BIOGRAPHIE
UNIVERSELLE,
ANCIENNE ET MODERNE.
PARTIE MÏTHOLOCIQUE.
MA— ZY.
PARIS, IMPRIMERIE DE P, DUPONT ET LACDIONIE ,
nue Je Criniille St-Ilonoré, a. SS.
BIOGRAPHIE
UNIVERSELLE,
ANCIENNE ET MODERNE.
P4RTIE MYTHOLOGIQUE 5
HISTOIRE, PAR ORDRE ALPHABETIQUE, DES PERSONNAGES DF.S TEMPS
HÉR0ÏQ0E5 ET OES DIVINITÉS GRECQUES , ITALIQUES , ÉGYPTIENNES ,
HINDOUES, JAPONAlSESi SCANDINAVES, CELTES, MEXICAINES, CtC.
TOME CINQUANTE-CINQUIEME.
A PARIS,
CHEZ L.-G. MICHAUD, LIERAI IVE-ÉDITEUR,
RUB RICHELIEU, N. 67.
1833.
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BIOGRAPHIE
MYTHOLOGIQUE.
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M
MA , c'esl-a-dire mère , la mère
par excellence : Cybèle en Phrjgie.
Dâ Ma, A« Mu, que nous voyons
souvent répété dans les tragiques, si-
gnifie divine mère, déesse mère, Dea
Mater. C'est de la sans nul doute (et
non de yS ^«t7«|9) qu'a été formé
Dàraâlàr , nom grec de Cérès. Mais
de ce que Cérès a élé nommée Dà-
mâlâr il ne résulte pas qu'elle seule
ait eu droit au tilre de Dâ Ma ou de
Ma, qu'elle seule l'ait porté. A vrai
dire , ce titre appartient a la haute
déesse Passivelé-Fécondilë; peu im-
porte sous quelle face on la consi-
dère. En Phrygie , ou pour mieux
dire chez toule la race arméno-
1)élasgique habitante du plateau de
'Anadhouli , ce fut la Terre-Monla-
gne,laTerre-Cuhe, en d'autres ter-
mes, Cyhèle. La qualificaliou de Ma,
donnée a celte déesse , se trouve
parfaitement en rapport avec celle
d'Amma, père, donnée au LelAtysson
favori. Réa ( aussi la Terre , mais eu
Crète) s'appela de même Ma en Ly-
die. Les Lydiens lui offraient des tau-
reaux en sacrifice; et c'est h celte
circonstance que fut dû le nom de
Mastaure, Mâ.<rrx<j(x (de Mus T«ù-
^a<), imposé a une ville qui fut dans
l'origine un sanctuaire de la déesse.
Enfin de Rée les mythologues , sui-
vant leur usage, arrivèrent à une sui-
vante de Rée. La déesse garda son
nom j la suivante eut celui de Ma.
Ma, dit on, fut la nourrice (presque
la mère) de Bacchus ; et ce dieu, ana-
logue quelquefois à Mars, reçut k cette
occasion chez les Cariens le nom de
Masaris, M«s-''Ap>j5-, le Mars de Ma
{Voy. Masaris).
MAANAGARMOUR ou Hâté,
énorme loup de la mythologie Scandi-
nave, doit le jour aux amours du loup
Fenris et de la géante Gigour ; lors
du crépuscule des dieux il avalera la
lune. — Kalé veut dire qui Lait;
Maanagarmour signifie dévoraleur de
la lune. Comp. Mana.
MABOIA , le mauvais principe
chez les Caraïbes , passait chez ces
ignorantes peuplades des Antilles pour
l'auteur des tempêtes, des tonnerres,
des maladies, des éclipses, des appa-
ritions fâcheuses. Son plus grand plai-
sir, disaient les sauvages, était de
revêtir des formes hideuses et de
rouer de coups les pauvres mortels
effrayés. Pour fléchir sa colère, ils
portaient au cou de petites images ,
représentations fidèles des formes
sous lesquelles Maboïa leur avait
rendu visite, et accomplissaient en
son honneur des pénitences presque
aussi incroyables que celles des péni-
tents hindous. Ainsi, par exemple, on
les voyait se lacérer la chair a coups
de couteaux, et faire couler de leurs
corps enlr'ouverts des ruisseaux de
sang.
MACAR , MùtKUfi, fils de Rhode et
LV.
a MAC
d'Hélios (le soleil), tu4,MBJoialDmciil
avec ses frères , Ténagcs leur frère
commun , et se réfugia dans Tîle de
Lesbos qui prit de lui le nom de
Macarie.
MACARÉE , Macareus , Mxkx-
ftis, filsd'Eole, commit un inceste
avec sa sœur Canacé , s'enfuit a Del-
phes quand Eole voulut punir ce cri-
me par la mort des deux coupables,
et là se fit admettre au nombre des
prêtres d'Apollon. — Cinq autres
Macarée furent: i" un Lycaonide;
2° un fils de Jason et de Médée
(d'autres le nomment Mermère); 3° un
Lapithe qui, aux noces de Pirithoiis,
tua le centaure Erigdupej 4" «n
compagnon d'Uljsse, qui, né à Mé-
rite, finit par se fixer à Caïète; 5° un
fils de Crinaque, qui a la tête d'une
troupe d'Ioniens passa d'Achaïe dans
l'île de Lesbos , et donna aux deux
villes principales qu'il bâtit les noms
de Mélhyrane et Mitylène, ses filles.
MACARIE, 1A»Kj.fU, fille d'Her-
cule et de Déjanire, et par conséquent
«œur d'Hyllus, se tua elle-même pour
le salut des Héraclides, a qui l'oracle
•vait promis la victoire sur Eurjs-
thëe, à condition qu'un des fils d'Her-
cule se sacrifierait pour l'armée des
Héraclides. Les Atnéniens lui consa-
crèrent un temple sous le nom d'Eu-
démonie ou la Félicité, et appelèrent
Macarie la fontaine de Marathon.
Macarie est l'héroïne de la pièce
d'Euripide intitulée \ts, Héraclides.
MACARTATE, UctKi^rxra, hé-
ros dont on montrait le tombeau dans
Athènes. Macartatos est le super-
latif de Macar, heureux, usité
dans le sens à^ immortel ^ dieu.
MACEDÎNE, Macedwus, M«*e<^
»»f, un des cinquante fils de Lycaon,
ne figure point , comme ou pourrait
le croire, au nombre des person-
nages mythologiques à qui l'on atlri-
MAC
bue l'origine du nom de Macédoine.
MACEDO , dieu égyptien que les
Grecs égyptianisauts disaient avoir la
tête d'un loup. Fils d'Osir'is et frère
d'Anubis, il suivit son père lors de sa
grande expe'dilion dans la Perse el
les Indec, et, disent les mythograpbel
du monde romain , forma l'avantJ
garde de l'armée couqaérante, comm^
Anubis, ce dieu a tête de chien ,
formait l'arrière -garde. Emblèmt
frappants, ajoutc-t-on, de Timpétuo^
site et de la vigilance: de TimpéUu
site dont l'avant -garde doit faii
preuve; de la vigilance, qualité nécc|
saire à l'arrière-garde. Mais, comt
on peut le voir à l'art. AisuBis,
prétendu dieu 'a tête de chien n'ei
qu'un dieu K tête de chakal, et Mal
cédo lui-même n'est autre que ce dieu.
Les Grecs, assez superficiels dans
leurs observations, prirent la tête
d'Anubis tantôt pour celle d'un chien,
tantôt pour celle d'un loup j et com-
me évidemment le dieu à têle de chien
devait différer du dieu h tête de loup,
ils imaginèrent Macédo. Resterait a
décider jusqu'à quel point ce dernier
nom fut égyptien. Etait-ce un surnom
d'Anubis considéré relativement h une
de ses fondions et à une de ses for-
mes.^ élait-ce un nom local, primiti-
vement renfermé dans l'enceinte d'ui
temple et dans un cercle de dévotsl
était-ce enfin une dénomination syria
Îue, arabe, élhiopienne ou grecquej
l'est ce que jusqu'ici on n'a pu décy!
der. Quoi qu'il en soit , le culte dl
dieu a tête de loup parut k nombre
de Grecs avoir été plus particulier*
ment répandu dans deux villes égyj
tiennes qu'en conséquence ils nommi
rent Lycopolis (i), tandis que dei
(i) On disait «ussi \I,jrcon , Lytu ou LycovA
Lyeô , et en ajoutant jwiis , Lycon polis , Lyeut
etc., quelquefoi* pcut-èlie en latin l.iipon
nom Siouth que nous avous donné coiunie l'équ
I
MAC
aulresj vouées au culte du chien, re-
curent celui de Cynopolis ou Cynôn
(Kuvo''!raA<f ouKu»àiv) (2). D'aprèscela,
qui ne croirait à l'cxisleuce de quatre
villes? Il n'en est rien. Dans les deux
Lycopolis, comme dans les deux Cy-
nopolis, ou adorait le guichetier in-
fernal Anubis 5 et la diffe'rence des
dénomiQationshelléniquesn'avaitpour
origine que la différence légère des
effigies divines. Toutefois les anciens
eux-mêmes firent justice de ce double
emploi, et réservèrent le nom de Ly-
copolis ou Siouth a la ville actuelle
d'Acioutb ou Ociouth dans le Saïd à
une demi-lieue du INIl , et celui de
Cynopolis h El-Chiz (3). Il est pré-
sumable que plus tard ces dénomina-
tions furent prises à la lettre, même
par d'autres que par les Grecs, et
que le loup joua un rôle quelconque
dans les rites et dans le cérémonial.
Plutarque raconte (/«5. et 0«r.,p.
38o d'éd. Xyl. ) qu'à Lycopolis seu-
lement les habitants osaient manger
du mouton j ce qui, de quelque ma-
nière qu'on entende la proposition ,
indique au moins un usage générale-
ment pratiqué a une époque solennelle
de l'année. Les deux chiens (ou plutôt
chakals) qui, dans la sphère antique ,
gardaient les deux points solsticiaux
(comp. Clément d'Alex. , Slroni.,
V, 7 , p. 67 1 , éd. Polter) , et qui
dans la réalité représentent à eux
deux le seul Anubis ( P^oj-. ce nom)
ont pu aussi corroborer l'erreur :
l'un aura été pris pour un vrai chien
sidérique , l'autre pour un loup , ce
valent égyptien de Lycopolis, s'écrivait, selon
ChampoUion (£§7/7/. sous les Pharaons) , Siaoulh
en ihébain , Siaoïil ou Siooui en memphitique.
(2^ Ou même tout simplement Cjnos. Pline
{liisl. nalur.,\\i. V, chap x) l'appelle Canum
( sous-entendu oppidum). L'ancien nom égyptien
( toujours suivant Champollion) était Cais ,
quelquefois Koeii.
(3) Vulgairement on veut que c'ait été Minieh ;
mais cette opinion est fausse.
MAC 3
que confirmait Justement la coexis»
tence d'une constellation du loup ad-
mise dans tous les planisphères céles-
tes. On peut voir, k l'art. Lycus,
quel rôle aussi important que my-
stérieux et varié le loup, animal ou
constellation ou simple mot homo-
nyme, vient jouer au milieu du
culte tout solaire d'Apollon. Il est
impossible que l'union d'Osiris (dieu-
soleil semi-humain des légendes égyp-
tiennes) et de Macédo n'ait quel-
que rapport avec Apollon Lycien
et toutes les personnifications de ce
genre. En effet , un irait du mythe
d'Osiris montre ce prince sortant
des enfers sous la forme d'un loup,
et venant ainsi combattre Typhon.
Ici le dieu-soleil n'est plus séparé
du dieu-loup, il est loup lui-même
(qui ne songerait à Apollon Lycien,
Ayxiflf?), ce qui ne l'empêche pas
de lutter avec un dieu-loup , le per-
vers Typhon (qui ne songerait à
Apollon Lycoctone, Av^axTcves, c'est-
à-dire lueur de loups?). — Il est inu-
tile de 'réfuter l'opinion de Pindare,
qui dit le plus gravement du monde
que, comme Anubis, Macédo était un
des généraux d'Osiris ; qu'ils étaient
revêtus , le premier d'une peau de
chien,, le second d'une peau de loup,
ou, selon quelques autres, qu'ils
avaient des casques ornés, le premier
d'une tête de chien, le second d'une
tête de loup j que naturellement on
les désigna par les noms de général h
tête de loup, etc., etc. (Diod. de
Sic, liv. I, ch. 18). Nous ne men-
tionnons de même que pour mémoire
la fondation du royaume de Macé
doine par Macédo (le même, I, 20)
Ce dernier fait peut aller de pair avec
la fondation de Maronée par Maron,
et mille autres de même force. Comp,
Banier, MythoL, p. 267 du t. II.
C'est par suite d'une confusion plus
4
MAC
bizarre encore que quel(|ues mytlio-
graphes ont fait de Macédo un petit-
fils de Deucalion. Dans le cas où l'on
tiendrait h concilier celte généalogie
avec celle qui donne Osiris pour
père au dieu-loup ou dieu - chakol,
il faudrait ne le faire Deucalionide
que du côte de sa mère. Or , jusle-
inent les traditions parlent d'une
Macédonie qui doit le jour h Jupiter
et àThyia, fille de Deucalion. Il y au-
rait donc ici, outre l'absurdité du fait
primitif (Macédonie qui donne son
nom à la Macédoine), identité d'une
nymphe et d'un dieu. Un rappro-
chement qui n'est pas sans intérêt ,
quoique vraisemblablement le ha-
sard y donna lieu, c'est celui de
Macedne le Lycaonide avec Macédo.
Les deux noms sont presque les mê-
mes, et Lycaon par son nom comme
par sa légende rappelle l'idée de loup
(Aw«8f).
MACÉDOME, M«xe«r«/*, fille
de Jupiter et de la Deucalionide Thyia,
donna son nom h la Macédoine. C'est
la Macédoine personnifiée. De la
chaîne de monis qui rampent entre la
Thessalie et l'Epire rayonnent au sud
la Grèce propre et le l'éloponèse, au
uord la Macédoine. Or, comme Thes-
sale lui-même, Deucalion est la Thes-
salie personnifiée. Macédonie descend
donc naturellement de Deucalion.
M ACES, de Buthrole, fit quatre
fois le saut de Leucade, et quatre
fois, selon les prêtres du lieu . il fut
radicalement guéri de l'amour qui le
maîtrisait et le rendait malheureux.
MAC-GRIAN, MAC-CUILL ou
Macuill , MAC-CEACHT ou Ma-
ceacht) sont les trois divinités des
Tualha-Dadan de l'Irlande. Pris com-
mehommes, ils se nomment Ea-Thoir,
Cea-Thoir, Tea-Thoir. On leur don-
ne aussi les noms de Var, Jurka, Jur-
kata, autrement Brias, Juchor, Ju-
MAC
chorba. Et ici un fait remarquable se
Srésenle. \ar-Brias, Jurka-Juclior,
urkala-Juchorba descendent, dit-on,
deCuill, Ccacht et Grian : Mac ayant
signifié fxls^ ils sont donc bien des
Mac-Cuill, Mac - Céacht et Mac-
Grian. Ce n'est pas tout. Cuill et
MaC-Cuill, Céacht cl Mac-Céacht ,
Grian et Mac-Grian ne diffèrent pas.
Dans la mythologie un nu'ine être est
dieu et homme. On en fait alors
deux personnes , et l'homme est fils
ou descendant du dieu. Comme dieux,
Cuill, Céacht et Grian ont pour
grand-père Daghda.
M A C H .\ , héroïne irlandaise.
f^Oy. MONGH-RUADH.
MACHAON et PODALIRE,M«-
;^<(w> , UeixMt'fiot f sont, dans la
mythologie grecque , les deux Asclé-
piades, les deux fils en qui se délègue
Esculape (Asklêp). On leur donne
pour mère soit Epione , soit Arsinoé.
Leurs-noms semblent indiquer la mé-
decine [fiix'i, fi'^x.^i) et la chirurgie
{iro^ti, Miftoa'i «At/p*?). Nul doute
que ce ne soient des dieux , des êtres
tout allégoriques, des Dioscurcs mé-
dicinaux comme les Acouins de l'Ilin-
doustan. On les donne de plus comme
habiles chasseurs. La mythologie épi-
que les a transformés en hommesj ils
guident les troupes d'OEchalie au
siège de Troie. La, Machaon guérit
Méuélas blessé d'un coup de flèche j
Podalire , attaché au chef suprême
Agamemnon, rendit de même de
grands services aux Grecs par sa
science médicinale. Machaon, selon
Virgile, fut un de ceux qui s'enfermè-
rent dans le cheval de bois; la tradi-
tion ordinaire le montre tué par Eu-
rypyle, filsdeTélèphe. Podalire sur-
vivant à la ruine de Troie, fut porté
par un naufrage en Carie, y épousa
Syrna, la fille d'un roi du pays, et
recul en dot la péuinsule sud-ouest
MAC
qui fut depuis la Chersonèse dorique.
Machaon avait un lombeau et un tem-
ple a Messènej Podalire était honoré
de même a Daunie dans la Carie.
MACISTE, MÛ>ci<rro', , Atliaman-
tide, alla s'établir en Triphylie, où il
donna son nom à une ville dont on
lui attribue la fondation. — Maciste
était aussi un surnom d'Hercule^
MACRIS, M«>ip<î, l'Eubée per-
sonnifiée. Cette île h forme oblongue
{fiencfûs) est extrêmement fertile. On
en a fait une déité nourricière 5 et,
comme telle, c'est Bacchus que l'on
a confié a ses soins. Mercure , dit-on
plus tard , le lui apporta. D'autre
pari, l'Eubée étant consacrée a Juuon,
on jugea que la déesse devait trouver
mauvais que la nymphe élevât le fils
d'une de ses rivales, et l'on écrivit
que la nymphe Macris, chassée de
l'Eubée par Junon , s'était transpor-
tée a Pliéacie (Corfou), où elle nourrit
de miel le dieu enfant. Phéacie, en
récompense de l'hosiiitalité qu'elle
avait accordée a l'iiumorlelle fugi-
tive, devint aussi fertile que l'île
d'Eubéc.
MACllOSIUIS, M^y,pm;?/î ou
Mxx.pé(rtpis, c'est-a-direle grand Osi-
ris , aurait élé , suivant la legend»
athénienne, un énormegéanl. Suivant
Phlégon , on retrouva un jour son
corps près d'Athènes, dans un tom-
beau de cent pieds de long. Ce conte,
comme tous ceux de même genre ,
fut dû sans doute a la découverte de
quelques ossements fossiles de dimen-
sions extraordinaires. Les Mégalo-
saures , par exemple , n'avaient pas
moins de quarante-cinq pieds ; les
Mososaures en atteignaient soixante
el plus 5 on a trouvé aux environs de
Baïonne des requins fossiles dont les
os annoncent une taille de plus de
soixante-dix pieds.
MACUSAM, MAcusAwrs ou Ma-
MACx 5
r,^^sAT<us, grand dieu dont le culte
semble avoir été porté très-loin , a
été pris pour Hercule et pour Nep-
tune. Des médailles de la famille
Posthumia portent le nom d'HERCULi
Magusano que l'on a dérivé de la
ville de Magusum en Afrique. Une
statue découverte dans l'île de Wal-
chertn (Zélande) présente ce même
Magusanus un bident dans la main
gauche, un dauphin dans la droite ,
une couronne de roseaux sur la tête.
Il est impossible de ne pas songer
ici h Neptune , que justement des mé-
dailles de la gens Posthumia repré-
sentent dans la même attitude et
avec les mêmes entours. Ceci posé,
qu'est-ce que Macusam? un Hercule?
un Neptune? On peut penser a un
Hercule-Neptune : IHercule de Tyr
voyage ; il passe le bras de mer de
Gadès dans une coupe ou bari sacréej
il brdle , Patèque immortel et tuté-
laire, a la poupe des vaisseaux ; il court,
et, frêle Mélicer te, se plonge dans les
eaux. Ajoutons que pour des peuples
navigateurs (les Carthaginois, par
exemple) le dieu des mers dut être la
force suprême. Si, comme on l'a dit,
he tiitlciit de Nrplune est le scepire du monde,
l'Hercule vrai, c'est Posîdôn. — Magu-
sam a inspiré au baron de Donop un
trailé en deux volumes, das Magii-
sanische Europa. 11 voit l'Europe
entière, et même une partie de l'A-
sie, peuplée par les Magas (/^oy.
l'art, suivant).
MADHOU elREITABHA, géants
sivaïtcs opposés au bhavanisme , fu-
rent subjugués par MahamaVa, indi-
vidualisation brillante autant que ter-
rible de Bhavani-Dourga.
MAG, Magus, dieu phénicien (le
grand mage, le mage modèle), était
le père de Misor {Foy. ce nom). Oa
l'appelait aussi Amyn (Amoun).
$ MAC
MAGA est, dans la mytliologie
fcindone , le fils du soleil et le petit-
fils du dieu architecte Viçouakarma.
Des traditions lui donnent pour père
Agni (le feu) né du cœur d'Aditia(le
soleil); ISikchoumba (l'immobile) est
sa mère. Il habitait une région mys-
térieuse qui est le pays des Saces.
Samba guéri par le soleil et voulant
ïui dédier sur les rives du Chinab la
statue d'or pur qu'il avait fait exécu-
ter en son honneur, Samba, puissant
dans riambou , alla chercher Maga
dans sa résidence chérie , l'enleva sur
l'aigle blanc de Viclinou avec dix-
huit familles sacerdotales, et le déposa
dans Sambapoura. Maga consacra la
statue du soleil, et reçut en don la
ville de Sambapoura avec de grandes
richesses. — Nous laissons de côté
les riches détails du mythe , mais il
est essentiel de noter les points
suivants, i" La léjreudede Maca in-
dique I importation d'un culte étran-
ger du nord dans le sud. Plus d'un
exemple de ces colonisations pacifi-
ques d'un culte étranger, provoquées
par les sectateurs du culte indigène,
se trouve dans l'Inde. Un empereur
mongol fit ainsi venir des Bouddhistes
du Tibet pour civiliser ses guerriers.
2» Celle colonisation est pacifique.
3° Elle est favorable au vichnouvisme:
Samba d'abord avait été l'ennemi de
Krichna. 4^° Les Magas sont nne race
sacerdotale. 5° Le pays où ils s'éta-
blirent porte le nom de Magada , le
même que Sikata. 6° Dans le pays
même d'oîi Maga est dit originaire
habitent quatre castes, les Magas, les
Magacas, les Manaças et les Magadas
qui correspondent exactement aux
quatre castes hindoues. Les noms mê-
mes indiquent que deux au moins
d'entre elles se rattachaient aux Ma-
gas. j" Les dix-huit familles sacerdo-
tales venues avec Maga s'unirent aux
MAC
Bodjakas, castes guerrières issues
de Bodja. La loi des castes ainsi v
lée fut mise en oubli dans le pays
Magada. 8" C'est aussi dans le pa
de Magada que nous voyons naître la
religion bouddhique qui abolit expres-
sément le système des castes. Le
berceau véritable de ce libéralismt
religieux ne doit-il pas êlrecheicht
dans le plateau placé aux frontières
septentrionales de l'Inde? 9° H est
aisé de voir que Maga et Mage ne dif-
férent point. Ces Magas qni habitaient
au nord du Kaboul dans la région où
•e trouve l'antique Baclres (aujourd.
Balk) ou Zariaspe, ont jeté des colo-
nies et des idées dans la Perse d'une
part , et de l'autre le long du Caucase
et dans la Transoxane. La Sarmatii
l'Europe entière, les îlesbritanniqu
mêmes connurent le nom de Magas
vécurent sousl'iufluencede cette idé
MAGADA, c'est-a-dire probabl
ment Magd ou Maedchen ou Mai
ou quelque mot analogue, était la
déesse favorite des Saxons. Ce mot
veut d'ire Jîile ou vicrf;f. Aussi les
mythologues l'assimilent- ils à une Ve-
nus, C'est sous Charlemagne que fut
abattu sou temple long-temps res-
pecté par les Huns et les Vandales. —
Les Magadas sont une des quatre
castes qui habitèrent le pays d
Saces.
MAGANCE, Magantius, ou M
GOINCE, MoGOHTius, fonda Maïe;
ce (Mogontiacum). C'était un d
Troyens qui , eciiappés a la ruine
leur ville natale, se réfugièrent,
comme Francus, sur le continent eu-
ropéen , et ne purent trouver d'a-
sile qu'a sept cents lieues de leur
patrie.
MAGARSIDE, Magarsis, m«-
yupa-iç.) Minerve h Magarse en Cili-
cie, où elle était honorée comme une
dcilé médicinale {Minen>a Medicà),
^
asc
I
Ire
i
MA.H
et en conséquence représentée sans
égide et avec un serpent dont les
plis volumineux enlacent sa taille.
MAGÎSÈS, M«7»;jf, un des fils
d'Éole et d'Énarète, épousa une
Naïade dont il eut Polydecte etDic-
tys, qui tous deux se rendirent plus
tard dans l'île de Sériphe {Serfo),
et s'y établirent. ApoUodore, I, 3, 3,
lui donne encore un troisième fils , le
célèbre prince thrace Piéros, père des
Piérides. Eustathe, suri' Iliade, dé-
roule toute sa généalogie descen-
dante , Alector son fils , Hémon sou
pctil-fils, Hypéroque son arrière-pe-
tit-fils 5 suivent Tentbrédon bis-ar-
rière-petit-fils, Prothoos tris-arrière-
petit -fils. Prothoos conduisait les
Magnètes a Troie. Enfin le IScbo-
liaste d'Euripide {sur la Phénic,
V. 1 74^8 ) assigne à Magnés pour fem-
me Philodiee, pour fils Eionée et
Eurynome. On lui attribue aussi
l'origine du nom de Magnésie. Nous
savons à quoi nous en tenir sur cette
espèce de mythologie. Magnes veut
dire les Magnètes et la plage habitée
par les Magnètes. Le sens historique
de la légende serait donc que les
Magnètes étaient de race éolienne,
qu'ils peuplèrent Lesbos, qu'ils jetè-
rent des rameaux vers la ïhrace. —
Un autre Magnes , fils d'Argus et de
Përimèle, descendait en conséquence
de Phryxus par son père, d'Admèle
par sa mère. Il fat père d'Hyménée,
et régna dans la Magnésie. C'est aussi
un de ceux dont les légendaires ont
fait l'auteur du nom de ce pays.
, MAGUS, chef rulule tué par
Enée.
MAH, Ized delà lune dans la my-
thologie zoroaslérienne, est présenté
comme mâle. Comp. Mawa , Ama-
zones, etc.
MAHABALIousimplementBALI,
géant terrible, avait obtenu la souve-
MAH i
raineté des trois mondes. Fier de sa
puissance, il se regarda comme l'égal
ou plutôt comme le supérieur des
dieux. D'un avis unanime les dieux
chargèrent Yichnou de punir l'insensé.
Vichnou, qui jusqu'alors s'était incar-
né quatre fois, mais sous des formes
animales, emprunta les traits du brah-
me-nain Varaana, et se présentant de-
vant le colosse couronné le pria de lui
donner trois pas de terrain. Mahabali
se prit a rire, et jura de lui accorder sa
demande. Soudain Vamana développe
des jambes immenses , il mesure la
terre d'un pas , le ciel de l'autre , et
du troisième il va embrasser les en-
fers , lorsque le géant pliant les ge-
noux devant lui le reconnaît pour
maître et seigneur , et confesse son
infériorité. Vichnou lui laisse la sou-
veraineté des enfers, et prend a cette
occasion le surnom de Trivikra-
ma , ou aux trois pas. Au reste, on
ajoute que chaque année , au mois
d'août ou de novembre, le géant pa-
raît sur la terre, livre bataille au dieu,
et vaincu de nouveau se replonge dans
l'abîme. Bali est une incarnation de
Siva. Sa lutte contre Vamana indi-
que celles qui eurent lieu entre le
vichuouvisme, représenté d'abord par
d'humbles brahmes , et le sivaïsme,
fier d'avoir pour adhérents les Kcha-
triias, pour chefs des rois. Il faut se
garder de croire cependant que ja-
mais Bali ait existé, et encore bien
plus de croire a l'identité de Bali et
du Béluj des légendes assyriennes.
Bélus, c'est Baal; et Baal, c'est Bali;'
nul doute! Mais Bélus, Baal, Bali,
n'ont eu d'existence que dans l'ima-
gination des peuples. Au reste , Baal
et Bali , ce sont les maîtres et 5e/-
gneurs : eh! bien, un des caractères
de Siva, c'est d'être roi, Siva Radja,
Iça, Içouara, Mahéça, Mahéçouara.
La conversion de Mahabali, seigneur
8
MA.H
des trois inondes et par consétjueut
du séjour lumineux , eu Bali simple
soureraio des enfers, est curieuse et
s'explique aisément. Siva est noir et
fuucste : Kala , voilà son nom î Le
monde romain a senli Tinfluence de
ccsmjthes dans ces guerres de géants
et dans le rôle donné à Pluton. Na-
turellement Jupiter est dieu des trois
mondes; il est Summanns; et Aïdonée
signiEe le seigneur : c'est par dé-
doublement qu'on voit apparaître Plu-
ton, roi seulement de l'empire des
morts, et Pluton au fond n'est que
lui ; témoin ce titre de Jupiter In-
Jtrnus qu'on lui donne si souvent. II
est donc évident que Bali et lama ne
diffèrent pas aujourd'hui; mais l'iden-
tité ne provient que d'une fusion des
cultes*
MAHAÇOUARAGRAMA {mot li
mot la grande échelle des sons)t%i
aux Indes la gamme personnitîée.
Les sons se nommeut Souaras , les
modes Rngas. De là : :° la gamme,
Seplaka ( heplade ) ou Souaragrama
(l'échelle des sons ), qui se compose
des sept sons, dénommés Sa, Ri, Ga,
Ma, Pa, Da, Kij 2° les Raguinis,
nymphes divines qui représentent les
quatre systèmes foudamentaux de la
musique indienne. On compte cinq
Ragumis pourtant; mais la cinquième,
qui est en un sens la première , ré-
capitule les quatre autres, les précède,
les contient. Dans une charmantegra-
vure (/^. Guigniaul, trad. de Creu-
zer, t. IV, pi. xviii). la Raguini prin-
cipale sort d'un puits, le vina dans
la main gauche, et dans la droite
une espèce de balance {Voy. Ragui-
Uis). Sa, première note de r^chcUe
tonique , se nomme aussi Shardja.
Souvent elle paraît sons les traits
de Saracouati, déesse de la musique
et reine des sons. Mahacouaragrama
n'est que Sa ou Shardja sublinHM^ par
MAI!
conséquent c'est une snballernisationT
de Saraçonati. Dans la théorie hin-
doue, comme dans la nôtre , la musi-
(jue dislingue dans une gamme oui
dans un ton la tonique, la médianltf!
(ou tierce) et la dominante (ou quinte)1
qui se nomment Ansa, (iraha, Viarai/l
MAHA.Ç0U1\IDÉRA, divinité pé-*j
gonane, parèdre de Golama ou Sa-"
manakodom . se voit dans les temple^»
de ce dieu réformateur. En IndochmeJ
Mahaçoumdéra passe pour femme j
c'est grâce à elle que le monde s(
conserve, et c'est par elle qu'au boni
du iouga funeste où nous sommes,
la terre sera brisée et THniversplont
dans l'abîme du chaos.
MAIIADÉVA, c'est-à-dire Siva!
Grand Dieu : Voy. Siva; et. poni
ce qui regarde la dénomination de Mai
hadéva, Hrahma, LUI, 487 et snivj
MAH.\DI, le dieu des Druses, Ha^
kem, dans sa quatrième incarnation/
il cachait alors sa divinité sous les traiti
d'un conducteur de caravanes , posJ
seiseur de mille chameaux ( y\
IIakf.m, Biogr. univ.y XI\, 32o)
MAIIA-KACIAPA , le premie<
des successeurs de Chakia, fut enl
terré h Houddhagaïà. Son tombeal
devint un pèlerinage célèbre; et, dè|
le cinquième siècle , des dévols
grand nombre visitaicr.t des grofli
qui portaient les vestiges dureligicul
séjour de ce personnage fameux.
MAHAKALL Foy. Kali.
MAHAMAIA , c'est - à - dire
grande Maïa : i" Maïa cllc-mèm<
en tant que femme de Hrahm , et pal
conséquent identique à Sakti ou Par
çakti ; 2° Maïa , en tant que lîhavar
(en cette qualité, on la voit dans
Siva-Pourana combattre contre Ici
géaqts Madhou et Keitabha , ainj
que contre Mahécha et Mahéché
coura , et enfin contre les géant
Shoumbha e<t r^ishoumbhaj
MA H
mère de Bouddha. Celle dernière
n'est qu'une incarnation de la grande
déesse que, tour a tour, on voit épouse
de Brahm sous son nom de Maïa, et
femme des trois personnages de la
Trimourtij sous les noms de Sri, de
Lakchmi et de Bhavani.
MAHANAÏMA , la grande âme ,
est, dans la cosmogonie du Manava-
Dharraa-Sastra, une des émanations
les plus hautes de l'Etre suprême, ou
peut-élre l'émanation la plus haute.
Mana seul peut lui disputer ce rang.
Lorsque Souaïarahhou, devenu Pou-
roucha-Viradj , développe l'œuf d'or
qui flotte dans les eaux primitives ,
soudain apparaissent cinq éléments ;
puis, Ahankara, l'individualité, l'in-
dividualisation el presque la force in-
dividualisantej Matianalma, la grande
âme, c'est-a-dire la A'italilé univer-
selle qui circule dans tous les mem-
bres de ce vaste corps qu'on nomme
Univers, et dont l'influence le trans-
forme en Kosmos; enfin Mana, l'in-
telligence , la raison, la raison vo-
lonté, le Logos. Ahankara se com-
plique quelquefois de Mana, mais
plus souvent s'en détache. Les com-
mentateurs du Manava-Dharma-Sas-
tra varient beaucoup sur les agence-
ments des huit principes. Toutefois
ils opposent tantôt les cinq éléments
qu'ils nomment Malras, essences fe-
melles, principes passifs, aux trois es-
sences actives 5 tantôt les sept prin-
cipes qu'ils qualifient de sept Pou-
rouchas a Mana ou à Mahanatma.
MAHANNA, le soleil dans la
croyance d'Olaïli et des îles des
Amis, apparut avec des formes hu-
maines; et, comme tel, il prend le
nom d'Euroa Taboa, septième fils de
Taneet de Tarra. Il épousa i" Tauna
sa sœur qui, seule de toute la famille,
était restée auxcieux, tandis que les
autres frères' el sœurs desceudaient
MAH ^
sur la terre; 3° Popoharra Haréha
qui est la Roche personnifiée. Dupre-
miermariage ileutlestreizemois (Pa-
piri, Ovnounou, Paroromoua, Paro-
romori,Mouriha,Heacha, Taoâ,Hou-
rororera, Houriama, Teaire,Tetai ,
Ouéaho, Ouéa). La deuxième le ren-
dit père de Télouba Hamatou Ha-
tou. Mahanna, en tant qu'homme ,
se métamorphosa un jour en pons-
sière. Mahanna est comme un sep-
tième Cabire, représentant du grand
être ïane ou Taue -Tana ( alors
androgyne; comp. l'art. Esmoun);
et ses treize fils rappellent Kaciapa
avec les douze Aditias ses fils (le
treizième, comme on sait, tient au
système d'année lunaire ) : Taunou
ressemble à la belle Aditi et, fait
remarquable! Mahanna, comme Ka-
ciapa a deux femmes. Son incarnation
n'est pas moins digne d'être notée.
Vichnou-Krichna , Souria, Baal-Bé-
lus, Apollon pasteur et maçon, et
la longue série des législateurs solai-
res dans toute l'Amérique tiennent à
la même idée.
MAHAPADMA, un des quatre
grands éléphants qui portent le mon-
de (c'est- "a-dire la terre avec les Souar-
gas, etc.) sur leurs vastes épaules et
sur leurs reins , occupe l'angle sud
de l'Univers. Les trois autres sontYi-
roupakcha (est), Saoumanaça (ouest),
et Himapandoiira ( au nord ).
MAHÉCHA ou MAHÉCHAÇOU-
RA (vu!g. Mahisha ou Mahishasura)
est , dans la mythologie hindoue , le
grand (maha) seigneur ( ica ou icha )
des Acouras (génies funestes). Roi à
la tête de buffle, il attaque les dieux ,
les bat, les met en déroule , les force
a se précipiter surla terre où ils men-
dient. Sacadvipa ( le pays des Saces)
est le lieudercfugeoù ils se réunissent.
Cette fuite , cet asile , l'humble et
presque ignoble rôle auquel se cou-
10
MAH
damnent les dieux, rappellent parfai-
tement et la Gigantomacliie et le
triomphe momentané des géants, et
la fuite des dieux liellénic|ucs en
Egypte, et la forme animale qu'ils
empruntent pour se masquer. La vic-
toire de Mancchacoura ne dure que
f)eu d'iustants, c'est-a-direenmytlio-
ogie peu de siècles. Les dieux battus
et mécontents mendient , outre leur
subsistance, le secours des divinite's
les plus hautes, Brahmâ , Vichnou ,
Siva. Le premier confesse son impuis-
sance; mais Vichnou elSiva, indignés
de Tinsolence du roi des Âçouras ,
se réunissent pour commencer sa pu-
nition. Vichnou pousse un long cri et
fait résonner sa conque* son visage
rayonne en même temps que ce-
lui de Siva. De ces flots d'éblouissante
et pure lumière, dont s'illumine la
profondeur de l'espace, jaillit la puis-
sante Mahamaïa, haute comme une
montagne, armée de toutes pièces
comme les dieux, guerrière aux dix
bras ou aux dix énergies ( aux dix
Saktis, que bientôt on transforme
eu dix Matris). Elle taille en piè-
ces l'armée des Acouras; mais Ma-
bécba revient à la charge, et sa ré-
sistance opiniâtre jette quelque dé-
sordre dans l'armée lumineuse que
commande la Haute Énergie. Adroite
et légère autant que forte et colos-
sale, celle-ci projette sur lui le lacet
qui prend à la course les chevaux
sauvages et les taureaux furibonds.
Mahécha saisi dans le nœud coulant
qui presse son cou musculeux se
transforme, pour éviter l'instant
fatal qui doit lui ravir en même temps
la victoire et la vie. Tour a tour,
homme , éléphant, lion, il voit la
puissante Mahamaïa résister a toutes
les formes qu'il revèl et qu'il emprunte.
Il en revient alors h sou corps pri-
uilif; cl reparaît cous les traits de
MAH
Mahécha. Mahamaïa triomphe enco-
re, l'écrase sous ses pieds, lui tranche
la tête et l'apporte, trophée hideux et
sanglant , aux dieux réunis dans Brah-
inaloka. La magie infernale se trouve
détruite, et les déilés de la lumière
entonnent un hymne en l'honneur d«
Mahamaïa.-^ C'est surtout dans la
Maïssour que le mythe de Mahécha-
çoura est populaire. Au reste , il
n'est pas difficile de reconnaître l'i-
dentité parfaite des deux noms, ce-
lui du pays et celui du géant. Maïs-
sour, c'est la région de Maliécharou-
ra. — Holwell, en retraçant la lutte
qui vient de passer sous les yeux du
lecteur, a parlé des dieux qu'atta-
que Mahéchacoura comme des an-
ges , et de Mahéchacoura lui-même
comme de Satan. Puis, Voltaire e
venu, et sur ces données a nié la
milivilé de la narration de la Gcn
sur la chute des mauvais anges,
MAHÉCHAMOUUDINI, la tiiexi-
sedehujjlts^ n'est autre que Dourga-
Bhavani qui, pendant sa guerre avec
Soumbha, revêtildix formes. Legéant
s'était changé en buffle pour la vain-
cre (Mahécha, buffle) Mahéchamonr-
diniluifit mordre la poussière. Sous ce
point de vue, Ganga est jeune, monte
un lion , agite tantôt six mains, tan-
tôt dix, et porte une conque, un dis-
que, une massue, un lys aquatique,
un bouclier une longue lance; sa
queue est celle d'un serpent. En gé-
néral Mahéchamourdiiii nous semble
peu différer de Singhavahini.
MAHÉÇOUARI ( ou MAHES-
WAUI) , c'est-h-dire la f^rande si-
gnora, estunedes huit Saktis ou Ma-
tris énumérées dans le Dévi-Mahat-
miam. Elle préside au sud. On la re-
présente montée sur un bœuf; ce qui
a engagé Paterson a la rapprocher
d'Europe qu'enlève Jupiter métamor-
phosé eu taureau.
MAI
1 . MAIA, auxindes, est la même que
Sakti, Paraçakti, épouse dé Brahm.
Ainsi que l'essence céleste qu'on lui
donne pour mari, elle s'individualise
en formes inférieures, et tour à tour
se présente comme femme du créa-
teur , du conservateur et du grand
modificateur. Ainsi elle est donc a
volonté ou Saraçouati ou Lakchmi ou
Bhavani. Le sivaïsme l'a surtout ren-
due célèbre sous ce dernier nom^ et
leur immortelle déesse a dans le Siva-
Pourana , tous les caractères de l'é-
pouse de Bralim. C'est elle quicslla
mère de laTrimourti • c'est elle qui est
la première vierge et la première
épouse ; c'est elle qui est la mère uni-
verselle 5 c'est elle qui est la nature
divinisée; c'est elle qui est l'Ioni
( organe sexuel femelle , qui tour à
tour symbolise et la passiveté, faute de
laquelle le créateur agirait en vain
pour produireles mondes, et l'activité
même que la passiveté semble receler
dans ses profondeurs) ; c'est la cause
latente au sein de l'être suprême;
c'est l'énergie ( soit énergie exécu-
trice, soit énergie - volition ), qui
après des siècles de Nivritta produit
les mondes ; c'est la phénoména-
lité, enveloppe illusionnellc de la
substance. Car , dans la métaphy-
sique hindoue, il n'est qu'une sub-
stance, qu'un dieu : le monde n'est
que phénomène; etlasubstance seule
est, et les phe'nomènes ne sont pas ;
ils apparaissent , rien de plus. Ap-
paraître n'est pas être, et ne pas être
c'est n^lre pas. En conséquence , le
monde n'est pas; le monde n'est
qu'une collection d'apparences de vi-
sions, d'idées, de rêves, de phantas-
mata; c'est une série d'illusions; c'est
la grande illusion. Maïa n'est pas au-
tre chose. Elle a bien d'autres noms,
cette divinité suprême! vierge, c'est
Yiradj ; femme , c'est Ivi ; utérus
MAI
XI
immense, gros des mondes en germe,
c'est loni ; déesse _, c'es' Dévi ; éner-
gie, on l'appelle Sakti ; Mère par l'é-
nergie, elle est saluée du nom de
Matri. Mais ladénomination sublime,
celle qui couronne et précise les au~
très , c'est Maïa. Ce monde tant ad-
miré, ce monde qui suppose tant d'ac-
tions productricesdistinctes, ce monde
qui n'a pu naître sans une énergie di-
vine, sans uneparole divine, ce monde
matière , ce monde visible . tangible,
à tous les sens accessibles, ce monde,
la réalite même, et au dire de quelques-
uns l'unique réalité..., eh bien! l'Inde
vous le déclare, ce monde n'est pas:
les phénomènes , illusion! la ma-
tière que nous voyons, que nous pal-
pons, illusion ! les sens qui jugent et
qui croient a son existence, illusion!
l'harmonie que nous apercevons dans
ce grand tout, illusion! la beauté que
nos âmes se plaisent à y saisir, et nos
lèvres a y proclamer , tout, dansces
apparences (jui se dessinent sous no-
tre œil, est fantasmagorie. Dieu est
comme substance , le monde paraît
de temps h autre, et en lui nous aussi
alors, nous hommes , nous , simples
phénomènes, ainsi que le monde, ap-
paraissons. Bientôt le monde cesse
de paraître , et nous aussi. Et ici se
dessine la loi éternelle: tour h tour
Brahm est un bloc irrévélé 011 rien
ne se distingue; puis, Brahm se dis-
tingue , se scinde, se fait substance
et phe'nomènes. 11 y a donc tour à
tour émanation et absorption ; l'é-
manation est ce que l'on appelle créa-
tion; la réabsorption de ce qui émane
passe pour destruction. Des milliers
d'émanations, de créations ont eu lieu;
des milliers suivront. Quand lare'ab-
sorption est faite et que le monde n'est
plus, même en apparence, Bralim seul
est; quand une émanation commence
Brahm est Brahm-Maïa. La réalité
3
«a HAI
ne cesse point et le fantastique se sent
déjà 5 mais ce fantastique j^ît dans la
réalité. Maïa se dessine dansBralim.
L'épouse, naguère absorbée dans Té-
poui , ne quitte pas les bras de l'é-
poux. Au reste, Maïa naturf-illu-
s'ion n'en est pas moins Maïa na-
ture-beauté. Cesl qu'efrcctivemeul la
nature a beau n'être qu'apparence ,
«lie est belle. Et que nous importe
que le monde soit cbose idéale ou
chose réelle , si l'idéal nous encbantej
que les formes ne tapissent point de
fond, si les formes sont cbarmantcs j
ue nul substratum u'étayc cesmyria-
es de phénomènes, si les phénomè-
nes s'harmonicnl avec nos yeux et
■s'insinuent voluptueusement dans nos
âmes??îous avons, le monde et nous,
la mêmeréalité. Eu faut-il davantage?
C'est justement le fantasmap;orique ,
le périssable , le changeant que nous
aimons^ et celle substance vraie, im-
muable, étemelle, qui peut nous dire
qu'elle est belle .^ Maïa s'appelle tiussi
Mahamaïa, la grande Maïa. Funeste
on trompeuse, sans être utile, elle
«'appelle Mohanimaïa. — Presque
toutes les mythologies se sont em-
parées de Maïa, c'est- k -dire de
quelques- unes de ses faces j mais
c'est en Grèce surtout qu'il est cu-
rieux de la suivre. Elle s'y présente
fious des masques différents: i" éner-
gie, elle est devenue Pallas, puis-
«anle en armes, puissante en sagesse,
assise h la droite de Jupiter , époux
de Junoii , vierge par excellence et
Jiièrepourlant(A^q)'. Euichthomus)
et même, assumant le rôle mâle,
l'organe mâle dansla création (<I)«/A«V-
Pallas, véritable Arddhanari)} 2'
épouse, c'est Maïa, l'épouse du grand
dieu (elle donne naissance à l'inven-
tion, Téloquence. linduslrie incarnée,
Mercure) j 3° mère, c'est la grande
accoucheuse , la grande Gleuse, la
l
MAI
grande faiseuse, llitliye(/^'.ce nom), et 1
llithye au fond, qu'est-ce, sinon Maïa,
Mecict., MaiivTfix. ('a sage-femme) V 4-°
humanisée , c'est TÈve païenne, l'Eve
de la famille de Japel , TEve des Dé-
dalides; c'est Pandore, la beauté et il
la déception. Mais comp. ici a Maïa, :"
Mohanimaïa, en apparence sa con-
tre-partie , Maïa elle-même sous la
face funeste.
2. MAÏA, mère de Mercure, eut
ce dieu de Jupiter. On la montre aussi
nourrice d'Arcas. Quelquefois Cybèle
(ou Tellus?) ou une fille de Faune,
femme de Vulcain , semble lui dis-
puter ce nom. On sait que mère, ac-
coucheuse et nourrice, dans la langue
jnythologiqueprimitive ne iirentqu'uu.
De même nature, matière, terre,
lune, onde primordiale, ne diffèrent
as. C'en est assez pour mettre sur
a voie des interprétations vraies
qu'il faut donner a la légende de
Maïa. On complétera ces notions eu
lisant les art. Ilithye et Maïa n° r,
Fauke et Ha>ou.man. Au reste,
on fil de Maïa une des sept Pléiades,
filles d'Atlas et de Pléioiie. Mais tou-
jours les cultes, en se fondant, ma-
rièrent ainsi les familles étrangères :
la haute déesse, la sage-femme, l'u-
nifcrs, fut liée au dieu-mont primor-
dial j et, plus tard, cette fille d'un
Titan fut censée l'amante du chef des
Cronides ou d'un de ses fils. — On sa-
crifiait h Maïa une truie.
S. MAÏA, autrement Majesta, di-
vinité locale du Lalluin, était honorée
d'un culte particulier aTuscu^um. On
la disait épouse de\ iilcain, et le mois
de mai (Maïus) lui était consacré
(Macrobe, Sat. 1. l, c. 12). Du res-
te les anciens ue donnent aucun dé-
tail sur les fonctions de cette déesse.
Toutefois l'identiié de son nom avec
celui de la grande divinité femelle
épouse de Drahm, ainsi qu'aycc celui
J
MAL
de la mère de Mercure , permet de
penser que, selon les antiques lliéogo-
uies du Lalium , la déesse tusculane
est une espèce de Junon-Vémis ou
d'Axiocerse femelle [F'oy. Cabiees;
Comp. Spangenberg, De vet. Lat.
tel. dont., p. 66)'
MAlÉÇOlIRA,ralr divinise', passe
dans le Malabar pour une des cinq
puissances primitives, émanées du
créateur.
MAIRS (les) étaient, soit chez les
Celles, soit chez les Germains, des
espèces de ISornes, Fées ou Parques
qui présidaient aux accoucliements,
et qui douaient les enl'ants au mo-
ment de leur naissance.
MAÏS. Foy. Iama.
MAIUS , Jupiter a Tusculura , ne
semble pas avoir été la terre divini-
sée (Maïa masculine), c'est tout sim-
plement «le grand », Maha, Mcz-
dao. Mai... {à' oh Magis, Major,
fittCuv).
MAKEMBA, dieu cougue dont
remploi est de présider a la santé
du roi , nVst qu'une natte bordée par
l'extrémité supérieure d'une bande
d'étoffe d'où pendent coquilles, os,
plumes, sonnette, petit panier, pe-
tits tubes de végétaux acotylédoues
dépouillés de leur moelle, etc., etc.
La paix, la guerre, sont sous l'invo-
cation de ce Ferver des indigènes
du Congo. Toute l'adoration consiste
dans une aspersion faite par un Ganga
sur le roi et toute la noblesse. La
sainte liqueur est rouge; et même
on peint eu rouge toutes les amulettes
suspendues a la natte Mokisso.
MALA ou MALEN, un des neuf
fils que la mythologie hindoue donne
au radjah de l'île de Cliambam
Aknidrouva. — Mala était un uom
de la Fortune a Rome. Cotait, on
le devine, la mauvaise Fortune 5
elle y avait , comme telle, uu teH)ple
MAL
situé dans le quartier des Esquilies.
MALACHBEL (en lat. Malagh-
lîELrs), divinité palmyréuienne que
l'on regarde ordinairement comme la
Lune. Son nom pourtant se décom-
pose en Malach (ou Mélech) et Baal j
et l'on sait que Baal d'ordinaire se
prend pour le soleil, quoique dans
le langage primitif, et pris comme
substantif commun , ce mot veuille
dire maître, seigneur. Au reste il ne
paraît pas que Malachbel ait clé une
déesse.Maislefaitn'auraitriend'élon-
nant : Pharnace, Lunus, Tchandra ,
dieux-lunes, sont tous des dieux mâ-
Ips, ou du moins des androgynes avec
prédomiuance de virilité. L'Arlérais
asiatique, d'où Diane, n'est pas même
sans vestiges de ce genre d'herma-
phroditisme. D'autres considérations
peuvent se joindre encore a celles-ci
{Foy. Tchandea). — A Malachbel
est uni d'ordinaire Aglibel, que d'après
cela il faut regarder comme le soleil.
Cet Aglibel semble être l'Elagbaal^
d'Emèse , si célèbre par l'éclat que le
jeune grand-prêtre lui donna lorsque,
pour UQ instant, les artifices de sa
mère l'eurent porté à l'empire.
MALADIES (les), en lat. worbi,
avaient été divinisées par les anciens.
Hésiode ne les nomme point dans cette
longue énumération que Ruhnkcn et
Hermann regardent comme inteicalée
dans la Théogonie {v. 2 i i-aSz).
MALAINGHA (les) sont à Mada-
gascar les anges du premier ordre, et
précèdent par conséquent les Kou-
kop.lampons (deuxième ordre), les
Angalons (cinquième), les Sakaras
(sixième), les Biblis (septième) 5 tous
ces dieux sont donc comme des es-
pèces dTzeds, taudis que les Malain-
gha ressemblent à des Amchasfands.
On les regarde comme présidant aux
étoiles et planètes, aux mouvements
des cieux, a l' alternative régulière
i4
MAM
des saisons. De plus, on croit qu^iîs
veillent sur les lionimes, doul ils sont
les anges gardiens.
MALÉAiNDRE. était dans quel-
ques légendes le roi de Bvldos, chez
qui le coffre - tombeau d'Osiris se
trouva caclié dans une colonue.
MALINAR» lé génie du mal se-
lon les Groënlandais , s'oppose en
toQl a Tliorn-gard-suk, leur Orinuid.
Non content d'inspirer les mauvaises
pensées et d'eirilcr les cœurs au pé-
ché , il sonflle les tempêtes, fracasse
les barques et enlève les poissons.
MALIS, M*A(f, une des suivan-
tes d'Ompliale. Hercule eut d'elle
ua fils nommé Cléolas. Comparez
Jardat4£ et Omphale. Le nom de
Malis (dont au reste nous ne cher-
chons point Télymoiogie), n'est pro-
baLlemenl point sans rapport avec
celui de Mé!cs, qui peut-être impliqua
dans l'Asie antérieure et dans la
Grèce pélasgique l'idée de rojaulé
{Méin. de l'ac. des Insc, t. IV).
MALOPHORE , Malopuobes ,
iAuXt^cftfy et non comme on l'écrit
▼ulgairemenl Mai-lophobe. Cerès en
tant que déesse tutélairc des trou-
peaux, en d'antres termes déesse
productrice des brebis, était honorée
a Mégare. Elle portait encore sous
ce point de vue le surnom de Mélo-
trophos (Rac. j«àa«» el doricn^iA«»,
brebis : <^tfe»-^*X>.(f signifierai l laine,
et par consé(|uent ne serait pas ah-
suide j mais euhu , til n'a pas été le
sens de l'antiquité).
MALOS , lils d'Amphiction , donna
son nom à la ville de Malice.
MAMAKOTCHA était la déesse
de l'Océan chez les Péruviens. Ce
mot en (|niclHia veut dire mère nier.
MAMAKOUIN. fétiches qui, selon
les habitants des IMoluques , préser-
vent ceux qui le* portent de la ma-
lignité des esprits de ténèbres , et
MAM
qui , lorsqu'on est sur le point d'en-
treprendre quelque guerre, en pré-
disent le résultat. Ce sont des es-
pèces de bracelets de verre ou
d'autrts matières plus riches. En ras
de guerre, ils immolent à la nouvelle
lune une poule, trempent les brace-
lets dans son sant>, et puis, lorsqu'ils
les retirent, examinent quelle nuance
le fétiche a pri^e. Cette nuance leur
indique ce qu'ils ont à craindre ou à
espérer.
]\L\MA]NIVA, déité hindoue qui
a sa niche dans le creux des acouatba
(vulgairement figuier des Banians),
reçoit pour offrande du riz , du mil-
let, de la moelle de canne a sucre.
Tous SCS adorateurs portent au front
un signe rouge tracé avec du vermil-
lon. Il est probable que cette déesse
n'est autre que Hhavani (A^oj. cet
art., LUI. 436).
MAMERS ( gén. Mamertis), le
Mars des Sabins. Ce nom , qui dans
la réalité ne diffère nullement de
Mars , est indubitablement la forme
la plus ancienne. Mdha-Ert...^ le
grand Erla (Ertosi en Orient veut
dire Mars), se transforma successive-
ment par Tintercalation de la lettre
M (désinence du neutre en sams-
krit) et la contraction des voyelles
»imilaires en AJaliaincrt...^ Maa-
mert.... Mamvrt..,, tandis qu'une
contraction simple donnait Maart ,
Mari. Mamers, selon le système sa-
bin , avait pour femme Wériérié, Né-
rine ou Nérie, la virilité, la force,
dans laquelle on reconnaît encore le
sainskrit INara, homme {yir par ex-
cellence). Mamers, véritable fétiche
ilaliote , était représenté par «ne
\a.uce {qiieir . car, curis), d'où le
nom de Quirinus qui le désigna cer-
tainement plus d'une fois. Ordinaire-
ment ou le fêtait conjointement avec
Nérine au printemps, h l'occasion de
MAM
la fête des Trorapeltes , a la double
ouverture de Tannée et des combats.
Quelquefois le sang Immain ruisselait
sur ses autels. Lors d'une disette,
on lui vouait le produit entier d'un
printemps, plantes, animaux et hom-
mes. Le fléau passé, on immolait tout
au dieu au commencement de l'anuée
suivante. Plus tard celte sauvage in-
slilutionfut modifiée 5 on ne consacra
au dieu que tout ce qui prenait nais-
sance du i*^' mars au i"'^ mai, et 11 fut
arrêté que les enfants, au lieu de pé-
rir sous la lance-fétiche, s'exileraient
à l'âge de quinze ou dix-huit ans, et"
iraient, la tête couverte d'un voile,
fonder des colonies loin du sol natal.
C'est ce que l'on appelait ver sa-
crum ou printemps sacré. Voir Slra-
bon, l.V,p. 2 5o;Tite-L.,l.XXII,
n. 9 et I o; Den. d'Haï. , 1. 1, ch, i 6
avec les comment, j Fest. , p. 587
d'éd. Dac. ; et comp. Morilz, An-
thus.,t.\, p. 329f Nicbniir, H.
lom. (eu ail.), t. I, p. 102 (3" éd.).
Cet usage fut introduit a Rome par
Talius.
MAMMON on MAMMOUN, cé-
lèbre dieu des richesses, était adoré
des Syriens. Milton a mis ce Plutus
philistin parmi les anges rebelles. Ce
nom rappelle le Mai-Amoun (aimé
d'Amoun ou fils d'Amoun) qui se trou-
ve tant de fois sur les listes des dy-
nasties égyptiennes (Voy. Relig. de
Vantiq.fiïdià.. de Guigniaut, 1,957).
Peut-èlre aussi est-ce un Amouu.
MAMUIl , Mamukiijs Veturius
(fautivement dans quelque édition
d'Ovide Mammurius), artiste romain
que Numa employa, disent les lé-
gendes antiques, h la confection des
onze anciles humains au milieu des-
quels le prince déposal'aucile céleste
{^HTriTtii)-, de peur que la malveil-
lance ne pût soustraire ce gage de
l'éternelle durée de Rome. Mamur
MAM
i5
refusa toutes les récompenses que lui
offrait Numa pour prix de son travail,
et voulut seulement que son nom fût
mentionné dans les hymnes des Sa-
liens (Ovide, Fastes, 1. III, v. 269,
etc. ,385, etc.). Cette simple com-
mémoration du nom d'un mort' dans
les chants officiels passait pour une
sorte d'apoliiéose. 11 est curieux de
voir de même, à une époque d'incré-
dulité et d'iudifférentisme, le monde
romain invoquer a table le nom d'Au-
guste avec celui des deux Dioscures
vulgaires. Castor et Pollux (Horace,
ode i , liv. iv), et de comparer le
vœu du peuple-roi au sujet de Ger-
manicus (Tacite, Ann.. 1. II, c. 83).
Toutefois, il n'y a pas ici d'homme
divinisé, — Il serait joli, sans doute,
en remontant le fleuve des âges, de
saisir a ces époques reculées, sous
des formes nouvelles pour nous, celte
passion de la gloire, dominante chez
lesarlistes, de voir l'habile ouvrier,
au lieu d'inscrire au bas de son ou-
vrage Mainurius fccl , glisser son
nom dans les versets sacrés, au mi-
lieu des noms divins que répètent les
bouches des pontifes, et assurer à sa
mémoire la même immortalité qu'à la
religion. Mais l'ingénieux doit céder
la place au vrai. Mamurius , malgré
les longs détails de la légende, n'eut
jamais d'existence 5 et l'auteur des
onze ou des douze anciles (car rien
n'empêche que les douze soient sortis
de la même main) n'a rien k démêler
avec le nom auguste, appendice per-
pétuel des Axamenta. A notre avis,
ce nom n'est autre que celui de Mars
(Mameri des antiques Sabinsj comp4(
Court de Gébelin, Monde prim. ,
t. IV, p. 373 ). En effet, ne serail-il
point étonnant qu'un dieu tel que
Mars n'eût jamais été invoqué par des
prêtres guerriers , par les prêtres de
Rome la forte , par les prêtres qui
s6
MAN
portaient processionnelleinent le bou-
clier, tandis que le reste des cliants
s'adressait à une Mauia , a une Lucia
Voluinaia, a un Jupiter Lucelius?
Yarron, h qui un ducle instinct faisait
sentir Vallcgorie qu'incontestablement
renferme tout le poème sur la des-
cente des Ancilies et sur T institution
des Salicns , a été moins heu reux
lorsqu'il a pensé que Mamur était la
mémoire personnifiée. Ovide peut-
être n'a pas été étranger à cette
opinion, et il est peruiis de croire que
ce n'est point sans dessein qu'il a en-
châssé daus le long épisode des Anci-
lies (ouv. et p. d°*) le vers suivant :
Tam inenior iinperii •orUm consittcre ia illoi
Coasilium , etc.
1-2. MANA, déesse romaine qui,
dit-on , présidait aux maladies des
femmes , nous semble avoir spéciale-
ment sous son patronage Tiudispu-
sition mensuelle attachée à leur sexe.
Mii'rjj, en doricn M*»a, signifie lune;
et qui ne sait que, même encore de
DOS jours, c'est avec la révolution
lunaire que quelques adeptes mettent
eu rapport la périodicité du flux san-
guin , auquel présidait Maua? On sa-
crifiait a cette déesse de jeunes cliiens
h la mamelle, chair si pure, dit Pline,
qu'on l'offre dans les repas préparés
pour les dieux. — Quelques élymologis-
tes peut-être rapprocheraient ici des
jeunes chiens offerts aux sacrifices le
sens un peu priapiquc de CatuUre.
Un rapprochement plus juste serait
celui des chiens d'IIécale. — L!ne
Mana ou Manuatîa fut mère des Mâ-
nes, mais qu'est-ce que la mère des
Mânes? la reine des Enfers, Hécate,
Perséphalte. Or, Hécate est lune. Voila
Mana dans ces deux rôles; et cette
Mana-Généta, surveillante allenlive
de l'eogendrement des animaux , ne
diffère pas non plus de Mana nien-
slruelle. Nous avons alors dans la
MAN
déesse latine la triple face de l'ArJ
témis des Grecs : une génératrice j1
une lune, une reine du sombre emj]
pire.
MAISAH, déilé arabe, était figu*
rée par une girosse pierre a laquelle
on 0 Tirait des sacrifices.
MAINAIS'-MAG-LIR était , en It
lande , un des grands dieux des Tua»
tha-Dadan. C'était surtout le dieu de
l'Ile de Man où l'on parle un dialecte
de l'irlandais. Ce mot veut dire, il c\
qu'il parait , riiomme de I Océan i
ou l'appelait aussi Oirbhursiou. Loi!
que l'on creusa son sépulcre un lac e|
jaillit, et prit le nom de Luchoirbhui
siun.
MANARSOUAMI,tlicu hindou ad«
réparlesKchatriiasdansdetrès-pctilel
pagodes, mais non par les Rrahmesi
semble n'être que Soubramania, aii
trement Kartikeia ou Skanda, le die
de la guerre. lîn effet, Soubramal
nia porte, entre autres noms, celï
de Komaracouami, et M. Guigniai
a lu au bas des dessins du Bral
man Sami, a la bibliulhèque royale .
«Manarcouami quiestSonl)ramania.
Ce dieu inconnu préside, dit-on ,
l'année, aux saisons, aux mois. Se|
temples sont aux champs. Sauna
lui rappellent Sivaet Ganéça, Salurni
et Jauus.
MAINDJOURI, architecte divil
de la mythologie hindoue bouddhique
a, par l'ordre d'Adibouddha, conslruî
sept Palalas dont six sont habités pa^
les Daitias, tandis que le septième,
distribué en huit étages , forme
enfers pour les pécheurs.
WANDOU, et peut-être Mak-
DouÉi, en grec Mendks (MÉvcTuf),
un des huit grands dieux égyptiens
que nous appelons Khamépliioïdes.
Hérodote (liv. II, ch, 46), le premier
qui l'ail fait connaître aux Grecs, le
compare a Pan , ce qui a donné lieu
MAN
h des conjectures bizarressur le rang
élevé de Pau dans les théogonies sa-
cerdolales, et a nue mauvaise étymolo-
gie selon laquelle Pan dérivé de ^-ar,
Ta -nuv, tout, signifierait Funivers. Le
fait est que telles ne furent jamais
les idées des anciens sur Mandou et
sur Pan, et que l'unique rapport im-
portant des deux dieux est leur as-
pect liirciforrae. Des poils , des pieds,
des oreilles de bouc caractérisent la
famille des Pans , des Satyres. Man-
dou était représenté sous la forme
même du bouc- Les huit dieux suprê-
mes, ont été diversement nommés et
classés parles mythographes: de telle
sorte que, le plus souvent, en omet-
tant quelques-uns des dieuxvéritable-
ment importants, on a trouvé moyen
d'y faire entrer Mendès. C'est ainsi
que Gœrres, ne tenant compte de l'ir-
révélé Piroml et de Bouto la grande
mère par excellence , nomme successi-
vement pour diviuitéshypérouranin es,
Knef et Alhor, Fta et une Yenus Au-
rea dont le nom égyptien n'est pas
connu , Mendès-Pau et Neitb, le so-
leil et la lune. Dans cetle liste, Men-
dès et Neith sont des émanations de
Fta et de la Venus Aurea : Mendès ,
dit Gœrres, est lePhalledeFla,]Neitb
le Ctîs de Fta. Nous ne croyons pas
nécessaire de réfuter un système que
l'omission de Piromi et de Bouto
suffit pour faire tomber en ruine.
Ajoutons néanmoins que dès que Fta,
second Démiurge androgyne , s'est
scindé en Fta et Yenus Aurea, il y a
eu séparation du Phallc et du Ctîs de
l'hermaphrodite, et que par. consé-
quent Mendès et Neith, troisième
couple, seraient absolument les mê-
mes dieux, les iiiêmes personnifica-
tions que Fta et Yenus Aurea. Creu-
zer, dans sa nomenclature des grands
dieux , ne classe point Mandou j et
M. Guigniaul, dans les excellentes
MAN
17
notes dont il accompagne sa traduc-
tion française , semble peu fixé sur le
rang qu'il doit donner à ce person-
nage divin dont il entrevoit l'impor-
tance. La question reste donc tout
eutière : oiî placer Mandou? Le pre-
mier expédient qui se présente, c'est
d'abord de dresser la liste des trois
Khaméphioïdes, puis si, comme Creu-
zer, comme nous ( P^oy, l'article
Khaméphioïdes), on arrive à la com-
Iiléter sans que Mandou figure dans
e catalogue divin , d'identifier le dieu
avec un des huit portés déjà dans la
nomenclature, et de donner son nom
comme synonyme d'un des noms fon-
damentaux. Mais la encore s'offrent
quelques difficultés. Pan , dit-on, et
par conséquent Mandou, est le dieu
suprême : c'est donc ou Piromi ou
Knef. En effet , la fameuse inscription
d'Evandre (dans Théon àeSm.jMu-
sitjue, chap. 4-7) semble l'identifier
avec l'Amour, père de tous les êtres
présents et a venir , père de tous les
dieuxj et d'autre part on est uuanime
surlesrapporlsd'ALmoun ou Knef avec
Mandou. On parle sans cesse de Man-
dou comme s'identifiant au dieu du
feu générateur , au second Démiurge,
a Fia 5 et de la, l'expression de
Fta -Mandou, de Mendès -Fta, per-
pétuelle chez les mythologues mo-
dernes. Enfin il est difficile de ne pas
voir dans le Mandulis des Grecs Man-
dou-Li, Maudou-Ri, Mandou-Fré,
c'est-a-dire Mandou Soleil. Heureu-
sement ces difficultés mêmes, a nos
yeux du moins, accélèrent et déter-
minent la solution. A priori, logi-
quement, Mandou n'est pas plus
Knef que Piromi , pas plus Piromi
que Fta et Fré : il est tous les quatre.
L'Etre suprême, en s'émanant, s'é-
mane h la fois, et comme degré de
détermination , et comme propriété :
comme degré de détermination, il est
le
MAN
flIAW
n
Piromi-Boulo , Knef-Neilh, Fta-
Alhor, Fré-Pool)j comme propriété,
ilestAgatboclémou,Man(luu,Cl)inouD.
Ceat-à-dire : i° que l'iromi-Bouto,
Kiief, iSeilli , Fla-Atlior , Fré-1'ooh
sont chacun Agalbodémon, Mandou,
CbmouD ; 2° qu'Agalliodémon , Man-
dou, Chmoun sont chacun Piromi ,
Knef, Fia, Fréj 5° en d'autres termes
(et pour passer des noms propres re-
ligieux à un langage scientifique), que
Dieu, dans chaque espèce de détermi-
nation où il se localise , possède les
trois propriétés de Tessence dirinr ,
et que chacune des trois propriétés
de Tessence divine apparaît dans cha-
que sphère de détermination où l'E-
tre suprême se manifeste. La fin de
l'article Khaméphioïdes fait sai-
sir d'un coup d'œil ce jeu des person-
nes-propriétés se croisant avec les
personnes - sphères de détermina-
tion, et indique quelles divinités
composites reiultent de leur fusion.
Les réflexions qui le précèdent com-
Diencent à démontrer que cette ma-
nière de voir est la seule conforme
aux faits, la seule qui puisse expli-
quer les contradictions apparentes
de tant de légendes et de dénomina-
tions; et prol)ahlement ce que nous
avons dit de Mandou complétera la
preuve. Mandoueslla propriété fécon-
datrice. Cette propriété , apanage de
l'Etre suprême comme la bienfaisance
(Agathodémon), comme le pouvoir
conservateur et sauveur (Chmoun),
existe dans l'être irrévélé antérieu-
rement h la création, et dans toutes
les périodes de l'aclioti créatrice.
Knef, soit comme lumière primitive,
soit comme ensemble des idées proto-
types, est un fécondateur du premier
ordre; Fta, feu-lumière, féconde d'une
manière encore plus spéciale ; et quel
fécondateur plus grand que Fré-soleil.^
Aussi Kalabché adore-t-elle comme
eu
1
la divinité par excellence Mandoulî
(f^'oy. ce nom), Mandou-Soleil, tan-
dis que le Mandou ordinaire, identi-
que h Knef, cumule les formesdu houe
avec les cornes ou la tète de bélie^_
{f^'oy. ci-dessous), que méditant, saofll
lacominencer,la génération du mondëP"
Mandou - Piromi - Amoun s'élève en-
core, immobile, au rang de Pro-
khaméphis, et que Fla-Mandou, Feu
père des êtres, conquiert le» bomn
ges de la pieuse Memphis et de to
le l'Egypte sous les formes grav
ment bizarres do dieu ilbypallicpie
éjaculateur. De ces personnificaMons
composites, les plus célèbres, sans
comparaison, furent celles de Knef-
Mandou et de Fla-Mandou. Mandou,
en tant que Knef, était honoré prin-
cipalement dans les \ iib-s de Chmoun,
«n Thcbaïde, autrefois Panos(n«ïéf)
ou Paiiopolis, aujourd'hui en arabf^
Àkamini, et de Chmoun-an-Ermar
aujourd'hui Ocfimoitn-Tarinnh ,
cliez les Créco-lloniains , Mendèl
Cette dernière appartenait Kla Bassï
Egypte et donna son nom a la bran?
che mendesienne du ]Sil (la cinquième
en allant de l'Ouest a l'Est). Les h^
biiants du nome mendésique n'immi
laient jamais de boucs ni de chèvreà
et s'abstenaient de la chair de ces aiiij
maux qu'ils regardaient comme l'cr
blènie le plus significatif de la fécot
dite. Dans le temple , on entreten8_
magnifiquement un bouc sacré dont h
mort causait dans la ville et dans le
nome tout entier, comme celle du
bœuf Apis h Meniphis, la tristesse la
plus vive. Herodole assure même que
de son temps on voyait publicjiiement
dans le temple de Mandou le bouc di-
vin s'unira une femme par un com-_
merce charnel ; et quelipies moder-
nes ont cru que celte cohabitation
répétait fréquemment dans l'année i
peut-être chaque semaine. On sail
G
MAN
avec quel dédain Voltaire a traité
ce récit. Cependant l'accent de
surprise et de conviction avec lequel
s'exprime le naïf Hérodote ne per-
met pas de douter que la cohabita-
tion du bouc et d'une femme n'ait été
un fait admis par la dévole popula-
tion de rÉgypte. Seulement on peut
soupçonner que le prétendu miracle
était censé se cousommer dans le
sanctuaire, derrière un voile ou der-
rière la foule des prêtres qui iater-
ceptaient le passage. Peut-être mê-
me, dans cette prostitution symboli-
que, le bouc, représentant de Rnef-
Mandou , était lui-même représenté
ar un prêtre a masque de bouc.
ntragocépbale au milieu de tout un
cortège de ministres sacrés n'a rien
de plus étonnant que ces léontocé-
phales, ces ibiocéphales, ces biéraco-
céphales si largement disséminés dans
les pompes sacréesde l'Egypte. D'or-
dinaire Mandou-Amoun était figuré
par un bouc criocépbale, c'est-a-dire
à tête de bélier ( on se rappelle que
le bélier était l'attribut d'Amoun ) :
assez souvent les jambes et toute la
partie inférieure du corps dénotent le
bouc , tandis que sa tête est celle
d'une chèvre. Quelquefois la tête du
bouc subsiste , mais alors il n'est pas
rare qu'outre les deux cornes habi-
tuelles, elle porte deux cornes de bé-
lier {f^. la médaille gréco -égyptienne
de Mendès dans la Dasc. de l'Ég.,
t. V, pl.LViii,n"26). Tel est le Mau-
dou de la table isiaque ( Montfaucon,
Ant. expL, T. I, p. 270). Celte
espèce de coiffure quadricorne se re-
trouve fréquemment sur les monu-
ments, et indique constammeulun dieu
ou une déesse, iauxquels, pour l'in-
stant on faitjoueiuiu rôle très-élevé.
Le bouc Mandou de la médaille ci-
dessus indiquée se trouve dans la main
d'un personnage barbu dont la tête est
MAN
19
surmontée d'une coiffure symbolique.
On trouve aussi Mandou-Amoun sous
la forme humaine. Rien de plus re-
marquable en ce genre que la su-
perbe figure ilhyphallique de Karnak
{Desc. de l'Ég., t. III, pl.xxxvi,
u. 5 ). Son corps est bleu 5 sur sa
tête s'élèvent deux longues plumes de
diverses couleurs, coiffure habituelle
d'Amoun; a la barbe tressée sous le
menton, on devinerait, le phalle eùt-
il été absent, le mâle par excellence.
De son bras , il saisit ou va chercher
le van stimulateur. Un riche collier
pare son cou. Sur sa poitrine s'épa-
nouit le plus saint des emblèmes, le
globe ailé , flanqué de deux ourées ,
symbole de l'intelligence suprême, de
Toth, tantôt Araoun et tantôt Pi-
roml. A ses pieds , deux personnages
subalternes , véritables pygmées, si on
les compare au dieu qu'ils assistent ,
s'occupent dans une altitude d'ado-
ration, l'un h stimuler le gras de
sa jambe, l'autre a tenir une coupe
au-dessous du phalle sacré. On peut
comparer, h cette effigie si caracté-
risée, les scènes encore plus significa-
tives peintes dans les tombeaux des
rois à Thèbes, et reproduites par la
gravure dans la Descr. de L'Eg.
(t. I , pl.Lxxxiv, Lxxxvi, i). Dans
l'une d'elles on voit le dieu darder au
loin des jets de liqueur séminale que
figurent de petites pointes rouget, et
qui bientôt se terminent par un pe-
tit homme xians la position d'un per-
sonnage assis , produit immédiat de
l'acte générateur; autour de la tête
de Mandou de petites étoiles diverse-
ment groupées, et qui sans doute ont
aulérieuremeut élé produites par le
procréateur suprême, s' émanent elles*
mêmes en jels séminaux qui tous
aboutissent à un petit homme. Dans
l'autre se voient trois dieux généra-
teurs, mais de couleurs différentes :••
%,
ao
]5an
lenr corps, forlemeut coiirhé eu ar-
rière , forme un angle droit dont les
reins sont le sommet intérieur, tan-
dis que leur chevelure pendante
tombe perpendiculairement à la co-
lonne vertébrale et parallèlement aux
extrémités inférieures. Les jets sémi-
naux donnent cliacun naissance h un
homme dont la face est tournée du
côté du générateur. Mais ce qu'il y a
de plus remarquable, c'est que sous
chaque figure ilhyphalliqueest un sca-
rabée de grande taille dont la pâte
gauche laisse aussi échapper le fluide
séminal. Ce fluide se rend a la bouche
du Mandou, et semble être le même
qui, sortant ensuite parTorgane pro-
créateur, engendre les jeunes créatu-
res placées en regard. Un disque
ovalaire qui semble celui du soleil ,
s'arrondit au-dessus de chaque scène.
Ces trois Mandons sont-ils le même,
ou bien seraicnl-ce Mandou-Amoun ,
Fta-Mandou, et Mandou -Li, tandis
que le scarabée serait Piromi? C'est
ce que nous ne pouvons décider.
Les hiéroglyphes inscrits auprès de
chaque figure n'ont point été déchif-
frés j ils ne diffèrent que par leurs
secondes lignes. L'idée de Mandou
se confond jusqu'à un certain point
avec celle de Chmoun , le conserva-
teur et le sauveur. Générateur est la
transition du premier au second : la
génération doit être a la fécondation
ce que la conservation est à la généra-
tion : de-la en quelque sorte, un fé-
condateur ge'uérateur et un généra-
teur conservateur. On peut ainsi
concevoir un Mandou-Chraoun. C'est
tout-k-fait gratuitement que Dorned-
den a vu, dans le dieu bouc Mandou,
an emblème de la semaine, parce que,
dit-il, les semaines s'engendrent rau-
tuelleraèut, et que le huitième jour ,
censé fin ou continuation de la se-
maine en engendre une nouvelle. Or,
i
MAN
ajoule-l-il, selon les anciens , le bouc-j
est apte a se reproduire huit jours*
après sa naissance. A ces raisons il
eût pu joindre que Chmoun, donné-]
si souvent comme svnonyme de Man-
dou, signifiait huit eu égyptien (voyez, "^
pour plus de détails, Dornedden,
Phmntuophis , page Syy). Vogel
{Kersuch uber dit Rclig. d. Alt.
49) qui fait éclore la religion égyp-
tienne d'un fétichisme primitif, com-
mun à toute l'Afrique, regarde Man-
dou comme un représentant de toute!
la race des boucs, sur lequel TEgyple
concentra les honneurs jadis prodigués
a tous les individus de l'espèce.
MANDOULI (Mandulis cl M«»-
^ovi.iç). nom sous lequel le dieu égyp-
tien Fré ou le Soleil, avait un grand
temple a Kalabché (l'aucicune Tal-
mis) , dans la Nubie actuelle {f^oy.
Lelronne, /iecA. pour servir à
l'h. de l'Egypte, etc., 1823, in-
8°5 et Niebuhr, Inscriptiones nub.y
Ilom., 1820, in-ii").Les murs de ce
temple sont couverts de bas-reliefs
magnifiques et très-variés , que mal-
heureusement on n'a pas tous copiés,
et de 7rpcstuv.jju,etTec OU actes d'ado-
raliou. Pour quiconque est habitué
aux phénomènes des transformations
lexicologlques orientales, ce nom rap-
pelait Mendès, et ne pouvait cire
qu'une altération d'un nom analogue
ou semblable à celui de Mandou-
Ra, Mandou-Rc (Mendès-roi ou
Mendès -soleil). Les savantes lectu-
res de Champoliion ont pleinement
confirmé celte conjecture; et les mo-
numents de Turin et de Paris lui ont
montré constamment un dieu à tête
d'épervier , ornc'e du disque solaire
surmonté de deux longues plumes, ■■
avec les légendes Mand , Mandou, a||
Mand-Rij d'où il a conclu clairement
qu'on avait dit aussi Maudou-Ili, et
par conséquent Mandou selon les di-»
I
MAN
vers dialectes de la langue égyplieune.
(Voy. Panthéon égypt\ de Cliani-
poUion jeune, 12*^ liv. , 27 , grav. et
expl. ; plus sa Dtsc. de l' Eg.
ant.^ vol. III, pi. o4- el 3i; et
le Voy. de M. Cailliaud à Méroé,
pi. LXXi.) Dans le zodiaque du
temple au nord d'Esneh, au milieu
d'une longue procession de dieux et
de déesses, ou voit au-dessous du
Cancer uu dieu hiéracccépliale aux
attributs de Maudouli. Gorap. FrÉ.
MiVNDUCUS , dieu romain ,
était répouvantail des enfants, et sans
doute une espèce d'ogre {inanduca-
re , manger). Dans la suite ou en lit
un personnage de caractère avec son
habil, son masque, ses traits. De
grandes joues, une grande bouche, de
grandes dents aiguës elLlanclie.s, telle
est la caricature classique de ce Cro-
quemilaine de la ville éternelle.
MAINE et SUINNA sont , dans la
mythologie Scandinave,' la lune et le
soleil personnifiés. C'étaient un jeune
homme (Manc) et une jeune fille d'une
heauté ravissante. Roundilfax leur
père osa leur donner ces noms am-
bilieux ,et significatifs sous lesquels
nous venons de les signaler. Irrités
de tant d'audace, les Ases enlevèrent
Mane et Sunna, et leur donnèrent à
conduire le char des deux astres dont
leur père leur avait imposé les noms.
Mane a deux clievaux, et sous chacun
deux outres pleines d'air pour les ra-
fraîcliir. Sans doule il trouve cette
provision insuffisante, car un jour il
enleva deux enfants, Bil etHionke,
qui portaient une cruche suspendue a
un bâton. Ces jeunes gens depuis ce
temps raccompagnent toujours. Le
loup Fenrir poursuit sans cesse la
lune, et quelquefois sa gueule béante
l'entame. De la les éclipses. Un jour
il l'engloutira; ce jour sera la fin du
jnonde,'— Mond^ la lune, e§t mas-
MAN fti
culin en allemand. Comp.TcHANDRA.
MANÉROS, jeune prince fils du
premier roi de l'Egypte (Menés? ),
initia les peuples a l'art de la musique
et à l'agriculture. Il mourut a la fleur
de son âge. Les Egyptiens célébraient
annuellement en son honneur une fête
de deuil, dans laquelle on faisait en-
tendre des chants plaintifs et lugu-
bres, qui même prirent de leur héros
la dénomination de Mauéros. C'est
ainsi qu'en Grèce Linos, ce fils
d'Apollon, périt moissonné au prin-
temps de sa vie par uu trépas préma-
turé, et que ses compatriotes, en célé-
brant sa mort, donnent aux chants
élégiaques qui retentissent en son
honneur le nom de Lines [Aiiot) ou
Eliues ( K'Ixtfot , comme AÎ, A7ve ,
A<, Aivi). De même en Perse, Raïo-
morts, l'Adam de l'Iran, déplore la
perte du jeune Siamek. Partout des
pleurs mouillent les premières pa-
ges de l'histoire; partout les tristes
réalités du deuil viennent précipi-
tamment se substituer a des joies
en espérance , et le sombre empire
se plaît h saisir les créatures les plus
parfaites , les plus pures, les plus en
harmonie avec le dieu de la lumière.
Partout le dieu.-soleil se pre'seute
comme enveloppe au bout de quel-
ques pas d'un voile funèbre. Adonis,
Osiris , ne brillent ([ue comme des
fleurs éphémères. Ailleurs, au lieu de
penser excluslveuient a !a forme so-
leil , on imagine au delà du soleil un
fils de la lumière. De Ta, les Phaé-
thon, les Mauéros, les Memnon, les
Linos , transition asiauo-europeenne
de l'égyptianisme a l'anthropomor-
phisme hellénique. On ne s'étonnera
point après cela quedcsroythographeu
modernes aient identifié Manéros avec
Linos {Voy. Linos); et que d'autres
y aient vu Memnon au tombeau. Au
îoud ces idées jojit justes; ffais la
22
MAN
caractérisalion de chaque forme liéroV-
que ou divine , leurs rapports , leur
histoire , tout cela est loin d'être
éclairci, et c'est ce qu'il serait impor-
tant d'éclaircir. Provisoirement on
pent avec Creuzer voir dans Mané-
ros : 1° le génie musicien de la lyre a
trois cordes (par opposition h la mu-
sique plus compliquée qui remplaça
la musique sacerdotale) 5 2° Memnon
au tombeau (Memnon lui-même n'est
qu'un représentant terrestre de Fré,
plutôt comme harmonieux que comme
versant la lumière (comp. Memnon).
Au reste, voy. sur Manéros Héro-
dote, liv. II, ch. 79, avec lesremarq.
de Larchcr 5 Jacobs , TJtbtr die
Grabcr des Memnons und die
Inschriften ( Mérnoires de l'Aca-
démie des sciences de Munich. 1809
et 18 10), page 19, etc. j Mignot,
Méin. sur la vtl. des Phén.
(Mém. de l'Ac. des Insc. t. XXXVI,
1774). — Selon Jablonski [Vocab.^
F. 128), Manéros signifiait fils de
Eternel. Ce qu'il y a de plus proba-
ble, c'est que ce nom n'est point sans
rapport soit avec celui d'Amoun (dit
aussi Amen et probablement Men),
soit avec celui de Ré, Ri ou Ra (qui
ne diffère de Fré que par l'article):
en un mot , on croit reconnaître dans
Manéros les Vestiges d'un nom peu
différent d'Amoun-Ra {V. Amoun).
Manès , qui lui - même revient à
Amoun et à Mana {mens, l'âme),
est lié par le son comme par l'idée
à Manéros. — On donne quelque-
fois le nom de Makébos au jeune
fils du roi de Byblos, qu'un cri d'Isis
fit mourir de frayeur.
MAINES, Maiîes et quelquefois
Du Mane*, étaient, dans la pneu-
matologie des Etrusques et des Ro-
mains, les âmes des morts. Un tou-
chant souvenir leur assignait quelque
chose d» divin, et les rangeait parmi
1
MAN
les esprits qu'il fallait adorer. On a
tenté de donner l'clymologie de Ma
nés : quatre principales {rnanare
découler; mann. homme; l'orienti!
moun , d'cù rnoan, mau, imajre
fantôme; maniius, maniis. mani
bon) se sont partagé l'altenlion d«
savants. La dernière est la seule qui
ait quelque degré de probabilité. Bon
(comme depuis A(V//k,v en latin, selig
en allemand, etc.) élait un euphémié
me desliné h remplacer le mot
défunt, tt Que personne de ceux q^
sont nés dans la maison ne dcvieni
bonn [nianis fint), disait-on eu sa-
crifiant un chien K la déesse Mana
Généta (/^oj^. Fcslus, Maniios et
Mânes; Servius , surliv. I, 139 de
VEn.', et comp. Plutarq., Quest.
Jiom., LU, p. i33 du t. II, édit.
Wyltenb). Toutefois nouscroyons que
la seule élymologie vraie est mana
ou mens, l'âme . Les légendes vul-
gaires confondirent les Mânes avec 1
Lares, comme le dénotent lesmylh^
sur Lara ouLaranda, mère des diet
Lares, et sur Mana, Mana Généla
Mania mère des Maucs. Ëvidemmel
ces deux déesses ne font qu'une , éï
Lara-Mania elle-même, qu'esl-clle?
une personnification par laquelle (âfll
rattache tous les Mancs, tous les L^|
res autour d'un centre commun. Mais
voici en quoi les Mânes diffèrent soit
des Lares, soit des Larves et des Lé-
mures (car nous ne pouvons nous dis-
penser de joindre ces deux dernières
classes d'intelligences souterraines aux
Lares). Lares, Larves et Lémures,
propices, funeslcsou neutres, cestrois
peuples d'esprits semblent résider «</
libitum sur la terre. Ils quittent,
quand et coinrae il leur plaît, leur
sombre séjour, et reviennent dans!
domaine de la lumière exercer lei
bienfaisance , leurs fureurs, ou pr^
jneuer leur indifférence. Les Man^
eur
1
restent confinés clans le domicile té-
nébreux, et n'en sortent que trois jours
par an, le 24- août, le 5 octobre elle
8 novembre. Delà, trois fêtes infé-
rieures en l'honneur de la migration
périodique des âmes. Nulle affaire
importante ne devait se traiter pen-
dant leur durée. Les Mânes en masse
étaient censés se répandre hors du
sombre empire par une ouverture que
bouchait la pierre manale {lapis
inanalis) dérangée de sa place habi
tuelle pendant ces trois jours. On ex-
primait celte cérémonie par une for-
mule extérieure mundus patet
(comme si l'enfer, séjour des morts
et tombeau commun de tant de géné-
rations écoulées , était le monde par
excellence), ou en développant mun-
dus Cereris palet. Cérès ne diffère
point ici de Proserpine, ou, pour
mieux dire, Cérès-Proserpinej c'est
AS, la Terre, T/rx^if^kraf e\.7ra.v^eX''^ç,
qui produit tout, qui engloutit tout 5
et ce point de vue antique autant que
transcendanlal nous fait remonter en
un clind'œil, et par enchantement, de
l'Etrurie a l'île sainte de Samolhrace,
où telle était la doctrine des Cabires
[f^oj-. Cabires 5 Miiller, Etrusktr,
II, 95, etc. j comp. Matlhise, Be-
merk. iib. Stellcii des Livius, qui se
prononce contre celte opinion). À ces
solennités joignons la fête des âmes
ou des Mânes connue sons le nom
de Féralles (du 2r au 24 février?).
On diffère beaucoup sur l'époque et
sur la durée de Celte fête funèbre
(/^Of. Ovide, Fast., liv. II, etnot.
iii de la trad. fr. Bayeux). Le der-
nier jour portait plus spécialement ce
nom qu'Ovide a évidemment tort
d'expliquer par fero , et qui dérive
de feralis , funeste , funèbre. Peu
importe ensuite c[\iejeralis implique
l'idée de feriœ , repos, inaction, ou
quelque autre. On a remarqué que
MAN
23
Dec. Brnlus , prenant le contre-pied
de l'usage romain, célébrait la fête
en décembre, et par conséquent dans
le Capricorne , tandis que la date or-
dinaire faisait coïncider les Féralies
et le Verseau ou les Poissons. Cette
coïncidence entre une fête qui , com-
me fêle des morts, a quelque chose
de purificatoire {f^oy. Fébruus) et
les idées d'onde, d'habitant des on-
des , est-elle sans rapport avec les
doctrines orientales sur les cataclys-
mes , sur le gouffre par lequel à
Édesse s'étaient, dit-on, retirées les
eaux diluviales, sur les déilés pois-
sons (Addirdaga,Oanuès, Dagon)?II y
en a sans doute; mais gardons-nous
d'en conclure soit la réalité de l'éty-
mologic grotesque qui tire mânes de
mnnare {comme si les fantômes glis-
saient, coulaient en quelque sorte
dans l'air) , soit l'idenlité de Mania
(la mère des Manes)avecla Couronne
Boréale si voisine du Verseau , des
Poissons, du Taureau équinoxial, et
dont le coucher annonce l'expiration
de l'année et le retour du printemps.
— Les naturels de la Nouvelle-Hol-
lande croient aussi aux Mânes, elles
dépeignent comme sortant de terre
avec un bruit affreux , vomissant des
flammes, brûlant les cheveux elle vi-
sage de ceux qu'ils rencontrent, et le*
retenant pour les brûler encore.
MANES, MâvKf, fils de Jupiter
et de la Terre, eut Cotys de l'Océa-
nide Calliroé, cl fut roi de Lydie
après Méon.^ — ManÎls, comme les
Minos, Ménon , Menés et Mann, est
un premier homme {mann). Sa fem-
me est l'onde. Son fils a encore quel-
que chose de divin {Goit, dieu).
MANIA, déesse que les mytholo-
gues a généalogies donnèrent comme
mère ou comme aïeule des Mânes
(Festus, 1. XI). Généralement on la
regarde comme identique à Ljrï
24
MAN
MAN
I
(Natal. Conoès, IV, 4). Le fait est
qu'autour de Mania se groupent les
Slanes, comme autour de Lara con-
vergent les Lares : admise ensuite
(et l'on sait que les anciens l'admet-
taient) l'identité de ces deux familles
parallèles, force fut d'identifier les
deux mères. Et au fond , tandis que
les Lares -Mânes s'offrent avec deux
faces , l'une lumineuse et terrestre,
l'autre sombre et infernale, il est
très-remarquable de voir Lara (à elle
seule) cumuler de même les deux as-
pects , les deux caractères de Lara-
Mania. En effet , c'est avant d'avoir
I)assé le guichet infernal que Lara se
aisse séduire par Mercure, c'est dans
ce sombre séjour qu'elle devient mère.
— Dans les temps primitifs de Rome,
on sacrifiait des enfants k Mania.
Un oracle de celte déesse en don-
na l'ordre a Tarquin-le - Superbe ;
mais Junius Brutus, après l'expulsion
de la famille des tyrans, abolit cet
usage, et substitua des têtes de pavots
aux tèlcs humaines. La statue de Ma-
nia était suspendue aux portes lors
de la célébration des Compilales {K.
ce nom), tant comme objet de véné-
ration , que comme talisman préser-
vateur (Macrobe, Satiirnal., I, yj
comp. Alex, ab Alex., II, c. 22).
MAMPA, dieu des Tangutains,
est représenté avec neuf tètes qui
s'élèvent en forme pyramidale. On
célèbre en son lionneur une fête an-
nuelle dans laquelle les jeunes gens
armés, en proie à un enthousiasme
frénétique, parcourent la ville frap-
pant tout ce qu'ils rencontrent. Ce
culte farouche et délirant rappelle
les Cybébées et les Lupercales.
MAINITOU, le grand esprit ou l'Ê-
ire suprême chez la plupart des sau-
vages de l'Amérique septentrionale.
Ce nom varie et se complique de
beaucoup de manières. Ain«i les Al-
gonquins el les Tchipaouans disent
Manitoa ou Manitou 5 les Masikands,
Mannittouh (autrement Pouhlam-
maouvoa ou Potlamaouvous); les Cha-
vanoks, Manitah, Visi-Mannitto (el
aussi Véchillicoua) ; les Miamis, Mo-
naitova ou Kitchi-Manétoua (aussi
Maiéhélangoué); lesMcssissoks, Mun-
go-Minnato. Joignons k cette liste les
noms de llaouénéou (lloouénéah)
usité chez les Sénékas; de INiioh chez
les Mahaks; de ]Nio, llavonia ou Ha-
vonio chez les Onondagasj de Haou-
vénégou chez les Kaïougas 5 de
Kééiooh chez les Onéidasj d'Iévnou-
niiouh chez les Touskaroies; de Va-
kon et Tongovakon chez les INado-
vessies; d'Ifiki-Isa chez les Mozkasj
d'IcbtohoulIo-Aba chez les Chak-
taouas. La plupart des peuplades sau-
vages conlondent cet être suprême el
])ienfai.>>ant avec le soleil. Quelques-
uns l'en distinguent. Mais ceux-là
même admettent un grand nombre
de divinités inférieures. Les Iroquois
nomment ces dernières Hondatkon-
sana, et les distinguent en bonnes et
mauvaises. Un grand nombre de tri-
bus les appellent aussi Manitous, et
alors sans doute ils mettent une épi-
thète devant le nom de Manitou, poH|
désigner le grand esprit. De la l<fll
Kilchi-Manilou,Mungo-Minnal(),elc.
Les Manitous vulgaires deviennent
bientôt de véritables fétiches ou Mo-
kissbç. Un arbre, un chien, une pierre,
des serpents, deviennent les Manitous
familiers du sauvage qui a le bonheur
de rencontrer de ces animaux oudeces
objets sur sa route. Les Illinois font
des sacrifices k leurs Manitous. C'est
surtout le chien qu'ils immolent. Ce-
pendant ils sont convaincus, et bien
d'autres peuples avec eux, qu'i
grand chien a donné naissance a l'ej
pèce humaine. Au reste, les pratiques
principalçs du cul le clés sauviJges coa-
MAN
sistent dans les opérations de sorcel-
lerie auxquelles se livrent pour eux
leurs Agotkons ou jongleurs. Leur
croyance principale est celle de Pim-
portancedes âmes. Quoique, matéria-
listes faute de développement dépen-
sée , ils fassent de l'àme une omljre ,
ils distinguent ses opérations en Gan-
nigons'lia (acte de renlenderaent) et
Erienta (acte de volonté); ils croient
qu'elle survit au corps; ils lui assiguen t
pour demeure Eskcunanue (le pays
des ancêtres); ils admettent, du moins
quelques-uns d'entre eux, les trans-
migrations. Enfin, et c'est ce qui
achève d'exciter la surprise, ils re-
connaissent une âme , non-seulement
chez l'homme, mais dans les animaux,
dans les' êtres mêmes que l'on regarde
comme inanimés. — Manitou veut dire
esprit, et rappelle d'une part les ina-
na samskrit, mens latin, fivi-/^;j g'^'^»
de l'autre toute la série des Mann^
Mènes, Minos. L'homme est l'àme,
l'âme est l'homme, l'àme-homme est
dieu; Dieu est le père des hommes;
un premier homme , tige universelle
des peuples , est l'émanation de Dieu
sur ce globe, et forme la transition
du ciel h la terre.
MAINMADIIS. Foy. Kaima.
MANN, Mannus, passait en Ger-
manie pour le fils de Tuislon leur
dieu suprême. Ou lui donnait pour fils
Ingévon, Islévon et Herniione, des-
quels descendirent les trois races prin-
cipales de la Germanie Ingévones,
Istévoneset Hermiones. Comp. Aga-
THYRSE. Quant au sens de Mann lui-
même il est évident : Manu est l'A-
dam germain , c'est un dieu-homme.
MANRESPAND, un des vingt-
tuit Izeds des livres zends, était le
génie delà parole divine.
MANÏICLE, Manticlus, M^vr;-
kX*ç, Hercule. Il avait un temple
90u§ ce now , hors des murs de Mes-
MAN
a5
sine, en Sicile. Un chef de la colonie
messénienne qui fonda Messine, 664-
ans avant l'ère chrétienne, portait ce
nom de Manticle. 11 est à croire
qu'Héraclide de naissance , ce chef
d'exilés voulut se faire passer pour
une incarnation d'Hercule.
MANTINEE, i° un des cinquante
Lycaonides, 2° père d'Ocalie, femme
de l'Abas d'Argos , donna son nom à
la ville arcadienne de Mantinée.
MANTO, Mavra', fille de Tiré-
iias, fut comme son père habile dans
l'art prophétique. Ses prédictions
n'empêchèrent pas Thèbes, sa patrie,
de succomber sous les efforts des
Epigones. Il existe sur son compte
quatre légendes. La première la mon-
tre envoyée a Delphes après la prise
de Thèbes. Dans la seconde nous la
voyons inspirer de l'amour au fils
d'Amphiarâs, AIcméon, dont elle a
deux fi!s, Amphiloque et Tisiphone.
Dans la troisième elle est emmenée
en Asie où elle devient la femme de
Rhacius le Cretois, et mère de Mopse,
et où elle fonde le temple Apollinéen
de Claros. Enfin, selon une quatrième
version, c'est eu Italie que la prophé-
tcsse tliébaine va rendre ses oracles,
et Mantoue qui porte son nom témoi-
gne de sa présence. Quelques bro-
deries surchargent encore ce récit.
Maulo, dit-on, s'appelait d'abord
Daphné; et on ne lui donna le nonri
sous lequel elle est connue que pour
indiquer sa science profonde de l'a •
venir {^ûvTis, prophète). On montrait
à Thèbes une pierredite siègedeMan-
to; c'est là que la fille de Tirésias
s'asseyait pour prédire. A Claros, dit-
on, elle composa des vers fatidiques
dont Homère fit usage dans ses poè-
mes. On veut aussi qu'un lac , auprès
de la ville asiatique , sa nouvelle pa-
trie, ait été formé des pleurs qu'elle
versa sur la chute de Thèbçs. Ri<.'Q
ft&
MAR
MAR
de si facile a expliquer que tous ces
mylhes. La divination (Manto) est
fille de prophète (Tiiésias), mère de
prophète (iMopse), femme de prophète
ou d'un fils de prophète (TAmphia-
raïde Alcméon). La divination a pour
siège et sanctuaire divinatoire Del-
phes, Claros. Mantoue. Qu'importe
que l'un semble le foyer métropoli-
tain d'où émane la lumière, tandis
que l'autre semble une colonie? Le
lac même n'est pas un trait inutile.
D'une part, elle est temple, elle est
femme, elle apparaît sans cesse en
rapport avec les eaux. De l'autre, les
eaux sont inspiratrices ; on y puise les
prophéties. Les exemples abondent
{f^oy. Abatî, etc., etc.). El effecti-
vement le lac de Claros passait pour
faire connaître l'avenir a ceux dont
ses flots mouillaient les lèvres; mais
cette liqueur miraculeuse avait aussi
le don fatal d'abréger la vie. Man-
toue ressemblait h Claros 5 elle est
bâtie au milieu d'un lac. — Une autre
MàKTO, ppophélcsse, était fille de
Polyide ; on a donné comme une troi-
sième Manto une Italienne, amante
du Tibre dont elle cul Ocnos, et fon-
datrice de Mantoue. Evidemment
c'est Manto la Thébaine légèrement
travestie.
MANTURNE , déesse romaine ,
était invoquée pour que l'épouse res-
tât toujours dans la maison de son
mari {maneo, demeurer).
MAN TLS, le même que Fébruus
(f^oy. ce nom). Quelques-uns l'appel-
lent Mauus, et l'identifient en consé-
quence àSummanus. Mantus rappelle
Mens (l'esprit), Menés et les Mani-
tous des Américains.
MARADJIT {mxth. hincl.), sur-
nom commun a Adibouddha , l'es-
sence suprême chez, les Bouddhistes,
et a Chakia, septième et dernière iû-
carnatioa de ce dieu^
1
MARAKAS, dieux brésiliens, pâs-tjj
sent chez les indigènes de cette contrée'!
pour des dieux protecteurs des mai-Ml
sons. Leurs images sont li>s fruits du4l
Tamaiaka, ornés de plumes et fi-.i|
chés sur des perches que les prêtres
enfoncent dans la terre en ordonnant
aux villageois d'apporter des vivres
et de boire en leur présence. Les Bré-
siliens ont chez eux des Marakas, et
les consultent dans toutes les affaires
importantes.
MARAMBA, dieu conguo, adoré
surtout dans les royaumes de Maba,:
de Loango , d'Angola et de Congo^
proprement dit, passe pour présidera
h lâchasse, kla pêche, h la guérison^
des malades etsurlout aux serments. 1
Les prévenus d'un crime doivent soi
réfugier au pied de sa slatue et dire;
«Vois, Maramba, ton serviteur est
venu se justifier devant toi, » et si le
suppliant est coupable, il tombe raort'^
sur la place. On porte aussi son image'*
à la tête des armées. On lui offre le f
premier morceau et la première coupe
de vin qui sont servis a la table du
roi. Enfin, dès l'âge de douze ans,
les adolescents de MaYaud)a lui sont
consacrés. Les Netquas président h*
celte espèce d'initiation. Quelques
jours de réclusion dans un lieu som-
bre, un long jeûne, le silence, sont le'
commencement de la cérémonie. Con-
duits ensuite devant l'idole par le
prêtre les jeunes Mystes reçoivent
sur les épaules deux incisions en for- JHI
me de croissant, jurent fidélité h l'i- ^|
dole, apprennent (|u'ils doivent, sous
peine de maladies dangereuses, s'abs-
tenir de certaines viandes et observer
certaines pratiques. On termine en
leur suspendant au cou une petitdfj
boîte qui vient tomber sous leur bras"
gauche et qui renferme quelques cen-l
dres de l'idole , ou bien de petite^*
images, copies portative» de lastaluo*'
;n^.
MAR
du grandi temple. — Maramba est
représenté dans une alliliide élevée
contre le temple destiné k son culte,
et dans un panier qui a la forme
d'une ruche.
MARATHON, Mapâêm , béros
e'ponyrae de ce dèrae si célèbre dans
l'nistoire des guerres raédiques par
la victoire de Miltiade sur Darius,
était, dit-on, un fils d'Epopée. Crai-
gnant le courroux de son père , il se
réfugia dans l'Attique , et bâtit sur
la côte orientale le village qui porte
son nom. On le raonire aussi re-
venant après la mort de son père ,
dans le Péloponèse, et là partageant
le royaume entre ses enfants pour
retourner dans le pays colonisé par
ses soins. Une autre tradition fait de
Marathon un héros qui se sacrifia
pour donner la victoire h son armée.
De ces deux légendes, l'une a pour
but de faire voir l'Attique peuplée
par une irradiation du Péloponèse,
l'autre est une variation sur ce thème
éternel du sacrifice, Comp. Hyacin-
THiDES. Marathon était fameux aussi
en mythologie par son taureau dé-
vastateur que Thésée domta.
MARICA, déesse latine, avait
un bois sacré vers l'embouchure du
Liris ( Garigiiano) dans les marais
de Minturne. C'est comme Boulo la
déesse, femme mère, mère univer-
selle, mère primordiale, mère mer,
et cette mer est toute vaseuse, bru-
meuse et marécageuse, c'est l'onde-
lagiine; c'est la Maremma personni-
fiée [Maricus stmWaxm vieil adjectif
dérivé de Mare). Ceci posé on com-
prendra aisément les variantes semées
sur son compte chez les poètes : i"
c'est une nymphe ; 2° c'est une femme
de Faune (dieu plutôt que dieu-hom-
me), mère de Lalinus (homme-dieu) ,•
3° c'est une Circé (Hésiode); 4.° c'est
une Yénus (Seryius), On a eu tort
MAR
27
de repousser cette identité sous pré-
texte que la Vénus italique est Mur-
cie ; l'un u'empèclie pas l'autre.
Circé-Vénus habite les eaux, les îles,
est magicienne et génératrice, haute
déesse simple femme : et voilà
Marica! La forêt de Marica était
l'objet d'une vénération profonde,
rien de ce qui y était entré une
fois ne devait en sortir : c'était com-
mode sans doute pour les prêtres.
On raconte très-sérieusement que
cette défense avait ponr but de sou-
lager la douleur de la déesse, incon-
solable d'avoir perdu Ulysse. Comp.
Calypso avec laquelle Circé a tant
de rapport. Ou trouve le nom de
Marica dans les éditions étrusques,
suivant Lanzi (Saggio di lingua
etrusca, I. 2^0, II, 422).
MARIS, Mâp^ç, et ATYMNE,
fils d'Amisodare, tombèrent k Troie,
Alymne sous les coups d'Antiloque,
Maris sous ceux de Thasymède.
MARISTIN, un des dieux de la
guerre au Japon, a une fête célèbre
au mois d'avril. La cérémonie prin-
cipale consiste en une joute terrible.
Deux corps d'armée y procèdent d'a-
bord par des escarmouches, et bien-
tôt par une lutte sérieuse. De jeunes
enfants engagent l'attaque, commen-
cent vers les deux heures de l'après-
midi, puis les deux armées marchent
l'une contre l'autre sans s'arrêter,
s'envoient des coups de mousquet dès
qu'elles le peuvent, et enfin se battent
k l'arme blanche. La boucherie ne
cesse que lorsqu'un des deux partis
se confesse vaincu. Chaque combat-
tant porte sur l'épaule l'image de Ma-
ris tin.
MARITCHI. Voy. Aditi.
MARMAX, M««fl^a|, un des pré-
tendants d'Hijipodamie, périt vaincu
par OEiiomaiis, k la course des chars.
MARNAS (seigneur?) grand dieu
i8
MâR
de Gaza , était honoré par des cour-
ses de char et d'autres jeux. 11 avait
dans la ville syrienne un temple
magnifique. On ij^nore quel élail ce
dieu, et s'il se confond avec quelque
autre dieu de la Syrie. Plusieurs en
font un Jupiter de Crèti'. Platon y
yoyaitlc secrétaire de MinosF^ Tou-
tes ces opinions sont insoutenables.
On ignore de même d'où peut venir
le nom de Marnas, qu' iqu'il rappdle
le mot grec /^ifruftitt, combattre.
MAKON «lait un dieu égyptien
très-peu connu, quoique en le classant
fiarmi les suivants d'Osiris les Grecs
ui aient atlribué la fondation de
Maronée enThrace,ou la plantation
des célèbres vignobles de cette ville.
On peut remarquer ici le nom fameux
aussi de vin Maréoli((UP. C'est dans
cette liqueur que Cléopàtrc, selon
Horace , puisait ses fureurs. Dans
Homère , Ulysse enivre Polyphème
avec du vin de Maronée. JNonnus
donne Silène pour père k Maron. —
Un lils d'Évanthe, grand-prètre d'A-
pollon à Ismare, lit cadeau a Ulysse
d'excellent vin, pour lui témoigner sa
reconnaissance do la générosité avec
laquelle le héros l'avait sauvé du pil-
lage, lui, sa femme et ses enfants.
Encore du vin! encore la Thrace!
encore des cadeaux! Évidemment les
deux Maron n'en sont qu'un. — Un
Maron qui se distingua pi es de Léoni-
das, hTaffaiie des Thermopyles, eut
nu hérôon ou chapelle héroïque sur
ce champ de bataille.
MAUOUIN , Marunus, Mercure,
était le dieu tutélairc des voyageurs
dans les Alpes, Nul doute que ce ne
fût un dieu indigène, soit des Rhètes,
soit des Lloégricns. Dès les temps
anciens il y avait dans les anfractuo-
sités et sur les crêtes neigeuses des
guides nommés Maronnes. Un dieu ,
leur maître, leur père elleur modèle,
1
MaR
était censé les avoir sous son patro-
nage. Les routes étant, dans la niy-—
thologie grecque et romaine, sous i4H
surveillance de Mercure, les Romains
n'ont point manque de faire un Mer-
cure de Maroun et de le nomm
Marunus.
MAUOUTA. Fo) . Pavana.
MAROUTOINKÈ LS (les) sont ,
dans la mythologie hindoue, de purs
esprits que vaguement on identifie
aux Dévarchis, mais qui au fond
semblent des émanations de Marout^H
le dieu des vents, de l'air pur, dajl
odeurs balsamiques cl de la fumiga-
tion.
MARPÉSIE, Marpesia, Mxp-
itiviecy reine des Amazones, soumit,
dit-on, les habitants (hi Caucase , et
donna sou nom n celte chaîne du
monlngues. Si jamais le Caucase s'est
nommé Marpèse, c'est que Marpésie
était la montagne personnifiée. On
aura identifié guerrier montagnard et
montagne, montagne et lune, lune
et nduratiice belliqueuse de la liiut
H
Comp. Amazones.
MARPESSE, fille d'Événus roi
d'Etolic, épousa Idas [P'oy. ce nom).
MARS (Mameus des vieux Sabin
Mavors des poètes), en grec Aa
(dorien, Aras), était dans le mon
gréco-romain le dieu de la guerri
11 naquit, sirivanl Hésiode, de J
piter et de Junou. Des tradilio
modernes , mais qui au iond re-
montent a une haute antiquité, lui
donnent bien Juuon pour mère, mais
en ajoutant que nul amant , nul
époux n'eut part a cette maternité
miraculeuse; il lui suffit de toucher
des doigts une fleur des champs d'û^^,
lènc, pour voir ce dieu terrible ^PP)jH|
raître dans ses mains. Dire qn'elh?^'
venait alors de se reposer auprès du
temple de Flore, et que Flore lui
avait enseigné ce moyen d'avoir uu
n
MAR
fils; supposer un voyage eti Orient,
comme si Olène était eu Orient; ima-
giner que Junon se mit ainsi à voya-
ger pour avoir un fils a elle seule, le
tout par jalousie contre Jupiter, qui
«cul avait produit Minerve de son
cerveau , ce serait s'égarer dans de
vaines broderies étrangères k l'esprit
de l'antique légende. D'autres généa-
logies,rudimentaires en quelque sorte,
font de Mars ie fils d'Enyo (Enjo-
Bellone ou Euyo-Véuus : sur cette
question capitale comparez Anahid).
Au dire des Grecs, Junon donna
son fils à élever k Priape (Titan ou
Dactyle Idéen), qui le fit préluder aux
cruels exercices de la guerre par la
danse furibonde et sanglante des Co-
rybantes. Dans cette liypotlièse , la
scène se passe en P])rygie, et les
cliaînes montagneuses de l'Anadhouli
servent de gymnase préparatoire au
jeune dieu. Une autre opinion place
le tliéàlre de ses premières années en
Thrace. Ailleurs , c'est une déesse
Tliéro (la vie sauvage personnifiée)
{êi^'p , bête farouche ) qui veille sur
son éducation. Mars prit part, se-
lon Claudien, a la guerre des géants,
et tua dans cette lutte célèbre Pé-
lore et Mimas, En revanche il fut
obligé de fuir devant Typhoée ; et,
pour mieux échapper aux coups de ce
prince des Açoura helléni([ues, il se
métamorphosa en poisson. Il faut re-
marquer qu'Apollodore ne parle pas
de Mars dans cette guerre, et que le
grand rôle y est joué par Minerve.
