins  admirent  une  Volgivaga.  On  op- 
posait la  déesse  ainsi  fabriquée  à 
plaisir  k  Vénus-Uranie.  Solou  bâtit 
un  temple  a  cette  Vénus  k  l'aide 
d'une  contribution  levée  sur  les 
femmes  publiques.  Pausanias  parle 
d'une  Vénus  assise  sur  un  bouc,  et 
l'appelle  Pandémos.  Beger  (  Thés, 
flraiid.)  regarde  comme  une  Vénus- 
Pandémos  une  déesse  assise  sur  un 
char  traîné  par  des  boucs. — Ou  di>n- 
nait  aussi  le  nom  de  Pandémos  à 
l'Amour,  et  alors  on  en  distinguait 
deux,  l'un  qui  inspirait  des  désir.? 
platoniques  et  purs,  l'autre  qui  sti- 
mulait les  cœurs  en  sens  contraire. 

PANDION,  roi  d'Athènes,  per- 
sonnification des  Pandies,  a  été  scindé 
en  deux  personnages  et  localisé  à 
deux  places  différentes  dans  les  ar- 
bres généalogiques  érichthonides. 
Pandion  P'  se  dessine  au  dessous 
d'Erichthonins^  il  a  de  Zcuxipne  deux 
filles,  Progné,  Philomèle,  etdeuxfiLs, 
Érçc'UJiée,  Bulès.  D'Érechlhée,  suç- 


^6 


PAN 


cessivement  époux  de  Praxilliée  et  de 
Diogénie,  naissent  trois  fils,  Cécrops 
II,  Pandore,  Métion,  et  quatre  filles, 
Procris,  Creuse,  Chtlionie,  Orillivie. 
Paudion  II,  fils  de  Cécrops  II  et  de 
Métiaduse,  se  trouve  donc  arrière- 
petit-fiis  de  Pandion  I^. — On  n'a  (|ue 
peu  de  détails  sur  l'un  et  Taulre  Pan- 
dion. Le  I*'  épousa  Zeuxippe,  sa  lan- 
te,  mais  ce  mol  n'indique-t-il  pas  l'at- 
telage et,  par  suite,  l'invention  des 
chars  attribués  à  Erichlhouius?  Il  fut 
en  guerre  avec  Labdaque,  demanda 
du  secours  au  roi  de  Thrace  ïerée  , 
lui  donna   en   mariage  Progné ,    sa 
fille ,   et  plus  tard  lui  confia  Pliilo- 
mèle.  On  sait  quelles  tristes    aven- 
tures suivirent  cette  marqua  de  con- 
fiance. C'est  sous   Pandion  que  Cé- 
rès  et  Bacchus  se  montrèrent  en  Atli- 
que  ^  son  nom  indique  aussi  que  c'est 
sous  lui  que  les  fêles  de  Jupiter  de- 
vinrent communes  a  toute  l'Attique. 
Pandion  II  fut  chassé  en  même  temps 
que  son  père  par  Métion ,  son  oncle  , 
ou  les   Métionides,  ses  cousins,   se 
rendit  a  Mégare,  y  épousa  Pélie,  fille 
de  Pilas,  en  eut  quatre  fils,  Egée, 
Pallas,  Nisus  et  Lycus,  connus  sous 
le  nona  dePandionides.  Pandion  était 
mort  lorsque  ces  derniers  reconqui- 
rent Athènes  :  véritable  triomphe  des 
Paijdous  athéniens  sur  les  Kourous  ! 
LesPandionidesvainqueurs  se  parta- 
gèrent l'empire.  Lycus  eut  l'est  ou 
Sunium,  Pallas  le  sud,  Nisus  Mégare, 
Egée  Athènes  et  la  suzeraineté.   Du 
reste,  Pandion  devint  l'objel  du  culte 
des  Mégariens ,    et   eut  son  héroum 
sur  les  marches  du  temple  de  Minerve- 
^thya. — Pandion  I*"^  régna  de  1480 
à  1440  avant  J.-C,  et  Pandion  II  de 
i36o  a  i33o.  le  tout  suivant  M.  Pe- 
tit-Radel.  Quant  aux  Pandies,  on  en 
ignore  les  détails,  mais  on  s'accordait 
à  dire  que  ces  fêles  avaient  été  in- 
stituées par  Pandion  j  elles  se  célé- 


PAN 

braient   après  les  Dionisyaques. — 
Trois  autres  Pawdions  furent  ;  1°  un 
Egyplide  5  2°  un  fils  de  Phinée  et  de 
Cléopâlre  (  sa  belle-mère  ,  irritée  de 
lui  avoir  en  vain  révélé  un  coupable 
amour ,  l'accusa  auprès  de  son  père 
qui  lui  fil  crever  les  yeux)*    3°  un 
suivant  de  Teucer  au  siège  de  Troie  5 
il  portait  son  arc. 
1  .PA]NUORE,PANDORA,nti»J'<wf«, 
l'Eve  grecque,  est,  dans  la  théogonie 
d'Hésiode ,  le  chef-d'œuvre  de   Vul- 
cain.  Proméihée,  Epiméthëe,  Atlas, 
Ménèce,  habitent  seuls  le  monde,  et 
se   dessinent  hommes  protolypiques 
au-dessous  d'un  couple  céleste,  Japcl 
et  Climène.  Promélliée,   le  plus  fin 
des  quatre  ,   dérobe  la  fiamme   qui 
brille  a  la  vuùle  céleste,  el  la  porte 
sur  le  globe,  enfermée  dans  une  lon- 
gue férule  dont  la  moelle  ressemble 
à  l'amadou.  Jupiter  irrité  se  résout  k 
la  vengeance  j  il  commande  la  femme 
aVulcain.L'artiste  habile  se  surpasse, 
el  l'orne  de  toutes  les  grâces  maté 
rielles.  Les  dieux  charmés  y  ajoutent 
tous  les  dons  de  l'intelligence  ,    de 
l'amabilité,  de  l'adresse,  de  l'élo 
quence  el   de  la  coquetterie  ;  Pilhd 
(la  déesse  de  la  persuasion)   el  le 
Grâces  lui  passent  au  cou  un  collie 
d'or  :  Jupiter  a  son   tour   lui  donn 
une  petite  boîte  bien  close,  récapitu-* 
lalion  de  tous  les  présents  dont  l'ont 
comblée  les  fées  d'Hésiode.  De  là  le 
nom  de  Pandore  (îtSh,  tout;  èàifôv  y 
don),  a  Va,  dit  ensuite  Jupiter,  des- 
cends sur  la  terre,  et  porte  celle  boîte 
'aProraélhée.  35  Pandore  obéit,  et  veut 
remettre  le  don  mystérieux  de  Ju 
piler  :  Proméihée  résiste  aux  instan. 
tes  soUicilalious  de  la  belle  commi* 
sionnaire  ,  et  ne  veut  ni  d'elle  ni  d 
la  boîle.  Heureusement  Epimélhée  e 
la:  il  accueille  Pandore,  en  fait  so 
épouse,  et  ouvre  la  boîle.  Soudain  un 
nuage  de  maux  et  de  crimes  s'élève 


PAN 

et  enveloppe  de  sa  brume  épaisse  le 
globe,  future  habitation  des  enfants 
de  Pandore.  En  vain  Epimélhée  re- 
pentant voulut  refermer  la  boîte,  et 
faire  rentrer  dans  sa  ténébreuse  pri- 
son la  horde  fatale  qui  s'était  envolée: 
il  ne  resta  que  l'espérance  toujours 
planant  sur  le  bord  de  la  boîte  ,  tou- 
jours cherchant  h  obombrer  le  mal 
de  ses  ailes. — Pour  bien  entendre 
le  mythe  charmant  de  Pandore,  il 
faut  comprendre  que  les  quatre  Ja- 
pélides  au  fond  ne  font  qu'un.  Atlas 
est,  comme  l'homme  rudimentaire, 
encore  bloc  informe  et  dépourvu  du 
feu  vital,  du  feu  cérébral  qui  est  l'in- 
telligence. Ménèce,  c'est  l'homme  5 
manaca ,  saraskrit,-  /nen^'cA,  alle- 
mand. Prométhée,  Epiméthée,  sont 
ses  dédoublements  ;  car  l'un  est 
l'homme  prudent  (qui  pense  d'avance) , 
et  l'autre  l'homme  imprudent  (qui 
pense  après  coup)  :  mais  l'homme 
prudent  et  l'homme  imprudent  ne 
font  qu'un.  Prévoyance  et  impré- 
voyance sont  des  attributs  communs 
de  notre  faible  intelligence.  Prorsa 
etPostverta  ,  ces  deux  sœurs  de  Gar- 
raente,  ne  sont  que  Carmenle.  Dès- 
lors  qu'est-ce  que  Pandore  ?  C'est 
I»  l'humanité  douée  de  tous  les  pres- 
tiges et  chef-d'œuvre  de  la  création, 
2°  la  femme,  mais  douée  de  tous  les 
principes  funestes  en  même  temps  que 
de  tous  les  avantages.  L'artiste  divin 
qui  a  poli  la  voûte  élincelante  des 
eieux,  qui  a  forgé  la  chaîne  d'or  des 
êtres  pendante  aux  mains  puissantes 
de  Jupiter ,  qui  a  tissé  l'invisible  ré- 
seau ,  péplum  métallique  et  symbole 
du  monde  ,  a  fait  encore  p!us  le  jour 
oii  l'homme  sortit  de  son  enclume  et 
Pandore  de  sa  fournaise.  A  présent 
Pandore  descend  sur  la  terre  5  car 
l'espèce  humaine  n'habite  pas  les 
cieux,  sa  patrie  j  et  la  femme  créée 
après  l'homme  ne  doit  pa.s  long- 


PAN 


Î67 


timps  rester  inerte ,  stérile  ,  et  sans 
époux.  La  voilà  rejointe  à  cette  moi- 
tié d'elle-même  qui  l'attendait,  mais 
l'imprévoyance  arrive  avec  elle.  Pro- 
méthée auprès  de  sa  nouvelle  épouse 
devient  Epiméthée.  —  On  sent  que 
Pandore  et  la  boîte  au  fond  ne  sont 
qu'un.  ïrès-lointainement  aussi  la 
boîte  est  une  ciste-loni  :  le  collier 
d'or  est  de  même  un  symbole  réca- 
pitulateur comme  la  ceinture  de  Vé- 
nus. —  On  a  toujours  regardé  l'épi- 
sode de  Pandore  comme  un  des  plus 
beaux  de  la  Théogonie.  Heyne  et 
Hermann  en  ont  traité  avec  détail  ; 
Vœlker,  dans  la  mythologie  des  Ja- 
pétides ,  l'a  commenté  de  main  de 
maître,  et  y  a  découvert  des  vestiges 
d'une  origine  hindoue.  Au  reste ,  un 
mythe  analogue  se  trouve  parmi  les 
Noirs  de  l'Afrique  :  tous  les  maux , 
disent-ils,  étaient  renfermés  dans  une 
calebasse,-  l'esprit  mauvais  la  cassa 
d'un  coup  de  pierre.  Les  vents  dans 
l'outre  d'Eole  se  rapprochent  aussi  de 
cette  donnée.  Les  évhéméristes  nom- 
ment Pyrrha  comme  fille  de  Pan- 
dore et  d'Epiméthée. 

2.  PANDORE,  Furie,  avait, 
selon  les  Argonauliques  d'Orphée,  un 
corps  de  fer  ,  avec  la  mission  de  tour- 
menter les  hommes.  Pandore-Furie 
nous  ramène  à  Pandore  ouvrant  la 
boîte  grosse  de  tous  les  maux  et  an 
mythe  des  filles  de  Pandare. 

3.  PANDORE,  fille  ou  fils  d'É- 
rechthée  5  car  on  dit  tantôt  Pan- 
DORA,  tantôt  Pandoros.  Pandore, 
prince,  gouverna,  dit-on,  l'Eubée. 

PANDOUS  (les)  et  les  KouRous, 
célèbres  races  de  Kchatriias  hindous, 
figurent  dans  le  Mahabharata  de  la 
manière  la  plus  tragique.  Pour  bien 
comprendre  les  longues  luttes  dont 
ils  sont  les  acteurs  ,  il  faut  savoir 
d'abord  que  les  Kourous  ,  .  à  une 
première   époque,    se    trouvent  en, 


>68 


PAN 


guerre  avec  les  ladous,  taudis  quVn- 
suile  ,  el  après  raucaiilisseinent  des 
ladous^  on  voit  les  Kourous  el  les 
Pandous  se  diviser  el  tourner  leurs 
armes  les  uns  conire  les  autres.  Il  faut 
de  plus  remonter  aux  généalogies  de 
ces  illustres  dynasties.  De  laïall  na- 
quirent Kourou  et  ladou  ;  ladou 
aïeul  de  la  dynastie  solaire  ,  et  Kou- 
rou aïeul  de  la  dynastie  lunaire. 
Les  ladous,  descendants  d'iadou, 
sont  essentiellement  sivaïlesj  de  Kou- 
rou descend  ku  bout  de  quelques 
générations  Santanou,  époux  de 
Ganga  dont  il  eut  Rliiclima,  et  plus 
tard  d'une  seconde  femme  qui  le  ren- 
dit père  de  \  ichitraviria.  Celui-ci  eut 
trois  femmes,  et  mourut  les  laissant 
toutes  trois  enceintes.  Bientôt  naqui- 
rent trois  fils,  Dhritaraclilra,  Pandou 
et  Vidoura;  comme  Todalisque  qui 
avait  donné  le  jour  à  ce  dernier  était 
esclave.  Vidoura  ne  pouvait  préten- 
dre au  trône  :  les  deux  autres  avaient 
des  droits  ;i  la  succession.  iJliiclima, 
oncle  de  ces  jeunes  princes,  lui  servit 
de  père.  Quand  ils  furent  arrivés  à 
rage  viril,  Dhritarachtra ,  aveugle  et 
d'une    intelligence    débile  ,     ne   sut 

2 n'engendrer  un  grand  nombre  de 
Is  ,  Douriodliana  et  cent  autres  j 
Pandou  ,  au  contraire  ,  joignait  un 
grand  talent  à  un  caractère  remarqua- 
ble :  il  gouverna  sagement  le  royau- 
me de  son  frère.  Le  temps  vint  ce- 
pendant où  les  jeunes  Kourous  trou- 
vèrent mauvais  le  zèle  prudent  de 
Pandou  et  n'y  virent  qu'une  pré- 
somptueuse ambition.  Delà  les  sour- 
des divisions  des  Kourous  el  des  Pan- 
dous, divisions  qui  finirent  par  écla- 
ter el  par  causer  des  guerres.  Pen- 
dant ce  temps  l'andou  avait  épousé 
deux  femmes,  Madri  (Lakclimi  incar- 
née) et  Kounli  sœur  de  Vacoudéva  et 
qui  avant  de  se  marier  était  déjà  mère 
ile  Karoa,  qu'çlle  avait  çudç  iSoiiria; 


PAN 

dieu  sivaïte  du  soleil.  Mais  à  quel 
propos  deux  femmes?  Un  analbème 
avait  prédit  a  Pandou  qu'il  trouverait 
la  mort  au    sein  même    de  l'amour 
el  dans  les  bras  de  ses  deux  épou- 
ses j  et  dès  ce  moment  il  resta  chaste. 
Mais  Kounti  trouva  un  moyen  bien 
simple  et  fort  connu  de  donner  h  son 
époux  des  enfants  ([u'elle  lui  fil  adop- 
ter :  c'était  d'avoir  commerce  avec  un 
autre;  il  est  vrai  qu'à  chaque  fois  cet 
autre  était  un  dieu.  lama  la  rendit 
mère  de  louddliichlhira;    de  Vaïou 
elle  eut  Pdiima  j  à  Indra  elle  dut  Ard- 
jouna.  Madri,  suivant  son  exemple, 
évoqua  les   deux  gémeaux  hindous  , 
Acouan  et  Koumar,  el  mit  au  monde 
Nakoula    et    Saliadéva.    Sahadéva  , 
IMakoula  ,  Ardjouua  ,  Bhima  ,  loud- 
dhichthira,  forment  les  cinq  Pandous 
ou  Pandavas  cousins  et  antagonistes 
des    Kourous.    Pandou   mourut  :   à 
l'instant   Douriodhana  s'empara   de 
l'empire ,    et  gouverna  en  maître  a 
la  place  de  son  père  aveugle.  Alors 
les  Kourous,  qui  tous  voyaient  dans 
les  Pandous   des    compétiteurs  ,  les 
persécutèrent  avec  acharnement;  et 
Douriodhana,  poussant  a  toutes  ses 
conséquences  la  cruelle  réaction  dont 
ses  frères  étaient  les  instigateurs,  dé- 
pouilla   les  Pandous  de   tous  leurs 
biens,  et  força  les  plus  illustres  d'en- 
tre eux  a  l'exil.  Krichna  vivait  alors: 
Krichna  redresseur  des  torts,  appui 
de    la    justice  et  colonne   puissante 
de  l'opprimé,  Krichna  déjà  couvert 
de  gloire  par  la  défaite  de  Kanca, 
de  Djaraçaudha,  de  Siçoupala,  s'in- 
digne   du    triomphe    de  l'injustice, 
marche  vers  Haslinapoura  ,  siège  de 
l'empire  des  Kourous,  et  déclare  a 
Douriodhana  qu'il  veut  se  porter  ar- 
bitre entre  les  deux  branches  de  la 
famille.  «  A  quel  litre ,  dit  le  vieil 
aveugle,    oses -tu  devenir  juge  des 

ivdjftiriias,  toi  p^ire ,  tvi  cooduckur 


PAN 

de  boeufs,  toi  dont  la  jeunesse  a 
grandi  au  milieu  des  vacbes  et  qui 
ue  sais  que  les  conduire  aux  pâtu- 
rages? Ne  me  reparle  plus  en  leur 
faveur,  téméraire!  Quiconque  aime 
la  vie  suivra  mon  conseil.  »  Krichna 
ne  répond  a  ces  fanfaronnades  que 
par  des  menaces,  et  il  excite  les 
Pandous  h  la  vengeance.  Dourio- 
dliana  n'ignore  pas  la  puissance  du 
bras  de  Krichna.  Dans  ses  craintes 
il  a  recours  k  la  rusej  il  feint  d'ab- 
jurer ses  vieilles  rancunes  5  il  com- 
ble les  Paiidous  de  caresses  et  de  fa- 
veurs ,  il  les  attire  K  sa  cour  :  tous 
vont  périr  a  la  fois  dans  un  guet- 
apens  qu'il  leur  a  préparé.  Leurs 
yeux  se  dessillent  h  temps  5  ils  échap- 
pent ,  grâce  k  leur  adresse.  Krich- 
na accourt  pour  demander  raison  au 
perfide  Douriodhana,  et  loge  chez 
le  pauvre  Vidoura  que  Douriodhana 
dédaigne  comme  illégitime,  comme 
fils  d'esclave.  «  Comment  peut-il  se 
faire  que  tu  t'abaisses  k  demander 
l'hospitalité  au  fds  de  l'esclave  de 
mon  aïeul,  »  s'écrie  le  fils  du  roi 
d'Hastinapoura.  »  —  a  II  m'aime  !  jj 
Douriodhana  témoigne  k  Krichna  une 
indignation  mêlée  demépris  :  la  guerre 
commence.  Les  Pandous  l'emportent 
sur  une  foule  de  points  5  autour  de 
Douriodhana  se  pressent  Karna  et 
les  autres  alliés  de  Djaraçandha  ,  qui 
briguent  tous  k  la  fois  la  main  de 
Drovati.  Les  cinq  Pandous  con- 
quièrent cette  fille  de  Dourpata  et 
l'épousent  tous  les  cinq.  Suivent  de 
nombreuses  excursions  contre  une 
foule  d'êtres  monstrueux  habitants  des 
forêts,  Danavas,  Nagas,  Ouragas, 
Iakchas,  Rakcbas;  en  vain  Balarama 
se  détache  de  la  confédération  krich- 
naïte  pour  passer  a  l'ennemi,  Dou- 
riodhana que  Dourpata  refuse  d'ai- 
der de  sa  puissance  se  voit  enfin 
obligé  de  poser  les  armes,  et.  de  cé- 


PAN 


%6g 


der  k  ses  ennemis  la  moitié  de  son 
royaume.  louddhichthira  est  sacré  roi 
des  rois.  Krichna  témoin  de  la  céré- 
monie est  adoré  par  ses  protégés  fi- 
dèles ,  qui  en  même  temps  célèbrent 
dans  Indraprasta  un  grand  sacrifice 
en  l'honneur  de  Pandou  leur  père. 
Au  bout  de  quelque  temps  la  grande 
querelle  s'envenime  de  nouveau  :  la 
paix  n'était  qu'un  armistice.  Dourio- 
dhana reprend  ,  les  unes  après  les 
autres,  les  provinces  cédées  aux  Pan- 
dous, et  condamne  ses  aut.igonisies  k 
douze  années  d'exil.  Ardjouna  s'élance 
alors  au  ciel  d'Indra  pour  y  chercher 
des  armes  contre  Douriodhana.  Plu- 
sieurs variantes  bizarres  se  dessinent 
autour  de  cet  épisode  magnifique. En- 
fin les  douze  années  se  sont  écoulées, 
les  rois  de  Virala  et  de  Thanousar 
unissent  leurs  armes  k  celles  des 
Pandous.  On  profite  de  l'instant  oii 
Balarama,  qui  a  le  meurtre  d'un 
brahme  k  expier ,  est  parti  pour  un 
pèlerinage.  Le  chef  Pandou  choisit 
pour  champ  de  bataille  Kouroukcha- 
tra ,  immense  plaine  inondée  par  des 
eaux  et  inaugurée  par  un  meurtre. 
Là,  il  commande  les  épouvantables 
combats  qui  doivent  décider  de  la  su- 
prématie des  deux  branches:  Krichna 
est  neutre ,  ou  peu  s'en  faut.  L'ora- 
cle avait  prédit  qu'il  donnerait  son 
secours  k  celui  des  deux  partis  dont 
le  représentant  lui  adresserait  le  pre- 
mier ses  hommages.  C'est  Dourio- 
dhana qui  entre  le  premier  dans  sa 
tente,  mais  il  a  la  maladresse  de  se 
placer  au  chevet  du  lit  5  Ardjouna  se 
place  aux  pieds.  Il  en  résulte  que 
c'est  lui  qui  le  premier  adresse  ses 
vœux  au  dieu.  Krichna  lui  promet 
non  pas  de  combattre  lui  -  même, 
mais  de  conduire  son  char  pendant 
la  bataille.  De  la  vie  de  Bhichma , 
oncle  de  Douriodhana',  dépend  le 
destin  de  la  guerre  j  il 'est  blessé  le 


«70 


PAN 


dixième  Jour  par  Sikhandî,  à  f l'a- 
mour de  laquelle  il  a  refusé  de  ré- 
pondre. Dèsalors  la  victoire  des  Pan- 
dous  n'est  plus  qu'une  question  de 
temps.  Quand  Bbichma  blessé  exha- 
lera le  dernier  soupir,  la  guerre  sera 
finie.  Ardjouna  le  fail  déposer  sur 
un  lit  de  ilèclies  au  nailicu  des  deux 
camps.  Huit  jours  durant  il  contem- 
ple les  combats  terribles  qui  doi- 
vent amener  l'inévitable  dénouement 
de  cette  lutte.  Le  dix-septième  jour 
Karna  succombe;  le  dix -huitième, 
Douriodhaua,  vulnérable  seulement 
à  la  cuisse ,  est  frappé  à  mort  de  la 
massue  de  Bhima,  et  meurt  en  acca- 
blant de  malédictions  Balarama  enfin 
revenu  de  son  pèlerinage.  La  nuit 
suivante,  les  cinq  chefs  des  Pandous 
vont,  conduits  par  Krichua,  ii  la  pa- 
gode de  Bhavani  pour  la  remercier 
de  leur  victoire.  Malheureusement 
Siva ,  auquel  on  a  confié  la  garde  du 
camp,  se  laisse  tromper  par  quelques 
débris  de  l'armée  des  Kourous  sous 
le  commandement  d'Açouathama,  et 
leur  livre  passage.  L'armée  victo- 
rieuse est  tout  entière  égorgée,  et  il 
ne  reste  des  Pandous  que  les  cinq 
frères  qui  ont  été  s'agenouiller  aux 
pieds  de  la  grande  Bhavani.  Cepen- 
dant, grâce  il  la  destruction  de  leurs 
ennemis,  ils  ont  le  pouvoir.  Dhrita- 
rachta  leur  pardonne.  louddhlchthira 
leur  aîné  règne.  Seule,  la  mère  de 
Douriodhana,  lors  même  qu'elle  pro- 
nonce le  pardon  sur  la  tête  des  cinq 
Pandous ,  maudit  Krichua  et  les 
ladous.  «Qu'ils  meurent, dit-elle,  de 
iamort  des  Kourous  I  »  Quelque  temps 
après  en  effet,  les  folies  de  Sambha 
et  des  autres  ladous  retombent  sur 
leurs  tètes,  et  ils  s'eulr' égorgent  dans 
un  jour  cruel. — La  lutte  des  Pandous 
et  des  Kourous  se  traduit  dans  l'his- 
toire réelle  par  l'antagonisme  des 
religions     sivaïle    et  vichnavienne  , 


PAN 

et  par  Celui  du  système  des  Castes  et 
du  système  contraire.  En  effet  Bha- 
vani protège  Krichua ,  Siva  seconde 
les  Pandou§.  Douriodhana  et  sa  race 
représentent  les  Kcliatriias,  opiniâ- 
tres ennemis  de  la  mésalliance  et  des 
concessions.  Les  Pandous  au  contraire 
sont  bien  Kchatriias  de  naissance, 
mais  ils  sont  allie's  aux  pâtres  ou 
Gaouvansas  qui  font  partie  des  Vai- 
cias.  Krichua  est  donc  ici  le  précur- 
seur de  cette  ère  du  bouddhisme  qui 
tenta  de  renverser  le  régime  des  cas- 
tes. L'hospitalité  qu'il  va  chercher 
chez  Vidoura  en  est  une  preuve  cu- 
rieuse autant  que  frappante.  Quant 
a  l'origine  des  Paudous,  il  paraît  que 
la  Sogdiane  et  la  Bactriane  en  furent 
le  berceau  j  qu'unis  aux  ladous  établis 
dans  l'Agra  ils  se  répandirent  par 
degrés  du  Cachemire  dans  le  Pan- 
djab  jusqu'au  territoire  du  Delhi  j 
qu'une  de  leurs  branches  repoussée 
par  Djaracandha  et  ses  alliés  s'étendit 
vers  le  Goudjerat,  au  sudj  puis  vers 
l'est,  lorsque  la  puissance  de  Djara- 
candha faibht^  et  qu'enfin  par  des  en- 
vahissements lents,  mais  progressifs, 
ils  s'avancèrent  de  plus  en  plus  vers 
la  péninsule  ,  et  y  établirent  une  se- 
conde Malhoura  qui  jeta  dans  leDé- 
kan  un  grand  éclat  par  le  commercé 
et  par  les  arnues.  Probablement  les 
Kourous  formaient  la  branche  aînée 
de  celte  race  h  la  fois  pastorale  et 
guerrière.  Ils  parurent  les  premiers 
dans  rinde.  Haslinapoura  fut  leur 
capitale.  Les  deux  états  collatéraux 
se  réunirent  à  l'époque  représentée 
par  Krichua  et  louddhichthiraj  et  ainsi 
se  forma  la  puissante  monarchie  des 
Pandous  connue  par  les  Grecs  sous  le 
nom  de  Panda ,  Pandœ  et  Pan- 
dionis  regnurn.  A  cette  monarchie , 
qu'on  nomme  royaume  des  enfants  de 
lalune  ou  desTchandravansa, s'oppose 
la  monarchie  des  enfants  du  Soleil  (fa 


PAN 

Souriavansa.  Celle-ci  est  originaire  de 
l'orient  ;  Indo-persaue  d'origine ,  celle- 
là  venait  de  l'ouest.  Aïodhia  ,  capi- 
tale de  l'une,  contraste  avec  Ma- 
thoura,  capitale  de  l'autre, 

PANDROSE ,  Pandrosus  ,  n«»- 
èpoTcçy  était  une  des  trois  filles  de 
Cécrops  et  d'Agraule.  Agraule  est 
une  Minerve,  air -lumière  -  agricul- 
ture, qui  se  scinde  en  une  triade 
agrlculturale,  Agraule,  Hersa,  Pan- 
drose,  qu'on  nomme  ses  filles.  La 
caste  agricole  veut  se  fondre  avec  la 
caste  des  chevriers  :  la  traduction 
naturelle  de  ce  fait  historique,  c'est 

3ue  Minerve,  après  une  résistance 
igné  d'elle,  entre  en  intimité  amou- 
reuse avec  Mercure;  puis,  en  ad- 
mettant l'incarnation  de  Minerve  en 
Agraule  et  le  dédoublement  d'Agraule 
eu  une  triade  agraulide,  c'est  qu'une 
des  nymphes  agraulides  est  l'amante 
de  Mercure,  et  qu'une  autre  s'oppose 
à  cette  union.  Ainsi  se  symbolisent 
l'esprit  hostile  et  l'esprit  de  fusion 
travestis  en  pudique  résistance  et  hy- 
men contesté.  Mais  qui  résiste? 
Agraule.  Qui  cède?  Pandrose.  Que 
fait  Hersa?  Hersa  et  Pandrose  ne 
sont  qu'un.  On  donne  tour  à  tour 
Mercure  comme  amant  de  l'une  et  de 
l'autre.  Mais  la  seule  différence  qu'il 
y  ait  entre  elles,  c'est  qu'Hersa  ,  re- 
connue déesse  par  toutes  les  castes  j 
s'appela  Pandrose,  comme  Zévs  Pan- 
dion  {Ersa,  Rsa,  Drsa  ne  diffè- 
rent pas  :  Hersa  et  Drosos ,  tous 
les  deux  grecs,  ont  le  même  sensj 
et  Pandrosos  ne  fut  qu'une  eupho- 
nie pour  Panrsa).  Origlnaireraent 
Agraule  ne  fut  partagée  qu'en  Agraule 
■"t  Hersa,  et  quand  Hersa  devint  Pan- 
^  <!e ,  on  admit ,    au  lieu   d'Hersa- 

T»  ^se  ,  Hersa  et  Pandrose.  Her- 
sa-Pan. '  ,         „  j 
^          ^se   est    donc    l  amante  de 

,       1      l'îlaure  les   sert  d'abord 
dans  leurs  a 

nrs,  puis  les  traverse. 


PAN  271 

Ainsi  du  moins  l'arrange  la  mytholo- 
gie vulgaire,  qui  semble  renverser 
les  faits,  et  qui  ajoute  qu'AgrauIe  agit 
ainsi  par  jalousie.  Un  autre  mythe 
lié  au  premier ,  ce  fut  la  ciste  analo- 
gue a  la  boîte  de  Pandore.  Minerve 
la  donne  aux  deux  on  trois  sœurs  avec 
défense  de  l'ouvrirj  Hersa-Pandrose 
ne  l'ouvre  pas,  Agraule  l'ouvre  :  on 
y  trouve  Eiichthonius,  esprit  terres- 
tre el  fatal,  symbole  des  maux.  La 
mort  suit  de  près  la  faute  d'Agraule: 
un  accès  de  démence  s'empare  d'elle 
et  de  ses  sœurs,  elles  se  jettent  a  la 
mer.  Les  svncrétisles,  voulant  lier 
les  deux  mythes,  montrent  Miner- 
ve versant  dans  l'âme  d'Aglaure , 
pour  la  punir,  les  poisons  de  la  ja- 
lousie. Mercure  la  change  en  pierre, 
et  peu  après  Hersa  et  Pandrose  meu- 
rent. Pandrose  avait  donné  le  jour  a 
Céryx.  Ou  célébrait  en  son  honneur 
une  fête  dite  Pandrosies.  Elle  avait 
dans  le  temple  de  Minerve-Poliade 
une  chîipelle  dans  laquelle  on  faisait 
voir  l'olivier  que  Minerve  fit  sortir  de 
terre,  lors  desadispute  avec  Neptune, 

PAISGA,  létiche  congue,  est  une 
espèce  de  dieu  Terme  :  ce  n'est  qu'un 
bâton  en  forme  de  hallebarde,  que 
surmonte  une  tête  sculptée  et  peinte 
en  rouge. 

PANIS ,  c'est-à-dire  le  pain  ,  est 
donné  comme  divinité  sabine.  Ce  se- 
rait, comme  on  le  voit,  une  Cérès 
fétiche  de  la  plus  grossière  espèce. 
Au  reste,  la  religion  des  Sabins  en 
contlt-nt  plusieurs  de  cette  force  : 
Mamers  ou  Curls  (Mars-Lance),  et 
Terme,  pour  ne  point  en  nommer 
d'autres ,  sont  absolument  dans  le 
même  cas. 

PAINISQUES.  Foy.  Pai». 

PAINOPE,  n^»a'x,:  I»  Néréide- 
2.°  (ille  de  Thésée  et  femme  d'Her- 
cule.— On  nomme  aussi  deux  Pano- 
PE,  hommes ,  savoir  :  1°  le  fils  d'Hcr- 


37* 


PAO 


cule  el  de  la  Théseide  qui  précède  ; 
3*  un  des  favoris  ou  courtisans  d'A- 
ceste  en  Sicile.  Il  disputa  le  prix  de 
la  course  aux  jeux  donnés  par  Enée 
pour  l'anniversaire  d'Anchise. 

PAINOPÉE,  Panopeus,  na»«- 
îTiof,  héros  éponyme  de  Panope, 
pasiait  pour  un  Phocéen  fils  de  Pho- 
cus  el  d'Astérodie  5  il  pril  pari  à 
Texpédilion  des  Argonautes  et  a  la 
chasse  du  sanglier  de  Calydon.  Frère 
de  Crisns  ,  il  compta  parmi  les  des- 
cendants de  sa  ligne  collalérale  Stro- 
phius  el  Pylade  j  lui-même  eut,  entre 
autres  rejetons  connus,  Epee,  le  con- 
structeur du  cheval  de  bois.  —  Une 
Pasopée,  femme  [Panopea  ,  n«- 
»wxe/«),  est  une  Néréide.  Un  Pano- 
l'iÎE  fut  père  d'Eglé,  une  des  femmes 
de  Thésée. 

PANOTÉE  et  non  Phanothée  , 
prêtresse  d'Apollon  ,  vivait  du  temps 
d'Abas  ou  d'Acrisius.  On  lui  attri- 
buait l'invention  du  vers   héroïque. 

PANTHOOS  (  ni,êo<,s  et  par  con- 
traction nûiSovi,  en  latin  Panthus 
mais  non  Pantheus),  vulgairement 
PANTHÉE,  fils  d'Olhryas  et  prêtre 
d'Apollon  à  Delphes,  fut  emmené 
par  Anlénor  à  Troie,  où  Priam  lui 
confia  le  même  sacerdoce  el  lui 
donna  en  mariage  la  fille  de  Clylius. 
L'Iliade  parle  d'unPanlhoos,Troyen, 
époux  de  Phrontis  el  père  d'Euphor- 
be, d'Hypérénor  et  de  Polydaraas; 
c'est  sans  doute  le  n)ême  que  le  pré- 
cédent. L'Enéide  le  fait  vivre  encore 
la  dixième  année  du  siège. 

PAINTIDYIE,  princesse  lacédé- 
monienue,  était  enceinte  de  Léda , 
lorsqu'elle  épousa  le  roi  d'Elolie , 
Thespios.  C'est  Glaucos  qui  l'avait 
ainsi  rendue  mère. 

PAOUÇA.  Foy.  Potjça. 

PAOULASTIA  ou  KOUVERA, 
un  des  huit  Yacous  hindous  ,  préside 
au  nord.  Il  a  les  richesses,  les  trésors 


PAP 

cachés  sous  sa  protection  et  liaî>ît*^1 
d'ordinaire  h  Laka,  au  centre  d'une' 
e'paisse  forêt.  Autour  de  lui  se  mcut\! 
la  cour  brillante  des  Iakchas  et  des 
Kiuuaras,  distributeurs  des  largesses 
accordées  par  la  puissante  volonté  de 
Paoulaslia.  Tantôt  on  le  représente  ^ 
dans  une  grotte  profonde  que  défen- 
dent l'eau,  le  feu  i-t  les  griffes  des 
dragons  dont  l'œil  luit  comme  une 
fournaise  ;  tantôt  il  siège  majestueu- 
sement sur  son  char  Pouchpaka  que 
traînent  des  coursiers  blancs  riche- 
ment caparaçonnés.  Sa  tête  qui  porte 
la  couronne ,  sa  main  qui  tienl  un 
sceptre ,  indiquent  le  dieu  auquel 
aboutissent  tous  les  hommages  de  la 
terre;  aussi  est-il  qualifié  de  roi  des 
rois.  D'autres  épilhètes  peuvent  se  tra- 
duire par  seigneur  des  souterrains  , 
ami  des  esprits  ,  intra-lerrestre ,  pro- 
tecteur des  cavernes,  des  grottes.  Sa 
résidence  dans  le  nord ,  où  tant  de 
montagnes  recèlent  or  et  pierreries  ,] 
est  très-remarquable.  On  doit  noter 
aussi  la  coïncidence  de  tous  les  dé- 
tails relatifs  à  son  domicile  souterrain 
avec  l'idée  des  dragons  gardiens  de 
l'or  ,  des  feux  follets,  des  farfadets, 
des  marmousets  qui  peuplent  les  mi- 
nes ,  des  éboulements,  des  inonda- 
tions qu'il  faut  craindre  a  tout  instant. 
La  légende  du  RamaVana  distingue 
Paoulaslia  de  Kouvéra,  et  fait  du 
premier  l'aïeul  du  secoad{P^oj-.  Ra- 
vana).  Kouvéra  ,  par  une  rude  et 
longue  pénitence  ,  ontint  de  Brahmâ 
la  possession  des  richesses  souter- 
raines de  Ceilan.  Dépouillé  par  Ra- 
vana  ,  il  se  réfugia  au  nord  dans  les 
grottes  profondes  de  l'Imalaïa,  qui 
ont  été  depuis  ce  temps  son  séjo' 
habituel. 

PAPHLAGON,n«^>«v  *  """.' 

'  j     1     T>    ui      '*>   C'ait     MM 

eponyme  de   la  Paphlar^-^^^,  l| 

suivant  Horaere  un  nk „.  ^  !■ 

PAPH0S,n4f.  -^"'"P^^y"" 


à 


PAR 

de  la  ville  de  Paphos  en  Cypre,  e'iait 
suivant  les  uns  un  fils  de  Pygma'ion 
et  d'une  femme  qui  d'abord  avait  été 
une  statue  d'ivoirej  suivant  les  autres, 
lin  fils  de  Cinjre. 

PAPPEE.  dieu  suprême  des  Scy- 
tlies,  élail  plutôt  uu  dieu  ciel  qu'un 
véritable  Jupiter,  et  avait  pour  fem- 
me la  Terre. 

PAPPOSILÈNE,  Papposilenus, 
naT?re5-/A>?»os-,  Silène  lui-même,  était 
représenté  avec  une  barbe  touffue , 
qui  lui  fermait  la  bouche ,  et  un  air 
sauvage. Son  nom  veut  à'xre  bon  papa 
Silène,  et  non  aïeul  de  Silène. 

PARABRAHMA,  c'est-à-dire  le 
grand  Brahmâ.  f^oy.  Brahm  et 
Rrahma. 

PARACHANSAou  BARACHAN- 
Ç A-KHAN  occupe  une  place  remar- 
quable dans  l'histoire  mythologique 
des  Mongols ,  parce  que  c'est  de  lui 
que  part  la  généalogie  sacrée  de 
Chakiamouni  (le  Bouddha  actuel  du 
diigme  lamaïque  ).  Descendant  du 
vieux  Khan  Altan-Ourrouk ,  Para- 
chansa  -  Khan  a  pour  fi^ls  Zaïn-To- 
volté-Khan.  De  ce  dernier  naissent 
les  quatre  Arslan  Khalkbatou  :  Arion- 
Idélé,ïsagan-ldélé,Tangsouk-Idété, 
Araçan-Idélé.  Chacun  des  quatre  a 
deux  fils.  D'Arion  -  Idété  naissent 
Chakiamouni  et  Annada.  Voy.  Pal- 
las,  Nachr.  ûb.  mong.  F^œlk. 

PARAÇOU-RAMA(Parasxj-Ra- 
ma),  brahmane  célèbre  du  sivaïsme 
hindou,  figure  comme  ennemi  i°  de 
Vicbuou,  2°  d^Rhavani,  3°desKcha- 
triias.  On  lui  donne  pour  père  le 
brahmane  Djamadagni  qui  a  pour 
femme  soit  la  déesse  Bhadrakali,  soit 
la  mortelle  Renoukaj  mais  l'une  et 
l'autre,  on  le  sait,  reviennent  à 
Bhavaui-Dourga.  Au  reste  ,  voici  de 
quelle  manière  eullieu  la  naissance  de 
Paraçou-Rama.  Renouka,  désirant 
avoir  uji  fils,  invoqua  son  époux  Dja- 


PAR 


273 


madagni,  et  se  recommanda  à  ses 
prières.  La  mère  de  Renouka  for- 
mait en  même  temps  des  vœux  sem- 
blables. Epoux  et  gendre  complai- 
sant, Djamadagni  pétrit  pour  l'une 
et  l'autre  princesse  deux  gâteaux  dont 
la  manducaliou  devait  èlre  immédia- 
tement suivie  de  l'accomplissement 
de  leurs  désirs  j  mais  il  vint  en  pensée 
à  la  belle-mèie  que  le  gâteau  de  Re- 
nouka devait  avoir  été  confectionné 
avec  plus  de  soin  :  elle  s'en  empara 
et  y  substitua  le  sien  ;  Renouka  ne 
s'aperçut  point  du  troc.  Les  deux 
princesses  devinrent  bientôt  encein- 
tes. La  reine  mil  au  monde  un  jeune 
enfant  qui,  quoique  Kchatnia  par  le 
roi  son  père ,  avait  en  partage  lei 
mœurs  simples  et  pacifiques  du  brab- 
mej  Renouka  au  contraire  donna  lo 
jour  à  un  fils  de  brahme,  qui,  au  lieu 
des  douces  vertus  de  sa  caste ,  avait 
la  guerrière  impétuosité  du  Kchati  iia. 
Siva,  charmé  de  celte  précoce  valeur, 
voulut  élever  lui-même  l'ardent  Pa- 
racou-Rama.  L'élève  devient  liienlôl 
l'adorateur,  l'apôtre,  le  séide  du  dieu 
son  instituteur.  Dévoué  au  culte  de  son 
maître,  il  se  déclare  comme  lui  con- 
tre Bhavani,  et  en  conséquence  contre 
les  incarnations  de  celte  belle  déesse, 
contre  sa  propre  mère  Renouka^'et 
il  la  décapite.  Quelque  temps  après 
Ganéca,  le  fils  ,  l'ami  de  Bhavani ,  se 
trouve  sur  sa  route  tandis  qu'il  se 
rend  au  pied  du  trône  de  Siva  pour 
lui  rendre  hommage  :  il  veut  l'em- 
pêcher de  pénétrer  dans  cette  céleste 
demeure  j  Paraçou-Rama,  toujours 
irascible  ,  arracli«  des  mains  du 
tremblant  Ganéca  le  cimelère  qu'il 
portait  à  la  main,  et  lui  en  tranche 
la  tête.  Suivant  quelques  traditions, 
comme  Ganéca  porte  déjà  sur  sa  nu- 
que la  tête  énorme  de  l'éléphant, 
Paracou-Rama  se  contente  d'abattre 
l'ivoire  d'une  de  ses  défenses.  A  la 

;8 


'i^k 


PAR 


PAft 


chute  de  la  dent  divine  le  monde  s*é- 
branle  :  Sivaet  Bhavani  sont  troublés 
dans  leurs  amours,  et  celle-ci,  dans 
son    mécontentement    extrême ,    va 
lancer  Tanathème  sur  le  fils  de  Re- 
nouka,  celle  autre  elle-même,  quand 
"Vamana(Vichriou  sous  forme  de  nain) 
arrive  à  son  secours  et  le  sauve.  Ce- 
pendant Paracou-Rama  ne  ces^e  de 
comballre  et  de  s'exposer  a  de  nou- 
veaux dangers.   De  longue  main  la 
guerre  avait  divisé  les  brahmes  et  les 
Kchatriias.  Viçouamilra  un  jour  avait 
voulu  enlever  aux  fils  du  brahmane 
\acichtha  la  belle  vaclie  Sabasa,  fi- 
gure de  sou  territoire.  Plus  tard,  ce 
fut  le    beau-père    de    Djaniadagni^ 
Raktavidja-Ardjouna  ,  aui  lenla  de 
dépouiller  son  gendre  de  sa  vache 
(Kama-DliénouV).  Sabasa  et  la  va- 
che de  Djamadagni  se  défendirent  à 
merveille^  elles  enfantèrent  un  nom- 
bre si  grand  de    guerriers   que  les 
spoliateurs  se  virent  contraints   de 
renoncer  a  leur  entreprise.  En  même 
temps  des  guerriers  barbares  élaient 
venus  au  secours  des  fils  de  Yacich- 
tha.  Djamadagni  eut  moins  de  bon- 
heur ;   les    farouches   Kchatriias  le 
tuèrent  :  Reuouka  ,  qui  était  ressusci- 
tée,  se  brûla  sur  sa  tombe.  Paraçou- 
R'ama  jura  soudain  de  venger  le  cou- 
ple auquel  il  devait  le  jour  et,  secondé 
par  son  maître  Siva,  il  parvint  a  ex- 
pulser les  Kchatriias  de  la  dynastie 
solaire  et  à  s'emparer  d'Aïodhia.  II 
se  mit  ensuite  a  parcourir  l'Inde  en- 
tière, trouva  près  de  Kouroukchatra, 
non  loin  de  Delhi,  un  champ  im- 
mense couvert  des  corps  de  ses  en- 
nemis ,  et  il  remplit  de  leur  sang  uu 
grand  lac  (Kouroukchatra  pourtant 
appartenait  aux  guerriers  de  la  dy- 
nastie lunaire)  j  il  ôta  partout  Tem» 
pire  aux  Kchatriias  pour  le  rendre 
aux  brahmanes^  ressuscita  Djama- 
dagni et  pour  la  seconde  fois  Re- 


uouka ^  puis  se  retira  sur  le  Kaïlaca, 
près  de  Siva ,  pour  s'y  délasser  de 
tant  de  travaux.  Bientôt  les  nou- 
velles et  heureuses  tentatives  des 
Kchalriias  l'arrachent  a  sa  délicieuse 
retraite.  H  reparaît,  et  les  ennemis 
taillés  en  pièces  dans  vingt  batailles 
renoncent  eulîn  à  une  lutte  désormais 
au-dessus  de  leurs  forces.  Paraçou- 
Rama  est  retourné  auprès  de  Siva. 
Mais  les  ingrats  brahmanes,  qui  lui 
doivent  la  toule-puissance,  lui  re- 
prochent d'avoir  versé  trop  de  sang , 
et  refusent  dé  lui  laisser  habiter  un 
seul  coin  de  la  péninsule.  Para- 
çou  alors  gravit  la  cime  des  Gha- 
les  dont  l'océan  baignait  le  versant 
occidental,  eldemaude  au  dieu  de  la 
mer  de  lui  accorder  pour  lenilo're 
seulement  autant  d'espace  que  la  flè- 
che lancée  en  pourra  parcourir.  Le 
dieu  imprudent  accorda  tout  j  mais  le 
tiail  lancé  par  Paraçou  força  le  dieu 
k  reculer  au  loin  ,  et  la  côte  de  Ma- 
labar sortant  du  sein  des  eaux  de- 
vicnlTapanage  de  Paracou-Rama  qui, 
toujours  courroucé  de  l'ingratitude 
des  brahmes,  les  chassa  du  Malabar 
et  les  maudit.  Il  assujélit  pourtant  en- 
core les  Nairs  k  son  joug  sacerdotal. 
Peu  après  il  quiUa  le  monde  et  se 
réabsorba  dans  le  sein  de  la  divinité. 
Il  n'en  sortit  que  pendant  la  période 
de  Rama  ,  quand  ce  jeune  héros 
septième  incarnation  de  Vichnou  eut 
brisé  l'arc  de  Siva,  et  pour  instruire 
Bhichma,  prince  de  la  race  lunaire  et 
de  la  branche  des  Kourous,  ^ui com- 
bat les  Pandous. 

PARALE  ,  Paralus  ,  passait 
pour  avoir  inventé  la  Parale  (vaisseau 
sacré- qu'Athènes  expédiait  à  Délos), 
ou  même,  selon  certaines  légendes, 
pour  avoir  imaginé  les  vaisseaux. 

PARAMMON,  nom  que  l'ÉgypIe 
donnait  au  père  de  Pan ,  et  en  Ëlide 
surnom  de  Mercure.  Comme ,  a  no- 


ca.      Il 


PAR 

trè  avis,  Piroini,  Birouma,  Brahin, 
Hermès  ne  diffèrent  pas ,  bous  ad- 
mctlons  l'équation  hellène  de  Pa- 
rammon  el  de  Mercure.  Eu  un  sens 
Totli  est  le  premier  des  dieux;  Pha- 
iiès  ou  Pau,  identique  à  Knef ,  est 
son  émanation  immédiate. 

PARATCHARIA  est,  dans  le  Ma- 
babarata,  un  Mouai  aimé  des  cieux 
et  a  pour  époux  la  jeune  Kali  qui, 
sans  perdre  sa  virginité,  devient  en- 
ceinte de  Viaça  (  Brahmà  dans  sa 
troisième  incarnation).  On  doit  son- 
ger que,  dans  le  Bagbavat,  Viaça  est 
fils  de  Brahmà  ,  mais  doit  le  jour  a 
une  singulière  influence  de  Vichnou. 

PARÉE,  PaREA,  femme  du  roi 
de  Crète  Minos,  et  mère  de  quatre 
enfants,  INéphalion,  Eurjinédon, 
Chrysès ,  Phiblas. 

PARESSE,  Segnxties,  déesse 
allégorique,  passait  pour  fille  du  Som- 
meil et  de  la  Nuit ,  et  avait  été  mé- 
tamorphosée en  tortue  pour  avoir 
écouté  les  flatleties  de  Vu'cain. 

PARGANI  était  en  Samogilic  le 
dieu  des  saisons  ;  il  présidait  aux  ré- 
coltes avec  Zémiéuik.  On  entretenait 
eu  son  honneur  un  feu  sacré  sur  une 
colline.  Comp.  ici  les  déesses-Feu- 
Terre,  Vesta,  etc. 

PARGOUTI,  l'Eve  des  Banians, 
avait  pour  époux  Pouroucha ,  le  pre- 
mier homme. 

PARIOS,  niptts ,  fils  de  Jasion, 
fonda  Parium  et  y  régna  sur  des 
Opliiogènes ,  espèces  de  Psylles  issus 
de  serpents  et  élevés  au  pouvoir  de 
guérir  leurs  morsures  en  sacaat  le 
venin* 

PARIS,n<«p<f,  autrement  Alexan- 
dre ,  *AAÉ|a»J))«f ,  célèbre  fils  de 
Priam  et  d'Hécube.  Enceinte  de  lui, 
sa  mèrerèva  qu'elle  mettait  au  mende 
un  Qambeau  qui  incendiait  la  ville  de 
Troie  ,  symbole  irpp  clair ,  suivant 
lesr  devins,    dt   T embrasement   de 


PAR 


27!» 


l'empire  de  Troie.  Sur  cet  avis,  Priam 
résout  la  mort  de  Paris,  qu'Hécube 
portait  dans   son  sein  ,  et  quand  il 
vient  au  monde  commande  le  meur- 
tre. Hëcube,   plus  tendre,  commue 
la  sentence  en  une  simple  expositioa 
sur   rida.    Des    patres   élèvent   le 
jeune  enfant,  à  qui  trois  on  quatre 
lustres  donnent  une   beauté    ravis- 
sante. La  nymphe  Œnone  se  donne 
à  lui.    Les  trois  déesses,    qui  aux 
noces  de  Pelée  el  de  Thélis  se  dis- 
putent la  pomme  d'or  oiî  est  écrit  à 
lapins  beltCy  le  choisissent  pour  juge 
et  lui  promettent,  Juuon  de  l'or,  du 
pouvoir.  Minerve  la  sagesse,  Vénus  la 
plus  belle  femme  de  l'univers  :  Paris 
adjugea  le   prix  à  Vénus.    Quelque 
temps  après,  un  des  Priamides  lui 
ayant  enlevé  nn  taureau  pour  le  don- 
ner en  prix  au  vainqueur  dans  les  jeux 
îonèbrei  qu'on  devait  célébrer  àTroîc, 
Paris  se  rendit  lui-même  aux  joutes 
et  l'emporta  sur  les  concurrents,  par- 
mi lesquels  étaient  ses  frères.  Hector 
selon  les  uns,  Déiphobe   selon   les 
autres,  levèrent  le  glaive  sur  lui  pour 
le  tuer;    Paris   alors    montra   les. 
langes  dont  i!  était  enveloppé  lors- 
qu'on l'exposa,  el  se  fît  reconnaître, 
Priam  l'accueillit  avec  plaisir  ,    vu  , 
dit-on,  que  les  devins  avaient  limité 
le   danger  que    courait  l'empire  de 
Troie  a  trente  ans,  et  que  Paris  avait 
déjà  passé  cet  âge.  Un  peu  plus  tard 
nous  retrouvons  Paris  en  Grèce  ;  il  y 
va  pour  sacrifier  au  temple  d'Apol- 
lon Daphnéen,  ou,  selon  les  évhé- 
méristes ,   pour  recueillir  la  succes- 
siou  d'Hésione,   sa  tante.   Il  reçoit 
l'hospitalité  dans  Sparte  ,  domîiine 
de  Ménélaj.  Le  roi  se  trouve  absent 
lors  de  l'arrivée  de  cet  hôte  magnifi- 
que; mais  Hélène,  son  épouse  ,  veille 
a  ce  que  rien  ne  manque  à  l'étran- 
ger. On  sait  que  la  reconnaissance 
de  Paris  devient  bientôt  de  l'amour, 

18. 


a^i 


PAR 


que  la  reine  de  Spatle  païlage  ses 
désirs ,  et  qu'cufiii  die  s'enfuit  en 
Asie  avec  le  protégé  de  Vénus.  Vé- 
nus acquille  ainsi  la  promesse  par  la- 
quelle elle  a  détermine  le  paire  royal 
a  lui  accorder  le  prix  de  beauté. 
Lrvs  deux  amants  relàcheul  ensuite  a 
rî!e  de  Cvlhère  ,  où  Hélène  comble 
les  vœux  de  son  ravisseur}  puis  ils 
conlinutnl  leur  route.  Toul-à-coup 
du  milieu  des  flots  surgit  le  vieux  ÎNé- 
rée,  et  sa  bouche  prophétise  des  ma!- 
beurs  au  vaisseauqui  fuit  vers  Troie. 
Arrivé  dans  la  capitale  de  Priam, 
Paris  y  fut  reçu  avec  transport}  mais 
personne  ne  sungea,  excepté  Cassan- 
dre,  vainement  inspirée  par  les  dieux, 
aux  terribles  représaillesque  les  Grecs 
allaient  prendre.  Les  intrigues  de 
Paris  ,  la  beauté  d'Hélène  ,  firent 
échouer  les  ambassades  que  les  Atri- 
des  et  leurs  alliés  envoyèrent  d'abord 
à  Troie.  Pendant  le  siège,  Paris  ne 
montra  guère  que  de  la  lâcheté  ou  une 
valeur  douteusv,^.  Cependant  on  le 
voit,  de  temps  a  autre,  paraître  sur 
le  champ  de  bataille,  blesser  Diomède, 
Machaon,  Anliloqiie,Palamède,  sou- 
tenir un  combat  singulier  avec  Méné- 
las.  Vers  la  fin  du  siège  il  perça  en 
guet-apens  Achille  d'une  flèche}  lui- 
Docrae  fut  qutique  temps  après  blessé 
mortellement  par  Philoclète  (d'autres 
disent  Ménclas  ou  Ajax).  Il  se  fit 
transporter  auprès  d'OEnone  ,  dont 
il  avait  payé  la  tendresse  par  un  ingrat 
abandon  et  qui  refusa  de  le  guérir. 
Hélène,  après  sa  mort,  épousa  Déi- 
phobe.  Paris,  entre  autres  enfants, 
avait  eu  d'elle  Bunichus  ,  Idée ,  et 
une  £lle  du  même  nom  que  sa  mère. 
On  donne  souvent  OEnone  pour  sa 
femme.  On  voit  dans  le  Musée  Pio- 
Clémentin  une  tête  et  une  statue  de 
Paris  (pub.  par  Guatani).  Dans  la 
villa  Ludovisi  se  voit  un  buste  colos- 
sal de  Paris ,   deux  fois  plus  grand 


PAR 

que  nature  :  la  ciilamyde  flotte  sur  la 
poitrine  ,  mais  les  traits  sont  ceux 
d'une  femme. Vinckelmann,;1/07mm. 
ined. ,  a  fait  connaître  une  pierre 
gravée  qui  représente  Paris  berger  de 
Priam  et  tenant  à  la  main  le  pédurai 
On  retrouve  Paris  conversant  avec 
Mercure  dausLau/.i,  Saggio  di  lin- 
gua  etrusca,  ïl,xii,  n"  2}  recevant 
un  diadème  de  Minerve ,  dans  Vinc- 
kelmann,  Monum.  ined.,  n°  1 13} 
jugeant  les  trois  déesses  ,  dans  Bar- 
loli,  Pittur.  ont.  dt.'  sepolcn  de 
Nasoni  ,  XXXIV}  essavant  de  dé- 
cider Hélène  à  la  fuite,  dans  Viuc- 
kelmann,  ouv.  cité,  n"  ii5,  et  dans 
les  Peintures  homêri(jucs  de  Tisch- 
bein,  n°'  i  et  69.  Un  bas-relief  de  la 
villa  Ludovisi  et  un  came'e  du  cabinet 
royal  des  antiques,  représentent  OE- 
none et  Paris. — Le  nom  de  Paris, 
le  même  que  Fré  et  Apharée  ,  indi- 
que un  dieu-soleil.  Sa  beauté,  sa  jeu- 
nesse, sa  vie  pastorale  ,  son  rang 
d'arbitre  entre  trois  déesses  qui  for-' 
ment  autour  de  lui  une  trimourti,  sa 
victoire  sur  te  taureau,  ses  flèches  , 
dont  il  perce  Achille  (que  des  légen- 
des donnent  comme  tué  par  Apollon), 
son  identification  au  flambeau  dan 
le  sein  même  de  sa  mère,  sa  liaisoa 
avec  les  eaux,  personnifiées  en  OEno- 
ne ,  avec  la  lune,  dont  Hélène  est 
l'incarnation,  tout  concourt  à  nrfus 
confirmer  dans  cette  manière  de  voir. 

PARNASiiE,  Paesassus,  nûpar- 
(Tos  1  héros  éponyme  du  Parnasse, 
passait  pour  fils  de  la  nymphe  Cléo- 
dore  ,  mais  fils  a  deux  pères  :  l'un 
mortel,  que  Ton  nommait Lléopompe, 
l'autre  immortel,  et  qui  est  INeplune. 
Il  inventa  l'aruspicine  (divination  par 
les  oiseaux),  et  fonda  une  ville  de 
son  nom  qui  fut  submergée  lors  du 
déluge  deDeucalion. 

PARTNOPIOS ,  Apollon  aux  sau- 
terelles [Parnopes  ),  était    adoré 


I 


I 


4 


PAR 

dans  la  citadelle  d'Alliènos  ,  où  il 
avait  une  slatiif  de  bronze  ,  ouvraj^e 
de  Phidias. 

PARORÉE  ,  lils  de  Tricoloue  , 
fonda  Parorée,  en  Arcadie. 

PAROS,  nâpt;  ,  héros  éponyme 
de  l'île  de  Paros,  est  chez  les  uns 
le  fili  de  Jason,  chez  les  autres  le  fils 
de  l'arcadieii  Parrhasc. 

PARQUES  (les),  Parc.^,  et  en 
grec  MOER/E,  Moipctt,  déesses  qui 
président  au  développement  de  tout 
ce  qui  se  produit,  ne  sont  au  fond  que 
le  dédoublement  trinitaire  de  l'idée 
de  destinée  génératrice.  Elles  sont 
sœurs  et  se  nomment  Clotho,  La- 
chésis  et  Alropos.  Leur  généalogie 
diffère  considérablement  suivant  "les 
époques,  le  pays  ou  Tesprit  des  lé- 
gendaires. Chrysippe  (au  rapport  de 
Cicéion)  les  identiliait  à  la  nécessité, 
et  Lucien  les  proclamait  k  elles  trois 
le  destin.  Dans  Hésiode  elles  ont 
pour  mère  la  Nuit,  la  Nuit  seule j 
Orphée,  dans  l'hymne  aux  Parques, 
les  fait  naître  de  l'Erèbe;  Lyco- 
pliron  les  dil  filles  de  la  Mer.  Ces 
trois  noms,  Erèbe,  Mer,  Nuit,  re- 
viennent au  même  (comparez  Bou- 
To).  T*latoa  s'éloigne  peu  de  ces 
conceptions  lorsqu'il  dit  que  les  Par- 
ques sont  tilles  de  la  Nécessité.  L'I- 
liade, rompant  avec  toutes  ces  déliés 
théogouiques,lrop  nuageuses  allégo- 
ries, fait  des  Parques  les  filles  de  Ju- 
piter et  de  Tbémis.  S'il  est  vrai  que 
Lycophron,  en  nommant  ses  Parques 
filles  de  la  Mer,  leur  donne  pour  père 
Jupiter,  sou  opinion  présenterait  a  la 
fois  un  rapprochement  avec  la  pré- 
sente généalogie,  et  un  rapport  entre 
Vénus  et  les  Parques.  Ce  rapport, 
au  reste,  n'a  rien  d'étonnant:  Vénus, 

Ïar-la  même  qu'elle  est  génératrice, 
lithye  et  Aurea ,  ressemble  aux 
Parques.  Les  brillantes  ou  rayitérieu- 
jes  épUhèles  qu'oi^  leur  prodigue  se 


PAR 


277 


rapportent  toutes  à  la  puissance  évo- 
lutrice  des  destinées  ou  des  créatious. 
Tous  les  mondes  sont  soumis  a  leur 
empire^  les  mouvements  des  sphères 
célestes  et  l'harmouie  des  principes 
constitutifs  du  monde  leur  sont  dus; 
le  sort  de  chaque  être  ,    de  chaque 
chose  a  été  prévu   par    elles  5   elles 
prophétisent,    elles  chantent,   elles 
veillent  spécialement  sur  la  destinée 
de  riiomrac.  Richesses ,  gloire,  puis- 
sance ,   plaisirs,   honneurs,  ce  sont 
elles  qui  dispensent  tout,  qui  refu- 
sent tout.  La  n  lissance  ,  la  vie ,  la 
mort  surtout,  sont  sous  leur  empire. 
Uu  fil  que   touchent  les  mains  des 
trois  sœurs  symbolise  cet  ensemble 
d'inslanls  épars   dont    chaque    exis- 
tence se  compose.  Clotho,  Lachéais, 
Atropos,  travaillent  tour  à  tour,  mais 
une  seule  file,  c'est  Lachésis;  Clo- 
tho tient  la  quenouille  ;  Atropos  tran- 
che arbitrairement  le  fil ,  que  rien 
uc  peut   renouer.  Les  poètes  n'ont 
donc  pas  eu  grand  tort  lorsqu'ils  ont 
identifié  les  Parques  aux  trois  pério- 
des de  la  durée  ,  et  vu  dans  Lachésis 
le  présent,  dans  C'otho  le  passé,  dans 
Alropos  l'avenir.  La  Trimourti  hin- 
doue  reflète  presque   les  Parques  : 
Brahmà  sublimé  ressemble  k  Clotho, 
Vichnou   h  Lachésis  ,   et  Siva  ,    ce 
dieu  incendiaire,  a  l'inexorable  Atro- 
pos.  A   présent,   remontons  par  la 
pensée  k  la  conception  primordiale, 
nous  retrouverons  une   Parque  mo- 
nade [Voy.  LacuÉsis).  On  lui  donne 
tour  a  tour  des  noms  divers  :  Iraar- 
mène  (la  destinée),  Anankê  (la  né- 
cessité), Tychè  (la  fortune),  iEsa  [\e 
sort  départi  k  chacun),  Mœra  ,  ab- 
solument synonyme  d'Imarmène  (  k 
ceci  près  qu'Imarmèue  semble  le  ré- 
sultat ,    et  Mœra  la  productrice  des 
résultats);  puis  Ilithye,  Opis,  Per- 
séphone,  Némésis  ,  Adrastée.    Chez 
quelques  poètes,  Adrastée  et  Néiné- 


i'jS  PAR 

sis  devinrent  deux  Parques  coexis- 
lanlcs  :  ^éraésis  rectifiait  les  arrêts 
du  sort,  Adrastép  infligeait  les  sup- 
plices et  dispensait  les  récompensis. 
On  peut  aussi  nommer  pour  Parque 
suprême  Cannenle  5  mais  Ciirmenle 
est  latine  et  se  dessine  surtout  curame 
propliétesse.  —  Diverses  légendes 
nous  montientles  Parques  consolant 
Proserpine  ravie;  endormant  la  dou- 
leur de  Cérès  soit  quand  elle  pleure 
le  lapl  de  sa  fille  ,  soit  quand  elle 
•'ensevelit  dans  une  grotteaprèsavoir 
été  outragée  par  ^ept^ine  ;  ramenant 
au  jour  répouse  de  Pluton  lorsqu'elle 
va  passer  six  mois  auprès  de  sa  mère; 
guidant  aux  enfers  Bacchus^  Hercule, 
Thésée  ,  Ulysse;  reconduisant  sur 
le  globe  terrestre,  Orphée,  Enée; 
servant  de  cortège  à  Thémis  lors- 
qu'elle va  de  rOréau  dans  l'Olym- 
pe; défendant  Jupiter  leur  père 
contre  les  géants  Agrius  ,  Thoon  et 
Typhoée;  chantant  la  naissance  d'A- 
chille aux  noces  de  Thétis  et  de  Pe- 
lée ;  recevant  Méléagre  qui  vient  au 
monde  ,  et  annonrant  à  que'  frêle 
symbole  est  liée  sa  vie;  aidant  Evad- 
né  à  mettre  au  jour  Gainos,  et  Ju- 
piter àrendie  la  vie  a  Pélop.s;  du 
reste,  sévères  et  ne  renouant  pour 
personne  le  Cl  une  fois  rompu  On  les 
donne  comme  favorisant  la  délivrance 
des  femmes  en  couche  avec  Liicine, 
Ott  même  n'élant  que  Lucine.  C'est 
clair  puisqu'elles  sont  llilhye.  Ail- 
leurs on  veut  qu'elles  soient  minis- 
tres de  Pluton.  Partout  présentes 
et  puissantes,  partout  elles  sont  les 
ministres  des  grands  dieux  ,  du  dieu 
de  l'enfer  non  moins  que  du  dieu  de 
rOlympp.  Orphée  les  place  dans  un 
antre  ténébreux  du  Tartare  ;  le 
Tartare  ici  n'est  pas  l'enfer,  c'est 
la  Nuit -Chaos.  Chez  d'autres,  c'est 
au  riel  qu'est  lenr  domicile.  Quel- 
quefois  on  laisse  flotter  dans  Pe«- 


PAR 

pace  renigmalique  palais  oti  elletl 
demeurent.  Tantôt  les  murs  de  cetl 
mystujue  résidence  portent  ciselée 
en  caractères  indélébiles,  sur  le  fefj 
et  l'airain,  les  destinées  humaines; 
tantôt  la  laine  qu'elles  fdent ,  et  qui 
est  noire,  blanche,  grise,  indique  pal 
sa  nuance  le  sort  des  mortels  (dai 
Lycophron  ,  le  fil  des  Parques  cj 
tricolore);  tantôt  léchant  magique 
dont  elles  accompagnent  le  roulemei 
du  fuseau  est  l'iirévocable  arrêt  d| 
sort.  Quant  a  l'invention  de  six  let- 
tres de  l'alphabet  grec  attribuée  aux 
Parques,  ce  n'est  qu'une  bizarrerie 
gratuite.  La  surveillance  que  quel- 
ques savants  leur  font  exercer  sur  le 
globe  de  la  lune  n'a  d'autres  causes 
que  leur  caractère  de  principe  passif, 
1  influence  magique  de  la  lune  sur  les 
événements  humains,  et  ridenlilica- 
tion  des  Parques  il  llilhye  ,  qui  est 
Lalone,  qui  est  Phœbé ,  qui  est  la 
Lune.  —  Jupiter  et  Apollon  po; 
talent  le  nom  de  Méragèle  ,  c'csl-s 
dire  conducteur  des  Parques.  Les  R 
mains  et  les  Grecs  invoquaient  sou 
vent  Apollon  et  les  Parques  en  même 
temps.  Leur  autel  le  plus  célèbre 
était  au  milieu  d'un  bols  épais  où  se 
rassemblaient  les  habitants  de  Sicyone 
et  de  Titane.  Sparte  leur  dédia  un 
temple  magnifique  près  du  tombeau 
d'OresIe,  Elles  avaient  aussi  des  au- 
tels K  Olympie,  à  Mégarc  ,  ii  Rome, 
en  Toscane  ,  à  Vérone.  Du  reste  , 
en  Ita'ie  elles  sont  quelqnefois  nom- 
mées Carmenles,  c'est-h-dire  les  car- 
deuses  ou  les  peigueuses  de  laine,  les 
chantenses;  et  notons  en  passant  que 
tour  a  tour  on  aune  Carmenteou  deux  , 
Carmentes  (Prorsa  et  Poslverta),  ovtjM 
trois  Carmentes  analogues  aux  troisll 
Parques  (Carmente,  Prorsa  et  Post- 
verla).  • — Dans  les  Gaules,  on  les  ho- 
norait sous  le  nom  de  Mères.  —  Le 
mot  grec  Mœrx;  MoipeK,  venait,  on 


la 

1 


li 


PAR 

n'en  doute  pas,  de  ^up«  :  deux  noms 
assez  peu  UMtés  dans  la  littérature 
commune  des  Grecs,  Clôlhes  (ou  Clô- 
thôes)  et  Xantries,  dérivent  évidem- 
ment de  KXmiat  et  ^citna,  et  signifient 
les  fileuses,  les  cardeuses.  Il  n^y  a  pas 
plus  d'ambigitité  sur  les  noms  spé- 
ciaux de  cbacuue.   Clotbo  veut  dire 
la  fileuse  ,    Lacbésiis  le  lot ,  Àtro- 
pos  l'inflexible^  mais  on  a  beaucoup 
varié  sur  l'élymologie  du  nom  latin  , 
Parcce.  Nous  devons  donner  ici  les 
principales  étyniologies   proposées  : 
1°  Partus  ou  Parla  ;  %°  (jaod  ne- 
mini  parcant  {3iii\fhT3isey^  y  Pan- 
ca  ,  Perparca  ,  avare;  4."  Força, 
sillon  de  t«rrej  S''Parach{c\ia\déeï\), 
rompre,    diviser  j  6°  7r^«Tra,  faire, 
avec  allusion  à  Praxidicej  7°  le  radi- 
cal inconnu  de  Ptrsée,  Pcrséphone^ 
Perséphale.  A  notre  avis,  Parca 
ne  vient  que  de  Parùri,  analogue  de 
ftufu,  el  par  conséquent  est  une  tra- 
duction exacte  de  fAÙfx,  lesort.— 
On  ne  trouve  que  très-peu  de  figures 
antiques  des  Parques.   Celles  de  la 
médaille  produite  par  Palin,  sous  le 
nom  de  Parques,  ne  mérilenl  pas  ce 
titre.  Sur  un  marbre  expliqué   par 
Bellori   se  voit  une  femme  dont  la 
tête  est  ornée  d'une  simple  bande- 
lette ;  on  croit  que  c'est  une  Parque. 
On  en  voit  une  autre  sur  un  bas-relief 
du  Musée  Pio-Clémentin  ,  IV,   35. 
Une  autre  plancbe  dans  le  même  re- 
cueil, IV,  2  5,  offre  seulement  Clotbo 
tt  Lacbésis  :  la  première  a  la  que- 
nouille  et  file;  la  seconde  indique 
avec  une  baguette  la  destinée  de  tout 
ce  qui  existe  sur  la  terre  5  elle  a  de 
plus  sur  les  genoux  un  volume  où  sont 
inscrites  toutes  les  actions.  Ce  volu- 
me se  retrouve  aux  mains  de  Clotbo 
sur  le  fragment  de  sarcopbage  gravé, 
IV,  54.  Des  deux  autres  sœurs,  une 
(Lacbésis)  est  désignée  par  un  globe 
«•l«$t6  et  UQ  r^diit)  (allusion  à  l'bo- 


PAR 


aW 


roscopc)  ;  l'antre  montre  gur  un  gno- 
mon que  le  terme  de  l'existence  est 
arrivé.  Sur  une  cassette  étrusque  en 
œuf  ,  trouvée  près  de  Volaterre ,  ce 
sontde  vieilles  femmes  en  longs  man- 
teaux. A  Lyon  ,  sur  un  bas-relief  d« 
l'abbaye  d'Ainai ,  elles  tenaient  une 
pomme  (symbole  delà  fructification). 
L'idéal  des  Parques  ,  en  les  différen- 
ciant par  la  quenouille  ,  le  fuseau  et 
les  ciseaux,  se  composerait  de  longs 
voiles  bruns,  de  couronnes  d'or  ,  de 
visages  sévères  ,  mais  beaux  ;  enfin 
d*ailes  contrastant  fortement  avec 
leur  pose  stationnaire.  C'est  une 
absurdité  que  de  les  représenter 
laides  ou  boiteuses  (ainsi  que  l'in- 
dique Lycophron).  Théocosme ,  k 
Mégare,  les  avait  sculptées  sur  la  tète 
de  Jupiter.  A  Corinthe,  elles  étaient 
voilées;  on  les  voyait  aussi  sur  la  base 
du  trône  d'Apollon  Amycléen  et  sur 
le  coffre  de  Cypsèle. 
'PARRHASE,  Parrhasus,  n*^* 
fu<rti  :  1°  un  des  Lycaonide»  (  il 
fonda  Parrbasis  en  Arcadie);  2**  fila 
de  Mars  el  de  Pbilonomé  :  frère  de 
Lycaste  ,  il  fut  comme  lui  nourri 
par  une  louve. 

PARTES,  déesses  latines  au  nom- 
bre de  deux  ,  étaient  invoquées  par 
les  femmes  enceintes  le  neuvième  et 
le  dixième  mois.  Leur  nom  était 
Nona  et  Décima.  11  faut  songer  que 
les  anciens  faisaient  durer  la  gros- 
sesse dix  mois,  c'est -à-dire  neuf 
mois  et  quelque  cbose,  parce  qu'ils 
comptaient  par  mois  lunaires.  Peut- 
être  entendait-on  par  Nona  la  der- 
nière période  de  la  gestation ,  et  par 
Décima  la  délivrance  et  ses  suites. 

PAR THâON,  n^fltfa*»,  dans  Ho- 
mère PorthÉe,  Etolien,  devait  le 
jour  au  roi  Agénor  et  a  Epicaste,' 
épousa  Euryle,  fille  d'Hippodame  i' 
en  eut  OEnée ,  Mêlas ,  Agrius ,  auX** 
quels  on  ajoute  Lycopée  ,  Alcathoo*'^ 


ado 


PAR 


Laocoon,  et  deux  filles.  Aérope  , 
Péribée.  — Parthaon  ,  fils  de  Péri- 
phèle,  fui  père  d'Aristas. 

J'ARTHÈNES,  nupê»o,,  c'est- 
à-dire  les  vierges  :  i"  Les  Hvarin- 
ihides  j  2*  les  Erechtheides  j  3°  les 
filles  de  Léos. 

PARTHÉNIE  ou  PARTHÉNO, 
fille  de  Staph^le  el  de  Chrysolhé- 
mis,  était  sœur  de  Molpadie  ou  Hé- 
milée  el  de  Rhœo  {t^oy.  ces  noms). 
PARTHEMUS ,  chef  troj^n  tué 
en  Italie  par  Rapon. 

PARTHÉNOPE,  Sirène  fameuse, 
donna  son  iiom  h  une  ville  de  la 
côte  dltalie,  qu'on  abandonna  pour 
Curaes,  mais  qui  ensuite  fut  repeu- 
plée par  ordre  de  l'oracle  et  rebâtie 
sous  le  nom  de  Néapolis  (ville  neuve) 
à  peine  changé  aujourd'hui  (Napo- 
li,  Naples).  Selon  la  légende ,  lors- 
que les  Sirènes  vaincues  par  L'ijsse 
se  replongèrent  dans  les  eaux  pour  y 
périr,  le  corps  livide  de  Parlhénope 
fui  jeté  parla  vague  sur  le  littoral  de 
la  Campanie,  où  on  lui  érigea  un 
tombeau  qui  fut  le  noyau  de  la  ville 
éponyme. — Trois  autres  Parthé- 
NOPE  furent  :  i°  fi-rame  d'Océan  et 
mère  d'Europe  et  de  Thrace  5  2"  fille 
d'Ancée  (ou  du  fleuve  Méandre)  et 
de  Samie ,  maîtresse  d'Apollon  et 
mère  de  Lycomède  ;  5°  fille  de 
Stympha'e,  maîtres:>e  d'Hercule  et 
mère  d'Evérès. 

PARTHÉNOPÉE.  Partheno- 
p^us,  Xla.ph]>oT;ctïis  1  fil"*  de  la  belle 
Alaltnle  qui  l'eut  de  Mi'léagre  ,  de 
Milanion  ou  de  Mars,  ou  fils  de  Talas 
et  de  Lysimaqne  ,  remporta  le  prix 
du  tir  aux  jeux  Némeens.  Chargé 
au  siège  de  ïhèbes  d'allaquer  la 
porte  d'Electre,  il  fut  tué  le  quatriè- 
me jour  par  Amphidique  ou  Péridy- 
mène.  On  voit  que  c'était  un  des  sept 
chefs.  On  explique  son  nom,  tantôt 
par  Iç  fait  de  sa  iiai^saocç  hors  ina- 


PAS 


riage ,  qui  semble  laisser  à  sa  mère 
le  litre  de  vierge  [Parthenos) ,  tan- 
tôt par  son  éducation  sur  le  mont 
Parlhénion. 

PARTHENOS,  nicStvoç,  fille 
d'Apollon  et  de  Chrysothémis .  mou- 
rut très-jeune,  et  fut  changée  par  son 
père  en  constellation.  C'est  elle  qui 
forme  le  huitième  signe  du  zodiaque  , 
la  Vierge. 

PARTULA,  déesse  latine,  pré- 
sidait à  la  grossesse. 

PARTLNDA  ou  PARUNDA  , 
déesse  latine  qu'on  implorait  dans  les 
accouchements,  offre  une  paronoma- 
sic  singulière  avec  Pertunda, 

PARVATI.  ^.  Hhavani. 

PASIPHAÉ.  roy.  Miwos.  Nous 
n'avons  que  quelques  mots  à  joindre 
h  tout  ce  qui  a  été  dit  de  Pasiphaé 
dans  les  articles  Ariadne,  Dédale  , 
MiNOS  et  PuiiDBE.  1"  Pasiphaé  est  la 
toute  lumière,  Ariadne  la  reinej  Pa- 
siphaé se  de.ssine  toujours  au  ciel, 
tandis  qu'il  y  a  de  la  terre,  de  l'onde- 
lerre,  de  l'onde-beaulé  ,  magie,  illu- 
sion ,  de  l'onde  Auadyomèuc  dans 
Ariadne.  2°  Pasiphaé  diffère  de 
Phèdre  qui  est  lumière,  mais  non 
toute  lumière  5  son  union  au  taureau 
n'est  que  sidérique  et  dorienne,  tau- 
dis qu'il  y  a  cabirisrae  et  couleur  pé- 
lasgique  dans  Phèdre,  voulant  sub- 
stituer dans  son  lit  Hippolyle  a  Thé- 
sée. Pasiphaé  a  de  la  démence.  Les 
Prœlides,  les  Cinyrades,  la  brûlante 
Asirouoé  phéniciennes,  sont  des  figu- 
rines coulées  dans  le  même  moule.  H 
n'y  a  donc  pas  que  des  mâles  furieux, 
Hercule,  Bacchus,  Atys^  etc.  5  le  prin- 
cipe femelle  l'est  aussi.  Il  est  si  vrai 
que  Pasiphaé  u'esl  pas  une  princesse 
réelle  ,  qu'à  Thaiames  eu  Laconie 
elle  avait  un  temple  à  oracles  où  les 
dévots  allaient  coucher,  et  rece- 
vaient en  rêve  la  réponse  à  loutei 
leurs  questioiis.  M(^i$ ,  dit-on }  cetti 


PAT 

Pasipliaé  n'est  pas  ia  reiue  Cretoise  ; 
c'est  une  Atlautide ,  la  mère  d'Ara- 
inoa;  ou  bien  c'est  Cassandre,  la  fille 
de  Priam.  Car  Cassandre  mourut  à 
Tlialames ,  Cassandre  rendait  des 
oracles,  et  comme  rien  n'est  plus  lu- 
mineux qu'un  oracle  ,  Cassandre  était 
lumière  universelle,  lumière  pour  tons 
[TFcÎT-i  çâo;).  Ces  deux  assertions  sont 
trop  gratuites  pour  que  nous  les  réfu- 
tions. Nous  nous  bornerons  a  rappeler 
le  voisinage  de  la  Laconie  et  de  la 
Crète,  leurs  fréquentes  relations,  la 
parente  des  deux  peuples  (en  Lacouie 
et  en  Crète  la  race  dominante  était 
dorienne),  enfin  le  nom  même  de 
Tbalames ,  qui  veut  dire  lit  nuptial 
(et  toujours,  dans  les  mythes  crélois, 
le  lit  nuptial  joue  un  grand  rôle  :  la 
vache  dedalienne  ,  l'humide  ]\axos  , 
la  couche  de  Thésée,  sont  trois  tha- 
lames). — Quelques  mythologues  pré- 
sentent Pasiphaé  comme  une  reine 
jalouse  qui  fait  périr  par  le  poison 
toutes  les  concubines  de  Minos.  Ce 
mythe,  pour  être  retraduit  en  lan- 
gue antique,  doit  présenter  Pasiphaé 
comme  empoisonneuse  ,  c'esl-a-dire 
comme  magicienne. 

PASITHÉE,n^<r,<l^«:i°  Néréide, 
ou  Océanide,  ou  Naïade  et  femme 
d'Erichtiionius  qu'elle  rend  mère  de 
Paudion  F'  ;  2°  Grâce.  P^.  Grâces. 

PASSx\LE.  Fojr.  ACMON. 

PATAIQUES.  P^oy.  PatIiques. 

PATAllE,  héros  éponyme  do  Pa- 
tareen  Lycie.  Patare  passait  pour  lils 
d'Apollon  et  de  Lycie,  fille  de  Xan- 
ihe. — Apollon  adoré  h  Patare  en  ti- 
rait le  surnom  de  Patarée. 

PATCHARAMAK ,  célèbre  dieu 
péruvien,  était  selon  les  uns  le  soleil, 
suivant  les  autres  le  créateur  et  le 
conservateur  du  monde.  Il  n'est  point 
impossible  de  concilier  ces  deux  ca- 
ractères. Mais  au  préalable  il  fau- 
drait s'assurer  que  Patcliakamak  les 


?AT  agî 

eût  l'un  et  l'autre.  On  s'occuperait 
ensuite  de  rechercher  le  mode  de 
conciliation.  Patchakamak  fut-il  un 
Vichnou-Mitra  du  Pérou?! lu l-il  un 
Fré-Knef  ou  un  Maudouli?  fût  -  il 
membre  d'une  Trimourti?  eut-il  des 
parents  (  Mama-Oello  ,  Mama-Kol- 
cha)?  Mancokapak  ne  fut- il  qu'une 
de  ses  incarnations  (  f^oy.  Manco- 
Capag,  Biog.  iiniv.,  XXVI,  456)? 
Ce  qu'il  y  a  de  certain,  c'est  qu'une 
grande  ville  du  Pérou  portait  son 
nom  et  avait  en  son  honneur  un  iem- 
ple  bàli  par  Palchakoutek,  dixième 
inca,  et  démoli  eu  i555  par  les- sol- 
datsdePizarre,  qui  violèrent  les  vier- 
ges consacrées  au  service  du  dieu. — 
On  a  remarqué  que  Patchakamak 
s'expliquerait  par  les  mots  hindou  et 
grec  -TTccs  kama  ,  tout  amour  oa 
amour  universel.  Ainsi  dans  Mithra 
se  trouve  Mihr. 

PAÏELLA  ou  PATELLANA, 
déesse  latine,  présidait  aux  choses 
ouvertes  ou  apleshs'ouvrir(^a<cre). 

PATELLARII  DU  (dieux   des 

f)lats),  dieux  auxquels  on  faisait  des 
ibalions  pendant  le  repas.  C'est  ua 
sobriquet  que  leur  donne  Plante. 

PATÉLO,  dieu  des  Pruczes  (an- 
ciens habitants  de  la  Prusse),  était 
figuré  par  une  tète  de  mort. 

PATÈQUES,  Pat.'eci,  n«r««- 
xo/,  n<«T«;ico/,  dieux  gardiens  et  dé- 
fenseurs dont  les  Phéniciens  plaçaient 
les  images  tantôt  à  la  proue  des 
vaisseaux,  pour  les  protéger  contre 
les  périls  de  la  mer  (Hérodote  ,  liv- 
III,  c.  57),  lanlôl  sur  leurs  tables. 
Ces  images  les  représentaient  habi- 
tuellement sous  des  formes  de  nains 
ou  de  pygmées.  Quelquefois  ils  pre- 
naient en  outre  des  corps  ventrus  et 
sphériques,  ce  qui  leur  donne  quelque 
trait  de  ressemblance  avec  les  Cano- 
pes.  Sous  cette  dernière  forme  ils 
^taiçBt,  à  ce  qu'il  paraît,  placés  sur 


s8a 


PAT 


t>AT 


les  tables,  à  cause  des  dons  qu'ils 
prodiguaient ,  comme  au  devant  des 
navires  en  qualilé  de  défenseurs  et 
sous  la  forme  de  pygmées  {f^.  Creu- 
ter,  Dionysus,  p.  i5i,   etc.).  Ou 
présume  que  Meikarlh  ,  THercule  de 
FyTf  était  un  Fatèque.  Effectivement 
dans  les  plus  anciennes  religions  on 
figure  Hercule  comme  dieu  de  la  ta- 
ble ,  et  dans  les  beaux  temps  de  la 
Grèce  Tari  se  plut  à  le  représenter  la 
coupe  k  la  main.  Les  Polilii  et  les  Pi- 
narii  de  l'Italie  ne  semblent  être  que 
les    prêtres    d'un    Hercule   buveur. 
Hés-ychius (t.  I,  p.  i536)donne  com- 
me  paraphrase  d'Eù<pp<é<J'ijf  évidem- 
ment   épilhèle  d'Hercule    les    mots 
Tlttruncis    iviTpxTti^itÇ'  On    dérive 
Patèque  de  ïhéhieu  patnch,  graver, 
ou  balachy  avoir  conBance. 

PATRAGALI.  F.  Bhadrakali. 

PATRICILjS,  Janus  comme  lige 
commune  de  tout  le  peuple ,  père 
commun  de  tous  les  enfants  de 
sa  patrie,  puis,  dans  un  sens  trans- 
cendantal,  comme  père  de  tout  ce 
qui  existe  Autour  de  la  conception 
spéciale  signalée  la  première  se  grou- 

fient  encore  ces  deux  idées  :  i°  Janus 
ui-même  est  fils  du  sol,  il  est  autoch- 
tbone  ;  a"  les  patres  (patriciens),  tu- 
teurs et  aînés  naturels  de  la  popula- 
tion italique  sont  sous  sa  protection. 

Comp.   CURIATIUS. 

PATPJOUMFO,  dieupruczeen 
l'honneur  de  qui  les  prêtres  nourris- 
saient de  lait  un  serpent. 

PATUO,  Thespiade,  eut  d'Her- 
cule un  fils  nommé  Archémaque. 

PATROCLE,  Patroclus,  n«- 
vfKXast  lils  du  roi  locrien  Ménèce 
(d'où  son  nom  patronymique  Mcnce- 
tiaiies)  et  de  Stbéuélé,  tua  le  fils 
d'Amphidamas  au  jeu,  quitta  le  pays, 
troKva  un  refuge  chez  Pelée,  y  fut 
élevé  par  Chiroa  avec  Achille,  se  lia 
de  l'amitié  la  plus  t«adre  arec  lai ,  et 


I 


le  suivit  au  siège  de  Troie.  Dans  l'I- 
liade il  rend  a  son  ami  des  services  qui 
ont  quelque  chose  de  servile.  Du  res- 
te, il  est  brave,  et  commande  une  des 
colonnes  phthioles.  Quand  Achille 
reste  dans  sa  tente ,  Patrocle  touché 
des  désastres  des  Grecs  obtient  de 
lui  la  permission  d'aller  combattre 
avec  les  Thessaliens.  A  la  vue  de 
l'armure  d'Achille  que  Patrocle  a 
revêtue,  les  Troyens  reculent  jus- 
qu'à leurs  remparts.  Mais  vaine- 
ment Patrocle  tente  de  les  escalader, 
trois  fois  Apollon  l'en  repousse  5  et 
finalement  son  casque  tombe,  sa  pi- 

Ïue  se  rompt,  son  bouclier  s'e'chappe: 
lector  l'attaque ,  et  n'a  cas  de  peine 
aie  percer  d'un  coup  de  lance.  Un 
combat  sanglant  s'engage  aussitôt  au- 
tour  de    cette  dépouille  inanimée  : 
enfin  les   Grecs  l'emportent ,  et  le 
corps  de  Patrocle  rentre  au  camp 
On  sait    qu'a  cette   triste   nouvelle 
Achille   reprit  les    armes,    immolai 
Hector  aux  mânes  de  son  ami,  et  tu; 
de  sa  main  près  de  son  bûcher  douz' 
prisonniers  troyens.  Les  fuuéraill 
se  terminèrent  par  des  jeux  funèbre^, 
— Un  autre  Patrocle  devait  le  jouir 
à  la  Thespiade  Pyrippe  et  K  Hercule, 

PATRON,  Patro  ,  compagnon 
d'Evandre,  disputa  le  prix  aux  jeux 
donnés  par  Enée  pour  l'anniversaire 
de  la  mort  de  son  père.  On  a  pré- 
tendu que  les  Patrons  k  Rome  ti- 
raient  leur  nom  de  lui. 

PATROOS,  narp^og:  l'Apol- 
lon, 2°  Bacchus,  3"  Jupiter.  Le  pre- 
mier et  le  dernier  portaient  ce  nom 
dans  Athènes.  Jupiter  de  plus  l'avait 
dans  Argos,  et,  dit-on,  l'avait  eu  dans 
Troie.  Priam  fut  immolé  aux  pieds 
de  l'autel  de  Zévs  Patrôos. — Ce  nom 
Tcut  dire  des  aïeux ,  et  rappelle  le 
régime  patriarcal  des  populations 
primitives. 

PATULCIUS ,  Jamn  «  tant  qu'il 


I 


PEA 

ouvre,  qu'il  commence,  qu'ilinaugure, 
qu'il  crée,  qu'il  active  :  lorsqu'il  fer- 
me, achève,  raainlient  ou  immobilise, 
il  prend  le  nom  de  Clusius.  Ces  deux 
mols,Patulcius  et  Clusius,  s'emploient 
surtout  lorsqu'il  s'agit  de  l'ouverture 
et  de  la  fermeture  du  temple  de  Ja- 
nus. — Peut-être  y  a-t-il quelque  rap- 
procliement  à  établir  entre  Palulcius 
et  le  Khoucor  (dieu-ouvreur  des  Phé- 
niciens )  ou  le  F  ta  d'Egypte,  qui 
d'un  coup  de  marteau  divise  en  deux 
l'œuf  du  monde. — Rac.  :  pateo. 

PAUSE,  YlxZa-os^  dieu  du  repos 
et  de  la  paix,  opposé  h  Bellone. 

PAUVRETE.  F.  Penia. 

PAVANA,  autrement  Marouta 
ou  Vaïou,  un  des  huit  Vaçous  hin- 
dous, préside  a  l'air,  aux  vents,  aux 
sons,  a  lamusique, au  nord-ouest. C'est 
le  père  du  célèbre  musicien  Hanou- 
man  qui  au  fond  nous  semble  le  même 
que  lui.  Il  pénètre  toutes  les  créatu- 
res ,  il  embrasse  toutes  choses,  il  est 
la  respiration  et  presque  l'àme  uni- 
verselle, Mahanatma.  Comp.  Pan, 
Faune,  Phanï:s. — Marouta-Pavana 
a  sous  ses  ordres  un  grand  nombre 
de  génies  subalternes  nommés  ainsi 
que  lui  Maroutas  (ou  Marouters). 

PAVOR,  LA  Peur,  déité  latine 
mâle  k  qui  Tullus  Hostilius  éleva 
une  statue.  Parmi  les  prêtres  Saliens 
était  une  division  que  l'on  nommait 
Pavorii  ou  Pavorini.  Comparez 
Pallor, 

PEAN,  P^AN,  n«/<i»,  Apollon- 
médecin,  du  moins  au  dire  des  an- 
ciens. Mais  comment  alors  dériver  ce 
nom  de  vxUiv, /happer,  darder  {h 
cause  de  ses  rayons)  ?  Le  fait  est  que 
l'on  chantait  en  l'honneur  des  deux 
Latoïdes  des  hymnes  dits  Péans, parce 
qu'ils  se  terminaient  par  cette  excla- 
mation ,  /ij,  n«/«y  (dont  on  a  fait 
il»,  5r«<*  «t»).  Ces  refrains  devinrent 
asuels  lors  des  épidémies.   Dans  h 


PÉD 


a83 


suite  le  nom  de  Péan  s'étendît  à  totts 
les  hymnes.  On  chantait  un  Péan  a 
Mars  en  marchant  au  combat,  a  Apol- 
lon après  la  victoire.  On  en  composa 
de  même  en  l'honneur  de  Neptune, 
d'Hygie,  des  grands  hommes. 

PËAS,  Ueciis,  berger  qui  mit  le 
feu  au  bûcher  d'Hercule ,  et  qui  en 
récompense  reci^t  du  héros  son  arc  et 
ses  flèches.  On  le  donne  souvent 
comme  père  de  Philoctète  dont  on  ra- 
conte aosolnment  la  même  chose. 

PECUNIA ,  l'argent  personnifié  , 
était  invoqué  par  les  Romains.  C'é- 
tait même,  a  ce  que  nous  assure  S. 
Augustin  ,  un  surnom  de  Jupiter,  vé- 
ritable pendant  de  Junon  Monela 
prise  dans  le  sens  vulgaire. 

PÉDASE,  n>i^ci(roç,  fils  du  Pria- 
mide  Bucolion  et  de  la  nymphe- 
naïade  Abarbarée ,  périt  ainsi  que 
son  frère  (jumeau?)  Esèpe  sous  les 
coups  d  Euryale  pendant  le  siège  de 
Troie  [f^oy.  Abarbarée).  Il  y  avait 
dans  la  Troade  une  ville  appelée  Pé- 
dase,  qui  fut  ruinée  par  les  Grecs; 
elle  avait  cependant  été  l'ondée  par  les 
Lélègues  qui  appartenaient  a  la  race 
grecque.  Deux  autres  villes,  l'une  du 
Péloponèse  [lliad. ,  IX,  i  5  2),  dans  le 
territoire  de  Pylos  (Messène),  l'autre 
(ni)'«r«5(r«£ ,  n>)<^(«(r«»)  dans  la  Carie, 
entre  Halicaruasse ,  Milet  et  Strato- 
nicée  (Hérodote,  I,  lyS,  VI,  20, 
VIII,  I  04  5  PHne  le  Nalur.,  V,  29), 
portèrent  aussi  le  nom  de  Pédase. 
La  dernière,  qui  est  peut-être  la 
même  que  la  Pédase  de  Tite  Live 
(XXXIII,  3o),  mais  qu'il  ne  faut  pas 
confondre  avec  Pédase  où  la  confédé- 
ration carienne  battit  les  Perses , 
semble  avoir  été  fondée  par  les  Lé- 
lègues de  la  Pédase  Iroyenne  (Raoul- 
Rochette,  Col.  grec(j. ,  I,  386). 
Une  vieille  tradition  disait  que  tou- 
tes les  fois  que  cette  ville  serait  me- 
nacée de  quelque  danger  Bne  longue 


2»-; 


PÉG 


barbe  couvrirait  le  meuton  de  sa  pré- 
tresse. Ce  miracle  eut  lieu  trois  fois. 
— ;  Achille  prit  au  sac  de  la  Thèbes 
d'Eélion  uu  maguifique  cheval  ap- 
pelé Pédase,  qui  fui  tué  par  Sar- 
pédon. 

PEDEE,  Pedeus,  uit^iûç ,  fils 
d'Aulénor  et  d'une  coucubine,  avait 
clé  plevé  par  Thémis,  femme  de  ce 
prince.  Mégès  le  lua  au  siège  de 
Troie. 

PEDIAS,  nJtif,  fille  du  Spar- 
tiate Ménys,  femme  de  Crauaiis  et 
mère  des  trois  nymphes  Ciauaïdes, 
Cranaé,  Cranechrae  et  Atlhis.  Pé- 
dias  en  grec  veut  dire  la  plaine. ^oj'. 
sur  ces  noms  l'article  Cbamaus. 

PEDICRATE ,  Pedicrates,  nt- 
itxftiTtisy  chef  siciliole  lue  par  Her- 
cule. Ses  concitoyens  en  firent  un 
dieu. 

PEDOTROPHE,  Pjedotbophus, 
HfleicTar/iepdf ,  Cérès  en  tant  que 
déesse.  C'est  une  des  faces  de  l'ali- 
mentation dont  celle  déesse  est  le 
symbole.  On  donnait  aussi  ce  nom  à 
Diane  dans  Coronée.  Selon  les  an- 
ciens, la  lune  exerçait  une  influence 
puissante  sur  l'iiccroissemeut  des  vé- 
gétaux et  des  auiniaux.  Diane  pour- 
tant était  célèbre  aussi  par  la  barba- 
rie de  quelques-uus  de  ses  adorateurs 
h  l'égard  des  enfants.  On  lui  en  sa- 
crifia souvent  a  litre  de  victimes,  et 
a  Sparte  on  fouettait  jusqu'au  sang 
des  jeunes  >;ens  k  son  autel. 

PEGASE,  Pegasus,  Uiîyua-ûs  , 
célèbre  cheval  ailé,  naquit  du  sang  de 
Méduse  décapitée  comme  d'une  source 
(îDiy»»)  élincelanle,  et  soudain  s'en- 
vola dans  les  régions  d'où  partent  la 
foudre  et  l'éclair.  D'un  coup  de  pied 
il  fit  jaillir  sur  l'Hélicon  l'ilippocrèue. 
Minerve  le  domta,  puis  en  fil  cadeau 
à  Persée  ,  pour  qu'il  se  rendît  en 
Ethiopie  auprès  d'Andromède  j  et 
pais  a  BeUé(ophoi)  pour  combettlrç 


PEG 

la  Chimère.  Dans  la  suite  ce  héros 
ayant  voulu  forcer  le  coursier  divin 
à  le  porter  aux  cieux  se  laissa  tom- 
ber et.  tandis  que  sou  corps  se  brisait 
sur  le  sol,  Pégase  alla  former  une 
constellation  parmi  les  astres.  Les 
poètes  le  placent  sur  le  Parnasse,  au 
milieu  du  cortège  sacré  d'Apollon,  et 
supposent  que  les  amants  des  Muscs 
traversent  l'espace  sur  son  dos.  — 
Les  évhéméristes  veulent  que  Pégase 
ait  été  un  navire  dont  la  proue  por- 
tait un  cheval.  Les  vrais  mythologues 
voient  tous  que  IV'gasc  est  un  être 
mythologique  totalement  imaginaire. 
Il  est  Tauxiliaire  des  héros  de  la  lu- 
mière, Persée  et  Bellérophon,  héros 
qui  l'un  et  l'autre  sont ,  non  pas  des 
Oxypores  ou  robustes  marcheurs, 
mais  des  Célendéris  ou  rapides 
écuyers.  Arion,  cheval  d'Adraste,  est 
absolument  dans  le  même  cas,  mais 
il  a  quelque  chose  de  plus  terrestre. 
Le  père  de  Pégase  ,  ce  père  que  l'on 
ne  nomme  pas,  c'est  Neptune,  dieu 
des  eaux  et  par  suite  de  la  nuit  et 
du  couchant,  INeptune  qui  sans  cesse 
emprunte  la  forme  du  cheval ,  Nep- 
tune qui  a  vio'é  Minerve -Méduse. 
La  Méduse  dont  ou  tranche  la  tête 
est  enceinte.  Le  sang  qui  coule  de 
sa  plaie  est  un  lac.  Ce  lac  n'est  pas 
del'eau,  c'est  de  l'eau-luraière.  Aussi 
voyez  ce  qui  en  sort!  un  glaive  d'or, 
un  cheral  de  pourpre,  Chrysaor  et 
Pégase,  Neptune  aussi  était  le  père 
d'Arion  j  mais  là  Cérès  ,  C-'rès  qui 
est  la  terre,  était  la  mère.  La  phy- 
sionomie d'Arion  est  donc  a  juste 
litre  uu  peu  plus  lerne.  Trézène  avait 
aussi  son  Hippocrèue  issue  d'un  coup 
de  pied  de  Pégase ,  quand  Belléro- 
phon monta  pour  la  première  fois 
ce  noble  coursier.  Il  laut  joindre  h 
ces  deux  fonlaines  pélasgiques  Celle  de 
Pirène  dans  l'Acrocorinlhe.  Selon 
Anli^oious,  Libçralis  rtiippQcrènQ  de 


l'Hélîcoii  naquit  lors  de  la  conJesta- 
tioa  musicale  des  Piérides  et  des  Mu- 
ses. Charmée  de  cette  ravissante  har- 
monie, la  cime  du  mont  grandissait, 
s'élevait,  passait  la  nue,  et  semblait 
aspirer  h  l'Olympe.   Pégase  vint,  et 
d'un  coup  de  pied  comprima  l'essor 
ambitieux  de  la  montagne,    soudain 
restreinte  aux  limites  iloiit  elle    s'é- 
tait emparée. — On  voit  aussi  Pégase 
faire  partie  des  troupeaux  d'Admète. 
Ce  rajtlie  s'explique  par  la  présence 
d'Apollon  au  milieu  de  ces  troupeaux. 
Pégase,  coursier  solaire,  se  place  na- 
turellement parmi   les   parèdres    du 
dieu  soleil  le  plus  élégant  et  le  plus  en 
vogue  de  la  Grèce.  Toutefois  il  y  a  la 
du  syncrétisme  j   car  Apollon  affec- 
tionne le  char,  le  quadrige,  et  par 
conséquent  l'attelage  de  quatre  che- 
vaux. Or,  Pégase  est  l'unique  cheval 
du  luminiforme  cavalier  qui   presse 
les  flancs  ailés  de  ses  pieds. — Ou  peut 
voir  Pégase  sous  les  n"'  390-394*  de 
la  Galerie  niytkologicjue  de  Mil- 
lin.  Cinq  fois  il  s'y  trouve  en  rapport 
avec  le  héros  de  Trézène,  Belléro- 
phon.  La  sixième  gravure  tirée  des 
Pittare.  de.  Nasoni ,  XX,   repré- 
sente son  admission  dans  les  écuries 
de  l'Olympe.  Trois  Nymphes  en  pren- 
nent  soin;  l'une  se  baisse    pour  le 
baigner,  l'autre  le  caresse  et  porte  un 
vase  pour  l'arroser  d'eau,  la  troisiè- 
me tient  aussi  un  vase;  toutes  sont 
couronnées  de  plantes  aquatiques. 

PEGEES,  Tli^yxtcci-)  Nymphes  des 
fontaines,  sont  les  mêmes  que  les 
Crénées.  Au  reste,  voy.  Nymphes. 
PÉIROUM,  divinité  japonaise, 
viendra,  disent  les  habitants  du  pays, 
à  la  fin  du  monde. 

PELAGIE,  TliXxyicCy  maritime: 
t"  Vénus  (plus  ordinairement  Pon- 
tià),  2"  Isis  (plus  ordinairement  Pha- 
riâ).  Celle-ci  se  trouve  très-souvent 
«ur  les  médailles.  Une  île  de  même 


PEL 


2B5 


nom,  voisine  des  colonnes  d'Hercule, 
était  consacrée  à  Saturne.  Elle  est 
remarquable  en  ce  qu'elle  nous  mon- 
tre un  culte  analogue  à  celui  de  Mo" 
loch  dans  ces  lieux  reculés  de  l'Occi- 
dent, et  de  plus  un  dieu  flamme  dé- 
vorante jouant  avec  les  eaux. 

PÉLAGON  :  1°  Phocéen,  fils 
d'Amphidamas  ,  était  le  maître  de  la 
vache  dont  Ca'lmus  suivit  la  trace 
jusqu'au  lieu  qui  devait  être  l'empla- 
cement de  Thèbes;  a"  prétendant 
d'Hippodamie,  tué  par  OEnomaiis^ 
5°  chef  grec  du  corps  d'armée  de 
Ne.>)tor5  4."  Troyen  tué  par  Sarpédon. 
Un  cinquième  Pélagon  ne  diffère 
point  de  Pélasgue. 

PÉLAGOS,  nixxyùçy  la  Mer,  ne 
diffère  pas  de  l'Océan.  On  le  doune 
comme  Hls  de  la  Terre  seule. 

PÉLARGE,  ntxipy„,  fille  de 
Potnée,  épouse  d'Isthmios  et  intro- 
ductrice du  culte  cabirique  k  Tlièbes  , 
était  honorée  par  le  sacrifice  annuel 
de  quelque  femelle  pleine.  On  rap- 
portait l'origine  de  cette  cérémonie  à 
un  ordre  de  l'oracle  de  Dodone  et 
non  de  Delphes.  —  Nul  doute  que 
Pélargé  ne  soit  une  déesse-cigogne 
{TTtxâpyos  )  La  religion  dodonaïque, 
semblable  ici  au  culte  assyrien,  avait 
les  colombes  en  vénération;  et  les  my- 
thes de  Sémiramis,  de  Vénus  en  sont 
remplis  (comp.  PeristÈre).  Or, 
d'une  part  cigogne  et  colombe  se  rap- 

f)rochaient,  la  cigogne  corn  ne  mère, 
es  colombes  comme  filles;  puis  la  ci- 
gogne se  dédouble  en  colombe.  La 
grande  déesse  se  délègue  donc  en  une 
prêtresse,  et  celle-ci  en  prêtresses  se- 
condaires. De  la  les  Péléiades  de  Do- 
done :  Pélargé  les  résume  en  même 
temps  qu'elle  les  précède.  Les  Pé- 
léiades étaient  prophétessesj  car  la 
divination  était,  selon  les  anciens,  un 
des  caractères  des  oiseaux.  Le  vent , 
la  lumière  ,  l'air  pur,  s'allient  aiê^- 


%H 


PBL 


r. 


menf  avec  l'idée  de  prophète.  Le  ciel 
semble  TofScine  de  l'avenir,  l'arsenal 
dessecrels  prophéliques,  le  foyer  lu- 
mineux d'où  jaillit  toute  étincelle  de 
révélation.  Aussi  l'Eoroch  eu  Perse,  le 
pic  en  Italie,  mille  autres  dans  tous 
les  pays  sauvages,  sont-ils  censés  por- 
ter du  cœur  des  dieux  a  Toreille  des 
hommes  les  secrets  que  cache  le  sein 
de  l'avenir.  Quant  a  la  liaison  de  Do- 
done  et  du  culte  cabiiique ,  elle  est 
connue  :  aussi  n'est-ce  pas  là  ce  qui 
doit  étonner  dans  Tliiitoire  de  Pclar- 
gé;  c'est  la  coexistence  de  la  face 
cal  irique  de  la  déesse  avec  la  Corme 
de  cigogne. 

PELASGUE,  Pelasgvs,  nUar- 
yof,  est  évidemment  la  persouniiica- 
tion  de  la  race  pélasgique ,  une  des 
lus  anciennes  de  celles  (|iii  habitèrent 
e  sol  de  la  Grèce ,  et  a  coup  sûr  la 
première  de  celles  auxquelles  ou  peut 
accorder  une  civilisation. Comrat  celle 
civilisation  rmlimenlaire  se  manifesta 
d'abord  sur  des  points  éloignes  les 
uns  des  autres,  il  n'est  pas  étonnant 
que  l'on  nomme  plusieurs  Pélasgues. 
Quatre  au  moins  a|)partiennent  à  la 
dynastie  des  Inachides.  i"  Un  fds 
d'Inacbus  ,  père  de  Lycaon  et  fonda- 
teur de  la  civilisation  en  Arcadie. 
a°  Un  fils  dePboronée,  et  en  consé- 
quence petit -fils  d'Inachus.  3"  Un 
fils  de  Jupiter  et  de  la  Phoionéide 
Niobé,  et  en  conséquence  arrière- 
pelit-fils  d'Inachus  (  on  le  regarde 
comme  identique  à  Argus).  4"  Un 
fils  de  Crotope  ou  deTriopas,  cé- 
lèbre pour  avoir  reçu  Daiiaiis  et  les 
Danaïdes  à  leur  sortie  d'Egypte: 
Eschyle  seul  en  parle;  c'est  saus 
doute  le  même  que  Sthéiièle.  A  ce 
groupe  quaternaire  il  faut  joindre  i* 
UQ  fils  de  Lycaon,  2°  un  fils  d'Ar- 
cas,  en  conséquence  petit-fils  de  Ly- 
caon. Dca  mythologues  nomment 
comme  tout  'afaitdistioct  de  la  inaes« 


PEL 

des  Inacbides  le  Pélasgue  arcadien , 
premier  et  rude  civilisateur  du  pays, 
et  ne  lui  donnent  ni  le  vieil  Inachus 
pour  père,  ni  Eycaon  pour  fils.  Us  le 
qualifient  de  riîy6»s!î,ué  de  la  terre. 
Hors  de  l'une  et  de  l'autre  de  ces  sous- 
divisions  flotte  un  Pélasgue,  fils  de 
Neptune,  un  Pélasgue,  filsd'Asope  et 
de  Mérope,un  Pélasgue,  auteur  de 
la  race  des  Thessaliens,  père  de 
Thessale.  Ce  dernier  Pélasgue  n'ap- 
paraît point  seul  en  Thessalie  ;  il  a 
deux  frères  avec  lui,  Acbéos  et 
Plithios.  —  En  somme  donc,  nous 
trouvons  huit  ou  dix  Pélasgues  très- 
nettement  distincts.  Complétons  cet 
exposé  des  dires  vulgaires  en  racon- 
tant ce  que  (jl  le  Pélasgue  civilisateur 
dans  l'Arcadie.  Par  lui  les  sauvages 
habitants  apprirent  l'art  de  se  loger 
dans  des  cabanes,  de  se  vêtir  de 
peaux  de  sang'ier,  de  se  nourrir  de» 
fruits  du  hêtre  et  du  chêne ,  tandis 
que  jus([ue-la  on  avait  vécu  de  feuilles 
d'arbres,  d'herbes  et  de  racines. 
Celte  civilisation  n'est  pas  brillante. 
Les  Arcadiens  la  gardèrent  long- 
temps; car  les  Lacédémoniens  ,  s'é- 
tant  avisés  un  jour  de  demander  a  la 
Pyihie  s'ils  se  trouveraient  bien  d'une 
guerre  faite  aux  Arcadiens,  la  pro- 
phétesse  ne  répondit  que  par  un  dis- 
tique dont  voici  le  sens  : 

N'esp'Tcz  point  dointer  et  tenir  à  la  chaîna 
Qui  dfjeune  du  hèlie  et  qui  soupe  du  chêne. 

Après  avoir  pensé  que  des  rois 
nommés  Pélasgue  avaient  donné  leur 
nom  à  leurs  peuples,  des  modernes 
eu  sont  venus  à  croire  que  Pélasgue 
était  un  litre  générique.  Ainsi  Arguj» 
était  Pélasgue,  Stliénèle  était  Pélas- 
gue, etc.  C'était  entrer  dans  la  bonne 
voie  !  mais  il  ne  faut  pas  s'arrêter  là. 
Pas  un  chef  des  antiques  époques 
auxquelles  ou  veut  nous  reporter  ne 
&'e8t  noj»mé  Pélasgue.  J^a  race  p.é- 


PÉL 

lasgue ,  comme  toutes  les  races  du 
monde,  avait  sa  my  tliologie.  Pélasgue 
qui  la  récapitule  étail  son  Adam  :  il 
est  monade,  il  est  membre  d'une  Tri- 
mourli.  Toutes  les  ^généalogies  plus 
haut  données  sont  donc  naturelles. 
Il  est  fils  de  la  terre,  si  l'on  veut 5  et 
si  l'on  veut,  il  est  fils  de  l'onde,  soit 
marine  (Neptune),  soit  fluviatile 
(Asope)  j  il  a  pour  mère  l'humanité 
(Mérope);  il  est  dieu.  Il  apparaît 
avec  deux  frères  sur  un  plateau  ;  il 
se  partage  entre  la  ïhessalie  et  l'Ar- 
cadie,  deux  grandes  pointes  d'où  se 
sont  élancés  les  clans  pélasguesj  il  se 
multiplie  surtout  sur  les  listes  sémi- 
divines  d'Argus,  et  forme  a  lui  seul 
quatre  de  ces  Anaces  métainorphosés 
par  l'évhémérisme  eu  Inachides  :  en- 
nn,  k  ce  titre  il  est  dieu. 

PELATE.  Pelâtes,  fut  tué  par 
Corythe  dans  la  rixe  qui  s'éleva  aux 
noces  de  Persée  et  d'Andromède. 

PELE,  déesse  des  volcans  dans 
les  îles  Sandwich,  n'ycomple  presque 
plus  d'adorateurs  aujourd'hui.  C'est 
surtout  dans  Haouaïi,  si  remarquable 
par  son  volcai  de  Ki-rouYa,  que  l'on 
prononçait  son  nom  avec  terreur  et 
vénération.  Les  détails  matériels  de 
son  culte  étaient  confiés  h  un  kahou 
(intendant)  dont  la  principale  fonction 
était    de    veillt-r    sur    deux    grandes 

[)laiitalions  consacrées  a  la  déesse, 
'une  sur  le  bord  de  la  mer,  l'autre 
dans  le  voisinage  du  cratère.  La  sta- 
tue de  Pelé  était  couverte  de  vêle- 
ments de  colon;  on  lui  servait,  du 
moins  de  temps  h  autre,  ses  repas 
comme  k  «ne  mortelle  vivante  et  man- 
geante. A  l'époque  des  fêtes  solen- 
nelles, la  prêtresse  descendait  dans 
les  profondeurs  du  cratère,  sûre  que 
la  protection  de  la  déesse  la  préser- 
verait de  tout  mal,  et  s'écriait  en 
précipitant  les  dons  dans  l'abîme 
flariaboyant  :  et  PéJé ,  voici  ta  nonr- 


PÉL  387 

riture;  ^>  puis  elle  jetait  les  diverses 
pièces  d'habillement  en  disant  :  a  Pe- 
lé, voici  tes  vêtements.»  M.  Stewart, 
dans  son  dernier  voyage  aux  îles  Sand- 
wich ,  a  vu  Lahaina,  dernière  prê- 
tresse héréditaire  de  Pelé. 

PELEE,  Peleus,  rnjAEuV,  fili 
d'Eaque,  roi  d'Egine,  et  de  la  Chiro- 
nide  Endéis,  tua  son  frère  Phocus, 
et  banni  k  perpétuité  trouva  un  refuge 
k  Phthie  (Thessalie),  kla  cour  d'Eu- 
rytion  qui  lui  accorda  la  main  d'Anli- 
gone  sa  fille ,  avec  le  tiers  de  son 
royaume.  De  ce  mariage  naquit  Po- 
lydore.  Plus  tard,  Pelée  le  perça  d'un 
javeloi ,  par  raégarde ,  a  la  chasse 
du  sanglier  calydonique,  el  condamné 
de  nouveau  k  l'exil  se  rendit  k  loU 
cos.  Acaste ,  roi  de  cette  ville,  le 
purifia;  mais  bientôt,  croyant  sur  la 
foi  d'Astydamie  sa  femme,  qui  vaine- 
ment avait  découvert  au  prince  exi'é 
l'amour  qu'elle  ressentait  pour  lui, 
que  son  hôte  avait  voulu  le  déshono- 
rer, il  lui  vola  ses  armes  pendant  son 
sommeil ,  et  le  fit  charger  de  chaînes. 
Heureusement  Jupiter  son  grand- 
père,  ou,  selon  d'autres,  Casioret 
Pollux  vinrent  a  son  secours.  Quel- 
ques poètes  lui  adjoignent  Jason.  Les 
trois  ou  quatre  héros  marchèrent  sur 
lolcos  s'en  emparèrent,  et  mirent  k 
mort  Aslydaraie  :  Pelée  avait  k  ven- 
ger, outre  sa  captivité,  la  mort  de  sa 
femme;  car  îa  reine  d'Iolcos,  soit 
pour  vaincre  ,  soit  pour  punir  ses  dé- 
dains ,  avait  écrit  a  Antigone  que  son 
mari  était  sur  le  point  d'épousf-r  St.é- 
ropc ,  et  k  cette  nouvelle  Autigone 
s'était  pendue.  Maître  d'une  grande 
partie  de  la  Thessa'ie  kla  suite  de  cet 
événement,  Pelée  voulut  s'allier  a 
nne  déesse.  Thétis,  sœur  du  roi  de 
Scyros  Ljcomède  et  fille  de  Nérée  et 
de  Doris,  attira  ses  vues.  Mais  Thétis 
qui  avait  été  l'amie  de  Jupiter,  et  qui 
mêiiie  avait  copcn  quelques  instants 


!e8S 


PÉL 


l'espoir  de  devenir  son  épouse,  Thé- 
tis  ^e  révollail  à  Tidce  de  n'avoir  pour 
niari  qu'un  roi  mortel.  11  fallut  à  Pe- 
lée rassislance  de  Jupiter  pour  triom- 
pher de  l'opiniâtreté  de  sa  fiancée. 
Protée  femelle,  Tliélis  empruntait 
successivement  toutes  les  formes  pour 
lui  échapper.  Enfin  Pelée,  dirigé  par 
les  conseils  de  Çhiron  {x,iipi  la  main), 
réussit  à  la  mettre  daus  les  chaînes. 
Dès-lors  plus  d'opposition  à  l'hvmen! 
Le  mariage,  célébré  en  présence  de 
tous  les  dieux  assemblés  sur  le  Pélion, 
fut  suivi  d'un  festin  magnifique.  C'est 
la  hiéroganie  thessalienne  par  excel- 
lence.' Tous  les  dieux  ,  les  uns  après 
les  autres,  firent  a  Thélis  leurs  pré- 


enlune 
els  ciu' 


les  chevaux  immortels  qu'Achille  de- 
vait un  jour  atteler  à  son  char,  et 
qui  versèrent  des  larmes  prophétiques 
le  jour  de  sa  mort.  La  Discorde  seule 
n'avait  pas  été  invitée^  on  sait  de 
quelle  manière  elle  s'en  vengea.  La 
pomme  sur  laquelle  elle  avait  tracé 
A  LA  PLUS  BELLE  amena  les  trois 
grandes  déesses  devant  Paris:  Hélène 
fut  le  prix  du  iugement  ;  et  la  fuite 
d'Hélène,  en  entraînant  les  Grecs  de- 
vant Troie  ,  vouait  à  une  mort  cer- 
taine le  fruit  unique  des  amours  de 
Péléc  et  de  Thélis.  Thélis  pourtant , 
suivant  les  mythologues  a  légendes  pa- 
radoxales, fut  sept  fois  enceinte  avant 
de  l'être  d'Achille;  mais  tous  ses  (ils 
mouraient  k  l'instant  de  la  naissance. 
Achille  né ,  Pelée  s'efface  de  plus  en 
•plus.  On  saurait  h  peine  s'il  vit,  s'il 
règne,  sans  le  vieux  Priam  qui,  lors- 
qu'aux pieds  d'Achille  il  lui  demande 
les  restes  inanimés  d'Hector,  fait  pla- 
ner dans  un  vague  lointain  la  pâle  fi- 
gure de  Pelée.  Pélée  a  voué  au  fleuve 
Spercbius  la  blonde  chevelure  d'A- 
chille, si  Achille  revient  dans  sa  pa- 
trie. Puis,  quand  Achille  est  mort,  ce 
ion\  des  pleurs  j  Thétis  lui  dit  de  se 


PKL 

retirer  dans  les  Iles  Fortunées ,  o4 
dieu  lui-même  il  voit  planer  Achille 
dieuj  cinquante  Néréides,  dit-on,  l'y 
ont  conduit.  Suivant  les  tragiques". 
Pelée  envoie  son  fils,  puis  son  petit- 
fils  ,  il  la  tète  des  Myrmidons  au 
siège  de  Troie  ;  Pélée  règne  ou  a 
la  régence  pendant  qu'ils  sont  loin  de 
la  Phthiolide  ;  Pélée  défend  Andro- 
raaque  et  sou  fils  Molosse,  qui  est 
sou  arrière  petit-fils,  des  attaques 
homicides  de  Ménélas  et  d'Hermione 
Ce  n'est  qu'après  toutes  ces  démons- 
trations qu'il  reçoit  de  Thélis  une 
invitation  pour  les  Iles  Fortunées. 
11  n'est  pas  besoin  de  dire  combien 
les  tragiques  se  montrent  ici  étran- 
gers a  l'espril  des  mythes  antiques. 
— Pélée  était  honoré  k  Pella  comme 
demi-dieu.  On  lui  sacrifiait  uu  hom- 
me tous  les  ans.  Pélée,  Pella,  Pélion, 
ne  sont  qu'un  même  mot,  et  ce  mot 
ne  diffère  pas  de  phalle.  Le  phalle 
souvent  est  symbolisé  par  un  mont. 
L'hymen  de  Pélée  et  de  Thétis,  d» 
mont  et  du  lac,  du  feu  et  de  Tonde  ,. 
est  donc  celui  du  phalle,  principe 
mâle,  et  delà  mamelle  (r/T^eV),  prin- 
cipe femelle  d'abord  nommé  Télhys, 
puis  par  une  altération  légère  Thétis. 
Quant  au  rôle  magique  de  Thétis, 
c'est  k  son  article  qu'il  faut  en  cher- 
cher le  commentaire. 

PÉLÉGON,  nt>.'iym,  fils  du 
fleuve  Axios  cl  de  la  nymphe  Péri- 
bée,  fut  père  d'Astéropée. 

PELETHRONIUS ,  roi  Lapithe, 
inventa  le  frein  et  la  selle. 

PÉLIADES.  Fox-  l'art,  suivant. 

PELIAS,  ntx/ecs,  fils  de  Neptune 
(ou  de  Créthée)  et  de  Tyro  et  frère 
d'Eson,  usurpa  sur  lui  le  trône  d'Iol- 
cos,  persécuta  Jason  que  l'oracle  lui 
indiquait  comme  destiné  k  reconquérir 
l'héritage  de  son  père, eteuld'Anaxibie 
(ou  de  Philomaque),  sa  femme,  Acas- 
tejct  plusieurs  filles  (dcu^  selon  Pau- 


I 


à 


PEL 

sanias,  Astéropie  et  Antinoé;  trois 
selon  Diodore,  Alcesle,  Araptlnome, 
Évadnéj  quatre  seloa  Apollodore, 
Alcesle,  Pisidice,  Pélopée,  Hippo- 
thoé  5  cinq  selon  Hygin,  Alceste,  Iso- 
dice,  Pélopée,  Hippothoé,  Méduse). 
On  peut  voir  h  Tarticle  EsoN  les  di- 
verses tradilious  relatives  à  Pélias. 
Les  uns  le  font  mourir  avant  le  retour 
des  Argonautes  qui,  rentrés  en  Grèce, 
célèbrent  en  son  honneur  des  jeux 
funèbres  [Foy.  Acaste).  Les  autres 
nous  montrent  Pélias  courbé  par  le 

fioids  des  ans,  mais  vivant  encore 
ors  de  l'apparition  de  Médée  en 
Thessalie.  Alors  se  passe  un  drame 
terrible.  Les  filles  de  Pélias  supplient 
la  puissante  sorcière  qui  a  rajeuni 
Eson  de  rajeunir  leur  père.  Médée 
feint  d''y  consentir,  ordonne  aux  sol- 
liciteuses de  couper  par  morceaux  leur 
vieux  père,  et  de  jeter  les  lambeaux 
sanglants  dans. la  chaudièrej  et  là, 
elle  les  quitte ,  et  va  près  de  son 
époux  rire  de  l'assassinat  du  rival 
d'Éson.  On  ajoute  que  les  infortu- 
nées Péliades,  honteuses  et  désespé- 
rées de  leur  méprise,  allèrent  finir 
leurs  jours  en  Arcadie.  —  Un  autre 
Pélias  ,  chef  troyen  blessé  par 
Ulysse,  suivit  Enée  en  Italie. 

PELLÈNE  ,  d'Argos  ,  fondateur 
dePellène  en  Achaïe,  avait  pour  père 
Phorbas,  et  par  cousé([uent  Triopas 
pour  aïeul. —  Diane  était  honorée  a 
Pellène  sous  le  nouDi  de  Pellénide. 
Minerve  avait  le  même  nom  dans  la 
péninsule  de  Pellène  en  Macédoine. 
La  statue  de  la  Pellénide  d' Achaïe 
était  enfermée  d'ordinaire.  Son  exhi- 
bition au  grand  jo^ur  frappait  les 
yeux  mortels  d'aveuglement,  rendait 
les  arbres  stériles,  et  faisait  tomber 
les  fruits.  Lors  de  la  procession  so- 
lennelle qui  avait  lieu  annuellement 
eu  l'honneur  de  la  déesse,  chacun 
baissait  la  tête  devant  cet  osiensorinm 


PÉL 


289 


que  portait  la  grande-prêtresse.  Dans 
une  bataille  contre  les  Etoliens,  la 
prêtresse  un  jour  montra  l'idole  sans 
voile  a  l'armée  ennemie  qui  fut  sur  le 
champ  frappée  de  stupeur  et  mise  en 
fuite. 

PELLONIA,  déesse  laliue  invo- 

3uée  comme  présidant  a  l'expulsion 
e  l'ennemi  (pellere). 

PÉLOPÉE  ou  PÉLOPIE  ,  Pe- 
LOPEA  ,  niXÔiTtix  ,  fille -épouse  de 
Thyeste  et  nièce-épouse  d'Atrée,  est, 
dans  la  mythologie  vulgaire,  surprise 
et  violée  par  son  père  dans  un  bois 
consacré  à  Minerve.  Selon  les  uns,  l'in- 
ceste est  involontaire  des  deux  parts. 
Selon  les  autres,  Thyeste  en  a  con- 
ilaissance,  et  le  consomme,  parce  que 
l'oracle  lui  a  révélé  que  de  celte  in-» 
cestueuse  union  naîtra  un  fils  ven- 
geur de  ses  injures.  Pélopée  devenue 
mère  d'Egisthe  l'abandonna  d'abordj 
puis,  quand  elle  eut  épousé  son  oncle, 
le  fit  élever  aven  ses  frères,  Agamem- 
non  et  Ménélas.  Survient  ensuite 
l'e'pte  de  Thyeste,  comme  nœud  du 
drame.  Pélopée  la  lui  a  ravie  a  l'heure 
du  viol,  afin  de  reconnaître  nn  jour 
le  coupable,  et  l'a  donnée  à  son  fils. 
Long-temps  après  Egisllie,  Thyeste, 
Pélopée  se  !rouvenlensemble:Egisthe 
a  ceint  le  glaive  paternel  ;  Thyeste  a 
cette  vue  est  transporté  de  joie  et  le 
reconnaît  pour  son  fils  5  Pélopée  au  dé- 
sespoir s'empare  du  fer  et  se  tue. — 
Pélopée,  véritable  Pélops  femelle,  est 
une  Axiocerse  du  cabiroïdisme  d'Ar- 
gos; elle  fait  les  fonctions  de  femme 
tant  pour  Thyeste  son  père  ,  que 
pour  Alrée  son  oncle  ,  parce  qu'en 
mythologie  il  n'y  a  ni  oncle,  ni  père, 
ci  qu'Atrée  el  Thyeste  ,  ces  deux 
Açouius,  ces  deux  Dioscures,  revien  - 
nent  à  un  seul  être.  Quel  être?  Si 
l'on  veut,  ce  sera  le  soleil  dédoublé 
en  deux  soleils  semestriels  que  sym- 
bolisent la  nuit  et  le  jour  ,  mais  plus 


19 


ago  PÉL 

cxactemenl  c'est  le  feu-soleil  sacrifi- 
cateur. Ce  point  de  vue  riche  et  cu- 
rieux ,  clé  magique  de  tous  ces  meur- 
tres qui  souilleut  les  pages  de  Tliis- 
toire  des  Tnnlalides,  sera  développe 
a  Tarlicle  Tuyeste.  — Trois  autres 
PÉLOPiE  sont:  i°une]Niobide;  2"  une 
Péliade;  3°  une  autre  fille  deThyesle, 
amaute  de  Mars  et  mère  de  Cycnus. 
PÉLOPS  ,  le  grand  dieu-plialle 
de  rÉlide  ,   devait   le    jour  h  Tan- 
tale.  On  varie    sur  sa   mère   qu'on 
nomme  tour  à  tour  Dionée  l'Allau- 
tide^    Cljtie  (fille  d'Amphidamas), 
Eurytliémiste  (fille  de  Xaulhe),  Eu- 
ryanasse  (fille  du  Pactole),  ou  Eupry- 
lône,  ou  Taygète.  Son  père,  roi  de 
Lydie,  le  vit  naître  eu  Lydie 5  une 
tradition  difierente  lui  donnait  pour 
pairie  l'Elide  :  déjà  se  dessinent  deux 
mythes  tout  contraires,   l'un  d'ori- 
gine asiatique,  l'autre  d'origine  euro- 
péenne. Tantale  ayant  reçu  les  dieux 
chez  lui  veut  éprouver  leur  infaillibi- 
lité ;  il  hache  son  fils  Pélops ,  et  le 
leur  sert.  Déjà  Minerve  a  goûté  du 
mets  fatal,  quand  Jupiter   annonce 
aux  conviés  la  scélératesse  du  roi  de 
Lydie.  Ou  se  lève,  on  s'agite,  on  se 
demande  s'il  est  possible  de  réparer 
l'attentat  du  tyran  :  «  Si  l'on  rassem- 
blait ces  lambeaux  épars?  si  le  souffle 
du  dieu  des  dieux  ressoudait  ces  lam- 
beaux? »  Ainsi  en  Egypte  la  plaintive 
Isis  essaie  de  recomposer  Osiris  coupé 
en    treize   morceaux  ;    mais,  comme 
à  la  victime  de  Typhon,  il  manque 
quelque  chose  k  la  victime  de  Tan- 
tale. Quoi?  La  pudicité  grecque  ne 
toléra  pas  qu'il  lui  manquât  le  même 
organe  qu'au  bien  -  aimé  d'Isis.   Ce 
n'est  que  l'épaule  qui  manque  à  Pé- 
lops. L'euphémisme    est  clair  pour 
ceux    qui    savent   que    Minerve   est 
pnalle,  que  ce  qu'elle  s'est  assimilé 
par  la  manducation  ,  c'est  elle,  c'est 
l  e  phalle ,  que  les  oxyrrliynques  de 


PEL 

l'Egypte  n'ont  mangé  d'Osiris  que  le 
phalle.  Il  serait  facile  de  multiplier 
ces  exemples  de  phallophagie.  Pélops 
n'a  perdu  que  l'épaule  !  Jupiter  lui  en 
fait    une  d'ivoire  ;  Mercure  ou  Mi- 
nerve l'adaplcnt  délicatement  a  l'hu- 
mer us  et  aux  vertèbres  du  cou.  Tan- 
tale va  aux  enfers  mourir  de  faim  sous 
le  plus  beau  pommier ,  et  de  soif  au 
milieu  des  eaux  limpides  qui  baignent 
son  menton  ;  et  Pélops  règne  sur  la 
Lydie. — Il  enlève  Ganymèdej  Très 
réclame    son  jeune   filsj    la    guerre 
éclate;  Pélops  n'est  pas  le  plus  fort, 
et  il  fuit  en  Elide,  à  la  cour  du  roi 
de  Pise  OEnomàs,  habile  a  la  course 
des  chars  et  père  d'une  beauté  déjà 
fatale  a  treize  prétendants,  Hippoda- 
mie.  Pélops ,  amoureux  de  la  prin- 
cesse ,  accepte  la  joute  dont  elle  doit 
être  le  prix  j  mais  il  séduit  Myrtile , 
cocher  d'OEnomàs ,  et  le  détermine 
a  ne  pas  arrêter  le  moyeu  de  la  roue 
sur  l'axe  a  l'aide  des  S3  et  il  arrive  au 
but,  taudis  que  le  roi,  son  hôte,  ex- 
pire. Pélops  devient  alors  possesseur 
d'Hippodamie  et  du  royaume  de  Pise. 
Bientôt  il  y  joint  Olympie  et  d'autres 
districts,  donne  h  ce  vaste  empire  le 
nom  de  Péloponèse,  et  institue  près 
de   sa  capitale,   dans  le  lieu  depuis 
nommé  Olympie,  les  jeux  olympiques 
en  l'honneur  de  Jupiter.  Il  meurt  en- 
fin chargé  de  jours  ,  de  gloire,  de  ri- 
chesses et  de  puissance.  Son  tombeau 
devient  un  autel,  et  on  lui  sacrifie  eu 
même  temps  qu'aux  autres  dieux  pré- 
sidents de  la  joule  olympique.    Une 
fête    annuelle  toute  spéciale  lui   est 
consacrée  sous  le  nom  de  Pélopées. 
Elle  consistait  en  un  sacrifice  qui  avaiti 
lieu  dans  le  Pélopium,  esplanade  au 
milieu  du  bois  sacré  d'Allis  consacré 
a  Pélops  par  Hercule  :  la  victime  était 
un  bélier  noir.  Les  os  de  Pélops  fu- 
rent conservés  dans  une  ciste  de  bron- 
ze. Une  tradition   dont  St  Clémeat 


I 


PÉL 

d'AIeïandrle  a  été  Torgane  voulait 
que  le  Palladium  eût  été  fait  des  os 
de  Pélops.  Encore  Palladium,  Pallas 
etPélopsen  iutimerapporl.  Quelque- 
fois on  voit  Polops  aimé  de  Neptune, 
etrecevant  de  lui,  lorsqu'il  veut  jouter 
avec  OEnomàs ,  un  char  d'or  et  des 
chevaux  ailés  5  le  char  même ,  selon 
Bœttiger,  a  des  ailes.  C'est  ne  rien 
comprendre  a  la  mythologie  que  de 
voir  Pélops  ravi  au  ciel  par  Neptune 
pour  lui  verser  le  nectar  ,  puis  ren- 
voyé sur  la  terre  quand  Tantale  s'est 
rendu  coupable  k  l'égard  des  dieux. — 
Pélops  laissait  en  mourant  trois  fils, 
Atréc,Thyeste  etHippalque  (la  force 
du  cheval),  autrement  Ilippalime  et 
Hippalame,  tous  trois  d'Hippodaraie. 
On  lui  donne  aussi  pour  Gis  Chrysippe 
dont  Laïus  convoita  la  beauté,  elque 
l'artificieuse  Hippodamie  fil  tuer  par 
son  père  ,  parce  qu'il  devait  le  jour  à 
«ne  rivale  (Axioché  ou  Danaïs). 
Apollodore  joint  à  cette  liste  deux 
fils ,  Alcathoiis  et  Pitthée,  deux  filles, 
Lysidice  et  JSicippe,  dont  il  ne  nom- 
me pas  la  mère  :  dans  Strabon,  Tré- 
zène  aussi  est  fils  de  Pélops. — Réca- 

{)itulons  les  traits  principaux  de  Pé- 
ops  :  1"  son  cadmilisme  dessiné  par 
son  apparition  sous  Tantale,  sa  mort, 
sa  résurrection;  2°  aspect  phallique 
(  il  enlève  Ganymède ,  il  s'appelle 
Pélops ,  il  fournit  les  éléments  du 
Palladium)  j  3°  sa  solarité  (il  brille 
aux  cieux ,  il  règne  en  Elide ,  pays 
du  soleil  ,  Hélios)j  4-"  l'institution 
de  la  joute  olympique ,  corollaire  de 
la  solarité  (car  le  stade  céleste  que 
parcourt  le  soleil  se  reflète  dans  le 
stade  des  bords  de  l'Alphée  5  de  là 
sa  victoire  sur  OEnomàs,  sa  liaison 
avec  le  dieu  Hippios  (INeplune),  et 
cette  perpétuelle  répétition  de  la  syl- 
labe   hipp dans   Hippodamie, 

Hippalque,  Chrysippe,  ]Nicippe)j  5° 
enfin  son  dédoublement  en  deux  so~ 


PEN 


291 


leils  semestriels ,  Cadrailes  tués  et 
tuants,  victimes-viclimaires ,  Atrée 
et  Thyeste.  —  Philostrate  ,  dans  ses 
tableaux  ou  Icônes,  décrit  deux  mor- 
ceaux qui  représentaient  la  course 
des  chars  de  Pélops  et  d'OEnomàs. 
Les  chevaux  du  dernier  sont  noirs, 
les  coursiers  de  Pélops  sont  blancs. 
Sur  le  char  de  celui-ci  brille  Hip- 
podamie en  costume  de  fiancée^  les 
riches  tissus  de  la  Phrygie  le  déco- 
rent. Le  long  de  la  route  que  sui- 
vent les  chars  se  voient  les  tombeaux 
des  treize  prétendants.  Le  fleuve 
Alphée  s'élève  sur  son  lit  d'aïur 
pour  jeter  uue  couronne  d'olivier  sur 
la  tête  de  Pélops.  Dans  l'autre  mor- 
ceau il  porte  ,  outre  les  habits  phry- 
giens, la  tiare  des  rois.  Hippodamie 
en  nymphe  lance  les  regards  d'un 
orgueilleux  dédain  sur  OEnomàs, 
qui  perd  déjà  du  chemin,  et  qui  de 
sa  pique  en  l'air  menace  Myrlile.  Un 
Amour  placé  tout  près  de  lui  brise 
l'essieu.  Un  sarcophage  de  Guattani, 
Moniuii.  ined.y  17B5,  pi.  I,  porte 
aussi  sur  un  de  ses  bas-reliefs  la 
course  d'OEnomàs  et  de  Pélops.  Deux 
bas-reliefs  du  Musée  Mattéile  mon- 
trent emmenant  en  triomphe  Hippo- 
damie. Enfin  Millin,7>/on«w.z/ie<5^., 
tom.  I,  fig.  2,  a  reproduit  un  Pélops 
faisant  abreuver  ses  chevaux  après  la 
victoire. 

PELORE,  Peloros  :  i"  géant; 
2°  Sparte;  3°  étranger  qui  vint  an- 
noncer aux  Thessaliens  la  formation 
de  la  vallée  de  Tempe,  et  qui  donna 
ainsi  naissance  h  l'institution  des 
Pélories. 

PENATES  ,  génies  et  dieux  dis- 
pensateurs de  la  richesse ,  de  la  fé- 
licité, dabien,  selon  la  religion  étrus- 
co-romaine.  Le  mot  de  Pénales  est 
tour  h  tour  un  nom  propre  et  uneépi- 
ihète  :  tantôt  il  résume  les  noms 
spéciaux  de  deux,  quatre,  six  divini* 

19- 


292 


PÉN 


lés  déjà  connues  et  distinctes  ;  tantôt 
c'est  un  nom  ge'nérique,  le  nom  d'une 
classe  dont  on  n'indique  pas  les  indi- 
vidus. Mais  de  quelle  manière  et^ans 
quel  ordre  ces  deux  sens  se  succédè- 
rent-ils? Pénates  fut-il  d'abord  un 
nom  générique  ,  que  plus  tard  les 
Pénaticoles  appliquèrent  à  quelques- 
uns  de  leurs  grands  dieux?  ou  bieu  , 
après  avoir  long  temps  entouré  d'Iiom- 
luages  tels  ou  tels  dieux  isolés,  s'avi- 
sèrent-ils de  les  réunir  dans  une  idée 
commune ,  dans  une  dénomination 
unique  ?  Tout  semble  annoncer  que 
primitivement  Yesta  et  Pallas ,  im- 
portées de  Samothrace  ou  de  quelque 
autre  sauctuaire  cabirique  en  Italie  , 
reçurent  là  le  nom  de  Pénates  ,  mais 
qu'ensuite  ce  uom  ,  par  lequel  ou  ré- 
capitulait Vesla  et  Pallas,  fut  appli- 
3ué  a  d'autres  dieux  étrangers  et  in- 
igènes.  Dispensateurs  de  la  richesse, 
de  la  prospérité ,  de  tout  bien,  les  Pé- 
nates ont  dû  sembler  tantôt  les  grands 
dieux  eux-mêmes,  tantôt  de  sublimes 
et  célestes  génies,  et  pour  les  philo- 
sophes des  personnifications  de  telle 
ou  telle  force  naturelle  ,  de  tel  ou  tel 
agent  physique.  11  en  était  absolu- 
ment de  même  des  Cabires  à  Imbros 
et  à  Samothrace.  Aussi  les  âges  pos- 
térieurs ont-ils  qualifié  les  Pénales 
de  àxtfttoytç  (génies)  plus  souvent  que 
de  èiol  (dieux).  Us  président  :  i"  à 
l'acquisition,  à  l'accroissement  des  ri- 
chesses f  2°  à  la  liberté'  ;  5°  h  la  vie, 
et  par  conséquent  à  la  naissance.  De 
là  l'élymologie  rapportée  par  Ma- 
crobe(iS'<îiur«.,III,4.):aPenates... 
per  quos  penitus  spiramus.  »  Péna- 
les, primilivemenl,  n'eut  point  d'au- 
tre sens.  Pénas,  car  tel  est  le  sinsu- 

I  •  r 

lier  que  suppose  Pénates  (i) ,  dérive 

(i)  Et  ce  singulier  se  lisait  crfectivËment  dans 
des  inscriptions  que  mentionne  Denysd'Halicar- 
nasse  iriKNAC.  Quelques-uns  poricot  AEîJAC. 


PÉN 

depenus,  radical  pen...-^  et  mil 
doute  que  penus  ne  veuille  dire  ri- 
chesse. Les  autres  sens  de  ce  mot 
(subsistances,  asile  secret)  se  ratta- 
chent tous  h  celui-là  •  à  la  têle  des 
richesses  figurent  les  richesses  ali- 
mentaires :  vivres ,  biens  de  toute 
sorte  ,  ont  du  être  resserrés.  Deus 
penus  est  donc  un  dieu-richesse,  un 
dieu  qui  donne ,  un  dieu  (jui  verse  , 
augmente  et  perpétue  la  richesse. 
Dispensateurs  de  ces  richesses,  les 
Pénates  les  octroient ,  non-seulement 
à  l'individu,  mais  encore  aux  associa- 
tioHS  grandes  et  petites,  a  la  famille 
comme  à  la  cité,  à  la  patrie.  Il  y  a  donc 
des  Pénates  privés  ,  des  Pénates  fami- 
liers ou  de  la  famille,  des  Pénales  pu- 
blics. On  comprend  maintenant  que 
les  Grecs  alenl  (juelquefois  pris  pour 
équivalent  de  Pénates  les  êîo)  ftûx^tot, 
dieux  de  la  patrie.  Enfin  l'idée  de 
dispensateur  des  richesses  est  si  voi- 
sine de  celle  de  conservateur,  que 
de  celle -là  on  passe  immanquablement 
à  celle-ci.  Etrusijues  et  Romains  ne 
lardèrent  donc  pas  a  faire  des  Pé- 
uates  des  dieux  gardiens,  et  sous  ce 
rapport  ils  les  rapprochèrent  des  La- 
res. Comme  ces  derniers,  ils  les  pla- 
cèrent dans  l'asile  le  plus  secret  ou  le 
plus  sacré  de  la  maisou,  dans  un  sanc- 
tuaire, ou  bieu  auprès  du  foyer.  Le 
Laraire  reçut  les  Pénates  avec  les 
Lares  :  êio)  (pxioi ,  pénétrâtes  Du 
[qui  penilus  insident),  devinrent 
des  phrases  synonymes  de  Pénates.  Et 
pourtant  les  Pénales  différaient  des 
Lares  i°par  leur  élévation  dans  lahié- 
rarchie  divine,  soit  à  litre  de  dieux, 
soil  h  titre  de  hautes  forces  naturelles 
personnifiées,'  2°  par  leur  origine  sa- 
molhracienne  et  leur  analogie  avec  les 
Cabires  5  3°  par  ce  caractère  de  créa- 
teurs, de  donateurs  de  la  richesse  que 
le  Lare  tout  au  plus  mainllentj  4°  par 
leur  influence  sur  les  richesses  aussi 


PEN 

bien  que  sur  la  vie,  tandis  que  le  Lare 
semble  plus  spécialement  concentrer 
ses  soins  sur  la  viej  5°  parce  que  les 
Pénates  ne  semblent  point  avoir  d'an- 
tagonisles  qui    cberchent    à   défaire 
leur   ouvrage,  tandis  que  les  Lares 
sont  contrariés  par  les  Larves  5  6" 
enfin ,  par  Tabsence  de  tout  lien  entre 
les  Pénates  et  les  systèrae^psyclio- 
logiques  ou  pneumatologiqnes.    Le» 
Lares ,     au  contraire  ,    étaient   les 
âmes   des    justes   ramenées   au   sé- 
jour des  vivants    et    devenues  leurs 
protectrices.  Croire  avec  Apulée  et 
Photius  ,  St  Augustin  et  vingt  mo- 
dernes ,    qu'originairement  il  en  fut 
de    même   pour  les   Pénates  ,    c'est 
méconnaître  leur  caractère  essentiel. 
Ajoutons    que    quelquefois    on    de- 
manda des  oracles  aux  Pénates.  Les 
raisons  ne  manquaient  pas  :  1°  Apol- 
lon, le  dieu  prophète  par  exceUence,_ 
était  Pénate  ;  2"  Les  Pénates  étaient 
des  ho)  f^(ix,K>i  (  or  f^vx,»?-,  penetrale, 
adytum  ,  sanctuaire ,  expliquait  l'i- 
dée d'oracle )5  5°  les  Pénates  étaient 
des  pro lecteurs.  Un  protecteur  peut- 
il  refuser  ses  avis  ,  et,  s'il  est  dieu, 
des  oracles  ?  —  Plusieurs  dieux  fu- 
rent,  à  une  époque  ou  à  une  autre, 
qualifiés  de  Pénates.  Dans  les  temps 
les  plus  reculés  ,    Vesla    et    Pallas 
(  Minerve -plialle)    seules  eurent  des 
honneurs  ;  car  Pallas  n'est  autre  que 
le  phalle   si  constamment  personni- 
fié ,  dans  la  tétrade  cabirique ,  sous 
les  noms    de    Cadmile,    d'Hermès, 
d'Hercule  ,  de  Bacchus ,  de  Gigon', 
de  Pallas  mèmej  etVesta,  soit  qu'on 
l'identifie  à  la  terre,    (comme  D;i- 
Mater  ou  comme  Perséphone),  soit 
qu'on  voie  en  elle  Vulcain  femelle , 
ou  l'ardente  Aphrodite,  épouse-sœur 
de  Vulcain,   ou  enfin  Cabira,  mère 
de  Vulcain  et  d'Aphrodite  ,    occupe 
toujours  un  haut  rang  dans  les  grou- 
pes caLiriques.  L'une  et  l'autre ,  par 


PÊN 


293 


leurs  caractères  épisodiques,  deve- 
naient aussi  des  dieux  cachés  ,  des 
dieux    amis  des  retraites  sombres, 
des  asiles  vénérés.  Dieu -phalle,  Pallas 
voulait  un  sanctuaire  où  l'on  n'abor- 
dât qu'avec  des  pensées  graves  :  Dieu- 
flamme  ,  Vesta  était  la  flamme  cen- 
trale ,  le  foyer  asile  saint  et  inviolé , 
autel  naturel ,  centre  du  palais  ou 
du  temple.  Le  nom  de  Pe'nas  faisait 
allusion   à  ces   deux   caractères  5   il 
traduisait  Olbodoter  (oA^of,  penus), 
et ,  de  plus  ,    il   laissait   apercevoir 
dans  le  lointain  les  sens  secondaires 
de  penus,  et  tous  ces  mets  de  même 
famille  penilus  ,   penetrale,   etc. 
Mais  ces  fastueuses  épithètes  et  ces 
hommages  ne    convenaient  -  ils   qu'à 
Minerve    et   a   Vesta?    Non  ,    sans 
doute.  Ainsi  l'on  voit  successivement 
Jupiter,    Janus  ,   Mars,    Romulus, 
devenir    les   Pénates  de  Rome,   les 
pénates  de  la  ville,  les  Pénates  pu- 
blics, mais  sans  jamais  dépouiller  de 
ce  litre  Pallas  etVesla.  Mercure  aussi 
apparaît  avec  ce  titre.    Apollon  et 
Neptune,  antiques  Pénates  de  Troie, 
selon  Denys  d'Halicarnasse  (I,  68, 
édition Reisk)  et  Servius(5arII,  296 
de  L' Enéide),  les  précédèrent  peut- 
être  dans  ce   haut   rang.   Peut-être 
eurent-ils  alors  le  nom  de  Dioscures  , 
ou  du  moins  un  nom  analogue  ;  car 
nous  savons  que  Castor  et  PoUux  ne 
possèdent  point  exclusivement  celle 
dénomination,  et  que  leur  légeude 
est  relativement  moderne  (^.  Dios- 
cures). Enfin  Paies  (au  fond  identi- 
que a  Pallas),  Cérès,  la  Fortune,  le 
Génie  de  Jupiter,  figurent  aussi  sur 
cette  liste.  Tous  ces  noms,  qui,  sauf 
le  dernier,  se  retrouvent  dans  la  no- 
menclature de   Samothrace ,    achè- 
vent de  démontrer  qu'originairement 
les  Pénates  se  réfèrent  aux  Cabires. 
Enfin,  dans  quelques  chapelles,  oa 
regardait  Jupiter,  Junon  et  Minerve 


194  PEN 

comme  Ips  vérilaLIes  et  suprêmes 
Pénales.  Aux  dernières  époques  de 
la  république  et  sous  l'empire,  les 
Pénales  s'élant  mêlés  aux  Lares  on 
en  vint  a  ne  plus  distinguer  nette- 
ment ces  deux  ordres  d'intelligences 
protectrices,  et  l'on  pouvait  h  son  gré 
se  choisir  des  Pénales  parmi  les  dieux 
subalternes ,  les  héros  ou  les  êtres 
purement  allégoriqwes.  Seulement  ja- 
mais on  n'éleva  au  rang  des  Pénates 
les  morts  illustres ,  à  moins  peut- 
être  que  la  flatterie  n'ait  salué  de  ce 
titre  la  cendre  de  quelques  empe- 
reurs (Voy.  Rec.  dJnscr.).  —  Ce 
(jui  semble  donner  aux  Pénates  une 
physionomie  particulière, c'est  la  do- 
mesticité de  leur  culte  et  de  leur  in- 
fluence. Pénales  privés,  ils  l'ont  pros- 
pérer la  maison,  augmenter  le  re- 
venu, fructifier  le  domaine;  ils  embel- 
lissent et  enrichissent  le  foyer;  ils  ne 
servent  point  au-dehors,  à  moins  que 
l'homme  lui-même  ne  soit  forcé  de 
quitter  le  foyer  paternel.  Alors  il  em- 
porte ses  Pénates,  ou  du  moins  un 
de  ses  Pénates  avec  lui.  Ainsi  faisait 
Apulée;  et  c'est  sous  rinlluencc  d'une 
idée  semblable  que  Ciceron  partant 
pour  l'exil  consacrait  dans  le  Capi- 
tole  sa  Minerve  d'argent.  Pénates 
publics,  ils  protègent  la  patrie,  ils 
préservent  la  frontière  :  on  ne  les 
invoque  point  lorsqu'il  s'agit  de  faire 
des  conquêtes,  mais  bien  lorsqu'il  s'a- 
git de  rcpou'ser  l'invasion.  Dans  ce 
cas,  la  première  prière  est  celle-ci  : 
a  Chassez  l'euiiemi  »  ;  la  deuxième  (si 
l'on  est  vaincu,  si  la  ville  natale  est 
prise),  a  Ressuscitez  la  patrie,  faites 
«  renaître  la  cité  de  ses  cendres;  et 
K  enfin,  s'il  est  impossible  que  ce'vœu 
a  s'accomplisse,  émigrez  sur  nos  pas 
a  et  suivez-nous;  transportez  le  peu- 
«  pie,  relevez  la  cité,  rallumez  le 
«  foyer  sur  les  terres  élrangères  : 
(c  ^u'uii  soJ  hospiU'Jier  recueille  les 


PEN 

a  dieux  et  leurs  adorateurs!  »  Ainsi 
s'exprimaient  les  vaincus  survivant 
au  sac  de  leur  ville,  ou  les  exilés 
contraints  h  fuir  les  plages  natales. 
Ainsi,  selon  les  légendes  antiques, 
Teuccr  allait  fonder  loin  de  Salaniine 
une  Salamine,  llélénus  une  Troie  à 
quatre  cents  lieues  de  Troie;  Enée 
ne  part  pour  l'Italie  qu'avec  le  l*al- 
ladium  ,  avec  les  Pénales  et  les  grands 
dieux  [Penatibus  et  niagnis  Dus). 
Ainsi  un  des  noms  secrets  de  Rome 
fut  Ilium.  —  Une  loi  des  douze  Ta- 
bles prescrivait  de  rendre  un  culte 
aux  Pénales  et  de  continuer  relisïieu- 
sèment  les  cérémonies  inslituees  eu 
leur  honneur  par  les  chefs  de  fa- 
mille. Du  reste,  l'usage  permit  bien- 
tôt d'en  choisir  à  son  gré  de  nouveaux 
que  l'on  adjoignait  aux  anciens,  et  par 
suile  de  donner  la  préférence  aux 
nouveaux.  ISéron  abandonna  le  cuite 
de  tous  les  dieux  romciins  et  grecs 
pour  celui  d'un  Pénale  favori.Alexan- 
dre-Sevère  mil  Jésus,  Apollonius  de 
Tyane  et  d'autres  sages,  au  nombre, 
de  ses  Pénales.  Le  Laraire,  on  l'a 
déjà  dit, recevait  égalemenl  les  Péna- 
tes et  les  Lares;  il  est  possible  que 
dans  les  riches  maisons  de  Rome  il 
y  ail  eu  un  asile  exclusivement  des- 
tiné aux  Pénates.  Souvent  c'était  l'a- 
trium :  une  palme  étant  née  sponta- 
nément dans  la  jointure  des  pierres 
du  palais  d'Auguste,  ce  prince  la  lit 
porter  dans  la  cour  des  Pénales  (Sué- 
tone, I^ie  cVyhigiKite).  Ce  passage 
rappelle  naturellement  le  laurier  do- 
mestique du  palais  de  Priam  dansl'E- 
néide. C'est  principalement  pendant  la 
fête  des  Salurnales  que  l'on  invo([iiait 
les  Pénales.  Les  Compitalies,  plutôt 
consacrées  aux  Lares  et  aux  Mîines, 
passaient  aussi  pour  une  fête  des  Pé- 
nates. De  plus,  on  devait  leur  rendre 
hommage  une  fois  par  mois  dans 
chacune  famille,  (^uclcjues  adorateurs 


des  Pénates  poussaient  la  dévotion 
au  point  de  renouveler  chaque  jour, 
et  même  plusieurs  fois  le  jour,  l'ex- 
pression de  leurs  vœux.  Les  lioin- 
inages  rendus  aux  Pénales  consis- 
taient ea  libations,  en  fumigations 
aromatiques,  quelquefois  en  sacrifices 
(  tluire ,  mero ,  alicjuando  victi- 
niis  :  Apulée,  Ane  d'or).  La  vic- 
time la  plus  ordinaire  était  une  truie; 
ainsi  l'avait  voulu  Énée.  La  veille 
de  la  fête  on  parfumait  leurs  sta- 
tues, on  les  couronnait  de  festons  et 
de  fleurs,  on  les  enduisait  de  cire  afin 
de  les  rendre  luisantes.  L'autel  étin- 
celait  de  flambeaux.  — Nous  n'avons 
aucune  notion  sur  les  représentations 
figurées  des  Pénales.  Cicéron  avait 
une  Minerve  d'argent.  Servius  {sur 
l  En. ,  II ,  296)  donne  comme  Pé- 
nates troyens  deux  jeunes  hommes 
assis  et  armés  de  piques  d'un  très- 
ancien  travail.  Denys  d'Halicarnasse 
(d'après  Timée  )  parle  de  Pénales  de 
fer  et  de  cuivre,  d'ouvrages  d'argile 
(  Canopes?),  que  l'on  montrait  dans 
un  vieux  temple  de  Lavinium-  et  des 
médailles  de  la  famille  Sulpicia  (dans 
Montfaucon,  Ant.  expL,  I,  p.  324. 
et  suiv.  )  portent  effectivement  ces 
mêmes  images  diversement  ornées , 
avec  les  lettres  D.  PP.  (Dil  Pénales), 
et  qui  auraient  appartenu  à  Troie. 

PENEE,  Penexis,  dieu-fleuve  de 
la  Thessalie,  célèbre  par  le  vallon  de 
Terapé,  au  milieu  duquel  il  coule,  en- 
tre l'Ossa  et  l'Olympe,  était  le  père 
de  Daphné  ,  qu'on  nomme  souvent 
Peneis. 

PÉNÉLÉE  ,  Pe^eletjs  ,  un  des 
Argonautes,  chef  béote,  tua  Lycon, 
Corèbe,  Iliouée,  devant  Troie,  et  fut 
tué  par  Polydamas. 

PENELOPE,  UsjnXoTtf;,  femme 
d'Ulysse,  était  fille  d'Icarius,  nièce 
de  Tyudarée,  et  cousine  d'Hélène  et 
de  Clyttïunçstre.  De  «ombreux  pré- 


PÉN 


295 


tendants    se  disputèrent    sa    main  : 
Ulysse  l'obtint,  soit  dans  une  joute, 
soit  pour  avoir  donné   à  Tyndarée  , 
qu'effrayait  l'impétuosité  des  préten- 
dants ,  l'utile  conseil   de  déférer   le 
choix  à  sa  fille    et    d'exiger    d'eux 
le    serment    de    s'unir  tous    contre 
celui    qui  s'opposerait  ,   de  quelque 
manière  que  ce  fiit,  aa  vœu  d'Hé- 
lène. Icarius  voulut  retenir  à  Sparte 
son  gendre  et  sa  fille ,  mais  Ulysse 
ne   tarda  pas  à  le   quitter  5  Icarius 
alors  supplia  sa  fille  de  ne  pas  l'a- 
bandonner. Ulysse  ,  las  de  tant  de 
f)laintes,  dit  a  Pénélope  de  choisir  : 
a  jeune  épouse  baissa  son  voile  ,  et 
Icarius,  laissé  seul,  fit  élever  sur  le 
lieu  un  autel  à  la  pudeur.  Pénélope 
donna  bientôt  a  son  époux  un  fils  , 
Télémaque  ;  mais  presque  au  même 
instant  le  rapt  d'Hélène  souleva  la 
Grèce  contre  Troie.  Les  ruses  d'U- 
lysse, pour  rester  à  Ithaque,  furent 
vaines  :  il  fallut  partir.   Dix  ans  se 
passèrent  en  batailles,  dix  ans  en  sté- 
riles navigations.  Pénélope  ,  pendant 
ces  dix  dernières  années ,  se  vit  en- 
tourée de   plus  de  cent  prétendants 
qui,  tous  établis  en  maîtres  au  sein  de 
la  demeure  d'Ulysse,  sollicitaient  im- 
périeusement la  main  de  la  reine,  et 
en   attendant     dilapidaient    ses    ri- 
chesses.   Pénélope     sans    défenseur 
réslsla  conslaniment,  tantôt  relnsant, 
tantôt  dlttérant  sous  de   vains  pré- 
textes :   tantôt  c'était  un  péplum  à 
Minerve  qu'il  fallait  achever  et  qu'elle 
défaisait  la  nuit  après  y  avoir  tra- 
vaillé   le    jour  j    tantôt  c'était   l'arc 
d'Ulysse  qu'elle  faisait  tirer  de  son 
fourreau,  promettant  sa  main  a  celui 
qui  ferait  passer  la  flèche  dans  plu- 
sieurs bagues  disposées  de  suite.   Les 
prétendants  essayèrent^  vains eftbrts! 
Ulysse,  qui  à  cet  instant  venait  d'en- 
trer il  Ithaque ,   vint  seul  à  bout  de 
l'entreprise.  Bientôt  la  uouvelle  de 


296 


PEN 


sou  arrivée  frappa  les  oreilles  de  celle 
fidèle  épouse  j  mais  taut  de  maux 
avaient  flélri  son  cœur  et  ouvert 
son  âme  a  la  défiance ,  qu'elle  ne 
se  rendit  qu'aux  preuves  les  plus  clai- 
res d'idenlilé.  Elle  lui  donna  encore 
une  fille  nommée  Ploliporliie. — A 
Manliuée  ,  ou  disait  que  Pénélope  , 
odieuse  a  son  époux  qui  lui  impu- 
tait les  désordres  des  prétendants , 
s'élait  retirée  a  Sparte,  puis  était  ve- 
nue mourir  a Manlinée.  Au  reste,  Pan 
en  Arcadie  passe  souvent  pour  fils 
de  Pénélope  el  des  prétendants  ,  ou 
de  Pénélope  et  de  Mercure. 

PÉNIA,  ne»/*,  LA  Pauvretk, 
passait  pour  fille  du  luxe  el  de  l'or- 
gueil; dans  Piaule  elle  a  pour  mère 
la  débauche  ;  dans  quelques  poètes 
c'est  la  mère  de  l'industrie  et  des  arts. 
Platon  raconte  qu'un  jour,  après  un 
festin  qui  avait  eu  lieu  dans  rOlyrape, 
Plulus  ayant  trop  bu  s'endormit  à  la 
porte  de  la  salle  ;  Pénià,  qui  venait 
glaner  les  restes  du  repas,  l'aborda, 
lui  plut  et  eut  de  lui  l'Amour. 

PENNITS',  pENNiNUS,  héros  épo- 
nyme  des  Alpes-Pennines ,  était  le 
dieu  suprême  des  montagnards. 
Caton  el  Servius  l'ont  pris  pour 
une  déesse  ,  et  en  conséquence  l'ap- 

{)ellenl  Pennina.  On  a  trouvé  de 
ui  une  statue  sur  le  piédeslal  de  la- 
quelle se  lit  l'épilhète  Optimus 
Maximus,  et  une  colonne  sur  la- 
quelle était  posée  une  cscarboucle  dite 
œil  de  Pennin.  Celte  escarboucle 
rappelle  le  Kastrala  hindou;  et  lors 
même  qu'on  la  prendrait  pour  un  em- 
blème du  soleil,  elle  n'indiquerait  pas 
que  le  dieu  qui  en  est  paré  n'est  pas 
plus  haut  quele  soleil. 

PEINTATHOURI,  Pentathor 
et  (sans  doute  vicieusement)  Pentea- 
THYRis  ,  Tlivriéiôvpt?.,  treiite-unième 
dynaste  de  la  liste  d'Ératosthène,  est 
mis  en  rapport  par  Dupuis  avec  l'As- 


tiro  de  Firmicus  (  Aseu  de  Saumaise) 
{f^oy.  Aseu).  Cependant,  d'après  la 
colonne  première  de  noire  tableau 
des  concordances  annexé  h  l'art.  DÉ- 
CANS  (  f^oy.  ce  mol  ) ,  colonne  qui 
prend  le  bélier  pour  point  de  départ 
de  la  liste  décanographiqne  ,  Penla- 
thouri  serait  le  Ptinu  de  Saumaise  , 
ou  Oroasoer  de  Firmicus  ,  premier 
décan  du  Verseau.  Le  nom  de  Pen- 
talhouri  si£;nifiait  (  toujours  selon  le 
latercule  d'Eratosthène)  qui  appar- 
tient à  Albyr. 

PEÎSÏllÉE,  PE>'THErs,  ut^êeiç, 
fils  du  Sparte  Echion  et  d'Agave, 
fut  roi  de  Thèbes  après  son  père. 
C'est  un  Cadraile  dionysiaque,  anta- 
goniste des  mystères  de  Bacchus;  car 
c'est  par  l'antagonisme  que  les  tra- 
giques ont  voulu  amener  ce  massa- 
cre ,  dénoueirenl  inévitable  de  la 
courte  vie  du  Cadmile.  Penthée , 
cousin  de  Bacchus,  s'oppose  au  culte 
de  ce  dieu  du  vin  ;  Acète,  amené  de- 
vant lui,  est  jeté  eu  prison,  ainsi  que 
Bacchus  lui-même.  L^n  miracle  fait 
tomber  leurs  chaînes;  le  prince  im- 
pie n'en  poursuit  pas  moins  ses  pro- 
jets. Lorsque  les  Bacchantes  célè- 
brent les  mystérieuses  orgies,  ilraonte 
sur  un  arbre  du  Cilhéron  pour  con- 
templer les  cérémonies  interdites  à 
l'œil  des  profanes  :  on  l'aperçoit,  on 
l'égorgé  ;  on  se  dispute  les  lambeaux 
de  son  corps.  Des  légendaires  allri- 
buenl  ce  massacre  h  ses  tantes,  Ino, 
Autonoé  ,  et  a  sa  mère  Agave.  Bac- 
chus les  a  frappées  de  délire  :  elles 
croient  voir  un  jeune  taureau  ;  elles 
l'égorgent ,  et  c'est  alors  qu'elles  le 
lacèrent  de  leurs  mains  fanatiques. — 
Penthée  est  comme  un  anti-Bacchus, 
et  pourtant  est  presque  un  Bacchus. 
Le  dieu  apparaît  sous  deux  formes 
contraires  :  la  forme  pure,  brillante, 
approuvée  des  dieux  ,  est  à  propre- 
ment parler  Bacchus  3  l'autre  est  Peu- 


PEP 

ihée.  Du  reste,  le  rôle  Cadmile  de 
Perithée  est  bien  le  rôle  de  Bacchus 
que  déchirent  les  Corybanles  ;  la 
forme  de  jeune  taureau  est  bien  la 
forme  favorite  de  Bacchus;  enfin, 
l'arbre  sur  lequel  il  était  monté  servit 
aux  Corinthiens  a  faire  deux  statues 
de  Bacchus. 

PENTHÉSILÉE,  Penthesilea, 
nttêio-i'Xii»  ,  reine  des  Amazones 
après  Ortygie  ,  conduisit  ses  belli- 
queuses compagnes  au  secours  de 
Priam  ,  et  fut  tuée  par  Achille  qui , 
ensuite,  admirant  sa  beauté' ,  versa 
des  larmes  de  regret  sur  son  cadavre. 
C'est  alors  que  Thersite  ,  ayant  osé 
se  moquer  de  cette  preuve  de  sensi- 
bilité, fut  tué  d'un  coup  de  poing  par 
l'irascible  chef  phthiote. 

PENÏHILE  ,  Penthilus,  neV 
6i)ios  :  i''iils  de  Périclymènej  2°  fils 
naturel  d'Oreste  et  d'Érigone,  fille 
d'Egisthe.  Il  alla  s'établir  à  Lesbos, 
oii  il  régna. 

PEON,P^ON,  na/^j'o/K  ,  méde- 
cin des  dieux,  guérit  Pluton  blessé 
par  Hercule,  et  Mars  blessé  par  Dio- 
mède  j  on  le  disait  originaire  d'E- 
gypte. Etait-ce  Apollon  ,  qui  comme 
on  sait  porte  le  surnom  de  Péou  , 
préside  à  la  médecine  ,  et  a  pour  fils 
Esculape? — Quatre  autres  Peon  fu- 
rent 1°  un  fils  de  Neptune  et  d'Hellé, 
après  sa  chute  dans  l'HelIespont;  2° 
un  fils  d'Endymiou  (Epée  son  frère 
l'ayant  vaincu  k  la  course  ,  il  lui  céda 
le  royaume  d'Elide  et  alla  donner  son 
nom  à  la  Péonie)  ;  3"  le  père  d'Agas- 
trophe  ,  tué  par  Diomède  au  siège  de 
Troie;  4"  un  fils  d'Autiloque  et  père 
de  plusieurs  fils  qui,  chassés  de  My- 
cènes  par  les  Héraclides,  furent  nom- 
més Péonides. 

PEPENOUTH  était  dieu  de  la 
guerre  chex  les  Saxons.  On  gardait 
dans  son  temple  un  cheval  sacré  sur 
lequel  oa,  croyait  qu'il  montait  pour 


PER 


297 


assister  ses  adorateurs  pendant  les 
batailles. 

PERANTHE.  Foy.  Piras. 
PERATE,  Peratus,  fils  de  Nep- 
tune  et  de  Calchinie  la  Leucippide. 

PERDICCA ,  fils  de  Polycaste  et 
célèbre  chasseur  (de  perdrix  sans 
doute),  devint  amoureux  de  sa  mère 
et  mourut  de  désespoir,  saus  vouloir 
révéler  l'état  de  son  cœur. 

PERDIX,  n'ipM,  fille  d'Eupa- 
lame,  sœur  de  Dédale  et  mère  de 
Taie,  qui  fut  changée  en  perdrix. 

PERDOIT,  dieu  prucze  des  eaux 
et  des  vents,  était  le  patron  des  ma- 
riniers pêcheurs  ,  qui  ,  une  fois  au 
moins  dans  l'année,  lui  offraient  dans 
une  grange  un  magnifique  dîner  en 
poissons.  Corap.  Dagon.  On  l'invo- 
quait dans  les  tempêtes  et  en  tou- 
chant au  port. 

PEREE  ,  Pereus  ,  n;»^£(/'f,  fils 
d'Elate  et  père  de  Néère  ,  épouse 
d'Alée  ou  d'Autolycus,  était  Arca- 
dien. 

PERFICA,  une  des  divinités  ro- 
maines qui  présidaient  aux  plaisirs 
des  sens.  Peu  de  noms  sont  plu.s  pro- 
pres h  prouver  combien  il  est  vrai 
qu'en  mythologie  on  s'est  plu  K  per- 
sonnaliser, a  diviniser  toutes  les  abs- 
tractions. Ce  n'était  pas  assez  d'avoir 
une  déesse  spécialement  consacrée 
aux  amours  :  on  scinda  ce  fait,  et  on 
voulut  distinguer  en  quelque  sorte  la 
passion,  le  sentiment ,  le.  caprice  d'u- 
ne part  ,  de  l'autre  les  actes  physi- 
ques, la  volupté;  puis,  décomposant 
celle-ci,  on  crut  en  saisir  au  moins 
trois,  et  on  les  dota  chacun  d'un  nom 
particulier.  De  la  cinq  divinités  par- 
tielles, vraie  mçnuaie  de  Vénus. 


VENUS. 


LtrsiTINA 

(de  litxtl,  lubet). 


V01.UP 
(de  p'olup). 

Arama.  Pertundu.  Pei'Gui< 


«98  PER 

L'intelligence  des  trois  mots  latins 
Compriinere,  Pcrlundcre,  Pcrfî- 
cere,  sullira  pour  liien  comprendre 
(|ue  ces  trois  dernières  divinités  ,  et 
bien  d'autres  encore,  sont  autant  d'al- 
légories. Surtout  on  ne  dira  plus,  eu 
termes  aussi  vagues  que  ridicules,  que 
PerGca  rend  les  plaij^irs  parfaits  j  ce 
n'est  pas  la  ce  que  signiGelemot  latin, 
luuus  ou  Fauue-Inuus  ,  si  digue  d'è- 
Ire placé  dans  cettccate'goriede  dieux 
erotiques, est  probablement  une  con- 
ception ,  non  pas  d'un  autre  ordre  , 
mais  d'un  antre  temps  et  d'une  autre 
tèle  :  le  tableau  ci-dessus  ne  contient 
que  des  déesses;  Tnuus  est  dieu  ;  d'au- 
tre part,  il  ue  diffère  point  essentiel- 
lement de  Prema,  et  il  y  aurait  dou- 
ble emploi  II  l'admettre.  Quand  Fu- 
rent imaginées  ces  plaisantes  divini- 
tés .^  d'où  vinrent-elles?  furent-elles 
sérieusement  et  naïvement  adorées? 
Nous  n'osons  entrer  dans  Texamen 
de  ces  questions.  Toujours  est-il  que 
leurs  edigies  étaient  posées  le  soir 
des  noces  dans  les  chambres  nuptia- 
les ,  et  probablement  dans  bien  d'au- 
tres aussi. 

PERGAME,  Peroamus,  le  der- 
nier des  trois  Hls  de  Pyrrbus  et 
d'Audromaque  ,  alla  eu  Asie  avec  sa 
mère,  tua  en  combat  singulier  Asius, 
roi  de  Teulbranie,  et  donna  son  nom 
à  une  ville  de  la  Troade  ,  où  long- 
temps après  on  voyait  le  tombeau 
d'Audromaque.  —  Pergame  était  le 
nom  delà  citadelle  de  Troie  (^rw^yar, 
lour)  et  d'une  ville  particulière  de  la 
Troade.  Une  ville  de  Crète  aussi  por- 
tait le  nom  de  Pergame. 

PERGASE,  I'ergasus,  ni'^yao-a?, 
père  de  Déicoon,  tué  a  Troie  par 
Agamemnon. 

PERGOUBRIOS  ,  dieu  prucze , 
présidait  a  la  végétation  ,  et  par  con- 
séquent aux  céréales,  aux  herbes  et 
dux  feuillages,  Ou  célébrait  sa  fête  k 


PÈR 

l'époque  du  renouvellement  de  l'an- 
née et  au  commencement  du  prin- 
temps. La  cérémonie  principale  con- 
sistait en  des  espèces  de  libations  de 
bière  :  le  prêtre  jetait  par-dessus  sa 
tête  le  contenu  d'une  coupe,  et  tout 
le  monde  suivait  son  exemple.  D'au- 
tres dieux  agriculturaux  partageaient 
les  hommages  desPniczes  :  telsétaieut 
Perlevenou  ,  et  le  samogilien  Yaiz- 
ganthos. 

PÉRIBEE,  PF.niuoEA,  nf^/ta/a, 
fille  d'Alcalhoiis,  femme  de  Télamon 
et   mère   d'Ajax.   Télamon  ,    amant 
heureux  avant   de   devenir  époux  , 
avait   laissé    découvrir    son  intrigue 
avec  la  princesse  5  il  s'enfuit ,  et  Pé-      1 
ribée  fut  mise  en  mer  sur  un  vaisseau 
dont  le  capitaine  devait  la  noyer  en 
route.  Ce  chef  crut  plus  avantageux 
pour  lui  de  la  vendre,  et  l'envoya  en 
consév|uence  aSalamine  :  c'était  l'em- 
pire du  père  de  Télamon,  et  le  jeune  _jj 
Î>rince  ,  reconnaissant  sa  maîtresse  JÊM 
'acheta  et  l'épousa.  Après  la  mort"' 
d'Alcathoiis ,    Péribée     réclama    les 
droits  de  sa  naissance,  et  fit  passer  la 
couronne  de  Mégare  sur  la  tête  d'A- 
jax. — Une  PÉKiBÉK  ,  fille  d'Hippo- 
noos,    nous  présente  de   même  une 
faiblesse  amoureuse,  un  père  sans  in- 
dulgence, et  un  tiers  chargé  de  faire 
mourir  la  coupable,  mais  n'exécutant 
pas  sa  commission.  La  faible  jeime 
fille  ,  c'est  Péribée    qui  s'est  laissé 
séduire  par  Mars  ,  dit-elle  5  le  père 
farouche  ,  c'est  Hipponoos  qui  veut 
qu'un  prêtre  de  Mars  et  non  Mars  lui- 
même  ait  été  le  complice  de  sa  fille  • 
le  commissionnaire  iuriilèlc,  c'est  OE- 
née,  roi  deCalydon,  qui,  veuf  d'Al- 
tliée  et  privé  de  Méléagre  son  fils,  semÊ 
console  avec  l\'ribée  et  devient  pèrc^l 
deDiomède. — Quatre  autres  Péribke 
sont  :i°une  nymphe,  fille  aînée  d'A- 
césamène  ,    femme    du    dieu -fleuve 
Axios,  mère  de  PélégQjij  a"  uue  TiHg 


PER 

tlii  rni-géanl  Eurymedon,  maîlrcsse 
on  femme  de  Neplime,  mère  de  Naii- 
silhoiisj  3°  la  femme  d'Icarius ,  père 
éc  Pénélope  ;  4^°  la  femme  de  Polybe, 
•ce  roi  de  Corinthe  dont  OEdipe  fut 
le  filsadoptlf. 

PEKICIONIOS,  enveloppé  de 
la  colonne ,  Bacchus.  C'est  un  des 
surnoms  les  plus  importants  de  la  my- 
tliologie.  Bacchus  ,  dans  plus  d'une 
vccasion,  est  enseveli  dans  un  utérus 
Teel  ou  symbolique  :  le  sein  de  sa 
jnère,  la  cuisse  de  Jupiter ,  le  mont 
]Nysa,  auquel  il  s'identifie^  la  ciste  des 
frères  Corybantes  ,  le  phalle  dont  il 
«st  l'àme,  sont  comme  autant  de  pi- 
lastres dont  la  périphérie  p!ismati(|ue 
<)u  cylindrique  l'enveloppe.  Comp. 
DsiRiS,  novau  du  fût  de  la  colonne 
qui  orne  le  palais  de  Biblos. 

PÉKICLYMÈINE^,  Periclyme- 
Tius,  le  plus  jeune  des  douze  Néléi- 
des,  avait  le  pouvoir  de  changer  de 
forme.  Lors  de  la  lutte  d'Hercule  et 
tles  fils  de  Nélée,  il  se  fit  successive- 
ment fourmi,  mouche,  abeille,  ser- 
pent, aigle  5  mais  sous  cette  dernière 
forme  il  fut  selon  les  uns  percé 
d'une  flèche,  selon  les  autres  abattu 
d'un  coup  de  massue.  Il  figure  sur 
quelques  listes  des  Argonautes. — Un 
PÉRiCLYMiîNE  deThèbes,  Neptunide, 
tiia  Parihénopée  ,  un  des  sept  chefs. 
— Une PkriclymÎ'^ne,  lîlle de  Minyas 
et  de  Climène  ou  de  Clylodore',  l'ut 
femme  de  Phylaque  et  mère  d'Iphicle. 

PÉRIÉRES,  n£;,;«>„f  :  i"  fils 
d'Eole  ,  roi  de  Messénie ,  époux  de 
Gorgophone  et  père  d'Apharée  et 
Leucippe;  2"  cocher  de  rtlénécée, 
blessa  Climèue,  roi  minye  d'Orcho- 
mène ,  et  fut  cause  de  la  guerre  au 
bout  de  laquelle  Ergine  imposa  un 
Iribut  aux  Théhains;  3"  père  de 
jBore    qui    fut  époux  de  Polydore. 

PÉRÏGONE  ou  PÉRTGOUNE, 
Jitf)iyov^>} ,    1:11e    du    eélèbre   bri' 


PÉR 


*d<^ 


gdnd  Slnnis,  épousa  Thésée  et  le 
rendit  père  de  Méualippe  ,  puis  fut 
mariée  parce  héros  a  Déionée  ,  fils 
d'Euryte  ,  roi  d'OEchalie.  De  celte 
seconde  union  naquit  loxe,  chef  des 
loxides  de  la  Carie.  Plutarque  nous 
montre  Périgone,  'a  la  mort  de  soa 
père,  cachée  au  milieu  des  roseaux  et 
des  asperges ,  et  suppliant  les  dieux 
de  ne  pas  être  découverte  par  Thésée. 
Le  héros  l'entendit^  l'appela,  et  par- 
vint à  calmer  ses  terreurs  en  lui  réi- 
térant l'assurance  de  ne  pas  lui  faire 
de  mal.  Les  loxides,  en  mémoire  des 
services  que  les  roseaux  et  les  asper- 
ges avaient  rendus  a  Périgone  ,  ne 
brûlaient  jamais  ni  celles  -  ci  ni 
ceux-là. 

PERILAS  ,  on  Pkrill'e  ,  Peri- 

LAUS,   ntpi>iXOf  ou  TîipUtWi  :   1°  fils 

d'Ancée  et  de  Samic  ;  2"  fils  d'I- 
carius et  de  Péribée  :  une  tradition 
en  faisait  l'accusateur  d'Orcste  de- 
vant l'Aréopage.  Sophocle  avait  com- 
posé une  tragédie,  aujourd'hui  per- 
due, intitulée  :  Périlas. 

PERIMEDE,  nç^/^^jcT;/?,  hom- 
mes :  1°  CentTiire  qui  était  aux  no- 
ces de  Pirithoiis  5  2"  père  du  chef 
phocéen  Schédius  j  3"  compagnon 
d'Ulysse,  un  de  ceux  qui  virent  com- 
me lui  les  enfers. 

PERIMÈDE  ,  niptf^,^^,, ,  fem- 
mes :  1°  magicienne  fameuse  (c'est 
évidemment  le  même  nom  que  Mé- 
dée,  Médée  sublime  ou  Archimède)j 
2°  cinquième  fille  d'Eole,  femme  d'A- 
chéloiis ,  mère  d'Hippodame  et  d'O- 
rcstéej  5"  femme  de  Phénix,  et  mère 
d'Europe  et  d'Astypalée  ;  U°  sœur 
d'Amphitryon ,  femme  de  Licymne  et 
mère  d'OEone;  S"  fille  d'Eurys- 
lhée,tuée  par  les  Athéniens. 

PEPiIiVJELE,  utfi^'^Xf],  1"  fille 
d'Hippodamas,  et  maîtresse  du  dieu- 
fleuve  Achéloiis  (jetée  a  la  mer  par 
5011  père,  elle  fui  mcUtnorphoséc  par 


3oo 


PER 


Neptune  en  une  des  îles  Échinades)  j 
2°  fille  d'Ainylbaon ,  femme  d' An- 
lion,  mère  d'Ixion  ;  5°  fille  d'Ad- 
mètc ,  amante  d'Argus  et  mère  de 
Magnés. 

PERIPHAS,  ni^/W,  roi  d'A- 
thènes, antérieur  h  Cécrops,  n'est 
qu'un  Jupiter  à  forme  d'aigle.  Dans 
les  fables  vulgaires,  ilcomLle  de  biens 
ses  sujets  ,  en  reçoit  des   honneurs 

f)resque  divins,  inspire  ainsi  de  la  ja- 
ousie  à  Jupiter  ,  qui  veut  d'abord  le 
foudroyer ,  mais  qui  ensuite  ,  amené 
à  résipiscence  par  Apollon ,  se  con- 
tente de  le  métamorphoser  en  aigle  , 
ainsi  que  sa  femme.  — -  Six  autres 
PÉRiPHASSont  :  1°  un  Égyptide;  2° 
un  fils  d'Œne'e,  tué  dans  une  bataille 
contre  les  Curetés  j  S"  un  Lapithe  qui 
renverse  le  centaure  Pyrète  5  4.°  le 
plus  vaillant  des  Étoliens  au  siège  de 
Troie  (Mars  le  tue);  5'  un  chefgrec  , 
qui  se  distingua  au  même  siège  ;  6° 
le  gouverneur  d'Ascagne. 

PERIPHÊME ,  Periphemus  , 
nt fl(Çtift.of,  dieu  de  Salamine,  y  avait 
un  hérôon  où  Solon,  par  ordre  de  l'o- 
racle ,  immolait  des  victimes. 

PERIPHÈTE  ,  Periph^etus  , 
Tltpi:çxtTos,  géant  (qu'on  donne  aussi 
pour  fils  de  Vulcain  et  d'Anticlée), 
infestait  le  voisinage  d'Epidaure  et 
fut  tué  par  Thésée,  qui  prit  sa  massue 
et  la  porta  comme  monument  de  sa 
victoire.  On  appelle  souvent  Péri- 
phète  le  Rhophalophore  (  porteur  de 
massue).  —  Un  chef  troyen  tué  par 
Teucer  ,  un  chef  rayconien  tué  par 
Hector,  s'appellent  aussi  Pkrîphète. 

VERIVOLTAS  ,ntp;„i>.rccç,  de- 
vin ,  mena  Ophelte  et  les  peuples  de 
Thessalie  en  Béotie,  et  fut  la  tige  de 
la  célèbre  famille  des  Péripoltides. 

PERISTÈRE,  nymphe  de  la  suite 
de  Yénus,  aida  un  jour  Vénus  a  ga- 
gner la  gageure  qu'elle  avait  faite 
contre  l'Amour  de  ramasser  en  ua 


PER 

temps  donné  plus  de  fleurs  que  lui , 
et  fut  changée  en  colombe  par  le 
jeune  dieu.  Féristéra,  eu  grec,  veut 
dire  colombe  ,  et  la  colombe  ,  on  le 
sait,  est  l'oiseau  parèdre  de  Vénus- 
Quelques  mythologues  ont  parlé  d'une 
Péristère,  courtisane  corinthienne  à 
qui  sa  conduite  aurait  valu  le  nom  de 
nymphe  de  Vénus,  et  qui  aurait  été 
ainsi  l'occasion  de  cette  fable. 

PERITANE,  d'Arcadie,  plut  tel- 
lement a  Hélène  ,  même  après  son 
enlèvement  par  Paris,  que  ce  prince» 
irrité  du  bonheur  insolent  de  son  ri- 
val, le  fil  mutiler.  Les  Arcadiens 
étendirent  le  nom  de  Péritane  à  tous 
les  eunuquçs  {'!npirtTitn]/^tv«t). 

PERKEL,  l'esprit  du  mal  ,  selon 
les  Finnois,  émane  de  Rava  et  s'op- 
pose en  tout  au  bon  loumala.  On  le 
voit  jouer  aussi  un  rôle  dans  la  my- 
thologie lapone  :  c'est  lui  qui  créei 
Horagalls,  qu'au  resteloumala  ensuilçj 
élève  et  sanctifie. 

PERKOUN  ,  le  dieu  du  tonnerre 
chez  les  Esthes ,  répondait  à  pei 
près  au  Péroun  des  Slaves.  Le  mot 
grec  xtpxvvôç  offre  une  analogie  biei 
singulière  avec  Perkoun.  Son  templ 
àKiev  était  hors  delà  cour  Térimnoïj 
sur  un  coteau  très -élevé  au-dessus  d| 
ruisseau  Boutchov.  Sa  statue  était 
bois,  sa  tète  d'argent  h  oreilles  et  k 
moustaches  d'or,  ses  pieds  de  fer. 

PERO,  n^î^^;,  fille  de  Nélée  et  de 
Chloris  ,  était  un  prodige  de  sagesse 
autant  que  de  beauté.  Nélée  la  voyant 
recherchée  par  une  foule  de  préten- 
dants ,  promit  sa  main  a  celui  qui 
amènerait  de  Phylacc  les  bœufs  d'I- 
phicle.  Mélampe  gagna  le  prix  et 
,  donna  Péro  a  son  frère  Bias  ',  celle-ci 
le  rendit  père  de  Talâs  ,  de  Laodo- 
que  et  d'Asios. — Une  autre  Pkro  ou 
Pkroé  (comp.  BÉROÉ)  fut  aimée  de 
Neptune  et  en  eut  le  fleuve  Asope  5 
eafia  on  nomme  encore  une  Vé&oû 


PER 

fille  du  dieu-fleuve  Asope  et  mère  du 
fleuve  Péroé,  en  Béotie. 

I .  PËROUN,  roi  d'une  île  voisine 
de  Forraose    et  ce'lèbre   par  l'opu- 
lence et  les  vices  de   ses    habitants 
qu'avait  enrichis   la  fabrique   de  la 
porcelaine  ,    fut  averti  une  nuit  par 
les  dieux  que  l'île  allait  êlreanëantie, 
et  que   quand  il    verrait  une  tache 
rouge  sur  deux  idoles  il  devrait  s'em- 
barquer avec  sa  famille   et  fuir  loin 
de  cette  plage  voue'e  à  la  destruction. 
Le  bon  roi  assemble  ses  sujets,  leur 
raconte  le   songe  terrible  dont  l'ont 
gratifié  les  dieux  ,  et  engage  l'audi- 
toire à  résipiscence  5  les  impies  répè- 
lent que   des  songes  sont  des  rèv  s. 
Un  plaisant  même  osa,  la  nuit  sui- 
vante ,  aller  marquer   de  rouge  les 
deux  idoles  indiquées.  A  cette  vue,  le 
lendemain,  Péroun  s'embarque  avec 
sa  famille;  un  affreux  déluge  noie  l'île 
et  ses  habitan ts  ;  la  Chiue  voit  aborder 
sur  ses  côtes  l'arche  sainte  qui  porte 
Péroun,  et  institue  en  son  honneur 
une  fête  qui  se  célèbre   encore  tous 
les  ans  dans  les  provinces  méridio- 
nales de  l'empire.  Les  Japonais  cé- 
lèbrent aussi  en  l'honneur  de  Péroun 
le  2>  du  cinquième  mois  de  l'année, 
une  fête  dans  laquelle  les  jeunes  "^ens 
en  exécutant  des  courses  sur  l'eau, 
répètent  souvent  le  nom  de  Péroun. 
2.PER0UN,dieu  de  la  foudre  chez 
les  Slaves  russes.  Son  nom  vient  du 
mot  slavon   péroii ,  qui   veut    dire 
je  frappe  (dieu  qui  frappe  ,  qui  ter- 
rasse) :  on  nomme  l'éclair  péroun. 
Les  Slaves  russesadoi  aient  encore  ce 
dieu  dans  le  6«  siècle.  11  occupait  le 
premier  rang  parmi  leurs  idoles 

PERPHÊRES,Perpheri,  n^p^,- 
poiy  autrementOuLOPHOREsouAMAL. 
I.OPHORES ,  envoyés  sacrés  qui  vin- 
rent, avec  les  deux  vierges  Laodice 
et  Hjpéroque ,  des  contrées  hyper- 
boréennes  dans  l'île  de  Délos  pour 


PER 


3o] 


achever  d'y  consolider  le  culte  de 
Diane  (  Artémis)  et  d'Apollon.  Déjà 
deux  ou  trois  autres  prêtresses  les  y 
avaient  précédés  (Foy.  Apollo/, 
Diane,  Ilithye).  Les  quatre  ou 
cinq  vierges  hyperboréennes,  propa- 
gandistes du  culte  des  dieux-lumière 
sont  nommées  Hécaerge  ou  Argé,' 
Opis  (Callimaque  ajoute  Loxo),  Lao- 
dice et  Hypéroque.  Les  Perphères 
soumis  aux  vierges,  jouent  dans  celte 
institution  définitive  du  culte  d'Apol- 
lon le  rôle  de  ministres,  de  Cadmi- 
es,d  AyyeA»*,  d'êtres  semi-humains, 
liens  d  or  intangibles  qui  unissent  le 
ciel  a  la  terre ,  l'adorable  h  la  foule 
q.11  adore.   Ils  portent  les  dons  les 

plus  légers,  delà  laine,  des  gâteaux 
de  pure  farme  dans  des  gerbes  de 
blej  de  la  leur  nom  de  Perphères 
iP^r  Vonr  ^upi  :  ^^^^^^'^^^^^ 
TTccp^popo* .^porteurs)  •  d'AmolIophores 
{cc^xxx^,  aine),  d'Oulophores  (oJ/,., 
Irise,  et  plus  tard  gâteau) 

PERSA  ou  PERSE  (quelquefois 
Perskis),  Ocean.de,  femme  du  soleil, 

ineredunfilsEète,  et  de  trois  filles 
J'erse,    Circe,  Pasiphaé.  Ces   trois 

falles  toutes  trois  ondines  solaires  et 
resplendissantes  magiciennes,  for- 
ment une  triade,  dédoublement  de  la 
grande  Persa;  c'est  ce  que  prouve 
au  moins  la  présence  d'une  autre 
Perse  parmi  CCS  filles.  C'est  ainsi  que 
lAgraule  athénienne  se  dédouble  en 

trois  nymphes  Agraulides,  dont  une 
aussi  se  nomme  A^raule 

PERSÉE,PERsEx;s,n.,..V,Èe'. 
ros  solaire  grec,  passait  pour  fils  de 

Danae  et  de  Jupiter  qui,  pour  péné- 
irer  jusqua  elle,  s'était  Iranslbrmé 
en  pluie  d  or  (soleil).  Acrislus,  roi 
dArgos,  père  de  la  princesse,  ap- 
prend  aveccourroux  que  sa  fille,  au 
tond  de  la  tour  brumeuse  (l'utérus) 
ou  il  la  ensevelie,  n'a  point  été 
inaccessible  au  sublime  fécondateur, 


3oa 


PER 


et  que  déjà  ses  flancs  portent  le  fils 
(soleil)  qui  doit,  suivant  uo  oracle, 
lui  ravir  (à  lui  ténèbres)  l'empire  et 
la  vie.  Par  ses  ordres,  la  mère  et  le 
fils  sont  l'une  et  l'autre  jetés  h  la 
mer,  dans  un  coffre  non  moins  obscur 
et  plus  élroil  que  la  tour  opaq,ue 
dans  les  mystérieuses  profondeurs  de 
laquelle  fut  conçu  l'enfant  divin.  La 
boîte  sacrée  flotte  sur  la  mer;  enfin, 
les  boules  capricieuses  la  jettent  sur 
la  grève,  à  Séripho,  îlot  stérile  dont 
les  pointes  rocailleuses  et  nues  sem- 
blent une  concession  précaire  des 
flots.  Dans  cette  île ,  où  à  peine 
la  terre  nourrit  les  bommes ,  se 
trouve  un  roi,  Polydecte.  Il  accueille 
l)anaé  :  mais  bientôt  l'hôte  généreux 
devient  exigeant  a  son  tour  ;  la  prin- 
cesse n'a  pas  reçu  gratis  un  asile,  et 
doit  payer  de  ses  faveurs  ou  de  sa 
main  la  protection  du  roitelet.  Heu- 
reusement, les  dieux  grandissent  vite 
dans  les  légendes.  Jupiter  à  un  au 
combat  et  renverse  les  Titans  ;  Acar- 
nas  et  Âmphotère  deviennent  adul- 
tes en  quelques  minutes  pour  venger 
leur  père.  Qu'on  ne  prenne  pas  trop 
à  la  lettre  ce  que  les  poètes  racon- 
tent de  l'éducation  de  Pcrsée  dans  le 
temple  de  Minerve,  sous  la  tutèle  de 
Polydecte  ou  de  Diclys  (le  filet)  son 
frère  qui  a  sauvé  les  deux  victimes 
d'Acrisius.  Encore  imberbe  adoles- 
cent, Persée  impose  déjà  au  tyran  de 
Séripbo,  et  inspire  a  sa  mère  assez 
de  confiance  pour  résister  aux  solli- 
citations impérieuses  du  sultan  insu- 
laire. Polydecte  sent  trop  que  tant 
que  Persée  restera  dans  son  île  ,  ses 
projets  seront  inutiles.  Comme  Acas- 
te  ,  Prœtus,  Euryslhée  a  l'égard  de 
Jason  ,  de  Bellérophon  ,  d'Hercule  , 
il  cbercbe  a  éblouir  le  jeune  héros 
par  l'éclat  de  la  gloire,  et  il  lui  pro- 
pose d'attaquer  les  Gorgones:  Persée 
accepte.  Pour  assurer  le  succès  de 


PER 

son  audacieusa  expédition,  Minervi 
lui  apporte   l'égide  ,  Plu  ton  le  caS' 

Îue  d'invisibilité.  Avant  d'arriver  au. 
lorgones,  il  fallait  domter  les  Gréei 
qui,  seules,  avaient  le  secret  de  l 
demeure  des  Gorgones  :  Persée  e 
vient  h  bout,  et  continuant  sa  route 
après  ce  prélude  de  victoire,  il  pnrvien 
auprès  des  Gorgones,  qu'il  trouve  à 
l'instant  où  elles  se  sont  endormies^: 
abat  de  sa  harpe  de  diamant  la  têt 
de  Méduse  et  la  serre  dans  uue  poclid* 
à  franges  d'or  qu'il  a  sur  les  épau- 
les. S'emparant  ensuite  de  Pégase  qui 
a  jailli  du  sang  de  la  Gorgone  expi- 
rante, il  s'élève  dans  les  airs,  arrive 
en  Mauritanie,  demande  l'iiospila- 
lilé  au  roi-géant  Atlas,  et,  n'eu  rece- 
vant qu'un  accueil  défavorable  ,  il  le 
change  en  montagne.  Ou  le  montre  , 
par  la  même  occasiou ,  enlevant  Ks 
pommes  d'or  du  jardin  des  Hcspé- 
rides,  exploit  célèbre  ilans  l'histoire 
d'Hercule.  On  dit  aussi  qu'il  secourut 
eu  Libye  la  reiue  des  Amazones  cou  • 
tre  les  noires  Gorgones.  De  la  côlc 
à  la  fois  septentrionide  et  occidentale 
de  l'Afrique,  on  le  voit  passer  ensuite 
dans  l'énigmalique  Elhiopie,dont  tour 
il  tour  Joppé  ou  Souaken  est  la  capi- 
tale. Là  il  délivre  Andromède  ex- 
posée à  un  monstre  marin  et  victime 
future  de  l'orgueil  de  sa  mère  ;  An- 
dromède sauvée  devient  sou  épouse. 
Mais,  au  milieu  du  festin  nuptial, 
Phinée  ,  oncle  de  la  jeune  princesse, 
Phinée ,  dont  la  sourde  ambition  a 
long-temps  convoité  l'héritière  et  le 
trône  d'Ethiopie,  vient,  à  la  tête  de 
ses  partisans ,  troubler  la  joie  des 
convives.  Le  sang  coule  en  longs  ruis- 
seaux avec  le  vin.  Pour  mettre  fin 
h  une  lutte  opiniâtre  ,  Persée  tire 
de  son  obscur  fourreau  la  tête  de 
Méduse,  crie  à  ses  amis  de  fermer 
les  yeux,  et,  présentant  a  ses  fa- 
rouches ennemis  la  sombre  face  de  la 


I 


PER 

Gorgone,  les  transforme  à  l'inslant 
même  en  pierres.  En  Egypte,  il  laisse 
Tempreintc  de  son  pied  à  Chemmis. 
Une  tradition  le  fait  surgir  au  mi- 
lieu des  sérails  d'Assyrie ,  où  il  met 
à  mort  Sardanapale.  L'Europe  en- 
fin   le  voit  rentrer   dans  son  laby- 
rinthe d'îles  et  de  pe'ninsules  aux  bi- 
zarres découpures.   Pégase  le  porte 
dans  Argos,  où  règne  Prœtus  usurpa- 
teur  des  droits  d'Acrisius  ,  et  bien- 
tôt   Prœtus     expire.    Acrisius    lui- 
même  ,  dès  que  l'existence  du  fils  de 
Danaé  lui  a  élé  révélée  ,   a  pris  la 
fuite  pour  se  dérober  aux  menaces 
de  l'oracle  qui  annonçaient  qu'il  mour- 
rait de  sa  main  j    mais  les  destinées 
doivent  s'accomplir:  Acrisius  et  Per- 
sée  se  rencontrent  en  Thessalie  k  des 
joutes  solennelles  ,  et  le  pelil-fils  tue 
son  aïeul  d'un  coup  de  disque.    Les 
Grecs,  avecleur  imaginationconteuse, 
ont  voulu  que  Persée  se  fût  dirigé 
vers  la  Thessalie  dans  l'intention  de 
retrouver  son  grand-père,  et  l'ait  lue 
sans  le  connaître.  Enfin,  Persée  re- 
paraît de  nouveau  dans  l'île  étroite 
où  il  a  reçu  la  naissance.  Danaé  rem- 
plit toujours  son  rôle  de  beauté-pas- 
siveté ,  objet  des  désirs  du  principe 
màle.Polydecte  est  toujours  un  génie 
ahriraanieu    en    opposition  avec    le 
génie  du  bien.   Persée  le  réduit  au 
néant.    Toujours    épris   de   Danaé  , 
mais  las  de  sa  longue  résistance  ,  Po- 
Ijdecte  k  table  va  lui  faire  violence, 
quand  tout  k  coup  le  vainqueur  de  la 
Gorgone  apparaît  et  pétrifie  le  ty- 
ran. —  Ici  se  borne  la  série  des  vic- 
toires. Nous  retrouvons  ensuite  Per- 
sée dans  l'Argolide,  bâtissant  ou  fai- 
santbâlirpar  les  Cyclopes,  forgerons 
souterrains,  une  capitale  nouvelle, 
Mycènes,  et  abandonnant  Argos  au 
fils  de  Prœtus,  le  jaloux  Mégapen- 
the.  Un  peu  plus  tard,  il  troque  avec 
son  parent}  et,  quoique  cet  accord 


PER 


3o3 


nouveau  soit  avantageux  pour  Méga- 
penthe,  celui-ci  tue  Persée  dans  une 
embuscade  pour  venger  la  mort  de 
Prœtus.  Persée  ,  en  mourant,  laissa 
d'Andromède  cinq  fils  :  Alcée ,  Slhé- 
nèle,  Hellée,  Mestor ,  Électryon,  et 
une  fille  Gorgopbone.  Ces  six  reje- 
tons du  sang  de  Lyncée  et  d'Abas 
naquirenten  Grèce,  suivant  les  Grecs. 
Un  autre  fils  Perses  e'iaitné  en  Ethio- 
pie, ce  qui  veut  dire  en  Orient.  Des 
cinq  fils,  dont  le  Péloponèse  fut  la 
patrie,  un  seul  mourut  sans  laisser  de 
traces;  les  quatre  autres  régnèrent. 
Alcée,  le  plus  important  d'entre  eux 
donna  le  jour  k  Amphitryon.  Stlié- 
nèle  fut  père  d'Eurysthée.  Électryou 
eut  AIcmène,  outre  neuf  fils  tués  par 
les  Ptérélaïdes.  Ainsi  Amphitryon, 
Euryslhée,  AIcmène,  sont  cousins 
issus  de  germains.  Amphitryon  et 
AIcmène  forment,  en  s'épousant,  un 
couple  pur  et  luminiforme  opposé  k 
Eurysthée,  esprit  de  malice  et  de 
jalousie.  De  ce  couple  provient  Her- 
cule, qui  en  continue  les  caractères 
en  les  embellissant  encore.  Son  anta- 
goniste est  un  oncle.  Ainsi  Krichna 
aux  Indes  trouve  un  persécuteur  et 

un  opposant  dans  Kansa Il  n'est 

pas  étonnant  qu'on  se  soit  mis  kla 
torture  pour  expliquer  historique- 
ment la  biographie  de  Persée.  Ces 
explications  historiques  n'ont  pas 
l'ombre  du  sens  commun.  Le  nom 
de  Persée,  d'abord,  nous  ramène  en 
Orient,  k  la  Perse ,  au  Fars.  C'est 
de  la  Syrie,  en  effet,  que  part  la 
légende,  qu'au  reste  chacun  a  modi- 
fiée. Dans  la  partie  orientale  de  l'em- 
pire perse,  le  feu  a  surtout  le  carac- 
tère de  soleil  et  se  métamophose  en 
teridoun,  héros  mithriaque  par  ex- 
cellence qui  bat  l'impur  Zohak  ,  puis 
meurt  enfin  au  comble  de  la  gloire  et 
chargé  d'années.  Dans  la  Syrie  ,  le 
feu  reste  k  peu  près  fétiche  j  c'est  le  • 


3o4 


PÉR 


feu  Bersin  en  rapport  soit  avec  la 
foudre,  soit  avec  la  planète  de  Jupi- 
ter. A  présent,  de  quelle  manière  va 
s'élaborer  le  myllie  grec?  i"  Le  dua- 
lisme se  présinlera  sans  cesse  dans 
toute  l'histoire  de  Persée,  et  ses  en- 
nemis auront  toujours  Taspect  de  té- 
nèbres, d'inorganisme  et  de  chaos. 
Acrisius  et  la  tour  de  Danaé  (la  nuit 
opposée  au  soleil);  la  mer  houleuse 
et  profonde  ;  Polydecte ,  Ahrimane 
insulaire,  qui  use  d'astuce  h  l'égard 
des  héros,  et  de  violence  a  Tégard  des 
femmes;  les  Grées  décrépites  et  ter- 
nes; les  Gorgones  tout  a  fait  noires 
et  cadavériques;  Allas,  fétiche  des 
époques  rudimenlaires  ;  l'Occident 
synonyme  de  nuit;  Phinée,  analogue 
oriental  de  l'aveugle  Phinée  de  la 
ïhrac»,  qu'enveloppent  les  brumes; 
enfin  Mégapenthe,  grand  deuil,  ne 
8ont-ce  pas  la  autant  de  personnifi- 
cations des  ombres  épaisses  par  les- 
quelles l'esprit  persan  symbolisait  le 
mal  physique,  le  mal  moral?  2°  Les 
armes  k  l'aide  desquelles  Persée  agit 
et  triomphe  sont  toutes  les  emblèmes 
du  feu  éthéré,  de  la  bienfaisante  lu- 
mière du  soleil.  Les  ailes  indiquent 
la  course  rapide  du  grand  astre 3  le 
cheval  Pégase  est  le  lumineux  coursier 
que  monte  le  soleil;  le  disque  qui  tue 
Acrisius  est  le  disque  solaire  ;  enfin , 
les  légendes  détaillées  montrent  My- 
cènes  en  rapport  avec  la  poignée 
de  répée  (  Mycès,  ^uk;??);  ses  rem- 
parts bâtis  p^r  des  Cyclopes,  incar- 
nation subalterne  du  feu;  ses  portes 
qui  sont  le  plus  antique  monument 
de  la  Grèce,  surmontées  de  lions 
dont  toute  la  forme,  l'attitude,  le 
style,  reproduisent  exactement  les 
lions  solaires  de  Persépolis.  3"  Sans 
cesse  la  lune  se  trouve  unie  à  Persée  : 
s'il  attaque  les  Grées  ,  les  Gorgones  , 
c'est  une  liaison  par  antagonisme  avec 
la  lune  :  s'il  seconde  les  Amazones  , 


it  defWtl 


PER 

s'il  épouse  Andromède  ,  ce  sont 
liaisons  par  parallélisme.  Et  d'où  vient' 
qu'Andromède  l'Ethiopienne  est  noire  ' 
selon  les  uns ,  blanche  selon  les  au- 
tres ?   C'est    que    la  luue    est    tour 
a  tour  brillante  et  sombre  :  elle  est 
brillante,  si  l'on  songe  h  la  nuit  qu'il- 
luminent ses  feux;  elle  est  terne  et 
sombre,  si  l'on  pense  au  soleil.  L'idée 
d'eau   rafraîchissante  s'annexe  natu- 
rellement et  à  celle  de  luue  (car  lune 
et  fleuve  se  supposaient  chez  les  an- 
ciens) ,  et  h  celle  de  soleil.   Aussi  a" 
t-on    joué  sur   Mycès,  poignée  da 
l'épée;  ce  mot  signifie  aussi  champi 
gnon.     Si  dans  quelques  mythes  1 
glaive  d'or  du  Milliras    argolique 
été  fiché  eu  terre  pour  indiquer  l'em 
placement  de  la  ville  nouvelle,  dans 
quelques  autres  Persée   mourant  de 
soif  arrache  de  terre  un  champignon, 
et  «ne  source  jaillit  :  autour  de  cette 
source  s'élèvera  Mycènes.  4-°  Les  vi-jJ 
cissitudes  de  la  course  solaire  se  synl-Vl 
bolisent  par  des  morts,  par  desmeur^^  | 
Ires.  Prœtus  (soleil)a  été  détrôné  par 
Acrisius  (ténèbres);  Persée,  nouveau 
soleil,  Persée-Haroéri  abîme  a  son 
tour  les  ténèbres  sous  le  poids  de  son 
disque  aux  reflets  d'or.  Mais,  dit-on, 
il  tue  Prœtus?  le  soleil  tue  le  soleil! 
Oui ,   le  jeune   soleil  repousse  dans 
l'ombre  le  vieux  soleil.  Apollon  dé- 
trône Hélios,  Mitra  remplace  Sou- 
ria;  puis,  trait  admirable  de  logique! 
Mégapenthe  (le  deuil,  le  noir)  met  a 
mort  Perse'e   dans    une   embuscade. 
Leurs  trocs  signifient  que  tour  à  lojjr 
ils  possèdent  la  suprématie.   On  di- 
rait qu'il  y  a  deux  soleils  ,  l'un  sep- 
tentrional   et  tout   lumière,  l'autre 
austral  et  ténébreux:  Persée  était  aus- 
tral  a  Mycènes,  il  redevient  boréal 
dans  Argos;  Mégapenthe  était  boréal, 
il  devient  austral,  puis,  tuant  Perse'e, 
il  semble  tendre  ;i  redevenir  boréal.       | 
PERSÉPHONE,  TK^nçi^»,,  «ttr 


PER 

eïOpéy^j ,  ^ifa-îÇovii» ,  l'un  des  deux 
noms  grecs  usuels  de  Proserpine 
(l'autre  est  CorÉ),  a  élé  dérivé  par 
Plularquede  (Çûûç  et  Çipa  (apporterla 
lumière) 5  par  le  Grand  Elymologiste 
(art.  n£p5-£!pov»?)  de  (pipa  et  cpov«;  (qui 
apporte  le  meurtre,  le  carnage)  5  par 
Hésychius  (art.  ^ipa-i^ovuct)  de  <pé|i£iy 
K'Çtvos,  apporter  la  richesse,  l'abon- 
dance.Ici  Proserpine  serait  identifiée 
avec  Cérc's,  sa  mère. Eustalhe  rapporte 
la  première  partie  du  mot ,  et  peu  t-  être 
le  mot  entier,  a  (Sfêupa  Çcyo).  Sainte- 
Croix  (i'fcf)^5f.  du  Pagan.j  p,  536 
de  la  i"^*^  édit.  )  semble  assez  porté  a 
admettre  l'étymologic  d'Hésychius.  A 
notre  avis,  les  quatre  sont  fausses. 
Quant  à  celle  qu'il  faudrait  leur  sub- 
stituer ,  nous  nous  bornerons  a  re- 
marquer I  "  que  c'est  a  l'Egypte  ou 
à  rOrient  qu'il  faut  demander  l'oii- 
gine  du  mot  (Fré?  d'où  Persée ? 
Perses?  Féridouu?  Protée?  Proser- 

Îiine?  comp.  PhérÉfha'Ite)^  2°  que 
es  Grecs  modifièrent  ensuite  le  mot 
exotique  de  manière  à  lui  donner  un 
aspect  hellénique. 

PERSES  :  1°  fils  du  Grec  Persée 
«t  d'Andromède,  mais  avant  que  le 
couple  divin  eût  quitté  l'Orient 5  2.° 
un  des  fils  de  l'Océanide  Persa  et  du 
Soleil  (on  lui -donne  pour  frère  Eète 
et  de  plus  trois  sœurs 5  il  détrôna 
Eète  après  la  fuite  de.Médée,  et  fut 
détrôné  a  son  tour  par  sa  nièce,  lors- 
qu'elle revint  en  Colchide);  'b"  Titan, 
le  même  que  Persée.  La  théogonie 
hésiodéenne  en  fait  un  des  trois  fils 
de  Crios  et  d'Eurybie  ,  l'époux  d'As- 
térie et  le  père  d'Hécate.  A  titre  de 
dieu  soleil,  il  devait  avoir  des  rap- 
ports avec  le  temple  de  Delphes  5 
mais  les  mythographes  modernes,  au 
lieu  de  comprendre  qu'il  effleurait  ou 
pénétrait  de  ses  rayons  d'or  l'or  du 
sanctuaire,  nous  ont  dit  que  c'est  le 
premier  qui  porta  ses  mains  sacrilè- 


PEU 


3o5 


ges  sur  les  trésors  du  temple  de  Del- 
phes. 

PEPiSUASlON.  Voy.  Pitho. 
PERTUNDA,  déesse  latine  un 
peu  obscène.  Pour  comprendre  ses 
rapports  avec  les  deux  membres  de 
la  triade  dont  elle  fait  partie,  il  faut 
lire  l'article  Perfica. 

PESTE,  fille  de  la  Nuit  et  com- 
pagne de  la  Famine,  selon  Hésiode. 

PETA,  déesse  latine,  présidait 
aux  prières  que  l'on  adressait  aux 
dieux.  On  lui  demandait  même  si  l«s 
demandes  étaient  convenables  ou  non. 

PETES  ,  Egyptien ,  père  de  Mé- 
neslhée ,  régna  dans  Athènes,  et, 
comme  Cécrops,  fut  surnommé  Di- 
])hyès,  à  deux  sexes  ou  à  deux 
natures. 

PETTA,  fille  de  Nann,  roi  des 
Ségobriges,  et  femme  du  Phocéen 
Euxène,  un  des  fondateurs  de  Mar- 
seille [Voy.  Peoïis). 

PETULANCE  (la)  est,  dans  Hy- 
gin,  fille  de  l'Erèbe  et  delà  Nuit. 

PEUCÈTE,  frère  d'OEnotre,  l'ac- 
compagna dans  son  émigration  (A^ojy. 
Œtsotre). 

PEIJCRON,  chef  septentrional, 
fds  du  golfe  connu  sous  le  nom  de 
Palus  Méolide,  lut  tué,  selon  \alé- 
rius  Flaccus,  dans  la  s^uerre  de  la 
Colchide. 

PEIjR(la),  Pavor,  en  grecDÉos, 
DiMos,  Aéoî  ,  Ae7^oj,  lille  de  Mars 
et  de  Vénus,  selon  Hésiode,  et  un 
des  parèdres  de  Mars,  avait  un  tem- 
ple a  Sparte  près  du  palais  des 
Ephores,  et  une  statue  h  Corinlhe. 
Homère  la  place  sur  l'égide  de  Mi- 
nerve et  le  bouclier  d'Agamemnou. 
Les  Sept  Chefs  jurent  par  elle  dans 
Eschine.  Thésée,  selon  les  légendes 
athéniennes,  lui  sacrifie  pour  tju'elle 
ne  saisisse  pas  ses  troupes.  TuUus 
llosldius  lui  fit  un  vœu  en  niènic 
tcnips  qu'à  la  Pâleur.  Alexandre  l'in- 


LV. 


3o6 


PHA 


PHA' 


-voqua  avant  la  bataille  d'Arbelles. 
On  la  représentait  les  cheveux  héris- 
sés, la  bouche  ouverte,  et  avec  un 
regard  qui  manifeste  l'épouvante. 

PEYROUN.  Voy.  Pérotjn. 

PKÀCE,  <'«*»?,  sœur  d'Ulysse, 
aitisF  appelée  h  cause  de  ses  taches 
de  rousseur  ((p«*«f,  lentille),  et 
cependant  surnomme'e  parfois  Cal- 
listo  (la  très-belle).  Nous  croyons 
que  c'est  une  Vénus  aquatique  ou 
Vénus  quasi-poisson  (Vénus  phoque)j 
et  Aphacitis  ne  doit  guère  en  différer. 

PHAENNA,  une  des  deux  Grâ- 
ces lacédémoniennes.  f^.  Grâces. 

PHAErsINIS,  prophétesse  d'Epi- 
re,  prédit  vers  l'an  236  avant  J.-C. 
l'irruption  des  Gaulois  en  Asie. 

PHAÉTHON,cl.«èOa;y,  fils  d'Hé- 
lios  et  de  Cliraène  (ou  d'Hélios  et  de 
Rhodé),  entendit  un  jour  le  fils  de 
Jupiter  et  d'Io ,  Epaphe,  lui  repro- 
cher sa  naissance.  «  Climène  est  ta 
mère ,  soit.  Mais  ton  père ,  qui  t'a 
dit  que  ce  fût  Hélios?  en  convient-il 
seulement?  »  Soudaiu  Phaélhon  s'é- 
lance au  palais  d'Hélios,  supplie  son 
père  de  prouver  à  l'univers  par  un 
signe  qu'il  est  son  fils,  lui  fait  jurer 
que  comme  gage  de  sa  brillante  ori- 
gine il  lui  accordera  la  demande  qu'il 
va  former  ,  quelle  qu'elle  soit  :  Hé- 
lios consent.  Alors  Phaélhon  an- 
nonce qu'il  veut  conduire  un  jour  en- 
tier le  char  solaire.  Hélios  ,  qui  a 
juré  par  le  Styx,  ne  peut  refuser. 
Phaélhon  s'empare  des  rênes,  mais 
bieulôl  les  quatre  coursiers  ignivo- 
mes  sentent  la  faiblesse  du  jeune  bras 
qui  les  guide,  se  cabrent,  secouent 
le  frein,  et  s'écartent  de  l'itinéraire 
tracé  par  les  dieux.  La  Terre  brûlée 
jusque  dans  ses  entrailles  supplie  Ju- 
piter de  prévenir  le  bouleversement 
du  monde ,  et  Phaélhon  foudroyé 
tombe  dans^  l'Eridan.  Ses  sœurs  in- 
consolables de  sa  perte  pleurent  snr 


I 

obeà  9 
lar  1»    ■ 


les  rives  du  fleuve  qui  sert  de  toml) 
l'infortuné,  puis  sont  changées  par  la 
pitié  des  dieux  en  longs  peupliers.— 
Phaélhon  cumule  deux  traits,  l'ado- 
lescence du  Cadmile  voué  a  une  mort 
prématurée,  el  l'incandescence  furi- 
bonde du  soleil  léonin.  C'est  Hercule 
furieux,  et  c'est  Bacchus  enfant  j  il 
détruit  par  la  flamme,  et  la  flamme  le 
détruit.  Du  reste  ,  nous  sommes  fixés 
sur  la  valeur  de  l'Eridan,  et  plus  en- 
core sur  celle  de  la  Terre  portant  ses 
plaintes  a  Jupiter.  La  dispute  d'Épa- 

{)he  et  de  Phaélhon  tient  à  la  fois  de 
a  subtilité  grecque  et  de  la  délica- 
tesse hindoue.  Quant  h  cette  mort 
prématurée  et  h  ces  larmes  élincelan- 
tes,  pluie  d'or  que  versent  trois  sœurs 
h  la  longue  chevelure,  rien  de  plus 
aérien  que  ce  tableau  qu'on  croirait 
échappé  à  la  plume  du  Persan  Sadi. 
Ce  jeune  flambeau  éteint,  ce  fleuve 
d'eau  qui  coule  d'un  bel  œil  sur  la 
cendre,  cette  opposition  du  feu  et  de 
l'humide,  rappellent  Memnon,  Mané- 
ros ,  Linos,  Absyrte,  Hyacinthe, 
Kaïomorts.  Les  Grecs  ont  voulu 
qu'Apollon  ait  tué  les  Cyclopes  uni- 
quement pour  venger  la  mort  de 
Phaélhon.  —  Phaélhon  el  Fia  sont 
évidemment  le  même  nom. — Winkel- 
man,  Monum.  ined.,  xlv,  a  fait 
connaître  une  belle  chute  de  Phaé- 
lhon •  on  y  voit  Cycnus ,  le  cygne , 
l'ami  de  Phaélhon,  l'ami  des  eaux. 
—Trois  aulresPHAÉTHON  sont  i^un 
Titan,*  2°  un  fils  de  l'Aurore  el  de 
Céphale,  changé  par  Vénus  en  gardien 
de  son  temple  j  3°  un  chef  qui  vint  en 
Epire  avec  Pélasgue  ,  et  qui  régna  le 
premier  sur  les  Molosses. 

PHAÉTHO]NTIDES,<Da£^o.r('^£f. 
P^ojy.  Héliades.  ' 

PHAÉTHUSE,  ^xiêova-x:  I"  une 
des  Héliades;  2°  une  des  nymphes 
solaires  qui  gardent  en  Sicile  les  bœufs 
du  Soleil.   Comp.  Hkljadesi 


PHA 

PHALANNA ,  '(bûxmi» ,  héroïne 
épooyme  de  la  vlUe  de  ce  nom  en 
Thessalie,  passait  pour  fille  deTyrus. 

PHALAINÏHE,  <t>x?.ccvêos ,  était 
le  chef  des  Parthéniens  (jeunes  La- 
cédémoniens  nés  des  liaisons  amou- 
reuses des  Lacédémouiennes  libres 
et  des  esclaves  pendant  l'absence  de 
la  population  mâle  adulte  )j  il  fonda 
ou  plutôt  agrandit  Tarente.  Une  tra- 
dition le  montre  faisant  naufrage  dans 
la  mer  de  Crissa  (partie  du  golfe  de 
Coriulhe)  et  porté  par  un  dauphin 
sur  les  côtes  de  l'Italie.  Après  diver- 
ses aventures,  il  se  trouva  fixé  a 
Tarente j  mais,  chose  sînguHère!  les 
habitants  (les  Parthéniens  mêmes?) 
l'en  expulsèrent ,  et  Brundusiuin 
(Brindes)  devint  son  asile.  Sescendres 
furent  par  son  ordre  répandues  dans 
toutes  les  rues  de  Tarente  :  Toracle 
avait  attaché  a  cette  cérémonie  la 
possession  de  la  ville  par  les  Parthé- 
niens. Ceux-ci,  dans  leur  reconnais- 
sance, lui  élevèrent  une  statue  au 
pied  de  laquelle  était  le  dauphin  pa- 
rèdre,  et  instituèrent  une  fcte  en 
son  honneur.  Quoique  la  chronolo- 
gie montre  Phalante  à  une  époque 
déjà  historique,  c'est  un  personnage 
tout  mythologique  que  ce  fondateur 
de  Tarente.  Ce  n'est  pas  son  dauphin 
seulement,  c'est  son  expulsion,  c'est 
la  dispersion  de  ses  cendres,  talisman 
et  palladium  de  la  ville,  c'est  l'hybri- 
disme  de  sa  naissance  qui  en  font 
évidemment  un  dîeu- homme,  qui 
tient  à  la  fois  de  l'Arion  et  de  l'Osi- 
ris,  ou,  si  on  l'aime  mieux,  du  Posî- 
dôn-Phytalmios  et  du  Faune. 

PHALANX,  «-«A^yl,  frère  d'A- 
rachné ,  avait  été  comme  elle  élevé 
par  Pallas;  mais  ayant  conçu  pour  sa 
sœur  un  amour  incestueux,  que  celle- 
ci  partagea,  la  déesse  les  métamor- 
phosa en  vipères.  Celle  légende, 
toute  différente  de  celle  qu'on  donne 


PHA  3oi7 

ordinairement,  et  qui  nous  montre 
non  point  Pallas  jalouse  de  l'Erganâ 
mortelle  ,  mais  Pallas  sévère  et  chas- 
te, repose  sur  deux  traits  d'histoire 
naturelle,  l'un  vrai,  l'affinité  des 
Phalangiens  et  des  Arachnéides  que 
les  entomologiste"?  répartissent  diffé- 
remment dans  leurs  groupes^  l'autre 
faux,  l'identité  des  insectes  (ou  au 
moins  des  insectes  sans  ailes)  et  des 
reptiles.  Anacréon  qualifie  de  serpent 
une  abeille. 

PHALCÈS,  <ifiXK„s  :  i°  che 
troyen  tué  par  Antiloque  j  â"  un  des 
fils  de  Téménos,  tua  son  père  et  ses 
frères,  et  se  rendit  ainsi  seul  maître 
du  royaume  de  Sicyone. 

PHALERE,  Phalerus,  ^âxiiptç, 
héros  éponyme  du  port  de  Phalère 
(un  des  trois  que  possédait  Athènes), 
passait  tantôt  pour  avoir  été  Argo- 
naute et  ami  de  Jason,  tantôt  pour 
un  filsd'Erechthée  (oud'Alcon),  tan- 
tôt enfin  pour  un  Cretois.  Un  ser- 
pent ayant  enveloppé  Phalère,  son 
ptre  tua  le  reptile  sans  toucher  a  l'en- 
iant. — Un  Centaure  présent  aux  no- 
ces de  Piritlioiis  portait  aussi  ce  nom. 

PIIALES,  <lJ<t/i5f,  le  dieu  suprê- 
me de  Cyllèue.  C'était  Mercure  et 
c'était  Priape  (phatès  ti  phalle  ne 
diffèrent  pas).  Vo'y.  Priape. 

PHALIAS ,  ^ctxfccf ,  fils  d'Héli- 
conis  et  d'Hercule. 
if2i.PHALIS,  C'âXff  y   roi  de  Sidon  , 
conseilla  au  roi  de  Lycie,  Sarpédon  , 
de  ne  pas  secourir  Priam. 

PHALOÉ,  <t>cù.6i,,  nymphe,  fille 
du  dieu-fleuve  Liris  en  Arcadie,  avait 
été  promise  à  celui  qui  tuerait  un 
monstre  ailé  auquel  elle  était  voue'e. 
Elafe   tua  le  monstre,  mais  mourut 

firesque  aussitôt  5  et  Phaloé  inconso- 
able  fut  changée  en  une  fontaine  dont 
les  eaux  amères  vont  s'unir  aux  ondes 
douces  du  Liris. 

PHANES,  un  des  noms  qui  rc- 


20. 


3v>8 


PHA 


PHA 


1 


viennent  le  plus  souvent  dans  la  ihéo- 
sophie  orphique,  semble  être  le  dieu 
suprême  ou  du  moins  le  premier  Dé- 
miurge ,  par  conséquent  la  première 
manifestation  de  l'être  par  excel- 
lence. A  cette  idée  se  lieTétymologie 
vulgaire  qui  tire  Phauès  de  (pxi^xu , 
révéler,  ou  de  (Çaîtoficti,  apparaî- 
tre. Malheureusement  la  théorie 
transceudantale  des  Orpliistes  n'était 
point  née  en  Grèce ,  et  l'hauès  était 
sans  doute  un  nom  exotique  ;  car 
nous  avons  peine  à  croire  qu'ici  on 
ait  traduit  le  sens  des  noms  propres, 
et  substitué  le  mot  grec  (Çuïijs,  d'ail- 
leurs formé  très-ridiculement  (il  fau- 
drait <pâ.)Taip),  à  un  équivalent  égyp- 
tien ou  oriental  qui  aurait  signifié 
inanifeslateur.  Eu  couséqueuce  nous 
inclinons  à  croire  que  Pbanès  n'est 
autre  cbose  qu'Amoun  ,  Amen  ,  Amn 
ou  An,  précédés  de  l'article  égyplia- 
que  PH  et  suivis  de  la  désinence  grec- 
que. Dans  ce  cas  il  serait  difficile  de 
ne  pas  rapprocher  Pbanès  de  Pan;  car 
Phancs  réduit  h  Phan  ne  diffère  de  Pan 

3uepar  l'aspiration  de  l'article:  or  les 
eux  formes  étaient  égyptiennes.  On 
conçoit  qu'alors  serait  détruite  aussi 
l'étymologie  hellénistique  de  Pan 
(xS»,  tout).  Crenzcr  suppose  que 
Pbanès  est  ou  Knel-Fla  ou  Hercule 
révélation  première  d'Amoun ,  et 
donne  comme  son  image  le  serpent- 
lion  ailé  du  bas-relief  tenlyrite  gravé 
dans  la  Desc.  de  l'Eg.,  t.  IV,  pi. 
XXIII,  5. 

PHANOSYRE  ,  <l>xy6<rvp»  ,  se- 
conde épouse  de  Minyas,  fut  mère 
de  la  triade  orchoménienne ,  Orcbo- 
mène,  Diocbtbondas,  Atharaas. 

PHANTASE,  Phantasus.  Foy. 
IciiLE,  MoRPHÉE,  Sommeil. 

PHAINTASIE,  Phantasia,  ^cdi- 
TOLdiec?  (l'imagination  personnifiée), 
Egyptienne  de  Mempbis,  avait,  dit-on, 
composé  une  Odyssée  et  un  croquis 


de  la  guerre  de  Troie  long-temps 
avant  Homère,  qui  prit  copie  du  ma- 
nuscrit à  l'aide  du  scribe  Pbanite, 
employé  h  la  bibliothèque  de  Mem- 
pbis, et  vint  ensuite  persuader  a  la 
Grèce  qu'il  avait  tiré  de  lui-même  les 
deux  poèmes  qui  ont  fondé  son  ira* 
mortalité. 

PHARIA,  <t>ufiiccy  Isis  vénérée 
dans  le  port  d'Alexandrie  et  près  du 
phare.  On  le  trouvera  étrange  peut- 
être  ,  si  l'on  pense  a  l'horreur  avec 
laquelle  les  pieux  Égyptiens  regar- 
daient la  mer.  Mais  qu'on  songe  qu'I- 
sis  Pharia  ne  date  que  de  la  période 
alexandrine,  qu'Isis  avait  été  identi- 
fiée à  Cérès ,  que  Gérés  porte  des 
flambeaux  à  la  main  pour  chercher  sa 
fille,  qu'un  phare  n'est  qu'un  flambeau 
maritime,  et  l'on  comprendrasans  pei- 
ne Isis  Pharia,  Cérès  Pharia.  Comp. 
|sis,  fin. — Pharia  s'élargit  souvent 
au  point  de  signifier  Egyptienne. 
Pharia  Juvenca  se  prend  pour  lo. 
PHARIS  ou  PHARES,  fonda- 
teur prétendu  de  Phères  en  Messé- 
nie ,  avait  pour  père  Mercure ,  pour 
mère  Philodaraie  ,  pour  aïeul  mater- 
nel Danaiis. 

PHARNAR,  Pharnaces,  (baf^k- 
x.y,ç ,  la  lune  mâle  dans  l'Ibérie  et  le 
Pont.  Etait-ce  Lunus  ou  un  ade'quate 
de  Lunus?  Nous  inclinons  pour  celle 
dernière  hypothèse.  Du  reste,  Phar- 
«ak  est  plutôt  encore  androgyne 
qu'exclusivement  mâle  ;  il  devient 
Pharnacé;  et  Pharnacé,  femme  d'A- 
pollon selon  les  uns,  de  Sandak  selon 
les  autres,  a  pour  fils  Cinyre.  Femme 
de  Sandak,  on  la  fait  de  plus  fille  de 
Megessare  (soleil  sublimé). 

PHARSALE,  Pharsalus,  <ï)«j8-. 
G-eiMsf  héros  éponyme  de  Pbarsale  eij, 
Tliessalie,  est  fils  d'Acrisius. 

PHASE,  ^cixis .,  dieu-fleuve  col- 
que,  avait  été  un  prince  d'une  rare 
beauté.  ïélbys  ou  Thélis  soupira  en 


I 


PHÉ 

vain  pour  lui,  et  soit  dépit,  soit  des- 
sein de  le  contraindre  a  venir  s'unir 
h  elle,  le  métamorphosa  en  fleuve. 
Un  autre  mytlie  dit  que  Pliase  était 
un  fils  d'Apollon  et  de  l'Océanide 
Ocyroé.  Indigné  de  voir  sa  mère 
infidèle  au  dieu  du  jour,  il  la  tua,  fut 
saisi  par  les  Furies,  et  se  précipita 
dans  l'Arélhuse  qui  prit  son  nom. 
Enfin  on  fait  de  Phase  une  nymphe 
qui ,  aimée  de  Bacchus  et  poursuivie 
par  ce  dieu,  tomba  de  fatigue  dans  le 
Phase., 

PHEAX,  Ph^ax,  ^ett'otl,  héros 
éponyme  de  Pbéacie  depuis  Céphallé- 
nie,  passait  pour  fils  deNepInne  (le 
dieu  des  mers)  et  de  Cercyra  (Corcy- 
re,  ou  Corfou  actuel).  Il  eut  pour  (ils 
Alcinoiis.  —  Un  PhÉax  ,  matelot 
chargé  du  soin  de  la  proue  sur  le  vais- 
seau de  Thésée,  reçut  dans  Phalère 
les  honneurs  d'un  héroum  dont  on  at- 
tribuait la  fondation  au  fiis  d'Egée. 

PHÉBË,Phoebiî,  <t<j/ê,:  1° Diane- 
Lune;  2°  Titanide,  sœur  et  femme  de 
Cacus,  mère  de  Latone  et  d'Astérie; 
3"  une  des  deux  Lencippides;  4-°  une 
des  trois  Héliades,  dans  quelques 
nomenclatures. — Phébé  n'est  qu'une 
personnification  femelle  de  la  lumiè- 
re, tantôt  comme  pure  lumière,  tantôt 
comme  tel  ou  le!  astre.  LcsLeucippî- 
des  et  les  Phaélhonlides  sont  des  dé- 
doublements solaires  ,  quoique  les 
premières  aient  l'aspect  hiiiisolairc. 
Diane  est  la  lune,  la  Titanide  est  une 
haute  lumière.  La  différence  des  deux 
Phébé  ici  consiste  h  voir  dans  l'une 
la  mère  ,  dans  l'autre  la  fille  de  La- 
tone ;  mais  au  fond  qu'importe? 
L' aïeule  et  la  petite-fillo,  ne  ditfèrcnt 
qu'en  ce  que  celle-ci  est  l'individuali- 
saJion  de  celle-là.  Comme  nous  avons 
dh  plus  haut  quo  Latone  et  Lune  ne 
diifèrent  pas,  la  lilanier.ne  Phébé 
revient  absolument  a  Diane. 

PHERUS,   PuHOEBus  :    Apollon 


PHE  3o9 

(<p«7ba?,  lumineux;    toutes  les  autres 
étymclogies  sont  absurdes). 

PHÉCASES  ,  ^:jKX<rtoi  ,  dieux 
athéniens  que  l'on  représentait  chaus- 
sés du  phécase  (soidiers  en  vogue 
f)armi  les  prêtres  d'Athènes  et  d'A- 
exandrie,  ainsi  que  parmi  les  philo- 
sophes), Nous  ne  savons  si  c'est  au 
culle  ou  a  la  caricature  qu'apparte- 
naient ces  dieux. 

PHÈDRE,      PHiEDBA,     <î)«.^/!«, 

fille  de  Minos  (II)  et  de  Pasiphae', 
avait  pour  sœur  Ariadne  et  pour  frère 
Deucalion.  La  légende  classique  mon- 
tre les  deux  sreurs  enlevées  par  Thé- 
sée; Ariadne  a  la  première  obtenu 
l'amour  du  héros,  et  lui  a  dévoilé  les 
détours  du  labyrinthe  oii  sans  elle  il 
était  destiné  h  périr.  En  revanche 
Thésée  emmène  furtivement  avec  elle 
la  rivale  qu'il  commence  à  aimer,  et 
abandonne  sa  libératrice  dans  Naxos. 
Phèdre  arrive  dans  Athènes  ,  d'où 
quelquefois  a  Eleusis  ou  h  Trézène  , 
avec  Thésée,  et  lui  donne  deux  fils , 
Acamas  et  Démophon.  Déjà  Hippo- 
lyte,  son  beau-fils  ,  s'était  présenté  à 
ses  regards  et  lui  avait  inspiré  une 
affection  très-vive.  Déjà  dans  le  voi- 
sinage de  Trézène  s'était  élevé  par 
ses  ordres  un  temple  a  Vénus;  et, 
quand  il  fallait  retourner  à  Athènes, 
ellos'absenlait  souvetit  de  la  capitale 
de  l'Aflique  sons  le  prétexte  d'aller 
offrir  ses  vreux  a  Vénus.  Enfin  Thé- 
sée partit  pour  l'enfer  avec  son  ami 
Pirithoiis.  Pendant  son  éloignemeut 
qui  fut  de  plus  d'un  an  ,  Plièdre  dé- 
clara sa  passion  h  Ilippolylc,  et  se 
voyant  dédaignée  se  pendit  de  déses- 
poir au  bout  de.  quelques  jours.  Thé-, 
sée  arriva  sur  ces  entrefaites,  et 
trouva  dans  les  mains  de  la  reine 
un  billet  par  lequel  elle  déclarait 
qu'Hippolyte  l'avait  déshonorée  ,  et 
(pi'incapable  de  traîner  des  jours 
désormais  souillés  elje  se  punissait  da 


%io 


PHE 


sou  mallieur.  Thésée  dévoua  soudain 
Hippolyte  à  la  vengeance  de  Neptune 
qui  lui  avait  promis  d'exaucer  le  pre- 
mier de  ses  vœux.  Hippolyte  ne  tarda 
pas  à  périr ,  victime  d'un  monstre 
marin  que  le  dieu  des  eaux  envoya 
sur  son  passage.  Les  poètes  tragi- 
ques Euripide,  Sénèque,  Racine,  qui 
ont  traité  le  sujet  de  Phèdre ,  ont 
suivi  sur  la  mort  de  cette  princesse 
une  version  différente  [P^oy.  Hippo- 
lyte). On  voyait  k  Trézène  le  tom- 
beau de  Phèdre  près  d'uu  myrte 
dont  les  feuilles  étaient  toutes  cri- 
blées. On  prétendait  que  souvent 
Phèdre,  pour  tromper  ses  ennuis, 
s'était  amusée  à  percer  d'une  ai- 
guille à  cheveux  les  feuilles  de 
l'arbre  chéri  de  Vénus.  Au  reste, 
àomhre  de  petites  traditions  relatives 
au  séjour  de  Phèdre  K  Trézène  cou- 
raient en  Grèce.  On  faisait  voir  près 
de  cette  ville  le  temple  du  haut  duquel 
la  princesse  créloise  contemplait  son 
beau-fils  s'exerçant  a  la  lutte  ou  à  la 
chasse  dans  les  plaines  voisines.  Ce 
temple  eut  deux  noms,  Hippolytion 
ttAphrodiles'Scopias  ['  A^ippo^/riji 
^KdTrttts  ).  —  Polyguote  avait  peint 
Phèdre  suspendue  a  une  corde  qu'elle 
tient  à  deux  mains,  et  semblant  se 
balancer  dans  les  airs.  —  Ariadne  et 
Phèdre  ne  furent  pas  d'abord  don- 
nées comme  sœurs.  Dans  les  mythes 
primitifs  Minos  n'a  qu'une  fille.  Les 
uns  l'appelèrent  Ariadne ,  et  l'aUiè- 
rent  k  Thésée  et  a  Bacchus,  qui  sont 
tous  deux  des  dieux  soleils.  Les  au- 
tres la  mirent  en  connexité  avec  Thé- 
sée et  son  fils  Hippolyte.  Ces  deux 
légendes,  que  plus  tardon  amalgama, 
et  qui  firent  de  Minos  le  père  de  deux 
Minoïdes,  diffèrent  par  les  Irails 
suivants  :  i"  Ariadne  appartient  k 
la  religion  de  Bacchus  et  au  culte 
de  Naxos  ,  k  l'Orient ,  au  cycle  my- 
thique purj    laspect  de  Phèdre   a 


PHE 

quelque  chose  d'apoUinaire ,  d'euro- 
péen ,   d'iiéroïco-hislorique.    a"  Li9' 
Cadmile  d' Ariadne  est  un  triompha-j 
teur,  le  Cadmile  de  Phèdre  est  mis] 
en  pièces  et  meurt.  3"  Ariadne  s'é- 
lève de  l'abandon  k  une  haute  royau-  j 
lé,   du  rang  de  maîtresse  au   tik-oj 
'd'épouse,  de  la  terre  aux  voûtes  do' 
flammes  de  TEmpyrée  j  Phèdre  des- 
cend  ou  veut  descendre  de  Thymen 
au  concubinage,  du  rang  de  femme 
adorée  k  celui  de  solliciteuse  qu'on  re- 
fuse ,  de  la  terre  au  sombre  empire. 

PHEGÉE,  pHEGEUS,  <[)jjy£uf,  hé- 
ros éponyme  de  Phégée,  une  des 
cités  les  plus  anciennes  de  l'Arcadie, 
passe  généralement  pour  contempo- 
rain d'Alcméon  l'Amphiaraïde  et  pour 
père  d'Alphésibée,  et  de  deux  autres 
fils  qu'on  doit  regarder  comme  des 
Dioscures  d'Arcadie.  Alcinoiis  s'était 
réfugié ,  après  le  meurtre  d'Eiiphyle 
sa  mère  ,  k  la  cour  de  Phégée  ;  ce 
prince  l'expia ,  et  de  plus  lui  donna 
sa  fille  unique.  On  peut  voir  aux  ar- 
ticles ACARNAS,  CaLLIROÉ,  PrONOOS, 
quelles  furent  les  suites  de  ce  ma- 
riage. Phégée  fut  tué  dans  Psophis 
avec  sa  femme  par  les  deux  Alcméo- 
nides.  Il  est  probable  que  le  nom 
de  Phégée  est  le  hêtre  personnifié 
(cpjjyoV),  comme  Dryops  est  la  per- 
sonnification des  chênes.  On  ne  doit 
pas  oublier  que  les  contrées  a  monta- 
gnes boisées,  comme  l'Arcadie  et  l'E- 
pire,  ont  été  fécondes  en  divinisa- 
tions de  ce  genre. — Un  fils  de  Darès 
lue  par  Diomède,  deux  chefs  troyens 
tués  parTurnus,  et  une  fille  de  Priam, 
s'appellent  aussi  Phégée. 