Beaucoup plus tard les deux Aloïdes
triomphèrent du dieu des combats ,
et treize mois de suite Mars languit
dans les fers.d'Olos et d'Ephialte. 11
ne dut sa délivrance qu'k l'indiscré-
tion d'Iphimédie et a l'adresse de
Mercure. Il faut croire que son élo-
quence surpassait son adresse k ma-
nier l'épée. Ayant tué Halirrholhe,
MAR
29
il fut cité par Neptune au conseil
des dieux , et l'assemblée tenue dans
Athènes l'acquitta. C'est k cet anti-
que et premier échantillon des causes
célèbres qu'uue des légendes les plus
en vogue en Grèce attribuait l'in-
slitulion de l'aréopage. Quelques faits
particuliers se dessinent encore dans
la biographie de Mars. Pendant la
guerre de Troie il se déclara en fa-
veur de Priam. Yénus blessée lui
permit de prendre son char pour
voler au combat. Il prit les traits
d'Acaraas, et tua une foule de héros:
il vengeait ainsi la mort d'Ascalaphe
immolé parles Grecs. Mais Minerve
le ramena du champ de bataille, et le
fit asseoir malgré sa fureur. Un autre
tre jour il fut blessé par Diomède;
mais son cri terrible, semblable au
houra de cent mille hommes qui char-
gent l'ennemi, fit trembler les Grecs.
Hébé et Péon réunis le guérirent de
ses blessures. — Mars n'a pas, chez
les poètes, d'épouse unie k lui par
les liens solennels du mariage, mais la
liste de ses maîtresses le cède peu en
longueur k celle des dieux importants
du paganisme. Rien de plus célèbre
que ses amours avec Vénus et les épi-
sodes qui s'y lient. Nul doute que
dans les croyances primitives des Pé-
lasgues Mars, identique k Vulcain, ne
fût l'époux légitime de Vénus 5 mais
dans les siècles postérieurs, l'Andro-
gyne-tolalilé se dédoublant en deux
sexes, donna lieu k la distinction de
Vidcain et de Mars; l'adéquate subal-
terne devint un remplaçant furtif de
Mars, et le Hiéros Gamos de Samo-
thrace fut pris pour un adultère. Vul-
cain, continuèrent les poètes , en fut
averti par le Soleil (Apollon) qui lui-
même avait aspiré k la tendre affec-
tion de Vénus , et qui par celle déla-
tion se vengea de ses rigueurs. Vul-
cain fabriqua le filet invisible {f^oy.
3o
MAR
VuLCAï») , le plaça arlîsteraenl au-
tour du lil qui recelait les Weux cou-
pablfs, puis convoquant l'Olynipe,
dieux et déesses, leur admiuistra la
preuve flagrante de sa bunle. Les
dieux en rirent sous cape, et Mercure
en rit tout haul (/^oy. Mercure, et
comp. de nouveau Vulcain). Après
Vénus, on trouve encore en ra[)port
avec Mars Agrauje, Allhée , Aityo-
cbé, Atalante, Bistonie, Calliroé,
Céléno, Chrysé, Critobule, Cyrène,
Démonice (autrement Andronice),
Otrère, Parnassi (ou Egine?), Pé-
lopée, Prologénid, Pyrène , Réa
Sylvia, Séta, Stérope ( ou Asté-
rope), Télée, Telpbuse. Il eut de
ces n\mpbes, princesses ou simples
mortelles, i° Alcippe violée par ila-
lirrbothe qu^ensiiilc Mars tua pour la
vengcrj 2° Méléagrej 3" les deux ju-
meaux Argonautes, Ascalaphc et lal-
mène 5 4° Partbénopéc , un des sept
cbefs; 5°Tcrée; 6°Histon; y'Lycus,
donné aussi pour fils de Neptune 5 8°
Phlégyas; 9° Pangée; io°l3iomcde,
roi desBistones; i T'Mulus, Kvénus,
Tbcstius ou Pylus ou Pylcs; 12°
Hippolytei'Amazoncj 1 3° Sinopej 1 i"
un des deux Cycnus qui furent tués
par Hercule; 15" Oxyle; 16° le se-
cond Cycnus que tua Hercule; 1 7* Ro-
mulusetRémus; 1 8°Bitltys; i g^OEno-
mas; 20" Ëvadné; 21" le dragon que
tua Cadmus. 11 faut y joindre deux
autres fils d'amantes inconnues, Clia-
lybs (l'acier personnifié), qui donna
son nom aux Chalybcs, et Calydon,
héros éponyme d'une des capitales de
l'EtoIie. Vénus aussi était devenue
mèie par son intimité avec Mars, Si-
monide nomme Erôs (l'Amour) com-
me le fruit de cette union clandestine.
L'opinion samolliracieune faisait naî-
tre des deux dieux Harmunie. On y
joignit plus tard, d'après des idées
toutes différentes, Dîmos et Phobos,
MAR
l'effroi et la crainte. Comme les syno-
nymes de ces deux synonymes abon-
dent en grec, il eùl été facile de don-
ner h Mars dix fils pareils à ces der-
niers. On sent du reste que ce sont
des parèdres transformés en fils; car
fils et parèdre sont des émanations
subalternes du dieu principal. Joi-
gnons ici la liste con plcle des divini-
tés parèdres de Mars : Hellone, Enyo,
Lyssa, tris, Dîmos (ou Formido),Pno-
bos (ou Pavor), Pallor, Pbygà, Nicà
(la victoire), — Les surnoms de Mari'
sont tous relatifs a la guerre, Nous
ne donnerons ici (|ue les principaux.
Ce sont d'abord Marmcsse ou Mars-
Piter. Ensuite viennent les noms
de Gradivus (qui marche au com-
bat)', Stator (qui arrête, ([ui attend
de pied ferme), de Tîcliésiplète (qui
ébranle les murs) , d'Alloprosall (qui
va, qui saute de l'un à l'autre),
d'Alalaxios (relatif au houra des an
ciens, Alala;!), de Thourios (l'éner-|
gique), d'Hyperméuèle, d'Arnogète,
d'Obrimotliyme, de Cartérodiîr (qui
indiquent vaillance, fureur, et bras
robustes), de Phonios, Mia;plionos,
Brotolcegos , Polymoclithos ((|ui par
lent de sang, de sueurs et de cata-
strophes); de Brisarmale, de Cbalco
chylon, Cbalcocoryste , de Cbalcéos
Phéraspis, IJorysthène, Chryséopé
lex (pittoresques épithèles qui fon
saillir h l'œil les épëes d'acier, le_
cuirasses de cuivre, les boucliers d'ar-j
genljlescasques d'or); ceux enfind'É-
nyalios(Enyo mâle ou filsd'Euyo); de
Bathyptolème (à la guerre profonde),
d'Ultor et liis-Lltor (vengeur et dou-
ble vengeur); de Pacifer (qui donne
la paix), de Victor et Nicéplioros (qui
donne la victoire). On consacrait sur-
tout a Mars le coq en mémoire d'A-
leclryon, le cheval saisi equel il n'es
point de grande guerre, et enfin les
oiseaux de proie. Les nns en effet
I
J
MAR
sont braves, et livrent bataille à plus
fort qu'eux (le gerfaut), les autres sont
rapaces et s'éjouissent sur les cada-
vres. On sacrifiait à ce dieu le tau-
reau, le veau, le bélier , des chevaux
peut-être, et même des chiens, des
boucs, des ânes, et même des prison-
niers de guerre j mais les chiens étaient
offerts par les Cariens, les boucs par
les Lusitaues, les ânes par les Scy-
thes et les Saracores. Est-ce que tous
ces peuples, placés sur le globe à des
distances de quiuze cents lieues, ado-
raient le même Mars? Nous répon-
drons plus tard à cette question^ pour
l'instant notons que la Grèce et Rome
au moins l'honorèrent sous ces noms
d'Ares et Mars , Rome surtout qui
lui attribuait la naissance de ses fon-
dateurs, Romulus et Rémus, et dont
toutes les idées étaient tournées a la
guerre. Le culte des prêtres saliens,
institué par Numa et lié aux Anciles ,
fut le premier hommage rendu par
CCS futurs conquérants du monde au
dieu de la guerre [f^oy. Salius). Le
temple même de .Tanus ne doit être
regardé que comme un temple com-
mun a la paix et h la guerre. Dans la
suite il eut des chapelles au Capitole
et dans plusieurs des villes romaines.
Toutefois, les Romains souvent paci-
fiques en paroles élevaient des tem-
ples a la paix, ala concorde, ou bien,
concentrant toutes les puissances par-
tielles dans leur Jupiter , invoquaient
un Jupiter Stator, Férétrius, Milita-
ris , etc. C'est plutôt aux époques
postérieures que l'on vit le dieu des
armes se distinguer très-nelleraent du
dieu suprême, et avoir sous sa sur-
veillance le départeraentde laguerre.
Auguste fit bâtir un temple à Mars
Ultor après la bataille de Philippes.
Quant aux Grecs, pendant long-temps
ils firent de leurs dieux favoris des
protecteurs de la cité, et en consé-
MAR
3î
quence ils connurent peu un dieu de
la guerre. A Sparte on avait pour-
ta it un Mars enchaîné par les pieds.
La plupart des temples de Mars étaient
situés hors des villes. — Mars est
représenté sous les traits d'un guer-
rier des temps héroïques, en qui s'u-
nissent la force, l'adresse et Tao-ililé.
Les belles médailles de Métaponte
sont les monuments où il a le plus
grand caractère. Le corps robuste, la
poitrine large, les bras vigoureux, la
figure indifféremment barbue ou sans
barbe, l'aii' hardi, sévère, sombre ou
menaçant, le costume héroïque ou
bien la cuirasse, voila les traits qui le
caraclërisentj ses armes sont le grand
boucher argien, le casque, l'épée.
Quelquefois des génies les portent
(Willemin, Cost.ant.^ 8i), ou bien
préparent son trône {Pilture d' Er-
colano^ I, 29). Très- rarement il est
précédé de la chouette de Minerve,
symbole de la prudence qui doit se-
conder la valeur. De temps à autre
aussi il porte l'égide sur la poitrine.
Un char, traîné par des chevaux fou-
gueux que guide Bellone, l'emporte
sur les cliamps de bataille 5 Dîmos et
Pallor le précèdent, Phygâ le suit,
quelquefois Nikâ est dans ses mains.
Dîmos et Phobos (Forraido et Pavor)
sont parfois les deux chevaux qui font
rouler la bige sanglante. En général,
il reste pen de ÎWars de l'ancien style.
Alcaraène en fit un le premier : la sta-
tne était debout. Scopas, un peu plus
tard, figura le dieu assis de grandeur
colossale. — Mars est un dieu d'ori-
gine hindoue, et très-probablement un
Siva subalterne en tant que force,
c'est-h-dire un Skanda, Soubramania
ou Kartikéia. Privé de cette puissance
qu'il eut dans l'Inde méridionale, ou
peut-être grâce à celte supériorité
qu'il eut dans l'Inde, le culte de Siva
passa de bonne heure dans les ré-
Sa
MAR
MAR
m
gîons de la haute Asie , et la Tran-
soxane en fut long-lemps le foyer.
On peut supposer, il est vrai, que dans
cette émigration du culte hindou, c'est
Bhavani, l'épouse et souvent l'anta-
goniste de Siva, qui se popularisait
dans l'esprit des Asiatiques. Nous
l'admettons. Mais que ce système ne
devienne pas exclusif: Bliavani dans
cet exil n'est plus l'ennemie de Si-
va; le couple sacré se réconcilie ou ,
pour mieux dire , Siva résume Blia-
vani, Bhavani implique Siva. Toute-
fois, de celte idée commune éma-
nent deux faces de culte : dans l'une
Siva , le dieu Mars , s'en va vers
Test et le nord; dans l'autre Bha-
vani avance, suivie de son fiU Kar-
likéia , vers le nord et le nord-
ouest. De tous côtés pleuvent les ter-
res guerrières, les lunes guerrières,
les ondes guerrières, les génératrices
guerrières, les roules éloilécs guer-
rières. L'Arménie a son Anahid , le
Caucase son Amazone modèle, la Tau-
ride son Opis, le Danube sa Bendis ,
la Phrygie sa Cybèle. Dans tous ces
lieux un Atys, un dieu subalterne, un
parèdre jeune, beau, agile et robuste
se dessine sous la rude matrone. Ce
dieu, c'est Mars. Atys au-dessous de
Cybèle; Skanda au-dcssousde Bliavani
dans le pays des Saces ; Mégabyze au-
dessous de cette amazone modèle dont
le nom n'est pas donné, mais que rien
n'empêche de nommer Martésie ;
Thoas ou Taure (Thor) au-dessous
d'Opis, et Mars au-dessous de Bendis:
voilà les groupes mythologiques tels
qu'ils furent dans la pensée des peu-
ples. Mais bientôt chacun adore à
son gré séparément la déesse sans son
parèdre , le parèdre sans la déesse.
Aras un jour se trouve isolé de
Bendis. Vous croyez qu'il l'a été de
tout temps? Tout prouve que non.
Yoyez dans Samothrace, si voisine de
;ux
me
1
la Thrace, Aras couché dans le même
lit avec Aphrodite, Aphrodite qucleij|l
Latins, héritiei's directs du langagwB
pélasglque comme les Venèles ou \ e-
nèdes , nommaient Vénus. Vénus,
Vendis, Bendis , voila le même mot
faisant écho des bouches de ITsleT:
aux sources du Save (faux Dnuube]
eu Islrie, et de l'Islrie dansTEtiuri^
et dans les valléis des Sabins. De
coïncidences bien plus curiciise.s voi
encore se dérouler. Mars eu Thraci
était adoré sous la forme d'un vieux
sabre fiché en terre. Eh! bien hllorac^
cl chez les Sabins le dieu Quirinus]
qui est Mars même, ne fui d'abord
que la lance, queit\ la lance féti(|
che chéri des guerriers , la lauc
tour ù lour donnée comme arme fil
chée en terre par un bras puissant ,
ou comme produit spontané du sol.
Le javelot-figuier du vieux Uouiului
n'est pas autre ciiose, ou tout an ph
y a-l-il sous cette légende Tidée d'i
Mars rival, Mars sabiu, d'un piluu
futur vainqueur de la haste des
Italioles. La Tran,soxanc offre Ibj
même spectacle. La aussi c'est à ui
épée immobile en terre qu'on ren|
hommage. Bliavaui s'appelle dai
celle région lointaine Asailévi. Skanc
son fils, vaincu par le dieu diplonialî|
Ganéça, comme JMars par les favoris
de Minerve, comme Ajax par Ulysse,
s'en va frémissant dans les régions du
nord, et Ih plonge son glaive dans la
gorge de la terre. Ce glaive, ajoute-
t-on, est Asadévi. Qu'il soit Asadévi,
ou'il soit Skanda, voilà le Mars féti-
che tout trouvé; ellaScylliie au nord-
est, le Lalium au sud-ouest, la Thra-
ce au milieu, nous présentent trois
jalons remarquables de l'itinéraire du
dieu de la guerre. Ne nous imaj
nons pas que ces jalons soient le
seuls ! La Germanie, la Gaule, l'Hia
panic, adoiaieut ausM un Mars fél^J
MAR
clie. Le nom, certes nous ne sommes
pas de ceux qui tenteront delà don-
nei j mais quant a Pidée d'être aveu-
gle, on doit reconnaître qu'elle se
|)i ésente d'un bout de l'Europe à l'au-
tre. El quoi de plus simple? c'est un
des mille traits qui ont signalé le
voyage de celle grande race hindo-
germauique, se répandant de proche
en proche des flancs boisés de l'ima-
laïa a la noinie de AVardhiius et à
l'île de Léon, sur les plaines délicieu-
ses qui s'éleudenl au sud deTAlbord]"
et du Caucase, et dans le voisinage
des Geisers de l'Islande et des eaux
bouillantes qui fument au sein de l'hi-
ver éternel.
MA118E, MaRSUS, Mupertç, fils
d'Ulysse et de.Circé, donna son nom
à la célèbre peuplade des Marses en
Italie. Toutefois, les Marses préten-
daient aussi descendre soit du Phry-
gien Marsvas. soit de Mars lui-même.
Tacite place en Germanie un peuple
qu'il aomme Marsej il a tort de le
rej^arder comme une des branches
principales des (jermains. Ils se di-
saient issus immédialement du grand
dieu de la Germanie, Tuistou. On
nomme aussi des Marsaces. f^oj^.
Pline, IV, i5.
MARSYAS, My.p<rùxs, fils d'O-
lympe ou d'Hva£;nis , ramassa la
flûte inventée par Minerve, cultiva
l'instrument imaginé par la déesse, et
inventa la double llùte (comp. Pajn) et
la ligaturequiempêchaille gonflement
du visage: il finit par porter un défi
musical au dieu possesseur de la
lyre. Les Muses choisies pour arbi-
tres donnèrent, comme de raison,
la préférence au Dieu Musagète. Des
légendes qui ont pour elles de l'anti-
quité reoréseuteni au contraire Apol-
lon vaiucu au jugement des Muses
mêmes. A celle époque on n'avait
pas sans doute constitué un chœur
AlAR
33
de neuf Libéthrides, Héliconides ,
Pimpléîdes, modulant des chants clas-
siques sur ceux du maître, et for-
mant autour de lui un cercle dont
il est l'àme. Les syncrétistes , qui
même eu fait de fables ne dérangent
pas les existences acquises, conciliè-
rent au mieux les deux récits. Apol-
lon et Marsyas ne firent d'abord
que de la musique instrumentale,
et Marsyas l'emporta. Apollon
alors joignit la voix à la lyre, et
fil pencher la balance eu sa faveur.
Une autre légende montre Midas
choisi pour jugej mais c'est entre
Pan et Apollon qu'eut lieu la lutte
dont le roi de Célènes était l'arbitre j
l'erreur du reste n'est pas des plus
graves, car dans l'un et l'autre cas il
s'agilde la supériorité des instruments
à vent sur les instruments K cordes, et
peut-être d'un différend entre deux
systèmes de musique. Admis ce point
de vue, Marsyas représenterait les
Gluckistesdes anciens jours, Apollon
se trouverait un précurseur des Pic-
ciuisles. Comp. Midas. Quoi qu'il en
soit , Apollon déclaré vainqueur or-
donna d'attacher Marsyas h un arbre
et de l'écorcher vifj il paraît que la
peau du célèbre musicien resta sus-
pendue à l'arbre: car, dit Elien, joue-
t-on de la flûte, elle s'agite et réson-
ne 5 jone-t-on de la lyre, elle reste
immobile et muette. Quand le dieu du
jour eut passé sa colère aux dépens
du pauvre joueur de flûte, il eut re-
gret de ce qu'il venait de faire, et,
sans doute pour consoler l'ombre de
Marsyas, il brisa les sept cordes de
sa lyre, et en déposa les débris avec
les flûtes de son antagoniste dans une
grolte consacrée k Bacchus. Le sang
de Marsyas devint un lleuve du même
nom. Au reste, les anciens connais-
saient trois rivières de ce nom , l'une
danï la grande Phrygie non loin d'A«
3
34
MAR
panée, Taulre dans rApamène en
Syrie, an milieu crime Irès-grande
plaine de mémo nom , la troisième
daus laCyrrbesliquc. — Laflùte élant
jointe au culte de Cybèle, on admit
3 lie Marsyas était le père nourricier
e celle déesse ou son instituteur, et
qu'il l'accorapagua dans ses voyages.
Diodorc vante sa continence. \ a-t-il
là un vestige du célibat et de l'cunu-
cbisme des Corybantes? — Lu groupe
célèbre de Marsvas est celui qu'on
trouve dans le recueil des marbres de
Dresde, pi. 65. Monlfaucon eu a
donné un grand nombre , tora. I, i''
part. , 55 , 54. Ou peut voir encore
un magnifique bas-relief qui repré-
sente le supplice de Marsyas, dans
Wiuckelmann,7iyo7i«/7i. ined., 4*.
Au reste, les anciens menaient sou-
rent sur leurs places des slalues de
Warsvas. — On représente Marsyas
comme un être semi-sauvage, ênf ou
<P^p, disent les légendes. Cesl donc
un Pan, un Sylvain, un Cepb ou
Céphée, un Kabho-Mansou, un ila-
nouman, enlîu un dieu-singe à coté
des grands dieiis.
MAKTÉSIE, MAnTEsiA,M«/>Ti;-
viUf reiue des Amazones, partageait
l'empire avec Larapéto ou j^ampédo.
Ge ijom ressemble singulièrement îice-
lui de NJarpésie, mais plus encore k
celui de Mars, et surtout k celui de
Brilomarlis(la douce vierge). Cesdeux
dernières coïncidences sont graves.
D'Ares (Arles, Ertosi, etc. ) k la fière
Arlémis , le passage est facile en
nom comme en idéej et d'autre part,
qu'est-ce que la douce vierge, la vier-
ge des Crélois.'* Artémis, on le sait;
i'I Arlémis est la grande souveraine
des Amazones.
MARTILS, devin ilaliole, passait
pour avoir composé des livres qui
étaient conserves dans le trésor du
Gapitole avec les volumes sibyllins.
I
MAS
Le sénatus<consn1te qui déclara ces
livres sacrés avait été rendu après la
bataille de Cannes prédite, dil-on, par
Marfius. \ers le même temps aussi,
les llomaiiis instituèrent des jeux en
riionneur d'ApuUon, le tout sur Tor-
dre on la recommandalion de Marlius.
MAllTZAINA était la déesse des
moissons, selon les Slaves de Kiev.
On a voulu en faire une Vénus des
Sarmales.
MARUNUS. roy. Marouw.
RIAinAlNUYN, MAnYAM)Yiiui
Mccfiât^vte; , béros éponyme
Alaryandynes en Bitbynie. Comme
on ignorait l'origine de ce peuple
qu'en général les modernes dérivent
de la Thrace, ainsi que les Tbyni, les
uns firent de Waryandyn «n fils de
Fliryxos (origine tliébaine pélasgi-
que) , les aulres lui donnèrent pour
père soit Phinée (origine tbrace), s
Ciinmérius (origine kimri(jne, trèi
douteuse par conséquent, mais incoi
teslablcment plus seplenlrioiiale q'
les autres, transdanubienne el p
être tauri(|ue).
MASAHIS, Bacchus en Cari
On donne pour origine à ce nom M
nourrice de Baccbus, el Ares, par*
que Ma persuada k Junou que Si
nourrisson était un fds de Mari
Comp. l'art. Ma. l'ournou», il sem
ble que Masaris est le Mahéconara
des Indes (/'oj'. BAUcnus (]iii a pres-
que tous les noms usuels de Siva).
MASSIQUE, Massicus, cbef
é<rusqne qui conduisit au camp d'É-
née les guerriers de Clusi«m et de
Coses. Un vin de ce nom (iVJassicum)
était fameux k Borne du temps d'Ho-
race, et se confondait presque avec
Falerne. Tous ces vignobles sont d
truits anjourd'bni : au reste, il fal
noter que Massique, ainsi queMassl
appartenait k l'Elrurie , tandis que
Falerne, Gaure, Calés et les colea
0-
ue
1
MAT
massiques, tous voisins de Sorrente,
faisaient partie de la Campanie.
MASïOR, M^o-lwp, 1° de Cy-
thère, père de Lycopliron j 2° père
du devin Halitherse.
MATAI, le dieu du vent, selon la
légende d'Olaïti [Foj-. Tane; et
comp. la légende contraire^ article
Etoua-Rahai). Dans celle-ci le vent,
nommé Orré-Orré, est membre d'une
triade sacrée.
MATALI , conducteur du char
d'Iudra*
iVlAlCHI-MANITOU est, selon
les sauvages de l'Amérique nord ,
un dieu malfaisant , le même que la
lune. Les orages, disent-ils, ne sont
causés que par l'esprit de la lune qui
s'agite au fond des eaux. Aussi , lors-
que les tempêtes se font sentir^ jel-
tent-ils au fond des eaux, afin
d'apaiser le dieu malin , tout ce
qu'ils ont de plus précieux. — Malsi,
IVlalchi veut dire lune , et Manitou
esprit. Coinp. Amazoues et Mani-
tou.
MATCHIA-VATARAM, ou plu-
tôt Matsiavatar, c'est Vichnou-
poisson (première incarnation).
MATERA, Minerve-pique, ou or-
née de piques. La Matera était un
trait a l'usage des Gaulois.
MATÈRES, MxTipis, c'est-a-dire
MÈRES, dÉESSES-MÎîRES. F^. MiiRES.
MATILALRUIA,la déesse des eaux
selon les Azlèques, était représentée
vêtue d'un linge Lieu céleste en forme
de tunique.
MAI IvOMEK, dieu des indigènes
de l'Amérique septentrionale et prin-
cipalement desiroquois , était le dieu
de l'hiver; c'est du moins en cette
saison qu'on l'invoque,
MATR^, Matres. ;^. Mères,
et comp. l'art, suivant.
MATRIS (les) sont liuit ou dix
déesses, effloresceoces divines de la
MAT
35
haute Maharaaïa, Mahaçakti, Maha-
matri. On les nomme dans le Dévi
Mahatmiam, Brahmi (fille de Brah-
raâ ) Mabéçouari (fille de Siva),
Aindri ( fille d'Indra ) , Varahi
(fille de Varaha), Vaichnavi (fille
de Vichnou), Kaouraari (fille de
Koumara), Kaouvéri (fdle de Kou-
véra). On peut leur joindre Nara-
cigni (fille delNaracingha) ou Tchan-
dik a (surnommée Aparadjita) ouTcha-
mounda. Tour a tour les énuméra-
lions présentent ou huit ou dix Ma-
tris. Les trois dernières sont celles à
qui l'on conteste le plus souvent une
place dans les listes. Il est essen-
tiel de remarquer que les Ma tris
n'apparurent dans la mythologie,
telles que nous les trouvons aujour-
d'hui, que lors d'une fusion des cul-
tes. Trois d'entre elles , Vaichnavi
Varahi, Naracigni sontvichnaviennes.
Braiimi, Kaouraari, Kaonvéri appar-
tiennent au Brabmaïsme; Mabéçoua-
ri , Tchamounda el Tchandika , l'in-
vincible tueuse de Mounda, sont des
émanations sivaitiques. Aindri flotte
sur les confins de Vichnou et de
Brahmà. A présent, quels sont les
rôles, les caractères et les places des
Matris? 1° C'est au brahmaïsme
qu'on donne vulgairementles huit Ma-
tris. On a tort: comme elles ne se lo-
calisent sous aucune des trois grandes
déités trimourtiques , c'est dans le
brahmisme qu'il faut les réabsor-
ber, car Biahm résume Bhramà,
Vichnou , Siva. 2° Souvent on fait
des huit déités féminines un groupe
parallèle aux Vaçous. Varahi, dit-on,
préside au nord, Mahëcouari au sud,
Brahmi a l'est, et Kaouraari au cou-
chant. Puis viennent au nord-est,
Naracigni, au nord-ouest Aparadjita ,
au sud-ouest Aindri, au sud-est Vaich-
navi. Comp. les huit Vaçous pre'si-
dant aux huit Rhumbs principaux de
3.
36
MAT
la rose des vents. 3° Il est tout sim-
fi!e que les hi»il Malris se récapilu-
cnl par uneMahamalri. Mabamatri,
qui n'es! autre que Mahamaïa , est un
centre Hu cercle dont les simples
Matris occupent la circonférence:
d'elle partent les huit rayons qui vont
affleurer de 4 5 en 4 5 degrés a la pé-
ripl)éiie circulaire; à elle reviennent
converger ces huit divergences: à elle
seule elle est le cercle entier. Elle
n^est pas la somme des huit unités,
elle est l'entière somme des fractions,
et les fractions ici sont huithuitièmes.
4." 11 V a liaison intime entre les idées
énergie et production. Or, mère
n'est pas autre chose. Comp. Tart.
Maïa : Maïa est Sakii. Sakii est Ma-
Iri, Sakti se se nde en htut Matris, et
Saktis et Matris ne forment qu'une
seule ogdoadc. 5" C'est surtout dans
l'Épopée grandio.se des gm-rrescontre
lesgéants,qu'ilesl question desMatris.
Tchandi et tous ses alliés s'é'ancent
contre les dieux : qui les saviva? l*our
les Sivaïtes, auteurs du Markandeia-
Pourana, c'est Dourga. gigantesque
et hautecomme une montagne, Dour-
ga, déesse à dix bras , à dix arme<,
éblouissante de beauté. «La Sakii
» Brnhmi, les reins reinlsd'une corde
n blanche, et portant une {gourde
» creuse, vint, montée sur un char
» tiré par deux cygnes : elle a pour
» surnom Br;ibmaiii. Ensuite apparut
» Mabécouari, montée sur uu tau-
» reau, armée du trident, portant un
T) large serpent en guise de bague et
î) le croissant de la lune pour orne-
» ment de tête. Parmi les eunemis
» destines à combattre les enfants de
D Diti (Titans), >e montre aussi Kaoïi-
» mari, dont les mains Icuau-ul la
V lance, h laquelle un paon seivailde
» monture, et qui, sous l'arme de
» Kartikaïa, élail Ambika(la mère).
» Vaicboavi arriva moulée sur un ai-
MAT
» gle, portant la conqne, le disque,
» la mas>ue, l'arc, Tépée, que s
» cinq mains soutenaient. Sousle no
» de Yarahi, vint renerj;ie de Har
» qui prit la forme sans égalede l'on
» sacré. Ou vit se présenter Nara-
» cigni (femme-lion), dont la forme
» ressen blait absoliiment 'a celle de
» Naracingh(homme-'ion); sa crinière
» se liérissait , cl, s'élevant formida-
»ble, menaçait les cienx. Ensuite
» Aiudri, portant le tonnerre dans sa.,
» main, et moulée sur le roi des élÂlfl
» phants; semblable en tout h Indr?"
n aux cent yeux. Et enfin, Ténerf^ie
» tel rib'e nommée Tcliandika : Sakii,
» qui s'élança du corps de IJévi (Par-
» vati elle-même^, horrible, poussant
» de longs liurlemenls, pareils aux
» gémissements affreux decenleh.ikals
»à la lois. Ce fui ille, la déesse in-
» vincible , ce fut Aparadjila qui
» parla en ces mois h Içaua , dont 'a
» tète est environnée des tresses noi-
» res de ses cheveux. On vit Tcha-
» manda debout sur un cadavre ,
» Varalii, assise sur un buffle , Ai
» dri moulée sur un éléphant, Vaic
» navi portée par un aigle , Mali
» couari par un taureau , Kanuma
» par un paon, lira' mi paruncvgn
» enfin Aparadjila, que le monde e
» lier révère. Ce sont les Matris
» douées de toutes les facidtés.» 11
faut lire la fin de ce magnifi(|ue épi-
sode dausEug. Burnouf, yu«;7A. a.?.,
tome IV, 24 , 32 , ou mieux en-
core dans Holwel et Edward. Les
dix déesses ici sont autant de rayons
du soleil de Bhavani. a Les Saktis,
va-t-on dire, ne rentrent donc pas ici
d.ins le bralimisme ?» — [Son et ou
INon : car la Dourga cpii luede.sgéan
est Uhavani. Oui : car Bhavani pou
les Bhavanisles était lagra ide déess
la mère de la Trimonrli, la reine
Tèlre, Elle ne uaîl pas de Siva, Siyi
MAT
naîl d'elle ; elle nVst pas un des an-
gles du triangle, elle est le triangle 5
c'est Mahamaïa. Et ce n'est pas la
une iiiterprélallon. L'Homère hindou
qui a lais^é tombi-r le chant des
splendeurs de Dévi le proclame lui-
même, h dix reprises. D'autre î'art,
aussi, il faut penser que ces Poura-
nas furent lédigées à une époque où
le sivaïsme avait fléchi sous des cul-
tes plus heureux, et où en consé-
quence les Orphées sivaYques, tout en
exaltant leur déesse chérie, ne peu-
venl refuser Ventrée dans leurs vers a
des divinités rivales ou ennemies.
MATTA est encore de nus jours
honorée a Nagrakat (Lahore) dans
une riche pagode où se rendent beau-
coup de pèlerins. On assure que des
enthousiastes se coupent un morceau
de la langue pour le lui offrir. Se-
rait-ce un dieu du silence ?
MVT f A-SALOiMPO passait h
Célèhes pour le premier roi de la
cajiitale, Boni. Comme Botchica et
Mankokapak , il s était marié a une
Eve de même nom et en avait eu un
fils et cinq filles de qui descendirent
tous les princes de Boni, Au bout de
quarante ans le couple divin retour-
na dans l'empyrée , sa patrie. Les
nombres i et 5 sont ici asseit remar-
quables. La main s'émane en cinq
doigts. Puis, autre question: lessœurs
ne sont-elles pas des épouses? Comp.
Bath, surtout pag. in, lom. LIIL
MATURlNE, Maturna, déesse
romaine, était invoquée lorsque le
blé venait en maturité.
M\TUSE, Mattjsius, dePh^agu-
se, semblait l'ami le plus dévoué du
roi Démophon. De sombres désirs de
vengeance couvaient sous celle ap-
parente tranquillilé. Démophon jadis
enlevant sa fille l'avait immolée au
pied des autels pour obtenir des
dieux la fin d'une maUdie épidéiniquc
MAT 37
qui ravageait son royaume. Investi
peu-a-peu de toute la confiance da
prince, un jour IMalnse l'invite avec
ses fils à un repas splendide , égorge
ces jeunes victimes du crime de Itur
père, ei offre a Démophon, dans une
coupe d'or, la pourpre écumeusede
leur saiig. Démophon , échappé des
mains de Matuse, le fit jeter à la
mer avec la coupe fatale. Mais tous
deux en furent tirés parles dieux, etia
coupe devint une constellation.
MATU TA, divinité latine, qui vul-
gairement passait pour la même que
la Leucolhée ou Leucotboé des Grecs
(Cic.iVrt^c?. Z>.,1. m,ch. 19), et
à qui l'on donnait pour fils Portunus,
l'équivalent romain du Pa'éraon hel-
lénique fcomp. PAt.ÉMON).Tousdeux,
après s'être précipités dans la mer, ar-
rivèrent, portés par les Néréides, sur
les côtes du Lalium,où ils auraient été
mas>acrés par les Bacch.mtes si Her-
cule ne fût venu a leur secours. Alors
la mère et le fils adorés par les no-
mades du Latium reçurent d'eux des
noms latins. Portunus, ainsi qu'on
peut le deviner au nom seul , était
cen^é présider aux ports. Tout an-
nonce donc eu Matuta et enPorliinus
des divinité» marines ( f^. Ovide,
Fastes, 1. VI, V. /iyS, etc.; comp.
Oudendorp, sur V Ane d'or d'Apu-
lée, p. 307). Mais sous d'autres rap-
ports , Matuta semble s'ebdgner con-
sidérablement de Leucolhée. Dans
Lucrèce ( 1. V, v. 655, 656), on
la voit ramener l'Aurore au sein
de rélher. L'adjectif latin Matu-
tinus ne peut dériver que d'rn mot
bien voisin de Matuta. D'autre pirt,
la fêle de cette déesse se nommait
Matralies [31atralia); et diverses
circonstances (on l'invoquait en faveur
desenf.inls des autres) impliquent ici
l'idée de maternité. Cette idée et celle
d'Aurore se concilient facilement.
38
MAV
Matuta, espèce d'Aurore latine, dées-
se du jour, est par là même la déesse
qui met au jour, la déesse qui faci-
lite les accouchements : c'est prescjuc
ime Ilitiiye. AussiJuuon porte-t-el/e
le nom de Matula. Cette qualifi-
cation prouve tout simplement que
les deux diviniléb sous certain aspect
se fondaient dans une idée com-
mune, celle d'accoucheuse , d'intro-
ductrice a la lumière. Mais y a-t-il
moyen de concilier de même l'idée
d'Aurore Ililhye et de Leucothée?
C'est ce qui nous semble indubitable,
quoique jusqu'ici l'on n'y ait point
songé. Leucothée, nourjice et tante
de Bacchus, n'est évidemment qu'une
divinité lumière, une aurore (awxij ,
lumière ; MvkÔs^ blanc : Albtscere
luceniy etc. f^oy. LeucothoÉ). Les
Matralies se célébraient le 1 1 juin.
Le jour était néfaste.- Les dames
romaines avaient seules le privilège
d'entrer dans le temple de Matuta 5
elles y admettaient cependant une
esclave , qu'elles renvoyaient après
l'avoir légèrement souffletée, ce qu'O-
vide attribue a la haine qu'Iuo, d'a-
bord appelée Leucothée, portait à
l'esclave Périplière, qui entretenait
avec son mari Athamas une liaison
criminelle, et qui lui dévoila la ruse
dont elle se servait pour causer la
stérilité dans la Béolie.
MAU, divinité des î!es Sandwich.
Sa statue (figurée dans Choris, F^oy.
pitt. autour du monde, Sandw.,
pi. \I, f. i) se dislingue par l'énorme
bouche dont le gouffre semble mena-
cer d'engloutir ses adorateurs (Comp,
Kaleaoko) et par la coiffure den-
telée qui couvre sa tête (il est essen-
tiel de la voir dans les planches de
Choris pour s'en faire une idée).
MAVORS (gén. Mavortis), nom
de Mars chez lesllaliotes, dérivé sans
doute des mots Maha-Erlapar l'inser-
MÉA
tion ou la substitution de la semi-
voyelle v , comme Mamers par celle
de la lettre m : Mahavarta ou Ma-
houarta, Mawharla, Mavarta,Ma-
vorle.
MÉANDRE, M^AiïDEB, Ma/«»-
^fos , le fleuve Méandre personaifiç,
passait pour fils de Cercaphe et d'A-
naxibie, et pour roi sans dotite de
quelque canton de la Phrygie. Lequel?
11 n'importe. Toutefois , il semble
qu'on doive nommer Pessinonte. At-
taqué dans cette, ville par une forte
armée étrangère, il promit a la haute
déesse de Phrygie d'immoler en «on
honneur la première personne qui
viendrait le féliciter. Archélaiis, son
fils , paya de son sang la promesse
imprudente de son père. D'autres
joignent au jeune homme la mère
et la sœur de Méandre. Ce serait
donc trois victimes au lieu d'une. Il
est croyable que cette augmentation
imprévue n'a d'antre cause qu'unsyn-
créti.^me sans critique. La légende du
sacrifice offrait des variantes. Des
mythologues trouvèrent tout simple
de réunir toutes ces variantes en un
seul fait : une triple immolation. Une
tradition difl^érente donne au drame
des vœux de Méandre un tout autre
dénouement : au lieu d'immoler son
fils, il se noie. Ailleurs enfin, encore
un trait de syncrétisme ! il tue son
fils, il immole sa fille, il verse le sang
de sa mèrej puis, soit délire, soit re-
mords, il se jette dans le fleuve qui
baigne ses états. — Le Méandre était
célèbre chez les Grecs par les sinuosi-
tés de soncours, sinuosités bien moins
remarquables pourtant que celles de
la Seine ou du Missouri ou de mille
autres. Il ne passait pas, comme on
se l'imaginera peut-être, à Pessi-
nonte. Au reste , on voit que plus
d'un nom de ce mythe appartient à la
géographie. Il y avait en Phrygie,
MÉC
vers le nord-est , une ville d'Arché-
laïs. Le Méandre était, au dire des
théogonisles gtecs, un fils de l'Océan
et de la Terre , et pour fille on lui
donne une^ nymphe Cyanée {kvuvi-^,
azurée).
MÉCHANÉE , Mechaneus, M;;-
y^cinùi ^ «luplter. Au milieu d'Argos,
sur la place publique , on voyait un
cippe de bronze qui soutenait la sta-
tue (le Zévs Méchanée. La tradition
voulait que les Grecs eussent prêté
devant cette statue le serment de pé-
rir devant Troie , plutôt que de re-
noncer à leur expédition contre cette
capitale de l'Asie antérieure. Mécha-
née est une espèce de Bulée , quoi-
que avec la uuauce de moyen d'exé-
cution venant seconder les décisions
de la volonté. ^
MÉCHAINITIS, Af^;ii«v7r/f : i"
Minerve, 2° Vénus, l'une et l'aulrc
a JVJégalopolis. Ces noms sont impor-
tants , surtout s'il s'agit de Minerve ,
Minerve énergie du dieu suprèjnc,
volonté par conséquent du dieu su-
prême, Sakli-Dourga, qui sait, qui
décrète et qui exécute (Com[). HÉ-
PHESTOBULE , MaUAMAÏA , MaTRIS ,
Neitii), Minerve inventrice, d'ail-
leurs , Minerve déesse a'ix expé-
dients, Minerve qui, la où d'ai\tres ne
voient que le but, voit quelle grande
roule et (|uel chemin de traverse mè-
neront au but. Erganà déjà nous fuit
voir dans Minerve Tindustrielle par
excellence j mais atteindre au but,
accomp'ir une mission , créer et met-
tre sous la main un résultat, c'est
œuvre d'art et d'industrie: dans celte
carrière, comme dans la leclinologie
pure, il a falfu s'induslrier ; des
rouages, des poulies, des leviers,
étaient nécessaires pour aboutir à
cette fin. Minerve donc, soil que,
sinople Erganà, elle se liorne h
l'industrie vulgaire des arts et raé-
MËD 39
tiers, soit que, industrielle transcen-
dante, elle manie les cœurs des rois,
les caprices tumultueux des peuples
et les oscillantes volontés des as-
semblées délibérantes. Minerve est
une haute mécanicienne : Erganà est
Méchanitis, — Pour Vénus, Mécha-
nitis n'est qu'une épilhète badine: la
déesse des amours est rusée et fertile
en expédients 5 les ruses de guerre
ne lui manquent pas ; elle met à du-
per les adeptes autant d'esprit que
Minerve a inventer les voilures des
vaisseaux, ou les miroirs concaves qui
brident la ûotte romaine dans les eaux
de Syracuse.
MÉCÎSTÉE, Mecisteus, m>î-
y.t(rTi\js : 1° Lycaonide 5 2" père de
l'Epigone Euryale ; 3° fils d'Echius
et compagnon d'Ajax (Polydamas le
tua au siège de Troie). Chez quelques
poètes le second est un des sept chefs.
11 avait Talas pour père , Adraste
pour frère.
MÉDÉBRONTE , Mr,èitfl,Tr.ç ,
un des fils d'Hercule et de Métraie
o
(F". M égare).
MÉDÉE, MedEA, Myju'ci, la
grande déesse des Colques , passe
chez les Grecs pour une femme, pour
une reine, pour une magicienne. Son
père alors était Eète, sa mère Hécate
ou Idye ou ISéère ou Aslérodie, etc.
Au fond, qu'importe? Toutes ces gé-
néalogies reviennent toujours à la
faire naître de la terre, du ciel ou des
e.iux. Puissante sorcière, elle joignait
a l'arl terrible des enchantements une
ravissaute beauté. On la voit d.ins
PloléméeHcphcslion disputer hThé-
tis ce jirix que plus tard Junon , Vé-
nus et Pallas se disputaient sur l'Ida.
Le roi de Crète, Jdoraénée que la
chronologie évhémériste ne place
qu'un peu plus loin, fut pris pour ar-
bitrej mais on sait qu'Idoménée figure
parmi les juges infernaux , et la ma»
4»
MÉD
rilime Thétis et la magicienne Mé-
dée ont une face chthoniennc. La
légende merveilleuse de Medée se
complique de Ions ces caractères.
Aussi est-ce h la première naviga-
tion , au preniii-r navire ( P^oy. Ar-
gonautes) que les Grecs lièreul Pin-
canlalrice pur excellence. QuVst-ce
en effet que voguer sur les flols?
n'esl-cc pas un prodige qui lient de
la magie? Et ce bàlimenl léger qui
flotte imperméable h Tonde sur l'onde
qui se tord en longs sillons d'écume ,
et qui semble béci' pour l'engloutir,
n'est-ce pas le cbif-d'œuvre d'un art
nngique? Minerve même, Erganà
Mécbanîtis. présida dans la terre de
Grèce a la construction de la nef
miraculeuse. Dans la terre qu'arrose
le Pbase, une autre Erganà vien-
dra doubler ses rôles, et la rempla-
cer ou la reflrter. Enfin voici .îason
arrivé en Colcliidc! 11 faut qu'il tue
les gardiens de la toison : exploit
impo>sible sans miracles ! mais la
femme aux niiracles est là. Elle est
tcule la première prise au piège fas-
ciiialeur de la beauté : elle aime Ja-
son, se fait aimer, reçoit les serments,
prodit;ue en échange les herbes ma-
giques, les formules magiques, et,
3nand le lendemain Jason se liasarde
ans lalice où tout annonce qu'il doit
mourir, il est impossible qu'il sente
même l'ombre de l'effroi. Sa libéra-
trice, celle qui cumule tant de rôles h.
la fois, beauté, amour, magie, illu-
sion , Kama-^Iaga-Maïa abandonne
l'Asie pour l'Europe, le père pour
l'époux ^ le passé pour l'avenir. Ces
viei'les terres où jadis In pensée lui-
œainc, seule fée qu'il y aitau monde,
enfanta des prodiges, vout être dés-
héritées au profit d'un nouvel univers:
la métropole ne peut p'us retenir la
lumière sous un buis-clos jaloux j la
science, long-temps cloîtrée, prison-
med
uière, s'évade- elle se fait nomade
aujourd'hui pour être demain ro<mo-
politr. Toute production nouvelle
pourtant suppose une destruction. Le
perfectionnement en venant au monde
froisse et déchire^ chaque pas danj, la
voie du progrès se dessine par des 'ar-
mes ou du sang5 initiation iuipli(|ue
toujours saciiiice. IN'e nous étonnons
donc pas que. lorsque la science (sa-
luée du nom de féerie) écliappe aux
murs épais de sa prison d'Asie, les
geôliers qui l'ont tenue au secret
s'indignent, s'arment et courent après
elle.Eèle envoie Absyrte sur la trace
du navire (|ui tend les flols de l'Euxin,
emmenant les Argonautes, la toison
et Médée. Absyrfe meurt : sa sa-ur le
décliirede ses mains, et sème la p'age
côtoyée par Jason de chairs livides el
d'os brisés. Sanglants vestiges qui
jalcnneul la voie de l'émancipation!
Les légendes nous montrent ensuite
les Argonautes incertains de leuri ou te.
Médée les aide de ses conseils, et sur-
monte mille obstacles j mais ici les
délais n'ont rien de priniordial el de
grave (/^oj-'.ARGOîSAtrTE.s et Jason).
On arrive enfin, on touche h Phéa-
cie, où même quelques traditions
montrent les deux amants encore
suivis par Absyrte. Là, grâce h l'é-
pouse du roi, le mariage se célèbre
et se consomme. Ainsi Médée était
vierge, et nous retrouvons encore
ces deux idées , une île terre primi-
tive et tvpique (a<«, ^Ea 5 comp.
CiRCÉ), une vierge énogie et magie
(Maïa-Sakti). Puis la Grèce d'où
est parti Jason reçoit le navire voya-
geur. Là, plus que jamnis, Médée
se montre fée bienfaisante et fée
terrible: elle rajeunit le vieil Eson ,
elle fait déchirer Pélias par ses hlles ,
et ne le rend pas à la vie. La même
chaudière (Argha mystique au sein de
laquelle s'élaborent les êtres) tour à
MED
lotir rempile de sucs [«^concis et d'her-
bes stériles a reçu les deux cad ivres:
mais l'uu sort brillant de tou(e la
fleur de la jeunesse, el la viecnmine
une sève puissante cii cule p.ir torreiils
dans ses veines; la froide dépouille
de l'autre ne peut s'irapréguer du
principe vital , et reste inanimée au
fond de la cuve. Le vase berceau
d'Éson est le tombeau de Pélias.
Dans rhisloire, telle que les évhé-
méristes l'ont faite, Pélias était an-
tagoniste (l'Eson ou, ce cpii revient
au même, des Esonides, Sa mort est
donc pour le chef des Argonautes ou
une voie simple pour reconquérir le
trône usurpé par cet oncle ambitieux
(toutefois comp. Acaste), ou une
vengeance s'il ne pouvait ressaisir
le rang suprême. C'est h cette seconde
bypollièse qu'on est forcé de donner
la préférence. Car un peu plus tard
nous voyons Jason et Médee a Co-
rintlie. Médéeest mère, mais.Tasonlui
est infidèle : il va's'unir a la lire du
roi d'Éphyre. La jalouse magicienne
offensée empoisonne sa rivale par
une tunique semblable h celle de
Nessns , égorge ses (ils, gages d'un
amour profane, abandonne aux re-
mords et a !a solitude l'époux tjui l'a
traliie, et plane diins un cbar attelé
de drogons au-dessus du pa'ais de
Corinlhe incendié. Ici la scène chan-
ge, el la magicienne va se trouver en
rapport avec deux antres personnifi-
cations solaires. Selon les uns, c'est
elle qui avait guéri de sa démence
Hercule furieux, et quand elle s'éloi-
gne de Corinlhe, c'est auprès du fils
d'Alcmène qu'elle va chercher un
asile; selon les autres, ses reptiles
ailes abaissent leur vol sur la terre
d'Attique. Egée y règne, Egée l'e-
pouse. Ou devine que certains my-
thologues ont dû ne rien voir d'in-
conciliable dans les deux faits, et que
MÉD
4i
la Mingrélienne, a leur dire, passera
de Jason à Hercule et d'Herru'e k
Egée. Le tout, pourquoi? Parce
qu'Hercule, alors eu exil, ne pouvait
protéger efficacement la réfugiée.
Médée auprès d'Hc rcule e«t bien une
terre ou lune auprès du soleil, mais
l'antagonisme n'est point marqué.
Auprès d'Egée, c'est autre chose.
Un fils d'Egée arrive un jnur dans
Athènes: c'est Thésée, Thésée-soleil;
chlhonienne ou lunaire, la fée le voit
de son mauvais œil : elle veut l'em-
poisonner. On peut voir aux arti-
cles Égke, Éthba, Thésée, com-
ment le jeune prince évite le piè-
ge. Médée impuissante cet le fois s'en-
fuit enrore; mais elle va encore dans
une rour (en Phénicie); elle épouse
encore un roi; elle a un fils, Midas;
elle passe pour la mère d'un grand
peuple, les Mèdes. — Les modernes
se sont crus d'habiles critiques , les
nus en prêtant encore des crimes a
Médée, les autres en plaquant sur sa
légende un vernis romanesque de fem-
me vcrlntust, innoctnte el per-
séculi'e. Réfuter ces deux manières
de voir, qui au fond u'en forment
qu'une, serait du temps perdu. En-
fin, il y a dans l'histoire fabuleuse de
Médée quehiuts traits empruntés a
des réalités, mais ces lëalités n'ap-
partiennent pas plus k tel siècle , a
telle race, a telle partie du monde
qu'à une autre. En tout pays et en tout
temps il y a eu des filles de rois, des
amoureuses, des voyageuses, des em-
poisonneuses, des vendeuses de reuiè-
des; il y a eu de prél<ndues sorcières,
il y a eu des jalouses qui tuent leur
rivales et laissent la leurs amants. Mais
qu'une princesse du lô" siècle avant
J.-C, ait couru toutes ces aventures
exprès pour fournir des tragédies à
Euripide et des disserlations a Clavier,
il est impossible de le croire. Medée
A»
MÉD
MÉD
1
est , autant et plus que tout autre
persoQuage de la mythologie, un èlre
d'imagination. D'une pari , le drame
grec a singulièrement brodé sa lé-
gendej mais de l'antre, avant que le
drame grt c surgît avec ses boucs et son
raa&que de Ire du tombereau de Tbes-
pis, la légende existait. De tout temps
ou crut aux lées. La haute déesse aux
Indes , c'est Maïa , l'illusion . l'éner-
gie, la beauté. Illusionner, c'est èlre
féej agir avec énergie, c'est être fée 5
être belle, c'est être fée. Les croyan-
ces indiennes se sont répandues jus-
que dans la Germanie et dans la
Scandinavie par une longue diagonale
dont l'isthme qui sépare la iVler-jNoire
de la mer Caspienne e-sl peut-être le
nœud le plus important. Mais quand
ce fait, admis aujourd'hui par loul ce
qui comprend l'histoire , serait con-
testé, l'idée de magie n'en serait pas
moins une des formes élernelles de
l'esprit humain. Dans la Nouvelle-
Zemble comme sous l'Equateur, en
Irlande comme eu Chine, dans les
îles de corail de l'Océanie comme
sur le continent, l'iiumctnité admet,
n'importe sous quel nom, la féerie et
les fées. Et qu'est-ce au fond que la
féerie î Des effets dont on ignore
les causes. Or, les peuples jeunes ne
voient dans les faits que des faits. Les
causes qui les produisent , ils n'en
savent ni le nom ni la théorie- tout
pour eux est donc magie. Qu'un hom-
me un peu plus habile découvre le
moindie enchaînement de causes et
d'effets inconnu au vulgaire, et grâce
à cette cause reproduise l'effet a vo-
lonté, cet homme passe pour un ma-
gicien , et il l'est. Il l'est jusqu'à ce
que tout le monde en sache et en fasse
autant que lui. La nature surtout est
une puissante magicienne. Fée subli-
me, elle agit sans cesse, crée sans
cesse, nous ravit, nous éblouit, nous
étonne sans cesse. Sans cesse elle jette
la beauté a pleines mains et dans tout
l'univers. Energie et Magie, il n'est
pas surprenant que tel ait été long-
temps son nom. Ainsi deux ordres
d'idées : la grande fée INaturej les
magies secondaires, émanations, indi-
vidualisations de la grande fée. Apré-
sent, un mot encore. C'est chez les
femmes surtout que s'est localisée l'i-
dée de féerie. Trois causes y ont
concouru. La beauté, cette espèce de
mystère qui plane sur l'idée de sexe,
enfin l'identilication de la nature (fée
suprême) h une femme. i\lédée peut-
être en est une preuve plus frappante
encore que tant d'autres. Si ce nom
rappelle les Mèdes , et semble la Mé-
die personnifiée, il fait penser aussi
h la médecine (mais qui peut dire que
Mtdos et mtdicns n'aient pas un
lien commun?) 5 Médée aussi se rap-
proche de inaid ^ la vierge (d'où
ma^d^ mœdchcn).
MÉDÉIDE, V.Yihlh.i , pilote du
navire tyrrhénien (jui prit Katclius,
fut seul épargné par le dieu. Comp.
AciiTE.
MÉDÉON, U'Jua, héros épo-
nyme d'une ville deBéotie, devait le
jour a Pvjade et "a Electre.
MÉDÉSICASTE, Mn^nriKua^ii f
fille naturelle de Priam , épousa Im-
brios, de Pédase^ et fut emmenée eu
captivité par les Grecs , après la
chute de Troie.
MEDICURIUS, Mercure. Ce fut,
dit-on, son premier nom. La paro-
nomasie des deux n!ots( medicnria ,
Mercurius) a seule pu engager a
émettre celle opi-ilou.
MEDICIJS, MÉDECIN, Apollon :
c'est un des surnoms les plus impor-
tants de ce dieu [Foy. Apollon et
comp. Esculape). A ce titre, Apol-
lon avait le serpent au pied de sa
Statue et était honoré à Balanagrea
MED
(Cyrénaïque), où on lui immolait des
chèvres. — Minerve aussi avait le nom
de Medica. Sagesse suprême , il n'est
pas étonnant qu'elle se délègue en
déesse médicinale; mais sous d'autres
rapports encore elle a droit à ce titre.
INature, magie, génie inventif (méclia-
nîtis), qui peut mieux qu'elle trou-
ver, pour rendre l'homme à la santé,
de magiques expédients?
MÉDIOXIMES (les) passaien l pour
des dieui raito\ ens (aériens) ? vu que
l'air lient le juste milieu entre le
ciel et la terre. Servius en fait des
dieux marins, et Apulée des êtres
supérieurs a l'homme et inférieurs
ans dieux.
MÉDUSE- Médusa, M^'hua-et,
la grande Gorgone, est une fée, une
vierge , une espèce de Médée dans la-
quelle prédomine la face chthonienno
et ténébreuse .Aussi certaineslégendes
lui donnent-elles une éclatante beauté.
Rien surtout n'égale sa longue et
blonde chevelure. Des milliers d'a-
mants sollicitent sa main, Neptune
aspire a ses faveurs; et, métamor-
phosé en oheval ailé (c'est à tort qu'on
dit en oiseau), il l'enlève, la por-
te dans un temple de Minerve, et la
se livre avec elle aux voluptés d'un
amour clandestin. Ainsi, beftuté, vir-
ginité, clandestinité, cheval-oiseau
{t^oy. HiPPios), onde, et par consé-
quent magie se trouvent ici. Survient
la face ahrimanlenne de la légende.
1" Méduse est laide. Soit qu'elle ait
porté à Minerve le déli de la beauté,
soit que la violence qu'elle a subie
dansson temple ail fait naître le cour-
roux dans le cœur de la virginale
Athânà, on voit Méduse odieuse k
cette brillante déesse de la lumière.
Au lieu de la belle chevelure qui flot-
tait autour de ses jambes , des ser-
{)enls aux dents vénéneuses coiffent de
eurs spirales grisâtres la tête de la
MÉD A*
vierge insolente ou de la concubine
déshonorée; une teinte fenugineuse
remplace celte blancheur éblouissante
qu'admira le dieu des eaux. Ses yeux l
rigides pétrifient quiconque en reçoit |
unregard, et transforment le cœur qui
battait naguère en épais minéral.
Nombre d'infortunés périssent ainsi
dans les environs du lac Tritonis sous
l'ascendant de ce coup d'oed immobi-
lisatcur. 2° Méduse doit mourir. On
lui donne deux sœuis, Euryale et
Slhényo : celles-ci défient la vieil-
lesse et le trépas. Des trois Gorgo-
nes c'est donc elle qui est la moins
haute, la moins grande ; c'est elle
pourtant que l'on regarde comme la
Gorgone par excellence. Serait-ce
donc que les Gorgones, étant une
personnification du malheur, et que
la mort étant un malheur, la Gor- |
gone mortelle est la Gorgone la]
plus terrible? 3° Il y a lutte entre
le soleil incarné d'Argos (Persée)
el Méduse. Le glaive d'or du Mi-i
thra de la Grèce décolle la tête de la|
Gorgone; des gouttes de sang jaillis-
sent et teignent en pourpre l'écume
blanche, de la mer : Khouçor et Pé-
gase naissent. Encore du sang! Tan- j
dis que Persée traverse l'espace sur \
Pégase, tenant a la main la tète hi- j
deuse , chaque goutte que laissent |
échapper les artères se change, lors-
qu'elle touche la terre, en un ser-/
fient de dimension colossale. Enfin ,
a tête elle-même conserve au sein
de la mort sa propriété terrible. Qui-1
conque arrête son œil sur l'œil de
Méduse est changé soudain en un ro-j
cher a forme humaine. Persée lui-mê-'
me subirait ce destin funeste si la tête
qu'il emporte en trophée n'était ca-
chée sous un tissu protecteur. Dans
la suite on voit Minerve placer sur
l'égide qu'elle a reçue eu don de Ju-
piter, la tête aux mille serpents. C'est
44
MED
l'arme la plus terrible de la Donrga
des Hellènes qiia -d elle vole sur les
cnainps de lialail'e , qiiMle lue les
géants cl qu'elle liiboiire k coups de
lance le corps des impies pour faire
passer leurs :imes avec le sang; parles
plaiei qu'elle a ouverles.— Tout ce
que l'on peut dire pour donner h Mé-
duse un aspect de reine africaine,
chasseresse et guerrière, n'rsl que fa-
ble. Il>uffira de lire l'art. GoRGO^ES
pour revenir de relie erreur si on la
pariageait. Ajoutons que Méduse est
une Minerve, mais Minerve terrible.
Minerve est née au sein du lac Trilo-
nide : aquatique ainsi que Neplune,
elle est rivale de Keplune; hurière
élbérée , elle est l'opposé de INeplune.
Cette opposil on n'est quebjuefois
qu'un paral'éiismetalorslcs deux êtres,
fruits d une scission, aspirent à se con-
fondre. JNeplnne aime la déesse ti i-
ioniennej il la pussède. Vulcain aussi
dans les mythes dédalides , domte
dans sa forge la pudeur d'Albànà.
Athènes, depuis, sauva par un aulre
conte la virgin té de sa déesse [f^.
ERiCHTHOMrs).On fit de même dans
les mythes 'uni-solaires. À jirésent
nous ét(ndrons-uous sur l'identifica-
tion de Lune, de Terre . de ténèbres,
d'inorganisme , de pétrification, de
mort et de malfaisance? Les art.
Gorgones, Diane, etc. peuvent
nonsexempler de ces détails. — Ou
gaidait h Tégée ( ville Minervienne )
des cheveux de Méduse. Ils servirent
de Pilladium k la ville. Deux légen-
des couraient s'Ji l'origine de ces che-
veux. Snivont Tune, c'était Hercule
qui en avait fait cadeau k Érope, fille
de Cépliée; .suivoul l'autre, Céphée
les tenait de Minerve. — Une foule de
monuments antiques représentent Mé-
duse même ou bien sa lête. Voy.
L\ppt'Ti,DactjIioth., II, 26; Maf-
fei, Gem/7i., loin. IV,pl. ayçtaSj
MÉG
Beger, Thes.^ Brand., III, 3 1 5 ,
Z\6'^MnH'e /!or., tom. I, pl.Ss, n.
4. — 10, pi. 3."?. n. I — 9' un denier
de IManrus (Eckl el. Ah/». Jnecd.,
page i5) présente Méduse el au le-
vers l'Aurore sur son char. Une suite
de sujets relatifs k Prrsée et k Mé-
duse se trouve dans Mi'lin, Galerie
rnythtd., 386, 586-387, ^87.
1 ous les antiquaires ont remar-
qué la Méduse assise sur des rochers
accablée de douleur de voir des ser-
pents s'alonger sur sa tète, k la place
de sa be'le chevelure, el même sur-
gir de tontes parts autour de sa peau
délicate, dresser leur tète qui semble
, sifller, et s'enrouler autour de son
corps el de ses jambes. Celte idée a
été souvent reproduite par leslilho-
glypIies.Quelqnel'oi.>»latêlede Méduse
' a des ailes. Léonaid de Yinci, parmi
les modernes, a Hil une lête de Mé-
duse, monument qu'onregarde comme
un de ses chef,s-d'œuvre. — Deux au-
tres Méduse étaient filles, l'une de
Sthénèle, l'iiulre de Priam. '
MÉGABROINTE, Megabrontfs,
MiyxZficvTy.St chef ddiitn, fut tué par
Hercule sur les côtes de Sicile dans
une balai 'le entre les Argonautes el
ses compatriotes.
MKGALARÏE, M£y«A«OT«f, et
MEGAL0M.\ZE, Uiyu.hUcil6ç, in-
venteurs de la panification, portèrent
celte invention en Béotie. Tous deux
eurent des statues k Scolion. Cérès
aussi avait le nom de Mégalarfe.
Délos célébrait en sou honneur les
Mégalarlies, fêle remarquable par
une procession où l'on portait des
pains(Rac.: ^Éyas", grand 5 uprtsj
pain, «&;i^««,,pàle).
MEGALÉTOR , Me7«>L^V»^, fut
changé en Ichneuraon(^. Munvque).
— RJÉGALÉioR, élail aussi un sur-
nom d'Apollon.
MÉGALOSSAQUE mya.>.lTTx.
MÊG
Kiç, Dolien, tué par Castor et Pol-
liix dans la bataille que les Cyzicèaes
livrèrent am argonautes.
MÉGAMÈDE, M£7««^'#« , fille
d'Arné, est une des femmes de Thes-
piiis. mère des cinq Thespiades.
MÉGAISIRE, Megawira , M«.v^-
yufx, dont quelquefois on fait MÉ-
TAHiEE, est 1° femme d'Arcas , 2°
femme de Celée. Comp. des varian-
tes, art. CÉRÈs. — Mkgatjire est la
grande Nére'e, la grande audrogvne,
idée venue de riude où elle est Irès-
frcquenle, et où le mot qui veut dire
hiimme enlre dans la composition de
beaucoup de noms de femmes {/Vara
en samskrit, ùv^ip en grec, ISériro en
zend, homme, vir). Comp. NtRÉE,
jNérike, etc.
MI£G APENTHE, Megapenthes,
Meyet^ÊvfljjV , fds de Prœlus , neveu
d'Acrisius et cousin de Danaé, régna
d'abord a Tirynthe, tandis que Per-
sée, Thérilier d'Acrisius son aïeul,
avait Argos sous sa domination. Plus
lard , les deux princes tirent un
échange et Mégapenthe alla s'éta-
tablir dans Argos, tandis que Persée
émigrait dans Tirynthe et de plus
fondait Mycènes. Ce t'ait de l'histoire
fabuleuse aderimporlance. Entendu
à la lettre, il fait comprendre com-
ment la postérité de Persée occupe
Tirynthe et Mycènes et non Argos,
Tirynthe, par Hercule, et Mycènes
par Crissée. Hygin assure que Méga-
penthe tua Persée pour venger la
mort de Prœlus, c'est probablement
un conte l^orgé à plaisir. Mégapenthe
laissa, en mourant , le trône à son fils
Anaxagore qui lut le dernier de sa
race. — Un MÉri^pEKTUE , Hls de
Ménelas et de l'esd ive Piéris ou Té-
ridée, avait pour frère Nicostnle.
Tous deux furent exclus dii trône
comme tiis d'unf cuu.ubiue; i|Utl-
quefois on pont-e Mégapenthe
MEG
A5
épousant soit une princesse Spar-
tiate, fille d'Alector, soit Hermioae.
Il était, ainsi que son fi ère, repré-
senté sur le trône d'Amvcles. Une
tradition rbodienne portait que Mé-
gapenthe et jNicostrate chassèrent Hé-
lène de Sparte, et la contraignirent à
se réfugier chez les Rhodiens.
MÉGAKE, MEGARA,M£y««px, pre-
mière femme d'Hercule, est fameuse
par la mort déploiable qu'Hercule lui
fil subir alusi qu'à ses enfants lorsque les
enfers le rendirent k laterre, en proie
à de sombres accèi de démence. Mé
gare passait pour fille du roi de Thè-
bes, Créon. Hercule l'avait obtenue
en récompense du triomphe qu'il
avait remporté sur l'orrhoménien Er-
giiie. On noMima les fils de Mégare ,
Thérimaque , Crénntias, Déicoon et
Déion. Du reste, il existe des varian-
tes «ur leurs noms et sur leur nombre.
Hygin n'en c 'mpte que deux, Euri-
pide va jusqu'à trois. La légende vul-
gaire montrait Créon spolié du trône
par Lycus, et Mégare pendant l'ab-
sence d'Hercule obsédée par les sol-
licitations du tyran qui voulait en
faire son épouse. To il h coup. Her-
cule arrive en fureur, immole Lycus
et rend le trône h Créon. Mais soit
excès de colère , soit jalouiie, il est
encore agite pir une noire frénésie
quand l'usurpateur n'est plus, et .sou
courroux s'étend sur Mégare elle-mê-
me. Une autre légende fait périr sous
les coups d'Hercule en démence ses
fils, mais non sa femme. Rendu
bientôt à la raison. Hercule déplore
sa fatale vengeance ; et, ne pouvant
regarder Mégare sans honte et sans
regrets amers , il la cède à lolas,
son a ni et son coiup ig ion le plus fi-
dèle.— Un MÉGARE, Mci^'irjs, M=-
yx^o,, fils de Jupiter et d'une nym-
p'ie Silhade échappa aux flots lors
du déluge de Deucdiion en gagnant à
46
fMÉG
la nage la cime d'un mont sur lequel
croissaient des grues. La montagne
prit de là le nom de Géranienne (71-
fxfoç., giue).
MEGAREE,MEGARErg,Mfy«fi»f,
héros éponyme de M» gare, passait
tantôt pour tils d'Apollon, tantôt pour
fils de Neptune et dEnopc, ou même
pour fils d'Hippomène'5 tué en por-
tant du secours à INisus assiégé par
Minos, le fils de Neptune aurait été
enterré aux pieds du mur de la ville
dont sa cendre était comme le Palla-
dium. Une tradition différente le fai-
sait gendre et successeur de INisus.
Deux fils et une fille furent les fruits
de son hymen, raaisl'un péritsous les
coups des Dioscures, devant Aphid-
nes, l'antre (OEdipe) fut mis en piè-
ces paF le lion du Cilliéron.Mégarée,
alors, promit sa fille à celui nui la
vengerait, en tuant le lion. Alcathoiis,
obtint ce prix de la valeur. — Un
second MÉgabée, petit fils d'Hercule
fut père d'Hippomène; peut-être cette
généalogie esl-elle due h quelque ré-
daction imparfaite de la précédente.
— Mégaree et la ville de Mégare ne
font qu'un. Les légendes laissent
apercevoir deux faits: 1° que Mégare
tirait son orii'iue de Thèbes; 2°
qu elle avait des prétentions à la
puissance maritime.
MEGAS, Miyuç, père de Périme,
fut tné par Patiocle a Troie. Comp.
MegÈs.
MÉGÈRE , MeG^EA , Mîyccipa..
/^O^. FuiUES.
MÉGÈS, Mîyvs, (les Doriens di-
saient Megas) :i° chef grec, fils de
Phjlée, prétendant d'Hélène et con-
ducteur des quarante navires de Duli-
cliium et des îles.Ecliinades à Troie 5
2° chef troyen, Messe , la nuit de la
prise de Troie par Admèle d'Argos.
Mégès avait été représenté le bras
en écharpe sur un tableau de Poly-
MEI
gnote qui était consacré à Delphei,
MÉGESSARE, MegessaresI
M(7£c-<r«^»?f, père de PI arnacé, uM
des mystérieuses déesses qu'on fan
femme de Sandak et mère de Cinyrej
Pharnacé veut dire lune; Sandal
était le soleil. Il est croyable que Mé«
gessare est une e,spèce de temps , c(
grand sare, ce cycle de cycle j, le Ma«
nouantara personnifié.
^ MÉHADU (il faut lireMAHADEvij
d'où Mahadev, Mahadéo, etc.)n'e«
fias une divinité subalterne. Ce sont
es Rralimes qui le disent. Mais lei
Brahmes adorent Rrahmà et veulenj^
à toute forceqne Hrahmà ait la préé
minence sur tous les autres dieuj
de la Trimourti. Au reste les Brah-
mes mêmes avouent que Méhadu fut
créé avant la formation du monde,
et qu'un jour il détruira le monde.
MÉHER Foy.MuiR.
MEn*>DH, célèbre reine du Co-
naughf, dut lejour àEochaidh-Fiedh*
lioch descendant d'Errcamhon; et enj
conséquence fut la sœur des trois Fi-j
néamlinas. Elle ent pour mère Bé-|
ma, fille de Criomlhan, issue de la]
même race d'Erreambon. Elle était
fort jeune encore lorsque son écla-j
tante beauté inspira un amour crimi-
nel à ses trois frères. Oeux-ci dansj
l'ivresse commirent l'inceste avec leurl
sœur. De cette liaison criminelle na-
quit Lnghaidb- Riablidearg. Nous]
n avons pas besoin d'avertir que'
tout ici est falsifié k plaisir, et que
les triades, les incestes, sont les
cadres systématiques dans lesquels
tourne perpétuellement la mytho-
logie irlandaise. Eochaidli-Fiedhlioch
avait trois favoris Fiodhacb , Eo-
chaidh-Allat et Tinne. Tous trois
prétendaient à la main de la belle
Meibdh. Le roi issu de Konrach-
Magh-Sainbh partagea le Conaught
entre ces trois princes , sans doute à
JNEI MEI i(7
lilre de vassaux , et les somma de tour, «ît pria son mari de lui perraet-
lui indiquer un lieu propre à devenir Ire d'aller se plonger dans les flols
sa résidence souveraine. Les deux pie- bien loin de l'endroil où Feargus
raiers déclarèrent qu'ils ne paieraient nageait. Le bon prince y constîn-
de tribut qu'au chef qui résiderait à tit; mais Meibdh ne resta pas long-
Tara. Tinne au contraire dit a Eo- temps dans la petite anse que formait
diaidh-Fiedhlioch : « Va bâtir ton le lac et où elle s'était d'abord jetée
palais où bon te sendjlera; là j'irai aux yeux d'Oiliollj entraînée par un
le payer l'impôt. » Tinne obtint ainsi irrésistible peucbanl, et babile dans
la préférence sur ses deux rivaux et l'art de nager, elle se rapproclia iij-
ful le premier mari de Meibdh. Eo- sensiblement du jeune homme. Oi ioU
chaidh-Allal osa lever l'élendard de à celle vue, eu proie a une araèreja-
la guerre contre son heureux compé- lousie, donna ordre à un de ses pa-
tileur 5 il perdit K la fois son royaume rents de percer Feargus d'un coup
et la vie. Tinne abandonna le ter- de lance et fut obéi. Feargus expira
ritoire conquis au blond OilioU, à presque iinmédialementj mais aupa-
OilioU-Fionn. Dans la suite il suc- ravant, arrachant le fer de sa bles-
comba lui-même dans une bataille k sure, il tua le lévrier d'Oilioll en vou-
Tara contre le Mealh Monuidhir ou lanl atteindre le roi inhospitalier. Ce
Maceacht. Devenue par celle mort massacre du lévrier, symbole connu
souveraine de tout le pays (on ne du druïdisme, du sacerdoce, a trait
nous dit pas comment j OiUoll-Fionn sans donle h une guerre de religion,
et Fiodhach étaient doue morts), à une révolte des classes opprimées
Meibdh régna dix ans sans partager contre les oppresseurs. Cet incident
l'autorilé avec qui que ce fût. Notons au reste est très-commun dans les
en passant que dans l'ancienne légis- annales fabuleuses de l Irlande. Oi-
lafion les femmes étaient toujours ex- lioll-More fut lue d'un coup de lance
dues de la domination. Au bout de dansuncombatparKonnall-Kearnacb,
ce laps de temps elle épousa en se- un des trois fameux Fins ou bérosde
condes noces «OilioU-More, Oilioll- l'Ulsler. Oi'ioll était alors parvenu
le -Grand, fiU de Ilona-Ruadh. K un âge très-avancé. Meibdh versait
M. d'Eckslein soupçonne cet Oi- encore des larmes sur le trépas
lioll-More de ne pas différer d'Oilioll- prématuré du beau Konnor. Isolée,
Fioun. Meibdh par suite de cet évè- méprisée, malheureuse, elle quitta
nement donna le jour a sept fils qu'on Cruaciian, son ancienuedemeure,pour
appelle les sepl Maine. Quelques an- aller habiter luis Cloilhroin près du
nées après arriva le beau Feaigus. lac lllbh. Pendant l'été elle passait
Accueilli avec transport par Oilioll des jours entiers à se jouer dans ces
et mieux encore par Meibdh, Fhôle eaux fraîches et délieieuseS. Un jour
des souverains du Couaught alla un le tiis du roi Konnor de l'Llsler, Jor-
jour se promener avec eux au bord buidhe , vint secrètement prendre
d'un lac. Le roi eut la fantaisie de avec sa ligne de pêcheur la mesure
voir Feargus se baigner. L'exilé con- exacte du lac, d'un rivage a l'autre, du
sentit k satisfaire ce bizarre désir 5 il côté où s'élevait le fort de Meibdh ,
se dépouilla de ses vêtements et se Inis Cloilhroin. De retour dans l'Uls-
plongea dans les eaux. Bientôt ter, il arracha deux arbres et les
Meibdh eut envie de se baigner a son planta tous deux k une distance
48
MEI
f^ale à celle qui séparait les deux
bords du lac, puis, ayant fixé une
pomme sur la cime dépouillée d'un
de ces troncs , il alla se placer
auprès de Taulre , s'exrrca long-
temps a frapper au moyen d'une
pierre plat-ée au bout d'un laci-t la
pomme élevée sur le pieu, cl, à forf-e
de multiplier es épreures, parvint h
être sûr de l'abattre a son gré. Vint
un jour où conformément a un plan
concerté d'avance les clans du Co-
nau'^bt et de l'Ulster s'assemblèrent
pour mettre fin h de longues que-
relles par une paix solide. La reine
était occupée dès l'aube naissante k
se baigner dans son lac favori. Kon-
nor et .lorbiiidlu" se rendirent a l'as-
semblée. Jorbuidbe lance sa pierre :
Meibdh atteinte K la tète et blessée
mortellement disparut dans les flots.
En tout elle avait régné quatre-
vingt -dix -huit ans. ^ous n'avons
pas besoin de faire ressortir tout ce
qu'il y a de mylbique dans la vie de
celle reine de l'autiqne Conauglit.
Meibdh est une seconde Mélusine,
uue Wymphe, une Naïade, une On-
dine : sa vie, son bonheur, c'était de
folâtrer, de s'ébattre au sein des
eaux. Ces Ondines k leur tour ne
sont point sans rapport avec les belles
Nymphes lacustres ou fluvialiles en
tant que fécondes et fécondantes
(/^O)'. Anna-Peren>'a, CamasÎitje,
Juturne). Quant aux nombres dont
l'histoire entière est semée, 3, lo,
98, tous sont symb(diques et ont trait
à des thèmes mythiques tracés d'a-
vance, vrais lits de Procrusle aux-
quels il a fallu, bon gré mal gré que
les délails de la fable fussent ac( om-
modés. Restent les aventiires amou-
reuses de la nine, 'es incestes , le
double n)ariage, l'adultère. Les in-
cestes, nous le disons plus liant, re-
TÎenneBt k tout instant dans les or\-
MEI
gines irlandaises. Le père et la fille,
la mère et le fils, voilà un premier
cycle d'unions itionsirueuses qu'a cha-
que inslani proclame l'Irlande théo-
logique : l'Orient , l'Egypte, l'Inde
nous en offrent des myriades d'exem-
ples : les cohabitations fréquentes du
frère et de la sœur se déroulent en-
suite. Qui admet le plus tolère na-
turellement le moins: bs incestes de
frère k sœur ne sont pas moins fré-
quents que les premiers dans la my-
thologie de quelque peuple que ce
soit 5 et en Orient ils passèrent dans
la morale pratiipie rédigée par les
instituteurs des ro\sftd usuni. D'ail-
leurs de l'inceste du père avec la fille
k celui du frère avec la sœur le pas
est facile, si l'on songe que les fils ne
sont que des émanations du père. Dans
le mythe de Meibdh en particulier,
les trois jumeaux Finéamhnas forment
à eux trois une Trimourii a(lé<piale
d'Eochaidh - Fiedhlioch. 1^'infidélilé
que Meibdh fait à Oilioll en faveur
de Feargns rappelle d'abord le com-
merce scandaleux de la reine femme
de Bartolam avt c le serf Togadh ,
puis la mort de Fiai, femme de
Lughaidh , fils d'Ith le Brîgante.
Celle-ci" nageait toute nue dans la
rivière de Feil, quand son époux
l'aperçut 5 elle en ressentit tant de
hon'e qu'elle en perdit la vie. La
mort du léviier d'Oilioll a son pen-
dant ou plutôt sa contre-partie dans
celle du lévrier de la reine, femme de
Bartolam. Le roi certain de son mal-
heur que lui confirmait encore la bou-
che de sa femme arracha violemment
Samer (c'était le nom du favori lé-
vrier) du sein de l'épouse criminelle
et le jeta par terre si brusquement
que l'innocut animal péril sur la
place, depuis appelée Inis-Samer. —
Une antre Meibdh , femuie d'Art
(ils de Kojin aux cent batailles, donna
I
MEL
son nom a un fort des environs de
Tara, Ralh-Meibdli. — Une Iroisième
Meibdh, divinité des Tiialha-Dadan,
faisait parlie de la Trimourti fé-
minine Eillina-Vatacli , Mollira et
M'ibdh. On l'anpelle viili^aiiement
Meibdh-Kruachna, parce qu'elle avait
pour mère Kruachan.
MÉLAMPE, Melampus, Màa^-
TTosi médecin habile, était (ils d'A-
mitliaon et de Dorippe, et neveu de
Jason {'têiirûxi, guérir). Il semble
aussi avoir été devin et poète. Fa-
meux déjà dans toute la Grèce, il
mit le comble h sa gloire en guéris-
sant de leur monomanie les Frœlides
qui croyaient avoir été transformées
en vaches. En récompen>e, il exigea
que le roi de Tirynllie lui cédât les
deux iiers de son royaume," il épousa
Iphiaiiasse, une des piincesses qu'il
avait guéries, et laissa trois fils. An-
tipliate, Abas et Mantius. — On a
beaucoup divagué sur Mélanipe. Se-
lon les uns, il guérit lesPrœtides avec
de l'ellébore et même, comme l'ont
fait depuis les naturalistes, il imposa
son nom a cette plante [mclampo-
clium). Les' autres veulent qu'il n'ait
rais en usage pour la guérison que des
formules magiques. Ue même on s'est
demandé quelle était la maladie des
Prœtides, démence, hystérie, névrite,
elc..^ On eût dû voir que les Prœtides
étaient les Bacchantes. Prœlus, c'est
Fréj Fré est le soleil, le soleil est
Bacchus. Les Prœtides sont doue des
f)arèdres, des hiérodoules, des fil-
es du soleil , et comme Bacchus-
soleil a presque toujours l'aspect
tauromorphique , ces dociles miàs-
trantes atfictent les fcjrmes et le ca-
raclèie delà vache. La «uérison des
Prœtides par Mélainpe n'est donc que
la cessation deshaules chaleurs, sym-
bolisées par des reslriclons qu'ap-
porte un sage au cult«5 trop orgiasliquc
MEL /,9
de Bacchus. On a donc eu tort de voir
dans Mélampe un propagateur de ce
culte: tout au plus le parti que son nom
représente le régularisa-l-il en l'asser-
viss inl h des formes plus pures. Il y a
p'us : une des épithèles lavorites^du
lumineux Dévauicha, c'est celle de
Levkopous {Aiv>cÔ7:6vs)Rn pied blanc:
Mélampe veut dire au pied noir. Au
reste , on a expliqué ce nom par d'au-
tres causes. Dorippe, dit-on, avait ha-
bitué son fils à marcher sans chaus-
sure, et le soleil avait noirci les pieds
de l'enfnnt. Le peuple, toujours hy-
perbolique dans ses récits, prétendait
que Mélampe entendait le langage des
animaux, et Apollodore rapporte un
conte bizarre ace sujet. Lesévhémé-
ristes ont placé la guérison d»-s Prœ-
tides tantôt sous Prœlus, tantôt sous
Anaxagore. Ce dernier prince, dit-
on , avait d'abord refusé a Mélampe
le prix qu'il demandait pour la gué-
rison de ses cousines. Jusque-lii Mé-
lampe n'avait demandé que le tiers
des étals de son auguste client. Il
partit; rnppelé au bout de quelque
temps il eu exigea les deux tiers, et
en donna moitié h son Irère Bias. —
On trouve encore deux Mélampe:
le premier esl ua des Uioscures Tri-
topators (les deux autres se nom-
ment Alcon et Eumole), le second un
compagnon d'Hercule, père de Cissée
et de Gyas.
MÉLAMPYGE, M£>«^;ryyaî,
Hercule en tant que tournant les
épaules, le dos, etc. {'/rvyip, c'est-
à-dire passant d;ins l'hémisphère aus-
tral qui est opposé au nôtre, et liis-
sant aux habitants de l'hémisphère
boiéal rhivrr. les frimos, les lo 'gués
nuits, les ténèbres. Hercule Mélam-
pyi^e est mis en i apport dans a my-
thologie avecles Cercopes.]N'ou,-.avons
dit dans cet article tout ce qu'il est
essentiel de savoir sur leMélampyge.
5o
MEL
MÉLANÉE, Melahea, fille de
Neptune , fut aimée du dieu-fleuve
Nil, et lui donna If ncm de Mêlas.
RIÉLAISEE, Mei,a>eus, M£;\«.
ifj{ : 1" Elhinpieu lue aux noces de
Persée; 2" fameux Centaure; 5"vjiec
si habile a tirer de l'arc qu'on le di-
sait fils d'Apollon.
MÉLAISliGIS, MELAN.tGlS, Mt-
P^ii«<>/; : Bacchus k Herniione, où
chaque année on célébrait en son
honneur des jeux dans lesquels ou se
disputait le prix de la musique, de la
natation et de la rame. Ce nom, dij^nc
de remarque, nous ramène à Téj^ide
possédée par Jupiter cl par Minerve,
a l'idée de puissance généra tiice su-
prême , enfin a celle d'esprit funeste
et ahrimanien. Les Apaturies athé-
niennes étaient consacrées à Dionysc-
Mélané^is, a Jupiter et à Vulcain.
MÉLAINIOIN : Al£A«v/i»vi"llippo-
mène; 2" un des disciples de Chiron.
MKLAINIPPE, femmes. Foytz
MÉN \L1PPE.
MÉLAINIPPE, Melamppus, Mj-
Piavi'snrô^-. 1° Fils de Mars et de la
nymphe Tritia, fonda en Arcadie une
ville h laquelle il rionua le nom de sa
mère. 2"Filsdu chefthébain Ithaque,
fut tué par Amphiaras. ïydée, qu'il
avait blessé, se Ht apporter sa lèle,
et la déchira de ses dents. Minerve
irritée enleva de la tente du barbare
le remède qu'elle lui avait apporté
pour le giiéîir. 3° Fils de Thésée et
de Périgonc , remporta le prix de la
course aux jeux néméens que célé-
braient les Epigones vainqueurs de
Thèbes, et conduisit une colonie grec-
que en Ca»ie. 4° Jeune homme de
Paires, vio'a Comélho, prêtresse de
Diane-Triclarie , dans le temple mê-
me de la déesse. Une épidémie ef-
froyable s'ensuivit, et Diane elle-
même révéla l'impiété des deux
amants. Comélho et Mélanippe péri-
MÉt
reut au pied de l'autel, et il fui d^*
crété que oha([ue année verrait de
même verser le saug d'un jeune rou-
pie remarquable par sa beaule. — De
huit autres Menamppe, tr( is sont
des chefs troyens tués par Antiloque,
parPalrocle, par Teucer ; un (]un-
Irièmefut fils de Priam; un fils du roi
d'Elolie , un fils de Mêlas, Iné par
Tydée, se présentent ensuite, el la
liste se complète par un prêtre d'A-
pollon h Cyrène-, égorgé parles or-
dres du Ivran Nicocrate.
MÉLANOPE, Melanopits, Mt-
M.))cir.c$, de Cumes, était auteur d'un
hymne en l'honneur d'Opis et d'ilé-
caerge. Coup. Olen.
MÉLAISTHE, fils du Néléde
Audiopompe, fut chassé avec ses frè-
res de la Messéuie par les Héraclides,
trouva un asile dans Athènes, tua
Xanlhus roi des béotiens en combat
sluguliir, grâce h une supercherie qui
fil instiUur la fêle des Apaturies, et
fut élu roi des Atliéniens en rempla-
cement de Thyniète. Codrus son fils
lui succéda. Ovide nomme un Mélan-
ihe compagnon de Bacchus. — Deux
autres MÉr.AWTnE , Mdanthius ,
Mi)\û\êto{, furent, l'un un chef troyen
tué par Euryale, l'autre un prétendant
de Pénélope , pendu h une colonne ,
puis mulilé et mis a mort. Ce soupi-
rant de la reine n'était pourtant qu'un
simple berger d'Dlyisse.
MÉLAINTHEE , Melai^theus ,
Mi>\stvihvf, père d'Anqdiimédon , un.
des prétendants de Pénélope.
MÉLA]NTHIDE,Melahthis, Me-
Xxv^iç, Bacchus dans Athènes, en mé-
moire de ce qu'il avait paru derrière
Xanlhus, affublé d'une peau de chèvre
noiresurk'sépaules, pendant son com-
bat avec Mélanlhe. «D'où vient, s'é-
cria le jeune champion d'Athènes, que
vous avez un second à vos côlés;'»
Xanlhus regarde derrière lui, Me-
MEL
lantlie profitant de cet instant d'inad-
vertance rétend a ses |»ieds ( J^oy.
Mélauthe, et corap. Mélanegis).
MÉLANTHIE, Me/^vS/*, fille de
Dencalion et de Pyrrha.
MÉLANTHO, Ma«t^^', Océa-
nide aimée de Neptune, (jui triompha
d'elle sous la forme d'un dauphin.
C'est une Pseith noire ou Neilh infé-
rieure, Neith mère. Neptune viole
Athànà, si nous comprenons bien
l'histoire de Méduse. — Une autre
MÉLANTHO, suivante et amie de Pé-
nélope, entretenait une intimité cri-
minelle avec Eurymaque.
MÊLAS, MéA^f : i" fils de Nep-
tune (Minerve emprunte ses traits
dans l'Iliade); 2° fils d'Ops 5 3° fds
de Protéej 4" fils de Portliaon et
d'Euryte (ses neuf fils périrent tués
par Tvdée , au moment où ils se
préparaient a tuer OEnée leur oncle,
pour donner le trône a leur père);
5" Argonaute qu'on dit filsdePhryxus
et de Clialoiope (comme Hellc , sa
lanle, il se noya en route); 6° un des
Tyrrhénicns de la troupe d'Acète.
MEi.CARTUS. y. Melkarth.
MELGHOM, dieu des Ammoni-
tes, eut de Salomon un temple dans
la vallée d'Ennon , et de Mauassès un
autel dans le temple de Jérusalem.
Josias renversa ce monument de l'i-
dolàtrie de son aïeul. Généralement
on prend Melcliom pour Moloch. Ne
scrail-ce pas Chara (on Ciiamos),qui
justement était !a grande divinité des
Ammonites?
MÉLEAGRE, Meleagkr, Me-
Aî«y/)os,liU J'OEnée,roi de Galydon,
et de laTliesliade Ai lhée,prit pal I dans
sa jeunesse a l'expédition di's Argo-
nautes, puis fut le chef de celle chasse
fameuse dirigée contre le sanglier
dévasUteur tics campagnes calydo-
nienncs. Le sanglier succomba; mais
Diane dont l'attiinal farouche servait
MEL
5i
les vengeances , Diane qui l'avait en-
voyé pour punir OEnée de l'avoir ou-
bliée dans ses sacriGces, Diane irritée
du bonlieur de ses antagonistes excite
une rixe cruelle entre les triompha-
teurs. Amant d'Atalante , la belle
chasseresse qui a la première blessé
l'animal, Méléagre offre à cette ama-
zone de l'Arcadie la hure énorme du
sanglier. Les frères d'Althée se ré-
crient : de part et d'autre on court
aux épées , le sang coule. Méléagre ,
toujours destiné à la vicloire, étend
ses oncles roides morts sur la pelouse
de la forêl. Altliée alors se souvient
que, quand elle donna le jour à ce futur
raeui trier de h.es frères, les Parques
firésentes ala naissance du jeune prince
ni ont révélé que la destinée de son
fils était liée k la durée d'un tison
posé au milieu du brasier. A ce mot ,
Althée oublianlles douleurs de la fiè-
vre puerpérale s'est précipitée hors
du lit, a retiré du feu le bois fatal, a
éteint les traces de flamme, et l'a ca-
ché dans les réduits les plus secrets
de son palais; mais ses frères ne lu
étaient pas moins chers que son fils.
Elle court k l'asile mystérieux qui a
reçu ce dépôt si cher, saisit le tison ,
le jette au milieu d'un vaste brasier.
Soudain un feu secret s'insinue dans
les entrailles de Méléagre, le torture,
le dévore, le consume, et, quand le
tison n'est plus que cendres, Mélé«i<;re
n est plus qu'un cadavre. — A cette
légende que le tragiquç Phrynichus
popularisa le premier, substituons k
f)résentle récit primordial. Diane et
e sanglier y figurent, mais point d'A-
talante. Les deux peuples qui se sont
coalisés pour délivrer leurs campa-
gnes du rapace mammifère se dispn-
teut sa peau et sa hure; ia guerre s'al-
lume entre les Éloliens, d'un côté, et
les Curetés de l'autre. Les frères d'Al-
thée, les fils de Thestius commandent
4.
52
MEL
anx Curetés; M^léagre conduit les ban-
des éloliennes , el les guide a la vic-
toire. ]Non-seulemenl il taille en piè-
ces Tai inée ennemie: les chefs mêmes
périssent de sa main. Mais dès-lors
ce guerrier intrépide est comme souil-
lé: c'est presque le sang maternel qu'il
a versé; ce sang , c'est une furie qui
va s'attacher a ses pas , planer sur
sa tète; sa mère elle-même dévoue
l'assassin aux Euménide.s. Un aflais-
6ement mortel oppiiine alors le cœur
de Méléagre. Les Curetés reprennent
l'avaulage. ils frémissent en armes
autour de Calydon, el rien ne peut ti-
rer Méléagre de la somnolence dou-
loureuse qui pèse sur lui comme un
invincible caucbemar. La vo.x seule
de Cléopàlre, son épouse, l'arrache à
cette sombre torpeur; il marche, il
ranime l'ardeur des s;ens, il refoule
jusque dans son camp l'tnnemi déjà
iiiaîlre des avenues du palais et sur le
point d'incendier la ville; mais, dès
que le danger n'est plus, lardeui fac-
tice que lui inspirait le spectacle eni-
vrant des batailles s'éteint, el la noire
mélancolie assombrit de nouveau son
âme. Il meurt. Ce sont les Furies
Maternelles, dit-on, qui ont abrégé
ses jours. « Fatal exemple, dit le vieux
Phénix a son élève, des désastres que
la colère entraîne a sa suite , et des
amères douleurs par lesquellesla ven-
geance expie pendant des années
ses joies d'un jour! » Autour du
.pâle et mourant Méléagre se grou-
pent des fleures non moins doulou-
reuses. Althée qui, dans l'une et
dans l'autre légende , est la cause de
sa mort, se tue lorsqu'elle n'a plus de
fils; Cléopàtre, sa femme, se pend de
dése>poir ; ses soeurs, Gori^é , Déja-
nire, Ménalippe, Euxiiiiédée, se cou-
chent, les yeux baignés de pleurs,
auprès de son tombeau, el traînent
un deuil sansiiu, jusqu'à ce que Diane
MEL
par pitié les transforme en oiseaux.
Primitivement, sans doute j on ne
donnait à Méléagre que deux sœurs,
Déj.uiire et G'rgé ; mais comme
celles-ci apparaissent ai'leurs mariées,
l'une a Audrémon, l'autre Si Hercule,
on en ciéa deux autres, puis tour a
tour on dit que les quatre princesses,
ensuite que deux princesses seulement
avaient subi la transformation. Sans
doute aussi on cessa plus lard de comp-
ter exactement, et Ton admit des
Méléagrides en nombre indéfini. Mé-
léagrides ! til est leur nom; il est
analo-ue à celui des Phaélhontides
donné aux Héliades. La Cléopàtre,
femme de Méléagre, était la Hllc d'I-
das et de la celehre Marpesse. — On
voit combien la légende qui l'iidmet
dans la famille de Méléagre s'éloigne
de celle qui fait d'Ataluute sa parè-
dre habituelle. Il y a dans cette iler-
nière quelque chose de cabirique. Les
oncles de Méléagre se nomment, se-
lon lesuns,Piolhoos et Comète, selon
les autres, Toxée et Plexippe, — La
guerre des Eloliens cl des Curetés
rappelle de loin celle des Pandous et
des Kourous. Réduite à la Grèce et a
une donnée historique, c'est une que-
re'le entre Calydon et Pleuron, les
deux villes importantes de l'Ëlolie.
— Méléagre ne laissa qu'une fille,
Polydore, qui fut mariée à Protési'as.
— Millin a donné, dans sa Gai.
mylh. ^ 4o9*-4i5, une admirable
suite de représentations figurées re-
latives a Méléagre,
MELECH, c'est-a-dire /w, dieu
phénicien, ou mieux surnom commun
à plusieurs divinités phéniciennes mâ-
les , Adraraélecli , Ananiélech , elc
Malais, Molok, Melkarlh, ne sont que
des variantesoudesdérivalionsdu mé
me mot. An resle. le nom de roi appli
que aux dieux n'est point particulier
aux religions sémitiques. Pi-ftéeu
MEL
MEL
53
Egypte n'a pas d'autre sens; Eros ou
Eros, Héré (Junon), sigii.fienl de mê-
me maîlre et .seigneur (Acrr, allem.,
herns, la t.); Axiéros vient al'appuij
le dieu des enfers est dil roi d'Ameuti,
Racijamenli d'où Rbadamanle. L'ai l.
Baal fournit encore d'autres rap-
prochements qui eiiibrasseiil uu nom-
bre de noms di\ins considérable. —
Comp. ausbil'arl. Don.
MÉLÉCHEU , dieu que les Juifs
adorèrent , fut, selon les uns, le so-
le 1, selon les autres, la lune. Les
femmes lui offraient un gâteau con-
stellé j c'était aussi l'offrande que les
Grecs faisiiienl k la lr.ne. Comp. l'art,
qui précède.
MELES, MÎAiîî (qu'il ne faut nul-
lement rapprocher des iMÉlas de la
Grèce, cl surtout de l'a Ijectif r^Useî),
passe en mytho ogie pour le père de
Candaule . dernier prince que la mai-
son des (iandau ides ou Héraclides
donna au royaume de Lydie, a Si le roi
Mêlés, » disait un de ces vieux oracles
qui courent les p;iys après que L s
événements sont irrévocablement ac-
complis, a avait jadis conduit autour
« de la ville de Saides le lion qu'une
« de ses concubines avait mis au jour,
a jamais celle capitale ne serait loin-
cc bée aux maiubdeCyrus. jj Au reste,
Mélès, comme tant d'autres person-
nages, semble un nom géographique
personnifié. Non loin de Saiyrne cou-
lait une pelile rivière qui tarit eu
été, et dut le nom était Mélès. -C'est
d'elle, assure-t-on, qu'Homère tire
son épithète de Mélésigène.
MÉLIBEE, Melicoea, M£A/Io/««,
et AMV CLE, biles de ^iobé, furent
seules épargnées par Diane, et dans
leur reconnaissance élevèrent k La-
tone, dans Argos , un temple où Me-
libée eut une statue près de la
déesse. Mélibée était surnommée
Ciilgris la verte, la pâle, a cause di.' la
pâleur que lui inspira le sort de ses
frères et de ses sœurs. — Une Méli-
BÉK, Océonide, épousa Pélasgue.Unc
Ville de Thcisalie portail ce nom ,
piobableraenl k cause des beaux pâ-
turages de cette délicieuse contrée
{/iiiMij ^o~is)' Philoctète, qui était
de celle ville, lui dut le surnom de
Mclihœns .
MÉLICERTE. Voy. Ino , et
comp. MliLK-ARTH.
MÉLIE, Melia, MeA/a, Océa-
uide, eutd Apollon deux fils, Térène
et Isniène et les nymphes Méliades.
- — Deux autres MÉlie, Océanides ,
et qui sans doule ne diftèrenl pas de
la première , sont dites l'une amante
de INepliine et mère d'Amycusj l'au-
Ire femme d'inachus et mère de Pho-
ronée et de Phégée. Comp. Inachus,
fin.
MÉLIES, Meli^, M»;>i/«< : 1°
Nymphes qui naquirent du sangd'U-
ranus, mutilé par Saturne, et de la
Terre. LIne d'elles fut aimée de Si-
lène, el en eut le Centaure Pholus.
2" Nymplies prolectrices des trou-
peaux (/^oj'. IÎpimélides).
MÉLlGUNiS , MiAr/ôi^v/f, hé-
roïne éponyme de l'île actuelle de
Lipari , passait pour fille de Vénus.
A vrai dire, Méligunis esl une Vénusj
et probablement le nom signifie
femme-reine.
MELINE, une des cinquante Tlies-
piadts.
MELINOÉ , Pille de Jupiter et de
Proserpine, est peinte tantôt blanche,
tantôt noire, tantôt couverte de vê-
tements jaunâtres, et affecte a tout
instant des formes effrayantes. Au
fond, c'est une Hécate, c' est-a-dire
une Proserpine. La fille, la mère, la
sœur, l'épouse, c'est tout un en my-
thologie.
MELISSE, Melissa, Méxi<r(nt,
fille dç Mélisse , le roi de Crète , el
54
MEL
CBur d'Amallhée , nourrit conjointe-
ment avec elle Jupiter au berceau.
!Nous ne croyons pas qu'elle diffère
d'Amahhée, et en conséqueuce nous
rejetons bien loin rélyniologie qui
tire son nom de melissa . ft,ïxtrir* ,
abeille [f^oy. AmalthÉe, et comp.
Adrastée qu'on donne ainsi qu'Ida ,
sa sœur, pour une nourrice de Jupi-
ter). Amaîlhée et Mélisse s'appellent
nymphes Mélissides. — La prétendue
Océanide Mélisse n'est autre que Mé-
lie. On donnait encore ce nom en
Crète aux prêtresses de Rée (la
grande mère), dans Epidaure a une
fille de Proclès, femme de Périandrej
dans "Coriuthc a Une femme que le
peuple mit en pièces, parce qu'elle
refusait de se faire initier aux mys-
tères de Cérès.
MÉLITE, MfAiVj), 1° Kéréide,
3° Nymphe, 3" fille du dieu-fleuve
Egée. Elle eut d'Hercule Hyllus.
MÉL1TÉE,Meliteus, MiXtriiç,
fils de Jupiter et d'Olhréis, fut exposé
dans un bois par sa mère, nourri par des
abeilles,et découvert par Plirague, que
déjà Olhreis avait eu de Jupiter. Du
nom des insectes industrieux qui lui
avaient fourni les premiers aliments,
il se fit appeler Mélitée et fonda un
établissement dans un lieu qui prit
son nom [Mdeda de l'Adriatique ou
bien Malte).
MÉLIOS , MytXiii , aux brebis
ou aux pommes; Hercule àThèbes
et à Thespies. L'usage était de sacri-
fier aux dieux une brebis {melon,
fcîjXo)i). Un jour l'Asope débordé ne
permettant pas de porter la brebis,
un jeune homme fît remarquer que
melon signifiait pomme , et tuut
bonnement on saciifia au fils d'Alc-
mène des pommes supportées par de
Setits bâtons en guise de jambes. Le
ieu Addéphage rit de l'expédient ,
et, depuis ce temps, les pommes rem-
MÊL
placèrentles brebis dans les sacrifices.
MELKARTH est familièrement
nommé l'Hercule phénicien, l'Hercule
deTyr. C'est le quatrième des Her-
cules mentionnés par Cicéron [Nat.
des Dieux). (jcnhÀcmtnl on expli-
que ce nom par roi de la vil!e(M< Ick-
Kartha.) Ilest plus simple d'y voir le
roi fort (Meick-Artn). Celte désinence
Arta se retrouve dans d'autres noms
sacrés et spécialement dans celui de
la grande déesse phénicienne Astarté.
Ainsi que l'Hercule grec , Mclkarlh
se présente dans la théogonie comme
un Cadmile, un Dieu-Rapport , un
servant, réabsorbablc soit en Axio-
cerse, soit en Axiéros. Cadmile pur,
il cumule les traits d'Hercule même et
d'Hermès : il est force et .sagesse, il
est action etvcrbe(vcrbe parlé comme
verbe éciil), il est vainqueur et voya-
geur (c'est-à-dire, danslcs idées phé-
ciennes, navigateur ). I! est guerrier
et commerçant. Ceci sur la terre ! au
cielilestsolei'(le soleil agit, voyage,
navigue même 5 le ciel était censé un
grand océan suspendu sur nos têtes:
y. TpÉ). Dans l'un et l'autre cas, il
unit. Et, pour déterminer ce fait vague
(union) par quelques exemples, lors-
qu'il cingle le long de la voûte céleste
ou au travcrsfIelaMéditerraiiée, infati-
gable voyageur^ il fait correspondre,
rapproche, met en contact le couchant
etrorient,GadèsetTyr,lesdeux moi-
tiés du zodiaque, les deux moitiés de
la sphère. Psychologiquement, il est
le nœud qui unit le projet et l'acte :
lavoiilionet laforce (activité) accom-
plissent et déterminent un produit.
Politiquement, il est le lien fedératif,
ici de toutes les villes qui forment
un étal indivisible , la des colonies
et de la métropole : c'est le concen-
tus , l'harmonie , la cenlra'isation.
Comp. ici tous les développements
sur Cadmile, Mercure, Bacchus, Her-
MEL
cule, Harmonie et Amour, art. Cabi-
RES. Voyager et lier ainsi, c'est être
Démiurge (c'est-a-dire activité, force,
personnification herculéenne) 5 effec-
tivement,- le soleil en Egypte était
compté parmi les Démiurges. Mais
d'autre part , c'est être messager, in-
terméfliaire , c'est être paroleelidéc,
c'est être Mi-rcure. Melliarlli au fond
est donc plitlôl un Hcrmoracle qu'un
Héraklès, et rien de plus juste que la
conjectîirequi le rapproche deSumès-
Ilenr.ès. Il paraîtrait aussi que IMel-
karthful identifié avecMrs, du moins
à Cartilage, ce qui conviendrait en
effet soit au caractère guerrier du
tiieu , >oil a sa physionomie sidéri-
que (conlinuL'lhmenl on voit le so-
leil s'incarner en planète ). De plus,
la racine des noms grecs Ares, Héra-
klès, est la même de part et d'autre.
Essayons maintenant de localiser itlel-
karih en tant que Cadmile dans un
Cidre cabirique adapté a la religion
phénicienne. Leclassements'opèrede
lui-même, lîaal, Astarlé et Melkarlh
( Baal Axiéros et Axiocerse uià!e,
Aslarté Axiocerse femelle, puis,
Melkarlli) , vo'lh les trois dieux, voila
la sainte triade, contre-épreuve facile
de la triade cabirique, Ilépheste,
Aplirodite, Herit.éracle, dans laquelle
Héphesic remplit deux rôles, dans la-
quelle Ilépheste, à la fois élevé et fu-
neste, laisse très-facilement entrevoir
qu'il ne répugne point a s'incarner en
Cronc et en Ares (Mars). La généa-
logie cici:ronien:ie de l'Hercule deTyr
ne contredit <[ne supe: ficicUement ces
données. Jupiter et Astérie se résol-
vent en Ba;il et Asiarlé. I*ourcelle-ci
le rnpport n'est point douteux : le
nom et l'idée établissent Tidenlité.
pour l'autre il sufiit de se reporier
à l'art. Baal (et subsidiairement a
Cabires et a Fta) pour se convain-
cre de la facilité avec laquelle les my-
MEL
55
thographes grecs substituèrent Zevs
à Baal. Melkarth était adoré a Gadès,
a Malte, à Carthage comme à Tyr,
et d'immenses débris, d'énormes sub-
structions témoignent enccre de la
magnificence de son culte (Eres,
Malta aniica^Tp. i44 ; Miiuter
p. 45, etc). Les colonies de cette
dernière ville envoyaient annuelle-
ment a leur métropole une théorie et
de riches tributs h l'occasion de la fête
du Bûcher ou de l'Autocaïsme. Car-
thage même, a l'époque de sa splen-
deur, ne manqua jamais de rendre
cet hommage au grand Cadmile in-
digène (/^. Polybe, fragra. des /^mà. ,
c. 1 14, etc., et comp. les détails cu-
rieux rassemblés à ce sujet par Miiu- '
1er). Long-teiîips, sans don te, Melkarlh
n'eut point d'images autres que le feu.
Une flamme éternelle bridait dans les
temples que l'Afrique, que l'Espagne
méridionale avaient élevés en son hon-
neur. Toutefois il est probable que
cet usage cessa plus lard. Les médail-
les de Thasos ( colonie de Tyr ) pré-
sentent Hercule armé de l'arc et des
flèches, et on le retrouve sur des mé-
dailles de Gadès (avec légendes soit
puniques soit romaines ) caractérisé
par la peau de liou et la massue.
Ajoutons que le choix même de
ces accessoires symboliques dépose
et de la tardive apparition et de l'o-
rigine grecque de cet anthropomor-
phisme. La .statue de Mtlkarlh était
chargée delieusj ce qui, dit-on, avait
trait h la faiblesse accidentelle ou pé-
riodique du dieu soleil(/^. Adonis).
A Gadès, il avait un autel comme
année (comparez ici Janus), et c'est
sous un point de vue analogue (pia
l^onnus {Dionjs.^ Yiv. xl) appelle
Hercule Ménagèle, c'est-a-dire con-
ducteur des mois. Enfin , Melkarth
faisait partie de la série des Cabi-
res phéniciens, et venait sans doute
56
MEL
imnaécliatenrent après Sidik leur pè-
re, ou plutôt Sidik restant dans la
tante sphère cosmogoni(|ue se délé-
guait, s'incarnait en Melkarlh lors-
qu'il s'agissait de donner naissante
aux sppt Cahires. La série planétaire
des Treze-Douze Egyptiens, série
dont Djdin est le chel , semble repré-
senter pnrfailenient les sept Cabiies
dont Melkarth es! comme le dief de
file. Ce que nous avons nomme Aulo-
caïsive est celte pompeuse cérémonie
commune a Carinage et à Tyr . dans
laquelle on voyait un immense bùclu-r
devenir la proie des flammes, puis
îoul-h-coup du seiu des cendres res-
plendissantes et des braises colossales
un aigle sortir et se pei di e dans la
nup, pareil au phénix d'Kgyple. Cet
aigle élail le symbole de l'année et
du temps qui renaît de ses cendres.
L IliTCule au Mont OEta des légen-
des lii-IIéui(|ues n'est qu'un embellisse-
ment épique de cilteso'ennité. Miin-
ter y reti oive Toriginc d'une des plus
célèbres circonstances des apothéoses
impériales (l'aigle qui, du sein du bû-
cher, allait porter aux cieux l'àme
du divin empereur). Des victimes bu-
maiiU's (des prisi nniers? des étran-
gers? des nègres ?) arrosaient, dit-on,
^ de Kur sang le pied du bûcher élevé
à Melkarth. Les Phéniciens lui sa-
crifiaient aussi des cailles : allusion
à la disparition périodique de la
force solaire (prise pour une mort,
une léthargie, un évanouissement) et
h l'excellence prétendue de ia cervelle
de caille contre l'épilepsie. Comp.
loLAS. Le Mrlicerte-Palémon de la
famiUe Cadméenr.e à Thèbes n'est
évidemment qu'un Melkarth [Foy.
Iso et PalÉmon ) : même nom
(aux voyelles près) et même rôle
(divinité de la mer ) 5 notez de
plus qu'Hercule en grec se nomme
nx?ix/fi&'ï, le lutteur. On peut soup-
MEM
çonner aussi que c'est a la diffusion
du cidte de Melk;irth, vers la limite
occidentale de l'ancien monde, que
sont dues ep partie les fables grec-
ques relatives aux expli)ils-de l'Her-
cule tliébaiu dans l'ilespérie.
MELLOÎ^E, Mkllona, déesse
latine, avait les abeilles et le miel
sous sa protection. Voler le miel de
son voisin était s'exposer h sa co-
lère.
MELPOMÈINE, MsATa^tv»?. muse
de la tragédie, porte d'ordinaire le
cothurne, le poignard, le sceptre et
une couronne. Sou maintien est grave
et sévère. On la voit dans la Mo-
saïque d'Italica, pag. 19, le masque
tragique ii l;t main. Dans les Piltnre
tV Krcolano elle a , outre la grande
tunique et l'amp'e manteau Ira-ique,
et la massue et le mas(|ue hercu-
léen, l'espèce de coilTe que les mé-
diiilles milylénienncs donnent h Sa-
pho. La massue se retrouvif aussi
dans\Viiicke'mann,i1/o/2M//;. inéd.y
n° 45. Une Melponiène colossale du
Musée Pio-CU'intnt. , n° 191,! 26,
a un pied appuyé sur un rocher, atti-
tude ([ue les anciens ont quelquefois
donnée aux héros. Ou retrouve ces
attributs dans ce même Èhuée Pio-
Cà'nicntin j 1\, i5. — AJt/po en
grec indique un chant large, et qui
participe h la fois du grandiose de l'é-
popée et de la magnificence du lyri-
que. Telle était en effet la tragédie
antique. — MELPOMÎiNE, JlJtlpo-
menos , est aussi un surnom d'A-
pollon. Il existe une bille statue
d'Apollon Me'poraénos dans le Musée
Pio -Cicrncnlin. Comp. ]\ 1 u se s .
L'Acarnanie et Athènes adoraient sur-
tout Apollon Melpoménos.
MEMAL, MtEMALUj, M«/;e««Aaf,
père du chef grec Pisandre, qui alla
au siège de Troie.
MEMBLUR, Membliarus, sui-
MEM
Vant (le Caciraus , donna son nom à
une île de l'Egée, une des Cyclades,
entre Anaphe et Tht'ra.
MÉMEHCUS. Foy. Mermère.
MEMINOîS% Mïuvm, iiicarnalioa
extra-helléniijue de la lumière-sola-
rilé, passait eu Grèce pour un prince
venu des loi ilaines contrées, pairie
ou siège favori de Tastre du jour;
mais quelle contrée? Ici l'on variait.
C'est de l'est que vient la lumière ,
c'est au sud que l)rille la lumière.
Deux légendes se sont formées aussi-
tôt. L'une localise le prince-dieu dans
ïhèbes; l'autre place son Irûne dans
l'orient, au centre même de l'Assy-
rie, h Susc , la ville des lys. Les gé-
néalngies reflètent ce double point de
vue : dans l'une Memnon est né
d'iléméra , le jour (le jour dans toute
sa beauté, la lunière au méridien et
au zénith, le midi); dans l'autre il
doit le jour h l'Aurore (et l'Aurore
est l'orient ). An reste , l'Aurore
s'offre accompagnée d'un époux, 'li-
thon (et Tillioii . au dire des Grecs ,
était le frère de Priam et le fils de
Laoniédon), ou bien Astrée. Ema-
ibioi était son frère. Un riche palais,
un immense labyrinthe prèsd'Ahydos,
en Egypte , signalèrent la magnifi-
cence de Memnon. Les partisans du
système oriental ont placé ces deux
nobles édilîces a Suze. Le syncré-
tisme soupçonna , sous la double
légende, un empire qui aurait em-
brassé, par la conquête, toute la ré-
gion du ^.l et l'Asie jusqu'à l'embou-
chure du Choaspp ou de l'Eulée.
Comme les historiens évhémérisles
qui donnent l'Egypte a Memnon em-
f)loient, pour indi(juer son royaume,
e terme vague d'Ethiopie , on eut
dû penser aussi que ce mot avait
deux interprétations différentes, et
que les uns l'avaient traduit par Assy-
fie-Iude, tandis que d'autres avaient
MEM 5^
donné comme synonyme exact Egypte»
Méroé. Attaqué par les Giecs, Priam
envoya demander des secours au
sph ndide seigneur de la Susiane.
Memnon était son neveu : la force
du ^ang et une vigne d'or que lui
envoya son oncle le délermiuèrent
à punir. Dictys de Crète le mon-
tre arrivant à la tète d'une année
innombrable d'Ethiopiens et d'Li-
diens, et d'une armée navale non
moins considérable sons les ordres
de l'amiral Phalas. Ailleurs, ce puis-
sant renfort se trouve réduit à vingt
mille hommes, fournis moil.é par la
Susiane, moitié par I Ethiopie, et a
deux cents chariots 5 et Memnon lui-
même n'est que le général du roi
d'Assyrie Teulame, dont Priam est
le vassal. Long-temps après on mon-
trait encore les traces de sa marche,
depuis le fleuve Choaspe jusqu'à
Troie assiégée. Quelques évhémérisles
parlent d une rue magnifique, bâtie
par ses ordres et sur son passage.
Chemin faisant il eut à combattre les
Solymes. Arrive a Troie , il tua Au-
li loque, filsdelNestor, blessa Arhille,
combatlil Ajax, et enfin fut lue par
le roi des Phthiotes, soit comme le
disent quelques-uns, en combat sin-
gulier, soit a la suite de son com •
bat avec Ajax. L'Aurore, sa mère ,
parut aussitôt, et vint pleurer sur
son cadavre 5 ce sont ses larmes qui
brillent le matin sur l'herbe et les
fleurs, en perles liquides qu'on nom-
me la rosée. Deux récils plus cir-
constanciés nous montrent Grecs et
Troyens faisant une trêve après la
mort de M ranon , le corps du prince
de Suse , rapporté a Troie, déposé
sur le bûcher, réduit eu cendres, et
l'urne qui contient ses restes iiif ir-
tunés reprenant le chemin de la pa-
trie. A Paphos, Ilàméra, sa sœur,
les prend dans ses mains, et l'Aurore
58
MEM
supplie les dieux d'iionorer son fils par
quelque prodige nouveau. Soudain des
oiseaux inconnus surgissent, ballenl
des ailes, se becqueltenl avec fu-
reur, et chaque année s'élancenl dans
les plaines de la Troade pour s'y
battre yur le tombeau de Meinuon.
La Paphlngoiiie donna le nom du
liéros h une de ses rivières. l'Assyrie
lui é'eva un temple , Suse lui rendit
les honneurs héroïques, et les TLé-
bains instituèrent eu son honneur un
sacrifice anuuel. Ils lui dédièrent en
même temps ci- colosse célèbre qui,
lorsque le soleil dardait ses premiers
rayons sur la pierre , rendait un son
distinct , et semi)lait saluer de la voix
«es adorateurs. — Autour de ces traits
généraux, (|ui se récapitulent par trois
points, rapport avec le sud ou Test
(en d'autres termes avec la biniière),
secours donné à Troie, mort et ré-
surrection sous forme d'oiseaux , sous
forme de voix , se groupent une foule
de détails secondaires, les uns anti-
ques, les autres récents, et forgés à
plaisir, mais sur des données antiques.
I» Memnon était le plus boau des
mortels, le plus bianc, et pourtant li
tente minute, et en sa qualité d'E-
thiopien , on le fait noir. 2° 11 appar-
tenait à la race des Ethiopiens Ma-
crobiens. 5° Cinq générations s'écou-
lèrent durant sou règne 5 et cepen-
dant on le pleura comme prématu-
rément ravi h l'amour des peuples.
4°Cest par le secours des Phéniciens
que l'Aurore retrouva les restes de
son fds à Paphos. 5" Les oiseaux
gladiateurs qui vont célébrer des jou-
tes funèbres sur sou sarcophage, par-
tent de Cy/iquej la bataille a lieu
en automne; iis viennent |)ar bandes,
et ne s'en retournent que quand la
moitié d'entre eux est restée sur le
champ de bataille. 6" Ils sont noirs.
7" Du vivant même de Memnon le Wil
MEM
oula-sse une montagne de sable. 8°
Mt-mnou figure dans quelque légende
sous le nom d'Eôos (l'oriental}, 9°
La tombe était placée , suivant les
uns , sur les bords de i'Esèpe , selon
les autres à Paplios, ou en Svrie
sur le lleuve Jiala , ou en Pairstine
sur le Bâtée, non loin de Plolém;iïs,
ou en Assvrie, ou h Suse, ou a Ec-
balane; en un mol les Memuonium,
car tel était le nom des tombeaux
de Memnon , abondaient partout,
10" Ces Memuonium étaient aussi
des palais, des tours, de vastes
édifices. Il" L'épée et li lance
de Memnon étaient conservées dans
le tombeau d'Esciilipe h JNicomédie.
12" Ees Elhiopieus en apprenant la
mort de Meinuon appcniiireul leurs
Gouruimes aux pointes des ronces, et
ces couronnes tombèrent dans les sa-
bles. i3' Memnon, dans un passage
du Scho'iaste d'Aristophane, est ex-
pressément qualifié de fils de Jupi:er
(ailleurs oji lui donne Cissie pour
mère). i4"LeTeutame ijne (juelcjiies-
uns donnent comme le sultan (le la
Susiane peut sembler aussi sou père.
15" Le son que rendait au lever du
soleil la pierre vivante (A/t)off^4t»;'«f)
était septuple, selon quelques m\ li)o-
logues. i6"DeThespie (ou Asop s)
il eut les sept Muses d'Epieharme.
17° Memnon figure comme archir
tecte, artiste, inventeur de l'écriture.
18" Enfin, de.s traditions éthiopiennes
niaient que jamais Memnon eût été
il Troie. Par Ethiopiens, il faut
entendre sans doute habitants de la
Thébaïde méridionale et des contrées
intertiopicales situées au sud de
Syène, peut-être mpme de Méroé
ou Axoum. — A ces traditions ajou-
tons les idées eoujecturale> que les
anciens regardaient comme des
certitudes, i" Hérodote identifiait
Sésostris et Memnon. 2" Plus tard,
I
MEM
on regardait Memnon comme ne dif-
férant point du célèbre Osymaudyas à
la couronne d'or de trois cent soixante
coudées 5 et Creuzer, parmi les mo-
dernes, adopte cette opinion. 5° A
partir du siècle qui précéda l'ère
chre'tieniie, l'ancien Pharaon, Amé-
nof (avec l'article, Famënof), fut pris
pour l'exact synonyme de Memnon.
Une foule d'inscriptions qu'on lit en-
core sur les débris de la statue de
Memnon attestent la vogue de cette
idée. Mi/u.yoyoç ii ^u^avo-ç , tel est
l'hémistiche que l'on trouve textuelle-
ment sur la pierre, et sous l'influence
duquel semblent avoir été rédigés les
vers des autres visiteurs. 4" On com-
prend qu'Osiris, Haroéri, Hercule,
durent être chacun à son tour com-
parés a Memnon, et ta^itôl distingués
de ce prince, tantôt confondus avec
lui. En ajoutant à cette liste de noms
ceux de Mithra,d' Adonis, de Phaé thon
et deLeucippe, on aurait h peu près la
nomenclature complète des êtres my-
thiques que rappelle Memnon. Pour
nous, n:il doute que les légendes de
Leucippe, de Pliaelhon, d'Adonis, de
Mitbra, d'Haroéri,d'Osirjs, d'Ocou-
niandouéi (Osvmandyas), ne soient ba-
sées sur des idées analogues , et que
dans ce laps de temps elles ne se soient
fait des«emprunts les unes aux autres.
Quant aux différences de détail . elles
sont naturelles, et c'est à les bien
préciser que doit tendre l'habile my-
thologue. Sans dire encore comment
la légende grecque poslbomérique
se forma , proclamons qu'au fond
le Memnon de la Suskine auquel ils
donnèrent la préférence est bien le
Memnon de Thèbes, mais qu'à Thè •
bes même ce Memnon était la lumiè-
re. Osiris et Isis en furent les incar-
nations lumineuses memphitiques. et
alexandrinés, et prirent surtout L'as-
pect de soleil et de lune , de conqué-
MEM 59
raut législateur et de ten e, d'Hercule
lutteur et de reine persécutée. Thè-
bes plus naïve , plus voisine des tro-
piques , plus incorporée eu quelque
sorte a î'incandesct'nce tropicale ,
Thèbes qui alors peut-être n'était que
l'écho de l'équatoriale Méroé, adora
la pure lumière, mais la lumière in-
carnée et humanisée. Voyez le jour,
Hàméra, donner naissance a son
Memnon. Ou bien, si nous rappro-
chons les généalogies helléniques qui
donnent tantôt Astrée , tantôt Titlum
pour époux, et quelquefnis le beau
Céphale pour amant a l'Aurore , nous
apercevons sous tous ces noms tra-
vestis h la grecque To (dédoublement
de Fia), Imôoulh (le ciel étoile tout
comme Astrée), Tpé qui en égyptien,
comme Céphale en grec,sii;nifiail tête,
et qui de plus était le nom de Thèbes.
Ce n'est pas tout: quel est le fils de
Céphale et de l'Aurore? Dans certai-
nes légendes Phaéthon : et Phaélhou
c'est Fta 5 Fta, c'est la lumière. Ce
n'est pas qup fa lumière ne se méta-
morphose parfois en soleil. Memnon
assume, lui ausbi, la forme solaire,
mais peu : il reste surtout lumièrej
et comme Ici il est le rayon qui glisse
rapide du ciel, le rayon splendide,
riche, beau, blanc, doré ou d'or, le
rayon qui joue dans l'air et qui s'iden-
tifie h l'air, le rayon sonore (car l'air
produit les sons, et l'on a vu Apollon
inventer la cithare), rayon qui fait
naître les lys blancs comme lui, rayon
qui pompe les eaux, et les vaporise ,
afin que la nuit suivante le froid les
condense pendant son absence, pen-
dant qu'il semble gisant dans le tom-
beau , et les rende a la terre au lever
de l'Aurore sous forme de rosée. Ce
doux et pur rayon aériforme ne sem-
ble-l-il pas toujours venir de l'orient.^
n'est-il pas une harmonie ,Vnie voix
qui chante les louanges d» la nature
6o
M£M
créatrice, une lyre ou une heptacorcle
qui résonne spoulanément sous le
baiser de l'Aurore 7 El, quoique lu-
mière plulôl que soleil, Memnon ne
demande pas mieux que d'être liom-
me. Mais alors c'est un prince
plutôt qu'un roi, un neveu plutôt
qu'un oncle, un jeune homme plutôt
qu'un adulte, un être pur et que ne
ternit aucune amante, un souille qui
n'a pas le temps de devenir un cri,
une fleur qui tombe sans s'être épa-
nouie 5 ce n'est plus le fils de la li-
liacée, c'est le lys lui-même. Le sable
aride que roule le dévorant i)in;oun
entoure la colonne; le rejeton des
Macrobiens ne vil que cinq âtjes
d'homme; comme Kaïomorls et Li-
nos, comme Adonis et Manéros, il périt
emportant dans la tombe les regrets,
les larmes et les hvumes de tout ce
qui l'environne. Et toujours le mythe
fait jouer ensemble de vives couleui s:
du sang cou'e de la bles.sure de la
blanche victime; c'est la pourpre sur
la neige, le corail str l'alhàtre, la
rose sanglante sur les fjs. Le sang
d'Adoiîis aussi joua un rôle semlla-
ble ; et les roses , de blanches qu'e'les
étaient, devinrent rouges a partir du
jour où elles s'alFaissèrenl sous son
agonie. Les oiseaux aussi apparais-
sent pour verser du sang. La ri-
vière paphiagonitnue imite l'exem-
ple des volatiles, et, lors du fa-
tal anniversaire, substitue à l'azur de
ses eaux un rouge foncé (comp. Ado-
nis). A ces nuances vivement purpu-
rines s'oppose toujours du blanc, de
blancs courtiers, uue île blanche,
une vilie blanche ; l'aurore même
s'appelle l'aube, Alha, et a pour mère
Leucippe. «Mais, dit-on, alors Mem-
non est Fia? » JNon! Fta n'est qu'un
dieu, Memnon est dieu-homme. Fta
dieu est un n.in grotesque, Memnon
est uff tel adolescent. Fta est H
MEM
- deux pôles , et souvent effraie le
monde par sa face sinistre; Memnon
ne s'offre qu'avec un air liant. Il
plaît aux yeux, et chatouille délicieu-
sement l'oreille; il est brave, mais
ses armes ne servent qu'il secourir
l'opprimé : c'est toujours Mauimouu
le bien-aimé d'Amoun, le bien-aimé
de l'univers, le bien-aimant. L'iden-
tité partielle pourtant est dans tout ce
que nous avons dit, et dans cette épi-
thète daimé d'Amoun (ce qui semble
dire fils aîné d'Amoun), et dans son
identihcation îi la colonne, et dans
les rôles d'artiste, d'architecte, d'in-
venteur de l'écriture; car le Vicoua-
millira d'Egypte c'est Fta, et' Tôt
(.«cribe par excellence, Tol-colonne)
est piesqueFta. Et il ressuscite! Ces
oiseaux (pi'un mot de l'Aurore lait. soi -
tir de sou urne, ce soûl ii eux tous la
monnaie du phénix, renaissant de
ses cendres. L'oiseau , selon le bvre
d'Hrrmès, était le degré immédiat au
sortir ducpil Tàme rentrait dans le
corps humain, et atteignait d.tns le
soleil ou Sirius l'apogée de la gloire
k laquelle les dieux l'avaient réser-
vée. L'oiseau de proie qui fixe le so-
leil était le roi des animaux sacrés;
Eoioch était qn Milhra. IMus tard
quebpies auteurs , en élaborant le
mythe, donnèrent aux oiseaux.un plu-
niage de deuil et de n;ort , emblème
de la brune couleur des Ethiopiens ,
emblème Ivphouien et ahi imanicpie.
En celai's eussent eu tort. s'. Is avaient
été exclusifs. — Passons en revue les
autres traits lumineux et solaires de
Memnon. i" Il va vers le couchant
ou vers le nord. 2" On le voit Ci.uler
sous forme de lleuve (Osiris est bien
le ]Nil). 5" Sa voix au lever de l'au-
rore s'émane en sept voix (la gamme
a sept notes, la lyre sept cordes, la
Pléiade sept étoiles, le système pla-
nétaire sept planètes, la terre, selou
I
I
MÈM
Zoroaslre, sept Keclivar, le Nil sept
bouclies ; la Sicile avait sept Muses).
4" Celle route qui, de remboiicliiire
du Choa>pe, nous mène a Troie, est
une ébauche du vaste slade zodiacal
que traverse l'astre-roi. 5 Les obé-
lisques; les tours s'élèvent de toutes
parts sous le uom de Meranonium en
rho ineur du héros 5 obélis(jues, ai-
guilles, pyran.ides et colonnes sont
autant de svmbolisalions de la flèche
so aire. 6° Les Muses qu'on donne
comme ses (illes, sont filles aussi du
soleil primordial, Jupiter, et soeurs
du sdleil suballerno, Apo louj d'ail-
leurs Apollon lui-même a aussi des
Muses pour sœurs, des Muses pour
lille.'>. les llcliade? 5 et même ces Hé-
liades on le'» faitnaiire d'un prétendu
béros humain , Hélios. y» Le nom
d'Eùos lui est commun avec Adonis.
8" Le Ba!a ou Hélène sur les bords du-
quel est enseveli Memnon n'est autre
que Baol-fleuve. 9° C'est en Assyrie
qu'ont lieu les aventures de Clylie
et de Leucolhoé, épisode de la légende
d'Apollon. I 0° Pa|ihos où l'uiue fa-
tale passe dans les muiusd Hàméra et
la ville des Cinyrades, nous lancent
dans le monde des Sandak , des Cé-
liiidéris, des Oxypore. i 1° La pierre
vocale ou animée rappelle les pierres
sensibles a la lyre d Amphionj ces
pierres aussi étaient lliëbaines, quoi-
que Iroiscentslieuesséparenl les deux
terres. 12" Memnon passait pour le
protecteur, le Khamé|)his, le grand
Prytane de Thèbes j le foyer conser-
vateur élait confié a sa garde, et une
flamme étemelle devait y luire par
ses soins. — Crenzer ajoute h ces
idées. Convaini'u que Mi-muon ne dif-
fère pas d'Ocoumandouéi , il voit
dans notre héros, pour Tœil le cercle
d'or de l'année, pour l'oiei le u 1 cer-
cle annuel de cantiques qui se répè-
tent chaque jour en son honneur. De
MEM
61
plus , sa statue , ainsi que l'a voulu
Jahlonski, élait une colonne destinée
a des observations célestes, ainsi que
l'a ima'^iné Dornedden, était un
gnomon, un chronomètre solaire, un
calendiier. Enfin, Ocouraandouéi
ayant Ibntié une bibliothèque k Thc-
bes, Memnon a du être naturellement
pris pour l'inventeur de l'alphabet et
de l'écriture. On a regardé le Mem-
ncnium el l'Osymandeum comme sy-
nonymes; et Jablonski, par l'expli-
cal'on qu'il donne du nom d'Osymau-
dyas, a fra*é (a voie à ceux qui ont
vou'u identifier le roi de ce nom avec
Meranun. — A présent esl-il certain
que nul prince réel n'a servi de mo-
dèle à ce Memnon fameux dans la
Thébaïde et en Grèce? A vrai dire ,
quelque vagues qne soient les tradi-
tions, H est impossible de nier cette
j)osMbilité. Des recherches modernes
onl mis au rang des vérités démon-
trées l'immense puissance des Pha-
raons de la dix-huitième, de la dix-
neuvième el de la vingtième dynastie
(de 1822 à i3oo avant .T.-(].); et de
gigantei.ques bas-reliefs qu'il est ira-
possible de prendre pour des allégo-
ries, même lorsqu'on les regarderait
comme des hyperboles , font foi de
conquêtes lointaines, au moins par le
grand Sésostris. Ce n'est pas dans un
siècle quia débuté par la période de
1800 a 1812 qu'on doit inscrire ces
prodiges dans la liste des faits im-
possibles [Foy. t. II, m des An-
tiquités delà Description de l'E-
gypte ; Denon, Atlas; Gau, An-
tiq. de la Nubie). Les scènes sculp-
tées sur les pal.iis ou les temples de
Thèbes ou de la Nubie, les belles
pe nlures du lombeau égyptien expo-
sées par Bilzoni, nous ont fait voir
Asiatiques, Assyriens, Medes ou au-
ties marchant pr^cess onnellement
aux funérailles du Pharaon Ousiréi,
69
MEM
traînant aux pieds de la Uinité tlié-
baiae les chefs de plus de trente na-
fil« de Rarasès I*'^ Le voyage de
Champollion jeune annonça bien d'au-
tres découvertes encore au monde sa-
vant : ici Méncflha l*""^ livrant bataille
aux peuples ennemis de TEgvpte, et
rcntrnnt en triomphe dans sa capitale;
là, Ramsrs-le-Grand soumettant h
l'Egypte la foule des peuples orien-
taux j plus loin , SésoDcliis ( l^oy,
ce nom, Diogr. iiniv. XLI, i5o)
X pieds
icfs de
lious vaincues, entre autres louda-
hamalek (le royaume des Juifs ou de
Juda) dont le nom se lit en toutes
lettres. Il y a plus, ces vastes con-
quêtes sur la liaule Asie sont attri-
buées par les auteurs oîi a puisé
Diodore à Osymnndyas , Sou ans
avant Sésostris. Mais, de tous ces
Î)riuccs,quil est celui dans lequel il
audrait reconnaître le prétondu neveu
de Priam , le splendide satrape du
ïeu lame d'Assyrie, le iiérosii qui fu-
rent dédiées les statues colossales et
les gigantesques palais (car les laby-
rinthes, nous n'en parlons pas)? Si ,
avec les anciens Egyptiens , nous
cherchons un Faménof dans les listes
généalogiques, nous trouvons dans la
dix-huilièmc dynastie trois Améuopliis
selon Maiiéllion, deux seulement se-
lon les monumenlsj mais ces Améno-
phis ne concordent point les uns avec
les autres. Nous trouvons aussi un
Araénoftpj les Maïamotm et Amon-
roaï ne manquent pas nonp'us, et des
Thoiilr.Msis abondent de même. Dans
l'impossibilité de faire un choix dans
cette foule, et de saisir nn fil dans ce
dédale, nous nous bornerons à don-
ner sur deux colonnes l'iraportanle
liste de Manéthon et la série entière
des noms royaux monumentaux , mis
en ordre par CharapoUion jeune
au moyen de la table des prénoms
d'Abydos.
MEM
D'ajrt Uanéthon. D'après les [monuÀ
ments.
I. Amisis Thonttno- Aiw'noftT ; .
sis, fil^ tic Mistra-
thouUnosis;
a. (".lu'hron, (ils; Tliontmosis;
3. Ati)riiO|p|iis ; Ainon-Maï;
/|. Aincnsca, «riir; Aiiicnsé;
5. Mi{)lirès ou Mi» 'l'Iiuutuiojiis (a) ;
]>lir<i, (ils, Mcrris un
MtHs (l'Ilôrodote et
df Diodorp;
G. Mi|)braUtouUuo- Aucaopliis (i) }
sis, (ils;
7. Ttioiitmosis , fils ; Tlioutmosis (iri) ;
8. Amciin|)liis (ii); Amrnopliis (n) j
9. Ilurus, (ils; -A Ilor ;
10. Al«-iichcrsès, (illc ; Maumot ;
1 1 . Rathotis, Athoris , Ramscs ( i) ;
frèn;;
la. Achondiércs, fils; Oiisiréi ;
iJ.Aclieiichorès.frère; Maudouéi ;
i4- Armais ou Anncs, Ramscs (11) ;
fils;
i5. Ramesscs, fils; Ramscs (m) ;
iG. Ramesscs - Maïa- Ramscs (iv) ;
inouii ;
17. Amctiophis - Ra- Ramtès (▼).
iDes8cs(\mvnoplii8)
(a.).
Ce dernier est le père du grand Sé-
sostris , Rampes VI. Champollion
i'eune regarde Aménophis (II) comme
e Faménof que les Grecs ont méta-
morphosé en Memnon. Deux textes,
l'un .de Georges le Syncclle, l'autre
de Pausanias(I, 42), le mettaient sur
la voie de celte opinion, qu'ensuite
sont venus confirmer plusieurs cartou-
ches qui tous , an reste, se résolvent
en une seule et même Icgi ndc : « le
«roi du peuple obéissant, dominateur,
a par Fré et par Salé (ilsdeFré, Amé-
a nof président de la région supérieu-
« re. » Un nombre immense de mo-
numents égyptiens répète celle légen-
de royale : (elles sont les plus vieilles
conslruclions du palais de Luxor à
Tlièbes 5 les grandes ruines connues
sous le nom de Memnonium; le tom-
beau royal de l'ouest dans la vallée
de Liban-el-Molouk • le temple de
Knef (Rnoufi) dans Eléphanline, et k
cent lieues au sud de Pbiles les colon-
*1
MEM
nades du palais de Soleb. Quant a
Osymaiid^as, l'Idenlil^ de Memnoii et
de ce pnnce ne peut plus être admise,
depuis que le cavalier Giulio de S.
Quintiuo a lu sur une magnifique sta-
tue colossale de seize pieds el demi
de haut, de la collection de Borelli :
«Le loidii peuple obéis.sanl, soleil gar-
ce dien des mondes . aimé d'Auioun
« (Amoiimaï), filsdu soleil Maiulouéi,
«scrvilcur de Fta.» Ce cartouche se
reirouve sur les plus anciennes con-
slrnclions du grand temple ou palais
de Kmnak àTliébes. Eu compulsant
les documents antiques, puis en les
comparant aux données modernes
fournies par les carlouclies, on iiriive
à reconnaître trois Mandouéi qui, si
nous rclrograilons, sont i" le Meu-
dès de Diodore (dix-neuvième dynas-
tie), 2° Mandouéi (treizième prince de
la dix-huilième), 3' Ocoumandouéi,
rOsymandvas-Ismandès vulgaire. Ce
premier des Mandouéi connus jus-
qu'ici remonte jusqu'à L quinzième
dynastie ou tout au moins ii la Icle de
la seizième^ et bien certainement il ne
peut avoir réguti plus tard que le
vingt-troisième siècle après notre ère.
Mempliis alors n'exislail pas, etThè-
bes elle-même avait au plus deux cents
ans de date, il est donc impossible de
faire descendre ce roi dans la période
qui suivit Sésostris. Déjà les ajiciens
avaient reconnu ce résultat j et Dio-
dore, qui place le M'-ndès, anteur,
dil-il , du labyrinthe , après Sé-
sostris, fait Osyinandyas antérieur
à l'époque où semble devoir se pla-
cer Améuophis-Memnoa. Au reste,
peut - être Aménolt ou Aménoftp
est-il le même nom qu'Aménof, el
alors on pourrait reconnaître, non
plus trois, mais quatre Aménoftp.
L'Araénoflp-Memnon serait le troi-
sième. Cliampollion jeune traduit le
nom d'Aménoftp par celui de cjuA-
MEM
63
mouii a ffoûté. Nous épargnerons
au lecteur Télyradlogie de Jablonski
et les rapprocliemcuts que d'autres
ont fait venir il la suite. — - J.e
Memnouium d'Ecbatane était une
tour du soleil a sept enceintes et à
créneaux de sept diverses couleurs,
représentation symbolique des sphè-
res célestes. On la regardait comme
le chef-d'œuvre des mains de Mem-
non : elle portail le nom de tour de
Cyrus. Quant au Memnouium de
Thèbes ou Araénophiou des Egyp-
tiens, seul Mcmnoniuin dont le temps
nous ail laissé des restes, il était situé
sur la rive gauche ou libycjue du ]Nil,
c'est-à-dire dans Médiuet-Abou et
Gournah. Il consiste aujourd'hui en
une immense snilc de ruines qui s'é-
tendeul sur un espace environ de dit-
huit cents pieds de longueur j dix-
Imit colosses , dont les moindre*
avaient vingt pieds de haut, s'y voient
encore mutilés ou brisés; deux sur*
tout du côté du fleuve n'ont pas moins
de soixante pieds de haut. Celui da
nord était la statue sonoiej ses jam-
bes, sescuisse.s, ses bras et les autres
parties du corps couverts d'inscrip-
tions latines el grecques attestent en-
core qu'au 3* siècle de noire ère «n
entendait des sons partir de ce bloc
énorme, au Jever du soleil ( Voy.
JJesc. de CEgypt.^Ant.y vol. Il,
pi. 22). Les inscriptions recueillies
par l^ococke et les savants de l'Egyp-
te ont été répétées à l'ei.vi par Ja-
blonski, J;.C)bs, Cliampollion-Figeac,
Letronne : il en reste encore à resti-
tuer el a interpréter. Le docteur Ri-
chardson y a reconnu celles de Julie
Romilla, Cécile Trébouila, Phlitha
Balbina et autres dames d'honneur
et courtisans, qui accompagnèrent
Adrien el sa femme Sabine dans une
excursion à ces ruines imposantes.
Près du grand colosse on en yoit un
64
MEM
autre de dix pieds de hauteur et de
granil gris : c'était aussi un Memnon;
ainsi le jirouveui les carlouches ab-
soluinenl identiques a ceux de lagran-
de statue. On y avait soupconué Osv-
mandyas. Ses pieds posent sur une
statue au-dessus de la grandeur natu-
relle , mais remarquable par le cos-
tume d'un monarque demi-barbare.
C'est à lielzoni que Ton doit la décou-
verte de ce monumeitj la (èle qui
est d'une rare beauté, et qui pèse
douze tonneaux, se retrouve au mu-
sée britannique, auquel Helzoni en a
fait présent. C'est à une partie seule-
ment du Memnonium (|ue l'on a donné
le nom d Osymandeum ou tombeau
d'Osymandyasj et M\l. .lo'lois et De-
villeis, dans leur description de
Tlièbes, ont même voulu prouver l'i-
dentité complète du Memnonium avec
l'Bsymandeuni tel que le décrit Dio-
dore. M. Leti onne au contraire . non
content de ruiner l'hypothèse de ce
savant, en vient à dire que dès le
temps de Ptolémée 1" (322-3oo ans
avant J.-C.)rOs\mandeum n'existait
plus, et que peut-être jamais il n'a-
vait existé que dans l'opinion des
prêtres, qui avaient réuni les traits
empruntés à tout ce qu'il y a de plus
gigantesque dans tous les débris de
ïhèbes. ALuxor, sur la rive droite ou
arabique du ]Nil, se voient les restes
d'un palais immense bàli encore, se-
lon Champollion jeune, par Amé-
noftp (III) et par Sésostris. Deux
grands obélisques de soixante-douze
et de soixanle-quin/e pieds de haut,
cbacun d'un seul bloc de granit rose ,
en signalent l'eiiliée, et < nt |r's
d'eux quatre cdosses de même ma
tièie, dont deux de quarante-quatre
pieds et deux de trente. Arri\een-
suiîe un immense pylône haut de
ciu({uante pieds et un péristyle de
deux cents colonnes la plupart encore
MEN
debout. Quant au son de la statue,
ce miracle qui a beaucoup occupé les
anti(juaires ne nous étonne nullement:
le canon du Palais-Roval annonçant
midi ne frappe pas dViounement le
rentier parisien (^oj'. dans la liiof*.
univ.. les art. IlAiviEssiis, XXW II,
45 j SiîsosTRis, XLl, i5i5 TuouT-
Nosis, XLY, 5^2).
MEMPHIS, 31t,«fp'f» déesse épo-
nyme de la ville de ce nom , dite en
Egypte fille d'Uchorée , amante du
JNil, transformé entauieau, et n»ère
d'un fils nonmié Egyptus. Eu Grèce
on la fit épouse d'Eplièse et mère de
Libye. Celle mythologie n'a rien pour
nous que de clair. — Meimpius aussi
passe pour un être mâle, elconime tel
il fut nommé fils de Jupiter et de ]^ro-
togénie. Lydie , assnre-t-on, était sa
femme. Neseiait-ce pas Libye qu'il
faut lire?
JjLMKOIjM, Membuihus, Mé^-
pov^uof y le Vicouakarama phénicien^]
apprit aux boiimies à se couvrir de
peaux de bêle, lança en mer un arbre j
ébianché , modèle du premier vais-
seau, consacra deux pieires, en guisej
d'autel, au vent et au feu, en un rao|
donna l'essor a la civilisation et aui
arts dans la Phénicie. H passait poui
fils des génies et en conséquence pouM
le premier homme : anneau précieul
de la chaîne qui unit a une race (juasi'j
divine la race humaine si fragile et si
peu riche d'idées! On le divinisa, dit-
on, après sa mort. Des morceaux de
bois et de pierre lui furent consaciés,
el l'on établit des lèles annuelles en
son honneur.
JVILIS, Mi)*, passe souvent pour le
même ([ue Luniis : peut-être y a l-il
celle dilïérence (|ue Je ilieu Lune, en
sedédoubl;inl,eiifan'e plu.-ieursMen,
comme Adili aux IikUs p usieurs
Adilias. Ou a en i iîtl un Me Arcœus.
MÉ]NA ou MÉjNÉ. r. Mana.
MEN
MÉNACH, Menachus, M%W;^(jf,
Egypiide tué par TNi'Io.
MÉNALGÈS, MiiNALCES, rWa-
je);y, un des cinquante Lyoaonides
qui ouvrit le conseil de tuer un en-
fant pour éprouver la diviiiité de
Jupiter. C'est lui qui fuj le héros
éponvme de la vil e et de la mon-
lagne nrcadienne de ce nom , innn-
la:',ne fameuse, el par la biche aux
cornes d'or qu'Hi-rcule y prit, el par
la mélamojphose de Dipliné, et par
la résidence de Pan , ou par les ex-
cursions fréquentes de Diane au mi-
lieu des rorèlxlonl e'ie est (ouverte.
— Mi-nalcès s'appelait aussi Ménale.
M ':nalio]n , M^NALioN, Mxi-
»«A oiv, lin de ceux que la myllmlogie
donne pour père d'Atalante l'Arca-
dienne. I-eul-ètre ce nom est l'alléra-
tion de Mil.inion, époux-amant de la
belle rbas<eresse.
1. MH;jNALIPPE,Mv.A<Tr«, ou
'Mect'*>i'7r7[>j, dont on a tiré MÉla-
TJiPi'E , est une Eve, Eve à fo me de
cheval ,d( s Eoliens-Réoiiens. Hippé,
Evippé, Ménalippé, tous ces noms rc-
vienni-nl au même. Leiadical Ai^j»...
cheval eu cavale, y dumiur. Aussi Hip-
pé, Evippé, Mt-nalippé est-elle la
fille du Centaure par excerence, de
Cliiron: c'est 'a Ccnlauresse primor-
diale en qui se résume tout le peuple
centaure. A présent il faut trouver
en elle-mèmi la mère des hommes.
Lhcomniencenl de^ divergences. Eole
est tour k tour son fils, son amant,'
son père. De là trois fi'iations as-
cendantes, (diiron esl-il si"n père, elle
a deux fils, É'»le et I éole, el c'est
Neptune qui l'a séd lile. Est-ce Eole
qui 'ni a donné h' jour, el'e est en-
core l'amante de Neptune el lui don-
ne deux fils. Son père iirilé lui fait
crever les yeux et lajelfe en pr'son.
Ses fili la déchirent el Neptune lui
r«Uidla vue : le roi de Métaponte l'4-
MEN
65
ponse. Enfin, Chiron redevient son
père. Cette fois l'Eole, fils d'Hellen,
e>t le corrupteur. Ménalippé, qui
jusque-là vappclait Thélis et faisait
prrtie de la suite de Diane, cessa de
ihasser, el la déesse punit sa faute
par la métamorphose qu'annonce son
nom. Suivant d'autres i'ers ons, la
jeune fille alla se cacher dans les
bois pour dérober sa grossesse aux
yeux vigilants de son père. Les
dieux et même (selon Eraloslhène) la
sévère Diane sensible à sim malheur
exaucèrent sa prière. Elle fut placée
aux cieux sur la même route que
Chiron, mais au point diamétralement
opposé. Selon 'Ihéon, c'était un ex-
cellent moyen pour que Chiron ne
put la voir. Diamétralement opposé
ne veut donc point dire vis-à-vis.
On ajoulr que, pour cacher son sexe,
ou n'a pas fignré la partie posté-
rieure du corps du cheval. Il est cer-
tain en effet que, toutes les fois que
la constellation monte sur l'horizon,
le centaure Chiron achève de se cou-
chi r. Il seiiible même (|ue le centaure
Chiron est la moitié du cheval dont
Ménalippé est l'antre moite j et en
réunis.ant les deux moitiés de ces
constellations, on aura le cheval tout
entier. — Uemarquons quatre autres
détai's. 1° Neptune, pour triompher
de Ménalippé, s'était changé en che-
val : encore Posidôn Hippios! 2" On
a fait de Ménalippé une prophétesso
que les dieux changèrent en jument ,
po'ir la punir de ce qu'elle révélait les
secrets de l'aveu r. 3" La coiisttlla-
t;on mén-ilippine se nomme vulgaire-
ment cheval, ou cheval Pégase^ on
l'apije'le aussi INIéduse. 4° On célé-
brait à Sicyone des Méuilippies ou
Mélanippies , soit en l'iiouneur de la
Centaur^essc, soit en mémoire de Me-
lajjippe l'AstaeiJe.
2-4. MENAUPPE : f roint
LV.
66
MEN
des Amazones ( elle donnaj sa cein-
ture à Hercule h qui Eurystbée avait
ordonné de la couquerir : songer ici
et aux Hippomoigues et au solvere
zononi des anciens); 2° une des Mé-
léagrides {V. Mkléagre); 3" nym-
phe, mère de Béole , qu'elle eut
a Ilone (nul doute que celte dernière
Be doive être regardée comme iden-
tique h la précédente).
MÉNALIUS, MoiNALirs, passe
chtxCicéron pour le père du (juatriô-
Bie Vnlcain.
MÉNA]SE ou AMÉNAINE ( Me-
1iA>vs, Ambnantjs) , fleuve divinisé
que les traditions sicilii nnes recueil-
lies par S. Clément d'Alexandrie
[Honiét. Vf, i5;comp. Creuzer sur
iVrt'7.r/.Z>.deCicér..llI, 22, p. 601,
etc.) font père des Paliqut-s. Peut-
être est ce le fleuve de Tanoée (Comp.
Amna-Pebenna ). Peut- être même
k ÎWénoijès auii dn roi d'Assyrie INi-
nus et qui épouse la femme poisson,
Sémiraniis, se réfèrc-t-il h la fable
de IVlrnane.
MÉÎSASINE, Mewasinxis, fils de
PoUux , avait une^ statue h Corinllie
dans le temple de sou père.
MÉINATE, était cliez les anciens
Arabes le distributeur des grâces ,
et tel éiait le sens de son nom.
ME^DÈS. f^oy. Mandou.
MÉINÉ. Voy. Maka.
MÉNÈCE,METSOETlUS,TVIevo/r/«J?,
fj« de Ceiitboiiyrae et gardien des
troupeaux de Plulon , s'opposa tou-
jours aux victoires d'Hercule , aver-
tit Géryon que le héros thébain lui
avait enlevé ses bœufs, et osa l'as-
saillir lorsqu'il descendit aux enfers.
Hercule se contenta de lui fracasser
les côtes. Il l'eût tué indubitable-
ment sans l'intervention de Proser-
piiie. Ce Ménèce diffère-l-il d'un fils
de Japet et de Climène qui prit parti
pour les Titans contre les Ci onides,
MEN
et que Jnpiter d'un coup de foudre
précipita dans rtrèbe? Kous ne le
pensons pas. Ce Ménèce est l'homme
(mensch). Comp. Promkthée. — •
L'n autre MÉNÈCE. hlsd'Actor et d'É-
gine, mari de Stbénèle, père de Pa-
Irocle, Allouante, tenta en vain de
détrôner son père, se retira en Lo-
cride, et y soumit un territore dont il
se fit un petit empire. Palrocle son HU
prit de lui le surnom de Menœtiades.
MÉJNÉCÉE, M^^E(;E^Ts, Mg.*»-
«fûf, (ils du roi de ïhèbes, Créon, so
sacrifia pour .•■auver la ville attaquée
parles Argiens. En vain, son père
voulut s'y opposer et lui ordonna de
fuir plutôt que d aller livrer sa vie sur
les remparts. M énérée courut recevoir
le coup de la mort pour déliver son
Î)ays. Selon Tirésias , ainsi le vou-
ait Mars, k qui était consacré le
dragon mystique que tua Cadmus,
et dont la soif de vengeance ne par-
viuL a s'apaiser que quand le sanjj'
du jilus jeitne des princes issus du sang*
du drcigon eut coulé en son honneur, •
— Le tombeau de Ménécée était or-
né d'un grenadier venu de Ini-mème,
et qui se reproduisait par des reje-
tons. Mures, les grenades se feu-1
daieiil et . comme le jeune rejeton d'es'l
Spartes, épanchaient volontairement^
le suc rouj;e qui semblait leur sang.
]Vi£ISECLE,M£v.^>.«, hlle (l'Hyl-
lus, épouse d'ilippoleet mère d'Eole.
MÉINÉDÈME, Menedemus,
Minèttf4,cç ^ tils de Bunée et parèdre
d'Heicu'e, indiqua au héros le moyen
de nettoyer les élables d'Augias, ■
combattit avec le fils d'Alcmene con-
tre le perfide roi des Epéens, périt
dans la bataille et fut inhumé au cap
de Lépréum. Hercule y fit célébrer
des jeux funèbres en son honneur.
MÉNÉLAS, Me]nelaus, Mî»/-
Xa.0? ou M':vtXicûç^ était le frère d'A-
gamemnon. Sur son père , Voy.
MÉN
Agamemtîon. Du reste on le nom-
mait Atride ainsi que son frère. Il
passa la [ilus gi ancle partie de sa jeu-
nesse a Sparte près de Tyndarée , et
fui un des concurrents k la main
d'Hélène. La jeune princesse lui
donni la préférence. El le lui apportait
en dot la survivance du royaume de
Sparte; car, lorsque Tyndarée mou-
rut, Castor et Pollux restèrent dans
Aravcles, Me'riplas et Hélène régnè-
rent sur Lacédémone. Créthée, son
aïeul maternel, mourut en Crète sur
ces entrefaites : Ménélas partit pour
l'île où était situé Tnéritage à recueil-
lir. Il n'était pas le seul qui eût des
vaisseaux : Paris débirqua dans le Pé-
loponèse , tandis que le roi de Sparte
se rendait en Crète, alla recevoir
l'hospitalité dans le palais du prince
absent, et proposa tout siinplfinenl a
Hélène, dont l'affabilité le charmait^
de se laisser en'ever par son hôte.
On partit; et l'île célèbre de Cyllière,
(d'autres disent Migonitis) reçut les
d.^-ux fugitifs a leur première station.
Ménélas, revenu sur l'avis qu'on ne
manqua pas de lui expédier lorsque
k's précautions étaient di-vcnueji inu-
tiles, trouve un palais vide. Aussitôt
il annoncesondésappointementh tous
leschefsdela Grèce; et. comme ceux-
ci avalent juré de se liguer contre
ceux qui raviraient Hélène a l'é-
•poux choisi par elle , ils mirent tant
dé célérité k leurs piéparalifs de
guerre , qu'au bout de (|uaire ou
dix ans ils eurent autour d'eux une
centaine de mille hommes prêts a
mettre a la voile. On conçoit que
Ménélas faisait partie de cette coa-
Htion entreprise uniquement pour lui
rendre son Hélène. Soixante vaisseaux
lé suivaient et portaient les Irou-
pcsde Sparte, de Phare, de Messène,
de Bl-isée, d'Amycles , d'Hélos , de
Laas, d'Ehgye et d'OEtyle. Il mon-
MÉN
Si
tra du courage dans cette expéditioB
Déjà, avant le départ, il avait été
en ambassnde k Troie avec Ulysse
et tous deux ycoururentdegraves dan-
gers. On assure même que sans Anté-
nor, le peuple, animé par Paris , leur
eût ôté la vie. Arrive devant Troie
avec la confédération, Ménélas se si-
gnala d'ans plusieurs occas'ons. On le
voit dans le liv. 5 de l'Iliade se battre
en combat singulier avec Paris et le
vaincre; mais cet avantage devint inu-
tile. Une flèche lancée par Pandare,
contre la foi des traités , l'empêcha de
luer Paris; et Paris, revenu parmi
les siens, trouva moyen d"'éluder l'o-
bfigation nvi il était de rendre Hé-
lène et ses trésors. A la prise de la
ville, Ménélas thnna des ordres pour
qu'on respectai la maison d'Anfénor:
mais il fil borriblem nt mutiler Déi-
phobe a'ors époux d'Hélène. En re-
venant, i! s'arrêta k Ténédos, puis à
Suni im pour donner la sépulture k
Phrontis son pilote. Une violente tera-
pêle le jeta sur l'ile de Crète où il
pcr lit la raaJL'ure partie de ses vais-
seaux. Cinq seulement lui restèrent
et l'aidèrent k gagner l'Egypte. Le«
évhémérisics qui calculent avec erac-
tilude les dates de ces temps reculés,
assignent sept ans et queli|oe chose'
an séjour de Ménélas en Egypte. Re-
venu a Sparte, h:iitans après la lirise
de Troie, dix-huit ans aprèsle départ
des Grecs , vi.ijjt-deux ans après le
rapt de sa femmp, il y régna paisible-
ment pendant plusieurs années, et
maria sa fille Hermione k Pyrrhus.
Comme il ne laissait pas de fils,
Oreste son neveu devint possesseur "
de ses éfats^ ainsi que de ceux- de-
Cyllabare, fds de Stlicnèle. Ménélas
était adoré à Thérapnv. — Mé-
nélas est un personnage plus fabuleux
qu'Agamemnon. Ses voyages sont d(«
rcvcj. Son nom n'est que celui de
S.
6t
Mm
Mioos. Comp. surtout Canobe, Hé-
LEDEf Paris. — Euripiclf s'est plu à
représenter Mé icias sous des couleurs
vraiineul iguoMiS. f^'u/. les deux
Iragédi s ai' Ainlromwjue et </'/-
plii^énit t-n AuUiit.
ME]N£L£Ë,M£N£LEUS,M'HAiJ;,
centaure.
MÉjNÉPHIRAS, Menephiraus,
Mii'c'P'f (A $> géant, devait le jour au
Tarlare et à la Terre.
MÉI^ÉPHOIN, M ;,«?•'», Thessa-
lien, fut chaugé eu l)ète fauve pour
avoir voulu surprendre sur le inoul
Cyllare sa mère euloriuie Quelques
Iradi.jons le font mourir de la inaiu
de sa mère avaul qu'il ail cousummé
l'allental.
MÉNEPTOLÊME, \i.«,T«'A,,«cf,
Grec agile, était av c Médun a la léte
des l'hliules devant Troie.
MENES lui, dans la ihrono'o ie
égyptienne que nous a conservée en
p rlie Manéllion, e cbel di- celle dy-
nastie TbinileTliébaine que Ton voit
à la lète de loules les dyu.islii s égvp-
liennes humaines. On 'e donne comme
le successeur immédial des dieux. 11
modifia le cours du INi', dessécha
cl rendit habitab'e la Basse- Egypte
qu'occupaieuldes lagunes, fonda iVlem-
phis (qui, suit dit m passant, n'exis-
tait pas eucoie sous la treizième dy-
nastie), appiit aux hommes à ho-
norer Dieu par un culle et des sacri-
fices, et enfin, selon de bizaires tra-
ditions, leur fil connaître le luxe. Un
de ses descendants, Ténéphace , le
maudit solennellement en plein tem-
ple pour avoir introduit le 1 xe en
. És^'pte. — Il esl clair que Menés est
un personnage mvtl:iih>gi<pie ijui dé-
8 giie Vespèce humaine. Sun noiii, le
rnême qn. ceux de Meus, Mt nsch ,
Mei'ou, Minos. indique assez (juec'eil
dans ce' le lisle de prél- ndus héros
qu'il faut aller le chercher. Il serait
MEN
plus ridicule encore de prétendre
fixer sou époque dans IMiistoiie, h
moins (|ue par son épo(|ue <>ii inlende
celle où le l)ella de l'Egypte fui for-
mé j mais il esl évideul que Celle
époque esl antédiluvienne. Les monu-
nienls nous font remonter, pour l'oii-
gine de la seizième dynastie, à Tan
2272 avant J.-C. La plupart des
savantN modernes oui placé Menés
vers Pan 2100. — Lu autre MÉ-
>t;s fi;.,ure à la tète «les dyna^tes
d'EraloMhèue. Ce nom seul suliirait
p(uir laire comprendre ce que l'un
doit entendre par le Menés, pre-
m er d< s rois humains Méuè.'t devient,
selon les diveis systèmes (|ue l'on
adoptera pour la coiHurd.inee des
décans et des dyu;isles , Lhoularé ,
Suiiclio eu Subis.
MENESIUE, M«vf«r-i: 1° chef
grec tué par lleclor; 2"ME^E^THlus,
^Uii'iitoii fils de Polydoie, mariée à
Buie,el du llenveSpercI ins, étuil un
des capitaines d'Achille. — Ln troi-
sième ^Jt^ESTHE, (ils (i'Aréillioiis et
de Phi oméduse, loi d'Arue, fut tué
par Paris devant lioie.
MÉNLSTHEE, Menestheus ,
JMeyfff-dfuf , fils de Pa'ée, el par con-
séquent arrière -peiit -fils d'Eiech-
thée, usurpa le trône d'Athènes sur
Thésée, qu'il conlraigiiit de se réfugier
à Scvros, rendit de grands servi-
ces k Ag.'imemnou devant Troie , el
mourut au retour dans l'île de Mélos
après vingt- trois ans de règne.
MÉJNETE, Menottes, MïvojW,
pilote de Gyas, fil perdre le prix de
la course navale k ce chef troyeu qui,
dans son dépil , le jeta à l'e.iu.—
Ln autre MË^^i.E, de la suite de
P-Jas, fui lié par 1 urnns.
MEJNG! ADEesl , d ns la mytho-
logie Acaiidinave, une vierge géante,
habitante d'un palais enchanté.
MÉJNIOS, Lycaonide chanjjé en
I
MKN
loiip ainsi que son père, pour avoir
blasp'iémc la divinité de Jupiler.
MÉNIl'PE, M^vVti;,, fille d'O-
rion , se sacrifia, ainsi t|ue Mélioqiie
8.1 sœur, pour délivrer son pays d'une
épidémie. Proserpine cl IMulon cé-
dèrenl leurs corps à Tempyrée, oîi
ils brillenl mêla i orphosées en comè-
tes à longue chevelure. Un (emple cé-
lèbre d'Orcboinène élait sous Piiivo-
catioîi des deux jeunes Oricmides; et
cluiquc année la jeunesse des deux
sexes leur offrait des sacrifices. La
fonilalion du temple remontait aux
temps des Aones. Le mythe eût donc
été antérieur h la domination ties Pè-
lasgues. Ménippe et Méli'ique étaient
parées de tous les dons de Minerve
et de Vénus, en d'autres termes
Aphrodite leur ivail prodigué la beau-
té, et l'industrieuse Ergauà les avait
initiées h Tart de lisser.
MÉINIFFIDR, Mesippid^s. Me-
»/!rit '■^jys , \\\- d'Hercule et de 1j T hcs-
pia e Eiidéis.
MKiNIS, le mèive sans doute que
MÉnÈs, apprit ii TEgypIt' l'usage de
l'argent inonnoy." Une stèle, phcée
dans nu temple a Thèbes, portait une
imprécation contre cet invenlfur d'un
usa^e fatal. Un loi d'Egypte s'élant
trouvé par hasard , dans une guerre
contre les Arabes, réduit a coucher
sur le sol et h savourer de gro>siers
alimeils, se trou» a si bien du bivouac
et lie la chair de cheval, <pi'd dit aua-
thème aux douceurs de la vie, aux
richesses, au luxe, à la monnaie et
à l'introducteui- insensé de ces vi's
métaux. Revenu dans Thèbes, il fit
graver, ad niciuoriani i'ei\ !a stoï-
que formule, sur une colonne.
MÉlNON, Mfvi», cheftioyeii tué
devant Troie par l^éontée.
MENO rVllAiNNOS , M^vari/j.v-
»flf, c'esl-h-dire roi des mois, Atys
eu Phryjjie.
MEN 69
MENOU, un des fils deBrabraâ, est
ràmemème, est riiomnu même. Mana,
Manon, Mann, Mens, Mensch, Menés.
Tout à fait imaginaire et hors de l'em-
pire des êtres réels, il n'en doit pas
moins sembler à tout évliémériste un
homme, un roi, un civilisateur. Nous
n'y voyons, nous, que la civilisation
même, cette émanation de Mana, et,
si nous tombons d;ins une sphère plus
élroile, la législation. En effet , Me-
nou , ('ais les Imles . passe pour 'e
législateur par excellence, et le plus
ancien code de lois se nomme Ma-
nava- Dharma -Sastra. ou code dis
lois de Mciiou. Un code c'est un mo»
numi ni , \ ont dire ceux dont nous si-
gnalons la tendance h tout traduire en
histoire indiviiluelle^ un homme donc
en est l'auteur: il a e*islé un Menou.
El ils se meltent h rechercher h quelle
date, à quelle race, h quel pays ap-
partenait le législateur. Une lois lancé
dans cette sphère d'investigation, on
peut varier. Aussi a-l-on long-temps
varié dans nos écoles sur les époques
de Menés et de Minos. Pour nous,
ces problèii es ne peuvent sembler gra-
ves Menou, Menés, Minos, Winyas,
Méon , Mann, ces êtres énigm ti-
ques, qui tous reviennent k un seul,
l'a 1 e homme, l'àm humaine, et dont
Minerve n'est que la récapitulali»n
suprême, ne sont pas du domaine de
l'histoire propremmi dite. La seule
làchi- que doit s'imposer le mytholo-
gue d'elle est celle-ci : caractériser
la légi.vlalioa elle-même, s'il existe
des vestiges de celte législation, la
comparer aux autres grands traits de
la législation iudigè:ie, se fixer sur
rhomo^;énéilé des |irincipes formulés
dans ce code , en déduire et leur va-
leur intrinsèque , et leur date, et leur
pliice chroiiologi(|ue, non pas daiig
telle ou telle année, mai.- dans tel'e
période. C'est cç qu'approxinjalive-
7»
BfBN
MEN
Bient on peut faire pour Mrnoa. i''
Pourcequ'on appelle son coHe, il «lis-
te 5 nous en avons donné le lilre. W.
Ji lus t-n a piiblitf la traducliun en
anglais (Calculla, 1794,10-4"; Lon-
dres, 1796, in-S^jj Hukner l'a repro-
duite en allemand avec un glossaire
et des notes (VVeimar, 1797). a* On
«ait à présent dislingoer ce code sa-
cré, décoré par Juius du nom dlu*
stilut, de deux autres recueils, dont
l'un, publié en français sous le lilre de
Code des lois des Gentoux{\*aThf
1778), n'est qu'une cuinpilalion ré-
cente des Hraliiuanes du Bengale, tau-
dis que l'aulie, connu sous le titre
de Pandecles hindoues^ a été tra-
duit du^samskrit en anglais, donné en
partie par Colebrooke ( Utgeat oj
hindu iaw. ttc, Londres, 1801,
in -8°). 3" Voici les époques de la
littérature hindoue selon Sclilegel:
les Véda, avec tous les livres qui s'y
rattachent (de ce nombre est le Ma-
nava-Uharma-Sastra ) , les systèmes
philosophiques antérieurs à la philo-
sophie Védanla, les ouvrages attri-
bués a Viaca, c'est-à-dire les dix-
huit Fouranas, le Mahalihiirata et la
philosophie Védanla, eniin la poésie
drainalique de Kalidaça. Gcerres fait
suivie les grandes masses littéraires
de rinde dans l'ordre suivant : Véda
ou mythes pnniitilsj Pourana, romans
mylhiqiies; poéiies historiques, parmi
lesquelles Kamaïana et Maiiabharala^
morale dout le code de Menou est 'a
principale expression 5 systèmes théis-
tes ou orthodoxes , c'est-à-dire les
deux philosopliies^iaïa, les deux Mi-
mansa et les deux Sankhia. Creuzer
adopte le même ordre, et place ainsi
l'époque de la législation entre celle
des poèmes épiques et celle de la phi-
losophie. Ajoutons que les lois de
lleuou ne citent jamais que les Véiîas
et l*s Angas ou Védaugas (commen-
taires des Védas au nombre de six).
Au reste, le code lui-même est , avec
les Fouranas, la Niaïa et laMimansa,
pi ilosophie, un des (piatre Oupnngas
oiiSous-Angas. 4° La morale du Ma-
nava-Dharma-8astra n'est pas tou-
jours la même, et par consé(|uent
elle ne di»it pas être regardée comme
l'œuvre d'un seul siècle. 5" Mais quels
que soient les siècles qui en peuvent
J-cvendiquer la rédaction, tous re-
montent à une épo(|ue ancienne, à
une époque où le samskril n'étiiil pas
encore tombé en désuétude, Khudc
cependant, dans deux écrits succes-
sifs (uA. j4Uerund JVcvLh einigcr
morgenlœndl. Ui kundeii . p. 62-
65 5 cl Beilrage zurAlltrtlmtnsk. ,
p. 98, de), a voulu rapprocher cou-
sidéiablement répo(|ue des lois de
Menou , a sans toutefois dépasser la
» période où les états de l'Inde, jouis-
» saut de leur indépendance pi iini-
» tivc, n'avaient pas encore subi la
» coniiuète. m Comp. l'art, suivant.
ML^iOLS, èlres mythologiques
du système bnihmaïque, sont au nom-
bre de quatorze, savoir : 1° sept qui
ont déjà paru, Souaïainbhouva, Soua-
lotchitclia, Oultama, Tamaça , Kai-
vata, Tcliakcliouclia, Vaivacoualaj
2° sept qui sont encore à paraître,
Souria -Savarni, Dakcha -Savarni ,
Brahmà-Savarni , I )iiarma •. Savfirni ,
Roudra-Savarni, iloulcliéia, Agni-
Savarni. Colebrooke, Fr. bchlegel,
Majer, etc., etc.. regardent les Me-
nous comme des êtres humains, des
rois, des prophètes, des pali iarches
de rauliquilé. Celte opinion est in-
admissible. Nous ne sommes pas ten-
tés pourtant d'y voir des constella-
tions d'uu ordre supérieur. Autour'
de Menou, premier homme, premier
législateur, piemicr palriaiche, gra-
vitent des Menons secondaires en qui
il i'esl scindé. Adili s émane eu douze
>ix). %
MEN
Adhias, Hanouman en Haaoumansj
de luême il serait naturel que Me-
nou s'émanât en Menons d'un ordre
inférieur. Toutefois il faut dire que ce
Menou idéal, dont il est ici ques-
iion , celte .espèce d'Addlii-Meuou,
n'est pas le Mtuou législateur. De
Brahm découle virtmlleinenl un Me-
nou, sagesse et sainteté suprêmes, un
Menou qu'on n'a point songé a dis-
tinguer dans le catalogue des dieux,
et dont les quatorze Minons d'une
part , lu Menou législateur di; l'jLutie,
sont des elllorescences.
MENS, c'est -a-dire la pensée,
avait à Rome deux temples, l'uu d.uii
le Capitule, l'autre dans la luiilième
région. Ce dernier avait été tlevé
après la perle de la bataille de Tra-
simènej l'autre était une construc-
tion du préleur Olacilius. Mens élait
prise tantôt pour rame du niondL' ,
taulùl pour i'ùme indivi.lucUe. Ou
rinvo([nail comme une Volumnia ou
inspirahice de bo;mes idées.
MEJNTÈS, Mivr>,s, roi des Ta-
plùens et fds d'Ancliiale. Minerve
prit ses traits pour annoncer à Télé-
uiaque le retour d'Ulysse. On a voulu
faire de ce Meules un négociant de
Leucade qui prit îlomèie avec lui , et
le couduiail dans tous ses voyages. Le
poète, dil-on, pour reconnaître ses
bienfaits, idéalisa Meutes et rendit
son nom immortel. — Un antie Meis-
Tiis , roi des Cico.ies, était à Troie j
Apollon emprunta ses traits pour em-
" Vlénél
de Panllioos.
pécher Méuélas d
1 ses traits pi
'emporter le
MENTHE. Foy. Mintui.
MENTOPx, Mi,r^p, ami d'Ulysse,
fut chargé par ce prince de la sur-
Viillance de sa maison pendant son
absence. Minerve pieuall souvent ses
traits et sa voix pour encourager Té-
lémaque à la verlu. Ceux qui out
voulu nous donner une biographie
MEP 71
anecdo tique d'Homère ont assuré
que ce poète reçut dans Ithaque uA
accueil bienveillant de Mentor, et l'eu
récompensa en insérant son nom avec
éloges dans l'Odyssée. On sait quel
parti Fénélou a tiré de Mentor peut
son Télémaqne. — Trois aulres Men-
tor furent : i" un fils d'Hercule et de
la Tiiespiade Asopis; 2° un fils d'Eu-
rysthée {Foy. ce nom)j 5° le père
d'Imbrios.
MÉNUTHIS, n'est autre qu'A-
iniiun-Noute ou Noute-Fen {Voy.
ce der lier nom).
MÉON, Mjeon, M«t/«v, roi d'une
partie de l'Asie antérieure occiden-
tale, alors désignée par le tilre vague
de Phrygie, eut Cylièle de Uindyme,
sa femme. On ajoute qu'instruit deS
amours de Cybèle avec Atys, il fit
mourir ce jeune héros et les sui-
vantes de sa fille. Comp. des varian-
tes, art. Atys et CvniiLE. — Evidem- ^
ment Méou est un être ambigu qui
tient du dieu et de l'homme j c'est un
Adam typique et u# Zévs. Il est le
père d'une Eve-Terre j il est l'époux
d'un mont rigide et n.assif , le Din-
dyme, aux deux cimes jumellesj enfin,
lui-même est la gé-uéiatrice masculi-
nisée (Ma, Maïa), il est la terre , et
l'on voit la Lydie s'appiler de son
nom Méonie, avant di prendre celui
du héros Lydos. Au.v^i Oniphale et
Arachné sonl-e'les titrées Mœonis.
Homère, ainsi que l'acchus , qu'on
honore en Lydie, prend l'épilhète de
Mcconiiis, et les Muses , qui ont in-
spiré l'Iliade, s'appellent Mceouides.
— Deux aulres MÉo:s furent, i'un un
chef tliébain qui seul échappa au car-
nage que fit Tydée des cinquante
gutrriers aposlés par Etéode pour
l'a? sassiner 5 l'iiulre un chef latin
qu'Enée blessa d'un coup de javelot.
MEPHITIS , déesse de l'air vicié
pat les exhalaisons méphitiques, a'é'
72 MER ;MER «
tait autre que Jimon. Elle avait un dans l'Arcadie. Sn léffprdp se rom-
lemple h Crémone el dans la vallée pose en grtnde pirlie de Irails (Pn-
du lac d'Amsanlo. Quelpiessalses on diese et de liloulerie. Enfiinl, Il vola
Volcans boueux pl.tcés dans le voisi- I' trident de Neptune, l'épée de
nage de Crémone exp'ii|uent asseï Mars, la ceinture de Vénus; Ai'ollon,
Torigine du cidle de Mépijilis; el réduit h garder les troupeaux dAd-
dans les environs du lac d'Amsanlo mêle, peidil un jour hs plus beaux
on voit encore aiijouid'hui des creux d'entre eux; avant couru après le
A^pAén fnefîie ei niefitinelie. vol ur, il le menaça des pni oies el
MKR. f^oy. Thalassa. du poing, cpiand tout à coup I s'a-
MEllA, compagne de Diane, fut pirçul (pi'il était sans carcpiois. Lors
séduite par Jupiter sous la l'orme de de la mésavenluie de Vénus surprise
Minerve, percée de flèches par Diane avec Mars dans les invis.bles HIets
el changée en chienne. Quel(|!ies poè- du dieu du feu, Melcure, téra in
tes n^admetlenl de la pari de Jupiter «^i 11 ij^rml délit avec le rehle des
qu'une tentative; mais le dénouement U«''1tauts de l'Olympe, dit tout liant
esl toujours le même. On peut voir ii qu'il s'accommoilerail à mernille de
l'art. Érigo>'e le rôle de la chienne la place de rinforluné c.iplif. Ces
Méra. Il est cliir que la légende brillantes dispositions en;;agèrent Ju-
qui la donne comme nymphe d'Ar- piler à le choisir pour le contidenl
témis n'a été imaginée que dans de ses amours el le rommission-
l'inlention de ne point laisser sans naire des dieux. C'esl ii lui que
précédent un acieur au«si important fut ctmfiée l.i garde de la belle ge-
daus le drame d Erigone et d'icarius. nis>« lo; el,lor>que Junon jalouse eut
Lorsque l'on donna une généalogie à mis celle future rivale sous la sur-
Méra, son pèrvfnt Prolée (le pre- vrillance d'Argus, il se chargea do
mier, Tanci' n des jours), el sa mère l'endormir el de le luer: il y réussit.
la nymphe Asie (la déesse; comp Envoyé par les dieux h Thèbes et
AsAiiÉvi el Asts), dont on a fait Au- à INaxos pour y recueillir le jeune
^ie el Analhie. — }Lne anire Méra, Bacbus el le confier h des nourrices
Allaulide, cul de Lycaon Té^féaii'. On altenlives , c'esl lui qui avec l'aide de
en nou)me aussi une parmi les Prœ- Vulcain allaclie (selon Hygin, /'/'iA,
tides; mais elle ne figure pas parmi cxliv) le Irisle Piomélhée sur le Cau-
Celles de la Triade furibonde. case. Dans Homère, il vend Hercule
MERCEDONA, déesse latine qui esclave h Ompliale. D.ins l'Odyssée,
présidait au commerce {//lerces , il est député à Egislhe par le vénéra-
marchandi^es.) ble cercle de 10 ympc^ pour le dis-
MERCllRE. Mebcuriu'!, en grec suader de ses projets d'assass'nat el
Hermî-:s, 'Epiu,-!s, est, dans la my- d'usurpaliim.Ai'leurs il enchaîne Ixion
ihologie VI Igaire , le dieu du com- sur la roue dont les mouvemenis éter-
ine! ce, de l'éloquence el des voleurs, nels le torlurenl. Il va porter k
le inps>ager de Jupiter el des dieux de PJiryxos el h Hillé le bélier h loisou
l'Olympe, enfin le gu de des ùmes aux d'or qui doil les mcllre h l'abri des
fnfers. Il passait pour fils de Maïa coups d'ino. Il assiste Persée dans
(A^oy. ce nom), et par ciinsé(|uenl du son expédition contre les Gorgones,
dieu suprême Jupiter. On le fait r.aî- conduit Priam au camp des Grecs, se-
trt d'ordinaire sur le moat CjUèae coude Ulysse daus toutes ses entre-
MER MER 73
prises. Lonj^-lcmps avant la iîiiorre les coin]iair'fil(^s d'ï^orrafe lui font
des Tilans il a>ail, de concerl »vfc hoiiniMir. Lps ] rincipaiix sont ceux
Ej^ipati, escamolé la dt'pouillf iiisfn- d%\rf;iplioiilt' (meurlritr d'Ari^us),
silile et glacée de Jupiter du fond de An^elos ( messiiger ), Agoiée (qui
1 autre coryc en où Tavait plicée Ty- sièi^e au foruii' ), Clia idote (qui
phon. Il rendit un service de même do'.iÉ)e la paix, la beat tuile), Clirv-
nature a Mars, en brisant les fers dont sorrh.ipis (a la bau^uelle d'or) : ii
Tara eit chargé les deux AliaMes. En- faut y joindre ceux de Uhabdouqne ,
fin, la Giganloiai liie le vit terrasser ltlivplialli(]ue, Héi^emonc, Clithouios
Hipp'dyte, el prendre le cas(|ue invi- (ou >oulerrain), Ciiojiliore(porle-bé-
silde de Flulon: sa bravoure pourtant lier), Diactor (qui sert d'inlermé-
ne put 'e soustraire a la né<essilé de diaire) , Empolée (marrhand), Do-
fuir en Egypte, avec tous les autres lios et Slrophée ('e matois), d'E-
dieux , déguisé en ibis. Des scènes pilhalamios (paicdredu iil nuptial),
plus duur< s attirent enviiile noire ai- etc. Qui Iques autres épilhètes ou
ienliuD. Il donne à Fandore le lan- surnoms se rapportent à des vues
gtige , Tauiabilité . les grâces, el la plus Iran c.ndinlales : tels sont les
conduit à Proniélbée, puis, Mir le mois de Tricépiiale ou aux trois tè-
refus de ce tin Tilan, h Epim'-tl'ée. les, de Parainmon {gr:iiid Amoun 5
Ami de la paix, il glisse entre deux f^oy. encore Pan), ou parèdre d'A-
serpenls (|ui fraient la baguette (ju'il moun , d'Agonios ou qui pré*i le
porte dans tous ses voyages, et se aux jeux, de jNomlos ou pasteur, et
forme aiusi un sceptre paré de ser- d'inibrau e que nous regardons com-
pents, un sceptre emblème d'auiour n.e une altération d'Himéros (Imé-
el de concorde, el lui donne le ros , Lnbros ). INous ne parlons
nom de caducée. Un jour une lor- point d(S innomluables suinoms lo-
tue se présente sur son pa-sage, il canx, Cyllénios ou Cyllios, Lycos,
enlève sa cirapace écailleuse et en etc. IMeicure nVsl pas un dieu grec
forme la lyre. IJes traditions moiiis d'origine. L;i 1 hra e, Samolhrace, la
grecques le donnent comme inventeur Syrie, l'Egypte , Lien d'aulres pays
de la musi(|ue tout entière, du disque, encore le représenieit sons le nom
de l'écriture et de Talphabet , des d'Hrrmèsel de Tolh légèremen! al-
poids et mesures, de Tescrime, de la léré. Totb, nul doute, était le Mer-
clepsydre, de la géométrie, des sa- cure d'Egypte. Or, ce nom.quisem-
crilices , elc. Quoique complaisant lie identique aux Dfv zend, Dev
messager du maître des dienx dans ses slave, 7iW Scandinave, J cva sam-
amours, il opère quelquefois pour son skrit, Etoua ou Aloua polvné.^ien,
propre compte 5 témoin Cliioné , Théos (c> oi) des Grecs el /^rff.ç des
Creuse, Mérà, Anlianire, Polvmèle, I^at.ns, rappelle Tuislon el Tcuta-
et même, suivant ritéocrile, Péné- tes. les ru.illia-nadan , dieux më-
lope ((omp. Pan). Enliii, c'est lui lallur^i}*l•.■s de l'irlimle, etc. ; (piant
qui Conduit aux enfers la loule des au nom d'Hermès usuei en Grèce,
pà'es ombres : alors surtout il est ou a vu déjà le mot, autant par
pacifique il préside au voyage, il le son que par l'idée , refléter le
agite le caducée. Ses .surnoms belle- Pironii de l'Egvp''*, le Hrahn à ou
niques expriment assez ses diverses r>rahm desIndes (lar on dit >nssi bien
aventures, ainsi que l'éloquence dont Birma , Birouma, etc.), l'Herman ou
94
MER
MER
Arminius des Germains et des Her-
iniuni-s, l'Erréamhon des Irlandais,
puis les mots 'alins Termes et Fir-
Inus, le grec llerma, etc. jNous uoiis
boruerons a rciinir en uu même ta-
bleau les faiisconuus on évidents, i'ar-
llii les phénomènes aisément divinisa-
bles se présentent sur une ligne paral-
lèle la lorce exécutante et la pensée,
la pensée qui chez Thomme est tout
l'bomme, quiche/ Uieu est tout Dieu,
la pensée qui tour à tour présente et
plusieurs laces et plusieurs degrés.
Lesquels.' Les voici, i" C'est l)ieu
inéme hrétatd'irrévébtion. a" Quand
Dieu se ré» èle , c'est l'intelligence di-
vine, la raison , la sagesse individua-
lisée , en grec le Logos. 5" Quand
Dieu déjà révélé se communique,
c'est la comnuinicalion , la transmis-
sion^ cette transmission a lieu par
deux voies, la paro'eet, plus lard,
récriture. L'une suppose l'autre, il est
yraij mais chaque peuple envifage un
aipect l'avori, et arbore un drapeau
ditiérent. L Egypte avec ses institu-
tions silencieuses et imtiiobilisaules,
TEgvple tonte mysléiieuse et enve-
loppée de langes comme ses momies,
ri!,g\ptequi sculptait ses lettres sur
la p. erre, ou les peignait laborieuse-
ment sur les enduits des hypogées et
des catacombes , l'Egypte lit de sou
dieu communicateur un pilastre ba-
riolé d'hiéroglyphes, et le salua du
titre de 'lolh -colonne. La Grèce,
dont l'esprii était l'antipode du staiu
quo saceidotal, éloquente, incon-
stante et turbulente comme toutes les
démocraties, devait finir par adorer
l'éloquence. Toulelois les deux points
de vue ne furent pas contemporains j
et il V avait des siècles que l'olh-co-
lonne était nue énigme sans mot,
lorsque la Grèce de Pérlclès et d A-
lexaudre donna au fils de Maïa le
dépaitement de réloquencc. Si les
Égvpliens se bornèrent K voir dans la
communication de la pensée l'écri-
ture ils conçurent pourtant d'autres
commnniralioMS. Ce furent celles de
roi à sujet (voila pourquoi dans la
légende d'Osiris on voit Hermès , ce
no.n tout grec, jiiuer un rôle) et celles
du monde supéiieur au monde infé-
rieur: de là, l'idée d'Anébo qui n'est
au fond qu'un lolh, (|uoi({ue la my-
tho'oi.MP égyptienne lui ail donné une
iiidividual té, et l'ait conslilué à part.
Anébo alois devint le gardien des
âmes, et i'otlilescril'epar excellence,
le juge et presque le souverain des
enfers. 11 faut voir aux arides Awu-
Bis cl ToTH les développements des
deux rôles et les considérations aslrc-
noniicjues, cosii ogonicpies, |)hv.'.i(|iics
et morales cpii s'y rattachent. Il faut
soH'^er aussi que, dans ce passage il
nn rôle nouveau, 'loth , jus(jue-la a
tête d'épervier, devient un dieu ibio-
céphaîe. De l'iîgvpte, Tolh passa
sans doute en Hliéuicie, et y fut
nommé Taaut (à moins peut-être
qu'on admette qu'Egyptiens et Phé-
niciens eussent emprunté Itur dieu-
écrituie h une source commune). Y
a-t-il seulement rapport, ou bien y a-
t-il identité entre Siirmobel (Hermès-
Haal) et 'Kaaut? le lait au moins sem-
blait que Taaut, scribe par excellence,
ne lut pas chez les infati;4ables com-
merçants de Tyr le greffier des en-
fers, mais bien le commis préposé à
la tenue des livres. De là 1 idée de
commerce personnifie, l'idée com-
mentée depuis par la Grèce. De part
et d'autre au reste les altributs étaient
semblables : de part et d autre le
stylet de cuivre; la règle dentelée
dont chaque dent est une unilé; de
part et d'autre la balance. Mais dans
la balance égyptienne Tolh juge les
âmes. pè.>e les bonnes œuvres et les
pécbésj la balance phéuicieune est
1
MER
celle de la dépense et de la recelte.
Ainsi, voi'a une troi ième manière
de traduire l'idée de communicn-
tion. Les Pélasgues, ou pl'ilôt le
peuple iuconiui à qui les Pélasgues
durent leur civilivitioi , l'entendirent
autrement. Communication pour eux
signifia rapport, et le rapport fut dé-
veloppé de mille manières tonr à
tour, contact, jonction des sexes,
amour, désir, produit, harmonie, or-
ganisation. Ces traits itnporlanls ont
été développés aux arliclesCABiREs et
Cadmile. Samolhrace, en systéma-
tisant la lliéogonie. donna le nom de
Cad tiile au dieu-rapport, et fit sou-
vent de son Cadmile un phalle. Parmi
les noms qu'elle lui donna se trouvent
ceux d'Hercule, de l'acchus, d'Éros,
d'Hermès , enfin d'Harmonie. Har-
monie, on l'a vu , n'était qu'Hermès
féminisé. Mercure aussi nommé lin-
brame ou Inihre ne reste pas l(mj(uirs
Cadmile^ une fois sorti du sanctuaire
de Samothrace, il se dessine sous des
faces partielle.^, en apparence exclu-
sives les unes des autres. Parium et
Lampsaque rappe'lentPriape,et met-
tent les jnrdins sous sa prolectinn;
car la propagation se reflète en fruc-
tification. Tlièbes prend Cadmile ou
Cadrae ou Cadmos , son Cadmus ,
pour l'inventeur de l'écriture, et du
reste ne le sépare pas de l'ordre et de
la beauté , car elle lui donne pour
femme Harmonie. Athènes fait de lui
un dieu pâtre, soit parce que dans son
exubérance itliyphallicpie il a . ainsi
qu'Egipan,des formes de bouc(romp.
Mandou), soit parce que le monde
est une vaste prairie, uu mont tapissé
de verdure, un roc paré de vé-éla-
tion spontanée et d'espèces animales
naissantes. C'est le culte des E;^ico-
res ou paires. Plus tard seulement,
on le voit s'unir aux déesses agricul-
turale$ par Hersà ou par Aj^laure.
MËR ti
Les progrès de la civilisation amènent
ensuite !a fusion de tous les cultes 5
Heim'^s, Posùiôu, Héphesle, Dàraâ-
tài' s'unissent successivement dans une
espèce de Panthéon à la tète duquel
brille majestueusement un dieu suprê-
me, Zévs- Athànâ. Des quatre dieux
principaux qui lui sont subordonnés,
deux sont ou frères ou sœurs. Deux
autres, et même Alluma , se dessi-
nent comme fils ou filles. Mais là. que
de différences ! Atliànà jaillit de Zévs
seul 5 le sein d'Héra donna naissance a
Héphesie^ plus antique et plus pro-
fondément oriental, Hermès n'a d au-
tre mère que la haute génératrice elle-
même , Maïa l'accfucheuse, dont le
nom transporté des bouches dn_Gange
aux sources du Céphise et de l'Hisse
nous ramène h la sublime cosmogonie
desVédas: de Rrahra-M ria,Birma • de
Zévs et Maïa, Hermès. — Récapitulons
ces préliminaires. Le dieu-peu ée a
été pour nous essence suprême . rai-
son, voie de communie ition j et la
communication a été écriture, com-
merce, amour, amour-coït, et aussi,
mais en revenant sur nospas, voyage du
cielaux enfers, passage d'une vii à l'au-
tre,mort. Mercure fut do'icHermès({^-
(K«, colonne), Patèqne,Fhalle, Psyco-
pompe. L'ielee arrivée a ce point a
pris encore les formes de vie pasto-
rale, d'ordre mélodieux et harmo-
nieux ( musique -lyre, etc.), d'élo-
quence, puis enfin, lorsque le génie
ironique des Grecs broda la mvtlmlo-
gie, de filouterie. Le commerce en
généra! implique un peu l'arl de faire
des dupes, de surfaire, d'avoir deux
poids et deux mesures, selon qu'on
vend ou qu'on achète. Tous les fa-
voris de Mercure ont plus ou moins
ce caractère. H f.iut y joindre pour-
tant l'e.sp it et la finesse. Le rusé
commerça 't coui^.ît les hommes j sa
voix change selon ses chalands j il
^
MER
pirle à cliarun son lan^^age. Ainsi
commerce, éloquence, friponnerie,
voici par le polc bérii-ux roiiiment se
présenlc le Mercure grec. Charlala-
nisine el belles paroles, escroquerie et
leurs de passe-passe , voila le pôle
burlesque. — Justprici Mercure n'a clé
envisagé quVn lui-même ^ mais rc-
lalivi meni aux aiiln-s di ux el déesses
quelle placi- orcupe-l-il? La voici, i'
Dans rOlvinpe liflléui(|ue, arra-ige-
menl arhilraire et moderne . il est un
des donr.e grands dieux (ni Toll) en
Egypte, ni IVlaliarléva aux Indes, n'ont
aussi évidemmeni cecaraclère). 2" Pris
dan>l.') sphère idéologique el priscom-
me pensée, il a pour rivaux Apollon
cl Minerve, et par suite qnehjUi'S au-
tres di'UX que les trinsceiidanlalisles
nomment esprit du solt-il ou àmc du
inonde. Il y a donc en quilqne sorte
douiie ou triple ou quadruple eni|)loi
dans tous ces noms. Vlais t-n myilio-
logie les douMe.N emplois se tolèrent,*
car cngrande partie ils proviennent de
lalusiondedeuxsyslèniesqui originai-
rement n'offrirent pa.s ce vice de dou-
ble emploi. De plus, Apollon et M» r-
cure diffèrent du tout ;iu lout : en ce
que Mercure intelligence universelle
est par lii autant au-dessus d'Apol'on
intelligence solaire , ou plolôl so eil
élevé a riiitelligence que, Kta, le feu-
vilalilé (jui court en ruissraiix élec-
triques dans les veines du monde, s'é-
lève au-dessns de Fré , le feu-soleil,
0!i que Vulcaiii s'élève au-dessus
d'Apollon conducteur du char solaire.
A plus forte raison, fanl-il en dire
auiant des liaci hus, des Hercule, des
Esculape. De Minerve a ^Jercure, au
contraire, la dislaore en hauteur n'est
pas aussi grande. Minerve, la JNeilli de
Jupiter, est une Sal li , la haute rai-
son, l'idée engeiidranle , el comme
telle la peusée cl presque l'àme uni-
verselle : tel est Ueriuès. La diffé-
MER
rence consiste en ci ci , que Miicrve
se dessine comirc fdle-épouse, en
d'autr» s termes, comme Axiocerse
près de Jupiter, taudis que Mercure
n'apparaîi que comme rapport, éma-
nation ou tils , en d'autres termes,
que comme Cadmile. De là. Minerve
déesse, tandis que Mercure es! dieu,
el pouriant l'analogie fondamentale
est grande j Minerve parlois est hom-
me, puisqu'elle est l*ha le, el Mercure
est lemme, puisqu'il est Harmonie.
3" Dans la sphère astronomique Mer-
cure fut pris comme planète ; il pré-
side au quatrième jour, I\ltrcniii
(lies en lalin, dont nous avons fait
mereredi : les Hindous de même ont
leur Houddhadinam ou jour de boud-
dha. Dans la suite des temps , et
quand Rome et la Grèce se laissèrent
alli r aux chimères de l'Orient et
aux romans de laslrologie, Mercure-
planète fut lié a la lune et à la cani-
cule. On le nomma l'intilligence lu-
naire(et auxlmles, rneffel Bouddha,
l'esprit, est mari d'IIa, la liile de la
lune). En Syiie il fil nonim- Nébo :
or rii'/to veut dire le chien. Aného des
Egyptiens n'est pas aiilre chose. Le
chien était p'acé sur la limite des hé-
misphères boréal el austral; et bien-
tôt, comme la ligne équinoxi;ile sem-
blait le couper en deux, il fui divise en
deux personnages, l'un au ciel, Her-
mès, el l'aiilre aux enfers. Mercure.
Le premier fut Psyehopcmpe , el le
.set ond gardien de» enfers. Par les
mêmes raisons Menure fut uni k
Cérès, à Hilhye (dans Egire), à Isis.
Isis . Hilhye, Cérès, ne sont pas seu-
lement d. s génératrices ou reines
dont il est le fécondateur ou le con-
seil , ce .sont aussi les typ'S de la
vierge céleste qui vient dans le yoilia-
qiie entre le Lioii el la Balance. Or,
Sirius s'apjjtUe féloile d'isis , le
chien d'isis , enfin l'étoile du chien.
MER
A É'eusis le liérauf, l'Hiérocéryjt re-
présentait Mercure : servant du lulle,
c'élail un CaJinile. Duns la classifi-
cation des travaux luiinains, le com-
merce s'oppose à la production, ti la
production à son tour se scinde en
exploitation du sol ( le vulgaire la
réduit à l'agriculture) et en art in-
dustriel. Cérèsel Vulcain svmbolisent
ces deux liranclies d'utiles travaux.
Hermès , Hépheste et Dàraàtàr se
gr(tupent donc en une grande Tri-
uiourli qui récapitule l'industrie hu-
maine tutière; cl chaque tiers de l'iu
duslrie a son représentant divin qui
est aussi son législateur et son pa-
tron. Ainsi se pose la hiérarchie di-
vine au premiir coup d'ceil, et cet
agenceraeul di-s trois personnes a du
vrai.IViais un examen plusapprofomli
n'en révèle pas moins et des lacunes
et des empiétements. Dans cette
agriculture où sont les travaux des
mines ? esl-re qu'ils sont abandon-
nés à Vulcain ? Aiais Vulcain- travaille
le fer, et ne l'extrait point des pro-
fondeurs qui le cachent. Et en dehors
d( s trois branches, où sont les tra-
vaux de l'esprit, le fait même de
l'invention, la médec ne, et ce que les
anciens admiraient surtout, la luagif?
Enfin, en dehors même de ces sciences
utiles, où sout les arts inuli es ou fu-
nestes, le jeu, la guerre.^ Ces pro-
blèmes une fois posés nous mènent
à comprendre tout Mercure. Ce n'est
pas seulement le dieu du commerce :
dans son empire il réunit encore les
mines et les carrières, section souter-
raine des exploitations du sol; les
prairit's, sous-Mctiou de l'agricul-
ture proprement dite; Tiu enlion ru
général, la divination, la magie,
ra.^lriilogie, les pratiques uiéiiiciua-
les, en un mot tonte la famiile îles
arts lii.érawx; puis les jeux i^ymui-
ques, section de la grande famille
MER
77
des arts inutiles. De là les surnoms
il'Agonios ou Enagdnios, d'Acacète
et d'Acacésios, de Chlhonios, d'É-
riiiunios ; de la l'union au beber
et au bouc. — L'Eirurie appelait
Mercure Turms, nom que l'on a
souvent comparé à Hermès; mais
nous ne savons quel culte elle lui
rendait. Seulement on rencontre son
nom avec celui de Selhlans sur les
monuments avec la traduction la-
tine. On peut comjiarer Tagès. Le»
Latins placèrent Mercure au lang de
leurs divinités principales ou dieux
d'élite dits Selecti. Home lui dédia un
grand lemple le i5 mai 79 avant
J.-C. ; et le 1 5 mai devint en etfel le
jour de la fêle soU nnelle de ce dieu.
C'étaient surloul les marchands qui
la célébraient. Ovide nous peint
{Fasles,\') le boutiquier de Rome en
tunique retroussée et pur, autanl(|u'on
peut l'être à l'aide d'eau lustrale,
demander pardon au dieu des filous
dts petits pai jures qu'il a commis et
de ceux qu'il espère commettre en-
core. On lui offrait du miel, du
lait et les prémices {des figues. Cet
usage venait sans doute d Athènes.
On lui sacrifiait des veaux et des
coqs. Celait suitout les langues des
victimes qu'il était censé aimer. Les
voyageurs de retour lui offraient
des pieds ailés k titre d'ejc-vo/o.
Am|)hion, qui descendait de Cadmus,
U Àlercure pélasgique, lui éleva le
fueraier un autel. Le Féloponèse et
a Crète l'admirent ensuite. Cyllène,
sur les confins de l'Arcadie et de l'É-
lide, se vantait d'être le berceau de ce
d.eu. l'ouru(ius,c'esl(lire iju'e Itétait
un des foj'ers d'où le culte avait éma-
né. L'Arcadie l 1 consacra un tt mple
avec un oracle, il'où hs cousultauts
devaient sorùi le.-> orei'Ics boiichéfs,
lùcliaiit néauii oiiis d'entendre ce que
l'un dirait autour d'eux. La premier*
r
7t
parole aiosi remrillie élait la ré-
ponse de Mercure. En Allique nous
avons vu Irs Egicores honorer Cad-
mus, et par suite, comme chef d'A-
thènes, l'unir à Cérès dans les £lru-
àoifs. Ici le culte rayonne du centre
incipal, Thèbes. A Crolone , dont
métropole religieuse ne nous est
r' connue , nous voyons Mercure et
lune présider, selon Fvlhagore,
aux deux planètes ou sous-planèlcs
de leur nom, et faire entendre, Mer-
eurernt,Junon le si. — On représente
ordinairement Mercure avec des ailes
aux épaules et aux talons (ces der-
nières se nomment lalonnières); sa
main porte le 'aducée, ailé aussi ; sur
sa tète se voit le pétase, qui a ;inssî
des ailes; de plus le pétase hien sou-
vent coiffe le caducée. Dans les monu-
nents d'ancien style le caducée seul le
caractérise. Rarement il est nn de la
tète aux pieds. La chlamyde eutor-
tillée autour de son bras indicpie avec
3 uelle célérité il accomplit les ordres
ont il est chargé. Le doigt sur sa
bouche indique assez sa discrétion. Sa
position oblique au milieu du ciel in-
dique qu"il vole h travers l'espace.
Touche-t-il la terre, il est debout, ou
qaelquefoisse reposeaprèsdes courses
Fongues et pénibles. Président des
palestres et des exercices gymnasti-
ques , il offre à l'œil des formes ro-
linstes, et .s'àppnic sur le palmier,
symbole des vicli ires athlétiques.
Eloquence personiiifiée , il accompa-
gne s;i voix du geste: commerce , il a
la bourse ou bien la balance à la
main; pacifique, il porte des têtes de
pavots; brave , il a la massue , le tri-
dent ou une tète d'Argus, sanglant
trophée, a la main; solei , il a la tête
ra<liée; ciel, il est émaillé d'étoiles
comme le firmament ; essence suprê-
me, il a la barbe, le manteau tom-
hanl aux pieds et les rides imposantes
MER
du vieillard; dien delà miwique, il a
près de lui la tortue dont Técaille four-
nit la première lyre; inventeur des sa-
crifices, il est caractérisé par la patère
et le bélier ( tantôt il est assis sur cet
animal, tantôt il le conduit vers l'au-
tel on en emporte la tète dans un |)lal);
psychopompe, c'est-a-dire contluc-
leur des àraes, il pousse les morts avec
soncaducée : sa cllamydealors est mi-
parlie de noir et de blanc, et chaque
paire d'ailes au calcanénm , aux omo-
plates et aux pariétaux se compose
d'une aile blanche et d'une aile noire,
Ge trait frayait la voie aux deux Gé-
meaux. Castor et Pollnx, et h Her-
manubis. C'est pcut-èlre en celle oc-
casion qu'il porte a la main des pa-
vots. La corne d'abondance, la lance ,
la perche armée de traits, le cygne,
symbole d'élmpirnce, étaient aussi
se» attributs On sait qu'on donnait
le nom d'Hermès h des tètes de Mer-
cure qui se tei minaient en colonne-
cari ée. Depuis ce nom fut npplitpié a
toutes les tètes de dieux, de poêles,
de philosophe» et d'hommes célèbres
posées sur une pi» rre carrée. Ces tè-
tes étaient un ornement convenable
dans les gymnases , et servaient de
but dans les palestres. Quelquefois la
même pierre portait deux lètes divi-
nes dont Tune était la tète de Mer-
cure; c'est ce qu'on appelait tètes gé-
minées. Plus tard, on voulut réunir
en une seule tête les divers caractères
de Mercure et de la déilé sa voisine.
De là la nombreuse série des Hermé-
rade, Hermalbène, Herméros^ Her-
m<inubis,Herraarpokral, Ilerniaphro-
dile , Herinammou. La plus célèbre
statue de Mercure est sans contredit
le fameux antique connu sous le nom
d'Antinous [Musée Pio- Clémen-
tine I)Vii). C'était un Mercure gym-
nique. On peut citer après ce chef-
d'œuvre le Mercure de l'autel rond
MER
du Mvuée capitoUn , et celui du bas-
re'ief de la villa Albani. Le Mer-
cure à la barbe cunéiforme d'Aélion
(Millin. Pierres gravées inéd ); le
Mercure messager de Dios'oride
(Bracci,y1/e/«o/'.,Il, 65): le Mercure
de Cléomèue avec la tortue à ses
pieds (Landon, y^n/ia/., V, 12); le
Mercure enfant qui tient une bourse
[Muses Pio-Cié'fi.,l,5)-^ le Mercure
qui se repose sur uu roclier, il a en-
core les lalouuières , mais u"a plus de
pelase. Beaucoup do scènes diverses
relutives h la vie de Mercure se trou-
vent dans la Gnlene mylhol. de
Milliu : i,l déclare sa passiou à Hersa,
9o4 j il reçoit Baccbiis sortant de la
cuisse de Jupiter , azS , le porte aux
nymphes, 226,1e remet ckins leurs
raaiiis, 227, 2285 il préce le lecbar
de Plulo 1 ravissant J'roserpiuc, 559;
et i amène la jeune dcessç a sa mère,
219, 54 I j d lient l'ccbelle à Jupiter
qui va enUrer parla fenêtre cbe/ A'c-
mèae, el reçoit le petit Hercule après
sa naissapce, 429; d le {i;uide au ciel,
462 ; il assisic ala conquête des poni-
mesL d'or des Hespérides, 444 j il
conduit Priam au camp des Grecs, il
pèse les de.Nlinoes d'Ad'ille el de
Memnon, 5975 il conduit Psyché aux
enfers, 5^2 ; il en lire Prolésilas el
l'y ramène, 56 i. — Remarquons en-
core un bélier de Mercure chargé de
la bourse du dieu (Buouarolti. M^-
ilail. ani. , 4i)> et des génies de
Mercure (ouv. d").
MÈKES ou DÉliSSES iVliiRES (les),
étaient selon les uns des diviuilés
champêtres comme les Sulèves, les
Commodèves , les Sylvatiques, avec
lesquelles on les confondait dans des
ioscripl ons; selon les autres des gé-
nies particuliers a telle ville, a tel
paysj suivant une Iroisième opinion,
les Parques elles-mêmes. Les trois
hypothèses ont du vrai, et ne pè-
MER
7»
chent que lorsquMIes deviennent ex-
clusives. Les Parques, fileuses de»
desti écs humaines, sont nos Mères }
elles le sont encore bien davantage
lor.s(]ue Ton voit en elles les éma-
nations d'Ililhve-Imarmène, ou lors-
que leur rôle de fileuse devient
cehù de dispensatrice universelle des
biens. Dès-lors aussi qu'on se rap-
pelle que loute déesse est une face-
plus ou rayini individuelle de la Gé-
nélvUide AUjirèmc, de la nature di-
vinisée, de la production-énergie.
\éi»us, Cybèle, Artémis , Cérès,
Junoa. Proserpine. ne furent j>mais
autre chose. Voilii les vraies Déesses-
Mères d ns la plus hatte acception!
Ililhye, leur tvpe, esl la Parque mo-
dèle; les Parques vulgaires sont donc-
aussi des Mères, (^ue sont donc les
déesses des moissons, des fleurs, des
veuuangijs, productrices el dispensa-
Uiccs d« raboodaiice/ Ce sont dt»
Parques, ce sont des Mères; et ces
Par(|ucs, ces Mères ne sont-elles pa»
les génies lienfaisauisdeslieux qu'elle»
enrichissent.'' La déesse qui fait mii-
rir les olives n'csl-elle pas la prolec-
trice de la Provence? les coteaux de
Sorreiile n'onl-ils pas uire déilé tifté-
laiie dans celle qui lait mûrir les rai-
sins sous l 'S paiiip: es? Tout se tient : '■
el Heure.-., Griices.jNymplies.Napées,
Kaïades , Parques, hautes déesses-
monades , sont des mères, el à diver»
litres se reabsorbenl les unes dans les
aulres. — IN'oublious pas que Gyb^e
s'appelaiila mère des dieux, la Mère,
Ma par excellence. C est surtout par
des inscriptions que l'on connaît les
Mères, lianier 4|[^ussé une disserta-
lion sur les déesses-mères ( Ment,
de L'Acad. des Insc. el Belles-
LeLlres . t. X de l'édition in-12).
MÉRIONE, MiiRioNEs, M>ifMm,
fils de Môle et de Melphis , et p. r
conséquent neveu de Deucalion . pré-
bo
MER
tendit à la main d'Hélènp. Suivi d'I-
doiiu'uéf .son ron.sin. il alla à Troie,
où il eul en propre, sous son coiim>an-
deiiipot, une pai lie des qualre-\ Dgts
voiles de la Hotle créluisc, ronduisil
la seconde roloune des Cretois aux
diverses attaques qui rnrt nt lieu dans
la plaine dTlion , tua Harpalion,
Morvs,llippolion,Acain.is. Lao^one,
remporta aux icux l'inèlups donnés h
propos de la mort de Palrorl» le p \t
de Tare et celui du javelot, et selon
quelijues itiNlhologues pas^a de la
Cièle dans PItalie méridiop;<)o après
la prise de Troie. Une tradition vul-
gaire le faisait mouiir en Crèle, et
même un moulrail son tond)eau à
Cno>se. — Un aMlre Mkhionk, fa-
meux par ses riihesseset suna\arice,
él^il le fil s de Jason.
MERMEUE.MeR EBtJS,Mif(^.l^ef,
ïiU de Jasnn et de INlédée, fut mis en
pièce.-) par un lion, ou tué par sa mère
{f^oy. MÉDt£). ou lapidé avec Pérès
son frère, en punition de la robe fa-
tale i|u'ils avaient apportée à Creuse.
— Deux autres MEnirtiiRE furent: Pun
un (.enlaure tué <'iux noces de Piri-
llioiis, Taulre un chel troyen tué par
Âutiloque.
MtliOPE, Mi/>''îr.?:i* Atlantide,
femme de Sisvphe, et par conséquent
la seule des sept (illes d'Alias et de
Pleitiue qui n'ait pas éle l'épouse d'un
dieu (aussi d.t-on que c'est elle qui élnit
la moins Uiiiiueust des sept éloilescpie
l'on distingue à l'œil nu dans la con-
stellation de.s Héiade.s) ; 2" Fliaélbon-
title;' S'Tilled'Ererl lliée, femiiu-d'Eu-
palame et mère de Dédale^ 4" femme
de Mégarée »l nièi|||d'Hip|i()mène5
5° fille (i'OEiiopion , aimée dUrion;
6* une des trois ti les de Pandaie le
Mé opide^ 7" et 8" nymphes flnvia-
tiles liées à la famille de Prumi (l'une
ni e duSangariiiselailsa femme, l'iiu-
tee, fille du Cébren, fut sa bru); <>'•
MES
fil'edeCvpsMe, femme de Cresplionfe
l'Héroclide et mère d'itpvie, et de
plusieurs enfants qui loH< périrent
sous les coups des assassins de leur
père Eur pide avait compo.sé une tra-
gédie de /1i('/r)|'equ'Arislole regarde
comme son chef (rrriive. MaHei et
Voltaire oui Irailé le mèuie sujet avec
le plus grand succès.
MÉKOPIS, Ide d'Eumèle, fut
changée en cliouetle avec sa sœur
Byssa et son frère Agr«tn.
' MÉROHvS, Mif,^, l'Adam de l'ile
df Cos, qui quelijue temps porta son
nom, et uù Ton su|lpo.^e (|u'il régna,
fut si affligé de la mnrt de sa l'en me
Eihème, que Juiion le changea eu
aigle et le mil aux cieux , où ii hrdle
sous forme de ronslell.ition (comp.
PÉbiphasJ e^itrela lèteduSerpeiita re
et le l.ion — (^u.Ure autres Miî' oi's
fuient : i un des géants qui entre-
priienl d'escalader le ciel; 2° ni loi
de Peicole, père d'Amphius et d'A-
drasle (/^(^j'. Adbaste 5); 3° épinix
de C imène , mère de PUiéllion;
4° un Troyen tué en Italie par Turnns.
Wi:Si"HIA et MESCHlA^iE ,
étaient en Perse le couple primitif,
auteur du genre humain, tous di ux
sortis de l'arbre Ueivas, dix ;ins après
sa naissance, et cinq ans après la
mort violente de l'homme typique
Kaïomoits La semence de c<'lle vif-
lime d'Ahriman s'était é|iani.héi' sur
la terre à l'iuslaut de sa mort. Né
riocengli et Sapatidomad veillèrent
sur el e. Le solei' la puiifia, et nu
bout de quarante ans la lige de Rei-
vas s'éleva du I eu où le sein de la
terre s'était impré.né du ferment
préci ux. L'arbre mit dix ans encore
h prendre sa croi.ssance; et au liout
de ce temps présenta l'.n âge d'un
homme et d'une IVnime unis ''un à
l'autre; il portail, au lieu de fruits, dix
honipies et dix feiitmes formant dix
MES
couples. Mescliia et Meschiane étaient
les premiers. Tons deux à cette épo-
que fortunée étaient pleins d'inno-
cence et créés pour le cielj mais Tas-
tucieux Ahriman eut l'art de séduire
leurs âmes trop crédules. Il leur fit
boire le lait d'une chèvre et ils se sen-
tirent malades. Il leur présenta en-
suite des fruits et ils perdirent cent
béatitudes^ une seule leur demeura.
La femme fut la première a sacrifier
au Dev maudit. A cinquante ans ils
eurent deux iilsSiamek et Véchak, et
vécurent encore un demi-siècle. Ils
porteront , dit le Bouudéhech, d.ins
fenfer, la peine de leur péché jusqu'à
la résurrection. Ou ne s'explique pas
nettement sur la descendance détail-
lée de Meschia et de Meschiane. Les
neuf couples placés comme eux sur la
lige de Reivas ne sont-ils que les pré-
formations des neuf premières géné-
rations qui vont suivre, ou bien veut-
on dire que l'humanité se composait
de tribus distinctes, a la tête de cha-
que tribu se dessine un couple humain?
La première hypothèse implique la
préexistence des germes inclus de
toute éternité les uns dans les autres
par un merveilleux emboîtage ; la
deuxième se rapproche davantage
des idées modernes qui tendent a faire
dériver les races humaines de plu-
sieurs foyers distincts. Ce qu'il y a de
certain , c'est que le Boundéhech dis-
tingue dix espèces d'hommes reflets
des dix couples de l'arbre. De plus il
fait mention de quinze peuples ou
races nées de Meschia et ae Mes-
chiane : six, dit le livre canonique, de-
meurèrent dans le Khonnerets; les
neuf autres passèrent dans les six
Kechvars latéraux, et moulèrent sur
le dos du taureau Sarécéok.
MESITE, Mta-irtjs, Mithra com-
me centre de l'univers et foyer com-
mun dans lequel viennent converger
MES
8i
Ormuzd et Abriman. Si ces idées ont
réellement été persanes, il est sûr
qu'au moins le nom persan a été
changé. Mésite vient du grec fcîrjsj
qui tient le milieu.
MESSAPE, MESSAPUS,Mt<nr<tT(>f,
seconda Turnus dans sa guerre contre
Enée et se signala par de hauts faits
d'armes. Virgile le fait fils de Nep-
tune, et comme tel lui donne une
grande habileté dans l'art de conduire
les chevaux. Jupiter sur le Taygète
eu Italie portait le surnora^de IVles-
sapie.
MESSÈINE , MiT<r^y^ , fille de
Triopas d'Arsi[os, épousa Polycaon,
et, voyant ce fiN cadet de Lélex ohligé
de céder la Laconie à son frère My-
lès, décida son mari à se créer un
royaume dans là Messénie. Tous deux
ensemble consacrèrent sur i'Ithorae
une enceinte a Jupiter j et Glaucos
l'Epytide, en la rétablissant plusieurs
siècles après , consacra une statue k
Messènc. On voit que cette reine est
simplement l'héroïne éponyrae de la
Messénie. Quant à la richesse de la
statue moitié or , moitié marbre de
Paros, y croira qui voudra. On
donne aussi Messèuecomme importa-
trice du culte do Cérès et de Proser-
pine dans la Messénie. Si l'on doit
prendre ce détail en considération, il
faut entendre par là que le couple
fondateur de la Messénie réunit dans
une même enceinte religieuse Zévs
(ciel) principe actif, puissance mâle
et Arets (terre), passiveté, puissance
femelle. Arets a fait Gérés, et Gérés
ne diffère pas de Proserpiue. Ici s'en-
trevoient dans un lointain obscur les
vieilles croyances pélasgiques qui
doimèrent Perséphone pour épouse k
Jupiter.
MESSIES (déesses des moissons?)
étaient aussi nombreuses que les es'
pèces de récoltes.
LV.
rs
MET
MESSON, être surnalnrel que
rAmériqne seplenlrionale regarde
comme le réparateur du monde après
le déluge, était un jour k la chasse
quand ses chiens se perdirent dans un
grand lac. Soudrtin Teau monte, fran-
chit ses rives, et inonde le globe; mais,
par un miracle qu'on a p:iue K com-
prendre. Tonde en se répandant de
tons côtés perd en profondeur ce
qu'elle gagne en surface, et bientôt
quelques animaux gigantestjnes créés
on envoyés par Messon absorbent , K
force de laper , cet Océan maréca-
geux qui courrait la terre.
MESTLÈS, Ui^xii, et ANTI-
PHE commandaient les Méoniens du
montTmole, qui vinrent au secours
de Troie. Tous denx étaient fils de
Pylémènc.
MESTOU, yiirrvp, un des quatre
fils de Persée et d'Andromède, eut
Myccnes en partage, épousa Lysidice,
c tint père d'Hip[iolhoé(|u'en!evaNep-
tnne. — Deux autres TMestok furent,
l'un un des fds légitimes de Priam ,
l'antre un des descendants du Meslor
Perséide.
META, fille d'HopIcs et femme
d'Egée. N'est-ce pas Mélile?
MÉTABE, Metabcs: i° fils de
Sisyphe , donna son nom K la Méta-
ponte d'Élolie (Corap. Metapowte);
*" chef des Privernates. Il avait été
chassé par ses sujets. Père de Camille,
il lui donna cette éducation guerrière
3uifil delà jeune Italienne l'Amazone
u Latium. La Métaponte tarentine
l'honorait comme son fondateur.
MÉTAGITiMOS, miTuyur,ics,
Apollon dans l'Atlique, soit à cause
des Métagitnies célébrées en son hon-
neur dans le mois de Métagilnion ,
soit parce qu'il présidait a la transla-
tion de domicile. Les habitants du
vieux dème de Mélite avaient ainsi
transporté leur séjour à Diomée.
MET
Apollon Agyiée-leur servait de con-
ducteur; il faisait le déménagement,
il était ce jour-la le Métagilnios de
Mélite. C'est h ce propos qu'eut lieu
l'institution des Métagitnies.
MÉTALCE, MiiTALCES, J^iiruX-
xrç, un des Egyptidcs, fut tué par
Cléopàtre, sa femme.
METANOEA, Mir«v«/« , n'est
que le repentir personniiié.
MÉTAPOÎSTE, Metapohttts,
Mtr«Tfl»r«f, héros éponyme de la
ville tarentine de Mélaponfe , esl dit
fils de Sisyphe et mari de Tliéano.
Est-il préhumable qu'il y ait de la dif-
férence entre ce Métaponte et Métabe
le Sisyphide?
ME FHARMÉ, fille de Pygmalion
dans les généalogies solaires de Cy-
pre , épouse Cinyre, et donne K ce
prince cinq enfants, dont trois filles
(Orsédice, nrésie, Laogore), et deux
fils , Adonis cl Oxypore. On sait que
cette légende n'est point la plus ré-
pandue, et que presque toujours on
se figure Adonis sans frères ni sœurs,
naissant de l'inceste de Mvrrha et de
Cinyre. Mais incontestablement elle
est précieuse, en ce sens qu'elle nous
présente une analogie plus complète
des phénomènes du .soleil et de l'an-
née. Adonis esl la i" le soleil en gé-
néral, et 2", dès que l'on spécialise, le
soleil en tant que beau, puis faible et
pâle, et se laissant tuer par l'hiver:
Oxypore est le soleil en tant que ro-
buste et infatigable voyageur. Les
trois sœurs sont les trois saisons de
l'année primitive. Il est fâcheux que
nous ne comprenions pas le sens du
nom de Métharmé qui dut en avoir
un (peut-être grande mhe, T^ar-
motitli). La parenté de celte reine
avec un roi de Tyr, un Pygmalion,
n'est qu'un remplissage sans impor-
tance, et qui sert seulement a taire
voir que dans les légendes solaires de
MET
cette partie de l'Aflîe antérieure , la
Cilicie , la Pliénicie et Cypre furent
toujours dans la plus étroite corré-
lation.
MÉTHON, Mîêûiy, héros épony-
me de Méthone , passait pour fils
d'Orphée.
MÉTHONE, Mtê^'vv, fiHe d'Al-
cyonée le géant, f^oy. Mothone.
MÉTHYER, Isis, selon Plutarque
qui explique ce nom par la pléni-
tude et la cause. C'est sans doute un
nom altéré. INous y soupçonne-
rions plutôt Moylh, la mer, ou Mot,
la matière.
MÉTHYMNE, M£««,«»<*, héroïne
éponyme de laMélhymne lesbienne,
passait pour fille de Macarée et pour
femme de Lépydne.
MÉTHYNE, MeOi»»>, déesse du
vin nouveau ou du viu pur , avait sa
fête h Rome le 3o nov. {Rac. :fctiv).
MÉTIADUSE, Mt^Ttâ^evTx, de
la race des Dédalides , fut fille d'Eu-
palame, femme de Cécrops et mère
de Pandion (R. : /uÎjtis', éaîjtxi).
MÉTION,M.}t/<»v, un des fils d'É-
rechtliéeetdePraxithée,eutde Chal-
ciope plusieurs fils, entre autres Eupa-
lame et Chalcon. La branche dont il
fut le père porta le nom deMélionide,
et parmi les Mélionides se distinguent
les Dédalides issus de Dédale, un des
fils d'Eupalame. Les Mélionides pro-
prement dits détrônèrent, dans la
personne de Pandion II, la branche
aîuée légitimement en possession du
trône, et furent plus tard chassés eux-
mêmes par la branche puînée.
MÉTIS, Miiriç, la méditation, la
sagesse personnifiée, est, plus que
toute autre déesse grecque, la Neith,
laSakli de Jupiter. Les uns l'ont faite
sa femme et la mère de Miuerve 5
mais Minerve , c'est Métis brodée de
légendes. Les autres disent que Ju-
piter l'ayala, elle et son fruit. Èa
MET
«3
Brahm repose Sakti, en Dieu la rajl-
son. Ailleurs ce n'est que l'associée
du dieu devenu grand, associée insé-
parable, nous le comprenons. Quel-
ques théogonistes parlent d'un ora-
cle qui faisait voir k Jupiter dans
l'avenir un enfant de Métis, plus sage
et plus puissant que lui. C'est, disent-
ils, pour celte raison qu'il avala Mé-
tis, et c'rfst k la suite de cette absorp-
tion que son cerveau conçut Minerve.
De subtils mythologues nous montrent
Métis préexistant en quelque sorte k
Jupiter et présidant a sa naissance.
Les pierres massives englouties paï
Saturne sont bien les fds de ce
dieu 5 Métis, k l'aide d'un breuvage ,
lui fait rendre Pluton , Neptune et
Jupiter. Platon a fait de Métis la
mère de Poros, l'abondance, la ri-
chesse.— UneautreMÉTis,Océanidé,
ne doit pas être distinguée de laNeith
péla.sgique dont il vient d'être parlé.
MEITSQUE, Metiscus, conduc-
teur du char de Turnus.
MÉTOPE , Miré^Tifi, héroïne flu-
vialile ; 1° fille de Ladon et mère
d'Asope j 2," femme de Sangarius et
mère d'Hécube.
MÉTRA, M^Tfct. Voy. Éby-
SICBTH05. Une tradition lui fait
épouser , après la mort de son père ,
Aiitolycus, grand-père d'LMysse.
METRAGE RTE, M;jr^«y<;^r^f,
initiait les Athéniennes aux mystères
de Cybèle, quand tout a coup les
Athéniens fondirent sur lui et le tuè-
rent. On éleva dans la suite h ce mar-
tyr du culte phrygien une statue au
lieu même oîi il avait succombé. Il est
évident que Métragyrte n'est que la
personnification de ces prêtres men-
diants et nomades, dont le vagabon-
dage encombrait les grandes villes du
monde romain. Comparez ce que
nous avons dit des Métragyrtes à'
l'article Corybantes, I-IV, 45.
*»4 ^^
MÉTRÉS est , chez Servius , le
père de Pygmalion el de Didou.
MÉVRl ou MÈVRE ( eu grec
Meuros ou Meures, MiZcos, Miî/xs),
vingl-builièir.c dyuasle du laterculc
d'Ératnsthène, répoud, suivant les di-
verses hypothèses ( Foj. l'art. DÉ-
CASs et le tableau des coucordanccs
y annexé), li uu des quatre personna-
ges célestes suivants : Cnat (Smat de
Saumaise, Théméso de Firraicus),
Îreniier Dccan du Capricorne ,
'houor (ïepisalosuii de Firmicus),
troisième Décandcs Gémeaux, Chom-
mé (Chéncn de Firraic), troisième
Décau du Sagittaire , ou Pléhiou
(Aleiuboui dcFirmic), troisième Dé-
can des Poissons. L'auleur du later-
cule joint au non» de Mévii ou Mcvre
les quatre syllabes grecques (p«Ae9-«a-
pos qui, si on les divise en deux mots
<pius Kopos, signifient s^7//cie amie.
Faut-il traduire ami de la satiété,
comme s'il y avait cp/>.«f yJpco, ou
bien doit-on supposer quelque autre
alte'ralion dans ce qui semble un
deuxième mol , el lire par exemple
Xipw (de la danse), x.ipo>v (des jeunes
filles)? Ce qu'il y ad'inconleslable ,
c'est que le passage grec , el peut-
élre aussi le nom égyptiaquc , a été
altéré d'uue manière quelconque. Du
resle,le commencement du nom pro-
pre {Mai, Mi, J/f', .7/eM) veut
dire effectivement aimé, de ou qui
aime[Foy. Part. Memnon); et le
nom de Mèvri ou Mèvre se rappro-
che assez de ceux de Méris , Mans ,
Miphré, Miphra, etc., pour que
l'o» soupçonne entre eux tous une
idenlilé fondamentale.