PHELO,  dieu  chinois,  était,  se- 
lon les  mythologues,  un  homme  qui 
trouva  l'usage  du  sel.  Ses  compatrio- 
tes ayant  méconnu  l'importance  de 
sa  découverte,  il  quitta  le  pays  pour 
jamais.  Privés  de  cet  habile  indus- 
triel .  les  Chinois  instituèrent  eu  son 


PHE 

honoeur  une  fête  dans  laquelle  ils 
montent  sur  des  barques,  et  courent 
de  tous  côtés  sur  la  mer  comme  pour 
le  chercher.  Cette  fête  se  célèbre  au 
commencement  de  juin.  L'enirée  des 
maisons  est  ornée  de  feuillages.  Les 
Chinois  attendent  encore  Phélo  h  Ja 
fin  du  monde.  Le  nom  de  Phélopha- 
nie  qu'on  donne  à  la  fête  est  évidem- 
ment un  nom  français  tiré  du  grec. 

PHÉMIOS,  <t)«>««jf,  barde  grec 
des  tertips  priuiitifs,  suivit  Pénélope 
dans  Ithaque ,  et  pendant  l'absence 
d'Ulysse  cumulait  auprès  d'elle  les 
deux  rôles  de  chantre  inspiré  par  les 
dieux  et  de  moniteur  inspiré  par  la 
sagesse  :  c'était  le  Mentor  de  la  reine. 
Ulysse  pourtant  se  montra  mécontent 
de  lui,  lorsqu'il  apparut  dans  Ithaque, 
après  vingt  ans  d'absence  5  et  il  fallut 
que  Phémios  se  jetât  a  ses  pieds  et 
que  Téléinaque  demandât  sa  grâce, 
pour  qu'Ulysse  lui  permît  de  sortir 
de  la  salle  oîi  restèrent  tous  les  pré- 
tendants.— Un  autre  Phkmios  avait 
été  du  nombre  des  prétendants  d'Hé- 
lène. On  nomme  aussi  Phémios  un 
barde  dont  Homère  fut  le  disciple  et 
le  gendre.  Selon  les  uns,  Homère 
imagina  le  chantre  Phémios  qui  est 
nommé  dans  l'Odyssée  5  suivant  les 
autres,  Phémios  aurait  été  un  de  ces 
Homérides  auxquels  ou  doit  attribuer 
la  composition  de  l'Odyssée.  Au  res- 
te ,  Phémios  est  un  nom  générique 
qui  revient  a  liâtes  ;  car  féales  a 
pour  racineyizri,  et  Phémios  semble 
un  dérivé  de  phémi  [(p^f^l). 

PHEMONOÉ,  <^y,f^ç,iK,  la  pre- 
mière Pythie  de  Delphes  qui  rendit 
des  oracles  en  vers  hexamètres)  vivait) 
du  temps  d'Acrislus. 

PHÈINÉE,  Pheneus,  ,  ^ttnùs  ; , 
1°  héros  éponyme  de  Phénéôn  en; 
Arcadie  et  du  lac  Phénée  (aussi  eu. 
Arcadie)  dont  les  eaux  bues  la  nuit 
doûuaient  la,  morjj  a"  fils  de  Mélas^ , 


PHÉ 


3ii 


tué  par  Tydée.  — Phéné  {<bi{vti  )  en 
grec  signifie  orfraie  ou  du  moins  oi- 
seau de  nuit. 

PHÉMCE,  femme  de  Neptune  et 
mère  de  Protée. 

PHÉNIX,  Phoenix,  <Do7»<$,  fils 
du  roi  dolope  Amyntor,  sut  plaire  à 
une  concubine  favorite  de   son  père 
qui,   dans  son  ressentiment  ,  lui  fit 
crever  les  yeux.  Phénix  aveugle  vou- 
lut d'abord  se  venger  par  un  parri- 
cide, puis  plus  sage  s'exila ,  trouva  un 
asile  dans  Phthie  à  la  cour  de  Pelée, 
et  fut  chargé  de  l'éducation  d'Achille 
pour  lequel  il  conçut  une  vive  amitié, 
et  qu'il  accompagna  devant  Troie. 
On  le  voit  dans  l'Iliade  aller  avec 
Ulysse  et  Diomède  k  la  tente  d'A- 
chille de  la  partd'Agamemnon,  pour 
le  prier  de  venir  au  secours  des  Grecs 
qui  plient  5  Achille  refuse.  Selon  la 
fablç ,  Phénix  ne  rendit  infidèle  la 
maîtresse  de  son  père  que  pour  plaire 
à  sa  mère,  jalouse  de  cette  rivale.  On 
désigne  souvent  Phénix  par  le  nom 
d'Amyntoride, Virgile  {Enéid.,  I.II) 
nous  fait  voir  le  butin  de  Troie  sous 
la  garde  de  Phénix  dans  le  temple  de 
Junon.  —  On  nomme   encore  deux 
Phénix,  l'un  père  d'Adonis,  l'autre 
fils  d'Agénor.  Comp.  ce  nom  et  Cad- 
Mus.  Envoyé  à  la  recherche  d'Eu- 
rope ,  il  s'établit  dans  la  Bithynie,  y 
importa  le  culte  syriaque,  inventâtes 
lettres  et  l'art  de  teindre  en  pourpre. 
Evidemment  il  y  a  ici  confusion,  et  le 
Phénix  dont  nous  parlons  se  scinde 
en  un  dieu-homme  civilisateur,  cir- 
conscrit dans  la  Phénicie,  et  nn  dieu- 
homme  voyageur 

PHÉNODAMAS ,  Troyen,  força 
Lâomédoiî  à  exposer  sa  fille  Hésione 
au  monstre  marin  qui  ravageait  le 
pA.ys,  Le  roi  s'en  vengea  en  déportant 
ses  filles  en.  Afrique,  oii  l'une  d'elles 
devint  mère  d'Alceste. 

PliÉJNOPS,  «'.w*^,;  i'  ami  et 


3i^ 


PHÉ 


PHÉ 


hôte  dHercule  (il  était  d'Abytlos);  ^£fc£<y;  4)«(r(r«).  On  l'expliquait  jadis 
3"  père  de  Phorcys  qui  fut  tué  par  par  qui  facilite  la  culture,  qui  imilli- 
Ajax  5  3"  pire  de  Tlioon  et  Xanllie  plie  les  produits  de  la  terre  («pé^a», 
que  Diomède  tua  l'un  et  l'autre  le  Ç/vroy).  Celle  élymologie  qui  allère  si 
même  jour.  gravenieiit  l'éléineiit  final  du  mot  est 

PHEREBÉE ,  Phereboka ,  <I)£^£-  iusoulensble.  A  noire  avis,  Phéré- 
Çtix^  fille  d'ipliide  et  une  des  fera-  phatle  ne  diffère  pas  de  Perséplialle, 
mes  de  Tliésée.  et  comme  Perse,  quelle  que  soit  sa 

PHERECLE,  Phereclus,  ^ipt-  terminaison  féminine  ou  masculine, 
xAflf,  charpentier  habile ,  avait  pour  indique  une  haute  déité  lumière, 
aïeul  Harmone.  C'est  lui  qui  cous-  Phéréphatle  signifie  lumineuse  co- 
truisit  les  vaisseaux  de  Paris  j  il  fut  lombe.  Nous  laissons  de  côté  les 
tué  par  Mérione.  —  Phérède  est  le  nombreuses  explications  différentes 
navire  eu  général  personnifié.  Le  de  la  nôtre.  Toutefois  notons  que  les 
vaisseau  sur  lequel  Thésée  fit  voile  deux  premières  reviennent  a  faire  de 
vers  la  Crète  s'appelait  Phérècle.  La  Proserpine  une  Cérèsj  ce  qui  cerle* 
mer  Egée  traversée  par  le  vaisseau  n'est  pas  contraire  k  ses  vrais  carac- 
des  Argonautes  est  qualifiée  de  P/ie-  tères  mythologiques  ,  tandis  que  la 
rtclea  fi-eta.  Phérècle  veut  dire  nôtre  en  fait  une  Astarlé.  Quicojîque 
sans  doute  porlc-gloire  ou  portehé-  ici  se  rappellera  le  rôle  des  colombes' 
ros  (<^£^...  rad.  de  <^£/)a;  xA....  ra-  dans  la  mythologie  orientale,  leur 
dical  dex^tof).  identification  a  la  puissance  généra- 

PHEREE,  Phebea,  «Pyspn'x,  fille  trice,  leur  assimilation  au  feu,  etc.,. 
d'Eole  et  mère  dTIécale  qu'elle  eut  sera  frappé  de  notre  hypothèse, 
d'un  commerce  clandestin.  L'aïeul  Comp.  Acutoeet  et  VÉntjs.  —  Lc.v 
irrité  fit  exposer  l'enfant  dans  un  lieu  fêtes  de  Proserpine  en  Sicile  s'ap- 
où  aboutissaient  quatre  routes.  Là,  pelaient  Phéréphatlies. 
elle  fut  trouvée  et  recueillie  par  un  l'HERES,  héros  éponyme  de  la 

conducteur  du  char  de  Cérès.  On  de-  ville  de  Phères,  passait  pour  fils  d& 
vine  que  celte  légende  est  une  de  Créthée  etdeTyro,épouxdeClinièney 
celles  par  lesquelles  on  explique  la  père  de  Lycurgue  eld'Admèle. — Uir 
consécration  des  carrefours  h  Hécate,  autre  PnÉni^s,  fils  de  .lason  et  dcr 
— Du  reste  on  donnait  h  Diane  le  Médée,  fut  lapidé  par  les  Corinlhicns 
nom  de  PhÉrke,  et  on  l'expliquait  pour  avoir  porté  les  dons  empoison- 
par  le  culte  qu'on  lui  rendait  à  nés  de  sa  mère  à  Glaucé.  Comp.  MÉ- 
Phères  en  Tliessalie,  cl  a  Sicyone ,  dee  ,  etc.  Un  troisième  fut  tué  en 
où  sa  statue- avait  été  apportée  de  Itali.^  par  Halèse.  Il  faisait  partie  du 
Phères. —  Un  PiiiiBEE,  Fhereus,  corps  auxiliaire  que  commandai!  Pal- 
homme,  fils  d'OEnee,  fui  tué  dans  las  dans  l'armée  d'Enée. 
la  guerre   des  Calydoniens    et    des         PHERON,   ^toaiv ,    fils    du    roî 


I 


Curetés. 
PHÉRÉPHATE  ou  PHÉRÉ 

PHASSE, <!!£/)  £!p«rf«,<lJ£p£cp«!r(r£s,Pro 
-serpine    en  Phénicie.    Ce  uom  s'ex- 


d'Egypte  Sésoslris ,  lança  un  jour 
un  javelot  dans  le  TSil ,  comme  pour 
arrêter  ou  pour  punir  la  crue  trop 
forte  de  ses  flots.  Le  dieu  courroucé» 


plique  par  producliice  ou  alimen-  .  de  cet  acte  impie  le  frappa  de  cécité, 
latrice  des  colombes  (pç^s»  lanlôl  dsns  et  l'oracle  annonça  qu'il  ne  recouvre- 
fion  seusnaluel,  laiilôl  dansr?lui  de    rait  h  vue  ciu'en  éfîînchant  sur  ses 


PUi 


PHI 


3i^ 


yeux  l'urine  d'une  feniitie  dont  la  deux  Joufs,  quoiqu'il  y  eût  quarante- 
chasteté  n'a,urait  jamais  souffert  l'ap-  cinq  lieues  de  l'une  de  ces  villes  a 
proche  d'un  autre  que  son  époux,  l'autre.  li  est  piquant  de  voir  que  le 
Une  seule  femme  dans  tous  les  étals  nom  de  cet  habile  coureur  signifie 
de  Phéron  satisfit  h  la  condition  ira-  (jui  ménage  les  chevdux. 
posée  par  l'orgcle  5  et  ce  n'était  pas  PHIGALE,  Phigalus,  <i>iyuXo?f 

§a  reine,  c'était  la  femme  d'un  jardi-     fondateur  de  Phigalie,  un  des  fils  de 
îiier.  Leroi,  guéri  par  elle^  prit  sa     Lycaon.   <î>/y«A«5-,  qui  se  prononce 
libératrice  pour  épouse,  et  toutes  les     comme  cpnyciXoç.,  rappelle  <Piiyc>ç ,  hê- 
autres  furent  enfermées  dans  l'encein-     tre.  Comp.  PhÉgÉe  et  Phfalos. 
le   d'une  ville  h  laquelle   on   mit  le  PHILALEXA]NDIlOS,ûWîz<i'^- 

fcîi.  De  magnifiques  sacrifices  accom-  lexandre  ^  Apollon  dont  une  lé- 
pagnèrent  cette  exécution,  et  en  même  geude  montre  la  statue  chargée  de 
temps  Phéron  consacra  dan  s.  le  tem-  chaînes  d'or  par  les  Tyricns  pendant 
pie  de  Fré  (le  soleil)  deux  obélisques  le  siège  de  leur  capitale  par  Alexan- 
de  cent  coudées  de  haut  sur  huit  de  dre.  Les  Grecs,  lorsqu'ils  mirent 
tiiamètre.  cette  légende  en  circulation  ,  prirent 

PHERSEPH0]NE,<î)£/!5-£(p«,.îj,  fille  vraisemblablement  un  Baal  pour  un 
<le  Myonte,  femme  d'AmpIiion  d'Or-  Apollon,  et  un  dieu  Lygodesme,  que 
choraène,  mère  de  Chloris.  Ce  nom  l'on  n'enchaînait  qu'afin  d'avoir  sa 
■est  le  même  que  Perséphone,  nom  protection,  pour  un  dieu  dont  on 
^rec  classique  de  Proserpine.  voulait  neutraliser  la  puissance. 

PHESTE,  PnyESTus,  (D^T^roj:  PHILAMMOjN ,  un  des  plus  an- 
T"  héros  éponyme  dePhesle  en  Crète,  ciens  bardes  de  la  Grèce,  passait  pour 
C'est,  chez  les  uns,  un  fils  d  Hercule,  fils  d'Apollon  et  de  Leuconoé  (ou 
«n  roi  de  Sicyone,  un  introducteur  du  Chioné  ou  Philonis).  Il  naquit  h  Del- 
<ulle  d'Hercule  dans  celte  capitale  •  plies.  La  nymphe  Agriope  l'aima,  et 
chez  les  autres,  un  fils  de  Rhopale  lui  donna  un  (ils,  Thamyris.  Il  joi- 
•et  petit-fils  d'Hercule  {Rliopalc ^  gnait  le  chant  à  la  cithare,  l'ausanias 
■pc>i!ct,Xov  y  veut  dire  massue).  2°  Un  lui  lait  remporter  le  deuxième  prix 
chef  troyen  tué  par  Idbménée  et  fils  de  poésie  et  de  musique  ,  qui  ait  été 
ile  Bore.  donué  aux  jeux  Pvlhiques.  Plutarque 

i^HIALE,  ^JfwA;?,  nvmphe  de  la  lui  attribue  les  hymnes  sur  la  nais- 
SiiitcclejDiaue(y!?/im/e  veuldirecoupe,  sancc  des  jumeaux  Latoïdcs,  l'insli- 
et  par  suite  fontaine,  lac  ,  bassin),  liilion  des  chœurs  dansants  du  temple 
PHÏALOS,  <Ii/«Ao?,  fils  du  roi  de  Delphes  et  l'invention  des  nomes, 
d'Arcadie  Bucolion  (le  bouvier)  et  qui  furent  depuis  perfeclionnées  par 
père  de  Simos,  voulut  s'attribuer  la  Philammon.  Le  scholiasle  d'ApoUo- 
fondalion  de  Phigalie.  nius  prétend  qu'Orphée  ne  fit  jamais 

PHIDIPPE ,  (î>iièt7:-7ro;.,  chef  grec  partie  dePexpédilion  des  Argonautes, 
au  siège  de  Troie,  avait  pour  aïeul  et  substitue  a  son  nom  celui  de  Phi- 
Hercule,  lammon.  On  atJribuail  K  Philammon 
PHIDIPPIDE,  li'.iêiTirTi^r,;.,  COU-  l'organisation  des  mvsières  Icrnéensj 
renr  célèbre  ,  eut  un  temple  dans  mais  Pausaiiius  coulesle  cette  circon- 
Athènes  en  mémoire  du  dévouement  stance ,  parce  que  le  rituel  et  les 
avec  le([uel  il  alla  d'Alhèiies  à  Sparte,  chants  de  ces  mystères  étaient  en  dia- 
l'ui-)  revint  di;  Sparte  ii  Athèin,'s  (îû     Uc\<i  doritH,  çt  qu'à  répyquv  h  Ui 


3i4 


PHI 


quelle  on  place  Philammon  le  dia- 
lecte dorien  était  encore  incoanu  dans 
le  Péloponèse. 

PHILANDRE,  Philander,  */- 
A«»«rp«f ,  et  PHYLACIS  ,  fils  d'Apol- 
lon et  de  la  Cretoise  Acacallis,  avaient 
été  nourris  par  une  chèvre  dout  l'i- 
mage eu  bronze  se  voyait  dans  le 
tenaplede  Delphes. 

PHILÉMON,  <DA,>a>v,elBAU- 
CIS,  Baîîxjf,  vivaient  en  Phrygie. 
Unis  dès  la  tendre  jeunesse  par  les 
nœuds  du  mariage  ,  ils  avaient  coulé 
de  longs  et  paisibles  jours  dans  la  chau- 
mière conjugale  ,  lorsque  Jupiter  et 
Mercure   descendirent  sur    la    terre 

{►our  y  connaître  par  expérience 
e  cœur  des  hommes.  Partout  les  por- 
tes se  lermèrent  a  l'aspect  de  ces 
étrangers.  Philémon  et  Baucis,  quoi- 
que les  plus  pauvres  de  la  contrée, 
offrirent  avec  empressement  l'hospi- 
talité aux  célestes  voyageurs.  Baucis  fit 
cbaufFer  de  l'eau  pour  leur  laver  les 
pieds;  du  lait,  du  miel,  des  fruits, 
étaient  posés  sur  la  table  pour  un 
agreste  repas.  Un  mince  Oacon  de 
vin  y  fut  joint;  mais,  quoique  a  cha- 
que instant  les  dieux  s'y  abreuvassent 
largement,  le  vase  ne  tarissait  pas. 
Ce  miracle  trahit  l'incognito  des 
voyageurs.  Soudain  Baucis  se  met  k 

fioursuivre  l'oie  unique  qui  formait 
eur  basse-cour;  le  tremblant  vola- 
tile finit  paf  se  réfugier  sous  les  pieds 
de  Jupiter  qui  dit  au  couple  hospita- 
lier de  mettre  fin  à  ses  efforts ,  puis 
lui  commanda  de  les  suivre  jusque 
sur  le  sommet  d'un  mont  voisin.  De 
là  promenant  leurs  regards  sur  la  plai- 
ne opulente  qu'ils  venaient  de  quitter, 
les  deux  époux  virent  le  pays  sub- 
mergé par  des  pluies  effrayantes. 
Eux  seuls  échappèrent  a  la  destruc- 
tion universelle.  «  A  présent ,  ajouta 
Jupiter,  vous,  que  désirez-vous  en 
récompense  de  votre  pieuse  hospita- 


PHI 

lité  ?  »  Philémon  répondit  :  «  Habite 
dans  un  temple  qui  vous  soit  consa- 
cré. »  —  te  Et   mourir   ensemble  »  , 
ajouta  Baucis.    Soudain    un  temple 
magnifique  surgit  du  sol  comme  par 
enchantement.    Philémon   et   Baucis 
achevèrent  de  vieillir;  et,  parvenus  à 
l'extrême  caducité,  ils  furent  méta- 
morphosés au  même  instant,  l'époux 
en   chêne   et  l'épouse  en  tilleul.  — 
Trois  ou  quatre  idées  d'une  haute  an- 
tiquité ont  été  amalgamées  dans  l'his- 
toire de  Philémon  et  Baucis  .:  i°  celle 
de  cataclysme  ,  qui  noie  une  popula- 
tion  entière    sauf  un  couple    vieux 
(comp.  Deucalion  et  Pyrrha);  a" 
celle  des  voyages  des  dieux   sur   la 
terre  sous  i'ornie  humaine  (les  dégui- 
sements des  khalifs  des  Mille  et  une 
Nuits  ne   sont  qu'un  reflet  de  cette 
Idée);  3°  la  similitude  des  hommes 
primordiaux  et  des  arbres ,  ou  plus 
ge'néralement  encore  de  l'animal  et 
du  végétal.  Toutefois,  il  ne  faut  pas 
croire  que   le    conte   lui-même  soit 
très- antique.    Il  semble    appartenir 
réellement  a  la  montueuse  Phrygie. 
— Un  Philiîmon  {Philœmon,<^t><cti- 
iu,av)  fut  fils  de  Priam. 

PHILÈNES,  PuiL^Ni,  en  car- 
thaginois FiLAiNiiM ,  Dioscures  de 
Carlbage,  présidaient  k  la  délimita- 
tion des  pays,  et  avaient  des  autels 
sur  les  confins  de  la  Cyrénaïque  et 
de  l'empire  de  Carlbage.  Ces  autels 
étaient  des  tombeaux,  et  la  légende 
faisait  des  deux  dieux  deux  hommes, 
deux  frères  qui  moururent  pour  leur 
patrie.  C'était  au  temps  où  Carthage 
et  Cyrène  s'occupaient  de  fixer  les 
limites  de  leur  territoire.  Il  fut  con- 
venu que  de  chacune  des  deux  capi- 
tales partiraient  deux  coureurs,  et  que 
le  lieu  où  ils  se  rencontreraient  mar- 
querait le  point  central  de  la  délimi- 
tation. Les  Philèues  partis  de  Car- 
thage gagnèrent  tant  d'Jieurea  sur 


PHI 

leurs  rivaux,  que  depuis  long-temps 
ils  cheminaient  sur  les  terres  des  Cy- 
rénéens,  lorsque  les  coureurs  de  Cy- 
rènelesrencoutrèrent.  La,  querelle, 
injures  ,  récriminations.  «  Vous  êtes 
partis  de  Carthage  avant  l'heure.»  — 
a.  Non,  nous  le  jurons  sur  notre  vie.  w 
—  ce  Vous  consentiriez  donc  a  mourir 
pour  soutenir  la  vérité  de  ce  que  vous 
dites?  »  —  «  Et  vous  ,  coiisenliriez- 
vous  a  faire  passer  ici  la  limite  des 
deux  pays,  si  nous  mourions?»  — 
tcOui.  M  —  a  Eh  bien  !  creusez  nos 
fosses.»  Et  une  fosse  commune  est 
creusée  :  les  deux  frères  s'y  laissent 
plonger  vivants  5  sur  leur  tombe  s'é- 
lèvent un  auttl  et  la  borne  sépara- 
trice des  deux  empires. 

PHILÈTE,  Philétius,  <l);AsiT<of , 
guide  du  troupeau  d'Ulysse ,  tua 
Ctésippe,  un  des  poursuivants  de  Pé- 
nélope. 

PHILÏA,  4)a/a,  Amitié  {Foy.  ce 
nom).  C'est  aussi  une  des  nymphes 
naxiennes,  nourrice  deBacchus. 

PHILIOS,  «I)/A<«f:  1°  Apollon;  s" 
Jupiter  :  l'un  et  l'autre  comme  pré- 
sidant h  l'amitié.  L'art  du  parasite  , 
selon  Diogène  le  Cynique  ,  toujours 
porté  a  rire  aux  dépens  des  dieux  , 
reconnaissait  Jupiter-Philios  pour  in- 
venteur. 

PHILIPPIS,  (blxiTTTTis  (qui  aime 
les  chevaux),  Amazone  tuée  par  Her- 
cule.- 

PHILO,  4);A^,  fiUe  d'Alcimédon, 
chef  grec,  eut  d'Hercule  un  fils,  et  fut 
chassée  par  son  père  avec  le  fruit  de 
ses  amours.  Les  bois  furent  son  asile 
et  retentirent  de  ses  gémissements  et 
de  ceux  de  l'enfaut.  Une  pie,  perchée 
sur  un  arbre  voisin,  se  mit  aies  con- 
trefaire. Hercule  passa  sur  ces  en- 
trefaites, et,  attiré  par  ces  cris  qu'il 
prit  pour  ceux  d'un  enfant,  reconnut 
60a  amante  et  son  fils. 

PHlLOgie,  «tAeÇ/ce,  femme  dç 


PHI 


3i5 


Persée  ,  gouverneur    de  Dardane  , 
seconda  les  amours  adultères  d'Aca- 
mas  et  de  Laodice.  Touché  de  l'ar- 
dente passion  de  cette  princesse  pour 
le  héros  grec,  d'une  part  elle  décida 
son  mari  k  se  lier  avec  Acamas,  de 
l'autre  elle  invita  Laodice  a  une  fête 
splendide  qu'elle  donnait  dans  Dar- 
dane. Les  entrevues  des  deux  amants 
devinrent  faciles  dans  cette  ville  neu- 
tre et  au  milieu  du  tumulte  des  fêtes. 
PHILOCTÈTE ,  Philoctetes  , 
(i>i^oKT^r>!s,  fils  de  Péas  et  de  Dé- 
raouice  (ou  Méthone),  et  Argonaute, 
fut  l'ami  d'Hercule  qui,  en  mourant, 
lui  fit  jurer  de  ne  jamais  découvrir  le 
lieu  de  sa  sépulture,  et  lui  laissa  ses 
flèches.  Au  reste ,    il  semble  que  les 
légendes  primordiales  aient  dit  qu'au 
lieu  même  oii  gisait  Hercule  étaient 
enterrées  les  flèches.   Quoi  qu'il  en 
soit,  on  regardait  Philoctète  comme 
le  premier  des  Grecs  dans  l'art  de 
tirer  de  l'arc.  Les  Grecs,  lors  del'ex- 
édilion  de  Troie  ,  ayant  appris  que 
a  ville  solaire  ne  pouvait  tomber  que 
sous  les  flèches  d'Hercule,  députèrent 
à  Philoctète  pour  apprendre  en  quel 
lieu  était  l'illustre  tombeau.  Philoc- 
tète, fidèle  a  la  lettre  de  son  serment, 
ne  dit  pas  un  mot ,  mais  indiqua  dû 
pied,  en  frappant  la  terre,  l'emplace- 
ment mystérieux  que  la  Grèce  igno- 
rait. Immédiatement   après  ce  par- 
jure, on  le  voit  cingler  vers  Troie  , 
à  la  tête  des  vaisseaux  qui  portent  le 
contingent   de    Mélibée ,    Méthone, 
Olyzon,  Thauraacée,   et  chargé  des 
flèches   miraculeuses  :   mais  ces   flè- 
ches sont  trop  lourdes  pour  lui ,  il 
en  laisse  tomber  une  sur  son  pied. 
Un  hideux  ulcère  entame  et  ravage 
ses  muscles ,  infecte  et  vicie  l'atmo- 
sphère. Il  est  impossible  de  vivre  aux 
lieux  oh  respire  Philoctète;  plutôt  se 
passer  des  flèches  d'Hercule  !  On  l'a- 
baûdonne  sur  la  ^rève  de  LemnoS| 


fa 


3i6 


PHI 


PHI 


alors  solitaire.  Dix  ans  après,  L'iysse 
et  Néoptolème  relouriient  à  lui  et  le 
siipplieul  de  venir  h  Troie  :  ou  lui 
promet  que  les  AsclJpiailes  le  gué- 
riroiif.  Phiicctcle  refuse  long-lejunsj 
.  enlin  il  cousent  h  les  suivre.  Il  blesse 
luorlellenient  Paris.  Après  le  sac  de 
la  ville,  houleux  de  l'ulcère  horrible 
qu'on  n'a  pas  encore  gue'ri ,  il  fait 
voile  pour  l'Italie,  bâtit  Pétélie  en 
Calabre  et  ïhurium,  et  enfin  reu- 
>  coulre  Machaon  l'Asclépiade  qui  lui 
rend  la  santé.  Tout  le  monde  connaît 
la  tragédie  de  Philoctcte  par  So- 
phocle, et  rimiialiou  l'rançaise  qu'eu 
a  donnée  La  Harpe. 

PHILODAMÉE,  <»/Xe<^^^t,c.,Da- 
naïde,  eut  de  Mercure  un  filsooramé 
Pharis. 

PHILODICE,  <i>,xJ!>c>,,  fille  dl- 
nachus,  femme  de  Leucippe  ,  mère 
dTltl.urc  i-t  de  l*hél)é. 

PHILOLAS  ,  PniLOLAus ,  <t>ixi- 
Xxcs-,  fils  de  Miuos  et  de  Parée,  tua 
deux  compagnons  d'Hercule,  et  périt 
de  la  main  du  héros.  —  Esculape, 
dans  Asope  ,  portait  le  même  nom 
(rac.    9,''a«î  ,  ami;  Xu.ôi,  peuple). 

PHILOMAQUE,  Philomache, 
'^'^oy-»Zij  ^J'ie  tl'Amphion,  épousa 
l*élias  d'iolcos. 

PHILOMÉI)USE,Philo>iedusa, 

<lu>,o^t'Javi-ci,  femme  d'Aréilhoiis  et 
mère  de  Méneslhe. 

1.  PilILOMÈLE,  PuiLOMELus, 
^tXofi.fiXisy  le  laborieux ,  frère  de 
Plulus,  aussi  pauvre  que  son  jumeau 
est  riche  ,  acheta,  du  peu  qu'il  avait, 
des  bœui's ,  iuvcnta  la  charrue,  et  à 
lorce  de  lal)eurs  se  procura  de  quoi 
vivre.  Cérès  renlcva  aux  cicux  et 
en  fit  la  co.islellalion  du  Bouvier. 

PilILOMELE,  Philomela,  cl.,. 
Xi.fA>[Xct,  :  i"  Ulle  de  Pandion  et 
sœur  de  Progné  [P'ny.  Térke);  -2" 
femme  de  Mcuèce  cl  mère  de  Palro- 
ck;  3"  jilicde  j'rii-du^  4"  iille  d'Ac- 


n 


tor  et  n)cre  d'Achille,  selon  quel- 
ques mythologues  ;  il  est  probable 
que  c'est  Poljmèle  qu'il  faut  lire,  et 
Polymèle  c'est  Thélis. 

PHILOMÉLIDE  ,  Philomeli- 
DEs,  roi  de  Lesbos,  défiait  tous  les 
étrangers  à  la  lulle  ,  et  fut  terrassé 
par  Llysse,  aux  yeux  de  tous  les 
Grecs.  On  donne  aussice  nom  à  Pa- 
Irocle ( /^o^.  PhilomÎîle ,  2-4). 

PIIILONIS,  Athénienne,  fille  de 
Bosphore  et  de  Cléobée,  fut  mère  de 
Philammon.Chioué,  qu'on  donne  aus- 
si pour  mère  de  Philammon  ,  était 
surnommée  Philonis.  On  donne  ce 
même  nom  et  h  la  Chioné  ,  fille  de 
Dédalion,  et  à  la  mère  de  Dédalion 
et  de  Céyx,  par  conséquent  h  la  femme 
d'Hespéros  ou  Lucifer. 

PHILOINOÉ  :  i»  fille  dlobate, 
roi  de  Lycie,  et  femme  de  Belléro- 
phon;  2° fille  dcTjndarée  deSparte. 
PHILOJNOMÉ  ,  fille  de  INyctime 
etd'Arcadie,  était  suivante  deDinne. 
Séduite  par  Mars,  elle  en  eut  deux 
fils,  qu'elle  jeta  dans  la  foret  d'Éry- 
raanthe  ,  où  une  louve  les  allaita; 
un  berger  les  recueillit  :  les  enfants 
grandirent,  et  paiviureut  au  trône 
d'Arcadie.  Le  bergcr.se  nomme  Té- 
lèphe  ;  et  les  jumeaux  qu'il  adopte  , 
Lycaste  et  Parrhase. 

PHILOTIS,  <btXÔTi;  (  qu'on  pro- 
nonce comme  q^iXorvi;  ,  le  coïl)  :  j  ** 
fille  de  la  JNuit  (Hygin  traduit  ce  mot 
par  incontinentia);  2°  esclave  qui 
joua  le  rôle  principal  dans  la  tragi- 
comédie  en  C!  mmémoralion  de  la- 
quelle furejit  instituées  les  Caproti- 
nes  {Voy.  CaTrotiive). 

PHILOZOÉ  ,  femme  de  TIcpo- 
lème,  célébra  des  jeux  funèbres  en 
l'hor.ueur  de  sou  mari  tué  devant 
Troie. 

PHlLYFiE  ,  Puii,\RA  ,  ^tXvpu  , 
Occaiiide,  fui  séduite  par  Saturne 
sous  forme  de  cbcva] ,  mit  au  mou- 


^ 


PHI 

de,  dans  les  grottes  des  monts  pélas- 
giques,  le  Centaure  Chiron,  et  fut 
changée  en  tilleul  par  les  dieux.  Dans 
les  mythes  détaillés,  Rhee  surpiend 
les  deux  amants.  Saturne  ne  prend 
la  forme  de  cheval  que  pour  fuir. 
Philyre,  honteuse,  cherche  les  mon- 
tagnes boisées  pour  y  ensevelir  son 
opprobre  j  et',  quand  les  formes 
hybrides  de  Chiron  révèlent  encore 
mieux  sa  faute,  elle  demande  aux  dieux 
la  grâce  d'être  métamorphosée  en 
l'un  des  arbres  dont  est  semée  la 
inontueuseïhessalic.  Il  n'est  pas  be- 
soin d'indiquer  les  allégories  qu'en- 
veloppent ces  traditions.  Chiron  est 
souvent  nommé  Philyreius  héros 
ou  Pliilly rides. — Une  autre  Phi- 
lyre, femme  de  Nauplius,  le  rendit 
père  de  Palamède. 

PHllNEE,  PfliNEXJs,  ^mis  ,  roi 
de  Salmydesse  eu  Thrace^  eut  pour 
père  Agénor,  pour  femme  Cléobule 
ou  Cléopâtre,  puis  Idéaj  pour  fils 
du  premier  lit,  Plexippe  et  Pandion. 
Afin  de  les  ruiner  dans  l'esprit  de  leur 
père,  Idéa  prétendit  qu'ils  avaient 
teiilé  un  viol  sur  sa  personne.  Phinée 
la  croit ,  et  s'empresse  de  faire  crever 
les  yeux  à  ses  deux  filsj  Borée  lui 
fait  subir  la  loi  du  talion,  et  l'aveugle 
•  à  son  tour.  En  même  temps  les  Har- 
pjes  planent  sur  le  palais  de  Salmy- 
desse, et  chaque  fois  que  Phinée  se 
met  a  table  enlèvent  ou  souillent  ses 
aliments.  Deux  traits  achèvent  la  lé- 
gende de  Phinée.  i°  Il  accueille  les 
Argonautes,  leur  indique  le  moyen 
de  se  frayer  un  passage  a  travers  les 
Symplégades  ,  et  en  reranche  Calaïs 
et  Zéthès  chassent  les  Harpyes  de  sa 
table.  2.°  Hercule  lui  ordonne  de  dé- 
livrer ses  fils,  et  sur  son  refus  l'at- 
taque, le  bat,  le  tue,  et  partage  ses 
états  entre  les  Dioscures  de  Salmy- 
desse.— Un  autre  Phinke  non  moins 
fameux  etl  le  frère  de  Cephée.  On- 


PML 


3i7 


cle  d'Andromède,  il  veut  la  main  de 
sa  nièce.  Rival  de  Persée,  il  l'atta- 
que le  jour  de  ses  noces,  à  la  tète 
d'un  nombreux  parti  5  le  sang  coule 
comme  à  la  hiérogamie  de  Pirithoiisj 
et  il  faut  qu'enfin  la  tête  de  Méduse 
pétrifie  les  agresseurs,  pour  que  la 
lutte  du  principe  lumineux  et  des  té- 
nèbres finissent.  Deux  derniers  Phi- 
née sont  :  l'un  un  Lycaonide ,  l'autre 
un  fils  de  Bélos  et  d'Anchinoc.  — 
Phéné  en  grec  est  l'orfraie  ou  tout 
autre  oiseau  de  nuit.  Telle  est  la  clé 
de  tous  les  mythes  où  se  trouve  le 
nom  de  Phinée  :  la  nuit  s'oppose  au 
jour. 

PHISADIE,  Phisadia,  <i>t<rxèiK  : 
1"  Danaïde,  héroïne  éponyme  d'une 
fontaine  d'Arcadiej  2"  sœur  de  Piri- 
thoiis.  Castor  et  Pollux  l'enlevèrent, 
en  délivrait  Hélène  leur  sœur  ,  en- 
fermée dans  Aphidnes ,  et  la  donnè- 
rent k  cette  princesse  qui  en  fit  soa 
esclave. 

PHLÉGÉTHON  {lejlambani), 
fleuve  4e  l'Enfer  des  Grecs,  roulait 
des  torrents  de  flammes  sulfureuses, 
coulait  en  sens  contraire  du  Cocyte, 
et  enfin  se  perdait  dans  l'Achérou. 
C'est  un  de  ceux  qui  formaient  les 
limites  du  Tartare.  Ses  eaux  étaient 
funestes  et  possédaient  une  vertu  ma- 
gique. Cërès  en  jeta  une  goutte  sur 
Àscalaphe  pour  le  métamorphoser  en 
clial-huant. 

PHLÉGIAS  péril  dans  la  bataille 
des  Phinéistes  contre  les  partisans 
de  Persée,  le  jour  des  noces  d'Andro- 
mède. 

PHLEGRÉE,  PhlegbjEus,  <bXi- 
yfxioçy  fils  d'Ixion  et  de  la  Nue  que 
Jupiter  avait  substituée  a  Junon.  Le 
nom  de  Phlégrée  indique  assez  un 
être  typhouien}  cpAal ,  flamme.  On 
donnait  le  nom  de  plaines  phlégréen- 
nes  aux  champs  de  la  Macédoine  où 
avait  eu  lieu  la  bataille  des   Géants 


3i8 


PHO 


contre  les  Dieux  :  dans  cette  plaine 
élail  la  ville  de  Phlégra. 

PHLÉGYAS,  ^Xiyiusy  fils  de 
Mars  et#  de  Chrysé  ,  bâlit  PLlegye 
en  Bëotie,  et  douua  au  pays  le  nom 
de  Pblégyade.  Les  uns  le  font  mou- 
rir de  la  main  d'un  fils  de  Chtboniusi 
les  autres  le  montrent  mettant  le  feu 
au  temple  de  Delphes,  pour  punir 
l'opprobre  dont  Apollon  l'a  couvert 
en  sédhisajit  sa  fille  Coronis,  et  pré- 
cipité dans  le  Tartare,  en  punition  de 
son  impiété.  Là  un  roc  énorme  pend 
sur  sa  tête,  et  Phlégyas  en  redoute 
sans  cesse  la  cbule.  C'est  lui  qui 
fait  entendre  aux  enfers  ce  cri  : 

Apprenez  la  justice  «t  pliez  sous  les  dieux. 

DansVal.Flaccus,  Tisiplione  se  tient 
auprèb  de  Tbésée  et  de  Phlégyas,  et 
goùtelapremièrea  tousles  metsqu'on 
leur  présente.  Il  est  inepte  descinder 
Pblégvas  en  deux  personnes.  Il  est 
absurde  aussi  d'insister  sur  l'inutilité 
de  l'apoplilbegnie  que  Virgile  place 
dans  la  boucbe  de  ce  damné.  —  On 
appelle  Plilégyes  et  Pblegyens  ,  les 
soldats  de  Phlégyas,  charges  par  ce 
prince  de  piller  le  temple  de  Del- 
phes; et  dans  l'Enéide,  l'héraislicbe 
Phlegya.'.que  niistrrimus  omnes 
Invocat  se  construit  souvent  et  mi- 
serrimus  im>ocat  oinnes  Phlé- 
gyas, 

PilLIAS,  4>A/'^f,  Argonaute  ,  de- 
vait le  jour  à  Bacchus  et  à  son  épouse 
Arindoe. 

PHLIONTE  ,  Phlius  (  gén.  , 
Phliautis)^  ^Xtevs  (g. ,  eutTos),  fils 
de  la  tune  (  c'est-a-dire  Géant  ou 
bien  Autochlhone),  donna  son  nom 
au  dème  altique  de  Phlia. 

PHLOGIOS ,  <d;io'7/«  :  i"  fils 
d'Aulolycus;  2"  un  des  F.lsdePbryxus. 

PHOBÉ,  <E)«oj?,  Amazone,  donnée 
tantôt  pour  compagne  de  Diane  , 
tantôt  pour  suivante  d'Hippolyte. 
JElIe  fut  tuée  par  Hercule.  —  Kac 


PHO 

çôSes ,  peur.   Comparez  Amazones 

PHOBOS,  0«b«f,  la  peur  personi 
nifiée  (^oj.  Peur).  —  Un  Grec  qu 
fil  le  saut  de  Lcucade,pour  se  guéri 
de  son  amour,  s'appelait  aussi  Ph(M 
nos. 

PHOCUS,  <laKiç,  fils  d'Éaque  ej 
de  Psamatbe  ,  fut  tué  par  ïélamoi 
et  l*elée,  ses  frères  du  premier  lit. 
en  jouant  au  disque  avec  eux.  Ceux^ 
ci  agissaient  ainsi  par  ordre  de  lei 
mère.  Éaque  les  punit  en  les  ban^ 
nissant  à  perpétuité.  —  Deux  auiref 
pHocus  furent,  l'un  Argonaute  (d 
fils  de  Cénce  )  ,  l'autre  fils  de  Nep* 
tune  ou  d'Ornilhion,  époux  d'An-i 
tiope  fille  de  Nyctée  ,  qu'il  guérij 
d'une  monomanie  furieuse  et  qu'il 
rendit  mère  de  deux  fils,  Panopée  et 
Crisos. 

PHŒBUS.  Foy.  Phébus. 

PHOLEGAWDRE ,  Pholegàn- 
DEH,  héros  éponyme  de  la  CycladM 
de  ce  nom  (auj.  Polycamiro) ,  pasrf 
sait  pour  fils  de  Minos. 

PHOLOE  ,  <l)o?iéti  :   1°   nymphe,, 
2°  jeune  esclave  Cretoise  habile  dans] 
tous  les  arts  de  Minerve,  fut  donnée] 
par  OEnée  h  Sergeste. — Deux  mong 
tagnes,  l'une  en  Arcadie ,  l'autre  ei 
Thessalie ,  portaient  ce  nom  ;  la  der? 
niére  est  citée  comme  le  séjour  dej 
Centaures.  Pholoé,  peut-être,  rap-l 
pelle  le  grec  ÇvT^xiy  et  le  latin /o- 
liuni.  Corap.  aussi  l'art,  suivant. 

PHOLDS,  Centaure,  fils  de  Si- 
lène et  de  Mélia  (  ou  d'une  Nymphe 
malique)  ,  donna  l'hospitalité  a  Her- 
cule poursuivant  le  sanglier  d'Eryman- 
te,  et  luifitgoijler  d'un  vin  que  Bac- 
chus avait  donné  a  tous  les  Centau- 
res, mais  h  condition  de  l'offrir  a 
Hercule.  Attirées  par  l'arôme  des 
émanations  vineuses ,  des  nuées  de 
Centaures  fondirent  toul-a-coup  sur 
la  grotte  hermétiquement  close  oii  se 
célébrait  le  festin.  Des  haches  ,  des 


PHO 

pierres  énormes,  de  gros  ar&res  avec 
leurs  racines,  formaient  les  armes  de 
ces  belliqueux  gastronomes.  Horcule 
tua  Daphnis,  Argée,  Ampbion,  Hin- 
potion;  Ore'e,  Isople,  Me'lanchète-, 
Térée,  Doupon  ,  Phryxos  ,  et  mit  le 
reste  des  assaillants  en  déroute  à 
coups  de  flèches  ;  mais  il  eut  a  regret- 
ter la  mort  de  Pholus  ,  qui  n'avait 
pris  nulle  part  au  combat,  et  qui,  en 
rendant  les  derniers  devoirs  aux  morts 
ses  frères  ,  se  blessa  la  main  d'une 
flèche  qu'il  arrachait  du  corps  d'un 
des  Centaures.  —  On  voit  un  Pno- 
rus,  Centaure,  se  battre  aux  noces  de 
Pirithoiisj  c'est  sans  doute  le  même. 
Hygin  place  Pholus  au  ciel ,  parmi  les 
constellations,  et  lui  attribue  l'art  de 
l'extispicine  (divination  par  l'inspec- 
tion des  entrailles) Pholus,  com- 
pagnon d'Enée,  fut  tué  par  Turni». 
PHONOL ÉNIS,Lapiihe  tué  par  le 
Centaure  Phéocome. 

PHORBAS,  dieu  de  Rhodes  ,  est 
une  incarnation  d'Apollon  bienfaiteur 
et  alimentateur.  On  en  fit  un  héros 
de  la  race  des  Inacliides  ,  tris-ariière 
petit-fils  d'Inachus,  ami  d'Apollon, 
et  destructeur  des  nombreux  serpents 
dont  Tîle  de  Rhodes  était  infestée. 
Parmi  ces  reptiles  se  distingue  un 
dragon  énorme,  reflet  de  Python. 
Phorbas  et  le  dragon  furent  transpor- 
tés aux  cieux  et  formèrent  la  constel- 
lationdu  Serpentaire, en  grec  Ophiou- 
chos.  Les  vaisseaux  rhodiens  partant 
du  port  faisaient  un  sacrifice  à  l'heu- 
reuse arrivée  de  Phorbas.  —  Un  se- 
cond PnoRBAs  était  un  chef  phlégyen, 
maître  des  avenues  du  temple  de  Del- 
phes. Il  forçait  les  passants  à  lutter 
contre  lui ,  et  vaincus  les  exposait  à 
d'horribles  tortures.  Apollon  un  jour 
s'off'rit  à  lui  déguisé  en  athlète  ,  et 
Fassomma  d'un  coup  de  poing.  Cinq 
autres  Phorbas  sont,  i°  le  fils  d'Ar- 
gus, ou  plutôt  de  Criase,  père  de  Pi- 


PHO 


3i9 


ranthe  et  de  Triopas  ,  et  roi  après  !a 
mort  de  son  père  (i  670-1630  avant 
J.-C.)  ;  2.°  un  Égyptien  de  Syène, 
acteur  dans  la  lutte  sanglante  qui  eut 
lieu  aux  noces  d'Andromède  j  3°  l'é- 
poux d'Hymane,  qui  le  rendit  père  de 
Typ|^s  5  4"  un  Lapithe  qui  tua  le  Cen- 
taure Aphidas  assoupi  par  le  vin  j 
5°  le  père  de  Diomède,  une  des  con- 
cubines d'Achille. 

PHORGYS  ,  <i)«y„f  (g.  ^éj>^y,ç  ) 
ou  Phorcos,  <l>ôpy.es{»v'>),  un  des  fils 
de  Ge'  et  de  Poiitos  (la  Terre  et 
l'immense  abîme  ou  lit  des  mers). 
C'est, disent  les  mythologues  modernes 
(Creu/er,  Brie fe  ûb.Hom.  ud.  He- 
siod.),  l'ensemble  des  promontoires, 
des  bancs  de  sable  et  des  écueils  per- 
sonnifié. La  théogonie  asiano-helléni- 
que(Hésiod.,  Tkéof;.,  v.  295-336) 
lui  donne  pour  femme  Céto  (toute  la 
population  marine),  et  pour  filles  les 
Grées  avec  les  Gorgones ,  auxquelles 
on  ajoute  encore  le  dragon  gardien 
des  pommes  d'or  des  Hespérides. 
Mais  comment  ces  dernières  person- 
nifications peuvent -elles  se  rattacher 
à  Phorcys  et  à  Céto?  i»  les  Grées, 
les  vieilles  ,  Tpalui  ,  sont  blanches 
{^oXtxl)  :  les  flots  qui  viennent  se 
briser  contre  les  récifs  de  la  côte  ne 
jaiUissent-ils  pas  en  écume  blanchis- 
sante }  20  Les  Gorgones  sont  noires  : 
quel  contraste  entre  les  anfractuosités 
noires  des  rocs  et  l'écume  blanche 
qui  bat  leur-  pied  ou  baigne  leurs 
flancs  (comp.  Part.  Gorgones)!  3° 
Arrive  au  terme  d'une  course  mari- 
time ,  il  faut  débarquer  et  prendre 
terre 5  mais  que  d'obstacles!  Absence 
de  port ,  absence  de  relations  amica- 
les,- en  d'autres  termes,  les  escarpe- 
ments de  la  côte,  les  défiances  hos- 
tiles des  indigènes.  L'idée  de  dra- 
gon, de  voyant  {èiè-op>cis),  de  gardien 
(<pu>i«|),  résume  foutes  ces  oppositions 
apportées|par  la  nature  physique  et 


320 


PHO 


par  rhoflime.  —  On   trouve  encore 
deux  Phorcys  :  i°  un  chef  phrygien 
fils  de  Phénops,  tué  par  Ajax  devant 
Troie  5  a"  un  Rululc,  père  de  sept 
fils,  soldais  dans  l'année  deTurnus. 
;;PHORMION,  pécheur  d'Erylhrée, 
était  aveugle  et  recouvra  là  vu^  par 
la  proteclion  d'Hercule  Érylhréen.— 
Un  autre  l'uoimioN  ,  chez  qui  logè- 
rent Castor  et  Pollux,  ne  retrouva 
chez  lui   le  lendemain  ni  les   deux 
Dioscures  ses  hôtes,    ni  une   jeune 
fille  a  laquelle  il  donnait  Thos^iilalité 
dans  sa  maison  j  il  n'y  élail  resté  que 
deux  statues  des  dieux  jumeaux. 

PHOROISÉE,  Phoroeus,  fils 
d'inachus  et  de  Mélie,  régna  soixante 
ans  dans  l'Argolide.  On   le  regarde 
CommeTauleur  de  la  civilisation  d'Ar- 
<TOS,  quand  on  rejette  l'exislence  d'i- 
nachus, sans  user  de  la  même  incré- 
dulité a  regard  de  sa  race.    Il  eut 
pour  femme  Cerdo,  pour  fille  INiohe, 
et  selon  quelques-uns  Europs  et  Car 
pour    fils.    On  ajoute  quelquefois  h 
cette  liste  Apis,  que  d'autres  regar- 
dent comme  son  frère.  Apis  ne  régna 
que  dans  Sicyone  ;  Car  passa  en  Ca- 
rie; Europs,  à  cause  de  sa  naissance 
illégitime,  n'avait  aucun  droit  au  trô- 
ne, et  c'est  le  fils  de  ISiohé,  Argus, 
qui  succéda  au  vieux  Phoronée.  Pau- 
sanias  parle  d'un  poème  épique  sur 
Phoronée  ,    intitulé    Phoronéide  ; 
l'auteur  en  élail  inconnu,  et  le  poème 
est  perdu  [Voj.  Inachus). 

PHOUOR  ou  PHUOR,  troisième 
décan  des  Gémeaux  ,  suivant  Sau- 
maise,  se  nomme  Tepisatosoa  dans 
Firmicus.  Phuor,  que  l'oft  doit  pro- 
noncer Phouor,  est  éviderome^it  le 
même  mot  que  Ouéré  (  Foy.  A  era- 
coua).  Pris  pour  un  des  dyiiasles  hu- 
mains ,  Phouor  devient  Aharès  ou 
Choutertaure,  ou  Anoufé,  ou  Phrou- 
ron,  Phouor  est  représenté  dans  le 
Zodiaque  reclaugulaire  de  Tcnlyra 


PHR 

dans  une  attitude  différente  de  ceïfe 
des  autres  décans  :  il  est  assis  sur  ub 


trône  ;  sa  main  droite,  au  lieu  de  tora- 
her  mollement,  est  posée  sur  sa  cuisse 
et  scmhle  tenir  quelque  chose  (une: 
croix ansée  ou  une  étoile) 5  sa  lèle  est 
coiffée  du  pchent. 

PHOUPÉ  ou  PHUPE ,  troisième, 
décan  du  Lion  ,  selon  Saumaise  ,  se 
nomme  Pliouonisié  dans  Firmicus.  Il 
n'est  pasreprésenté  surleplanisphèr 
de  Tenlyra,  et  le  /.odiaquc  rectangu 
laire  se  trouve  dans  cet  endroit  en- 
dommagé de  manière  à  ce  qu'on  ne 
puisse  ni  lire  la  légende  hleroglyplii- 
que  du  décan,  ni  voir  sa  représenta- 
tion.  Le  nom   de   Phoupé  rappelle 
celui  de  llépé  ,  qui  le  précède  immé- 
diatement dans  la  liste  des  décans,  et 
semhle  n'en  diiïérer  que  par  l'adjonc- 
licn  initiale  de  l'article.  Quoi  qu'il  en 
soit,  Dupuis  [On{^.  des  cuit. ,  tom. 
Yll)  identifie  ce  décan  au  lô'dynast 
de  la  liste  d'Eratosthène ,  Saophis 
Gœrres  {Mythcngeschichte,  t.  Il 
y  voit  Sistochichermès,  33"=  dynasta 
On  peut  y  voir  aussi  soit  le  6^'  dy^ 
nasle,   Tœgar,  soit    le    16®,    Scr 
saofi  IVoy.  Décans). 

i>HRASIOS  ou  1>HRAS1US  (  e 
grec  ^fo-a-to?) ,  devin  de  l'ile  de  Cyi 
pre,  se  trouvait  en  Egypte  lors  de  1 
sécheresse  et  de  la  famine  qui  dés 
lèrent  ce  pavs  au  commencement  ( 
règne  de  Busiris.  Interrogé  par  le  tyi 
ran  sur    le  moyen  de  faire  cesser  ce 
fléau,  qui  durait  depuis  9  ans  ,    il  dé- 
clara qu'il  fallait  immoler  tous  les  ans 
au  pied  des  autels  un  étranger,  ou, 
comme  le  veulent   quelques  mytho- 
graphes  ,   un  homme  a  la  chevelure 
rousse  (prohablemeut  c'est   blonde 
qu'ils  ont  voulu  dire)  :   mais  c'était 
presque    toujours  un   étranger;    car 
on  sait  que  l'Egypte  a  peu  de  hlonds. 
Phrasios  péril  le  premier  victime  du 
barbare  consnil  qu'il  v»nait  de  dou  - 


G 

1 


4 


PHR 

Ber,  Cent  autres  étrangers  ,  ajoute- 
i-on  ,  subirent  le  même  sort  avant 
«]ue  cette  coutume  inhumaine  eût  été 
abolie  par  Hercule  (Comp.  l'art.  Bu- 
siRis).  —  N.  B.  C'est  Heyne  qui  le 
premier  a  rétabli  dans  le  texte  d'A- 
pollodore  ^puTies  au  lieu  de  Qpâs-tc?. 
Généralement  même  avant. cette  der- 
nière leçon  on  imprimait  @â<ri6s  (Tha- 
;sius,  daus  Ovide ^  y4rt  d'aim.  j  liv.  I, 
V.  647,  etc.;  dans  Hyginy/aZ».  LVI; 
enfin  dans  Apollodore  même). 

PHRÉ.  f^'oy.  Fre. 

PHRIXA,]\ymphe,  une  des  nour- 
rices de  Jupiter  ,  selon  la  légende 
d'Arcadie. 

PHROjNIME,  fille  d'Étéarqne,  roi 
de  Crète,  perdit  sa  mère  en  bas  âge. 
Le  roi  s'étant  remarié  ,  sa  nouvelle 
femme  s'efforça  de  lui  rendre  odieux 
l'enfant  du  premier  lit;  et  un  jour 
Etéarque,  cédant  aux  cruelles  sugges- 
tions de  la  maràlre,  s'écria  :  a.  Qu'on 
jette  Pbronime  k  la  mer  !  »  L'esclave 
chargée  de  la  commission  l'y  jeta  en 
effet,  mais  l'en  relira  aussitôt.  Plus 
lard  Phronime,devenueunedes  fem- 
mes de  Polyraneste,  en  eut  Battus, 
fondateur  de  Cyrène. 

PHROISIOS  ,  père  de  Noémon, 
prêta  un  vaisseau  a  Télémaque  pour 
se  rendre  h  Pylos. — Un  autre  Phro- 
Nios  devait  le  jour  a  Phryxos  et  à 
Chalciope. 

PHROjNTIS,  pilote  grec,  chef  du 
navire  principal  de  Ménélas  ,  fut  tue' 
par  Apollon  au  port  de  Sunium.  — 
Outre  un  Argonaute  Phrontis  ,  on 
cite  une  femme  de  ce  nom,  la  femme 
de  Panthoos  cl  la  mère  d'Eupborbe. 

PHROURON  est  dans  le  lalercule 
d'Eraloslhène  le  56=  djnaste.  Du- 
puis,  qui,  en  ramenant  ce  catalogue 
de  rois  aux  listes  décanograpliiques, 
compte  Menés  ,  premier  dynaste  , 
comme  premier  décan  ,  est  obligé  de 
regarder  Phrouron  comme  le  dernier, 


PHR 


321 


et  en  conséquence  il  ne  voit  dans 
Amouthantée,  son  successeur  selon 
Eratosthène  ,  qu'un  simp'e  surnom. 
Du  reste  il  faitremarquer  que  Phrou- 
ron, identique  dans  son  hypothèse  au 
dernier  décan  des  Poissons  ,  semble 
bien  véritablement  être  le  personnage 
sidérique  auquel  son  système  le  con- 
duit. Eratosthène  traduit  Phrouron 
par  ]Nil;  et  effectivement  le  dernier 
paranatellon  qui  se  lève  avec  le  der- 
nier décan  des  Poissons  est  le  fleuve 
céleste  appelé  par  les  uns  Eridan  ,  et 
par  les  autres  jNil.  Dans  les  hypo- 
thèses étrangères  a  Dupuis,  Phrouron 
correspondrait  h  Ouestoucali  (opi- 
nion de  Gœrres,  Mythengesch.j  1. 
II  )  ,  h  Chontaré  III  ou  a  Ouéré. 

PHRYGIE:  i''  femme  d'Argès, 
mère  de  Deuse ,  Atron,  Atréneste  ; 
2°  fille  de  Cécrops,  héroïne  éponyme 
de  la  Phrygie. 

PHRYXOSmi  PHRYXUS,  fils  du 
roid'OrchomèneAthamas  et  de  IN'é- 
phélé,  sa  première  femme,  refusa 
de  partager  les  transports  d'Ino  , 
seconde  épouse  du  roi ,  et  devenu 
pf  ur  elle  un  objcl  de  haine  fui 
bientôt  condamné,  ainsi  qu'Hellé  sa 
sœur  ,  h  mourir  au  pied  des  autels  , 
pour  faire  cesser  la  famine  h.  laquelle 
la  Béolie  était  en  proie.  Jupiter,  ré- 
prouvant cet  injuste  trépas  ,  envoya 
par  Mercure  aux  deux  victimes  dési- 
gnées le  bélier  a  toison  d'or  ou  Chry- 
somalle,  sur  lequel  elles  franchirent 
la  Thcssalie,  la  Macédoine,  la  Thra- 
ce,  et  entrèrent  dans  le  détroit  qui 
sépare  l'Europe  de  l'Asie.  Malheu- 
reusement Hcllé  se  laissa  tomber  dans 
les  flots.  Phryxos  arriva  seul  h  l'autre 
rive,  et,  contournant  le  littoral  de  la 
mer  Noire,  se  rendit  en  Colchide;  la 
il  sacrifia  le  bélier  ,  appendit  sa  dé- 
pouille dans  une  enceinte  consacrée  à 
Mars  ,  sous  la  garde  d'un  dragon  ; 
épousa  Cbalciopc,  âUc  dEcte,  en  eut 


LV. 


ai 


332 


PHY 


plusieurs  enfants,  Argus,  Phronlis, 
M^las  ou  Méllas,  Cylindre  ou  Cyli- 
sore,  ou  Sore  (quelques-uns  ajoutent 
Calis;  ne  serait-ce  pas  Cotys?),  et 
enfin  fut  tué  par  Éèle  ,  son  beau- 
père,  qui  convoitait  ses  richesses.  — 
Quelquefois  ou  montre  Pliryxos  re- 
venant eu  Grèce  et  montant  sur  le 
trône  d'Alhamas  après  sa  mort.  PIu- 
sieursmytliologues  appellent  sa  femme 
soit  Evéuie,  soil  lopliosse;  toutefois 
ils  ajoutent  qu'Evénie  avait  les  deux 
surnoms  de  Clialciope  et  d'Ophiousse. 

PHTHAS.  roy.l'T.K. 

PHTHIE  :  I»  une  des  INiobides; 
a°  femme  d'AmynIor  et  belle-mère 
de  Phénix  ,  qu'elle  accusa  d'avoir 
Toulu  la  violer.  —  On  nomme  une 
Phthie,  !Nyiiiphe  d'Achaïe,  que  Ju- 
piter séduisit  sous  forme  de  pigeon. 

PHTHIOS  ,  fils  d'Achée  et  père 
d'Hellcu,  est  le  héros  éponyme  ûe  la 
PhlhiconPhlhiolide,enïhessalie. — 
DeuxaulresPHTHios  sonl,l'un  fils  de 
Neptune,  l'autre  fils  de  Lycaon. 

PHTHOINIE,  Phthokia,  fille 
d'Alcyonée,  fut  changée,  ainsi  que 
toutes  ses  sœurs,  en  Alcyon. 

PHTHO]NOS,l'envicpersonnifiée, 
était  un  dieu  en  Grèce  et  une  déesse- 
à  Rome.  Le  nom  latin  veut  dire  mau- 
vais œil,  et  les  Grecs  eux-mêmes  fai- 
saient de  mauvais  œil  le  synonyme 
de  Phlhonos.  On  représentait  ce  dieu 
sous  les  traits  d'un  spectre  hideux  , 
avec  une  hydre  aux   sept  têtes  pour 

Jjarèdre.  Souvent  il  précédait  la  Ca- 
oranie. 
PHYLACIS.  Foy.  Philandre. 
PHYLAQUE  :  I"  héros  éponyme 
de  Phylace ,  en  Thessalie,  fils  de 
Déionée  ,  le  roi  de  Phocide ,  et  père 
d'Ipbicle;  3"  chef  troycn  lue  au  siège 
de  Troie  par  Léitc^  5°  héros  auquel 
ou  avait  consacré  une  enceinte  à  Del- 
phes ,  et  qui  passait  pour  avoir  sauvé 
cette  ville  de  l'irruplion  des  Perses, 


PHY 

et  de  la  sacrilège  expédition  de  Bren- 
nus.  11  ne  faut  pas  perdre  de  vue  ici 
que  Pliylax ,  en  grec,  veut  dire  gar- 
dien. 

PHY  LAS  :  1°  père  de  Polymèle, 
que  Mercure  rendit  mère  d'Eudore^ 
2°  père  de  Midée  ,  une  des  six  fem- 
mes principales  d'Hercule  ;  5"  fils 
d'Anliochus  et  petil-fils  d'Hercule  , 
époux  de  Déiphile  et  père  d'Hippo- 
tès  et  de  Théro. 

PHVLEE,  Phyleus  ,  fils  du  roi 
d'Elide  Augias,  iraprouva  la  conduite 
de  son  père  lorsqu'il  refusa  de  payer 
a  Hercule  le  salaire  convenu  pour  le 
nettoicmcuf  de  ses  étables  ,  et  fut 
placé  sur  le  trône  par  le  héros  après 
la  défaite  et  la  mort  de  son  père. — 
Deux  autres  Piiylke  sont:  1°  le  père 
de  Mégès^  2°  un  fils  d'Ajax  qui  eut 
droit  de  cité  dans  Athènes  et  qui 
donna  son  nom  a  un  dème  de  l'At- 
tique. 

PHYLLIS  ,  fille  d'un  roi  thrace 
(Lycupgue  ou  Sithon),  fut  reiue  à 
vingt  ans  ,  accieiUil  Déniophou  au 
retour  du  siège  de  Troie  ,  l'aima  ,  en 
Int  aimée  ,  mais  ne  put  l'emptcher 
de  faire  voile  pour  Athènes,  où  l'ap- 
pelaient ses  inlérètsj  elle  lui  fit  pro- 
mettre de  revenir  au  bout  d'un  mois, 
et  désespérée  d'une  attente  plus  que 
trimestrielle  se  jeta  dans  la  mer.  On 
montrait  son  tombeau  près  d'Amphi- 
polis  ou  près  du  cap  Pangée.Méziriac 
{Commentai/ es  sur  les  E pitres 
d  Ovide)  cherche  à  concilier  les  deux 
opinions.  Une  tradition  faisait  mou- 
rir Phyllis  de  cliagrinj  une  autre  la 
change  en  amandier,  en  grec  Pliylla; 
une  autre  enfin  la  monti  e  fiancée  au 
frère  de  Démophon,  Acamas,  qui  est 
venu  du  vivant  du  père  de  Phyllis 
dans  la  Bisaltide  demander  la  prin- 
cesse en  mariage.  On  lui  accorde  et 
la  main  de  Phyllis  et  la  survivance  du 
trône  des  Bisalles.  Les  fiançailles  fai- 


I 


I 


^ 


PIA 

tes,  il  repari  pour  Athènes ,  et  Phyl- 
lis  lui  donne  une  boîte  qu'elle  lui  re- 
commande de  n'ouvrir  que  quand  il 
aura  perdu  tout  espoir  de  revenir 
auprès  d'elle.  Acamas  eu  effet  ne  re- 
vint point  en  ïhiace  acquitter  sa 
parole,  et  se  fixa  dans  l'île  de  Cypre. 
Phyllis,  h  cette  nouvelle,  se  tua,  en 
vouant  l'infidèle  aux  Furies.  Acamas, 
de  son  côté,  ouvrit  la  ciste  mysté- 
rieuse ,  présent  de  Rliéa  :  des  fan- 
tômes en  sortirent  et  le  troublèrent 
jusqu'à  la  fin  de  sa  vie.  Phyllis ,  le 
jour  de  sa  mort,  courut  neuf  fois  du 
palais  à  la  mer.  La  route  ainsi  fou- 
lée neuf  fois  par  ses  pas  s' appela  ^aî- 
nea  Hodoï. 

PHYLLIUS  ,  adolescent  béotien 
aimé  du  roi  d'Hyrie  Cycnus,  tua  un 
lion  énorme,  prit  vivants  deux  grands 
vautours,  et  sacrifia  sur  l'autel  de  Ju- 
piler  un  taureau,  .sauvage,  effroi  du 
pays  {Voy.  Cycnus). 

■PHYSCOA,  d'Élide,  maîtres^  de 
Bacchus  et  mère  delSarcée.  qui  in- 
stitua en  son  honneur  un  chœur  de 
musique  appelé  Pbyscoa  ,  dont  seize 
matrones  avaient  l'intendance. 

PHYSCUS,  fils  d'Élole  et  petit- 
fils  d'Amphiclion,  était  le  héros  épo- 
nyme  d'une  ville  de  la  Locride. 

PHYTALE  ,  Phytaltjs  ,  donna 
l'hospitalité  à  Cérès  ,  et  reçut  de  la 
déesse,  pour  récompense,  le  figuier 
(<^t/T«v ,  plante).  Phytale  était  du  dè- 
me  des  Lacydes  en  Attique.  —  On 
sait  que  nombre  de  légendes  différen- 
tes sur  l'hospita'ité  donnée  h  Cérès 
étaient  en  vogue  dans  la  Grèce. — Les 
descendants  de  phytale  s'appelaient 
Phytalides,  et  avaient  pour  départe- 
ment les  purifications.  Thésée ,  souillé 
du  sang  des  brigands  qu'il  avait  ex- 
terminés ,  et  principalement  de  celui 
de  Sinis,  son  parent,  se  fit  expier 
par  les  Phytalides. 

PIASE,  PiAsus,  dieu  de  Latïssc, 


PIE 


3a3 


près  de  Cumes  ,  y  fut  pris  pour  un 
simple  héros.  Brutal  amactdesa  fille 
Larisse  ,  elle  le  fit  tomber  la  lête  la 
première  dans  une  cuve  où  il  fut  as- 
phyxie {y  oy.  Larisse). 

PICUMISE,  PicuMNis  ,  frère  de 
Pibirane.  Voy.  ce  nom. 

PICUS,  roi  des  Aborigènes  de  l'I- 
talie, est  dit  fils  de  Saturne,  époux  de 
Canente,  père  de  Faune,  et  objet  des 
amours  impérieux  de  Circé.  Au  reste, 
toutes  les  nymphes  du  pays  avaient 
senti  pour  lui  les  mêmes  flammes  j 
mais  celles-là  ,  il  avait  pu  les  dédai- 
gner impunément.  Circe,  offensée  de 
ses  rigueurs,  le  métamorphosa  en  pi- 
vert. On  ajoute  que  ses  sujets  le  mi- 
rent au  nombre  des  Dieux  Indigètes. 
Des  modernes  ont  distingué  deux  Pi- 
cus,  l'un  qui  régna  3  7  ans  ,  l'autre  , 
plus  ancien  ,  dont  le  règne  n'a  pas 
moins  de  67  années.  A  Picus,  dit-on, 
succéda  Faune.    Picus  passait   aussi 

fiour  habile  dans  l'art  de  doraler 
es  chevaux.  11  est  hors  de  doute, 
pour  qui  se  rappelle  et  le  haut  rang 
des  oiseaux  dans  la  religion  parsi ,  et 
le  rôle  du  pic  ou  pivert  dans  les  lé- 
gendes relatives  à  la  fondation  de 
Rome,  que  Picus  est  un  dieu-oiseau  : 
c'est  un  sage  et  un  prophète;  c'est 
le  bien-aimé  de  toutes  les  nymphes 
qui  aspirent  à  connaître  l'avenir  ; 
c'est  l'objet  des  désirs  de  la  magi- 
cienne Circé  j  c'est  l'époux  de  Ca- 
nente ,  promulgation  ou  révélation 
rhythmique  des  hauts  secrets  que  dé- 
couvre l'art  divinatoire;  car  qu'est-ce 
que  Canente?  la  chantante. 

PIDYTE,  PiDYTES  ,  chef  troyeu 
tué  par  Ulysse. 

PIËLE,  fils  de  Pyrrhus  et  d'An- 
droraaque,  régna  sur  l'Épire  aprèsl 
mort  de  son  père. 

PIERIDES,  muses  macédonienne  s 
au  nombre  de  neuf,  comme  les  muses 
héoto-thessaliqnes  ,    ont  pour  pcrc 


ar. 


3a4 


PIÊ 


Piéros  ,  dieu-mont  qu'on  transforme 
tlans  la  mythologie  vulgaire  en  roi 
humain.  Rivales  des  autres  Muses, 
elles  eurent  K  soutenir  contre  elles 
un  combat  musical  et  poétique,  n'ob- 
linrenl  pas  la  palme  au  jugement  des 
nymphes  voisines  qu'on  avait  prises 
pour  arbitres  ,  s'emportèrent  en  in- 
vectives contre  les  radieuses  (îlles  de 
Mncraosyue,    et  furent  changées  en 

|)ies  par  Apollon  ,  qui  de  plus  donna 
enr  nom  à  ses  ceuf  compagnes.  Dans 
quelques  mythologues  chaque  Pié- 
ride est  changée  en  un  oiseau  particu- 
lier [kay.  Anton.  Libcralis,  Mé- 
Uzm.). — Il  est  clair  que  cette  rixe  des 
Muscs  et  des  Piérides  a  trait  h  une 
rivalité  de  culte,  peut-être  même  de 
systèmes  musicaux ,  ou  tout  simple- 
ment d'aptitude  h  la  poésie,  aux 
sciences,  aux  arts.  Les  Piérides  sont 
les  muses  de  Macédoine,  les  Muses 
sont  les  Piérides  de  la  Béotie.  De 
part  çt  d'autre  se  trouve  nue  source 
inspiratrice,  Piéra  et  Hippocrène; 
une  haute  montagne,  Piéros  et  Héli- 
con.  Seulement  ,  dans  la  première 
fable,  Piéros,  dieu-mont ,  n'est  guère 
qu'un  grand  fétiche.  L'usurpation  fi- 
nale du  nom  des  Piérides  par  les  Mu- 
ses signifie  que  les  canlalrices  maî- 
tresses de  l'Hélicon  deviennent  maî- 
tresses du  Piéros. 

PIERIE,  une  des  femmes  de  Da- 
naiis,  lui  donna  six  filles  :  Actée  , 
Podarcé,  Dioxippe,Adyte,  Ocyjièle, 
Pilarge. 

PltKIS  ,  concub'iue'^de  Ménélas , 
en  euit  Mégapenihe. 
jtePlEROS  ,  dieu-mont  propre  à  la 
Macédoine ,  passa  pour  être  venu  à 
Thespies  ,  y  a^cir  établi  le  culte  des 
Milles,  au  nombre  de  neufet  avec  les 
noms  qu'on  leur  connaît  j  enfin  pour 
avoir  composé  des  hymnes,  des  poè- 
mes en  leur  honneur.  —  Un  autre 
PiKKos  fut  fils  de  Magnés,  amant  de 


PIL 

la   muse   Clio  et  père'  d'Hyacinthe. 

PIROLLOS  était  chez  les  Pru- 
czes  le  dieu  des  morts.  Ses  appari- 
tions avaient  lieu  toutes  les  fois  (|ue 
la  mort  prenait  une  victime  5  on  de- 
vait alors  se  hàler  de  lui  offrir  un 
sacrifice  :  si  on  négligeait  ce  devoir, 
il  renouvelait  sa  visite  deux  et  même 
trois  fois  ;  mais  quand  on  en  clail 
venu  là  ,  ce  n'était  plus  un  sacrifice 
ordinaire  qui  pouvait  hii  suffire  :  il 
fallait  du  sang  humain.  Heureusement 
le  prèlre  chargé  de  l'opération  se 
contentait  d'une  incision  au  bras  et 
de  quelques  gouttes  de  sang  versé. 
Aussitôt  on  entendait  un  petit  bruit 
dans  le  temple  :  c'élail  la  preuve  que 
Pikollos  était  content.  On  lui  consa- 
crait la  tèle  d'un  homme  mort,  et  on 
bridait  du  suif  en  son  honneur. 

PH^IATCHOUTCHI ,  dieu  su- 
prême des  Ram  tchadides,  est  I  oui-puis- 
sant et  créateur.  ]\uée,  pluie,  éclair, 
tempête  ,  arc-en-ciel  ,  sont  dans  ses 
mains.  L'arc-en-cicl  est  la  bordure 
de  ses  babils 5  le  soleil  son  œil  droit, 
la  lune  sou  œil  gauche  j  tous  les  fleu- 
ves tombent  de  sa  ceinture. 

PILUMISE  (PiLUMNus)  et  Pï- 
CUM]NE  (PicuMHLs),  divinités  de 
l'antique  Latium  ,  étaient  regardés 
comme  frères  ,  et  en  conséquence 
comme  fils  de  Faune  et  de  Fauna. 
Quelcjucfois  ausii  on  «érable  faire  de 
Pilumne  le  fils  de  Picus,  et  même  on 
l'identifie  avec  lui.  Suivant  une  au- 
tre version  ,  Picunine  el  Pilumne 
étaient  fils  de  Jupiter  el  de  la  nym- 
phe Garamantis  [f^oy.  ce  nom).  Pi- 
curane  et  Pilumne  apparaissent  . 
1"  comme  dieux  de  l'agricullure  ; 
2"  comme  dieux  du  mariage.  C'est 
surtout  aux  mariages  féconds  que 
présidaient  les  deux  dieux  :  on  invo- 
quait Picumue  avec  Déverra  et  Jn- 
leixidua  {Voy.  ces  noms)  pour  dé- 
tourner les  fausses  couches  j  Piluranef 


devait  éloigner  de  l'eufant  déjà  au 
jour  toutes  les  influences  fâcheuses. 
Comme  divinités  agricoles,  Picumne 
présidait  plus  spécialement  aux  en- 
grais et  ii  rameuderaent  des  terres, 
Pilumne  au  broyage  des  grains  (Pi- 
lum,  pilon).  Aussi  le  premier  était-il 
alors  appelé  Slerquiline,  tandis  cpie 
le  second  est  représenté  le  mortier 
a  la  main.  Tous  deux  ensemble  pas- 
sèrent dans  des  légendes  populaires 
pour  des  espèces  de  héros,  de  Sé- 
raones,  de  Dioscures,  et  par  suite  fu- 
rent pris  pour  Castor  et  Pollux  (Ser- 
vius  sur  \'irgile.  En.,  liv.  IX,  v.  A)- 
Turnus,  roi  des  Hulules,  faisait  re- 
monter sa  noblesse  a  Pilumne  qui, 
ayant  reçu  dans  ses  états  la  fugitive 
Danaé,  en  eut  un  fils  appelé  Daunus, 
père  ou  aïeul  de  Turnus,  Comp. 
Voss,  Ram.  sur  Egl.  IV  de  Virgile, 
dans  sa  traduction  allemande, 

PINARIUS.   P^oy.  PoTiTius. 

PIINUS,  un  des  fils  de  NumaPom- 
pilius,  était,  au  dire  de  quelques  au- 
teurs, la  tige  des  Pinarii,  ou  gens  Pi- 
naria. 

PION,  descendant  d'Hercule,  bâ- 
tit Pionie  ,  en  Mysie.  Son  tombeau 
devint  un  autel  sur  lequel  on  lui  sa- 
crifiait ainsi  qu'a  un  dieu  :  une  fumée 
miraculeuse  sortait  alors  du  monu- 
ment. Pion,  en  grec,  veut  dire  j^ras. 

PlilAS,  ou  PtRASE,  ou  PmAN- 
TKE,  troisième  fils  d'Argus,  eut  pour 
frères  Tirvnlhe  et  Criase. 

PIRÈINE  :  1°  Danaïde  ;  2"  fdle 
d'Achéloiis  et  d'Asope  ,  maîtresse  de 
Neptune  ,  mère  de  Ccnchrée.  Diane 
par  raégarde  tua  la  lillc,  et  méta- 
morphosa la  mère  en  fontaine.  — 
On  sait  que  les  Danaïdes  aussi  sont 
des  symbolisalious  aqueuses. 

PIRITHOOS  ou  PIRITHOUS, 
Uiip/êoos,  fils  d'Ixion,  fut  roi  des  Lapi- 
thes. Trois  traits  le  rendent  fameux: 
i°son  mariage  avec  Hippodamie  (les 


PIR 


3a^ 


Centaures,  invités  aux  noces  avec  les 
Lapithes  ,  insultèrent  a  la  table  nup- 
tiale la  jeune  mariée  ,  et  donnèrent 
ainsi  naissance  à  la  rixe  dont  leur  ex- 
pulsion fut  le  dénouement);  2°  sou 
amitié  pour  Thésée  (importuné  de  la 
haute  répulatlon  du  héros  ,  il  avait 
voulu  le  combattre  j  mais  tous  deux  h 
la  vue  l'un  de  l'autre  sentirent  une 
admiration  réciproque  s'emparer  de 
leur  cœur,  etde  rivaux  devinrent  amis 
inséparables);  3°  l'amour  de  Pirithoiis 
pour  Proserplne,  sa  descente  aux  en- 
fers, sa  mort.  Thésée  ,  amoureux 
d'Hélène,  avait  trouvé  dans  Pirilhoiis 
un  puissant  auxiliaire  de  son  rapt.  Pi- 
rithoiis, a  son  tour,  eut  un  compagnon 
dans  Thésée.  Tous  deux  pénétrèrent 
dans  le  sombre  empire  5  mais  Thésée 
y  fut  chargé  de  chaînes  et  retenu  pri- 
sonnier jusqu'à  l'arrivée  d'Hercule  , 
qui  le  délivra.  Pour  Pirilhoiis,  il  ne 
devait  plus  quitter  l'Erèbe  ,  Cerbère 
l'avait  étranglé. — Thésée  et  Pirilhoiis 
sont  deux  Dioscures  :  c'est  Tliésée 
qui  est  le  Pollux  5  Pirithoiis  n'est  que 
le  Castor.  Il  est  né  de  la  nue  ;  Thé- 
sée est  fils  d'Ethra  (  Alhor,  Éther  , 
l'empyrée).  On  comprend  dès-lors 
pourquoi  Pirithoiis  veut  se  susblituer 
à  Plulon  •  pourquoi  il  gravite  vers  la 
ferrugineuse  et  noire  déesse  ,  tandis 
que  Thésée  convoite  la  blanche  Hé- 
lène, qui  est  la  lune  5  pourquoi  enfiu 
il  reste  aux  enfers,  tandis  que  Thésée 
revient  au  jour.  Selon  Pausanias 
(liv.  V,  ch.  10),  on  pourrait  voir 
dans  ce  mytlie  un  Aïdouéc  [p^oy.  ce 
nom),  roi  de  la  Thcsprolic,  dont  Pi- 
rithoiis, à  la  tète  d'une  armée,  veut 
prendre  la  femme,  et  qui  ,  non  con- 
tent de  tuer  son  rival,  relient  le  chef 
de  l'armée  auxiliaire  dans  l'île  de 
Cichyre  ,  près  du  marais  Achérusie , 
de  l'Achéron  et  du  Gocyte. 

PIROMI  ,    et  avec   la  désinence 
gréco-romaine  Pirobus  (n/^^iK?), 


3s6 


MR 


■om  sous  lequel  nous  uourons  àét\  • 
gner,  dansl' analyse  de  la  haule  théo- 
logie égyptienne ,  l'Elre  dans  sou  ac- 
ceplion  la  plus  relevée  5  TElrc  ine- 
vélé,  absolu )  incorporel,  immuable, 
iufiiii ,  antérieur  aux  manifestations 
individutlles,  soit  humaines,  soit  di- 
vines.  Pour  concevoir  netlemenl  sa 
place  à  la  tète  de  la  hiérarchie  sa- 
efée,  et  SCS  relations  ayec  les  autres 
dieux  ,    il  faut  commencer  par   em- 
brasser d'un  coup  d'reil  la  série  des 
divinités  égyptiennes.  Généralement 
on  les  divise  en  trois  classes  :  grands 
dieux,  dieux  du  second  ordre  ,  dieux 
du  troisième  rang.  Cette  division  peut 
être   admise,  mais  les  noms  donnés 
à  chaque  catégorie  divine  sont  plus 
propres    à    induire  en    erreur  qu\H 
faire    présuuier   la   vérité.    A  noire 
gre,  voici  de  quelle  manière  on  doit 
voir    rensemblc    de    la    mylhologie 
égypliaque.  Des  éléments  astronomi- 
ques et  méléorologif|ues  sont  les  ob- 
jets qui  frappèrent  d'abord  les  imagi- 
nations égypliennes.  iManèles  et  as- 
tres  étaient    visibles  5    météores    ou 
principes  élémentaires  des  êtres  (air, 
terre,  etc.)  étaient  tangibles  ,  ou    du 
moins  se  faisaient  sentir  par  leurs  ef- 
fets :  l'homme,  sur  le  globe,  devait  se 
sentir  pressé,  écrasé,  enveloppé  par 
tous  ces  agents  ou  toutes  ces  puissan- 
ces. C'en  est  assez  pour  qu'il  les  ait 
saluées  du  nom  de  dieux  ,   pour  que 
toutes,  météores  et  astres,  phénomè- 
nes et  êtres  réels,  aient  l'ait  fléchir  le 
genou  à  sa  faiblesse  ,    entin  pour  que 
toutes  aient  semblé   a  son  ignorance 
naïve    une    explication  complète  du 
monde  et  des  mondes,  de  l'existence 
et  de  la  destruction  de  l'existence  , 
des  variations  multipliées  queprésente 
le  spectacle  de  l'univers,  et  de  la  per- 
manence qui   est  l'apanage  de  l'en- 
semble. Un  système  sidérico-météo- 
rologique  était  conforme  aux  ide'çs 


l'IR 

méUpliysiques  et  religieuses  de  l'é- 
poque. On  se  demanda  :  «  Qui  fait 
mûrir  nos  fruits;*  qui  vivifie  et  ranime 
nos  corps.^  »  Kn  quelques  lieux  on 
répondit  :  «  Le  soleil  ;  »  et  le  soleil 
fut  dieu.  Mais  plus  lard  de  nouvelles 
idées  se  développent  :  k  Qui  a  fait  le 
soleil?  3)  De  la  réponse  a  cette  se- 
conde question  résulte  un  autre  or- 
dre de  dieux.  Ceux-ci  ne  doivent  pas 
être  palpables  et  visibles  :  l'imma- 
térialité est  leur  caractère  propre. 
Ce  sont  des  dieux  cosmogoniques. 
Telles  sont  les  deux  catégories  nor- 
males, vraiment  parallèles,  des  dieux 
égyptiens  :  1"  des  dieux  matériels^ 
sidéiiques  ,  météorologiques  ou  mé- 
talloïdes; 2"  des  dieux  intelligibles 
ou  cosmogoniques.  Nous  plaçons  les 
dieux  matériels  avant  les  autres,  parce 
que  réellement  ceux-ci  ne  furent  con- 
çus, ne  furent  enregistrés  dans  le  ca- 
talogue théographique  que  postérieu- 
rement aux  dieux  sidériques.  Croire 
que  le  sentiment  religieux  en  Egypte 
procéda  rationnellement  et  à  priori 
posa  des  dieux  suprêmes  inleUigi- 
Lles,  dont  elle  faisait  ensuite  émaner 
des  dieux  suballeines  de  plus  en  plus 
individualisés,  ce  serait  se  tromper 
gravement.  C'est  la  marche  con- 
traire que  suit  toujours  l'esprit  hu- 
main. Sentir  et  nommer  les  effets, 
saisir  les  causes  tangibles  ou-  aper- 
cevables  de  ces  effets,  enCn  super- 
poser k  toutes  ces  causes  matérielles 
une  cause  intangible,  invisible,  insai- 
sissable aux  sens,  infinie  sous  quelque 
face  que  l'on  tente  de  la  considérer, 
voilà  comment  se  dévelonpe  le  génie 
religieux  d'un  grand  peuple  appelé 
k  une  haute  civilisation.  Toutefois 
hors  de  ces  deux  catégories  tombent 
d'autres  divinités,  mais  qui  ne  se  rat- 
tachent que  parlieilenieut  ,  fortuite- 
ment, par  un  fil,  aux  deux  premières. 
Ce  sont  des  conceptions  d'un  autre 


ij 


ordre,  de  pelits  groupes  excepliou- 
uels  et  isolés  au  milieu  d'un  ensem- 
ble. 11  n'en  résulte  pas  néanmoins 
que  ce  soient  des  divinités  sans  im- 
portance ;  c'est  plutôt  tout  le  con- 
traire. Osiris,  Isis,  Anubis,  Séra- 
pis,  etc.,  grâce  h  un  concours  heu- 
reux de  circonstances,  devinrent  les 
dieuK  populaires  par  excellence,  et 
absorbèrent,  pour  ainsi  dire,  les 
adorations  et  l'attention  ,  surtout  h 
partir  de  l'époque  a  laquelle  l'E- 
gypte esclave  vit  son  sol ,  jadis  in- 
terdit aux  étrangers,  foulé  par  dix 
racrs  nécessairement  ignorantes  des 
théories  transceudanlales  que  voi- 
laient les  hiéroglyphes.  Revenons  aux 
grands  dieux.  Kous  voyous  déjà  quel 
rôle  ils  jouent  comparativement  aux 
dieux  matériels  ou  sidérico-raétéo- 
rologiques,  et  de  quelle  manière  la 
métaphysique  religieuse  de  l'antique 
Egypte  les  conçut.  Voyons  a  présent 
ce  que  c'est  que  Piromi,  L'Egypte 
antique  savait  que  la  terre,  ainsi  que 
les  autres  planètes ,  tourne  autour 
du  soleil.  Le  soleil  fut  donc  pour 
elle ,  sous  le  nom  de  Pi-Ré  ou  Fré , 
le  cenli-e ,  le  chef  du  système  si- 
dérique,  cl  le  premier  des  douze 
dieux  du  second  ordre;  mais  de  plus, 
et  comme  d'une  nature  supérieure  aux 
dieux  du  second  ordre  ,  il  fut  porté 

f)armi  les  dieux  du  premier,  dont  il  est 
e  moins  important  comme  aussi  le  plus 
jeune.  Il  figure  donc  en  même  temps 
dans  deux  classes  différentes  5  il  flotte 
sur  les  limites  des  deux  catégories  di- 
vines ,  dont  il  est  le  nœud  et  la  trans- 
ition; il  est  le  dernier  des  premiers 
et  le  premier  des  derniers.  Ceci  posé, 
remontons  par  la  pensée  au  principe 
même  des  choses,  al'époque  et  à  l'E- 
tre antérieurs  a  la  création  ;  et  quoi- 
que uu  vaste  brouillard  nous  enve- 
loppe dans  celte  immensité  sans  for- 
mes ,  où  l'imagioatlon  humaine  scm- 


PIR 


3*7 


b!e,  faute  dépeint  d'appui,  ne  pouvoir 
pas  même  battre  des  ailes,  essayons, 
Egyptiens  que  nous  nous  ferons  pour 
un  moment ,  de  distinguer   quelques 

1) oints  caractéristiques.  Très-naturel- 
ement  ou  apercevra  ,  1°  le  soleil 
même,  qui  est  le  point  de  départ  in- 
férieur; 2"  au-dessus  du  soleil,  la  lu- 
mière ,  dont  on  se  figurera  le  soleil 
comme  une  individualisation  ,  une 
émanation  circonscrite  dans  un  cercle 
étroit;  3"  au-dessus  de  la  lumière, 
l'idée  même  de  la  création  ,  le  com- 
mencement de  l'acte  qui  crée ,  en 
quelque  sorte  la  première  volilion 
créatrice,  le  prononcé  Aw  fiât  lux  , 
antérieur,  il  n'est  pas  besoin  de  com- 
mentaire pour  le  faire  sentir,  et  su- 
périeur aiiluxjactaest;  4°  enfin, 
avant  et  par-dessus  la  volitiou  créa- 
trice, l'être  qui  voudra  un  jour  cette 
volilion,  maisquî  neveutpoinlencore, 
et  qui  reste  enfermé  en  lui-même, 
indistinct,  irrévélé,  inaperçu;  l'être 
en  qui  tout  est  ou  plutôt  qui  est  tout. 
Cet  êlre^  c'est  Piromi, le  mvstérieux, 
l'inactif,  l'immobile  ,  le  tout-puissant 
et  pendant  des  siècles  languissant  Pi- 
romi. Mais  des  myriades  de  siècles 
ont  fui  :  à  l'éternité  succède  le  temps, 
a  l'inactivité  Tacliou  ,  a  la  puissances 
virtuellelapuissancerée'ile;  le  monde 
va  naître  :  Piromi  devient  Démiurge, 
il  crée,  ou  plutôt  il  va  créer;  mais  la  il 
a  cessé  d'être  Piromi.  Piromi  est  Tè- 
tre  suprême  en  tant  qu'antérieur  il  la 
création  :  créateur,  il  change  de  rôle: 
il  change  aussi  de  nom  :  on  l'appelle 
Knef,  Amoun,  Pan,  Mendès;  on 
l'appelle  Fia,  on  l'appelle  Fré  ,  et 
de  mille  autres  façons  encore,  on  ne 
l'appelle  plus  Piromi.  Ainsi ,  a  la 
tête  de  tous  les  dieux,  et  antérieure- 
ment h  la  création,  a  tous  les  agents 
créateurs  ,  antérieurement  aux  Dé- 
miurges (c'est  le  terme  technique) ,  la 
pensée  conçut  Piromi.  Au-dessous  de 


32» 


PIR 


eel  Elre  des  êlres,  el  postérieure- 
111  en l  h  lui,  apparaissent  les  Démiur- 
ges, bien  liaul  encore  dans  les  voûtes 
célestes  et  occupant  un  large  espace  , 
mais  de  plus  en  plus  gravitant  vers 
notre  système  plauelaiie,  de  plus  eu 
plus  nerdaut  de  leurs  colossales  di- 
mensions. Knef.  ce  Démiurge  suprê- 
me, ce  successeur  immédiat  de  Piro- 
mi,  est  déjadélermiué,  ctpar  consé- 
quent limité,  car  il  veut ,  car  il  dit  : 
«Que  le  inonde  soit. jj L'univers  est  sa 
volilionj  l'univers,  non  point  réel , 
mais  virtuel,  c'est  Knef.  Or, comparé 
h  Dieu,  a  l'être  des  êtres,  a  cet  Océan 
sans  fond  ni  rives,  l'univers  est  fini. 
La  lumière  (lumière  pure,  ou  feu, 
ou  caloriijue,  ou  magnétisme,  ou  élec- 
tricité 5  car  ,  sans  avoir  distingué  ces 
grands  principes  impondérables  ,  et 
leur  avoir  donné    des  noms ,   Tan- 
cieune  Egypte  sentait  instinctivement 
que  sous  son  mot  de  lumière  étaient 
cachés  des  principes  analogues,    et 
pourtant  très-peu  semblables),  la  lu- 
mière personnifiée   et  revêtue  de  la 
divinité,   c'est  Fia,  démiurge  infé- 
rieur ,  générateur  subalterne,  orga- 
uisateur  et  viviOcateur  des  mondes. 
Ici  l'idée  vague  ,  quoique  finie,  d'u- 
iiivers ,    se   détermine   encore  plus. 
Enfin  ,  autant  les  principes  lumineux 
ou  luininiformes  sont  au-dessous  du 
monde,  autant  le  globe  solaire  est  lui- 
même  au-dcisous  des  principes  lumi- 
neux. Gepeniiaut  ce  globe  brdle  d'un 
feu  bienfaiteur  5  il  régit  et  animeles  pla- 
nètes 5  il  dispense  la  vie  et  les  riches- 
ses k  l'homme  j  il  est  cause  de  mille 
effets  délicieux  ,   admirables  ou  élé- 
gants j  c'est  une  cause  grande,  un  dieu 
dehau  t  rang, un  Démiurgej  mais  qu'on 
le  rapproche  de  Fta,  et  plus  encore 
de  Knef, -c'est  un  Démiurge  en  sous- 
œuvre,  un  sous-Démiurge.  Eu  revan- 
che, il  a  l'avantage  d'être  Démiurge 
immédiat;  il  exécute,  il  crée,  il  gcaèrcj 


PIR 

non  plus  par  autrui  et  en  seclëléguanl, 
mais  par  lui-même.  Ainsi,  résumons: 
Frë  ,  Fia,  Knef,  Piromi ,  et  en  re- 
descendant de  plus  en  plus  de  l'absolu 
au  déterminé  ,  de  l'abslroit  au  con- 
cret, de  l'universel  au  spécial,  Piro- 
mi, Knef,  Fia,  Fié,  voilà  les  quatre 
grandes  puissances  cosmogoniques. 
Piromi,  la  plus  haute  de  toutes  ,  se 
disliugue  de  toutes  par  l'inactivité,  la 
concentration,  le  reploiemenl  sur  lui- 
même.  Les  trois  autres  sont  ses  éma- 
nations, ce  sont  des  Piromi  de  plus 
en  plusdélerminés,  Piromi  veut  créer, 
c'est  Knef;  Piromi  a  fait  la  lumière 
ou  s'est  fait  lumière ,  c'est  Fta  5  Pi- 
romi ,  naguère  lumière  universelle, 
devient  lumière  solaire,  ou  soleil, 
c'est  Fré.  Knef,  Fia,  Fré  [V^oy. 
ces  noms),  forment  une  triade  cosmo- 
gonique;  chacun  d'eux  est  Piromi, 
tous  trois  ensemble  sont  Piromi ,  et , 
comme  on  le  voit  clairement,  un  seivl 
et  même  Piromi.  Une  analogie  vrai- 
ment incontestable  et  importante  , 
c'est  l'identité  complète  de  rôle  el 
de  caractère  que  présentent  Brahm 
dans  l'Lide,  Piromi  en  Egypte  :  tous 
deux  absolus,  irrévélés,  reployés  sur 
eux-mêmes  et  majestueusement  ense- 
velis dans  leur  propre  essence  5  tous 
deux  passant  des  siècles  sans  nom- 
bre dans  la  contemplation  d'eux-mê- 
mes; tous  deux  se  déléguant  dans  la 
personne  d'un  dieu  créateur,  assez 
semblable  à  eux  ,  mais  qui  porte  lia 
autre  nom  ;  tous  deux  distincts  de  la 
trinité  leur  émanation  ou  leurs  éma- 
naiions.  L'étonnement  augmente,  si 
grammaticalement  on  explore  les  deux 
noms  :  quelle  différence  majeure  y  a- 
t-il  entre  Piromi  (consonnes  :  p  K  m) 
et  Brahm?  et  que  sera-ce  si  l'on  songe 
que  Brahmà  ,  évidemment  dérivé  de 
Brahm,  s'écrit  dans  plusieurs  dialec- 
tes de  rinde  Birma  et  Birouma  (/^. 
•Lacroze  ,  Hist.  du  christ,  dans 


PIR 

les  Ind. ,  p.  4-29)?  Enfin  Pliômi, 
en  copte,  veut  dire  homme;  or,  c'est 
le  titre  de  prédilection  que  les  Hin- 
dous donnent  il  leur  Brahm,  Toute- 
fois nous  devons  remarquer  que,  se- 
lon Hérodote  (liv.ll,  ch.  i43),  Pi- 
Tomi  aurait  signifié  aussi  excellent  , 
vertueux ,  ce  qu'il  est  assez  difficile 
de  ramener  au  sens  d'homme.  Ajou- 
tons que  Piromi  et  Hermès ,  l^irma 
et  Hermès,  ne  sont  probablement  pas 
sans  rapport,  et  que  peut-être  le  vrai 
îiom  de  l'Etre  suprême  (eu  préposant 
l'article)  fut  chez  les  Egyptiens  Pi- 
Ermoû ,  Pi-Rmoù.  Et  ainsi  s'expli- 
querait la  généalogie  qui  donne  pour 
père  h  Paci  en  Grèce  Mercure  (ller- 
mès),  cil  Egypte  Paramraon  (Para- 
Araoun,  le  grand  Amoun  ).  Ainsi 
^s'expliquerait  ce  qu'on  dit  de  la  plu- 
ralité des  Hermèségypliens,que  nous 
aimerions  h  voir  porter  au  nombre  de 
trois  ,  quoique  le  dépouillement  des 
nomenclatures  et  des  légendes  n'en 
-donne  que  deux  [f^oy.  l'art.  Toth). 
il  paraîtrait,  par  le  sens  que  donnent 
plusieurs  commentateurs  modernes 
^u  passage  ci-dessus  indiqué  d'Héro- 
<lote,  que  le  grand-prêtre,  ou  chef  du 
Aacré  collège  chez  les  Egyptiens,  por- 
tait le  titre  de  Piromi.  Ce  fait ,  s'il 
«était  vrai  ,  ne  contrarierait  eu  rien 
notre  conjecture.  En  quoi  pourrait- 
on  trouver  choquant  que  le  chef  de 
cette  caste,  dépositaire  de  loule.s  les 
connaissances,  et  plus  spécialement 
encore  de  l'écriture  ,  portât  !e  nom 
du  scribe  sacré  a  qui  l'Egypte  devait 
tout  ce  <^u'elle  savait?  —  N.  B.  En 
finissant,  nous  devons  avertir  que  les 
quatre  puissances  cosmogouiquesque 
nous  avons  nommées  ne  sont  pas 
les  seu's  personnages  de  cette  haute 
catégorie  divine.  D'abord  ,  les  trois 
personnes  de  la  trinité  ,  qui  primiti- 
vement sont  conçues  comme  herma- 
phrodites j    se  dédoublent  en    deux 


PIS  3i9 

sexes  et  donnent  lieu  h  trois  person- 
nes nouvelles  :  INeith,  Athor  elPooh; 
puis  Piromi  lui-même  peut  subir  le 
même  dédoublement  et  voir  surgir 
près  de  lui  Boulo  {Voy.  ces  noms). 

PIIIRÏDS  ouillRRlDSsont,  dans 
la  mythologie  mongole, les  araes  mé- 
chantes des  damnés  soumisaPempire 
de  Ghongor.  D'ordinaire  ils  habitent 
les  trente-six  brasiers,  portes  du  pa- 
lais de  ce  prince  des  enfers.  Mais, 
spectres  malicieux,  ils  reviennent  aussi 
siir  la  terre,  et  se  plaisent  a  causer  de 
l'eilroi  aux  femmes,  aux  vieillai-ds, 
aux  enfants.  Quelquefois  peut-être  on 
croit  les  visites  des  Pirrids  heureuses 
plutôt  que  funestes,  mais  presque  tou- 
jours elles  pronostiquent  des  mal- 
heurs. Comp.  Larves. 

PIRUS,  chef  thrace,  fils  d'Im- 
brase,  fut  tué  par  Thoas  en  défendant 
Troie. 

PISAINDRE,  PlSANDER  :  1°  fils  de 
Belléropbon,  fut  tué  par  les  Soly- 
mes  j  2"  chef  troyen,  fils  de  cet  Anti- 
maque  qui  avait  donné  le  conseil  de 
ne  pas  rendre  Hélène,  fui  tué  par 
Agaraemnon^  3"  autre  chef  troyen 
tué  par  Ménélas;  4°  chef  grec  ,  le 

fdus  adroit,  après  l'alrocle,  à  manier 
a  lance,  et  l'un  des  principaux  com- 
mandants de  l'armée  d'Achille  \  5°  et 
6°  poursuivants  de  Pénélope  (Philèle 
en  tua  un);  y°  poète  antérieur  il  Ho- 
mère et  auteur  d'une  Htracléide  où 
le  premier  il  représente  Hercule 
ayant  pour  arme  la  massue,  et  d'un 
poème  sur  la  guerre  de  Tioie. 

PISÉINOR:  I"  Centaure,  un  de 
ceux  qui  prirent  la  fuite  devant  les 
Lapithes  aux  noces  d'Hippndamie  ; 
2"  père  d'Ops  et  aïeul  d'Euryclëe 
(Homère  l'appelle  héros  et  sage); 
5"  père  de  Clytus ,  l'un  des  compa- 
gnons de  Polydamas. 

PISIDICÉ  :  i"  maîtresse  de  Mars 
cl  mère  d'Ixion;  z"  nymphe  que  Chi- 


33o 


PIT 


ron  rendit  mère  de  Chariclo;  3°  fille 
d'Eole,  femme  de  Myrinidon  et  mère 
d'Actor  (ou  la  nomme  aussi  Pisiilie)j 
4*  fille  de  Nestor  et  d'Anaxibie; 
5°  fille  de  l\'lias ,  roi  usurpateur 
d'iolcosj  6°  fille  du  Pélias  roi  de 
Mélbymue.  Eprise  d'Achille,  qui  fai- 
sait le  siège  de  sa  ville  natale  ,  elle 
lui  offrit  de  trahir  son  père,  mais  k 
condilion  qu'il  l'épouserait.  Achille 
accepta  la  proposition,  puis,  dès  qu'il 
fut  maître  de  Mélhymne,  ordonuade 
lapider  la  jeuue  fille. 

PISIOWE,  femme  d'Élhoa  et 
mère  d'Ixion. 

PISISTRATE,  PisisTBATuSjdieu 
Cadmile  d'Orcliomène ,  passa  pour 
un  vieux  roi  du  pays,  lacéré  pnr  ses 
sujets,  et  placé  aux  cicux  après  sa 
mort. — Un  Pisistrate,  lils  de  Nes- 
tor, accompagna  Télémaque  dans  ses 
voyages,  et  eut  un  fils  de  même  nom. 

PISOS,  héros  éponyme  de  Pise , 
avait  pour  pèie  Périérès,  pour  aïeul 
Eole. — Sur  le  coffre  de  Cvpsèle  fi- 
gurait comme  comballaul  aux  jeux 
lunèbres  d'Acasle  un  Pisos,  fils  d'A- 
pharee  ,  frère  par  conséquent  des 
Dioscures  Apharéides. 

PlïHO  .  nt;^*,  en  lalin  SuADA, 
la  Persuasion  ,  déesse  grecque,  fait 
parlie  du  cortège  de  Vénus  dont  quel- 
quefois on  la  dit  fille.  Souvent  un  la 
donne  pour  une  Grâce  ou  pour  la 
mère  des  Grâces.  Thésée,  après  avoir 
fondé  les  diverses  castes  daus  Alhè- 
ues.  y  introduisit  le  culte  de  Pilho. 
Hypermnestre  ,  après  avoir  désar- 
mé le  courroux  de  soi»  père,  éleva 
un  autel  h  cette  déesse.  Egiale  lui 
bâtit  un  temple  en  mémoire  de  la 
cessation  d'une  épidémie  qu'Apollon 
arrêta,  touché  qu'il  l'ut  des  vœux  de 
sept  vierges  et  de  sept  adolescents 
choisis.  Sur  la  base  du  Irône  de  Ju- 
piter Olympien  se  voyait  Pilho  coii- 
roiiuant  Yéuus.  Dans  le  temple  de 


PIT 

Bacchus  a  Mégare  était  la  slaUie  de 
Pilho    faite  par  Praxitèle.  Un  bas- 
relief  du  duc  de  Caraffa-Noja  a  Na 
pies  représente  Vénus  et  Hélène  av( 
Paris,  l'Amour  et  Pilho.  — On  dannf 
encore  Pitho  pour    une  Atlantide, 
pour  une  Océanide,  pour  Diane.  Toi 
cela  revient  au  même,  et  rentre  plt 
ou  moins  dans  ce  que  nous  avons  dit 

PITIE,    MlSERlCORDlA,    "EAfOf^j 

fille  de  l'Erèbc  et  de  la  Nuit,  seloj 
Hygin ,  avait  daus  Athènes  un  aut« 
qui  lui  fut  élevé  par  les  Héraclide 
lorsque,  en  butte  après  la  mort  d'Hei 
cule  k  la  haine  de  tons  ceux  que 
héros  avait  offenses,  ils  cherchèrei 
un  asile  dans  cette  ville  sous  la  prof 
tection  de  Thésée. 

PITTHÉE,   PlTTHEUS,  UlTÔlÛf 

l'ancien  des  jours  de  Trézène  ,  pas- 
sait pour  roi,  pour  vieux,  pour  sage,| 
pour  fils  de  Pélops   et   d'iiippodar 
raie,  pour  père  d'Etbra.  Grâce  k  lui| 
Ethra  ,   la    nuit  même  où  elle  avai 
cédé  aux  désirs  de  Neptune ,   reçï 
les  embrassements  d'Egée  fugitif, 
devint  enceinte   de  Thé.sée.    Pillhei 
éleva    même    son    arrière -petit -fil 
Hippolyle.  Evidemment  tout  ceci 
réduit   k   dire    que    Pillhée    est 
Axiéros  dans    le  cadre  cabiroïdiqi 
où  Egée,  Elhra  figurent  comme  Axi 
cerses,  et  où  tantôt  Thésée,  lanl^ 
Hippolyte,  sa  délégation  ,  remplit 
rôle  de    Cadmile.   De   plus,   Pillha| 
est  presque  un  Fta;  le    nom  diflèri 
peu  d'abord,  puis  idéologiquement  di 
Fta    et  Alhor    émane  Fré.  Thésée 
émanant  de  Pitthée  et  d'Elhra,  Th^ 
sée  soleil  d'ailleurs  est  bien  un  Fre 
— Pitthée   était   lié   aux  Muses. 
montrait  k  Trézène  et  son  tombeau 
trois  sièges  de  marbre  blanc,  sur  les 
quels  deux  juges  et  lui  rendaient 
justice,  et  un  lieu  consacré  aux  Ml 
ses,  où  il  enseij^nait  l'art  de  bien  par- 
ler. Ou  s'avisa  même  de  publier  un 


PLI 

livre  soui  le  nom  de  Pitlliçe^  Pausa- 
niasl'avu. 

PlïYS,  n/rt/ir,  nymphe  dont  Pan 
et  Borce  devinrent  en  même  temps 
amoureux,  préféra  le  premier,  iioree, 
pour  se  venger  ,  jeta  Pilys  contre 
un  rocher  avec  lanl  de  violence  qu'elle 
eu  mourut.  Les  dieux  la  changèrent 
eu  pin.  La  résine  qui  coule  de  cet  ar- 
bre agile  par  Borée  passait  pour  les 
larmes  de  Pitys  {-r.t'rvs  en  grec  veut 
dire  pin). 

PLASTÈÎSE,  déesse  asiatique, 
avait  un  petit  lemple  sur  le  sommet  du 
Sijtyle.  Pausanias  dit  qu'on  la  regar  - 
dait  comme  la  mère  des  dieux.  Etait- 
ce  une  Cybèle? 

PLATÉE,  fille  du  dieu- fleuve 
Asope,  était  l'héroïne  éponyme  de 
Platée. 

PLÉIADES,  y.  Atlantides. 

PLEI03NE  ,  Océanide  ,  femme 
d'Atlas  et  mère  des  Pléiades. 

PLEMNÉE ,  fils  de  Sicyon  et  dis- 
ciple de  Cérès  en  l'honneur  de  la- 
quelle il  bâtit  un  temple. 

PLESTOR,  dieu  ihrace  était  ho- 
noré par  des  sacrifices  de  victimes 
humaines. 

PLEURON,  nxiùfo^v,  fils  d"É- 
lole,  mari  de  Xanlhippe  ,  père  d'An- 
lénor  et  fondateur  de  la  ville  de 
Fleuron ,  une  des  capitales  de  l'E- 
tolie. 

PLEXAURE,  Plexavra,  n;\6- 
|«(u/)<« ,  Oce'auide  ,  une  de  celles  qui , 
avec  Apollon  etles  fleuves,  présidaient 
à  l'éducation  des  enfants. 

PLEXIPPE,  n?^ih-^^cç  :  I "  Egyp- 
tidej  2°  un  des  frères  d'AIihée  (il  fut 
tué  par  Méléagre);  3"  fils  de  Pliinée 
et  de  Cléopàtre  {f^oy.  PhinÉe). 

PLIJNTHIOS,  fils  d'Atharaas  et 
de  ïliémislo  qui  le  tua,  croyant  tuer 
le  fils  d'Iuo. 

PLISTHÈNE,  père  d'Agamem- 
UOIi  et  de  Mcûélas,  était  ou  fils  ou 


PLU 


^3i 


frère  d'Atrée.  H  mourut  jeune,  en 
recomn^andant  à  ce  prince  ses  neveux 
ou  ses  pelils-IJls  qui  piirent  de  la  le 
nom  d'Alrides.  —  Un  des  fils  de 
Tliyesle,  tué  par  Atrée,  porta  le  nom 
de  PLisïuiiKE. 

PLISTHIINE,  frère  de  Faustule 
le  père  nourricier  de  Romulus,  le 
seconda  dans  l'éducafion  des  deux 
jumeaux  fondateurs  de  Rome  ,  et  fut 
tué  comme  lui  dans  un  démêlé  que 
Rëmus  et  Romulus  eurent  ensemble. 

PLUTO,  Oce'auide,  maîtresse  de 
Jupiter  et  mère  de  Tantale. 

PLUTON,  Pluto,  et  eu  grec 
HadÎ^s,  " ki^Ki^  le  dieu  des  enfers  et 
du  monde  souterrain,  faisait  partie  de 
la  grande  Triade  grecque  qui  se  des- 
sine sous  Crone  5  Zévs  et  Posîdôn 
(Jupiter  et  Neptune)  étaient  ses  frè- 
res. Selon  les  uns,  Rhéelui  substitua 
un  gros  quartier  de  roc  que  Saturne 
engloutit  a  sa  place  •  selon  les  autres, 
c'est  lui  que  Saturne  engloutit,  et  il 
fallut  le  vomitif  de  Métis  pour  le 
faire  sortir  intact  des  entrailles  dis- 
solvantes du  dieu.  Sa  légende  ne  cou- 
tient  que  peu  de  détails.  Dans  la  Ti- 
tanomachie,  il  reçoit  des  Cyclopes  le 
casque  d'invisibilité,  et  après  le  triom- 
phe de  Jupiter  il  a  pour  lot  l'em- 
pire du  monde  souterrain.  Dans  la 
Gigantoraachie,  il  prête  sou  casque  à 
Mercure.  Plus  tard,  on  le  voit  enle- 
ver Proserpine  qui  cueifle  des  fleurs 
dans  une  prairie  voisine  d'Eleusis  ou 
mieux  h  Enna.  Pelée  enchaîné  par 
Acas>tesur  lemontPéiion reçoit delui, 
outre  la  liberté,  le  glaive  d'or  a  l'aide 
duquel  il  doit  venger  ses  injures. 
Plulon  se  bat  trois  fois  avec  Hercule: 
la  première  ,  quand  le  fils  d'Alc- 
mène  pénètre  aux  enfers  j  la  seconde, 
quand  il  veut  ramener  Alcesle  à  la 
vie 5  la  troisième,  quand  il  fait  la 
guerre  à  JNélée  ,  en  vain  soutenu  par 
Weptune,  Juûoû  et  Pluton.  Dans  cei; 


332 


PLU 


trois  occasions  Hercule  eut  toujours 
l'avantage  ;  Plulon  même  ne  se  relira 
que  blessé  de  la  première  rencontre. 
11  fut  plus  heureux,  lorsque  Pirillioiis 
cl  Thésée  descendirent  dans  rErèhe 
pour  lui  ravir  Proserpine  :  il  surprit 
les  deux  a:nis,  donna  la  mort  à 
Pun,  el  fit  l'aulre  prisonnier;  mais 
Hercule  revint  encore  aux  enfers  , 
et  délia  les  chaînes  de  Thésée. 
L'empire  dont  Jupiler  donna  la  sou- 
rerainefé  a  Plulon  est  tour  a  tour 
désigné  par  les  noms  d'Érèbe  ,  Tar- 
lare,  Téuare,  Orcos  ,  clc.  Ces  noms 
ropendanl  ne  Jionl  point  exactenienl 
synonymes;  ils  désignent  diverses 
parties  de  l'enfer.  Sur  la  géogra- 
phie de  celle  région  souterraine  les 
anciens  sont  loin  d'être  d'accord. 
Voici  pourtant  de  quelle  manière  eu 
général  ils  la  conçoivent.  Que  l'on  se 
ligure  quatre  grandes  divisions,  les 
brouillards,  les  ténèbres,  les  flammes, 
l'éternelle  verdure  ,  on  aura  de  celte 
manière  l'Erclje  aux  brumes  épaisses, 
séjour  de  la  nuit ,  du  sommeil  el  des 
songes;  l'Es-Hadou  [W'Kiêùv)  peu- 
plé des  âmes  de  culte  foule  dont  les 
vices  et  les  crimes  n'offrent  rien  d'ex- 
traordinaire; le  Tarlarc  ,  brûlante 
geôle  des  suppliciés  d'éiilc ,  et  |)ur- 
gatoire  des  âmes  qui  doivent  repa- 
raître dans  la  vie  sous  des  formes 
nouvcUis;  enfin  les  Champs-Elysées, 
asile  des  justes,  des  sages  et  des  ar- 
tistes. Dans  le  premier  de  ces  quatre 
compartiments  ,  du  moins  sur  la  li- 
mite qui  le  sépare  du  second, se  trouve 
le  champ  des  pleurs  (  Campt  lugen- 
tes  de  Virgile)  qu'habilenl  b.-s  om- 
bres des  enfants  morts  au  berceau  , 
des  jeunes  filles  décédées  avaul  l'hy- 
men el  des  tendres  victimes  de  l'a- 
mour. Cinq  fleuves  ,  le  Slyx  ,  le  Co- 
cyte,  l'Acliéron,  le  Phlégéthou  ,  le 
Lélhé,  forment  des  circonvolutions 
diverses  dans  celte  enceinte.  On  cx- 


PLU 

nlique  Achéron  par  fleuve  des  dou- 
leurs [Voyez  Achkron),    Cocyle 
par    fleuve    des     gëmisscmenls  ;    le 
Styx  est  la  haine  même ,  c'est-à-dire 
l'ensemble   de  tout  ce  qu'il  y  a  de 
haïssable,   de  hideux,  d'amer  dans 
le  monde;  le  Plilégéthon  roule  des 
torrents  de  flamme;  le  Lélhé,  c'est 
l'oubli,  la  mort,  lelhitni.  Les  an- 
ciens, eu  croyant  a  la  réalité  d'un] 
enfer  ,  s'occupaient  beaucoup  du  lieu] 
par  lequel  on  y  pénélrail.  En  gêné 
rai  ils  plaçaient  celte  entrée  sccrèlï 
dans  des  lacs  a  eau   slaguanle,  oï 
dans  des  abînus  a  miasmes  félidés j| 
les  crevasses  ii  exhalaisons  sulfureu- 
ses ou  ammoniacak's  leur  semblaient 
des  orilices,  des  soupiraux  du  sombre 
empire.  Celait  par  ces  issues  mysté- 
rieuses qu'Hercule,  Enée,  Pirithoiis, 
étaient  entrés  aux  enfers,  que  Cer- 
bère avait  été  traîné  par  Hercule  au  , 
grand  jour,  que  Plulon  avait  lancéj 
ses  noirs  chevaux,  son  noir  quadrige 
sur  la  tremblante   Proserpine.    Les 
principales  localités  signalées  commel 
passages  de  la  terre  aux  enfers  élaienti 
l'Averne  près    du  lac  Amsauto    enf 
Italie,  le  Ténare  en  f^aconie,  un  ra^ 
vin  sans  fond   de   l'Hermionide  ,   1( 
marais  d' Achéron  [Palus  Ackerm 
sia)  sur  les  confins  de  l'Acarnanie  e^ 
de  l'Epire,  enfin  un  gouffre  du  Pont, 
Tous  ces  sombres  lieux  étaient  peu- 
plés d'êlresnon  moins  sinistres,  nor 
moins  forraidablesj  car  les  ombres  là 
n'étaient  que  la  population  sujette, 
et  l'empire  souterrain ,   comme    lei 
royaumes  d'en  haut,  avait  ses  agents,! 
ses  ministres. C'étaient  Cerbère, énor- 
me chien  a  trois  têtes ,  vigilant  gui-j 
chetier  des  enfers  ,  Charou  qui  pass^ 
les  morts   dans  sa  barque  ,   s'ils  oul| 
reçu  la  sépulture  ,   les  trois  Parqueil 
qui  filent  el  tranchent  la  destinée  hu- 
maine, les  trois  juges  qui  pèsent  dans 
la  balance  de  l'équilc  le  poids  des 


\ 


PLU 

failles  et  des  bonnes  œuvres,  les  trois 
Furies  (|iii  président  aux  supplices 
des  criminels,  et  dont  les  fouets,  les 
torches  fliunbanles,  les  vipères  gon- 
flées de  venin  se  coalisent  pour  Té- 
ter n  elle  torture  des  damnés;  puis 
viennent  une  foule  d'êtres  ahriraani- 
(jues,  les  uns  antérieurs  à  Tépoque 
dos  Cronides  (Titans,  Centimanes, 
Chimère, Sphinx,  etc.),  les  autres  je- 
tés par  la  foudre  de  Jupiter  ou  par 
quelque  autre  génie  vengeur  dans 
rabînic  duTartarc  (Ixion,Phlégyas, 
Sisyphe);  enfin  se  déroulent  les  per- 
sonnifications de  la  Nuit,  la  Nuit 
même,  la  foule  des  Songes,  les  Gor- 
gones, les  Grées,  Géryon,  Hécate 
qui,  tout  étant  INuit,  Lune  et  Ter- 
re, n'en  est  pas  moins  la  grande 
reine  des  enfers,  Proserpine,  Cérès- 
Proscrpinc.  Pluton  siège  avec  cette 
dernière  sur  un  trône  noir  ou 
d'or.  Il  a  un  quadrige  de  même  cou- 
leur et  de  même  métal ,  et  dont  les 
rênes  aussi  sont  d'or  :  quatre  noirs 
chevaux  ic  traînent;  on  les  nomme 
Orphnée,  Elhon ,  Nyctée,  Alastor. 
Le  casque  d'invisibilité  qui  couvre  la 
tête  de  Pluton  n'est  pas  le  seul  insi^ 
gne  de  ce  dieu  des  enfers;  sa  main 
porte  tantôt  un  sceptre,  un  bâton,  un 
glaive,  ou  bien  le  bidcnt  avec  lequel 
i(  frappe  la  terre  ,  tantôt  des  clés  , 
symbole  de  la  haute  prérogative  qu'il 
a  de  fermer  et  d'ouvrir.  Au  reste, 
ce  casque  d'invisibilité,  en  d'autres 
termes  qui  rend  invisible ,  n'est  lui- 
même  qu'un  emblème  des  ténèbres 
dont  l'enfer  estl'empire.  —  Outre  les 
deux  noms  d'Hadès  et  d'Aïdonce  par 
lesquels  'es  Grecs  désignaient  Platon, 
ce  dieu  avait  ceux  de  Dis,  Yéjov  ou 
Véjovis  (aussi  \cdius) ,  Summanus  , 
Soranus,  Tclluino,  Eubuléc,  Axio- 
cerse,  Orcus.  Februus  ou  Mantusnc 
semblent  pas  non  plus  différer  de  lui. 
Eubnlée  l'idenlilie  li  Bacclius  qui  est 


PLU 


333 


aussi  chthouien.  Axiocerse  nous  le 
montre  jouant  k  Samothrace  le  rôle 
de  Cabire  {J^oy.  Cabires).  L;»  pé- 
riphrase Jupiter  Lifernus  ou  Stygiiès 
qu'on  lui  donne  ordinairement  est  loin 
d'être  dépourvue  de  sens  comme  tant 
de  circonlocutions  poétiques  :  c'est 
qu'effectivement  h  toute  minute  on 
sent  dans  Pluton  le  dieu  suprême 
s'indivldualisant  dans  le  sombre  em- 
pire ,  en  d'autres  termes  la  face 
noire  ou  ténébreuse  du  dieu  suprê- 
me. Cette  réabsorption  de  la  puis- 
sance dominatrice  aux  enfers  dans  la 
puissance  universelle  est  plus  remar- 
quable encore  chez  Proscrpine,  Celle- 
ci  est  la  reine  par  excellence,  non- 
seulement  des  noirs  domaines  du 
Styx,  mais  encore  de  l'Olympe  et  du 
monde. — Parmi  les  nombreuses  e'pi- 
thètes  de  Pluton,  remarquons  celle 
de  Chrysénios  et  Chrysothronos  (aux 
rênes  d'or ,  au  trône  d'or) ,  Chry- 
saorévs  (au  glaive  d'or),  Polydcgmôn 
(qui  contient  ou  qui  reçoit  quantité' 
de  monde),  Agçlaste  (qui  ne  rit  pas), 
Altor  (alimentateur) ,  Agésihis  (con- 
vocateur  des  peuples),  Agathalyos 
(dissolvant  des  biens). — Plulou  était 
honoré  surtout  à  Pylos  en  Messé- 
nie,  a  Coronee  en  Béotie,  a  Nysa 
où  \\\\  bois  lui  était  consacré,  a  Rome 
où  il  avait  un  temple,  dans  la  hui- 
tième région  sous  le  nom  de  Véjov, 
et  dans  la  onzième  sous  celui  de 
Summanus  et  de  Dispnter.  Toute  l'I- 
talie en  général,  l'Italie  pélasgique 
du  moins,  était  remplie  des  vestiges 
de  son  culte.  Idéalisé  sur  le  mont  So- 
racle ,  il  avait  sur  cette  cime  un  tem- 
ple en  commun  avec  Apollon.  C'est 
ainsi  que  Trégène avait, dans  son  tem- 
ple de  Diane,  consacré  k  Pluton  et 
aux  divinités  souterraines  deux  autels, 
justement  au  dessus  de  deux  ouver- 
tures par  lesquelles  on  était  censé 
descendre  aux  enfers.  Selon  la  lé- 


Plu 

gende ,  par  l'une  Hercule  avait  traîna 
Cerbère  au  jour,  par  l'autre  Bacchus 
avait  ramené'  Sémélé  h  la  lumière. 
Originairement  le  Lalium  avait  im- 
molé des  victimes  himiaines  à  Plu- 
ton  5  la  civilisation,  en  adoucissant 
les  mœurs  des  indigènes,  substitua 
des  taureaux  ,  des  brebis  aux  liom- 
mes.  Trois  conditions  élaient  requi- 
ses dans  ces  victimes,  pelage  noir  et 
sans  tache  ,  slérililé  ,  non  mutilation. 
Ou  devait  toujours  les  offrir  ])ar  nom- 
bre pair.  Les  cliairs,  loin  d'être  cé- 
dées à  la  table  des  prêtres  ,  devaient 
être  réduites  en  cendres  5  c'eût  été  h 
la  fois  un  crime  et  une  souillure  que 
d'entamer  de  la  dent  les  chairs  dé- 
vouées au  monarque  des  eufers  :  les 
cuisses  lui  élaient  plus  spéciale- 
rient  destinées.  Au  reste,  beaucoup 
de  cérémouies  bizarres  accompa- 
gnaient ces  sacrifices  5  on  aimait  à  les 
faire  le  2  du  mois,  parce  que  le  nom- 
bre a  était  consacré  a  Pluton,  ce  que 
déjà  pouvait  nous  faire  pressentir  le 
soiu  avec  lequel  on  assorlissait  les 
vidimes  par  nombre  pair.  Pour  la 
même  raison,  le  deuxième  mois  à 
Rome  lui  fut  consacré  [F'oy.  Fe- 
BBUUs).  Ou  lui  sacrifiait  la  nuit.  Les 
bandelettes  de  l'animal  immolé  de- 
vaient être  noires.  Le  prêtre,  après 
avoir  lié  la  victime ,  faisait  briller  de 
l'encens  entre  ses  cornes,  tournait  sa 
tête  vers  la  terre,  et  lui  ouvrait  le 
ventre  avec  uu  couteau  à  manche 
rond  et  a  pommeau  d'ébène,  nonimé 
Secespilaj  le  sang  coulait  dans  une 
fosse  préparée  d'avance,  et  allait  &j 
confondre  avec  le  vin  des  libalinus  : 
celle  cérémonie  s'appelait  Tauro- 
bole  ,  et  fut  depuis  souvent  imitée  j 
elle  s'accomplissait  dans  le  plus  pro- 
fond silence.  Plulon  faisait  partie  des 
huit  du  stlecli  (dieux  choisis),  les 
seuls  qu'il  fût  permis  de  représenter 
fa  or,  en  orjent,  en  ivoire.  Un  corps 


PLU 

spécial  de  vîclimaires,  nommé  Cultra^ 
rii,  lui  était  consacré.  Les  Romaina 
qui  avaient  la  tête  couverte  dans  les 
sacrifices  offerts  aux  dieux  célestes ,  la 
découvraient  lors  d'un  sacrifice  k 
Plulon.  Le  20  juin(i?.  des  calendes 
de  juillet),  jour  de  sa  fête,  son  tera- 
p'e  seul  dans  Rome  était  ouvert.^ 
Les  criminels  lui  élaient  dévoués 5  ei 
après  cet  acte  tout  citoyen  pouvait 
impunément  ôter  la  vie  aux  coupa- 
bles. Dans  le  Code  de  Romulus  tout 
client  qui  trompait  son  palrou ,  tout 
homme  qui  était  ingrat  envers  son 
bienfaiteur,  était  sous  le  poids  de 
cette  vindicte  terrible ,  véritable  ta- 
lion de  l'anlique  Italie. De  même,  lors 
des  calamités  publiques  ,  l'idée  domi- 
nante était  que  les  cHeux  infernaux 
exigeaient  un  sacrifice,  el  une  victime 
humaine,  tantôt  désignée,  tantôt  vo- 
lontaire, venait  assouvir  l'exigence  du 
dieu.  Ainsi  Curtius  ,  ainsi  les  deux 
Décius  Mus,  se  dévouèrent  pour  la 
patrie.  Lfs  Hyacinihides,  les  Erech- 
théides,  offrent  en  Grèce  un  spectacle 
analogue.  Ces  victimes  s'appelaient 
Infcriœ ,  et  de  la  ce  terme  générii* 
que  de  mittere  inftrias^  teime  qui, 
au  reste,  s'applicpie  non-seulement 
h  Plulon  ,  mais  encore  aux  princi-^ 
pales  divinités  infernales.  —  L'adian- 
te  ,  le  narcisse,  le  cyprès,  le  buis, 
étaient  consacrés  a  Plulon.  Les  mo- 
numents anciens  le  représentent  bar- 
bu ,  sévère  et  les  cheveux  tombant 
sur  le  front  ;  sur  sa  tête  est  une 
couronne  d'ébène  ou  d'adianle.  Trois 
peintres  fameux  l'avaient  rendu  avec 
bonheur:  Asclépiodore,  dont  le  ta- 
bleau fut  payé  5 00  mines  d'argent 
par  Mnason,  roi  d'Elate  ;  Euphranor 
de  Corinthe,  et  INicias  d'Athènes.  Sou- 
vent il  est  avec  Proserpine  sur  son 
trône  d'ébène  ou  de  buis  (Bellori,  iSd- 
polcr.  de  JSasoni^  VÙIj  Visconti 
y  voit  Saturne  et  Rhée).  Cerbère  se 


PLU 

Irouve  quelquefois  au  bas  de  ce  Irône. 
Le  caducée  de  Mercure,  les  hippo- 
campes, symbole  du  séjour  des  âmes 
lieureuscs  ,  milileul  plutôt  en  faveur 
de  la  première  opinion.  On  voit  eu- 
cor  e  Plu  (ou  et  Proserpine  dans  une 
scène  relative  à  Psyclié  (Musée  Pio- 
Clémenlin,  II,  i).  Voy.  de  plus  Pen- 
sée couvert  du  casque  d'iuvisibililé 
prêté  par  Mercure  a  ce  héros ,  dans 
Demsler,  Etrur.  régal.,  II,  4' 
INous  Indiquons  plusieurs  bas-re- 
liefs de  Pluton  enlevant  Proserpine  à 
l'article  pROSEnpiTtE.  Beaucoup  de 
modernes  se  sont  appliqués  h  repré- 
senter Orphée  suppliant  Pluton  et 
Proserpine  de  lui  rendre  Eurydice. 
— Philon  a  presque  été  identifié  par 
les  anciens  à  Sérapis.  On  peut  de 
même  le  comparer  a  tous  les  grands 
dieux  ahrimaiiiens  ou  infernaux  des 
diverses  contrées,  entre  autres  au 
Tchernobog  slave,  au  ïuisloii  suève, 
au  lama  hindou ,  au  ïévétat  mon- 
gol,  etc.  Ce  n'est  pas  a  dire  que  la 
ressemblance  soil  complète  entre  tous 
ces  dieux  et  Pluton  :  les  uns  ont 
des  aventures  luiiBaiues ,  les  autres 
ont  la  face  ahrimanieune  sans  deve- 
nir pour  cela  souverains  des  enfers; 
mais  il  y  a  au  fond  identité. 

PLIJ'IUS  ,  n;i()ur«f ,  le  dieu  des 
richesses  ,  passait  pour  fils  de  Cérès 
et  de  Jasion,  et  pour  aveugle.  C'é- 
tait un  dieu  chlhoniin  ,  tant  a  cause 
des  richesses  agriculturales  dont  la 
terre  ,  empire  de  Cérès,  est  la  dis- 
pensatrice première ,  qu'à  cause  des 
richesses  métalliques  que  recèlent 
ses  entrailles.  Aussi  Plutus  et  Plu- 
Ion,  sans  être  en  intime  rapport,  ojit- 
ils  deux  traits  communs  :  i"  le  nom; 
2"  le  domicile  souterrain  cl  téné- 
breux. Les  Grecs ,  en  élaborant  les 
donne'es  antiques,  ont  dit  que  Plu- 
tus avait  déclaré  à  Jupiter  qu'il  vou- 
lait être  inséparable  de  la  vertu  et  de 


PNO 


335 


la  science,  et  que  le  père  des  dieux  y 
jaloux  de  cette  résohition,  le  priva 
de  l'orgme  delà  vue  :  ce  qui  fait, 
qu'avec  les  meilleures  intentions  de 
se  trouver  dans  la  compagnie  de  la 
sagesse,  il  fiante  souvent  la  sottise 
et  la  perversité.  Lucien  ajoute  qu'il 
était  boiteux.  Athènes  lui  avait  dé- 
dié dans  le  trésor  public  une  statue 
sous  le  nom  de  Plutus  clairvoyant. 
Plutus  enfant  se  voyait  dans  celle 
même  Athènes  sur  le  sein  de  la  Paix, 
et  h  Thèbes  entre  les  bras  de  la  For- 
tune. On  l'a  représenté  aussi  sons  la 
forme  d'un  vieillard  qui  tient  a  la 
main  une  bourse.  Il  venait,  disent  les 
anciens,  à  pas  lents  ,  cl  s'en  retour- 
nait avec  des  ailes. 

PLU  VILS,  surnom  di-  Jupiter  en 
tant  que  présidant  à  la  pluie,  ou,  si 
on  veut  presser  la  doctrine,  en  tant 
que  pluie.  Jupiter  est  tout;   et  si 
l'on  entre  dans  les  spécialités,  Jupi- 
ter est  la  portion  de  l'univers  supé- 
rieure h  la  terre.  Air  atmosphérique, 
ciels  intermédiaires,  ciel  extérieur  ou 
cmpyrée,  sont  donc  autan l  de  Jupi- 
ter ,    quoique  plus   particulièrement 
Jupiter  s'idenlilie  à  l'empyrée.   Ju- 
piter-atmosphère est  donc  tantôt   la 
foudre,   tantôt  la  grêle,   tantôt  la 
pluie.  Dans  les  temps  de  séchefesse, 
les  devins  étrusques  croyaient  attirer 
Jupiter  Pluvius  sur  la  terre  ,  en  lui 
faisant  des  saciifices  et  en  transpor- 
tant avec  pompe  de  la  porte  Capène 
a  l'intérieur  de  Rcme  des  pierres  di- 
tes lapides  vianalts  (pierres  où  dé- 
goutte de  l'eau)  qu'il  ne  faut  pas  cou- 
foudre  avec  la  Lapis  manalis  des 
rites  funéraires  (  Voy.    Matjes   et 
comp.  Ombrios).  Cette  cérémonie  se 
nommait  Aqua;licium  {^acjuam  eli- 
cio)  ;  et  le  prêtre  Aquilex    Tuscus 
aqndex  [Voy.  Festus,  art.  Aquœ- 
liciutn  ,  p.  34  de  l'édil.  Dacier). 
PNOCLS ,  fds  d'Isiori  et  d,c  3Sé- 


336 


POE 


pliclé  (la  Nue),  subslîliiée  h  Junon. 

PO  ,  la  Nuit,  cliez  presque  tous 
les  peuples  de  la  Polynésie,  est  dans 
leur  cosmogonie  le  plus  ancien  des 
êtres  ,  la  source  de  tout ,  et  la  mère 
des  dieux  ,  que  l'ounoitime  en  con- 
séquence Faau-Po ,  c'est-a-dire  en- 
fant de  Po. 

PODALIRE.  Foy.  Machaon. 

PODARCE  ,  noâûfK„  :  i"  Da- 
HaVde  5  2."  noê^a.pKt!s  ,  chef  grec,  fils 
d'Ipliicle  ,  commandait  dix  vaisseaux 
«lu  siège  de  Troie.  —  Priam  aussi 
avait  porté  le  nom  de  Podarce. 

PODARGK  ,  Harpye  ,  maîtresse 
de  Zéphyre  et  mère  de  deux  clievaux 
admirables  pour  leur  ngilité  ,  Xantbe 
et  Balios. 

PODÈS,  noeT^jff,  fils  d'Éétion  et 
bcau-frèrc  d'Hector ,  fut  tué  d'un 
coup  de  javelot  par  Ménélas. 

POÉ.....  Foy.  PÉ. 

POENE,  n«/v»j  ,  le  supplice  per- 
sonnifié, grossier  fétiche  des  temps 
anciens  de  la  Grèce,  fut  envoyé  par 
Apollon  contre  les  Argiens,  et  arra- 
chait les  enfants  du  sein  de  leur  mère 
pour  les  dévorer.  La  déesse  Pœna  , 
adorée  eu  Afrique  et  en  Italie,  ne 
diffère  pas  de  Pocnéj  seulement  ello 
est  latine  et  complètement  allégori- 
que et  sans  légende. 

POERIODEKECH  résume  a  lui 
seul  dans  l'antique  histoire  religieuse 
de  l'Iran,  les  Pœriodékécbo  f donnés 
les  premiers)  ou  Pichdadiens ,  nom 
générique  sous  lequel  on  comprend 
toutes  les  populations  persanes  qui 
précédèrent  Zoroaslre.On  en  a  fait 
le  troisièm.e  prince  de  la  dynastie 
des  Pœriodékécban  (dans  ce  cas  ce 
serait  le  même  qu'Houchengb  )  et  le 
législateur  religieux ,  le  grand  pro- 
phète de  la  Perse.  Tantôt  il  reçoit 
l'arbre -Ilom  des  mains  d'Ormuzd, 
tantôt  il  est  Ilom  même  :  on  le  qua- 
lifie de  jiute  et  de  savant 5  il   fraie 


POL 

la  voie  a  Zoroastre.  (  FoyeP 

POGODA,  génie  du  beau  temps 
et  du  printemps,  selon  les  Slaves, 
avait  des  ailes  bleues,  une  robe  bleue, 
une  couronne  de  fleurs  bleues,  et  pla- 
nait dans  l'almosphère  rassérénée  par 
sa  présence  au-dessus  de  la  végéta- 
tion renaissante.  A  ses  côtés  Sim- 
zerla,  la  Flore  des  vSlaves,  répandait 
sur  la  terre  ses  fleurs,  et  dans  Tair 
ses  parfums^  et  Zémargia,  le  dieu  de 
l'hiver  et  de  la  grêle,  s'enfuyait  à 
leur  cpprochc. 

POLÉLA,  déesse  slave  de  l'Ami- 
tié et  du  Mariage.  Sou  nom  veut  dire 
qu'elle  vient  après  l'Amour  (chez  les 
Slavons  Ivélaou  Lélo). 

POLÉMÈTE,  général  béotien, 
lors  d'une  suspension  d'armes  entre 
les  Tliébains  et  les  Eoliens,  vit  en 
songe  un  Jeune  homme  lui  faire  pré- 
sent d'une  armure,  et  ordonner  que 
tout  les  neuf  ans  les  liéolieus  adres- 
sassent des  prières  solennelles  aux 
dieux,  en  tenant  des  brandies  de  lau- 
rier. De  là  la  fêle  des  Daphnépho- 
ries  en  l'honneur  d'Apollon. 

POLÉMOCRATE ,  fils  de  Ma- 
chaon l'Asclépiade ,  était  honoré  à 
Enna,  dans  le  Péloponèsej  et  l'on  ve- 
nait dans  son  temple  lui  demander  la 
guérison  des  maladies. 

POLÉMON  ,  Centaure  lue  par 
Hercule,  lava  dans  l'Anigre  la  plaie 
empoisonnée  que  la  flèche  trempée 
dans  le  sang  de  l'hydre  de  Lernc 
avait  ouverte  dans  jes  flancs,  et  l'A- 
uigrc  ,  depuis  ce  temps ,  exhala  uncl 
odeur^infecte. 

POLIADE,  TIoMÛs-,  Minerve  } 
Tégée  et  à  Erylhrcs.  Ce  nom  vcu 
dire  patronne  de  la  l'ille ,  et  ei 
conséquence  a  le  même  sens  que  Polii 
ou  Poliouchos.  Le  temple  de  Tégé 
n'avait  qu'un  prèlre,  ct'on  n'y  en 
trait  qu'une  Fois  l'an  :  il  était  remar 
quable  par  une  relique  célèbie  ,  1 


POL 

chevelure  de  Médée  ,  Palladium  de 
la  ville.  Celui  d'Erythres  avait  une 
statue  colossale  de  bois  représentant 
la  déesse  sur  un  trône  ,  la  quenouille 
dans  les  roains,  et  sur  la  tète  une 
couronne  que  surmontait  l'étoile  po- 
laire. 

POLTOSSÉE.  Voy.  Polyxo. 

POLIÏE  ,  fils  de  Priam,  fut  tué 
par  Pyrrhus  aux  pieds  de  son  père 
qui  l'avait  placé  en  sentinelle  hors  de. 
la  ville  pour  observer  l'instant  où  les 
Grecs  quitteraient  leurs  vaisseaux 
pour  marcher  vers  Troie.  —  Un  au- 
tre PoLiTE  était  le  plus  prudent  des 
compagnons  d'Ulysse,  et  c'est  lui  que 
ce  prince  aimait  le  plus.  L'Arcadie 
appelait  aussi  Bacchus  Polite. 

POLKAN,  dont  quelques  mytho- 
logues ont  fait  volcan,  dieu  slave, 
était  représenté  avec  la  forme  d'un 
Centaure.  Quelquefois  la  croupe  et 
les  extrémités  inférieures  sont  celles 
d'un  chien,  et  non  celles  d'un  cheval. 

POLLEARouPOLLIAR.(;^o/. 
Gaiïkca.) 

POLLENÏIE  ,  POLLENTÎA  ,  la 
Puissance  personnifiée,  déesse  latine  , 
adorée  par  les  Romains. 

POLLUX  (CASTOR  et),  K^^r*/,, 
riiKvSivKVii  (c'est-k-dire,  Polydku- 
C£,  anciennement  on  disait  Polu- 
CEs)  ,  jumeaux  fameux  des  légen- 
des lacédémoniennes ,  avaient  pour 
mère  Léda,  femme  de  Tyndarée  ; 
Castor  avait  pour  père  Tyndarée 
même^  et  pour  sœur  Glytemneslre  ; 
Pollux  et  sa  sœur  Hélène  étaient  en- 
fants de  Jupiter.  On  assigne  pour 
berceau  tantôt  Amycles,  tantôt  le 
Taygète,  tantôt  Pephnos  aux  Dios- 
cures  Tyndarides.  De  bonne  heure 
ils  se  distinguèrêînt  dans  les  exerci- 
ces gymniques.  Pollux  excellait  dans 
la  lutte  du  pugilat  et  le  combat  du 
ceste  ;  Castor  domlait  les  sauvages 
coursiers  et  faisait  voler  lei  char« 


POL  357 

dans  la  carrière  :  aussi  les  dieux  leur 
donnèrent-ils  d'agilescoursiers.  Nep- 
tune leur  fit  cadeau  de  Phlogée  et 
d'Harpage ,  Jiinon  de  Xanthe  (  ou 
Xanthios)  et  de  Cyllare.  Castor  et 
Pollux  étaient  encore  très  -  jeunes 
lorsqu'ils  dirigèrent  l'expédition  con- 
tre Athènes ,  dont  le  roi  Thëséa 
avait  enlevé  leur  sœur  Hélène.  On 
ne  dit  pas  qu'ils  prirent  la  ville  de 
Cécropsj  mais  quelque  temps  après 
on  les  trouve  devant  Aphidnes  en 
Laconie,  où  Thésée  retient  leur  sœur 
captive,  sous  la  garde  d'Ethra,  sa 
mère.  Acadème,  d'Athènes,  leur  a 
donné  cette  information  précieuse. 
Bientôt  ils  entrent  dans  la  ville  qui 
sert  de  prison  a  l'épouse  future  de 
Ménélas ,  délivrent  la  jeune  beauté 
qui  est  déjà  devenue  mère ,  et  lui 
donnent"  pour  esclave  Ethra,  sageô- 
Kère.  L'expédition  des  Argonautes  les 
attire  ensuite  vers  le  nord;  ils  par- 
tent du  port  d'Iolcos  avec  Jason,  sa- 
crifient aux  Cabires  pendant  la  lera- 
Sête  ,  voient  les  feux  du  ciel  descen- 
re  sur  leur  têle  ,  pendant  qu'ils  of- 
frent leurs  vœux  h  ces  déités  de  Sa- 
molhrace.  Ils  descendent  sur  le  rivage 
de  la  Bilhynie  j  la  Pollux  triomphe  au 
combat  du  ceste  d'Amyciis,  le  Bébry- 
ce,  le  Ne|)tunide ,  l'athlète-modèle 
au  dire  de  l'Asie,  et  l'attache  à  ua 
arbre  où  il  expire.  On  les  montre 
aussi  parcourant  sur  d'agiles  navi- 
res la  mer  Egée  infestée  de  pirates, 
et  la  débarrassant  de  ces  dangereux 
vo.yageurs;  mais  cet  épisode  évbé- 
niérisle  n'a  que  peu  d'importance. 
Plus  lard,  une  rivalité  terrible  s'é- 
lève entre  les  Apharéides  Idas  et 
Lyncée  et  les  Dio-Tyndarides  j  les 
uns  et  les  autres  prétendent  à  la 
main  des  Leucippides  Hila'ire  et 
Phébé.  Chez  quelques  auteurs  ce» 
deux  belles  Messénieiine»  épousent 
lei  frèrei  d'Hélène  i  Pollux  a ,  di 


LV. 


tfa 


338 


POL 


"Phibéf  Nésîcléej  Castor,  uni  k  Hî- 
laïre ,  devient  père  d'Anagon.  Mais 
le  plus  souvent  c'est  aux  Apharéides, 
leurs  compatriotes,  que  iesLeucippl- 
des  donnent  la  préférence.  Les  Dio- 
Tyndarides  les  enlèvent  alors  :  les 
Apbaréides  courent  a  leur  poursuite^ 
le  combat  s'engage;  Castor  est  tué 

far  Ljrncée,   Lyncée    est  tué   par 
'oUux;  enfin  Jupiter,  par  un  coup 
de  tonnerre,  termine  brusquemeat  la 
bataille,  désormais  réduite  a  une  lutte 
corps  a  corps  entre  Pollux   et  Idas. 
Pollux  désolé  de  la  mort  de  son  frère 
supplie  les  dieux  de  le  rendre  a  la 
vie.   On  cède   en  partie  a  ses   dé- 
sira, et  Castor  revient  du  fond  des 
i:' .er- de  deux  en  deux  jours.  De 
pi'is-  tous  deux  brillent  au  ciel  com- 
r^e  constellation  unique,  la  constella^ 
tion  zodiacale  des    Gémeaux.  Enfin 
les  feux  St-Elne  sont  identifiés  k  eux  ; 
et  quand  on  volt  ces  flamme»  capri- 
cieuses se  poser   en  pétillant  sur  la 
jointe  des  lances  ou  des  cimiers,  sur 
es  mâts  des  navires  ou  sur  les  flèches 
qni  terminent  les  vergues,  on  dit  que 
Castor   et  Pollux   descendent    eux- 
mêmes  au  secours  des  soldats  et  des 
matelots.  D'autres  traditions  sur  la 
rixe  qui  eut  lieu  entre  les  Apharéi- 
des cl  les  Tyndarides  sont  rapportées 
à  l'article  LyncÉe.  On  montrait  le 
tombeau  des  Dioscures  k  Thérapné , 
en  Laconie.  Quelques  poètes  disaient 
Cjivils  passaient  ensemble  un  jour  dans 
la  tombe ,  un  jour  dans  l'Olympe. 
Nous  renvoyons  k  l'art.  Léda  pour 
ïe«  détails  de  leur  naissance  miracu- 
leuse ,  le  cygne,  les  deux  œufs ,  etc. 
Ici  résumons  et  voyons:  i°  auprès 
de  Léda  la  génératrice ,  deux  époux 
Jupiter,  Tyndarée,  et  par  suite,  sous 
.Léda,  deux  œufs,  l'un  dû  k  Jupiter, 
l'autre  a  Tyndare'e  (  i*"  dualisme); 
a*"  dans  chaque  œuf  deux  enfants, 
eu  tout  quatre  pour  les  deux  œufs 


r. 


POL 

(  2'  dualisme  )  ;  3°  antagonisme  do 
sexe  dans  chaque  œuf,   car  chaque 
œuf  contient  un  jeune  homme  et  une 
jeune  fille  (S*  dualisme);  4-''  enfin, 
antagonisme  de  nature,  car  deux  des 
enfants  qui  viennent  de  naîtpe   sont 
mortels ,  deux  ont  l'avantage  de  l'im- 
mortalité ,  glorieux  apanage  de  leur 
père  (4-"  dualisme).  Ainsi  un  mortel 
et  une  mortelle,  un  immortel  et  une 
immortelle,  voilk  le  quatuor  issu  de 
Léda.  Classé  par  sexe ,  il  donne  Pol- 
lux et  Castor,  Hélène  et  Clytemnes- 
tre  ;  classé  par  nature,  il  présente  Hé- 
lène et  Pollux,  Clytemnestre  et  Cas- 
tor. On  comprend  dès-lors  et  le  nom 
de  Tyndarides  qu'on  leur  donne  sou- 
vent .par  abus  (c'est  ainsi  qu'Hercule 
s'appelle  Amphilryoniade) ,  et  le  ti- 
tre de  Dioscures,  qui  désigne  Castor 
et  Pollux ,  quoique  k  noire  avis  il  s'ap- 
plique k  vingt  autres  couples  jumeaux; 
et  enfin  la  dénomination  composite 
de  Dlo-Tyndarides,  qui  indique  la  col- 
laboration  de   Jupiter   et  de    Tyn- 
darée dans  la  naissance  des  jeunes  hé- 
ros que  Sparte  adore.  Dans  Homère, 
Pollux  et  Castor  doivent  également 
le  jour  k  Tyndarée  :  Hélène  et  Cly- 
temnestre sont  filles  de  Jupiter.  C'est 
Tyndarée,  dit-on,  qui  le  premier  mit 
en  circulation  la  généalogie  qui  eut 
la  vogue  dans  les  siècles  postérieurs. 
Pour  bien  comprendre  le  mythe  de 
Castor  et  Pollux,  il  faut  d'abord  se 
pénétrer  d'un  principe,  la  pluralité  des 
Dioscures.  Il  y  a  des  Dioscures  dans 
Argos,  Atrée  et  Thyeste  ;  des  Dios- 
cures k  Thèbes,  Amphion  et  Zéthus; 
des  Dioscures  en  Thrace,  Pandion  et 
Plexippe;  des  Dioscures  en  Messénie, 
Idas  et  Lyncëe.  Non-seulement  les 
deux  Dioscures  d'un   même  couple 
sont  contraires  l'un  k  l'autre;  deux 
couples  dioscures  peuvent  être  en  ri- 
valité. C'est  ce  qui  était  immanquable 
entre  la  Laconie  et  la  Messénie;  ces 


POL 

deux  régions  limitrophes  furent  de 
tout  temps  ennemies  :  chacune  avait 
ses  types,  ses  légendes,  ses  héros  j  les 
Dioscures  de  l'une  devaient  combat- 
Ire  les  Dioscures  de  l'autre.    Quand 
définitivement  Sparte   eut  triomphé 
de  Mesbène,  les  vainqueurs  dirent  que 
les  Leucippides  étaient  les  épouses  lé- 
gitimes de  Castor  et  de  Pollux.  Les 
vaincus  qui  avaient  vu  dans  les  Apha- 
réides  les  épouses  d'Idas  et  de  Ljn- 
cée    n'y  virent  plus  que  leurs  fian- 
cées ravies  par  Castor  et   Pollux. 
Du  reste ,  Dioscures  et  fiancées  des 
Dioscures  sont  des  êtres  sidériques  ,* 
car  les  Dioscures  sont  les  soleils  se- 
mestriels, les  Apharéides  amantes  ou 
épouses    sont    des   soleils  femelles, 
tour-à-tour  identifiés  h  Lune- Vénus 
et  même  Soleil.  Ce  n'est  pas  tout: 
soleils  semestriels,  hémi -soleils  de- 
viennent dans  une  sphère  inférieure 
jour  et  nuit  ;  dans  une  sphère  supé- 
rieure, univers  Loréal,  univers  aus- 
tral.  Quant    a    ce    détail    classique 
qui    montre  Castor  et  Pollux   rési- 
dant chacun  un  jour  ,   c'est-à-dire  , 
vingt-quatre  heures  sur  la  terre,  c'est 
une  faute  matérielle.  Pas  de  doute  , 
qu'originairement  ou  n'ait  voulu  dire 
que  Castor  et  Pollux  présidaient  cha- 
cun moitié  ou  environ  des  vingt-qua- 
tre heures  sur  le  globe  5  l'ambiguité 
du  mot  jour  suffit  pour   faire  com- 

E rendre  l'origine  de  cette  méprise. 
<a  naissance  immortelle  de  l'un ,  la 
naissance  mortelle  de  l'autre  n'a 
rien  qui  doive  surprendre  ;  le  héros 
symbole  de  l'ombre  doit  être  issu 
d'un  père  mortel.  Les  talents  divers 
par  lesquels  on  caractérise  chacun 
des  Dioscures,  se  rapportent  aux 
propriétés  mythologiques  du  soleil  :  il 
est  lutteur,  de  la  Pollux  ;  il  est  ha- 
bile écuyer,  de  la  Castor.  Notons, 
du  reste  ,  que  tous  les  noms  indi- 
quent cette  solarilé  des  personnages. 


POL  339 

Apharée  c'est  Fré,  Leucippe  c'est 
l'être  au  blanc  coursier  j  et  en  fai 
de  noms  individuels,  Phébé  veut  dire 
la  brillante  j  Hilaïre  l'égayante  j  Lyn- 
cée  le  lumineux  ;  Idas  le  voyant  •  Pol- 
lux la  grande  lumière  {ttoXÙs,  lu»,  ). 
Castor  seul  semble  par  son  nom  nous 
ramener  à  .une  autre  série  d'idées. 
Ce  nom  ,  à  notre  avis  ,  a  une  étroite 
afiinité  avec  Cadmile-  et  ici  nous  ar- 
rivons  aux    doctrines   cabiroïdiques 

{Foy.  Cabires) La  translation 

des  deux  Dioscures  aux  cieux  n'a  rien 
d'étonnant,  et  pourtant   ne  dérive 
pas  immédiatement  de  leur  rôle  de 
soleils  semestriels.  Pour  l'expliquer, 
il  faut  revenir  à  leur  rôle  de  dieux- 
météores   et   de  dieux -navigateurs. 
Rappelons -nous  ces  formes  naines 
qu'affecte  en  Egypte  et  en  Phénicie 
le  second  démiurge  Fta.   Sidik,  ce 
dieu  du  feu  qu'eu  Chaldée  on  nomme 
Bel,  ne  coupe-t-ilpas  en  deux  Omor- 
ka  son  adéquate  femelle?  nain  lui- 
même,  il  s'est  donc  transformé  en 
deux  nains.  Ces  deux  nains,  ces  ju- 
meaux joufflus  sont  dieux  du  feu,  ainsi 
que  luij  et  les  météores  électriques 
sont  eux-mêmes.  En  Phénicie,  on  ne 
pouvait  manquer*  de  les  lier  à  l'eau, 
car  l'eau  et  le  feu  sont  en  connexion. 
Les  mâts,  dont  la  base  semble  plon- 
ger dans  l'eau,  voient  des  pointes  fol- 
lettes de  flammes  se  balancer  à  leur 
cime.  Ces  feux,  au  dire  des  matelots, 
annoncent  le  calme.  C'en  fut  assez 
pour   qu'on    identifiât   les   Patèques 
protecteurs  de  la  navigation  avec  les 
feux  météoriques.  Les  Patèques  d'ail- 
leurs, pour  la  Phénicie,  étaient  des 
Cabires.  Enfin ,   comme  protecteurs 
de  la  navigation  et  adéquates  des  feux 
St-Elne,  on  avait  à  les  identifier  à 
quelque  aslérisme  important  :  ce  fut 
l'astérisme  zodiacal  des  Gémeaux  au- 
quel le  soleil  s'unit  dans  les  plus  beaux 
temps  de  l'année.  —  Les  Dioscurej 


22. 


o4o 


POL 


ctaient  touorés,  non  -  seulement  à 
Sparte,  où  leur  fête  s'appelait  Dios- 
curie,  mais  encore  dans  les  villes  d'A- 
tbènes,  de  Rome,  de  Vélie ,  etc. 
Leur  nom,  souvent  répété  dans  les 
conversations  familières,  s'introduisit 
dans  les  compositions  épiques  et  ly- 
riques de  nombre  de  poètes.  Les  an- 
ciens eux-mêmes  se  moquèrent  de 
cet  inévitable  épisode  de  tous  les 
cliants  qu'improvisaient  des  Pindares 
bien  payés  par  les  athlètes.  Plusieurs 
cités  pélasgiques  regardaient  Castor 
et  Pollux  comme  les  grands  Lares  ; 
on  les  faisait  intervenir  dans  mille 
affaires  publiques  ou  privées.  Un  ré- 
cit charmant  de  Phèdre  les  montre 
venant  sauver  la  vie  a  Simonidc. 
Tile-Live  raconte  gravement  qu'ils 
prirent  part  a  la  bataille  du  lac  Ilé- 
gille,  contribuèrent  puissamment  a  la 
défaite  des  Latins,  et  enfin  cou- 
rurent à  Rome  annoncer  la  victoire. 
Long-temps  après,  on  montrait  en- 
core k  Rome  la  fontaine  de  Saturne  , 
vers  laquelle  s'étaient  dirigés  les  deux 
frères  pour  y  abreuver  leurs  che- 
vaux et  pour  disparaître.  On  repré- 
sentait d'ordinaire  les  deux  Dioscu- 
res  ensemble.  Ony«ajoute  quelque- 
fois les  étoiles,  les  bonnets  coniques: 
les  lances  a  pointe  aiguë  les  caracté- 
risent très-souvent.  Ils  sont  tous  deux 
k  cheval,  ou  bien  tiennent  leurs  che- 
vaux par  la  bride;  quelquefois  ils 
sont  k  pied ,  et  nul  coursier  ne  se 
trouve  près  d'eux.  Sur  une  médaille 
on  voit  Castor  a  cheval  auprès  de 
Pollux  qui  tient  sa  monture  par 
la  bride.  Le  bas-relief  publié  par 
Vinckelraann ,  Monum.  inéd.,  pi. 
62 — 63  ,  présente  Castor  à  cheval, 
et  Pollux  assis  :  ou  le  regarde  comme 
1a  plus  belle  figure  des  Dioscures. 
Sur  la  balustrade,  au-devant  du  Ca- 
pitule ,  sont  deux  statues  colos- 
sales, dont  une  seule  tient  la  bride 


POL 

d'un  cheval  ;  "Vinckelmann  y  retrouve 
les  Dioscures.  Sur  une  médaille,  dans 
Morell,  Fani.  rom.,Servilia,C3ii- 
tor  et  Pollux  a  cheval  et  armés  de 
lances  s'avancent  dans  une  direction 
opposée;  ils  ont  des  étoiles  au-dessus 
de  la  tête.  Les  étoiles  aussi  carac- 
térisent la  médaille  lacédémonienne 
publiée  par  Millin  {Gai.  Mylh.^ 
526)  :  les  deux  héros  sont  nus,  mais 
coiffés  de  leurs  bonnets.  Un  sarco- 

fhagc  de  la  Yilla-Médlcis  représente 
enlèvement  des  Leucippides  par  les 
Dioscures.  Dans  le  Musée  Pio-Clé- 
raentin,lV,  44,  aux  Dioscures  et  aux 
Leucippides  se  joignent  les  Apharéi- 
des  qui  veulent  délivrer  leurs  fian- 
cées; un  grand  nombre  d'autres  per- 
sonnages se  trouvent  mêlés  a  l'action. 
Assez  souvent  se  voient  des  têtes  de 
Dioscures  :  telles  sont  les  deux  tètes 
de  la  médaille  d'Istrus,  qui  regar- 
dent en  sens  contraire;  et  celles  de 
cette  pàtc  en  verre  reproduite  par 
Schlichtegroll ,  Pierres  gravées  de 
Stock.,  28  (ce  sont  les  deux  jeunes 
Césars ,  Caïus  et  Lucius ,  sous  les 
attributs  des  Dioscures  ).  Une  mé- 
daille de  Lacédémone  porte  simple- 
ment les  bonnets  des  Dioscures  avec 
des  étoiles  au-dessus.  Castor  seul  se 
voit  sur  le  bas-relief  du  Musée  Pio- 
Cléraentin  ,  IV,  18.  De  même  on 
voit  Pollux  combattre  Amycus  dans 
Lauzi,  Saggio  di  llngua  eiruscOf 
II,  XII,  6. 

POLOS  apporta  dans  Mégalopo- 
lis  les  mystères  des  grandes  déesses , 
et  fit  de  cette  ville  la  succursale 
d'Eleusis. 

POLTIS,  ami  d'Hercule,  avait 
pour  frère  Sarpédon  le  Neptunide. 
Autant  il  mit  de  zèle  k  recevoir  le 
héros  k  son  retour  de  la  prise  de 
Troie,  autant  Sarpédon  montra  de 
baine  à  l'élranger.  Hercule  irrité  le 

tUB. 


i 


FOLYBE  :  lo  fils  de  Mercure  et 
d'Eube'e  ,  et  un  de  ceux  qu'on  donne 
comme  père  du  dieu-marin  Glaucosj 
i°  autre  fils  de  Mercure  et  de  Chtho- 
nophile,  roi  de  Sicyone,  père  de  Lj- 
sianasse  (il  eut  pour  gendre  Talas , 
et  pour  successeur  Adraste  )  ;  3"  roi 
de  Corinthe  et  père  adopliif  d'OE- 
dipe  (f^qy.  ce  nom);  4°  fils  d' An- 
ténor  ;  5*  poursuivant  de  Pénélope , 
tué  par  Eumène;  6»  habitant  de 
Thèbes  (Egypte)  et  ami  de  Ménélas, 
à  qui  il  fil  de  grands  présents. 

POLYBÉE,  fille  d'Amycle  et 
sœur  d'Hyacinthe.  —  Cérès  aussi  se 
nomme  Polybée. 

POLYBOTE,  ge'ant  écrasé  par 
Nepljne  sous  l'île  de  Nisyre.  C'est 
Neptune  qui  lui  jeta  ce  morceau  de 
l'île  de  Cos  à  la  tète ,  a  l'instant  où  il 
fuyait  k  travers  les  flots  de  la  mer 
Egée,  qui  lui  allaient  h  peine  à  la 
ceinture. 

POLYCAON:  i^dieu  desMessé- 
niens,  donné  pour  fils  de  Lélexj  2° 
fils  de  Butés  et  mari  d'Évechmé. 

POLYCASTE:  i"  femme  d'Ica- 
rius  et  mère  de  Pénélope  5  2"  la  plus 
jeune  et  la  plus  belle  des  filles  de 
Nestor  :  on  la  voit  dans  l'Odyssée 
préparer  le  bain  pourTéiémaqiie. 

POLICRITE,  héros  d'un  conte 
à  fantômes  et  k  vampires  de  1;  Grèce 
Supérieure,  avait  été  selon  Phlé^on 
un  étolarque  (président  de  la  Piépu- 
bliqueétolienne).  Il  mourut  trois  jours 
après  son  mariage  avec  une  Lo- 
crienne.  Déjà  la  reine  était  encein- 
te 5  un  hermaphrodite  naquit.  Les 
prêtres  prophétisent  des  guerres  en- 
tre Locres  et  l'Élolie^  l'autorité 
d'accord  avec  l'oracle,  ordonne  la  dé- 
portation de  la  mère  et  de  l'eufant 
hors  des  limites  de  l'état,  «  afm 
ajoute  l'oracle,  qu'ils  soient  brûlés 
vifs  l'un  et  l'autre.  «  A  Tinslant  de 
l'exéciUion,   un  ?p<=clre  apparaît  et 


por. 


34  r 


se  place  près  de  l'hermaphrodite  j  le 
peuple  fuit.  Est-ce  donc  un  défenseur 
qui  vient  s'opposer  k  l'arrêt  sangui- 
naire? Non,  c'est  un  vorace  buveur 
de  sang,  c'est  Polycrite  même,'  iï 
n'approche  que  pour  se  repaître  plus 
vite  des  cadavres  que  lui  abandonne 
la  superstition.  La  retraite  du  peupler 
lui  fait  ma! 5  il  rappelle  les  fuyards^ 
et,  de  sa  voix  qui  n'est  qu'un  souffle,, 
leur  fait  un  long  discours  pour  leur 
prouver  l'utilité  du  sacrifice  comman- 
dé par  leurs  magistrats.  Enfin,  voyant 
que  décidément  l'autodafé  n'aura  pas 
lieu,  il  saisit  l'enfant,  le  lacère,  le 
dévore.  En  vain  les  pierres  pleuvent 
sur  sa  tête;  il  achève  son  hideux  re- 
pas, laisse  seulement  la  tête  et  dis- 
paraît. La  foule  eu  tumulte  songe  à 
consulter  l'eracle  de  Delphes,-  loul- 
k-coup  la  tête  parle  et  prédit  en  vers, 
hexamètres  d'épouvantables  catastro- 
plies  qui  ne  manquèrent  pas  d^avoir 
lieu. 

POLYCTOR  formait  avec  Itha- 
que et  Nérite  la^  triade  fondatrice 
d  Ithaque.  —  Un  Égyptide,  époux  de 
Stygno,  portait  aussi  ce  nom. 

POLYDAMAS,Troyen,  complice 
d  Anlénor,  au  dire  de  ceux  qui  fynt 
de  ce  prince  un  traître  k  la.  cause 
des  Phrygiens.  Selon  Homère,  c'était 
un  guerrier  peu  brave,  très-prudent, 
et  fort  habile  k  privoir  l'avenir. 

POLYDAMNA,  femme  de  Tho-^ 
nis  ce  roi  d'Egypte  dont  Ménélas. 
lut  l'hôte,  fit  cadeau  de  Népenlhe  à 
Hélène  (FojK.  NtPENTHE). 

POLYDECTE,roidel'ÎIedeSé. 

nphe.  f^oyez  PersÉk. 

POLYDÉMON  fut  tué  par   Per- 

sée  aux  noces  d'Andromède. 

VOLYDOUE,Polvdora:  loQcéa- 

indcj  2"  Amr.zoue;  3"  Dana'i'de, maî- 
tresse du  fleuve  Sperchiiis  et  mère 
de  Dryops;  A"  fille  de  Périéiès  et 
lenime  «e  Pelée:  5"  fille  d'Anli.^one- 


34a 


POt 


et  de  Pelée, femme  de  Piéros  et  mère 
de  Méuesthée;  6°  fille  de  Méléagre, 
femme  de  Protésilas  (plus  communé- 
ment on  la  nomme  Laodamie^  voy. 
ce  nom). 

POLYDORE,  PoLYDORos,  no- 
?iû^apoç,  le  plus  jeune  des  fils  de 
Priam  et  d'Hécube ,  fut,  lorsque 
Troie  commençait  à  être  en  danger, 
confié  par  son  père  avec  ses  trésors 
au  roi  de  Thrace,  Polymnestor,  son 
gendre.  Polymnestor  le  fit  pe'rir  pour 
s'approprier  les  richesses  dont  il  n'é- 
tait que  Je  dépositaire.  Bientôt  Enée 
'  arrive  sur  la  côte  de  Thrace  j  du  pied 
de  quelques  arbustes  qu'il  veut  arra- 
cher le  sang  file  lentement,  et  une 
voix  lamentable ,  Polydore  lui-même, 
lui  raconte  ce  qui  s'est  passé.  Dans 
Hygin,  Polydore  au  berceau  n'est 
connu  que  d'Ilione ,  femme  de  Po- 
lymnestor, qui  l'élève  comme  son  fils, 
et  qui  fait  passer  Diphile  son  fils 
pour  son  propre  frère.  Polymnestor, 
un  jour,  prête  l'oreille  aux  proposi- 
tions des  Grecs,  qui  lui  offrent  la 
main  d'Electre,  a  la  condition  de  ré- 
pudier sa  femme  et  de  faire  périr  son 
beau-frère  5  il  y  consent ,  et  Diphile 
meurt.  Un  peu  plus  tard  Polydore 
se  met  en  voyage ,  consulte  l'oracle 
d'Apollon,  l'entend  avec  surprise  an- 
noncer la  mort  de  son  père,  l'incen- 
die de  sa  ville  natale  ;  accuse  le  dieu 
de  mensonge  lorsqu'à  sou  retour  il 
trouve  Polymnestor  vivant,  et  la  ville 
debout.  Bientôt  Ilione  lui  explique 
l'énigme ,  et  le  fils  de  Priam  arrache 
les  yeux  à  Polymnestor.  Homère  fait 
Polydore  fils  de  Laothoé  j  malgré  son 
père,  il  court  au  combat,  et  Achille 
le  perce  de  sa  lance. — Trois  autres 
PoL\DORE  furent:  i°le  fils  de  Cad- 
mus  et  d'Harmonie,  père  de  Lab- 
daque,  aïeul  de  Laïus  et  bisaïeul 
d'OEdipe;  2°  le  fils  d'Aristée  et 
d'A,utonoé  ;  et  çn  copséquesice  un  des 


Poh 

petits-fils  de  Cadmus  (on  le  vit  aux 
jeux  funèbres  célébrés  a  Buprasium)^ 
3°  un  des  Epigones(il  avait  pour  père 
Hippomédon). 

POLYÉMON,  père  d'Hamopaon, 
fut  tué  par  Teucer. 

POLYGONE  et  TÉLÉGONE  dé- 
fièrent Hercule  k  la  course,  et  furent 
tués  par  le  héros.  , 

POLYIDE,  devin  célèbre,  apprit 
k  Minos  (II)  la  mort  de  Glaucos  son 
fils,  qui  s'était  noyé  dans  xm  tonneau 
de  miel ,  ressuscita  le  jeuue  prince  et 
lui  apprit  fort  inutilement  la  divina- 
tion.   La  légende  de  la  résurrection 
est  bizarre.  Minos  ordonne  au   de- 
vin de  ressusciter  son  fils,  et  provi- 
soirement l'enferme  avec  le  mort  dans 
le  tonneau.  Polyide,  qui  n'espère  pas 
opérer  le  prodige  qu'on  lui  demande, 
s'est  muni  d'un  aspic  pour  mourir  au 
plus  vite,  et  se  soustraire  ainsi  aux 
tourments  dont  l'a  menacé  le  roi  de 
Crète.  11  irrite  donc  l'aspic 5   l'ani- 
mal, au  lieu  de  mordre,  meurt.  Sur- 
vient, on  ne  dit  pas  par  quelle  fente 
du    tonneau,   un   autre  aspic  muni 
d'une  herbe  qu'il  applique  à  son  ca- 
marade mort.  Soudain  le  reptile  vic- 
time de  Polyide  tressaille  et  renaît  à 
la  vie.    Le  devin   s'empare  aussitôt 
de  l'herbe  enchantée,  renouvelle  l'é- 
preuve sur  Glaucos,  et  voit  ses  yeux 
se  rouvrir,  ses  bras  se  mouvoir,  sa 
bouche  aspirer  l'air  :  les  voilà  tous 
deux  devant  Minos.   «Polyide,  mon 
ami,  tu  es  trop  habile 5  ce  serait  un 
meurtre  de  laisser  échapper  un  sage 
tel  que  toi ,  sans  qu'au  moins  il  eût 
fait  un  élève.  Apprends  ton  art  kmon 
fils,  fais-en  un  devin,  qu'il  soit  ton 
rival.  »  —  «  Et  quand  le  prince  en 
saura  autant  que  moi,  je  partirai.^  » 
—  ce  Oui.  35 —  a  Quelque  chose  qu'il 
advienne"?  même  si  le  prince  venait 
à  oublier  mes  leçons?  » — «  Eh  oui  !  v 
Polyide  sç  hâte  d'apprendre  toute» 


POL 

les  formules  divinatoires  et  incanta- 
toires au  Jeune  prince ,  en  fait  bien 
vite  un  maître  dans  Part  de  prédire, 
voit  Minos  s'extasier  devaat  ses  ra- 
pides succès,  obtient  Yexeat  si  long- 
temps refusé  j  marche  accompagné  du 
roi,  du  prince,  du  peuple  et  de  toute 
la  cour  au  rivage  où  l'attend  un  na- 
vire ,  puis  en  embrassant  Glaucos  lui 
crache  dans  la  bouche  !  La  fatale  sa- 
live neutralise  tout  ce  qui  s'est  faitj 
et,  quand  Polyide  lève  l'ancre,  en 
vain  f  auguste  élève  veut  prédire,  l'au- 
guste élève  ne  sait  plus  rien.  —  Un 
Polyide  ,  Troyen  ,  fils  d'Euryda- 
mas,  fut  tué  par  Diomède  au  siège 
de  Troie. 

POLYME  ,  Grec  qui  enseigna  le 
chemin  des  enfers  a  Bacchus  lors- 
qu'il y  descendit  pour  chercher  Sé- 
mélé. 

POLYMÈDE  ,  fille  d'AutoIycus, 
femme  d'Eson,  mère  de  Jason  (Coiap. 
cet  art.).  Elle  ne  survécut  que  peu  de 
jours  a  son  époux. 

POLYMÈLE  :  I"  fille  de  Phylas, 
maîtresse  de  Mercure,  dont  elle  eut 
Eudore  ,  et  femme  d'Echècle  ,  l'Ac- 
toride  5  2°  fille  d'Eole  ,  séduite  par 
Ulysse. 

POLYMÈLE:  lofils  de  Pelée, 
et,  selon  quelques  auteurs,  père  de 
Patrocle  j  2,"  fils  du  chef  troyen  Ar- 
gée;  il  fut  tué  par  Patrocle. 

POLYMNESTE  ,  de  Théra  , 
épousa  Phronime  et  en  eut  Battus , 
fondateur  de  Cyrène. 

POLYMNESTOR,  roi  de  Thrace, 
époux  d'ilione  ,  et  en  conséquence 
gendre  de  Priam  ,  reçut  en  dépôt  de 
son  beau-père  la  plus  grande  partie 
des  richesses  de  Troie  et  le  jeune  Po- 
lydore.  L'article  de  ce  dernier  fait 
connaître  les  diverses  légendes  rela- 
tives au  meurtre  dont  Polymnestor 
souilla  ses  mains.  D'après  celle  qui 
le  iftoatre  douaaut  la  mort ,  non  pas 


POL 


343 


à  son  fils  Diphilé",  mais  k  Polydore , 
il  n'évite  pas  pourtant  le  juste  salaire 
de  sa  perfidie.  Ulysse  est  poussé  en 
Thrace  par  la  tempête.  Les  Troyent 
y  débarquent  :  Hécube  en  furie  entre 
,sous  la  tente  du  tyran  et  lui  crève  les 
yeux. 

POLYMNIE,  PoLTMNiA,  et  poé 
tiquement  Polyhymnia,  neXufctiei.f 
une  des  neuf  Muses,  préside  a  la  poé 
sie  lyrique  ,  ainsi  que  l'annouce  son 
nom,  dérivé  de  itof^ôf  et  îl/nyoç  (et  non 
de  TToAti  et  fttfiytjfe.a.i).  On  la  peinl  un 
doigt  sur  la  bouche  et  dans  une  alti- 
tude méditative.  Comp.  Piti.  d'JEr 
colano  ,  II  ,  7  j  et  Millin ,  Gai. 
Myth.,  64.,  54.1  ,  548.  Les  guir- 
landes de  laurier,  le  sceptre  ,  les  vê- 
tements blancs,  n'ont  rien  de  carac- 
te'risque.  On  met  aussi  sous  sa  pro- 
tection l'éloquence  ,  et  des  rouleaux 
semés  a  ses  pieds  portent  les  noms  de 
Cice'ron  et  de  Démoslhène.  Quelque- 
fois on  place  dans  sa  main,  au  lieu  de 
sceptre,  im  autre  rouleau  sur  lequel 
est  écrit  Suadere  (persuader). 

POLYNICE,  POLYNICE,  UcXvnt- 

Ktis  5  frère  jumeau  d'Elëocle  (  f^oy. 
ce  nom),  avec  lequel  il  se  battait  dans 
le  sein  même  de  Jocaste  ,  leur  mère, 
chassa  de  Thèbes  Œdipe,  conjointe- 
ment avec  lui,  et,  pour  s'emparer  du 
trône,  convint,  lors  de  l'arrangement 
qu'ils  firent  relativement  a  la  cou- 
ronne ,  de  le  laisser  régner  le  pre» 
mier,  redemanda  en  vain  au  bout  de 
l'an  son  tour  de  souveraineté ,  alla 
chercher  des  auxiliaires  dans  l'Argo- 
lide,  épousa  la  fille  d'Adraste,  Argie, 
et  revint  suivi  de  six  chefs  argiens 
pour  attaquer  Thèbes.  On  sait  que 
dans  cette  guerre  il  eutk  soutenir  un 
combat  singulier  avec  son  frère,  et 
qu  ils'entre-tuèrent.  Eschyle  pèse  sur 
laparonomasiedePolynice  et  de  waA» 
niKoç  ,  nombreuses  querelles.  Poly- 
^ice  eu,  mourant  laissa  un  fils  du  nom 


3U  POL 

de  Thersandre;  quelques  mytholo- 
gues y  ajouteut  Adrasle  et  Timéas. 
Sur  le  coiFre  de  Cypsèle  était  figuré 
le  combat  d'Étéocle  et  de  Polynice  : 
derrière  ce  dernier  paraît  la  Mort, 
nui  semble  s'apprêter  à  dévorer  sa 
proie.  —  Polynice  figure  dans  uu 
graud  nombre  de  tragédies  :  telles 
sont  les  Phéniciennes,  d'Euripide  5 
les  Frères  ennemis  ,  de  Racine  ; 
Œdipe  à  Colone,  de  Sophocle  et 
de  Ducis.  Polynice  aussi  joue  un 
grand  rôle  dans  la  Tliébaïde  dî 
Stace  ;  mais ,  a  vrai  dire ,  c'est  un 
héros  insignifiant.  Historiquement,  il 
ne  présente  rien  de  grandiose,  de  ca- 
ractéristique ;  niythologiquemeut  , 
quoi  de  moins  brillant,  de  moins  ri- 
che en  épisodes? 

POLYPÉMON,  ncAv5r«>aiy: 
1°  père  d'Aphidas ,  roi  d'Alybas  ; 
»«lemêraequeProcrusle  (R.  :  îtoAuj-, 
beaucoup;  9r«,M«,  malheur,  fléau). 

POL\PÈTE,  PoMPOETEs ,  n«- 
>uK<j/r)jf,  chef  lapilhe,  fils  de  Piri- 
thoiis  et  d'Hippodamie,  conduisit  4.0 
vaisseaux  à  Truie,  tua  plusieurs  chefs 
troyens,  cl  remporta  un  prix  aux  jeux 
funèbres  donnés  sur  la  tombe  de  Pa- 
trocle. 

POLYPHÈME  ,  PoLYPHEMrs  , 
^«;^y?Jfu.of ,  le  plus  célèbre  des  Cy- 
clopes ,  passait  pour  fils  de  Neptune 
et  de  Tboosa.  Il  n'avait  qu'un  œil  au 
milieu  du  front  ;  sa  taille  était  gigan- 
tesque 3  la  chair  humaine  faisait  ses 
délices,  quoique  pour  l'ordinaire  il 
fût  obligé  de  se  contenter  de  celle  de 
ses  brebis  ,  qu'il  faisait  paître  dans 
les  opulents  pâturages  de  sou  île. 
Amoareux,  mais  vainement ,  de  Ga- 
latée,  il  écrasa  son  rival  Acis  sous  un 
quartier  de  roc.  Ulysse,  au  retour  de 
Troie,  ayant  été  jeté  par  la  tempête 
sur  le  rivage  de  la  Sicile,  tomba,  ainsi 
que  tous  ses  compagnons  ,  sous  les 
mains  du  Cyclope,  qui  l'enferma  dans 


ion  aiitre.  Heureusement  le  rusé  voya 
geur  l'amusa  si  bien  par  ses  contes,  i 
que  le  cannibale  sicilien  lui  promit  do 
ne  le  manger  que  le  dernier,  et  bien- 
tôt se  laissa  enivrer  par  le  vin  qu'il 
lui  versait  en  abondance.  Alors 
Ulysse  fait  rougir  un  pieu  au  feu, 
l'eufonce  a  l'aide  des  plus  intrépi- 
des de  ses  compagnons  dans  l'œil  du 
géant,-le  crève,  attache  tous  les  Grecs 
sous  les  moutons  de  Polyphème,  qui" 
les  laisse  ainsi  passer  un  à  un  entre 
ses  jambes,  après  avoir  tâté  au  pas- 
sage tout  ce  qui  sort  de  son  antre. 
Ulysse  s'était  lui-même  cramponné 
sous  le  ventre  d*un  de  ces  animaux. 
Tous  partirent  immédiatementaprèsj 
Achéménide  seul  fut  abandonné  sur 
le  rivage  ;  mais  la  flotte  d'Énée  le  re- 
cueillit. Dans  Homère  ,  on  voit  Po- 
lyphème aveuglé  convoquer  à  grands 
cris  les  Cydopes,  se  plaindre,  gémir, 
maudire  Outis.  «  Qui  vous  fait  donc 
du  mal?»»— ce  Outis,»  répondait  Po- 
lyphème (Outis,  en  grec,  est  un  dimi- 
nutif d'Ulysse  ,  et  veut  dire  per- 
sonné). — «Personne  ne  vous  fait  de 
mal  ?  ne  gémissez  donc  pas  !  Si  per- 
sonne ne  vous  a  crevé  l'œil ,  ne  de- 
mandez donc  pas  vengeance  ,  etc.  !  » 
Selon  Servius,  Polyphème  avait  troi« 
yeux  (Comp,  Cyclopes  et  Les- 
TRYGONs).  C'est  ainsi  qu'il  est  repré- 
senté dans  \esPittured'ErcolartOj 
pi.  10.  Une  belle  tête  de  Polyphème 
trouvée  k  Lyon,  et  dont  le  dessin  a 
été  communiqué  par  M.  Artaud  à 
Millin,  porte  l'œil  unique  sur  le  front 
et  n'indique  les  deux  autres  que  par 
des  paupières.  Voyez  encore  un  Po- 
lyphème dans  Tischbein ,  Peint, 
hom.,  Od.  ,  II. — Deux  autres  Po- 
lyphème sont,  l'un  un  Thessalien, 
Argonaute  ,  fils  d'Élate  (  Apollo- 
nius de  Rhodes  l'a  ,  mais  à  tort , 
confondu  avec  Euphème),-  l'autre  un 
priqce  célébré  par  Homère  (c'était 


I 


FOL 

probablement  ua  prince  lapithe). 
POLYPHIDÉE,  noxvipihi^s,  de- 
vin qu'où  venait  consulter  a  Hypéré- 
sie  en  Argolide  ,  et  qu'Homère  pro- 
clame le  plus  habile  des  propliètes 
après  Amphiaràs  ,  ne  diffère  peut- 
élre  pas  d'Amphiaràs. 

POLYPHONIE  ,  POLYPHONTES, 

n«A«?«yT;î5-  :  i°liéraut  de  Laïus  (il 
fut  tué  par  OEdipe  eu  même  temps 
que  ce  prince)  ;  2°  tyrande  Messène, 
meurtrier  de  Cresphonte  et  de  tous 
les  Cresphontides,  prétendant  de  Mé- 
rope  (il  fut  tué  par  Epyte,  fils  de 
cette  reine). 

POLYPHONIE  ,  noAvÇo'yr?.'  , 
cbasseresse  ,  fille  d'Hipponoos  et  de 
Thrassa,  descendante  de  Mars,  brava 
Venus ,  devint  amoureuse  d'un  ours, 
en  eut  deux  fils,  Agrios  et  Orîos ,  et 
fut  ainsi  qu'eux  métamorphosée  en 
oiseau  par  Mars ,  a  l'instant  où  Mer- 
cure, envoyé  par  Jupiter  ,  allait  les 
punir  de  leur  perversité. 

POLYTECHNE.  Foy.  Aédon. 
POLYXENE ,  n«A4^»^  ,  la  plus 
jeune  des  filles  de  Priam ,  est  célèbre 
par  l'amour  que  sa  beauté  inspira 
au  plus  brave  des  Grecs,  Achille,  et 
par  la  mort  qu'elle  subit  sur  son 
tombeau.  Achille  l'avait  demandée  en 
mariage  k  Hectorj  mais  on  exigeait 
pour  la  lui  accorder  qu'il  abandon- 
nât la  cause  grecque.  Priam  l'avait 
firès  de  lui  lorsqu'il  vint  redemander 
e  cadavre  d'Hector  au  camp  d'A- 
chille. C'est  là  ,  dit-on,  que  fut  con- 
clu le  mariage.  La  cérémonie  devait 
se  faire  dans  le  temple  d'Apollon  , 
à  égale  distance  des  tentes  grecques 
et  des  murs  troyeus.  On  sait  qu'à 
l'instant  oîi  Déiphobe  tenait  Achille 
embrassé  partit  de  l'arc  d'Apollon 
ou  de  Paris  la  flèche  qui  s'enfonça 
dans  sou  talon  et  hii  donna  la  mort. 
Suivent  deux  légendes  différentes  : 
dans  l'uuc  PolyxèAÇ   se  réfugie  au 


camp  des  Grecs,  et  la  nuit  qui  suit 
les  obsèques  du  héros  la  veuve  et 
vierge  se  perce  le  sein  sur  sa  tombe; 
dans  l'autre  elle  rentre  à  Troie,  sur- 
vit un  instant  a  sa  catastrophe  ,  puis 
est  immolée  cérémoniellement  par 
Néoptolème  sur  le  tombeau  du  prince 
qui  lui  a  été  fiancé.  Sa  mort  est  celle 
d'une  héroïne.  Nul  doute  ,  au  fond, 
que  ce  ne  soit  une  Cadmile.  Iphigé- 
nie  ouvre  ,  Polyxène  ferme  ce  long 
drame  de  sang  et  de  meurtres  qu'on 
appelle  la  guerre  de  Troie.  Euri- 
pide et  Sénèque ,  dans  leurs  pièces 
des  Troyennes  imitées  par  Chà- 
teaubrun,  Ovide  dans  ses  J/^frt'Twor- 
phoses, ont  suivi  la  seconde  tradition  ; 
du  reste  ils  placent  la  scène  en  Thra- 
ce.  De  plus  ,  Euripide  et  Sophocle 
avaient  chacim  composé  une  tragédie 
de  Polyxène.  Les  artistes  anciens 
avaient  fait  plusieurs  tableaux  sur 
le  sacrifice  de  Polyxène  (  Foy. 
Pausanias),  Les  glyptographes  s'é- 
taient emparés  de  ce  sujet  touchant. 
Une  urne  sépulcrale  étrusque  la  mon- 
tre présentant  sa  gorge  nue  au  fer  de 
Néoptolème  ;  une  femme  ailée,  qu'on 
croit  Némésis  ouïe  Destin,  détourne 
les  yeux  à  cet  aspect.  —  Une  Da- 
naïde  aussi  s'appelait  Polyxène. 

POLYXÈNE,  PoLYXENus,  no- 
Aylevof  :  1°  fils  d'Agasthène  et  du  sang 
des  Héraclides  (  il  conduisit  a  Troie 
dix  vaisseaux  remplis  d'Epéens);  2° 
fils  de  Jason  et  de  Médée. 

POLYXO,  xioXvlœi  i°Allantide; 
s."  Hyade;  3°  femme  de  Dauaiis; 
4-°  prêtresse  de  Lemnos  (  c'est  elle 
qui  excita  les  Lemniennes  a  tuer  leurs 
maris;  c'est  sans  doute  la  même  que 
cette  vieille  confidente  d'Hvpsipyle, 
qui  lui  conseilla  d'accueillir  les  Ar- 
gonautes); 5"  femme  de  Nyclée  ; 
6°  femme  de  Tlépolème,  roi  de  Rhô- 
dos  ,  qui  fut  tué  au  siège  de  Troie. 
Hélène  ,  chassée  de  Sparte  par  M4- 


346 


POM 


gapenthe,  alla  cliercher  an  asile 
près  de  Poljxo  ;  mais  celle-ci  la  fit 
saisir  nue  au  bain  et  pendre  à  un 
arbre  par  deux  de  ses  femmes. 

POM  est  chez  les  Ramtchadales 
une  espèce  d'expiateur  émissaire. C'est 
un  mannequin  d'un  pied  de  haut.  Le 
jour  de  la  fête  de  la  purification  ge'- 
nérale  des  péchés  ,  on  ajuste  entre 
ses  cuisses  une  baguette  longue  de 
deux  toises,  on  la  courbe  en  arc,  on 
la  suspend  par  une  extrémité  au  pla- 
fond :  voila  déjà  une  espèce  de  balan- 
çoire, de  purification  par  ventilation. 
On  jette  ensuite  l'idole  au  feu  :  c'est 
une  purification  par  combustion  ,  et 
tous  les  péchés  des  Ramtchadales  leur 
sont  remis. 

POMONE,  PoMOKA,  déesse  ro- 
maine ,  adorée  d'abord  ,  dit-on  ,  en 
Etrurie,  n'est  que  la  récolte  des  fruits 
ou  la  fructification  personnifiée.  Elle 
passe  pour  la  déesse  des  vergers.  Son 
ëpoux  est  Verlumne,  le  changeant 
{f^oy.  à  l'art.  Vertumne,  le  mythe 
unique  dont  se  compose  la  légende 
de  Pomone).  On  a,  sans  doute  à  tort, 
identifié  Pomone  avec  Nortia.  Il  y 
avait  à  Rome  un  flamine  de  Pomone 
{Jlamen  Pomonalis)  que  l'on  re- 
gardait comme  le  dernier  des  flami- 
nes.  Entre  Ostie  et  Rome  se  trouvait 
un  temple,  ou  un  autel,  ou  une  sta- 
tue de  cette  déesse.  Les  monuments 
la  représentent  avec  des  branches 
chargées  de  fruits  k  la  main ,  ou  sur 
la  tête,  ou  dans  son  giron.  D'ordi- 
naire elle  est  habillée  j  quelquefois  on 
la  voit  nue  s'appuyer  sur  un  tronc 
d'arbre  des  rameaux  duquel  pend  une 
corbeille  déjà  mi-pleine.  Une  pierre 
gravée  de  Beger  (  Thés,  brand., 
I,  66)  la  montre  légèrement  vêtue, 
et  portant  des  fruits  dans  les  plis  de 
son  manteau.  Pomone  est  toujours 
jeune.  La  pierre  gravée  ci-dessus  in- 
diquée lui  donne  un  sein  volumineux. 


POMPILE,PoMPiHTS,  ^ 

de  l'île  d'icarie,  transporta  Ocyroé 
Milet,  et  fut  changé  par  Apollan  en 
un  mollusque  aujourd'hui  nommé  Nau- 
tile, et  qui  est  célèbre  par  les  petites 
manœuvres  de  ses  bras  qui  simulent 
une  voile  et  une  rame.  D'autres  di- 
sent que  le  Pompile  est  un  acantho- 
ptérygien  de  la  famille  des  thons,  qui 
suit  les  vaisseaux  par  le  beau  temps, 
et  qui  leur  pronostique  ainsi  un  heu- 
reux voyage. 

PONTONOUS,  nevr«',««,  cu- 
mulait a  la  cour  d'Âlcinoiis  ,  roi  de 
Phéacie  ,  les  fonctions  de  héraut  et 
d'échanson. 

PONTOS,  ni.Tcç  ,  la  Mer  féti- 
che, semble  plus  encore  le  lit  de  la 
mer  que  l'immense  masse  d'eau  qui  le 
remplit.  Hésiode  (TAeog-onte)  en  fait 
un  des  trois  fils  de  la  Terre  seule,  et 
lui  donne  pour  épouse  sa  mère  même, 
pour  enfants  Nérée,  Thaumas,  Phor- 
cys,  Céto,  c'est-a-dire  ,  selon  Creu- 
zer^  le  fond  k  jamais  immobile  de  la 
mer ,  ses  merveilles,  ses  aspérités 
(récifs,  brisants,  promontoires),  ses 
monstres.  — ■  Plus  tard  ,  les  Grecs 
imaginèrent  un  Poktos  fils  de  Nep- 
tune et  génie  éponyme  du  Pont- 
Euxin  et  de  Pont ,  futur  empire  de 
Mithridate. 

POOH.  Foy.  loH. 

POPULONIE,  PopuLONiA, 
déesse  italique  ,  invoquée  contre  les 
ravages  de  tous  genres,  peu  importe 
qu'ils  provinssent  des  ennemis  ou  des 
éléments.  Était-ce  Junon  ?  On  l'a 
prétendu,  mais  nous  en  doutons. 

PORENETS,  dieu  slave.  On  le 
représentait  avec  quatre  têtes;  il 
avait  de  plus  un  visage  sur  sa  poitri- 
ne 5  et  tandis  que  sa  main  droite  te- 
nait son  menton ,  delà  gauche  il  tou- 
chait aux  étoiles. 

POREVITH,  dieu  vandale  qui 
présidait  à  la  guerre  ^  ayait  selon  les 


POT 

uns  deux  lêtes  ;  selon  les  antres  sii 
têtes,  dont  une  sur  la  poitrine.  Le 
piédestal  qui  soutenait  ettte  mon- 
strueuse statue  était  entouré  d'épées, 
de  lances ,  et  de  toutes  sortes  d'ar- 
mes. 

PORPHYRION,  Ticp(pvp/as ,  géant 
à  qui  Jupiter ,  pour  triompher  plus 
aisément  de  lui ,  s'avisa  d'inspirer  de 
l'amour  pour  Junon,  allait  faire  vio- 
lence à  la  déesse,  quand  Hercule  avec 
ses  flèches ,  Jupiter  lui-même  avec  sa 
foudre  ,  lui  ôtèrent  la  vie.  —  On 
donne  le  nom  de  Porphyrion  (tout 
de  pourpre)  à  Hercule,  qui  est  le 
soleil ,  et  surtout  le  soleil  dans  sa 
splendeur. 

PORTUMNE ,  PoRTUMNUs ,  gé- 
nie marin  adoré  sur  les  côtes  d'Italie, 
et  pris  tantôt  pour  Hercule  ,  tantôt 
pour  Neptune.  C'est  à  notre  avis  un 
Hercule-NeptuHe  ,  ou  mieux  encore 
un  Hercule-Patèque  des  ports.  Comme 
tel  il  se  confond  réellement  avec  Pa- 
lémou ,  auquel  les  mythes  vulgaires 
l'identifient  en  effet. 

PORUS,  népo;,  l'Abondance  per» 
sonnifiée,  était  un  dieu  chez  les 
Grecs.  Il  eut  pour  mère  Métis,  pour 
concubine  ou  pour  épouse  Péniâ , 
pour  fils  l'Amour;  ce  qui  signifie,  dit- 
on,  que  l'Amour  tient  également  de 
la  richesse  et  de  la  pauvreté  ,  ou  plu- 
tôt que  né  au  sein  de  la  pauvreté  il 
ouvre  bientôt  à  ceux  qui  la  sentent  la 
voie  des  richesses. 

POSIDON.  P^of.  Neptune. 
POSTVERTA.  Foy.  Prorsa. 
^  POSVIDE,  Éole  des  Slaves,  pré- 
sidait à  l'air  et  aux  variations  de  l'é- 
tat atmosphérique. 

POTA,  POTICA,  POTINA, 
déesse  latine  ,  présidait  au  boire  des 
enfants. 

POTAMIDES,  UoTccfcr^i,,  Nym- 
phes des  fleuves  {yoy.  Nymphes). 
POTESTAS;lePouYoir,était,w- 


POT  347 

Ion  Hygin,  fille  de  Pallas  et  de  Styx. 
Ce  n'est  point  le  Cratos  des  Grtcs. 

POTHOS,  ui6cs,  le  Désir.  Fojr. 
Cabires,  Erôs,  etc. 

POTITIUS  et  PINARIUS,  Ita- 
liens sujets  d'Evandre,  étaient  des 
vieillards  auxquelsHercule,  vainqueur 
de  Cacus,  enseigna  lui-même  de  quelle 
manière  il  voulait  qu'on  l'honorât , 
qu'on  l'invoquât  matin  et  soir.  Le 
soir  venu,  Potitius  se  trouva  au  sacri- 
fice dès  le  commencement.  Il  en  fut 
autrement  de  Pinarius,  qui  ne  parut 
qu'après  la  distribution  des  entrailles. 
Hercule  alors  décréta  qu'a  l'avenir  les 
descendants  des  deux  vieillards  se- 
raient ses  prêtres ,  mais  que  ces  deux 
familles  sacerdotales  ne  jouiraient  pas 
des  mêmes  honneurs  :  aux  Potitiens 
appartiendraient  les  morceaux  les 
plus  succulents  de  la  viclime  ;  les  Pina- 
riens,  au  contraire,  se  contenteraient 
des  restes.  Dans  un  autre  récit  on 
voit  Pinarius  et  Potitius  arriver  en 
même  temps;  maisPolilius  seul  offre 
ses  hommages  au  dieu  ,  Pinarius  ne 
dit  mot.  C'est  alors  qu'Hercule  dit  à 
Potitius  :  ft  A  toi  sera  la  victime  ;  » 
à  Pinarius  :  «  Toi,  tu  jeûneras  (R.  : 
Potiri;  Tru^Âa,  avoir  faim).  y>  Les 
Pinariens ,  plus  tard  ,  cédèrent  leurs 
fonctions  soit  à  des  esclaves  publics  , 
soit  à  des  officiers  salariés  ;  ils  en  fu- 
rent punis  par  l'entière  destruction  de 
leurs  familles. 

POTRIMP,  PoTRiMPOs,  était 
chez  lesPruczes  le  dieu  de  la  terre, 
des  fruits  et  des  animaux  {Givoitor^ 
tout  ce  qui  a  vie)  :  Potrimp,  Perkoun 
(  Perkounos  )  et  Pikoll  (  PikoUos) 
formaient  une  trinité  supérieure  k 
tous  les  autres  dieux  des  Pruczes. 
Ces  autres  dieux  étaient  principale- 
ment le  soleil,  la  lune,  les  astres; 
puis  force  reptiles ,  des  lézards ,  des 
grenouilles ,  des  serpents.  La  trinité 
PxttCïe  ne  diffère  peut-être  pas  essea* 


3a8 


POU 


liellement  du  célèbre  Triglaf,  idole  à 
trois  le  les  des  Poméraniens. 

POUÇA.,  déesse  chinoise,  la  même 
peut-être  que  Bbavaui  aux  Indes,  a 
seize  bras  chargés  de  couteaux  ,  de 
livres,  d'épées  ,  de  fruits,  de  fleurs, 
de  plantes,  de  vases  et  de  fioles.  On 
la  montre  assise  sur  une  fleur  de  pad« 
ma.  Un  jour,  dit-on  ,  elle  était  allée 
avec  deux  nymphes  ses  compagnes  se 
baigner  dans  une  eau  pure  :  tout-a- 
coupsurla  robe  de  Pouça  ^'épanouit 
le  padma  aux  fruits  de  corail;  Pouça 
en  mange  un,  et  sur-le-champ  elle  est 
enceinte  (Comp.  Agdistis  et  Isis, 
qu'on  représente  allaitant  Haroéri 
sur  une  fleur  de  Lotos).  Pouça  quitta 
la  terre  pour  remonter  au  ciel,  dès 

3ue  son  fils  eut  atteint  Tàge  de  Ta- 
olescence. 
POUCHAN  ,  le  soleil  aux  Indes, 
ou  même  dans  la  Gaïatri  {f^oy.  ce 
mot). 

POUNDARIKA  ,  «ouverain  de 
Praïaga  ,  fut  un  antagoniste  de  Kri- 
chna;  et,  soutenant  que  lui  seul  avait 
droit  ;i  ce  saint  nom-,  défia  le  fils  de 
De'vaki  en  combat  singulier.  Kri«bna 
marche  soudain  a  la  rencontre  de 
l'orgueilleux  sivaïte  qu'appuyaient 
et  Bhoumaçoura,  son  père,  et  le  for- 
midable Siva  lui-même;  et,  malgré 
ces  puissants  auxiliaires  ,  il  le  ter- 
rasse :  «A  présent,  s'écrie-t-il , 
qui  de  nous  deux  est  l'imposteur, 
Poundarika  ?  renonce  a  te  parer  de 
mes  insignes,  je  t'accorderai  mes  fa- 
veurs et  mes  grâces.  Sinon,  tremble  ! 
mon  châtiment  t'attend.»  Poundari- 
ka  ,  vaincu  ,  s'obstine  dans  ses  folles 
prétentions;  Kricimad'un  souffle  l'a- 
néantit.—  La  légende  de  Poundari- 
ka  n'offre  pas  seulement  l'exemple 
d'une  défaile  des  Sivaïtes  ;  elle 
indique  de  plus  la  fusion  des  Dai- 
tias  et  des  Kbhatriias  ligués  contre  les 
Yichnouilesj  car  Biiomaaçoura  était 


POU 

un  Daitia  :  sou  nom  seul  le  prouve 

assez. 

POUROU,  premier  radjah  tchan- 
dravansa,  devait  le  jour  a  l'hymen 
de  Boudha  et  d'Ila ,  et  régna  dans 
Pradechlanam.  C'est  évidemment  un 
premier  homme  ,  comme  Pouroucha 
[f^oy.  l'art,  suivant).  Ou  peut  aussi 
le  rapprocher  de  Boube. 

POUROUCHA,  le  premier  hom. 
me  selon  quelques  traditions  hin 
doues  ,  fut  créé  androgyne ,  puis  d& 
doublé  en  deux  sexes,  et  il  devinf 
alors  Pouroucha-Yiradj.  Au  reste, 
plusieurs  remarques  sont  ici  néces- 
saires. 1°  Ni  Pouroucha  ni  Yiradj 
ne  sont  vraiment  des  noms  propres  : 
l'un  veut  dire  homme,  l'autre  signifie 
vierge.  2"  C'est  tour  h  tour  ou 
Brahmà  ou  Manon  qui  semble  1 
premier  homme.  11  y  a  plus,  le  bra 
maïsme  paraît  faire  dériver  de  Bra 
ma  quatre  hommes  (  trois  couples 
un  homme),  même  tous,  Brahmà, 
Kchalriia,  Vaicia,  Soudra  (  l^oj^. 
Brahmà  ).  3°  Enfin  ,  nous  voyons 
nommer  un  premier  homme  Adimo, 
cl  une  première  femme  Ivi.  /»"  On 
compte  quelquefois  sept  Pourouchas. 

POUSSA ,  le  dieu  de  la  porcelaine 
à  la  Chine,  n'est,  selon  les  lettrés  de 
cet  empire,  qu'un  ancien  ouvrier  en 
porcelaine^  qui,  désespéré  de  ne  pou- 
voir obtenir  un  morceau  de  porce- 
laine tel  que  le  lui  demandait  l'em- 
pereur ,  se  jeta  de  désespoir  dans  le 
fourneau  incandescent.  0  surprise! 
son  corps  fondu  a  l'inbtanl  devint  une 
pâte  merveilleusement  souple,  blan- 
che, éblouissante,  et  prit  les  formes 
souhaitées  par  le  souverain.  On  ne 
manqua  point  d'en  faire  un  dieu. 

POUSTER,  dieu  germain  dont 
l'idole  a  été  trouvée  dans  le  château 
de  Rottenburg  (Tliuringe),  et  trans- 
portée dans  le  fort  de  Sondersbaus  en 
xô/ffij  était  consulté  oijtensiblemçnt 


PRA 

par  les  prêtres  lorsqu'ils  voulaient 
que  le  peuple  multipliât  les  ofFraades 
k  leur  profit.  L'idole,  d'uue  sorte  de 
bronze  jusqu'ici  inconnu,  est  de  deux 
pieds  un  pouce  de  hauteur  sur  une 
circonférence  un  peu  plus  considéra- 
ble ,  et  percée  de  deux  trous ,  l'un  h 
la  bouche ,  l'autre  a  la  main  droite 
qui  est  posée  sur  la  tête.  A  l'intérieur 
l'idole  est  creuse.  Onla  remplissait  en 
partie  d'eau ,  en  partie  de  matières 
combustibles,  et  l'on  bouchait  exacte- 
ment lesdeux  trous  avec  des  chevilles 
de  bois,  après  quoi  on  mettait  l'idole 
sur  le  feu.  Bientôt  une  sueur  univer- 
selle couvre  la  surface  métallique } 
pour  peu  que  l'on  continue,  les  bou- 
chons s'élancent  avec  impétuosité  ,  et 
les  flammes  ondoient  avec  bruit  au 
dessus  de  la  cavité.  Avis  à  la  foule 
d'aller  apaiser  la  colère  du  dieu  qui 
vomit  des  flammes  par  la  bouche  et 
par  le  sommet  de  la  tèlej  et  on  ne 
l'apaise  qu'avec  des  offrandes.  Voj. 
Strobe,  Pustcrus  vêtus  Germa- 
norum  idoluni;  Giessen,  1726, 
in-4°. 

PRA-ARIASÉRU,  saint  contem- 
porain de  Saraanakodom  ,  avait,  se- 
lon les  Hindous,  quarante  brasses  de 
hauteur  (deux  cents  pieds).  Ses  yeux 
ont  deux  brasses  et  demie  de  circon- 
férence et  trois  brasses  et  demie  de 
diamètre.  Cela  implique  contradic- 
tion, mais  en  mythologie  on  tient  peu 
aux  axiomes  géométriques. 

PRABIROUMIÇOUR ,  PRALO- 
KOÇOUR,  PRAIÇOUR,  forment 
la  trinité  de  Cambodje;  le  premier 
est  le  créateur  du  ciel  et  de  la  terre  , 
le  second  a  donné  au  premier  la  fa- 
culté créatrice,  le  troisième  a  octroyé 
au  second  la  permission  de  donner  la 
faculté  créatrice. 

PRADIOUMNA  aux  Indes  est  un 
fils  de  Krichna  et  de  Roukmini  5 
mais  c'est  'Je  plus  Kama  lui-même , 


PRA 


349 


qui  a  été  réduit  en  cendres  par  Siva 
irrité  d'avoir  été  blessé  de  la  flèche 
qui  fait  aimer.  Sambara,  titan  fu- 
neste ,  épris  de  Rati ,  inconsolable 
veuve  de  Rama ,  jette  Pradioumna 
dans  l'Océan  :  un  poisson  l'avale ,  est 
pris  ,  arrive  dans  les  cuisines  du 
géant.  Rati  en  l'ouvrant  découvre 
l'enfant,  l'élève,  et,  quand  elle  are- 
connu  eu  lui  Kama,  lui  donne  des  le- 
çons de  magie  pour  qu'il  puisse  triom- 
pher de  Sambara.  Pradioumna  en 
vient  h  bout  5  puis  les  deux  époux 
s'élèvent  au  sein  des  airs  ,  et  vont 
descendre  hDouaraka,  oii  Krichna  et 
Roukmini  les  reconnaissent.  Un  peu 
plus  lard  Pradioumna  fait  assaut  de 
magie  avec  le  terrible  sivaïte  Salia , 
et  va  succomber,  quand  l'apparition 
de  Krichna  lui  rend  sa  force  éteinte, 
détruit  les  illusions  du  génie  du  mal , 
et  tue  Salia. 

PRADJAPATIS.    Foy.   Brah- 

MADIKAS. 

PRADJISA,  autrement  Abia- 
'ïkKK{mythol.hindoue),i\\\\r\\\é{f:- 
melle,  personnification  mythologique 
du  second  principe  du  monde ,  la 
matière ,  figure  comme  deuxième 
terme  dans  la  trinité  primordiale  des 
Bouddhistes 5  Bouddha  (l'essence  in- 
tellectuelle ) ,  Pradjna  (la  matière)  , 
Sanga  (la  multiplicité) ,  voilà  les  trois 
membres  de  cette  haute  triade.  Sanga 
dans  toutes  les  écoles  passe  pour  in- 
férieure; elle  lire  son  origine  de  l'u- 
nion des  deux  essences  supérieures  qui 
passent  pour  primitives,  et  qui  sont 
considérées  dans  le  plus  haut  degré 
d'excellence ,  h  l'état  de  nivrilti  ou 
d'abstraction  .dont  l'unité  est  le  ca- 
ractère. Sanga  au  contraire  appar- 
tient au  pravrilti  ou  monde  sensible 
caractérisé  par  la  multiplicité  des 
êtres.  Les  trois  membres  de  la  triade 
sont  représentés  par  le  monosyllabe 
mystique  Aoum,  qui  dans  rorthogra- 


35o 


PRA 


phe  hindoue  n'a  que  trois  lettres ,  a 

Jour  Bouddha,  ou  pour  Dharma  ou 
i^adjna,  M  pour  Sanga. 
PR A-MOGLA ,  un  des  deux  dis- 
ciples de  Samanakodom ,  est  vanté 
pour  sa  charité.  Touché  des  souffran- 
ces des  damnés,  il  renversa  un  jour 
la  terre ,  prit  dans  ses  mains  tout  ce 
qui  brûle  dans  les  enfers  et ,  ne  pou- 
vant réteindre  (car,  disent  les  Sia- 
mois ,  Samanakodom  seul  était  ca- 
pable de  ce  miracle),  il  supplia  son 
maître  d'éteindre  ce  vaste  bûcher. 
Samanakodom ,  non  moins  charita- 
ble ,  mais  plus  prudent,  s'y  refusa. 
«  Quel  frein ,  dit-il ,  auraient  désor- 
mais les  hommes?»  La  statue  de 
Pra-Mogla  se  voit  dans  les  temples 
derrière  celle  de  Samanakodom  et  à 
droite. 

PRANA  (  quelquefois  Pranou  ) 
aux  Indes  ne  diffère  point  d'Aoum , 
le  monosyllabe  sacré  par  excellence. 
Non-seulement  il  se  compose  de  trois 
lettres,  il  est  de  plus  la  vache  trico- 
lore ,  la  belle  et  grasse  Kamadhénou. 
Ces  trois  couleurs  sont  les  trois  qua- 
lités dont  Prakriti  est  le  mélange,  et 
au  centre  desquelles  réside  Mahanat- 
ma.  Au  reste,  Mahanatma  se  confond 
avec  Prana  et ,  comme  d'autre  part 
Mahanatma  rentre  dans  Mana ,  Pra- 
na et  Mana  ne  font  qu'un.  Au  fait, 
selon  les  Brahmes ,  Prana  pareil  au 
pur  élher  renferme  en  soi  tous  les 
wéments,  toutes  les  qualités  j  il  est  le 
nom ,  le  corps  de  Brahm  infini  com- 
me lui,  il  est  le  créateur  et  le  maître 
de  toutes  choses.  On  dédouble  quel- 
quefois Prana  en  plusieurs  Prana. 

PRASRINPO  et  PIJlASRINMO, 
célèbre  couple  de  singes,  suivant  les 
uns  donnèrent  naissance  à  l'espèce 
humaine,  suivant  les  autres  apprirent 
à  l'espèce  humaine  l'art  jusque-là 
inconnu  de  faire  l'amour.  Ce  jour -la 
ce  sont  les  hommes  qui  siugèrent  et 


PRA 

les  singes  qui  donnèrent  la  leço: 
Quelque  chose  de  pareil  a  lieu  au  J 
pou,  lorsque  c'est  de  l'oiseau  Isila 
taki  que  les  dieux-hommes  Isanagî 
et  Isanami  apprennent  a  se  repro- 
duire charnellement.  Ces  deux  qua- 
drumanes, auxquels  le  Tibet  attri- 
bue l'origine  de  l'humanité,  ne  sont 
autres  dit-on  que  Tsenrési  lui-même 
et  sa  femme  Kadroma.  C'est  le  dieu 
lunaire  Giam-Ciang  qui  leur  avait 
révélé  l'utihté  de  la  métamorphose. 
Prasrinmo  donna  trois  fils  et  trois 
filles  h  son  époux.  Cette  trinité  ,  ana- 
logue à  tous  les  détails  de  mythologie 
ethnographique  (comp.  Agathyrse), 
rappelle  les  primitives  traditions  de 
l'IrlaBde  {f^oj.  Bath). 

PRAXIDICE,  np«|J/;6,  (vengi 
resse  ou  qui  fait  justice),  déesse  gre 

3  ne  peu  connue,   était  sans  doute  là 
éesse^des  intentions.    Elle  exigeait 
impérieusement  des  hommes  justice, 
modératiqn,  piété,  fidélité  à  la  parole 
donnée  (aussi  sou  nom  a-t-il  été  e 
pliqué  par  (fui  accomplit  ou  ^c. 
accomplir  ce  qiiil  est  juste  d'à 
complir).  On  lui  donna  pour  pè 
Sôtêr  (le  conservateur) ,  pour  fall 
Homonée  (la  concorde)  et  Arëté 
vertu).   On  l'a  confondue  avec 
nerve  Alalcomène  et  avec  Laverne 
ce  serait  plutôt  une  Némésis,  ou  un 
Thémis,   ou  uue  Imarmène.  On  m 
la  représentait  que  par  une  tête 
on  lui  offrait  la  tête  seule  des  vie 
times. 

PRAXIDICES,PRAxiDiciE,  n^a- 
itê'ix.xi  :  I  °  déesses  d'Haharte ,  qui 
présidaient  aux  serments  j  2°  nour- 
rices de  Minerve  (c'étaient  sans  nul 
doute  des  déesses  alalcoméniennes: 
leurs  noms  étaient  Alalcomène  ,  Au- 
lis ,  Thelxinie);  3"  les  trois  déesses 
mentionnées  dans  l'article  précéden 
(Praxidice,  Homonée,  Arété). 
PRAXITHÉE,  Praxithea,  np*i- 


PRI 

^têi»  :  x"  femme  d'Éreclitliée,  fille  de 
Pbrasime,  mère  de  CécropsII,  de 
Pandare,  de  Mélion  et  des  quatre 
nympbes  érechthéides;  2°  une  de  ces 
quatre  nymphes  érechthéides,  selon 
les  légendaires;  5°  fille  de  Thespius 
el  concubine  d'Hercule,  dont  elle  eut 
plusieurs  enfants. 

PREMA,  déesse  latine,  une  des 
déités  obscènes  qui  présidaient  à  la 
consommation  du  mariage  (R.  :  pre^ 
mère).  Voy.  Pekfica. 

PRESBON,  T\f^^m'.  1°  fils  de 
Pbryxos  (il  fut  remis,  après  le  retour 
des  Argonautes,  en  possession  des 
états  de  son  père);  2°  fils  de  Minyas 
et  de  Clytodore. 

PRÉUGÈNE,  n/)»j5y£»dV,  béros 
adoré  a  Mésore  en  Àchaïe ,  passait 
pour  fils  d'un  Agénor  Inacbide  et  roi 
d*Argos.  Il  avait  enlevé  de  Sparte  la 
slatue  de  Diane  Limnatis ,  ainsi  que 
la  déesse  elle-même  le  lui  avait  or- 
donné en  songe.  On  montrait  son 
tombeau  à  Mésore,  près  dune  des 
chapelles  du  temple  j  et  tous  les  ans 
les  dévots  venaient  lui  rendre  des 
honneurs  sur  cette  espèce  d'autel 
funéraire. 

PRIAM,  Priamus  ,  upfccf^ioç,  fils 
de  Laomédon ,  s'appela  d'abord  Po- 
darce,  sans  doute  a  cause  de  son  agi- 
lité. Quand  son  père  refusa  au  libé- 
rateur d'Hésione  le  prix  qui  lui  avait 
été  promis,  Priam  fit  tous  ses  efforts 
pour  le  détourner  de  cette  injustice. 
Aussi  Hercule,  vainqueur  de  Troie, 
donna-t-il  au  jeuue  béros  la  ville  et 
le  trône  dont  il  venait  de  s'emparer. 
Des  traditions  plus  détaillées,  mais  k 
coup  sûr  très-peu  antiques,  nous 
montrent  Podarce  emmené  en  capti- 
vité avec  les  autres  Troyens  et  avec 
Hésione  sa  sœur.  Long-temps  après 
onle  rachète,  et  c'est  alors  qu'il  prend 
le  nom  de  Priam  {jiplecftxtf  acheter). 
Bientôt  la  ville  ruinée  par  Hercule 


PRI 


35i 


renaît  plus  grande  et  plus  belle; 
l'empire  s'agrandit;  d'illustres  allian- 
ces unissent   a  Troie  plusieurs   des 
petites  monarchies  de  l'Asie-Mineure. 
Hécube  sa  femme  est  fille  ou  du  roi 
thrace  Cissée  ou  d'un  roi  de  la  Cilicie. 
Cinquante  fils  tous  braves,  tous  bril- 
lants el  beaux  naissent  et  de  cette 
royale  épouse  et  des  concubines  qui 
peuplent  son  harem.  Hector,  Paris, 
Hélénus,  Déipliobe,  Antiphe,  Polite, 
Hipponoos,  Polydore,  Troïle,  sont 
ses  fils  légitimes.  Un  nombre  presque 
aussi  considérable  de  princesses  se 
dessine   sur    une    ligne   parallèle  à 
celle  des   fils.  Les  principales  sont 
Creuse,  Laodice,  Polyxène,  Cassan- 
dre.  Les  poètes  se  bornent  a  nous 
présenter  Priam  comme  un  prince 
équitable,  sage,  poli;  mais  c'est  pres- 
que un  roi  fainéant.    On  s'agite  au- 
tour de  lui,  immobile  il  laisse  faire. 
Paris  enlève  Hélène ,  il  ne  la  rend 
pas,  il  ne  s'oppose  pas  à  ce  qu'on  la 
rende.  Pendant  toute  la  durée  de  la 
guerre,  il  reste  soit  dans  le  palais, 
soit  sur  les  remparts,  occupé  k  con- 
templer les  événements.  Cependant 
la  mort  d'Hector  développe  en  lui 
une  énergie  inaccoutumée  :  il  se  déro- 
be la  nuit  de  la  ville,  il  se  rend  k  la 
tente  d'Achille,  il  se  jette  k  ses  pieds, 
baise  eu  l'arrosant   de  pleurs  cette 
main  homicide  qui  lui  a  ravi  un  fils, 
le  supplie  au  nom  de  son  père  acca- 
blé de  vieillesse  de  lui  rendre  les  res- 
tes inanimés  d'Hector.  Achille  atten- 
dri le  relève,  lui   accorde  la  triste 
faveur  qu'il  sollicite.  Lors  de  la  ca- 
tastrophe de  Troie ,  Priam  fut   tué 
par  Pyrrhus ,  soit  devant  l'autel  de 
Jupiter  Hercée ,  soit  sur  le  seuil  de 
son  palais  oiî  il  s'était  traîné  demi- 
mourant.  On  peut  voir  plusieurs  fois 
Priam  dans  des   scènes  relatives  k 
Troie,   Galerie  myth.  de  Millin. 
—Un  autre  Pbiam,  fils  de  Polite  et 


35a 


?RI 


PRI 


en  conséquence pelit-filsdupr^cédcnt, 
fnt  un  des  compagnons  d'Enée. 

PRIAPE ,  Priapus,  Uptxnoçf 
rip/ijTOf ,  dieu  del'liorlicullure  et  de 
la  fructification,  de  rilhyphallisme  et 
des  voluptés  obscènes ,  avait  pour 
raère  Vénus  et  pour  père  Jupiter. 
Quelques  traditions  le  iont  naître  de 
Bacchus  et  de  Ciiioné  ou  d'uue  naïa- 
de. Dans  Afranius  ,  il  était  le  fils  ou 
de  quelque  Panisque,  ou  de  quelque 
Satyre,  ou  même  de  Tàne  qui  plus 
tard  lui  fut  consacré. Quoiqu'on  doive 
penser  de  ces  généalogies,  le  fait  est, 
selon  la  légende ,  qu'a  peine  venu  au 
monde  il  effraya  Vénus  sa  mère,  par 
les  colossales  dimensions  de  l'organe 
viril  son  symbole.  Selon  quelques 
mythologues,  c'est  h  la  jalousie  de 
Junon  qu'il  dut  cette  dittormitéj  sui- 
vant les  autres,  la  jalouse  reine  de 
l'Olympe  n'intervint  point  lors  de 
l'accouchement  de  Véaus,  et  Vénus 
n'eut  h  incriminer  pei sonne  qu'elle- 
même  en  mettant  son  grotesque  en- 
fant au  monde.  Honteuse  de  cette 
monstruosité,  Ve'nus  l'abandonna  au 
lieu  même  de  sa  naissance,  et  le  re- 
nia. Ce  lieu  ,  qui  fut  depuis  Lampsa- 
que,  prit  alors  le  nom  d'Aparnis  (du 
grec  ÛTTUpio/xai,  renier).  Des  jber- 
gers  élevèrent  Priape.  De  bonne 
heure  on  le  volt  figurer  parmi  les 
Dactyles  Idéens  et  en  relation  avec 
le  dieu  de  la  guerre.  C'est  de  lui 
que  le  jeune  Mars  apprend  d'abord 
la  danse  armée  et  ensuite  le  grand 
art  des  batailles  :  évidemment  ici 
l'ithyphalle  s'est  lié  avec  l'idée  de 
lance  en  arrêt.  Ensuite  s'ouvre  une 
ère  de  lutte;  des  triomphes ,  des 
persécutions  et  encore  des  triom- 
phes varient  la  vie  de  Priape.  Il 
est  adulte  :  les  dociles  citoyennes 
de  Larapsaque  ,  disciples  non  moins 
ardentes  que  Mars,  prennent  tant 
de  goût  ï  sea  leçons  que  les  mafis 


^ 


se  fâchent.  Priape  est  banni  de  U 
ville  j  maisqu'arnve-t-il?  Une  épidé- 
mie d'une  espèce  nouvelle  consume 
et  mine  les  pâles  Lampsacienues ,. 
veuves  inconsolables  du  dieu  qui  a 
grandi  dans  leurs  murs.  Après  de 
longs  débats  les  maris  rappellent 
Priape,  et  lui  demandent  pardon. 
Priape  pourtant  n'est  pas  sans  pair 
dans  la  carrière  qu'il  fournit.  Les 
dieuxsouveultrouvèntdes vainqueurs, 
Marsyas  a  dû  plier  devant  Apollon  , 
Atbànà  devant  Arachné.  Un  ignoble 
animal,  une  brute,  l'àne  ose  un  jour 
jouter  avec  le  dieu  de  Lampsaquo 
pour  les  facultés  génératrices.  Priape 
perd  la  gageure,  et  tue  l'àne.  Depuis 
ce  temps  il  déteste  le  malencontreux 
solipède,  et  ses  adorateurs  doivent  le 
lui  sacrifier.  Quelques  poètes  racon- 
tent le  fait  autrement.  Tous  les  dieux 
ont  été  conviés  aux  noces  de  Cybèlc. 
On  a  bu  mieux  que  du  nectar,  et  l'on 
dort  pêle-mêle  dans  les  ténèbres  sous 
la  feuilljée.  Priape  qui  a  lorgné  Vesta 
toute  la  soirée  ne  dort  guèrej  et  tout 
à  coup  illuminé  par  l'idée  que  lui  sug- 
gèrent la  nuit,  le  vin  et  son  caractère, 
il  s'avance  a  pas  furtifs  vers  le  cola 
du  bois  où  s'est  jetée  la  sœur  de  Ju- 

Îiiler.  Déjà  il  presse  le  même  mate- 
as  de  feull'age ,  il  a  écarté  en  silence 
le  voile  pudique  qui  couvre  les  attraits 
de  Vesta,  quand  tout  à  coup  l'âne, 
son  ami ,  son  parèdre ,  son  rival,  eu- 
tonne  uu  hymne  de  victoire.  Vesta 
s'éveille  en  sursaut  5  il  était  temps. 
Les  autres  dieux  se  frottent  les  yeux, 
et  tous  de  rire  a  la  vue  de  Priape  qui 
cherche,  mais  en  vain,  a  se  dérober 
par  une  fuite  prompte  aux  regards, 
aux  sarcasmes  ,  aux  coups.  Quelque- 
fois on  conte  celte  aventure  de  la 
nymphe  Lotis.  Ailleurs  enfin,  Lotis, 
aimée  de  Priape  et  vainement  pour- 
suivie par  lui,  est  métamorphosée  eu 
lotos  ï  rinstant  où  el!e  va  succomber. 


1 


PRI 

—- Priape  est  uu  dieu  inysien,  et  n'est 
point  un  des  anciens  dieux  de  la 
Grèce,  n  ne  faut  pas  non  plus  lui 
donner  la  même  origine  qu'aux  dieux 
athéniens  Conissale ,  Orthaue ,  Ty- 
chon ,  Dordon ,  Kybdase  et  Pjrgès 
que  l'on  regarde  comme  ses  compa- 
gnons ou  ses  parèdres.  Sa  présence 
parmi  les  Dactyles  n'est  peut-être 
qu'une  plaisanterie  obscène.  Et  au 
fond,  Priape  donne  lieu  k  un  problè- 
me fondamental.  Est-ce  sérieusement 
que  le  phalle  a  l'état  d'ilhyphalHsme 
a  été  divinisé  en  Mysie ,  ou  bien  le 
dieu-phalle  n'est-il  qu'une  caricature 
de  médiocre  antiquité.^  Nous  incline- 
rions assez  pour  cette  seconde  ma- 
nière de  voir.  Mais  il  ne  faudrait  pas 
en  conclure  que  Priape  est  la  carica- 
ture d'Adonis.  Très-probablement  ce 
dieu  n'est  qu'un  dédoublement  deBac- 
chus.  En  effet  1°  Bacchus  se  rend  de 
l'est  k  l'ouest  5  2°  il  s'adapte  au  cabi- 
roïdisme  corybanliqne,  et  s'y  fait  Cad- 
mile-pha'lej  phalle,  il  est  enseveli  dans 
une  ciste  magique,  et  devient  l'objet 
mystérieux  de  la  vénération;  3°  il  a 
pour  paièdres  ordinaires  des  êtres 
lascifs ,  des  Silènes ,  des  Satyres,  des 
Pans  5  i"  la'coupe  d'ivresse  qu'il  offre 
aux  hommes  excite  k  la  volupté,  et 
stimule  l'organe  par  lequel  on  le 
symbolise  pour  l'instant;  5°  le  nom 
de  Priape  rappelle  celui  de  Fré  (so- 
leil), et  peut-être  ape  est-il  Vasp 
final  de  tant  de  noms  persans.  Quoi 
qu'il  en  soit,  Piiape  ,  le  phalle  per- 
sonnifié, passait  pour  dieudes  vergers, 
des  vignobles,  des  abeilles,  des  trou- 
peaux et  de  la  pêche.  Les  premières 
attributions  sont  simples,  les  autres 
n'ont  élé  assignées  au  dieu  que  par 
extension  et  comme  analogues  des 
premières.  De  vergers  on  a  été  k 
fructification,  k  fécondation,  k  tout 
travail  agricultural  et  agreste.  Au 
reste,  Hermès  se  présente,  chez  les 

IV. 


PRI 


353 


Latins  surtout,  avecTaspect  ithyphal- 
lique;  et  cet  Hermès  vient  de  Sarao- 
tbrace.  Erôs  (l'amour)  offre  pareille- 
ment quelque  ressemblance  avec  le 
dieu  de  la  volupté  pratique ,  car  ori- 
ginairement sans  doute  Erôs  était  un 
Hermès  ilhyphallique  ou  un  phalle. 
Mais  depuis  les  idées  s'épurèrent,  et 
l'on  distingua  dans  les  relations  de 
sexe  k  sexe  l'affection  morale,  l'at- 
trait, l'amour  qui  en  est  le  prélimi- 
naire d'avec  l'acte  même  qui  en  forme 
le  dénouement.  De  Ik,  Erôs  d'un  côté, 
Priape  de  l'autre  :  les  deux  se  com- 
plètent; ce  que  l'un  désire,  l'autre 
l'accomplit,  ce  que  l'un  commence, 
l'autre  le  consomme  et  l'achève.  — - 
Priape  était  surtout  honoré  k  Lamp- 
saque,  capitale  de  la  Mysie,  célèbre 
par  ses  vins  et  ses  huîtres.  Ou  lui  sa- 
crifiait Tàne.  On  lui  offrait  en  outre 
des  fruits,  des  grains,  des  grappes  de 
raisin,  du  miel,  parfois  des  huîtres  et 
des  poissons.  Ses  fêtes  se  nommaient 
Priapées.  On  en  voit  plusieurs  repré- 
sentations sur  des  pierres  "lavées. 
Quant  au  dieu  lui-même,  c'est  u  di- 
nairement  un  nain  aux  formes  épais- 
ses, quelquefois  un  adulte  k  taille  rus- 
tique :  toujours  l'organe  auquel  il  doit 
ou  auquel  il  donne  son  nom  frappe 
par  ses  formes  colossales  et  sa  ten- 
sion hyperboHque.  Souvent  il  le  lient 
de  sa  main  droite  :  la  gauche  porte 
soit  un  sceptre,  soit  une  simple  hou- 
lette, soit  une  serpette,  soit  enfin  le 
phalle  lui-même.  Du  reste,  ce  phalle 
affecte  souvent  les  formes  les  plus 
bizarres,  il  est  ailé,  il  a  des  oreilles, 
il  s'enfle  et  se  gonfle  en  forme 
d'amphore.  Quelquefois  il  a  presque 
k  lui  seul  la  taille  du  dieu,  ou  bien 
Priape  en  porte  un  paquet  sur  les 
épaules.  Voy.  Beger,  Thés.  Bran- 
d:b. 

PRIDAIN.  Voy.  Proudéno. 

PRIENE,  n^oî'v»).  Amazone  ,  hé- 

23 


w 


PRO 


PRO 


roïne  éponyrae  de  la  vUle  de  Priène 
dans  l'Asie-Mineure. 

PRIÈRES.  Foj.  LiTEs. 

PRIMIGÉME,  Primigenia  : 
1'  la  Fortune  a  Rome  ;  2"  la  Nature 
ou  Physis  chez  les  Orphiques j  5° 
Prosçrpine.  —  Ces  trois  applicalioiis 
au  surnoiu  de  Primigénie,  qui  veut 
dire  la  première  née  y  nous  font 
voir  que  Proserpine ,  Iinarmène,  la 
Nature,  diffèrent  moins  qu'on  ne  le 
croirait  au  premier  abord ,  puisque 
toutes  trois  peuvent  passer  pour  la 
révélation  première  de  Têlre  irrévé- 
lé. Comp.  MaYa  et  Pbotogenie. 

PRINTEMPS  (  le  ) ,  Ver  ,  ''Eup , 
ne  fut  pas  nettement  personnalisé  par 
les  poètes  5  mais  les  articles  le  repré- 
sentèrent plus  d'une  fois.  H  se  voit 
sur  plusieurs  urnes  cinéraires  entre 
autres  sur  celle  de  la  villa  Âlbani, 
qui  représente  les  noces  de  Thélis  et 
pelée.  C'est  tantôt  un  eiifanî,  tantôt 
une  jeune  fille.  Des  fleurs,  un  agneau, 
des  petits  pois  écossés,  voila  ses  attri- 
buts les  "lus  ordinaires.  Ces  attri- 
buts sont  infiniment  plus  compliqués 
et  plus  riches  chez  les  modernes. 

PRIOLAS,  UfiiXuosj  petit-fils 
d'un  Tantale  (Argonaute?)  qui  fut 
lue  par  Amycus. 

PRION,  npi'*»,  roi  gète  lue  par 
Jason. 

PROCAS,  quatorzième  roi  d'Al- 
be ,  père  de  Numilor  et  d'Amulius, 
laissa  le  trône  au  premier,  et  l'ut  le 
bis-aïeul  de  Romulus  et  de  Rémus. 

PROCLÈS  ,  fils  d'Aristodème 
l'Héraclide,  avait  pour  frère  jumeau 
Eurysthène,  et  monta  en  même  temps 
que  lui  sur  le  trône  de  Sparte  ,  en 
io4  avant  J.-C.  Du  reste,  leur  on- 
cle Théras  leur  servait  de  tuteur. 
C'est  a  partir  de  Proclès  et  d'Euris- 
ihène  que  Sparte  eut  deux  rois  ou , 
pour  employer  l'expression  techni- 
que, deux  arcliagèles.  Leurs  descen- 


1 


dants  se  nommèrent  Proclides  et  EU'- 
risthénides.  Ces  deux  branches  colla- 
térales fournissaient  toujours  chacune 
un  héritier  au  trône.  Quelquefois 
aussi  on  disait,  au  lieu  de  Proclides, 
Eurypontides,  et  au  lieu  d'Euryslhé- 
uides,  Agides.  Proclès  régna  43  ans, 
et  laissa  le  trône  h  son  fils  Agis. 

PROÇRIS,  TlpÔKfis,  une  des  fil- 
les d'Erechlhée  1",  épousa  Céphale, 
fils  d'Eole  selon  les  uns,  de  Mercure 
et  d'Hersé  (ou  Lien  de  Déion   et  de 
Diomède)  suivant  les  autres.  Enlevé 
par  l'Aurore,  Céphale  fut  infidèle  a 
Procris,  et  pourtant  la  regretta  tou- 
jours. L'Anjore,  pour  diminuer  l'a- 
mertume de  ce  souvenir,  lui  accorda 
le  privilège   de  changer  de  formes , 
mais  lui  donna  l'avis    de  mettre    à 
l'épreuve  la  fidélité  de  Procris.  Cé- 
phale obéit,  et,  sous  les  traits  d'un 
marchand  ,  il  appuya  sa  déclaration 
d'amour  a  Proci  is  d'offres  si  brillan- 
tes que  la  princesse  fut  sur  le  point  de 
céder.   Céjihale   alors  reprenant   sa 
forme  ordinaire  l'accabla  de  vifs  re- 
proches. Procris  confuse  s'enfuit  dans 
les  bois.  L'Aurore  avait  mal  calculé. 
Procris  infidèle,  ou  peu  s'en  fallait, 
n'en  était  pas   moins    chère   a  son 
époux  :  la  chercher,  la  trouver,  se 
réconcilier  avec  elle,  tel  fut  son  soin 
le  plus  priesaiit. Tous  deux  se  jurèrent 
l'oubli  du  passé,  et  Céphale  reçut  en 
don  de  sa  bien-aimée  un  chien  mira- 
culeux que  lui  avait  donné  Minos,  et 
un  jafelot  qui  (rappait  toujours  le  but. 
Léger  chasseur ,   Céphale  ne  cessait 
de  mettre  a  profil  l'animal  et  le  jave- 
lot; et  dès  le  matin  il  parcourait  les 
bois,  les  monts ,  pour  ne  rentrer  que 
le  soir.  Procris  déjà  trahie  une  fois 
soupçonna  un  nouveau  trait  d'incon- 
stance, et  un  jour  alla  épier  l'infati- 
gable  chasseur.    Après   de    longues 
courses,   Céphale  vient  respirer  sur 
une  colline,   tapissée  de  gazon,  s'é- 


PRO 

tend  sur  l'iierbe  fraîche  ,  et  invo- 
quant la  brise  ,  s'écrie  a  diverses  re- 
prises :  Viens,  Aure  {Aura,  veni)\ 
Aure,  pour  la  jalouse  princesse,  c'est 
une  rivale  5  elle  fiëmit  sous  le  feuil- 
lage qui  la  cache.  A  l'aspect  des  feuil- 
les agilées,  Céphale  s'esl  levé,  le  ja- 
velot vole,  un  cii  humain  s'écl)appe. 
Il  court,  il  voit  Procris  mourante. 
Procris  que  rien  ne  peut  giierirj  et  de 
désespoir  il  se  perce  lui-même.  Jupi- 
ter louché  de  celle  fin  précoce  les 
transporte  tous  deux  au  ciel  ,  où  ils 
brillent  sous  forme  de  conslellaliou. 
— Dans  d'autres  niylhes  on  voil  Cé- 
phale, proscrit  par  l'Aréop  ge,  s'exi- 
ler à  Tlièbes ,  s'y  iaire  le  second 
d'Amphitryon ,  et  débarrasser  les 
Tliébains  d'Alopex,  renard  funeste 
qui  dévaste  leurs  moissons,  et  qui, 
ainsi  que  son  chien  merveilleux,  est 
métamorphosé  en  pierre.  —  Céphale 
veut  dire  lête  ^  comme  Tpé  en  égyp- 
tien. De  là,  1°  son  séjour  a  Thèbes  5 
2°  sa  liaison  avec  l'Aurore.  Voy. 
ThÉbÉ. — Procris,  une  des  Thes- 
tiades,  eut  d'Hercule  les  deux  ju- 
meaux Auliléon  et  Hippée. 
PROCRUSTE.  Voy.  Srwis. 
PROETIDES.  Voy.  l'article 
suivant. 

PROETUS,  frère  d'Acrisius  , 
époux  de  Slhénobée,  père  de  Méga- 
penlhe,  régna  d'ahord  sur  Argos,  fut 
dépossédé  par  son  frère ,  se  réfugia 
chez  le  roi  de  Lycie,  son  beau-père, 
revint,  a  l'aide  des  troupes  que  ce 
prince  lui  donna ,  ressaisir  la  couron- 
ne, bâtit  la  ville  de  Tirynlhe  que  les 
Cydopes  entourèrent  de  murailles , 
et  eut  de  sa  femme,  outre  Mégapen- 
the,  au  moins  trois  filles,  Lysippe , 
Ipbini'é  (ou  Hipponoé) ,  Iphianasse 
(ou  Lysianasse).  Soit  en  punition  du 
mépris  qu'elles  affectèrent  pour  le 
culte  de  Bacchus,  soit  à  cause  de  l'or- 
gueil avec  lequfl  elle»  avaient  osé  se 


PRO 


355 


dire  plus  belles  que  Junon ,  ou  pris 
l'ol*  des  tissus  dont  on  enveloppait  ses 
statues,  elles  furent  tout  à  coup  sai- 
sies d'un  accès  de  démence  effroya- 
ble ,  se  crurent  métamorphosées  en 
vaches,  s'imaginèrent  qu'on  voulait 
les  atteler  a  la  charrue,  et  coururent 
l'ArgoIide  ,  baissant  la  tête  a  l'aspect 
des  passants  comme  pour  les  percer 
avec  des  cornes.  Chez  quelques  au- 
teurs, l'accent  avec  lequel  on  narre 
ces  courses  bizarres  semble  presque 
indiquer  une  prostitution  délirante. 
On  ignore  si  c'est  du  vivant  de  Prœ- 
tus  ou  sous  le  règne  de  Mégapenthe 
que  se  développèrent  ces  symptô- 
mes j  mais  en  général  on  en  place 
le  dénouement  sous  Mégapenthe.  Ce 
prince  souhaitait  ardemment  la  guéri- 
son  de  ses  sœurs.  Il  pria  Mélarape, 
le  devin,  d'essayer  sur  les  trois  prin- 
cesses malades  la  puissance  de  son 
art.  Melampe  exigea  pour  récompen- 
se ,  en  cas  de  succès  ,  le  tiers  du 
royaume  d'Argos;  Mégapenthe  refusa, 
mais  quelque  temps  après  la  violence 
du  mal  s'accrut  encore  ,  et  il  invoqua 
de  nouveau Mélampe  qui ,  celte  fois, 
voulut  les  deux  tiers  du  royaume. 
Une  des  Prœlides  était  morte  dans 
l'inlervallej  il  épousa  l'une,  Iphia- 
nasse, et  donna  l'autre  à  son  frère. 
Hiimère  parle  d'une  autre  Prœtide 
qu'il  nomme  Méra  e^  qu'Ulysse  entre- 
voit aux  enfers.  A  l'histoire  de  Prœ- 
tus  se  lie  encore  ctlle  de  Bellérophon. 
Slhénobée  sa  femme  en  fui  éprise,  lui 
révéla  en  vain  son  amour,  l'accusa 
près  de  son  époux;  et  ce  dernier,  n'o- 
sanl  l'attaquer  de  vive  force,  l'en- 
voya en  Lycie,  chez  lobate,  son  beau- 
père,  avec  des  lettres  qui  recomman- 
daient "a  ce  dernier  de  le  faire  mou- 
rir. On  trouve  aux  articles  AcRi- 
sirs,  Mélampe,  Peesee,  ce  qu'il 
faut  penser  de  Proetus  et  des  Prœli- 
des, qui  sont,  on  n'en  peut  douter, 

23. 


356 


FRO 


des  personnifications  solaires.  — Deux 
autres  Proetus  sont  i°  un  fils-de 
Nauplius,  et  par  conséqueut  arrière- 
petil-fils  de  Danaiis;  2°  un  fils  de 
Thersandre,  époux  d'Anlie. 

PROGINÉ  ou  PROCINÉ.  Foy. 

PRÔmAQUE  :  1°  fils  d'Éson, 
tué  par  Péliasj  2°  fils  d'Hercule  et 
de  la  Sicilienne  Phégia  j  3"  fils  de 
Parlhénopée  et  un  des  Epigones; 
4.°  chef  béote  tué  par  Acarnas  au 
siège  de  Troie. — On  appi  lait  encore 
Proinaque(T^o^6«;(ief ,  défenseur)  Her- 
cule et  Mercure. 