MÉZENCE , Mezektius, célèbre
roi d'Agylle ou de Gère en Elrurie ,
joignit l'impiéié a la barbarie. Son
spe'clacle favori était de faire lier un
corps vivant a un cadavre, et d'assis-
ter à cette horrible agonie d'un hom-
ME/
me qui meurt h la fois asphyxié par
l'atmosphère fétide de la mort, et dé-
voré par les tourments toujours crois-
sants de la faim. Silon Virgile , ses
sujets se soulevèrent, et mirent le feu
a son palais. Mézcncc trouva un re-
fu<'echezTuruus, le seconda de tou-
tes ses forces dans sa lutte contre
Enée , vit périr a ses côtés Lausus ,
son fils, dont les vertus formaient le
contraste le plus complet avec les vi-
ces de son père , et enfin fut égorge
par le roi des Troyens. Des tradi-
tions toutes différentes montrent Mé-
zcnce attaquant Enée après la mort
de Tnrnus, le battant, puis, quand
ce ciief des Troyens n'existe plus ,
faisant assiéger Ascagne dans Lavi-
niiim. Enfin Lausus péril dans l'entre-
prise , Mézence demande la paix ^
selon d'autres, c'est h lui qu'on la
demande. Quoi qu'il eu soil, une daH
conditions du traité semble être cellc^"
ci : que tous les ans on lui paiera uji
tribut en vins. Chez les uns, Mézence
dès-lors n'a plus été qu'un intrépide
bnveur ; les autres ont voulu que
celle imposition annuelle fùl comme
un hommage exigé par un ^su^'t^l
rain. On soupçonne aussi MézenciPl
de n'être qu'un Jupiter. Le vin se
change alors eu une guirlande de
feuilles de vigne en or. Enfin les
év.héméïisles, qui ont voulu tracer de
point en point la biographie de Mé-
zence , se sont demandé ce qui était
arrivé après la mort de Lausus : Mé-
zence se mit-il h la tète de son armée
pour arracher un tribut onéreux aux
fugitifs de Troie, ou bien crut-il que
le seul parti à prendre était de renon-
cer "a une guerre désormais douteuse?
Mézence n'est pas plus mi'Enée un
personnage historique. Comme les
Troyens ne sont pa.s venus dans Tlla-
lie centrale, un conflit de Troyens et
d'Éf-asques n'est pas plus îdnjissible.
M! 13
Nul doute que Mézence n'ait été un
grand dieu [mezd^ nwha, f^tyca),
mais dieu funeste, typhonique, abri-
nianien, le grand Antéc {niezdao
'AyT«7»f). Les MoU)ch, les Siva, en
sont des types frappants 5 et puisque
ici nous parlons de Siva, comprenons
que Mézence est un Zévs Dionysos
imité de Siva. Quant au trait des
corps vivants attachés aux cadavres,
on s'accorde K imputer cette atrocité
aux pirates deTyrrhène, et on dut na-
turellement en faire \m des traits du
dieu terrible qui peut-être était ho-
noré par des victimes humaines.
MIDAS, Mi'^oi;, célèbre roi de
Phrygie, passait pour fils de Gorgias
et de Cybèle. Il est connu surtout h
deux titres différents : i" sa richesse,
8on avarice, sa sottise; 2° l'arbitrage
qu'il exerça entre Pan et Apollon.
Bacchus étant venu en Phrygie, Si-
lène resta assez long-temps auprès
d'une fontaine de vin remplie par
Midas pour inspirer des inquiétudes
à son élève ; mais Silène qui avait
été conduit et livré endormi au palais
de Midas avait reçu a la cour j)hrv-
gieune Taccueil le plus gai , et re-
vint, au bout de dix jours de ré-
jouissances et de festins, enchanté de
celle hospilalité. Bacchus permit au
roi de lui demander en récompense
tout ce qu'il souhaiterait. « Que
tout ce que je louche, s'écria Mi-
das , se change en or h l'instant mê-
me !» Ce souhait lut accompli. Quel-
ques heures durant ce fut pour le roi
de Phrygie un enchantement : tout
se convertissait en or sous ses doigts.
Mais, quand la faim le fit asseoir k une
table richement servie, le prodige con-
tinua : les alimeuls, a mesure c|u'il les
approchait de ses lèvres, devenaient
des lingots. L'imprudent se vit obligé
d'implorer encore Bacchus. Le dieu
consentit a lui ççljf eç le doA funeste
Min
»s
qu! avait élé l'objet de ses vœux, et
lui commanda d'aller se laver dans le
Pactole. La brillante prérogative du
roi passa aux eaux, et long-temps le
Pactole ?4 été célèbre par les paillettes
d'or qu'il roule ( Foy. la curieuse
dissertation de Barthélémy il ce su-
jet). La seconde aventure de Midas
montre ce prince donnant k Pan la
préférence sur Apollon. Apollon a
joué de la lyre, Pan de la syrinx; en
nnseus, c'est une querelle entre les
instruments k vent et la foule des ins-
truments k corde; en s'élevant plus
haut , il y a lutte entre la religion
agreste d'Atys et le culte si pur, si
élégant d'Apollon; plus haut encore,
c'est une lutte entre la doctrine des
dieux impondérables et celle des féti-
ches qu'enveloppe la croûte épaisse
du matérialisme. Midas, le bon roi,
prononce en faveur des instruments à
vent,delalourdemélodie,dc la syrinx
monotone rivale de la cornemuse j
i)abitant des montagnes ou Hu moins
des paraméras, il s'accommode d'un
culte grossier et rudimentaire comme
cette roche du sein de laquelle sortit
un jour AgJistis. Au reste, Apollon le
punit en aftublant sa tête d'oreilles
longues et velues. Midas, afiligé de
la dimension formidable de ses carti-
lages auditifs, ne s'occupa plus qu'a
les cacher sous une tiare mî'gnifique.
Mais il n'e^l tiare qui tienne; quand
vint le barbier, le pauvre Midas
obligé de quitter le diadème employa
sans doute et menaces et promesses
pour obtenir le secret : il devait lui
rester encore quelque chose de ses
lingots. Mais que sont des millions
devant le plaisir de parler.^ Le coif-
feur promit le silence, mais avec
une restriction mentale qui gâta tout.
Sorti du palais, il fait un trou eu
terre , y plante des roseaux , dit tout
hasj doBS ce§ étroites cavités, » le roi
86
MID
MIL
Mida$,^mon maî(re, a des oreilles
d'âaej» puis ferme le trou et se relire.
Au bout de quelques mois les acoly-
lédouesmyslérieux s'ëlanceut de terre,
el, syriax vivantes, dès qu^un vent lé-
ger les agite, répètent ce le roi Midas a
aes oreilles d'àne! »0n comprend que
tous ces mythes, quoique bizarrement
caricaturés par Tironie naturelle aux
Grecs, posent sur des idées graves.
D'abord il y a lutte de deux bases re-
ligieuses, lutte de deux cultes, lutte
de deux ordres d'instruments. Arri-
¥ent ensuite, avec ridée de montagne,
celle d'air, de vent, de sonorité, d'é-
cbo, et, quand on arrive au roman,
d'indiscrétion. La syrinx n'est pas au-
tre chose. Pan aima Syrinx, et Pan
aima Écho. Pan est Pavana, Ma-
routa, Vaïou aux fibres sonores. Au
simple contact de l'air à peine agité,
le tube léger gémit et parle , et ra-
conte ses secrets aux échos. Enfin,
la Phrygie est une riche terre où rit
la pourpre des raisins, où floUe l'or
des moissons : cet or , cette pourpre ,
se marient a merveille. Il semble
qu'un même dieu les dispense, Déva-
nicha. Et ces moissons, au fond, que
sont-elles? Des richesses, de l'abon-
dance, de l'or : l'agriculteur en fait
de l'or, le commerçant en fait de l'or,
le roi qui prélève la dîme sur son
peuple en fait de l'or. Malheur à lui
pourtant s'il thésaurise, s'il enfouit la
moisson et affame les peuples, s'il
garde l'or et ne veut plus semer , dans
cette fausse croyance que le me'tal est
tout, que le travail des hommes n'est
rien! Bien des praticiens en économie
politique se l'imaginent encore , et
croient or et richesse synonymes. On
voit par quel personnage mythologi-
que le sens exquis de l'antiquité réca-
pitule et symbolise leur théorie. — Mi-
das envoie a Delphes une chaîne d'or
d'un prix inestimable dans Hérodote,
J, i4, et avale du sang de taureau,
soit pour ne pas tomber vif entre les
mains des Cimmériens, envahisseurs
de la Phrygie (Strabon, I) , soit pour
se débarrasser des songes fâcheux qui
l'obsèdentdepuislong-lemps. Le beau
marbre grec trouvé en 1739 dans
le stade d'Athènes représente-t-il Mi-
das? Nous ne le croyons pas. Le Do-
miniquin , parmi les modernes, a lait
une très-jolie composition représen-
tant le jugement de Midas et la ven-
geance qu'en lire Apollon.
MIDÉE, MiDEA, Ui^itoi, : 1° nym-
phe que INeptune rendit mère d'As-
plédon 5 2" Phrygienne , maîtresse
d'Electryonetmère de Licymuius^ 3°
fille de Phylas , femme d'Hercule ,
mère d'Aiiliochus. Asplédon el Mi-
dée sont des villes de 13éolie. — Une
autre MidÉe en Argolide forma un
royaume indépendant sous Eiectryon.
MIGOINITIS, Mr/e.ir^f, Vénus à
Migouium dans l'île d'Hélène, où l'é-
pouse de Ménélas céda pour la 1'^ fois
a l'amour de Paris ( Rac: fiiyyvf^t).
MIHR, dieu perse, est unMilhra
typique. Trois feux principaux, Gou-
cnasp, Milir, Bersin , donnent lieu à
trois dieux , Anahid, Milhra et Ber-
sin. Raciapa,Mithra, Vrihaspati aux
Indes en sont les reflets. Gouchasp
symbolise les feux derEmpyrée,Mihr
les feux solaires, Bersin les feux mé-
téoriques ou atmosphériques. Une
coïncidence remarquable , c'est que
Mihr en parsi signifie amour en même
temps que feu. Le soleil est tout
harmonie, atlraclion, fusion, amour:
le monde s'aime en lui [V. Mithba).
MILANION. Voy. Atalawte.
MILÈSE ou MILESS (autrement
MiLESS Spain) , héros irlandais, épo-
nyme de la race guerrière des Miléadhs
ou Milésiens, passe, dans la mytholo-
gie, pour époux de Scota, père d'Am-
hergin, père d'Ir el d'Erreamhou
MIL
el d'un grand nombre d'aulres en-
fants. Ce qui caractérise lesMiléadhs,
c'est l'aspect belliqueux et laïque
qu'ils imprimèrent a l'Irlande jusque-
là peuplée de clans agricoles , soumis
à une domination pastorale et sa-
cerdotale. Cette révolution est sans
contredit l'événement le plus impor-
tant des annales fabuleuses de l'Ir-
lande. La légende rattache l'expédi-
tion de Miless en Irlande au meurtre
d'Ith. Ce dieu suprême des Milésiens
débarque à peine sur le littoral de
l'Irlande que trois rois des Tuatlia-
Dadan, qui se disputent la possession
d'un bijou (l'Irlande), le prennent
pour arbitre. Mais Ith a l'imprudence
de vanter devant eux la beauté de
leur territoire : ils conçoivent des
soupçons, et l'assassinent. Ses com-
pagnons , ses fils portent le cadavre
sur leur vaisseau , comme les Ases
portent le cadavre de Balder sur
Kiughorn, traversent la mer , elle
déposent aux pieds du noble Miless
Spain (Miless l'Espagnol) qui arme
et part, arrive et remporte la victoire.
Le meurtre d'Ilh est regorgement de
Dionyse par les Corybantes, ses frè-
res. Ce meurtre est un des types fa-
voris des mythes pélasgiqiles 5 et Ir,
le fils de Miless , se trouve de même
victime d'une mort prématurée dans
la mythologie primitive d'Érin.
MILET, MiLETrs, MiA>irof, hé-
ros éponyme de Milet en Carie, était
le fils d'Acacallis ( ou d'Aixé ) et
d'Apollon. Exposé dans un bois,
nourri par des loups , élevé par des
bergers, il quitta sa patrie, la Crète,
quand il eut atteint Tàge d'adoles-
cence, passa en Carie, s'y fit aimer
du roi Euryte et plus encore de sa
fille Idothée, l'épousa, en eutCauneet
Biblis, et régna sur une pnrtie de la
côte sud-est de l'Asie-Mineure. C'est
là q[ft'a fit bâtir U ville de Milet. Ce
MIM 87
mythe donne a Milet une origine Cre-
toise. Comp, Raoul-Roche tte, Col.
gr., t. II, iSy.
MILETIE , M<A;îr/« , fille de Scé-
dase, fut, ainsi que sa sœur, violée
par deux jeunes Thébains.
MILICHIUS, MtiXtx'Of, surnom
commun a Zérs (Jupiter) et a Dionyse
(Bacchus). Tout commode qu'il peut
sembler de l'expliquer par le grec
ionien jUri/Xt^o? ou f^nXi^ioç , doux
comme miel {fc'iXi)', nous aurions
de la peine h croire que cette forme
hellénique ne voile pas le nom orien-
tal mélech, roi, donné a tant de
dieux (Anamélech, Adramélech, Ma-
lachbel), et qui ne convient à per-
sonne mieux qu'à Jupiter (le suprême
monarque) et à Bacchus (l'incarnation
perpétuelle , ubiquescente et midli-
forme de l'essence divine en tant
qu'active ). Au reste , les Grecs
voyaient la raison de leur f^nXix,icç ,
doux comme miel, 1° dans la cessa-
tion des guerres civiles dans l'Elide ,
due à Jupiter, a** dans l'importation
des figues due à Bacchus.
MILTHA , ou plutôt MiLiTHA,
Diane chez les Phéniciens, les Cap-
padoriens et les Arabes.
MIMAINS, M/V«f (gén.-«vrof ),
chef bébryce, tué par Polliix lors de
l'expédition des Argonautes.
MIMAS, M/^«f (g. -dvTOi) : 1°
géant foudroyé par Jupiter. On con-
naît ces beaux vers de Malherbe :
Et là suait Mimas à di-taclicr les rodics
( )u'Euc'elacle jetait.
2° Centaure tué aux noces de Pirî-
thoiisj 5° fils d'Eole; 4° compagnon
de Paris, né la même nuit que ce
prince. Il lui survécut, suivit Enée en
Italie, et fut tué par Mézence.
MIMIR ou MIMIS , géant célèbre
de la mythologie Scandinave et de la
poésie épique des Germains. Cheï
ceiu-ci c'est l'ancien dieu des fwrge-
88
MIM
MIN^
rons. Quiconque ve'it s'inilier aux
merveilles de l'art et aux mystères in-
dustriels s'adresse h cet Arclii-Cabire
septentrional et à sa forge : si Mimir
daigne lui conférer le marteau, il est
artiste comme le géant lui-même.
Ainsi se reflète dans les légendes ce
fait déjà connu , que les .irts métal-
lurgi(|ues ne se répandirent que par
l'intermédiaire des affiliations. Dans
la mythologie, Mii ir déjà sublimé,
Mimir maître de Velint et de l\ei-
giun, Mimir le Prométhée d'un peu-
ple à croyances cabiriques, quelque
temps indépendant, mais opprime ^
Mimir occupe un puils aux ondes clai-
res. «C'est d:ins ce puils qu'Odin, le
«monocle suprême, cache son œil
» (chaque soir sans doute pour toute
» la nuit). Chaque malin Mimir s'a-
» breuve d'une boisson immortelle,
n puisée dans ce gage que le père des
>> batailles lui a abandonné dans l'a-
5> bîmc [f^œliiftpa). » Ce puils, c'est
l'Océan oiî Odiu, soleil à l'œil unique,
semble se plonger pour trouver le
repos. Le lendemain, à l'instant du
départ, l'immense surface liquide pa-
raît miraculeusement enflammée , et
relient pour un moment cette pourpre
que le soleil h Toccideuly a déposée.
On ajoute que toute sagesse, toute
création viennent du puits de Mimir,
En général, la création, suivant les
cosmogonies, a été tirée d'un Océan-
Chaos où tout flottait, D'aulrepart,
on sait que des eaux surgissent les
Muses, lesNornes, les Nymphes inspi-
rées (comp. AcAiNiFrE). Ainsi Mimir
nourrit les êtres encore a l'élat la-
tent dans l'abîme ; Mimir veille sur
les trésors de sagesse contenus dans
l'abîme. Là Odin lui-même vient la
puiser , et pour l'obtenir il laisse en
gage un œil , et s'en retourne aux
cieux monoc'e. On a mis en regard
Iijner et Miiflir, La ditfçreiicç qu'il y
1
lelel
a entre ces deux géants , c'est qu
premier symbolise la masse brute et
inorganique, taudis que Mimir c'est
l'organisme près de faire son appari-
tion dans le monde.
MIN ET DES (les) ou MINYADES,
^\inta.8iç , M<»t;<i^£f , Alcathoé ou Al- '
cilhoéjClimèneetlris, d'autres disent
LeucippeetLeuconoé,fillesdeMinyas,
liéros éponyme des Minyes, Ce peuple
brave, industrieux et riche se trouvait,
vers le lô*" siècle avant J.-C, ré-
pandu dans la Thessalie a lolcos, dans
la Béotie a Orchomène, dans les îles
h Téos et a Lrmnos. Les Minyes
de Téos venaient d'Orchomène 5
ceux de Lemnos devaient sans doute
leur origine h lolcos. Aux Minyes
appartient le rôle majeur dans l'ex-
pédition des Argonautes 5 aussi voit-
on souvent le nom de M nyes donné
en commun a tous les héros de l'ex- "dHI
pédilion. Les Minyes d'Orchomène ^"1
étaient souvent en guerre avec lesThé-
bains. Sous Ergiue ils recevaient un
tribut de ces fiers voisins. Hercule en
délivra de bonne heure ses compa-
triotes. Dans la suite, on voit les Mi- '
nyes d'Orchomène s'associer aux Io-
niens pour passer dans l'Asie-Mineure.
LesMinyes d'Iolcos, après avoir pos-
sédé des établissements à Lemnos, en"!
furent chassés par des bandes pélas-
giques. Ils allèrent alors s'établir dans'
Àujycles en Laconie , s'annoncèrent
pour descendants des Dioscures, ob-
tinrent terres, droil de cité, mariage,
aspirèrent alors à une part dans la '
royauté, s'insurgèrent, et furent tous'
jetés en prison. Grâce à un strata-'
gème de leurs femmes, ils parvinrenlij
h en sortir, passèrent, les uns en
Triphylie, les autres a Théra , les'
autres à Mélos et en Crète avec F^ol-
lis et De'phos. Minyas qui récapitule 1
tout ce peuple lut , au dire des my«
thologuesj célèbre par ses richesses y
MIN
et fit, le premier parmi les rois d'Or-
chomène, bâtir du asile secret pour
ses trésors. On îiii donne pour père
Chrvsès, pour fils Orchomène. Ses
filles furent iTinriécs aux princes voi-
sins^ mais quand la gloire des Minyes
cessa de briller dans la Grèce, les Wi-
jiéides fournirent matière h des fables
aliriraanienncs. Selon les uns, elles
s'opposèrent au culle de Bacclius,
travaillèrent le jour des orgies , et
furent changées par le dieu du vin en
chauve -souris. Les autres nous mon-
trent ces jeunes insensées possédées du
désir effréné de manger de la chair
humaine, et dévorant Hippase. En mé-
moire de cet horrib'e événement, le
grand-prèlre d'Orchomène, lors d'un
sacrifice annuel, poursuivait le glaive
au poing les femmes qui venaient aii
temple, et ne s'arrêtait qu'au premier
sang.
MINERVE , MiNERVA ( d'où ,
dans les inscriptions étrusques ,
MiSERV, Mnerf), en grec Athana
ou AthÎÎina, 'Aêuvu, 'A^fjvS, et très-
souvent dans l'une et l'autre langue
Pallas (n«A>i«f) est, d;ius la my-
thologie gréco- romaine vulL;aire,la
déesse delà sagesse, en d'autres ter-
mes, l'intelligence dans sa plus haute
comme dans sa momdre acception. —
Dans la légende la plus usitée Minerve
est fille de Jupiter seul. Quelques uns
la font naître de Jupiter et de Cory-
phe ou de Métis. Coryphè (xo^uPjj)
reut dire la tête ; Métis ( Murn) , que
d'ordinaire on traduit par méditation,
signifie au fond esprit, entendemeni,
comme en latin mens. On va voir
que, de ces trois récits, ceux qui
donnent, soit Métis, soit Coryphe
pour mère a Minerve, ne diffèrent
de celui qui fait la déesse fille de Ju-
piter seul , que parce que ce dernier
est plus riche , plus compliqué. Ju-
piter, dil-oii , ^yalti un jour la puis-
MIN
89
saille Métis. Il ne tarda pas a être
affecté d'un mal de tête épouvantable.
Pour se délivrer de cette violente cé-
phalalgie , le roi des dieux ne trouva
lien de mieux que de s'adresser a
Vulcain. L'artiste boiteux vient à la
sollicitation du malade au front nua-
geux {nÇO.yiytnru Zivs), et d'un coup
de marteau lui ouvre le crâne. Aussitôt
jaillit Minerve armée de pied en cap et
poussant le terrible olalevau son du-
quel'es armées rangées en bataille s'é-
branlent pour charger l'ennemi. Mi-
nerve,même dans cette hypothèse, doit
donc le jour à Métis ou k Coryphe.
Au brandisscmenl de salanceTOlym-
pe trembla, la terre gémil, l'Océan
hou llonna en mugissant, le char du
soleil s'arrêta {Hymne homéroïdi-
que à Minei'K't). Le jour même de
cette miraculeuse naissance, ApoUuu
voulut qu'a Pihodes on offrît un sa-
crifice à la belliqueuse déiléj et une
pluie d'or ruissela en riches torrents
autour de tous ceux qui prirent part
h cet homm'ige improvisé. Née ainsi
dh plus noble des organes paternels ,
née sans le concours charnel des
deux sexes , Minei ve pure et im-
matérielle divinité, fut sur le champ
f>lacée par son père h la tête de
a foule qui peuple 1 Olympe, et
presque sur la même ligne que lui.
Il voulut encore l'élever au rang de sa
femme, ou plutôt de sa concubine
favorite. A peine née, dit une légende,
elle eut k se défendre des tentatives
erotiques de son père. Le souveraia
(le l'Olympe n'ayant pas eu l'avan-
tage dans celte lutte renonça défini-
tivement i\ ce dessein, etperrail même
•|ue désormais Minerve vierge se re-
fusât a l'hymen et h l'amour. Seul ,
le roi des dieux était digne de sa
couche 5 puisqu'elle l'avait repoussé,
nul concurrent ne devait aspirer à
sa main. Ailleurs , c'est Minerve qui
90
MIN
adresse cette requête en virginilé k
son père. Une autre série de sys-
tèmes mythologiques faisait venir Mi-
nerve du sein des eaux. Ogygès, se-
lon les uns, Neptune suivant les
autres, fut son père : la nymphe
Tritonie lui donna le jour. Comme
une autre Anadyomène elle apparut
au bord du lac triton. L'idée primi-
tive de ce récit a élé varie'e de plu-
sieurs manières. Triton, Trit, au
fond signifia , dans quelques langues
inconnues aujourd'hui, e^K. Venir du
lac Triton , c'était venir du sein des
eaux, comme jaillir du cerveau de
Jupiter et sous le marteau Vulcanien,
c'est naître du feu. Ensuite il s'est
agi de donner un père à la fille des
eauxj naturellement ce fut Neptune
pour ceux qui ne reconnaissaient que
ce dieu h la tèle des mers, Ogygès
pour ceux qui avaient conservéle sou-
venir de cet Océan primordial. La
mère fut, nommée Tritonie ; c'est le
Iac,c'esl l'eau personnifiée, c'est Am-
philrite. Le lac même (par lequel on
a formulé l'eau ) a élé transporté eu
diverses contrées ; les Béotiens le mi-
rent enBéotie, fortifiant ainsi le sys-
tème généalo-ique d'après lequel ils
faisaient de Minerve la fille de leur
vieil Ogygès. Quelquefois, au lac Tri-
ton ils subsliluaient le Copaïs, qui
peut-être fut le mêmej puis par là,
comme Alalcomène était auprès du
lac Copaïs, ils arrivaient a métamor-
phoser Id déesse en Alalcoménienne.
Aldcomène devenait son nom (toute-
fois on peut penser qu'Alalcomène,
Ville, prit son nom d' Alalcomène,
déesse). Enfin, on alla plus loin;
Alalcoménie se détacha de Minerve ,
et, fille vraie d'Ogygès , devint la
parèdre, la nourrice de la déesse.
D'autres imaginèrent un Alalcomè-
ne, père nourricier de la belle Héo-
tieûûç. L'idée dyaunautç dafts h%
MIN
^
temps postérieurs, fut qu'U fallait
chercher le lac Trilonien {Tiito-
nis palus) dans la lisière septentrio-
nale de l'Afrique, à peu de distance
de la grande Syrie. Le lac actuel de
Chibka-el-Loudeah (lac des marques),
se divise eu deux parties à peu près
égales ; vers le milieu de la portion
nord-est se trouve une île qu'on ap-
pelait île de Fta (se souvenir que Fia
etVulcain sont des dieux analogues):
les eaux au delà de l'île de Fta^por-
tèrent le nom de Palus Tritonis, cel-
les qui étaient en deçà jusqu'aux
Marques s'appelèrent Pallas Palus.
Du reste , on lui fabriqua aussi un
père nourricier, Triton, et une com-
pagne familière de ses jeux , Pal-
las, fille de Trilon. Ainsi, en Libye
comme en Béolie, la déesse naît d^
eaux; on la dédouble : sou père cl«
vient sou père nourricier, elle-mê^
devient une parèdre. Arrivèrent ei
suite les syncrélisles qui firent, coq
me on pouvait s'y attendre, une (et
lative de concilia lion entre les deuj
traditions capitales relatives à la nai|
sance de Minerve : la déesse, il e|
vrai, sortit du front de Jupiter, ma
cet événement eut lieu sur les bor^
du lac Trilon. La réunion des de^
légendes n'est pas aussi étrangère au^
vraies bases de la généalogie minei\
vienne qu'on le croirait d'abord]
Cette magnifique déesse naît de l'eai
et du feu, et mieux encore du fe|
qui s'élève, pyramide brillante et in,
attendue, au sein des eaux merci
{f^oy. Athor, Bouto, ÉthkaI
Neith). L'onde-Ioni-nature préexisJ
te ; la flamme , Lingam démiurge ,
gisait inaperçue : l'Ioni alors élail,
un tombeau. La flamme s'éveille ,4
palpite, jaillit en colonne vivante;
rioni n'est plus que le magique cof-,
fret dépositaire de la vie. On devine à|
présçfll couiiaeût par quelques légères
MIN
modifications on arrive a ce résultai :
Minerve fille de l'encéphale de Jupi-
ter, Minerve fait sa première appari-
tion au bord des eaux. Vénus aussi,
cette génératrice universelle , Vénus ,
qui est une Anadyomène, doit le jour
à une substance venue de l'Empyrée
(P^oy. Uranus, Vénus) ; au sein de
l'humide Bouto grandit Haroéri , fu-
tur fanal des mondes 5 c'est de l'O-
céan lacté que sort Souriaaux Indes.
Et qu'est-ce pour presque toutes les
raythologies que la voûte céleste?
Une mer 5 et pourtant sur cette mer,
dans cette mer scintillent les étoiles.
Le feu dans l'eau , et non l'eau dans
le feu , voilà l'idée qui préside sans
cesse aux conceptions primitives des
peuples. Leurs naïves idées se for-
mulent dans ce sloka du lyrique de
nos jours :
l« sérail de Stamboul brillant do feux sans nombre
Se mirait dans la mer resplendissante et sombre.
Comme le Jupiter de notre première
légende, Neptune fut épris de la mâle
et majestueuse beauté de sa fille. Il
voulut lui faire violence (comp. la
fin de l'art. Méduse). Irritée. Mi-
nerve quitta l'humide empire, et vola
aux cieux, près de Jupiter qui lui as-
sura que Neptune ne viendrait pas la
troubler dans ce ^nouveau séjour, et
qui lui assigna dans l'Olympe la
filace qu'elle y occupe depuis. Selon
es Grecs des temps sémi - histori-
ques, Minerve eut a se défendre des
mêmes assauts de la part de Vulcain.
Mais, dans une des théologies origina-
les, au moins elle fut son épouse.
Rien de plus naturel que celte union,
nous le démontrerons plus bas. Eu
un sens c'est elle qui est le type du
mariage, du Hiéros Gamos. Pour les
Grecs doriens, jaloux de conserver
à Minerve son caractère d'immaculée
virginité , ils commencèrent par dire
que le mariage célébré ne fut point
MIN
91
consommé, et que Minerve, la nuit
des noces , se déroba du lit conjugal.
Le lendemain Vulcain se plaignit au
maître des dieux. Minerve appelée
répliqua j et le maître des dieux, après
avoir entendu les deux époux , donna
raison à sa fille qui, dès ce jour, fit
vœu de jesler étrangère a l'amour.
Une aulrelégende plus comique et plus
scandaleuse supprime le fait du ma-
riage , et nous montre tout uniment
Minerve occupée à visiter dans Lem-
110s les brûlantes officines de Vulcain,
et Vulcain s'élancant sur elle au mo-
ment où elle est le plus loin de s'y
attendre. Déjà il l'a acculée dans un
angle de la forge , il l'élreint de ses
bras musculeux , il est sur le point de
la posséder. Un brusque effort dé-
barrasse la déesse 5 l'artiste divin,
chez qui bouillonnent à l'instant de
la défaite tous les feux de l'amour,
ne macule d'une écume alcoolique que
le sol de l'atelier. Mais le sol s'amol-
lit sous ces flammes liquides, et le
bizarre Erichthonius aux jambes ca-
gneuses naît pour attester que celle
fois le divin artiste n'a qu'ébauché son
ouvrage. Apollon aussi dans quelques
vieilles traditions passa poui le fils de
Minerve et de Vulcain. C'est Fta et
Neith (au lieu d'Atlior)donnanlle jour
à Fré.Leslégendesfamilièrcs aux poè-
tes montrent Minerve mêlée à une
foule d'aventures tant divines qu'hu-
maines. Dans laGigantomachie, c'est
elle qui donne a Jupiter le conseil
d'appeler Hercule à son aide. Elle
perce de sa lance le géant Pallas dont
elle prend la peau pour tapisser son
égide (mais voj^. plus bas une autre
tradition), et jette sur le corps de l'é-
norme Encelade une île non moins co-
lossale, la Sicile. Lorsque Prométhée,
Vulcain titaiiide , a formé l'homme
du limon de la terre, elle anime ces
formes belles, mais eucoïc vides d' in-
<I4
MlPÎ
MÎN
telligence , ou du moins elle enlraîiie
Promélhce sur son char jusque sous
les voùles célestes, et lui laisse pren-
dre l'éliucelle qui doit faire couler la
vie dans les veines el la pensée dans
les nerts de l'argile qu'il a pétrie.
Quand Athènes, future métropole des
arts, s'élève à quelques stades de la
mer. Minerve ne cède pas h Neptune
l'honneur de donner son nom à la viHe
naissante 5 et taudis que le dieu des
eaux, d'un coup de trident, fait jaillir
du sel leclieval emblème de la guerre,
el'e donne naissance a l'olivier, divin
emblème de paix. Ilus jette les fon-
dements de Pergame : jalouse d'être
la protectrice d'ilion elle laisse tom-
ber de TEuipyrée le palladium son
image, gage d'inexpugnaltilité, de
puissance induslritUeet guerrière, de
richesse. Persée , Hercule , Belléro-
plion, lesArgonaules, t'ont pourauxi-
iiaire dans leurs aventureuses el loin-
taines expéditions. C'est d'elle que
Pandore ncoit le don de filer, de
lisser, de broder, découdre. Par
<;lle Argus construit Argos, Mélhar-
mon le vaisseau de Paris. A elle,
non moins qu'a Hermès, les Dédalides
doivent celte habileté qui crée des
merveilles. Ararhné la surpasse, el
Minerve jalouse la lue; mais pour qui
comprend le mythe , Arachné n'est
qu'une Minerve changée d'abord en
parèdre, ensuite en rivale, enfin en
impie contemptrice de la divinité.
Méduse aussi, cette Archi-Gorgone
violée par Neptune, n'est que Mi-
nerve elle-même. Les trois nym-
phes Agrauiides auxquelles elle remet
la cassette (|ui renferme Erichthonius
ne so'it qu'elle. Hersâ surtout, Hersà
aimée de Mercure est une Minerve.
Nous retrouvons encore la fille du
cerveau de Jupiter disputant h Vénus
et à Junon sur l'Ida la pomme d'or
prix de la beauté j iuyenUut la ilùle,
\
mais la jf-tant lorsqu'elle s'aperçoit
que les contractions auxquelles elle .^
se livre pour tirer du buis uu son , al
déforment son beau visage j favori- ^"
saut Ulysse dans toutes ses entre-
prises; lançant la fcudre sur Ajax
l'Oïlide qui a outragé Cassandre, pre-
nant pitié d'Oresle livré aux Furies,
insliliiant l'aréopage, et joignant sa
Vi'ix aux voix qui l'absolvent ; aveu- :
glnnl Tirésias qui l'a vue au bain,
puis, par commisération pour Chari-^
clo, sa inère, compensant la perte desi
veux que l'adolescent a perdus pai
la science divinatoire dont elle lui
dévoile les secrets. Dans des mythes
moins connus Minerve ligure au nom-
bre des arbitres qui doivent déciderij
la querelle musicale entre Apollon el
Marsyas,elavec Jupiter et Junon elle
regarde, comme pour la diriger, la
course d'Hclios(lestdeil) dans les cieuxj
Si'lon les agencements les plus scho-^
lasliques de la hiérarchie dans ce pa-
lais des dieux, Minerve n'a guère a«-
dessns d'elle que Junon , l'épouse lé-*
gilime de son père. Mais dans Ics^
doctrines transccndanlales , les seules!
vraies, Minerve est la plus hautt
des déesses. C'est la Sakli, la Para-
cakti de son père. C'est Jupiter fe-
melle , mieux encore c'est le phalle
même de Jupiter, dès que Ton aper-
çoit le phaile h part. Ici le dieu père
de la haute déesse se présente k Tétai
d'irrév'lé^ le révélateur, c'est Mi-
nerve. Dès-lors elle est tout ce pan
quoi l'irrévélé se révèle; elle est
phalle , intelligence, raison ou verbej
(Vaich), volonté, iutelligence-volon-
té-parole pour la génération raêmt
de la matière première, pour l'orga-
nisation des mondes, pour l'harmo-J
nisalion des masses, inlelligence-vo-î
lonle-parole aussi pour les détails :j
nous le verrons plus bas. Seule , elle
a comme Jupiter le pouvoir de lancer i
MIN
la foudre , ou , si on le veut ^ à elle
seule Jupiter contie de temps en temps
le terrible instruraenl de ses vengean-
ces. Il lui dunna aussi l'égide ou bou-
clier formé de la peau de la chèvre
Araallhée. Dans la suite la déesse
plaça sur celte arme détensivela lète
livide et sanglante de la Gorgone Mé-
duse que Persée avait tuée, grâce k
ses secours, et dont l'aspect pétrifiait
ceux qui l'apercevaient un instant.
Flusieurs mythologues atlaclient de
l'importance à Tinslant auquel eut
lieu ce don de Jupiter a sa fille.
C'est, disent-ils, après le combat des
géants et des dieux que le maître
de rOlyrape, rétabli sur son trône,
récompensa la brillaute valeur de
Pallas par le don de l'égide. — Les
fonctions de Minerve sont nombreu-
ses, et a chacune d'elles se rattachent
quantité de surnoms importants et cé-
lèbres. 1° C'est une Sakli, énergie-
volonté, émanée du cerveau de Ju-
piter. A ce titre on la nomme Poly-
milos ou Polvniélis (la multipen-
sante)5 Pronœea (la prévoyante ou
la providence même), nom qui al-
terne, vu la paronomasie, avec Pro-
nœa (celle qui est placée en avant des
temples); Philenlhéos, l'inspiratrice;
liulee, (la conseillère); Budèe (Boud-
dha femelle); Draca;na (dragon fe-
melle : car dans la théologie trans-
cendante non-seulement le serpent est
prophète, il est rElrc-suprème;comp.
Knef). 2° Minerve est phalle, caria
forme symbolique la plus saillante, la
plus nette de l'énergie créatrice, c'est
le pballe. Sons ce point de vue elle
prend d'abord le nom de Pallas, à tort
expliqué par ^«.XMii , par nk'hXift ,
par ■zkx'Xoi,\. Elle se manifeste comme
gigantesque Acoura (le géant Pallas
qui ne diffère pas d'elle) tombant sous
les cdups de la Dourga grecque. Elle se
localise dans la péninsule tbraco-ma-
MIN ^
cédonienne et le dème athénien 'qui
portent le nom de Pallène, dans la
ville de Pallanlium ; elle jette le pal-
ladium à Troie; elle se lie en Atli-
que à Hermès Phalès ; elle est le
type de Paies et des Paliques ; elle
est déesse slabililrice ( ithyphallis-
me tout pur : comp. Fta ). 5" (Et
c'est la suite naturelle de la lance
substituée par la civilisation nais-
sante au phalle ) Minerve est guer-
rière: delà les nombreuses épithèles
qui désignent ses armes (Chrysolon-
chos, Dorysthènes, iEgiouchos); sou
humeur belliqueuse (Obrimoihymos»
Aïslos, Polémoclonos, Hoplocnarès,
Stratia , Ormastîra) ; ses opérations
(Léîtis ou Agelîa , spoliatrice); ses
victoires ( INicéphoros ) ; ses liaisons
avec Mars (Arée); son enveloppe du
cuivre transformée en temple (Chal-
ciœcos). Ou a encore dans ce sens
Athànâ Hippia (Minerve aux che-
vaux), et Athànâ Salpinx (Minerve
trompette). 4° Miiierve est la pro-
tectrice des étals, des empires. Aussi
l'appelle-t-on Polias, Poliàlis, Po-
liouchos (palrone ou reine de la ville)}
Erysiptolis (rempart de la cité); Py
laïlis (qui préside aux portes) j Clê~
douclios (gardienne des clés). 5° Mi-
nerve est l'inventiice des arts. Nous
avons déjà vu son nom d'Ergauà
{Foy, ce mol). Il faut y joindre
ceux d'Eurésilechnos (inventrice des
aits), ;Eth via (teinturière), Mécha-
nîlis (mécanicienne), Telcliinie (Tel-
cbiue femelle ou grande Telchiue).
6° Minerve a tous les arts de la pen-
sée sous sa protection. De là Minerve
Musicienne, Minerve Hygie (exerçant
la médecine ou rendant la santé),
Minerve Pansophos ou Philosophes,
et surtout la Minerve magicienne dont
Circé, Méduse, Médée. sont en grande
partie les reflets terrestres. 7 ' Mi-
nerve est tour h tour l'espace et Tonds
94 MIN
ou tous les deux à la fois ; et onde ,
air, espace, elc, nous indiquenl d'une
part pureté ou purification, de l'au-
tre asile de paix ou défense contre
les maux de la vie. Alée n'est que
l'espace refuge. Il faut y joindre
les épitliètes de Solîra (salvatrice),
d'Irènophore (Pacifère), et toutes
celles qui n'en sont que les synonymes.
A la tête des dcnominalions relatives
a l'onde sont Trilogénie, Trilonis,
etc. C'est dans cette classe aussi que
se placent les nombreuses appella-
tions relatives, les unes aux genres de
beauté de la déesse, Xanthocome,
Glaucôpis ( blonds cbeveux , yeux
pers), et a son éternelle virginité,
Parlliénos, Aîpartbenos, Pliygolec-
tros, Misonyrapbos. 8° Minerve est
la nature j de là la célèbre Athànà
Pbjsis et l'épilhète iEolomorpbos
(aux formes variées, fantastiques). —
Une foule de noms locaux seraient
nécessaires pour compléter cette lislej
tels sont entreautres ceux de Suniade,
Acrée, Agorée, Alée, Alipliérée,
Itonie, Pallénide, etc., etc. Il est es-
sentiel de remarquer ici que, de ces
épithèles regardées comme locales,
plusieurs ont trait à l'idéologie de la
déesse. Nous l'avons dit, Telcliinie ,
c'est son industrialisme 5 Palléiiis,
c'est sa face pballiquej Alée est cette
hospitalité purifiante qu'elle oifre à
qui veut fuir le mal-étre. Ajoutons-y
qu'Alalcoménéide c'est la force (Alcé)
femelle j qu'Ilonie c'est l'activitéj que
Coryphasie ou Corie , c'est soit la
pensée, soit la virginité, soit le cad-
milismc (il se lie aux Curetés et aux
Corybantes); que Nédusie, c'est la
maternité (conciliabledans les mythes
avec la pureté virginale )j qn' Agorée
n'est pas seulement la déesse du fo-
rum , mais la délibérante, la reine
des Consentes , la Bule'e-Budée, sa-
gesse-volonté de Jupiter Maïa ,
MIN
jVvI
Bhavaiîî,fei surtout Bhavani-Dou^
aux Indes, Isis et Neitb en Egypte,
offrent une ressemblance frappante
avec Atbànà. On a même prétendu
qu'Atbànà et Neitb étaient le même
nom j autant comparer au nom grec
le nom arménien Nabid ou Ana-
bid (dont même on a fait Anaitis)!
Quoi que l'on en dise, on ne sait en-
core d'oiî vint le culte d'Atliânfi en
Grèce? Et dans ce cas, Cécrops et la
triade cécropide représentent-ils la
Iribn, la caste qui la première courba
la tète sous celte déesse? ou bien,
faut-il, avec les anciens, courir tan-
tôt h Sais en Egypte d'où Cécrops
était, dit-on , originaire, ou bien en
Libye, ou bien dans l'Afrique ro-
maine, pour arriver h trouver les ves-
tiges prnnordiaux du mythe. A notre
avis. Minerve est une déesse pélas-
gique. ]Nul doute qu'elle n'ait été'
conçue sous rinfluence des souvenirs
de l'Inde sivaïteou plutôt bhavaniste.
Mais depuis long-tempsl'idée de Hha-
vani-Dourga la guerrière s'élancant
brûlante de l'œil de Siva, plantant le
glaive dans la terre de Scythie, et
se liant dans la Colchide à l'eau , fée
suprême, était implantée dans l'esprit
des Pélasgues, lorsque des co'onies
phéniciennes ou autres arrivèrent chez
eux. Elles n'y exercèrent point une
grande influence ; et il n'y avait pas
besoin du contingent d'idées qu'elles
j apportaient pour donner naissance
a Minerve. La Béotie etl'Altique,
une fois débarrassées des eaux infé-
condes symbolisées par Ogygès, se
f peuplèrent d'adorateurs de la pure
umière. Lumière, chaleur, air salu-
bre , rosée limpide, végétation opu-
lente, fragiles bourgeons, fruits,
fleurs et verdure se marièrent dans
leur imagination 5 et l'on eut bientôt
une fille des lacs, étiucelante, tiède et
pure, quoique pluviale et fluviale.
H
1
II
MIN
D'ailleurs le ciel et l'oude s'unissent 5
ils sont d'azur, ils semblent courbes,
ils changent de forme: on dirait des
magiciens, des Prolées! puis le ciel
se mire dans l'eau , le feu solaire s'y
reflète et y tremble, les étoiles s'y
couchent, baigneuses charmantes. La
déesse par qui Ton symbolisa tant de
phénomènes gracieux, électriques, im-
fiondérables et facilement réductibles
es uns aux autres, fut comme l'agri-
culture élhérëe, elle eut pour organe
Cécrops , pour représentantes terres-
tres ses filles. Toutefois est-ce la to-
talité de la Béotie ou de l'Alfique qui
rendait ses hommages à la radieuse
Alhànâ? Ce ne furent d'abord que les
Pédiaéens ou habitants de la plaine.
Les Egicores honoraient Hermès, les
pêcheurs ou habitants de la côte Po-
sîdôn. Depuis, les cultes tendirent à
se fondre. Athànà définitivement su-
blimée affecta surtout les cieux , et
plana, déesse suprême, avec Jupiter
sur les divinités inférieures: Cérès la
remplaça comme divinité agricullu-
rale bornée a la terre. Alors Hermès,
Dàmàtàr, Posîdôn, formèrent com-
me la triade terrestre, honorée par-
tiellement suivant les lieux dans la
personne d'un de ses membres^ Athà-
nà et Zévs furent honorés en commun
dans tous les lieux par toutes les cas-
tes. De la les Pandies, les Panathé-
nées ou fêtes universelles de Zévs,
d'Athànà. Sparte, Erylhres,Trézèue,
la Crète, rionie,rArcadie adoraient
Minerve; mais l'Attique ne cessa pas
d'être son sanctuaire de prédilection.
Dès la haute anliquilé elle y eut des
statues, des palladium grossièrement
sculptés, mais dont justement ces
sculptures grossières, non moins que
le noir luisant et'la matière (de bois
d'olivier) attestaient Tanliquité. La
tradition les donnait comme tombés
du ciel. Quelques légendaires faisaient
MIN
95
vemrcecultedeTroie(/^(9y.PALLAs).
Après la bataille de Marathon , les
Athéniens élevèrent a Minerve une
statue colossale en bronze. Enfin Pé-
riclès en fit faire une d'ivoire et d'or
par Phidias. Elle avait vingt-six cou-
dées de hauteur, et faisait le plus bel
ornement du Parthénon bâti en mê-
me temps par l'amant d'Aspasie en
l'honneur ae l'Aîparthéuos. La ma-
gnificence de cet édifice ne fit point
oublier les deux petites chapelles
anciennes consacrées, l'une a Nep-
tune-Erechthée, l'autre a Minerve.
A Rome, Minerve avait une chapelle
dans le Capitole , et des temples
dans neuf régions différentes. Les
plus remarquables étaient ceux qui
avaient été construits par les ordres
de Pompée et d'Auguste. — L'idéal
de Minerve est une taille imposan-
te, un visage noble, jeune et beau,
et une mâle sévérité, souvent un air
méditatif et grave. L'inventrice des
airs sérieux ne peut promener au ha-
sard ses regards sur ce qui l'envi-
ronne. Aussi dans les belles statues,
a-t-elle les yeux légèrement bais-
sés, indice, non pas de modestie,
mais de réflexion. Sa pose, ses
traits, indiqueraient autant un beau
jeune homme travesti en femme qu'u-
ne femme même j et ici se reflète heu-
reusement l'idée de phalle et d'Ard-
dhanari. Ses yeux sont glauques, ou,
selon l'expression de La Fontaine ,
pers (c'est la nuance des yeux des
lions et des léopards) j ils sont grands,
et reposent dans des orbites profonds.
Leplussouvent ses cheveux flottent eu
spirales ondoyantes derrière sa tête.
Un casque a visière [yùa-ùv] couvre
presque toujours sa tête. Sur sa poi-
trine s'arrondit la peau écailleuse du
monstrueux reptile dont elle délivra
la Libye j celle espèce de spencer
estcecjne l'on appelle l'égide 5 (mais
96
MliV
comparez les traditions sur la chèvre
Amalthée) : le bouclier argoliqiie
charge ses inains^ ;iu milieu du large
disque que foi nie celle arme clélcnsive
irapénélrahle apparaît la tète san-
glanle de Méduse ( Voy. ce nom) h
l'aspecl de laquelle les ennemis de la
Iiaule déesse sont subitement méla-
raorphosés en pierre. Très-rarement
l'égide seule placée sur le bras gau-
che de la déesse lui sert de bouclier.
Une longue tunique, un péplum, et
quelquefois un riche collier, <les bra-
celets, des pendants d'oreilles, com-
plètent le costume de la belle guer-
rière.
MIINOS, M/v»f, célèbre roi de
Crète, n'est pas un nom imaginaire
comme les Ogvgès, les Eurôtas elles
Pliorônée. Wul doute qu'un prince de
ce nom n'ait réellement gouverné la
Cl ète, couvert l'Egée de ses flollilles,
porté au loin sou nom, ses armes et
ses denrées, vers la fin du quator-
zième siècle avant notre ère. Riais
avant d'entrer dans les détails de sa
biographie il est nécessaire de bien se
fixer sur quatre faits. i° Le nom de
Minos étant un mot générique qui
veut dire homme et âme [ V oy.
l'art. Meîiotj). et qui dans tous les
pays du monde ancien a été donné à
une foule de rois, il est possible que
dans l'histoire de Miiios les légendes
aient compris des évèneraenls quiont
préparé ou développé, ou modifié ses
conquêtes. 2° Anlérituremenl à cette
période de conquêtes que récapitule
le nom de Minos, et dont sans in-
vraisemblance on peut comprendre
une grande partie dans la vie de ce
prince, se déroule une époque pri-
mordiale qui est celle de la civilisa-
lion commençante : c'est ce que l'on
peut appeler période adamique. 3°
La civilisation devient promplement
législation. Un code perdu pour nous,
MIN
un code qui peut-être n'exista jamais,
semble la formuler; et ce code, si
l'on s'en rapportait aux lé. endes, il
semblerait qu'un homme l'écrivit, le
promulgua anlérleuremenl h Minos.
Tout prouve, au contraire, que ce
code ue date guère que de Minos,
et qu'il fut l'ouvrage d'un long laps
de temps. En conséquence le mot
Lois de Minos exprime toute une
période; le mot Conquêtes de Mi-
nos ue résume que la vie d'un hom-
me. 4° Dans l'une et l'autre pé-
riode , au lieu d'être narrées histori-
quement, ces légendes ont été tra-
duites en langue fabuleuse ; de telle
sorte que ce qu'il y a d'histoire dans
les récils mythiques doit être extrait
de la lettre de ces récils , comme le
métal de la gangue impure qui le ca-
che, el le rend pour l'instant inappli-
cable aux besoins de la vie. La lâche
du mythologue est donc triple dans le
dépouillement de l'iiisluire de MinoMil
discerner la législation d'avecles cooSB
quêtes, la civilisation adamique d'avec
la législation ; discerner la fable d'a-,_
vec l'histoire ; discerner danà la coaÉfl
quête même le vrai Minos de ses pré-
décesseurs el de ses successeurs. Jadis
on a procédé plus simplenienl en ap-
parence. Législation, conquête, tout
était amalgamé. C'était un bloc uni-
que, hérissé d'incohérences el d'ana-
chronisines; el l'on croyait h cet en-
semble extravagant. Un peu plus lard,
eu reconnaissiiut l'impossibilité, des
faits, les habiles du jour proclamèrent,
les uns, que tout était fabuleux dans
la légende, les autres, qu'elle recelait
de rh;sloire. C'était un pas bien fai-
ble vers une solution. On en fil un
second quand plus lard , essayant de
classer les faits dépouillés de leur in-,
vraisemblance dans un cadre chrono-
logique, on distingua deux Minos.
U est naturel qu'on ait été divisé sur
MIN
la réparlilion des évènemeuls , que
ceux-ci donnèrent au premier Mi-
nos, tandis que d'aulres les mettaient
sur le compte de Minos II. Enfin le
jour vint où l'on discerna dans la
masse des fails deux points culminants,
véritables foyers , noyaux ou centres
vers lesquels convergent comme au-
tant de rayons, les détails de la lé-
gende. Dès-lors on dut dire: civilisa-
lion et législation, Minos P"^ j conquê-
tes, empire de Crète, domination ma-
ritime, et par conséquent voyages,
guerres, succès, revers, colonies,
Minos II. La ligne de démarcation
ainsi tracée , il restait un problème
capital h résoudre. Les deux Minos
sont-ils des rois, sont-ils la Crète ou
ime partie de la Crète personnifiée
dans deux époques fondamentales?
Les deux solutions ont eu chacune
des partisans 5 on sait la nôtre. ]\ous
croyons Minos F"" une période, et Mi-
nos II un borame. — Voici la légende
du second, le seul qui ait une haute im-
portance historique. Lycaste (d'autres
disent Astérion ) était son père, Minos
1" son trisaïeul. Son frère Sarpédon,
ou même, disent quelques mytholo-
gues, deux frères lui disputèrent la
couronne. Minos, prenant l'Olympe
pour arbitre , supplia les dieux de
donner a celui des deux princes qu'ils
préféraient une marque éclatante de
prédilection. Neptune fit sortir aussi-
tôt des flots salés un superbe taureau
blanc, et la victoire lui fut adjugée.
Minos de plus plaça le taureau dans
ses étables, et le fit paître avec le
reste de ses troupeaux. Il paraît qu'il
eût du ne pas le garder si précieuse-
ment, et qu'il fallait en faire hom-
mage au dieu son patron. Le fait est,
selon les mythes , que le dieu des
eaux, irrité de son avarice, résolut de
se venger. Justement Vénus avait à
celte époque une ancienne rancune
MIN
y:
contre les enfants du soleil. Pasi-
phaé, femme légitime du roi auquel
on donne aussi pour épouse Crélé
(la Crète personnifiée), Pasiphaé de-
vait le jour au soleil. Déjà Minos
avait eu d'elle quatre fils, Deucalion.
Calrée, Glaucos, Androgée, et qaa-
Ire princesses , Hécale , Xenodice ,
Ariadne , Phèdre. Ces huit enfants
étaient vraiment le pur sang de Mi-
nos : Pasipbaé compléta l'ennéade
par un étranger. Elle se sentit amou-
reuse du taureau que son mari avait
négligé d'immoler, et bientôt le Mi-
notaure naquit. Ainsi les deux conju-
rés accomplissaient , K l'aide l'un de
l'autre , leur vengeance : Neptune
avait donné l'amant, Vénus inspirait
la passion. Ou demandera comment
la bizarre passion de la reine put être
connue et partagée, comment, par
quel biais le désir put se transformer
en acte réel et complet , par quel pro-
dige ou par quelle déception le ma-
gnifique herbivore quitta son espèce
pour aller consommer avec une espèce
inconnue plus qu'un adultère. Des
difficultés si simples n'arrêtent point
des mythologues. Léda et son cygne ,
Junon et son coucou, ne sont pas plus
extraordinaires; d'ailleurs Europe et
son taureau étaient bien un antécédent
respectable. Mais, chose étonnante !
on daigna expliquer le mystère. On
fit venir d'Athènes tout ctprès Dé-
dale, alors en butte aux persécutions
pour avoir voulu s'emparer de l'au-
torité ou pour avoir tué son neveu
Acale, ou même tout simplement
pour s'être montré homme de génie.
Cet habile mécanicien, afin d'être
bien vu de la reine, et d'avoir pour
long-temps ses entrées a la cour de
Crète, eut bientôt imaginé un moyen
de satisfaire les goûts monstrueux de
Pasipliaé. Ce fut une vache mou-
vante dans InqucUe la reine entrait ,
9»
MIN
3I1N
^m
s'enfermait, el variait sa position a
voloiilc. Le taureau s'y trompait, ou
(!u inoius y fut trompé assez long-
temps pour que la reiue tlevîut mère
d'un rejeton en qui la nature avait
uni au Lusic du mari de Pasiphaé
la tôte énorme et les cornes me^
nacaules deramant. Minos, informé
de celte naissance extraordinaire ,
soupçonna dans sa sagesse que sa
femme l'avait joué, el pour empêcher
qu'on ne jasàt eu Crète de celte hi-
deuse anomalie, il décréta i" que Dé-
dale complice du crime lui construi-
rait un labyrinthe, 2° que ce laby-
rinthe servirait a jamais de prison au
Minotaure (tel fut le nom donné au
monstre). Il s'agissait ensuite d'avoir
des mets choisis pour la table du
jeune prince :c'étaildifiicile. Le jeune
prince annonçait un goût marqué pour
la chair humaine j son père, à ce qu'il
paraît, ne lui avait pas légué ses ap-
pétits , et s'il avait sur ses épaules le
cou el la tète du taureau, il n'avait
pas ces molaires qui broient l'herbe.
Sur ces entrefaites, Androgée était
allé remporter dans Athènes les prix
de tous les jeux, ou, à ce que disent
quelques auteurs, tuer le taureau de
Marathon, ou enfin seconder les ma-
nœuvres des Pallantides contre Egée.
Ége'e le fit tuer; MIuos alors se mit a
la tèle d'une flotte, d'une armée;
opéra un rapide débarquement sur les
côtes delà Mégaride 5 prit Megare
par la traliison de Scylla qui , trop
éprise de lui et se berçant de fausses
espérances, avait tranché sur la tète
de son père le cheveu fatal, palla-
dium de la ville; entra dans l'Attique,
pilla, brûla tout sur son passage ; ne
put prendre Athènes, mais la ran-
çonna grâce a la peste et a la famine,
et imposa aux Athéniens la loi d'en-
voyer annuellement en Crète sept
jeunes garçons cl sept jeunes filles.
au bain; mais l'a, tandis qu'il se livre
aux délices du repos, des vapeurs
Ces quatorze enfants d'Athènes de-
vaient servir de pâture au Minotaure.
Pendant ce temps. Dédale, quoique
confiné dans une prison, avait trouvé
moyen de s'échapper; ne pouvant
jiercerles murs de son cachot, il avait
du moins percé les toits, et, grâce à
des ailes dont il n'a pas laissé le
secret a la postérité, traversé un
vaste bras de mer el gagné l'Italie,
selon les uns, la Sicile , selon les au-
tres. Minos jura de se venger, et mit
à la voile pour cette île triangulaire,
tant de fois fatale a ceux qui en ont
essayé la conquête. Côcale , roi des
Sicaues, le reçoit en apparence avec
transport, et ses filles le conduisent
indis qii
)os, de
étouffantes emplissent la salle étroite
dans laquelle on l'a conduit, et l'as-
phyxient. Une tradition fausse et sans
autorité montrait Dédale fuyant vers
l'Attique qu'il a jadis quittée pour la
Crète, et Minos l'y poursuivant. Au
milieu on autour de ces événements
se place l'histoire de Thésée, venant
de lui-même se ranger parmi les vic-
times du Minotaure. — On voit que
jusqu'ici les mythes étouffent l'his-
toire comme les vapeurs du bain
chauffé par les Côcalides e'touffent
le roi. Il y a plus, les savantes ana-
lyses de Hœck ont prouvé que ce qui
semble résulter le plus clairement des
légendes qui précèdent^ une guerre de
la Crète contre Athènes, puis une
revanche d'Athènes sur la Crète, n'est
qu'une illusion. C'est beaucoup plus
tard, et dans les temps réellement
historiques , qu'éclatèrent des inimi-
tiés violentes entre Athènes et la
Crète ; et c'est alors que les poètes
travestissant l'antique récit l'accom-
modèrent à la passion du jour. Les
mythes riches de Pasiphaé, du blanc
taureau dont l'onde fait cadeau à la
MIN
terre, d'Aiiadue qui, de plus en plus
idéalisée, vole par l'iuterraédiaire de
Thésée dans les bras de Bacchus,
lous CCS mythes impliqueiil diverse-
ment le ciel et Fonde, les feux et la
terre. La Crète est une terre féconde
que broute le taureau , que caresse
l'onde avec des mugissements d'a-
mour, que baise la pure lumière des-
cendant de l'Élbcr en filets d'or, et
rebondissant dans l'Ether. Pasiphaé
veut dire toute lumière, Phèdre la
brillante, Ariadiie l'étoilée ou la reine
(comp. ce dernier article qui four-
nit d'autres indications). Ainsi voilà
lin culte de lumière -lumière et lu-
mière-ioleil. Au-dessous, et sur une
ligne moins ne ttemeul tracée, la terre,
la mer, ont aussi leurs autels. Puis ,
un fait capital se promulgue sousl'u-
UJon de la foiie lumière (solaire ou
autre) et de la terre : la terre raàle,
la terre-taureau, enceinte du ciel fe-
melle, du ciel-lu;iiière, Pasiphaé (c'est
tout le contraire de Jupiter touchant
lo) , la lerre qui absorbe , engloutit
et dévore les flèches lumineuses , la
terre met au jour un fils semblable
à elle, un fils affamé, un fils qui
absorbe, engloutit et dévore. Ce
fils, c'est le Mahadéva de l'Inde,
c'est (chose bizarre) le Mithra Bou-
phagos, c'est surtout l'affreux Mo-
locli de la Phénicie, c'est Tllebdo-
nagène ou Hcbdomagète des Grecs,
mais plus terrible que ne l'ont fait
les Grecs. Soleil a forme de taureau,
soleil adéquate à la semaine , il ré-
absorbe continuellement sept jours et
*cpt nuits, voilà les sept garçons et
les sept filles. Mnévis, Bacisen É.jpte
sont moins cruels, mais au fond dif-
fèrent-ils de lui? Non : ce sont des
incarnations solaires; seulement leurs
formes ne sont empruntées qu'à une
esfièçe, et l.çut ftw pli^s peul-on dire
<juç de rtign^me ils ont V^me; Le
MIN
»9
Minotaure, lui, est un monstre, ^
l'on' prend la légende à la lettre:
car il a deux formes inconciliables.
Mais c'est justement celte coexistence
de formes iuconciliables, celte mons*
truosité, ce cumul, qui doit ouvrir les
j'eux de tous, el faire dire <« c'est \^^
symbole. » Le soleil en Crète s'iu-
carne, non pas eu taureau, non p*s
en homme, mais en homme-tau-
reau. Ici deux types se présentent,
Hébon el le Minotaure. Le Mi-
notaure a la tête du taureau et la
corps de l'homme , Hébon la tète de
l'homme et le corps du taureau. En,
tous cas, le fait est que l'incavualioa
solaire, telle que la présentent Hé-
bon et le Minotaure, implique et
force et pensée. Et telle élait l'idée
des anciens, à qui le soleil sembla sou-
vent un esprit recîenr, une àme des
mondes. Dédale se glisse ualurelle-
menlau milieu de lous ces êtres my-
tJiiques. Il est, lui, Tincarnation du
feu pensée, mais non du feu pensée in-
offensive et pure. Le feu tue souvent:
Dédale, vrai Sovk à formes humaines,
est espiègle, impie, jaloux; il aispire à
tout ce que Dieu interdit à l'homme;
il fend les mers, il fendl'espace, il unit
ce que la nature voulut séparer, les es-
pèces dissemblables; il crée les métis,
le meurtre lui plaît, rinceslclc char-
me : c'est lui sans doute qui a inspiré
aux Côcalides l'idée diabolique de
tuer son ennemi au bain. Du reste,
lors mêmç qu'il esl bienfaiteur, il nuit;
il invente les bains chandâ , Minos y
laisse la vie ; il invenle les ailes, Icarei
se lue; il invente rarcbiteclure, c'est
pour y mettre à l'aL'ri de toute alla.»
que un monstre avide de sang. Là,
un sens nouveau se présente. Le
lal)yrinllie est bien une conslruc-^
liou architecturale, mais c'est de plus
une Hyno. f^awa vcwl dire aligner^
ri^nger çowwe une rue^ uu« gaù-i»^
lOO
MIN
un long corridor; et lalryros,^Yenîon-
cernent, le creux d'une mine. Cet ar-
chitecte, ce sculpteur, ce forgeron,
sait donc encore quelque cbose de plus
qnebàlir, ciseler, forger et fondre
les métaux : il sait aussi fouiller dans
la terre, et poursuivre dans ses ténè-
bres le riche filon métallifère qu'il va
couler en gueuse, qu'il va tour à tour
affiner, aciérer, laminer, tréfiler,
qu'il va transformer en cpées , en
charrues , en serrures et en miroirs.
La culture industrielle que supposent
ces légendes n'est certes pas conlem-
Î)orainc de Minos : elle commença
ong-temps avant qu'il naquîij elle se
développa et atteignit son apogée
long-temps après sa mort. De même
aussi les fre'quents échanges, plagiats,
emprunts d'idées religieuses et in-
dustrielles, auxquels doivent se ré-
duire les prétendues guerres athéno-
raégariennes, et le rapt de deux prin-
cesses Cretoises par Thésée , ne scm-
j>lent pas évidemment avoir eu lieu
sous Minos. Voici ce qu'on peut avec
vraisemblance regarder comme sa
biographie. — Lycaste était originai-
rement sa capitale. Son royaume était
borné au territoire de celte ville et a
(|uelques annexes. Sa race était la
lace dorienue ou hellénique. Autour
de lui se trouvaient deux autres races
issues de même souche , les Achéens
et les Pélasgues, les Achéens qui sont
de race hellénique , mais qui pourtant
diffèrent des Doriens, les Pélasgues
venus de plus haut, et qui dans l'his-
toire s'opposent sans cesse kla race do-
rienne.Ces trois races peu amies, mais
dont la dernière venue est évidem-
ment la race dorieune , s'opposent,
rises ensemble , aux Sidoniens et
aux Etéocrèles (vrais Cretois, francs
Cretois). Peu à peu la race dorique
dirigée par Minos prend de l'ascen-
daut sur les deux autres races venues
MIN
du Péloponèse. Un jour arrive ouT*
f)rotecteur commun se fait déclarer
e maître : les Cretois de l'ancienne
roche résistent peu h Ihabileté guer-
rière desDoricns, alorsdansla période
des conquêtes. Le chef suprême de la
confédération achéo-pélasgo -dorique
réunit sous ses lois la belle île aux
cent villes. La constitution dorique
alors s'harmonise avec les vieilles cou-
tumes; et l'on s'habitue h refouler ces
lois dans les âges antiques en les at-
tribuant h Jupiter ou a son émanation
directe, le vieux Minos, Adam des
Etéocrèles. C'est Sparte surtout,
la cité dorienue, despote et guer-
rière par excellence , qui accrédite
ces idées et qui exalte la sagesse du*
code de Minos pour croire sur parole
à la perfection des lois de Lycurgnc ;
car Minos est le précurseur de Ly-
cnrgue , et le code de la Crète, lei
programme du code de Sparte. Sou
vorain incontcstéde l'île fertile, indus
trieuse et riche en ports, Minos en-t
courage l'abattage des bois de l'Ida.
Aux canots, aux frêles pirogues , suc»
cèdent des navires; la voile second
la rame; on quitte la côte pour 1
pleine mer. Ce ne sont plus des p
cheurs, avec leurs filets, qui voni
guetter des mulets et des trigles; ce'
sont des guerriers qui vont , armés d
pied en cap, chercher fortune, expor
ter, importer, trafiquer, jeter de
comptoirs sur tous les rivages , et
quand il le faut , modifier par le poid
de leurs épées les oscillations de l
balance du commerce. Des colonie
alors s'établissent. La Carie qui t
semé les mers de corsaires, voit la,
piraterie détruite; on accueille les
Cretois comme des bienfaiteurs. Là
mer Egée applaudit l'autocrate fidèld
k la loi des nations; les Cyclades
etDélos plus parliculièrement, la Ly-
cie , la* Carie , la Méonie^, la ïroade
MIN
reçoivent des établissemPiUs Cretois.
Les modernes ajoutent que dans ces
colonies l'habile roi de Crète déporte
et fond des pelotons de pirates, que
la majorité ciétoise contient et sur-
veille. Des princes du même sang que
lui, deviennent vice-rois dans tous
ces pays. Ici peut-être on peut douter.
Plus tard, il veut enfin compter aussi
la Sicile au nombre dès îles qui re-
çoivent ses lois. L'établissement ne
rencontre d'abord aucun obstacle.
Bientôt des défiances s'élèvent 5 et
la colonie Cretoise étouffée dès son
berceau se réduit h rien. Minos mou-
rut sans doute peu de temps après
celle tentative malheureuse, mais en
Crète, mais au sein de sa capitale
nouvelle. Ce n'était plus Lycasle, c'é-
tait Cnosse. Nous allons voir que celle
du premier Minos avait été Cydon.
iVïinos en mourant laissa au moins
trois fils : Androgée, l'aîné d'entre eux,
était mort; mais deux fils, ^hénèle
et Alcée, lui survivaient. Calrée, Deu-
calion, Chrysès, succédèrent a Minos
et se partagèrent ses étals. Calrée
passe pour le successeur véritable.
Mort sans postérité, il laissa le trône
h Deucalion qui lui-même eut deux
fils, Idoméuée et Môle. Idoméuée a la
suite de la guerre de Troie s'exila; et
c'est Mérione, fils de Môle, qui fut
la lige de la dynastie crétoisc dans les
temps postérieurs aTr oie. Nous aurons
complété la liste des noms fameux qui
se rattachent h Minos, quand nous
aurons dit que Sarpédon et Rhada-
raanthe passent dans la mythologie
pour ses frères, et que c'est a eux
qu'il confia les gouvernements de la
Lycie et de Rhodes. — Rétrogadonsù
présent et dessinons ce qu'on appelle
Minos L 11 eut pour père. Jupiter, pour
mère la belle Europe. D'autres le font
naître d'Aste'rius ou Astérion. Enfin on
a identifié Juoiter et Aslérius et ou
MIN iqi
en a fait un roi de Crète. Nous admet-
trions cette identité que nous ne croi-
rions pas a l'existence d'un roi Zévs
Asiériôn. Qu'est-ce qu'Ouranos, cet
aïeul de Zévs? Astraeos, les Astres
mêmes personnifiés. Et le patrony-
mique d'Astéres, c'est Astérion. Le
Zévs des Grecs est Kronîôn, est Ou-
raniôn, est Astérion. Vingt autres
voies nous amèneraient k ce résul-
tat. Les marbres d'Arondel lui assi-
gnent pour capitale Apollonie , de-
puis Cydon. Du reste, sous mille
rapports , ou le confond avec son il-
lustre homonyme le ihalassocrale.
Ainsi on donne pour frères, au vain-
queur des Athéniens, Sarpédon et
Fthadamante. Nous croyons que c'est
h Minos I qu'appartiennent les deux:
parèdres. On voit parfois Crété rem-
placer Pasiphaé dans la couche du
conquérant; nous croyons que Crété
fut une femme de Minos I (car par-
tout la terre est l'épouse de l'homme
primitif), ce qui n'empêche pas qu'il
ait aussi pour femme Ilone. En re-
vanche on donne a Minos II Cnosse
pour capitale ; Ariadne est sa fille,
Idoméuée son petit-fils. Ces confu-
sions ne sont plus des énigmes pour
nous. — A présent arrivons au trait
important : la civilisation-législation.
Est-ce que la période représentée par
Minos eut une civilisalion? Oui. Eut-
elle une législation? Non; elle eut
des coutumes ; c'est tout. Mais na-
turellement les Doriens rattachèrent
leurs institutions aux usages depuis
long-temps reçus ; et naturellement
les indigènes , les Etéocrètes, admi-
rent cette explication consolante ponr
des vaincus. Au reste , comme dans
toutes les mythologies, leur loi est une
révélation. Tous les neuf ans Minos
se rend dans une grotte sacrée, et y
confère avec Jupiter (nous sommes au
fait de ces grottes 3 Koy, JVIithpa ,
t»TrtNY«:fe, efc. ). De ÏA l'cpilhèle
(rEîihéoros. Quelques traditions di-
saient que celte épilliète indique
seulement un règne de neuf ans. I! est
possible que celle explication posât
Sur des données anliquesj mais k coup
sÂr elle était combinée avec l'autre.
Mtuos, a ce que l'on voit parla, était
p<1ifaitement avec Jupiter. Il Tiraila
dans ses amours , et il aima plus que
déraison, les uns disent Milct son fils,
les autres Atyinne. Ces deux noinsdoi.
Teniselocaliberdans d'autres époques.
On lui donne aussi pour fdie Acalleou
Acacallis. Encore une confusion avec
l'histoire de MinosII! MinoS en mou-
rant laissa le trône K Lycasle qu'il
avait eu d'Ilonc, sa femme (Itona, la
même peut-être (ju'Ila, rappelle l'Ida,
et par suite Crété, la Crèle même qui
peut s'individualiser par son mont
t)rincipal). — On a gravement assuré
que les Cretois élevèrcntkleur vieux
souverain un tombeau sur lequel se
lisait en toutes lettres, Mi'vaieçTcv Ai\s
TÛTfos, TOMBEW DE MlNOS FILS DE
Jupiter. Malheureusement le temps
enlci a les deux premières lettres de
l'inscription , et il ne resta que A/W
rciÇtos, TOMBEAU DE JUPITER, CI CÎT
Jupiter. Les Cretois dirent partout
que Jupiter avait e'té leur premier roi,
qu'il ét;ilt enterré chez eux , qu'ils
avaient encore son tombeau , que les
monuments font foi, etc., etc. 5 et
les rhéteurs dissertèrent pour et
contre. Pour nous , jusqu'à ce que
nous ayons vu le tombeau , ou que
nous lisions chez quelque auteur un
peu moins aisé a surprendre que les
Tite-Live, les Callimnque et les De-
nys d'Hallcarnasse qu'il a vu le tom-
beau, qu'il en a constaté l'âge, qu'il
a vérifié l'aulhenticité , la conlempo-
ranéité de l'inscription , nous pren-
drons la liberté de douter du raonu-
inent. Ensuite nous demauderions ce
MIN
qtie signifient les mots dont voici le
sens: Ci-gît de ZÉvs : qui
ou quoi? un homme ou une chose.^
le corps, ou les entrailles, ou le
cœur? parent ou fils de Zévs? ami
ou antagoniste de Zévs? Enfin , y
eùl-il une affirmation nette et claire
dans ces fragments mutilés, il reste-
rait à dire que les Cretois (selon
les anciens) étaient les Gascons de la
Grèce.
MINOTAURE. Fof. Mir»os.
MINÏHI, MfvSiç, fuf la concubine
de Pluton avant ([ue ce dieu ravît Pro-
serpine. Irritée de la préférence don-
née hla fille de Cérès, elle ose l'injurier
et se préférer h elle pour la naissance
ainsi que pour la beauté. Elle fut me'-
tamorphosée en menthe (par Cérès?
Appicn, Hal., III, 484 et suiv. ; ou
par Proscrpine? Ov., Mctam., X ,
728). Mlnlhi est qualifiée de nymphe
du Cocyle. C'est tout simplement le
Cocyte lui-même, c'est- a- dire le
sombre empire, l'Amenthi, Menthi
ou Emenl personnifié. Dans les per -
sonnificationsde ce genre, l'habitant
est censé dieu mâle , le lieu est fe-
melle. Ainsi le Ciel eslTpé, l'Egypte
Isis, l'Espace Neith ou Salé, Mi-
nerve ou Junon. Et l'on sait ce que
veut dire en latin loca. Quant a la
transformation de la nymphe en
menthe, c'est en grande partie une
paronomasie, résultat du hasard; et
les Grecs n'ont pas manqué de remar-
quer une ressemblance entre l'hum-
ble tige foulée aux pieds {vxTijêiÏTxv
non ixTrciTfjh'tTciv , comme on lit dans
Strabon 5 f^oy. Apollodore de Da-
cier, II, 65) et la maîtresse de la
veille écrasée par l'épouse du lende-
main.— Toutefois il faut noter que
la mauve, avec laquelle se confon-
dait la menthe, figurait iusleraent, à
cause de son extrême mollesse, parmi
les plantes funèbres {f^o^. Adonis).
Il
MIR
MINUTIUS, dieu romain invo-
qué pour les minuties, avait a Rome
un sacellum près de la porte Minutia.
MIPHLESETH, dieu-pballe,
Priape ou Mitlira selon les uns ,
Hécate selon les autres, fut honoré
en Judée par l'aïeule d'Asa. Parvenu
au trône, Asa en fil réduire l'image
en cendres. (Rois, III, xv , i3jet
Paralip. , II, xv, 1 6). C'était peut-
être une divinité parèdre de Inial-
Vioxl {V. ce nom). Les textes saints
ptrtent aussi ISiplila : nous incline-
rions a croire que c'est plutôt Miphla
qu'il faut lire. Miphléselh serait un
motcoraposé ou une forme dialectique
(peut-être nuance fértiiuine : on sait
que Paies, Pallas et autres déesses
n'en ont pas moins le caractère viril).
La syllabe Jla rappelle le phalle.
Les peuples du INord regardaient
Miphléseth comme le dieu de la
terreur.
MIIlOROU,autrementFOÏTÉE,
un des quatre dieux de la ricliesse et
du bonheur, dans le sintoïsme japo-
nais, est représenté avec un ventre
énorme. Ce sont surtout les mar-
chands qui l'invoquent : outre la ri-
chesse, assurc-t-on, ils lui demandent
de la santé et des enfants (Kaimpfer,
Jiescli. von Japan^ I, 277).
MIR.TEE ( communément , mais
à tort, Mybtée, en latin Myrtus,
en grec Mv^raioç)^ vin^^t-troisième
dynaste de la liste d'Ératosthène,
suit le roi ou la reine ]N[itocris,el pré-
cède Thysimare. Ou traduit son nom
par don d'Ainmon-, effectivement
Mai , Ml , Ma , en égyptien , indi-
3uent l'idée de don 5 mais il est assez
ifficilc de deviner quelle portion du
mot Mirtée ou Myrtée, signifie
Aramou. Du reste on peut, en atten-
dant mieux, rapprocher ce nom des
suivants. Mares (neuvième dynaste),
Maris ( trente -quatrièrae), Meuros
MIS
to3
(vingt-huitième), Thyosimarès (vîn-^t-
qualrième)etMoschéri (dix-septième).
Peut-être en les confrontant, en les
contrôlant les uns par les autres,
approcher a-t-on de leur orthographe
véritable. Comme tous les dynastes
du latercule , Mirtée ne fut sans
doute qu'un Décan rangé au nombre
des rois et des êtres humains. Admis
ce point de vue, ce serait Sesmél,
(Tepiseuth de Firmicus) ou Clious, ou
Slochénê, ou Pliau ( f^Ofez Décans
et la table de concordance). Dupuis re-
marque que la constellation du Cocher
(Myrlile^ suivant les légendes vul-
gaires), se couche après Cassiopée et
se lève après Amraon , autrement le
Bélier; et, comme selon lui la Nito-
cris du latercule a de grands rapports
avec Cassiopée, il trouve dans celte
suite d'apparitions sîdériques la raison
et du nom doMyrlée et de l'ordre dans
lequel nous apparaissent INitocris et
Mirlée (Myriile), qualifié de don
d'Ammon ou fils d'Amoun ( Orig.
des Cultes , éd. Aug. , 1 822, t. vu ,
p. 75). ^
MISEE, M<(r«/«,mèredeBacchus,
selon les Orphiques est une MaVa ou
P»havani supérieure h Sivalui-même :
c'est Mahécna féminisé. Vierge, Mère,
Reine, Androgyne, et partout répan-
due, voilà ses traits principaux. Les
vers orphiques qui exaltent sa gloire,
reviennent adiré : et c'est la lune, c'est
la terre , c'est la nature , c'est Cybèle,
c'est Vénus, c'est Cérès, c'est IsIsjj.
Et en effet voyez quel rapport de son
entre Misée et Maha-Isi (la grande
Isis) ou Maisi (Isis mère). Isis rappelle
tant par le nom que par l'idée, Icani.
Ou peut aussi songer a la Mysie.
MISETSE , _ MisENUs , trompette
de l'armée d'Enée , défia un jour les
dieux de la mer de l'égaler en talent
musical. Triton, qui sonne de la
conque devant le char de N'>ptnne,v
io4
WIT
répondit a la bravade doMiscne, en
venanl le saisir et en le noyaul sous
les flofs. Enée lui éleva un tombeau
et donna son nom au cap Misène.
Virgile qualifie Misèue de phare
d'Éole..
MISERE (la), ^Erlmna, dans le
sens d'Angoisse, était la lillu de TÉ-
rèbe et de la INuil.
MISÉRICORDE. Foy. Pitik.
MISMA, Mfit>î, mère du Cad-
luile-Gigon Ascalabe (Ant. Liberalis,
Mètam. , c. 24 ). Creuzer soupçonne
avec raison que le nom est corrompu
{Syinh. H. ï\Iyth.,\\^ 467). On a vu
(art. Ascalabe) que ravciiture de
cet épbèbe- moqueur est attribuée
dans Ovide, à un Abas , fils de l'alhé-
nienne Méganire. Méganire et Misma
au fond ne »onl qu'une. Elles sont
l'Axiocerse femelle d'nnc tétrade ca-
biroïdique^ où Céres-Proserpine est
1 Axiéros.
MISOR, dieu syriaque, filsdeMyn
(ou Amyn), fut père de Taaut. Il est
aisé de démêler dans tous ces noms,
tantôt des dieux, tantôt de simples
épithètes égyptiennes et hindoues,
Mahécoura (le grand Acoura) Mahé-
cha, Amoun et Toth. Rien de si ualu-
rel que l'identification d'un dieu su-
prême, espèce d' Amoun de la Syrie,
de mage modèle, Mag; et rien de plus
aisé à comprendre que le nom de Mi-
sor, si c'est l'analogue de Mahécoura.
Le deuxième démiurge d'Egypte de-
vient souvent fatal , il s'cmane en Sovk
h Memphis, en Dédale dans Athènes ,
eu Telchine à Rhodes et dans le Pélo-
ponèse. Il est possible aussi que Misor
ne soit qu'une épitliète. — Comp. Ma-
UKCUA ou MAHIiCHACOtlRA, dont le
nom est devenu celui d'un état, le
JMaïssonr, Mysore des Anglais.
MITG est chez les Kamtchadales
la mer personnifiée. Dieu puissant ,
mais égoïste, Mitg euvoie les pois-
MIT
sons, ses agiles et tremblants esclave'»,
lui chercher dans la profondeur de
l'abîme, du bois propre à la construc-
tion de ses canots. On le représente
lui-même sous la forme d'un poisson
(Ici pensez aux Addirdaga, Dagox,
Oannî^s et Vicunou-Matsia).
MITHODIS, dieu cimbre, faisait
partie d'une Trinité de dieux subal-
ternes, analogue peut-être k celle des
trois Démiurges de l'Egypte. Peut-
être aussi celte Trinité ne résulte-t-
elle que d'uu dédoublement, comme
les Furies, les Gorgones, les Cy-
clopes. Et justement TEdda nous
présente un puissant magicien, Mi-
iholin qui s'est sans doute scindé eu
parèdres et en mlnlstrants, comme
en Grèce Iléphesle s'est émané en
trois Gydopes principaux, Argès,
Bronlès et Stérope.
MITHOTHIN, magicien modèle
selon la mythologie Scandinave, s'em-
para du trône d'Odin, absent à la
suite des infidélités de Frigga, et en-
treprit de se faire dieu. Au bout de
dix ans, Odin cessa de gémir sur la
légèreté de son épouse, revint au
ciel et força Milliolhln et ses adhé-
rents a céder la place aux Ases. Ce
mythe rappelle celui de la Gigan-
tomachie.
MITHRA,MiTHRAs, M/C/"«?, dieu
parsl , célèbre non-seulement dans la
région médo-persane, sa patrie, mais
encore dans l'Asie occidentale entière,
dans rÉgyple, dans la Grèce, dans
l'Italie , dans tous les lieux que sou-
mirent les armes romaines, a été dans
les temps modernes une des énigmes
les plus désespérantes pour lessavants.
Deux causes y ont concouru : i" l'état
de mystère auquel s'offre la religion
railhriaque dans l'occident; 2° le
vague avec lequel le Zend-Avesla
énonce le nom de Mithra. Parlons
de ce que Milhra olfrc en premier
MIT
lien de plas saisissaUe , soi! culle
dans l'occident. D'abord se pré-
senlenl des raonumenls en grand
nombre. Les plus remarquables sont
le bas-relief de Ladenbiirg, trans-
porté dans le cabinet de l'électeur h
Manbeiin ; celui de la villa Albani
(planclie xxvi, i3i, dans Guiguiaut,
trad. delà Symb. deCreuzer)^ ce-
lui de Felbacii , décrit par Satler
{Hist.de PVùrtenherg,^ag. i33,
192 , etc. )j enfin le inonument aux
douze tableaux, successivement décrit
par Horraayr (G. von Tyroi), Gio-
vanelli ( Ltttere ) , de Hamnier
{I^Vien. lit. Zeitschr.^ 1816, p.
1463, etc.)? de Pallhausen {To-
pog. roniano - ceit. ) , enfin par
Secl {Mithragcheininisse, 1823,
p. 496-557 ). Il faut y joindre deux
autres bas-reliefs trouvés à Mauls en
'I yrol et h Stix-Neusiedel (ce dernier
en I 8 1 6) , et une pierre gravée don-
née par M. de Hammer. L'idée es-
sentielle de la scène représentée par
les sculpteurs , c'est le meurtre d'un
taureau que l'on peut comparer au
vaste Aboudad, contenant le germe
des êtres, par un adolescent en bon-
net plirygien. La scène se passe dans
une grotte sous la voûte qui en forme
l'entrée. Le jeune assassin est négli-
gemment posé sur le dos du puissant
mammifère , comme sur un clivan ou
sur de moelleux tapis. Sa main plon-
ge un cimeterre persan dans la gorge
de sa viclirae, la lame aiguë est pres-
que tout entière cachée dans les mus-
cles du taureau qui lève la tête , et
semble pousser un mugissement plain-
lifj des gouttes de sang bouillonnent
en légère écume autour de la garde
du glaive. Le taureau est a demi
couché et plie les genoux ; un chien ,
un serpent, un scorpion, une four-
jni, s'acharnent autour des parties
géuitale$ du mourantt À ces trait?
MIT
io5
principaux se joignent, dans quel- "
ques monuments , de nombreux ac-
cessoires. Un personnage lient la
queue du taureau , et se trouve sur
le même plan que Mithra; dans sa main
est le bàlon, objet d'un vers sacré
dans les mystères. Ln lion et un oi-
seau se tiennent auprès du céleste sa-
crificateur. Les bas-reliefs de Laden-
burg et de Felbach présentent au-
dessous de ce sacrifice principal, #t
sur un second plan , un sacrifice ter-
restre: on voit le bàlon du pasteur
levé, le glaive tiré, la palèrepenchée,
le chien fixant les yeux sur le taureau,
le serpent plongeant dans le vase
mystique. Le bas -relief aux douze
tableaux , remarquable par la ri-
chesse des accessoires, offre deux ban-
des latérales divisées chacune en six
compartiments, dont quatre présen-
tent le bélier et le taureau, le lion
et le scorpion. Il n'est personne qui k
celte vue ne songe au zodiaque. Eu-
fin^ dans un de ces monuments , le
jeune homme a des ailes 5 a ses côtés
se voient un dieu qui élève un flam«
beau et un dieu qui a le flambeau
baissé. Ailleurs, c'est un être aux
formes et aux gestes priapiques, qui
darde des flots de semence sur le
taureau. Enfin arrivent les foudres,
les triples étoiles, les vans stimula-
teurs, les arbres semblables au pal-
mier de liom et au pin d'Atys , des
êtres mythiques entortillés de ser-
pents, le char solaire k quatre che-
vaux, les autels on brûle un feu éter-
nel. Le bas-relief de Slix-Neusiedel
f)araltavoirétépeinldetroiscouleurs,
)leu, rouge et blanc. Tous ces acces-
soires sans doute ne datent pas de la,
même époque, et ne peuvent préten-
dre k la même autorité. Toutefois il
est clair que sous ces broderies dif-
férentes persiste un même fond d'i-
dées, «acrifîce du taureaUi Ce sa*
io6
MIT
crificc est cosmogoiiique et solaire.
Un dieu jeune, beau, brillant, ro-
buste, égorge la victime. Ce jeune
homme n'est autre que le soleil : il
tue TanDce ancienne pour ramener la
nouvelle; d'un glaive d'or il perce le
sein de la terre , féconde femelle du
taureau; il laboure profondément des
flancs stériles pour y jeter k flots les
germes reproducteurs. Ces actes de
tk puissance solaire ont leur type dans
les phénomènes du monde entier.
Partout, c'est la destruction qui don-
ne naissance k de nouveaux èti-es. La
mort est la condition de la vie. Le
gazon et les fleurs ne tapissent que
des cimetières. Quant aux principaux
entours, on voit d'abord dans le chien,
le scorpion et la fourmi, détestés de
Zoroaslre , l'idée d'abrimanismc. Il
n'est pas sur que le serpent ait le mê-
me sens, du moins sur toutes les pier-
res mithriaques. Les deux flambeaux
Far leur position inverse indiquent,
un l'année qui finit, l'autre l'année
qui va naître. La grotte connue déjà
par tant de légendes indique hiver et
ténèbres, vie latente et utérine. C'est
l'Ioni , et, dans un sens moins haut,
c'est l'asile secret d'où l'on va s'é-
lancer a de hautes destinées. Achille
à Scyros, Haroéri k Ronto , ont Ik
aussi leur grotte mystique, froide,
opaque, aqueuse, et où ils ne vivent
que d'une vie préparatoire. La fou-
dre, le van, les étoiles, n'ont rien
qui doive nous embarrasser. Ou le
Î'eune dieu-soleil se sublime, et devient
e darde -tonnerre, le stimulateur,
l'étoile monade en qui se résument
les étoiles; ou bien il est sous la pro-
tection de tous ces êtres divins, et
leur sert de Cadmile. Il reste un fait
important, c'est celte espèce de dieu-
pàtre armé du bâton, et qui s'occupe
à lever la queue du taureau. ISous
croyons ayec Creuzer que c'est la
MIT
lune, la lune audrogync ou mâle, qui
tantôt élait censée ne recevoir la se-
mence du soleil que pour la rendre k
la terre, tantôt passait pour un dieu
fécondant {f^oy. Ltimis). Au reste
l'idée de pasteur et de nourricier-
producteur sellaient. A présent quel
est le nom du jeune dieu-soleil qui
tue le taureau? Le monument de la
villa Rorghèsc porte en toutes let-
tres : N\MA SebKSIO DEO SOLl IN-
viCTO MiTHR^,. Tous les doules sont
donc levés, et nous voilà certains que
le jeune dieu s'appelle Mlthra. Quant
K Sebesio, ce nom rappelle, il est
vrai, le Sabos ou Sabazios des Thra-
ces; mais nous n'en concluons pas
que c'est le nom du bouvier parèdre,
et moins encore qu'il veuille dire la
lune. Nous nous sommes expliqués
ailleurs sur le sens des deux mots que
nous traduisons par «Gloire k Siva! »
Siva et Sabos, Sabos et Bacchus se
tiennent de près; ils tiennent aussi de
très-près au soleil, soit comme in-
vincible, soit comme roi des mondes,
soit comme s'élançant de la grotte
montagne Mérou-Ioni, soit comme
rapide immolatcur. Nous ne voyons
pas qu'il tienne ainsi k la lune. Sans
donc prononcer encore que Siva,
Mithra et Bacchus ne font qu'un,
nous admettons un rapport entre eux,'
surtout lorsque nous remarquons la
posture et la physionomie de Siva sur
son taureau Nandi, — Les mystères
de Mithra se composaient sans doute
(fe dogmes et d'épreuves. Celles-ciij
étaient d'abord légères , puis violen-j
tes et presque insupportables ; c'était]
la natation, la prison, une coulinence
rigoureuse, de longs jeûnes, des fla-
gellations cruelles, enfin des tourments
de plus d'un genre, et qui souvent
mettaient la vie des aspirants en pé-
ril. Les épreuves duraient dequaraute-
cinq ou cinquante h quatre-vingt*
MIT
jours. Les récipiendaires étaient en-
suite baptisés. Un autre jour ou im-
primait sur leur front un sceau qui
les consacrait au bon principe 5 ce
sceau ians doute n était qu'une onc-
tion avec de l'huile et une pâte lé
gère. Plus lard, venait l'offrande du
pain et du vin 5 des paroles mysté-
rieuses accompagnaient celte cérémo-
nie. Enfin on mettait sur la tète du
néophyte une couronne, et il la reje-
tait par dessus l'épaule , en disant :
«C'est Milhra qui est ma couronne m .
Il gardait l'épée qu'on lui offrait en
même temps, et soudain il était dé-
claré soldat de Mithra, et saluait tous
les assistants du nom de frères d'ar-
mes ou syslratiotes {avarpuriurcci ■,
commilitones). La confrérie mi-
tbriaque était divisée en sept grandes
catégories , et par conséquent recon-
naissait sept grades distincts. C'est la
cette mystique échelle aux sept éche-
lons qui a joué un sigrand rôle dans tout
l'orient, et par suite dans l'occident,
depuis la période alexnndriue. Les
adeptes du grade inférieur se nom-
maient soldats- ceux ou celles du se-
cond s'appelaient lions s'ils étaient
hommes, hyènes si elles étaient fem-
mes 5 ensuite venaient au troisième
rang les corbeaux (Coraces, yA^otitis) ,
au quatrième les Perses, au cinquième
les Bromes {Bromii^ Bfôfiot)^ au
sixième les Hélis ou soleils (j^«/iï,
iixioi.) , au septième les Pères [Pa-
tres). De laies noms de Léontiques,
Coraciques (ouHiérocoraciques), Per-
siques, Bromiques, Héliaques et Pa-
Iriques pour désigucr tantôt les gra-
des , tantôt les solennités religieuses
ou les initiations à tel ou tel degré du
mithriasme. A la tête de toute la
hiérarchie était le père des pères,
grand pontife du culte secret de Mi-
thra. Chaque classe d'initiés était
distinguée par un costumç qui proba-
MIT
107
blemenl reproduisait, soit par l'atti-
tude, soit par l'habillement ou un mas-
que, l'animal auquel était emprunté
le nom du grade. 11 est question de
griffon , d'aigle , d'épervier 5 il serait
assez diindle de dire à qui ces noms ap-
partiennent.Toutefois, nous croirions
facilement que les griffons étaient le
cinquième grade (plus bas on va voir
pourquoi), les aigles le sixième, et les
éperviers le septième ou les pères.
Il ne nous manque donc d'espèce ani-
male que pour le quatrième grade,
c'est peut-être le taureau. Notoùs ici
que l'aigle était confondu avec l'éper-
vier, ce qui réduit deux grades à un
seul représentant volatile j et d'autre
part que le chef suprême n'a pas à lui
en propre un adéquate mystique par-
mi les animaux supérieurs. Au reste,
ce dernier fait n'est pas étonnant.
Ici rappelons les noms des quatre oi-
seaux sacrés parsis , Eoroch , Hou-
frachmodad , Eorochasp , Achtren-
gad. L'Eoroch , épervier selon De
Hammer, a pu être le représentant des
Pères. L'Houfrachmodad Simourgb
du même orientaliste aurait alors re-
présenté les Hélis (soleils-prophètes).
L'Achtrengad dans le nom duquel en-
tre certainement l'idée d'astre, et
qui sans doute est quelque gallinacé
au brillant plumage, l'oiseau-lyre par
exemple , aurait été le Brome 5 car
dans l'opinion de l'antiquité les astres
sont moins que le soleil: les étoiles
sont donc d'un cran au-dessous des
soleils. Quant à l'Eorochasp, ce se-
rait le griffon 5 car asp veut dire
cheval, et nous reconnaissons déjà
l'Éoroch pourl'épervier. Quelle était
l'autorité' du père suprême sur tous
ses fils? Une autorité despotique; et
probablement sa prétention était
d'offrir en lui sous les traits d'uu
homme un dieu incarné , Mithra
lui - même se perpétuant en une
to8
MIT
succession non interrompue d'Loroch
ou d'iioiumes sur cette terre qu'il
échauffe de ses rayons, qu'il éclaire
de sa lumière , qu'il ameuDlft de son
glaive d'or, qu'il féconde de ses efflu-
ves clhércs , qu'il vivifie de son
amour. On appelait Pater Patratus,
Tinitié auquel avait été conféré le
f)lus haut grade. — Les offrandes et
es sacrifices différaient selon les de-
grés d'initiation et selon les jours.
L'eau était bannie des Léontiques;
dans les Persiques on offrait du miel
à Milhra. Près d'Alexandrie et a
Rome on immolait des victimes hu-
maines. Adrien prohiba ces horribles
sacrifices, mais ils continuèrent ^ et
Commode, dit-on, immola de sa main
un homme a Mitlira. Le 24 avril
était fameux par la fête des Gryphes.
Les inities portaient des robes bario-
lées de bizarres figures dans lesquel-
les étaient réunis le mammifère au
long corps maigre et l'oiseau aux
griffes profondes , au bec courbe et à
l'immense envergure; on donnait par-
fois le nom d'olympique h ce genre
de dessin. — Origène nous a trans-
mis des détails curieux sur l'échelle
aux sept échelons. Ils étaient , le pre-
mier de plomb , le deuxième d'étain ,
le troisième de cuivre , le quatrième
de fer , le cinquième d'un amalgame,
le sixième d'argent, le septième d'or.
Voici les noms des dieux auxquels
chacun était consacré : Saturne , Vé-
nus , Jupiter, Mercure, Mars, la
lune, le soleil. Les raisons alléguées
k l'appui de chacune de ces consécra-
tions sont trop subtiles pour être
vraies. Toutefois , l'argent et l'or
symbolisaient, dit-on, par leur cou-
leur la lune et le soleil. Le long de
l'échelle , et correspondant k chaque
degré , étaientsept portes; k l'exlré-
mité supérieure il y en avait une hui-
tièmç, Mçœç en adniçUant la syn;-
MI'J'
bolisation side'rique , il faudrait re-
connaître dans celte échelle une
image physique du cercle que doi-
vent parcourir les kraes de plus eu
plus épurées et sublimées, pour arri-
ver k la béatitude et se réabsorber
dans l'èlre. C'est ici le cas de se rap-
peler les sept Cabires de la Phénicie
et le huitième qui est tout, Esmoun.
— L'idée de Milhra semble avoir
commencé k faire irruption dans l'A-
sie-Mlueure vers le 6" siècle avant
J.-C, et quand les conquêtes de Da-
rius eurent popularisé la puissance
persane au delk de la haute Asie. Les
troubles qui eurent lieu dans la mo-
narchie persane, l'expédilion du jeune
Cyrus, les soulèvemenls de l'Egypte,
Alexandre, la guerre qui suivit sa
mcrt, et enfin l'élablissemeul de
monaixhies helléniques dans l'orient
amenèrent Milhra sur les rives de
l'Oronle , du Méandre et du Nil.
Alexandrie, fournaise ardente où tou-
tes les doctrines turent mises en ébul-
liliou pour arriver k se fondre, vanla,
commenta Mithra, s'extasia, parce
qu'elle n'y comprenait rien, et en
donna une édition nouvelle aux cu-
rieux du monde grec - romain. Mi-
lhra arrive ainsi dans Rome vers
l'an loi de J.-C. Peu k peu il s'é-
tendait, mais sans doute par une
autre voie , au milieu des Alpes no-
riques et rétiennes; et c'est en effet
l'Allemagne qui nous a donné le plus
grand nombre de monuments mithria-
ques. Des données nouvelles, basées
sur l'histoire par masses des grandes
émigrations qui ont peuplé le monde,
et sur la comparaison des docUines
religieuses, permettent d'aller plus
loin: Milhra aurait sa racine dans
l'Inde, et serait k la fois un Siva et
un Yichnou. L'un et l'autre s'é-
manant de la Trimourli hindoue,
assument le rôle de soleile Siva je
MIT
nomme Souria : Mitra (ce nom mê-
me se trouve dans la liste des Aditias),
voila le nom deYiclmou.Milra possède
quelque cliose de plus pur, de plus
doux, de plus bienfaisant, que Souria.
En Perse donc, sous l'empire d'une
loi d'amour, Mitra eiface Souria,
l'absorbe presque tout entier, et se
place a un haut rang sur la liste des
divinités bienfaisantes. Quel fut le
foyer de son culte, la Perside ou la
Bactriane? Nous inclinons pour la
seconde , quoique la première ne
manque pas de raisons a faire valoir.
Alors deux routes s'offrent a Mitra ,
l'une au nord par les Paropamises et
la Transoxane; l'autre par le sud et
le long du golfe Persique et de l'Eu-
phrale, pour delà passer dans l'Asie
Mineure et en Syrie. Mitra envahit
les deux routes, et par l'une il se
glisse dans l'île de Tyr , entre dans
Alexandrie, débarque dans Rome;
c'est par l'autre que contournant la
Mer-Caspienne, franchissant la porte
de fer (de Derbend), laissant derrière
lui le golfe Putride, il file le long du
Danube , et va chez les rudes ancê-
tres des Hongrois, des Styriens, des
Grisons, inspirer de grossières sculp-
tures. Il y a plus : on le voit par cette
voie sans doute , plutôt que grâce
aux navigations phéniciennes , s'éta-
blir dans les Iles Britanniques (car
Milhra en irlandais ancien veut dire
le soleil) , et même M. de Humboldt
le retrouve dans le dieu mexicain
Tonatiouh. Peu de cultes ont donc,
quoique dans les ténèbres de l'orga-
nisation mystique, fait une fortune
plus brillante que la religion de Mi-
thra ; rien pourtant de moins précis
que son caractère, en Perse même.
Voici le résumé des phrases éparses
où le Zend-Avesta le nomme avec ces
éloges emphatiques dont il est prodi-
gue pour !ï moindre des esprits Or-
MIT
109
muzdiens. Mithra figure parmi les
Izeds. Ormuzd est son créateur, il est
soumis a Ormuzd ; il est plus grand
et plus brillant que les autres Izeds ,
il est le haut des hauts , il a l'éclat de
la lune , l'élévation de Tachter. On
l'invoque avec le soleil, il paraît en
même temps que lui; cependant il en
est distinct; il est le Hamkar d'Haran
et du Gab Séfandomad, il préside
seul au 16 du mois, et avec Ormuzd
au 8, au 1 5 , au 23. Il reçoit le Sa-
déré de tout être qui s'est absorbé
dans la perfection; il donne Tsour
(la vigueur), accomplit la loi d'Or-
muzd dans les hauts, et anéantit la
loi d'Aliriman. Sans cesse il élève les
mains vers Ormuzd , et le reconnaît
pour le souverain de la nature. Il a
mille oreilles et dix mille yeux; il fait
entendre une voix de vérité au milieu
des Izeds. Médiateur dans Béhccht
(la partie du ciel habitée par Ormuzd)
et sur l'AIbordj (la montagne primor-
diale), il procure aux hommes les se-
cours de llachnérast, couvre la lerrc
de fruits, de fleurs et de verdure. Par
lui de nombreuses populations se par-
tagent ces aliments. Il les défend des
attaques de l'armée ahrimanienne. Il
garde toutes les créatures. Héros
voyageur et coureur, il s'élance dans
l'espace armé de pied en cap , frappe
ça et là les fainéants, écarte Daroudj
des rues, des grands chemins, des
lieux habités ; trace k l'eau la route
qu'elle doit parcourir; donne le repos
aTIran. Il dispense la lumière et le
soleil k la terre; il place sur le trône
les bons rois , à la tête des provin-
ces les loyaux satrapes , dans l'ar-
mée les braves guerriers; il est bien-
faisant, compatissant, clairvoyant, vi-
gilant. actif; il donne la santé, la
vigueur. Ormuzd l'a comme placé eu
sentinelle sur Gorotman, bien au
dessus des quatre oiseaux. De la il
iio
MIT
t.
veille snr runivers. Il ressemble à
Houfrachmodad. C'est lui qui a insli-
iiié les liens moi-aux , qui a gradué les
rapports des liommes avec les hom-
ines, qui pèse les acliotis humaines au
passage du pont Tcliinévad qui sé-
pare les demeures mortelles du royau-
me de rélernilé. On doit Pinvoquer
trois fois le jour, au lever de Taurore
à raidi, au coucher du soleil. Un des
mois de Tannée parsi lui est consa-
cré, et dans tous les autres mois il a
un jour [f^o^. plus haut). Le péché
commis ce raois-la ou ce )our-Ih est
plus grave que les autres, et on ue
l'expie que par des pénitences plus
austères. Ainsi s'expriment les tex-
tes sacrés. Si nous les comparons
k ce que nous savons des cultes
étrangers au parsisme et des détails
non biographiques de la religion par-
sique, voici ce qui en résultera, i" Il
y a six feux (f^of. Béri'ckcingh).
Parmi ces feux se dislingue le feu
Mihr, soleil et amour, consacré k Vé-
nus. 2° De cette double propriété
(solarité, amour), on a conclu l'iden-
tification du soleil k bienfaisance,
harmonie, affinité, attraction, amour.
3" On a ensuite identifié le soleil-
barmonie - amour h une grande el
haute déesse. A" Le nom de la
grande déesse, c'est Milhra, le même
qu'Anahid (Yénus-Luna, disent les
traducteurs bellénoïdes). 5" Mitbra-
Mitbras est un androgyne dont tour
à tour prédominera le sexe mâle ou
le sexe femelle. L'Arménie a donné
la préférence a ce dernier. Des tem-
ples rivaux se sont voués au culte du
premier. 6" Milhras se dégageant de
Mltbra ne s'est point dégagé de
l'Ioni : il est resté k l'entrée de la
grotte qui est aussi l'Albordj , et en
t;énéral l'entrée, le seuil, le vestibule,
Xinitiupi général (comp. Zoroastre,
Blogr.itniv., LII, 457)- 7° ^i-
MNÉ
ibras-soleil organisateur devînt, non
pas soleil physique, mais l'esprit rec-
teur du soleil, l'intelligence solaire,
la pensée rccliice des mondes qu'elle
meut avec amour et en cadence , la loi
pensante. 8" Milhras soleil -pensée _
fut regardé comme le centre des mon- «
des, et k plus forte raison du so- '
leil et de la lune que l'on regardait
parfois comme deux pouvoirs oppo-
sés. 90 Mithras soleil au milieu du
monde , in medio , fut le médiateur
au moral , médiateur entre |c ciel et
la terre , médiateur entre Ormuzd et
l'homme, médiateur entre la lumière
et les ténèbres, médiateur entre le
péché et la pureté (c'est donc lui qui
inspire le repentir et ramène k la
vertu). 10° Mithras idéalisé s'élève
au rang suprême de la hiérarchie di-
vine , et c'est le premier des Izeds.
]\nl doute ; mais il est de plus l'Éo-
roch lui-même, il est l'Amchasfand Jl
des Amchasfands, il est Ormuzd, il 11
est Zervane-Akérènc.
MITRA, Vichnou-solcil aux In-
des. Voy. MlTHRA.
MNASIINOOS , M»««;<;«, fut fils
dePollux et de Pliébé IcLeucippide,
selon quelques auteurs.
MÎSEME, yiviiff^, une des trois
Muses primitives, /^oy. Muses.
MISEMOSYNE, ^h>,fco<r^y^, cé-
lèbre dans la mythologie romaine et
grecque comme mère des Muses
qu'elle eut de Jupiler, naquit du Ciel
et de la Terre, ou bien de Saturne et
de Rhée. Jupiter, pour la séduire,
s'était transformé en berger. Diodore
a fait de celte Titauide une fenmie
qui apprit aux liommes le raisonne-
ment, et imposa des noms a tous les
objets de k nature. Des modernes y
ont presque vu les procédés mnémo-
techniques.Une statue du Musée Pio-
Clémentin,!, 28, représente Mné-
mosvne le bras enveloppé dans sou
MNÉ
ample manteau el dans une ûUîlude
(|ui exprime la médilation. Mengs l'a
peinte sur le plafond de la raaguiflqiie
galerie de la Vl'la-Albani. Ou nom-
me quelquefois les Muses j\înéraosy-
nidcs on Mnémonides, c'est-a-dire
filles de IMuéraosyne ou filles de Mé-
moire; en effet Mnémosyne, en grec,
signifie Mémoire.
MINÈSE, Mvii'cro;, Mnksus, chef
iroyen tué par Achille.
MINÉSIMAQUE, Mkesimaghe ,
My/iTif^ci^^vi , avait été enlevée par
Euryliou, et fut délivrée par Her-
cule. Quelques-uns la font maîtresse
volontaire d'Euryliou.
MNESTHÉE, Mkesthexîs, Mv;?-
<rêi\iSi chef troyen, suivit Enée dans
l'Italie, remporta aux jeux donnés
en Sicile, pour l'anniversaire de la
mort d'Ancliise, le second prix de la
course des vaisseaux, se distingua
dans la guerre contre Turnus, et fut
la tige de la fnmiile Memmia.
MNESTHÈS, Ur>;<Têyjs, Grec tué
par Ulysse.
MNESTRA, ■^hUrçx : r- Da-
naïde, 2° la même que Métra {f^oy.
Erysiohthou).
MINEVIS , un des trois taureaux *
qu'honorait l'Egypte, îi titre d'une
incarnation solaire, était révéré dans
Héliopolis. Les deux autres étaient
Apis et Onfis ou Onufis (vulgairement
Omphis) auxquels il est permis de
joindre Bacis. Ces quatre noms se
résolvent en trois taureaux. L'opi-
nion est qu'Apis était consacré h la
lune, tandis que les autres l'étaient
au soleil. Il y aurait beaucoup K dire
sur ce système. A notre avis. Apis
serait plutôt le soleil , en tant qu'in-
férieur h la lune ou h la terre. Un
soleil lunaire eu quelque sorte; un
soleil descendu aux enfers, et y deve-
nant le juge des âmes (ainsi Indra est
Janaa, Osiris, Busiris, Jupiter,
3I0E
iir
Plulon). Bacis au contraire aurait
été le soleil, soleil dans toute sa
gloire (Bacchus, Bagliis, Bhagavan).
Mnevis aurait tenu de l'un et de
l'autre. Vrai soleil, il eût été pourtant
le soleil afiaibli^ vaincu, voilé par
les noires ténèbres. Le fait est que
Mnévis et Onfis devraient être noirs
et avoir le poil tourné en sens con-
traire des autres taureaux.
MOCHTARA, dieu arabe, le
même, dit-on, que Jupilcr.
MODGOUDOUR, chez les Scan-
dluaves, est la jeune fille hla(juc]ie est
confiée la garde du pont jclé sur le
Giault, et qui mène du monde d'en
haut dans le INiflhcim. Avant d'y ar-
river cependant il faut, neuf jours et
neuf nuits durant, traverser d'im-
menses et sombres forêts. Il passe
par jour vingt-cinq mille morts sur le
pont du Giault. Comp. Charon.
MOERAGETES, M./^^v^r;?,, en
français MEiîAGi;TE, c'esl-a-direcon-
ducteur des Parques, des Deslins:
1° Pluton; 2" Jupiter en Arcadie et
en Elide. Ce surnom , pour ce der-
nier dieu, est très-remarquable.
MOEROR (le Chagrin) est dans
Virgile le fils de la Mort , et a pour
frère Momus, pour sœurs les Hespé-
rides. C'est un des dieux allégoriques
que l'Enéide place h la porte des
enfers. Les Grecs aussi avaient divi-
nise le Chagrin, mais sous des noms
différents : i°Algos qui est du neutre
cl fils d'Eris; 3" Lypë, qu'Hésiode
montre sur le bouclier d'Hercule au-
près des Parques, Les représenta-
tions figurées du Chngiin n'ont au-
cune importance. C'est une femme
assise tenant ses genoux des deux
mains : c'est un homme a visage livi-
de, au teint hâve, aux dents ser-
rées, aux griffes aiguës, aux joues
sanglantes.
MOEZ, dieu druse, n'est autre
112
MOU
que Hakera dans sa septième incarna-
tion. Comme tel, de Maliadid, bril-
lant théâtre de son incarnation sous
le nom deKaiem, il se transporta vers
l'est, et fonda Rosette sur les bords
de la Méditerranée.
MOGHA NU ACHAT, fille du
sang des Eibbears (les Ibères), cbassa
du Munster en Irlande les Earnaci
qui avaient pour défenseurs Qonn-
aux-cent-balailles ; et alors eut lieu
le partage de l'Irlande en deux
grandes parties , la moitié de Mogba,
Leath-Mogha et la moitié de Qonn,
Leatb-Qonn. La dernière était au
nord. Le vrai nom de Mogba Nua-
gbat fut Eogan Mor.
MOGODA et SARIBOLT, dis-
ciples favoris de Bouddha {f^oyez ce
nom).
MOGON était adoré par les
Cadène8(peupleduISortbumberIand).
Une tradition portait qu'il avait dé-
fendu le pays des ravages d'un tyran.
On a trouvé en 1607, dans le River-
head, des monuments qui attestent le
culte de ce dieu.
MOGOSTOCOS. F. Ilithye.
MOHAINIMAIA ou MAHAMO-
HAINI, la fausse beauté aux Indes,
naît comme Lakchmi de la mer de
lait, et, quoique trompeuse et fantas-
tique, n'a point l'aspect assombrissant
et de'solé de Moudévi. A vrai dire ,
Lakchmi est plus Mohanimaïa que
Moudévi. Moudévi c'est la face unique
du pôle noir. Lakclimi etMabamohani
sont deux faces du pôle blanc. Ainsi
en Grèce la Néphélè dont les con-
tours simulent les formes de Junon
est plus voisine de Junon que la
sombre Proserpinej et justement
cette Képbéiê, de laquelle le nom
vient de se placer sous notre plume,
cettenuée, a l'aide de laquelle Jupiter
mystifie la crédule insolence d'Ixion,
est bien nu reflet de IMahamohani.
MOK
Au jour où Dieux et Aconrns'se sont
unis pour la distillation de l'Amrita ,
lorsque les génies funestes se sont
emparés du barril d'immortalité,
Vichnou emprunte l'extérieur sédui-
sant de Mahamobani, et moitié folâ-
trant, moitié usant de cette force in-
vincible qu'il développera dans ses
iiicarnalious, reprend le liquide pré-
cieux qu'il partage entre les dieux de
la lumière. Un peu plus tard la tête
de Rabou qui seule a su se glisser
dans les rangs dos futurs immortels
tnmbe sous ses coups (A^. Ambrosie).
Mahamobani excita les transports de
Siva lui-même et eut de lui un fils
nommé Aïénar. An reste qui pourrait
tenir rigueur h l'irrésistible beauté de
Mohanimaïa.^ aimable quand elle est
Maïa l'illusion véridique, nel'esl-elle
pas bien plus encore lorsqu'elle de-
vient Maliamoïani , l'illusion men-
teuse.''
MOKISSOS (les) sont, chez les
Congues du Loango, les dieux secon-
daires soumis à Zambam-Congo , qui
f)eut a son gré les châtier et leur ôtcr
a vie. Leur puissance pourtant est
grande. Rien au monde ne se passe
sans qu'un Mokisso s'en occupe.
Chaque homme même a le sien. Est-il
heureux et bien portant, c'est qu'il
est dans les bonnes gràcesduMokisso.
Survienne un revers, une maladie,
cela s'explique encore : le Mokisso
boude. Pour prévenir ces caprices
funestes, les vœux, les oifrandes,
les sacrifices ne manquent pas.
Kombre de Mokissos sont représen-
tés avec des formes animales, dont
presque toujours les oiseaux et les
mammifères font les frais. Le bois ou
des pierres grossières sont les maté-
riaux de ces statues inélégantes qui
s'élèvent, les unes dans les tem-
ples , les autres dans les rues et sur
(es grands chemins. Ces dernière»
MOL
sont beaucoup plus nombreuses.
MOKOCH était, chez les Slaves ,
le protecteur spécial des chèvres et
des moutons. Au reste un dieu plus
grand, Volosse, présidait aux trou-
peaux eu général.
MOKOURIS passe chez lesBoud-
dhistes Japonais pour un des apôtres
modèles. Il se montra d'abord sur les
côtes de Malabar et de Cororaandelj
puis peu a peu, à mesure que sa doc-
trine s'étendit, il envoya de saints
missionnaires annoncer les vérités
prèchées par lui-même : c'est ainsi
que le culte de Bouddha arriva à la
Chine et de la au Japon. Toutefois il
faut noter que le Bouddha prêché par
Mokouris se nomme Amida. Il y a
beaucoup de traditions différentes sur
l'introduction du Bouddhisme au Ja-
pon. Comp. Bouddha.
MOLES, MoLiE, déesse latine des
meuniers, passait pour fille de Mars
qui moud les hommes, comme la
pierre meulière broie le blé.
MOLION, M<.X/(ôv:i°filsd'Eu-
ryte , tué par Hercule, à OEclialie;
a" écuyer de Tymbrée , renversé par
Ulysse, au siège de Troie.
MOLIOINE, UuXtmri, femme
d'Aclor et amante de INeptune dont
elle a deux fils, Euryte et Ctéate, ap-
pelésdunom deleurmèreMoliouides,
Aclorides du nom de leur père puta-
tif. Les noms d'Actor [ÙK-ivi., rivage)
et de Neptune font penser k ime lutte
entre le continent elles mers. Celui de
Molione , que se partagent les deux
rivaux, semble être l'expression de
celte lutte. Molione est la femme des
combats, comme ledit Creuzer, mais
il ne faut voir rien en elle qui res-
semble à une Amazone.
MOLIONIDES, MaïKmylhs et
M*X<av/i^«6< , fils de Molione, épouse
d'Actor, et de Neptune, étaient quel-
quefois nommés Aclorides par allusion
MOL
ii3
à leur père putatif qu'Apollodore(liv.
II, ch. vu), Ovide {Met., l.VIII,
ch. vni) et Homère {Iliade, 1. II,
V. 621 ) prétendent avoir été leur
père. Selon le lyrique Ibycus , dont
Athénée (1. II, t. I, p. 221 , édition
Schweigh.) nous a conservé les vers,
les Molionides étaient sortis d'un œuf
d'argent. Un peu plus bas il les re-
présente comme inséparablement
unis l'un a l'autre {ïviyvt'ovi)'^ ce
qu'Apollodore confirme en disant
qu'à eux deux ils ne formaient qu'un
corps ( (Tu^tpue/f) , et ce qu'Hésiode
avait, long-temps avant le poète de
Locres , consigné dans ses vers. L'u-
nion intime des deux Molionides de-
vint une espèce de proverbe en Grèce,
s'il faut en juger par cette phrase de
Plutarque, dans son Traité de l'a-
mitié fraternelle ( 1. 11, p. 290 de
l'édition deWyttenb.): «De nos jours
on n'est pas moins surpris en voyant
deux frères d'accord, que si l'on
voyait les Molionides dont les deux
corpsétaient réunis en un.» Cependant
il paraît que tout le monde ne comprit
pas la tradition , et au lieu d'un né-
téradelphe pourvu de deux tètes et de
quatre bras, on imagina deux frères
doubles ((^<(|)j;£7f) et qui chacun avaient
deux têtes, quatre bras, quatre pieds
et im seul corps (Phérécyde, dans le
Schol. à^Hova.surll. , 1. II, v. 708),
Cléale et Euryte étaient leurs noms
spéciaux. Comme héros humains,
Ctéate et Euryte, neveux d'Augias,
prennent part dès l'enfance à la
guerre. Ce prince se soutient contre
les Pyliens commandés par Nélée.
Nestor s'élançait sur eux afin de les
immoler , lorsque Neptune leur père
les enveloppa d'un nuage épais et les
déroba auxcoups derennemi(i/£«^. ,
X, v. 708 et 749). Plus tard, ils
parurent aux jeux d'Amaryncée, et
remportèrent sur Nestor le prix de la
l-v.
ii4
MOL
course des chars. Enfîu, lors àe Vin-
vasion d'Hercule en Elide , ils vinrent
encore au secours d'Augias , tuèrent
Damcon, un des fidèles suivants du
héros ( Pausan. , 1. VII , ch. xx) , et
même expulsèrent de TElide le vain-
queur du lion de ]Ncmée. 11 est vrai
^u^ils ne durent la victoire qu'à la
perfidie : Hercule , malade, avait
conclu une trêve avec les Molioui-
des; ceux-ci la rompirent, et se je-
tant à l'iniproviste sur Tarmée d'Ar-
gos, la mirent aisément en déroute.
Hercule en courroux employa les
mêmes moyens contre ses vainqueurs.
Les Molionides se rendaient comme
députés des Ëléens aux jeux isllimi-
quesj toutes les hostililés étaient sus-
pendues dans la Grèce à cette épo-
que. Hercule se mit en embuscade h
Cléones et les tua. Long-temps après
on montrait encore leurs tombeaux
auprès de Cléones (Pausan., liv. II,
ch. I 5). Quant à Tinterprétatiou de
ce mythe , il est a peu près évident
que c'est moins aux aventures pure-
ment humaines prêtées h ce couple
héroïque , qu'a leur coexistence en un
seul et même corps, qu'il faut faire
attention. Le plus souvent on n'y
a vu que deux guerriers qui condui-
sent un char. Cléate et Euryte réunis
représentent, selon Creuzer, la ri-
chesse avec la force qui la défend.
Sans la guerre , sans une puissance
militaire protectrice {tupvTos, d'eu et
puoftxi avec signification active), il est
impossible de se maintenir dans la
possession de ses biens(»TéaT«;). «Qui
veut rester maître de sa terre natale
doit tenir d'une main le glaive , de
l'autre le soc qui fend la terre : il lui
faut deux bras pour l'épée et le bou-
clier (ou si l'on veut pour l'épée et les
rênes, pvrâ, du char militaire qu'il
dirige), deux bras pour stimuler la
leotiiur dje sc& bœufs, a JVt^s qu« diun
MOL
seul corps s'élance ce double appareil!
qu'une seu!e volonté soit proloniotrice
des deux paires de bras! celte expli-
cation admir.nhle commence à devenir
subtile, lorsque Creuzer, dérivant
Molione de Môlos (^«Aar, combat),
veut qu'Euryte et Ctéale, par leur
double nom de Molionides etd'Acto-
rides ( emblème en quelque sorte de
leur diphyisme) soient a la fois et des
hommes de guerre et des hommes de
paix, a Aclor , dit-il, est l'homme de
la mouture, du blé écrasé, moulu.»
D'autre part aussi Actor est homme
du rivage («xt«) et par conséquent le
symbole de cette côle sur laquelle
expire et se brise la puissance de la
mer. Ce n'est que lorsque enfin on a
mis un terme aux envahissements de
celte puissance terrible et conquis la
terre sur l'onde, que l'homme peut
acquérir des ricliesses et se livrer aux
opérations mUitaircs qui lui assure-
ront la possession de sa propriété :
c'est quand Actor a fait son apparition
sur la terre qu'apparaissent les Aclo-
ro-Molionides. Hcrmann ( Ueù, d.
TVeseii u. d. Behandl. d. My-
thol. _, p. 5 I ) regarde les Molionides
comme des hommes qui débai-quent
{cixTofis)f apportent par monceaux
(y«fciA«f) des marchandisesqui s'écoulent
bien(tû^uTeuf ), et qui leur procurent
de grands gains {kt'îxtx). En substi-
tuant ici à l'idée de gain celle de
denrées ou richesses quelconques ap--
por téespar les marchands d'Hermann,
on a certes une explication ingénieuse
et jolie. Mais ces idées n'ont rien
d'hellénique, ni même d'antique , et
elles ne peuvent que faire sourire urt
instant. On trouve une interprétation
de Welcker dans la traduction fran-
çaise de Creuzer , tome II, Tioii 3.
MOLOCH, moxix. , est le plus cé-
lèbre dieu de la famille phénicienne
des Mlaehira, c'est-à-dire de celte
MOL
famille de divinités dont tous les
inembi'es portent le nom de Mélecb ,
comme Auamélech , Adramélech, Ma-
lachbel. Me'lech ouMoloch, dans les
langues sémitiques, veut dire roi.
Ainsi , par lui-même , et quand nul
autre mot ne vient en déterminer le
sens, c'est moins un nom qu'une qua-
lification générique également appli-
cable a tous les dieux. Nous savons
qu'il en était de même des mots Baal,
Adonaï, Marnas. Toutefois, dans
l'usage, ces noms d'une vague géné-
ralité s'appliquent plus souvent à
quelqu'un. À qui s'applique le nom de
Moloch?ll est clair que pour résoudre
cette question , il est bon de jeter
préalablement un coup d'oeil sur le
culte, sur le caractère , sur les formes
du dieu. Seulement notons h l'avance
que , l'esprit du culte pbénicien avant
été essentiellement solaire et sldéri-
que, tout nous porte a présupposer
que Moloch fut ou une planète ou le
soleil. La lecture de divers passages
soit de l'ancien soit du nouveau Tes-
tament ne peut laisser aucun doute
sur ce point (^oj^ez entre autres,
Sopbonie , ch. I, v. 4 et 5^ Amos,
ch. V, V. 6, et jéct. (les Apôtres,
ch. VII, V. 4^2 et 45)- C'est dans le
Cbanaan , et plus parliculièrement
chez les Ammonites, que fleurit le
culte de Moloch. Les législateurs, Içs
prophètes y reviennent a chaque
instant, et l'interdisent aux Israélites
avec les menaces les plus sévères, La
mort seule peut expier le crime de
celui qui a sacrifié k Moloch {Lcvit. ,
ch. XX, V. 2). Cependant daus le
désert même et quand Moïse , à force
de miracles, arrachait ses compa-
triotes K la servitude d'Egypte , les
Hébreux faisaient déjà des vœux h
Moloch (Amos, pass. cité). Plus tard
Salomon lui éleva un temple tout
près de Jérusalem , 8«ir le luuut des
MOL
n5
Oliviers. Trois siècles après Pioipie
successeur d'Ezéchias renouvelle cet
exemple et consacre son fils au dieu
des Chanaanites. Peut-être même ja-
mais ce culte, tantôt protégé, tantôt
toléré par les rois, ne souffrit d'in-
terruption réelle, et la vallée de
Tophet et d'Hcnnon, à l'orient de
Jérusalem, vit toujours affluer soit
ostensiblement, soit en secret, la
foule des pèlerins superstitieux.
L'occident connut aussi ce culte que
nous retrouverons il Carthage. Dé-
crire tous les détails des sacrifices h
Moloch ou des cérémonies pratiquées
dans son temple seraitimpossible.il
est présumable que les premiers
furent aussi variés que les dernières
étaient compliquées et minutieuses.
Ce qu'on a le plus répété c'est que
l'on brûlait des enfants tout vivants en
son honneur. Que cette horrible pou-
turae eût été en effet vantée par les
prêtres et mise en pratique, c'est ce
dont on ne saurait douter sans nier
tout ce qu'il y a de plus incontestable
dans l'histoire 5 mais il est à croire
que l'on s'est plu à exagérer le nom-
bre des victimes dévorées par le
dieu, et que presque toujours la ce'-
réjiionie se réduisait h faire passer les
enfants par les flammes, ce que le
charlatanisme sacerdotal appelait
j)uritier par le feu. Celte consécra-
tion valait beaucoup d'argent aux
prêtres- et ils la recommandaient à
tous les gens disposés a les entendre :
ne point l'aire passer son fils par les
flammes, c'était l'exposer h tous les
dangers. Les rois mêmes obéissaient k
ces injonctions, et c'est aiusi qu'on
voit le fils du roi juif Manassé , puri-
fié par lefeudans la vallc'ede Tophet.
Mais qu'à chaque instant le fanatisme
allât jvisqu'k brûler vifs déjeunes en-
fants, que des mères pieuf émeut bax-
baies «nvoyasieat te^rs fils de \^ aui-
8.
1x6
MOL
MOL
«elle alaslaluedeMoloch, pour qu'ils
n'en revinssent pas, qu'à Tcpoque où
Agalhocle vint mettre le siège devant
Cartilage , deux cents enfants des pre-
mières familles de la ville aient élé
ofiferfs en holocauste au prolccleur de
l'empire , c'est ce que des historiens,
plus véridiques et plus sceptiques que
les anciens , ne feront jamais admet-
tre. Même ainsi modifié et déblayé des
atrocités dont on l'a surchargé, le
culte du dieu de Clianaan et de Car-
ihage est encore assez horrible. Selon
Diodore de Sicile {Biblioth., liv. xx,
eh. XIV, éd. Wesseling) combiné avec
les récits des Rabbins ( yoy. Sel-
den , 1 , 6), la statue de Moloch était
de métal et avait les bras étendus
comme pour embrasser les offrandes
humaines , qu'apportaient ses adora-
teurs. D'autres disent que ses bras
étaient penchés vers là terre. A ses
pieds et quelquefois dans son inté-
rieur, était allumé un grand teu. D.ms
cette fournaise invisible venaient s'eii-
gloulir les victimes que l'ori posait dans
les mains de l'idole. Probablement des
ressorts intérieurs, dont le jeu était
connu des prêtres, faisaient tomber
ces tristes offrandes des bras du dieu
dans la flamme que cachaient ses
Earois. On dansait au son des cym-
ales et des tambours autour de la
statue pour étouffer les cris des vic-
liines. Les statues ainsi décrites, ou
l'ont été superficiellement ou n'étaient
que d'un rang secondaire. Mais pro-
bablement il y avait des idoles plus
complètes. Telles furent celles que
mentionnent les rabbins Siméon et
Salomon [ployez dans Selden). L'i-
mage creuse , comme toutes les au-
tres, présentait a l'extérieur sept com-
partiments, capsules ou petites cham-
hrettes (conc/awrt Molochi), dans
lesquelles on déposait les offrandes.
La première était destinée aux végé-
taux , h la farine : dans la secoiiB
se plaçaient les tourterelles 5 dans la
troisième une brebis, dans la qua-
trième un bélier , dans la cinquième
un veau , dans la sixième un bœuf;
entin dans la septième des enfants.
Une cavité intérieure contenait la
flamme qui devait consumer ou pu-
rifier les offrandes. Vraisemblable-
ment , lorsqu'il ne s'agissait que d'une
consécration par le feu,, l'enfant ou
robjft qu'on voulait soumettre à la
purification était conduit par les
ressorts dans une espèce de canal
dont les parois d'airain le séparaient
de deux brasiers latéraux. Peut-être
quelquefois recevait - il la vapeur
d'objets sonmis à la combustion, et
en élait-il quitte pour des fumigations
violentes. Au reste ces modes de pu-
purification purent varier a l'infini.
Ainsi, paf exemple, dans les Pa-
lilies romaines, les enfants snulaient
par dessus jjes flammes. ( Corap.
Ovide, Faslts, liv. IV, v. 781,
et comm.) Les adorateurs d'Apollon
au mont Soracte en Italie, ceux de
Diane Pérasie en Cappadoce, pas-
saient pieds nus sur des charbons
ardents. Le rabbin Lévi Ben Gerson
(liv. IV) prétend que dans la vallée
d'Hennon les enfants passaient entre
deux bûchers, ou entre deux feux
placés vis-a-vis l'un de l'autre. Quelle
que lût la statue, il est à croire que,
dès que l'on se jjornailh la purifica-
tion par le feu, de nouveaux ressorts
portaient l'enfant ou l'objet purifié
hors du corps de la statue. Dans le pays
des Ammonites elle était très-riche.
Sur sa tète était posée une couronne
d'or, ornée de pierreries, le tout du
poids ou du prix d'un talent (le poids
serait 126 livres, et par conséquent
indiquerait, en supposant le métal
au titre de y 00, une valeur de
4.00,000 fraacs)^ sur son front étin-
MOL
celait une perle de la plus grande
beauté : le corps du dieu était de
pierre, mais doré depuis le haut
jusqu'en bas : de plus il était assis
sur uu trône et avait de chaque côté
une statue de femme pareillement
assise. Dans Carthage devenue ro-
maine, les termes ainsi que les mots
lurent modifiés, et Saturne prit la
place de Baal : il ne faut pas eu
conclure avec Creuzer que celte rao-
dificalion ait été au piint de con-
fondre le dieu avec Apollon. Que cette
statue colossale d'Apollon conquise k
Gela en Sicile, par les Carthaginois,
puis donnée par eux a Tyr , leur mé-
tropole (Diod. de Sicile , livre XIII,
io8, et XVII, il ,^6j Plularque,
f^ie d' Alex., ch. xxiv; Q.~Curce,
livre IV, ch. m)j que celte autre
statue colossale dorée , transportée de
Carthage a Rome par Scipion vain-
queur {Foy. Plut. . p^'ie de F la m.
ch. I 5 Polyb., liv. VII, ch. ix) aient
représenté un Baal , et que Moloch
lui-même ait porté le nom de Baal,
ces deux faits peuvent être admis :
mais qu'en résulterait-il?que Carthage
adorait plusieurs Baals, dont l'un
sembla aax Romains un Apollon,
tandis que l'autre leur semblait un
Saturne. A une époque plus an-
cienne, Moloch avait été figuré avec
une tète de veau ou de taureau.
Maintenant reprenons le problème
posé au commencement de cet ar-
ticle : qu'est-ce que Moloch? Sel-
den , Beyer et surtout Fourmont
{Mém. de l'Acad. des Inscript. ,
t. III, p. 56-69) cherchent a expli-
quer l'origine de toutes les traditions
relatives k Moloch par des faits
historiques de la vie d'Abraham.
Nous nous dispenserons de les suivre
dans cet inconcevable examen. Disons
la même chose d'Ant. Fouseca qui,
a l'aide d'analogies superficielles et
MOL
117
d'hypothèses absolument gratuites,
s'est imaginé que Moloch el Priape
ne faisaient qu'un. Dupuis {Origine
des Cultes, t. III, p. 525, etc.)
incline k croire que Moloch n'est
qu'un des noms de la planète de Mars:
à l'appui de cette opinion, il rappelle
que les Carthaginois dans leurs guerres
malheureuses contre Agathocle solli-
citèrent l'aide de Moloch 5 il invoque
la couleur éminemment rouge de la
planète, couleur a laquelle semble
faire allusion le moiÀzer, Azder
qui entre dans la composition du nom
Àdramélech, dieu des SépharvaVtes,
selon Hyde [De rel. vet Pers. ), et
conséquemment le même que Moloch
selon Dupuis. Ces raisons paraîlrout
sans doute bien pauvres k nos lec-
teurs. Dupuis fait preuve de plus
de perspicacité , lorsqu'ilf^ soup-
çonne un Moloch bucéphale iden-
tique a Mithra monté sur le bœuf,
et lorsque , après beaucoup d'autres
il est vrai , il rapproche de la légende
du dieu aux sept capsules les sept
f)yrées qui brûlaient autour de Mithra,
es sept portes par lesquelles, pour
transcrire textuellement le langage
mystique, les initiés devaient passer
dans les mystères de Mithra. Eu
suivant ces idées, nous arriverions à
voir dans Moloch la personnifica-
tion du système planétaire des anciens
(les sept capsules, les sept pyrées,
les sept portes étant autant de sym-
boles de leurs sept planètes) ou le
soleil lui-même. Gér. Vossius [De
orig. et prog. idolol.) développe
très-habilement la dernière de ces
deux opinions. Sabbathier a consigné
la première dans son Diction, pour
t intell, des cuit, class. , t. XXIX,
pag. 233 j art. Moloch. Doiu Cal-
me t {Die t. de laBilf., art. Moloch)
n'a point ouvert un avis méprisable
en faisant de Moloch un dieu heraja,-
ii6
MOL
Shroditf , tour-a-toHr soleil el lune.
lais l'opinion commune qui identifie
Moloch k Saturne est encore la
meilleure. Aslroiogiqueinent parlant,
Saturne est un astre sinistre; astro-
nomiquement, c'est un asire énorme,
c'est le plus élevé, le plus distant de
tout le système planétaire des anciensj
mythologiqueracnt , il dévore ses fils.
Certes il n'est point sans rapport avec
le soleil, car perpétuellement les my-
thologies ont lié ce grand astre et les
planètes : k Isis ou la Lune l'Egypte
annexa Vénus ; a Osiris ou le soleil
elle joignit Jupiter , mais quelquefois
Jupiter el Saturne, Jupiter comme
«ienfaiteur , Saturne comme destruc-
leur. En ne quittant point la sphère
solaire Jupiter est nn Ormuzd , un
Viclinou, Saturne uu Aliriman, nn
Siva. Or , si dans un système où le
soleil garde la primauté il revêt qucl-
qites caractères de Saturne et de Ju-
fiiter , dans ceux où quelque planète
ui ravira le premier rang celle-ci
empruntera quelques caractères du
soleil. Doit-on s'étonner après cela
que Moloch ait jusqu'à un certain
point une physionomie solaire, et que
des savants l'aient rapproché, les uns
de Mithra, les autres d'Apollon? Tou-
tes ces conjectures sont vraies , mais
elles ne posent que sur des traits épi-
«odiques : le fond de Moloch, c'est
Satorne.
MOLON était honoré comme un
dieu à Gortyne, où on le regardait
comme petit-fils de Miuos.
MOLONGO est l'Être-suprême
chez les peuples voisins du Monomo-
tapa. Au reste, ils donnent ce nom à
leurs rois, auquel ils prodiguent les
titres magnifiques de souverain de la
nature, seigneur du soleil et de la
lune, roi de la terre et de la mer,
etc. , etc. Lés seuls objets de ce culte,
après Molongo et les rois, ce sont
MOM
les îlities en l'honneur desquelles il
célèbrent une fête dite Musimos.
MOLORQUE, MoLOBcnus, M«-
>ie»x,eç, dieu-berger de Cléoues, donna
l'hospitalité h Hercule qui, pour le
récompenser, tua le lion de INémée,
redoutable aux habitants de Cléones,
ainsi qu'à ceux de la vallée k laquelle
il dut $onnom. La lésrende ordinaire
o
ne fait pas mention de Molorque,
C'est sur l'ordre d'Eurysthée qu'Her-
cule va combattre le lion dévastateur
de l'Argolide. On institua en l'hon-
neur de Molorque des fêles dites
Molorchies.
MOLOS , MoLus , MZXûç : i fils
de Mars et de Démonicel'Agénoride ;
2" fils du roi de Crète MinosII;
5* fils de Deubalion , frère d'Idomé-
née el père de Mérioue.
MOLOSSE , MoLossrs , Ma^ao-
a-is , héros éponyrae des Molosses et
de la Molosside , contrée de l'Épire,
passait pour fils de Pyrrhus et d'An-
clromaque. A la mort de son père,
Hélénus, troisième époux d'Andro-
maque, prit les réûes de l'Epire.
Molosse ne fut que son successeur.
On voit Molosse dans l'Andromaque
d'Euripide , qui du reste ne lui donne
qn'un rôle des plus secondaires.
MOLPADIE , MoLfADi A : i " Ama-
zone qui tua Antiope devenue femme
de Thésée; 2° fille de Slaphyle, ho-
norée aCastalie(^oj'. Parthénie).
MOLPHÉE, MoLPHEUS, un des
adhérents de Phinée dans la rixe qui
eut lieu aux noces de Persée et d'An-
droniiède, fut tué par Persée.
MOMIME, MoMiMus, et AZIZE,
étaient les patèdr es du Baal (soleil)
d'Édcsse. Jarablique en faisait Mer-
cure et Mars.
MOMLS', mZ/^cç, dieu de la spi-
rituelle ironie et du sarcasme, n'est
que la moquerie personnifiée. Hésiode
le uomme , mais saos entrer daus le
MON
raoînclre détail sur son compte. La
haute antiquité n'y a pas songé da-
vantage. En général une gravité res-
pectueuse présideau berceau des êtres
dirins, et ce n'est que quand on s'est
déjh, un peu familiarisé avec ces cé-
lestes soliveaux que l'on corainence à
mettre le mot pour rire dans les lé-
gendes. Tout ce qu'on a imaginé sur
Momus est relativement moderne. Il
lançait , dit-on , le brocard sur les
dieux mêmes. Neptune , Vulcain et
Minerve l'ayant prié de juger de l'ex-
cellence de leurs ouvrages , il les cri-
tiqua tous trois. Neptune eût dû mettre
au taureau les cornes devant les yeux
ou du moins aux épaules. La maison
de Minerve eût dû êlre portative en
Cà'S de mauvais voisinage. L'homme,
ce chef-d'œuvre de Vulcain , eût dû
avoir une petite fenêtre au cœur. Mo-
mus alla jusqu'à critiquer la chaussure
de Vénus. Il est vrai que , pour un
épigrammatisle de profession , lancer
on mot sur la chaussure et se taire
sur le reste, c'était avouer la beauté
de la déesse. Le seul trait anti-
que dans tout ce qui nous a éti^ lé-
gué sur Momus, c'est qu'il était fils
du Soleil et de la Nuit. On le repré-
sente un masque et unejmàrott* a U
main. ' - - '
MONÈQUE, MoNiËcuà, gnerrier
colque, fut tué par Jasôti.
MONETA, Junon. Ce surnom est
célèbre. Il nous montre dans Junon,
la Sakti, le Logos, l'intelligence de
Jupiter. Junon alors est une Minerve
(Rac. : mens ^ d'où même moneré).
Au reste, selon le vulgaire, Junou
Moueta présidait dans Piome au frap-
page des monnaies. La légende fai-
sait remonter l'origine de cette aUri-
bution au temps de Pyrrhus. Pressés
par le besoin d'argent, les Romains
s'étaient adressés à Junon. La déesse
tes tira biçntôtdç pémc y bû ne! dit
MON
"9
pas comment. Sans doute le miracle
consista tout siraplemeut à vider le
trésor enfoui dans les cryptes du tem-
ple. Junon Moneta avait un temple
au Capitule , sur la place oii jadis
s'élait élevée la maison de Manlius.
Ce feraple fut l'hôtel des monnaies de
la république et de l'empire. Aussi
les médailles représentent-elles sou-
vent Junon les balances et la corne
d'abondance dans les mains, et un
monceau d'argent monnayé sous les
pieds. — Il est simple qu'on ait fait
de Moneta la mère des Muses; car
Mens, Mnémé, Mnémosyne, Moneta
furent synonymes. Mais cette généa-
logie, qui ne se trouve que dans Hy-
gin, fut mal entendue a une époque
oîi l'appât du lucre formait toute l in-
spiration des poètes. Quelques ray-
thographes, songeant au sens de ino-
neo , et non au sens radical , dirent
que ce nom signifie l'avertisseuse,
et qu'il fut donné a Junon lors d'un
tremblement de terre pendant lequel
une voix inconnue, sortant du temple
de la déesse, avertit les Romains de
sacrifier une truie pleine pour apaiser
les dieux.
MONGH-RUADH ou MACHA,
la grande déesse des Némèdes (une
des races qui peuplèrent l'Irlande),
a été transformée par l'histoire en
une héroïne humaine , reine et con-
quérante. Il existe sur son compte
plusieurs traditions. Les voici selon
M. d'Ecksteiu. — 1. a Trois princes
issus d'Ir, prétendus monarques de
toute l'Irlande, et fils de trois frères
quigouvernaientle royaume d'Ulster,
régnaient chacun a son tour pendaiit
vingt ou vingt-un ans. C'est là une
disposition systématique particulière
à cet arrangement de l'histoire irlan-
daise , et qui s'y reproduit coustaui-
ment. Ou y voit toujours trois prin-
tki d§ la même ràcç prendre altèr-
lao MON
nalivemeni les rênes du gouvernement
pendant un espace de temps donné ,
ou se succéder régullèreraent ; et tous
périssent de nnort violente. Cette ar-
tificielle combinaison ne laisse aucun
doute à quiconque a étudié Tantiquité.
Après s'être long-temps disputé rem-
pire , les princes dont nous parlons
convinrent de régner sept années cha-
cun, et de se céder l'empire à l'amia-
ble. Ces sept années répétées trois
fois composent le total de vingt-un
ans accordés a chacun des rois. De
même , quand les Milésiens abordè-
rent eu Irlaudc, trois dieux des Tua-
tlia-Dadan, trois frères y régnèrent j
ils se disputèrent l'empire jusqu'à ce
que la même convention d'alterner
le pouvoir, au lieu de le partager, les
eut pacifiés et réconciliés. La reine
Macna étiiit fille de l'aîné, femme du
cadet de ces frères. Elle se nommait
Mongh-Ruadh, aiix cheveux roU-
ges ; son père, Aodh-Ruadh , se
nommait aussi le rouge (ruadh). Le
second des cinq frères a cinq fils qui
disputent l'empire a Mâcha, et ne
veulent pas qu'une femme soit maî-
tresse du gouvernement. L'héroïne
Maclia , redoutable amazone , triom-
phe des cinq princes rebelles. Obser-
vons encore ce nombre de cinq con-
stamment reproduit dans ces mythes
irlandais dont on a fait de l'histoire.
Par exemple , le père de Mâcha tue
les cinq Luighaidh qui se ressemblaient
de figure comme de nom. Ces cinq
Luighaidh rencontrent dans la forêt
une sorcière décrépite, ils la touchent,
elle devient jeune et belle. Mâcha se
rend aussi dans la forêt où se sont
cachés les cinq ennemis qu'elle a
vaincus. Pour se rendre méconnais-
sable , elle voila ses cheveux rouges ,
puis elle s'approcha de l'endroit où
les frères venaient de faire rôtir un
ours sauvage. Les jeunes gens la rç-
MON
gardèrent avec étounemenl, et l'invi-
tèrent h partager leur repas, ce qu'elle
accepta. Uu des princes, épris de ses
charmes, lui demande une entrevue
secrète qu'elle lui accorde. Dans ce
rendez-vous Mâcha saisit le prince ,
le garrotte, l'attache a un arbre, et
revient trouver les quatre frères
Qu'elle séduit tour a tour, attire dans
es lieux écartés, et enchaîne sépa-
rément. Ensuite les ministres de Mâ-
cha condamnent les princes a mort j
mais Mâcha leur laisse la vie sous la
condition qu'ils lui bâtiront uu palais.
Elle se sert de la grande aiguille qui
rattache ses cheveux pour tracer le
plan de cet édifice nommé Eomuiii
(Eamhuin) Mâcha, du nom de l'ins-
trument employé pour en faire le
tracé. Ce fut ensuite la résidence des
rois de l'Ulster. » 2. «Suivant nue
aulre version de la même fable , Mâ-
cha est femme de Qruin, filsd'Adna-
nihuin. Il faut savoir que Némed,
époux de Mâcha , est aussi le fils de
cet Adnamhuin, l'une des divinités des
Tiiatha-Dadan. Ainsi Qruin n'est que
Wémed lui-même sous une nouvelle
forme. Qonnor, roi de l'Ulster, con-
traignit Mâcha à entrer en lice pour
disputer le prix de la course h ses
chevaux. Elle remporta le prix, et
arriva la première au lieu où fut bàli
le palais qui porte son nom. Elle était
grosse, et accoucha de deux jumeaux,
un garçon et une fille. Dans les dou-
leurs de l'enfantement, saisie d'in-
dignation contre la barbarie de Qon-
nor, elle lança une malédiction contre
les guerriers de l'Ulster. Pendant
long-temps les héros du Clanna Ru-
ghraide furent en proie h des douleurs
qui ressemblaient à celles de l'enfan-
tement. C'est le souvenir effacé d'un
mythe fréquent dans les religions an-
tiques, et qui se rattache à la doctrine
d'une nature active et passive, tour K
MON
tour souffrante et réhabilitée. Suivant
celte croyance, les dieux changent de
sexe, d'hommes deviennent femmes,
de femmes hommes, -et leurs secla-
teurs les imitent. — « Cette Mâcha ,
continue M. d'Eckslein, celte Mâcha,
déesse des Némèdes et des Tuatha-
Dadau > des ponlifes et des agricul-
teurs de Faiicienne Irlande, est trans-
formée en Amazone dans l'Irlande
guerrière. Elle devient reine , elle
reste établie dans l'Ulster, introduite
dans son histoire j et cependant, même
K travers celte métamorphose, on voit
encore percer le caractère de la vieille
divinité , d'une déesse de la nature
passive et active, au génie hermaphro-
ditique. Au sexe delà femme, Mâcha
joint le génie de l'homme : elle esl la
seule femme qui ail gouverné l'Irlan-
dej elle adopte, encore enfant, Ugaiue
More , ce grand roi qui porte les ar-
mes mllésiennes sur les rives de la
Gaule et de l'ibérie, où il exerce en-
core ses pirateries. Pour dernière
preuve de l'identité de Mâcha avec la
déesse des]\émèdes,aioulons que dans
l'histoire de celle-ci on voil également
paraître quatre frères, quatre archi-
lecles. Ce sont quatre Foraoraïcesou
pirales établis dans l'Ulsterj ils op-
primentNémed et Mâcha, son épouse.
Ils sont vaincus et forcés de construire
un palais pour Némed. Deux de ces
frères ou architectes se nomment Bog
et Robhog : ce sont lesllobhogdii de
l'Ulster dont parle Ptolémée. Quand
les Milésiens devinrent maîtres de
l'empire , une partie des anciens pira-
tes^ qui avaient quitté leur roélier
pour se confondre avec les aborigè-
nes et devenir agriculteurs , furent
contraints de bâtir des forteresses
pour les conquérants 5 de même que
dans les temps antérieurs ils avaieutété
forcés de construire des temples pour
les Druides, Tel est le sens de cç raj-
MON
121
the défiguré des pirates architectes.
Némed fit égorger, selon la tradition,
ces quatre architectes le lendemain
du jour où le palais fut achevé. Il
craignit qu'ils ne construisissent pour
d'autres des palais aussi magnifiques
que le sien. Doire Lighe fut le théâ-
tre de ce meurtre accompli au lieu
même où ils avaient terminé leur édi-
fice, monument de leur génie. Chez
beaucoup de peuples anciens on re-
trouve la même fable : souvent le sang
d'un homme arrose et consacre les
murs du palais bâti par un prince;
souvent aussi le cadavre de l'archi-
lecte lui sert de fondement. Des tra-
ditions toutes semblables se retrou-
vent paruii les Russes , les Scandina-
ves et les Serviens. Chaque temiile ou
réside le dieu de l'univers, chaque
palais où demeure le roi , ponlifc-
gucrrier qui représente cette divinité,
offre le symbole du monde entier qui,
selon beaucoup de mythes, a été ci-
menté par le sang d'un dieu créateur
de l'univers, offert en holocauste pour
conserver sa propre création. LesFo-
moraïces ou pirates enseignèrent,
dit-on , aux ISémèdes l'art de cons-
truire des maisons. Ensuite Némed
défrichadouzeforêlSjdou7,emrtr^/i5.»
MOINOECUS ou MONOECOS,
Môvontos , Hercule sur une petite cri-
que de la Méditerranée , où la huile
qui lui était consacrée ne portait au-
cune image d'autre dieu ( ftovos ,
seul, û/x.jiv, demeurer). Ce lieu devint
dans la suite la ville de Porlus Her-
culis Monœci, aujourd'hui Monaco.
MOiNTAGNES (les). Montes,
"Op, figurent dans la Théogonie d'Hé-
siode comme filles de la Terre seule.
Elles apparurent après Ouranos (la
voûte céleste personnifiée) et avant
Ponlos (le profond abîme). Presque
tous les peuples ont adoré les Mon-
tagnes j énormes fétiches qui sem-_
xaa
MOP
Lient fouler la terre qtt'ils dofûlneht
de leur tête , et coramauder a la fou-
dre , aux images , aux glaces , aux
orages : l'Albordj en Perse, le Mé-
rou aux Indes , dans la haute Asie le
Caucase, en Plirygie le Cybèle, en
Lydie le Tmole^ à Rhodes l'Ataby-
rius , en Grèce l'Olympe , eu Libye
l'Atlas , en soill des preuyes. Si
nous parcourions de même toutes les
contrées habitées par les Slares, les
Tatars, les Malais, les Papous , les
iunombrables peuplades de l'Améri-
que inciv'ilisée et de TOcéanie , par-
tout le même spectacle se reprodui-
rait h nos yeux.
MOISTIN, MoNTinvs, dieu ro-
main, passait pour lé génie des mon-
tagnes.
MOTSTQUE, MoNYcHts, Cen-
taure qui déracinait les arbres , et les
lançait comme des p\e]o\s {ftii*v%6ç
eu grec épique est l'épitliète usuelle
du cheval, k qui certes elle conyient
k merveille).
MOOUT. Foy. Motjth.
MOPSE , M<j'4i;, une des Sirènes
selon certaines traditions.
MOPSOPE , M«4«T0f , donna son
nom a TAtlique.
MOPSUS, Mo'-ios-, famenx derin,
passait pour fils d'Apollon et de Man-
to. Il se distingua par la vérité de
ses prophéties au siège de Thèbes,
a la cour d'Amphimaque, enfin h Cla-
ros. Après sa mort il reçut les hon-
neurs divins, et le souvenir de son
habileté fit naître l'adage, plus cer-
tain que Mopsus. — On voit que
Mopsus est l'incarnation clariennc
d'Apollon. Du reste, ses adorateurs,
pour l'exalter plus aisément par des-
sus tous les autres devins, assuraient
qu'il avait vaincu Calclias en talents
prophétiques. Amphimaque méditait
une entreprise importante , et , sui-
vant l'usage du temps, consulta dV
MOP
bord les deyiùs sur la réussite plus ou
moins probable de ses projets. Mop-
sus ne prédit que nialbeurs , Calchas
au contraire allirtna qu'Amphimàque
reviendrait vainqueur. Calchas eut
tort et mourut de chagrin. Lue autre
légende relative h la victoire de Mop-
sus sur Calchas, nous montre les deux
devins s'occupant ii dire quel nombre
de figues couvre le figuier qui est
sous leurs yeux, et combien une truie
pleine qui passe devant eux porte de
petits dans ses flancs. Enfin, selon
Plutarque, Un gouverneur de Malles,
athée ou peu s'en faUt, envoya nn
billet cacheté à l'oracle de Mopsus.
Le commissionnaire, selon la coutu-
me, dormit dans le temple, et k son
réveil trouva un billet cacheté h ses
pieds ; il l'emporte , rumeur k la
cour, on se hâte d'ouvrir la lettre,
on n'y trouve qu'un mot : Noir. Tous
les courtisans de crier k l'absurdité ,
k l'imposturej mais le gouverneur leur
fait voir le duplicata de la lettre qu'il
a envoyée au dieu , et qui contient la
question suivante : T'immolerai-jc un
nrcuf blanc ou noir? — Six autres
Mopsus furent : i° un devin, fils delà
nymphe Chloris et d'Amycus, Argo-
naute , fondateur de la ville de Ten-
chira, non loin du port oi\ fut bhtie
depuis Carthage , et divinisé après sk
mort par ses anciens compagnons
d'infortune; 2" Lydien qui se ré-
volta contre la tyrannie d'Addirdaga
et d'Ichthys, son fils, et qui, s'étant
emparé par les armes du trône de
Lydie, força le fils et la mère à ae
firécipiter dans un lac voisin d'Asca-
on (Comp. AoruRDAGA) 5 5" chef ar-
glen qui fonda Phasèle sur le coteàli
de Colophon j 4-° fils d'OEnéè, reine
des Pygmées , et de ]Nicodamas(les
Pygméeslassés des cruautés de saraère
l'enlevèrent de la cour pour l'élever k
leur maniçre) 3 5"» ïhracçqui, banéi
I
MOR
de soQ pays par Lycurgue, s'adjoi-
gnit Sipyle , attaqua les Amazones
commandées par Myrinc, et remporta
sur elles une victoite complète; 6" La-
pithe qui se rendit célèbre au siège
de Tlièbes , et qui passa pour avoir
donné son nom à la ville de Mop-
suéste. H faut réduire le héros épo-
nyme de Mopsueste et les deux de-
vins Mopsus à uh seul personnage.
MORDAD, l'ange de la mort
dans la mythologie parsi.
MORGÈS, Mé/iy>ff, roi d'une
partie de Tltalie, après Itale, donna
aux OEnotres le nom de Morgètes.
MORÏSAQUI, un des saints du
Japon, soit Bouddha (Chakia) dans
une de ses incarnations ou sous un de
ses points de vue, soit un de ses dis-
ciples ou des propagateurs de son
culte.
MORITASGUE, dieu celte. On
a trouvé sou nom sur une inscription
déterrée en 1662, k l'entrée du
vieux cimetière d'Alisia, aujourd'hui
Sainle-Reine. ■^'' ^ '
MORMO reçut de l'oracle Vot-
dre de former une ville au confluent
de l'Aradis et du Rhodauus , et jela
les fondements de Lyon sur la mon-
tagne qui forme aujourd'hui le fau-
bourg de la Croix-Rousse.
MORMONES, espèce de Lares ou
fantômes (R. : utpiua).
MOROUTCHOUDA, pénitent cé-
lèbre, dix-neuvième arrièi-e-petit-fils
d'Ikchimadida , étonna par ses péni-
tences la ville hindoue de Coliban. Il
n'est pas mort, quoique les prodiges
de sa vie érémitique remontent à
lus de deux mille ans, et Songa dans
e Bhagavat prédit qu'il vivra jusqu'à
l'expiration du Kaliiouga pour renou-
veler dans l'âge suivant (le cinquième)
Ift famille des Souriavansi.
MORPHÉE, MoRPHEus, le dieu
des songes, £ls du Sommeil et de
MOR
143
r.
la Nuit I, passe vulgairement pour le
Sommeil lui-inême; et en conséquente
on le place dans la ténébreuse et sta-
gnante région des Ciinméfiens que ni
Cook ni Bougainville n'ont rencontre'e
en faisant leur voyage autour du mon-
de. On Ta représenté affaissé sous le
poids du sorttitieil; on lui a donné
pour attributs les soporifiques pavots,
mais le nom même du dieu {nepipeii,
formes) indique assez qu'il préside K
ces formes fantastiques et vaines qui
viennent se peindre au cerveau dé-
tendu par le sommeil. Morphée se
dédouble en trois dieux, Icèle, Phan-
lase et Phobétor, que l'on i*egardé
tour a tour comme ses fils ou comme
ses frères. C*è?t lui qui est de tous
les songes le plus habile h prendre
l'air , le ton , la voix , de ceux qu'il
veut représenter.
MORPHO , Vénus voilée et en-
chaînée k Lacédémone, avait été con-
sacrée en ce lieu par Tyndare, selon
les uns comme emblème de la chas-
teté et de la fidélité dps femmes; se-
lon les autres , comme le hymhole dô
ce caractère inconstant et lascif qu'il
faut tenir dans la captivité, et en-
rayer par des chaînes de fer. Le bon
Tyndare, ajoule-t-on, avait sur lé
cœur la conduite de ses filles, Hélène
et Clytemnestre, peut-être aussi le
trop facile laisser-aller de sa femme
Léda avec son cygne; et les voiles et
les chaînes dont il affublait Vénus
étaient une petite vengeance, des me-
nottes en effigie.
MORT (la), MoBs, QâvctT6f,
déesse grecque et romaine , passait
pour fille de la Nuit et sœur du Som-
meil. Les enfers étaient son séjour.
Son nom n'était eu quelque sorte ja-
mais prononcé par les Grecs. La fa-
ble d'Alceste nous la montre lut-
tant avec Hercule. Élis , Sparte l'ho-
noraieûtj mais la Phénicie et l'Espa-
ia4
MOS
gne lui rendaient plus particulièrement
un culte. Peut-être dans la mytlio-
logie la plus antique fut-elle en rap-
port avec la Faim, l'insatiable Faira
qui dévore, et par suite avec TAmour
(jui estaussi de lafaiin, deTappétit, du
désir. L'Inde a eu la même concep-
tion, et Bralim Tomuivore, Braliin
est Moulli.la Faim, la Mort. — Les
poètes donnent li la Mort un cœur de
fer, des entrailles d'airain, des ailes
noires, un filet dont elle enveloppe
la tète de ses victimes comme le gla-
diateur réliaire , enfin la harpe ou
faux de Saturne. Les sculpteurs et
les peintres ont tous conservé celle
faux. De plus , ils ont fait de la déesse
un squelette. C'est seulement an sa-
l(m de 1781 que M. llarthélemy,
f»our peindre Apollon commandant h
a Mort et au Sommeil de porter en
Lvcie le corps de Sarpédon , a fait
de. la Mort une belle femme au visage
bave, aux lèvres blanches, aux yeux
fermés et empreints de la rigidité ca-
davérique. C était Jusqu'à un certain
point rentrer dans les idées anciennes
(Comp. Qaïaïp). Si les Etrusques
sur leurs vases ont douné à la Mort
une gueule béanle, ou bien la tète
de la Gorgone, ou bien la forme du
fabuleux Vollar 5 plus souvent les re-
présenlations de la Mort se distin-
guaient par des traits graves , mais
beaux, lugubres, mais nobles. Telle
était la statue de la Nuit tenant dans
ses bras le Sommeil et la Mort , l'un
dormant profondément, l'autre fei-
gnant de dormir.
MOIIVS, MÔfi'jç, fils d'Hippotion,
fut tué paiMérione au siège deTroie.
MOSCHÉRIS ou MOSCHÉRI,
dix-sepllème roi d'Egypte , selon le
latercule d'Eralosthène qui interprète
ce nom par (fue donne le soleil (ce
qui, pour le dire en passant, nous
(jngagerait à soupçonner que Mos-*
MOU
chéri est une corruption de Maris,
Mari, Miré, etc.), serait, selon
Dupuis, le second Décan de la Vier-
ge (Ouestucali de Saumaise, Topite
de Firmicus). Gœrres le fait tomber
avec Mousthi et Pamm-Arcliondès
dans les Poissons, domicile du soleil,
et par conséquent l'assimile a Pté-
biou ou Erébiou , premier Décan des
Poi.-'Sons, en élaguant Menés du nom-
bre des Décaiis^ et du reste , suivant
Dupuis, on identifierait Moschéri avec
Tomi. Enfin, en parlant d'Alolbès I
dans le latercule , et de Sotbis dans
la liste des Décans, on ferait coïnci-
der Moschéri avec Réuo.
MOSKOI-TSAR, le roi mariti-
me, était, selon le dogme de Kiev,
le roi de la mer. Probablement ce
n'est là qu'une épilhèlej mais jus-
qu'ici l'on ignore le vrai nom du Nep-
tune des Slaves.
MOT est , dans la cosmogonie
phénicienne, la malière première qui
résulte de la fécondation de Baaut,
la Nuit, par le vent Kolpiah à l'aide
du Désir ou de l'Amour dont on ne
donne pas le nom phénicien. On peut
comparer l'art. MouTH.
MOTHONE, Moômyi, la même
que MÉrnoNE , passait pour fille
d'OEnée , tandis que Méthone avait
pour père le géant Alcyonée.
MOTVE, MoTYA, Marvx, hé-
roïne éponyme d'uue ville de Sicile,
fit connaître à Hercule celui qui avait
osé lui voler ses taureaux. Reflet si-
cilien du mythe italique relatif h Ca-
cus!
MOUDÉVl, aux Indes, est la
face noire et funeste de la grande
Sakti, mais plus spécialement de Sakli
produisant, de Sakli suballernisée,
deSakti-Lakchmi. La discorde et la
misère, voila les œuvres de Moudévig
Elle stérilise la terre et dessèche les
âmes. Elle est peinte de cguleur vertej
MOU
son vabauûm est Tàne, animal im-
monde etabliorré; ses mnins portent
une bannière au milieu de laquelle le
corbeau étend ses ailes sinistres. Mal-
heur a celui que protège la glaçante
déesse! il ne rencontrera pas même
nn grain de riz pour apaiser la bou-
limie affreuse qui dévore ses enlrail -
les. Moudévi, dit-on, ne trouva point
d'époux parmi les dieux. Pourtaut
on la donne souvent comme seconde
femme de Vicbnou. D'autre part, son
nom, identique h celui de Mahadévi,
nous reporte dans le Sivaïsme. Mou-
dévi est une Kali (la noire), Rou-
drani (la mère des larmes), Moha-
nimaïa (la fausse beauté); c'est l'en-
semble des amères réalités de la vie ,
c'est l'adverse fortune, c'est la rixe
qui demande la guerre et du sang,
c'est le froid, l'inertie, l'improducti-
vité, la morl. Niklas Miiller la rap-
proche d'Alilal, de Lilith, d'Euyo,
de Rellone, des Furies, de la mau-
vaise Forlune.
MOURTAKÉCHI, Bhavani Dour-
ga en tant qu'ennemie des géants.
Elle est nue^ sa couleur est bleue.
Debout sur le sein de Siva, elle lient
de ses deux bras gaucbes une épée et
un casque 5 des deux bras droits, l'un
plus élevé est nu 5 l'autre un peu plus
bas ordonne d'approcher sans crainte .
MOUMBO-IOUMBO, dieu nègre,
préside aux ménages et notamment a
l'anlorité des époux sur leurs fem-
mes. L'idole , au dire des crédules
babllanls du pays, intime souvent ses
ordres aux femmes, et celles-ci man-
quent rarement d'y obéir. Le peuple
jure par celle idole, et il n'y a pas
de serment plus saint. Des voyageurs
nous assurent que presque tous les
Nègres marquants savent à quoi s'en
tenir s6r Moumbo-Ioumbo 5 ce dieu ,
ou du moins le rôle qu'il remplit si
bien aujourd'hui au proiil des maris,
MOU
I2t>
n'aurait été imaginé que dans la vue
de maintenir plus aisément la subor-
dination dans le ménage. A l'intérieur
de la statue , qui a de huit à neuf
pieds de hauteur, et dont une robe
d'écorce d'arbre et un chapeau de
paille composent le costume, se cache
un Nègre. Des moyens particuliers .
donnent a la voix du vice-dieu un son
qui semble n'avoir rien d'humain.
C'est d'ailleurs la nuil qu'on le con-
sulte. Survient- il dans une maison
quelque différend entre l'homme et la
femme, les deux contendants s'en
vont chez Moumbo-Ioumbu , et le
prennent pour arbitre. La décision
est presque toujours à l'avantage du
mari. Il faut, pour être sûr des sen-
tences de Moumbo , se faire initier
à ses mystères; on prête serment de
ne jamais , quelque chose qui puisse
arriver, révéler le secret à des fem-
mes; du reste, on n'est reçu dans
celte espèce d'assurance contre la ty-
rannie du sexe qu'à l'âge de seize
ans. En 1727 , le roi de Jaga ayant
révélé le secret h une de ses femmes,
fut tué par les grands aux pieds de
Moumbo-Ioumbo. On ne se présente
que couvert devant la statue. Pen-
dant le jour elle esl exposée sur un
poteau; a l'entrée de la nuil on la
transporte dans l'enceinte sacrée où
ont lieu les opérations.
MOUNDA, TCHANDA et
DOUMRALOTCHANA sont, dans
le Dévimahatmiam (épisode du Mar-
kandéia-Pourana), les trois généraux
de Soumbha l'Açoura, dans la lutte
sacrilège et gigantesque qu'il soutient
contre Dourga-Dévi. Tous trois pé-
rissent , et la déesse prend des deux
premiers les surnoms de Tcliamounda
Tchandika(Fq>'. soit anal, et trad.
d'Eug. Burnouf dans le Journal
asiatique^ IV, 2. i-l 2 ^soii du Siva
Pourana, ch. V, § 6 , par le baron
i%6
MOU
d'Eckslein,dans/e Cathol., t^XIV,
n" 42). Mouiida etTcbanda étaient
cux-mènies des Acouras, Daiiavas ou
Daitias (Tilans hindous). On les voit,
non seuleineut combattre , mais veil-
ler et remplir le double rôle de seuli-
nelle et de messager. Soumbba les a
Placés eu vedette sur les cimes de
Himalaïa, et quand la divine Ara-
'bika paraît, ce soal eux qui vont lui
en donner avis, et qui. rexcitenl à
mettre en œuvre tous les moyens pour
posséder cet te incomparable inconnue.
MOUUIMO , cbiï les Detjouanas
(autrement Moulitjouanas el Sit-
jouanas , et , dans la langue des Hot-
tentots, Brigouas), est le dieu su-
prême , dispensateur invisible des
tiens et des maux. Son nom rappelle
le mot Mourinua qui, dans la langue
de l'Afrique sud-est, signilic seigneur.
Ses adorateurs semblentavoir pour lui
plus de crainte que d'amour. Au reste,
ils sont peu attachés aux prati(|ues re-
ligieuses. Les missionnaires qui ont
tenté leur conversion y ont échoué ,
non pas qu'ils soient enthousiastes du
culte indigèije , mais parce qu'ils
tiennent peu à uu culte quel qu'il
soit. Un seul a obtenu la considération
des Hetjouauas, c'e^t celui <|ui leur a
fait connaître la charrue. Ils ont la
prélculiou de deviner l'avenir a l'aide
de dés pyramidaux laiis de cornes
d'antilopes. Leurs prèlres sont char-
gés de l'ubservation des asires et de
l'arrangeaienl du calendrier, divisent
l'aunée en treize mois lunaires, et sa-
vent distinguer les planètes des étoi-
les fixes. Leur chel est le premier du
pays après le voi.
MOU TH, MOOiTH ou MOYTH,
[myth. hind.), divluilé }>hénicienne
que l'on regarde comme roi ou reine
des enfers, et par conséquent comme
une espèce de Pluton, a été confondu
par {^u^vrs mythologues avec Mût
MOU
qui est la matière première, mère uni-
verselle des êlres et principe de tout
ce qui est. L'identité de Mot et de
Mouth n'est pas prouvée; mais si
l'on songe au rapport soit idéologi-
que, soit phonique des mots /«rtfer et
inattriaj si l'on se souvient que tour k
tour la matière comprend l'esprit dé-
miurge, et l'esprit démiurge la matiè-
re, si l'on pense que le développement
du monde suppose destruction comme
création , et qu'en conséquence tout
Zévs est un ïladès, si l'on se rappelle
que Brahm - Brahmanda -Hirania-
gliarba-Souaïambhouva,parlaraême
raison qu'il contient tout , absorbe
tout, dévore tout, eslMoutli la faim et
Mouth la mort , on ne s'étonnera pas
que la matière et la mort ne fassent
qu'un. Et sous un autre point de vue,
pour les spiritualisles par exemple,
quoi de plus naturel ((ue de voir, dans
l'esprit principe actif, la vie, dans la
matière principe passif, la mort?
MOIJTCHOUKOIJJNTHA, radjah
hindou de la dynastie deoSo'uriavansi,
avait aidé les dieux k combattre les
Dailias, et pour recompense avait
obtenu le privilège de dormir éter-
nellement jusqu'à la venue de Krichna.
« Si quelcju'un ose me réveiller , 5>
avait-il demandé a Indra , « que la
« flamme de mes yeux irrités le dé-
« vore. 3) Poursuivi par le sivaïte
Rala-Iavana, victorieux enuemi (je
son culte, Krichna enlra prècipilam-
merit dans la caverne où dormait
Moutchoukouniha , et eut soin de se
placer derrière sa tête pour ne point
être exposé k ses regards. L'ardent
Ë.ala-Iavana, eu s'élancaulk la »iule
de Krichna dans l'antre , pousse avec
rudesse les pieds du radjah endormi.
Soudain le prince s'éveille en sur-
saut; les flammes divines le dévorent
lui et sou armée. Le sommeil de
Moutchoukouniha rappelle c«ux de
MUN
Koutnbbakharna (F". Ravatîa), d'É-
piménide, d'Endymioa, de la Belle au
bois dormant. L'ensemble du mylhe
s'barmonise d'une part avec la mort
de Kansasivaïte lui-même, deKansa
que pétrifie la vue de Vicbnou j de
l'autre , avec l'bistoire de la mer de
lait battue par les dieux qui ont en
main la queue du grand serpent Adi-
cécba, tandis que les Dailias, qui
tiennent la têle, sont exposés aux
poisons délétères que distille sa bou-
che.
MULIEBRÏS. Foy. Fortttne.
MULIOS, M9vA<af : 1° époux
d'Agamède l'Augéide 5 2° cbef épéen
tué par ]Nestor; 3° chef troyen tué
par Patroclej 4° héros natil de Du«
lichium et au service d'Amphinome ,
nn des prétendanls de Pénélope.
MU'NYQUE, MuKYcnus, Moû-
)»j;)/9j,fils d'Âcamas, d'antres disentde
Démophou et de Laodice , fui élevé
dans Troie par Elhra. suivit son père
en Grèce, et donna son nom kun dème
del'Atlique ( Voy. Acamas), qui plus
tard devint un faubourg et un des trois
ports d'Atliènes. On sait que Diane
honorée dans cette ville prit le nom
de Munychienne. 11 y eut des fêles
appelées Munychies, et l'en nomma
Munychion le dernier mois du calen-
drier athénien. Quelques traditions
faisaient aller Muuyque en Thrace a
la suite d'Acamas, et ajoulaietil qu'il
y mourut de la morsure d'un ser-
pent.— ^Un antre Munyque, devin,
n'eut pas l'artde deviner, ce qui pour-
tant lui arriva, que des brigands met-
traient un jour le feu a sa maison trop
fortementbarricadée,etrinvesliraient
ainsi d'un /éseau dellamme, lui, sa
fetnme (Lélante) et ses quatre enfants
(Àlcandre, Mégalétor, Phylée, Hypé-
rippe).Les dieux, par pitié, les chan-
gèrent en oiseaux. Munyque fut un
-tfiôrGhis (espèce de balbuzard?).
MUR
127
MURCIE, MuHGiA, Vémis des
Celtes et des Ibères, avait un temple
à Rome au pied de l'Avenlin , jadis
Murcus, on l'assure. On a dit que
celte \énus Murcie est la fainéan-
tise personnifiée , vu d'abord que
sa statue était couverte, vu ensuite
que la volupté frappe l'homme d'ato-
nie, l'énervé, le rend incapable de
tout ce qui est grand et généreux.
JNous ne pouvons nous empêcher de
soupçonner d'étranges erreurs dans
ces assertions tranchantes. D'abord,
Murcie a-t-il le moindre rapport
avec les Murcus, Murcidus, Mur-
ginari et Marccre^ comme ou le
suppose; puis, quand cela serait, l'i-
dée naturelle a déduite ne serait-elle
pas celle d'une Boutn pâteuse et va-
seuse, analogue au Srible-ct-Eau ou
Limon primitif des Egyptiens.^ Ou
arriverait ainsi h une Vénus-Thalassa
grande génératrice, stagnante, il est
vrai, mais apte a prendre vie et mou-
vement. Les lagunes de l'Adriatique,
les lacs d'AmsanIo, les palus du La-
tium (marais Pontins, etc.), ont
dû donner des idées de ce genre. Nul
doute que les bassins que forment les
monts de Rome et de l'Elrurie n'aient
été remplis de Caspiennes microsco-
piques. Si la mythologie de la Grèce
assainie et séchée nous offre encore
dans ses Eléochora des vestiges de
la Grèce marécageuse, pourquoi veul-
on que le Latiuiu ne laisse pas percer
le même fait dans les seules archives
qti'ait un peuple sans écriture, la
mylliologie? Si Ton admet que Mur-
cie est une Mer Putride, n'«st-elle pas
une déité paresseuse.^ n'a-t-elle pas
l'ahrimanisme de la fainéantise? Mais
tant que les preuves manqueront, i!
sera téméraire d'arranger ainsi les
faits, fùt-il cent fois démontré que
les Venèlcs (anciens habitants de ce
que flOHS appelons le département jdu
128
MUS
Morbihan) eussent une Vénus pour
déesse, et que celle déesse était une
paresseuse, et que celle paresseuse
se jouait dans les eaux sous forme de
ciae {anas^ g. anatisj ii itirrcc) ,
d'où le nom de ^euètes, etc. , elc.
— Murcie diffère-t-elle de Marica?
ML RRAN, MuBBANUS, chef la-
tin du sang royal , fut renversé de
son ciiar par Turnus.
MLSAGETE , Musagètes, Moh-
a-xyiTijs, c'est-a-dire guide-muse: i"
Apollon, 2" Hercule. Ce surnom de
la plus liante importance se conçoit
aisément tant que c'est Apollon qui
le porte j mais Hercule, quel rapport
y a-t-il enlre lui et les Muses';' Le
voici : non moins qu'Apollon, Her-
cule est le soleil, il est le recteur, le
guide , le chef d' orchestre des mon-
des 5 rharmonie , c'est luij il ouvre
la voie à l'année, aux saisons, aux
heures, qui chacune douent la terre,
aux Grâces qui emhcllissenl le vaste
ensemble et les minces détails du
grand tout ; il se meut en mesure , en
cadence; il décrit dans l'espace sa
courbe magnifique; le reste des as-
tres semble se régler sur lui ; il est la
flûte dirigeante qui donne le la aux
concerlanls éloilés; il est la tonique,
centre et base de tous les autres sons;
il est l'accent de chaque accord har-
monique. Les Muses donc sont bien
ses filles, ses parèdres, ses suivantes.
Elles forment autour delui cellegale-
rie fraîche et variée que forment les
Gopis autour de Krichna. Dans la my-
thologie vulgaire, on voit Hercule se
faire rival d'Apollon. A Saraolhrace ,
il est Cadmile comme lui; a Delphes,
il prend le trépied et prophétise com-
me lui; dans Athènes, il prend le
masque dramatique comme lui. Dans
l'atelier des artistes , il a la massue
6OUS les pieds; il lient a la main une
lyre, et les Muses ne demandent pas
MUS
mieux que de faire vibrer la lyre au
spectacle des hauts faits d'armes cl
des grandes découvertes.
MUSÉE. Voy. Biogr. univ.,
XXX , 471.
MUSES (les), MusiE, M.vTut,
déesses grecques et latines qui prési-
dent aux arts, aux sciences et aux
lettres, en un mot h tout cet ensemble
de connaissances élégantes que les an-
ciens comprenaient sous le nom de
musique. Originairement on n'en
comptait que trois, Mnémé , Méletc
et Aédé, ou bien, selon Eumèle, Cé-
phise, Boristhénis et Apollonis; Ci-
céron en nomme quatre, Mnémé, Mé-
lété, Aédé, Thelxiope. Dans Aratus,
Thelxiope devient Theixinoé. et Ar-
che remplace Mnémé. La Sicile por-
tait le nombre a cinq et même a sept,
ISilo , Trilo , Asopo , Heptapore ,
Achéloo, Pactolo (vulgairement Ti-
poplus) et Erodie. Enfin , on en vint
à une ennéade, mais la encore les
neuf noms différèrent. La Piérie, en
Macédoine, donnait aux neuf déesses
des noms que nous ignorons. Les Pé-
lasgues les nommaient Collichore,
Eunice, Hélice, Theixinoé, Ter-
psichore , Eulcrpe , Encelade , Dia ,
Ëunope. Enfin , voici la nomenclature
dorique, la seule «jui ail prévalu, el
qu'ait adoptée l'usage moderne: Clio,
Euterpe, ThaHe , Melpomène, Ter-
psichore, Erato, Polymnie, Uranic,
Calliope. — La généalogie des Muses
est tout aussi contestée que leur nom-
bre et leurs noms. Cicéron les fait
naître de son Jupiter HI et de Mné-
mosyne; Plmrnute et Alcman d'Ou-
ranos el de Gaea (le ciel et la terre) ;
Eumèle d'Apollon; Aratus d'Éther et
el de la nymphe Plusie ; Epicliarrae
de Piéros et de la nymphe Pimpléis ;
Nalalis Cornes de Memnon; enfin
la légende qui prévalut de Jupiter
et de Muémosyne (la mémoire selon
I
Mus
Sti Augustin, l'inlelligence selon Gi-
raldi, la volonté ou l'averlisseuse ,
Moneta, selon Hygiu). — Nul doute
que les diverses personnifications et
les groupes divers auxquels Tidée de
Muse a donné lieu n'appartiennent ou
à des tribus ou a des époques diifé-
tentes. Des luttes eurent lieu entre
les arrangeurs. La dispute des Mu-
ses avec les Piérides, qui finirent par
être vaincues, dépouillées et chan-
gées en oiseaux, en est une trace évi-
dente. Ainsi, plus tard, on voit Her-
cule ravir le trépied de Delphes au
bel Apollon, et crier qu'il ne connaît
pas d'Adonfs parmi les dieux. —
Les Muses avaient chacune des attri-
buts distincts : Calliope présidait k
l'épopée, Clio k l'histoire, Euterpe
k la musique , Thalie k la comédie
( et peut-être aux chants de table),
Melporacne k la tragédie, Terpsi-
chore k la danse, Erafo k la poésie
erotique , Polyrauie k l'ode , Uranie
k l'astronomie et aux mathémati-
ques. Quelques-uns attribuent la der-
nière de ces sciences k Euterpe j on
le comprendra pour peu que l'on
songe au rapport que la philosophie
ancienne admettait entre la musique
et les nombres. L'astronomie d'ail-
leurs est presque une science musi-
cale, car les astres roulent harmo-
nieusement dans l'espace. La régu-
larité de leur course est une harmo-
nie, et au physique même ils ren-
dent un son : le Maître l'avait dit. —
On verra aux articles particuliers les
mots grecs desquels les neuf Muses
tirent leurs noms. Quelques-unes des
Muses ont encore d'autres fonctions
que celles que leur assigne l'étymolo-
gie. Thalie passait dans les campa-
gnes pour protéger les jeunes pousses.
D'autres présidaient aux bergeries ou
aux fraîches herbes des prés. Au res-
te , toutes prennent souvent les carac-
MUS
129
tères de prophétesses, de Bacchantes
et de Nymphes, particulièrement de
Naïades; et ici se dessine plus nette-
ment le véritable caractère des Muses.
Ainsi que les belles Raginis des Hin-
dous, ce sont des Nymphes des eaux.
L'eau murmifre, l'eau coule en ca-
dence, l'eau est la mesure naturtlle
du temps, témoin la clepsydre (qu'au
reste un mythe donne comme l'in-
venflon de Mercure, l'éloquence, la
voix faite homme). De la l'eau Muse
primordiale, première cantatrice,
première musicienne , première pro-
phélesse, première magicienne, pre-
mière Sirène, première Circé , pre-
mière Muse. Cette Mui.e dont les au-
tres ne sont que le aédoublement ,
quel est son nom? L'ame , mens ^
l'énergie dansante, pensante, ^tuaj ,
la pensée, niana (saraskrit). Dans
ces mots deux lettres, mn , dominent*
et l'antiquité identifiant l'inlelligence
k une des facultés intellectuelles, l'an-
tiquité qui dit mémento , fttftv>i<ro
(songe), changea sa Mens, première
Muse, en Mnémé ou Maémosvne.Maig
toute haute déesse se dédouble. De
la Mnémé, la mémoire; Mélété, la
pensée; enfin Aédé, le chant; puis,
comme la pensée traduite en chant
ravit l'oreille et l'ame, Thelxiop« ou
Thelxinoé. Il serait inutile de pour-
suivre ce développement : revenons
aux Muses-Naïades. Si les preuves
théologiques manquaient, une des no-
menclatures ci-dessus y suppléerait.
Qu'est-ce que les Pactolo, leS Asopo,
les Nilo, les Achéloo, les Heptapore ,
les Trilo, si ce ne sont des fleuves-
femmes ? et qu'est-ce qu'un fleuve-
femme, sinon une Naïade? Trito sur-
tout nous force k un rapprochement
que nous aurions sans doute trouva
sans elle. Trito est un des noms de
Minerve; et Minerve, c'est l'ame,
c'est la Muse par excellence, c'est l'é-
LV.
i3() MUS
{luuse transcendantale de Jupiler.
Jupiter et Minerve reviennent à Ju-
piter et Mnéraosyne. Les Muses sont
«les Minerves inférieures et partiel-
Irs. Les eaux sont dans la cosrao-
i;cuîe mythique le grand principe fe-
melle. Or , ce principe , c'est tour
h lour la volontc-raison-mémoire ,
l'énergie , le' pballe. Au reste tout
cela existe dans Minerve , tout cela
ciiste donc dans les Muses; et
voila pourqiioi les Muscs sont Tonde
incarnée. Cependant nous croyons
que les Muscs aussi, pour quelques
i)«uples, ont pu être des person-
niHcations terrestres , montueuses ,
ronlinentales. Les Piérides , sans
doute, apparliennent a cette classe.
La querillo de ces Muses rocailleuses
avec les Muses, filles de l'élément hu-
mide, rcflèlc donc la lutte de la terre
et deseaux des monlagnaids riverains.
Peut-être aussi la querelle des Muses
avec les Sirènes doit-elle s'entendre
d'une opposition entre l'onde fluviale
et la mer, entre les habitants de la
plaine fertilisée par les rivières ,et
les habitants de la côte que baignent
les flots salés. Toutefois, on voit
poindre un sens moral sous l'écorce
de la fable. C'est l'antagonisme de
l'art sévère et grave et de l'art effé-
miné, corrupteur. Les Muses for-
maient un chœur sacré dont la prési-
dence appartenait à une haute déité
récapitulatrice : Minerve , Métis ou
Mnéraosyne, voila celle qu'implicite-
ment l'idée d'Ennéade pensante sup-
pose et implique; mais la mythologie
usuelle des siècles postérieurs plaça
un dieu au milieu du groupe sacré.
Ainsi Yichnou aux Indes danse au
son de sa propre flûte au milieu des
Gopis. Ce dieu , coryphée du chœur
des Muses, fut tour à tour Hercule ,
Bacchus , Apollon. C'est à ce dernier
fiurlout que les poètes attribuèrent le
MUS
généralat de la troupe sacrée. Ce
point de vue remarquable a valu à
chacun des trois dieux le surnom de
Musagète. Les Heures, les Grâces,
ont aussi de loin des rapports avec les
Muses. Après ce qui précède, ces rap-
ports n'ont pas besoin d'être expli-
qués. — Les Muses passaient pour
vierges ainsi que Minerve. 'Ae/îra/i-
êî^oi ( c'est-k-dire toujours vierges),
voilà l'épilhèle favorite de ces chastes
filles de Mnémosync et de Jupiter.
Prosit milii vos cJixisse pucllas,
s'écrie le caustique Juvénal. De nom-
breuses légendes de maternité con-
trastaient bizarrement avec ce titre.
Clio, un jour, s'élanl moquée de l'a-
mour qu'Adonis avait inspiré à Vé-
nus, se passionna pour Apollon , pour
Magnés et pour Piéros, et ceux-ci la
rendirent mère d'Ialème , d'Hymé-
née et d'Hyacinthe ; Calliope , éprise
d'OEagre, donna le jour à Orphée ,
et, ajoutent quelques-uns, à Linos;
d'Euterpe unie au dieu-fleuve Aché-
loiis naquit un autre dieu-fleuve , le
Slrymon; Érato avec le même Aché-
loiis donna le jour aux Sirènes j Rhé-
sos, héros ou fleuve, devaitl'cxistence
a ïerpsichore j Uranie , quillaul les
astres pour Apollon , devint en-
ceinte de Linos que nous avons vu
passer aussi pour fils de Calliope. Au
reste, on varie beaucoup dans toutes
ces listes généalogiques. Les Sirènes
dans plusieurs légendes ont pour mère
soit Melpomène , soit Terpsichore,
etc. -r- Les Muses étaient placées
par quelques poètes dans le ciel, où
elles charmaient les dieux par leur
voix et par les accords de la lyre.
Plus souvent on les montre habitan-
tes de la terre. Des montagnes, de
riants bosquets , de frais rivages sent
alors leur demeure ordinaire. C est
ou de ces localités diverses, ou des
régions dont elles faisaient partie que
MUS
furent tirés leurs noms ou surnoms.
Voici les principaux : Parnassides ,
Héliconides, Piérides, Pindides (le
Parnasse , l'Hélicon , le Piéros , le
Pinde, étaient des montagnes); Pim-
pléides (Pimpla était un vallon); Co-
rycides ( Coryque était un autre fa-
meux) ; Libéthrides, Caslalides, Hip-
pocrénides, Aganippides (Libéthra,
Castalie, Hippocréne , Aganippe,
étaient des fontaines). On les appelait
encore Aonides, Thespiades, Ardali-
des, Mnéraonides, c'est-à-dire habitan-
tes del'AonieoudeThespieSjprotégées
d'Ardale, filles de Mémoire. Rome
leur donnait le nom de Camènes. Le
culte des Muses fut, dit-on, introduit
dans la Béotie par les Aloïdes. 11 est
possible qu'il ait été établi antérieu-
rement dans les contrées septentrio-
nales du Roum-Ili , soit Thrace, soit
Macédoine ou Thessalie. Le rôle
majeur que jouèrent les écoles orphi-
ques dans ces régions engage a le
croire. Rien n'indique qu'il en ait été
ainsi pour Samothrace. Provisoire-
ment donc on peut regarder les Emi-
neh-Dagh et les Balkans comme le
fojer primitif de la religion des Mu-
ses. La Béotie les mit plus tard sur
la liste de ses dieux. L'idée de Muses
aquatiques prédomina chez elle ; et
les grottes, les bois, les monts, ne fu-
rent admis que comme accessoires
des eaux, ou comme conquêtes des fil-
les des eaux. Le Nord au contraire
semble avoir donné de l'importance
aux monts eux-mêmes. La c'est une
Agdislis qui récapitule les Muses; c'est
une Trito dans la Béotie. Les Aones
étaient sans doute encore les maîtres
du pays , lorsque l'introduction du
culte des Muses eut lieu. Thespies en
fut un des sanctuaires , Thespies de-
puis célèbre par le culte des Grâces !
mais les Grâces ont quelque chose des
Muses: comme elles, elles sortent des
MUS
431
eaux ; comme elles, elles se lient aux
Heures ; il est même un nom commun,
ou peu s'en faut, aux trois nomencla-
tures, Thalie, légèrement infléchi en
Thallo. Aussi à Rome voit-on les
Grâces et les Muses habiter le même
temple, les Grâces et les Muses invo-
quées aux mêmes repas. La Béotie et
l'Atlique en ces temps reculés se te-
naient. Les Muses passèrent vite du
Copaïs aux bords du Céphise. Pausa-
nias mentionne un autel magnifique
dédié aux Muses dans Athènes. Le
Péloponèse y resta long-temps étran-
ger , mais les événements qui portè-
rent les Pélasgues en Sicile et en
Italie y portèrent aussi l'idée de
nymphes chantantes, législatrices et
fatidiques. Les Sirènes, les Sibylles,
Circé, Fauna, Carmente, Camasène,
Egérie, naquirent ou se développèrent
sous cette influence; et, de plus, le
nom même de Muses persista. Seule-
ment les déesses , les nymphes du
chant furent des rivières. Le Nil,
l'Asope, le Pactole, etc. , furent méta-
morphosés en déilés inspiratrices. Ce
point de vue était frappant; le nom-
bre de sept, reflet des sept notes de
la gamme, des sept cordes de la lyre,
des sept sons de fa voix de Memnon ,
des sept bouches du Nil , des sept
planètes et peut-être des sept Cabi-
res, ne l'est pas moins. Les nombres
de huit et de neuf n'ont rien de plus
étonnant; tous deux étaient sacrés,
tous deux résultaient d'opérations ca-
balistiques. Les sept notes avec la
tonique reproduite, l'octave, forment
une ogdoade, Esmoun, le premier,
est aussi le huitième. Huit d'ailleurs
est la troisième puissance , le cube
de deux. Quant à la triade par la-
quelle peut-être on débuta, c'est un
groupe si fréquent dans les personni-
fications mythologiques qu'il serait
puéril de s'y arrêter , smÉDut si l'oa
i3a
MUT
ne sait voir dans les trois Muses que
les trois modes de musique primitifs,
la voix, les instruments a veiit et Us
lyres ouïes instruments a cordes. Les
KoraaiiK dédièrent trois temples aux
iVIusesdans leur capitale. Un d'entre
eux sans doute était antique : car là
les déesses étaient honorées sous le
nom de Camènes, identique h Cama-
sène, rétrusque épouse (le Janus. —
lies Muses ont été fréquemment
représentées : le plus souvent on les
a figurées sur les rochers du Par-
nasse , tantôt assises, tantôt dc-
})onl. Leurs attributs sont très-nom-
l)reHX, mais presque toujours les ar-
tistes modernes en ont créé d'imagi-
naires. Ceux qui tiendraient à les
connaître doivent consulter les monu-
ments, mais non les statues qui pres-
«|uc toBtes ont été cassées aux exlré-
Tnités , el réparées arbitrairement.
Les bas-reliefs, les pierres gravées et
les nrédailles sont donc les documents
les plus utiles. Nous indiquons aux
articles particuliers et ces attributs
véritables et les plus belles repré-
sentations figurées de chaque Muse.
Ici nous nous bornerons h mentionner
les monuments où se trouvent réunies
les neuf Muses. Ce sont : i° un bas-
relief de l'ex-coUeclion de Towley
gravé dans la Mosaïque d'Italica,
pag. 195 les Muses plumant les Si-
rènes dans Millin, bas-relief inédit^
3* le supplice de Marsyas ( Winckel-
mann, Monumenti inediti). On
peut ajouter le bas-relief des Génies
des Muses apportant chacun les attri-
buts d'une des déesses a un adoles-
cent sous les traits d'Apollon (Musée
Pio-Clémentin,TV, i5).
MUSUCCA , l'esprit du mal chez
quelques peuples de l'Afrique.
MUTA était la même que Lara.
MUTH. roy. MoTJTH.
MUTIME, MuTiMus, dieu Uùn
MUT
du silence [miitus) ou du gïoinelle-
raent {mntire), ne nous est connu
q»e par Turnèbe.
MUTilNITUTIVI, phalles pro-
tecteurs , étaient des Hermès priapi-
dcs placés a l'entrée des édifices pri-
vés ou publics {f^oy. Mutinus).
MUTUNITIINUS ou MUTlTsUS
TITINUS , dieu étrusque ou latin ,
passe pour un dieu du silence. Nous
pensons que c'est un loni-Lingara.
MUÏINUS ou MUTUNUS, ou
plus brièvement Mtjto, était, dans le
vieux Latium ou en Étrurie, le
phalle personnifié. On en a conclu
que c'était Hermès ou Priape. H pa-
raît que la naïvelé antique voyait par-
tout ces fétiches bizarres, et sérieu-
sement les adorait. Le sens de Mulo
en latin est connu par Lucile {Frag-
ment "VIII, 12) et par Horace (liv.
I, satire 11, v. 68). Martial et les
Priapées nous ont initié aU dérivé.
Les pères de l'église, Terlu]l\en{aux
Gentils, 11, 1 1), Arnobe, Lactance,
reviennent souvent sur ce Lingam de
l'Italie. Nous apprenons par eux que
les jeunes mariées, lors de la cérémo-
nie nuptiale^ prenaient pour siège ou,
si l'on veut, pour selle l'obscène idole,
lui donnant ainsi leurs prémices en
effigie (i). Il nous reste une foule de
simulacres de Mulunus chargés d'an-
nexés qui semblent autant de carica-
tures, un nez , une bouche , une têle
tout entière, des oreilles, des bras,
les uns en forme de terrine, les au-
tres en forme de lampe. — Tutunus,
que l'on donne comme un autre Mutu-
nus, nous semble être plutôt l'organe
sexuel féminin. Il en résulte que Mu-
(i) Et MiiTJNiis, iii cujus sinu pudendo nu-
benles prausident , ut illaruin pudicitiam prior
dens dclibassc vidcatur. I.actant., de Fa/sa Ite-
lig., \, 20 — Etiamne Mutinus, cajiis immanibus
pudcndis hoircntique f;isciiio, vesivas iiiequitafc
lUiitronas et auspicabilc dititRi et optatis;' Afc.
VO»; 4dv, Cinl., \\, I
MYC
tunus Tutunus est un phalle-clîs ott
un loni-Lingam.
MYGALE , Mvfcâxyi , mère de deux
Lapîthes célèbres, Brotée et Orios
(non pas Orion), était ThessaUeni>e ,
et, comme beaucoup de femmes de ce
pays, exerçait la magie. Une ville de
l'île de Samos, célèbre dans les guer-
res médiques, porta le même nom.
MYGA.LESSIE, MukxMo-j-Zcc : Gé-
rés adorée h Mycalesse en Béotie.
Elle l'était en beaucoup d'autres en- '
droits de celle contrée qui, comme
l'Atllque, prétendait à l'honneur d'a-
voir reçu sa visite , et de lui avoir
donné l'hospitalité lorsqu'elle par-
courait le monde, cherchant sa fille.
L'origine de Mycalessie était toute
fabuleuse. On dérivait son nom du
mugissement {/LcvKua-êat) delà vache
qui avait servi de guide a Gadmus
lorsqu'il fonda Thèbes (Comp. My-
cknée). On apportait aux pieds de
Gérés Mycalessie les prémices des
fruits de l'automne qui se conservaient
frais toute l'année suivante. L'Her-
cule Dactyle Idéen était uni a celle
déesse par ses adorateurs. On assurait
que chaque nuit il ouvrait et fermait
les portes du temple.
MYGÈNE, M««.,'v„, fille d'Ina-
chus, épousa Areslor, et donna son
nom a la ville de Mycène [Foy. l'art,
suivant).
MYGÉNÉE, Myceneus, Mw«»î-
»6Mf , fils de Sparte ou Sparton qui
lui-même est fils de Phoronée, fonda,
dit-on, Mycènes. Ainsi dans celle
tradilion absurde un fils de Phoronée
aurait été fonder Sparte, et le fils de
cet occupatenr prématuré de l'angle
sud-est du Péloponèse serait revenu
vers le nord jeter les fondements de
Mycènes. Nul doute que tout ceci ne
soit de la mythologie topographiquej
mais ici la mythologie topographique
ne se traduit qu'eu invraisemblances.
MYC
[S3
Ail reste , un autre Inachide ( mais
Inachide fem»lle) dispute k Mycénée
la gloire d'avoir fondé Mycènes. G'est
Mycène, Mv«>/y»}, que, par le plus ri-
dicule des anachronismes , on fait fille
d'Inachus , et cependant femme d'A-
reslor, son représentant à la cinquiè-
me ou k la sixième génération , à
moins pourtant qu'on ne prenne ici
fille pour descendante, ou qu'Inachus
ne soit lase ( t^oy. Iase , Inachtjs,
lo). A ces deux traditions différentes,
mais qui s'accordent en ceci , qu'elles
résument Mycènes en un être hu-
main , en un Inachide ( ce qui indique
ou confirme l'origine proto-pélasgi-
que de la ville), s'opposent deux ou
trois autres étymologies. La premiè-
re, c'est (e<u>6«(r0a«(mykàsthae), mugir.
Mycènes alors a trait, soit aux meugle-
ments de la vache lo , soit aux mu-
gissements des Gorgones , qui là gé-
mirent elles-mêmes sur le Iriste sort
de leur sœur Méduse décapitée par
l'Argieu Persée. Dans tout ceci re-
marquons que les Gorgones , person-
nifications lénébroso-lunaires, ont
naturellement pour emblème , pour
adéquate la vache. Il en est de même
d'Io. Mycènes alors se trouve être la.
ville d'Io (une lopolis comme il y en
avait en Asie et ailleurs), la ville lu-
naire, la lune ville, la lune terre.
La terre est une vache mugissante •
[Foy. Ganga). La seconde étymo-*
logie nous mène k reconnaître Per-
sée pour fondateur de Mycènes. My-
kès , filjKiiç , veut dire champignon,
{fungus de Linn. ) et bouteroUe ou
poignée del'epée. Selon les uns, Per-
sée dévoré de soif arracha un cham-
pignon dans la plaine mycénéenne :
aussitôt une source bienfaisante jail-
lit; et en commémoration de cet évé-
nement la ville voisine prit un nom.
de'rivé de celui de celte plante. Au
dire des autres , Persée laissa tomber;
j34'
MTC
MYC
(sans doute du haat des airs où il
voyageait porté sur Pégase) le four-
reau de son épe'e en ces lieux ; et le
fourreau donna son nom a la capitale.
Choisir entre ces opinions serait pué-
ril. Il est clair qu'une même idée
Î réexiste a tous ces mythes, c'est celle
e passiveté féconde. Lune, terre,
onde-source , plaute qui suppose les
eaux, enfin épee qui ouvre le sein de
la terre et la rend féconde, tout ren-
tre dans cette idée fondamentale.
Quant à. ce qu'il peut y avoir d'histo-
rique sous tous ces mythes, on l'i-
gnore. Mycènes, dit-on , fut d'abord
nommée Argos. Mais si Ârgos siguifie
originairement plaine , comme on le
prétend, il serait probable que cette
tradition revient k dire qme la plaine
avant de céder la place aune ville,
était une plaine. Pour le VTai fonda-
teur de cette ville , jamais on ne le
connaîtra , rien de si évident. D'ail-
leurs n'y en a-t-il eu qu'un ? On sait
assez que les anciens qualifiaient de
fondateur tout colon important qui
agrandissait, embellissait, modifiait
ou peuplait de nouvelles tribus une
cité dont l'existence était antérieure
k son arrivée. Tout au plus pourrait-
on se demander à quelle race doit
être rapportée l'érection primitive de
Mycènes. La-dessus nous croyons
qu'on peut l'attribuer sans crainte aux
Pélasgues : Mycènes n'existait point
sous les Lélègues j Mycènes existait
depuis long-temps lors de l'appari-
tion des Hellènes. C'est ce dont font
foi les ruines de murailles cyclopéen-
nes qui abondent dans les environs.
Reste une autre question. Mycènes
est-elle plus ancienne qu' Argos? Les
savants varient sur ce point. Cepen-
dant on penche, et nous penchons
pour l'antériorité d' Argos. Plus tard,
Mycènes, grâce k Persée, prit la su-
périorit», «l fut la yraie capitale des
^
suzerains de l'Argolide. A sa mort,
l'Argolide ayant été divise'e entre les
quatre princes ses fils, cette supré-
matie de Mycènes devint de plus en
plus marquée. Cependant elle ne dura
qu'autant que les temps héroïques ,
et définitivement le manque d'eau fit
abandonner une ville qui jamais n'a-
vait été ce qu'il fallait pour devenir ia
capitale d'un empire puissant. M. Bar-
bie du Bocage avait composé sur l'o-
rigine et les divers fondateurs de My-
cènes un mémoire (mss ? ) souvent cité
par M. Raoul-Rochette. Comp. aussi
vVelcker, Gesch. dergriech. f^œl-
kerst., tom. I, Pclasg.
MYCONE, Mvxû>v«V, héros épo-
nyme de Mycone la plus pauvre des
Cyclades , passait pour fils d'Enniu»
(Anius? de Délos? ).
MYDON, MwÉ^ai» : 1" frère d'A-
mycus et , comme lui , tué par Her-
culej 2° fils d'Atymne et conducteur
du char de Pylémène (Antiloque le
tua devant Troie); 3° autre Troyen
tue' par Achille.
MYGDON, Uh^av, prince phry-
gien, donnasonnom aux Mygdoniens.
C'est dire assez qu'il n'est autre chos«
que le peuple mygdouien personnifié.
On le voit s'opposant aux Amazones
avec Otrée long-temps avant la guerre
de Troie, et pourtant son nom repa-
raît pendant la guerre de Troie. Le
fiancé définitif de Cassandre, Corèbe,,
qui, la dixième année du siège, va
porter d« secours k Priam, est un fils
de Mygdon. Ce n'est pas qu'à toute
force un même prince n'ait pu vivre
de l'époque des Amazones k celle de
la chute de Troie. Hercule fit la
guerre kfcesbelliqueuses aventurières,
et Hercuîfe mourut peu de temps avant
la guerre de Troie. Les évhéméristes
ont voulu mettre en relief la possi-
bilité des deux faits en nous montrant
Priam ; encore fort jeune; anxiliaire
%
Mirt
de Mygdon dans sa querelle contre
les riverains duTherraodon. Mygdon
en lui envoyant Corèbe et des trou-
fies mygdoniennes ne fait donc que
ui rendre la pareille.
MYGDOINIDE : i"Mygdonides,
Mvy^ovi'ê'fis, Corèbe {Voy. Fart, qui
précède); 2° Mygdonis, M«y<^o»/f,
Cybèle honorée en Phrygie (les Myg-
dones habitaient la Plirygie).
MYIA , MvTie , nymphe - mouche
(^u7a en grec veut dire mouche), est
devenue, sous la plume des légendai-
res grecs, une amante d'Endymion et
en conséquence rivale de Diane. Elle
avait les Formes humaines. La déesse
la changea en mouche. Myia qui cher-
che partout son Endymion se pose ,
toutes les fois qu'elle en trouve l'oc-
casion, sur les peaux rosées et tendres
dont la vue lui cause une douce illu-
sion, en lui rappelant le beau berger,
le beau donneur qu'elle a tant aimé
pendant sa vie.
MYIAGRE, M«/««7p«r, dieu chasse-
mouches, était sans doute, chezchaque
peuple qui insérait dans son catéchis-
me religieux de semblables épithètes,
le dieu même auquel on allait offrir
des sacrifices. Chasser les mouches
était une de ses fonctions, une de ses
faces. Elis et l'Arcadie invoquaient
ainsi Myiagre, et tout annonce que
Myiagre c'était Zévs. Il y avait des
légendes à ce sujet. Etien raconte gra-
vement, et du ton qu'Hubert eût rais
à décrire la formation de ces alvéoles
hexagones oii les abeilles déposent
leur miel, que l'on fait, lors des grands
sacrifices aJupiter, la part des mou-
ches, et que ces pieux coléoptères,
cédant a la voix de la reconnaissance,
s'^en vont d'eux-mêmes sans attendre
qu'on les débusque , et ne reviennent
que lorsque la fête est achevée. — On
appelait aussi Hercule Myiagre ou
Myiode .Consulter pour quelques coïn-
\
MYL
«35
cidences curieuses l'art. Baal-PÉor.
MYLÈS, MwAs??, fils de Lélex,
inventa, dit-on, les meules de mouliu
(jMuAij).
MYLINE, Mylinus, mi\nôsi
roi de Crète, tué par Jupiter.
MYLITTE, MuA/rra, était san»
doute la grande déesse de Babylone.
Hérodote, qui l'a fait connaître à l'o-
rient, la regarde comme une Aphro-
dite (Venus) Uranie, et raconte qu«
le jour de sa fête a Babylone toutes
les femmes devaient se rendre dans
son temple , et la s'abandonner au
moins une fois au premier qui vien-
drait, une pièce de monnaie ala main,
et au nom de Mylilta, l'inviter au bi-
zarre sacrifice. La sommation sacrée
était conçue en ces termes : « A ce
prix je te rends Mylitta propice (oa
je supplie Mylitta de t'être propice).»
Peu importait, du reste, la somme
offerte par l'invitant k sa partenaire.
L'argent reçu par celle-ci était donné
aux prêtres , et entrait dqns les cof-
fres de la déesse. On sait que cette
coutume , qui au fait semble si peu eH
harmonie avec les mœurs orientales ,
avec la jalousie des hommes, avec la
séquestration absolue du sexe au fond
des harems et des gynécées, est un
des objets sur lesquels s'est le plus
exercée la verve acre et sceptique de
Voltaire." Mais ses plaisanteries ce
jour-là ne valaient pas mieux que
celles qu'il faisait sur les éléphants
fossiles des Alpes , qu'il transformait
en éléphants d'Annibal, et sur les
énormes bancs coquilliers qu'il disait
provenir des pèlerins qui passaient
les monts ponr aller à Notre-Dame de
Lorelte. C'est justement parce que
le sex.e était si étroitement et si inep-
tement asservi au huis-clos des liarttns
qu'il saisissait arec transport toutes
les occasions de se précipiter au de-
hors. Alors les vieilles coutumes , les
i36
MYL
mœurs miotidienues , les maximes du
barem, disparaissaient abîmées dans
un cataclysme de volupté. Les reclu-
ses, tout à coup métamorphosées en
nomades, erraient de plaisir eu plai-
sir, et sans doute ne se bornaient pas
à l'unique sacrifice que commandait
Mjlitta. D'ailleurs les hommes, leurs
tyrans, avaient leur part de ces excès.
Que Ton n'oublie pas non plus que
c'est presque sous les parallèles inter-
tropicaux que se jouent ces scènes
brûlantes que nous proclamons
si hardiment incroyables. Enfin les
faits viennent k l'appui. Les déliran-
tes cérémonies du sivaVsme hindou ne
peuvent être révoquées en doute j et
dès-lors quoi de plus naturel que cette
série d'imitations que nous offrent la
Perse , la Babylonie , la Phénicie ,
l'Egvpte , la Grèce même et l'Italie.
Qu'il nous sufiise ici d'indiquer les
nombreuses Phallagogies égyptiaques
et grecques , les Paamylies , les Or-
gies, les Floralies, les pierres coni-
ques ou pyramidales de Cypre, de la
dardaigne, Priape , Isis, Cotytto,
Astarté , Succoth-Bénolh , Fauna ou
la bonne déesse. Les mœurs, il est
vrai, semblent muius ouvertement
violées dans les contrées occidentales
qu'en orient. Mais là se trouvent deux
graves modifications. D'abord le cli-
mat est moins ardent; ensuite les
femmes, plus libres dans le cours or-
dinaire de la vie , s'adonnaient avec
un peu moins d'énergie et de fureur à
la volupté. Enfin , qui sait bien ce qui
se passait dans l'ombre des temples,
des grottes, des bois sacrés et des
sanctuaires ? Les boucs des fêtes de
Mandou, lesasellides Mystères de la
bonne déesse, ne sont peut-être pas
aussi imaginaires que nous voudrions
le penser pour l'honneur de l'huma-
nité (^0;y. Juvénal, sat. VI)* — My-
liUa, selon les anciens, signifiait Vt-
MYR
nrtipx, génératrice. Il est impossible,
une fois cette traduction admise, de
ne pas songer à Ilithyc ou Eleutho.
Le M initial est sans doute l'analogue
du maha samskrit (grand, grande)
ou du ma phi*ygien (mère). Ma-Eleu-
tho ou Maha-Ilitta, Mahélitta, Mou-
litla est donc la Haute - Déesse , la
Dîa , la Dévi par excellence , la Fé-
condabilité, la Passiveté, la Matière,
l'Eau, l'Eau-Flamme , l'Ethra, la vé-
ritable Vénus -Uranie, épouse adé-
quate du Feu, d'HéphesIe, de|^Fla.
Comp. Ilithye, Siva, Vénus.
Mi'lNÈS, Moy»?f, régnait a Lyr-
nesse, et était l'époux de cette Hippo-
damie, fille de Brisés, dont Achille
fit sa concubine. Mynès était tombé
sous ses coups lors du sac de la ville.
MYRIîNE, M«(o/v.7, héroïne épo-
nyme delà ville de Myrine en Eolide,
était reine des Amazones lorsque ces
intrépides guerrières furent vaincues
dans les plaiues de la Cilicie par
Mopse. Elle-même fut tuée dans la
bataille par le devin-prince. — Une
autre Myrine, femme de ïhoas et
mère d'Hypsipyle, est connue par les
légendes de Lemnos. Mais que sont
les Lemnienues de la légende, si-
non des Amazones? Les deux reines
Myrine ne sont donc qu'un même
ncto que chaque ville aura brodé dif-
féremment.
MYRIONYME, Myrionyma, et
en grec ^ M.vpimv/u.og ( sous-ent. 0iu ,
déesse), c'est-k-dire aux dix mille
nomsy surnom qu'on pourrait donner
k toutes les grandes déesses, puisque
toutes étant des personnifications d'at-
triduts divins arrivent (en vertu de ce
principe que la personne divine est
dieu) a être la divinité tout entière,
et par conséquent peuvent devenir
personnifications de tout autre attri-
but divin, mais que la déesse égyp-
tienne accapara de préférence k lou-
4
MYR
tes les autres. On sait qu'à l'époque
de la décadence égyptienne, autant le
culte d'Osiris, d'Isis et d'Haroéri de-
vint populaire par les légendes et les
cérémonies du dehors, au tant il affecta
dans l'intérieur des temples et sou:>les
voûtes consacrées aux mystères une
tendance transcendantale. Isis monta
dans la première dynasiie, et, femme
de Fré-Osiris, elle fut Isis-Pooli
(Isis- Lune) 5 femme de Fta-Osiris,
elle fut Isis-Athor; femme de Knef-
Osiris , elle fut Isis-Neitii 5 antérieure
aux trois Démiurges eux - jnèmes ,
elle fut Isis-Bouto. Boulo , Neitli ,
Athor, Pooh, ne contiennent-elles pas
en elles les germes du monde? astres,
éléments, agents majeurs de tous les
phénomènes célestes, premiers mo-
teurs de la machine de l'univers, tout
u'est-il pas la. Ne nous étonnons donc
f)oint de voir les poètes, les orateurs,
es philosophes elles théosophes syn-
crélistes lui prodiguer les qualifica-
tions les plus pompeuses comme les
plus variées, et lui déférer les noms
de mille autres divinités hellénico-
romaines. C'est la Nuit, mère univer-
selle des êtres (Bouto) ", c'est la Na-
ture ou la Matière ( Alhàuà-Physis ,
identique a Neilh, ou Bouto) 5 c'est
Vénus céleste, et l'Eau primitive, et
l'Amour (Athor?)- c'est la Lune
(Pooh) 5 et, soit h titre de Lune , soit
à titre de Nuit, c'est Hécate, c'est
Salé, la reine des enfers. Aussi Apulée
{Ane d'or y liv. XI, p. 678 de l'éd.
Paris, 1601) lui fait-il tenir le lan-
gage suivant : «Me voici : voici la
« Nature, cette mère universelle des
«êtres, souveraine des éléments,
« tige primordiale des siècles, anneau
« le plus élevé de la chaîne des dieux,
a reine des Mânes, reine des essences
«célestes, type fondamental dont
« dieux et déesses ne sont que des
« reflets. Cimes étincelautesdç l'Ein-
MYR 137
« pyrée, brises salutaires de l'Océan,
a silence plaintif des enfers, un signe
« de ma tète vous maintient eu équi-
« libre ! Lue par mon essence , j'en-
c£ lève, sous mille formes, sous mille
« noms, sous mille cultes, les homma-
« ges de l'univers. Les Phrygiens ,
« ces premiers-nés de la Terre ,
u. m'appellent la mère des dieux, la
« grande mère de Pes5iuonle(Cybèle)j
«je suis, chez les autochthones de
« l'Altique, la Minerve de Cécropsj
« dans l'île de C^pre que battent les
ce vagues, la Vénus de Paphosj pour
« les Cretois aux ilèches rapides,
« Diane Diclynae ^ pour la Sicile au
« triple cap, Proserpine , la reine
« du Styx^ aux Eleusinies, l'antique
K Cérès; pour d'autres, Junon, Bel-
« loue, Hécate, Rhamnusie. L'Elhio-
« pie, plus voisine des feux du soleil
« naissant, TAsie,! Egypte, sainte dé-
« positaire des doctrines antiques,
« m'offrent les hommages les plus di-
a gnes de moi , et me donnent mon
« vrai nom , Isis-Rcine. n Donnée
pour épouse, non plus simplement à
Oàirls, mais a Jupiler-S^napis (sou-
verain seigneur des cieux et des en-
fers), Tlsis Myrlonymc des temps pos-
térieurs a été représentée avec soa
époux sous les traits du serpeul, em-
blème du bon principe et de Tinfini-
tude. Les deux reptiles ont une tète
humaine 5 sur la première est le mo-
dius, insigne mystérieux de Sérapisj
sur l'autre se balance une coiffure de
feuilles ou de plunics(Voy. Dcscr. de
lÉg., t. V, pi. 69,11).
MlllMEX, 'Slvffi-à (fourmi): 1°
femme d'Epiméthée et mère d'Ephyre
(c'est faire venir les Corinthiens des
Myrmidous, ou bien encore ramener
les légendes h fourmis) ; 2" jeune fille
favorite de Minerve qui lui fit cadeau
de la charrue. Myrmex y ajouta le
versoirj puis, au lieu de recouyaître
i38
MYR
qu'elle n'avait que perfectionné l'ius-
trumcnt imaginé par Minerve, elle
s'en attribua l'invention. Minerve,
pour la punir, la changea en fourmi ,
et «lie devint raère d'une multitude de
fourmis que Jupiter , h la prière
d'Eaque, changea en hommes ( J^oy.
Eaqve; et comp. Clytoris).
MYRMIDON, Mvff^iS'o,,, fils de
Jupiter et d'Euryméduse, régna dans
laThessalie, et donna sen nom aux
Mjrmidons. Ce peuple, on le sait,
habitait aussi Egine, île du golfe Sa-
roniquc. On a varié sur l'origine et
sur le mode de sa dispersion. Les
Eginètes donnèrent-ils naissance aux
Myrmidons de la Thessalie , ou bien
les Myrmidons de la Thessalie la don-
nèrent-ils par une émigration k leurs
homonymes Eginètes? Pour qui sait
apercevoir la physionomie des peu-
plades antiques et reconnaître des
Pélasgues dans les Myj raidons, la ré-
ponse ne peut être douteuse. De la
Thessalie partit la colonie qui alla
peupler Egine. Il n'est plus permis
aujourd'hui de faire irradier les Pé-
lasgues d'un centre méridional vers le
nord : il est bien reconnu que ce haut
filateau, nœud commun delà Thessa-
ie, de la Macédoine, de l'Epire et
de l'IUyrie , fut le vrai berceau des
Pélasgues. Il est vrai qu'une troisiè-
me solution pourrait s'offrir h l'esprit.
Les Myrmidons Eginètes, dirait-on,
n'ont nul rapport avec ceux de la
Thessalie. Le nom seul est le même
de part et d'autre ; et dans le fait une
origine tout autre que celle du Tbes-
salien Myrmidon est assignée aux
Eginètes. La population primitive de
cette île fameuse venait de périr
victime d'une épidémie 5 il ne restait
que le roi. Eaque , c'était son nom,
supplia Jupiter, son père, de lui donner
de nouveaux sujets, ne fussent-ils pas,
dit-il , en plus grand nombre que les
MYR
fourmis que je vols sur ce chêne qui
t'est dédié. Jupiter l'cxauca, et les
fourmis devinrent toutes des hommes.
Eaque, en mémoire de cet événement
miraculeux , les appela Myrmidons.
Eh bien ! cette tradition , en appa-
rence si éloignée de l'autre, n'en dif-
fère pas essentiellement. D'abord
Eaque, pèredcPélée, aïeul d'Achille,
nous ramène à la Thessalie. Le rap-
port de la Thessalie et d'Egine est
donc déjà, établi : l'antériorité de la
Thessalie est, nous l'avons vu, incon-
testable. De plus, Eaque est fils de
Jupiter, comme Myrmidon; Eaque est
l'homme-fourmi, comme Myrmidon.
Pour les preuves, les voici : Myrmi-
don est toute la race myrmidonienne;
la race myrmidonlennc , c'est la race
myrmécienne ; et la race myrmé-
cienne qu'est-ce, sinon les fourmis,
«( ft\)f)(Afix.isl Myrmidon est donc
l'homme-fourmi, Eaque l'est aussi;
car c'est un être chlhonien (il est juge
aux enfers) ; car c'est un législateur
agricultural , et l'agriculture ( Foy.
Cecrops) a son emblème dans la
fourmi. Les Athéniens aussi, ces Pé-
lasgues qu'avaient précédés les Lelè-
gucs , et que suivirent les Hellènes ,
les Athéniens en se prétendant Au-
tochthones admettaient des symboles
analogues. Cécrops , leur Tolh a face
humaine, est l'homme-cigale , et ils
portaient des cigales d'or à leurs
cheveux comme indice de leur autoch-
thonat, et comme preuve de leur ci-
vilisation agricole.
MYRRHA, Miipp^s, fille de Cinyre
roi de Grèce , eut un commerce in-
cestueux avec son père , s'enfuit du
palais dès qu'il se découvrit, et ai'-
rlva ainsi dans les déserts embrasés
de l'Arable, où les dieux la métamor-
phosèrent en arbre a myrrhe. Quoi-
que enveloppée d'une âpre écorce ,
elle mit au monde Adonis au bout du
MYR
terme ordinaire de la geslation ; et
ce fruit d'un amour infortuné acquit
en peu de temps des grâces égales a
celles de sa mère. Plusieurs mytho-
graptes font naître Adonis tantôt
d'une autre mère que Myrrha, tantôt
d'un autre père que Cinyre {V^oy.
Adonis, LIII , 71). Quelques-uns,
en lui donnant Myrrha pour mè-
re , font de cette princesse l'épouse
du roi égyptien Ammon; et alors
Adonis est le fruit légitime de l'hy-
men. L'idée orientale vraie est celle
qui admet l'inceste, mais l'inceste
sans culpabilité {p^oy. Sakti). Du
reste, Ammon, ou mieux Amoun, n'est
que le grand dieu époux naturel de la
haute déesse Myrrha ou autre. Ce
dieu distinct du soleil (et Cinyre est
un soleil) peut pourtant se déléguer
en un soleil. Cinyre et Myrrha sont
donc une légende cypriote, Amoun et
Myrrha une légende gréco-cypria-
que des Grecs égyptianisants. Il est
inutile d'ajouter que Myrrha est l'ar-
bre à myrrhe personnifié. Les épou-
ses, les amantes du soleil sont souvent
des arbres. D'autre part , qui dit
haute déesse, dit fécondité, passive-
té, matière, tige qui effleurit a la
surface de la terre, en conséquence
filante, arbre, fleur. Admirons aussi
a délicatesse du mythe qui fait d'A-
donis un produit balsamique , un en-
cens vivant, un parfum, une am-
brosie, digne et suave objet des inex-
tinguibles amours de Vénus. Myr-
rhe en arabe se disait mor. Quel-
ques traditions regardent le nom de
Myrrha comme identique h celui de
Smyrna, et substituent ce dernier à
celui de Myrrha. — Alfiéri a fait une
tragédie de Myrrlia, qui est plutôt
un opéra qu'une tragédie, mais qu'on
a eu tort de dédaigner.
MYRSE , Myksus , Mu/Kror , de la
race des Héraclides , régna en Phry-
MTK
139
gie, et fut père de Myrsîle, le même
que Candaule.
MYRTILE, Myrtiltjs, Mi^r/-
A«f, cocher d'OEnomaiis , devait le
jour, selon les uns. à Mercure et k
Cléobule, ou à Théobule , ou a Cly-
tie , ou à l'Amazone Myrto , ou a la
Danaïde Phaéthuse ; suivant les au-
tres , a Jupiter et a Climène. OEno-
raaiis avait vaincu a la course des
chars , et par suite avait massacré
inhumainement tous ceux qui préten-
daient h la main de sa fille Hippoda-
mie, quand Pélops, amoureux de
cette princesse , et désespérant de
l'obtenir par les voies ordinaires,
entreprit de corrompre Myrtile. Il
lui promet , au dire des uns , la moi-
tié de son royaume ou bien la moitié
de l'Elide, selon les autres, la pre-
mière nuit d'Hippodamie. Quelques
traditions portent qu'Hippodamie
elle-même lui en fit le serment. Quoi
qu'il en soit , Myrtile docile aux vues
de Pélops négligea d'arrêter les roues
du char d'OEnomaiis par le moyen :i'
le roi d'Elide tomba dès le commence' '
ment de la course, et se fracassa la
tête. Pélops vainqueur lança Myrtile
h la mer , lorsqu'il viut réclamer le
prix de sa trahison. Son corps arriva
(on devrait bien nous dire comment) k
Phénée en Arcadie, oii les Phénéates
instituèrent une fête funèbre en son
honneur. Pélops lui-même élev? un
monument a celui dont il venait de
se débarrasser, et chercha par tous
les moyens imaginables a calmer le
courroux auquel il croyait Mercure en
proie. Il lui bâtit même un temple k
Elis. Cependant Mercure irrité ne
cessa pas de poursuivre la dynastie
des Tantalides, et il plaça son fils au
ciel , oii il devint la constellation du
Cocher (^o/.Absyrte, Phaéthow).
MYRTO, Mup» : 1° Amazone
dont Mercure eut le célèbre cocher
i4o
MYS
Mjrlile; 2" fille de Ménèce et sœiir
de Palrocle , fut femme d'Hercule et
inèred'Euclée(Ew'x>£<a). C'est de l'une
d'elles (et non de Mjrlile) que vient
le nom de Mer Myrloïque ou Myr-
toenne (Mvrioum) donné h une ré-
gion de l'Arcliipel.
MISCÈLE et quelquefois Ml-
CYLLE , Myscelus , Micyllus,
MvVxtAo;, M/«t.A>.of, d'Argos , avait
pour père Alémon. Dcus fois Hercule
lui apparut en songe pour lui ordon-
ner de quitter sa patrie et de fonder
au dehors une ville nouvelle. Mys-
cèle. qui craignait les peines portées
contre les émigrants par le code
d'Argos, n'obéit qu'a la deuxième in-
jonction. Ce qu'il redoutait arriva
justement : on eut veut de ses prépa-
ratifs de départ. Il est pris, traduit
en justice, condamné : mais quand on
dépouille le scrutin, au lien des bou-
les noires que chaque juge y a placées
ostensiblement , on ne voit que des
Loule^ blanches. Il devient évident
qu'un dieu protège Myscèle. II part,
touche rilaJie, et voyant au lieu oii
il aborde le tombeau d'un nommé
Croton, il donne à la ville qu'il bùtit
Je nom de Crotone. Maintenant on
va dire pourquoi s'arrète-t-il au tom-
beau de Croton.^ C'est qu'une cour-
tisane y pleurait. L'oracle lui avait
ordonné de fixer son séjour au lieu où
il verrait pleuvoir par un temps se-
rein. Myscèle crut avoir trouvé la
vraie soluijîon de l'énigme dans celle
espèce d'antinomie que présentent les
larmes et le rôle plus gai que jouent
d'ordinaire les femmes de l'espèce de
celle qui s'offrait a sa vue. Les dou-
leurs d'une fille de joie , n'est-ce pas
la la pluie elle beau temps.-'
MYT
MYSIE, Mysia, M«ff/«, Cétès
ainsi nommée en Achaïe, en La-
conie , et sans doute aussi a Argos,
en mémoire de Myse (Mysos ou My-
sios), Péloponésien qui lui donna
l'hospitalité. A Hallène en Achaïe
son temple s'appelait Mvsée, en La-
conie ses fêtes étaient dites Mysies.
Les Mysies pallénicnnes duraient trois
jours. Le troisième , on chassait du
temple les hommes et les chiens mâ-
les j les femmes restaient enfermées
toute la journée et toute la nuit sui-
vante. Le lendemain de ce pervigi-
lium bizarre, les hommes rentraient
dans le temple, et les brocards, h
ce qu'il paraît, plcuvaient départ et
d'autre. Comp. Ciînfes. — Diane aussi
porta le nom de Mysie en Laconie.
MVSTE, Mystes, Mva-Tvs (qu'à
tort on a traduit par le mystérieux),
Bacchus qui joue un si grand rôle
dans les Eleusinies et le Cabiroïdisme
des Corybanles.
MYTHIDICE , M.O J^., , fille de
Talàs, sœur d'Adraste, femme de
Mnésimaque et mère d'Hippomédou ,
un des sept chefs.