PROMÉTHÉE ,  Prometheus  , 
Tlpoutiêiisj  figure  dans  la  mythologie 
grecque,  et  comme  Titan,  et  comme 

Sremier  homme  ,  et  comme  le  sage 
es  sages.  Japet  et  Climène  (ou  Asie, 
ou  Asope,  ou  Thémis)  lui  ont  donné 
naissance.  Le  scholiaste  d'Araluslui 
donne  pour  père  Uranus  époux  de 
Climène  l'Océanide.  Dans  la  première 
hypothèse,  il  a  pour  frère  Epiméthée, 
Atlas,  Ménèce.  Lors  de  la  Titanoma- 
chie,  il  passa  du  côté  des  Crouides 
avec  Thémis  sa  mère  ,  et  assura  ainsi 
la  victoire  au  parti  qu'éclairait  sa  sa- 
gesse. Dans  Apollodore,  c'est  lui 
qui,  lorsque  Jupiter,  après  avoir 
avalé  Métis  ,  souffre  des  douleurs 
horribles ,  parce  que  sou  cerveau  est 
gros  de  Minerve,  ouvre  de  son  mar- 
teau la  tête  du  roi  des  dieux ,  et  livre 
passage  à  l'étinceiante  déesse.  De 
tels  services  eussent  dû  assurer  a  Pro- 
mélhée  une  place  éminente  près  du 
maître  de  l'Olympe,  mais  la  supério- 
rité intellectuelle  qu'affectait  le  Titan 
lui  déplut.  11  fut  chassé  du  ciel,  et 
jeté'  sur  la  terre.  La  terre  même 
devint  pour  lui  un  lieu  de  supplice. 
Du  reste  ,  on  varie  sur  les  causes  de 
ce  courroux  de  Jdpiter.  Chez  les  uns, 
Prométhée,  après  avoir  créé  l'homme 
dans  Mécone ,  va  ravir  aux  cieux  l'é- 


PRO 

tincelle  éthérée,  et  anime  l'ouvrage 
d'argile  élaboré  par  ses  mains.  Ail- 
leurs le  feu  qu'il  a  été  ravir  au  cie',  et 
qu'il  a  placé  dans  une  lige  de  férule  , 
il  le  communique  aux  mortels,  et  fait 
ainsi  de  cette  race  jadis  dévouée  "a  l'in- 
fériorité ,  au  malheur,  l'industrieuse 
et  opulente  rivale  des  dieux.  Chez 
d'autres  enfin,  on  voit  Prométhée  im- 
moler deux  bœufs  ,  disséquer  les  deux 
victimes,  enlever  avec  adresse  la  peau 
de  l'une  cl  de  l'autre,  placer  sous  une 
de  ces  robes  velues  tous  les  os,  sous 
l'autre  toutes  les  chairs,  la  graisse  et 
la  moelle,  puis  dire  h  Jupiter  de  choi- 
sir :  le  dieu  prit  celle  des  deux  peaux 
qui  ne  contenait  que  des  os.  On  de- 
vine quel  fut  sou  dépit.  Pour  tirer 
vengeance  du  tour  que  lui  jouait  Pro- 
raélhée,  il  lui  envoya  Pandore.  Mais 
l'habile  Titan  était  sur  ses  gardes,  et 
c'est  Epiméthée  qui  prit  j)Our  épouse 
la  ravissante  et  dangereuse  jeune  fille. 
Alors  Jupiter,  ne  pouvant  triompher 
de  son  ingénieux  adversaire  que  par 
une  brutale  violence,  ordonna  aux 
njiuistres  farouches  de  ses  volontés, 
Cratos  et  Biâ,  et  à  Yulcain,  son  fils, 
d'aller  le  clouer  sur  le  Caucase.  La 
sentence  fut  exécutée;  et  un  aigle 
s'abatlaiit  du  haut  des  nues  sur  le 
condamné,  lui  ouvrit  la  poitrine  pour 
lui  dévorer  le  foie  qui  sans  cesse  re- 
naît sous  le  bec  recourbé  de  l'oiseau, 
et  que  l'oiseau  déchire  sans  cesse. 
Dans  Eschyle,  Jupiter  n'envoie  l'aigle 
à  Prométhée  que  parce  qu'il  refuse 
de  lui  révéler  qui  le  détrônera  un  jour. 
Ce  supplice,  au  reste,  ne  doit  pas 
être  éternel.  Selon  les  uns,  il  du- 
rera trente  mille  ans  ;  selon  les  au- 
tres, Hercule  y  mettra  fin.  Quelques 
traditions  font  voir  Jupiter  lui-même 
délivrant  Prométhée,  en  récompense 
de  l'avis  qu'il  lui  donna  lorsqu'il 
fut  sur  le  point  d'épouser  Tliélis. 
L'aigle  de   Prométhée  a    générale- 


PRO 

ment  été  transformé  en  vautour  5 
ainsi  que  plusieurs  monstres  mytho- 
logiques, on  l'a  dit  fils  de  Typhon  et 
d'Echidna,  Dans  Durius  de  Samos, 
Promélliée  est  mis  au  ban  de  l'Olym- 
pe pour  avoir  aspiré  à  l'hymen  de 
Minerve,  ou  plutôt  pour  avoir  voulu 
lui  faire  violence.  Hésiode  et  Phé- 
récyde ,  selon  le  scholiaste  d'Apollo- 
nius, avaient  dit  qu'il  fut  enchaîné  h 
unecolonne.  Arrien  elquelquesaulres 
substituent  au  Caucase  vulgaire,  s.ir 
lequel  on  place  la  scène  de  son  sup- 
plice, le  Caucase  indo-baclrien  ou 
Paropamise.  On  faisait  voir  sur  le  vrai 
Caucase  les  chaînes  qui  avaient  servi 
à  le  retenir  enchaîné  aux  deux  som- 
mets de  la  montagne,  car  i)  est  bon 
de  dire  qu'il  avait  chaque  main  at- 
tachée sur  l'une  des  deux  cimes. 
Les  Argiens,  selon  Pausanias,  mon- 
traient son  tombeau.  Mort  ou  non 
mort,  Promélhée  laissa  d'Asie  ou 
He'sione  ou  Axiihée,  sa  femme,  Deu- 
calion  qui  apprit  de  lui  à  construire 
l'arche  ou  coffret  dans  lequel  il 
échappa  au  déluge  universel.  Chez 
quelques  mythographes  il  a  pour  fille 
Isisj  Céléno  le  rend  père  de  Lycus  et 
de  Chimère;  Pyrrha  lui  donne  Hé- 
lène ;  une  nymphe  inconnue  devient 
par  lui  mère  de  Thébé.  —  Peu  de 
personnages  mythologiques  sont  plus 
riches  et  plus  caractérisés  que  Pro- 
mélhée. 1°  Il  y  a  chez  lui  haute  in- 
telligence; il  mystifie  Jupiter  même, 
il  lui  assure  l'empire  dans  la  Titano- 
machie,  il  lui  révèle  que  de  son  union 
avec  Thélis  naîtra  un  fils  assez  puis- 
sant pour  le  détrôner.  Seul  au  ciel  il 
est  digne  de  Minerve;  peu  s'en  faut 
qu'il  ne  s'identifie  par  la  jonction  des 
sexes  avec  cette  déesse;  il  est  secondé 
par  elle  lorsqu'il  a  créé  l'homme  ma- 
tériel, et  qu'il  veut  lui  communiquer 
le  mouvement,  la  pensée,  la  vie.  2"  Il 
est  le  feu  lui-même  ,  le  feu  chaleur  , 


PRO 


35' 


le  feu  galvanisme,  le  feu  principe  de 
la  vie ,  le  feu  intelligence  ;  et  puisque 
feu  (éther)  et  intelligence  tendent  à  se 
réabsorber,  en  ce  sens  il  est  Minerve 
même,  Minerve  mâle.  5°  Puis  il  est 
Vuîcain,  car  Vulcain  estle  feu  même. 
Ainsi  que  Vulcain  ,  il  ouvre  la  tête  de 
Jupiter  obsédé  par  la  céphalalgie. 
Il  mauie  le  feu ,  et  grâce  à  lui  il  in- 
vente tous  les  arts.  Il  est  colonne  :  la 
colonne  à  laquelle  on  l'attache,  c'est 
lui;  le  mont  que  les  traditions  ordi- 
naires substituent  à  la  colonne  n'en 
diffère  pas  :  «  l'Atlas  colonne  des 
cieux,  »  disait  Pindare;  et  si  l'on 
objecte  que  c'est  Mercure  qui  af- 
fecte la  forme  colonne,  voyez  a. 
l'article  Fta  ce  qui  est  dit  des  Fta 
Stylites.  A°  Comme  feu,  il  est  aussi 
Titan  et  magicien  :  c'est  ce  qu'on  ex- 
prime en  le  rangeant  parmi  les  Cabi- 
res  ;  et  l'on  sait  combien  il  y  a  de 
rapports  entre  toutes  ces  idées  feu , 
fonderie,  métallurgie,  sorcellerie, 
ahrimanisme ,  dimensions  colossales: 
le  feu  qui  d'une  part  émane  du  dieu 
organisateur,  et  qu'en  conséquence  on 
donne  comme  sou  fils  (Vulcain)  ,  de 
l'autre  semble  planer  au  dessus  de 
l'époque  où  le  monde  fut  organisé, 
et  il  est  ou  le  père  ou  le  prédéces- 
seur du  dieu  suprême  organisateur. 
Ainsi  Promélhée  est  autérieur  h  Ju- 
piter ,  ainsi  Jupiter  se  trouve  entre 
Prométhée  et  Vulcain  qui  ont  des 
attributs  dn  même  genre.  5°  Non- 
seulement  Prométhée  est  le  créateur 
de  l'homme  abrégé  du  monde  et  mi- 
cro i?come  éblouissant  de  perfection  , 
il  est  de  plus  Thumanité  même,  Epi- 
raélhée  et  lui  ne  sont  qu'un  {^J^.  Pan- 
dobe).  Mais  là  Promélhée  n'est  plus 
semblable  h  lui ,  il  est  imprudent,  il 
oublie,  il  aime,  il  est  curieux,  il  ouvre 
la  porte  à  tous  les  maux  impatients 
de  fondre  sur  le  globe ,  il  n'a  pour 
excuse  de  ses  folies  que  l'espérance. 


358 


PRO 


PRO 


Les   poètes  anciens  se   sont  beau- 
coup occupés  de  Promélhée.  Eschyle 
avait    composé    sur    ce    personnage 
trois  pièces,  Proméllu'e  ravisseur 
du  Jeu,  Promtihée  dans  Its  fers, 
JUa  Délivrance  de   Prométhée. 
La  seconde  seulement  existe  encore , 
elle  a  été  traduite  en  vers  par  Le- 
franc  de  Pompij^nan  j   Legouvé  en  a 
donné  une  analyse  et  iinilé  quelques 
passages.    Plusieurs   bas-reliefs    an- 
ciens    représentent   la    création    de 
l'homme  par  Prométhée,  Tels  sont 
entre  autres  ceux  du  Musée  Vat.,  2  5, 
n'  2  ;  du  Musée  Pio-Clémenlin  ,  IV, 
34;  du  Musée  Capit. ,  IV,  aS.  Le 
dernier  appartient  à  un  sarcophage 
qui  présente  dans  une  de  ses  parties 
le  supplice  de  Prométhée.  Un  autre 
bas-relief  de    marbre  (Montfancon  , 
Ant.  eocpL,  pi.  i3i)  représente  la 
délivrance  de  Prométhée  par  Hercule; 
le    Caucase     est  symbolisé   par    un 
vieillard;  Hercule,    Tare   en    main, 
prêt  k  percer  Taigle,  a  laissé  derrière 
lui  la  massue  et  la  peau  du  lion  de 
Némée  ;    Mercure  paraît  disposé  k 
seconder  le  fils  d'Alcmène.  —  Les 
Athéniens  donnaient  le  nom  de  Pro- 
méthées  aux  Lampodophories. 

PROMÉTHOS  et  DAMASICH- 
THON  ,  fils  de  Codrus  conduisirent 
des  colonies  dans  l'Asie-Mineure. 

PROMITOR,  dieu  romain,  prési- 
dait aux  dépenses  (Rac.  :  Promus 
ou  promere). 

PROMYLÉE,  déesse  qui  prési- 
dait ,  selon  les  uns  j'aux  meules ,  se- 
lon les  autres,  aux  moles  et  aux  ports. 

PROINOÉ  :  1°  Néréide,  2-  fille  de 
Phorbas;  mère  de  Calydon  et  de 
Fleuron. 

PRONOUS  ri»  fils  de  Phegée, 
tue' par  les  Alcraéouides  (  f^.  Acar- 
lîAs);  2**  chef  troyen  tué  par  Pa- 
trocle. 

PROPÉTIDES ,  Nymphes,  per- 


sonnificalion  de  l'impudîcité  féminine 
et  de  la  prostitution,  passaient  pour 
des  femmes  qui  avaient  bravé  la  puis- 
sance dé  Vénus,  et  dont  celle-ci  lira 
vengeance  en  les  embrasant  des  feux 
les  plus  désordonnés.  Après  avoir 
erré  lotig- temps  en  s' abandonnant  a 
tout  ce  qui  se  trouvait  d'hommes  sur 
leur  passage,  elles  s'endurcirent  tel- 
lement k  tout  sentiment  humain, 
qu'insensiblement  elles  furent  trans- 
formées en  rochers. 

PRORSA  ou  PORRIMA  ou  AN- 
ÏEVER  lA  et  POSTVERTA  pas- 
saient k  Rome  pour  deux  sœurs  sou- 
veraines des  accouchements  et  pro- 
phélesses.  Les  couches  doivent-elles 
être  heureuses,  l'enfant  présenle-t-il 
la  tète  la  première,  c'est  Porrima  ou 
Prorsa  qui  l'emporte.  Dans  k  cas  con- 
traire c'est  k  Postverta  qu'appartient 
la  puissance.  Prorsa  et  Postverta  sont 
ensemble  Cfimme  deux  llithyes,  l'une 
oimuzdienne,  l'autre  ahrimanienne. 
Ce  n'est  pas  tout  :  elles  chantent  et 

froclaraent,  l'une  ce  qui  n'est  plus, 
autre  ce  qui  n'est  pas  encore.  Com- 
me telles,  ce  sont  deux  Parques,  deux 
Nornes,  deux  Xantries;  ce  sont  des 
cardeuses  d'événements  :  car  ce  que 
leur  bouche  proclame,  ce  sont  leurs 
mains  qui  l'élaborent;  les  fils  variés 
dont  la  complication  fantasque,  ano- 
m.;ile,  inattendue,  forme  les  événe- 
ments, ce  sont  elles  qui  les  brouillent- 
carminant.  Aussi  les  nomrae-t-nn 
Cai  mentes;  aussi  les  mylho'ogues  leur 
associent-ils  la  grande  Carmente  com- 
me troisième  sœur.  Il  est  vrai  qu'on 
a  tort,  et  que  Carmente,  la  Norne 
monade,  se  scinde  en  deux  Carmentes 
individuelles,  Porrima  et  Postverta. 
Une  tradition  subalterne  montrait  les 
deux  sœurs  invitées  au  sacrifice 
d'Hercule  ,  après  la  mort  de  Cacus  : 
Prorsa  se  trouve  avant  l'heure  au 
rendez-vous,  Postverta  arrive  quand 


1 

me     ^1 


PRO 

tout  est  fini.  C'est  absolument  l'aven- 
lure  de  Pinaiius  et  de  Poliliusj  c'est 
aussi  l'idée  mère  de  Prométhée  et 
d'Épimétliée.  Il  est  bizarre  toutefois 
de  voir  la  Xanirie  de  l'avenir  assumer 
l'aspect  et  le  rôle  d'imprudente. 
PROSERPmE,  Proserpina,  et 

en    grec   PeRsÉPHOIjE,    P£RSÉPHA^SE 

ou  PhÉbÉphatte  ,  reine  des  enfers^ 
était  fille,  suivant  les  uns,  de  Jupiter 
et  de  Cérès  (ou  de  Slyx),  selon  les  au- 
tres, de  Saturne  et  de  Rhée,  très-ra- 
rement de  Persée.  La  théogonie  de 
Sanchpniaton  la  montre  fille  de  Crone 
seul.  Céiès,  sa  mère ,  l'éleva  dans  la 
Sicile  ou  à  Eleusis.  Accompagnée  de 
Vénus,  de  Junon,  de  Minerve,  des 
Nymphes,  des  Sirènes,  la  jeune  fille 
cueillait  des  narcisses ,  quand  tout  a 
coup,  fort  de  l'assentiment  de  Jupiter, 
Pluton,  qui  n'a  trouvé  aucune  compa- 
gne parmi  les  déesses  pour  partager 
sa  couche ,  apparaît ,  enlève  sa  nièce 
tremblante,  se  replonge  dans  le  som- 
bre séjour,  et  l'épouse.  En  vain  Cya- 
ne  a  tenté  de  s'opposer  a  l'irrésistible 
essor  du  dieu  noir,  elle  est  changée 
en  fontaine;  en  vain  Cérès,  à  qui  la 
nymphe  révéla  enfin  le  nom  du  ravis- 
seur de  sa  fille ,  la  redemande  à  grands 
cris  à  Plulon,  a  Jupiter.  Il  est  écrit 
que  si  Proserpine  n'a  rien  goûté  de- 
puis qu'elle  est  aux  enfers,  elle  re- 
tournera dans  les  bras  de  de  sa  mère; 
dans  le  cas  contraire ,  elle  est  irrévo- 
cablement acquise  k  Pluton.  Ascaia- 
phe  décide  la  querelle  en  faveur  du 
roi  des  enfers;  et  Jupiter,  en  consen- 
tant encore  a  laisser  Proserpine  pas- 
ser six  mois  dans  la  couche  nuptiale  , 
six  mois  dans  les  bras  maternels ,  ac- 
corde a  Cérès  un  bonheur  inespéré. 
Quelques  traditions  varient  les  détails 
du  mythe  deProserpine.  Enna,  Eleu- 
sis, ne  sont  pas»  les  seuls  lieux  où  l'on 
en  place  le  théâtre;  Hippone  aussi  en 
Sicile,  la  Mégaride,  Nysa  entre  l'Io- 


PRO  359 

nie  et  la  Lydie,  les  bords  du  Cépbise 
en  Attique ,  la  Crète,  la  Thrace ,  un 
rivage  vaguement  désigné  de  TOcéan, 
se  disputent  l'honneur  de  ces  violell- 
tes  fiançailles.    Dans    Sanchoniatoti 
Proserpine  reste    vierge;   dans   les 
mythes  prolopëlasgiques  liés  depuis  à 
la  religion  dionysiaque,   Proserpine 
figure  comme  l'épouse  de  Jupiter  et  la 
mère  de  Bacchus  ou  lacchos  (Zagrée, 
Eubulée,  qu'on  lui  donne  quelquefois 
pour  fils,  n'en  diffèrent  pas).  Plus 
tard,  l'épouse  devient  une  amante, 
l'époux  un  séducteur  incestueux  qui 
a  emprunté  la  forme  du  serpent  pour 
déshonorer   sa   fille;   et  cette   fille, 
Proserpine,  en  est  honteuse,  comme 
Cérès  quand  elle  a  été  outragée  par 
Neptune  cheval,  et  dans  son  déses- 
poir elle  va  se  cacher  dans  les  profon- 
deurs de  la  terre.  Le  fils  est  un  tau- 
reau ;  et  de  là  le  mythe  qui  fait  le 
taureau  fils  du  serpent.  Une  tradition 
très-rare  fait  de  Proserpine  la  mère 
de  Jupiter  même.  Parfois  Thésée  la 
séduit.  Pirilhoiis  descendit  aux  en- 
fers pour  enlever  Proserpine  j  il  n'y 
réussit  point,  et  même  c'est  la  déesse 
qui  découvre  cet  audarieux  projet  à 
Plulon.   Elle    avait  été  plus  tendre 
pour  Adonis  [F^oy.  ce  nom).   Ces 
petites  velléités  extraconjugales  n'a- 
vaient point  empêché  qu'elle  ne  mar- 
quât de   la   jalousie   k  Pluton  ,    et 
qu'elle  ne  changeât  Menthe  en  une 
plante  de  son  nom,  pour   la  pimir 
d'avoir  inspiré  de  l'amour  au  dieu  des 
onibres.  Toutes  ces  traditions,  en  ap- 
parence contradictoires,  ne  tarderont 
pas  a  s'expliquer  pour  nous.  —  On 
donne  a  Proserpine   les  titres    ma- 
gnifiques  de    mère    des   Euraénides 
et  d'Eubulée,  de  la  chaste,  la  sain- 
te ,  l'ineffable,  l'andiogyne,  de  Pro- 
togénie ou  la  première  née ,  de  Pra- 
xidice  ou  la  justicière ,  de  Coré  ou 
Libéra  (la  vierge,  la  Jeuiie  fille),  d'I- 


36o 


PRO 


PRO 


1 


marmène,  la  Parque,  la  Fortune,  de 
Mililla  ou  Ilithye  la  grande  accou- 
clieuse,  de  Polybée  la  nourricière,  de 
Sotira  ou  Sospila  ,  d'Axiocerse  et  de 
Cabire  qui  ont  Irait  à  son  haut  rôle 
dans  le  cadre  cabirique,  de  Despœna, 
reine,  de  Phereplialla  ou  Porle- 
PLalle.  Ces  épitbètes,  si  nous  voulions 
continuer ,  fourniraient  encore  des 
colonnes.  A  ces  noms  incontestable- 
ment mérités  par  elle  se  joignent  tous 
ceux  qui  impliquent  l'idée  de  grande 
mère ,  l'idée  d'essence  divine  ,  l'idée 
de  fécondité  spéciale.  La  voici  dès- 
fors  ou  fille  ou  femme  ou  mère  de  Ju- 
piter, mère  de  Baccbus,  mère  dea 
Praxidices  qu'on  nomme  Euménidesj 
la  voici  aimée  de  dieux  divers;  la 
voici  filîe  de  l'éLlonissante  lumière , 
Persée;  la  voici  Ariadne,  Pasipliaé  ; 
la  voici  Maïa,  Mylilta,  "Vénus,  Mi- 
tbra,  Artémis;  Arlérals  dans  le  baul 
rôle,  Arlémis  dans  le  rôle  lunaire. 
La  voilà  terre,  c'est-à-dire  Cerès; 
et  puisque  la  terre  se  distingue  en  sur- 
face et  noyau,  la  voici  Cérès  et  Pro- 
serpine.  Nous  sommes  donc  arrivés  à 
im  dédoublement;  mais  ce  dédouble- 
ment nous  abuse-t-il.^  Non.  En  vain 
veut -on  distinguer  les  deux  dées- 
ses, elles  ne  fout  qu'une;  en  vain 
dit-on  :  Proserpiue  est  la  fille;  le  fait 
seul  de  Jupiler,  amant  de  l'une  et 
de  l'autre,  décèle  déjà  dans  Proser- 
pine  au  moins  l'égale  de  sa  mère.  La 
forme  ophidienne  sous  laquelle  le  dieu 
de  l'Olympe  s'unit  à  sa  fille  indique 
un  rôle  plus  élevé  que  celui  de  la 
mère;  car  l'épouse  du  serpent,  c'est 
Pépouse  d'un  Knef.  En  eifet  voyez 
l'Egypte:  avant  le  bouc,  avant  le 
bélier,  avant  le  taureau  ,  avant  l'i- 
bis, se  déroule  une  bleuâtre  circonfé- 
rence sans  fin  comme  sans  commen- 
cement, reptile  flexible  dont  la  queue 
rejoint  la  tête.  Ecoutez  l'Orphique: 
le  serpent  et  l'oisean ,  voilà  les  em- 


blèmes de  la  génération  des  mondes; 
leur  œuf-univers  a  des  ailes ,  et  est 
flanqué  de  serpents.  Eh  bien!   nou- 
velle   coïncidence ,    Proserpine    est 
oiseau  :  Cythérée  dont  elle  ne  diffère 
pas  est  une  colombe  ainsi  qu'un  pois- 
son; etPerséphatte  veut  dire  colombe 
lumineuse.  Qu'est  ce  donc  que  celle 
jonction  mystérieuse  de  Zévs  et  de 
Perséphatte?  La  jonction  du  serpent 
et  delà  coloii'be.  Il  est  vrai  que  dans 
ce  cas  les  rôles  sont  intervertis;   la 
passiveté  -  ténèbres    est    lumineuse  , 
l'aclivité-lumière  est  brumes  épaisses 
et  sangglacé,  mais  la  permutation  des 
rôles  n'a  rien  d'étonnant  en  mytho- 
logie. Grâce  à  cette  flexibilité  de  ca- 
ractères qui  rentrent  les  uns  dans  les 
autres,  Proserpine  ciimule  tous  les 
attributs  spéciaux   des  déesses  avec 
lesquelles  elle  a  une  ressemblance  gé- 
nérale.   C'est  peu  d'être    femme  de 
Plulon,  c'est  elle  qui  juge,  qui  puri- 
fie, qui  statue  sur  les  métempsycoses 
futures  des  âmes;    c'est   peu  d'être 
Nuit-fatale  ou  ahrimanique,  elle  est 
Nuit-nourricière,     Nuit -onde    va- 
seuse.  Nuit-oubli   (le  fleuve  Léthé 
c'est  elle).   C'est  peu  d'être  l'onde 
primordiale,  elle  est  l'eau  rafraîchis- 
sante, la  source  où  se  puise  la  vie,  la 
paix,  la  pureté.  C'est  peu  d'être  la 
rectricedes  événements,  elle  est  la 
Carmente  ou  Xantrie  ,  et  par  consé- 
quent prophélesse;  elle  est  l'Heure 
et  la  compagne  des  Heures;  elle  est 
la  fatalité   flamboyante,    Adrastée; 
elle  est  l'Euménide  (car  mère  des  Eu- 
ménidesne  veut  pas  dire  autre  chose). 
C'est  peu  d'être  Cérès,  elle  est  la  fée 
bienfaisante  qui  donne  les  bœufs,  les 
blés,  les  gras  pâturages  aux  liumains. 
C*est  peu  d'élre  la  Lune  ,    elle    est 
Diane  errant  sur  la  terre  à  la  lueur 
de  la  nuit  ;  elle  est  Hécate  dardant  au 
loin  ses  traits  ;  elle  est  Ilithye ,  qui 
fait  souffrir  ou  qui  délivre  les  mères. 


PRO     . 

C'est  peu  d'être  Vénus ,  elle  lui  dis- 
pute Adonis.  Quant  a  ce  que  l'on 
dit  sur  Proserpiue  ,  symbole  du  blé 
en  terre  ,  et  sur  toutes  les  coïnci- 
dences des  phases  des  développements 
de  la  céréale  et  de  la  fille  de  Cérès  , 
il  faut  laisser  ces  subtilités  k  d'autres. 
Proserpiue,  dans  le  cadre  cabiriqiie  , 
n'assume  pas  ostensiblement  cette 
multiplicité  de  caractères;  l'a  sa  place 
spéciale  est  celle  d'Axiocerse  femelle. 
Pluton,  son  partenaire  mâle  ,  se  des- 
sine avec  elle  sous  Cérès  Axiéros.  Le 
Cadmile  n'est  pas  nommé  ,  mais  si , 
comme  on  le  doit,  on  voit  dans  Plu- 
ton  Zévs-Stygios,  on  arrive  bien  vile 
à  donner  le  rang  de  Cadmile  h  laccbos 
ou  Zagrée,  ou  Ëubulée  {Voy.  Cabi- 
REs).  —  Proserpiue  élait  surtout  ré- 
vérée dans  la  Sicile,  dont  Jupiter  lui 
avait  fait  présent ,  et  a  Eleusis,  con- 
jointement avec  sa  mère;  Agrigenle 
lui  était  consacré;  Sarde  la  regardait 
comme  sa  divinité  tutélaire;  Locres 
et  Mégalopolis  l'honoraient ,  et  dans 
cette  dernière  ville  elle  avait ,  con- 
jointement avec  sa  mère,  un  temple 
magnifique;  un  bois  voisin  lui  était 
consacré  a  elle  seule.  A  Elos  on  voyait 
sa  statue  ainsi  que  celle  de  Cérès,  et 
on  la  tirait  cérémoniellement  du  sanc- 
tuaire pour  la  porter  dans  l'Eleubi- 
nium.  Les  Sabins  l'honoraient  aussi 
(probablement  c'était  la  même  que 
Féronie) ,  et  sa  fête,  à  laquelle  on  af- 
fluait de  tous  côtés,  élait  une  des  foi- 
res les  plus  brillantes  du  pays.  Au- 
près du  lac  Averne  élait  un  bois  cé- 
lèbre sous  son  invocation;  a  Piome 
elle  avait  aussi  un  temple.  Les  Gau- 
lois la  regardaient,  dit-on,  comme 
leur  mère  ;  mais  ici  sans  doute  on 
traduisait  le  nom  de  quelque  déesse 
femelle  des  Celtes  par  celui  de  Pro- 
serpiue. Les  Arcadiens  lui  don- 
naient le  nom  de  conservatrice,  S<a- 
rt<^a,et,  bizarre  calembourg ,  l'in- 


PRO 


36i 


voquaient  pour  retrouver  les  choses 
perdues.  Dans  quelques  coulre'es , 
son  culte  était  mystérieux  ,  ou  bien 
permis  aux  femmes  seules.  A  Méga- 
lopolis les  hommes  n'entraientqu'une 
fois  l'an  dans  son  sanctuaire.  La 
chauve-souris,  la  grenade,  le  nar- 
cisse lui  étaient  consacrés;  on  lui 
sacrifiait  des  génisses  stériles,  de 
jeunes  chiens  noirs;  dans  les  funé- 
railles on  se  coupait  les  cheveux  en 
son  honneur  et  on  les  jetait  sur  le 
bûcher.  On  jurait  par  elle  en  Sicile  ; 
et  per'soniie  ne  doutait  qu'elle  ne  pu- 
nît le  parjure.  Proserpiue  alors  a 
quelque  chose  de  la  vieille  et  sévère 
océanide  Styx.  D.ins  la  Molosside 
toute  jeune  fille  qui  était  enlevée  par 
une  mort  prématuiée  prenait  le  nom 
de  Proserpiue. — L'idéaldecelte  reine 
des  enfers  est  une  beauté  jeune  et 
brune,  tantôt  sur  un  char  qu'entraî- 
nent au  milieu  de  torrents  de  .fumée 
de  rapides  chevaux  noirs,  tantôt  sur 
un  trône  d'ébène  au  bas  duquel  le 
Sommeil  éternel,  l'Oubli,  Cerbère, 
Mercure  Psychopompe  ,  ou  autres 
dieux  sinistres,  veillent.  Dans  l'un  et 
l'autre  cas  elle  est  près  de  son  époux. 
Au  sceptre  noir  est  souvent  substi- 
tuée la  fleur  de  Narcisse;  car  ,  dit 
Sophocle,  ce  sont  des  narcisses  qu'elle 
cueillait  â  Enna  lorsqu'elle  fut  enle- 
vée. Dausunchamp  voisin  de  Phocée 
se  voyailune  Proserpiue  chasseresse; 
enfin  dans  plusieurs  monuments  elle  a 
sur  la  tète  le  raodius  ou  calathe  :  on 
pense  soudain  h  Sérapis,  qui  est  aussi 
un  dieu  des  enfers,  un  dieu  suprême; 
puis  on  en  revient  à  croire  que  le  ca- 
bithe  est  tour  à  tour  rempli  de  fleurs 
qui  simulent  le  chapiteau  corinthien, 
rempli  de  finit  qui  nous  reportent 
aux  céréales.  C'est  ici  le  cas  de  rap- 
peler ,  indépendamment  des  autres 
rapports  de  Proserpine  et  de  Cérès  , 
que  les  Romains  dérivent  Proserpine 


36% 


PRO 


âeproserpo.)  vu  que  les  ce'réalesaux 
racines  chevelues  serpenlenl  en  terre. 
C'est  une  étymologle  comme  une  au- 
tre ;  elle  vaut  bien  celles  qu'on  a 
données  a  Perséplione  et  à  Phéré- 

Îhatte.  Toutefois,  nous  croyons  que 
*roserpine  signifie  le  grand  serpent, 
bu  ,  comme  l'eussent  dit  les  Hin- 
dous, Paraçarpa.  Les  beaux  léta- 
draclimes  de  Syracuse  représentent 
des  tètes  de  Proserpine  qui  sont  h 
la  fois  les  types  de  la  plus  haute 
beauté  d'une  jeune  fille,  et  les  plus 
parfaits  mouumenls  de  l'art  moné- 
taire {  f^oj-.  Hunier,  liv.  II,  9). 
Quantité  de  vases  peints  trouvés  eu 
Sicile  et  en  Campanie  offient  des  dé- 
tails relatifs  aux  mystères  de  Liber 
(Bacchiis)  et  de  Libéra.  Un  bas-n-lief 
du  Musée  Pio  Clémentin  (II,  i)  nous 
montre  Platon  et  Proserpine  sur 
leur  trône  :  Psyché  (symlioledel'àme) 
est  pi  es  d'eux  un  doij;t  sur  la  bouche. 
Sur  le  sépulcie  des  Nasons  (Btllori, 
Sep.  de'  JVas..  YIII  )  se  voient 
Icb  deux  époux  infernaux  assis  sur  un 
même  trône,  a  titre  de  rois  des  lies 
Heureuses.  Mais  de  tous  les  traits  de 
la  légende  de  Proserpine,  nul  n'aëlé 
plus  fréquemment  représenté  que  son 
enlèvement  rlNicomaque l'avait  peiul, 
et  Praxitèle  avait  composé  sur  ce 
rapt  si  riche  deux  groupes  d'airain, 
l'un  pour  Athènes,  l'autre  pour  Thes- 

Ries.  Un  magnificpie  bas-relief  du 
lusée  Pio  Clémenlin  (V,  5)  est  ce 
qui  nous  reste  de  plus  beau  sur  ce  su- 
jet. On  peut  y  comparer  un  beau 
marbre  de  la  galerie  Giusliniaiii,  un 
autre  marbre  expliqué  pai'  Bellori,  la 
ceinture  d'une  statue  trouvée  à  Rome, 
enfin  un  pan  du  tombeau  des  INasons. 
N'oublions  pas  les  deux  retours  de 
Proserpine.  figurés  l'un  sur  une  mé- 
dailled'Antonin-le-Pieux(Rasl,y^//f. 
roin.  etgaïU.  ,XVII,  12),  l'autre 
dans  ua  bas-relief  du  palais  Rospi- 


PRO 

glîosi  (Hirt,  BilderbiircfiylX,  6).  Il 
n'e>t  personne  qui  ne  connaisse  au 
moins  de  nom  le  célèbre  poème  de 
Claudien  sur  le  rapt  de  Proserpine. 
M.  Michaud  l'aîné  en  a  donné  une 
imitation  «n  vers  fiançais. 

PROTÉE,  Proteus  ,  npanvs , 

[)asse  dans  la  myihulogie  grecque,  k 
aqHtlIe  il  est  évidemment  étranger 
d'orii^iue ,  pour  un  dieu  marin,  fils 
de  Neptune  et  de  Phénice  ,  ou  de 
rOcéau  et  de  Télliys.  11  naquit  à 
Pe  lèue  en  Macédoine,  épousa  Psa- 
mallie,  en  eut  cinq  tils^Théotlymène, 
Torone  ,  Polygone  ,  Télégone  et 
Traole  :  ces  deux  derniers  se  rendi- 
rent affreusement  célèbres  par  leur 
cruauté.  Quelques  mythologues  nous 
montrent  Hercule  tuant  Torone,  Po- 
lygone et  Télégone  j  chez  quelques- 
uns  d'entre  eux  Torone  est  une  nym- 
phe et  même  sa  femme.  Quoi  qu'il  en 
soit,Protëe,  désolé  de  leurs  crimes, 
s'enfuit  en  Kgypte,  grâce  a  INeptune 
qui  lui  ouvrit  un  chemin  sous  le  lit 
de  la  mer.  Neptune  lui  confia  la  garde 
de  ses  troupeaux,  composés  de  pho- 
ques ou  veaux  marins.  Prolée  les 
amène  chaque  jour  sur  le  boi  d  de  la 
mer,  oîi  ils  se  reposent  tantôt  sur  le 
sable,  tantôt  sur  le  vert  des  prairies. 
Ce  qui  distingue  surtout  Prolée  dans 
la  mythologie  vulgaire,  c'est  le  pri- 
vilège qu'il  avait  de  prendre  toutes 
les  formes  imaginables,  sanglier,  lion, 
tigre,  panthère,  serpent,  eau,  feu, 
arbre;  il  était  aussi  prophète.  Méné- 
las,  dans  l'Odyssée,  Aristée,  dans  les 
Géorgiques,  le  consultent  sur  diver- 
ses opérations  difficiles.  C'est  de  lui 
en  particulier  qu'Aristée  obtient  un 
moyen  de  repeupler  ses  ruches  vides 
d'abeilles,  a  l'aide  d'un  taureau  im- 
molé sous  certaines  conditions  déter- 
minées. Dans  l'Odyssée  ,  c'est  Ido- 
thée,  sa  fiile,  qui  indique  h  Méuélas 
les  moyens  de  le  vaincre  ;  car  Protée 


I 


PRO 

ii'esl  point  prodigue  des  trésors  de  la 
science,  et  il  faut  le  charger  de  cliaî- 
nes  pour  qu'il  consente  a  révéler  aux 
liumbles  mortels  ce  qu'il  sait  du  pré- 
sent ou  de  l'avenir.  Au  reste  ,  îdo- 
thée  n'est  point  sa  seule  fille  ,  et  l'on 
trouve  encore  avec  ce  titre  Théonoé, 
Rhéla  ,  Cabira. — Protée  avait  un 
temple  à  Memphis.  On  a  prétendu 
que  son  nom  était  commun  h  tous  les 
rois  d'Egypte.  Les  évhéméristes  ont 
fait  mieux,  ils  ont  vu  dans  cet  être  si 
évidemment  mythologique  un  succes- 
seur de  Phéron.  Hélène  et  Paris  ont 
été  jetés  par  une  tempête  sur  les  cô- 
tes d'Egypte  :  sévère  observateur  de 
la  morale  ,  Protée  sépare  les  deux 
amants,  renvoie  aubout  de  trois  jours 
Paris  seul,  et  garde  Hélène  dix  ans 
pour  la  rendre  à  son  mari.  Cepen- 
clantla  guerre  de  Troie  a  lieu,  l'Eu- 
rope et  l'Asie  se  ruent  l'une  sur  l'au- 
tre. Au  bout  de  dix  ans  Troie  tombe, 
mais  Hélène  ne  se  retrouve  pas  ;  on 
revient  en  Grèce  sans  elle.  Heureu- 
sement une  bourrasque  pousse  la  flotte 
de  Menélas  jusque  sur  les  côtes  d'Ê- 
gyptej  et  c'est  là  qu'on  lui  remet  son 
Hélène,  plus  vieille  de  dix  ans,  mais 
intacte  et  pure  comme  lorsqu'elle  a 
débarqué  sur  la  côte  du  Délia.  Pro- 
tée ,  ajoutent  ces  subtils  commenta- 
teurs de  1  antiquité  ,  était  un  prince 
adroit,  sage  ,  imiiénétrable  dans  ses 
secrets,  et  qu'il  fallait  serrer  de  près 
pour  les  lui  arracher.  Il  ne  se  prome- 
nait qu'à  certaines  heures  en  public. 
Sa  souplesse  d'esprit  lui  donnait  suc- 
cessivement les  appaiences  du  renard, 
du  lion,  du  singe,  etc.  D'ailleurs,  sous 
la  tiare  des  rois  d'Egypte  flottaient 
des  dépouilles  de  lion ,  de  panthère, 
de  taureau,  ou  bien  brùlaientdes  cas- 
solettes a  parfums.  D'autres  inter- 
prètes ont  l'ait  de  Protée  un  orateur, 
UQ  comédien-pantomime,  un  enchan- 
teur. Pour  nous ,  nul  doute  que  Pro- 


PRO 


363 


tee  ne  soit  un  Soleil-Océan ,  et  peut- 
être  un  Soleil-Océan  premier  Dé- 
miurge. Dans  le  nom  de  Protée  peut- 
être  entre  l'élément  Fré  5  il  est  possi- 
ble aussi  que  ce  nom  doive  s'inter- 
préter par  le  premier  {-Tipàroç)  ou 
l'ancien  des  jours.  Ces  deux  rôles, 
Océan  et  Soleil ,  n'impliquent  nulle- 
ment contradiction  {f^oy.  Knef).  A 
l'idée  d'eau  se  lie  naturellement  celle 
d'inspiration.  La  variabilité  de  formes 
n'a  rien  de  bizarre  ;  car  l'eau^  prin- 
cipe universel,  se  scinde  ,  et  en  un 
sens-se  change  en  mille  individualités 
diverses. — Un  autre  Pkotée  est  un 
Egyplide  qui  eut  pour  mère  Argy- 
phie. 

PROTÉSILAS ,  Protesilaus  , 
XlfUTirrlxxos  (  que  quelquefois  on 
nomme  Iolas)  ,  fils  d'Iphicle  et  de 
Diomédee,  partit  de  Phylace,  sa  pa- 
trie, le  lendemain  de  sou  mariage  avec 
Laodamie  ou  Polydore, pour  conduire 
à  Troie  le  contingent  de  Phylace,  de 
Pirase,  d'Iton  ,  d'Antron  et  de  Plé- 
léôu,  et  s'élança  le  premier  sur  le 
rivage  de  Troie,  quoique  l'oracle  eût 
nettement  prédit  la  mort  de  celui  qui 
donnerait  cette  preuve  de  bravoure. 
Protésilas  fut  tué  sur-le-champ  par 
Hector,  Enée,  Euphorbe  ou  Achate. 
Arrivé  aux  enfers,  il  supplia  Proser- 
pine  et  Plutondelui  accorder  la  per- 
mission de  revenir  pour  quelques 
heures  sur  la  terre  ;  et  il  profita  de 
celte  éphémère  résurrection  pour  dé- 
cider sa  jeune  épouse  k  le  suivre  dans 
lesombre  séjour.  Quelques  traditions- 
le  font  vivre  après  le  sac  de  Troie. 
Il  a  en  partage  Ethille,  fille  de  Lao- 
médon.  Une  tempête  le  force  a  des- 
cendre sur  la  côte  entre  Mendès  et 
Scione.  Ethylle  harangue  ses  compa- 
gnes de  captivité  et  les  détermine  k 
mettre  le  feu  au  vaisseau  de  Protési- 
las, qui  reste  de  force  sur  le  rivage 
oiira  jeté  l'ouragan,  et  y  fonde  la 


364 


PRO 


ville  de  Scione.  On  montrait  le  tom- 
beau de  Protésilas  dansla  Chersonèse 
de  Tlirace,  où  il  avait  un  temple  ma- 
gnifique dans  Eléonle:  il  s'y  rendait 
des  oracles,  et  les  pèlerinages  y  ac- 
cumulaient de  grandes  richesses.  On 
riionorait  aussi  dans  Abydos,  oii  il 
avait  une  chapelle.  — Protésilas  si- 
gnifie prémices  du  peuple;  ces  deux 
mois  doivent  tout  dire. 

PROTHOÉ,  Amazone,  tua  sept 
ennemis  sur  le  champ  de  bataille  et 
fut  tuée  par  Hercule. 

PROTHOENOR,  fds  d'Aréiiyque 
et  de  Théobule  ,  frère  d'Arcésilas  et 
un  des  sept  chefs  béotes  k  Troie,  fut 
tué  par  Polydamas. 

PROTHOOS  -.i"  chef  grec,  fils  de 
Teuthrédon  (il  conduisit  4o  vaisseaux 
de  Magnèles  kTroie)  ;  2"  un  des  5o 
Lycaonides  ,•  3"  fils  d'Agrius. 

PROTIS,  est  selon  Aristote  le  fils 
d'Euxène  et  de  Gyptis  ou  Petla  j  selon 
Justin  lépoux  de  Gyptis.  Dans  l'un  et 
l'autre  cas,  il  régna  sur  les  Ségobri- 
go-Phoce'ens.  Petta  et  Gyptis  ne  font 
qu'une;  ce  sont  deux  noms  divers  de 
la  fille  de  INann,  roi  des  Ségobriges. 
Sous  le  règne  de  ce  prince  ,  selon 
Arislote,  débarqua  sur  lescôlesde  la 
Méditerranée  gauloise  un  Phocéen 
nommé  Euxène.  L'usage  était  qu'à 
une  fête  solennelle  la  fille  du  roi  en- 
trant dans  la  salle  présentât  à  celui 
des  convives  qui  devait  être  son  époux 
une  coupe  pleine.  Soit  hasard  ,  soit 
tout  autre  cause,  la  coupe  tomba  dans 
les  mains  d'Euxène  ,  qui  bientôt  de- 
vint l'époux  de  la  princesse  ,  puis  le 
successeur  de  son  beau-père.  Pella 
(c'est  le  nom  de  la  reine  selon  Aris- 
tote) a  pour  fils  Protis.  Dans  Justin, 
Protis  est  l'étranger,  le  Phocéen,  et 
la  fille  du  roi  Naun,  Gyptis,  l'épouse. 
PROïOGENlS     ou    PROTO- 

GLjNlE  ,     TlfaToyivii ,    Tl^uToyivuet 
(c'est-à-dire,    d'après    l'élymologie, 


V  PRO 

première  née)  :  i"  amante  ou  femme 
de  Jupiter  et  mère  d'Épaphe  [Voy. 
ce  nom);  2°  fille  de  Deucalinn  et  de 
Pyrrha  (ou  bien  encore  fille  de  Japct 
el  de  Climène  et  sœur  de  Pandore), 
maîtresse  de  Jupiter  et  mère  d'Elli- 
lios;  3°  fille  de  Calydon  et  d'Élo'ie, 
maîtresse  de  Mars  cl  mère  d'Oxy'e; 
Elolie  el  Calydon  (pays  et  capiliilc) 
personnifies  sont  des  albgoi  ismcy. 
Lin  peuple  amant  de  la  gloire  des 
armes  veut  descendre  de  Mars,  coiri- 
me  un  peuple  navigateur  descend 
de  Neptune,  romme  un  peuple  civi- 
lisé, ou  bien  qui  vit  sous  un  beau 
ciel,  descend  de  Daal,  d'Adonis,  d'A- 
pollon ,  de  Mancocapak. 

PROTOGONE  ,  Ërôs  dans  les 
poésies  Orphiques (/'o}'.  ans>i  Éok). 
PROUDÉISO  ou  BROUDENO 
passait  chez  les  IVuczcs  pour  le  pre- 
mier des  Krives  ou  pontifes  suprê-, 
mes  qui  furent  les  chefs  de  ce  peu 
pie.  Le  nom  de  Krive  veut  dire 
juge,  et  rappelle  le  K-pda  des  Grecs. 
Comme  sou.^  le  Krive  se.  déroulait , 
dans  l'organisation  tliéocratiquc  des 
l'ruczes,  une  longue  série  de  jjrèlres 
ou  de  magiciens  initiés  à  diverses  par- 
ties du  culte  (  iSigf;s  -  Gtnotlen  , 
FFaidds,  etc.),  le  Krive  portait 
le  nom  de  Krive- Krivcilo  (  le  juge 
des  juges).  Proudéno  ,  dont  proba- 
blement le  nom  veut  dire  tout  sim- 
plement premier  (Tr^Sray) ,  existait , 
dit-on,  vers  le  cinquième  siècle,  et  fut 
le  frère  ou  le  contemporain  de  Vai- 
devonl.  Proudéno  est  le  même  sans 
doute  que  Briden  ou  Priden  (Prydain), 
auquel  les  Lloègres  (Ligures)  atta- 
chaient tant  d'importance  ,  et  que 
même  ils  identifiaient  avec  Edd  ou 
Eddon.  Du  reste,  Proulh  (fleuve)  et 
Prutch  (Pruczi,  peuple)  semblent  dé 
river  de  Proudéno. 

PROUINIKOS  ,   selon  les  Nice-  ''■ 
laïtes  la  mère  des  substances  célcs 


I 


PSO 

les  et  la  génératrice  par  excellence. 
Ils  rimitaient  clans  ses  fondions  gé- 
nératrices par  tonte  sorte  de  dés- 
ordres. 

PROVE,  dieu  slave  delà  justice, 
était  représenté  sous  la  figure  d'un 
vieillard  velu  d'une  tunique  h  longs 
plis,  une  chaîne  sur  la  poitrine  et  un 
couteau  dans  la  main.  Ces  deux  sym- 
boles, la  détention  et  la  mort  ,  se 
comprennent  aisément.  On  dérivait 
ce  nom  de  Prova  ,  droit,  bon  droit. 

PRYÏANIS  :  1°  chef  Iroyen  tué 
par  Ulysse  5  2°  chef  troyen  tué  par 
Tu  ni  us. 

PSALACANTHE,  Nymphe  qui 
éprise  de  Bacchus  lui  donna  une  cou- 
ronne dont  ce  dieu  orna  la  tète  d'A- 
riadnc.  PsalacantHe  se  tua  de  déses- 
poir et  fut  changée  eu  une  fleur  que 
Liunée  a  oublié  de  mentionner  dans 
son  Systaina  Plantarum. 

PSAMATHÉ  :  1°  fille  de  Cro- 
lope  d'Argos ,  et  maîtresse  d'Apol- 
lon dont  elle  eut  un  fils  nommé  Li- 
nos  qu'elle  fit  exposer.  Le  dieu,  irrité 
de  cet  acte  anti-maternel ,  suscita 
contre  les  Argiens  un  monstre  ap- 
pelé Pœné,  qui  arrachait  les  enfants 
du  sein  des  femmes  enceintes  et  les 
dévorait  encore  tout  palpitants  5  Co- 
)èbe  le  tua.  Comp.  Crotope.  2"  Né- 
réide, eutd'E;iqne,  roi  d'Egine,  Pho- 
cus.  3"  Femme  de  Protée. 

PSAPHON.  prétendu  dieu  libyen, 
était  un  charlatan  qui,  disent  les  chro- 
niques, dressa  certains  oiseaux  a  ré- 
péter sans  cesse  :  «  Psaphon  est  un 
dieu.  »  Les  habitants  des  villes  voisi- 
nes, croyant  entendre  les  dieux  eux- 
mêmes  leur  révéler  ,  par  la  voix  de 
ces  ambassadeurs  aériens  ,  que  Psa- 
phon était  un  des  leurs,  lui  décernè- 
rent les  honneurs  divins. 

PSOPHIS  ,  héroïne  éponyme  de 
Psophis  en  Arcadie ,  selon  les  uns 
devait  le  jour  k  Xanthc,   selon  les 


PST 


365 


autres  était  fille  d'Arcas  ou  d'Éryx, 
roi  de  Sicanie.  Hercule  l'aima  et  la 
rendit  enceinte.  Furieux  a  cette  nou- 
velle, son  père  la  bannit  delà  maison 
paternelle  et  l'envoya  chez  Lycortas, 
son  hôte,  roi  de  Phégée.  Psophis  mit 
la  au  monde  deux  jumeaux  ,  Eché- 
phron  el  Promaqne  ,  qui  donnèrent 
à  la  ville  de  Phégée  le  nom  de  leur 
mère. 

PSYCHÉ,  -^ùx,*!,  la  célèbre  bien- 
aimée  de  l'Amour  ,  est  dans  Apulée, 
qui  a  brodé  un  long  épisode  de  son 
roman  sur  cette  simple  et  légère  don- 
née, la  fille  d'un  roi  dont  il  n'indique 
pas  le  nom,  et  a  deux  sœurs,  ses  aï-' 
nées.  Sa  beauté  ravissante  excite  au 
loin  l'admiration  universelle  ,  et  les 
peuples  qui  l'adorent  font  fumer  l'en- 
cens en  son  honneur  et  lui  donnent 
le  nom  de  Vénus  ,  de  Vénus  moins 
belle  qu'elle.  Ce  parallèle  teméiaire 
fait  monter  la  rougeur  du  dépit  au 
front  de  la  blonde  déesse  qui  a  rem- 
porté le  prix  sur  l'Ida  :  elle  fait 
jurer  à  son  fils  que  Psyché'  soupirera 
pour  le  monstre  le  plus  terrible  qu'ait 
produit  l'univers.  Cependantlessœurs 
de  Psyché  se  marient  5  el  la  sédui- 
sante princesse  reste  seule  près  des 
auteurs  de  ses  jours,  leur  prodiguant 
les  caresses  et  les  consolations  de  la 
piété  filiale.  Tout-k-coup  un  oracle 
répand  l'effroi  dans  le  pays  :  les  dieux 
ordonnent  que  Psyché' ,  victime  pour 
tous,  sera  déportée,  abandonnée  sur 
la  cime  d'une  haute  monlas;ne,  limite 
du  territoire  que  possède  son  père, 
et  que  Ik  elle  attendra  le  monstre  qui 
doit  être  son  époux.  La  stérile  pitié' 
de  la  foule  ne  peut  protéger  Psy- 
ché. Le  roi,  la  reine  ,  la  cour,  le 
peuple,  conduisent  cérémoniellement 
et  les  yeux  baignés  de  pleurs  la  triste 
Psyché  au  pied  des  monts  qui  doivent 
être  son  tombeau  ou  l'asile  de  sa  mi- 
sère j  et  sejile  enfin  elle  gravit  pém- 


366 


PSY 


PSY 


blemenl  la  penle  escarpée ,  parvient 
sur  la  cime,  s'assied,  s'endort.  A  son 
réveil  elle  se  retrouve  dans  des  lam- 
bris d'or,  sous  desvoùtes  étincelantcs 
de  marbre  et  de  cristal,  au  milieu  de 
soyeux  tapis  de  la  Perse,  des  émana- 
tions odorantes  de  jardins  embaumes 
et  des  hanronics  cadencées  de  mille 
instruments.  Sielledoit  mourir, qu'elîe 
regrettera  la  vie  au  milieu  de  tant  de 
délices!  Si  elle  doit  avoir  un  époux, 
q  j'il  excuse  puissamment  et  victorieu- 
8  ment  sa  laideur!  et  si  sa  laideur 
est  proportionnelle  h  la  magnificence 
qu'il  dép'oie,  qu'il  doit  être  affreux  ! 
O  c'est  bien  avec  raison  que  l'orocle 
lui  a  prédit  que  son  époux  serait  un 
monstre!  Tandis  que  l'syché  s'aban- 
donne à  ses  réflexions,  le  temps  s'é- 
coule, la  nuit  vient!...  Lorsque  les 
ténèbres  épaissies  enveloppent  le 
monde,  dans  l'alcove  que  n'éclaire 
pas  même  la  fuible  lueur  d'une lompe, 
répoux  terrible  se  glisse  auprès  de 
Psyché  :  il  n'a  rien  d'épouvantable,* 
quoiqu'elle  ne  puisse  le  voir,  elle  en 
fsl  sûre.  Il  lui  prodigue  toutes  les  ex- 
pressions de  l'amour  le  plus  brûlant  : 
bientôt  les  mêmes  feux  l'embrasent 
elle-même  ;  elle  le  prouve  par  ses  trans- 
ports ,  par  ses  serments  d'éternelle 
tendresse  ,  par  la  joie  frénétique  et 
douce  qui  désormais  inonde  son  cœur. 
Un  nuage  pourtant  pèse  sur  son  bon- 
heur :  quel  est  cet  époux  aux  formes 
divines,  cet  époux  si  riche  qui  deviue 
9es  souhaits  el  les  exauce  avant  qu'ils 
soient  formés.^  Ses  traits  ,  il  ne  veut 
pas  les  laisser  apercevoir!  Son  nom, 
il  ne  veut  pas  le  révéler  !  «  Malheur  à 
toi,.P8yché,  si  tu  viens  à  le  décou- 
vrir... Oh!  que  jamais  une  curiosité 
fatale...  »  —  Psyché  promet,  Psyché 
s'impatiente  ;  Psyché,  un  jour  qu'elle 
a  obtenu  de  sou  époux  que  ses  sœurs 
viendront  lui  rendre  visite  dans  son 
palais  enchanté,  cMeauxinsiBuatioas 


perfides  que  glissent  à  son  oreille  ces 
jalouses  aînées;  et ,  la  nuit  suivante, 
pendant  que  son  époux  accablé  re- 
pose, elle  se  dégage  légèrement  de  ses 
bras,  saisit  un  flambeau  qu'elle  a  ca- 
ché hous  le  modius  opaque  ,  s'avance 
d'un  pas  furtif  vers  le  lit  : 

A  quinxe  pas  c'est  nn  jeune  chasseur  ; 
El  .si  ce  nVst  Adonis  uu  Crpbale, 
Ce  doit  èlrclrui-fière.  A  dix  jms  c'est  leur  sœur; 
A  huit  pas  c'est  une  vestale; 
A  cinq,  à  six  pas,  tour  à  tour. 
C'est  un  Dieu,  c'est  une  Déesse; 
A  quatre,  c'est  Zépliy  le;  à  trois,  c'est  la  Jeunesse, 
A  j,  c'est  le  Printemps, et  plus  prcs, c'est  l'Amour. 
Oemoustieb,  Leit.  sur  la  M/lh. 

Malheureusement  en  se  peticbanl  sur 
l'adolescent  aile  pour  mieux  s'en- 
ivrer de  ses  traits,  pour  promener  sa 
bouche  sur  ses  yeux  ,  pour  respirer 
son  haleine  ,  la  jeune  curieuse  ,  hors 
d'elle-même,  laisse  tomber  de  lalampe 
qui  tremble  entre  ses  mains  une  goutte 
brûlante  sur  la  cuisse  de  sou  époux. 
Il  s'éveille  en  sursaut  :  «  lugrate 
«  Psyché,  dit-il,  vous  me  connaissez 
«maintenant!  a  votre  ignorance  te- 
«  nait  votre  bonheur.  Je  ne  puis  plus 
«être  à  vous.  »  El  soudain  le  palais 
aux  riches  colonnes  disparaît ,  Psyché 
se  trouve  seule  et  nue  au  milieu  d'un 
désert  aride,  immense.  Partout  le 
vide  ,  le  silence  ,  la  désolation!  Le 
bruit  d'un  torrent  lointain  interrompt 
seul  ses  gémissements.  E!leceui  t  vers 
cette  onde  écuraeuse  el  qui  mugit,  s'y 
élance;...  mais  la  mort  ne  veut  pas 
d'elle,  lesflols  la  déposent  mollement 
sur  l'autre  rive.  Alors  elle  s'aban- 
donne à  sa  destinée,  suit  machinale- 
ment le  premier  chemin  qui  s'offre  à 
elle  ,  arrive  ainsi  ,  au  bout  de  trois 
jours,  a  la  petite  ville  où  règne  sa 
sœur  aînée;  puis,  un  peu  plus  tard, 
à  celle  qui  a  pour  reine  sa  cadette,  et 
chemin  faisant  les  fait  tomber  victi- 
mes de  leur  mutuelle  jalousie.  Grâce 
à  un  double  mensonge  de  1*  jeune 
voyageuse  ,  l'aînée  s'imag'Jje  que  la 


PSY 

cadette,  la  cadette  s'imagine  que  l'aî- 
née, supplantant  Psyché  ,  va  être  l'é- 
pouse de  l'Amour.  A  celte  nouvelle, 
toutes  deux  s'élancent  versla  monta- 
gne où  jadis  Psyché  avait  été  laissée 
{)ar  ses  parents  inconsolables  ,  et  de 
'aulrecôlé  de  laquelle  s'était  montré 
le  brillant  pabus  bâti  poqr  elle  par 
l'Amour.  Elles  appellent  Zëphyre , 
qui  une  fois  déjà  les  a  conduites  à  ce 
palais  ,  et  croyant  s'abandonner  aux 
ailes  du  dieu  elles  se  précipitent  et 
disparaissent  au  fond  de  l'abîme  qui 
environne  le  jardin  de  l'Amour.  Ce- 
pendant la  Renommée  va  trouver  Vé- 
nus chez  Téthys  ,  et  lui  apprend  que 
son  fils  est  malade.  Tandis  qu'elle  lui 
prodigue  des  soins  empressés,  Psyché, 
qui  a  de  tous  côtés  cherché  son  époux 
et  demandé,  mais  vainement,  un  asile 
à  Cérès  et  a  Junon,  se  confie  a  la  gé 
nérosité  de  Yénus  et  se  jetle  à  ses  ge- 
noux. La  superbe  déesse  oublie  que 
le  plus  beau  privilège  de  la  divinité 
est  de  pardonner  :  elle  impose  a  Tin- 
olFensive  supnlianle  des  travaux  au- 
dessus  des  faibles  forces  de  son  sexe. 
Puiser  a  une  fontaine  que  gardent  des 
dragons  furieux  une  eau  noire  et  fé- 
tidej  chercher  dans  des  lieux  inacces- 
sibles un  flocon  de  laine  dorée  sur 
des  moutons  rivaux  du  bélier  de 
Pliryxus  j  séparer  dans  quelques  heu- 
res, dans  un  énorme  monceau  de  cé- 
réales, les  diverses  espèces  de  grains 
qu'on  y  a  pêle-mêle  entassées,  telles 
sont  les  lâches  pénibles  par  lesquelles 
la  vindicative  Vénus  torture  la  fai- 
blesse et  s'essaie  h  flétrir  labeaulé  de 
sa  rivale.  Un  secours  invisible  l'aide 
à  vaincre  ces  difficultés.  Vénus  ,  que 
tant  de  résignation  irrite  encore  au 
lieu  de  l'apaiser,  ordonne  alors  à  Psy- 
ché d'aller  aux  enfers,  et  de  deman- 
der de  sa  part  a  Proserpine  une  boîte 
de  beauté  pour  suppléer  à  ce  qu'elle 
avait  perdu  pendant  la  maladie  de 


PSY  367 

son  fils.  Psyché'  partit,  ignorante  de 
l'itinéraire  qu'elle  devaitsuivre,igno» 
rante  des  moyens  a  prenare  pour 
triompher  des  obstacles  dont  la  route 
serait  hérissée.  Grâce  h  l'assistance  se- 
crète du  dieu  dont  elle  avait  enfreiot 
les  ordres  dictés  par  la  tendresse, 
elle  devina  le  chemin  du  sombre  em- 
pire, franrhil  le  guichet  terrible  gar- 
dé par  Cerbère  ,  passa  le  Slyx  sans 
que  le  nocher  terrible  lui  dît  de  payer, 
et  enfin  arriva  ,  belle  de  ses  grâces 
naïves  et  de  sa  faiblesse,  au  pied  du 
trône  oii  siègent  les  deux  majestés  in- 
fernales, l'roserpiue  lui  remit  laboî|e 
qu'elle  demandait,  en  lui  recomman- 
dant de  ne  pas  l'ouvrir.  Soit  curio- 
sité, soit  désir  de  s'approprier  un 
peu  de  cette  beau  lé  contenue  dans  la 
mystérieuse  cassette  ,  Psyché  dés- 
obéit aux  injonctions  de  la  reine  des 
enfers.  A  peine  sa  main  timide  a-t-elle 
ouvert  le  couvercle  de  la  boîte  que 
de  noires  vapeurs  se  répandent,  s'é» 
paississent  autour  d'elle  j  elle  tombe 
asphyxiée.  Heureusement  son  invisi- 
ble prolecteur,  l'Amour,  est  là.  Tan- 
dis que  Psyché  ,  eu  proie  a  une  lé- 
thargie simulacre  de  la  mort,  gît  li- 
vide et  pàlo  sur  la  grève  des  enfers, 
il  fait  rentrer  les  fuligineuses  vapeurs 
dans  la  boîte,  puis  va  demander  à  Ju- 
piter la  permission  d'élever  Psyché 
au  rang  des  immortelles.  Eu  même 
temps  Vénus  reçoit  de  Psyché,  rani- 
mée par  les  baisers  de  son  époux,  la 
boîte  si  long-leraps  attendue;  un  peu 
adoucie  par  ce  don ,  que  peut-être 
elle  eut  préféré  ne  pas  recevoir  a  con- 
dition que  Psyché  fût  morte,  et  som- 
mée d'ailleurs  par  Jupiter  de  consen- 
tir à  l'union  de  sa  rivale  involontaire 
et  de  s,on  fils ,  elle  se  laisse  fléchir. 
Psyché  entre  dans  l'Olympe  ,  et  les 
dieux  accueillent  leur  sœur  nouvelle 
avec  les  transports  que  jadis  ils  firent 
éclater  lors  de  la  naissance  de  Venu», 


368 


PTÉ 


Peu  de  temps  après,  Psyché  devient 
mère  de  la  Volupté. — Le  récit  qu'où 
vient  de  lire  n'est  que  l'analyse  très- 
abrégée  du  6"  livre  d'Apulée.  A  lui 
sans  doute  appartient  l'honneur  d'a- 
voir Iransforiué  un  mythe  antique  en 
véritable  roman.  Toutefois,  sous  les 
fioritures  jetées  a  pleines  mains  sur 
le  thème  originaire  ,  se  distinguent 
uettement  plusieurs  éléments  mythi- 
ques, dont  quelques-uns  de  très-haute 
antiquité.  Ce  sont,  i°  l'union  de  l'A- 
mour et  de  l'àme  (Psyché,  S'u;^'')) 
union  a  la  suite  de  laquelle  se  produit 
le  plaisir  ou  volupté  j  2"  la  dispari- 
tion des  dieux  devant  un  œil  profanej 
de  l'idéal,  du  mystique  ,  de  l'iraagi- 
nalif,  devant  le  flambeau  dflrla  froide 
raison;  de  l'amour,  devant  l'examen 
impartial,  complet,  exact,  de  ce  qu'on 
aime  ;  3°  les  pèlerinages  de  Cérès, 
de  Latone  ,  d'Isis ,  de  Cybèie  .  cher- 
chant Cadmile  ou  phallej  4°  le  rap- 
port intime  de  Vénus  et  de  Proser- 
pine ,  Vénus  injerna  non  moins  que 
Junon  inftrna  ;  5°  la  curiosité  inhé- 
rente à  l'espèce  humaine  5  la  curio- 
sité, source  des  péchés,  du  mal  phy- 
sique et  de  la  mort  ;  6**  la  théoi  ie  de 
l'expiation  (car  Psyché,  en  descendant 
aux  enfers  ,  en  passant  par  une  lé- 
thargie profonde  ,  expie  son  péché)  j 
7°  la  puissance  de  la  magie,  et  sur- 
tout le  haut  rôle  de  magicienne  su- 
prême, ou  source  de  toute  magie,  qui 
«st  donné  a  Proserpine. — La  Fon- 
taine a  fait  du  mythe  de  Psyché  une 
jolie  nouvelle  nrêlée  de  prose  et  de 
vers. 

PTÉBIOU,  nom  commun  a  deux 
décans,  le  troisième  du  Verseau  et  le 
troisième  des  Poissons  ,  n'est  peut- 
être  que  la  déesse  Tpé,  prise  comme 
divinité  mâle  et  descendant  du  rôle 
plus  haut  de  reine  des  cieux  a  celui 
de  dëcan.  Elymologiquement  par- 
lant, les  éléments  principaux  du  nom 


PTE 

divin  se  retrouvent  dans  Ptébiou.  Du 
reste,  Ptébiou  n'offre  rien  de  remar- 
quable dans  les  représentations  zodia- 
cales. Il  suit  Aseu,  que  le  zodiaque 
tenlyrique  figure  avec  un  corps  de 
femme,  et  porte  le  sceptre  a  tète  de 
coucoupha.  Entre  sa  légende  et  celle 
d'Aseu  se  projettent  douze  étoiles. 
L'un  et  l'autre,  dans  le  zodiaque  cir- 
culaire ,  sont  remplacés  par  ces  mê- 
mes étoiles^  mais  la  le  groupe  ne  se 
compose  que  de  onze.  Pris  comme 
dynasle  terrestre  ,  c'esl-a-dire  pour 
un  des  Pharaons  du  latercule  d'Era- 
tosthène,  Ptébiou  I  serait,  selon  les 
diverses  hypothèses  de  concordance 
[Voy,  DÉCANS  et  le  tableau) ,  Sjs- 
tochichermès,  Saofi,  Maris  ou  Thyo- 
simaré.  Ptébiou  II,  vulgairement 
Ptébiou  Atemboui,  dans  Firmirus, 
est  le  troisième   décan  du  Verseau. 

PTÉLÉE,  Hamadryade  (  Foy. 
ce  nom).  Deux  villes  grecques,  l'une 
en  Thessalie ,  l'autre  dans  le  Pélopo- 
nèse  ,  portaient  le  nom  de  Plélée, 
qui  en  grec  veut  dire  ormeau. 

PTÉLEON,  incarnation  de  Cé- 
phale  ,  séduisit  Procris  par  le  don 
d'un  diadème  d'or.  La  raythologip 
vulgaire  elle-même  convient  que  ce 
Pléléou  n'ctaitque  Céphale  lui-même. 

PTÉRÉLAS,  fils  de  Taphios,  et 
petit-fils  d'Hercule  ,  fut  le  père  de 
Comélho,  et  de  six  fils,  Chromius, 
Tyrannos ,  Antiochus ,  Chersidaraas , 
Meslor,  Éverrès,  qui  tous  furent  tués 
dans  une  bataille  contre  les  fils  d'E- 
lectryon.  Amphitryon,  gendre  de  ce 
dernier  prince  ,  vint  ensuite  l'atta- 
quer à  la  tête  des  Thébalus  ,  et  mit 
le  siège  devant  Télèbes,  sa  capitale. 
Comélho,  amoureuseduprince,  coupe 
le  miraculeux  cheveu  d'or  qui  lui- 
sait sur  la  tête  de  son  père  ,  et  au- 
quel était  attaché  l'immortalité.  Le 
lendemain  Télèbes  fut  prise  et  Ptéré- 
las  égorgé  par  l'ennemi. 


PUD 

PTIAU,  utixÔ,  i*'  décan  du  Ver- 
seau, selon  Saumaise  se  trouve  dans 
la  nomenclature  de  Firmicus,  sous 
le  nom  d'Oroasoer.  Daus  le  Zodiaque 
rectangulaire  de  Tenlyra  ,  il  a  pour 
coiffure  une  large  feuille  flanquée  de 
deux  urées.  Dans  le  Zodiaque  circu- 
laire un  seul  urée  paraît  en  devant 
de  la  coiffure  ',  mais  un  petit  disque 
la  surmonte.  Ptiau  ,  dans  celte  der- 
nière représentation  du  Zodiaque,  se 
trouve  en  avant  d'un  grand  disque 
qui  renferme  huit  personnes  à  ge- 
noux et  qui  suit  le  Cygue ,  placé  la 
par  renvoi.  Rapproché  de  la  liste 
d'Eratoslhène  et  par  conséquent  des 
dynastes  humains  que  l'on  regarde 
comme  les  dieux  de'gradés  par  les 
apanthroposes  si  familières  a  la  my- 
thologie ,  Ptiau  devient  successive- 
ment Penlathor,  RaouosijStamen  ou 
Ntocris. 

PTOLIPORTHOS  ,  i"  fils  d'U- 
lysse et  de  Pénélope ,  naquit  après 
ce  retour  qu'il  avait  fallu  attendre 
vingt  ans  ;  2°  fils  de  ïélémaque  et 
de  Nausikaa. 

PÏOUS,  fils  d'Apollon  et  d'É- 
vippe  (c'était  le  he'ros  éponyue  d'un 
mont  de  la  Béolie  où  Apollon  ren- 
dait des  oracles)  j  2°  fils  d'Atharaas  et 
de  Thémlsto  (c'était  le  héros  épo- 
nyrae  du  temple  d'Apollon)  j  3°  Apol- 
lon dans  Acréphnie  où  il  avait  un  ora- 
cle fameux.  Ptoiis  dérive  de  -uToitÊi, 
s'effrayer,  et  l'on  explique  le  nom 
par  l'effet  qu»  cause  a  Latone  ,  nou- 
vellement accouchée  ,  l'apparition 
brusque  d'un  sanglier.  Ce  sanglier 
ne  serait-il  pas  Apollon  lui-même  7 
— Ptous  était  le  nom  d'un  dieu  ma- 
cédonien. 

PUDAS  ou  PONDA,  dieu  hin- 
dou, à  gros  ventre,  et  dont  la  tcle  , 
les  bras,  les  cuisses  sont  entortillés 
de  serpents.  Il  porte  un  bâton  a  la 
maiu  droite  et   n'a    pas  de  barbe. 


PUD 


369 


On  le  représente  toujours  a  côté  à% 
couara. 

PUDEUR  (la)  ,  PuDOR,  en  grec 
JEdôs,  déité  allégorique,  estrepréseu- 
tée  tantôt  avec  des  ailes  (  bas-relief 
de  terre  culte  dans  Wlnckelmann^ 
Monum.  inédit.)^  tantôt  se  cachant 
le  visage  dans  son  voile  (  Méd.  di- 
verses ). 

PUDICITÉ  (la)  (il  faut  la  distin- 
guer de  la  précédente)  était  regardée 
à  Rome  comme  une  déesse,  et  y  avait 
divers  autels  et  deux  temples,  l'un 
dans  le  Forum  Boarium,  l'autre 
dans  la  /m  longa.  La  déesse  dans  le 
premier  portail  le  nom  de  Pudicitia 
plebeia,  dans  l'autre  celui  de  Pudi- 
ciliapa  tricia.Ce  dernier  était  le  plus 
ancien  et  n'était  consacré  originai- 
rement qu'àUPudicité  sans  épithète. 
Une  jeune  fille  de  sang  patricien, 
Virginie  ,  s'était  unie  à  un  plébéien  , 
depuis  consul,  Volumnius  :  ses  an- 
ciennes compagnes  la  repoussèrent 
du  temple  lorsqu'elle  voulut  y  en- 
trer, comme  si  une  mésalliance  était 
un  attentat  à  la  chasteté^  et  Virginie, 
pour  s'en  consoler,  éleva  dans  le  Fo- 
rum Bortrlum  un  autre  temple  de  la 
Pudicité.  Les  femmes  qui  avaient 
convolé  en  secondes  noces  étaient 
exclues  du  temple  de  la  Pudicité,  et 
de  la  le    vers   d'Horace  : 

Uiiico  gaudens  wulier  marito; 

et  peut-âtre  celui  de  Martial  : 

Uua  putUcitia:  meutula  nota  ineœ. 

—  Les  médailles  représentent  la 
Pudicité  sous  les  traits  d'une  ma- 
trone aux  amples  draperies.  Ou  voit 
dansWinckelmann,  Monum.  inéd., 
26,  une  femme  ailée  qui,  les  yeux 
baissés  et  l'air  plein  de  réserve , 
plaue  devant  une  a«lre  femme  qui 
lui  offre  une  corbeille  contenant  des 
fruits  et  un  phalle  ,  mais  qui  essaie 
de  ramener  un  tissu  sur  la  corbeille. 

24 


370         .        PYG 

Assez  sonvenl  la  matrone  assise  tient 
delà  main  gauche  une  haste  pure  en 
travers  ,  et  porle  l'index  de  la  main 
jjroite  vers  sou  visage.  La  tortue 
qu'on  voit  souveut  en  bas  des  Vénus 
sortant  du  bain  indique  l'eau ,  mais 
o'indique  point  que  la  femme  sage 
doive  èlre  retirée  chez  elle  comme 
le  chélonien  entre  sa  carapace  et 
son  plastron. 

PUNCHAO,  le  dieu  suprême  chez 
)es  Péruviens  ,  qui  lui  donnnieut  en- 
|;ore  bien  d'autres  noms.  Punchao 
l'interprète  par  seigneur  du  jour  , 
^uteur  de  la  lumière. 

PURPURÉO ,  le  même  sans  dou- 
te que  Porphyrion.  ^aevius  assure 
que  les  Romains  trouvèrent  son  ima- 
ge en  Afrique  ,  lors  de  la  première 
guerre  punique. 

PUTA  ,  déesse  latine  ,  invoquée 
par  ceux  qui   taillaient  les    arbreis. 

PYG  AS,  reine  des  Pygmées(^o/. 
ce  nom).  Soit  parce  qu'elle  avait  osé 
comparer  sa  beauté  h  celle  de  Junon, 
soit  parce  qu'elle  traitait  ses  sujets 
avec  la  dernière  cruauté,  et  qu'elle 
élevait  sou  (ils  dans  les  mêmes  prin- 
cipes ,  les  dieux  la  métamorphosèrent 
eu  grue  {f^oy.  Gébane).  Depuis  ce 
temps  Pygas  est  en  butte  aux  per- 
sécutions de  ses  anciens  sujets,  et  fait 
aux  Pygmées  une  guerre  opiniâtre. 

PIGMALION  :  1°  fils  du  roi  de 
TyrBélus,  frère  de  Didon  et  d'Anna, 
et  meurtrier  de  Sichéc  ,  son  beau- 
frère,  qu'il  tua  pour  s'emparer  de  ses 
trésors 5  s."  statuaire  fameux  qui  fut 
amoureux  de  la  Galatée,  son  chef- 
d'œuvre.  Vénus,  sensible  a  l'expres- 
sion de  son  désir,  anima  la  belle  Ga- 
latée, et  Pygmalion  en  eut  un  fils, 
nommé  Paplios.  Le  Pygmalion  de 
Tyr  n'a  pas  plus  existé  que  le  Pyg- 
malion amant  de  Galatée  ;  c'est 
encore  un  type  de  ces  mythes  où 
l'or  paraît  comme  le  fantasmagorique 


PYG 


H 


agent  des  crimes,  des  meurtres,  des 
révolutions^  mythes  qui  ont  Joué  dans 
le  Nord  un  rôle  si  important,  mais 
dont  la  source  se  trouve  incontesta- 
blement daus  le  Midi. 

PYGMEES,  PyGM/-EI,  Uvy/^uletf 
Lilliputiens  de  la  mythologie  clas- 
sique ancienne,  ont  été  imaginés  et 
définitivement  élaborés  hune  époque 
assez  tardive,  sous  l'influence  de  trois 
types  distincts  :  i°  les  Dieux  Patè- 
ques  ;  2°  les  Cercopes  ;  3°  les  Ari- 
maspes.  Miues  ,  feu  central ,  sables 
aurifères,  activité  presque  fantasma- 
gorique, fol  àtrerie,  bizarrerie,  sor- 
cellerie ,  simulacre  de  guerres ,  ba- 
tailles au  petit  pied  se  font  suite 
assez  naturellement.  C'est  de  cette 
manière  que  l'on  en  vint  à  créer 
un  peuple  dont  les  géants  avaient 
unpygmé  de  haut  (lolignes  environ). 
Depuis  on  les  identifia  aux  Péchy- 
uiens,  dont  la  taille  s'élève  h  un  pé- 
chys  (ou  coudée  :  i  pied  i  pouces)  ;  et 
comme  ceux-ci  ne  furent  jamais  bro- 
dés par  la  mythologie  de  manière  à 
prendre  l'aspect  d'un  peuple  réel,  on 
donne  leur  taille  aux  Pygmées.  Ces 
derniers  sont  connus  par  leurs  guer- 
res contre  les  grues,  qui  tous  les 
ans  venaient  de  la  Scylhie  les  atta- 
quer, et  par  leur  opposition  à  Her- 
cule. Ce  héros  s'étanl  endormi  après 
la  défaite  d'Autée,  les  Micromégas 
le  cernèrent  j  une  aile  fondit  sur 
sa  main  droite,  le  corps  de  bataille 
marcha  sur  sa  gauche  :  les  archers 
tenaient  les  pieds  assiégés.  La  rei- 
ne, avec  l'élite  de  ses  braves,  ten- 
tait l'escalade  contre  la  tête.  Hercule 
s'éveiîle,  et,  k  la  vue  de  cesinimicu- 
les,  les  prend  tous  les  uns  après  les 
autres  et,  en  éclatant  de  rire,  les  en- 
veloppe dans  la  peau  du  lion  de  Né- 
mée  et  les  perle  k  Eurysthée.  Les 
Grecs  ,  en  belle  humeur,  nous  ont 
montré  les  vaillants  Pygmées  se  li- 


i 


PYL 

vrant  aux  pénibles  exercices  de  l'é- 
quitatlon  sur  des  perdrix,  et  quelque- 
fois sur  des  chèvres  et  des  béliers. 
Ils  imaginèrent  aussi  une  reine  Py- 
gas  ,  que  les  dieux  métamorphosè- 
rent en  grue,  et  qui,  depuis  ce  temps, 
ne  cessa  de  faire  la  guerre  au  peuple 
qui  jadis  vivait  sous  ses  lois.  Enfin 
ils  nous  ont  ,  k  peu  de  chose  près, 
donné  le  tableau  social  des  Pygmées. 
Leurs  maisons  ,  leurs  villes,  disent- 
ils,  ne  sont  que  des  coquilles  d'œufsj 
à  la  campagne  ils  se  conlentcnt  de 
légères  excavations  qu'ils  pratiquent 
sous  terre.  Des  coquilles  de  noix  leur 
servent  de  barques  5  et  pour  la  mois- 
son ils  emploient  des  coguées,  car  les 
blés  k  leurs  yeux  sont  dé  grands  ar- 
bres. Leurs  filles  sont  nubiles  k  trois 
ans,  et  k  huit  ans  la  caducité  com- 
mence.— On  trouve  siir  plusieurs  va- 
ses grecs  des  combats  des  Pygmées  et 
des  Grues.  Noiiscilerons'^cntre  autres 
sujets  de  ce  genre  celui  de  Tiscbbciu, 
11,7. 

PYLACIIAINTE,  chef  troyen  tué 
par  Achille. 

PYLADE,  fils  du  roi  de  Phocide 
Slrophius  et  d'Anaxibie,  sœur  ou 
tante  des  Alrides ,  devint  de  bonne 
heure  Tinlime  ami  d'Orcsle  qui,  ré- 
fugié a  la  cour  phocéenne,  était  élevé 
avec  lui,  et  il  le  suivit  dans  tous  les 
voyages  auxquels  les  dieux  l'obligè- 
rent. Avec  lui,  il  interrogea  Voracle 
de  Delphes  sur  le  parti  k  prendre  k 
l'égard  de  Clytemnestre  ,  entra  dans 
Argos  sous  un  faux  nom,  traqua  Egis- 
ihe  et  Clytemnestre  qui.  bientôt,  al- 
lèrent rejoindre  aux  enfers  l'ombre 
d'Agamemnon  ,  retourna  dans  Del- 
phes, assista  dans  Athènes  kl'iuslilu- 
tion  de  l'Aréopage  et  k  la  plaidoiri-j 
des  Furies,  traversa  les  mers  ,  brava 
les  couteaiix  de  la  Ghersonèse  Tau- 
riquL-,  enleva  la  statue  d'Opis,  aida 
au  meurtre  de  Pyrrlius,  rival  d'O- 


m 


37ï 


reste.  I!  épouse  ensuite  Electre,  crue 
quelques  mythologues  pourtant  lui 
donnent  pour  femme  immédiatement 
après  la  punition-  de  Clytemnestre. 
Les  tragiques,  ens'occupant  au-delà 
de  toute  mesure  de  la  famille  des 
Atrides ,  ont  développé  dans  Pylade 
le  caractère  de  l'amitié  au  point  d'en 
faire  le  type  du  plus  noble  héroïsme, 
du  plus  pur  dévouement  :  Pylade , 
en  Tauride ,  veut  mourir  pour  son 
ami,  et  résiste  aux  prières  réitérées 
d'Oreste  qui  lui  dit  de  partir.  Quant 
au  sentiment  de  haine  personnelle 
qui  engage,  selon  ces  mêmes  tragi- 
ques ,  Pylade  k  tuer  Pyrrhus  pour 
venger  son  bisaïeul  Phocus  tué  par 
Pelée  ,  c'est  au  moins  une  super- 
fluité.  —  On  peut  voir  Pylade  dans 
Milliu,  Galerie  myth.,  618-620, 
623-626. 

PYLAS,  roi  de  Mcgare,  tua  invo- 
lontairement son  oncle  Bias ,  et  se 
réfugia  près  de  Pandion,  son  gendre, 
au  moment  où  ce  dernier  venait  d'être 
dépouillé  du  trône  d'Athènes. 

PYLÉE  :  1°  fils  du  roi  d'Orcho- 
mène,  Climène;  2°  chef  pélasgue  (il 
conduisit  les  Larisséens  avec  Hippo- 
thoos  son  frère  au  siège  de  Troie); 
3"  chef  troyen  tué  par  Achille. 

PYLÉîViÈÎINE":  1°  chef  paphlago- 
nien  au  siège  de  Troie ,  fils  de  Mélios 
(il  fut  tué  par  Ménélas)^  2''  roi  de 
Méonie,  père  de  deux  fils,  Mesllilès 
elAuliphc,  (pi'il  envoya  au  secours 
de  Priam. 

PYLIOS,  Grec  qui  adopta  Her- 
cule pour  ([ue  ce  héros  put  être  initié 
aux  mystères  d'Eleusis  (  l'Oy.  Ciô- 
plis). — On  appelle  TSostor  Pylios, 
parce  qu'il  était  roi  de  Pylos. 

PYLIS,  on  PRYLIS,  fils  de  Mer- 
cure et  de  l;i  nymphe  Issa,  prédit 
aux  Grecs  que  Troie  serait  prise  par 
un  cheval  de  bois,  et,  séduit  par  l'«r 
que  lui  offrit  Pahuuèdc  ,  leur  décou- 

2/1. 


37* 


PYR 


vrît  lemoyen  de  s'emparer  de  Troie. 
On  le  donne  comme  un  des  devins, 
les  plus  renommés  de  l'époque. 

PYLOS ,  fils  de  Mars  et  de  Démo- 
nice,  avait  pris  part  a  la  chasse  du 
sanglier  de  Calydon,  et  k  la  tile 
d'une  colonie  de  Mégariens  fonda  la 
rille  de  Pylos  en  Elide. 

PYRACME ,  Lapithe ,  fut  tué  par 
le  centaure  Cénée  aux  noces  de  Piri- 
tbolis. 

PYRAME.  Voy.  Thisbé. 

PYRANISTES,  êtres  intermé- 
diaires entre  riiomme  et  la  brute,  ap- 
paraissaient grêles,  longs  et  trem- 
olants  comme  flamme  le  long  des  che- 
mins. Les  anciens  reconnaissaient 
ainsi  quatre  ordres  d'êlrcs  qui  for- 
ment la  transition  de  Phomme  aux 
premiers  des  mammifères.  Les  Pyra- 
nistes  en  étaient  un.  Le  moyen  âge 
en  a  fait  les  esprits  follets. 

PYRECHME,  tyran  d'Euhée,  at- 
taqua I«s  Béotiens,  et  fut  tué  par 
Hercule.  — Pyrechme  ,  roi  de  Béo- 
tie,  secourut  Priam,  et  fut  tué  par 
Patrocle. 

PYRENE,  héroïne  éponyme  de 
la  célèbre  chaîne  qui  sépare  la  France 
de  l'Espagne ,  passait  pour  fille  du 
roi  hispanique  Bébryce  et  pour  maî- 
tresse d'Hercule.  Selon  les  uns,  c'est 
elle  qui  sollicita  l'amour  du  héros, 
ainsi  que  la  mère  d' Agathyrsej  suivant 
les  autres.  Hercule  la  viola.  Un  ser- 
pent naquit  de  celte  union  odieuse , 
et  Pyrène  épouvantée  alla  enfouir  sa 
honte  dans  une  grotte,  où  elle  devint 
la  proie  des  bêtes  féroces. — Une  au- 
tre Pyrèwe  fut  aimée  de  Mars,  et  lui 
donna  pour  fils  Cycnus.  Du  reste, 
comp.  PiRÈNE  qu'il  ne  faut  pas  con- 
fondre avec  celle-ci. 

PYRÉNÉE  (que  sans  doute  il  fau- 
drait écrirePiRÉi»EE),prince  phocéen, 
donna  un  jour  l'hospitalité  aux  Muscs, 
puis  voulut  leur  faire  violence.  Les 


PYR 

neuf  sœurs  ^  substituant  la  ruse  h  la 
force  qui  sans  doute  ne  les  eût  pas 
sauvées,  demandèrent  au  sullan  pho- 
céen la  grâce  d'aller  respirer  le  frais 
sur  le  haut  de  la  tour:  Pyrénée  y  con- 
sent. A  peine  y  sonl-ellcs,  qu'Apollon 
exauçant  leur  supplication  leur  donne 
à  toutes  des  ailes  :  elles  fuient.  Py- 
rénée voulut  courir  après  les  fugili-  ^3M 
ves,  et  tomba  au  bas  do  la  tour. —  i|| 
Des  lexicographes  ont  vu  dans  ce  my- 
the un  prince  qui,  haïssant  les  bclles- 
Ictlres,  avait  voulu  détruire  les  lieux 
oii  on  les  cultivait,  et  qui  périt  en 
poursuivant  les  écrivains. 

PYRGO,  nourrice  des  enfants  de 
Priam,  suivit  Euee  en  Sicile,  et  em- 
pêcha les  Troyennes  de  mellre  le  feu 
à  la  flotte  qui  devait  conduire  les  dé- 
bris vivants  deTroie  en  Italie. 

PYRODES,  fils  de  Clias,  fit  le 
premier  sortir  le  feu  des  veines  du  'jM 
caillou.  «I 

PYRRHA  :  1°  fille  de  Deucalion 
{l^oy.cQ  nom);  2"  femme  de  Créon 
cl  régente  de  Thèbes  pendant  la  mi- 
norité de  Laodaraas.  Elle  avait  dans 
cette  ville  une  statue  de  marbre.  — 
Achille  déguisé  en  femme  a  la  cour  de 
Lycomède  avait  porlé  ce  nom  de  Pyr- 
rha.  — N,  B.  nùp  veut  dire  feu, 
TTvp»,  bûcher,  Trvppés ,  roux,  blond 
ardent;  aussi  Pyrrlia  se  rapproche-t- 
il  des  Ethra  ,  des  Alhor,  etc. 

PYRRHIQUE,  PYBRiiicHus,n.7- 
pt^oç  (a  tort  Pyrqtje),  un  des  trois 
Corybanles  primitifs.  Les  deux  au- 
tres sont  Corybas  et  Idée.  Mais  ces 
trois  noms  ne  présentent  qu'une  idée, 
Corybas  exécutant  les  danses  armées 
sur  les  flancs  ou  sur  la  cime  de  l'Ida 
(KepêWf  Wp'fi^ia-Tyis  'l^xïoi)^  et, 
quaut  au  sens  vrai  de  cette  idée ,  il 
faut  consulter  l'article  Corybas.  DJ 
reste  on  voit  combien  il  serait  ridi-  __ 
cule  d'altribuer  à  ce  Corybautc  pré-  91 
tendu  l'invention  de  la  Pyrrhique,  ou    ™' 


â 


PYR 

même  de  toute  autre  danse  armée. 
PYRRHUS,  nôppcç,  ou  NÉOP- 

TOLÉME,  NiOTTréXiiuo? ,  fils  d'A- 
chille etde  Déidamie  (ou  d'Iplii'génie), 
naquit  à  Scyros ,  et  fut  appelé  Pyr- 
rhus ,  selon  les  uns,  en  mémoire  de 
ce  que  son  père  déguisé  en  jeune  fille 
avait  séjourné  dans  celte  île  sous  le 
nom  de  Pjrrha;  suivant  les  autres,  a 
cause  du  blond  ardent  de  ses  che- 
veux (  Pyrrhos  en  grec  veut  dire 
roux).  La  nécessité  d'avoir  dans  les 
ranp;s  de  l'armée  qui  assiégeait  Troie 
un  descendant  d'Eaque  força  les  chefs 
grecs  a  l'envoyer  chercher  à  Scyros  , 
après  la  raort  de  sou  père.  Pyrrhus 
n'avait  alors  que  douze  ans  j  etde  celle 
circonstance  provint  ce  nom  de  ]Néop- 
tolème  (jeune  guerrier)  sous  lequel  il 
n'est  pas  moins  connu  que  sous  celui 
de  Pyrrhus.  Il  alla  de  compagnie 
avec  Ulysse  chercher  Pliiloctète  à 
Lemnos,  fit  partie  des  guerriers  qui 
se  renfermèrent  dans  le  cheval  de 
bois,  et  après  le  sac  de  la  ville  de 
Priam  précipita  le  jeune  Astyanax  du 
haut  des  remparts,  et  immola  Polyxè- 
ne  sur  le  tombeau  de  son  père.  An- 
dromaque  et  le  devin  Hélénus  lui 
échurent  en  partage.  La  première 
devint  sa  Concubine  favorite  ,  et  il  va 
eut  trois  fils.  Molosse,  Pièle,  Perga- 
rae.  Dans  quelques  récils  ou  le  voit 


PYR 


373 


se  rendre  d'abord  en  Plithiolide 


'7 


revendiquer  les  états  de  son  père  et 
de  Pelée  son  aïeul,  tuer  lefilsd'Acaste 
l'usurpateur,  puis  dire  adieu  à  la 
Thessalie  pour  passer  dans  la  Molos- 
side.  Ailleurs  il  prend  de  prime  ahord 
celle  résolullou  :  Ilélcnus  ,  dans  ses 
ciiants  prophétiques,  lui  a  conseillé  de 
choisir  pour  résidence  le  lieu  où  il 
verra  une  maison  à  plancher  de  -fer, 
a  murs  de  bois  et  'a  toit  de  laine.  Un 
jour,  en  courant  le  pays,  11  rencontre 
des  voyageurs  qui,  pour  se  former  un 
abri  contre  l'inlenipérie  delà  saison, 


ont  planté  en  terre  le  fer  de  leur  lan- 
ce, et  placé  horizontalement  leurs  ha-v 
bits  en  dessus.  «Voilk  sans  doute  la 
maison  signalée  par  le  devin  Hélé- 
nus! 3)  el  il  s'établit  dans  cette  contrée 
qui  prend  ,  du  nom  de  son  fils ,  celui 
de  Molosside.  Quelque  temps  après  il 
se  rend  a  Delphes,  soit  pour  y  consa- 
crer la  dîme  du  butin  de  Troie  ,  soit 
f)our  y  consulter  l'oracle  sur  la  sléri- 
ilé  d'Hermione  sa  femme,  soit  enfin 
pour  piller  le  temple.  C'est  du  moins 
ce  qu'OresIe  persuade  au  peuple  de 
Delphes  ;  et  Pyrrhus  périt  victime  de 
cet  te  accusalioncalomnieuse  peut-être. 
Quelques  mythologues  attribuent  sa 
mort  a  uu  prêtre  nommé  Machérée 
(fiâ^uipct,  épe'e).- — On  voij.  qu'indé- 
pendamment d'Andromaque,  concu- 
bine, se  pose  a  côté  de  Pyrrhus  Her- 
mione  a  titre  de  femme.  Ou  varie 
beaucoup  sur  l'instant  où  cette  fille 
d'Agamemnon  s'unit  a  lui.  Suivant 
les  uns ,  elle  n'est  arrivée  «n  Epire 
que  long-temps  après  la  naissance 
des  trois  fils  d'Andromaque  5  selon 
les  autres,  Pyrrhus  l'y  trouve  en 
abordant  sur  la  rive  grecque.  Chex 
quelques  poètes,  elle  semble  n'appar- 
tenir qu'à  la  Thessalie,  et  ne  pas  mê- 
me mettre  le  pied  en  Epire.  Enfin 
des  modernes  (Racine  entre  autres) 
n'en  font  que  la  fiancée  de  Pyrrhus. 
Les  mvlhes  anciens  en  font  la  fiancée 
d'Oiesle  son  cousin  qui  l'aime,  et 
c'est  a  la  jalousie  qu'ils  allribueul  le 
puet-apeus  ou  la  calomnie  dont 
Pyrrhus  est  victime  a  Delphes.  On 
ajoute  qu'avant  sa  mort  il  avait  cédé 
Audromaque  au  dcviu  Hélénus.  On 
lui  donne  encore  une  autre  femme, 
Lanassa ,  fille  de  Cléodée  :  il  en 
eut,  dit-on,  huit  fils  dont  un  porta 
son  nom.  —  Les  rois  d'Epire  fai- 
saient remonter  leur  dynastie  au  fil» 
d'Achille  ,  et  l'on  sait  que  le  fa- 
meux allié  des  Samnites  coutre  les 


374 


PYT 


f 


Rouiaîng  portail  aussi  K'  nom  tic  Pyr- 
rhus. —  Quelque  an  il -sacerdotale 
qu'eût  éli  la  ac'rnicTc  tentative  de 
Pyrrhus ,  s'il  est  vrai  qu'il  cùi  voulu 
iller  le  temple  de  Delphes,  celte  ville 
'honorait.  Son  corps  avait  été  euterré 
sous  le  vestibule  du  lemplej  on  mon- 
trait avec  orgueil  ce  monument  aux 
étrangers;  on  célébrait  des  sacrifices 
en  son  honneur.  Et  quand  plus  tard 
les  Gaulois,  sous  la  conduite  de  Bren- 
nus ,  apparurent  en  Grèce  avec  l'in- 
tention cle  piller  le  trésor  delphique, 
Pyrrhus  ne  fut  pas  des  derniers  h  se 
montrer  aux  envahisseurs  que  cette 
vue  épouvanta,  et  qui  prirent  la  fuite. 

PYTHÉE,  fils  d'Apollon,  n'est 
autre  qu'une  incarnation  de  ce  dieu, 
vainqueur  du  serpent  Python,  et 
adoré  K  Delphes  qui  primitivement 
s'appela  Pytho. 

PYTHIS,  nis  de  Delphos,  héros 
éponyme  de  la  ville  de  ce  nom  ainsi 

3UC  son  père,  car  Delphes  s'appela 
ans  l'antiquité  et  Delpnes  et  Pytho. 
Pylhis  entreprit,  dit-on,  d'abolir  le 
culte  d'Apollon  k  Delphes  j  le  dieu 
courroucé  le  perça  de  ses  traits,  et 
laissa  le  corps  de  son  ennemi  pourrir 
sur  la  terre  :  ce  serait  le  type  du 
serpent  Python  [f^oy.  l'aiticte  sui- 
vant). 

PYTHON,  autrement  Dei.phyne, 
dragon  énorme,  resta  seul  de  toutes 
les  productions  ante'diluviennes  et  fu- 
nestes après  la  fin  du  déluge  de  Deu- 
calion.  Il  avait  pour  résidence  un 
abîme  voisin  du  Parnasse  et  de  Crissa. 
Instruit  des  mystères  de  l'avenir ,  il 
savait  que  le  fils  de  Latone  lui  donne- 
rait la  mort;  aussi  poursuivit-il  la  Ti- 
tanide  tout  le  temps  de  sa  grossesse. 
Quatre  jours  après  sa  naissance, 
Apollon  l'attaqua,  le  perça  de  ses 
flèches,  l'écorcna,  convertit  sa  peau 
en  une  espèce  de  tapis  (corliue)  des- 
tiné à  couvrir  le  trépied  fatidique , 


I 


PYT 

firécipîta  ses  os  dans  l'abîme  ^uî 
ong-temps  avait  été  sa  résidence ,  et 
fit  du  lieu  un  sanctuaire  a  oracles. 
Chez  quelques  poètes  c'est  Junon  qui  ^ 
a  produit  ce  serpent  dans  sa  colère , 
en  frappant  de  ses  mains  la  terre. 
Ailleurs  il  a  la  terre  pour  mère.  Plus 
tard,  ou  broda  la  légende  de  la  mort 
de  Python.  Ou  voulut  que  les  nym- 
phes Corycides  encourageassent  Apol- 
lon de  leur  voix  5  on  voulut  que  le 
peuple,  témoin  de  la  lutte  du  monstre 
et  du  dieu ,  criât  h  diverses  reprises  , 
il»  ;  /ij ,  -Kuttiity^  tu  fiixoç^  formule  sa- 
crée souvent  reproduite  dans  les  hym- 
nes. Selon  Pausanias,  Pvthon  était 
un  brigand  qui  pilla  le  temple  de  Del- 
phes, et  dont  on  attribua  la  mort  a 
la  colère  d'ApoUon;  puis  on  subtilisa 
sur  l'étymologie  du  nom,  et  l'on  dit 
que  Python  ne  prit  sou  nom  qu'après 
la  putréfaction  de  sou  cadavre  (du  ^ 
grec  Trihvêcct,  se  pourrir).  On  traves-^B 
lit  par  des  hyperboles  son  caractère  ■" 
mythologique,  et  Claudien  montra 
sa  queue  cachant  les  montagnes,  sa 
crête  menaçant  les  cieux,  son  ha- 
leine s'écbappant  avec  des  torrents 
enflammés.  Grossière  erreur!  Pylhon 
n'est  pas  comme  la  Chimère  la  per- 
sonnification des  volcans,  c'est  la 
personnification  des  lagunes  pestilen- 
tielles, des  flaques  d'eau  qui  restent 
ça  et  là  dans  les  plaines  plates  d'oii 
la  mer  s'est  retirée,  des  cloaques  im- 
purs que  nul  canal  de  dérivation  ne 
fait  encore  arriver  au  lit  d'un  fleuve 
qui  opère  un  jour  ou  l'autre  la  dessic- 
cation totale.  Aux  yeux  des  hom- 
mes qui  si  vite  oublient  le  nom  d'un 
bienfaiteur,  c'est  le  soleil  qui  est  l'a- 
gent principal  des  assainissements  :  il 
est  donc  naturel  qu'Apollon  extermine 
le  reptile  par  lequel  on  symbolise  les 
eaux  stagnantes.  Mais  pourquoi  a-t- 
on choisi  un  reptile  pour  indiquer  les 
eaux  stagnantes?  Parce  qu'une  qnaii- 


QAI 

tité  de  reptiles  et  d'animaux  que  l'an- 
tiquité confondait  avec  eux  (crustacés, 
annelides ,  poissons  apodes  et  cartila- 
gineux) affectionnent  ces  eauxj  parce 
que  leur  immobilité  se  reflète  admi- 
rablement dans  la  marche  de  ces  ani- 
màuxj  parce  que  les  anfraduosités  des 
palu-s  et  la  distance  variable  de  leurs 
rives  ont  pour  image  naturelle  le 
corps  sinueux  de  Tophidien.  néôs.(rôxt 
signifie  se  pourrir  ;  nvêa,  Pytho,  est 
donc  la  corruption  personnifiée,  et 
c'est  la  terre  delpbique,  c'est  Del- 
phes ,  c'est  enfin  le  reptile  qui  pèse 
sur  Delphes.  Dériver  le  nom  antique 
de  Delphes^de  celui  du  dragon,  déri- 
ver celui  du  dragon  de  celui  de  Del- 
phes, c'est  se  fourvoyer  a  plaisir  dans 
un  labyrinthe  que  l'on  crée,  c'est 
méconnaître  totalement  l'esprit  de  la 
mythologie.  Pytho  et  Python  ne  font 
qu'un.  Pytho  et  Python  apparaissent 
simultanément  au-dessous  de  l'idée 
de  maremme  asphyxiantes. — L'o- 
racle de  Delphes,  selon  les  anciens, 
avait  d'abord  appartenu  a  la  Terre , 
et  auparavant  encore  a  Thémis.  Ces 
deux  circonstances  n'ont  rien  d'em- 
barrassant :  Python  était  prophète 
et  fils  de  la  Terre  5  donc  la  Terre , 


QAÏ  375 

par  lui,  rendait  des  oracles,  Thémis, 
en  un  sens,  n'est  autre  que  la  Terre  j 
dans  un  autre,  elle  est  la  Parque  su- 
prême ,  la  Destinée,  qui  préexiste  k 
tout,  peut-être  même  au  chaos.— 
La  prêtresse  de  Delphes  se  nommait 
Pythie  (d'oii  Pythonisse),  le  temple 
Pythium,  les  jeux  en  l'honneur  du 
dieu  Pythiques,  le  vainqueur  de  ces 
jeux  Pylhionice,  le  nom  des  flûtes 
qu'on  entendait  pendant  les  jeux  Py- 
thien,  l'espace  de  quatre  ans  qui  sé- 
parait les  jeuxPythiade  (la  première 
eut  lieu  l'an  586  avant  J.-C). 

PYXODORE,  Pyxodorus,  ber- 
ger d'Ephèse,  indiqua  aux  Ephésiens 
les  carrières  d'oii  furent  tirées  les 
pierres  consacrées  à  l'érection  du 
temple  de  Diane.  Son  nom  fut  changé 
en  celui  d'Evangéliste ,  et  tous  les 
mois  on  allait  processionnellement  à 
la  carrière  lui  offrir  un  sacrifice.  Un 
combat  de  deux  béliers  avait  donné 
lieu  à  cette  découverte  :  le  bélier 
vaincu  avait  élé  se  heurter  contre  un 
rochef  ;  et  le  berger,  en  examinant  la 
pierre  dont  le  choc  ouvrit  soudain 
une  large  blessure  dans  les  flancs  de 
l'animal,  avait  reconnu  que  c'était  du 
marbre. 


Q 


QAIAIP  (vulg.  QuAVAYp),  l'Atys 
des  Périkouers  en  Californie  ,  était 
le  plus  jeune  des  trois  fils  de  Nipa- 
raïa.  Sa  mère  ,  la  belle  Anaikondi, 
le  mit  au  monde  sur  les  montagnes. 
Bientôt  l'âge  développa  en  lui  des 
grâces  ravissantes.  Non  moins  doué 
de  génie  que  de  beauté,  il  descendit, 
suivi  d'un  nombreux  cortège  ,  jusque 
dans  la  plaine,  instruisit  les  sauvages 
indigènes  ,  leur  donna  des  lois  ,  des 
cabanes,  l'agriculture  :  vains  bienfaits! 


Quelque  temps  après, QaYaïp  futlué, 
et  les  assassins  posèrent  sur  sa  tête 
une  couronne  d'épines.  Où  est-il?  on 
l'ignore  5  mais  de  ses  flancs  coule 
goutte  a  goutte  un  sang  vermeil  et 
pur  ;  sa  bouche  pâle  ne  peut  parler, 
et  pourtant  il  est  beau  comme  au 
jour  de  sa  mort  :  la  putréfaction  n  a 
point  d'empire  sur  ses  chairs  inani- 
mées j  une  chouette  lui  parle  a  1  0- 
reille. — Ce  mythe  charmant  rappelle 
Atys ,  Balder,  Adonis  sur  le  catafal- 


376 


QON 


que,  etc.  La  première  partie  nous  ra- 
mène aux  Hermès  sur  le  Cyllèue,  aux 
Marsyas,  aux  Evandrc. 

QEI(vulg.  Quey),  les  mauvais 
génies  chez  les  Chinois  ,  qui  donnent 
aux  bons  génies  le  nom  de  Xin  ou 
Tchin. 

QIAI  est  le  nom  générique  des 
dieux  dans  la  péninsule  transgano'éfi- 
que.  On  nomme  surtout  comme  ob- 
jets plus  spéciaux  de  l'adoration  Qiai- 
Nivandel,  qui  préside  aux  batailles  5 
Qiai-Pimpokaou,  invoqué  par  les  ma- 
lades 5  Qiai-Ponvedaï,  auquel  est  due 
la  fertilité  des  terres,  et  enfin  Qiai- 
Poragraï,  révéré  à  Oriésana ,  dans 
l'empire  birman.  Le  Paxda  d'Ara- 
kan  (lorsque  Arakan  formait  un  état 
indépendant  )  faisait  au  temple  de 
Qiai  Poragraï  un  pèlerinage  annuel, 
et  des  dévols  h  celle  fête  mouraient 
écrasés  sous  les  roues  du  char  triom- 
phal qui  transportait  la  divinité. 

QILLA,  la  Lune  chez  les  Péru- 
viens, qui,  lorsqu'elle  venait  à  être 
éclipsée,  la  croyaient  malade  on  mor- 
te, selon  que  l'écIipse  était  partielle 
ou  totale. 

QIOCCOS,  idole  virginienne  qu'on 
croit  la  même  que  Kiouasa  ou  Oki  ,• 
peut-être  est-ce  une  dénomination 
générique,-  peut-être  aussi  Oki  veut- 
il  dire  dieu  et  Qioccos  en  est-il  le 
pluriel.  Ce  qu'il  y  a  de  certain,  c'est 
que  les  sauvages  de  la  Virginie  di- 
saient que  Qioccos  n'est  pas  un  seul 
être  ,  et  contient  ,  indépendamment 
des  dieux  tutélaires,  beaucoup  d'au- 
tres esprits  surnaturels. 

QOANTE-QONG,  dieu  chinois, 
passe  ,  dans  la  mythologie  indigène, 
pour  le  premier  empereur  et  pour  le 
civilisateur  du  pays.  On  le  représente 
comme  doué  d'une  taille  gigantesque, 
et  toujours  suivi  de  sou  écuyer  Lin- 
Tchéou. 

QO]NIN,un  des  dieux  domestiques 


QON 

delà  Chine,  préside  au  ménage  et  à  \ 
l'agriculture.  A  ses  côtés  se  tiennent 
deux  enfants  ,  dont  l'un  a  les  mains 
jointes,  et  l'autre  tient  une  coupe. 

QONN  et  TSITHNEALLACH, 
Tuatha-Dadansde  l'Irlande,  luttèrent 
un  jour  de  miissance  :  c'était  a  qui 
accomplirait  le  miracle  le  plus  éton- 
nant. Qoun  en  un  instant  ensevelit  «b 
sous  la  neige  tout  le  pays,  ce  qui  va-  ■■ 
lut  au  territoire  le  nom  de  Qonn- 
Sneachta  (la  neige  de  Qonn),  d'où 
avec  le  temps  on  a  fait  Conaught, 

QONNALL-TSEARNACH ,  un 
des  trois  héros  de  la  branche  rouge 
dans  la  mythologie  erse  ,  se  dessine 
i"  commele  meurtrierdu  géant  Mcis- 
geadhraj  a°  comme  le  ravisseur  de  la 
belle  FcidhHm  Nathkrolack  ,  fille  de 
Qounor  et  femme  de  Qairbre  Niad-  ■■ 
far.  A  l'un  comme  k  l'autre  titre  il  II 
cause  des  dissensions,  des  malheurs, 
dans  l'Irlande  comme  dans  la  famille 
de  Qonnor.  Et  pouilant,  en  donnant 
h  Qonnor  la  carvelle  du  géant  tombé 
sous  ses  coups  ,  c'était  un  gage  de 
prospérité,  de  victoires  et  de  splen- 
deur qu'il'  lui  remettait.  Malheureu- 
sement Qonnor  se  l'était  laissé  voler 
(F'oy.Varl.  suivant). — Qonnall  était 
encore  le  héros  de  quanlilé  de  fables  j 
mais  i!  est  impossible  ici  d'eu  donner 
l'analyse  complète.  Au  reste  ,  toutes 
n'ont  pas  encore  été  recueillies. 

QONNOR,  KONNOR  ou  CON- 
NOR  (on  dit  aussi  Connaciiar,  et  par 
corruption  Concovor)  ,  le  plus  illus- 
tre de  tous  les  princes  de  l'Ouladh  ou 
Ulster  ,  appartenait  au  Klanna  Ru- 
ghraidhe,  dont  les  membres  faisaient 
remonter  leur  origine  au  Cadmile  ir- 
landais Ir.  Il  eut  pour  mère  Néazn  , 
ce  que  l'on  indique  souvent  par  l'ad- 
dition de  Mac-Néaza  au  nom  de  Qon- 
nor. Son  père,  Fachina  Fathach  , 
IroisièmefilsdeRughraidhe-le-Grand, 
n'est  que  la  personnification    d'nnç 


QON 

race  proteclrice  des  bardes.  Rughrai- 
dhe  avait  pour  père  Sitriglie  ,  cl  ce 
dernier  devait  le  jour  à  Dubh.  Nous 
ne  nous  égarerons  pas  dans  le  dédale 
de  ces  généalogies  ascendantes.  Quant 
k  Néaza ,  son  père  Coched  Salbni- 
dli»est  un  personnage  totalement  in- 
connu et  incontestablement  mytholo- 
gique. Oonnor  avait  un  grand  nom- 
bre de  frères  5  tous  périrent ,  k  Tex- 
ception  de  trois  :  Beanna,  Lamba, 
Glaisne,  béros  éponymes  des  comtés 
de  Béantrie,  Lamhruidhe  etLesgleis- 
rhuidej  encore  ces  trois  frères  mou- 
rurent-ils sans  postérité.  Ainsi  les 
dieux  punirent  l'incesle  dont  Néaza 
s'élait  rendue  coupable  avec  Qon- 
nor ,  qui  dans  un  moment  d'ivresse 
avait  violé  sa  mère.  Au  resle  ,  le  fils 
de  Tinceste  ne  meurt  pas  ,  comme  les 
enfants  légitimes  :  c'est  QormaqQon- 
lingios  [Voy.  ce  nom)  qui  tient  un 
rang  élevé  kla  cour  deTUlsfer.  Qon- 
nor,  au  comble  de  la  puissance,  voit 
une  foule  de  cbefs  dans  son  armée  et 
de  femmes  dans  son  palais.  Lors  de 
la  naissance  de  Déirdre.  que  tous  les 
Fins  vouaient  k  la  mort,  Qonnor  la 
sauva  et  la  confia  aux  mains  d'une  de 
ses  épouses  ,  Lcabbarcbam.  Son  in- 
tention était  de  l'épouser  5  mais  quand 
Déirdre  fut  arrivée  k  Tàge  nubile  , 
les  fils  d'Ouisueach  l'enlevèrent. 
Qonnor  feignit  d'oublier  cet  outrage 
et  consentit  k  ce  que  les  fugitifs  re- 
parussent dans  le  pays  avec  Déir- 
dre j  il  donna  même  des  otages  pour 
garants  de  sa  fidélité  5  mais  dès  que 
Déirdre  et  son  escorte  eurent  mis  les 
pieds  sur  les  terres  de  l'Ouladb  ,  un 
massacre  général  suivit  leur  rentrée 
dans  le  pays.  Le  règne  de  Qonnor 
est  célèbre  par  les  exploits  de  trois 
guerriersdela  race  rouge,  ou,  comme 
on  le  disait,  du  Klanna  Rugbjraidbe: 
Laogbre  Buadhacb  ,  Qou(|ouliu  ,  et 
QonnalTsearnacb,  étaient  leursuoyis. 


QOR  3<77 

Ces  trois  béros  de  sa  race  lui  furent 
funestes  :  Laogbre  Buadhacb  corrom- 
pit sa  femme  favorite  5  Qonnal  sédui- 
sit sa  fille,  Feidhlim  Nalhkrotack.  Le 
dernier  s'était  signalé  par  la  mort  du 
géant  Meisgeadhraj  et  de  sa  cervelle, 
pétrie  avec  du  limon,  avait  formé  une 
boule  qui  fut  déposée  dans  le  Teagb- 
na  Craoibbe  Ruadbe,  talisman  pré- 
cieux ,  el  gage  de  gloire  eu  même 
temps  que  de  sécurité.  Deux  bardes 
bouffons  du  roi  de  l'Ouladb  imaginè- 
rent de  s'en  emparer  ,  et  se  mirent  a 
jouer  avec  le  précieux  spbéroïde. 
«Je  vaisleur  apprendre  ks'amuser  !  » 
s'écrie  Tséat  ,  et  il  leur  reprend  la 
boule;  mais  ce  n'est  pas  pour  la  ren- 
dre k  Qonnor  :  au  contraire  ,  il  se 
montre  partout  dans  les  combats  avec 
ce  trophée  glorieux  ,  soutient  avec 
succès  les  attaques  de  Qonnor,  lui 
tend  un  piège  ,  le  blesse  au  crkne. 
K  Désormais,  dit  k  Qonnor  le  druide 
qui  le  guérit ,  ne  l'élancé  pas  sur  un 
coursier  avec  trop  de  violence  ,  cl 
garde-toi  des  femmes.  »  Qonnor  mou- 
rut au  bout  do  dix  ans.  Après  l'intro- 
duction du  clirislianisme  en  Irlande» 
on  ajouta  que  Bakracb  le  druïde  lui 
apprend  k  l'instant  de  l'éclipsé  de 
soleil ,  qui  coïncide  avec  la  mort  de 
J.-C,  qu'un  dieu  expire,  crucifié  par 
un  peuple  étranger.  Qonnor  jure  de 
venger  le  dieu  ,  s'enfonce  dans  les 
bois,  y  frappe  d'esloc  cl  de  taille  les 
arbres  (complices  du  forfait?),  brise 
les  rameaux  gigantesques  et  sème  le 
sol  de  débris.  Sa  blessure  se  rouvre, 
son  cerveau  s'échappe,  il  tombe  mort 
dans  la  grotte  des  Chênes  ,  qui  de  là 
garda  le  nom  de  coill  Lamab  ruadbe 
(autre  de  la  Main  rouge). 

QORMAQ  QONLlJNGIOS  naquit 
de  l'inceste  de  Qonnor  et  de  sa  mère 
Néaza.  Il  fut  un  de  ceux  que  le  per- 
fide roi  de  l'Ulster  donna  en  otage ^ 
lorsqu'il  envoya  cberçlicr  Péirdïe  Qt 


378 


QUE 


r^aoi^.  Courroucé  dé  la  duplicité  du 
prince  dont  il  avait  garanti  la  bonne 
loi  aux  dépens  de  ses  jours,  il  se  re- 
tira dans  le  Conauglil,  et  de  là  suscita 
des  troubles  dansTUlster,  s'y  jeta  de 
temps  a  autre  h  la  tête  de  trois  mille 
soldats,  mil  a  feu  et  a  sang  la  contrée 
de  Crioch  Cuailgne,  et  sept  ans  du- 
rant plaça  Qonnor  k  deux  doigts  de 
sa  perte. 

QLETSALCOATL,  l'Hermès  du 
Mexique,  et  plus  particulièrement  de 
la  vallée  de  Cholula,  passait  pour  le 
législateur  de  cette  région,  et  pour  le 
dieu  de  l'air.  On  le  regardait  comme 
le  fondateur  de  la  ville  de  Cholula, 
et  l'on  racontait  sur  son  apparition, 
sur  la  dessiccation  du  pays  par  lui  opé- 
rée, enfin  sur  ses  lois  ,  des  fictions 
analogues  k  celles  qui  étaient  en  vo- 
gue relativement  à  Votan,  kBotchica. 
Le  commerce,  la  guerre  ,  la  divina- 
tion étaient  aussi  sous  son  empire.  Il 
avait  prophétisé  l'arrivée  des  Espa- 
gnols dans  le  Mexique  et  la  chute  de 
l'empire  des  Aztèques.  On  l'implorait 
en  parlant  pour  les  expéditions  guer- 
rières. Chaque  année  ,  les  habitants 
de  la  région  de  Cholula,  et  mèmetou- 
tes  les  races  de  la  famille  mexicaine, 
célébraient  sa  fête  avec  beaucoup  de 
solennité,  les  négociants  surtout.  Les 
cérémonies  du  culte  étaient  cruelles  : 
nul  dieu  peut-être  plus  que  Quetsal- 
coatl  n'a  été  le  prétexte  d'autant  de 
sacrifices  humains.  On  le  concevra 
sans  peine,  si  l'on  pense  que  la  répu- 
blique oligarchico  -  théocratique  de 
Cholula  était  la  première  puissance 
spirituelle  d'un  pays  oii  certes  per- 
sonne ne  peut  dire  que  le  sacerdoce 
manquât  de  pouvoir.  «  Cholula,  dit 
M.  Beltrami,  était  la  .Térusalem , 
la  Rome,  la  Mecque  de  l'Anahuac, 
l'endroit  oîi  tous  les  peuples  de  ces 

vastes  récrions  se  rendaient  en  péleri- 

•  •        11-         '  • 
nage  pour  visiter  les  lieux  samts, 


QUE 

où  les  dieux  et  les  prêtres  faisaient 
plus  de  jniracles  qu  ailleurs  et  dic- 
taient les  plus  pures  doctrines  de  la 
foi.  De  même  que  d'autres  villes 
de  l'ancien  continent,  elle  regorgeait 
de  pauvres,  tandis  qu'on  n'en  trou- 
vait pas  dansles  autres  villes  du  Mexi- 
que. »  Outre  le  Téocalli  principal 
(grande  pyramide  tronquée  qui  a 
1,355  piecfs  de  largeur  horizontale  a 
la  base,  172  d'élévation  ,  et  une 
plate-forme  de  4,200  mètres  car- 
rés), Cholula  avait  autant  de  tem- 
ples qu'il  y  a  de  jours  dans  l'année. 
Toutefois  qu'on  n'adopte  pas  les  es- 
timations des  auteurs  espagnols  qui 
prétendent  qu'à  la  fête  d'inauguration 
de  ce  temple  furent  sacrifiés  60,000 
prisonniers,  et  que  chaque  année  plu- 
sieurs milliers  a'inforlunés  subissaient 
le  même  sort.  Il  faut  se  rappeler 
que  le  grand-sacrificateur  était  le  seul 
qui  eût  droit  de  frapper  les  victimes. 
Nul  doute,  au  reste,  sur  la  réalité  de 
ces  épouvantables  sacrifices  :  on  ar- 
rachait k  la  victime  le  cœur  encore 
palpitant ,  pour  l'offrir  aux  dieux  5  et 
les  membres  ,  k  peine  gisants  sur  la 
terre,  étaient  divise's  entre  les  assis- 
tants :  au-devanl  du  grand  temple  de 
Mexico  était  un  vaste  édifice  tout  re- 
vêtu des  têtes  des  individus  sacrifiés. 
Gomara  ,  sans  doute  ,  eut  tort  d'en 
porter  le  nombre  k  iSojOOoj  mais 
quelle  que  soit  l'erreur  du  calcul,  ou 
quelque  droit  qu'on  ait  de  penser  que 
beaucoup  de  crânes  de  guerriers  tom- 
bés sur  le  champ  de  bataille  for- 
maient les  murs  de  cet  effroyable  os- 
suaire, toujours  est-ilindubitableque 
nombre  de  captifs  tombaient  aux  pieds 
des  autels.  Dans  la  foule  des  victimes, 
une  au  moins  jouissait  d'une  espèce 
de  privilège  :  celle-là  sans  doute  était 
mexicaine.  C'était  un  bel  et  jeune  es- 
clave. On  le  lavait  dans  le  lac  des 
dienx,  on  le  parait  du  plus  riche  cos- 


n 


QUI 

tume  de  Quetsalcoatl ,  on  lui  rendait 
les  mêmes  honneurs  qu'au  dieu  ,  on 
l'environnait  quarante  jours  de  suite 
de  tous  les  plaisirs  ;  festins,  concerts,  . 
voluptés,  il  n'avait  qu'à  vouloir  pour 
obtenir.  Neuf  jours  avant  le  terme 
de  celle  quarantaine,  deux  prêtres 
venaient  se  jeter  à  ses  pieds-  en  lui 
disant  :  «  Seigneur  ,  vous  avez  en- 
core neuf  jours  a  vivre.  »  S'il  s'a- 
bandonnait un  instant  à  la  mélanco- 
lie, îin  breuvage  fermenté  lui  rendait 
sa  gaîlé.  Le  jour  de  la  fête  arrivé, 
on  l'immolait,  son  cœur  était  offert  h 
la  Lune,  et  son  cadavre  précipité  du 
haut  en  bas  du  Téocalii  ,  au  milieu 
des  danses,  des  clianls  et  des  batte- 
ments de  mains.  Les  adorateurs  de 
Quetsalcoatl  se  blessaient  souvent 
avec  des  lames  tranchantes,  comme 
les  Corybantes.  Le  temple  de  Quet- 
salcoatl était  de  forme  ronde ,  et  la 
porte  taillée  en  gueule  de  serpent. 

QUIES  ,  le  repos  personnifié  , 
avait  a  Rome  deux  temples,  l'un  près 
de  la  porte  Colline  et  dans  la  ville 
même,  l'autre  dans  la  banlieue  ,  sur 
la  voie  Labicane.  Ses  prêtres  étaient 
nommés  silencieux  ,  ce  qui  a  fait 
penser  (un  peu  gratuitement)  que  c'é- 
tait une  déesse  de  la  mort. 

QUIRIISÙS,  dieu  sabin  dont  Ro- 
me adopta  le  culte  mais  en  le  modi- 
fiant beaucoup,  fut  originairement 
Mars-lance (Cur,  Quéir),  fétiche  gros- 
sier dont  le  piédestal  était  inondé  de 
sang,  puis  Mars  à  formes  humaines, 
et  enfin  Romulus-Mars.  Ce  prétendu 
fils  du  dieu  de  la  guerre  peut  a  vo- 
lonté être  distingué  de  son  père,  et 
se.  réabsorber  en  lui.  Généralement 
dans  les  derniers  temps  on  distingua 
Quirinus-Mars  de  Quirinus-Romulusj 
ce  qui  prouve  seulement  que  les  Ro- 
mains en  étaient  venus  au  point  de  ne 
plus  comprendre  leur  propre  religion. 
Jfanus ,  ce  dieu  suprême  et  universel 


QUI 


379 


de  l'Étrurie ,  est  aussi ,  au  moins  en 
un  sens,  Quirinus.  Toutefois  on  peut 
présumer  que  dans  le  commencement 
il  n'en  fut  point  ainsi.  Théocrates,  et 
conséquemmeut   plus  pacifiques   que 
guerriers,  les  Etrusques  ne  durent 
pas  beaucoup    songer    d'eux-mêmes 
h  un  dieu  de  la  guerre.    Mais  dès 
que  le  contact  fréquent  des  peuplades 
belliqueuses  de  l'Italie  centrale  leur 
eut   donné  l'idée   du  fétiche  lancéi- 
forme,  ils  durent  faire  de  lui  un  attri- 
but, une  émanation,  un  fils  ou  une 
forme  de   leur  être  suprême.  Mars 
dut  être  le  fils  de  Janus^  comme  de- 
puis il  le  fut  de  Jupiter  5  bientôt  il  fut 
Janus  lui-même.  Comme  tel ,  Janus- 
Quiriuus  était  le  porte-clés  du  ,temple 
de  la  guerre,  qu'il  ouvrait  en  qualité 
de  Patulcius,  qu'il  fermait  en  qualité 
de  Clusius.  Le  nom  même  de  Janus- 
Quirinus  fut  donné  au  temple.  «  Ja- 
num-Quirinum  clausity»  devint  la 
formule  usitée  pour  indiquer  que  l'on 
fermait  ce    temple    célèbre.    N'ou- 
blions pas  que  Quirinus,  en  tant  qiie 
Mars,  était  le  dieu  immobile,  taudis 
que  le    dieu  marchant  aux  combats 
prenaille  nom  de  Gradivus.  Le  grand 
temple  de  Quirinus-Janus  était  situé 
entre  le  Tibre  et  le  théâtre  de  Mar- 
cellus.    Quirinus-Mars   en    avait  un 
dans  la  première  région  de  Rome. 
Enfin  Quirinus-Romulus  en  possédait 
quatre  dans  les  régions  6,  7,  8  et  10. 
Sa  fête ,  dite  Quirinalies  et  quelque- 
fois aussi  fête  des  fous  [stultorum 
festa^  Voy.  Fortiax),  se  célébrait 
le  1 7  février.  Un  Flamine  portait  le 
titre  de  Flamine  Quirinal.  Il  y  avait 
aussi  un  mont  Quirinal   (autrement 
Agonalis,  Collinus,  Salutaris,  Cabal- 
linus,  aujourd'hui  Monte  Cavallo^ 
et  une  porte  Quirinale  (porte  Colline). 
Les  médailles  représentent  Quirinus 
couronné  de  lauriers,  arec  uue  barbe 
qui  forme  de  nombreux  anneaux. 


38o 


RAD 


RA.G 


R. 


RA,  RE,  RI,  le  soleil  en  égyptien, 
s'appelle  plus  cominuuément  (  par 
Taddltiou  initiale  de  l'article)  Pi-Ré 
ou  Fré  {Foy.  FrÉ).  Dé  plus ,  il  est 
essentiel  de  remarquer  que  cette  syl- 
labe s'ajoute  souvent  aux  noms  de 
Knefet  d'Ainotin  ou  Ammou,  surtout 
au  dernier  [Foy.  Amoun),  ce  qui 
signifie  que  inomentanément  on  con- 
sidère le  premier  Démiurge  comme 
se  rév'éhnit ,  s'individualisant  dans  le 
soleil. 

RADGAST,  dieu  slave,  adoré 
surtout  dans  la  capitale  des  Varègues 
comme  la  divinité  tutélaire  de  la  ville, 
avait  k  la  main  gauche  une  lance ,  sur 
la  tète  un  coq  aux  ailes  déployées , 
sur  la  poitrine  une  égide  où  était  fi- 
gure'e  la  tète  d'un  bœuf.  Aux  pieds  de 
l'idole  étaient  immolés  les  chrétiens 
prisonniers.  Le  prèlre  buvait  de  leur 
sang,  puis  tout  h  coup  électrisé  par 
celte  hideuse  libation  faisait  entendre 
d«s  prophéties  dont  nul  n'osait  dou- 
ter. A  la  suite  du  sacrifice  était  servi 
un  grand  repas  qu'égayaient  la  musi- 
que et  la  danse.  Radgast  faisait  partie 
de  la  triuilé  slavone  dont  Prono  et 
Seva  étaient  les  deux  autres  membres. 

FtADHA,  la  huitième  et  la  plus 
belle  des  Gopis  ou  laitières,  fut  la  fa- 
vorite de  la  jeunesse  de  Vichnou- 
Krichna.  /^oj'.Rrichna. 

RADJEN-ATHCI^',  le  dieu  suprê- 
me des  Lapons.  Invisible  et  roulé  sur 
lui-même  comme  Brahm  aax  Indes , 
jamais  il  ne  daigne  s'occuper  de  ce 
qui  se  passe  dans  ce  monde  d'indivi- 
dualité et  de  phénomène 5  c'est  son 
fiis  Radicn-Kieddé  qui  règne  a  sa 
place.  Au  reste,  les  deux  Radien  sont 
peu  connus  et  rarement  invoqués.  Les 
Noaida  , seuls  (hommes  du  ciel)  sa- 
vaient apprécier  leur  élévation  et  leur 


puissance.  Ils  leur  donnaient  pour 
demeure  le  Vérald,  espace,  éther,  et 
en  suédois  univers.  Malgré  Tinsou- 
ciance  de  Radien  pour  les  choses  hu- 
maines, on  admet  qu'il  appelle  au- 
près de  lui  et  dans  son  ciel  les  âmes 
des  justes.  Ceux  qu'il  abandonne  tom- 
bent dans  les  mains  des  Saivos. 

RAESFELGR  ou  HRIIAES- 
FELGR ,  c'est-a-dirc  mangeur  de 
cadavres,  géant  de  la  mythologie 
Scandinave,  habite  vers  les  limites 
septentrionales  du  ciel.  Il  a  des  ailes 
d'aigle  d'une  envergure  si  large  que, 
lorsqu!il  les  agite ,  il  met  l'Océan 
en  mouvement,  et  fait  saillir  le  feu 
du  sein  de  l'espace.  C'est  lui  qu'en 
regarde  comme  l'auteur  du  vent. 

RAFNA  GOUD  ou  HRAFNA 
GOUl)  ,  c'est-a-dire  le  dieu  des  cor- 
beaux ,  Odin,  a  cause  des  deux  cor- 
beaux, Ougin  et  Mounnin,  qui  sont 
percho's  sur  ses  épaules,  et  qui  lui  di- 
sent a  l'oreille  tout  ce  qu'ils  voient  et 
tout  ce  qu'ils  entendent. 

RAGAS.  Voy.  l'art,  suivant. 

RAGINIS  (prononcez  Raghinis) , 
nymphes  musicales  de  l'Inde,  sont 
au  nombre  de  trente,  mais  quatre 
surtout  ont  de  l'importance 5  idéali- 
sées, elles  se  réduisent  a  une.  Pour 
comprendre  les  Ragiuis,  il  faut  d'a- 
hord  saisir  le  double  sens  de  R;iga, 
passion  et  mode  ,  et  l'intime  liaison 
de  ces  deux  sens  en  apparence  peu 
semblables.  Les  deux  principaux  ou- 
vrages samskrils  relatifs  a  la  musique 
se  nomment  Uagarnava ,  la  mère  des 
passions,  et  Ragaderpana,  le  miroir 
des  modes.  Il  faut  ensuite  distinguer 
les  sons,  Souara,  d'avec  les  modes  et 
surtout  d'avec  les  systèmes  fondamen- 
taux de  la  musique  indienne.  Les 
systèmes  sont  au  iiopibrc  de  quatre 


I 


I 


RAG 

(attribués  alçouara,  Bharata,  Pa- 
vana, Rallinatha).  Les  sons  sont  au 
nombre  de  six  ou  sept.  Le  nombre 
des  Ragas,  au  contraire ,  n'a  point  de 
bornes.  «  Pareils  aux  flots  de  la  mer, 
dît  l'Inde,  ils  peuvent  être  multipliés 
a  l'infini,  'j   Toutefois    on   distingua 
primitivement  six  Ragas  :  Bhairava  , 
Malava,  Sriraga,  Hindola  ou  Vaçan- 
ta,  Dipaka,  Megha.  Ces  six  Ragas  fu- 
rent divinisé's.   Quant  aux  Raginis, 
ce  sont  des  Ragas  devenus  systèmes 
musicaux  :  inventrices  et  rectrices  de 
la  musique,  elles  glissent  en  cadence, 
et  pèsent  les  sons.  Leur  marche  est 
rhythmique  ,  leur  geste  est  une  har- 
monie, leur  pose  une  cadence.  Un 
tableau   hindou   montre   une  Ragini 
suspendant    ses  pas    légers    sur    la 
margelle  d'un  puits  d'oîi  s'épanchent 
en  nappe  d'argent  les  eaux  surabon- 
dantes. Un  vina  brille  dans  sa  main 
gauche  j  la  droite  porte  une  balance 
qui  a  en  guise  de  bassins  deux  urnes 
en  équilibre  parfait.  Quatre  Raginis 
la  suivent ,  et  sont  les  symboles  des 
quatre    systèmes    musicaux.    A   ses 
pieds  repose  l'émyde  dont  la  cara- 
pace fournil  le  premier  vina;  k  droite 
l'eau  qui  coule  du  puits  mystique  a 
formé  comme   un    Oce'an  de  sons , 
Océan  mobile  dont  les  lames  trem- 
blantes réfléchissent  les  modifications 
nerveuses  de  l'àme  ,  oscillent  comme 
le  cœur  humain,  frémissent  comme  la 
feuille  au  souffle  du  vent,  murmurent 
comme  l'éclio  au  son  de  la  voix.  Au 
centre  un  énorme  rocher  s'élève  fier 
de  porter  à  sa  cime  le  taureau  du 
monde,  qui  lance  un  jet  d'eau  vers  le 
ciel,   et  laisse   couler  de  ses    flancs 
trois  grands  courants  qui  vont  dispa- 
raître dans  trois  grottes,  puis  sortent 
divisés  chacun   en  quatre  ruisseaux. 
Comp.     Mahaçouaragrama.     Une 
foule  d'oiseaux,  mélodieux  et  brillants 
accessoires,  animent  celte  scène,  et 


RAG 


38i 


semblent  eux-mêmes  sous  l'influence 
du  charme.  Le  tableau  qui  vient 
d'être  décrit  est  un  de  ceux  que  les 
Indiens  appellent  Ragamana;  ce  sont 
des  peintures  allégoriques  du  système 
musical.  Ils  en  ont  un  grand  nombre. 
Quoique  l'on  puisse  varier  dans  les 
explications  de  détail  qu'on  hasardera 
sur  ces  peintures,  au  moins  y  a-t-il 
un  fait  certain ,  c'est  la  liaison  in- 
time entre  l'empire  des  eaux ,  ce- 
lui des  sons  et  celui  des  astres.  Aussi 
Millier  a-t-il  donné  du  monument  que 
nous  venons  d'analyser  une  interpré- 
tation astronomique  en  même  temps 
qu'hydrographique  et  musicale.  Les 
Raginis  ressemblent  surtout  aux  Si- 
rènes. 

RAGNAR-LODBROK,  person- 
nage fameux  de  la  mythologie  Scandi- 
nave. Nous  empruntons  a  M.  d'Eck- 
stein  l'exposé  de  ce  mythe  :  Thora 
(fille  de  Herrand,  puissant  larl  ha- 
bitant le  Jutland) ,  Thora,  la  plus 
belle  des  vierges,  excellait  dans  tous 
les  arts  agréables.  Elle  surpassait 
toutes  les  femmes,  et  s'élançait  au 
dessus  d'elles  par  la  souple  élégance 
de  sa  taille ,  comme  le  c«rf  léger  s'é- 
lance au  dessus  des  autres  animaux. 
L'Iarl ,  qui  aimait  beaucoup  sa  fille  , 
fil  construire  pour  elle  un  apparte- 
ment non  loin  de  la  saUe  du  roi,  ap- 
partement entouré  par  une  cloison. 
Il  avait  l'habitude  de  lui  offrir  tous 
les  jours  un  cadeau;  et  il  avait  fait 
serment  d'agir  ainsi  toute  sa  vie.  Un 
jour  il  lui  apporta  un  dragon  jeune  et 
beau.  Elle  le  mit  dans  une  cage,  et 
plaça  de  l'or  sous  sa  couche.  En  peu 
de  temps  le  monstre  grandit  :  l'or 
grandit  avec  lui.  Bientôt  la  cage  de- 
vint trop  étroite  pour  le  dragon  qui 
forma  autour  d'elle  des  replis  circu- 
laires. Il  ne  cessa  pas  de  croître,  et  fi- 
nit par  étendre  tellement  ses  an- 
neaux, qu'il  enveloppa  l'appartement, 


38a 


RAQ 


et  l'or  s'accumulait  proportionnelle- 
ment. Puis  il  dépassa  la  cloison  même 
et  l'environna  de  ses  plis,  sa  queue 
touchant  sa  tète.  Ou  ue  s'approchait 
pas  de  lui  sans  danger  5  et  personne 
n'osait  plus  pénétrer  jusqu'à  la  jeune 
fille ,  excepté  celui  qui  apportait  au 
monstre  ses  aliments.  Par  repas  il 
dévorait  un  taureau  ,  et  l'avalait  d'un 
seul  coup.  Cepeudant  l'Lirl  furieux 
promit  de  donner  sa  fille  à  l'homme 
qui  tuerait  le  dragon ,  quel  qu'il  pût 
être,  et  que  l'or  sur  lequel  le  monstre 
était  couché  servirait  de  dot  h  la 
vierge.  Alors  régnait  en  Danemarck. 
SigurdHring,  roi  puissant,  devenu 
célèbre  par  sa  victoire  sur  Harald- 
Hildetand  dans  les  champs  de  Bra- 
valla.  Toutes  les  régions  septentrio- 
nales savent  comment  Ilarald  suc- 
comba sous  le  fer  de  Sigurd.  Sigurd 
avait  pour  fils  Ragnar  dont  la  taille 
était  haute,  le  visage  beau,  la  répar- 
tie prompte  et  spirituelle.  Ragnar  se 
montrait  généreux  pour  ses  hommes, 
terrible  envers  ses  eqnemii.  Quand  il 
fut  eu  âge  de  porter  les  armes,  il 
s'environna  d'uae  escorte  de  guer- 
riers, et  prépara  ses  navires.  La 
promesse  que  l'Iarl  Herrand  avait 
fait  proclau-.er  parvint  jusqu'à  lui.  Il 
paraît  ne  pas  la  connaître,  et  vous 
aurieï  cru  qu'il  l'ignorait.  Il  se  fit 
faire  des  vêlements  d'une  forme  inu- 
sitée, des  culottes  d'ours  sauvage  et 
un  capuchon  de  même  étoffe  5  les  crins 
étaient  bouclés  et  épais,  de  là  son  sur- 
nom de  Lodbrok.  Quand  ces  prépa- 
ratifs furent  faits,  il  fit  tremper  ce 
vêlement  dans  la  poix  bouillante,  et 
le  laissa  durcir.  Puis,  quand  viut 
l'été  ,  il  s'embarqua  pour  le  Jutland 
avec  ses  compagnons ,  cacha  ses  vais- 
seaux dans  une  anse  de  la  baie ,  non 
loin  des  domaines  de  Tlarl ,  et  y  reîita 
pendant  une  nuit  entière.  Il  se  leva 
de  grand  matin,  prit  sou  vêtement. 


RAG 

s'habil}a ,  et  saisit  une  énorme  lance. 
Il  quitta  en  secret  son  vaisseau  ,  cou- 
rut vers  un  banc  de  sable,  se  roula 
dans  le  sable  ,  puis  enleva  le  clou  qui 
attachait  le  fer  au  bois  de  sa  lance,  et 
s'achemina  seul  vers  la  porte  du  fort 
où  commandait  l'Iarl.  il  arriva  de  si 
grand  matin  qu'il  trouva  tous  les  ha- 
bitants plongé*  dans  le  sommeil.  H 
marcha  droit  vers  l'appartement  de 
la  vierge  j  et  arrivé  a  cette  cloison  que 
le  serpent  enlaçait  de  ses  replis,  il  le 
frappa  de  sa  lance,  la  retira,  et  frap- 
pa de  nouveau  le  monstre  sur  le  dos. 
Orm  (tel  est  le  nom  du  serpent)  se 
recourba  sons  l'atteinte  de  la  blessure 
avec  un  mouvement  si  violent,  que  le 
bout  de  sa  lance  se  brisa.  Dans  sa  lutte 
avec  la  mort  il  ébranla  la  forteresse 
entière.  Quand  Ragnar  se  retourna  , 
une  gerbe  de  sang  jaillit  de  la  bles- 
sure du  monstre,  et  frappa  le  dos  du 
guerrier  qui,  grâce  aux  vêtements 
qu'il  s'était  fait  faire,  ne  fut  pas  empoi- 
sonné. Réveillées  parle  bruit,  les  ha- 
bitantes du  Gynécée  se  présentèrent 
sur  le  seuil  de  la  porte.  Là,  Tliora, 
la  jeune  fille,  aperçut  un  homme  dont 
la  taille  était  majestueuse,  lui  de- 
manda quel  était  son  nom,  et  à  qui  jl 
voulait  parler.  Il  resta  debout  devant 
la  vierge,  et  chanta  les  vers  suivants: 

J'ai  risque  la  vie  qni  ui'cst  cluVe, 
O  vierge  dont  le  visage  est  éclatant'. 
J'ai  lue  le  monstre,  ce  poisson  des  champs  ; 
lit  moimcnie  je  ne  comple  cjuc  quinzB  lii- 

vers. 
Qi^'une  mort  subile  me  frappe 
Si  je  n'ai  plongé  profondément 
Le  fer  de  ma  lance  dans  le  cœur 
De  ce  saumon  du  désert  qui  s'entortille  dans 

ses  anneaux. 

Ensuite  il  se  tut  et  repartit.  Il  em- 
porta le  bois  de  sa  lance ,  et  le  fer 
resta  enfoncé  dans  la  plaie.  La  jeune 
fille  à  laquelle  ces  vers  s'adressaient 
coranrit  que  le  héros  parlait  de  son 
exploit,  et{|ueles  quinze  hivers  indi- 
quaient son  âge.  «Mais  qui  pcul-il 
être?»    se   deaianda-t-elle.   Elle  ne 


RAG 

savait  si  c'était  un  mortel  ou  un  dieu, 
tant  sa  taille  était  élevée.  Elle  rentra 
dans  son  appartement ,  et  se  coucha. 
Le  matin,  quand  les  gens  se  réveillè- 
rent ,  ils  aperçurent  le  dragon  tué  et 
la  pointe  de  la  lance  plongée  dans  son 
corps.  L'Iarl  la  fit  arracher  de  la 
plaie  j  cette  pointe  était  si  large  et  si 
pesante  que  peu  d'hommes  étaient  en 
état  de  la  porter.  L'Iarl  prit  conseil 
de  sa  fille  et  de  ses  amis,  et  songea  a 
remplir  sa  promesse.  On  croyait  que 
celui  qui  si  glorieusement  accomplit 
celte  haute  entreprise  viendrait  lui- 
même  réclamer  la  récompense  qu'il 
avait  méritée.  Mais  Thora  conseilla 
de  convoquer  une  assemblée  complète 
des  guerriers,  et  de  faire  proclamer 
que  tout  le  monde  eût  a  s'y  trouver, 
sous  peine  d'encourir  Ta  colère  de 
riarl.  ce  Si  l'un  des  hommes  présents 
h  cette  assemblée  prétend  à  l'honneur 
d'avoir  tué  le  dragon,  il  présentera  le 
bois  de  la  lance  à  laquelle  appartient 
la  pointe,  jj  L'Iarl  trouva  bon  ce  con- 
seil, et  fit  aussitôt  convoquer  l'assem- 
ble'e.  Quand  le  jour  fuj;  arrivé,  l'Iarl 
y  parut  entouré  d'une  foule  de  chefs 
secondaires ,  et  l'assemblée  fut  très- 
nombreuse.  Ragnar,sur  ses  navires, 
entendit  parler  de  celte  convocation, 
et  s'y  rendit  lui-même  avec  presque 
tous  ses  hommes.  Quand  ils  furent 
arrivés,  ils  se  tinrent  un  peu  a  l'écart 
des  autres.  Ragnar  s'aperçut  qu'il  y 
avait  beaucoup  plus  de  monde  que 
dans  les  circonstances  ordinaires. 
L'Iarl  se  lève ,  ordonne  qu'on  fasse 
silence,  et  remercie  les  guerriers 
d'avoir  obéi  à  sa  sommation,  puis 
leur  raconte  tout  ce  qui  s'est  passé, 
leur  dit  quelle  promesse  il  a  iaite  à 
l'homme  qui  tuerait  le  dragon,  ajoute 
que  le  monstre  est  mort,  et  que  le  hé- 
ros auquel  est  due  c^te  héroïque 
entreprise  a  laissé  daus  sa  plaie  le  fer 
de  sa  lance.  «Si  quelque  membre  de 


RAH 


383 


cette  assemblée,  ajoute-t-il,  possède 
le  bois  de  celte  même  lance,  il  n'a 
qu'a  le  présenter  pour  justifier  ses 
prétentions  j  je  remplirai  mes  pro- 
messes ,  de  quelque  rang  que  soit  le 
vainqueur.  »  Quand  il  eut  terminé 
son  discours ,  il  fit  présenter  a  chacun 
des  membres  présents  a  l'assemblée 
la  pointe  de  cette  arme,  et  exhorta 
les  guerriers  à  s'avancer  pour  qu'il 
lui  fût  facile  de  reconnaître  les  traits 
de  l'homme  qui  présenterait  le  bois 
de  la  lance ,  et  s'attribuerait  cet  ex- 
ploit. Mais  personne  n'apporta  le 
bois.  Enfin  on  en  vint  a  Ragnar  qui 
reconnut  le  fer,  et  dit  que  c'était  ce- 
lui de  sa  lance.  Et  voici  que  le  fer 
et  le  bois  réunis  se  trouvèrent  ap- 
partenir à  la  même  lance.  Tous  fu- 
rent convaincus  qu'il  avait  tué  le  dra- 
gon :  action  qui  le  rendit  célèbre  dans 
toutes  les  contrées.  Alors  il  sollicita 
la  main  de  Thora,  fille  de  l'Iarl  qui, 
joyeux  de  cette  demande,  la  lui  donna. 
Une  grande  fêle  futpréparéej  et  après 
les  noces ,  Ragnar  s'embarqua  pour 
son  pays  où  il  fut  roi.  Il  aimait  ten- 
drement Thora  dont  il  eut  deux  fils  , 
Etrek  l'aîné,  le  cadet  Agnar,  tous 
deux  d'une  haute  stature,  d'un  visage 
agréable  et  beau,  habiles  dans  tous 
les  £xercices  du  corps.  Mais  un  jour 
il  arriva  que  Thora  tomba  malade, 
et  mourut  au  milieu  de  ses  trésors. 
Ragnar,  profondément  affligé,  refusa 
de  prendre  une  autre  femme.  Il  nom- 
ma d'autres  guerriers  chargés  de  va- 
quer avec  ses  fils  aux  affaires  de 
l  empire.  Quanta  lui,  il  recommença 
son  existence  aventurière ,  les  cour- 
ses de  sa  jeunesse  :  sur  tous  les  ri- 
vages où  il  aborda  il  fut  vainqueur. 

RAHOU  et  KÉTOU  sout  deux 
Acouras,  les  seuls,  au  dire  des  Hin- 
dous, qui  aient  eu  l'adresse  de  goû- 
ter de  l'amrita.  D'ordinaire  c'est  à 
Rahou  seul  que  l'on  attribue  l'ayejir 


384 


RÂK 


turc  {f^oy.  Ambrosie).  Oq  sait  que 
Vichnou,  averti  à  temps  par  la  Lime 
et  le  Soleil,  décapita  Kahou  quand  la 
merveilleuse  liqueur  n'avait  encore 
mouillé  que  seslèvres.  Livide  et  froid, 
le  corps  resta  sur  la  terre  5  mais  la 
têle  alla  briller  parmi  les  astré^  où 
elle  fait  partie  de  la  tète  du  dragon, 
remarquable  par  quatre  étoiles  très- 
brillanles  :  Ranou  en  est  la  principale. 
Placés  aux  cieux ,  Raliou  et  Kélou 
y  forment,  avec  les  sept  planètes,  ce 
que  l'on  appelle  les  Nava  Graha  ou 
neuf  luminaires.  De  ce  poste  élevé  ils 
n'ont  point  oublié  les  paroles  déla- 
trices de  la  Lune  et  du  Soleil  j  et 
inébranlables  dans  leurs  idées  de 
vengeance ,  ils  ont  juré  d'avaler  les 
deux  astres,  dès  qu'une  occasion  fa- 
vorable se  présentera.  Ils  essaient 
en  effet  de  temps  à  aulrej  mais  quoi- 
que leur  corps  ait  cinquante-deux 
mille  lieues  d'étendue,  ils  ne  peuvent 
venir  à  bout  d'engloutir  les  deux  cé- 
lestes flambeaux.  C'est  quand  ils  les 
lienuent  ainsi  sous  leurs  dénis  énor- 
mes qu'ont  lieu  les  éclipses.  Celles  du 
soleil  ne  sont  jamais  totales,  parce 
que  le  soleil  est  plus  grand.  Il  est 
probable  que  c'est  Rahou  qui  cause 
les  éclipses  de  soleil ,  et  que  les 
éclipses  de  lune  sont  dues  exclusive- 
ment à  Kélou. 

RAKCHAÇAS  (  les  )  ou  RAK- 
CHAS  ont  aux  Indes  deux  rôles  qui 
reviennent  à  un  seul  :  ce  sont  des  gé- 
nies malfaisants  5  ce  sont  des  parti- 
sans de  Siva.  Il  est  difficile  de  les 
distinguer  des  Açouras,  des  Daitias 
et  desDanavas.  Il  y  a  plus,  on  peut 
sans  risques  les  confondre  dans  l'u- 
sage vulgaire ,  quoique  l'on  donne  à 
tous  ces  génies  malfaisants  des  gé- 
néalogies distinctes.  Les  Daitias  sont 
fils  de  Diti  la  Nuilj  les  Danavassont 
lilsde  Danaou,  fille  de  Kaciapa,  qui 
eut  entre  autres  épouses  Aditi  et  Diti. 


RAK 

Ennemis  des  dieux ,  ils  furent  nom. 
mes  Açouras,  par  opposition  aux  Sou- 
ras.  L'Ararila,  ce  breuvage  qui  con- 
fère l'immor taillé,  la  beauté  ,  la  jeu- 
nesse ,  s'appelait  aussi  Soura.  Tous 
ceux  qui  furent  admis  k  en  boire 
s'honorèrent  d'en  prendre  le  nom. 
Dès-lors  ,  quiconque  ne  put  avoir  sa 
part  du  précieux  liquide  fut  un 
Açoura.  Dans  la  suite  on  imagina  un 
breuvage  Açoura,  contraire  au  Soura. 
L'Açoura,  comme  le  jus  fermenté  de 
l'arbre  (fûe  piaula  Bacchus, 

Exalte  &  faux,  mystifie,  ensorcelé. 
Et  coule  bas  la  divine  parcèle  (i). 

Les  Rakchaças,  dans  la  raylliologie 
de  l'Inde ,  forment  tout  un  peuple. 
Ce  sont  des  géants  ,  ce  sont  des 
guerriers  formidables,  ce  sont  des 
magiciens  j  et.  pourtant,  pas  plus 
qu'aux  Titans  de  la  Grèce  ,  pas  plus 
qu'aux  géants  Scandinaves,  on  ne  leur 
accorde  la  force  de  l'esprit,  la  pé- 
nétration, la  prudence.  Ce  sont  sur- 
tout des  êtres  trompeurs.  Les  Moha- 
nis  ou  fausses  beautés,  nymplies-il- 
lusions,  ne  sont  que  des  formes  d'A- 
coura.  A  mesure  qu'on  s'avance  vers 
f'Iiisloire  héroïque  de  l'Inde  ,  les 
Rakchaças  se  montrent  comme  pro- 
totypes des  enfants  de  la  Lune  ou 
Tchandravansas,  tandis  que  les  fils  du 
Soleil  ou  Souriavansas  ont  pour  pro-  ' 
totypes  les  dieux.  Tchandra,  le  dieu 
mâle  de  la  Lune,  a  pour  auxiliaire  les 
Daitias  :  de  Tara,  qu'il  enlève,  naît 
Boudha  (Rrahmaïsivaïle);  de  ce  Bou- 
dha  et  d'Ila,sa  femme,  naît  Pourouj 
et  long-temps,  après  laïati,  tige  des 
Tchandravansas.  laïafri,  un  jour,  dé- 
trône Indra,  devient  Indra  selon  l'ex- 
f)ression  des  Sivaïles,  puis  s'allie  par 
e  mariage  avec  la  famille  des  pon- 


(i),.-  alque  affigilhumi  divin.i:  particulam  aura:. 
HoR.,  Sal.  2,  liv.  Il, 


RAK 

tifes  des  Daitias.  Dans  la  suite  des 
temps  les  Rakchaças  soutiennent  Siva 
contre  les  partisans  de  Yiclmou  , 
contre  Bliavani,  son  épouse,  et  pour- 
tant finissent  par  être  ennemis  de  ce 
dieu.  Il  est  vrai  qu'alors  ce  n'est  pas 
ducôié  de  Viclinou  qu'ils  se  rangent; 
ils  adoptent  la  bannière  de  Brabmâ, 
allusion  évidente  a  l'époque  de  Pa- 
racou-Rama  ou  du  sivaïsme  réfor- 
mé! Et  pourtant  le  braliraaïsme  aussi 
mentionne  les  Rakcbacas  comme  ses 
ennemis.  Le  culte  brahmanique  ,  dit- 
on  ,  fut  détruit  dans  l'Inde  méridio- 
nale par  les  Rakchaças.  Lors  de  l'as- 
sassinat de  l'époux  de  Bhadrakali,  une 
armée  de  Rakchaças  seconda  la  ven- 
geance de  la  déesse,  et  tua  par  ses 
ordres  le  roi  perfide  ,  l'orfèvre  avare 
et  tout  ce  qui  avait  trempé  dans  le 
meurtre  du  jeune  roi  de  Kouléla.  — 
Les  Rakchaças  sont  des  symbolisa- 
tions  des  forces  cosmiques  anomales 
du  monde  primitif  et  d'une  race  an- 
tique semi-barbare,  belliqueuse,  qui 
dans  l'origine  ne  connut  que  Siva  et 
repoussa  le  brahmaïsme^  mais  qui, 
ensuite ,  adoptant  la  réforme  de  Pa- 
raçou-Rama,  se  rapprocha  du  brah- 
maïsme ,  et  ne  fit  plus  la  guerre  qu'à 
Yichnou. 

RAKCHE  était,  selon  les  Parsi,  le 
cheval  de  Siamek  ,  célèbre  vainqueur 
des  Devs.  Arioa  et  Pégase  semblent 
avoir  été  créés  sur  ce  modèle. 

RARTAVIDJA,  géant  hindou, 
commandait  l'avaiit-garde  de  Soum- 
bha  et  de  INiconmbha.  Il  avait  obtenu 
de  Krahmà,  en  cas  de  blessure,  l'heu- 
reux privilège  de  voir  naître  de  cha- 
que goutte  de  sang  que  verseraient 
ses  blessures  des  milliers  de  soldats  , 
ses  égaux  en  vai!lance.  Tchandi ,  in- 
carnation de  Dourga,  le  blessej  sou- 
dain l'avant-garde  du  géant  grossit 
h  vue  d'œil  :  «  Je  les  vaincrai,  je  les 
tuerai,  s'écria  Tchandi ,  pourvu  que 

LV. 


RAM 


38Î 


ce  sang  ne  puisse  plus ,  en  touchant 
la  terre,  enfanter  de  nouveaux  batail- 
lons. Kali  !  viens,  noire  déesse,  pour 
recevoir  au  passage  le  sang  de  Rak- 
lavidja.  »  Kali  exécute  les  ordres  de 
Tchandi,  et  Raktavidja,  après  avoir 
vu  mordre  la  poussière  aux  guerriers 
issus  de  son  sang,  expire  lui-même 
sous  la  lance  de  Tchandi.  —  Ce  my- 
the, un  des  épisodes  des  plus  frap- 
pants duTchandika,  rappelle  la  mort 
de  Rœcos.  Raktavidja  veut  dire  se- 
mence de  sang. 

RAMA,  septième  incarnation  de 
Yichnou  ,  était  le  fils  de  Dacaralha, 
roi  d'Aïodhia  et  de  Kaouçalia,  celle 
de  ses  trois  femmes  qu'il  affectionnait 
davantage.  De  Soumatra,  la  seconde, 
Dacaralha  eut  deux  jumeaux  ,  Lakch- 
mana  etSalrouknaj  de  la  troisième, 
Kéi-Keii ,  lui  naquit  un  autre  fils  , 
Bharata.  De  ces  quatre  fils  Rama 
était,  dans  les  croyances  hindoues,  le 
plus  célèbre  5  des  prodiges  accompa- 
gnèrent sa  naissance.  Ravana  in- 
struit du  projet  d'incarnation  formé 
par  Yichnou  pour  le  vaincre  ,  enleva 
Kaouçalia  pour  la  plonger  dans  l'O- 
céan. Yichnou  la  sauva  par  miracle. 
Daçaratlia  donna  pour  maître  à  ses 
enfants  le  vénérable  Vacichla  sous  qui 
tous  firent  dans  la  connaissance  des 
Védas ,  dans  l'étude  de  la  morale, 
dans  les  exercices  du  corps,  des  pro- 
grès surprenants.  Dès-lors ,  l'éclat 
de  la  divinité  commençait  à  se  mani- 
fester dans  Rama  ,  ainsi  nommé  à 
cause  de  sa  rare  beauté.  Un  serpent, 
issu  du  front  de  Ravana,  avait  enlacé 
les  membres  du  jeune  fils  de  Kaouca  • 
lia:  l'aigle  Garoudha  le  mit  en  pièces. 
Le  célèbre  corbeau  Kaka-Bhouçou- 
da  qui  est  Brahmà  lui-même  vola  si- 
tôt qu'il  naquit  au  palais  Jans  lequel 
il  avait  reçu  le  jour  ,  le  servit  sans 
relâche  pendant  cinq  ans  ,  l'amusa 
pendant  les  jeux  de  son  enfance  :  in- 

25 


386 


RARI 


cessamment  fixés  sur  le  jeune  Raïua, 
ses  yeux  s'imprégnèrent  du  fluide 
resplendissant  qu'il  lançait.  Un  jour, 
il  voit  le  corps  de  Tentant  tout  noir, 
ses  pieds  tout  rouges  et  saignants  :  in- 
capable de  soutenir  ce  spectacle  , 
Kaka-Bhouçouda  s'envole  ,  mais  le 
bras  de  Rama  le  suit.  En  vain  il  se 

!)erd  dans  les  nues  ,  le  bras  aussi 
rancliit  les  nues  ,  traverse  l'espace  , 
atteint  les  Souargas,  le  Bralinialoka 
même.  Le  céleste  corbeau  alors  s'ar- 
rèie ,  adore,  tombe  en  extase  et  se 
retrouve  dans  Aïodhia  :  tout  n'était 
qu'un  rêve.  Cependant  Rama  rit  de 
son  embarras.  L'oiseau  s'élance  dans 
sa  bouche  ouverte  ,  s'y  abîme,  s'y 
promène  pendant  un  nombre  infini 
d'années  :  là  des  cieux,  des  bienheu- 
reux, des  merveilles  sans  nombre, 
s'offrent  successivement  à  sa  vue  en- 
chantée j  et  toujours  au  milieu  de  ce 
panorama  enchanteur  ,  Rama  ,  l'en- 
fant miraculeux  qui  remplit  le  monde. 
Enfin  ,  Rama  ouvre  de  nouveau  la 
bouche  :  l'oiseau  en  sort,  s'abat  aux 
pieds  de  l'enfant,  l'implore  ,  et  en  le 
proclamant  le  maître  des  mondes  le 
supplie  de  l'aire  cesser  l'illusion  qui 
l'obsède.  Rama  l'exauce,  il  pose  sa 
main  sur  la  tète  de  l'oiseau  :  tous  les 
souhaits  de  Kaka-Bhoucouda  s'ac- 
complissent. Rama,  enfin,  arrive  k 
l'âge  de  puberté.  Soudain  Yiçouami- 
tra,  célèbre  Brahme,  dont  les  ex- 
cessives austérités  inspirent  l'effroi 
aux  Dévas  eux  mêmes ,  paraît  a  la 
cour  de  Dacaralha  ,  et  le  prie  de  lui 
confier  Rama  pour  l'aider  a  le  dé- 
barrasser de  trois  géuies  mauvais, 
Ravana  et  les  fils  de  hounda  etd'Ou- 
pacounda.  Altéré  par  celle  deman- 
de ,  Dacaralha  voudrait  refuser  el 
n'ose.  Il  dit  adieu  k  son  fils  j  Rama 
suit  le  saint  personnage  dans  la  so- 
litude ,  et  commence  un  long  voyage. 
Partout  on  leur  donne  l'hospilalile  , 


RAM 

partout  Viçouaoïitra  apprend  k  Ra- 
ma l'origine  des  ermitages  qui  leur 
servent  d'abri ,  perfeclionne  l'édu- 
cation du  jeune  prince  devenu  son 
élève ,  lui  fait  présent  d'armes  en- 
chantées, et  surtout  lui  indique  le 
moyen  de  s'en  servir.  Grâce  k  ces 
iuslructions  puissantes.  Rama  se  dis- 
tingue par  une  foule  d'exploits  con- 
tre les  Géants  et  tue  le  démon  fe- 
melle Taraka.  Parmi  ces  hideux  eji- 
ncmis  figurent  surtout  les  agents  de 
Ravana,  tyran  de  Lanka,  que  Vich- 
nou  aspire  k  faire  disparaître  de  la 
surface  du  globe  qu'il  snuille  et  qu'il 
opprime.  Souvahuu  expire,  percé  de 
flèches  divines.  Mariclia  ,  chef  des 
satellites  du  despote  Chingulais  ,  fuit 
seul  devant  l'adolescent  qui  a  vaincu 
sou  armée ,  et  rentre  h  Lanka.  Vi- 
couamilra  délivré  des  fuuesles  Acou- 
ras,  dont  les  infernales  machinations 
interrompirent  tant  de  fois  les  céré- 
monies saintes,  achève  son  sacrifice  , 
remercie  le  jeune  héros  et  se  repd 
avec  lui  k  la  cour  de  Djauaka ,  père 
de  la  ravissante  Sita,  dont  mille  prin- 
ces étrangers^  dont  Ravana  surtout 
recherchent  la  main  avec  ardeur.  Mais 
il  a  été  déclaré  solennellement  par 
Djanaka  que  la  princesse  sera  le  prix 
de  l'adresse  réunie  a  la  vigueur.  Ce- 
lui-lk  seul  l'ohllendra  ,  qui  saura, 
d'un  bras  nerveux,  tendre  un  arc  im- 
mense, inappréciable  cadeau  de  la  di- 
vinité. Rama  se  met  au  nombre  des 
compétiteurs.  Déjà  placé  dans  son 
élui  superbe  d'où  s'exhalent  des  par- 
fums ravissants,  l'arc  immense  arrive 
roulé  par  plusieurs  esclaves  au  mi-  ( 
lieu  de  l'assemblée.  Tous  les  princes 
les  uns  après  les  autres  essaient, 
mais  en  vain,  de  le  tendre  :  ils  ne  peu- 
vent même  l'ébranler.  Rama  s'ap- 
prochant  le  dernier,  le  soulève  d'une 
main,  comme  se  jouanl,  le  tend  et  tire 
klui  le  nerf  avec  tant  do  vigueur  que 


RAK 

l'arc  énorme  se  brise  par  le  milieu  eu 
rendant  un  son  terrible.  Reconnu 
vainqueur  ,  le  jeune  héros  épouse  la 
belle  Sita,  et  rentre  triomphant  au 
palais  de  ses  pères.  Peu  après  Daça- 
ralba,  a  qui  l'âge  rend  pesant  le  far- 
deau de  Tcrapire,  s'apprête  a  investir 
Rama  du  titre  de  louva-Radja  (jeu- 
ne-roi). Déjà  le  peuple  se  livre  h  la 
joie  ,  les  pagodes  exhalent  les  par- 
fums de  l'encens,  les  étendards  flot- 
tent. Rama  et  Sita  s'avancent  a  l'au- 
tel. Tgul-'a-coup  une  des  femmes  de 
la  reine  Kéi-Keii,  animée  d'une  haine 
secrète  contre  Rama  ,  dit  a  sa  maî- 
tresse que  le  couronnement  du  prince 
est  une  usurpation  flagrante  des  droits 
de  son  fils  Bharata ,  et  lui  rappelle 
que,  jadis  sauvé  par  elle,  Daçaratha 
lui  a  promis  de  lui  accorder  les  deux 
premières  grâces  qu'elle  demande- 
rait. «  Eli  bien  !  ajoute  la  perfide  :  de- 
mandez l'exd  de  Rama  pour  douze 
années,  et  pour  votre  fils  Bharata  le 
rangdelouva-Radja  !»  Kéi-Keii  exal- 
tée par  l'astuce  de  sa  suivante  se  hâte 
d'obtenir  de  Daçaratha  une  audience, 
et  dit  ce  qu'elle  exige  en  récompense 
du  service  qu'elle  lui  a  rendu.  Eu  vain 
Daçaratha  la  conjure  de  modifier  ses 
demandes,  lui  offre  tout  ce  qu'elle 
pourra  désirer  ,  à  l'exception  de  ce 
qu'elle  souhaite  ;  l'inflexible  belle- 
mère  persiste  ,  et  Daçaratha  ,  lié  par 
son  serment,  est  forcé  de  condamner 
son  fils  a  l'exil.  Quelque  temps  après 
il  meurt,  en  proie  à  une  sombre  i»é- 
laucolie,  et  désespérant  de  revoir  Ra- 
ma :  kO  Rama!  ô  mon  fils!  »  telles 
furent  ses  dernières  paroles (  J^oy. 
Daçaratha).  Pendant  ce  temps, 
Rama  banni  s'enfonce  dans  l'immense 
forêt  de  Dandaka,  suivi  de  son  frère 
Lakchmana  ,  qui  n'a  pas  voulu  l'a- 
bandonner :  la,  renouvelant  les  prodi- 
ges de  son  adolescence,  il  extermine 
les  Géants  qui  infestent  les  bois  et  les 


RAM  387 

déserts,  asiles  des  saints  pénitents,  et 
partage  sa  vie  entre  la  bienfaisance 
et  la  prière.  Au  bout  des  douze  ans 
assignés  par  le  caprice  de  Kéi-Keii  k 
son  exil.  Rama  reparaît  dans  Aïo- 
dliia,  refuse  le  trône,  le  cède  à  sou 
frère  Bharata  et  continue  a  poursui- 
vre les  Daitias  qu'il  chasse  jusqu'au 
Djanaslhaua  dans  le  Déklian.  Smou- 
rianaka,  sœur  de  Ravana,  s'enflamme 
pour  lui.  Rama  ne  partage  pas  cette 
ardeur.  Irritée,  Smourianaka  excite 
son  frère  à  enlever  Sita.  Le  tjjrai; 
accomplit  bien  vite  les  souhaits  de  s» 
sœur.  Sita  ,  enlevée  languit,  captive 
dans  Lanka  par-delà  les  mers  5  sou- 
dain Rama  se  met  en  marche  pour 
reconquérir  son  épouse  enlevée j  et, 
s'eufoncanl  de  plus  en  plus  dans  la 
péninsule  ,  arrive  au  bord  du  fleuve  • 
Pampa  qui  baigne  l'empire  de  Sou- 
griva,  et  veut  cueilHr  dans  le  magni- 
fique jardin  de  ce  prince  des  singes 
que  Iqi  es  fruits  pour  secourir  son  frè- 
re qui  tombe  épuisé  de  lassitude. 
Hauoumanou,  gardien  du  jardin,  s'y 
op[)osej  mais  bientôt  éclairé  sur  les 
vrais  intérêts  de  son  maître,  il  en- 
tonne l'hymne  à  Viclinou  et  promet 
à  Rama  que  la  puissante  coalition  des 
singes  va  marcher  a  sa  suite  sur  Lan- 
ka, pourvu  que  d'abord  il  apaise 
la  querelle  des  deux  frères  Vali  et 
So'igriva,  qui  l'un  et  l'autre  préten- 
dent régner  sans  partage  sur  le  peu- 
ple singe.  Yali  expire  de  la  main  de 
Vichnouj  cl  Angada,  son  fils,  se  sou- 
met a  Rama.  Sougrlva_,  mis  en  pos- 
session de  la  totalité  du  royaume  de 
Kiî^kindliia  ,  ne  demande  plus  qu'a 
suivre  Rama.  Déjà  Brahmà,  au  rai- 
lieu  des  Dévas  assemblés,  avait  or- 
donné aux  habitants  des  Souargas 
d'ailer  s'unir  aux  Apsaras,  aux  Gau- 
dharvas,  aux  Iakchas  ,  aux  filles  des 
hydres,  des  ours,  des  Vidiadharas, 
des  Kinnaras,  et  d'engendrer,  pour 

a5. 


388 


RAM 


RAM 


seconder  Vichnou ,  des  êtres  a  corps 
de  singes,  à  formes  d'ours  ,  invulné- 
rables, astucieux  ,  adroits  dans  l'art 
de  manier  les  armes.  «Voyez,  dit- 
il  ,  ma   bouche    s'ouvre  comme    un 
gouflre ,  et  déjà  en  sort  l'ours  puis- 
sant Djambouvan,  dont  un  gronde- 
ment sourd  annonce  la  venue.  »  Les 
dieux  obéirent,  parcoururent  lesbois, 
les  plaines,  les  flancs  des  montagnes, 
choisissant  chacun  les  nymphes  dont 
la  forme  s'harmoniait  le  mieux  avec 
la  leur,  cl  chacun  rendant  son  aman- 
te mère  d'nn  guerrier  bizarre,  ours 
ou  singe  par  la  forme ,  lion  ou  tigre 
par    le  courage   et  l'ogililé.   Rama 
s'épanouit  à  la  vue  de  cette  forte  ar- 
mée composée  de  deux  innombrables 
phalanges,  les  ours  qui  ont  a  leur  télé 
Djambouvan,  et  les  singes  commandés 
par  Sougriva.  On  traverse  le  Dékhan, 
on  arrive  au  bord  de  la  mer  j  mais 
la  un   obstacle  invincible  en  appa- 
rence arrête  les  braves  auli  -  rava- 
nistes.  Comment  franchir  ces  flols  re- 
doulcibles  ,    séparant  Lanka    de   la 
pointe  de  Ja  grande  péninsule  ?  Non 
moins  fertile  en   expédients  que  ter- 
rible sur  le  champ  de  bataille ,  Ha- 
noumanou    enlace    et    accroche    sa 
queue  au   rivage  continental  oîi    se 
tiennenlles  singes;  puis,  s'élancanl sur 
le  bord  opposé,  se  cramponne  de  ses 
quatre  mainsau  roc  de  Lanka.  L'ar- 
mée entière  défile  le  long  de  ce  pont 
improvisé.   D'ordinaire  ,  les  singes  , 
par  l'avis  d'Hanoumanou,  précipitent 
péle-nule  dans  le  vaste  bras  de  mer 
d'énormes  blocs  depierre  et  coiaslrui- 
sent  ainsi  d'un  rivage  à  l'autre  uu 
pont  de  rochers  sur  lequel  ours  et 
singes  passent  sans  dangers.    Cette 
roule  improvisée  se  nomme   encore 
aujourd'hui  Ramicéram.  On  a  donc 
atteint  Lanka,  il  ne  s'agit  plus  que  de 
la  conquérir.  Vingt  batailles  sont  li- 
vrées successivement}  le  sang  coule. 


Vibichana,  frère  du  géant,  se  tourne 
contre  lui;  Rama  lui-même,  par  d'a- 
droites   flatteries  ,  décide  la  grande 
Bhavani   a   déserter   sa   cause ,    car 
c'est  elle  qui,  la  dernière,  milite  en 
faveur  du  tyran  ;  et  quand  Siva   con- 
sentant h  sa    ruine  se  met  en  roule 
avec  le  reste  des  dieux  pour  assis- 
ter a  ses  derniers  soupirs ,  elle  fait 
pleuvoir  sur   lui  J'invective.  Le  cou- 
ple divin  se  querelle.  Rama  se  porte 
comme  médiateur  entre  les  conlen- 
danls.    «  Divine  Dourga  ,   sois  nous 
propice!   Toi   seule,   tu  vaux  toute 
une  armée.  Si  tu  restes  opposée  a  nos 
vœux,    si  la  rixe  continue,    il  sera 
impossible  de  détruire  Ravana.  »  La 
déesse  ,  qu'enchante  ce  complinienl 
inattendu,  sourit  et  laisse,  avec  son 
sourire,  tomber  le  signe  de  tête  qui 
comble  les  vœux   des  dieux  ,  et  qui 
est  l'arrêt  de  mort  de  Ravana.  11  ex- 
pire en  effet,  au  milieu  des  géants  ses 
amis,  que  les  singes  écrasent,  que  les 
ours   déchirent.   Hanoumanou    alors 
se  jette  aux  pieds  de  Rama,  le  pro- 
clame vainqueur    et  dieu ,    l'adopte 
pour  fils.  Sita  ,  délivrée,  se  soumet 
à  l'épreuve  du  feu  pour  démontrer  à 
son  époux  inquiet,  que  l'air  empoi- 
sonné qu'on  respire  dans  le  Zénana 
du  tyran  n'a  point  terni  la  fleur  de 
sa  pureté  conjugale.  Le  frère  de  Ra- 
vana monte  sur  le   trône,   dont   le 
crime  précipita  son  frère.  Rama,  qui 
n'a  plus  rien  h  faire  sur  la  terre,  puis- 
qu'il a  précipité  dans  l'abîme  l'Açou- 
ra  impie  que  nul   dieu   ne   pouvait 
vaincre,  ne  veut  pas  pourtant  qulller 
ïe  globe  sans  avoir  donné  au  monde 
l'cchautiilon  d'un  règne  juste;  il  quit- 
te Lanka,  de'sormais  dévouée  au  culte 
de  Vichnou,  détruit  en  partie  le  pont 
de  rochers  d'Hanoumanou,  bâtit  sur 
la  rive  opposée  un    temple  à  Siva  , 
qu'il  a  fiappé  dans  la  personne  d'un 
de  ses  adorateurs,  mais  qui!  ne  veut 


RA.M 

pas  rayer  de  la  liste  des  dieux  j  dé- 
core ces  leraples  radieux  de  la  cou  •' 
ronne  d'Aïodhia,  et  fait  siéger  sur  le 
li-ôue,  a  sa  droite,  Sila,  toujours  fi- 
dèle, toujours  sans  tache  et  sansre- 
procliej  police  les  peuples  par  Tagri- 
cullurej  public  des  lois,  modèles  des 
codes  h  venir  ;  initie  l'ignorante  liu- 
uianilé  a  la  religion  ,  a  la  société  ci- 
vile, auxarlsj  puis,  laissant  l'empire 
k  son  fils  Koucba,  remonte  dans  le 
Vaikounta,  sa  céleste  demeure,  d'où 
il  veille  avec  la  belle  Sila  au  biea- 
èlre    des   mortels.   Jamais  pourtant 
les  beaux  jours  de  son  règne  ne  re- 
fleuriront sur  la  terre.  Avec  la  vie 
terrestre  de  Rama  se  termine  le  Tré- 
taïouga,  qui  correspond  h  l'âge  d'ar- 
gent des  Grecs  :  la  linilième  incar- 
nation de  \icbnou  illuminera  les  bru- 
mes malignes  du  Douaparaïouga;  et 
quand    Krichna    aura   disparu    lui- 
même  se  répandront  au  loin  les  té- 
nèbres épaisses  de   l'âge  Kali ,    de 
l'âge    noir.    —  Paulin  ,    Systema 
hrahnianicum ,    retrouve  Baccbus 
dans  Rainaj  il  a  tort  :  Rama  serait 
plutôt  le  modèle  d'Hercule,  qui,  au 
reste,  n'a  pas  été  servilement  calqué 
sur  lui.  Il  y  a  aussi  du  Thésée,   du 
Persée  dans  ces  aventures.  La  prio- 
rité accordée  a  lihara la  rappelle  Eu- 
ryslhée  qui,  né  le  premier,  commande 
dès-lors  au  fils  d'Alcmène.  Les  douze 
années  d'exil  se  reflètent   soit  dans 
les  douze  travaux  ,  soit  surtout  dans 
les  douze  années  auxquelles  corres- 
pondent ces  douze  travaux.  Le  ser- 
pent que  Ravaua  détache  contre  lui 
ramène  aux  deux    serpents  envoyés 
par  Junon  au  berceau  du  jeune  fils 
d'Alcmène,  Les  obstacles  opposés  a 
la  conception  de  Kaoucalia   se  sont 
traduits  en  obstacles  a  la  délivrance 
d'Alcmène.  Les  Dailias ,  qu'il  ter- 
rasse ,  rappellent  les  monstres  vaincus 
par  Hercule.  Les  ours,  habitants  ve- 


HAM  309 

lus  des  monts  hérissés  de  forêts,  ont 
leurs  analogues  dans  les  sangliers  d'E- 
rymanlhe.  L'Assomption  de  Rama 
dans  le  Vaikounta,  c'est  la  divinisation 
d'Hercule  admis  dans  l'Olympe.  Sita 
l'accompagne ,  comme  Hébé  accom- 
pagne Hercule.  Les  singes  ont  leurs 
analogues  dans  les  Cercopes  ,  et 
plus  encore,  a  notre  avis  ,  dans  Cé- 
phée,  le  beau-père  et  l'ami  de  Per- 
sée. Il  serait  facile  de  pousser  plus 
loin  ces  rapprochements.  —  On  peut 
voir  Rama  et  Sila,  pi.  17  et  18  du 
Systema  hvahmanicum.  Nous  re- 
produisons la  dernière.  On  retrouve 
Rama  seul  sur  celle  foule  de  sculp- 
tures et  de  peintures  qui  dans  les 
temples  hindous  représentent  la  guer- 
re de  Lanka.  On  donne  le  nom  de 
Ramicéram  à  une  petite  île  qui.  dans 
la  basse  marée,  tient  a  celle  de  Ma- 
naar  par  une  suite  d'îlots  et  de  ro- 
chers. Ramicéram  veut  dire  pont  de 
Rama  (  selon  quelques  roylhogra- 
phes.  union  de  Rama  et  d'Içonara  ou 
iSiva  ).  Les  arabes  appellent  ce  lieu 
pont  d'Adam,  et  assurent  qu'Adam  y 
fut  exilé  après  son  expulsion  du  pa- 
radis terrestre. 

RAMBHA  ,  déesse  du  plaisir  aux 
Indes ,  est  la  reine  de  ces  600  mil- 
lions d'Apsaras,  baïadèrcs  aériennes 
qui  embellissent  de  leurs  attraits,  de 
leurs  jeux  et  de  leurs  danses  la  cour 
d'Indi  a.  Ainsi  que  Lakchmi ,  dont 
elle  est  l'incarnation,  c'est  une  Ana- 
dyonièue.  Les  dieux  la  virent  naître 
des  flots  de  la  mer  de  lait  agllée  par 
eux.  A  ce  litre  el  comme  offrant  à 
tous  le  plaisir,  on  l'a  comparée  a  la 
Pandàmos  des  Grecs. 

RAMECHNÉ  ou  RAMECHISÉ- 
KHAROM  estundessSIzcdsparsij 
il  préside  aux  révolutions  célestes,  au 
temps  ,  aux  plaisirs  durables.  Le 
vingt- unième  jour  du  mois  lui  est 
cojisacré  ,  cl  se  nomme  Rarabien» 


Sgo  RAM 

Il  est  le  Hamkar  de  Séfendomad  et 
de  Havan  ;  sa  bienfaisance  est  sans 
limites.  On  lui  donne  le  titre  d'oi- 
sean  protecteur  du  monde. 

RAMSINIT  (ou  KnAMPSlNlTHE), 

autrement  RamsÈs  ou  Remfis.  était 
en  Egypte  le  roi  aux  intarissables  et 
incalculables  trésors.  Les  Midas  ,  les 
Gygès,  les  Hjriée  palissent  auprès  de 
lui.  Du  reste,  il  a  de  frappantes  res- 
semblances avec  le  dernier  de  ces 
princes.  Après  avoir  amoncelé  4oo 
mille  talents  (2  h  3  milliards),  il  veut 
faire  bâtir  un  mystérieux  e'diHce  pour 
y  déposer  ses  trésors.  L'architecte 
choisi  pour  cette  construction  se  sur- 
passa lui-même  j  mais,  sans  en  pré- 
venir le  roi,  il  posa  dans  !a  muraille 
une  pierre  qui  tournait  sur  elle-mê- 
me, et  ouvrait  ainsi  l'entrée  des 
salles  opulentes.  L'architecte  mou- 
rut ,  mais  en  expirant  il  révéla  son 
secret  h  ses  deux  fils.  Ceux-ci  rendi- 
rent au  trésor  des  visites  si  fréquen- 
tes qu'enfin  le  roi  s'en  aperçut  :  il 
plaça  des  pièges  aux  caisses  dont  le 
contenu  attirait  la  convoitise  des  in- 
connus. Bientôt  un  des  frères  y  fut 
pris,"  l'autre,  pour  empêcher  qu'ilne 
tévélkt  le  nomd'un complice, lui  abat- 
tit la  tête  5  puis,  de  peur  qu'on  ne  la 
reconnût,  l'emporta.  Ramsinit  décou- 
vrit bientôt  le  cadavre;  mais  à  qui 
avait  appartenu  ce  corps  livide  et  mé- 
connaissable? Une  croix  reçoit  ces 
tristes  dépouilles;  des  gardes  cachés 
aux  environs  guettent  les  passants,  in- 
terrogent les  visages,  se  tiennent  prêts 
h.  enregistrer  un  soupir.  Leur  faction 
n'est  pas  longue  :  la  veuve  de  l'archi- 
tecte a  dit  au  fils  qui  lui  reste  que  si 
le  cadavre  demeure  plus  long-temps 
sur  l'ignoble  potence,  elle  découvrira 
tout  au  vindicatif  souverain.  Le  jeune 
homme  remplit  des  outres  d'un  vin 
délicieux  ,  en  charge  des  ânes  ,  les 
guide  mal  lorsqu'il  passe  près  des 


RAM 

sentinelles;  quelques  outres  crèvetit, 
il  se  désole:  les  soldats  recueillent  le 
vin  qui  coule  h  grands  flots,  et  veil- 
lent h  ce  qu'il  ne  se  perde  pas;  il 
s'emporte,  leur  reproche  leur  ivro- 
gnerie ,  répète  qu'il  est  ruiné  :  1  i- 
vresse  les  gagne  ,  et  bientôt  le  som- 
meil. Il  détache  le  cadavre  ,  l'em- 
porte, l'enterre.  Au  réveil  ,  grande 
est  la  surprise  des  gardes,  qui  n'ont 
plus  rien  a  garder;  mais  le  Pharaon 
ne  se  lient  pas  pour  battu.  Docile  a 
ses  ordres,  sa  fille  court  l'Egypte,  ac- 
cordant a  qui  les  demande,  oifrant  à 
qui  n'y  songe  pas  ,  ses  brûlantes  ca- 
resses; mais  faisant  conter  à  ses 
amants  d'un  jour  leurs  ruses  ,  leurs 
finesses,  leurs  stratagème?,  «moins 
subtils, dit-elle,  que  ceux  des  femmes,  m 
Le  vrai  coupable  enfin  arrive  dans  ses 
bras,  et  comme  tout  autre  il  raconte 
ses  faits  et  gestes  à  la  fille  du  roi.  Il 
n'oublie  pas  l'historiette  de  son  frère 
décapité,  l'historiette  du  roi  volé  dans 
son  or  et  dans  ses  cadavres.  Malheu- 
reusement il  fait  nuit  ,  la  princesse 
n'a  pas  vu  le  visage  du  partenaire  in- 1™ 
vite  la  veille  au  tendre  rendez -vousMB 
Tout  ce  qu'elle  peut  faire  ,  c'est  de 
saisir  la  main  qu'on  lui  offre  et  d'ap- 
peler les  gardes  :  ils  viennent  armés 
de  flambeaux.  Le  bras  que  tient  la 
princesse  n'est  point  lié  a  un  tronc, 
c'est  la  main  du  cadavre  volé ,-  pour  la 
troisième  fois  l'adroit  escroc  échappe 
aux  filets  du  roi.  A  la  vue  de  la  main 
que  sa  fille  a  serrée  avec  transport,  et 
maintenant  repousse  avec  horreur  , 
Ramsinit  change  de  pensée  ,  admire 
l'adresse  du  coupable  qu'il  voulut  pu- 
nir, etfait  publier  dans  toute  la  ville 
qu'il  j)ardonne,  et  que  son  maître  en 
astuce  peut  prétendre  a  une  riche  ré- 
compense. En  effet,  le  jeune  homme, 
abjurant  le  mystère  qui  couvrait  son 
nom,  reçut  des  domaines,  de  l'or,  et 
même  la  fille  du  roi  en  mariage.  -^ 


I 


RA.P 

Probablement  Tédifice  commandépar 
Ramsinil  a  son  architecte  était  sou- 
terrain. Selon  les  Grecs ,  Ramsiuit 
était  descendu  aux  enfers  de  son  vi- 
vant, avait  joué  aux  dés  avec  Cérès  , 
et  enfin  ,  après  des  cbances  diverses, 
s'était  trouvé  en  gain.  Cérès  alors 
lui  fit  présent  d'une  serviette  d'or.  • 
Comp.  Trophonius. 

RANA,  dans  la  mythologie  Scan- 
dinave, est  femme  du  dieu -géant  de 
l'Océan,  Eger  ou  limer,  etpasse  elle- 
même  pour  déesse  de  la  mer. 

RAOUOSI,  en  égyptien,  et  en  grec 
Raoxjosis,  'tÛovoo-iç,  que  l'on  trouve 
aussi  écrit  Rauosis  et  Rausis,  figure 
danslelatcrculed'Eratoslhènecomrae 
le  treizième  roi  d'Egypte.  Probable- 
ment dans  la  langue  indigène  ce  mot 
signifiait  rci  des  rois  ,  ou  quelque 
chose  d'approchant,  puisque  le  cata- 
logue grec  le  rend  par  Archicratôr 
{''Ap'/jx.pâ.Ttup)',  et  effectivement,  la 
syllabe  initiale /îcï...  semble  analo- 
gue du  Ras  qui,  dans  les  langues  sé- 
mitiques, veut  dire  tète,  chef.  Du 
reste  comp.  Dkcans. 

RAPITAN  est  un  des  cinq  Gahs 
que  la  mythologie  parsi  regarde  com- 
me présidant  aux  parties  du  jour. 
Ces  Gahs  sont  tous  du  sexe  fémi- 
nin. Rapilan  préside  a  la  seconde 
partie  du  jour  ,  c'esl-a-dire  a  celle 
qui  va  de  midi  a  trois  heures.  Le  jour 
proprement  dit  étant  plus  court  en 
hiver  qu'en  été,  les  cinq  Gahs  alors 
se  réduisent  a  quatre.  Havan,Ocireii 
embrassent  a  eux  seuls  la  période  qui 
s'écovde  du  lever  au  coucher  du  so- 
leil. En  revanche,  Rapltan  ,  dispa- 
raissant" en  hiver  de  la  liste  des  Gahs, 
figure  sur  celle  des  Izeds  :  là  il 
prend  le  litre  de  protecteur  du  midi; 
onlui  adresse  un  Afergan  et  un  Afrin. 
Dans  le  Boundéhech  on  voit  Rapitan 
s'abîmer  sous  terre  pendant  l'hiver, 
et  là  ranimer  la  chaleur  éteinte  ,  et 


RAT 


391 


faire  circuler  dans  les  veines  de  la 
nature  le  feu  et  la  vie. 

RASDI  ,  le  Janus  de  la  Hongrie 
avant  qu'elle  fût  convertie^  au  chris- 
tianisme. Les  uns  en  font  un  dieu, 
les  autres  une  déesse  ou  une  simple 
femme.  Prise  par  un  roi  chrétien  , 
elle  se  mangea  les  pieds  Ç/L mourut. 
Est-ce  pour  échapper  a  la  brutalité 
d'un  vainqueur  que  l'héroïne  se  ré- 
solut a  cette  fin  douloureuse?  était- 
ce  une  vierge  ?  —  On  donne  Rasd  i 
pour  fils  de  Vata.  Vala  est-il  un 
prince  ,  un  peuple  introducteur  du 
cuite  de  Rasdi  ?  ou  bien  n'est-ce 
qu'une  création  en  l'air  comme  tant 
de  personnages  mythologiques  } 

RASIL,  un  des  Malaingha  raadé- 
casses. 

RATI,  femme  de  Kama,  se  trou- 
vait avec  son  époux  et  avec  le  dieu  du 
printemps,  Yaçanta,  au  pied  de  l'ar- 
bre Roudrakcha,  quand  la  flèche  de 
canne  a  sucre  blessa  Siva.  Frappée 
de  mort,  disent  queb|ues  mythes, 
en  même  temps  que  son  époux , 
elle  ressuscita  sous  une  autre  forme. 
On  la  représente  sous  la  figure  d'une 
femme  gracieuse  et  jeune  a  genoux 
sur  un  cheval.  Elle  n'a  ni  temples  ni 
autels ,  mais  plusieurs  statues  et 
bas-reliefs  offrent  sou  image.  Rare- 
ment elle  est  séparée  de  son  époux  : 
tous  deux  appartiennent  au  vicli- 
nouisme  pur. 

RATOC-LAOUT-KIDOLL  (cesl- 
h-dirc- princesse  de  la  mer  du  Sud), 
divinité  adorée  par  les  indigènes  de 
lîalavia,  et  spécialementparles  clias- 
seurs  de  nids  d'hirondelles  (i).  Son 


(i)  On  voit  assez  qu'il  s'agit  ici  des  Saraii^ 
6o»ro.ig^  tics  Indiens,  l'ii/i- Oui  Ues  Chinois  ou  nids 
de  riiirondellc  de  mer  connue  SoUs  le  nom  d'/i/- 
ruiulo  csculeiUa.  Composes  d'une  matière  gélati- 
neuse que  l'oisenu  à  ce  qu'il  paraît  élaborodfins 
sou  estomac,  ils  figurent  avec  «'clal  sur  la  table 
des  riches  aux  Indes  et  en  Chine.  On  les  vend 
a  Canton  i48  fr.  la  livre  chinoise.  On  leur  suj>- 
pose  en  Orient  une  Tertu  aphrodisiaqne  à  laquelle 


39»  RA.V 

image  se  trouve  ordinairement  dans 
les  cavernes  des  rochers  auxquels  sont 
8a^pendus  les  délicieux  sarangbou- 
rong.  Les  chasseurs  s'y  réunissent 
tous  les  vendredis  et  y  bri'ileut  de 
l'encens,  après  quoi  ils  touchent  Pi- 
dole  avec  leur  corps  ou  avec  leurs  ha- 
bits. Ils  croient  ainsi  se  mettre  à  l'a- 
bri de  tout  accident  durant  la  réculte 
des  nids}  ce  qui  n'empêche  pas  qu'un 
grand  nombre  d'entre  eux  trouvent 
la  mort  par  suite  des  chutes  qu'ils 
font  en  glissant  sur  la  terre  humide. 

RAVA,  c'est-a-dire  le  Vieux,  était 
le  dieu  suprême  des  Finnois.  On  ne 
lui  donne  pas  de  père  ^  mais  il  a  deux 
fils,  Ilmaréuen,  le  dieu  de  l'air,  et 
Vainamoinen,  le  dieu  du  feu.  De  lui 
aussi  semblent  émaner  louraaia  et 
Perkel  ,  le  bon  et  le  mauvais  prin- 
cipe. Rava  rappelle  le  Radien  dos 
Lapons  et  TOragalls,  porteur  de  la 
foudre  ,  qui  a  été  surnommé  Aieke, 
le  Vieux. 

RAVANA  et  KOUMBHAKAR- 
NA,  célèbres  géants  de  la  mythologie 
hindoue  ,  ne  sont  que  la  seconde  in- 
carnation des  deux  coucierges  Djaïa 
et  Vidjaïa  [f^oy.  ce  dernier  nom), 
qui  avaient  repoussé  brutalement  les 
Sanakadikas ,  empressés  de  rendre 
hommage  a  Vichnou.  Ravana,  le  plus 
fameux  des  deux  frères,  avait  lo  tè- 
tes; Kôumbhakarna  est  un  Erysich- 
ihon  dont  rien  ne  peut  assouvir  l'in- 
doratable  faim.  L'un  et  l'autre  bril- 
lepl  dans  Lanka  (Ceilan) ,  d'où,  ir- 
résistibles conquérants  ,  ils  étendent 
leur  empire  sur  l'univers  :  ils  donnent 
même  Tassaut  aux  Souargas  (cieux)  ; 
mais  Indra  résiste,  et  repousse  ces 
orgueilleux  ennemis.  Ravana  ,  hon- 
teux ,  se  soumet  aux  pénitences  les 


les  Européens  ne  croient  nullement.  Les  nids 
sont  suspendus  à  des  rochers  contre  lesquels  se 
brisent  le»  values.  On  les  recueille  trois  foi» 
par  an. 


RAV 


plus  rigides,  et  consacre  loo  ans  de 
sa  longue  existence  àrendre  hommage 
k  Siva,  la  grande  divinité  de  Lanka  j 
illuisacriHe  ses  dix  têtes  etdix  mains. 
Siva  non-seulement  les  lui  rend ,  mais 
lui  octroie  le  privilège  de  n'être  tué 
que  quand  il  aura  eu  un  million  de  tê- 
tes abattues.  «  Il  m'a  même  accordé 
de  n'être  jamais  soumis  au  chef  des  7 
mondes,  ni  k  Indra  ,  ni  k  qui  que  ce 
soit  des  dieux.  »Aiusi  s'exprime  Ra- 
vana devant  le  sage  Naréda,  messa- 
ger des  dieux  envoyé  danslecamp  en- 
nemi pour  espionner  el  apprendre  des 
nouvelles.  «  Siva,  dit-il,  n'en  fait  pas 
d'autres  :  toujours  au  milieu  des  fu- 
mées de  l'ivresse,  il  multiplie  des  pro- 
messes qu'il  n'a  ni  l'intention  ni  le 
pouvoir  de  tenir.  »  Ravana,  ferme 
dans  la  foi,  rejette  ces  insinuations 
captieuses  et  n'en  rend  que  plus  ar- 
demment hommage  k  Siva ,  qui  enfin 
lui  apparaît  sous  sa  forme  primitive, 
le  Linga,  et  prend  dès-lors  le  nom 
de  Veidenalh-Icouara,  Toutefois  cet 
inébranlable  adorateur  de  Siva  mène 
quelquefois  le  dieu  son  maître  assez 
rudement.  Un  jour  qu'il  a  besoin  de 
l'éveiller,  après  l'avoir  secoué  de  tou- 
tes ses  forces,  il  l'enlève  de  Ceilan, 
avec  le  mont  Kailaça,  son  Olympe,  et 
le  Iransporte  sur  les  hauteurs  de  l'Hi- 
malaïa.  Aux  yeux  de  quelques  légen- 
daires, au  contraire,  il  le  transfère  de 
rilimalaïa  dans  Ceilan.  Quoi  qu'il 
en  soit  ,  la  mythologie  composite  en 
vient  k  dire  que  Siva  ,  lassé  enfin  de 
la  tyrannie  de  son  adorateur,  quille 
pour  jamais  Lanka  et  transporte  lui- 
même  son  Kailaça  dans  le  nord  de 
l'Inde  ,  c'est-k-dire  vers  l'Himalaïa. 
Ainsi  voilà  déjà  Vichnou  irrité  contre 
Ravara,  et  Siva  peu  disposé  k  opérer 
de  nouveaux  miracles  en  sa  faveur. 
Kôumbhakarna  n'est  guère  mieux 
avec  les  dieux  :  a  peine  né  il  a  dévoré 
5 00  Apsaras  (danseuses  célestes  ), 


I 


RAV 

sans  compter  les  femmes  de  looMou- 
nis  el  nombre  de  vaches  etdeBrah- 
mes,  tous  objels  également  sacrés. 
Les  dieux  tremblent  ,  et  Brahmàle 
menace  de  l'anéanllr  s'il  n'impose  des 
bornes  a  cette  effrayante  boulimie. 
Koumbhakarna,  sur  cet  avis ,  se  met 
à  jeûner,  etpralique  10,000  ans  de 
suite  d'incroyables  austérités.  Alors 
les  dieux  craignent  que  par  ses  péni- 
tences il  n'obiicnne  l'immortalité  :  un 
stratagème  les  débarrasse  de  celte 
crainte,  Saracouati  entre  dans  le  corps 
du  géant  etlui  persuade  de  demander 
comme  récompense  à  Brabmâ  le  don 
de  dormir  nuit  et  jour.  Koumbha- 
karna prononce  le  mol  fatal  5  Brih- 
raà  est  près  de  lui  accorder  ce  qu'il 
souhaite  :  beureusemeut  les  amis  du 
géant  veillent,  et  obtiennent  de  Brah-* 
ma  qu'il  ne  profite  point  entièrement 
de  l'imprudence  du  frère  de  Ravana. 
Koumbhakarna  ne  dormira  que  six 
mois  moins  un  jour  ,  «  t  pendant  la 
moitié  de  ce  jour  il  luttera  victorieu- 
sement contre  Brahmà  ,  Yichnou  et 
Siva;  pendant  l'autre  ,  il  dévorera 
tout  ce  qu'il  pourra  saisir.  Effective- 
ment, il  engloutit  en  un  repas  6,000 
vaches,  i  0,000  brebis,  10,000  chè- 
vres, 5oo  buffles,  5,000  cerfs  ,  et  il 
but  4,000  tonneaux  de  liqueur  f^r- 
raenlée;  puis  il  entra  dans  une  vio- 
lente fureur  contre  Ravana,  son  frère, 
qui  le  laissait  mourir  de  faira!!  Au 
reste,  cet  appétit  de  fer  e'tait  eu  har- 
monie avec  la  taille  du  géant ,  qui 
avait  un  palais  de  20,000  lieues  de 
longueur ,  et  dont  le  lit  occupait 
toute  la  largeur  de  l'édifice,  ]\ul  dieu 
ne  pouvait  vaincre  Ravana.  Fatigué 
enfin  de  l'insolence  de  ce  sivaïtc  re- 
doute, \'iclinou  résolut  de  s'incar- 
ner et  de  triompher  de  lui  sous  la 
forme  d'un  homme.  Pour  sa  mère  il 
désigne  Kaoucalia ,  la  plus  belle  des 
épouses  du  roi  d'Aïodhia ,  Daçara- 


RAV  393 

iha.  Ratana  l'apprend,  enlève  la  rei- 
ne et  veut  la  noyer;  Yichnou  l'arra- 
che de  ses  mains.  Rama  est  né ,  que 
faire?  Du  front  brûlant  de  Ravana 
s'élance  un  serpent  hideux  :  ses  bleuâ- 
tres anneaux  s'enlacent  autour  du 
frêle  corps  de  Rama  au  berceau  ,  sa 
gueule  béante  laisse  voir  les  crochets 
qui  vont  porter  la  mort  dans  le  sein  de 
Rama:  Brahmà  envole  son  aigle  Ga- 
roudha  qui  tue  l'affreux  reptile.  Bien- 
tôt l'armée  du  farouche  Ravana,  par 
ses  machinations  sacrilèges  ,  trouble 
les  sacrifices  du  sage  Yicouaraitra  , 
qui,  dans  l'espérance  devoir  mordre 
la  poussière  a  cette  nuée  d'esprits  im- 
purs, extorque  Rama  au  roi  d'Aïo- 
dhia et  l'emmène  en  pèlerinage.  Ra- 
vana tressaille;  il  croit  que,  trop  fai- 
ble, le  pupille  de  Yiçouamitra  périra 
sous  les  coups  de  ses  agents.  0  dou- 
leur! Maricha,  sonarai,  son  complice, 
son  généralissime  ,  revient  à  Lanka 
seul,  seul  avec  sa  honte  et  son  déses- 
poir. A  partir  de  cet  instant,  l'oppo- 
sition de  Rama  et  de  Ravana  se  des- 
sine de  plus  en  plus;  elle  se  formule 
surtout  par  les  prétentions  du  tyran  k 
la  main  et  au  cœur  de  Sita.  D'abord 
il  se  met  sur  les  rangs  des  jeunes 
princes  qui  prétendent  a  sa  main  ; 
plus  tard  (et,  suivant  une  mythologie 
un  peu  tardive,  a  l'instigation  de  sa 
sœur),  il  enlève  l'épouse  de  son  rival. 
Entre  ces  deux  événements  se  place 
l'exil  de  Rama;  le  second  décide  la 
guerre  de  Lanka.  On  peut  voir  a  l'ar- 
ticle Rama  les  détails  principaux  de 
cette  lutte  fabuleuse.  Ici  disons  quels 
obstacles  s'opposaient  a  la  conquête 
de  Tîle,  empire  de  Ravana.  C'était  : 
i°la  supériorité  des  géants  sur  de 
simples  hommes  (la  création  des  ours 
et  des  singes  aplanit  cette  difficulté); 
i°  le  bras  de  mer  profond,  terrible, 
qui  sépare  Lanka  du  continent  (ici  se 
place  le  pontd'Hanoumanou)j  5°  l'as- 


394  RAV 

sislance  de  Koumbliakarna  (il  dori, 
grâce  à  Bralimà  et  a  la  trop  persua- 
sive Saraçouali);  4"''i'xistciicc  de  son 
magniiique  palais  (llanoumanon  jmet 
leieuavcc  sa  queue  chargée  de  ma- 
tières combusliitles);  Sole  inilliun  de 
coups  mortels  qu'il  faut  porter  a  sa 
tète  (mais  avec  le  temps  riufaligab!e 
claire  le  décapitera  un  mil'ion  de 
fuis)  j  6"  la  partialité  de  Siva  eu  sa 
fa?eur  (Siva  déjà  le  voyait  d'un  œil 
sérèrc,  et  Rama  le  désintéresse  eu  lui 
promettant  sur  la  rive  de  la  pénin- 
sule un  temple  rival  de  ceux  de  Lan- 
ka); 7"  l'opiniâtreté  de  Bhavani  qui, 
lors  même  qu'il  est  condamné  par  les 
dieux  et  que  Siva  rinfaiHihle  a  dit 
a  Daus  sept  jours  il  mourra!  »,  s^ef- 
force  encore  de  proroger  sa  vie  (un 
coup  d'encensoir  de  llama  la  fait  pas- 
ser à  l'ennemi).  La  désertion  du  trans- 
fuge Vibichana  {f  oy.  Uama)  n'est 
3ue  la  reproduction  de  celle  du  dieu 
e  Lanka.  Ravana,  vaincu  cl  tué 
par  le  fds  de  Kauucalia,  fut  précipité 
dans  les  noires  profondeurs  du  INara- 
ka  (l'enfer).  —  Dans  le  Ramaïana  , 
Ravana  est  Bis  du  sage  Ouisrava  ,  et 
a  pour  aïeul  Paoulastia ,  pour  frère 
aîué  Kouvéra,  qui  règne  d'abord  sur 
Lanka  ,  et  qu'ensuite  il  dépossède. 
Kouvéra  s'enfuit,  Ravana  le  pour- 
suit ;  et  quand  il  le  voit  sur  le  Kai- 
laca,  tout  près  de  Siva,  il  soulève  de 
la  paume  de  ses  mains  la  colossale 
montagne  d'argent.  Siva  ,  irrité  , 
presse  de  sou  orteil  la  cime  du  mont, 
y  creuse  un  gouffre  qui  bientôt  en- 
toure le  cou  de  Ravaua  comme  un 
collier.  Enlacé  dans  cet  inamovible 
carcan  de  rochers,  Ravana  passe  20 
raille  ans  dans  une  immobilité  pro- 
fonde; puis,  d'après  les  avis  de  Paou- 
laslia,  son  aïeul  ,  adore  Siva  et  fait 
pénitence.  Siva  le  place  au  nombre  de 
ses  favoris  ,  et  lui  accorde  les  dons 
indiqués  plus  haut.  Oa  peut  voir  un 


RED 

Ravana  aux  dix  lèlcs  et  aux  vingt 
mains,  pi.  17,  6  du  Syslema  brali- 
inanicuni.  Comp.  aussi  les  peintures 
hindoues  de  la  guerre  de  Lanka. 

RAZECAII,  dieu  arabe  adoré  par 
la  tribu  des  Adiles  comme  lui  fournis- 
sant tous  les  aliments  nécessaires  h 
la  vie. 

RÉA  SILVU  (ou  RhéaSylvia), 
que  quelquefois  on  nomme  Ilie  ,  est 
dans  la  tradition  vulgaire  la  mère  des 
deux  jumeaux  Ronuilus  el  Rémus. 
Fille  de  INumilor  ,  elle  est  ,  lors  du 
déirôneraent  de  ce  prince  par  Amu- 
lius  [f^oy.  ce  nom),  confinée  dans  le 
temple  de  Vcsla  par  son  oncle;  mais 
la  e4le  violt  son  vœu  de  virginité,  puis 
met  au  monde  deux  fils.  Araulius, 
conformément  a  la  loi,  la  lit  enterrer 
tive.  Ainsi  était  effacée  de  la  tci  re  la 
postérité  de  son  frère.  Laiise,  lils  de 
3Numitor,  avait  péri  par  l'épée  ;  Réa, 
vouée  en  vain  a  la  stérilité  ,  mourait 
sous  lerre  :  il  ne  restait  à  étouffer 
que  les  deux  jumeaux.  Amulius  effec- 
tivement donna  l'ordre  de  les  noyer 
dans  le  Tibre  ;  mais  le  fleuve  fut 
moins  cruel  que  lui,  et  déposâtes 
enfants  sur  le  rivage.  Suivant  la  lé- 
gende ordinaire  ,  c'est  Mars  qui  s'é- 
tait glissé  dans  la  couche  de  Réa; 
selon  Dcnys  d'Halicarnasse  ,  c'était 
Amulius  lui-même. — Tiéa  Silvia  est 
une  incarnation  de  la  grande  déesse 
génératrice  déterminée  déjà  eu  déesse 
forestière.  Réa  Silvia  ne  veut  dire 
que  reine  des  forêts.  Voy.  INiebuhr, 
Hisl.  rom. 

REDARATOR,  undes  douzedieux 
agricoles  dts  Romains ,  présidait  ;i  la 
seconde  façon  donnée  aux  terres. 

REDlCULUS(plus  lard  on  eût  dit 
RiDicut-Us),  dieu  allégorique  romain 
imaginé  dans  R.ome  quand  Annibal , 
que  rien  ne  pouvait  empêcher,  dit-on, 
de  prendre  la  vdie,  opéra  sarelraite. 
On  bâtit  sur  le  lien  une  chapelle  eu 


REM 

l'honneur  de  Rediculus.  — On  déri- 
vait parfois  ce  nom  de  redire. 

RELIGION,  Religio,  déilé  allé- 
gorique de  la  Rome  des  empereurs, 
était  figurée  par  une  femme  helle, 
majestueuse,  et  du  doigt  indiquant  un 
aulel  sur  loque!  brillent  des  cliarlions 
embrasés.  Pour  parèdre  on  lui  don- 
nait un  éléphant  ,  vu  que  l'éléphant, 
audire  des  anciens,  salc.e  des:i  trompe 
et  adore  le  soleil  levant.  Quelquefois 
ce  n'est  qu'un  enfant  ou  un  simple 
génie.  Les  modernes  l'ont  symboli- 
sée a  leur  tour  de  raille  manières. 

REMBOMARE ,  quelquefois  peut> 
être  Remphomare  (car  il  est  évident 

3 ne  ce  nom  composé  contient  i"  celui 
c  Saturne,  en  égyptien  Remfa  ou 
Rembaj  2"  celui  de  Mare  ou  Mares, 
don  du  soleil),  troisième  Décan  du 
Taureau  suivant  Saumaise  (Firmicus 
l'appelle  Atarph  5  et  peut-être  Origc- 
ne,  Ramanor).  Il  est  représenté  dans 
le  zodiaque  rectangulaire  de  Tcutyra 
sous  les  traits  d'un  hiéiacocéj^hule 
coiffe  du  pchent.  Pour  sa  localisa- 
tion en  qualité  de  roi  terrestre  dans 
la  liste  laterculaire  d'Eratoslhène , 
yoy.  Décans. 

REMFA  ou  REMPHA  (Repha» 
selon  Saumaise,  Ann.  climat. ,  p. 
596),  un  des  Treize-Douze,  se  nom- 
me ordinairement  PÉtué  ou  Sovk 
{^f^oy.  ce  dernier  nom).  C'est  la 
planèi';  Saturne.  Ou  trouve  quelque- 
fois écrit  Remphan.  Rephan  nous 
fait  penser  h  Phan-Ré  (Phauès  roi 
ou  Phaiiès- soleil),  Phan  n'est -il 
pas  un  des  noms  de  l'Être  suprême 
en  tant  que  se  révélant  {Voy.  Pha- 
ses), quoique  nous  nous  soyons  dé- 
clarés contre  le  rapport  de  Phanès 
et  de  *a«MM«j?  et  d'autre  partie 
nom  de  Phénon,  <bxiiaii  ^  donné  h 
l'astre  par  les  Grecs  égyptianisants 
n'indique-t-i!  pas  avec  non  moins  de 
force  soit  Phan,  soit  Plianoun?  — 


REM  Sg5 

On  a  voulu  retrouver  dans  Remfa 
donné  pour  dieu  syriaque,  1°  Her- 
cule, 2°  Vénus,  3°  Riramon  qui  cer- 
tes est  tout  aussi  inconnu  que  Remfa, 
s'il  ne  Pest  pas  davantage  [Voy. 
Rimmon).  Hammond  ,  trouvant  dans 
les  listes  des  Pharaons  de  Diodore  le 
nom  de  Rerapliis,  en  a  conclu  que 
.Remfa  n'était  qu'un  roi  divinisé. 

RÉMULE,  Remulus  :  1"  chef 
rutule,  beau-frère  de  Turnus  dont  il 
avait  épousé  la  plus  Jeune  sœur,  fut  tué 
par  Ascagne(  il  se  nommait  aussi  ]\u- 
manus);  2°  chef  tiburlin  dont  les  ar- 
mes prises  par  les  Rutulcs  furent  re- 
conquises un  instant  par  Euryalé,  et 
firent  partie  du  butin  que  ce  jeune 
homme  ne  put  reporter  au  camp; 
3°  roi  d'Alhe  impie,  foudroyé  par 
Jupiter.  On  le  distinguo  des  précé- 
dents par  l'épilliète  de  Sylvius  [f^oy. 
ce  nom). 

RÉMUS ,  frère  de  Romulus  ,  est 
un  de  ces  êtres  mythologiques  qui  au 
besoin  démontreraient  K  eux  seuls  la 
pauvreté  de  toute  l'histoire  a  laquelle 
ils  sont  mêlés.  Fils  de  Mars,  Romu- 
lus et  Rémus  sont  des  Dioscures; 
aventuriers,  héros,  amis  pendant  un 
temps ,  ils  eu  offrent  déjà  tous  les 
caractères:  la  mort  de  l'un  ,  la  lon- 
gue existence  de  l'autre,  rappellent 
Castor  et  Pollux.  Dans  presque  tous 
les  cadres  cabiroïdiques  dont  émanent 
Trilopalors  et  Dioscures,  Cadmde 
meurt.  Du  reste,  si  le  fond  est  une 
Dioscuriade,  la  forme  toute  rustique, 
toute  pélasgique,  est  empruntée  aux 
idées  de  la  religion  de  Pan.  La  louve 
plus  encore  que  le  pivert,  l'inondation 
du  Tibre  qui  a  souvent  la  campagne 
boisée  pour  domaine,  les  ulvacés  an 
milieu  desquels  s'arrête  le  flottant 
berceau  qui  porte  les  enfants  de 
Réa,  Fauslulus,  l'agreste  cortège 
à  l'aide  duquel  Remnlus  et  Rémus 
exercent  au  loia  leurs  déprédations^ 


39« 


REN 


l'asile  ouvert  dans  une  forél ,  ces  dé- 
tails respirent  tous  l'air  vif  et  sauvage 
des  monts  de  TArcadie. C'est  la  vie  clii 
nomade  qui  passe  ses  jours  au  milieu 
des  chèvres  et  des  loups ,  et  qui  em- 
prunte toutes  ses  mclaphores,  toutes 
ses  images  aux  deux  classes  d'ani- 
maux et  aux  bois,  aux  prairies,  aux 
fragiles  clialels.  Lycaon  déjà  offrait 
un  caractère  analoi;ue.  Mais  Faune, 
Picus,  Evaudre,  Eue'e,  Sylvius  [f^. 
Sylvius)  ,  nous  le  présentent  encore 
plus  nettemenl,  et  surtout  pendant  un 
laps  de  temps  plus  long.  Sur  le  mont 
Avenlin  était  un  bourg  de  Rémurie, 
opposé,  selon  Niebulir,  a  Home  qui 
était  sur  le  mont  Palatin.  Rémurie 
fut  absorbée  par  Rome,  et  les  mythes 
traduisirent  celte  espèce  de  défaite 
par  la  mort  de  Réiiius  succombant 
sous  les  coups  de  sou  frère.  Romulus 
institua  en  Thonneur  du  mort  les  Ré- 
muries,  que  l'on  rapprocha  souvent , 
à  cause  de  la  paroiiomasie,  des  Lë- 
muries  [f^oy.  Lémures). 

RENOMMÉE,  Fama,  <î>»'ftv,  di- 
vinité allégorique,  avait  un  temple 
dans  Athènes  et  un  autre  a  Rome. 
Virgile  l'appelle  la  plus  jeune  fille  de 
la  Terre,  et  la  fait  messagère  de  Ju- 
piter. Ou  admire  la  description  toute 
symbolique  qu'il  a  donnée  de  l'exté- 
rieur de  celle  déesse.  Ovule  l'a  imitée. 
Voy.  Enéide^  IV,  et  MélamorpJi. , 
XII,  39.  Corn  p.  Heyne  sur  liv.  IV 
de  VEncidi'. 

RENOUKA  est,  dans  le  Ramaïana 
et  les  Pourauas,  la  fille  d'un  roi 
tchaudravansa  d'Aïodhia,  épouse  le 
sage  brahmane  Djamadagni,  une  des 
incarnations  de  Siva,  et  donne  nais- 
sance à  Paraçou-Rama.  De  bizarres 
circouslances  précèdent  Tapparitioa 
de  ce  fils  du  miracle.  Plus  tard  Para- 
çou-P».ama,hl'iusligalion  de  son  père, 
baigna  ses  mains  dans  le  san»  de  sa 
mère  qui  bientôt  ressuscita,  mais  pour 


RET 

apprendre  que  les  Kchalriias  vt  naieut 
de  tuer  son  époux,  et  pour  se  hnile^ 
désespérée  sur  son  cadavre.  ParacoiM 
h  cet  aspect  jura  de  veng-r  ce  douldafl 
malheur,  et  tint  parole.  Partout  il  fil 
couler  le  sang  des  guerriers,  leur  ôtd 
la  souveraineté  pour  la  rendre  au^ 
brahmanes,  et  finalement  ressuscita 
Djamadagni  et  Renouka. — Renoiika 
esl  Icouari,  la  grande  déesse,  litre 
auquel  ont  droit  Rhavani  et  Uhadra- 
kali.  Elle  est  aussi  Moulaprakrili .  la 
nature,  première-nëe  immédiateuîenl 
el  directement  issue  du  dieu  suprême. 
Son  fils,  en  faisant  sauter  sa  lêle, 
rappelle  le  Baal  chaldéen ,  qui  d'un 
coup  de  sabre  coupe  en  deux  Omorka 
sa  mère,  pour  la  rendre  ensuite  h  la 
vie,  mais  comme  organisme  et  collec- 
tion d'individualités.  Une  fois  Re- 
nouka identifiée  a  Bhavani,  Djama- 
dagni devint  un  Siva  en  personne. 
—  Plusieurs  mythologues  ont  cru  a 
l'existence  réelle  de  Djamadagni ,  de 
Reuouka,  de  Paracou-Rama  et  de 
Rama. 

RÊOLO,  RÊOUI,  RÊUO  dans 
Saumaise,  Eregbuo  on  Euediu  dans 
Firmicus  ,  premier  Décan  du  Sa- 
gittaire ,  se  reconnaîl  dans  les  deux 
zodiaques  tenlyriles  k  sa  position  (il 
suit  le  Décan  apocépbale  Siémê)  et  k 
l'absence  de  toute  coiffure.  Lalégen- 
de  hiéroglyphique  du  zodiaque  rect- 
angulaire semble  ofirir  quelcjues  élé- 
ments de  son  nom.  Rapproché  de  la 
liste  des  Décans  d'Eraloslhène_,  il  se 
confond  ,  selon  les  diverses  hypothè- 
ses, avec  Slèque,  Sensaofi,  Théncll, 
Scmfoukrat. 

RÉÏHÉNOR,  'p-r!6'Uf,  un  des 
compagnons  de  Diomède,  fut,  ainsi 
que  tous  les  autres,  métamorphosa  en 
oiseau  par  Vénus  qu'ils  avaient  affecté 
de  mépriser. 

REVERENTIA,le  Respect ,  dées- 
se allégorique  chez  les  Romains,  était 


RHA 

fille  de  l'Honneur  et  de  la  Majeslé. 
RH  AGIOS  ,    'TÂKics ,    Gré  lois  , 
époux  de  Manto  et  père  de  Mopse  le 
devin. 

RHAD AMANTE,  Rhadamas  (g. 
Rbadamanlis),  'Pa^eî^^y^yj  (g.  -êvos)f 
juge  des  enfers  et  dieu  suprême  du 
sombre   empire ,  selon  les  insulaires 
de  la  raer  Egée,  fut  placé   par  les 
légendes  dans  l'île  de  Crète,  et  rat- 
taché a  la  dynastie  royale   de  l'île. 
Fils  de  Jupiter   et  d'Europe  ,  il  se 
trouva    par-là  frère  de  iVJinos  que , 
comme  lui,  on  fit  prince  du  inonde 
souterrain  et  juge  des  âmes 5  car  sur 
terre  il  avait    gouverné  un    empire 
battu  des  flots,  et  formulé  la  inorale 
par  un  code  sévère.  Enfin  le  temps 
vint  oij  l'évbémérisme,  prenant  les  ro- 
mans au  sérieux,  s'occupait  a  les  con- 
cilier avec  l'histoire  ,  la  chronologie 
et  la  vraisemblance.     Comment  ce 
prince   de  Crète  se   trouve-t-il  dans 
les    îles   de    l'Egée?    On  répondit  : 
1°  Il    existe  deux    Minos.    Rhada- 
raanlhe    est  frère ,  non  pas  de  Mi- 
nos F',  mais   de  Minos    II   (frère 
du  conquérant,  non  du  législateur). 
2°  Rhadamaiile  est  donc  fils,  non  de 
Jupiter  et  d'Europe ,  mais  de  Lycas- 
te  et  dTda.  3"  Ligué  avec  son  autre 
frère  Sarpédon ,  il  dispute  à  Minos 
le  trône  ou  plutôt  une  partie  de  la 
Crète  5  il  est  vaincu  et  s'exile.  Sar- 
pédon gagne  le  continent  asiatique  5 
Rliadamante  choisit  pour  refuge  les 
Cyclades:  il  y  fonde  des  établisse- 
ments, y  donne  des  lois,  civilise  d'i- 
gnorantes peuplades;  passe  à  Thè- 
bes,  épouse  Alcmène,  veuve  d'Am- 
phitryon, meurt,  est  nommé  en  mé- 
moire de  sa  justice  juge  des  enfers. 
4."  Selon  quelques  mythologues  Rha- 
daraante  se  réconcilie  avec  son  frère 
qu'il  nomme  vice-roi  des  îles  conqui- 
ses. —  Quantité  de  variantes  secon- 
ilaircs  se  trouvaient  éparses  çaetlîi 


RHA  397 

dans  les  vieilles  traditions  :  très-peu 
nous  ont  été  conservées.  Dans  l'une 
pourtant  on  voit  Rhadamante  visiter 
Phéacie  (Gorfou),  et  aller  de  là  dans 
l'île  d'Eubée  en  un  jour.  Chez  d'au- 
tres, il  a  un  fils,  Erylhre,  et  lui  laisse 
ses  étals;  ce  qui  n'empêche  pas  qu'il 
donne  Chio  à  OEnopion,  Paros  à  Al- 
cée,  Délos  à  Ancone,  Andros  à  An- 
drée ,   Cyrnos  à  Eugine ,  Lemnos  à 
Thoas,  Péparèthe  à  Pamphile  ,  Ma- 
rionée  à  Evombée.  Pausanias  lui  don- 
ne pour  père    Vulcain  et  pour    (ils 
Gorlys.  Dans  Ibycus  il  aime    Taie, 
jeune    Sardiniote    dont    Apollodore 
remplace  le  nom  par  celui  d'Atyinne 
(et  non  Alymne).  On  attribue  à  Rha- 
damante la  loi  du  talion  ,  l'usage  de 
faire  prêter  serment  à  l'accusé  lors- 
que les  témoins  manquaient ,  la  dé- 
fense imposée  à  tous  d'invoquer   les 
dieux  en  prêtant  serment.  Euripide 
avait  composé  sur  Rhadamante  une 
tragédie  perdue    aujourd'hui. —  La 
mythologie  composite  desGrecs  admit 
trois  juges  des  enfers,  Minos,  Éaque 
cl  Rhadamante,    et  même  répartit 
entre  eux  les  occupations  à  son  gré  : 
Minos  jugeait  les  Africains,  Éaque 
les  Européens,  Rhadamante  les  Asia- 
tiques.  De   plus,    Minos    présidait. 
Cet  agencement  n'a  rien  d'antique. 
La  triade  a  tout  au  plus  ceci  de  re- 
marquable,   qu'elle   semble   refléter 
les  Furies,  lesGorgones, les  Parques, 
les  trois  Gronides.  Trois  îles,  Chio, 
l'Eubée,  la  Crèle,  fournlssenl  cha- 
cune un  juge  au  tribunal.  Du  reste, 
Idoméuée,  Achille,  bien  d'autres  en- 
core, figurent  dans  les  traditions  par- 
ticulières parmi  les  juges  des  enfers. 
Comparez  Sabpedo??. 

RHAMîNUSIE,RuAMNusiA,'p««" 
ïovrta  :  Némésis.  Ce  surnom  célèbre, 
et  plus  fréquemment  employé  peul- 
elreque  le  nom  lui-même,  se  liait  au 
culte  que  Tou  rendait  à  Némésis  dans 


398 


RHE 


Rbamnonle ,  où  elle  avait  un  temple 
magnifique  et  une  statue  colossale 
(diï  coudées),  chef-d'œuvre  d'Ago- 
racrile  de  Paro.s(ou  de  Diodore  ou  de 
Phidias).  Le  bloc  unique  dont  l'ar- 
tiste fit  jaillir  l'cnneroie  des  pré- 
somplneux  fut  apporté  de  Paros  en 
Atlique  par  le  général  perse  Dalis, 
qui  voulait  en  faire  un  monument  de 
la  victoire  des  Mèdes  sur  la  Grèce. 
On  assure  qu'Aj^oracrile  en  avait  d'a- 
bord fait  une  \  énus.  Les  bas-reliefs 
du  piédestal  de  la  statue  offraient 
Léda  (  nourrice  d'Hélène?  )  ,  les 
Tyndarides,  Agamemnon,  Méuélas, 
Pyrrhus,  etc.  V^oy.  Pline  le  na- 
luralisle,  XXXVL 

RHAMPSINITE.  V.  Ramsinit. 

RHAROS,  'Pûptç,  fils  de  Cranaiis 
(un  des  rois  de  l'Allique),  fut  père  de 
Céléc.  C'était  sans  doute  un  simple 
particulier  vivant  des  fruits  d'un 
champ  modeste.  Ce  champ,  appelé 
dé  son  nom  Hharion,  devint  plus 
tard  un  enclos  sacré  :  les  gâteaux 
offerts  dans  les  fêles  de  Cérès  étaient 
tous  faits  de  l'orçre  ou  du  blé  du 
Rharion.  Cérès  elle-même  fut  desi- 
gnée par  le  surnom  de  Rharia. 

RHEA(ou  RuEÎA,  RnÎA),  'Tua. y 
la  grande  déesse  de  la  Crèle,  fut  la 
mère  des  deux  tiiades  iieiléuiques 
Jupiler-Pluton-Keplune,  Junon-Yes- 
la-Cérès ,  que  récapitulent,  d'une 
part  Jupiter  (Zévs),  de  l'autre  Junon 
(  Héra).  Lorsque  l'on  connut  dans  les 
îles  situées  entre  l'Europe  et  l'Afri- 
que le  dieu  qui  porte  la  lame  tran- 
chante, on  fil  Rhéason  épouse.  Aussi 
la  mythologie  composite  doune-l-clle 
Rhéa  pour  femme  de  Crone  ou  Sa- 
turne, et  raconte-t-elle  les  ruses  aux- 
quelles elle  eut  recours  pour  sous- 
traire ses  enfants  a  l'appélil  du  grand 
omnivore  son  époux.  Suivant  les  uns, 
elle  les  lui  laisse  dévorer ,  mais  en- 
suite les  lui  fait  rendre  à  l'aide  d'un 


RHE 

vomitif  fourni  par  Métis  j  selon  les 
autres,  elle  n'a  lieu  de  craindre  que 
pour  ses  fils,  Pluton,  Neptune,  Jupi- 
ter, et  en  conséquence,  a  mesure 
qu'ils  naissent ,  elle  les  cache  dans 
une  grotte  et  leur  substitue  des 
blocs  de  pierre  emmaillotés  que  Sa- 
turne engloutit  sans  s'apercevoir  de 
la  méprise.  L'hypothèse  qui  donne 
les  fils  de  Saturne  comme  réelle- 
ment dévorés  par  leur  père  semble 
par  l'accent  des  narrateurs  se  rap- 
procher de  la  seconde.  Ces  enfants 
qu'avale  la  bouche  du  dieu,  leur  père, 
n'existent  point  en  chair  et  eu  os. 
Etres  rudimentaircs,  ce  sont  des 
pierres  tant  qu'ils  restent  dans  l'ab- 
domen paternel  5  c'est  après  en  être 
sortis  qu'ils  vivent.  Ainsi  partout  l'in- 
organisme  qui  précède  l'organisme 
se  formule  par  des  pierres.  Avant 
Cybèlc,  Agd-Agdislis;  avant  les  hom- 
mes postdiluviens,  les  pierres  que 
touchent  Ocucalion  et  Pyrrhaj  avant 
Ménèce  et  Prome'lhée,  Atlas. — Pour- 
vue d'un  époux,  Rhéa  ne  put  rester 
essence  première,  il  fallut  lui  trouver 
des  antécédents ,  en  d'autres  termes 
un  père  ou  une  mère  :  ce  fut  Oura- 
nosj  puis,  par  un  dédoublement  fa- 
milier aux  écoles  antiques,  Ouranos 
et  Gé  (le  Cifl  et  la  Terre),  qui  sont 
eux-mêmes  précédés  quelquefois  par 
le  c'i.'i.os.  A  présent  se  déroule  a  nous 
la  théogonie  que  de  bonne  heure  ad- 
mire|jl  les  Grecs.  1°  Ouranos  et  Gé  , 
ji°  Saturne  et  Rhée  ,  3°  Jupiter  di- 
visible en  trois  frères,  Junon  divisible 
en  trois  sœurs.  Toutefois  celte  théo- 
gonie serait  incomplète  si,  parallèle- 
ment h  Saturne  et  immédiatement  au 
dessous  d'Oiiranos ,  on  ne  plaçait  Ti- 
tan et  ses  fils  (/^oj".  Titans).  On  re- 
trouvera dans  cette  grande  famille 
Rhéa  (sous  le  nom  de  Rheia)  au  mi- 
lieu de  nombre  de  frères  et  de  sœurs. 
—  Rhéa,  pendant  un  temps  déesse 


RHE 

suprême  en  Crète,  ne  pouvait  man- 
quer de  se  confondre  avec  des 
déesses  étrangères  j  aussi  a-t-elle  été 
prise  pour  Cybèle,  la  grande  généra- 
trice des  Phrygiens,  pour Opis( d'où 
Ops),  Artémis  des  Taures,  pour  Ves- 
ta,  pour  Junon.  Enefiet,  suivant  les 
uns ,  de  Jupiter  et  de  Rhéa  naquit 
Zagréej  suivant  les  autres,  de  Jupi- 
ter et  de  Rhéa  naquit  Proserpine  qui 
sur-le-champ,  unie  a  son  père  ,  de- 
vint la  mère  d'Iacchos. — lacchos  et 
Zagrée  ne  font  qu'un,  etsonlBacchns. 
De  là  l'erreur  qui  fit  de  Saturne  l'é- 
poux de  Cybèle  5  de  là  l'identification 
de  Cybèle  et  de  Vesta ,  et  par  suile 
la  distinction  de  deux  Veslaj  de  là 
cette  prétendue  synonymie  de  Cybèle, 
Ops,  Rhéa,  Diîidymène. — Dans  des 
mythes  égypliaco-helléniques  plutôt 
qu'égyptiaques,  Rhéa  épouse  du  soleil 
cède  aux  sollicitations  de  Saturne  qui 
la  rend  enceinte.  Son  époux  lui  dé- 
clare qu'elle  n'accouchera  dans  aucun 
mois  de  l'année.  Heureusement  Mer- 
cure lui  fournit  un  expédient.  Il  joue 
aux  dés  avec  la  lune  :  l'enjeu  de  cet  as- 
tre, c'est  la  soixante-di^uzième  partie 
de  chaque  jour  de  l'année (par  consé- 
quent 360/72).  Mercure  gagne  et  de 
son  gain  il  forme  cinq  jours  complets, 
qu'il  ajoute  aux  douze  mois  de  l'année 
primitive.  Rhéa  be  délivre  des  fruits 
de  la  grossesse  pendant  ces  cinq  jours 
complémentaires  signalés  chacun  par 
une  naissance  :  Isls,  Osiris,  Haroéri, 
Nefté,  Typhon,  voilà  les  noms  des 
cinq  enfants.  —  A  noire  avis  Rhéa, 
vieux  mot  à  racine  orientale,  veut  dire 
reine.  L'Italie  le  reproduit  dans  sa 
Réa  Silvia  (que  nous  écrivons  sans 
H,  parce  qu'elle  est  latine).  Souvent 
on  dit  Rhée  ,  et  l'on  semble  alors  en 
faire  la  compagne  d'exil  de  Saturne 
et  la  reine  du  Latiura.  En  général  on 
prend  Rhéa  pour  la  terre.  On  a  rai- 
sou  j  mais  c'est  plutôt  l'esseace  su- 


RHE 


3S9 


prême  femelle,  passive,  et  en  consé- 
quence inerte,  brute,  lapidiforrae, 
opposée  au  principe  mâle  actif,  orga- 
nique et  lumineux.  Corap.  LUI,  574. 
—  Ou  nomme  deux  autres  Rhea  , 
l'une  Détienne  ,  maîtresse  d'Apollon 
et  mère  d'Aniusj  l'autre  Ilaliotique, 
maîtresse  d'Hercule  et  mère  d'Aven- 
lin.  On  peut  y  joindre  Réa  Silvia. 

RHÉCIUS.  Foy.  Cercius. 

RHÉNÉ ,  'P>,'v»,  :  1°  iu;iîtresse  de 
Mercure 5  2"  maîlresse  d'Oïlée  et 
mère  de  Médon,  chef  grec  qui  alla 
au  siège  de  Troie. 

RHÉSOS,  'P^s-ey,  roi  de  Thrace, 
devait  le  jour  au  fleuve  Stryraon  et  à 
la  muse  Calliope  (d'autres  disent  à 
Terpsichore).  Incarnation  de  l'Arès 
desThraces,,  il  brille  en  mythologie 
par  ses  chevaux  belliqueux  et  rapides, 
émules  de  ceux  de  Diomède  ,  de  ceux 
du  dieu  de  la  guerre.  «Jamais,  di- 
sait l'oracle ,  si  les  chevaux  de  Rhé- 
sos  boivent  l'eau  du  Xanthc,  ou  man- 
gent l'herbe  des  prairies  du  Simoïs  , 
Troie  ne  tombera  sous  les  coups  des 
Grecs.  »  Priara  aux  abois  supplia 
Rhésos  de  venir  à  son  secours.  Enfin 
Rhésos  y  consentit,  et,  coniormément 
aux  sages  avis  du  vieux  roi,  arriva 
de  nuit,  afin  de  conduire  ses  chevaux 
dans  les  prairies  du  Simoïs  et  aux  ri- 
ves du  Xanthe.  Mais  Ulysse  avait  été 
averti  et ,  la  nuit  même,  se  mettant 
en  roule  avec  Diomède  ,  il  se  glissa 
sous  les  tentes  des  Thraces.  Rhésos 
dormait;  Diomède  le  traversa  de  son 
épée  ,  tandis  qu'Ulysse  détachait  les 
chevaux  pour  les  emmener.  Ainsi  fut 
anéantie  encore  une  des  fatalités  de 
Troie. — Euripide  a  laissé  une  tragé- 
die de  RhèsQs  que  nous  possédons 
encore. 

RHETE,  Rhetus,  prit  part  au 
combat  livré  aux  noces  de  Perse'ett 
d'Andromède  {Voy.  Rhoetus). 

RHEXÉNOR,  'vn%^va,f:  1°  frère 


/jOO 


RHO 


d'Alcinoiîs  (Apollon  le  liia)j  %'  père 
de  Clialciope,  femme  d'Egée. 

RHIN  (le)  a  élé  divinisé  par  les 
Gaulois  et,  à  leur  irailalion,  par  les 
Romains.  Celait  l'iusage  parmi  les 
riverains  de  ce  fleuve  de  conOer  à 
SCS  flots  l'enfant  qu'ils  bovipçounaietit 
être  adultérin.  L'épouse  coupable 
voyait  bientôt  son  fils  noyé 5  les  flots 
au  contraire  s'empressaient  de  le  ren- 
dre a  réponse  fidèle.  Des  médailles 
de  César  et  de  Drusus  montrent  le 
Rhin  sous  la  figure  d'un  vieillard  à 
longue  barbe  assis  au  pied  d'un  raas- 
sit  de  montagnes.  Tantôt  il  tient  a 
la  main  des  roseaux,  tantôt  il  penche 
une  corne  pleine  d'eau;  ou  il  s'ap- 
puie sur  un  navire,  frappant  symbole 
de  la  profondeur  de  ses  eaux  et  de  la 
largeur  de  son  lit. 

RHIISOCOLUSTE ,  *P»«««>ot;- 
ffTtiçj  mutilateur  des  nés.  Hercule 
en  mémoire  du  traitement  cruel  qu'il 
fit  subir  aux  députés  orchoméniens 
qu'Ergine  avait  envoyés  pour  deman- 
der aux  Thébains  le  tribut  annuel. 
Les  Thébains  affranchis  d'un  impôt 
onéreux  autant  que  honteux  élevèrent 
au  héros  une  statue  en  pleine  campa- 
gne. La  Syrie  hellénisée  eut  une  ville 
de  Rhinocolure  ou  Rhinocorure. 

RHODÉ  ou  RHODIE,  Rhodes 
personnifiée  ,  passait  tantôt  pour 
Océanide,  tantôt  pour  nymphe  :  Océa- 
nlde ,  elle  fut  aimée  d'Apollon ,  et 
donna  son  nom  a  Rhodes;  nymphe, 
elle  fut  mère  de  Phaétlion.  Il  faut 
réunir  les  deux  données,  et  dire  que, 
Nymphe  Océanide,  elle  fut  aimée  d'A- 
pollon qui  en  eut  Pbaélhon,  la  méta- 
morphosa en  une  île,  fille  de  l'Océan 
et  son  domicile  favori,  et  lia  son 
culte  a  l'idée  des  roses.  En  efi"et 
Rhodes  s'élève  au  sein  de  la  Méditer- 
ranée comme  un  frais  lotos  sur  les 
eaux  du  Gange  :  c'est  une  rose-île 
éclose  au  souffle    ou    sous  les  feux 


RHO 

d'Apollon.  Pindare  personnifie  plus 
hardiment  encore  Rhodes,  il  l'appelle 
Rhodos  et  non  Rhodé.  Quand  les  dieux 
se  partagèrent  le  monde,  dit-il.  Apol- 
lon absent  de  l'Olympe  fut  oublié  ;  à 
son  retour  il  réclama ,  et  apercevant 
au  fond  de  la  mer  Rhodes  submergée 
il  en  demanda  la  propriété  a  Jupiter. 
Soudain  le  flot  bouillonne,  l'île  sous- 
marine  monte  vers  la  surface  bleuâ- 
tre, Rhodes  existe.  Puis  tout  h  coup 
sur  celle  î!e  se  trouve  une  nymphe  de 
même  nom,  fille  de  Neptune  et  de 
Vénus.  Evidemment  et  la  nvmphe 
et  l'île  sont  un  même  être.  Une 
île  qui  surgit  h  la  surface  des  flots 
n'est-elle  pas  une  AnadyomèneV  et 
Vénus  aussi  s'appelle  Anadyomène. 
L'Anadyomène  île-nymphe  dont  il  est 
ici  question  eut  d'Apollon  sept  fils, 
Ochime,  Cercaphe  ,  Macare,  Actis, 
Ténage,  Triopas,  Caudale;  Cerca- 

Îhe  fut  père  de  trois  frères,  Camire, 
alyse,  Linde ,  qui  fondèrent  dans 
l'île  le  culte  de  Minerve,  et  en  furent 
récompensés  par  une  pluie  d'or.  — 
On  nomme  deux  autres  Rhodé  ou 
RnoDiE,  l'une  Dana'i'de ,  l'autre  fille 
du  devin  Mopsus  qui  s'établit  en  Ly- 
cic,  et  par  conséquent  a  peu  de  dis- 
tance de  Rhodes. 

RHODOPE,  'PodTcV^,  n'était  que 
la  haute  montagne  de  ce  nom  person- 
nifiée. On  la  donnait  tantôt  pour 
une  reine  métamorphosée  en  monta- 
gne ,  tantôt  pour  une  fille  du  fleuve 
Strymon  amante  de  Neptune  et  mère 
du  géant  Athos. — La  célèbre  courti- 
sane égyptienne  Rhodope,  qui  des 
dons  de  ses  amants  éleva  une  des  py- 
ramides d'Egypte,  appartient  aussi 
sans  doute  au  domaine  des  fables 
mais  il  est  difficile  de  voir  dans  cette 
fable  un  myllie. — Les  épilhèles  Rho- 
dopeius,  Rliodopeia  ont  élé  pro- 
diguées par  les  poètes  h  Orphée,  à 
Térée,  a  Progné,  elp,. 


I 


RHO 

RHŒCUS,  'roTxa?  :  i°  géant  j 
2°  Centaure;  5°  roi  des  Marruhes 
en  Ilalie.  Tous  trois  sont  des  person- 
nages ahrimanlques.  Le  géant  en  es- 
caladant le  ciel  avec  ses  frères  est  mis 
en  pièces  par  Baccliusméiainorphosé 
en  lion  (on  présume  que  c'est  le  Rak- 
tavidja  hindou  tué  par  Siva  ).  Le 
Centaure  fait  partie  des  insolents  an- 
tagonistes de  Piritlioiis  aux  noces 
d'Hippodaraie.  Époux  de  Caspérie, 
le  roi  desMarrubes  veuttuer  son  fils 
Anchémole  qui  a  outragé  sa  belle- 
mère,  et  qui  va  cberclier  a  la  cour  de 
ïurnus  un  asile  où  il  finit  par  être 
tué  par  Pallas. — Un  Ruoecus,  tout 
d'imagination  et  tout  moderne,  obtint 
les  faveurs  d'une  Hamadryade  à  qui 
il  avait  sauvé  la  vie  en  raffermissant 
la  t^rrc  autour  de  l'arbre  dont  l' exis- 
tence réglait  la  durée  de  la  sienne. 
Mais  une  condition  lui  fut  imposée: 
ce  fut  de  renoncer  désormais  a  toute 
autre  femme.  Une  abeille,  messa- 
gère de  l'Hamadryade,  le  prit  un 
jour  en  flagrant  délit ,  et  par  sa  pi- 
qûre le  mit  hors  d'état  de  commettre 
jamais  d'infidélité. — Un  autre  Rhoe- 
eus  est  mieuxnomméRhécius.Comp. 
Amphistrate. 

RHOEO,  'Po;^,  fille  deStaplijle 
et  de  Clirysolhéinis,  céda  aux  vœux 
d'Apollon,  devint  enceinte,  et  fut 
jetée  à  la  mer  par  Staphyle,  dans  un 
coffre,  y  mit  au  monde  un  fils,  et  en 
ariivant  à  Délos  ,  où  la  portèrent  les 
flots,  le  déposa  sur  l'autel  du  dieu 
son  amant.  Apollon  lui  enseigna 
la  divination,  et  en  fit  sou  grand-prè- 
tre.  Ce  fut  le  célèbre  Auius  de  Dé- 
los ,  beau-père  d'Enée  ,  selon  quel- 
ques mythologues,  et  père  desOEno- 
tropes. 

RHŒTUS  :  i»  partisan  de  Phi- 
née,  tué  par  Persée^  2°  Rulule  tué 
par  Euryalej  3°  roi  des  Marrubes, 
nommé  plus  haut  Rhoecus. 

tv. 


RIM 


/|0I 


RICHIS  (les)  sont,  dans  la  mytho- 
logie hindoue ,  des  êtres  surnaturels 
d'une  sainteté  parfaite.  Il  règne  sur 
eux  la  plus  grande  incertitude.  Sou- 
vent on  emploie  indifféremment  les 
expressionsde  Richis,  de  Mounis  et  de 
Pradjapatis.Achaque  instant  les  livres 
saints  réunissent  les  dieux  et  les  Ri- 
chis. En  général  leur  physionomie 
semi-humaine,  semi-céleste,  indique 
des  pénitents,  des  patriarches,  main- 
tenant absorbés  dans  la  Divinité. 
D'ordinaire  on  compte  sept  Richis: 
Kaciapa,  Atri,  Vacichtha,  Vicouami- 
tra,  Gotama,  Bharadouadja,  Djama- 
dagni.  On  nomme  en  outre  des  Ma- 
harchis,  des  Dévarchis ,  des  Radjar- 
chis,  Saptarchisj  ce  qui  revient  à  dire 
grands  Richis ,  divins  Richis ,  rois 
Richis ,  sept  Richis.  C'est  que  pro- 
bablement les  sept  Richis  ne  sont  que 
les  chefs  de  file  d'un  peuple  entier 
de  Richis,  et  c'est  a  eux  sans  doute 
qu'appartiennent  les  magnifiques  épi- 
thètes  de  grands,  de  rois  et  de  di- 
vins.— Les  Richis  sont,  chez  les 
Hindous,  un  élément  essentiel  de  la 
hiérarchie  divine.  Après  la  chute  de 
Triçaukou,  Viçouamilra  crée  dans  la 
région  du  sud  une  autre  Indra,  une 
autre  famille  de  Makchatras  sept  au- 
tres Richis.  —  On  place  les  Richis 
quatre  millions  quatre  cent  mille  lieues 
par-delà  la  planète  de  Saturne ,  et 
on  prétend  qu'ils  forment  à  eux  sept 
la  constellation  de  la  Grande-Ourse. 
Cette  astronomie  n'est  pas  profonde  j 
car  il  est  piouvé  que  la  plus  voisine 
des  étoiles  (  Sirius?)  est  au  moins 
à  quelques  millions  de  lieues  du 
système  solaire. 

RIMAK ,  dieu  des  Péruviens  de  la 
vallée  de  Rimak,  était  réputé  pro- 
phète infaillible.  On  le  consultait  au 
commencement  de  toutes  les  entre- 
prises 5  et  les  prêtres,  actifs  a  répon- 
dre ,  ne  restaient  en  rien  au-desîous 

3$ 


km  RiN     ^ 

des  Hiéroplianles ,  des  Hosioietdes 
Pythies  de  la  Grèce. 

RIMAIIOU,  luiilième  dieu  spécial 
que  créa  le  grand  dieu  de  la  Polyué- 
eie  (Taaroa).  C'est  le  dieu  de  la 
guerre  (  Will.  Ellis,  Polynesian 
Research.^  II,  19 3). 

RIMER  ou  RYMER ,  géant  scan- 
dinare,  fait  partie  des  phalanges  en- 
nemies des  Ases ,  et  doit  a  la  fin  du 
monde  être  le  pilote  du  grand  vais- 
seau ISaglefare. 

RIMFAXE  ou  HRIMFAXE  , 
c'esl-à-dire  crinière  de  glace ,  cheval 
de  Nott,  la  Nuit  Scandinave,  qui  le 
monte  lorsqu'elle  marche  devant  le 
Jour  (Dagour,  qui  est  son  fils).  Les 
gouttes  d'écume  qui  sortent  de  sa 
bouche  le  malin  ,  iursqu'il  mord  son 
frein,  forment  la  rosée  qui  hrille  sur 
chaque  brin  d'herbe  et  sur  chaque 
fleur. 

RIMMON,  dieu  des  habilanis  de 
Damas  en  Syrie  ,  ne  se  trouve  men- 
tionné qu'une  fois  d.ms  l'Ecriture  : 
c'est  quand  INaaman  avoue  au  pro- 
phète Eli.^ée  qu'il  a  souvent  prêté  au 
roi  son  maître  l'appui  de  son  bras 
pour  entrer  dans  le  temple  de  ce  dieu. 
Seldeu  dérive  ce  nom  du  syriaque 
Riniy  élevé,  et  en  conclut  que  c'est 
le  même  qu'Elion  ,  le  grand  dieu  des 
Phéniciens.  D'autres,  se  rappelant 
queA//nwOrt,en  hébreu,  signifie  gre- 
nade, y  soupçonnent  une  déesse  ana- 
logue à  \énus.  ]Ne  serait-ce  pas  tout 
simplement  un  analogue  d  Amoun- 
Ra  (Ammon-Ré)V 

RIJNTHOUSSAR  ou  HRIN- 
THOUSSAR,  race  de  géants  de  la 
mythologie  Scandinave ,  faisait  re- 
moaler  son  origine  à  limer.  Un  jour 
cet  être  bizarre  de  la  création  pri- 
mordiale s'élant  abandonne  a  un  som- 
meil profond ,  une  transpiration 
abondante  sortît  de  ses  pores,  et  son 
bras  gauche  donna  naissance   h  un 


ROB 

homme  et  'a  une  femme  desquels  pro-j 
vinrent  les  Hrinthoussar.   En  même 
temps  de  ses  deux  pieds  surgissait  unj 
géant  renomme  par  sa  sagesse,  et  qii 
lui-même  donna  naissance  à  une  l'a- 
mille   semblable.     Cette    généalogifti 
rappelle  de  loin  celle  qui  fait  nailrôj 
les  quatre  couples,  ancêtres  des  cas 
tes  de  l'Inde,  de  la  tête,  des  bras,  d« 
cuisses,  despieds  deBrahmà.  D'aulreJ 
part,  il  semble  y    avoir  opposilioflj 
cnire  le  géant  sage  et  les  Hriulhous- 
.sar    ordinaires  :    c'est    un    duidismi 
dans  la  religion  odinique.  Enfin  peut- 
être  est-ce  avec  intention  qu'on  fai( 
sortir  du  membre  le  plus    noble    U 
sous- race    orgueilleuse    et     impie] 
tandis  que  des  membres   inférieur! 
jaillit  la    race  pieuse  et  fidèle. 

RlSllS,  en  grec  Gélôs,  TiXitç^ 
parèdre  de  Venus,  des  Grâces  et  detl 
Amours ,    auprès    desquels   il    avaîlî 
souvent  sa  statue,  éta;t  surtout  ho- 
noré à  Sparte,  comme  le  plus  aima- 
ble des  dieux  ,    et  en  ïhessalie  paÉJ 
des  fêles   dont  la  gaîté  s'harmouiaitj 
avec  le  nom  du  dieu  autjuel  élaierrtl 
rendus  ces  hommages. 

ROJUGO,  RDlilGO  ou  Rucicrs,»! 
déesse  on  dieu  rustique  des  vieux  ItaJ 
liotes,  était  censé  présider  h  la  nielle,! 
vulgairement  rouille  {  rubif;o)  dei 
blés.  On  l'invoqnail  pour  délournei| 
ses  coups,  soil  des  céréales,  soit  dt 
la  vigne.  Des  modernes  ont  cru  de- 
voir y  trouver  une  intelligeisce  prO'l 
tectrice  des  grains  (  Raycux,   trad.1 
des  Fast.   d'Ov. ,  T.  IV,  p.  3  18 
iiii  ).  Il  est  plus  siniple  et  plus  con^ 
forme  au  génie  des  anciens  de  voit 
dans  celle  déilé,  h  sexe  variable,  une 
puissance  typhoniennc,  ipturellement 
ennemie  de  l'agriculture,  e!  que  Ton 
s'eiïorrait  de  rendre  propice  par  des 
vœt.x ,  des  processions  et  des  sacri- 
fices solennels.  Sa  fêle,  intitulée  par 
Kuma  ,  la  quatrième  année  de  son 


ROM 

règne,  Robigalies,  se  célcljraitle  ^5 
avril.  Elle  conslslait  (aux  environs 
de  Rome)  eu  une  longue  procession 
de  laïques  ,  conduits  par  le  flaraine 
quiiinal.  On  sortait  par  la  porte 
Calulaire,  et  l'on  se  dirigeait  sur  la 
voie  Noraentane  près  de  laquelle 
étaient  un  temple  et  un  bois  con- 
sacrés h  Robigo.  Là,  on  sacrifiait 
une  brebis  et  une  chienne  rousse 
(Feslus) ,  symbole  du  Chien  canicu- 
laire ,  des  hautes  chaleurs  de  la  ca- 
nicule et  probablement  aussi  de  la 
rouille  des  blés  {Ovid.,  Fast.,\.  IV). 
Il  est  évident  que,  dans  cette  hypo- 
thèse interprétative,  c'était  se  pren- 
dre un  peu  d'avance,  puisque  du  2  5 
avril  h  la  canicule  il  y  a  deux  niois. 
Aussi  Pline  (  I.XVIIF,  c.  29),  en 
adoplant  celle  explication  de  l'usage 
sacré,  dit-il  :  a  et  cm  prcvoccidcre 
caniculam  necesse  fit.  a  II  paraîl  qu'o- 
riginairement, au  lieu  de  la  chienne, 
c'était  une  truie  que  l'on  immolait. 
Parmi  les  formules  saintes  était,  dil- 
on,  une  phrase  anabigue  à  celle-ci  : 
«  S'il  faut  que  tu  détruises,  altère  et 
dévore  le  1er  des  lances,  des  épées  j 
respecte  nos  sucs  et  nos  grains,  u  Ce 
trait  a  élé  d:<'!ayé  par  Ovide  (  ouv. 
et  liv.  cités).  Les  Hliodiens  avaient 
un  temple  d'Apollon  Erytlilbe  {'Eftvûi- 
Çios).  — 11  n'est  pas  be.soin  d'ajouter 
que  les  Robigalies  font  partie  de  ce 
vaste  ensemble  des  fêtes  agricultu- 
rales  que  larebgiun  élrusco -romaine 
introduisit  dans  le  calendrier,  comme 
les  Semenlincs,  les  Floralia.  etc. 
ROCUR,  la  Force.   Foy.'Cnx- 

lOï.) 

RO!\ïA,  dans  unedeslégendes  qui 
lient  Torigine  de  Rome  a  Troie,  est 
une  Troyinne  ,  femme  do  Latinus  , 
mère  de  Romulus  et  de  Rémus,  fon- 
dateur de  Rome.  C'est  Enée  qui  l'a 
conduite  de  Troie  aux  bouches  du 
Tibre. 


ROM 


iSWS 


ROME,  RoMA,  fut  divinisée.  Ni- 
cée,  Mylase.Ephèse,  Alabande,  Pola 
lui  dédièrent  des  autels ,  des  tem- 
ples même.  On  la  tjouve  sur  nom- 
bre de  médailles  et  de  bas-reliefs, 
tanlôl  seule,  tantôt  avec  des  parè- 
dres  (Réa-Silvia,  la  Louve,  Romu- 
lus et  Rémus,  Faustulus,  etc.,  etc.). 
C'est  presque  une  Minerve  tourrelée 
parfois ,  ainsi  que  Cybèle.  Le  plus 
souvent  elle  a  le  casque  eu  tête ,  la 
pique  ou  bien  une  Victoire  a  la  main  , 
des  trophées  d'armes  h  ses  pieds. 
Une  magnifique  Déesse-Rome  (dans 
Sickler  et  Reinhart,  Alman.  ans 
Rom.,  frontisp.)  siège  sur  un  trône 
décoré  d'arabesques^  deux  ailes  d''ai- 
gle  surmontent  son  casque  romain  j 
par-dessus  lablancbe  tunique  a  man- 
ches courtes,  qui  tombe  jusque  sur 
ses  pieds,  et  la  prétexte  de  couleur 
d'or  est  jeté  un  paludamentum  de 
pourpre  ;  un  scepire  orne  sa  main 
gauche.  Indépendamment  de  la  vic- 
toire qui  est  posée  sur  sa  main  droi- 
te, d'une  main  portant  le  vcxillum , 
de  l'autre  tenant  le  globe  du  monde, 
deux  victoires  sur  ."-es  épaules  sem- 
blent fixer  le  paludamentum.  Sur  une 
médaille  de  Probus  (Perobrock,  III, 
75-jy)  est  une  Rome  dans  uu  hexa- 
style  (temple  soutenu  par  six  co- 
lonnes). Une  médaille  de  Lyon 
montre  Taulel  consacré  par  soixante 
nations  gauloises,  au  confluent  du 
Rhône  et  de  la  Saône,  à  Rome-Dccs- 
se  et  K  Auguste.  Dans  Pédrusi,  VI, 
12-6,  Rome  assise  sur  les  sept  col- 
lines s'appuie  sur  son  éj  éc.  Dans  un 
bas-reliel,  Musée  Pio-Clémcnlin,  5- 
29,  Rome  siège  Mir  uu  amas  d\irme«, 
coiffée  du  casque,  ceinte  d'un  bau- 
drier, appuyée  sur  un  bnurlier  qui 
porte  Romulus  et  Rémus,  .dlrfiîé*.  par 
la  Louve.  Vis-a-vis  d'elle,  et  tenant 
un  obélisque,  est  le  génie  du  Cliamp- 
de-Marsj  au-dessus  des  deux  figures 

aC. 


4o4 


ROM 


plane  le  génie  du  monde  et  de  Téter* 
nilé ,  transportant  sur  ses  grandes 
ailes  Antonin  et  Fausline.  —  Roma 
Victrix,  sur  une  médaille  de  Galba, 
est  une  amazone  debout,  le  pied  posé 
sur  un  globe 5  Roma  Félix,  sur  une 
médaille  de  Nerva,  est  une  femme 
armée  de  pied  en  cap,  et  tenant  de  la 
main  gauche  un  gouvernail  ,  de  la 
droite  une  branche  de  laurier  j  Roma 
iîlterna,  sur  les  médailles  de  Maxen- 
ce ,  présente  le  globe  couronné  de 
lauriers  à  l'empereur,  conservator 
X7BBIS  iETERN.'E.Rome,  SOUS  laBgure 
de  Livie,  se  trouve  sur  une  pierre 
gravée  du  cabinet  de  Vienne  (Choix 
de  pierres  gravées  du  cab.  imp.  de 
Vienne)  :  son  trône ,  qu'elle  partage 
avec  Auguste,  est  décoré  d'un  sphinx 
ailé.  Une  autre  pierre  gravée  mon- 
tre le  génie  de  Rome  sous  la  figure 
d'un  jeune  homme  assis  sur  une 
chaise  curule  devant  l'autel  de  Mars, 
et  tenant  dans  une  main  la  Victoire, 
dans  l'autre  la  corne  d'abondance. 

ROME,  'vifiiiy  c'est-à-dire  la 
force,  déesse  allégorique,  ne  nous  est 
connue  que  par  une  ode  en  vers  sa- 
phiques  de  Mélinno.  L'illustre  com- 
patriote de  Sapho  qualifie  sa  déesse 
de  fille  de  Mars ,  de  reiue  aux  pen- 
sées belliqueuses,  d'habitante  de  l'O- 
lympe :  une  mitre  d'or  couronne  sa 
tête;  la  Parque  lui  a  donné  la  gloi- 
re, l'empire.  Les  rênes  que  tient 
sa  main  maîtrisent  la  terre  ,  la  mer. 
Elle  dirige  le  gouvernail  des  états. 
Le  temps,  ce  grand  modificateur 
des  choses  humaines,  ne  change  pas 
le  vent  prospère  de  sa  grandeur. 
Ses  flancs  enfantent  des  milliers  de 
héros,  et  grâce  a  elle  on  peut  re- 
cueillir les  produits  des  guérets.  — 
Ces  magnifiques  expressions,  ces  ri- 
ches images  peuvent  également  s'ap- 
pliquer à  Rome  ou  à  Rome  qui  en 
grec  ne  forment  qu'un   même   mol. 


ROM 

Naguère  encore  on  se  mettait  h  la 
torture  pour  savoir  h  laquelle  des 
deux  déesses  était  adressé  l'hymne 
dont  on  vient  de  lire  l'analyse.  Nul 
doute  qu'il  n'ait  été  adressé  a 
Rome,  mais  avec  l'intention  formelle 
d'être  applicable  et  h  la  capitale  du 
monde  el  à  la  déité  allégorique.  Dès- 
lors  il  est  clair  que  cet  hymne  ne  re- 
monte pas,  comme  on  le  croyait  avant 
Welcker  [de  Erinna  et  Corinna 
poetriis.  etc.,  dans  Meletcmata  , 
elc.,de  Fréd.  Creuzer,  2"  partie),  au 
6"  siècle  avant  J.-C.  C'est  donc  a  lorl 
que  Stobée  nous  l'a  conservé  sous  le 
nom  d'Erinna,  contemporaine  et  dis- 
ciple de  Sapho.  C'est  encore  Welc- 
ker qui  nous  a  fait  connaître  l'au- 
teur véritable  de  ce  reste  précieux 
de  l'antiquité. 

ROMULUS.  Voy.  liiog.  univ., 
XXXVIII,  538. 

ROMUS ,  Rome  personnifiée,  fi-  . 
gure  tour-a-tour  comme   fondateur 
ou  comme  aïeul  des  fondateurs  de 
Rome.  Nous  le  trouvons 

I.  Dans  la  famille   d'Eiice: 

i.{  fiU  (l'Eiiée  (et  de  Lavinio  ?  d'autres  la 
font  ntiilre  avant  la  ruine  de  Troie,  et 
lui  donnent  3  frères); 

1  et  3.  fils  d'une  fille   anonyme  d'Enéc,  (ils  ' 
d'Ascagne  qui  est  fils  d'Enée  ; 

4'  filsd'Alba,  fille  de  Romulus  fils  d'Eniie. 

II.  Dans  la  famille  de  Latinus  : 

5.  fils  de  Latinus  ; 

6.  fils  d'Itale  et  d'Electre,  fille  de  Latinus. 

III.  Dans  la  famille  d'Ulysse  : 

•    6.  fils  d'Ulysie  (  et  de   Circé?  on  l'appelle 
alors     Romulus    ou    Romus  indifférem- 
ment) ; 
8.  fils  d'un  Latinus  fils  de  Télëmaqae. 

IV.  Hors  de  ces  trois  familles  : 
g.  fils  d'Éinalhion  ; 

to.  fils  de  Jupiter. 

Rien  n'est  moins  certain  que  la 
date  vulgaire  de  la  fondation  de 
Rome ,  et  la  filiation  établie  entre 
elle  et  Albe.  La  classification  ci- 
jointe  mettra  sur  la  voie  de  quelques 
rapprochements.  Au  reste,  comparez 
Roma,  Rémus,  Romulus  dans  la 
Bi'og.  univ..,  et  surtout  Vart.  EnÉe. 


RUM 

Niebuhr  (  Histoire  romaine  )  s'est 
étendu  sur  ce  sujet. 

ROS ,  c'est-à-dire  la  rosée,  en 
grec  Drosos,  Apéa-os,  passait  pour 
fils  de  TAir  et  de  la  Lune.  Ailleurs  , 
ce  sont  les  larmes  que  l'Aurore  verse 
sur  la  mort  de  Meninon.  On  l'a  aussi 
divinisée  sous  les  noms  d'Hersé  et  de 
Pandrose. 

IlOTH  ou  ROTHON  était  la  Vé- 
nus des  Véliocasses,  qui  donnèrent  h 
leur  capitale  le  nom  de  Rollimag 
(Rolliomagus  des  Latins),  aujourd'hui 
Rouen.  Quelques  historiens  dérivent 
Rothmag^,  de  Mag  ,  fils  du  roi  gau- 
lois GamolLès ,  le  plus  ancien  des* 
chefs  de  la  Gaule,  et  de  Roth. 

ROUDJAVITH  ou  ROUGIA- 
VITH,  le  dieu  de  la  guerre  chez  les 
Slaves  ,  avait  sept  visages.  Son  nom 
rappelle  celui  de  l'île  de  Rugen  et  des 
Rugii  qui  eu  viennent  probahlement. 
On  peut  aussi  comparer  le  cheval  ii 
sept  têles  d'Amida. 

ROUGNOUR,  géant  Scandinave 
dont  la  lance  était  de  pierre  h  aigui- 
ser.Thor  fracassa  son  arii'.e  d'un  coup 
de  massue  5  et  de  là  vient  que  dans 
tous  les  pays  du  monde  les  pierres  h 
aiguiser  semblent  avoir  élé  brisées 
par  une  secousse  violente. 

ROUSSALKIS  ,  nymphes  à  che- 
velure verdàlre  ou  blonde,  habitaient 
les  fleuves  et  quelquefois  parcou- 
raient les  forêts  où  elles  formaient 
des  danses  avec  les  Léchies,  satyres 
slaves.  Le  bas  peuple  en  Russie  admet 
encore  ou  peu  s'en  faut  l'existence  de 
ces  nymphes,  ainsi  que  celle  de  leurs 
compagnons.  On  dérive  RoussaU  i  de 
Roussalia,  rousse,  blonde. 

Rl'ATsA  ,  une  des  déesses  agrico- 
les  (le.N  Romam.-i,  empêchait  les  grains 
d'échapper  des  épis.  On  la  représen- 
lail  tenant  à  la  main  un  tuyau  de  b!é 
dont  les  épis  étaient  intacts. 
-•   RUMANÉES,  déesses  des  Tri- 


RlJS 


/joÔ 


boci  cl  des  \angiones,  sont  prises 
pour  des  déesses-mères  (Corap.  Rr- 
mia). 

RLMIA,  RUMILIA,  RUMINA 
(  de  Ruma ,  mamelle  )  était  à  Rome 
I"  la  protectrice  des  enfants  à  la  ma- 
melle 5  2°  des  mamelles  elles-mêmes. 
On  lui  offrait  un  mélange  d'hydro- 
mel et  de  lait.  On  croit  la  retrou- 
ver dans  certaines  figures  qui  repré- 
sentent une  femme  tenant  sur  son 
sein  un  enfant  qu'elle  semble  vouloir 
allaiter.  —  On  a  souvent  rapproché 
Roma  et  Ruma,  et  donné  le  deuxième 
de  ces  noms  comme  l'explication  du 
premier.  Romulus  et  Rémus,  dit-on, 
furent  allaités  par  la  Louve  sous  un 
figuier  qui  prit  de  là  le  nom  de  Ru- 
minai. 

RUMSINA,  déesse  agricole  ro- 
maine, présidait  au  sarclage  (  run- 
cari). — Un  autre  dieu,  Subruncina- 
lor  .  avait  la  même  fonction. 

RUPINIE,  RrpiMA,  déesse  rus- 
tique des  Ombriens,  la  même,  dil- 
on,  que  la  Robigo  de  la  religion  ro- 
maine, était  censée  en  conséquence 
présider  à  la  nielle  ou  rouille  des 
blés. Ce  nom  se  lit  dansles  Tables  eu- 
gubines,  \I,1.  26  :  comp.  Comment. 
si;r  Virgile,  Ccorg.  I,  v.  i5o  ;  cl 
Aulu-G..  Nuits  n(i.,  V,  c.  12. 

RURUNE  ou  RUSIINE,  déesse 
romaine  ,  présidait  aux  champs  et  à 
toute  exploitation  agricole. 

RUSOR  aurait  élé  selon  St-Au- 
gustin  un  Siva  du  Latiuin;  car,  dil 
ce  père,  il  réabsorbe  lout  {riirsus  in 
st.  trahit)^  11  renouvelle,  il  modifie. 
Rusina,  peut-être,  n'est  que  Rusor 
au  féminin.  Comme  c'est  surtout  à  la 
campagne  que  pour  des  peuples  nais- 
sants les  moditlcatious  apparaissonl 
avec  puissance,  Rusina  devinlladées- 
sedes  champs.  Toutefois  Rosini  com- 
pare Rusor  à  Pluton.- — Rusor  serait 
donc  pour  Rursor,  de  riirsus. 


4o6 


SAB 


SAB 


SAB,  en  lalln  Sabus,  SAnixtis , 
dieu  liai  ional  des  Sahiiis  qui  révéraient 
en  lui  Taaleur  de  leur  race  (Caton, 
Orig.y  dacs  Denys  d'Halic.  ,  1.  II, 
c.  49)'MoreIIi  [l'It.  av.ladomin. 
des  Rom.  ,  l.  Il,  p.  44)  coufoid  à 
tort  Sab  et  Sancus.  Ce  nom  rappelle 
Sabaz  et  Siva. 

SABAZ,  Sabazivs,  2;«i?xÇi«f, 
grand  dieu  phrygien ,  passait  pour 
nis  de  Cjbèle  (^el  de  Saturne,  ajoutè- 
rent les  syncrctisles  des  temps  pos- 
térieurs ,  lorsqu'une  fois  ils  eurent 
identifié  Rhéa  et  Cybèle).  On  lui 
donne  pour  nourrice,  tantôt  Hippa, 
tantôt  Nysa.  Ce  nom  déjà  nous  re- 
porte kBacchus.  Une  multitude  d'au- 
tres détails  achèvent  de  mettre  au 
rang  des  faits  l'identité  des  deux 
dieux.  En  dernière  analyse  Sabaz 
figure  auprès  de  Cybèle,  comme  lac- 
chos  près  de  Déméter,  comme  Zagrée 
près  de  Proserpinc,  Bacchus  près  de 
Sémélé.  Comme  partner  d'Hippa,  ou 
le  nomme  Sabos  ou  Sab.  A  notre 
avis  ces  deux  mots  ne  diffèrent  pas, 
et  nous  les  prenons  pour  Siva ,  gé- 
nitif Sivicin.  Une  des  légendes  de 
Cybèle  la  montre  fuyant  après  le  meur- 
tre d'Atys,  et  trouvant  sur  sa  roule 
Dionyse  avec  qui  elle  s'enfonce  en 
proie  à  deux  délires  (le  regret,  l'a- 
uieur)  au  fond  des  solitudes  hyper- 
horéennes.  Là ,  le  jeune  Cadmile 
s'est  métamorphosé  en  Axiocerse.  Un 
autre  mythe  le  fait  redevenir  Cad- 
milej  il  meurt  de  la  mort  cadmi'ique, 
il  meurt  de  la  maia  des  Titans  ainsi 
que  Zagrée  :  Dionyse  aussi,  dans  un 
récit  tritopatorique ,  a  élé  assassiné 
par  deux  Corybantes  ses  frères.  — 
Resterait  ici  à  dire  si  Sabaz  et  Atys 
ne  sont  pas  le  même  personnage. 
Non,  quoique  au  fond  un  même  type 


ait  présidé  a  la  création  des  deux 
dieux  :  mais  Atys  a  été  imaginé  en 
Phrygie  même,  et  il  est  facile  de  voir 
que  Sabaz  vient  de  la  haute  Asie,  de 
la  Trausoxaue  ou  de  plus  loin.  Au 
reste ,  telle  est  leur  ressemblance , 
soit  a  titre  de  fils  (comp.  Agd  et 
Atys),  soit  à  titre  d'amant-époux, 
qu'on  peut  souvent  (en  Plirygie  s'en- 
tend) les  prendre  l'un  j)Oiir  l'autre  : 
c'est  ce  que  faisait  Cybèle.  — Les 
Sabazies  (tel  est  le  nom  des  fêtes  de 
.  Sabaz  )  étaient  des  orgies  déliran- 
tes :  les  danses  convulsives,  les  ges- 
tes fous,  les  coups  de  couteau,  s'y 
retrouvaient  comme  dans  les  Cybc- 
bées.  On  y  invoquait  le  dieu  par  les 
cris  cent  mille  fois  répétés  de  Evoï, 
Saboï,  Hyès  Attès,  Allés  Hyès,  que 
nous  expliquons  par  uGloiie  h  toi, 
Siva,  fils  père,  père  fils,  »  analogue 
a  vit  TOK.VU  final  des  Eleusinies,  et  au 
vers  mystique 

Taurus  dinconem  genuit,  et  Uuruin  druco, 

qu'on  peut  traduire  par 

Le  Dieu-Taureau  procréa  le  reptile  , 
El  le  reptile  engendra  le  taureau. 

Le  culte  de  Sabaz  passa  en  Thraco  , 
et  se  confondit  avec  celui  de  Bassa- 
rée.  Il  est  probable  même  que  le  Sab 
des  Sabins  eut  une  origine  semblable 
[Voy.  Sab).  La  Lydie  semble  avoir 
été  le  point  de  départ  secondaire  de 
toutes  ces  importations  en  terre  étran- 
gère. —  Aux  yeux  de  quelques  anti- 
quaires Sabazios  représenterait 
Sabos-Bacchos.  Sikler  a  vu  dans  Sa- 
bos l'alimcntateur  j  et  il  le  dérive  de 
*aZ»fl!/i ,  rassasier.  Il  ajoute  que  la 
formule  Evoï,  Saboï,  etc.,  était  pro- 
noncée par  deux  chœurs,  l'un  de  Mys- 
tes  ,  l'autre  de  Coès  ou  prêtres;  et  il 
répartit   ainsi    les  paroles  dans    la 


SAG 

bouche  des  deux  groupes  d'interlocu- 
teurs : 

lES    MTSTES, 

Evoï,  Sabo'i  (  mon  père  ,  mon    nourricier)  ! 

Lss  cots. 
Hyès  (  il  est  le  feu  ou  la  lumière  )  ! 

IBS    MÏSTES. 

Attès  Ctaes  le  feu  ou  la  lumière,! 
Attùs  (  tu  es  le  feu  ou  la  lumière  ,  ! 

I.ES  COÈS. 

Hyès  (  il  est  le  feu  ou  la  lumière  }  ! 

SAGA,  la  déesse  Scandinave  de 
l'hisloire  ou  plutôt  de  la  tradition  j 
car  sagen  signifie  dire ,  et  Saga 
revient  au  grec  mytJios. 

SAGARA,  célèbre  radjhali  d'Aïo- 
dliia  ,  avait  pour  père  Baliou  et  pour 
mère  Kalincli.  11    dut    son  nom  h  la 
mort  prématurée  de  sa  mère  qui  pé- 
rit empoisonnée  par  la  deuxième  fem- 
me de  Bahou  [Sa  avec  5  i^owra,  poi- 
son). Bahou  avait  été  cliassé  du  trône 
par  les  Rclialriias  de  TOccident  et  les 
Sakas.  Sagara,  muni  de  l'arme  cé- 
leste qui  lance  le  feu  (l'agnëiastram), 
reconquit  les  états  de  son  père,  mé- 
rita  par    son   équité  le   surnom   de 
juste,  épousa,  ainsi  que  son  père, 
deux  femmes,  Kessini  et  Soumali,  eut 
de  la  première  un  seul  fils ,  Açaina- 
nia,  de  la  seconde  soixante  mille  en- 
fants   offrit  aux  dieux  quatre-vingt- 
dix-neuf  fols  Façouamédliam  (sacri- 
fice  du  cheval),   et  commençait  le 
centième  sacrifice,  quand  Vichnou  , 
sous  les  traits  de  Kapila,  vlut  lui  en- 
lever la  victime.  Soudain  Sagara  en- 
joignit à  t:es  soixante  mille  enfants, 
puis  à  Ancouman,  fils  d'Acoumanla, 
d'aller  chercher  le  cheval  ravi;  mais 
il  mourut  au  bout  de  dix  mille  siè- 
cles, sans  être  parvenu  a  retrouver 
le   coursier.    Il  laissa    le    trône    au 
jeune    Ancouman.  —  Les  soixante 
mille  fils  de  Sagara  et  de  Soumali 
sortirent  tous    d'une    citrouille   aux 
soixante  raille  pépins   (  Poy.   Soir- 
MATi).  On  les  désigne  par  les  noms 
de  Sagaravancas   et  quelquefois   de 
Sagarideg.  ConforméracQl  aux  ordre» 


SAI 


407 


du  roi  leur  père,  ils  avaient  creusé  la 
terre  à  soixante  mille  ioïanas  de  pro- 
fondeur, et  fait  le  tour  du  monde, 
lorsqu'ils  trouvèrent  Kapila  et  le  che- 
val volé.  Le  dieu  irrité  les  pulvérise 
d'un  souffle.  C'est  a  cette  occasion 
qu'eut  lieu  la  descente  de  Ganga.  Les 
eaux  fécondes  de  Bhavani-iivière  ren- 
dirent a  la  vie ,  dès  qu'elle  les  eurent 
touchés,  l'immense  amas  d'ossements 
et  de  cendres,  seuls  restes  des  soixante 
raille  Sagarides.  Encore  deux  re- 
marques. 1°  Les  cent  vingt  raille 
Lras  des  fils  de  Sagara  creusant  la 
terre  à  des  profondeurs  immenses 
symbolisent  la  puissante  opération  qui 
fut  nécessaire  pour  creuser  le  lit  de 
Ganga,  soit  comme  fleuve,  soit  com- 
me source  de  tous  les  fleuves  et  com- 
me Océan.  2°  Sagara  veut  dire  Océan» 
Comp.  Sangaride. 

SAGATRAGAVACHA  naquit  de 
la  cinquième  tète  de  Brahmà  abattue 
par  Mahadéva.  Il  avait  cinq  cents  tê- 
tes et  mille  bras. 

SAGITTAIRE ,  Sagittabiits  ou 
Arciteu EUS ,  en  grec  Tc%ivt^s,  un 
des  douze  signes  du  zodiaque.  On 
suppose  que  c'est  Chiron,  et  on  l'ap- 
pelle en  conséquence  le  Centaure. 
Primitivement  on  ne  figurait  dans  ce 
neuvième  compartiment  du  zodiaque 
qu'un  arc,  un  carquois,  ou  une  main 
armée  d'une  flèche.  Plus  tard ,  ou 
traça  les  deux  jambes  antérieures  et 
l'encolure  d'un  cheval  surmontées 
d'un  corps  d'homme.  Pour  quelques 
mythologues  le  Sagittaire  était  Cro- 
tos. 

SAHADÉVA,  un  des  cinq  Panda- 
vas,  devait  le  jour  aux  amours  de 
Madrl,  deuxième  femme  de  Pandou, 
et  d'Açouan.  C'était  des  cinq  Panda- 
vas  le  plus  habile  a  tirer  de  l'arc. 

SAIS,  Minerve  dont  on  assure  que 
le  ciilte  et  le  nom  étalent  venus  de  la 
ville égyçliçnne  dç  S«Ï8  «a  Grèce.  Ou 


iio8 

g'appuyait  sur  le  rapport  des  mots 
Neilh  et  Âlhànâ.  On  peut  voir,  ar- 
ticle Minerve,  ce  qu'il  faut  penser 
de  celle  idée. 

SAISOjNS  (les)  furent  personni- 
fiées par  les  Grecs  sous  le  nom  d'Ho- 
res  ou  Heures  (trois  femmes).  Les 
Romains  en  firent  quatre  enfants, 
génies    ailés,    avec  divers    atirihuls 

Sôur  nous  d'imporlance  légère.  Ainsi, 
ans  un  bas-relief  représentant  Cu- 
pidon  et  Psyché,  le  printemps  ap- 
porte des  œufs,  Tété  un  vase  et  un 
thyrse,  Taulomne  des  fruits  et  des 
rets  à  prendre  les  oiseaux ,  Tliiver 
un  lièvre  emblème  de  la  cliasse.  Un 
paon  nu  bas  du  tableau  indique  spi- 
ritueilemcut  la  variété  des  saisons. 
Un  tombeau  de  marbre  antique,  dé- 
couvert dans  des  ruines  près  d'Alliè- 
nes ,  représente  les  quatre  saisons 
«ous  les  traits  de  quatre  femmes  carac- 
térisées par  la  diversité  des  couron- 
nes, des  costumes,  desbabits,  et  ac- 
compagnéeschacune  d'un  génie.  Quel- 
quefois les  anciens  ont  représenté  le 
printemps  par  Mercure,  l'été  par 
Apollon  ,  l'automne  par  Bacchus , 
l'hiver  par  Hercule. 

SAIVO,  esprits  des  cavernes,  re- 
çoivent ceux  des  morts  que  Radien- 
Athcié  omet  d'appeler  an  ciel  supé- 
rieur. Bientôt  ces  victimes  du  crime 
sont  conduites  devant  la  grande  Hé- 
cate lapone  labraé-Akko,  qui  leur 
fait  infliger  les  supplices  les  plus 
cruels  par  Rot^. 

SAKAMIÉLI,  la  déesse  de  Ta- 
mour  dans  la  mythologie  finnoise 
proprement  dite,  paraît  avoir  aussi 
été  connue  des  Lapons. 

SAKAVARLI ,  roi  de  l'île  de  Cei- 
lan,  est,  dans  la  mythologie  chingu- 
laise,  le  plus  ancien  de  leurs  souve- 
rains, et  c'est  de  lui  qu'ils  font  partir 
leur  ère. 
SAKTI  est  aïkX  Indes  la   femme 


de  Rrahm,  et  en  conse'queiice  lapins 
haute  des  déesses  ou  pour  mieux  dire 
l'unique  déesse.  Elle  a  encore  un  au- 
tre nom .  MaYa.  Nous  développons 
à  cet  article  le  sens  propre  de  celte 
dénomination  ,  et  l'on  y  voit  que 
Sakti  est  l'énergie.  Dire  Maïa  et 
Sakli  ne  font  qu'un,  c'est  dire  la 
loi,  l'ordre,  Tliarmonie,  la  force 
créatrice,  conservatrice  et  motrice  , 
ne  s'aperçoivent  que  dans  et  avec 
la  matière -illusion.  Ces  deux  phé- 
nomènes sont  inséparables  :  l'un  et 
l'autre  existent  en  Brahm  ,  la  cause 
des  causes;  l'un  et  l'autre  en  émanent 
a  la  fois  :  Maïa-Sakli,  voilà  le  mondcj 
mais  Maîa  eu  est  la  face  externe, 
Sakli  en  est  la  vitalité  latente. — Les 
trois  jrrandcs  déesses  de  la  Triniourti 


hindc 


ipp 


client  aussi  Saktis:  l'é- 


pouse de  Brahm  alors  se  distingue 
par  le  surnom  de  Paracakti  ou  grande 
Sakti.  Enfin  sous  un  autre  point  de 
vue  Paracakti  se  dédouble  on  huit 
Saktis  (analogues  aux  huit  Vaçous), 
et  qu'on  nomme  aussi  Matris  {Voy. 
ce  nom).  Ces  huit  Saktis  forment 
quelquefois  le  cortège,  non  de  Sara- 
çouati,  mais  de  la  terrible  Rhnvani- 
Dourga,  qu'au  reste  le  Dévi-Mahat- 
miam  représente  encore  sous  d'au- 
tres formes  qu'on  peut  prendre  pour 
autant  de  Saklis. 

SALAMBO,  déesse  babylonienne 
que  l'on  prenait  pour  Vénus,  cl  dont 
la  fêle  était  remarquable  par  de 
grandes  marques  de  deuil.  On  a  lire 
son  nom  de  <r«Aef  en  grec,  agitation 
des  flots  de  la  mer  ;  et  on  l'a  expliqué 
par  source  de  deuil,  d'inquiétudes. 
Pourquoi  dans  ce  cas  ne  pas  y  avoir 
joint  l'idée  de  fille  des  mers  ou  mer 
personnifiée  ?  Les  passions  et  la  mer 
ont  leurs  vagues,  et  celles-là  ne  sont 
que  les  reflets  des  dernières.  Au  reste, 
Tétymologie  grecque  n'est  pas  de  no- 
tre goût,  et  nous  présumons  que  Sa- 


I 


SAL 

iambo  se  compose  de  deux  mots  dont 
l'un  revieut  a  iVZ'ô  ,  Anbo  ^  cliien, 
et  par-lk  même  nous  ramène  aux  en- 
fers. Comp.  Anubis  et  Titrambo. 

SALAMINE ,  Salaminus  ou  Sa- 
LAîMiNius,  un  des  Dactyles  idéens 
nommés  par  Strabon  :  avec  Hercule , 
mentionné  en  même  temps  par  le  géo- 
graphe, et  Celmls,  Acmon  ,  Damna- 
ménée ,  indiqués  par  l'auteur  de  'a 
Phoronide(Scl)ol.d'Apoll.deRliod., 
sur  ch.  I,  V.  II  26),  nous  trouverions 
le  nombre  classique  de  cinq  Dactyles 
idéens.  Mais  il  est  éminemment  pro- 
bable que  Celmis  et  Salaminius  ne 
font  qu'un  [ius^  <af,  n'étant  que  des 
désinences,  et  le  radical  Salamin  ou 
Salamis  pouvant  aisément  se  trans- 
former eu  Celmis).  Dans  celte  hypo- 
thèse, la  liste  de  Sirabon  complétée  * 
par  la  Phoronide  serait  encore  in- 
complète, et  il  nous  manquerait  le 
nom  du  cinquième  Dactyle.  Une  au- 
tre liste  complète  produit  cinq  noms 
presque  tous  différents  (/^o)'.  Dac- 
tyles). On  donne  aussi  à  Jupiter  le 
nom  de  Salaminius,  mais  comme  épi- 
thèle  locale. 

SALAMINE  ou  SALAMIS,  fille 
du  fleuve  Asope,  l'ut  aimée  de  Nep- 
tune ,  qui  la  rendit  mère  de  Cen- 
chrée. 

SALEMAH ,  dieu  de  la  santé  dans 
la  tribu  des  Arabes. 

SALETE,  la  deuxième  ^linerve  do 
Cicéron  (en  langue  égyptienne),  en 
d'autres  termes  celle  que  cet  orateur 
regarde  comme  fille  du  ]Nil. 

SALIA  ou  CHALIA  (Siïalya), 
adversaire  de  Vichuou-Kriclma ,  li- 
gure au  nombre  des  amis  de  Sicou- 
pala.  Quand  ce  formidable  Sivaïte 
n'est  p'us,  a  Si  je  n'extermine  cette 
race  des  ladons,  s'écrie-t-il,  que  je 
cesse  d'être  Kcbatriia!  jj  Et  sachant 
que  nulle  puissance  humaine  ne  peut 
triompher  de  Krichna,  un  an  de  suite 


SAL 


409 


il  se  flagelle,  supporte  lepoidsde  cha- 
leur du  soleil ,  jeûne  ou  mangetde  la 
terre,  jusqu'à  ce  que  Siva,  conjuré 
par  ces  austères  pénitences,  lui  appa- 
raisse, et  lui  accorde  un  immense  pou- 
voir surnaturel.  Bientôt  Salia  se 
trouve  devant  Douaraka  :  Krichna  est 
absent  5  Pradiouraua,  son  vice-  gérant, 
défend  la  ville  contre  le  Sivaïte  pro- 
tégé de  Siva  :  les  deux  rivaux  ne  ces- 
sent de  faire  assaut  de  magie.  Long- 
temps la  lutte  reste  indécise.  Enfin 
Krichna  reparaît.  Il  était  tempsj  les 
incantations  de  Salia  l'emportaient, 
et  allaient  devenir  funestes  au  pauvre 
Pradioumna.  Les  purs  rayons  de  l'œil 
de  Krichna  dissipent  a  l'instant  toutes 
ces  illusions ,  et  Salia  sans  vie  mord 
la  poussière. 

SALIETSS.   Voy.  l'art,  suivant. 

SALIL'S,  originaire  de  l'Arcadie 
ou  de  Samothrace,  suivit  Enée  dans 
ses  voyages,  et  institua  le  collège  des 
prêtres  saliens  en  Italie  (Polémon 
dans  Festus,  p.  474,  éd.  Dacier: 
comp.  Vie  dt  Numa,  i3,  par  Plu- 
tarque).  Quelques  Iraditioiis  substi- 
tuaient au  nom  de  Salins  celui  de 
Saon  ou  plutôt  de  Saos  (Critolaiis 
dans  Festus).  On  voit  que  celle  lé- 
gende signifie  tout  simplement  que 
Tinslitution  salienne  e.st  due  à  une 
importation  étrangère. — Le  nom  de 
Salins  rappelle  sol  (soleil),  a'i><u,ç  (lu- 
mière),etc.  (Voy.  Cabires  et  Mars). 

SALIVÀHANA,  célèbre  radjah 
hindou,  donna  son  nom  a  une  ère  fa- 
meuse que  vulgairement  on  appelle 
Salivahana  Saka,  et  qui  part  de  l'an 
de  J.-C.  78. 

SALMACIS,  s«t;iM£4Jwf,  nymphe 
de  la  Cajie,  s'identifie  étroitement 
a  la  fontaine  de  même  nom  (voisine 
d'Halicarnasse).  Hermaphrodite  étant 
venu  se  baigner  dans  ses  eaux,  elle 
se  sentit  éprise  pour  lui  d'un  amour 
si  violent  qu'elle  le  lui  révéla  sur  le- 


4XO 


SAL 


cbainp.  Le  trouvant  Hisensible,  elle 
s*élanra  dans  l  soudes  h  sa  poursuite, 
Tenlaca  de  ses  bras,  et  obtint  des 
dieux  le  bonheur  de  ne  faire  qu'un, 
elle  et  le  Jeune  objet  de  sa  vive  ten- 
dresse (^.  Hermaphrodite). — Ce 
niytbe,  si  éiuinemiuent  asiatique  par 
ridée  de  Taudiogynisnie  et  les  bril- 
lantes couleurs  de  la  narration,  a  trait 
de  plus  à  la  crovance  (ju'oa  aviùt  de 
l'aiHour  des  eaux  et  des  belles  ondi- 
ues  pour  les  hommes.  Les  trois  nym- 
phes Ascanides  qui  s'emparent  d'Hy- 
las,  1»"S  Sirènes  qui  cherchent  sans 
cesse  a  laire  tomber  daus  leurs  pièges 
sous-marius  les  ciédules  navigateurs, 
les  Muses  qui  offrent  l'ilippocrène 
aux  poètes,  en  soûl  autant  d'exemples 
chez  les  anciens.  L'article  Meiddu 
en  foujnit  un  autre  eu  Irlande.  Les 
anciens  expliquaient  a  tmt  la  fable 
de  Sa'macii  et  d'Hermaphrodite  en 
disaut  que  les  eaux  de  la  fontaine 
d'Halicarnasite  rendaient  efféminés  et 
mous  ceux  qui  s'y  baignaient. 

SALMOSÉE,  Salmoweus,  2«a- 
ftaitvsi  fils  d'Eole  (II)  et  d'Enarète, 
pelil-filsd'lliUen  et  frère  de  Sisyphe, 
régnad'abord  en  'rhess:ilie,  puis  dans 
le  Péloponèsc ,  où  il  bâtit  la  vile  ap- 
pelée de  son  nom  Salmonée  ou  Sal- 
moiiie.  Il  eut  deux  femmes,  Alcidice, 
Sidéro.  La  première  lut  mère  de 
Tyro  (parfois  nommée  en  conséquen- 
ce Sabiionis);  la  seconde  est  fameuse 
par  les  persécutions  dont  elle  accabla 
sa  belle-fille.  Ce  qui  a  surtout  rendu 
Salmonée  célèbre,  c'est  la  manie  qu'il 
eut  de  passer  pour  un  dieu.  Il  sup- 
prima dans  tous  ses  états  les  honneurs 
qu'on  rendait  a  Jupiter  j  exigea  qu'on 
l'adoràl  lui-même  sous  le  nom  de  ce 
maître  dès  dieux,  et  fit  construire  un 
pont  métallique  sur  lequel  il  faisait 
rouler  avec  fracas  un  char  du  haut 
duquel  il  lançait  des  torches,  brûlan- 
tes imitatrices  du  tonnerre.  Malheur 


SAM 

a  qui  avait  été  placé  par  ses  ordres 
près  du  pont  retentissant!  malheur 
à  qui  tentait  de  fuir!  car  des  hommes 
apostf-s  tuaient  soudain  et  eu  secret 
le  fugitif  que  l'on  croyait  frappé  par 
une  main  invisible.  Enfin  Jupiter,  las 
de  ces  burlesques  autant  que  cruels 
échantillons  de  fantasmagorie,  darda 
tout  de  bon  la  foudre  sur  Salmonée 
qui,  |irécij>ité  ilans  le  Tarlare,  alla  y 
subir  la  peine  due  a  ses  crimes.  — 
S;ilmonée  est  un  Jupiler  de  l'Elide. 

SALPIjNX,  2«ATr«y|(/rom;;e^/r), 
Minerve  dans  Argos,  où  Hégélas,  fils 
de  Tyrihène,  lui  avait  élevé  un  tem- 
ple. Ce  surnom  singulier,  qui  fait  de 
Minerve  un  simple  fétiche,  doit  être 
rapproché  de  Mars-lance  (/-'.  Qxji- 
RiNUs)  ou  de  Skanda,  épée  fichée  en 
terre. 

SALUS,  LA  Santl  en  latin,  ne 
diffère  pas  d'Hygic,  quant  h  la  no- 
lion  fondamentale.  On  la  fil,  ainsi 
qu'Hyuie,  fi'le  d'Esculape.  Ses  tem- 
ples étaient  assez  nombreux  a  Rome. 
Sa  statue  était  cachée  h  tout  autre 
qu'a  ses  prêtres.  Sa  fêle  était  remar 
quable  par  l'usage  bizarre  où  l'on 
était  de  jeter  h  la  mer  un  morceau  de 
pâte  que  l'on  envoyait,  disaient  les 
prêtres,  vers  Arélhuse  de  Sicile.  Dans 
les  années  où  nulle  armée  ne  sortait 
de  Rome,  on  lirait  les  sorts  de  Sabisj 
peul-étre  de  peur  que  les  accidents 
de  la  guerfe  ne  fissent  mentir  l'ora- 
cle de  la  déesse.  On  représentait 
Salus  jeune,  assise  sur  un  trône,  cou- 
ronnée d'herbes  médicinales,  et  tenant 
de  la  main  droite  uue  palère,  de  la 
gauche  un  serpent.  Un  autre  serpent 
formait  un  cercle  autour  de  son  au- 
tel, et  tenait  la  tète  fièrement  dressée 
au-dessus  du  monument. 

SAM ANARODOM  (  vulgairement 
Sommonacodon)  ,  le  saint,  le  dieu 
par  excellence  des  Siamois  et  d'une 
graude  partie  de  l'Indo-Chinc ,  D'c5>t 


SAM 

que  Bouddha  lui-même ,  mai^  ave*; 
quantité  de  légendes  secondaires,  les 
unes  calquées  sur  les  symbolisalionj 
transcendatitaiesdela  théologie  boud- 
dhique, les  autres  prises  au  milieu 
des  événements  les  plus  vulgaires  de 
la  vie  et  de  l'histoire,  et  notamment 
à  ce  qu'il  paraît,  h  la  vie  du  huitième 
patriarche  du  bouddhisme.  Nous  n'a- 
vons pas  besoin  d'apprendre  au  lec- 
teur que  Samanakodora  signifie  le  dieu 
cbaman  ou  samanéen  :  Gott.  Gotama, 
Cotys,  Khota.  Rodom,  ne  sont  qu'un 
même  mot  5  Sem ,  Semo,  Sainana 
(soleil),  ne  diffèrent  pas  non  plus, 
et  c'est  ce  nom  sacré,  dont  Siam  , 
aux  yeuï  de  quelques  savants,  n'est 
que  la  déformation,  qui  a  donné  nais- 
sance aux  dénominations  de  chama- 
nisme  ou  chamaïsme  pour  designer 
la  religion  des  Lamas.  On  comprend 
sans  peine  K  présent  que  les  Siamois 
donnent  Rodom  comme  nom  primitif 
et  réel  de  leur  dieu.  En  effet  Boud- 
dha s'appela  long-temps  Gotama. — 
Deux  généalogies  principales  amènent 
au  berceau  de  Samanakodoiiu  La  pre- 
mière nous  met  sous  les  yeux  l'onde 
primordiale,  sur  l'onde  une  fouille 
qui  est  un  enfant  replié  sur  lui-même 
et  se  mordant  l'orteil,  au  milieu  du 
nombril  de  cet  enfant  un  lotos,  dansle 
calice  du  lotos  S'auiauakodom.  Quel 
est  cet  enfant.''  Ce  que  vous  voudrez, 
Bralim,  Brahmâ,  Vichnoii,  Siva,  Sa- 
mauakodom  lui-même.  Semblables  lé- 
gendes eurent  lieu  sur  la  naissauce  de 
Lakchmi,  de  Sri-Rama,  de  Krichua  j 
comp.  Haroiîri.  Dans  la  seconde 
généalogie  Samanakodom  est  fils, 
tantôt  du  roi  de  Ceilan,  Paoucon- 
tout,  et  de  Matra-Maria,  tantôt  du 
Soleil  et  d'une  vierge  qui,  surprise  et 
honteuse  de  sa  grossesse  (comparez 
Atys  et  CvRiiLE),  va  ensevelir  sa 
douleur  et  sa  boute  dans  les  bois  :  elle 
devient  mère  sur  les  bords  d'un  lac, 


SJLM 


411 


place  son  fils  sur  le  calice  d^une  Qeur 
qui  se  referme  aussitôt,  et  le  voit 
bientôt  grandir  en  sagesse  et  en  ver- 
tu, ainsi  qu'en  taille  et  en  beauté: 
puis  c'est  la  science  infuse  par  la- 
quelle il  étonne  ses  contemporains,  ses 
aînésj  ce  sont  d'austères  et  merveil- 
leuses pénitences,  des  épreuves,  des 
tours  de  force  auxquels  h  peine  on 
peut  croire,  et  qui  font  trembler  les 
cieux,  chanceler  Tunivers.  Ce  sont 
des  brabmes  qu'il  secourt,  auxquels 
il  donne  sa  chair  et  la  chair  de  ses 
fils,  de  sa  femme,  k  mangprj  ce  sont 
des  anges  qui  viennent  le  visiter, 
chanter  ses  louanges,  l'adorer,  le 
servir.  Il  passe  par  cinq  cent  cin- 
quante corps  différents.  On  devrait 
dire  qu'il  avait  passé  par  cinq  cent 
quarante-neuf  corps  différents,  et 
que  pour  l'instant  il  vient  de  naître 
une  cinq  cent  cinquantième  et  der- 
nière fois.  Comparez  nos  tbéories 
sur  les  Boddbicatoas,  les  Bouddhas, 
l'absorption  en  Adbibouddha  et  le 
nivrilta,  art.  Bouddha.  —  Sa  mort 
est  diversement  racontée.  Selon  les 
uns,  il  s'évapora  ou  s'évanouit  dans 
les  airs,  comme  une  étincelle.  Suivant 
les  autres,  il  fut,  à  l'âge  de  80  ans, 
emporté  par  une  violente  colique  après 
avoir  mangé  de  la  chair  de  porc. 
Dans  le  porc  funeste  était  enfermée 
l'àme  d'un  ancien  ennemi  de  Samana- 
kodom (un  Mouni  au  dire  des  uns,  un 
génie  funeste ,  un  Man  au  dire  des 
autres;  mais  qu'est-ce  qu'un  Man?  ), 
jadis  tué  par  la  mam  du  saint.  Lui- 
même  ,  à  la  vue  de  son  antagoniste 
transformé  par  la  métempsycose  en 
pourceau  et  se  ruant  sur  lui  avec 
inrie,  reconnut  que  sa  mort  était 
proche,  et  il  la  prophétisa. — Siam 
mon  Ire  la  trace  des  pieds  de  Sama> 
nakodom ,  comme  Ceilan  la  trace 
des  pieds  de  Bouddha  ,  et  le  repré- 
sente dans  toutes  les  pagodes  eulre  ses 


Zita 


•SAM 


deux  disciples  favoris ,  Pra-Mogla  à 
droite  cl  Pra  -  Sarihout  à  sai'clie 
(Mangala  et  Saribouddha  ,  qui  est  le 
Jiiême  que  Vriliaspati  :  Poy.  Boud- 
dha). A  la  fin  de  Tàge  actuel  vien- 
dra, pour  raffermir  les  hommes  dans 
la  voie  du  bien,  une  autre  incarna- 
lion  de  Sanianal<odom  ,  Pra-]\arotte 
(abréviation  de  Narotlania,  le  meil- 
leur des  hommes).  On  Tatlend  avec 
impatience,  et  plus  d'une  fois  déjà 
des  ambitieux  ont  fait  passer  des 
idiots  pour  Pra-]\arotte. 

SAMBA  ou  SOUMBA,  fils  de 
Kriclma  et  de  .Tambavati ,  fille  de 
Jambavan,  introduisit  dans  Tlnde  les 
Mages  (Magas),  nouvelles  familles  sa- 
cerdotales distinctes  des  brahmanes 
issus  de  Kaciapa.  A  cotte  différence 
généalogique  s'en  lie  une  plus  im- 
portante: les  brahmanes  étaient  Ka- 
rhmiiiens  d'origine;  les  Ma^as  ve- 
naient de  Saka  (le  pays  des  Saces), 
el  le  vichnouvisr.je  en  effet  rayonna 
du  pays  de  Mitra,  Milravan.  On  a 
symbolisé  cette  importation  d'un  culte 
nouveau  dans  l'Inde,  en  disant  que 
Samba  voulut  corrompre  les  nom- 
breuses concubines  de  sou  père. 

SAMBAHA,  Daitia  voluptueux, 
importunait  par  ses  assiduités  la  belle 
Rali,  épouse  ou  plutôt  inconsolable 
veuve  de  Kama  qu'avait  réduit  en 
cendres  un  regard  de  Siva.  Instruit 
que  Kama  venait  de  renaître  sous  la 
forme  de  Pradioumna,  le  farouche 
Daitia  enlève  et  jette  dans  l'Océan  le 
nouveau-né  ;  l\ali ,  condamnçe  aux 
travaux  les  plus  durs  de  la  domesti- 
cité, n'a  d'autre  moyen  pour  biiser 
des  chaînes  odieuses  que  d'assouvir 
les  brutales  fantaisies  de  son  persé- 
cuteur. Heureusement  les  dieux  font 
un  miracle  pour  elle.  Un  énorme 
poisson  arrive  dans  les  cuisines  de 
Sambara.  Qu'y  trouve  Rati?  Pra- 
dioumna. Elle  sait  bientôt  que  Pra- 


SAM 

dioumna  et  Kama  ne  sont  qu'un.  Ell^ 
le  nourrit  secrètement,  elle  lui  donnrf 
des  leçons  de  magie,  et  enfin  le  joui 
vient  où  Pradioumna,  instruit  del 
mystèresde  cetart  redoutable,  cxler^ 
mine  Sambara. 

S  AMIE,  2«^/*,  fille  du  dieu| 
fleuve  Méandre,  n'est  pas,  comme  oï 
peut  le  croire,  Samos  personnifiée^ 
Toutefois  il  n'est  pas  impossible  qufl 
quelque  île  fluviatile  du  Méandre  aï 
porté  ce  nom  ,  et  que  par  la  suite  oij 
l'ait  étendu  h  l'île  célèbre  dont  Les. 
bos  fut  la  capitale,  et  Sapho  la  muse. 
Du  reste,  si  l'on  s'engage  ici  dans  la 
voie  périlleuse  de  l'étymologie,  il  faut 
plutôt  penser  a  Sem,  aux  Semones,  h 
Samana-Kodom  ,  et  peut-être  aux 
mots  gète  et  finnois  Zamo,  SamOy 
homme.  P^oy.  SamanaiCodom. 

SAMOS,    Samus,    :s»fto(f    fils 
d'Aucée  et  de  Samie,  et  par  consé- 
quent petit-fils  de  Neptune,  peut  êlro' 
regardé  comme  le  héros  éponyme  de] 
l'île  de  Samos.   On  aurait  tort  de  léî 
confondre  avec  Saos  [f^.  ce  nom).] 
Comparez    au    reste  ce  qui  est    dil] 
article  Samie,  et  jugez  si  Samos  ne] 
signifie    pas  simplement   homme  oi 
Sem.  On  sait  que  ce  dernier  nom  (le 
même  que  Djom ,  et  par  conséquent 
qu'Hercule)  se  retrouve  a  la  tête  d( 
plusieurs  généalog'es  {Voy.  Sanc)^] 

SAMOTES,  la^cr^is^  a  été  don- 
né par  des  écrivains  de  la  Grande- 
Brelagne  comme  le  chef  des  premiè- 
res colonies  qui  vinrent  peupler  le 
pays.  On  veut  qu'il  ait  appartenu 
à  la  race  celte,  ce  qui  n'empêche  pas 
qu'on  l'ait  proclamé  le  fils  aîné  de 
Japhct. 

SAMOUNDO,  femme  d'Erlik- 
Kltan,  est  ordinairement  représenlée 
près  de  son  époux.  Cette  Proserpine 
du  lamaïsme  est  peinte  bleu-clair , 
tandis  que  le  bleu-foncé  distingue 
Erlik-Khan. 


SAN 

SANG  (avec  la  désinence  latine 
Saticus)  ou  sang  (Sangus),  quel- 
quefois, dit-0n,  mais  Irès-rarement, 
SANCT  (Sanctus),  le  même  que 
Seimo  et  le  dieu  f  idius,  grande  divi- 
uilé  nationale  des  Sabins  et  par  suite 
des  Romains,  présidait  aux  sermenis 
et  aux  traités.  Sanc  avait  à  Rome, 
sur  le  mont  Quirinal ,  un  temple  qui 
lui  avait  été  élevé  par  Tarquin-le-Su- 
perbe,  et  consacré  par  le  consul 
Poslhumius  (Denys  d'Haï.,  liv.  IX, 
c.  60)5  à  moins  toutefois  que  l'on 
n'adopte  la  conjecture  qui  voit  dans 
ce  temple  une  construction  sabine , 
ajrrandie  ou  réparée  par  Tarcjuin. 
L'identité  du  dieu  Sanc  avec  Hercule 
et  avec  Fidius  (ou  le  dieu  de  la  bonne 
foi)  a  été  reconnue  par  les  anciens, 
et  elle  est  confirmée  par  un  nom- 
bre infini  d'inscriptions,  par  le  titre 
de  Diovis  (Djovis,  3 o\is  fiiium) 
donné  au  dieu  de  la  bonne  foi,  par 
l'us:ige  où  l'on  était  d'invoquer  et 
de  prendre  k  témoin  Hercule  dans 
toute  l'Italie  [flerciile ,  mehercule, 
htrcle).  par  l'analogie  du  nom  égyp- 
tien d'Hercule  (Sera,  Som)  avec  celui 
de  Semo,  peut-être  même  par  le  rap- 
port de  Sanc  et  Sang  avec  le  SandaK, 
Sandès,  Sandou  de  l'Orient,  qui  fu- 
rent aussi  des  Hercules.  Quoi  qu'il 
en  soit,  il  ne  faut  point  oublier  que  le 
radical  du  nom  sacré  est  le  même  que 
celui  de  sandre,  ratifier,  jurer  j  de 
même  que  Fidius  n'est  autre  chose 
que  l'adjectif  àejidcs ,  la  bonne  foi. 
C'est  donc  tout  à  fait  gratuitement 
que  le  systématique  Court  de  Gébe- 
lin  absorbe  Sem,  Sara,  Som,  Sand, 
dans  le  mot  sémitique  Cham ,  élevé 
(d'où  chaniim ,  les  cieux),  et  fait 
venir  Fidius  de  id  ou  hid,  temps. 
Certes  Hercule,  l'Hercule  sabin  com- 
me l'Hercule  oriental,  peut  bien  être 
regardé ,  ainsi  que  le  veut  Brvant  {A 
new  System  or  analys.  qf  anc. 


SAN 


4i3 


myth.),  comme  le  dieu  du  temps  et 
de  l'année  :  mais  en  tant  que  Sanc, 
il  joue  un  rôle  moins  élevé. — On  célé- 
brait la  fête  de  Sanc  le  5  juin  (nones 
de  juin).  Dans  son  temple  se  voyaient 
encore  du  temps  de  Varron  la  que- 
nouille et  le  fuseau  de  la  virile  reine 
Tanaquil ,  chargés  de  la  laine  même 
que  filait  cette  princesse  (Pline,  Hist. 
nat.,  I.  VIII,  c.  48).  Les  augures 
avaient  donné  le  nom  de  Sanqual 
[Sanqualis)  (  i)  à  un  jeune  oiseau  de 
proie  qu'ils  croyaient  du  genre  de 
l'aigle ,  et  qui  semble  avoir  été  le  cé- 
lèbre Lœmraergeyer  ou  vautour  des 
moulons.  St-Jusliu  s'est  trompé  en 
prenant  Sancus  Scmo  pour  Simon  le 
magicien,  et  en  reprochant  aux  païens 
d'avoir  divinisé  ce  tennemideSt-Pierre 
et  de  l'Eglise.  Tcrtuliien  n'aurait  pas 
dû  le  copier  j  et  des  modernes  surtout 
n'auraient  pas  dû  essayer  de  justifier 
de  si  fortes  méprises  {F',  pourtant 
Hammon,  Dissert.  lat.  sur  le  droit 
des  e'i'éy . ,  vont.  Blonde/;  et  Spen- 
cer, not.  sur  le  liv.  I  d'Orig.,  cont. 
Celse).  Les  Latins,  en  invoquant  le 
dieu  de  la  bonne  foi  par  le  nom  mê- 
me de  Fidius  ,  disaient  Médius  Fi- 
dius,  ce  que  les  uns  expliquent  par 
me  dius  Fidius  (avec  l'ellipse  afi(t/M- 
vet .,  audiat ,  etc.),  tandis  que  d'au- 
tres prennent  médius  pour  un  ad- 
jectif, et  sous-enlendent  «f .  La  pre- 
mière manière  nous  semble  la  seule 
simple  et  conforme  au  génie  antique. 
On  a  essayé  d'appuyer  la  seconde  par 
un  marbre  qui  représente  un  enfant 


(i)  Pline  (liv.x)  a  un  chapitre  tovit  entier 
('  le  8  )  sur  l'Iininussule  et  le  Sanqual  :  ce  qui 
en  résulte  de  plus  clair,  c'est  que  les  augures, 
dans  leur  fausse  science,  ue  savaieut  pas  même 
au  juste  reconnaître  un  oiseau.  Si  ,  comme  on 
doit  incliner  à  le  croire  ,  le  Sanqual,  dans  l'opi- 
nion des  moins  ignares  ,  était  un  jeune  ossi- 
frage,  il  faut  en  conclure  que  c'était  un  La;m- 
meigeyer  ;  car  c'est  à  tort  que  Buf'fun  voit  dans 
l'ossifrage  des  anciens,  l'Orfraie,  fa/co  albkilla 
de  Gm.,  vulg.  grand  aigle  de  mtr,  L'Orfraie  ch«K 
eux  élAÏtl'  Haliœetos. 


/Ii4 


SAN 


divin  entre  deui  figures  qui  se  don- 
nonl  1.1  main,  el  ((ui  sont  l'une  l*Hun- 
■eiii .  rcratr»"  le  Mérite  :  au-dessus  de 
la  tête  de  Tenfaul  se  lisent  les  mots 
MEDIUS  F1D1XJ8  (Boissard,  Antiq.^ 
t.  111). 

SAKDAK  ou  SAINDAC ,  en  latin 
Sasdaccs,  en  <;rec  1»vèux.eç,  héros 
solaire  qu'Apollodore  place  dans  la 
généalogie  d'Adonis  (  Foy.  l'art. 
Ci>'YRe)  au  cinquième  rang,  c'est- 
à-dire  comme  fils  d'AsIynoiis  et  père 
du  roi  cypriote  Cinyre,  doit  être  re- 
gardé comme  le  dieu-soleil  de  la 
Ciîicie.  Suivant  le  niytliograplie  que 
nous  venons  de  cilcr  ,  Snnclak  avait 
déjà  régné  dars  la  Syne  lorsqu'il 
passa  dans  la  Tracliéolide  ou  Cili- 
cic  orientale  et  y  fonda  la  ville  forte 
de  Célendéris.  Il  y  épousa  Pharnaté, 
fille  de  Mégessarc  et  en  eut,  selon 
les  nns,  Cinyre  ,  suivant  d'autres, 
Adonis  lui-même. 

S  AIN  D  A  IN  EN.  Foy.   Sakta- 

SAÎS'DfeS,  Wtrrcule  de  la  Perse 
(<y.-J.  Voss.  ,  de  hiololal.).  Son 
nom  ,  qu'on  ne  peut  se  dispenser  de 
reconnaître  comne  le  même  que  ceux 
de  Sandon  et  de  Sandale,  puis  peut- 
être  de  rapproclur  des  Candule , 
Candale  «  t  Candaule  de  l'Asie  occi- 
dentale (^.  CA^DA^JLE),  dériverait, 
selon  i'cpinion  commune,  de  l'iiébreu 
sartad ,  être  in  fureur.  Mais  alors 
roirment  rapporter  Sandon  h  Therbe 
Sajidyx ,  Sandak  h  Sadoc,  Icjuslc? 
HcurLiisemeiit  ces  diverses  étymolo- 
gies  sont  si  peu  plausibles  qu'on  peut 
sans  regret  en  faire  le  sacrifice. 
L'idée  de  fureur  au  contraire  con- 
vient admirablejnent  à  un  dieu-soleil 
persan.  La  fureur  du  grand  astre,  c'est 
la  Laute  cbaleur.  Soljuiit .  Canis 
furit  ;  et  c'est  cette  période  brûlan- 
te que  représente  syniboliquenient  le 
mythe  d'Hercule  furieux. Bu  reste,  les 


SAN 

docnmcnis  originaux  sont  muets  sur^ 
Sandcs.  Mai>  peut-être  n'esl-il  poinf 
téméraire  de  le  croire  identique   a« 
grand  Dchemcbid ,  dont  la  physiono- 
mie réunit    presque  tous  les    traitai 
principaux   de  la  légende  d'Hercula] 
{Voy.  DcnEMCHin"),  et  dont  le  noiï 
n'est  point  aussi  éloigné  qu'on  le  croi-^ 
rail  d'abord  des  noms  connus  d'Her- 
cule. Sem,  Cbon,  Djom,  ses  dénomi- 
nations égyptiennes,  reproduisent  ]|i| 
première  syllabe  Dcherachid,  et  cel 
le-ci  *sl   seule  essentielle  5   car   oil| 
sait  que  TAchémène  des  Grecs  est  lï 
Dchemcbid    des  Persans.    Toutefois 
on  a  rapproché  Sandès  de  Tchanda  A 
le  célèbre    compétiteur    hindou    da] 
Dourga.    Dans    ce  cas  il   y  a  véri^ 
table    antinomie  entre  Hercule  dict 
bienfaisant  et  Tchanda    sivaïle    fu- 
neste ,  déicide  et  impie.  Mais  la  con- 
tradiction, loin  d'être  une  raison  dé! 
rejeler  le  fait,  nous  lance  dans  unqj 
large  et  heureuse  voie  d'exp'icationil 
historiques:  plus  antiqueque  le  vich-J 
nouisme,  le  sivoïsnie  s'est  vu  détrô- 
ner par  cette  nouvelle  religion.   LcsJ 
Sivaïtes  n'ont  pas  été  alors  effacéaj 
des  souvenirs  el  des  légendes;  seule- 
ment on  en  a  fait  des  êtres  terrible! 
autant  que  grandiose.' ,  méchants  au4 
tant   que  braves  sur   les  champs  Ai 
bataille.  Tchanda  se  trouve  ainsi  ui 
dieu-feu  ,  un  dieu-soleil  en    délire. 
Vichnnnite  pourtant,  puisque  le  vicb-  j 
nouisme  l'adopte,  il  prend  une  phy- 
sionomie plus   douce.  De  ce  donblt 
phénomène  résulte  l'Hercule  fuiieux.j 
De  cette  manière  la  pliase  sanglanlôj 
de  cette  vie,  tout  entière  consacré* 
au  bonheur  des  hommes,  s'explique 
d'elle-mêne.  Comp.  Siva. 

SANDIA  ou  SAISDIADÉVI,  filW 
de  Brahmà,  apparut  brillante  et  belld| 
hors  du  corps  de  son  père  lorsque  le] 
dieu,  poursuivi  par  les  Dailias  amou-^j 
reux  ,  laissa  Ih  sou   enveloppe   ha- 


SAN 

maine  pour  fuir  sous  d'autres  for- 
mes. Les  immondes  poursuivants  du 
dieu  fugilit  s'apeixurent  a  peine  de 
la  substitution,  et  s'acharnant  sur 
Sandiadévi,  souillée  aussitôt  que  née , 
assouvirent  successivement  dans  les 
bras  de  cette  image  les  désirs  inspi- 
rés par  Toriginal.  On  peut  comparer 
Ixion   prenant  JNéphélé  pour  Junon. 

SANDON,  PHercule  lydien.  C'é- 
tait peut-être  un  surnom  plutôt  qu'un 
nom.  Il  lui  fut  donné  par  allusion  h 
celte  robe  de  femme  dont  Omphale 
le  revêtit,  et  dont  l'ampleur  voltip- 
fueuse,la  couleur  purpurine,  la  trans- 
parence indit[uaieiit  a  la  fois  et  le  ca- 
ractère passager  du  dieu  infidèle  à 
ses  habitudes  de  gloire,  f^t  le  carac- 
tère lascif,  délirant  du  culte  rendu 
par  la  Lydie  au  dieu  du  jour.  L'é- 
toffe qu'Omphale  jette  ainsi  autour 
du  corps  musculeiix  de  son  amant  de- 
vait sa  couleur  au  suc  de  l'herbe  saii- 
dyx  ,  et  naème  en  portait  V  nom.  De 
là  celui  du  héros.  Comp.  l'art.  San- 
DAKj  puis,  sur  tout  ce  qui  regarde 
l'Hercule  de  Lydie,  sur  l'échange 
des  vêtements,   l'art.  Oimpiiale. 

SAISGARA.  Foy.  Sank^ara. 

SANGARE,    Sangarus,    2«*y- 

yccpas  (  ou  SAGAIUS  ,  2,â,'/xp(s  )  , 
dieu-fleuve  de  l'Asie  iVlineure,  dont 
presque  toute  la  moitié  occidentale 
jadis  était  comprise  sous  le  nom  de 
Phrygie,  est  surtout  célèbre  comme 
père  de  l'amante  d'Alys  (  f^oy. 
Sangaride  et  Sagara).  Il  résulte- 
rait de  la  comparaison  des  légendes 
de  Sangare  et  d'Agd,  qu'en  Phrygie 
l'univers  (  représenté  en  tant  que 
matière- nature -passiveté  ,  tantôt 
par  Agdistis  ou  Cvbèle ,  tantôt  par  la 
nymphe  Sangaride)  tiiait  son  ori- 
gine, suivant  les  uns,  de  la  terre  ou 
du  roc  primordial^  suivant  les  autres, 
de  l'onde.  —  On  donne  quelquefois 
à  Ganymèdc  le  nom  de  Sangarius 


SAfif 


4iS 


puer,  quoique  le  Snkaria{ie\  est 

aujourd'hui  le  nom  du  Sangare)  cou- 
lât au  moins  h  cinquante  litues  de 
Troie. 

SANGAPJDE,  Sangaris,  s«y- 
yap.'f,  amante  ou  mère  d'Atys,  était 
la  fille  du  fleuve  Sangare.  Son  nom, 
on  le  voit,  n'est  point  un  nom  propre. 
C'est  une  df^'nominalinn  patronymique 
é(p]ivalenle  h  colle  d'Océanide  (Comp, 
l'art.  Sagara,  où  l'on  retrouvera 
l'Océan,  li's  eaux,  une  femme,  quoi- 
que tous  diversement  agencés).  Le 
nom  propre,  selon  quelques  auteurs, 
fut  Nana.  Deux  légendes  se  lient  k 
ces  deux  mots  :  a  amante  ou  mère,  u 
Dans  une  tradition,  Sangaride  ren- 
contre l'amandier  qui  {ut  jadis  le 
phalle  d' Agdistis ,  et  enchantée  de 
la  beauté  de  ses  fruits  en  cueille,  les 
met  dans  son  sein,  devient  enceinte 
et  finit  par  mettre  au  monde  Alys 
que  plus  tard  se  disputent  et  la  fdle 
du  roi  Méon,  la  puissante  Cybèle,  et 
la  fille  du  roi  de  Pessinonte.  Dans 
une  tradition  inverse.  Cvbèle,  ja- 
louse maîtresse  ti'Alys,  a  fait  jurer 
à  ce  jeune  orphelin  de  ne  jauiais 
donner  son  cœur  h  d'autre  qu'à 
clic.  Il  lient  le  serment  jusqu'à  ce 
qu'il  aperçoive  Sangaride.  Dans  une 
troisième  version  il  n'est  question  que 
de  Cybèle  et  d'Alys ,  mais  nulle  ri- 
vale ne  s'interpose  entre  eux. — Con- 
sidérée de  haut,  Sangaride  s'identifie 
à  Cybèle;  car,  confine  Cybèle,  elle  est 
la  génératrice,  la  passiveté  féconde  , 
l'épouse  ,  la  mère.  JNul  doute  même 
que  cette  fille  du  roi  de  Pessinonte , 
à  laquelle  Atys  est  près  de  s'unir,  ne 
soit  elle.  DeCybèle  àSangaride  il  y  a 
pourtant  des  différences  :  i"  Sau-ia- 
ride  est  comme  une  jeune  Cybèle  : 
mère,  elle  se  dessine  après  Âgd  et 
même  Agdistis;  amante  ou  épouse  , 
elle  n'apparaît  qu'après  Cvbèle  :  s" 
elle  se  substitue  à  elle  comme  Ares  à 


4x6 


SAN 


Hépheste  dans  la  tétrade  cabiroVdi- 
que. 

SANI  ou  SATNA  ,  génie  hindou 
analogue  à  lama,  dont  quelquefois  il 
passe  pour  frère  ,  est  pris  souvent 
pour  fils  du  Soleil  et  pour  une  des 
sept  planètes,  ce  qui  n'erapêclie  pas 
qu'en  même  temps  il  ne  préside  k  la 
conscience,  aux  destinées  futures  ,  et 
aux  transmigrations  des  âmes.  Il  est 
fûnesteet  son  regard  tue,  met  en  cen- 
dres ,  anuiliile.  On  peut  en  voir  un 
exemple  a  l'art.  Ganéça.  Il  n'ap- 
proche des  hommes  que  pour  leur 
nuire.  Heureusement,  suivant  les  Hin- 


SAN 

dous,  il  est  a  800,000  lieues  de  Ju-, 
piler    (Vrihaspali)  5    les   astronomes  i 
actuels  duceuluplent  la  distance.  Au-'J 
jouid'liui  même  il  donue  son  nom  au| 
septième  jour  de  la  semaine    (  le  sa- 
medi). Ainsi  que  lama,  il  a  pour  ai- 
tributs  le  corbeau  ,   symbole  hindott| 
delà  métempsycose,  et  les  serpents! 
vengeurs  des  crimes  ,    les   serpents! 
dont  la  dent  vénénivome  représente* 
le  remjrds.  C'est  ici  le  cas  d'iudi-j 
diquer,  avec,  les  noms  des  sept  jourj 
de  la  semaine  aux  Indes,  les  dieux,] 
soit  gréco-romains,  soit  hindous,  qui! 
correspondent  a  chacun  d'eux. 


JOURS   DE   LA    SEMAINE. 

DIEUX  CORRESPONDANTS. 

Il»     EUHnPE. 

AUX     ISDES. 

OHECf-LATIKS. 

HINDOUS. 

Dimanche. 

Souiiadivaça  ou  Aditiàdinain, 

Soleil. 

Souria 

Lundi. 

Somadivaça  ou  Somadinam. 

Lune. 

Soma. 

Mardi. 

.Maiigaladiiiara, 

Mars. 

Mandata. 

Mercredi . 

ISnudhadinam. 

Mercure. 

Boudlia. 

Jeudi . 

Vrihaspatidinain. 

Jupiter. 

Vriliasjiali. 

Vendredi, 

Ouradivara  ou  Soukradinain. 

Vénus. 

Soukra. 

Samedi. 

Saiiidinam. 

Saturne. 

Sana. 

On  représente  Saui  muni  de  qua- 
tre bras  ,  monté  sur  un  corbeau  ,  et 
entouré  de  couleuvres  qui  forment  un 
cercle  autour  de  lui  5  enfin  la  couleur 
de  ses  chairs  est  bleue. 

SANKARA:  i°Siva;  2°  Vichnou, 
mais  sans  doute  Vichnou  idéalisé, 
Vichnou  s'élevanl  a  Brahm,  \icIinou 
Adibouddha  ou.  Bagbavan.  Voici  de 
quelle  manière  A;xprime  Rrichna 
(lo"  lecture  du  Bhaf;avat-Gita) 
dans  une  de  ses  magnifiques  allocu- 
tions au  sage  disciple  Ardjouna  :  «  Je 
a  suis  l'âme  qui  réside  au  sein  de  tous 
«  les  corps)  je  suis  le  commencement, 
K  le  miheu  et  la  tin  de  toutes  les  créa- 
«  lures.  Entre  les  Adilias  je  suis  Vich- 
a  nou  ,  entre  les  luminaires  célestes 
«Ravi  le  resplendissant,  Maritchi 
«  entre  les  Maroutas,  Saci  entre  les 
u  î»jakchatras.    Entre  les  Védns  je 


ce  suis  le  Sama-Véda,  entre  les  Dé- 
a  vas   Vacava  ,    entre  les   Roudrasj 
ce  Sankara,  entre  les  Vacous  PavakajJ 
a  entre  les  poulifes  sacrés  Vriliaspa-j 
et  ti,  etc.  ,  etc.  Entre  les  lettres  je 
a  suis  l'A  5   entre  les  mots  je  suis  la*| 
a  copule  qui  les  unit.  Mais  h  quoi  bot 
«  tous    ces  discours  ?  ô    Ardjouna  il 
K  l'univers  entier  repose  dans  raoaj 
a  essence.» 

SANKARA  ATCHARIA  est  le 
plus  célèbre  persécuteur  des  Boud- 
dhistes. Après  avoir  anéanti  leur  cul- 
te au  sein  de  l'Hindoustan,  il  se  rendit 
au  Népal  et  au  Tibet  pour  y  exei  cer 
les  mêmes  rigueurs.  Là ,  il  eut  une 
discussion  avec  le  grand  Lama.  Ne 
sachant  que  lui  répondre,  il  s'éleva 
au  ciel  par  une  force  magique  :  le 
Lama  ficha  un  couteau  dans  la  place 
qu'occupait  à  terre  l'ombre' de  l'or- 


SAN 

gueilleux  Sankara  ,  planant  dans  la 
nue  :  aussitôt  Sankara  tomba  sur  la 
lame  élincelaute,qui  lui  ouvrit  le  cou 
et   le  tua  a  l'instant.   Colnp.   Za- 

MOLXIS. 

SAiNKARA-NARAIAlSAou  SAN- 
GARA-NARAINEN  est  pris  aui 
Indes  pour  Siva-Yichnou  hermaphro- 
dite :  Siva,  dans  ce  cas,  est  le  prin- 
cipe mâle  5  Yichnou  ,  le  principe  fe- 
melle. Il  y  a  entre  Sankara-Naràïaua 
et  Arddliauari  cette  différence  qu'Ard- 
dhanari  résultant  de  la  fusion  de  Siva 
et  de  Bhavani-Ganga,  Therraapliro- 
ditisme  apparaît  plus  directement. 
Indépendamment  de  toute  cette  foule 
d'idées  mystiques  qui  de  près  ou  de 
loin  se  lient  aux  dieux  hermaphrodi- 
tes, il  y  a  ceci  a  remarquer  sur  Ard- 
dhanari  et  Sankara -!Naràïana  ,  et 
spécialement  sur  le  dernier,  que  par 
eux  on  arrive  a  réabsorber  la  Irinité 
dans  l'unité  :  Siva  et  Vichnou  fémi- 
nisé représentent  le  lingam  dans 
rioni,  la  colonne  de  feu  dans  la  coupe 
féconde  5  puis  vient  Brahraà,  qui  est 
la  base,  le  piédestal  de  celte  coupe- 
ioni.  Création ,  conservation-matière, 
modification-forme,  ainsi  tout  s'éche- 
lonne et  s'unit  de  la  manière  a  la  fois 
la  plus  pittoresque  et  la  plus  saisis- 
sante j  et  ces  trois  ne  font  qu'un  ,  ils 
font  Brahm.  — En  un  sens ,  collaté- 
ral et  accessoire  bien  entendu  ,  San- 
kara-Narâïana  est  l'emblème  de  la 
fusion  des  deux  religions  hindoues 
les  plus  célèbres  ,  le  slvaïsrae  et  le 
vichnouisme.  —  On  peint  Sankara- 
Naràïana  blanc  d'un  côté  el  bleu  de 
l'autre.  Comp.  Har-Héei. 

SAN-PAU  ,  dieu  mongol  ,  kal- 
mouk  et  tibétain,  semble  être  l'es- 
sence suprême.  On  le  représente 
tricéphale  et  assis  comme  les  sei- 
gneurs orientaux  sur  un  tabouret  au- 
près duquel  repose  un  arc,  symbole 
de  la  puissance   des  trois  têtes  qui 


SAN 


417 


surmontent  le  buste  unique  de  l'idole  : 
celle  du  milieu  est  la  plus  élevée  ,  la 
plus  grosse,  la  plus  majestueuse,  la 
plus  méditative;  elle  semble  aussi  la 
plus  âgée;  une  espèce  de  mitre  cou- 
ronne ses  cheveux.  Les  deux  têtes 
placées  h  côté  de  celle-ci  n'ont  d'au- 
tre coiffure  qu'un  petit  bonnet  rond; 
celle  qui  est  a  droite  paraît  la  plus 
jeune.  La  main  droite  porte  un  cœur 
enflammé,  symbole  du  vif  amour  que 
lui  inspirent  les  mortels,  et  la  gauche 
un  sceptre  couche  dans  l'attitude  du 
commandement  lorsque  le  général 
intime  un  ordre.  La  figure  qui  est 
a  gauche  indique  et  plus  d'années 
el  de  plus  profondes  méditations  :  un 
lis  épanoui  dans  une  de  ses  mains 
symbolise  la  douceur,  la  candeur,  le 
refuge  ;  un  miroir  daus  l'autre  an- 
nonce que  tout  ce  qui  se  passe  dans 
l'asile  mystérieux  des  cœurs  vient  se 
peindre  et  se  refléter  la.  Les  trois 
personnages  de  la  Trinité  tibétaine 
résumée  par  San-Pau  sont  Giam- 
Ciang,  Tsihana-Torlseh,  Tsenrési, 
ou  si  l'on  veut  Sangh-Kle-Kontsioa, 
Tsio  -  Konlsioa ,  Kedoun  -  Kontsioa. 
Le  dieu  suprême  qui  plane  sur  les 
trois  personnes,  et  dont  en  consé- 
quence San-Pau  est  le  type,  le  sym- 
bole, s'appelle  Hopamé  [f^oy.  ce 
nom). 

SATSTANOU,  radjah  hindou  ,  fi- 
gure dans  le  Mahabharala  comme  le 
bisaïeul  desPandous  etdes  Kourous, 
et  en  conséquence  comme  le  patriar- 
che de  la  dynastie  lunaire.  Jadis 
Santanou  avait  été  Gana  (disciple  de 
Siva  )  et  rendait  de  fréquents  hom- 
mages  au  dieu  qui  règne  sur  le  Kai- 
laça.  Mais  daus  ces  pieux  pèleri- 
nages il  sentit  de  l'amour  pour  Gan- 
ga,  Ganga  sentit  de  l'amour  pour  lui. 
Siva,  qui  lit  au  fond  des  cœurs  ces 
pensées  adultères  ,  transforme  Gana 
en  singe  et  condamne  Ganga,  la  fra- 


LY, 


27 


4i8 


SAO 


gile  déesse  ,  h  vivre  loin  de  Tépoiix 
qu'elle  a  oulragé.  Voilà  Ganga  et  le 
singe  se»ls  dans  la  forèl!  Le  scnli- 
menldeleur  dégradation  les  fait  rc- 
,venir  a  résipiscence  ;  lonjoiirs  voisins, 
ils  restent  chastes.  Siva  les  voit  alors 
d'un  œil  un  peu  plus  doux  ,  et  pro- 
nonce que  lorsqu'ils  auront  subi  en- 
semble encore  une  Iransmigratiou  il 
leur  pardonnera.  Gana  renaît  sous  la 
forme  de  Sanlanou  ,  descendant  de 
Rotirou  ,  frère  de  ladou;  Ganga  , 
trouvée  sur  les  bords  du  fleuve  qui 
porte  son  nom  ,  est  adoptée  par  le 
radjah  de  Canodje(ouKaniakoiibdja). 
Parvenue  a  la  jeunesse  elle  épouse 
Sanlanon  ,  mais  k  condition  qu'elle 
disposera  de  ses  enfants  h  son  gré. 
Six  fois  mère,  elle  noie  ses  six  pre- 
miers fils;  Sanlanou  sauve  le  der- 
nier, l'élève,  lui  donne  le  nom  de 
Bliiclima .  sous  le(piel  il  devient  un 
des  plus  illustres  héros  de  l'Inde.  Mais 
il  a  vio'é  un  serment  solennel ,  et  il 
y  a  long-temps  que  Gnnga  ,  le  quit- 
tant pour  revenir  dans  les  bras  de  son 
premier  et  divin  époux  ,  s'est  réab- 
sorbée dans  les  eaux  du  fleuve  épo- 
nyme.  Sanlanou  alors  épousa  une  se- 
conde femme,  et  en  eut  Vilchilravi- 
ria. 

SANTÉ.  Voy.  Salus  et  comp. 
Hygie. 

SAON,  2«»y,  découvrit  le  pre- 
mier la  grotte  (depuis  oracle)  de  Tro- 
phonius.  Quelques  mylhograpbes  l'i- 
dentifient h  Saos  {Voy.  ce  nom). 

SAOPHIS  ,  liants  •  quinzième 
dynasle  du  laterculc  d'Eratostliènc, 
serait,  selon  Dupuis,  le  troisième  Dé- 
can  du  Lion,  Phoupé  de  Saumaise, 
ou  Phouonisié  de  Firmicus  {Voy. 
Décatis). 

SAOS,  2««î-,  héros  éponyme  du 
mont  Saoce  ,  dans  l'ile  de  Samo- 
tbrace  ,  et  peut-être  de  l'île  entière, 
est  donné  par  les  uns  comme  le  con- 


SAP 

ducteur  d'une  colonie  étrangère  qii 
vint  s'établir  dans  l'île,  célèbre  de 

fmis  par  le  culte  des  Cabives;   pai 
es  autres,  comme  le  premier  légis' 
lateur  des  Samolhraciens.  Ne  pour- 
rait-on  entendre  ici   par  législaleui 
l'inlroductenr  de  quelque  culte  tellu* 
ricpici*  En  effet,  on  identifie  h  Sapl 
un  Saon  donné  comme  ayant  décoiil 
vert  l'antre  de  Trophomus.  —  SeJ 
Ion    Welcker ,   Sauios    et    Saos    ni 
différent  point;  Samos   et  Saos  or 
été  des  noms  d'Hermès;    Samos 
Saos  ne  diffèrent  point  du  Sabos  (f 
Sab  )   phrygien.    Peu  importe  doi 
d'examiner   si  noire   Saos  airra  é 
l'éponyme  du  mont  Saoce  ou  de  l'îl 
qui  primitivement    se   nommnil  Sa 
raos.  Welcker  rappelle  ensuite  que, 
selon   Suidas,  Sokos  est  une  formt 
de  Saos.   Or    Sôkos  suppose    bit 
évidemment   Saocos,   d'où  Saoce 
Saocis.   Pour  nous,  non  -  senbmeill 
Saos,  Sabos  et  Simos  semblent  liés 
mais  nous  ne  balançons  pas  k  en  rai 
prorher  très -intimement    les    non 
de  Zéou  (Zévs,  Jupiter),  Sovk  et  Si- 
va. Toutefois  que  l'on   ne  s'imnginfé 
pasquctons  ces  mots  furenldc  primeJ 
abord  des  traductions  les  uns  des  au* 
très  :  Siva  devint  ,   en  tant  que 
neste  et  planète,  Saturne  ;  Sovk  ,  ei 
tant  que  puissant  et  planète.  Jupiter^ 
Zéou,  en  tantqn'ardeni, dionysiaque, 
jeune,  beau  et  soumis  k  l'empire  d"un( 
Bbavani  de  l'onest ,   Sabos;  puis  i 
meurl,  il  est  homme,  il  est  chtl!o:iiei 
ou  hypoclilhonicn  ,    il  est  Cadmilc 
Hermès,  Pacchus,  etc.,  etc. 

SAOUMANAÇA ,  éléphant  colos-j 
sal    placé  a  l'angleoucst    de   notn 
globe,  est  nn   dis  quatre  qui  en 
supportant  portent  les  Patalas,    lesj 
Dcjuipas    et  les  Snuargas  ,   c'est-a- 
dire  ['nniYrrs  {Voy.  Gawga). 

SAPAJNDOMAD.  Voy.  Sefeït- 

DOIMAD, 


SAR 

SAR4Ç0UATI  (vulgaiferaentSA- 
BAswATiou  Sarassuadi),  sœur,  fille 
et  ferame  de  Brnhmà,  le  premier  des 
trois  membres  de  la  Trimourli  (  Iri- 
nité  hindoue) ,  avait  long-temps  été 
poursuivie  par  son  père  avant  de  con- 
sentir a  l'union  en  apparence  sacri- 

lèsre  dont  ils   offrent  le  modèle  au 
o 

monde.  A  chaque  mouvement  que 
faisait  Saracouati  pour  se  dérober  à 
ses  impudiques  désirs  s'élevait  sur  la 
nuque  de  Bralimà  une  nouvelle  tète 
avec  une  face  nouvelle.  Lorsqu'il  en 
eut([ualre,  Saraçouali  ,  ne  pouvant 
échapper  a  sa  vue  ,  prit  son  vol  vers 
lescicux.  Suiulaia  Brahmà,  jetant 
les  yeuK  dans  celle  nouvelle  direc- 
tion, s'arma  d'une  ciuqu  ème  lètej 
mais  Siva,  irrité  de  tant  d'audace,  la 
lui  abattit;  et  c'est  alors  que  com- 
mencèrent les  incarnations  et  les  pé- 
nitences de  Brahmà  repentant.- — La 
plupart  des  nombreuses  divinités  de 
la  religion  brahmaïque  ne  semblent 
pas  naître  de  Brahmà  cl  de  Sara- 
couati 5  el.es  se  dessinent  comme 
hautes  émanations  ,  les  unes  sous  le 
dieu,  les  antres  sous  la  déesse.  Tel- 
les sont  par  exemple  les  huit  Malris 
ou  Saklis  (  Voy.  Matjus  et  comp. 
Sakti  ).  Toutefois  on  donne  comme 
nés  directement  de  Saracouati,  i°]Sa- 
réda,  le  dieiî  de  la  Sagesse;  2°  Da- 
kcha  ,  le  premier  des  Pradjapatis  ; 
3"  les  six  Ragas  ,  génies  qui  prési- 
dent aux  modes  musicaux  et  qui,  avec 
leur  cour  de  Raginis,  de  génies  in- 
férieurs et  de  Ragas  décidément  sub- 
alternes, forment  une  population 
musicale  très -nombreuse.  —  Sara- 
çouali préside  à  la  science,  al'harmo- 
nie,  au  langage  ,  a  la  musique  ;  ou 
plutôt  c'est  la  science  même,  la  sa- 
gesse divine,  le  vrai  Logos,  le  Verbe. 
Aussi  a-t-el!e  les  surnoms  de  p^alcJi 
(la  voix) ,  de  Bhavatî  (  l'histoire  ) , 
d«  Glïi  (l'éloquence),  de  f^akeivani 


SAR 


419 


(  rectrice  de  la  parole  ).  Saraçouali, 
son  nom  habituel  ,  signifie  qui  pré- 
side aux  sons.  De  plus,  elle  partage 
avec  Lakcbmi  le  nom  de  Sri.  Maha- 
çouaragrama,  la  tonique  personni- 
fiée ,  la  rectrice  de  la  gamme  n'est 
que  son  émanation,  et  les  16,000 
Ragas  (quand  on  en  compte  16,000) 
sont  16,000  Saraçouali  subalternes, 
comme  les  16,000  vierges  que  Vich- 
nou  épouse  sont  16,000  Lakchmi. 
—  D'ordinaire  Saracouati  est  repré- 
sentée dans  les  bras  de  son  père- 
frère-époux;,  qui  brûle  pour  elle  d'une 
f)assion  éltrnelle  ;  ou  bien  seule  ,  un 
ivre  ou  un  vina  (lyre)  dans  la  main. 
On  sait  que  son  fils  Naréda  passe 
poHr  l'inventeur  de  cet  instrument 
(Voy.  Syst.  brahm.  du  P.  Paulin  , 
pi.  1 1). — Sagesse  divine,  Saracouati 
ne  s'en  identifie  pas  moins  à  la  na- 
ture. C'est  une  Alhànà,  mais  aussi 
une  Alhànà-Physis.  Productrice  des 
sciences,  elle  tend  en  un  sens  à  deve- 
nir industrielle.  Sous  son  époux  se 
dessinent  les  Tchoubdarasj  qu'est 
donc  alors  Saraçouali.^  Une  Athànà 
unie  a  Ilépheste.  Ce  n'est  pas  tout  : 
quel  est  le  chef  des  TchoubdarasV 
Viçouamitra  ,  Héplieste  hindou.  De 
celte  manière  Saraçouali  se  rappro- 
che de  Junon,  mère  de  Vulcain  (Hé- 
pheste).  Saracouati  d'ailleurs  estl'air, 
l'air  sonore  ;  la  voilà  sous  un  autre 
point  de  vue  Héra  (Junon).  Enfin 
elle  est  la  grande  Ragini ,  la  Ragini 
dont  toutes  les  autres  découlent  ;  c'est 
dire  qu'elle  est  le  type  de  celte  Mné- 
mé  ou  Mne'mosyue  dont  les  Muses 
naquirent.  Jupiter  aussi  est  frère  en 
même  temps  qu'époux  de  Junon  ,  et 
il  la  sollicite  long-temps  avant  d'arri- 
ver à  la  séduire. 

SARAMA,  mère  de  ce  jeune  en- 
fant qu'un  jour  repoussèrent  brutale- 
ment les  frères  de  DjanauiéJjaïa  oc- 
cupé alors  au  grand  yacrifice  de  Kou- 


27. 


4^0 


.SAR 


roukchatia.  Uenfant  alla  se  ()Iaindre 
k  sa  mère,  qui  luaudit  les  trois  prin- 
ces et  leur  dit  :  «  Il  viendra  un  temps 
où  la  terreur  panique  vous  saisira  lors- 
que vous  vous  V  attendrez  le  moins.  » 
Sa  prédiction  ne  tarda  pas  à  s'accom- 
plir. 

SARDE  ,  Sardus  ,  s^^eTof ,  chef 
des  Libyens  qui  colonisèrent  les  pre- 
miers la  Sardaigne.  Cette  île  se  uom- 
luait  primitivement  Iclinuse  f  l>^y«v(ra) 
ou  Sandaliotide  ((r(»i>^<(A<îi0-(;^de  a■x^- 
J»>i««f,  sandale),  vu  la  ressemblance 
frappante  de  sa  configuration  avec 
le  pas  (i^»«f  )  ou  le  pied  d'un  homme. 
On  donne  Sarde  comme  le  fils  de 
l'Hercule  égyptien  ou  libyqucMacéris 
(Pans.,  X,  c.  17). 

SARDO,  la^êi,  Sardes  person- 
nifiée, mais  comme  femme ,  dispute 
au  héros  de  l'article  qu  i  précède  rhon- 
ueur  d'avoir  jeté  les  fondements,  d'a- 
voir fourni  le  nom  de  la  capitale  de 
la  Lydie. 

SARIAFING,  l'Al.riman  des  habi- 
tants de  l'île  Formose,  se  plaît,  disent 
les  dévols,  k  enlaidir  par  la  petite- 
vérole  et  ses  infinrilés  l'espèce  hu- 
maine que  Tamagisanhach  a  créée 
belle.  Sariafing  habite  le  nord.  Ou 
l'invoque  avec  ardeur  et  plus  fréquem- 
ment peut-être  que  Tamagisanhach. 

SARIBOLT  et  chez  les  Siamois 
Pra-Saribou  r,  un  des  deux  disciples 
favoris  de  Bouddha  ou  Samanako- 
domj  l'autre  est  Pra-Mogla,  Mo- 
j;aîa  ou  Mangala.  —  Saribout,  que 
l'on  représente  dans  toutes  les  pago- 
des de  l'Indochine  à  côté  de  Sama- 
nakodom,  ne  doit-il  pas  se  nommer 
Sri-Bouddlia? 

SARON,  2<«p*y,  héros  éponyme 
du  golfe  Saroni([ue  (  entre  l'Argolide 
et  l'Attique),  était  selon  les  légendes 
un  roi  de  Trézène.  Comme  les  Eu- 
rotas  ,  les  Euée  ,  les  Oanuès  ,  après 
une  court'!  apparition  sur    la   terre 


SAH 

il  se  réabsorba  dans  les  eaux  :  voici 
de  quelle  manière  on  amène  le  dé- 
nouemenl.  Saron  était  un  ardent  ct^ 
habile  chasseur.  Ln  jour  il  pour 
suivait  un  cerf  qu'il  se  croyait  sur  le 
point  d'atteindre,  mais  qui  pour  lui 
échapper  se  jeta  dans  la  mer  a  la  nage^ 
il  s'y  jeta  comme  Tanimalj  mais  peu 
h  peu  il  se  laissa  entraîner  si  loin  que 
les  forces  lui  manquant  il  se  noya. 
Son  corps  rapporté  sur  la  plage  reçut 
les  honneurs  funèbres  dans  le  temple 
de  Diane,  que  cet  événement  fil  nom- 
mer Saronide.  —  Les  Druïdes  aussi 
dans  Diodore  de  Sicile  s'appellent  Sa- 
ronides. 

SARPÉDON,   lxp,r),7av,  roi  de 
Lycie  n'est  autre  que  le  Scrapis  hu- 
manité de  l'Asie-Mineurc.  11  y  avait 
deux  légendes  sur  lui.  Dans  l'une,  fils 
de  Jupiter  et  d'Europe,  il  a  pour  frère 
Rhadamauthe  et  Minos,  dispute  au 
dernier   la    couronne  de  Crète,    se 
voit  obligé  de  renoncer  K  ses  préten- 
tions, et  h  l'exemple  de  Rhadaman'i 
ihe  quitte  son  pays  natal,  soit  pour 
former  un  établissement  dans  quel- 
que contrée  voisine  ,  soit  pour  êtres 
vice-roi  de  quelque  pays  conquis  paw 
Minos.   En    général,    on    veut  qu'il! 
s'exile  en  Cllicie,  et  que  là,  s'ailacbanl] 
à  la  cause  de  ces  braves  attaqués  parj 
les  Lyciens,  il  se  signale  par  ses  ex- 
ploits. Vainqueur  ,  il  reçut  eu  par-l 
lage  une  portion  de  la  Lycie  ,  y  fonda 
un  royaume  et  laissa  la  couronne  a  son] 
fils  Evandrc.  Dans  l'autre  hypolhèsoj 
Sarpédon  est  le  fils  d'Evandre  et  def 
Déidamie,  fille  de  Jupiter  et  de  Laol 
damie.    Pour   les    évhémérislcs   qui 
distinguent   deux  Sarpédon  ,  Sarpé- , 
don  II  est  fils  de  Jupiter  et  de  Lao-  ' 
damie,  fille  de  Bellérophon.  Laoda-| 
mie  (ou  Déidamie)  a  deux  frères  qui] 
se  disputent  l'héritage    paternel.    IIJ 
fut  convenu  que  l'on  placerait  un  au-| 
ueau  sur  la  poitrine  d'un  enfant  cou- 


SAR 

ché  sur  un  lil ,  et  que  celui-là  serait 
roi ,  qui  ferait  passer  une  flèclie  dans 
la  bague.  Laodamie  consentit  il  ce 
que  son  fils  servirait  ainsi  en  quelque 
sorte  de  point  de  mire  aux  préten- 
dants. Charmés  de  cette  abnégation 
raalernelle,  les  Lyclens  dans  la  suite 
donnèrent  le  sceptre  au  jeune  Sarpé- 
don.  Doit-on  entendre  par-lh  que  soii 
à  Sarpédon  ï",  soit  à  son  fils  Évandre 
succéda  un  Bellérophon  qui  lui-mê- 
me eut  pour  successeur  Sarpédon  llj 
ou  bien  est-ce  que  Sarpédon  II,  suc- 
cesseur immédiat  de  Sarpédon  V  ou 
d'Evandre  ,  joignit  dans  la  suite  aux 
états  hérités  de  son  père  ceux  de  ses 
oncles  maternels?  Nous  laissons  h  dé- 
battre cette  grave  question  h  ceux  qui 
prennent  la  fable  pour  de  Tbistoire. 
Ce  qui  a  surtout  immortalisé  la  mé- 
moire de  Sarpédon  ,  c'est  que  nous  le 
voyons  paraître  dans  l'Iliade,  parmi 
les  auxiliaires  de  Priam.  Quittant 
son  palais,  sa  jeune  épouse,  .son  fils 
qui  ne  balbutiait  pas  encore  ,  il  vient 
à  la  tète  des  Lyciens  chercher  de  la 
gloire  dans  les  champs  de  la  Troade  : 
il  l'y  trouve;  mais  en  même  temps  il 
y  trouve  la  mort.Tlépolèraeenlc  bles- 
sant à  la  côte  est  tombé  sous  sescoups. 
Le  5*"  corps  conduit  par  lui  et  en 
même  temps  par  Giaucus  et  Astéro- 
pée  franchit  le  fossé  du  camp  grec , 
ses  pieds  ont  escalade'  les  murailles  , 
Alcmaon  qui  a  voulu  les  défendre  n'est 
plus  qu'un  cadavre.  Ajax  et  ïeucer 
l'attaquent  en  vain  :  la  lance  de  l'un  ne 

fcrce  que  son  bouclier,  les  traits  de 
autre  n'entament  pas  sa  poitrine. 
L'instant  fatal  arrive  pourtant  !  Eu 
vain  Jupiter  (jiii  voit  un  fiis  daus  Sar- 
pédon voudrait  ajourner  le  sinistre 
dénouement,  eldélibère  sur  les  moyens 
de  l'arracher  a  la  mort.  Palroclc  s'é- 
lance, voit  le  sang  jaillir  des  lianes 
de  Fédase  son  coursier ,  et  tue  Sar- 
pédon. Le  chef  Lycien  tombe  sur  la 


.SAR 


43  f 


poussière  qu'une  pluie  du  sang  envoyé 
par  Jupiter  pour  honorer  la  mort  d'un 
fils  si  cher,  inonde  et  rougit  soudain. 
Les  chevaux  du  héros  devinrent  la 
proie  des  vainqueurs,  son  cadavre  seul 
fut  sauvé  de  leurs  mains;  il  est  vrai 
qu'il  en  coûta  un  nouveau  combat  aux 
Troyens,  ou  plutôt  il  en  coûta  au  dieu 
Lycien,  Apollon,  la  peine  de  pren- 
dre lui-même  le  corps  de  Sarpédon 
sur  le  champ  de  bataille.  Ainsi  l'or- 
donnait Jupiter  I  Déjà  les  Grecs  vain- 
queurs l'avaient  dépouillé  de  ses  armes: 
enlevés  par  le  dieu  du  jour  ses  restes 
inanimés  furent  à  l'instant  même  la- 
vés dans  le  Xanthe,  parsemés  d'am- 
brosie  ,  revêtus  d'habits  immortels  et 
confiés  au  Sommeil  et  h  la  Mort  qui 
les  transportèrent  en  Lvcie.  Lestra- 
diiions  secondaires  voulaient  que  Sar- 
pédon ne  fût  jamais  sorti  de  son 
royaume  :  on  montrait  dans  celte  con- 
trée le  tombeau  de  Sarpédon.  Mu- 
cien,  gouverneur  de  Lycie,  prétendit 
avoir  trouvé  dans  un  temple  une 
lettre  de  Sarpédon  écrite  de  Troie. 
Quiconque  sait  découvrir  dans  uu 
mythe  l'idée  principale  reconnaîtra 
dans  Sarpédon  Sarapi-Adcn  ''le  sei- 
gneur Sérapi)  ,  la  momie-modèle,  le 
dieu-Momie ,  le  roi  des  enfers  ,  le 
juge  des  âmes  :  ces  deux  dernières 
fonctions  s'impliquent  ;  mais  roi-juge 
.s'est  dédoublé  en  roi  et  juge,  Minos  et 
Sarpédon.  Toutefois  il  ne  serait  pas 
impossible  que  Sarpédon  revînt  a  roi 
des  Serpents ,  Sarparadja  ou  Secha-> 
naga. — On  nomme  aussi  un  5*"  Sak- 
jm'do?!  ,  fils  de  Neptune  ,  frère  de 
Pollis,  cl  tué  par  Hercule.  11  est 
évident  quil  ne  dilTère  pas  des  précé- 
dents.—  On  donnait  le  nom  de  Sar- 
pcdonium  a  deux  caps,  l'un  do  la 
Cliersonèse  de  Thrace,  r'auirc  de  la 
Lycie  .^  a  l'embouchure  du  Calvcadne. 
'SARRITOll,  un  des  dieux  agri- 
coles latius,  présidait  au  sarclage. 


4n 


SAT 


SATACIVA  (ou  SADACIVA),  le 

veut  personnifié,  est  un  des  5  éléments 
hindous,  qui  avec  la  trinité  Mana- 
Ahankara-Malianalma  forment  une 
Ogdoade  sacrée.  Maha- Ahankara- 
Mabanalma  est  une  véritable  Irinilé. 
Les  5  éléments  forment  ce  que  l'on 
appelle  le  Pandjakarvagel. 

SATAROUPA,  i"  femme  créée 
par  Brahmà  ,  immédiatement  après 
Menou  regardé  comme  le  premier 
homme.  Dès  qu'ils  respirèrent  fous 
deux,  Brahmà  leur  dit  :  «  Croissez  et 
multipliez.  »  — 11  existe  aux  Indes 
mêmes  des  mythes  totalement  diffé- 
rents sur  la  création  de  l'homme 
{f^oy.  Soudra). 

SATÉ  ou  SATI  ,  2«r/,  déesse 
égyptienne  de  la  2"  classe  se  trou- 
verait dans  nn  tableau  synoptique  des 
Treize -Douze  {f^oy.  ce  nom)  im- 
médiatement au-dessous  d'Ililh  ou 
Souan,  représentanlc  de  Pooh  et  rec- 
trice  de  toute  la  penlade  élémentaire. 
Comparalivcmeut  aux  autres  dieux  de 
la  série  des  dynastes,  Salé  se  trouve 
donc  la  7*  ou  la  8"  selon  que  l'on 
compte  ou  que  l'on  omet  Fré-Djom 
l'archidynasle.  Elle  apour  correspon- 
dant mâle  dans  la  colonne  sidérique 
Pi-Zéou.  Pi-Zeou  est  l'émanation  tlu 
premier  KhaméphisAmoun  ou  Knef; 
Satl  est  l'émanaiion  de  INeilh  ,  fille- 
épouse  d'Amounî  il  y  a  parallélisme 
parfait  entre  les  deux  couples  divins, 
Sati  répond  a  Pi-Zéou  comme  INeith 
a  Knef,  et  Knef  s'incarne  en  Pi- 
Zéou  ,  comme  Neilh  s'incarne  en 
Sati.  Cosmo'ogiquement  parlant,  Pi- 
Zéou  est  Jupiter,  la  plus  grosse  des 
planètes,  et  (tant  qu'on  ne  connaît 
pas  exactement  Saturne) la  plus  hau- 
te, la  plus  lente  a  parcourir  son  im- 
rarnse  orbite 5  Sali  fut  le  plus  élevé, 
le  plus  noble  des  cinq  éléments,  l'É- 
iher.  Toutefois  de  bonne  heure  on 
s'habitua  H  ne  voir  dans  cet  Élher 


SAT 

que  l'espace  semi-lumineux  qui  sépar* 
la  lune  de  la  terre,  en  d'autres  ter- 
mes TElher  sublunaire,  qu'il  ne  faul 
pas  confondre  avec  l'atmosphère  ter-^ 
restre, ceinture  réelle  de  notre  «ïlobei 
représentée  par  Boulo    II.    Ces    a* 
perçus  confirment  avec  bonheur  toujj 
cequenousavons  dilplushaut  du  rai 
port  de  noire  couple  dynaste  avec  \i 
couple  Khaméphis.  Amoun,  le  i*"""  el 
le  plus  élevé,  le  plus  majestueux  et  1| 
plus  ancien  des  Démiurges,  se  reflète 
naturellement  dansla planète  quirouU 
h  1.^0  millions  de  lieues  du  soleil,  ei 
dont  l'orbite  ellipsoïde  parcourue  ei 
1 5  ans  en  a  presque  un  milliard  5  JNeill 
considérée  tantôt  comme  volonté  iUl 
prème  de  Knef,  tantôt  comme  l'Ethe 
d'où  va  jaillir  le  feu-lumière  Fia,  si 
reflète  de  même  dans  un  Elher  sul 
lunaire.  Les  Grecs,  pour  qui  Pi-Zéoï 
émanation  d'Amoun  avait  été  le  Zévd 
nommé  en  latin  Jupiler,ne  pouvaierif 
manquer  de  prendre  Sali  pour  Héri 
ou  JuMon. — Sali,  déesse  dynaste  et  pai 
là  même  subordonnée,  est  dite  dam| 
delà  région  inférieure.  Mais  qu'esl-c^ 
que  la  région  inférieure?  l'espace  qt 
s  étend  de  la  Urne  a  la  terre  ,  ou  biejj 
encore  l'hémisphère  austral  sous  q( 
semble  s'abîmer  le  soleil,  suit  pendai 
la  nuil  si  l'on  ne  songe  qu'à  la  cours 
diuine,  soit  pendant  six  n;ois  del'anl 
née  si  l'on  songe  h  la  course  annu(  lie 
Les  divinités  de  la  deuxième  classl 
en  effet  ne  sont  que  celles  de  la  prej 
mière,  à  un  degré  plus  bas  dans  l'é» 
chelle  hiérarchique  des  formes  divil 
nés.  A  Araoun-Ka  s'est  substitué  ui 
Amoun-Ra  à  tête  de  bélier:  HbonJ 
sou  a  fait  place  a  Knef.   De   mêmï 
l'anthropocéphale  INeilh  s'éclipse poujj 
ne  laisser  paraître  que  Salé,  Alhol 
s'évanouit  pour  laisser  Anouke  sa  dou-»î 
blure  recevoir  les  hommages  du  Pha-* 
raon. — Dans  les  monuments  fuué-^ 
raircs  l'image  de  Sati  est  raultipliéci^ 


SAT 

Tantôt,  au-dessous  de  Tpé,  elle  sé- 
pare les  scènes  ou  figurent  les  dieux 
asiromorphiques  et  cosmogoniqiies 
des  scènes  purement  funèbres  5  tantôt 
elle  se  proclame  en  un  sens  encore 
plus  techniquement  maléritl  la  do- 
minatrice des  régions  iriférieures,  car 
toutes  les scènesauxquelles  elle  semble 
ainsi  présider  -sont  pemtes  sur  le  bas 
du  couvercle  des  cercueils;  tantôt  ses 
images  couvrent  les  coins  des  tableaux 
partiels  que  présentent  les  riches  mo- 
mifications, principalement  les  bras 
(Voy.  la  belle  momie  figurée,  planche 
LXxxu  a,  tom.  IV  de  la  (rad.  fran- 
çaise de  Creuzer,  par  M.  Gnigniaul). 
Salé  est  habituellement  à  genoux;  sa 
coiffure  est  blanche  ou  bleue  :  tantôt 
une  palme  ,  tantôt  le  pchent,  em- 
blème de  la  domination  sur  les  régions 
inférieures,  couronne  sa  têle  ;  la  croix 
ansée,  le  sceptre  à  fleur  de  lotos, 
commun  à  toutes  les  déesses,  brillent 
entre  ses  mains.  Le  vautour  symbo- 
lique des  déesses- mères  enveloppe 
quelquefois  sous  leslarges  replis  de  ses 
ailes,  les  cuisses  et  les  jambes  de  la 
déesse;  quelquefois  aussi  une  tunique 
le  remplace  ;  mais  le  plus  souvent  des 
ailes  a  vaste  envergure  sortent. des 
épaules  mêmes  de  Saté,  et  dans  les 
monuments  funéraires  on  la  voit  obom- 
brer  ainsi  soit  l'épervier  emblème 
de  Fia,  soit  ce  qui  est  plus  remar- 
quable les  éperviers,  âme  du  défunt. 
Deux  images  connues  de  Saté  {Des- 
cript.  dt  l  Egypte,  pi.  xvi,  n"  i, 
tome  I)  la  montrent  avec  les  chairs 
peintes  en  rouge,  contrairement  a 
l'usage  des  Egyptiens,  qui  réser - 
vaientcelle  teinte  pour  les  dieux  mâ- 
les. Un  riche  lajiis  hiéroglyphe  et  sym- 
bole de  seigneurie  est  suus  ses  pieds  ; 
et  sous  le  tapis  un  bouquet  de  fleurs 
de  lotos  dont  les  deux  extrêmes  sont 
toujours  brisés  et  inclinent  languis- 
«amraeut  leur  tête  vers  la  terre.  L'effi- 


SAT 


4a3 


gie  sainte  ainsi  posée  est  elle-même 
un  hiéroglyphe  et  doit  se  lire  Saté  , 
déesse  vivante  et  âme  de  la  région  in- 
férieure. L'ourée  ou  serpent  royal 
(vu'gairement  basilic,  pour  les  natu- 
ralistes badjé  )  lui  était  particulière- 
ment consacré  ,  et  dans  nombre  de 
monuments  il  l'accompagne  et  la  re- 
présente. 

SATI,  la  même  que  Malianatma, 
et  par  conséquent  que  Mahabhoiita, 
qu'Hiraniagarbha,  que  Brahmà,  etc. 
Saîi  veut  dire  la  vérité,  la  vie. 

SATIAliHAMA,  une  des  Naiikas 
(les  huit  épouses  favorites)  du  dieu 
hindou  Vichnou-Rrichna ,  disputait 
sans  cesse  son  cœur  a  Roukmini.  C'est 
elle  qui  engagea  son  lumineux  époux 
à  combattre  Indra  pour  lui  enlever 
l'arbre  de  la  sagesse,  et  le  planter  ' 
dans  le  jardin  de  Satiabhama.  C'est 
elle  qui ,  excitant  le  courroux  de 
Krichna  contre  les  fauteurs  du  sivaïs- 
me,  lui  mit  les  armes  h  la  main  contre 
tous  les  pirents  de  Rnukmini  (llouk- 
mi,  Djaracandha,  etc.).  C'est  elle  qui 
f;iit  avec  le  fils  de  Dévaki  le  tour  de 
l'Inde,  de  la  terre  et  des  cieux,  et 
qui ,  pour  voir  le  fort  aux  sept  en- 
ceintes qu'occupe  ]Naraka  ou  Bhou- 
macoura,  détermine  la  guerre  dont 
le  résultat  est  la  mort  du  géant  aux 
cinq  têtes  et  la  prise  des  sept  forts. 
C'est  elle  enfin  qui ,  lorsque  la  terre  , 
(Blioumi)  éplorée  se  jette  à  ses  pieds, 
et  lui  olfre  un  riche  collier  de  pierre- 
ries, la  suppliant  d'intercéder  en  fa- 
veur de  son  p<'tit-fils  auprès  de  Krich- 
na, parvient  sans  peine  h  obtenir  pour 
le  jeune  filsde  Bhouraaçourale  trôno 
dont  son  père  vient  d'être  dépouillé 
eu  perdant  la  vie. — Satiabhama  était 
la  fille  de  Saliadjit  dont  l'article  suit. 

SATIADJIT  ,  sage  ou  prince  hin- 
dou des  environs  de  Douaraka ,  était 
un  adorateur  du  soleil,  et  en  récom- 
pense de  sa  piété  reçut  du  dieu  une 


4*4 


SA.T 


escarboacle  magniSque.  Kric^na  l'a- 
perçut, et  lui  lit  entendre  que  cette 
pierre  merveilleuse  lui  plaisait  :  Sa- 
tiadjit  feignit  de  ne  pns  comprendre 
les  phrases  ambiguës  et  claires  pour- 
tant de  Krichna,  rentra  dans  le  palais 
et  confia  le  joyau  a  son  frère  Praçana. 
Non  moins  enchanté  que  Krichna  de 
la  beauté!  de  Tebcarbouclc  et  moins 
délicat  dans  le  choix  des  moyens, 
Praçana  la  cacha  dans  les  replis  de  son 
turbau  ,  partit  pour  la  chasse,  et  ne 
revint  pas.  Satiadjit  accuse  sour- 
dement Krichna.  Soudain  le  fils  de 
Dévaki,  pour  se  laver  d'un  soupçon 
outrageant  ,  s'enfonce  avec  Satiadjit 
dans  les  bois  parcourus  par  l'raçana  , 
parvient  dans  la  grotte  de  Djambavan 
que  d'abord  il  combat,  et  avec  lequel 
ensuite  il  forme  amitié,  épouse  Sa 
fille  Djambavali ,  et  retrouve  Tescar- 
boucle  qu'aussitôt  il  remet  h  Satiadjit. 
Le  sage,  dans  l'excès  de  sa  joie,  lui 
confie  le  trésor  le  plus  cher  qu'il  pos- 
sède après  l'escarboucle,  sa  lille  Sa- 
tiabliamaqui  fut  une  des  huit  épouses 
favorites  de  Krichna.  Plus  tard,  l'es- 
carboucle causa  le  meurtre  de  Satia- 
djit, et  divisales  deux  frères  Bala-Ra- 
ma  et  Krichna,  qui  jusqu'alors  avaient 
été  si  unis.  —  L'escarboucle  de  Sa- 
tiadjit est  évidemment  le  symbole  de 
la  richesse,  source  de  dissensions  et  de 
guerres  :  son  éclat  réfléchit  celui  du 
soleil  j  c'est  comme  un  soleil  terrestre 
et  même  tellurique,  car  quand  elle  est 
dans  les  mains  de  Satiadjit,  dans  le 
turban  de  Praçana,  dans  la  grotte  de 
Djambavan,  elle  n'élincelle  pas  seu- 
lement k  la  surface  de  la  terre ,  elle 
étincelle  dans  ses  entrailles  mêmes. 
Du  reste  sur  la  poitrine  de  Vichnou 
étincelle  un  antre  diamant,  Kastrala, 
«ne  des  productions  de  la  mer  de 
lait.  — Praçana  semble  transgangé- 
tique,  et  comme  tel  reviendrait  à 
Siva,  Içania,  Pra-Içana. 


SAT 

SATIATRATA,  radjah  hindou,, 
régnait  h  l'époque  où  le  fort  démonfj 
HaVagriva,  profilant  du  sommeil  dej 
Brahmà,  dévora  les  Ve'das  qui  avaient 
coulé  de  sa  bouche.  Pieux  serviteur 
de  l'esprit  qui  se  meut  sur  les  eaux  , 
Naraïana,  et  même  n'ayant  que  les 
eaux  pour  aliment,  Saliavralas'acquit- 
tait  avec  scrupule  de  ses  ablutions 
dans  le  fleuve  Krilamala.  Tout  a  coupii 
un  petit  poisson  se  présente  h  sa  vue, 
Satiavrata  le  recueille  ,  le  place  dani 
un  bocal,  se  promet  de  le  visiter  soui 
vent.  0  miracle  !  au  bout  de  quelques! 
heures  le  poisson  a  grandi,  se  trouv( 
h  l'étroit  dans  le  vase  qui  lui  serl 
d'asile.  Satiavrata  le  transporte  dans' 
une  cuve;  bientôt  la  cuve  aussi  se 
trouve  trop  exiguë.  Un  étang,  un  lac, 
un  fleuve  reçoivent  ainsi  successive- 
ment le  merveilleux  poisson.  Salia-d 
vrala  enfin  no  peut  lui  trouver  d'ha- 
bitation convenable  que  l'Océan,  «En- 
core sept  jours, 3>  lui  dit  alorsle  dieu- 
poisson,  car  évidemment  c'était  un 
dieu,  c'était  Yichuou  ,  «  et  tout  sera 
submergé  !  Mais  au  sein  des  vaguel 
dévastatrices  un  grand  vaisseau  t'ap- 
paraîtra;  entre-s-y  muni  de  toutes  lej 
plantes,  de  toutes  les  graines,  accom- 
pagné des  sept  Richis,  entouré  des 
couples  de  tous  les  animaux. 3>  La  pré- 
diction s'accomplit.  La  mer  franchis- 
sant ses  rivages,  inonda  la  plaine, 
des  nuages  immenses  versèrent  des 
pluies  qui  l'accrurent  encore;  Satia- 
vrata entouré  de  cadavres  allait  pé- 
rir, lorsque  le  navire  annoncé  par 
Yichnou  s'approcha.  Il  y  entra,  et 
soudain  Vichnou,  poisson  à  taille  gi- 
gantesque, à  œil  brillant  comme  l'es- 
carboucle ,  s'éleva  du  sein  des  eaux 
décroissantes,  tua  l'impie  Haïagriva, 
et  recouvra  les  livres  saints.  Satia- 
vrata fut  ensuite  choisi  pour  septième 
Menou,  et  prit  le  nom  de  Vivacouala. 

SATJNIÈS,  IdTyÎKs,  chef  troyeu 


SAT 

tué  par  Ajax  TOVlide,  élail  fils  d'E- 
iiops  et  d'une  Naïade. 

SATOR,  un  des  dieux  agricoles 
du  Lalium  ,  présidait  aux  semailles 
[serere,  sw^in  s  a  tum). — On  appelle 
quelquefois  Jupiter  hominum  sa- 
ior  atque  dtoriim. 

SATURIïAS,  divinité  allégorique, 
figure  dans  les  Captifs  de  Piaule 
comme  la  déesse  des  parasites. 

SATURNE  (Satubtjus,  en  grec 
KROTios)  paraît  h  la  têle  de  la  religion 
composite  des  Grecs  et  des  légendes 
historiques  du  Latium.  Crone  ou  Sa- 
turne eut  pour  père  Ouranos  ou  Cœlus 
(le  ciel),  pour  mère  Gé  ou  ïellus 
(la  terre);  ses  frères  étaient  en  grand 
nombre.  Tous  ensemble  s'appelaient 
Titans;  mais  vulgairement  on  fait  de 
ses  frères  un  seul  frère  véritable , 
Titan,  qui  est  son  aîné;  puis  une 
foule  de  neveux,  lesTitanides.  J^oy. 
sur  l'idée  qu'il  faut  avoir  de  cette  gé- 
néalogie l'article  Titans.  Les  aven- 
tures de  Saturne  se  groupent  en  deux 
masses,  dont  l'une  grecque,  l'autre 
italiolique.  —  Au  ciel  et  en  Grèce  il 
mutile  Ouranos  a  la  demande  de  Gé 
sa  mère,  épouse  Rliéa,  sa  sœur,  se 
fait  céder  l'empire  du  monde  par 
Titan  son  aîné,  mais  h  condition  de 
détruire  tous  ses  fils  a  mesure  qu'ils 
naîtront ,  et  d'assurer  ainsi  l'héritage 
du  trône  a  ses  neveux  ;  engloutit,  con- 
formément au  traité,  ses  enfants  mâ- 
les dès  qu'ils  ouvrentles  yeux  au  jour, 
dévore  même  ses  trois  filles,  Junon , 
Yesla,  Gérés,  et  deux  fils,  Neptune 
et  Pluton;  se  laisse  enfin  duper  par 
Rhéa  qui  lui  donne  une  grosse  pierre 
emmaillotée  h  la  place  de  Jupiter,  et 
qui ,  h  l'aide  d'un  vomitif  donné  par 
Métis,  fait  sortir  vivants  de  ses  en- 
trailles les  cinq  enfants  dont  elle  pleu- 
rait la  perle;  se  voit  attaqué  par  les 
Titanides,  dépouillé  du  pouvoir  et 
confiné  dans  une  prison ,  en  sort  au 


SAT  425 

bout  de  l'année,  délivré  par  le  jeune 
Jupiter  et  par  ses  frères;  puis,  a  pei- 
ne réinstal'é  dans  la  place  brillante 
dont  il  a  été  privé  ,  conçoit  des  soup- 
çons contre  son  libérateur,  lui  tend 
des  pièges,  cache  mal  le  guet-apens 
qu'il  médite,  el  cette  fois  est  irrévo- 
cablement chassé  des  cieux  par  son 
invincible  fils.  Sur  la  terre  (et  en  con- 
séquence selon  l'Italie)  THespérie  lui 
offre  un  asile.  Il  arrive  en  vaisseau  a 
l'embouchure  du  Tibre,  reçoit  un  ac- 
cueil favorable  de  Janus,  roi  du  La- 
tium, se  lait  par  lui  associera  l'em- 
pire ou  lui  succède,  introduit  l'agri- 
culture et  les  lois  parmi  les  farou- 
ches indigènes,  fait  ileurir  la  paix, 
l'abondance,  la  santé,  l'égalité,  le 
bonheur  parmi  eux,  jette  les  fonde- 
ments de  Salurnie  sur  le  Capilole, 
et  enfin  laisse  le  trône  li  Faune.  Le 
règne  de  Saturne  fut  l'âge  d'or  de  l'I- 
talie.—  On  pourrait  ajouter  k  ces 
deux  séries  de  faits  quelques  histo- 
riettes relatives  k  ses  amours.  Ainsi, 
par  exemple,  il  se  métamorphose  en 
cheval  pour  obtenir  les  bonnes  grâces 
de  la  nymphe  Philyre,  et  il  donne 
ainsi  le  jour  au  centaure  Chiron , 
moitié  homme  el  moitié*  cheval.  Une 
variante  plus  jolie  le  montre  sur- 
pris par  Rhéa  auprès  de  la  com- 
plaisante Océanide.  Pour  se  dérober 
k  cet  œil  vigilant,  il  emprunte  la  for- 
me d'un  rapide  cheval,  el  Philyre  fu- 
gitive va  ensevelir  sa  honte  dans  une 
retraite  obscure.  La  scène  se  passe 
tantôt  sur  le  Pélion,  tantôt  dans  une 
île  de  la  mer  Noire. — Saturne,  d'a- 
près ces  deux  légendes  qui  évidem- 
ment furent  étrangères  l'une  k  l'autre 
dans  Torigine,  est  tour  k  tour  un  dieu 
plus  haut  que  Jupiter  même,  quoique 
Jupiter  le  dépossède,  et  un  dieu  a  for- 
mes humaines.  Sous  ce  dernier  point 
de  vue ,  il  nous  serait  facde  d'entrer 
dans  une  feule  de  détails  tous  pUi§ 


4a6 


SAT 


SAT 


puérils  les  uns  que  les  autres.  Nous 
rechercherions  ce  que  furent  les  Ti- 
tans; quelle  race,  quel  peujile,  quel 
roi  peut  être  représenté  par  le  nom 
de  Saturne;  en  quoi  consista  la  civili- 
saliou  introduite  dans  la  péninsule 
italique  par  le  prince  dont  nous  nous 
occupons;  quels  rapports  exi.stenl  en- 
tre lui  et  Janus  et  Picus  et  Faune  et 
l'Arcadien  Évandre,  elc,  etc.  A  no- 
tre avis  ces  questions  sont  oiseuses. 
Nulle  phase  de  la  civilisation  nais- 
sante ne  les  rattache  h  un  homme  du 
nom  de  Saturne.  Ce  hienfailiur  n'est 
que  la  personnalisation  de  la  vie.  de 
1  art  agri.ole.  Cet  art  sublime,  c'est 
un  don  du  ciel.  Quel  homme  l'a  don- 
né aux  hommes.''  Aucun;  c'était  un 
être  céleste.  Cet  être  céleste  en  appa- 
raissant sur  la  lerre  était  en  exil, 
était  caché,  lalehnl.  Son  nom  ter- 
restre, Saturne,  n'est  autre  chose  que 
sator,  le  semeur,  sala,  les  semail- 
les. Une  fois  sa  mission  accomplie,  i! 
se  réabsorhe  dans  l'essence  divine,  il 
retourne  aux  cieux,  il  redevient  invi- 
sible, et  se  proroge  seulement  par  une 
suite  de  successeurs  humains,  ses  dis- 
ciples, ses  apôtres  et  ses  imitateurs. 
L'un,  Picus,  est  un  volatile  aérien, 
qui  semble  sans  cesse  porter  les  paro- 
les des  dieux;  l'autre,  Faune,  est  l'air 
pur,  l'air  tiède  qui  active  la  fertili- 
sation, favorise  le  développement  des 
tendres  graines,  et  bonifie  les lenla- 
tives  de  l'homme  (Fouos,  bonus  ,  fa- 
vens);  un  troisième,  Evandre,  c'est 
l'homme  bienfaiteur  des  hommes. 
Comp.  ici  Cécbops,  Cad>ius,Osi- 
liis,  etc. — Quant  a  cet  â^e  d'or  dont 
le  souvenir  s'identifie  h  celui  du  règne 
de  Saturne,  nul  doute  que  l'or  ici  ne 
doive  s  entendre  dans  un  sens  Irans- 
cendantal  del'or  scintillant  des  astres, 
dans  un  sens  subalterne  de  l'or  des 
moissons ,  puis  de  ces  véritables  ri- 
chesses que  l'agriculture  accumule  dans 


les 


les  greniers  des  hommes.  Ce  n'est  pal 
tout  :  l'âge  d'or  aussi  émane  de  l'idée 
de  temps.  A  présent  nous  nous  trou 
vons  reportés  au  lôle  divin  el  célesl 
de  Saturne.  Yoyons d'abord  cominen 
les  théosophes  anciens  le  compren- 
nent. A  Crone  s'adresse  le  douzième 
dos  hymnes  orphiques  ;  là,  le  dieu  re- 
çoit les  titres  magnifiques  de  père  des 
dieux  et  des  hommes,  d'astucieux 
d'immaculé,  de  puissant,  de  fort  Ti 
tan,  de  producteur  et  deslrucleu 
universel  qui  lie  l'orbe  terrestre  ave 
des  chaînes  qu'il  ne  peut   briser.   D 

|)lus ,  Crone  est  le  père  des  siècles, 
e  rejeton  du  ciel ,  l'accoucheur  de  la 
nature  ,  l'époux  de  Rhéa  ,  le  vénéra- 
ble Proniélliée  ,   le  générateur  pri- 
mordial en  circulation ,  en  mouve- 
ment dans  chaque  partie  du  monde. 
Certes  ces  qualifications  sont  hautes; 
toulef  as  e'ies  ne  révèlent  pas  encore 
tout    Saturne.    1N'«  xisle-(-il    pas    un 
Saturne-planète.'*  Oui,  sans  doute;  e 
ainsi  se  dessinent  toutes  les  physio-^ 
nomies  du    dieu.    Saturne  -  planète,' 
Satiirne-feu,  Saturne  suprême  créa 
teur,  Saturne-temps,  telles  sont,  avei 
Saturne-roi,  les  quatre  parties  essea 
tielles  de  l'histoire  mythique  du  pèr 
de  Jupiter.  Toutefois    Saturne -f( 
s'offre  comme  le  feu-mage ,  le  feu  le 
cond  en  prodiges  et  en  maléfices,  1 
feu  sivaïte.  C'est  ainsi  qu'il  est  Ti 
tan;  car  dans  les  mylhologies  hindoue; 
les  Dailias  sont  des  magiciens  habL 
les;  et  Siva  lui-même,  tout  créateur 
qu'il  est,  lorsqu'on  sait  le  compren- 
dre, passe  pour  un  destructeur  :  Ou- 
gra,  Roudra,  Sraddhadéva,  voilà  ses 
noms  par  excellence.  Fidèle  image  de 
ce  dieu  qu'on  représente  sur  le  Kailaca, 
un  œil  le  feu  au  milieu  du  front ,  un 
glaive  dans  les  mains,  des  dents  aiguës 
dans  la  bouche ,  et  le  nom  de  Râla  (  le 
temps)  sur  la  liste  de  ses  titres,  Sa- 
turne, tantôt  aux  cieux  (cœli) ,  tantôt 


1 


SAT 

sur  la  terre ,  dévore  ses  fils  et  le 
monde,  mulile  avec  la  cruelle  harpe, 
pronostique  ruine  et  malheur  k  qui 
naît  sons  l'influence  de  i>a  funcsle  pla- 
nète .  Sous  tous  les  rapports  il  s'oppose 
k  Jupiter  plus  jeune,  plus  riant ,  plus 
doux,  à  Jupiler  qui  engendre,  pro- 
duit, conserve,  ahmenle,  harmonise, 
à  Jupiter  qui,  coraiMC  planète,  pro- 
met bonheur  et  hautes  destinées.  Sa- 
turne eut  des  analogues  en  Syrie  dans 
Bel  coupant  en  deux  Onorka  et  dans 
Mo'och  sadélégalion:  en  Egypte  dans 
F'a  dieu-feu  et  dans  Sovk  sa  déléga- 
tion planétaire  sinistre.  C'est  dire 
assez  qu'en  Grèce  même  il  n'est  pas 
sans  rapport  avec  Vuicain  et  Mars 
(comp.  MoLOCH  et  Sovk). — Nous  ne 
pouvons  quitter  Saturne  sans  dire  un 
mol  des  âges  tels  que  les  entendaient 
les  Grecs.  Chez  presque  tous  les  peu- 
ples du  monde  on  a  établi  k  l'avance 
de  grandes  périodes  d.ins  lesquelles 
se  trouvent  compris  les  faits  anté- 
rieurs k  l'histoire  actuelle  de  l'hu- 
manité,  et  les  faits  presque  contem- 
porains. Dans  les  pays  où  la  caste  sa- 
cerdotale était  recouimandable  par 
une  espèce  de  science,  ces  péi iodes 
étaient  astronomiques  et  très-savam- 
ment agencées.  Il  n'en  fut  pas  ainsi 
dans  la  Grèce  primiiive,  qui  se  con- 
«enta  de  prendie,  sans  les  préciser 
par  des  chiffres,  les  résultats  de  cal- 
culs exotiques.  La  durée  du  monde 
actuel,  selon  l'opinion  vu'gaire,  se 

Sartageait  en  quatre  périodes  ou  âges 
ésigués  par  les  noms  d'âge  d'or ,  âge 
d'argent,  âge  d'airain,  âge  de  fer. 
Il  est  aisé  de  remarquer  que  les  mé- 
taux qui  donnent  lieu  aux  quatre  épi- 
thèles  se  suivent  dans  une  propor- 
tion décroissante.  Cette  décroissance 
est  symbolique,  elle  est  le  calque  li- 
dèle  de  la  dégénérescence  des  hommes, 
qui  deviennent  de  moins  en  moins 
rertueux ,  a  mesure  que  l'espèce  hu- 


SAT 


A27 


maine  vieillit.  L'antiquité,  on  le  roit, 
était  bien  loin  de  celle  opinion  aussi 
consolante  que  vraie,  «  l'espèce  humai- 
ne peut  se  perfectionner,  et  se  per- 
fectionne tous  les  jours.  »  Elle  n'ad- 
mettait pas  même  le  fait  éminemment 
philosophique  que  la  vie  d'un  peuple 
se  compose  d'au  moins  trois  phases, 
la  croissance,  le  slalu  cjuo ,  la  dé- 
croissance qui  conduit  a  la  mort.  Elle 
n'en  était  pas  même  encore  arrivée  à 
ce  résultat  si  simple  qui  confondait 
les  destinées  humaines  avec  celles 
d'un  peuple. — Les  épilhèles  usuelles 
de  Saturne  sont  celles  de  Titan, 
d'Ancylomàtis  (k  esprit  recourbé), 
allusion  k  la  tranchante  harpe  et  a 
sa  finesse,  de  Prologone  ou  premier- 
né.  Du  reste,  k  l'époque  de  l'incré- 
dulité grecque,  son  nom  devint  un 
sobriquet  et  ne  signifia  plus  que 
vieux  radoleiir.  On  sait  que  Cronide 
et  Croniôn  étaient  des  surnoms  de 
Jupiter.  De  même  on  dit  souvent 
Saturnia  Juno. — Le  culte  de  Sa- 
turne en  Grèce  fut  peu  célèbre ,  parce 
que  de  honne  heure  il  fut  exclus  de  la 
liste  des  dieux  olympiques,  et  peut- 
être  l'idée  de  l'exil  en  Hespérie  est- 
elle  en  partie  due  k  cette  circon- 
stance. Cependant  Pausanias  parle 
d'un  vieux  temple  qu'il  avait  dans 
Elis.  On  l'honorait  aussi  a  Drépane 
en  Sicile,  où  même  on  se  vantait 
d'avoir  sa  harpe,  sa  faux  (drépanon), 
tombée  sur  le  globe  terrestre,  lors- 
que Jupiter  l'expulsa  de  la  voùle  cé- 
leste. La  Thessalie  célébrait  en  son 
honneur  une  fête  dite  Pélories,  et 
dont  les  détails  offrent  quelques  rap- 
ports avec  les  Saturnales.  Pour  celles- 
ci  c'est  dans  l'It;die  qu'on  les  solen- 
nisa,  c'est  sous  l'influence  de  la  domi- 
nation romaine  qu'elles  firent  le  tour  de 
l'Europe  méridionale.  A  Rome  sur- 
tout ou  y  déployait  une  magnificence 
et  une  licence  sans  bornes.  Primitive- 


4a8 


SàT 


SAT 


1 


ment  elles  ne  duraient  qu'un  Jour  (le 
1 7  décembre);  mais  plus  tard  leur  du- 
rée s'étendit  à  trois  jours,  puis,  pnr 
l'ordre  de  Caligula  cl  de  Claude,  à 
cinq  jours.  On  y  ajouta  même  deux 
autres  jours  ([ui  furent  appelés  .v/^i7- 
laria  y  parce  que  pendant  ce  temps 
on  se  faisait  muluellement  présent  de 
petites  figures  nommées  sigi/la'^  les 
parents  surtout  en  donnaient  à  leurs 
enfants.  Pendant  les  cinij  jours  des 
Saturnales  proprement  dites  toutes 
les  classes  du  peuple  se  livraient  aux 
festins,  aux  plaisirs;  les  maîtres  ser- 
raient leurs  esclaves  ii  table  ,  et  non- 
seulement  ceux-ci  avaient  leur  franc 
parler  pendant  ce  temps,  mais  nne 
amnistie  complète  devait  ensevelir 
tout  ce  qu'ils  avaient  pu  faire  sonner 
de  désagréable  aux  oreilles  des  maî- 
tres. De  la  les  vers  d'Horace  (liv. 
II,  sat.  7),  lorsque  Dnve  veut  lui 
faire  entendre  des  vérités  un  peu 
dures  : 

Soit  !  par)e,puisqu'piirin  de*  vieux  pâtres  il»  Tibre 
TelTulle  bonpItUir.et  qu'àRome  onestlibra 
En  décembre 

— Les  présents  qui  originairement 
consistaient  en  sigilla  furent  variés 
par  la  suite.  On  le  voit  par  diverses 
épigrarames  de  Martial  qui,  peu  con- 
tent des  cadeaux  qu'il  reçoit,  de- 
mande tout  simplement  h  son  ami 
pour  cinq  cents  francs  ou  environ 
d'argenterie. — Les  femmes  célé- 
Lraient  le  i'^"'  mars,  sous  le  nom  de 
Malronales,  des  espèces  de  Saturna- 
les féminines. — On  peint  Saturne  sous 
les  traits  d'un  vieillard  [barbu  ,  sé- 
vère, nu,  maigre,  robuste,  aux  yeux 
creux  étincelants  d'un  feu  sombre. 
Un  voile  couvre  ordinairement  sa 
tête;  sa  main  porte  la  Larpé  fatale 
h  son  père,  tantôt  simple,  tantôt  den- 
tée ou  a  forme  de  croc.  Pins  tard 
ou  y  substitua  la  faux,  et  dans  la 
çaaiu  gauche  on  plaça  un  sablier  em^ 


blême  du  temps.  Considéré  comme 
planète,  il  a  un  globe  sur  la  tête. 
Dans  la  période  gréco  -  alexandrine 
il  est  figuré  tenant  un  crocodile, 
emblème  du  temps  vorace.  Souvent 
il  est  assis  sur  le  trône;  quelquefois 
il  vole  dans  un  char  :  une  sombre  n:a- 
jesté,  la  prudence,  la  dissiniulalinn 
profonde  doivent  composer  l'idéal  de 
ses  traits,  f^oy.  Zocga,  JS-iwi.  ivp., 
X;More!l,  Famil.  /•om.,Scliliclite- 
groll,  Picrr.  grav.  Qiiehjuefois  on 
trouve  le  trône  figuré  à  part  (Millin, 
Monum.  an(.  inécl.,  1,  xiii). 

SATYRES  (les)  ,  Satvri  ,  sont 
dansla  mylbologie  grecque  les  paie - 
dres  de  Baccbus.  Ils  sont  en  nombre 
indéfini  et  forment,  non  pas  un  grou- 
pe ou  une  famille,  mais  tout  un  peu- 
!)le  mythique. — INul  doute  quedans 
a  rédaction  primitive  des  mythes 
c'étaient  des  singes  ou,  ce  qui  revient 
au  même,  des  hommes-singes.  Il  suf- 
fit pour  en  être  certain  de  voirie 
rôle  que  jouent  les  suivants  d'Ilanou- 
roan  autour  de  llama.  D'ailleurs  les 
Satyres  ont  pour  chef  de  file  Silène, 
et  même  s'appellent  Sdènes  lorscju'ils 
sont  âgés.  Or,  la  queue  caractéristi- 
que des  Silènes  est  celle  du  singe. 
Enfin,  qu'on  pense  h  l'altitude  droite 
et  ferme  des  Satyres  ,  et  l'on  nchè- 
vera  de  se  convaincre  que  c'est  chez 
les  premiers  des  quadrumanes  qu'on 
est  allé  chercher  leur  modèle.  Arri- 
vés en  Asie-Mineure,  puis  en  Grèce, 
les  espiègles  suivants  de  P)acchus  fu- 
rent modifiés.  Les  singes  sont  rares 
dans  ces  contrées.  Au  singe  donc  on 
substitua  le  bouc,  velu  aussi,  grim- 
peur aussi,  lascif  aussi.  Puis  tour 
à  tour  en  en  fit  ou  des  boucs  à 
station  verticale  ,  ou  des  hommes- 
boucs.  Dans  la  première  hypothèse, 
ils  n'ont  souvent  du  bouc  que  le  pe- 
lage et  les  pieds  :  on  y  joint  de  temps 
'a  autre  les  cuisses,   les  jambes  ,  la 


SAT 

(lueue  ,  les  cornes  et  les  oreilles  de 
l'auimal.  Il  serait  superflu  d'ajouter 
qu'au  mot  de  bouc  souvent  on  sub- 
slitue  la  chèvre ,  d'où  l'expression  de 
capripèdes  au  lieu  d'hircipèdes.  Ja- 
mais pourtant  il  n'est  question  de  Sa- 
tyres femelles,  et  c'est  toujours  aux 
Nymphes,  aux  Napées,  aux  Drya- 
des, que  les  libidineux  compagnons 
(le  Bacchus  adressent  les  brusques 
hommages  de  leur  brutale  tendreste. 
Ainsi  se  reflète  eu  Grèce  l'union  char- 
nelle des  singes  et  des  Apsaras — Et 
néanmoins,  en  dépit  de  ce  mythe,  eu 
dépit  de  celle  loi  des  imaf;iualions 
vagabondes  ,  «  les  dieux  n'affeclion- 
neut  pas  la  forme  humaine,  »  Non- 
nus  ,  le  poète  dionysiaque  par  ex- 
cellence ,  affirme  que  dans  l'origine 
les  Satyres  étaient  des  hommes  :  Ju- 
uon  ,  méconlenle  de  la  néghgence 
qu'ils  raeltaient  a  garder  Bacchus  , 
les  métamorphosa  en  singes.  Une  fois 
transformés  en  boucs,  nos  singes  dio- 
nysiaques tendent  à  se  confondre  avec 
les  Faunes ,  les  Sylvains ,  les  Pans  , 
etc.  Distinguons  les  unes  des  autres 
ces  peuplades  mythiques.  Elles  se  ré- 
partissent en  deux  groupes  :  i°  Sa- 
tyres, Silènes;  2"  Panisques  (ou 
Pans),  Faunisques  (ou  Faunes),  Syl- 
vains ,  Egipans.  Les  premiers  ap- 
partiennent a  l'Inde,  ils  gambadent 
autour  du  dieu  modificateur,  du  dieu 
qui  donne  au  monde  le  teu,  le  vin  , 
la  joie  bruyante 5  ils  dansent,  sau- 
tent, pélillent,  s'enivrent  :  on  croit 
entendre  en  les  voyant  le  froisse- 
ment du  fluide  électrique  entre  le 
taffetas  et  le  verre.  Les  seconds  sont 
occidentaux  d'origine ,  ils  appartien- 
nent a  un  dieu  générateur  ,  à  un 
dieu  qu'on  peut  prendre  pour  l'air 
(Pan-Chmouu-Mandou),  mais  non  au 
feu  j  ils  courent,  mais  ne  sautent  pas. 
Ils  folâtrent  avec  les  Nymphes,  mais 
non  avec  la  coupe  orgiaslique.  Il  y  a 


SAT 


429 


de  l'humide  dans  leurs  muscles  ,  et 
non  des  torrents  d'électricité  dans 
leurs  nerfs.  Ils  ont  quelque  chose  de 
sylvatique,  de  montagneux  ,  de  pas- 
toral dans  tout  leur  être;  ils  aiment 
l'ombre  et  les  larges  feuillages.  Les 
Satyres,  au  contraire,  désertent  sou- 
vent les  monts,  les  bois,  s'agitent  au- 
tour des  moissons  blondissantes,  fout 
voler  la  jaune  poussière  des  déserts, 
et  s'épanouissent  dans  les  plaines  que 
frappe  d'aplomb  le  soleil  au  zénith. 
Du  reste,  les  Pans  appartiennent  h  la 
Grèce ,  les  Faunes  a  l'Italie  en  géné- 
ral, les  Sylvains  h  l'Italie  apennine,  si 
riche  en  hailiers,  en  bocages  et  en  hau- 
tes futaies.  Egipan  et  Pan  ne  diffèrent 
en  grec  que  comme  Pan  et  Pan-bouc 
en  français.  Les  Silèues  et  les  Saty- 
res se  réduisent  eux-mêmes  h  un  peu- 
file  unique.  Dire  que  les  Silènes  sont 
es  vieux  Satyres,  ou  bien  les  Satyres 
sujets  a  la  mort  ,  c'est  une  distinction 
puérile.  Le  chef  des  Satyres  eiit  dû 
se  nommer  Satyre  :  quand  on  l'eût 
nommé  Silène,  on  donna  parfois  le 
même  nom  à  ses  suivants  les  Saty- 
res. Ainsi  apparurent  deux  dénomina- 
tions parfaitement  synonymes,  etque 
plus  tard lignorance  seule  s'évertuait 
à  distinguer. — On  donna  aux  Sa- 
tyres une  généalogie.  Bacchus  et 
Nicée,  selon  les  uns,  Mercure  et 
Iphtliirae  ,  selon  les  autres  ,  étaient 
les  auteurs  de  leurs  jours.  La  se- 
conde tradition  est  fausse,  elle  nous 
reporterait  par  Hermès  a  Pan  et  aux 
Pans.  La  première  offre  un  détail 
analogue  a  l'historiette  d'Erigone  : 
Nicée  était  une  Na'iade  ;  Bacchus 
changea  eu  vin  l'eau  de  la  fontaine 
k  laquelle  elle  présidait,  et  profita 
de  son  ivresse  pour  la  séduire.  — . 
Praxitèle  avait  fait  un  Satyre  célè- 
bre par  la  beauté  de  l'exécution  ;  l'A- 
napavomène  du  peintre  Protogène 
passait  aussi  pour  un  Saljre  :  il  repo- 


43o 


SCA 


fiait  la  flûte  a  la  main.  L'Aposcope- 
von  du  peintre  Anlipliile  élail  un  Sa- 
tyre qui  pour  regarder  aitlour  de  lui 
se  foriiiail  un  auvcnl  de  ses  mains. 
On  voit  encore  anjourd'luii  qnanlilé 
de  Satyres  dans  les  bas-relieis  dio- 
iijsia(|ues.f''oj.  Millin,Grt/.w^//*., 
267,  209,  242,  258  ,  265,  268, 
284, 395,  464,  469, 471. 

SALROCTONOS  ,  Ap.jlion.  A 
Rome  il  existe  deux  statues  de  ce 
nom  :  l'une  est  dans  le  Musée-Pio 
Ciémenlin  ,  l'autre  dans  la  vil'a  Bor- 
pbèsc.  Lf  dieu  du  jour  v  est  re|iré- 
«enié  perçant  di*  sa  llèchedcs  lézards. 
C'est  sans  doute  sur  ce  groupe  ou 
8U1  une  copie  de  ce  groupe  que  Mar- 
tial a  fait  répigramme  suivante  : 

Sur  ce  l»ranl  de  tu  gr;irc  idolnlri 
Adole-rcnl  cl  porfulp  i-l  fcilâlrc, 
He  vide  pas  ton  carquois  inhumain! 
Il  veut  pëiir,  mais  |>érir  de  la  main. 

SAUROS,  brigand  de' l'Élide,  fut 
tué  par  Hercule  et  enterré  sur  une 
montagne  de  son  nom.  Au  même  lieu 
8\'leva  un  tempie  dédié  par  la  recon- 
naissance des  indigènes  h  leur  libéra- 
teur.—  Sauras  veut  dire  lézard  5 
Saura  ^  féminin,  a  un  autre  sens. 

SAVJTA,  Savithi,  le  Soleil  aux 
Indes  {f^ojr.  GaÏatri). 

SAZICHES  j  législateur  et  même 
roi  de  l'Egvpte  ,  n'est  pas  compris 
dans  les  listes  de  Manéthon,  d'Era- 
lostlièue  et  de  Diodore. 

SCA'.IES,  la  gale,  est  une  déesse 
chez  Prudence. 

SC/EA.  Danaïde^  une  des  portes 
de  ïroie  avait  ce  nom,  elle  était  re- 
marquable par  le  tombeau  de  Lao- 
médon. — iic^o.y  veut  dire  en  grec 
situe  à  gauclie. 

SCAMANDRE,  dieu-fleuve  de  la 
Troade  ,  avait  un  temple  et  des  sa- 
crificateurs parmi  lesquels  Homère 
nomme  le  sage  Dofopion.  Ses  eaux 
rendaient  les  femmes  blondes  :  de  Ka 


SCE 

aussi  son  nom  de  Xanihe  (roux). 
Les  jeunes  filles,  la  veille  des  noces, 
allaient  se  baigner  dans  ses  eaux  et 
lui  offrir  leur  virginité.  Quebjuelois  le 
dieu,  flatté  de  celle  offrande,  sortait 
d'entre  les  roseaux,  conduisait  la  bai- 
gneuse dans  une  grotte  ,  et  la  ren- 
voyait h  son  époux  initiée  par  un 
dieu  même  aux  mvslères  de  l'amour  ; 
c'était  uu  rare  lionneur.  On  sent  que 
cette  ciojance  populaire  dut  donner 
lieu  à  des  aventures.  Eschine  dans  ses 
lettres  en  a  rapporté  une  qui  a  été 
brodée  par  I.antier  dans  son  voyage 
d'Antérior,  — Suivant  les  uns  ,  Sca- 
maudre  était  un  fils  de  Corybas  ,  qui 
se  précipita  dans  le  fleuve  éponyme 
dans  un  accès  de  délire  inspiré  par 
la  mère  des  dieux  (Comp.  Atys). 
D'autres  disent  que  le  Scamandre 
jaillit  de  terre  sous  les  mains  d'Her- 
cule qui  ,  pressé  parla  soif,  s'était 
rais  k  fouir  dans  cet  endroit.  Le  Sca- 
mandre sort  des  flancs  de  l'Ida,  trace 
une  deni-circonférence  de  l'ouest  a 
l'est,  forme  avec  le  Sinioïs  nn  grand 
marais,  puis  coule  au  nord  et  se  jette 
en  même  temps  que  lui  dans  la  mer. 

SCAMAINDRIOS  MVheflroyen, 
fils  de  Slropbios  ,  et  tué  par  Méné- 
las;  2"  Astyanax. 

SCAPHJSIAS,  antique  barde  de 
la  Grèce,  chanta  le  premier  Péan  oii 
fut  célébrée  la  victoire  d'Apollon  sur 
Py  bon. 

SCtINE,  femmedu  Milésien  Amr- 
gin ,  selon  la  mythologie  irlandaise 
vulgaire,  n'est  au  fond  que  la  rivière 
même  divinisée.  Adorée  dès  les  temps 
les  plus  antiques  ,  mais  comme  féti- 
che, elle  fui  humanisée  et  incorporée 
h  l'histoire  prétendue  lic'roïque  de 
l'Irlande.  On  en  fil  l'épouse  du  grand 
druïde,  du  chef  religieux,  duKaiker, 
du  prophète  de  l'expédition  guer- 
rière ,  du  coryphée  de  la  croyance 
nouYclte,  entiemie  des  Tualba-Dadanj 


I 


SCH 

et  l'on  ajouta  qu'elle  s'était  noyée, 
ou  plutôt  avait  disparu  dans  les  eaux 
de  la  Sceine,  a  son  embouchure  dans 
le  comté  de  Keriy. 

SCHADAClliPiAOUN  ,  génies 
mâles  et  femelies  de  la  raylliologie 
sivaïle  ,  sont  chargés  de  régir  le 
monde.  A  la  lèle  de  la  seclion  fémi- 
nine de  ce  peuple  céli-sle  figure,  la 
brdlanle  Houniani,  qui  a  le  ciel  et  la 
région  des  astres  sous  sa  protection. 

SCHAKA  ,  déesse  babylonienne, 
comparée  k  TOps  de  Laliura  ,  rap- 
pelle soit  la  dénomination  générique 
de  Sakli  donnée  aux  femmes  des 
grands  dieux  hindous  et  aux  Matris, 
soit  la  nombreuse  série  des  Saca  , 
Sakia,  Chaquia  ,  etc.,  qui  sont  à  la 
fois  des  noms  de  Pouddha  et  le  nom 
d'un  grand  peuple  (les  Saces). 

SCHKUIUS  :  1°  chef  phocéen ,  fils 
de  Périmède  (Hector  le  tua  au  siège 
de  Troie)  j  2"  fils  d'Iphite  et  chef  de 
l'armée  pho -écnne  qu'il  conduisait  u 
Troie  avec  Episirophe,  son  fière,  sur 
4.0  vaisseaux.  Hector  le  tua  dans  la 
mêlée  qui  eut  lieu  lors  de  la  défense 
du  corps  de  Pairocle.  Pauopée  avait 
été  sa  ville  principale  ,  et  l'on  mon- 
trait son  tombeau  à  Anlicyre. 

SCHEINEE,  ScHOEWEus  ,  père 
d'x\talanle  la  Béotienne  et  de  Cli- 
roène,  donna  son  nom  a  deux  villes, 
dont  l'une  en  P)éolie,  l'antre  on  Ar- 
cadie.  Ne  serait-ce  pas  (ju'Alalante  , 
l'agile  vélocipède  ,  était  ,  en  orèce 
comme  eii  Béotie,  liée  a  Tidée  de  me- 
sure? On  sait  que  le  schéne  était  usité 
en  Perse,  en  Egypte  et  en  Grèce.  On 
varie  beaucoup  sur  ses  dimensions  , 
qu'en  Egypte  même  on  fait  égales  a 
3o,  k4.5  ou  h  90  railles  nautiques,  se- 
lon qu'on  parlait  du  Delta,  de  la  Thé- 
baïde  ou  de  l'Egypte  moyenne.  Quoi 
qu'il  en  soit  on  trouve  un  Schériée 
fils  de  Thémisto  ,  et  en  conséquence 
Thébain.  On  en  trouve  un  autre  fils 


SCI 


43i 


de  Métaure  et  d'Hippodamie.  On  re- 
garde l'Athamantide  comme  le  père 
d'Àtalante  ,  le  second  changé  en  oi- 
seau avec  ses  sœurs  et  ses  parents. — 
On  donnait  le  nom  de  Schœnis  k  Vé- 
nus ,  soit  comme  liée  de  chaînes  d'o- 
sier {f^oy.  LvcoDESMii),  soit  comme 
présidant  k  des  chaînes  de  ce  genre 
dont  souvent  étaient  couvertes  les 
femmes  qui  se  vouaient  en  son  hon- 
neur k  la  prostiluiion.  On  appelait 
aussi  Atalante  Schœntis  et  Sc/iœ' 
neia  Firgo. 

SCHK.AI  est  l'être  suprême  chez 
les  Mokchanes  (Russie  asiatique),  qui 
lui  siicrifient  des  bœnfs  ,  des  chevaux 
et  de  menu  bétail  dans  des  lieux  iso- 
lés, au  fond  des  forêts  ,  et  qui  lui 
adressent  des  prières  en  se  tournant 
vers  l'Est.  On  assure  que  ces  peuples 
sont  monothéi-tes  et  ne  connaissent 
uul'e  idole,  nulle  divinité  subalterne. 

SCILLOJNTE,  SciLHJNTEs,  père 
d'Alèse,  est  un  des  prétendants  d'îlin- 
podamie.  —  INotez  que  douze  ou 
treize  des  prétendants  d'Hippodamie 
meurent ,  et  probablement  meurent 
jeunes  et  sans  avoir  éié  mariés. 

SCIRES.  dieux  Solymes  ,  e'taicnt 
au  nombre  de  trois,  Arsalc,  Dryus  et 
Trosobe.  On  retrouve  k  Dodone  ,  à 
Phalère,  ailleurs  encore  peut-être,  un 
Scire  {Foy.  Sciros).  C'étaient  sans 
doute  des  espèces  d'Anacesonde  'fri- 
topators.  On  dit  que  leur  nom  venait 
de  ce  que  leurs  statues  étaient  d'une 
espèce  de  plâtre  nommé  Sciros.  Dans 
Athènes  on  appelait  Scires  des  fentes 
ou  pavillons  suspendus  sur  les  statues 
des  dieux,  notamment  de  Minerve, 
d'Hélios  et  de  Neptune.  On  portait 
processionnellement  ces  pavillons  dans 
toute  la  ville. 

SCIRON,  fils  duMégaréenPylas 
et  gendre  de  Pandion  11  ,  disputa  la 
couronne  de  Mégare  k  Nisus  ,  son 
beau-frère.  Éaque,  roi  de  l'île  d'Eu- 


432 


SCO 


bée,  fut  pris  pour  arbilre,  et  décida 
qu'à  Nisus  appartiendrail  la  royauté, 
et  que  Sciron  serait  Polémarque. 
Dans  quelques  légendes  il  a  pour 
femme  la  fille  d'Eaque  ,  Ëndéis,  et 
pour  fils  Egée.  Comp.  l'article  sui- 
vant. 

SCIRON ,  vulgairement  Scyron, 
fils  d'Eaque,  beau-frère  de  Télamon, 
gendre  de  Cychrée,  roi  de  Salamine, 
aimait  beaucoup  les  tortues  engrais- 
sées de  cliair  humaine,  et  pour  mieux 
satisfaire  ses  goûts  se  tenait  dans  les 
défilés  de  rocs  que  baigne  la  mer  de 
Salamine  ,  forçait  les  passants  de  lui 
laver  les  pieds,  et,  quand  ils  avaient 
la  tête  baissée  ,  les  précipitait  dans 
les  flots  au  milieu  de  son  parc  de  tor- 
tues. Thésée  débarrassa  enfin  l'Atli- 
que  de  ce  monstre  et  le  jeta  dans  la 
mer,  où  ses  os  devinrent  autant  de 
brisants,  de  rescifs  et  d'écueils.  Quel- 
ques mytliographes  disent  qu'il  fit  de 
ses  os  un  holocauste  il  Jupiter.  — 
Bœltiger  identifie  a  tort  Sciron  et 
Sinisj  ils  n'ont  de  commun  que  Tahri- 
manisme,  le  neptunianisme,  la  trans- 
formation du  vent  fougueux  et  dévas- 
tateur en  brigand  funeste.  —  Quand 
a  la  distinction  de  Sciron  de  Wégare 
et  de  Sciron  de  Salamine ,  nous  la 
croyons  ti  ès-peu  importante  et  même 
très-peu  exacte. 

SCIROS,  SciRTJs,  prophète  qui, 
dit-on,  desservait  le  bois-temple  fati- 
dique de  Jupiter  a  Dodone  ,  et  qui 
dédia  dans  Phalère  un  temple  à  Mi- 
nerve. La  déesse  prit  de  là  le  nom  de 
Sciras  ou  Scirias. 

SGOTA  ou  SCUITH,  la  grande 
et  peut-être  l'unique  déesse  des  Mi- 
léadhs    de  l'Irlande,   a  été  travestie 

ftar  les  légendaires  en  une  reine  d'Ir- 
ande  ,  qu'au  reste  on  est  fort  embar- 
rassé pour  localiser  dans  l'histoire  fa- 
buleuse de  ce  pays.  Mylhologique- 
ment  parlant,  Scota  est  mère  des  Mi- 


léadtis,  qui  s'appelèrent  aussi  Scots] 
et  Fins  a  une  époque  que  nous  nel 
pouvons  préciser.  Dès  le  5'"  siècle,  il 
est  vrai,  uous  voyons  les  Gaels  irlan- 
dais porter  le  nom  de  Scots:  «mais,' 
dit  W.  d'Eckstein,  rien  ne  prouve  que 
ce  nom  ne  soit  pas  plus  ancien  5  caries 
historiens,  et  même  les  géographes j 
de%  temps  antérieurs  ,   disent  à  peine 
quelques  mots  de  la  population   do 
l'île.  »  Du  reste,  ou  soupçonne  que  lai 

f)ériode  des  Scots  fut  la  période  hril- 
ante  ,  la  période  héroïque  de  l'Ir- 
lande ,  ou  du  moins  des  Miléadhs. 
l'armi  les  rois  de  ces  conquérants  de 
l'île  d'Erin  se  distinguent,  à  la  suite' 
de  Miless  Spain  ,  Fenius  Farsa , 
puis  Gaoidhal,  puis  enfin  Ebir  Scuitz, 
dont  on  a  fait  Hebcr  Scol.  Ainsi  sur 
le  trône  de  Miless  s'assied  et  brilU 
Scuith,  c'est  dire  en  d'autres  termes 
que  les  Miléadhs  assument  le  nom  de 
Scuiths  ou  Scots  5  mais  reste  toujours 
la  question  majeure  :  pourquoi.^  — - 
Ajouterons-nous  que  ces  savants,  qui 
ont  fait  de  Fenius  Farsa  des  Phé- 
niciens, de  Gaoidhal  des  Gétules,  de 
Bath  des  Bithyniens  ,  de  Miless  des 
Milésiens,  etc.,  ont  vu  dans  les 
Scuiths  des  Scythes  V  —  N.  B.  Le- 
nom  de  Scuiths  ou  Scots  passa  de 
l'Irlande  à  l'Ecosse  lorsque  les  guer- 
riers illandais  conquirent  cette  partie 
septentrionale  de  la  Grande-Breta- 
gne sur  les  Calédoniens  5  ils  lui  im- 
posèrent le  nom  de  Scotia  ,  et  plus 
tard  les  moines  Scots ,  entretenant 
le  feu  sacré  des  sciences,  donnèrent 
une  célébrité  européenne  à  ce  nom 
importé  de  l'élrani^er. 

SCYLLA,  personnification  ahrî- 
manique  des  brisants  de  la  mer  de 
Sicile  avec  leurs  bruyants  tourbillons 
et  leurs  vagues  qui  semblent  béer  , 
passait  ciiezles  Grecs  pour  une  nym- 
phe charmante  aimée  de  Glaucus  et 
sensihle  à  sa  tendresse.  Cirçé  ,  irri-* 


I 


SCY 

tée  de  Templre  qu'elle  avail   sur  le 
cœur  du  dieu  verdâlre  ,  jela  un  mé- 
lange magique  dans  la  fontaine  a  la- 
quelle présidait  la  nymphe.  A  peine 
Scylla  y  fut-elle  entrée  qu'autour  de 
ses  hanches   s'agitèrent    six  têtes  , 
aboyèrent  six    gueules  horribles  5   à 
ses  jambes  délicates  s'étaient  substi- 
tuées siï  paires  de  pattes  aux  griffes 
rétractiles.  Epouvantée  ,  frappée  de 
délire  a  la  vue  de  celte  affreuse  mé- 
tamorphose ,  Scylla  courut  au  bord 
de  la  mer  et  se  précipita  dans  le  dé- 
troit qui    porte  aujourd'hui  le  nom 
de  phare  de  Messine 5    mais  là  elle 
De  trouve  pas  la  mort  qu'elle  invo- 
que :  son  cri  rauque  et  guttural   se 
prolonge    en    épouvantables   aboie- 
ments ;  ses  chiens  jappent  autour  de 
ses  flancs  et  font  bondir  sur  la  sur- 
face des  eaux  des  houles  fougueu- 
ses. A  l'aspect  de  ces  chiens  ,  cein- 
ture hurlante,   les  nochers  pâlissent. 
—  En  développant  diversement  l'i- 
dée de  Scylla,  les  uns  lui  donnèrent 
six  cous,  six  têtes  ;  d'autres  se  con- 
tentèrent de  placer  ces  six  têtes  mon- 
strueuses autour  de  ses  flancs.  De  la 
tête  au  bas  des  vertèbres  lombaires, 
disent-ils,  Scylla  est  d'une  beauté  ra- 
vissante; le  reste  du  corps  se  com- 
pose de  parties  hétérogènes  ;  l'abdo- 
men rappelle  celui  du  loup,  sinon  par 
la  forme,  par  sa  puissance  dissolvan- 
te j  les  extrémités  inférieures,  renfer- 
mées dans  une  gaîne  conique  ,   sont 
pisciformes,  et  une  caudale  horizon- 
tale ,  comparée  souvent  à  celle  du 
dauphin,  présente  le  grotesque  amal- 
game du  poisson   et   du  cétacé. — 
C'est  a  tort  qu'on  explique  la  fable 
de  Scylla  par   quelque   navire-cor- 
saire ,   ou   par  les  formes  bizarres 
qui  souvent  étaient  sculptées  ou  pein- 
tes à  la  proue  des  navires. — Scy- 
laXj  en  grec,  revient  a  Catulus,  et 
peut-être  Scylla  signifie  chienne,  La 

J.V. 


SCY 


43î 


place  h  laquelle  on  suppose  les  chiens 
de  Scylla  s'accorde  bien  avec  la  hau- 
teur relative  a  laquelle  arrive  la  tête 
d'un  chien  ordinaire  qui  se  dresse  obli- 
quement sur  ses  pattes  de  derrière 
pour  flatter  son  maître. — ^La  mer  si- 
cilienne, environnée  de  volcans,  semée 
d'îlots  délicieux,  traversée  k  tout  in- 
stant par  les  Tyrrhènes,  et  si  riche  en 
belles  aurores  ,  en   magnifiques  cou- 
chers du  soleil,  en  nuit  calmes  et  ra- 
dieuses, était  pour  les  Grecs  le  ber- 
ceau de  la  magie,  Là  Circé  ,  Calyp- 
so,  Parthénope,  habitaient  des  lieux 
pleins  de  leur  puissance  ;  là  Vulcain, 
dans  ses  forges  ,  changeait  le  fer  en 
gaze  invisible ,'  là  jouaient  les  Arimes; 
la  Daphnis  ,  Acis  ,   se  livraient  k  de 
fantastiques  amours;  là  Glaucus,  s'iu- 
corporant  k  la  fois  au  vert  des  prai- 
ries  et    au   vert  des  flots  sonores, 
étale  avec  orgueil  ses  belles  nageoi- 
res, ses  écailles  ,  luisant  miroir  ,  ses 
formes  subrondes, anguleuses, variées, 
toujours  belles.  Eau,  air,  son,  écho, 
amour,  magie,  bruissement  lointain 
des  vagues  qui  meurent,  tout  se  mêle; 
c'est  le  monde  des  Sirènes.  A  ces  ma- 
giciennes qui  tuent  par  la  joie  s'op- 
pose naturellement  la  magicienne  hi- 
deuse ,  c'est  Scylla.  —  Deux  autres 
Scylla  sont  :  1"  une  Danaïde;  2°  la 
fille  de  ]Nisus,  roi  de  Mégare.  Eprise 
de  Miuos  ,  roi  de  Crète  ,  lorsqu'il 
vint  mettre  le  siège   devant  sa  ville 
natale,  elle  alla  pendant  la  nuit  ar- 
racher de  la  tête  de  son  père  le  che- 
veu d'or  auquel  tenait  la  sécurité  de 
Mégare,  et  le  donna  au  conquérant. 
Minos  ne  la  paya  que  par  le  mépris, 
et  les  dieux  la  changèrent  en  alouette. 
SCYPHIOS,  cheval  que  Neptune, 
d'un  coup  de  trident,  fit  jaillir  du  sein 
d'une  pierre.  — -  Scyphios  et  'itt-xoç 
(d'où  'i-vTnoi)  sont-ils  sans  rapports? 
SCYT  ALOSAGITTIPELTIGER , 
Hercule  dans  Tertulliea.  Ce  père  a 

28 


434 


SEF 


voulu  dans  ce  mot  rassembler  tous  les 
attributs  d'Hercule  :  massue  (  inti- 
ruXoi  ) ,  flèche  (  Sagitta  ) ,  bouclier 
iPelta). 

SCYTHE ,  Scythes  ,  est  un  des 
trois  fils  qu'Hercule,  au  milieu  des 
contrées  hyperborécnnes,  eut  de  la 
monstrueuse  Ecbidna.  Les  deux  au- 
tres sont  Gélon  et  Agatliyrse.  Il  est 
clair  que  Scytbes  ou  Srylhe  est  la 
personnification  des  peuples  Scythes  ; 
mais  cette  luear  ethnographique  n'in- 
dique rien  sur  l'affiliation  et  la  pa- 
renté des  races  du  Nord  ,*  elle  n'ap- 
f)rend  pas  même  si  au  fond  de  celte 
égende  il  y  a  quelque  chose  d'indi- 
gène ,  d'asiatique ,  d'byperboréen. 

SCI  THON  avait ,  scion  Ovide,  le 
merveilleux  privilège  de  changer  de 
«exe  autant  de  fois  qu'il  le  roulait. 

SEF  ou  SIFIA,  déesse  Scandinave 
et  femme  de  Thor.  On  lui  donne  vul- 
gairement le  nom  de  déesse  aux  beaux 
cheveux.  On  distingue  quelquefoisSi- 
fia  de  Sef  en  faisant  de  celle-ci  la 
prêtresse  de  celle-là. 

SEFENDOMAD  ou  ESFEN- 
DARMAD  (  quelquefois  Sapando- 
MAD  ou  Espendamar),  quatrième 
Amchasfand  parsi ,  passe  pour  déesse 
et  pour  fille  d'Ormuzd.  C'est  elle  qui 

}»reside  à  la  terre  ,  pour  laquelle  on 
a  prend  quelquefois,  et  à  l' agricul- 
ture, dont  elle  donne  les  leçons. 
Sage  ,  bienfaisante  et  pure  ,  elle 
donne  le  courage  aux  hommes  ,  les 
douces  chaleurs  à  la  terre.  Lorsque 
Kaïoraorts  expira  blessé  h  mort  par 
Ahriman,  c'est  à  Séfendoraad  que  fut 
confié  le  soin  de  veiller  sur  le  suc 
prolifique  qu'épanchaient  les  flancs 
fle  l'homme  typique,  et  dont  devait 
au  bout  de  dix  ans  sortir  le  Reivas 
aux  dix  couples  humains.  Le  dou- 
zième mois  lui  est  consacré,  et  pen- 
dant ce  mois  règne  par  toute  la  terre 
«ne  chaude    température.   Le  cin- 


SEI 

quième  Jour  du  mois  «nssi  est  sobI 
sa  protection.  Elle  a  en  tête  le  grand 
Dev  Aslouïad.  Séfendomad  se  trouve 
aussi  sur  la  liste  des  Gahs  ou  des  Ga- 
lbas   (  jours  intercalaires  ),    A   nos 
yeux  elle  n'est  là  que  comme  émana- 
tion ou  délégation  de  l'Amchasfand  ; 
mais  il  ne  serait  pas  étonnant  qu 
quelques autcursdislinguassent  l'A 
chasfand    de    l'Jzed.    On    l'invoq. 
avec  Behram.  Préside-t-elle  au  tro 
sièmc    jour   ëpigomène  ou   au 
quième?  c'est  nue  question.  On  pe_ 
voir,  t.  m  du  Zend-Avesla  de 
Kleuker  {Gcbr.,%  X),  les  Tavifs  ou 
prières-amulettes  qu'on  lui  adresse. 
SEGESTE  ,  la  même  qu'Égeste, 
filledu  Troyeu  Hippotès,  avait  été  ex- 
posée par  son  père  dans  un  vaisseau 
de  peur  qu'elle  ne  fût  désignée  par  1 
sort  pour  être  livrée  au  colosse  ma  ' 
que  Neptune  avait  envoyé  contre  ., 
Troade  pour  punir  Laomédon.  S^. 
geste  aborda  en  Sicile  et  y  épousa  1 
fleuve  Crinise  ,  qui  ,  pour  la  conqu^. 
rir,   avait   combattu  successivemon 
sous  deux    formes  différentes  ,    celïi 
d'un  taureau  et  celle  d'un  ours.  El 
eut  de  lui  deux  fils  ,   Éole  et  Acesl. 
—  Selon  Denys  d'Halicarnasse  ,  sli 
geste  avait  pour  père  un  noble  Troye 

3ui  s'était  attiré  la  haine  de  Laom 
on.  Le  roi  de  Troie  lui  fil  ôter 
vie  ainsi  qu'à  ses  fils,  et  vendit  sa 
filles  à  des  marchands.  Ségeste  plu 
à  un  jeune  homme  ,  passager  dans  I 
▼aisseau  d'un  de  ces  trafiquants  ei 
chair  humaine  :  l'acheter,  l'épouser 
la  conduire  en  Sicile  ,  fut  pour  ce 
amant  l'afiaire  de  quelques  jours, 

SEGETIE  ,  Segetia  (et  quelque- 
fois Ségeste),  déesse  champêtre  du 
Lalium,  présidait  surtout  au  blé  dans 
Iç  temps  de  la  moisson.  On  l'implo- 
rait afin  d'obtenir  d'abondantes  re'- 
coltesfiVeg'Ci',  moisson). 

SEIA,  déesse  agricole  du  Lalium, 


I 


SÉL 

veillait  a  la  conservation  des  blés  en- 
core enfermés  dans  le  sein  de  la 
terre. 

SEIS,  Nymphe,  amante  ou  femme 
d'Endvraion,  et  mère  d'Etole. 

SEIT,  l'Aliriman  des  Lapons.  Les 
sorciers,  favorisés  par  son  influence 
sinistre,  portaient  dans  la  langue  des 
Lapons  le  nom  de  Seit.  On  voit  même 
dans  la  mythologie  Scandinave  la  plus 
terrible  des  magies  s'appeler  Seidour. 

SEK.ET  ,  troisième  Décan  du  Bé- 
lier selon  Saumaise  (duann.  clinia- 
ter.),  porte  dans  la  nomenclature  de 
Firraicus  le  nomd'Asentacer.  Comme 
Chonlaré,  Seket ,  dans  le  Zodiaque 
rectangulaire,  est  assis  sur  le  lotos 
dans  la  posilion  symbolique  du  soleil 
levant  ou  du  soleil  nouveau  :  comp. 
Chontaré  et  voy.  l'art.  Diîc.ahs. 

SÉLAMA.ÎNE  ,  Jupiter  syriaque. 
Ce  nom  se  trouve  sur  une  inscription 
découverte  près  d'Haleb  vers  la  fin 
du  17**  siècle.  Peut-être  était-ce  une 
espècede  Knef-soleil(Knef  se  nomme 
Amoun,  et  Sel...,  Sal...  ,  Sol..., 
indiquent   éclat ,   lumière  ).    Comp. 

AlWAIïE. 

SELECTI  {d'élite),  huit  dieux 
qui ,  joints  aux  douze  Consentes,  en 
portent  le  nombre  a  vingt.  Celaient 
Genius  ,  Janus ,  Saturne,  Bacchus, 
Plnton,  le  Soleil,  la  Lune,  Tcllus. 

SÉLEMNE  ou  SÉLIMNE,  jeune 
homme  de  l'Achaïe,  aima  la  nymphe 
Argyre,  lui  fit  partager  sa  tendresse, 
puis  fui  abandonné  par  elle.  Les  dieux, 
touches  de  pitié  ,  le  métamorphosè- 
rent en  fleuve  ;  et  sous  cette  forme 
nouvelle  il  ne  cesse  d'aller  chercher 
la  fontaine  a  laquelle  préside  cette 
nymphe  inconstante.  On  ajoute  que 
dans  la  suite  il  oublia  l'infidèle  et  que, 
depuis  ce  temps,  son  onde  possède  le 
privilège  de  faire  perdre  tout  souve- 
nir de  leur  amour  a  ceux  qui  la  boi- 
vent ou  qui  s'y  baignent. 


SÉM 


435 


SÉLENE  (la  Lune),  fille  d'Hy- 
périon  et  de  Rhéa ,  avait  pour  frère 
Hélios  (le  Soleil) ,  qui  se  noya  dans 
l'Eridan.  A  cette  nouvelle  elle  se 
précipita  du  haut  du  palais.  Tous 
deux  furent  changés  en  astres.  Les 
Atlantes  surtout  leur  rendaient  de 
grands  honneurs.  —  Cette  fable,  vi- 
siblement de  même  origine  que  celles 
de  Phaéthon  et  des  Héliades,  n'a  au- 
cun besoin  de  commentaire  {f^oy. 
Hélios). 

SELINONTE  ,  Selinus  (  gén. 
-nuntis),  2e><voyf(g.  owhtoî-),  fils  de 
Neptune,  fut  père  d'Hëlice. 

SELR  ou  PSELK  ,  déesse  égyp- 
tienne ,  était  adorée  ,  conjointement 
avec  Thot-Hermès  ,  à  Pselcis  ,  au- 
jourd'hui Dakke,  dans  la  Nubie.  C'est 
Champollion  jeune  qui  a  donné  le 
premier  ces  indications.  La  seule  fi- 
gure que  l'on  connaisse  de  Pselk  vient 
des  environs  de  Babylone,  près  de 
Memphis,  et  a  été  donnée,  i"  dans 
la  Desc.  de  l'Eg.,  Ant.,  PI.  vol. 
V,  pi.  23,  1;  2"  dans  le  Panth. 
ègypt.  ;  5'  dans  les  fig.  179,  175 
a,  pi.  Li,  t.  IV  de  la  trad.  fr.  de 
Ci'euzer.  —  La  déesse  porte  sur  la 
tèlc  un  scorpion,  et  dans  ses  mains  la 
croix  ansée  et  lo  sceptre  a  tête  do 
coucoupha,  emblème  des  dieux  bien- 
faisants. Non  loin  d'elle  ,  dans  le 
même  monument  ,  se  voit  une  autre 
figure  de  déesse  qui  ne  diffère  d« 
Pselk  que  par  la  substiluliond'un  vase 
au  scorpion.  Que  représente  cette  fi- 
gure ,  évidemment  en  rapport  avsc 
Pselk?  Est-ce  Pselk  même?  Le  vase 
est-il  un  Canope,  emblème  du  Nil,  ou 
bien  est-il  l'emblème  des  eaux  rafraî- 
chissantes de  l'Amenti?  L'avenir  seul 
peut  jeter  quelque  jour  sur  ces  ques- 
tions. — •  Comp.  Omset. 

SÉMÉLÉ,  mère  de  lîacchus,  fut 
une  des  quatre  filles  de  Cadmus  et 
d'Harmonie,  Jupiter  ,    épris   dt-  ses 

28. 


^ 


436 


SEM 


cbanucs  ,  la  séduisit  bieulôt.  Junou, 
instruite  de  cet  amour,   emprunta  la 
taille,  les  formes  de  la  vieille  Béroé, 
uourrice  de  la  princej^se.  alla  trouver 
Sémélé,  laissa  percer  dans  sa  couver- 
sation  des  soupçons  sur  le  véritable 
litre  du  séducteur  ,    cl   lui  conseilla 
d'exiger  de  son  amant  qu'il  lui  appa- 
rût dans  tout  l'éclat  de  sa  gloire.  Sé- 
mélé obéit,  et  Jupiter  avaul  juré  par 
le  Styx  de   lui  accorder  la  première 
grâce   qu'elle  lui  demanderait ,    fui 
forcé  d'apparaître  ii  ses  jeux  armé 
de  la  foudre,  ceint  d'éclairs  ,  et  dar- 
dant au  loin  des  traînées  de  flammes. 
Sémélé  ,   consumée  ,   ixpira  siir-le- 
cbamp^  vile  était  enceinte.  Le  dieu, 
désolé,  arracha  de  son  sein  le  tendre 
fœtus  et  l'enferma  dans  sa  cuisse.  Sé- 
mélé, aprèssamort  apparente,  mouta 
aux  cieux  ,  et  quelques  mjlhograplies 
donnent  à  la  couronne  d'Ariadue  le 
nom  de   couronne  de   Sémélé.   Une 
tradition  fameuse  la  montre  allant 
d'abord  aux  enfers  5  mais  là  fiacclius 
vient  la  délivrer  et  lui  ouvre  le   che- 
min de  l'Olympe.  Des  légendes  ,   pé- 
lasgiques  sans  doute  ,  racontent  au- 
Ireraeul  la  mort  de  cette  princesse. 
Cadmus,  dit-on,  s'éfant  aperçu  de  sa 
grossesse,  la  fit  jeter  h  l'eau  dans  un 
coffre  5  les  eaux  portèrent  ce  fragile 
Latelet  sur  la  plage  de  Brajies  ,    en 
Laconie.  Les  habitants  de  cette  bour- 
gade l'ouvrirent  et  y  trouvèrent  près 
d'une  femme  morte  dans  les  douleurs 
de  l'enfantement,  Bacchus  ,   à  peine 
âgé  de  quelques  heures.   Très-rare- 
menlou  voit  Sémélé  amoureuse  d'Ac- 
téon,  son  beau-frère  ;  Jupiter  la  fou- 
droie en  punition  de  son  infidélité. — 
Sémélé  ,  dans  les  cultes  mystérieux 
de  la  Grèce  ,   fut  une  haute  déesse. 
Un  hymne  orphique  la  qualifie    de 
reine  universelle,  de  belle,  de  Nym- 
phe aux  boucles  gracieuses,  etc., etc. 
DansPindare,  elle  rècïne  sur  les  om-» 


SEiM 

bres,  et  une  grande  autorilc  lui  a  éll 
concédée  par  Jupiter.  Elle  règne  dai 
les  cieux,  converse  avec  Diane  et  Mi- 
nerve, et  mange  à  la  même  table  que 
Mars,  YénuS  ,  Mercure  et  Jupiter. 
—  Une  pierre  gravée  ,  décrite  par 
lieger,  contient  ces  mots  :  «  Les  gé- 
nies trenib'ent  au  nom  de  Sémélé 
Ou  lui  donne  quelquefois  le  nom 
Thyoué  ,  qui  i  appelle  Dioné  ,  etc. 
Ajoutons  que  ses  trois  sœurs  figu- 
rent comme  nourrices  du  dieu  dont 
elle  estla  mère,  et  que  Thèbes  ,  ca- 

fiilale  de  la  Ijéotic,  Thèbes,  si  pro- 
ondément  pélasgique  ,  leur  sert  h 
toutes  de  berceau.  En  allant  plus 
loin,  on  verra  que  ces  sœurs  de  Sé- 
mélé sont  toutes  les  trois  des  Bac- 
chantes, et  toutes  les  trois  de  furieu- 
ses exterminatrices  :  sous  leurs  coups 
périt  IV'uthée.  D'aulrc  part ,  Ino  , 
l'une  d'elles,  est  victime  à  son  lonr  : 
elle  va  mourir  sous  les  coups  d'A- 
thamas ,  et  alors  elle  se  précipite 
dans  la  mer  ,  dont  elle  devient  une 
divinité. 

SÉMEINDOUIN,  Briarée  des  Per- 
sans, comptait  ses  bras  par  centaines 
et  ses  mains  par  milliers.  D'autres 
donnent  exactement  le  nombre  de  ses 
mains  cl  eu  comptent  mille  et  une.  Il 
fut  tué  par  Kaïomorts. 

SEMFOUKRAT,  SEWPHorKBA- 
TEs  ,  :S(fA(ÇovKft)ir>is ,  divinité  égyp- 
tienne dont  Eralosthène  a  rendu  le 
nom  par  celui  d'Ilercule-HarpocrAte 
{'HptcKXîfs  ' Af^ûx.pâry,s)-  Pour  com- 
prendre ce  que  signifie  une  telle  jonc- 
lion  de  mois,  une  telle  fusion  de  per- 
sonnages ,  il  faut  se  rappeler  que 
Djom,  Djem  ou  Sem,  dans  les  systè- 
mes sacerdotaux  de  l'Egypte,  repré- 
sentait l'Hercule  (  dieu-soleil  vain- 
queur) du  culte  grec  transcendautal. 
SEMIINA  ,  déesse  latine  des  se- 
mences (Senicn). 

SEMITALES,  espèces  de  Lares, 


m 


SEN 

présidaient    aux    sentiers  (semiloi). 

SEMONES  (prétendue  syncope  ou 
conlracùonds semi'homines),  hom- 
mes divinisés  dans  la  religion  du  La- 
tinm  5  ils  étaient  fort  nombreux. 
Spangenberg  {de  veier.  Lnt.  rel. 
dont.,  p.  62) les  a  groupés  en  table 
généalogique. 

SENIUS,  dieu  latin  de  la  vieil- 
lesse (  senior,  vieux). 

SENSAOPHIS  ou  SEMSAO- 
PHIS,  'Sifitrûo^tç,  figure  comme  sei- 
zième dynaste  dans  lelatercule  d'E- 
ratostbène,  qui  ne  donne  pas  Tinter- 
prélalion  de  ce  nom  égyptien.  Pro- 
])ablement  le  sens  du  motSemsaophis 
a  quelque  rapport  avec  celui  du  roi 
précédant  Saopliis  ,  qu'EratoslIiène 
rend  par  cbevelu,  ou  inaicliand.  Sem 
est,  comme  on  peut  le  voir  ,  un  des 
noms  égyptiens  d'IIercide.  Mainte- 
nant, à  quel  Uécan  rapporter  le  roi 
Semsaopliis  ou  Sensaofi  ?  C'est  ce 
qti'indique  le  tableau  acnexé  à  Tart. 

DEC  ANS. 

SENTACER  ,  un  des  Irenle-six 
Décans  de  Firmicus  ,  qui  le  donne 
comme  le  premier  du  Scorpion  ,  et 
<|iii,  par  conséquent,  en  fait  le  syno- 
nyme du  Slocbnéné  de  Saumaise, 
semblerait  plutôt  devoir  être  identi- 
fié au  Clionlaré,  dernier  Décan  de  la 
Balance  suivant  le  même.  En  effet  , 
les  d^ux  noms  sont  essentiellement 
identiques  (/^oj'.  Chontare),  Tou- 
tefois on  croit  reconnaître  quelques 
vestiges  du  nom  de  Senlacer  dans  la 
légende  hiéroglyphique  qui  accompa- 
gne ce  personnage  dans  le  zodiaque 
rectangulaire  de  Tentyra  [J^oy. Gui- 
gniaul,  trad.  de  Creuzer,  t.IV,  expl. 
de  pi.  XLIX,  192).  Quoi  qu'il  ensuit 
des  trois  Décans  du  Scorpion,  le  pre- 
mier seul  a  la  forme  humaine  dans  les 
deux  zodiaques  tenlyriques,  le  second 
étant  un  autel,  et  le  troisième  un  cy- 
nocéphale assis.  Au  lieu  de  sceptre  à 


SEP  /,37 

tèle  de  couroupha,  Senlacer,  dans  le 
zodiaque  rectangulaire  ,  porte  le  bâ- 
ton augurai  5  dans  le  circulaire,  il  est 
de  profil,  et  sa  configuralicn  très-bi- 
zarre rappelle  et  Fta  et  Terme  (/^. 
ces  noms).  Du  reste,  dans  l'un  comme 
dans  l'autre,  sa  main  droite  tient  le 
van  mystique,  et  le  pchent  décore  sa 
tête.  Quant  a  la  localisation  de  Sen- 
tacer  dans  lelatcrculed'Eratosthcne, 
/'^oy.  DiicANs, 

SENTIA,  déesse  latine  protec- 
trice de  l'enfance.  Oa  l'invoquait  sur- 
tout comme  inspirant  a  la  jeunesse  de 
bons  sentiments. 

SENTINE,  Sentinus  ,  dieu  la- 
tin, était  censé  donner  la  sension  à 
l'enfant  qui  venait  de  naître.  N'était- 
ce  pas  la  aussi  la  véritable  fonction  de 
Sentia? 

SEPT  CHEFS  (  les  ) ,  d  "Kttt:,, 
sont,  dans  la  période  héroïque  de  la 
Grèce  ,  les  Sept  princes  coalisés  qui 
marchèrent  contre  Thèbes  pour  v  ré- 
lal)|lir  Polvnice  sur  le  trône  usurpé 
par  Etéocle,  sou  frère  jumeau.  Ou 
voit,  à  l'art.  Polynice,  de  quelle  ma- 
nière cette  usurpation  s'était  consom- 
mée, puis  quelles  mesures  prit  Poly- 
nice,  frustré  de  sa  part  du  pouvoir. 
Un  hasard  inattendu  l'avait  conduit 
en  même  temps  que  Tydée  ,  fugitif 
aussi,  au  foyer  hospitalier  d'Adraste, 
qui  bientôt  de  ses  deux  hôtes  fit  deux 
gendres,  et  qui  jura  de  leur  rendre  à 
l'un  et  a  l'autre  les  trônes  dont  les 
avait  dépouillés  l'iujuslice.  Aux  trois 
princes  s'adjoignit  bientôt  Capauée, 
mari  d'Évadné  et  neveu  d'Adraste. 
Amphiaràs,  requis  défaire  partie  Je 
l'expédition  ,  voulut  en  vain  se  sous- 
traire a  l'obligation  de  s'armer;  sé- 
duite par  le  don  du  collier  d'Harmo- 
nie, Eriphyle  ,  sa  femme  ,  révéla  au 
suppliant  Polynice  le  lieu  de  sa  re- 
traite ;  Ilippomédon  et  Parlbénopée  , 
frères  d'Adraste,  complétèrent  l'hep- 


438 


SEP 


SEP 


tade  guerrière ,  dont  Adraste  fut  dé- 
claré le  chef.  Quelques  mythologues 
remplacent  Adraste  parEléocle(Eléo- 
clos),  Parlhénopéc  parMécislée.  Am- 
phiaràs  prédit,  avant  même  que  l'ar- 
mée quittât  Argos,  le  funeste  dénoue- 
ment deTentreprise,  et  recommanda 
au  jeune  Alcméon,  son  fils,  devenger 
son  trépas  par  le  sang  de  sa  mère. 
Arrivés  à  Némée  ,  les  Sept  Chefs 
commencèrent  a  éprouver  qu'une 
étoile  fatale  présidait  à  leur  entre, 
prise  :ne  sachant oùlrouver  deTea», 
ils  prient  Hypsipyle  ,  qu'ils  rencon- 
trent tenant  dans  ses  bras  Ophelte, 
fils  du  roi  Lycurgue  ,  de  leur  indi- 
quer une  source;  Hypsipyle,  pour 
les  faire  attendre  moms  long-temps, 
dépose  sur  l'herbe  le  nourrisson  con- 
fié à  ses  soins  :  pendant  qu'elle  guide 
les  guerriers  au  ruisseau  désiré  ,  un 
serpeni  blesse  mortellement  l'enfant  ; 
déjà  il  a  cessé  d'exister  lorsque  Hyp- 
sipyle est  de  retour.  Les  Chefs,  té- 
moins de  son  malheur  et  sensibles  h 
cette  perte  douloureuse,  instituent 
en  l'honneur  de  la  jeune  victime  de 
leur  imprudence  les  jeux  INéméens  , 
et  changent  le  nom  d  Ophelte  eu  celui 
d'Archémore.  Enfin  ïhèbes  se  pré- 
sente aux  yeux  des  Argiens;  on  dé- 
pute Tydée  au  roi  de  cette  ville.  Les 
propositions  ou  sommations  d' Adraste 
sont  rejeléesj  le  perfide  antagoniste 
de  Polyuice  en  vient  même  a  dispo- 
ser une  embuscade  de  5o  hommes 
d'élite  sur  la  roule  de  Tydée.  Le  hé- 
ros leur  fait  mordre  la  poussière  à 
tous  5  ou  court  aux  armes  dans  le 
camp  argien  ,  et  les  Sept  Chefs  diri- 
gent chacun  une  attaque  sur  l'une  des 
sept  portesde  Thèbesjde  semblables 
préparatifs  ont  lieu  dans  la  ville  as- 
siégée. Eléocle  consulte  Tirésias  sur 
les  moyens  de  repousser  les  assail- 
lants :  le  devin  répond  que  les  dieux, 
pour  accorder  à  Thèbes  cette  faveur, 


exigent  la  mort  d'un  rejeton  du  sang 
des  Spartes.  Ménécee,  en  s'immo- 
latit,  accomplit  la  condilion  imposée 
par  l'oracle  ,  et  le  salut  de  Tlièbes 
n'est  plus  qu'une  question  de  temps. 
Bientôt  six  Chefspérisseut,  et  Adraste 
seul  s'enfuit  emporté  par  un  coursier 
du  sang  des  dieux,  Arion.  Eléocle 
aussi  meurt ,  et  par  ce  trépas  préiiia- 
turé  laisse  la  couronne  K  un  fils  en 
bas  ftge.  Du  reste  on  varie  sur  les  in- 
cidents de  cette  défaite  des  Argiens. 
Quelques  mylhographes  semblent  ad- 
mettre que  seuls,  Eléocle  ftPolynice 
se  battent  eu  présence  des  deux  ar- 
mées qui,  simples  speclalrices,  con- 
viennent de  laisser  le  trône  h  celui  des 
deux  qui  terrassera  ou  qui  luera  l'au- 
tre :  les  deux  frères  s'entre-luent  (c'est 
la  tradition  qu'a  suivie  Racine  dans 
sa  Thébaïdc).  Es  :liyle  ,  Euripide 
montrent  les  six  Chefs  lues  le  même 
jour  dans  l'assaut  général  donné  aux 
sept  portes  de  la  ville.  Il  y  a  seule- 
ment celle  différence  qu'Euripide 
admet  un  combat  préalable  sur  les 
rives  de  l'Ismène  entre  les  Argiens  et 
les  Thébains.  Enfin,  dans  Stace  ,  les 
faits  de  la  guerre  remplissent  quatre 
jours  :  le  premier  jour  Amphiaràs  est 
englouti  et  les  Argiens  plient  ;  le  se- 
cond Tydée  conduit  l'armée  à  la  vic- 
toire ,  mais  est  blessé  mortellement 
par  Ménalippe  ;  le  troisième  on  se 
bat  sur  les  bords  de  l'Ismène  ,  Par- 
lhénopéc et  Hippomédon  restent  sur 
le  champ  de  bataille  ;  le  quatrième  a 
lieu  l'assaut ,  Ménécée  se  donne  la 
mort;  Capanée  escaladelesmurailles, 
puis  tombe  foudroyé;  Polynice  péril 
de  la  main  d'Etéocle,  qui  meurt  eu 
même  temps;  Adraste  fuit.  Thèbes 
délivrée  laissele beau-frère  d'OEiiipe, 
Créon,  père  du  généreux  Ménécée, 
s'emparer  de  la  régence  ,  donner  la 
sépulture  aux  Thébains  morts,  et 
abandonner  aux  loup» ,    aux  oiseaux 


SÉR 

de  proie,  les  livides  dépouilles  des  Ar- 
giens.  Mais  Adraste  a  frappé  aux 
portes  du  palais  de  Thésée  5  les  Athc- 
niens  marclieiit  sur  Thèbes  et  forcent 
ces  impitoyables  vainqueurs  a  révo- 
quer un  décret  barbare.  Déjà  Anli- 
gonc  l'avait  transgressé  pour  inhu- 
mer Polynice  {l^oy.  Avtigo7(e). 

SEPTEMBRE  a  élé  divinisé  par 
Ausone  sous  la  figure  d'un  homme  te- 
nant un  lézard  qui  cherche  à  fuir  de 
ses  mains,  et  environné  de  cuves,  de 
tonnes ,  de  paniers  de  raisins.  Les 
statues  lereprésenlenl  presque  nu.  De 
ses  épaules  tombe  une  espèce  de  chla- 
myde.  Le  mois  de  septembre  était 
consacré  à  Vulcain.  Il  en  résulte  que 
quelquefois  on  groupe  autour  des  re- 
présentations figure'es  de  ce  mois  di- 
vers objets  relatifs  au  feu;  parfois 
même  on  y  volt  la  salamandre,  sur 
laquelle  on  sait  que  courent  encore 
tant  d'historiettes  absurdes. 

SERA,  déesse  latine  des  semailles 
{serere,  semer). 

SEPiAPLS,  l.'tpx'^i^,  probable- 
ment en  ancien  égyplien  Sar-Api  ou 
Sri-Api)  ,  divinité  alexandrine  dont 
le  culte,  a  partir  de  la  domination 
des  Lagides,  éclipsa  celui  des  autres 
dieux  de  l'Egypte,  semble  néanmoins 
avoir  été  honorée  dans  cette  contrée, 
et  principalement  a  Memphis  ,  avant 
le  règne  desPtolémée.  On  lui  rendait 
aussi  une  espèce  de  culte  dans  cette 
bourgade  de  Rhakolis  que  le  génie 
d'Alexandre  métamorphosa  si  rapi- 
dement en  une  vaste  et  opulente  ca- 
pitale. La  statue  grossière  et  informe 
du  dieu  était  placée  dans  une  petite 
chapelle,  sur  un  rocher  voisin  de  la 
mer.  Ptolémée  I  (vulgairement  Pto- 
lemee  Soter),  voulant  démontrer 
victorieusement  l'identité  des  cultes 
grec  et  égyplien,  et  en  même  temps 
assurer  une  prééminence  religieuse 
à  la   ville  d'Alexandrie ,  qui ,   dans 


SÉR 


439 


son  système,  devait  être  la  métro- 
pole du  culte  aussi  bien  que  de  la 
civilisation,  de  l'administration  et  du 
commerce  ,  fit  dire  un  matin  par  ses 
courtisans  et  par  les  prêtres  a  ses  ga- 
ges qu'un   jeune   homme  ,    un  dieu 
sans  doute,  d'une  rare  beauté  et  d'une 
taille  surnaturelle  ,   lui  avait  apparu 
en  songe  et  lui  avait  ordonné  d'en- 
voyer chercher  sa  statue  à  Sinope. 
Des  commissaires  partent  pour    la 
rive    paphlagonienne   et    reviennent 
avec  le  précieux  bloc  (Tacite,  ^w/., 
liv.  IV,  ch.  85  et  84) ,  que  l'on  in- 
stalla solennellement  dans  un  temple 
magnifique  et  daus  lequel  les  collèges 
sacerdotaux,  déjà  imbus  d'idées  grec- 
ques, reconnurent  Pluton  ;  probable- 
ment ils  proclamèrent  en  même  temps 
l'identité  du  dieu  nouveau-venu  et  de 
l'ancienne  divinité  alexandrine  ,  pré- 
misses heureuses  du  syllogisme  par 
lequel  on  prononçait  qu'au  fond  le 
culte  hellénique  rentrait  dans  la  reli- 
gion égyptienne  ,   et  prélude  parfait 
de  ce  syncrétisme  si  gratuit  et  si  con- 
fus, un  des  caractères  de  toute  la  ci- 
vilisation d'Alexandrie.    Que  de  ces 
circonstances  et  du   silence   d'Héro- 
dote sur  Sérapis(liv.  Il,  ch.  4-2,  etc.) 
ou  ait  prétendu  plus  tard  que  ce  dieu 
ne  fût  pas  d'origine  égyptienne  ;  qu'O- 
rigène   (c.  Cclse,  t.  I,  pag.  6o5, 
éd.  Dclarue  )    affirme   formellement 
que  son  culte  fut  importé  eu  Egypte 
par  des  mains  étrangères;  que  d'au- 
tres (Arislip.  et  Aristée  dans  S.  Clcm. 
d'Alex.,  Stromat.^  liv.  I  ,  §  21  , 
Apollodore,  Bib.^  1.  II,  ch.  i ,  etc.), 
se  copiant  les  uns  les  autres,  veuil- 
lent que  Séranis  ne  soit  autre  chose 
qu'un  Apis ,  fils  de  Phoronée  et  pré- 
tendu fondateur  de  Memphis,   divi- 
nisé après  sa  mort;  enfin  qne  quel- 
ques-uns  (Raoul-Rochelte,    Colon, 
grecq.,  1. 1,  p.  161,  162),  pour  le- 
ver la  contradiction    apparente   qui 


44o 


SEA 


SÉR 


1 


existe   entre  deux  tradilions  ,  dont 
l'une  allribue  la  fondation  de  Mem- 
pbisa  Apis,  tandis  que  l'autre  (Hygin, 
Jab.  cxLix,  ccLXJLV  5  Lactauce,  sur 
la  Théb.   de  Slace,  I.  IV,  v.  707) 
en  fait  honneur  hEpaplie,  rappellent 
iju'au  dire  d'Hérodote  les  Grecs  con- 
fondaient Tcgyplieu  Epaplie  et  leur 
compatriote  Apis;  nulle  de  ces  asser- 
tions ne  nous  étonnera  ,  mais  nulle 
sans  doute  n'obtiendra  notre  assenti- 
ment :  nous  concevrons  ,  nous  n'ad- 
mettrons pas  l'erreur  ;  nous  répudie- 
rons l'hypothèse  d'un  Sérapis  humain 
et  plus  encore  l'hypothèse  d'un  Séra- 
pis étranger  a  TÉgypti  ;  soit  du  reste 
Îu'on  l'identifie  au    vieil   Apis  ou   .H 
'riopas,  soit  que  l'on  aille  y  cher- 
cher   le  roi  gète   Carnobula.   Nous 
dirons  :  Oui,  c'est  h  l'apparition  des 
Lagides  que  se  lie  la  vogue  du  culte 
de  Sérapis  ;  mais,  dieu  cf  culte,  tout 
existait  auparavant:  on  importa  de 
l'Asie  grecijue  un  bloc  sacré  décore 
du  nom  de   Sérapis,    mais  ce   nom 
était    déjà    connu  ;    et  si   la    statue 
asiatico  -  hellénique    différait   nota- 
blement de  l'antique  effigie  vénérée 
K  Rhakotis,  ce  n'est  pas  sur  ces  dif- 
férences que  l'on  insista  :  les  deux 
images  furent  censées  représenter  le 
même  être  divin,  mais   on   célébra 
l'image  étrangère  comme  douée  de 
vertus  plus  puissantes  et  plus  chères 
aux  yeux  du   dieu.   Se'on  un  grand 
nom])re  de  prêtres  sans  doute ,  l'im- 
portation  fut   plutôt    une    réimpor- 
tation. Au  surplus,  avant  de  quitter 
ce  sujet,  notons  qu'il  y  a  chez  les  au- 
teurs qui  en  parlent  [Denys  le  Pé- 
riég.,  V.  255  ;  Plutarq.,  1°  Isiset 
Osiris ;  2"  Adresse  des  aiiim.; 
Pausanias,  liv.  I,  ch.  18;  Macrobe, 
Salurn.j  liv.  I,  ch.  7;  Orig.,  cont. 
Cclsc,  liv.  V,  p.  257)  des  variations 
assez  importantes  sur  les  (u'tails  du 
fait.  Ici,  au  lieu  de  Ptolémée  Soler, 


on  nomme  Ptolémée  II  (Philadelplie) 
ou  Ptolémée  III  (  Philométor);  l^j 
c'est  de  Séleucie  ou  bien  de  Memphil 
qu'on  fait  arriver  la  statue.  Mainte» 
nanl  quel  est  le  vrai  caractère  de  S( 
rapis?  car  probablement  nos  lecteur 
ne  sont  plus  de  ceux  qui  dans  unj( 
déilé  égyptienne  reconnaissent  et  sa4 
luent  un  type  grec.  Déjà  Diodore  r« 
connaît  que,  suivant  une  opinion  corii 
temporaiue,  Sérapis  n'est  autre  qu'C 
siris  (liv.  1,  ch.  35);  plus  tard,  Mar 
tianus  Capella  ,  dans  son  hymne  au" 
soleil,  appelle  le  grand  astre  le  dieu 
aux  mille  noms  ,  Mithra  ,  Amoun, 
Adonis,  et  proclame  qu'il  est  adoré 
sur  1rs  rives  du  ]Nil  et  de  Mc-mphis 
sous  les  noms  d'Osiris  et  de  Sérapis. 
Macrobe  [Saturn.,  liv.  I,  ch.  19  ) 
spécialise  et  en  même  temps  explique 
cette  assertion  en  qualifiant  Sérapis 
de  dieu-soleil  dans  1  hémisphère  inté- 
rieur. Les  légendes  modernes  con- 
temporaines des  Lagides  confirment 
ce  rapprochement  :  deux  statues,  dit- 
on,  arrivèrent  de  Sinope  dans  la  ville 
d'Alexandrie;  l'une  représentait Bac- 
chus,  l'autre  Sérapis.  Or  ,  nous  sa- 
vons que  Bacchus  est  un  des  dieux- 
soleils  du  printemps.  Ainsi  dans  la 
langue  des  syncrétistes,  qui,  soit  par 
système,  soit  par  ignorance,  confon- 
daient les  idées  religieuses  de  l'Egypte 
avec  celles  de  la  Grèce  ,  Sérapis  et 
Bacchus,  soleil  d'automne  et  soleil  du 
printemps,  ne  sont  autres  que  Séra- 
pis et  Osiris  dans  la  langue  de  l'anti- 
que et  pure  théologie.  Qu'ensuite 
nombre  d'Egyptiens  aient  identifié  ou 
plutôt  confondu  les  deux  personnes 
divines;  que  dans  telle  ou  telle  ville 
Osiris,  dans  les  sombres  demeures, 
ait  gardé  son  nom  d'Osiris  ,  tandis 
que  dans  d'autres  Sérapis  n'ait  pas 
été  seulement  un  Osiris  au  tombeau, 
un  soleil  automnal  et  d'hiver,  un  gé- 
nie funèbre,  un  roi  de  l'Araenti,  mais 


SER 

bien  un  dieu  puissant  hors  même  de 
l'eufer,  le  soleil  dans  sa  force,  le  do- 
minateur des  mondes,  le  bienfaiteur 
et  le  sauveur  de  la  terre,  nous  ne 
pouvons  en  être  étonnés  5  et  s  il  est 
difficile  d'en  assigner  les  causes ,  ce 
n'est  point  parce  que  les  causes  de 
confusion  manquent ,  c'est  parce  que 
dans  l'abondance  de  ces  causes  nous 
ne  pouvons  démêler  sous  l'influence 
de  laquelle  l'Egypte  modifia  en  sens 
divers  ses  opinions  sur  Sérapis.  Mais 
si  le  dieu-soleil,  traqué  naguère  dans 
les  signes  inférieurs,  s'élève  au  rang 
de  soleil  5  si  Osiris  au  tombeau  se 
transforme  ent3siris;  en  un  mot  si 
Sérapis  devient  Osiris,  1  ous  compre- 
nons qu'il  doit  s'identifier  avec  clia- 
cun  des  dieux  auxquels  s'identifient 
soit  le  soleil  ,  soit  Osiris.  Aussi 
d'abord  se  confond-il  ,  i**  avec  le 
bœuf  Apis  ;  2°  avec  Haroéri.  Or  }{a- 
roéri  et  Osiris,  reflétant  en  quelque 
sorte  chacun  les  trois  Démiurges  Knef, 
Fta,  Fré ,  nous  voyons  aussi  Séra- 
pis assumer  les  caractères  de  cha- 
cun de  ces  trois  êtres  :  «Qui  je  suis?>3 
répond  à  Nicocreon ,  roi  de  Cypre, 
l'oracle  de  Sérapis  j  «  Je  suis  le  dieu 
que  je  vais  dire  :  la  voûte  des  cieux 
est  ma  tête,  la  mer  est  mon  ventre  , 
sur  la  terre  sont  mes  pieds  ,  et  mes 
oreilles  sont  dans  les  réglons  élhé- 
réesj  mon  œil  c'est  le  brillant  flam- 
beau du  soleil,  qui  porte  au  loin  ses 
regards.  3>  A  moins  de  voir  danscette 
réponse  une  profession  de  panthéisme 
(et  le  vulgaire  ne  peut  l'y  voir),  u'est- 
il  pas  clair  que  Sérapis  à  lui  seul  con- 
tient la  foule  des  autres  dieux?  Il  est 
Fré  ,  puisqu'il  est  le  soleil  j  il  est 
Fta,  puisqu'il  préside  a  l'Elher,  en 
d'autres  termes  aux  divers  princi- 
pes igné,  lumiufux,  calorifique  du 
monde  5  il  est  Rnef,  puisqu'il  emplit 
et  gouverne  le  monde.  Peut-être 
même  va-l-il  s'absorber  dans  la  pro- 


SÉR 


Ml 


fondeur  de  Tèlre  absolu,  de  l'irré- 
vêlé,  de  l'impénétrable  et  iraraensu- 
rablePirorai,  ce  Brahm  de  l'Egypte 
(^o^.  PiROMi).  D'autre  part  Araoun 
et  Knef  ne  sont  que  deux  noms,  a 
peine  deux  formes  du  même  dieu; 
aussi  h  tout  insfant  Sérapis  est- il 
Amoun.  Ce  grand  Pan,  si  bizarre- 
ment rapproché  ,  tant  par  les  an- 
ciens que  par  les  modernes,  du  t<» 
jrSi-  (le  tout,  Tunivers)  des  Grecs, 
ce  Pan  ,  qui  forme  comme  la  transi- 
tion de  Piroml  a  Knef  ,  et  qui  flolle 
sur  les  limiles  de  l'irrévélé  et  de  la 
|)remière  des  révélations  déminrgl- 
ques,  est  aussi  une  des  individualisa- 
tions dans  lesquelles  on  fait  rentrer 
Sérapis.  Climoun  (autrement  Smoun, 
Esmoun)  ,  celte  autre  personne  di- 
vine que  les  Grecs  et  les  Romains  ont 
comparée  a  leur  Escuiape,  élail  aussi 
une  des  formes  d' Amoun;  Sérapis  a 
donc  quelquefois  les  caractères  de 
Chmoun.  Enfin  Amoun  ou  Knef  se 
délègue  sur  la  terre  danslelSil;  Osi- 
ris aussi  (ce  héros  solaire,  incarna- 
tion semi-terrestre  de  Knef)  se  reflète 
ici-bas  dans  le  Nil ,  fécondateur  sub- 
lunaire comme  le  soleil  est  féconda- 
teur céleste;  Sérapis  ,  que  nosTe- 
cherclies  font  voir  identique  et  à 
Knef  et  a  Osiris  ,  ne  pouvait  man- 
quer d'être  pareiflemenl  pris  pour  le 
]Nil.  Deux  autres  raisons  d'ailleur» 
«'adjoignent  a  celle-ci  pour  qu'on  l'as- 
simile au  grand  fleuve,  i"  Comme 
dieu  de  l'Amenti,  K  la  fois  purgatoire 
et  asile  dé  paix  et  de  bonlieur,  il 
tient  en  lui  et  sous  sa  domination  les 
eaux  purificatoires  et  rafraîchissan- 
tes, n"  Comme  Climoun  il  préside 
à  la  santé  ,  et  les  eaux  du  Kil  pas- 
sent dans  l'esprit  des  pieux  Egyp- 
tiens pour  éminemment  salutaires; 
et  comme  souvent  le  dieu-]Nil  est  re- 
présenté sous  les  formes  du  dieu- 
naia,  du  dieu-vase  Canope,  Sérapis 


«4» 


SÉR 


lui-raèiTie  descend  dans  cette  forme. 
D'autres  traits  de  ressemblance  se 
firent  bientôt  apercevoir.  Comme 
Knef ,  Amonn  ou  Pan ,  comme  ré- 
gulateur suprême  des  mondes,  il  fut 
salué  des  noms  d'Amraoïi,  de  Jupi- 
ter, de  Jupiler-Ammon ,  de  Jupi- 
Icr-Sérapis ,  de  Jupiter  de  Sinope 
(Ziè?  lituTTijç)  j  comme  Chmoun  on 
le  surnomma  Esculape,  et  bientôt  les 
malades  alFluèrent  dans  ses  temples 
et  rien  n'égala  su  renommée  mé- 
dicinale; comme  dieu-soleil  il  fui 
comparé  a  Baccbus  ,  à  Hercule,  au 
mol  Atys,  au  jeune  Adonis  ,  au  bel 
Apollon,  à  l'étincelant  Béius  ou  BaaI. 
Nous  dirons  donc  en  un  sens  ,  avec 
Creuzer  et  son  traducteur  ,  Jupiter  , 
Esculape  et  Pluton  se  donnèrent  ren- 
dez-vous dans  Sérapisj  quoique  en 
réalité  cette  concentration  des  trois 
dieux  dans  la  divinité  égyptienne  n'ait 
pu  se  faire  que  postérieurement  a  l'i- 
dentification partielle  ou  totale  de 
Knef,  Cbmoun  et  Sri-Api  ,  ou  du 
moins  sous  l'influence  de  cette  der- 
nière. Quant  à  l'énoucé  primitif,  ce- 
lui qui  fit  de  la  slalue  de  Sinopo  ,  et 
par  conséquent  de  Sérapis,  un  Plu- 
Ion,  plusieurs  circonstances  l'accom- 
pagnèrent et  l'expliquèrent.  L'efiigic 
sinopéenne  avait  trois  têtes,  l'une  de 
loup,  l'autre  de  chien  ,  la  dernière 
de  lion  ou  peut-être  de  taureau  5  on 
pensa  aussitôt  k  Cerbère,  ce  gardien^ 
en  quelque  sorte  ce  roi  du  sombre 
empire;  Pluton,  Cerbère,  le  dieu  de 
Sinope  et  l'antique  Osiris  de  Rha- 
kolis  furent  identifiés.  Macrobe  {Sa- 
turn.,  lÏY.  I,  cil.  20)  voit  dans  les 
trois  têtes  le  passé,  le  présent  et  l'a- 
venir; k  ces  trois  points  de  la  durée, 
Porphyre  (dans  Eusèbe,  Prép.  «V., 
liv.  111,  ch.  2)  substitue  trois  points 
choisis  dans  l'espace ,  le  levant  ,  le 
midi  et  le  couchant.  Dupuis,  toujours 
préoccupé  de  ses  théories  astronooii- 


SÉR 

ques,  rappelle  qu'au  moment  oii  se 
lève  Esculape  ,  eu  d'autres  termes 
au  matin  du  jour  où  le  soleil  passeaux 
régions  inférieures,  et  le  soir  du  jour 
où  il  monte  aux  régions  supérieures, 
les  points  équiuoxiaux  se  trouvent  k 
l'horizou  et  le  signe  solslicial  au  mé- 
ridien :  or,  ces  trois  points  cardinaux 
sont  justement  le  chien  ,  le  lion  et  le 
loup.  Le  serpent  de  Sérapis  n'est  cer- 
tainement qu'un  serpent  inofïensif  et 
sans  venin,  comme  Kuel-Agalhodé- 
mon  ;  et  en  conséquence  le  dieu  de 
l'Amenti,  malgré  son  aspect  serpenti- 
forme,  n'a  rien  de  commun  avec  Ty- 
phon, l'ennemi  d'Osifis.  Une  fois  in- 
stallé solennellement  dans  Alexan- 
drie ,  décoré  de  la  protection  de  la 
dynastie  nouvelle,  pourvu  d'un  tem- 
ple magnifique  et  de  prêtres  opulents, 
le  culte  de  Sérapis  éclipsa  en  peu  de 
temps  les  autres;  tous  les  dieux  anti- 
ques virent  leur  crédit  déchoir  et 
languirent  inaperçus  dans  leurs  ni- 
ches solitaires.  Aux  autels  de  leur 
heureux  successeur  accoururent  aveu- 
gles et  boiteux,  malades  de  corps 
et  malades  d'esprit.  Soler  (  1iùT\if  , 
sauveur)  devint  le  surnom  familier  du 
dieu  donné  a  l'Egypte  par  Ptoléraée 
Soter.  Prédire  et  ressusciter  n'étaient 
que  des  jeux  pour  cet  Apollon-Escu- 
lape;  les  ex-voto  encombraient  ses 
autels  ;  les  places  publiques,  les  ports, 
les  villes,  tout  était  rempli  de  monu- 
ments, témoins  de  ses  cures  merveil- 
leuses et  de  ses  étonnantes  prophé- 
ties. Rien  de  plus  authentique  que 
ses  innombrables  miracles,  dont  la 
vie  la  plus  longue  serait  insuffii;ante, 
dit  Aristide  ,  pour  dresser  le  catalo- 
gue (  Arist.  ,  Disc,  sur  Sérapis). 
Par  la  vertu  de  Sérapis ,  Vespasicn 
guérissait  les  écronelles  et  rendait  la 
vue  aux  aveugles  (Tacite,  Hist.  ^ 
liv.  IV).  Les  temples  de  Sérapis  se 
nommaient  Sérapies  ou  Sérapiums 


SER 

{itiptniiîu).  Dès  le  temps  d'Aristide 
l'orateur  (deuxième  siècle  de  Tère 
chrélienue  ),  l'Egypte  en  complait 
quarante-trois  5  l'Asie,  la  Thracc,  la 
Grèce,  rilalie ,  en  avaient  aussi  un 
grand  nombre.  Dans  beaucoup  de 
contrées  ils  étaient  situés  hors  des 
villes.  Athènes  lui  en  dédia  un  dès 
le  temps  des  Ptolcméej  Sparte  ne 
tarda  pas  a  l'imiter  ,  Messène  en  fit 
autant.  A  Corinthele  culte  de  Séra- 
pis  était  uni  a  celui  d'Isis.  Ordinaire- 
ment Sérapis  est  enveloppé  de  tissus 
des  pieds  a  la  tête  ;  c'esi  même  une 
des  raisons  qui  ont  fait  révoquer  en 
doute  son  origine  égyptienne.  Si  l'on 
eût  songé  que  Sérapis  est  un  Osiris 
au  tombeau,  un  dieu-momie,  on  eût 
trouvé  ce  fait  tout  simple  ,  et  l'on  se 
serait  épargné  des  objections  super- 
flues. Très-souvent  aussi  un  long  ser- 
pent s'enroule  autourdu  corps  sacré  : 
il  est  rare  que  la  tête  se  dirige  vers 
le  ciel;  au  contraire,  la  queue  du  rep- 
tile se  replie  derrière  Vépaule  du  dieu 
et  revient  se  poser  dans  sa  main  5  la 
tête  descend  a  ses  pieds  et  effleure  le 
sol.  Tel  est  le  Sérapis  gravé  dans 
Montlaucon  et  dans  Pluche  [Hist. 
du  ciel  ^  t.  I ,  p.  171),  vieillard  à 
barbe  toufiûe,  momie  h  langes  étroits: 
le  serpent,  symbole  de  vie  et  de  ra- 
jeunissement ,  l'enveloppe  en  spirale 
et  forme  quatre  replis  autour  de  lui  5 
dans  l'intervalle  des  quatre  anneaux 
emblématiques  sont  semées  quatre  fi- 
gures zodiacales  ,  le  taureau,  le  lion, 
le  scorpion,  le  Verseau  ;  ce  sont  jus- 
tement celles  qui  correspondent  aux 
quatre  points  soisliciaux  et  équi- 
noxiaux.  Nous  ne  connaissons  aucune 
image  qui  le  représente  tricéphale  : 
la  raison  en  est  simple,  c'est  que  pres- 
que toutes  appartiennent  h  l'art  grec. 
Sa  physionomie  sévère  et  noble  rap- 
pelle tantôt  Esculape  ,  tantôt  Jupi- 
ter j  quelquefois  à  ses  pieds  on  aper- 


SËR 


443 


çoît  un  monstre  à  triple  télé  qui  rap- 
pelle Cerbère  (^oj^.  Zoëga,  Num. 
JEgypt.  imperatorii ,  tab.  XVI , 
8  5  la  médaille  est  d'Alexandre-Sé- 
vère). Dans  tous  ces  cas,  la  tête  du 
dieu  porte  un  signe  caractéristique, 
le  modius  ou  boisseau  ,  emblème  bi- 
zarre dont  le  sens  n'est  point  encore 
connu  :  est-ce  un  hiéroglyphe  sacré 
désignantle  ailomètre?  est-ce  le  Ca- 
nope  altéré.'*  est-ce  le  symbole  de  la 
fertilité  d'un  sol  où  les  céréales  ren- 
dent quarante  pour  un?  ou  bien  se- 
rait-ce une  corbeille  de  fleursde lotos, 
emblème  gracieax  et  ordinaire  de  la 
fécondité?  On  a  pensé  aussi  au  cha- 

Î)ileau  de  la  colonne  corinthienne  et 
'on  a  dit  :  «  Il  fut  un  temps  où  l'i- 
mage d'un  dieu  n'était  qu'un  fût 
de  colonne  surmonté  d'un  chapi- 
teau 5  quand  l'art  dégrossit  ce  long 
bloc  cylindrique  et  y  fit  apparaître 
des  pieds,  des  mains,  un  corps  ,  une 
tête,  le  chapiteau  resta  en  guise  de 
coilïure.  »  C  est  notre  opinion  5  et  ici 
comparez  les  images  des  Fta  Slylite. 
Quelques  autres  ont  cru  que  le  mo- 
dius était  une  des  coiffures  sacrées  des 
dieux  égyptiens  et  peut-être  le  pchenl 
modifié.  Enfin  on  a  écrit  que  ce  mo- 
dius n'est  qu'une  altération  du  disque 
qui  souvent  était  placé  sur  la  tête  des 
hautes  divinités  lunaires  et  solaires. 
Cette  conjecture  acquerrait  un  nou- 
veau degré  de  probabilité,.sil'on  ajou- 
tait en  même  temps  a  la  tête  du  dieu 
des  cornes  de  bélier  telles  que  les  a 
fréquemment  Amoun.  Ces  deux  cor- 
nes avec  le  disque  au  milieu  présentent 
de  loin  un  aspect  qu'un  dessin  super- 
ficiel et  rapide  a  pu  aisément  conver- 
tir en  modius.  Plusieurs  médailles 
anciennes  portent  les  légendes  "HA<of 
:s'ipx';T(;y Soleil-Sérapis.  Sol-Sarapis 
se  lit  sur  plusieurs  moyens  bronzes  de 
Dorailien;  Jupiter-Sarapis  sur  de 
grands  bronzes  de  Vespasien  (Pelle- 


444 


SER 


SER 


rin,  Méd..  I,  p.  224).  D'autres  por- 
tent d'im  côté  l'iinacre  d'Apis  et  de 
l'autre  Tiuscriplion  :  êicZ  2e,3£tT<«r«f , 
du    dieu  Sérapis.  Uu  petit  nombre 
le  présente  uni  aux  Dioscures  ,  mais 
toujours  avec  le  modius  sur   la  tète 
(Scblichlcgioll,  Auswahl  vorzùgl. 
Gctnmen  ,   ^5  ,   45).  Il  paraît  (jue 
dans  quel(|ues  inoimmeuls  anciens  il 
était    uni    à  Isis  ,    et  ,qu'enlre    eux 
se    lenail  Har-Pokrat.   Har-Pokrat 
aussi  se  voyait  dans  les  niches   à  la 
porte  des  Sérapiums.  Varron,  de  qui 
nous  tenons  ce  détail  précieux  ,    ex- 
plirpie  ce  groupe  par  le  silence  que 
Ton  recommande  aux  initiés  dans  les 
mptèrcs  d'Isis  [Lang.  lat.,  1.  IV). 
Des  modernes  y  ont  vu  remblème 
d'une  loi  qui  ,  disent-ils  ,  défendait, 
sous  peine  de  la  vie,  de  dire  que  Sé- 
rapis avait  été  un  simple  mortel.  Pour 
nous,  il  nous  semble  évident   que  la 
présence  dlIar-Pokral  dans  les  Sé- 
rapiums indique  et  achève  de  démon- 
trer ce  fait  déjà  reconnu  ,   que  Séra- 
pis, identique  dans  le  fond  h  Osiris, 
est  pourlaul  plus  spécialement  0>iris 
au  tombeau.  Languissant  et  mutilé  , 
il  rend  encore  Isis   mère  j    mais  le 
fruit  de  ces  caresses  posthumes   est 
un  dieu  languissant  et  frêle  comme 
son  père,  muet  et  morne  comme  le 
tombeau  :  c'est  liar-Pokrat.  Le  mu- 
Sfe  Pio-Clémcntin  possède  deux  bel- 
les tètes  de  Sérapis  :  la  première  est 
de  basalte  noir  et  de  dimensions  co- 
lossales; la  seconde   est  de   marbre 
Wanc:  originairement  elle  avait  sur 
Ja  tète  une  couronne  de  rayons.  On  a 
cru  reconnaître  un   Scrapis  dans  uu 
Canope  à  tète  humaine  que  décore  la 
coiffure  symbolique  des  grands  dieux, 
et  dont    un   ample   voile  enveloppe 
le  corps  sphcroïdal  (Zoëga,  Nuin. 
-^gypt.  imperat.,   tab.  III,  5). 
Enfin  un  bas-reiief  du  petit  temple  à 
l'ouest  de  Thèbes  {Desc.  de  L'Eg. , 


^ 


Antiq.^    pi.  vol.  II,  pi.  5n,  fV.  2) 
le  représente,    s'il   faut    en   rroire        h 
Creuzer.  dans  une  scène  éminemment      fll 
dramatique  :    un  personnage  Immain 
défunt  (uu  prêtre?)  est  prcsenlé  par 
une  déesse  à  la  puissante  Salé;   en 
avant  de  la  déssse  une  grande  balance, 
dont  Haroéri  et  Anébu  maintiennent 
les  plateaux  en  étpiiliiire  ,  et  sur  le 
fléau  de  laquelle  est  assis  un  ryuocé-       fll 
phale  ,  vivante  image  de  Thot ,    ac-        "■ 
compagne  de  deux  têtes  de  sphinx; 
devant   la  balance   Thot  Ini-niême, 
ibiocéphale,  armé  de  la  règle  dente- 
lée sur  laquelle  sa  main  droite,  mu- 
nie d'un  stylet,  va  marquer  un  nom- 
bre quelconque  j  puis  Har-Pokrat, 
bizarrement  posé  sur  un  sceptre  au- 
gurai, un  monstre  au  corps  de  lion  et 
à  la  tête  de  sanglier  placé  sur  nu  pié- 
destal ,    une  lige  de  lotos  sonlcuant 
sur  son  calice  ouvert  les  quatre  génies 
de  l'Amenli.  ministres  de  Sérapis,  un 
petit  animal  dont  la  tête   séparée  du 
tronc  va  tomber  dans  un  vase;  enfin 
le  roi  de  TAmenti  (Uadjémeni),  assis 
sur  son  tribunal  ,  le  sceptre  augurai 
dans  une  main,  le  Iléau  ou  vase  sacré 
de  Fta  dans  l'autre,  et  la  mitre  sur  la 
tête.  Comp.  Siebenkees,  Archœol.^ 
p.  i4i  ;  Yogel  ,  Ptr.suche   nh.  d. 
Rd.  dcr  yEg.,  p.  179;  Priciiard, 
AEgjpl.  mylh.  ;  Maifei,  Gcnim.^ 
t.I,  .. 

SERGESTE,  chef  troven  ,  suivit 
Enée  en  Italie  ,  et  disputa  le  prix  de 
la  course  navale  aux  jeux  célébrés  eu 
Sicile  pour  Tanniveisaire  de  la  mort 
d'Anchisp.  \'irgile  ledonne  comme  la 
tige  (le  la  geut  Sergia. 

SERGÔWF.R,  dieu  iakoule,  n'est 
qu'un  rocher  énorme  an  -  dessus  de 
Iakoutsk.  On  le  regarde  comme  le 
souverain  des  Vents,  et  on  l'implore 
par  des  offrandes. 

SÉRIMNER.  F.  SoERiKNiiR. 
SEROCH,  lin  des  28  Izeds  par- 


SES 

si  ,  préauiail  aux  eaux  pluviales  el 
à  la  Icrre.  Ou  le  nomme  aussi  Tach- 
Icr  ou  Tir 5  pur,  saint,  vivant,  res- 
plendissant, telles  sont  les  épithètes 
un  peu  vagues  que  lui  prodigue  le 
Zcnd-Avesla.  Il  est  sur  la  terre  ce 
qu'Ormuzd  est  au  ciel;  il  habile  avec 
Hom  les  cimes  de  l'Albordj  ;  il  veille 
avec  Achtad  sur  les  villes  et  le  mon- 
de ;  il  rend  la  terre  grande  ,  purifie 
les  provinces  ,  protège  les  hommes  , 
Lai  les  Devs  ,  s'oppose  a  Echem. 
C'est  lui  qui  a  révélé  la  loi  aux  sept 
Kéchvars.  On  l'invoque  immédiate- 
ment après  Ormuzd.  Il  préside  au 
1  7*  jour  du  mois  ,  qui  porte  aussi  le 
uojn  (le  Séroch. 

SÉSACH  ,  déesse  babylonienne  , 
présidait  au  repos  ,  suivant  les  livres 
sacrés. 

SESARA ,  fille  de  Celée  el  sœur 
de  Triplolème. 

SESME  ,  nom  commun  dans  la 
nomenclature  décanographique  de 
Saumaise  à  deux  décaus.  Sesmé  I  , 
deuxième  décaudu  Scorpion,  est  nom- 
mé Téplseuth  dans  Firmicus.  Les 
deux  Zodiaques  tentyriqnes  le  repré- 
sentent sous  des  formes  qui  n'ont  rien 
d'humain.  Dans  le  rectangulaire  c'est 
une  figure  composée  de  quatre  bâ- 
tons ou  barres  métalliques,  dont  trois 
placées  verticalement  sont  traversées 
horizontalement  par  la  quatrième  : 
un  bras  humain  ,  et  au-dessus  de  ce 
bras  une  tête,  dominent  cette  figure. 
On  présume  que  l'on  a  voulu  ainsi  fi- 
gurer l'Aulel,  constellation  au  sud  du 
Scorpion  ,  et  le  bras  du  Serment  ou 
du  Sacrifice.  Dans  le  Zodiaque  cir- 
culaire le  de'can  est  une  tête  de  cy- 
nocéphale coiffée  d'un  disque  qui  sur- 
monte deux  cornes  de  bouc  et  placée 
sur  une  espèce  de  piédestal.  Pris  pour 
im  des  dynastes  du  lalercule  d'Era- 
losthène  ,  Sesmé  I  peut  être,  selon 
l'hypolhèse   a   laquelle  on  se   ran- 


SIB 


440 


géra,  Myrtée,  Semfo,  Thyosimaré 
ou  Biouri.  —  Sesmé  II  ,  second  dé- 
can  du  Sagittaire ,  selon  Saumaise 
et  selon  la  légende  hiéroglyphique  du 
Zodiaque  rectangulaire  ,  porte  dans 
la  table  de  Firmicus  le  nom  de  Sagen  ; 
il  est  représenté  hiéracocéphale  et 
cciflé  d'un  disque.  Des  quatre  hy- 
pothèses de  concordance  entre  les 
dynastes  d'Eratosthène  et  les  décans, 
la  première  l'identifie  avec  Semfou- 
krat,  la  seconde  avec  Gosormiès,  la 
troisième  avec  Chouterlaure,  la  qua- 
trième avec  Moskhéri. 

SESSIES,  déesses  latines,  étaient 
invoquées  lorsque  l'on  ensemençait 
les  terres.  On  comptait  autant  de 
Sessies  qu'il  y  avait  de  graines  (ou 
de  semailles)  différentes. 

SETA  ,  sœur  du  Thrace  Rhe'sus, 
et  maîtresse  de  Mars.  Ici  l'on  doit 
se  rappeler  que  Mars  était  un  dieu 
Thrace,  et  que  Rhësu^  était  un  parè- 
dre  de  ce  dieu. 

SE  VA  (  ou  SI  VA,  SIBA) ,  déesse 
slave  des  végétaux,  était  surtout  ado- 
rée par  les  Varègues ,  qui  la  repré- 
sentaient tenant  d'une  main  une 
pomme ,  de  l'autre  une  grappe  de 
raisin.  On  lui  sacrifiait  des  animaux 
et  même  des  prisonniers.  Des  mo- 
dernes l'ont  donnée  pour  fille  de  Si- 
lalce,  roi  des  Goths,  el  femme  d'An- 
thyr,  contemporain  d'Alexandre-le- 
Grand  et  fondateur  de  la  ville  de 
Magdebourg. 

SIBYLLES,  Sibylle,  iiQûxxcti^ 
prophélesses  de  la  haute  antiquité, 
diffèrent  des  prophélesses  vulgaires  , 
soit  par  cette  haute  antiquité  même  , 
soit  par  leur  habileté  transcendante 
dans  l'art  de  la  divination,  soit  enfin, 
par  leur  caractère  qui  était  d'appa- 
raître brusquement ,  capricieusement 
et  rarement  au  très-petit  nombre  d'a- 
deptes auxquels  elles  daignaient  se 
communiquer.  On  en  comptait  dix, 


446  SIB 

qui  toutes  sont  désignées  par  la  dé- 
nominaliou  générique  de  Sibylle  et  uu 
adjectif  qui  est  censé  désigner  leur 

f)a)'8.  Voici  daas  quel  ordre  \arroii 
es  classe  :  la  Persique  (nommée  aussi 
Babylonique  ou  Clialdéenne),  la  Li- 
byenne, laDelpbique,  laCuraée,  lE- 
rylhréenne,  laSamienne,  la  Cuma- 
ne  (ou  Lucauieonc),  l'ilellespoutine, 
la  Phrygienne  ,  la  Tiburtine.  Quel- 
quefois on  les  réduit  a  trois,  TÉry- 
tbréeune  ,  la  Sardii-nue  ,  la  Guinée 
(Solin,  Ausone);  ou  H  quatre  ,  TEry- 
ihréenne,  la  Sardicune,  la  Cumée,  la 
Saoïienne  (  Ëlieu).  11  résulterait  de 
ces  énuniéralious  que  le  nombre  des 
Sib\lles  monte  à  douze,  car  celles  de 
Sardes  et  d'Egypte  ne  «ont  pas  com- 
pii.ses  clans  la  première  liste;  il  est 
vrai  qu'à  toute  force  on  pouvait  iden- 
tifier la  Sibylle  d'Egypte  à  celle  de 
Libye.  A  la  Curaane  se  trouve  par- 
fois substituée  la  Cimmérienne.  Se- 
Ion  l'ausanias,  les  Sibylles  d'Ery- 
tbres  et  de  Delphes  reviendraient 
à  une  seule.  Il  est  question  aussi 
d'nne  Sibylle  troyenne  ;  mais  il  veut 
que  ce  «oit  une  troigième  dénomina- 
tion de  la  Sibylle  d'Erylbres.  i"  La 
Sibylle  persique,  babylonique  ou  cbal- 
déenne,  £c  nommait  Saliba  ou  Sambi- 
tbé,  nom  qui  rappelle  Siva  et  Sabaz. 
Il  reste  des  vers  supposés  sous  son 
nom  :  elle  s'y  dit  bru  de  Noé.  2°  La 
Sibylle  libyenne(ou  égyptienne?)  était 
la  plus  ancienne  de  toutes  celles  de 
l'Occident ,  au  dire  des  anciens.  Ju- 
piter était  son  père;  et  celle  reine 
Lamie,  si  fameuse  par  ses  appétits 
vampiriques  ,  lui  avait  donné  le  jour. 
On  l'a  montrée  voyageant  au  loin  k 
Samos,  à  Claros,  k  Dtlpbes.  Toutes 
ces  excursions,  sans  doute,  sont  des 
traductions  libres  de  ce  fait  histori- 
que vrai  ou  faux,  la  divination  sibyl- 
line passa  de  l'Afriqi^e  libyque  dans 
l'Asie,  les  îlea  de  la  mer  F<gée  et  l'Ëu- 


SIB 

rope  gréco-italique  :  les  voyages  de 
l'art  divinatoire  devinrent  bientôt  les 
voyages  de  la  devineresse.  3"  La  Si- 
bylle delpbique  ne  fut   sans   doute 
que  la  première  Pythie  de  Delphes  ; 
c'était ,  dit-on ,  la  fille  du  Thébain 
Tirésias,  prise  au  sac  de  Tlièbes  (par 
les  Epigones.)  Elle  fut   conduite   k 
Delphes  el  consacrée  au  dieu.  Il  est 
évident  que  dans  cette  tradition  la 
Sibjlle  dclphique  est  Manto.  D'au- 
tres l'appellent  Hérophile,  et  pour 
mère   lui  donnent  cette  Lamie    qui 
vient  d'être  nommée  comme  mère  de 
la  Sibylle  libyque,  et  pour  père  Nep- 
tune. Les  Muses,  ajou(e-t-on,  rélevè- 
rent sur  rHélicon  :  Apollon  avait  en 
elle  une  srcur,  une  épouse.  Aussi  l'a- 
t-on  queh|ucfois  identifiée  k  Diane. 
On  montrait  k  Délos  quantité  d'ora- 
cles rendus  par  elle.  4°  La  Sibylle  Cu- 
raane (c'est-a-dire  de  Cyme,  en  Éo- 
lide)  se  nommait  Démo  ou  Démo- 
pliilo  (ou  dit  aussi  Hérophile).  Est- 
ce  elle  qui  alla  porter  k  Tarquin  les 
livres  sibyllins   auxquels  les  Augures 
feignaient  d'atlacber  une  haute  im- 
portance? c'est  ce  qui  nous  semble 
peu  probable,  quond  on  a  tout  près 
du  Lalium  une  Sibylle    de   dîmes. 
Il    est    vrai     qu'en    imaginant    des 
voyages  on  se  tire  de  toutes  les  diffi- 
cultés. S°  L'Erylhréenne,  ainsi  nom- 
mée d'Erylbres  (lonie)  où  elle  faisait 
dans   l'anlre  Corycien  sa   résidence 
ordinaire,  avait,  dit- on,  prédit  kHé- 
cubc  la  ruine  de  Troie;  elle  s'établit 
k  Marpèse,  en  qualiié  de  prêtresse 
d'Apollon  Sminlhée,  passa   de  cette 
ville  k  Samos  ,  Claros  ,    Colophon  , 
Délos  et  Delplies;  puis,  revint  mou- 
rir k  Erytbres.   On  y  montrait  son 
tombeau    et  quantité  de  vers,  dont 
indubitablement  c'est  elle   qui  était 
l'auteur.  On  élagua  pourtant  de  celte 
belle  collection  de  ses  œuvres  quel- 
q««»    vers    où  ellç   citait,    comme 


I 


SIB 

sa  patrie,  Marpèse  elle  fleuve  AYdo- 
née.  Au  resle  ,  Cumes  avait  la  même 
prétenlion  que  Marpèse,  et  revendi- 
quait l'iionueur  de  lui  avoir  donné  nais- 
sance. On  voit  par  ce  qui  précède  , 
qu'au  nom  de  Sibylle  d'Érytlires  pour- 
raient être  substitués  ceux  de  mar- 
pésienne,  troyenne,  colopbonienne, 
delpbique,  déliaque.  6°  LaSamienne 
se  nommait  Phylîofou  Samouote?)  et 
Ton  assurait  avoir  retrouvé  beaucoup 
de  ses  propliélies  dans  les  archives  de 
Samos  (ne  serait-ce  pas  l'Erylbréen- 
ne?).  7°  LaCuraane,  très-connue  sous 
le  nom  d'Héropbile,  desservait  a  Cu- 
mes un  temple  d'Apollon.  C'est  elle 
qui  conduisit  Enée  aux  enfers.  C'est 
elle  aussi  sans  doute ,  et  non  son 
homonyme  d'Asie ,  qui  vint  offrir  à 
Tarquin  le  Superbe  neuf  livres  fati- 
diques qu'elle  réduisit  à  six,  puis  a 
trois.  Apollon  l'avait  aimée^  et  en  ré- 
compense de  ses  faveurs  elle  avait  ob- 
tenu du  dieu  du  jour,  avec  le  don  de 
prophétiser,  autant  d'années  qu'elle 
avait  de  grains  de  sable  dans  la  main. 
La  solliciteuse,  en  cette  occurrence, 
oubliait  un  point  essentiel ,  c'était  la 
jeunesse  :  Apollon  la  lui  eût  accordée, 
non  moins  volontiers  que  la  longévi- 
té. Mais  il  se  garda  bien  de  l'aver- 
tir. 8°  L'Hellespontine  nous  est  in- 
connue; ce  que  nous  savons  sur  elle, 
c'est  qu'elle  naquit  à  Marpèse  ,  et 
qu'elle  fit  entendre  ses  prophéties 
du  temps  de  Solon  et  de  Cyrus  (  ne 
serait-ce  pas  plutôt  que  ses  prédic- 
tions se  rapportaient  aux  guerres  de 
Cyrus  et  de  Crésus,  kl'élablissement 
de  la  timocratie  dans  Athènes ,  aux 
débals  des  cités  ioniennes,  etc.  ?)  La 
Sibylle  d'Erythres  aussi  se  localise 
puissamment  dans  Marpèse.  9°  La 
Phrygienne  rendait  ses  oracles  h  An- 
cyre:  n'est-ce  pas  a  celle-ci  qu'on 
devrait  donner  pour  asile  la  grotte 
Corycienne?  10°  LaTiburtine  rési- 


SIC 


447 


dait  dans  Tibur,  et  y  était  adorée 
sous  le  nom  d'AIbunée;  nulle  pro- 
phétesse  plus  qu'elle  ne  s'identifie 
avec  les  eaux  :  a  peine  se  distin- 
gue-t-elle  de  son  fleuve  chéri  l'Anio 
(anj.  Téyéroné).  Corap.  Anna  Pé- 

KETîNA,  EgKRIE,  MxJSES,  1\aG1N1S. 