MYTO, MuTÛ (g. MvTovi) , fille
de Mylilène et de Neptune, fonda
la ville de Mytilène , et lui im-
posa le nom de sa mère. Il est diflS-
cile de trouver de la mythologie to-
pograpliique plus pauvrement imagi-
née et rédigée. Evidemment Myti-
lène dut son nom à l'immense quan-
tité de rayliles (les mollusques, qu'au-
jourd'hui nous appelons moules) dont
étaient remplies les eaux des envi-
rons. Mylilène veut dire pays aux
moules (comp. les noms géographi-
ques Moxoène, Sophèue, Abrellène,
etc., etc.).
IV AI
TfAI
i4i
N
NABO. Foy. Nebo.
NAGAKANIA (la femme au ser-
pent ) se montre dans le Skanda-
Pourana assise au pied de l'arbre
de la sagesse (Kalpavrikcha), qui
fleurit dans l'île du soleil (Souvarna-
Douipa ) , vers l'occident. L'enfer
( Patala ) développe ses gouffres
aux pieds de la sagesse. Une autre
section du même Pourana nous
montre un arbre magnifique aussi,
surgissant du sein de l'abîme. C'est le
même que Kalpavrikclia j il se nomme
Lakchmivrikcha ou Vichnavavrikcha.
C'est l'arbre solaire, l'arbre aux
pommes d'or , l'arbre des richesses,
et c'est aussi l'arbre Plutouien.
naïade, Naias, qu'on donne
pour la mère de Priam, n'est qu'une
naïade anonyme , de même que
toutes les autres naïades que l'on
pourrait rencontrer chez les poè-
tes , sans qu'un nom propre y fût
adjoint. Notons de plus que INaïs ou
INéls est le même nom que Naïade.
naïades (les), Honâèis, ny mphes
des eaux fluvialiles. Filles de Jupiter,
elles apparaissent souvent chez les
poètes a la suite de liacchus , et
même ce sont elles qui donnent nais-
sance aux Satyres (Comp. ce nom).
Celte association des eaux et d'un
dieu brûlant n'a rien qui doive éton-
ner : Ganga est la femme de Siva.
D'ailleurs les nymphes en général
sont liées au culte dionysiaque. Vin ,
miel, huile, fruits, fleurs, telles
étaient les ofi^randes qu^on présentait
à ces déesses. On leur sacrifiait aussi
des chèvres et des agneaux. Dans les
représentations figurées, les Naïades
spnt jeunes , jolies , minces 5 des
roseaux ornent leur chevelure; leurs
ipains portent un coquillage , queî-
âuefois des perles; comme le dieu-
euve elles ont à la main une urne
dont l'eau s'échappe. Près d'elles se
trouve quelquefois le serpent ascle-
pique, symbole de santé. Les Naïades
alors deviennent plus spécialement les
déesses des eaux thermales. Quelque-
fols, ainsi que les Grâces, elles se
tiennent parla maiu. [Voy. Paciaudi,
Monuni. Pelop., I, 223.) Elles
ont souvent Hercule, Pan, les Dlos-
cures aupris d'elles. Un bas-relief du
Musée Capilohn (IV, 54) les mon-
tre enlevant Hylas. Dans quelques
monuments elles servent a indiquer la
contréedans laquelle l'action se passe.
Quant à la diSérence qui sépare les
Naïades des Potamldes, des Lim-
niades et même des Nymphes, il faut
recourir a l'article Nymphes.
NAIIRAS (les) dans l'Inde sont
huit jeunes et belles nymphes, musi-
ciennes, qui comme les Gopls forment
avec le céleste dieu bleu des danses
ravissantes. On les nomme aussi
Naïagas, Au fond ce ne sont que les
Gopls considérées sous une autre
face. Vichnou a pour femme Lakch-
ml , a la fols lumineuse et lactée
(fille de la mer de lait) : Lakchmi
monade s'émane en huit Lakchmls j
Lakchmi lumineuse et lactée se scinde
en huit déesses étoiles et huit déesses
laitières, c'est-h-dirc en huit Naiikas
et huit Gopls.
NAINS. Foy. Dvergar.
NAIS, HctU ■ 1" maîtresse de Sa-
turne et mère de Chiron; 2" fem-
me de Bucolion et mère d'Esèpe et
Pédase [V . AbarbarÉe); 3° femme
d'Otryntéeelmère d'Iphllion, — Naïs
n'est pas un nom propre, c'est le
mot générique Naïade. — On nomme
encore une NaÏs, nymphe de U meç
l4a
NAN
Rouge. Elle prodiguait ses faveurs à
tout venant , puis changeait les mal-
heureux en poissons; enfin Apollon
vint et lui fit subir à elle-même cette
transformation. U est clair pour
nous que celte dernière n'est qu'une
Ondine-magicienne dont le type s'est
reflété dans les Addirdaga, les Circé,
les Méibdh , etc., et même au moyen
âge dans l'Armide du Tasse.
INALA, le vaillant singe, devait
le jour h l'architecte céleste Viçoua-
karma. Il fait partie de toute celle
trorfpe de guerriers singes qui suivent
Rama lors de l'expédition contre
Lanka (Comp. Sougriva).
NAN (les), esprits médicinaux
selon les Lapons, affeclent surtout la
forme de mouches. Les bons habitants
du Lappland en prenant ces insectes
croient avoir des puissances préser-
vatrices, elles portent soigneusement
avec eux dans des sacs de cuir.
3NANA, nom qu'Arnobe (cont.
les Gentils j V, 4), on ne sait sur
l'autorité de quelle légende , donne à
la jeune nymphe, fille du fleuve San-
gar ou Sagar {Sagaris ou Sanga-
rius ^ auj. Sakaria), et mère d'Atys.
On sait qu'elle devint enceinte pour
avoir caché dans son sein les fruits du
{)halle-amandier , jadis organe viril de
'androgyne Agdistis {Voy. ce nom).
Évidemment Nana est une nouvelle
personnification de l'organe sexuel
femelle, comme conceptivilé; et en
vain l'on objecterait à celle idée le
double emploi qui résulte de la co-
existence d' Agdistis et de la nymphe
préalablement mentionnée : on peut
en mythologie rentrer dans l'ombre
et en sortir à volonté.
NANDA, célèbre roi pasteur,
avait pour femme lachoda. lachoda
venait de mettre au monde une jeune
fille, incarnation de Kali. Les deux
époux la. changent contre le jeune
NAN
Krichna qui vieHt de naître de Dévagî
(ou Dévaki) et de Vaçoudëva. Kansa,
le tyran, à la nouvelle de l'accou-
chement de sa sœur, court h sa pri-
son, et s'empare de l'enfant que les
prophéties désignent comme le futur
instrument de sa punition, k C'est une
fille», crie la mère tremblante. Kansa
allait néanmoins écraser l'enfant con-
tre la muraille lorsque tout-k-coup
Kali , repoussant son bras avec vio-
lence , s'élève radieuse au sein des
airs. « Ecoute, Kansa, dit- elle,
et tremble ! Je suis Bhavani : tu vou-
lais m'égorger, je saurai te punir.
Sache que ton meurtrier est né
dans un impénétrable asile j il gran-
dira pour revenir ceint du glaive de
justice, j» Nanda, en effet, emmenait
le jeune Krichna dans sou domaine
de Vrindavanl ou Gokoulam. lachoda
le nourrit de son lail. Plus tard, se
croyant menacé à Vrindavanl, ils émi-
grèrent encore, et choisirent Nan-
dagrama pour séjour. Le taureau
Vahanam de Siva s'appelle aussi
Nanda. Nous abandonnons au lec-
teur les incontestables rapports qu'il
y a entre ce taureau de la mytholo-
gie sivaïque et le père nourricier de
Vichnou-Krichna.
NANDI, déesse hindoue de la
joie, est identifiée tantôt à Bringhi,
tantôt à Radha. Le fait est que toutes
trois sont des incarnations parallèles
mais non identiques de la déesse-fer-
tilité, Prilhivi ou Louki, qui elle-
même est une face de Lakchmi. Les
Gentoux nous font voir Kissen dan-
sant au milieu des deux belles nymphes
Nandi et Bringhi: Kissen (Kisna,
Kistnah) n'est autre chose que Yich-
uou.
NANN, Nannus, roi des Ségo-
briges, enGaule , donna sa fillePetta
ou Gyplis, en mariage au chef pho-
céen Protès, et favorisa l'établisse-
I
NAO
raenl de la colonie qui fonda Mar-
seille, On lit Mann au lieu de Nann
dans quelques écrits.
NANNA, femme de Balder, le
plus beau des Ases Scandinaves, mou-
rut de chagrin à la nouvelle de sa
mort , et fui brûlée en même temps
que lui sur le grand navire Ring-
horn. Un nain vivant et son cheval
furent , livrés aux flammes en même
temps que son cadavre.
INANNAK, ]SANNACUS,N(i»vaK«f ,
un des rois les plus anciens de la
Grèce, avait prédit le déluge deDeu-
calion.
NANOS, Nocvlf : 1° fils de Teuta-
mide et descendant de Lycaon ( on
le donne comme un des plus anciens
rois de la Grèce) 5 2° Ulysse (c'était
selon les uns son premier nom ; selon
d'autres, qui le fout mourir en Tyr-
rhénie, le dernier: on le traduisait
par errant). -
NAOIS , Cadmile irlandais , fils
d'Ouisnéach , inspira un vif amour à
Déirdrej il vit celte jeune recluse
grâce a la complaisance de Léabhar-
cham, et, secondé d'Aïnle ou Anle et
Ardan ses frères et de cent cinquante
guerriers , la lira d'esclavage , lui fît
traverser les mers el la conduisit en
Ecosse. Mais bientôt le roi des
Scots conçoit pour l'Hélène d'Irlande
une passion fatale; et ÎSaoïs, avec ses
frères et ses guerriers qui forment le
clanna d'Ouisnéach, se réfugie dans
une île située sur les côtes d'Ecosse :
Déirdre l'y accompagne. Ses amis
auxquels il demande du secours s'a-
dressent tousaQounor, roi d'Irlande,
et sollicitent la rentrée du brave
clanna. L'astucieux Qonnor consent
à tout, et envoie Eogan chercher les
trois frères el leur suite 5 mais Eogau
a des ordres secrets , et bientôt Naoïs
et Ardan tombent sous sa lance.
Coœp. Dëibdre.
NAR
143
NAPÉES , Napjeje , nymphes
présidant aux collines, aux vallons,
auxbosquels.iVir/^Oi'engrecse prend
pour vallée et pour tout lieu couvert
d'arbres [F^oy. Nymphes).
NARAIANA [celui qui s'agite
sur les eaux), Dieu même, courant,
en quelque sorte, sur l'eau-pàte-raa-
tière, chaos, de laquelle sa puissance
créatrice tire le monde. Ce nom ,
aux Indes, est donné a Brahm et k
Vichnou : le dernier surtout est cé-
lèbre sous ce nom. Il est alors l'ame
du monde qui pénètre et conserve
toutes choses, qui les produisit par
l'intelligence au commencement de$
temps, et qui, lors de la destruction du
monde) les recueillera dans son sein.
Dans ce système, Brahmà est subor-
donné à Viclinou et naît du nombril de
ce dieu. L'idée de Brahm ou de Vich-
nou-Naraïana est un des types le»
plus remarquables de la mythologie.
Bien d'autres dieux aussi apparais-
sent en quelque sorte a fleur d'eau.
Le Padma-Ioni-Univers flotte pareil-
lement sur l'onde bleue. Les dieux
qui naissent du Padma ne sont qu'un
calque moins étroit du même modèle.
Les Lingam qui se dressent orgueil-
leusement sur les coupes profondes,
ou aux larges contours, appartien-
nent h la même série de symboles.
Mithra sur le seuil de sa grotte, et
tant d'autres qu'on montre dans la
mêmeposition, rentrentdanslemême
ordre de conceptions. Qu'est-ce enfin
queLakchmi sortant de la merde lait,
et Anadyomène vomie par la mer avec
l'écume et l'algue sur sa surface azu-
rée? Evidemment des Naraïana. —
On représente aux Indes Naraïana,
personnification de Vichnou, couché
et flottant sur les eaux. Il a le corps
bleu : l'onde salée a la même couleur.
NARASSIMA-VATARAM, qu'il
faut lire Nàracinghav AT AB ouN. .a-
i44
NAR
VATARàM : Vicbnou dans sa qua-
trième incamnlion , c'est-à dire a
forme de lion {f^oy. Erouma).
NARCÉE, ]N\rceus, No<f icfûî ,
fils de Bacclius et de Physcoa, insti-
tua le premier des sacrifices a Bac-
cbus, élaMil un direur de musique en
rhonneur de Physcoa, elbàlilua tem-
ple a Minerve.
NARCISSE, INabcisstjs, n«^-
xia-a-as, eî>l célèbre en mjtbdiogie par
le bizarre amour qu'il conçut pour
lui-même en vovonl sa ravissante fi-
gure réflécbie par le cristal des eaux.
On a biodé ce llième si simple,
i" Tiresias avait prédit que Narcisse
vivrait tant qu'il ne se verrait pns.
2" Sa mort fui une vengeance de l'A-
mour. Il avait méprisé l'amour d'E-
cbo , Écbo élail morte de désespoir ;
Narcisse alors se vit dans l'eau , et ,
comme la Nympbe (ju'il avait mépri-
sée, mourut d'un amour qu'il était
impossible de faire partager. 3° Il
fut changé en une fleur qui porte son
nom. i" On ajouta que Narcisse aui
enfers se regarde encore dans l'eau
du Styx. 5" Enfin, on doune pour
père a Narcisse le dieu-fleuve Cé-
phise cl la nympbe Liriope. A ces
traits, dont les deux derniers ont
de l'importance , joignons l'explica-
tion ridicule des évhémérisles. C'est
que Narcisse avait une sœur jumelle
qui lui ressemblait parfaitement. Il
eal le malheur de la perdre , et dans
sa doiJeur il venait au bord d'une
fontaine où, en regardant son image,
il croyait la revoir. On pourrait soup-
çonner dans cette hypothèse que
Narcisse aima sa sœur, n'en put être
aimé, et mourut de douleur. — C'est
ici le cas de faire l'histoire d'Echo.
Celte Nympbe, dont le nom veut dire
voix, son, bruit (iî;!i«f) > ^^^'' "°^ ^^*
«nivantes de Junon. Plus fidèle a Ju-
piter qu'k sa maîtresse, elle sut k di-
NAR
verses reprises, par les charmes de s!(
conversation , empêcher la jalouse
souveraine des dieux de découvrir les
intrigues galantes de Jiipiler. Junon '
enfin s'aperçut de la ruse: Echo fui
bannie de l'Olympe , et condam-
née "a ne plus répéter que les derniè-
res syllabes que prononceraient ses
interlocuteurs. Descendue sur la terre,
e'ie fut aimée de Pan ; elle lui résista.
Eprise K son lour de Narcisse , et
ne pouvant pas lui faire connaître
son amour, au moins par la voix, elle
se consuma de douleur, et peu a peu
s'évapora dans les airs. A partir de ce
jour ce ne fut plus une Nymphe, ce
fui un son. — L'amour cl la mort de
Narcisse onl inspiré k Ovide un des
épisodes les plus spirituels des Méta-
morphoses (ÙI, 34i-5io). Dumous-
tier. Lettres sur la Mythologie, a
heureusement imité et quelquefois em-
belli ce morceau , qui est a coup sûr
le plus agréable de son ouvrage. Le my-
the de Narcisse tient a la religion de
Thespies, où sans cesse on voit repa-
raître les eaux, lacs, sources, fleuves,
dieux-fleuves, nymphes, et les fleurs :
les fleurs se mirent dans les eaux, et,
d'autre part, les fleurs jaunes sont des
symboles de deuil. Ce n'est rien en-
core; a toute minute des éphèbes ,
de jeunes braves, des vierges s'iden-
tifient aux fleurs: Clylie, Ajax, Hya-
cinlbe, Abder, Dapbné , en sont les
charmants et tristes témoins. Allons
plus haut à présent. Ces existences
qui s'effacent de plus en plus, ces
héros, ces vierges qui deviennent des
fleurs, ces fleuves qui se résolvent en
images, ces images qui ne sont que le
néant, symbolisent la vanité, non pas
des choses humaines, c'est dire trop
peu, mais de l'univers entier. Qu'est-
ce que le monde? Maïa, Maïa beauté
maisillusion. Sans doute il est beau, cet
univers, avec ses astres, sa lumière,
I
NAR
ses couleurs , son harmonie et sa po-
pulation d'animaux et de fleurs 5 mais
tout cela dans les dogin<es du spiri-
tualisme, est-ce ou n'est-ce pas?
voila la question. Et la réponse, la
voici : cela n'est pas (comp. l'article
Maïa). Qu'arrive-t-il donc? L'uni-
vers, tout illusioum'l qu'il est, ne
s'imagine pas que tout soit illusion : il
s'aime, il se mire, il s'admire, il as-
pire a la possession de quelque partie
de lui-même. 11 soupire pour des il-
lusions. Il tend les bras a des images,
il trouble l'eau paisible, condition du
phénomène : et alors adieu le specta-
cle dans lequel il s'est complu! Nar-
cisse est donc le monde. En un sens
moins haut , Narcisse est lame qui,
avide de positif, prend la fantas-
magorie physique pour une réalité,
et tantôt sur les ailes du plaisir la
poursuit, l'embrasse, l'élreint, et s'a-
perçoit qu'elle n'étreint qu'une om-
bre, tantôt, se livrant aux spéculations
de la métaphysique, scrute le phéno-
mèue , cheiche un critérium, et ne
trouve à la place de la certitude que
de désolantes raisons de tout révo-
quer en doute. Les idées que nous
esquissons ont été variées de plus
d'une manière par d'habiles mylbo-
graphes. Nous ne pouvons les suivre
dans tous les détails auxquels ils se
livrent. Le phénomène si fameux du
mirage, qui a donné lieu a la création
de la fée Morgane et à Mélusine, etc.,
se lie de loin aux fables de Narcisse.
L'eau est la grande magicienne.
Que, pénétré de celte idée , on par-
coureîes fables de Circé, de Calypso,
d'Addirdaga, dcNeith, on sera éton-
né de la richesse de ces mythes en
eux-mêmes, et des rapports qu'ils of-
frent avec Narcisse et tant d'autres.
Comp. aussi le mythe des Nymphes
ascanides^ enlevant Hylas, ainsi que
celui des Sirènes attirant K elles qui-
WAR
14S
conque passe et le gardant à fout ja-
mais dans leurs eaux. — La plus cé-
lèbre représentation figurée de Nar-
cisse est celle qu'on trouve dans le
Musée florentin^ III, pi. 71 :
J^oy. aussi Winckelmann, Monum.,
ont. ined.^ XXIV; et les remarques
de Visconli, 31uséc Pio-Ciémen-
tin, II, p. 60, etc.
NARËDA, fils de Saraçouali et
par conséquent de Brahmà, inventa
la vina ou lyre indienne. Musicien
habile, il est lié a Krichna cl Hanou-
man jouant de la tlùte au milieu dci
chœurs célestes des Gandharvas, des
Kinnaras , des Raguinis et des autres
personnifications hindoues de l'art
musical. Il y a plus : la viua fut faite
d'écaillé de tortue, et cette tortue à
la carapace sonore n'est autre que
Vichnou {f^oy. Kourma). On voit
parfois Naréda naîlre de Saracouati
seule, ainsi que Dakcba et les six ou
douze Ragas. Saraçouali alors doit être
considérée comme la sagesse divine.
— Nareda figure toujours sur la lislo
des Pradj.ipatis, mais non sur celle
des Menons; toutefois, comme les
Pradjapatis émanent lantùtdeRrahmà
immédiatement, tantôt de Brahm par
Menou son fils, il est évident qu'on a
pu qualifier abusivement Naréda de
Naréda-Mauou. De là le nom de
Nardman sous lequel on le désigne.
Est-il besoin de faire remarquer l'ana-
logie de Naréda et de Mercure? De
part et d'autre se rencontrent sagesse
et lyre faite avec l'écaillé de la tor-
tue. Maintenant un autre trait de
coïncidence plus important, c'esl la
ressemblance de Naréda et d'Ha-
nouman, et, comme Hanouman a une
tète de singe, de Naréda et de ïoth-
Hermès-Anubis.
NARFE est, chez les Scandina-
ves , le fils de Loke et le frère de
Vale. Ce dernier le dévora, et se»
tv.
146
NAT
inieslins, changés en chaîues de fer,
servirent de liens à son père.
NARFI, la nuit infernale person-
nifiée chez les Scandinaves.
NARS, dieu arabe, était repré-
senta sous la forme d'un aigle.
NASAMON, héros éponyme des
Nasamones en Afrique , selon les
Grecs passait pour fils de Trilonis(ou
Diane) et d'Amphilhémis, et avait pour
frère Ccphalion.
WASCIO ou NATIO , déesse ro-
maine, était censée présider à Theu-
reuse naissance des enfanb et à la dé-
livrance de leur mère. Elle avait un
temple à Aidée où on lui oGFrait nn-
Duellemcnt un sacrifice solennel. La
cérémonie principale était une pro-
cession (R.ac. : nasci, naître).
NASTE, NaSTES, N«irriff, chef
carien, secourut Priam assiégé par
lesGrecs. Il avait pour pèrelSomion.
NATAGAI est le créateur du
monde cher les Mongols, qui du reste
ne lui rendent aucun culte.
NAÏIGAI ou STOGAI. ^oy. ce
dernier nom.
INATTS (les) sont, chez les Bir-
mans, des esprits aériens et malfai-
sants.
NATURE (la) tant de fois divini-
se'e par tous les peuples du monde
sous mille noms différents (/^. Bha-
VAIÎI , DlA?iE, GÉTSÉTYLLIDE, IlI-
THYE, Isis, Maïa, etc.), Ta été de
plus sous les noms mêmes de Na-
tura et de Physis. On la faisait
femme ou fille de Jupiter. Ces va-
rianlesse traduisentpournousen fille-
épouse, et n'offrent aucune contra-
diction. C'est surtout Isis et Minerve
qui ont été prises pour la Nature. On
peut voir la Nature sous les traits
d'un enfant dans le superbe bas-re-
lief du Musée Pio-Clémeutiu, repro-
duit par Mllliu, Galerie mylhoL,
548.
NAU
NAUBOLE, Naubolus, N«i^«-
Aof :i° tils de Lernos et père de Cly-
touée ( Aoy. Nauplius)^ 2" fils
d'ilippase; 5** père de deux chefs
phocéens, Kiiislroplie et Schédius.
NALPIDAME, N««7rJ«^.., fille
d'Amphidaraas , maîtresse d'ilélios
et mère d'Airgias.
NAUPLltS , N«JirA«f, le héros
par excellence des Eubéens , n'est
que la navigation personnifiée dans
quelques-unes de ses rirconslanres.
L'impossibililé de concilier les détails
de sa biographie a mis les niodirnes
évhémérisles dans la nécessite de le
scinder en deux et même en trois
personnages. Du premier, ils font
un fils de Neptune et de la Dauaïde
Amymone : navigateur habile, il fon-
da Nau[)lie, porta en Mysie, à la
cour du roi Teiithras, Aiigé rejeté
par son père loin de la continentale
Arcadie , el enfin péril noyé sous les
flots marins, pour s'être indigné que
les dieux noyassent les hommes. Nau-
plius donna le jour à Prœlus, de qui
dcscendiieut en ligne directe Lernos,
Naubole, Clylonée et enfin Nauplius
le jeune. On fait aussi de ce Nau-
plius Il un fils d'Amymone 5 son père
est Clytonée. Il fut Argonaute. C'est
lui qui le premier guida les navires à
l'aide des étoiles, et fit connaître
la grande Ourse aux Grecs. On as-
sure qu'à la mort de Tiphys il se
présenta pour la place de pilote ,
mais Ancée l'emporta sur lui. — Un
troisième Nauplius , puissant en
Eubée, passa sa jeunesse sur les mers.
Le roi Calrée lui confia ses filles,
Erope (ou Aérope) et Cliraène, pour
les conduire en pays étranger. Nau-
plius maria Erope k Plisthène , et
garda pour lui Climène dont il eut
trois fils , Palamède, OEax et Nausî-
médou. Quflques mythologues font
naître ce dernier de Philyre ou Hé-
I
NAll
sione. On sait comment Palatnède
périt devant Troie, victime des ru-
ses d'Ulysse. Nauplius s'en vengea
en allumant un brasier en guise
de phare sur les nombreux écueils
du cap Capbarée, a l'époque du re-
tour des Grecs victorieux. Ballot-
tés par la tempête , ceux-ci se di-
rigèrent vers ce qu'ils croyaient un
refuge favorable , et ils se brisèrent
sur la côte. Jusqu'ici tout est mytho-
logie maritime. Qui ne voit sous ces
légendes le creusement d'un port,
l'érection d'un entrepôt commercial
sur les rives de la nier, l'idée d'un
f)hare sauveur des navires, et enfin
e voyage maritime qui transporte les
Européens sur la côte de l'Asie ?
Plus tard on renchérit sur le my-
the, et l'oa voulut que Nauplius
commençât sa vengeance par ren-
dre toutes les femmes des chefs
grecs infidèles h leurs maris. Pour
y parvenir, il n'eut qu'à leur faire
annoncer par les fils qui lui restaient
la défaite de l'armée grecque, et re-
gorgement ou la captivité de leurs
époux. Les fils de JNauplius secouru-
rent Egislhe contre Oresle, et furent
tués par Pyladedans celle entreprise.
Il doit être clair pour tout lecteur que
ces trois ]Nauplius se réduiraient a
deux, s'il fallait prendre les légendes
pour des histoires. Pour ceux, qui
comprennent l'esprit des anciens, il
est plus clair encore qu'il n'a existé
ni un, ni'deux Nauplius. Les Grecs
firent naufrage en revenant de Troie;
on broda le récit du naufrage- on
voulut qu'un fanal perfide eût été
allumé sur le littoral del'Eubée, puis
on imagina , pour amener à ce dé-
nouement, une fable dans laquelle la
jalousie, la vengeance et J'asluce la-
inilières aux peuples marins jouaient
leur rôle. — Sophocle avait fait sur
ISanplius deux piè,ces intitulées, l'une
NAU
ï47
les Navif^ations , l'antre h Phart^
de ISauplius. Le cap Capliarée se
nomme aujourd'hui d'Oro. INaupliuf
dérive de vaus, vaisseau, et de fXtli y
naviguer.
ÎSAUSIKAA , 'Nxv<r,Kix , fille
d'Alcinoiis, roi de Phéacie(Corfou),
lavait SCS robes à la rivière avec ses
compagnes quand Ulysse , après son
naufrage, se présenta nusnrle rivage.
Les jeunes filles de s'enfuir; Nausikaa
prévenue par Minerve, qui avait em»
prunté la figure d'une de ses amies
pour lui annoncer son prochain maria-
ge, resta, écouta le récit du héros,
lui fit donner des vêtements, et le con-
duisit ainsi au pilais de son père, tou-
jours marchant la première , et lui
recommandant de se tenir à dis^
tance. « Plùi a Jupiter, dit -elle,
que le mari qu'il me destine fut fait
comme cet étranger ! » L'Odyssée
ne dit pas comment Minerve ac-
complit sa promesse ou sa prophé-
tie; mais Eustalhe certifie que U
princesse phéacicnne épousa Téléma-
que dont elle eut Perseplolisou Pto-
liporthe. On aiiribuait h Nausikaa
l'invention de la sphérislique, danse
qui s clécutait en lançant une balle
en l'air.
NaUSITHÉE, iiuv<r,iîx, de Sa-
lamine, fut donné dans Scyros à Thé-
sée pour guider son navire en Crète.
Phalère avait un naïdion -consacré à
i'Iiabile pilote , et la tradition vou-
lait qu'il eût été dédié par Thésée.
Ainsi Canobe , pilote de Ménélas,
avait sa tombe et son autel kRhacc-
tis ( bourgade, noyau d'Alexandrie).
KAUSITHOUS, Kccv^/êoos, et
NAUSI^'OUS , Nicv<rt\«as, passent
pour des fils d'Ulysse et de Calypso.
Le radical de tous ces noms esty^W ,
vaisseau (y joindre yoof, esprit ; $oas,
rapide). — Un autre ISausithouj,
père d'Alcinoiis j qui devait le jour in
iA8
NEA
Neplnne ri à Péribéf, régna dans Vile
de Fliéacie, et enseigna aux habilauts
de celte île l'arl de la navigation.
^'AUTÈS suivit Énce en Italie,
et fut cliaigé par le pieux lugilif de
la garde du Palladium.
IS'AXIOS, N«$««î, fils de Palé-
mon, donna son nom hTiie deKaxos
(f^oy. l'art, suivant}.
INAXOS , N«Ç»? , fils d'Acacallis et
d'Apollon selon les uns, d'Endymion
selon les autres. Un Naxios et non
^axos, fils dePalcraon, a élc aussi
nommé par les mylliologucs. Il est
clair que ce héros iraaginaire-n'eslquc
Pile de Naxos personnifiée. Nous
ne nous arrêterons point à relever
la contradiction qui existerait entre
ce mythe et la légende qui nioutre
Bacchus élevé dans N'nxos par une
triade de nymphes (Philie, Croni<î
et Cléis). Ce qui nous importe da-
vantage, c'est de bien voir i" que
JN.ixos, jNysa (le mont de Hac-
chus), Nicha (la nuit eu samskrit,
d'où Dévanicha), enfin vija-oç (île
«n grec ) ont été confondus de telle
sorte que Dévanicha-Dionyse a élé
non plus le dieu de Nysa , mais en-
core le dieu des îles, ^tCç (pour
Ziwf ou êtes) yKtrai*', S* qu'Ariadne
dans l'île de Naxos, c'est Ariadne sur
nie, Ariadne surlelolos, Ariadne
Anadyomène, une iibavani-Kamalâ-
çana.
JNEAÇA était, dans la mythologie
de l'Irlande , fille d'Eochaidh Sal-
bindhe , femme de Fachlna et mère
du grand Qonnor, le célèbre roi de
rUlster, qui souvent est nommé
Qonnor Mac Néaça ou Qonqovor
Mac Néaça. Qonnor la viola dans un
moment d'ivresse, et en eut un fils
numrac Qormaq Qonlingios. Il faut
bien se garder de voir, soit dans ces
généalogies, soit dans l'incesle qui
a'y mêle, le moiudre fait historiquç,
NEB
Tout y pose sur des données mytho-
logiques modifiées à plaisir.
NÉALCE, Nealces, Nt«AK»iV,
ami de 'l'urnus, tua Salins.
ISEAMAS, N£tfM«f, Troyen, tué
par Mérione.
NÉANURE, NU»^p»f , fils de Ma-
carée, régna dans Tile de Ci'S.
TSEAISTHEjINeanthes, Ntavtf^V,
fils du roi Pillatus, acheta des prê-
tres d'Apollon la lyre d'Orphée, qui
résonnait d'elle-même, et alla dans
les champs pour attirer les rochers et
les arbres, mais il n'attira que des
chiens qui le dévorèrent. Comp. Or-
phée.
NEB, N>ito, une des formes du
nom de Kneph ou Knef. Nous la
concluons du nom composé Aménéhis
pour Amen-Ncb , Amoun-Knef), lu
par M. Lclronne (/îcc/i. siirVEg.,
p. 207 et suiv.) dans une inscription
grecque de la grande Oasis (A^. Knef
et Noub). Celle forme Neb est im-
portante comme transition du nom de
Knef a celui d-'Annhis, d'une pari et
del'autreau radicali\'e^... owNab...
que l'on retrouve h la tête ou dans le
corps de tant de noms royaux ou di-
vins tant égyptiens qu'asiatiques, Na-
bukliadiiézar, Nectanébo,Naho, etc.
NÉBO, NIBAZ, NIBCHAS,
N;j«*, Ni^etÇ, N/Cveéf, divinité as-
syrienne à tète de chien, était surtout
adorée chez les Hévéeus. Nous n'avons
pas besoin de faire remarquer l'ho-
mophonie de ce nom et de celui
du dieu égyptien Anbo {lairalor
Anubis). Nibchas-n'est donc qu'un
Anbo assyrien 5 et il ne diffère de son
homonyme memphilique que parce
qu'il n'est point lié en Assyrie a une
légende deconquêtcs elde civilisation,
puis peut-être parce que l'on s'habitua
plus qu'en Egypte à l'identifier avec
un génie planétaire, avec Mercure.
Eu effet, les Chaldceus, chez qui le
NEB
culte de Nébo était plus particulière-
ment établi (/5^i'e,XLYi,i), donnaient
H Mercure le nom de INébo ou INabo
(Hyde,^/e i'Ct. Pars, rel., 67: corn p,
Riccio'i, 127 j Selden, de D. Sj'/:,
synt. Il, ch. 12 ). Lu chieu figure
parmi les parauatellous du Cancer et
du Lion dans la sphère de Scaliger :
dans les planisphères de Kircher se
dessine un homme a tête de chien.
Celse (Orig.,c. Celse, \iv.\l) faisait
mention d'un génie à tête de ciiien
(le sixième parmi ceux qui président
aux sept cieux ou aux sept planètes),
et lui donnait le nom d'Erathaoth.
Mais l'Aiibo d'Egypte est-il un Mer-
cure? Si ce n'est le même dieu, c'est
une forme du même dieu, un rôle du
même fonctionnaire. C'est rilcrmès
infernal, 'Epftîjs x^^^^os [f^oy. Aku-
BisJ. — Dans ce cas, pourquoi lui
donner la tète de chien? Jgnore-
t-on que l'Anbo d'Egypte était un
dieu à tète de chakal .^ Soit, mais
il suffit qu'on s'y soit trompé ou
qu'on ait une fois pour toutes jugé la
différence assez légère , pour que les
Assyriens, en s'eraparaul du dieu,
n'aient plus songé a être fidèles a la
tradition égyptienne orthodoxe. Les
rabbins prétendent du reste que l'on
représentait aussi Nibchas avec les
attributs du serpent. Ce serait un
nouveau rapport avec Hermès (se rap-
peler le caducée), avec Esmoun-Es-
culape, avecSérapis. Enfin saint Jé-
rôme {surisaïe, pass. d") attribue la
l'idole de Nibchas le talent de la di-
vination.— Les noms de INabopoulas-
sar, Naboupharzan , et en Egypte
les Neclanebo nous rappellent ce nom
qu'on voit encore dans l'israélite ]Sa-
bal, le Lacédémonien'îiabis, les Ara-
bes Nabathéeus, et peut-être la Nu-
bie. Naboulione [JSabuUone), nom
original de Napoléon, en vient aussi,
et c'est a torl qu'on explique ce mot
NEC
149
par lion des vallées (»«c7e>, hiat),
NÉBROPHONE : i°n fe>?oW,
fils de Jason et de la Lemnicnne Hyp-
sipyle; 2° Ntvpo^ô*>i , nymphe de la
suite de Diane. — Ntbr... veut dire
faon, Néùrophone qui tue les faons.
La nébride, on le sait, étnitune peau
de jeune faon dont s'enveloppaient à
demi les suivants de Bacchus. Au faou
depuis on substitua la panthère, et
l'on conserva le nom de nébride.
Plusieurs surnoms de Bacchus se tirent
de celle circonstance 5 tels sont Né-
brodès , Nébridopéplos , etc. — On
appelle Apollon Nébrocbarès, c'est-
à-dire qui aime les faons.
NECESSITE, Nécessitas, en grec
AnaîiKHÉ, 'Avxyy.'î, déesse latine,
dont le nom ne fut connu qu'à partir
du beau siècle de la Grèce civilisée et
métaphysicienne. Platon lui donne un
fuseau de diamant qui touche d'un
bout la terre et de l'autre les cieux,
et que lourneul les trois Parques.
Horace la peint avec un marteau, des
coius, des mains de bronze, des
crampons, des clous et du fer. Les
rlous sans doute tiennent à l'usage où
Ton était d'enfoncer solennellement
un clou daus les murs du Capitole,
pour indiquer qu'un an s'était écoulé j
de là par suite l'idée de chose sûre ,
irrévocable et sur laquelle il est im-
possible de revenir. Anankhé se con-
fond avec Tyche' (ou la Fortune),
ou Mœra (la Parque), ou Imarmè-
ne [Fatum f le Destin), et enfin
avec Némésis , Adraslée , etc. Quel-
ques poètes l'ont faite fille de la For-
tune. — Anankhé avait h Corinthe
un temple où les prêtres seuls en-
traient.
NÉCROPOMPE, Necropompos,
TAiy-faTtofATios , Mercure qui conduit les
morts aux enfers. C'est un de ses
surnoms les plus remarquables. Il
dwil être rapproché de celui de P.^J'-
iio
"StP.
chopnmpe (Rac. : itxtéi, vau-neç).
NECYS, ti'iKvç , mort, cnda-
vrCj Mars. Ce dieu recevait en Es-
pagne de grands bonneurs sons ce
tona , et, chose bizarre, avait la tète
l'adiré. Quelques philologues veulent
Si'on lise ^icon (vainqueur) ou Néron.
DUS pencherions pour ce dernier
nom , qui se rapproche de Nara ,
nomine (en samskril) et de ses nom-
kreux dérivés.
NEDA, N>i'^«, «ne des nourrices
de Jupiter, avec Hagno et Thisoa,
ielon la légende d'Arcadie , passait
jpour une Océanidc. C'était a tort j
Néda n'élait que la rivière Mts-
àébieuno de ce nom, Longarche per-
sonnifiée. — M.nerve avait aussi un
temple sur le bord de la Néda, lé-
iboin le surnom de Nedusie qifon lui
donne quelquefois.
KÉDYîVIlNE, Nedymkus, n»'-
.i'iuiosy Centaure, fut terrassé par
Tliésée, aux noces de Pirithoiis.
NEERE, Ne^era, hixifx, est
dans la mythologie trausccndanlale
là fille-épouse du soleil; et comme
'cette fi'le-epouse, assimilée à la lune,
est soit mille, soit androgyne,chez les
anciens, son nom tiré de Nara,Nero
et Antr^ homme, son nom identique
à r. ..a>ttpu, qui termine tant de mots
de la langue ionienne, et qui revient
à 9 à»»//!, indique assez virilité. On
Ta dédoublée en deux héroïnes prin-
cipales: i' Une amante d'Hélios,mère
des Héliades Phaélhuse et Lampétie
qu'elle envoya daus une île, île tri-
mourtique , île ti langulaire , île qui ,
- ,...au loin sur trois fronts s'étendaot.
Oppose un triple écueil à l'abimc gronciaot,
pour y garder les troupeaux de leur
père. 2" Une fille de Pérée (PVé),
femme d'Alée et iuère de Cépliée (le
dieu-singe, le parèdre héliaque de Per-
sécj de Brahmà, d'Oairis), de Lycut-
NEF
^ue {XvKr, lumière) et d'AiJgé {aùy^',
éclat). — On nomme encore trois
NÉÈRE qui sont: 1° fille de ISiobé;
2* femme du dieu-fleuve Strymon;
3" femme d'Autolycus.
1. INEFTE (le véritable nom fut
Natfi, probablement aussi INatfé,
puis NATriiÉ , NATrni , NATrÉ ,
ISETinK,NETPE; quelquefois, en in-
terverti>8ant les deux consonnes du
milieu, TNErm-nt', ]SEi>HTm,d'où le»
Grecs ont fait la forme usuelle Ne-
PHTHYSOu]NEPHT\S,Ne?«yf,NE(pTi;s),
la dernière des cinq grandes divinités
osirides {Foy. Osinis), naquit, le
cinquième jour épagomène, ne Sa-
turne (Cronc, Sovk , Remfa) et de
Rhéa (Maifé), sthm les légendes
belléno-égyptlennes. Sœur d'Osiris ,
d'Isis et de Typhon , c'est h ce dernier
que les mythes l'associent de préfé-
rence, etdans le dualisme manichéen,
auquel celte répartition des quaire i
personnes divines donne lieu, elle
l'orme avec Typhon le couple mauvais
etslérile, commeOsirisellsis forment
le couple bienfaisant et fécondateur.
Toutes les iniluences funestes sont
des œuvres et des émanations de ces
deux déliés ennemies de l'homme , de
l'ordre et du bonheur. Toutefois, en
saqnaliléde femme, Neflé est plutôt
passive qu'active, landis que vents
sinistres, ardeurs brillantes , vapeurs
délétères, fléaux endémiques, mala-
dies homicides, sont les événements '
par lesquels Typhon se manifeste.
Nefté se présente surtout conimp la
terre inféconde, comme la lisière
sablonneuse du de'serf , comme la por-
tion de l'Egypte située h l'ciccident de
la vallée du ]Nil,_landlsqu'Isis, l'épouse
chérie d'Osiris, en tant que INli, est
sous un polnldevue la vallée niliaque.
Mais le mauvais principe femelle
n'est pas tellement falal par lui-même
qu'il lie puisse subir des influen-
I
NEF
ces salutaires j sa stérilité fécondée
produira à son tour. Le mauvais
principe lui-même iie peut jamais
opérer le bien ■ mais Tauxiliaire dans
laquelle il dépose les germes du mal
et qui alors devient funeste par con-
tre-coup, ne répugne pas ainsi quelui,
par le lait même de son essence, a la
production du bien. LMiumus peut
amender le sable infertile ; les eaux
limoneuses du Nil peuvent atteindre
l'aride limite où commence le désert 5
le fécond Osiris peut se rapprocher
de iSefté. Ainsi le comprirent les dua-
listes de l'Egypte 5 et dans les légen-
des osirityphonienncs on voit, 1°
Osiris avoir un commerce furtifavec
Nefté qu'il prend pour Isis (Anbo,
le dieu a tète de chien, ou pour
mieux dire cynocéphale, est le fruit
de cette union insolite et involon-
taire) 5 2° ISefté déserter le parti de
Typhon pour suivre celui du jeune
Haroéri, de cet adolescent, vivante
image du héros avec lequel une douce
erreur l'a unie un instant. Isis ne
voit pas de mauvais œil une sœur qui
le plus souvent se contente de souffler
ses pernicieuses influencessurd'autres
contrées que rÉgypte; elle n'est point
jalouse de l'éphémère complice des
infidélités de son époux, quoiqu'elle
ait reconnu sur le sein de jNcfté la
guirlande de mé'ilotos qu'Osiris y
laissa par mégarde. Il y a plus, c'est
elle qui se charge d'élever et de nour-
rir l'infortuné Anbo , exposé au
fond des bois par une mère plus sen-
sible a la honte qu'aux affections de
la maternité. Outre ÎSeflé , Typhon
a pour concubines Aso, la reine
d'Ethiopie, et Thouéri. Indubitable-
ment ces deux héroïnes ne sont que
des formes de Nefté ; mais elles re-
présentent,au liou de la terre inféconde
en général et de la terre libyque en
particulier , l'Élhiopi* et la lisière
NEF
i5i
arabique (Ti-Arabia de l'ancien
égyptien : Voy. Champolllon jeune,
Eg, sous les Pliar.^ t. I). A notre
avis IXefté n'est qu'une délégation de
la grande Ntfté que nous nommons
Nalfé , la Rhéa égyptienne. La déesse
du second ordre s'est émanée dans
une déesse du troisième ordre; voilà
lout. Du reste nous ne prétendons
point qu'elle s'y soit émanée entiè-
rement. Elle s'y émane surtout en
tant qu'épouse d'un dieu-planète re-
gardé comme éminemment funeste
(Remfa-Saturne). Remfa est l'origi-
nal, le type de Typhon ; INatfé est celui
de notre INefté. C'est ce qu'expriment
encore , pour ceux qui comprennent
la langue mythologique, 1° la filia-
tion prétendue de Rhéa (INatfé) et
de Nefté; 2** l'identité ou du-moins
l'extraordinaire ressemblance des
noms que maintes fois les textes des
raonumenlscoufondent.Welté m- pou-
vait manquer de paraître aux enIVrs.
Eflcclivemcut c'est une des déesses
les plus puissantes de l'Amen ti et une
des plus fréquemment représentées
surles peintures desmonnmenls funé-
raires. Elle est quelquefois jointe ou
opposée h Isis, comme dans la belle
scène du bas-rellet du petit temple au
sud du palais de Qarnaq , reproduite
Dt'.sc.dtL'Eg., t. III, pi. 64.1siset
INefté (et non , comme le veut Creu-
zer, ITsis céleste et l'Isis terrestre)
se lie nent debout, l'une h la tête,
l'autre au pied d'un lit fi'nèbre sur
lequel est étendu Osiris mort. Nous
recommandons la scène oîi Haroéri,
sortant du sein d'un lotos épanoui,
reçoit de Nefté la croix ansee, sym-
bole desavie à^ixim {D c s c. de l'E g. y
tom.Ijpl.pS, i). A l'exemple des
anciens qui prirent toujours Pïepblys
pour Aphrodite, c'est-à-dire Venus,
M.Prichard(/7«/«0Hirx,etc.)ideu-
tifie Alhor et Neftc. M. Guigniaut
iSa
NBF
(Irad. de Creuzer, 1. 1, p. 807, not.),
d'ions Ja.h\oas[.'\[Panth./E^)pt. y
m, p. ii2-i3o), les disliiigue cl
voit daus Athor une Vénus céleste ,
dans Neflé une Vénus inférieure ou
terrestre. Selon nous ?Jefté. parmi
les Osirides , représente Natlé parmi
les dicux-dynastes. Nalfé k son tour
se lie en bien des points K la jeune
Atbor, et se réausorbe avec elle
comme sable et eau daus Tunité pro-
fonde et suprême de IjouIo. Mais
comme d'autre part les femmes su-
bordonnées ne tendent pas moins à
se confondre entre elles qu'à rentrer
dans leur type supérieur, Nalfé se
rapproche de Salé, dominatrice de la
région inférieure en même temps
qu'Alhor de Tpé. Le ciel se scinde
pour ainsi dire en Tpé (hémisphère
supérieur) et Salé, ce que daus cer-
taines localités on traduisit par « se
scinder eu Athor et ^;itfé. » JNcflé à
son tour se trouve donc avoir dis
rapports avec Salé et est en quelque
sorte la Tpé de l'hémisphère austral.
ÎSefté, Athor, INefté Salé, Alhor-
Salé, toutes ces fusious mythiques
s'enchaînent, se tiennent, se sup-
posent, s'enfautent muluellement-, cl
quand Naifé, s\'manant daus la sphère
osirilyphoaienne , deHenl jNefté ,
elle est encore une Alhor-Salé, une
Vénus des régions inférieures, 'Avfa-
êiTij ti Kctroû. Au reste, c'est bien ce
qu'indique l'étymologie même de son
nom Né- Tpé, le non-ciel {Fcy. l'ar-
ticle suivant).
2. INEFTÉ ou NATFÉ, Net-
PHE, Ketpe, Netfe ou Natphe , eu
grec NÉrjpt, déesse égyptienne, une
des Treize-Douze , figure |;armi les
Dynastes [P'oy. Treize -Douze) h
l'exlrémilé inlérieure de la peulade
femelle, cest-a-dire des déesses élé-
ments. C'est, ace qu'il paraît, la terre
persoumûée^ etçeux qui crgieulla feli-
NEF
gion hellénique dérivée de la théogo-
nie cgyptieune ne ponvfni se refuser
de reconnaître dans Natfé (tel est le
nom que nous emploicrons)le t vpe de la
Ilhéa Cretoise, assimilée depuis K Cy-
bèle, et même totalement fondue avec
elle dans les poètes et chez les my-
thographes vulgaires. Récapilulons
succinctement Ks principaux traits de
la divinité qui nous occupe. 1° Elle
est de la deuxième peniade-hexade (en
d'autres termes, peninde femelle,
penlade élémentaire) de la série des
Treize-Douze, peulade qui a pour
correspoiidaute une première peu-
tadc-hexade composée de dieux mâ-
les, de dieux astres. 2" Elle a pour
Archi-Dynasl<î médiat Fré-Djom ou
le Soleil, pour A rclii-Dynasle immédiat
Pooh, la Lune. 3" Les quatre autres
éléments (on su rappellera que les
Egyptiens eu avaient ciu(|), l'éther
(Salé), le feu ( Anouke), l'air (Routo
II), l'eau (Athor 11), la précèdent;
en effet la terre est le cinquièine des
cinq éléments, celui qui a le plus de
pesanteur spéciKcjue 5 et l'on comprend
asseï que dans des théogonies , qui
sout au fond de vraies cosmogohies ,
cet excès de pesanteur ait foil ranger
au bas de la hiérarchie la déesse re-
présentative de l'élément pesant. 4°
A Naifé, déesse femelle, répond, dans
la colonue sidérique , le dynasle
Sovk oulléphan, Phan-Ré, Ilemfa,
etc., qui n'est autre que la planète
Saturne. 5° L'union conjugale de Sa-
turne et de Rhéa dans les légendes
hcllénoïdes n'est donc que la simple
traductidu du rapport quasi-conjugal
établi p:jr les Egyptiens eptre Rem-
fa et i\atfé. 6"" Ni Sovk-Remfa ,
ni Natfé ne sont précisément des
émanations de deux dieux de la famille
khaméphioïde. Ce sont plutôt des
espèces de transition entre le Pro-
Ji,t»afiiépi4i5 Piromi elle premier Kh^-
NEF
méphis Araoun , de telle sorte que
tour à tour Rerafa semble un Pi-
romi ou un Amoun inférieur, et tour
a tour INalfé une Boulo ou uneTNcilh
subordonnée. Peul-èire se rappro-
cherail-on du vrai , en se souvenant
de l'hypolbèse par laquelle nous iden-
tifions coinplèlement P)oulo a la con-
ception mystérieuse et innominée de
Sable-et-Eau. Que Sable-el-Eau dnns
ridée des docteurs mcinphitiques et
ihébains aient colleclircment signifié
matière, matériaux, c'est ce dont II
n'est pjs permis de douter : Sable-et-
Eau ne forment donc qu'un seul et
même être, un seul et même dieu 5
mais ce dieu en s'émananl dans une
sphère inférieure peut se scinder, et
donner lieu 1° à une déesse-eau, 2" à
une déi'sse-terre : Athor II serait la
déesse-eau, etNatfé la terre. Remfa
et TSalfé étaient, dit-on, les plus jeu-
nes des dieux dynastes. Cela signifie
sans doule qu'ils furent ajoutés h la
liste des majestés divines long-li-mps
après sa confection primitive. Mais
pourquoi celte postériorité? A notre
avis, elle a pour causes cl la dilliculté
que l'œil nu avait à saisir la planète
de Saturne {Vf^j. art. Sovr) , et la
subtilité du dédoublement de Boulo
en eau et sable, eu Alhor et INalfé.
Comme dans la doctrine sacerdotale
l'eau élail le principe par excellence,
Athor se trouva imaginée long-temps
avant qu'on s'avisât d'avoir besoin de
!Nalfé. Mais, quand aux dieux planè-
tes on eut ajouté Remfa , il fallut
lui chercher une épouse , et le cin-
quième élément se trouva la fort heu-
reusement. Il nous semble même pro-
bable que la dénomination ou la pé-
ripiirase de Sable-et-Eau pour Bouto
ne prit naissance qu'après la création
de ÎSaifé. Ce n'est pas la grande
déesse Sable-et-Eau qu'on a dédoublée
ÇQ déesse eau, déesse sable j ce sont
NEf
iS3
les deux déesses, déesse eau, déesse
sable (ou déesse-lerre), qu'après coup
.on a réunies en une grande déesse uni-
que, la déesse Sable-el-Eau, la déesse
matière, la déesse nuit profonde,
Boulo. Si dans la mythologie grec-
que Saturne et Rbéa sont noimi es
parmi les dieux les plus anciens, puis-
que leur domination précède celle de
Jupiter, e! suit immédialemenl celle
d'Ourane (ou Uranus) , cette diffé-
rence tient sans doute 1" a ce que
dans l'Egyplc même quelques corpo-
rations purent intervertir Tordre j»ri-
milif des dieux p'anètes, cl pi .ci-r
Remfa immédiatement après Fré-
Djora et avant Zéou (Jupiter), ce qui
est juste , puisque de cette manière
les cinq dieux planètes se trouvent
rangés dans un ordre conforme a ce-
lui de leurs dislances du soleil; 2" a
ce que les dieux dynastes étant souvent
absorbés dans les Rharaéphioïdes on
put idenlfier Imôoulh (le ciel) a Pi-
romi, et Remfa a une espèce de
Piromi subalterne, transition du vrai
Piroini à Rnef. Au reste, nous ne
parlons ainsi qu'en faveur de l'hypo-
tlièsc (peu exacte h noire av'is^, qui fait
découler toutes !escroyance> grectjues
des idées égyptiennes. Ajoutons que
cette jeunesse comparative de Nailé
et de Remfa nous explique comment
dans des généalogies vulgaires toui
les dieux osirides ou, comme on peut
les nommer, osirityphonides naqui-
rent de Saturne et de Rhéa. Placés
dans un tableau synoptique de la re-
ligion égyptienne, h l'extrémité de la
seconde dynastie de dieux et avant la
troisième, ils semblent donner nais-
sance à la troisième. Quelques autres
explications non moins plausibles doi-
vent être fondues avec celle-ci, et la
complètent {f^oy. OsiRis ). Nilfé
s'émane danslNefté ( ^oj'.cel arl.),
vulgairement Nepbihys, Diodore,
i54
NEF
dans les livres mythologiques par les-
quels déliule son histoire toiil em-
preinte des fausses couleurs d.- révbé-
ntfrisme, fait de Crone (Saturne ro-
main) et de Rhéa deux dieux terres-
Ires ((T<yi/flti ), les deux premiers
dieux terrestres issus des dieux du
CieI(7Àii' i'r ovpxti cuTù')/). Synésius et
Plular(jue {/sis et O.^iris) en di-
sent autant, et semblent ne pas dou-
ter que réiliement ces deux per-
sonnages niaient régné sur l'Kf^vple,
et n'aient été divinisés après leur
mort. Quelque fausse que ioil celte
idée fondamentale, et quelque clair
qu'il soit pour nous que les dieux
célestes sont les Khaméphis et le
Prokhaméphis, les dieux terrestres
les Treize-Douze dyuastes , il ue fal-
lait pas en conclure avec Jnblonski
{Panth. j^i^ypt., liv. II, ch. i,
p. i/io cl i4i) que jamais l'É-
gyple ne connut de déesse analogue k
llhéa, cl que tout ce que 1rs anciens
ont raconté de celle-ci doit s'entendre
d'Alhor. sans doute la jeune Athor.
Ce que nous avons dit ci-dessus sur
l'émanation de Bouto en Alhor, puis
en Athor et Naifé. peut faire com-
prendre la cause de Terreur de Ja-
blouski. — Chimpollion jeune a re-
trouvé Nilfé sur beaucoup d<' monu-
ments originaux 5 la planche 56 de son
Panthéon és^ypt.en represmle une
image simple. Les chairs sont de cou-
leur verte : un modius surmonte la
tête 5 le vautour décore celte tète ar-
mée de cornes de vache 5 un dis-
que rouge plane au deshus de l'effigie
sainte. Ces deux derniers signes indi-
quent, l'un que Natfé est une mère ou
nourrice divine, l'autre qu'elle fait par-
tie de la famille de Fré-l)jora , dieu-
soleil, Arciii-Dynasle. Sur les monu-
ments funéraires elle occupe fréquem-
ment la place de Salé , et lorme le
centre des représentations nécro du-
NEI
liques, les unes étant au dessus de sa
tète et de ses bras, les autres se dé-
roullut h ses pieds. 11 n'est pas rare
alors (jue deux images de Salé se
trouvent l'une h sa droite, l'autre h sa
«lauclie, et déploient leurs ades au
dessous de ses bras. Enfin elle passe
aux enfers ; mais là plus que jamais
elle se confond avec son émanation et
homo;iyme Nel'jé.
INÉHALLÉINIE, Nehallenu,
doit être une déesse slave, analogue
de Ganga, qui est h la fois l'onde ir-
rigati ice , la terre fertilisée et la
lune k lueur pâle et bienfaisante. On
a trouvé en 1646 plusieurs statues
de Néhallénie dans l'ile liollandaise
de Walcheren. Depuis, la France,
l'Allemagne , l'Italie, en ont offert
d'autres. Ces statues lui donnent
toujours l'air jeune avec un vêtement
qui- la couvre de la tète aux pieils.
Tantôt debout , tantôt a.ssise, elle a
une corne d'abondance, des fruits,
un panier, un chien. Trois fois elle
se trouve en compagnie de Neptune;
de là les diverses idées qu'on s'est
formées sur son compte. On y a vu
tantôt une des Déesses Mères ( Voy.
MiiREs), tantôt une divinité marine.
La ressemblance de Nehallenia et de
Nova Luna ou vé« EAÉKt a fait pen-
ser que c'était une nouvelle lune.
Keisler y voit la divinité de Halle.
Comp. l'article suivant.
NEHAVI, que peut-êlreon devrait
lire Néhalm, élail adorée dans la
Germanie, au lieu où est maintenant
la ville de Halle.
NEITH, d'oii quelquefois cbez les
Latins Neitha, Nij/^ ( abusivement
N»)<d), grande divinité de l'Egypte
dont les Grecs ont fait leur Athànà
('A^Jîv^î-Mlnerve) par latransposilion
des deux consonnes, doit être prise
pour le dédoublement femelle de Knef,
c'est-a-dire, si nous employons la
NEI
terminologie populaire, pour sa fille
et pour sa femme. Priiiiilivement on
se figura Kuef, ainsi que Fia, ainsi
que Fré, comme un être unique, sans
songer h le décomposer : plus tard ,
lorsque l'on se demanda comment a
Knef avaient succédé Fia, Fré, on fui
conduit a l'analyser. Le vulgaire,
pour qui Knef élail le père , l'aïeul
des deux Démiurges inférieurs, le
dédoubla en mâle et femelle 5 les
prêtres , plus ou moins Iranscendan-
talistes dans le secret de leurs lem-
Îles, le scindèrent en deux facultés,
desquelles? le fait ici échappe h la
certitude. Toutefois , on pressent
que, Cfimrae la doctrine populaire est
toujours un reflet des théories sa-
cerdotales, l'esseuce divine dut être
partagée en deux facultés , dont
l'une active et l'aitlre passive, et
que celle-ci devint le Knef femelle
ou'lNeilh. Mais des facullés divines
laquelle peut sembler passive et , par
suite, femelle? Aucune, sans doute ,
si des métaphysiciens modernes eus-
sent travaillé h la confection de toute
cette théologie. Wais les Egvptiens
décidèrent que c'était rintelligence,
la Volonté, TEnergie, et tantôt ils
distinguèrent, tantôt ils fondirent et
identifièrent cestrois classes. Au fond,
on peut opposer l'intelligence qui es-
quisse les idées prototypes des êtres
à la puissance volonté qui les réalise j
on peut aussi opposer la volonté qui
«e détermine k créer à l'activité qui
crée; enfin on peut opposer l'énergie
(^ Wif/na.^ 'vi \)i(fyit) créatrice en re-
lief Kla préfoririation. Intelligence,
volonté, énergie, c'est Neilh : Knef,
dans chacune de ces trois hypothè-
ses, est ou puissance-volonté, ou
puissance seulement, ou activité pré-
formalrice. Notons encore qu'assez
souvent les trois hypothèses se réu-
nissent, et que Neitb se trouve intel-
NEI
i55
ligence-volonlé, intelligeDCe-énergîç,
volonté - énergie. Maïa-Sakti aux
Indes présente un spectacle ana-
logue, Maïa volonté, Maïa énergie,
Maïa volonté créatrice de Bralira.
Ou obj(clera peut-être que Neilh
dans ce système devrait précéder Knef.
Oui , si un esprit géométrique avait
présidé a la science la plus antigéo-
métrique qui ail jamais été. M:iis, si
chronologiquement le projet précède
l'action , chronologiquement aussi
l'action s'aperçoit, se sent avant le
projet. Un acte, comme fait unique,
nous frappe : c'est un peu plus lard que
nous l'analysons, et que nous distin-
guons le dessein qui a présidé a l'exé-
cution de l'acte même. Ainsi en théo-
rie on a long-temps admis Knef com-
me première révélation démiurgique
de l'être, avant de descendre dans l'a-
nalyse de ses éléments, avant de se
dire que le passage de la première à
la seconde révélation suppose la dé-
composition de Knef: lors donc que
la décomposition a été opérée, peu
importait que la faculté trouvée agît
antérieurement à la faculté essentielle
qui gardait le nom de Knef. Elle avait
été aperçue postérieurement, en d'au-
tres termes, elle avait une postério-
rilé objective, on ne tint compte que
de l'antériorité objective ; et Neith-
inlelligence , Neilh volonté, Neilh
énergie fut fille-épouse de Knef, c'esl-
à-dire, aux yeux du vulgaire, fut un
peu postérieure et un peu inférieure
a Knef. D'aulre part , l'idée de l'é-
lernité ou, si on l'aime mieux,
de la coéternité de la matière , ne
pouvait manquer ddns une occasion
semblable de s'offrir à l'esprit des
théologiens. Certes, quand on croit
en Dieu, et que l'on proclame la ma-
tière coéterncUe , il n'est pas diflicile
de traduire ces deux mots par activité
et passiveté. Inerte et inorgaaiquC|
l'îfi
XEÎ
la malière subit et souffre tous K's
actes; Dieu est l'agent. Formor. pé-
trir, ordonner, harmoniser, voilà dos
actes de Knef; prendre formes, s'as-
sujél.'r aux lois de l'ordre , se inéla-
morphoser en un tout harmonieux ,
voilà le destin de la matière, voilà la
nature, voilà Neilh passlvelé de Knef.
Knef et Neilh dans la trinité démiur-
gique forment donc le Démiurge su-
prême, et, soit qu'on les envisage
comme activité et matière, comme
puissance- volonté et iiitelligence, ou
ae toute aulre manière mélaphysii|UP,
on a tour à tour en eux on un her-
maphiodite divin, Knef-Neith,
Neilh - Knef, ou un couple pi olo-
plaste , K:ief el JNeilh. Ces deux for-
mes peuvent ensuite se ramifier, et,
par exemple, dans l'hcrmoplirodilc
divin, on peut taire à volonté proèmi-
ner le sexe mâle ou dominer le sexe
contraire; et dans les scènes où les
deux dieux se trouvent séparés, on
peut rendre l'androgvnisme à l'un
d'eux. Ainsi le veut le système de
l'émanation ; là, chaque personne est
l'clre entier; la parlie égale le tout.
Keilh égale soit Knel-Neilh, soit
Knef et Neilh ; et quand l'androgyne
s'est divisé en deux sexes, chaque
sexe égal à l'androgyue primilifcon-
ticnt en lui les deux sexes. — Jusqu'ici
Neilh u'a été considérée que comme
fille-épouse de Knef, et par consé-
quent comme la première des révé-
lations féminines démiurgiqnes, révé-
lation inférieure à l'irrévélée Bouto,
supérieure à la deuxième forme dé-
miurgique , Fia. Il est essentiel de
remarquer que sa place dans la hié-
rarchie khaméphioïde n'a pas tou-
jours été aussi expressément détermi-
née. Revêtue du caractère complet de
la passivelé, et identifiée à la nature,
elle fut prise pour l'antique Bouto ;
et l'erreur de ceux pour qui Amoua
NEI
était le dieu suprême , vu qu'ils ne
connaissaient point Firomi , le Pro-
khainéphis, ne pouvait que donner du
poids a celte opinion sur Neilh.
D'autre part, soit parce que Neilh
s'émane daus Alhor , fille-épouse de
Fta, soit parce que Knef et Fia sont
souvent fondus en un dieu unique,
Neilh fut proclamée épouse de Fta,
et par conséquent mère du soleil (Fré)
fils de Fta et troisième Démiurge.
Celte seconde doctrine, vraiment
inorthodoxe au fond , fut une des
plus répandues en Egypte. Daua
les classes inférieures Ntith se re-
produit, i" en Suuan el en Salé ,
2° en Isis; Souau déesse des accou-
chements, Salé personnificalicn de
Téther, Isis déesse semi-lerreslre qui
tour à lour identifiée à chaque haute
divinité femelle lie se retrouve nulle
part mieux qu'en Pooh et en Neilh.
De là l'expression d'Isis-Neith em-
ployée par Creu7,er(5ym^. M. /ï/^^/t.,
p. 619 de la Irad. Guigniaul), ex-
pression parallèle à celles d'Isis-
Alhor, Isis-Pooh, Isis-Bouto, que l'on
pourrait employer également , et qui
a coup sûr seraient chacune le cahjue
fidèle de quelque opinion égyptienne,
quoique probablement nulle de ces
opinions n'ait eu partout la vogue
populaire, el que du temps d'Héro-
dote peut-être l'idenlilé de Neilh et
d'Isis n'eût point encore été prêchée
hors des collèges sacerdotaux. Reve-
nons au caractère et aux propriétés
de Neilh. C'est surtout comme Aa'yef,
comme verbe, que M. Guigniaut, en
parlie d'après Creuzcr (notes, page
828 du t. I),considère Neilh. t> Knef,
«dit-il, qui est toute lumière et
« toute vie, qui est a la fbis mâle et
« femelle, voulant créer dans la piè-
ce nllude de la force, la parole divine
« fil éruption daus le pur ouvrage de
« la nature , et , s' unissant avec le
NEI
« démiurge Knef dont elle partageait
« l'essence, elle mit au monde Fia. »
D'après ceci, Neilb est donc parmi
les Rhaméphioïdes la grande mrrc
par excellence j comme hermapliro-
dife.el parlageant la puissance virile
de Knet', elle est génératrice et mo-
trice; femme du bouveraiii architecte
du monde, elle est conservatrice et
gardienne; femme du plus puissant
des Rhaméphis , elle domine sur les
régions supérieure et inférieure (la
force accompagnée de sagesse et dou-
blée par elle , tel est sou apanage);
femme du principe bienfaisant, elle
domte le génie du mal et punit les
pervers; c'est la grande castigalrice.
Toutes ces attributions se concilient
les unes avec les antres, et jusqu'à un
certain point se supposent mutuelle-
ment. N'en voir qu'une, c'est être
exclusif et faux, c'est méconnaître le
génie égyptien. Tel a été, par exem-
ple, le défaut de Vogel dans son Essai
sur la religion égyptienne ( A'e/'i'wc/i
iib. d. Rel. d. ait. vS^g., p. i36),
lorsque, sur la foi de Platon ( t. IX ,
290 de l'éd. Dcux-P.), d'Hérodote
(II, 169) et d'autres auteurs relati-
vement modernes, il dit que Neitb en
Egypte, comme Athànâ en Grèce, fut
la déesse de la sagesse. Conformé-
ment aux assertions toujours étroites
et gratuites de Dornedden {P/iarné-
jiophis, 10, etc., 3i, etc., 67, etc.),
faut -il admettre que Neilh, à la
fois déesse et signe hiéroglyphique ,
représentait ii l'œil ainsi qu'à l'esprit
tles dévots l'année de trois cent
soixante-cinq jours un quart opposée
à l'année ancienne de trois cent
soixante-cinq jours, ou la différence
de six heures qu'il y a entre ces deux
années, ou enfin un cycle d'années au
bout duquel le commencement de
l'année de trois cent soixante-cinq
jours et de l'autre coïncident (ce cy-
NEI i$7
clé serait de U60-1461 ans)? Nous
ne le pensons pas. A part même Tex-
clusivilé du système, rien ne prouve
que jamais INeilh ail passé en Egypte
pour un cycle, pour une période quel-
conque de temps; et cette idée d'ail-
leurs seiait assez difficile a concilier
avec les allribulions élevées que nous
avons reconnues appartenir h la
déesse. Toutes sont prouvées, el par
les caractères emblématiques des ani-
maux en rapport avec PSeilh , et
par les monuments. Ainsi, par exem-
ple , d'une part nous voyons le vau-
tour accompagner presqut toutes ses
images, la lète mâle du bélier généra-
teur s'élever sur son cV^rps ainsi que
sur celui d'Amoun , 1, lion à la fois
symbole de force irrésistible, dé flam-
me ardente el de sources fécondes,
lui prêter tantôt sa lète , tantôt son
corps (de là le sphinx) ; et de l'aulre
les monuments accumulés dans les
musées européens nous la montrent
successivement généialrice (tant mâle
que femelle), motrice et conserva-
trice, castigalrice. JNous nous borne-
rons à citer 1° les effigies habituelles
qui représentent une femme ailée as-
sise (quelquefoisagenouillée) et coiffée
du pchenl placé sur la dépouille du
vautour; 2" les innombrables figures
de INeith léontocépliale (c'esl-h-dire à
tête de lion ; voy. Desc. de l'Fg.,
t. IV, pi. V, et les ciselures.de la tête
colossale du musée Durand, aujour-
d'hui au musée égyptien du Louvre);
3° la magnifique Neith castigalrice,
écrasant le serpent-géant Apoph , re-
présentée dans la pi. vi stptits du
Patith. ég. de Cliampollion jeune;
4"celledu Rituel funéraire (111'' part. ,
§m, form. 2o)qui présente la déesse
avec le phalle (l'organe mâle) et trois
tètes, dont l'une humaine coiffée du
pchent, l'autre léonine avec deux pal-
mes , la troisième de vautour anssi
i55
NZI
NEI
^
avec les deux palmes; 5° le bas-relief
de Kalabclié(Gau,y^«f. delaNub.,
pi. XXI , n" I ; Pantli. égypt. de
CliampoUion jeune, pi. vi quinq.\
où Neith criocépliale, avec les chairs
vertes ou d'un bleu foncé ( comme
Amoim), porte sur la paire de cornes
caraclcristiques du bélier la coiffure
s^fmbuliqiie de Souan (Ilithje égyp-
tienne); ou remarque que derrière
elle se trouve Souan même, et que
sur le bas-relief suivant Knef-Neilh
dédoublé (ail place a un Âmoun-Ra,
assisté de Neilh sous sa forme divine
et coiffée du vautour 5 6" le^ Kelth- .
Panthécs dont une image se trouve
représentée dans le même Panlh.
ég.fSXler). — Ncilh était particulière-
ment adorée a Saïs dans PEgypte in-
férieure. Une iiffecription célèbre lui
faisait dire : « Je suis tout ce qui est,
« qui a été et qui sera : le soleil est
a mon fils (0» f/u KXfitii irtKiï .,
a nXits £7i»£To), et nul mortel n'a
K soulevé mon voile. » Ces paroles
mystérieuses et emphatiques, que
Dornt'ddeu commente dans le sens de
son explication (passage cité), s'en-
tendent plus naturellement du carac-
tère tour a tour-métaphysique et cos-
mogonique prêté a Neilh que d'un
cycle solaire ou autre. Dieu est tout,
en conséquence INeilb est tout. Elle
l'est bien plus encore comme partie
intégrante du premier Démiurge. Ce
premier Démiurge identique au Pro-
kbamépbis est ce qui a été ( l'ir-
révélé); identique aux deux Dé-
miurges qui suivent, est ce qui sera :
il est trop évident qu'il est ce qui est.
Maintenant de Knei-JNeitb passons à
Knef et Neith, c'est-a-dire au dédou-
blement du grand Androgyue. Epouse
de Fia (identifiée a Knef), Neith en-
fante Fré le soleil j épouse de Knef,
Neith enfante la lumière qui devient
(iyi/fr«) le soleil ,.. c'est-à-dire qui
s'individualise en une troisième for-
me, et devient Fré : ainsi d.ins les
deux hypothèses rinscriplion dilvrai.
NulmorUl, ajoute Nellli, n'a soulevé
mon voile. C'est ici Ncith-Bouto,
Neith-nult profonde , Neith-nature ,
Neilh- abîme d'iramcusilé, ou mieux,
eu mariant toutes ces qualifications,
Neilh- immense et obscure nature
{' A^Kyi-^va-if) dans la plus haute ac-
ception, qui prononce un oracle vrai
encore de nos jours, incontestable au
temps des anciens. A la porte du
temple de Saïs élaient figurés un
vieillard et un enfant (Plut. , lais et
Osir., p. 80 de l'éd. Squire). Vrai-
semblablement ils représentaient Pi-
romi, l'irrévélé, et la première révé-
lation , Knef, ou mieux Knef-Piromi
et Fia 5 on pourrait dire aussi l'éter-
nitc elle temps. On célébi ait annuel-
lement in Egypte une fête magnifique
en l'honneur de Neilh. Elle consistait
principalement en illuiiiinations et
peut-être en lampadodromies ou
courses k la lueur des flambeaux. On
devine que cette cérémonie se réfère
à Neilh, mère et épouse de Fia. Les
poêles et les mylno^raphes gréco-
romains onldonc Irouvé dansla Neilh
égyptienne tous les éléments de Mi-
nerve , la haute sagesse , la force, la
virilité ; et destradilions anciennesou
transcendantales, ordinairement en-
veloppées d'une obscurité profonde,
s'expliquent aisément par la comna-
ralson des deux théologies. Ainsi Mi-
nerve est prise pour la région supe'-
rieurede l'air, taudis que Junon n est
que l'air inférieur elsublunairequi oc-
cupe l'espace entre l'clber el l'almo--
sphère terrestre : c'est que Neith
khaméphioïde s'émane en Salé,
déesse-dynaste. Minerve est femme
de Vulcaln(Cic.,iF. des dieux, III,
21): Neilh a été prise pour fille-
épouse de Fta. Minerve, ait-on, fut
I
NEL
fille du ISil : c'est qu'Araoun ou Knef
est pris souvent pour ce fleuve {l^oy.
Knef et ]Noute-Fen). Minerve naît
du cerveau de Jupiler : ]Neilh est la
fille intellectuelle d'Anioun. D'autres
{joints corrélatifs sont indiqués à
'art. Minerve. Selon les élymolo-
gistes, Neilli (en cgyptienINAiEiouiT)
signifiai l/bn^/û/rice du lempsfixe,
ou bien je suis venue de moi-
même. Nous ne croyons guère plus
a Tune de ces explications qu'à l'autre.
NÉLÉËjNeleus, N»fAewf, fds de
Neptune, ou de Crélhée . ou d'Hippo-
coon, et de Tyro , fut exposé par sa
mère avec Pélias, son frère jumeau, et
recueilli, ainsi que lui, pardes bergers.
Plus tard P-clias tua sa mère à l'au-
tel de Junon. Puis tous deux, se mi-
rent en possession des étals de Sal-
monëe, leur aïeul, sur Ks confins de
l'Élide et de la Messénie. C'est là
3 ne Nélée bâtit Pylos, que d'autres
isent avoir été l'ouvrage d'un héros
éponyme dépouillé par Nélée, épousa
Cbloris de laquelle il eut, outre Péro,
trois fils, Nestor, Périclymène, Chro-
mius, et s'unit par des liens moins
graves a d'autres femmes qui le ren-
dirent père de neuf enfants: Taurus,
Astérius, Nicaon, Déimaque, Eury-
bios, Epiléon, Phrasis , Antimène,
Alaslor, étaient leurs noms. Des
douze jeunes béros que nous venons
de citer , le Sclioliaste d'Apollonius
retranche Nicaon, Epile'on, Phrasis,
Antimène, Chromius, et les remplace
par Pylaon, Epidaiis,Chadios, Eury-
mène, Evagoras. Pbylaque lui ayant
volé des bœufs, il promit sa fille Péro
à celui qui les lui ferait recouvrer.
Mélampe remplit cette condition ,
et obtint la main de la princesse.
Mais d'abord il fut employé un au
de suite par sou beau-père à des
œuvres serviles, et même il fallut
<ju'il lui cédât toutes ses richesses.
NÉL i59
Nélée soutint la guerre contre les
Arcadiens, et leur livra bataille près
du fleuve Céladon et à Phét- sur Jar-
danej Nestor y tua Ereuthalion. Est-
ce avant ou après cette expédition
que Nélée refusa de purifier Hercule
du meurtre qu'il avait commis sur la
personne d'iphilus, ou plutôt osa ré-
sister aux prétenlidiis du héros de
Tirynlhe, qui voulait lui faire recon-
naître la suzeraineté des roisd'Argos.^
Ce qu'on donne pour certain, c'est
que tous les Néléides re.>lèrent sur
le champ de bataille, à rexceplion
de Nestor qui , trop jeune alors pour
prendre part à la guerre , avait été
envoyé à Gérénie. Quelques poètes
arrachent au massacre général Péri-
clymène qui fut changé en aigle. Né-
lée conserva pourtant le trône. Il
mourut dans sou lit à Corinthe , et
Sisyphe , son ami . l'ensevelit si mys-
térieusement que Nestor lui-même ne
put savoir où était son tombeau. —
Nélée était un roi pasteur, et les
mytiiologucs lui donnent des trou-
peaux delà plus grande beauté. Il fit
venir de Pylos des bœufs que toute,
la Grèce admira. Ses chevaux étaient
magnifiques; aussi envoya- 1 -il un
quadrige à Olympie pour y disputer
le prix. Chevaux et char , tout fut
perdu pour lui; mais quelque temps
après , Nestor reconquit par son
adresse ce que les envoyés de son
père avaient perdu. Nélée est un de
ceux qu'on donne comme avant fondé
ou renouvelé les jeux Olympiques.
Nestor, son fils, lui succéda. Les Né-
léides, ses descendants, étaient divi-
sés en quatre branches quand les
He'raclides envahirejit le Péloponèse.
— NÉLEE, fils de Codrus et frère de
Médon, exclu du trône par l'oracle
qui prononça en faveur de son frère ,
alla fonder un établissement à Milet,
et, afin de pourvoir de femmes sa co-
i6o
NÉM
lonie , fit tuer les Milésiens par les
aventuriers qui s'étaient associés h sa
iorlune.
NÉMAL'SE, IS'emausus, héros
éponvme de INîme.s, JSernansus.
ISÉMEUH (vulg. Nemedhius ou
Nemethius) est, dans la mvlliologie
irlandaise , un Hls de Dnaiuliain ou
Âdnamliain , et a de Maclia , son
épouse , quatre fils , Si-Tiearna ,
Aixiun , Jarbhaiiiicl-Faid , Fergus
Leallidearg. ISul doute que tous ces
noms ne puissent être pris pour les
noms de héros réels. Maclia est la
divinité suprême d'une race sacerdo-
tale, les Tuallia-Dadan ; les quatre
fils de Kémedli en sont les dieux su-
ballerneb. Kémedh lui-même émane
en (juelque sorte de Macba. Un agen-
cement moderne lui donna Dnam-
Lain pour père. Lue fois ceci com-
pris, il devient clair que par ^'éraedh
est représenté un groupe, un clan, un
peuple irlandais. Ce peuple sera nom-
mé les jNémèdes. Plis comme peuple
qui émigré, n'importe d'où, el va
chercher fortune en Irlande, il se
place entre Barlolam et les Fiibolg.
Tout semble prouver qu il est identi-
que aux Tuatna-Dadan j seulement il
faut noter que la nation sacerdo-
tale désignée par ce nom a une ma-
gie et des lois. Magicienne, elle
affectionne le nom de Tualha-Dadanj
pourvue de lois et docile à ces lois,
e le se nomme INéraèdes. Neimeadh
était le nom des antiques lois d'Ir-
lande. Elles étaient appliquées par
des juges sacerdotaux dont on appe-
lait les sentences Breilh-JNemcadh.
Ces lois étaient en vers dans l'origine;
d'où Nemead dans le sens de poè-
me, et Naom, JSeiintad pour juge
pontifical. — Les Kémèdis étaient
de race gaélique, et passent dans
l'histoire tabuleuse de l'ancienne Ir-
lande pour être tombés sous le joug
NÉM
des étrangers, des Afrigh, des Fir*
bo'g et même des guerriers indigè-
nes, Tuatlia-Dadan , tpii h leur loui
plièri nt sous Tcpée des Mileadhs ox
Scuiths. Soumis, les uns vécurent sous]
le joug des pirates (Afrigb) jusqu'à]
l'arrivée des Firbolg. que l'on a vou-J
lu à tori rattacher à la race des Né'
mèdes , les autres vidèrent le pays.
Originellement pourtant ils en avaientj
vaincu les antiques possesseurs. Leuri
di meures, dit-on, furent conslruilesl
par les Fomlioraïces ou Afrigh. Cela>|
veut bien dire que les Afrigh avaienlî
fléchi sous leurs armes, et qu'en bal«
tant les Némèdes ils ne tirent quï
prendre une éclatante revanche.
Valencey a fait des Némèdes une co-
lonie nu'.iiidique. Il n'est pas besoii
de faire sentir le ridicule de celte
idée.^
INÉMÉE, Ne^U, Nemea, fillet^
du dieu - fleuve Asope , donna soi
nom à unr ville de l'Argolide.
INÉMESIS, N£^£<r<ç, passe vulgai-
rement pour la Vengeance. Puis, eUi
élargissant de plus en plus ce rôle,'
pour la gi ande Furie, pour la Justice,,
pourlmarmèneoulaFortunejusticièroj
souveraine, de qui tout émane. Puis,
en l'individua'isant derechef, pour la
haute génératrice et pour la lune
prolotvpique. Ceci posé, ou compren-
dra qu'on l'ait confondue avec Hé-
cate, Proserpine, Clotho, Carmente,
avec Dicé , Thérais, Adrastée , avec
Tyché (la Fortune) et toute la longue
série des personnifications du destin^
avec les Vénils, Ilithye , Latone,
Léda, Junon, avec Lis. On com-
prendra qu'on l'ait faite successive-|
ment (ille de la Nuit seule (Uésiode),|
de la ]\uit et deTErèbe (Hvgin) , d<
rOcéan (Pausar.ias) , de la Justice
(Ammien MarccUiii), de Jupiter et d«
la Nécessité (anonyme^wr LalUmt
que)> Ofl comprendra que cette fille
NEM
de Jupiter, suivant les uns, ail, sui-
vant les autres, joué près de lui lo
rôle d'épouse. Il la posséda endormie:
lui-même avait alors la forme d'uu
cygne. Un œuf provint de cette union
clandestine, et Mercure alla le porter
à Léda qui se chargea de le faire
éclore. On comprendra que uous re-
jetions bien loin la vulgaire étyraolo-
gie vifAta-^Vi s'indigner, pour voir dans
ce uom la grande mère, nama-iça ,
namceca. Nul doute que la déesse
Vengeance ne soit une Bhavani Icani
chez qui prédomine parfois la tace
Kali, Doiirga qui fait verser des lar-
mes et ruisseler du sang, Mabécha-
raourdini qui tue , perce , lacère, as-
somme, flagelle, asphyxie, euipoi-
soune. Celte Bhavani, sombre exter-
minatrice, n en est pas moins la blan-
che lune dont les rais d'argent trem-
blent moelleusement dans l'eau bleuâ-
tre du Gange, et le Gange qui roule
la fraîcheur et la fertilité sur sept
cents lieues de terre , et la terre que
bariolent les lleurs, veloutenl les her-
bes et couronnent les fruits : plus
haut encore, Bhavani est la passiveté
nature, la mère universelle, la grande
monade euccinte de tous les dieux.
Si l'on se rappelle la danse pro-
fonde pendant laquelle s'échappent
del'amplesein de la nouvelle Hirania-
gharba les trois œufs trimourtiquesj si
l'ou rapproche de cette grandiose cos-
mogonie sivaïle celle du bralitnaïsrae
qui sous Brabmâ (le dieu au beau cy-
gne-aigle) montre Brahmanda, œuf
du monde , œuf imique cette fois,
n'est-il pas évident que l'œuf orphi-
que est l'œuf pondu par INémésis ,
couvé par Léda, porté par Mercure,
le dieu transition, de la déesse con-
ception à la déesse incubation, n'est
qu'un Brahmanda né de Bhavani par
Brahm-Hainsa? — Hellénisée, INé-
mésis surveille, juge, châtie, com-
Î^EM
i6i
mande a l'aveugle destin, fait ad libi-
tum sortir de l'urne fatale la boule
blanche ou la boule noire , humilio
les superbes , courbe les notabilités
? [n'enorgueillissent bonheur, génie,
orce où beauté, accable surtout du
poids de sa haine l'enfant coupable du
crime de lèse-paternité, et, au dire des
poètes erotiques, venge les amants
malheureux des infidélités qu'ils pleu-
rent, le jour où ils s'aperçoivent qu'où
les trahit. — Sans dire que Perses,
Assyriens, Babyloniens, Ëlhiopiens ,
l'adorèrent; sans rappeler que quinze
chapelles lui furent dédiées sur les
bords du lac Mœris (Némésis serait
alors une Tithrambo); sans assurer
enfin que les Etrusques l'aieut connue
et couronnée d'un diadème de pierres
précieuses, on peut admettre que sou
culte s'introduisit dans les contrées
subdanubiennes par Orphée (les éco-
les orphiques, bien entendu); que
Samos , Ephèse , Smyrne , Sidon ,
l'honorèrent sous son nom classique ;
qu'elle eut un temple a Rhamnojile
(d'où le nom local de Rhamnusie);
qu'une fois répandue dans l'empire
romain, elle eut un autel au Capitule,
un temple aBrixia, des sacrifices ea
mille lieux différents. — Oh la repré-
sentait couverte d'un voile, que vul-
gairement on explique par l'impéué-
trabililé des vengeances célestes; mais
Bouto, mais Isis le portent ce voile,
et ne sont pas essentiellement des
déesses de la vengeance. Ailleurs ,
c'est une roue qu'elle a sous les pieds ,
ou un gouvernail qui sert de support
a sa main, ou un vase et une lance
qu'elle lient dans une altitude majes-
tueuse. Tous ces emblèmes sont hin-
dous , sauf le gouvernail. Avec la
roue , ses pieds foulent un compas
dans la statue de Brixia; de plus
uuc couronne de laurier orue sa
tête. Ailleurs le narcisse remplace
lôa
ISE.N
9t\\e feuille sévère , et rappelle le
Padma ou Kamala de Tlnde. Des
ailes , soit lomhanles , soit éployées ,
an griffon qui semble voler, un glaive,
on péplum, enfin la couronne radiée,
voilà les autres attributs de INémésis.
— On voit cette déesse auprès de
Jnnon, d'Isis, d'Ariadne, qu'elle sem-
ble consoler. Plus souvent encore elle
est seulfe. Telle était la magnifique
utatue qu'Agoracrilf, élève de Phi-
dias , avait faite pour les habitants
de Rhamnonte; elle avait a la main
?ine branche de frêne ou de pommier.
— ISémésis se dédoublait en une
bonne et une mauvaise Némésis : c'é-
taient des Kémèses(»t;<£<rt»f ). Il est
aussi question dt^Némèsesdont ou ne
fixe pas U nombre , dout on ne ca-
ractérise pas les fonctions. Ce ne sont
3ue desNémésis siiballenies. Alexan-
re , dit-on, reçut d'elles en songe
l'ordre de rebâtir Smyrne. On les
voit avec Jupiter (Venuti. Mus.
alb. , xxxni , I ) près d'Apollon
(MoreW, Aléclaillons du roi, vni,
8) , et dans la maiu de Cybèle (ouv.
d"*, xvii).
INÉMESTRIN, TSEMESTBiNrs,
dieu latin, présidait aux forêts, et,
quand les Romains commencèrent a
connaître la mythologie grecque, so
transforma en souverain desDryades,
Faunes , it autres divinités des bois.
NÉMÉTOR, Nt^traip, e'est-a-
dire le ï^engeur : Jupiter, auquel
appartiennent toutes les fonctions, et
consé(pienmient celle de punir le cri-
me. Ici le surnom est remarquable,
et a cause delà foudre dont on l'ar-
me principalement dans ce but , et h
cause de ses liaisons avec INémésis, la
vengeance personnifiée.
TSiÉiNlE, ]Sa:nia , le chant funé-
raire personnifié , avait un temyjte
hors de Rome , près de la porte Vi-
ininalc. On l'invoquait dès le com-
NÉP
meucement de l'agonie. On assure que
les vieillards surtout l'imploraient.
On peut comparer lalèrae , qui est
aussi un cbaut de deuil personnifié, et
Linos, qui semble avoir été dans le
même cas.
INÉOPHROxN, Kiivf^,, fils de
Timandra, fut métamorphosé en vau-
tour ])3T Jupiter (/ . Er.vPE).
1SÉ0PT0LKME. F. Pyrrhus.
3NÉPE1STHE, ISkpenthes, n»;-
woCijV, Apollon. Ce dieu, par sa pure
lumière, dissipe la tristesse. Ce serait
en quelque sorte le Népenthe per-
sonnifié. Le INépenïhe , selon l'O-
dyssée, est une plante d'Egypte qui,
mêlée au vin, endormait la dou-
leur. Hélène en sert a Télémaque à
la table de Ménélas. Le poète n'ou-
blie pas de dire qu'elle l'avait reçu
de la reine Polydamua , femme
de Thouis. Il est absurde de voir
dans cette plante, avec Plutarque ,
Athénce, Pl'ilostrafe et Macrobe, les
contes qu'Hélène faisait aux convives
pour les divertir. Evidemment le N«-
penlhc, dans l'idée du poète, étail, de
l'opium, ce qui ne signifie certes ni
qu'on le distillait du temps d'Homère
avec l'exquise perfection qu'on j met
aujourd'hui, ni que l'on ne pensât pas
au nectar et a l'amnla-ambrosie en
parlant du Népeuthc (R. : v» , nég. ;
TTivêog , deuil).
NÉPHALION, N?(p<tA/ô/y, un des
fils de Minos.
INÊPHÉLÉ , Nivix», ( ce mot
veut dire nuée) : i" première ou
deuxième femme d'Athamas, mère de
Phryxos et d'Hellé {Voy. Athamas,'
Chrysomalle, Ino); 2° nymphe sub-
stituée par Jupiter à Junon et prise
pour elle par Ixion , dont elle eut les
Centaures. La lable vulgaire parle
d'une nuée 5 mais on vient de voir
que nuée se dit eu grec IXéphélé.
INÉPHOS, m^cç, fils d'Hercule.
4
NEP
NEPHTÉ,]NEPHTHYS. Foy.
Kefté.
INÉPIA, N»)^/«6, fille de Jasoa ,
épousa Olympe, roi de Mjsie , et
donna son nom aux champs uépiens.
INEPTUrsE, Neptuaus , et en
grec POSÎDAN ou PosÎdÔn, ITocrt/J*»,
Uoa-itim , dieu des mers , selon les
Grecs et les Lalins, passait pour fils
de Saturne et de Rhée, el en consé-
quence pour frère de Jupiter, de Plu-
ton, de Junon, de Cc'rès et de Vesta.
Comme ses deux frères , il fut cache
par sa mère qui, au lieu de l'enfant,
donna au vorace Saturne une pierre
énorme h dévorer. Quelques mytho-
logues substituent h celte pierre un
jeune poulain. ChezHygin(/izA.cxxx)
c'est dans la mer qu'elle va lui cher-
cher un asile , et c'est Saturne lui •
même qui l'y cache. Tzetzèslui donne
pour nourrice Arné, ou Arno. Nep-
tune aida Jupiter dans sa lutte con-
tre lesTitanide.s,puisdansla Giganlo-
machie. C'est lui qui, lors du dénoue-
ment de la première de ces guerres,
enchaîna les Titans dans le Tartare,
et en ferma l'entrée avec des chaînes
de fer. Lorsque les trois frères victo-
rieux se partagèrent Fcmpire du
monde , Neptune eut les mers ,
et pour sceptre le trident. Dans
la Giganlomachie , il combattit le
géant Polybote , le contraignit à
Prendre la fuite , et dans sa course
écrasa sous le poids de Tîle de
INisyre , qu'il lui jeta sur le dos.
Lors de la retraite des dieux en
Egypte, il les accompagna sous la
forme de cheval. Plus tard, il prit
part h la conspiration d'Apollon con-
tre Jupiter, et résolut de mettre aux.
fers ce maître des dieux. Mais le roi
de l'Olympe découvrit le complot et
condamna ses deux ennemis a vivre
un an sur la terre. C'est alors qu'A-
pollon el Neptune réunis éleycrcnt
NEP
i63
les murailles de Troie. Lorsqu'ils eu-
rent achevé ce travail, Laomëdon leur
refusa le salaire convenu; la part de
Neptune consistait en chevaux. Nep-
tune, irrité, submergea le pays, puis,
se laissant fléchir par les prières de»
Troyens, consentit à n'envoyer contre
eux qu'un monstre marin auquel on
finit par promettre, pour arrêter ses
ravages, une jeune fille k dévorer cha-
que jour. Hésione, fille de Laomc-
don , venait d'être désignée par le sort,
et d'être attachée au rocher fréquente
par lemonstre, quand Hercule parut,
et, moyennant un prixc onvenuavecle
roi de Troie , tua le colosse dévasta-
teur. Andromède, délivrée par Per-
sée, offre les mêmes faits sous d'au-
tres noms, et, la aussi, c'est Nep-
tune qui a envoyé l'animal marin qui
maage les jeunes filles. Nous voyons
aussi Neptune envoyer h l'Attique le
terrible taureau de Marathon; et k la
Crète le beau taureau que Minos ne
veut point sacrifier , et qui ensuite
devient l'objet de l'ardente passion de
Pasiphaé. Enfin , dans Athènes, quand
Thésée trompé par Phèdre maudit
Hippolyte, il lâche contre le jeune
homme Un autre monstre marin dont
l'aspect épouvante les chevaux. Il
disputa la possession de l'Argolide a
Junon, et celle de l'Attique k Pallas,
mais il échoua dans l'une et l'autre
prétentions. Inachus avait été arbitre
dans la première affaire; les dieux
réunis avaient prononcé dans la se-
conde : ou sait que dans celle-ci le
prix avait été promis a celui qui fe-
rait k la ville d'Athènes le présent le
plus utile. Neptune , d'un coup de
trident , fit jaillir du sol un cheval
aux crins ondoyants; Minerve donna
naissance k l'olivier. Neptune perdit
aussi un autre procès devant l'aréopa-
ge. Halirrhothe, son fils, avait été tué
par Mars ^ il voulut cpe Mars fui euo*
it.
1^4
]3y£P
damné par les dieux : Minerve , eu
s'opnosant a sa demande , liii-fit en-
core manquer .son but. Dans la guerra
de Troie, îSeplune prit le parti des
Grecs. Lorsque leur armée recula du-
rant Hector, il s'clanca en quatre pas
à Èges, attela son cliar , le lit rouler
ipapidement sur les flols, et, arrivant
au champ de bataille, ranima Tar-
deur des deux Ajax et d'autres héros.
Pvudanl le sommeil de Jupiter sur
rida , il parut eu personne dans les
rangs : les Troyens plièrent , et il fal-
lut que Jupiter éveillé lui intimât par
Iris Tordre de revenir. ^Neptune avait
donné pour présents de noces a Pelée
les deux célèbres chevaux Xanlhe et
Balios; c'est lui qui changea Péricly-
raène en aigle , Hiérax en oiseau de
proie, et, chose bizarre, la jeune Cé-
m&en homme. C'est lui aussi qui, .par
wlié pour le» douleurs de Latone,
(ixa au milieu des flots Tile jusqu'a-
lors flottante de Dclos. — Ondonne
pour femme à .^Neptune la belle Am-
philritc, souvent confondue (a tort)
avec Télhys. Parmi ses nombreuses
maîtresses se distinguent les suivan-
<es (la 2* colonne désigne leur père,
l;i 5" leur* enfants) :
l'rr b««.
Tyio.
M/'lionr.
Méduse.
Hippothoé.
J.ibye.
Lysianasse.
CeléDO.
Halcytiiie.
< iiiont'.
<'.cnis
Ainymone.
r.érès .
■Biltj-viiis.
Kurynii'duu.
.SullUUflFC- .
l'IiorCTS.
Meslor.
Kpnplie.
Kpii|>he?
Atlas.
Allas.
ICxadms?
Daiiaiis.
Satui'iie.
Kaii>illiou'>.
I'cli.'.s.
• Nc'co.
. Oloi
jKphialtc,
/ Kurylc.
JCléatfi.
( Pégase,
^ Clirysaor.
ITaphius.
.'Btliis.
s .Agcnor,
IBusiris.
Lycs.
Ilyriri'.
Ilyptiote.
Kuuioljif.
iVaoplIus,
.Aiiori le L-heva!.
Mnynis.
Asiypalée.
.\vnu<.
AnliopC
Eurynome.
nii-uiisto.
Aeaiiirde.
OKiiopi'.
Europe.
Mélie.
AUipr.
ré^ln.v.
tunulc.
(^bry.sogi'iiie
Mrlanllio.
Alistra.
.Scainandrodice.
Midr.-.
Clcodore .
Cliloiic.
l'bflpnix.
OKbale?
Éo\e_
Nisus.
Uypsce:
Al ,<;«■.
Kp<ipcc.
Tityp.
( lce;i n ?
Cricyiiii.
Miiios,
.Aiicée.
( lifole .
j Hellrn.
\ Aginov.
^Belltruphon.
Actor. ,
Kupbfiiue.
Aiiiyctis.
(lipputbous,
Asopr.
Orion.
(:bi'ysÀ.<.
Osvsn.s.
Eurytc
Asplt'don.
Daiinû<. P.nrnassc.
<"litoii. lo enfimls iq
connus.
Ibilirrbolbc.
Horus. Alllirpc.
On donne encore pour fils à jNei
tune, mais ici les mères sont o
douteuses ou inconnues, Aon, Albioi
ou Alébius, Amphimaue , Acioriouj
Bergion, Cercyon, Cenchrée, Chiui
Crocon , Cromus , Dercyle, Dorui
Laniie, Lélex, Lestrygou, Mégaréc
Mclion, Messape, JNyctée, Oiicliestej
Pélasgue , Phéax , Sicule , Sicaniosd
Taras , etc. Ces noms offrent les ir
dicalions les plus précieuses^ iov
jout allusion h des circonstances cei
sées maritimes , aux rivages
montagnes, aux mugissemenis d(
IloLs, ou bien ce sont des héros ép
nymes, soit des plages riveraiues, ei
des villes situées sur le littoral
marquons que l'on donne comme
de Neptune beaucoup de brigands èï
de chefs tyranniques. JNepiune portait
un Irès-o-rand nombre de siirunms.
\oici les seuls importants: i "Hippios,
en latin /ï'f^we^/m, et tous ceux dans
lescpiels en trerélémeul/?/^yj.... che-
val j 2°Enuosigée, Euosichlhon,Ciue-
^ sichllion , Sisichthoii , c'est-à-dire qui
ébranle la terre ; 3° Asphaliée. Tlir-
meliouque, Gaîèokhos, qui l'entoure
ou la tient sous son pouvoir, qui la
consolide ; 4"Mélaole, 3Iyk.ète, Tav-
rios, 4^^^on, toys iixlica'uurs aie
TiV.V
force puissanle, de puissantes figures
animales, de vastes hruissemenisj
5" Damée, qui domte ; Basilévs,
roi j 6"- Prosclystios, alluviqnnelj
7° Phytalmios, nourricier; 8° Erech-
thée, le terrestre; 9° Consus, Cano-
be,etc. (ce sont les noms de person-
nes divines étrangères à la Grèce,
mais réabsorbables dans Tidéal d'uu
dieu-mer); 10" Cyanocliète, ou h la
chevelure bleue, etc.; 11° Eulriène ,
Aglaolriène, Mégatriène (allusions au
trident, en grec triœna); 12° Enfin
la foule des surnoms locaux , Téna-
rios, jNisyrcos, Oncbestios, etc. Ce-
lui d'Isthmios mérite une mention
pnriiculière , parce tju'il indique non-
seulement le culte dont Neptune
était l'objet dans Tisthme de Corin-
the, mais le voisinage et la pui.ssance
de Niptune dans tous les isthmes
imaginables. — Le séjour de Neptune
était au fond des mers, mais quelques
îles, quelques villes, quelques caps
étaient aussi ses résidences favorites.
La plupart de ces lieux célèbres sont
ceux oîi il avait fêtes, temples ou au-
tels ; et presque tous, de manière ou
d'autre, ont été incorporés à sa lé-
gende. Tels furent Nisyre , Eges en
Achaïe, Eges sur la rôle d'Eubée ,
l'isthme de Gorinthe ; le cap de Té-
nare, où il avait un temple qui servait
d'asile aux criminels; Oucbesle dont
le bois sacré et le temple existaient
encore h l'époque de Pausanias; Ca-
lamrie où l'on n'admettait pour prê-
tresses que de jeunes filles d'un ?ige
trop tendre encore pour être nubiles;
Manlinée où nul homme ne devait
entrer dans son temple ; Sunium ,
Géresle, Tbérapne, Sparte, Rho-
des, Tbèbes ; Hélice où les Ioniens
célébraient en sou honneur une
grande fête solennelle dite Paninnie;
Trézène qui lui était consacrée , et
qui se nommait Posidonie; Patres en
NFP
T^3
AcluiVe. Platon assure dans son Cr/~
tias que Neptune avait un temple
dans l'île poétique de l'Atlantide. Ce
temple, dit le philosophe, avait un
stade de longueur , et trois plèthres
de large; sa hauteur répondait aux
deux antres dimensions. L'or, l'ar-
gent, les pierres précieuses y resplen-
dissaient de toutes parts, et de riches
incrustations ornaient les murailles.
Une précieuse mosaïque s'çtendait
sous les pieds des adorateurs du
dieu. Parmi ces chefs-d'œuvre d'un
art miraculeux se vovait Neptune lui-
même sur un char altclé de chevaux
ailés, cl entouré de cent Néréides qui
avaient des dauphins pour montures.
Devant le temple étaient des statues
d'or massif, représentant tous les
rois et tous les princes de la famille
royale par qui l'Atlantide était heu-
reuse d'être gouvernée. C'est bien
déchoir (pie de retomber de celte \\f.
éblouissante k Rome, où nous ne
trouvons en l'honneur de Neptune
que quelques temples dont un surtout
dans la neuvième région; la roagnih-
que galerie d' Agrippa, qui offrait en-
tre autres chefs-d'œuvre le tableau des
Argonautes j et enfin les Cimsualies
an mois d'août et les Neptunales en
juillet. Dans Athènes le 8 de chaque
mois était consacré a Neptune ainsi
qu'a Thésée. On sait que deux mois
athéniens portaient son nom. Le
dernier n'était qu'un mois inter-
calaire, et se plaçait après le douzic-
rae mois de l'anne'e , tantôt de deux
en deux, tantôt de trois en '.rois ans
(dans l'oclaétéride, Posîdônll venait
terminer les années trois, cinq et
hnil). Corinihe célébrait en l'honneur
de Neptune les jeux islhmiques. Se-
lon les uns, Thésée les avait inslilués;
suivant les autres, ils remontent au
lemps de Mélicerte et de Paléraon.
Des syncrélistcs admettant la de;-
nlcre hypothèse ont soupçonné nue
réorganisation par Thésée : l'un n'est
pas plus croyable que l'autre. Le fait
certain est que ces jeux étaient au
nombre des quatre grands Agônes de
la Grèce j ils se célébraient de quatre
en quatre ans (Piudare dit de deux
en deux : peut-être en fut-il aiusi
pendant un laps de tems. Les cou-
ronnes varièrent j primitiyeraent le
feuillage du pin était en possession
de les fournir^ plus lard on y sub-
stitua le persil flétri, puis on sup-
prima le persil, et le pin reprit ses
droits. — Les surnoms de Neptune
ont dû faire comprendre ses divers ca-
ractères. Nous nous bornerons h en
présenter un rapide résumé. Neptune
est l'eau personnifiée. Il diflère de
Pontos, d'Océan eldcNérée, i^par
la richesse de sa légende^ a" par sa
jeunesse relative. AubsiPoutos, Ogên,
Tbalassa sont-ils des dieux pélasgi-
3ues, ou peu s'en faut; Posîdôn arriva
ans le Péloponèse par les Doriens
de la Crète, qui eux-mêmes l'avaient
reçu des Phéniciens ou de la Libye.
A l'époque élégante de la Grèce,
Neptune fut placé par les théogo-
ïiistes parmi les Cronides, antago-
nistes des Titans, des géants , et
en ge'néralde toutes les forces aveu-
gles et brutes. Qu'on ne s'y trompe pas
pourtant, Neptune avait été primiti-
vement un être h face ahrimanienne.
Son nom n'est autre que relui de Nefié
(Ne-tpé, le non-ciel), selon les Grecs
Neplilbys. L'Egypte avait la mer en
horreur. La déesse fatale, l'ennemie
d'Isis était et le sable brûlant de la
Libye et la mer qui baigne ses rives.
Las Grecs qui durent de bonne limire
tant de remercîments h la mer ne fu-
rent pas aussi exclusifs qucTEgynle,
et tour à tour Neflé masculinisée fut
une déité bienfaisante et une déilé
fifale. Souvent pnnr tenir le milieu
NEF
entie ces deux points de vue iutervïol
l'idée de force : la force est alterna^
tiveraent utile et funeste, tutélaire eî
destructrice , attrayante et farouchoJ
De là cette présence perpétuelle di
taureau, du cneval dans les mythes dj
Neptune. Son père dévore un cheval i
sa placej il est cheval afin de jouir de
faveurs de Cérès; il fait sortir un che
val du sein des mers; il est le père du
cheval Arion, l'aïeul du cheval Péj^
se ; il secoue les flols, comme le che<
val sa crinière ; il fait trembler le sol,
commele cheval impatient du combati
il roule des masses d'écume, commi
le cheval qui mord son frein ; il va ej
vient (Vénilie et Salacie), comme 1(
cheval qui prélude dansl'hippodrom^
à une course sérieuse : les flots hen<
uissent. Les taureaux se conçoiveuj
de même : et d'ailleurs les fleuveii
aussi sont représentés sous celle for-
me. Nul doute que l'hippopotame, e^
aussi l'hippocampe h cause du nom ,
le dauphin comme vahanam favorij
des Tritons , et les formes subrondej
des gros cétacés, n'aient subsidiaire-
ment contribué à populariser
idées de taureau et de cheval dans U
culte de Neptune. Jusqu'ici Neptun(
n'est qu'un dieu robuste , et comme
tel il n'a pour (ils ou pour représen-
tants que des héros. Dans d'autres
légendes va se dessiner un Neptune
robuste et funeste. Celui-là est le
père des Cercyon-Sinnis, des Halir-^
rhotlic, des Leslrygon, des Busiris,
tous noirs de crimes, de vols, de
viols, de meurtres , de sacrifices hu-
mains ou d'anthropophagies. Celui-là
inspire et fait cingler à pleines voiles
sur la mer Tyrrhénienue les pirates
qui infestent la côte. Celui-là se ré-
volte contre la divinité suprême, et
rêve la chute de Jupiter. Celui-là se
venge et punit l'arrogance, la perfi-
die, le meurtre. Celui-là enfin «'in-
NEP
cornore a la nuil; la chouetle est son
symbole; et les eaux marécageuses,
la vase, les brumes épaisses, les mias-
mes délétères, les oiseaux stymphali-
(les,Ies reptiles lernéens, semblent
sous saprotection. Les autres traits de
la physionomie de TSeptune sont plus
doux. 1° 11 caresse les vierges qu'il
enlace de ses bras; il jette l'eau fer-
tilisalrice sur lesguérets qu'il inonde,
il s'altelle a la charrue , laboure le
sol aride, brise sous son sabot la glèbe
rebelle , ameublit le sillon qui va re-
cueillir les semailles; il concourt avec
Cérès a l'alimentation des peuplades
humaines : le voila lié a l'agriculture.
2° 11 transporte les richesses de l'A-
sie, de la Crète et des îles lointaines
dans le Péloponèsc. Les trésors af-
iluent sur les rives qii'il baigne. Par
lui le sud et le nord , l'est et l'ouest
se rapprochent et sont en contact; il
est la mer Egée (car Egée est sou in-
carnation et Egéon un de ses noms).
Lo voila l'instrument principal div
commerce qui sans lui languirait dans
d'étroiteslimiles(comp.MoMONiDi;s).
5" Il n spire h être la pure lumière
(le ciel et l'onde sont souvent en
jonction dans la mythologie). 11 iend
k être l'époux de Minerve (l'élher),
ou a remplacer Junon ( l'atmosphère)
dans la possession d'Argos, — L'idéal
de Neptune diffère peu de celui de
Jupiter quant a la physionomie. Ses
traits, ses cheveux et la forme de la
barbe sont les mêmes a peu de chose
près; mais chez lui la puissance a
quelque chose de moins facile, la
majesté quelque chose de moins
clhéré que chez le roi de l'Olympe.
Son corps est plus mince, plus agile;
ses muscles tendus et forts, sa taille ,
son air , expripaent la rudesse. Le
plus souvent il est nu. De tems h
autre une légère chlamyde et plus ra-
rement un ample manteau l'envclop-
?ÎER
167
pent. Un Neptune li'ès-occnpé près
dune nymphe qu'on croit Amymone
la Danaïde a le pied sur un rocher
(Millin, Peint, de vases, II, 20).
Sur une médaille d'argent de Titus
(Gessner, LX, 1,2), son pied foule
un globe : ce détail , mieux encore
que l'apluslrum qu'il tient à la main,
rappelle le vers de Leraierre :
Le trident de Keptuiic est le sceptre du monde.
Sur le pied d'un candélabre on voit
Neptune marchant sur la pointe des
pieds, ce qui indique la célérité d©
sa course, et tenant a la main droite
un long trident de forme élégante
{Musée Pio-Clément., IV, 32 ).
Très-souvent il a un dauphin à la
main. Ce dernier attribut appartient
au style d'imitation. Sur les monu-
ments de l'ancien style il n'a que le
trident ; tel est le ÎSeplunc de Pestum
(primitivement Posidonic, du nom
même du lieu) (médaille d'argent
dans Millin, Gai. myth. , 293).
Phidias, Praxitèle, Scopas s'étaient
signalés par de belles statues de Nep-
tune que nous n'avons plus. On doit
regretter le Neptune de bronze que
Corinlhe s'était fait faire du butin en
cuivre arraché aux vaisseaux de Xer-
xès. Un bas-relief brisé, aujourd'hui
à Ravennes, offre un trône de Nep-
tune voilé ; un hippocampe , une
grande conque , un grand trident et
d'autres plus petits, des dauphins, des
coquilles, sont les principaux orne-
ments de ce morceau de sculpture où
l'on voit encore trois génies.
NÉQUmON, DÉNICHI etMA-
RISTIN , sont dans la mythologie
siutoïque japonaise les trois dieux de
la guerre.
NEREE , Ni)/ieyf , l'onde person-
nifiée , faisait partie de ce cycle de
hautes divinités marines dont Pontes,
Ogèn (ou l'Océan) et Posîdôn sont
les sommités mâles, et Thalassa, Dq-
iG8
NER
ris, Télhys, Ampbitrite, les person-
nifications femelles. Creiizer entend
par Nérée le fond "a jamais immobile
de la mer , et par Ponlos le lit des
eaux. Nous avons de la peine h le
croire. Pontos, Ogén, N^rée, passè-
rent cbacun chez quelque peuple pour
la mer, et eurent la, dans la croyance
indigène, une épouse 5 mais c'est après
coup que les syncrétisles, admettant
toutes les personnifications qu'avaient
rêvées des tribus différentes, préten-
dirent les enchc'isser symétriquement
dans un tableau , et faire naître du
lit de la mer le fond k jamais immo-
bile de la mer. Nous ne faisons au-
cun doute que ce n'ait été la mer
pour les insulaires de la mer Egée.
Quoi qu'il en soit , voici les généalo-
gies vulgaires de Nérée. Il doit le
jour, selon Hésiode, k Pontos et k la
Terre 5 selon ApoUodore, qui rap-
porte aussi d'autres opinions, k Nep-
tune et k Canacé : ce dernier narré
est absurde. Neptune ne fut connu
3ue postérieurement k Nérée. Auprès
e Nérée se dessine, a titre de sœur-
épouse, Dôris (la Donneuse), et sous
ce couple, que toujours on représente
comme accablé de vieillesse, se dessi-
nent les 5o Néréides. Le trait prin-
cipal ds la physionomie de Nérée,
c'est la diviuatiou. Il dit à Hercule
oii étaient les pommes d'or des
Hespcrides. Horace le fait surgir,
comme Camoens son Adamaslor ,
ou sein des flots qui séparent deux
mondes (l'Europe et l'.\sie), pour
prédire k Paris les maux dont Troie
allait être la victime. Devin, il avait
de plus le pouvoir de changer de
forme ^ et, comme Prolée, il ne ré-
vélait l'avenir que quand, ayant épuisé
le cercle des transformations aluipos-
. sibles, il était obligé de prendre sa fi-
gure première. Cette faculté prophé-
tique ns doit pas nous étonner, nous
NÉR
qui savons que l*eau est la prophé-
lesse par excellence , et qui voyoni
partout magiciennes , sibylles mariti^
mes et devineresses surgir de l'ondï
et nous rions lorsque nous enlendool
Natalis Cornes faire deNérée Tinvet
teur de l'hydromancie. Nous ne pan
Ions pas de ceux qui voient dans
dieu un prince habile navigateur,
que l'on venait de tous côtés consnU
ter sur les chances plus ou moins prC
spères des expéditions maritimes,
était adoré a Gythcum. Nérée faisa
son séjour dans la mer Egée.
NÉRÉIDES (les), N^pie^K, soi
les cinquante filles de Nérée. On v«
rie sur leur nombre et sur leurs nor
{f^oy. Oc lî AN ides).