SICHEE,  SicnEus  (on  Sichar- 
BAs .  SiCHARBAAL?),  figure  daus  la 
mythologie  comme  fils  de  Relus  et 
frère  ou  époux  de  Didon;  très-riche, 
il  fut  assassiné  par  l'avare  Pygraa- 
lion ,  son  beau-frère  ou  son  frère. 

SICINE,  SiciNus,  naquit  dans 
l'île  de  ce  nom,  de  Thoas  fugitif  et  d(j 
Sinoé.  Sicine  adulte  fut  roi  de  l'île  , 
et  lui  donna  son  nom. 

SIÇOUPALA,  un  des  adversaires 
les  plus  terribles  de  Vichnou  ,  était 
radjah  de  Tchédi  (partie  du  Béhar 
et  près  de  l'empire  de  (iikata  )  et  pa- 
rent du  vieuxSandhaouDjaraçandba. 
C'est  a  lui  que  Roukmi  destinait  sa 
sœur  Roukmini;  mais  celle-ci  haïssait 
le  terrible  sivaïte  :  un  message  de  sa 
part  invite  Rrichna,  Vichnou  terres- 
Ire,  h  l'enlever  h  sou  fiancé  dans  le 
temple  même  de  P)havani ,  où  doit 
s'accomplir  celte  union.  C'est  effec- 
tivement ce  qui  a  lieu.  En  vain  autour 
de  Sicoupala  se  sont  gi  oupés  les  Kcba- 
triias ,  orgueilleux  et  belliqueux  oli- 
garques; le  peuple  se  déclare  pour 
Krichna  qui  porte  un  premier  coup 
au  tyrannique  système  des  castes,  jLes 
guerriers  rugissent  de  honte  et  de 
fureur;  les  hostilités  commencent: 
mais  toutes  les  princesses  du  sang 
royal  portent  secrètement  envie  k 
l'heureuse  Roukmini,  et  désertent  les 
unes  après  les  autres  les  états  de 
Roukmi ,  de  Sandha ,  de  Sicoupala 
et  de  Dantavaktra  pour  voler  vers 
Krichna.  Symbolisation  connue  de 
cette  grande  défeclion  des  provinces 
qui  successivement  abandonnent  le 
sivaïsme  pour  se  joindre  aux  conque* 


44» 


SID 


tes  déjà  opérées  par  la  doctrine  vicb- 
nouviennel  Après  la  guerre,  un  ar- 
mistice j  après  Tarmislice,  nouvelle 
guerre.  Les  ennemis  de  Vicbuou  fout 
cause  commune  avec  les  Kourous; 
Krichua  au  contraire  a  pris  le  parti 
des  Paudavas  opprimés.  D'effrayan- 
tes batailles  se  succèdent  sans  rel€\- 
cbe.  Sicoupala  résiste  encore  quand 
tous  les  autres  sivaïtes  sont  tombés, 
et  s^oppose  aux  bonneurs  divins  qu'on 
veut  décerner  h  Kricbna.   La  lutte 

3 ni  s'engage  alors  entre  ces  émules 
e  vaillance  et  de  vigueur  se  termine 
par  la  mort  de  Sicoupala.  Un  poème 
épique  spécial ,  fameux  dans  l'Inde, 
célèbre  cette  mort. 

SICULE,  SicULUs,  béros  épo- 
nyme  de  la  Sicile,  ou  plutôt  du  peuple 
sicule,  était  un  fils  de  Neptune. 

SICYON,  béros  épouyme  de  la 
ville  de  Sicyone  qui  passait  pour  la 
capitale  d'un  des  étals  les  plus  an- 
ciens du  Péloponèse,  eut  de  Zeuxippc, 
fille  de  Laomédon,  Chlhonophile. 
On  varie  sur  son  père  qui  est  tour  à 
tour  Maratbon,  Méliou  ou  Erecb- 
tbée. 

SIDE,  femme  d'Orion  ,  suivant 
quelques  traditions,  fut  précipitée 
aux  enfers  par  Juuon  jalouse  de  son 
extrême  beauté.  Sidé  a  une  pbysiono- 
mie  à  la  fois  aquatique  et  lunaire.  — 
Deux  autres  Sidé  furent  l'une  Da- 
naïde,  l'autre  fille  de  Bélus. 

SIDERO ,  seconde  l'emme  de  Sal- 
monée  et  belle- mère  de  Tyro  ,  excita 
le  roi  d'Elis  à  persécuter  sa  fille , 
amante  du  fleuve  Enipée,  et  mère  de 
deux  jumeaux ,  Pébas  et  Nélée,  Elle 
alla  jusqu'à  la  charger  de  cbaîucs  et 
à  la  frapper 3  mais  Pélias  et  Nélée, 
arrivés  à  l'âge  d'homme,  embrassè- 
rent la  défense  de  leur  mère,  et  tuè- 
rent cette  marâtre.  —  Sidéros  en 
grec  veut  dire  fer.  Sans  doute  ce 
non)  se  lie  aux  Quyrages  métalliques 


SU 

que  couvre  le  mythe  de  Salmonée  (le 
pont  sonore  sur  lequel  roulait  son 
char). 

SIÉMÊdeSaumaise,SE]NCIINER 
de  Firmicus,  troisième  décau  du  Scor- 
pion ,  est  probablement  la  constella- 
tion du  cynocéphale  élevée  au  rôle  de 
décan  :  c'est  du  moins  ce  qu'autori- 
sent à  croire  ,  i"  sa  position  au  sud 
du  Scorpion  j  2°  la  forme  animale 
sous  laquelle  le  troisième  décan  est 
représenté  dans  les  deux  zodiaques 
tentyriles  (  un  cynocéphale  assis)  5  3° 
le  caractère  probable  du  décan  pré- 
cédent, Sesnié  I  ,  que  généralement 
on  regarde  comme  la  constellation 
de  l'Autel  (  y'oy.  Décans  et  le  ta- 
bleau de  concordance). 

SIFÏA,  vulgairement  Siphoas  , 
li^ooLs,  figure  dans  le  lalercule  d'E- 
ratosthène  comme  trente-cinquième 
dynaste.  Son  nom  veut  dire  (s'il  faut 
s'en  rapporter  à  la  lettre  du  texte 
grec)  Mercure  fils  de  Vulcainj  mais 
probablement  des  trois  mots  grecs 
(E^yMw  0  ' H(f>ui(rTov)  nécessaires  pour 
rendre  cette  idée ,  le  premier  appar- 
tient a  une  des  ligues  précédentes , 
k  celle  qui  explique  si  imparfaitement 
le  sens  du  long  mot  '^KrT<utrtx,îi>f*>}s 
(f^oy.  Sistosicherme),  et  les  deux 
derniers  seulement  traduisent  Si- 
phoas. De  plus,  il  nous  semble  qu'on 
doit  lire  Siphtas  au  lieu  de  Siphoas. 
On  sait  qu'aux  yeux  des  Gcecs  Phta 
était  Vulcain  :  ô  'H(Ç>x/(rrov,  0  <i>èu. 
Ramené  dans  les  listes  décan ographi- 
ques  pour  y  être  localisé,  Sifta  est 
ou  Cliontaré  III ,  ou  Tomi ,  ou  ^_ 
Abiou  des  Poissons,  ou  Théosolk  des  M 
Gémeaux.  ^  ■ 

SIGA ,  Minerve  chez  les  Phéni- 
ciens, Cadmus  avait  enlevé  sa  sta- 
tue de  Tyr ,  et  la  plaça  comme  palla- 
dium dans  Thèbes.  Quoique,  selon 
toutes  les  apparences,  Siga  soit  un 
mot  phénicien,  on  l'a  expliqué  par 


SIL 

le  mot  sigé ,  silence.   On  dit   aussi 
Singa. 

SIGALION,  le  dieu  du  silence 
selon  quelques  mythologues^  d'autres 
ridentifient  à  TÉgyplien  Har-Pokrat 
que  Ton  représentait  le  doigt  collé 
sur  les  lèvres,  et  dont  la  statue  était 
portée  solennellement  dans  les  fêtes 
d'Isis  et  de  Sérapis. 

SIGEAMI,  dieu  birman,  occupe 
dans  rindo-Chine  le  rang  d'Indra 
dans  l'Hindoustan.  C'est  lui  qui  lance 
la  foudre  et  fait  luire  l'ëclair;  c'est 
lui  qui  veille  a  l'ordre  des  éléments. 

SIGINIII,  déesse  Scandinave, 
épouse  de  Loke,  est  auprès  de  lui 
sur  le  rocher  auquel  les  Ases  l'ont 
lié,  et  reçoit  dans  un  bassin  les  gouttes 
de  venin  que  laisse  tomber  sur  sa  tête 
un  énorme  serpent. 

SILENCE  (le),  selon  Ammien 
Marcellin ,  était  regardé  comme  un 
dieu  parles  Perses. 

SILENE,  SiLENUs,  célèbre  pa- 
rèdre  deBacchus,  passe,  dans  la  my- 
thologie vulgaire  ,  pour  père  nourri- 
cier de  ce  dieu.  Selon  Diodore,  c'é- 
tait un  roi  de  l'île  de  Nysa  formée  par 
le  fleuve  Triton  en  Libye.  Aussi  Ca- 
tulle lui  donne-t-11  l'épllhète  de  Ny- 
sigène  ,  LXIII,  262.  Pindare  lui  as- 
signe pour  patrie  l'île  de  Maie  dans 
laquelle  il  eut  une  Naïade  pour  épou- 
se. D'ordinaire  ou  lui  donne  pour 
père  Mercure  ou  Pan,  ce  qui  revient 
a  le  localiser  dans  la  caste  des  Egico- 
resj  Servius,  sur  Yirgile,  le  fait  naî- 
tre du  sang  d'Uranus,  lors  de  la  mu- 
tilation de  ce  dieu  par  Saturne.  Non- 
nus,  dans  ses  Dionysiaques ^\S1\,, 
260  ,  en  fait  un  fils  de  la  Terre,  et 
lui  donne  trois  enfants,  Lénée,  As- 
trée ,  Moron. — Ceux  qui  prennent  au 
sérieux  toutes  les  caricatures  antiques 
ont  fait  de  Silène  un  sage  ,  un  philo- 
sophe consommé ,  un  physicien  pour 
qui   la    nature    n'avait    point    de 


SIL 


449 


mystères.  Bacchus  apprit  de  lui  tou- 
tes les  sciences ,  et  en  conséquence 
voulut  que  Silène  l'accompagnât  lors* 
qu'il  s'avança  du  côté  de  l'Orient  pour 
en  faire  la  conquête.  Par  suite  des 
mêmes  idées,  brodant  le  mythe  qui 
montre  Silène  et  Midas  en  relations 
d'amitié,  on  suppose  entre  le  génie 
dionysiaque  à  queue  de  singe  et  le 
potentat  aux  oreilles  d'àne  une  con  • 
versalion  philosophique,  dont  la  con- 
clusion fut  que  le  sort  le  plus  heureux 
de  l'homme  serait  de  ne  jamais  naî- 
tre ,  ou  de  mourir  aussitôt  après  sa 
naissance.  Virgile  a  mis  "dans  la  bou- 
che de  Silène  [églogue  vi)  une  magni- 
fique description  des  premiers  jours 
du  monde.  La  légende  de  Silène  est 
assez  riche  en  événements.  Non- 
seulement  on  le  montre  à  la  suite  de 
Bacchus,  de  plus  il  conduit  les  Nym- 
phes, les  Muses  et  une  foule  de  génies 
à  queue  de  singe ,  qui ,  comme  lui , 
s'appelèrent  Silènes  avant  de  recevoir 
le  nom  de  Satyres.  On  veut  que  dans 
ses  voyages  il  ait  rencontré  Olym- 
pe,  disciple  de  Marsyas,  et  soutenu 
avec  ce  docte  musicien  une  discussion 
non  moins  savante  qu'avec  Midas. 
Il  fut  conduit  k  la  cour  de  ce  der- 
nier dans  un  état  assez  peu  philoso- 
phique. Des  paysans  l'avaient  rencon- 
tré ivre  et  chancelant  sur  la  roule,  au- 
tant, dit-on ,  par  son  grand  âge  que 
par  le  vin.  Midas,  selon  la  légende 
commune  qui  est  plus  en  harmonie 
avec  le  ton  général  des  mythes  dio- 
nysiaques, lui  fit  passer  dix  jours  au 
milieu  des  réjouissances  et  des  fes- 
tins, et  ne  le  congédia  qu'à  peu  près 
dans  l'état  où  il  lui  avait  été  pré- 
senté. On  ajoute  qu'à  son  retour  des 
Indes  il  s'établit  dans  les  campagnes 
de  l'Arcadie,  où  il  exerça  beaucoup 
d'empire  sur  les  jeunes  bergers  et 
sur  les  bergères.  Dans  la  Gigan- 
tomachie  on  voit  l'àne  de  Silène  dé- 


IV. 


39 


4So 


SIL 


SIL 


^ 


cider  parles  vastes  et  rauqucs  sous  de 
sa  voix  la  retraite  précipllée  des  en- 
nemis des  dieux.  Ailleurs  encore  on 
voit  cet  àue  reparaître,  et  empêcher 
le  nocturne  triomphe  de  Priape  au- 
près de  Vcsta;  et  depuis  ce  temps 
aux  ânes  fut  adjugé  l'honneur  de  por- 
ter les  laraprs  sacrées  de  Vesla. 
L'ause  de  ces  lampes,  ajoule-t-on,  se 
terminait  par  une  tête  d'àne.  Plu- 
>ieurs  traditions  font  de  Silène  un 
Simple  mortel.  Pcrgame  montrait  sou 
tombeau.  Les  Hébreux  aussi,  selon 
Bochart,  avaient  des  tombeaux  de 
Silènes,  et* retrouvent  ce  dieu  grec 
dans  Siloh.  Ou  sait  du  reste  nue  les 
Silènes  passaient  pour  mortels.  On 
racontait  aussi  qu'Apollon  et  Silène 
se  disputaient  le  prix  de  la  science 
musicale,  et  que  Silène  vaincu  fut 
métamorphosé  en  fleuve  par  le  dieu. 
Ajoutons  que  presque  toujours  les 
Grecs  donnent  à  Silène  ou  l'aspect 
et  les  formes  bizarres ,  l'espiègle  vi- 
vacité du  singe,  ou  la  pliy.^ionomic 
d'un  vieil  ivrogne.  Une  taille  ramas- 
sée ,  un  nez  rubicond ,  im  gros  ven- 
tre, voilà  ce  qui  d'ordinaire  le  ca- 
ractérise. Souvent  confondu  avec  les 
dieux-boucs  {Voy.  Satyhes)  ,  il  a 
le  front  armé  de  deux  cornes  :  ra- 
rement l'àne  ,  sa  monture  favorite, 
ne  dresse  pas  près  de  lui  ses  longues 
oreilles  velues.  Silène  lui-même  a 
souvent  cet  insigne  burlesque.  Au 
reste ,  soit  qu'il  marche  ,  soit  qu'il 
ait  recours  pour  ses  voyages  aux  ser- 
vices de  son  coursier,  il  a  de  li  peine 
à  se  soutenir.  A  pied ,  il  trébuche  a 
chaque  instant,  malgré  le  thyrse  qui 
sert  d'appui  à  sa  jambe  avinée.  Sur 
l'àne  ,  il  ressemble  h  un  sac  de  farine 
ou  a  une  outre  remplie  de  vin.  En 
opposition  à  tant  de  traits  qui  provo- 
quent le  rire,  viennent  se  poser  les 
rôles  élevés  que  d'antiques  données 
attribuent  à  Silène.  Il  est  Musagèle 


(conducteur  des  Muscs);  il  est  ali- 
mentateur,  et  par  conséquent  gé- 
nérateur, ou  peu  s'en  faut;  il  est  le 
devin,  le  chantre  sacré.  En  un  sens 
c'est  presque  l'apôtre  et  le  mission- 
naire de  liacchus  :  il  lui  ouvre  les 
voies,  et  forme  comme  son  avant- 
garde.  Ils'idtnlifie  à  tous  les  liquides 
nourriciers  et  inspirateurs,  à  l'eau  mÊ 
(dans  laquelle  il  se  réabsorbo),  au  vin     ■! 

3u'il  offre  au  monde  sous  le  nom 
'Acrate,  au  lait  qui  jaillit  sous  sa 
baguette  avec  le  vin  et  le  miel.  L'àne 
qui  l'accompagne  n'est  pas  grotesque 
en  Orient  comme  chez  nous.  Cet  utile 
animal  ne  porte-l-il  pas  et  Priape 
et  les  ministres  phrygiens  de  la  mère 
des  dieux  .-'  ne  iorme-l-il  pas  la  ri- 
chesse principale  de  quantité  de  tri- 
bus de  pasteurs.'*  ne  remplace-t-il  pas, 
comme  vahanam  de  Bacchus,  la  pan- 
thère aux  pieds  agiles ,  le  tigre  à 
l'œil  de  feu  ?  Apollon ,  chez  les  Hy- 
perboréens,  était  honoré  par  des 
onosphagics;  et  Bochart  ne  nous  laisse  ^1 
pas  perdre  de  vue  que  chez  les  Phé-  ^| 
niciens  le  prophète  lîalaam  s'avançait 
monté  sur  un  âne.  Quelquefois  on 
prend  Silène  pour  Bacchus  lui-même  : 
identification  hasardée,  sans  doute, 
si  on  l'entendait  ii  la  lettre,  mais  jus- 
te ,  si  par  là  même  on  entend  que  de 
Bacchus  émane  Silène.  Ailleurs  on 
trouve  Jupiter  avec  le  nom  de  Silène  : 
c'est  Athènes  ,  dil-on  ,  qui  avait  ima- 
giné ce  Zévs-Silénos.  Dans  Porphyre 
on  trouve  des  traces  d'un  Apollon 
(Apollon  arcadien  )  fils  de  Silène. 
Nulle  de  ces  variantes  ne  nous  étonne. 
Nous  savons  que  Siva  et  Vicbnou  sont  jll 
les  éléments  de  la  religion  diouysîa-  ^' 
que.  Silène  était  honoré  à  Elis  où  il 
avait  un  temple.  Il  est  souvent  re- 
présenté sur  les  monuments  anciens 
\p^oy.,  entre  autres,  Millin,  Gai. 
myth. ,  2  19,  23i,  aSy,  2.i2,  zHj 
263  ,  a65,  281,  283,  ièoi). 


SIM 

SIMMA ,  père  nourricier  de  Semi- 
ramis,  avait  trouvé  cette  miraculeuse 
fille  de  Dercéîo  au  milieu  d'un  désert 
011  elle  était  nourrie  par  des  colom- 
bes. C'est  lui  qui  donna  le  nom  de 
Sérairamis  à  sa  fille  adoplive.  Ce 
nom  ,  assure-t-on  ,  signifiait  ^  en  sy- 
riaque, colombe.  Il  nous  semble  pro- 
bable que  tel  était  aussi  le  sens  du 
mot  Siniraa.  Quoi  qu'il  en  soit,  il  est 
permis  de  croire  que  Simma  n'est 
point  sans  rapport  avec  le  Sem  ou 
Djom  d'Egypte ,  avec  le  Dcbemcbid 
(Achénicne)  de  Perse,  avec  Sémélé, 
avec  les  Semones  italiques;  Vossius 
(Gérard-Jean)  ajoute  avec  le  pa- 
triarche Sem ,  fils  aîné  de  Noé.  La 
colombe  de  l'arche  sainte  offre  aussi 
au  moins  l'apparence  d'une  confor- 
mité remarquable  entre  lu  tradition 
hébraïque  et  la  légende  babylonienne 
(Voy.  de  orig.  et  deprog.  idolo- 
laLr.,  I,  23  ,  p.  3o  ,  de  l'éd.  1 668 
d'AmsIerd.). 

SIMOIS,  dieu-fleuve,  fit,  lors  du 
siège  de  Troie,  déborder  ses  eaux 
unies  a  celles  du  Xanlhe  ,  pour  s'op- 
poser aux  succès  des  Grecs.  Tribu- 
taire du  Xanlhe ,  le  Simoïs  n'est 
qu'un  faible  ruisseau.  « 

SIMOISE,  jeune  homme  né  sur 
les  bords  du  Simoïs ,  fut  lue  par 
Ajax  le  Télaraonide  en  combattant 
pour  Troie. 

SIMOURGH,  oiseau  gigantesque 
qui,  selon  les  Orientaux,  habite  les 
montagnes  du  Kaf,  consomme  pour 
sa  subsistance  les  produits  de  plu- 
sieurs chaînes  de  montagnes,  parle, 
prêche,  enseigne,  prophétise ,  et  a 
déjà  vécu  de  quatre-viugt-quatre  à 
quatre-vingt-onze  lallle  ans.  Comp. 

HOUFRACHMODAD. 

SIMZEIILA,  déesse  des  Slaves, 
répandait  eu  marchant,  ou  plutôt  en 
planant  dans  l'air,  un  parfum  de  lys. 
Sa  ceinture  c'iait  parsemée  de  roses. 


SIN 


45i 


Ainsi  que  Flore,  cette  épouse  de  Ver- 
tumne ,  Simzerla  était  l'amante  d'un 
dieu   du  printemps,  Pogoda. 

SINIS,   SlNNlS  ,  SciNlS,  SciNNIS 

ou  ScHiNis ,  fils  de  Polypëmon  et  de 
Sylée,  ou,  selon  quelques  autres  ,  de 
Neptune,  est  célèbre  parles  dépré- 
dations qu'il  exerçait  dans  l'Af tique, 
et  par  la  mort  qu'il  reçut  de  Thésée. 
H  occupait  l'isthme  de  Corinthe. 
L'entrée  du  repaire  qu'il  s'était  choi- 
si était  semée  d'os  blanchis,  de  crânes 
humains,  de  vertèbres  disloquées.  Tan- 
tôt il  précipitait  les  voyageurs  dans 
les  flots  qui  battaient  le  pied  du  ro- 
cher, son  asile-  tantôt  il  les  assom- 
mait a  coups  de  massue;  tantôt  il  cour- 
bait deux  pins  aux  rameaux  gigan- 
tesques, rapprochait  leurs  tiges  obli- 
ques jusqu'à  ce  qu'elles  se  fussent  tou- 
chées ,  attachait  les  bras  des  victimes 
aux  deux  cimes  de  ces  géants  des  fo- 
rêts, puis  les  abandonnait  h  eux-mê- 
mes. Soudain  les  deux  tiges  redeve- 
nues libres  se  redressaient  chacune 
eu  sens  contraire  pour  reprendre  la 
verticale,  et  le  malheureux,  était  dé- 
chiré vivant.  Thésée,  en  passant  par 
l'isthme  de  Corinlhe,  vainquit  le  bri- 
gand et  lui  fit  subir  le  supplice  auquel 
il  condamnait  ses  victimes.  Périgone, 
sa  fille,  devint  la  concubine  de  Thé- 
sée. —  On  présume  que  Sinis,  con- 
fondu par  quelques  mythologues  avec 
Cercyon ,  ne  diffère  pas  du  célèbre 
Procrusle  ,  qui  chaque  fois  que  des 
étrangers  lui  demandaient  l'hospita- 
lité les  étendait  sur  un  lit,  dont  la 
dimension  eu  longueur  devait  être 
celle  de  leur  corps.  Leur  taille  sur- 
passait-clle  la  mai'que  voulue,  il  leur 
faisait  couper  ce  que  leurs  pieds  ou 
leurs  jambes  avaient  d'excédant  ; 
était-elle  plus  courte,  il  faisait  éten- 
dre leurs  membres  à  l'aide  de  poids 
et  de  poulies.  IVocruste  aussi  fut 
vaincu  par  Thésée  et  mourut  de  la 

29« 


/|52 


SIN 


mort  K  laquelle  il  condamnait  ceux 
qui  tombaieut  enlre  ses  mains.  — 
Assez  souvent  on  distingue  ces  quatre 
brigands  les  uns  des  autres.  Quelque- 
fois on  les  réduit  a  deux  ou  k  trois. 
En  tout  état  de  cause,  songeons  qu'à 
leurs  noms  s'ajoutent  ceux  de  Cory- 
néle  ou  porte-massue,  de  l'ilyocamplc 
ou  courbe-pin,  de  Damasle  ou  dom- 
teur ,  de  Polypémon  ou  qui  cause 
beaucoup  de  désastres.  Siiiis  veut 
dire  voleur,  ou  du  moins  devint  avec 
le  temps  un  synonyme  proverbial  de 
voleur  (comme  en  France  Carlojciie). 
Procruste  implique  Tidée  de  contact 
et  de  tiraillement  en  avant.  —  Plu- 
sieurs savants  se  sont  beauroup  oc- 
cupés de  Sinis,  de  Sciron  ,  etc.  Eu- 
rijiide  avait  composé  un  drame  sali- 
ri(jue  de  Sciron.  Lycopliron  donne 
h  Sciron  le  nom  de  Sinis.  D'autres 
disent  Sinis  fils  de  INeplunc  ou  de 
Polypémon.  Des  scbolia>les  donnent 
a  ce  fi's  le  nom  de  Pityocaiiqilc 
(A^ox-Bcclliger,  Vciscugem.,  I.  I, 
2*  part.,  p.  i3ii,  A\  inckelmann  , 
Monuin.  ined.y  n.  98). 

SINOE,  uyniplie  qui,  selon  la  lé- 
gende égyptienne,  fut  mère  de  l\in  , 
surnommé,  en  mémoire  de  celle  cir- 
constance, Sinoïs. 

SINON,  célèbre  espion  grec,  fils 
<le  Sisyphe  et  petit-fils  d'Autolycus,  se 
laissa  prendre  par  les  Troyens  ,  lors 
delà  feinte  retraite  des  Grecs,  leur 
persuada  que  ses  concitoyens  avaient 
remis  à  la  voile  pour  leur  patrie,  api  es 
avoir  voulu  l'inimolcr  aux  dieux,  leur 
dit  que  l'énorme  cheval  de  bois,  lais- 
sé sur  la  plage  ,  était  une  offrande 
expiatoire  a  Minerve,  un  palladium, 
un  gage  d'éternelle  puissance  et  de 
gloire  pour  la  ^ille  qui  îe  posséde- 
rait, et  détermina  ainsi  les  crédules 
sujets  de  Priam  a  introduire  le  co- 
losse dans  leurs  murs.  La  nuit  sufi' 
vante,  des  masses  armées  en  sorlf^- 


SIR 

rcut,  grâce  \\  Sinon,  et  Troie  fut  pri- 
se, pillée  et  livrée  aux  flammes. 

SllNOPE,  fille  du  dicu-lleuve  Aso- 
pc  ,  fut  aimée  d'Apollon ,  et  en  cul 
un  llls,  Syros.  Quelques  mythologues 
lui  donnent  l'épithèle  qui  a  rendu 
Minerve  célèbre,  Aîparlliénos  ,  tou- 
jours vierge. — Une  autre  Sinope 
était  Ama/one;  une  ville  de  ce  nom, 
eu  Papldogonic,  se  lie  au  culte  de 
Sérapis  {J^oy.  cet  art.). 

SIOjNA,  déesse  Scandinave,  dis- 
pose les  cccurs  h  l'amour  et  prcsiile 
à  la  v(dup!é. 

SIOIILAIMII {my:h.  irlandaise), 
Tualba-Dr.dau  célèbre,  dont  le  nom 
signifie  «H  la  longue  main,  était  fils  de 
Fionn.  Tout  en  se  tenant  debout  il 
louchait  le  sol  de  ses  doigts  étendus. 
On  le  surnonrra  Landi,  la  main,  sans 
doute  il  cause  de  son  haiiileté  dans  les 
arts  industriels.  Le  nom  de  Dacly- 
les,  ei!  Grèce,  n'a  pas  d'autre  sens. 

SIPILE,  un  des  fils  de  JNiobé.On 
sait  ((uc  cette  reine  était  originaire  de 
la  vi'le  de  ce  nom  et  que  c'esl  au  pied 
ou  sur  les  naucsdumontSijiylccpi'ille 
fut  transportée  après  le  massacre  de 
sa  i'amil'e. 

•SIHÈINES  (les),  Sirenf-s  (g.  Si- 
rcnon),  Xtip^vis,  filles  du  dieu-fleuve 
Achéloiis  cl  de  Tcrpsicbore  ou  de 
Calliope,  ou  de  Melpomène,  ou  mê- 
me enfin  de  Siéropc.  On  les  voit 
successivement  au  nombre  de  deux, 
de  trois,  de  quatre,  de  cinq,  enfin  do 
huit.  Platon,  qui  adopte  ce  nombre, 
ne  donne  aucun  des  huit  noms.  Même 
silence  sur  les  cinq  Sirènes.  Dans  les 
autres  hypothèses  on  cilc  les  noms, 
les  voici  : 

AuTORiTKS.      NojiniE.  Kôms. 

lioiiKMc.  2.     AfîîaojJÎiôniC/  '!'helxi('j)ie.- 

Scholiaste  d'A-  A;;laoi>!'one,  Tbrlî-iope  oà 

pollonius.       3,        "jliPixinoé,  Molpo. 


•     Asiacvplièine.    TbcUi.VuV: 
duc  1.153  ej,  ' 


SIR. 

Nous  avons  omis  a  dessein  la  nomen- 
clature   tcmaire    de  Cléarque ,  qui 
nomme  ses  Sirènes  Leucosie  ,  Ligée, 
Parlhéuope.  La  dernière  est  remar- 
quable, parce  qu'elle  donna,  dit-on, 
son  nom  hNaples,  ce  qui  veut  dire, 
que  Naples   est  cefte  Sirène  person- 
uifiée.  —  Les  Sirènes  sont  liées  aux 
mers  d'Italie.  On  les  place  dans  les 
îlots  de  Licosa,  San  Pelro  et  Galetta, 
dont  nous  ignorons  les  noms  anciens, 
mais  qui  étaient  dans  la  mer  de  ïyr- 
rlicne  et  vis-à-vis  du  cap  de  Minerve. 
Ces  îles  étaient  liérissées  de  brisants. 
Quoique  an  sein  des  eaux,  elles  ont 
des  ailes.  Nues,  mais  invisibles,  elles 
lie  décèlent  leur  présence   que    par 
un  murmure  harmonieux.  Leurs  voix; 
ravissanlcs  vont  au  cœur  des  mate- 
lots, (jui,  pour  les  entendre  mieux, 
se  penchent,  s'approchent  insensible- 
ment de    la   surface  des    eaux  ,   s'y 
plonijenl  et  ne  reviennent  plus.  Leur 
chant  est  donc  une  magie  ;  leur  voix 
fascine  ;  le  son  qui  filtre  de  leurs  lè- 
vres au  cœur  est  une  chaîne  (en  grec 
siria).  Les  Muses  vulgaires  ue  sont 
que  des  cantatrices;  les  Nymphes  que 
des  Ondines;  les  Piérides  que  des  oi- 
seaux :  ailes  ,  chants,  asde  sous-ma- 
rin, les  Sirènes  cumulent  tout,  et  de 
plus  ce  sont  des  Fées.  A  dire  vrai  , 
Circé,  Calypso  étaient  chacune  la  Si- 
rène par  excellence  :  Camasène  n'en 
diffère  pas.  Il  était  décrété  que,  quand 
un    homme   aurait  passé  devant  les 
Sirènes  sans  se  précipiter  vers  elles, 
ces  filles  des  eaux  périraient.  Ulysse 
amena  pour  elles  ce  jour  fatal.  Tout 
son  équipage  se   boucha  les  oreilles 
avec  de  la  cire  5  pour  lui  ,  les  oreilles 
libres,  il  se  fil  attacher  a  son  grand 
mût.  Le  navire  passa  ainsi  le  parage 
mélodieux  sans  qu'il  arrivât  d'acci- 
dent. Les  matelots  étalent  privés  de 
l'usage  de  l'ouïe  ;  le  chef,  de  l'usage 
de  ses  jambes  5  les  uns  ne  songeaient 


SIS 


453 


pas  à  se  précipiter  vers  les  cantatri- 
ces marines  qu'ils  n'entendaient  pas  y 
l'autre  suppliait  ses  amis  de  le  délier, 
mais  il  suppliait  en  pure  perte.  — 
Parthénope  ,  noyée  dans  les  flots, 
après  le  triomphe  d'Ulysse  ,  fut  jetée 
par  la  vague  sur  les  sables  de  la  côte 
voisine  :  on  l'enterra.  A  son  tertre 
funéraire  succéda  un  tombeau  ;  au 
tombeau  un  autel,  un  temple;  au  tem- 
ple un  village  ,  que  d'heureuses  cir- 
constances transformèrent  en  capi- 
tale de  la  Campanie.  Parthénope  rut 
d'abord  son  nom,  puis  ou  lui  substi- 
tua ceux  deNéapolis,  Napoli,  Naples. 
—  Filles  d'Achéloiis,  les  Sirènes  s'ap- 
pellent Achéloïdes.  C'est  avec  un  sens 
exquis  de  l'antiquité  que  le  poète  Mil- 
levoyc,  ignorant  sans  doule  l'intime 
liaison  d'Achéloiis  ,  d'Achille ,  d'A- 
chlys  (  brouillard  ) ,  de  Sirène ,  de 
Thélis  ,   de  Fées,  disait  : 

Et  quand,  la  lyre  en  main,  belles  Aciiolnïdes, 
Son  ombre  vient  thanner  vos  demeures  bninide5, 
\ous  êtes  là. ..  Bedit  par  le  divin  Homère, 
Le  nom  d'ÀcbiUe  encor  fait  soupirer  sa  mère. 

SmONA  ou  SmONIA  ,  déesse 
dont  le  nom  est  accolé  a  celui  d'A- 
pollon sur  trois  inscriptions  trou- 
vées la  première  dans  le  voisinage  de 
Rome ,  la  seconde  à  Oppenheim,  la 
troisième  dans  l'ancien  Palatinat.  Voi- 
ci la  seconde  de  ces  inscriptions  :  Deo 
Apollini.  et.  SironjE.  Julia.  fron- 
TiNA.  V.  S.  L.  L.  M.  Est-ilbesoin  de 
dire  que  nous  n'admettons  pas  l'éty- 
raclogie  qui  tire  Sironia  de  Saronia, 
et  qui  ,  en  conséquence  ,  voit  dans 
cette  déité  Diane,  déesse  du  golfe  Sa- 
ronique?  Nous  serions  plutôt  portés 
à  croire  que  le  dieu  germanique  prési- 
dait aux  Jîains ,  car  Oppenheim  avait 
des  thermes. 

SISTOSICHERME,  S.<rr*«;K«/'- 

/tt)ff,  c'est-a-dire  selon  le  texte  grec 

kybrce  d'Hercule^  trente-troisième 
dyuasle  du  latercule  d'Eratosthène  , 


4§4  SIS 

qui  donne  comme  êtres  humains  et 
comme  rois  de  la  primitive  Egypte 
les  trente-six  Décans  oudynastes  cé- 
lestes, se  trouve  correspondre  ,  selon 
les  diverses  hvpolhèses  qu'adoptent 
ou  que  peuvent  adopter  les  savants 
{P^oy.  l'art.  DÉCANS  et  le  tableau  y 
anuexé),  à  Ftébiou  I  (autrement  Tepi- 
«atras),  ou  Phupé,  ou  Aseu  (autre- 
ment Astiro) ,  ou  enfin  Rembomaré. 
SISYPHE,  SisYPHus,  iiirv(Çoçj 
célèbre  génie  ahrimanique  de  la  my- 
thologie grecque  ,  a  ceci  de  particu- 
lier que  son  ahrimanisme  se  formule, 
non  pas  en  violence,  mais  en  perfidie 
et  en  malice.  Il  passe  surtout  pour 
voleur,  séducteur  et  délateur  j  ce  qui 
n'empêche  pas  que  d'une  part  on  ne 
le  montre  exerçant  de  brutales  dévas- 
tations dans  l'isthme  de  Corinthe , 
que  de  l'autre  on  ne  le  donne  comme 
sage,  pacifique  et  prudent.    C'est  eu 

Îuelquo  sorte  un  précurseur  d'Ulysse. 
I  y  a  en  lui  du  Loke  plus  que  de 
l'Ahriman.  On  l'a  localisé  dans  la 
race  hellénique,  et  même  dans  la  dy- 
nastie d'Hellen.  Puis,  comme  ses  ac- 
tions semblaient  embrasser  un  laps  de 
temps  plus  long  que  la  vie  ordinaire 
de  l'norame,  on  le  divisa  en  deux  per- 
sonnages :  1°  Sisyphe  I,  fils  d'Eole  I 
et  petit- fils  d'Hellen  5  2°  Sisyphe  II, 
fils  d'Eole  II ,  bis-arrière-petit-fils 
d'Eole  I,  et  frère  de  Salmonée.  Si- 
syphe I  bâtit  Ephyre,  qui  fut  depuis 
nommée  Corinthe.  Sisyphe  II  hérita 
de  Corinthe  après  la  mort  de  Creuse 
et  la  disparition  de  Médée.  Sisyphe  I 
épousa  Mérope,  une  des  sept  Atlan- 
tides,  et  en  eut  Glaucos,  Ornithion, 
Almos,  Thersandre.  Sisyphe  U,  ayant 
charmé  Autolycuspar  son  adresse,  vit 
ce  prince  lui  donner  Anticlée,  sa  fille, 
non  pas  à  titre  d'épouse  ,  mais  à  ti- 
tre oe  concubine.  Anticlée,  enceinte, 
e'pousa  ensuite  le  roi  d'Ithaque , 
Lacrte ,  et  le  rendit  père  de  l'astu- 


SIS 

cieux  Ulysse,  si  souvent  désigné  paï 
les  poètes  sous  le  titre  de  Sisvphide, 
On  attribua  aussi  a  Sisyphe  le  déshon-i 
neur  de  Tyro  ,  sa  nièce  ,  qui  ,   mèr< 
de  Pélias  et  delNélée  ,  les  exposa  suï 
une  montagne  où  les  recueillirent  d 
pasteurs.  La  légende  ordinaire  donne 
pour  amant  a  Tyro  le  dieu  des  mers, 
Neptune.  — Sisyphe  enterra  Méli- 
certe,  jeté  par  la  mer  sur  la  grève  de 
Corinthe  5  institua  en  son  honneur 
jeux  isthniiques  ;  donna  de  l'eau  K  la 
citadelle  de  Corinthe  5  ferma  l'isthme 
par  des  murailles  qui  lui  permetlaieni 
de  rançonner  impunément   ceux  qui^ 
voulaient  franchir  cet  étroit  passage. 
De  là  les  fables  qui  font  de  lui  un  bri- 
gand parqué,  ainsi  que  Sciron,  ainsi 
que  Sinis,  Procruste  et  Cercyon,  au 
milieu  des  précipices  et  des  forêts 
abruptes.  Ennemi  de  son  frère  Sal- 
monée, c'est  pour  se  venger  de  luil 
Îu'il  forma  le  projet  de  séduire  Tyro. 
fne  tradition  le  montre  révélant  les] 
secrets  des  dieux  ;  ces  secrets  se  ré-j 
duisent  quelquefois  à    un  secret   dej 
Jupiter.  Ce  volage  époux  de  Junon 
avait    enlevé  Egine  ,    fille    du  dieu- 
fleuve  Asope.  Habile  espion,  Sisyphe! 
promet  de  donner  ace  père  irrité  des^ 
nouvelles  de  sa  fille  h  condition  tou- 
tefois qu'il  donnera  de  l'eau  ii  la  ci- 
tadelle de  Corinthe.  Chez  quelques 
légendaires  c'est  Thésée  qui  ôle  la 
vie  k  Sisyphe,  L'acte  le  plus  merveil- 
leux de  son  histoire  fut  sans  contre- 
dit sa  résurrection.  Selon  les  uns,  il 
combattit  avec  la  Mort,  la  terrassa, 
la  chargea  de  chaînes ,  et  la  retint 
prisonnière  jusqu'à  ce    que   Mars, 
a  la  prière  de  Pluton ,  vînt  la  déli- 
vrer. Le  scholiaste  de  Pindare  ,  Dé- 
métrius  (sur  les  Olympiq.),  raconte 
que  Sisyphe  en  mourant  prescrivit  h 
sa  femme  de  jeter  son  cadavre  sur  la 
voie  publique  nu  et  sans  sépulture. 
Tout  homme  non  inhumé  ne  pouvait 


SIT 

franctir  le  Styx  :  Sisyphe  obtint  de 
Platon  la  permission  de  remonter 
sur  le  globe  pour  aviser  à  ses  funé- 
railles et  se  mettre  a  même  de  passer 
le  fleuve  fatal  5  mais  une  fois  revenu 
à  la  vie  il  se  moqua  de  la  bonbomie 
de  Pluton  et  refusa  de  redescendre 
dans  l'empire  des  ténèbres  5  il  fallut 
que  Mercure  le  traînât  de  force  au- 
delà  du  rivage  infernal.  Il  fut  alors 
précipité  dans  le  Tartare  avec  les 
fameux  criminels,  et  condamné  a  rou- 
ler au  haut  d'un  roc  une  pierre  qui 
retombe  sans  cesse. 
SITA.  Foy.  Raiia. 
SITH,  deuxième  Décan  du  Cancer, 
tant  selon  Saumaise  que  selon  Fir- 
micus,  est  représenté  dans  le  zodia- 
que rectangulaire  de  Tcntyra  par  un 
hiéracocépliale  qui  porte  pour  coif- 
fure le  disque  avec  l'urée,  symbole  du 
soleil,  du  dieu  Fré.  Le  nom  de  Silb 
offre  quelque  ressemblance  avec  ce- 
lui du  Décan  qui  marcbe  devant  lui , 
Sotbis.  Cette  ressemblance,  dont  la 
liste  des  dynastcs  d'Eratoslhène  pré- 
sente le  pendant,  en  mettant  immé- 
diatement après  Menés  deux  rois  Ato- 
thès,  justifie  l'hypothèse  qui  fait  cor- 
respondre les  trois  Décans  du  Can- 
cer avec  les  irois  premiers  suivants 
de  Menés,  et  ainsi  de  suite  [Foy. 
DÉgans). 

SITHNIDES,  :E.i%Jtç,  Nym- 
pbes  mégariennes.  On  ignore  l'ori- 
gine de  leur  nom  ,  qui  probablement 
était  celui  de  quelque  source  voisine 
de  Mégare.  En  effet  ,  le  bel  aqueduc 
qui  portait  des  eaux  <H  celte  ville,  et 
qui  fut  élevé  par  le  tyran  Théagène, 
avait  le  nom  d'eau  des  Nymphes 
Sithnides  [a-lêviov  uèup'^).  Une  de  ces 
Nymphes  fut  aimée  de  Jupiter,  et  en 
eut  Mégare,  fondateur  de  la  ville  de 
ce  nom. 

SITHON,  S/^«v,  roi  des  Sitho- 
nesj  cnïhrace,  épousa  Anchiroé,  en 


SIT 


455 


eut  Pallène  ,  la  promit  h  celui  de  ses 
prétendants  qui  le  vaincrait  k  la 
course ,  en  tua  ainsi  plusieurs  ,  finit 
par  dire  a  deux  rivaux  ,  Clilus  et 
Dryas ,  qu'il  accorderait  sa  main  à 
celui  des  deux  qui  surpasserait  l'autre 
h  la  course  des  chars  :    Clitus  l'em- 

fiorta,  grâce  a  la  partialité'  de  Pal- 
ène ,  qui  sut  engager  le  cocher  du 
char  de  Dryas  h  en  joindre  mal  les 
roues.  Dryas  périt:  Sithon  alors  con- 
damna Clitus  et  Pallène  a  être  brû- 
lés sur  le  même  bûcher  avec  le  cada- 
vre de  Dryas;  mais  une  pluie  en- 
voyée par  Vénus  éteignit  le  feu. 

SITON,  S/to/v,   nom  que  Philon 
de  î)iblos,  dans  la  citation  qu'il  fait 
en  grec  de  quelques  fragments  de  San  - 
chonialon,  substitue  h  celui  de  Dagon, 
semble  sis^nifier  dieu  du  blé.  Selden 
{de  Diis  Syr.  synt.,  c  3,  p.  2  63) 
blâme  cette  traduction.  Probablement 
il  faudrait  Sidon,  mot  qui  au  rapport 
de  Justin  (liv.  XVIlI,ch.  3)  et  d'I- 
sidore de  Séville  (0/7^.,  Hv.I,  ch.  i) 
voulait  dire  en  phénicien  poisson  ,  et 
par   conséquent  était   synonyme   de 
Dagon.  Dupuis  {Orig.  dca  cuit.  ,  t. 
III,  éd.  Aiiguis,  not.  p.  669  )  essaie 
de  concilier  les  deux  légendes,  ou,  si 
l'on  veut,  de  faire  comprendre  com- 
ment on  peut  passer  de  l'une  a  l'au- 
tre :  il  remarque  que  la  Yiergc,  celle 
divinité  sidérique  des  moissons  ,   se 
couchant  au  lever  des  poissons  ,  ces 
derniers  durent  être  pris  pour  des  si- 
gnes relatifs  aux  opérations  agricoles. 
—  S'.TOTi  fut  aussi  le  nom  de  Cérès 
a  Syracuse.  Foy.  Athén.,  Dipno- 
soph..  liv.  III  (R.  e-Tre?,  ble,  vivres). 
SITOUMPORMITCHAl ,    divi- 
nité indo-chinoise,  avait  passé  par  la 
forme  humaine  avant  d'arriver  à  la 
béalilude  suprême,   et  avait  recom- 
mandé à  ses  disciples  de  ne  se  nour- 
rir que  d'herbes  cuites,  de  fruits  sau- 
vages, etc.,  et  d'habiter  des  forêts. 


456 


SIV 


SIVA ,  troisième  personne  de  la 
Trimoiirli  hindoue,  esldans  l'opinion 
vulgaire  le  dcstrucleur,  et  en  consé- 
quence s'oppose  à  Brahmà  qui  crée, 
et  h  \  ichnou  qui  conserve.  Celle  opi- 
nion est  peu  exacte.  Siva  modifie, 
et  en  conséquence  détruit  et  fait  naî- 
tre. Le  monde,  selon  les  Hindous, 
existe  de  toute  éternité.  Rien  ne 
peut  se  perdre!  en  conséquence  rien 
ne  tombe  de  l'èlre  au  néant;  mais 
rien  ne  revient  du  néant  h  Tèlre. 
Qu'est-ce  donc  que  naître?  c'est  ap- 
paraître sous  une  forme  nouvelle. 
Qu'est-ce  que  mourir?  c'est  ne  plus 
paraître  soi.s  cette  forme  :  l'histoire 
du  monde  n'est  qu'un  lonjj;  narré  de 
métempsycoses.  La  grande  âme  qui 
tient  le  fil  de  ce  labyrinthe  est  un 
Prêtée.  Ce  Protéc  aux  ludes,  quel 
est  son  nom?  Siva  (ou  Shiva,  Schiva, 
Chira,  Siven,  etc.,  Siba,  Siéba, 
Seeba,  etc.,  etc.).  Ainsi  que  l'Isis 
égyptienne,  le  modificateur  hindou  a 
une  foule  de  noms  :  selon  l'Amara- 
cigna  le  nombre  s'en  élève  au  moins 
k  mille  j  nous  donnerons  plus  tard  la 
liste  de  ceux  qui  ont  de  l'impor- 
tance.—  Il  résulte  de  cet  aperçu 
préliminaire  ,  que  Siva  se  présente 
tour-a-tour  sous  deux  faces  lout-k- 
fait  contraires  :  destruction  et  pro- 
duction. Rien  de  plus  large  et  de 
plus  puissant,  de  plus  fécond,  de  plus 
haut  que  Siva  producteur  5  rien  de 
plus  terrible ,  de  plus  monstrueux 
que  Siva  occupé  h  détruire.  Les  lé- 
gendes populaires  se  sont  surtout  em- 
parées de  ce  rôle  de  leur  dieu,  qui 
?)rélail  davantage  aux  peintures  ef- 
rayantes  et  grandioses.  Il  y  a  plus, 
iion-seulement  elles  nous  ont  montré 
dans  Siva  le  dieu  des  veqgeances,  le 
dieu  jaloux,  celui  dont  l'œil  dévore, 
foudroie,  pulvérise  •  elles  lui  suppo- 
sent des  vices  dont  l'ignoble  excès 
respira  Ja  caricature.  Il  aime  toutes 


SIV 

les  femmes,  il  est  gourmand,  ivrogne, 
il  est  voleur.  «  Ravana,  lui  ditBha- 
vani,  est  resté  debout  au  ccrur  de. 
l'ele' ,  environné  de  quatre  brasiersJ 
ardents,  allumés  en  ton  honneur.  Par] 
le  froid  le  plus  dur  ,  il  est  resté  de 
bout  dans  l'eau  glacée.  Par  la  rude 
saison  des  pluies,  il  est  resté  debout,] 
la  tête  inondée  de  torrents.  Pour  toi, 
tu  n'es  qu'un  vieux  coquin ,  que  lesj 
voluptés  ont  flétri,  un  ivrogne,  dontîj 
la  raison  est  étouffée  par  la  fumée 
des  herbes  étourdissantes  que  tu  res-J 
pires.  Tu  couvres  de  cendre  ton  corps! 
iguoblej  ton  séjour  de  prédilection,* 
ce  sont  les  cimetières;  lu  les  habites 
comme  un  vampire.  Va!  mendiant,' 
ton  nom  sera  eu  exécration  parmi  les 
hommes.  A  la  longue ,  on  finira  pai 
l'oublier,  monstre  !  »  Quant  à  la  ga- 
lanterie de  Siva ,  on  peut  en  jugecl 
par  la  réponse  qu'il  adresse  a  Bba-l 
vani  :  «  Tais-loi!  lui  dit-il,  tu  ba- 
vardes comme  toutes  les  femmes  5! 
tu  es  ignorante,  étourdie  commOj 
toutes  les  femmes  5  lu  es  une  vaga- 
bonde ,  une  coureuse,  unequcrel-l 
leuse  ;  lu  passes  ta  vie  à  l'enivrer  j 
lu  n'a«  pour  société  que  des  êtresdé- 
gradés  ;  ton  plaisir  est  d'égorger  les 
Géants,  de  boire  leur  sang,  de  sus- 
pendre leurs  crânes  autour  de  ton 
cou.  n  Jusqu'ici,  pourtant,  la  cari- 
cature n'empêche  pas  l'intime  et  sin- 
cère dévotion;  mais  parallèlement  à 
ces  conceplions  héroï-comiques  se 
déroule  un  autre  point  de  vue  ;  la 
Siva  devient  l'esprit  du  mal,  l'ami, 
le  gourou  et  presque  le  chef  des  Açou- 
ras,  l'Ahriman  de  l'Inde.  Il  se  pose 
l'antagoniste  de  toutes  les  divinités 
bienfaisantes  ou  fécondes,  notamment 
de  Bhavani  etdeViclinou.  —  Comme 
générateur,  il  se  formule  surtout  par  <■! 
le  Lingam  ;  et  celle  effigie  obscène,  ^ll 
tantôt  isolée,  l;^ntôl  unie  k  l'Ioui, 
adéquate  dç  Bhayani,  dounç  cours, 


SIV 

noii-seiileraenl  a  quantité  de  légendes, 
mais  aussi  h  la  croyance  universelle 
d'an  dieu  qui,  par  son  exemple ,  fait 
uueloi  de  la  voluplc,  de  la  débauche 
et  de  l'impudeur.  Nul  doule  pour- 
tant que,  dans  l'origine  ,  tel  n'ait  pas 
élélesens  du  culte  rendu  au  Lingam. 
Cette  image  de  l'organe  mâle  était 
un  symbole  du  principe  actif  des  mon- 
des, du  feu  vital,  de  l'esprit^  et  même 
aujourd'hui  encore,  sans  être  bien 
nettement  au  fait  de  ces  hautes  idées, 
les  pénitents  et  les  dévots  qui  por- 
tent au  coup  le  Lingam  n'y  atta- 
chent pas  des  idées  impures.  —  Mais 
voir  dans  Siva  Un  simple  membre  de 
la  Trimourli,  un  générateur  ou  un 
destructeur,  unAhriman,  unphalle, 
ce  serait  ne  pas  connaître  ce  dien 
dans  toute  son  étendue.  Tandis  que 
les  uns  le  font  naître,  avec  les  deux 
autres  dieux  de  la  Trimourli ,  des 
bonds  rapides  de  Bhavani ,  ailleurs 
il  prend  la  place  de  Brahra  ,  il  plane 
au-dessus  de  tous  les  êtres.  Les 
uns  disent  que  sur  une  plate-forme 
du  Mont-d'or ,  Kailaça  ,  au  milieu 
d'une  table  carrée  enrichie  de  neuf 
pierres  précieuses  ,  se  trouve  le  Lo- 
tos ou  Padma,  portant  dans  son  sein 
le  triangle  (l'Ioni),  origine  et  sour- 
ce de  toutes  choses  :  de  ce  triangle 
sort  le  Lingam,  dieu  éternel  qui  en 
fait  son  éternelle  demeure;  chez  d'au- 
tres, il  flotte  sur  les  ondes  dans  une 
fleur  de  Lotos  ,  et  Naraïana  n'est 
pas  le  nom  de  Vichnou  seul  ou  de 
Brahmà,  c'est  aussi  le  sien;  il  s'ap- 
pelle alors  Sankara-Naraïana.  Ail- 
leurs, on  le  montre  identiKé  encore 
au  Lingam,  et  par  suite  prenant  le 
nom  de  Sivling(8ivalinge  et  nonKi\^e- 
leug).  C'est  au  sommet  de  l'Himalaïa 
ou  Kailaça  qu'il  apparaît,  et  tantôt 
on  l'y  voitse  diviser  en  douze  lingams 
rayonnants  de  lumière  qui  fixent  sur 
eux  les  regards  des  dieux  cl  de»  bom- 


SIV 


A57 


mes,  et  qu'ils  transplantent  dans  di- 
verses parties  de  l'Inde;  tantôt  le 
lingam  arborescent  a  trois  écorces  : 
la  plus  extérieure  est  Erahmà  ,  celle 
du  milieu  Yichnou,  la  troisième  et  la 
plus  tendre  Siva.  Les  trois  dieux  se 
détachent,  et  dès-lors  il  ne  reste  que 
la  tige  nue  ;  mais  cette  tige  est  sous 
la  garde  de  Siva.  —  Comme  les  deux 
autres  membres  de  la  Trimourli,  Siva 
a  une  femme  ,  Bhavani ,  qui  est  sa 
fille,  sa  sœur,  sa  mère^  sa  Sakti,  et 
qui  se  pose  tour  a  tour  son  égale  ou 
sa  supérieure.  C'est  que  primitive- 
ment, sans  doule,  il  y  eut  dans  l'Inde 
des  peuples  qui  dans  la  nature  accor- 
daient la  priorité,  la  puissance,  l'en- 
gendreraent  au  principe  femelle.  Les 
adorateurs  du  principe  mâle  étaient 
sivaïles;  bhavanistes  serait  le  nom 
des  autres.  Bhavani  et  Siva  finirent 
par  être  unis  a  titre  de  mari  et  fera-  • 
me;  mais  ce  ne  fut  qu'après  de  lon- 
gues guerres  ,  et  les  traces  de  l'anti- 
que isolementsubsistent  toujours.  De 
Bhavani,  Siva  eut  deux  entants  :  Ga- 
uéça,  le  dieu  de  l'année,  de  l'intelli- 
gence et  des  nombres,  et  Skanda,  le 
dieu  de  la  guerre.  Plusieurs  légendes 
miraculeuses  se  lient  h  leur  naissan-' 
ce.  L'une  le  montre  métamorphosé 
en  éléphant  pour  engendrer  Ganéça; 
l'autre  le  représente  empruntant  la 
forme  du  coq  pour  devenir  père  de 
Skanda.  Bhavani  n'est  pas  la  seule 
que  Siva  se  plaise  a  reiidrc  mère  : 
Audjani,  Auga,  et  quelques  autres, 
excitent  ses  désirs  et  ne  peuvent  s'y 
dérober.  Parfois  pourtant  il  s'indigne . 
de  sentir  son  cœur  fléchir  sous  les  im- 
pressions de  l'amour,  et  quand  Karaa 
l'embrase  de  tous  ses  feux  en  faveur 
de  Bhavani,  il  le  tue  {P^oj.Hatsia). 
De  Siva  naquirent  encore  deux  autres 
iils ,  Veirava  et  Yirabhadra;  mais 
cette  fois  il  n'eut  besoin  denulle  mor- 
telle, de  uullç  déesse  pour  leur  don- 


/,58 


SIV 


ner  naissance  :  l'un  dut  le  Jour  à  la 
respiration,  l'aulre  à  la  sueur  pater- 
nelle. C'est  ici  le  cas  de  rappeler  le 
mythe  célèbre  qui  fait  sortir  Ganéca 
des  matières  excrémentilielles  pétries 
par  la  main  de  sa  mère.  Suivant  Ni- 
klas  Miiiler,  autour  de  Siva  se  grou- 
pent aussi  Aghni ,  l'esprit  du  feu  ; 
Moudévi ,  discorde  ,  guerre  et  mau- 
vaise fortune;  Sana,  planète  sinistre; 
Manarçouami,  protecteur  des  mois, 

des  saisons  et  de  l'année,-  Icania 

Le  domicile  ordinaire  de  Siva,  c'est 
le  mont  Mérou  (Mahamérou,  Soumé- 
rou),  autrement  Kaiîaça  (Cailasa), 
Alaïa  ouSouralaïa  (derneure  du  so- 
leil). Ce  nom  s'applique  moins  K  une 
montagne  spéciale  qu'à  toute  la  chaî- 
ne des  Himalaïa,  ces  pics  énormes  nui 
ont  ravi  au  Tchimboraçao  l'Iionneur 
de  s'appeler  la  plus  haute  montagne 
du  monde.  En  général  ,    par   quelle 
classe  d'êtres  se  formule  la  création  à 
peine  ébauchée  ?  par  des  minéraux  , 
des  pierres,  des  rocs,  des  montagnes. 
Sous  quelle  forme  se  manifeste  l'ac- 
tiyité  créatrice?  sous  la  forme  pyra- 
midale et  presque  phallique  de  mon- 
tagnes (comp.  Atlas).  Quant  au  choix 
de  la  montagne,  peu  importe,  pourvu 
que,  relativement  aux  montagnes  voi- 
sines, ce  soit  la  plus  haute,  et  qu'elle 
forme  un  point  central.    En   effet, 
c'est   aux    sivaVtes   de   l'Hiridoustan 
qu'appartient  la  localisation  de  Siva 
dans  l'Himalaïa.    Auparavant  on   le 
supposait  sur  le  pic  le  plus    élevé  de 
Ceilan.  Comp.  Ravana.  Du  reste  , 
autour    de  cet   Olympe    doivent  se 
ranger  circulairement  de  larges  eaux 
qui  sont  comme  un  loni  gigantesque 
en  harmonie  avec    les  gigantesques 
dimensions  du  mont-Lingam  et    une 
foule  de  terres  inférieures.  C'est  ici 
le  cas  de  jeter  un  rapide  coup  d'œil 
«ur  la   géographie  mythique  de  l'In- 
de. La  classification  primitive  raon- 


stv 

ire  le  Mcrou  élevant  sa  tête  superh. 
dans  les  cieux  ,  tandis  qu'autour  d^ 
ses  pieds  la  mer  de  lait  tourne  sep] 
fois,  puis  va  reparaître  au  sud-ouestj 
où  elle  donnera  naissance  à  quatn 
fleuves  principaux  :  Ganga  au  sud, 
Sita  à  l'est,  Bhadra  an  nord,  ChakJ 
chou  à  l'ouest.  Une  explication  plui 
nette  et  plus  détaillée  modifie  légè' 
rement  celte  tradition  antique.   Dï 
pied  à   la   cime  du  Mérou,   identi- 
que   au    globe  entier,    s'échelonneni 
comme  sur  la  périphérie  d'un  côn( 
immense  sept  zones  ou  cercles  con- 
centriques,  que  séparent  sept  mers,j 
et  que  bornent,  d'un  seul  côté  sanf 
doute  ,  sept  clôtures  de   montagnes. 
Ces  zones  se  nomment  Douipas.  Voici 
leurs  noms  en  commençant  par  la  pluj 
rapprochée    du  centre  :  Djnmbou  ,1 
Kouca,  Pakcha,  Salmala  ,  Kraouu-' 
cha,  Saka,  Pouchknra  (on  dit  sonvent'i 
Djamboudouipa,  Kouçadouipa  ,  etc.' 
On  trouve  aussi  k  la  place  des  nomsi 
qui   précèdent  la  nomenclature   sui- j 
vante  :  Djambou  ,  Kavaha  ,  Kouca,1 
Sanka,  lamala  ou  Malaïa,  lama.  An-'; 
ga).  Djambou   est    environnée  d'une 
mer  salée,  Kouça  d'une  mer  enchan-[ 
tee  ,    Pakcha  d'une   mer  de  sucre  , 
Salmala  d'une  mer  de  beurre  clarifié,'] 
Kraouncha  d'une  mer  de  lait  caillé  , 
Saka  d'une  mer  d'Amrita,  Pouchka- 
ra  d'une  mer  d'eau  douce.  Le  Douipa 
central  tire  son  nom  de  l'arbre  de  vie 
Djambou,  qui  est  planté  sur  le  Mérou 
proprement  dit ,    et  des  racines  du- 
quel, selon  les  bouddhistes,  sortent  les 
quatre  grands  fleuves.   Bharatakan- 
da,  l'Inde  propre,  occupe  le  milieu  de 
Djamboudouipa.  Quelquefois  par  ce 
nom  les  Pourana  entendent  la   terre 
entière.  Le  mont  Mérou,  qui  tour  k 
tour  est  tout  le  globe  terrestre  ou  une 
partie  du  globe  terrestre  ,  se  trouve 
souvent  confondu  avec  le  pôle  nord. 
Deux  autres  classifications  usuelles  du 


n 


SIV 

monde  connu  subsliluenl  aux  sept  ré- 
gions principales,  Tune  neuf,  l'autre 
quatre  grandes  divisions.  Dans  la 
première  ,  ces  divisions  s'appellent 
Khanda  ,  ou  contrées.  Voici  leurs 
noms  :  Ilavrata  ,  Bhadrasva,  Ketou, 
Hari  ,  Kinnara  ,  Ramiaka  ,  Hirania- 
mana,  Bharata,  Airavala  ou  Kourou. 
Ilavrata  occupe  le  centre  et  a  vers 
l'ouest  Relou  ,  à  l'est  Bhadrasva.  Au 
nord  de  cette  rangée  longitudinale  se 
trouvent  Hari  et  Kinnara  ,  puis  au 
nord  de  ces  deux  Randa  ,  Airavala. 
Au  contraire  ,  au  sud  des  trois  pre- 
mières régions  se  placent  Hari  et 
Kinnara,  et  plus  au  sud  encore  Bha- 
rata. Ici  notons  que  quand  on  parle 
de  sud  et  de  nord  les  quatre  points 
cardinaux  ne  sont  pas  pris  sur  un  mê- 
me plan  :  le  nord  est  en  bas ,  le  sud 
en  haut.  En  d'autres  termes  ,  le  sud 
est  plus  voisin  du  soleil  et  du  ciel,  le 
nord  en  est  plus  éloigné.  Dès-lors  le 
inonde  étant  représenté  flanque'  de 
montagnes  inférieures,  il  est  clair  que 
c'est  la  pointe  de  la  montagne  qui  est 
au  sud,  et  l'on  comprendra  que  cette 
terre  centrale  ,  qui  est  Bharata  ou 
l'Inde,  s'appelle  Souargabhoumi,  ou 
terre  céleste.  Dans  la  seconde  classifi- 
cation, les  régions  se  nomment  Maha- 
douipas,  ou  grandes  îles.  Que  l'on  se 
figure  au  centre  d'une  vaste  surface 
plane  (Bhoukanda  ou  Bouvana-Kouça) 
enveloppée  d'une  rangée  circulaire  de 
montagnes  que  l'on  nomme  Lokalo- 
kas  ,  le  Mérou ,  colonne  et  axe  du 
monde,  qui  soutient  et  réunit  cieux  , 
terre  et  enfer;  qu'on  divise  la  surface 
de  ce  cône  énorme  en  quatre  parties 
égales  dont  les  limites  se  dirigent 
vers  les  quatre  points  cardinaux  ,  et 
qui  se  prolongent  dans  Bhoukanda  ; 
que  le  long  des  quatre  flancs  de  la 
sainte  montagne  ,  et  de  la  cime  h,  la 
base,  coulent  quatre  fleuves  issus  d'u- 
ne source  unique,  et  tombant  des  le  les, 


SIV  A59 

gueules  ouboucbesdequatreanîmaux, 
la  vache,  l'éléphant,  le  lion  ,  le  che- 
val ;  que  dans  chacun  des  quatre  Ma- 
hadouipas  se  trouve  un  arbre  de  vie 
ou  arbre  du  grand  jour  de  Brahmâ, 
Ralpavrikclia  ;  que  les  quatre  flancs 
de  la  montagne,  et  par  suite  les  qua- 
tre régions  de  Bhoukanda,  aient  qua- 
tre couleurs  différentes  en  l'honneur 
des  quatre  castes  hindoues  ,  on  aura 
l'idée  première  de  cette  grande  divi- 
sion symbolique  de  l'univers  en  qua- 
tre parts.  Outtarakourou  au  nord  , 
Bhadrasva  kresljKotoumalakl'ouest, 
Djambou  ou  Djamboudouipa  au  sud, 
voilà  leurs  noms.  Le  premier  est  rou- 
ge, le  second  blanc,  le  troisième  brun 
ou  noir  ,  le  quatrième  jaune  j  et  le 
rouge  désigne  les  Kchalriias,  le  blanc 
les  Brahmes,  le  noir  ou  le  brun  les 
Soudras,  le  jaunelesValcias.  Le  mon- 
de ainsi  divisé  ressemble,  disent  les 
Pourana,  a  un  Padma  flottant  sur  les 
eaux.  LesquatreMahadouipassontles 
quatre  feuilles  qui  forment  le  calice, 
et  les  huit  feuilles  intermédiaires  pla- 
cées deux  à  deux  dans  les  intervalles 
forment  huit  Douipas  secondaires.  ■ — 
Parmi  lesnomsdeSiva  se  distinguent, 
I"  ceux  qui  se  rapportent  h  sa  bien- 
faisance ,  Baghis  ,  Bhava  ,  qui  fait 
exister;  Pachouviiti  ,  le  maître  ,  le 
mari  de  la  vache  ;  Gangadhara,  quia 
le  Gange  sur  la  tête  ;  Tchandradhara, 
qni  porte  la  lune  sur  la  tête;  2"  ceux 
qui  ont  Irait  a  son  rôle  ahrimanique  : 
Ougra,  l'horrible;  Roudra,  celui  qui 
fait  pleurer;  Hara  ,  le  destructeur; 
Bhima ,  le  terrible  ;  3°  ceux  qui  le 
montrent  puissant  et  terrible,  mais 
non  funeste,  Mrdha,  guerrier;  Chou- 
lis,  arme  du  trident;  Ourcî.adradja, 
qui  produit  la  pluie  ,  l'orage  et  la 
foudre  ;  Mdhiondjéia ,  vainqueur  de 
la  mort;  TNilakanlha,  qui  avale  le 
poison  ;  Ica  ou  Icha,  seigneur  ;  Boud- 
clécha  ,  seigneur  des  sages  ;  Vioma- 


4<So 


SIV 


SIV 


1 


gécba,  seigneur  du  ciel  j  i°  ceux  qui 
attestent  sa  supériorité  sur  tous  les 
inoudcs  :  Mahéça  ou  Maliéclia,  le 
grand  seigneur;  Maliadéva,  le  grand 
dieu  j  Mabéçouara,  ou  simplement 
Icouara,  le  grand  maître  (on  a  sou- 
vent comparé  ce  nom  à  celui  d'O- 
sirïs)  j  Trilolchana,  le  dieu  aux  trois 
yeux;  Tripouraudaga,  l'habitant  de 
trois  villes,  le  ciel,  la  terre  et  l'en- 
fer. 11  s'appelle  encore  ,  en  tant 
que  dieu-phalle,  Sivalinga  ou  Icoua- 
ra; en  tant  que  dieu  des  monta- 
gnes, Divauicha,  et,  d'après  les  di- 
verses figures  que  lui  prêtent  les  lé- 
gendes et  les  statues,  Viroubakcha 
^(aux  yeux  hideux) ,  Kabalabrl  ,  aux 
•cheveux  hérissés,  Vamadéva,  le  dieu 
aiain,  etc.  —  Siva  aussi  eut  ses  incar- 
nations. Les  deux  plus  célèbres  sont 
celles  qu'on  connaît  sous  les  noms  de 
Marlandéia  et  de  Kandopa.  On  peut 
jusqu'à  un  certain  point  regarder 
comme  incarnations  de  Siva  les  nom- 
breux antagonistes,  soit  de  Bhavani, 
soit  de  Vichnou.  Ainsi,  par  exemple, 
Mahéclia  et  Mahéchacoura  ,  Ravana 
et  Koumbhakarna,  Irnnia  et  Iraniak- 
cha,  Kouça,  Djaracandha,  Sicoupala, 
«te,  appartiennent  a  la  série  des  in- 
carnations sivaïtes. — ]Sul  doute  que 
le  iivaïsme  ne  remonte  à  une  haute 
antiquité  dans  les  Indes;  il  est  anté- 
rieur au  vichnouisme,au  moins  sous  la 
i^orme  nouvelle  que  lui  donnèrent  les 
■époques  symbolisées  Dralimà  et  Kri- 
cliua,  et  tel  est  le  sens  de  ces  luîtes 
*i  longues  ,  si  opiniâtres  ,  soutenues 
par  l'un  contre  llavana  ,  par  l'autre 
contre  Koura  et  ses  alliés;  mais  sur 
ioutle  reste  règne  la  plus  inconceva- 
ble divergence.  Toutefois  sachons  au 
milieu  de  ce  dédale  distinguer  la  phy- 
sionomie du  sivaïsme.  C'est  uu  pan- 
théisme aux  formes  vives,  coloriées, 
flamboyantes,  sanglantes  surtout  et 
colossales.  La  promptitude  elle  gran- 


diose, voilà  ce  qui  le  distingue.  Le 
monde  qu'il  rêve  est  un  giganlesqne 
animal  aux  mille  millions  de  membres 
chacun  vivant  de  la  vie  individuelle, 
mais  intimement  soudés,  amalgamés, 
fondus  ensemble.  Qui   les  a  sondés, 

Îui  les  amalgame  elles  tient  réunis? 
«'esprit  recteur?  Non  ;  dans  l'hypo- 
thèse sivaïle  c'est  le  feu  ;  le  feu,  agent    «■ 
universel  ,    qui  coule  à  Ilots  aîcooli-  SI 

3ues  dans  les  grandes  artères  comme 
ans  les  veines  capillaires  du  monde  ; 
le  feu  qui,  parcelle  invisible,  intangi- 
ble, rayonne  de  tous  les  corps;  le 
feu,  qui  ne  difièrc  pas  du  cidoriquc, 
de  l'électricité,  du  principe  vital. 
Mais  ce  feu ,  qui  donne  la  vie  à  la 
nature  ,  il  ne  semble  jamais  plus 
puissant  que  lorsqu'il  dissont  et  dé- 
truit. De  là  Siva  destructeur,  de  là 
le  sang  et  les  cendres  cpii  l'accom- 
pagnent presque  toujours.  Le  pau- 
théisme-bhavanisme  tient  compte  de 
l'humide,  que  néglige  le  sivaïsme  ;  il 
s'y  joint  de  plus  une  sorte  de  lutte 
la  blanche  Ganga  combat  les  esprits 
funestes,  et,  Pallas  hindoue,  pré- 
side à  la  venue  d'un  Hercule.  Le 
vichnouisme  est  spirilualisle  et  sur- 
tout admet  avec  idolâtrie  le  prin- 
cipe du  statu  quo  ,  l'élément  conser- 
vateur. l*our  le  brahmaïsme ,  il  est 
mixte  :  matérialiste  dans  ses  formes, 
spiritualiste  dans  nombre  de  détails, 
il  se  complaît  surtout  à  établir  ime 
hiérarchie  par  toutes  les  sphères  du 
monde  ,  et  à  recommander  respect 
pour  les  Krahmes.  —  On  donue  à 
Siva  cinq  têtes,  quatre  mains,  et 
trois  yeux  à  la  têle  principale.  Il  est 
porté  sur  le  taureau  Nandi ,  qui  est 
le  plus  souvent  couché  à  ses  pieds. 
11  tient  dans  l'une  de  ses  mains  le  tri- 
dent, dans  l'autre  tantôt  le  padma, 
tantôt  le  cerf-nain  ,  que  BulTon  a 
nommé  le  chev'rolain  des  Indes(/?20.ç- 
chus  pj'gniœus  de  Liun.).   L'eau 


céleste  lombe  sur  son  front  chevelu 
(co:np.  Ganoa).  Lorsqu'on  veut  le 
peindre  menaçant  et  terrible  ,  des 
(lents  aiguës  et  tranchantes  hérissent 
ses  gencives;  le  feu  sort  de  ses  lèvres 
béantes  ;  des  crânes  humaiusforment 
un  diadème  sur  sa  chevelure  flam- 
boyaiile  et  un  collici  au-dessus  de  sa 
poitrine  ;  des  serpents  s'entortillent 
autour  de  sa  taille  et  de  ses  brasj  la 
laucc,  i'e'pée ,  la  flararae  sont  dans 
ses  mains 5  le  tigre  a  remplacé  le 
bœuf  h  titre  de  vahanamj  enfin  son 
corps  est  tout  entier  d'un  blanc  cen- 
dreux, symbole  terrible  d'incandes- 
cence et  de  destructions  implacables. 

8KADA,  déesse  Scandinave,  épou- 
se de  INiordr  et  mère  de  Freir,  prési- 
dait ala  cliasse,  et  probablement  aussi 
au  vent  et  aux  tempêtes,  car  on  l'in- 
voquait pour  en  être  préservé. 

8KAÎSDA,  autrement  Soubrama- 
MA  (SanRAsiANYA)  et  Kartikeia 
(ou  Carticaïa)  ,  est  aux  Indes  le 
dieu  de  la  guerre.  Fils  de  Siva  et  de 
Bhavani,  il  dut  plus  spécialement  l'ê- 
tre aux  opérations  cyniques  ou  im- 
mondes du  premier,  car  Dhavani  ne 
pouvait  parvenir  a  l'engendrer.  Quel- 
ques traditions  le  font  naître  de  Bha- 
vani  au  bain.  Quoi  qu'il  en  soit, 
Skauda  se  lie  plus  intimement  a  Siva 
et,  dans  tous  les  mjihes  imaginables, 
le  seconde,  l'exalte,  le  défend;  Ga- 
néca  est  tout  entier  à  Bliavani.  De 
temps  a  autre  cependant  les  rôles  se 
permutent  :  Bhavani  est  fière  de 
Skanda  ,  son  fils  ,  et  le  place  près 
d'elle.  On  peut  voir  a  l'art.  Ganeca 
les  diverses  rivalités  de  ce  dieu  des 
sages  conseils  et  de  Skanda.  —  La 
mythologie  vulgaire  donne  pour  épou- 
ses a  Skanda  les  deux  filles  de  Yich- 
uou  et  de  Lakchmi,  Tchandaravali 
et  Amourdavali  ,  qu'après  leur  ma- 
riage on  nomma,  dit-on  ,  Tedjavane 
et  Valinaïakaj  mais  d'autres  légendes 


SKA 


46f 


veulent  que  Skanda  n'ait  jamais  été 
marié,  et  substituent  aux  deux  épou- 
ses une  Apsara  ou  Nymphe  céleste 
du  nom  de  Dévacéua,  qu'Indra  place 
de  ses  mains  dans  la  couche  du  dieu 
sivaïle.  —  Suivant  le  Siva  Pourana  , 
Skanda  désolé  du  triomphe  de  son 
frère  eut  une  rixe  violente  avec  ses 
parents,  et  de  dépit  quitlale  Kailaça, 
brillante  demeure  qu'il  partageait 
avec  son  père,  pour  s'exiler  dans  le 
pays  de  Kraouucha  (  la  terre  des 
grues) ,  et  il  jeta  dans  les  montagnes 
qui  hérissent  celte  région  son  épée  , 
qui  resta  enfoncée  dans  le  sein  de  la 
terre.  Dans  la  suite  Bhavani,  si  mè- 
re ,  fut  adorée  dans  la  pe'ninsule  de 
Kraouncha  sous  le  nom  d'Asa-Dévi 
(on  Aça-Dévi),  déesse  qui  donne  la 
victoire,  déesse  qui  comble  les  vœux. 
Plus  tard  encore,  toujours  conservant 
son  caractère  et  son  rôle  d'ardent  si- 
va i'te,  Skanda  figure  dans  Geilan  (Lan- 
ka) comme  un  des  dieux  principaux 
de  l'île,  comme  l'auxiliaire  de  Ravana 
et  l'ennemi  de  Rama.  Son  culte  tomba 
daus  cette  île  en  même  temps  que  la 
prééminence  du  sivaïsme.  —  On 
peint  d'ordinaire  Skanda  monté  sur 
un  paon  magnifique  :  il  a  six  têtes  ; 
our  séjour  ordinaire  il  a  ou  le  Kai- 
aça  ,  qu'il  partage  avec  sou  père  , 
avec  Bhavani ,  avec  Ganéca  ,  ou  les 
monts  de  Kraouncha.  Très -proba- 
blement ce  sont  les  monts  de  la 
Transoxane,  peut-être  même  ceux 
de  l'isthme  caucasien;  mais  il  est  im- 
possible de  penser  avec  Wiiford  aux 
montagnes  de  la  Russie  occidentale 
voisines  de  la  Baltique  ,  et  surtout 
de  dériver  les  Scandinaves  de  Skan- 
da. Un  rapnrochement  plus  hasardé 
encore  et  plus  puéril  est  celui  d'A- 
lexandre (Iskander,  en  Perse)  et  de 
Skanda.  Bhavani  et  Skanda  dans  la 
Transoxane,  ont  quelque  chose  de 
Bendis  et  d'Ares    en  Tlirace ,    de 


l 


46a 


SKO 


Cybèle  et  de  Corybas  en  Phrygie. 
Skanda-épce  rappelle  de  plus  le  Mars- 
fétiche  des  Sal)ins,  Qiieir  (.f^oy.  Qui- 
Riwrs),l'acinace  des  Cièles  au  temps 
de  Zamolxis,  le  sabre  adoré  dans  les 
foréls  des  Germains.  —  Suivant 
Rbode,  Skanda  sur  m)u  paon  est  un 
symbole  du  soleil,  tandis  que  Ganéca 
sur  son  rat  représente  la  lune.  L'un 
et  l'autre  étant  l'année  ,  Skanda  se 
trouve  èlrc  l'année  solaire  ,  Ganoca 
l'année  lunaire  5  et  l'année  lunaire, 
plus  courte  que  l'autre  ,  finit,  arrive 
au  but  avant  elle.  L'Inde  lionore  Ga- 
néca et  néglige  son  frère,  pourquoi? 
C'est  que  fêtes  et  sacrifices  se  rap- 
portent à  l'année  lunaire,  la  plus  an- 
cienne de  toutes,  la  seule  admise  par 
le  sacerdoce.  —  On  appelle  quelque- 
fois Skanda  Haradja  (né  de  Ilara) 
ou  Harakoida  (le  fds  de  Ilara).  Ce 
dernier  nom  est  le  vrai  type  de  VlJé- 
rnklès  grec  et  de  X Hercules  ro- 
main. 

SRIDINER  ou  SKIR^ER  est, 
dans  la  mythologie  Scandinave  ,  l'é- 
cuyer,  le  confulenl  et  le  commission- 
naire du  dieu  Frei.  C'est  lui  qui  lors- 
que Frei  divint  amoureux  de  Gerda 
arracha  au  (ils  de  Niord  l'aveu  de  sa 
tendresse^  c'est  lui  qui  va  de  sa  part 
offrir  a  la  fille  d'Iimer  onze  pommes 
d'or  pour  la  déterminer  a  donner  sa 
main  5  c'est  lui  enfin  qui  à  force  de 
presser  la  jeune  nympheohlicnl d'elle 
un  rendez-vous  pour  sou  ami.  Skid- 
ncr,  pour  mieux  exécuter  sa  commis- 
sion, avait  demandé  à  Frei  son  glaive 
d'or,  et  Frei  s'était  empressé  de  rac- 
corder ;  mais  Skidncr  ne  songea  plus 
à  le  lui  rendre  ,  et  il  en  résidlem,  le 
jour  de  la  fin  du  monde  ,  que  Frei  , 
sans  cpée,  sera  terrassé  p;ir  le  géant 
Sourtour. 

SKOL.  énorme  loup  delà  myllio- 
logie  Scandinave,  poursuit  sans  cesse 
la  lune  et  doit  l'engloutir  un  jour. 


sla; 

SKOTOS-AGNOSTON ,  t^Ucç, 
' Ayy ma- ro»  y  c'est -a-dire  les  ténèbres  j 
inconnues,  irrévélées ,  le  plus  anciea,| 
des  êtres  dans  la  cosmogonie   égyp-, 
tienne  de  Damascius  {Voy.  Kaimiî- 
PHioÏDEs),  peut  èlre  pris  lour  a  tour 
pour l'androgyue antédémiurgique  on. 
pour  la  puissance  en  tant  qu'opposée^ 
a  la  matière,  c'est-à-dire  pour  Piromi 
(Icton?)    ou   Hermès   dans  sa  plus, 
haute  généralisation. 

SLÀINGE  et  RUGHRAIDHE, 
dieux  célèbres  de  la  mythologie  de  ' 
l'Irlande,  se  trouvent   mêlés  a  deux 
séries  diff<'rentes  de  légendes  préten- 
dues  historiques.    La   première  les 
donne  pour  Fiibolg  (et  les  Firbolg 
se  confondent  sans  cesse  soit  avec  les 
Foghmhorraicc-Afrigh  ,  soit  avec  la 
race   de  lîartolam   et  les  anciennes 
tiihns  belliqueuses  de  l'ile).    La  se- 
conde les  donne  comme  fila  de  Har- 
loîam.  Sous  ce  dernier  point  de  vue 
Slainge   et  Rughraidlie  représentent 
le  Meath  oriental  et  l'Ulsler,  tandi»j 
que   Lnigh'ine  ,    leur  frère  ,  est   le 
Leinsler.  En  tant  que  Firbolg  ,    au 
contraire  ,   Slainge  opère  son  débar-T 
quemenl  a  Labher- Slainge  (Wexford- 
Haven) ,  près  de  l'embouchure  de  la  ' 
Boyne.  Plus  tard  on  confondit  toulca 
ces  populations  d'origine  si  distincle," 
guerriers  oppresseurs   (Tuatha-I)a- 
dan), pirates  gaulois  (l'artolam),  pira- 
tes africains  (Afrigh),  pirates  belges | 
(Firbolg) ,  et  l'on  admit  que  le  terrif  J 
toire  irlandais,  divisé  en  cinq  portions,  [ 
devin!  laproiç  de  cinq  princes,  SlainM 
ge,  Rughraidbc,  Gann  ,  Geanann  cl' 
Seargann.  La  pari  du  premier  eitl- 
brassait  d'Inbher  Kolpa,  prèsdo  Dro- 
gheda  ,   jiisqii'au  confluent  Avi  Irois 
rivières  du  pays  des  Briganlcs  j  Ru- 
ghraidiie  eut  ponr  lot  l'Ulster  ,   do 
Drohhnin  jusqu'à  Diogheda,  01*1  cora, 
mencait  le  domaine  de  Slainge.  Les 
trois  autres  princes  possédèrent  tout 


% 


SMl 

ce  que  ne  comprenaient  pas  ces  sec- 
tions. Il  résulte  de  tout  cela  que 
Rug'.iraidlie  symbolise  a  merveille, 
pour  rUlster  du  molus,  la  race  mili- 
taire du  Nord,  qui  s'amalgama  par  la 
suite  avec  celle  des  Firbolg,  de  telle 
façon  que  les  membres  de  l'une  sem- 
blaient appartenir  a  l'autre  ,  et  que 
le  fils  deBartolam  était  un  Firbolg  , 
comme  aussi  un  Firbolg  était  par  là 
même  fils  de  Bartolam.  —  Une  fu- 
sion analogue  mais  postérieure  enire 
les  Firbolg,  moins  puissants  ,  et  les 
Mileadhs  leurs  vaiuqueurs  ,  fit  ima- 
giner un  troisième  Ilnghraidbe  de 
sang  milésien.  C'est  a  ce  dernier  que 
l'on  rapporte  l'apparition  sur  la  scène 
du  célèbre  Rlanna  ilugbraidhe. 

SLATA-IUB/i  ,  la  Vieille  d'or, 
déesse  adorée  dans  les  environs  du 
fleuve  Obi,  sur  les  frontières  de  la 
Tar tarie  septentrionale  (il  s'agit  en 
conséquence  des  sources  de  l'Obi). 
Ou  la  représente  tenant  un  enfant 
sur  son  sein  ,  dont  la  dimension  est 
des  plus  volumineuses.  Autour  d'elle 
des  trompettes  et  divers  instruments 
de  cuivre  sans  cesse  agités  par  lèvent 
forment  un  bruissement  continuel. 
Hérodote  parle  d'une  Yieille  d'or  ado- 
re'e  aussi,  dit-il,  dans  les  régions  hy- 
perboréennes.  On  l'invoquait  lors  des 
catastrophes  publiques,  et  on  la  con- 
sultait sur  l'avenir.  On  a  présumé  que 
c'était  la  terre.  Comp.  Obi. 

SLEIPNER,  cheval  d'Odin,  est  le 

filus  rapide  de  tous  les  coursiers  cé- 
estes.  Il  a  huit  jambes  et  doit  le  jour 
à  un  coursier  merveilleux  qui  trans- 
portait rapidement  les  fardeaux  les 
plus  lourds. 

SMILAX,  S^/a«|,  nymphe  mé- 
tamorpbosée  en  marjolaine ,  éprise 
d'un  vif  amour  pour  le  jeune  Crocos. 
Selon  les  uns,  elle  ne  put  réussir  a 
s'en  faire  aimer,  et  périt  de  douleur. 
Suivant  les  autres ,  elle  l'épousa ,  et 


SlViO 


63 


leur  mutuelle  tendresse,  leur  fidélité, 
leur  constance ,  furent  si  agréables 
aux  dieux,  qu'ils  immortalisèrent  ces 
deux  amants,  en  les  transformant 
en   plantes  {^oy.  Crocos). 

SMINTUÉE ,  i^iySiis^  Apollon. 
SininlJi  en  vieux  grec  veut  dire  rat; 
de  plus  ,  il  existait  une  ville  de  Smiu- 
the.  La  question  est  de  savoir  si 
Smintbée  a  trait  k  la  ville  de  Smin- 
tlie  ou  aux  rats.  Les  Grecs  peucliè- 
rent  pour  la  deuxième  opinion,  et 
ils  racontaient  deux  légendes  k  l'ap- 
pui. Crinis,  prêtre  d'Apollon,  né- 
gligeant SCS  fondions  sacerdotales, 
est  puni  par  une  nuillilude  de  rats  qui 
dévastent  ses  champs;  mais  Apollon, 
apaise  par  le  repentir  de  Crinis,  dé- 
truit lui-même,  k  coups  de  flèches, 
ces  animaux.  La  deuxième  légende 
fait  voir  les  descendants  de  Teucer 
sortant  de  l'ile  de  Crète  pour  s'éta- 
blir sur  le  continent,  et  recevant  de 
l'oracle  l'ordre  de  s'arrêter  où  les  ha- 
bitants viendraii,'nl  les  recevoir.  Une 
nuit  les  lals  \inrent  leur  rendre  vi- 
site et  ronger  leurs  ceintunns,  leurs 
boucliers  de  cuir.  Nos  aventuriers  vi- 
rent dans  cet  événement  l'accomplis- 
sement de  l'oracle  ;  et,  se  fixant  dans 
ce  lieu,  élevèrent  ua  temple  k  Smin- 
ihée  ,  tel  fui  le  nom  qu'ils  donnèrent 
au  dieu  du  jour;  en  juême  temps  ils 
déclarèrent  sacrés  les  rats  des  en- 
virons. 

SMOURIANAKA  ou  CHMOU- 
RIANAKA,  sœur  de  Ravana,  gou- 
vernait, le  Djanasthana ,  partie  du 
Dékan,  a  la  place  de  son  père.  Lors- 
que linviacible  Rama  poursuivant  les 
Daitias  arriva  dans  le  Djanasthana, 
la  brûlante  vice-reine  s'éprit  d'amour 
pour  lui,  et  tenta  de  faire  naître  eu 
son  cœur  les  mêmes  flammes.  Rama, 
fidèle  a  sa  belle  épouse  Sita,  dédai- 
gna les  faveurs  de  la  princesse  sivaïte. 
Smourianaka  furieuse  8' en  prit  a  celle 


464 


SOI 


tfuî  était  la  cause  de  rinsensll)ililo  de 
llama  :  Ravana,  déjà  en  proie  au 
sombre  courroux  et  aux  frénéliques 
désirs  de  vengeance  qu'avait  excités 
en  luile  trioniplic  d'un  rival,  n'eut  pas 
de  peine  à  suivre  les  conseils  de  Tal- 
tière  Smourianaka  5  et  c'est  alors  que, 
s'eœparanl  par  un  rapt  de  la  personne 
de  Sita,  il  l'emprisonua  dans  Lanka 
sa  capitale. 

SNORRA,  la  déesse  Scandinave 
des  sciences  et  de  la  sagesse.  Ou  don- 
nait son  nom  aux  personnes  sages  et 
pi  udenles  de  l'un  ou  de  l'autre  sexe. 

SOCÏIOTIIP.KINOTH.  /^ojcz 
Soukkot-Bknotu. 

SOCOS  :  1°  Mercure;  2°  jeune 
Troyeu  de  haute  stature  et  d'une  bra- 
voure h  toute  épreuve  qui  fut  tué  par 
Ulysse. 

SŒRIMISER,  sanglier  gigan- 
tesque delà  inylliologie  Scandinave, 
forme,  dans  le  Vallioll ,  la  nourri- 
ture favorite  des  héros  admis  après 
leur  mort  dans  ce  palais  d'Odin. 
C'est  le  cuisinier  Audhrimner  qui 
chaque  malin  le  fait  cuire  dans  l'éuor- 
memarmitc  Eldhrimner.  On  le  man- 
ge tout  entier  tous  les  jours;  et  tous 
les  jours  il  se  retrouve  tout  entier 
dans  la  marmite  d'Audhrimner.  La 
chair  de  porc  était  le  mets  favori  des 
anciens  héros  du  Nord.  Dans  l'O- 
rient, au  contraire,  celte  chair  était 
proscrite.  A  cette  idée  primitive  ou 
consécutive  sur  l'usage  du  porc  se 
lient  quantité  de  mythes,  parmi  les- 

3uels  se  distinguent  ceux  des  sangliers 
e  Calydon  et  d'Éryraanlhe,   d'A- 
donis et  de  Samanakodom. 

SOHAM,  monstre  de  la  mytholo- 
gie parsi,  avait  la  tête  d'un  cheval, 
le  corps  d'un  dragon,  la  couleur  de 
l'acier  poli ,  huit  pieds  de  long  et 
quatre  yeux. 

SOIN ,  Cura.  Les  anciens  le  re- 
présentaient prenant  l'Occasion  par 


SOM 

les  cheveux  {P^oy.  ce  dcrnicmom), 
SOLANIJS  ,  génie  du  vent  d'estj 
est  représenté  jeune  et  tenant  dani 
son  sein  des  pommes,  des  pcciies, 
des  grenades,  des  oranges,  etaulrei 
fruits  particuliers  a  la  Grèce  orien- 
tale. 

SOLEIL,  en  latin  Sol.  Foy.X 
HÉLios;  et  comp.  Adoms,  Apol-| 
LON,  Atys,  Bacchus,  EsCULAPBj 
Friî,  Hercule,  Janus,  Jason,  ^ 

CIPPE,  MlTHRA,  OxYPORE,  PEr.SliEJ 

Patcuakamak,  etc. 

SOLOON,  dieu-fleuve  qui  épan- 
che ses  eaux  non  loin  de  Nicée  en 
Bilhyiiie.  C'était,  dit-on,  un  jeune 
Athénien.  Amoureux  de  l'Amazone 
Anliope  que  Thésée  conduisait  dans 
Athènes ,  et  voyant  ses  hommages 
rcjelés,  il  se  précipita  dans  le  fleuve' 
de  Nicée.  Thésée  donna  son  nom 
la  rivière ,  et  jela  sur  ses  rives  Ici 
fondements  d'une  ville  dont  les  deuj 
frères  de  Soloou  furent  les  prcmiera 
gouverneurs. 

SOLVIZONA.  r.  Lysizone. 

SOLYME,  héros  éponyme  du  peu- 
ple Solyme  qui,  à  une  haute  anti- 
quité ,  habitait  les  confins  de  la  Ly- 
cic,  de  la  Pamphylie  et  de  la  Phrygie, 
était,  selon  Etienne  de  Byzance,  (ils 
de  Jupiter  et  de  Chaldéua.  Cette 
généalogie  doit-elle  se  traduire  en 
ethnographie  par  l'origine  chaldéenne 
des  SolymesV — Il  n'est  guère  possi- 
ble au  nom  de  Solyrae  de  ne  pas  se 
rappeler  les  noms  de  Salem  et  Jéru- 
salem en  grec  Hierosolyma. 

SOLÏMON,  fondateur  de  SuN 
nione ,  selon  Ovide  qui  était  origi- 
naire de  cette  ville,  était  un  roi  de 
Phrygie.  Si  cette  fable  n'est  pas  de 
l'invention  d'Ovide,  il  est  probable 
qu'il  y  a  quelque  rapport  entre  le  roi 
de  Phrygie  Solymon  et  les  Solymes. 

SOMMEIL.  F.  MoBPHÉE.  Tan- 
tôt, en  <;ffet,  le  Sommeil  et  Morphée 


SON 

se  confondent;  tantôt,  mais  rarement, 
ils  diffèrent.  Le  Sommeil  alors  n'est 
qu'un  être  allégorique  ,  Morpliée  est 
le  dieu  véritable. 

SOMMONARODOM.  V.  Sama- 

HAKODOM. 

SONGES ,  enfants  du  Sommeil 
(de  la  Nuit  seule ,  selon  Hésiode).  Ils 
sont  en  grand  nombre,  reconnaisseiit 
pour  chefs  de  lile  Icèle ,  Phanlasc, 
Pbobétor,  Morphée,  se  divisent  en 
vrais  et  faux ,  et  occupent  le  même 
palais  que  leur  père  le  Sommeil. 
D'ordinaire  on  monlre  Morphée  pre- 
nant la  forme  des  hommes ,  Icèle  et 
Phobélor  celle  des  animaux,  Phan- 
tase  celle  des  choses  inanimées.  Plus 
fréquemment  Morphée,  ministre  prin- 
cipal du  Sommeil ,  ne  diffère  point  de 
ce  dieu.  Parfois  on  prétend  qu'Icèle, 
Phantase  et  Phobétor  ne  visitent  que 
les  palais,  et  qu'ils  laissent  les  de- 
meures particulières  à  la  tourbe  des 
Songes  vulgaires.  Les  Songes  vrais 
sortent  des  enfers,  ou  bien  du  palais 
du  Sommeil  par  une  porte  de  corne  , 
les  Songes  faux  par  une  porte  d'i- 
voire. Les  étyœologies  qu'on  cite  à 
l'appui  de  ce  détail  de  la  fable  sont 
pitoyables.  —  Un  hymne  orphique 
donne  le  Songe  comme  le  prophète 
par  excellence.  En  effet  l'oniroman- 
cie eut  une  vogue  extraordinaire  par- 
mi les  Grecs. 

SONTEB  ou  SEB ,  déesse  égyp- 
tienne peu  connue.  Elle  figure  au 
sixième  rang  dans  une  procession  de 
quatorze  personnages,  procession  qui 
elle-même  n'est  qu'un  détail  d'un  grand 
tableau  astronomique  sculpté  au  por- 
tique principal  du  temple  d'Edrou, 
reproduit  dans  la  Desc.  de  l'Eg. , 
Ant. ,  t.  I.  pi.  Lviii.  Sonteb  a  une 
tête  humaine  sur  laquelle  se  pose  un 
vase.  Devant  elle  marchent  Ertosi 
ou  le  Mars  égyptien,  Pi-Zéous  ou 
Djom,  Tafnet,  puis  deux  personnages 

LV. 


SOR 


46i» 


que  l'on  ne  peut  reconnaître;  der- 
rière viennent  Haroéri,  Isis.  Neflé, 
un  dieu  inconnu ,  puis  les  quatre 
génies  de  l'Amenti  (Omset,  Hapi  et 
deux  autres  dont  on  n'a  pu  encore 
interpréter  la  légende). 

SOPHAX,    fils    d'Hercule   et  de 
Tinga,  veuve  d'Antéc,  donna  leirtlra 
de  sa  mère  h  la  ville  de  Tingis ,  ca- 
pitale de  la  Mauritanie  Tingilane,  et 
le  sien  à  la  dynastie  royale  dont  Sy- 
phax ,  dans  les   temps  historiques , 
présente    en  lui  le  dernier  héritier. 
SORANUS,  dieu  sabin  qui  fut  dans 
la  suite  adopté  par  les  Etrusques. 
C'était  un  dieu    de  la  mort,  et  par 
conséquentil  différait  peu  du  Februus 
de  l'Etrurie  et  des  Romains.  On  in- 
cline même  à  les  identifier,  sauf  a 
reconnaître  qu'originairement  ils  ap- 
partinrent à  des  localités  différentes. 
Ces  échanG;es  de  dieux  entre  les  deux 
peuples  ,  les  Etrusques  et  les  Sabins, 
eurent  lieu  plus  d'une  fois(Oltf.  MiiU 
1er,  Etrusk.^  t.  II,   p.  67,  etc.). 
Comp.  Februus.  — Il  existait  chez 
les  Hirpins  une  légende  relative  à  ce 
dieu.  La  première  fois ,  dit-on ,  que 
des  sacrifices  furent   offerts  sur  le 
Soracte  a  Soranus ,  des  loups  énor- 
mes s'approchèrent  de  l'autel,   en- 
levèrent les  victimes,  et  se  réfugiè- 
rent dans  une  caverne  dont  les  va- 
peurs pestilentielles  asphyxièrent  la 
plus  grande  partie  de  ceux  qui  s'a- 
charnèrent a  leur  poursuite.   Quel- 
ques-uns  seulement    revinrent   sains 
et  saufs  vers  leurs  compatriotes,  mais 
une  maladie  contagieuse  ravagea  le 
pays,  et  soudain  les  bergers  préten- 
dirent que   le  germe  du  fléau  avait 
été  rapporté  de  l'antre  aux  loups;  les 
chefs  allèrent  consulter  l'oracle  :  l'o- 
racle répondit  que  les  loups  étaient 
protégés  par  Pluton,  que  c'était  nu 
crime  de  les  blesser,  que,  loin  de  leur 
faire  du  mal ,  les  pâtres  devaient  les 

3o 


A66 


SOS 


SOT 


^ 


prendre  ponr  modèles  et  vivre  comme 
€ui  en  braves,  c'est-a-dire  de  rapines 
et  de  buiia.  Les  consullanls  obéirent, 
et  prirent  alors  le  nom  d'Hirpins,  qui 
signifiaitloupsdans  la  langue  du  pays. 
On  les  appelait  aussi  loups  de  So- 
ranus. 

SORGE,  fille  du  roi  de  Calydon, 
(Muée ,  et  d'Altliée ,  eut  pour  mari 
Andréraon  et  pour  fils  Oiyle.  Comp. 
ce  oom. 

SOSIANUS,  Apollon  syriaque, 
dont  la  statue  en  bois  de  cèdre  fut 

Î)orlée  deSéleucis  a  Rome.  On  ignore 
e  sens  de  ce  nom. 

SOSIPOLIS,  dieu  des  Éléens, 
figurait  dans  leur  légende  comme  en- 
fant et  comme  serpent.  'A  la  veille 
d'un  combat  décisif  entre  les  Arca- 
diens  et  les  Elécns,  une  femme  vint 
au  camp  des  derniers,  portant  un  en- 
fant a  la  mamelle,  et  leur  assurant  que 
les  dieux  l'avaient  avertie  en  songe 
que  cet  enfant  serait  leur  sauveur. 
!Les  chefs  éléens  placèrent  l'enfant  nu 
sur  la  première  ligne  du  corps  d'ar- 
mée. Déjà  les  Arcadiens  s'avançaient. 
Tout  a  coup  l'enfant  se  transforme  en 
serpent.  A  la  vue  de  ce  prodige,  les 
Arcadiens  fuient  ,  les  Eléens  les 
poursuivent  et  les  taillent  en  pièces. 
Ainsi  les  promesses  du  songe  avaient 
été  réalisées  5  l'enfant-serpent  avait 
combattu  pour  eux.  Mais  quel  était 
cet  enfant?  Esculape?  Troplionius? 
Erichthonius?  un  génie  lellurique  ou 
un  être  céleste?  Ce  qu'il  y  avait  de 
certain,  c'est  qu'il  avait  sauvé  la  ville 
{traçai,  -jiéXn);  faute  d'autre  nom  on 
se  contenta  donc  de  lui  donner  le  beau 
titre  de  Sosipolis.  On  lui  éleva  un 
temple  au  lieu  où,  cbangé  en  serpent, 
il  s'était  dérobé  à  tous  les  yeux.  A 
Dithye  était  consacrée  la  partie  anté- 
rieure de  l'édifice;  tout  le  monde 
pouvait  y  entrer;  le  reste  du  temple 
itait  interdit  aux  femmes.  Les  hom- 


mes posaient  les  pieds  dans  celte  se- 
conde enceinte.  Enfin  un  sanctuaire ,  t 
séparé  de  celte  enceinte  même  par  l 
d'épais  rideaux,  était  interdit  h  tout  { 
autre  qu'à  la  prêtresse.  Probablement 
dans  ce  sanctuaire  était  la  statue  du 
dieu ,  et  cette  statue  passait  pour  im 
palladium.  Sosipolis  avait  la  forme 
d'un  enfant  revêtu  d'un  habit  de  plu- 
sieurs couleurs,  et  tenant  à  la  main 
une  corne  d'abondance.  La  prêtresse 
était  obligée  hune  siricle  continence. 
Les  offrandes  étaient  des  gâteaux  pé- 
tris avec  du  miel.  Les  femmes  ad- 
mises dans  le  temple  d'Ilitbye  hono- 
raient de  la  le  dieu  par  des  hymnes 
et  des  libations  dont  le  vin  était  ex- 
clu. Jurer  par  Sosipolis  était  pour 
les  Eléens  le  plus  inviolable  des  ser- 
ments. —  Des  modernes  ont  pensé 
3ue  l'apparition  de  Sosipolis  a  la  tête 
es  guerriers  d'Elis  avait  été  un  stra- 
tagème concerté  par  les  chefs  éléens. 
SOSPES  ou  SOSPITA  :  1°  Junon 
dans  trois  temples  de  Rome,  en  tant 
que  veillant  à  la  salubrité  de  l'air; 
s,°  Minerve  ;  3°  Diane.  Cette  dernière 
avait  h  Mégare  le  surnom  de  Sotira 
qui  en  grec  revient  au  Sospita  des 
Latins.  Les  Perses,  dit-on,  du  temps 
de  Mardonius,  s'égarèrent  dans  les 
environs  de  Mégare,  et,  trompés  par 
Diane,  décochèrent  toutes  leurs  flè- 
ches sur  les  rochers  d'alentour.  Le 
lendemain ,  au  lever  de  l'Aurore , 
leurs  carquois  étaient  vides.  Les  Mé- 
garéens  alors  fondirent  sur  eux,  et  eu 
firent  un  horrible  carnage. 

S  OS  TR  A  TE,  ami  d'Hercule, 
avait  à  Palée  (dans  Cépballénie?),  sa 
patrie  ,  un  tombeau  sur  lequel  on  lui 
rendaitles  honneurs  héroïques.  Her- 
cule en  avait  donné  l'exemple  ,  en 
faisant  élever  ce  monument,  et  en  se 
coupant  les  cheveux  sur  sa  sépulture. 
SOTHÏS  était,  chez  les  Egyptiens, 
l'étoile  de  Sirius  personnifiée,  être- 


« 


SOT 

pondait  au  Tachter  des  Parsîs.  C'é- 
tait, dit-on,  l'étoile  d'Isis,  la  demeure 
d'Isis.  On  la  regarde  comme  identi- 
que a  Thotb,  au  dieu  des  enfers  Anu- 
bisj  ce  que  nous  croyons  véritable. 
En  Perse  aussi  nous  retrouvons  la 
même  liaison  entre  Tir ,  la  planète 
de  Mercure  ,  et  Tachter  qui  est  Si- 
rius.  Chez  les  Grecs  égyplianisauls 
Mercure  aspire  à  se  joindre  (par  un 
lien  amoureux)  à  Isis  qui  prend  sou- 
dain l'aspect  infernal ,  la  face  noire  , 
la  forme  d'Hécate  ou  Brimo. 

SOTORTAIS,  le  grand  apôtre 
du  Japon  ,  naquit  à  la  cour  de  l'em- 
pereur Fiutats ,  la  troisième  année 
du  règne  de  ce  prince.  «  Sa  nais- 
sance, dit  Kœmpfer,  d'après  les  do- 
cuments japonais,  fut  précédée  et  ac- 
compagnée de  circonstances  remar- 
quables. Une  nuit  sa  mère  le  vit  en 
songe,  environné  de  rayons  qui  bril- 
laient comme  le  soleil,  et  une  voix 
lui  adressa  ces  paroles  :  Moi,  le 
saint  Qusobosatz,  renaîtrai  en- 
core pour  enseigner  le  monde , 
et  à  cet  effet  je  descendrai  dans 
ton  sein.  A  l'instant  elle  se  réveilla 
et  se  trouva  enceinte.  Huit  mois  après 
elle  entendit  distinctement  l'eufant 
parler  dans  son  sein,  et  accoucha  le 
douzième  mois,  sans  peine  et  même 
avec  plaisir,  d'un  fils,  qui  fut  nommé 
alors  Fatsisino ,  et  après  sa  mort 
Tais  et  Soloktais.  Ce  miraculeux  en- 
fant ne  tarda  pas  a  donnner  des  si- 
gnes de  sa  piété  future.  La  dévotion 
et  la  prière  faisaient  ses  délices  dès 
ses  plus  tendres  années.  Il  n'avait 
que  quatre  ans,  lorsque,  étant  en 
prières  ,  les  os  et  les  reliques  du 
corps  brûlé  du  grand  Siaka  parvin- 
rent d'une  manière  miraculeuse  entre 
ses  mains.  »  L'année  suivante  (8< 
du  règne  de  Finlats  et  5*  de  Solok- 
tais) l'image  du  dieu  fut  apportée 
d'outre-mer  au  Japon,  et  placée  dans 


SOU 


467 


le  temple  de  Kobousi,  îi  Nafa,  où 
elle  occupe  la  première  place.  Six 
ans  se  passèrent  encore,  et  alors  Mo- 
ria,  Tennemi  de'claré  de  Sotoktais, 
s'éleva  contre  la  doctrine  de  ce  der- 
nier avec  autant  de  violence  que  d'or- 
gueil et  d'audace.  Il  arrachait  des 
temples  tous  les  Fotokes  et  les  jetait 
au  feu.  Mais  cette  victoire  de  l'im- 
piété sur  Sotoktais  ne  dura  que  deux 
ans;  et  un  jour  qu'il  avait  jeté,  selon 
sa  coutume,  les  cendres  des  dieux 
dans  un  lac,  un  orage  effroyable  s'é- 
leva, et  Moria  disparut  au  milieu  des 
éclairs  et  des  tonnerres.  Quand  cet 
événement  eut  lieu,  Fintats  avait 
cessé  de  régner,  et  Jomei,  son  qua- 
trième fils,  était  sur  le  trône.  A  par- 
tir de  ce  temps,  la  renommée  de 
Sotoktais  ne  fit  que  s'accroître.  En 
598  un  prince  étranger  vint  de  Fa- 
kousai  a  la  cour  de  l'impératrice  Siko 
pour  offrir  au  saint  l'hommage  de  ses 
respects,  et  en  6ii  Darma  (Dhar- 
nia;')  apparut  au  célèbre  pénitent 
dans  la  province  de  Jamatto,  sur  la 
montagne  de  Katajoka.  Les  deux 
nobles  interlocuteurs  s'y  parlèrent, 
ajoute-t-on  ,  en  vers  impromptus. 
Soloktais  mourut  sept  ans  après. 

SOUAIAMBHOUVA,SOUAIAM- 
BHOU ,  fut  primitivement  une  épi- 
thète  soit  de  Brahm,  soit  de  Brahmâj 
puis  Brahm  venant  à  se  déterminer  de 
plus  en  plus,  dans  la  liste  de  ses  dé- 
terminations figure  celle  de  Souaïam- 
bhou  {Foy.  k  l'article  Bbahiw  dans 
quel  ordre  se  suivent  ces  diverses  in- 
dividualisations de  Brahm).  Ce  mot 
veut  dir.e  qui  existe  par  lui-même. 
Comp.  Atmabhou.  —  Souvent  on 
trouve  Souaïambhouva  sur  la  liste 
des  sept  Menons,  et  même  h  leur  tête. 

_  SOUAN,  SEVEN  ou  SAOVEN, 
divinité  égyptienne  de  seconde  classe, 
dont  Champollion  jeune  a  lu  le  nom 
sur  uu  grand  nombre  de  monuments , 

3o. 


46S 


SOU 


revenait  a  rilitbye  des  Grecs ,  et  par 
conséquent  a  ia  Lucine  des  Romains. 
C'est  le  même  nom  que  Syène,  2u;;'v;j, 
jadis  Souan  (V^oyez  Egypt.  sous 
les  Pharaons,  t.  I),  et  aujourd'hui 
Assouan,  ou  mieux  Ossouan.  —  Oa 
avait  nié  que  TEgypte  eût  jamais  con- 
nu ,  dans  le  temps  de  son  indépen- 
dance, une  divinité  analogue  a  Ili- 
ihye.  C'est  pourlaul  ce  dont  on  au- 
rait dû  êlre  convaincu  en  voyant  Dio- 
dore  de  Sicile  ( I .  I ,  c.  12)  menliou- 
ner  parmi  les  déile's  égyptiennes  uue 
EtMifvtXj  en  trouvant  dans  la  haute 
Egypte,  au  sud  de  Tlièbes,  une  ville 
nommée  par  les  Grecs  F^lXtiêv/x  îro'A<f, 
et  par  les  Romains  Liicinœ  oppi- 
dum {f^oy.  ChampoU.  jeune  ,  Eg- 
sous  les  Phar.,  t.  I,  p.  179).  Un 
magnifique   has-relicf  a  Hermonlhis 
(Ermenl)  a  dû  achever  de  lever  tous 
Jes  doutes (Voy.Z?C5C.  de  l'Egyvt., 
Ant.,  vol.  I,pl.  xcvi).  Autour  d'une 
femme  dans  les  douleurs  de  l'enfan- 
tement, et  a  l'instant  même  où  l'en- 
fant  quille  le  sein  de  la  mère,  se 
pressent  plusieurs  déesses;   Amoun- 
Ila  le  père  des  dieux  assiste  lui-même 
l'accouchée,   et  derrière  lui  paraît, 
comme  la  circonstance  le  comporte  , 
la  déesse  Souan  protectrice  des  mè- 
res en  travail.  Au-dessus  de  la  tête 
de  la  jeune  mère  planent  d'une  part 
le  vautour,  de  l'autre  le  scarabée, 
emblèmes  sacrés  de  la  maternité  et  de 
la  paternité.  Tout  est  si  clairement 
caractérisé  dans  ce  morceau  impor- 
tant ,  tout  indique  si  bien  les  allribu- 
tions  d'une  Ilithye  égyptienne,  que 
l'on  peut  presque  se  consoler  de  l'ab- 
sence des    légendes  hiéroglyphiques 
que  le  temps  n'a  point  permis  au  des- 
sinateur de  reproduire.  Il  ne  restait 
véritablement  que  le  nom  indigène  à 
connaître;  les  fonctions  divines  avaient 
cessé  d'être  problématiques.  —  On 
retrouve  encore  Souan  (pour  ne  citer 


SOU 

ici  que  des  figures  déjà  reproduites 
par  la  gravure)  parmi  les  divinités  fi- 
gurées sur  la  face  latérale  de  l'est  du 
grand    temple    d'Athor    h    Tentyra 
(Denderah,  Desc.  de  l'Eg. ,  Ant. , 
t.  IV,  pi.  XVII,  et  surtout  pi.  xxiii, 
n°  5),  oîi  la  déesse  est  coiffée  du  vau- 
tour emblème  de  la  maternité  ;  un 
autre  vautour  figuré  sur  la  tunique 
enveloppe  le  corps  de  cette  divinité 
sous  ses  ailes  plusieurs  fois  repliées, 
sur  la   face  latérale   du   temple  de 
Dandour  (Gau,  Monum.  de  la  Nu' 
bie ,  pi.  XXV  )  et  dans  les  bas-reliefs 
du   temple  isolé  de  Kalabché  (Gau, 
iùid.,  pi.  xxii).  Dans  l'un  et  l'autre 
cas,  Souan  se  trouve  a  côté  de  Boulo, 
et  en  rapport  avec  un  prince  de  l'E- 
gypte, empereur  ou  roi  lagide  :  dans 
la  dernière  scène  il  est  présumable 
que  les  deux  déesses  ensemble  (l'ac- 
coucheuse et  la  nourrice)  président  a 
1  éducation  du  prince.  —  Toutes  ces 
figures  sont  à  tèle  humaine.  Cliam- 
poUion  jeune  en  a  donné  deux  autres 
qui  diffèrent  des  précédentes,  en  ce 
que  la  tête  de  vautour  remplace  la 
tête  humà\uc{Pan(h.égypt.  sous  les 
n"  28  «,  28  ^,  liv.  II).  La  deuxiè- 
me de  cesllithyes  gypocéphales  tient 
a  la  main  un  arc  et  une  flèche.  Main- 
tenant quel  fui  le  rang  de  Souan,  et 
quels  sont  ses  rapports  avec  les  autres 
dieux  de  l'Egypte?  Selon  Jablonski, 
Souan    est    Poubasli.    Champollion 
jeune  veut  que  celle  déesse  soit  une 
forme  de  Neilh ,  la  grande  mère  par 
excellence  après  Boulo,  Neith  qui  à 
chaque    instant   a   pour   coiffure  le 
vautour,  qui  à  elle  seule  représen- 
tait en  Egypte  Minerve  et  Junon.  A 
notre  avis,  Souan,  une  des  divinités 
du  second  ordre  que  nous  réunissons 
sous  le  nom  de  Treize-Douze  (  P^oy. 
ce  mot),  appartient  h  la  sous-série 
des  dieux  femelles  :  elle  en  est  le 
chef;  c'est  uue  Pooh  (Lune)  infé- 


sou 

rieure,  en  d'aulres  termes  une  incar- 
nation, une  délégation  de  Pooh  ,  la 
baute  déesse,  dans  une  sphère  infé- 
rieure. 

SOUAINVITA  est  une  des  six  hé- 
roïnes secondaires  altache'es  au  ser- 
vice des  Valkiries.  Les  cinq  autres  se 
iiomraent  Aulruna,  Brinhildour,  Al- 
vilra,  Godroiiuna,  Hilda. 

SOUBRAMANIA.  V.  Skanda. 

SOUCHA,  le  dieu  principal  des 
Puelches  (  dans  l'Amérique  méridio- 
nale). Sou  nom  signifiait  dieu  du  bien- 
boire. 

SOUCHOE  selon  Saumaise ,  SE- 
RUCHUTH  selonFirraicus,  premier 
décan  de  !a  Balance ,  est  représenté 
coiffé  d'un  disque  avec  l'oiirée,  mais  a 
iélc  de  vautour  [J^oy.  zodiaque  rec- 
tangulaire de  Tculyra  ,  Descr.  de 
l'Lg.,Ant.,\o].  IV,  pi.  20).  Il  est 
impossible  de  ne  pas  rapprocher  ce 
nom  de  celui  de  Soucho  [crocodilus 
suchus  de  Geoffroy-St-Hilaire) ,  et 
de  ne  point  soupçonner  quelque  rap- 
port entre  le  dieu  et  l'animal.  Comp. 

DtCANS. 

SOUDÎIA,  quatrième  fils  de  Brah- 
mà  selon  la  mythologie  brahmaïte, 
naquit  de  son  pied  droit.  Ou  sait  que 
quatre  fils,  emblèmes  des  quatre  cas- 
tes hindoues ,  sortirent  des  quatre 
membres  principaux  de  ce  divin  gé- 
nérateur. Le  plus  noble,  Brahman  , 
tige  des  Brahmines,  jaillit  de  sa  bou- 
che; Kchatriia,  tige  prétendue  des 
Kchatriias  ou  guerriers,  sortit  de 
son  bras  droit  ;  Vaicia  ,  tige  des  Yai- 
cias  ou  négociants,  vulgairement  Ba- 
nians, sortit  de  sa  cuisse  droite;  eu- 
fin  Soudra,  émané  du  pied  droit,  en 
d'autres  termes  de  l'extrémité  infé- 
rieure du  corps,  est  naturellement  le 
symbole  de  la  caste  servile.  En  effet , 
les  Soudras  aux  Indes  sont  des  ilotes 
ou  des  serfs. 

SOUEJNTAYITH,  dieu  du  soleil 


OU  469 

chez  les  Slaves.  T^oy.  Svantovitch. 

SOUGAITOION  passe,  chez  les 
laloutes,  pour  un  esprit  malfaisant, 
maître  de  la  foudre,  et  ministre  ra- 
pide des  vengeances d'Olontoïon,  qui 
est  le  chef  suprême  des  esprits  ahri- 
maniques. 

SOUGRIVA,  fils  du  dieu-soleil Ta- 
pama,  est,  dans  la  mythologie  hindoue, 
avec  Hanouman,  le  chef-singe  le  plus 
remarquable.  Ces  chefs-singes ,  dans 
le  Ramaïana ,  sont  au  nombre  de 
onze. 

SOUKKOT-BÉNOTH  ou  SUC- 
COTH-BÉNOTH ,  idole  assyrienne 
sur  l'essence  de  laquelle  les  orienta- 
listes varient.  Selon  les  uns,  c'était  la 
constellation    des  Pléiades.  Les  au- 
tres ,  frappés  du   rapport  des  noms 
Vénus   et  Béuoth ,  regardent  l'idole 
comme  une  forme  de  la  Venus  d'As- 
syrie. Dupuis  semble  tendre  à  identi- 
fier de  façon  ou  d'autre  la  déesse- 
planète  et  la  constellation.  Soukkot- 
Bénolh  serait  un  décan  zodiacal  flot- 
laut  sur  les  limites  du  Bélier  et  du 
Taureau.    Enfin  ,   suivant    Geseuiiis 
{Hehv.  JVoerterb.,  p.  7 9 0 5) et  Ro- 
senmiiller  {Ailes  u.  n.  Morgenl. , 
IV,  p.  386),  Succoth-Bénoth  ne  dési- 
gnerait pas  la  divinité  même ,  mais 
bien  des  objets  relatifs  a  son  culte , 
les  tentes  sous  lesquelles  les  Isréalites 
se  prostituaient  en  l'honneur  de  My- 
litta,  ou  bien  l'arche,  le  tabernacle, 
la  sainte  Bari  dans  laquelle  les  noma- 
des transportaient  de  déserts  en  dé- 
serts les  objets  de  leur  vénération. 
Au  fond,  rien  n'empêche  qu'arche  et 
tentes,  arche,  tente  et  déesse,  tout 
cela  n'ait  été  plus  ou  moins  amalgamé 
par  les  dévols,   et  que  dans  la  suite 
des  temps  on  n'ait  vu  dans  Succoth- 
Bénoth  ime  espèce  d'Ilith  ambulante. 
C'est  a  Babylone  que  l'histoire  nous 
montre  le  siège  du  culte  de  Succoth- 
Bénoth.  Jl  fut  établi  aussi  dans  la  ville 


47Û 


SOU 


SOU 


n 


de  Samarie  par  le  vainqueur  Salma- 
nazar.  On  offrait  à  cette  idole  des 
grains  de  blc  et  des  gâteaux.  Kircher 
(OEdiv. ,  1. 1,  p.  362  )  voit  dans  le 
choix  ae  ces  offrandes  une  allusion 
évidente  aux  colombes  et  au  taureau. 
De  plus,  il  croit  retrouver  son  image 
dans  des  médailles  de  Sélinonte,  où 
$ont  réunis  le  taureau  et  les  colombei 
{Péléiade.s,  d'oîi  Pléiades  ). 

SOURRA.  Toy.  BovDHA. 

SOULBIECH  est  l'être  suprême 
chez  les  Alabamas  (anciens  indigènes 
de  la  Louisiane). 

SOUMATI ,  fille  de  Garoudha 
(le  vahanamdeVichnou),  fut  une  des 
deux  femmes  de  Sagara  :  Tautre 
appelée  Kessini  se  contenta  d'avoir 
un  fils  ,  Açamania  ;  mais  Souraali  en- 
gendra miraculeusement  la  citrouille 
de  pépins  a  forme  évasée,  d'où  sorti- 
rent soixante  mille  fils. 

SOUMBHA  (ou  Shoumbha)  et 
NIÇOUMBHA  sont,  chez  les  Hin- 
dous, deux  vastes  géants  successeurs 
de  Mahéchaçoura  ou,  pour  mieux 
dire,  incarnation  soit  de  Mahéchaçou- 
ra lui-même  ,  soit  du  dieu  suprême 
Siva  dont  Mahéchaçoura  est  l'incar- 
Dation.  Leur  légende,  du  reste  bien 
connue,  se  lit  dans  la  traduction  fran- 
çaise de  Creuzer  (t.  1,  2''  partie  ,  et 
dans  le  Catholique,  t.  XV).  Voy. 
Samba. 

SOUMENATE,  dieu  indien  quia 
donné  son  nom  a  une  ville  où  est  son 
temple  et  a  toute  la  province.  De 
fréquents  pèlerinages  ont  rendu  ce 
lieu  célèbre.  On  trouve  dans  le  tem- 
ple une  idole  en  pierre,  remarquable 
par  sa  taille  colossale;  elle  est  au- 
jourd'hui assez  avant  fixée  en  terre. 

SOUININA  est,  dans  la  mythologie 
Scandinave,  le  soleil  en  tant  que 
déesse.  Sans  cesse  poursuivie  par  le 
loup  Fenris,  qui  doit  l'engloutir 
un  jour,  elle   court  avec  rapidité. 


De  temps  à  autre  cependant  l'énorme 
gueule  de  l'avide  animal  l'engouffre 
en  par  lie:  de  la  les  éclipses.  Avant  de 
tomber  dans  la  gucvde  de  Fenris, 
Souuna  mettra  au  monde  une  fille 
aussi  belle,  aussi  brillante  qu'elle- 
même;  et  celle-ci  éclairera  le  nouvel 
univers  qui  doit  naître  des  cendres  du 
premier. 

SOURACÉNA  (Surassena),  de 
la  race  des  ladous,  était  très-proche 
parent  du  roi  de  Malhoura ,  Ougra- 
céna,  et  avait  pour  empire  la  ville 
appelée  de  son  nom  Souracéna.  C'est 
lui  qui  fut  le  père  de  Yaçoudéva, 
époux  de  Dévaki  et  père  de  Krichna. 
SOURADÉVA  (a  tort  Suradeus, 
SoBADEUS,  SoRADÉVA,  elc.)  n'est  pas 
la  déesse  du  vin ,  mais  bien  la  déesse 
de  cette  divine  et  mystérieuse  liqueur 
dont  une  goutte  donne  l'immortalilé, 
l'éternelle  jeunesse,  le  savoir,  la  puis- 
sance ,  aux  Dé  vas .  Ce  breuvage  céleste, 
que  vulgairement  on  appelle  amrila  \ 
(ou  ambrosie  ,  voy.  ce  nom),  s'ap-  ' 
pelle  aussi  soura;  car  c'est  en  vain 
que  l'on  voudrait  distinguer  l'amrita 
ae  la  soura.  On  devine  que  Soura 
déva  n'est  que  la  divinisation  de  * 
soura.  C'est  ainsi  que  l'ambrosiè  a 
donné  lieu  aune  Ambrosie  allantide. 
1 — Le  nom  de  Soura  eut  de  l'impor- 
tance aux  Indes,  puisque  c'est  de  lui 
que  les  dieux  et  les  démons  ont  pris 
une  de  leurs  dénominations.  Dévas 
et  Souras  sont  synonymes;  Açouras 
(qui  n'ont  pas  bu  de  soura)  et  Daitias 
reviennent  au  même  {Voy.  Ambro- 
sie et  Rakchaças).  Il  paraît  qu'à 
une  époque  postérieure  on  prit  la 
soura  pour  du  vin  ou  pour  quelque 
autre  liqueur  fermenlée. 

SOURIA  (vulgairement  Surya) 
figure  tour  a  tour  dans  la  mythologie 
hindoue  comme  le  soleil  et  un  des 
douze  Aditias  (soleils  mensuels) .  Dans 
la  Bomejjclalure  la  plus  ordinaire  do 


il 


sou 

ces  douze  divinités  subalternes  il  oc- 
cupe le  second  rang,  et  correspond 
au  mois  Vaicakha ,  avril.  Autour  de 
lui  se  trouvent  les  noms  de  Mitlira  et 
de  Vichnou,  qui  jettent  de  l'incerti- 
tude sur  son  caractère  véritable. 

SOUROT  ouSUROT,  la  planète 
de  Vénus  chez  les  Egyptiens,  était  le 
quatrième  dieu-dynaste  (le  quatrième 
des  Ïreize-Douze). 

SOURÏOUR,  génie  funeste  de  la 
mythologie  Scandinave,  viendra,  suivi 
des  génies  du  feu  ,  envahir  le  ciel , 
briser  le  pont  Bifrost ,  lever  sur  les 
Ases  un  glaive  plus  étincelant  que  le 
soleil  ,  tuer  Frei  et  vomir  sur  le 
monde  les  flammes  qui  doivent  le 
réduire  en  cendres. 

SOUVA  ,  le  dieu  de  la  chasse  au 
Japon  ,  ne  nous  est  connu  que  par  la 
fête  qu'on  célèbre  tous  les  ans  en  son 
honneur.  Une  procession  en  est  la  cé- 
rémonie principale.  Voici  dans  quel 
ordre  se  suivent  les  acteurs  de  cette 
antique  solennité  qu'annonce  un 
bruyant  concert  de  tous  les  instru- 
ments de  musique  en  usage  dans  le 
pays  :  i*  deux  cnevaux  de  main,  très- 
blancs,  très-maigres  j  2°  quantité  de 
bannières  symboliques  ,  parmi  les- 
quelles un  drapeau  de  papier  blanc  à 
l'extrémité  d'un  court  bâton,  puis  une 
lance  courte ,  large  et  grossièrement 
travaillée  ,  mais  entièrement  dorée  j 
3°  les  Mikoci ,  châsse  octogonale , 
élégante  et  couverte  d'un  beau  vernis 
(on  les  porte  sur  des  sièges  creux , 
on  y  verse  les  aumônes  recueillies 
dans  des  troncs  ou  des  bourses,  par 
des  quêteurs  ad  boc)^  4-°  les  supé- 
rieurs du  Miia  de  Souva  en  palan- 
quin; 5°  deux  chevaux  qui  rivalisent 
en  embonpoint  avec  ceux  qui  ouvrent 
la  marche;  6°  les  prêtres;  y**  le 
peuple.  On  se  dirige  ainsi  d'un  point 
de  la  ville  vers  le  Miia.  La,  quand 
les  prêtres  ont  pris  leur  place ,  des 


sov 


471 


députés  de  la  ville  viennent,  avea 
vingt  piques  au  sommet  desquellei 
sont  attachés  des  copeaux  vernissés, 
rendre  leurs  hommages  au  chef  des 
bonzes.  Avant  d'entrer ,  ils  doivent 
s'être  lavé  les  mains  dans  un  bassin 
placé  a  la  porte  du  temple.  Ont-ils 
fini  de  rendre  hommage  au  dieu  ou 
à  son  grand  prêtre ,  un  bonze  infé- 
rieur leur  offre  un  pot  de  bierre  de 
riz.  Ces  usages  rustiques,  souvenirs 
éloignés  de  la  pauvreté  des  premiers 
habitants  du  Japon,  rappellent  diver- 
ses cérémonies  de  la  religion  péias- 
gique,  et  surtout  le  Cycéôn  offert  k 
Cérès  par  la  vieille  Baubo. 

SOVA  est  chez  les  Gojas  de  la 
côte  de  Malaguette ,  l'esprit  malin. 
C'est  lui  qui  est  la  cause  de  toutes  les 
maladies,  de  tous  les  maux  physiques, 
moraux  et  intellectuels. 

SOVK  (  ou  SOUCHOS  ,    SOUKHOS  , 

Soûvoy),  quelquefois  Rephatï  oa 
Rempha(  ou  peut  soupçonner  même 
que  les  Egyptiens  dirent  Phaw-Ré), 
nom  que  semble  affectionner  le  dieu- 
dynasté-planète  Saturne  lorsqu'il  est 
considéré  (  et  c'était  l'ordinaire  ) 
comme  malfaisant.  Il  figure  le  der- 
nier dans  la  première  série  des  Treize- 
Douze  {V^oy.  ce  mot),  ce  qui  peut- 
être  étonnera  beaucoup  de  lecteurs; 
puisque  d'une  part  les  quatre  pre- 
mières planètes,  nommées  Pi-Zëou 
(Jupiter),  Ertosi(]Viars),  Surot  (Vé- 
nus ),  Pi-Ermoôu  (Mars),  semblent 
avoir  élé  a  dessein  disposées  dans 
l'ordre  de  leurs  distances  au  soleil 
(Sovk,  plus  éloigné  que  Pi-Zéou, 
devrait  donc  marcher  en  tête  ) ,  et 
que  de  l'autre  les  Hellènes,  qui,  dit- 
on  ,  calquèrent  leur  mythologie  sur  la 
religion  égyptienne,  ont  fait  de  Crone 
(leur  Saturne)  le  plus  ancien  des  dieux 
après  Ourane  (Uranus).  On  expli- 
quera cette  contradiction  apparente 
ea  songeant  que  Saturne ,  par  le  fail 


472 


SPÀ 


même  de  son  t'norrae  ^lolgnement , 
est  presque  invisible  à  l'œil  nu  ,  et 
qu'en  conséquence,  porté  plus  tard  au 
nombre  des  planètes,  il  ne  dut  être 
placé  parmi  les  dieux-dynastes  que 
sur  des  listes  complémenlaires  qui 
laissèrent  long-temps  subsister  les 
rangs  primitifs.  Le  crocodile  (  l'es- 
pèce qui  en  Egypte  portait  le  nom 
de  Sovk  ou  Soukho,  et  que  M.  Geof- 
froy-^>aint-IIilalre  regarde  comme 
plus  douce  que  celle  des  Khamsès)  lui 
élait  consacré  5  et  probablement  il 
était  fréquemment  représenté  par  cet 
animal  seul  (Voy.  dans  la  Dcsc.  de 
l'Eg.j  t.  I,  pi.  Lxxxir,  2,  un  bas- 
reliei'  d'Esneli  ,  qui  représente  nn 
crocodile  (Sovk)  avec  un  disque(syra- 
bole  de  Fré  )  sur  sa  tèle).  Le  nom 
de  Sovk  se, lit  en  hiéroglyphes  pho- 
nétiques sur  la  tête  d'un  dieu  croco- 
dilocéphale  du  portique  du  temple 
d'Ombos  (  Voy.  Dcsc.  de  l'Eg. , 
1.  I.  pl.XLix,  19  ). 

SPARTE,  SpARTA,2:5r«^T«,  Spar- 
te personnifiée ,  passe  en  mythologie 
pour  fille  du  roi  de  Laconie  Eurolas, 
et  pour  femme  de  Lacédémon  h  qui 
elle  apporta  en  dot  la  couronne.  l)e 
cette  union  naquirent  Amycle,  Eury- 
dice, Danaé.  Comp.  du  reste LacÉde- 
MON. — Un  autre  Sparte  [Spartus) 
paraît  dans  les  généalogies  grecques 
quatre  degrés  au-dessus  de  la  précé- 
dente :  pèrcdeLélex  et  contemporain 
de  Ményleil  florissait,  suivant  le  ta- 
bleau de  M.  Petit-Radel  ,  i63o  ans 
avantJ.-C,  tandisque Sparte,  Spar- 
ta,  correspond  k  l'an  1480.  ]N.  B. 
Sparte  a  d'autres  héros  éponymes 
que  ses  deux  indigènes  de  la  Laconie 
{f^Qy.  les  art.  suivants). 

SPAIVIEE ,  si'ARTTEUs,  fils  de 
Jupiter  et  de  la  nymphe  rhodienne 
Himalie ,  naquit  a  lliiodes  après  la 
défaite  des  Titans.  Ce  nom,  qui  veut 
dire  semé,  uous  ramène  naturglle- 


SPÎÎ 

menl  aux  Spartes  (premiers  hommes) 
de  la  Béotic. 

SPARTES,  les  cinq  guerriers  qui 
seuls  restèrent  de  la  bande  armée  à 
laquelle  avaient  donné  naissance  les 
dents  du  dragon,  semées  par  Cadmus: 
Echion,LMée,Chthonius,Pélore,Hy- 
pérc'nor,  voilà  leurs  noms.  Ils  aidèrent 
Cadmus  àbùlirTIièbes,  et  l'un  d'eux, 
Echion,  lui  succéda.  Echionveuldire 
serpent.  Il  faut  songer  ici  h  la  raéla- 
morphosc  de  Cadmus  en  reptile,  puis 
de  la  liaison  du  reptile  a  la  terre  et 
a  l'agriculture.  On  donne  les  Spar- 
tes pour  des  indigènes,  opposés  aux 
colons ,  aux  étrangers.  Ce  point  de 
vue  est  douteux.  Quelques  mytholo- 
gues ont  fait  des  Spartes,  qui  dit-ou 
étaient  au  nombre  de  i3,  treize  fils 
de  Cadmus  et  de  diverses  concubines. 
Il  est  difficile  ici  de  ne  pas  se  repor- 
ter, non-seulement  aux  douze  mois, 
aux  douze  signes  du  zodiaque  ,  mais  ,_ 
aux  douze  Adilias  hindous  qui  ont  eu  \ 
pour  père  un  Archi-Aditia  dans  laj 
personne  de  Raciapa,  l'espace. 

SPARTON,  l.-7rtipTaiv,  qu'on  don- 
ne comme  frère  de  PJioronée,  n'est 
évidemment  qu'un  être  mythique  fa- 
briqué après  coup  par  ceux  qui  vou- 
lurent que  toutes  les  villes  du  Pélo- 
ponèse  relevassent  de  la  dynastie 
d'Argos.  âm 

SPERCHIUS  ,  ^T^tp^Ùo, ,  dieu-  im. 
fleuve  dont  les  eaux  coulaient  dans  la 
Phthiotide  ,  et  qui,  selon  toutes  les 
apparences ,  se  confondait  plus  ou 
moins  avec  Achille  dans  l'esprit  des 
populations  primitives.  Pelée,  trem- 
blant avant  la  guerre  de  Troie  ,  con- 
sacra au  Spercliius  la  blonde  cheve- 
lure de  son  fils. 

SPES,  l'Espérance.  H^oy.  Eians.       . 

SPHALTE,  SPIIAI.TES,  2:<p«Ar;;?,  ilB 
(jui  cliancelte  :  Bacchus,  soit  à  cause  «■ 
desfréquents  efl'etsduvin,  soitencom- 
jnémoralion  de  la  chute  que  fil  Télc- 


i 


SiPH 

plie  sur  un  cep  de  vigne.  II  sel)lessa 
eu  lotnbant  sur  celle  lige  si  molle  eu 
apparence. 

SPHERE  ,  sPHiKRus ,  s^«7(5«?, 
liéros  éponyine  clerîlecleSphériehqui 
Elhra  donna  le  nom  d'Hiéra  (sacrée) 
après  s'y  être  livrée  h  l'amour  deNep- 
tune,  était  l'écuyer  dePélops.  On  pré- 
tend qu'il  avait  son  lomLeau  dans  l'île 
qui  porta  son  nom,  el  qu'Ellira  elle- 
même  l'y  avait  inhumé  de  ses  mains. 

SPHÎNX,  2?/y|  (gén.  Sphingis, 
Sphingos,  2p<yy<Jî),  monstre  que  les 
mytliologies  ihébaines,  tant  grecques 
qu'égyptiennes,  ont  immortalisé,  l'une 
en  le  localisant  dans  l'iiistoire  d'OE- 
dipe  ,  l'autre  en  le  reproduisant  des 
milliers  de  fois  sur  les  murs  des 
(■eraples,  sur  les  bas -reliefs  des  i>ta- 
tues,  et  dans  les  statues  elles-mêmes. 
Dans  la  Thèbes  de  Béotie,  le  Sphinx 
apparaît  un  jour  aux  portes  ou  sur 
la  route  de  cette  ville,  sans  qu'on  sa- 
che au  juste  d'où  il  vient  :  il  ocei^pe 
le  mont  Phicion,  Sphigion  (ouSphin- 
gion,  c'est-à-dire  du  Sphinx  )  ;  il  est 
le  fléau  de  la  région  qu'il  domine  :  les 
passanlsne  peuvent  échapper  h  sa  vue 
perçante  ,  a  ses  griffes  profoudcs  ,  à 
ses  indéchiffrables  énigmes.  Quicon- 
que pose  le  pied  sur  la  route  étroite 
qui  mène  soit  de  Delphes  ,  soit  de 
Daulis,  a  Thèbes,  est  obligé  de  subir 
la  conversation  du  terrible  oiseau - 
lion,  et  de  pénétrer  le  sens  de  l'énig- 
me qu'il  propose ,  sous  peine  d'être 
précipité  dans  les  flots  qui  se  brisent 
aux  pieds  de  ces  rocs  abruptes.  Au 
reste  le  Sphinx  ne  joue  pas  un  rôle  lâ- 
che dans  ce  drame  de  sang  :  il  con- 
sent h  subir  le  même  sort  si  Ton  devi- 
ne son  énigme.  Mais  déjades  centai- 
nes de  malheureux  interprètes  ont 
trouvé  la  mort  sous  l'écume  blanchis- 
sante des  flots,  quand  enfin  OEdipe 
arrive,  k  Quel  est,  lui  demande  le 
jnouçlre,  quel  est  l'aiùroal  qui  a  qua- 


Sttt 


4^3 


tl'G  pieds  le  matin ,  deux  a  midi,  et 
trois  le  soir?  n —  «  Cet  animal,  ré- 
pond OEdipe,  c'est  l'homme,  qui 
dans  son  enfance  se  traîne  sur  les 
pieds  et  sur  les  mains ,  qui  dans  la 
force  de  l'âge  se  tient  sur  ses  deux 
jambes ,  qui  dans  la  vieillesse  s'ap- 
puie sur  un  bâton.  »  A  peine  a- 
1-il  prononcé  ces  mots,  que  déjà  le 
Sphinx  s'abîme  sous  les  vagues  qui 
ont  dévoré  tant  de  Thébains. — Lors- 
que les  poètes  épiques  élaborèrent  a 
leur  gré  les  mythes  antiques  de  Thè- 
bes et  surtout  lorsque  les  ])oètes  dra- 
matiques ,  pour  les  approprier  à  la 
scène,  les  eurent  brodés  par  une 
foule  d'incidents,  il  fut  dit  que  le 
Sphinx  (  la  Sphinx  )  était  fille  de 
Typhon  et  d'Echidna;  que  Junon  ir- 
riléeconlre  lesThébains,  quil'avaieut 
oflensec,  envoya  ce  monstre  dans  leur 
pays  ;  qu'il  avait  appris  des  Muses 
quanlité  d'énigmes,  que  ces  énigmes 
étaient  en  vers  hexamètres  et  qu'il 
fallait  aussi  répoudre  en  vers  5  que 
Créon,  régent  de  Thèbes,  avait  pro- 
mis la  main  de  sa  sœur  (Jocaste)  et  le 
trône  de  Laïus  a  celui  qui  débar- 
rasserait Thèbes  de  l'obsession  du 
Sphinx.  Le  Sphinx  grec  est  une  jeune 
fillë  a  ailes  d'aigle  el  a  corps  de  lion. 
Eu  Egypte  les  Sphinx  forment  le  su- 
jet d'une  infinité  de  sculptures  ,  de 
peintures  et  de  scènes  soit  allégori- 
ques, soit  semi-historiques,  011,  tour- 
à-tour  ,  ils  figurent  comme  dieôx  et 
comme  parèdres.  Les  plus  remarqua- 
bles sont  les  Sphinx  colossaux  qui 
formaient  l'avenue  du  temple  d'A- 
jnoun  a  Thèbes  :  ces  Sphinx  étaient 
consacrés  a  Kcith  ,  et  probablement 
repiésentaicnt  Neith  elle-même;  car 
cette  fille,  épouse  d'Amoun,  est  for- 
te, est  agile,  est  vierge  et  lion,  lion 
el  oiseau.  Un  Irait  essentiel  a  remar- 
quer c'est  que  les  Sphinx  de  l'Egypte 
ue  sont  point  tous  du  même  modèle , 


474 


SPH 


STA 


et  que  très-probablement  ces  diffé- 
rences (  non  moins  saisissables  dans 
les  couleurs  que  dans  la  forme  )  lien- 
nent  à  celles  des  dieux  qu'ils  repré- 
sentent, ou  dont  ils  étaient  les  parè- 
drcs.  Ainsi  ou  a  le  Sphinx  de  Fré , 
le  Sphinx  d'Alhor,  le  Sphinx  de  Knef, 
etc.,  etc.  Il  y  a  plus,  des  reines  même 

étaient   représentées  en  Sphinx.  

Nul  doute  que  l'idée  primitive  de 
Sphinx   n'ait   été   conçue    sous  l'in- 
fluence de  l'esprit  symbolique.  Mais 
quel  ordre  de  faits  voulut-on  sym- 
boliser ?  C'est  ici  qu'il  y   a  lieu  à 
des  divergences  éclatantes.  N'y  au- 
rait-il pas  moyen  de  les  concilier,  si 
Ion  voulait  se   souvenir   que    plu- 
sieurs   divinités    différentes   avaient 
des  Sphinx  pour  adéquates  et  pour 
parèdres?    Toutefois    nous  incline- 
rions à  voir  dans  le  Sphinx  l'allian- 
ce divine  de  la  fécondité  et  de  la  puis- 
sance, puis  par  suite  de  la  passivelé, 
qui  est  la  nature  matière,  et  de  l'acti- 
vité qui  est  l'esprit  recteur,  et  enfin 
du  sexe  femelle  et  du  sexe  mâle  j   et 
telle  est  la  clë  de  cette  espèce  d'indé- 
cision qui  règne  sur  le  sexe  du  Sphinx. 
Neilh,  Pallas.  Dourga,  Arddhanari, 
Aphrodite    participent   à    la    même 
ambiguité.  — Une  des  idées  les  plus 
répandues  sur  le  Sphinx  ,  c'est  que 
c'était  le  symbole  de  la  crue  du  Nil 
en  juillet  et  août,  mois  qui  correspon- 
dent aux  deux   signes   zodiacaux  le 
Lion  et  la  Vierge.  Pour  les  représen- 
tations égyptiaques  du  Sphinx,  Voy. 
Descript.  de  lEg.  anticj.  Pour  les 
représentations  grecques  on  peutcom- 
parer  Gorlœus,  DactyL,  t.  II,  p. 
626,  527  5  Lippert,  1. 1,916-9255 
WincVtlvûdiim, Monum.  ined.a.  78. 
SPHRAGITIDES  ,   nymphes  du 
Sphragidiura ,  grotte  du  Cythéron  , 
recevaient  des  Athéniens  un  sacrifice 
annuel  en  mémoire  de  ce  qu'ils  avaient 
peu  souffert  à  la  bataille  de  Platée, 


1 

dates.   iB 


gagnée  surtout  par  les  Spartiates. 
SPI  ENSIS  DEUS,  c'est-à-dire 
le  dieu  des  épines  ,  était  invoqué  par 
les  Latins  pour  préserver  leurs  gué- 
rets  des  chardons  et  des  mauvaises 
herbes. 

_  SPINTHARE,  architecte  de  Co- 
rinthe  ,  fondateur  du  temple  de  Del- 
phes. J| 

SPLANCHNOTOMOS,  dieu  des  II 

Cypriotes,  apprit,  dit-on,  aux  hom- 
mes à  disséquer  les  viscères  des  vic- 
times, et  h  se  réunir  dans  les  festins. 
La  reconnaissance  des  hommes  alla 
jusqu'à  le  diviniser.  On  comprend  que 
de  telles  traditionsnedoiveut  pas  mê- 
me être  réfutées. 

SRI,  c'est-à-dire  l'heureuse,  la 
fortunée  :  1°  Saraçouatij  2°  Lakch- 
mi  j  c'est  à  cette  dernière  surtout  que 
l'Inde  donne  ce  nom.  En  le  pronon- 
çant il  est  impossible  de  ne  pas  pen- 
ser à  Cérès,  dont  pourtant  il  n'est  pas 
croyable  que  le  nom  dérive  du  même 
radical  que  Sri  (Arets,  Cora,  Kréousa 
ou  He'ra).  Sri  fait  penser  aussi  à 
Souria,  Sirius,  Sour  (Tyr),  etc.  J| 

SRO  ,  deuxième  décan  du  Capri-  H 
corne,  selon Saumaisc, se  nommeEpi- 
ma  dans  Firmicus.  Dans  le  zodiaque 
tentyrique  rectangulaire  il  est  coiffé 
du  pchent^  dans  le  circulaire,  c'est 
un  hiéracocéphale  avec  coiffure  ordi- 
naire. II  ne  faut  point  confondre  Srô 
avec  Isrô  ,  troisième  décan  du  Capri- 
corne ,  pris  pour  un  des  trente-sept 
décans   ératosthéniens.  Comp.  De- 

CANS. 

SROUTA-SRAVA  était  un  saint 
ermite  hindou  que  le  Mahabharata 
qualifie  de  Riclii,  et  qui,  après  avoir 
élevé  dans  les  exercices  de  la  plus 
haute  piété,  Somt-Srava  son  fils,  le 
donna  pour  Pourohita  (guide)  au  roi 
Djanamédjaïa. 

SÏAMÉNÈME  ^7ix(cty^fcf,f,\rtn^ 
te-deuxièmc  djoaste  d'Eralosthène. 


STA 

On  a  vu ,  ou  l'on  peut  voir  dans  ce  pré- 
tendu Pharaon  de  l'Egypte  primiti- 
ve ,  l'Aseu  de  Saumaise  (Astiro  de 
Firm.),  deuxième  Décan  du  Verseau. 
Mais  corap.  Décans,  tableau. 

STAPHYLE  :  1°  Staphyle, 
nymphe  aimée  de  Bacchus  qui,  après 
l'avoir  possédée,  la  métamorphosa 
en  grappe  de  raisin;  2**  Staphy~ 
lus,  père  d'Anius  de  De'los.  Les 
uns  en  font  un  fils  de  Thésée  et  d'A- 
riadne,  ou  bien  de  Bacchus  et  d'E- 
rigone.  Les  autres  le  mettent  en 
rapport  avec  le  roi  OEuée  ,  et  di- 
sent que,  simple  chevrier,  il  suivit 
un  jour  à  la  piste  une  de  ses  chèvres 
qui  rentrait   plus   tard  et   plus  gaie 

3ue  les  autres ,  la  trouva  mangeant 
es  grappes  de  raisin ,  cueillit  ces  fruits 
nouveaux  pour  lui  et  en  présenta  au 
roi  OEnée  qui  en  fit  du  vin.  Ces  my- 
thes s'expliquent  d'eux-mêmes  :  œ~ 
nos  veut  dire  vin,  Staphyle  grain  de 
raisin.  On  ne  s'étonnera  pas  après  cela 
de  retrouver  deux  fois  encore  le  nom 
de  Staphyle  dans  les  légendes  diony- 
siaques ,  la  première  comme  fils  de 
Silène,  la  deuxième  comme  roi  de 
Syrie,  époux  de  Méthé ,  l'ivresse, 
père  de  Botrys  (la grappe)  et  maître 
de  Pithos  le  tonneau  (  f^oy.  Bac- 
chus, LUI,  3 81).  Parfois  on  donne 
Staphyle  comme  aïeul  et  non  com- 
me père  d'Anius;  dans  ce  cas  il  a  pour 
femme  Chrysothémis  et  pour  filles 
Molpadie ,  Parthéno  et  Rhœo  :  c'est 
cette  dernière  qui  est  mère  d'Anius. 

STAïA,  déesse  latine,  e'tait  invo- 
quée h  Rome,  où  les  incendies  étaient 
aussi  communs  qu'ils  le  sont  aujour- 
d'huidans  Conslanlinople,  pour  qu'el- 
le arrêtât  l'incendie.  On  allumait  en 
son  honneur  de  grands  feux  au  milieu 
des  forum  5  ces  simulacres  d'incen- 
die étaient  de  vrais  sacrifices.  C'était 
en  quelque  sorte  faire  la  part  du  feu. 
STATANUS  (ou  Stàtiuj^us  ou 


STE  475 

StaBiltnus)  et  STATINA,  affer- 
missaient les  pieds  des  enfants  en  bas 
âge,  lorsqu'ils  préludaient  à  la  mar- 
che ,  en  se  soutenant  debout  eux- 
mêmes.  Statanus  était  un  dieu,  Sta- 
tina  une  déesse. 

STELLION,    Stellio.    Voy. 

ASCALABE. 

STENTOR  était,  de  tous  lesGrecs 
qui  vinrent  au  siège  de  Troie,  celui 
qu'Homère  vante  comme  doué  de  la 
voix  la  plus  sonore.  Un  cri  de  Sten- 
tor aurait  couvert  les  clameurs  de 
cinquante  guerriers  robustes  ;  sa  voix 
servait  de  trompette  h  l'armée.  Dans 
le  cinquième  livre  de  l'Iliade,  Juiion 
emprunte  sa  ressemblance,  lorsqu'elle 
veut  appeler  les  Grecs  au  combat. 

STÉQUE  {Stœchus  en  latin,  en 
grec  ItùI^oç)-,  septième  dynaste  d'E- 
ratosthène  qui  traduit  son  nom  par 
Mars  l'insensé,  peut  être  pris 
pourThéosolk  des  Gémeaux.  Comp. 
DÉCANS,  tableau. 

STERCULIUS  présidait,  selon 
les  Romains,  a  la  défécation.  —  Un 
autre  Sterculius,  dieu  des  engrais, 
ne  diffère  pas  de  Sterquiline  [Koy. 
ce  nom). 

STERKATER,  Hercule  danois. 

STEROPE  :  i"  Steropes,  un  des 
trois  Cyclopes  vulcaniens  (les  deux 
autres  sont  Argès  et  Broutés)  5  son 
nom  veut  dire  éclairj  a'-y"  Stérope, 
filles  d'Acaste,  d'Alias^  de  Cébrione, 
de  Céphée,  de  Dauaiis,  de  Parlhaon 
de  Pleuron.  L'Atlantide  épousa,  se- 
lon les  uns,  OEnomas,  roi  de  Pise,  et 
en  eut  Hippodamie  5  suivant  les  au- 
tres. Mars  dout  elle  eut  OEnomas  : 
on  la  nomme  quelquefois  Aslérope. 
La  Parthaonide  fut  mère  des  Sirènes. 
STERQUILINE  ,  Sterquili- 
Kus  ,  et  aussi  STEEcrtius,  et  Ster- 
CUTUS,  dieu  latin,  personnification  de 
l'art  de  fumer  Us  terres.  Les  my- 
thographes  évbéméristes  jie  manqué^ 


476 


STH 


rent  pas  d'en  faire  un  homme,  un  sa- 
ge, un  roi  invcnlenr  de  celte  partie 
de  l'agriculture.  Il  scinl)le  probable 
<^ue  Slerquiline  n'est  qu'une  l'orme  de 
Picumne,  à  la  fois  dieu  du  mariage 
cl  des  opérations  agricoles.  Dans  l'un 
et  l'autre  cas,  en  effet,  il  s'agit  de 
féconder.  Eu  tant  que  fécondateur  de 
l'animalité  le  dieu  est  Picumne  ;  fé- 
condateur de  la  végétation,  c'est  Sler- 
quiline: quelques  roythograplies  le  re- 
gardent comme  identique  à  Saturne  , 
ou  bien  à  Faune,  ou  même  a  la  terre; 
en  ce  cas  ce  serait  la  terre  en  tant 
qu'humus  ,  et  humus  mâle.  —  Ou 
donne  quelquefois  pour  père  h  Pi- 
cumne un  Stercès,  inventeur  de  la 
méthode  de  fumer  les  terres. 

STJIÉNÉLAS  ,  Sthekelaus  , 
lôitiXcccs^ ,  hls  d'Ilhc'mène  lut  tue 
par  Pal  rode  au  siège  de  Troie. 

STHlilNELE,  Stuenemjs,  Xiî- 
yi>ioçy  un  des  quatre  fils  de  Persée  et 
d'Andromède,  eul  en  partage  Mycè- 
nes,  vainquit  et  fil  prisonnier  Amphi- 
tryon son  neveu,  sous  prétexte  de  ven- 
ger la  morl  d'Electryon;  épousa  Ni- 
cippe,  fille  de  Pélops  et  en  eut,  outre 
deux  filles,  un  fils,  Euryslhée,  célè- 
bre par  la  priorité  de  sa  naissance 
relativement  a  celle  d'Hercule,  et  par 
le  pouvoir  que  les  dieux  lui  accor- 
dèrent d'imposer  les  plus  rudes  tra- 
vaux au  fils  d'Alcmèue. — Six  autres 
STHE^ii^E  furent  :  i"  un  Egyplide  j 
z"  un  fils  d'Androgée;  ^  un  des  Epi- 
goncs(le  fils  de  Ca panée)  ;  i^^un  des 
lils  de  Mêlas  tué  jiar  Tydéc  ;  5°  le 
père  dn  Cycnus  ami  de  Phaéllion  ;  6" 
le  père  de  Comèlc,  séducteur  d'Egia- 
lée.  — De  ces  six  personnages  ,  deux 
seulement  ont  quelque  importance. 
LEpJgone  avait  pour  père  Capanée 
et  prit  pari  a  la  guerre  de  Troie  , 
ainsi  qu'à  la  deuxième  guerre  de  Thè- 
mes. L'Androgéide  avec  Alcée  son 
frère  fut  pris  par  Hercule  dans  Pa- 


STO 

ros ,  devint  l'ami  du  héros,  l'accom- 
pagna dans  ses  expéditions  contre  les 
Amazones  et  a  son  retour  recul  de  lui 
en  présent  lîle  de  Thasos.  On  nom- 
me encore  un  Slluipèle  ,  ami  d'Her- 
cule et  antagonisie  des  Amazones; 
mais  on  lui  donne  pour  père  Actor, 
et  on  le  fait  mourir  d'un  coup  de  flè- 
che en  Paphlagonie.  Plus  lard,  lors- 
que les  Argonautes  côtoient  ce  pays, 
il  obtient  de  l'roserpine  un  exeat  de 
quelques  heures,  apparaît  aux  aven- 
turiers partis  d'Iolchos,  cl  les  décide 
a  lui  élever  un  tombeau. 

STHÉINÉLE,  femmes  :  i»  Da- 
naïde;  2°  fille  d'Acaste;  3"  femme 
de  Ménèce  et  mère  de  Palrocle. 

STHÉINIADE,  ^êinus,  c'esi-h- 
dire/"oA«.s7(?, Minerve  (c-f'jvoj,  force), 
Argos  célébrait  en  sou  honneur  des 
fêles  nommées  Sthénies.  Jupiler  aussi 
avait  dans  celte  ville  le  surnom  de 
Sthénios,  en  mémoire  de  la  vigueur 
qu'il  avait  dounée  au  bras  de  Thésée 
lorsque  le  héros  entreprit  de  soulever 
le  bloc  énormesous  letpielEgée  avait 
caché  le  glaive  qui  devait  servir  h  le 
faire  reconnaître. 

STHÉNO,  SCtvft!,  une  des  Gor- 
gones. Poy.  ce  nom. 

STHÉrsOBÉE,  femme  de  Prœtus 
{f^oy.  ce  nom). 

STICHIOS  ,  2r/;iiW  :  i"  Elolien 
favori  d'Hercule  qui  le  tua  dans  un  ac- 
cès de  dém.ence  ;  2°  autre  Grec  tué 
aussi  par  Hercule. 

STILBÉ,  Sr/lf»?,  était  selon  quel- 
ques légendaires  la  mère  de  Centau- 
re et  de  Lapilhe,  pères  des  deux  peu- 
ples éponymes;  les  Centaures  et  les 
Lapilhes  avant  habité  la  Thessalie, 
on  lait  de  Slilbé  la  fille  du  dieu-fleu- 
ve thcssalien  Pénée. 

STIMULA  ,  déesse  latine,  aiguil- 
lonnaitles  hommes. C'estpresque  une 
Strenua. 

STOGAI  (les)  ou  Natigai  sont, 


STO 

chez  les  Mongols,  des  génies  protec- 
teurs analogues  aux  Lares  du  vieux 
Latiuin.  Ils  dis^jtnsent  les  biens,  gar- 
dent les  familles  ,  éloignent  le  mal- 
bcur.  A  table  ,  ils  sont  les  premiers 
servis  ;  on  leur  graisse  abondamment 
la  bouche  j  et  l'on  jette  dehors  ce 
qui  reste,  pour  le  mettre  h  la  portée 
de  quelques  esprits  subalternes  qui 
errent  ça  et  là  ,  quêtant  et  tiubodo- 
rant  des  aliments.  Chaque  Stogaï, 
dans  une  maison  particulière,  a  sa 
femme  à  sa  gauche  et  ses  enfants 
devant  lui. 

STORIOUNKAR  (  ouStorjun- 
care)  passe  pour  un  dieu  lapon  et  le 
premier  ministre  de  Thor.  Il  a,  dit- 
on,  les  hommes  et  plus  particulière- 
ment les  animaux  sous  son  empire. 
On  Tinvoque  en  partant  pour  la 
chasse.  Les  lieux  solitaires,  les  rocs 
lui  sont  consacrés  j  il  y  épouvante 
ses  adorateurs  par  de  brusques  ap- 
paritions, et  pourtant  ils  souhaitent 
sa  visite.  Ils  voient  en  lui  le  protec- 
teur des  cabanes  ,  et  dans  chaque 
famille  on  s'incline  avec  respect  de- 
vant l'idole  grossière  qui  le  repré- 
sente. Les  principales  cérémonies 
consistent  en  festins  et  en  sacrifices. 
Pour  les  festins,  ils  se  contentent 
d'abatire  la  victime  aux  pieds  de  l'i- 
dole et  de  faire  cuire  sa  chair  ;  tou- 
tefois ils  n'en  mangent  que  la  tête  et 
le  cou.  Pour  les  sacrifices  ,  qui  pres- 
que toujours  consistent  dans  l'immo- 
lation d'un  renne^  plusieurs  circon- 
stances particulières  les  rendent  re- 
marquables. 1°  On  passe  un  fil  rouge 
au  travers  de  l'oreille  droite  de  la 
victime.  2"  On  va  porter  sur  la  mon- 
tagne consacrée  a  Storiounkar  le 
bois,  les  ongles  ,  les  pieds ,  les  os  de 
la  tèle  et  du  cou  de  la  victime  5  on 
frotte  de  sang  et  de  graisse  l'effigie 
sainte  ;  on  place  derrière  la  pierre  le 
bois  auquel  pendent,  du  côté  droit  de 


STO 


^77 


la  tête,  les  parties  sexuelles  de  l'ani- 
mal, tandis  qu'autour  du  côté  gauche 
est  entortillé  un  fil  rouge  duquel  tom- 
be un  morceau  d'étain  et  une  pièce  de 
monnaie.  3°  Lorsque  Tonne  veut  pas 
se  donner  la  peine  de  gravir  la  mon- 
tagne, domicile  favori  de  Slorioun- 
k£!r ,  on  se  contente  de  tremper  une 
pierre  dans  le  sang  de  la  victime  ,  et 
ou  la  jette  le  plus  haut  et  le  plus  loin 
qu'on  le  peut ,  sur  le  flanc  du  mont. 
Storiounkar,  à  cette  vue,  doit  com- 
prendre que  l'on  a  fait  un  sacrifice 
en  son  honneur.  —  Les  statues  de 
Storiounkar  ne  sont  que  d'énormes 
pierres  travaillées  avec  la  dernière 
grossièreté  j  souvent  même  elles  n'ont 
pas  été  touchées  parlahache  qui  sert 
de  ciseau  a  leurs  statuaires.  Ce  sont 
donc  de  vrais  fétiches,  et  les  pierres 
coniques  de  Cypre  et  de  la  Syrie  l'em» 
porlaientde  beaucoup  en  élégance  sur 
ces  blocs  informes.  Chacun  choisit  a 
son  gré  son  Storiounkar  dans  la  mon- 
tagne ,  et  plaçant  autour  de  lui  des 
pierres  un  peu  moins  grosses,  sous  le 
nom  de  femme,  de  filles  et  de  fils,  lui 
compose  à  son  gré  une  nombreuse 
famille.  Les  Lapons  d'ailleurs  sont 
convaincus  que  Storiounkar  lui-même 
les  dirige  d'en-haut  dans  le  choix  des 
pierres  qu'ils  prennent,  soit  pour  lui, 
soit  pour  ses  enfants.  Comme  les  sta- 
tues de  Thor,  les  images  de  Storioun- 
kar sont  ornées  de  parures  nouvelles 
deux  fois  l'année.  Des  branches  de 
pin  en  hiver,  de  bouleau  en  été,  tels 
sont  les  joyaux  ordinaires  du  dieu  de 
la  chasse.  A  chaque  changement  de 
décoration  ,  les  Lapons  soulèvent  la 
pierre,  et  de  la  facilité  qu'ils  éprou- 
vent h  la  transporter  ils  concluent  de 
la  bonne  humeur  du  dieu.  Lors  donc 
qu'ils  trouvent  le  bloc  un  peu  pesant, 
ils  voient  des  malheurs  dans  l'avenir 
et  promettent  au  dieu  force  victimes 
pour  adoucir  sou  courroux.  Il  paraît 


Ij8  STR 

que  Storiounkar  ne  signifie  en  lapon 
que  pelit-maîlrc  ou  jeune  freluquet, 
et  en  conséquence  qu'il  n'a  jamais 
fait  vérilablement  partie  du  Pan- 
tliéon  finnois. 

STOUF  ou  SrorvE  ou  Stufo, 
dieu  des  Thuringiens ,  était  adoré  sur 
une  montagne  de  même  nom  et  y  ren- 
dait des  oracles.  On  l'a  comparé  a 
Bacchus.  Son  culte  dura,  dit  -  on, 
jusqu'au  jour  oiî  St.  Boniface  brisa  sa 
statue,  et  sanctifia  l'emplacement  qui 
lui  avait  été  dédié  en  y  élevant  une 
église. 

STRATONICE  :  i»  Thespiadc, 
qu'Hercule   rendit   raère  d'Alrome  ; 
a'  fille  de  Fleuron  et  de  Xanihippe. 
STRENIA,  déesse   romaine  qui 
présidait  ainsi  que  Janus  au  premier 
jour  de  l'année,  mais  plus  spéciale- 
ment aux  présents  que  l'on  s'envoyait 
réciproquement  a  celte  époque.  Ces 
présents  s'appelaient  strena;  (étren- 
nes)  5  et  certainement  Strenia  n'est 
que  la  personnification  des  Strenîc, 
et  il  n'est  pas  clair  qu'on  doive  l'i- 
dentifier a  Slrenua.    Elle  avait  un 
petit  temple  près  de  la  voie  Sacrée, 
et  l'on  y  célébrait  sa  fête  le  jour  de 
l'an.  L'usage  des  étrennes,  suivant 
les  anciens,   remontait  au  temps  de 
Romulus  et  de  Talius.  A  toute  force 
on  pourrait   le   retrouver  chez   les 
Athéniens  qui,  a  la  fêle  des  Plynlé- 
ries  en  l'honneur  d'Alhànà-Agraulos, 
s'envoyaient   des  figues,  des  dattes, 
et  autres  menus  présents.   A  Rome 
l'usage  en  devint  universel.  C'étaient 
surtout  les  clients  qui  allaient  porter 
les  offrandesa  leurs  patrons  :  c'étaient 
d'abord  des  fruits  dorés  5  mais  peu  à 
peu  on  substitua  aux  fruits  des  pièces 
de  monnaie,  et  les  grands  s'habituè- 
rent a   faire  entrer  ces  redevances 
dans  le  compte  de  leurs  revenus.  On 
soupçonnera   peut-être   qu'ils  ren- 
daient a  leurs  clients  au  moins  l'équi- 


STR 

valent  de  leurs  dons ,  il  paraît  qu'il 
n'en  élait  pas  ainsi  pour  l'ordinaire. 
Ou  peut  consulter,  sur  l'usage  et  sur 
la  déesse ,  Lipen ,  Strenariim  his- 
toria  ;  Bos,  Januarius  s.  de  Stre- 
na (dans le  Thesaur.  de  Sallengre, 
t.  II  ). 

STREISUA  (l'active) ,  déesse  la- 
tine, inspirait  l'activité  ,  le  courage, 
les  actions  vigoureuses.  Les  Romains 
lui  avaient  dédié  un  temple.  On  l'op- 
pose a  Murcie.  Comp.  Stimula. 

STRIBOG ,  dieu  slave  ,  avait  k 
Kiev  une  statue  dont  on  attribuait 
l'érection  au  grand-duc  Vladimir. 

STROPHIUS,  fils  de  Crisus  et  pe- 
tit-fils de  Phocus ,  eut  d'Anaxibie, 
sœur  d'Agamemnon  ,  Astydamie  et 
Pylade.  Oresle  était  son  neveu  ;  et 
c'est  a  sa  cour  que  cet  infortuné  re- 
jeton des  rois  de  Mycènes  vint  passer 
son  adolescence,  loin  du  glaive  meur- 
trier d'Egislhe,  et  se  lier  avec  Pylade 
des  nœuds  d'une  amitié  tendre.  On 
donne  quelquefois  h  la  femme  de 
Slrophius  les  noms  d'Astyochée  et  de 
Cyndragorc.  — Le  fils  de  Pylade  et 
d'Electre  l'appela  Strophius,  comme 
«on  aïeul. 

STRYMNO  ou  STRYMO,"  fille 
de  Scamandre  ,  femme  de  Laoraé- 
don  et  mère  de  Tithon. 

STRYMON,  dieu-fleuve  deThrace, 
eut  de  Calliope  ou  d'une  autre  muse 
Rbésos,et  de  Neère  eut  Evadné,  Dans 
Conon  (IV)  Strymon  est  roi  de  Thrace 
et  père  de  trois  fils  ,  Rhésos  ,  Bran- 
gas,  Olyullie.  Antoninus  Liberalis  lui 
donne  pour  fille  Térine  ,  que  Mars 
rendit  mère  de  Thressa.  Le  Slrymon 
n'est  pas  navigable.  Les  Grecs,  pour 
expliquer  l'exiguité  des  eaux  d'un 
fleuve  fameux  ,  imaginèrent  qu'Her- 
cule, ramenant  les  bœufs  géryoniques 
d'Espagne  en  Grèce  par  la  Thrace, 
se  vit  arrêté  par  les  flots  tempétueux 
duSlrymou  débordé.  Irrité  dece  con- 


If 


STY 

ire-temp«,  il  fît  tomber  clans  le  lit  du 
fleuve  une  grêle  de  pierres  qui  ser- 
virent de  pont,  et  rendit  ainsi  le  Stry- 
raon  impraticable  aux  bateaux.  — 
Un  autre  Strymon  fut  fils  de  Mars. 
STYMPHALE,  fils  d'Elate  et  de 
Laodice,  re'gna  dans  l'Arcadie ,  sou- 
tint la  guerre  contre  Pélops  ,  puis  , 
trop  crédule,  se  laissa  entraîner  à 
un  festin  auquel  l'avait  invité  Pé- 
lops, et  y  fut  égorgé  par  ses  ordres. 
Sa  mort  causa  dans  l'Arcadie  une 
stérilité  qui  n'eut  de  terme  que  lors 
du  fameux  sacrifice  d'Eaque.  Stym- 
phale  laissa  deux  fils,  Agamède , 
Gortys,  et  une  fille,  Partliénope. — 
Le  canton  dont  évidemment  Stym- 
phalè  fut  la  personnification,  était 
semé  de  bois  et  de  marais.  Diane, 
dit-on  ,  aimait  les  bois  de  Slym- 
phale,  et  avait  dans  la  capitale  du 
canton  une  statue  de  bois  doré.  On 
donnait  le  nom  de  Stympbalides  à 
des  êtres  énigmatiques  qui  tantôt  sont 
de  véritables  monstres  (car  ce  sont 
de  jeunes  filles  k  cuisses  ,  à  jambes 
d'oiseau) ,  et  tantôt  n'offrent  que  le 
caractère  de  gigantesques  oiseaux 
de  proie.  Leurs  ailes  ,  leur  tête  , 
leur  bec  étaient  de  fer  ;  leurs  on- 
gles étaient  crocbus  :  ils  lançaient 
contre  leurs  assaillants  des  dards  d'ai- 
rain qui  perçaient  les  cuirasses.  Mars 
même  leur  avait  enseigné  la  guerre. 
La  chair  humaine  était  leur  aliment 
favori.  Tel  était  leur  nombre  ,  telle 
était  leur  grosseur,  que  leurs  ailes  en 
se  déployant  interceptaient  la  clarté 
du  jour.  Leur  retraite  favorite  était 
le  méphitique  pourtour  du  lac  Stym- 
pbale  5  Hercule  les  en  fit  sortir  en 
agitant  des  timbales  d'airain,  présent 
de  Minerve,  et  les  perça  de  ses  flè- 
cbes  trempées  dans  le  sang  de  l'hy- 
dre de  Lerne.  Les  oiseaux  stym- 
pbalides étaient  peut-être  les  Har- 
pyes.  On  a  voulu  y  voir  des  bandes  de 


STY 


479 


brigands;  c'est  peu  naturel.  Pausa- 
nias  rapporte  un  miracle  k  propos 
duquel  fut  instituée  la  fête  de  Diane  k 
Stymphale. 

STYRE,  Styrus,  Irvficç,  roi  de 
l'Albanie  asiatique  ,  avait  été  appelé 
par  Eèle  au  secours  de  la  Colchide, 
assaillie  par  les  Argonautes,  et  devait 
en  conséquence  épouser  Médée. 

STYX,  iriî,  (g.  Stu'/oV  ,  Stygos 
on  Stygis)^  déesse-fleuve  infernal, 
passa  en  Grèce  pour  une  Océanide 
(  l'aînée  des  Océanides?  )  femme  du 
Titan  Pallas,  et  mère  de  Zélos,  Nice, 
Cratos  ,  Bià.  Elle  fut  la  première  à 
rendre  a  Zévs  des  services  essentiels 
dans  la  guerre  contre  les  géants  ,  et 
reçut  de  lui  k  titre  de  récompense 
une  sainteté  telle  que  de  tous  les  ser- 
ments le  plus  terrible  était  celui  qu'on 
prêtait  car  le  Styx.  A  vrai  dire  ,  les 
dieux  seuls  invoquaient  et  prenaient 
k  témoin  la  majesté  de  cette  nymphe 
redoutée;  celui  d'entre  eux  qui  eût 
osé  violer  ce  serment  était  un  an  en- 
tier sans  respiration  ,  sans  parole  et 
sans  vie,  et  neuf  ans  privé  de  nectar, 
d'ambrosie,  et  de  la  compagnie  des 
dieux.  Quelques  mythographes  ont 
étendu  k  cent  ans  la  durée  de  cette 
dernière  punition.  On  nous  a  con- 
servé, sinon  la  formule  du  serment, 
du  moins  la  manière  de  le  prêter  :  il 
fallait  étendre  une  main  sur  la  terre, 
l'autre  sur  la  mer,  ou  bien  sur  un 
petit  périrrhantère  plein  d'eau  du 
Styx.  C'est  Isis  qui  était  chargée  de 
le  remplir.  La  mythologie  égyptienne 
arrangée  par  les  Grecs  nous  montre 
Isis  allant  ensevelir  dans  le  Styx  les 
tristes  lambeaux  de  son  époux  assas- 
siné ;  puis  on  en  conclut  et  qu'il  y 
avait  en  Egypte  un  ruisseau  ,  un  lac 
sacré  du  nom  de  Styx,  et  qu'Orphée 
avait  apporté  d'Egypte  en  Grèce  l'i- 
dée de  Styx.  Ce  qu'il  y  a  de  certain 
c'est  que  près  de  Nonacris,  en  Ar- 


'480 


STY 


cadie,  coulail  un  Slyx,  modique  af- 
fluent du  Crathis;  c'est  que  non  loin 
du  port  Lucrin  et  du  lac  Averne,  eu 
Italie,  était  aussi  un  St)x.  L'Arabie- 
Heureuse  passait  pour  en  avoir  un; 
mais  ce  dernier  sans  doute  ne  fut 
pas  vu  par  les  Grecs  ou  par  les  Ro- 
mains.—  Les  étyraologies  ne  pou- 
vaient manquer  de  jouer  ici  leur 
rôle.  Les  trois  principales  sont  Tlié- 
breu  me-stouck  y  eau  du  silence  j 
le  grec  ffrwyt*,  haïr  j  enfin  <Tr«.yfJi.a.^ 
mol  grec  aussi ,  et  que  Ton  traduit 
par  a  ce  qui  distille  peu  a  peu.  » 
A  notre  avis ,  cette  dérivation ,  la 
•eule  plausible,  nous  met  5ur  la  voie 
du  vrai  sens  de  Sljx.  11  est  vrai 
que  l'explication  «  ce  qui  distille , 
etc.,  »  nous  semble  mauvaise^  mais 
qu'on  traduise  en  latin ^  qiiod  slil- 
lal,  l'ambiguité  même  de  ce  mot 
sera  pour  nous  un  trait  de  lumière. 
SliUare  implique  l'idée  de  concré- 
tion; et  certes  Hésiode  obéissait  h  un 
admirable  instinct  mythique  lorsqu'il 
dépeignait  Styx  dans  un  maguifique 
palais  de  stalactites  et  de  stalagmites, 
colonnes  aussi  éclatantes  que  l'argent. 
Aux  concrétions  calcaires  qu'il  a  en 
vue  sutsliluez  l'eau  purifiée,  vous  ar- 
rivez h  l'idée  réelle  ,  un  fleuve  de 
glace.  Un  fleuve  déglace!  c'est l'im- 
mobililé  substituée  aux  mouvements, 
rinorganlsme  k  l'organisation  ,  la 
mort  k  la  vie.  Frappante  image  et  de 
ce  néant  auquel  il  semble  que  l'heure 
suprême  livre  les  animaux,  et  de  cet 
imbroglio  ténébreux,  stérile  et  froid, 
qui  précéda  la  création!  Ecoutez  les 
Scandinaves,  ils  vous  le  diront  :  long- 
temps l'univers  ne  fut  qu'un  fleuve  , 
qu'une  mer  de  glace  5  enfin  la  vache 
Audourabla  se  mit  k  lécher  les  vas- 
tes masses  congelées  dont  Ginmour- 
gagah  était  encombré,  puis  de  ses 
mamelles  amollies  nourrit  le  géant 
Jirner  :  à  la  longue  ,  l'inorganisme 


SUB 

fit  place  a  l'organisme ,  et  Ronre 
parut ,  Boiire  l'horamc-arbre  plutôt 
que  l'homme.  C'est  maiulenanlqu'on 
peut  comprendre  le  tilre  d'aînée  des 
Océanides  donné  k  Slyx.  C'est  une 
traduction  libre  d'Océan  primordial. 
Sa  localisation  aux  enfers  n'est  pas 
plus  étonnante.  La  vie ,  c'est  l'eau 
liquide  j  le  néant ,  c'est  l'eau  solidi- 
fiée. Du  reste,  qu'on  n'aille  pas  ima- 
giner que  primiliveraent  ce  fleuve- 
glace  n'ait  été  pris  qu'en  mauvaise 
art  :  sous  la  n;lacc  coule  l'eau  a  l'élat 


l 


iquide  j  sous  la  mort  circule  la  vie. 
L'homme  ne  meurt  pas  tout  entier  j 
l'Elysée ,  le  Tartare  attendent  son 
âme  k  la  sortie  du  globe  :  il  disparaît, 
mais  il  existe. — On  ne  peut  nier  ce- 
pendant que  les  Grecs  n'aient  souvent 
{)risle  Styx  en  mauvaise  part.  Comme 
'Achéron  (d'«;t^«f),  comme  le  Cocyte 
(de  xa)*u«),commelePhlégéthon,  c'é- 
tait un  fleuve  funeste.  Ils  prétendirent 
que  ses  eaux  étaient  délétères  ,  cor- 
rosives  ;  qu'elles  dévoraient  le  verre 
dans  lequel  elles  étaient  contenues  5 

3u'on  ne  pouvait  les  conserver  que 
ans  de  la  corne  de  cheval,  comme  le 
poison  qu'Arislote  fournit  k  Aulipa- 
ter  pour  tuer  Alexandre:  on  en  vint 
même  k  dire  que  ce  poison  était  de 
l'eau  du  lac  de  Nonacrisj  et  l'on  n'ou- 
blia qu'une 
avait  eu  empoisonnement. 

SU...  Voy.  Sou... 

SUADA  ou  SUADELA,  la  même 
que  PiTHO.  Chez  les  Latins  elle  était 
surtout  conseillère  des  mariages. 

SUBIGUS,  dieu  latin,  présidait  k 
celui  des  actes  vénériens  que  rend  le 
\di\\n  subigo  (/^.  Peefica). 

SUBJUGUS  ,  dans  le  Latium  , 
était  un  dieu  du  mariage  (  sub  j'u- 
giim,  sous  le  joug). 

SUBRUINCATOR  ou  SUBRUN- 
CINAïOR  ,  un  des  dieux  agricolçs 
du  Latium,  présidait  au  sarclage, 


chose ,  la  preuve  qu'il  y  il 
iDoisonnement.  "■ 


SUM 

SUCCÈS.  V.  Bonus  Eventus. 
SUCCOTH-BENOTH.  V.  Sotjk- 

KOTH-BEWOTH. 

SULEVES,  SuLvi,  SuLFi,  espè- 
ces de  Sylphes  helvétiques  ,  ne  sont 
connus  que  par  une  inscription  trou- 
vée dans  les  environs  de  Lausanne, 
et  un  marbre  qui  les  montre  au 
nombre  de  trois,  assis  et  tenant  des 
fruits  avec  des  épis.  Ou  présume  que 
Sylphes  et  Sulèves  ne  sont  qu'un  seul 
et  même  nom.  Du  reste  le  mot  de  Su- 
lèves rappelle  aussi  celui  de  Sylva 
(comp.  Sylvain). 

SUMÈS-HERMÈS,  divinité  phé- 
nicienne qui,  dit  Creuzer  d'après  Bel- 
lermann  (iïZ'.  Phœniz.  Miinz.,  I, 
p.  2  5)  et  Miinter  {Anliq.  Abh.,  p. 
90,  n.  i3),  se  rapproche  de  Mel- 
karth-Hercule,  et  dont  le  nom  rap- 
pelle le  Sora  égyptien,  si  toutefois  ce 
n'est  pas  Som  même.  Mais  cette  pre- 
mière identification  n'est  rien.  Celle 
qui  est  vraiment  remarquable  gît  au 
fond  même  du  mot.  Sumès-Hermès 
veut  dire  Mercure-Hercule.  Hermé- 
raclès  est  la  tout  entier,  et  la  tra- 
dition phénicienne  prouve  qu'Her- 
méraclès  n'est  point  une  chimère  des 
syncrétistes. 

SUMMANUS,  dieu  tusco-romain 
dont  le  caractère  nous  est  à  peu  près 
inconnu.  Il  était  censé  présider  aux 
orages  et  aux  foudres  nocturnes,  tan- 
dis que  les  foudres  et  les  orages  diur- 
nes étaient  sous  l'empire  de  Jupiter. 
Quelques-uns  ajoutent  qu'il  lançait 
aussi  les  foudres  droites ,  tandis  que 
Jupiter  dardait  la  foudre  oblique- 
ment. Selon  Phne  le  naturaliste  (liv. 
II,  c.  10),  des  neuf  dieux  (il  faudrait 
dire  dix)  auxquels  les  Etrusques  attri- 
buaient le  pouvoir  de  lancer  la  fou- 
dre, deux  seulement,  Jupiter  et  Sum- 
manus,  avaient  été  gardes  par  les  Ro- 
mains. Ainsi  on  peut  concevoir  qu'o- 
rigmairemeqt  Jupiter  et  Summanus 


SVA 


481 


n'aient  fait  qu'un  seul  et  même  être 
suprême,  souverain  des  cieux  et  de 
la  terre. 

SUPERI,  chez  les  Latins  étaient 
1°  les  dieux  (  mais  abusivement  )  j 
a°  les  dieux  de  la  terre  et  du  ciel  par 
opposition  h  ceux  des  enfers.  On  éle- 
vait trois  autels  aux  Supéri ,  un  aux 
Inféri^  on  adressait  la  parole  trois 
fois  aux  Supéri,  deux  fois  aux  Inférij 
on  immolait  des  victimes  blanches  ou 
tachetées  et  en  nombre  impair  aux 
Supéri ,  des  victimes  noires  et  en 
nombre  pair  aux  Inféri  j  enfin  ,  aux 
Supéri  seuls  appartenaient  les  véri- 
tables autels,  qui  tous  s'élevaient  plus 
ou  moins  au-dessus  du  sol,  ou  qui  du 
moins  étaient  rez  terre  5  en  l'honneur 
des  Inféri  étaient  creusées  des  fosses 
{scrobes,  a«xxo<)  dans  lesquelles  de- 
vaient couler  le  sang  de  la  victime  et 
les  divers  liquides  versés  comme  li- 
bations :  le  fer  était  plongé  dans  la 
partie  inférieure  du  cou  de  la  vic- 
time, et  le  sacrificateur  ,  renversant 
la  paume  de  la  main  ,  épanchait  le 
saug  encore  fumant  dans  la  terre,  ce 
que  l'on  nommait  invergere  ma- 
num  ;  pour  les  Supéri,  au  contraire, 
la  paume  de  la  main  regardait  le 
ciel. 

SVANTOVITCH  et  abusivement 
SVIATOVICH  (ou  SviAToviD,  Své- 
tovid),  célèbre  dieu  slave,  était  le 
dieu  du  soleil  et  de  la  pure  lumière. 
Son  nom  veut  dire  lumière  douce.  Il 
avait  un  temple  a  Rugen,  dans  la  pé- 
ninsule de  Vitvo,  au  milieu  de  la  for- 
teresse d'Arkona.  On  le  considérait 
surtout  comme  agile  coureur,  et  en 
conséquence  on  entretenait  en  son  hon- 
neur dans  l'enceinte  sacrée  un  magni- 
fique cheval  blanc,  qui  sans  doute  était 
censé  sou  incarnation  ,  comme  Apis 
en  Egypte  était  l'adéquate  terrestre 
d'Osiris.  Comp.  Lexjcii'PE,  Oxy- 
PORE,  Sahdak.  Svantovitch  passait 


i-y. 


51 


481 


SVA 


pour  propbète,  et  l'on  allait  sur- 
tout  le  consulter  a  la  veille  d'une 
guerre  ou  d'une    expédition  hasar- 
«!euse.  Tantôt  on  fixait  uu  but  auquel 
devait  arriver  le  cheval,  tantôt  on 
guidait  le  blanc  coursier  vers  six  lan- 
ces rangées  deux  a  deux  sur  trois 
lignes ,  et  enfoncées  assez  avant  dans 
le  sol  pour  que  le  cheval  n'eût  pas 
besoin   de  sauter  pour  les  franchir.' 
Dans  le  premier  cas,  si  le  cheval  ar- 
rivait du  pied  droit,  l'augure  était 
favorable;  dans  le  second,  on  cal- 
culait combien  de  fois  le  cheval  avait 
levé   soit  les  jambes   droites,    soit 
les  jambes  gauches,  pour  passer  au 
dessus  des  pointes  de  lance,  cl  l'on 
eu  concluait  revers,  victoires  et  dé- 
nouement favorable  ou  malheureux, 
selon   le   nombre    d'enjambées   que 
l'animal  révélateur    avait   faites  du 
pied  gauche  ou  du  pied  droit.  La 
preuve  que  Svantovitch  lui-même  ha- 
bitait le  corps  du  coursier,  c'est  que 
très- souvent ,  après  l'avoir  laissé  atta- 
ché au  râtelier  et  paisible,  on  le  trou- 
vait le  lendemain  naletant,  trempé  de 
sueur  et  libre.  C'est  donc  qu'il  avait 
couru  la  nuit  entière.  Aussi  était-ce  un 
rare  privilège  que  de  le  monter.  Le 
grand  prêtre  seul  avait  ce  privilège  : 
encore  n'était »ce  qu'une  fois  par  an, 
etle  jourde  la  fête  solennelle. — Cette 
fête  signalait  la  fin  des  moissons.  Les 
cérémonies  principales  étaient l'obla- 
tion  du  gâteau  et  l'inspection  du  vin 
de  l'autre  année.  A  la  maiu  du  dieu 
était  une  corne  dans  laquelle  ou  avait 
versé  du  vin.  Si  d'une  année  à  l'autre 
le  vin  n'avait  diminué  que  légèrement, 
c'était  le  gage  d'une  abondante  ré- 
colte. En  cas  contraire,  on  s'attendait 
'a  la  disette.  Ce  qui  restait  de  vin  dans 
la  coupe  était  ensuite  répandu  aux 
pieds  de  l'idole;  puis  le  prêtre,  rem- 
plissant une  première  fois  la  corne, 
buvait  tout  ce  qu'elle  contenait  de  vin 


SYA 

h  la  santé  de  Svantovitch,  en  deman- 
dant a  ce  dispensateur  des  biens  ter- 
restres abondance,  richesse,  santé, 
victoire  pour  tous  les  Slaves  de  Ru- 
geu;  après  quoi  il  la  remplissait  une 
seconde  fois,  et  la  replaçait  dans  les 
mains  du  dieu.  Quant  al'oblation  du 
gâteau,  elle  consistait  a  placer  au  rai- 
lieu  de  l'enceinte  rougie  du  sang  des 
sacrifices  un  énorme  pâté  de  farine  et 
de  miel;  ou  y  plaçait  le  dieu,  puis  le 
prêtre,  y  entrant  a  son  tour,  deman- 
dait au  peuple  s'il  le  voyait.  «  Non,» 
répondait-on  de  toutes  parts.  «  Puis- 
siez-vous  le  voir  l'année  suivante!» 
réplicjuait  le  prêtre;  ensuite  il  donnait 
au  nom  du  dieu  sa  bénédiction  au  peu- 
ple, et  le  reste  de  la  journée  se  pas- 
sait en  festins  et  en  joie.  Non  con- 
tents   d'immoler  h  Svantovitch    des 
animaux,  les  habitants  de  Rugen  lui 
offraient  des  captifs  en  holocauste. 
Dans  ces  horribles  autodafés  la  victi- 
me était  place'e  à  cheval  avec  son  ar- 
mure ;   on  liait  les  jambes   de  l'ani- 
mal à  quatre  pieux ,   le  prisonnier 
lui-même  était  lié  au  cheval,  ensuite 
ou  mettait  le  feu  à  deux  bûchers  éle- 
vés à  droite  et  a  gauche  de  l'infortu- 
né qui  était  ainsi  brûlé  vif. — Le  culte 
de  Svantovitch    était  très-productif 
pour  les  prêtres:  le  tiers  de  toutes  les 
dépouilles  leur  appartenait,  et  était 
déposé  dans  le  trésor  du  temple,  dont 
rien  ne  pouvait  être  distrait. — Val- 
demar,  roi  de  Danemark,  détruisit  la 
statue  de  Svantovitch  en  1168.  C''é- 
tait  uu  colosse  à  quatre  têtes  sans 
barbe,  frisé,  revêtu  d'un  habit  court, 
et  tenant  h  la  main  gauche  un  arc,  à 
la  droite  la  fameuse  corne  dont  le 
vin,  par  son  évaporation,  indiquait 
l'avenir. 

SYAGRE,  Syagrus,  iLxyfts, 
poète  grec  qui,  le  premier,  chanta  la 
guerre  de  Troie,  n'est  sans  doute 
qu'un  être  my&tbique.  Quelques  sa* 


SYL 

fants  soupçonnent  que  son  nom  véri- 
table fui  Sagaris.  On  arriverait  ainsi 
à  voir  l'eau  prise  comme  ipoèie."'ïê' pis 
(d'u^<wp)  fut  effectivement  un  des  pre- 
miers noms  des  poètes. 

SYBARIS,  :iûQxpiç,  monslre  qui 
habitait  dans  une  caverne  du  Par- 
nasse ,  causait  un  tel  effroi  dans  les 
environs,  que  l'on  convint  de  lui  li- 
vrer périodiquement  une  proie  hu- 
maine à  dévorer.  Un  jour  le  sort 
ayant  désigné  pour  victime  le  jeune 
et  bel  Halcyonée,  fils  de  Diome,  Eu- 
rybate  sou  ami  alla  s'offrir  au  mons- 
tre h  la  place  de  l'adolescent,  et  le 
tua.  Les  Locriens  en  passant  dans  la 
péninsule  italique  se  rappelèrent  ce 
irait  de  leurs  vieilles  légendes ,  et 
donnèrenf  a  une  de  leurs  villes,  non 
pas  le  nom  du  héros,  mais  celui  du 
moustre,  Sybaris.  C'est  ainsi  peut- 
être  que  primitivement  Delphes  s'ap- 
{)elaPylho. — Un  autre  Sybaris,  dans 
'Enéide,  a  suivi  Enée  en  Italie,  et 
meurt  de  la  main  de  Turnus. 

SYCA  ou  SYKA,  ^vkZ,  le  figuier 
personnifié  :  i"  une  des  huit  fdles 
d'Hamadryade  etd'Oxylej  2 "nymphe 
aimée  de  Bacchus,  et  transformée  en 
figuier  par  ce  dieu,  qui  prend  plaisir  à 
ceindre  ses  tempes  de  guirlandes  dont 
cet  arbre  lui  fournit  le  principal  élé- 
ment. Ainsi  Pan  est  couronné  de  ro- 
seaux, Apollon  de  laurier,  Priape  de 
lotos.  Comp.  BOGAHA. 

SYCEE,  Syceus,  2u«ÉUf,  ïilan 
que  la  terre  reçut  dans  son  sein  à 
l'instant  où  il  fuyait  les  traits  flam- 
boyants de  Jupiter  fulminateur ,  et 
qui  fut  soudainement  métamorphosé 
en  figuier.  Cet  arbre  était  un  de  ceux 
que  les  anciens  regardaient  comme 
inaccessibles  a  la  foudre. 

SYLEE,  Syleus,  SwAeuî- (c'est- 
à-dire  spoliateur) ,  fils  de  Neptune 
elroi  d'Aulis,  forçait  tousles étrangers 
a  travailler  a  sa  vigne,  puis  sans  doute 


SYL  483 

les  tuait  (comp. Lytiebse).  Enfin  Her- 
cule vint ,  et  au  lieu  d'obéir  à  ses  in  • 
jonctions  le  tua  ainsi  que  sa  fille  Xé- 
nodice. — Conoïi{Narr.  érotiq  ,)noai 
montre  un  Sylée  ,  roi  de  Tbessalie , 
frère  de  Dicée  (le  juste)  et  père  d'une 
fiHe  qu'il  a  confiée  aux  soins  de  ce 
frère  si  différent  de  lui.  Hercule  voit 
la  princesse,  s'en  fait  aimer  ,  l'aban- 
donne, revient  a  elle;  mais  à  l'instant 
de  son  retour  ne  retrouve  qu'un  ca- 
davre inanimé  déjà  posé  sur  le  bû- 
cher. A  cette  vue,  il  veut  s'élancer  au 
milieu  des  flammes,  et  y  mourir.  St% 
amis  ne  l'arrêtent  qu'avec  peine,  et 
désespèrent  d^apaiser  sa  douleur. 

SYLEE,  Sylea,  2wAa/«,  fille  de 
Corinthe,  femme  de  Polypëmon  et 
mère  de  Siais  (le  brigand).  Sou  nom 
signifie  spoliatrice. 

SYLLIS,  2yAA<f,  aimée  d'Apol- 
lon, en  eut  Zeuxippe  successeur  de 
riléraclide  Phesle  au  trône  de  Si- 
cyoue. 

SYLVAIN,  Sylvanus,  divinité 
particulière  du  Latium,  ne  fut  que  le 
dieu  des  bois  et,  par  extension,  dei, 
prés,  des  pâtres.  Du  reste  ,  pour  Icj 
rudesPélasgucsderantiqueOEnolrie, 
c'était  là  être  le  dieu  par  excellence  • 
car  tout  dans  cette  longue  péninsule, 
dont  la  Cordillère  de  l' Apennin  for. 
me  comme  la  colonne  vertébrale,  nous 
reporte  a  la  vie  pastorale,  aux  loups, 
farouches  ennemis  qu'il  faut  détruire, 
aux  chèvres,  tendres  animaux  qu'il 
faut  propager  et  multiplier,  aux  bols 
qui  servent  de  retraite  aux  uns,  de 
promenade  aux  autres.  Originaire- 
ment le  bois  même  fut  un  dieu ,  un 
grand  fétiche;  puis  on  individualisa, 
et  chaque  arbre  put  vaguement  à  sou 
tour  devenir  un  fétiche  vénéré.  De  là, 
l'idée  des  Querqùélulanes,  véri labiés 
Dryades  du  Latium;  de  la  aussi,  un 
dieu-forêt,  un  dieu-arbre.  Le  dieu- 
arbre  a  sou  analogue  dans  Jupiler- 

3i. 


484 


SYL 


chêne,  ou  Zévs-Drys  de  Dodone;  le 
dieu-foret  au  fond  ne  diHère  pas  du 
dieu-arbre,  el  s'appelle  Sylva,  Syl- 
vius  ou  Sylvanus.  Toutefois,  le  der- 
nier nom  prévaut  comme  nom  divin; 
Sylvius,  cest  le  dieu  fait  homme,  le 
dieu  roi  ;  Sylva  reste  le  nom  com- 
mun de  la  torêl.  Est-il  besoin  main- 
tenant de  dire  que  Sylvain  et  Faune 
ne  font  qu'un?  Les  différences  origi- 
naires se  réduisent  h  ceci,  que  Faune, 
air  salubre  et  générateur,  se  présente 
plus  naturellement  avec  son  rôle  idéal 
que  Sylvain  dont  les  fonctions,  aux 
yeux  du  vulgaire ,  se  renferment  à 
peu  près  dans  les  forêts.  Du  reste, 
mêmes  goûts  :  il  erre  dans  les  bois; 
ir  aime  el  poursuit  les  nympbes;  i! 
s'émane  en  une  foule  de  compagnons 
qui  prennent  son  nom,  les  Sylvains; 
il  a  les  formes  du  bouc,  et  l'on  fait 
grand  bruit  de  son  identité  avec 
Égipan.  Celle  identité  ne  nous  sur- 
prend pas;  car  Egipan,  c'est  Pan; 
Pan,  c'est  Faune;  et  Faune,  nous  ve- 
nons de  le  dire,c'cstSylvain.  L'Ilalie 
eut  sa  généalogie  de  Sylvain  :  un  in- 
ceste de  TArchi-Querquélulane  Valé- 
rie (Valeria  Querquelulana)  avec  son 
père  donna  naissance  au  dieu.  Nous 
avons  vu  bien  des  exemples  de  ces 
incestes  en  Orient,  et  nous  en  con- 
naissons le  sens  profond  {Voy.  Ado- 
Tîis,  Baal,  etc.).  Une  tradition, 
postérieure  sans  doute ,  faisait  naître 
le  souverain  des  forêts  de  Cralhis 
et  d'une  clièvre.  Ici  l'esprit  flotle 
sur  les  limites  de  deux  séries  d'idées 
opposées.  On  sait  d'une  part  le  rôle 
important  des  chèvres  comme  géné- 
ratrices (Araallhéc,  Orion,  etc.), 
de  l'autre  ou  n'ignore  pas  la  foule 
des  historiettes  scandaleuses  qui,  de 
temps  immémorial, coururent  le  mon- 
de :  Transversa  tuendbus  hircis. 
— Distinguer  avec  Servius  trois  Syl- 
vains ,  l'un  dieu  Lare ,  l'autre  dieu 


SYL 

champêtre  identique  à  Faune,  le  tFor 
sièrae  dien  oriental  réductible  à  Ter- 
me, c'est  falsifier  la   mythologie    à 
plaisir.  î\'esl-il  pas  évident  que  pri- 
mitivement  deux  peuples    naissants 
adorèrenll'un  Faune,  dieu  agreste  des 
plaines  où  circule  l'air  pur,  l'autre 
Sylvain ,  dieu  agreste  des  vastes  forêts, 
que  peu  à  peu  les  peuples  en  se  rap- 
proclianl  confondirent  deux  dieux  évi- 
demment réductibles   l'un  k  l'autre 
(car  vertes  plaines,   épaisses   forêts 
pour  des  tribus  qui  ne  connaissaient 
pas  encore  l'agriculture  se  lient  aisé- 
ment); que  plus  tard,  lorsque  l'agri- 
culture fit  naître  l'idée  de  la  délimi- 
tation des  champs.  Faune,  pris  pour 
agriculteur,  devint  le  dieu-limite,  le 
dieu-Terme,   et  avec    d'autant  plus 
de  raison  que  les  statues  de  ces  temp» 
grossiers  n'étaient  que  des  blocs  à 
peine  équarris  j  enfin  que  le  dieu  ,  ce 
gardien  du  champ,  devint  na'urelle- 
raent  gardien  de  l'humble  cabane;  et 
que  Sylvain,  reconnu  d'avance  identi- 
que a  Faune,   prit  virtuellement  tous 
ces  caractères.  Sylvain  est  donc,  si 
l'on  veut,  un  dieu  a  triple  ou  même  à 
quadruple  forme;    il  veille    i"  aux 
bois,  2,"  aux  grains,  5°  aux  limites  des 
champs,  4°  au  foyer;  mais  il  ne  se 
divise  pas  pour  cela  en  trois  ou  qua- 
tre Sylvains.   Comme  Pan ,  Sylvain 
passait  pour  apparaître  brusquement 
au  coin  des  bois  ou  sur  les  roules. Les 
femmes  enceintes  surtout  redoutaient 
beaucoup  ces  soudaines  visites,  et  in- 
voquaient Déverra  pour  en  prévenir 
les  suites  fâcheuses.  —  Ou  donne  à 
Sylvain  les  mêmes  formes  qu'a  Pan  ; 
la  serpe  de  Priape  arme  ses  mains; 
un  rustique  sayon  lui  descend  aux  ge- 
noux; des  feuillages,  des  pommes  de 
pin  lui  forment  une  couronne.  Très- 
souvent  il  est  représenté  moitié  bouc- 
homme,  moitié  dieu-Terme  :1a  têle, 
les  bras,  le  buste,   sont  ceux  d'un 


TAA 

bbmme  ou  d'un  homme  velu,  cornu  j 
le  reste  du  corps  se  termine  en  gaine, 
et  va  en  diminuant  jusqu'à  la  base 
(Foy.  Boissard,  t.  IV,  i34,VI,  3o). 
Le  pin  était  son  arbre  favori.  Cepen- 
dant il  aime  aussi  le  cyprès,  et  la  tra- 
gique aventure  de  Cyparisse  lui  est 
souvent  imputée  (/^.  Cyparisse). 

SYLVIA  (REA).  F.  Re'a. 

SYLVIUS  (ÉNEE) ,  ^Ei^eas  Syl- 
vius,  passe  pour  le  fils  posthume 
d'Euée.  Laviuie ,  appréhendant  les 
persécutions  et  les  sourdes  menées 
d'Iule  après  la  mort  de  son  époux, 
s'enfuit  dans  les  forêts  [syli'œ),  el  la 
mit  au  monde  un  fils  qui  prit,  du  lieu 
de  sa  naissance ,  le  nom  de  Sylvius. 
Combien  de  temps  ce  rejeton  du  sang 
d'IIus  et  de  Latinus,  cet  adolescent 
en  qui  s'étaient  fondues  l'Italie  et 
Troie,  l'Europe  et  l'Asie,  passa-t-il 
dans  sa  retraite  ténébreuse?  L'his- 
toire se  lait,  mais  la  mythologie  dit 
douze  ans.  Au  bout  de  ce  temps  il 
sortit,  et  alla  fonder  sur  des  hauteurs 
Albe  dont  le  nom  veut  dire  mont 
{Alpes).  • —  Les  douze  ans  de  la  vie 
forestière  de  Sylvius  sont  le  fruit 
d'un  calcul  à  priori ,  étrusque  sans 


TAA 


m 


doute.  fV^.  r*<iebuhr,  Hist.rom.y 
t.  I.  La  foiidation  d'Albe  précéda 
celle  de  Laviuiura^  les  listes  albaines 
de  rois  et  de  suffètes  sont  tout  a  fait 
vides  de  sens  sous  quelque  point  de 
vue  qu'on  les  examine ,  et  ont  été 
dressées  a  plaisir  pour  remplir  un  in- 
tervalle de  près  de  quatre  siècles  en- 
Ire  la  destruction  de  Troie  et  la  fon- 
dation de  Rome.  Enfin  Sylvius  n'est 
que  le  grand  dieu  paire  du  Lalium  , 
comme  Sylvia  la  grande  déesse. 
Comp.  Pan,  Rhéa,  Sylvain. 

SYMA,  2uj«»r,  nymphe  aimée  de 
Neptune  qui  la  rendit  mère  de  Chlho- 
nius. 

SYRINX,  2ip/y|,  nymphe,  fille 
du  Ladou.  Aimée  de  Pan,  elle  résista 
constamment  a  son  ardeur.  Un  jour 
le  dieu  l'ayant  rencontrée  a  la  chasse 
se  mit  a  la  poursuivre;  la  nymphe 
s'enfuit,  arrive  au  bord  du  fleuve  pa- 
ternel, l'invoque,  est  métamorphosée 
en  roseau  (syrinx);  et  Pan,  pour 
avoir  au  moins  d'elle  un  souvenir,  dé- 
tache quelques  tiges  de  l'arbre  léger, 
les  coupe  en  rameaux  de  longueur 
inégale ,  les  unit  avec  de  la  cire ,  et 
forme  ainsi  le  premier  chalumeau. 


T. 


TAAUT,  dieu  phénicien  ,  analo- 
gue du  Tlioth  d'Egypte,  se  trouve  en 
qualité  de  parèdre  auprès  du  grand 
dieu  populaire  de  la  Phénicie,  que  les 
Grecs  el  les  Romains  désignaient  par 
les  noms  de  Saturne  et  de  Crone.  In- 
venteur de  l'écriture  ,  de  toutes  les 
sciences,  des  arts  même  (el  par  là  Si- 
dik  proto typique),  il  fil  graver  la  loi 
sur  des  tables  sacrées  par  les  sept 
fils  de  Sidik  (Cabires)  et  par  Esmoun 
(Asclépios  des  Grecs);  il  fit  les  ima- 
ges d'Uranus  et  de  Crone  (ces  noms 
çont  des  équivalents  grecs  des  noms 


égyptiens  )  ,  de  Dagon  et  d'autres 
dieux,  images  qui  toutes  à  leur  tour 
devinrent  autant  de  caractères  de  l'é- 
criture sacrée. — Taaut  se  trouve 
ainsi  à  la  tête  de  toutes  les  histoires 
humaines  primordiales  ,  ainsi  que  le 
Thoth  d'Egypte.  Taaut  sans  doute 
apparut  h  plusieurs  degrés  de  révé- 
lation. En  effet  ,  sa  doctrine  ,  après 
avoir  été  retouchée,  remaniée  à  di- 
verses reprises  par  une  suite  d'êtres 
plus  ou  moins  mythologiques,  fut  dé- 
finitivement révélée  une  seconde  fois 
par  Surmo-Bel,   accompagné  de  la 


A86 


TAC 


TAF 


déesse  Thuro.Comp.SuMÈs-HERMÈs. 

TABOA.  Foy.  Euroa. 

TACHTER  on  TIR,  Ized-éloile 
de  la  religion  parsi ,  préside  au  trei- 
zième jour  du  mois  el  a  l'csl  sous  sa 
proteclion.  C'est  lui  qui  pompe  les 
eaux  et  qui  envoie  la  pluie  sur  la 
terre.  En  tant  qu'étoile  il  s'identifie 
au  brillant  Sirius  ,  célèbre  aussi  en 
Egypte  sous  le  nom  de  Sotliis  ,  et 
«DUS  ce  point  de  Tue  on  le  dislingue 
de  Tir,  qui  est  une  planète-Mercure, 
tandis  que  lui,  Tachtcr,  veille  sur  la 
planèle.  Au  reste,  donnons  ici  la  no- 
menclature des  sept  astres  placés  au 
ciel  en  sentinelle  ,  des  sept  planètes 
confiées  h  leur  garde  ,  el  enfin  des 
noms  français  de  ces  planètes.  Les 
toici  : 


ASTnES 
m  sentinelle. 


PLANÈTES 
Sous  leur  garde. 


■n  tÀKSi. 
Tachter.       Tir. 
SaUvis.        Aiiabid. 
Tenant.        Anhouma. 
Haftorang.  Behrain. 
Mach.  Kevan. 

Khorchid.     Gourzchcr. 


Mah. 


zn   raAKfiis. 
Mercure. 
Venus. 
Jupiter. 
Mars. 
Saturne. 
£toilfS  à  queues 


Otsiott  Munchever.'    assimilées  aux 


planètes. 

Quelquefois  on  donne  Tir  ou  Tacb- 
ter  pour  Jupiter  ,  Satévis  pour  Sa- 
turne, Venant  pour  Mercure,  et  Haf- 
torang pour  Mars.  —  Tacliler  signi- 
fie l'astre  par  excellence,  et  c'est  sans 
nul  doute  un  des  éléments  du  nom 
célèbre  de  Zérétochtro,  Zoroaslre. — 
Le  Zend-Avesta,  dans  des  phrases  va- 
gues, nous  montre  Tacbleravec  mille 
Bras  défendant  la  nature  de  l'attaque 
des  Devs,  combattant  Epéocho  ,  tra- 
versant les  vastes  flots  de  Forokecba 
80US  la  forme  d'un  cheval  héroïque, 
répandantles  biens  sur  les  trois  parts 
de  la  terre  5  de  temps  a  autre  em- 
pruntant le  corps  d'un  taureau  à  cor- 
nes d'or.  On  l'invoque  avec  Barsora. 
—  On  donne  Tir  comme  la  traduc- 
tion parsi  de  Tacbter,  qui  appartien- 


1 

mec»      -^B 


drait  a  la  langue  zend. — Solhis  aussi, 
chez  les  Egyptiens,  veille  sur  les  deux, 
sur  les  astres ,  sur  la  lisfue  imaginaire 
qu'on  nomme  rhorizon,  et  a  un  entier 
rapport  avec  Mercure  {V.  AnubiscI 
Thoth). 

TACITA  (et  en  grec  Iteùir'^Xfi  ^ 
SiopÎïle),  déesse  laline  du  silence  , 
et  plus  encore  peut-être  du  mystère 
(qu'il  faut  apporter  aux  discussions 
politiques,  aux  explications  religieu- 
ses, etc.),  fut  à  ce  qu'il  paraît  ima- 
ginée par  Nnma  ,  dont  la  législation 
toute  religieuse  devait  souvent  répé- 
ter la  formuleyrti'C^e  linguis,  qu'une 
traduction  ,  burlesque  sans  doute  , 
mais  fidèle,  rendrait  par  ce  vers  : 

Profanes,  faites-nous  le  plaisir  de  vous  taire. 

Peut-être  aussi  Tacila  indique-t-elle 
cette  espèce  de  recueillement  reli- 
gieux, de  méditation  silencieuse,  né- 
cessaire a  la  production  des  grandes 
pensées.  Les  Ilomains  élevèrent  une 
chapelle  a  Tacila.  Le  Latiura  con- 
naissait une  autre  déesse  du  silence, 
Angerona. 

TACOUIN  (les) ,  espèces  de  fées 
orientales,  réunissent  à  la  faculté  de 
prédire  les  mystères  de  l'avenir  une 
extrême  beauté,  les  ailes  des  anges, 
et  une  propension  h  secourir  les 
hommes  contre  les  attaques  du  dé- 
mon. 

TAD,  c'est-à-dire  lui  [il  par  ex- 
cellence) ,  l'être  irrévelé  dans  la  my- 
thologie liindoue.  Outre  Tad,  on  doit 
remarquer  dans  cette  haute  métaphy- 
sique ihéologique  Sat,  l'être  se  rêvé-  ^^ 
lant  par  la  création.  ■■ 

TAFNÉ  ou  TAFNET,  déesse™ 
égyptienne  que  l'on  regarde  comme 
une  forme  de  Neilh  ,  semble  surtout 
avoir  été  la  Neilh  guerrière  ,  et  par 
conséquent  a  pu  ne  pas  être  sans  rap- 
ports avec  la  Pallas  athénienne. 
Comme  Neith,  elle  porte  assez  sou- 


TAÎ 

vent  une  tête  de  lion  ;  et  pe  ut-étre 
arrivera-t-on  un  jour  a  voir  des  Taf- 
né  dans  toutes  les  Neitli  léontocë- 
phales,  qui  au  corps  de  femme  et  a 
tête  de  lion  ne  joindront  pas  d'autres 
attributs.  Ces  déesses  léontocéphales 
ont  de  Tanalogie  avec  les  spliiux,  et, 
comme  eux,  très-souvent  avec  eux, 
on  les  trouve  par  centaines  dans  les 
avenues  des  temples  ,  où  elles  jouent 
le  rôle  de  gardiennes  redoutables 
aux  ennemis  et  aux  profanes.  Voyez 
Descr.  de  l'Eg.  ant. 

TAGES,  génie  étrusque  vulgaire- 
ment regardé  comme  une  des  divi- 
nités inférieures  de  l'Élruriej  mais 
qui ,  en  réalité ,  tenait  un  rang  très- 
haut  dans  la  hiérarcbie ,  doit  être 
rangé  dans  la  classe  des  Hermès,  in- 
venteurs de  toute  baute  science ,  et 
auteurs  de  toute  révélation;  et  ce- 

f)endant  il  se  distingue  au  milieu  de 
a  série  des  Hermès  par  des  nuances 
annexes  qui  compliquent  et  bigar- 
rent sa  physionomie.  Tandis  que  Tar- 
cbon ,  fondateur  de  l'état  étrusque  , 
ouvrait  le  sein  de  la  terre  a  l'aide  de 
la  charrue  ,  un  enfant,  un  nain  sutgit 
du  sillon  et  étonna  tous  les  assistants 
par  des  préceptes  et  des  oracles  oxi 
respirait  la  plus  baute  sagesse.  Ce 
miracle  eut  lieu  près  de  Tarquinies. 
Selon  d'autres,  Tagès  avait  pour  père 
le  dieu  Génie,  et  Jupiter  élait  son 
aVeul.  C'est  lui,  dit-on,  qui  enseigna 
aux  douze  villes  de  la  confédération 
étrusque  l'art  de  prédire  l'avenir  par 
l'inspection  des  entrailles  des  victi- 
mes. Enfin,  des  traditions  d'un  au- 
tre, ordre  le  montrent  toujours  ac- 
compagné d'un  disciple  fidèle  ,  Bac- 
cbès,  qui  le  représente,  le  reflète  et 
le  continue. 

TAIVADDOU  est  chez  les  Madé- 
Casses  l'esprit  malin  par  excellence. 
En  opposition  aux  nombreuses  bandes 
4'anges  que  l'être  bon  créa  pour  veil- 


TAL  487 

1er  sur  les  mondes  et  les  hommes  se 
dessinent  quantité  d'esprits  malins  , 
dociles  ministres  des  volontés  de 
Taïvaddou ,  de  qui  émane  tout  fléau 
physique  et  moral.  Les  Madécasses, 
en  admettant  le  dualisme  ,  tirent  de 
leur  doctrine  ce  corollaire ,  qu'il  est 
absurde  d'honorer  le  bon  Esprit,  de 
qui  l'on  n'a  rien  a  redouter.  Et  en 
effet,  ils  multiplient  les  offrandes  en 
l'honneur  de  leur  Ahriman,  et  ne  s'oc- 
cupent nullement  de  leur  Ormuzd. 

TAKCHANPADA,  déesse  de  l'île 
Formose  et  femme  de  Tamagisan- 
hach ,'  fait  sa  re'sidence  à  l'Orient  j 
c'est  elle  qui  produit  le  tonnerre.  Ce 
grondement  électrique  de  la  nue,  se- 
lon les  dévots  de  Formose,  n'est  au- 
tre que  la  grande  voix  de  Takchan- 
pada  grondant  son  époux,  parce  qu'il 
refuse  de  la  pluie  aux  hommes. 

TALAFOULA  et  TAPALIAPE 
sont  dans  l'île  Formose  les  deux  di- 
vinités qui  président  a  la  guerre.  On 
les  invoque  toujours  avant  de  mar- 
cher au  combat. 

TALAS  ,  Talaus,  TÂXan.,  roi 
d'Argos,  était  le  fils  et  le  successeur 
de  Bias  ,  h  qui  son  frère  Mélampe, 
après  la  guérison  des  Prœlides  avait 
cédé  la  moitié  du  salaire  que  lui  donna 
Mégapenlhe  (ce  salaire  était  les  deux 
tiers  du  royaume  d'Argos  ).  Bientôt 
l'on  vit  se  dessiner  dans  la  dynastie 
des  Aînylhaonides  la  même  hostilité 
que  dans  celle  des  Abanlides  (descen- 
dants de  Danaiis  par  Abas).  Acrisius 
avec  Prœlus,  Persée  avec  Mégapeff'- 
the ,  formaient  un  double  couple  de 
rivaux.  Les  Biantides  et  les  Mélam- 
pides  se  détestent  de  même.  Amphia- 
râs,  fils  de  Mélampe  et  représentant 
de  la  dynastie  des  Mélampides,  atta- 
que par  ruse  Talâs  ,  lui  arrache  le 
trône  et  la  vie  ,  et  pendant  quelque 
temps  occupe  ses  états  au  détriment 
d'Aaraste,  qui  a  été  chercher  uu  asile 


7,86 


TAL 


il  Sicyone  (on  peut  remarquer  que 
récXas  en  grec  signifie  malheureux  , 
et  que  d'ailleurs  ce  radical  rX  ,  qui 
se  retrouve  dans  Allas  ,  Atalanle  ,  a 
fourni  encore  au  grec  les  mots  c'tAjjv, 
rX^fAuv^  rXia-tos,  etc.,  etc.,  et  au  la- 
lin  tolerare).  — Adraste  ne  fut  pas 
le  seul  fils  d'Amphiaràs  :  de  Lysima- 
gue,  sa  femme,  il  avait  eu  encore  trois 
fils,Parthénopée,  Pronax,  Mécistéej 
et  trois  filles,  Eriphyle,  Aristoma- 
que,  Astynome.  Quelques  mytholo- 
gues lui  donnent  pour  femme  Lysia- 
nasse.  Son  nom  figure  avec  celui 
d'Aréius  et  de  Laodoque  ,  ses  deux 
frères,  sur  la  liste  des  Argonautes. 
—  On  montrait  encore  du  temps  de 
Pàusanias  son  tombeau  a  Corinliie. 

TALASE,  Talasio,  Talasius  ou 
Talasus  ,  était  le  dieu  du  mariage 
dans  le  Lalium.  On  ignore  l'origine 
de  ce  nom,  qu'il  est  possible  de  déri- 
ver, 1°  àtêôtXxFo-oc^  la  mer  (ici  pen- 
sez à  Vénus  ,  et  peut-être  aussi  à  son 
nom  étrusque,  Thalna);  2°  de  ÙXui 
(fut.,  ÔAarû») ,  comprimer  (la  déesse 
latine  Prema  offrirait  ici  un  rapport 
aussi  précieux  que  piquant);  3°  de  lar 
ou  las,  en  langue  étrusque  seigneur 
(  Ta-las,  le  seigneur?)  ;  4°  de  Tala- 
sia^  flocons  de  laine  apprêtée  ,  par 
allusion  à  la  cérémonie  de  l'hymen, 
dans  laquelle  la  nouvelle  mariée  ,  une 
quenouille  et  un  fuseau  à  la  main  , 
marchait  sur  une  toison  étendue  au 
seuil  même  de  la  porte.  Quelques 
mylhographcs  expliquent  Talase  par 

fne  légende  assez  piquante.  Lors  de 
enlèvement  des  Sabiues,une  d'elles, 
ravie  et  emportée  par  quelques  hom- 
mes de  la  tribu  des  Célères  ,  excitait 
sur  son  pass;i.;e  des  acclamations  et 
quchjucfois  des  velléités  jalouses  ; 
usais  cliaque  fois  que  la  foule  s'assem- 
blait en  trop  grand  nombre  ,  ou  que 
quelques  guerriers  sinnblalent  s'ap- 
prêter h  disputer  le  passage  ,   en  di- 


TAL 

sant  :  «  Où  conduisez-vous  cette 
femme  .^3î  les  ravisseurs  répondaient: 
et  Ad  Talasiunij  chez  Talase,  » 
et  aussitôt  la  multitude  s'écartait,  les 
opposants  vidaient  la  place. — A  pré- 
sent, qu'était-ce  que  ce  TalaseV  un 
riche  Romain?  Romulus  lui-même 
(  on  a  incliné  vers  l'une  et  l'autre 
de  ces  deux  opinions  )?  Ou  bien  la 
réponse  chez  Talase  n'était -elle 
qu'une  de  ces  grosses  plaisanteries 
lescennines  usitées  furtout  aux  noces, 
et  un  équivalent  d'èf  to»  èxân-ovrcCf 
ou  comprimendam ,  perfringen- 
dam?  Quoi  qu'il  en  soit  ,  on  rap- 
porte que  de  Talase  et  de  la  belle 
Sabine  naquit  une  famille  nombreuse, 
et  qu'en  conséquence  on  souhaitait 
aux  couples  qui  entraient  en  ménage 
le  bonheur  de  Talase,  d'où  à  la  lon- 
gue la  synonymie  d'Hymen  et  de  Ta- 
lase. 

TALE,  Talus,  Tâxos  (ou  Atale,| 
ou  Cale,  ou  Acale),  neveu  de  Dé- 
dale, avait  inventé  la  scie,  le  compasJ 
le  villebrequin.  Son  oncle,  jaloux  dej 
ses  découvertes  ,  le  précipita  du  haut' 
d'une  des  tours  d'Athènes. — Mi- 
nerve, qui  avait  inspiré  le  jeune  hom- 
me ,  le  métamorphosa  en  perdrix; 
aussi  le  désigne-t-on  souvent  sous  le 
nom  de  Perdix ^  qui,  tant  en  grec 
qu'en  latin,  est  celui  de  cet  oiseau. 
On  ajoute  que ,  peu  de  temps  après 
la  mort  du  jeune  prince  ,  les  Athé- 
niens découvrirent  le  crime  de  Dé- 
dale, et  qu'il  n'échappa  au  suppli- 
ce que  par  une  prompte  fuite.  C'est 
alors  qu'il  alla  en  Crète.  Comp.  De'- 
DALE  et  MiNOS.  On  montrait  dans 
Athènes  le  tombeau  de  Taie  ,  sur  la 
route  qui  conduisait  du  théâtre  h  l'A- 
cropole. Le  nom  de  Taie  ne  diffère 
f)oint  de  celui  de  Dédale;  l'oncle  et 
e  neveu  symbolisent  les  Dédalides , 

ou  artistes,  artisans  ,  adorateurs  et 

disciples  d'Hépheste. 


1 


TAM 

TALTHYBÏUS,  T^Aflit/o?,  héraut 
d'Agamemnon  ,  avait  sou  tombeau  à 
Egium  et  une  chapelle  a  Sparte,  où 
chaque  anne'e  on  lui  rendait  les  hon- 
neurs héroïques.  Ses  descendants  , 
nommés  Tallhybiades  ,  furent  seuls 
chargés  pendant  long -temps  de  four- 
nir des  hérauts  a  Sparte.  Il  avait  sous 
sa  protection  le  droit  des  gens ,  et 
lors  des  guerres  médiques  il  fil  sentir 
aux  Athéniens  et  aux  Spartiates  le 
poids  de  son  mécontentement,  pour 
avoir  violé  ce  droit  dans  la  personne 
des  ambassadeurs  qui  vinrent  de  la 

fart  de  Xerxès  demander  aux  Grecs 
eau  et  le  feu. 

TAMAGISANHACH  et  sa  femme 
Takchanpada  sont ,  dans  l'île  For- 
mose  ,  les  dieux  qui  président  à  la 
pluie.  Le  premier  habite  au  sud,  Tak- 
chanpada demeure  h  l'orient.  Tonne- 
t-il,  les  insulaires  assurent  gravement 
que  l'épouse  gronde  son  mari ,  qui 
prive  de  pluieles agriculteurs  de  For- 
mose,  etbientôtTaraagisanhach,  sen- 
sible à  ses  justes  reproches  ,  épanche 
d'une  main  libéi-ale  les  eaux  que  con- 
tiennent les  nuées. 

ÏAMERANI  est  le  créateur  de 
toutes  choses  ,  au  dire  de  quelques 
Hindous.  Il  s'est ,  disent-ils  ,  immé- 
diatement après  la  naissance  du  mon- 
de, dérais  du  gouvernement,  afin  de 
vivre  en  repos;  et  c'est  l'esprit  fu- 
neste qui  gouverne  l'univers  au  gré  de 
ses  caprices.  Conformément  aux  idées 
de  tant  de  peuples  sauvages  ,  qui  ne 
rendent  hommage  qu'au  dieu  méchant 
parce  qu'ils  ne  redoutent  que  lui,  ils 
encensent  h  toute  minute  le  substitut 
de  Tame'rani.  —  Il  est  croyable  que 
Tamérani  ne  diffère  pas  de  ïama  , 
les  lénèbres.Tama  ressemble  à  Brahm, 
au  moins  par  deux  caractères  :  i^l'ir- 
révélation  •  2"  l'insouciance  ou  l'i- 
nertie. Brahmà,  Vichnou,  Siva,  gou- 
vernent le  monde  à  la  place  deBraluii; 


TAN  489 

Tamérani  se  fait  de  même  remplacer. 

TAMIRADES  (les),  famille  sa- 
cerdotale de  Cypre,  donnent  lieu  à 
deux  problèmes  principaux  :  i°  Fu- 
rent-ils ,  comme  les  Cinyrades,  des 
rois  de  Cypre  (dans  ce  cas  ils  eussent 
été  des  prêtres-rois)  .^  2°  Exercèrent- 
ils  les  hautes  fonctions  du  sacer- 
doce ,  ou  bien  ne  furent-ils  que  de 
simples  bardes? 

TANAGRE,  Tanagra,  Txvâypxj 
héroïne  éponymedeTanagre,  enBéo- 
tie  ,  devait  le  jour  ,  selon  les  uns  ,  h 
Eole,  selon  les  autres  au  dieu-fleuve 
Asope  et  à  Mélhone.  Elle  épousa  Pi» 
mandre,  dont  le  nom  se  retrouve  en 
Egypte,  soit  comme  celui  du  dieu  su- 
prême Pi-Amoun ,  soit  comme  celui 
d'un  livi^î  sacré.  On  a  beaucoup  joué 
sur  le  nom  de  Tanagre,  qui  semble 
signifier  la  très-vieille  (  ruva ,  éten- 
dre ,  ypccvç,  vieille).  Arrivée  a  un 
âge  très-avancé  ,  Tanagre  n'était  dé- 
signée par  ses  voisins  que  sous  le  nom 
de  Grée  ,  ou  vieille.  Sa  vieillesse 
lui  confère  à  un  assez  haut  point  l'as- 
pect sibyllique,  et  sa  naissance  con- 
firme encore  cette  idée.  Le  vent,  au 
dire  des  uns  ,  un  fleuve  selon  les  au- 
tres, lui  donne  le  jour;  c'est  dire  en 
d'autres  termes  qu'elle  est  inspirée. 
Au  reste,  Tanagre  était  une  des  cités 
les  plus  religieuses  de  la  Grèce  5  on 
voyait  dans  ses  murs  le  tombeau  d'O- 
rion,  dans  sa  banlieue  le  montCérys, 
une  des  patries  assignées  à  Mercure  j 
on  contait  aussi  que  ce  dieu  avait  dé- 
livré les  Tanagréens  d'une  épidémie 
en  portant  autour  de  leurs  murs  un 
agneau  sur  ses  épaules,  et  l'on  avait 
institué  en  mémoire  de  cette  aventure 
une  fête  dite  Criophorie,  dans  la- 
quelle un  jeune  homme  faisait  le  tour 
des  remparts  les  épaules  chargées 
d'un  bélier. 

TAISAIS ,  fds  de  Pontos  et  de 
Thalassa  (le  lit  de  la  mer  et  la  mer), 


l90 


TAN 


•elon  Hygiu  ;  de  Bérose  et  de  Tama- 
Eone  Leucippe,  selon  d'autres,  jura 
long-temps  mépris  et  haine  aux  fem- 
mes, devint  ensnile  amoureux  de  sa 
Iiropre  mère,  puis  se  précipita  dans 
e  ûeuve  auquel  les  anciens  donnaient 
son  nom,  leTanaïs,  aujourd'hui  Don. 
Ce  fleuve  jusque-là  s'était  appelé 
Amazonius.  — Un  autre  Tahaïs  était 
un  chef  mlnle  ;  Enée  le  tua. 

TANARÉ-PAPAOU ,  déesse  des 
Mes  Sandwich.  Ses  yeux  et  sa  bouche 
présentent  le  même  aspect  que  Tana- 
téa  {Voy.  ce  nom);  le  nez  ne  vaut 

fias  mieux,  et  les  formes  du  corps  va- 
ent  moins  encore.  Choris  {Voyage 
Pittt.^  Sand^v.,  pi.  VII,  f.  3  et  4) 
l'a  dessinée  de  face  et  de  profil. 
Quoique  ses  cuisses  fassent  presque 
angle  droit  avec  les  jambes,  la  déesse 
semble  en  marche. 

TANARÉRÉ,  dieu  des  îles  Sand- 
wich (Choris,  Voy.  Pitt. ,  Sandw., 
p.  VU,  f.  i).  La  tête,  qui  à  elle  seule 
est  d'un  volume  aussi  considérable 
que  le  reste  du  corps,  est  bien  posée 
et  a  quelque  chose  d'expressif  et  de 
distingué. 

l'AJNATEA,  déesse  des  îles  Sand- 
wich, ue  nous  est  connue  que  par  dei 
images  dont  une  a  été  reproduite  par 
Choris  {Voyage  Pittor.^  Sandw., 
pi.  VIII,  f.  3)  :  tatouages  sur  la  fi- 
gure, narines  atroces,  yeux  k  peine 
indiqués  et  ressemblant  a  des  feuilles 
de  laurier;  bouche  énorme,  et  dont 
les  lèvres ,  étonnamment  écartées 
vers  leurs  extrémités,  se  rapprochent 
vers  la  ligne  médiane  de  la  figure, 
voilà  ses  traits  principaux.  On  voit 
poindre  des  dents  parallélogramma- 
tiques  et  dont  pas  une  n'est  canine; 
autour  de  sa  tête  s'arrondit  une  coif- 
fure; le  cou  est  plus  épais  que  les 
deux  cuisses  réunies.  La  déesse  sem- 
ble en  marche. 

TANE ,  un  des  dieux  les  plus  éle-< 


TAN 

vés  de  l'archipel  de  la  Société,  est  ,  ,^ 
selon  l'un  des  systèmes  religieux  des  IH 
habitants  de  ces  îles ,  le  dieu  su-  ^" 
prême.  On  l'appelle  aussi  Té-Mé- 
doua,  c'est-à-dire  le  père.  Tarra , 
sa  femme,  lui  donna  entre  autres  en- 
fants Po  (la  nuit),  Arié  (le  ciel), 
Avié  (l'eau  douce) ,  Atié  ou  Te  Mide 
(la  mer).  Matai  (le  vent),  Taunou 
Mahauna  (le  soleil,  sous  forme  d'un 
homme  appelé  Euroa  Taboa).  Dès 
que  ce  dernier  fut  né,  tout  le  reste  de 
sa  famille  évacua  les  cieux  et  se  rendit 
sur  la  terre.  Taunou  seule,  avant  de 
prendre  part  à  celte  grande  émigra- 
tion, resta  aux  cieux  assez  long-temps 
pour  donner  à  son  frère,  dont  elle  de- 
vint l'épouse ,  treize  fils  qui  sont  les 
treize  moi*  :  Papiri,  Ovnounou,  Pa- 
roromoua  ,  Paioromori,  Mouriha  , 
Heacha,  Taoa,  Horororcra,  Hou- 
riama,  Teaire,  Tétai,  Ouéalio,  Ouéa. 
Taunou,  après  cette  laborieuse  par- 
turilion,  étant  descendue  sur  la  terre, 
Mahanna,  veuf,  s'unit  à  l'énorme  et 
inorganique  roche  Poppoharra-Ha- 
réha,  en  eut  Tétouba-Amalou-IIa- 
tou ,  et  enfin  mourut,  ou  plutôt  se 
métamorphosa  en  poussière.  Tétouba- 
Amatou-Hatou  eut  pour  femme  le  sa- 
ble de  la  mer  et  pour  enfants  Ti  et 
Opira.  A  sa  mort  Ti  et  Opira ,  quoi- 
que frère  et  sœur,  se  marièrent  et 
donnèrent  le  jour  à  Ohira-Rine- 
Mouna  qui,aprèsla  mort  de  sa  mère, 
devint  la  seconde  épouse  de  Ti.  De 
ce  nouvel  hymen  naquirent  trois  fils  , 
Ora,  Vauou,  Titéri;  trois  filles, 
Hennalou-Morrourou ,  Henaroa,  Nou- 
via.  Les  trois  frères  épousèrent  les 
trois  sœurs ,  et  enfin  l'espèce  hu- 
maine commença.  Il  faut  comparer  a 
cette  cosmogonie  celle  dont  il  est 
parlé  à  l'art.  Etoua-Rahai. 
\l  TANFANA,  déesse  germaine  qui 
avait  un  temple  célèbre  chez  lesMar- 
ses,  entre  TEms  et  la  Lippe  {Anna" 


TÀN 

les  de  Tacite,  I,  5 1) ,  était  selon  les 
uns  la  déesse  des  sorts  ou  de  la  di- 
vination par  les  baguettes,  selon  les 
autres  la  déesse  du  feu.  Dans  la  pre- 
mière hypollièse,  qui  est  la  plus  pro- 
bable ,  Tanfana  serait,  non  comme 
on  l'a  dit ,  une  divinité  allégorique 
analogue  a  la  Fortune  de  Préneste, 
mais  une  fée  suprême,  divinatrice  par 
les  baguettes  (T^n  eu  anglo-saxon, 
y^îm  dans  Ulpbilas,  Tein  dans  les 
monuments  runiques,  Tecn  en  alle- 
mand ,  signifient  scion-  Fana  veut 
dire  maîtresse).  Cette  espèce  de  cla- 
doraancie  a  été  décrite  par  Tacite 
{Germanie j  i  o).  La  baguette,  cueil- 
lie sur  un  arbre  fruitier ,  était 
coupée  en  petits  cylindres  que  l'on 
distinguait  par  des  marques  fixées 
d'avance  5  puis  on  les  jetait  au  hasard 
sur  une  étoffe  blanche  :  de  leur  dis- 
position relative  on  concluait  le  dé- 
nouement heureux  ou  funeste  de  l'en- 
treprise pour  laquelle  on  les  consul- 
tait. Celte  divination  était  pratiquée 
tantôt  par  les  chefs  de  l'état,  tantôt 
par  le  père  ou  la  mère  de  famille. 
Dans  l'île  de  Rugcn  la  baguette,  cou- 

Eée  en  trois,  était  marquée  tantôt  de 
lanc,  tantôt  de  noir  5  le  consultant 
plaçait  ces  petits  fragments  toujours 
en  nombre  impair,  les  tirait  h  mesure, 
et  augurait  de  l'avenir  par  la  couleur 
qui  était  en  majorité.  Cette  divina- 
tion par  les  tènes  se  retrouve  aussi 
chez  les  Scythes  (au  dire  d'Hérodote, 
IV,  67),  chez  les  Alains  (selon 
Ammien  Marcelin  ,  XXXI ,  2) ,  enfin 
chez  les  Orientaux  (Ezéchiel,  XXI, 
21  ,  et  Osée,  IV,  i3).  Le  triom- 
phe du  christianisme  dans  l'Allema- 
gne n'anéantit  pas  cette  superstition  5 
seulement  on  y  ajouta  des  formules 
chrétiennes  et  l'on  grava  sur  des  ba- 
guettes l'image  de  la  croix.  —  Tan 
signifiait  feu  dans  les  dialectes  cel- 
tiques, mais  Tanfana  était  leutoni- 


TAN 


A9« 


qtlé  ;  c'est  Wachter  qui  a  le  premier 
donné  Tanfana  pour  déesse  du  feu. 
Ou  a  soupçonné  aussi  que  Tanfana 
signifiait  simplement  le  temple  des 
tènes. 

TAISGATAINGA,  c'est-a-dire  un 
en  trois  et  trois  en  iin^  divinité  pé- 
ruvienne mentionnée  par  Acosia  ,  et 
dans  laquelle  les  missionnaires  ont  vu 
un  lointain  reflet  de  notre  trinité 
(Laffittau,  Mœurs  des  sauv.,  19). 

TAINGRA  est  l'ctre  suprême  chez 
les  Iakoutes  (Sibérie). 

TAN-KOUAN,  dieu  chinois,  pre- 
mier membre  de  la  trlnilé  soumise  a 
Kang-I  [V^oy.  ce  nom),  préside  aux 
pluies ,  aux  orages ,  h  la  grêle,  a  la 
foudre  et  a  tous  les  phénomènes  mé- 
téoriques. 

TANTALE, TANTALtJs,T<«i'7-«Aof, 
fils  de  Jupiter  (ou  de  Tmole)et  de  la 
nymphe  Pluto,  ou  Plotis  ,  ou  Ploie, 
régna  dans  la  ville  de  Sipyle  (alors 
comprise  dans  la  Phrygie)  ou  enPa- 
phlagonie.U  est  célèbre  dans  l'histoire 
par  son  fils  Pélops,  qui  vint  de  l'Asie 
Mineure  dans  le  Péloponèse  5  et  dans 
la  mythologie  par  un  crime  qui  a  tou- 
jours e'té  enveloppé  de  ténèbres,  mais 
qui  lui  mérita  dans  les  enfers  une  pu- 
nition exemplaire.  Quel  est  ce  crime  ? 
Les  auteurs  se  divisent  sur  ce  point. 
Résumons  les  principales  opinions  : 
1"  il  enleva  le  jeune  et  beau  Gany- 
mède,  fils  de  Tros  ;  2."  il  prit  part  au 
larcin  de  Pandarée,  et  prêta  un  faux 
serment  h  cette  occasion  •  5°  il  of- 
fensa Jupiter  en  déclarant  au  fleuve 
Asope  que  le  ravisseur  de  sa  fille  était 
le  maître  des  dieux  j  4°  introduit  dans 
les  cieux  par  Jupiter,  et  invité  h  pren- 
dre sa  part  de  nectar  et  d'ambrosie, 
il  déroba  ces  aliments  divins  afin  de 
les  faire  goûter  aux  hommes  lorsqu'il 
reviendrait  sur  la  terre  j  5°  il  révéla 
les  secrets  dés  die«x ,  dont  il  était 
grand- prêtre  j  6°  préposé  par  Jupiter 


49» 


TAN 


k  la  garde  de  Son  lerople  dans  l'île  de 
Crète  ,  il  s'appropria  un  chien  ma- 
gnifique qui  devait  partager  avec  lui 
celte  fonction  religieuse,  et,  quand 
Jupiter  le  réclama,  il  déclara  qu'il 
ne  savait  ce  qu'était  devenu  cet  ani- 
mal j  7°  enfin,  recevant  les  dieux 
chez  lui  k  litre  de  convives,  il  leur 
servit,  afin  d'éprouver  leur  divinité, 
les  raemhres  de  son  fils  Pélops.  Ju- 
piter connut  bienlûl  l'affreuse  mu- 
nificence de  son  hôte  et  ressuscita  la 
victime,  dontWioerve  avait  déjà  man- 
gé une  épaule.  Le  supplice  de  Tan- 
tale, selon  Euripide  et  Platon  ,  con- 
siste k  trembler  sans  cesse  au-dessous 
d'un  rocher  qui  pend  sur  sa  tète.  La 
légende  commune  le  peint  en  proie  k 
une  soif  brûlante,  au  milieu  d'uu  étang 
donl  l'eau  s'élève  jusqu'à  ses  lèvres 
desséchées,  puis  baisse  dès  qu'il  veut 
s'en  approcher  ;  en  proie  k  une  faim 
dévorante,  sous  des  arbres  dont  les 
branches  s'inclinent  vers  ses  mains, 
et  se  redressent  rapides  comme  l'é- 
clair dès  qu'il  veut  les  saisir.  On  mon- 
trait son  tombeau  k  Sipyle.  —  On 
donne  pour  femme  k  Tantale  tantôt 
Anlhémusie  ,  tantôt  Euryanasse , 
dont  il  eut  Broutée  ,  Pélops  et  Nio- 
bé.  Quelques  mythologues  nomment 
comme  mère  de  Pélops  Clytie,  ou 
Dioné  ,  ou  Eurythénis ,  ou  Eupry- 
tone.  —  Il  est  évident  que  Tantale 
n'^est  autre  que  le  grand  dieu  par  ex- 
cellence de  la  Lydie,  et  peut-être 
le  chef  des  Trilopators.  Toutes  ses 
aventures  le  montrent  identique  k 
Jup. ter,  révélateur,  entouré  de  parè- 
dres,  et  immolateur.  En  effet,  il  ha- 
bite l'Olympe,  il  boit  k  longs  traits 
l'ambrosie,  il  garde  un  mont  qui  est 
un  Olympe ,  il  veille  k  un  temple ,  k 
la  Crète,  il  traile  les  dieux.  N'est-ce 
pas  la  être  identique  k  Jupiter? 
Comp.  l'art.  Pélops.-»— Deux  autres 
Tantale  furent  -.i"  un  des filsd'Am- 


TAR 

phion  et  de  Nlobé.  ;  2°  un  lils  adultérin 
de  Thyeste  et  d'Érope,  l'épouse  d'A- 
trée.  Ce  dernier  le  tua  et  en  fit  servir 
les  membres  a  Thyeste  dans  le  festin 
qu'il  lui  donna  lors  de  sa  réconcilia- 
lion  avec  lui.  Quelques  mythologues 
font  vivre  ce  Tanlale  jusqu'à  l'âge 
d'homme,  et  lui  donnent  pour  femme 
Clytemnestrc  ,  dont  il  fut  le  premier  JB 
mari.  Agameninon  le  tua  pour  être  *| 
l'époux  de  celle  fille  de  Tyndare'e,  et 
c'est  afin  de  venger  sa  mort  qu'E- 
gislhe,  amaut  heureux  de  sa  belle- 
sœur,  n'oublia  rien  pour  la  décider  k 
se  défaire  d'Agamemnon. — Ondonne 
le  nom  de  Tantalides  k  la  norabi'euse 
postérité  de  Tantale  5  Niobé  surtout 
s'appelle  •souvent  Tantalis. 