NERGEL (Ne/)yU) ou NebgaI
idole des Cuthéens {Rois, IV, xviil
était figurée par un coq (selon quetl
3ues-uns par un coq de bois). Qu'il
iquait ce symbole.'* Les CuthéeJ
étaient de sang perse. Etait-ce lefq
qu'ils adoraient sous ce nom et soij
cette forme (Nergel, dit-on, signif^
feu)? Était-ce la brillante constel
lation nommée par les Grecs l'oiseaï
le cygne , par les Arabes la pou|
(Adegije) , par les Hébreux le cc
(Tharnigolet)? ou bien faut-il cor
prendre que c'est k Mars ( planète
dieu de la guerre) qu'ils adressaient
leurs hommages.'' Le gaUinacé dont
les chants devancent l'aurore est
l'oiseau de Bellone autant que l'oi-
seau du soleil. Les légendes gréco-
romaines le consacrèrent k Mars. Un
Anerg (mentionné sur le monument
de la reine barbare Comosarye, con-
jointement avec Astara et Vénus)
était en Tauride le dieu de la guerre.
Nérig, dans toutes hs langues de la
Phénicie et de la Syrie, était la pla-
nète de Mars.
NÉRINE, autrement Nerîe,Ne-
RiA et NÉRiÈNE, femme de Mamers^
NER
le Mars-Fe'llcbe des Sablns, est nom-
mée dans Piaule {Rust. , II, vi, v.
34.),dans Aulu-Gel!e(l. Xïll,ch. 22),
dans Jean le Lydien {Mois, p. 83
d'éd. Scbœn) , dans Suétone ( P^îe
de Tibc.re), et dans Tite-Live (liv.
XXVII, c. 4-1, etc.). Selon Tau-
teur des JSuits attlques , ce nom,
qui doit se traduire par vaillance ,
virilité, venait du sabin. Il est im-
possible de ne pas être frappé du
rapport qu'il présente avec le saras-
Vr'iiNara (homme, Wr). Au rese, il
paraît que Nériène était prise tantôt
pour une Vénus, tantôt pour une Mi-
nerve. A celle-ci convient surtout ce
caractère de force qu'indiquerait le
nom même de INériène j -k celle-là le
rôle de femme de Mars. Ou fêtait
INériène avec son époux le 25 mars,
jour des Tubilustrics ou lustration
des trompettes. On comprend que
cette solennité avait trait également
à l'ouverture et de l'année et des com-
bats. Comp.R.-Ottf. Millier, ^//vf^ A".
\. II, p. 5o, etc. — Une autre ]Nt-
KiîîNE était la même que Névérila, la
déesse du respect et de la vénération.
Virgile donnele nom de INiÎRiNE à Ga-
latée , mais la* ce mot ne veut dire
que Néréide.
ISÉRIOCENGH , nn des vingt-
huit Izeds parsis, est le feu qui ani-
me les rois , et selon la plupart Ati
Destours, l'Ized du feu Bérécécingh ;
c'est aussi l'Ized de la paix. Il pro-
tègeles justes j c'estlui qui jadis veilla
sur les deux portions delà semence
de Kaïomorts, dont furent formés
Mescbia et Meschiane, phalle et àme
delà vie: il garde aussi la semence
de Zoroastre. Enfin, du temps de ce
sage, c'est Nériocengb qui fut cbargé
par Ormuzd d'aller le trouver en
Iran pour lui ordonner de convertir
le monde h la. loi ormuzdienne.
WÉRITE (Neritvs , N^><T»f ) ,
iVES I f.9
Ithaque et Polyctor étaient trois
frères jumeaux, et construisirent près
de la ville d'Ilhaque un bassin pour y
recevoir les eaux d'une fontaine. Un
mont de l'île d'Ithaque porte ce nom.
NÉSIMAQUE , Nesimachus ,
'ii^a■'f!,xx,os ■> père d'Hippomédon, qu'il
fut de Mylhidice, fille de Talàs.
NÉSO , N^o-o) ( R. : »?«r<>f , île ) :
i" Néréide 5 2° fdle de Teucer, fem-
me ae Dardanus , mère de Sibylla.
C'est évidemment une Océanide , et
peut-être la même que la précédente.
Suivant Lycopiiron, Dardanus épou-
sa, en même temps qu'elle Bâtie, sa
sœur {Voy. Teucer).
NESR, NESRA, TSESROCH, di-
vinité assyrienne que l'on représentait
sous les formes ou avec li tête de
l'accipiter ou vautour (Hyd.,^/e vtt.
Pers. rel., c. 5, p. 1S2, et comra.
sur UbighBeigb, p. 18; Selden, de
Diis syr.^ p. 47). L' Ancien-Testa-
ment {Rois, IV, xix, 57) nous mon-
tre le roi Sennacbérib , lors de son
reloura Ninive, allant offrir ses bom-
mages h Nesroch. La même idole
était consacrée par un culte snpersti-
tieuxcbezles Arabes avec celle d'Liïik,
à figure de cheval, d'Iagoulb, K figure
de lion , et de Soouà , à figure de
femme. On a prétendu aussi que c'é-
tait le grand fétiche de la tribu de
Hamiar, adoratrice zélée du soleil
Qu'elle représentait sous la forme
u vautour. Resterait à déterminer
si vraiment ce fut au soleil même
que s'adressaient les adorations, ou
k la constellation de l'aigle et du
vautour céleste appelé chez les Ara-
bes vautour tombant.
NESSUS, Nta-iros: i" célèbre Cen-
taure, habitait sur les bords de l'E-
vénus(s(in histoire est contenue dans
celle d'Hercule)j a° fleuve de l'Océan
et fils de Téthys.
NESTOR, Utrruf , le plus Jeune
f70
NGO
des douze fils de Ne'Ie'e, passa son
«nfance k Gérénie,* échappa ainsi au
massacre général des Néléides par
Hercule} tua Éreutlialion pendant la
lutte que sou père soutint eu Arca-
die, Itymonée dans la guerre contre
les Epéens , Mulius dans une autre
bataille où, non content dereconqué-
rir le char de son père , il s'empara
de cinquante chariots , chacun sous
la garde de deux hommes, et leur fit
mordre la poussière h tous j poursui-
vit les deux Moliouides, qu'il eut le
chagrin de voir soustraire h ses coups
par Neptune; puis, passant en Thes-
salie, secourut les Lapithes attaqués
par les Centaures , devint l'ami et
l'hôte de Pélée ; s'acquit un renom
de sagesse et d'éloquence égal h sa
valeur , et enfin , après la mort des
Apharéides (Lyiicée et Idas) , réunit
dans la Triphylie et la Messénie les
états d'Apharée à la plus grande par-
tie de ceux de son père. Quelques
mvthographcs veulent que dans son
adolescence il ait été Argonaute. La
tradition le montre au siège de Troie
dans sa vieillesse. Homère lui donne
pour âge trois générations , c'est-à-
dire , dans la manière dont on comp-
tait alors, environ 90 ans. Il condui-
sait les soldats de Pylos , d'Arène ,
de Thryon, d'Épy, de Cyparisse , de
Ptéléou, deDorium et d'Hélos. Après
la prise de Troie il revint heureuse-
ment dans ses étals , et dix ans plus
tard nous le voyons recevoir Téléma-
que dans son palais, et lui donner ses
conseils sur les moyens de retrouver
Ulysse.Nestor avait épousé Eurydice,
puis Anaxible, dont il eut sept fils:
Echéphron, Slratique ou Stratios,
Persée, Arèle, Thrasymède, Pisis-
trate et Anliloque. Il faut y joindre
deux filles , Pisidice et Polycaste.
NEVÉRITA. Voy. NÉRiNE.
^^GOIA-CHILVA]Nl, antique roi
NIC
d'Angola, enivré de ses conqucte^j
se fil rendre de son vivant les h 01'
neurs divins. Son culte , aboli daL„^
presque tous les pays qui ont fonti?
le royaume d'Ango'la, existe encore
chez les Singhilcs ( espèce de prêtres
de la secte des Giagas). On lui attri-
bue surtout le pouvoir de faire lom-
ber la foudre , et sans doute aussi le,
titre de roi du monde souterrain: ca
les Singhiles consultent sans cesse 1(
niùnes des ancêtres, et sous ce prj
texte conservent ou prétendent cor
server dans des chasses portatives le
ossements de leurs rois. La religi<
des Singhiles est atroce. Au moindt,
souffle de vent ils veulent que d|
sang hum'ain arrose l'idole k laquclll
ils ont voué leurs adorations,
MA, Cérès chez les Sarmates; „,
donne aussi ]\ia ou Niam pour hijl
espèce de Plulon slave. Ce j\iara nj
serait-il pas le même que Nia , et \\
déilé infernale ne serait-elle pas un4
espèce d'Hécate androgyne ?
NIBCHAS. Voy. Nebo.
NICE, Victoire. Voy. ce mot,,
NICEE,Nic^.A, N<»«/«, héroïni
éponyme de la ville de Nicée, en Bi-
thynie, est une Naïade fille'du fleuvi
Sangare (Comp. Nana et Sanga^
Ris). Elle fut aimée de Bacchus, qui
pour triompher d'elle , l'enivra ei
changeant en vin l'eau d'une fontaine
oîi elle se désaltérait. Elle fut raèn
des Satyres.
NILII PL, Niy.i'TTTii] • 1" Thespif.
de ; 2" fille de Pélops, épousa Slhenèle
et en eut Euryslhée j 3" prêtresse d«
Cerès, la même peut-être qu'une d(
celles dont on vient de parler. LaNi-
cippe femme de Slhenèle et uière d'Eu-
rysthée se trouve aussi nommée Leu-
cippe, Archippe et même Aslydamic.
— Un NicipPE, tyran de l'île de Cos,l
ayail , K ce que l'on assure, reçu des^
dieux ra-ssufance do sou clévaliou ;
une de ses brebis avait mis bas un lion !
NICODROME, ISicoDRoMUs ,
HiKÔê f0fi6? , fils d'Hercule et de
Nicée.
NICOMAQUE , NicoMACHUs ,
'Htx.ôf^ctxos y fils de Machaon et
d'Anlic'ée, avait pour frère Gorga-
sej et après la mort de Dioclès,
leur aïeul maternel , tous deux mon-
tèrent sur le trône de Phères.
rsICON , Telchine. Voy. ce
mot, et corap. NiîcYs.
NICOSïRATE,la même, dil-on,
que Carraentc. f^oy. ce nom.
NIGOSTRATE, Nicostratus ,
et MÉGAPENÏHE devaient le jour
il Mcnélas. Leur mère était Hélène ,
selon les uns j suivant les autres, une
concubine , une esclave du nom de
Piéris. Ce mot n'est pas un nom pro-
pre, et doit se traduire par de la
Piêrie. Ils ne régnèrent pas h Sparte
après la mort de leur père , ce qui
devrait nous faire pencher contre la
légitimité de leur naissance , s'il y
avait a prendre au sérieux la réalité
des deux personnages. Nul doute que
Nicosifate et Mégapenthe ne soient
d€8 espèces de Dioscures ( voy. ce
mot). Ils étaient tous les deux figurés
sur le bas-relief du trône d'Amycles.
NICOTHOÉ, N<x«Coij, Haipye,
que Zélhcs et Calais forcèrent à se
précipiter dans le Tigre.
NIÉMIZA ou INÉMIZA était, se-
lon les Slaves, le dieu des vcnls et de
l'air. On le représentait tantôt avec
des ailes et couronné de rayons, tan-
tôt avec le corps d'un oiseau et Ai^a
ailes déployées. Ou dérive son nom
du samoïède num , air, ciel, ou du
russe ni'ôo, qui a le second sens.
NIKCIIOLBA ou KCHOUBA est
une des femmes de Martanda (le so-
leil aux Indes?), Ce dieu, bri!Ia.;te
incarnation de Vichnou, a deux épou-
ses, Radjini au ciel , Kchouba sur U
NIK
171
terre. Kchouba se nomme encore
Souranouh (la femme du soleil). Son
nom veut dire la mobile, et Nik-
chouba l'immobile. Viçouamilra était
son père. Ne pouvant supporter l'é-
blouissante splendeur des regards de
son époux , Kchouba s'enfuit de la
couche conjugale, et laissa son ombre
seule dans le palais de Martanda. Le
dieu cherche inutilement son épouse.
Enfin il s'adresse à son industrieux
beau -père. L'habile chef des Tchoub-
daras lui révèle la cause delà désertion
qu'il déplore. «Il n'est qu'un moyen,
Martanda, de rappeler h toi l'épouse
timide qu'accable ton trop de beauté:
laisse-toi couper tes rayons! » Et sou-
dain les rayons posés sur une roue
de potier dans la péninsule de Saces
(Sakadouipa, région scylhique) sont
rognes par la main deYiçouamilra.II
ne met ii cette œuvre importiinle que
cent ans. Kchouba revient , et, en-
chantée de la forme nouvelle de son
époux, elle vit six mois de suite avec
lui. Elle le quitte périodiquement le 7
sravana, et revient le 7 maga (jan-
vier). Vicouamitra en barbifiant
son gendre l'avait si grièvement et si
souvent écorché que, l'œuvre finie,
il fut obligé de lui appliquer des on-
guents. De la l'aspect maladif et lan-
guissant de l'aslre-roi lorsqu'il se
montre le soir. — La langueur et
la physionomie ou glabre ou chauve
du soleil sont des svmbolisations de
l'affaissement périodique de la cha-
leur. Cet affaissement est double:
annuel et diurne. Les mythes confon-
dent l'un et l'autre, quoique le pre-
mier domine toujours ( Adonis et
Proserpine se présenlert sans doute
ici hla mémoire). Ces rapprochements
sont vrais: les Hindous eux-mêmes s'y
sont livrés. — Du reste, rien de plus
élégant et de plus naturel que la filia-
tion de Kchouba. Elle a pour père
fjl
NlV
ringcnîeur en chef des ciouK, l'arli-
san par excellence, riiuluslriel mira-
culeux. Or qu'est-ce que la créa-
tion ? Le plus inaj^nifique des chefs-
d'œuvre de Tarchiteclure et des arts.
Et qu'est-ce que Kchouba.' La créa-
tion. Un Irait charmant couronne ce
mythe : les rayons retranchés par le
Dédale céleste au menton ou du
crâne de Marlanda lui servent ensuite
fiour achever sur la lerre les merveil-
es des arts. — Selon les Hindous, un
rayon du soleil , nommé Souchorana
on Souchmana, devint la lune. En un
«ens, c'est dire que la lune est fille de
l'orhe solaire. Dans un autre , c'est
transformerla sous-p'anèle qui éclaire
les nuits en iiine, en Sakli du soleil.
— Encore aujourd'hui on regarde aux
Indes la coupe des ravons du soleil
comme se renouvelant tous les soirs,
un peu avant l'instant où le soleil dis-
paraît. Les vapeurs, en s'élevant au
dessus de l'horizon , semblent alors
décolorer le disque solaire , et le
spolier de ses rayons.
NIL. f^oy. ÎNoute-Feu.
]MLÉE,Nri,Ers, d'Athènes, était
nn des fils de Codrus , et fut le chef
d'une colonie ionienne qui, tantôt fon-
datrice, tantôt amélioralricc , habita
Ephèse , Milet, Priène, Colophon ,
Myonte, Téos, Lrhédos, Clazomè-
ne , etc. — Un autre Nit-Ée s'était
déclaré pour les ennemis de Persée,
lors du mariage du héros raessénien
et d'Andromède.
NIMIFO, dieu chinois, pre'sidc
aux plaisirs de l'amour.
NmOS , Ni NUS , fils de Bel et en
conséquence arrière-petit- fils d'Her-
cule, est un des princes (ju'on nous
donne comme roi de l'antique Lydie.
Une dynastie héraclide (candaulide
est le vrai mot) gouverna ce pays.
Quant au ISinus roi d'Assyrie , vkv.
Bio^r. univ., XXXI, 288.
NIO
1. MORE, N^o'^;;, fille de 'fâi
laie et de Dioné , épousa Ampliioi
de Thèbes, et en eut sept fils, Sipy|
le, Ninyle (Eupinyle dans Tzel^èl
et Hy{:;in) , Ismène , DamasichthonJ
Agénor, Phédime, Tantale^ et sei
filles, Néère (Astyoché ou Asiymi
dans Hygin ) , fhera ( dans le]
vieilles éditions d'Apollodore , Ethoi
dvie), Cléodore , Astyochë, Phthit
Pélopie , Astvcratie , Ogygie. H03
mère réduit ce nombre a six fils
six filles, Hérodote à trois filles
K deux fils. Hésiode l'avait porté
dix enfants de l'un et de l'aulri
sexe, en toiifr vingt. La double hepj
tade est, de tons les systèmes,
plus suivi. La légende nous monli
]\iobé orgueilleuse et de ses charnK
et de ses enfants, opposant hLaloi
sa fécondité, el prétendant se subsli
tuer au Latoïde dans Tadoralion d(
peuples. Latone se plaint a Pliébo!
a Pnébus, el soudain le couple iras|
cible descend sur la terre et tUe
coups de flèches la famille entièrej
Les fils tombent sous les coups d'A^
poUon, les filles sous ceux de Diane|
Ovide les fait mourir tous. Apollodorj
on sauve une, Chloris, depuis épous
de Nélée. Télésillas donne a cell
qui échappe le nom d'Amycle ou M^
libée. Quelques mythologues font r '
rir en même temps Zélhiis elAuiphu
^leur oncle et leur père). Les vicli
mes du courroux des Latoïdcs rej
tèrent neuf jours gisant sur le si
et baignées dans leur sang. Enfin
les dieux les ensevelirent, el du leni|
de Pausanias on montrait encore lei
monument a Thèbes. îSiobé, en prol
Il d'amers regrets, déserta la vill
témoin de tant de catastrophes, et
s'arrêta qu'en Lydie où , a force
verser des larmes , elle fut raétamor
phosée en pierre. Chez quelques pot
tes, c'est un tourbillon qoi l'emport
eu Lydie sur le sommet d'une mon-
tagne. Ou varie sur le lieu de la
scène. Le Cilbérou selon les uns, le
Sipyle selon les autres, voila le théâ-
tre de cette lamentable tragédie. Le
fait est que les auteurs du drame
n'ont pas songé a l'unité de lieu. Le
blasphème et le massacre ont lieu dans
Thèbcs, l.i métamorphose de ISiobé
s'opère eu Lydie. H y a plus, et c'est
le trait essentiel, on n'a pas songé
que les lieux étaient différents 5 et la
translation par terre ou par eaa,
ou sur l'aile des brouillards , est
une invention postérieure du syncré-
tisme. Parlhénius, d'après Simmias,
ISéanthe cl Xanliius de Lydie racon-
tent le mythe de JNiobé tout autre-
ment. Fille d'Assaon, femme de Phi-
lole, elle s'enorgueillit de la beauté
de ses enfants , qu'elle dit plus beaux
que ceux de Laloue. Latone se venge
en faisant périr son époux à la cliasse,
et en inspirant pour elle à son père
une passion incestueuse. Niobe ré-
siste en vain, et bientôt ne trouve
plus le moyen d'échapper au sort qui
la menace; elle égorge ses enfants,
et se précipite du haut d'un rocher:
son père se donne la mort sur son
cadavre. — Il est pitoyable d'expliquer
par un événement hisloiique la lé-
gende qui vient de passer sous nos
yeux. Pour les uns, c'est imc peste
qui tue toute la famille de Niobé; et
.sa pétrification h elle, c'est la stupé-
faction de la douleur. Ailleurs, ce
sont des prêtres d'Apollon, qui se dé-
barrassent a coups de flèches des en-
nemis de leur culte, coulraij^uenl la
mère des jeunes Kchatriias égorgés a
quitter le pays, et laissent les corps
de leurs victimes exposés à la dent
vorace des bêles farouches cl aux
pi&eaux. La pierre, c'est uije co-
loijQe sur le monument que plus
l^r-d on leur élève. ?sul doute pour
iNlO
175
nou.s que Niobé ne soit une antique
liéroïue, lune prototypique par la
face inférieure , génératrice par la
face transcendautale. Les sept fils,
les sept filles de ISiobé ne sont-ils pas
une symbolisalion élégante des sept
jours et des sept nuits de la semaine.?
que sera-ce si l'on songe que Niobe j
ioùé, Lopé, iope, io/c. ioh, se tien-
nent de près , et veulent dire lune
[voy. lo)? que sera-ce, si l'on
songe qu'Amphion est une person-
nalisation du soleil ( voy. Ly-
eus)? — La mort des INiobides et
la douleur comme l'impiété de la mère
avaient fourni un ricne sujet tragi-
que aux poètes de l'antiquité. Es-
chyle , Sophocle, Euripide même, se-
lon quelques savants, l'avaient traité.
Parmi les modernes, le peintre Miiiler
nous a laissé sur ce sujet une tragédie
dans laquelle il y a du Michel-Ange.
Voici comment se termine celte com-
position qui lient, dit M. d'EcksIein, du
Proniélbée d'Eschyle et des douleurs
du Laocoon. Niobe brisée par la mort
de treize enfants implore Diane en
faveur de la dernière. Diane semble
dire que, si par des supplications
la reine reconnaît sa puissance , elle
ne frappera plus j mais quand INiobé
trompée invoque la fiere Latoïde ,
et a ùté la couronne de sa tête, Diane
frappe. INiobé alors se relève, re-
place sur sa tète le diadème marbré
du sang de ses enfants , et dit : «Je
« n'ai pas succombé. C'eSt par un
a artifice infâme , par un lâche stra-
te tagème <|uc tu as fait fléchir mon
«genou. Cœur de marbre! jamais
a l'innocence et les bégaiements les
u. plus doux ne pourront l'émouvoir!
« Jamais, ô vierge cruelle ! tu n'a»
« senti ces mouvements rapides et
« brûlants du cœur d'une mère. Sois
« mère un jour, et soullre autant que
« luoi ! Écroule-toi , temple oii le»
174
NIO
« dieux el lesliommcs s'oublient cga-
« lement! » (Le temple croule sous
les éclats du tonnerre.) « Ma patience
« est encore un triomphe ^ reine na-
« guère et la plus nohle des mères,
« }e suis aujourd'hui reine par la
«c douleur. Jupiter m'appelle 5 je Ten-
« tends. La deslructiou ne peut rien
«t sur moi 5 je brave le temps, et des
« milliers de siècles contempleront
« les larmes de Kiobé. Où suis- je?
« est-ce la terre qui me porte? quel
«ciel nouveau roule sur ma tête?
« pourquoi mes veines se glacent-
« elles.^ Dieux horribles, jumeaux au
« cœur de bronze , vous fuvez I l'O-
K lympe pleure, lesdieux s'indignent^
« ils n'osent me contempler dans une
« lutte terrible, moi mère, moi frap-
« pée de tant d'angoisses ! Je Iriom-
« phe, mes enfants, ne pleurez pas!
« Ces deux fils de Latone ont poussé
« trop loin la volupté de la ven-
« geance 5 h l'aspect de mon tremble-
« ment silencieux, le ciel même s'cf-
« fraie. » (De longs éclairs frappent
les épaules de INiobc.) «Mon seiu est
«froid 5 mon cœur s'apaise j mon
« oreille se ferme 5 mon œil s'éteint ;
«ma langue cesse....» INiobé, s'é-
crie ensuite M. d'Eckstein , est une
autre mère des Macbabées placée
dans une sphère idéale et surhumai-
ne.... Humainement et religieusement
parlant, il ne peut y avoir de compa-
raison entre les deux sujets. Celui que
l'Ecriture a fourni offre ce que Ihu-
manilé peut donner de plus vrai et do
plus grand, de plus senti, de plus naïf
et de plus colossal 5 le sujet tiré de la
fable ancienne est un symbole riche
euhautes pensées, plein d'une terreur
grandiose et d'une gigantesque au-
dace qui ébranle l'imagination sans
émouvoir le cœur. — Les arts du
dessin a leur tour se sont emparés de
ce magnilique sujet. Les figures les
NIO
plus célèbres en ce genre sont celles
que l'on découvrit à Rome en 1 535
ou , selon d'autres, en i583 auprès
de la porte Lateranensis. Elles sont
au nombre de dix, dont quelques-unes
douteuses. Long-temps les gens du
palais méconnurent l'exquise beauté
de ces figures et la noble simplicit^l
de composition de ce groupe qui n»lB
fut placé que dans les jardins fdu card.
Fcrd. de Médicis). En 1770 l'empe-
reur Lëopold . alors grand-duc de
Toscane , le fit transporter h Flo-
rence , cl Winckclmann le révéla aux
artistes en 1 779 dans son histoire de
l'art 5 . la même année Fabroni pu-
blia sa Dissertazione suUe statue
appaninenti alla favola di Nio-
bc , Florence, 1779. Depuis, Vis-^
conli , Galli, Niisch et d'autres , l'onH
minutieusement décrit. INous rapneU"!
Icrons seulement que INiobé serranl
entre ses genoux la plus jeune A{
ses filles , INiobé majestueuse sanl
offrir la morgue hautaine des Ju-|l
non , sévère sans cette froideur gla-»|
ciale qui ôle tout cbarmc aux ligu-
res de Pallas, est un idéal de la,
haute beauté. Rien de plus aérien, d^
plus gracieux , que la troisième el|
la quatrième des JNiobides. — On préJ
sume que ce groupe est le même qu«
celui dont Pline parle (XXXVI, 4]
comme d'un des chefs-d'œuvre qi
étaient placés a Rome dans le temp!
d'Apollon. Ceux qui ont voulu que ci
fût une copie n'ont pas apprécié le
style sage et ferme de ce morceauj
On l'attribue à Scopas ou à Praxitèle*
Une épigramrae de l'anthologie sem.l
ble confirmer la première opinion,/
que repousse la manière un peu re-
cherchée dont a élé exécuté l'ouvragï
(comp. Propjlœen , t. II, n" i , p/
48j et n" a, p. i23). Ou peut citera
encore quatre beaux groupes de INio-
bé, x« dans la villa Borgîièie , a" au
NIO
Vatican , 3» a la villa Albani, 4.° dans
la collection de feu le comte de Pera-
broke a Wilton. Une Niobé tendant
la main a Junon forme le sujet d'un
tableau des Pitture d'Ere, I, i.
2. MOBÉ, fille de Phoronée et,
selon quelques-uns , d'Inachus. Elle
fut la première mortelle aimée de
Jupiter (toutefois corap. lo) : elle en
eut Pélasgue, qui régna sur l'Argo-
lide après la mort de son aïeul .
]M0ÎS]\UALL, c'est -a -dire le
fils de l'héritage, est dans la mytho-
logie irlandaise le fils aîné de Fénius-
Farsa, et comme tel reflète absolu-
ment les Aiteachla ou Fatochda de
qui descend Bartolam. Il s'oppose en
tout a Nioul son frère , et sa race con-
traste fortement avec celle de ISioul.
Ainsi partout se dessine l'antinomie
des aînés et des cadets, des antédilu-
viens et des postdiluvieus, des hom-
mes typiques et des hommes. INion-
nuall, un des habitants primitifs de
l'Irlande, est un homme violent, fou-
gueux , meurtrier de ses proches. Il
symbolise la race belliqueuse et fa-
rouche des anciens temps j ISioul re-
présente les tribus paisibles et déjà
demi-civilisées de l'âge postérieur.
IVIORD , MORDR , KIOR-
DOUR, le premier des Vanes Scan-
dinaves , préside au vent, apaise la
mer en fureur, et a le feu, surtout le
feu central, sous son empire. Aussi
est-ce lui qu'invoquent navigateurs,
chasseurs, pécheurs et mineurs. Il fut
élevé à Vaulieilmr^ mais depuis, les
Yancs l'ayant donné en otage aux
dieux pour recevoir a sa place Hamer,
échange qui rétablit la paix entre les
Ases elles Vanes, il a choisi pour ha-
bitation Notan. Epoux de Skada, fille
du géant Thiasse et chasseresse in-
trépide, il passe neuf nuits sur douze
avec elle dans les montagnes. En
revanche, Skada en passe trois de
INIR
175
suite avec lui sur les bords de la mer.
TSIOUL, INIULoulNULL, deuxiè-
me fils de Fénins-Farsa dans la my-
thologie irlandaise, émigra, et devint
le père des Miléadhs ou Scots. Une
certaine renommée de science l'envi-
ronne 5 et cependant sa race est guer-
rière. Mais ces guerriers possesseurs
de l'Irlande, en détruisant le système
sacerdotal des Tualha -Dadan, sub-
stituèrent un autre culte h celui qu'ils
renversèrent. Comp. INiojvjnuall.
MOUSÏITCHITCH , le dieu su-
prême des Kamtchadales qui le regar-
dent comme \me espèce d'ancien Aci
jours.
ISlPARAIAest l'esprit bienfai-
sant, selon les Ednes de la Californie.
Ils lui opposaient Touparan ou Quac
(Wac). JNiparaïa créa le ciel et la
terre. Attaqué par Touparan , il le
défit, le dépouilla de sa puissance, le
chassa des plaines de l'air, elle con-
fina, ainsi que tous ses adhérents,
dans une grande caverne souterraine
qu'il donna en garde aux baleines
pour l'empêcher d'en sortir. Toupa-
ran exerce pourtant encore de l'in-
fluence sur les actions et le cœur des
hommes j il les excite h la guerre.
ÎNiparaïa au contraire déteste ces
rixes sanglantes 5 ceux qui meurent
par la flèche ou par l'épée ne vont
point au ciel. Ils tombent dans la ca-
verne de Touparan. Les Californiens
se divisent en deux partis, l'un qui
adore Niparaïa, et qui est docile a sa
loi, l'autre qui sacrifie a Touparan.
INIPHE, N/(piî, compagne de Dia-
ne aux bains, était sans doute une
iN'aïade (R. : viVr», laver).
JNIPHÉE , INiPH/Eus , N<cpfls;«f ,
chef latin du parti de Turuus, l'ut tué
par ses chevaux.
jNIRÉE, IN'iiiEus, N<^£Uî, fils de
Charops (le visage gracieux), et d'A-
glaïa (la splendeur), naquit dans l'île
Ï76 MS
de Syuoe, entre Guide et Lorvnie.
C'était le plus beau des Grecs après
Àcliille. 11 conduisit en Troade Irois
vaisseaux (seize selon Hjgin). Diodore
lui donne le titre de roi de Gnidc. Il
fut tué par Eurynyle. INirée sans
doute fut le héros de beaucoup de fa-
blés eu Grèce. Ainsi , par exemple ,
nous le voyons, dans Ploléinée-Hé-
pbestion, figurer comme favori d'Her-
cule qui s'aide de lui pour tuer Itï
lion de TSémée. — ISirée sans doute
u'a pas existé^ c'est une personnifi-
cation de la beauté cbez Tliomme,
comme Anadyomènc est la beauté
chez la femme. ISirée et Anadyo-
inùue sont, dans celle hypothèse, dis
iiidividualisalions marines j Auadyo-
roèoe est une Amphitrile Bouto . et
"Nifée né au milieu des mers et dans
une île semble un Nérée subalterne,
TsIUOUTI, un des huit Vacous
du brahmaïsme, a sous sa garde l'an-
gle sud-ouest du monde, et préside
aux génies malfaisants. Sous ce point
de vue, il 6e rattache a lama chargé
de la garde du sud, et h Varouna qui
a l'ouest sous sa dépendance. On sait
de plus que lama préside aux morts et
aux enfers, et que Varouna est le roi
des mers. Or c'est toujours l'hémi-
sphère austral que les peuples du
nord ont pris pour l'enfer 5 et le so-
leil, brillante tormule de la lumière,
a toujours semblé s'éteindre daus la
mer et à l'ouest.
rslSL'S, NT<r«f , fils dePaudionU
et frère d'Egée, régna sur Mégare. La
légende lui attribue un cheveu d'or ,
véritable palladium, auquel tenaient
et la stabilité de son trône et l'indé-
pendance de Mégare. Minos étant
venu assiéger sa ville, Scylla, sa fille,
coupa ce cheveu pendant sou sommeil,
et alla le porter au roi de Grêle dont
la vue l'avait charmée. Minos la fit
cbasser de sen campj et Scylla allait
se jeter dans la mer, quand les dieux
la changèrent en alouette. Son père
se trouvait transformé en épervier,
et depuis ce temps le terrible falconé
ne cesse de faire la guerre au timide
coniroslrc. 11 est possible que la-
louelle dont on parle soit Talouetto
de mer, espèce qui appartient au genre
bécasseau, de la famille des uuméuces
et de l'ordre des grolles.
ISISUS et EUKYALE sont célè-
bres dans rÉiiéide par leur amitié et
par l'héroïsme qu'ils déployèrent daus
une sortie nocturne au camp de Tur-
nus. L'un et l'autre périrent dans leur
entreprise. L'épisode de ISisus et
Euryale est un des plus touchants
de l'Enéide. Il a donné l'idée de ce-
lui de Gloridan et Médor dans l'Or-j_
laudo furioso ^ mais cette fois l'imita»!
teur s'est élevé au-dessus de sou mo-
dèle {l'oy. Ginguené, Hist. litlcr.
d'Italie, IV, 4io).
!MTOGRlS,roi ou reine d'Egypte,
figure dans le lalercule d'Eratosthène
au vingt-deuxième rang, entre Akken-
kharé et Myrtée. Son nom, que le
grec rend par 'A0«v»j ytx,>}<péi,es , et
le latin par Minerva victrix (Mi-
nerve victorieuse) , a peut-être quel-
que autre signification. Qui empêche-
rait, par exemple, qu'il ne signifiât
vainqueur par IMinerve, vainqueur eu
sagesse, etc.? 11 n'indique donc pas
évidemment qu'il s'agisse d'une reine
plutôt que d'un roi. L'idée commune
est que JNitocris fut reine. Jusqu'à
quel point était-ce l'opinion des prê-
tres de l'Egypte.'* G'est ce que nous,
ignorons. Mais on ne peut douter qii|
ce ne soit a eux qu'Hérodote ait
les légendes qu'il nous a transmis*
sur cette souveraine fabuleuse, ou'
plutôt sur deux souveraines de ce nom.
]Née eu Ethiopie, la première régna
en Egypte après son frère , dont le»
grands de l'état s'étaient défaits par
4
NIT
tin meurtre , et vengea sa mort , en
faisant entrer les eaux du Nil dans un
canal creusé à grands frais , et où elle
donnait un festin magnifique aux as-
sassins (Hérodote, liv. II, ch. loo).
La seconde parut en Médie h l'époque
de la plus grande puissance des Mo-
des , et se signala par des coaslruc-
lions le long de l'Euphrate : des le-
vées, des égouts, des canaux, un vaste
pont, le cours du fleuve alongé par
des sinuosités artificielles, voilà les
ouvrages que lui prête le vieil hifto-
rien cl'Halicar nasse (liv. I, cli. i85
et suiv. 5 ou Rolliu , Hist. anc. ,
t. I, p. 364). Il est évident que ja-
mais reine de Babylone ne porta le
nom de ]\itocris, et qu'en consé-
quence toute la tradition relative à la
dernière des deux reines n'est qu'une
imitation et une contre-épreuve de
celles qui se rapportaient à la pre-
mière. Celle-ci à son tour n'est
qu'une personnification de l'industrie
humaine creusant des canaux, et ré-
gissant le cours des fleuves. Que le
nom de Minerve triomphante ou
triomphant par Minerve s'appli-
que à l'être liumain dans lequel on
réalise l'bistoire et les vicissitudes de
cette grande branche de l'architec-
ture publique, on le conçoit sans
peine. Ces ponts jetés sur les eaux,
ces routes tracées a un fleuve rebelle,
ces écluses, ces canaux, ces larges
saignées h l'aide desquelles l'homme
va porter les eaux et la fertilité dans
des terres arides, ce sont bien les
iriomphes du ge'nie. Pour la Nilo-
cris eratosthéniennc , qui vraisem-
blablement n'a point de rapport civec
celle d'Hérodote, c'est au ciel et
dans un des trente- six Décans que
les raylhographcs modernes la re-
cherchent. D'après les quatre hypo-
thèses de concordance entre les l)y-
Uasleset les Bécan? {Voy. DécAifs) ,
INOC
177
Nitocris est ou Stochn^né premier
Décan du Scorpion , ou Séket troi-
sième Décan du Bélier , ou Chontarë
troisième Décan de la Balance , ou
Isrô (l'Horaoth deFirraicus) troisiè-
me Décan du Capricorne. Du reste ,
Dupuis {Orig, des Cuit., t. VII,
p. 74 de l'éd. Auguis) remarque que
parmi les paranatellons du Scorpion
se trouve aussi une reine d'Ethiopie,
Cassiopéej et, comme cette constel-
lation a son coucher est accompagnée
du fleuve d'Orion, il croit qu'on peut
par la coïncidence des deux faits si-
déiiques expliquer la fable égyptienne
qui nous montre la princesse éthio-
pienne noyant ses sujets d'Egypte à
l'aide du ïleuve qu'elle introduit dans
un palais souterrain.
INITOES (NiTWEVs) , génies des
îles Moluques,sont toujours invoqués
au commencement des entreprises uu
peu graves^ non pas qu'ils aient Tha-
bilude de les mener a bien, mais de
peur qu'ils ne les mènent h mal. Dan«
chaque famille on tient des cierges
allumés en l'honneur du Nitoé qu'on
s'est choisi , et , lorsqu'il s'agit de
quelque entreprise, on l'invoque au
son d'un petit tambour , on lui sert à
dîner , on l'invile à manger et k
boire ; puis les assistants, au nombre
de trente ou quarante , font dispa-
raître les restes, c'est-'a-dire tout le
festin.
3SIXI DU (les) étaient trois dieux
qu'invoquaient les femmes en couche.
On les représentait agenouillés et les
mains entrelacées sur les rotules.
Leurs statues se voyaient au Capi-
tole, devant la statue de* Minerve.
Selon la légende , ils avaient été
apportés de Syrie par Altilius.
JNOCÏULIUS, dieu lalin connu
par une statue et une inscription
trouvées à Brest, était figuré la cape
de Télesphore sur la tête, le costume
lY.
\%
1-»
NOK.
d'Atys aulour du corps , un doi^l ii
l'oreille et une chouette h ses pieds;
iléleint un flambeau. 0» en a conclu
un Alys Noctulius ou pré.sidant a la
nuit. K'est-ce pas plutôt »u dieu-
nuit?
NOCTURNl^ , dieu romain des
Icnèbres.
jNODlISUS, ]SoDosus,ÀSoDrTUs,
jSoddtis, dieu latin, présidait au
nœud qui serre le grain de b!é dans
l'épi.
jN'ODUTERUS, déilc italique,
agricole, présidait au battage du blé
(R. : nodusy terere).
JSOÉMON , N<..)'p.«» : 1 ° chef ly-
cien venu au secours de Priam et
tué par Llysse; 2° liabilant d'Itha-
que a qui Téléraaque emprunta un
vaisseau pour aller a la recherche de
son père ; 5° compagnon d'Antiioque.
]NOÉTARQL'E , l'essence suprê-
me,le Nous, le Logos, selon les éclec-
tiques, selon les lliéosophcs partisans
de la doctrine des Eons 5 après INoé-
tarquc venaient Émclh cl Amen.
Celle espèce de théogonie appartient
à la phdosophie védanta , modifiée
par quelques idées égyptiennes.
ISOGAINDARAGOIJ ouîsOGAxN-
DARA-EKE (c'est-a-dire la mère
verte) en mongol, elDouLMA-NcoD-
CHAN en tangulain {f^'oy. ce der-
nier nom).
NOHelHINGÏN'Onsonl clicz les
indigènes de la Ilottentotic le couple
primordial. Tous deux enlrèrenl dans
le pays par une porte ou une fenêtre.
Ils mirent au monde plusieurs enfants,
et Içur communiquèreul entre autres
arts celui d'élever les bestiaux.
jNOKKA ou NIKKEN, le dieu
de la mer dans la péninsule danoise,
était représenté sous la forme d'un
monstre marin à tête humaine. Comp.
OannÈs. 11 apparaissait tantôt sur la
inerj laalùt sur les ûeuyes.
ISOMIE , PSoMiA , nymphe de
l'Arcadie, donna sou nom au mont
INomien. Evidemment c'est une déesse
des pâturages. C'est la vie, la région
pastorales personnifiées. — On donne
aussi ce nom a Paies. iSouvelle preuve
de ce que nous avançons (11. : tifiu»,
faire paître).
INOMIOS : 1° Apollon, 2" Mer-
cure, 5" Pan, 4" Juj)iter, 5" Dac-
chus. Ce surnom csl imporlant, sur-
tout peur les deux premiers dieux.
Corflp. Admi-:ti:, Gopis, Rrichna-
— Lu fils de Cyrèue et d'Apollon
porle aussi ce nom de INoraios.
ISOMOS , Ns'itt:?, la loi per-
sonnifiée , est dans un fragment or»
phique le parèdre de Jupiter; dans
un autre le roi des dieux el des hom-
mes, le recteur des étoiles, etc.:
dans Pind.ire cl dans Platon c'était
la INécessité. Tous ces points de vue
{>hilosophiquc$ aisément jusliiiables
aissenl toujours un doute. Nomos
a-t-il élé réellement personnifié et
divinisé? L'affirma live est plus pro-
bable./^'o/., art. LAO-TsEU,ce que
nous disons du Tao, et comp. Thi^-
MIS.
iN'0ÎS^ACRIS,N«y«*;j/5r, fille d'Hé-
licaon, était l'héroïne épnnyme d'une
ville d'Arcadie célèbre par le voisi-
nage du Styx. On appelle «Mercure
Nonacriates , Evandre Nonaçrins
/(t7'o*,etCallislo Nonncrina liintùt
virgo, tautôt ursa. etc.
i^OR, père de iNolt, la ISuit dans
la mythologie Scandinave, fondateur
du royaume de Norvège. Goe , fa
sœur, ayant éle enlevée, Thorrou ,
son père, lui ordonna d'aller la cher-
cher, et institua des sacrifices pour la
réussite de celte entreprise. Goe fut
retrouvée dans le deuxième mois de
l'année, auquel on donna son nom, et
]Nor chassa du pays ou assujettit a ses
^rinçs lotis les petits priûces de h
NOR
conlii-e où SCS rcclicrches l'avaieni
amené. Ces IracJilions sur l'origine de
la ïNorvège rappcllenl les ravthes
d'Agénor et des Agénorides.
JXOIIAX {Nûipcci, g. uKos), cheï
de la peuplade ibérienue qui vint k
une épofjue Irès-reculée habiter la
Sardaigne, el y fonder la ville de
jXora, ia plus ancienne des cilés de
la Sardaigne , selon la plupart des
auteurs : cpiclques-nns cependant, par
exemple Paiisanias, regardent comme
antérieures la colonie d'Aristée et la
fondation d'Olbia , depuis Agylle
{voy. loLAs). Les légendes faisaient
de jSorax un fils d'Herniî's el d "Jîij-
thrée, fille de Géryon (Paiisanias ,
1. X , c. 1 7 )• Il est évident que dans
le langage antique ceci se réduit ii
dire que, des rives occidentales du
royaume prétendu , Géryon vint
dans File de Sardaigne. Toute colo-
nie se récapitule en un bommejet
toujours cet homme, chef de la colo-
nie, est une incarnation ou un fds de
Cadmile (ici de Cadmile-Mercure). —
La similitude des noms Nora et No-
rax. appuie encore celle manière de
voir. D'ailleurs les deux noms font
penser a ces mystérieuses construc-
tions terminées en cône, qui se trou-
vent en si grand nombre dans les
parties de llle sandaliformc , et qui
sont connues sous le nom tradition-
nel de INurnghs. Il est vrai que gé-
néralement on a penché a croire ces
édifices d'origine pélasgique. M"ais il
semble plus probable que c'est aux
Ibères et aux Celtes qu'il faut en
rapporter l'usage, surtout s'il est vrai
qu'il s'en rencontre de seuiblables
dans l'Irlande et dans l'Ecosse sep-
tentrionale. Comp. sur ces questions
Petil-Radel, Notice sur las ISti-
raghs de la Sardaigne (Paris,
182 6", avec planches); Miinler, Itel.
(1er Karth,.i p. ti4 et u^j ch.
NOR
179
2T, ot Append. du même iib. Sar-
dische Idole ^ p. 9, etc. — Norax
peut faire penser aussi cà foute celle
famille denoms, ÎNérot, INériène, etc.,
dérivés du samskrit n«/«, homme,
et en relation avec le grec àii^.p. Au
reste, M. Pt lit-Piadcl attribue la fon-
dation ds jNora il une colonie de Pé-
lasgucs qui, après avoir abandonné la
côle du Lalii;m et de l'Etrurie, au-
raient été s'établir dans llbérie. Bo-
cbart veut que Caralis (Cagliari) et
?<ora aient été l'ouvrage des Cartha-
ginois, rsiebuhr admet , sans mémo
tenter la discussion, la tradition de
lorigine de îS'ora.
iSOPiIK, NoRicus, fils d'Hercule,
ou, selon quelques traditions, d'Al-
mane, donna son nom au ISoricum.
iNOPxISES (les) sont les Parmies
des Scandinaves, mais elles ne filent
pas ; elles disposent a leur gré la vie
et Têlre ,• elles prophétisent ; leur
puissance s'exerce sur la création
entière. C'est grâce aux jNornes
que tout existe, se conserve, se mo-
difie et meurt. Les phénomènes eux-
mêmes se produisent par elles. On
ne s'étonnera pas a présent de lelirs
noms, Ourda (le passé), Véraudi (le
présent), Skalda (l'avenir). Toutes
trois sont vierges. Ce sont les magi-
ciennes, les fées, les hautes déesses
par excellence. La dernière, Skalda,
donna son nom aux scaldes, prélres
Scandinaves qui prédisent l'avenir.
NOSSA. / V- Hnossa.
IXORTIA on INURSIA, déesse
italique que l'on honorait a Volsinies
(aujourd'hui Bolsena), une des prin-
cipales villes de la confédération
étrusque , et dans tout le reste du
TElrurie. C'était une vérilablo For-
tune latine, une souveraine du temps
cl des années, tout aussi bien (ju'une
dispensatrice. Comme les déesses de
fréneste çt d'Antitnn, elle avait le
l'i.
i8o
NOT
clou pour attribut , et l'on enfonçait
annuellement un clou dans son temple
de Yolf^inies {clavus annalis) pour
faciliter au peuple le calcul des années.
Cet usage passa depuis aux, Romains,
chez qui long-temps le consul ou le
dictateur enfonça successivement le
clou symbolique dans le mur droit du
Capitule, tout près de l'autel de Mi-
nerve. Quelquefois même on ne nom-
ma, assure-t-on, un dictateur que pour
cette cérémonie ( clavo fif^endo).
Plus tard, et lorsque les Romains
devinrent assez forts sur le calcul du
temps pour ne plus avoir besoin de
points de rappel aussi grossiers, on
conserva encore cette cérémonie, mais
seulement pour les circonstances ex-
traordinaires. Ainsi tantôt la peste
(Tite-Live,l. VII, c. 3, 1. IX,c.
28), tantôt de graves mouvements
populaires (le même, 1. VIII, c 18)
donnèrent lieu à planter des clous sa-
crés au Capilole. Le nom de Norlia
se rencontre assez souvent dans les
inscriptions (Gori, tom. II, p. 17;
3o3, etc.). Ruperti (sur Juv., Sat.
X, 7. 74, I, P' 2i65etII,p,
56^7), d'après un passage de Ter-
tullien {Ap.y 24) ? a prétendu qu'il
fallait distinguer INortia de Nursia.
On sait qu'il existait dans le La-
tium, vers les sources du ]\ar, une
ville de ce dernier nom ( aujour-
d'hui Norcia). C'est là qu'était née
la mère de Ve^pasien (Suétone, Vie
de Vesp.j ch. I ). Quelques-uns
soupçonnent que Norlia était la mê-
me que Pomone, ce qui est invrai-
semblable. Comp. Mart. Capella,
Noces de la PlùloL, I, 18, 9 • et
Otlf. Millier, II , p. 54- et suiv.
NOTOS , en latin ArsTER , le
vent du sud personnifié, est un des
huit vents principaux représentés sur
les huit faces de la tour des vents dans
Athènes, Ilna se distingue de Lips et
NOU
de Zépliyre , qui le suivent, que par
son air de jeunesse et par l'absence
de barbe. A sa main csl un vase
qu'il vide , ce qui indique les pluies
chaudes que ce vent amène.
NOUB, Nouo, forme égyptienne,
probablement très-peu usitée, de
Knef, a été proclamée par Cham-
fiollion jeune [Panlh. ég. , exp. de
a pi. 3), et rend plausible la conjec-
ture qui admet aussi la forme Neb
{Voy. Neb). Noiib en nubien si-
gnifie or'^ et c'est de Ih que l'on a
voulu tirer l'éljmologie tant de Knef
que d'Anbô ou Anubis. Ces dériva-
tions nous semblent fausses [Voy.
Knef et Akubis).
NOUM, Now^, d'où le grec Cwor-
Mis (Kfoy^iî) et non Chnourais, est le
même que Knef [Voy. ce nom).
C'est uu bien singulier 1 appoi l que
celui, i°de Numa et de Knef (ou de
la première personne de la triade
égyptienne) ainsi adouci j 2° de Ro-
raulus (ou Romus ou Rémus) et de
Piromi , Pi-Romi, antérieur et su-
périeur aux trois personnes de la
triade.
NOUTE-FEN était en Egypte le
Nil , du moins en tant que personne
divine. Il est probable que ce nom
veut dire qui verse les eaux. Les
mythologues grecs en firent un fils de
Ponlos et de Thalassa (la Mer) (Hy-
gin,^re/^.,p.5), ou, ce qui revient au
même, d'Océan et de Téthys (Hésio-
de , l^heog. , vers 338), et lui don-
jiaient pour fille Memphis, épouse
d'Epaphe. Le sens de ces mythes
étroits se comprend assez. Les astro-
nomes, lorsqu'ils placèrent au ciel
une constellation du fleuve, voulurent
bien se diviser sur le nom propre le
plus convenable au fleuve : la plupart
se déclarèrent pour l'Erldan , le Nd
eut quelques partisans. Plus tard, sur
le sens ambigu du mot Eridan, on
NOV
imagina d'identifier Eridan cl Nil.
Ce n'est pas une faute aussi grave que
le supposent quelques personnes. Le
nom propre du fleuve qui figure au
ciel comme constellation, c'est à vrai
dire le fleuve Océan j Qt l'on a pu
f)rendre pour Océan tout, grand el
arge fleuve a vaste embouchure. Le
Pô, le Nil étaient de ce genre. Reve-
nons a l'Egypte. Nul doute que le
grand fleuve nourricier qui coule des
monts de la lune a Damiette et à
Rosette n'ait été regardé par les
Egyptiens comme une de leurs divi-
nités principales; mais celte divinité
n'est qu'une face de divinités supé-
rieures à la terre. Knef qui est pre-
mier Démiurge , qui est le ciel , ou
même le ciel prototypique, ou mieux
encore la volonté créatrice, exhibi-
tion première de l'être naguère irré-
vélé, Knef en descendant sur la terre
est le Nil. Son nom le témoigne; car
Knef et Cauope ne difl"èrent pas , et
Canope dieu-vase aux mille trous est
le type du Nil, Noute-Fen {tffu-
sor aquaruni); et quoi d'éton-
nant! le ciel est une mer, un fleuve-
Océan. Knef Démiurge était le ciel.
Le ciel avec ses astres se représente
par un serpent au corps bleu semé
d'étoiles: Knef, comme Piromi, était
ce serpent. Osiris aussi était le Nil,
qui féconde sur la terre par les eaux
comme le soleil au ciel par la cha-
leur.
NOVEMBRE, November, a été
personnifié plutôt que divinisé. Ausone
le caractérise par des attributs qui
conviennent aux prêtres d'Isis , parce
que c'est dans ce mois qu'on célébrait
à Rome les fêles de cette déesse.
NOVENSILES , dieux sabins sur
la nature desquels les savants varient,
étaient au nombre de neuf ( l^oy.
Arnobe, C- les nat., 1. III, c. 38
et 39). Selon Granius, c'étaient les
ISfUÉ
18X
neuf muses. Pison les regardait com-
me des divinités propres aux Sabins ,
et par conséquent sans analogie con-
nue dans les religions étrangères.
D'autf es donnent à ces neuf dieux les
noms d'Hercule, Romulus, Esculape,
Bacchus, Enée , Yesta , la Santé , la
Fortune, la Foi. Manilius y recon-
naissait les neuf dieux ou génies qui
seuls avaient reçu de Jupiter le droit
de lancer la foudre. Cette indication
précieuse est conforme aux traditions
de la discipline étrusque qui parle
souvent des neuf dieux de la foudre
(oUj si l'on veut, de dix, mais en y
comprenant Jupiter), et qui dislingue
douze espèces de foudres dont^ieuf
appartiennent au seul Jupiter. Toute-
fois rien ne prouve que les neuf dieux
fulminateurs de l'Etrurie aient porté
le nom de Novensiles ; et il semblerait
plutôt que cette dénomination appar-
tînt exclusivement aux Sabins. Les
Etrusques l'adoptèrent-ils plus tard?
avaient-ils déjà donné des noms a leurs
génies fulguriteurs? les changèrenl-
ils, ou bien se bornèrent-ils à pronon-
cer leur identité avec les Novensiles?
Ce sont autant de questions indéci-
ses (/^oj. Otlf. Millier, Etrusk.y
t. II, p. 84, n° 10; et Creuïer,
t. II). — Quelques mythologues regar-
dent les Novensiles comme les dieux
que Rome recul de Talius , dieux
nouveaux pour la ville de Rome. Ces
dieux e'taient au nombre de quatre,
la Santé, la Fortune", Hercule et
Vesta. De la deux élymolngies : l'une
tire Novensiles de noveni (neuf),
l'autre le fait venir de nOK'i (nou-
veaux).
NUE ou NUÉE. r. NÉPHÉLE.
NUÉES. Nebul^, Neç-Ui*/. Per-
sonne n'ignore qu'Arislo|ihane l»s a
personnifiées dans la pièce de ce n( mj
mais elles se proclament clles-mtmes
les divinités suprêmes.
i&i
NUI
ÎSUIÏ, Nox, Nt;|, (.Hvinile allé-
gorique, est daus Homère le principe
de tous les êtres. Dans !a lliéogonic
d'Hésiode c'était la fille du Chaos,
qui est une des quatre essences pri-
mordiales, et la sœur derÉrèbc.
Sœur-e'poHse , elle a de ce frère sou
mari l'Éther et Hémera (le jour).
Puis elle engendre d'elle-même le
Sort, Kêr, la Morl, le Sommeil, les
Songes, INomos, Oïzys(rallliction),
les Hespérides, les Parques, les Kè-
res, iSéraésis, la Fraude, TAinilié,
la Vieillesse, la Discorde. Hygin , eu
lui diinuant le Ch.ios pour père, y
ajoute une mère, Caligo (en latin lus
ténèbres). Dans Varrou rÉièhc est
son père. A cette hvpollièsc se lie
celle qui lui donne pour époux l'A-
cliéron et pour filles Itjs I''uries. Hà-
tons-nous de joindre ici la liste dos
enfants que lui assignent Cicéron et
Hygin. Dans Cicéron , à la suite des
noms déjà donnés par Hésiode, se
trouvent l'Amour, la Peur, le Dol, la
Ruse, le Travail, l'Obstination. Daus
Hygm , sa postérité se compose
de Typiion , Épapbe, Porphv-
rion, Némésis . Euplirosyne ( la
joie ou la volupté?), le Styx, la Dis-
corde, l'Amilié et la Pitié. Les hym-
nes orphiques la qualifient de fille
d'£rôs (l'amour). Aristophane, d'a-
près l'école d'Orphée , la dépeignait
étendant ses longues ailes noires sur
l'œuf du monde que sou incubation
fait éclore. La Nuit habitait le
Tartare, l'Hespériej ou sait com-
Lien ou varie sur l'application de re
mot. Le pays des Cimmériens, le
jiord, pasiait aussi pour le séjour de
prédileclion de cette déesse. On la
montre , du reste , quittant périodi-
quement sa demeure pour assombrir
les brillantes régions de l'Olympe. —
La Nuit avait en Grèce des temples et
des oracles. Oniai sacrifiait des bre-
bis noires et des coqs. Le hibou
était consacré. — On lui donnaitles
nom d'Erébéc, d'Euphronie etd'Eu-
bulie, c'est-à-dire donneuse de bons
consiilsj de Pcecilîmon (au costume
bariolé), deMélanarmale, Mélauippe
Mélauîmùn, Mélanoptéryge (au c
noir, anx noirs chevaux, au noir coîf
tume, aux noires ailes , etc.). — Les
artistes de la haute antiquité l'ont re
présentée sous la figure d'une femme
portant deux enfants endormis, l'un
blanc, l'autre noir, tous deux avec les
pieds crochus (le Sommeil et la Mort,
dit Pausanias). Sur quelques pierres
gravées , elle tient au-dessus de sa
tète un voilo étoile. Parfois on
lui donne des ailes de chauve-souris,
et elle fuit devant le soleil. Dans plu-
sieurs monuments un enfant la précè-
de, portant un flambeau. Un jaspe san-
guin du cabinet de Paris la présente
les cheveux épars et tenant des bou-
quets de pavots. Elle a aussi les che-
veux épars dans une sardoine du même
cabinet, mais de plus elle est endor-
mie et presque nue 5 sa main retient
négligemment un voile. On a tort
d'attribuer aux Etrusques l'idée des
ailes prêtées à la Nuit: les Grecs les
connaissaient déjà. Lorsqu'on peint la
déesse sans ailes, on lui donne un
char. Ce char n'a que deux chevaux.
Et en cela la Nuit portée dans l'espace
par des Bigas diffère du solci^qu'cu-
traîue le quadrige ou char u quatre
chevaux. Voici donc les attributs sym-
boliques de la Nuit : char ou ailes
(parfois de chauve-souris), voile,
étoiles, flambeau à lueur pâle ou ren-
versé, hibou, pavots, sommeil et son-
ges, mort. Les poètes ont diversement
groupé ces caractères. Les artistes
modernes ont encore renche'ri sur ces
finesses. Est-il besoin de dire que
d'autrespersonnificalions peuvent être
prises pour parèdres ou adéquates de
I
INUM
la Nuit? Caligo , Tenebra; , Dnopbos
(qu'on peut aussi appeler Zophos et
Scotos) , sont tous dans ce cas. Arri-
vent ensuite les divinités étrangères
Ïii ont des rapports voisins avec la
yx grecque ou Nox latine, par exem-
ple le Noctulius de Brescia , la Nolt
Scandinave, la Po commune à tant de
nations de la Polynésie, la Baaul des
Phéniciens ou Bouto égyptienne. A
celle-ci se lient beaucoup de déesses
eau bruineuse ou pâteuse primor-
diale , et d'autre part beaucoup de
déesses Lunes. Enfin arrivent les
personnilicalious anti - lumineuses ,
Grées, Géryon , Acrisius, INyctée,
etc., iion-seuleuieut en Grèce, mais
par toute h terre. Un trait im-
portant il signaler ici, c'est que la
Nuil tyi mythologie se distingue en
iSuit primordiale plus ou moins iden-
tique aTinorganisme, l'irrévélation ,
les péjiodes antédiluvienne et anlé-
adamique, et Nuit vulgaire, Nuit qui
revient périodiquemeptde vingt-qua-
tre en vingt-quatre heures , et qui
règne plus ou moins long-temps sur
rborizoD, selon le cbmat auquel ap-
partiennent les localités.
NUMA, chef rulule, tué par Ni-
sus et Euryale. Quant au roi Numa,
voyez Biog. imiV.,. XXXI, 449, et
comp. les art. Noum, Minos, Me-
Kou, Nemedu, etc.
NUMÉRIE, NtTMERiA, déesse
latine de l'arithmétique. Les femmes
enceintes l'invoquaient (R. : numéro ,
compter).
NUMICUS, dieu-fleuve d'Italie ,
se nomme aujourd'hui Palerno ( ou ,
selon Ligorius, Rivo-di-Ncrai). Quel-
ques antiquaires veulent qu'il n'existe
plus j en effet c'était un simple ruis-
seau. Il est célèbre en mythologie
par la disparition d'Enée et d'Anna
Pérenna, que la mythologie vulgaire
y noie {Voy. ces articles\ On ne se
NYC
i83
servait pour les sacrifices de Vesla
que de l'eau de ce fleuve.
NUMIÏOR. F. Amllius.
NUNDINA présidait, selon les
Latins, à la purification des enfants.
Cette cérémonie avait lieu h Rome
neuf jours après la naissance.
NUPTIALES (Du), ou dieux des
noces, étaient au nombre de cinq,
Suada , Vénus , Lucine , Jupiter et
Junon. Ou pourrait y joindre les
Prema, Pertunda, Perfica, Volupia,
et autres déesses non moins accom-
modantes que Suada et Vénus.
NYCÏÉE, NïCTEUS, Nvjtrtwf:
1° fils de Neptune et de Céléno (il
fut père d'Antiope); 2° fils d'Hvriée
et frère de Lycus; 3" fils de Clîtlio-
uius; 4" père de Nyctimène (c'était
nn roi d'Ethiopie) 5 5" compagnon do
Diomède, fut, ainsi que tout le cor-
tège du héros, changé en oiseau (oi-
seau de nuit?). — Un des quatre
chevaux de Pluton s'appelait auss
Nyclée. Il est aisé de voir que tous
ces noms sont des personnifications
anti-lumineuses. Eau, vent (e«p«f,
car nous ne voulons pas parler d'etr-
foy)j nuit, chouette, région lointaine
comme l'Ethiopie, toutes ces idées
se su_pposaient mutuellement chez les
anciens.
NYCTKIS , Hvy.Triky femme de
Polydorc et mère de Labdaque. Etait-
ce la fille de l'Hyriéide?
NYCTEL, NvcTELius, NwrÉ-
A<flf , Baccbus. A ce nom se lie la
fêle athénienne des Nyclélies qui se
célébrait de trois en trois ans , vers
le commencement du printemps , et de
nuil. Ceux qui prenaient part à la
solennité couraient lumultuairemen
portant des flambeaux, des bouteilles
et des verres , cbanlant des airs h
boire, et faisant d'amples libations h
Baccbus. On présume assez que quel-
.qucs désordres devaient s'y commet-
i84
NYM
Ire; dd moins les pères ea parlent
souvent, et toujours avec l'accent de
témoins oculaires. On donnait aussi
le nom de Nyctélie ii une fêle de
Cybèle.
NYCTIME, Nyctimus, viCku-
^«f, le iiualrièiiie (d'autres disent
l'aîné) des cinquante Lycaouides,
régna en Arcadie ou sur TArcadie
après la mort de son père. Il fut le
seul que les flèches de Jupiter épar-
gnèrent, et survécut au déluge de
Dciicalion. Quelques-uns ont présumé
qu'il y avait eu deux Nyclime parmi
les Lycaouides; que le plus jeune fut
sacrifié par son père sur l'aulel, et
que Taîné seul lui succéda.
NYCTIMÈINE,Nu»r«^i».f, prin-
cesse qui eut un commerce iucestueux
avec son père et fut changée en
chouette. Les uns en font la fille d'un
Nyclée roi d'Ethiopie; les autres pla-
cent la scène k Le^bos, et donnent
au père le nom d'Épopée. On varie
aussi sur les circonstances du crime,
et Ton voit tantôt Nyctimène se glis-
ser furtivement dans h couche pater-
nelle, tantôt le père violer sa fille.
NYCTIS, nUtiç, fille de Nyc-
lée, femme deLabdaque, et mère de
Laïus. — D'ordinaire on ne nomme
pas la femme de Labdaque. jN'aurait-
on pas confondu Nyclis avec Nycléis?
NYMPHES (les), Nynph;e,n<;^-
<pa< , sont dans la mythologie hellé-
nique, qu'imitèrent les Romains, des
espèces d'Izeds ou sous-Izeds femel-
les préposés à de simples détails , à
des spécialités, à des faits immobiles
et isolés de la nature physique. iVy/«-
pha eu grec veut dire jeune mariée et
par suite jeune femme. Les Nymphes
sont jeunes, mais ne sont pas essen-
tiellement vierges, ou bien elles sem-
blent sur cette ligne douteuse où la
virginité le cède à l'amour et au ma-
riage. Dcladérivent tous leurs carac-
NYM
lères : i" jeunesse, fraîcheur, amabi-
lité, naïveté, beauté, quasi-virginité;
a" aspect de simples mortelles et im-
mortalité douteuse (tantôt on les
donne pour immortelles, tantôt on ne
donue ce privilège qu'à quelques-unes
d'elles, tantôt la vie immortelle n'e.st
phis qu'une longévité presque iudéfi-
nie); 5" pouvoir limité et quant au
temps et quant au lieu et quant h k
sphère d'action ; aussi allons-nous voir
des Nymphes des eaux, des Nymphes
des bois, etc.; /»" existence ter-
restre en quelque sorte ( les Nym-
phes vraies habiteut toutes le globe
que foule l'espèce humaine, et c'est à
l'époque du syncrétisme que l'on ad-
mit des Nymphescélestes); 5° l'absence
des légendes ou symboles individuels.
Les légendes en effet , qnaud elles
existent, se bornent presque toutes
h nommer le père , l'amant et le fils
de la Nymphe. De temps à autre on
la voit se changer en arbre ou en fleur.
Quelquefois c'est une princesse que
les dieux transforment en fontaine,
et alors la princesse est Nymphe.
On voit aussi, avant l'apparition de
la fontaine, la jeune fille-source qua-
lifiée de Nymphe. — Ne tenant aucun
compte de l'époque a laquelle ont été
imaginées les épithètes additionnelles
ar lesquelles on veut caraclérisir les'
ymphes , nous les classerons de la
manière suivante :
I . Nymphes célestes ou Uranies.
II. Nyiiiplie» teii-eslres ou lipigées.
i" Nymphes des eaux ou Ephydriadcs.
1. Nymphes marines :
Océanides ; Néréides.
2. Nymphes d'ca.j douce.
Nymphes d^ fontaines -.
Najades ; Créncc» ; Pegces.
Nymphes des fleuves :
l'otamides.
Nymphes des lacs et étangs :
I.imnades.
y' Nymphes de la terre.
i. Nymphes des montagnes :
Oréades; Orestiades ou Orodemnîadcs.
2. Nymphes des vallées et des bowgtt ;
Napées ;
Aulouiades.
K
4
NYM
3. Njfinphes des prës :
Mélies.
4. Kyinphcs des forêts:
Dryades;
Hamailryadcs.
5. Kymphes des grottes : Coi-ycides.
Une nomenclature différente com-
preudrail les noms locaux des Nym-
phes. Tels sont ceux de Paclolides ,
Ilissides, Céphissides, lsménides,Ani-
grides, Achéloïdes, Ascanides relatifs
à divers fleuves; de C\tl)éroniades
a cause du mont Cylhéron, de Sillmi-
des à cause d'un lieu de Ce nom dans
la Mégaride, de Dodonides a cause de
Dodone ; de Lélégéides en mémoire
de la Lélégic , depuis Lacoiiie. En-
suite viendraient les Corycides déjà
nommées, les Amnisiades , lis Tii)é-
riades, etc., etc. — En général tout
groupe de jeunes femmes ou de jeunes
fdles qui flottent entre la divinité et
rimmanilé aspire au nom de Nym-
phes. Delkle lilredeNymphesCécro-
pides ou Agrauliennes, Nymphes agri-
culturales, donné par d'habiles my-
thologues aux trois filles de Cécrops.
Les compagnes de Minerve sont des
Nymphes Athànàïdes. Les trois filles
deMynée sont desNymphesMynéidcs
ou Myniades , des Nymphes Anti-
Dionysiaques. Les trois tantes de
Baccbus au contraire sont des Nym-
phes Dionysiaques. Les trois Grâces
sont des Nymphes Aphrodisines. Les
trois Heures sont des Nymphes cos-
mogoniques. Les Muses sont des
Nymphes Apollinaires. Enfin les sept
Cabires femelles, c'est k-dire les dé-
doublements femelles des sept Cabi-
res, sont nommées Nymphes Cabi-
rides. Les Nymphes se dessinent par
bandes autour d'une haute divinité:
les Néréides entourent Nérée, les
Océanides forment la cour du vieil
Océan , les Achéloïdes habitent les
eaux de l'Achélous ; mille Nymphes
chasseresses se pressent autour de
IVYM
t8S
Diane, soit qu'elle gravisse les monts,
soit qu'elle parcoure les forêts, soit
qu'elle délasse ses attrailsdansle bain.
Ainsi les Nymphes, quoique se prêtant
facilement a la vie forestière, mon-
tagnarde et agricole, furenl essentiel-
lement dans la mythologie greccpic
des habit-intes des eaux. Addirdaga,
la Bouto pisciforme , le Mat.iiavalar
syriaque, l'Oannès femelle, sont leur
type. Qu'on ne s'imagine pas pourtant
que ces Nymphes-poissons ou -onde
fussent des il rigalricis etrlen de plus.
Il a été dit mille fois que l'onde ins-
pire : mouvement etcadence,rhylhme,
clianl, harmonie, poésie; mouvement
et pensée, génie, invention; mouve-
ment et tendance vers l'avenir , pré-
voyance, divination, oracle; mouve-
ment et rénovati'in des choses hu-
maines, ces idées se tenaient de près
dans l'esprit anti-analytique des an-
ciens : aussi apprlait-on souvent les
devins ou autres personnages inspi-
rés Nympholeptes. Nous avons déjà
creusé ces faits aux articles Ca>obe,
MÉDî.'SE, Meibdu, Muses. — Toute
gracieuse que nous semble la mytho-
logie des Grecs, avouons que son élé-
gance offredes Incunes.Dansbs Nym-
phes, sans doute elle a ses Ondines;
mais oîi sont ces génies malicieux et
avares qui veillent sar les trésors mé-
talliques enfouis dans le sol, et ces
Nymphes impondérables qui glissent
dans l'air, qui folâtrent dans la sphère
de feu j'oùsontles Robold des mineurs
allemands, les salamandres et les gno-
mes de la Cabale , les aériennes Pé-
ris du Farsistan et les mélodieuses
Raguinis des Hindous? — Romeeul nn
temple des Nymphes; il fut brûlé
par Clodius. On offrait à ces divini-
tés du lait, du miel, des fruits, de
l'huile, peu de vin, encore iroius de
victimes sanglantes : une chivre , un
raduton pourtant tombaient de temps'
x86
OA>'
à aulrc en leur honneur. Elles
eurent en quelques lieux des fèlcs
annuelles dites Nyraphées. Dans la
Triopide on les liniiorail conjointe-
nieut avec Apollon et Mercure (dieux
Komioi ). Dans les siècles posté-
rieurs h l'ère chrétienne les invoca-
tions et les sacrifices aux Nymphes
devinrent chose fréquente; une loule
d'inscriptions allesteut cet usage. On
les représente tour à tour velues, mi-
uues ou nues, port ml des roseaux,
des vases, des coquilles, isolées ou se
tenant par la main, assises, accrou-
pies ou dehout. En général, tout ce
que nous avons dit des Naïades leur
convient. On les place souvent sur
les rives des fleuves ou dans des grot-
tes. Ces grottes, qu'on appelle INyin-
phées, ont, outre le sens physique que
tout le monde devine, nu sens sym-
bolique analogue à celui de la grotte
de Mithra. Porphyre a éciit sur ce
sujet un traité intitulé : Dt yîntro
JSymphariim.
JNl SA, Nuo-«, passait pour la nour-
rice de Bacchus. Dans la magnifique
procession que Plolémée-Philadelpbe
OAN
étahlit en l'honneur de Bacchus, NpS
était représentée par une actrice vi-
vante. On se doute assez que Nysa
n'est pas atitre chose que la Nuit en
généial, tel est le sens de ce mot.
Sioiva-os., Dt!wauicha^ ne signifie que
le dieu de la nuit ou le dieu de
Nysa, et ces deux mots sont complè-
tement synonymes l'un de lautro.
— Hygin menlionne un père nourri-
cier de Baccims , et l'apnelle Nysus.
Ce ne serait que Nysa, la Nuit, Etre
uts êtres, Généraliice niascu'inisée ;
et jusqu'ici notre étonneinenl serait
médiocre; mais, ajoute Hygin. Bac-
chus avant de partir pour l'Inde con-
fia Thèhes à Nysus. Or Thèhes a
été gouvernée aussi, dit-on, par un
Nyclée , Nuit personnifiée ; et quand
Bacchus revient h Thèhes on ne veut
pas lui rendre l'empire. Il faut que
Bacchus, prétextant des orgies, ar-
me ses bacchantes, et, grâce au dés-
ordre d'une fêle, s'empare de sa ville
natale. Ainsi , le dieu-soleil expulse,
qui.^ la réponse est simple, la Nuit.
NISO : i" Nymphe dyonisiaque
{V. l'art, qui précède); 2° ^.Ntso.
i
o
OANNÈS , Î2«»v)js- ( quelquefois
Oen, 'fl^î'v), Hermès des cosmiigonies
babyloniennes , se présente non-seu-
lement comme législateur et civilisa-
teur, mais comme esprit sortant pé-
riodiquement du sein des eaux et
comme Démiurge. Ainsi , d'un côté,
on nous montre Oannès venant ap-
prendre aux hommes les lettres, les
sciences , les arts; il fait fleurir l'a-
griculture ; il élève des villes , des
temples; il donne des lois, polit les
mœurs, institue des fêtes; il laissa
des livres surla cosmogonie, sur l' ad-
ministration, etc. Jusqu'ici il a toute
la physionomie des Hermès. D'un au-
tre côté, des merveilles inattendues
s'accumulent dans sa légende : 1° il
sorlchaque matin de la mer Erythrée
et y rentre le soir (quelques-uns di-
sent que chaque nuit il se rend a
Memphis , et que chaque jour il se
trouve auprès des murs de Babylone);
2" il a le corps d'un poisson, les pied«
d'un homme, et deux têtes dont l'nne
est celle d'un poisson et l'antre celle
d'un homme; 3" il semble quadruple,
selon Abydène (dansleijyncel.,p. 38):
d'après Bërose, quatre animaux mous-
truenx,Eudoqïie,Eaeugame,Encubii-
OAN
le, Anémeule, sorlirent des flols com-
me Oannès. Apollodore (aussi dans le
Syucel., 59) parle de quatre Autiédo-
tes qui firent leur apparition, le pre-
mier sous Araracnon, le deuxième 265
ans plus tard , le troisième sous Dao-
nus, le quatrième sous Evérodasquc.
I! donne au premier !e nom d'Oannes,
et au quatrième celui d'Odacon , qui
rappelle Dagouj 4^° enfin dans le li-
vre des Origines (Cosmogonie?),
attribué a Oannès, il était question
d'un temps où eaux et ténèbres étaient
confondues et contenaient des myria-
des d'êtres à formes incompatibles et
monstrueuses : des bommes h deux
ou h quatre ailes , des androgynes ,
des bippocentaurcs , des chiens à
quatre queues, etc.; toutes repré-
sentations depuis consacrées par la
religion, et que la sculpture avait
vingt fois reproduites dans les tem-
ples. Que conclure de tout ceci? Pri-
railivemenl on a vu dans la légende
rbistoire fabuleuse d'un chef qui ,
venu de pays étranger par mer, au-
rait apparu dans la Chaldée vêtu de
peaux de cétacés ou d'autres grands
mammifères marins, et, comme Cé-
crops,.Cadmus, Évandre, aurait fait
faire à l'ignorance des indigènes quel-
ques pas vers la civilisation. Chaque
soir ce législateur quittait la terre
pour rentrer dans son navire, elc.
Aujourd'hui on ne discute plus de
telles hypothèses. Toutefois, ceux
même qui les adoptaient auraient
été fort embarrassés pour expliquer
le retour périodique d'Oannès le soir
à Mcmphis et le lendemain matin h
Labylone. Au reste, on doit sentir
que l'explication historique s'appli-
que aussi facilement h la légende
des q!ialre Oannès (chefs d'école,
de dynastie ou d'instituts religieux
qui se continuent ou qui se succè-
dent ) qu'à celle où l'on n'en voit
OAN
1&5
qu'un seul. C'est moins un homme
qu'un ensemble de faits et d'institu-
tions, qu'il faut voir dans l'Hermès
babylonien j et alors les quatreOannès
seraient comme quatre phases d'une
civilisation soit babylonienne , soil
commune à plusieurs régions de l'Asie
méridionale. Dupuis(Or. </c.î Cuit.,
1. III , ch, xvu) regarde Oannès
comme le poisson austral , ou (ce qui
n'eu diffère point) comme la belle
étoile de sa bouche (on l'appelle vul-
gairement Fomalhaut), Cet astre, de
seconde grandeur, se lève au com-
mencement de la nuit solsticiale et se
couche au moment de l'aurore. Mar-
quant ainsi son époque astronomique
par un doub'e phénomène, tandis que
d'ordinaire les autres constellations
n'en indiquent une que par leur lever
ou par leur coucher, il devait attirer
particulièrement l'attention. D'ail-
leurs il se lève au sud-est de l'Egypte,
avec environ 5o degrés d'amplitude ,
et par conséquent au point même de
l'horizon où l'habitant de Memphis
plaçait la mer Rouge. Il est k noter
qu'ici Dùpuis ne tient nul compte de
l'apparition d'Oannès aux environs de
Bauylone.A notre avis pourtantce qui
caractérise la légende , c'esl le pèle-
rinage périodique et perpétuel du
dieu qui va de l'est h l'ouest , de la
Chaldée dans l'Egypte, de la mer Ery-
thrée babylonienne (golfe Persiquc)k
la mer Erythrée memphiliquc (au-
jourd'hui mer Rouge). Voir dans
cette mer Rouge un lieu k l'est de
Memphis , c'est parler en géogra-
phe mais non en mythologue. Ba-
bylonc et golfe Persiquc c'est tout
un, c'est dire l'est 5 Memphis et mer
Rouge c'est aussi tout un , c'est
l'ouest. Ceci posé, Oannès csl-il en-
core le poisson austral? La chose est
douteuse : Oannès a tout autant les
caractères soit du ciel entier ( d'un
i88
OAN
OAN
Tpé androgyne) , soit du soleil (une
espèce d'Hypérion), que celui de tel
ou tel astre, de telle ou telle constel-
lation. Le fond des choses cVst que
ces explicitions diverses sont conri-
liables , et qn'Oannès nous scntMe
tout ensemble ciel, soleil el constella-
tions (les quatre qui sout censées pré-
sider aux deux solstices et aux cicux
équiuoxes) 5 car, d'une part, le soleil
représente le ciel , et de l'autre il se
trouve tour h tour associé aux quatre
aslérismes qui marquent les qualrc
époques cardinales de l'année. De là
deux soupçons : Oannès horizon
(Anubis babylonien), et Oannès an-
née. Et Totn-Hermès lui-même, en
Egypte, n'esl-il pas Tannée personni-
fiée, en même temps que le civilisa-
teur } Comp. aussi le Janiis italique ,
quadriceps comme Oannès, soleil-an-
née comme Oannès (d'ailleurs les
noms mêmes, Jan, Oan , ont déjà été
rapprochés). Et, quoi qu'on eh dise,
Hermès el Anubis, lorsque l'on ar-
rive dans les hautes sphères d'identi-
fication , ne se fondent-ils pas dans
une idée commune {f^Gy. Ant;bis) ?
Mais ce n'est pas tout : les quatre
époques .cardinales de l'année (et
par suite les quatre périodes, les qua-
tre saisons) n'expliquent point suffi-
samment la physionomie pisciforme
d'Oaunès. Celte conformation mons-
trueuse recèle quelque chose de plus:
l'incarnation quadruple, quoique tou-
jours semblable a elle - même. De
même , aux Indes , Vichnou s'in-
carne quatre fois avant de prendre
les formes purement humaines. Il est
vrai que là se trouve plus de variété :
le dieu se montre tour h tour poisson,
tortue', sanglier et lion 5 mais est-il
étrange que les imitateurs n'aient
point connu les détails de la légende
indienne, etque,frappésseuiement de
deux idées, poisson et quatre , ce
^
soit à celle-là qu'ils se soient attachés?
Les quatre incarnations primitives de
l'Inde ont trait à quatre créations dif-
férentes. Il serait téméraire sans
doute de dire que les prêtres baby-
loniens eurent d'abord la même idée
avec tous ses détails. Véritabiement,
ridée de quatre invasions de la
mer, de quatre ordres divers de créa-
tions animales marines ( poissons ,
crustacés, mollusques on autres), ful-
elle formulée par eux en mythes
inintel'igibles pour le vulgaire, pleins
de sens pour leurs adeptes el pour
eux ? Il est difficile de le croire ; mais
l'Inde avail rêvé quelque chose de ce
genre. Il y eut donc aussi au fond du
mythe d'Oannès une aperception va.
gue de périodes cosmogoniqucs très-
diverses. C'est ce qu'achève de prou-
ver ce trait déjà cité, que, dans son li-
vre de l'origine des choses, le scribe
sacré mentionne des formes mons-
trueuses, des androgynes, etc. Ces
quatre périodes cosmogoniques, dont
le quadruple Oannès est l'emblème,
sont comme les prototypes des quatre
périodes de Tannée. Les saisons ne
sont en un an que ce que des myria-
des d'annéçs seraient dans un cycle
de siècles; en d'autres termes, les
saisons sont pour les mythologues les
miniatures des périodes co.smogoni-
ques. Aussi TInde les nomme-t-elie
Ka!a (temps); car les Rilus ne sont
que des demi-saisons. Quant au rôle
si important que jouent et Teau et
la forme poisson , ce îi'est pas à
présent que nous devons nous en
étonner. L'eau était , pour pres-
que tous les anciens, le principe
premier : transition des solides aux
gaz, elle récapitule à elle seule toute
la matière ; d'ailleurs tout corps est
censé être en dissolution chez elle, et,
au fond, tout ce qui n'y subit pas la
dissolution y forme au moins un pré-
OA.N
cipilc. Admis ainsi la préexistence
et la prééminence de l'eau , tout ce
qui un jour arrive à être hors d'elle
sort d'elle 5 ce qui sort d'elle a forme
de ce qui habile en elle (poisson, rep-
tile, cétacé. etc.). A Babylone, ainsi
qne dans toute la Syrie, la forme
poisson a presque été la seule. On
conçoit a présent ce que c'est qu'A-
nadyomène ; c'est la Génératrice sor-
tant des eaux, c'est-à-dire se mani-
festant. La force fécondeétaitcacliée j
elle se révèle. Nulle donc plus que
Vénus ne mérite ce litre d'Anadyo-
raène , ce rôle de portée sur les
eaux , se mouvant sur les eaux
{f^oy. Nabaïana). Et l'on conçoit
aussi qu'en un sens Aphrodite soit
mâle autant que femelle. Génération
suppose deux forces: une activité se-
mant la vie, une passiveté-réceplivité.
Les peuples enfants n'aperçoivent sou-
vent que l'un des deux pôles, le second
alors n'existe plus que virtuellement
et implicitement dans le premier.
Dès-lors on a tantôt un Vénus mâle,
tantôt une Vénus déesse. Eh bien !
Oannès est justement un Vénus mâle.
Ce nom de Vénus , dont l'étymologie
a été cherchée si loin ( boa» , unir;
Bendis; tv, dans, etc.) , ce nom n'est
autre qu'Oannès. Prenez de part et
d'autre les radicaux (Ven, Oann ou
Oen) ; songez a la facilité avec laquelle
V devient, ad libitum^ voyelle ou
consonne (V, W, OU, 0 ; Ven, Wen,
Ouen, Oeil) , et prononcez. Oannès
est donc un Hermès- Vénus, du moins
dessinateur (^sinon architecte) des for-
mes des êtres, et civilisateur du genre
humain; pisciforme parce qu'il se ré-
vèle au sein du grand tout , du grand
chaos, vu'gaireme ni représentécomme
rOcéan; quadruple, c'est à-dire se ré-
vélant dans quatre créations successi-
ves. Il est présumable que si nous con-
naissions a fondlesmylhesbabjlouienSj
OBA
189
nous verrions dans les quatre Oannès
des différences manifestes; probable-
ment la forme animale s'élèverait de
plus en plus; et si le premier tenait
bien plus du poisson que de l'homme,
le quatrième serait bien plus voisin de
l'homme que du poisson. Le Dagon
des Philistins semble n'être que l'O-
dacon, quatrième incarnation d'Oan-
nès. Addirdaga esl un Oannès dans
lequel Vénus efface Hermès , comme
dans rOanuès proprement dit Her-
mès éclipse Venus. Les étymologies
tirées d'aisv , œuf, ou du syriaque
Onerio , étranger , ne doivent être
citées que pour mémoire. La pre-
mière nous lance dans le système
cosraogonique qui fait éclore le monde
d'un œuf; et l'œuf , en effet, esl le
vestibule de la vie pour toutes les
classes animales, sauf lesraammifèresj
la deuxième n'a trait qu'aux hypo-
thèses des évhéméristes.
OAX, Oaxus, "o^lflf, héros ^po-
nyràe de la ville de Crète, était le
fils d'Apollon et d'Acacallis ou Acalle
dont on a fait Anchiale — On nomme
un Oax , Oaxes , fils aussi d'A-
pollon et héros éponyme d'un fleu-
ve de Crète; c'est sans doute le
même.
OB, dieu syrien, rendait des ora-
cles; mais d'une voix si basse, que le
consultant s'en retournait sans avoir
rien entendu , ou était obligé de de-
viner les trois quarts de la réponse.
Ce filet de voix semblait émaner des
{)arlies sexuelles, des aisselles ou de
a tête de la statue. Nul doute que
ses prêtres ne fussent des adeptes en
ventriloquie. Dans toute l'Asie anté-
rieure on croyait que les êtres surna-
turels, lorsqu'ils consentaient à parler
aux hommes , faisaient h peine enten-
dre leur voix.
OBA ou mieux BOA est, dit-on ,
le dieu suprême des Toungouses.
iç^a
occ
itoa rappelle Foé : est-ce que le
culle des Toungouses serait une bran-
che (lu cbamanlMne i
OBARATOU , lin des dieux agri-
culluraux du Laliuin , présidait au
deuxième labour.
OBI (i.E VIEILLARD DE l'), dieu des
As-Iaks (Osliaques de l'Obi), est
peut-être rObi personnifié. 11 est sur-
tout invoqué comme favorable h la
pêche. Son idoîc eu bois a des yeux
de verre, la tête armée de f^randes
cornes, le nez en fonne do groin de
pourceau j un crochet de fer lui traverse
les deux narines. On lui fait , de trois
«»n trois ans, traverser TObi dans une
barque ad hoc. véritable bari sacrée
de ces peiples septentrionaux, qui doi-
vent eu (ftet avoir pour leur fleuve la
vénération que TEgyple sentait pour
le iSil. Quand la glace commence h
fondre, et que les eaux inondent leurs
rives , les Ostiaques demandent au
vieillard une pèche abondante, et
lui en dounent bonne part lorsque le
succès couronne leur vœu ; ils 1 insul-
tent et le maltraitent au contraire
s'ils trouvent que leur prière n'a pas
tlé exîuicée.
OBODjdieu arabe, avait été adoré
àOboda, dans l'Arabie-Pétrée, jus-
qu'à rétablissement du mahoraélisme.
OBRliVIO, '0!?p<^»', Proserpine.
Ce nom est très-remarquable par sa
ressemblance avec Brimo , la même
qu'Hécate, la même quLis.
OBSTINATION, fille de la Nuit
{foy. ce nom).
OCALÉE, OcALEA, ^ax-^Xtoc, fille
de Mantinëe, fui femme d'Abas et
mère d'Acrisius et de Frœlus (on a eu
lort de changer ce nom en Agluïa).
La Béotie avait une ville d'Ocalée.
OCCASION, OccAsio , Koitpéf,
était en Grèce le dieu et à Kome la
déesse de rà-propos. Les Grecs le di-
wieot le pH? jeupç des fils dç Jupi-
OCE
ter j il eut un autel à Llis. Phidias e|
fit une femme a pieds ailés, à lonJ
cheveux sur le devant de la tcte, nur
chauve j)ar derrière. Phèdre la fait
courir sur le fraucliant dos rasoirs
sans se blesser. A Sicyone et sous le
ciseau de Lysippe, ce fut un adoles-
cent, avec des ailes aux pieds dont la
pointe portait sur un globe, une bride
a la mam, et les tempes seules garnies
de longs cheveux.
OCCATOll, un des dieux agri-
culluraux du Lalium, présidait au
hersage.
OCCtJPO, Mercure 5 c'est un so-
briquet. Il indique assex le degré de
respect que l.s Romains au siècle
d'Auguste avaient pour leurs dieux.
Ce grotesque surnom ne peut se tra-
duire que parle mol d'cnipoi^neur.
OCÉAN,OcEA3SUs,'S2xt«v<Jî, l'on-
de personnifiée, n'était pourtant, se-
lon Homère, qu'un dieu-ileuve, mais
fleuve primordial, fleuve Anaiidisécba,
semblable au serpent égyptien de qui
la lèle mord la queue, eldonlTem^
bouchure et la source se confondent
Dans la théogonie hésiodéenne, Vi
céan n'apparaît qu'au-dessous de
Terre (Gaea) et du Ciel, de laTerr
essence priuiordiale, du Ciel fils de!
Terre. L'Océan , selon les moderne
commentateurs , serait lu masse des
eaux primitives qui vint combler le
profond abîme Ponlos. Sans donner
trop d'exclusivité a celte idée, on peut
admettre, et c'est une vue haute, qus
de la terre seule naît le lit des eaux ,
que de la terre el du ciel résulte l'eau
même. Ainsi descend des sphères cé-
lestes Ganga la grande irrigatrice.Et
cosmo^,oniqiiemcnt d'où vient l'eau?
des vapeurs habitantes de cette at-
mosphère qu'on nomme cieU L'hypo-
thèse du feu central, par la même
qu'elle pose eu principe Tiiicandes-
cence d-' woire plauèle, implique unç
(x:k
vapoiisaliou énorme; puis, a raosiire
que le refroidisseinenl a lieu , une
niasse cVeau énorme qu; vient s'amas-
ser dans les concavités de la surface
solidifiée du glohe. L'Océan est donc
le plus ancien des Titans : Cœos ,
Crîos,HypérioD,Japet, Kliéa, Tliéa,
Théinis, Mnémosyne, Pliébé, Téthys,
Crone, naquirent cus:iite. Des six
Titauides ici nommées, la dernière,
Téthys, devint son épouse; il en ont
les fleuves et les Océanides, au nom-
bre de plus de trois raille. Du reste ,
la légende d'Océan n'a pas élé beau-
coup brodée par les poètes. Dans
Homère, on le voit recevoir la visite
di'S dieux qui vont périodiquement
passer dans ses domaines huit jours;
et ses domaines sont, dit-on, en
Ethiopie. Diodore. donne Océan et
Téthys comme les éducateurs de Ju-
non. Ne voil-on pas aussi Bouto éle-
ver Haroéri , l'Egée servir d'asile
à Neptune ? Dèlos à peine arrachée
aux flots offrit un berceau aux deux
Laloïdes. Chez Esch\ le, Océan arrive
près de Promélhée enchaîné sur le
Caucase cl lui témoigne de riiilérèl.
Il a pour monture un plioque dont
I**s nageoires d'immense envergure
traversent Tair épais, et une pique
arme ses mains. Les représentations
vulgaires font d'Océan un vieillard
assis* sur les flots, ayant un cétacé
h ses côtés et une haslc ou une urne
a la main. Dans ce dernier cas il
épanche de l'eau, symbole des mers,
des fleuves, et des fontaines. On voit
Océan dans le bas-reiief du Musée
Capitolin qui a pour sujet l'incaténa-
liou de Prométhée (Millin, Gai.
mylh., 4H3), bas-relief dont évi-
demment l'auteur s'est inspiré d'Es-
chyle. On croit avoir trouvé un Océan
dans l'Hermès colossal du Vatican ,
découvert a Pouzzoles en lyyS. Ses
joues, ses sourcils, sapoilriuçj 50ft^
OCÉ lyr
couverts de peaux , les unes squam-
raeuses , bs autres membraneuses et
lisses comme celles des chondropléry-
giens; de .-a barbe ondulée sortent des
dauphins ; des cornes arment son
front, et rappellent l'épilhèle de Tau-
rocràne que lui donne Euripide, et à
laquelle au reste ont droit toutes les
divinités marines ou fluvialiles mâles.
Quelques antiquaires voient dans ces
cornes des pattes d'écrevissc. Le
pampre qui couronne la tête du dieu
peut pourtant inspirer des doutes :
les cornes sont aussi l'attribut favori
de Bacchus. Voy. d'autres ligures
dans Beger, Tlies. Brancl.j et dans
Montfaucon, y^nt. cjc/jI., 1,6,5.
— Océan ne difière pas d'Ogèu, et
le vieil Ogygès et Gvgès le ccnlimane
ne sont que des Ogèn. Agénor (ou
Cuàs) en est une déformation : aussi
est-il \]h de Neptune.
OCEANIDES, OcEATilTES,OcEA-
MTIDES OU OCKAWINES, (jlles de l'O-
céan et de Téthys, étaient au nom-
bre de plus de trois mille. On les dis-
lingue des Néréides. Comme, à vrai
dire, Ncrée el l'Océan reviennent an
même , la distinction se réduit aux
trois circonstances suivantes : i° les
Néréides ont pour pèreNérée, pour
mère Doris; les Océanides ont pour
père Océan, pour mère Téthys; 2° les
Néréides appartiennent h la religion
des Pélasgues de l'Egée, les Océani-
des h celle des Asiatiques continen-
taux; 5° on ne compte que cinquante
Néréides, les Océanides vont k plu-
sieurs milliers. Au reste, dans le ca-
talogue qu'on donne des unes et
des autres se retrouvent quelques
noms semblables. C'est ce que prou-
veront les nomenclatures suivantes :
la première, consacrée exclusivement
aui Néréides, résulte de la combi-
naison alphabétique des quatre listes
fournies paf dç§ auteurs diifcrpnts ,
«9*
OCÉ
OCÉ
Hésiode, Homère, ApoUodore et Hj-
gin (en abré^^éHs., Hm.. Ap.,Hg.).
La liste d'Hésiode est la seule qui
présente cinquante noms dont un deux
lois , Proto. Hygin en a quarante-
neuf dont un aussi deux fois, Cli-
mène. ApoUodore en a quarante-cinq,
cl H' mère Irente-tn-is. Mais Homère
ajoute h son énuméralion « et tout
le reste des Néréides ». Dans le ta-
bleau suivant, les INéréides d'Hésiode
sont indiquées en lettres roranines.
Les noms en lettres italiques appar-
tiennent a celles qui ne sont mention-
nées quf par les trois autres auteurs.
Des étoiles placées h la suite des
noms désignent celles qui se trouvent
portées !>urplus d'une liste.
Actcp*".
Agave***.
Ainathie *.
Amphinomf* .
Amphithoé* .
Amphitritc*.
ApsetuU*.
Aréthuse.
Asie.
Antoaoé.
Méroé.
Callianasse* .
Cailianire.
Caljrpso.
Céto.
Cliinène.
Climène II*
CUo.
Cranlo.
Creuse.
Cydippe.
Cjniatolégé.
Cymodocé**.
Cymothoé***.
Déiopée.
Déjaiùre.
Déro.
Dexainène* .
Dtoné.
Doro.
Doris**.
Doto***.
Drymc.
Dynaniiue***.
Éionc.
Ephyre.
trato*.
Hs., Ap., Hg., Ilm.
Ils., Ap., Hg., Ilm.
Ilg., Ilm.
Hg., Hm.
FIg., Hm.
Hs., Ap.
Hg., Hm.
Hg.
%•
Hs.
"g-
Hg., Hm.
Hm.
Ap.
Ap.
"g-
Hg., Hm.
Hg.
Ap.
Hg.
Hg.
Hs.
Hs.
Hs., Hg., Hm.
Ils., Ap., Hg., Hra.
Hg.
Ap.
Ap.
Hg., Hm.
1
Ils., Hg., Hm.
Hs , Ap., Hg., Ilm.
Hg.
Hs., Ap,, Hg., Hm.
Ils.
Hg-
Ils., Ap.
Eucratc.
Eadorc*.
Eiiliinèno*.
Eumolpe.
Eunire*.
Eiipompc.
Eurydice.
Évagore *
Evarné.
Galaléc***.
Galciic.
Glaiicc**.
Glauconorac*.
Halie ".
Ilalimôde*.
Ilippnnoé *.
llippothoé*.
lone
[allasse* .■
lanire* .
1ère *.
I..aom(-Jie.
LeucoUioi,
Liagore.
Ligee,
LimDoric **.
Lycorias.
I.ysiaiiasse*.
Mélitc***.
Ménippc*.
Mera *.
Naustthoé.
Némertès**.
Néomèris.
Nésce*".
Ncso.
Opis.
Orithye* .
PaDopc***.
Panopée.
Pasillicp.
Phérusc**.
PhjUodocé.
Pioné.
Plexaure.
Polynoé.
Polynôme.
Pontotnéduse,
Pontoporic.
Pronoé.
Proto***.
Proto II.
Protomédie.
Psamatlié.
Psamathoé.
Sao*
Spio ***.
Thalic**.
'i'hémislo.
Thétis*.
Thoé*.
Xantho,
Hi>., Ap.
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Hs., Ap.
1
Ils., Ap.,
Hg.,
HiT
Hs., Hg.,
Hm.
Hs.
Ils., Ap.
Ilg., Ilm.
Hî.
1
OCE
— Passons de la aux Océaiiicles: neuf
noms nbsoluiuenl semblables h ceux
des Néréides vonl s'y relrouver, ce
sont : Asie, Calypso, Climène, Dio-
né, Dpris, Eudore, lanire, Plexaure,
Tlioé, On peut y joindre deux autres
noms, Amphiro et Xantiié, qui diffè-
rent h peine d'Ampbithoé et de Xantho.
Restent trente-neuf noms qui n'ont
aucun rapport avec l'autre nomencla-
ture. Les voici : Acasle , Admèle,
Adrastée, Altliée, Calliroé, Cercéis,
Clylie, Crisie, Electre, Ellira , Eu-
rope, Eurynome, Galaxaure, Hippo ,
lanlhe, Idyie, Idolbée , Libye, Mélo-
bosis, Ménesto, Métis, Ocyroé, Par-
tbénope , Pasilboé, Pétraie, Perséis,
Philyre, Pilbo, Pléioue, Pluto, Po-
lydore, Prymero,Rbodie, Slyx,Télcs-
to, Thrace, Tyché, Urauie , Zeuxo.
Parmi ces dernières, Eurynome fut
amante de Jupiter et mère des Grâces;
Métis passe pour la première épouse
de Jupiter et la mère de Minerve ;
Perséis était unie à Hélios, Calliroé à
Chrysaor , Climène a Japet, Idyie k
Eète. — Des noms tels qu'Asie, Eu-
rope , Libye , Thrace et Parthénope
nous montrent de vastes terres re-
gardées comme des Océanides. Vir-
gile donne quelques-unes d'elles (Bé-
roé, Clio) pour des chasseresses. On
les confond avec les Nymphes , et on
ne se donne pas toujours la peine de
distinguer si ce sont des iXymphes
terrestres ou des Nymphes habitantes
du continent. Au reste , ■î^oj'. l'art.
Nymimes. — On représente ordi-
nairement les Océanides avec des
yeux bleus ou des tissus de même
couleur. L'idée réelle qui gît au fond
de toutes ces descriptions, c'est celle
de chairs bleues. Les flots de la nier
•sont bfeus ou semblent bleus. Le ciel
qui se reflète dans l'Océan, et qui
lui-même est un Océan solide, est
J)leU' Un peu plus tard les Grecs eni'
j.v.
OCN
»93
pioyèrint le mot de cjantos, quiiu-
. dique un bleu noir, pour rendre la
nuance de leurs cheveux, de leurs
sourcils : on se complut ainsi à lais-
ser aux jeunes et belles déilés la
blancheur, apanage de la race cauca-
sienne; les yeux bleus et ia cheve-
lure bleue furent tout ce qui resta
d'azur aux déesses de la mer. Quant
aux draperies qu'on leur donne, c'est
une parure grotesque pour des habi-
tantes de la mer. Il faut en dire au-
tant de la nuance bleue de ces dra-
peries. Quelquefois les poètes donnent
aux Océanides et aux Néréides des
teintes vertes.
OCHESE, OcuEsius, 'Ox>j«-/«;,
chef étolien, tué au siège de Troie.
OCHIME, OcHiMus, "o;(j<^«f, fils
d'IIélios et de Khodé, de la nymphe
Hégétorie et père de Cydippe, n'a-
vait pris aucune part au meurtre de
Ténagée.'
OCHNA, 'o;k'"«? filledeColoncel
dcTanagra, aimait Eunosle sans être
payée de retour, l'accusa de lui avoir
fait violence , et le fit tuer par ses
deux frères. Hélicon, sans doute roi
du pays, mit les meurtriers en prison
et, plus tard, instruit par Ochna de
tout ce qui s'était passé, leur ordonna
de quitter le pays. Ochna se jeta du
haut d'un rocher.
OCIOli VOMI NO-MIKOTTO,
héros japonais, se distingua par une
foule d'exploits incroyables. Le plus
célèbre fut l'immolation d'un dragon
gigantesque qui portait le ravage dans
tout le pays. Il perdit un jour son
glaive dausieTakamano-Farro. Com-
parez ici AsADÉvr. Après sa mort
on le divinisa sous le nom d'Itsourao-
no-o-Iésiro.
OCNOS, "Oxvflf, fils du Tibre et
de Manlo, fonda Mantoue, Dans Vir-
gile, t'est un auxiliaire d'Enée dans
U guerre des Piulules, — Les Grecs
194
OCR
ODI
11
persomilûèreul la fainéantise, ou plu-
lùl les lenteurs, diplomaliques ou au-
tres, sous le nom d'Ocnos, et don-
nèrent à cet être prétendu , pour pa-
raître symbolique , un àne qui dévore
une corde a mesure qu'il la fait. De
la l'adage grec, c'est la corde d'Oc-
nos ; pour dire, beaucoup de peine
pour ne rien faire. Pausanias a ima-
giné un Ocuos homme fort labo-
rieux , pourru d'une femme fort dé-
pensière, et a cru voir là une admira-
ble explication du mythe. Le fait est
qu'un tel ménage est bien une des
spécialités auxquelles peuvent s'appli-
3uer et le mythe et l'adage; mais
'autres sont tout aussi possibles, et
avoir foi en l'existence d'un Ocnos
en chair et en os est une erreur par
trop grossière.
OCRIDION, 'Oxfi^Ui, roi de
Rhodes, fut mis au rang des dieux
après sa mort.
OCRISIE, OcRisiA, mère mytho-
logique de Servius-ïullius, était, selon
l'histoire, native d'Ocrlculum. Esclave,
ainsi que toutes ses concitoyennes, elle
eut de Tarquin-l' Ancien un fils, ce
Servius qui régna sur Rome. La lé-
gende plaçait en avant de cette nais-
sance une conception miraculeuse.
Ocrisie vit un jour se peindre sur les
tisons ou dans la flamme l'image d'un
phalle. Tanaquil lui dit d'approcher,
et l'esclave docile devint soudain en-
ceinte de Servius. Ceux qui ont fait
de ce phalle un Yulcain n'ont pas
beaucoup avancé l'explication ; car et
les tisons et la flamme se prennent
en mythologie pour Vulcain, la co-
lonne rougeàtre que forme la flamme
lorsqu'elle se dresse en pyramide est
prise pour un phalle , et enfin le
principe igné que formule le nom de
Vulcain a été toujours regardé comme
le principe mâle. Du reste on con-
jiait cette fascination bizarre qu'exer-
ce sur l'œil iv demi endormi le lîson
qui tend 'a passer du rouge vif au -^
blanc. al
OCTOBRE était personnifié chez
les anciens par un chasseur ayant un
lièvre aux pieds, des oiseaux au-dessus
de la tète , et une cuve près de lui.
On donnait h Rome le nom d'Octo-
ber Equiis à un cheval que l'on
immolait à Mars le i4- septembre
(XVIII kal. oct.). La victime était
sacrifiée au champ de Mars; et sa
queue devait être transportée au tem-
ple du dieu avec assez de célérité
pour qu'il en tombât encore des gout-
tes de sang dans le feu, lorsqu'on
arrivait.
'OCYALE : 1 " SlKvuh*!^ Amazone ;
2" 'n«u«e>«s-, Phéacicn , disputa le
prix de la course aux jeux donnés
par Alcinoiis.
OCYPÈTE, 'fî««îT£T«V : i" Har-
pye; 2" Dan aide.
OCIROE, 'nKvpoijii" Océanide ;
z" fille de Chiro et de Chariclo,
prophétesse habile. Elle découvrit à MÉ
son père et à Esculape leur dernière f 1
destinée, irrita ainsi Jupiter, et fut
changée en jument.
01) ACON , dieu syrien , le même
sans doute que Dagon ( ô àxx.aiv , ô
6.xym) et une des quatre incarna-
tions d'Oanuès {Foy. ce nom).
ODE, dieu arabe, n'est menlioané
que dans le Roran , et comme de la
plus haute antiquité.
ODÉDOQUE, ODOEDOcus,'o«r«/-
«Texoy, fils d'Oponte ("O;rotif , "O^rov-
To?) ^ fut père d'Oïlée et de Cal-
liare , qu'il eut de Laonome, et en
conséquence fut l'aïeul d'Ajax l'Oï-
lide.
ODIN, et dans les langues du
nord Oden , Woden, Wodan, le
premier et le plus grand des douze
Ases Scandinaves et le chef de tous
les êtres divins de cette mythologie ,
ODI
avait pour père Bor et pour frères
Vile et Vé. Les autres Ases sont
ses fils 5 aussi le nomme-t-on géné-
ralement Alfader, le père de tous.
Comme le Jupiter du monde grec-
romain ) il préside , soit par lui-
même, soit par les fils ses émana-
tions, à tout ce qui se passe dans l'u-
nivers, mais plus particulièrement
aux naissances , aux mariages , à la
mort, à la guerre, aux arts et à la
magie. Ses amours, aussi nombreuses
que celles de Jupiter, donnèrent lieu
à une foule de légendes consignées
dans l'Edda. Une tradition célèbre
le montre privé de l'empire pendant
dix années. Une autre non moins fa-
meuse détaille sa lutte contre le roi
Gilfe. On lui donne pour palais Va-
Iholl. Fréia, une de ses filles, devint
sa femme. Les livres sacrés lui don-
nent une fouie d'épithèles magnifi-
ques. On en compte jusqu'à cent
vingt-six. Odin de plus en plus idéa-
lisé devient un vrai Janus. Deux cor-
beaux placés sur ses épaules , Hougin
(l'esprit) et Mounin (la mémoire),
lui révèlent sans cesse le passé et l'a-
venir. C'est Odin qui donne aux dieux
l'immortalité 5 aussi les légendes le
présentent-elles enlevant l'iiydromel :
c'est Odin qui inspire les poètes ;
aussi le voit-on en laisser tomber une
partie sur la terre. De plus, c'est lui
qui a dicté les strophes de l'Havamaal.
C'est Odin qui a donné naissance par
son fils Heimdall à toutes les tribus
du Nord. — L'cnseiabie des diverses
aventures attribuées à Odin reflète
assez fidèlement l'histoire de la reli-
gion Scandinave. Profondément sa-
cerdotale d'abord, elle devint ensuite
plus laïque , plus guerrière. Les
évhéméristes qui d'avance avaient dé-
claré Odin un personnage réel en
conclurent deux Odin , l'un prêtre ,
l'autre chef-roi des Scandinaves. On
OEB 195
a aussi oupconné qu'Odin était , si-
non Bouddha, du moins un Bouddha.
Votan en Ame'rique présente de mê-
me , tant par le nom que par l'idée,
un bien singulier rapport avec Odin
(Vodan).
ODIOS était un chef halizone ;
Agamemnon le tua.
, ODITE, Odites, 'o^/t>iç: x"
Ethiopien tué par Climène aux noces
de Persée et d'Andromède; 2' Cen-
taure tué par Mopse aux noces de Pi-
rithoiis,
ODRYSE, Odrysus, "O^pvror,
dieu thrace, donna son nom a un peu-
ple et à une Ville de la Thcssalie.
Etait-ce un Adam des Druides ou
Draot? était-ce un arbre primordial
{^pui, i èfus) personnifié ( comp.
Bob)? enfin serait-ce l'un et l'autre?
N'oublions pas qu'à ces époques re-
culées la Thrace, encore plus que le
Roum-Ili actuel, était couverte de
bois, de monts et de glaces. — On
donnait le surnom d'Odrysios a Bac-
chus et a Borée, à Térée et à Rhé-
sos.
OEAGRE, OEagrus, 6'Uyftçy
fils de Tharopset père d'Orphée, ré-
gna en Thrace. Comme on donne à
Orphée Calliope pour mère , OEagre
se trouve époux ou amant de Cal-
liope.
OEANTHE , OÏMh , héroïne
éponyme d'une ville de la Locride ,
passait pour Nymphe.
OEAX , 0\'x% , frère de Palamède
{Koy. Natjplius). Ce nom veut
dire gouvernail, et se lie aux person-
nifications de la famille de Nauplius.
OEBALE, OEbalus , o/oaAof,
fils du roi lacon Cynortas , épousa
Gorgophone et en eutTyndarée, nom-
mé souvent OEbalide , ainsi qu'Hé-
lène , Castor et Pollux , etc. — Un
autre OEbale , fils de la nymphe Sé-
béthis et du roi téléboen Télon , se-
i3.
19^ ORD
courut Énée dans sa guerre contre
Turnus.
OEBOTE , OEbotas , oIZÔtxs ,
patron des allilctes achéens, était ho-
noré en Acliaïe. La légende voulait
qu'il eût été lui-même athlète pendant
sa vie. Aucun monument, ajoute-l-on,
n'honora sa victoire, et les Achéens
restèrent long-temps sans remporter
d'avantages aux jeux Olympiques.
Surpris enfin ils consultèrent roraclc
de Delphes, cl il leur fui répondu que
leur ingratitude seule était la cause
de leur malheur. Aussitôt ils érigè-
rent une statue a OEbote dans Olym-
pie, et aux jeux suivants Sostrale de
Pallène fut déclaré vainqueui-.
0ECHALIE,0Ecualia,O;;c«a/<«,
femme de Mélané, donna son nom h
rOEchalie dans la Messénie.
OEDIPE, OEDiPus(g. i ou odos),
Olèi-Mcvs , fils de Laïus cl de Jocaste,
si célèbre dans la mythologie grecque
comme type de la fatalité que Tiiom-
me ne peut fuir. L'oracle avait an-
noncé a Laïus que ce fils serait l'as-
sassin de son père et l'époux de sa
mère. Aussi lut-il confié, quelques
heures après sa naissance, a un paire
qui devait l'égorger, cl qui par pitié
se contenta de lui percer les pieds et
de le suspendre a un arbre. De la
son nom {o'i^th, s'enfler- ttoZç, pied).
Phorbas, berger de Polybe, roi de
Corlnthe, le détacha, Tcinporla au
palais 5 cl comme le couple royal était
sans enfants, le vit adopter par les
deux époux. OEdipe adulte consulta
un jour l'oracle sur sa destinée, et en
reçut une réponse analogue à celle
de Laïiis. Sou père devait mourir de
sa maiu, et sa mère le recevoir, san-
glant encore , dans la couche de l'é-
poux assassiné. OEdipe , afin d'éviter
ces malheurs, quitta Corinthe , et
partit pour la Phocide. Sur la route
de Daulis à Delphes , à l'erabraoche-
OED
ment de la route de Thèbes, un char,
lui barra le passage, et une voix im-
périeuse lui cria de faire place. Le
jeune prince ne tint compte de l'ordre,
continua d'avancerj cl ([uand les che-
vaux menacèrent de le fouler aux
pieds, les arrêta : une rixe s'ensuivit;
OEdipe eut tout l'avantage, cl le
maître du char et les cinq domestiques
qui formaient sou cortège mordirent
successivement la poussière sous ses
coups, h l'exception d'un seul. Ce maî-
tre du char était Laïus. Peu de temps
après nous voyous OEdipe prendre la
roule de Thèbes privée de roi et gou-
vernée par Créon régent , deviner
rénigme bizarre du sphinx ( voy.
ce nom), et, courormémenl au pro-
gramme publié par Créon, recevoir
a la fois la maiu de Jocasie et le
sceptre. Les deux parties de l'oracle
alors se trouvaient accomplies. En
vain le père avait voulu se débarras-
ser h jamais de son fils, en vain le (ils
en quittant Corinllie avait tenté de
s'écarter des auteurs de ses jours: la
fatalité , après avoir ajourné ses
coups et avoir permis dans l'enfance
du jeune prince qu'il fût séparé de
ceux auxquels il devait la naissance ,
les a tout a coup réunis : l'enfance
toujours iuoffensive s'est passée dans
l'isthme qui joint le l*éloponèse
a la Grèce septenlrionalc; l'âge des
combats et dus amours une fois venu,
les distances dovienuent inutiles , et
le jeune Thébain prédestiné au parri-
cide et a l'inceste revient vers Thè-
bes. Selon Homère, l'inceste ne fut
pas consommé ; mais chez la plupart
des mythologues on voit l'union de
la mère et du fils donner naissance h
deux fils, Etéocle et Polynice, a deux
filles, Autigone et Ismène. Au bout
de quelques années une épidémie ef-
froyable se déclara dans Thèbes;
l'graçle annonça qu'elle ne cesserait
4
OED
que quand Laïus aurait été venge. Les
perquisitions amènent bientôt OEdipe
a connaître non-seulement qu'il est
le coupable, mais encore que la veuve
denl il est l'époux est sa mère. De
désespoir il s'arrache ou se crève les
yeux 5 ses fils le chassent du pa-
lais , et s'emparent de l'autorité que
bientôt ils se disputeront le glaive à
la main. Quelques traditions font vi-
vre OEdipe aveugle au palais , jus-
qu'au jour où Polynice revient en
armes demander a Etéocle sa part
d'empire. Le sens antique et l'ac-
cent véritable des traditions indiquent
que la découverte du crime suivit de
près le crime 5 et dans cette hypothèse
il faut admettre une longue régence
de Créon. Quelle que soit la légende
à laquelle ou s'arrête, OEdipe sort
de Thèbes en maudissant ses S\s ou
l'usurpateur, erre de pays en pays
conduit par sa fille Antigone, et enfin
arrive au bourg de Colone près d'A-
thènes et y rend le dernier soupir.