TAPALIAPE.  r.  Talafox  LA. 

TAITIOS  ou  TAPHIOS ,  Tci^^o? , 
héros  éponyme  de  l'île  de  Taphos^ 
passait  pour  fils  de  Neptune  cl  d'Hip- 
polhoé,  11  vint  dans  Taphos  k  la  têle        _ 
d'une  troupe  d'émigrants.  mÊ 

TAPIO  ,  dieu  de  la  mythologie  '^ 
finnoise,  était  le  protecteur  des  abeil- 
les, le  gardien  des  troupeaux  et  le 
grand  guérisseur  des  blessures.  De 
concert  avec  Tapiolan-Emenda  ,  sa 
sœur  ou  sa  femme  ,  il  présidait  k  la 
chasse  et  guidait  les  jeunes  héros  k  la 
recherche  du  gibier  5  mais  Tapiolan- 
Emenda  ne  leur  livrait  que  les  oi- 
seaux j  Tapio  faisait  tomber  sous 
leurs  coups  les  hôtes  timides  des 
bois  :  si  l'on  s'attaquait  k  une  bête 
féroce  ,  il  fallait  invoquer  la  protec- 
tion d'Isis ,  le  géant. 

TARAN  ou  TARAM  ,  Tarakis, 
ToRA'Mis  ,  le  dieu  du  tonnerre  chez 
les  Celtes  de  la  Gaule  ,  n'était  que  le 
tonnerre  personnifié  (  Taran  en  gaél. 
signifie  tonnerre  ).  On  le  regardait 
comme  présidant  aux  météores  ignés, 
aux  pluies,  aux  tempêtes.  On  l'a  com- 
paré au  Jupiter -Tonnant  (Zévs-Bron- 
tceos)  du  monde  grec-romaiu ,  et  par 


TAR 

suite  à  Jupiter;  mais  ce  parallèle  est 
peu  exact  si  par  Jupiter  on  entend 
le  dieu  suprême,  car  Hésus  et  Teuta- 
tès  étaient  supérieurs  à  Taran.  On 
l'opposait  aTuiston,  qui  était  le  dieu 
des  enfers  ,  et  sous  ce  point  de  vue 
on  serait  tenté  de  croire  que  c'étaient 
les  deux  dieux  principaux.  Fenel  re- 
garde ïuiston  comme  le  pi-incipe  du 
bien,  et  Taran  comme  le  principe  du 
mal;  et  pour  preuve  il  allègue  l'usage 
oîi  étaient  les  Germains  de  compter 
par  nuits,  l'affiliation  qu'ils  établis- 
saient entre  les  Teutons  et  Tuislon, 
leur  grand  aïeul ,  puis  enfin  les  sacri- 
fices liumains  offerts  à  Taran.  Ces 
arguments  ne  sont  point  décisifs;  le 
dernier  surtout  ne  prouve  rien.  La 
superstition ,  en  immolant  des  hom- 
mes aux  dieux ,  croyait  souvent  im- 
moler la  victime  la  plus  pure. 

TARAl-PIA,  dieu  eslhe  qu'on  a 
comparé  quelquefois  au  Thor  Scan- 
dinave, ëtaitadoré  sous  la  figure  d'un 
oiseau  magnifique  né  dans  une  forêt 
du  montTara-Pia  ou  Thorapilla  (an- 
cienne province  de  Livonie).  Cet  oi- 
seau, dit-on,  s'envolait  a  une  époque 
fixe  vers  l'île  d'Œsel.  Cette  île,  que 
l'on  nommait  Chori,  était  comme  la 
Délos  des  Slaves,  et  rappelle  non- 
seulement  ces  îles  saintes,  ces  îles 
blanches  si  nombreuses  dans  l'ouest 
et  le  nord ,  comme  dans  l'est  et  le 
sud,  mais  ehcore  les  voyages  pério- 
diques de  Vénus  en  Lybie ,  d'Apollon 
dans  sa  Cyclade  ,  de  Bacchus  dans 
Naxos,  d'Athànâ  dans  son  lac  trito- 
nide  ,  des  douze  dieux  dans  la  mari- 
time Ethiopie.  Du  reste,  Thor  est 
aigle,  et  comme  lui  Tara-Pia  avait  le 
jeudi  sous  sa  protection. 

TARAS,  fondateur  de  Tarente  , 
passait  pour  fils  de  Neptune  et  d'une 
nymphe  anonyme,  et  avait  a  Delphes 
une  chapelle  oii  on  lui  rendait  les 
honneurs  héroïques.  On  sait  que, 


TAR 


493 


dans  le  langage  des  évhéméristes, 
Neptunide  signifie  venu  par  mer; 
cela  veut  dire  simplement  que  la  ville 
éponyme  est  au  bord  de  la  mer.  Au 
reste,  les  fils  ne  sont  que  les  émana- 
tions de  leur  père.  Taras  est  un  Nep- 
tune subalterne  ;  aussi  les  médailles 
tarenlines  lui  donnent-elles  les  traits 
d'un  dieu  marin  armé  d'un  trident,  et 
quelquefois  delà  massue  herculéenne, 
et  chevauchant  sur  un  dauphin;  elles 
lui  donnent  aussi  divers  attributs  re- 
latifs h  la  fertilité  des  pays  environ- 
nants :  la  corne  d'abondance,  l'am- 
phore aux  deux  anses,  le  ihyrse,  des 
grappes  de  raisin;  parfois  on  y  voit 
la  chouette,  symbole  de  Minerve,  pro- 
tectrice d'Athènes.  L'histoire  un  peu 
nébuleuse  des  siècles  qui  suivirent  la 
prise  de  Troie  donne  comme  fonda- 
teur de  Tarente  le  lacédémonien  Pha- 
lanle,  chef  des  Parlhéniens(^.  Pha- 
lante) — Un  autre  Taras,  regardé 
aussi  comme  le  fondateur  de  Tarente, 
était  fils  d'Hercule.  Il  est  probable 
que  c'est  le  même  que  celui  qui  pré- 
cède. Hercule  et  Neptune,  dans  les 
croyances  italiennes,  avaient  ensem- 
ble la  plus  intime  connexion  [Foy. 
Portumne)  ;  et  l'on  a  déjà  vu  plus 
haut  la  massue  substituée  au  trident. 
TARAXIPPE,  Taraxippus,t«- 
fctXiTi'nûç,  génie  funeste  aux  combat- 
tants qui  se  disputaient  le  prix  de  la 
course  des  chars.  Sou  nom  indique 
qu'il  portait  la  perturbation  dans  les 
manœuvres  des  chevaux.  \\  paraît  que 
jamais  il  ne  fut  figuré  par  l'art.  Un 
autel  cylindrique  placé  k  l'extrémité 
delà  carrière,  etdédié  k  sa  puissance, 
passait  pour  être  son  domicile,  et  sans 
doute  était  lui-même.  Dans  celle  hy- 
pothèse ,  qu'était-ce  que  Taraxippe  ? 
Un  grand  fétiche,  unbétyle,  un  analo- 
gue des  cônes  de  Gypre  ,  de  la  Syrie, 
de  la  Sardaigne  et  des  Craighs  de  la 
Gaule.  Ce  bétyle,  il  est  vrai ,  recelait 


m 


TAR 


TAR 


1 


un  esprit  recteur  j  mais  toule  slalue 
élaitcenséeauimée,aumoiiisde  temps 
à  autre,  par  la  divinilé.  Resterait  k 
dire  quelle  était  celte  àme  :  le  Tara- 
xippe  d'Olympie,  au  dire  des  Eléens , 
était  Tombre  d'Œuomas  ou  celle  de 
ftLrtyle  ,  ou  de  quelque  excellent 
écuyer  natif  d'Élide.  Le  Taraxippe 
de  Corinlhe  passait  pour  être  Glau- 
cos,  ce  fils  de  Sisyphe  que  foulèrent 
aux  pieds  ses  propres  chevaux  ,  lors 
de  la  célébration  des  jeux  funèbres 
d'Acasle  en  l'honneur  de  son  pèjre. 
Aux  yeux  de  quelques  personnes  Ta- 
raxippc  était  Neptune  Hippios  {T. 
ce  nom). —  En  passant  devant  l'autel 
de  Taraxippe  les  chevaux  sentaient 
un  effroi  subit  qui  leur  faisait  pren- 
dre le  mors  aux  dents,  courir  ëcu- 
raants  dans  le  stade ,  briser  l'essieu 
des  chars  en  se  heurtant  dans  les  an- 
fracluosilés  de  la  borne  falale,  et 
quelquefois  renverser  leur  maître  et  le 
fouler  sous  leurs  pieds. — On  vient  de 
voir  que  l'on  distinguait  nettement 
au  moins  deux  Taraxippe.  Il  est 
croyable  que  le  premier  était  consa- 
cré aux  mânes  d'OEnomàs  et  de  Myr- 
lile ,  et  que  le  second  était  sous  la 
protection  de  Neplune-Hippios,  ce 
protecteur  superbe  de  Corinlhe  et  de 
l'isthme  que  battent  les  flols  de  deux 
mers.  Les  combaltauls,  avant  d'en- 
trer eu  lice,  offraient  un  sacrifice  à 
Taraxippe,  et  sans  doule  lui  adres- 
saient plus  d'une  fois  des  vœux  pen- 
dant la  course,  a  mesure  qu'ils  s'ap- 
prochaient du  point  où  si  souvent  se 
brisaient  leurs  glorieuses  espérances. 
/  TARCHON  ,  prétendu  fondateur 

de  Manloue,  esldans  l'Enéide  un  chef 
étrusque  qui  vient ,  api  es  l'expul- 
sion de  Mézence,  apporter  a  Evan- 
dreles  insigne»  de  la  royauté  et  le 
prier  de  régner  sur  les  Tyrrliéniens. 
Est-ce  \e  même  qu'un  Tarchon  fils 
d'Atys,  frère  de  Tyrrhène  et  oncle  de 


Tuscus,  qui  vient  en  Italie  y  jeter  les 
fondements  des  douze  cités  de  l'Etru- 
rie  et  régner  spécialement  sur  la  ville 
de  Tarchon?  Nous  le  présumons. 
Celui-là  est  donné  comme  fils  de  Té- 
lèphe.  On  sait  que  Tarchon  et  Tar- 
quiu  sont  le  même  nom.  Tarquinies 
personnifiée  dut  donc  s'appeler  Tar- 
chon (A^.  Suidas,  art.  Tap;g&'v<ô>).  Ce 
nom  diffère  a  peine  de  Terraciuc  ou 
Trachin.  Bultman  { il/jlkologus , 
t.  II,  297)  remarque  h  propos  des 
Tarquiiis  que  ce  nom  appartient  h  la 
série  des  noms  pélasgiijues  de  l'Etru- 
rie,  et  non  à  la  série  lîasena. 

TARMAD  ,  autrement  NtiiAED  , 
est  «a  des  six  princes  des  Devs  que 
le  Boundéliech  associe  au  terrible 
Ahrimanj  c'est  le  Dev  de  l'orgueil. 
On  lui  donne  aussi  le  nom  de  Clied. 

T'-AR-MOUTH  ,    et  quelquefois 

T'-ER  -  MOUTH     (  T'-  ER  -MÔOUTH  , 

PaERMOUTH,  PnERMOOUTH,  la  gran- 
de mère),  d'où  les  Grecs  elles  Ro- 
mains ont  tiré  leur  nom  de  Thermulis, 
Phermulhis,  est  proprement  Bouto, 
la  plus  ancienne  des  déesses  égyp- 
tiennes. Du  reste,  ce  nom  appartient 
h  toutes  les  déesses  de  la  première 
dynastie,  Ncilh  ,  Athor  ,  peut-être 
Tpé,  Saté,  Anouke  ,  et  d'autres  en- 
core ,  selon  que  le  mythographe  les  " 
absorbera  dans  une  des  hautes  per- 
sonnes femelles  de  l'ogdoade  suprê- 
me   (  f^Oy.     KuAIMÉl'HlOÏDES  ).     La 

branche  sébennytique  du  Nil  (celle 
qui  scindait  le  Delta  en  deux  îles  se- 
condaires )  s'appelait  Thermuliaque 
(en  égyptien  Thermôouth  ou  Pher- 
raàouth)^  probablement  elle  devait 
son  nom  à  la  ville  de  Bouto,  auprès 
de  laquelle  elle  avait  sou  embou- 
chure. 

TAROA-TÉAI-ETOUMOU  est 
dans  la  cosmogonie  de  Taïli  le  dieu 
suprême,  et  eu  conséquence  le  même 
qu'Atoua  ou  Etoua(/^oj'.  ce  dernier 


TAR 

mot).  C'est  à-tort  qu'on  a  voulu  tra- 
duire ce  nom  par  le  producteur  des 
trembleinenls  de  terre-  il  signifie  la 
grande  tige  engendrante  ,  en  tant 
qu'excitant  les  tremblements  de  terre. 
TARPEIA,  romaine  qui.  lors  de 
l'arrivée  des  Sabins  devant  Rome  , 
ouvrit  a  leur  chef  Talius  un  chemin 
par  lequel  ils  devaient  pénétrer  dans 
la  citadelle.  En  récompense  de  cette 

Ïerfidie  elle  avait  stipulé  que  les  Sa- 
ins lui  donneraient  les  bracelets  d'or 
qui  brillaient  à  leurs  bras,  Tatius 
remplit  sa  promesse  avec  une  ponc- 
tualité dérisoire  :  tous  les  Sabins 
à  la  fois  jetèrent  sur  Tarpéia  sup- 
pliante ou  couchée  a  terre  leurs  bra- 
celets, et  tel  en  fut  le  nombre  qu'elle 
expira  écrasée  sous  ce  poids  magnifi- 
que. —  On  ne  pouvait  manquer  de 
donner  a  Tarpéia  un  père  qui  portât 
son  nomj  ce  futSp.  Tarpéius,  gou- 
verneur du  mont  Tarpéius  (  pointe 
méridionale  du  mont  Capitolin).  — i 
La  fable  de  Tarpéia  reflète  celte  foule 
de  fables  slaves,  scythes  et  Scandina- 
ves qui  nous  montrent  les  jeunes  fil- 
les et  l'or,  l'or  et  la  trahisou  ou  le 
malheur  intimement  liés  l'un  à  l'au- 
tre; mais  il  y  a  la  quelque  chose  de 
plus.  INiébuhr  {Hist.  rom.)  l'a  ingé- 
nieusement démêlé.  Sous  le  mont  Ca- 
pitolin serpentaient  de  longues  ca- 
vernes dont  les  sinuosités  n'étaient 
connues  dans  leur  entier  que  d'un  pe- 
tit nombre  de  personnes  ;  ou  les  ap- 
pelait la  perforation,  Trypéuaa,  Tar- 
péma.  Aujourd'hui  encore,  le  nom  de 
Tarpéia  revit  dans  une  tradition  po- 
pulaire 5  et  en  indiquant  ces  voûtes 
souterraines  ,  dont  la  carte  n'est  pas 
connue  et  où  il  serait  téméraire  de 
s'engager  seul,  les  vieilles  femmes, 
les  jeunes  filles  des  environs  suppo- 
sent la  Ria  T'arpeja  dans  son  laby- 
rinthe fantastique,  rêveuse,  et  pour- 
tant souriant  aux  monceaux  d'émerau- 


TAR  495 

des,  de  perles  et  d'or  qui  renlourent 
jusqu'à  mi-corps,  et  sur  qui  se  reflète 
en  pâlissant  la  clarté  des  flambleauï. 
Ria  Taqjcja  ne  signifie  pas,  comme 
dans  la  langue  poétique  des  Italiens, 
lacaupable,  mais  la  pauvre  Tarpéiaj 
peut-être  aussi  Ria  est-il  k  la  place  do 
Réa,  comme  dans  Réa  Sylvia.  —  On 
sait  que  la  roche  Tarpéienne  ,  j)arlie 
du  montTarpéien,  était  k  Rome  un 
lieu  de  supplice,  et  que  de  la  on  je- 
tait dans  un  précipice  ouvert  au-des- 
sous de  la  cime  ceux  qui  étaient  cau- 
sés coupables  d'avoir  aspiré  k  la 
royauté.  Plusieurs  tribuns  du  peuple 
subirent  cet  affreux  supplice.  Sous 
Tibère  nous  voyons  encore  Sextus 
Marins  prouver  l'existence  de  cette 
coutume  barbare.  —  Deux  autres 
TarpÉfa  furent,  la  première  une  des 
suivantes  de  la  guerrière  Camille  ;  la 
seconde  une  des  quatreVestales  primi- 
tives instituées  par  Numa. 

TARQUITE,  Tabquitus,  fils  de 
Faune  et  de  la  nymphe  Dryope,  fut 
tué  par  Enée. 

TARRA,  femme  du  créateur  taï- 
iien  Tane  ,  fut  mère  de  Po  ,  Arié , 
Avié,  Atié,  Matai,  Taunou-Ma- 
hanna.  Une  autre  cosmogonie ,  en- 
levant  k  Tane  le  titre  de  dieu  su- 
prême, le  donne  a  Étoua-Rahai ,  qui 
a  pour  épouse  0-Té-Papad.  Un  sys- 
tème mixte  admet  Tane  comme  fils 
d'Etoua-Rahaietd'0-Té-Papad.Dans- 
cette  hypothèse,  Tarra  doit  être  aussi 
leur  fille,  et  aurait  pour  époux  son 
frère. 

TARTARE  (le),Tartarus,  TÛf- 
Tupos  ,  est  dans  Hésiode  une  des 
quatre  essences  primordiales,-  les  trois 
autres  sont  le  Chaos,  laTerre  et  l'A- 
mour. Suivant  Creuzer  ,  le  Tartare 
est  la  propension  que  conserve  la 
terre,  ou,  en  idéalisant,  la  nature  dé- 
gagée du  chaos  sans  forme,  k  s'y  re- 
plonger partiellement,  Unik  la  terre 


496  TAR 

(Gœa,  daus  Hésiode),  le  Tartare  fut 
père  de  Typhon.  Hygin  ajoute  a  celle 
lisle  les  géants  Encelade  ,  Cœos  , 
Opliion  ,  ClyliuS ,  Agrlus ,  Aléraou, 
Ephlalle,  Euxyle,  Eclilon,  Corydon, 
Phermis,  Théodamas ,  Polybote,Mé- 
néphiras,  Alcée,  Polyphèrae,  Japet. 
Dans  Apollodore  on  donne  Echidna 
comme  Tune  des  filles  du  Tartare 
et  de  la  Terre. —  Tarlare  n'est  pas 
un  dieu  ordinaire,  c'est  un  lieu  divi- 
nisé, et  en  cela  il  faut  ajouter  à  l'i- 
dée de  Creuzer,  qui  ne  voit  en  lui  que 
la  personnification  d'une  propriété  ou 
d'un  phénomène.  Le  Tarlare  alors  se 
trouve  être  oul'espace  ténébreux,  ou 
les  ténèbres  mêmes.  Les  deux  idées 
s'impliquent  en  mythologie  5  mais 
c'est  la  première  qui  domine  ici.  Qui 
dit  Tartare  dit  l'espace  où  règne  la 
nuit  éternelle  ,  en  d'autres  termes 
l'enfer.  Plus  tard,  lorsque  la  mytho- 
logie systématisée  organisa  l'enfer  et 
y  créa  des  sections,  des  bois,  des  fleu- 
ves, de  verdoyantes  prairies  ,  une 
espèce  de  lumière,  tandis  qu'on  assi- 
gnait aux  êtres  divins  mais  ahrima- 
niques  l'enfer,  aux  enfants  les  lim- 
bes, aux  femmes,  aux  amants,  aux 
.suicidés  les  champs  des  pleurs  ,  aux 
héros  et  aux  sages  les  Champs-Ely- 
sées, on  réservait  pour  les  impies  et 
les  criminels  le  Tartare.  Trois  en- 
ceintes de  hautes  murailles  l'isolent 
■du  reste  de  l'abîme  :  le  Phlégéthou  , 
aux  ondes  de  feu,  roule  circulaire- 
ment  son  onde  brûlante  sous  les  gla- 
cis de  la  forte  prison 5  des  portes 
dures  comme  les  diamants  en  fer- 
ment l'entrée.  A  ces  portes  veille 
Tisiphone,  aux  torches  rougeâtres, 
aux  cheveux  de  serpents.  C'est  là  que 
la  foudre  de  Jupiter  envoya  les  Ti- 
tans 5  c'est  la  qu'Uranus  avait  plongé 
ses  fils  sous  la  garde  de  Campé  5  là 
enfin  Ixion  ,  Tantale,  Sysiphe,  Piri- 
thoiis  ,  Phlégyas,  et  les  autres  hom- 


TAT 

mes  immortalisés  par  leurs  crimes, 
subissent  des  supplices  qui  ne  doivent 
pas  avoir  de  fin.  Ces  supplices  en 
général  ont  quelque  chose  d'élégant^ 
et  c'est  à  tort  qu'on  a  répété  dans 
ces  temps  modernes  que  les  idolâtres 
de  la  Grèce  s'entendirent  mieux  a 
peindre  l'enfer  qu'a  peindre  les  déli- 
ces célestes.  Le  fait  est  que  Peufcr 
du  Dante  et  l'enfer  des  Hindous  , 
bien  moins  correct  sans  doute ,  im- 
priment h  l'àme  une  commotion,  une 
compression  bien  plus  terrible  que 
l'enfer  des  Grecs. — Nous  ne  déci- 
derons pas  si  c'est  le  Tarlesse,  eu 
Espagne,  qui  a  donné  l'idée  du  Tar- 
tare, et  si  jamais  ce  beau  pays  d'An- 
dalousie a  été  un  lieu  de  déportation 
pour  les  Phéniciens  ou  autres. 

TARVOS  TRIGARAINOS ,  dieu 
gaulois  représenté  sous  la  forme  d'un 
taureau  d'airain,  placé  au  milieu  d'un 
lac  de  même  nom.  Ceux  qui  avaient 
des  procès  se  rendaient  au  lac  sur 
un  lieu  élevé  et  mettaient  chacun  à 
part  des  gâteaux  sur  une  même  plan- 
che. Les  grues,  nombreuses  dans  ces 
parages  ,  venaient  s'abattre  sur  ces 
offrandes  symboliques  ,  et  celui-là 
l'emportait  dont  ces  échassiers  épar- 
pillaient la  pâtisserie  ,  ceux-là  per- 
daient au  contraire  dont  elles  dévo- 
raient les  gâteaux.  On  a  souvent  tra- 
duit Tarvos  Trigaranos ,  par  le  tau- 
reau aux  trois  grues;  d'autres  y  ont 
vu  le  taureau  aux  trois  têtes  {Tar- 
vos Tricaranos),  et  l'on  a  rappro- 
ché ce  dieu  gaulois  de  Bacchus,  si 
remarquable  par  ses  formes  emprun- 
tées au  taureau,  de  Jupiter -Crio- 
phlhalme,  et  du  taureau  Aboudad. 

TATOUSIO  ,  dieu  des  Magnaci- 
kas,  ancienne  peuplade  du  Paiagual, 
garde  jour  et  nuit  un  pont  de  bois  jeté 
sur  un  grand  fleuve  où  se  rendent  les 
âmes  quand  elles  ont  quitté  les  corps, 
purifie  les  unes  avant  de  les  laisser 


ÎAY 

passer  au  séjour  célesle,  et  prcciplle 
les  autres  dans  rabirae.  Oii  peut  pen- 
ser ici  au  pont  ïchinevad  ,  gardé  par 
Tachter,  et  à  l'Achéron,  que  doivent 
passer  les  âmes  ,  selon  les  Grecs. 

TAURICEPS  (  à  tctc  de  tau- 
reau): i°Bacchus;  2"  ISeplune  ; 
3°  tout  fleuve.  Une  quanlilé  d'épi- 
ihètes  de  ce  genre  se  lient  k  celle-ci 
ou  la  remplacent  :  tels  sont  les  mots 
grecs  Taurocrane,  Tauroccpbale  (  et 
Ijon  Tauricépliale)  ,  qui  ont  absolu- 
ment le  même  sens).  Ajoutons  à  ces 
épilbètcs  celle  de  Tauropbage  ,  man- 
geur de  taureau,  qui  appartient  aussi 
h  Bacchus,  et  qui  pourtant  convien- 
drait h  Hercule.  Comp.  Addéphaoe, 
Léprée,  Bacchus,  JSeptuse,  etc. 

TAURUS ,  Txvfo?  ,  père  putatif 
du  Minolaure,  était ,  selon  les  évlié- 
méristes,  qui  ne  pouvaient  concevoir 
le  mythe  si  simple  du  taureau,  un  beau 
capitaine  crétois  aimé  de  Pasipbaé 
{J^oy.  MiNOs). — Deux  autres  Tau- 
rus  sont  :  un  des  douze  Néléides^  un 
Crétois  vaincu  par  Thésée  dans  les 
jeux  donnés  par  Minos. 

TAYIDES,  espèces  de  Runes  ado- 
rées par  les  insulaires  des  Maldives  , 
passent  pour  des  talismans  et  pour  des 
aïeux.  Talismans  ,  ils  préservent  de 
tous  malheurs  ,  guérissent  de  toutes 
maladies,  inspirent  de  l'amour  a  toute 
personne  d'un  autre  sexe  que  celle 

Ïui  les  porte,  et  servent  d'aphro- 
islaques  autant  que  de  philtres.  Ces 
précieux  Théraphim  sont  renfermés 
dans  des  boîtes  d'or  et  d'argent  que 
Ton  cache  sous  les  habits,  ou  bien  se 
mettent  autour  des  bras  et  des  pieds  5 
quelquefois  les  dévots  des  Maldives 
s'en  forment  une  ceinture, 

TAYGÈTE  :  I"  Taygetus,  fils  de 
Jupiter  et  de  Taygète;  3°  TAYGÎiTE, 
fille  d'Agénor,  roi  de  Phénicie ,  sœur 
d'Europe  et  mère  de  Lacédémon.On 
nomme  encore  uaeTAYGï^TË  Allanti- 


TCH 


/i97 


de,  et  par  conséquent  Pléiade.  — Il 
est  clair  que  Taygèle  est  la  personni- 
fication du  mont  Taygète  en  Laconie. 

TAZEBOG  ou  DAZEBOG,  Paou- 
lastia  des  Slaves ,  passe  pour  le  gar- 
dien des  lingots  cachés  sous  la  terre, 
et  le  dispensateur  de  ces  trésors. 

TAZI,  la  Terre  en  tantque  déesse 
selon  les  Mexicains. 

TCHANDA.  ^.  MouNDA. 

TCHANDARAVALI  ,  première 
fille  de  Vichnou  et  di'  Lakchmi,  pre- 
mière femme  du  dieu  hindou  de  la 
guerre  Skanda  ,  s'appela  depuis  son 
mariage  Tédjavani. 

TCHA.1NDIKA,  figure  comme  une 
des  huit  Matris  ou  Saktisj  elle  pré- 
side au  IN.-O.  et  a  pour  surnom  Apa- 
radjita,  l'invincible. — Tcbandika  est 
aussi  un  surnom  de  Mounda. 

TCHANDRA  ou  SOMA  ,  le  dieu 
de  la  lune  aux  Indes,  est  tour  à  tour 
femelle  et  mâle  5  mais  c'est  surtout  ce 
dernier  rôle  qu'il  affectionne.  Déesse, 
il  prend  le  nom  de  Tchandri.  Dans 
une  classification  des  dieux  hindous  ^ 
c'est  indubitablement  a  la  famille 
brahmaïquequ'ilappar tiendrait  j  mais 
on  aurait  tort  de  le  compter  parmi 
les  huit  Souargas  ou  Vacous  :  il  est 
un  des  neuf  dieux  recteurs  des  neuf 
sphères  célestes,  et  dans  cette  liste  il 
paraît  le  second  5  Souria,  le  soleil,  est 
le  premier  :  Tchandra,  qui  vient  en- 
suite, et  qui  eu  conséquence  se  trouve 
placé  au-dessus  de  lui  et  plus  éloigné 
de  nous  (selon  les  Brahmes  et  les  Vé- 
das);  Tchandra,  qu'on  regarde  com- 
me l'humidité  primitive ,  préside  aux 
eaux  vitales,  aux  pluies,  h  la  fertilité, 
et  plus  spécialement  aux  herbes  mé- 
dicinales. Ici  sans  doute  on  reconnaît 
la  source  de  tant  de  mythes  relatifs  a 
la  magie,  et  dans  lesquels  la  lune, 
fécondatrice  de  la  terre,  sur  laquelle 
elle  épanche  à  flots  des  germes  in- 
visibles, est  censée  tantôt  la  com- 


tv. 


3a 


i 


498  TCH 

plice,  la  collaboratrice  de  ces  magi- 
ciennes puissantes  qui  la  font ,  bon 
gré  malgré ,  descendre  sur  la  terre 
par  la  force  de  leurs  cliannes,  de 
leurs  herbes,  tantôt  la  magicienne 
par  excellence  {F'oy.  Hécate).  — 
Tchandra  est  niàle  lorsqu'il  est  ca 
opposition  avec  le  soleil  j  c'est  lors- 
«u  il  est  en  conjonction  avec  ce  grand 
astre  qu'il  est  censé  femelle  et  qu'il 

f)rend  le  nom  de  Tcbandri.  U  devait 
e  jour  au  pradjapali  Alri  (ou  Aitë- 
rien).  H  eut  27  femmes,  toutes  fdles 
de  DakcLa  et  de  Praçouti.  On  de- 
vine aisément  que  ces  27  femmes 
sont  les  27  jours  que  l'on  attribuait 
h  la  période  lunaire.  Niklas  Millier 
(  Glauben  ,  Kimst  itnd  fVisscn- 
schaftd.  alt.Hind.j\).  449,  etc., 
558,  etc.)  établit  une  distinction  en- 
tre Tchandra  et  Soma.  Cependant  le 
second  jour  de  la  semaine  (jour  de 
la  Inné)  s'appelle  indifféremment  aux 
Indes Tchandradinam  ouSoraadivaça. 
—  Tchandra  ayant  enlevé  la  femme 
de  son  collègue  Yrihaspati  la  ren- 
dit mère  de  Boudha,  disciple  du  sage 
Dailia  Soukra ,  et  mari  d'ila,  Glle  de 
Vaivaçouata.  De  ce  mariage  naquit 
Pourou ,  tige  des  Tchandravansi. 

TCHANGNO ,  déesse  chinoise  de 
la  lune,  adonné  son  nom  aux  sour- 
cils fins  et  taillés  en  arc  qui  distin- 
guent les  belles  Chinoises,  et  que  l'on 
compare  au  croissant  de  la  lune 
n'ayant  que  deux  jours  de  date. 

TCHERTSOBOG  ou  TCHER- 
NOIBOG(vulgairemenlCzERNOBOG), 
c'est-k-dire  le  dieu  noir  opposé  à 
Bielbog,  le  dieu  blanc  ,  le  bon  prin- 
cipe, rOrmuzd  des  Slaves,  était  censé 
l'auteur  du  mal  ,  du  crime  et  de  la 
mort  ;  c'était  l'éternel  ennemi  du 
genre  humain.  Les  apparitions  ef- 
frayantes, les  songes  pénibles,  les 
dangers  venaient  de  lui.  On  le  repré- 
sentait ayec  des    formes  hideuses , 


TCH 

comme  les  Gonghor  et  les  Erligs 
des  Ralmouks.  Les  Slaves  cher- 
chaient h  l'apaiser  par  des  sacrifi- 
ces, par  des  offrandes  ,  et  dans  les 
assemblées  populaires  ils  buvaient 
dans  une  coupe  consacrée  en  même 
temps  au  dieu  bienfaisant  et  au  som- 
bre adversaire  de  Bielbog. 

TCHINNAIVIASTAKA  (la  déesse 
sans  tête)  est,  dans  le  Oévimaliatniiani 
extrait  duMarkandeïaPourana,  Biia- 
vani  dans  sa  lullc  avec  le  géant  INi- 
coumbha.  Onlareprésenlemie,  jaune, 
la  tèlc  h  demi  séparée  du  tronc,  ornée 
d'un  long  collier  de  crânes,  et  pres- 
sant du  pied  le  corps  de  Siva ,  son 
époux.  De  ses  quatre  mains,  deux  sem- 
blent dire:  ce  Approche  sans  crainte,  5î 
et  même  bénir  ceuxqui  osent  se  fier  h 
cette  invitation;  la  troisième  brandit 
un  glaive,  la  quatrième  tient  un  crâne 
de  géant.  Des  cadavres  l'environnent, 
la  déesse  a  bu  leur  sang  ;  mais,  insa- 
tiable de  ce  breuvage  effroyable ,  elle 
a  fini  par  se  couper  la  gorge,  afin  que 
le  sang  qui  jaillit  de  sa  plaie  salislasso 
à  cette  soit'  sans  cesse  renaissante. 
Quelquefois  on  voit  i.ne  de  ses  main 
supporter  cette  tète,  a  peine  rattai 
cliée  au  cou  par  quelques  ligaments.' 

TCHOUBDAllAS  ,  ouvriers  ce 
lestes  qui  ,  selon  la  hiérarchie  brah- 
raaïque,  exécutent  sous  les  ordres  de 
Viçouaraitra  ,  l'architecte  divin  ,  les 
ouvrages  merveilleux  que  la  nature 
offre  à  nos  regards. 

TGHOUDOMORSKOÉ ,  c'esl-k- 
dire  l'être  maritime  Tchoude  (ou  Scy- 
the), était  un  jnonslre  marin  subor 
donné  au  souverain  des  eaux.  On  l'i 
comparé   au    Triton    grec-romain 
dont  il  a  effectivement  l'emploi,  ma 
qu'il  dépasse  beaucoup  par  la  mons 
Iruosité  de  ses  formes. 

TCHOIJR  ,  dieu  slave  qui  présidi 
aux  arpentages  ,  a  été  comparé  pari 
Lomouosove    au    dieu  Terme    des 


c 

'il 

i 


T£G 

Romains,  et  pris  pour  le  protccleur 
des  cliamps  et  des  terres  arables. 

TÉA,  antique  déesse  irlandaise  , 
appartenait  au  régime  tout  sacerdo- 
tal des  Tuatlia-Dadan.  Comme  des  di- 
vinités les  plus  fameuses,  on  fit  d'elle 
un  être  réel,  un  être  humain  :  on  dit 

Sue  fille  deLughaidli,  un  des  descen- 
antsd'Ilh,  et  femme  du  roi  Erream- 
hon  ou  Héremon  ,  elle  fonda  Téa- 
mhuir,  cité  qui  porte  son  nomj  car 
mhuir  veui  dire  siège,  palais  ,  et  il 
est  évident  que  l'élément  initial  est  le 
nom  de  la  déesse. 

ÏECMESSE,TECMESSA,TU^s;ff-o-«;, 
fille  de  Teuthras ,  roi  d'une  partie  de 
la  Phrygie  comprise  depuis  dans  la 
Mysie,  échut  en  partage  au  Télamo- 
uide  Ajax  ,  et  eu  eut  Eurysace ,  qui 
lui  succéda  au  préjudice  d'Eantide  , 
son  fils,  qu'il  avait  eu  de  sa  femme 
légitime  Glauca.  Tecmesse  figure  dans 
la  pièce  à^AjUX  furieux  de  So- 
phocle, et,  sans  y  constituer  vérita- 
blement un  rôle ,  y  forme  un  des 
personnages  les  plus  remarquables 
que  l'antiquité  grecque  nous  ait  lais- 
sés eu  fait  de  rôles  de  femmes. 

TECTAME ,  Tegtamxjs  ,  tUt«- 
ftoç  ,  fils  de  Dorus  et  arrière-petit- 
fils  de  Deucalion,  conduisit  en  Crète 
une  colonie  d'Eloliens  et  de  Pélas- 
gues,  épousa  une  fille  de  Crélée,  et  on 
eut  Astérius. 

TEGE  ATE,  Tegeates,  Tuyârtiç, 
l'un  des  5o  Lycaouides,  fonda  Tégee 
et  y  régna.  Est -il  besoin  de  dire 
qu'il  n'y  a  ici  que  de  la  mythologie 
locale,  et  que  Tégée,  une  des  cités  les 
plus  célèbres  de  l'Arcadie ,  s'emploie 
souvent  pour  désigner  l'Arcadie  elle- 
même  ?  Ainsi  on  nomme  Pan  Te- 
gcœus  ,  Alalanle  Veualrix  Tegca;a  , 
Callislo  Yirgo  Tegeœa ,  Carmenle 
Tegea^a  Sacerdos,  Mercure  TegcaLi- 
cus  aies. — On  donne  a  Tégéate  pour 
femme  Mcra ,  pour  fils  Scépliros , 


TEL 


499 


Himon,  Cydon ,  Archide  et  Gortyn. 
A  propos  de  ce  dernier  et  de  Cy- 
don ,  tous  deux  épouyraes  de  villes 
Cretoises  ,  remarquons  qu'il  y  eut 
aussi  en  Crète  une  Tégée,  Tegea 
ou  Z'cg'eji/ra.  C'est  a  ïégée  qu'était 
le  temple  célèbre  de  Minerve  Alée  , 
bâti  par  Scopas  sur  les  ruines  d'un 
temple  ancien  qu'avait  consumé  l'in- 
cendie pendant  la  guerre  du  Pélopo- 
nèse.  On  voyait  sur  f.es  murailles 
les  chaînes  que  les  Lacédémoniens 
avaient  apportées  pour  emmener  les 

Crisonniers ,  l'armure  de  Marpesse  , 
elliqueuse  veuve  qui  s'était  distin- 
guée dans  l'action  contre  Lacédé- 
mone ,  avec  la  bure  et  la  peau  du 
sanglier  de  Calydon ,  données  jadis 
par  Méléagre  a  la  belle  Alalante. 

ÏEHMOURETS  ou  TERHMOU- 
RATS,  troisième  roi  de  la  dynastie 
des  Pichdadiens,  fut  père  ,  ou  frère, 
ou  filsde  Vivengham.  Il  régna  3o  ans 
et  mourut  dans  une  extrême  vieil- 
lesse. 

TEI-KOUAN ,  dieu  chinois  des 
naissances,  do  l'agriculture  et  de  la 
guerre,  est  le  troisième  membre  do 
la  trinité  sous  les  ordres  de  Kang-I. 

TEIQOU,  'a  seconde  des  quatre 
sœurs  que  la  religion  mexicaine  regar- 
dait  comme    présidant  à    l'amour. 

TÉLAMON ,  TiXÂuav,  fils  d'Éa- 
que  et  d'Endëis  ,  avait  pour  frères 
Phocus  et  Pelée  5  le  premier  ,  il  est 
vrai,  était  d'une  autre  mère  que  lui. 
ïélamon  et  Phocus  avaient  souvent 
été  en  querelle.  Un  jour  qu'ils  jouaient 
au  disque,  le  palet  de  ïélamon  cassa 
la  tète  à  Phocus  et  le  tua.  Eaque  ne 
voulut  pas  croire  que  ce  malheur  fût 
involontaire  et  condamna  son  fils  à 
l'exil.  Télamou  s'embarqua  et.  lors- 
qu'il fui  un  peu  éloigné  du  rivage,  en- 
voya un  ami  jurer  a  sou  père  que  le 
fratricide  qu'on  lui  reprochait  élait 
involontaire.  Eaque  lui  fit  répondre 

3a. 


5oo 


TEL 


tEt. 


qu'il  eut  a  plaider  sa  cause  de  desstis 
le  vaisseau,  mais  sans  mettre  le  pied 
sur  le  rivage.  Tclamon  ,  en  effet  , 
plaida  dans  le  port  et  de  dessus  le  na- 
vire qui  devait  l'emporter  vers  d'au- 
tres rivages,  puis  fit  voile  pour  Sala- 
mine.  La  le  roi  Cycbrce,  après  l'avoir 
expié ,  lui  donna  en  mariage  sa  fille 
Glaucé.  Dans  la  suite  Télamon  ,  de- 
venu roi  de  Salaraine  par  la  mort  de 
son  beau-père ,  épousa  encore  deux 
autres  femmes':  i"  Péribéej  2"  Hé- 
sione.  La  première  le  rendit  père 
d'Ajax,  la  seconde  lui  donna  Teucer. 
Ce  nom  veut  dire  leTroyen,  et  s'har- 
monise k  merveille  avec  le  caractère 
de  sa  mère  ,  fille  de  Laomédon  et 
sœur  de  Priam.  On  sait  qu'Hésionc, 
arracbée  par  Hcrciîle  au  colosse  ma- 
rin qui  devait  la  dévorer,  prise  dans 
Troie  par  Hercule  ,  avait  été  donnée 
à  Télamon  par  ce  héros.  Le  roi  de 
Salamine  avait  mérité  cette  récom- 
pense par  la  fidélité  et  la  bravoure 
qu'il  avait  déployées  a  la  suite  du  hé- 
ros dans  la  guerre  des  Amazones , 
dans  l'expédition  contre  Laomédon  , 
dans  le  combat  contre  le  géant  Al - 
cyonée.  Télamon  avait  aussi  pris  part 
à  l'expédition  des  Argonaules.  Trop 
âgé  pour  marcher  en  personne  au 
siège  de  Troie,  il  y  envoya  ses  deux 
fils,  Ajax  et  Teucer. LesSalarainiens 
montraient  encore  du  temps  de  Pau- 
sanias  le  rocber  sur  lequel  Télamon 
«'était  assis  pour  suivre  des  yeux  ses 
deux  fils  partant  pour  Troie.  Ajax 
périt  pendant  le  siège,  victime  de  ses 
propres  fureurs  ,  et  Teucer  revint 
seul.  A  sn  vue,  Télamon,  plein  d'une 
fougue  juvénile,  se  laiîsa  entraîner  h 
un  violent  accès  de  colère,  et  dit  k 
Teucer  que  puisqu'il  n'avait  ni  empê- 
che ni  vengé  la  mort  de  son  frère,  il 
pouvait  k  jamais  quilter  Salamine. 
C'est  alors  que  Teucer  alla  s'e'lablir 
dans  l'île  dfi  Cypre.  Ulysse,  qui  l'avait 


1 

estalionH 


emporté  sur  Ajax  dans  la  contcstalîol 
relative  aux  armes  d' Achille,  s'élant 
montré  avec  sa  flotte  devant  Sala- 
mine, Télamon  l'attira  au  milieu  des 
écueils,  et  le  roi  d'ilhaque  vit  périr 
sur  ces  brisants  la  plus  grande  parlie 
de  ses  vaisseaux.  '!■ 

TELCHIN  figure  sur  la  liste  d^JI 
rois  de  Sicyone ,  contemporains  dé 
l'apparition  des  Inachidcs  en  Argoli- 
de.  On  lui  donne  pour  mère  Europs , 
pour  aïeul  Egialée,  pour  filsThclxion, 
et  on  lui  impute  la  mort  d'Apis  [Voy. 
ce  nom).  Il  est  évident  que  Tcîchin 
est  la  personnification,  sinon  des  Tcl- 
chines,  du  moins  de  la  race  métallur- 
giste dont  les  chefs,  les  prêtres  ou 
les  ancêtres  s'appelaient  Telchins. 
Apis  entre  Telchiu  et  Thelxion  sem- 
ble indiquer  qu'une  race  mélalhii- 
giste,  propriétaire  primitive  de  l'E- 
gialée  (AcIiaVe),  fut  vaincue  par  une 
race  agricole^  puis,  au  bout  de  quel- 
que temps,  prit  sa  revanche.  En  co^H 
tinuant  celte  hypothèse ,  Telchff" 
semble  la  force  brute,  Thelxion  l'a- 
dresse, Tclchin  le  forgeron,  Thel- 
xion l'enchanteur.  Comp.  TlLLCUlHES 
et  Tuatha-Dadan. 

TELCHINES,  Tiy^yjn?,  génies 
que  la  religion  primitive  des  Grecs 
regardait  comme  métallurgistes ,  ma- 
giciens, vétérinaires,  et  que  plus  tard 
on  s'habitua  a  classer  parmi  les  êtres 
malfaisants.  Ces  dieux  furent  insagi- 
nés  soUs  une  influence  analogue  h  celle 
qni  présida  h  la  création  des  Cabircsj 
mais,  reçue  par  des  peuples  qui  com- 
mençaient k  se  livrer  k  l'industrie  , 
l'idée  première  (celle  de  divinités  si- 
dériqiies  et  cosmogoniques)  s'effaça 
bientôt  pour  laisser  proéminer  celle 
d'inventions  et  d'opérations  indus- 
trielles. A  la  tête  de  celle-ci  figura 
sans  doute ,  au  moins  dans  nombre 
de  contrées,  la  métallurgie,  source 
la  plus  féconde  des  richesses.  L'ex- 


TEL 

traclion  et  la  manipulation  du  cuivre, 
du  fer,  la  métamorphose  d'informes 
et  impurs  minerais  en  masses  presque 
homogènes ,  en  ustensiles  et  instru- 
ments de  première  nécessité  étaient 
h  la  fois  des  merveilles  et  des  bien- 
faits. Comme  industriels,  lesïelchines 
ne  sont  pas  seulement  raclallurgistesj 
on  les  voit  aussi  travailler  la  pierre 
et  fabriquer  des  idoles.  Ainsi,  outre 
la  harpe  de  Saturne,  outre  le  trident 
de  Neptune,  ils  font  les  statues  de 
Minerve  h  ïeumesse  en  Béotie  (Pau- 
sanias,  Béot,,  c.  19),  d'Apollon  et 
de  Junon  h  Camire  et  à  Linde,  dans 
rtlc  de  Rhodes.  Ces  deux  villes,  ainsi 
que  celle  de  Jalyse  aussi  h  Rhodes, 
semblent,  dans  l'esprit  des  traditions 
anciennes,  avoir  été  fondées  par  eux; 
et,  si  l'on  voulait  s'engager  dans  le 
domaine  des  hypothèses,  peut-être 
trouverait- on  dans  les  fameuses  et  an- 
tiques substruclions  cyclopéennes  du 
Péloponèse  des  rapports  avec  le  pré- 
tendu séjour  des  Telchines  dans  celte 
péninsule.  On  veut  aussi  qu'ils  aient 
été  navigateurs.  Ce  trait  douteux  de 
leur  légende  est  dû  soit  aux  émigra- 
tions qu'on  leur  attribue  {P^oy.  plus 
bas),  soit  à  la  connexion  des  travaux 
métallurgiques  et  de  la  navigation, 
soit  h  l'habileté  prophétique  avec  la- 
quelle, a  la  vue  de  certains  phénomè- 
nes naturels,  et  notamment  de  cer- 
tains mouvements  des  animaux  aqua- 
tiques ,  ils  indiquaient  les  temps  fu- 
nestes ou  propices  aux  voyages  mari- 
times. Jusqu'ici  nous  n'avons  consi- 
déré les  Telchines  que  comme  génies 
bienfaisants.  Mais  presque  toujours, 
au  moins  après  le  triomphe  des  légen- 
des purement  helléniques,  ils  figurent 
daus  la  poésie  et  la  mythologie  com- 
me êtres  funestes  et  jaloux.  Ils  s'oc- 
cupent a  faire  des  charmes  nuisibles  ; 
ils  jettent  sur  l'homme ,  sur  les  plan- 
tes uu  œil  fascinatcur  j  ils  épanchent 


TEL 


Sof 


sur  les  jeunes  tiges  des  arbres  les  eaux 
sulfureuses  du  Styx  (Strab.,  1.  XIV), 
et  les  font  ainsi  périr.  Par  eux  aussi 
les  animaux  meurent.  A  Sicyone,  ils 
donnent  la  mort  au  prince  Apis  (Apol- 
lodore,  II,  i,  6j  comp.  I,  vu,  6). 
Ailleurs  (Himère,  Disc,  ix,  4,  p. 
5 60  d'éd.  Werusdorf),  la  médecine 
même  devient  entre  leurs  mains  per- 
fides un  moyen  de  nuire,  et  leurs  pré- 
parations pharmaceutiques  recèlent 
des  poisons.  Au  dire  des  Grecs  pos- 
térieurs, les  Telchines  auraient  formé 
un  peuple.  Sicyone,  la  Crète,  Cypre, 
Rhodes,  puis  le  continent  (évidem- 
ment le  continent  asiatique,  laDoride 
ou  quelque  autre  angle  de  la  Carie) 
les  reçurent  successivement.  Leur  sé- 
jour h  Sicyone  était  antérieur  a  l'ar- 
rivée des  Inachides  dans  le  Pélopo- 
nèse,  puisque  Apis,  fils  de  Phoronée, 
vint  leur  ravir  ou  cette  ville  ou  la  ré- 
gion environnante  ,  et  que  plus  tard 
ceux-ci  le  tuèrent.  Ce  meurtre  ne  put 
leur  rendre  leur  antique  prééminence: 
il  fallut  quitter  la  presqu'île  dominée 
par  les  colons  phéniciens,  et  revenir 
à  l'est.  Rhodes,  qui,  après  la  Crète 
et  l'île  de  Cypre ,  leur  offrit  un  refu- 
ge, ne  fut  point  pour  eux  un  empire 
tranquille.  Ils  eurent  à  combattre, 
dit-on,  les  Titans,  premiers  habitants 
du  pays.  Ceux-ci  périrent  submergé» 
par  une  inondation  ou  déluge  partiel 
que  les  Telchines ,  plus  habiles ,  eu- 
rent le  bonheur  de  prévoir,  et  auquel 
ils  échappèrent  en  se  réfugiant  sur  le 
continent  qui  fut  depuis  l'Anadhouli. 
C'est  a  Rhodes  surtout  que  les  my- 
thologues présentent  les  Telchines 
comme  se  livrant  aux  opérations 
magiques.  Leur  départ  laissa  le 
champ  libre  aux  Héliastes  ,  adora- 
teurs du  feu,  qui  alors  établirent  à 
Rhodes  le  culte  du  soleil.  Cependant  il 
paraît  que  des  pratiques  mystérieuses, 
relatives  à  leur  cwUc ,  se  conservèrent 


5oa 


TEL 


dans  un  temple  dit  temple  d'Ocri- 
dion,.aucien  héros  qui  vraisemblable- 
ment avait  clé  un  de  leurs  prêtres. 
Quelquefois  on  préseule  les  Telclii- 
nes,  ces  fabricalcurs  de  la  liarpé  de 
Saturne,  comme  ayant  enlevé  l'ins- 
trument homicide  K  ce  dieu.  D'aulre 
part,  ajoule-t-on,  ils  élèvent,  con- 
jointement avec  l'Océanide  Caphjre, 
Neplune  dans  l'île  de  Rhodes.  Enfin 
eux-mêmes  sont  filsde  Thalassa,  c'est- 
à-dire  de  la  mer;  Halie  ('A^/«,  ma- 
rine), leur  sœur,  fut  aimée  de  Nep- 
tune. Leurs  noms,  ëpars  chez  les  an- 
ciens, sont  Mylas,  Lycus,  Ormène, 
Nicon,  Mimon,  Aclée,  Mycalesse. 
De  tout  ceci  Sainte-Croix  {Myst.  du 
pag.,  §  I,  cl).  5)  a  cru  pouvoir  con- 
clure que  les  Telchines  ,  instituteurs 
da  culte  de  INeplunc  ,  soutinrent  eu 
faveur  de  ce  dieu  une  guerre  dans 
l'Kgialée   contre   Apis ,   fauteur   du 
culte  de  Saturne;  et  qu'expulsés  du 
continent  greCjils  allèrent  porter  leurs 
doctrines  dans  Rhodes,  où  ils  eurent 
la  même  lutte  h  renouveler   contre 
les  adorateurs  de  Rhée  (il  aurait  pu 
dire  Titce,  Tilaia),  la  Terre.  Ceux- 
ci  périrent,  disent  les  mythes  les  plus 
télaillés,  victimes  des  vengeances  de 
Vénus  h  qui  ils  avaient  refusé  l'en- 
trée de  leurs  îles ,  et  qui  les  punit  en 
leur  inspirant  un  amour  désordonné 
pour    leur    mère.  Que   désigne   cet 
amour    évidemment   allégorique?  la 
dépopulation,  suite  des  sacrifices  hu- 
mains? ou  l'opiniâtreté  avec  laquelle 
ils  restèrent  sur  leur  terre  natale  me- 
nacée d'une  inondation?  ou  enfin  la 
mort  qu'ils  trouvèrent  au  fond  des 
eaux?  N'importe  :  le  fait  est  qu'ils 
périrent ,  et  (jue  les  Telcliines  se  sau- 
vèrent. Sainte-Croix  ajoute  quel'é- 
panchement  des  eaux  sulfureuses  at- 
tribué par  la  fable  aux  Telchines  doit 
s'entendre  des  lustrations ,  et  consé- 
quemmeat  iadique  qu'ils  répandirent 


TEL 

le  dogme  des  punitions   infernales. 
Enfin  il  prétend  que  les  Telchines   , 
furent  sim|dcmcnt  des  prêtres. 

TÉLEBOAS ,  TfjXtQôxç  ,  héros 
éponyme  des  îles  Téléhoïdes,  depuis 
Tapliie,  dans  le  golfe  de  Leucade, 
avait  pour  aïeul  Lélex. — Deux  au- 
tres Tklkboas  furent  :  i°  un  Cen- 
taure tué  aux  noces  de  Pirilhoiis  par 
Nestor  qu'il  avait  blessé  j  2"  im  des 
cinquante  Lycaouides. 

TÉLEDAME,  Teledamus,  Tij- 
>>.i^ujiçoç,  fils  d'Ulysse  et  de  Calypso. 
TÉLÉGONE,  Telegonus,  T,;- 
Xtycioç ,  fils  d'Ulysse  et  de  Circé,  na- 
quit dans  l'île  d'iEa,  magique  et  hu- 
mide résidence  de  sa  mère,  en  partit 
par  son  ordre  pour  aller  il  la  recher- 
che de  son  père ,  fut  poussé  par  la 
tempête  sur  les  rives  d'Ithaque  j  et , 
forcé  à  cette  rude  extrémité  par  le 
besoin,  se  mit  h  piller  les  campagnes 
pour  vivre.  Ulysse  informé  de  ses 
déprédations  vint  le  repousser  avec 
Télémaque  ,  et  tomba  mortellement 
blessé  par  la  lancedeTélégone.  Sen- 
tant sa  fin  prochaine,  il  se  souvint 
d'un  oracle  qui  lui  avait  prédit  en 
vers  hexamètres  qu'il  mourrait  de  la 
main  de  son  filsj  et  soudain  il  de- 
manda quel  était  cet  étranger  de  la 
main  duquel  il  mourait.  Télégone 
alors  se  montra,  déclara  sa  naissance, 
et  reçut  ses  derniers  soupirs,  a  Ainsi 
l'avait  décrété  l'immuable  Destin,  » 
leur  dit  Minerve,  toujours  en  tiers 
dans  les  aventures  d'Ulysse.  «Par- 
donne a  ton  fils,  ô  roi  d'Ithaque  !  ne 
t'afilige  pas,  prince  d'yEa!  jj  Ulysse 
mourut,  et  Télégone  épousa  Péné- 
lope, qui  avait  déjà  attendu  de  dix 
à  quinze  ans  son  mari,  lorsque  Télé- 
gone n'était  pas  né.  Du  reste ,  Télé- 
maque épousa  en  même  temps  Circe. 
Nul  doute,  lorsque  l'on  rapproche 
ces  deux  mariages,  que  l'on  ne  voie 
nettement  dans  Télégone  et  Téléma- 


TEL 

que  la  prorogation  d'Ulysse  j  c'est 
ainsi  qu'Hyllus  épouse  lole.  Il  est 
vrai  qu'Iole  est  jeune.  Ces  mariages 
de  beau-fils  et  de  belle-mère  sont 
une  transition  des  mariages  hellé- 
niques aux  incestes  orientaux. — De 
Télégoue  et  de  Pénélo])e  naquit  Ila- 
le ,  héros  éponyme  de  l'Italie.  Télé- 
gone  lui-même  fonda,  selon  les  uns  , 
Tusculum^  suivant  les  autres,  Fré- 
nésie.— La  flèche  qui  blessa  mortel- 
lement Ulysse  était  formée ,  selon 
les  anciens,  de  l'aiguillon  dentelé  qui 
rend  la  queue  de  la  paslenague 
{raia-pasiinaca  de  Lin.,  Irygon 
des  Grecs)  si  redoutable,  et  qui  pas- 
sait chezElien,  Oppien  et  autres  na- 
uralistes  de  même  force  pour  veni- 
meuse. Des  modernes  en  renom  ont 
poussé  le  ridicule  un  peu  plus  loin, 
en  faisant  de  la  paslenague  une  tor- 
tue marine.  —  Trois  autres  TelÉ- 
GONE  sont  :  i"  un  des  fils  de  Protée, 
tué  par  Hercule  a  la  lulte;  2°  un 
roi  d'Egyple,  époux  d'Io  rendue  h  sa 
première  forme  (le  scholiasle  d'Euri- 
pide en  fait  un  fils  d'Épaphe  ,  et  par 
conséquent  le  pelit-fils  d'Io  (  dans  le 
Svncellc,  Télégone  s'appelle  Tclépo- 
mis,  car  la  Epaplic  est  fils  d'Io  et  de 
Télépomis)-  3"  géant  ami  de  Tmole. 
TÉLÉGONE,  TyMylvvi,  fille  de 
Pbaris,  petile-lille  de  Mercure  cl  de 
Philodaraée  ,  épousa  Alphée  qu'elle 
rendit  père  d'Orsiloque. 

TÉLÉMA.QUE,  Telemachus, 
T)îAé^«a%os- ,  fils  d'Ulysse  et  de  Péné- 
lope, était  au  berceau  lors  du  com- 
mencement de  la  guerre  de  Troie. 
Quand  Ulysse,  pour  échapper  h  Tob- 
ligalion  d'aller  en  Asie ,  simula  des 
accès  de  démence  et  sema  du  sel,  Pa- 
lamède  s'empara  de  Télémaque  et  le 
plaça  dans  le  sillon  sur  la  ligne  que 
suivait  la  charrue  paternelle.  Ulysse 
à  cette  vue  détourna  le  soc,  et  sa  ruse 
découverte  ne  lui  laissa  plus  de  prc- 


TÉL 


5o3 


texte  pour  refuser  sa  part  des  dan- 
gers. Jeune  encore,  Télémaque  tora" 
ba  dans  la  mer ,  et  fut  sauvé  par  un 
dauphin  :  cette  circonstance  donna 
lieu  au  roi  d'Ilhaque  de  placer  le  dau- 
phin sur  son  bouclier  et  sur  son  an- 
neau. Plus  jeune  même  que  ISéopto- 
lème  ,  fils  d'Achille,  qui  vint,  encore 
adolescent,  remplacer  son  père  de- 
vant Troie,  Télémaque  sortait  pres- 
que de  l'enfance  quand  cette  métro- 
pole des  villes  de  l'Ida  tomba  en  cen- 
dres. Il  ne  faut  donc  pas  s'étonner 
que  le  nom  de  Télémaque,  qui  veut 

dire  loin  {njXî )  du  combat 

{fiâx*!i)i  se  trouve  à  peine  prononcé 
dans  l'Iliade.  Pendant  les  dix  années 
qui  s'écoulent  depuis  la  ruine  d'Ilion 
jusqu'au  retour  de  son  père,  Téléma- 
que jeune,  brave,  mais  faible,  sans 
auxiliaires,  sans  argent  et  sans  sol- 
dats, ne  peut  que  plaindre  sa  mère  , 
la  préserver  parfois  des  brusques 
empressements  des  prétendants ,  et 
prendre  à  la  table  paternelle  une 
mince  part  des  larges  festins  que  les 
aspirants  a  la  main  de  Pénélope  or- 
ganisent avec  les  revenus  d'Ulysse. 
Quelqiic  temps  avant  Tépoque  h  la- 
quelle son  père  va  reparaître,  Mi- 
nerve, sous  les  traits  deMentor,  vient 
l'encourager.  Il  s'embarque  pour  al- 
ler chercher  son  père,  arrive  h  Pylos, 
de  l'a  fait  voile  pour  Sparte ,  y  reçoit 
l'accueil  le  plus  favorable  de  Mcuelas 
et  d'Hélène,  passe  a  Phèrcs,  se  rem- 
barque h  Pylos  ,  reçoit  a  bord  le  de- 
vin Théoclymène  quifuyait  Argos,  re- 
vient dans  Ithaque  avec  des  nouvelles 
favorables,  apprend  de  Minerve  que 
son  père,  enfin  dégagé  des  chaînes  oii 
le  retenait  Calypso  ,  fait  mordre  la 
poussière  aux  assassins  aposlés  par 
les  prétendants  pour  le  tuer  h  son  re- 
tour, et  se  rend  a  la  cabane  d'Eu- 
mée  oii  déjà  sou  père  est  arrivé 
{f^py,  Ulysse).  On  comprend  qu'il 


5o4 


TEL 


ne  le  rcconnul  pas  d'abord.  Ulysse, 
reprenant,  grâce  à  la  baguette  d'or  de 
Minerve,  sa  beauté,  sa  haute  taille, 
son  front  majestueux  et  ses  riches  ba- 
bils ,  lui  dit  son  nom,  puis  traça 
arec  lui  un  plan  d'attaque  contre  les 
prétendants.  Ulysse  vint  a  la  ville  dé- 
guisé en  mendiant;  Tclémaqne  s'y 
rendit  armé.  Le  soir,  tandis  ijue  son 
père  s'entretenait  avec  Pénélope,  il 
écarta  les  armes  qui  eussent  pu  être 
dangereuses  dans  les  maius  des  pré- 
tendants. Le  lendemain  la  bataille  ou 
plutôt  le  massacre  eut  lieu.  Les  pré- 
tendants néanmoins  trouvèrent  des 
armes,  mais  ces  armes  ne  purent 
empocher  leur  défaite.  Télémaque 
se  distingua  dans  cette  première  lutte 
que  le  rui  d'ilhaque  eut  h  soutenir  j 
il  tua  de  sa  main  Euryade,  Léo- 
crite,  Amphimédon  qui  l'avait  blessé; 
il  seconda  encore  Ulysse  ,  qui  fut 
obligé  de  combattre  contre  les  ha- 
bitants d'Ithaque  eux-mêmes.  Dans 
l'intervalle  de  ces  deux  actions,  il 
pendit  les  douze  suivantes  qui  avaient 
partagé  les  intrigues  et  secondé  les 
prétentions  des  soupirants  de  Pé- 
nélope ,  soupirants  bizarres  qui ,  en 
attendant  la  main  de  la  reine,  se 
contentaient  à  tour  de  rôle  du  cœur 
lianal  de  ses  femmes.  Dans  la  suite, 
Télémaque  inspira  des  soupçons  à  son 
père  h  qui  l'oracle  avait  prédit  qu'il' 
mourrait  de  la  main  d'un  de  ses  fils, 
et  fut  contraint  d'aller  en  exil.  Il  en 
sortit  pour  marcher  avec  lui  a  la  rcu- 
conlre  des  brigands  que  commandait 
Télégone.  C'est  la  qu'Ulysse  reçut  le 
coup  de  la  mort.  Télémaque,  depuis 
ce  temps  en  relation  avec  le  fds  de  la 
magicienne  d'^a ,  épousa  Circé  et 
en  eut,  suivant  les  uns,  Lalinafij  se- 
lon les  autres,  Roma.  Quelques  my- 
thologues lui  donnent  un  fils  du  nom 
de  Ilomus ,  mais  sans  dire  quelle  en 
fut  la  roèrç,  Quelquefois  auprès  de 


TEL 

lui  figure  comme  femme,  mais  seule, 
i"  Cassiphone,  fille  de  Circé;  2°  Po- 
lycasle,  fille  de  ]Ncslor;  3°Nausikaa; 
fille  d'Alcinoiis.  D'une  de  ces  derniè- 
res il  eut  Perseplolis  ou  Ptoliporihc. 
Cassiphone  donna  la  mort  a  Téléma- 
que pour  le  punir  d'avoir  tué  Circé. 
On  attribuait  au  fils  d'Ulysse  la  fon- 
dation de  Chisium  en  Elrurie. — Per- 
sonne n'ignore  que  parmi  les  ouvrages  ■■ 
de  Fénélon  se  dislingue  Télémaque.  ™ 
L'archevêque  de  Cambrai  y  fait  voya- 
ger son  héros  d'ilhaque  dans  l'ile  de 
Calypso ,  a  Cypre,  en  Crète ,  a  Sa- 
lenle.  Les  premiers  livres  de  l'ou- 
vrage parurent  sous  le  titre  de  Suite 
du  (juatricme  livre  de  l' Odyssée, 
parce  que  ce  sont  effectivement  les 
quatre  premiers  livres  de  l'Odyssée 
qui  contiennent  les  voyages  attribués  ' 
à  Télémaque.  ■■ 

TÉLÈME,  Telemus,  Tiixt/xosi^^. 
1°  fils  de  Prolée  et   habile  devin, 
ainsi  que  son  père  ;  2"  Cyclope ,  (ils 
dEurvme  et  devin,  comme  son  ho- 
monyme d'Egypte.  Polyphème,  dans  91 
Théocrite  ,  se  plaint  des  fatales  pré-  HI 
dictions  qu'il  lui  a  fait  entendre,  en 
disant  qu'il  perdrait  son  œil  unique, 
&oa  cher  œil. 

TÉLÉOIN  ,  TêAc/v  ,  d'Athènes, 
époux  de  Zeuxippe ,  père  de  l'Argo- 
naute P)Ulès  (ou  Eribole,  car  c'est  à 
tort  qu'on  voudrait  distinguer  Eri- 
bote  de  Rntès). 

TÉLÉPHASSE,T;jAï'p<a:(rira,  fem- 
me d'Agénor ,  en  eut  Cadmus  ,  Phé- 
nix, Cilix,  Europe;  accompagna  Cad- 
mus, sou  fils,  dans  l'infructueuse  re- 
cherche qu'il  fil  de  sa  sœur,  et  mou- 
rut en  Thrace  où  elle  reçut  de  son 
fils  les  honneurs  funèbres.  A  Télé- 
phasse  des  mythologues  substituen 
deux  femmes,  Argiope  etDamno 

TÉLÈPHE ,  Telepuus,  TiîMÇas 
fils  d'Hercule   et  d'Augé,  avait  été 
çxposé  par  sa  mère  sur  le  roont  Par 


i 


TEL 

thénius,  en  Arcadie,  et  nourri  par 
une  biche.  Adulte  ,  il  elait  en  Mysie 

fiour  y  chercher  ses  parents,  ainsi  que 
'avait  ordonné  l'oracle,  quand  tout 
k  coup  la  guerre  éclata.  Le  roi  de 
Mvsie,  Tculhras,  promit  la  couronne 
et  sa  fille  au  libérateur  du  pays.  Té- 
lèphe  remplit  les  conditions  exigées  5 
mais,  lorsqu'il  s'agit  du  mariage,  il 
fut  reconnu  que  la  fille  de  Teulhras 
était  Auge ,  sa  mère.  Elle  fut  rem- 
placée par  Laodice  ou  Astyoché,  fille 
de  Priam.  Quelque  temps  après  les 
Grecs  envahirent  la  Mysie  ,  croyant 
attaquer  le  territoire  de  Priam ,  et 
Télèphe  ,  en  combattant  de  nouveau 
pour  la  patrie  de  sa  mère,  fut  blessé 
par  Achille.  L'oracle  consulté  ré- 
pondit que  la  lance  ou  la  flèche  qui 
avait  fait  le  mal  pouvait  le  guérir, 
mais  Achille  ne  consentit  point  k  ren- 
dre ce  service  k  un  ennemi.  Ulysse, 
toujours  habile  diplomate,  fit  tant 
par  ses  négociations,  que  Télèphe,  en 
quelcjue  sorte  lié  par  son  mariage  a 
la  famille  de  Priam ,  abandonna  la 
cause  de  ce  prince  pour  celle  des 
Grecs.  Ceux-ci  avaient  besoin  de  ce 
changement;  car  l'oracle  avait  pro- 
clamé que  Troie  ne  tomberait  que  de- 
vant une  armée  qui  compterait  un  fils 
d'Hercule  dans  ses  rangs.  Pour  Télè- 
phe, Ulysse  fit  un  petit  emplâtre 
avec  la  rouille  de  la  flèche  qui  l'avait 
blessé,  et  Télèphe  fut  guéri  5  chez 
quelques  écrivains,  ce  pansement  a 
lieu  dans  Argos  5  d'autres  veulent  que 
sa  blessure  ait  été  guérie  par  des 
herbes.  On  donne  quelquefois  h  Té- 
lèphe deux  femmes  ,  Argiope ,  fille 
de  Teulhras,  et  Laodice  dont  nous 
venons  de  parler.  Celle-ci  le  rendit 
|)ère  d'Euripyle.  Eschyle,  Sophocle, 
Euripide,  et  les  Romains  Ennius  et 
Accius  firent  des  tragédies  sur  Télè- 
phe. Dans  toutes  ou  montrait  ce  hé- 
ros, inendiautj  vagabond  <;t  accablé 


TEL 


So5 


d'infortunes.  Etait-ce  un  reflet  de 
cette  idée  antique  qui  nous  montre  la 
maladie  vêtue  de  haillons ,  et  les  hail- 
lons liés  au  deuil?  ou  bien  les  poètes 
voulurent-ils  montrer  Télèphe  dans 
la  jeunesse ,  avant  son  arrivée  en 
Mysie  et  son  avènement  au  trône? 
Selon  quelques  traditions,  le  roi  Co- 
rythe  l'avait  adopté.  Pergame  lui 
rendait  les  honneurs  divins. 

TÉLESPHORE,  Telesphorus, 
TiXta-^çépos ,  forme  d'Esculape  k  Per- 
game,fut  tantôt  identifié  avecce  dieu, 
tantôt  génie  parèdre.  En  soi  Téles- 
phore  signifie^qui  met  a  fin,  accomplit, 
achève.  C'est  donc  le  dieu  qui  cou- 
ronne l'œuvre  par  d'beureuxrésultats. 
Toutefois  ce  serait  être  trop  exclusif 
que  de  voir  dans  Télesphore  celui  qui 
mène  de  la  convalescence  k  l'entière 
guérison,  comme  dans  Esculape  ce- 
lui qui  mène  de  la  maladie  k  la  con- 
valescence. Cette  distinction,  sans 
doute  entrevue  vaguement  par  les  an- 
ciens, ne  se  soutenait  pas  dans  l'usage 
commun,  et  Télesphore  n'était  qu'un 
Esculape,  un  parfait  Esculape,  siim- 
inus  artij'ex.  Au  reste,  quand  Escu- 
lape, de  plus  en  plus  humanisé  par 
l'anthropomorphisme  hellénique,  re- 
vêtit sous  le  ciseau  des  artistes  les 
plus  belles  formes,  Télesphore  semi- 
momie  resta  la  pour  attester  ce  qu'a- 
vait été  originairement  le  dieu  em- 
belli et  déguisé  par  un  art  élégant.- 
Alors  surtout  le  dieu  unique  dut  se 
dédoubler  et  se  déléguer  en  parèdre. 
Le  bel  Esculape  voilà  pour  l'art; 
l'Esculape-nain  difforme  et  grotesque, 
voilà  pour  la  religion.  Sous  un  autre 
point  de  vue,  cet  Esculape  semi-mo- 
mie, ce  Télesphore  était  auprès  du 
bel  Esculape,  comme  Harpokrat  au- 
près d'Haroëri,...  Haroéri  soleil  bril- 
lant, soleil  de  mai,  soleil  aux  jours 
du  triomphe  ;  Harpokrat  pâle  et  tiède 
goleiJ,  petit  soleil ,  comme  disçot  les 


5o6 


TEL 


peuples  d'Amérique.  Quelquefois  le 
nain  devient  un  enfant,  un  jeune 
homme  :  alors  ranlhropomorphisrae 
grec  se  montre  encore  aux  dépens  du 
sens  religieux  qui  veut  un  dieu  mo- 
mie, involiitinn  deum.  Le  Deulé- 
ronome  (cli.  23, v.  19)  traduit  Téles- 
pliore  par  le  mol  bébrcu  qui  signifie 
prostituée.  Faut-il  en  conclure  que  des 
prostitutions  saintes  accompagnaient 
en  Orient  le  culte  d'Esmoun,  de  cet 
impuissant  amant  de  Tardente  Astro- 
noé  ?  ou  bien  ne  doit-on  voir  dans  l'i- 
dée hébraïque  qu'un  équivalent  méta- 
physique de  toute  idolâtrie?  Les  deux 
opinions  sont  plausibles,  et  nous  n'o- 
sons nous  décider. 

TÉLÉTHUSE,  Telethusa,  fem- 
me de  Lygdos ,  et  mère  d'Iphis  qu'un 
miracle  d'Isis  métamorphosa  de  jeune» 
fille  en  homme. 

TELLUS,  la  terre  selon  les  La- 
lins,  n'est  pas ,  ainsi  que  les  diverses 
déesses  des  Grecs  Gé ,  Rliée,  Titéa, 
Cérès,  Cvbèle,  Vesia,  Proscrpine, 
Thémis,  une  divinité  kface  spéciale. 
C'est  tout  ce  qu'on  veut.  On  l'identi- 
fie à  Gé,  h  Rhée ,  a  Ops  qu'on  donne 
alors  comme  synonyme  de  Cybèle,  et 
qui  est  Arténiis.  C'est  sans  doute  h 
cause  de  cette  synonymie  qu'on  la  re- 
présentait avec  quantité  de  mamelles, 
et  qu'on  la  disait  femme  du  Soleil. 
On  a  osé  croire  qu'Homère  appelle 
Tellus  la  mère  des  Dieux. 

TELMESSE,  Telmessus,  T£>i- 
/K>;(r(r(jî, héros  épouyme  d'une  ville  ma- 
ritime de  la  Lycie,  devait  le  journux 
amours  d'Apollon ,  métamorphosé  en 
petit  chien,  et  d'une  fille  d'Agénor. 
La  mère  et  l'enfant  recurent  du 
dieu  du  jour  le  don  de  prophétie  , 
et  Telmesse  fonda  dans  la  ville  qui 
portait  son  nom  un  temple  d'Apollon- 
Telmessique.  Un  oracle  célèbre  y  at- 
tira bientôt  de  nombreux  pèlerins,  et 
le   charlatanisme  y  montrait    k   la 


TEM 

crédulité  le  tombeau  de  .Telmesse. 

TELON,  roi  de  l'île  de  Caprée  , 
mari  de  la  nymphe  Sébélhis  et  père 
dOEbale. 

TELPHUSSE ,  Telphussa  ,  t^a- 
^evavx ,  fille  du  Ladon  ,  présidait  h 
une  source  si  froide  qucTirésias  mou- 
rut après  avoir  bu  de  ses  eaux. 

TEMÈINE:i''filsde  Pélas-ueet 
nourricier  de  Jupiter  ,  ou  plutôt  de 
Junon,  à  la(juelle  il  dédia  trois  icm- 
ples  sous  les  noms  de  Partliénos,  Té- 
lîa  (adulte),  Chéra;  vierge,  femme, 
veuve  5  z°  un  des  Phégéidcs,  selon 
certaines  lé^Tendes  {Foy.  Acarnas, 
Ar.ÉNOR,  Alcméon);  3°  un  des  trois 
Héraclides  qui  rentrèrent  dans  le  Pé- 
loponèse  80  ans  après  la  guerre  de 
Troie.  Il  s'empara d'Argos,  enchâssa 
le  roi,  donna  sa  lillc  Hyraélho  eu  ma- 
riage h  l'Héraclide  Déiplion ,  et  par 
la  vive  tendresse  qu'il  témoignait  à 
son  gendre  inspira  tant  de  jalousie  h 
SCS  quatre  fils.  Agrée,  Cisus,  Céryne 
et  Phalcès ,  qu'ils  le  tuèrent  afin  de 
ne  point  laisser  passer  le  sceptre  aux 
mains  de  Déiphon. 

TEMERE ,  Teimerius  ,  brigand 
thessalien,  exigeait  de  ceux  qui  avaient 
le  malheur  de  passer  devant  sou  rc- 

fiaire  qu'ils  se  heurtassent  de  toute 
eur  force  la  tête  contre  la  sienne  5  et 
il  ne  manquait  pas  de  faire  voler  en 
éclats  les  temporaux  et  le  coronal  de 
ses  malheureux  adversaires.  Enfin  , 
Thésée  lui  brisa  la  tête,  et  il  en 
résulta  une  locution  proverbiale  en 
Grèce  :  le  mal  de  tête  s'appelait  le 
mal  Témérien. 

TEMESE,  Temésius  ,  de  Clato- 
mène, passait  pour  le  fondateur  d'Ab- 
dère  (mais  comp.  Âbder),  et  recevait 
dans  cette  ville  les  honneurs  héroï- 
ques. 

TEMPÊTES  (les),  Tempesta- 
tes,  avaient  été  déifiées  par  les  Ro- 
mains et  recevaient  pour  victimes  des 


TEN 

brebis  noires.  Scipion  ,  altaqué  par 
une  tempête  daiisles  eaux  de  la  Corse, 
leur  dédia  un  petit  temple  dans  la  pre- 
mière région  de  Rome  ,  hors  de  la 
porte  Capène.  —  Jamais  les  anciens 
n'ont  représenté  la  Tempête. 

TENERE,  fils  d'Apollon  et  de  la 
nymphe  Mélie,  avait  reçu  de  son  père 
le  don  de  lire  dans  l'avenir. 

TÉNES  ,  Ti'vYis  ,  héros  éponyme 
de  Ténédos,  était  honoré  dans  celte 
île  comme  le  premier  des  dieux.  Tous 
ses  traits  caractéristiques  émanent  de 
deux  idées  :  i"  il  est  fils  d'Apollon, 
c'est-a-dire  Apollon  humanisé  j  3°  il 
est  Cadmile.  Suivant  la  légende  vul- 
gaire ,  il  a  pour  père  Cycnus  ,  l'oi- 
seau-poète  5  il  oscille  ainsi  sur  la 
limite  des  deux  mondes.  Les  uns  lui 
donnent  pour  père  le  dieu  du  jour, 
les  autres  le  font  naître  d'un  Adam 
prototypique,  et  en  quelque  sorte  au 
sein  des  eaux  ,   des   eaux  en  intime 
rapport  avec  les  îles,  avec  l'inspira- 
tion  et  l'harmonie.   Cycnus  épouse 
en  secondes  noces  Philonoméj  celle- 
ci  s'enflamme  peur  la  beauté  de  Té- 
nès ,  lui  propose  un  crime  dont  l'i- 
dée l'indigne,  et,  courroucée  de  ses 
refus,  lui  impute  la  tentative  de  l'a- 
dultère   dont  elle   n'a  pu  lui   faire 
commettre  la   réalité.  Cycnus,  sans 
plus  d'informations ,    fait    enfermer 
Ténès  dans  un  coffre  qu'on  jette  a  la 
mer,  et  qui  reste  k  sec  sur  la  plage 
de  Leucophrys.    Ténès  cultive  l'île 
solitaire  et   la  change  de  face.   Le 
temps  amène  la  tardive  sagesse,  les 
vains  repentirs  :  Cycnus   soupçonne 
que  sa  vieillesse  a  été  le  jouet  de  sa 
trop  jeune  e'pouse  ;  il  s'embarque , 
fait  force  de  rames,  dirige  sa  course 
vers  l'île  refuge    et  empire  de  son 
fils,  et  déjà  implorant  le  pardon  de 
sa  créduhté   il  attache  le  cable  aux 
arbres  du  rivage.  Ténès  le  voit,  et 
d'une  hache  qu'il  tient  à  la  main 


TEN 


êtô7 


tranche  le  câble.  La  nef  légère  flotte 
au  gré  des  vents.  Long-temps  après 
ou   voit  Achille ,   dans  ses  préludes 
du  siège  de  Troie ,   attaquer  Téné- 
dos  et   tuer  Ténès.   Moins  de  lar- 
mes coulèrent  de  ses  yeux  a  la  vue 
de    Penthésilée   qu'il    n'en    répandit 
en    apprenant  le    nom   sacré  de   sa 
victime.  Dans  sa  douleur  il  tua  l'es- 
clave que   sa  mère   avait  placé  au- 
près de  lui,   et  qui  devait  l'avertir 
en  temps  utile  de  ne  pas  frapper  un 
fils  d'Apollon;  car  Thétis  lui  avait 
prédit  que  dès  qu'un  fils  d'Apollon 
aurait    expiré   sous    ses  coups,   lui- 
même  aurait  un  pied  dans  la  tombe. 
Un  fils  d'Apollon!  Achille  est  donc 
déicide!   Il  serait   maudit,  haï  dans 
l'avenir!   En  effet ,  les    habitants  de 
Ténédos  défendirent  que   jamais  on 
prononçât  dans  le  temple  de  Ténès  le 
nom  de  son  assassin.  — Ténédos  était 
fameuse  par  ses  lois ,  et  la  hache  de 
Ténès  qui,  dans  les  idées  vulgaires, 
était  le   symbole  de   l'innocence  in- 
flexible dans  sa  colère,  avait  un  sens 
pins  terrible  :  derrière  le  juge  se  te- 
nait debout  un  homme,  la  hache  a  la 
main,  et  tout  prêt  a  faire  voler  la 
tête  de  quiconque  aurait  été  convaincu 
soit    d'imposture  ,    soit    d'adultère. 
Cette  loi   contre   l'attentat   qu'avait 
abhorré   la  jeunesse  de  Ténès  avait 
été ,  dit-on  ,  portée  sur  Tènès  lui- 
même,  et  fut  enfreinte  par  son  fils» 
Comme  on  le  consultait  sur  le  parti 
'a  prendre  en  cette  occasion   :    «  Que 
l'on  exécute  la  loi,3î   répondit-il. — 
Sans  nier   ici  la   loi  anti-adultérine 
de  Ténédos  ,    qu'au  contraire    nous 
sommes  portés  a  prendre  pour  vraie 
et  a  croire  très- remarquame,  nous 
contesterons   l'existence    de    Ténès. 
Nul  doute  k  nos  yeux  que  cet  Apol- 
lon-TNomios  ne  soit  le  cadmile   d'un 
cadre    trilopatorique    particulier    k 
Troie;  car  c'est  en  Troade  surtout 


5o8 


TEN 


qae  les  Corybantes,  assassins  de  Dio- 
nyse,  se  dessinent  le  plus  nelleracnt. 
Là  Dardaniis  a  tué  Jasion,  etc. 

TEN-KA-DAI,  dieu-prophète  des 
Japonais,  a  quelque  chose  des  Oau- 
nès  de  Babylone,  et  par  suite  de  tous 
les  dieux-poissons  de  j'anliquité.  Son 
Mia  (temple)  est  un  lieu  de  pèlerinage 
célèbre.  Chaque  mois  on  lui  amène 
une  jeune  fille,  belle  autant  que  pieuse 
ou  adroite,  et  on  la  laisse  en  tète  à 
tète  avec  le  dieu.  Après  lui  avoir 
proposé  plusieurs  questions  difficiles , 
Ten-Ra-Daï,  dans  la  mystérieuse  en- 
trevue, donne  a  rintrépide  visiteuse 
la  solution  de  tout  ce  qui  peut  embar- 
rasser les  bonzes;  mais  lorsqu'il  la 
3uitte  et  qu'elle  fait  place  à  celle  qui 
oit  lui  succéder  (l'entrevue  est  donc 
d'un  mois  entier!),  elle  trouve  son 
corps  revêtu  d'écaillés  qui  ressem- 
blent à  celles  des  poissons.  Celte  con- 
sullalion  de  Ten-Ra-Daï  (  car  rien 
n'annonce  ici  qu'il  s'af;isse  d'une  pro- 
stitution sacrée)  est-elle  un  mode  de 
divination  usité  au  Japon?  Les  ques- 
tions proposées  par  les  bonzes  sont- 
elles  relatives  aux  dogmes  et  aux  lé- 
gendes ,  ou  bien  aux  curieuses  de- 
mandes des  dévots  clients.^  Y  a-t-il 
dans  cette  enveloppe  écailleuse  qui 
recouvre  le  corps  de  la  fatidique 
jeune  fille  quelque  chose  de  réel  (par 
exemple  lèpre  passagère ,  ou  incrus- 
talion  a  l'aide  d'eau  calcaire,  ou  ta- 
touage)? ou  bien  est-ce  simplement 
que  la  prophétesse  est  revêtue  d'un 
tissu  imitant  l'enveloppe  squammeuse 
des  poissons?  Dans  tousies  cas,  il  est 
important  de  remarquer  i°  la  réu- 
nion de  l'eau  et  de  l'art  divinatoire 
(comp.  Glaucos,  Sibylle,  etc.); 
2°  l'intervention  de  la  femme  comme 
médiatrice  entre  le  présent  et  l'ave- 
nir. Ainsi  la  Pythie,  les  Sibylles,  les 
fées  aquatiques  (Circé,  Calypso),  les 
terribles  magiciennes  (Médée  ,  Céri- 


TEN 

douen) ,  les  Nornes  ,  les  Velléda  , 
présentent  toutes  le  maximum  de 
l'inspiration,  localisé  dans  le  sexe  fé- 
minin. 

TEN-SIN  -  SITSI-DAI  (  les  ), 
c'esl-a-dire  les  sept  grands  dieux  spi- 
rituels, sont  dans  la  mythologie  japo- 
naise de  purs  esprits  célestes  qui  ont 
au  commencement  des  choses  gou- 
verné le  Japon  pendant  une  suite 
d'années  incalculables.  C'est  d'eux 
que  descendent  les  habilanls'  du  Ja- 
pon ,  qui  en  conséquence  forment  une 
race  antochlhonc,  ce  qui  ne  signifie 
pas  qu'ils  soient  sortis  de  la  terre, 
comme  le  disaient  d'eux-mêmes  les 
Athéniens.  Après  les  sept  Ten-Sin- 
Sitsi-Daï,  apparaissent  les  Tsi-Sin- 
Go-Daï  ,  c'esl-ii-dire  les  cinq  dieux 
terrestres.  Le  premier  d'entre  eux, 
Ten-Sio-Daï-Tsin ,  était  le  fils  pîné 
du  dernier  des  Tcn-Sin-Silsi-Daï. 
Voici  les  noms  des  sept  dieux  spiri- 
tuels du  Japon  : 

1.  Kuni  loko  Dat  sii  no  Mikotio; 

2.  Kuni  Satzn  Tsii  no  Mikolto; 

3.  Toio  Ruu  Nan  no  Mikolloj 
A.  Ulsii  Ni  no  Mikotio  ; 

5.  Oo  Tono  Tsi  no  Mikotto; 

6.  Oo  mo  ïar  no  Mikotio  5 

7.  ïsanagi  no  Mikollo. — Toute- 
fois noions  que  de  ces  sept  dieux  les 
trois  premiers  n'ont  point  de  fem- 
me; les  quatre  suivants  étaient  ma- 
riés, et  chacun  eul  de  sa  femme  son 
successeur.  Voici  les  noms  des  qua- 
tre épouses  : 

Sufitsi  ISi  no  Mikotio; 

Oo  Toma  fe  no  Mikotto; 

Oo  Si  Vote  no  Mikolto  ; 

Isanami  no  JVIikoUo. 
-—ïsanagi  et  Isanami  furent  les  pre- 
miers des  êtres  vivants  qui  eurent 
ensemble  un  commerce  charnel;  ce 
fut,  dit-on,  l'oiseau  Sekir  qui,  par 
son  exemple,  donna  l'éveil  aux  sens 
endormis  des  doux  époux.  Mikotio 


TeN 

est*a  dénomination  corarnnne  aux 
grands  dieux  du  Japon  :  les  dieu?  in- 
férieurs se  nomment  Mikaddo.  C'est 
aussi  un  des  litres  des  empereurs. 

TEN-SIO-DAI-TSm  ,  la  plus 
liante  divinité  japonaise  ,  selon  la 
croyance  des  sinloïstes ,  est  lour  a 
tour  donnée  pour  màlc  et  femelle. 
La  clé  de  cette  divergence  est  peut- 
être  que,  comme  Brahmâ  aux  Indes, 
et  comme  tous  les  grands  êtres  cos- 
mogonifjues  dans  tous  les  pays  du 
monde  ,  Ten-Sio-Daï-Tsin  est  her- 
maplirodite.  Toutefois  ,  notons  que 
c'est  la  face  femelle  qui  semble  l'em- 
porter dans  Ten-Sio-Daï-Tsin,  véri- 
table Cybèle  ou  Bouto  de  la  religion 
japonaise.  A  notre  avis  ,  Ten-Sio- 
Daï-Tsin  joue  dans  la  cosmogonie  ja- 
ponaise deux  rôles  totalement  dis- 
tincts :  1°  elle  se  dessine  a  la  tête  de 
la  création 5  2°  par  elle  commence 
la  succession  des  Tsi-Sin-Go-Daï , 
ou  cinq  divinités  terrestres  qui  ont 
gouverné  le  monde  après  les  Ten-Siu- 
Sitsi-Daï,  et  antérieurement  aux  plus 
antiques  dynasties  humaines.  Ten- 
Sio  -Daï-Tsin,  sans  doute,  dans 
son  existence  Tensinsitsidaïque  , 
était  femelle  ;  c'est  comme  chef  de 
file  des  Tsi-Sin-Go-Daï  qu'elle  est 
mâle.  Voici  de  quelle  manière  le  li- 
vre sacré  japonais  Odaiki  explique 
le  passage  du  non-être  h  l'être ,  ou 
si  l'on  veut  de  l'inorganisme  à  l'or- 
ganisme, du  chaos  au  Rosmos  :  «Au 
commencement  de  l'ouverture  de  tou- 
tes choses,  le  chaos  flottait  comme  les 
poissons  nagent  dans  l'eau  pour  leur 
plaisir.  De  ce  chaos  sortit  quelque 
chose  de  semblable  à  une  épine  ,  et 
susceptible  de  mouvement  et  de  trans- 
formation. Cette  épine  devint  uue 
âme  ou  un  esprit,  et  prit  le  nom  de 
Konuitoko-Datsno-Mikolto.  jj  II  est 
croyable  que  Ten-Sio-Daï-Tsin  joue 
un  rôle  dans   cet    enfantement   du 


TÉN 


D09 


monde.  Des  mythes  là  montrent  s'a- 
vancanl  de  Fiouga  (Asision,  pro- 
vince du  Sequedo  ou  contrée  de  la 
mer  occidentale)  h  Itsoumi  (Sention, 
province  du  Goknaï  ,  ou  les  cinq 
provinces  intérieures  de  la  cour)  avec 
deux  compagnons,  deux  frères,  lébi- 
sou  elFalsman.  —  Quoi  qu'il  en  soit, 
on  regarde  Ten-Sio-Daï-Tsin  comme 
la  créatrice  du  monde,  de  la  terre 
et  du  Japon  ,  la  seule  partie  du 
globe  qui  ne  fût  point  ensevelie  sous 
les  eaux.  Le  soleil  existait  ;  alors  pa- 
rurent les  sept  esprits  célestes  Ten- 
Sin-Sitsi-Daï.  Le  dernier  d'entre 
eux  ,  Isanagi ,  donna  le  jour  h  Ten- 
Sio-Daï-Tsin,  duquel  descendirent  eu 
droite  ligne  et  dans  l'ordrede  primo- 
géniture  les  quatre  Tsiu-Go-Daï  qui 
vinrent  ensuite.  On  le  nomme  aussi 
Ama-Terou-On-Kami.  C'est  de  lui 
que  descendent  tantôt  toutes  les  po- 
pulations qui  couvrent  les  îles  du  Ja- 
pon ,  tantôt  du  moins  toutes  les  dy- 
nasties qui  ont  régné  sur  cet  empire. 
Les  légendes  miraculeuses  abondent 
dans  la  vie  de  Ten-Sio-Daï-Tsin.  Il 
y  a  plus  :  en  vain  il  a  quitté  le  mon- 
de, il  multiplie  encore  les  miracles, 
et  montre  ainsi  qu'il  est  le  plus  puis- 
sant de  tous  les  dieux.  Son  règne 
terrestre  ne  fut  que  de  260  mille 
ans;  sur  quoi  remarquons  que  ,  con- 
trairement h  ce  ipie  l'on  présumerait, 
les  règnes  augmentent  de  longueur  à 
mesure  que  l'on  avance  de  l'époque 
primordiale  aux  époques  plus  voisines 
de  la  nôtre.  — On  ne  nomme  pas  la 
femme  de  Ten-Sio-Daï-Tsin  ;  cepen- 
danton  luidonnepour  filsle  seconddes 
Tsi-Sin-Go-Daï,  Osiouo-lNi-No-Mi- 
kotto.  Ten-Sio-Daï-Tsin  est  univer- 
sellement regardé  comme  le  patrou  et 
le  protecteur  de  l'empire.  Non-seu- 
lement les  sectateurs  du  sintoïsmc, 
mais  encore  les  adorateurs  de  Bou- 
tsdo  (Bouddha)   et  les  sectateurs  d^ 


âio 


TEN 


T£N 


1 


Sioulto  (alhées,panthéistcs?),  vénè- 
rent Ten-Sio-Dal-Tsin.  A  peine  y  a- 
t-il  un  Mia  du  Sinlo  qui  ue  lui  soit 
consacré  et  oii  l'on  ne  joigne  son  nom 
à  celui  des  Kaiuis  auxquels  l'édifice 
est  dédié.  C'est  surtout  dans  l'Itsou- 
mi,  son  antique  résidence,  qu'on  l'a- 
dore. Du  resle  ,  il  est  interdit  aux 
faibles  mortels  de  s'adresser  directe- 
ment aTcn-Sio-Daï-Tsin  j^ils  doivent 
lui  faire  parvenir  leurs  prières  par 
l'entremise  des  Sion-God-Sin,  divini- 
tés lulélaires  ou  prolectrices.  —  Si , 
lorsqu'on  bâlit  ou  qu'on  répare  quel- 
qu'un des  temples  de  Ten-Sio-Daï- 
Tsin,  un  des  ouvriers  vient  a  se  bles- 
ser de  manière  a  ce  qu'il  sorte  du 
sang  de  sa  plaie,  non-seulement  il  de- 
vient incapable  de  travailler  désor- 
mais à  quelque  temple  que  ce  soit,  il 
faut  de  plus  jeter  à  bas  le  temple 
commencé  ,  et  procéder  à  la  recon- 
struction d'un  nouvel  édifice.  —  On 
célèbre  tous  les  ans,  le  seizième  jour 
du  neuvième  mois,  une  fête  solennelle 
en  l'honneur  de  Tcn-Sio-Daï-ïsin  : 
les  cérémonies  principales  consistent 
en  Matsouris  (processions,  spectacles) 
qui  souvent  se  font  en  présence  de 
l'image  de  la  déesse  et  des  prêtres. 
Ces  hommages  solennels  ont  lieu  dans 
toutes  les  villes  et  tous  les  villages  de 
l'empire.  De  plus, le  i6,  le  2 r  et  le 
26  de  chaque  mois  sont  consacrés  h 
Ten-Sio-Daï-Tsiu,  et  il  s'en  faut 
beaucoup  que  les  fêles  soient  alors 
aussi  magnifiques.  Il  paraît  cependant 
que  de  ces  trenle-cinq  autres  jours 
consacrés  à  Ten-Sio-Daï-ïsin,  il  en 
est  un  dans  lequel  le  peuple  se  livre 
aux  mêmes  joies,  aux  mêmes  pompes 
religieuses  que  le  16  du  neuvième 
mois.  Le  plus  beau  temple  de  ïeu- 
Sio-Daï-Tsiu  est  k  lédo  :  on  y  voit 
la  statue  du  dieu  avec  ses  deux 
chiens  Koma-Inou,  et  les  deux  com- 
ipa^ons  qui  marchèrent  k  ses  côtés 


lorsqu'il  se  dirigea  de  Fiouga  vel%It- 
soumi;  mais  nul  de  ces  temples  n'est 
aussi  célèbre  que  ceux  d'Icié;  on  en 
compte  trois.  Les  deux  premiers  sont 
fort  petits,  le  sol  qu'ils  occupent  n'a 
pas  plus  de  six  nattes  de  lourj  ils 
sont  d'une  architecture  au-dessous  de 
la  médiocre,  un  toit  do  chaume  les 
recouvre.  Les  légendes  ne  manquè- 
rent pas  de  remarquer  que  de  tous  les 
ouvriers  employés  a  ces  édifices  aucun 
ne  reçut  de  coup  pendant  toute  la 
duréedu  travail.  Onles nomme  Gékou 
etlSaikou.  Autour  de  l'un  se  trouvent 
80  Macia  ou  temples,  pluspelils  en- 
core, en  l'honneur  des  divinités  infé- 
rieures j  /yo  Macia  enloureul  l'autre. 
Sur  une  petite  éuiiuence  s'élève  le 
temple  par  excellence,  le  vrai  temple 
Fongou,  nommé  aussi  Dorsingu  (  le 
temple  du  grand  dieu  )  et  Icié-Mia 
(Mia  d'Icié).  Très-petit  aussi,  il  est 
cou  vert  d'un  toit  de  chaume  surbaissé, 
maison  l'enlrclient  avec  un  soin  ex- 
trême. Au-dedaus  il  n'y  a  qu'un  mi- 
roir en  fonte  polie  et  du  papier  dé- 
coupé autour  des  murailles,  emblèmes 
frappants  et  de  la  clairvoyance  de 
l'être  suprême  en  qui  viennent  se  re- 
fléter toutes  les  pensées  humaines,  et 
de  la  pureté  que  doivent  porter  aux 

f lieds  du  dieu  tous  ses  adorateurs.  Sur 
es  côtés  du  vrai  temple  sont  en- 
core des  Macia  au  noni])rc  environ 
d'une  centaine  ;  toutes  sont  desservies 
par  un  Canusi  ,  ou  prêtre  séculier  5 
ceux  des  Macia  du  second  temple  ont 
le  titre  singulier  de  Mialsousoum 
(moiueau  du  temple).  Voy.  dans 
Kaempfer  ,  Histoire  du  Japon  , 
t.  I,  pi.  18,  le  temple  d'Icié. — 
ISon  loin  de  ce  dernier  est  la  grotte 
sacrée  dans  laquelle  alla  un  jour  se 
cacher  Tcn-Sio-Daï-ïsin.  Dès  qu'il 
disparut,  soleil,  étoiles,  lumière  dis- 
parurent soudain  des  cieux  envahis 
par  les  ténèbres.  Cette  grotte  u'a 


TER 

qu'uûe  natte  et  demie  de  largeur  ;  on 
l'appelle  Avano-Malta  ,  c'esl-h-dire 
qui  n'est  pas  a  plus  de  20  ikins  de  la 
mer.  C'est  un  lieu  encore  plus  sacré 
que  les  temples.  Elle  est  sur  une  col- 
line du  haut  de  laquelle  on  découvre 
et  la  mer  et  une  île  éloignée  environ 
d'une  lieue  et  demie  de  la  côte  ,  et 
qui  sortit  de  la  mer  a  l'époque  de 
Teu-Sio-Daï-Tsin. 

TEOTL  ,  le  grand  dieu  du  Mexi- 
que, ne  semble  pas  avoir  eu  de  tem- 
ple chez  ses  adorateurs.  C'est  que , 
dans  presque  tous  les  pays  du  monde , 
ou  ne  donne  point  de  légende  a  l'être 
irrévélé 5  et  que  si  par  hasard  on  lui 
en  donne,  aussitôt  il  tombe  plus  ou 
moins  dans  l'iiisloiro  humaine.  Ainsi 
Piromi  en  Egypte,  et  Brahra  aux  In- 
des ,  échappent  presque  aux  recher- 
ches par  la  nullité  de  leur  culte. 

TERAMBE,  Tipa^^oç,  fameux 
musicien  ,  passait  pour  (ils  de  Nep- 
tune. Ayant  osé  se  proclamer  le  rival 
des  Nymphes  ,  il  fut  métamorphosé 
par  ces  jalousesdivinités  en  un  insecte 
de  la  famille  des  escarbots. 

TEREE  ,  T>)pi{i;  ,  célèbre  roi 
deThrace,  fait  partie  d'un  cadre  ca- 
birique  propre  a  ce  pays.  Pandiou  II, 
roi  d'Alnènes,  avait  deux  filles,  Pro- 
gné,  Philomèle.  Térée,  roi  de  Thra- 
ce,  épousa  la  première 5  puis,  quel- 
que temps  après  ,  chargé  de  conduire 
la  seconde  a  sa  sœur,  tenta  en  vain  de 
la  séduire,  lui  fit  violence,  lui  arra- 
cha la  langue,  l'enferma,  et  dit  h  Pro- 
gué  que  les  bêtes  farouches  avaient 
dévoré  sa  sœur.  Un  an  se  passe,  les 
orgies  commencent.  Ça  et  là  dans  les 
bois  courent  les  Bacchantes  écheve- 
lées.  Philomèle  a  tracé  sur  une  vaste 
tapisserie  son  voyage,  sa  honte,  ses 
malheursj  elle  jette  cet  acte  d'accu- 
sation aux  errantes  adoratrices  de 
Bacchusj  bientôt  Progné  y  jette  les 
yeux  ;  tout  est  dévoilé.  Philom«le 


TER 


5ii 


sort  de  sa  prison  ',  un  splendide  re- 
pas invite  Térée  à  la  joie,  un  mets 
délicieux  irrite  son  appétit,  provoque 
ses  louanges  :  ce  A  quel  hôte  des  bois, 
des  champs  ou  de  l'air,  ont  appartenu 
ces  chairs  exquises?  —  A  ton  fils!  » 
s'écrie  Progné  5  puis  elle  lui  montre 
a  la  fois  la  tête  sanglante  d'Itys,  uni- 
que fruit  de  leur  union,  et  la  muette 
Philomèle.  Les  poètes  ajoutent  que 
les  quatre  héros  de  ce  drame  de  sang 
furent  métamorphosés  eu  oiseaux  : 
Philomèle  en  rossignol^  Progné  en 
hirondelle,  Térée  ea  huppe  ,  et  Itys 
en  cliardouneret. 

TÉRENE  ,  fille  de  Slrymon  , 
fut  amante  de  Piiars  et  mère  de  Tri- 
balle. 

TERENSIS,  déesse  latine  ,  prési- 
dait au  hallage  des  grains. 

TERIDAE  ou  TERIDÉE,  con- 
cubine de  Ménélas  ,  le  rendit  père  de 
Mégapenlhe. 

TERME,  Terminus  ,  dieu  laliu 
protecteur  des  limites,  fut  de  bonne 
heure  vénéré  par  lesRomains.  Nuraa 
Pompilins  introduisit  son  culte  a  Ro- 
me j  et  ce  peuple  pélasgiquc,  livré  tout 
entier  aux  occupations  de  l'agriculture 
et  de  la  vie  pastorale,  adorait  le  dieu 
qui  a  sous  sa  garde  les  bornes  des 
champs.  Bientôt  le  temps  vint  où 
Rome  ,  de  plus  en  plus  ambitieuse, 
rêva,  commença  la  conquête  du  mon- 
de. La  légende  racontait  que  lorsqu'il 
s'agit  d'inaugurer  Jupiter  sur  le  Ca- 
pitole  ,  et  que  dans  celle  vue  on  fit 
subir  un  brusque  déplacement  h  tous 
les  dieux  qui  avaient  quelques  pieds 
carrés  sur  le  mont  Tarpéicn,  Terme 
seul  résista  opiniâtrement  j  nul  effort 
humain  ne  put  faire  bouger  sa  sta- 
tue. Les  Augures  devinèrent  alors 
que  jamais  les  limites  de  l'empire  ro- 
main ne  reculeraient ,  et  Terme  oc- 
cupa la  place  en  commun  avec  le 
maître  des  dieux.  —  Examiner  esi 


5il 


TER 


quel  temps  et  par  qui  le  colle  de 
Terme  fut  institué  serait  puéril.  Lais- 
sons Denys  d'Halica masse  el  Plu- 
tarque  rallribuer  h  Numa  l'ompilius  j 
laissons  de  Bosc  dire  que  ce  priuce , 
en  rétablissant  les  anciennes  fois  sur 
les  limites  des  propriétés  ,  intéressa 
la  religion  dans  la  politique  et  per- 
suada au  peuple  qu'un  dieu  spécial 
veillait  aux  bornes  et  punissait  les  in- 
fractions. J-.e  seul  fait ,  c'est  qu'à  une 
époque  indéterminée,  mais  très-anti- 
que, on  milles  limites  de  la  propriété 
sous  la  protection  d'un  dieu.  De  la  la 
formule  Termino  sacrum  qu'on  lit 
sur  des  inscriptions  5  de  là  la  loi  du 
Code  Papiricn  qui  dévouait  aux  dieux 
infernaux  et  le  propriétaire  coupable 
d'un  de  ces  dérangements  et  ses  bœufs. 
Comp.  même,  pour  des  époques  pos- 
térieures ,  la  Conf.  des  lois  roni. 
et  mosaïques ^  titre  il  de  Termi- 
no moto.  Le  dieu  Terme  ne  fut  dans 
l'origine  qu'une  borne.  Que  l'on  ne 
s'étonne  donc  pas  de  voir  Lactance 
assurer  que  le  Terme  primordial  fut 
celle  pierre  que  Saturne  avala  un 
jour  à  la  place  de  Jupiter.  Ici  se 
dessinent  quelques  particularités  pré- 
cieuses. Jupiter  et  Terme  ,  disent 
filusieurs  mythologues,  ne  fonl  qu'un  : 
a  preuve,  c'est  qu'il  y  eut  un  Jupi- 
ter-Termiualis a  Rome,  un  Zévs-Ho- 
morios  (des  confins)  a  Crolone  ,  et 
qu'en  Syrie,  dans  un  temple  célèbre, 
on  voyait  Zévs-Kasios  sous  la  forme 
d'un  bloc  de  pierre  ou  d'un  rocher. 
A  vrai  dire,  que  conclure  de  ces  dé- 
lailsls'  Que  la  divinité  varie  selon  le 
degré  de  civilisation  de  ses  adora- 
teurs. Fétichistes  dans  l'origine  , 
de  naïves  tribus  appellent  difu  un 
mont  ou  une  pierre (  Casius  et  Ter- 
me), un  bois  ou  un  arbre  (Sylvain, 
Hylée,  Dryops),  enfin  un  animal, 
un  homme.  Par  Agd  on  arrive  au 
Piu-Aty*  et  à  Cybçlej  Atlas  précède 


TES 

Promélhée  j  les  pierres  jelées  par^ 
Pyrrha  deviennent  des  femmes;  1 
pierre  grossière  a  subi  dans  les  en- 
trailles de  Saturne  une  élaboration 
première  avant  de  sortir  transformée 
en  Jupiter.  —  Dans  les  siècles  élé- 
ganlsde  Rome,  Terme  fut  un  Sylvain 
à  tète  et  a  taille  humaines,  mais  dont 
les  extrémités  inférieures  n'étaient 
qu'un  bloc  écjuarri.  —  On  célébrait 
en  l'honneur  de  Terme  ,  le  s  i  ou  le 
23  février,  une  fête  dite  Termi- 
nales. 

TERPSICHORE  ,  Ttf^izh*'  » 
Muse  de  la  danse  et  de  la  poésie  lyri- 
que ,  sans  doute  parce  que  l'ode  se 
chantait  en  exécutant  des  mouvcnionls 
de  droite  h  gauche  (stro[)he),  puis  de 
gauche  a  droite(anti-slrophe),  lermi- 
née  par  un  repos  (épode).  Elle  est  re- jil 
présentée  dans  la  mosaïque  d'italica  '■ 
(de  Laborde,  IV)  et  dans  les  Pitlure 
d'Ercotano  (II,  5)  la  lyre  à  la 
main.  Dans  la  première  de  ces  images 
elle  a  sur  la  tète  un  diadème  ,  et  de- 
vant elle  le  modèle  d'une  salle  de 
théâtre.  Un  bas-relief  du  Musée  Pio- 
Clémenlin  (IV,  i)  nous  montre  par- 
mi plusieurs  génies  des  Muses  celui 
de  Terpsichore ,  ayant  près  de  lui  le 
vase  prix  des  vainqueurs  dans  les 
jeux  olympiques — Une  des  Muses  de 
la  seconde  nomenclature  a  aussi  le 
nom  de  Terpsicuore.  (Rac.  :  rt^^», 
se  réjouir  ;  x^^^^  chœur  de  danseurs.) 

TERRE.  Koy.  GÉ. 

TESKATLIBOCHTLI  (  Texca- 
TLipocA  de  Rcruardino  de  Sahagun), 
autrement  Tlaloch,  le  plus  grand 
dieu  des  Mexicains  apiès  Téoll, 
était  chez  eux  le  vengeur  des  crimes, 
le  dispensateur  de  tous  les  fléaux 
(■épidémie,  famine,  peste),  le  recteur 
de  la  vie  pénitentiaire.  Vilzilobochlli 
lui-même  était  aux  yeux  des  Aztè- 
ques moins  redoutable  que  Teskalli- 
bochlli.  Tous  deux,  au  reste,  se  liaient 


I 


TES 

intimement  dans  les  croyances  popu- 
laires, el  à  Mexico  le  Téokalli  prin- 
cipal, érigé  six  ans  avant  l'apparilion 
de  Colomb  dans  les  Lucaies,  était  dé- 
dié au  dieu  de  la  guerre  et  au  dieu 
des  vengeances.  Ce  n'est  pas  dans  la 
mythologie  grecque  que  nous  trouve- 
rions  les   véritables   analogues   des 
deux  grandsdieux  mexicains.  LaScan- 
dinavie  ,  l'Inde  ,  les  présenteraient 
plutôt  j  l'une   dans  Odin  et  Thor, 
l'autre  dans  Siva-Mahadéva  et  Skan- 
da.  Cependant  Bernardino  de  Saha- 
gun  compare  Teskatlibochtli  à  Jupi- 
ter. L'idole  qui  représentait  ce  dieu 
était  d'un  granit  noir,  luisant,  poli. 
Elle  était  parée  de  rubans  et  avait  k 
la  lèvre  inférieure  des  anneaux  d'or  et 
d'argent  avec  un   tuyau  de   cristal 
d'où  sortait  une  plume  verte  ou  bleue  j 
sur  la  poitrine  un  gros  lingot  d'or  j 
aux  bras  des  chaînes  d'or;  sur  le 
nombril  une  grande  émeraude;  dans 
la  main  droite  quatre  flèches,  dans  la 
gauche  un  miroir  d'or  d'oii  sortaient 
en  forme  d'éventail  des  plumes  de 
toutes  couleurs.  Quelquefois  a  ces  or- 
nements étaient  substitués  un  javelot 
dans  la  main  droite,  dans  la  gauche 
un  bouclier  sur  lequel  cinq  pommes 
de  pin  ,  entourées  de  quatre  flèches  , 
imitaient  par  leur  disposition  laforme 
d'une  croix  rectangulaire  k  branches 
égales  j  les  cheveux  de  l'idole,  dorés 
et   tressés  ,    laissaient   pendre    une 
oreille  d'or  ,   symbole  de  l'attention 
avec  laquelle  Teskatlibochtli  écoutait 
les  prières.  La  fête  la  plus  célèbre  de 
ce  dieu  avait  lieu  le  19   mai;  c'était 
une  solennité  purificatoire.  Les  dévots 
venaient  en  foule  dans  le  temple  ver- 
ser des  larmes  sur  leurs  péchés  et  en 
implorer  le  pardon.   La  veille ,  les 
grands  de  Ténochtitlan  apportaient 
au  grand- prêtre  de  Teskatlibochtli 
un  costume  neuf  pour  la  cérémonie 
du  lendemain.  Ce  jour-la,  dès  l'au- 

Ï.V. 


TES 


;i3 


rore  ,  les  portes  du  Téokalli  étaient 
ouvertes  ;  le  prêtre,  armé  du  cor,  et 
se  tournant  vers  les  quatre  parties 
du  monde ,  semblait  inviter  les  pé- 
cheurs k  se  rendre  des  quake  coins 
de  la  terre  aux  pieds  du  dieu';  et  la 
multitude   se    frottait  le    visage  de 
poussière  ,  se  meurtrissait  ou  s'ou- 
vrait le  flanc  a  coups  de  couteau  , 
se  flagellait  cruellement  avec  des  cor- 
des garnies  de  gros  nœuds  ou  d'épi- 
nes. Les  moins  fervents  se  conten- 
taient de  joncher  le  chemin  de  fleurs, 
de  verts  rameaux ,   et  d'imiter  les 
mouvements  de   l'encensoir    chaque 
fois  que  les  prêtres   envoyaient  de 
l'encens  au  dieu  de  granit.  Ces  évo- 
lutions, fort  peu  dangereuses,  ne  lais- 
saient pas  d'être  assez  fatigantes  ,  vu 
qu'elles  se  combinaient  avec  la  mar- 
che. Teskatlibochtli ,   orné  de  guir- 
landes nouvelles  et  posé  sur  une  li- 
tière, était  porté  en  pompe  autour  du 
vaste  Téokalli  par  des  prêtres  au  vi- 
sage teint   en  noir  et  aux  cheveux 
tressés  avec  un  cordon  blanc.  De- 
vant  le  palanquin  marchaient  deux 
prêtres,  l'encensoir  k  la  main;  entrés 
dans  le  temple  ,   les  prêtres  suppu- 
taient, d'après  le  nombre  des  offran- 
des, le  degré  de  pureté  des  fidèles: 
puis  on  procédait  à  un  grand  festin, 
oii  n'étaient  admis  que  les  purs,  les 
réconciliés.  De  jeunes  vestales,  con- 
duites par  un  vieil  habitué  du  temple, 
apportaient  les  mets  sacrés  sur  la  ta- 
ble du  dieu,  et,  comme  sans  doute  il 
les  goûtait  peu,  onessayait  au  dessert 
de  stimuler  son  appétit  en  lui  offrant 
dans  un  bassin  le  sang  d'un  homme 
égorgé   devant   lui.   A  deux   autres 
époques  de  l'année  revenaient  des  cé- 
rémonies encore  plus  cruelles  :  1°  k 
peine  les  grains  commencaieut  à  poin- 
dre au-dessus  de  la  surface  du  sol,  un 
garçon  et  une  fille  âgés  de  trois  ans  f 
et  de*  condition  libre  ,  tombaient  sur 

33 


$i4  l'Éi' 

une  colline  en  l'honneur  dîi  dieu; 
»»  lorsque  la  moisson  avait  alleint  la 
moitié  de  sa  baulcur,  un  nouveau  sa- 
cri6ce  demandait  aux  familles  escla- 
ves de. jeunes  victimes.  La  récolte 
une  fois  venue  a  maturité,  on  se  con- 
lenlail  d'implorer  la  proleclion  de 
Teskalliboclitli  par  des  oiïrandes  de 
maïs  (liqueur  composée  de  grains  et 
de  gomme  ropale). 

ÏESFIÉ,  le  ISné  des  Aztèques, 
était,  selon  les  légendes  du  pays  ,  un 
prêtre  (ou  plutôt  un  patriarche)  d'une 
haute  piété.  Lors  du  grand  cataclysme 
qui  punit  les  hommes  coupables  en 
les  noyant,  Tespic,  avec  sa  femme  et 
ses  enfants,  se  réfuf:;ia  dans  une  vaste 
arca  de  bois  où  il  avait  rassemblé 
l'élite  des  graines  et  des  animaux.  A 
mesure  que  les  eaux  s'abaissèrent,  il 
lâcha  un  oiseau  nommé  Aura  ,  puis 
un  autre,  puis  encore  un  autre;  au- 
cun ne  revint.  Enfin  pourtant,  a  force 
de  rendre  la  liberté  a  ses  prisonniers 
ailés,  il  en  vit  reparaître  un  ;  c'était 
le  plus  petit,  et  il  revenait  avec  une 
branche  d'arbre  dans  le  bec.  Cet  épi- 
sode de  la  cosmogonie  semble  avoir 
été  calqué  *ur  les  chap.  7  et  8  de  la 
Genèse. 

TÉTHYS,  femme  d'Océan  et  mère 
dc&5,çoo  Océanidcs  ,  a  été  confon- 
dvi^  à  \wl  avec  Ampbilrile  ,  qui  est 
une  Néréide  (iille  de  Kéréc  et  de  Do- 
ris) ,  tandis  qu'au  fond  Télliys  est 
rOcéanide  ppr  excellence  (fille-épx^u&c 
df Océan,  et  non  tout  simplemcmt 
épouse).  La  mythologie  composilcdes 
Grecs  en  lit,  il  est  vrai,  une  Tilauide 
filie  d'Uranus  et  de  Gé  ,  sœur  de 
Xhia,  de  Ubîa,  etc.  (F'oj.  Titans). 
Outre  les  Océani^les,  les  fleuves  et 
les  fontaines,  on  lui  donne  pour  en- 
fants Prolée,  Persa,  Élhra,  etc. 
—  Le  nom  de  Télbys  (qu'on  expli- 
que par  Tcea^  Titœa ,  la  terre , 
ou  par  Titllios,  la  mamelle)  et  son 


TEU 


n 


caractère  montrent  en  elle  la  haute 
génératrice ,  la  Boulo  des  Pélasgues  yj 
l'unique    déesse    qu'un    peuple    jetipi 
au   milieu   des   eaux,  daus   les  îles,  " 
sur  les  rives  sinueuses  de  mille  golfes, 
ail  pu  saluer  la  première  du  nom  de 
reine,  de  mère  et  de  cause  première. 
Les  anciens    eux  -  mêmes    l'avaient 
senti ,  et  ont  vu  dans  Télhys  l'humi»^— 
dite  productrice  et  alimenialricc  defll 
êtres.  — Tbétis  est  la  délégation  de^* 
Télhys  5  et  quoique  cette  mère  d'A- 
chille se  vante  dans  l'Iliade  d'avoir  ap- 
pelé au  secoursde  Jupiter, menacé  par 
les  dieux,  le  robuste  Egéon,  c'est  h  la 
biographie  de  Téthys  que  dut  origi- 
nairement appartenir  ce  mythe  cu- 
rieux. Comp.  Camasène,  Iko,  Ma- 
EICA,  etc. 

TEU ARAT AI,  septième  dieucréf^' 
par  Taaroa  (le  grand  Être  des  Poly- 
nésiens). Barff  le  regarde  comme  le 
Neptune  de  cette  cinquième  partiedu 
monde  (/^o/.Will.  Ellis,  PolynesJKÊ 
Research. ,11,  193).  g|| 

1.  TEUCER,  héros  éponyme  de  la 
Teucrie,  un  des  noms  primordiaux  de 
la  Troade  ,  était  selon  les  uns  origi- 
naire de  la  Crète,  tandis  que  suivant 
les  autres  c'était  un  indigène  de  l'an- 
gle nord-ouest  de  rxVnadhouli.  Dans 
la  première  hypothèse  ,  il  fut  amené 
de  l'île  de  Crète  en  Asie  par  l'exil  • 
dans  l'autre  on  le  donne  comme  fils 
d'un  fleuve  et  d'une  moulngnc,  car  il 
il  pour  pèio  le  dieu  Scamandre,  pour 
mère  la  nymphe  Ida.  Samolhrace,  ou 
ITtalic,.  envoie  sur  la  côte  qu'il  habile 
un  fugitif,  vn  assassin,  un  aventurier, 
Dardanus,  encore  tout  souillé  du  sang 
de  son  frère  Jasion  j  et  comme  toute 
celle  foule  de  rois,  hôlcs  purificateurs 
que  la  mythologie  montre  toujours 
embarrassés  d'une  fille  nubile, Teuccr 
expie  l'arrivant,  lui  donne  la  prin- 
cesse en  mariage  ,  et  lui  lègue  l'em- 
pire.—La  fille  de  Teucer  se  nomme 


TEU 

souvent  Balée  j  d'autres  parlent  d'une 
Nysa  ouNéso,  épouse  aussi  de  Dar- 
danus  ,  et  même  d'une  Teucris  :  mais 
ce  troisième  nom  n'est  qu'un  nom  pa- 
tronymique. Du  reste  ,  Dardanus  et 
Nyso  ont  une  fille,  Sibylla;  Dar- 
danus et  Bâtée  ont  un  fils,  Ericbtho- 
nius. — Pour  comprendre  le  sens  des 
mythes  relatifs  à  l'origine  de  Troie, 
voy.  Tros. 

2.  TEUCER  devait  le  jour  au 
roi  de  Salamine  ,  ïélamon ,  et  k 
Hesione  (ou  k  une  esclave),-  habile 
archer,  il  passa  pour  avoir  reçu  d'A- 
pollon lui-même  l'arc  qu'il  maniait.  Il 
tua  au  siège  de  Troie  Arétaon  et  une 
foule  de  Troyens.  Homère  [Iliade, 
iiv.  8  et  i5)  entre  dans  beaucoup 
de  détails  sur  ses  exploits.  Revenu 
dans  Salamine,  il  n'obtint  du  vieux 
Télamon  qu'un  accueil  hostile  et  gla- 
cé :  a  Oii  est  ton  frère?  où  est  le  sang 
versé  par  toi  pour  venger  ton  frère  ? 
où  sont  du  moins  les  os  de  ton  frère?» 
Teucer,  banni ,  quitta  Salamine  ,  se 
rendit  k  Sidon  auprès  du  roi  Bélus  , 
et  k  la  tête  de  quelques  colons  phéni- 
ciens alla  bâtir,  dans  l'île  de  Cypre, 
un  temple  a  Jupiter  et  une  ville  a  la- 
quelle il  donna  le  nom  de  Salamine,  et 
où  ses  descendants  régnèrent  long- 
temps. Quelques  mythologues  le  mon- 
trent cherchant  k  rentrer  dans  sa  pa- 
trie après  la  mort  de  Télamon  ,  et 
repoussé  par  Eurysace,  son  neveu ,  qui 
déjà  s'est  mis  en  possession  du  trône. 
Lorsqu'il  se  rembarque  ,  la  tempête, 
selon  Justin,  le  porte  en  Espagne,  et 
il  fonde  Carthagène  sur  la  côte  oc- 
cidentale de  cette  péninsule.  On  le 
fait  voyager  aussi  jusque  chez  les  Cal- 
laïci  (Gallicie  actuelle  avec  annexes) 
et  a  Gadès  (Cadix),  oùl'on  montrait  le 
baudrier  d'or  de  Teucer.  Nous  ne 
mentiont\ons  ces  traditions  que  pour 
mémoire  et  avec  plus  que  de  la  dé- 
fiance. Deux  particularités  vraiment 


TEU 


Si5 


importantes  se  rattachent  au  nom  de 
Teucer  :  la  première  ,  c'est  qu'il  se 
pose  vis-a-vis  d'Ajax ,  son  frère , 
comme  Troie  vis-k-vis  de  la  Grèce  j 
la  seconde,  c'est  que  l'état  fondé  par 
lui  dans  l'île  de  Cypre  fut  théocrati- 
que,  que  les  rois  étaient  des  prêtres- 
rois,  et  qu'après  l'abolition  apparente 
de  la  royauté,  des  prêtres  conservè- 
rent l'autocratie  séculière  :  Teucer 
devint  même  un  mot  synonyme  de 
grand-pontife.  La  Cilicie  avait  aussi 
des  prêtres  nommés  Teucers.  Comp. 
CiNYRE.  Dans  le  temple  bàli  par  Teu- 
cer en  l'honneur  de  Jupiter  on  im- 
molait des  victimes  humaines. 

TEUSAR-POULAT  ,  dieux  féti- 
ches de  la  Bretagne  païenne,  étaient 
des  génies  sous  forme  de  vaches,  de 
chiens,  ou  d'autres  animaux  domesti- 
ques (Cambry,  Voyage  dans  le 
Finistère,  I,  72). 

TEUT  ou  TEUTAT  ,  en  lalin 
Teutates  (  ou  Theut  ,  Theuta^, 
TheutatÈs  ;  autrement  TAOTi:s  , 
Tis,  Tuis,  Thoys,  Thoyt,  Thot), 
dieu  germain,  présidait,  selon  les  uns, 
au  commerce,  k  l'argent,  k  l'intelli- 
gence ,  k  la  parole,  aux  louanges j 
suivant  les  autres,  aux  batailles.  Sous 
ce  double  point  de  vue  ,  il  réunirait 
en  lui  les  fonctions  de  Mars-Hercule 
et  de  Mercure.  En  effet,  il  a  souvent 
été  comparé  k  ce  dernier  dieu  j  et 
les  druides,  dit-on,  entendaient  par 
Tentât  le  principe  vital ,  actif  du 
monde  :  ou  l'a  même  confondu  avec  le 
Tholh  des  Egyptiens.  Etymologique- 
ment  parlant,  Teutat  ne  se  rapproche 
pas  plus  de  Thoth  que  de  hôç ,  de 
Téthys  et  Tythéa  que  de  Tévctat. 
Idéologiquement  ,  nous  ne  pouvons 
connaître  ni  toutes  ses  attributions, 
ni  celle  de  ses  attributions  qui  était 
la  clé  de  toutes  les  autres.  Pour  les 
détails  de  son  culte ,  tout  se  réduit 
aux  points  suivants  :  ée&ï  qu'on  Va- 

33. 


5i6 


TE¥ 


dorait  tantôt  sous  la  forme  d'ua  ja- 
velot (  comp.  QuiRiNUs,  Skanda) 
lorsqu'on  lui  demandait  la  victoire  , 
sous  celle  d'un  chêne  lorsqu'on  le 
priait  d'inspirer  de  sages  avis.  On 
célébcait  ses  fêtes  hors  des  murs 
d'enceinte  des  bourgades  et  des  forts, 
sur  des  lieux  élevés  ou  dans  de  som- 
bres forêts j  on  choisissait  surtout 
la  nuit  :  le  clair  de  lune  ou  la  lueur 
des  flambeaux  remplaçait  la  lumière 
du  jour.  Labourer  le  champ  où  les 
cérémonies  saintes'  avaient  été  célé- 
brées eût  passé  pour  une  effroyable 
profanation  ;  aussi  était-ce  l'usage  de 
semer  le  lieu  de  pierres.  De  là  peut- 
être  ces  enteintes,  ces  amas  de  pierres 
dont  les  restes  abondent  en  France, 
en  Allemagne,  en  Angleterre. — La 
cérémonie  la  plus  remarquable  du 
culte  de  Tentâtes  élait  peut-être  la 
réception  du  Gui  :  clic  s'accomplis- 
sait à  minuit  précis ,  à  l'heure  du 
renouvellemeut  de  l'année,  au  milieu 
des  cris  :  «  Au  Gui  l'an  neuf!  »  Ou 
sacrifiait  à  Tentâtes  ,  dans  les  cir- 
constances décisives,  des  victimes  Hu- 
maines ,  et  d'ordinaire  des  chiens. 
Tibère  prohiba  les  sacrifices  hu- 
mains ,  et ,  abolissant  les  écoles  des 
druides,  ne  permit  pas  que  la  jeu- 
nesse s'initiât  a  leurs  doctrines. — 
On  a  comparé,  identifié  9iême,Teu- 
tat  et  Ogham. 

TEUTAME,  Tetjtamus,  Tti- 
TXfios'-  1°  roi  de  Susiane  qui,  selon 
certaines  légendes  ,  envoya  Memnon 
et  20  mille  hommes  au  secours  de 
Troie (Teutame  rappelle Touthmosis, 
père  d'Aménoftpj  f^oy.  Memuow)  ; 
2°  fils  de  Dorus,  époux  d'Astérie,  et 
père  du  roi  de  Crète  Astérion. 

TEUTAMIAS  ou  TEUTAMIS  , 
roi  de  Larisse  ,  donna  des  jeux  funè- 
bres en  l'honneur  de  sou  père.  C'est 
la  que  Persee  tua  par  mégarde  son 
a'ûul  Acrisius  d'un  coup  de  disque. 


TÉV 
TEUTHIS,  TiïO/f, 


^ 


chef  arca- 
dien,  s'ennuyant  devoir  la  flotte  grec- 
que retenue  a  Aiilis  par  les  vents 
contraires,  quitta  l'armée  ,  en  dépit 
des  représentations  de  Minerve,  qui, 
pour  le  dissuader,  avait  emprunté  le 
visage  et  "ia  taille  de  Mêlas  ,  et  la 
blessa  de  son  javelot  a  la  cuisse.  A 
peine  rentre  dans  ses  foyers  ,  il  eut 
sans  cesse  devant  les  yeux  Minerve  »■ 
qui  lui  montrait  sa  blessure,  et  mou-  SI 
rut  d'une  maladie  de  langueur.  Mau- 
dit de  Minerve  ,  son  territoire  était 
de  toute  l'Arcadie  le  seul  qui  fût  ab- 
solument stérile.  Enfin  les  Arcadiens, 
sur  avis  de  l'oracle  ,  remédièrent  k 
cette  stérilité  en  consacrant  sur  le 
lieu  une  statue  de  Minerve  qui  la 
représentait  blessée  h  la  cuisse. 

TEUTHRAS,  T(ùôpxs ,  ou  Tiî- 
THRAs,  Tiôfiuç  ,  fils  de  Pandion  et 
roi  d'Asie  (Cilicie  selon  les  uns  ,  My- 
sie  selon  les  autres),  avait,  ainsi  que 
Thespius,  5o  filles,  qui  toutes  furent 
épousées  par  Hercule.  Ces  nombreu- 
ses odalisques  du  fils  d'Alcniène  s'ap- 
pellent souvent  Tcuthrnnlict^  lur- 
ba.  La  plupart  des  mythologues  ne 
citent  comme  fille  de  Teuthras  qu'Ar- 
giope  ,  femme  de  Télèphe  (  t^oy. 
AuGÉ  et  Télicphe).  On  donnait  le  nom 
de  Teuthranie  h  un  petit  canton  des 
environs  de  Bergame  ,  peuplé  dans 
l'origine  par  une  colonie  arcadienne, 
et  quelque  temps  après  la  prise  de  . 
Troie  par  d'autres  Grecs.  Elle  fut 
comprise  plus  tard  dans  le  territoire 
de  l'Eolide. — Deux  autres  Teuthras 
furent ,  l'un  un  Grec  tué  au  siège  de 
Troie  par  Mars  (ou  par  Hector),  l'au- 
tre un  Troyien  de  la  suite  d'Enée  tué 
en  Italie. 

TEVAKAIOHONA  était  le  dieu 
de  la  terre  au  Mexique. 

TEVETAT,  célèbre  adversaire  de 
Samanakodom,  se  nomme  aussi  De- 

VEHDAT,    DeYAHDET,    PÉYOUDET  Ott 


TEV 

DiVAHDET.  Sa  vie  entière  se  passa  à 
persécuter  on  h  entourer  d'embùclics 
le  saint  que  la  légende  siamoise  lui 
donne  pour  frère.  Il  le  pouvait  avec 
d'autant  plus  de  facilité  que  nulle 
science  n'avait  pour  lui  de  mystères. 
Lorsque  enfin,  en  dépit  de  ses  malé- 
fices et  de  ses  ruses,  Samauakodom, 
absorbé  dans  l'être  suprême  par  le 
nivrilta ,  fut  dieu  ,  Tévélat  nia  sa  di- 
vinité, et,  un  jour  qu'il  était  sous  le 
feuillage  sacré  du  ïouppo,  il  le  défia 
de  prouver  par  un  miracle  le  baut 
rang  que  ses  adorateurs  lui  attri- 
buaient. Aussitôt  on  vil  s'élever  dans 
les  airs  un  trône  d'or  enriclii  de  pier- 
reries, des  anges  descendirent  de  la 
nue  et  cJianlèreut  en  chœur  les  louan- 
ges de  Samanakodom.  Tévétat  alors 
lorma  une  coalition  de  tous  les  ani- 
maux contre  lui.  ]Se  pouvant  le  vain- 
cre, il  eut  recours  au  cbarme  plus 
insinuant  du  langage,  délacba  les  fi- 
dèles de  l'orthodoxie,  et  fut  l'auteur 
du  schisme  fatal  qui,  disenl  les  Sia- 
mois ,  divise  le  monde  en  deux 
paris.  Tévélat  finit  par  être  englouti 
dans  une  mer  i}nmense  que  fit  sortir 
de  sa  chevelure  mouillée  l'ange  qui 
préside  a  la  terre  en  défendant  Sa- 
manakodom. Précipité  au  fond  de 
l'enfer,  Tévélat  y  est  crucifié ,  grillé, 
criblé  de  plaies  et  couronné  d'épines 
(  f^^X'  '^  l'*  fi"  ^^  l'article  la  cause 
de  ces  réminiscences  du  christianis- 
me). Samanakodom  l'a  vu,  un  jour 
qu'il  parcourait  les  huit  régions  in- 
fernales ,  et  l'a  redit  a  ses  disci- 
ples. 11  y  a  mieux  5  si  vous  écoutez 
les  Talapoins  ,  ils  vous  diront  que 
Samanakodom  offrit  h  son  frère  sa 
grâce  ,  dont  11  était  indigne  ,  en 
n'exigeant  de  lui  d'autre  tâche  que 
d'adorer  ces  trois  mots  :  Ponthang, 
Tanaang,  Saougkaug.  Ces  trois  mots 
veulent  dire  :  dieu  ,  verbe  de  dieu  , 
copie  de  dieu  (en  d'autres  termes , 


TEV 


5i7 


vicc-dîeu  ou  Talapoin).  Tévélat  pro- 
nonça le  premier  à  merveille  ;  le  se- 
cond eut  quelque  peine  à  venir  sur 
ses  lèvres;  jamais  son  gosier  ne  put 
former  les  deux  syllabes  du  troisiè- 
me. Ce  schisme  se  dessine  surtout 
avec  puissance  dans  le  Tibet  et  chez 
les  nalions  mongoliques.  Deux  sec- 
tes, celle  des  Chara-Malahhai  (bon- 
net jaune),  et  des  Oulausallaté  (bon- 
net rouge),  divisent  leurs  tribus.  Les 
premiers  reconnaissent  pour  fonda- 
teur Cliakiamouni ,  le  même  qUe  Sa- 
manakodom ;  les  seconds  reconnais- 
sent devoir  leur  culto  h  Tévétat. 
Chacune  de  ces  grandes  sections  reli- 
gieuses a  son  chef.  Les  bonnets  jaunes 
obéissent  au  Dalaï-Lama  ;  aux  bon- 
nets rouges  au  contraire  commande  le 
Bogdo-Lama  (autrement  Bogdobent- 
chang,  Bogdoïeïenu  en  tibétain  et 
en  tangut:  Pallas  présume  que  c'est 
le  nom  de  Jeïenn  qui  a  donné  lieu  à 
la  dénomination  de  prêtre-Jean).  Le 
séjour  du  Bogdo-Lama  se  Irouve,  noa 
pas  à  Lahsa,  résidence  du  Dalaï- 
Laraa ,  mais  an  sud  de  cette  ville  , 
dans  le  couvent  de  Dachilunpa ,  près 
de  la  ville  de  Tsen^chsa. — Les  no- 
lices  les  plus  récentes  sur  le  Tibet 
donnent  K  la  secte  jaune  le  nom  de 
Gillonkpa  ,  a  la  secte  rouge  celui 
de  Chammar.  Parmi  les  traits  qui 
séparent  les  Gillonkpa  des  Chammar 
doit  être  surtout  remarquée  la  permis- 
sion accordée  par  ceux-ci  a  leurs  prê- 
tres do  contracter  mariage.  L'empe- 
reur de  la  Chine  appartient  à  la  secte 
jaune  ,  ce  qui  donne  à  celle-ci  une 
énorme  supériorité  sur  sa  rivale.  Pour 
en  revenir  aux  croyances  siamoises,  et 
nous  aussi  nous  sommes  des  esclaves 
et  des  adhe'rents  de  Tévétat.  Si  nous 
ne  connaissons  pas  Samanakodom,  si 
notre  Bible  est  si  obscure  ,  c'est  la 
faute  de  Tévétat  ;  si  nous  sommes  as- 
sez savants  en  astronomie,  ça  malhér 


5i8 


THA 


matiqaes,  en  histoire  naturelle,  c'est 
grâce  au  mondain  Tév^tat. 

TEXKA.TSOUKAT  était  le  dieu 
du  vin  au  Mexique. 

THALASSA,  la  Mer,  figure  dans 
Hésiode  comme  fille  de  l'Ether  et 
d'Héméra.  Hygin  lui  donne  pour  époux 
Pontos.  Les  navigateurs  lui  offraient 
des  sacrifices  avant  de  quitter  le  riva- 

{;e.  A  Corinthe  on  voyait  sa  statue  sur 
e  piédestal  du  char  de  Vénus  et  d'Am- 
{thitrite.  Sur  un  autre  bas-relief  on 
a  voyait  tenant  sur  son  sein  sa  fille 
Vénus,  mais  on  ignore  quels  attributs 
lui  avaient  été  donnes  par  l'artiste. 

THALIE,  Muse  de  la  comédie, 
des  gais  festins  et  de  Philarilé,  était 
figurée  soijs  les  traits  d'une  jeune  fille 
k  l'air  folâtre,  couronnée  de  lierre, 
de  pampres,  chaussée  de  brodequins, 
et  tenant  k  la  main  tantôt  le  pédum 
ou  bâton  pastoral,  tantôt  le  masque 
grotesque  de  l'Hégcmou  (conducteur 
des  esclaves),  analogue  grec  du  Géta 
des  comédies  romaines  (Voy.  Pit- 
ture  d'Ercolano,  II,  3).  Plusieurs 
bas-reliefs  la  présentent  avec  Melpo- 
mene  dans  les  pompes  triomphales  de 
Bacchus(Musé«Pio-Clément.,V,vii). 
— Dans  Plutarque  ïhalie  est  une  des 
Irois  Muses  graves.  Quelques  mytho- 
logues lui  font  honneur  de  l'invention 
de  l'agriculture  et  de  la  géométrie, 
et  la  regardent  comme  présidant  aux 
jeunes  pousses  des  arbres  et  kla  flo- 
raison {SûXXuv]  etcomp.THALLo).— . 
Trois  autres  Thalie  sont:  i°  un» 
Océanide  compagne  de  Cyrènej  2°  une 
Néréide 5  3°  la  seconde  des  trois 
Grâces. — Une  Thalie  fut  maîtresse 
ou  femme  d'Apollon,  qui  la  rendit 
mère  des  Corybantes,  selon  ApoUo- 
dore  (I,  3,  4.5  comp.  le  Scholiaste 
de  Lycophron,  s.  v.  78)5  Slrabon 
(liv.  X)  substitue  au  nom  de  cette 
déesse  celui  de  Pbylie  {f^oy.  aussi 
Thbalie), 


THA 

THALLO,  une  des  Heures  (ou 
Hôres,  Parques  primitives),  présidait 
k  la  germination  et  a  la  floraison  des 

Slantes.  Thallo  et  Thalie  au  fond  ne 
iffèrcntpas(^.  Heures, LIV,  402). 

THALNA,  Vénus  des  Étrusques. 
Lanzi  {Saggioy  etc.,  t.  II)  explique 
ce  nom  par  Sax'^iit  (t«  ùxlvx),  la  ma- 
rine. Il  est  inutile  de  faire  sentir  com- 
bien cette  étymologie  est  forcée.  Du  ^m 
reste,  on  trouve  sur  une  patère  étrus-  fli 
que  (Dempstcr,  Elrur.  reg.,  I,  1) 
le  nom  de  Thalna  h  côté  de  celui  de 
Vénus. 

THALPE ,  THALPirs ,  BuX-^ta , 
fils  d'Eurite  et  un  des  prétendants 
d'Hélène  ,  fit  voile  vers  Troie  h  la 
tête  de  dix  vaisseaux  épéens.* 

THALSINIE,  Thalsïnia,  fille  „ 
d'C^ygès  et  de  Thébé ,  avait  pour  1 
frère  Cadmus  5  cette  généalogie  ,  si 
peu  d'accord  avec  les  légendes  ordi- 
naires de  Cadmus,  n'indiquc-t-clle 
pas  1°  qu'Ogvgès  et  Agénor  c'est  tout 
un  ;  2°  que  la  population  civilisatrice 
de  la  Béolic  ne  vint  pas  du  littoral 
phénicien?  Ogygès  et  Thébé  sont  l'O- 

THAMIMASADE  était  le  dieu 
des  eaux  chez  les  Scythes  selon  Hé- 
rodote, qui  le  compare  k  Neptune. 

THAMIRAS  ou  TAMIRAS ,  Si- 
cilien, père  des  Tamirades  {^Voy. 
ce  nom). 

THAMMOUZ ,  dieu-prophète  des 
Assyriens,  s'était,  suivant  les  légen- 
des, incarné  sous  forme  humaine, 
afin  de  remettre  les  peuples  et  les  rois 
dans  la  voie  de  la  vérité.  Il  vint  un 
jour  enjoindre  au  roi  d'Assyrie  d'a- 
dorer les  sept  planètes  et  les  douze 
signes  du  zodiaque.  Le  prince  impie 
le  fit  expirer  dans  les  tortures  5  mais, 
la  nuit  suivante  ,  tout  ce  qu'il  y  avait 
de  statues  dans  l'univers  vint  se  réu- 
nir dans  le  temple  de  Baal  (du  soleil); 
des  gémisseaiçntS;  de  longs  sanglots 


THA 

éclatèrent  :  c'étaient  les  images  divi- 
nes qui  pleuraient  la  mort  de  Tham- 
mouz.  Un  bruit  profond  retentit  : 
c'était  la  statue  du  soleil  qui  ,  placée 
au  milieu  de  toutes  les  autres,  s'était 
jetée  par  terre.  Le  lendemain ,  dès 
l'aurore,  toutes  retournèrent  h  leurs 
temples  5  mais  les  Assyriens  ,  avertis 

Far  le  deuil  des  dieux^  instituèrent  en 
honneur  du  céleste  prophète,  dont  la 
perte   inspirait    tant  de  regrets  aux 
immortels,  une  fêle  qui  se  divisait  en 
deux  parties,  le  jour  de  deuil  et  le 
jour  d'allégresse.  Le  calendrier  des 
Juifs  nous  présente  un  mois  de  Tham- 
mouz,  le  quatrième  de  l'année  sainte 
et  le  dixième  de  l'année  civile  j  il  ré- 
pond à  la  lune  de  juin,  et  en  consé- 
Îuence    la    fête  est  soUliciale.  Les 
uifs  eux-mêmes  célébrèrent  la  fêle 
deThammouz,et  le  prophète E/.écliicl 
le  leur  reproche  avec  force. — Tliam- 
raouz   fut-il  le  soleil?  les  détails  de 
sa  légende  et   de  sa  fête  le  feraient 
présumer.Thammouz  est-il  Phénicien, 
Assyrien, Chaldéen d'origine?  M.  Si!- 
vestre  de  Sacy  (sur  S"-Croix,  Rech, 
sur  les  Myst.  ,  t.  IL  p.  loi)  re- 
garde ce  nom,  quoique  généralement 
répandu  dans  l'Assyrie  ,  comme  d'o- 
rigine étrangère  et  probableraenl  égyp- 
tienne. Serait-ce  Amoun?Thammouz 
est-il  le  même  qu'Adonis  ?  Presque 
tous  les   habiles  interprèles  de  l'an- 
tiquité ,    F)eyling  [Deflela   super 
Thanwtuz) ,  Rosenmuller  (  ait.  u. 
neues   Morge/iland,    II,   3i8), 
Groddek    (  Anliq.    f^ersuche  ,    I. 
38,  etc.),  se  sont  décidés  en  faveur 
de  celte  opinion  5  et  Corsiai  {Fastl 
atlici,  II,  297  )  ne    donne  que  de 
faibles  raisons  pour  la  faire  rejeter. 

TIIAMINO ,  divinité'  tonquinoise, 
veille,   selon  les  habitants  de  cette 

Sartie  de  l'Inde ,   h  la  conservation 
es  moissons.  Les  paysans  lui  attri- 
buent l'inyentioa  de  ragriculture. 


THA 


5n 


THAMYRIS,  fds  de  Phîlammon 
et  d'Arsinoé  ou  d'Argiope,  naquit  en 
Thrace,chez  les  Edones,  dut  à  son 
habileté  dans  l'art  du  chant  le  titre  de 
roi  des  Scythes,  remporta  le  prix  de 
la  lyre  aux  jeuxpythiques,  et,  orgueil- 
leux de  son  triomphe,  défia  les  Muses 
mêmes  au  combat.  Celles-ci  le  vain- 
quirent, l'aveuglèrent,  lui  enlevèrent 
la  voix  5  et  l'infortuné,  au  désespoir, 
laissa  tomber  sa  lyre  dans  le  Balyra 
dont  le  nom  indique  encore  ce  triste 
dénouement  d'un  combat  inégal (/BaA- 
A£(v,  jeter  5   Awf«,lyre).    Prodicus 
continuait  le  châtiment  de  Thamyris 
jusque  dans  les  enfers.  Les  artistes 
représentèrent  souvent  le  noble  aveu- 
gle, la  barbe  tombante,  les  cheveux 
cpars,  et  la  lyre  brisée,  détendue  et 
presque  sans  cordes  ,   gisant  à  ses 
pieds.  Sophocle  avait  composé  sur  ce 
barde  des   anciens  une  tragédiiî  que 
nous  n'avons  plus.  Selon  Hygin  {Âs- 
tron.,  II,  6),  l'Engonnse  estThamy- 
lis  agenouillé  devant  les  neuf  sœurs 
victorieuses. — Platon  compare  Tha- 
myris a  Orphée,  a  Olympe,  à  Phé- 
mius  j  déclare,  comme  s'il  l'avait  en- 
tendu ,  qu'il  était  sans  égal  dans  la 
flûte,  la  lyre  et  le  chant,  et  ajoute 
que  son  âme  passa  dans  le  corps  d'un 
rossignol.   Quelques  mythologues  le 
font  naître  chez  les  Odryses.  Parfois 
on  le  montre  ne  luttant  qu'avec  une 
seule   Muse.    Pausanias  explique    la 
perle  de  sa  vue  par  une  maladie^  celle 
de  sa  lyre  par  le  découragement,  qui 
tueTàme.  Dans  Tzetzès  l'allégorie  se 
borne  a  la  perte  des  poèmes  de  Tha- 
myris. En  effet,  les  anciens  ont  parlé 
des  œuvres  de  Thamyris  j  il  est  ques- 
tion dans  Plularque  de  sa  Titano- 
machic ,  dans  Suidas  de  sa  Théo- 
gonie ou  Cosmogonie,  et  Platon 
va  jusqu'à  citer  des  vers  de  ses  Ifym- 
nes.  On  voulait  aussi  qu'il  eût  in- 
venté le  mode  dorien,  §t  l'on  ra- 


5ao 


THA 


THE 


^ 


coulait  sérieusement  que  deux  poètes 
avant  lui  avaient  remporté  le  prix 
aux  jeux  pythiqaes. 

THANA,  la  Minerve  des  Étrus- 
ques, du  moins  selon  Otlf.  Millier 
{Etrusher,  \.  II,  p.  45,  elc),  se 
trouve  sur  une  patère .  Ce  nom  rappelle 
celui  d'Athânà  {'kiiiet^  dorien,  pour 
'Aêifti),  que  la  même  déesse  porte  en 
grec;  et  ainsi  Tétymologie  semble 
conGrmer  ce  quMndique  la  science  my- 
thologique. 

THANACÉ,  fiUe  de  Mégessare, 
femme  de  Sandak  et  mère  de  Ci- 
nyre.  Le  nom  de  Thanacé  rappelle 
1°  les  Anaces;  2°  le  dieu-lune  du 
Ponl,  Pharnace. 

THAROPS,  ©«^«4/,  découvrit  h 
Bacchus  les  perfides  projets  de  Ly- 
curgue,  et  en  récompense  reçut  de  ce 
dieu  la  royauté.  C'est  lui  '  qui  fut 
l'aïeul  d'Orphée. 

THAllTAQ,  divinité  syrienne  à 
tête  d'ànc  (Selden,  de  Dus  sjris , 
«ynt,  II,  c.  IX,  p.  329),  nous  est  du 
reste  inconnue.  Suivant  Dupui8( Or. 
des  cultes,  1.  III,  c.  1 8)ce  sérail  l'àne 
des  légendes  diouysiennes,  l'àne  que 
montait  Silène  et  qui  fut  placé  dans 
le  signe  céleste  du  Cancer.  Si  l'àne 
sauvage  (selon  Tacite,  ffist.,  I.  V, 
c.  I  )  indimie  aux  Hébreux  errants 
après  leur  fuite  l'eau  qui  devait  élan- 
cher  leur  soif,  ce  mythe  n'est  qu'une 
allusion  à  l'astérisme  zodiacal  oii  est 
l'àne  et  que  les  anciens  avaient  con- 
sacré à  l'élément  de  l'eau. 

THASE ,  Thasus  ,  Qua-oç ,  héros 
éponyme  de  l'île  de  Thase,  passait 
pour  un  des  fils  d'Agénor  envoyé  par 
son  père  à  la  recherche  d'Europe,  en 
même  temps  que  Cadmus.  Il  erra 
iiiutilemenl  de  mer  en  mer,  et  finit  par 
se  fixer  a  Thase, 

THASE.  J^oj.  Phrasios. 
THASIAMI  est  cliez  les  Pégouans 
le  scribe  chargé  d'enregistrer,  sou^ 


l'inspection  de  Samanakodom,  les 
bonnes  et  les  mauvaises  actions  des 
mortels.  On  le  voit,  dans  les  temples 
de  ce  dieu,  debout,  tenant  les  feuilles 
de  roseau  a  écrire  d'une  main,  et  de 
l'autre  le  calame. 

THAUMAQUE,  Thaumacus, 
OxuftxKot,  père  de  Péas  et  fondateur 
de  Thaumacie. 

THAUMAS ,  Qxiftccç  (g.  Qttufixv 
Toç) ,  divinité  marine  qui ,  selon  Hé- 
siode {T/iéog.,  V.  aSy),  dut  le  jour 
à  Pontos  et  à  Gé.  Pontos  était  l'a- 
bîme, c'est-à-dire  la  partie  de  la  terre 
qui  se  trouve  au  dessous  du  niveau  de 
la  mer,  et  qui  par  conséquent  sert  de 
lit,  de  bassin  a  ses  eaux.  De  sa  réu- 
nion avec  Gé  résulte  l'idée  de  mer  ; 
mais  la  mer  elle-même  se  décompose 
en  masses  diverses,  et  l'on  aperçoit 
ici  ses  eaux,  là  ses  promontoires  et 
ses  écueils,  plus  loin  sa  vaste  et  in- 
nombrable population,  etc.  De  là 
des  personnifications ,  des  divinités 
diverses.  Thaumas  (de  ôctZ/^x,  mer- 
veille), c'est  la  personnification  des 
merveilles  que  recèle  le  sein  des 
immenses  Océans.  La  the'ogonie  lui 
donne  pour  femme  Electre,  fille  de 
l'Océan,  Electre  dont  les  mylhogra- 
phcs  modernes  fout  la  vague  qui 
s'enfle  (Creuzer,  Briefe  l'ib.  Hom. 
und  Hesiod).  De  cet  hymen  nais- 
sent les  Harpyes  et  Iris ,  à  laquelle 
les  poètes  donnent  les  épilhètes  pa- 
tronymiques de  Thauraantide  et  de- 
Thaumantiade.  —  Un  autre  Thau- 
mas, Centaure  ,  fut  forcé  à  fuir  aux 
noces  de  Pirithoiis. 

THÉAGÊNE.  Voy.  Biog.  wiii>., 

XLV,  249. 

THÉALIE  ,  nymphe  sicilienne  , 
fille  de  Vulcain  et  maîlresse  de  Ju- 
piter, fut  mère  des  deux  Palices. 

THÉANO,  fille  de  tissée,  femme 
d'Anténor  et  sœur  d'Hécube,  était 
la  grande  prêtresse  de  Minerve  h 


THÉ 

Troie.  On  la  voit  dans  l'Iliade  placer 
les  offrandes  des  Troyennes  sur  les 
genoux  de  Minerve  qui,  du  reste,  les 
rejette.  On  la  montre  livrant  le  Pal- 
ladium aux  Grecs.  C'est  la  suite  na- 
turelle de  l'idée  vulgaire  qui  fait  d'An- 
tënor  uu  traître  h  la  cause  troyenne. 
—  Trois  autres  Thé ANO  sont  :  i°Da- 
naïde ,  2°  femme  d'Amycus  et  mère 
de  Mimas,  3°  femme  de  Métaponte, 
roi  d'Icarie.  Pour  plaire  a  ce  prince 
qui  souhaitait  un  fils,  elle  supposa 
plusieurs  enfants.  Dans  la  suite  elle 
devint  mère,  et  voulut  que  ses  fils 
tuassent  les  autres  h  la  cliasse;  mais 
ceux-ci  succombèrent  dans  leurs  ten- 
tatives, et  The'ano  voyant  ses  ruses 
découvertes  se  donna  la  mort. 

THÉBE,  0«f>?,  héroïne  grecque, 
fille  du  fleuve  Asope  et  de  Métope, 
fut  aimée  de  Jupiter,  et  mit  au  mon- 
de Dionyse(Bacchus). — Deux  autres 
ThÉbÉ  sont  l'une  fille  de  Jupiter  et 
d'Iodame,  femme  d'Ogygès  et  mère 
de  plusieurs  enfants 5  l'autre  fille  de 
Cilix  et  femme  de  Goryhas. 

THEIA,  Quu.  Voy.  Thia. 

THELXINOÉ,  &iK%i^i>yi,  fignre 
comme  Muse  i"  dans  la  nomenclature 
d'Aralus  qui  en  compte  quatre  (Ar- 
che, Aédé,  Mélélé  sont  les  trois  au- 
Ires);  2°  dans  la  nomenclature  à  neuf 
noms  des  Pélasgues(Rac.  :  6'iXya  , 
charmer,  adoucir;  ««'o? ,  l'esprit). 
Comp.  Muses  et  Thelxiope. — On 
donnait  aussi  au  dieu  du  chant, 
Apollon ,  le  surnom  de  Thelgéîimy- 
the,  qui  est  synonyme  de  Theixinoé, 

THELXION,  cinquième  roi  de  la 
Sicyonie,futle  successeur  mais  non  le 
fils  d'Apis  [Voy.  Apis  et  Telchin). 

THELXIOPE:  1°  Sirène;  aMa 
quatrième  des  Muses  primitives  que 
nomme  Cicéron  (les  trois  autres  sont 
Mnémé ,  Mélété  ,   Aédé).  Comparez 

MUSES.^ 

THÉjVIÏS;  Qtftisj  ^éçssG  de  la 


THÉ 


521 


justice,  est,  dans  la  Théogonie  d'Hé- 
siode ,  une  Titanide ,  en  d'autres  ter- 
mes une  fille  d'Uranus  et  de  Gé 
(elle  a  cinq  sœurs  et  six  frères).  De 
son  union  avec  Jupiter  naissent  les 
Heures  et  les  Parques  (  Voy.  ces 
noms).  On  la  donne  aussi  comme  la 
nourrice  d'Apollon  cl  l'antique  déité 
du  temple  de  Delphes.  Ce  n'est  pas 
par  la  justice  seulement  qu'elle  se 
distingue  :  sagesse,  science,  divina- 
tion, révélation,  sacrifices,  étaient 
ses  attributs  ou  ses  dons.  Des  mythes 
de  date  récente  ajoutèrent  à  ses 
connaissances  l'astrologie.  Nous  nous 
étonnons  que  l'on  n'y  ait  pas  rais  aussi 
la  magie.  Il  est  assez  aisé  de  voir 
que  la  famille  des  Titanides  présente 
rélaboralion  rudimcntaire  du  monde. 
Une  fois  qu'au  Titan  primordial  se 
fut  substituée  la  dualité  subdivisée  de- 
puis en  double  hexade ,  la  grande 
déesse ,  principe  femelle  ,  dut  être 
science  et  magie  ;  car  toute  science 
pour  les  ignorants  est  magie.  Mais 
cette  grande  déesse  principe  femelle 
est-elle  Thémis?  En  un  sens,  oui  : 
tandis  que  le  monde  pour  les  uns  se 
divisait  en  ciel  et  terre,  pour  les  au- 
tres il  se  scindait  en  faits  et  lois.  La 
seconde  idée  parfois  s'unit  k  la  pre- 
mière; et  alors  on  a  la  loi-terre,  com- 
me d'autre  part  on  peut  avoir  la  terre- 
loi  (entre  autres  exemples,  Cérès- 
Thesmophore).  Thémis,  en  effet,  ne 
rappelle  pas  simplement  par  le  son 
les  mots  Tliea,  terra  et  tellus.  Idéo- 
logiquement  c'est  la  base,  le  socle, 
le  piédestal,  quod  positum  esty 
Qif^x.  Or ,  la  terre  passe  chez  les 
peuples  naïfs  pour  la  base  du  monde 
et  la  loi;  la  règle  est  la  base  des  phé- 
nomènes. Loin  que  ces  explications 
f)èchenl  par  l'arbitraire,  songeons  que 
es  Grecs  mêmes  ont  dit  en  toutes  let- 
tres Gàthéinis,  terre-loi  {Voy,  Car^ 
mpjhte). 


5aa 


THÉ 


THÉMISTUDES,  ©«^tor/Wef, 
parèdresathéuieunesdc  Thémis,  pas- 
saient pour  des  nymphes,  des  prê- 
tresses ou  des  Jiiérodoules  de  celte 
déesse  qui  effectivement  avait,  dans 
l'Acropole  d'Allièncs ,  un  temple  h 
l'entrée  duquel  ou  montrait  le  tom- 
beau d'Hippoly  te.On  les  donnait  aussi 
pour  des  parèdres  de  Carmentc  par- 
fois nommée  Tliémis,  et  en  consé- 
quence pour  des  prophétesses. 

THtMISTO,  ©£,i*<«rT<tf,  première 
femme  d'Athamas  selon  la  légende 
qui  tait  le  nom  de  ^épliélé,  avait  pour 
père  Hypsée,  et  avant  son  mariage 
avait  eu,  d'un  commerce  furtif  avec 
le  dieu  des  mers,  Lcuconoé.  Femme 
du  souverain  d'Orcliomèue ,  elle  le 
rendit  père  de  Leucon,  d'Erythrion, 
de  Ploiis,  de  Scliénée  (ou  de  Plin- 
thios  et  d'Orchomène ,  selon  Hygin  , 
fab.  ccxxxix).  Dans  la  suite  Atha- 
mas  épousa  Ino  :  Thémisto  bannie  du 
palais  y  rentra  déguisée  en  Bacchante; 
et,  méditant  de  tuer  les  enfants  de  sa 
rivale,  les  couvrit  le  soir  d'Iiabits 
noirs,  tandis  qu'elle  donnait  aux  siens 
des  habits  blancs.  Ino,  soupçonnant 
quelque  perfidie,  fit  troquer  les  deux 
groupes j  et  Thémisto,  dupe  du  stra- 
tagème de  la  reine,  tua  ses  propres  en- 
fants :  elle  se  pendit  de  désespoir. 
—  Quelques  mythologues  supposent 
Athamas  n'épousant  Ino  qu'après  la 
mort  de  Thémisto.  Les  mythes  ordi- 
naires donnent  une  rivale  à  la  pre- 
mière Néphélé. — Deux  autres  Thé- 
misto sont  I*  une  Néréide;  2°  une 
des  Lycaonides ,  la  même ,  dit-on , 
que  Callislo. 

THÉOBULÉ,  &toQoUt,  (mot  a 
mot  volonté  des  dieux  ) ,  maîtresse 
de  Mercure,  en  eut  Myrtile  (le  co- 
cher d'OEnornàs). 

THÉOCLYMENE ,  devin  de  la 
race  des  Mélampides  ,  devait  le  jour 
à  Polyphéide  ou  à  Tbeslor,  Coupable 


THÉ 

d'un  meurtre,  il  fut  banni  d'Argos, 
trouva  un  refuge  sur  le  vaisseau  de 
Télémaque  qui  allait  faire  voile  pour 
Athènes,  prédit  a  ce  prince  la  pro- 
chaine arrivée  de  son  père,  et  aux 
prétendants  de  Pénélope  la  fin  de 
leurs  insolences.  «  Ah  !  malheureux  , 
dit-il ,  une  nuit  funeste  vous  enve- 
loppe :  j'entends  de  sourds  gémisse- 
ments; des  larmes  baignent  vos  joues; 
de  ces  murs,  de  ces  lambris  le  sang 
dégoutte;  le  vestibule  et  la  cour  sont 
remplis  d'ombres  qui  descendent  aux 
enfers  ;  le  soleil  a  perdu  sa  lumiè- 
re, et  d'épaisses  ténèbres  ont  chassé 
le  jour.  »  Les  prétendants,  ne  voyant 
ni  sang,  ni  ombres,  ni  éclipse  de  so- 
leil, trouvèrent  leur  hôle  très-plai- 
sant, et  rirent  de  nouveau  h  gorge 
déployée.  Peu  de  temps  après  Ulysse 
revint  et  tua  les  rieurs. 

THÉODAMAS  ,  &io^cif<.*ç  (  et 
poétiquement  Thîodamas,  (àitoèâ,- 
f*<ii)  ■  1°  géant  a  qui  on  donne  pour 

S  ère  le  Tartare;  2"  devin  habile,  fils 
e  Mélampe  et  successeur  d'Ampliia- 
râs;  3°  roi  dryope  tué  par  Hercule, 
qui  un  jour,  l'ayant  rencontré  sur  un 
char  attelé  de  deux  bœufs,  le  pria  de 
donner  quelque  chose  a  manger  à 
son  fils  Hyllus.  Theodamas  refuse; 
alors  Hercule  assomme  d'un  coup  de 
poing  un  de  ses  bœufs,  et  procède 
avec  Hyllus  a  un  repas  improvisé , 
tandis  que  Theodamas  court  de  toutes 
ses  forces  du  côté  de  la  ville ,  et  va 
chercher  du  secours. Bientôt  les  Dryo- 
pes  arrivent,  et  enveloppent  Hercule 
qui  a  besoin  de  toute  sa  vigueur 
pour  vaincre  cette  nuée  d'ennemis. 
Enfin  il  triomphe;  mais  Déjanire  est 
obligée  de  combattre  avec  lui  pour 
l'aider  à  remporter  la  victoire ,  et 
une  blessure  a  la  poitrine  atteste 
son  héroïsme.  Theodamas  est  tue , 
Hylas  son  fils  reste  prisonnier,  et 
lift  fottle  des  Dryopes  est  mise  ea 


THÉ 

fuite.  —  Parfois  ou  donne  k  Hylas 
lui-même  le  nom  de  Théodamas , 
qui  lui  convient  moins  cependant  que 
le  patronymique  Théodaraanlide. 

THÉOGNETE ,  fdle  de  Laodicus, 
est,  chez  les  scholiasles  d'Apollonius, 
réponse  d'Eson  et  la  mère  de  Jason. 

THÉOGOINE,  amante  de  Mars  et 
mère  de  Tmole. 

THÉONOÉ  :  i»  fille  de  Prolée 
et  amante  du  pilote  Canobe,  2°  fille 
de  ïhestor  {f^oy.  ce  nom). 

THÉOPHAINE  ,  eeo<ç^.y;f ,  une 
des  héroïnes  qu'on  donne  pour  mère 
àChrysomalle  (lebélierh  toisond'or), 
passait  pour  être  de  la  Bisallide.  Belle 
et  recherchée  de  raille  amanls  ,  elle 
préféra  Neptune  qui  avait  commencé 
par  Tenlcver  et  la  transporter  dans 
l'île  Crunis.  Les  prétendants  a  la 
main  de  Théophane  découvrirent  sa 
retraite  et  vinrent  l'y  chercher.  Nep- 
tune, a  leur  vue,  changea  son  amante 
en  brebis  ,  les  habitants  de  l'île  en 
moutons,  et  lui-même  en  bélier.  On 
conçoit  la  surprise  des  prétendants 
qui,  n'apercevant  que  des  bestiaux, 
se  mirent  à  leur  donner  la  chasse, 
a  les  tuer,  a  les  rôtir,  Théophane 
échappa  au  carnage  j  et  Neptune,  ir- 
rité de  la  cruauté  des  débarquants  , 
les  changea  en  loups.  Théophane  , 
métamorphosée  en  brebis  ,  mit  au 
monde  Chrysomalle.— La  donnée  fon- 
damentale de  ce  mythe,  Théophane- 
brebis,  est  antique;  mais  la  transfor- 
mation des  habitants  ,  et  plus  encore 
celle  des  poursuivants,  est  de  date  ré- 
cente. Quant  a  l'île  Crunis,  Slrabou 
(liv.  XVII)  nomme  une  île  de  Crinicc, 
et  Meiziriac  [sur  Hcroïdes  d'O- 
vide, II,  p.  32)  conjecture  qu'il  faut 
lire  Cromrayouse  ou  Crommyonèse. 
Etienne  de  Byzance  fait  de  la  pre- 
mière une  île  de  l'Ibérie;  et  Pline 
place  la  seconde  au  nombre  des  sept 
Pçristérides,  voisines  de  Smyrûe. 


THÉ 


523 


THEOSOLK  de  Sauraaise ,  The- 
SOGAB  de  Firmicus  ,  premier  Décan 
des  Gémeaux,  est  représenté  dans  le 
zodiaque  rectangulaire  de  Tentyra 
avec  la  partie  inférieure  du  pchent. 
Pris  pour  un  des  Pharaons  du  later- 
cule  d'Eratoslhène  ,  Théosolk  serait 
ou  Stèque,  ou  Gosormiès,  ou  Thé- 
uell  ou  Maris  {Voy.  Dec  ans). 

THÉRAMÈNE  ,  Thekamenes  , 
G>!pa/u,ivijs ,  nymphe  dont  Cyrnus  eut 
Astrée.  L'île  de  Théramène,  dans  la 
mer  Egée,  lui  doit  son  nom. 

THÉPtAPNE,  0£^^:tv;î,  fille  de 
Lélex,  donna  son  nom  a  la  ville  de 
Thérapne;  une  des  résidences  habi- 
tuelles de  Castor  et  Pollux.  —  Un 
lieu  de  Spa.'le,  du  nom  de  Thérapne, 
était  fameux  par  un  temple  d'Hélène 
qui  avait  la  singulière  prérogative 
d'embellir  les  laides.  Suivant  un  coule 
indigène  religieusement  recueilli  par 
Hérodote,  une  femme  de  Sparte  dé- 
solée de  l'extrême  laideur  de  sa  fille 
l'avait,  sur  l'avis  d'une  personne  in* 
connue  qui  lui  apparaissait  souvent, 
portée  dans  ce  temple  ;  tel  fut  par  la 
suite  le  développement  de  sa  beauté 
que,  quoique  de  basse  condition,  l'ar- 
chagète  Spartiate  Ariston  l'épousa. 

THÉRAS,  Q>lpus,  de  Sparte,  fils 
d'Autésion,  chef  de  la  colonie  lacédé- 
monienne  de  Calllste,  donna  son  nom 
(Théra)  h  cette  île  (aujoud'hui  San- 
torin).  —  Argie,  sa  sœur,  était  fem- 
me de  l'Héraclide  Aristodème.  Il  se 
trouvait  ainsi  oncle  des  deux  pre- 
miers rois  de  Lacédémone ,  Eurys- 
thène  et  Proclès.  Indigné  ,  dit-on  , 
des  cruels  traitements  que  la  race 
conquérante  faisait  subir  à  U  race 
conquise,  il  rassembla  autour  de  lui 
un  noyau  de  mécontents ,  et  l'établis- 
sement qu'il  fonda  dans  Calliste  ne 
fut  pas  exclusivement  dorique. 

THÉRÉE ,  Thereus  ,  Otiptvs  , 
Centaure  tué  par  Hercule  daois  U  hi- 


5i4 


THE 


taille  qu'il  eut  à  soutenir  dans  la 
grotte  de  Pholus  {f^oy.  Térûe). 

THÉIUMAQUE,0.,p/>«;^<.f,  fils 
d'Hercule  et  de  Mégare,  fat  tué  par 
son  père  en  délire. 

THÉRITaS,  QtiftTXii  Mars  dans 
la  Colchide  ,  soit  a  cause  de  Thcro, 
sa  mère  ou  sa  nourrice  ,  soit  a  cause 
des  bêles  farouches  (ô«fff)  dont  il 
débarrasse  le  sol.  Ca»lor  et  Pollux 
enlevèrent  de  la  Taurica  (pays  des 
Taures,  ou  simplement  Chersonèse- 
Taurique  )  la  statue  de  Thérilas , 
et  en  firent  don  a  Sparte  (  Comp. 
Obeste  enlevant  la   statue  d'Onis). 

THERMODON,  Qtpftû^^'f,  tfieu- 
fleuve ,  ftls  de  Poutos  et  de  Tlialassa. 
Le  Tliermodon  coulait  dans  le  Pont 
et  traversait  la  plaine  de  Tliémiscyre 
si  fameuse  par  les  campements  ou  les 
établissements  des  Amazones  ,  qui , 
dit-on,  y  eurent  une  capitale. 

THERMONA  ,  déesse  latine  des 
Thermes,  si  nombreux  et  si  eu  vogue 
dans  le  monde  romain. 

THERMUTIS.  F.  Tarmouth. 

THÉRO,  <ù>ipû  :  i"  nourrice  ou 
mère  de  Mars  (  c'est  Mars  femelle  , 
c'est  une  Bhavaui  tlirace  ,  mère  du 
Skaudades  Thraces  5  c'est  une  Ren- 
dis :  Cicéron  la  fait  mère  de  son  troi- 
sième Mars)  ;  2°  fille  de  Phjlas  et  de 
Déiphile,  maîtresse  d'Apollon  et  mère 
de  l'habile  e'cuyer  Chéron,  héros  épo- 
nyme  de  Chéronée  dont  on  lui  attri- 
buait la  fondation.  —  Théro  vient 
de   ther  (J>ip) ,  bête  farouche. 

THÉRODAMAS,  Gtipoêâ/^ccç,  roi 
scythe  qui  se  plaisait  h  nourrir  les 
lions  de  sang  humain  pour  les  rendre 
plus  cruels,  d'où  Tlierodamantœos 
Itones  d'Ovide. 

THÉRON ,  chef  latin  tué  par 
Enée,  était  d'une  taille  gigantesque. 

THERSA3SDRE,  Thlrsander, 
O'ipa-xv^poç,  fils  de  Polynice  etd'Ar- 
gie,  copuuanda  avec  Adrasle  sonaïeul 


THE 

l'expédition  des  Epigoncs  ,  cnlra^lic- 
torieux  dans  Thèbes  ,  monta  sur  le 
trône  a  la  place  vacante  par  la  fuite 
ou  la  mort  de  son  cousin  Léodamas, 
alla  dans  la  suite  au  siège  de  Troie  , 
s'y  distingua  par  sa  valeur,  cl  fut  tué 
parTélèphe.  Il  avait  cpoHsé  Démo- 
nasse. Son  fils  Ti<amène  lui  succéda.. 
On  montrait  dans  une  plaine  sur  les 
bords  du  Caïque  un  monument  en  son 
honneur.  On  trouve  quelquefois  le 
nom  de  Tisandre  a  la  place  de  celui 
de  Thcrsandre.  —  Virgile  met  au 
nombre  des  guerriers  recelés  dans  les 
flancs  du  cheval  de  bois  uu  Thcrsan- 
dre.—  Un  autre  Thersandre  était 
fils  de  Sisyphe. 

TUERSANON,  ©fp^^.a-» ,  fils 
du  soleil  et  de  Leucollioé,  fut  un  des 
Argonautes. 

THERSILOQUE,THERsiLor.nus, 
Q>if(riXox,»?  •  1°  un  des  Anlénorides 
(Achille  le  tua  au  siège  de  Troie)  , 
2"  compagnon  d'Enée. 

THERSIPI'E,  TuERsippus,  eip- 
<rni7toç,  un  des  fils  d'Agrius  qui  se 
re'vollèrent  contre  OEuée,  et  que  tua 
Dioraède. 

THERSITE ,  Thersites  ,  &tpTl- 
Tfiç ,  Grec  qui  faisait  partie  de 
l'armée  confédérée  qu'Agamemnon 
conduisit  devant  Troie,  n'est  connu 
que  par  sa  lâcheté  ,  sa  laideur  ,  son 
insolence  et  ses  invectives  contre  les 
principaux  chefs  de  la  coalition.  Un 
corps  grêle,  un  œil  louche,  une  tcle 
pyramidale  ,  de  rares  cheveux  ,  les 
épaules  refoulées  sur  la  poitrine,  la 
colonne  vertébrale  déviant  considé- 
rablement de  la  recliligne  ,  voilà 
comment  est  représenté  Fennorai  des 
pasteurs  des  peuples.  Au  reste,  c'est 
aussi  la  forme  que  la  sage  antiquité 
donne  à  son  Esope.  Le  bouflon  de 
l'armée  grecque  est  loin  d'être  in- 
juste dans  ses  reproches  et  idiot  dans 
ja  manière  de  tes  exprimer.  Aussi 


I 


THE 

Ulysse ,  incapable  (Je  trouver  de 
bonnes  raisons,  le  fait  taire  à  coups 
de  scepire,  elles  Grecs,  qui  ont  plai- 
sir a  se  battre  pour  Hélène  et  à  pâtir 
des  solliscs  d'Agamemnon,  rient  de 
tout  leur  cœur  a  la  vue  des  larmes 
que  ïhersite  comprime  h  peine  et  qui 
humectent  l'angle  de  son  oeil.  Tlier- 
sîle  ayant  osé  se  moquer  d'Acliille, 
qui  avait  tué  Penlliésilée ,  puis  se 
reprochait  sa  victoire,  fut  assommé 
d'un  coup  de  poing  par  le  héros. — 
Comp.  au  reste,  sur  l'apparition  des 
génies  moqueurs  dans  les  cadres  sa- 
crés les  plus  graves,  GiGOu,  Ïambe, 

AsGALABE. 

THESEE,  TuESEUS,  Qtiirtùs  ,  le 
héros  populaire  des  Athéniens,  qui 
(irent  de  lui  le  pendant  de  l'Hercule 
si  célèbre  chez  les  Doriens  du  Pélo- 
ponèse,  a  été  incorporé  par  la  légen- 
de ordinaire  a  la  dynastie  d'Erech- 
thée  par  son  père  ,  et  à  celle  de  Pé- 
lops  par  sa  mère.  Egée,  Ethra,  voila 
les  noms  des  auteurs  de  ses  jours. 
Le  premier  régnait  sur  l'Atlique.  Ne 
pouvant  avoir  d'enfant,  il  alla  consul- 
ter l'oracle  qiii*liii  répondit  par  deux 
vers  qui  peuvent  se  traduire  ainsi  : 

Ne  touche  pas,  grand  prince  ,  au  jiied  du  bonc 

rustique. 
Avant  d'avoir  revu  le  bon  peuple  d'AUiqae. 

Egée  ne  comprenait  pas.  Il  s'avisa 
de  ne  point  revenir  droit  à  sa  capi- 
tale et  fit  un  coude  jusque  dans  Tré- 
zène,  chez  le  sage  Pitihée  auquel  il 
raconta  tout.  L'hôte  rusé  s'imagina-t-il 
que  ioifc  voulait  dire  outre  ,  que  le 
pied  de  l'outre  était  l'ouverture  par 
laquelle  le  vin  s'en  va,  que  s'abstenir 
de  femmes  jusqu'à  son  retour  dans 
Athènes  était  pour  Egée  le  meilleur 
moyen  d'avoir  un  héritier  en  reve- 
naut  de  ses  voyages  5  enfin  que  si  sa 
fille  Elhra  était ,  n'importe  a  quel 
prix,  unie  a  Egée  ,  ce  serait  un  ex- 
cellent moyen  pour  faire  un  jour  de 


THE 


525 


cette  princesse  la  reine  d'Athènes,  et 
de  son  fils  le  souverain  de  toute  l'Af- 
tique?  ce  qu'il  y  a  de  certain  c'est 
qu'il  s'empressa  de  fêter  le  voyageur, 
que  plusieurs  boucs  furent  saignés  k 
blanc,  et  que  finalement  Egée  endor-> 
mi  se  trouva  dans  les  bras  d'Ethra  , 
qui  reçut  la  même  nuit  les  embras- 
sements  de  Neptune.  Le  lendemain 
Egée,  instruit  d'une  parti©  de  ces  cir- 
constances ,  partit  pour  Athènes  sans 
emmener  Ethra  5  mais  en  lui  disant 
que  si  elle  venait  à  mettre  au  monde 
un  fils  ,  ce  jeune  fruit  d'un  furtif 
amour  pourrait  se  présenter  à  son 
père.  Comme  preuve  de  sa  naissance 
il  apporterait  la  chaussure  et  l'épée 
qu'il  plaçait  sous  une  pierre  énorme. 
Quelques  mois  après  Elhra  fut  mère, 
les  douleurs  de  l'enfantement  la  sai- 
sirent près  du  port  de  Trézène  ,  en 
un  lieu  que  cet  incident  fit  nommer 
Génelhlion.  Pitthée ,  son  aïeul,  lui 
donna  le  nom  de  Thésée ,  et  l'cleva 
dans  sa  cour  en  le  faisant  passer  pour 
fils  de  Neptune.  Hercule,  disent  quel- 
ques mythologues,  se  trouva  un  jour 
à  Trézène  5  Thésée  alors  n'avait  que 
sept  ans  :  a  l'aspect  de  la  peau  velue 
et  rousse  du  lion  de  Némée  ,  tous  le» 
compagnons  du  jeune  prince  prirent 
la  fuite  5  Thésée  seul  se  jeta  sur  une 
hache  et  marcha  contre  ce  qu'il  re- 
gardait comme  un  ennemi  vivant. 
Bientôt  il  reconnut  l'erreur  de  ses 
sens  j  mais  celte  peau  fauve  était  tou- 
jours devant  ses  yeux  ,  et  sans  cesse 
depuis  ce  temps  ses  rêves  lui  présen- 
taienlHerculedomptant  les  monstres, 
nettoyant  le  Péloponèse  et  le  monde 
de  leurs  tyrans,  marchant  h  travers 
les  prodiges  et  les  bienfaits.  Ainsi 
plus  tard  les  lauriers  de  Milliade  em- 
pêchèrent Thémistocle  de  dormir.  A 
peine  arrivé  a  l'âge  de  l'adolescence, 
il  voulut  quitterTrézcne,  théâtre  trop 
étroit  pour  ses  espérances.  Ethra; 


5i6 


HBÊ. 


THE 


Pillhée,  lui  dévoilèrent  le  secret  de 
sa  naissance  et  le  condiiisirent  h  la 
pierre  mysleneuse.  D'une  main  Thé- 
sée déplace  le  bloc  massif  et  de  l'autre 
il  saisit  la  cbaussnre,  il  brandit  le 
glaive,  a  Athènes.'  Athènes!  ouest 
Athènes?  n  Voila  son  unique  pensée. 
On  lui  indique  la  position  de  cette 
ville  j  on  Uii  annonce  que  deux  rou- 
les y  conduisent ,  la  route  de  terre, 
la  route  de  mer.  Celle-ci  est  moins 
dangereuse,  car  chaque  jour  des  nefs 
trczcuiennes  la  sillonnent  ;  Neptune 
d'ailleurs  est  presque  son  père ,  et 
!Neplune  le  protégera.  Vaines  argu- 
mentations ;  La  terre  présente  des 
périls,  Thésée  préfère  la  terre.  Il  le 

f lassera,  cet  isthme  de  Coriuthe  cé- 
èbre  par  tant  de  funérailles!  il  les 
combattra,  ces  gigantesques  brigands 
qui  s'enorgueillissent  de  leur  force, 
et  dont  les  repaires  s'annoncent  de 
loin  par  de  longues  avenues  de  crâ- 
nes blancliissants!  Il  les  voit  en  effet. 
Périphèle,  Corynèle,  Sinis,  Sciron, 
Çercyon,  Damaste,PoIypémon,  Pro- 
cruste ,  que  tour-k-tour  on  prend 
pour  huit ,  ou  sept ,  ou  six ,  ou  cinq , 
ou  quatre  ,  ou  trois  personnages  j  et 
qu'on  place,  Périphèle-Corynèledaus 
Epidaure ,  Sinis  -  Pilyocampte  dans 
l'isthme ,  Damaste-Po!ypémon-Pro- 
cruste  dans  Hermione ,  Sciron  dans 
Mégare,  Cercyon  dans  Eleusis,  sont 
terrassés  par  le  héros.  Joignons  à 
celle  liste  de  dévaslateurs  sacrilèges 
la  Phaie  (ou  Phée) ,  laie  de  Crom- 
myon  ,  qu'il  comballit  et  tua  che- 
min faisant.  Au  milieu  de  ces  luttes 
pénibles  et  sans  cesse  renaissantes, 
les  légendaires  jetlenl  un  épisode  plus 
doux.  Tandis  que  Sinis  tombe  sous 
les  coups  de  son  jeune  vainqueur, 
Périgone  sa  fille ,  jolie  et  naïve  ,  se 
cache  tremblante  dans  les  roseaux  j 
elle  ne  se  rassure  qu'après  les  pro- 
testations réitérées  de  Thésée  ,  qui  g 


«Il 


jure  de  ne  pas  lui  faire  de  mal ,  et 

3ui  en  effet  se  borne  à  la  rendre  mère 
e  Ménalippe.  On  s'imaginera  sans 
doute  a  présent  queThésée  commence 
à  être  dans  l'âge  mûr.  Eh  bien ,  il 
n'est  encore  qu'à  l'aurore  de  la  jeu- 
nesse !  Quand  les  Phylalides  chargés 
par  Cérès  de  l'intendance  des  mystè- 
res l'ont  purifié  de  tant  de  meurtres 
dans  les  eaux  limpides  et  pures  du  Ce- 
phise,  il  entre  dans  Alhèues  les  che- 
veux flottants  en  boucles  blondes  sur 
les  épaules,  et  avec  la  robe  Iraînnnle, 
le  péplum  ,  le  voile  des  jeunes  filles  ; 
et  tout  le  monde  s'y  trompe  :  «  Oii 
va  donc  ,  s'écrient  les  ouvriers  em- 
ployés a  la  toiture  du  temple  d'Apol- 
lon-Delphinien,  où  va  donccetle  belle 
grande  fille  toute  seule  .^»  A  ce  sar- 
casme, Thésée,  sans  doute  de  peur  de 
trahir  son  incognito  par  sa  voix  ,  ne 
répond  rien,  mais  détèle  deux  bœufs 
qui  traînent  près  de  là  un  chariot 
couvert,  saisit  l'impériale  et  la  jette 
h  la  volée  plus  haut  que  le  toit  de  l'é- 
difice où  travaillent  les  rieurs  ,  qui 
tremblent  soudain  et  craignent  de  voir 
retomber  l'énorme  poids  sur  leurs  tê- 
tes. —  Athènes  alors  était  troublée 
f)ar  de  graves  dissensions.  D'une  part 
es  Pallanlldes  ,  neveux  d'Egée  par 
Pallaslcur  père,  souffraient  impatiem- 
ment leur  oncle  sur  un  trône  convoité 
parleur  ambition,  et  ne  consentaient 
a  vivre  soumis  en  apparence  a  sa  loi 
que  dans  l'espérance  de  lui  succéder 
comme  collatéraux  ,  puisqu'il  était 
sans  postérité.  De  l'autre,  Médée,  la 
célèbre  magicienne  ,  s'était,  au  sortir 
deCorintheimpatronisée,dans  le  pa- 
lais d'Egée,  et,  maîtresse  absolue  de 
son  cœur,  de  ses  biens,  de  son  royau- 
me, elle  le  berçait  de  l'espoir  de  lui 
donner  un  fils  par  la  force  de  ses  en- 
chantements. Sur  ces  entrefaites  , 
Thésée  parut.  Personne  encore  ne  sa- 
vait de  quel  litre  pouvait  se  recora- 


THÉ 

mander  ce  jeune  étranger  5  personne, 
saufMédée.  Courroucée  a  l'aspect  de 
celui  qui  va  ravir  la  couronne  au  fils 
qu'elle  espère  ,  elle  a  juré  sa  perte. 
Par  ses  insinuations  perfides,  le  vieil 
Egée  soupçonne  un  assassin  dans  le 
voyageur,  et  il  se  résout  a  lui  pré- 
senter du  poison  dans  la  coupe  de 
riiospitalilé.  On  va  donc  de  sa  part 
inviter  Thésée  au  festin.  Le  jeune 
prince  tire  son  épée  comme  pour 
couper  les  viandes.  A  la  vue  de 
cette  lame,  Egée  renverse  la  coupe 
empoisonnée  ,  interroge  l'étranger 
sur  son  origine  ,  sur  sou  nom  ,  sur 
ses  desseins,  le  serre  dans  ses  brasj 
puis,  tandis  que  Médée  s'enfuit  sur 
soncliar  attelé  de  dragons,  il  convo- 
que le  peuple  en  assemblée  générale, 
et  déclare  que  Thésée  lui  doit  le  jour. 
Long- temps  après  on  montrait  en- 
core le  lieu  où  fut  renversée  la 
coupe  fatale  :  ce  lieu  ,  situé  dans  le 
quartier  Delphinium,  était  entouré  de 
murailles.  Si,  selon  Plularque,  Athè- 
nes presque  tout  entière  fut  enchan- 
tée de  la  perspective  d'avoir  pour 
roi  Thésée,  il  n'en  fut  pas  ainsi  de 
ses  cousins  les  Pallantides.  Ceux-ci 
ne  virent  dans  l'arrivée  de  ce  prince 
qu'un  événement  fatal  et  qui  ruinait 
toutes  leurs  espérances.  «Qu'importe, 
dirent -ils,  que  Thésée  soit  le  fils 
d'Egée?  Egée  n'est  point  le  fils  de 
l'andion  j  rejeton  supposé,  il  ne  doit 
qu'a  l'usurpation  la  couronne  des 
Erechthéides.  »Etils  se  révoltèrent , 
marchèrent  vers  Athènes  sur  deux 
colonnes,  et  se  mirent  en  embus- 
cade pour  surprendre  leurs  ennemis. 
Malheureusement  pour  eux  ,  Léôs  , 
leur  he'raut,  découvrit  à  Thésée  tout 
le  plan  d'attaque  ;  et  le  vainqueur  de 
Procruste,  tombant  sur  eux  à  l'impro- 
viste,  les  tailla  en  pièces.  N'ayant 
plus  rien  à  craindre  des  ennemis 
particuliers   de   sa  famille ,  Thésée 


THÉ 


5^7 


tourna  ses  projets  vers  la  prospé- 
rité de  sa  patrie.  Le  taureau  de 
Marathon,  impétueux  dévastateur  de 
la  métropole  ,  ne  résista  pas  long- 
temps a  sa  vive  poursuite  :  Thésée 
le  prit  vivant,  le  conduisit  a  tra- 
vers la  ville,  puis  l'immola  au  pied  des 
autels  d'Apollon -Delphiuien.  Quel- 
que temps  après  ,  les  députés  du  roi 
de  Crète  Minos  étant  venus  dans 
Athènes  redemander  le  tribut  noven- 
nal  que  cette  cité  devait  à  l'île  souve- 
raine des  mers,  en  expiation  du  meur- 
tre d'Androgée,  Thésée  s'offrit  pour 
être  une  des  victimes  volontaires;  les 
treize  autres  furent  désignées  par  le 
sort.  La  pensée  de  Thésée  n'était  pas 
de  se  laisser  dévorer  par  leMinotaure. 
Une  clause  du  traité  d'Athènes  avec 
la  Crète  stipulait  formellement  qu'à 
la  mort  du  monstre  cesseraient  de 
plein  droit  ces  envois  de  chair  hu- 
maine; et  Thésée  comptait  le  tuer. 
Il  le  promit  a  son  père.  Le  navire 
partit,  couvert,  selon  la  coutume,  de 
voiles  noires  auxquelles  devaient ,  en 
cas  de  victoire  ,  être  substituées  des 
voiles  blanches;  Phérécyde  ou  Nausi- 
tliée  eu  était  le  pilote,  Phéax  le  ma- 
telot principal.  Effectivement  deux 
petites  chapelles  étaient  consacrées 
dans  le  bourg  de  Phalère  ,  près  du 
temple  de  Sciron,  à  ces  deux  person- 
nages; on  croit  même  que  les  Cyber- 
nésies  se  célébraient  en  leur  honneur. 
Du  reste,  Apollon-Delphinien  paraît 
encore  ici  sur  la  scène.  Thésée,  avant 
de  partir  ,  va  lui  présenter  dans  son 
temple,  avec  ses  tristes  compagnons, 
le  rameau  d'olivier  ,  classique  em- 
blème des  suppliants^  et,  contraire- 
ment a  l'usage,  Apollon  prophétise 
en  termes  clairs  : 

Quo  Cyprine  te  serre  et  de  gnitle  et  cVctoile  ! 
Qu'avec  ton  noir  vaisseau  Cyprine  fasse  voile! 

Thésée  suivit  a  la  lettre  le  conseil  du 
dieu  et  s*en  trouva  bien.  Sur  la  rire 


5a8 


THÉ 


d'Athènes  il  immole  und  ctèvre  à 
Vénus ,  et  tout-k-coup  la  clièvre  se 
trouve  métamorphosée  en  bouc.  Sur 
la  plage  Cretoise  il  trouve  la  fille  du 
roi,  la  belle  Ariadne ,  qui  Taime 
dès  qu'elle  le  voit ,  et  lui  donne  le. 
fil  précieux  qui  guiderait  un  enfant 
dans  les  mille  détours  du  labyrinthe. 
Muni  de  ce  fil  merveilleux  ,  Thé- 
sée s'enfonce  dans  les  anfractuosités 
de  l'édifice  bâti  parDédale,  rencontre 
le  terrible  taureau,  le  combat,  le  tue, 
revient  sur  ses  pas,  rassemble  ses  six 
compagnons,  ses  sept  compagnes,  re- 
met a  la  voile  avec  Ariadne,  qui  veut  le 
suivre  au  bout  du  monde,  avec  Phèdre, 
sa  sœur,  qu' Ariadne  ne  regarde  pas  en- 
core comme  sa  rivale.  La  route  est  lon- 
gue à  ce  qu'il  paraît,  ou  bien  le  séjour 
en  Crète  Ta  été  5  car  d' Ariadne  et  de 
Thésée  sont  nés  deux  fils,  OEnopion 
etStaphyle.  Enfin  la  nef  qui  fend  les 
flots  de  l'Egée  s'arrête  devant  Naxos. 
On  y  passe  une  nuit;  le  lendemain 
Ariadne  n'est  plus  sur  le  vaisseau.  A- 
l-ellc  été  abandonnée  parle  vainqueur 
du  Minotaure?  a-t-elle  été  enlevée 
par  Bacchus?  A-t-clle  e'té  momenta- 
nément déposée  sur  une  plage  hospi- 
talière, pour  y  rétablir  sa  santé  alte'- 
réepar  une  couche  laborieuse?  y  est- 
elle  morte?  Voy.  sur  toutes  ces  va- 
riantes l'art.  Abiadke.  Le  fait  es- 
sentiel, c'est  qu' Ariadne  n'arrive  pas 
dans  Athènes;  c'estPhèdre  qui  achève 
le  voyage.  Cependant  on  se  détourne 
encore  avant  de  se  rendre  vers  cette 
ville ,  désormais  exempte  d'une  taxe 
infamante  :  ou  relâche  a  Délos,  Thé- 
sée y  offre  un  sacrifice  au  dieu  du 
jour,  y  de'die  a  Vénus  une  statue  ap- 
portée de  Crète  par  Ariadne,  y  forme 
avec  les  jeunes  Athéniens  qu'il  a  sau- 
vés une  danse  autour  de  l'autelde  cor- 
nes ou  ceratôn  {Kipûrat) ,  ainsi  nommé 
parce  qu'il  était  tout  entier  formé  de 
cornes  gauches  d'animaux  forcés  par 


THÉ 

les  chasseurs;  institue  en  Mionneur 
d'Apollon  des  jeux  dans  lesquels  il  dé- 
cide que  la  branche  de  palmier  sera 
le  prix  du  vainqueur.  Remettant  en- 
suite h  la  voU» ,  il  prit  la  route  d'A- 
thènes ;  mais  soit  excès  de  joie  h  cause 
de  son  triomphe,  soit  excès  de  dou- 
leur h  cause  de  la  perte  d' Ariadne,  il 
oublia  de  remplacer  par  une  voile 
blanche  la  voile  de  deuil  que  le  na- 
vire portail  en  quittant  la  rade  d'A» 
tliènes.  Egée,  qui  chaque  jour  venait 
sur  la  côte  examiner  du  haut  d'un  cap 
la  trirème  sur  laquelle  était  parti  son 
fils,  crut  que  le  Minotaure  avait  en- 
core cette  fois  dévoré  ses  victimes,  et 
désormais  incapable  de  traîner  dans 
la  solitude  la  longue  et  froide  vieil- 
lesse qu'il  voyait  daus  l'avenir  ,  il  se 
précipita  dans  les  flots  de  la  m&r  qui 
prit  son  nom  ,  et  que  nous  appelons 
aujourd'hui  l'Archipel.  Thésée  n'ap- 
prit pas  cet  événement  sur-le-champ. 
Arrivé  à  Phalère  (alors  le  seul  port 
d'Athènes?),  il  avait  voulu  offrir  un 
sacrifice  ,  et  le  héraut  qu'il  avait  dé- 
puté aux  Athéniens  craignit  d'inter- 
rompre la  cérémonie  sacrée  par  celte 
nouvelle  fatale.  Enfin  pourtant  la 
triste  vérité  se  fit  jour.  Informé  du 
sort  cruel  de  son  père,  Thésée  courut 
h  la  ville  jetant  des  cris  perçants  ainsi 
que  tout  son  cortège.  Delà  l'usage  où 
étaient  les  Athéniens  dans  les  Clado- 
phories  de  ne  permettre  que  la  ba- 
guette au  Céryx,  qui  ordinairement 
avait  baguette  et  couronne ,  et  de 
pousser  à  diverses  reprises  les  deux 
cris  suivants:  te Elélev  Ilou,  iou!»Iou 
iou  était  le  cri  de  deuil ,  Elélev  le  cri 
de  guerre.  Ensuite  eurent  lieu  les  fu- 
nérailles d'Egée  ;  puis  le  libérateur 
d'Athènes,  pour  faire  cesser  la  stéri- 
lité qui  depuis  long-temps  désolait 
les  campagnes  ,  institua  les  Pyanep- 
sies,  dans  lesquelles  on  faisait  cuire 
ensemble  des  fèves  et  toutes  sortes  de 


THE 

légumes,  et  dans  lesquelles  on  portait 
en  cérémonie  VIrésione  ,  ainsi  que 
Thésée  l'avait  portée  avant  de  s'em- 
barquer pour  la  Crète.  La  trirème 
qui  l'avait  conduit  dans  l'île  ,  empire 
de  Minos,  fut  consacrée  au  dieu  du 
jour  et  vénérée  comme  nn  talisman 
sans  égal.  Chaque  année,  pourtant, 
cette  bari  privilégiée  allait  porter  aDé- 
los  les  offrandes  d'Athènes.  On  la 
nomtpailParalej  le  comité'  chargëdela 
pompe  religieuse  s'appelait  Théorie, 
et  son  chef  Archithéore.  A  mesure  que 
chaque  planche  vieillissait  ou  se  pour- 
rissait, on  la  remplaçait  par  une  autre, 
et  grâce  a  ce  soin  le  navire  était  éter- 
nel. On  le  voyait  encore  du  temps  de 
Démétrius  de  Phalère.  Par  les  insti- 
tutions religieuses  Thésée  préludait  à 
un  plus  vaste  dessein ,  l'organisation 

Îiolitique  de  l'Attique.  Jusqu'à  lui  , 
es  habitants  de  cette  contrée  desti- 
née a  tant  de  gloire  avaient  été  dis- 
persés dans  des  dèmesj,  et,  sous  l'em- 
pire de  petits  chefs  indépendants  les 
uns  des  autres,  avaient  sans  cesse  été 
en  discorde  et  en  guerre.  Thésée  abo- 
lit ce  régime  :  il  alla  de  bourg  en 
bourg,  de  famille  en  famille,  décida 
par  son  éloquence  et  par  ses  dons  les 
plus  pauvres  à  une  fusion  de  races  j 
eut  l'art  d'amener  au  même  but  quel- 
ques chefs  plus  désintéressés  que  les 
autres,  ou  plus  habiles  a  faire  sur-le- 
champ  leurs  conditions  ;  mit  ainsi  les 
plus  rebelles  dans  la  nécessité  de 
suivre  l'exemple  universel 5  détruisit 
dans  tous  les  dèmes  les  lieux  d'as- 
semblée 5  bâtit  un  édifice  commun  à 
tous  dans  Athènes,  établit  un  sacrifice 
commun  sous  le  nom  de  Panathénées, 
abdiqua  la  royauté,  proclama  la  sou- 
veraineté du  peuple  comme  corps  de 
nation,  organisa  les  assemblées  popu- 
laires, et  ne  dérogea  aux  principes  de 
l'égalité  que  pour  établir  trois  classes 
ou  castes  de  citoyens  :  i°les  Nomo- 

LV. 


THÉ  529 

thètes  ou  Thesmothètes  ,  chargés  de 
connaître  des  lois  divines  et  humai- 
nes; 2°  les  laboureurs  ;  3°  les  artis- 
tes. Il  est  croyable  que  Plutarque, 
en  donnant  un  exposé  de  la  consti- 
tution athénienne  contemporaine  de 
Thésée  ,  s'est  plus  d'une  fois  mépris 
étrangement.    Les  castes    sont-elles 
bien  toutes  comptées.'*  LesNomothè- 
tes  sont-ils  une  caste?  Ces  castes  da- 
tent-elles de  Thésée  7  Y  eut-il  diffé- 
rence entre  les  dèmes  et  les  castes 
primitives  de  la  côte?  Dans  quel  sens 
faut-il  prendre  ce  que  l'on  raconte  des 
déchirements  d'Athènes?  Nous  éta- 
blirions, nous,  quatre  castes  :  Egico- 
res  (  ou  patres,  chevriers)_,  Pédiaéens 
(habitants  de  la  plaine,  agriculteurs) , 
Ergades  ou  Eupalames  (ouvriers,  ar- 
tisans, métallurgistes,  etc.)  5  puis  des 
privilégiés  que  nous  appellerons  Eu- 
patrides  ,  et  dont  les  familles  sacer- 
dotales étaient  une  sous-division.  De 
plus ,  nous  croyons  que   ces  quatre 
castes,  lesEgicores,  les  Pédiaéens, 
les  Ergades ,  les  Eupatrides  ,  étaient 
de  beaucoup  antérieures  à  l'époque  k 
laquelle  on  place  Thésée.  Nous  pen- 
sons qu'il  y  avait  souvent  eu  des  al- 
liances partielles  entre  eux,  alliances 
qu'aureste  avaient  suiviesdes  scissions 
nouvelles.  Nous  tenons  pour  certain 
que  ces  castes  n'étaient  pas  toutes  les 
quatre  delà  même  origine,  que  cha- 
cune formait  un  certain  nombre  d'as- 
sociations et  avait  a  elle  un  certain 
nombre  d'établissements  j  mais  que 
tous  ces  établissements,  toutes  ces  as- 
sociations n'étaient  pas  des  dèmes. 
Nous  présumons  qu'une  fusion  à  peu 
près  totale  ,  hardi  prélude  de  la  fu- 
sion attribuée  a  Thésée,  eutlieu  sous 
les  premiers  Erechthéidesj  c'est  celle 
qui  est  symbolisée  par  Paudion  I  et 
Pandion  IL  II  n'en  résulte  pas  qu'au 
fils  d'Egée  ou  à  son  époque  n'appar- 
tienne point  une  gloire  analogue. Sous 

34 


53o 


THE 


Thésée  la  rénnion  commencée  déjà 
de  par  Zévs  (Jupiter)  se  trouva  con- 
sommée de  par  Alliànâ  (Minerve). 
Parallèleraenî  aux  Pandics  jouèrent 
les  Panathénées  :  Posîdôn ,  Hermès, 
Hépheste,  ces  anciens  dieux,  se  trou- 
vèrent subitement  refoulés  au  second 
rang,  elDâmâlèr  même  ne  conserva 
que  grâce  aux  mystères  une  pliysio- 
nomie  majestueuse.  Ce  n^cst  pas 
tout:  Alhànà  et  Zévs  furent  étroite- 
ment unis  ,  et  la  célébrité  commença 
pour  Apollon,  ce  dieu  dorien  par  ex- 
cellence. Toutefois  ce  second  fait 
peut  être  révoqué  en  doute  ,  et  nous 
concevon»  très-bien  qu'on  soutienne 
que  le  nom  d'ApoUon-Delpbinien  n'a 
été  qu'après  coup  et  asseï  gauche- 
ment intercalé  dans  la  légende  de 
Thésée.  —  A  côté  de  tous  ces  faits, 
que  l'histoire  explique  encore  d'une 
manière  assez  plausible  ,  s'en  pré- 
sentent d'autres  que  l'évhémérisme 
même  essaie  en  vain  de  transformer , 
par  la  suppression  des  invraisemblan- 
ces, en  biographie  réelle  :  ce  sont 
les  exploits  de  Thésée  contre  les  Ama- 
zones et  à  la  chasse  du  sanglier  de 
Caivdonj  ce  sont  ses  voyages  avec  les 
Argonautes  5  ce  sont  ses  bizarres  ex- 
péditions contre  le  Péloponèse  ou 
contre  Hélène,  contre  les  Epirotes  ou 
contre  Aïdonée.  Les  femmes  qui  se 
trouvent  mêlées  a  tontes  ces  légendes 
forment  un  dédale  [Jus  inextricable 
que  le  labyrinthe  de  Crèle.  Ce  sont 
Hélène  ,  Phèdre  ,  Auliope  ,  Anaxo, 
Hippolyte ,  Péribée  ,  Phérébée  , 
lope  ,  Eglé.  Antiope  était  Ama- 
aone,  Thésée  en  eut  le  bel  Hippolyte, 
si  fameux  par  sa  cliaslelé,  par  sa 
mort  violente  5  d'autres  nomment  la 
mère ,  ainsi  que  le  fils  ,  Hippolyte 
(  Hippolyte  ,  légère  différence 
à'Ifippolj'tus),  et  du  reste  en  font 
encore  nne  Amazone.  Mais,  chrono- 
logiquement parlant,  comment  le  fils 


THÉ 

d' Antiope  ou  d*Hippolyte  peut- il  in- 
spirer de  l'amour  a  Phèdre?  Si  Phè- 
dre a  été  la  femme  de  Thésée  avant 
Antiope  ,   elle  est  donc  bien  vieille 
quand  elle  aime  le  fils  d'Antiope?Si 
Antiope  est   une  épouse  de  Thésée 
antérieure  h  Phèdre,  comment  ce  roi 
d'Athènes  a-t-il  pu  devenir  le  posses- 
seur d'une  reine  des  Amazones  ,  lui 
qui  n'a  pas  fait  la  guerre  aux  Ama 
zones  ou  qui  ne  l'a  faite  que  dans  sa 
vieillesse?Long-lemps  après,  quelques 
mythologues  se  sont  avisés   de  dire 
qu'Antiope  avait  été  donnée  à  Thésée 
par    Hercule  vainqueur  des  Amazo- 
nes, et  que  Thésée,  après  en  avoir  eu 
nn  fils  ,   l'avait  soit   répudiée  ,  soit 
luée,  afin  d'épouser  Phèdre;  celle-ci 
lui  donna  un  autre  fils  célèbre,  Dé- 
mo|)hon ,  l'ingrat  amant  de  Phyllis. 
Anaxo  était  une  nymphe,  et  ill'enleva. 
Ordinairement  on  fait  de  Péribée  la 
mère  d'Ajax.  A  lope  et  à  Phérébée 
(dont  le  nom  diffère  h  peine  de  celui  de 
Péribée)  on  donne  pour   père  Iphi- 
cle.    Eglé  était  ta  fille  de  Panopée. 
Un    mythe    antique    veut    que    ce 
soit  pour  elle  que  Thésée  ait  aban- 
donné Ariadne.  —  Quelques-uns  des 
argonaulographcs  qui  ont  fait  voya- 
ger Thésée  d'Aliique  en  Colchide  as 
surent  qu'Antiope  lui  fut  adjugée  pa 
les  antres  Argonautes  en  récompens 
de  sa  vaillance.  Long-temps  après,  e 
vers  les  dernières  années  de  Thésée  J 
les  vagabondes  guerrières  passèrent  J 
dit  -  on  ,  sur  le  continent  européen  J 
et  ravagèrent  l'Allique.    Soit   seul 
soit   grâce    à  Hercule  ,  Thésée  le 
mit    en    fuite    et  en    tua  un    gran 
nombre.  —  Uni  ensuite  à  Pirilhoiis 
fameux  athlète-roi  d'Epire  ,  qui  d'à 
bord  avait  voulu  le  combattre  ,  mai* 
qui  ensuite,  charmé  de  son  air  intré- 
pide et  de   ses  formes  athlétiques  et 
mâles,  n'avait  plus  aspiré  qu'à  deve- 
nir son  ami,  il  pénétra  dans  Lacédé- 


i 


THE 

raone,  ravit  Hélène  dans  le  temple  de 
Diane-Orlhià,  l'emmena  hors  du  Pé- 
loponèse,  et  la  confiant  à  Etbra  ,  sa 
mère  ,  jusqu'à  l'âge  de  la  nubilité 
(car  elle  n'avait  que  1 3  ans) ,  l'en- 
ferma dans  Apliidnes.  Quelques  écri- 
vains assurent  pourtant  que  la  préco- 
cité de  la  belle  Tyndaride  suppléa  de 
reste  à  l'âge  ,  et  que  non-seulement 
l'bymen  se  trouva  consommé  ,  mais 
que  de  cette  union  clandestine  naquit 
une  fille  (c'est  elle  que  Racine  ,  dans 
Iphigénie,  appelle  Eriphile  ).  Res- 
tait à  pourvoir  Pirithoiis  ;  car  ,  s'il 
faut  en  croire  les  mythologues  ,  les 
deux  amis,  après  avoir  ravi  Hélène, 
l'avaient  tirée  au  sort,  et  le  ha- 
sard favorable  a  Thésée  lui  laissait 
l'obligation  d'aider  le  roi  des  Lapi- 
thes,  tout  marié  qu'il  était  avec  Hippo- 
dainie  ,  a  ravir  une  autre  épouse.  La 
femme  du  roi  des  enfers,  Proserpine, 
que  les  évhéméristes  travestissent  en 
femme  ou  fille  du  roi  des  Molosses 
Aïddnée,  leur  parut  digne  de  l'enlève- 
ment qu'ils  projetaient.  Malheureu- 
sement le  monarque  étranger  était 
sur  ses  gardes  :  Cerbère  prit  Piri- 
thoiis h  la  gorge  et  le  mit  en  pièces  5 
Thésée,  trop  faible  pour  se  défendre, 
fui  placé  de  force  sur  une  pierre  mer- 
veilleuse qui  avait  le  privilège  de  re- 
tenir, comme  s'ils  eussent  été  collés  k 
elle,  ceux  qui  s'y  étaient  assis.  Delà, 
dans  la  description  virgilienne  des  en- 
fers, l'hémistiche  : 

Seelet  actcrnuinquc  sedcbit         < 

Infclix  Tlicseus. 

Heureusement  Hercule  parut  aux  en- 
fers, et,  rompant  parla  force  de  son 
bras  la  force  jadis  invincible  des  en- 
chantements ,  il  détacha  Thésée  de  la 
pierre-talisman  et  le  rendit  au  séjour 
de  la  lumière.  Rentré  dans  Athènes 
après  deux  ans  d'absence  ,  Thésée  y 
reçut  un  accueil  équivoque  et  sinistre. 
Phèdre  ,    en  calomniant  Hi^^polyte  , 


THE 


S3i 


l 


dont  le  trop  de  chasteté  l'avait  offen- 
sée, causa  la  mort  de  cet  objet  de  sa 
tendresse  et  se  pendit  de  désespoir. Un 
héritier  des  Pallantides,  Ménesthéc, 
excita  les  grands,  les  prêtres,  le  peu- 
ple contre  lui.  Castor  et  PoUux  déjà 
étaient  venus  réclamer  Hélène  jus- 
qu'aux portes  d'Athènes  ,  et  avaient 
été  reçus  dans  la  ville  avec  honneur, 
tandis  que  de  toutes  parts  un  cri  de 
réprobation  s'élevait  contre  le  ravis- 
seur suranné  des  vierges  encore  impu« 
hères.  Lors  donc  que  Thésée  voulut 
régir  comme  par  le  passé  les  castes  si 
variées  d'Athènes,  une  opposition  in- 
attendue éclata.  Salué  par  des  mar- 
ques de  mépris  et  de  haine  ,  et  inca- 
able  de  réduire  les  mécontents  par 
a  force,  il  envoya  secrètement  sa  fa- 
mille en  Eubée,  se  rendit  a  Gargetle, 
et  la  ,  prononçant  ,  au  lieu  depuis 
nommé  Arâtèrion ,  des  malédictions 
contre  les  Athéniens  ,  il  s'embarqua 
pour  la  Crète.  Les  vents  le  pous- 
sèrent sur  la  plage  de  Scyros.  Lyco- 
mède  y  régnait  :  séduit  par  les  dons 
de  Ménesthée,  ou  craignant  d'en- 
gager avec  Athènes  une  lutte  dont 
le  dénouement  semblait  devoir  être 
fatal ,  il  feignit  la  joie  a  l'aspect 
de  Thésée  ,  consentit  k  lui  oc- 
troyer des  terres ,  et  le  mena  sur 
une  cime  élevée,  comme  sur  un  obser 
vatoire  du  haut  duquel  ses  regards  se 

firomèneraientsurl  îleenlièrc.Thésce 
e  suit  sans  défiance  j  mais  tout  k  coup 
le  perfide  insulaire  le  poUsse  avec 
force,  et  Thésée  tombe  du  sommet 
escarpé  des  rocs  dans  les  eaux  qui  bat 
tent  le  pied  du  promontoire,  et  y  rend 
le  dernier  soupir.  Méuesthée  alors 
cessa  de  craindre  des  rivaux  dans 
Athènes  5  les  fils  de  Thésée  vécurent 
simples  particuliers  a  la  cour  deChal- 
codon,  roid'Eubée,  et  lors  du  siège 
de  Troie  suivirent  Elpénor  en  Asie. 
Plus  tard  ils  reparurent  dans  Athc 

34. 


53a 


THÉ 


nés    et  j  rcconqairent  la  puissance 
royale.  Puis  vint   ua   temps  où  les 
Athéniens     se    repentirent  !     Thé- 
sée passa  pour  un  Ânace  ,  pour  un 
dieu  ■  on  crut  voir  son  image  k  la  ba- 
taille (le  Maralhon  ,   comme  les  Ro- 
mains virent  les  Dioscures  au  grand 
combat  du  lac  Régille.  Un  oracle  du 
^oleil  (d'Apollon?  )  ordonna   d'aller 
chercher  ses  os  et  de  les  placer  en  un 
lieu  honorable.  Cimon  eut  l'art  de  les 
trouver  :  ayant  aperçu  un  aigle  qui 
béquetait  un  lieu  un  peu  élevé  et  s'ef- 
forçait de  l'ouvrir  avec  ses  serres  , 
frappé,  nous  dit  Plutarque,  d'une  in- 
spiration divine,  il  fil  touiller  en  cet 
endroit ,  et  l'on  y  trouva  une  bière 
dans  laquelle  était  un  corps  de  grande 
taille,  une  pique  el  une  épée.  C'eût 
été  un  scepticisme  intolérable  de  dou- 
ter que  ce  gigantesque  squelette  ne 
fût  celui  de  Thésée.  On  transporta 
ces  restes  sur  le  navire  de   Cimon, 
et  de  là  dans  Athènes.   Une  encein- 
te nommée  Theseium  reçut  la  ciiàsse 
dépositaire  de  ces  héroïques  débris. 
Au  milieu  s'élevait  un  autel  célèbre 
comme  asile  des  esclaves  et  des  op- 
primés j  car,  dit-on,  Thésée  avait  pen- 
dant sa  vie  protège  le  faible  et  le  pau- 
vre contre  la  tyrannie  des  riches  el 
des  forts  de  la  terre.  Il  avait  aussi  un 
temple  près  du  Gymnase. Sur  les  murs 
de  cet  édifice  étaient  des  tableaux  et 
des  bas-reliefs  relatifs  a  ses  aventu- 
res et  k  ses  exploits.  On  lui  sacrifiait 
le  huitième  jour  de  chaque  mois  ,   et 
plus  spécialement  le  8  du  mois  de  Po- 
sidéon, consacré  k  Neptune.  Au  reste 
c'était  aussi  ce   jour-lk  que  se  célé- 
braient les  Posidonies,  et   dans  ce 
fait  seul  nous  aurions  une  corrélation 
précieuse  entre  le  héros  athénien  et 
le  dieu  des  eaux,  si  elle  n'était  déjà 
fournie  et  par  l'identité  partielle  des 
noms  Egée  (  ou  mer  Egée  personni- 
fiée) cl  Neptune,  et  par  le  rôle  d'E- 


THE 

thra  auprès  d'Egée,  auprès  de  Nep-jj 
tune  dans  la  même  nuit,  et  par  ce  ti-JBI 
Ire  de   fils  de  Neptune  qu'à  tout  in- 
stant se  donnaitThésée.  • —  A  présent 
deux  mots  :  Thésée  a-t-il  existé?  et 
s'il  n'a  pas  existé  ,  qu'esl-il  ? —  Sur 
la  première  question,  nous  prononce- 
rons  comme  nous  l'avons  fait    sur 
Hercule,  sur  Achille,  sur  tantd'au-«| 
très:  oui,  peut-être  un  homme,  un"l 
chef  de  ce  nom  exista  5  mais  quelque 
soin  que  l'on  mette  k  élaguer  de  sa 
biographie  toutes  les  invraisemblan- 
ces ,  tous  les  anachronismes  dont  elle 
fourmille,  jamais  un  lionime,  un  chef 
de  l'Ai  tique  n'aura  réuni  les  traits 
qui  composent  la  physionomie  my- 
thique   de   notre  héros.    Ces    traits 
sont  au  nombre  de  deux,  qui  se  dé- 
composent en  cinq  ou  six  au  moins  : 
1°  solarité  (mais  dans  l'idée  de  so- 
leil se   trouvent  luttes  el  invincibi- 
lité, disparitions  accidentelles  et  re- 
tours, voyages  et  bienfaisance),*  2°  na- 
vigation. A  tous  ces  titres  on  a  dan^BI 
Thésée  un  soleil  qui,  tdur-h-tour,  en'^j 
fanl  s'échappe  du  sein  dts  ondes, d'E- 
ihra,  deTrézène  ,    de  la  pierre   aux 
Sorcières  et  au  Glaive;  adulte  domte 
les    Dailias    et    les   Ahrimau  de  la 
Grèce  5   vieillard    ne  joue  qu'un  rôle 
faible  el  terne  auprès  de  Phèdre,  qui 
aspire  a  le  remplacer  par  Hippolytej 
auprès  d'Hélène,  qu'il  ne  possède  que 
par  force  j  auprès  de  Proserpine,  qui 
laisse  son  époux  le  coller  k  la  pierre 
geôlière.    Hercule  aussi   a    presque 
tous  ces  caractères  j  et  il  ne  faut  pas 
s'e'tonncr   que  nos  mythologues  mo- 
dernes se  soient  appliqués  a  mettre  en 
relief  les  ressemblances  des  deux  hé- 
ros,afin  d'en  conclure  l'identité.  «C'est 
a  Thésée  qu'Hercule  délivre  lorsqu'il 
te  descend  aux  enfers  5  il  est  aussi  mê- 
«  lé  dans  la  fable  de  Bacchus.  Ariad- 
«  ne  fut  amante  de  Thésée  comme 
K  elle  le  fut  de  Bacchus.  Le  taureau 


THE 

a  de  Maratton,  qu'Hercule  ainene  de 
«  Crète,  et  dont  la  conquête  fait  par- 
te tie  de  son  septième  travail,  est  aussi 
«  un  des  inouslresdontThesée  triom- 
«  phe.  Thésée  a,  comme  Hercule,  la 
«  terrible  massue,  et  l'antiquité  le  re- 
«  présente  en  grande  partie  sous  les 
«  traits  du  héros   ihénain.   Sa  vie  , 
«  dans  Diodore  de  Sicile,  fait  suite  à 
c£  celle  d'Hercule.  Il  fut,  comme  lui, 
«  de  l'expédition  des  Argonautes,  et 
«fit  prisonnière  Anliope  ,  d'antres 
«disent  Hippolyte.  Hélait  avecHer- 
«  cule  au  combat  des  Centaures  et  des 
«Lapithcsj  aussi   disait-on  de  lui, 
«  reuiarque  Plutarquc  :  C'est  un  au- 
cttre  Hercule.  Ce  fut  Thésée  qui  fit 
«recevoir  Hercule  à  l'initiation,  et 
«  qui  facilita  sa  purification.  Il  dut, 
o  comme  Hercule,  l'immortalité  à  ses 
««.  iiauts  faits.  Il  avait  les  mêmes   ar- 
o  mes,  les  mêmes  goûts.  L'un  et  l'au- 
«  tre  se  déclarèrent  les  vengeurs  de 
«  l'huifanilé  opprimée.  Leur  carac- 
«  tère,  en  tout  semblable,  les  unissait 
«  encore  plus  que  les  lieus  du  sang  ; 
«  car  Thésée  était  de  la  même  famille 
«  qu'Hercule  :  ils  étaient  fils  de  deux 
«cousines-germaines  et  petits-fils  de 
«  la  fameuse  Hippodamie   ou  de  la 
«Pléiade  qu'épousa  Pélops.  »  Il  eût 
été  facile  de  pousser  plus  loin  le  pa- 
rallèle 5  mais  nos  lecteurs  sauront  le 
continuer  eux  -mêmes.  Pour  nous, 
songeons  plutôt  h  restreindre  les  con- 
clusions un  peu  trop  vagues  ou  trop 
larges  que  l'on  se  croirait  autorisé  à 
déduire   de   ces   prémisses.  A   noire 
avis,  Thésée  fut  bien  un  Hercule  j 
mais  il  y  a  dans  sa  biographie  deux 
couches  diverses  de  légendes  :  l'une, 
antique,  fut  pélasgique  5  l'autre,  plus 
moderne,  fut,  non  pas  dorienne,  mais 
imaginée  sous  l'influence  des  mythes 
doriens.  En  d'autres  termes,  partie 
des  légendes  de  Thésée  se  forma  en 
même  temps  que  celle  d'Hercule,  sans 


THE 


533 


que  l'on  connût  celle-ci,  et  peut-être 
même  antérieurement.  Plus  tard,  et 
quand  Hercule  ,  maître  par  ses  des- 
cendants de  tous  les  ports  de  la  pé- 
ninsule péloponésienne  et  même  du 
reste  de  la  Grèce,  fut  lié  en  quel- 
que sorte  à  l'histoire  de  tous  les 
dieux,  Athènes  se  plut  à  faire  de 
Thésée  le  rival  de  l'Hercule  d'Ar- 
gos  ,•  elle  se  l'appropria  en  le  locali- 
sant dans  ses  dynasties,  comme  l'Ar- 
golide  s'était  approprié  Hercule  en 
plaçant  ce  chef  de  quelques  familles 
de  Thèbes  ou  del'OEta  dans  la  vieille 
dynastie  des  Inachides.  Ces  superpo- 
sitions ont  moins  d'importance  my- 
thologique que  le  reste.  L'importaut 
dans  Thésée,  c'est  la  face  pélasgique. 
Dans  celle-là  il  est  Patèque  ,  il  est 
Anace.  Hercule  aussi  (mais  non  THer- 
cule  dorique),  l'Hercule  vulgaire, 
l'Hercule  célèbre  cumule  ces  deux  ca- 
ractères. Il  se  lie  aux  Dioscures,  non 
plus  comme  ennemi,  mais  comme  ad- 
équate. Et  c'est  h  juste  litre  que  l'on  a 
soupçonné  qu'originairement  Thésée 
ne  lut  que  l'Hercule  de  Thasos  (  en 

grec  0««r;«?,  Qucivs). 

THÉSIMAQUE,  Thesimachus  , 
fils  du  roi  d'Orchomène  Pisistrate,  fut 
un  des  complices  de  sa  mort.  On  ra- 
conte sur  la  disparition  de  ce  prince 
absolument  la  même  fable  que  sur 
celle  de  Romulus. 

THÉSIMÈNE,  Thesimenes,  0,;- 
(TifÀr/is-,  ou  Promaque,  fils  de  Par- 
thcnope  et  de  la  nymphe  Climèue  , 
fut  un  des  sept  Epigones. 

THESPIA,  fille  du  dieu-fleuve 
Asope ,  était  l'héroïne  éponyme  de 
Thespie. 

THESPIADES  (les)  :  1"  les  Mu- 
ses, honorées  à  Thespiej  2°  Voy. 
Thespius. 

THESPIUS  ,  ç>'i<T'Kiùi  (  et  non  , 
comme  on  le  dit  souvent,  Thestius), 
célèbre  roi  de  Thespie  (et  non  d'Eto- 


SS4 


THE 


THE 


^ 


lîe),   eut  pour  père  Ereclithée  ou 
Teuthras(et  non  Agénor  ou  Mars), 
pour  mère  Androdice  ou  Démonice, 
fille    d'Agénor,   pour    femme   Aga- 
mède  (et  non  Laophonte  ,   ou  Leu- 
cippe,  on  Déidamie,  fille  dePériérès, 
ou  toutes  les  trois),  etfutpèrede  5o 
on  52  filles  (Laophonte  ,  dit-on  ,  fut 
mère  de  Léda,  Leucipped'Althée  et 
dlpliicle ,    Déidamie  des   5o  ou  5a 
filles.  Il  n'est  pas  douteux  que  cette 
ilernière  n'ait  été  confondue  avec  Aga- 
kiéde^  et  quant  aux  deux  premières, 
ce  sont  évidemment  les  femmes  de 
Thestius,  et  non  de  Tliespius  :  nou- 
velle preuve  qu'il  faut  corriger  le  ti- 
tre de  roi  d'Etolie  donné  à  Thespius, 
et  ne  voir  en  lui  que  le  roi  de  Thes- 
pie).  Thespius,  dont  le  territoire  fai- 
sait partie  de  la  Béolie  et  avoisinait 
Thèbes,  ne  tarda  guère  k  se  trouver 
l'obligé  d'Hercule,  qui  très-jeune  en- 
core étouffa  un  lion  énorme,  effroi  du 
Gihéron  et  de  tous  les  parages  en- 
vironnants; aussi  lui  fit-il  l'accueille 
filus  magnifique  :  il  poussa  l'hospila- 
ite'  au  point  de  mettre  a  sa  disposi- 
tion ses   5o  ou   52  filles  l'une  après 
l'autre.  Toutes,  dit  la  fable ,  devin- 
rent mères  d'un  jeune  héros  ,  k  l'ex- 
ception de  l'aînée  qui  mit  au  monde 
deux  jumeaux,  et  de  la  plus  jeune  qui 
fut  sourde  et  aux  ordres  de  son  père 
et  aux  tendres  sollicitations  d'Hercule. 
En  revanche,  le  fils  d'Alcmène  décida 
que  puisqne,  comme  Minerve,  elle  te- 
nait k  sa  virginité,  elle  resterait  vierge 
éternellement  et  lui  servirait  de  prê- 
tïresse.  En  effet,  les  desservantes  des 
temples    d'Hercule   devaient   passer 
pour  vierges.  Chez  quelques  mytho- 
logues, la  plus  jeune  des  Thespiades 
n'est  pas  exempte  du  sort  commun. 
On  s'est  beaucoup  occupé  du  temps 
que  mit  Hercule  k  ce  bizarre  exploit, 
compté  par  quelques  arrangeurs  pour 
vu  treizième  travail-  Les  nombres  en 


vogue   sont   une  nuit,    sept  nuits  j 
cinquante   ou  cinquante- deux  nuits  ' 
Ou  varie  aussi  sur  le  nombre,  et  quel 
quefois  on  n'admet  que  sept  ou  douz^ 
Thespiades.   Ces  variantes  n'ont  anJ 
cune  valeur.  Les  Thespiades  n'onf 
été  imaginées  que  comme  parèdresdt( 
dieu-soIcil  ;  et  si  elles  ne  sont  les  se' 
maines  personnifiées,  du  moins  est- 
sûr  qu'autour    du   dieu-soleil   on 
voulu  grouper  des  nymphes  en  mêm^ 
nombre  que  les  semaines.  Ces  groi^ 
pes  de  sept  jours  sont  dans  l'annét 
solaire  au  nombre  de  ciuquante-deuxj 
d.ins  l'année  lunaire  au   nombre  df 
cii.quante.  Quant  au  chiffre  des  nuit 
et  des  jours,   nous  savons  qu'en  myJ 
thologie  cosmogonique  ou  sidérique^ 
nuit,  jour,  désignent  un  laps  de  tempÉ, 
indéterminé  ,  et  les  nombres  7  ,   5oJ 
déposent  d'une  vague  souvenance  dî 
nombre  de  jours  qu'il. y  a  dans  la  séÀ 
maine  ,  du  nombre 'de  semaines  quT 
y  a  dans  l'année.  Nous  ne  m)nnoi 
pas  ici  la  prolixe  et  sèche  nomencla-' 
lure  des  Thespiades  et  de  leurs  fils  ,i 
on  la  trouvera  dans  Apollodore.  Di- 
sons seulement  que  le  nom  de  Thes- 
piades s'applique  et  aux  mères  et  aui, 
fils,  et  que  deux  de  cesrejetonsd'Hei'i* 
cule  allèrent  se  fixer  à  Thèbes,  tan"*! 
dis  que  sept  restèrent  dans  ThespieJ 
et  que  les  autres,  par  ordre  de  l'ora- 
cle,  suivirent  lolas  en  Sardaigne. 

THESPROTE,  Thesprotus,  e^^i 
jrpaTûç  :i°  héros  ëponyme  des  Thes-^, 
proies,  en  Epire;  2"  un  des  5o  Ly-^ 
caouides.  Cette  synonymie  des  deu^ 
princes  est  un  nouvel  indice  de  la  con-i 
sanguinité  des  deux   races  thespro-j 
tienne  etarcadienne  (l'une  et  i'autrdi 
pélasgiques).  Le  premier  ThesproteJ 
a  coup  sûr  le  moins  important  defl 
deux  (puisque  le  Lycaonide  indiqua] 
un  fait  curieux,    les  Thesprotes  en 
Arcadie),  passe  eu  mythologie  pour 
un  roi  de  la  Thesprotide  en  Epire 


THE 

il  douna  rbospitalité  à  Thyeste  , 
banni  de  l'Argolide  ,  et  à  sa  fille  Pé- 
lopée.  Bientôt  Atrée  parut  k  la  cour 
de  ce  prince  du  Nord  j  et  charmé  de 
la  beauté  de  sa  nièce  ,  qu'il  ne  con- 
naissait pas  et  qu'il  prit  pour  la  fille 
de  Thesprote  ,  il  la  lui  demanda  en 
mariage.  ïhyeste,  qui  avait  ^  à  son 
insu  ou  autrement,  violé  sa  fille,  per- 
mit a  Thesprote  de  la  lui  accorder  , 
et  Atrée  rentra  triomphant  dans  Ar- 
gos,  mari  de  la  fille  de  son  ennemi  , 
enceinte,  et  enceinte  de  son  père  I 

THESSALE,  Thessalus  ,  Oia-a-u- 
Xof  ou  ©cTTûtAos" ,  héros  eponyrae  de 
la  Thessahe, passe  vulgairementpour 
un  fils  d'Hercule  et  de  Chalciope 
(dont  le  père  était  roi  de  Cos).  Il  eut 
deux  fils,  Philippe  et  Antiphe  ,  qui 
allèrent  au  siège  de  Troie.  Trois  au- 
tres Thessale  furent:  i"  unThesprote 
qui  s'empara  du  pays  des  Myrmidons, 
2"  uu  fils  d'Hémon,  3"»  un  fils  de  Ja- 
son  et  de  Médée  (  suivant  Diodore ,  il 
échappa  au  glaive  cruel  de  sa  mère  et 
reconquit  lolchos,  jadis  empire  d'E- 
son,  sur  les  descendants  d'Acasle). 

THESTIADES:  i»  F.  Thespia- 
DEs  ;  2°  Plexippe  et  Toxée.  On  peut 
aussi  donner  ce  nom  à  la  mère  de 
Méléagre,  Althéc  5  à  celle  d'Hélène, 
Léda:  mais  celles-ci  s'appelleraient 
Thestias,  et  chaque  frère  se  nomme 
Thestiade. 

^  THESTIUS,  roi  d'Etoile,  fils  d'A- 
géuor  (ou  de  Mars)  et  de  Démonice 
(ou  Androdice,  ouPisidlce),  eut  d'Eu- 
rythémis  (ou  Laopbonte  ,  ou  Leu- 
cippe,  ou  Déidamie)  trois  filles,  Al- 
thée,  Léda,  Hypermiiestre  ,  et  deux 
fils,  véritables  Dioscures  de  Pleuron , 
Plexippe  et  Toxée,  autrement  Eury- 
pile,  ou  Euripe  et  Iphicle. — Les 
aventures  de  ses  fils  et  de  ses  filles 
sont  racontées  aux  arl.  Althée,  Mé- 
XÉAGRE  ,  etc.  Disons  seulement  ici 
fu'il  douua  l'hospUalité  a  Icarius  et 


THE 


535 


Tyndarée,  et  que  plus  tard  ce  der- 
nier reçut  de  lui  la  main  de  Léda . 
— Thestius  se  confond  avec  ces  an- 
tiques fondateurs  d'empires  qui  sor  • 
tent  des  eaux ,  et ,  après  ^ine  courte 
apparition  terrestre  ,  se  replongent 
dans  les  eaux.  Le  fleuve  Achéloiis 
avait  porté  son  nom  ,  car  Thestius 
s'était  jeté  dans  ses  flots  5  et  l'on 
ajoute  que  cet  acte  de  désespoir  lui 
fut  inspiré  par  le  spectacle  inattendu, 
incroyable,  que  le  pakis  lui  offrit  au 
retour  d'un  voyage  a  Sicyone....  son 
fils  Calydon  dans  les  bras  de  sa  con- 
cubine favorite. 

THESTOR ,   fils  d'Idmon  et  de 
Laothoé,  ou  d'Apollon  et  d'Aglaïa, 
eutdeuxfils,  CalcnasetThéoclymène, 
deux  filles,  Leucippe  elThéonoé.  Un 
jour  des  pirates  ravissent  celle-ci  et 
la  vendent  a  Icare ,  roi  de  Carie. 
Désolé  de  la  perte  de  sa  fille,  Thes- 
tor  s'embarque,  poursuit  le  corsaire  5 
un  coupde  vent,  un  naufrage  le  jettent 
sur  les  côtes  de  Carie.  Le  roi  le  fait 
mettre  en  prison.. Leucippe  ,  qui  n'a 
plus  de  nouvelles  de  son  père ,  con- 
sulte l'oracle  ,   et  par  son  ordre  se 
déguise  en  jeune  prêtre  d'Apollon  , 
arrive  en  Carie,  inspire  un  vif  amour 
a  Théouoé  ,  se  refuse  a  l'expressiou 
de  sa  tendresse  5  Théonoélc  fait  char- 
ger de  chaînes  et  prononce  l'arrêt  de 
sa  mort.  Theslor  reçoit  le  glaive  de 
sa  main  pour  exécuter  ce  meurtre, 
et  s'écrie  ,  en  entrant  dans  la  prison 
qui   doit  être  le   tombeau  du  jeune 
prêtre  ,  qu'il  est  encore  plus  a  plain- 
dre ,  lui  qui  a  perdu  ses  deux  lille»  , 
Leucippe  et  Théonoé  5    et  dans  soa 
désespoir  il  va  se  tuer  lui-même.  Leu- 
cippe a  ces  mots  reconnaît  son  père, 
arrache  le  poignard  de  ses  mains,  et 
court ,  armée  de  l'acier  homicide  ,  à 
l'appartement  de  Théonoé  pour   lui 
ôter  la  vie.  Celle-ci  résiste  5  Leucippe 
appelle  a  grands  cris  Thestor  a  sou 


536 


THÉ 


secours.  «  Thestor  !  s'écrie  Théo- 
noé,  je  suis  sa  fille!  »  Icare,  informé 
de  cette  rencontre ,  renvoya  le  vieil- 
lard et  ses  deux  filles  dans  leur  pays. 
THÉTIS,  la  plus  belle  des  Néréi- 
des, fut  d'abord  recherchée  par  Apol- 
lon, par  Neptune,  par  Jupiter  5  mais 
un  vieil  oracle  de  Thémis  portail  que 
le  fils  de  Thélis  serait  plus  grand  que 
son  père,  et  tous  les  dieux  retirèrent 
les  uns  après  les  autres  leur  demande. 
11  ne  resta  d'amants  h  TJhélis  que  de 
simples  mortels.  Leroiphthiole  Pe- 
lée demanda  sa  main  avec  ardeur. 
Tbétis  prit  comme  Protée  diverses 
formes  pour  échapper  h  sa  recher- 
che; il  fallut  que  Péléc  la  vainquit, 
la  domtàt,  la  chargeât  de  chaînes, 
pour  Tamener  h  ce  mariage.  Les 
noces  eurent  lieu  sur  le  Péliou  ,  et 
tous  les  dieux  ,  sauf  la  Discorde  ,  y 
furent  invités  (  ^o^.  Eris).  C'est 
alors  que  celte  fatale  déiié  jeta  sur 
la  table  la  pomme  qui  portait  pour 
inscription  :  a  A  la  plus  belle.  »  — 
Thélis  fut  mère  d'Achille.  Quelques 
mythologues  disent  qu'avant  ce  cé- 
leste rejeton  elle  eut  six  enfants,  qui 
tous  périrent  lors  de  leur  naissance. 
On  se  rajjpelle  ici  Kansa  égorgeant 
les  sept  premiers  enfants  de  sa  sœur 
Dévaki  avant  de  mettre  au  monde 
Rrichna.  On  a  dit  aussi  que  cha- 
que fois  que  Thélis  devenait  mère, 
elle  plongeait  les  nouveau-nés  dans 
une  chaudière  bouillante,  ou  les  jetait 
dans  le  feu,  pour  éprouver  s'ils  étaient 
mortels.  Achille  seul  échappa,  encore 
fut-ce  grâce  a  son  père  qui  vint  le 
retirer  de  la  fournaise  ou  de  la  chau- 
dière; il  en  fut  quitte  pour  un  talon 
brûlé.  La  légende  la  plus  en  vogue 
montre  Thélis  plongeant  son  fils  dans 
les  eaux  du  Styx,  pour  le  rendre 
invulnérable.  Il  obtient  en  effet  cet 
heureux  privilège,  excepté  au  talon  ; 
car  c'est  par  là  que  le  tenait  sa  mère. 


THl 

Du  reste,  on  sait  qu'Achille  dans 
Homère  n'est  point  invulnérable. 
Dans  l'Iliade,  c'est  Thélis  qui  va  sup- 
plier Jupiter  de  venger  par  la  ruine 
des  Grecs  l'injure  faite  a  son  fils.Pa- 
Irocle  mort,  elle  va  demander  a  Vul- 
cain  des  armes  divines  pour  ce  fils 
chéri.  Plus  tard  elle  pleure  avec  les 
Néréides  sur  son  corps  ,  l'îispergdlÉlI 
d'ambrosie  et  le  transporte  aux  il^Hl 
Heureuses.  - —  Thélis  avait ,  selon  la 
légende  de  l'Iliade,  rendu  un  service 
essentiel  à  Jupiter  dans  une  occasion 
importante  :  ce  maître  des  dieux  s'at- 
tendait h  livrer  combat  aux  habitants 
de  rOlympe  ligués  contre  lui,  quand 
tout  à  coup  Egéon  le  Centimane  vint 
s'asseoir  avec  ses  cent  bras  ,  ses  cent 
mains  et  ses  cent  musculeux  poignets, 
sur  le  marche-pied  de  son  trône;  il 
intimida  tellement  les  autres  dieux ^^ 
qu'ils  n'osèrent  donner  le  signal 
l'attaque.  C'est  Thélis  qui  avait  e 
gagé  le  Centimane  a  se  rendre  au  cie 
Pcut-êlre  faudrait-il  en  faire  bonne 
à  l'oce'anide  Télhys.  Du  reste  noui 
nous  sommes  prononcés  sur  les  ra 
ports  que  Thélis  et  Achille  offre 
avec  Télhys  et  Achéloiis.  Thélis  avait 
h  Sparte  un  temple  célèbre  par  une 
statue  lalismanique  de  la  déesse. 

THEUADA  (les)  sont  dans  les 
croyances  siamoises  les  habitants  des 
neuf  sphères  supérieures  (  Souargas 
samskrits).  Ce  nom  semble  le  même 
que  Dévalas,  expressions  ge'nériques 
qui  prises  à  la  lettre  par  beaucoup  de 
myinologues  comprennent  les  Dévas, 
dieux  bons,  elles  Daitias,  dieux  mau- 
vais. 

THEUTATÈS.  V,  Teut. 

THIA,  ime  des  Titanides,  épousi 
Hypérion  et  en  eulHélios,  Sélènei 
Ilos  {Voy.  Hyppérion). 

THIAS,  dieu  phénicien  ou  babylo^ 
nien,  fut  père  de  Smyrne  et  commil 
un  inceste  avec  elle,  -—Le  mot  d'ia 


I 

m 


THI 

cesle  est  déplacé  ici.  On  sait  combien 
les  théogonies  orientales  sont  fécon- 
des en  pères-époux,  et  Smyrne  est  la 
même  que  Myrrha. 

TRIASSE,  géant  Scandinave,  père 
de  la  déesse  Skada. 

THIÇA,  déesse  Scandinave, femme 
de  Thor,  préside  aux  fonctions  judi- 
ciaires 5  on  la  nomme  aussi  Diça. 
Comp.  les  DiCEN,  présidant  aux  des- 
tinées buraaines. 

THINILLE  (Thinillus  ,  GjVa- 
A«f),  ouThenell,  2  5*dynaste  men- 
tionné sur  le  latercule  d'Eralosthène, 
serait  selon Gœrres le  troisième  Décan 
du  Taureau,  c'est-a-dire  Remboraare 
(Atarph  dé  Firmicus,  et  peut-être  Ra- 
manor  d'Origène).Un  coup-d'œilsur 
noire  tableau  des  concordances  entre 
la  liste  décauographique  et  celle  des 
rois  d'Eratostbène  fera  voir  auxquels 
d'enlre  eux  on  a  identifié  Thinille. 
Le  sens  du  nom  de  Thinille  (selon 
Eratoslhène  )  serait  celui-ci  :  Qui 
ajoute  à  la  puissance  de  son 
père. 

THIONE ,  mère  du  cinquième 
Bacchus  de  Cicéron,  est  selon  lui 
femme  de  INisus. — Thioné,  en  rap- 
portant ce  nom  au  culte  dionysiaque 
avec  l'élroilesse  d'esprit  commune  a 
tant  d'écrivains  systématiques,  de- 
vrait s'écrire  Thyoné  (fiua,  Thyades, 
etc.).  Pour  nous,  nous  n'y  voyons 
que  Dioné  (  A/ft)Kj ,  Ç)umyi)j  et  cette 
Dioné  est  la  de'esse  par  excellence. 
Quant  à  ]Nisas,  nous  sommes  trop 
familiarisés  avec  ce  nom  pour  nous  y 
arrêter.  De  Dia  et  de  Nisos  naît  Dio- 
nysos. 

THIOSIMARÉ  (dans  les  listes 
grecques  ©w«(r<(M«p^î,  d'où  l'orthogra- 
phe vulgaire  Thyosimares)  ,  vingt- 
quatrième  dynaste  du  latercule  d'Era- 
tosthènc,  tombe,  selon  Gœrres  {My- 
thengesch.,  t.  II),  avecMyrtée,  son 
prédécesseur^  et  Thinille,  son  succes- 


THI 


537 


seur,  dans  le  Taureau,  q«i  est  un  des 
domiciles  de  Yénus,  et  dont  il  deviejft 
le  second  Décan.  Dans  cette  hypo- 
thèse, le  Thiosimaié humain  n'estque 
l'Ero  de  Saumaise  (  Viroaso  de  Fir- 
micus, ou  Reinaor  d'Origène).  Com- 
parez le  tableau  annexé  à  l'art.  DÉ- 
CANs.' — ÎS.  B.  Eratoslhène  tradui- 
sait Thiosimaré  par^orf  soleil  (  p^. 
l'art.  Thinille). 

THISBÉ  (PYRAME  et)  appar- 
tiennent peut-être  plus  au  roman 
3u'à  la  mythologie.  Tous  deux  étaient 
e  Babylone  et  s'aimaient  de  l'a- 
mour le  plus  vif.  Leurs  familles,  di- 
visées par  des  haines  profondes,  se 
refusaient  h  les  unir  5  ils  prirent  alors 
la  résolution  de  s'enfuir,  et  ss  don- 
nèrent rendez -vous  sous  un  mûrier 
k  quelque  distance  de  la  ville.  Thisbé 
arriva  la  première  5  puis  tout-h-coup, 
entendant  rugir  un  lion ,  alla  se  ca- 
cher dans  une  retraite  écartée.  Le 
lion,  dont  la  gueule  béante  était  souil- 
lée de  sang,  broya,  lacéra,  ensan- 
glanta le  voile  laissé  par  Thisbé 
dans  sa  fuite.  Pyrame  arrire  :  à  la. 
vue  du  sanglant  trophée  qui  frappe 
ses  yeux,  et  des  vestiges  de  la  marche 
du  monstre  :  «  Thisbé  est  morte  !  » 
dit-il,  et  il  se  perce  de  son  poignard. 
Au  même  instant  Thisbé  ,  qui  s'est 
rassurée  par  degré  et  qui  n'entend 
plus  les  rugissements  du  lion,  revient 
et  ne  trouve  que  Pyrame  mourant  j 
k  peine  les  lèvres  pâles  de  son  amant 
murmurent  -  elles  un  faible  adieu. 
Thisbé,  après  de  vains  soins  prodigués 
kriuforlunéPyrame,  ramasse  le  glaive 
et  confond  son  dernier  soupir  avec  le 
sien.  Jusqu'alors,  ajoute  le  mythe  , 
les  mûres  avaient  été  blanches;  c'est 
depuis  ce  temps  que  leur  chair  est 
noire  et  leur  suc  couleur  de  sang.  -— 
Nous  reconnaissons  bien  ici  le  ton 
des  légendes  babyloniennes,  toujours 
brillantes,  coloriées,  toujours  parlant 


5$8 


TflO 


THO 


1 


defsang,  de  deuil  et  d'éblouissante 
l^ancheur.  Du  reste  le  blanc  n'est  pas 
exclusivement  remblèrae  du  bonbeur: 
souvent  il  indique  !e  feu  en  furie,  le 
rouge-blanc,  eu  un  mot  Tincandes- 
cence.  Hercule  tuant  Tenfant  de  Mé- 
gare  est  blanc  de  cbaleur  ,  est  blanc 
de  courroux.  —  Une  fille  du  dieu- 
fleuve  Âsope  donna  son  nom  k  la  ville 
de  Thisbé,  eu  Béotie. 

THISOA,  nymphe arcadienne  épo- 
nyme  d'un  bourg  voisiu  de  Parrbasie, 
figure  comme  nourrice  de  Jupiter  avec 
Hagno  et /Néda. 

THMEI,  déesse  égyptienne  qui, 
dans  la  planche  xxvi  du  Panthéon 
égyptien  de  ChampoUion  jeune,  est 
caractérisée  par  la  plume  d'autruche 
fixée  k  sa  coiffure  au  moyen  d'un  ri- 
che diadème,  et  qui  obombre  le  dieu 
Ré-Tmou  (réunion  mystique  de  Tmou 
et  de  Fré)  de  ses  ailes  étendues,  ri- 
chement bariolées  de  bleu  et  de  blanc. 
Le  nom  de  Thméi  signifiait  justice  ou 
vérité. 

THO,  une  des  formes  du  second 
démiurge  (Fia)  dans  la  religion  égyp- 
tienne, était  la  terre  personnifiée, 
et  cepeudaut  ne  passait  pas,  comme 
on  pourrait  le  présumer,  pour  une 
divinité  femelle  ;  au  contraire,  c'est 
le  mîde  par  excellence.  On  voit  ce 
dieu  apparaître  dans  la  cosmogo- 
nie après  les  opérations  démiurgiques 
de  Fta.  Knef  n'avait  produit  que 
l*œuf  du  monde  j  Fta,  l'organisateur, 
en  sortit,  et,  grâce  k  lui  ^  l'immense 
mélange  commença  k  être  moins  con- 
fus :  les  substances  légères,  les  fluides 
aériformes,  les  principes  ignés  et  im- 
pondérables s'elauçaient  k  de  hautes 
distances  dans  l'espace  ;  les  eaux  et  la 
terre  restèrent  en  bas,  et  bientôt  on 
distingua  Tho,  la  terre,  de  Potiri, 
le  ciel.  Tlio  n'est  qu'une  forme  de 
Fta  lui-même,  qui,  comme  tel,  porte 
le  scarabée  ^  symbole  du  monde  et 


de  Callicopis  que  séduisit  Bac- 
cnus,  qui  pour  adoucir  sou  courroux 


emblème  constant  de  la  génération. 
Comp.  ,  entre  autres,  un  magnifique 
Canope  en  basalte  vert  de  la  villa  Al- 
bani  ,  figuré  dans  Winckelmanu  , 
Hiiit.  de  /'â!rf,t.I,pl.  iS.Latêteet 
les  pattes  de  l'insecte  soutiennent  un 
globe  sacré  (le  monde)  flanqué  de 
deux  ourées.  On  dit  aussi  Thoré  on 
Tore  au  lieu  de  Tho. 

THO  AS  :  1°  père  d'Adonis  et  do 
Myrrha  ;  2°  roi  de  l'île  de  Lemnos  , 

f'  )0UX 
ms, 
lui  apprit  a  faire  du  vin  et  même  lui 
douua  les  royaumes  de  Cypre  et  de 
Biblos  :  père  d'Hypsipyle,  Tboas  fut 
seul  sauvé  par  elle  du  massacre  des 
hommes,  mais  il  fut  obligé  de  quit- 
ter Lemnos,  et  alla  retrouver  un  au- 
tre royaume  dans  Chioj  3"  roi  de  la 
Chersonèse  Taurique,  contemporain 
d'Iphigénie,  et  auteur  de  cette  loi 
qui  condamnait  k  être  immolé  aux 
pieds  des  autels  tout  étranger  que  la 
tempête  porterait  sur  les  côtes}  ^^ 
fils  d'Icarius}  5°  fils  de  Jason  et 
d'Hypsipyle  j  6"  fils  d'Ornithion  et 
petit-fils  de  Sisyphe 5  7°  fils  au  roi 
calydonien  Andrémon,  et  chef  dea 
bandes  éloliennes  qui  vinrent  a  Troie-, 
portées  sur  quarante  vaisseaux  (Vir- 
gile le  fait  entrer  dans  le  cheval  de 
bois);  8°  Troyen  tué  par  Ménélas; 
9°  chef  troyen  tué  en  Italie ,  k 
suite  d'Enée. 

THOCINE,  Thochus,  fondateur 
de  Thocnle  et  un  des  cinquante  Ly- 
caonides. 

THOÉ  :  1°  Océanide,  2°  Araa 
zone. — Ce  nom  veut  dire  agile. 

THOK,  magicienne  Scandinave  qui, 
seule  au  monde  ,   refusa  de  pleurer 
Balder ,  le  plus  beau  des  Ases,  et  em 
pécha  ainsi  sa  résurrection ,  est  une* 
incarnation  de  Loke. 

THOLAD  et  THOLATH.  Foy, 

ACHTORET,  LUI,  45. 


M 


THO 

THOMIS  ou  TOMI,  deuxième 
suivant  des  trois  décans  de  la  Vierge 
dans  le  zodiaque  rectangulaire  de 
Tentjra ,  est  représenté  avec  des 
eornes  de  bouc  que  surmonte  un 
disque  :  le  seeplre  à  tète  de  cou- 
coupha  est  dans  sa  main  gauche  j 
trois  étoiles  autour  de  sa  tcte  indi- 
quent en  lui  un  personnage  sidérique. 
11  suit  immédiatement  un  autre  per- 
sonnage de  même  classe  ,  que  la  lé- 
gende hiéroglyphique  voisine  nomme 
ïopit.  Comp.  Decans. 

THOINI  ou  THON,  peut-être  nom 
de  Fta.  Une  ville  de  l'Egypte  infé- 
rieure s'appelait  Thoni,  et  l'Odyssée 
(IV,  227)  y  place  un  roi  Thonis 
(p^.  ce  nom)  et  une  reine  Polydamna 
qui  instruisit  Hélène  à  exprimer  et  a 
préparer  le  suc  des  plantes.  Creuzer 
{Syniè.  u.  Myth.)y  en  soupçonnant 
que  Thon  ou  Thoni  est  la  vraie  racine 
du  mot  Tilhon,  en  conclut  que  dans 
la  haute  doctrine  égyptienne  Tithon 
et  Memnon  auraient  été  les  protec- 
teurs suprêmes  de  l'Egypte. 

THONIS,  Pharaon  (ou  gouver- 
neur d'Egvpte),  suivant  les  uns  livra 
ce  pays  a  Paris 5  suivant  les  autre^  re- 
tint Hélène  fugitive  sur  sa  terre,  ren- 
voya Pài  is  en  Troade  ,  et  rendit  la 
reine  de  Sparte  h  sou  époux  quelque 
vingt  ans  après  {t^oy.  Hélisme). 

THONIUS,  Centaure,  fils  d'Ixiou 
et  de  la  Nue. 

THOON  :  1°  le  même  que  Thonisj 
a°  géant  tué  dans  la  Giganlomachie, 
ce  que  les  poètes  exprimèrent  en  di- 
sant que  les  Parques  l'assommèrent 
de  leurs  massues  de  fer;  3°  fils  de 
Phénops  et  frère  de  Xanthe  (et  com- 
me lui  victime  du  bras  de  Diomède)j 
4-°  Troyen  tué  par  Ulysse. 

THOOSA ,  nymphe  aimée  de  Nep- 
tune, en  eut  Polyphème.  Ou  la  donne 
comme  fille  de  Phorcys. 

THOR  (autrement   Asa-Teob, 


THO  539 

VAse-Thor,  etÀKE-THOR,  VAigte- 
Thor ^  célèbre  dieu  Scandinave,  fils 
aîné  d'Odin  et  de  Frigga,  préside  à 
l'air  ,  aux  saisons ,  aux  variations  de 
la  température,  aux  orages.  C'est  lui 
qui  lance  la  foudre.  Protecteur  des 
hommes  dont  il  écarte  les  mauvais 
génies  et  les  géants,  il  a  souvent  k 
déjouer  des  prestiges,  des  pièges  ,  a 
surmonter  de  rudes  épreuves.  II  li- 
vre de  temps  a  autre  des  combats  k 
toute  outrance  au  grand  serpent  lor- 
gourmandour  et  le  terrasse  ,  mais  il 
ne  le  tuera  qu'au  jour  de  la  des- 
truction dn  monde.  Lui-même,  immé- 
diatement après  ce  triomphe,  tombera 
et  rendra  le  dernier  soupir  ,  asphyxié 
par  les  flots  de  poison  que  vomira  le 
reptile  h  l'agonie.  Ses  deux  fils,  Mod 
et  Magouf*,  lui  survivront,  et^  après  la 
rénovation  du  monde  qu'aura  détruit 
le  feu,  habiteront  de  nouveau  les  plai- 
nes d'Ida.  —  Le  Tarauis  des  Celtes 
est-il  le  même  que  Thor  .^  On  l'ignore. 
Dans  tous  les  cas  ,  il  est  certain  que 
Thor  ne  peut  être  comparé  a  Jupiter. 
Il  n'a  d'analogue  dans  la  mythologie 
romaine  et  grecque  qu'Hercule-Mars, 
et  même  Hercule-Mars  Astrochyton 
(k  tunique  étoilée).  En  eflel,  on  le 
représentait  souvent  la  tète  couronnée 
d'étoiles.  De  neuf  en  neuf  ans  on  lui 
sacrifiait  en  janvier  quelques  hommes, 
quelques  chevaux ,  quelques  chiens  et 

Quelques  coqs.  Cette  espèce  de  qua- 
ruple  hécatombe  fut,  dit-on,  abolie 
de  bonne  heure,  et  il  ne  resta  de  la 
fête  que  les  réjouissances  et  de  larges 
festins  (le  nom  de  la  fête  était  loul, 
et  son  époque  normale  le  solstice 
d'hiver).  Thor  habite  Troudouangour 
(asile  contre  la  terreur),  et  a  dans 
cette  région  un  palais  composé  de 
5iio  salles;  il  est  porté  sur  un  char 
que  traînent  deux  boucs.  Des  gants 
de  fer  couvrent  ses  mains  5  il  est  arme' 
de  la  massue  lolner,  qui  brise  les 


54o 


THO 


têtes  des  géants ,  et  qui  revient  d'elle- 
même  au  bras  qui  Ta  lancée  j  et  le 
laudrier  de  vaillance,  eu  ceignant  ses 
flancs  osseux  et  souples,  augmente  ses 
forces  de  moitié. 

THORAMIS,  grand  dieu  des  ha- 
bitants de  la  Bretagne  (Grande-Bre- 
tagne actuelle),  a  été  comparé  au  Ju- 
piter des  anciens. 

THORNAX,  ©o'fyal,  héroïne  épo- 
nyme  du  mont  Thornax  (tn  Argo- 
lide),  appelé  depuis  Coccygie  (en 
mémoire  de  la  métamorphose  de  Ju- 
piter en  coucou),  était  la  femme  de 
Japet  et  la  mère  de  Buphage. 

ÏHORNGARDSOUK,  héros 
groenlandais,  préside  aux  tempêtes 
et  aux  frimas,  et  pourtant  n'est  pas 
regardé  par  ces  peuples  habitués  au 
froid  comme  un  être  de  mauvais  au- 
gure. Il  apparaît  souvent  sous  les 
formes  de  l'ours  blanc  et  de  la  baleine. 
Lorsqu'il  conserve  la  forme  humaine 
il  porte  k  la  main  une  massue  de  fer. 

THORROIN ,  dieu  des  Scandina- 
ves, avait,  dit-on  ,  régué  dans  la  Go- 
ihle  et  la  Finlande,  et  institué  en 
l'honneur  des  dieux  une  fête  dans  la- 

Î[uelle  on  sacri6ait  une  génisse.  Cette 
êtc,  qui  revenait  en  janvier,  subsista 
jusqu'à  rétablissement  du  christianis- 
me, et  Thorron  fut  associé  par  la  vé- 
nération des  peuples  aux  dieux  qu'il 
avait  recommandés  aux  hommages 
des  peuples  du  jVord.  Un  mois  islan- 
dais porte  encore  aujourd'hui  le  nom 
de  Thorron. 

THOTH  (ou  ÏOTH  sans  aspira- 
tion initiale),  assez  souvent  Thoyth, 
Thouth,  Theut  ,  est  un  dieu  égyp- 
tien que  les  Grecs  appelèrent  Her- 
mÎîs  (car  il  nous  semble  peu  probable 
que  ce  dernier  nom  soit  d'origine 
égyptienne).  Il  semble  difficile  de  se 
faire  de  Thoth  une  idée  précise,  tant 
a  cause  de  la  mulliplicilé  de  ses  carac- 
tères ,  qu'à  cause  du  peu  de  coufor- 


THO 

mité  des  traditions.  Toutefois,  non 
croyons  que  l'analyse  philosophique 
de  ses  caractères  suffit  pour  faire  éva* 
nouir  la  plus  grande  partie  des  dilG- 
cultés.  Nous  avons  déjà  trouvé  le  nom 
d'Hermès  dans  plusieurs  légendes. 
Ainsi  dans  l'histoire  d'Osiris,  lorsque 
ce  roi  législateur  part  pour  des  con- 
quêtes lointaines,  on  voit  Hermès  reMH 
ter  en  Egypte  auprès  d'Isis  en  qX'ililfll 
de  conseiller,  et  l'aider  de  ses  avis, 
soit  pour  l'administration  du  royaume, 
soit  pour  étoulfer  la  révoltede  Typhon. 
Il  est  l'àmc  de  cette  régence  donlHer- 
cule  (suivant  les  mêmes  mythes)  est  le 
bras.  Quelquefois  Isis  est  présentée 
comme  son  élève.  Une  colonne  hié- 
roglyphique de  ]\ysa  en  Arabie  fait 
dire  k  la  déesse  :  «  Je  suis  Isis,  la 
reine  de  ce  pays,  instruite  par  Her- 
mès 5  les  lois  que  j'ai  données, 
ne  saurait  les  abolir,  etc.  »  Plu| 
tard  encore ,  c'est  Hermès  qui  donn( 
k  Isis,  en  remplacement  de  la  coi 
ronnc  que  lui  a  ravie  Haroéri,  deui 
cornes  de  biche.  D'autre  part,  Heri 
mes  nous  est  présenté  comme  un  pei 
sounage  divin  totalement  au-dessu 
des  formes  humaines  :  nous  le  voyonv 
en  rapport  avec  Rhéa  (IXelté),  Hé- 
lios  (le  soleil),  et  Crone.  Ce  dernier 
entretenait  une  liaison  criminelle  avec 
l'épouse  du  Soleil  :  le  dieu  instruit  de 
l'infidélité  de  Rhéa  la  niaudil,  et  pro- 
clame que  nulle  année,  nul  mois  ne  la 
verra  accoucher  du  Iruit  qu'elle  porte 
dans  son  sein.  Rival  de  l'époux  et  de 
l'amant,  Hermès  épargne  a  Rhéa  les 
suites  fatales  de  celte  malédiction:  il 
joue  aux  dés  avec  la  Lune,  et,  con- 
stamment heureux, lui  gagnela  soixan- 
te-douzième partie  de  chaque  jour  d« 
l'année,  qui  jusqu'alors  n'en  avait  e| 
que  trois  cent  soixante,  et  de  ces  troi| 
cent  soixante  soixante-douzièmes 
forme  cinq  jours  qui,  a  proprcmei 
parler,  sont  hors  de  l'année ,  et  doal 


m- 

1 


THO 

l'ensemble  trop  court  ne  peut  former 
un  mois.  C'est  pendant  ces  cinq  jours 

Sue  Rhéa  se  délitre  successivement 
'Osiris ,  d'Isis ,  d'Haroéri ,  de  Ty- 
phon, de  INefté  {F'oy.  Plutarque, 
Jsis  et  Osir.).  De  ces  deux  tradi- 
tions ,  l'une  fait  en  quelque  sorte 
d'Hermèsun  personnage  semi-liumain, 
contemporain  et  coadjuteur  de  la  fa- 
mille osiridique;  l'autre  lui  assigne 
un  rôle  plus  bas  et  une  existence  plus 
ancienne  :  il  se  trouve  mêlé  à  des 
dieux  du  premier  et  du  second  rang, 
Rhéa  (Neflé),  le  Soleil  (Fré),  Cro- 
ne  (Remfa),  la  Lune  (Pooh).  Quel- 
ques traits  conservés  par  Eusèbe 
(Prép.  év.),  d'après  Sanchouiaton , 
semblent  préparer  la  fusion  des  deux 
systèmes.  Ainsi  Hermès  est  le  conseil- 
ler et  le  ministre  de  Crone  :  c'est  lui 
qui  le  décide  h  prendre  les  armes  con- 
tre ses  ennemis  ,  et  qui  par  une  ha- 
rangue éloquente  rassemble  un  nom- 
bre considérable  d'amis  autour  de  lui. 
Crone  le  récompense  en  lui  conférant 
l'autorité  royale  en  Egypte.  Des  tra- 
ditions plus  circonstanciées  lui  attri- 
buaient l'invention  de  l'écriture  alpha- 
bétiiiue,  delà  grammaire,  de  l'astro- 
nomie, des  mathématiques,  des  pério- 
des du  temps,  de  la  géographie,  de  la 
musique,  du  commerce,  de  la  lyre, 
des  monnaies.  C'est  Hermès  qui  avait 
donné  les  lois  a  l'Egypte  ,  c'est  Her- 
mès qui  avait  poli  le  langage  informe 
et  grossier  dos  premiers  habitants  de 
cette  terre  sacrée 5  c'est  Hermès  qui 
avait  institué  les  castes ,  et  qui  avait 
réglé  la  hiérarchie  sacerdotale  :  Her- 
mès était  le  prototype  et  le  modèle 
des  prêtres,  comme  Osiris  celui  du 
roi.  En  continuant  sur  de  telles  don- 
nées, on  arriva  à  mettre  sur  le  compte 
d'Hermès  l'invention  et  le  perfection- 
nement de  toutes  les  sciences  j  puis  a 
proclamer  qu'Hermès  avait  écrit  les 
livresdont,  plus  tard,  on  ne  manqua 


THO 


54r 


pas  de  donner  les  titres ,  et  que  les 
faussaires  du  3^  et  du  4."  siècle  com- 
posèrent de  toutes  pièces,  et  colpor- 
tèrent comme  ouvrages  émanés  de  la 
plume  d'Hermès.  De  là  le  nombre 
immense  des  livres  hermétiques  men- 
tionnés par  l'antiquité.  De  la  aussi, 
puisque  tant  d'inventions  et  tant  d'é- 
crits ne  pouvaient  être  rapportés  à 
un  seul  homme  ,  les  hypothèses  gra- 
vement ridicules  des  modernes  anti- 
allégoristes  sur  la  pluralité  des  Her- 
mès. Selon  St-Clément  d'Alexandrie 
les  livres  attribués  à  Hermès  par  les 
Egyptiens  mêmes  étaient  au  nombrede 
quarante-deux.  Probablement  ils  n'é- 
taient jamais  livrés  aux  profanes.  Les 
prêtres  seuls  avaient  le  droit  d'y  lire, 
et  d'y  apprendre  les  principes  des 
sciences.  De  ces  quarante-deux  livres, 
trente-six  étaient  censés  contenir  la 
philosophie  5  les  six  derniers  étaient 
relatifs  à  la  médecine.  Quoique  nous 
n'ayions  pas  l'indication  précise  des 
titres  de  chacun  des  trente-six  livres 
philosophiques,  nous  les  voyons  se  di- 
diviser  dans  St-Clément  en  quatre 
groupes  assez  nettement  marqués.  Ce 
«ont  :  1°  quatre  livres  d'astrologie 
(ordonnance  des  étoiles  fixes,  conjonc- 
tions et  illuminations  du  soleil  et  de  la 
lune,  enfin  levers  des  astres,  c'est-k- 
dire  très-probablement  tables  para- 
natellontiques)j  2°  douze  livres  sur 
l'hiéroglyphique,  la  cosmographie,  la 
géographie,  la  marche  du  soleil  et  de 
la  lune  et  des  cinq  planètes,  la  cho- 
rographie  de  l'Egypte,  la  description 
du  ]Nil ,  les  cérémonies  religieuses 
avec  les  lieux  qui  leur  sont  consacrés, 
la  mesure  et  la  nature  de  tous  les  ob- 
jets employés  dans  les  sacrifices  j 
3°  dix  livres  où  il  était  traité  des 
honneurs  que  l'on  doit  aux  dieux  et 
de  la  dévotion  égyptienne  (comme  sa- 
crifices, prémices,  hymnes,  prières, 
processions,  fêtes,  etc.),  et  peut-être 


54t 


THO 


aussi  de  tout  ce  qui  concernait  la 
nooscbosphragislique,  c'est-à-dire  Vé~ 
ducatioa  et  Tart  de  préparer  et  de 
5celler  les  victimes  (t«  ftoa-x^ta-cppx- 
yta-nKtt  :  comp.  Chérémoa  dans 
Porphyre,  Abslin.^  IV,  7  de  l'édit. 
Rliœr.);  4"  dix  livres  sacerdotaux 
proprement  dits ,  qui  traitaient  des 
rois,  des  dieux  et  de  toute  la  doctrine 
du  sacerdoce.  Les  six  livres  qui  for- 
maient la  section  médicinale,  et  dont 
l'élude  était  enjointe  aux  pastophores, 
traitaient  de  la  structure  du  corps, 
des  maladies,  des  instruments  chirur- 
gicaux, des  remèdes,  des  yeux  et 
surtout  de  leurs  affections,  enfin  des 
incommodités  particulières  aux  fem- 
mes. Toutefois,  les  termes  dont  nse 
Si  -  Clément  semblent  indiquer  un 
nombre  d'ouvrages  plus  considérable  j 
et  en  effet  les  anciens  citent  plus  de 
q^iarante-dcux  livres  hermétiques.  On 
voit  même  des  éciivains  les  porter  à 
vingt  mille  (Prichard  ,  Analys.  of 
AEgypt.  myth.,  p.  6  et  suivantes^ 
Gœrrfls,  Mythtngesch.,  t.  H,  p, 
340  et  suiv.  )5  de  là  le  nombre  mysti- 
que ou  allégorique  de  trente-six  mille 
ou  trente-six  mille  cinq  cents,  sur 
lequel  nous  reviendrons  plus  tard , 
mais  que  dès  à  présent  nous  pouvons 
signaler  comme  n'étant  pas  relatif  à 
ses  ouvrages  véritables.  Quelque  opi- 
nion que  nous  nous  fassions  sur  ces 
livres  ,  un  fait  saillant  domine  toutes 
les  autres  circonstances,  c'est  le  rôle 
d'Hermès  comme  compilateur  reli- 
gieux et  scientifique  par  excellence. 
Auteur  ou  non  des  premiers  ouvrages 
qui  portent  sou  nom,  il  estsi  bien  iden- 
tifié par  les  croyances  égyptiennes  k 
ces  ouvrages ,  que  ceux  qui  viennent 
ensuite, et  qui  en  sont  ouïe  commen- 
taire ou  la  continuation,  sont  censés 
émaner  de  lui.  Toute  littérature  , 
toute  science,  tout  code  écrit,  en  d'au- 
tres termes  foule   législation ,  toute 


THO 

philosophie,   toute   organisation  de' 
rites  religieux  ,  vieifltd'Hermès ,  esti 
écrite  par  Hermès.  ^Les  traits  épars  do<>{ 
la  légende  osiridique  n'infirment  point] 
la  conclusion  précédente.  Si  là  Hermès 
n'est  plus  le  scribe  sacré  et  l'homme 
de  la  science ,  il  est  encore  le  législa- 
teur d,  s  peuples  ,  l'instituteur  d'Isis.^ 
Là,  comme  dans  la  rédaction  des  li- 
vres saints,  c'est  l'intelligence  se  ma- 
nifestant par  des  actes;  naguère  elle 
se  manifestait  par  des  écrits.  Ce  sont 
deux  formes  diverses,  mais  parallèles 
de     l'intelligence.    Ainsi  un    simple 
coup-d'reil  jeté  sur  quelques  points 
de  la  tradition   nous  fait  arriver   à 
soupçonner  que   Thoth  ou    Hermès 
n'est  autre  chose  que  la  sagesse,  l'iu'' 
telligence.    Il   nous   reste   à  vérifier 
ce   soupçon ,   a  déterminer  le  carac- 
tère de  celle  personnalisation  spiri- 
tuelle, et  à  la  distinguer  des  personna- 
lisations du  même  genre  5  par  exem- 
ple ,  de  Neith ,  celte  fille-épouse  de 
Knef,  assimilée  par  les  anciens  à  Mi- 
nerve.   Sur  le   premier  point  il   ne 
peut  exister   d'mcerlifude.  Evidem- 
ment Hermès  remonte  à  une  antiquité 
si  hante,  qu'il  faut  renoncer  à  le  pla- 
cer dans  les  temps  historiques,  et  mê- 
me parmi  les  êtres  humains.  D'autre 
f)art,  c'est  bien  l'écriture  avec  toutes 
es  connaissances  d«nl  elle  est  le  vé- 
hicule qui  forme  son  attribut  et  sa 
fonction  caractéristiques.  Suivant  les 
fragments  de  Manélhon  dans  le  Syn- 
celle,  Thoth,  le  premier  Hermès, 
avait  inscrit,  avant  le  cataclysme,  sur 
des  stèles  ou  colonnes,  en  hiérogly- 
phes et  en  langue  sacrée,  les  principes 
des  connaissances.  Après  le  cataclys- 
me ,  ces  premiers  livres  sacrés  furent 
traduits  en  écriture  hiéroglyphique  et 
en  langue  vulgaire  par  le  fils  d'Aga- 
thodémon,  le  second  Hermès,   père 
de  Tat.  Tholh  ,  deux  fois  grand ,  in- 
carnalion  d'Hermès Trismégiste  (trois 


THO 

fois  grand),  fol  le  conseiller  de  la  dy- 
nastie osiridique  sur  la  terre  ,  donna 
des  noms  à  tous  les  objets,  et  par 
conséquent  fut  l'inventeur  du  langage 
articulé,  enfin  initia  l'espèce  humaine 
aux  arts,  a  la  religion,  etc.  Pour 
!Neith-pensée  ,  elle  se  distingue  de 
Thoth ,  1°  en  ce  qu'elle  n'est  pas 
simplement  intelligence  (  tiovs  ou 
Aôyos) ,  mais  intelligence-volilion- 
énergiej  2"  en  ce  que  l'on  reconnaît 
en  elle  les  traces  d'émanation  et 
d'intelligence.  Un  dieu  l'accompagne 
pour  accomplir  ce  qu'elle  projette, 
ce  qu'elle  veut,  ce  qu'elle  l'excite  à 
faire  :  un  dieu  fut  avant  elle,  et  lui 
a  donné  naissance  j  un  autre  dieu  la 
suivra,  continuera  la  série  des  éma- 
nations divines,  et  concourra  a  la 
réalisation  des  œuvres  de  Neith.  Il 
n'en  est  pas  ainsi  de  Thoth.  Il  sem- 
ble se  suffire  complètement  à  Ini- 
mêrae  j  ce  que  Tholh  Trismégiste  dé- 
crète et  commence,  Thoth  Dismégiste 
l'accomplit:  Thoth  ne  s'émane  qu'en 
Thoth  ,  n'a  de  prédécesseur  que 
Thoth,  de  successeur  que  Thoth. 
Cependant  n'imaginons  point  avec 
plusieurs  modernes  qu'on  ait  expli- 
citement admis  trois  ou  quatre 
Thoth.  Il  n'y  en  a  eu  que  deux,  le 
supérieur  et  l'inférieur  ,  et  a  priori 
le  même  est  tonr-à-lour  supérieur  ou 
inférieur,  selon  que  celui  à  qui  on  le 
compare  joue  un  rôle  plus  haut  ou 
plus  bas.  Les  spiritualistes  égyp- 
tien», an  dire  du  moins  de  l'école 
Beoptatonicienne ,  concevaient  l'es- 
sence suprême  1°  comme  intelligence 
subsistant  par  elle-même,  irrévélée 
et  non  encore  démiurgique;  z°  com- 
me intelligence  démiurgique ,  supé- 
rieure et  antérieure  au  monde  (idées 
prototypes)  5  3°  comme  intelligence 
contemporaine  du  monde  bloc  uni- 
que (rà  îT«v),  en  d'autres  termes, 
eomme  intelligence  indivise  et  âme 


THO 


Ô43 


du  monde;  4°  comme  intelligence 
divisée  dans  tous  les  membres  du 
grand  tout,  et  les  dotant  chacun 
d'un  moi,  d'une  individualité  propre. 
Supposons  ici  que  cette  intelligence 
soit  Thoth,  nous  verrions  successive- 
ment se  dérouler  k  nos  regards  un 
Thoth  l"  irrévélé  et  Tholh  II  se  ré- 
vélant en  idées  prototypes  ;  puis  un 
Thoth  I"  démiurge  préformateur  à 
idées  prototypes,  et  Thoth  II  àme 
du  monde  j  enfin  un  Thoth  F'  âme 
du  monde,  et  Tholh  II  âne  divisée 
de  chaque  partie  du  monde.  Là, 
Tholh  II  se  scinde  encore,-  et  le  diea 
qui  soupçonne  les  sciences,  et  en  jette 
les  premiers  éléments,  est  Tholh  F"", 
tandis  que  le  nom  de  Thoth  II  n'est 
plus  donné  qu'à  celui  qui  perfectionne. 
L'image  de  Thoth  I  et  II  se  trouve 
à  chaque  instant  sur  les  monuments. 
Celle  de  Thoth  Trismégiste  se  distin- 
gue par  la  tête  d'épervier  (Champol- 
lion  jeune.  Panth.  égypt.,  pi.  XV, 
XV  <2,  XV  b).  Son  emblème  le  plus 
vénéré  était  le  disque  rouge  on  vert 
ailé  investi  de  deux  ourées  ,  consa- 
cré souvent  k  Icton  et  k  Araoun- 
Knoufi  {Desc.  de  l'Eg.,  t.  III,  pi. 
XXXVI,  5).  Là  encore  se  reconnais- 
sent les  éléments  caractéristiques  de 
déités  suprêmes  :  le  disque  rouge  rap- 
pelle Fré;  les  ailes  sont  celles  de  l'é- 
pervier  dédié  aux  grands  dieux;  les 
ourées  appartiennent  aux  dieux-rois. 
Au  lieu  de  la  tête  de  l'épervier, 
Thoth  II  ou  Thôouti  ne  porte  que 
celles  de  l'homme,  du  cynocéphale  et 
de  l'ibis.  Celle  de  l'homme  y  est 
moins  fréquente  ;  on  en  reconnaît 
une  dans  la  galerie  du  temple  de 
l'ouest  k  Philes  (pi.  XXII ,  2  du  t.  I 
de  la  Desc.  de  l'Eg.).  La  tête  d'i-' 
bis  semble  surtout  appartenir  au 
Thôouti  civilisateur;  celle  du  cyno- 
céphale au  Thôouti  en  rapport  avec 
la  lune.  Toutefois  ces  rapprochements 


5A4  THO 

souffrent  de   l'exception.  L'atlilude 
la  plus  ordinaire  de  Tbolh  II  con- 
siste a  marquer  l'année  de  la  période 
panégyrique  sur  le  sceptre  dentelé  au- 
quel d'ordinaire  est  suspendu  le  carac- 
tère symboliciue  des  panégyries  (Voy. 
Desc.  de  L  Eg.,  1. 1,  pi.  XXIII ,  i , 
XXII,  2).   Quelquefois  il  est  repré- 
senté par  le  cynocéphale  même  :  tel 
est  celui  de  la  pi.  XXX  f.  du  Panlh. 
ég.  ,  tiré  des  sculptures  d'Edfou  et 
gravé  pour  la  première  fois  dans  la 
Desc.  de  l'Eg.  j  le  même  ouvrage 
(t.  I,  pi.  XIII,  3)  en  présente  un  au- 
tre qui,  assis  et  dans  uneattitude  très- 
expressive,  inscrit  à  l'aide  du  stylet 
des  Ctiractères  sur  des  tablettes  qu'il 
tient  a  la  main.  Du  reste  on  rencon- 
tre par  centaines  des  Tholh  cynocé- 
phales en  bronze  ,   en    pierre  et  en 
terre  émaillée,  dans  les  ruines  égyp- 
tiennes et  dans  les  hypogées.  L'image 
d'Ooh-Thôouti [Panth.  égypt.^T^\. 
XXX  g)  ci-dessus  mentionnée  joiut  a 
la  tête  d'ibis  le  disque  avec  l'amphi- 
cyrte  lunaire  (^oj'.  Pooh).  Comme 
tel,  le  dieu  dut  être  porté  dans  une 
même   bari  ou    barque  sacrée    avec 
Pooh;  et  en  effet ,  la  pi.  XIV  g  de 
Chaœpollion  jeune  en  présente  une 
qui  est  dédiée,  dit  la  légende,    a 
loh-Tliôouti.  Dans  l'Amenti ,  Tholh 
II  semble  affectionner  plutôt  la  tête 
de  l'ibis  noir  (Heiriz  des  Arabes)  que 
celle  de  l'ibis  blanc.  Assez  souvent  il 
se  tient  devant  la  balance   terrible 
dans  laquelle  Osiris  s'apprête  h  pe- 
ser les  âmes.  Sa  maiu  gauche  porte  la 
tablette  rectangulaire  dans   laquelle 
on  a  reconnu  la  palette  des  Egyp- 
tiens 5  le  pinceau  qu'il  tient  de  l'autre, 
la  palette  et  un  vase  dans  lequel  le 
scribe  infernal  ou  puise  de  l'encre  ou 
délaie  les  couleurs,  forment  par  leur 
ensemble  le  groupe  hiéroglyphique 
tropique  qui  exprime  les  idées  écrire, 
écriture.  Charopollioa  a  reconnu  de 


THO 

plus  que  le  signe  inscrit  par  Thotl 

Ssychoporape  sur  la  palette  était  un| 
es  hiéroglyphesqui  reviennent  k  l'S  j 
mais  jusqu'ici  il  n'a  point  tenté  d'exi 
pliquer  le  sens  de  celte  initiale.  OaJ 
peut  remarquer  que,  dans  les  lon-J 
gués   scènes   funéraires ,  Tholh    sel 
trouve  perpétuellement  avec  Anbo,ef 
en  conséquer-'e  distinct  de  lui.  Cettel 
ciiconslance,  tout  en  démontrant  vic- 
torieusement que  les  deux  dieux  dif- 
fèrent, ne  prouve  pas  que  le   second 
n'est  point  une  émanation  directe.  On 
voit  dans  le  sacre  d'un  Lagide  {Desc. 
de  l'Eg.,  t.  I,  pi.  X,  2)  les  deux 
Tholh  se  réunir  pour  épancher  sur  la 
chevelure  royale   l'eau  divine  qui  la 
consacre;  et  quand  la  têle  d'épervier 
d'un  côté,  celle  de  l'Abouhannes  de 
l'autre,  ne  mettraient  pas  sur  la  voioj 
de  l'explication  véritable,  les  légendes 
hiéroglyphiques  (Tholh  ,  dieu  grand, 
seigneur  suprême  ,  pour  l'hiéracocé- 
phale;  Thôout,  seigneur  des  divinei 
écritures,  pour  l'ibiocéphale)nepour'i 
raient  laisser  lemoindredoute.TholM 
ayant  été  aux  yeux  des  Egyptiens  lel 
prêtre-modèle,  nous  ne  pouvons  ter- 
miner cet  article  sans  dire  quelque! 
mots  de  l'organisation  et  du  rang  d( 
la  caste   sacerdotale.    En    Egypte 
comme  encore  de  nos  jours  aux  Indesi 
la  répartition  de  la  population  en  casi 
tes  était  l'institution  fondamentale 
Les  prêtres  qui  l'avaient  fondée  ,  ej 
qui,  la  présentant  comme  l'œuvre  clâ 
Tholh  ,  aspiraient  k  la  rendre   éterj 
nelle  ,    n'avaient  pu  manquer  de  s'f 
attribuer  la  première  place.  Les  guew 
riers,  divisés  en  deux  tribus  (lesHer| 
raotybicns    et  les  Calasyriens),   le| 
cullivaleurs  ,  artisans  et  marchands^ 
les  mariniers  ou  bateliers,  les  pasteurs 
tous  étaient  au-dessous  des  chefs 
la  caste  sacerdotale  ,  a  laquelle  il  n^ 
manquait  que  la  royauté  ;  encore  estf 
il  certain  qu'a  une  époque  reculée' 


THO 

plusieurs  des  royaumes  partiels  que 
contenait  l'Egypte  avaient  été  régis 
par  des  membres  de  cette  caste.  Plus 
tard  celle  des  guerriers  s'empara  du 
pouvoir;  mais  alors  même  les  minis- 
tres du  ciel,  dépossédés  de  la  puissance 
temporelle,  eurent  l'art  d'établir  que 
le  prince,  par  le  fait  seul  de  son  avè- 
nement, faisait  partie  de  leur  corps. 
Par-lk  le  nouveau  souverain  entrait 
avec  eux  en  communauté  de  privilè- 
ges et  de  devoirs.  De  la  sans  doute 
l'initiation  solennelle  des  rois  et  le 
sacre  ;  de  la  ces  qualifications  pom- 
peuses et  dévotes  de  fils  d'Amoun , 
d'aimé  d'Osiris,  d'enfant  de  Fré,  et 
mille  autres  que  les  Ptolémées  et  les 
autocrates  romains,  non  moins  que  les 
antiques  Pharaons,  prennent  officiel- 
lement dans  les  monuments.  Les  prê- 
tres étaient,  avec  les  rois  et  la  caste 
militaire ,  les  propriétaires  du  sol. 
Chaque  grand  collège ,  comme  cha- 
que temple ,  avait  son  patron  céleste 
auquel  il  était  consacré,  son  grand 
prêtre  qui  le  présidait,  ses  domaines 
affranchis  de  toute  taxe,  ses  revenus 
et  son  trésor.  En  outre,  chaque  prê- 
tre ,  comme  individu ,  pouvait  possé- 
der des  biens  a  lui.  Enfin  les  hauts  em- 
lois  ,  les  fonctions  lucratives,  toutes 
es  places  qui  supposaient  des  connais- 
sances et  quelques  habitudes  scienti- 
fiques étaient  le  lot  des  prêtres.  Peu 
développés  sousle  rapport  delà  culture 
intellectuelle,  les  guerriers  ne  purent 
être  que  leurs  instruments;  et  les  plus 
hauts  officiers  ne  furent  dans  l'état  que 
des  Djom,  des  Hercule  aux  bras  ro- 
bustes dont,  Hermès  nouveaux,  ils  di- 
rigèrent les  efforts.  Et  ainsi  se  réalise 
sur  la  terre  ce  mythe  d'Osiris  et 
d'Isis  a  qui  la  légende  donne  Her- 
cule pour  général ,  Tholh  pour  con- 
seiller :  ce  sont  tout  simplement  ses 
braves  et  ses  sages.  Mais ,  dit-on  , 
lorsque  Osiris  et  Isis  civilisent  l'É- 

I.Y. 


THO 


545 


le 


gypte  par  l'agriculture  et  par  des  in- 
stitutions religieuses,  c'est  Thotb  qui 
est  l'auteur  premier  de  la  civilisa- 
tion ;  ses  conseils,  changés  en  décrets 
par  la  puissance  souveraine,  devien- 
nent les  faits  dont  se  réjouit  l'E- 
gypte. Faut-il ,  de  cette  histoire  évi- 
demment allégorique,  et  dans  la- 
quelle Thoth  est  le  corps  sacerdotal 
entier,  conclure  que  l'Egypte  dut  sa 
civilisation  aux  prêtres  ?  C'est  un 
problème  que  toutes  les  vraisem- 
blances s'accordent  h  faire  résou- 
dre affirmativement.  Que  la  civilisa- 
tion partie  de  l'Orient  se  soit  répan- 
due ,  de  proche  en  proche,  des  Indes 
jusqu'à  la  vallée  du  Nil  inférieur, 
ainsi  que  le  veulent  Heeren,  Creu- 
zer  et  presque  tous  les  savants  alle- 
mands ,  ou  que ,  comme  le  présu- 
ment Champolliou,  Guigniaut,  etc., 
elle  ail  eu  Méroé,  les  monts  de  la 
Lune,  en  un  mot  l'Afrique  pour  ber- 
ceau, tout  annonce  qu'une  tribu  pri- 
vilégiée, dépositaire  des  notions  ru- 
dimenlaires  qus  le  monde  enfant  ap- 
pelait science,  et  par-lk  même  censéo 
interprète  et  ministre  de  la  divinité  , 
étendit  son  empire  le  long  du  Nil  pac 
la  cre'ation  d'oracles  et  de  sanctuaires 
autour  desquels  se  groupèrent  peu  a 
peu  les  populations  nomades.  La  to- 
talité de  la  caste  se  subdivisait  en 
plusieurs  classes,  dont  les  noms  et 
les  attributions  ne  sont  pas  exacte- 
ment connus.  La  première  c'tait  celle 
du  prophète  dont  le  chef  (archi- 
propheta  d'Apulée  ,  Ane  d'or  , 
II,  p.  i58,  éd.  Oudend.  ;  corap. 
Sturz,  de  Dial.  Alex.,  p.  112) 
semble  avoir  porté  en  égyptien  le 
nom  de  Piromi,  le  bon ,  le  noble  par 
excellence  (Hérodote,  II,  lA"^)  : 
c'était  aussi  le  nom  de  l'Etre  suprê- 
me. Venaient  ensuite  les  hiérogram- 
mates  ou  scribes  sacrés  qui ,  dans  les 
cérémonies  saintes,  paraissaient  avec 

3S 


54$ 


THO 


des  plumes  sur  la  léte ,  un  livre  et 
une  règle  dans  les  mains  avec  de  l'en- 
cre et  un  calaraej  les  INoéinons;  les 
Slolites  (chargés  du  vestiaire);  les 
Horoscopes  (astrouomes-aslrologues) 
cl  les  Chantres.  Les  Pasiophores,  les 
ÎSéocores,  les  Zacores,  les  Comasles 
fermaient  celle  nomenclature,  et 
remplissaient  toutes  les  fondions  su- 
lalternes.  Il  est  certain ,  quoi  qu'on 
en  ail  dit,  que  deslliérodoules  ou  ser- 
rantes sacrées  étaient  attachées  aux 
temples  {f^oy.  Diod.  de  Sic,  I, 
§  4.4  J  l'inscripliou  de  Rosette;  Per- 
se,  Y,  186;  Juvénal,  VI,  488, 
Adrian ,  die  Pristcrinnen  dcr 
Griechen).  Toutefois  ,  il  ne  faut 
pas  les  regarder  comme  do  vérita- 
bles prêtresses.  Comparez,  sur  toute 
lorganisation  sacerdotale,  ainsi  que 
sur  les  ahlutions,  les  costumes,  etc., 
Jablonski ,  f^oc.  jEg.  et  Opusc. , 
II,  p.  349;  Pricharil ,  an  Analys. 
ofœg.  my.^  p.  388,  etc.;  Zoëga, 
Oôe/.,p.  5o5,elc.;  Heyne,  Comw. 
Soc.Gœlt.^^.  276,  etc. 

TIIOUÉRI  (0«vi^/f,  en  lalin 
Thueris)  ,  uuedesconcuhines  de  Ty- 
phon ,  passa,  lors  de  la  défaite  de  ce 
génie  du  mal,  entre  les  mains  d'Ha- 
roéri  qui  la  mil  au  nombre  de  ses 
femmes  {Voy.  Jablonski ,  Pantli. 
cegypt.  ,parl.  III,  1 1 2- 1 3  o).Thouéri 
au  fond  est  une  forme  de  Neflé  ou 
Nephlys,  sœur  et  femme  de  Typhon. 
Comme  celle  divinité ,  elle  est  en 
rapport  avec  le  géaic  du  mal  et 
le  génie  du  bien  :  il  y  a  seulement 
celte  différence  ,  que  Nef  lé  reçoit 
dans  ses  bras  Osiris,  tandis  que 
Thoucri  devien!  la  femme  d'Haroérij 
mais  ÇB,  sait  qu'Uareéri  est  moins  un 
fils  qu'une  émanation,  une  forme 
d'Osiris.  On  assure  qiie,  poursuivie 
par  un  serpent,  Thouéri  se  réfugia 
près  d'Haroe'ri  qui  fit  tuer  le  ferrai- 
fkkhle  rep-tile  paç  sçSi  suivants.  En  n^- 


•       THR 

moire  de  cet  épisode  (qui  rappelle  les 
liaisons  passagères  de  Nefté  avec  Osi- 
ris), les  prêtres,  dans  une  fèled'Ha- 
roéri,  jetaient  au  mi'ieu  du  Icmple  un 
gros  câble  dont  les  sinuosités  imitaieut 
les  replis  du  serpent,. et  le  coupaient 
en  tronçons. — On  a  regardé  Thouéri 
comme  le  vent  du  midi  (ou  Simoum?)j 
personnifié.  Comp.  Typhon. 

THRACIE,  TuRAciA,  ©^a«/*ou 
&pr,xlct ,  héroïne  éponyme  de  la 
Thrace,  est,  selon  les  uns,  une  Tila- 
nide;  selon  les  autres,  une  fille  de 
rOcéau  et  de  Parlhénope.  Une  troi- 
sième légende  la  fait  fille  de  Mars. 
THRASE  :  1°  Thrasus,  &ùci<roç, 
fils  du  roi  de  Delos,  Anius ,  fut  dé- 
chiré par  ses  chiens.  C'est  à  cette 
occasion  que  les  chiens  furent  bannis 
de  l'île.  2"TuKASius,  ©p«o-<oj,  de- 
vin cypriote  qui,  lors  de  la  faminq 
dont  l'Egypte  fui  la  proie  sousBusi- 
ris,  déclara  que  le  fléau  cesserait  pac 
l'immolation  annuelle  d'un  étranger  à 
l'autel  de  Jupiter.  Busiris  adopta  soUj 
avis,  et  le  prit  pour  première  vicli-r^ 
me  [Foy.  BusiBis). 

THRASYMÈDE  :   1°  chef  lycienij 
tué  par  Palrocle  au  siège  de  Troie  j 
2°  un  des  fils  de  Nestor  et  d'Auaxi 
bie:  alla  aussi  au  siège  de  Troie 

TlIRAX,  un  des  personnages  my 
ihiques  qu'on  donne  comme  Adaii 
de  la  Thrace,  passait  pour  fils  di 
Mars  et  de  Nériène  {Foy.  ces  nom 
et  Tubacie). 

THRIES  (les),  ©/)/«<,  sont,  dans 
quelques    légendes,     trois  nymphes 
nourrices  d'Apollon.  —  On  donnait 
le  même  nom  aux  sorts  que  l'on  Jetai 
dansrurBe(R.:  tf/jûv,  feuille  d'arbre) 
Les  Thries-déesses  ne  seraient-elle, 
pas  la  personnification  de  Ces  élémea 
de  la  divination?  ne  seraie«t-ce  pi 
des  devineresses?  et  n'esl-ce  pas  pa<: 
suite  de  celle  idée  que  l'on  en  aurail 
fait  les  Bourriçes  du  dieurprophèle  dr 


t 


THY 

Délos?  Une  fête  en  l'honneur  d'Apol- 
lon se  nommait  Thrio. 

THRIM,  géant  Scandinave  que  la 
mythologie  qualifie  de  roi,  fut  tué 
par  Thor. 

THUÉRIS.  Foy.  Thoueri. 

THURIOS  ou  THOURIOS  {l'é- 
nergique  )  :  i°  surnom  de  Mars; 
2"  géant  qu'Hercule  combattit  et  sans 
doute  vainquit. 

THUSSES,  Thussi  (Dusu  des 
pères  de  l'Eglise  ),  dieux  iul'érieurs 
des  Celtes,  étaient  probablement  des 
espèces  de  Sulèves  ou  génies  fores- 
tiers. Ou  les  compare  aux  Satyres. 

THYESTE ,  Thvestes,  ©«és-r»;? , 
fils  du  roi  d'ArgoSj  Pélops,  et  d'Hip- 
podamie,  avait  pour  frère  Alrée. 
Tous  deux  ensemble  forment  des 
Dioscures  Pélopides  ou  Tantalidcs 
(car  Tantale  élait  leur  aïeul).  Mais 
leurs  relations  ii'élaienl  pas,  comme 
celles  des  Dioscures  Tyndarides,  de- 
venues sous  la  plume  des  mytholo- 
gues des  miracles  et  des  modèles  d'a- 
mitié. Des  haines  sanglantes,  de  pro- 
fondes rivalités  les  arment  au  con- 
traire l'un  contre  l'autre.  Alrée  rem- 
place son  père  sur  le  trône.  Tbyesle 
s'indigne  de  la  félicité  de  son  rival, 
et  tente  de  ressaisir  un  empire  dont 
moitié,  dil-il,  doit  lui  appartenir.  Les 
poêles  ont  brodé  un  fait  si  simple, 
et  l'Argollde  dans  leurs  vers  est  de- 
venue tantôt  un  bélier  a  toison  d'or 
(ChrYSomalle  qiii  doit  un  jour  sauver 
Phryxus  des  fureurs  d'Ino  ),  tantôt 
une  femme,  la  belle  Erope.  Chryso- 
malle jadis  avait  été  apporlé  par 
Mercure  de  la  pari  de  Jupiter  h  Pé- 
lops. C'était,  pour  qui  le  posséde- 
rait, un  gag;e  d'empire  et  d'inamovi- 
ble souveraineté.  Alrce  se  l'était  ad- 
jugé avec  les  autres  trésors  de  son 
père;  Thyesle  s'en  empara.  Erope 
est  liée  par  les  liens  du  mariage  au 
toi  il'Argos.  Tbyeste,  toujours  ja- 


THY 


54f 


loin  du  bonheur  de  son  frère,  la  sé- 
duit, la  rend  mère  (au  moins  de 
deux  fils).  Quelle  que  soit  l'hypothèse 
adoptée,  Atrëe  arrive  toujoui's  à  con- 
naître le  spoliateur  de  ses  richesses,  ^ 
ou  le  séducteur  de  son  épouse.  Son 
courroux  éclate  :  il  reste  toujours,  de 
fait  comme  de  droit,  le  maître  du  no- 
ble bélier,  le  maître  de  la  même  prin- 
cesse, le  maître  d'Argos  :  Thyeste 
fuit  sans  i'étiucelante  toison ,  sans 
femme  qui  partage  ses  destins,  sans 
royaume  (  une  tradition  pourtant  lui 
donne  une  fille  Pélopée,  Pélops  fe- 
melle, qu'il  a  eue  d'une  maîtresse  ano- 
nyme). L'Epire  lui  offre  un  asile; 
bientôt  Alrée  l'y  poursuit ,  lui  prodi- 
gue des  promesses  trompeuses,  le  dé- 
cide h  revenir  dans  Argos.  Eu  même 
temps  il  sollicite  la  main  de  Pélopée , 
que  de  bizurres  aventures  ont  jetée 
aussi  en  Epire ,  et  qu'il  croit  la  fille  du 
roi.  Il  l'obtient,  mais  Pélopée  n'est 
pas  sans  tache.  Sou  père  l'a  rencon- 
trée dans  un  bois,  et  sans  la  connaître 
l'a  violée,  l'a  rendue  enceinte  d'un 
fils  qui  palpite  déjà  dans  ses  flancs. 
Ainsi  ridée  de  polyandrie  (de  femme 
commune  à  deux  frères)  se  répète  eu 
Epire.  Pélopée  nous  donne  la  contre- 
épreuve  d'Erope  ,  sa  tante ,  sa  belle- 
sœur  ou  sa  rivale.  IXous  voila  de  nou- 
veau dans  Argos!  Quel  est  le  dessein 
d'Alrée  ?  Un  riche  lestiu  se  prépare, 
les  convives  se  rangent  le  long  des 
tables  massives  chargées  de  mets; 
les  coupes  se  remplissent  de  vin  ;  les 
rois,  à  leur  table  réservée,  scellent 
leur  réconciliation  par  des  cmbras- 
semenls,  s'animent,  boivent.  Un  cri 
part  :  ce  n'est  pas  du  vin  que  contient 
la  coupe  de  Th^esîe,  c'est  du  sang, 
du  sang  humain,  le  sang  des  fils  d'E- 
rope,.. ,  et  les  fils  d'Erope,  Thyesle 
le  sait,  ne  sont  pas  les  fils  d'Alrée.  Il 
s'éloigne.  Pélopée  qui  a  gardé  l'épée 
de  son  oifenseor,  et  qui  a  recouau 

35. 


548 


THY 


dansThyeste  son  père  et  son  amant, 
Pélopée  trop  prompte  ii  mettre  au 
jour  le  fils  du  viol  et  de  l'inceste, 
Pélopée  qui,  de  peur  d'éveiller  les 
soupçons  d'un  époux ,  a  confié  le 
fruit  de  sa  honte  aux  chèvres  ou  aux 
chevriers,  indique  h  Thyesle  le  lieu 
où  il  retrouvera  ce  futur  vengeur  de 
tant  d'injures.  Thyeste  l'élève  dans 
la  haine  d'Atrée  et  des  Atrides ,  puis 
l'envoie  a  la  cour  de  son  oncle  qui 
vient  de  perdre  Plislhène,  son  fds,  et 
n'a  plus  de  consolation  que  de  ses  deux 
petilvfils  Agamemnon  et  Ménélas. 
Bientôt  Atrée  chérit  son  funeste  ne- 
veu ,  lui  met  h  la  main  le  glaive  ravi 
jadis  à  Thyesle  par  Pélopée,  le  char- 
ge d'aller  tuer  cet  éternel  compétiteur 
de  sa  puissance.  C'est  Atrée  qui 
meurt  percé  du  fer  qu'il  vient  de  re- 
mettre a  Égislhe  ;  puis  Thyesle  règne, 
et  c'est  après  sa  mort  seulement  qu'A, 
gamemnon  est  maître  d'Argos.  Son 
tomheau  se  montrait  encore  du  temps 
de  Pausanias  sur  les  confins  du  royau- 
me d'Argos. — Les  variantes  que  nous 
n'avons  pas  enchâssées  dans  ce  récit 
■e  sont  relatives  qu'aux  diverses  épo- 
ques des  exils,  des  voyages  de  Thyes- 
te, ainsi  qu'à  l'éducation  d'Egislhe,  et 
à  l'instant  où  les  reconnaissances  ont 
lieu  entre  Thyeste  et  Pélopée,  entre 
Egisthe  et  Thyeste,  etc.,  etc.  Les 
poètes  dramatiques,  s'étant  emparés 
de  cette  mine  féconde ,  l'ont  brodée 
chacun  a  son  gré,  mais  leurs  hypothè- 
ses théâtrales  ne  sont  de  nulle  valeur 
en  mythologie. — Nous  avons  qualifié 
Atrée  et  Thyeste  de  Dioscures.  Cicé- 
ron  déjà  l'avait  dit.  Nous  ajouterons 
pour  faciliter  aux  adeptes  l'intelli- 
gence du  mythe  que  c'est  une  imita- 
lion  avec  détail  de  celui  de  Tantale 
et  de  Pélops ,  que  tout  y  respire  le 
cabiroïdisme,  que  l'épouse  (Erope 
ou  Pélopée)  est  une  Aphrodite  à  deux 
maris ,    que   les  frères  rivaux  sont 


THY 

Hépheste  et  Ares  (se  traduisant  par 
feu,  atri^  et  sacrificateur,  évéo-Tjjf), 
que  les  égorgements  de  jeunes  en- 
fants sont  la  ihéosphagie  ou  mort 
cadmilique  {^Foy.  CoBysAHTEs  et 
Tritopatoks). 

THIIA,  0v/«,  fille  de  Deucalion, 
maîtresse  de  Jupiter,mère  de  i'héroïno» 
Macédonie. — -On  donnait  le  nom  de^ 
Thyia,  dans  Élis,  à  une  fête  de  Bac- 
chus,  remarquable  par  un  petit  mira- 
cle annuel.  La  veille  les  prêtres  ap- 
{)ortaient  trois  bouteilles  vides  dans 
a  chapelle  du  dieu  du  vin,  et  les  mar-î 
quaicut  de  leur  sceau  j  le  Iendemaia| 
le  sceau  était  encore  intact,   mais  lesj 
bouteilles  se  trouvaient  pleines.  Bac- 
chus  était  venu  en  personne  visiterj 
sa  chapelle  chérie. 

THÏIAS,  QmétSi  fille  de  Casta4 
lius  le  géant ,  première  prêtresse  do] 
Bacchus,  première  Bacchante,  pre- 
mière institutrice  des  Orgies.  Tousj 
ces  faits  reviennent  au  même.  Evi-1 
derament  Thyias,   en  rapport  avec- 
èvuj  sacrifier,  et  Thyiades,  les  furieu- 
ses Bacchantes,  est  nue  parèdre  mis- 
sionnaire ou  archipropagandiste  du 
culte  dionysiaque.  On  la  donne  aussi 
comme  amante  d'Apollon  et  mère  de 
Delphos ,  héros  éponyme  de  Delphes. 

THYMBRÉE,TuYMBBiï;us,  &Ù[a- 
Qfxios  :  1°  fondateur  de  Thymbre  en 
Troade  et  ami  de  Dardanns  j  2°  chef 
troyen  tué  par  Ulysse  5  3°  Troyen  qui 
fit  mordre  la  poussière  à  Osirisj 
U°  un  des  fils  de  Laocoon. — Apollon 
était  honoré  dans  Thyrabra  (d'où  son 
surnom  de  Thymbrœus?)^  et  c'est 
dans  le  temple  qu'il  avait  en  cette 
ville  que  Paris  perça  d'un  coup  de 
flèche  le  talon  d'Achille. 

THYMÈTE ,  fils  de  Laomédon  et 
frère  de  Priam ,  vit  sa  femme  et  ses 
fils  périr  par  ordre  de  ce  prince, 
et,  pour  se  venger,  pçi-suada  aux 
Troyens    d'introduire  le  cheval  de 


TI 

bois  dans  leurs  murs. — Deux  autres 
ThymÈte  furent  l'un  un  chef  troyen 
tué  en  Italie  par  Turnusj  l'aulre  un 
roi  (l'Athènes,  fils  dOxyntas.  Ayant 
refusé  de  se  battre  en  combat  singu- 
lier contre  le  roi  béotien  Xanthe,  il 
fut  déposé  par  les  Athéniens,  et  vit 
Mélanthe  monter  sur  le  trône  à  sa 
place.  T hymète  fut  le  dernier  prince 
athénien  de  la  race  des  Théséides. 

THYONÉ:  1°  Séméléj  2°  mère 
de  Sémélé,  et  par  conséquent  aïeule 
de  Bacchus  [Voy.  l'art,  suivant). 

THYOINEE,  Thyoweus,  ©y^- 
nlis  :  1°  Bacchusj  2."  fils  de  Bacchus 
et  d'Ariadne.  Un  mythe  antique  le 
montre  volant  un  bœuf,  fuyant  à  grand 
peine  devant  ceux  qui  le  poursuivent, 
et  enfin  leur  échappant  grâce  a  l'in- 
lervcntion  de  son  père  qui  change  le 
bœuf  en  cerf  et  le  jeune  homme  en 
chasseur.  11  y  a  dans  ce  mythe  idée 
lointaine  de  Bacchus-soleil  dans  la 
constellation  du  Taureau.  Quant  au 
nom  deThyonée,  nul  doute  qu'ici  le 
fils  ne  soit  l'émanation  du  père,  et  en 
conséquence  son  adéquate. 

THYREE ,  Thyr;eus,  Qvpciics: 
1"  un  des  cinquante  fils  de  Lycaon  j 
2"  un  des  fils  d'OEnée  ,  roi  de  Caly- 
don.  C'est  aussi  un  nom  d'Apollon, 
comme  maître  de  l'entrée  et  de  la 
fiortiej  en  d'autres  termes,  en  tau  t  que 
porte  (flufia),  en  tant  que  Janus.  C'est 
a  la  porte  des  temples  qu'étaient  si- 
tués les  autels  d'Apollon-Thyrée. 

THYRIE,  Thyria,  ©v/u'a,  fiUo 
d'Amphinome ,  maîtresse  d'Apollon , 
mère  de  Cycnus.  La  mère  et  le  fils, 
dit-on, -se  jetèrent  dans  un  lac,  et  y 
furent  changés  en  oiseaux.  Evidem- 
ment ces  oiseaux  (lacustres)  sont  des 
palmipèdes  et  sans  doule  des  cygnes  , 
ainsi  que  riudiquenl Cycnus  et  ses  in- 
limes  liaisons  avec  le  dieu  de  l'Iiar- 
monie. 

TI  (vulgairement  Tée),  espèces  dç 


TIB  549 

Lates  chez  les  Taïtiens,  passent  pour 
les  âmes  des  ancêtres.  Chaque  famille 
en  adopte  un,  et  l'adore  dans  son 
moraï.  Les  Ti,  comme  les  Lares  qui 
quelquefois  se  présentent  sous  face  de 
Lémures  et  même  de  Larves,  sont  de 
deux  sortes  :  les  uns  protègent,  gué- 
rissent, dispensent  les  biens  aux  hom- 
mes j  les  autres  tendent  des  pièges  et 
persécutent.  Le  bon  Ti  combat  sans 
cesse  la  funeste  influence  du  Ti  ja- 
loux. 

TIACAPAN,  l'aînée  des  quatre 
sœurs  qui,  selon  la  légende  mexicaine, 
présidaient  aux  plaisirs  de  l'amour. 

TIAMAARATAAO ,  le  premier 
homme  selon  la  croyance  des  habi- 
tants des  îles  des  Anus,  apparut  sur 
la  tex're  après  le  reste  des  mammifè- 
res :  on  le  voit  se  dessiner  à  l'entrée 
d'une  grotte  ensevelie  d'abord  dans 
d'épaisses  ténèbres,  et  peu  à  peu 
illuminée  par  la  clarté  du  jour.  Sous 
ce  point  de  vue  il  semble  fils  de  Po 
(la  nuit).  D'autre  part  il  semble  an- 
drogyne  et  figure  presque  comme  ua 
homme  protolypique,  dont  plus  tard 
se  retrouvent  les  dédoublements  uni- 
sexuels. 

TIASE ,  TiASA,  Tlwrei ,  petite  ri 
vière  de  Laconie  personnifiée ,  passa 
pour  fille  du  dieu-fleuve  Eurôtas 
dont  elle  est  un  affluent. 

TIBERIINUS,  prince  d'Albe  ,  fils 
du  roi  Capet ,  se  noya  dans  l'Albula 
qui  prit  son  nom  {Tiùerinus  ou  Ti- 
l/ris),  et  fut  mis  par  Romulus  au 
nombre  des  dieux  indlgètes  {^f^oy. 
EuRÔTAS  et  les  renvois). 

TIBRE  (le),  en  latin  TiURis, 
TiBERis,  TiBERiNUs,  «l  primitive- 
ment Albula  ,  fut  pris  dans  tout  le 
Latium  pour  un  dieu  de  haute  im- 
porlcTuce.  Presque  tous  les  person- 
nages que  mentionne  l'histoire  des 
temps  héroïques  s'y  noient ,  en  d'au- 
tres lerjnes  s'y  r^absorbeul^  cç  qui 


i»d 


TIB 


vent  dire  sont  lui.  Compares  ÉttÉE, 
TlBEKiKvs.  Dans  les  beaux  siècles 
«le  lloine ,  le  Tibre  a  maintes  fois 
^lé  représenté  sur  les  inouiiinents  et 
ks  médailles.  Des  fleurs ,  des  fraits, 
aae  corue  d'abondance ,  un  aviron , 
symboles  connus  de  presque  Ions  les 
grands  fleuves,  sont  épars  autour  de 
lui,'  mais  ce  qui  le  caractérise  davan- 
tage ,  c'est  la  couronne  de  laurier  sur 
kl  tète  :  ce  qui  empècbe  complètement 
de  le  confondre  avec  tout  autre  dien, 
c^est  la  louve  allaitant  les  deux  ju- 
meaux. 

TIBURNE  ou  TIBURTE,  fils 
d'Hercule  (ou  d'Ampbiaràs),  avait, 
dans  le  temple  du  fils  d'Alcmène  h 
Tibur,  un  béroum  ou  un  autel,  et  pro- 
bablement passait  pour  le  fondateur 
de  Tibur. 

TICAN.  roy.  Ti-Kang. 

TIEDEBAIK,  dieu  du  sintoYsmo 
japonais,  porte  sur  sa  tète  de  sanglier 
on  diadème  élincelant  de  pierreries^ 
de  ses  quatre  mains,  la  première  tient 
■n  sceptre,  la  deuxième  une  tête  de 
dragon ,  la  troisiènne  un  cercle  d'or  , 
la  quatrième  une  fleur.  Sous  ses 
pieds  expire  un  mousire  qui  semble 
un  génie  funeste.  La  statue  de  Tie- 
debaik  a  Osacca  est  tout  or  et  pier- 
reries. 

TIEN,  dieu  suprême  des  Chinois, 
«st  pris  tantôt  pour  le  ciel,  tantôt 
pour  le  soleil.  Il  a  un  temple  magni- 
fique k  Pé-King. 

TIENU-SOU,  saint  que  l'on  in- 
Toque  au  Tonquin,  lorsque  l'on  met 
un  enfant  en  apprentissage,  passe 
pour  avoir  été  pendant  sa  vie  un  ana- 
chorète miraculeux. 

TIERMES  passe  vulgairement 
pour  un  dieu  lapon  analogue  au  Thor 
Scandinave  (^q^.  Aijeke  etBAivA); 
mais  les  similitudes  qu'on  s'est  cru 
en  droit  d'indiquer  entre  l'intrépide , 
le  robuste  fils-aigle  d'Odin  et  Tiçr-» 


TIE 

mes  semblent  plutôt  résulter  de  con> 
fusions  ou  de  mélanges  modernes  que 
de  réalités  antiques.  Il  vaut  mieux 
s'en  tenir  aux  faits  suivants  :  i°  Tier- 
mes  était  le  protecteur  de  la  nature 
vivante  j  a**  il  était  opposé  h  Seit,  le 
chef  des  mauvais  esprits 5  3°  il  avait 
des  images  en  bois,  et  qui  devaient 
être  renouvelées  tous  les  ausj  4°  on 
lui  rendait  un  culte  d'amour  près  de 
la  hutte  ou  de  la  tente  ;  Seit,  au  con- 
traire ,  était  adoré  dans  les  forêts  so- 
litaires et  sur  les  rocs  inaccessibles  , 
«on  culte  était  celui  de  la  terreur  5  5" 
on  sacrifiait  h  Tiernics  des  rennes  mâ- 
les et  adultes;  les  adultes  et  les  mâles 
sacrifiés  à  Seit  étaient  des  chats  ,  des 
chiens,  des  coqs,  ou  bien  encore  des 
rennes,  mais  avec  ce  cortège  de  victi- 
mes impures.  Pour  compléter  l'oppo- 
sition, ajoutons  que  l'image  de  Tier- 
mes  était  un  Ironc  de  bouleau,  à  l'ex- 
trémité supérieure  duquel  ou  fixait, 
fiour  représenter  la  tète,  un  nœud  de 
a  racine  du  même  arbre.  A  cette 
effigie  informe  étaient  attachés  un 
marteau  et  une  pierre  k  feu.  Comp. 
ici  Cabires  et  "Vulcain.  L'image  de 
Seit  était  une  pierre  a  laquelle  on 
donnait  la  figure  d'un  homme,  d'un 
quadrupède  ou  d'un  oiseau  ,  selon 
qu'elle  s'y  prêtait.  A  cet  effet,  on  tra- 
vaillait de  préférence  les  pierres  qui 
avaient  été  creusées  en  forme  bizarre 
par  les  flots  d'une  cascade.  L'île  de 
Darra,  au  bas  du  grand  lac  de  Tor- 
néo,  était  le  lieu  sacré  par  excellence; 
il  renfermait  cinq  blocs  ainsi  taillés 
k  l'honneur  de  Seit.  Paive,  déesse  du 
«oleil,  formait  avec  ce  dieu  ei  Tier- 
mes  une  trinité  souveraine.  Tous  les 
ans  le  sort  décidait  auquel  des  trois 
on  offrirait  le  sacrifice.  Un  anneau 
magique,  tournant  k  l'aide  d'un  an- 
neau fixé  au  centre  sur  un  tambour, 
annonçait  lequel  des  dieux  aurait 
l'honneur  de  la  solenniléi  Le  cercle 


TI 

de  peau  était  partagé  par  deux  dia- 
mètres perpendiculaires  l'un  a  F  autre 
en  qualre  quarts  de  circonférence. 
Trois  noms  ou  trois  signes  étaient 
placés  a  l'extrémité  des  trois  premiers 
rayons,  mais  le  quatrième  était  vide; 
lorsque  la  roulette  divine  s'arrêtait 
devant  ce  double  zéro  ,  ce  qui  signi- 
fiait qu'aucun  des  trois  dieux  ne  vou- 
lait recevoir  de  sacriGce,  les  Lapons 
consternés  s'attendaient  aux  plus  af- 
freux désastres. 

TIGRIS,  Ti'y/xj,  dieu-fleuve  de 
l'Asie  ,  figure  dans  la  cosmogonie  lié- 
siode'eiiue  (peut-être  interpolée)  com- 
me fils  de  Ponlos  et  de  Thalassa.  Il 
a  quelquefois  été  figuré  appuyé  sur 
son  urne,  et  ayant  un  tigre  pour  pa- 
rèdre. — Un  ruisseau  du  Péloponèse, 
nommé  aussi  Harpys  du  nom  d'un 
héros  ou  d'une  jeune  fille  qui  s'y  noya , 
s'appela  Tigris,  ainsi  que  le  grand 
affluent  del'Euplirate.  Comp.  Anna- 
Peeenna,  Exjrotas. 

TI-RANG  dieu  chinois ,  préside 
aux  enfers,  et  a  sous  ses  ordres  huit 
ministres  et  cinq  juges.  Autour  de  sa 
statue  placée  dans  les  temples  sur  un 
autel  se  trouvent  celles  de  ses  treize 
parèdres.  Aux  deux  côtés  de  Tautel 
sont  les  deux  tables  de  la  loi.  Les 
peintures  représentent  les  scènes  du 
jugement,  les  diverses  tortures  des 
damnés,  le  passage  des  deux  ponts ^ 
l'un  d'or,  l'autre  d'argent,  par  les- 
quels les  purs  marchent  h  la  demeure 
de  la  félicité.  Pour  être  pur,  il  suffit 
de  prier  mille  fois  devant  l'autel  de 
Ti-Kang,  d'enrichir  les  pagodes,  de 
donner  aux  bonzes,  etc.  Aussi  sur  les 
deux  portes  d'airain  de  l'affreux  sé- 
jour lit-on,  au  lieu  du  terrible 

Lasciàtb  OGîti  SPEBAHZA  ,  voi  che'kthatf.  , 

«  Celui  qui  priera,  etc. .. ,  sera  déli- 
vré de  sespeines  5  ?>  aTentrée  de  l'em- 
pire sombre  oa  voit  Uû  bonze  arrachant 


TIM  d!^ 

sa  mère  des  mains  du  diable.  En  re- 
vanche d'autres  coins  du  panorama 
infernal  montrent  des  criminels  pré- 
cipités dans  des  chaudières  d'huile 
bouillante  ,  coupés  par  morceaux  , 
sciés  en  deux,  dévorés  par  des  ser- 
pents ou  des  chiens ,  étendus  sur  le 
gril  et  torréfiés  à  petit  feu.  Des  dia- 
bles d'une  forme  hideuse  sont  là 
tout  prêts  a  exécuter  les  sentences. 
L'un  des  cinq  juges  prononce  la 
culpabilité,  ce  qui  se  fait  eu  met- 
tant dans  une  balance ,  d'un  côté  le 
criminel ,  de  l'autre  les  livres  de  priè- 
res qu'il  a  répétées  pendant  sa  vie  ; 
trois  autres  appliquent  les  peines;  le 
cinquième  préside  k  la  réintroduction 
de  i'àrae  dans  un  corps  nouveau.  Ou 
ne  passe  les  portes  qui  conduisent  au 
séjour  de  la  béatitude  que  muni  d'oa 
certificat  des  bonzes. 

TIROA,  TOUKOA  (Tougoaou 
Tigoa),  le  dieu  suprême  des  Hotten- 
tols,  passe,  chez  ces  peuples,  pour 
un  être  malfaisant,  et  qui  en  veut 
surtout  à  leur  nature.  Pourquoi?  ils 
ne  le  savent.  Ils  ne  savent  pas  même 
quelles  actions  l'offensent,  et  ils  se 
bornent  k  l'honorer  par  le  sacrifice 
d'un  bœuf  ou  d'un  mouton  dont  ils 
mangent  la  chair,  et  dont  ils  em- 
ploient la  graisse  k  s'oindre  le  corps, 

TIMANDRA,  T/fcxr^pcc:  i"  fille 
dcLéda,  femme  du  roi  d'Arcadie 
Echèmc,  et  aïeule  d'Evandre;  2"  mè- 
re de  ISéophron  [Foy.  Egype). 

TIMâTsTE,  T/>«vT«f,  de  Cléo- 
nes,  athlète  célèbre  qui,  après  avoir 
quitté  sa  profession,  s'exerçait  jour- 
nellement k  tirer  de  l'arc  pour  per- 
dre moins  vile  ^es  forces,  interrom- 
pit quelque  temps  cette  habitude  j 
puis,  ne  pouvant  plus  manier  son  arc, 
en  conçut  tant  de  désespoir,  qu'il  al- 
luma un  bûcher  et  s'y  jeta. 

TIMARATE,  une  des  Péléiades 
(  ou  vieilles  colombes)  qui  prophéli- 


55a 


TIR 


TIR 


^ 


8aient  à  Dodone,  et  que  l'on  regar- 
dait tantôt  comme  les  nourrices ,  tan- 
tôt comme  les  prêtresses  du  dieu. 

TIMKAS  est  quelquefois   nommé 
k  la  place  de  Tiiersaiulre ,   comme 
Gis  de  Polynice  et  chefdes  Éplgones. 
TIMÉSIAS,  T/^»j(r/«f ,  dieu  des 
Abdérilains,    avait  été    un    simnle 
mortel ,  membre  de  l'aristocratie  cla- 
zoménienne,  et  sans  doute  enveloppe' 
d'adulateurs  ;   il  se  croyait  idolâtré 
dans  sa  patrie,   un  propos  d'enfant 
lui  fit  soupçonner  son  erreur,  a  Plût 
au  ciel,  disait  un  jeune  joueur  d'os- 
selets à  ses  camarades  qui   le  dé- 
fiaient, que  je  fisse  sauter  la  cervelle 
de  Timésias  comme  je  ferai  sauter  cet 
osselet  !  »  Timésias  étonné  conta  l'a- 
venture à  sa  femme  et  alla  consulter 
l'oracle  qui  lui  dit  :  «  Cherchez  des 
abeilles,  et  vous  aurez  abondance  de 
guêpes  n  :il  se  mit  a  la  tète  d'une  colo- 
nie de  Clazoméniens,  et  entreprit  de 
rebâtir  Abdère  fondée  par  Hercnle  ; 
mais  les  indigènes  de  la  Tlirace  l'at- 
taquèrent avant  qu'il  fût  venu  a  bout 
de  relever  la  ville  de  ses  ruines ,  et 
Abdère  ne  refleurit  que  cent  ans  après 
sous  une  colonie  de  Téiens. 
TIR.  Foy.  TACHTER. 
TIRÉSIAS,   devin  de   Thèbes, 
devait  le  jour  a  Everre  et  h  la  nym- 
phe Chariclo  ,  suivante  de  Minerve. 
Parmi    ses    aïeux     il    comptait    le 
Sparte  Udée.  Très -jeune  encore, 
il  eut  le  malheur  de  voir  Minerve  au 
bain ,  et  fut  h  cette  occasion  frappé 
d'aveuglement  par  la  déesse  qui  en- 
suite, pour  consoler  Chariclo  sa  mè- 
re ,  lui  accorda  le  don  de  lire  dans 
'avenir.   D'autres  •mythologues   di- 
sent au  contraire  que  la  science  divi- 
natoire chez  Tirésias  piécccla  la  cé- 
cité, et  que  les  dieux  l'aveuglèrent  au 
physique  pour  le  punir  de  sa  clair- 
voyance intellectuelle.  Selon  un  autre 
mythe  rapporté  par  Ovide,  Tirésias 


I 


ayanlscparéavecsabaguelte  deux  ser- 
pents que  l'amour  unissait  fut  mé-  w 
tamorpnosé  eu  femme;  mais  quelques  fll 
années  après  ayant  retrouvé  ces  mê- 
mes serpents  sur  sa  route ,  il  reprit 
son  premier  sexe.  Un  jour  Jupiter  cl 
Junon  se  demandaient 

I<cqurl  (tes  deux,  la  maîtresse  ou  l'aoïant, 
Prend  |>liis  de  part,  se  montre  plus  senlibla 
A  ros  plaisirs  dans  un  tendre  moment  ? 
Junon  disait  :  «Faut-il  qu'on  délibère? 
«  Me  sait-on  pas  qu'en  ces  instants  si  doux 
«  1,'liOMune  plus  vif  est  plus  flatli^  que  nous  ?  » 
Mais  Jupiter  prétendait  le  contraire. 
C'est  aux  experts  d'expliquer  ce  mystère. 
Mais  des  experts,  en  est-il  sur  ce  point? 
L'expérience  en  ce  cas  nécessaire  , 
Qui  peut  l'avoir?  lihl  Cypris  ne  l'a  point: 
Cypris  pourtant  du  plaisir  est  la  mère... 

Mn-FiLAïKi ,  Nurcisse,  chant  m. 

Tirésias  prononça  en  faveur  de  Jupi- 
ter, et  c'est  alors  que  Junon  l'aveugla 
en  lui  jetant  aux  yeux  quelques  gout- 
tes d'eau.  Jupiter,  pour  le  dédomma- 
ger, lui  accorda  de  vivre  sept  âges 
d'homme  (Lucien  dit  six,  et  quelques 
auteurs  onze).  Des  écrivains  posté- 
rieurs n'ont  pas  manqué  de  transfor- 
mer les  âges  en  siècles.  —  Tirésias 
était  surtout  habile  dans  l'nrl  des  au- 
gures, et  ou  lui  attribua  des  ouvrages 
sur  l'ornithomancie  (ou  aru.spicine)  ; 
le  bâton  qu'il  avait  à  la  main  ,  et  qui 
suppléait  a  ses  yeux,  devint  l'idéal  du 
bâton  augurai  qui  a  l'aspect  de  ba- 
guette magique.  Tirésias  eut  pour 
fille  Manlo  ,  fondatrice  prétendue  de 
Mantoue.  Les  Thébains  le  localisè- 
rent dans  l'histoire  d'OEdipe  et  de 
sa  famille.  C'est  lui  qui  conseille 
d'offrir  la  main  de  Jocaste  et  le 
trône  au  vainqueur  du  Sphinx  ;  c'est 
lui  qui  interprèle  les  oracles  ambigus 
du  dieu  de  Delphes;  c'est  lui  qui 
prédit  la  victoire  de  Thèbes  sur  les 
sept  chefs;  enfin  c'est  lui  qui,  lors  du 
triomphe  des  Epigones,  décide  les 
guerriers  tliéhains  k  se  retirer  sur  le 
monlTilphuse.il  y  mourut  après  avoir 
étanché  sa  soif  dans  l'eau  d'une  fon- 
taine voisine,  et  fut  enterré  auprès  de 


Cette  source  funeste.  Mais,  quoique  au 
sombre  empire,  il  vit  encore,  il  pense, 
il  prophétise.  Ulysse  ne  descend  aux 
enfers  que  pour  consulter  Tirésias  , 
et  de  retour  dans  Ithaque  il  immole 
un  bélier  noir  ace  devin  des  régions 
subterranées.  Tirésias  avait  à  Or- 
chomène  un  oracle  long-temps  fa- 
meux, et  qui  cessa  d'être  consulté  lors 
d'une  épidémie  dont  tout  Orchomène 
fut  victime.  A  Thèbes  aussi  on  l'ho- 
norait comme  un  dieu,  et  on  montrait 
son  observatoire  et  son  tombeau  ou 
6on  cénotaphe.  Une  tradition  le  disait 
enterré  sur  les  bords  de  la  fontaine 
d'Haliarte  ,  non  loin  du  Tilphusc.  — 
Porphyre  et  d'autres  théosophes  en- 
thousiastes ,  qui  se  sont  long-temps 
occupe's  de  la  divination  ,  ont  fait 
une  mention  particulière  de  Tirésias, 
et  a  ce  propos  ont  rappelé  que  l'or- 
nilhoraancie  se  divise  en  quatre  bran- 
ches, le  vol,  le  chant,  l'appétit  et 
le  genre  des  oiseaux.  Porphyre ,  a 
l'appui  de  ces  idées ,  ajoute  que  les 
oiseaux ,  par  les  nuances  de  leur 
chant,  indiquent  quels  sentiments  les 
agitent.  Pline  raconte  sérieusement 
que,  selon  Démocrite,  le  sang  de  cer- 
tains oiseaux  dont  il  donne  la  liste 
produit  un  serpent,  qui  communique 
a  celui  qui  le  mange  l'intelligence  du 
langage  des  oiseaux. 

TIRYNS,  un  des  fils  d'Argus,  est 
un  des  héros  éponymes  de  Tirynthe 
qu'il  fit  bàlir  par  les  Cyclopes,  ce  qui 
veut  dire  que  les  murailles  de  cette 
cité  pélasgique  étaient  de  construc- 
tion cyclopéenne.  On  raconte  que, 
des  pierres  employées  dans  la  con- 
struction de  ces  murs ,  la  moindre 
exigeait  un  mulet  pour  le  transport. 
— Tirynthe  était  le  royaume  d'Her- 
cule. De  là  le  surnom  de  Tirynlhius. 
AIcmène  se  nomme  aussi  Tirynlhia. 

TISAMENE  :  1°  Fils  de  Thersan- 
dre  et  petit-fils  de  Polynice.  Il  fut  le 


tlS 


553 


dernier  des  rois  thébaîns  du  sang 
d'Œdipe  ;  et  son  fils  Autésion  se 
transporta  ,  par  l'ordre  de  l'oracle  , 
chez  les  Doriens.  2°  Roi  d'Argos  et 
de  Sparte  après  la  mort  d'Oreste  sou 
père.  11  fut  le  dernier  prince  lacédé- 
monien  de  sa  race.  Détrône  par  les 
Héraclides,  il  alla  dans  l'Achaïe,  vou- 
lut s'emparer  d'un  territoire  sur  les 
Ioniens,  et  fut  tué  un  des  premiers 
dans  la  bataille.  On  l'enlerra  à  Elis, 
et  dans  la  suite  les  Spartiates,  par  or-  - 
dre  de  l'oracle  ,  allèrent  chercher  ses 
os,  et  les  déposèrent  dans  le  lieu  oijse 
célébraient  les  Syssities. — L'Iiistoire 

{)arle  d'un  TiSAMÎiNE, devin  d'Elis,  de 
a  famille  des  lamides.  L'oracle  lui 
avait  prédit  qu'il  serait  vainqueur  dans 
cinq  grands  combats;  et  il  s'adonna 
aux  jeux  athlétiques  dans  l'espérance 
de  l'emporter  au  Penlathle. "Vaincu  au 
troisième  coml)at,  il  vit  qu'il  s'agissait 
des  joules  plus  sérieuses  de  Mars, 
et  nerespiraplus  que  pour  la  guerre. 
Les  Lacédémoniens  Val  tirèrent  heux, 
et  crurent,  lors  des  guerres  médiques, 
lui  avoir  l'obligation  des  victoires  de 
Platée  (sur  les  Perses),  de  Tégée 
(sur  Argos) ,  de  Dipée  (sur  les  Arca- 
diens),  de  l'Ilhonie  (sur  les  Messé- 
niens),  de  Tanagrc.  Il  ne  serait  pas 
impossible  que  les  deux  premiers 
Tisamène  fussent  des  personnifi- 
cations de  l'expiation.  Les  deux 
familles  de  Labdaque  et  d'Alrée  se 
sont  souillées  par  des  crimes;  aprèsles 
crimes  viennent  les  désastres  qui  eu 
sont  l'expiation.  Aussi  les  deux  Tisa- 
mène sont-ils  les  derniers  de  leur race. 

TIS  ANDRE  :  ï"  fils  de  Jason  et 
de  Médée  (il  fut  tué  par  sa  mère)j 
a°  un  des  Grecs  enfermés  dans  le  che- 
val de  bois. 

TISIPHONE,  une  des  trois  gran- 
des Furies,  et  la  plus  cruelle  des  trois 
selon  quelques  mytl.ologues.  Son  nom 
veut  dire  l'expiatricc   du   meurtre. 


554 


TIT 


Dans  Virgifc,  elle  veille  couverte 
d'une  robe  ensanglantée  K  la  porte  du 
Tartare.  Elle  avait  sur  le  mont  Ci- 
th^ron  un  temple  environne  de  cyprès. 
TISIS,  devin  de  Messine,  fils  d'Al- 
cis,  fut  attaqué  dans  une  embuscade 
par  desLaccdéraoniens,  en  revenant 
de  consulter  l'oracle  de  Delpbes  sur 
les  chances  de  rétablissement  que 
ses  concitoyens  formaient  sur  l'Ilbo- 
me;  mais  une  voix  mystérieuse  s'é- 
cria :  ft  Laissezpàsser  le  messager  de 
l'oracle!  »  et  Tisis  rejoignit  ses  con- 
citoyens pour  leur  apprendre  les  dé- 
cisions de  l'oracle-  il  mourut  de  ses 
blessures  quelques  jours  après. 

TISPHOINE  ou  TISIPHOISE, 
fille  d'Alcméo.)  et  de  Manto ,  était 
élevée  avec  son  frère  Amphiloque  à  la 
cour  du  roi  de  Corintbe,  Créon.  Ef- 
frayée de  ses  charmes,  la  reine,  qui 
craignait  sans  doute  l'inconstance  do 
son  époux,  la  fil  vendre  ;  et  une  suite 
d'aventures  la  conduisit  au  même 
lieu  qu'Alcméon ,  son  père ,  qui  l'é- 
pousa sans  la  reconnaître.  Dans  la 
suite  pourtant  la  reconnaissance  eut 
lieu,  mais  l'inceste  était  consommé. 
111  AN,  T<r«y,  dieu  grec  qui  ré- 
capitule à  lui  seul  toute  la  dynastie 
des  Titans,  passait  pour  frère  aîné 
de  Saturne  et  pour  fils  du  Ciel  et  de 
la  Terre  (Uranus  et  Gé).  Les  théo- 
gonies détaillées  ne  donnent  que  des 
Titans,  et  non  un  Titan  principal 
{Foy.  Titans  et  Saturne). 

TITANS,  T<rS«;,  fils  du  Ciel 
et  de  la  Terre  (Uranus  et  Gé  des 
Grecs) ,  reçurent  ce  nom  lorsque,  dé- 
livrés des  enfers  oiî  les  avait  relégués 
leur  père  effrayé  de  leurs  forces  colos- 
sales, ils  chassèrent  ce  soupçonneux 
monarque  du  trône  qu'il  avaft  voulu 
à  tout  jamais  posséder.  On  sait  que 
Saturne ,  l'un  d'eux ,  ayant  reçu  de  sa 
mère,  Téc  ou  Tilée  non  moins  que 
Gé,  la  fatale  harpe,  mutila,  au  mo- 


TIÏ 

ment  oii  il  se  précipitait  dans  les  enj^ 
brassements  de  son  infidèle  épousaJ 
l'ardent  Uranus.  Le  dieu  indigné  don^ 
na  soudain  a  ses  fils  ce  nom  de  Titans 
oui  les  reléguait  parmi  les  brutes  pro- 
Uuclionsde  la  terre  ,  et  les  assimilait  h 
leur  ténébreuse  mère.  Saturne  alors 
s'empara  du  pouvoir,  et  hostilement 
a  lui  se  posèrent  les  Titans  momenta- 
nément récapitulés  par  le  nom  de 
Titan  au  singulier.  On  a  ainsi  daus 
Saturne  et  Titan  (qui  l'un  et  l'autre 

f)eurtantsont  Titans,  sont  terrestres) 
e  ciel  et  la  terre.  Titan  l'emporte 
un  instant  sur  sou  frère;  mais  bientôt 
Saturne,  grâce  h  la  miraculeuse  crois- 
sance d'un  fils,  rentre  dans  ses  droits. 
Les  Titans  sont  précipités  dans  la 
Tartare,  où  presque  tous  on  les  re- 
trouve encore.  Mais  la  jalousie  aveu- 
gle Saturne  à  son  tour  :  il  craint  ce 
fils,  ce  libérateur;  et  il  veut  le  muti- 
ler comme  il  a  mutilé  son  père.  Nou- 
veaux combats,  nouvelle  victoire;  Sa-J 
turne  est  mis  en  fuite ,  et  Jupiter  rè- 
gne.— Ainsi  l'histoire  du  ciel  nous] 
présente    trois    périodes,   Uranus,] 
Crone  et  Jupiter.  Notons  que  primi-^ 
liveraent  il  n'y  en  eut  que  deux ,  leaj 
dieux  élégants  du  monde  pélasgo-grec,j 
les  dieux  massifs  et  presque  antédi- 
luviens du  monde    prolopélajgiquc* 
— La  dénomination  générique  de  Ti^ 
tans  s'applique    i°  aux  fils   et  au) 
filles  d'Uranus  et  de  Gé  ;    2"  à  la 
première  génération  et  aux  suivantes.] 
Dans  ce  cas  le  nom  Titanides,  qui  a 
la  désinence  patronymique,  convienl 
davantage.  Enfin  une  fois  que  l'on  esl 
arrivé  k  la  descendance  de  Jupiter  J 
on   remplace  le   nom  de  TilanideM 
par    celui   de    Cronides.   Observons] 
aussi  que  les  filles  ou  pelites-fillej 
d'Uranus  et  de  Gé  sont  appelées  par- 
ticulièrement Titanides.  Voici  le  ta- 
bleau synoptique  de  toute  la  famille- 
des  Titans. 


sss 


I.    TITANS. 

Giî  (Tée.Titée)  a   deux  époux: 
i'  Ubakus 


{ai  ,  avant  sa  luulilalion  I  la  rend  mère 
de 


a  triades  raùles  ; 


Océan  ; 
Crone; 
'  _  Japel. 


3  dyades  femelles 


Cyclopes  ; 


Centiiuanes  ■■ 


Cœos  ; 
Crios; 
Hypcrion. 


Tbîn; 

Rliia. 


Tl 


Thémis; 
ncmosyae. 


'  Phébo; 
Téthys. 

1  '  Brontès; 
Slérope  ; 
,  Argès. 


,  Cothis; 
•  '  Briaréfj 
\  Gygès. 


Après  la  niutilatioo  d'Uranus  naissent 


'inn;ys; 
de  sou  sang  i  {  Gcauls  (les); 

"lélies  (les). 


/Erir 
<  Gcai 
(.Méli 


d%soo  sperme  :  Aphrodite. 

i"  POHTOS , 
de  qui  elle  a 

ÎNér.'e; 
Thaumas; 
l'horcys  ; 
Céto. 


II.   TITAMDES. 


1°  Unions  entre  les  descendants  de  Gc  et  d'L'rauus. 


Hesti.T  (  Vesta); 
Oàmàtêr  (Cérùs); 
^  liera  (  Ju  lou). 


Crone  et  Riua 
(Saturne otKhéa)i 


OcSAS    ET   TÉTHYS  î 


COEOS  KT   PlIIBÉ  . 


Ckios  bi  £u«tbie  : 


IJrpÉRiOB  IT  Thia  ; 


Jàpit  et  CLUtins  : 


nadès  (rialon); 
Piisi'dôn  (Neptune); 
,  iiévs  (  Jupiter  ). 


Les  Fleuves; 
Les  3ooo   Océanides  ,   parm 
'       ksquelles  Uoris,  Styx. 


^Lato  (tjatone); 

î  Asiérie  ,  unie  à  Perses  et  mère 

y      d'Hécate. 

fAstrée ,  uni  à  Éos; 
PaDas,  nui  à  Styx  (d'où  ZéloS; 
Biii  ,  Cratos  ,  Kicé  ); 
Perses  ,  uni  à  Astérie. 


''Hélios  Me  soleil); 

Sélène  (la  lun«  ); 

Eos  (  l'auixirc  )  ,  qui  a  d'Astréc 

les  Vents  ,   J'hosphoros  ou 

V     l'étoile  du  matiu ,  etc. 


(Atlas; 
Ménèce; 
Promclhée; 
Epi  méthée,  époux  de  Pandore 


a"  Unions  entra  les  descendants  de  Ce  et  de  Poatos. 


KkkIe  et  Do&is  : 


Thadmas  et  Élkctrb 


Phokcts  et  C£to  : 


Les  5o  Néréides. 


{1 


ris; 
Les  Harpyes; 


•  Les  Gorgones ,  parmi  Icsqnel' 
les  Méduse  ,  incre  de  Cbry- 
saor  (  qui  a,  de  Calliroé 
Pégase  ,  Géryon  ,  Typhon 
Orthe,  Echidna  ); 

1  Les  Grées; 
Le  Dragon  ,  gardien  de»  Hes- 

peridcs; 
Scylla; 

VTliousa. 


5S6 


TIT 


TITARÈSE,  Lapitbe  vaillant, 
donna  s'en  nom  peut-êlre  a  un  affluent 
du  Pénée  dont  la  source  s'appelait 
Styx ,  et  dont  les  eaux  ,  ainsi  que  de 
rimile  ,  surnageaient  sur  celles  du 
grand  fleuve  de  la  Thessalie  sans  s'y 
mêler. 

TITEE,  TiTiEA,  la  même  que 
Gé.  Quelques  mythologues  Ten  dis- 
tinguent, et  même  lui  donnent  dix- 
sept  fils  distincts,  h  ce  qu'ils  disent, 
des  dix-sept  Titans  ordinaires. 

TITHON ,  époux  de  l'Aurore  et 
père  de  Meninon,  était,  selon  la 
mythologie  grecque,  un  fils  de  Lao- 
médon.  L'Aurore,  charmée  de  sa 
beauté,  l'enleva  sur  son  char,  et  ob- 
tint pour  lui  de  Jupiter  l'immortalité, 
mais  elle  oublia  de  demander  la  jeu- 
nesse; et  telle  devint  la  décrépitude 
de  Tithon,  qu'on  fut  obligé  de  l'em- 
maillotler.  Enfin  il  fut  changé  en  ci- 
gale, ce  qui  iu(li(|ue  rextrême  mai- 
greur ;  ou,  selon  d'autres,  il  s'évapora 
insensiblement  dans  les  airs.  —  On  a 
eu  tort  d'expliquer  l'enlèvement  de 
Tithon  soit  par  la  passion  violente 
qu'un  prince  de  Troie  avait  pour  la 
chasse,  passion  qui  réveillait  avant  le 
point  du  jour,  soit  par  un  établisse- 
ment dans  la  Susiane  qui  cerles  est 
bien  h  l'orient  de  Troie.  Tithon  est 
tout  simplement  une  émanation  de 
Tho,  Fta-Tho,  le  feu-terre,  qui  se 
pose  parallèlement  à  Poliri,  le  ciel. 
Immortel,  ainsi  que  Fta,  et  père 
d'un  fils  immortel,  il  devint  pour  les 
Grecs  un  simple  mortel,  mais  chéri 
des  déesses,  enlevé  par  des  déesses, 
assimilé  aux  déesses. 

TITHORÉE,  Haraadryade,  habi- 
tante d'une  des  cimes  du  Parnasse, 
lui  donna  son  nom. 

TITHRAKBO,  Isis  souterraine, 
a  été  traduite  par  les  Grecs  égyplia- 
iiisauts  en  Hécate.  Son  nom,  dit-on, 
veut  dire  qui  inspire  la  terreur. 


ÎLE 

Nous  en  doutons;  et  du  reste  noiis 
croyons  que  Tithranbo  ne  diffère  pas 
d'Anbo  [f^oy.  Anubis). 

TITIAS ,  héros  crétois,  fils  de  Ju- 
piter, était  invoqué  comme  dieu  du 
bonheur  et  des  heureuses  destinées,  vu 
que  toute  sa  vie  il  avait  joui  d'un  bon- 
heur inaltérable. 

TITIE,  géant,  tyran  de  Panop^||| 
en  Phocide  ,  voulut  attenter  a  riion-^| 
neur  de  Lalone  qui  allait  de  Panope 
h  Pylho  (Delphes).  11  fut  tué  a  coups 
de  flèches  par  Apollon  et  Diane ,  et 
précipité  dans  le  Tarlare  où  un 
insatiable  vautour  lui  fouille  sans  cesse 
les  entrailles  qui  renaissent  a  mesure 

au'illcs  dévore.  Tilye  avait  des  autels 
ans  l'île d'Eubée.  Son  corps,  dit-on, 
couvrait  neuf  plèthres  de  terre.  — 
Quelques  mythologues  font  de  ce| 
énorme  géant  un  fils  de  Jupiter  et  dfl 
la  nymphe  orchoménienne  ou  orchoH 
ménide  Elare,  qui  fut  cachée  par  soi 
amant  dans  le  sein  delà  terre  de  peul 
que  Junon n» ladécouvrît.  Comme  elli 
mourut  en  mettant  son  fils  au  mondej 
la  Terre  fut  dite  la  nourrice  et  la 
mère  de  Titye.  Du  reste  ,  les  évhéi 
méristes  expliquent  le  supplice  de  TU 
tye  par  les  remords  de  la  conscienceJ 
ses  velléités  de  viol  sur  Latone  pa 
des  sacrilèges,  enfin  sa  mort  par  und 
jeune  mort ,  car  toutes  les  morts  vioj 
lentes  ou  prématurées  étaient,  ditj 
on  ,  attribuées  a  Latone.  Pour  noi 
Titye  n'est,  comme  tous  les  géant 
des  années  primordiales  et  pour  aius 
dire  antédiluviennes,  qu'un  symboll 
des  forces  brutes  et  désordonnées  à\ 
la  nature.  Peut-êlre  élait-celcchami 
de  neuf  plèthres  qui  primitiveraenl 
forma  l'annexe  du  temple  de  DelphesJ 
et  qui,  avant  d'être  la  propriété  d'Aj 
pollon ,  fut  vivement  disputé  par  le 
soutiens  du  vieux  culte  de  la  Terre^ 
TLÉPOLÈME  ,  Tlf.polemus  , 
fils  d'Hercule  et  d'Aslyoché ,  l«a  Ly-''' 


TMO 

ciinne ,  frère  d'Alcmène ,  en  voulant 
iuer  un  esclave.  Forcé  de  fuir,  il  con- 
duisit plusieurs  colonies  dans  Rhodes, 
puis  guida  au  siège  de  Troie  les  trou- 
pes rhodiennes  sur  neuf  vaisseaux ,  et 
fut  tué  par  Sarpédon.  Sou  corps,  rap- 
porté dans  l'île  de  Rhodes,  fut  dé- 
posé dans  un  monument ,  et  l'on  in- 
stitua en  son  honneur  des  jeux  qui 
se    célébraient   le   zk  de  Gorpyée. 
Beaucoup  d'auteurs  regardent  Tlépo- 
lème  comme  un  personnage  véritable: 
ApoUodore  semble   faire  la  colonie 
de   Tlépolème  contemporaine   de  la 
première  invasion    des   Héraclides; 
aussi  Larcher  place-t-il  son  établisse- 
ment à  Rhodes  après  la  mort  d'Hyl- 
lus.  M.  Raoul- Rochette  le  date  de 
l'an  1292  avant  J.-C.  Avant  d'aller 
à  Rhodes,  Tlépolème  s'était  établi  a 
Tricorythe  et  dans  une  ville  ou  plaine 
d'Argos,  que  les  savants  placent  tour 
a  tour  dans  la  Cilicie,  dans  la  Cappa- 
doce,  etc.  Quelques-uns  même  en  font 
une  petite   ville  voisine  de  Rhodes. 
Cette  colonie  se  composait  d'Achéens 
et   de    Béotiens,   mais  non  pas  de 
Doriens. 

TMOLE ,  T^ttSAoî,  fds  de  Mars  et 
de  Théogone  selon  les  uns,  de  Sipyle 
et  de  Chlhonie  selon  les  autres,  était 
l'époux  d'Omphale  et  régnait  en  Ly- 
die. Il  est  évident  que  c'est  la  per- 
sonnalisation du  mont  Tmole  (aujour- 
d'hui Bozdagh)  ;  de  même  qu'Om- 
phale,la  terre  en  général,  se  prenait 
dans  un  sens  plus  restreint  pour  la 
Lydie  même.  Un  vieux  récit  le  mou- 
tre  faisant  violence  a  une  nymphe  de 
Diane ,  la  belle  Arrhiphe ,  au  pied 
même  des  autels  de  la  déesse.  Arrhi- 
phe se  perça  de  douleur,  mais  en 
suppliant  les  dieux  de  venger  sa  mortj 
et  Tmole  fut  quelque  temps  après  en- 
levé par  un  taureau  furieux,  et  jelé 
sur  des  pieux  dont  les  pointes  lui  fi- 
rent subir  d'atroces  douleurs  avant  do 


TMO 


;57 


le  tuer.  Dans  Ovide,  Tmole  est  avec 
Midas  l'arbitre  de  la  querelle  musicale 
entre  Marsyas  et  Apollon ,  et  pro- 
nonce en  faveur  du  premier. 

TMOU,  Atmou,  Otmou,  dieu 
mâle  adoré  en  Egypte  ,  a  été  retrou- 
vé, après  des  siècles  d'oubli,  sur  les 
monuments  égyptiens  par  Champol- 
lion  jeune  qui  voit  en  lui  un  repré- 
sentant de  Fré ,  mais  de  Fré  k  l'oc- 
cident,   de  Fré    parcourant  l'hémi- 
sphère inférieur,  siège  des  ténèbres, 
enfin  de  Fré  gouvernant  l'Amenti  ou 
enfer  (Voy.  Panth,  égypt.,  expli- 
cation des  planches  xxvi,  xxvi  a , 
XXVI  b ,  etc.).  Le  nom  de  Tmott  , 
qui  se  prononçait  aussi  Almou ,  Ot- 
mou, est  orthographié  très-diverse- 
ment dans  les  manuscrits  hiérogly- 
phiques  et  hiératiques.  ChampoUion 
en   a  recueilli  toutes    les  variantes 
dans  les  planches  déjà  citées  de  son 
Panthéon  (xxvi  «,  i,  2,  3,  4j  xxvi 
c,  3,  4,   5,6,  7).  Un  très-grand 
nombre  de  tableaux  et  de  stèles  d'a- 
doration représentent  ce  dieu  dont  le 
nom  était  ignoré  5  souvent  aussi  elles 
présentent    dé    longues    invocations 
adressées  k  ses  images,  soit  sous  for- 
me de  litanies,  soit  sous  celle  de  priè- 
res. Le  grand  Rituel  des  morts  ou  li- 
vre de  la  manifestation  à  la  lumière 
(gravé   en    grande    partie    dans  la 
Desc.  de  l'Eg.,Jnt.,  t.  II,  plane. 
Lxxu  et  suiv.  )  en  donne  plusieurs. 
L'identité  de  Fré  et  de  Tmou,  lors 
même  que  d'autres  circonstances  ne 
l'indiqueraient  pas,  serait  complète- 
ment démontrée  par  les  'monuments 
de  tout  âge  et  de  tout  ordre ,  qui  as- 
socient les  deux  dieux,  et  les  combi- 
nent en  un  seul  être  mythique,  ce  que 
prouvent  les  légendes  hiéroglyphiques 
Ré- Tmou j  Ré-Tniou  nouté  nib- 
to  (Ré-Tmou,  seigneur  du  monde 
matériel).  Voy.^  entre  autres,  la 
plane,  xxvi  a  de  Champollion  jeune 


55A 


TON 


calquée  sur  uue  momie  du  Musée  de 
Turiu.  Tmou  est  ordinairement  re- 
présenté ious  xme  forme  tout  hu- 
maine cl  assis  sur  un  irôuc  5  ses  cliairs 
sont  rouges  ou  vertes;  le  pi  lient,  em- 
Llème  de  la  double  domination,  cou- 
ronne sa  tête  ;  les  insignes  de  la  vie 
divine  et  de  la  bienfaisance  sont  dans 
fies  mains.  Lorsqu'il  fait  partie  à.\\Q 
grand  tableau ,  et  tpie  d'autres  per- 
sonnages divins  raccompagnent,  il  suit 
Fré  et  précède  Tboi  é ,  Osiris ,  k 
plus  forte  raison  le  reste  des  Osirides. 

TOI  A,  Tauteur  du  mal  chei  les 
liabitants  de  la  Floride,  tourmente  et 
déchire  cruellement  ses  adorateurs 
mêmes.  Dans  une  fêle  solennelle  qu'on 
célèbre  tous  les  nns  en  son  honneur, 
au  milieu  du  peuple  qui  crie  et  qui 
hurle,  les  femmes  déchirent  avec  des 
coquillages  les  bras  de  leurs  fdles , 
et  font  jaillir  le  sang  comme  une 
offrande  à  ïoïa  dont  elles  prononcent 
par  trois  fois  le  nom.  Pendant  ce 
temps,  trois  djouaraas  on  prêtres  se 
soûl  enfoncés  avec  des  sauls  et  des 
contorsions  bizarres  dans  une  forêt 
sombre  où  ils  vont  consulter  ïoïa.  Ils 
y  restent  deux  jours  entiers,  et  la 
foule  pendant  ce  temps  se  livre  à  des 
danses  furibondes,  s'agite,  s'écorcbe, 
gesticule,  crie,  prie  et  jeûne.  Le 
troisième  jour  les  djouamas  reparais- 
sent avec  une  réponse;  et  après  de 
nouvelles  danses,  mais  gaies  et  jovia- 
les autant  que  les  autres  étaient  terri- 
l)les,  on  se  dédommage  par  un  ample 
repas  du  long  jeûne  par  lequel  ou 
Tient  de  passer. 

TOML  Foy.  TnoMis. 

TOMOVIIN  ouDOMOVIG-DON- 
SKI  étaient  chez  les  Slaves  les  es- 
prits familiers  des  maisons.  Du  reste, 
ce  nom  générique  était  commun  aux 
bons  et  aux  mauvais  génies. 

TONATIOUH  ,  le  soleil  chez  les 
Aztèques.  Des  deux  magnifiques  Too- 


TOP 

kalll  ou  pyramides  que  l'on  trouve 
dans  les    environs   d'Otunba ,  Tune 
est  consacrée  K  Metsli  (la  lune),  et 
l'autre  K  Tonatiouh.  On  les  nomme  en 
conséquence   Metsli  Ilsakal  (maison 
de  la   lune),   et  Tonatiouh   Itsakal 
(maison  du  soleil).  La  tradition  po- 
pulaire attribue   la  construction   de, 
ces  monuments  auxToltèques,  ce  qui 
les  ferait  remonter  au  8'  ou  9''  siècle 
de  notre  ère.  Le  lieutenant  Glennie, 
qui  vient  de  les  visiter,  donne  îi  la 
pyramide  solaire  deux  cent  sept  pieds 
français;  l'autre  en  a  trente-quatre  de 
moins.  Les  murs,  construits  en  pier- 
res non  taillées  de  huit  pieds  de  hau- 
teur sur  trois  d'épaisseur,  sont  exacte- 
ment orientés  selon  les  quatre  points 
cardinaux.  Des  escaliers  en  grandes 
pierres  de  taille  conduisaient  k  leurs 
cimes,  couvertes  jadis  de  petits  autels 
avecdes  coupoles  construites  eu  bois, 
et  de  statues  plaquées  en  or.  Chacune 
des  quatre  assises  principales    était 
subdivisée  en  petits  gradins  de  trois 
pieds  de  haut.  On  eu   distingue  en- 
core les  arctes.Autour  des  deux  grands 
Téokalli  se  trouvent  nombre  de  peti- 
tes pyramides,  qui  forment  des  es- 
pèces de  rues  très-larges  aboutissant 
aux  quatre  faces  des  Téokalli  et  con- 
fondant leur  direction  avec  celles  des 
pyramides  et  des  méridiens.  Sur   la 
plupart  des  petites  pyramides  on  re- 
marque des  liiéroglyphes  et  des  dé- 
bris de  poterie.  On  regarde  comme 
certain  qu'elles  servaient  de  sépulture 
aux  chefs  des  tribus. 

TONL  Foj.  Thoki. 

TOP  AN',  Kami  japonais,  pré- 
side au  tonnerre  et  aux  orages.  C'est 
lui  qui,  lorsque  la  perversité  des  hom- 
mes en  fut  venue  au  poinl  de  rire  du 
tonnerre,  de  l'arc-en-ciel  et  même 
du  maître  des  dieux,  embrasa  l'uni- 
vers et  fit  périr  l'espèce  humaine  .  à 
l'exception  d'une  seule  famille,  celle 


TOR 

d'un  juste  auquel  les  dieux  aimaient 
à  rendre  visite  ,  et  grâce  aux  prières 
duquel  ils  conseMirent  à  ce  que  les 
hommes  recommençassent  a  paraître 
sur  la  terre.  On  représente  Topan 
voltigeant  dans  l'espace,  armé  ,  coiffé 
d'un  casque  à  couronne,  et  une  mas- 
sue h  la  main.  C'est  lorsqu'il  la  se- 
coue que  le  tonnerre  groncie  :  alors  le 
prêtre,  pour  l'apaiser ,  se  couvre  la 
tête  d'un  feuillage  sacré  que  ne  frappe 
jamais  le  tonnerre ,  et  lui  offre  en  sa- 
crifice des  poissons.  Le  mot  de  Topan 
offre  une  analogie  singulière  avec  ce- 
lui de  Toupan,  le  dieu  du  tonnerre  au 
Briisil. 

TOPIT  ,  personnage  sidérique  qui 
suit  le  troisième  décan  de  la  Vierge 
dans  le  zodiaque  rectangulaire  de 
Tentyra.  Il  est  suivi  lui-même  d'un 
autre  personnage  de  mêmï  genre , 
Tomi,  et  donne  lieu  absolument  aux 
mêmes  questions.  Topit  est  coiffe'  de 
deux  larges  feuilles  dressées  sur  deux 
cornes  de  bouc,  et  tient  a  la  main  le 
sce])tre  des  dieux  bienfaisants. 

TORA.,  dieu  suprême  des  Tcbou- 
vaches.  A.ux  yeux  de  quelques-uns  de 
ces  sauvages  de  la  Sibérie,  c'est  le 
soleil.  Autour  de  lui  se  trouvent  plu- 
sieurs dieux  de  seconde  classe.  On 
voit  son  idole  au  milieu  d'une  en- 
ceinte sacrée  dans  tous  les  bourgs  des 
Tcliouvaches. 

TORAINGA,  célèbre  Kami  japo- 
nais ,  avait  été  de  son  vivant  un  rude 
chasseur.  Il  finit  par  monter  sur  le 
trône,  et  délivra  le  pays  d'un  tyran 
à  huit  bras  auquel  certains  auteurs 
substituent  un  usurpateur  aidé  par 
huit  alliés.  Comme  le  Paraçou-Raraa 
de  l'Inde ,  il  n'est  armé  que  d'une  ha- 
che. Un  serpent  horrible  expire  sous 
ses  pieds.  Aux  quatre  coins  du  toit 
du  temple  de  Toranga  se  distinguent 
quatre  bœufs  dorés.  Des  mendiants  à 
la  porte  de  l'édifice  sacré  chantent 


TDS 


559 


les  louanges   de  l'illustre   guerrier. 
TORA.TOUROS,  h    même    que 
Tiermes;  Oragalls  semble  son  éma- 
nation. 

TORDCHIPAMO  ou  DORDJI- 
PAMO  (en  ihibétain  la  sainte  mère 
de  la  Truie) ,  grande  divinité  femelle 
adorée  surtout  dans  la  petite  ville  de 
Bhaldi ,  près  du  lac  Samthéo.  C'est 
une  prêtresse  qui  a  sous  sa  direction 
tous  les  cloîtres  des  environs.  On  la 
regarde  comme  l'incarnation  de  la 
déesse  hindoue  Bhavani.  Sa  résidence 
ordinaire  est  le  magnifique  couvent 
bâti  sur  une  des  îles  du  lac.  Elle  ne 
sort  de  son  habitation,  de  son  île, 
que  pour  se  rendre  processionnelle- 
ment  et  en  pompe  h  Hlassa.  Pen- 
dant le  voyage,  elle  est  assise  sur  un 
trône  au-dessus  duquel  se  recourbe 
en  cintre  une  vaste  ombrelle.  Des  en- 
censoirs s'agitent  devant  la  divine 
prêtresse.  La  foule  s'amasse  autour 
d'elle  a  chaque  station,  et  baise  h- 
l'envi  son  sceau;  puis,  Tordchi- 
pamo  donne  aux  habitants  sa  béné- 
diction. 

TOSORTHRE,  TaVo^^^of,  person- 
nification humaiue  de  FtaSidik  ,  Es- 
culapephénico-cgyptien.  Comme  roi, 
il  figure  dans  la  troisième  dynastie 
des  Pharaons,  parmi  ceux  de  Mem- 
phis,  immédiatement  après  Menés. 
La  médecine ,  l'art  d'écrire ,  les  hau- 
tes sciences,  d'ordinaire  attribués  au 
génie  de  Thoth-Hermès,  sont  censés 
venir  de  lui.  On  le  voit  aussi  dans 
certains  livres  du  prétendu  Hermès 
Trismégiste  soutenir  de  doctes  dialo- 
gues avec  ce  sage  si  célèbre  dans  la 
théosophie  alexandrine  comme  dans  la 
théogonie  mempliitique. 

TOSSITOROU,  ou  KOURO- 
ROUCI,  Kami  japonais,  est  un  des 
quatre  dieux  favoris  des  marchands. 
On  le  représente  debout  sur  un  ro- 
cher ,  enveloppé  d'une  ample  robe  a 


56o 


TOU 


manches  volumineuses,  et  tenant  h 
la  main  un  éventail.  Une  longue 
barbe  taillée  en  forme  de  triple 
flamme  pend  k  son  menton ,  et  s'bar- 
raonie  piltoresquement  avec  sa  large 
figure,  son  front  sillonné  de  rides, 
son  turban  plus  haut  que  sa  tête  et 
sa  démarche  circonspcclc.  On  l'in- 
voque surtout  au  commencement  de 
l'année.  On  peut  voir  sa  figure  dans 
Kaempfer,  Hist.  du  Japon,  pi.  viii. 

TOTAM ,  bon  grlnie  qui  veille  sur 
chaque  homme  ,  selon  les  Améri- 
cains. Il  y  a  autant  de  Tolams  que 
d'hommes.  Chacun  d'eux  prend,  une 
fois  pour  toutes  ,  la  forme  de  quelque 
animal.  En  conséquence  ,  chaque 
homme  doit  chercher  a  deviner  celui 
dont  son  Tolara  a  pris  la  forme,  et 
»e  garde  de  tuer,  de  blesser ,  de  man- 
ger un  membre,  quel  qu'il  soit,  de 
cette  espèce  privilégiée.  Nel'eussent- 
ils  blessé  que  par  mégardc ,  ce  serait 
un  crime  irrémissible  ,  et  qui ,  plus 
que  tout  autre,  les  exposerait  au 
courroux  du  maître  de  la  vie. 

TOTH.  Foy.  TuoTH. 

TOUILA,  dieu  des  Kamtchadales, 
fils  de  Piliatchoulchi, préside  àla  terre 
et  à  ses  tremblements,  aux  volcans,  à 
presque  tous  les  fléaux  dont  l'homme 
est  affligé.  Il  écarte  les  poissons  des 
rives  du  fleuve,  brûle  la  fourrure  des 
renards  ,  excite  les  loups  voraces  et. 
donne  la  rage  aux  chiens.  C'est  lui 
aussi  qui  fait  la  paix  et  la  guerre.  Du 
reste,  s'il  le  veut,  il  détourne  les 
fléaux  j  grâce  k  lui  oiseaux  et  pois- 
sons affluent,  la  paix  se  maintient, 
ou  bien  la  victoire  couronne  les  guer- 
riers. Il  est  porté  sur  un  traîueau 
par  le  robuste  chien  Kaocei  qui,  lors- 
qu'il parcourt  le  pays,  secoue  a  grand 
bruit  le  verglas  et  la  neige  de  son 
corps.  Ce  sont,  dit-on  ,  ces  secousses 
qui  causent  les  tremblements  de  terre. 

TOUMANOURONG,  reine  de  Ja- 


TOU 

va  ,  descendue  du  ciel,  ainsi  que  l'ii 
diqueson  nom,  ornée  de  chaînes  d'oi 
épousa  le  roi  de  Banlam ,  en  eut^ 
au  bout  de  deux  ans  de  grossesse, 
le  miraculeux  Touraasaliugabering  j 
puis,  lorsque  ce  jeune  prince  eut  at- 
teint sa  croissance,  disparut  subite- 
ment, avec  son  époux  et  son  beau- 
frère ,  laissant  l'empire  et  la  moitié 
de  la  chaîne  h  son  fils.  La  seconde 
moitié  de  cette  chaîne  fut  remportée 
au  ciel  par  la  reine.  Suivant  les  an- 
nales macasses ,  ce  qui  resta  de  la 
chaîne  au  jeune  roi  de  Banlam  était 
tantôt  pesant ,  tantôt  léger ,  tantôt 
diaphane  et  clair,  tantôt  de  couleur 
foncée  :  ce  fut  long-temps  le  joyau 
principal  des  souverains  de  Java  j 
mais  aujourd'hui  ce  bel  ornement 
n'existe  plus  que  dans  les  souvenii 
des  conteurs  et  dans  les  livres  d< 
légendaires.  —  Toumauourong  des^ 
cenduc  des  cieux  ne  peut  nous  sur- 
prendre. Nous  sommes  habitués  k 
toutes  ces  apparitions  surnaturelles 
de  législatrices,  de  bienfaitrices,  do 
donatrices  aux  attraits  ravissants.  Ce 
sont  k  la  fois  des  Isis  ,  des  Pandore , 
des  Bonnes  Déesses.  Seule ,  la  mali- 
gne loubekaigouaïa ,  femme  de  Bol- 
chika,  nous  a  offert  un  spectacle 
contraire.  La  chaîne  d'or  rappelle  et 
la  chaîne  de  Jupiter  ,  et  le  fil  d'A- 
riadne,  et  le  fil  des  Parques,  et  le 
Tao  des  Chinois.  C'est  l'ensemble  de 
la  création  se  déroulant  dans  un  or- 
dre, s'étalantsur  une  ligne  générale, 
se  scindant  en  individualités  succes- 
sives ou  successivement  aperçues. 
L'ouverture  de  la  terre,  c'est  la  sé- 
paration de  la  terre  et  du  ciel  :  ainsi 
Bel  coupe  Omorka  j  ainsi  l'œuf- 
monde  se  scinde  en  deux  cônes  qui, 
plus  tard,  deviennent  les  Dioscures 
au  bonnet  conique,  etc. 

TOUMASALINGABERING  , 
fils  de  Toumauourong  et  du  roi  do 


TOX 

Banlam,  avait  séjourné  deux  ans  dans 
le  sein  de  sa  mère.  En  revanche,  il 
parla  et  marcha  dès  qu'il  vint  au 
monde.  Qu'on  se  rappelle  ici  Lao- 
Tseu  et  tous  les  sages  chinois  ou  ti- 
bétains, que  l'on  vit  naître  avec  les 
cheveux  blancs  et  l'expérience  con- 
sommée de  la  vieillesse.  Du  reste,  il 
était  difforme  ,  et,  quoiqu'on  parle 
de  sa  croissance^  il  garda  sans  doute 
tout  le  temps  de  sa  vie  fabuleuse  la 
stature  et  les  formes  grotesques  du 
nain.  Sa  mère,  son  père  et  son  oncle 
disparurent ,  et  lui  laissèrent,  avec  la 
moitié  de  la  chaîne  d'or  qui  envelop- 
pait sa  mère  lorsqu'elle  descendit  des 
cieux,  le  royaume  de  Bantam. 

TOUPAN  ,  l'esprit  du  tonnerre 
selon  les  indigènes  du  Brésil,  était 
le  seul  être  surnaturel  que  connus- 
sent ces  peuples ,  étrangers  au  nom 
de  Dieu.  De  tous  les  phénomènes  de 
la  nature,  le  tonnerre  est  celui  qui 
les  frappait  le  plus.  Lorsque  les  mis- 
sionnaires chrétiens  leur  peignaient 
Dieu  comme  bon  et  bienfaisant  : 
«  Comment  se  fait-il ,  s'écriaient  ces 
peuples  naïfs,  que  ce  Dieu  nous  épou- 
vante parle  tonnerre?»  Ce  qui  est 
remarquable,  c'est  que  Toupan  pré- 
sidait aussi  a  l'agriculture. 

TOUPARAN.  Voy.  NipabaYa. 

TOURAN  (on  écrilvulg.  Turan), 
nom  de  Mars  chez  les  Etrusques. 
Lanzi(iS'«g-g-.  di  ling.  etr.')  retrouve 
dans  ce  nom  celui  d'Aran  ou  Ares 
(Mars  en  grec) ,  précédé  du  prétendu 
article  tÔ  ou  tu.  Toutefois,  il  soup- 
çonne que  Touran  pourrait  aussi  se 
décomposer  en  r»  oùpecviei  5  ce  qui  le 
mène  à  l'idée  de  Vénus,  mais  de  Vé- 
nus céleste  (^  oùpocvix). 

TOXEE,  ToxEus,  To'^tvç:  1°  un 
desDioscures  étoliens  tué  par  Méléa- 
gre  {f^.  ce  nom);  z°  fils  d'Euryle  et 
frère  d'Iole. 

TOXICRATE .,  To^t>cpâT>,  y  Tune 

ï-v. 


TPE 


56  r 


des  Thespiades  [Voy.  Thespius). 
TPE ,  déesse  égyptienne  dont  le 
rang  n'est  point  parfaitement  connu  , 
fut  prise  pour  la  représentation  al- 
légorique du  ciel ,  ce  que  prouvent 
et  son  nom  et  la  forme  qu'elle  affecte 
dans  les  monuments.  —  Deux  autres 
dieux-ciel  étaient  reconnus  par  la  re- 
ligion égyptienne  :  l'un,  Potiri,  était 
le  dédoublement  femelle  de  Fta  (le 
dédoublement  mâle  était  Tho ,  la 
terre);  l'autre  dieu  était  Imôouth  , 
l'un  des  dynastes  [Voy.  art.  treize- 
Douze).  Tpé  est  représentée  sur  un 
grand  nombre  de  monuments  ,  mais 
plus  particulièrement  sur  les  zodia- 
ques rectangulaires.  Son  effigie  est 
double  alors,  et  chacune  reçoit  deux 
paires  de  bras  et  deux  paires  de  jam- 
bes. Ses  mamelles  sont  pendantes. 
Un  scarabée  aux  ailes  d'épervier, 
symbole  de  la  puissance  créatrice, 
est  sur  sa  poitrine.  Sa  longue  tuni- 
que se  compose  de  lignes  onduleuses, 
au  milieu  desquelles  règne  une  guir- 
lande de  lotos.  Tous  ces  détails  nous 
ramènent  à  l'idée  de  la  génération  par 
l'humide.  La  ligne  brisée  ou  ondu- 
leuse  est  un  hiéroglyphe  qui  figure  'es 
eaux.  Ainsi,  les  cieux  sont  une  vaste 
mer  de  laquelle  tout  naît.  Les  prin- 
cipes ignés  impondérables,  Fta,  fé- 
condent Athor;  le  feu  terrestre  Tho 
féconde  Potiri;  le  ciel  actif  Imôouth 
féconde  Tpé,  ciel  passif,  ciel  humide, 
ciel-femme.  Tous  les  autres  sont  ses 
fils  et  viennent  d'elle  ,  car  tous  sont 
contenus  en  elle  :  elle  en  est  enceinte; 
et ,  portés  sur  des  barques  aériennes, 
ils  se  meuvent  dans  son  vaste  utérus 
{Voy.  le  zodiaque  rectangulaire  de 
Denderah,  gravé,  Descr.  del'Eg., 
Ânt.,  pi. ,  vol.  IV,  pi.  20).  Tpé 
doit  être  encore  remarquée  sur  les 
momies  et  sur  les  pans  des  monu  ■ 
ments  funéraires  ;  sur  ceux  qui  l'e  - 
présentent  des  scènes  relatives  aus 

36 


55a 


TRÉ 


morts ,  Tpé  occupe  à  peu  près  le 
milieu  enlre  les  repréjentalions  des 
dieux  célestes  ou  suprêmes  et  celles 
des  déités  infernales.  Fré,  Fla-So- 
Xari ,  Neitli ,  Hermès  Trisinégiste  , 
Kuef,  Almou,  sont  toujours  au-des- 
sus d'elje  ;  au-dessous  commence  h 
se  dérouler  la  série  des  peintures 
deslîne'es  a  reproduire  les  phénomè- 
nes de  Taulre  vie.  Parmi  les  niorr 
ceaux  que  npus  pourrions  citer  a  Tap- 
pui ,  rien  n'est  plus  remarquable 
peut-être  que  le  cprcueil  de  la  belle 
momie  égyptienne  rapportée  d'A- 
lexandrie et  donnée  au  Muséum  d'his- 
toire naturelle  p^r  le  comte  de  Mon- 
cabrié  (dessine  par  M,  Jomard  et 
gravé  dans  la  traduction  française  de 
Creuzer  par  M,  Guigniaut,  t.  I\' , 
pi.  XLV,  182)."  Tpé  devint  aussi  un 
hiéroglyphe  qui  désigne  le  ciel.  Cet 
hiéroglyphe  est  tantôt  une  ligne  ho- 
rizontale terminée  par  deux  crochets 
dont  la  pointe  regarde  le  bas,  taijlôt 
une  espèce  de  fer  a  cheval  dont  la 
convexité  regarde  le  haut .  et  que 
terminent  en  bas  deux  crochets  (Jiri- 
«résdans  un  sens  horizontal. 

ÏRAIVIBFXE  ,  TpAMPELus  ,  fils 
de  Télamon  et  d'Hésif  ne ,  suivit  5^ 
mère  a  Miletj  puis,  dans  Lesbos, 
aima  )a  belle  Apriale ,  teijta  en  vaiij 
de  la  violer ,  et  la  précipita  dans  U 
mer.  II  avait  eu  pour  inslitnleur  et 
pour  père  adoptif  Arion,  deiixième 
époux  de  sa  mère.  Achille  le  tua  dans 
Lesbos  en  punition  4'-*  sa  cruauté. 

TRAPEZE ,  l'un  des  ciuquanle 
Lycaonldes,  donna  son  nom  à  une 
ville  de  l'Arcadie. 

TREBETA,  prétendu  fondateur 

de  Trêves,  était,  dit-on,  un  fils  de 

Ninus  exilé  d'Assyrie  pgr  Sémirainis. 

DjC  là  ce  bel  hexamelrç  aussi  con- 

orme  à  la  quajillté  qu'aji  hpo  ^pns  : 

nte  Rouiam  Treriris  stedt  annis  mille  Ircceiilis. 


TRE 

Cette  preuve  d'une  antiquité  de  qua- 
tre mille  ans  était  inscrite  sur  la 
porte  de  l'ancien  hôtel-de-ville  de 
Trêves. 

TREIZE-DOUZE  (Treize-Dou- 
ze). C'est  le  nom  que  nous  donnons 
aux  divinités  égyptiennes  du  second 
ordre  qui  n'entrent  point  daps  la 
classe  des  décans  et  sous-d.écans ,  on 
génies  élhérés  d'Hermès.  Ces  divini- 
tés ,  au  nombre  de  douze,  sont  tou- 
tes subordonnées  an  soleil ,  qui  est  à 
la  fois  au-dessus  çt  hgrs  de  ce  petit 
groupe  divin j  et,  en  conséquencp, 
les  listes  mythologiques  donnent 
douze  ou  treize  noms ,  selon  qu'n 
leur  tête  on  place  ou  l'on  omet  ce- 
lui du  grand  astre ,  leur  chef  de  file. 
Il  règne  beaucoup  d'incertitude  sur 
les  noms,  sur  les  caractères,  sur  leg  jji 
relations  de  ces  dieux j  toutefois  on  hI 
croit  être  certain  que  le*  planètes  et 
le  ciel  d'une  part,  les  cinq  éléments, 
égyptiens  de  l'autre,  composent  pett 
série  subordonnée  ,  de  manière  que,| 
si  nous  voulions  classer  cesdjeux  dans] 
un  cadre  synoptique,  nous  appions  : 

Le  Soif  il.  Pi-Rr,  Fri'.clc. 

Jtipilcr.  l'i-Zcous. 

Mais.  lirlosi  ,  Arlèi. 

ypnvs.  Siprot. 

Mercure.  Pi-Ilu'inès  ou  Tbotli  second. 

Saturne.  Remfa. 

Lp  Ciel.  liputliis  (inieg||ç  Jn^é^vUi),  Es- 

culajie. 

)^  Lune.  Bubastis  (oii^  mieux  Poul>,tsti), 

I/Elbcr-  NeilU  (déjà  pofpmiïe  Uéphe^- 

tobtilo  d.ins  sa  clasiiificatiu^i 
i\cs  Kbfluiépbioidcg^. 

l,e  feu  ter  l'est  j'c.     Vcst/i. 

L'eau.  Vénus. 

L''i|u>os|>bèl'P.         Ijiilona. 

La  1  erre .  flbéa  ou  CiJrt^s . 

En  imaginant  le  dieu  Renifa  ,  transi- 
tion dcrirrévclé  aux  révélations,  d'I- 
môouth  pu  de  ï*jromi  h  Kuef ,  OU  Iu.i 
donna  naturellement  pour  épouse  la 
Terre,  luère  et  nourr'pe  de  tant  d'ê- 
tpes  divers  ,  la  Terre,  espèce  de  dçlir 
gation  de  ia  grppde  Bouto  5  ce  qui 
amène  la  répartition  suivante  des 
Treize -Douze,    époux  el   ppouies  : 


1 


TRE 


TRI 


563 


, 

DYNASTES. 

ÉPOUX  (  6-5  )  , 

ÉPOUSES  (6-5), 

PBSTADB    MitB     OD     SIDIBJQUE. 

PSITAPE    FXMELI.B    pD    éLÉHERTAIKE. 

leurs 

leurs 

leurs 

leurs  re- 

DririSTSS. 

équivalents 

représentants 

DïSiSTES. 

équivalents 

gréco- 

présentants 
klianir> 

grùco-romains- 

kbaméphioïdcs. 

rouiains. 

phioïdes. 

Djom. 

llercale-Soleil. 

Fré,  archi-dynaste. 

llilh(')u  Poubastl?). 

Sélt-ne,  Diane, 
Lune,  etc, 

Pooh. 

Pi-Zéous. 

Jupiter. 

Amoun. 

Salé. 

Junou. 

Neith. 

Ertosi, 

Mart-Vulcain. 

Fta. 

Anoukc. 

Vesla. 

Atharl. 

Surot. 

Lucifer-Soleil. 

Fré. 

AtUor  11. 

Anjidyoïn^ne, 
(Véuus)?Am- 
pbitritc. 

Pooh. 

Pi-Hermôou. 

Mercure. 

Piroml. 

Bouto  II. 

Latone? 

Routo. 

ilemfa. 

Saturne. 

Transition  de  Piro- 

Neflé. 

Rhéa,  Cérès, 

T'Armoull). 

^ 

^— , 

ini  à  Aiuoun. 

la  Terre. 

^____ 

PI 

is  Imôoutu  ,  entre  le 

s  2  pentades  saintes 

Noijs  reproduisons  ici  les  classifica- 
tions auxquelles  de'ja  nous  nous  som- 
mes arrêtés,  et  nous  metlons  en  re- 
gard des  dieux  dynasles  leurs  équi- 
valents gréco  -  romains  probables. 
M.  Guigniaut  (  trad.  de  Creuzer) 
propose  deux  conjectures  relative- 
ment à  l'arrangement  de  nos  Treize- 
Douze  dieux.  La  première  consiste- 
rait à  rabaisser  Hercule  ou  Djom 
parmi  les  douze  dynasles  5  Fré  serait 
alors  l'arclij-dynaste.  Il  ne  nous  dit 
pas  à  quel  dieu  ou  l'idenlifierail  :  na- 
turellement, les  raylliographes  opte- 
raient pour  Ertosi  ou  Mars,  avec  le- 
quel Djom  a  beaucoup  de  rapporisj 
et,  sous  ce  point  de  vue,  on  verrait 
Djom-Ertosi  venir  à  la  suite  de  Pi- 
Zéous,  comme  dans  les  légendes  grec- 
ques on  voit  Hercule  sortir  du  sang 
de  Jupiter-Harauion.  Par  la  seconde 
conjecture,  M.  Guigniaut  incline  à 
confondre Surot  (Vénus-planète)  ayec 
Alhor  II  (Vénus-élément),  et  cette 
Alhor  reléguée  alors  parmi  les  déités 
fémiûiues  serait  l'épouse  d'Imôoutb , 


qui ,  comme  les  autres  dyna^tes,  au- 
rait un  corrélatif  femelle. 

TRESTONIE,  Tbestoma,  déesse 
latine,  était  invoquée  contre  la  lassi- 
tude dans  les  promenades  ou  les  voya- 
ges-     ,    .^ 

TREZENE,  Troeïenus,  fils  de 
Pélops ,  passait  pour  héros  éponyme 
de  la  ville  de  ce  nom  daus  le  Pélopo- 
nèse.  Cependant,  long-temps  avant 
l'époque  a  laquelle  la  clironologie 
place  l'ariivée  de  Pélops,  Trézèue 
existait  {f^oy.  Hoi>us).  Tre'zène  s'ap- 
pela primitivement  Posidonie,  kcause 
de  sa  situation  sur  le  bord  de  la  mer  j 
et,  tn  effet,  toujours  Trézène,dau8 
la  mylliologie  antique,  a  été  en  rela- 
tion avecNepluiifi  (/^.  Ethra). 

ÏIUCLARIE,    ÏRICLARIA,    T/3<- 

nXapiot. ,  Diane  en  Aicadie.  Le  temple 
qu'elle  avait  sous  ce  nom  était  sur 
une  espèce  de  territoire  neutre  appar- 
tenant en  commun  a  trois  villes,  Aroé, 
Antée  ,  Messatlde  ,  et  passait  pour 
avoir  été  profané  par  les  amours  de 
Mélauîppe  et  de  Coraélho.  En  com- 

36. 


56K  TRI 

mémoraliou  de  cet  événement  avait 
été  insliluée  une  fête  expiatoire  dont 
la  cérémonie  principale  consistait  dans 
l'immolation  d'un  jeune  bomme  et 
d'une  jeuoe  fille  par  une  prêtresse 
vierge.  Dans  la  suite,  Eurypyle  abo- 
lit cet  usage  barbare,  et  il  ne  resta 
des  anciennes  prescriptions  que  l'o- 
bligation pour  la  prêtresse  de  rester 
vierge. 

TRICOLONE,  Tricolonus,  Tp<- 
xôxuioç  :  i"  fondateur  de  Tricolonc 
en  Arcadie ,  était  l'un  des  cinquante 
Lvcaonides;  s"  descendant  du  pré- 
Cfdent  et  l'un  des  amants  d'Hippoda- 
mie  qui  furent  victimes  d'Œnomas. 
TRIGOLOVA  ou  Triglova  (c'est- 
à-dire  aux  trois  têtes),  déesse  slave 
que  l'on  représentait  avec  trois  têtes, 
était  surtout  bonorée  chez  les  Van- 
dales de  la  Lusace  actuelle.  Rien  ne 
prouve  que  ce  soit  l'Hécate  grecque. 
—On  disait  aussi  Trigla. 

TRIOPAS  :  1°  fils  de  Neptune 
et  de  Canacé,  père  d'Érésicbtlion  et 
d'Ipbigéniej  2°roide  Tbessalie,père 
de  Mérope.  Il  est  présuraable  qu'il 
faut  réunir  ces  deux  personnages  en 
un  seul. 

ÏRIOPE ,  fils  du  soleil ,  donna 
son  nom  h  un  cap  et  a  une  ville  de  la 
Carie. 

TRIOPHTHALME  ,  Tbioph- 
THALTrtOS  ,  Tpto'ÇÔxXy.os  (. aux  Irois 
yeux),  Jupiter.  C'est  une  épitbètc 
de  la  plus  haute  importance  ;  elle 
marque  la  souveraineté  absolue  de 
Jupiter  sur  les  trois  mondes,  le  ciel, 
la  terre  elles  enfers,  et  formule  de  la 
manière  la  pins  frappante  la  doctrine 
du  monothéisme  chez  les  Grecs. Comp. 
pour  les  développements  l'art.  Jupi- 
ter, LIV,  5i5.  On  avait  trouvé 
une  statue  de  Jupiter-Triophthalme 
à  Troie.  Aux  Indes,  on  donne  K  Siva 
l'épithète  de  Trilotchana ,  qui  a  le 
même  sens  que  Triophthalmos  ;  mais 


TRI 

qui  ne  semble  pas  devoir  aussi  , . . 
demmcnt  ramener  la  triplicilé  à  l'u- 
nité. 

TRIOPS  :  1°  fils  de  Neptune  ; 
2°  Apollon  ,  particulièrement  révéré 
k  Triopie,  en  Carie. 

TRIOTARENE  ou  Douriodha- 
WA,  célèbre  roi  Tchandravanca  (de 
la  dynastie  de  la  lune) ,  devaitlejour 
à  Dritarachtra  et  h  Kanderi.  Sa  ja- 
lousie contre  les  Pandavas  ses  cousins 
donna  matière  K  la  célèbre  guerre  des 
Pandous  et  des  Kourous. 

TRIPIIYLE  ,  Triphyi.us  ,  fils 
d'Arcas  et  de  Laodamie  ,  donna  son 
nom  klaTriphylie  que  d'autres  croient 
avoir  été  ainsi  appelée  des  trois  peu- 
ples {rpùç  dfuXxî)  qui  vinrent  y  ha- 
biter, Apicns,  Minycs,  Éléenf. 

TRIl'TOLEME,  Triptolkmus, 
Tft-nTÔXifAoç  ,  devait  lu  jour  au  roi 
d'Eleusis,  Celée,  et  a  Mélanire  (ou 
Néère).  Cérès ,  K  qui  Céléc  avait 
donné  une  généreuse  liospitalilé,  gué^ 
rit  par  un  baiser  Triptolème  en- 
core enfant,  et  qu'une  insomnie  availa 
réduit  h  l'extrémité 5  puis,  se  char- 
geant de  son  éducation,  le  nourrit  d« 
son  lait,  et  chaque  nuit  le  passait  av 
feu  afin  de  le  rendre  immortel.  La 
rapide  croissance  de  l'enfant  excita  la 
curiosité  du  couple  royal  5  et  une  nuit 
tous  deux  épièrent  Cérès.  A  la  vue 
de  Triptolème  dans  les  flammes,  Mé- 
tanire  jeta  un  cri.  Celle  perturbation 
des  mystères  ravissait  pour  jamais  h 
Triptolème  l'espérance  de  l'immorta- 
lité. Il  n'en  fut  pas  moins  initié  par 
la  grande  déesse  aux  secrets  de  l'a- 
griculture, reçut  d'elle  la  charrue,  les 
semailles  et  la  herse.  Des  traditions 
célèbres  le  font  voyager  soit  seul,  soit 
avec  la  déesse.  Alors  il  traverse  l'eaH 
pace  sur  un  char  attelé  de  dragoné 
\Voy.  la  gravure  de  Cérès ,  LIII  j 
569),  et  parcourt  la  Scylhie,  où  grà-" 
ce  à  Cérès  il  échappe  aux  embûches 


TRI 

de  Lyncus,  el  le  pays  des  Gèles  où 
Cariiobiila  essaya  en  vain  de  le  faire 
périr.  Revenu  dans  l'Atlique,  il  y 
popularisa  l'agriculture,  et  institua  les 
mystères  d'Eleusis  :  trois  compagnons 
le  secondaient  dans  ses  innovations 
industrielles  et  religieuses.  —  Les- 
Athéniens,  en  revendiquant  pour  TAt- 
lique  l'invention  de  l'agriculture,  non- 
seulement  donnèrent  Eleusis  pour  la 
patrie  de  ce  bel  art,  mais  encore 
montraient  le  clos  de  Rharion  com- 
me le  premier  lieu  où  l'on  eût  essayé 
la  culture  des  céréales.  C'est  de  l'orge 
que  l'on  y  sema  pour  commencer. 
Aussi  par  la  suite  les  Eleiisiniens, 
dans  les  sacrifices,  ne  se  servaient-ils 
que  de  gâteaux  faits  avec  la  farine  de 
ce  clos-modèle,  ce  qui  valut  à  Cérès 
le  surnom  de  Rharia.Triptolème  avait 
dans  Athènes  le  rang  de  dieu.  On  lui 
avait  consacré  un  temple,  un  autel  et 
une  aire  à  battre  le  grain. — La  chro- 
nique de  Paros  place  Triplolènie  sous 
le  règne  d'Erechthée.  D'autres  le  re- 
foulent sous  Pandion  F*".  Quelques 
mythographes  en  font  un  des  législa- 
teurs de  l'Attique.  Ces  variantes  se 
conçoivent  aisément.  L'agriculture  se 
lie  a  la  législation,  et  même  est  pres- 
que une  législation  (comp.  Ckriîs  et 
CÉCROPs)j  et  d'autre  part  l'agricul- 
ture n'a  pas  été  inventée  tout  d'une 
pièce,  et  il  a  fallu  bien  des  perfection- 
nements pour  arriver  où  en  étaient 
les  Grecs.  Entre  autres  exemples, 
rappelons  l'Athénien  Buzygès,  à  qui 
l'on  attribue  l'attelage  des  bœufs  a  la 
charrue. — Comme  l'Atlique  n'est  pas 
le  seul  pays  qui  ait  eu  des  prétentions 
hrinveulion  de  l'agriculture,  Diodo- 
re,  qui  n'était  pas  Athénien,  fit  de 
Triplolème  un  des  compagnons  d'O- 
siris.  Disciple  de  ce  conquérant  des 
Lides,  Triplolème  aurait  élé  envoyé 
ar  lui  cnÀttique,  pour  associer  les 
abitants  de  celle  contrée  aux  bien- 


TRI 


565 


faits  de  sa  découverte.  C'est  sans 
doute  par  suite  de  ce  fait  que  l'on  a 
imaginé  Triplolème  suivant  Bacchus 
aux  Indes.  Du  reste  ,  ce  n'est  pas  la 
seule  corrélation  de  ce  genre  qu'on 
trouve  entre  les  religions  de  Bacchus 
et  de  Cérès.  On  voit  sur  divers  monu- 
ments Triplolème  le  pied  sur  un  dra- 
gon, et  menant  une  charrue  attelée 
de  deux  bœufs  {Caè.  de  Stock,  §  V, 
n°  2^3  ),  tenant  des  épis  de  blé  ou 
des  pavots  (ouvr.  d",  n°  aSp  ;  Beger, 
Thés.  Urandeùurg,  i.ll,^.  289), 
et  debout  sur  un  char  traîné  par  des 
serpents(C^^.  de  Stock,  2^0,  z^i, 
243),  enfin  debout  à  côté  de  Cérès 
qnilui  tient  la  main. 

TRISMÉGISTE,  Thoth.  Foy. 
ce  nom. 

TRITIE,  fille  de  Triton,  nour- 
rice ou  prêtresse  de  Minerve,  amante 
de  Mars  et  mère  de  Ménalippe,  bâtit 
dans  l'Achaïe  la  ville  de  Trilée,  dont 
les  habitants  offraient  à  Mars  et  à 
Tritie  un  sacrifice  annuel. 

TRITO,  Triton  féminisé,  tour  à 
tour  donnée  pour  fille  ou  pour  fem- 
me de  Triton,  pour  nourrice  ou  pour 
mère  de  Minerve,  est  probablement 
la  même  que  Tritie.  La  vraie  Trilo, 
c'est  Minerve,  fille  des  eaux,  et  en 
conséquence  fille  des  lacs  {Voy,  Mi- 
TJERVE ,  et  les  deux  articles  qui  sui- 
vent). 

TRITOGÉNIE,  Pallas ,  ainsi 
nommée  soit  parce  qu'elle  naquit  des 
eaux  {True  dans  une  langue  ancien- 
ne), soit  parce  qu'elle  jaillit  de  la  tête 
{Trilo  en  béotien),  soit  parce  qu'elle 
vint  au  monde  le  troisième  mois  de 
l'année,  ou  au  bout  d'une  conception 
de  trois  mois ,  soit  enfin  parce  qu'elle 
n'apparut  qu'après  Apollon  et  Diane, 
c'est-'a-dire  la  troisième. 

TRITON  n'est,  dans  la  mytholo- 
gie vulgaire ,  qu'un  dieu  sabalterne 
des  eaux.  Fijs  d?  j^eptunç  et  d'Amr 


IM 


TRI 


pkitrite,  il  précède  son  char,  arm^ 
de  la  conque  recourbée  qui  lui  sert  de 
trompeltc,  et  offre  aux  yeux  Taspect 
d'un  hoDime-poisson.  Autour  de  lui 
bondissent  et  fulàtrent  quantité  de 
Triions  inférieurs  qui  sont  ses  dédou- 
blemeuls.  Avec  la  conque  marine  qu'il 
tiedt  kla  main  ou  porte  a  sa  bouche, 
il  annonce  l'arrivée  du  dieu  des  eaux, 
l^rFois  prélude  aux  tempêtes,  plus 
souvent  les  fait  cesser.  Ainsi  dans 
Ovide,  il  enfle  sa  conque  quand  les 
eaux  du  déluge  se  retirent  en  cadence. 
Dans  Virgile ,  il  s'efforce  de  sauver 
les  radeanx  d'Ene'e  qui  ont  échoué. 
Ce  rôle  calme  et  bienfaisant  n'em- 
pêche pas  que  Triton  ne  devienne 
aussi  un  être  ahrimani(|i|e.  Quand 
Misène ,  ce  trompette  d'Enée,  pré- 
tend l'emporter  sur  lui  en  talent  mu- 
sical ^  ne  pouvant  mieux  faire ,  il  se 
noie.  Quoique  vulgairement  sa  place 
soit  en  avant  du  char  de  Neptune, 
quelqoefois  il  a  lui-même  un  char 
attelé  de  chevaux  bleus.  Pausanias, 
décrivant  la  figure  des  Tritons ,  leur 
donne  des  cheveux  verts,  de  larges 
oreilles,  une  vaste  bouche,  des  dents 
d'animaux ,  des  yeux  bleus ,  des 
doigts  armés  de  griffes,  des  nageoi- 
rcj  k  la  poitrine  et  au  ventre.  Dans 
la  Gigantomacbic  ,  la  conque  marine 
épouvante  les  ge'àiits,  et,  rivale  des 
cris  de  l'âne,  détermine  leur  fuite. 
Claudien  couronne  les  Tritons  de 
roseaux.  Dans  un  monument  publié 
par  Winckelmann  (/l/o/zî/m.  inéd., 
1,  p.  2  5),  sur  le  front  de  Triton  s'é- 
lèvent,  en  guise  de  cornes,  deux 
pinces  d'écrevisses.  Ailleurs,  aux  for- 
mes de  l'homme  et  du  dauphin  (cé- 
tacé  et  non  poisson  )  il  réunit  les 
jambes  antérieures  du  cheval  j  c'est 
unichthyocentaure.  Le  capricorne  se 
rapproche  de  ce  type.  Triton  a  quel- 
quefois la  rame  en  main  {Jntiq. 
d'Herc,  1. 1,  p.  /44),  Le  trideat  de 


TRI 

Neptune  remplace,  parfois,  soit  ïi 
rame,  soit  la  conque  [Pierres  gr.  de 
Wild. ,  pi.  XIV ,  n"  3 1).  On  le  trouve 
aussi  Hé  au  culte  de  Saturne ,  sur  le 
ba'jtdes  temples  duqtiel  était  d'ordi- 
naire placée  son  effigie, aux  images  de 
•Vénus  au  char  de  laquelle  il  altèle  le 
taureau  marin,  et  aux  pompes  triom- 
phales du  joyeux  Bacclïus.  Les  bas- 
reliefs  dionysiaques  offrent  plus  d'une  jM 
fois  des  Centaures  et  des  Satyres,  «I 
des  Tritons  ivres  et  dansant.  Souvent 
leur  ivresse  n'a  d'autre  cause  que 
leur  gourmandise.  Un  mylhe  fa- 
meux a  Tanagre  voitlait  que  jadis  un 
Triton  cruel  tuà(  les  bestiaux  ,  et  lit 
chavirer  en  mer  les  barques  des  pê- 
cheurs. On  s'avisa  de  placer  sur  la 
rive  une  cruche  remplie  de  vin;  l'en- 
fant des  eaux  s'enivra,  s'endormit,  se 
laissa  tomber  du  haut  d'une  falaise. 
Un  Tanagréen  lui  coupa  la  tête  d'un 
coup  de  hache;  et  l'on  dit  que  c'était 
Bacchus  lui-même  qui  avait  rendu 
ce  service  h  la  ville  de  Tanagre. 
On  alla  plus  loin  ,  on  dit  qu'un  jour 
Triton  s'étanl  jeté  sur  des  Tana- 
gréennes  occupées  à  se  purifier  dans 
la  mer,  Racchus,  défenseur  de  la  pu- 
dicité  du  beau  sexe,  fit  lâcher  prise  à 
l'impétueux  assaillant.  On  voyait,  en 
mémoire  de  cet  événement,  une  belle 
statue  de  Triton  a  Tanagre  dans  le 
temple  de  Bacchns.  —  Les  Triions  , 
comme  les  Satyres  et  comme  Pan , 
apparaissaient  à  l'improviste  sur  les 
rivages. — Triton,  d'après  des  gé- 
néalogies plus  antiques  que  l'arran- 
gement vulgaire  ,  devait  le  jour  h 
l'Océan  et  k  Tétliys.  Ailleurs  aussi 
on  appelle  Nérée  son  père,  et  tan- 
tôt Céléno ,  tantôt  Salacie  passait 
pour  sa  mère.  Du  reste,  il  est  pro- 
bable que  dans  l'origine  Triton  ne 
fut  que  l'onde  personnifiée,  sous  for- 
me d'homme-poissou  armé  des  dé- 
pouilles des  mollusques.  Trit  doit  si- 


TRI 

gnifidf  eau,  elle  nom  de  lac,  Triton, 
donné  à  une  mare  de  la  Béolie  et  a 
un  grafid  temple  de  la  Bjsacène  ne 
signifie  que  lac-nnde. 

TRITOPATORS,  rpiroTrircp^i, 
divinités  mystérieuses  adorées  dans 
l'Altique  (Cicér. ,  Nût.  des  Pieux 
I.  III,  c.  23)^  sont  indubitablement 
des  Cahires.  Toutefois,  il  est  proba- 
ble qu'il  n'y  a  pas  identité  complète 
entfe  eux  et  les  dieux  de  Samothra- 
ce.  Les  prêtres-rois  de  celte  île  sa- 
crée ne  révélaient  pas  tout  d'une  fois 
tous  leurs  mystères  aux  initiés  5  et 
quelques-uns  de  ceux-ci  purent,  pour 
compléter  un  système ,  ajouter  à  ce 
qu'ils  avaient  appris  de  la  boucbe  de 
riiiéropliante.  Généralement  ou  expli- 
quait Trilopators  par  Irois  pères,  ce 
qui,  lexicologiquement  parlant,  uous 
semble  assez  gratuit  (  i  )  •  mais  ce  qui  du 
moins  nous  informe  qu'en  un  sens  ces 
dieux  formaient  une  triade  sacrée , 
comme  Knef,  Fia,  Fré  en  Egypte, 
comme  Axiéros  et  les  deux  Axiocer- 
ses  dans  la  religion  cabirique.  D'au- 
tre part,  au  lieu  de  se  décomposer  en 
trois  membres,  quelquefois  on  les 
voit  (Cicéron,  ouv.  cité,  1.  III,  c.  2 1  , 
p.  586,  etc.,  de  l'éd.  Creuzer)  se 
dérouler  en  trois  séries ,  dont  deux 
triades  et  une  dyade.  La  dyade,  qui 
se  compose  de  deux  Dioscures  ordi- 
naires (Castor  et  Pollux,  ou  peut-èlre 
AmpLion  et  Zéthus),  se  trouve  enfer- 
mée entre  les  triades  :  la  première 
contient  Zagrée  ,  Eubulée  et  Dionyse 

(i)  Car  trilos  signiTic  troisième  et  non  trois. 
Puis  le  nombre  <lc trois  n'est  pas  toujours,  il  s'en 
faul  .essentiel  aux  'rHlo|)atorS  {voy.  1  ensemble  «le 
l'arlicle).  Les  noms  de  Triton  ,  tritonide,  Am- 
jjliilrite  et  d'autres  qui  offrent  cette  même  syl- 
laljç,  'J'ril...,  n'ont  nul  rapportavec  lenombreS. 
Knliu,  le  nom  du  sacrilice  que  l'on  offrait  aux 
Trilopators  h  Athènes  (irilthyc)  mérite  d'èlre 
rapproche  de  celui  des  dieux  inéraes  et  semble 
indiquer  qu'il  faut  chercher  l'èlymologie  hors 
de  l'idiome  grec.  On  pourrait  faire  dis  remar- 
ques de  ce  geare  sur  le  deuxième  élèraeut  du 
«not  (Palor). 


TKI  56; 

(Baccbus);  la  seconde  Alcon,  Mé- 
lampe  et  Traole  (i).  De  leur  réunion 
résulte  une  ogdoade  sacrée  5  et  Ton 
sait  qu'effectivement  les  Cabires,  se- 
loii  les  anciens,  étaient  au  nombre  de 
huit,  quoique  ordinairement  on  ne 
les  nomme  que  par  groupes  de  trois 
où  de  quatre.  En  composant,  ainsi  que 
lions  l'avons  fait ,  de  ces  groupes  de 
quatre  dieux  une  ogdoade  divine,  oa 
est  loiu  d'arriver  a  l'ogdoade  des  Tri- 
lopators j  mais  rien  n'est  moins  né- 
cessaire. Il  suffit  que  cbronologique- 
ment  les  Trilopators  tirent  leur  ori- 
gine de  quelques  légendes  de  Samo- 
thfacej  qu'un  nom  ou  deux  se  trou» 
venf  les  mêmes  dans  l'une  et  l'autre 
nomenclature  5  enfin  que  le  nombre 
des  élres  divins  soit  le  même  ,  pour 
que  les  anciens  aient  dit  :  «Les  Ca- 
bires de  l'Altique  se  nomment  Tri- 
lopators. »  Les  deux  frères  Coryban- 
tes  qui  (selon  le  récit  de  S.  Clément 
d'Alex.,  ProtrôiH.  ,  éd.  Polter  ,  p. 
i5,etc.3  conf.  Jul.  Y'iTmica&^Err.  des 
ret.  prof,,  c.  12) assassinèrent  Dio 
liyse,  leur  frère,  ne  sont  outres  sans 
doute  que  Zagréé  et  Eubulée.  Dio  ■ 
nyse,  dont  ensuite  l'organe  mâle  est 
déposé  dans  une  ciste  mystique  cl 
porté  en  Tyrrbénie,aici  la  plus  gran- 
de analogie  avec  le  Cadmile,  Gigon 
ou  Hermès  illiypballique,  au  service 
de  la  triade  cabirique.  Ailleurs  on  le 
voit  absorber  en  lui  Eubulée  et  Za- 
grée,  et  aspirer  au  premier  rang, 
comme  né  de  Thymeu  mystique  du 
dieu-serpent  Jupiler  et  de  Proser- 
pine.  Les  Trilopators  cumulaient  en 
Grèce  quatre  fonctions  importantes  : 

(i)  Deux  de  ces  noms  ne  sont  fondes  que  sui- 
des conjectures  :  Ce  sont  Zaprèc  et  Tmolc.  On 
lisait  dans  Cicéron  (pass.  cités  plus  haut) TriVo/ia- 
trcus...el  Emolus.  Hcmsicrhuis  [sur  Dial.  des 
Dieux ,  (le  I.iic,  xxvi.i)  a  recommandé  Tritopa- 
turcs  Zuj^rciis  ;  Tmolus  a  été  substitué  à  Emolu 
par  Davis.  Nonnus  {^Dionysiaques,  liv.  xi?,  V.  i  6 
etc.)  nomme  comme  Cabires,  au  Heu  U'Alco 
et  Mélampe  ,  Alcon  et  Eurymédon, 


568 


TRO 


1**  jusqu'à  un  cerlaia  point  ils  étaient 
démiurges  ou  générateurs  du  monde 
{xoa-fto7riTùfts)  J  2°  ils  donnaient  la 
fécondité  aux  épouses,   et,    comme 
1  els,  étaient  invoqués  parmi  les  dieux 
de  rhjmen  (Suidas,  art.  TptT07r»T.j 
comp.   Lucien,   Quest.  de  table, 
i.  IX,  p.  66  de  l'édition  de  Deux- 
Ponts)  j    5°  ainsi  que   plus  tard  les 
Dioscures  Tyndarides  ,  ils  étaient  ré- 
vérés comme  dominateurs  sur  la  mer 
et  comme  protecteurs  des  vaisseaux  j 
4.**  ils  veillaient  sur  les  intérêts  tant 
publics  ijue  privés,  et  par  conséquent 
étaient  regardés  comme    de  vérita- 
bles dieux  Lares  ou  Pénales.  —  Les 
Tiilopators,  et  plus  spécialement  les 
Dioscures  Tyndarides,  s'appelaient  a 
Ampbisse   et  dans   Athènes   Anaces 
(ou  Anactes).  Ou  leur  immolait,  dans 
cette  dernière  ville,  le  jour  de  la 
fête  dite  Anacée,  un  porc,  un  bouc 
el  une  brebis.  Ce  sacrifice  portait  les 
noms  spéciaux  de  trillhye,  rptrêûx 
{rpiu  et  <>«{<»?),  el  de  xénismes  {It- 
yKrftoi)j  comme  offert  à  des  divinités 
exotiques  {  f^oj-.  Polter,  Antiq., 
tr.  all.de  Ramb.,  p.  798  du  t.  I). 

TRITOPATRÉE,  fils  de  Jupiter 
et  de  Proserpine  ,  donné  tantôt  com- 
me un  des  Anaces,  tani ôt  comme  Tri- 
lopator  (  Voy.  l'article  qui  précède, 
note  2). 

TROILE  :  1°  le  plus  jeune  des 
Priamides  qui  restèrent  à  Troie.  Sa 
vie  était  une  des  fatalités  de  Troie. 
Achille  le  lua.  Quelques  mythologues 
disent  qu'il  l'aimait;  et  que,  fatigué 
de  ses  rigueurs,  il  prit  ce  moyen  de 
s'en  venger.  De  plus,  ou  a  placé  la 
scène  dans  le  temple  d'Apollon  Thym- 
brée,  oii  depuis  Achille  périt  sous  les 
traits  de  Paris.  2°  Frère  d'armes 
d'Enée  et  fondateur  d'Alba  (états  sar- 
des). Cette  ville,  élevée  au  milieu  des 
Alpes  dont  elle  porte  le  nom ,  aurait 
été  destinée,  «elonla  légende,  à  être 


TRO 

un  jour  la  rivale  d'Albe-h-Longue. 
TROPHONIUS,  T^otp^'v«f,  héros 
tellurique,  maçon  prophète,  incarna- 
tion de  Jupiter  alimentateur,  passait, 
dans  les  mythes  populaires,  pour  fils 
d'Ergine  (l'ouvrier),  roi  d'Orcho- 
mène  de  Béolie.  Son  frère  Agamède 
et  lui  forment  des  espèces  de  Dios- 
cures. Les  nombreuses  légendes  qui 
couraient  sur  leur  compte  se  rédui- 
sent a  deux  principales.  Dans  l'une, 
ils  bâtissent  des  temples  au  dieu  du 
jour  ;  dans  l'autre,  ils  construisent  un 
souterrain  au  roi  Hyriée  pour  y  ren- 
fermer ses  trésors.  Au  reste,  Apol- 
lon et  Hyriée  reviennent  au  même  : 
le  nom  d'IIyriéc  rappelle  celui  d'Ha- 
roéri.  Les  temples,  d'ailleurs,  ont 
mille  rapports  avec  les  palais,  les  tré- 
sors et  les  retraites  souterraines. 
Que  de  sanctuaires  étaient  des  grot- 
tes! que  de  fissures  mystiques  dans 
les  temples  a  oracle  laissaient  échap- 

Fer,  avec    des    vapeurs   inconnues , 
inspiration  prophétique!   De  pl»s,^j 
le  temple  bàli  par  Agamède  et  Tro-1J| 
phonius  était  le  temple  de  Chrysa, 
et  chrysos  veut  dire  or.  Nous  voila 
donc  encore  une  fois  reportés  K  l'ordal 
aux  trésors,   aux  souterrains,  enfin «1 
aux  miues.  Apollon  avait  lui-même 
élevé  les  fondements  de  son  temple 
de  Chrysa,  et  les  deux  frères  n'a- 
vaient que  continué  son  ouvrage.  Une 
tradition    postérieure    montre   Aga- 
mède et  Trophonius  bâtissant  le  tem- 
ple de   Delphes.  Apollon  leur  pro- 
met une  récompense  magnifique  pour 
le  septième  jour,  et  ce  septième  jour 
ils  meurent  l'un  et  l'autre.  Dans  Thy- 

fiothèse  du  souterrain  construit  poiir^_- 
e  roi  Hyriée,   on  voit  les  deux  'T- J|| 
chilectef  ménager  dans  les  murs  une"' 
issue  secrète  pour  venir  la  nuit  puiser 
au  trésor.  Hyriée  le  voyant  diminuer 
sans  que  les  portes  et  les  serrures  pa- 
russent forcées,  tendit  un  piège  au- 


TfiO 

lour  des  vases  qui  conlenaienl  le  riche 
métal.  Agaraède  s'y  laissa  prendre. 
Troptonius  craignant  d'être  dénoncé 
lui  coupa  la  tête  j  puis  quelque  temps 
après  disparut  englouti  dans  un  gouf- 
fre près  le  bosquet  de  Lébadée.  Des 
arrangeurs  péloponésiens  placèrent  la 
première  scène  de  ce  drame  a  Elis. 
C'est,  dirent-ils,  le  roi  Augias  qui  fit 
bâtir  le  souterrain  j  c'est  Dédale  qui 
plaça  les  pièges  :  les  deux  frères  avalent 
pour  complice  de  leur  vol  Cercyon. 
Lorsque  l'artifice  du  roi  eut  coûté  la 
vie  à  ses  deux  compagnons,  Tropho- 
nius  s'enfuit,  gagna  Lébadée,  se  con- 
fina dans  une  grotte,  y  rendit  des 
oracles,  puis  mourut  accablé  d'an- 
nées, yictime  d' Augias  ou  d'Hyriée  , 
Tropliouius  disparut  de  la  terre  sans 
qu'on  sut  en  quel  lieu  était  situé  son 
tombeau.  Les  peuples  n'allèrent  donc 
point  encenser  ses  restes  funèbres, 
et  bientôt  l'oublièrent.  Apollon,  fà- 
cbé  de  cette  Ingratitude,  envoya  une 
sécheresse  opiniâtre  a  la  Béotie.  Au 
bout  de  deux  ans  on  consulte  l'ora- 
cle, et  la  Pythie  déclare  que  l'abon- 
dance ne  peut  renaître  que  quand  on 
suivra  les  avis  de  Trophonlus  5  mais 
où  trouver  Trophonlus?  Dans  Lé- 
badée. On  court  au  bols  sacré,  on 
pénètre  dans  la  grotte  mvslérieuse, 
on  reirouve  la  cendre  sainte,  et  un 
temple  s'élève  k  peu  de  dislauce.  Un 
Acréphien  nommé  Saon  eul  l'honneur 
de  faire  cette  découverte  importante. 
Guidé  par  une  inspiration  divine,  il 
suivit  un  essaim  d'abeilles  qui  avaient 
leur  ruche  dans  l'autre  sacré.  Bientôt 
les  prédlcllons  de  cet  oracle  devinrent 
célèbres j  les  siècles  du  syncrétisme 
surtout  en  favorisèrent  la  vogue.  Nul 
doute  qu'il  n'ait  été  consacré  k  Jupi- 
ter et  a  la  Terre  sous  le  nom  de  Cérès. 
Adam  (trad.  française  de  Robinson) 
a  réuni  les  circonstances  pfinclpales 
relatives  iroracle. L'oracle  étaitplacé 


TRO  369 

dans  l'intérieur  de  la  t^rre ,  de  là  son 
nom  de  grotte  de  Trophonlus.  Ceux 
qui  venaient  le  consulter  étaient  nom- 
més catédates,  parce  qu'ds  n'y  par- 
venaient que  par  une  descente.  L'au- 
tre de  Trophonlus,  situé  a  quelque 
distance  ihi  bols  sacré ,  présentait 
d'abord  une  sorte  de  vestibule  enlouré 
d'une  barrière  de  marbre  blanc  que 
couronnaient  des  obélisques  d'airain 
(Pausan.,  llv.  IX;  Philostr.,  f^ie 
iVJppolL,  liv.  YIII,  ch.  xix).  Une 
grotte  creusée  au  ciseau  offrait  une 
ouverture  d'environ  huit  coudées  ds 
hauteur  sur  quatre  de  largeur.-  C'est 
là  qu'était  l'entrée  de  la  caverne  dans 
laquelle  on  descendait  par  le  moyen 
d'une  échelle.  Parvenu  k  une  cer- 
taine profondeur,  on  rencontrait  une 
ouverture  étroite,  dans  laquelle  on 
introduisait  d'abord  ses  pieds.  Le 
corps  ne  passait  qu'avec  une  grande 
difficulté,  et  l'on  se  sentait  alors  en- 
traîné avec  une  rapidité  extrême  jus- 
qu'au fond  du  souterraiu.  Le  retour 
s'opérait  la  tête  en  bas,  les  pieds  en 
l'air,  et  avec  une  égale  rapidité  (Pau- 
sau. ,  5c'o^. ). Pour  empêcher  le  consul- 
tant de  porter  des  mains  indiscrètes 
sur  la  machine  dans  laquelle  il  était 
ainsi  lancé,  les  prêtres  avaient  le  soin 
de  les  lui  faire  remplir  de  gâteaux  de 
miel,  destinés  k  apaiser  la  voracité  des 
serpi'nts  dont  le  passage  était ,  assu- 
raient-ils, infeste  (SchoK  d'Aristoph., 
suriVi/ee*,V,  5o8).  On  n'entrait  dans 
la  caverne  que  de  nuit,  et  après  de 
longues  préparations  et  un  strict 
examen.  Celui  qui  venait  consulter 
l'oracle  devait  passer  plusieurs  jours 
dans  un  petit  temple  dédié  a  la  bonne 
Fortune  et  au  bon  Génie.  Il  devait  se 
servir  de  bains  chauds,  oindre  son 
corps  d'huile,  s'abstenir  de  vin,  se 
nourrir  de  la  chair  d'animaux  offerts 
par  lui  en  sacrifice,  et  se  revêtir 
d'une  jrobe  dç  lin  (Pattsau.,  1.  IX  j 


570 


TRO 


Schol.  d'Aristopb.,  pass.  ciléj  Lu- 
cien, Dialog.  des  morts).  L'avenir 
se  dévoilait  h  ses  yeux  par  des  appa- 
ritions 5  la  divinité  daignait  quelque- 
fois répondre  de  vive  voix.  Le  sé- 
jour dans  l'antre  n'était  point  limité. 
On  y  restait  quelquefois  plongé  dans 
un  sommeil  d'un  jour  et  d'une  nuit. 
Les  gens  iloiil  les  prêtres  soupçon- 
naient la  croyance  ne  reparaissaient 
jamais  vivants.  Leurs  corps  étaient 
rejetés  de  la  caverne  par  un«  autre 
issue  que  celle  qu'ils  avaient  suivie 
en  entrant  (Pausan. ,  1.  IX,  c.  39). 
Le  fidèle  k  son  retour  était  placé  sur 
un  siège  appelé  siège  de  Mnémo- 
sjne ,  et  rendait  compte  de  tout  ce 
qui  avait  frappé  ses  yeux  et  ses 
oreilles.  On  le  reconduisait  dans  le 
petit  temple  de  la  bonne  For- 
lune  et  du  bon  Génie,  où  il  recou- 
vrait ses  facultés.  L'impression  terri- 
ble que  ses  sens  avaient  reçue  s'effa- 
çait difficilement,  et  le  plus  grand 
nombre  de  ceux  qui  avaient  fait  ce 
voyage  conservaient,  le  reste  de  leur 
vie,  les  marques  d'une  sombre  mélan- 
colie, ce  qui  donna  naissance  h  l'ex- 
pression proverbiale  :  «  Il  a  consulté 
l'oracle  de  Trophonius  ,  »  applique'e 
aux  personnes  dont  l'extérieur  était 
grave  et  soucieux.  Le  chemin  de  Lé- 
badée  a  la  caverne  e'tait  bordé  de 
cbapilles  et  de  statues.  Le'badée  se 
nomme  aujourd'hui  Livadie.  On  pré- 
sume que  la  ville  actuelle,  située  à 
quelque  distance  de  l'ancienne  ,  se 
trouve  sur  l'emplacement  du  bois  sa- 
cré. En  comparant  les  descriptions 
anciennes  ,  qui  font  de  l'antre  une 
caverne  à  double  étage  située  sur 
une  montagne,  un  voyageur  moderne 
croit  avoir  retrouvé  non-seulement 
cet  antre  célèbre,  mais  encore  les 
deux  ruisseaux  dont  l'onde  ôlait  et 
rendait  la  mémoire  (Lélhé,  Mnémo- 
syne),  et  la  petite  rivière  d'Hercyne 


ISS. 

qui  est  formée  de  deox  ruisseaux  et 
Ta  «e  jeter  dans  le  lac  Copais  (Tapo- 
lias).-^Un  autre  Tbophonius  est  fils 
de  Valens  et  de  Phronia  (et  non  Pho- 
ronis).  Ces  noms  veulent  dire  la  force 
et  la  sagesse,  ou  le  robuste  et  le  sa- 
ge. Cicéronfail  de  Trophonius  un  de 
ses  Mercnres.  Jupiter  aus.si  s'appelle 
Trophonius. 

TROS,  T/)?f,  héros  épouyme 
de  Troie,  se  dessine  au  milieu  de  la 
dynastie  qui  règne  stir  la  capitale  de 
la  Phrygie  par  les  traits  Suivants  : 
i"il  a  pour  père  Erichthonius,  pour 
fils  Ganymède  (  qui  est  enlevé  par 
Jupiter;  les  évliémëristes  disent  par 
Tantale);  puis  llus  et  Assaracus,  li- 
ges de  deux  branches  collatéiafes  , 
dont  l'une  règne  tandis  que  l'autre 
semble  le  ferme  appui  du  trône  ;  2"  il 
fait  la  guerre  à  Tantale,  c'est-k-dire 
à  la  Lydie;  3°  il  donne  à  la  ville  qui 
jadis  était  nommée  Dardanie  le  nom 
de  Troie  ;  4"  son  noin  semble  si- 
gnifier roi,  maître,  seigneur. 

TSAGAN-DARA-ERE  en  mon- 
gol, DoULiMA-GAnncHAN  en  tangu- 
iain ,  c'esf-k-dire  la  nicre  blancJie^ 
est  une  des  deux  filles  qui  sortirent 
des  yeux  de  Choiilchi-Boddicatoa. 
L'antre  se  nomme  Nogan-Dara-Eke 
ou  Doulraa-Ngodcban  {la  tnhre  ver- 
te).On  les  regarde  toulesdeux  comme 
protectrices  des  hommes,  et  on  les  in- 
voque dans  le  danger.  On  Veut  qu'elles 
aient  pris  plus  d'une  fois  la  forme 
humaine  ,  et  qu'elles  aient  régné 
sur  le  Boutan  et  le  Tibet.  Tsagau- 
Dara-Eke  a  eu  un  fils,  Divongarra, 
le  roi  de  l'époque  passée;  Nogau- 
Dara-Eke,  lors  de  la  fin  du  mon- 
de, s'incarnera  pour  être  la  mère  de 
Maidari.  On  représente  les  filles  des 
yeux  de  Choulchi-Boddiçaloa  h  côté 
l'une  de  l'autre ,  et  sur  un  trône  que' 
portent  quatre  lions.  Les  chairs  de 
Tsagan-Dara-Eke  sont  blanches,  cel- 


les  de  Nogan-Dara-Eke  sont  vertes; 
comme  toutes  les  divinités  mongoles, 
elles  sont  accroupies  sur  une  natte. 
Tsagan-Dara-Eke  est  caractérisée  par 
un  troisième  œil  au  milieu  du  front  5 
elle  a  aussi  un  œil  dans  la  pamiie  de 
la  main  ,  et  un  autre  a  la  plante  des 
pieds.  Sur  la  fleur  qu'elle  tient  à  la 
main  se  voit  un  enfant.  PourNogah- 
Dara-Eke,  des  vêtements  rouges  et 
une  écliarpe  bleue  forment  sa  parure 
ordinaire.  Rarement  elle  est  nue.  Sa 
main  tient,  tantôt  une  fleur,  tantôt 
un  enfant,  qui  est  le  jeune  dieu  Cha- 
is iamouni  (Bouddha?),  qui  a  peut-être 
été  son  fils. 

TSIJSO,  divinité  japonaise,  est 
représentée  datls  les  temples  avec  trois 
singes  pour  parèdres.  Ces  singes  sont 
les  emblèmes  des  trois  sortes  d'impu- 
retés dont  doit  s'abstenir  tout  adora- 
teur des  Rainis,  le  sang,  la  cbaif, 
les  corps  morts.  Qui  touche  un  mort , 
qui  mange  de  la  chair ,  qui  verse  du 
sang,  même  par  raégarde,  même  de 
son  propre  sang,  est  fousio  tantôt 
pendant  une  heure  ,  tantôt  pendant 
sept,  trente  jours  ou  davantage.  Une 
peut  visiter  les  lieux  saints,  appro- 
cher des  raias,  paraître  en  présence 
des  lieux.  C'est  par  suite  de  ce  pré- 
cepte qu'il  est  défendu  aux  femmes 
d'entrer  dans  les  temples  pendant  la 
menstruation;  mais,  lorsqu'elles  vont 
en  pèlerinage  a  Icié,  les  dieux  touchés 
de  leur  piété  suppriment  ou  suspen- 
dentPeffluve  qui  les  rend  fousio.  C'est 
aussi  sous  l'influence  de  la  même  idée 
qu'un   ouvrier    qui   s'est    blessé   au 

{)oint  de  perdre  du  sang  en  travail- 
anl  a  un  temple,  est  réputé  indigne 
de  mettre  la  main  k  un  édifice  sacré, 
et  que,  si  pareil  incident  trouble  la 
construction  d'un  temple  élevé  h  Ten- 
Sio-Daï-Tsin,  l'édifice  commencé  sera 
jeté  à  bas. 

TSUXTÉOTL,  déesse  qui,  selon 


TSO 


571 


les  Totonaques ,  babitaiits  de  Zacat- 
lan  (dans  la  province  deTlascala), 
était  la  protectrice  des  moissons.  Bien 
différente  des  divinités  sanguinaires 
du  Mexique,  elle  se  contentait  d'une 
offrande  de  fleurs  et  de  fruits.  Une 
prophétie  qui  circulait  dans  le  pays 
annonçait  qu'un  jour  cette  riante  di- 
vinilétriompherdit  des  dieuxbarbares 
qui  s'enivraient  de  sang  humain. 

TSI-Sm-GO-DAI  (les),  c'est-h- 
dire  les  cinq  dieux  terrestres ,  for- 
ment ,  dans  la  mytbologie  du  Japon  , 
ladeuxième  série  des  êtres  procosmo- 
goniques.  Us  apparaissent  a  la  suite 
des  sept  dieux  supérieurs^  connus  sous 
le  litre  de  Ten-Sin-Sifsi-Daï.  La  dif- 
férence qu'il  y  a  d'eux  aux  précé- 
dents ,  c'est  que  leur  règne,  extraor- 
dinairement  long,  commence  pour- 
tant h  sortir  de  l'indéfini  et  du  vague 
pour  se  restreindre  dans  de^  limites. 
Voici  leurs  noms  et  la  durée  de  leur 
règne  : 

Teii-Sio-Daï-Sin  2  5  0,0  00  ans. 

Osi vo-]Ni  No-Mikollo  3  0  0 , 0  0  0 
Nini-Kino-Mikotio  5 1 8,533 
Fiko-Oo-Demino-Mi- 

kotto  637,892 

Fouki-Ava-Se-Dsuiio- 

Mikotto  856,0^2 


Total       2,342,467  ans. 

Ce  qu'il  y  a  de  remarquable  dans 
ces  calculs  cosmogoniques,  c'est  que 
les  nombres  vont  en  croissant  à  me- 
sure que  l'on  approche  des  temps  ac- 
tuels [Voy.  Ten-Sin-Sitsi-Dai). 

TSOUI-KOUAN,  le  dieu  de  la 
mer  chez  les  Chinois,  est  principale- 
ment imploré  par  les  navigateurs  lors 
de  leur  départ  ;  avec  Tau-Kouan  et 
Tei-Kouan  ils  forment  la  triuité  chi- 
noise ,  soumise  du  reste  à  Kang-I. 

TSOUTTIBOUR  (ou  Zuttibur), 
dieu  serbe  et  vende ,  présidait  aux 
forêts  et  principalement  alix  hêtres. 


Sja 


TUI 


C'était  une  espèce  de  Pan;  et  ses 
brusques  apparitions,  ses  espiègle- 
ries Qonnèrent  lieu  d'en  faire  uu  ma- 
lin esprit.  Comp.  Léchies  et  Rous- 

SALKIS. 

TUATHA  -D ADAN  (  les  ) ,  cin- 
quième peuplade  mythique  de  l'Ir- 
lande ,  apparaissent  dans  l'iiistoire 
fabuleuse  de  ce  pays  enire  les  Fir- 
bolgs  et  les  Mileadhs.  Leur  chef,  dit- 
on,  triompha  du  chef  des  Firbolgs, 
abolit  la  royauté,  et  rétablit  un  pou- 
voir imité  de  l'ancienne  forme  sociale 
irlandaise  sur  les  ruines  de  la  nation 
subjuguée.  De  plus,  on  le  mon  Ire 
comme  assujellissantun  chef  religieux 
Eochaidh.  Vaincus  par  les  Tuatha- 
Dadan,  les  Firbolgs  virent  leurs  idées 
religieuses  remplacées  par  le  culte 
primitif  de  l'Irlande.  LesTuatha-Da- 
dan  introduisirent  dans  la  religion 
antique,  qui  avait  pour  grandes  dées- 
ses Bath,  Kcasar,  Mâcha,  les  idées 
cabiriquesque  nous  avons  si  fréquem- 
ment trouvées  dans  celte  mythologie. 
C'est  donc. à  tort  qu'on  a  fait  des 
Tuatha-Dadan  des  Chaldéens  de 
Kush. 

TUISTON,  dieu  celte  adoré  dans 
les  Gaules  et  la  Germanie,  se  prend 
d'ordinaire  pour  l'analogue  de  Plu- 
Ion.  On  lui  douue  pour  mère  Tis, 
Tuis,  ou  la  Terre.  On  l'oppose  h  Ta- 
ran,  le  maître  du  ciel  et  des  airs, 
de  la  lumière  et  du  tonnerre  j  et  l'on 
veut  que ,  dieu  de  la  terre  et  des  lieux 
souterrains^  du  sombre  empire  et  de 
la  mort,  il  ait  partagé  avec  le  dieu 
contraire  l'empire  du  monde.  On  l'a 
aussi  transformé  en  homme,  en  roi 
législateur,  en  insliluleur  de  céréruo- 
nies  religieuses,  ce  qui  réduirait  sa 
divinité  a  une  apothéose.  D'autre 
art ,  Mann ,  l'Adam  des  Germains , 
ui  devait  le  jour  ;  et ,  en  ce  sens , 
Tuiston  se  trouverait  l'homme  pro- 
totypique,  ©tune  espèce  de  Promc- 


r, 


TTC 

ihée.  On  ignore  par  quels  sacrifices 
était  honoré  Tuiston;  mais  ce  qu'it 
y  a  de  certain,  c'est  que,  dans  pres- 
que toutes  les  cérémonies  religieuses, 
des  bardes  grossiers  chantaient  ses 
louanges,  mises  envers.  Tuiston ray)- 
pelle  par  le  son  :  i"  ©eàV,  Deus , 
Dis,  etc.  ,•  2°  Teutsch  ou  Deutsch^ 
allemand,  ou,  si  on  l'aime  mieux, 
Teutoiies ,  les  Teutons. 

TUPARAN.  roy.  Nipakaia. 

TURNUS,  roi  autule,  fils  de 
Daunus  et  de  Véuilie,  fiancé  de  La- 
vinie,  allait  épousée  cette  princesse, 
quand  Enée,  débarqué  dans  le  La- 
tium  ,  lui  fut  préféré  par  Latinus.  Il 
en  résulta  une  guerre  dans  laquelle 
Turnus  se  distingua;  il  rassembla  au- 
tour de  lui  un  nombre  d'alliés  assez 
considérable,  tua,  entre  autres  enne- 
mis, Pallas  l'Évandride,  perdit,  mal- 
gré sa  bravoure,  deux  batailles,  et! 
enfin  fut  tué  en  combat  singulier  par 
Énée.  Ou  a  rei)iarqué  avec  raison 
que  Turnus,  dans  V Enéide,  joue  un 
rôle  plus  intéressant  qu'Euée. 

TIJTELA  ou  TUTELINA  (puis 
abusivement  Tutulina)  ,  déesse  ro- 
maine, préservait  les  moissons  de  laj 
grêle,  et  les  conservait  quand  elles 
étaient  rentrées.  On  la  représentait 
dans  l'attitude  d'une  femme  qui  ra- 
masse des  pierres  jetées  par  Jupiter. 
Elle  avait  des  autels  et  même  une 
chapelle  sur  l'Aventin. 

TYCIIÉ:  i»  la  Fortune  (T.  ce 
nom);  2°  Océanide  (elle  jouait  avec 
Proserpine  quand  Pluton  l'enleva); 
3°  Hyade. 

TYCHES  ou  TlCriIS ,  passait  en 
Grèce  pour  le  deuxième  des  quatre 
génies  domestiques  égyptiens;  Ana- 
cliis,  Dymon  et  Héros  auraient  été 
les  autres.  Tychcs  veillait  &ur  l'homme 
pendant  fa  vie.  On  doit  lire  ,  sans 
doute  ,  Anacès  ,  Dyuaoïis  (ouDœ- 
mon),   Tyche',  Éros. 


TYP 

TYCHON ,  un  des  dieux  altiques, 
parèdres  de  Priape.  Ce  mot  revient 
à  qui  politus  est,  et,  en  lalin  ,  se 
rendrait  par  Perficus.  Les  autres 
dieux  priapoïdes  de  l'Attlque  sont 
Orthane,  Conisale  ,  Dordion  ,  Kib- 
dase  et  Pyrgès. 

TYDÉE ,  Tydeus  ,  fils  d'OEne'e 
et  de  sa  deuxième  femme  ,  Péribée, 
tua  par  mégarde  son  frère  Mélanippe, 
s'exila,  obtint  daas   Argos  la  maia 
d'une  des  filles  d'Adrasle,  Déipbile, 
et  devint  ainsi  beau- frère  de  Poly- 
nice,  qui,   comme   lui,  était  arrivé 
fugitif  à  la  cour  d'Adraste.  Bientôt 
Polynice  dirigea  sur  Thèbes  l'armée 
des  sept  chefs;  Tyde'e  fut  un  d'entre 
eux.  Quoique  peu  habile  dans  l'art 
de   manier  la  parole,  il  fut  député 
par  les  confëdere's  au  roi  de  Thèbes, 
Etéocle ,  pour  le  sommer  de  rendre 
le  trône  a  son  frère  :  Etéocle  rit  de 
la  sommation.   En  revanche,  quand 
il  disposa  sur  les  pas  du  vaillant  am- 
bassadeur cinquante  hommes  en  em- 
buscade,   Tydée    se  rit   du   guet-a- 
pens  et  tua  toute  la  troupe,  à  l'ex- 
ception d'un  homme.  Déjà,  pendant 
son  ambassade ,  il  avait  pris  part  aux 
jeux  célébrés  par  lesThébains  et  avait 
remporté  tous  les  prix.  Chargé,  après 
son  retour  au  camp,  de  l'attaque  de 
la  porte  Prélide  ,  il  se  distingua  de 
nouveau  par  sa  vaillance,  mais  il  fut 
blessé  paj-  Mélanippe,  fils  de  Mêlas, 
et  tomba  baigné  dans  son  sang.  Quel- 
ques mythologues  le  montrent  déchi- 
rant avec  les  dents  la  tête  de  Méla- 
nippe; alors  Minerve,  outrée  de  tant 
de  barbarie, l'abandonne,  et  il  meurt. 
—  Diomède,    son  fils,    yn  des  Epi- 
gones,  portait  le  nom  de  Tydide. 
TYMBER.  Foy.  Laride. 
TYNDARÉE  (vulg.  Tyndare). 
Voy.  Lkda,  Hélène,  Dioscures, 

ICARIUS. 

TYPHOÉE(TlPHOEUS,  Tv<^*6Wf); 


TYP 


5:3 


TypHOTJ,  Typhos  ou  TyphÉe,   un 
de  ces  antagonistes  de  Jupiter  créés 
par   l'imagination  grecque  sous  l'in- 
fluence des  dualismes  étrangers.  In- 
dubitablement, Typhoée  n'est  qu'une 
transformation  du  Typhon  égyptien, 
opiniâtre  ennemi  d'Osiris  et  d'Haroé- 
ri.  Mais  Typhon  représente  générale- 
ment et  vaguement  toutes  les  influen- 
ces et  toutes   les  actions  funestes; 
tandis  que  ,  soit  par  l'eff^et  de  circon- 
stances locales,  soit  à  cause  du  rap- 
port fortuit  des  mots(Typlios,Ti/4)(jf, 
vapeur),  le  Typhoée  des  Hellènes  de- 
vint plus  spécialement  une  personni- 
fication volcanique.    Ce  trait,  un  de 
ceux  qui  le  séparent  le  plus  nette- 
ment du  Typhon  égyptien,  le  distin- 
gue aussi  de  deux  races  ennemies  de 
Jupiter ,  les  Titans   et  les   Géants. 
Rarement  on  l'a  confondu  avec  ces 
derniers;  mais,  presque  partout,  on 
l'a  compté  parmi  les  premiers,  ce  qui 
est  contraire  au  texte  des  anciennes 
légendes  ainsi  qu'à  l'esprit  des  con- 
ceptions primitives.  De  plus,  le  lieu 
de  la  scène  n'est  pas  le  même  dans 
les  trois   mythes  :  la  Tilanomachie 
et  la  Gigantomachie  se  passent,  du 
moins  en  partie,    sur  le  sol  grec; 
l'Asie-Mineure  et  les  îles  de  la  mer 
Italique,  voila  le  thëàtre  des  aven- 
tures de  Typhoée.   Toutefois,  nous 
retrouvons  des  points  de  coïncidence 
assez  nombreux  entre  Typhoée  et  les 
Titans  pour  concevoir  comment  des 
poètes,  et  surtout  des  poètes  grecs, 
ont  pu  faire  du  premier  un  membre 
de  la  race  titanide.  Selon  Hésiode 
(  Théog.  ,  v.   821  )  et  ApoUodore 
{Bil/lioth.,1,  6,  3),  Typhoée  naquit 
de  la  Terre  et  de  l'Erèbe  ;  ce  dernier, 
dans  la  cosmogonie  du  poète  d'Ascra, 
est ,  ainsi  que  la  Terre  (  rxix  ) ,  un 
des  quatre  grands  êtres  primordiaux  : 
les  Titans,  au  contraire,  doivent  la 
naissance  à  la  Terre  et  à  Uranus  (le 


574 


TYP 


Xyp 


1 


Ciel),  qui  esl  à  la  foij  |.e  fils  et  l'pppm 
de  la  Terre.  Une  tradition  postérieure 
et  dépourvue  d\autorilé  {Hynifi.  à- 
Apollon  ,  daji$  les  poésies  pseudo- 
homériques,  V.  5o5)  regarde  Juuoh 
comme  la  mère  de  Typhoéej  jalouse 
de  voir  Jupiter  seul  donner  naissance 
à  Mipervc,  Juiiou  chercha  les  moyens 
de  devenir  mère  sans  la  coopération 
de  son  époux.  Dans  la  mytliologie 
vulgaire,  c'est  à  Mars  que  nous  la 
voyons  donner  ainsi  le  jour  j  mais , 
dans  rb Yinqe  dont  il  est  question,  c'est 
l'adversaire  futur  de  son  épopx  qu'elle 
porte  neuf  mois  dan^  soi)  sei».  Vë- 
clectisroe  des  siècles  suivants  fondit  en- 
semble les  deuK  récits  :  irritée  de  la 
cataslropjie  des  Géants  ses  (ils,  la 
Terre,  dit  Eustafhc  (.^nr  liv.  Il  de 
VlUodf),  eïcila  yr)  démc.'é  entre  Ju» 
piler  et  Junon,  Celle  déesse  se  rend 
aupiès  dç3alur»e  son  père,  liji  racon^ 
te  ses  douleurs  et  }ui  demande  yen- 
geaijce  :  l'anljque  dieu  luj  remet  deux 
œufs,  qri'elle  déposera  soigncgsemeul 
sur  la  terri  et  dont  bii^nlùl  sorljra 
nn  être  assez  pujssaijt  pQur  expulser 
Jupiter  4»  lr»ne  céleste,  Jiingn  exé- 
cute les  ordres  de  son  père;  mais  à 
peine  quelques  jours  se  Spul  passes, 
et  déj'a  la  yi|i(licali»c  déesse  se  récon- 
cilie aviçp  so»  4pouXf  elle  se  rppent 
alors  de  s*  préeipitalJQiJ  et  réyèle  au 
père  des  dieu»  ce  ani  s'est  passé.  Il 
esl  Irop  tard  pour  s  opposer  a  la  nais- 
s^incç  (11)  monstre  5  et  Jupiter  n'a  pljjs 
d'-aulre  parti  à  prendje  qM'à  se  tenir 
sur  .ses  garde$  et  h  r^iuinier  sa  foudre 
assoypie.  Typboée  venait  àa  jjaîlre 
sur  npe  jr.ont^gpe  de  la  C;lic:e  nom- 
mée Arimçs  ("Afi<(««!<)  et  avi.it  eligi^i 
pour  r?P*ir^  i)»  aplfe  iînpicnsc  (Pin- 
dàre,  Pythif/.  f  I,  ?9J  que  Mêla 
{Géog.,l,  i3)  appelle  fypjjouium, 
et  qu'il  rejpplissiijl  de  vgpeurs  em- 
poisonnées. Ses  pieds,  ses  mains,  au 
diçe  d'ïlisigdp,  sUJenl  ii^ns  une  agi- 


talion  perpétuelle  j  cent  têtes  de  ser- 
pent se  dressaient  sur  son  corps  gi., 
ganlesque  et  dardaient  iju  loin  des 
regards  de  feu  :  laulôl  le  goji  de  sa 
voix  était  intelligible  pour  les  dieux 
LabilanlsderOlympe,  laulôtc'étaient 
les  mugissements  du  taureau,  les  ru- 
gissements du  lion  ,  les  longs  hurle- 
ments du  chien  ou  les  sifllemeuls  du 
serpent.  SuivantApoIlodore  (1,6,^3),  v 
Typboée  réunissait  les  formes  (la.Ml 
rnomme  a  celles  des  bêles  sauvages  {  «■ 
de  «es  mains  ,  dont  l'une  louebajl  au 
levant  tandis  quç  l'autre  alleignail  le 
couchant, sQrlaicut  en  gujse  de  doigts 
cent  têtes  de  serpent;  de  ses  cuisses 
aussi  s'élançaient  de  nom/irpuses  vi- 
pères qui ,  formant  autour  de  lui  des 
replis  multipliés,  l'enveloppaient  jus- 
qu'à la  tête  et  faisaient  entendre  aa 
loin  d'épouvantables  sidlements.  t)e^  ^^ 
plumes  rouvraient  spa  corps  ,  duill 
moifls  depuis  les  épaulps  jusqu'aux  ^1 
hanches  (comp,  Antpnin.  J^iberajis, 
ch.  28 j  Manilius,  AslfOfi,  ,  5,82} 
Hy^\n,Jal^-  CLltj  etjSchol, d'Aris- 
toph.  sur  y.  555  des  Nuées).  Sa 
taille  dépassait  la  cime  des  pics  les 
plus  élevés;  sa  tête  touchait  atlX  au- 
tres j  sa  bpuche  vomissait  dfs  tor- 
rents de  flamme  ;  îies  mains  lan- 
çaient des  pierres  giganlçsqjues  cow- 
U'e  J'Olympe-  Cnfin  il  se  mit  en  de- 
voir d'escalader  le  ciel.  C'est  ajors 
que  les  diepx  s'ejifuirent,  el  se  ré- 
fugièrent en  Egypte,  déguisés,  l'un 
en  chai,  l'ai))re  en  biche.  Plus  brave, 
Jupiter  ne  cessa  de  lancer  la  foudre 
tant  que  le  géant  fut  à  quelque  dis- 
lance de  lui;  lorsqu'il  le  vit  s'appror 
cher,  il  se  saisit  d'une  faux  de  dia- 
mant, et,  mepaçapt  de  lalsme  bril- 
lante son  antagoniste  époiiyanlé,  il  le 
pcursijivit  jusqu'au  mont  Casius  en 
Syrie,  et,  la,il  eu  vint  au^j:  mains» 
avec  le  monstre.  Mais  bicnlôl  le  co- 
losse serpeutifprwp  l'enlaça  d?   ses 


I 


TYP 

replis,  s'empara  de  la  faux,  coupa 
au  Iristp  Jupiter  les  nerfs  des  pieds 
et  des  mains,  et  Femporla  dans  la 
Cilicie ,  où  il  le  renferma  au  fond 
de  l'antre  Corycien,  soijs  la  garde 
d'un  monstre  a  lète  de  femme  et  a 
corps  de  dragon  :  les  nerfs ,  enve- 
loppés dans  une  peau  d'ouf s,  étaient 
déposés  à  part.  Mercure  et  Égjpan 
parvinrent  à  tromper  U  surveillance 
cleDelphyne  (c'est  le  nom  qu'on  donne 
a  la  gardienne)  et  à  s'introduire  dans 
la  grotte ,  où  }\s  rajustèrent  en  secret 
les  nerfs  enlevés  q,  Jupiter.  Le  dieu 
ayant  alors  recouvré  ses  forces,  par- 
tit dePOlympe  sur  un  ch^r  attelé  de 
chevaux  allés ,  et  poursuivit  Typboée 
à  coups  de  tonnerre  jusqu'au  mont 
Nysa.  Jja  les  Parques  le  trompèrent, 
et,  sous  prétexte  de  ranimer  sa  vi- 
gueur chancelante ,  lui  firent  manger 
des  fruits  éphémcres  qui  l'affaibli- 
rent encore.  Toujours  fuyant,  tou- 
jours lançant  des  rocs  énormes,  des 
monts  entiers  contre  Jupiter,  il  arr 
riva  au  pied  du  mont  Ilémus ,  où  il 
commença  à  perdre  du  sang  sous  les 
coups  réitérés  du  dieu  iulminaleur. 
C'est  même  à  cette  circonstance 
que  les  Grecs  attribuèrent  l'origine 
du  nom  de  la  montagne  (  Hœm. ... , 
xïf^dyen  grec  veut  dire  sang), Typboée 
tenta  ensuite  de  s'enfuir  a  travers  la 
mer  de  Sicile  5  mais  ,  à  l'instant  où  il 
mettait  les  pieds  sur  le  sol  de  cette 
île ,  Jupiter  laissa  tomber  l'Etna  sur 
luj,  Le  mont  gigantesque  abattit  le 
colosse  qui ,  depuis ,  ne  pt^t  venir  a 
bout  de  se  relever  :  quelquefois  seu- 
lement, il  essaie  de  changer  de  posir 
tionj  de  ses  vastes  mouvements  nais- 
sent les  tremblements  de  terre;  de 
ses  efforts  pour  respirer,  cette  agita- 
tion continue  et  sourde  de  tant  de 
matières  incandescentes  dans  le  sein 
de  la  montagne  :  rejette-t-il  l'air  de 
aes  poumoû* ,  le  cratère  vomjt  des  !a- 


TYP  575 

ves  embrasées.  Selon  Eomhre{Iliad.^ 
liv.  II,  V.  782),  le  lieu  de  sa  nais- 
sance lui  sert  aussi  de  tombeau  5  c'est 
sous  les  montagnes  d'Arime  que  le 
monstre  gîtécrasé.Pindare(Py/^i'o 
I,  V.  29),  qui  donne  à  l'immense  ca- 
davre des  myriades  de  stades  de  lon- 
gueur, place  sa  tète  sous  les  plaines 
phlégréennes  que  domine  le  Yésuve 
sa  poitrine  sous  les  eaux  de  la  mer 
que  parsèment  les  îles  Vulcaniennes 
et  où  s'élève  Stromboli  5  enfin  le  reste 
de  son  corps  sous  FElna.  Le  jour, 
des  colonnes  de  fumée ,  la  nuit  des 
jets  de  flamme  attestent  que  la  re- 
pose Typboée.  Ovide,  frappé  de  ce 
que  la  fiction  du  lyrique  de  Thèbes 
offre  de  grandiose,  la  copie  h  sa  fa- 
çon (/T/e^a/;i.,  liv.  V,v.  35oetsui7.), 
en  plaçant  l'Etna  sur  la  tète  du  géant, 
le  cap  Pélore  [di  Faro)  sur  son  bras 
droit,  lel'acbyne  [Passaro) sur  son 
bras  gauche ,  et  le  Lilybée  {di  Boeo) 
sur  ses  jambes.  Hésiode  suppose  que 
Typboée ,  accablé  par  les  traits  de  la 
foudre  ,  s'abîma  dans  les  profondeurs 
du  Tartare.  Quelques  mythologues 
(Natalis  Cornes,  liv.  VI,  ch.  22) 
le  font  tomber  sous  les  flèches  d'A- 
pollon. Enfin  ,  (f  autres ,  se  rappro- 
chant davantage  de  la  légende  égyp- 
tienne sur  Typhon,  représentent  son 
homonyme  grec  se  plongeant  dans 
le  lac  Sirbonide (Apollonius  de  Rho- 
des, di.  II,  v.  12 19).  Nonnus,  qui  a 
consacré  les  deux  premiers  chants  de 
ses  Dionysiaques  a  la  lutte  de  Ty- 
phon contre  les  dieux,  termine  le  ré- 
cit de  la  lutte  sans  montrer  le  géant 
écrasé  par  des  monts;  Typlioée  suc- 
combe aux  attaques  réunies  de  tous  les 
immortels  que  commande  Jupiter  : 
les  échos  du  Taurus  retentissent  du 
bruit  de  sa  chute.  Au  nom  de  Mer- 
cure ,  comme  principal  auxihaire  de 
Jupiter  ,  il  substitue  celui  de  Cad- 
mus  qui,  par  un  stratagème,  dérobe 


576  TYP 

66  nerfs  cachés  dans  la  grolle  par 
Typlioée,  et  les  rend  au  roi  des 
dieux.  Les  mythologues  ordinaires 
donnent  pour  amante  h  Typhoée 
£chidua  ,  qui  le  rendit  père  de  Cer- 
Lère,  d'Orthe,  de  riiyclre  de  Lerne, 
de  la  Chimère  (liésiocfe,  Théogon., 
V.  3o4.  et  suiv.).  A  cette  liste ,  Apol- 
lodore  ajoute  le  lion  de  Némée,  le 
dragon  des  Hespérides,  le  vautour  de 
Proraélhée  et  le  Sphinx.  Selon  Hé- 
siode ,  tous  les  venls  orageux  et  fu- 
nestes ,  Nolus  ,  Borée  et  Zépliyre  , 
étaient  aussi  ses  fils. 

TYPHON,  TuÇtiv,  célèbre  dieu 
égyptien,  personniCcation  et  emblè- 
me de  tout  mal ,  est  donné  par  la 
tradition  vulgaire  ,  comme  frère 
d'Osiris  et  d'Isis  et  comme  fils  de 
Crone  ou  de  Saturne.  La  Terre  (et 
comme  le  disent  les  Grecs  llliéa)  fut 
sa  mère.  Il  épousa  Neflé  (selon  les 
Grecs  Nephlys  ou  ÎS'cpIitbys)sa sœur, 
de  laquelle  il  n'eut  aucun  enfant  , 
quoique  de  l'union  fortuite  de  celle-ci 
avec  Osiris  son  frère  et  sou  beau- 
frère  soit  né  plue  lard  le  dieu  cyno- 
céphale Anbô.  Préposé  par  la  con- 
fiance de  son  frère  au  gouvernement 
des  déserts  orientaux  de  l'Egyplc, 
Typhon,  dont  l'ambition  avait  tou- 
jours aspiré  au  trône  d'Osiris,  ne 
tarda  pas  à  profiter  de  son  absence 
pour  marcher  sur  l'Egypte.  Isis,  ré- 
gente du  royaume  ,  envoie  Hercule 
contre  le  rebelle  qui  bientôt  est  réduit 
à  une  fuite  honteuse.  Mais  on  le  voit 
reparaître  lorsque  Osiris  vainqueur 
revient  des  Indes  et  de  la  Grèce  : 
il  est  reçu  comme  s'il  n'avait  jamais  été 
coupable,  comme  s'il  était  impossible 
qu'il  tramât  de  nouvelles  perfidies. 
Osiris  pousse  la  confiance  jusqu'à  se 
rendre  dans  le  palais  do  son  astucieux 
ennemi,  jusqu'à  s'asseoir  à  la  même 
table  avec  le  traître,  avec  Aso,  reine 
d'Ethiopie,  §a  concubine  et  son  alliée. 


TYP 

avec  72  complices  de  sa  rébellion  et 
de  ses  crimes.  Bientôt  arrive  le  coffre 
aux  riches  sculptures  et  a\i  bois  incor- 
ruptible ,  le  coifre  à  formes  humaines 
que  Typhon  à  fait  exécuter  en  secret 
sur  la  mesure  d'Osiris ,  le  coffre  qui 
doit  être  donné  eu  prix  à  celui  dont  la 
taille  le  remplira  exactement.  Osiris 
s'y  place  lui-même  après  que  tous  les 
autres  ont  en  vain  tenté  cl'emplir  de 
leur  corps  le  divin  modèle  :  Typhon 
l'avait  prévu  et  referme  aussitôt  sur 
son  imprudent  beau-frère  le  couvercle 
du  coffre  5  ses  complices  le  secondent 
dans  celte  œuvre  de  mort ,  et  ce  cof- 
fre «lombeau  est  abandonné  au  cours 
du  Nil.  Typhon  triomphe,  Isis  fugi- 
tive descend  du  trône  et  court  cher- 
cher la  dépouille  funèbre  de  son  époux  j 
Haroéri,  trop  jeune  pour  venger  ses 
malheurs ,  cache  son  adolescence  dans 
l'île  de  Boulo.  Apres  un  long  espace 
de  temps ,   Isis  revient   en   Egypte 
avec  les  restes  inanimés  de  son  cher 
Osiris.  La  seule  présence  de  ces  dé- 
bris sacrés  peut  faire  chanceler  l'usur- 
pateur sur  son  trône.  Mais  il  est  en- 
core   servi   par  le  destin  :  une  nuit 
qu'il  s'est  égaré  à  la  chasse,  il  aper- 
çoit le  coffre  saint  au  clair  de  lunej 
l'ouvrir ,  mutiler  le  cadavre,  le  déchi- 
rer en  quatorze  lambeaux  qu'ensuite 
il  disperse  dans  les  nomes  du  Delta, 
sont  pour  le  pervers  Typhon  l'œuvre 
dun  moment  :  il  croit  avoir  ainsi  raf- 
fermi sa  puissance.    Mais  la  persé- 
vérance d'Isis  le  défie  encore  :  treize 
des  funèbres  lambeaux  sont  retrou- 
vés, un  phalle  de  cire  remplace  le 
quatorzième;  Haroéri,  qui  a  grandi 
dans  la  solitude  de  Bouto,  et  que  les 
leçons  de  son  père  (  f^oy.  Haroéri) 
ont  initié  à  toutes  les  hautes  vertus 
d'un  roi,   rassemble  une  armée,  bat 
Typhon  et  ses  complices,  auprès  de 
la  ville  à  qui  déjà  la  défaite  d'Anlée 
par  Hercule  a  fait  donner  le  nom 


d'Anléopolis  ;  s'empare  du  chef  des 
rebelles  et  l'envoie  chargé  de  chaî- 
nes aux  pieds  d'Isis  sa  mère.  Celle- 
ci  délie  le  perfide ,  qui  aussitôt  re- 
tourne à  la  tête  de  ses  partisans,  et 
qui  recommence  la  guerre.  En  même 
temps  il  proclame  que  l'adultère  a 
souillé  la  couche  d'Osiris  et  il  sème 
des  doutes  sur  la  légitimité  d'Haroéri. 
Vaincu  de  nouveau,  il  va  retomber 
entre  les  mains  de  son  jeune  anta- 
goniste ,  quand  tout-a-coup  il  se 
dérobe  a  ses  regards  et  se  métamor- 
phose en  crocodile.  Bientôt  il  re- 
prend sa  forme  primitive  et  continus 
sa  retraite,  monté  sur  un  âne  qu'il 
dirige  sept  jours  de  suite  vers  le  nord: 
arrivé  au  lac  de  Sirbon  (aujourd'hui 
marais  de  Menzaleh),  il  s'y  plonge 
et  y  ensevelit  a  jamais  ses  regrets  et 
sa  honte.  Athénée  ou  plutôt  Hella- 
nicus  (dans  Athénée  ,  Dipnosoph.y 
liv.  XV,  chap.  7)  rapporte  que  lors- 
que Typhon  s'empara  de  la  souve- 
raine puissance  au  détriment  ou  par 
la  mort  de  son  frère ,  tous  les  dieux 
jetèrent  spontane'ment  leurs  couron- 
nes. Outre  Aso  l'Ethiopienne,  Ty- 
Çhon  avait  encore  pour  concubine 
'houéri  j  et  plusieurs  légendes  sem- 
blent le  présenter  comme  furtivement 
admis  dans  la  couche  d'Isis. — Est-il 
besoin  de  démontrer  que  Typhon  ne 
fut  jamais  un  personnage  humain,  pas 
plus  qu'Osiris ,  pas  plus  qu'Haroéri 
et  Isis?  Nous  croyons  ce  soin  super- 
flu, bien  que  Fourmont  {Réjlex, 
crit.  sur  les  hist.  des  anc.  peu- 
ples ,  tom.  I,  liv.  2  ,  chap.  i5)  ait 
identifié  ce  dieu  avec  le  patriarche 
Jacob.  Il  est  assez  évident  par  tout 
ce  qui  précède  que  Typhon  repré- 
sentait en  général  pour  les  Egyptiens 
toutes  les  influences  funestes  ou  ma- 
lignes. Ainsi,  tantôt  il  est  le  symbole 
des  ténèbres  opposées  aux  rayons  lu- 
mineux du   soleil  3  tantôt  lumineux 

liV. 


TYP 


577 


lui-même  il  sera  du  moins  stérile  et 
infécond  :  ce  sera  le  soleil  du  Désert 
dardant  des  feux  intolérables  sur  des 
plages  inhabitées.  Ailleurs  il  sera  ces 
plages  mêmes,  il  se  confondra  avec 
la  brûlante  lisière  arabique  a  laquelle 
les  traditions  vulgaires  le  font  prési- 
der 5  quelquefois  il  apparaît  soit 
comme  ce  terrible  Simoum  ou  comme 
le  khamsin,  ce  vent  du  Désert,  si  ra- 
pide et  si  fatal,  que  Ruppel  {lettrect 
M.  deZach)  a  reconnu  être  un  phé- 
nomène électrique  5  soit  comme  ces 
miasmes  pestilentiels  que  laisse  échap- 
per la  surface  des  marais,  soit  surtout 
comme  les  maladies  épidemiques  qui 
résultent  de  l'une  ou  de  l'autre  cause. 
Quelquefois  aussi  l'Egypte  reconnaî- 
tra en  lui  la  mer,  élément  abhorré 
long-temps  des  pieux  et  sédentaires 
Nilicoles,  la  mer  dont  l'immense 
abîme  engloutit  les  flots  nourriciers 
du  Nil.  Enfin,  la  vie  nomade  sem- 
ble avoir  été  figurée  par  Typhon  : 
Osiris,  ce  dieu  bienfaisant,  est  l'agri- 
culture, première  nourrice,  éternelle 
bienfaitrice  des  hommes.  Nomade  in- 
quiet et  jaloux,  l'incorrigible  Typhon 
Sromène  ses  fureurs  tantôt  au  fond 
es  solitudes  sablonneuses,  tantôt 
dans  la  riche  vallée  que  fécondent  de 
paisibles  cultivateurs.  Au  physique 
encore,  mais  dans  un  sens  plus  res- 
treint, on  personnifiait  dans  Typhon 
la  laideur,  l'extrême  maigreur,  toutes 
les  formes  bizarres  et  monstrueuses 
de  la  nature.  Au  moral.  Typhon  re- 
présente le  vice,  jaloux,  ambitieux, 
hypocrite  ,  rebelle  ,  calomniateur. 
Les  animaux  avec  lesquels  les  lé- 
gendes et  les  monuments  le  mettent 
en  rapport  achèvent  de  jeter  du  jour 
sur  ce  caractère  de  nuisibilité  que 
déjà  nous  ne  pouvons  méconnaître 
dans  Typhon.  L'àne  (probablement 
l'onagre  ou  âne  sauvage),  sa  monture 
ordinaire,  celle  sur  laquelle  à  l'époque 

37 


57» 


TYP 


TTP 


de  ses  Iriompbes  il  court  a  la  recher- 
cbe  d'Haro^ri ,  sur  laquelle  plus  tard 
il  se  dérobera  k  sa  yengeance,  aboD< 
de  dans  les  déserts  de  l'Arabie  sep- 
tentrionale et  de  la  Syrie  ;  les  patres 
nomades  de  ces  régions  le  nourrissent 
h  peu  de  frais  et  lui  doircnt  souvent 
l'indication  de  fontaines  inconnues. 
D'ailleurs  les  caprices  de  son  carac- 
tère ont  pu  conduire  k  établir  un  rap- 
port entre  ranimai  rétif  et  le  rebelle 
Tjphon.  Le  crocodile,  dont  ce  dieu 
raccbant  emprunte  la  forme  pour  fuir 
le  champ  de  bataille  où  Haroéri  l'a 
taincupour  la  deuxième  fois,  est  aussi 
on  animal  funeste.  L'hippopotame, 
l'ourse  (  appelée  souvent  le  chien  de 
Typhon),  le  verrat,  le  scorpion, 
étaient  consacrés  de  même  a  ce  génie 
du  mal.  On  sait  que  le  taureau  mi- 
thriaque  compte  parmi  ses  ennemis 
le  scorpion,  qu'on  voit  ramper  au- 
tonr  de  son  organe  viril  dans  une 
attitude  hostile.  Mais  ni  ces  idées  ni 
ces  emblèmes  n'appartiennent  origi- 
nairement k  la  Perse:  l'Egypte  en 
eut  d'analogues  long -temps  avant 
elle  ;  et  de  même  qu'Osiris  était 
censé  se  déléguer  et  se  perpétuer  dans 
l'éternelle  snccession  des  Apis,  de 
même  Typhon  pouvait  être  représen- 
té par  le  scorpion.  Antonr  de  Typhon 
se  groupent  naturellement  qucltnies 
personnages  divins  que  ,  pour  la  plu- 
part, nous  avons  nommés,  et  qui  for- 
ment, en  quelque  sorte  ,  une  famille 
typhonique.  Ce  tont  d'abord  Nefic, 
puis  Thouéri  et  Aso.  Weflé  n'est  au 
fond  que  Typhon  en  tant  que  femme  : 
conçu  originairement ,  ainsi  que  tous 
les  autres  dieux,  comnie  hcrmapliro- 
dile,  Typhon  se  dédouble  et  devient 
Typhon  et  Nefté  :  plus  lard  celle-ci 
se  scinde  elle-même  en  deux  person- 
nages et  donne  lieu  a  la  création  de 
Thouéri.  Aso  est  un  autre  dcveloppe- 
menl  (éminin  de  Typhon  ^  développe- 


non  1^ 


ment  parallèle  k  Nefté  et 
Thouéri  :  elle  représente  le  désert  du 
sud ,  comme  Neflé  le  désert  du  nord. 
Sovk,  ou,  comme  le  traduisirent  les 
Grecs,  Crone  (Saturne  des  Romains', 
est  aux  cieux  ce  que  Typhon  est  sur 
la  terre.  En  un  sens  il  s'identifie  avec 
liii^  comme  lui,  il  mutile  un  ennemi 
vénérable  (dans  la  mythologie  grec- 
que Saturne  mutile  Uranus),  comme  ,,- 
lui  il  est  opposé  à  uti  dieu,  soleil  bieiîfll 
faisant.  Antée  et  liusiris  sont  aussï^ 
des  incarnations  typhoniques  :  mais 
si  le  type  est  ici  égyptien,  la  bro- 
derie est  évidemment  d'origine  grec- 
que, et  la  d'ailleurs  les  distinctions 
sont  plus  essentielles  que  jamais. 
Antée,  adversaire  de  Djom  -  Her- 
cule (qui  n'est  autre  que  le  soleil), 
est  le  génie  du  mal  au  ciel ,  et  soas 
ce  point  de  vue  il  se  fond  dans  Mars 
(  Ertosi  )  et  dans  Sovk;  Busiris  est 
ce  même  génie  du  mal  dans  les  som- 
bres demeures,  dans  l'Araenti.  En- 
fin, Anébo  (vulg.  Anubis),  fruit  de 
l'adultère  de  INeflé  avec  le  principe- 
bienfaiteur  Osiris,  forme  la  traninfl 
ition  des  personnages  lyphoniqueSI 
au  cortège  des  dieux  osiridiques  ou 
bienfaisants.  Contemporain  des  cultes 
d'Isis  et  d'Osiris,  le  culte  de  Ty- 
phon ne  commença  probablement 
à  devenir  en  vogue  qu'assez  tard. 
Toutefois  il  tint  une  place  impor- 
tante, quoique  inférieure,  dans  le 
cérémonial  religieux.  Parmi  les  villes 
qui  lui  consacrèrent  leurs  hommages, 
on  dislingne  une  Hérncléopolis,  sans 
doute  la  petite  Iléracléopolis,  nom- 
mée aussi  tantôt  TyphoDos  ou  Typlio- 
nopolis,  tantôt  Avaris,  et  identifiée 
par  Pauw  [OEuv.  philos. ,  t.  V, 
p.  226  et  27)  à  Selhron  ;  eu  effet 
ce  deriiier  nom  rappelle  celui  de 
Selh  ,  comme  Typhonopolis  celui 
de  Tvphon.  Du  reste  les  temples  ou 
chapelles  consacrés  k  ce  dieu  ou  mal 


TYP 

étaient  toujours  fort  petits,  et  leur 
exiguité  contrastait  avec  les  énormes 
dimensions  et  la  magnificence  des  édi- 
fices qui  presque  partout  s'élevaient 
près  d'eux  en  l'honneur  des  divinités 
bienfaisantes.  Les  bâtiments  consa- 
crés a  Typhon  se  nommaient  propre- 
ment Tjphonium.  Il  y  en  avait  un  à 
Memphis,  dans  les  belles  constructions 
destinées  au  bœuf  Apis.  On  sait  que 
l'animal  sacré  ,  lorsqu'il  était  ramené 
des  processions  ou  des  promenades 
avait  le  choix  entre  deux  chapelles,' 
la  blanche   et  la  noire.  La   chapelle 
blanche  était  la   chapelle    d'Osiris  j 
Ja  noire    n'était   autre  chose  qu'un 
Typhonium.  Le  choix  du  divin  bœuf 
élait  regardé    comme   un    pronostic 
important.  Une  des  principales  céré- 
monies du  culte  de  Typhon  consistait, 
ace  qu'il    paraît,   k  s'éloigner   des 


lieux  habites  par  les  hommes ,  ce  qui 
se  faisait  au  son  du  «islre.    On   lui 
sacrifiait,  assure-t-ou,   des  hommes 
roux,  parce  que  lui-même  avait  les 
cheveux  de  celte  couleur.  Mais  pro- 
bablement ces  sacrifices,  s'ils  eurent 
heu,  étaient  rares,  et  il  faut  se  bor- 
ner  k    entendre     que    des    victimes 
rousses  tombaient  k  ses  autels.  Nous 
ne  pouvons  dire  si  parmi  ces  victimes 
bjjuraient   l'hippopotame,  le  croco- 
dile, le  verrai,  que  nous  savons  lui 
avoir    été    consacrés.    11    ne    règne 
guère  moins  d'iucertilude  sur  les  for- 
mes  que   lui    donnaient    les  sculp- 
teurs et  les  peintres  dans  les  monu- 
ments. Nous  reconnaissons,  avec  as- 
sez de  certitude,  les  représentations 
lypi.omennes-  mais  quel  personnage 
typhonien  ont-elles  pour  but  d'offrir  k 
nos  yeux.^  c'est  ce  qu'il  est  plus  dif- 
ficile de  déterminer.  Ainsi,  par  exem- 
ple, le  dieu  crocodilocéphale,  auquel 
sur    le    portique   du    grand   temple 

*'«•,  vol.    I,  pi.   43,  ,9)  on  voit 


iTYP  579 

Plolémée-Évergète  U  apporter  une 

riche  offrande,  estSovkj  et  non,  com- 
me on  sel  était  naturellement  ima- 
gme,  Jyphon.  Le  dieu  crocodile  du 
bas-rehef  d'Esneh ,  figuré  pi.  82     2 
du  même  ouvrage,  est  aussi  le  père 
de    lyphon,    selon    Creuzer.    Une 
pierre   gravée  du  cabinet  de  Stosch 
[DactyliothecaStosch.,  éd.  Schli- 
chtegroll,  tab.  22,  n°  116)  repré- 
senterait   Typhon  pressant    de    son 
genou   victorieux   Poubasli    (  Diana- 
Bubastis.)  métamorphosée  en  biche  • 
mais  cette  explication  a  déjà  été  ré* 
voquée  en  doute  par  le  traducteur  de 
Creuzer  (t.  I,  p.  814,  note  2).  lU 
a  un  peu  plus  de  raison  à  voir  Typhon 

danscette  laie,  ou,  s'il  faut  en  croire 
«irt,  dans  cette  ourse  qu'un  bas- 
rehef  du   petit   temple   d^e    Karnak 


{Descr.del'Eg.,Antiq.,i.  II 
pl.  64)  représente  debout,  la  gueulé 
ouverte,  opposée  k  un  lion  égale- 
ment debout  et  armé  qui  semble  ~ 
prêt  a  défendre,  contre  l'animal 
typhonique,  un  épervier  mitre  (sans 
doute  Haroéri),    environné   de  lo- 

i'F^r  /^'^''^■''■'^  du  Typhonium 
d  Edfou  {Desc.  de  VEg]  T    I 

Jh.  5,6,  7,  p.  33  etc.)  représente 
Haroeri  et  Har-Pokrat,  alternant 
avec    divers    personnages   k   formes 

hideuses  et  hétéroclites  dont  plusieurs 
certainement  sont  des  Typhons  :  tan- 
tôt ce  sont  des  Lies  (ou  des  ourses), 
des  hippopotames,   des  crocodiles  k 
peu  près  tel,  que  les  procrée  la  na- 
ture^  tantôt  sur  le  corps  du   digiti- 
grade ou    du  mammifère  aquatique 
s  eleve  la  tête  du  reptile  aux  deits 
algues  et  acérées.    Quelquefois  k  la 
formeanimale  se  trouvent  substitués 
des  types  humains,  mais  quels  types! 
ie  plus  souvent  c'est  un  nain  giies- 
q-.e,  véritable  caricature.  Dans  ce  cas 
néanmoins,    il  ne  faut  pas  se  hâter* 
de  dec.derjcar  Fia,  cette  deuxième 


1 


58o 


UDE 


UFE 


personne  de  la  trinile' ,  affeclc  aussi 
ces  formes  trapues  el  insolites,  et 
Ton  ne  doit  prononcer  sur  le  vérita- 
ble caractère  du  nain  divin  qu'à  l'aide 
de  quelques  autres  indications.  En- 
fin ,  à  notre  avis  ,  la  laie  désigne 
{)lutôt  Neflé  que  Typhon.  Quant  k 
'ourse ,  comme  signe  de  la  constel- 
lation polaire,  peu  importe  son  sexe 
(Comp.   l'art.  TyphoÉe). 

TYKIE,Tyria,  Tvpi'xj  une  des 
épouses  qu'ApoUodore  donne  a  Egyp- 
tus  ,  le  rendit  père  de  trois  fils , 
Clilus,  Slliénèle  et  Chrysippe. 

TYRIMNE,  dieu  de  Tyalire  en 
Lydie,  y  avait  un  temple  et  passait 
pour  le  grand  protecteur  de  la  ville, 
où  il  était  honoré  par  des  jeux  pu- 
blics. 

TYRME  ,  dieu  canariote,  dont 
l'idole  était  placée  sur  la  cime  d*un 
mont.  Ses  fervents  adorateurs  se  je- 
taient de  la  dans  un  vaste  précipice  , 
et  croyaient  par  cette  fin  volontaire 
s'assurer  la  béatitude  éternelle. 

TYRO,  Tvfâ  ,  fille  de  Salmon^e, 
le  roi  d'Elis,  et  d'Alcidice,  fut  d'a- 
bord maîtresse  de  Neptune  ou  du 
fleuve  Enipée,  dont  elle  eut  Pélias 
et  Nélée  5  puis  femme  de  Crélhéc 
l'Éolide,  qu'elle  rendit  père  de  trois 
fils,  Ebon,  Phérès,  Amythaon.  Elle 
avait  long-temps  subi  les  persécu- 
tions de  sa  belle-mère  Sidéro.  Les 
mythologues  vantent  sa  beauté,  et  se 


plaisent  a  la  dépeindre  rèveusey  et 
seule,  errant  aux  bords  du  fleuve  Eni- 
pée, secret  objet  de  ses  amours.  Sui- 
vant les  uns,  c'est  quand  Sidéro  l'a 
bannie  de  la  maison  paternelle  qu'elle 
va  ainsi  promener  ses  douleurs  le  long 
du  fleuve  qui  bicntôtla  console  5  selon 
les  autres,  Neptune  profite  de  la 
tendresse  delà  nymphe  pour  le  fleuve, 
emprunte  les  formes  d'Eiiipée ,  et, 
grâce  a  cette  ruse  et  au  sommeil  pro- 
fond qui  s'empare  des  sens  de  Tyro, 
possède  la  belle  promeneuse.  Les 
eauï  du  fleuve  s'arrondissent  d'elles- 
mêmes  en  voûte  diaphane  et  forment 
un  dais  protecteur  aux  deux  amants. 

TYRRHENE,  Tybrhetjus  :  1° 
fils  d'Atys  et  chef  d'une  colonie  de 
Lydiens  en  Elrurie;  2°  intendant 
des  troupeaux  de  Latinus.  C'est  lui 
qui,  lors  qu'Eiiée  eut  cessé  de  vivre, 
guida  la  tremblante  Lavinie  dans  les 
bois,  lui  éleva  une  humble  cabane, 
la  seconda  dans  son  accouchement 
{  f^oy.  Stlvius),  el  plus  tard  la 
présenta  au  peuple  quand  des  soup- 
çons infamants  pesant  sur  Ascagne 
le  forcèrent  k  prouver  que  Lavinie  vi- 
vait encore. 

TZAR-MORSKOI ,  dieu  slave, 
qui  présidait  k  la  mer ,  a  été  com- 
paré k  Neptune.  Il  a  sans  doute  sous 
ses  ordres  Tchoudomorskoé  et  quel- 
ques autres  esprits  inférieurs.  Son 
nom  veut  dire  le  maître  delà  mer. 


u 


UAR ,  JUCHOR ,  JUCHORBA , 

les  mêmes  que  Brias,  Jurka,  Jurka- 
ta.    Voj.  JuBKA. 

UDEE  ,  et  quelquefois  OudÉe  , 
UoiEUs,  Ow^aTof,  un  de5  cinq  Spar- 
tes qui  naquirent  des  dents  du  dra- 
gon semées  en  terre  par  Cadmus,  et 
qui  l'aidèrent  à  fonder  le  royaume  de 


Thèbes.  Udée  fut  un  des  ancêtres  de 
Tirésias.  Olèaios  signifie  qui  vient 
du  sol,  qui  tient  au  sol. 

UFENS,  chef  italiole,  auxiliaire 
de  Turnus,  fut  tué  par  Gyas.  Euée 
promit  aux  raànes  de  Pallas  de  leur 
immoler  les  quatre  fils  d'Ufcns.  Ainsi 
dans  l'Iliade  Achille  immole  douze 


ULT 

ptisonniers  troyens  sur  la  dépouille 
inanimée  de  Palrocle. 

ULYSSE ,  Ulysses,  en  grec  d'O- 
dyssée, Odysseus  ,  ' Oêva-inU ,  cé- 
lèbre roi  d'Ilhaque  et  de  Dulichium 
(Tiaki  et  Atakos?  ) ,  devait  le  jour  à 
la  reine  Anticlëe  ou  Euryclée  qui  eut 
pour  époux  Lacrte  et  pour  amant 
avant  le  mariage  Sisyphe.  C'est,  dil- 
on,  Aulolycus,  son  aïeul,  qui  lui 
donna  le  nom  d'Odyssée  à  cause  du 
vif  courroux  qu'il  ressentit  en  arri- 
vant dans  Ithaque  [oèva-a-tifiivos  tfoX- 
)^ois  ecv^px(r(  Tt  x.ûtt  yuvxi^i)  j  d' au- 
tres, expliquant  Odysse...  par  re- 
douté, veulent  qu'Aulolycus,  chargé 
de  donner  un  nom  à  son  petit-fils,  se 
soit  écrié  :  u  Dans  ma  jeunesse,  je  fus 
la  terreur  de  mes  ennemis 5  qu'on  lire 
de  la  le  nom  de  cet  enfant ,  qu'il  soit 
nommé  Odyssée  (le  redoutable).  » 
Le  nom  d'Oulis,  que  se  donne  lui- 
même  Ulysse  quand  Polyphème  lui 
fait  subir    un    interrogatoire ,  n'est 

3ue   l'abréviation    d'Odyssée,    et  il 
onne  lieu  a  une  assez  plaisante  équi- 
voque dans  l'Odyssée.  Celui  d'Ulysse 
est  une  simple    déformation    latine 
[Ulysses,  Ulyxes). — Ce  que  nous 
avons  dit  des  relations   de  Sisyphe 
et  d'Euryclée  explique  assez  le  nom 
patronymique  de  Sisyphide,  quelque- 
fois donné  à  Ulysse. — Quelques  tra- 
ditions font  naître  Ulysse  dans  Ala!- 
comène,   en  Béotiej  et  l'on  ajoute 
qu'en  mémoire  de  cet  évèneracnl,  il 
fit  bàlir  dans  Ithaque  une  ville  d'A- 
lalconiène.  Arrivé  a  l'adolescence  ,  il 
alla    visiter    Autolycus    sou    grand- 
père  :  les  festins,  la  chasse,  s'unirent 
pour  lui  rendre  agréable  ce  voyage; 
dans     une     excursion    sur    le    Par- 
nasse, il  fut  blessé  par  un  sanglier: 
ranimai  mordit  bientôt  la  poussière; 
mais  le  sang  coulait  en  abondance  de 
la  plaie,  et  une  large  cicatrice  le  ren- 
dit h  jamais  reconnaisijablÇf  Plus  tard 


ULY 


58i 


Lae'rte    et    les   principaux  citoyens 
d'Ithaque  l'envoyèrent  en  ambassade 
chez  les Messénienspourréclamer  trois 
cents  moutons  que  leur  avaient  enlevés 
des  pâtres-brigands  de  la  Messénie, 
ou  pour  faire  régler  une  indemnité 
convenable.    C'est    a  cette   époque 
qu'Orsdoque  lui  donna  l'hospitalité  el 
qu'lphile  lui  fit  présent  du  carquois 
et  des  flèches  qui  plus  tard  devaient 
donner  la  mort  aux  prétendants.  Il 
se  dirigea  ensuite  versEphyre  ou  Co- 
rinlhe  pour  y  demander  un  fils   de 
Mermère,  llos,  à  dessein  de  se  faire 
livrer    du  poison   pour   en    impre'- 
gner  la  pointe  des  flèches;  il  n'en  put 
obtenir,  ce  qui  a  fait  penser  que  dès 
cette  époque  Corinthe  avait  abjuré  la 
coutume  barbare  d'empoisonner  les 
traits   qui  doivent   douner  la  mort. 
Du  reste,  les  mythographes  ne  le 
conduisent  a  Corinthe  que  parce  que 
Médée,  en  séjournant  dans  cette  île, 
y  a  importé  la  science  funeste  des  poi- 
sons. Mermère  d'ailleurs  est  fils  de 
Jason  et  de  Médée.  En  revenant  dans 
sa  patrie ,  Ulysse  trouve  dans  Ta- 
phos  ce  que  lui  avait  refusé  Corinthe  : 
du  poison.  Bientôt  Ithaque  le  salue 
du  nom  de  roi,  et  cependant  Lae'rte 
existe  encore.  Rien  ne  nous  annonce 
qu'Ulysse  arrive  au  pouvoir  par  une 
usurpation,  el  rien  pourtant  ne  nous 
dit  que  sou  pire  ail  abdiqué.  Ce  sé- 
rail, au  reste,  l'exemple  d'abdication 
le  plus  aucien  que  puisse  citer  l'his- 
toire. Quoiqu'il  eu  soit,  Lae'rle  vi- 
vait   à  la  campagne   et  se  plaisait  a 
cultiver  sou  potai^cr,  tandis  qu'Ulysse 
donnait  des  lois  a  ses  deux  îles.  Il  est 
probable  que  dès  cette  époque  il  avait 
épousé   Pénélope;   car  où  aurait-il 
vu  celte  fille  du  Lacédémouien  Ica- 
rius,  si  ce  n'est  pendant  ses  voyages 
dans  le  Péloponèse  ?  On  peut,  il  est 
vrai,  supposer  qu'il  y  relourna.  Les 
savants  qui  ont  traité  il  fopd  U  guerre 


Mt 


ULY 


■  de  Troie  ,  et  qui  ont  pris  au  sérieux 
de  très-miuces  détails,  ont  mis  Ulysse 
au  nombre  des  amants  d'Hélène  j  car, 
disent  -  ils,  les  princes  grecs  ne  se 
réunirent  à  Ménélas  revfnclit|uant  son 
épouse  les  armes  à  la  main,  que  parce 
qu'ils  avaient  prèle  serment  de  res- 
pecter le  cboix  d'Hélène,  et  de  se 
liguer  contre  quiconque  oserait  la  ra- 
vir à  son  époux  :  or  Llysse  fut  de 
l'expédition  dirigée  par  les  Grecs  sur 
Troie  ,  donc  Llysse  avait  pr^lé  ser- 
ment j  donc  il  avait  br  gué  la  main 
d'Hélène.  Du  reste,  ces  faciles  ex- 
plicateurs  ajoutent  quXlysse  ne  se 
mettait  ainsi  sur  les  rangs  que  par 
vanité  ou  pour  imiter  les  autres^  car 
Pénélope  seule  était  l'objet  de  son 
amour.  Enfin,  on  assure  que  c'est 
à  Ulysse  et  non  à  d'autres  que  Tyn- 
darée ,  n'osant  choisir  entre  les  pré- 
tendants ,  et  craignant  des  luttes 
dont  le  dénouement  aurait  été  fatal 

f)0ur  lui,  dut  l'idée  de  faire  déférer 
e  choix  à  Hélène  elle-même,  et  de 
faire  prêter  aux  nombreux  rivaux  le 
serment  qui  les  liait  à  la  cause  de 
l'époux  outragé.  En  revanche  de  son 
avis  ,  il  reçut  d'Icarius ,  frère  de 
Tyndarée,  la  main  de  celle  qu'il  ai- 
mait. Clavier,  d'après  Apcllodore , 
assure  au  contraire  qu'il  ne  fournit 
l'expédient  en  question  qu'après  avoir 
été  agréé  pour  gendre  par  Icarius. 
Les  noces  des  deux  cousines  eurent 
lieu  à  la  même  e'poque,  mais  Hé- 
lène resta  dans  Sparte  5  Pénélope  par- 
tit pour  Ithaque.  En  vain  son  père 
voulut  la  retenir  j  en  vain  Ulysse , 
lassé  de  supplications  importunes  , 
laissa  la   nouvelle   épouse   libre  de 

Ï rendre  la  route  de  Lacédémone  ou 
e  la  mer  :  Pénélope,  sans  répondre, 
se  couvrit  le  visage  de  son  voile ,  et 
Icarius  solitaire  éleva  sur  le  lieu  de 
cette  muette  réponse  un  autel  a  la 
pudeur.— Ùû  an  à  peine  s'était  passé 


i 


ULY 

depuis  que  Pénélope  avait  donné  le 
jour  h  un  fils,  Télémaque,  et  déjà  la 
Grèce  entière  s'agitait  pour  recon- 
quérir Hélène  ravie.  Ulysse  d'abord 
refusa  do  prendre  part  k  une  guerre 
qui  lui  était  totalement  indifférente, 
et   pour  s'y    soustraire    il   contrefit 
l'insensé  5    toute  la    raulliludc  bien 
bottée  {'Evtn^^i^tç  'Axtioî)  fut  sa 
dupe,  et  déjà  la  résolution  élait  prise 
de  se  passer  du  concours  du  fils  de  djl 
Sisyphe,  lorsque  Palaraède,  jouant  *■ 
au  plus  fin  avec  lui,  mit  sa  ruse  à  dé- 
couvert. Un  des  actes  de   folie   du 
prince  d'Illiaque  consistait  a  labou- 
rer le  sable  sur  le  bord  de  la  mer, 
avec   deux    animaux  d'espèce  diffé- 
rente ,  et  k  y  semer  du  sel.  Palamède 
plaça    Télémaque    sur   la    ligne   du 
sillon  ,•  Ulysse,  pour  ne  pas  blesser 
sou  fils,  leva  le  soc  de  la  charrue. 
Agamemnon   et  Ménélas ,     présents 
k   cette   expérience ,  en    conclurent 
qu'Ulysse  n'était  pas  fou^  et  force  lui 
fut  de  partir  k  la  tête  de  son  contin- 
gent.  Ithaque,  Crocytée  ,   Egilipc  , 
Zacynihe,  Samos,  l'Épire,  enfin  l'île 
de  Cépbalénie  ,    lui  fournirent    des 
soldats  que  douze  vaisseaux  reçurent. 
Ulysse  a  son  tour  découvrit  Achille 
dans  l'île  de  Scyros,  Achille  alors  ca- 
ché près  de  Déidamie ,  sous  un  cos- 
tume de  jeune  fille  [f^oy.  Achille). 
Par  des   lettres  supposées  il  attira 
dans  Aulis  Clytemnestre  et  Iphigénie 
exigée  par   l'oracle  {Voy.  Ipuige- 
Nie).  a  Lesbos ,    il  disputa  le  prix 
du  pugilat  a  Palrocle  et  le  renversa. 
Sur  la  côte  de  Mysie  ,  il  contribua  au 
désastre   des    troupes   de   Télèphe. 
Arrivé  en  Troade  ,  Ulysse,  toujours 
protégé  par  Minerve,  se  dislingue  par 
l'éloquence  et  la  bravoure  ,  par  ses 
sages  avis  et  ses  hauts  faits  d'armes. 
Il  se  rendit  a  Troie  comme  député 
avec  Ménélas  et  Palamède  ,  y  ré- 
clama Hélène ,  sut  décider  He'cube  k 


ULY 

le  faire  évader,  ses  collègues  el  lui , 
et  ménagea  une  correspondance  fur- 
tive  avec  Anlécor.    Plus  tard,  dé- 
guisé en  mendiant,  il  se  procura  une 
entrevue   avec  Hélène.    C'est  à  lui 
cju'Agamemnon  confia  le  soin  de  ra- 
mener Cliryséis  à  son  père.   Quand 
ce  prince,  k  la  suite  du  songe  qui 
lui  promettait  la  prise  de  Troie,  fei- 
gnit de    vouloir   revenir  en   Grèce, 
Ulysse,  le  sceptre  en  main,  parcou- 
rut les  rangs  des  Grecs  ,  leur  repro- 
chant leur    lâcheté,    et   les  flattant 
de  l'espérance  de  voir  bientôt  la  ca- 
pitale   de    Priam    en   leur  pouvoir. 
Thersite  osait  élever  la  voix  conlre 
les  cliefs  de   l'armée,  Ulysse  le  fit 
taire  en  le  frappant  de  .'on  sceptre. 
Dans  les  batailles  qui  suivirent  il  tua 
Démocoon  ,  Cérane,  Alastor,    etc.j 
puis  ,  avec  Diomède  et   Phénix ,  il 
alla  supplier  Achille  de  faire  trêve  à 
son    courroux    et   de  reprendre  les 
armes.  Les  trois  harangues  furent 
vaines ,   ou  le    sait.    Bientôt  Dolon 
tomba  entre  ses  mains,  et,    sur  les 
indices  qu'il   puisa  dans  sa  conver- 
sation ,   il   se  rendit  avec  Diomède 
dans  le   camp   de   Rhésos ,    tua   ce 
chef  ihrace ,    emmena    ses   chevaux 
an  camp  avant  qu'ils  eussent  bu  de 
l'eau  du  Xanthe  et  mangé  de  l'herbe 
des  prés  du   Simoïs.  Déjà  il  avait, 
toujours   de   moitié   avec  Diomède, 
enlevé  le  Palladium.   Le  lendemain 
Molion  ,  Hippodame  ,    Hypéroqiie, 
tombèrent  sous  ses  coups,  mais  une 
blessure  l'eropècha  de  poursuivre  ses 
avantages.  Aux  jeux  funèbres  donnés 
en  l'honneur  de  Palrocle  ,  il  eut  pour 
antagoniste  à  la  lutte  Ajax  5  la  vic- 
toire resta  indécise  ,    mais  il  obtint 
le    prix  de  la  course.    Aussi,    à  la 
mort  d'Achille  ,  ne  balança-t-il  pas 
à  se  mettre  sur  les  rangs  comme  Fhé- 
rilier  le  plus  digne  des  armes  de  ce 
héros.  Seul ,  Ajax  le  Télamonide  les 


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i83 


lui  disputa.  On  plaida  devant  les  rois 
assemblés ,  et  la  victoire  resta  au 
plus  éloquent,  à  Ulysse.  C'est  lui 
aussi  qui  détruisit  le  tombeau  de 
Laomédon;  c'est  lui  qui,  accompa- 
gné de  ]Néoptolème,  alla  chercher 
Philoclète  au  fond  de  l'île  de  Lem- 
nos,  et  le  ramena  dans  le  camp  grec 
avec  ses  flèches  herculéennes ,  sans 
lesquelles  il  était  impossible  que  Per- 
game  tombât.  C'est  lui,  sans  doute, 
qui  donna  Tidée  du  cheval  de  bois 
que  Troie  devait  introduire  dans  ses 
murs.  C'est  lui  que  Chiron,  dans  l'E- 
néide, accuse  d'avoir,  de  concert  avec 
Calchas,  provoqué  l'ordre  fatidique 
de  sa  mort.  Enfin,  il  fait  partie  des 
bandes  armées  qu'enferment  les  flancs 
du  gigantesque  cheval,  etquel'étour- 
derie  des  Troyens  amène  avec  des 
hymnes  de  joie  dans  le  centre  de  la 
ville.  Troie  prise ,  Ulysse  brille  en- 
core par  la  fmesse  :  c'est  lui  qui  ou- 
vre l'avis  de  précipiter  Aslvanax  du 
haut  des  mursj  c'est  lui  qui  va  ,  par 
des  mensonges ,  arracher  Polyxène 
des  bras  d'Hécube  ,  pour  la  sacrifier 
sur  la  tombe  et  aux  mânes  d'Achille. 
Dans  le  partage  des  captives,  le  sort 
lui  assigne  Hécubcj  mais  cette  reine 
d'il  ion  n'encombre  pas  long -temps 
son  vaissean  :  a  peine  les  vents  ont- 
ils  porté  Ulysse  eu  Thrace,  que  le 
désespoir,  la  démence  s'emparent 
d'elle  j  elle  tue  Polyranestor  et  se 
suicide  dès  qu'elle  a  satisfait  sa  ven- 
geance. Ulysse  remet  à  la  voile  ; 
mais  la  commence  pour  lui  l'ère  des 
navigations  malheureuses.  Le  nau- 
frage qui  accueille  la  flotte  des  Grecs 
dans  la  traversée  d'Asie  en  Europe 
le  jette  chez  les  Cicones ,  dont  il 
pille  la  capitale ,  lue  la  population 
mâle,  et  amoncelé  les  femmes,  les 
enfants  dans  ses  vaisseaux.  Tandis 
que  son  équipage  se  livre  aux  plaisirs, 
ceux  qui  ont  fui  le  glaive  du  vainqueur 


584 


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ULY 


^ 


reviennent  avec  du  secours,  attaquent 
les  Grecs;  et  Ulysse,  après  une  lon- 
gue résislance  et  une  perle  de  six 
vaisseaux, finit  par  lever  l'ancre.  Bien- 
tôt un  nouvel  orage  fond  sur  sa  flot- 
tills,  et  la  pousse  sur  le  cap  Malée, 
auprès  de  l'île  de  Cjtlière.  Dans  une 
autre  tradition,  c'estTélamon,  incon- 
solable de  la  mort  de  son  fils ,  qui 
place  des  fanaux  au-dessus  des  bri- 
sants de  Salamine ,  et  cause  ainsi 
la  perte  de  la  flotte.  Deux  vais- 
seaux phéniciens  échappent  seuls  à  la 
destruction ,  et  conduisent  le  voya- 
geur en  Crète.  De  Cythère ,  après 
avoir  erré  neuf  jours  entiers,  il 
arriva  dans  l'ile  africaine  des  Loto- 
phages.  Dans  ce  délicieux  pays  ses 
compagnons ,  dégoûtés  des  longs 
voyages,  lui  déclarèrent  qu'ils  étaient 
résolus  a  ne  plus  suivre  sa  fortune. 
Ulysse,  pour  faire  changer  leur  réso- 
lution, se  vil  obligé  d'attacber  les 
Îlus  mutins  aux  bancs  des  rameurs, 
j'île  Éguse  (ou  des  Chèvres)  le  re- 
cul ensuite;  et  il  s'y  reposa  un  jour 
entier ,  après  quoi ,  remettant  à  la 
voile,  et  cinglant  vers  l'est,  il  arriva 
en  Sicile.  C'est  là  qu'à  peine  débar- 
qués sur  la  grève  ils  furent ,  ses  corn-  - 
pagnons  et  lui,  saisis  par  les  Cyclopes 
et  par  Polyphèrae.  On  peut  voir  à 
l'article  de  ce  dernier  de  quelle  ma- 
nière Ulysse  réussit  a  sortir  de  la 
caverne  où  ce  cannibale  les  avait 
renfermés.  C'est  là  que  le  nom  d'Ou- 
lis  donna  lieu  à  l'équivoque  si  célèbre 
dont  nous  avons  touché  un  mot  au 
commencement  de  cet  article.  Ulysse 
séjourna  ensuite  un  mois  dans  les 
îles  Eolieunes ,  apprit  d'Eole  la  route 
d'Ithaque,  et  reçut  de  lui  des  outres 
où  étaient  emprisonnés  les  vents. 
Malheureusement  l'e'quipage,  aiguil- 
lonné par  une  fatale  curiosité,  les 
ouvrit,  et  les  captifs  prenant  l'es- 
sor se  vengèrent  de  leur  courte  incar- 


cération par  une  effroyable  teriipête. 
L'orage  ramena  Ulysse  dans  les  îles 
Eolicnnes;  mais  cette  fois  Éole  le  re- 
gardant comme  maudit  des  dieux  le 
chassa  sans  secours.  Six  jours  après, 
il  se  trouva  sur  la  côte  des  Lestry- 
gons  {Voy.  ce  nom).  Deux  de  ses 
compagnons  périrent  victimes  de  ces 
nouveaux  anthropophages,  et  onze  de 
ses  vaisseaux  furent  submergés.  Jeté 
de  là  dans  l'île  d';Ea,  il  reçut  de  Cir- 
cé  un  accueil  favorable  mais  perfide. 
Celte  magicienne  de  l'Italie  transfor- 
ma par  ses  charmes  ses  compagnons 
en  immondes  animaux,  à  l'exception 
d'Euryloque.  Pour  lui,  à  l'aide  d'une 
herbe  nommée  moly  ,  il  eut  le  bon- 
heur d'échapper  au  piège  fatal;  et 
Circé,  de  venue  son  amante,  rendit  tous 
ses  compagnons  à  leur  première  for- 
me. Au  bout  d'unan,  les  supplications 
de  son  équipage  le  décidèrent  à  par- 
tir; il  laissa  Circé  enceinte  d'un  fils, 
et  apprit  d'elle  les  moyens  d'évoquer 
les  morts,  et  d'avoir  une  sorte   de 
conférence  avec  le   devin   Tirésias. 
Muni  d'instructions  à  ce  sujet,  il  se 
rendit  dans  le  pays  des  Cimmériens, 
et,   après  avoir  débarqué,  suivit  la 
côte  de  l'Océan  jusqu'au  monde  sou- 
terrain, dans  la  compagnie  de  Péri- 
mède  et  d'Euryloque ,  fit  ouvrir  une 
fosse  comme  pour  un  cadavre,  laissa 
couler  dans  ces  profondeurs  du  vin  , 
de   l'eau ,   du  mulsum  et  de  l'orge , 
supplia  les  ombres  de  venir  à  lui  , 
sacrifia  au  devin  Tirésias  une  brebis 
noire,   et  immédiatement  après  ces 
cérémonies  vil  un  peuple   d'ombres 
voltiger,  se  presser  autour  de  la  fosse. 
Il  en  reconnaît  plusieurs  ;  parmi  ces 
dernières  il  distingue  celle  de  Tiré- 
sias. a  Neptune,  lui  dit  le  devin  de 
Tlièbes,  est  irrité  contre  loi;  toute- 
fois les  malheurs  sont  sur  le  point  de 
cesser,  si,  arrivé  eu  Sicile,  tu  respec- 
tes les  troupeaux  du  Soleil.  Au  con- 


ULY 

traire  si  lu  manques  a  ce  devoir ,  iii 
perdras  le  fruit  des  fatigues  que  jus- 
qu'ici tu  as  endurées  j  un  seul  navire, 
un  navire  étranger  te  conduira  dans 
l'île  où  tu  règnes  de  droit  j  tu  arrive- 
ras en  costume  de  mendiant  au  palais 
de  tes  pères  5  tu  y  trouveras  Péné- 
lope gémissante ,  tes  Liens  livrés  a  la 
dilapidation,  et  de  nombreux  préten- 
dants occupés  à  se  disputer  ta  ri- 
chesse et  ta  couronne.  Plus  tard  en- 
core, tu  recommenceras  tes  voyages, 
et  tu  arriveras,  une  rame  sur  l'épau- 
le, dans  un  pays  oij  l'on  te  deman- 
dera si  c'est  un  javelot.  Arrivé  là, 
cache  ta  rame  en  terre,  sacrifie  un 
bélier ,  un  taureau  et  un  sanglier  à 
Neptune,"  puis  bientôt  tu  reverras  ta 
patrie.  »  Tirésias  disparut  à  ces 
mots.  Ulysse  s'entretint  encore  avec 
diverses  ombres  plus  ou  moins  célè- 
bres. Cette  entrevue  avec  les  moris 
est  vulgairement  qualifiée  de  descente 
aux  enfers.  Le  titre  ancien  de  nécyo- 
mancie  ou  divination  par  les  morts 
est  infiniment  préférable  5  car  Ulysse 
ne  descend  pas  aux  enfers,  ainsi  qu'E- 
née  dans  Virgile.  Son  déplacement  est 
imaginaire  ou  métaphorique.  De  re- 
tour à  sa  flotte,  il  fait  voile  vers  l'est, 
repasse  devant  Ma. ,  y  rend  les  hon- 
neurs funèbres  a  Elpénor,  demande  a 
Circé  de  nouvelles  instructions,  fran- 
chit Scylla,  Cbarybde  et  les  brisants 
mélodieux  au  milieu  desquels  résonne 
la  voix  dangereuse  des  Sirènes  j  il  ar- 
rive enfin  dans  l'île  de  Trinacrie,  de- 
vant laquelle  il  veut  passer  sans  s'y 
arrêter,  et  y  débarque  sur  les  in- 
stances réitérées  de  l'équipage  qui 
jure  de  ne  pas  toucher  aux  taureaux 
du  Soleil.  Mais  un  mois  se  passe,  et 
les  vents  contraires  s'opposent  au 
rembarquement.  Les  provisions  se 
sont  épuisées,  et,  en  dépit  de  leur 
serment,  les  matelots  affamés  se  jet- 
tent sur  le  magnifique  tçoupeau  du 


ULY  &85 

dieu  qui  va  se  plaindre  au  conseil  des 
immortels.  Six  jours  après,  des  vents 
propices  invitent  les  aventuriers  à  se 
remettre  en  mer^  et  presque  aussitôt 
la  tempête  disloque  les  navires,  et 
tue  les  sacrilèges.  Ulysse  seul  est 
épargné  :  jeté  sur  Técueil  de  Cba- 
rybde ,  il  se  cramponne  h  l'arbre  qui 
ombrage  ce  rocher  ;  et  quand  les  flots 
revomissent  les  débris  de  la  flotte, 
il  s'élance  sur  un  màt,  s'y  attache, 
vogue  ainsi  neuf  jours  durant  sur  les 
mers,  et  arrive  dans  l'île  de  Calypso. 
Il  y  passa  sept  ans,  retenu  malgré 
lui  par  la  nymphe  amoureuse.  Trem- 
pant de  larmes  les  habits  immortels 
dont  elle  le  revêlait,  pensant  sans 
cesse  à  Pénélope,  il  devient  néan- 
moins, dans  les  bras  de  l'Océanide, 
père  de  deux  fils ,  Nausilhoiis  et 
Wausinoiis,  auxquels  même  des  my- 
thcilogues  ajoutent  Auson.  Enfin  .Tu- 
piter  envoya  Mercure  a  la  nymphe 
pour  lui  intimer  l'ordre  de  laisser 
partir  Ulysse.  D'Ortygie ,  tel  est  le 
nom  donné  a  l'île  fabuleuse  ,  il  se  di- 
rigea au  nord-est,  et  au  bout  de  dix- 
huit  jours  aperçut  les  montagnes  des 
Phéaciens.  Une  tempête  l'en  éloigna, 
fracassa  encore  la  nef  qui  le  portait, 
et  ne  lui  laissa  pour  ressource  que  les 
débris  du  navire.  Après  deux  jours  et 
deux  nuits  de  pénible  navigation,  il 
revit  de  loin  les  rocs  qui  formaient  la 
côte:  porté  a  l'embouclmre  d'une  pe- 
tite rivière  dont  les  bords  étaient  unis, 
il  y  passa  la  nuit  au  milieu  des  ro- 
seaux. Le  lendemain  INausikaa  vint 
avec  ses  compagnes  non  loin  du  lieu 
où  le  fleuve  joint  la  mer.  Ulysse  nu 
et  couvert  de  fange  s'offrit  à  ses 
yeux  5  elle  le  conduisit  a  la  ville.  Al- 
cinoiis  accueillit  l'étranger  avec  dis- 
tinction ,  donna  des  jeux  en  son  hon- 
neur, et  enfin  lui  fournil  les  moyens 
de  retourner  à  Ithaque.  La,  pensant 
avec  raisyn  qu'il,  flç  s'agissait  pas  seu- 


M6 


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haaenl  de  se  présenter  pour  faire 
renlrer  ses  euneniis  dans  la  pondre  , 
il  se  rendit  à  la  cabane  du  vieil  £u- 
mée,  Y  fut  déguisé  par  Minerve  en 
mendiant ,  et  sous  ce  Iraveslissemeot 
alla  au  palais  que  remplissaient  les 
prétendants.  Télémaque,  qui  quel- 
ques mois  auparavant  avait  été  cher- 
cher de  ses  nouvelles  dans  le  Pélo- 
nièse,  et  qui  venait  de  rentrer 
s  Itliaque ,  avait  appris  par  une 
«ubite  et  hiiliante  traasiiguralion  que 
l'étranger  acluellenicnt  sous  ses  yvai. 
ibit  son  père.  Tous  deux  ensemble, 
en  cheminant  vers  la  ville,  combinè- 
rent le  plan  qui  devait  les  débarras- 
ser de  leurs  ennemis.  A  la  porte  du 
palais  ion  cLien  Argus  le  reconnut 
après  vingt  ans  d'absence  ,  et  mou- 
rut de  joie  en  faisant  de  vains  efforts 
pour  se  traîner  jusqu'il  lui.  Irus ,  le 
mendiant  privilégié  de  la  cour,  fut 
moins  charmé  de  sa  vue.  Dépité 
de  voir  qu'un  intrus  essayait  une 
concurrence  avec  lai ,  il  le  défia  : 
Ulysse  fut  vainqueur.  Le  lendemain  il 
«ut  avec  Pénélope  sa  femme  une  en- 
trevue, et  sans  se  faire  connaître  il 
lui  donna  des  nouvelles  d'Ulysse ,  l'as- 
surant qu'il  serait  bientôt  de  retour. 
Pénélope  lui  confia  les  douleuis  et 
les  embarras  dans  lesquels  se  consu- 
sumait  sa  vie  depuis  le  départ  de  son 
époux  :  a  Chaque  jour  j'imagine,  pour 
éluder  les  poursuites  des  prétendants, 
de  nouveaux  artifices;  je  suis  à  bout. 
Demain  l'on  doit  tirer  la  bague  avec 
l'arc  de  mon  époux  ,  et  j'ai  juré  d'é- 
pouser celui  qui  parviendrait  à  ten- 
dre cet  arc.  »  Ulysse  approuve  cette 
résolulion.  Les  armes  sont  toutes 
portées  dans  une  chambre  secrète; 
Euryclée,  sa  nourrice,  qui  l'a  re- 
connu il  sa  cicatrice ,  lui  prépare  un 
lit  et  un  bain.  Jupiter  lui  donne,  par 
un  coup  de  tonnerre  au  milieu  d'un 
ciel  serein,  l'assuraîice  de  sa  protec- 


ULY 

tion.  On  apporte  l'arc  immense,  on 
dispose  les  douze  anneaux  que  doit 
traverser  la  Uèche  lancée  par  une 
main  victorieuse.  Philète ,  Eumée 
secondent  c^s  préparatifs.  Quand  les 
prétendants  ont  totis  eu  vain  essayé 
de  tendre  l'arc ,  Ulysse  dem.andc  la 
permission  d'essayer  aussi  ses  forces. 
Antiuoiis,  le  plus  insolent  des  pil- 
lards, s'indigne  de  tant  de  présomp- 
tion; mais  Télémaque  en  ordonne 
autrement.  Eumée  présente  l'arc  a 
son  maître.  L'arme  gigantesque  se 
plie,  se  courbe  comme  d'elle-même 
sous  les  doigts  d'Ulysse j  la  flèche 
vole ,  traverse  les  douze  anneaux  et 
va  tomber  au-delà.  Les  prétendants 
pâlissent  :  mais  presque  au  même  in- 
stant Anlinoiis,  qui  porte  une  coupe 
d'or  à  ses  lèvres,  tombe  noyé  dans 
son  sang.  Ulysse  dit  son  nom ,  et  il 
perce  de  ses  flècbes  tous  ses  enne- 
mis les  uns  après  les  autres.  Téléma- 
que le  seconde,  et  apporte  des  armes 
pour  son  père,  pour  Eumée,  pour 
Philète  et  pour  lui.  En  vain  Mélanthe 
rend  le  même  service  aux  prétendants. 
Minerve  sous  la  figure  de  Mentor  en- 
courage Ulysse.  Tons  ces  violateurs 
de  l'hospitalité  jonchent  de  leurs  ca- 
davres les  dalles  du  palais  (deux  seu- 
lement,  Médon  et  Phémius ,  s'é- 
chappent). Mélaulhe  et  toutes  les  es- 
claves infidèles  les  suivent  dans  la 
tombe.  Télémaque  se  charge  de  les 
pendre. 

..  .En  co  réduit,  qu'un  long  mur  environne. 
Il  attache  .lu  sommet  d'une  haute  colonne 
Un  cnble  qui,  dans  l'air  fortement  supcndu  : 
Embrasse  de  te  lieu  le  circuit  étendu  ; 
Ainsi  qu'un  oiseleur  sous  un  épais  ombrage  , 
Quand  la  nuit  fait  rentrer  les  oiseaux  au  )>ocage 
Surprend  dans  ses  filets  cachés  sous  les  rameaux 
Des  ramiers  imprudents  les  jeunes  tourtereaux; 
Ses  victimes ,  ainsi  tour-à-tour  enlacées  , 
Pendent  au  nœud  fatal  dont  elles  sont  presse  ;s, 
Et  leurs  pieds  palpitants  ne  les  dégagent  pas 
De  ce  cruel  tissu  qui  hâte  leur  trépas. 

Pnis  l'éponge  et  l'eau  nettoient  les 
marbres  ensanglantés  j  le  soufre  et  U 


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feu  les  purifient  :  le  palais  est  libre; 
il  ne  reste  à  domter  que  la  révolte 
des  habitants  d'Ithaque.  Un  coinbal 
nouveau  devient  nécessaire.  Laërle, 
qu'Ulysse  a  été  chercher  à  la  cam- 
pagne ,  seconde  son  fils  dans  celle 
dernière  enli éprise;  c'est  lui  qui  tue 
Eupillie.  Eu  même  temps  Ulysse  et 
Télémaque  frappent  les  rebelles  ,  et 
les  taillent  en  pièces.  Pallas  enfia 
vient  mettre  un  terme  à  ce  triste  dé- 
bat; les  armes  rentrent  dans  le  four- 
reau. Le  peuple  fléchit  devant  Ulvsse, 
et  Ulysse  épargne  le  peuple.  Ou  le 
voit  encore  régner  paisible  dans  Itha 
que.  Combien  d'années  gouverne-t-il? 
où  va-t-il  mourir  .■*  les  prédictions  de 
Tirésias  s'accomplissenl-elles.^  voya- 
ge-t  il  asseï  loiu  sur  le  continent  pour 
que  l'on  prenne  sa  rame  pour  un  ja- 
velot? doit- on,  avec  Lucien  (dans 
Meursius  sur  Lycophron  ),  lui  faire 
rendre  le  dernier  soupir  à  Podagra? 
faut-il  lui  faire  quitter  Ithaque  au 
souvenir  de  l'oracle  qui  lui  a  dit  : 
a  Tu  mourras  de  la  main  de  ton 
^is  ,  »  et  le  montrer  blessé  k  mort , 
non  par  Télémaque  qu'H  a  redouté , 
mais  par  Télégone  ,  fruit  long-temps 
oublié  de  ses  amours  avec  Circé? 
faut-il  lui  faire  prendre  la  fuite  de- 
vant Pan,  fils  de  Pénélope  et  des 
prétendants?  Dans  cette  dernière  hy- 
pothèse ,  Minerve  ou  Hais,  suivante 
de  Circé,  le  change  par  pitié  en  che- 
val, et  il  meurt  de  vieillesse. — Outre 
Télémaque,  Ulysse  avait  eu  de  Péné- 
lope Ptoliporthe.  A  Télégone  qu'il  cul 
de  Circé,  tour  k  tour  on  substitue  oh 
l'on  ajoute  Romus,  Anlée  et  Arbias. 
Nous  avons  vu  Nausithtuis,  Nausi- 
noiis  et  Auson  naître  de  ses  amours 
avec  Calypso.  Sur  la  liste  de  ses 
maîtresses  se  trouve  encore  la  fille 
d'Eole ,  Polymène  ,  qui  n'en  a  aucun 
enfant,  et,  dans  un  voyage  qu'il  fit 
d'Ithaque  en  Épire,  Evippe  qu'il  ren- 


DLY 


587 


dît  mère  d'Earyale.  — -  Ulysse  avait 
chez  les  Eurycanes,  enEtolie,  un  ora- 
cle, et  k  Lacédémone  uue  chapelle. 
En  général  on  le  mettait  au  nombre 
des  hommes  divinisés  après  la  mort. 
Plusieurs  villes  lui  faisaient  honneur 
de  leur  fondation;  ses  voyages  y 
qu'on  peut  regarder  comme  le  pre- 
mier linéament  d'un  périple  de  la  Mé- 
diterranée, donnèrent  lieu  à  des  lé- 
gendes secondaires  de  toute  espèce. 
LTlalie  .surtout  était  féconde  en  con- 
tes de  ce  genre ,  et  ceux  qui  ne  pou- 
vaient citer  Ulysse  citaient  du  moins 
ses  fils  comme  leurs  héros  éponymes. 
Baies  avait  reçu  sou  nom  de  fiaïus 
compagnon  d'Ulysse,  et  même  c'est 
là  qu'avait  eu  lieu  la  uécyomancie  ; 
Scylacium  avait  de  même  été  fondé  par 
le  roi  d'Ithaque.  Dans  le  voisinage  de 
Tempsa  était  un  monument  héroïque 
élevé  a  Polite,  compagnon  dUlysse. 
iXon  loin  de  Laos,  sur  le  golfe  du  mê- 
me nom,  e'tail  un  autre  monument  hé- 
roïque dédié  k  Dracon,  aussi  compa- 
gnon d'Ulysse.  Selon  Zénodole  de 
Trézène,  c'est  un  petit-fils  d'Ulysse 
qui  a  fondé  la  ville  dePréneste;  en- 
fin dans  la  ville  de  Circéii  on  montrait 
un  autel  dédié  a  Minerve,  et  un  vase 
laissé  k  la  ville  par  Ulysse.  Aussi  le 
nom  de  cap  Minerve,  vis-k  vis  Ga- 
prée,  a-t-il  été,  selon  un  critique  mo- 
derne, imposé  au  promontoire  par  la 
colonie  ulysséenue.  Les  Portugais  se 
vantaient  autrefois  de  descendre  d'U- 
lysse ,  et  Lisbonne  n'est  autre  qu'O- 
lyssipo  (Ulyssipolis).  Une  Olyssipo 
(Odyssée  d'Ëustalhe  et  d'Etienne  de 
Byzance)  se  trouvait  sur  la  côte  occi- 
dentale de  l'Hispanie ,  k  peu  de  dis- 
tance de  Malaca;  et  uu  Asclépiade  , 
Myrlée  ,  assure  avoir  vu  de  ses  pro- 
pres yeux,  dans  le  temple  de  Mi- 
nerve, en  Turdétanie  ,  des  monu- 
ments du  séjour  d'Ulysse.  On  en 
trouve  même,  assure-t-on,  jusqu'en 


â88 


ULY 


URA 


1 


Germanie  et  dans  le  golfe  de  Calé- 
donie.  Une  tradition  recueillie  par 
Tacite  fait  d'Ulysse  le  fondateur  d'As- 
GÎpurgium.  Les  tombeaux  a  inscrip- 
tions grecques  parsemés  sur  les  con- 
fins de  la  Rhétie  et  de  la  Germanie, 
suivant  le  même   bi:>torien,   ont  été 
rattachés  aux  voyages  d'Ulysse  sur 
le  continent. — INous  ne  croyons  pas 
a  la  réalité  de  ces  voyages,  mais  nous 
tenons  pour  précieuses  les  traditions 
diverses  qui  jettent  le  nom  d'Ulysse 
au  milieu  des  monuments  de  l'Ibérie 
et  des  tombeaux  des  vieux  Rèlhes  ou 
des  Calédoniens.  Ulysse  est,  comme 
Hercule,  un  nom  fameux,  un  génie 
mêlé  h  une   foule  d'aventures.  Seu- 
lement Hercule  lutte  et  Ulysse  voya- 
ge. C'est  un  protecteur  de  la  naviga- 
tion identifié  aux  navigateurs  et  aux 
navires ,  c'est  le  grand  Patèque  de 
la  Grèce.  Les  Patèques  ornaient  les 
agrès  et  surtout  la  poupe  des  vais- 
seaux. Ne  fût-ce  qu'à  ce  trait,  on  re- 
connaît le  Patèque  dans  Ulysse;  tou- 
jours il  est  incorporé  à  son  navire. 
Pour  passer  au  milieu  des  Sirènes  il 
est  attaché  au  niiitj  après  le  naufrage 
il  est  a  clieval  sur  son  mat.  Puis  il 
V  it  toujours  dans  des  îles,  il  plaît  aux 
nymphes  des  ondes  5  il  se  cache  com- 
me un  dieu  marin  au  milieu  des  ro- 
seaux. Il  ne  faut  pas  nier,  non  plus, 
qu'une    fois  le  siège  de  Troie  admis 
un  prince  insulaire  ,   un  Ulysse  ail 
pu,  comme  un  Acbille,  être  de  l'ex- 
pédition. Ce  qu'il  faut  nier,  c'est  laco- 
existence  de  tous  ces  événements  qui 
forment  l'aspect  mylbique  du  héros: 
avis  donné  à  Tyndarée,  refus  de  par- 
tir pour  Troie,  découverte  d'Achille 
à  Scyros,  enlèvement  du  Palladium  , 
destruction  du  tombeau  deLaomédon , 
etc. ,  etc.  —  De  toutes  les  hypothèses 
evhéméristes  lancées  sur  Ulysse,  la 
plus  piquante  est  celle  qui  le  regarde 
comaie  Homère.  %\U  v^  été  soutenue 


avec  talent,  dans  un  ouvrage  publié 
en  1829,  par  l'auteur  du  Kayoge 
en  Troade ,  M.  Lecbevalier,  sous 
le  pseudonyme  de  Constantin  Kolia- 
das,  professeur  à  l'Université  io- 
nienne. W  est  malheureux  qu'elle  soit 
dénuée  de  raisons  plausibles. 

UWBRO,  grand-prêtre  marse,  tué 
par  Enée  dans  la  guerre  entre  les 
ïlutules  et  les  Troyens,  était  savant 
dans  l'art  des  enchantements. 

UNXIA,  déesse  latine  qui  prési- 
dait à  l'usage  des  essences.  On  don- 
nait aussi  ce  nom  h  Junon  en  tant  que 
déesse  des  mariages,  parce  que  dans 
la  cérémonie  de  l'hymen  on  frottait 
d'huile  ou  de  graisse  les  poteaux  de  la 
porte  de  la  maison  des  nouveaux  ma- 
riés, afin  d'en  écarter  enchantements 

et  maléfices Quelques  philologues 

dérivent  Unxia  d'MOSor,  ou  récipro- 
quement uxor  d' Unxia  ou  ungere. 
UPIS.  Fojr.  Opis. 
URAINIE,  Urania,  oùpccvîxjuae 
des  neuf  Muses,  présidait  à  l'astro- 
nomie, aux  mathématiques  et  aux 
sciences  exactes.  On  veut  qu'elle  ait 
eu  d'Apollon  Liiios ,  et  de  Bacchus 
Hyménée.  On  la  représente  d'ordi- 
naire vêtue  d'azur,  couronnée  d'étoi- 
les, et  tenant  à  deux  maius  un  globe 
qu'elle  semble  mesurer  avec  le  com- 
pas. Quelquefois  le  globe  est  sous  ses 
pieds,  et  d'aulres  instruments  scienti- 
fiques sont  épars  autour  de  la  Muse. 
. —  Deux  autres  Ubawie  sont,  l'une 
Vénus  céleste  ou  mieux  Vénus-ciel 
{Voy. ,  sur  les  divers  sens  de  ce  mot, 
VtTJUs),  l'autre  une  Océauide  j  et  ces 
deux  Uranies ,  en  un  sens  transcen- 
dantal  ,  se  réduisent  h  une.  Car 
qu'est-ce  que  le  ciel  au  dire  des  an- 
ciens? Un  Océan.  Conip.  Trie. 

URAINUS  ,  OURAK'OS,  OÙpavoV,  le 

ciel  personnifié,  passait,  dans  la  my- 
thologie vulgaire,  pour  le  plus  ancien 
dçs  dieux  3  et  les  Latins,  en  tradui- 


ura: 

sant  ce  nom  par  Coelus,  le  pensèrent 
ainsi.  Dans  la  théogonie  d'Hésiode , 
Uranus  n'est  pas  même  un  des  qua- 
tre principes  primordiaux.  La  Terre 
k  elle  seule  lui  donne  naissance  ,  ainsi 
qu'aux  Montagnes  et  àPontosjpuis, 
s'unissant  a  lui ,  elle  met  au  jour 
1°  Océan,  2°  Crone  (Saturne),  3° 
les   quatre    grands  Titans,    Cœos, 
Crios,  Hjpérion  ,  Japet,  avec  leurs 
six  sœurs ,    Thia  ,  Rhéa  ,   Thémis , 
Mnémosyne,  Phébé,  Téthys  (en  tout 
jusqu'ici  douze  divinités  comparables 
et  aux  douze  Aditias  et  aux  douze 
Consentes);    4°    la    double    triade 
des  Cyclopes   et  des  Hécatonchires. 
Epouvanté    à   la  vue    de    ces    der- 
niers, Uranus  voulut  les  précipiter  en- 
chaînés dans  le  Tartare  j  mais  Cro- 
ne ,  armé  par  sa  mère  de  la  harpe , 
retrancha  les  organes  virils  de    ce 
père  cruel  a  l'instant  oii  il  s'apprê- 
tait à  féconder  de  nouveau  la  Terre. 
Son  sang  alors  imprégna  la  terre,  et 
l'écume   prolifique    se   mêla   encore 
brûlante  a  l'écume  salée  de  la  mer  : 
de  celle-ci  naquit  la  brillante  Aphro- 
dite. Du  sang  jaillirent    les   noires 
Erinnyes ,  les  hideux  Géants  et  les 
Mélies ,  nymphes  qui  président  aux 

{»rairies  et  à  la  vie  pastorale.  Dans 
a  troisième  théogonie  d'Orphée  , 
Uranus ,  que  l'on  regarde  comme 
l'espace  (^oùpMvies  kxi  ^ûoxos)^  en- 
veloppe la  terre,  et  tourne  autour 
d'elle,  tantôt  s'élevant  au  zénit,  tan- 
tôt retombant  au  nadir.  Son  sein 
porte,  gravée  en  profonds  caractères, 
l'immuable  loi  ae  la  nature.  Alors 
Uranus  est  l'air,  le  ciel,  le  bleu,  le 
puissant,  le  sage,  le  flamboyant,  le 
père  de  Crone.  Dans  la  théogonie 
phénicienne  de  Sanchoniaton,  Elioa 
(ou  Hypsisle,  le  très-haut)  engendre, 
avec  son  épouse  Bérulh ,  le  Ciel  et 


v*n 


589 


la  Terré  auxquels ,  du   reste,  on 
donne  les  noms  tout  grecs  1°  d'Epi- 
gée-Autochthone-Ouranos,  2°  deGéj 
et  ceux-ci  à  leur  tour  en  s'unissant 
donnent  naissance  à  quatre  fils,  Il  ou 
Crone  ,    Bétyle ,   Dagon  ou  Siton , 
Atlas.  La  encore  Uranus  veut  faire 
périr  ses  enfants;  mais  Crone,  aidé 
d'Hermès  et  d'Alhânâ  ,  le  détrône. 
Crone  ensuite  a  pour  femme  Astarté 
(Achtoret),  Rhéa,  Dioné.  La  pre- 
mière lui  donne  pour  fils  un  Crone  II, 
un  Bel  (qu'on  nomme  Zévs  Bélos), 
Apollon,  Typhon,  Nérée  ,  père  de 
Pontos.  Pendant  ce  temps  ,  Déma- 
roon  ,  fils  naturel  d'Ouranos-Epigée 
(Ouranos-Zénit),  engendre  Melkarth 
(le  roi-soleil)   qui  doit  venger  son 
aïeul,  et  partager  avec  un  oncle  per- 
fide l'empire  du  monde.— Diodore 
de  Sicile  fait  d'Uranus  un  roi  civi- 
lisateur des  Atlantes,  très-versé  dans 
l'astronomie  ,    et   divinisé   après  sa 
mort. — L'Egypte  avait  trois  dieux- 
ciel,  Potiri,  Tpé,  déesse,  et  Imôouth. 
Gomp.  GÉ,  Satubtîe,  Titans. 

URGHIEN  ,  dieu-homme  adoré 
au  Tibet,  naquit  du  sein  d'ut\e fleur. 
Ainsi  Vichnou ,  aux  Indes ,  naquit 
du  padma.  Ne  serait-ce  pas  un  ana- 
logue de  Vichnou?  Comp.  Haroéri 
s'élançant  aussi  d'un  calice  de  Lotos. 
UROTALT  ,  dieu  arabe  que  l'on 
a  comparé  au  soleil  et  à  Bacchus. 

USOUS  est  regardé  comme  le 
Neptune  des  Phéniciens;  mais  dans 
Sanchoniaton  il  ne  joue  que  le  rôle 
d'un  homme  inventeur  de  la  naviga- 
tion. C'est  lui  qui  le  premier  en- 
seigna aux  hommes  à  jeter  a  l'eau 
des  troncs  d'arbres  creusés,  et  k  con- 
fier leur  vie  k  ces  frêles  abris. 

UTERINA,  déesse  latine  de  la 
gestation  et  des  accouchements, 
UTIS.  Foy,  OuTis. 


590  VAÇ  VAC 


VAÇOUDEVA,  radjah  hindou  de  De  ces  huit  dieux,  Içania  est  incoii- 
la  race  des  ladous,  et  par  conséqucut  teslablemeul  uue  iucarnaliou  de  Siva. 
des  enfants  de  la  Lune,  mais  Kclia-  Pour  Indra,  il  a  en  lui  ijuelque  chose 
triia  d'origine,  succéda  sur  le  frùne  k  de  Viclinou  pour  l'extréine  pureté  la 
Souracéna  ,  son  père  ,  roi  do  Soura-  délicatesse  aérienne,  nous  dirions 
céna,et  s'unit  par  les  liens  du  mariage  presque  l'incorporalitéj  et  cencn- 
à  Dévagi  ou  Dévaki,  611e  d'Ougra-  dant  c'est  l'émanation  de  Brahmà  : 
céna  ou  Dévaga,  et  sœur  de  Kansa.  c'est  Brahinâ  lui-même  ,  Archi- Va- 
Mais  une  prophétie  avait  révélé  à  çou.  Les  huit  Vacous  semblent  être 
Kansa  que  l'hymen  de  sa  sœur  le  rae-  pourvus  chacun  d'une  épouse  {Voy. 
narait  de  dangers  inévitables  j  que  Matris).  Comp.  aus^i  l'article  des 
son  huitième  enfant,  surtout,  serait  Aditias,  jur  la  liste  desquels  se  re- 
funesle  à  son  oncle.  En  proie  aux  trouvent  plusieurs  des  noms  des  Va- 
craintes  les  plus  vives,  il  veut,   le  cous. 

jour  même  des  noces ,  égorger  Dé-         VACUNA  ,   déesse    italique    qui 
vaki  :  Vaçoudéva  sauve  son  épouse,  semble  avoir  été  originaire  de  la  Sa- 
Le  mariage  a  lien  5  .mais  le   jeune  binic,  niais  dont  le  culte  se  répandit 
couple  est  obligé  de  demeurer  dans  dans  l'Elrurie  et  dans  l'Ombrie.  Qucl- 
Malhoura,   sous  les  yeux  du  tyran,  ques-uiis  ,  cependant,    la   regardent 
Les  six  premiers  enfants  de  Dévaki  comme    Etrusque    d'origine.    L'idée 
el  de  Vaçoudéva  tombent  sous  le  fer  contraire  nous  semble  plus  probable. 
de  Kansa.  Dévaki  devient  mère  du  Plus  tard,  les  Romains    adoptèrent 
septième  (Bala-Kama)  dans  nnepri-  son   culte  et  lui  élevèrent  un   temple 
son.    Le    huitième  ,     c'est   Krichna  dans  Rome  même.  Elle  avait  aussi 
{f^ojr.  à  cet  article  la  suite  des  slra-  un  temple  et  un  bois  sacré  dans  le  ter- 
tagèmes  de  Kansa).  riloire  de  Réale,  près  du  mont  Fis- 
VAÇOUS  (les)   figurent  prescpie  celle,  vers  les  sources  du  ]\ar  (auj. 
immédiatement  au-dessous  de  lïrah-  la  Negra).  Du  temps  d'Auguste,  ce 
ma  dans  la  hiérarchie  des  êtres  ce-  temple  tombait  en  ruines,  el  proba- 
lestes.  Ils  sont  au  nombre  de  huit,  blcmenl  le  culle  n'était  plus  en  usage 
réjiissenl  chacun  une  des  huit  régions  tj"e  dans  les  villages.  Il  consistait  en 
du  monde,  et  ont  divers  phénomènes  fétrs  ditçs  Vacunalt8(Vacunalia),  re- 
sous leur  empire.  En  voici  l'indication  nianjuables  en  ce  qu'elles  se  cé\é^ 
générale  :  braient  autour  des  foyers,  et  que  les 

assistants,  quoiqu'ils  se  levassent  et 

i™,..'""^-      '"T"-  EtwrWg:;;;io«r,  s'assisscnlaUernativement,  affectaient 

etc.  une  immobilité parfaite(0vid.,/^<2jf. 

lama.  S.  Nuit,  morts,  enfers.  1     \T\      ,       z        s     r»         i  .1 

Kirouil.  s.o.    Maorais géiTies.  ''  VI,  v.  Soy),  (^uaut  au  caractère 

Agiiiii-  »•  K.    Feu.  de    la  déesse,  les  uns  la  regardent 

Varouiia.  O.  l;aux  el  Océan.  11/  1  i-      • 

Paoulaftia.  N.       1  lofondcnrs  ccnfraics  Comme  la  cleesse  (lu  repos ,  OU  dirait 

<!u  giohc,  esprits  presque  de  la  paresse,  et  s'appuient 

soutjirrains,  riches-  j     11/,  1       •     /  ^      1    ** 

ses.  de  l  elymologie  (vacâîrt;)^  les  autres 

Pavana  (ou  vaiou    N.  O.  Air,vtnt.ssens,o<!eurs.  y  yoient  la  divinité   par   excelleuce 

ou  Marouta).  ■'.,.,,  ,\ 

içauia  ou  iraiia.     N.  E.  qui  leunissait  Ics  attriDuts  de  tous  les 


I 


VAÇ 

dienï  spéciaux.  Ailleurs  on  la  prend 
pour  Diane  ,  pour  Cérès ,  pour  Mi- 
nerve ,  pour  Bellone,  pour  la  Victoire 
(Porphyr.,  sur  Yépùre  X,  liv.  i  , 
d"Hor.  j  Comp.  Rosiiii,  Antiq.y  III, 
c.  19).  Il  est  probable  que  Vacuna, 
divinité  antique  d'un  peuple  agricole, 
divinité  dont  le  culte  tomba  naturel- 
lement en  désuétude  a  mesure  que  la 
civilisation  et  la  vie  industrielle  firent 
des  progrès  5  il  est  probable,  di- 
sons-nous, que  Vacuna  représente  la 
terre  en  jachère, le  repos  delà  terre, 
soit  après  la  récolte,  soit  pendant 
l'année  qui  suit  la  récolte  (/'^aco, 
avec  d'antiques  formes  passives  ou 
moyennes  h  sens  neutre,  a  dû  faire 
J^acuniena,  Vacumna^  Vacu- 
na). A  ce  repos,  a  celte  vacance  du 
sol,  se  lie  de  soi-même  le  repos  de 
la  population  agricole  :  nouveau  mo- 
tif de  fêter  Vacuna!  nouveau  point  de 
vue  sous  lequel  s'offre  la  déesse!  Sous 
d'autres  aspects,  Vacuna  a  pu  sem- 
bler la  Victoire,*  l'agriculture,  lors- 
qu'elle a  recueilli  les  moissons  , 
lorsqu'elle  a  complété  les  travaux, 
lorsqu'elle  peut  se  livrer  au  repos, 
est  victorieuse  :  la  victoire  pour 
elle  ,  c'est  le  repos.  Aussi  la  Terre 
porla-t-elle  quelquefois  le  nom  de  Vic- 
toria (Varron,  Lang.  lot.).  Admis 
que  Vacuna  peut  être  prise  pour  la 
Victoire,  nous  concevrons  aisément 
qu'elle  ait  pu  être  représentée  armée  5 
ce  fut  Minerve  ou  Bellone.  Avec  des 
traits  et  un  croissant  ce  fut  la  Lune 
(Diane),  dont  les  révolutions  réglaient 
les  travaux  de  l'agriculture  :  couron- 
née d'épis  comme  la  terre  fécondée  , 
ce  fut  Cérès.  Peut-être  serait-on  au- 
torisé a  entrevoir  quelques  rapports 
entre  Vacuna  et  Vesla  (lisez  Ovide, 
Guv.  et  pass.  cités).  On  donne  aussi 
Vacuna  comme  mère  de  Menerva 
(Minerve).  Vraisemblablement,  les 
Vacunales   fiireol  instituées    ou    du 


VAX 


591 


moins  introduites  a  Rome  par  ISuma. 

VAGHOUTA  et  PRIHANDA, 
deux  géants  hindous  que  Bhavaui,  en 
guerre  avec  Siva,  créa  pour  sa  dé- 
fense. Le  corps  de  Vaghoula  est  sert- 
blable  a  une  immense  montagne,  et 
sa  bouche  a  un  abîme  ;  les  bras  in- 
nombrables de  Prihanda  brandissent 
sans  cesse  de  redoutables  armes ,  et 
dès  qu'nn  ennemi  se  présente  il  le 
saisit  et  le  précipite  daus  la  gueule 
de  Vaghoula  qui  rengloulil  et  le 
dévore. 

VAGITAN ,  Vagitanus,  dieu 
latin  qui  présidait  au  vagissement, 
était  d'ordinaire  représenté  sous  l'i- 
mage d'un  enfant  qui  crie.  On  le  con- 
fond;iit  parfois  avec  Vaticanns. 

VAICIA  (souventWAisYAetWisE), 
quatrième  fils  de  Krabmà,  sortit  de  sa 
cuisse  droite^  et  avec  Vaiciani ,  sa 
femme,  qui  sortit  de  la  cuisse  gau- 
che, devint  le  chef  des  Vaicias  ou 
artisans,  marchands,  etc.,  qui  for- 
ment aux  Indes  la  troisième  caste 
pure. 

VAINAMOINEN,  dieu  slave,  fils 
de  Rava  et  frère  aîné  d'Ilmarénen, 
créa  le  feu.  Naturellement  il  forme 
un  groupe  dioscuroïde  ou  acouini- 
forme  avec  son  frère,  comme  le  Pro- 
méthéc  des  Grecs,  comme  le  Vi- 
çouamitra  des  Hindous.  A  la  suite  du 
feu  jaillissant  de  ses  n;ains,  il  déroule 
en  faveur  des  hommes  toute  la  civili- 
sation. Il  invente  tous  les  arts;  les 
beaux-arts  ne  tardent  pas  k  suivre. 
La  kandéla  ou  lyre  finnoise  résonne 
un  jour  sous  ses  doigts.  Enfin,  comme 
si  toujours  aux  chants  devaient  se  lier 
les  eaux,  il  construit  le  premier  na- 
vire. Ainsi  Vulcain,  Apollon  et  Dé- 
dale se  concentrent  dans  cet  élégant 
Hermès  du  Nord.  L'invention  de  la 
kandéla  se  distingue  surtout  au  milieu 
de  faut  d'autres.  La  mythologie  fin- 
noise  est  pleine   d'images   élevées, 


Hg* 


VAL 


VAR 


1 


riantes,  où  la  musique  Joue  un  rôle. 
Au  son  de  la  lyre  de  TOrphée  septen- 
trional les  meules  de  foin  accourent 
d'elles-mêmes  dans  la  grange;  les 
flots  de  la  mep  se  calment  ou  roulent 
avec  un  murmure  iiarraonieux  5  les 
sables  jaunes  de  la  grève  se  transfor- 
ment en  un  cristal  étincelant  ;  les  ar- 
bres se  meuvent  en  cadence  5  les  au- 
rochs et  les  ours  accourent  avec  le» 
élans  et  les  rennes ,  et  s'arrêtent  en 
cercle,  pénétrés  de  vénération,  aux 
pieds  du  chantre  sacré  qui,  ravi  lui- 
même  des  accents  qu'il  exhale,  aspi- 
rant ses  propres  sons  et  fasciné  par 
sa  propre  magie,  tombe  dans  un  dé- 
lire extatique,  et  verse,  au  lieu  de  lar- 
mes, un  torrent  de  perles. 

VAIREVERT.  /^oj.Verava. 

VAIZGANTHO,  dieu  du  lin  et 
du  chanvre  dans  la  mythologie  sa- 
mogilienne.  Ces  deux  plantes  sem- 
blent avoir  ,  de  temps  immémorial, 
fourni  des  tissus  aux  Samogiliens; 
aussi  Yaizgantho  était  -  il  l'objet 
d'une  vénération  particulière.  On  le 
consultait  au  moment  des  semailles 
pour  savoir  si  les  plantes  désirées 
flotteraient  a  hauteur  d'homme.  La 
prêtresse  chargée  de  la  consultation 
devait  se  tenir  debout,  sur  un  pied, 
et  s'il  arrivait  qu'elle  s'appuyât  sur 
l'autre  on  augurait  mal  de  la  récolte. 

VALE  est  dans  la  mythologie 
Scandinave  lefils  de  Loka.  Les  dieux, 
irrités  de  son  inhumanité,  le  changè- 
rent en  bête  féroce.  Sous  cette  forme 
nouvelle  Vale  mit  en  pièces  et  dévora 
son  frère  Narfe. 

VALENTIE,  Valestia,  déesse 
adorée  à  Ocricole  dans  l'Ombrie  , 
était  regardée  comme  la  protectrice 
du  pays.  On  l'assimile  a  l'Hygie  des 
Grecs.  En  effet ,  valtre  signifie  se 
bien  porter.  Ajoutons  que  la  ville 
ombrienne,  placée  au  confluent  du 
Tibre  et  duNar,  offrait  aux  malades 


des  bains  renommés  (  Voy.  Terlul- 
lien,  Apolog.,  ch.  a.i). 

YALI,  Yane  Scandinave,  fils  d'O- 
din  et  deRinda,  est  célèbre  surtout 
comme  archer. 

YALKIRIES,  déesses  Scandina- 
ves, habitent  tantôt  la  terre  où  elles 
vont  sur  les  champs  de  bataille  cou- 
per la  trame  de  la  vie  des  guerriers  , 
tantôt  les  voûtes  fantastiques  du  pa- 
lais de  YalhoU  où  elles  versent  à 
pleins  bords  dans  les  coupes  des  hé- 
ros l'hydromel  et  la  bière.  Sous  le 
premier  point  de  vue,  ce  sont  des  espè- 
ces de  Nornes  subalternes j  et  l'on 
peut  leur  comparer  tantôt  les  Kères, 
tantôt  Iris  :  sous  le  second  elles  rap- 
pellent Hébé. 

YALLONA  ouYallonia,  déesse 
latine  des  vallées ,  n'est  que  la  per- 
sonnification des  vallées,  bien  plus 
nombreuses  eu  Italie  qu'en  Grèce. 
C'est  jus(|u'h  un  certain  point  la  gran- 
de Napée,  rarchi-Napée(/^of.  aussi 
Epunda). 

YAM  ,  dieu  -  fleuve  Scandinave, 
est  un  être  totalement  aflégorique  : 
il  sort  de  la  gueule  du  loup  Fenris. 

YAMANA.  Foy.  Mahabali. 

YANADIS,  l'espérance  dans  la 
mythologie  Scandinave ,  est  une  in- 
carnation ou  une  face  de  Fréia.  Com- 
parez Elpxs. 

YANES,  dieux  du  second  ordre 
dans  la  mythologie  Scandinave.  Ils 
sont  soumis  aux  Ases.  Un  grand  nom- 
bre d'entre  eux  leur  appartient  à  titre 
de  fils,  ou  du  moins  en  sont  les  incar- 
nations. 

YARA,  déesse  Scandinave,  pré- 
side à  la  fidélité,  aux  noces  ,  aux  ser- 
ments, et  surtout  à  ceux  des  amants. 
Contrairement  à  la  Yénus  du  monde 
grec  ,  contrairement  à  ce  roi  de  l'O- 
lympe dont  Properce  a  dit  : 

Jupiter  ex  alto  pcrjuria  ridet  amantiun» 

Yara  châtie  les  infidèles. 


VAT 

VARAHA  ou  VARAHAVATAR , 

Vichnou  sous  forme  d'onrs  ou  de  san- 
glier (Varalià),  même  mot  que  le 
verres  des  Latins.  On  dit  aussi  Adi- 
VARANGA  {Foy.  ce  inol). 

VAROUIN  A  ou  PRATCHÉTA  est 
un  des  huit  Yacous  hindous.  11  a  sous 
sa  garde  la  re'gion  de  l'ouest  et  pré- 
side à  la  mer  d'abord  ,  puis,  en  idéa- 
lisant et  généralisant,  aux  eaux,  tant 
pluviatlles  que  marines,  tant  terres- 
tres que  souterraines.  De  la  deux 
côtés  chez  Varouna  :  tantôt  c'est  le 
Licufaiteur  et  le  purificateur  des  hom- 
mes, l'irrigalenr  et  le  fcrlilisateur 
des  terres,  le  vivificalL-ur  des  plantes, 
des  arbres,  le  protecteur  du  com- 
merce et  de  la  navigation 5  laulût , 
au  fond  de  ses  abîmes,  il  attire,  il 
submerge ,  il  retient  captives  les  âmes 
des  pécheurs  qui  doivent  ne  revenir  à 
la  vie  qu'après  de  longues  épreuves 
et  lavées  de  toutes  leurs  souillures. 
. —  Autour  de  ce  Varouna,  justicier 
terrible,  se  groupent,  à  titre  de  mi- 
nistres ,  les  serpents  et  les  crocodiles 
(Gavials).  Le  Vaçou  lui-même,  cou- 
ronné de  lotos,  en  a  un  pour  vaha- 
nam  (monture). 

VATICAINUS,  dieu  qui  rendait 
des  oracles  dans  nu  champ  voisin  de 
Rome.  Il  est  croyable  qu'il  y  avait 
en  CCS  lieux  un  écho ,  sans  doute  celui 
qu'Horace  appelle  Vaticani  nioatis 
imago.  Les  sons  renvoyés  par  Téclio 
sans  cause  visible  furent  divinisés  par 
l'ignorance  des  peuples;  et  l'on  eut 
ainsi  Valicanus.  C'est  un  dieu  de  la 
même  famille  que  les  Faunes  (Pan 
latin),  les  Sylvius  et  les  Fauslulus. 
On  a  très-gratuitement  rapproché  Ya- 
llcan  de  Ya"itan  de  manière  a  en  faire 
le  protecteur  et  le  dépositaire  des 
premiers  accents  de  la  voix  humaine, 
attendu ,  nous  dit  Yarron,  que  la  syl- 
labe va  est  la  première  que  pronou- 
ccnl  les  (yifa»,ts.  C'çsl  K  tort  aussi 

LY. 


VEJ  593 

que  l'on  dérive  le  mot  de  fraies  et 
Cancre  ou  Vatlciniuni  :  Kates 
en  est  le  seul  élément.  On  sait  que 
leY  atican  est  une  des  sept  montagnes 
de  Rome. 

YEDA  fut  un  des  dieux  princi- 
paux des  Frisons.  11  partageait  cette 
haute  place  dans  la  hiérarchie  avec 
Fost. 

YEDENEMA,  la  merdes  eaux, 
déesse  finnoise,  était  adorée  jusque 
dansl'Esthonie. 

YEDHA ,  en  samskrit  qui  dicte 
la  loi^  épithète  de  Brahmà  dausl'A- 
maracigna  (Paub'n,  Syst.  brahm.^ 
p.  75  ),  rappelle  la  Cérès  législatrice 
(A«jt««T^^  ^£576o(pûfôf)  du  monde  grec 
et  romain,  d'autant  plus  que  Brah- 
mà, dans  la  Trimourti  des  éléments, 
eu  qui  se  résout  la  Trimourti  des 
personnes  divines ,  esk  pris  pour  la 
Terre.  Toutefois  ,  il  ne  faut  pas  s'at- 
tacher exclusivement  h  ce  point  de 
vue;  car  Brahmà,  première  émana- 
tion de  Brahra,  est  encore  la  source 
de  toute  sagesse,  la  parole  (valch), 
la  raison  ,  la  science. 

YEJOV  (en  latin  YÉjovis)  omYi.'- 
JUPiTEu,  quelquefois  YiîjMUs,  dieu 
latin  auf|ucl  Romnlus,  en  fondant  sa. 
ville  nouvelle,  consacra  deux  bois  d« 
chênes  (Den.  dTIal.,1.  II;  T.-Liv., 
l.I,c.  8;  Yitruve,  1.  IV,  c.  3),  et 
qui  depuis  eut  un  temple  dans  l'in- 
térieur même  du  Capitole.  Ou  est 
partagé  sur  sa  nature.  Quelques-uns 
le  regardent  comme  une  intelligence 
mauvaise,  ce  que  semblent  confirmer 
et  la  syllabe  initiale  du  mot  {ye  iden- 
tique, disent-ils,  avce)  et  les  diver- 
ses représentations  sacrées  du  dieu 
(/^.  Aulu-G.,  1.  Y,  ch.  12;  Montfau- 
con  ,  Antû],  explitj. ,  t.  I,  p.  69 
et  il).  Aussi  l'a-t-on  identifié  avec 
Pluton.  Selon  d'autres,  Yéjov  ne  si- 
gnifierait que  le  jeune  Jupiter,  Ju- 
piter adolescçpt  (i^e  alors  ne  serait 

38 


594 


VEN 


VEN 


1 


que  privatif  ou  diminutif,  comme 
oaqs  Vegrandia  et  dans  Vcflami- 
nes:  f^oy.  Ovià., Fast.,  \.UÎ;  et 
Tinscr.  rapportée  dansBayeux,  irad. 
des  Fast.,  not.  du  1.  llï,  p.  475), 
et  serait  identique  h  l'Axur,  ou  Anxur 
de  ïerracine.  Tel  est  le  sentiment 
de  Winckelmaun  {Pierres  grav.  du 
cab.  de  Stosch,  cl.  2,  n.  48)  et  de 
Thorlacius  (  Pivlus.  et  opusc. 
acad.j  XVIII,  v.  237,  255),  au- 
jourd'hui regarde  comme  incontesta- 
table.  Effectivement,  tout  nous  fait 
penser  à  an  Jupiter  adolescent  ou 
enfant:  1°  réijmologiej  2"  les  re- 
présentations figurées,  la  cornaliue 
mentionnée  par  Winckelmaun,  les 
médailles  impériales  de  Jupiter-Cres- 
cens ,  dans  Tristau  ,  Comni.  hist.y 
t.  III,  p.  119,  une  pierre  gravée, 
un  marbre  ,  qui  nous  montre  soit  le 
dieu,  soit  un  enfant  assis  sur  une 
chèvre,  entre  Mercure  et  le  Soleil^ 
3'  le  voisinage  de  la  chèvre,  tautôl 
«acrifiée  h  Véjov ,  tantôt  lui  servant 
de  monture,  et  qui,  de  près  ou  de 
loin,  se  rapporte  à  la  chèvre  Araal- 
thée  5  /i-"  les  idées  analogues  consta- 
tées et  consacrées  en  Grèce  par  des 
monuments  (  f^oy.  dans  Pausanias, 
1.  \IU,  c.  48  ,  l'autel  de  Jupiter  en- 
fant et  celui  de  Jupiter  adulte ,  h 
Tégée).  Toutefois,  l'interprétation 
la  plus  heureuse  est  celle  qui  conci- 
lierait les  deux  sens. 

VELLÉDA.  Voy.  Biogr.  urw., 
XLVm,  89. 

VENGEANCE,  Ultio.    P'oy. 

NÉMÉSIS. 

VÉNILIE,  Venilia,  forme  de 
Camasène  ou  plutôt  de  la  déesse- 
mer  femme  du  dieu-maître  des  eaux, 
3uel  que  soit  du  reste  le  nom  qu'on 
onne  à  ce  dernier.  A  Yénilie  l'on 
oppose  d'ordinaire  Salacie  qui,  comme 
elle,  n'est  qu'une  forme  de  Camasène. 
Probablement  Yénilie  n'est  que  la  va- 


gue qui  vient  (venit)  se  briser  contre  1  e 
rivage  ,  Salacie  la  vague  qui  se  retire 
écumeuse  et  comme  bondissante  [sa- 
lire,  saliim).  Quehpies-uns  l'enten- 
dent du  flux  et  du  reflux,  ce  qu'il  est 
aisé  de  concilier  avec  l'interprétation 
précédente.  Dans  l'un  et  l'autre  cas, 
d  est  clair  que  l'on  a  deux  formes 
diverses  d'une  cspècs  d'Ampliitrile 
romaine  (Varron,  dans  S.  Augustin, 
Cité  de  Dieu  ,  liv.  YII,  cap.  22). 
Comme  telles,  Yénilie  et  Salacie  sont 
femmes  de  Jauus  pris  pour  celui 
qui  va  {Eanus{[''eo  ) ,  qui  s'écoule. 
Ces  termes  vagues  peuvent  aussi  s'ap- 
pliquer au  temps,  si  souvent  comparé 
par  les  anciens  k  nu  fleuve,  à  une 
mer.  Dans  cette  nouvelle  hypothèse, 
Yénilie  et  Salacie,  mais  plus  parti- 
culièrement Yénilie  ,  représentent 
aussi  le  temps  et,  si  l'on  veut ,  l'in- 
stant. Chaque  instant ,  lorsqu'il  est 
f)résent,  lorsqu'il  arrive,  est  Yénilie; 
orsqu'il  est  passé,  est  Salacie.  Pous- 
ser plus  loin  cette  comparaison  serait 
puéril.  Quoi  qu'il  en  soit,  de  l'union 
de  Yénilie  et  de  Janus  naquirent  Pi- 
cus  et  Canens,  tous  deux  prophètes. 
— Vulgairement  ou  faisait  de  Yénilie 
une  nymphe,  ou  bien  une  sœur  d'A- 
raate  ,  et  en  même  temps  la  mère  de 
Turnus  (Servius,  sur  Encid.,  1.  X, 
v.  56;  et  Virgile  lui-même).  Quel- 
quefois ou  la  regardait  comme  déesse 
du  pardon  ,  par  la  semi-homonymie 
du  mot  latin  venia. 

VENTS  (les).  Les  anciens  en  ont 
compté  successivement  2,  4  ,  8,  ié  , 
24  :  ils  n'ont  jamais  été  aux  52  de  la 
rose  moderne.  Il  en  résulte  que  leurs 
vents,  au  lieu  de  jeter  sur  la  circon- 
férence de  11°  1/4  en  11°  1/4- les 
pointes  qui  les  terminent,  se  trouvent 
séparés  par  des  arcs  de  cercle  de  1 5°. 
Les  vingt-quatre  vents  n'ont  pas  été 
tous  nettement  divinisés.  La  tour  des 
Yents  dans  Athènes  ne  présente  que 


VÉN 

les  huit  suivants,  dont  uoiis  réunis- 
sons les  noms,  la  direcliou  et  les  at- 
tributs en  un  tableau  : 

Borée.  N.       Conque. 

Cécias.         N.E.  Un  disque  d'où  tombe  la  grêle. 

Aphéliotès.  E.       Fruit  et  miel  dans  un  manteau. 

Euros.  S.E.    Manteau  très-ample. 

Notos.  S.         Vase   duquel    tombe    quautità 

d'eau . 
Lips.  S.O.  Aplustrcà  la  main. 

Zéphyre.      O.       Fleurs. 

Sciron.         BI.O.  Vase  renversé  duquel  tombent 
des  cendres  et  du  feu. 

De  ces  buit  Vents,  tous  fils  d'Astrée  et 
de  TAurore,  deux  seulement  ont  quel- 
que chose  qui  ressemble  à  des  légeu- 
des  :  ce  sont  Borée  et  Zéphyre  {f^oy. 
CCS  noms). 

VÉNUS  (en  grec  Aphrodite, 
*A(Sp^«<r<V)j),  déesse  des  grâces,  de  la 
beauté,  de  l'amour  et  du  plaisir,  fut 
originairement  une  haute  déesse  de 
la  génération.  Les  Grecs  abaissèrent 
et  enjolivèrent  son  rôle.  Cbez  les 
poètes  les  plus  en  vogue  Jupiter  lui 
dit  :  a  Ma  fille!  »  et  Homère  effecti- 
vement la  fait  naître  de  Jupiter  et  de 
Dionéj  mais  une  généalogie  plus  si- 
gnificative et  plus  antique  lui  assigne 
pour  père  Uranus  (le ciel)  que  mu- 
tila la  harpe  de  Saturne.  Soudain 
sous  celte  arme  parricide  un  suc  divin 
tombe  de  la  blessure ,  et  féconde  l'é- 
cume  marine.  Ainsi,  le  ciel  cl  la  mer, 
voilà  les  auteurs  de  ses  jours  !  La 
mer  de  Cypre  ou  de  Cylhère  est  sa 
patrie.  On  la  voit  h  une  époque  in- 
déterminée flotter  h  la  surface  des 
flots  :  les  vagues  la  bercent,  l'air  s'é- 
pure, les  nues  fuient,  la  nature  s'em- 
bellit a  son  regard.  Anadyomhie 
(  l'émergeante  )  est  le  nom  que  lui 
donne  alors  l'univers.  Ailleurs  Vé- 
nus,  encore  fille  d'Uranus,  a  pour 
inère  Hémérâ  (le  jour).  Nous  re- 
viendrons sur  toutes  ces  variantes. 
Pour  l'instant,  suivons  Vénus  qui  sort 
de  l'écume  frémissante  dont  les  flots 
lui  ont  donné  le  jour.  Tandis  qu'à 
cette  gracieuse  apparition  l'univers 


VÉN 


S95 


ébloui  se  revêt  de  grâces  jusqu'alors 
inconnues,  les  Tritons,  les  dieux  ma- 
rins, enveloppent  la  ravissante  Océa- 
nide,  la  conduisent  mollement  au  ri- 
vage ,  Ty  déposent  sur  le  sable.  Vé- 
nus relève  sa  longue  chevelure,  ex- 
prime les  flots  salés,  se  parfume,  se 
couronne  de  roses,  puis,  svelte,  glisse 
à  travers  le  vague  des  airs  dans 
l'Olympe.  Les  Heures  l'accueillent, 
ajoutent  encore  à  sa  beauté  par  le  don 
d'une  couronne,  et  la  présentent  aux 
dieux  suivie  d'Erôs  (l'amour)  eld'Hi- 
méros  (le  désir),  et  ornée  de  la  cein- 
ture qui  donne  les  grâces.  Tous  les 
habitants  de  l'Olympe,  à  l'aspect  de 
celte  Pandore  de  la  mer,  se  dispu- 
tent sa  main.  Jupiter  lui-même,  s'il 
n'eût  élé  à  tout  jamais  l'époux  de  la 
jalouse  Juuon ,  se  fîit  mis  sur  les 
rangs.  Mais  ne  pouvant  songer  à 
celle  union  ,  il  voulut  du  moins  ré- 
compenser par  le  don  de  celle  qui 
réunissait  tant  de  charmes  l'artisle 
divin  auquel  il  devait  sa  foudre ,  son 
trône  et  son  palais  aux  voûlcs  d'acier 
et  d'airain.  Aiusi  Vulcain,  le  plus  dif- 
forme des  dieux,  devient  Tépinix  de 
la  plus  belle  des  déesses.  Mille  in- 
fidélités éclatantes  suivent  ce  ma- 
riage bizarre.  Vénus  semble  vouloir 
Iiropoitionner  le  nombre  de  ses  fai- 
ilesses  à  la  laideur  de  son  mari. 
Jupiler  lui-même  ,  puis  Mars ,  Mer- 
cure ,  Apt)llon  ,  Bacchus  ,  Adonis  , 
Anchise  ,  Bulès  ,  furent  successive- 
ment les  objets  de  ses  inconslanles 
amours.  Elle  a  du  premier  les  Grâ- 
ces 5  de  Mars,  Harmonie  (ou  bien 
l'Amour  )  j  de  Mercure  ,  Hermaphro- 
dite; de  Bacchus,  Priape  et  Hy- 
men; d'Anchise,  Enée;  de  Bu  lès  ^ 
Eryx.  Diverses  légendes  la  montrent 
inspirant  le  délire  de  la  passion  la  plus 
furieuse  aux  Lemuiennes,  aux  Prœ- 
tides,  aux  Propélides,  aux  filles  de 
Ciuyre,  a  Pasipliaé,  à  Phèdre;  dou- 

38. 


Sfj'î 


M'.n 


VI 


nani  conseil  à  Mcdée  cl  soiirianl   à     cl  non  l'or  de  sa  clicvclurc:  Diôm 


W 


ek-ne,  son  re 
Hi 


flel 


la  tt 


fai- 


sant cadeau  a  Hippomene  des  pommes 
qni  lui  valent  la  main  d'Atalanlc,  et 
inélamorpliosant  les  nouveaux  époux 
en  lions  pour  les  punir  de  leur  ini^ra- 
lilude;  empruntant  les  traits  d'une 
simple  nymplic  pour  séduire  Ancliise 
qui  ne  pense  pas  a  elle;  sauvant 
Eoéc  de  mille  dangers,  commandant 
pour  lui  des  armes  a  Vulcain ,  et 
trompant  Junon  qui  veut  fixer  en 
Afri([MC  ,  par  un  mariage,  le  futur 
fondaleur  de  Lnviuinni.  A  Troie 
Diomède  Vu  blessée,  mais  elle  se 
venge  en  inspirant  a  sa  femme  des 
fureurs  d'adullère.  Vingt  ans  anj)a- 
Tavant,  c'est  elle  rjui  a  remporté,  sur 
le  mont  Ida,  le  prix  de  la  beauté  et 
la  pomme  dont  Paris  était  le  dép»- 
silaiic  :  Junon  et  Minerve  lui  dispu- 
taient cet  bonnenr. — Vénus  était  la 
beauté.  A  ce  mot  se  rallient  i°  nais- 
sance, mariage,  amour,  désordres; 
2"  grâce,  barmonie,  équilibre,  orga- 
nisation ;  de  là  les  noms  de  Genilrix 
(ou  Genetira,  Gtnelyllidc ,  géné- 
ratrice), iVyJlnia  (nourricière)  ,  de 
Z^'gie  (joigneuse),  de  Lysizone  (dé- 
noueuse de  ceinture),  à\'1palounos 
(trompeuse),  de  Pandémos  (publi- 
que), de  Collas  f  etc.,  prodi_^ués  H 
Vénus.  De  là  ce  cortège  de  fils,  de 
filles  cbarmantcs  ,  Harmonie  ,  les 
Grâces,  Hymen,  les  Amours  ,  qu'on 
montre  voltigeant  sans  cesse  autour 
d'elle.  Des  centaines  d'épiibèles  in- 
diquent soit  les  lieux  où  on  l'adore 
(Ccidie,  Papbie,  Golgic,  Idalie,  Cy- 
pris,  Cytbèrc,  etc.),  soit  des  particu- 
larités bizarres  (Vénus  arméti ,  Vé- 
nus victorieuse,  Vénus  Cloacine), 
soit  son  délicieux  sourire  (IMiilommî- 
éths) ,  ses  blonds  clieveux  (Cbrysoko- 
uios),  ses  noirs  sourcils  (Kyanopbrysj, 
jon  teint  vermeil  (Rbodokhrous),  etc. 
Chrysé  indique  sa  baule  puissapce^ 


qui  est  son  nom  plus  que  celui  d'une 
prétendue  mère  ,  revient  h  -déesse  : 
Uranie  signifie  que  le  ciel  est  sa  de- 
meure, ([u'elle  est  le  ciel  même;  car 
non-seulement  le  ciel  est  une  mer, 
le  ciel  est  la  beauté.  D'ordinaire , 
mais  h  tort,  on  oppose  Uranie  h  l*au- 
démos;  el,  tandis  que  celle-ci  symbo- 
lise l'amour  nomade ,  ou  assigne  à 
celle-là  les  amouis  mystiques,  con- 
stants et  purs.  —  Cicéron  distingue 
quatre  Vénus  auxquelles  il  assigne- di- 
verses généjilogies,  diverses  fonctions. 
La  première  est  fille  du  Ciel  el  du 
Jour(Uranus,  Hémérà),  et  a  un 
temple  en  Elide  ;  la  seconde  est  née 
de  l'écume  de  la  mer,  c'est  d'elle 
et  de  Mercure  que  naquit  Cupidon  ; 
la  troisième  doit  le  jour  h  Jupiter  et 
h  Dioné ,  c'est  elle  qui  fui  épouse  de 
Vulc.iin;  la  quatrième  enfin  a  pour 
père  Tyrus,  pour  mère  Siria.  Aslarté 
fut  son  véritable  nom,  el  pour  époux 
clic  eut  Adonis.  INous  savons  à  peu 
près,  par  ce  qui  précède,  quelle  idée 
on  (ioitaltaclier  aux  classifications nié- 
ibodiques  en  app.irence  de  Cicéron. 
Une  fois  admis  qu'on  ne  doit  ni  pren- 
dre ces  noms  dans  un  sens  évliémé- 
riste,  ni  travestir  un  ordre  souvent 
fortuit  en  ordre  chronologique,  ni  en- 
fin ci  oire  la  nomenclature  complète, 
nous  trouvons  dans  ce  passage  de  la 
Nat.  d.  Dieux  un  aperçu  important 
sur  Vénus.  Oui,  celte  brillante  déesse 
venait  en  partie  du  sud-csl  ;  le  bassin 
de  la  Babvlonie,  de  la  Syrie,  de  la 
Pbénicic,  en  fournil  les  éléments  ra- 
dieux à  la  Grèce.  Dans  tontes  ces 
contrées  vouées  h  la  pyrolâlrie,  à  l'as- 
Irolàlrie,  la  planète  de  Vénus  joua  un 
rôle  important,  i"  On  la  lia,  on  l'as- 
simila, on  l'idenlifia  a  la  lune.  «"On 
en  fil  l'adéquate  de  la  terre,  mais 
toujours  en  lui  conservant  sa  physio- 
nomie lumineuse,  3°  On  la  niit  en 


I 


I 


VÉN 

rapport  avec  le  soleil ,  ce  fut  presque 
le  soleil  femelle;  puis,  métamorphose 
tizarre!  le  soleil  fut  l'astre  femelle  , 
et  Venus  devint  plauèle  mâle.  4°  Soit 
comme  soleil,  soit  comme  terre  lurai- 
niforme,  Vénus  devint  Lien  vile  l'a- 
mour j  car  mihren  parsi,  mihr  d'où 
Millira,  signifiait  également   amour 
et  feu.  En  même  temps  ^  énus  a  tilre 
de  luue  semblait  la  grande  génératri- 
ce; et  dès  (]w'on  la  masculiuisajt ,  ce 
qui  n'était  pas  rare,  elle  devenait  le 
générateur.   Telles  sont   les  formes 
principales  sous  lesquelles  la  planète, 
tour  à  tour  et  quelquefois  eu  même 
temps  femelle  et  mâle  ,  arriva  de  la 
Perse    dans    l'Asie-Antéricure.   La 
elle  eut  trois  noms  célèbres,  Anabid 
ou   Enyo,  Acbtoret    (en  latiu    As- 
tarté),  Aphrodite.  Le  nom  d'Anahid 
appartient  au  plateau  de  la  grande 
Arménie;  Vénus  dans  cette  région  est 
tellement  virile,  sauvage  et  forestière 
qu'on  la  compare  a  Diane  dont  elle 
a  tout  l'aspect  :  modifiée  en  Enyo, 
elle  se  localise  dans  la  Cappadoce  et 
le  Pont  ;  elle  y  exagère  encore  sa  face 
martiale  :  armée  de  pied   en  cap  et 
avide,  non  plus  du   sang  des  bêles 
fauves,  mais  des  larges  massacres  de 
victimes  humaines,  elle  passe  pour  la 
déesse  de  la  guerre,  et  les  Latins 
traduisent  son  nom  par  celui  de  Bcl- 
lone.   Dans  la  Phénicie  ses   formes 
sont  plus  douces  :  elle  n'y  exagère 
que  l'auréole  élincelante  qui  rayonne 
autour  d'elle;  elle  est  planète  encore, 
mais  planète  qui  récapitule   tout  le 
ciel  étoile.  Achtoret,  son  nom  indi- 
gène, semble  quelquefois  remplacé  par 
Astébé  (Acht-Tpé).  On  croit  voir  en 
elle  une  Pasiphaé  (ou  toute  lumière) 
syrienne,  un  Imôouth  féminisé,  une 
Athor  ou  Ethra.  Elle  ne  conserve  de 
son  mâle  aspect   qu'une  supériorité 
douce  sur  son  amant  ou  son  époux 
Adonis.  Omphale  .en  Lydie,  Omphalc 


VÉN 


597 


si  riante  et  si  gracieuse ,  a  quelque 
chose  de  plus  fier  qu'elle.  Aphrodite 
nous  conduit  a  Cypre  et  en  Cilicie. 
La  une  foule  de  mythes  et  de  généa- 
logies montrent  non-seulement  Ado- 
nis h  côté  d'Aphrodite,  mais  encore 
Sandak,  Cinyre,  Pharnacé,  les  Ciny- 
rades,  dynasties  sacrées,  transition 
ducielal'homme,lesTamirasellesTa- 
mirades,  familles  sacerdotales  qui  se 
chargent  du  culte  de  Vénus.  La  aussi 
figurent  a  la  tête  des  annales  cyprien- 
nes  Céphale,  ïithon,  Phaélhou,  As- 
lynoiis,  avec  des  caractères  plus  sim- 
ples, plus  graves  que  ceux  des  légen- 
des usuelles.  Paphos  fut  la  métropole 
de  ces  culles  célèbres,  et  eut  Ama- 
ihonte  pour  succursale.  L'a  des  tra- 
ces d'une  haute  antiquité  laissent  ap- 
paraître le  caractère  priniilivement 
androgynique  ou  mâle  de  la  déesse. 
Aphroditos    était    sou   nom   comme 
Aphrodite.  L'image  sacrée  d'Ama-' 
thon  le  offrait  aux  yeux  unç  femmo 
barbue  avec  tous  les  caractères  do 
l'hermaphrodite.   Enfin  un  bloc  co- 
noïde,  effigie  primordiale  delà  dées- 
se ,  rappelle  l'Ioni-Lingam  des  Hin- 
dous. Dans  cette  suite  de  modifications 
domine  une    même    idée ,    celle    de 
planète ,  de  laquelle    découlent   les 
idées  épisodiques  qui  suivent:  étoile, 
lumière,  amour  et  prédominance  du 
sexe  mâle.  Parallèlement  à  celU-cise 
range  une  autre  série  de  notions  my- 
thiques non  moins  riches,  non  moins 
étroitement  liées:  passiveté,  fécondi- 
té, génération,  alimentation,  onde, 
terre,  sexe  féminin.  Ces  deux  séries 
d'idées  rayonnèrent  également  dans 
l'Inde,  et  du  culte  de  Bhavani;  mais 
l'une  fit  route  par  le  nord,  et  se  for- 
mula dans  les  rudes  aufractuosilés  de 
la  Transoxauc,   l'autre  prit   l'essor 
dans  de  délicieuses  vallées,  sous  un 
ciel  de  feu  rafraîchi  par  des  brises  ca- 
ressantes, le  long  dç  fleuves  aux  site* 


598  VÉN 

enclianteurs  et  de  mers  fertiles  en 
perles  el  eu  pourpres  (les  pourpre» 
sont   les  mollasques  dont  on  lire  la 
couleur  de   ce  nom  :  il  y  en  a  une 
foule    d'espèces).    Gr.àces    à    deux 
itinéraires   si  contraires  ,    Bhavani , 
déesse  k  deux  pôles,  devait  laisser 
apparaître  deux  faces  bien  difTéren- 
4cs.  Au  nord  ce  fut  une  Dourga,  et 
quelquefois  Dourgakali  ;  au   sud  ce 
fut   une  Molianimaïa ,  tout  amour, 
illusion  et  féerie ,  une  Laltchmi  sor- 
tant ayec  l'amrila  ou  boisson  immor- 
talisante de  rOccan  de  lait,  Lakcli- 
mi   enivrant  les  dieux  à  la    vue  de 
sa  beauté, el  d'un  bond  s'élancani  de 
la  mer  où  elle  prit  naissance  au  ciel 
qu'embellissent  ses  charmes.    Arri- 
vées en  Grèce  k  l'époque  où  déjà  le 
commerce,  les  migrations  armées,  les 
pèlerinages  scientifiques  élargissaient 
de  jour  en  jour  les  voies  du  syncré- 
tisme, la  Dourga  du  nord,  l'Aslarté 
du  sud  se  fondirent  en  une  seule  dées- 
se, et  Aphrodite  fut  mer  et  ciel,  fe- 
melle el  mâle ,  c'est-à-dire ,  en  d'an- 
lies  termes,  qu'elle  fut  la  terre  et  le 
feu,  le  feu  et  l'eau ,  qu'elle  fut  la  ma- 
tière et  l'esprit,  l'instinct  physi([ue  et 
l'amour,  le  coït  et  celle  flamme  ma- 
gnétique qui  86  sert  d'un  lit  pour  al- 
ler au  ciel  (Balzac,  Elix.  de  vie). 
Ne  nous  étonnons  plus  de  voir  Vé- 
nus fille  de  la  déesse  par  excellence, 
Dioné  ,    qui  est  Dia,    Dévi;  fille  de 
Jupiter,  qui  est  l'èlre  suprême  j  fille 
dUranus,  le  ciel,    et  d'Héméra,  le 
jour  j  ne  nous  étonnons  pas  de  la  voir 
elle-même  s'emparer  de  ces  noms  de 
Dioné^  d'Uranie,  absolument  les  mê- 
mes en  un  sens  qu'Uranus  féminisé. 
Ne  nous  étonnons  pas  de  la  voir  s'en- 
tourer d'époux  divers,  tantôt  le  grand 
dieu  (Jupiter),  tantôt  l'esprit  suprême 
(Mercure),  tantôt  le  vent  sonore  (Pan), 
•  antôt  l'organisme  qui  donne  la  vie  et 
la  joie  (Bacchus),   tantôt   le  soleil 


VEN 

(Apollon,  Adonis),  tantôt  enfin  le  dieu  ^j 
qui  les  récapitule  tous,  le  dieu  en  qui  fll 
s'unissent  la  lumière,  la  chaleur,  l'é-        ' 
Icctricilé,  le  magnétisme,  le  dieu  qui 
donne  au  genre  humain  les  arts,  au 
monde  l'ordre,  l'harmonie,  l'organi- 
sation,  le  dieu    du  feu   (Viilcain). 
Aussi  partout  vous  voyez  ce  feu  pro- 
ducteur en  rapport  avec  l'onde  fécon- 
dable ou  fécondante.  Auxlnde?,  près 
de  Bl'.nvani-Ganga,  Siraj  en  Egypte, 
près  d'Alhor,  Fia  5  en   Sicile,  près 
d'Adrane,  Elna,  la  mère  des  Paliques. 
Jusque  daus  les  incarnations  humai- 
nes des  dieux,  celle  propension  se  re- 
flète :  Promélhéc  a  près  de  lui  Pan- 
dore j  Dédale  seconde    Pasiphaé.  Si 
par  culte  de  Vénus  on  entend  le  culte 
de  toutes  les  déesses  qu'on  peut  pren- 
dre pour  elle ,  il  était  excessivement 
re'paudu.  Dans  la  haute  Asie,  Ecba- 
tane  et  Suze  adoraient  Anahid;  Ely- ,j 
maïs  et  Babylone  rendaient  de  fer- 
vents hommages  h  Mylilta  [Voy.  ce 
nom),  et  même  poussaient  l'imitation 
de  la  déesse  jusqu'à  la  prostitution} 
dans  la  Phénicie  et  la  Syrie,  Hiérapo- 
lis,  Sidon,  Bibles,  Afak,  Héliopolis, 
Ascalun,  révéraient  Achloret  et  Ad- 
dirdaga.  De  la  le  culle  passa  dans  l'île 
de  Cypre,  où  déjà  nous  avons  nommé 
comme  métropole  du  culte  aphrodi- 
siaque Paphos.  Autour  de  celte  ville 
se  groupent  comme  succursales  Ama- 
thoute,  Aphrodisium,  Soles,  Salami- 
ne,  etc.  Le  temple  de  Paphos  avait 
été  fondé  d'abord  par  Aérias  :  plus 
tard  Cinyre  le  releva  de  ses  ruines. 
Tamiras,  tige  desTamirades,  y  porta 
l'art  des  anispices,  qui  pourtant  tom- 
ba plus  tard  en  désuétude  parce  que 
l'on  abolit  les  sacrifices.  Dans  l'ori- 
gine, h  ce  qu'il  paraît ,  toutes  les  vic- 
times, pourvu  qu'elles  fussent  mâles, 
étaient  reçues.  Toutefois,  c'était  aux 
entrailles  des  chevaux  qu'on  avait  le 
plus  de  confiance.  Dans  la  suite  les 


VEN 

pronostics  météorologiques  et  astro- 
nomiques furent,  sinon  plus  célèbres, 
du  moins  plus  en  vogue.  L'autel  de 
Paphosj  dit-on,  n'était  jamais  mouillé 
parla  pluie,  et  cependant  l'autel,  le 
temple  même  étaient  liypèihres  (en 
plein  air).  On  sacriÇait  aussi  des  oi- 
seaux,  des   colombes   surtout.   Les 
jeunes  filles  allaient  k  certains  jours 
fixes  au  bord  de  la  mer  se  livrer, 
moyennant  argent,  k  quiconque  les 
priait  d'amour.    Dans  les    villes  de 
Side  et  d'Aspende,  en  Pamphylie,  on 
sacrifiait  h  Vénus  des  porcs  et  peut- 
être  des  sangliers.  Ici,  sans  doute, 
on  songera  au  rôle   fatal  que  joue 
le   sanglier  dans    le    mythe  d'Ado- 
nis.  Quelques  épigrammalisles  aussi 
pourront  penser  au  sens  lascif  du  grec 
;ij«7f«f.  Dans  le   reste  de  l'Asic-Mi- 
neure  les  villes  les  plus  célèbres  par 
le  culte  de  Vénus  étaient  Guide  ,  Ha- 
licarnasse  ,  Milet ,  Eplièse  ,  Artace, 
Tamnos,  Sarde,  Pergame,  Apbrodi- 
sium,  Abydos  et  Holos  :  Zéla,  Coina- 
na,  Phanagorie,  rendaient  homnitige 
k  Enyo.  Les  îles  de  Crète,  de  Céos  , 
de     Cos  ,   de    Samos    dans  la  mer 
Egée  ;  Aphrodisium  ,  JEnia ,    Tricca 
cnThessaliejTanagre,  Orope,  Thes- 

Rie  en  Béoliej  Atbènes  en  Attiquej 
légare  dans  la  Mégaride  ;  Corinthe , 
Sicyone,  Patras,  Egine,  Egyra,  Bu- 
ta dans  le  nord  du  Péloponèsej  Elis 
Oljmpie  ,  Tégée  ,  Mélange'e  ,  Pso- 
phis  ,  Cyllène  ,  Mégalopolis  dans  le 
centre  et  l'ouest  5  Argos,  Epidau- 
re,  Trézène,  Hermione  dans  l'est  5 
Sparte ,  Amycle  ,  Cénopolis  ,  Mes- 
sène  dans  le  sud  5  les  îles  de  Cy- 
thère  et  de  Zacyntbe,  Actium ,  Leu- 
cade  ,  Eanthe ,  Ambracie  ,  Dyrra- 
cbium  sur  la  côte  orientale  de  ce  que 
nous  nommons  aujourd'hui  la  Liva- 
die  ,  rivalisèrent  avec  tontes  ces  villes 
d'Orient  par  le  culte  assidu  ou  ma- 
gnifique qu'elles  rendirent  K  VéauS; 


VEN  599 

sous  le  nom  d'Aphrodite.  En  Sicilo 
elle  eut   un   temple   fameux   sur  le 
mont  Eryx  ,  de  la  son  nom  célèbre 
de  Vénus-Erycine.  Syracuse  aussi  lui 
dédia  un  temple.  Rome,   au  dire  de 
Varron,  n'admit  son  culte  qu'assez 
tard.  Cette  assertion  s'accorde  peu 
avec  le  ton  des  récits  vulgaires  sur  la 
migration    d'Enée    k    la    tête     des 
ïroyens  en  Italie.  Les  Romains,  on 
le  sait  ,  dans  les  beaux  siècles  de  I3 
république  et  de  l'empire  ,  se  donnè- 
rent le  titre  d'Enéades,  et  le  premier 
bémisticlic    de    l'incrédule    Lucrèce 
qualifie  Vénus  de  mère  des  Romains. 
Du  temps  même  de  Romulus,   nous 
disent  Donysd'Halicaruasse,  etc.,  fut 
bâti   un   temple  h  Venus  Myrtea,  et 
ce  temple    n'était    pas  le   premier. 
Venus  Frulis  eu  avait  eu  un  aupara- 
vant.   Dans  la  suite    s'élevèrent  les 
temples  de  Venus  Cloacina ,  Venus 
Calva,  Venus  Victrix,  etc.  Au  reste, 
Haies  et  Minturnes  l'emportèrent  sur 
Ptome  par  la  magnificence  de   leurs 
édifices  ,*  enfin  l'Espagne  et  l'Afrique 
dédièrent    des  temples  k  Vénus.  Les 
principales  fêtes   célébrées  en  l'hon- 
neur de  cette  déesse  se    nommaient 
Adouies,  Anagogies  et  Calagogies, 
dans  la   Sicile  5    Aphrodisies    dans 
Cypre,   etc.   Ces   dernières   étaient 
remarquables  par  les  rites  mystérieux 
qui  les  accompagnaient.  Ceux  qui  se 
faisaient  initier  offraient  une  pièce  de 
monnaie  k  Venus  Meretrix  et  rece- 
vaient   en    revanche   du    sel   et    un 
phalle.  Le  sel  indiquait  la  mer  ,  ber- 
ceau de  la  déesse  ;  quant  au  phalle  , 
l'explication  est  inutile.  La  fête  de 
Vénus  était  célébrée  k  Corinthe  par 
les  courtisanes,   si  renommées  dans 
celte  ville  de  commerce  et  de  plaisirs. 
Avenus  étaient  consacrés  le  myrte, 
la  pomme,    la  rose  qui,  dit-on,  de 
blanche  qu'elle  était  d'abord,  devint 
rouge  lorsqu'elle  couiul  pieds  nus  a 


6oo 


VÉN 


travers  les  ronces  et  les  épines  pour 
voir  Adonis  mourant.  L'éperlan  et  la 
dorade  lui  étaient  aussi  consacrés.  Les 
yinx  ou  torcols,  oiseaux  magiques  qui 
sans  cesse  étaient  employés  par  les 
{'mants  dans  ce  qu'ils  appelaient 
jyarmaceutrie y  étaient  souvent  ses 
parèdres.  C'est  a  eux  sans  doute  que 
pensait  Euripide  lorsque  dans  sa 
Wégare  il  dit  :  «  Oiseau  agiles  dont 
le  cou  flexiljle  se  ploie  avec  grâce!  » 
Belle,  jeune,  riante,  nue  ou  presque 
Bue,  Vénus  se  voit  tantôt  sur  la  mer 
et  dans  un  cliar  que  sembleoit  traîucr 
les  Tritons  j  tautôt  dans  Tair,  et  dans 
lin  char  attelé  de  colombes.  Parfois 
l'hippocampe ,  ou  le  taureau  marin  , 
remplace  le  char  marin.  A  Elis  sa 
monture  était  la  chèvre  si  remarqua- 
ble par  son  rôle  de  génératrice  ou 
de  lactatricc  ,  et  son  pied  foulait  une 
émydc  (tortue  de  mer).  Elle  a  pour 
cortège,  outre  les  dieux  qui  viennent 
d'être  nommés,  Himéros  et  Polhos 
(variétés  de  l'amour)  et  la  belle 
Pilho  (ou  persuasion),  la  plus  sédui- 
sante des  Grâces!  Son  attribut  le  plus 
célèbre  est  cette  ceinture  fameuse 
qui  donne  grâces  ,  beauté  ,  jeunesse 
et  irrésistibles  attraits  a  celle  qui  la 
possède.  Plus  rarement  elle  est  vê- 
tue, ou  armée  de  pied  en  cap  j  quel- 
quefois un  miroir  urille  dans  sa  main 
droite,  la  gauche  porte  soit  un  pavot 
(qui  là  remplace  le  lotos)  ,  soit  une 
pomme  (adéquate  de  fruit,  'et  loin- 
taine allusion  à  la  pomme  de  dis- 
corde), ce  Pliidias,  Polyclète  ,  Ago- 
«  racrile  et  Alcaraèue,  dit  Willin, 
ce  ont  fait  des  statues  de  Vénus. 
«  Mais  Phidias ,  créateur  du  style 
a  sublime,  et  les  artistes  de  son  école 
te  devaient  plutôt  produire  aux  yeux 
a  de  la  Grèce  étonnée  la  puissance 
«  de  Jupiter  ,  la  majesté  de  Junon  , 
tt  la  chasteté  de  Diane  et  la  sérieuse 
«  et  mâle  sévérité  de  Minerve  que 


VÉN 

«  les  charmes  et  le  doux  sourire  de 
a  Vénus.  Ce  succès  était  réservé  aux 
K  deux  artistes  qui  ont  donné  les  mo- 
«  dèl»s  du  style  gracieux  ,  Praxitèle 
«  cl  Apclle.  On  avait  toujours  re- 
«  présenté  Vénus  vêtue  ,  et  telle 
«  était  celle  que  Praxitèle  avait  faite 
«  pour  les  habitants  de  Cos.  Deux 
«célèbres  courtisanes,  Cratiue  et 
«  Phryné,  eurent  une  grande  in- 
c  lluence  sur  la  manière  dont  Praxi- 
«  tèle  exécuta  la  Vénus  que  les  Cui- 
«  diens  lui  achetèrent,  11  pénétra  sa 
«  pensée  de  leurs  diflcrcntcs  beautés, 
«  et  son  génie  conçut  et  créa  l'image 
«  ravissante  qui  a  été  célébrée  dans 
«  toute  l'antiquité  et  dont  la  compo- 
«i  sition  est  encore  retracée  sur  les 
K  médailles  de  Guide.  Phryné  et  la 
«  belle  Pancasla,  que  d'autres  nom- 
«  ment  Catnpaspe,  inspirèrent  aussi 
«  Apellc.  L'imagination  également 
K  remplie  de  la  beauté  de  leurs  for- 
«  mes ,  et  frappé  d'admiration  en 
«  voyant  Phryné  sortant  de  la  mer  , 
«  il  fil  sa  Vénus-Anadyomène  (sortant 
«  des  flots)  j  peinture  qui  fut  si  long- 
«  temps  un  objet  de  vanité  pour  les 
«  habitants  de  Cos,  et  d'admira- 
«  lion  pour  toute  l'Asie.  »  L'année 
1824  «i  fait  connaître  à  l'Europe  un 
chef-d'œuvre  qui  peut-être  passe  en- 
core ces  deux  belles  compositions. 
C'est  la  Vénus  de  Milo ,  ainsi  nom- 
mée de  l'île  dans  laquelle  elle  fut 
trouvée,  et  dont  on  regrette  que  les 
bras  soient  mutilés.  Est-ce  l'original 
de  la  Vénus  de  Praxitèle?  ce  qu'il 
y  a  de  certain  c'est  qu'antérieure- 
ment, comme  on  vient  de  le  voir 
par  ce  qui  précède,  il  ne  nous  res- 
tait de-  la  Vénus  praxitélienne  que 
des  copies 5  les  unes  réduites,  parmi 
lesquelles  se  distingue  surtout  le  beau  i 
médaillon  de  Caracalla  (  sculpté  et 
gravé  dans  Lachau  ,  Attnhiits  de 
frémis,  p.  71)  j  les  autres  de  grau- 


I 


deur  naturelle,. parmi  lesquelles  les 
Vénus  connues  sous  le  nom  de  Vénus 
de  Médicis ,  Vénus  du  Capitule  , 
Vénus  d'Arles  tenaient  le  premier 
rang.  Sur  une  patère  de  Dempster 
{Eirur.  reg.y  I,  i)  est  une  Vénus 
remarquable  parce  qu'elle  est  vêtue  : 
on  lit  le  nom  de  Tlialna,  qui,  avec 
la  colombe  placée  près  d'elle,  aide  a 
la  reconnaître.  Cet  oiseau,  symbole 
des  feux  de  l'amour  et  de  la  fécon- 
dité, se  retrouve  encore  dans  la  uiaia 
de  la  jeune  Erycine  {Mag.  cn- 
rj'cl.,  ann.  i8io,V,  24.1)?  P^^s  de 
la  Vénus  de  la  villa  Albani,  qui  ap- 

ftartient  au  style  d'imitation,  et  dans 
e  temple  de  Vénus  Paphia  qui  orne 
la  bague  d'or  du  Musée  du  Vatican 
[Mus.  Pio-Cléni.,  I,  t.  A,  n"  19). 
Parfois  aux  colombes  étaieut  substi- 
tués soit  les  passereaux  ardents, 
soit  les  cygnes.  Dans  Maffei  se  voit 
une  Vénus  qui  a  pour  parèdres  deux 
amours  tenant  un  thyrse  enveloppé  de 
pampres  aux  grappes  vermeilles  et 
couronnés  d'épis  ,  et  dont  la  main 
semble  balancer  trois  flècbes  ^  cet 
aspect  rappelle  l'adage  si  célèbre  : 
Sine  Baccho  et  Ccrere  Jriget 
J^enus.  Nous  indiquerons  encore  , 
en  fait  de  représentations  figurées, 
les  deux  Véuus-Anadyomène ,  pu- 
bliées, l'une  dans  la  Villa  Pin- 
ciana ,  Slauza  i,  n°  12,  l'autro 
dans  les  3Ion.  inédits  de  Millin,  II, 
a 8  et  29  ;  les  deux  Vénus  marines  , 
l'une  de  Magnan,  Bruit.  Jiuni., 
III,  l'autre  de  Vaillant,  JSum.  imp., 
p.  iiSj  la  Vénus  sur  un  taureau 
marin  de  Millin  ,  Gai.  myth. ,  1 7  7  j 
Venus  Vicirix  (Millin,  P.  gr.  inéd., 
et  Gai.  mylli..,  i84-);  Venus  G é- 
uitrix  (Gessner,  Nuni.  imp.  rom., 
CLXVI,  47)  ;  Venus  Cloacine  (Mo- 
rell,  Fam.  Muss.);  le  groupe  de 
Mars  ci\éaas{Mus.  cap.,  III,  20),' 
Vénus  soutenant  Adonis  blessé  (Peiu- 


VER 


601 


ture  antiq.  copiée  par  Rapli.  Mengs 
et  gravée  par  Volpali)  5  enfin  les 
nombreuses  statues  d'impératrices 
au  bain  ou  k  la  toilette  sous  forme 
de  Vénus  (  Voy.  Millin  ,  Galerie 
myth.,  186-188).  N'oublions  pas 
toutefois  les  figures  grossières  mais 
antiques  par  lesquelles  les  Cypriotes, 
fidèles  au  vieux  fétichisme  ,  représen- 
taient encore  Vénus  ;  a  celte  classe 
appartiennent  ces  pierres  pyramida- 
les que  nous  présentent  encore  des 
médailles  de  Titus  et  de  Vespasiea 
(Lacbau,  Diss.  sur  Vénus,  45 1). 

VÉRAVA  ou  Veikavert  ,  troi- 
sième fils  de  Siva,  naquit  de  sa  res- 
piration. C'est  Siva  en  tant  que  ven- 
geur de  l'orgueil  et  destructeur  du 
monde  h  la  fin  des  siècles.  C'est  lui 
qui  humilia  Brahmâ  lorsqu'il  se  pro- 
clama le  plus  grand  des  dieux ,  et  lui 
coupa  sa  cinquième  tètej  c'est  lui  qui, 
tuant  les  Deverkels  et  les  Mounis, 
reçut  leur  sang  dans  le  crâne  de  la 
tète  qu'il  avait  arrachée  k  Brahraà. 
Dans  la  suite  il  les  ressuscita ,  et  leur 
donna  des  cœurs  plus  purs.  On  le  re- 
présente de  couleur  bleue  ,  avec  trois 
yeux  et  deux  longues  dents  saillan- 
tes comme  des  défenses  de  sanglier. 
Un  chapelet  de  tètes  lui  pend  au- 
tour du  cou  cl  de  l'estomac,  des 
serpents  forment  sa  ceinture,  les  mè- 
ches rousses  de  ses  cheveux  semblent 
des  pjramides  de  flammes  dansantes. 
Des  clochettes  garnissent  ses  pieds  , 
et  ses  quatre  mains  tiennent  la  Icha- 
kra,  le  lidi,  une  corde  et  le  crâne 
de  Brahmâ. 

VERITE  ,  Veritas  ,  en  grec 
Alétuie  ,  ' A^^f/êiiu ,  fille  de  Jupiter 
suivant  Pindarc,  de  Saturne  selon 
d'autres  ,  a  pour  filles  la  Justice  et 
la  Vertu.  Apelle  l'avait  représentée 
dans  son  tableau  de  la  calomnie  sous 
les  traits  d'une  femme  modeste ,  et 
qui  se  tient  k    l'écart.  Les  moder- 


6o« 


VER 


VER 


tes  anssi  l'ont  très-soavfnt  figurée. 
VERSEAU,  Aquarius,  et  en 
grec  Hydrochoos  ,  onzième  signe  du 
todiaque,  préside  au  mois  de  jan- 
vier. C'est ,  dit-on ,  Ganymède  ou 
Aristée,  ou  Cécrops ,  on  Deucalion. 
On  le  représente  sons  les  Irails  d'un 

i'eune  homme  qui  laisse  tomber  de 
'eau  d'une  urne.  Ces  eaux  sont  l'em- 
blème ou  de  l'hiver  ou  des  calaclvs- 
mes,  qui  Jous  jouent  un  rôle  si 
grave  dans  la  mythologie.  Quelque- 
fois on  se  contente  de  représenter  le 
Verseau  par  une  amphore.  En  astro- 
logie le  Verseau  était  regarde  comme 
influent  sur  les  cuisses  de  l'homme, 
c'est-h-dire  sur  la  pudicité  ,  et  sur  le 
talent  de  reconnaître  les  sources  ca- 
chées k  l'intérieur  de  la  terre. 

VERTICORDIA,  Vénus  en  tant 
que  chaste,  et  inspirant  la  chasteté. 
L*an  ii5  avant  J.-C.  ,  trois  vesta- 
les se  rendirent  coupables  de  liaisons 
criminelles  avec  des  chev<i]iers  ro- 
mains; on  consulta  sur  cet  événe- 
ment les  livres  de  la  Sybille,  et  un  sé- 
tialus-consultc  ordonna  que  la  femme 
la  plus  vertueuse  de  llome  consa- 
crerait, aux  frais  du  trésor,  une  sta- 
tue h  Venus  Verlicordia.  Ce  fut  la 
femme  d'un  patricien,  Sulpicia ,  qui 
eut  cet  honneur. 

\ERTU,  déesse  allégorique,  fille 
de  la  Vérité',  ne  figure  que  dans  le 
mythe  qui  la  montre  disputant  Her- 
cule k  la  Volupté  {f^oy.  Hercule). 
On  la  représente  vêtue  de  blanc, 
modeste  et  pourlaut  imposante,  tan- 
tôt tenant  la  pique  ou  le  sceptre, 
tantôt  couronnée  de  lauriers,  tantôt 
ailée  ;  tantôt  assise  sur  un  cube  de 
marbre,  emblème  de  solidité.  Par- 
fois c'est  un  vieillard  k  longue  barbe, 
armé  de  la  massue  et  vêtu  de  la  peau 
de  lion  d'Hercule.  Sur  une  médaille 
de  Vérus,  la  Vertu  est  symbolisée  par 
Bellérophon  emporté  sur  Pégase  et 


1 

flancs  ^1 


plongeant  sa  lance  dans  les  flj 
la  Chimère. 

VERTUMINE  ,  Vertumnus,  di- 
vinité del'Étrurie  et  de  l'antique  La- 
tium,  est  pris  d'ordinaire  pour  le 
dieu  des  jardins  et  des  vergers,  ou 
bien  aussi  pour  le  dieu  de  l'automne, 
des  saisons,  de  l'année  entière,  et, 
enfin ,  pour  le  dieu  du  changement  et 
des  pensées  humaines.  Mais  la  con- 
ception primitive  et  fondamentale, 
celle  que  nous  indique  le  nom  même 
{f^ertumenos ,  part.),  c'est  l'année 
en  tant  que  s'offrant  successivement 
sous  des  aspects  divers  ,  c'est  l'idée 
même  des  transformations  sous  les- 

3 «elles  se  déguise  l'unité  k  quelque 
egré  qu'on  la  prenne.  Les  premiers 
adorateurs  de  cette  haute  personnifi- 
cation mvthique  s'élcvcrent-ils  k  cette 
conception  générale?  Peut-être  que 
non.  Mais,  au  moins,  il  est  certain 
que  l'année  et  ses  phases  leur  appa- 
rurent avec  ce  caractère  d'unité  mul- 
tiforme, et  que,  bien  différents  des 
anlhropomorphistes  étroits  qui  plus 
tard  imaginèrent  quatre  dieux  pour 
les  quatre  saisons,  ils  représentèrent 
ce  cycle  de  trois  cent  soixante-cinq 
jours,  pendant  lequel  tout  change  sans 
cesse  au  ciel  et  sur  la  terre ,  par  un 
seul  être  mythique,  celui  qui  subit 
des  variations  (qui  vertitur).  Ceci 
admis,  le  reste  s'explique  de  soi-même. 
On  voit  comment,  par  une  légère  gé- 
néralisation ,  on  en  vint  a  faire  de 
\ertuninc  le  dieu  du  changement j 
puis ,  comme  rien  n'est  plus  variable 
que  la  pensée,  le  dieu  des  pensées 
humaines:  on  voit  comment,  en  par- 
ticularisant de  plus  en  plus,  Ver- 
lumne-année  devint  Vertumne-sai- 
sons,  Verlumne -automne  ,  parant 
les  jardins  et  les  vergers  des  dons  les 
plus  suaves.  De  celle  dernière  con- 
ception k  celle  qui  met  Verlumne  en 
rapport  avec  Pomone,  la  déesse  deis 


VÊR 

récoltes  horllculturales,  il  n'y  avait 
qu'un  pas.  Tantôt  il  est  son  époux  , 
tantôt  il  est  son  amant.  Ovide  {Mé- 
f/î/zi.,  l.  XIV)  raconte  assez  agréa- 
blement de  quelle  manière  et  par 
quelle  suite  de  transformations  il 
parvient  à  séduire  la  déesse  qu'il 
aime.  Ajoutons  que ,  du  reste  ,  le 
clioii  des  transformations  indiquées 
par  Ovide  na  qu'une  valeur  légère,* 
qu'il  n'y  a  ni  fécondilépoétique  ni  liante 
intelligence  du  sujet  a  montrer  Vcr- 
tumne  laboureur ,  moissonneur,  vi- 
gneron el  vieille  femme  (quoique Tin- 
tentiou  d'allégoriser  ainsi  les  quatre 
saisons  se  fasse  assez  sentir);  qu'en- 
fin l'apparition  même  de  la  vieille 
femme,  vraie  conciliatrix  nuptia- 
rum  ,  n'est  plus  du  même  ton  que  le 
reste  du  récit,  et  qu'il  faut  être  dé- 
cidé h  tout  entendre  au  gré  d'un  sys- 
tème pour  voir  la  un  emblème  de  l'hi- 
ver. Il  paraît  qu'une  tradition  attri- 
buait a  Verlurane  le  dessèchement  de 
la  vallée  où  fut  depuis  le  Yélabre 
(«Vertumnus  verso  dicorab  anine-.y» 
Properce,  1.  IV,  él.  ii);  le  ridicule 
de  1  étymologie  ne  prouve  point  la 
fausseté  de  l'assertion.  Asconius  Pe- 
dianus  [sur  La  troisième  Ferrine) 
fait  de  Vertumue  le  dieudu  commerce  : 
invertendaruin  reruni  ,  id  est 
mercaturœ.  On  sacrifiait  à  Ver- 
turane  les  prémices  des  fleurs  et  des 
fruits.  Ses  fêtes,  dites  Vertumnales, 
avaient  lieu  en  octobre.  Horace  (l.  Il, 
sat.  vil)  dit  au  plurielles  Verturanes, 
parce  que  les  statues  du  dieu  étrus- 
que étaient  nombreuses  et  le  re- 
présentaient sous  des  formes  très- 
diverses,  La  plus  renommée  était  au 
coin  du  grand  Vélabre  et  de  la  rue 
Vicus-Tuscus ,  au  lieu  même  oîi  elle 
cessait  de  porter  le  nom  de  Viens 
Thurarius.  Ordinairement  c'est  un 
jeune  homme  couronné  d'herbes,  te- 
nant des  fruits  et  une  corne  d'abon- 


VES 


6o3 


dance  a  la  main.  On  voyait  dans  les 

jardins  de  Sceaux  un  beauVertumne: 
sa  couronne  d'épis,  la  peau  de  bête 
fauve  qui  est  attachée  a  son  cou  ,  les 
fruits  et  les  feuilles  dont  il  est  sur- 
chargé ,  la  faucille  qu'il  lient  k  la 
main  et  qui  doit  émonder  les  arbres, 
indiquent  assez  que  le  statuaire  a 
voulu  réunir  les  attributs  des  quatre 
saisons. 

VERVACTOR  ,  un  des  douze 
dieux  latins  de  l'agriculture  ,  était 
imploré  le  premier  dans  les  sacrifi- 
ces a  Cérès  et  à  la  Terre,  parle 
Flame.n  cerealis. 

VESTA  (en  grec  Hestia,  'E<rr'«), 
déesse  du  feu,  el  plus  spécialement  du 
feu  central ,  et  ,  en  conséquence ,  de 
la  terre  [Voy.  plus  bas),  a  souvent 
été  prise  pour  Cybèle,  pour  Ops , 
pour  Pihée.  On  a  eu  tort  :  Saturne  et 
Rhée  lui  ont  donné  le  jour,  ainsi  qu'à 
Junon  et  k  Cérès.  C'est  une  vierge 
immaculée,  el,  comme  Minerve,  elle 
échappe,  mais  incontestablement,  k 
des  tentatives  brutales;  seulement, 
cette  fois  ,  l'assaillant  est  Priape. 
L'aventure,  qui  ressemble  absolument 
k  celle  de  Faune  et  d'Ompbale,  est 
racontée  par  Ovide.  Vulgairement 
Vesla  est  l'àtre  ,  en  grec  Hestiâ; 
mais,  au  fond,  c'était  la  terre  en  tant 
que  flamboyante.  Le  feu  central , 
noyau  du  globe  terrestre,  c'est  Vesta. 
Il  n'est  pas  étonnant  que,  par  suite, 
on  ait  confondu  Vesla  ,  d'une  part, 
avec  Titée,  Gé,  Rléa  et  Cybèle,  qui, 
toutes  les  quatre,  sont  la  Terre:  de 
l'autre,  avec  toutes  les  déesses  flam- 
boyantes que  présente  l'antiquité 
grecque  ,  Ariadne  ,  Ethra ,  Minerve, 
Véuus-Uranie,  Cabira.  Dans  la  pre- 
mière hypothèse,  on  a  voulu  que 
Vesta  fut  femnae,  soit  d'Uranus  (le 
ciel) ,  soit  de  Saturne.  On  en  est  venu 
k  faire  deux  Vesta.  Ces  difficullés 
s'éclaircironl  bien  vile  pour  qui  saura 


M 


604 


VES 


se  rappeler  qu'en  Egypte  aussi  l'on 
Toit  en  quelque  sorte  deux  Albor  qui, 
dans  la  réalité ,  se  réduisent  a  une 
déesse  se  localisant  dans  deux  sphères 
distinctes,  en  d'autres  termes  revê- 
tant différents  degrés  de  détcrinina- 
tion.  Qu'on  se  pénètre  donc  bien  de 
cette  idée,  qu'il  n'y  a  qu'une  Vesla , 
et  que  celte  \  esta  est  la  terre-feu. 
Le  culte  de  Vcsta  dut  probablement 
son  origine  a  la  religion  parsi.  Les 
astres  au  ciel,  les  sources  de  naplile 
sur  la  terre,  donnèrent  lieu  h.  l'ado- 
ration du  feu.  Les  temples  qui  furent 
élevés  à  la  flamme  divinisée,  et  qui 
s'appelaient  dans  la  langue  indigène 
Alccbgab  ,  eu  grec  Pyrées ,  non- 
seulement  étaient  des  sanctuaires,  des 
asiles,  ils  se  reflétèrent  dans  tous  les 
foyers  publics  et  privés.  De  la  un 
culle  domeslique  qui,  lors  même 
qu'il  fut  appliqué  h  la  chose  publi- 
que ,  avait  encore  ce  caractère.  Il 
est  donc  tout  simple  que  le  culte  de 
Vesta  ait  pris  de  bonne  heure  une 
forme  patriarcale,  que  les  dieux  du 
foyer  aient  élé  des  pénates  ou  lares, 
que  le  foyer  lui-même  se  soit  trouvé 
unlaraire,  et  par  suite  un  Lare  su- 
prême, un  Pénale  suprême.  On  com- 
prend aussi  sa  liaison  avec  Minerve, 
qui  est  l'Empyrée  (ou  sphère  de  feu, 
qui  est  le  Phalle  ou  flamme  phallique, 
flamme  pyramidale  qui  danse  sur  l'îi- 
tre,  flamme  fantastique  que  la  mère 
de  Servius  aperçoit  dans  le  brasier 
de  Tanaquil).  Pa'llas  et  Yesla  étaient 
les  grands  Pénates  de  Troie  5  mais 
tour  a  tour  Pallas  absorbe  Vesta  , 
Vesla  disparaît  sous  Pallas.  Ro- 
me, ville  pélasgique  ,  reçut  ces  deux 
divinités  :  peu  importe  par  quelle 
voie  elles  y  arrivèrent 5  déjà,  peut- 
être,  un  feu  éternel  avait  brîilé  en 
l'honneur  de  la  dernière.  L'aventure 
de  Réa-Sylvia  engagerait  du  moins  à 
le  croire.  C'est  au  rèjrne  de   I*^uma 


P 


VES 

que  les  hîslorlens  vulgaires  rappor- 
tent rinstilution  normale  du  culte  de 
Vcsta.  Un  temple  en  forme  de  globe 
(c'est-h-dire  h.  coupole)  lui  fut  dc'dié 
par  ce  prince.  Dans  cette  enceinte 
révérée  brillait  un  feu  sacre  entre- 
tenu par  des  vierges  que  leur  consé- 
cration a  Vesla  faisait  nommer  Ves- 
tales; primitivement  au  nombre  de 
quatre,  elles  furent  portées  à  si 
sous  Servius-Tullius.  Personne  n 
gnore  que  celles  qui  violaient  leu 
vœu  de  continence  étaient  enterrées 
vives  danslc  campus  Sceleratus, voisin 
de  lapnrle  Colline.  Leur  sacerdoce 
durait  trente  ans  :  au  bout  de  ce 
temps  elles  étaient  libres  soit  do 
quittée,  le  temple  et  de  se  marier, 
soit  de  rester  dans  leur  cloître  dit 
atrium  Vcstœ.  Quand  une  place  de 
vestale  était  vacante,  le  grand-ponlif^_ 
nommait  à  son  gré  vingt  jeunes  fillfll 
de  six  K  seize  ans.  Le  sort  pronon- 
çait entre  elles  5  et  celles  qui  avaient 
été  désignées  dcvaieul ,  bon  gré  mal 
gré,  consentir  à  remplir  les  f'inclions 
de  veslale.  Le  grand-prêtre  alors  al- 
lait l'enlever  comme  une  prisonnière 
de  guerre  chez  ses  parents.  Dans  la 
suite,  la  voie  du  sort  ne  fut  plus  sui- 
vie que  lorsque  nulle  des  vingf  jeunes 
filles  ne  consentait  a  être  vestale. 
Plusieurs  privilèges  honorifiques  pou- 
vaient consoler  les  vestales  de  la  ri- 
gidité avec  laquelle  on  les  traitait. 
La  permission  de  sortir  à  leur  gré, 
d'aller  en  char  ,  d'avoir  au  spectacle 
une  place  distinguée,  de  tester  même 
avant  l'âge  licite,  de  n'être  jamais 
gous  la  puissance  de  parents  ou  de  tu- 
teurs, de  ne  prêter  serment  que  si 
elles  le  voidaient,el  au  nom  de  Vesla, 
et  enfin  de  remettre  la  peine  aux 
criminels  qu'elles  rencontraient  par 
hasard  ,  telles  étaient  leurs  princi» 
pales  prérogatives.  Quand  le  feu  satT 
cré  était  éteint,  on  le  rallumait  aux 


MB 

tàvons  (lu  soleil,  rans  doute  à  l'aide 
de  quelque  iusfruinent  analogue  au 
miroir  concave.  On  le  renouvelait 
aussi  Ions  les  ans  le  i*'''  mars,  époque 
h  laquelle  commençait  l'année  primi- 
tive. On  se  servait  a  cet  effet  de  deux 
morceaux  de  bois  que  l'on'frottait 
Tun  contre  Tautre. — L'idéal  de  cette 
déesse  est  une  figure  sévère  ,  belle  , 
noble;  elle  a  soit  le  sceptre,  soit  la 
haslé  dans  la  raaiu  et  la  sphcndonê 
sur  la  tête;  souvent  un  voile  lui  en- 
veloppe le  visage.  La  taille  légère 
est  une  circonstance  moderne.  La 
lampe  et  le  palladium  ,  modernes 
aussi,  s'adaptent  du  moins  avec  bon- 
heur aux  données  antiques.  Une 
lampe  qui,  dans  le  calendrier  de  la 
villa  Bor'dièse ,  désijrne  Vesia ,  est 

r    •     '  «  Il  »  1 

caractérisée  par  nue  tele  d  ane  .  al- 
lusion comique  à  la  tentative  malheu- 
reuse de  Priape,  qui,  en  s'approchant 
de  la  couche  de  la  chaste  déesse, 
trouva  si  disgracieu sèment  dans  l'a- 
nimal a  longues  oreilles  un  Irouble- 
fète  inattendu. — La  \  esta  du  musée 
Capitolin  est  la  plus  belle  que  l'on 
connaisse.  Celle  de  la  villa  Giusli- 
niani  (Morell,  fam.  Cassia)  est 
rare  et  curieuse;  elle  est  voilée. 
Comp.  aussi  celle  qu'a  reproduite 
Hirl,  Bildarbuch,  "VlfT,  i  o. — ISous 
trouvons  dans  Buonarolti,  Miîclagl. 
ant.y  XXXVI,  I  et  3 ,  les  portraits 
de  deux  vestales,  Beliicia  Modesla  et 
Neratia. 

YIAÇA.  P^oy.  Vyasa  ,  Biogr., 
imà'.,  XLTX,  598. 

VIALES  (Lares),  c'esl-a-direqui 
président  aux  routes  et  peut  -  être 
aux  rues  {Koy.  Laties). 

VIBHICHANA,  frère  de  Ravana 
dans  la  mythologie  hindoue,  se  sépara 
de  la  cause  du  géant  lors  de  l'expédi- 
tion de  Rama,  passa  dans  le  tamp 
de  ce  héros,  et,  après  la" mort  du 
Ijran ,  reçut  du  vainqueur  la  souve- 


VÏC 


6o5 


ra'nelé  de  Lanka  (île  de  Ceilan). 
YIBILIE  ,  ViBiLiA,  déesse  latine 
des  voyageurs,  était  surtout  invo- 
quée par  ceux  qui  s'égaraient  en 
chemin. 

YIGAPOTA  ,  L\.  VICTOIRE ,  selon 
les  vieux  habitants  du  Lalium.  Ce 
mot  revient  à  polis  vincere. 

VICES  (les),  ViTiA,  avaient  été 
déifiés  par  les  Grecs  et  les  Romains  ^ 
mais  sans  qu'on- joiguît  h  la  notion 
idéologique    des    légendes    usuelles. 
Dans  quL-lqucs  tableaux  allégoriques^ 
on  les  a  personnitlés  par  les  Harpyes. 
VICHNOU    (vulg.    Wisnwu, 
AVicnNU,VuicnNou,  etc.),  deuxième 
dieu  de  la  Trimourtiaux  Indes,  passe 
dans  l'opinion   composite   populaire 
pour  le  conservateur  de  la  création 
tirée  du  néant  par  Brahmù  et  destinée 
a  être   un   jour   replongée   dans   le 
néant  par  Siva.   Mais  cette  opinion 
est  loin  de  faire  connaître  tout  Vich- 
nou.  Ce  qu'il  y  a  de  p'us  palpable 
dans  son  histoire,  ce  sont  les  dix  in- 
carnations :  la  dixième  n'a  pas  eu  lieu; 
les  neuf  aulres.apparliennentan passé. 
Elles  s'échelonnent  dans  les  trois  âges 
qui  ont  préparé  la  période  actuelle, 
OH  âge  noir,  Kaliïouga,  et  se  répar- 
tissent, les  quatre  premières  dans  le 
Saliaïouga,  les  trois  suivantes  dans 
le  Douaparaïouga,  la  huitième  et  la 
neuvième    dans   le   Trétaïouga  :    la 
dixième  signalera  ,  en  le  terminant , 
la  sinistre  époque  de  nuages  et  de  té- 
nèbres   dans  laquelle   nous  vivons. 
Est-il  besoin  de   faire    remarquer , 
avant  d'entrer  dans  le  détail  de  ces 
dix  incarnations  ,  qu'elles  ont  lieu  de 
indle  en  mille  années  divines  (ou,  ce 
qui  revient  au  même ,  de  trois  cent 
soixante  en  trois  cent  soixante  raille 
années  humaines),   auxquelles  toute- 
fois il  faut  ajouter,  lorsque  le  louga 
ra  être  clos,  le  crépuscule  de  celui 
qui  finit  et  l'aurore  de  celui  qui  çooi' 


6o6 


Vie 


mence?Les  quatre  lougasse  compo- 
sant à\m  total  de  quatre  mille,  trois 
mille,  deux  mille  et  mille  année:»  divi- 
nes (en  total  dix  mille),  il  est  naturel 
que  la  première  période  contienne  qua- 
tre incarnations,  la  deuxième  trois  ,  la 
troisième  deux,  et  la  quatrième  une. 
Les  quatre  premières  incarnations  de 
Vicbnou  ne  sont  que  des  Apozôoses 
oa  transformations  en  animal.  Pois- 
son ,  tortue  ,  sanglier  ,  lion  ,  voilà 
les  quatre  animaux  dont  le  dieu  em- 
prunte les  formes.  L'n  fait  remar- 
quable, c'est  que  celle  série  de  mé- 
tamorphoses implique  ascendance 
de  l'échelle  animale  :  le  reptile  ne 
vient  qu'après  le  poisson  j  les  mammi- 
fères ne  Ggurent  que  long-temps  après 
le  reptile  5  et  même  ,  des  deux  mam- 
mifères qui  terminent  la  série  ,  le 
lion  nous  semble  avoir  quelque  chose 
de  plus  noble  ,  de  plus  haut ,  de  plus 
achevé  que  le  verrat  sauvage.  Ces 
quatre  incarnations  ou  Avatars  por- 
tent les  noms  spéciaux  de  Matsiàva- 
taram,  Kourmàvalaram ,  Varahàva- 
taram  (ou  Addhivaraliiivataram,  dont 
quelques  auteurs  ont  fait  Adivaran- 
gapérounal)  et  l'jaraciughàvalaram. 
La  première  incarnation  eut  lieu  , 
selon  le  Bhagavat-Glta,  sous  le  sep- 
tième Menou  Yaivaçouata ,  et  eut 
pour  objet  de  rendre  aux  hommes 
et  aux  Dévas  les  quatre  Tédas  déro- 
bés a  Brahmà  pendant  son  sommeil 
par  le  robuste  Rakchaça  liaïagriva. 
Vichnou  apparut  sous  la  forme  d'un 

Setit  poisson  à  Satiavrata,  lui  pré- 
it  un  déluge  universel ,  lui  com- 
manda de  se  construire  une  arche  5 
se  leva  poisson  cornu  et  gigantesque 
du  sein  des  grandes  eaux  pour  tuer 
Haïagriva,  et  recouvra  les  livres  sa- 
crés. Satiavrata  devint  septième  Me- 
nou sous  le  nom  de  Yaivaçouata.  La 
deuxième  incarnation  eut  lieu  lorsque 
Dieux  et  Daitias  se  coalisèreAt  pour 


VIC 

former  la  délicieuse  Amrita,  jrag-e 
d  immortalité  ambitionné  parles  deux 
races  surnaturelles  qui,  sans  cesse,  se 
disputent  le  pouvoir  et  l'empire  des 
mondes  :  le  Mérou  précipité  dans  la 
mer  s'y  enfonçait  de  plus  en  plus  avec 
rapidité  et  la  terre  entière  allait 
changer  de  face  si  Vichnou,  méta- 
morphosé en  torlue,  ne  se  fût  em- 
pressé d'opposer  son  dos  comme  une 
base  inébranlable  h,  la  chule  du  mont 
gigantesque  (/^qy.  Amuuqsie).  Bien- 
tôt l'Amrila,  recueillie  dans  un  vase, 
fut  offerte  aux  dieux  par  Dhanouan- 
tari.  La  troisième  incarnation  l'ut 
nécessitée  par  les  prcleulious  déme- 
surées d'Erouniakcha,  qui  menaçait 
d'abîmer  le  globe  encore  une  fois  : 
Vichnou  emprunta  les  formes  rude»! 
du  sanglier,  Varaha,et,  soulevanjj 
la  terre  étonnée  sur  ses  defense&j 
l'arracha  pour  la  seconde  fois  aui 
gouffres  de  Samoudra.  Un  aulri 
géant,  Erouniakaciapa,  doué  du  rar( 
privilèges  par  Brahmù,  provoqua  pa 
son  orgueil  sacrilège  le  courroux  di 
Vichnou  qui,  ne  pouvant  le  vaiuci 
ni  comme  dieu  ,  ni  comme  homme, 
ni  comme  animal,  se  changea  eu 
homme-lion  ,  Naracingh ,  s'élança  ru- 
gissant du  centre  d'une  colonne  ,  cl , 
poursuivant  son  paie  ennemi,  l'étran- 
gla sur  le  seuil  du  palais.  Arrive  en- 
suilc  le  grand  Bali,  Mahahali,  non 
moins  impie,  non  moins  puissant  que 
ses  prédécesseurs.  Seul,  un  nain,  sous 
le  costume  d'un  bralime  ,  Vamana  , 
ose  interpeller  le  sublime  sullan ,  en 
obtient  une  concession  de  trois  pas 
de  terrain,  embrasse  de  ces  trois  pas 
la  terre,  le  ciel,  l'enfer,  et  force 
ainsi  l'Açoura  e'merveillé  à  recon- 
naîlre  sa  puissance.  Mais  ce  nain,  ce 
brahme ,  ce  Trivikrama  (aux  trois 
pas),  c'était  Vichnou  incarné  pour  ImI 
cinquième  fois.  Mahahali  se  contentfVI 
de  régner  aux  eaferis,  Les  géants  dis- 


vie 

paraissent  de  la  terre;  mais  les honi' 
mes  qui  leur  succèdent  imitent  trop 
fidèlement  leurs  exemples.  L'inso- 
lence des  Souriavansas  (ou  fils  du  So- 
leil) n'a  plus  de  bornes  :  il  faul  que 
Vichûou  descende  encore  de  son  pa- 
lais enchanté.  Cette  fois  ,  s'il  est  de 
race  brahmanique ,  il  porte  la  hache, 
il  est  brahme  et  guerrier;  Paraçou- 
Rama  est  son  nom  :  il  détruit  lacasle 
impie  des  Kchatriias  ,  comble  de 
bienfaits  les  brahmes ,  puis  ,  désolé 
de  l'ingratitude  de  ces  ministres  du 
ciel ,  se  retire  sur  la  chaîne  des  Ga- 
tes, alors  baignée  par,  les  flots  de 
rOcéan-Indien  ,  et  la,  pour  donner 
une  nouvelle  preuve  de  sa  divinité, 
fait  sortir  du  sein  des  eaux  la  côte  de 
Malabar.  Arrivent  ensuite  les  deux 
magnifiques  incarnations  Rama  et 
Krichna,  qui,  l'une  et  l'autre,  sont 
détaillées  aux  articles  de  ces  noms.  La 
première  est  signalée  par  la  prise  de 
Lanka  (Ceilan)  sur  le  tyran  Ravana  ; 
la  deuxième  se  distingue  par  les  dé- 
faites successives  de  Kansa,  de  Dja- 
raçandha,  de  Douriodhana.  Ainsi  la 
guerre  des  Pandous  et  des  Kourous 
y  figure  comme  épisode.  Long-temps 
après  la  mort  de  Krichna ,  qui  a 
commencé  la  l'usiondes  sectes,  Boud- 
dha paraît  et  avance  cette  tache  dif- 
ficile :  si  la  doctrine  nouvelle  n'est 
pas  victorieuse  dans  l'Inde  entière  , 
elle  se  répand  du  moins  avec  rapidité 
dans  l'Hindoustan  même  ,  dans 
rinde-Transgangétique,  multiplie  les 
couvents  dans  le  Tibet  ,  envahit  la 
Chine,  partage  avec  les  Kamis  l'em- 
pire insulaire  du  Japon,  Bouddha, 
sans  doute,  ne  fut  point  originaire- 
ment un  personnage  vichnouite  ;  peut- 
être  même  le  vichnouisme  n'eul-il 
point  d'antagoniste  plus  fatal.  Les 
deux  doctrines  étaient  d'autant  plus 
irréconciliablement  ennemies  qu'elles 
se  ressemblaient  davantage ,  et  que  la 


Vie 


607 


première  (par  Krichna)  avait  frayé 
les  voies  a  l'autre.  Bouddha  et  Vicn- 
nou  se  disputèrent  donc  l'empire  in- 
tellectuel de  l'Inde  :  longue  et  vive 
fut  la  lutte,  inconstantes  et  variées 
les  phases  de  succès.  Enfin  Vichnou 
l'emporta;  mais  alors  même  le  triom- 
phe ne  fut  pas  complet.  Bouddha, 
eu  perdant  la  partie  dans  l'Inde,  fut 
ccpendautreconuu  pour  dieu,  et  pro- 
clamé neuvième  avatar  de  Vichnou. 
Cela  n'empêche  pas  que  les  boud- 
dhistes purs  n'isolent lotalementBoud» 
dha  de  tous  ses  enlours  vichnoviens 
et  ne  le  célèbrent  comme  Adhiboud- 
dha  ,  Mahadéva  ,  Souaïarabhouva , 
Bhagavan.  Ici  se  terminent  les  in- 
carnations de  Vichnou.  La  dixième 
et  dernière  n'est  point  encore;  elle 
décidera  la  destruction  du  monde  et 
terminera  l'âge  noir  (Kaliiouga), 
notre  âge.  Vichnou  alors  apparaî- 
tra sous  la  face  raenaçaule  du  cheval 
exterminateur  Kalki  [Koy.  ce  nom), 
et,  d'un  coup  de  pied,  réduira  le 
globe  en  poudre.  Ou  voit  encore 
Vichnou  figurer  dans  une  foule  d'a- 
ventures mythiques.  C'est  lui ,  par 
exemple,  qui ,  prenant  les  traits  du 
rond,  du  gros,  de  l'éternel  Kapila, 
vole  le  cheval  de  Sagara,  et,  plus 
tard  ,  pulvérise  d'un  mouvement  de 
narines  les  soixante  mille  fils  de  la 
citrouille.  C'est  lai  qui,  sous  la  forme 
de  la  ravissante  Mohanimaïa,  enlève 
des  mains  des  Âçonras  la  fiole  divine 
qui  contient  l'amrita,  et  dont  ces  ira- 
mondes  esprits  se  sont  emparés.  C'est 
lui  qui,  lorsque  Siva  sait  à  quelle  cir- 
constance tient  l'invulnérabilité  du 
géant  Jaleudra,  se  charge  de  rendre 
infidèle  l'épouse  jusque-lk  si  pure  et 
si  chaste  ;  c'est  lui  qui,  quand  la  belle 
Andjani,  plongée  dans  l'extase,  in- 
spirait par  ses  charmes  et  par  sa 
aévotion  ingénue  d'invincibles  désirs 
à  Siva ,  dirigea  l'énergie  séminale  du 


6o8 


Vie 


Vie 


1 


dieu,  son  collègue,  dans  rcreille  de 
la  jeune  fille,  qui  soudain  conçut, 
par  celle  opération  miraculeuse,  le 
singe  Hanouman. D'ordinaire,  auprès 
tie  Vichuoi),  figure  à  litre  d'épouse 
la  ])elle  Lakctiini,  qui  quelquefois, 
cependant,  a  pour  rivale  Mohani- 
inaïa^  mais  celle-ci  ne  diffère  qu'en 
apparence  de  Lakclimi.  Ou  sail  aussi 
que  celle  dernière  s'incarne  en  même 
temps  que  son  époux,  et  qu'elle  le 
suit  sur  la  terre  dans  toutes  ses  trans- 
figurations. Sila,  Iladha,  Koukmini, 
ne  sont  qu'elle.  Autour  du  couple 
divin  et  bienfaisant  figurent  comme 
autant  d'assesseurs  vénérés  Sécha , 
Garoudlia,  K^madhénou  (la  vache, 
l'aigle,  le  serpent),  Hanouman  ,  Sou- 
f;riva,  Indra  el  les  aulres  Vaçous, 
Dhanonanlari,  etc.- — Vichuou  n'est 
pas  seulement  le  deuxième  membre 
de  la  Trimourli  :  tantôt  il  s'abaisse, 
et  c'est  alors  qu'il  s'incarne;  tantôt 
il  s'élève ,  et  il  égale  Brahm  Ini- 
mêmc.  Ecoulons  ici  Creuzer  :  «  Il 
est  desceudu  sur  la  terre  par  nu  sa- 
crifice dont  lui  seul  était  capable  , 
pour  la  sauver  d'une  perle  trop 
certaine;  il  s'est  soumis  à  toutes  les 
faiblesses,  à  toutes  les  misères  de 
l'humanité,  h  une  morl  cruelle  pour 
abattre  l'empire  du  mal  cl  relever 
l'empire  du  bien  ;  il  s'est  fait  pasteur, 
guerrier  et  prophète  pour  bisser  aux 
hommes,  eu  les  quittant,  un  modèle 
de  l'homme.  Mais  il  n'en  est  pas 
moins  le  dii-u  par  excellence  ,  le  re- 
présentant de  l'être  invisible  duquel 
il  a  reçu  sa  mission,  puissant  comme 
lui,  juste  comme  lui, bon  et  miséri- 
cordieux comme  lui ,  répandant  ses 
grâces  même  sur  ses  ennemis ,  et 
n'exigeant  de  ses  adorateurs  que  la 
foi  et  l'amour,  qu'un  culte  en  esprit 
«l  en  vérité,  que  le  désir  de  lui  être 
unis,  le  mépris  de  la  terre  el  l'abné- 
gation d'eux-mêmes,  Lui  seuj  fait  les 


véritables  saints  ;  lui  seul  penldonncr 
le  nioukti  ou  la  béatitude  éternelle, 
car  d  est  Naraïan ,  il  est  Bhagavan  , 
il  est  Brahm ,  il  réside  au  ceulre  des 
mondes,  el  tous  les  mondes  sont  en 
lui  :  il  est  l'unité  dans  le  tout.  »  À  la 
liste  de  ses  abaissements,  ajoutons: 
i«>son  rôle  de  Souria,  soleil  [y.  ce 
nom);  2"  le  rôle  plus  humble  encore 
d'Adilia,  soleil  mensuel,  qu'on  le  voit 
revêtir.  Indra  aussi  est  presque  en  ua 
sens  une  détermination  de  \icbnou: 
ce  dieu  brahmaïle,  par  sa  pureté,  sa 
bienfaisance,  son  éclat ,  sa  tendance 
vers  les  cieux,  sa  cour  biillanle  de 
danses  et  retentissante  de  cbanlssem- 
ble  s'identifier  avec  Vichuou.  Dans 
les  hautes  sphères,  au  cou  traire,  Vich- 
uou, premier-né  delà  création,  pré- 
cède les  aulres  Dévas  el  leur  donne 
naissance;  c'est  lui  qui  Hotte,  tantôt 
sur  les  eaux  prin\itives  ou  mers  de 
lait,  couché  sur  la  feuille  d'Açouala, 
tantôt  sur  le  vaste  serpent  Adicécha 
(durée  primordiale)  ou  Ananta  (sans 
fin),  dont  les  têtes  innombrables  for- 
mcnl  au-dessus  de  sa  tête  un  cintre 
vivant.  Dans  l'une  et  l'autre  hypo- 
thèse il  est  le  premier  linéament  de 
l'individualité,  elles  dilïcrcnces  ne 
sont  qu'épisodiques  ;  car,  dans  l'une , 
l'irrévélé  c'est  le  serpent  aux  rosaces 
d'azur,  dans  l'autre  c'tst  l'onde  cl 
la  fleur  aquatique.  Dans  la  première 
c'est  le  grand  serpent  qui  ploie  son 
corps  flexible  sur  lui-même,  de  ma- 
nière à  rejoindre  en  quelque  sorte  sa 
queue  clseslêles;dauslasecondec'est 
Vichnou  qui  a  le  pouce  de  son  pied 
dans  sa  bouche.  On  a  vu  qu'alors  il 
se  nomme  ]Naraïana(ce!ulqui  semcul 
sur  les  eaux),  véritable  Auadyomène 
maie.  Ilesl  presque  Souaïambliou,  ou, 
si  quelque  être  au  monde  le  dépos- 
sède de  ce  titre,  ce  n'est  que  Sécha 
ou  lu  feuille  de  figuier.  Du  reste,  tan- 
dis qu'U  repose  ou  oscilje  Icnlcmeut 


à 


vie 

sous  les  houles  caressantes,  de  sou 
nombril  une  lige  part,  un  Padma  ef- 
fleurit,  Brahmà  surgit  des  pétales  de 
la  fleur  5  puis,  tout  a  coup,  de  son 
front  une  goutte  de  sang  tondDe,  c'est 
Roudra,  Siva-Roudra,  troisième  per- 
sonnage de  la  Triraourti.  On  repré- 
sente Vichnou  tantôt  dans  une  des 
attitudes  que  nous  venons  de  décrire, 
tantôt  debout .  ou  près  de  Lakcliini 
qu'il  enlace  de  ses  bras.  Son  teint  est 
bleu  (de  la  son  nom  de  Nila)  ;  ses 
yeux  ressemblent  a  des  fleurs  de  lotosj 
son  visage  brille  d'une  éternelle  jeu- 
nesse 5  dans  tous  ses  membres  Inxnrie 
la  vigueur  ;  ses  quatre  mains  liennenl 
tantôt  le  Padma,  le  Sankha (mollus- 
que de  la  famille  des  Buccins),  le  scen- 
tre,  emblème  de  l'éternité  ,  enfin  le 
sceptre  du  monde  ;  tantôt  le  Tcbakra 
ou  roue  flamboyante  et  dentelée,  l'A- 
gnéiastram  ou  flèche  de  flamme  qui 
rappelle  la  foudre,  la  massue  ([u'af- 
feclionuent  les  deux  et  même  les  trois 
Ramas  :  parfois  ses  mains  élevées  et 
vides  versent  les  bénédictions  sur  les 
mortels.  Sur  sa  tète  s'élève  la  cou- 
ronne à  trois  étages, image  d'une  lour 
aux  riches  créneaux  5  au  milieu  de  sa 
poitrine  étincelle  le  maguifique  dia- 
mant-talisman Kastrala  ou  Kaouslou- 
bha-Maui,  dont  les  feux  illuminent 
toutes  choses  et  en  (jui  toutes  choses 
se  reflètent 5  de  précieux  vêtcmenis 
enveloppent  sa  taille  sveîle.  Pour  In- 
bitalion  il  s'est  choisi  le  Vaikhonla, 
paradis  sublime  situé  a  l'orient  5  pour 
vahanam  il  a  tantôt  l'épervier  ,  ou 
l'aigle,  ou  ce  fantastique  Garoudha, 
brillant  assemblage  de  l'hoinme  et  do 
l'aigle,  tantôt  Hanouman.  La  grande 
abeille  bleue  lui  est  consacrée.- — Le 
culte  de  Vichnou  est  acluellcmcnt  ré- 
pandu dans  l'Inde  tout  entière  5  ses 
temples  les  plus  célèbres  sont  ceux 
de  Djagannalha(/^0}/'.  ce  nom)  et  de 
Tcbillambarara.  Quant  à  l'origine  et 


VIE  609 

au  caractère  de  ce  culte  ,  il  faut  re- 
courir aux  remarques  qui  terminent 
l'art.  SivA. 

VIÇOUAKARMA  (ou  Viswa- 
carmain),  chef  des  ïcboubdaras,  est 
dans  la  mythologie  brahraaïsie  l'ar- 
chitecte, le  forgeron,  l'artiste,  la 
peintre,  le  décorateur  par  excellence. 
C'est  sur  son  plan,  sous  ses  yeux , 
et  grâce  à  ses  puissantes  inspirations 
que  les  célestes  ouvriers  ont  cons- 
truit les  sept  Souargas,  le  palais  cent 
fois  plus  merveilleux  de  Vichnou  et 
les  demeures  des  autres  divinités. 

VICTA,  déesse  latine  des  vivres 
ou  de  l'alimentation  (en  latin  victiis). 

VICTOIRE.  Foy.  Nice. 

VIDAR,Vane  Scandinave,  préside 
au  silence,  et  par  suite  à  la  discré- 
tion. Fils  d'Odin,  il  sera  son  ven- 
geur et  tuera  le  loup  Fenris  quand 
le  roi  des  Ases  aura  été  déchiré  par 
les  dents  dn  farouche  animal.  Ce 
Morphée  Scandinave  égale  presque  eu 
force  le  robuste  Thor  lui-même, 
mais  il  est  moins  bruyant^  et  ses  sou- 
liers de  buffle  effleurent  si  légère- 
ment les  milieux  avec  lesquels  il  est 
en  coutp.ct,  qu'il  traverse  les  airs  et 
les  eaux  sans  être  entendu.  Vidar 
rappelle  et  Morphée  et  le  Léthé  j  il 
est  l'oubli  et  le  néant,  l'irrévélation. 

VIDLINS  ,  dieu  latin,  avait  pour 
fonctions  de  séparer  le  corps  et  l'anie  • 
en  d'autres  termes,  de  faire  évacuer 
l'arae  de  Tiulérieur  du  corps. 

VIEIL  DE  L'ORI.  Foy.  Obi. 

VIEILLE  D'OR. /^-oj.  Slata- 
Baba. 

VIEILLESSE,  Seîjectus  et  en 
grec  Gkp.as,  avait  un  temple  ;i  Alhè- 
nes  et  un  autel  a  Cadix.  Les  moder- 
nes l'ont  caractérisée  par  une  vieille 
femme  vêtue  de  noir  ou  de  tissus  cou- 
leur feuille  morte  ,  tenant  delà  main 
gauche  uu  bâton  ,  de  l'autre  une 
branche  d'arbre  desséchée,  et  con- 


LV. 


6to 


Via 


vm 


■ 


templant  arec  tristesse  la  fosse  ou- 
verte qui  semble  l'attendre,  et  sur 
les  bords  de  laquelle  se  voit  un  sa- 
blier dont  le  sable  est  presque  épuisé. 

VIERGE ,  ViBGo  ,  Parthenos  : 
T°  Minerve,  2°  la  Fortune,  3°  la 
Victoire.  —  La  Vierge  est  une  des 
constellations  zodiacales.  Les  listes 
^ui  partent  du  Bélier  la  nomment  la 
sixième.  Elle  préside  au  mois  d'août. 
Sur  ce  qu'elle  avait  été  avant  d'arri- 
Ter  aux  cieux ,  on  varie  singulière- 
ment. Au  reste,  les  opinions  prin- 
cipales voient  en  elles  :  1°  Erigone, 
fille  du  propagandiste  vigniculteur 
Icarius  j  2"  Cérès  ;  3°  Thémis  j 
4°  Aslrée  ,  fille  de  Jupiler  et  de 
Tbémis  j  5°  une  fille  d' Aslrée  et  du 
Jour  j  6°  une  fille  d'Astre'e  et  du 
fleuve  Asope;  7°  une  fille  d'Apollon 
et  de  Chrjsothémis  j  8°  Isis  TÉgyp- 
iienne  ;  9°  Alcrgalis  la  Syrienne  j 
10°  la  Forlune. 

VILE.  Toj'.Vali. 

VINAIAGA,  le  même  que  Ga- 
Tnéck. 

tiNDIMA,  fille  d'Evandre  ou 
Nymphe  (peut-èlre  l'une  et  l'autre)  , 
fut  aimée  d'Hercule  et  en  eul  Fabius 
dont  la  gens  Fabia  prétendait  tirer 
son  origine.  Peut-èlre  s'appelle- t-elle 
aussi  Fovia  5  peut-èlre  enfin  est-ce 
la  vendange  personnifiée. 

VIOLENCE,  Vis,  en  grec  Bia. 
P^ojr.  ce  dernier  nom. 

VIRABHADRA  (  quelquefois  Vi- 
bapatiien),  quatrième  fils  de  Siva, 
selon  Sonnerai  et  Nlklas  Millier,  na- 
quit de  la  sueur  du  corps  de  Siva , 
avec  huit  têtes  et  deux  mille  bras. 
Takin  alors  faisait  un  sacrifice  à  des- 
sein de  donner  naissance  à  un  nou- 
veau dieu  qui  par  sa  puissance  vain- 
crait et  anéantirait  aiva.  Ce  fut  au 
contraire  Siva ,  sous  la  forme  de  Vi- 
rabhadra ,  qui  mil  en  cendres  Takin 
et  tous  ceux  qui  l'aidaient  dans  son 


immonde  sacrifice.  Dans  la  suite  il 
leur  fil  grâce  et  les  ressuscita.  Vira- 
bhadra  a  quelques  temples,  mais  ils 
sont  bien  moins  fréquente's  que  les 
grandes  pagodes  des  deux  grands 
dieux  du  sivaïsme. — Le  nom  de  Bha- 
drakali  offre  quelque  rapport  avec 
celui  de  Virabliadra. 

VIRAROTCHA,  une  des  divinités 
principales  des  Péruviens  ,  et  mem- 
bre essentiel  de  la  trinilé  péru- 
vienne (Palchakamak  et  Mamakotcba 
étaient  les  deux  autres). 

VIRBIUS.    rOf.  HiPPOLTTE.  — 

On  donne  un  second  ViRBius  comme 
fils  d'Hippolyle  et  d'Aricic  et  chef 
dans  l'armée  de  Turnus. 

VIRGINAINIS,  VIRGINENSIS, 
VIRGINICURIS  ,  déesse  romaine 
dont  l'image  était  placée  dans  la 
chambre  nuptiale  le  soir  et  la  nuit 
des  noces.  Elle  présidait  spéciale- 
ment au  dénouement  de  la  ceiu 
ture. 

VIRIPL A CA,  déesse  des  Romaine 
qui  avait  un  temple  sur  le  mont  Pa- 
latin, selon  les  uns  raeltait  la  paix 
dans  les  ménages  [viruni  placare)  j 
suivant  les  autres  rendait  les  jeunes 
filles  agréables  aux  hommes  [viris 
placere) ,  et  leur  faisait  trouver  des 
maris.  Aussi  les  filles  a  marier  se  ren- 
daient-elles dans  sou  temple  le  i" 
avril,  se  déshabillant  devant  la  déesse 
et  la  priant  de  dérober  a  leurs  maris 
la  connaissance  de  leurs  défauts  cor- 
porels. On  lui  offrait  à  cet  effet  un 
peu  de  parfum  et  d'encens. 

VIROASO  de  Firmicus,  Ero  de 
Saumaise  et  peut-être  Reinaor  d'O- 
rigène  ,  2"  décan  du  Taureau  da  ns  la 
mythologie  égyptienne,  est  représ  enté 
sur  le  zodiaque  rectangulaire  avec 
deux  cornes  de  bouc  que  supp  orte 
une  espèce  de  coupe  et  que  surioon- 
tent  cinq  tiges  de  lolos,  emblème  de 
fécondité  et  de  végétation.  Pout  le 


il 


Vit 

rang  de  Viroaso,  en  tant  que  roî 
bumain  dans  la  liste  d'Eratoslliène  , 
voy.  DÉCANs,  tableau. 

VIROUPAKCHA ,  le  premier  des 
quatre  éléphants  qui  perlent  le  monde 
sur  leurs  épaules,  leur  front  et  leurs 
reins,  a  son  poste  à  l'angle  est  du 
globe  [Voy.  Ganga). 

VISA-GIST ,  le  sage  esprit,  ou 
AUXTEIAVISAGIS  ï,/e /rèWi^ifZ, 
très-sage  esprit^  était  le  dieu  su- 
prême des  Samogltlens  qui  hono- 
raient encore  Perkoun  ,  Zémlénlk  , 
Vaizgantho,  Kréraata,  Pargueni  et 
une  foule  d'autres  5  car,  chez  ces  peu- 
ples, arbres,  fontaines,  plantes,  tout 
était  censé  divin  :  les  couleuvres 
mêmes  étaient  sacrées,  et  portaient 
par  excellence  le  nom  de  Givoitor 
qui  est  commun  à  tous  les  êtres  doués 
de  la  vie. 

YISWAGARMAN.     Foy.  Vi- 

COUAKARMA. 

VITELLïA,  antique  déesse  latine 
qu'on  donne  pour  femme  de  Faune 
et  pour  mère  de  Vilellius.  Vitellia 
était,  il  paraît,  adorée  dans  plusieurs 
endroits  de  l'Italie.  Mais  au  fond 
qu'était-ce?  On  sait  qu'en  étrusque 
Ilalos  signifiait  Taureau,  et  Yilulus 
n'en  diffère  pas.  On  trouve  de  mêrae^ 
dans  Servius,  Vilalia  au  nombre  des 
noms  de  l'Italie.  C'est  Italin ,  sous 
forme  éolique.  On  a  de  uiême  Yitlu 
dans  les  tables  Eugubiucs  j  Yitellu, 
sur  diverses  monnaies  italiques,  par- 
ticulièrement sur  celles  des  Samnilcs. 
Vitellia  est  donc  la  grande  génisse  et 
par  suite  la  grande  fécondatrice,  la 
terre-mère  de  tous  les  êtres  et  plus 
particulièrement  la  terre  italique,  l'I- 
talie. Nnl  pays  plus  que  cette  fertile 
péninsule  ne  mérite  le  titre  é^  Aima, 
A'Eubée,  de  Botanéphoros. 

VITELLIUS,  fils  de  Vitellia  et  de 
Faune,  était,  selon  les  généalogistes 
romains,  la  tige  de  la  familb  Vitellia. 


VIT 


6ii 


VITRINEUS,  dieu  des  habitants 
de  la  grande  Césarienne  (aujourd'hui 
North  u  mberland). 

VITSLÏBOCHTLI,le  plus  célè- 
bre des  dieux  mexicains,  était  chez 
eux  le  dieu  de  la  guerre  et  de  la  divi- 
nation. Ses  oracles,  rendus  par  la 
bouche  des  prêtres,  tenaient  lieu  de 
conseil  militaire.  Suivant  les  légen- 
des vulgaires,  il  conduisit  en  person- 
ne ses  adorateurs ,  jadis  errants  et 
pillards  (mexl),  sur  le  plateau  du 
Mexique,  et  leur  en  facilita  la  con- 
quête. Le  pays,  avant  l'arrivée  des 
Mexicains  ,  était  au  pouvoir  des  Na- 
vallèques.   Vilsllbocntli ,    porté  par 

3uatre  prêtres  dans  une  arche  tissue 
e  roseaux  ,  traversa  au   moins  six 
cents  lieues  de  pays  avant  d'atteindre 
celte  espèce  de  terre  promise ,  sur  la- 
quelle  devait  s'élever  Ténochtitlan. 
Plus  d'une  fois  la  colonie  guerrière 
qui  marchait  derrière  l'arche  sainte 
s'impatienta,  murmura,  voulut  rester 
au  lieu  qu'elle  occupait  pour  l'instant. 
Des  miracles  éclatants  ranimèrent  le 
courage  et  raffermirent  la  fol.  Enfin 
il  fut  déclaré  par  les  prêtres  que  Vit- 
slibochlli  leur  avait  apparu  en  songe, 
et  ordonnait  de  s'arrêter  au  lieu  où 
ils  trouveraient  un  figuier  planté  sur 
le  roc,  et  au  milieu  des  rameaux  du 
figuier  un  aigle  qui  tiendrait  dans  ses 
serres  un  petit  oiseau.  On  donne  pour 
mère  à  ce  dieu  Koatlikoé,  pieuse  et 
noble   femme  de  Koatepek  (dans  le 
voisinage  de  Toula)  :  elle  le  conçut 
miraculeusement    d'un    bouquet    de 
plumes  qui  volait  dans  les  airs,    et 
qu'elle  cacha  dans  son  sein.  Bientôt 
elle  fut  enceinte  ;  et  ses  fils  les  Ceut- 
sonhouitsnahouis  ,  sans  douter  de  la 
ver  lu  de  leur  mère,  virent  avec  ef- 
froi la  honte  que  cette  grossesse  in- 
explicable allait  faire  rejaillir  sur  la 
famille.  Excités  par  leur  cruelle  sœur 
Roïolkhhaouqui,  ils  se  déterminèrent 


6i» 


VIT 


h  tuer  leur   mère.  Koallikoé  Irrni- 
blailj  mais  une  voix  parlant  de  Tin- 
lérieur  de  sou  corps  lui  dll  :  «  llas- 
sure-loi,  ma  mère;   moi,  loa  fi!s, 
je  sauverai  ta  vie  et  la  gloire,  jj  Ef- 
teclivi-meut ,  à  l'instant  où  le  glaive 
était  levé  sur  elle,  \ itslibodilli  pa- 
rut armé  de  pied  en  cap,  les  veux  en 
flamme,  et  lua  les  uns  après  les  au- 
tres tous  les  Ccutsonliouit^ualiouis, 
sans    excepter     la  farouche  Koïol- 
khbaouqui,  pilla  leur  maison,  cl  vint 
déposer  le   uulin    aux   pieds  de   sa 
mère.  —  Cesl  surtout  dans  la  ca- 
pitale du  Mexique   que  le  culte   de 
Vitsliboclilli  était  en   vigueur.  Voici 
de  quelle  manière  Don-Antoine   de 
Solis  (Irad.  française,  Paris,  lyBo) 
décrit  le  Téokalli  consacré  a  ce  dieu. 
«  On  entrait  d'abord  dans  une  grande 
place  carrée  et  fermée  d'une  muraille 
île  pierre,  où  plusieurs  couleuvres  de 
relief,  entrelacées  de  diverses  maniè- 
res au  dehors  de  la  muraille,  impri- 
maient de  l'horreur  principalement  à 
la  vue  du  frontispice  de  la  première 
porte,  qui  eu  était  chargé  non  sans 
quelque     significalion     myslériense. 
Avant  que  d'arriver  à  celte  porle,  on 
rencontrait  une  espèce  de  chapelle 
qui  n'était  pas  moins  affreuse  :  elle 
était  de  pierre,  élevée  de  trente  de- 
grés, avec  une  terrasse  en  haut  où  l'on 
avait  planté,  sur  un  même  rang  et 
d'espace  en  espace ,  plusieurs  troncs 
de  grands  arbres  taillés  également, 
qui  soutenaient  des  perches  qui  pas- 
saient d'un  arbre  h  l'autre.  Ils  avaient 
enfile'  par  les  tempes,  à  cliacune  de 
ces  perches,  quelques  crânes  des  raal- 
lieureuxqui  avaient  été  immolés,  dont 
le  nombre,  qu'on  ne  peut  rapporter 
sans  horreur,    était  toujours  égal, 
parce  que  les  ministres    du    temple 
avaient    soin  de  remplacer  ceux  qui 
tombaient  par  l'injure  du  temps.  Les 
quatre  côtés  de  la  place  avaient  cha- 


VIT 

cun  nue  poite  qui  se  répondaient,  et 
étaient  ouvertes  sur  les  quatre  princi- 
paux vents.  Chaque  porte  avait  sur 
son  portail  quatre  statues  de  pierre 
qui  semblaient,  par  leur  geste,  mon- 
trer le  chemin,  comme  si  elles  eussent 
vou'u  renvoyer  ceux  qui  n'étaient  pas 
bien  disposés  5  elles  tenaient  le  rang 
de  dieux  liminaires  ou  portiers,  parce 
qu'on  leur  donnait  quelques  révéreni,— 
ces  en  entrant.  Les  logements  dessa«fll 
crilicaleurs  étaient  employés  a  la"*" 
partie  intérieure  de  la  muraille  de  la 
place,  avec  quelques  boutiques  qui  en 
occupa ieut  tout  le  circuit ,  sans  re- 
trancher que  fort  peu  de  chose  de  sa 
capacité,  si  vaste  que  huit  h  dix  mille 
personnes  y  dansaient  commodément 
aux  jours  de  leurs  fêles  les  plus  solca 
Délies.  Au  centre  de  celle  place  s'éi 
levait  une  grande  machine  de  pierre 
qui,  par  un  temps  serein,  se  décou 
vrait  au-dessus  des  plus  hautes  tours 
de  la  ville.  Elle  allait  toujours  en  di 
minuant,  jusqu'à  former  une  deinw 
pyramide  dont  trois  des  côtés  élaien 
en  glacis,  el  le  quatrième  soulenai 
uu  escalier:  édifice  somptueux,  et  qu 
avait  toutes  les  proportions  de  \\ 
bonne  architecture.  Sa  hauteur  élar 
de  siï-viugts  degrés,  et  sa  construc- 
tion si  solide,  qu'elle  se  terminait  en 
une  place  de  quarante  pieds  en  carré, 
donlle  plancher  étailcouverl  fort  pro- 
prement de  divers  carreaux  de  jaspe 
de  toutes  sortes  de  couleur.  Les  pi- 
liers ou  appuis  d'une  manière  de  ba- 
lustrade (jui  régnait  autour  de  cette 
place  étaient  tournés  en  coquille  dç 
limaçon,  el  revêtus  par  les  deux  fac 
de  pierres  noires  semblables  au  jai$ 
appliquées  avec  soin,  et  jointes  par  li 
moyen  d'un  bitume  rouge  et  blanc  ^ 
ce  qui  donnait  beaucoup  d'agrément  à 
cet  édifice.  Aux  deux  côtés  de  la  ba- 
lustrade ,  a  l'endroit  où  l'escalier  fi- 
uissait;  deux  statue?  dç  marb^rc  soute-. 


I 


â 


VIT 

naient,  d'une  manière  qui  exprimait 
fort  bien  leur  travail,  dcnx  grands 
chandeliers  d'une  façon  extraordi- 
naire. Plus  avant,  une  pierre  verte 
s'élevait  de  cinq  pieds  de  haut,  taillée 
en  dos  d'àne ,  où  l'on  étendait  sur  le 
dos  le  misérable  qui  devait  servir  de 
victime,  alin  de  lui  fendre  l'estomac, 
et  d'en  tirer  le  cœur.  Au-dessus  de 
cette  pierre,  en  face  de  l'escalier,  on 
trouvait  une  chapelle  dont  la  structure 
élait  solide  et  bien  entendue,  cou- 
verte d'un  toit  de  bois  rare  et  pré- 
cieux, sous  lequel  ils  avaient  placé 
leur  idole  sur  un  autel  fort  élevé 
entouré  de  rideaux.  Elle  élait  de  fi- 
gure humaine,  assise  sur  un  trône 
soutenu  par  un  globe  d'azur  qu'ils  ap- 
pelaient le  ciel.  Il  sortait  des  deux 
côtés  de  ce  globe  quatre  bâtons  dont 
le  bout  était  taillé  en  lêle  de  serpent, 
que  les  sacrificateurs  portaient  sur 
leurs  épaules  lorsqu'ils  produisaient 
leur  idole  en  public.  Elle  avait  sur  la 
tète  un  casque  de  plumes  de  diverses 
couleurs,  en  figure  d'oiseau  avec  le 
bec  et  la  crête  d'or  bruni.  Son  visage 
était  affreux  et  sévère,  et  encore  plus 
enlaidi  par  deux  raies  bleues  qu'elle 
avait,  l'une  sur  le  front  et  l'autre  sur 
le  nez.  Sa  main  droite  s'appuyait  sur 
une  couleuvre  ondoyante  qui  lui  ser- 
vait de  bâton  ;  la  gauche  portait  qua- 
tre flèches  qu'ils  révéraient  comme 
un  présent  du  ciel ,  et  un  bouclier 
couvert  de  cinq  plumes  blanches  mi- 
ses en  croix,  tfne  autre  chapelle ,  à 
gauche  de  la  première  et  de  la  même 
fabrique  et  grandeur,  enfermait  l'i- 
dole appelée  Tlaloch ,  qui  ressem- 
blait parfaitement  a  celle  qu'on  vient 
de  décrire.  Aussi  tenaient-ils  ces  dieux 
pour  frères,  et  si  bons  amis  qu'ils 
partageaient  entre  eux  le  pouvoir 
souverain  delà  guerre,  égaux  en  force 
et  uniformes  en  volonté.  C'est  par 
celte  raison  qu'ils  ne  leur  offraient  a 


VOL 


6i3 


tous  deux  qu'une  même  victime  ,  que 
les  prières  étaient  en  commun ,  et 
qu'ils  les  remerciaient  également  des 
bons  succès 5  tenant,  pour  ainsi  dire, 
leur  dévotion  en  équilibre.  »  Selon 
quelques  historiens  du  Mexique,  Vit- 
slibochlli  avait  les  vastes  ailes  mem- 
braneuses de  la  chauve-souris  aux 
épaules  et  des  pieds  de  chèvre.  Par- 
fois sou  ventre  laisse  appraître ,  au 
lieu  de  nombril  une  tête  ne  lion. 

VITTOLF  ,  déesse  celte ,  passait 
pour  la  prophétesse  modèle.  Des 
modernes  voient  en  elle  la  plus  anti- 
que des  Sibylles. 

VITULA,  déesse  romaine,  prési- 
dait aux  réjouissances.  Sa  fêle,  ap- 
pelée Vilidalion,  fut  instituée  ,  h  ce 
qu'on  assure,  en  mémoire  delà  vic- 
toire remportée  par  les  Romains  sur 
les  Etrusques  le  8  juillet.  La  joie 
que  leur  inspira  ce  triomphe  fut  d'au- 
tant plus  vive  que  la  veille  ils  avaient 

été'  réduits  a  fuir Dans  la  Vitula- 

tion  on  offrait  a  la  déesse  les  prémi- 
ces des  biens  de  la  terre.  A  ne  voir 
que  le  sens  usuel  du  mot  Vitulus  ,  on 
croirait  qu'originairement  des  victi- 
mes avaient  été  immolées  en  l'hon- 
neur de  cette  de'csse.  On  dérive  or- 
dinairement Vilula  de  vita. 

YITIJMNE  ou  ViTUNE  était  invo- 
qué par  les  Romains  pour  que  l'en- 
fant uceîois  conçu  vînt  heureusement 
a  la  vie. 

VODAN,  VODEN.  Foy.  Oditt. 

VOLA,  prophétesse  Scandinave. 
Ce  mot  est  moins  un  nom  propre  que 
le  nom  générique  de  toutes  les  Sibyl- 
les du  Nord.  Une  des  parties  les 
plus  célèbres  de  l'Edda  Scandinave 
est  la  Voluspaj  ce  qui  signifie /:>«ro/e 
de  la  Kola.  Du  reste  nous  ne  cher- 
cherons pas  l'élymologie  de  Vola, 
que  les  uns  expliquent  par  le  mot 
Scandinave  vol ,  plainte  ,  les  autres 
par  l'étrusque  vçla ,  paume  de  la 


6i4 


VOL 


VOL 


main.  Ce  nom  fut  effectivement  chez 
les  Etrusques  le  nom  de  toute  ville 
considérée  comme  cité  mystique.  La 
Voluspa  se  compose  de  trois  cents 
vers  dans  lesquels  sout  décrites  les 
fondions  des  dieux,  leurs  grandes  ac- 
tions, la  destruction  et  la  rénova- 
tion de  Tunivcrs,  et  les  destinées  fu- 
tures des  bons  et  des  méchants. 

YOLD,  dieu  des  moissons,  était 
adoré  en  Westphalie. 

VOLDANUS,  dieu  celte,  le  mê- 
me peut-être  que  Bélénus,  était  sur- 
tout adoré  chez  les  Armoricains. 
Quelques  mythologues  expliquent  son 
nom  }^!iT  fournaise  ardente,  et  pré- 
tendent que  c'était  un  dieu  du  feu. 

VOLKOVA,  dieu-fleuve,  était 
adoré  à  Novgorod  ,  comme  le  Dnie- 
per et  le  Bog  à  Kiev.  On  sait ,  au 
reste,  qu'un  grand  nombre  de  riviè- 
res, de  ruisseaux  et  de  fontaines  par- 
ticipaient à  ces  honneurs,  et  que  les 
Slaves  avaient  beaucoup  de  lieux  ré- 
putés saints  dans  l'épaisseur  des  fo- 
rêts^ ou  sur  des  montagnes  reculées, 
1)rès  des  sources  qui  jaillissent  de 
eurs  flancs.  La  Yolkova,  qui  passe  au 
milieu  de  Novgorod,  devait  mieux 
que  toute  autre  rivière ,  attirer  la  vé- 
nération .  surtout  si  l'on  pense  que, 
sortant  d'un  lac  sacré,  Tllmen,  elle 
allait  se  perdre  dans  un  autre,  le  La- 
doga. 

VOLOSSE,  dieu  slave  adoré  à 
Kiev,  passait  pour  le  conservateur  des 
troupeaux ,  et  de  plus  pour  le  gardien 
des  serments.  Comp.  Mokogh. 

YOLTUMNA,  déesse  étrusque 
dans  le  temple  de  laquelle  se  tenaient 
les  assemblées  des  douze  cités  de  la 
confédération,  et  qui  probablement 
é  tai  t  censée  présider  aux  délibérations. 
Il  est  évident  que  son  nom  se  rap- 
porte h  un  mot  antique  peu  différent 
de  velu,  volo  ,  ou  même  du  grec 
^ov^ùfieti.  On  sait  que  chez  les  Grées 


plusieurs  grands  dieux  porlaienf 
le  nom  de  Bulée.  La  seule  différence 
qu'il  y  ait  entre  les  Bulée  des  Grecs 
et  la  Yolturana  des  Etrusques,  c'est 
qu'ici  nous  avons  un  nom  propre ,  et 
par  conséquent  une  personnification 
véritable,  tandis  que  là  on  ne  peut 
voir  qu'une  épitiiète.  Minerve-Bulée 
n'est  qu'une  Minerve,  tandis  que 
Yoltumna  est  une  déesse  totalement 
différente  (a l'extérieur  s'entend)  de 
toutes  celles  du  rituel  étrusque.  Ou 
présume  que  la  Conso  des  Romains 
est  la  même  que  Yoltumna. 

VOLTURNE.  /^.  YuLTURNE. 

yOLUMNIUS  et  YOLUMNIA , 
divinités  des  anciens  Ilaliotes.  Si  l'on 
s'en  rapporte  au  nom  évidemment  dé- 
rivé de  volo,  il  semble  que  ,  comme 
Conso,  Cousus  et  Yoltumna,  c'étaient 
des  dieux  qui  présidaient  aux  délibé- 
rations. Toutefois ,  il  est  probable 
que  leur  culte  était  restreint  k  une 
localité;  de  telle  sorte  qu'il  n'y  a  pas 
besoin  de  les  joindre  a  Cousus  pour 
avoir  la  série  des  dieux  qui  présidaient 
au  conseil.  Consus  K  lui  seul  est  la 
volition,  aussi  bien  que  la  délibération 
personnifiée;  Yolumnius  ou  Yolumnia 
est  la  délibération  aussi  bien  que  la 
volition. — On  sait  qu'une  famille  pa- 
tricienne de  Rome  portait  le  nom  de 
Yolumnia. 

YOLUMNUS  et  VOLUMNA  , 
deux  dieux ,  l'un  mâle ,  l'autre  fe- 
melle, qui  présidaient  aux  plaisirs  de 
l'hymen,  avaient  un  temple  à  Rome 
(R.  :  volo  d'oîi  volup  et  volup- 
tas  ;  et  comp.  l'expression  erotique 
latine  adlubescere ,  ainsi  que  le 
nom  de  la  déesse  Lubentina).  On  sait 
qu'il  y  avait  beaucoup  d'autres  divi- 
nités chargées  de  veiller  aux  détails 
les  plus  secrets  des  mariages  (  Voy. 
Perfica).  Après  les  fiançailles,  les 
deux  époux  portaient  au  cou  chicuu 
l'image  de  la  divinité  de  son  aexe, 


VRI 

en  or  ou  en  argent;  puis  le  jour  des 
noces  ils  échangeaient  les  deux  ima- 
ges l'une  contre  l'aulre. 

VOLUPIE,  VoLUPiA,  déesse  de 
la  volupté ,  fille  de  l'Amour  et  de 
Psyché,  selon  Apulée,  avait  à  Rome 
une  cliapelle  près  de  la  porte  Ro- 
maine, auprès  des  chantiers  (Var- 
ron  ,  Lang.  lat. ,  liv.  IV ,  c.  34). 
R.  :  volup  ,  volupe  (vieil  adj.) ,  le 
plaisir.  Sur  son  autel  était,  a  côté  de 
sa slatue, celle  delà  déesse Augërona, 
le  Silence  personnifié.  On  représen- 
tait Volupie  avec  un  teint  pâle.  Quel- 
ques mythologues  ont  voulu  voir  dans 
Volupie  le  borilieur  que  procure  la 
vertu,  et  ils  l'ont  représentée  sur  une 
outre  ayant  les  vertus  à  ses  pieds. 
Angérona  ne  l'accompagne,  ajoutent- 
ils,  que  parce  que  ceux  qui  ont  assez 
de  force  pour  dissimuler  leurs  angois- 
ses arrivent  par  la  patience  à  la  véri- 
table joie. 

VOLUTIÎSE,VOLUTRmE,Vo- 
LUTiNA,  VoLUTBiNA,  déesse  laliue 
chargécdu  soin  des  balles  qui  envelop- 
pent les  grains  de  blé  dans  leurs  épis. 
VORA ,  déesse  Scandinave,  préside 
aux  recherches.  Rien  ne  peut  lui  de- 
meurer caché  :  son  œil  lit  jusqu'au 
fond  des  cœurs. 

VOURCHAITO,  dieu  prucie, 
présidait  aux  chevaux,  aux  bêtes  de 
somme,  et  en  général  h  toute  la  fa- 
mille des  mammifères  vulgairement 
connue  sous  le  nom  de  quadrupèdes. 
On  l'invoquait  surtout  à  litre  de  dieu 
lare  ou  domestique. 

VRIIIASPATI  est ,  chez  les  Hiji- 
dous  sectateurs  du  brahmaïsrae,  le 
dieu  recteur  de  la  planète  de  Jupiter, 
et  préside  au  cinquième  Souarga 
(Souria,  Tchandra,  Mangala,  Bou- 
dha,  Soukra  et  Saui  président  aux 
six  autres).  Tchanchra  lui  enleva  sa 
femme,  et  la  rendit  enceinte  de  Bou- 
ddha ,  duquel  il  cyflsejilit  a  être  V'm- 


VRI 


6i5 


lltuteui'  (le  gourou).  Vrihaspati  poussa 
la  philosophie  jusqu'à  reprendre  sa 
femme  des  bras  du  dieu  de  la  lune, 
et  a  oublier  le  passé. 

VRIKCHA  (connu  sousles  surnoms 
de  Bashaçoura  ou  Vasmaçoura  ) , 
géant  célèbre  de  la  mythologie  hin- 
doue ,  obtint  de  Siva,  en  lui  offrant  le 
soma,  en  déchirant  les  lambeaux  de 
son  corps,  en  les  brûlant  sur  son  au- 
tel, enfin  en  se  coupant  la  tête  et  en 
la  jetant  dans  le  brasier  allumé  en  son 
honneur ,  une  force  décuple  de  celle 
qu'il  avait  auparavant,  et  le  don  pré- 
cieux de  réduire  en  cendres  tout  ce 
qu'il  toucherait.  De  la  le  nom  de  Vas- 
maçoura ou  Basmaçoura,  démon  des 
cendres,  qui  lui  est  resté;  mais  sou- 
dain ,  h  la  vue  de  Parvati  qui  elle- 
même  lui  exprimait  combien  le  san- 
glant holocauste  qu'il  avait  fait  de  sa 
propre  personne  l'avait  charmé,  Vas- 
maçoura s'enflamme  pour  elle,  el  veut 
tenîer  sur  Siva  l'essai  du  pouvoir  qui 
vient  de  lui  être  octroyé.  Siva  devine 
et  s'esquive.  Le  géant  le  poursuit ,  et 
va  le  joindre.  Tout  a  coupVichnou, 
invoque'  par  son  ami  Siva,  revêt  la 
forme  de  Parvati ,  simule  l'ivtesse  la 
plus  vive  de  l'amour,  jure  qu'elle  hait 
Siva,  Siva  ivrogne,  laid  et  toujours 
entortillé  de  serpents,  el  qu'elle  adore 
le  robuste  ,  l'invincible  Vasmaçoura. 
Mais  comment  se  fait- il  qu'avec  sou 
atroce  laideur  ce  Mabadéva  ait  pu  se 
faire  agréer  pour  époux.  «  Oh!  c'est 
a  qu'il  danse  à  ravir  :  j'oublie  sa  lai- 
«  deur  lorsque  je  le  vois  livré  à  cet 
ce  exercice;  une  indescriptible  beauté 
a  rayonne  alors  dans  toute  sa  per- 
a  sonne.  » — ccO  fille  de  l'IIimavan  ! 
enseigne-moi  cette  danse  qui  t'a  sé- 
duite; que  Siva  n'ait  pas  sur  moi  cet 
avantage  !»et  la  fausse  Parvati  se  met 
a  danser.  Mais  l'illusion  ,  la  beauté, 
le  doux  nuage  enveloppent  d'opaques 
brouillards   riulelligcuce   du  géant. 


6i6 


VRI 


VUL 


^ 


Les  yeux  fixés  sur  Yichuou ,  il  iiuile 
tousses  pas,  il  répèle  tous  ses  gestes. 
Elle  pose  une  main  sur  sa  tête.  Vas- 
macoura,  oublieux  du  monde  entier, 
oublie  aussi  le  don  funeste  qu'il  a  reçu 
du  dieu  de  Mérou,  effleure  sa  tête  de 
sa  maiOf  et  tombe  en  ceudrcs. —  Il 
existe  plusieurs  variantes  h  ce  mythe. 
Siva  est  seul  lorsque  Vasmaçoura  re- 
çoit de  lui  le  don  de  réduire  en  cendres 
tout  ce  qu'il  touche,  et  veut  essayer 
son  pouvoir  sur  son  bienfaiteur.  Dans 
^a  fuite  il  trouve  un  bois  5)0ni!)rc,  et 
s'y  cache  au  centre  d'un  petit  fruit 
nommé  Poundatounda,  et  qui  depuis 
ce  lempss'appelleLingalouuda.  Eton- 
ne de  ne  plus  voir  le  dieu ,  Vrikcha  in- 
terroge un  Soudra  qu'il  rencontre.  «Je 
rignore,udilàhauleetintel!igiblevoix 
IeSoudra,eldudoigt  il  désigne  le  fruit 
qui  recèle  le  dieu  Lingara.  L'Açoura 
s'apprête  a  saisir  le  fruit ,  Yichnou 
en  sort  sous  la  forme  d'une  vierge  ra- 
vissante. Vrikcha  convoite  celte  proie 
nouvelle,  et  ose  le  faire  entendre, 
a  Je  suis  fille  d'un  deux  fois  né  (d'un 
brahme) ,  allez  d'abord  vous  purifier 
par  un  bain  et  la  cérémonie  Sandbia.  » 
Le  géant  consent  h  tout,  passe  par 
tous  les  rites  de  la  purification  j  mais, 
quand  il  en  vient  a  celui  qui  ordonne 
au  purifié  de  mettre  la  main  sur  sa 
tête,  il  tombe  en  cendres.  Siva  ainsi 
débarrassé  de  son  ennemi  condamna 
le  traître  Soudra  a  se  couper  le  doigt 
instrument  de  sa  pi-rfidie.  Sa  femme 
pourtant  obtint  sa  grâce,  mais  a  con- 
dition de  perdre  elle-même  deux 
doigts  de  la  main  j  et  aujourd'hui  en- 
core dans  un  district  de  Deon-Hully , 
ijuand  la  fille  aînée  d'une  famille  de 
Soudra  se  prépare  au  mariage ,  le 
forgeron  du  village  détache  deux 
doigts  de  la  main  h  la  mère  de  la 
fiancée  ou  h  celle  du  futur. 

YRINDHA,  femme  de  Jalendra 
et  l'incarnation  dé  Lakchmi.  Un  jour 


Naréda,  impatienté  de  faire  anti- 
chambre chezYichnoH,  maudit  Lakch- 
mi, qui  devait  IMutroduire,  et  lui  sou- 
haita le  malheur  de  devenir  la  fem- 
me d'un  géant.  Aussitôt  Lakchmi  na- 
quit sous  la  forme  de  Yriudha.  Mariée 
augéant  Jalendra,  elle  se  distingua  par 
sa  fidéUté  h  toute  épreuve,  fidélité  k 
laquelle  son  mari  dut  le  privilège  d'ê- 
tre invulnérable.  Vichnou,  pour  faire 
cesser  cette  invulne'rabililé,  emprunta 
les  traits  de  l'époux,  et  bientôt  Ja- 
li-ndra  fut  tué  par  Siva.  Soudain 
Yriudha  reconnut  la  supercherie, 
et  maudit  Yichnou  en  lui  souhaitant 
d'être  métamorphosé  en  une  pierre 
noire.  Cette  pierre  se  nomme  Sal- 
grama,  et  sert  encore  aujourd'hui  de 
symbole  a  Yichnou.  .^g 

YULCAIN  (en  lat.  Yulcakus  ||| 
en  grec  IlErn^sTOS,  "H(Çx((rlof  ) 
passe  pour  l'unique  fruit  mâle  de 
l'hymen  de  Jupiter  et  de  Junon.  Il  a 
pour  sœur  lléoé.  Sa  laideur  était  si 
graude,  que  Jnnon,  honteuse  de  linSI 
avoir  donné  naissance,  le  précifitéffl 
du  haut  des  cieux  dans  la  mer  :  d'au- 
tres attribuent  cet  acte  barbare  a  son 
père.  Yulcain  roula  long-temps  dans 
l'espace  :  il  tomba,  selon  les  uns,  à 
Lemnos  j  suivant  les  autres,  dans 
l'Océan.  Ces  derniers  le  montrent 
neuf  ans  de  suite  caché  dans  une 
grotte  profonde  ei  occupé  à  fabriquer 
des  colliers,  des  agrafes,  des  ba- 
gues, des  bracelets.  Tels  furent,  soit 
dans  l'île  Lemnienne,  soit  ailleurs, 
ses  travaux  ordinaires.  Il  y  joignit  la 
fabrication  des  armes,  la  fonte  des 
métaux,  et  en  général  toutes  les  opé- 
rations industrielles  où  le  feu  joue  le 
rôle  d'agent  principal  :  aussi  le  peint- 
on  toujours  au  milieu  des  fourneaux. 
C'est  lui  qui  fit  la  foudre  de  Jupiter 
ainsi  que  les  trônes  d'or  de  ce  dieu  et 
de  son  épouse.  Ou  lui  attribuait  tout  ce 
que  rinduslrie  naissante  saluait  del'é- 


VUL 

pitfièJe  de  merveilleux  :  ainsi  le  collier 
d'Harmonie,  la  couronne  d'Ariadne, 
le  bouclier  d'Hercule  ,les  armes  d'A- 
chille et  d'Enée ,  le  sceptre  d'Aga- 
memnon  étaient  des  œuvres  de  Yul- 
cain.  Il  bâtit  aussi  aux  dieux  de  l'O- 
lympe un  vaste  palais  d'acier  ,  de 
cuivre  et  de  vermeil  :  chacun  y  avait 
un  appartement  j  et  les  voûtes  res- 
plendissanles ,  les  murs  polis  étaient 
autant  de  miroirs.  Ces  miracles  d'un 
art  ingénieux  rendirent  Vulcain  pré- 
cieux à  la  cour  céleste  :  Yénus  Ini 
fut  donnée  en  mariage,  et  pourtant  il 
avait  encore  gagné  en  laideur  depuis 
le  jour  de  sa  naissance  ;  la  lourde 
chute  qu'il  avait  faite  eu  descendant 
de  l'Olympe  sur  le  globe  terrestre 
l'avait  estropié  :  il  boitait.  La  belle 
déesse,  devenue  son  épouse,  le  tra- 
hit bientôt  pour  Mars.  Apollon,  té- 
moin de  celte  furlive  infidélité ,  alla 
en  donner  avis  au  dieu  du  feu.  Sou- 
dain le  céleste  forgeron  fabrique  un 
réseau  métallique  a  mailles  si  fines 
que  l'œil  du  lynx  pouvait  a  peine 
l'apercevoir,  enlace  les  deux  amants 
dans  ce  filet  magique  ,  puis  convoque 
h  grand  bruit  les  dieux  pour  les  ren- 
dre témoins  de  la  honte  de  sa  femme. 
D'abord  le  couple  imprudent  voulut 
fuirj  mais  les  nœuds  tissus  par  Vulcain 
étaient  aussi  solides  que  délicats,  et 
force  leur  fut  de  rester  dans  la  mer- 
veilleuse prison  tant  qu'il  plut  a  l'é- 
poux outragé  de  les  y  retenir.  Vul- 
cain fabriqua  aussi  le  piège,  en  for- 
me de  trône,  dans  lequel  Junon  alla 
se  prendre,  ou,  si  l'on  veut,  la  chaîne 
d'or  h  laquelle  Jupiter  lui  ordonna 
d'attacher  Junon  par  les  pieds. 
Dans  la  Gigantomachie  ,  on  voit  Vul- 
caiu  triompher  de  Clytius  à  l'aide 
d'une  barre  de  fer  rouge.  C'est  lui 
q.ui  va,  par  ordre  de  Jupiter,  clouer 
Prométhée  sur  le  Caucase  5  c'est  lui 
qui ,  frappant  sur  le  front  du   dieu 


VUL 


617 


comme  sur  une  enclume,  fait  jaillir 
des  profondeurs  de  cette  tête  intelli- 
gente Minerve  armée  5  c'est  lui  qui 
inspire  Dédale  ;  il  assiste  aux  noces 
brillantes  de  Péle'e  et  de  Thétis.  A 
Troie  il  combat  en  faveur  des  Grecs, 
et  tarit  par  la  force  de  ses  feux  le 
Simoïs  etleXanthe  qui  avaient  quitté 
leurs  rives  pour  inonder  la  plaine. 
Parfois  ce  dieu  flamboyant  tolère 
les  larges  irrigations.  Irrité  des  brus- 
ques manières  de  Junon  et  de  Jupiter 
h  son  égard,  il  avait  juré  de  ne  jamais 
remettre  les  pieds  dans  l'Olympe, 
liacchus,  à  l'aide  de  quelques  coupes 
de  vin, lui  fit  oublier  ce  serment.  Dans 
riliade,  il  verse  à  boire  aux  dieux  ;  et, 
Ganymède  boiteux,  il  excite  parmi  les 
célestes  convives  un  rire  inextingui- 
ble. Dans  quelques  légendes  Vulcain 
aspire,  soit  comme  amant,  soitcomme 
époux,  à  la  possession  de  Minerve  ; 
de  ses  tentatives,  heureuses  selon  les 
uns,  inachevées  selon  les  autres,  ré- 
sulte l'informe  Erichthonius  aux  pieds 
de  serpent.  On  lui  donne  quelques  au- 
tres fils,  les  uns  habiles  industriels  , 
les  autres  héros  funestes  et  incendiai- 
res {F'oy.  Cacus,  Abdale,  etc.). 
Au  lieu  de  Vénus,  quelques  mytho- 
logues et  des  poètes  donnent  à  Vul- 
cain Aglaïa,  Gharis,  Maïa  (ou  Majes- 
ta"),  enfin  Minerve  pour  épouses. Dans 
les  légendes  les  plus  communes ,  il 
n'eut  pour  cette  dernière  que  des  dé- 
sirs inutiles  {Foy.  Erichthonius  et 
Minerve).  On  le  voit,  dans  les  tradi- 
tions moitié  pélasgiques,moitiéorien- 
tales,  avoir  de  Cabira  et  de  quelques 
maîtresses,  Corynète,  Camille,  Cer- 
cyon  ,  Philocle  ,  Ardale  ,  Brote'e  , 
Olène,  Ethiops,  Albion,  Cécule,  Ca- 
cus. Cicéron  dislingue  quatre  Vul- 
cain. Le  premier,  dit-il ,  est  fils  du 
Ciel,  le  second  est  fils  du  Nil,  le  troi- 
sième doit  le  jour  a  Jupiter  et  à  Ju  - 
non  j  le  qualrième  a  pour  père  Mena- 


6i8 


VUL 


lius  et  habita  les  îles  Yulcanîeuues. 
Le  second,  ajoute- t-il,  avait  les  deux 
sexes  ;  il  sortit  le  premier  de  Tocuf 
du  monde  :  il  inventa  le  feu  a  la  vue 
d'un  incendie  qu'avait  allume  la  fou- 
dre daus  une  vaste  forêt ,  et  encon- 
sé({ueuce  il  fut  choisi  par  le  reste  des 
bommes  pour  roi  d'Egypte  où  il  ré- 
gua  vingt-sept  mille  aus.  A  Ions  ces 
traits,  il  est  impossible  de  méconnaî- 
tre Fta  (Pbtlias  ,  et  par  corruption 
Opas)  :  mais  c'est  peu  que  de  distin- 
guer ce  point  de  rapport  entre  la 
théologie  égyptienne  et  la  grecnuej 
il  faut  reconnaître  :  i"  les  Vulcain 
supérieurs  des  autres  contrées  ,  Si- 
dit  KTyr,  Setbiaus  en  Elrurie,Pbac- 
tbon  dans  l'île  de  Cypre,  Tilbon  en 
Pbrygie^  et  Viçouamitra  aux  lades  ; 
2°  toutes  les  émaualions  secondaires 
qu'on  peut  prendre  pour  des  incarna- 
tions :  Mélion  ,  Eupalame  ,  Ârdale  , 
ïclcbiu,  Ericblhonius.  11  faut  com- 
prendre que  Vulcaiu  ,  d'ordinaire 
bieufaisaut,  se  montre  parfois  sinistre 
et  moqueur,  jaloux  et  funeste.  Il  faut 
deviner  qu'il  est  la  ilamme  qui  éclai- 
re, la  flamme  qui  dévore,  Siva-Ougra, 
Siva-Bagbis.  Il  faut  trouver  tout  sim- 
ple qu'il  s'émane  souvent  en  nielle,  en 
grêle  et  foudre,  en  œil  fascinateur.  Il 
faut  ne  pas  s'étonner  qu'il  se  lie  à 
quelques  dieux-plauètes  à.  lueur  rou- 
geàlre  et  à  influence  dclélère  ,  Sovk 
qui  est  Saturne,  Ertosi  qui  est  Mars. 
Enfin  il  faut  saisir  en  lui  le  sorcier 
par  excellence,  le  médecin,  le  naviga- 
teur. Grâce  k  tous  ces  points  de  vue, 
ilestCabire,  ileslAnace,  ilestéloile, 
il  est  ciel  étoile,  il  est  onde  ferrugi- 
neuse et  médicinale.  Au  feu,  au  feu 
seul,  mais  pris  dans  la  plus  large  ac- 
ceplion,  se  rattachent  tous  ces  rôles 
de  Vulcain.  Le  plus  important  dans  la 
mythologie  vulgaire,  c'est  sa  présence 
aux  forges,  à  la  métallurgie,  à  tous  les 
travaux  industriels.  Qu'eu  y  joigne  les 


VUL 

mines  et  l'architecture  daus  son  en- 
tier, on  aura  le  Vulcain  classique,  le 
Vulcain  dont  Prométhée,  Dédale,Tale 
et  les  Cyclopes  à  l'œil  unique  sont 
des  incarnations.  Quant  aux  phéno- 
mènes électriques  qui  auraient  dû  fai- 
re partie  de  ses  attributions  ,  remar- 
quons que  là  Jupiter  efface  son  fils, 
et  que  Vulcain  semble  se  borner  à 
forger  la  foudre  que  lance  le  roi  de 
l'Olympe.  Au  reste  Vulcain  ,  dans 
l'ensemble  des  fables  grecques,  est 
tour-à-lour  au-dessous  et  au-dessus  de 
Jupiter.  C'est  que  Fia,  son  représen- 
tant dans  la  théogonie  égyptienne  , 
suit  Knef  et  précède  Fre  qui  l'un  et 
l'autre  sont  pris  pour  Jupiter. — On 
donne  ii  Vulcain  le  nom  de  Mulciber: 
Tardipes,  Cyllopodiôn,  ylrnplU- 
gyi'is  y  indiquent  qu'il  boilej  Lem- 
nios  ,  OElnœos  ,  Liparœos  ,  ont 
trait  aux  lieux  qu'on  donne  comme  ses 
demeures  de  prédilection.  Personne 
n'ignore  que  tous  ces  points  sont  ou 
ont  été  eu  proi«  aux  ravages  volcani- 
ques 5  et  volcan,  d'ailleurs  ,  diffère  à 
peine  de  Vulcain  (en  italien  Folca- 
no  ).  C'est  donc  K  juste  titre  que 
Leiunos,  la  Sicile  et  l'archipel  Lipari 
passent  pour  l'officine  du  dieu  du  feu. 
La  première  de  ces  îles  surtout  avait 
pour  habitants  les  Sinties  (2<'»T«ff) 
dont  le  nom,  eu  nous  rappelant  bien 
singulièrement  les  Hindous,  les  habi- 
tans  des  bords  du  Sindh  ,  nous  fait 
penser  aux  Zigeunes,  a  ces  peuplades 
errantes  connues  depuis  des  siècles 
dans  l'Europe  sous  le  nom  de  Gypsies 
ou  de  Bohémiens.  Leur  apparition 
dans  Leranos  est  un  des  jalons  qui 
doivent  faire  croire  à  une  très-anti- 
que émigration  de  quelque  peuple 
hindou,  aujourd'hui  inconnu,  dans  la 
haute  Asie  ,  et  de  la  dans  l'Europe 
orientale.  Dans  le  voisinai'C  du  Bos- 
phore  Cimiiiérien  se  trouve  une  ré- 
gion nommée  Siulica  ou  ludica  (que 


Zi- 

des 


VUL 

Lelewel  nomme  sur  ses  cartes  In- 
dia  Polnolclmia  ou  Inde  du  nord)  j 
et  nous  retrouvons  des  Singi ,  des 
SingcB  sur  le  Caucase  ,  une 
gaua  en  Cappadoce  (Strabon) , 
Sigynnies  dans  les  montagnes  de 
l'Hyrcanie  ,  enfin  ,  des  Sigynnes 
dans  le  royaume  de  Pont  (Orphée, 
ydrgonautitjueSjY,  yS^.  )  et  près 
de  l'embouchure  du  Danube  (Apol- 
lonius de  Pihodes,  IV,  220).  L'oc- 
cupation favorite  de  ces  nomades  dé- 
criés est  la  chaudronnerie  et  le  rac- 
commodage des  ustensiles  de  fer,  d'é- 
tain  et  de  cuivre, qu'ils  semblent  avoir 
exercé  de  temps  immémorial.  — 
Le  culte  de  Vulcain  se  montre  en 
Grèce  sous  deux  points  de  v«e  dis- 
tincts. i°Il  est  mystérieux,  et  alors 
c*est  à  Samolhrace,  c'est  parmi  les 
Pélasgues  qu'il  faut  aller  le  chercher. 
Dans  ce  bassin  de  croyances  transcen- 
dautales,  Vulcain  Cabire  suprême  se 
trouve  à  la  tête  de  la  tétrade  sainte  j 
il  s'émane  en  Ares,  il  a  pour  femme 
Aphrodite,  et  pour  fils  il  a  Cadmile. 
Puis,  tout-à-coup  devenant  infernal 
de  céleste  qu'il  était ,  il  est  Pluton 
(Paoulaslia  sublimé)  ou  haute  Cérès, 
il  s'émane  en  Plutou  vulgaire,  il  est 
époux  de  Phéréphatte  ,  il  est  père 
d'Hermès.  Du  reste,  son  titre  dans 
toute  cette  série  de  transmutations  est 
Axiéros.  2"  Il  est  unique,  et  comme 
tel  il  appartient  à  la  caste  des  Erga- 
dîsetdes  Eupalames  d'Athènes  ;  c'est 
là  sans  doute  que  furent  imaginées  ses 
aventures  avec  Athàuà.  Dans  la  sui- 
te on  établit  en  son  honneur  une  fête 
dite  Héphesties,  de  sonnom  Hépheste. 
La  cérémonie  la  plus  remarquable 
était  une  course  avec  des  torches,  qui 
s'exécutait  dans  les  jardins  de  l'Aca- 
démie. Les  prétendants  étaient  trois 
jeunes  gens  :  le  sort  désignait  dans 
quel  ordre  ils  devaient  courir.  Celui 
qui  à  la  fin  de  sa  course  rapportait  son 


VUL  619 

flambeau  allumé  était  proclamé  vain- 
queur et  recevait  le  titre  de  Lampa- 
déphore  ou  Pyrséphore  (Aristoph.). 
— A  Rome  on  célébrait  en  son  hon- 
neur, au  mois  d'août, des /^«/ca«rf/cj. 
Dans  cette  fêle,  qui  durait  huit  jours, 
on  courait  aussi  avec  des  lampes  à  la 
main,  et  les  vaincus  devaient  donner 
leurs  lampes  ou  leurs  torches  aux  vain- 
queurs. Comme  danslesLaphrieson 
y  jetait  dans  les  flammesdes  animaux 
vivants.  Eu  général,  tous  les  sacrifices 
à  Vulcain  étaient  de  véritables  holo- 
caustes et  on  ne  devait  rien  réserver 
de  la  victime  pour  le  festin.  Tarquin 
l'Ancien  ,  après  la  défaite  des  Sa- 
bins,  fit  brûler  en  l'honneur  du  dieu 
les  dépouilles  et  les  armes  dos  vain- 
cus. Vulcain,  sans  doute,  était  à  cette 
époque  un  Pénate  de  Rome,  une  es- 
pèce de  Vesta  mâle.  Romulus  lui 
avait  élevé  un  temple  qui  était  hors 
de  l'enceinte  de  la  ville,  et  qui,  plus 
tard  ,  servit  souvent  de  salle  pour 
les  délibérations  du  sénat.  Il  lui  avait 
dédié  en  même  temps  un  char  d'ai- 
rain attelé  de  quatre  chevaux.  Le 
lion,  dont  l'œil  semble  jeter  du  feu, 
était  consacré  à  Vulcain.  Des  chiens 
étaient  préposés  a  la  garde  de  son 
temple.  Comp.  Adrake. — Vulcain 
est  laid  ,  trapu  ,  boiteux.  Ses  bras 
au  moins  sont  nus  j  aux  larges  épau- 
les, au  cou  de  taureau  ,  à  la  vaste 
poitrine  ,  à  une  profusion  de  che- 
veux épais  ,  noirs  ,  doivent  s'unir 
des  ye\ix  où  étincelle  le  génie  ,  un 
front  saillant  où  un  volumineux  cer- 
veau semble  être  encore  a  l'étroit.  Un 
marteau  arme  sa  main  droite  5  les  te- 
nailles sont  moins  nécessaires.  Le  bon- 
net conique  qui  couvre  sa  tête  appar- 
tient aux  croyances  les  plus  antiques. 
Il  n'existe  de  lui  qu'un  très -petit 
nombre  de  statues.  La  plus  connue 
est  celle  du  musée  Capitolin  (Millin, 
Gai.  mjth.y  VIII,  26).  Sur  lesmonu- 


620 


XAN 


menls  de  rancien  style  il  est  imberbe; 
il  se  retrouve  même  ainsi  surquelques- 
uns  de  ceux  du  stjle  d'imilalion  et  du 
tcau  temps  de  l'art.  Plusieurs  bas-re- 
liefs le  représentent  brûlant  le  bras  de 
Clytius  (  Millin,  ouv.  cite);  ouvrant 
la  tète  de  Jupiter  d'un  coup  de  mar- 
teau, livrant  ainsi  passage  h  Minerve; 
enckaînant  Proniélbée  sur  le  Cau- 
case; dégageant  Junon  des  cliaincs 
invisibles  dont  il  Ta  enlacée  ;  surpre- 
nant Vénus  et  Mars  dans  un  réseau 
d'airain  non  moins  imperceptible  à 
l"a'il;  assistant  aux  noces  de  Tbélis 
et  de  Pclce,  et  enfin  forgeant  les  ar- 
mes soit  d'Achille,  soit  d'Enée.  On 
le  voit  recevoir  les  avis  de  Mercure 
et  de  Minerve-Erganà  :  il  tient  le 
marteau ,  la  bâche  et  les  tenailles. 

VIJLTLRIUS,  Apollon  :  Apol- 
lon aux  vautours  était  un  dieu  libéra- 
teur. Deux  bergers ,  dit  Conon ,  fai- 
saient un  jour  paître  leur  troupeau 
sur  le  Lisse,  près  d'Eplièse.  Des  abeil- 
les qui  sortaient  d'un  creux  formé 
par  les  rochers  leur  donnèrent  l'idée 
de  descendre  dans  leur  mystérieuse 
retraite.  Ils  virent  un  précipice  im- 
mense s'ouvrir  au-dessous  d'eux  ;  au 
fond  élincelaient  des  masses  d'or. 
Le  lendemain  ils  reviennent  avec  une 
corbeille  et  des  cordes.  L'un  d'eux 
s'embarque  dans  celte  frêle  nacelle, 
et  s'aventure  au  fond  de  l'abîme. 
La  corbeille  chargée  de  richesses  re- 
monte, redescend  ,  remonte  encore. 
Mais  quand  le  trésor  est  presque  épui- 
sé, et  que  le  hardi  berger  s'apprête 
à  remonter  ,  la  corbeille  ne  revient 


XAN  1 

plus.  Son  compagnon  l'abandonne , 
emportant  pour  lui  seul  les  lingols,  et 
ne  doutant  pas  que  celui  a  qui  il  doit 
ces  trésors  ne  meure  au  fond  du  pré- 
cipice. Apollon  n'en  a  point  ordonné 
ainsi.  Appollon  apparaît  en  songe  au 
pâtre,  que  le  désespoir  n'empêche  pas 
de  dormir.  Docile  aux  ordres  de  ce 
dieu  sccourablc  ,  l'iuforluné  se  blesse  _- 
en  dix  endroits  du  corps.  L'odeur  du  ■! 
sang,  des  plaies,  attire  des  vautours.  ^^ 
L'un  d'eux  plus  prompt  s'abat  sur 
cette  proie  vivante,  cl  jaloux  de  l'a- 
voir h  lui  seul  s'en  empare  cl  l'em- 
porte bitn  loin  de  l'abîme  où  elle 
élail  gisante.  Arrivé  h  terre,  le  pâtre 
retrouve  assez  de  force  pour  marcher. 
Il  retourne  a  Ephèse  ;  il  étale  ses  bles- 
sures ,  il  raconte  son  histoire.  Les 
magistrats  protègent  ce  protégé  d'A- 
pollon ;  et  l'autre  berger  est  mis  en 
croix,  tandis  que  le  premier,  recevant 
moitié  de  l'or  qu'il  a  trouvé  dans  les 
entrailles  de  la  terre, élève  sur  le  mont 
Lisse  lin  temple  eu  Thonueur  d'A- 
pollon-Yulturius. 

VULTUllNE,  dieu-fleuve  de  la 
Carapanie ,  poric  encore  le  même 
nom  (Volturno).  On  célébrait  en  son 
honneur  des  fêtes  appelées  Vultiir- 
nales.  Il  doit  être  remarqué  comme 
s'harmonisant  dans  le  cercle  des 
dieux -fleuves  de  l'Ilalie  avec  le  Ti- 
bre, leNumicuSjl'Aufidc, lePô,  etc., 
cercle  qui  lui-même  fait  partie  de  la 
grande  famille  des  divinités  aquati- 
ques. —  On  donnait  quelquefois  à 
]\ome  le  nom  de  Vultvbîje  au  dieu- 
vent  que  les  Grecs  appelaient  Euros. 


XACA.  Voy.  Bouddha.  les  attaques  des  Grecs.  Achille  ,  un 

XANÏHE,  Xanthus,  sûyëoç,  au-  jour,  faillit  périr  noyé  dans  ses  eaux 

irement  ScAMAKDBE,  dieu-fleuve  de  la  et  dans  celles  du  Siinoïs.  Les  deux 

Troade,  protégea  les  Troyens  contre  fleuves,  dans  leur  zèle  pour  la  causç 


XAN 

de  Priam  ,  avaient  réuni  leurs  eaux 
et  coulaient  sur  les  deux  rives.  Il  fal- 
lut que  Vulcain  ,  sur  Tavis  et  les  or- 
dres de  Junon,  embrasât  la  plaine  , 
mît  les  deux  rivières  en  feu  ,  et  tarît 
presque  leurs  eaux.  Lo  Simoïs  et  le 
Xanllie  alors  jurèrent  de  ne  plus  s'op- 
poser au  libre  cours  des  deslins  ,  et 
Vulcaia  vainqueur  leur  fit  grâce. — 
Quelques  mythologues  distiugueul  le 
Xantbe  du  Scamaudre.  Au  contrai- 
re, Arislote,  suivi  par  Elicn  et  par 
Pliue ,  proclauie  la  synonymie  des 
deux  noms  ,  et  dit  que  le  Scaman- 
dre  s'appela  Xauilie  (blond)  parce 
qu'il  donnait  à  la  toison  des  brebis  qui 
buvaient  de  ses  eaux  la  couleur  fauve. 
— Trois  antres  Xaktue  furent  :  i" 
un  Egyplide  ;  2"  un  fds  du  roi  d'Ar- 
gos  Triopas  ,  et  chef  de  deux  co- 
lonies pélasgiques  dont  l'une  en  Li- 
bye et  l'autre  à  Lesbos  ,•  3°  un  fils 
de  Phénops ,  lue  par  Diomède.  On 
trouve  encore  le  nom  de  Xnnlhe 
donué,  i"  au  beau  cheval  que  Nep- 
tune fit  naître  d'un  coup  de  trident, 
et  qui  des  mains  de  Junon  passa 
dans  celles  de  Castor  cl  l^lluxj  2° 
à  l'un  des  deux  chevaux  d'Achille  : 
l'autre  s'appelait  Balios,  On  sait  que 
ces  deux  coursiers,  de  céleste  origine, 
prédirent  a  leur  maître  le  fatal  des- 
tin qui  l'altendait.  Balios  rappelle  le 
nom  de  Baal,  et  par  suite  celui  d'A- 
belios,  etc.  Xanlhos,  d'un  autre  côté, 
veut  dire  blond.  Les  deux  mots  con- 
cordent donc  singulièrement  avec  l'i- 
dée de  Soleil  {Voy.  Achille,  LUI, 
38). 

XAÎSÏHli,  Amazone  célèbre. 

XANTHIPPE  :  i"  XANTniPPus , 
uudes  fils  de  Mêlas  (Tydée  le  tua)j 
2°  Xainthippë,  fille  de  Dorus ,  fem- 
me de  Pleuron  ,  mère  d'Agénor,  de 
Stérope,  de  Slraloiiice  et  de  Lao- 
phonte. 

XàNTRIES,  SayrpV-/  (c'çst-a-di. 


XÉN 


621 


re  cardeuses ,  de  |«/yâ>),  les  Parques 
selon  une  des  traditions  les  plus  an- 
ciennes. Probablement  il  n'y  en 
avait  que  deux,  Tune  qui  filait  les 
événements  heureux,  l'autre  qui  pré- 
sidait aux  malheurs.  Leurs  noms  spé- 
ciaux sont  inconnus.  Eschyle  avait 
composé  une  tragédie  sur  les  Xan- 
tries  (Pollux,  Onom.^  1.  X  ,  iiyj 
n.  1295,  etc. ,  de  l'édit.  Hemsler- 
Juiis.  Corap.  les  not.  surcc  passage). 
Il  est  possible  que  les  deux  toutes 
puissantes  cl  toutes  savantes  Sirènes 
d'Homère  (  Odyss.,  1.  XII,  v.  189, 
etc.),  et  les  deux  Carmcules  élrusco- 
romaines  (  Prorsa  et  Postverla  )  , 
soient,  au  moins  t?n  un  sens,  les  mê- 
mes que  les  Xan tries. 

XliDOR  ,  célèbre  saint  japonais  , 
devait  le  jour  a  un  des  rois  du  pays, 
et  donna  l'exemple  de  toutes  les  ver- 
tus ]  sa  piété  conjugale  surtout  exci- 
ta l'admiration  générale.  Ainsi  qu'Or- 
phée, sans  doute  ,  c'est  après  avoir 
perdu  sa  femme  qu'il  se  voua  aux  élu- 
des qui  firent  la  gloire  de  sa  vie.  Il 
fonda,  dans  celle  conlre'e,  une  école 
philosophique  et  religieuse  qui  a  pour 
principes  fondamentaux  l'immortalilo 
de  l'amc  et  l'existence  des  peines  pour 
les  uns,  des  récompenses  pour  les  au- 
tres. En  général  sa  doctrine ,  qui 
est  une  des  sectes  du  Bouddhisme  ja- 
ponais, est  moins  entachée  desuper- 
slilion  que  beaucoup  d'autres.  On 
aurait  tort  cepcudaiil  de  n'y  voir  que 
la  reliiiion  naturelle.  Xe'dor  ordonna 
en  mourant  de  lui  rendre  les  hon- 
neurs divins,  et  dit  par  quels  rilcs  ou 
devait  révérer  sa  mémoire  cl  invo- 
quer sa  protection. 

XENIOS,  XENIA,  Jupiter  et  Mi 
uerve  a  Sparte,  en  tant  que  présidant 
a  l'hospllaiité.lls  avaieulleurs  statues 
réunies  dans  la  salle  des  Syssities. 

XÉJXOCLEE,  prêtresse  delphique, 

refijsa  de  répondre  aux  dvjuaudes 


6a3 


XIS 


d'Hercule  sur  l'avenir ,  parce  qu'il 
était  encore  souillé  du  sang  d'Iphile. 
Hercule, blesséde  la  réserve  de  la  prê- 
tresse, enleva  le  trépied,  et  ne  le  re- 
mit dansle  temple  qu'après  avoir  reçu 
satisfaction.  De  la  le  mythe  célèbre 
d'Hercule  disputant  le  trépied  au  dieu 
du  jour.  On  sait  qu'Hercule  ,  par-là 
même  qu'il  est  le  soleil,  semble  le  ri- 
val d'Apollon.  C'est  peu  pour  lui  de 
ie  surpasser  en  vigueur,  il  le  dé6e  au 
combat  de  la  science  divinatoire,  et 
Teut  lire  comme  lui  dans  l'avenir. 

XÉNODICE  :  1°  fiUe  de  Minos  et 
de  Pasipbaé  ;  2"  fdle  de  Sjlée  que  tua 
Hercule  j  3°  une  des  captives  Iroyen- 
nes  que  les  Grecs  se  partagèrent  après 
la  prise  de  la  ville. 

XlKOUANI ,  Kami  japonais,  pro- 
tège les  âmes  des  enfants  et  des  jeunes 
gens.  Jeune  et  beau,  il  est  vêtu  d'un 
costume  tout  resplendissant  d'étoiles  j 
près  de  lui  est  un  perroquet.  Sesqua- 
tre  bras  tiennent,  le  premier  un  en- 
fant 5  le  second,  un  sabre  5  le  troi- 
sième, un  serpent  ;  le  quatrième,  un 
anneau  rempli  de  nœuds.  Il  est  pos- 
sible que  Xikouaui  soit  l'amour -hy- 
men. Comp.  Rama. 

XIN ,  GIN ,  KHHIN,  les  bons  gé- 
nies chez  les  Chinois.  Comp.  Gen. 

XIINÏSTÉCOUIL  ,  dieu  du  feu 
dans  la  mythologie  aztèque. 

XIPHÉE,  XiPUEUs ,  époux  de 
Creuse  l'Erechthéide  que ,  presque 
toujours  ,  on  donne  comme  femme 
de  Xulhus.  Probablement  Xiphée  et 
Xuthus  ne  sont  qu'un  même  person- 
nage. Xiphée  semble  signifier  l'hom- 
me a  épée  (|/cpaf)* 

XISUTRUS ,  XixTJTRus  ou  Xisi- 
THRtrs ,  le  Noé  cbaldéen ,  chef  de  la 
dixième  génération  ,  apprit  en  songe, 
d'un  dieu  que  George  le  Syncelle  ap- 
pelle Saturne,  que  le  quinze  de  Dé- 
sius  un  déluge  détruirait  le  genre 
humain.  Aussitôt,  sur  l'ordre  exprès 


I 


XUt 

du  dieu,  il  écrit  l'origine,  l'histoire  c 
la  fin  de  toutes  choses,  enterre,  en  un 
lieu  de  la  ville  de  Si ppara (ville  du  so- 
leil), les  mémoires  qu'il  vient  d'écrire, 
construit  un  navire  de  quatre  cent  cin- 
quante toises  sur  cent  quatre-vingts, 
y  enferme  quadrupèdes,  oiseaux,  etc., 
et,  quand  l'orage  dont  le  cataclysme 
doit  être  le  dénouement  commence  à 
gronder,  y  entre  avec  sa  famille  elses 
amis.  Le  déluge  achevé' ,  il  lâche ,  à 
trois  reprises  différentes,  des  oiseaux 
pour  connaître  l'état  du  globe.  La 
première  fois  tous  reviennent  comme 
ils  sont  partis,  car  ils  n'ont  pu  trouver 
où  poser  le  pied  5  la  seconde ,  ils  re- 
viennent avec  un  peu  de  boue  aux  pat- 
tes; la  troisième  lois  ils  ne  reviennent 
plus.  Xisutrus  pratique  alors  une 
ouverture  à  son  navire  ,  et  débarque 
sur  une  montagne.  Quelques-uns  de 
ses  amis  seulement  l'accompagnèrent, 
les  autres  restèrent  dans  le  vaisseau. 
Mais  quelle  fut  leur  surprise  quand 
tout-à-coup  ils  ne  revirent  ni  Xisu- 
trus, ni  son  cortège  !  Ils  se  mirent 
soudain  à  les  chercher  ^  mais  quand 
ils  eurent  parcouru  les  deux  versants 
de  la  montagne,  une  voix  leur  dit  que 
Xisutrus  était  au  ciel  où  il  jouis- 
sait de  la  récompense  due  à  sa  piété  : 
«Vous,  allez  au  lieu  où  fut  Sippara, 
déterrez  les  saints  livres  que  Xisutrus 
y  a  déposés;  bâtissez,  au  point  où 
l'Euphrale  reçoit  le  Tigre,  Babylone, 
et  adorez  toujours  les  dieux  !  » 

XUDAN,  Mercure  ou  étrusque.  Ce 
mot  signifiait,  à  ce  qu'il  paraît,  por- 
tier, et,  comme  épilhète  ,  il  convien- 
drait fort  bien  à  Mercure  ,  du  moins 
tel  que  les  Romains  et  les  Grecs  se  le  J| 
sont  figuré.  31 

XUTHUS,   zZêcç,  fils  d'Hellen, 
et    petit  -  fds  de   Deucalion ,    régna  __ 
dans  l'Achaïe,  secourut  les  Athénien» ■! 
en  guerre  avec  Eleusis,  épousa  Creuse      , 
fille  d'Erechlhéc,  et  en  eut  deux  fils, 


I 


ZA6 

Ion  et  Achée;  du  reste,  voyez  des  tra- 
ditions tout  autres ,  aux  articles  Ion 


ZA.M 


623 


et  CRÉf  SE.— On  donne  aussi  à  Xu- 
thus  le  nom  de  Xiphée. 


ZACORE  ,  ZacoRUs,  chef  éthio- 
pien, se  battit  en  faveur  de  Persée 
lors  du  mariage  de  ce  héros  avec 
Andromède,  et  fut  tué  par  Argus, 
fils  de  Phryxus. 

ZACYNTHE,  Zagynthus  ,  sui- 
vant d'Hercule  dans  l'expédition  d'Es- 
fiagne,  était  de  Béotie  ,  et  fut,  après 
a  victoire  du  héros,  chargé  de  con- 
duire les  troupeaux  de  Géryon  a  Thè- 
Les  5  mais  chemin  faisaut,  il  fut  mordu 
par  un  serpent  et  mourut.  On  l'en- 
terra dans  l'île  qui  fut ,  chei  les  an- 
ciens ,  connue  sous  le  nom  de  Zacyn- 
ihe  et  que  nous  appelons  Zante. — Un 
autre  Zacytithe  l'ut  fils  de  Dardanus. 
ZAGRÉE,  Bacchus  de  Crète,  a 
corps  ou  cornes  de  taureau  ,  devait  le 
jour  k  l'union  de  Jupiter,  sous  forme 
de  serpent,  et  de  Perséphone  qui 
elle-même  avait  pour  mère  Cérès  et 
pour  père  Jupiter.  Ainsi  deux  fois  Ju- 

Înter  se  rencontre  dans  cette  généa- 
ogie.  Le  dieu  suprême  est  père,  puis 
époux.  L'Occident,  s'il  eût  donné  de 
la  vogue  a  l'idée  de  Zagrée,  aurait 
qualifié  cette  union  d'incestueuse. 
Zagrée  était  un  Bacchus  souterrain  , 
Dionysios-Chthonios.  De  plus  il  figure 
sous  Zévs  et  Perse'phone  avec  l'as- 
pect de  Cadmile.  Cadmile  !  il  l'est , 
non-seulement  parce  qu'il  se  dessine 
au-dessous  des  deux  êtres  divins , 
unis  par  mariage  et  par  amour,  mais 
encore  parce  qu'il  est  déchiré.  Jupi- 
ter aimait  le  fils  de  ses  amours  avec 
Perse'phone,  k  tel  point  qu'il  lui  per- 
mit de  lancer  la  foudre.  Les  dieux  en 
furent  jaloux  5  mais  les  Curetés  for- 
maient autour  de  Dionyse  une  danse 
armée ,  et  nul  ennemi  n'osait ,  ne 


pouvait  franchir  ce  cercle  bruyant  et 
magique.  Seule  ,  la  jalouse  Junou 
devait  aplanir  l'obstacle.  Séduits  par 
elle  ,  les  Titans  changèrent  de  forme, 
se  glissèrent  au  milieu  des  danseurs 
bardés  de  cuivre  ,  attirèrent  près 
d'eux  ,  par  de  flatteuses  paroles  ,  le 
jeune  Zagrée,  puis,  le  saisissant  a 
l'improviste  ,  le  dépecèrent  avec  une 
rapidité  plus  grande  que  celle  de  l'é- 
clair. Déjà  ses  membres  ont  été  jetés 
dans  une  chaudière ,  quand  Palias 
arrache  son  cœur  qui  bat  encore  et 
le  porte  k  Jupiter  qui  sur-Ie-charap 
foudroie  les  Titans,  ordonne  k  son 
fils  Apollon  de  rassembler  et  d'ense- 
velir au  pied  du  Parnasse  ce  qui  reste 
encore  de  Zagrée,  puis  fait  du  cœur 
encore  palpitant  de  l'infortuné  le 
jeune  Bacchus.  Dans  Nonnus  on  voit 
Zagrée  passer  par  de  merveilleuses 
métamorphoses  ,  et  fatiguer  par  le 
nombre  de  ses  transformations  les 
cruels  ennemis  qui  veulent  sa  mort  j 
il  se  défend  avec  ses  cornes  de  tau- 
reau; enfin  ,  la  voix  de  Junon  l'abat. 
—  Il  est  facile  de  reconnaître,  sous 
ce  mythe,  que  le  culte  de  Zagrée  fut 
une  des  plus  anciennes  formes  du 
culte  de  Bacchus.  Des  formes  plus 
riantes,  plus  orientales  prévalurent  k 
la  longue  sur  la  forme  Cretoise. 

ZAMBI,  dieux  des  Congues  (ha- 
bitants du  Congo),  sont  honorés  dans 
des  temples  oii  ils  ont  des  images 
nommées  Mokissos  (Oldendorp,  pag. 
320),  mais  c'est  aux  divers  fétiches 
végétaux  et  animaux  que  s'adressent 
particulièrement  les  hommages.  Les 
capucins-missionnaires,  voyant  les  in- 
digènes prodiguer  les  adorations  k  un 


6a4 


ZAM 


bouc,  le  firent  rôlir  et  le  mangèrent 
aux  yeux  des  Congues  nouvelleraeut 
convertis.  Les  néophytes,  encore  sous 
le  joug  de  leurs  vieux,  préjugés ,  ne 
purent  s'empêcher  de  sentir  l'étonue- 
luenl  et  l'effroi  a  l'aspect  du   traite- 
ment qu'on  faisait  subir  à  leur  dieu 
(Zucchelli,  Voyage  et  miss.,  trad. 
alem.,  pag.    i53-354.).   Les  autres 
fétiches  sont  tantôt  des  deuts  de  re- 
quin, des  plumes  d'oiseau ,  un  crapaud, 
uu   serpent,    tantôt  un  arbre,  etc. 
Beaucoup    de  pontifes   de    tous  les 
rangs  exploitent  la  crédulité  des  nè- 
gres, plusieurs,  sous  le  nom  d'Atom- 
J)ala,  se  livrent  a  des  opérations  ma- 
giques :  l'uu  commande  aux  vents  , 
a.  la  pluie  5  l'autre  ensorcelé  les  eaux  ; 
un    troisième  conserve    la  récolle  j 
(juelques- uns  prétendent  ressusciter 
les  morts  :  les  missionnaires  ont  cru 
voir  un  cadavre  ,  sur  lequel  ils  exer- 
çaient leur  art ,  remuer  les  lèvres  et 
rendre   des  sons    inarticulés.    Nous 
n'aurions  pas  besoin  ,  comme  les  bous 
pères,    de  recourir  a  l'intervention 
îles  esprits  infernaux  pour  expliquer 
ces   prodiges  :    mais  est-il  croyable 
que  l'électricité    galvanique  ait   été 
connue,  même  par  routine  ,  des  sau- 
vages habilanls  du  Congo  (comp.  tou- 
tefois Klicius)?  LesiNquit  forment 
une  confrérie  sacrée  qui  caclie  dans 
l'épaisseur  des  forêts  séculaires  des 
danses  lascives  qui  accompagnent  uu 
sacrifice  humain  et  que  couronne  la 
proslilulion.  Tous  ces  imposteurs  re- 
connaissent la  suprématie    du   Clii- 
tomé  ,  chef  spirituel  et  temporel  du 
pays.  On  lui  offre  une  espèce  de  dîme 
qui  se   compose    des   prémices   des 
fruits  :  un  feu  sacré  étincelle  conti- 
nuellement dans  sa  demeure.  Malade, 
on  l'assomme  ,  vu  que  s'il  périssait 
de  mort  naturelle,  celle  lin  souille- 
rait la  contrée  et  amènerait  les  plus 
grands  maux.  Ces  usages  rappçllçût  : 


ZEM 

1°  les  feux  éternels  eutrelenns 
les  Perses  dans  l'Atecligab,  h  Rome 
dans  l'Escharà  de  Vesta  5  1°  l'anthro- 
pophagie des  Scythes  et  les  rites 
sanglants  du  bois  de  Diane-Ariciuc. 
ZAMOLXIS  ou  ZALMOXIS,  ap- 

f)elé  aussi  Gl'bhléizis  ou  TualÈs  , 
égislaleur  ou  dieu   des  Gèles  de  la< 
Thrace.Voy.  Diogr.  î//aV.,LII,82,'| 
ZAN,  ZEN,  ou  DAN,   Jupiteç] 
en  Crète. 

ZANKAR.  Voy.  Jachap. 
ZAYINA,     déesse   iamlchadale, 
est  l'épouse  du  dieu  des  venis,  l>a- 
lakilg. 

ZELES,  guerrier  de  Cyzique,  tu^ 
par  Pollux. 

ZELOS,  un  des  fds  de  Styx  et  de 
Pallas.  Ce  mot  veut  dire  tantôt  cour- 
roux, tantôt  jalousie. 

ZELIS,  chef  dolien  tué  par  Pelée 
dans  la  bataille  des  Doliones  et  des 
Argonautes.  Zélys  et  Zélés,  Pelée  et 
Pollux  ,  Cyzique  et  la  péninside  des 
Doliones,  ne  diflèrcut  eu  rien  les  uns^l 
des  autres.  U 

ZEMBÉNO    ou   TSEMBÉKO  , 
autrement    Disatou     (  Dysatu  )  ,  __ 
Bourklian  femelle  que  lesKalmouksfll 
représentent  avec  trois  cent  soixante- 
dix   mains  (Millier,  Samml.  nis~ 
sisch.  Gesch.,  IV,  pag.  526). 

ZÈMES  (les)  étaient,  lors  de  la  dé- 
couverte de  l'Amérique,  les  dieux  du 
peup'e  des  Antilles.  C'étaient  des  es- 
prits malfaisants,  et  la  crainte  seule 
leur  attirait  les  hommages  des  Antil- 
liotes.  Quelques-uns  avaient  des  noms 
particuliers  et  des  espèces  de  statues 
généralement  k  forme  hideuse.  On 
les  honorait  par  quelques  offrandes  de 
gâteaux  sacrés,  de  fruits,  de  fleurs 
et  de  tabac  5  par  des  processions  dans 
les;juellcs  marchaient  des  filles  nues; 
par  des  danses  et  des  chansons  dans 
lesquelles  les  insulaires  célébraient 
leuçs  exp!Q,its  ou  ceux  de  leur?  ancê- 


II 


ZÉO 

très.  Les  Zèmes  avaient  des  temples 
qui  n'étaient  que  des  catanes.  Leurs 
fêtes  étaient  annoncées  la  veille  par 
des  hérauts  j  a  l'heure  même  où  on  les 
célébrait,  par  des  tambours.  Les  Ca- 
ciques faisaient  partie  de  la  proces- 
sion. Les  prêtres  rendaient  des  ora- 
cles. On  se  distribuait  les  gâteaux  sa- 
crés :  le  moindre  fragment  de  cette 
pâle  sainte  était^egardé  comme  un 
préservatif  assuié  contre  tous  les 
maux.  Avant  de  paraître  devant  Ti- 
dole,  tout  pieux  sauvage  devait  s'en- 
foncer une  baguette  dans  le  gosier 
pour  se  contraindre  à  vomir. 

ZEMIENIK  passait ,  en  Samo- 
gitie ,  pour  le  dieu  protecteur  de  la 
contrée.  On  lui  sacrifiait  après  la 
moisson. 

ZENITCH,  dieu  slave,  adoré 
dans  le  sanctuaire  de  Novgorod , 
passait  pour  le  feu  vital  j  et  cepen- 
dant, chose  remarquable!  son  nom, 
comme  celui  de  Siva  aux  ludes, 
semble  signifier  aussi  le  Destructeur 
{Zniszeze ,  détruire,  en  polonais). 

ZENOVIE  ,  déesse  slave  ,  prési- 
dait a  la  chasse. 

ZEOMEBUCH.    Foy.   Tcher- 

NOBOG. 

ZEOU,  ou,  avec  l'addition  initiale 
de  l'article  ,  Pi-Zéou,  dieu-dyuaste, 
planète  de  la  première  série,  est  pris 
pour  Jupiter,  ou  ,  pour  mieux  dire, 
la  planète  de  Jupiter  divinisée  et 
classée  comme  elle  doit  l'être  parmi 
les  Treize-Douze  (  P^oy.  ce  mot) 
est  censée  devoir  s'être  nommée  Pi- 
Zéou.  Très-peu  de  monuments  égyp- 
tiens représentent  incontestablement 
Jupiter,  et  nul  encore  n'a  offert  son 
nom  égyptien  tel  que  l'orthogra- 
phient Riccioli  et  Rircher.  Toutefois 
nous  partageons  l'avis  de  M.  Gui- 
gniaut  qui  dans  le  Sôou ,  Sou,  ou 
Gàou  lu  par  Champolllon  jeune 
sur  sa  pi.  XXY  a  (dans  le  Panth. 


ZEO 


625 


Eg.  ,  liv.  IX  )  et  sur  le  bas-relief  du 
grand  temple  de  Denderah  [Desc.  de 
l'Eg.,  ^n^,  IV,pl.  XIY,  3)  (i), 
soupçonne  Zéou  et  non  Sem ,  Djom, 
Khôn  (l'Hercule  d'Egypte),  comme 
l'a  proclamé,  prématurément  sans 
doute  ,  cet  habile  égyptianisant.  Dans 
la  scène  du  bas-relief  tenlyrite ,  le 
dieu  paraît  derrière  deux  divinités 
que  tout  annonce  être  Isis  et  son 
lumineux  époux  5  vers  la  Triade  sainte 
se  dirigent  trois  personnages  hu- 
mains, un  prêtre,  un  roi  et  sa  fem- 
me. La  figure  du  Panthéon,  co- 
piée originairement  par  M.  Hugot 
d'un  des  piliers  de  la  première  salle 
de  la  grande  excavation  d'Ibsamboul , 
est  accompagnée  d'une  déesse ,  qui 
peut  être  Saté  représentante  de  Nelth 
dans  la  classe  des  Treize-Douze.  Uû 
prince ,  qui  probablement  n'est  autre 
que  le  graud  Ramsès,  connu  sous  le 
nom  de  Sésostris,  auteur  de  ce  ma- 
jestueux monument,  présente  une  ri- 
che offrande  au  dieu  et  à  la  déesse 
parèdre.  Gàou  ou  Sôou,  puisque  tel 
est  le  nom  de  la  légende  hiérogly- 
phique, est  enveloppé  jusqu'au  bas 
des  jambes  d'une  ample  tunique  cou- 
pée de  bandes  horizontales  jaunes  et 
rouges  5  deux  longues  plumes  bleues 
rayées  de  nervures  rouges  surmon- 
tent sa  coiffure  ;  ses  chairs  sont  ver- 
tes comme  celles  de  Fia.  L'image 
de  ce  dieu  se  retrouve  avec  un  cos- 
tume presque  semblable  dans  un  bas- 
relief  des  piliers  du  tombeau  royal 
d'Ousiréi- Ali  enchères  (découvert  a 
Thèbes  par  Belzoni  ),  et  dans  une 
stèle  funéraire  du  musée  de  Turin. 
Là  on  voit  Ousirél-Radjamenti  entre 
Sôou  et  une  déesse,  probablement 
l'épouse   de  Sôou  :    c'est    nommer 

(i)  Le  premier  élément  hiéroglyphiqu»  de  ce 
nom  étant  encore  inconnu,  et  la  prononciation 
des  voycUes  étant  toujours  assez  incertaine, 
ChampoUion  n'a  pu  déterminer  avec  justesss  la 
prononciation  exacte  du  nom  égyptien. 

40 


6a6  ZÉp 

Saté  :  si  Sôon  était  Hercule  ,  qu'au- 
rait-il a  démêler  dans  une  scène  fu- 
nèbre? Mais  Salé,  Junon  du  sombre 
empire,  el  Jupiter,  dont  si  souvent 
les  poètes  grecs  et  romains  ont  donne 
le  nom  à  Pluton,  Jupiter   regardé 
comme  bienfaiteur,  protecteur  de  la 
vie  et  par  conséquent  protecteur  de 
lame   qui    va  commencer   dans    le 
monde   inférieur   une   vie  nouvelle} 
Jupiter,  dont  la  planète  était  nommée 
astre  d'Ousiréi  Çor/ai^of  (trrfoi)^  a. 
naturellement  nlace  dans  ce  groupe. 
Dans  notre  tableau  synoptique  final 
des  Treize-Douze  ,  nous  plaçons  Pi - 
Zéou  dans  la  colonne  des  dieux  side- 
riques  ou  mâles  :  ilvient  le  deuxième, 
c'est -a -dire   immédiatement   après 
Tarchidynaste  Fré  (ou  Fré-Djom, 
Fré-Tmou,   etc.),    ce  qui  au  reste 
ne  signifie  point  qu'Q  ait  partout  et 
toujours  occupé  ce  rang}  il  a  pour 
vis-a-vis  dans  la  colonne  des  dynas- 
tes  femelles  Saté  ou  Sati  (  Foy.  ce 
nom),  qu'on  prend  pour  Héra  ou  Ju- 
non inférieure.  Rapporté  aux  Rha- 
méphioïdes,  ce  couple  sacré  est  l'm- 
carnation  d'Amoun  et  de  Neith  ;  en 
d'autres  termes  Ammon  se   délègue 
en  Jupiter,  le  clief  du  Tiiuradéat  su- 
prême en  la  plus  belle  et  la  plus  vo- 
lumineuse des   planètes.  Raison   de 
plus  pour  ne  pas  identifier,  comme  on 
a  Toutule  faire,  Jupiter  avec  Hercule! 
Hercule  est  fiU  d'Ammon  ,   c'est-à- 
dire,  eu  égyptien,  que  dans  la  pre- 
mière dynastie  Fré  est  fils  d'Amoun 
ou  Knef  (a  vrai  dire  ,  petit-fils,  mais 
qu'iiiiporle  ?  le  sens  est  qu'il  descend 
d'Amoun),  et  que  dans  la  deuxième 
dynastie,    celle    des  Treize-Douze, 
le  dieu -planète  Mars-Hercule   (car 
on  identifie  aussi  Ertosi  et  Djom)  est 
fik  du  dieu-planète  Jupiter,  émana- 
tion d'Amoun. 

ZÉPHYRE ,   fils    d'Astrée    (  ou 
fl'Eole  )  et  de  l'Aurore  (quelques  my- 


n- 

'M 

i 


ZER 

thologues  disent  de  Céléno  la  Harpye 
et  d'un  anonyme),  préside  au  vent 
d'ouest.  Les  Latins  le  nomment  quel- 
quefois Favonius.  H  a  pour  femme 
Chlorisou  Flore.  Ovide  place  l'hy- 
men de  ces  dieux  cliarmanis  au  mois 
de  mai,   et  Lucrèce  les  fait  marcher 
k  la  suite  du  printemps.  Sur  le  tem- 
ple octogone  des  Yents,  il  est  beau^ 
jeune  ,  frais ,  presque  ùu ,  et  il  gbss- 
dans  le  vague  des  airs.  Sa  main  lien 
une  corbeille  émaillée  de  fleurs.  L 
poètes  lui  donnent  encore  des  fleur 
pour  couronne  ,  puis  des  ailes  de  jpa 
pillon.  Personne   n'ignore  que   Ze- 
phyre  devint  synonyme  de  vent  pro- 
pice. Primitivement,  pourtant,  il  dut 
en    être  autrement.    Zéphyre  ,  sans 
doute  ,  signifiait  qui  souflle  fort  (  <^a, 
augra.   ci  (çépta-icii ,  être   porté?—- 
L'élymologle  par  "E(^»)»  et  tpé^*,  qui 
porte  la  vie  ,  est  détestable).  Amsi 
qu'a  tant  d'autres  divinités ,  on  donna 
depuis  a  Zéphyre  des  parèdres  qui 
sont    autant    d'émanations    de    lui- 
même  }  et  en  poésie  les  Zéphyres  pas- 
sent toujours  pour  des  vents  favora- 
bles, quoique  souvent  les  navigateurs 
se  plaignent  des  vents  d'ouest.  Les 
anciens,  qui  tenaient  h  être  bien  avec 
tous  les  dieux  ,  sacrifiaient  avant  de 
se  mettre  en  voyage  par  mer  une  bre- 
bii  noire  aux  tempêtes ,  une  brebis 
blanche  aux  Zéphyres. 

ZERMAGLA  ,  le  dieu  de  l  hiver 
dans  la  mythologie  slave,  était  repré- 
senté avec  un  manteau  de  neige  borde 
de  givre,  des  habits  de  verglas,  une 
haleine  de  glace  et  une  couronne  de 
grêle.  Il  s'opposait,  dans  les  croyan- 
ces de  Kiev,  à  Pogoda  qui  est  le  dieu 

du  printemps.  , 

ZERVANE-AREREISE,  c'esl-a- 
dire  le  temps  sans  limite  ,  était  dans 
la  mythologie  parsi  le  dieu  suprême. 
On  le  confond  parfois  avec  Ormuzd 
lui-même,  mais  il  s'en  distingue  sou 


ZET 

vent.  C'est  l'être  bloc  irrévelé,  sans 
individualité,  sans  successivité.  De 
Zervane-Akérène  émanent  les  deux 
principes  qui  président  aux  vicissitu- 
des tantôt  heureuses  ,  tantôt  fatales 
du  monde  réel ,  Ormuzd ,  Ahriraan 
{f^oy.  ces  deux  noms).  On  ne  s'éton- 
nera pas  de  voir  le  nom  de  Zervane 
donné  à  une  antique  secte  parsi, 
de  laquelle  au  reste  nous  ne  connais- 
sons pas  nettement  les  tiiéories  dis- 
tinctives. — Les  mots  Zervan-Akérène 
ne  diffèrent  point  du  Sarvam-Akiaram 
hindou,  qui  a  la  même  signification. 
ZÉTHÈS  et  CALAIS,  Dioscures 
thraco-alhéniens ,  avaient  pour  père 
■  Borée  ,  pour  mère  Orithyie  l'Erech- 
théide ,  pour  sœurs  Chioné,  Chlho- 
nie ,  Cléopàtre.  Jumeaux  ailés  ,  ils 
réunissaient  a  toutes  les  grâces  de  la 
belle  Athénienne  leur  mère  la  vi- 
gueur de  leur  père  Borée.  La  my- 
thologie vulgaire  les  classe  parmi 
les  Argonautes.  Arrivés  sur  les  rives 
du  Bosphore  de  Thrace ,  ils  trouvent 
Phinée,  leur  beau-frère  (car  il  est 
époux  de  leur  sœur  Cléopàtre),  affligé 
par  les  perpétuelles  visites  des  Har- 
pyes  :  soudain  ils  attaquent  les  mons- 
tres aux  ailes  bruyantes  et  au  souffle 
fétide,  les  chassent  jusque  dans  les 
Strophades,  les  poursuivent  l'épée  en 
maiu  j  ils  en  eussent  débarrassé  la 
terre  si  une  voix  mystérieuse  ne  leur 
eût  enjoint  de  respecter  les  vieilles 
déités.  Les  deux  Boréades  mouru- 
rent tués  par  Hercule  ,  selon  les  uns 
à  Ténos,  à  la  suite  d'une  querelle 
avec  Tiphys  ,  pilote  des  Argonautes  • 
suivant  les  autres,  en  Bilhynie  ,  pour 
avoir  insulté  Hylas.  Les  dieux  les 
changèrent  en  vents  (les  venis  nom- 
més Prodromes,  dont  le  souffle  favo- 
rable invitait  au  départ).  Selon  Hy- 
gin ,  le  sol  consacré  par  leur  sépul- 
ture se  soulevait  de  temps  en  temps 
sous  le  souffle  de  leur  père  Borée.  Il 


ZEU 


627 


est  évident  que  CalaVs  et  Zéthès  sont 
des  personnifications  du  vent.  Ils 
diffèrent  des  vents  vulgaires  en  ceci 
qu'ils  ont  une  légende.  Leur  combat 
avec  les  Harpyes  ,  c'est  évidemment 
un  reflet  de  celui  des  jeunes  dieux 
avec  les  vieilles  divinités  ,  d'Apollon 
avec  la  Terre  ,  des  Cronides  avec  les 
Titanides.  Leur  querelle  avec  Ti- 
phys est  celle  du  pilote  et  des  vents. 
Dans  les  noms  de  Calaïs  et  Zéthès  se 
réunissent  à  l'idée  de  souffle  celles  de 
vigueur  et  de  beauté. 

ZÉTHUS,  Zîiôos,  frère  d'Am- 
phion ,  naquit  en  même  temps  que 
lui  de  Jupiter-Satyre  et  d'Antiope , 
fut  exposé  en  même  temps  que  lui  et 
trouvé  par  des  pâtres  qui  les  élevè- 
rent tous  deux  5  plus  tard  il  aida  son 
frère  dans  la  construction  de  Thèbes. 
Les  mythes  en  font  un  chasseur  ha- 
bile. Ainsi  les  arts,  la  force  ou  l'a^ 
dresse  doivent  concourir  à  la  fonda- 
tion des  villes,  ou,  en  modifiant  ces 
idées,  les  éléments  de  force  donnés 
par  qui  agit  et  travaille  au  physique 
doivent  être  harmonisés  par  la  puis- 
sance intellectuelle.  Amphion  et  Zé- 
thus ,  en  se  réunissant ,  forment  un 
Apollon  ■  car  en  Apollon  coexistent 
l'harmonie  et  l'habileté  à  la  chasse. 
Amphion  et  Zethus  sont  donc  à  eux 
deux  un  dédoublement  dichotomique 
d'Apollon,  comme  Calaïs  et  Zéthès 
un  dédoublement  dichotomique  de 
Borée. 

ZEUMICHIUS,  Khouçor,le  dieu- 
ouvreur  des  Chaldéens.  On  explique 
très-bizarrement  ce  nom  par  Jupiter 
le  Machiniste.  Mais  Jupiter  en  gé- 
néral n'est  ni  machiniste  ,  ni  in- 
.dustriel.  Ensuite,  quelle  syllabe  dans 
Zeumichius  nous  ramène  donc  aux 
fc>ix»»ii,  /K;j;t^av«ff^<«<  des  Grecs?  En- 
fin ,  quand  est-ce  que  les  Chaldéens 
s'amusèrent  a  donner  à  leurs  dieux 
des  épithèies  grecques? 


GaH 


ZIV 


ZEUS,  Zivç  (prononcez  Zkvs),  Ju- 
piter. Comp.  ce  nom. 

ZEUXIPPE  :  1°  Zetjxippus  » 
Zii^i^Ttoç ,  fils  d'Apollon  et  de  la 
nymphe  Syllis ,  et  successenr  de 
Pbesle,roi  de  Sicjonej  2°-4.°  Zeu- 
xippE,  Zfvl/Vs-»?,  fille  d'Erldon  et 
mère  de  l'Argonaute  Bu  lès; — femme 
du  roi  d'Atliènes  Pandiou  I"  (on  la 
donne  comme  Nymphe  et  sœur  dePa- 
silhée);— fille  de  Laomédon  et  fem- 
me de  Sicyon,  roi  de  Sicyone. 

ZHRALL  ou  DHRALL,  dieu 
Scandinave,  incarnation  d'Hciradall, 
donna  naissance,  par  Aï  son  Ris,  h  la 
caste  des  esclaves.  C'est  ici  le  lieu  de 
répéter  que  d'Heimdall ,  le  dieu  in- 
carné par  excellence,  descendent  les 
trois  classes  de  la  société  Scandinave, 
Heiradall  a  trois  fils,  Zhrall,  Asi,  Fa- 
dir  ;  chacun  de  ceux-ci  en  a  un  autre, 
Aï,  Karl,  larl  ou  Rigr;  enfin  cey 
derniers  sont  pères  chacun  de  douze 
fils.  Les  douze  fils  d'Iarl  sont  la  tige 
de  la  caste  noble;  les  douze  fils  de 
Karl  sont  la  tige  de  la  caste  libre  ; 
enfin  les  douze  fils  d'Aï  (ou  petilsrfils 
de  Zhrall)  sont,  comme  on  l'a  vu,  la 
lige  de  la  caste  esclave. 

ZIAT  (prononcez  Dziat),  génie 
protecteur  des  enfants,  selon  les 
Slaves,  descendait  de  Poléla  (l'amour 
mutuel). 

ZIVA  ou  GIVA ,  de  Gizn  ou  de 
Givon,  Givot^  la  vie.  On  la  repré- 
sentait habillée  avec  uu  petit  garçon 
DU  sur  la  tète,  et  une  grappe  de  raisin 


ZYG 

dans  la  main.  Adam  appelle  sa  femme 
He'va  ou  Hava,  c'est-k-dire  mère  de 
la  vie.  Genèse,  ch.  III,  verset  20. 

ZIZILIA  (prononcez  Dzidzh,ia)  , 
déesse  de  l'amour  et  de  la  fécondité 
chez  les  Slaves  ,  selon  le»  historiens 
palonais  {Voy.  Karamsin,  Hist. 
de  Russie,  vol.  I,  ch.III,  p.  88; 
Gébhardi  ,  liv.  I ,  p.  28).  Peut-être 
celle  déesse  doit-elle  étrr  c  jmparée  à 
risis  égyptienne  comm(  k  la  déesse 
d'Ephèse.  En  effet  son  B  n  semble 
tenir  au  russe  tilka ,  au  grec  rtrêôs 
et  h  l'allemand  zîlze,  mamelle. 

ZOLOTAIA  -  BABA  ,^  la  Vieille 
d'or.  P^oy.  Slata-Baba. 

ZOOGONES,  Zaïeycvet,  dieux  que 
l'on  invoquait  spécialement  pour  la 
conservation  de  la  vie,  et  aussi  pour 
la  propagation  et  la  bonne  saute  des 
animaux  (R.  :  ^ùov ,  animal,  ou  ^an^m 
vie,  yiyvoftoct .,  naître).  ^Hl 

ZOROASTRE.  Voy.  Biog. ,  un.  ™ 

Lir,  A^i. 

ZOTRACITE ,  législateur  mytho- 
logique des  Arimaspes  {Voy.  ce 
nom).  Son  nom,  en  rapport  avec  ce- 
lui de  Zéréfochtro  (Zoroastre),  l'est 
d'autre  part  avec  l'idée  d'or  ,  fonda- 
mentale, comme  on  sait,  dans  le  my- 
the tout  septentrional  des  Arimaspes. 

ZULTIBUR.  F.  TsouTTiBouR. 

ZYGIE  ,  Zygia  ,  ZvyU ,  Junon 
en  tant  que  présidant  au  mariage 
(R.  :  ^tùyvvfti ,  joindre).  C'est  le 
même  nom  que  le  latin  barbare  Junxia 
{Foj-,  JuNois). 


VIN    DU    CINQUANTE-CINQUIEME    VOLUME. 


1 

n 


ÇL  .   ^  - ^5 -  '^y 


GT  Blographl*  tmlTersell*, 

H3  ancienne  et  moderne 

M5 

lau 

t. 55 


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