Sa cendre devient un talisman pro-
tecteur et un palladium. Ainsi en
tout pays les grandes infortunes sont
une notabilité. On regardait avec un
respect prodigieux et l'homme et le
lieu que la foudre avait frappés. L'O-
rient vénère encore les fous, qu'il
regarde comme des inspirés 5 et
Alger , du temps de Charles-Quint ,
se sauva ranimé par les véhémentes
allocutions de l'insensé loussouf. Les
tragiques ont brodé cette circonstance
dernière de la vie d'OEdipe. Ce sont
eux qui nous montrent auprès d'OE-
dipe a Colone Créon d'abord et en-
suite Polynice : tous deux viennent
le supplier de prendre parti pour
eux; OEdipe résiste a tous deux. Une
tradition voulait qu'OEdipe, après la
rupture de son mariage avec Jocaste,
eût épousé Eurygauie, et l'eût rendue
mère de ces quatre enfants que lui
OED
'97
donne la mythologie vulgaire. Athè-
nes , il est vrai , montrait son tom-
beau ; mais, outre que de semblables
reliques ne tirent pas à conséquence ,
on conciliait les deux légendes en
disant que ses ossements avaient été
transportés de Thèbes à Athèuos.
Sophocle a laissé deux tragédies sur
OEdipe , OEdipe roi , OEdipe à
Colone. Eschyle chez les Grecs, Sé-
nèque chez les Latins en composè-
rent d'autres. Corneille et "Voltaire
ont fait représenter sur la scène fran-
çaise deux tragédies d' Œdipe y et
Guillard un opéra intitulé : OEdipe
à Colone. Winckelraann, Moniim,
ined. , i o3 , i o4 , a fait connaître
deux bas-reliefs relatifs aux aventu-
res d'OEdipe. Il faut y joindre qua-
tre pierres gravées publiées par Mil-
lin, et qui toutes représentent OEdipe
avec le sphinx (Voy. Gai. niyth. ,
5o2-5o5). — Les penseurs, aux noms
seuls de sphinx et de Thèbes, doivent
voir que le lieu de la scène dans toute
cette fable n'est pas la Thèbes de
Béotie, car c'est autour de la Thè-
bes aux cent portes qu'abondent les
sphinx. L'inceste n'a rien qui doive
surprendre : l'Egypte , ainsi que
l'Orient et l'Inde , en fut prodigue.
Et quant au meurtre du père , c'est
la formule ordinaire de la rénovation
des formes. Ainsi les Corybantes
tuentDyonise,Corybante comme eux.
La différence c'est que d'ordinaire la
victime est jeune, et qu'ici elle ne
l'est pas. Enfin les frères rivaux sont
desDioscures, des Açouins, des moi-
tiés d'un œuf-monade. Les deux jeunes
filles elles-mêmes en sont le dédou-
blement. En résulte-t-il que l'épopée
d'OEdipe soit venue directement de
la Thébaïde a la Béotie? Non , sans
doute. En résulte-t-il même qu'elle
soit venue de la? Nous n'en répon-
drions pas. Le fait est que la Béotie,
19» OEN
toute samolhracienne dans son ori-
gine, admit un luyihe dont les parè-
dres (les spbiox) eurent de Tiiipor-
tance en Egypte. La Phénicie, lol-
cos, Samotbrace et les traditions ve-
nues de la côte d'Egypte ont pu,
chacune dans sa sphère, contribuer a
la formation de la fable totale. Samo-
tbrace , il ne faut pas l'oublier , con-
sacrait eu quelque sorte Tadullère et
Tinceste en substituant Ares a Hé-
pheste dans le lit d'Aphrodite.
OEMÉ, 0/^«, Danaïde, uue de
celles qui avaient Crino pour mère.
OENÉE, OEneus, Oi'uuf , fils de
Parthaon et d'Euryte, régnait a Ca-
Ijdon, tandis qu'a Pleuron comman-
dait Thespiiis. Il eut deux femmes,
Althée, Perlbée. La première le ren-
dit père de Méléagre, de Théras et
de Climène(d'au très disent de Phtrée,
d'Agélas et dePériphas), et de quatre
filles, Gorgé, Eurymède, Mélanippe,
Déjanire. De la seconde il eut Tydée,
père de Dioraède. Hellérophon était
son hôte et <>on ami.C'est lui qui, dans
un sacrifice offert à tous les dieux ,
oublia Diane , et vit en conséquence
le sanglier de Calydon ravager ses
domaines. Méléagre, son fils , l'en
débarrassa, grâce a la coopération
des jeunes chels grecs. On sait com-
ment ensuite moururent et ce héros
rtsa mère. Plus lard, il eut à soute-
nir la guerre contre les Curetés ; ses
neveux se déclarèrent contre lui, ïy-
dée en tua deux, Alcathuus et Lyco-
pée. Forcé de fuir après ce double
meurtre, il passa en Argolide où il
rejoignit Priam. Pendant ce temps
OEuée, vaincu par les fils de sou
frère Agrius, échangea le trône con-
tre une obscure retraite (comp. de
nombFeuses variantes al' art. Agrius).
Diomède revenu eu Étolie battit la
branche usurpatrice , et , ne voulant
ni garder le trône pour lui , ni le
OEN
donner a un père affaibli par les ans,
il y fit monter son frère Andrémon.
OEnée mourut quelque temps après
dans Argos. La défaite d'OEnéc
a singulièrement exercé la verve des
poètes tragiques anciens. De là les
nombreuses légendes sur son compte.
Nous nous bornerons à une remar-
que : OEnée ( ùUos ) , le Noé de l'É-
tolie, est le vin personnifié. Une tra-
dition le montre prêtant sa femme
Althée à Bacchus, et eu revanche re-
cevant de lui le vin. Il faut ici compa-
rer IcARius. La guerre contre les Cu-
retés rappelle l'attaque des Kourous
contre les Pandous. — Trois autres
OEnée furent i" un Égyptidej a" un
fils naturel de Pandiou j 3° un fils de
Céphale et de Procris, qui régna dans
la Phocide après la mort de son
grand-père Déionée ( A7»f olyos)'-, 4-"
un priiice dont Hercule tua l'échansou
du Bout du doigt.
OENÉIS, 0<V^, nymphe d'Éto-
lie, eut de Jupiter le dieu Pan.
OENIA, 0/ii/«, fut une des douze
filles du dieu -fleuve Asope et de
Mëlhone.
OENO, 0/y«, fille d'Anius et de
Rhœo (ou Dorippe), avait pour sœurs
ËlaïsetSpermo. Ces trois jeunes filles
furent métamorphosées en colombes.
Nul doute que ce ne soient trois
Grâces ou Nymphes approvisionna-
Irices. Leurs noms (o-tri^^a, {A«««y,
•m;) signifient grain, huile, vin.
Leur mère est la fructification ou la
munificence j et le nom de leur père,
quelque altéré qu'il soit, est le nom
antique de l'année (eve?, hioivrcs).
OENOÉ, OUot,: X ° reine des Pyg-
raées(les dieux irrités de sa barbarie
la changèreut en grue); 2*> nymphe,
une des nourrices de Jupiter (comp.
OEno et OEnée); 3" héroïue épo-
nyme d'un bourg de l'Attique.
OENOMAS, OEnomaus, o»«'-
OEN
ftotùs, roi de Pise, devait le Jour à
Mars et a Stérope (ou Harpinne , ou
Eurylhémis). On nomme aussi pour
son père Alxion ou Hypéroque. Il
eut pour femme Evarèle. Leucippe,
son fils, était aimé de Daphné , et
Apollon se vengea en le faisant pé-
rir. Hippodaraie, sa fille, était cé-
lèbre dans toute la Grèce par sa
beauté. Averti par roracle que son
gendre le tuerait, il publia qu'il
ne la donnerait qu'à celui qui le sur-
passerait à la course des chars. L'a-
mant courait en avant , et le roi le
poursuivait l'épée a la main. Ou
nomme quinze prétendants a qui leur
audace coùlala vie; Acrias, Alcathoiis,
Arisloraaque , Capet , Clialcodon ,
Chronius, Eole, Euryale, Euryma-
que, Euryte, Lasios, Lycurgue, Mar-
max , Prias, ïricolone. Quelques
poètes restreignent ce nombre a
treize j Diodore le porte a seize.
Enfin Pélops apparut, gagna Myrlile,
cocber du roi, et, grâce à lui, arriva
le premier au but [f^oy. Mybtile).
Diodore montre seulement Pélops
parvenant le premier au but sans
que Myrtile porte la perfidie jusqu'à
le faire mourir; et OEnomas se don-
nant la mort à cette vue , puisqu'il
voit l'oracle accompli. Une variante
présente OEnomas comme éperdu-
ment amoureux de sa fille. Ses che-
vaux s'appelaient Philla et Harpye. —
OEnomas est la personnification des
jeux Olympiques. Hippodaraie, c'est
le prix des jeux- les quinze ou seize
prétendants sont les régions grecques
admises au concours. Les Eléens
aussi disputent le prix : OEnomas
alors semble épris de sa fille. — Deux
autres OEnomas sont : l'un un chef
troyen tué par Idoménée au siège de
Troie , l'autre un chef grec tué par
Hector.
GENOISE, oUiyn, fille du dicu-
OEN
Ï99
fleuve Cébrène et Nymphe du mont
Ida , en Phrygie , reçut d'Apollon ,
son amant, la science de l'avenir
et l'art de connaître les simples. Plus
lard, elle eut de Paris , encore ber-
ger , un fils nommé Corythe. La
légende la lie intimement à deux in-
stants solennels de la vie fabuleuse
de Paris. Lors de son départ pour la
Grèce, elle lui prédit ses infidéhtés ,
la ruine deTroie et sa mort. aTu seras
blessé, dit-elle, blessé à mort, et alors-
tu te souviendras d'OEnone , tu re-
viendras près d'elle, lu lui demande-
ras merci : OEuone te refusera » . En
effet la dixième année du siège Paris
blessé par Philoctèle se fil porter sur
le mont Ida, implora les secours
d'OEnone , et mourut dans ses bras.
Toutes les traditions la montrent sui-
vant au tombeau cet objet de ses
amours : elle meurt de re^^ret, ou
s'étrangle avec sa ceinture eu arri-
vant dans le palais de Priam. Chez
Dictys elle est saisie d'un actes de
démence , et se laisse consumer de
douleur. Enfin, dans Quintus d»
Smyrne, elle se brûle sur le bûcher
de Paris. Du reste , on varie sur la
manière dont elle reçut le coupable
repentant. Selon les uns, elle em«
ploie tous ses soins pour le guérir,
et n'échoue que parce que la flè'«
che qui l'a blessé est empoisonnée j
selon d'autres, elle le renvoie brus-
quement avec ces mots : a Qu'il
aille se faire panser par Hélène! »
Mais bientôt elle court à Troie, au
chevet du lit du malade. Malheu-
reusement 11 est trop tard. Suivant
d'autres enfin, elle ne porte aucun se-
cours au prince; mais on transporte
près d'elle le cadavre, et on la charge
de l'inhumer. C'est a cette vue qu'elle
se consume de désespoir.
0EN0PE,o;v<*;7r.j, fille d'Épopée,
femme de Neptune, mère de Mégai éc ,
2O0
OEX
OENOPE, OEwpEus, oîtat^iùf,
ou OENOPION, o;»«îr/«», roi de Chio
qu'on a mal h propos scindé en deux
Çersonnages , était , dit-on, le fils de
hésée (ou de Dionyse) et d'Ariadne.
11 épou2>a Hélice , et eut pour fille
Héro ou Mérope. Orion demanda sa
main, et, las des délais qu'un lui op-
posait, la viola. OEnopion. feignant
d'ignorer Toutrage, enivra le géant ,
lui creva les yeux , cl le jela sur le
rivage j puis il se cacha si bien dans
une grotte, que le fils d'Hyriée ne put
lui faire sentir le poids de sa ven-
^ geance. Jusqu'ici le mythe recèle
1° opposition de la terre au soleil,
2' syzygie du soleil et de la lune,
3° éclipse. Selon Diodore, Rhada-
raanthe avait rendu Chio àOEnopion.
lien avait donc été dépouillé! Par
oui? Par des pirates. La présence de
Rliadamanthe ici lie encore OEnopion
au mythe crélois et à la famille de
IVlinos. Pour qui sait que <»/»a» tt/hiv
veut dire boire du vin, et orva» ttoiiiv,
faire du vin, que Chio élail célèbre
par ses vins délicats , que Thésée est
un dieu-soleil de Tliasos et un P)ac-
chus , qu'un commerce d'importation
et d'exportation unit la Crète et les
îles de i'Egée,les traditions relatives
à OEnopion s'exoliquent sans peine.
OEnopion eut encore pour fils Evan-
ihe, Thalos, Méléna , Salaque et
Atharaas, On montrait son tombeau k
Chio.
^ OENOPS, o;'v<»4. : 1° fils d'Hé-
lénus, chef grec tué au siège de Troiej
2° père d'Iliode, devin d'Ithaque.
OENOTRE, OEnotrus, Om-
Tpes, la race œnotrienne personnifiée,
passait pour le plus jeune des Lycao-
nides. ISfjctime, son frère, qui lui dis-
Sute ce titre ainsi que le rare privilège
'avoir été seul épargné par Jupiter
lorsqu'il foudroya lesLyi^onides, lui
donna de l'argent , des- va,isseaux ,
OEN
des hommes ; el c'est alors qu'Œuo-
tre arriva en Italie. Cette colonisa-
tion aurait été la première émigra-
tion que les Grecs opérèrent dans la
péniusule. Malheureusement il plauc
des doutes sur l'époque et même sur la
réalité de l'émigration. Denys d'Ha-
licarnassc , d'après Acusilas et Phé-
re'cyde, la place dix-sept générations
avant la prise de Troie. M. Raoul-
Rochetle , d'après un synchronisme
tiré d'ApolIodore, réduit ces dix-sept
générations a finit. Frérct aussi avait
combattu la haute anli(|uilé attri-
buée il celte émigration. Divers cal-
culs sur les Inachides eux - mêmes
pourraient permettre de Uolter entre
les deux dates extrêmes. Dans ces
derniers temps Petit-Radel, compa-
rant les divers synchronismes que
nous ont laissés les ancieus , réintè- vl
gre l'émigration d'Œnotre à la dix- '■
septième génération avant la prise
de Troie j et par conséquent, dans le
système qui tait les générations de
trente ans , Œnotre émigré vers
1710 avant J.-C. Reste h examiner
si l'émigration eut lieu. Denys, Stra-
bon, Pausanias sont unanimes sur ce
point, mais rien ne prouve qu'ils
aient raison. Aristote , dont on a in-
voqué l'autorité a propos des monu-
ments de la colonie d'Œnotre , ne
parle que de quelques usages de la
vie civile introduite parmi les Œno-
tres par Itale leur roi. Le fait est que
toutes ces questions sollicitent un
nouvel examen, i" Les OEnotres se
lient-ils, comme on a droit de le
soupçonner, aux Peucètes, et quels
sont leurs rapports? 2° Sont-ils Pé- »
lasgues? 3° Est-ce d'Arcadic qu'ils '■
vinrent? 4° Trouvèrent-ils des indi-
gènes ? est-il vrai que ces indigènes
s'appelaient Ausones? â° Est-il vrai
qu'ils débarquèrent dans le golfe de
iSte-Euphémie, et qu'ils s'étendirent
OGH
d'une mer à l'autre, entre Métaponte
et Pestum? est-il vrai que les Auso-
ues étaient une de leurs branches?
6" Est-il vrai qu'ils étaient les pre-
miers colons venus du Péloponèse ou
de la Grèce septentrionale, ou bieu
doit-on adnaeltre que trois colonies
les avaient précédés ?
ŒNOTROPES , ŒKOTROPiii ,
OhoTfojicùy les trois filles d'Anius
{Foy. OEno).
ŒOCLE, ŒocLUS, bâtit eu
l'honneur d'Ascra, sa mère, qui l'a-
vait eu de son coiiuuerce amoureux
avec Neptune , une ville de même
nom en Béotie.
ŒONE, Œonus, Oimcs, cou-
sin d'Hercule(par Licyrane, son père,
qui était le frère d'AIcmèue), fut tué
à Sparte par les Hippocoontides ,
sans que la présence d'Hercule empê-
chât le meurtre. Quelque temps après.
Hercule revint mieux accompagné,
massacra Hippocoon et sa famille,
et déposa les os d'Œone a Sparte
mènïe. La ville lui rendit les hon-
neurs héroïques, et dédia tm temple à
Hercule près du tombeau.
OESÏROBLÈS, OlrrpoZx-^ç, fils
d'Hercule et de la Thespiadc Hésy-
chie.
ŒTYLE, Œtylùs , o<VvA«<r,
héros éponyme d'une ville de Laco-
nie, était d'Argos, et avait pour père
Amphianax et pour aïeul Anlimaque.
OGEN, le même qu'Océan, passait
> pour le dieu des vieillards, qu» les
, Grecs nommaient ironiquement Ogé-
nides.
OGHAM , dont on a fait Ogmios
et OGMius,"oyj«<oî, dieu celte, était
représenté sous les traits d'un vieil-
lard à tête chauve, aux rides profon-
des, au teint olivâtre ; arc, carquois,
massue chargeaient ses mains et ses
épaules. De sa langue partaient des
fils d'or et d'ambre avec lesquels il
OGY
2or
attirait une immense multitude d'hom-
mes qui paraissaient le suivre volon-
tairement. C'est Lucien qui donne
ces détails. Raphaël, sur sa descrip-
tion, a fait un Ogham qui a été gravé
par Cochin et Lesueur. — On nomme
Ogham l'Hercule gaulois. Ces fils
d'or qui tirent et groupent auprès de
lui la multitude seraient, dil-on , le
symbole d'une éloquence entraînante
et persuasive. Qu'on donne donc à cet
Hercule le nom d'Hercule-Hermès ou
d'Herméracle. Toutefois, il peut en-
core rester des doutes sur le vrai ca-
ractère d'Ogham : peut-être était-ce
un dieu des mers. On explique Ogli-
Am par puissant sur mer. .
OGOA ou OSOGO, Neptune k
Mylase , ou plutôt l'eau même prise
comme essence suprême. On croyait
entendre la mer bruire sous le pavé
de son temple. Sans doute , grâce au
mécanisme de quelque pompe cachée,
ou de tuyaux hydrauliques , la mer
était censée se répandre dans le tem-
ple, et y renouveler l'image du grand
cataclysme. Une de ces miraculeuses
inondations ôta la vue a Epyte, fils
d'Hippolhoiis.
OGYGES, 'I2yuy>)f, vieux roi
du plateau béoto-atlique, passait poui"
fils de Neptune et d'Alistra ou de
Tarmère (on lui donne aussi pour
père Béote). Il eut pour sujets les
Hellènes. Thèbes, Eleusis furent bâ-
ties pas ses soins. Une Thèbes aussi
est sa femme , et un Eleusis figure
parmi ses enfants. Cadmus et ane
triade femelle, Alalcoménie, Aulis et
Thelsinie, complètent sa famille. Un
déluge effroyable eut lieu sous son
règne, et inonda ses domaines. Var-
ron çl d'autres auteurs, cités par St.
Augustin, rapportent très-sérieuse-
ment qu'à cette époque la planète de
Vénus changea de couleur, de direc-
tion et de forme: et des modernee,
203
oih
calculant la périodicité de la grande
comète de 5jS ans, en ont conclu
que le déluge d'Ogygès eut lieu vers
1769 avant J.-C. Nous ne pouvons
que rire de ces calculs. F'oy. au
reste, sur Ogygès, le Catholique,
t. XVI, dernière livraison.
OGYGIE, 0GVGlA,'f2yt;y|«, une
des sept filles de Niobé. On donne
aussi ce nom à la Béolie, à une porte
de Thèbcs , et enfin à l'île si mal dé-
terminée de Calypso.
OHINA. f^oy. Étoua-Rahai.
OHIRA - RINE - MOUNA , déiié
polynésienne, fille de Ti et d'Osira,
épousa le premier après la mort de
sa mère, eh lui donna trois fils , Ora ,
Vanou, Tilon, et trois filles, Hen-
natou-Monourou , Hénaroa, Nouna.
Ces généalogies trimourliques offrent
la plus curieuse comme la plus frap-
pante analogie avec les légendes ir-
landaises.
OIAROU est chez les Jroquois
le fétiche spécial de chaque individu j
ce fétiche est à volonté un calumet,
un outil, un animal, une peau d'ours,
etc. Toutefois, ils doivent l'avoir vu
en songe avant de le choisir pour fé-
tiche. Ils croient que, grâces k ce ta-
lisman, ils se transportent où ils veu-
lent, et se transforment il leur fan-
taisie. — Leurs devins sont ceux qui
ont acquis par ces visions répétées
un pouvoir surnaturel.
GICLÉE, OïcLEus, 'OiKXivs, fils
d'Anliphate et de Zeuxippe, époux
d'Hypermnestre et père d'Amphiaràs,
de Dolibée et d'Iphianire. Il fut tué
en Troade , lors de l'expédition
d'Hercule contre la capitale de Lao-
médon.
OILÉE , OlLEUS , 'o;)i£Uf, fils du
roi locrien Odédoque (d'autres disent
Léodoque) et d'Agrianome, fut un des
Argonautes, seconda Hercule au lac
StymphaVe, y fut blessé, succéda en
OLE
Locridek son père, épousa Ériopis,
en eut Ajax, et rendit l'esclave Rhéné
mère de Médon. — Un autre Oïlee,
écuyer du roi Bianor, voulant ven-
ger son maître, fut tué par les Grecs
devant Troie.
OKI (Okée) ou KIOUAZA(Ki-
wase), déesse qui chez les Oumas,
et chez quelques peuplades indigènes
de la Virginie et de la Floride, était
censée veiller k la garde des morts,
et avait dans ce pays un temple qui
fut abandonné lors de l'arrivée des
Européens dans ces parages, et que
l'on n'essaya point de relever. On la
nomme aussi Kuioccos (Quioccos);
seulement ce dernier nom se donne
k une foule d'aulres dieux.
OKISIK, esprits gardiens dans la
mythologie hurone, sont les uns bien-
iaisanls, les autres funestes. Chaque
homme en a au moins un attaché k sa
personne.
OLBE, Olbos, allié d'Ochale (dans
Valérius Flaccus, Jrgonaulique ,
liv. VI).
OLBIE, Olbia, 'oxQlct, donna
son nom k une ville de la Bithynie.
OLEN, *f2A^', (g. '«xÉvof), pon-
tife-poète, premier chantre de la re-
ligion de Délos , passe généralement
pour le chef d'une colonie sacerdo-
tale qui, des côtes de la Lycie
(Suidas, art. 'î2A;î'i/ ) , alla porter
dans l'île flottante si célèbre par la
délivrance de Latone , le culte d'A-
pollon et d'Artémis. Quelques tradi-
tions cependant (par exemple un des
hymnes que l'on chantait k Délos)
indiquent Olen comme Hyperboréen
(Pausanias , 1. X, c. 5). Mais peut-
être la première migration hyperbo-
réenne ( c'est- k-dire colchico-arraé
nienne, bactrienne ou persane), m
popularisa en Lycie le nom et le culti^
des deux dieux-lumière, valut-elle ir"
tous les prêtres, k tous les adhérents
OLE
du nouveau système religieux l'épi-
thète d'hyperboréeus. Dans ce cas
Olen, coryphée des missionnaires que
la Lycie délachait dans l'Egée, dut
être pris pour un chantre hyperbo-
réeu j et certes il y avait dans cette
espèce de qualification, dans cette
origine à la fois immédiate et loin-
taine, qui rattachait Délos à la vraie
métropole religieuse et nonk une suc-
cursale, quelque chose de plus mer-
veilleux et de plus séduisant. Olen
était antérieur a Pamphos et même
à Orphée. Creuzer scinde la fon-
dation du culte solaire ( ou hé-
lioïde ) à Délus en trois époques :
1° la migration qui donne à l'Ile
sainte l'idée d'Ilithye, 2^* celle qui
amène Apollon et Arlérais avec les
trois (ou deux) premières vierges hy-
perboréennes, 3° celle qui conduit aux
mêmes lieux deux autres vierges et les
Perphères. Si nous prenons pour
base celte hypothèse, il est indubi-
table que ce barde sacré (person-
nage réel ou allégorique ) se rap-
porte à la deuxième migration. Long-
temps après Alexandre , et même
après notre ère, on chantait encore
a Délos les hymnes de l'antique
Olen, en vers hexamètres? (Pausa-
nias , Att. et Arc; comp. Héro-
dote, IV, cap. 35, et Blackwell,
Vie et ouv. cl'Jïom., p. xii); et
toutes les probabilités se réunissent
en faveur de l'authenticité de ces vieil-
les poésies , que tout au plus on
peut supposer arrangées, retouchées,
interpolées par les desservants de
l'ile sacrée. Dans ces hymnes le culte
d'Apollon et d'Arlémis se présentait
sous des formes presque spiritualisles,
et qui prouvent eu dernière analyse
l'origine quasi-persane de la doctrine
religieuse. Mais c'est surtout d'Ilithye
(Latone) qu'il est question, d'Ilithye
grande fécondatrice {Ifymne d'Hom.
OLE
20 J
à Apoil.^ v. 97) et grande accou-
cheuse {/^oyoTToKos de Vil. , XIX,
io3), d'Ilithye mère de l'Amour
(productrice du monde par l'Amour.-*),
d'Ilithye plus ancienne que Crone,
d'Ilithye la même qu'Imarmèue (E<-
fta.pfi'':»}]) y la destinée , d'Ilithye la
bouue fileuse. Toutes ces notions al-
légoriques et transcendantes nous re-
portent bien loin par-delà la Perse.
C'est la métaphysique religieuse de
rHindoustan(comp. Ilithye). Pau-
sanias cite aussi d'Olen un hymne
à Junon , et dit qu'il prophétisa
dans Délos. Ailleurs Creuzer, par-
tant de ce principe que deux Ly-
cus (un Telchiue et un prince athé-
nien, fils de Pandion II) vinrent a des
époques différentes s'établir en Lycie,
en conclut que la colonie religieuse
d'Olen eut lieu entre ces deux événe-
ments (probablement vers le iS" ou
le 16" siècle avant J.-C). Dès cettp
époque le soleil était en Lycie nn
dieu-loup, et le loup joue un rôle dans
la mythologie de Délos : c'est, comme
on sait, une bande de loups qui mène
Latone du pays des llyperboréens k
Délos ^ et elle-même, pour échapper a
la colère de Junon , prend la forme
d'une louve pendant»ce long et pé-
rilleux trajet. PHne le Naturaliste
(XXVIII , 2 ) parle d'un Olen ancien
et célèbre poète de l'Étrurie. Proba-
blement le nom d'Olen n'est qu'une
altération de ceux à'Jl, El, Aal ,
synonymes de Baal, et une forme qui
commence a se rapprocher du nom
vulgaire du dieu-soleil, Apollon (gén.
Ajjollinisy rad. ApoUin... , 'AttoA-
X0V...7). La syllabe additionnelle
in , en , se trouve dans plus d'un dé-
rivé de la même famille : ainsi, pour
ne point parler d' ApoUin..., Sélènc,
Hélène (et la forme masculine Hélé-
nus), Bélène (Belenus), en offrent
des exemples. Dans ce cas ne pour-
2o4
OLL
rait-on pas soupçonner que le barde
my'liologique Olen n'est autre chose
qu'Apollon incarné, se faisant propa-
gandiste de sou culte qu'il popularise
dans la Grèce iusiilaire par le niissio-
nariat , par la colonisation , par les
clianis, peut-être même par la pro-
phétie ? Trois vierges, dit-on (Argé,
Opis, Loxo), accompagnent Artémis
dans son pèlerinage il Délos. Ces trois
vierges, à notre avis, sont des incar-
nations de la déesse [f^oy. Opis).
Pourquoi Olen ne serait-il pas l'in-
carnation du dieu? quoi de plus ra-
tionnel et de plus conforme h l'esprit
des anciens que de voir aussi les deux
fiuissances-lumières (lumière raùle et
umière femelle ) se répandre par
elles-mêmes , revêtues de formes hu-
maines et directrices de la colonie
sacrée?
OLÈNE, Olenus : i" fils de Ju-
piter et de la Danaïde Anaxilhée. Il
épousa Léthée, et fut changé avec elle
en rocher sur l'Ida : c'était le héros
éponyme d'Olène en Achaïe. 2" Fils
de Vulcain et d'Aglaé; il eut deux
filles. Hélice, Es:a, l'une et l'autre
nourrices de Jupiter : Théon lui don-
ne pour fille Amalthée 5 on sait que
la cnèvre nourrice de Jupiter s'ap-
pelle souvent la chèvre olénienne
{aiMiict eti%). 5" Parèdre d'Hercule ,
lors du déblaiement des éfables
d'Augias: quelques mythograplies le
réduisent à être un roi d'Olène, et le
nomment Dexamène.
OLLAM FODHLA est dans la
mythologie irlandaise l'aïeul de
toute la race des Iriens de l'Ulster,
dont Qonnor était censé descendre.
Il sortit de l'enceinte de sa provin-
; et sous sa domination le clanna
Rughraidhe obtint une prépondé-
rance en vertu de laquelle les chefs
siégèrent à ïéamhair , résidence des
pontifes suprêmes et d'une espèce de
DLL
chef politique auquel on rendait un
hommage de suzeraineté. Il eut trois
fds qui gouvernèrent l'un après l'au-
tre d'après leur rang d'ancienneté.
Fionn Sneachta [la neige blanche)
régna d'abord(de 1 5 h 20 ans). Ensuite
vint Slanoll [la santé vigoureuse)
qui donna i 5 ans des lois à l'Irlande.
Geide Ollgotach, le troisième, occupa
le trône dix-sept années. Son nom
répond h haute parole, grande
parole. Les interprètes modernes
ont pensé avec raison qne ces déno-
minations tout allégoriques ont trait
h des groupes, a des masses de faits.
Le premier règne indique une épo-
que rudimenlaire, et à laquelle la
neige semblait ensevelir, asservir,
glacer et rendre insalubre la contrée
entière. Sous Slanoll le pays reprend
la force, la vie, la jeunesse. Enfin,
par Geide Ollgotach est symbolisée
l'ère des discordes et des clameurs
populaires : le peuple avait la voix
haute et libre dans les assemblées.
OLLONDOU - EURGHELCID-
JIKSIN-KHAN appartient, selon les
Mongols, à l'époque primordiale où il
n'existait ni lois, ni tribunaux, et où
les hommes, ne reconnaissant point
de lien et de mien , s'emparaient de
ce qui était a leur convenance et à
leur portée. Fatigués enfin des rixes
perpétuelles auxquelles donnait lieu
cet état de choses, ils convinrent d'é-
lire un arbitre suprême qui déciderait
du juste et de l'injuste , et qui aurait
le droit de punir les coupables. Ce
juge étendit bientôt sa juridiction sur
toute la terre, et finalement il fut
élevé à la dignité de Khan. Son nom
alors fut OUondou-Eurglieucidjiksin-
Khan. Il eut pour fils et pour suc-
cesseur Usus-Rullengtou-Guiéreltou-
Khan. Ce deuxième souverain des
hommes donna le jour à Bouïautou-
Khan. De Bouïantou-Khan naqnit
I
OLL
Dédé-BouVanlou-Klian qui lui-même
fut père de Telkan-Açaraklchi-Khou-
touktou-Khan. A la suite de ce der-
nier se dessinent, à la première gé-
nération , INanna - Koko - Kémaki-
Klian; h la seconde, Usus-Kuliengtou-
Khan^ à la troisième, Saïn-Usus-
KuUengtou-Khan ; enfin a la quatriè-
me (c'est-k-dire comme bis-arrière-
petil-fils) , Teuglieus-Lsus-Kulleng-
lou-Rhau. Enfin arrivent et se succè-
dent loujours de père en fils , et sans
que jamais l'ordre de primogéniture
semble changer , les six princes Tab-
blktchi-Klian/falbiu-Bariklcln-Rban,
Chaguni-Khan , Kuchi-Rhan, like-
Kuchi-Khan , SaVn-Usuktcfiti-Rhan.
Voilà en tout quinze princes. Ils se
répartissent en trois groupes qui
correspondent a trois âges différents,
et dont Tensemble forme comme un
grand âge, un Manouantara primitif,
anté-historique, anté-luimain, anlé-
cosmiquej et cependant la terre, les
Iiommes, selon la légende, existaient.
Od a vu assez de ces contradictions
pour n'en plus être étonné, Bralunâ
est Brahmà-Pourouclia, et pourtant
nul homme encore n'existe. Les trois
phases , les trois iougas (risquons ce
nom) du Manonantnra divin primor-
dial se scindent en âge valgaïque
(cinq khans), âge sarvaradique (qua-
tre khans 5 ou en compte cinq en
ajoutant le dernier de la première
période . double emploi fréquent en
mythologie), âge innominé(six khans).
Les noms des quatre khans de Tàge
sarvaradique veulent dire roi de qua-
tre parties du monde et khan d'or,
roi de trois parties du monde et
khan d'argent, roi de deux parties du
monde et khan de cuivre, roi d'une
partie du monde et khan de fer. Cette
double dégradation de caractères est
des plus remarquables. D'une part,
nous avons un reflet d^; la grandç
OLY
oo-j
doctrine des âges, reflet en tout sem-
blable aux quatre âges des Gréco-Ro-
mains ; de l'autre , voila une diminu-
tion de puissance qui originairement
ne put être que symbolique et trans-
cendantale, et qui semble en consé-
quence n'être que la détermination
de plus en plus étrécie et abaissée de
l'Etre -suprême. Où sommes-nous
alors? Probablement sous un Etre
suprême, véritable Adibouddha mon
golique, se dessinent cinq Bouddhas 5
puis le dernier, devenant un Boddhi-
catoa, s'individualise de plus en plus
eu Boddhiçaloas de moins en moins
complets , de moins en moins puis-
sants. Ainsi se fait la transition de
Dieu à l'homme. Sous le khan de fer
s'alongent encore six khans , ses
émanations , et qui avec lui for-
ment une beptade cabirique. De nom-
breux rapports unissent ces généalo-
gies prétendues h la mythologie si
énigmatique desDactvîes, des Tel-
chines et des Cabires du dogme phé-
uico-égypliaque , qui sont portés au
nombre de sept et non a quatre.
Les (piinze khans des trois iougas
qui forment le Manouantara primitif
occupent quatre-vingt mille ans dans
la durée, et Garga-Sindé (peut-être
les quinze khans idéalisés et fondus
en un seul Dieu-Homme) monte aux
cieux. Le Manouantara humain com-
mença ensuite; il fut de quatre mille
ans: Ganga-Gamméni , nommé aussi
Ganga-Mouni , le récapitule , et son
ascension marque la fin decette deuxiè-
me période. Un troisième Manouan-
tara se distingue par le {;élerinage
terrestre de Gachip , et dura vingt
mille ans. Enfin succéda le quatrième
Manouantara (quatre mille ans?),
dans lequel Chakiamouui ( P^oy.
BoroDHA) fit son apparition.
OLY, idole madécasse, n'est qu'une
petite hoîtç divisée eu tuyaux remplis
w&
OLY
d'immondices ou de bagatelles inuti-
les, de sang de serpent , de prépuces
d'enfants circoncis, de lambeaux de
chair de crocodile (ou même, ajoute-
t-on, de Français égorgés). Des ra-
cines aphrodisiaques , des fleurs por-
tées jadis par la femme aimée, for-
ment le complément de cet assem*
blage hideux. Chaque objet est mis
avec beaucoup de solennité dans le
compartiment destiné à le recevoir.
Tous les Madécasses ont une boîte de
ce genre, et la portent autour d'eux
attachée à une courroie de cuir. Les
riches font enchâsser l'Oly dans une
boîte de métal, et souvent la portent
au cou suspendue a une chaîne qui
forme un collier très-làche. Dans le
cas où ils gardent l'Oly h la ceinture,
ils ont au cou une autre boîte rem-
plie de caractères magiques, qu'ils
nomment aussi Oly. L Oly est censé
f)réserver de tout malheur. Du reste,
orsque la conduite de l'idole leur dé-
plaît, ils ne se gênent point pour la
punir; ils plantent en terre une per-
che au haut de laquelle ils placent la
boîte sacrée , puis l'abattent à grands
coups de gaule. C'est surtout lorsque
les Madécasses ont été battus qu'ils
se livrent à cette cérémonie. La for-
tune vienl-elle à changer, ils sont
convaincus que l'Oly est venu a rési-
piscence.
OLYMPE, Olympus, "OAv^Tro?,
joueur de flùtc , a deux ou trois gé-
néalogies qui reviennent à une seule.
L'une eu fait un Phrygien contem-
porain d'Apollon, l'autre le donne
comme Mysien et fils de Méon ; il
eut pour maître Marsyas. Enfin on
ledonnepour un satyre frère de Mar-
syas. Il inventa trois nomes ou chants
classiques en l'honneur des dieux :
1° celui de Minerve 5 2° celui des
chars j 3° celui d'Apollon. — On
cite encore deux Olympe , l'un in-
OLY
stituteur de Jupiter , auquel il apprit
les vertus et les letlrçs , l'antre fils
d'Hercule et d'Eubée. — 11 est aîsé
de voir qu'Olympe est une montagne
Personnifiée. C'est comme l'Albion ,
Atlas et TAldbordj des mythologie»
étrangères. Ici Olympe a deux faces
principales : par l'une c'est simple-
ment la montagne en tant que mon-
tagne; par l'autre c'est la montagne
en tant que liée au son et produisant
la mélodie. Cette mélodie monta-
gnarde suppose surtout des instru-
ments h vent. Conip. Marsyas. L'an-
tiquité connaissait deux monts Olym-
pes , l'un en ThessaHe (aujourd'hui
mont Lâcha ou Olumbos), l'antre en
Rithynie (Kerchich Tagli). Ils ne sont
pas extrêmement élevés , puisque le
second n'atteint peut-être pas i4oo
toises, et que le premier , selon l'er-
noulli (dans Buftbn, Kpoques de la
nature), n'en a que 1017, Xénagore,
chez les anciens, l'avait aussi mesuré, -
et lui donnait 960 toises (10 stades
et I piètre moins 4 pieds). Il est vrai
que probablement il ne prenait pas la
hauteur à partir du niveau de la mer.
Comme néanmoins par leur position
ces monts semblaient aux Grecs avoir •
une grande élévation, et que d'ailleurs
ils étaient souvent couverts de nua-
ges et de frimats ils y placèrent le
séjour des dieux. Ainsi, aux Indes ,
Siva habite les cimes du Mérou. Peu
à peu le Mérou idéalisé devint Kai-
laça (le ciel). L'Olympe aussi devint
le àe\,cœlum. Délaie nom d'Olym-
piens donné aux douze dieux qui for-
ment le conseil céleste , et qui sont :
1° la trimourti mâle, Jupiter, Nep-
tune, Pluton; 2" la triade femelle ,
JuMon, Vesta,Cérès; 3" les trois fils
du couple suprême, Mars , Yulcain ,
AnoUon 5 4-° les trois filles, Minerve,
Diane et Vénus [f^oy. Consetites).
De ces douze dieux, Jupiter fut sans
I
I
0MB
rontredit le plus fréquemment Idenli-
fié à l'Olympe, soit comme ciel , soit
comme montagne. Aussi voit-on se
liet a son épitbète d'olympien les jeux
olympiques, les olympiades, les olym-
Îéura, les statues magnifiques , etc.
'armi ces dernières brillait le magni-
fique colosse de Phidias, qui était en
ivoire, ei dont la hauteur était de 4o
pieds. Sans entrer dans les détails
connus sur les jeux Olympiques et
le temple de Jupiter-Olympien, nous
nous bornerons à renvoyer pour les
premiers à deux, excellentes mono-
graphies allemandes (l'une de Reben-
kees, Abh. lib. d. Tempelu. die
Bildsœule Jupiters zii Olympia^
INurenberg, 1795; l'autre de Vocl-
ker ^ ûb. d. grossen Tempel u.
dit Statue des Jupiters zu OL);
pour l'autre , au Voyage d' Ana-
charsis, tome III, et à l'Archéo-
logie de Potter.
OLYMPUSE , Olympusa, Thes-
piade , mère d'Halocrate.
OLYNTHE, 0LYNTHUS,'OAt;»^(jf ,
héros éponyme de la ville de même
nom sur les confins de la Thrace et
de la Macédoine. On l'a scindée en
trois. Fils d'Hercule et de Balie (Baal
femelle), il est donné ailleurs pour
fils du dieu-fleuve Strymon et a pour
frère P»rahgas. Un lion le dévore,
et Brangas inconsolable dépose ses
restes dans un tombeau qui devient
le noyau d'une ville importante. — Le
port d'Olynthe s'appelait Macyberne.
On croit que c'est aujourd'hui Hagio-
mama.
OMAINE. roj. Amatî.
OMBRIOS, "o,u:ptos (c'est-a-dire
pluvieux, pluvial), surnom de Jupiter
en Atliquc. Il avait sous ce nom un
autel sur le mont Hymette. Probable-
ment ses adorateurs lui demandaient
de la pluie (Rac: of^i^pos). Il s'appe-
lait Jupiter-PIuvius chez les Romains.
OMO
407
Ce nom se lie a celui de Néphélégé-
rélâ. On disait encore en grec Hye-
lios, et en latin Pluvialis. Dans tous
ces cas, Jupiter est évidemment un
dieu -atmosphère. Il se lie à Nep-
tune , puisqu'il verse les eaux , et à
Pluton , puisque ces eaux roulent
dans des profondeurs souterraines.
La pluie d'ailleurs, lorsqu'elle tom-
be, a quelque chose de purificatoire.
C'est donc en quelque sorte un Fe-
bruus ou Mantus, que le Jupiter-Plu-
vialis. Les médailles présentent des
Jupiter tenant la foudre dans la main
droite , tandis que la pluie tombe
de la main gauche. Sur la colonne
trajane l'eau sort à grands flots des
deux bras étendus et de la longue
barbe d'un vieillard ailé : ce vieillard
est Jupiter-PIuvius. Il fut ainsi repré-
senté en mémoire du vœu que lui fît
nn jour l'armée de Trajan , mourant
de soif. D'ordinaire, Zévs-Ombrios
est caracl«risé par la présence de la
Pléiade.
OMITO, le même qu'AiviiDA.
OMORRA, ou OMORORA, an-
tique déesse chaldéenne , femme de
Baal ou Bel , n'est que la vaseuse
Boulo, et conséquemment s'identifie
au Sable-el-Eau qui est une des
formes du chaos. On voyait ce désor-
dre figuré sur les temples de la Sy-
rie par une infinité de figures gigan-
tesques et moBstrueuses. Quand le
temps de la création fut venu, Omorka
fut coupée en deux par son mari : la
portion supérieure devint le ciel ,
l'inférieure fut la terre ; Bel lui-
même s'ouvrit le sein. De son sang
coulant à grands flots se forma l'es-
pèce humaine , que quelques mytho-
graphes pourtant assurent être née de
la tête d'Omorka. A vrai dire , les
deux traditions s'expliquent par deux
races humaines: l'une antédiluvienne,
qui naît d'Omorka j l'autre postdi^
io8
OMP
luvieuue, qui naîl de Bel. Tmttc celle
cosmogonie rappelle , i"Bouto;2"
Fia, scindé en To el Poliri; 3" l'ira-
molaiion du taureau Aboudad; 4° la
différence de Kaïomorls el des dix
couples humains issus de la tige de
Reivas, Mescliia el Mescliiane a
leur lète ; â" Hiahiuan issu de la
tète de Brahmà , el Albànà du cer-
veau de Zévs; 6" enliii le dogme qui
proclame la nécessité delà mort pour
fa naissance, delà deslruclionpour la
reconstruction , du sang versé pour
l'apparition de formes nouvelles et
d'êtres nouveaux, etc. Comp. Iimfr,
et MtDÉE. En rapprochant le sy.s-
tème religieux dont cette fable fait
partie de la cosmogonie phénicienne
conservée par Damascius {des Prin-
cip. dansJ.-Chr.Wolf, Jneccl.gr.,
t. III , p. 269 et suiv.), on ne peut
manquer de reconnaître dans le Bel
qui coupe en deux Omorka le Kliou-
cor (Cliusor, Xivs-uifoV/r "" dieu-
ouvreur, représentant asiatique du
Fia égvplien, et, par conséquent ,
dans Omorka même l'œuf du monde
personnifié el divinisé, f' oy. a l'art.
MouTH, le parallèle des cosmogonies
égyptienne , phénicienne el cbal-
déenne.
OMPHALE , 'OudfiM , Cybéle-
Vénus de la Lydie, n'était, suivant
les légendes ordinaires, qu'une reine
de celle btUe contrée asiaticiue. Pour
époux elle eut Tmole , dont le nom
rappelle celui d'un mont f.imeux par
ses vins , Tmole qui fut arbitre dans
la conlestaliou musicale d'Apollon et
de Marsyas. Ompliale ful-cHe reine
dans toute la force du mot? en d'au-
tres termes fut-elle veuve? Les poè-
tes ne nous le disent pas. Ce qu'il y
a de certain , c'est qu'a une époque
iDdélerrainée de sa vie Hercule de-
vint son esclave. Mais comment es-
clave ? De tQutçs façons et comme gn
OMP
le veut. Les uus le supposent esclave
tout de bon. Il a été vendu a Om-
phale : c'est Mercure (le dieu des |
marchands) qui a fait ce marche;,
c'est l'oracle qui Ta ordonné ; c'est le
seul moyen que les dieux reconnais-
sent ii Hercule d'expier le meurtre d'L-
gisthe ((ils d'Euryle et frère dlole).
ileureusemenl que plus tard (trois
ans après) Omphale consent h lui ren-
dre sa liberté. Pour d'autres , c'est
d'un servage d'amour qu'il s'agit : le
vainqueur de tant de rois, de tant de i
monstres, tombe aux pieds delabriUj
lante souveraine de Lydie et abjurel
sa fierlé. La belle reine, orgueilleuse j
de son triomphe, veut le savourer àj
l'aise, le faire envier a toutes les rei-
nes : il faut qu'Hercule revête la san-
dyx , diaphane parure des voluptueu-
ses lydiennes; des bagues brillent k|
ses doigts, des chaussures de pourpre,
emprisonnent ses pieds; un fuseaul
remplacera la lourde massue : il file,/
le héros donl la main étrangla deM
lions, et dont l'épaule supportera,^
pour délasser Atlas, le poids iinmensej
des c.ieux ; el la reine, en riant, essaioj
de soulever la clava meurtrière ; la
femme frêle et gracieuse drape sui
ses épaules et autour de sa taille U
peau velue et fauve du lion efJ
frol de IXémée (Ovid. , Héroïd. ,1
IX, V. 55; Sénèq., Hcrc. fur., v.
464, ci JlippoL, V. 3 17). Du reste
Hercule (a s'en prendre superficielle
ment aux notions extérieures) se rend
coupable d'infidéhlé. Jardane . une
suivante, devient par lui mère d'Alcéc
ou de Cléolas. Alais, au fond, qui
ne sent déjà que Jardane et Omphale,
fille de Jardane, sont le môme per-
sonnage? On parle aussi d'une Ma-
ils (\oy. Mcin. de l'Jcad. des
//z.vc. , I, IV ). De ses entrevues
avec la reine naîl un fils : Lame [Aa-
ficç), kIqii Diodore (l. IV, c, 5 1)3
OMP
Laomède , selon Palépîiale [d. ch.
iiicroy., c. 4^5) j Alcée, au dire de
quelques-uns^ Agélas , suivant Apol-
lodore(Il, vu, 8). Ce fils, quoique
illégitime si Tou ue voit qu'un adul-
tère dans les rapports d'Hercule et
d'Oraphalc , devint le chef d'une des
races royales de la Lydie (la 2^).
Quoique l'on se figure toujours Al-
cidc à Sardes sous les traits d'Anni-
bal, a Capoue il n'en est pas tout à
fait ainsi, et bon nombre d'exploits
signalent sa présence dans les états
d'Omphalc. D'abord il tue un énonjie
serpent sur les bords du Sagare (au-
jourd'hui Sakaria) ; et c'est a cette
occasion , disent les légendaires ,
qu'Oniphale lui accorde la liberté.
Autour de cet acte éclatant se grou-
pent encore et la prise des deux Cer-
copes , Acmon et Passale, à qui leur
mère avait envaln répété « Gare le
Mélampyge ( P^oy. ce mol)! » et la
déroute des Itonesqui ravageaient le
royaume d'Omphale , et la mort du
tyran Scolce que notre esclave-
araaut étend a ses pieds ainsi que sa
fille Xénodice. Ovide (mais sans nul
doute c'est lui qui a imaginé l'his-
toriette) retrace une scène assez
plaisante, à laquelle donnclieu le dé-
guisement d'Hercule et d'Omphale.
Ces deux amants s'étaient rendus à
une fête champêtre près du Tmolej
le soir Us se travestirent. Or Faune
était devenu amoureux de la reine j
et la nuit suivante, a la faveur des té-
nèbres , il s'avance furtivement et à
làtons vers les deux lits. La fortune
le favorise : il arrive d'abord h celui
qui a reçu Omphale 5 mais il sent la
peau du lion de Wéraée, il tremble,
il retire au plus vile sa main te'mé-
raire , et passe a l'autre lit. La des
vêtements moelleux, des étoffes légè-
res , la chlamyde d'Omphale , tout ,
Sauf Omphale. Pan se croit déjà au
OMP
209
comble de ses vœux , quand tout à
coup le robuste dormeur , que voilait
la sandyx, s'éveille et jette k bas de
sa couche rustique riulrus désap-
pointe {Fastes, liv. Il, 3o5, elc.j
cet épisode a été imité par Dorât,
Faù. nouv., t. I). Cléarque (peut-
être d'après Xanthus de Lydie ;
voy. Eustathe ), et après lui Athé-
née {Dijjuos., XI, 5), qui s'abu-
se, parlent d'Omphale comme d'une
lemmc de condition ordinaire que sa
rare beauté avait rendue l'Idole des
premiers du royaume. Ses amants, af-
firme-t-ou , s'unirent pour la mettre
sur le trône ; mais à peine y fut- elle
montée que, honteuse du rôle infâme
qu'elle avait joué par force dansleurs
orgies, elle prostitua leurs filles et
leurs femmes aux esclaves les plus
vils. Du reste elle-même elle s'aoan-
donnait h tous les étrangers qui pas-
saient en Lydie , puis les faisait exé-
cuter afin d'assurer le secret de ses
plaisirs. Le seul trait qui puisse sem-
bler local et fondé sur des faits est
celui de l'Infériorité primitive d'une
reine célèbre. En Lydie, comme dans
toute l'Asie , les grands , les rois
avaient leur sérail. Une des odalis-
ques, par son esprit et sa beauté, au-
rait acquis assez d'empire sur le maî-
tre commun pour être reine , pour
succéder à l'empire. Un fait de ce
genre dut s» conserver dans i^ mé-
moire des Lydiens , et on l'intercala
dans la légende sacrée. — Est-ce il
dire qù'Omphale a existé? indubi-
tablement non ! Peu de légendes
ont plus que la sienne la physiono-
mie fabuleuse qui exclut rhistoirc.
Nous le répétons, Omphale fut «ne
Cybèle-Vénus de la Lydie. C'est la
passiveté , la nature , la matière con-
sidérée comme souveraine absolue et
de beaucoup supérieure kl' activité ou
force qui l'organise. Dans «n sens
14
aïo
OMP
plus étroit c'est la terre , qui a pour
ministre, pour servant, pour humble
esclave le soleil j dans uu sens plus
restreint encore, c'est la Lydie. Déjà
Cjbèle, en Plirygie, nous a offert le
spectacle de cette me'lapliysique sa-
crée. Passiveté-humide ou terre^Cy-
bèle se dessine majestueusement sur
son trône de montagnes, sous sa cou-
ronne de créneaux , coninne une ma-
trone impérieuse et jalouse j Atys-
Soleil se laisse subjuguer par elle
(Comp. Baath et Keasaihe). La
même idée, mais plus fortement mar-
quée encore, quoique sous des formes
bien plus riantes et plus délicates , se
reproduit ici. Le dieu-soleil d'Om-
phale n'est plus un Apollon (comp.
AdOjSIs), comme Atys, comme Es-
moun, c'est un Hercule. Candaule,
Sandon , voila ses nonis. Achille,
dans la nuageuse iicyros et près de
sa Déidamie , a quelque chose de
semblable. Sous ces images, que pein-
tres et poètes se sont plu a rendre de
toutes les manières, voici les idées
que l'antiquité voulut voiler : i"
la prééminence éternelle ou périodi-
que, complète ou partielle, du prin-
cipe matériel (d'ordinaire supposé fe-
melle et passif) sur le principe spiri-
tuel, actif et mâle ; 2° la disparition
périodique de la haute chaleur so-
laire , quand l'astre du jour, s'incli-
nant vers l'hémisphère austral, sem-
ble, relativement au nôtre, faiblir,
languir et mourir (comp. Adonis et
Atvs) ou , pour parler le langage des
anciens, disparaît dans r'0^(p««A<jî, ou
nombril du monde, au milieu des con-
stellations méridionales j 3° le carac-
tère TÎril que prend alors la femme,
soit comme maîtresse du mâle son
Cadmile, soit comme se revêtant du
costumç, des insignes , des attributs
de l'autre sexe. Ainsi la massue, le
grand arc elles flèches, la peau de lionji
OMP
quelquefois le casque d'Hercule, nous
montrent dans Omphale une espèce
d'Amazone, de Diane-Pallas. Et, au
fond, nul doute, K nolreavis, qu'Om-
phale , pour le sens comme pour le
son, ne revienne presque h Phalle,
et Paies, et Pallas, androgynes chez
qui proémine si souvent la virilité.
En revanche , que l'on examine l'a-
mant; et , outre celte énervation
toute féminine , on retrouvera encore
en lui un tr.iil précieux de la physio-
nomie mythique des grandes fécon-
datrices. Il file : or filer, d.ms la
mythologie transcendante , c'est or-
ganiser, dérouler, révéler h l'œil avec
successivilé. llilh - Artémis est la
bonne fileuse par excellence , est la
déesse h quenouille d'or, Xov<roi>.â>c.u-
Toç êfâ. A présent un mot sur quel-
ques détails: I ° selon Hygin [As trou.
poét. , II, i4). Hercule lue sur les
bords du fleuve Sangare (Sakaria) un
énorme serpent. Encore une de ces
légendes qui ont trait au Serpentaire,
et dont on trouve tant d'analogues
soit dans les récits sur Hercule, soit
dans ceux dont Cadmus , Pliorbas ,
Jason, etc., sont les héros; 2" Om-
phale a pour époux Tmole. Encore un
mont pour représentant du principe
mâle! 3" dans le cas où Tmole et
Alclde se partagent Omphale, il y a,
comme a Saraothrace, coexistence de
l'époux et de l'amant. Omphale est
donc infidèle! Non! on doit savoir
par vingt exemples que dans tous les
cas l'amant n'est qu'une émanation
de l'époux. Mars est comme un
Vulcain subalterne. Des amours
d'Hercule et d'Omphale descend une
dynastie des Héraclides, la seconde
de celles qui régnent sur la Lydie.
On sait que presque partout les dy-
nasties font remonter leur origine
au soleil et h la lune. Les Atyades
descendaient d'Alys, l'amant de Cy-
OMP
l)èle, déjà incarnation dû soleil 5 les
Héraclides ou Candaulides venaient
d'Hercule. Notons ici que, selon les
légendes , Omphale était du sang
des Atyades et en était la dernière.
C'est donc comme l'anneau qui lie
les deux races royales, le ligament
Ïiar lequel les Héraclides s'articu-
ent aux Atyades. Les monuments
anciens reproduisent souvent Her-
cule vêtu en femme et travaillant
à la laine parmi les suivantes de la
reine, qui tient la massue et lui
donne (selon la coutume des cour-
tisanes anciennes) des coups de pan-
toufle. Le même déguisement se re-
trouve dans une pâle antique du ca-
binet de Sloscli (classe 2, n° 186 5),
où l'on voit Hercule, coiffe en femme,
près d'Iole coiffée de la peau du lion.
Annibal Carraclie a représenté, dans
les galeries du palais Farnèse , un
magnifique Hercule fdant aux pieds
d'Omphalc. On croit avoir, dans un
bas-relief du cardinal Borgia , un
Hercule-soleil descendu dans l'Om-
phalos ou nombril du monde. Les pi.
CLXXIV, 672, a, b, c, CLXXXV,
CXCI de la Irad. de Creitzer par
M. Guigniaut, t. IV, offriront des re-
présentations qu'il faut comparer à
celle-là.
OMPHIS ou ONUPHIS (Om-
Fl, Onfi, ONorn) : Osiris. On ex-
plique ce mot par bienfaiteur, nom
très-convenable , dit-on , h l'astre du
jour. Le mieux, peut-être^ est de se
rappeler ici que l'Egypte avait trois
boeufs sacrés. Apis, Mnévis, Onupbis
ou Bacis. Ce dernier avait pour ville
sacrée Hermonthis; son poil devait être
noir et hérissé. Apis était une iucar-
nationanimale d'OsIris. H n'est point
impossible que les autres bœufs fus-
seut également des incarnations de ce
bienfaiteur par excellence. On peut
soupçonner aussi dans Ompbis, 1° un
ONa; an
rapport avec la ville d'Ombos (au-
jourd'hui Kouombo) 5 2° le contraire
d'Anbo ou Nbo (Anubis) 5 3" le pro-
tecteur à^On (ouHéliopoiis):... (p/?,
signifiait gardien : témoin Khamé-
phis, qu'on explique par gardien de
Khami , Xtif^îu, l'Egypte.
OMSET ou AMSET , un des qua-
tre génies qui dans la théologie égyp-
tienne président au royaume des
morts et que l'on trouve perpétuelle-
ment reproduits dans toutes les scè-
nes funèbres. Il a une tête humaine,
tandis que les trois autres portent des
têtes de chien (ou de cynocéphale),
de chakal, d'épervier. Il est facile en
conséquence d'y reconnaître des re-
présentants infernaux d'Osiris , de
Toth-Herraès, d'Anébô et d'Haroéri.
Toutefois , les quatre génies ne sem-
blent pas moins en avoir une existence
propre et totalement individuelle.
C'est ChampoUion jeune qui a le
premier fait connaître au monde $&>-
vaut le nom d'Omset {Syst. hiéro-
gfypli., expl. des pi. , p. 6 et 7 ),
ainsi que celui de Hapi ou Api, le se-
cond génie. Tous quatre s'offrent
tour a tour sous deux aspects diffé-
rents : tantôt ils ont le corps serré
dans des gaines, et ressemblent kdes
momies , ainsi que presque tous leS
dieux infernaux; tantôt leurs têtes
surmontent des Canopes ou vases ni-
llaques, comme si, fidèles images des
eaux fécondantes et bienfaitrices du
fleuve d'en haut, les eaux rafraîchis-
santes offertes aux âmes dans l'A-
mcntl étaient en quelque sorte un
]N11 infernal.
ON, le soleil en égyptien (c'est
aussi le nom d'Héliopoîis).
ONAPiE, Onarxjs, "nvoicos, in-
carnation de Racchus , passait pour
roi-prêtre de Naxos 5 il épousa , dit-
on, Ariadne exilée dans son île par
Thésée.
14.
aia
ONO
OjSCHESTE, Oncheoïus, O/-
;t;>î5T«î, héros éponyinc de la ville nia-
xiliine de ce nom en Béolie , est chez
les uns un fils de INeplune, chez les
autres un fils d'Agrius. C'est lui qui
tue Œnée relire dans Argos.
0INC0S,'Ov*«î, hcios éponymc
de rOuccalide en Arcadic , passait
pour fils d'Apollon (Ap. ISoinios.*)
et pour possesseur de cavales niagui-
fiques. Cérîîs changée eu cavale pour
fuiir IN'eplunc daigne se cacher parmi
ses troupeaux j elle ne s'en laissa pas
moins surprendre par le dieu des
mers, Pqsîdôn-Hippios. L'agile che-
\a\ Arion , fruit de celle union hi-
xarre, devint la propriété d'Oncos
qm en fit présent a Hercule.
OINÉSlPi^E, O^ESlPPus, o.ifVi;»-
9r»f , fils d'Hercule cl de la Thes-
f iade Chryséis..
OJNÉTOll, 'OuTtfj» : 1° père du
pilote Phrontis, qu'Apollon tua à
coups de flèches; 2" père de Laogo-
ne, tué par Mérionc (11 était prêtre
de Jupiter-Idéen).
OINGNE-KONGE : Ïiong-Foufsée
(ou Coûfucius) selon les Tortkinois
( f^oy. CoNFXJCius , Bio^ univ.y
IX, 4- 10). \
ONIR , OifiBus , "ovtiposx fils
d'Achille et de Déidamic, fut tue par
Oreste dans une dispute qu'ils eurcDt
à propos de leur habitation.
OINIT, fils d'Hercule et de Dé-
anire.
ONOUAVA, déesse celte dout la
tête seule était figurée sur les monu-
ments. Deux larges écailles a la place
des oreilles , deux grandes ailes dé-
ployées au-dessus de la tête, et deux
serpents dont les queues vont se per-
dre dans les ailes, voilà les traits
principaux de ces représeutallous fi-
gurées évidemment symboliques. Il
est impossible de ne pas se rappeler
les globes ailés efflanqués de serpents
OPH
qae l'on voit en avant de tant de dieux
égyptiens, et l'œuf orphique qui offre
de même réuuis les reptiles et les al-
tribuls de l'oiseau.
OOGÈiNE, 'Î2:v:v.i'j, ou né de
l'œuf : l'Amour [/ oy. Éuùs). D;ins
la cosmogonie orphique c'est uu des
surnoms les plus graves du dieu.
Comp. lÎKAU^iA (qui, œuf, s'appelle
Lrahmanda) et OurntE.
OPHÉLESTE, 'o?cA=Vrï.c, chef
troven tué par T eucer.
OPHELTE. 'OçUt;?? ou '0;^É).-
Txç, fils du roi delNémée Lycurgue,
avait été confié aux soins d'Hypsi-
pyle. Celle-ci, en allant indiquer une
source à l'armée argienne que com-
mandaient les sept chefs, avait laissé
l'enfant sur l'herhe. En revenant elle
entend des cris, et voit Ophcltc
mourant. Ln serpeul a la dent veni-
meuse se retirait en même temps.
Hypsipylc rappelle les Argieus; on
lue le reptile, mais cette vengeance
ne prolonge pas les jours d'Ophrllc.
Il meurt; et les braves, cause invo-
lontaire de sa mort, célèbrent une
joute funèbre en sou honneur, insti-
tuent les jeux JXéméens, et donnent
à la jeune victime de leur imprudence
le nom d'Archémore ( tué de bomie
heure ). — • D'autres Opuelti: sont :
1" fils de Pénélée, père de Damasich-
ihon et successeur d'Authésionaiirlq
trône de Thèbes; a" compagnon d'A-
cèle; 3" roi de Thessalie, conducteur
d'une colonie de Béotiens en Thessa-
He avec le devin Péripolle. On nomme
encore deux Opnf:LTE, OpheltiuSy
l'un chef grec tué par Hector, l'autre
chef troyen tué par Euryale.
OPHION, 'O^i/ûjv : 1" le premier
principe selon Boèce; 2° roi vaincu
par Saturne ; 3" géant ; 4" un des cinq
Spartes, dit-on, qui survécurent à la
bataille que les fils de la Terre se li-
vrèrent cuire eux. cl qui aidèrciii
OPI
Ciidmus à bâtir 'f lièbes ; 5" père du
R.nryce Auiycus. — Les Irois pre-
miers au moins, et racine le qua-
trième cli; CL's personnages, appar-
tiennent aux exislcnces antédiliivien-
ues, et se réalrsoi-bent en une seule.
Ophis veut dire serpent, et l'on sait
que la race géante dclrônée par le
principe orgauisateur s'offre frctiueni-
inent avec les formes de sernenl.
Comp. l'art, suivant.
OPHÎOJNÉE, OrnioivEUs, 'o?;<»;-
vru$-, passe tour h tour pour le chef
des géuics funestes qui siusurgèreut
contre Jupiter (Titans ou Géants), et
pour Pluton lui-même. Ces deux opi-
nions rentrent l'une dans l'autre. Mais
de plus il fatit remarquer qu'Ophio-
née, ie dieu aveugle, parce que le
serpent loge dans les profondeurs où
l'on ne voitpas, était le dieu des pro-
phètes , des voyants. Car qu'est-ce
que voir? C'est voir de l'œil de Tin-
telligence, et jamais rinlelligence ne
voit mieux que quand la rétine refuse
le service. Delà la haute clairvoyance
des Tirésias , etc. Sur cette idée se
basait une légende célèbre relative à
la clnUede la Messéuic.UuOpliiouée,
devin en chair et en os, était aveugle:
« Un jour, d.l-il, la vue me revien-
dra; mais alors, ô ! Messéaieus, mal-
Leur à vous! la Messénie sera dé-
truite. » Quelque temps après, une
céphalalgie violente lui arrachait des
plaintes : ses yeux s'ouvrirent. A
cette nouvelle Aristodème, reconnais-
sant que les destins étaient accom-
plis, désespéra du succès, et se perça
de son épée pour ne pas survivre a
la cluite de sa patrie.
OPHlTE,'o ?/rçf , un des fils d'Her-
cule et de Mégare.
OPHIUSSE, 'oifiùva-j-ccj la même
peut-être que Chalciopc , eut pour
père Eète et pour époux Phryxus.
OPI]NÏO:N(r), selon les anciens,
OPI
ii'h
était une Jeune femme à démarche ti-
mide , mais dont les regards étaient
très-assurés.
OPIlxA, sœur et femme de Ti,
devait le jour à l'union de Tétouba-
Amalon-Hatouetdu Sable de la mer.
Etant tombée malade, elle supplia son
époux de la guérir , lui promc ttanl d'eu
laire autant pour lui, lorsqu'un acci-
dent pareil lui arriverait. L'infidèle
ou iudilïérentTétouba-Amatou-Hatou
ne tint compte de ses supplications, et
Opira mourut laissant deux enfants ,
Ti et Ohina, Celle-ci devint, h la
mort de sa mère , la seconde femme
de Télouba-Amatou-Hatou.
1.0P1S,'O;î-<î (dorien"f27r<f , oZ-
■zi;), une des divinités principales (la
première peul-èlre) de la Chersonèse
Tauriqiie. Le saug humain arrosait
ses autels. Ce fut au pied de sa statue
qu'OresIc, dit la légende, se vil sur
le [loint de périr par les mains de sa
sœurlphigéiiie. Ou sait que cette sta-
tue, qui probablement était li tète de
taureau, et doul la vue (coiume celle
de la tête de la Gorgone) inspirait la
démence ou donnait la mort, fut
enlevée par le béios .spartii'.le, et
portée dans celle Lacédémone ,
bien digne par sa lérociic d'adorer
l'Opis scylhiipie. Primitivement au&si
des victimes humaines tombèrent im-
molées dans sou temple. Plus tard ,
et notamment après que Lycurgue
eut promulgue ce code de lois si dur
auquel ses compatriotes ont dû leur
gloire , on se contenta de fustiger
cruellemeulles adolescents au pied de
l'autel. La cére'monie se nommait
dianiastigost iJiv.v.Aa-rrjucii'):^ et
celui des jeunes gens qui souffrait les
tortures avec le plus de constance pre-
nait le titre de Bomonique. Souvent
des enfants de douze ou treize ans
perdaient leur sang, s'évanouissaient
gans jeter un çrij el l'on assure qu'un
ài4
OPI
jour la couronne de Bomoniqiie fut
posée sur une tombe. Opis portail
encore le nom ou l'épitlièle d'Orlhià.
Il est parlé aussi de deux tables d'ai-
rain qui accompagnaient sa slatnc.
Opis est presque toujours comparée
à Diane. C'est , dit-on , la Diane
Taurique , la Diane de Scythie ,
pourvu que l'on n'oublie pas que
Diane, nom latin par lequel on a tra-
duit Artérais , doit être pris , non pas
dans son sens vulgaire , mais dans un
sens plus transcendnnlal peut-être
qu'Arlémis elle - même. Car rare-
ment Arlémis s'élève au-dessus du
rôle de grande fécondatrice, d'ac-
coucheuse suprême , de de'esse nour-
ricière (maha mater, malia inaïa,
maba potna). Opis fut tout cela sans
doute , mais plus encore : elle fut
la matière primordiale , la sombre
nature , la nuit aveugle ( Koulo ,
Lêlo , llilhje). Et de cette idée de
nuit a celle de déesse d'un sombre
et noir pays, de déesse de l'Amenli,
de déesse aux sanglants sacrifices ,
il n'y eut qu'un pas. Au reste, la
Grèce, toujours remarquable par sa
tendance à la civilisation et a l'hu-
nianité, modifia sans doute dès une
baute antiquité les prescriptions san-
guinaires des sacrificateurs scylHes j
et tel doit être le sens.de la substitu-
tion miraculeuse d'une biche a Iphi-
génie. La Diane qui veut la tête de
la fille du chef n'est auli;e qu'Opis :
mais Opis en Grèce se contente d'un
commencement d'obéissance , et le
sang d'une biche suffit à ses exigen-
ces. Sombre et impitoyable en Tau-
ride, Opis n'en est pas moins apte à
devenir une déesse tutélaire en d'au-
tres lieux. C'est probablement elle
que l'Italie antique honora sous le
nom d'Ops, depuis regardée comme
identique à la Terre, à Rhe'a, à Cy-
bèle. Mais ces assimilations en sens
OPO
divers n'ont rien de conIradicloireT
Eau et pâle primordiale , Opis de-
vient la grande mère (fécondaliice,
accoucheuse, nourricière) : la Lunaj
(Phéhé, Arlémis, Di.7nc) est la pas-
siveté humide, qui féconde la terre,,
par conséquent est la grande nièrej'
de soncùté, la Terre (Titaia, Thîa,
Ilhéa , Gœa , Cybèle , Dà -Mater)
n'est-elle pas la mère universelle des
êtres (y« 7s-*fif*éi,r<»f) , !a passiveté
épouse du feu actif? Donc Arlémis
revient à Cybèle, Opis à Ops: et
quoique l'usage nous montre Opis
comme sanguinaire cl cruelle, et Ops
comme propice et secourable, il ne
faut pas croire que ces différences de
rôle tiennent a l'essence de la divi-
nité. Ops pourrait opprimer et tuer
les hommes, Opis leur être utile, sans
qu'il y eût en tout ceci d'altération
fondamentale. La ISuit, mère suprê-
me, est bonne et fatale- et la Nuit,
mère suprême, a été adorée dans ses
fureurs par ceux qui ont dit Opis, et
dans SGS bienfaits par ceux à qui le
hazard a fait dire Ops, O-^-.
2. OPIS, "o?r/f, vierge hypcrbo-
réenne qui, selon Creuzer, appartient
k la deuxième migration fondatrice
du cullc d'Apollon et d'Artémis. Evi-
demment c'est une incarnation de
celle dernière ou, pour parler plus
exactement, d'Arlémis-Jlithye (La-
tone). Comp. PerpuÎcres et l'article
précédent.
OPITE, OpiTES, 'OTiry,i, chef
argien tué par Hector.
OPOIAM se dessine avec l'impur
Anaboïa au-dessus d'Akainbouié ,
comme Ormuzd et Ahriman sous
Zervane-Akérène : Opoïam est l'Or-
muzd. Du reste, comme tous les dieux
des Caraïbes , il n'a ni temple , ni
autel. On ne l'honore guère que par
des sacrifices qu'on nomme Anakri ,
et qui ont lieu sur de petites tables
^
OPS
(matatou) de roseaux, et on ne l'in-
voque que dans les cas de maladie.
Les jongleurs auxquels alors les pau-
vres sauvages remettent le soin d'in-
terroger Opoïara , et de le rendre
favorable, se livrent à toutes sortes de
pratiques superstitieuses dont le ré-
sultat est de s'emparer des meilleures
provisions du malade, et par consé-
quent de le sauver par la diète , si la
diète peut le sauver.
OPONTE, Opus ou Opuns,
"OTtcvç {'o-7!6vvros)-) la race opon-
tienne personnifiée , était fils de Ju-
piter et ami de Ménèce.
OPORA, "OTrapct, la Fécondité,
est dans Aristopliane une déesse pa-
rèdre d'Irène, la Paix.
OPS, "0\I/ , ''li-kj/, déesse italique
que l'on considère comme femme de
Saturne , et en conséquence comme
identique a Cybèle ou Rhéa(laTerre).
En latin et pris comme nom commun,
Ops (inusité au nominatif) signifiait
secours, et sans doute en étendant le
sens un peu restreint du mot ( comme
au pluriel dans o/pfii) ressources, ri-
chesses, biens quelconques. Certes,
rien de plus convenable qu'un nom
pareil pour la Terre, pour cette mère
universelle {■s-x/^fAurenp), productrice
et dispensatrice de tous les biens,
oX'oo^ûreipcc partout et toujours agis-
sante. Et quant a ce titre de secou-
rable (ou même secours, déesse-
secours), Ops-Rliéa-Cybèle y a droit
sous deux rapports : comme Terre
(car toutes ces richesses, opes,
que nous prodigue la Terre ne sont-
elles pas autant les é taies que les dé-
cors de la vie?)j comme mère uni-
verselle , comme grande accoucheu-
se. Trois hautes fonctions carac-
térisent la grande mère par excel-
lence : 1° concevoir, porter dans sou
sein et mettre au monde; 2" opérer
raccouçhcraent; 3° uourrir. Goeta-
OPS
21S
tion, parlurition , lactation, voilà les
trois grands phénomènes; Ux/u,ftuTap,
IleivTOKoç , n«yrpi(()os j voilK les trois
grandes épilhètes de la passiveté fé-
condée ou fécondable : peu importe
qu'on restreigne son rôle à celui de
passiveté terrestre (Terre, Rhéa, Cy-
bèle), de passiveté lunaire (Poon,
Phébé, Artémis au sens étroit), de
passivetéaquatile(Bouto-Athor,Maïa-
Gauga, Dercélo , etc. ) , de passiveté
céleste (Tpé), ou bien que ce rôle
s'élève à celui de mère virtuelle de
l'univers. Utérus oii gît la Nature-
fœtus, matrice des êtres, Hirania-
gharba. La Phrygie , centre de l'A-
sie-Mineure, fit naturellement de sa
grande mère, la Terre, l'immobile et
massive Cybèle. Cela n'empêche pas
qu'en même temps Ephèse , sous les
inspirations delaColchide, nepùtvoir
dans sa grande mère la déesse aux
nombreuses mamelles , la nourrice ,
la nuit profonde et humide prête a
laisser jaillir de son sein la création ,
rt que pour le vulgaire cette antique
déité ne prît la physionomie de lumière
femelle, de lune. Voici maintenant ce
qui résulte de cette de'rivation. L'an-
tique nuit-onde-pàte primordiale dé-
terminable d'une part comme terre ,
de l'autre comme lune, Artémis,
porta sans doute un nom semblable a
Oupa(Oupadéva), Oupis(Ou:r<î). Les
adorateurs d' Artémis en Tauride en
firent Opis ('i2w<? ou "'Ow/f), nom
que Lacédémone inscrivit plus tard
sur la liste de ses divinités; les ado-
rateurs italiques de Cybèle-Terre en
firent Ops. Peut-être serait-ce dans
ce sens qu'il faudrait tracer l'itiné-
raire du nom sacré. Venu de la Perse
(ou de riude) dans la Chersonèse
cimmérienne, il fut de la porté dans
la péninsule de Pélops, d'où une émi-
gration facile put le faire passer dans
l'Italie raéridionale. L'itinéyîi*"© d«
2l6
ORA
ridée serait différent. Nous ne tonle-
rons pas de le dessiner. On sent assez
par ce qui précède que nous ne croyons
iiuUenient aux étyniologics latines par
lesquelles débute cet article. Elles
n'ont de valeur que comme indiquant
des idées secondaires épisodiques en-
veloppées dans le sens fondamental.
Nous ne croyons pas davantage h l'é-
lymologie grecque que Ton tirerait
deOy ou"fl4i vue, regard. Ops
était représentée la niaiu droite éten-
due comme pour accorder des se-
cours, et delà main gauche donnant
du pain aux pauvres. Elle avait h
Rome deux temples, qui passaient
pour avoir clé dédiés l'un par Ta-
tius, l'autre par Tullus Hostilius.
Philochore , dit-on, lui éleva un
autel en Afrique : et cet autel et le
temple de Tullus Iloslilius étaient
communs a Saturne et à Ops. On
institua aussi deux fêtes en Thonnetir
de cette déesse 5 l'une, célébrée le
19 décembre, fom])ait au milieu
des Saturnales, quand celles-ci du-
rèrent plusieurs jours; l'autre, que
l'on appelait Opeconsiva, revenait au
25 août. C'était une solennité do-
mestique, et qui tenait de près aux
mystères. On en ignore les délails :
de plus on immolait a Ops une vache
pleine et une truie au mois d'avril.
OR. F'oy. Habolri.
OPiA, nymphe dont Jupiter chan-
gé eu cygne eut Colaxe. îSe serait-ce
pas Léda (Ililhye- beauté , Aijr*
ORAGALLS, dieulapon,créé par
Perkel ( l'esprit du mal ) , élevé par
loumala (l'esprit du bien), n'est que
le tonnerre personnifié. Il lance la
foudre, fracasse les rochers, pulvérise
les immondes entrepreneurs de sor-
tilèges; les météores semblent lui
obéir; et les saisons, les fruits de la
terre, les produit? dç 1» chasse, c'est
ORf,
lui qui les dispense, selon son j^ré.
ORAKAL, lîacchus en Scylliie. Ce
nom mérite d'être rapproché d'Er-
clé , antique nom d'Herc\de, et d'Ha-
rakala , un^jdes noms de \ichnou-
Rania.
ORIjONA, déesse laliue, était in-
voquée par les parents pour ne pas mk
être privés d'enfanls(0/'/>/'), et par les fli
orphelins. Son autel à Rome touchait
au temple des dieux Lares.
0RCHAlVlH,0Rru\MUS,'O/)"<i:<^eir,
roi d'Assyrie ( et tibusivcment de Per-
se), n'est autre que le feu, et même
le soleil personnifié. On lui donne"
fiour filles Clytie et Lcucothoé, que
a mythologie grecque transforme en
amantes d'Apollon, et que le potentat
sévère, gardien delà virginité, ordonna
d'enterrer vives. Qui ne songe ici au
supplice des Vestales, à la perpétuité
immaculée du feu de Vesta, K la pu-
reté virginale dont celle flamme était
l'emblème, enfin h l'origine orien-
tale de ce culte du feu, et par suite h
Moloch ? Les Grecs fondirent une fa- -J
ble orientale avec leur légende accou- al
tumée, et introduisirent ainsi dans le " ,
monde occidental l'idée de mort liée
a celle de feu (mort par le feu ou mort
à cause du feu). — Etymologic :
1" Cliam (Ghamos, ou ûi\ cr, augm.
et CliciJu) ; 2" 'ofx.'^f.ioç {(îpyjtv), roi;
S'flpv/f. Il y aurait alors corrélation JM
de feu et phalle. *■
1 .ORCHOMÈNE, Orchopienus,
'Opx,°i^^vO'' héros éponyme de la célè-
bre ville béotienne do ce nom, passait
pour fils de Minya.s. Selon Eustalhe il tm
eut trois fils, Asplédon, Climène et 11
Amphithoos. Vulgairement on le fait
mourir sans enfants, el le sceptre à sa
mort passe dans les mains d'un fils
de Phryxus. Au reste, ce fils s'appelle
ici Climène. On fait aussi Orchomène
fils de Zévs et de la Danaïde Hésione,
ci dans ce cas il a pour femme Her-
orxC
mippp, fille de Bénte, pour fils Ml-
nyas, pour fille Elara. On a trouvé un
moyen simple de couciller les deux
Iradllions enadraeltantrexislence de
deux Orcbomèucs , et alors Orclio-
niène I est fils de Zcvs et père de
Minyas j Orchomène II est fils de
Minyas , et père ou prédécesseur de
Cliniènc. Le seul sens dans lequel il
soit possible d'admettre celle hypo-
thèse seraille suivant: i"Zévs et la
DanaVde, Arddhanari, encore h Télat
d'irrévélaliou ou peu s'en faut ; Or-
cliomène premier [If^éiuiivoç , Tarri-
vant , le vcuaut), l'essence suprême
se révélant; Minyas, l'homme pri-
mordial; 2* Orchomène II, l'espèce
humaine qui vient , l'homme pri-
mordial et la ville qui est son sé-
jour. Au resle , cet Orchomène II
n'est pas le seul enfant de Minyas;
et cet homme primordial , marié siic-
cessivcmenl h Clylodore (véritable
Pandore) cl a Phauosyre , a eu de
l'une Preshon,Périclymène et Théo-
clynièue; de la seconde Orchomène ,
Atharaas et Diachlhonde. — Enfin,
les Théhains voulaient rattacher Or-
chomène aleur ville, en le disant iils
de'f hémisloet frère de Plinthe. Tous
deux périrent lues par leur mère.
2.0RCHOMÈiNE,héiOsép,.nyme
de la ville d'Orchomènc, eu Arcadie,
est un des So Lycaonides.
0riCIDE,0r.ClDKS,'Opy.;^^î, chef
bébryce, Llessa Talas d'un coup d'é-
pieu lorsque les Argonautes«eurent h.
soutenir les altaqiu's d'Amycus.
OnCLS, Plulon allonu". C'est un
des noms les plus é::igmaliques que
l'on connaisse. On le dérive, i^d'C//-
/(••(•o, presser ; :;" à'ù'pya)^ enfermer; 3°
d'0/'c<7.,vase creux el profond. Pour-
quoi pas d'Ores, énorme célacé connu
sur les côtes de l'Italie? On peut aussi
songer aux mots : yJrgha (samsk.),
piéme sens iin'Jrcaj «^f^^,^ commau-
ORE
217
der : Krk, d'où Hercule ; 'o'^zof , ser-
ment. Plulon, en effet, était invoqué
lors de la prestation des serments, et
l'onde du Slyx était le garant le plus
terrii)le de la sainteté des promesses.
ORliADES . 'Ops/acTtî, nymphes
des montagnes. Voy. INymphes.
OKEAS, 'O/JE/W, fils d'Hercule
et de Chryséis.
OIIEE, Op.EA,'Op£5{, une des huit
Hamndryades [Voy. ce nom).
OilEE, Oreus, Optioç, Centaure
tué par Hercule, était représenté sur
les bas-reliefs du trône d'Apollon
Amycléen. Hésiode le nomme comme
figuré sur leboucher d'Hercule. Orée
veut dire moulagnard.
OllESBIOS , ■Ooé<r:tof, chef grec
qui alla au siège de Tioie; il cu-
mulait le sacerdoce et le rôle de
guerrier. — Bacchus aussi porte le
nom d'Oresbios ( qui vit dans les
monts); Oreskios (((ui se plaît a l'om-
bre des mouLs) est aussi une de ses
épitlièles; Orésilèpe , qui a un sens
tout contraire (déserteur des monta-
gnes), doit être ajouté a celle liste
des noms du dieu du vin.
OUESTE , OuESTES, ^Opia-Tt-f,
fils d'Agamemnon et de Clylemnes-
Ire , avait de 10 ii 1 1 ans lorsque de
retour à Mycèues son père lut assas-
siné par une épouse parricide et par
Egisthe , sou complice. Sauvé des
uiaius des deuK coupables par Elec-
tre , sa sœur , il trouva un asile à
la cour du roi de Phocide, Stro-
phius , son oncle , et s'y lia intime-
ment avec le fils de ce prince : c'é-
tait Pylade. Au bout de sept ans,
Oreste et Pylade rentrèrent furtive-
ment h Mycènes , se cachèrent chez
Electre , répandirent le bruit de la
mort d'Oreste; puis, pénétrant dans
le temple d'Apollon , oii Egisthe et
Clytemnestre s'étaient rendus pour
rendre grâces au dieu , ils les égorgé-
ai8
ORE
rent l'un et l'autre. Ainsi l'avait or-*r
donné h son fils l'ombre même d'A-
gamemnon. Celle pieuse cause de
parricide n'empèclia pas que les Fu-
ries nevinssents'abatlre sur lui comme
des vautours sur une proie vivante ,
et l'envelopper de ténèbres cl de tor-
tures. Orcste , pour fuir les épou-
vantables déesses , se mit K errer
de contrée en contrée. Delphes l'en-
tendit interroger Pbébus, de qui la
voix lui avait inliiné l'ordre d'as-
sassiner sa mère , sur les moyens
d'en finir avec ces funestes compa-
gnes. « Athènes, dit le dieu , l'offrira
le remède h les maux.» Oresle y
court , les Euménides l'y suivent ;
Apollon le protège contre elles et
veut qu'elles s'écarlent: Minerve ap-
paraît et se conslilue l'arbitre impar-
tial du débat. Asa voix et pnrses soins
un tribunal s'élève , c'est l'Aréopage
(comp. Halirrhothe). Douze juges y
siègent : six déclarent l'accusé coupa-
blej mais Minerve donne sa voix h
l'accusé, et le verdict d'acquillement
se prononce h la majorité de sept
contre six : toujours la sagesse opine
en faveur de la mansuétude , et c'est
la sagesse qui doit présder dans le
temple de la justice. Cependant ,
Oresle absous n'est pas encorequilte.
En vain il élève dans Athènes un aulel
à Minerve guerrière : il faut encore
qu'il aille a Trézène attendre long-
temps qu'il plaise au peuple de cette
ville neptunienne de l'expier; il faut
enfin qu'il dise adieu à la terre , qu'il
traverse l'Egée , la Propontide , le
Ponl-Euxin , et qu'après avoir laissé
derrière lui les deux Bosphores il
aborde chez les Taures farouches.
Pylade l'a suivi , l'a encouragé dans
ses excursions fatigantes; mais quand
il touche au terme de sa route, le pé-.
ril devient plus grand qu'il n'a jamais
été. Iphigénie, sa sœur, prêtresse de
ORE
- la sinistre et sombre Opis , qui fait
des cadavres humains son marche-
pied, et du sang des victimes humai-
nes son nectar, Iphigénie balance
déjà le coutelas sacre sur sa tête, lors-
que lout-a-coup elle le reconnaît hun
signe, ajourne sous un prétexte frivol
le sanglant sacrifice , et la nuit su
vanle part avec les deux amis et
statue de la déesse. Selon les uns
Thoas, roi de Tanride, rugit en proie
il un courroux impuissant; selon les
autres, Thoas, avant le départ, a
senti le glaive fouiller ses entrailles.
De retour en Grèce, Oreste consacre
à Sparte le Palladium qu'il a rcivi aux
Taures, et qui plus lard fut appelé
Orlhià, monte sur le trône d'Argos ,
y joint celui de Lacédémone à la mort
de son oncle Mcnélns , se tiouvc h
Delphes en même temps que Pyr-
rhus, le fait massacrer parle peuple
de celle ville, épouse Ilermione, sa
veuve, et meurt en Arcadie, h Ores-
tée, h l'àge de 90 ans , mordu au
lalon par un serpent. Long-temps au-
paravant il avait donné Electre, sa
sœur, en mariage h Pylade. Il eut
pour successeurson fils Pentliile. Aux
légendes se liaient beaucoup de tra-
ditions spéciales , de reliques et de
représentations figurées. La Diane
liée de Sparte passait pour l'Opis
Taurique apportée par Oresle. L'A-
réopage était aussi un monument vi-
vant des puissantes aventures du par-
ricide par piété filiale. Sparte avait
un tombeau d'Orcsfe, et disait que
cet antique roi avait été un géant de
sept coudées de hauteur, et , comme
preuve^ elle conservait des os énormes
trouvés h Tégée par un nommé Li-
chès. A Trézène surtout abondaient
les souvenirs de l'ami dfe Pylade.
Ici c'était la hutte où Oreste, mal-
gré son acquittement, avait été obli-
gé de demeurer jusqu'à ce que les
III
ORE
prêtres consenllssent à l'expier j la
c'était un laurier sorti du lieu même
de l'expiation; plus loin c'était la
pierre sur laquelle les neuf juges s'é-
taient assis : on la nommait la pierre
sacrée. A trois slade^, de Gythiura
était une autre pierre sur laquelle s'é-
tait assis Oreste délivré desFuriesj
ou la nommait Kappautas: il y a
mieux, on regardait ce bloc informe
comme Jupiter même, et Zévs Rnp-
paulas {Zîvç IvdTrTreii/rci; Tpour kcctu-
TTctvTKs, Jupiter qui fait cesser) était
son nom. Les tragiques se sont
beaucoup exercés sur Oresle; une
seule pièce pourtant , parmi celles
que nous a laissées l'inclémence des
temps , est intitulée Oreste : c'est
une des plus belles d'Euripide. Es-
chyle avait donné le même titre h
une des siennes. Les deux Electre
(l'une de Crébillon, l'autre de Vol-
taire), Iphigénie en Tauvide (de
Guymond de La Touche), nous mon-
trent aussi Oreste. — La Galerie
mythologique de Millin , 616-626,
nous présente une suite magnifique
de bas-reliefs, de pierres gravées , et
de peintures relatives à l'histoire
d'Oreste. — Une foule de circon-
stances accessoires se sont mêlées ,
sous la plume des tragiques, auxaven-
tures d'Oreste; nous les avons a peu
près négligées ici, car leur importance
mythologique est nulle. La seule idée
capitale de ce mythe si large, c'est la
nécessité de l'expiation. Dent pour
dent, voila la loi ; et pourtant, le bras
même qui n'a été que le ministre des
vengeances célestes est passible d'une
peine. Apollon, Minerve, Neptune,
Diane, cimentent de leur haute ap-
probation la mort sanglante de Cly-
temnestre dont le crime était inex-
piable ; de Clylemnestre qui de-
vait périr par son fils, afin d'ap-
prendre h la Grèce la sainteté de la
ORE
219
loi du talion; de Cljtemneslre dont
la mort devait prouver que la fou-
dre , pour punir, jaillit de l'angle de
l'horizon qui semble le plus calme.
«Plutôt un crime nouveau, ont dit
les dieux, oui, plutôt un parricide que
l'impunité! » Eh bien! malgré ce
jugement d'en haut, Oreste, choisi
pour l'exécuter, n'est pas pur. Il faut
du temps avant que le sang a bon droit
répandu par ses mains palisse et s'ef-
face ; il faut des années, des purifica-
tions, de longs voyages , des absolu-
tions solennelles. Est-ce à dire qu'il
lui faut trois purifications : une dans
Athènes, une sur la plage trézénien-
ne, une par-delà les mers? Nous ne le
croyons pas. Trois grands états, l'At-
tique, rÀrgolide, la Laconie , s'em-
parèrent de ce grand mythe d'Oreste
passant par des purifications , et va-
rièrent le thème chacun h son gré.
Le syncrétisme des temps postérieurs
amalgama les trois légendes , et les
disposa dans un ordre semi-ciironologi-
que. Pour nous, discernons la légende
trézénienne, la légende d'Athènes, la
légende de Sparte etdeGylhium. Dis-
tinguons quel dieu joue le grand rôle
dans chacune, Athànà dans Athènes,
Posîdôn dans Trézène , Opis dans
Sparte. Sachons retrouver daas celle-
là les hautes prétentions des Athé-
niens à la science du droit, a la sa-
gesse et aux procédures spéciales sur
le meurtre ; dans celle-ci le reflet du
dogme qui voulait qu'Or thià fût une
Scvthe, protectrice des hommes forts
qui savent la garder, et avide buveuse
du sang qui coule des veines géné-
reuses ; enfin, dans la version trézé-
nienne, le culte sévère rendu h Hé-
cate , a Hécate purificatrice par les
eaux, à Hécate Phytalmios, a Hécate
Océan. De ces trois versions, la plus
attrayante peut-être est celle qui fait
intervenir dans la querelle d'Oreste
230
ORI
les douze juges, la colline de Mars,
Athànà présidanl , Apollon plaidant
lui-même contre les Ëiimcnidcs , et
enfin ces fouets vengeurs, ces formes
hideuscN et lanlasliques, ces ailes de
Harnvcs. ces reptiles qui se tordent
en spirales bleues autour du jeune
matricide. La plus riche en couleurs
est celle de Sparte. Posîdini , sur le
dos duquel cingle la gondole d'O-
. reste, est déjà un premier purifi-
cateur : car l'onde est sainte j le sel
qui charge les eaux est plus sacre en-
core. Heureux le coupable qui lou-
che la mer où bout Técume salée
et qui en est mouillé ! Mais c'est
en l'auride que l'expiation devient
complète. Celui quia tué va êlie tué,
celui (|ui a violé par le glaive la ma-
melle maternelle voit une sœur bran-
dir le couteau sur sa tête; celui qui
a versé k flots un sang criminel perd
quelques gouttes d'un sang innocent !
L'en est assez : lo sang du juste ne
doit pas couler a tlots comme ce-
lui du coupable; il ne doit ([n'es-
sayer la mort; l'essai accompli, la
lâche s'en va , le crima n'est plus ;
ce que l'Océan n'a pu laver , nu peu
de sou sang Tefiace; il ne reste que
d'amers souvenirs, des regrets, et de
temps h autre une larme solitoire. —
Quatre antres Oheste sont : i" un fils
d'Acliéiolis et (le Périniède; 2'^ un
chef grec tué par Hector; 3" et 4°
deux chefs troyens,run tué par Pc-
Ivpète, l'autre par Léontée.
ORESTHÉE, Orestheus, 'Ofi-
çêivç, donna son nom h Orcslhé-
fiium en Arcadie, depuis Orcsléc.
ORION, "O^/ûv, héros insulaire
célèbre, est l'incarnation grecque d'v.n
Fta-Boulo- Allior. H a pour père
tantôt ISeptune (amant d'Eury;".lc) ,
tantôt Hjriée qui n'cit qu'un autre
lui-même {hyr, hor, hour, ne diffè-
rent point). Cet Hyriée , villageois
ÔRI
béotien, dopna l'hospilalilé à Jupi-
ter, INeptune et Mercure qui, pour
le récouipenser, lui promirent de lui
accorder ce qu'il leur deuianderail.
Hyriée veuf, et qui avait fait vcru de
ne pas se remarier, désira qu'il lui
naquît un fils sans avoir commerce
avec une femme. Alors les trois dieux
urinèrent sur la peau de la génisse
qu'il avait tuée pour leur repas; ils
lui dirent de l'enterrer, et au bout
de neuf mois naquit, de celte peau
ainsi fécondée, Orion , dont on dé-
rive le nom du grec o'ùpov , urine.
]\ul doute qu'il n'y ait ici rapport
et avec lîouto, la vase iirévélée,
et avec Haroéri développé en si-
lence dans les profondeurs de 13ou-
to-Ioni. Haroéri d'ailleurs s'appelle
Gros ou Or; c'est Orion. L'éty-
mologie par eiifov est aussi détesta-
ble (pie célèbre , quoique ovpoji et
c-yfïffioL deviennent parfois synony-
mes. Orion Ilaroéii, Orion-soleil, est
donc un dieu jeune, un dieu ^tfau ;
c'est cfi'ectivement ce que content les
mythes. El ce n'est pas tout, il est
Géant, Titan, soleil. Il se mire dans
les Ilots; il aime la chasse; il aspire
à la possession de Diane, et Diane le
lue. Le soleil n'est-il pas en rapport
avec la lune? la lune ne senible-t-elle
pas de tt'm;)S a autre triompher du
soleil? Sur les circonstances de la sy-
zygic , il est vrai, l'on varie. Tantôt
Orion tcnlc de violer Diane, tantôt il
la viole, tantôt la violence ne consiste
qu'à forcer la déesse de jouer au
disque avec lui , ou même a loucher
son voile d'une main impure. Chez
quchjucs poètes au contraire, c'est
Diane qui est éprise du bran chas-
seur , et c'est par jalousie qu'elle le
tue : Orion s'est laissé enlever et por-
ter dans Délos par l'Aurore. On
narre aussi sa mort de diverses ma-
nières. Ici Diane tuo Orion h coups de
OUI
ficelles I la elle envole coiilre lui un
scorpion. Cerlaius mythologues ap-
pellent Opis l'objet des brutales ten-
tatives d'Orion, et semblent faire de
cette Opis une nym phe de la déité clias-
seresse j mais Opis , nous le savons ,
est Diane même. Des traditions dif-
férentes font d'Orion le mari de Sidéj
et après la mort de celte jeune épouse
que lui ravit le couiroux de .lunoa
(analogue au courroux de Diane
contre l'époux) , il demande au roi de
Chio, Œnopée, la main de Mérope.
Le roi vignicole feint de consentir au
mariage, enivre son gendre futur, lui
crève les yeux , et le laisse ainsi sur
les rives de la mer. Que fait Orion ,
quand au bout de quelques heures il
s'est débarrassé de sou vin? Il se
lève , il arrive près d'une forge au
brasier étincelant, y trouve occupé a
entretenir le feu sacré un tendre ado-
lescent aux blonds cheveux, le charge
sur ses vigoureuses épaules, et guidé
par lui s'avance vers la p'agc où le
jour se lève j à peine il a posé les
pieds sur ces terres lumineuses, ses
yeux se rouvrent , et il court h la
vengeance. Qui ne reconnaît dans ce
mythe la disparition et la réapparition
du soleil? D ordinaire ces deux phéno-
mènes se réalisent par une mort et une
résurrection. Ici, par une traduction
gracieuse, on s'est contenté d'appeler
cécité les ténèbres, et rétablissement
de l'organe visuel , la lumière. On
a brodé ce fond par une fable sur
l'ivresse. Qu'importe? Cette mer sur
les bords de laquelle Œnopée abnu-
domie l'aveugle de fraîche date, c'est
la mer où chaque soir se plonge le
soleil 5 là grève, c'est l'horizon j la
forge,c'est l'hémisphère inférieur dans
lequel la lumière semble s'apprêter à
reparaître; l'adolescent, c'est le jeime
soleil , le soleil qui veut se faire voir
dans quelques heures, t'est un dédou-
OKI
221
blemenl d'Orion lui-même. Le couple
décrit par la fable n'a, en quelque
sorte, que deux pieds et deux jam-
bes , car les yeux du géant et les
jambes de l'éphèbe ne comptent point.
Lqs deux personnages se réduisent
donc h un seul; mais dans cet unique
personnage on distingue la lumière
d'une part, et de l'autre le raouve-
Tnent. — Dans quelques écrits on
montre Orion violant Méiope. Ce
viol est précédé de circonstances atté-
nuantes. OEnopée avait promis sa fille
sous la condition qu'Orion délivrerait
Chio des monstres qui l'infestaient,
et Orion avait obéi. Ou le mon-
tre aussi entrant par la fenêtre dans
la chambre de Mérope. Parfois c'est
Mérope qui résiste à Orion , tandis
que le père lui est favorable. Parfois
c'est tout le contraire. Certains my-
thologues font intervenir Bacchus h la
prière d'Œnopée: Bacchus envoie les
iiatyres contre Orion, et ce sont eux
qui l'enivrent et lui crèvent les yeux.
Au nom de Mérope quelquefois on
substitue celui de Héro. De même ,
au lieu de la forge souvent on nomme
Lemnos. Nous nous bornerons à re-
marquer ici que Lemnos est une des
forges par excellence du dieu^feu de
la Grèce; qu'Hero et Mérope sont
Hérâ et Opis (Jànon et Diane ) per-
sonnifiées sous formes terrestres et
inférieures. — Deux mots encore ! 1°
Orion, après aybir recouvré l'usage
de la lumière, chercha partout Œno-
pée pour se venger de sa perfidie ;
mais les habitants de Chio l'avaient
si bien caché qu''il fut impossible au
fin chasseur de le retrouver. 2° Orion
n'est pas toujours un chasseur , c'est
un digne fils de Vulcain , de Fta , du
dieu-ïeu ; il bâtit (k Neptune) uu
beau palais, et c'est h la vue de ce
magnifique édifice que l'Aurore se
met k l'adorer, j" On ne douu«
fts« ORt
ïin bel Oriou' d'autre postérité que
des filles. Ainsi a la suite du soleil
se groupent les Héliades. Une épidé-
mie désolait Thèbes, et l'oracle, se-
lon l'usage, prescrivait, pour faire
cesser le fléau , la mort de deux
vierges du sang des dieux. Deux
Orionides s'offrirent. Elles furent
placées sur le bûcher : de leurs cen-
dres s'élevèrent deux jeunes gens que
l'on appela Slépliauoles ou Stépna-
néphores. C'est la fable du phénix
bellénisée !
ORÏOS , "O^uos , c'est -h -dire
montagnard : i° Centaure lue par
Herrule, lorsque les Centaures vou-
lurent forcer l'entrée de la grotte de
Pholus; a^Lapilhe, Gis de la'inagi-
cienne Mycale , fut tué par Gynéc ,
Centaure, aux noces de Pirilhoiis.
ORIPPE, Orippus, "npt-TiTrcsj de
Me'gare^ le premier des Grecs qui
courut tout nu aux jeux Olympiques.
Il remporta le prix , et fut nonoré
après sa mort par rércclion d'uu
monument héroïque. Ainsi l'avait or-
donné l'oracle de Delphes, au moins
selon l'inscription aujourd'hui dépo-
sée au musée des Antiques. Nous
doutons un peu qu'il faille entendre
à la lettre ce qu'on dit des limites de
ea patrie étendues par ses conquêtes.
ORlSSAjle dieu suprême à Bénin,
passe pour un esprit invisible, créa-
teur du ciel et de la terre , bon,
sage, et qu'il est inutile d'honorer.
Le peuple croit aussi au diable , et
comme le diable est méchant, ill'ac-
cable de prières et de sacrifices.
ORITHYIE , Orithvia , 'Opu-
ivix, fille d'Erechihée et de Diogé-
nie, jouait sur les bords de l'ilisse,
quand Borée l'enleva , et la rendit
mère de Calais et de Zélhès. Nul
doute que cette fable ne se rap-
porte à des personnifications soit
agriculturales , soit aati-agricullura-
ORM
les , qui du reste n'empêchent pas
d'antiques relations entre les Aui-
ques et laThrace. Comp. Eeechthée
et EuMOLPE. Mais s'imaginer qu'un
roi de Thrace , du nom de Borée ,
épousa une princesse, athénienne du
nomd'Orilhyie,* dire que cette prin-
cesse emportée d'un coup de vent se
noya dans l'Hisse ; enlin dériver son
nom de cpoç et de êûa , parce qu'elle
sacrifiait sur les montagnes, c'est
donner à rire. La seule étymologie
admissible est celle de cpoç qui met
le mont et le vent en rapport. Tisch-
bein {Phases peints , III , 3 1 ) a
produit un enlèvement d'Orithyic
par Borée. — Deux autres Oritiiyie
sont l'une une Néréide , l'autre nue
Amazone fille de Marthésie et sœur
d'Antiope. Hercule s'élaut emparé de
celle-ci, Orithyie pour la venger de-
manda des renforts a Sagille, roi
scylhe , qui lui envoya un corps de
troupes commandé par sou fils Pana-
sagorej tous ensemble alors se jetè-
rent dans l'Allique , mais la division
se mit parmi les troupes, et les Ama-
zones succombèrent. Toutefois elles
opérèrent heureusement leur retraite.
Orithyie en mourant laissa le sceptre
a Penthésilée.
ORMÈNE, 0RUz^vs,"Of^ims :
1° roi dolope , père et prédécesseur
d'Amynlor j 2" lils du roi de Thes-
salie Cercapho 5 S"^ père de Clésius
et aïeul d'Eumée; 4" et 5" chefs
Iroyens tués l'un par Polypète, l'au-
tre par Teucer.
ORMLZD, en zend ÉuoBo Mez-
DAO, en pehlvi Houmisda ou Hob-
mizda-Choda (Orrauzd Golt) d'où
les Grecs firent OpvOmazde et Ono-
MAZE {Oromazdus, Oroinazus ^
'Qpof/M^^^ùSy 'OpofAciloi) y était chez
les Perses le bon principe. 11 se
dessinait immédiatement au-dessous
de Zervanc-Akcrèue, le dieu snprc-
ORM
me , et a la tête des Auichasfands
dont il faisait parlie. C'est lui qui par
les ordres de l'élernel Zervaiie créa
le monde entier [J^oy.^ à l'article
Ahrtmati, les détails de la création),
c'est lui aussi qui est le verbe ou",
comme le disaient les Parsis, Hono-
ver, l'excellent, le pur , le saint qui
était avant que le ciel fût. Ce roi-ver -
he. cet Ormuzd-Honover, est en même
temps la lumière 5 ici se dévoile toute
la théologie parsiqae. Les peuples de
ce vaste plateau qu'occupent aujour-
d'hui l'Iran, le Kaboul , les Beloutches,
étaient actifs et belliqueux. L'idée de
lutte fut une de leurs idées favorites.
Autour d'eux, a l'ouest et au nord,
étaient les nomades, hardis pillards.
De la opposition de l'Iran , patrie
du bonheur et de l'ordre, au Touran,
patrie de la misère et du chaos. Enfin
l'Iran au ciel d'azur et sans nuages
voyait son soleil poindre derrière
des montagnes inaccessibles. Des
montagnes entouraient la lisière
septentrionale du pays. Dès -lors
nord, nuit profonde, Touran, désor-
dre , poison, massacre, misère et
malfaisance furent synonymes, ou
bien s'impliquèrent mutuellement. Au
contraire sud, lumière, jour, Iran,
santé, bonheur, richesse, gloire , fu-
rent regardés comme ne formant
(|u'un seul et même groupe. Quels
lurent donc les traits fondamentaux
de la religion des Parsis? 1° Le dua-
lisme, 2" la photopyrolâlrie (adora-
tion du feu -lumière ). Ormuzd-
lumière n'en est pas moins Ormuzd-
Iran, la terre chérie de la lunjière. Il
est aussi Ormuzd-Ardvisour ou l'eau
primordiale. Il a pour grand antago-
niste Ahriman- ténèbres - Touran-
stérilité. Ormuzd est tour à tour pré-
senté comme plus puissant que cet
adversaire redoutable et comme égal
à lui. Les deux solutions dépendent
GRM
223
du point de vue sous lequel on le
considère. Ormuzd est dans tous les
mondes visibles le délégué de Zervane-
Ake'rène , il émane de lui dans le
temps, il est en lui dans l'élernilé.
Délaies deux qualifications diverses
dont le revêtent successivement ses
adorateurs. Pour les uns, il a com-
mencéj pour les autres, il est éternel.
Ce ne sont pas des conlradiclinns.
Onnuzd-Honover existe d'abord in-
distinct et enfoui au sein de l'être
irrévelé 5 s'en distingue-t-il, il est sa
semence, il est le fils de sa semence ,
il est sa parole, sa voix, sa raison,
son omni- science, son omnipotence,
sa volonté, sa bonté. II est le pre-
mier-né de la création et la créa-
tion même. Il est l'image resplen-
dissante de l'infini 5 il est le corps
des corps et l'âme des âmes. Il est
le noyau et la substance des êtres,
le principe des principes, la loi per-
manente et vivante autour de la-
quelle et en vertu de laquelle se
produisent les êtres et les phéno-
mènes. Son nom rappelle le grand
roi, etrappelleHaroéri (vulgairement
Orus, Orion, Oros, Ilar-Héri). Le
Zend-Avesla lui donne les titres ma-
gnifiques d'essence ivre de béatitude ,
de souveraine perfection, de juste juge.
C'est lui qui est l'auteur de la créa-
tion pure, ciel, lumière, feu, astres,
métaux, espèce humaine et toutes ses
races, troupeaux, eau, arbres, etc.
11 l'alimente et la conserve, il donne
aux arbres leurs racines, et h tous les
êtres le feu qui les anime j il veille sur
le juste , il ouvre les voies de la pu-
reté à celui qui a soif du bien 5 il
aide l'homme k l'heure de la mort.
A l'instar des six fêtes qu'il célébrait
après chacun de ses six travaux (lei
six principales époques de la créa-
tion ), il institue les six Gahanbars
ou fêtes de la création. Chacune du-
%2'i
ORIV
rait cinq jours. A la (in du inonde,
Orrauzd , pour achever la ruine
d'Ahriman, enverra sur la terre le
pronhèle Sosioch , sauveur des âmes
qui par lui seronl préparées à la ré-
surreclion générale. Il siège au grand
Ponl-Tcbinévad , qui forme la bar-
rière entre les deux mondes, et y
juge les âmes, cumulant ainsi les
rôles d'Indra et dlama , de Zévs et
d'Hadès. Ormuzd dans toutes ces
fonctions lutte contre le gt'uie im-
monde. Créateur, il restreint les
tirélcntionsd'Aliriman; descendu sur
a terre , il protège Dclienichid, Zo-
roaslre, Féridoun, et se déclare con-
tre leurs ennemis 5 au lit de mort, il
écarte de l'agonisant la troupe des
Devs. — Tour a tour on confond
Ormuzd avec Honover et l'arbre
Hom dieu-homme et l'Ized du soleil.
Mithra est son propre Ferver, et on
l'en distingue. Ainsi, par cxeuiplc ,
on dit qu'Ormuzd triomphe d'Ahri-
luan par Honover. — Lu demeure
d'Ormuzd s'appelle Béliecht, et son
royaume Gorotman. C'est la plus
élevée des trois sphères célestesj elle
est, disent les livres zends, bien par-
delà TAldbordj. Le soleil roule bien
au-dessous de son trône , et semble
pendre au-dessous de ce dôme ma-
gnifique qu'illumine la présence d'Or-
niuzcf, comme un riche diamant h
l'extrémité d'une chaîne précieuse.
Du reste, on invoquait Ormuzd avant
le soleil. Sous le nom de juste jv^c,
il préside au i*" , au 8 , au 1 5, au
25 du mois. Des quatre oiseaux cé-
lèbres dans la mythologie parsique,
Houfrachmodad est piobablemeut ce-
lui qui représente Ormuzd.
ORINÉE, ORMiA, '0/)v2«, nym-
phe qui donna son nom a la ville
d'Ornée, n'était sans doute qu'un dé-
doublement féminin de Priajic qui
j)ort«il le îiom dOrnévs > et en Thou-
ORP
neur de qui on célébrait ii Oruénf et
surtout h Colophon , des fêtes dites
Ornées. 11 est h noter que les vierges
étaient exclues de ces fêles, qui se dis-
tinguaient par une grande alllnence
de spectateurs. — Trois Ornée, Or-
neiis, élaient 1° un Ceutaurej 2" un
Lapilhe qui fut contraint aux noces
de Pirithoiis de prendre la fuite; 3°
un fils d'Érecbthée, père de Ménes-
thée, donné aussi comme londaleur de
la ville argolique d'Ornée.
OUÎSITIIE, 0RNiTnus,'O|5v<C«f,
conduisit, avec loxc le Mélanippide,
une colonie en Carie.
OR]NTTHIOiS,'Opv»0/<wc, était fils
de Sisyphe et de Glaucus.
ORO , le dieu suprême de Taïli.
OROBANTE , •Ofi^cts, vieux
barde grec antérieur ii Homère. Le
mol indique un chantre montagnard.
ORODE , Orodes , conipai»non
d'Euée, fut tué par Mézence à qui
il avait prédit sa mort prochaine.
OROMASE. Foy. Orjiuzd.
OROMÉDON, 'o^of^'Jm, géant
écrasé sous le poids de l'île de Cos,
lors de l'entreprise de ses frères con-
tre les habitants de l'Olympe.
ORONERTOIUR, premier fils de
Zoroastre et de sa seconde femme ,
fut le pontife de Vardjengerd et le
vivant modèle de la caste des agri-
culteurs.
ORONTE, OroktES , 'Opivrin:
1° chef troyen, périt dans le nau-
frage de sept vaisseaux d'Enée sur
la côte d'Afrique; 2° géant des an-
ciens âges, dont on trouva le tombeau,
long d'au moins onze coudées, dans le
lit de I Oronte eu Syrie, un jour que
l'on détourtiail ses eaux pour travail-
ler à le rendre navigable.
OROPE , Oiiorus , 'nporros^ fils
de Macédo et pelil-hls de Lycaon.
ORPHÉE, Ori'ueus, 'Opcpcvsy
le civilisateur sacerdylalde laThracc,
ORP
selon la mythologie vulgaire , naquit
dans cette contrée, à peu de distance
de rOlyrape qui alors y était compris,
et eut pour père Apollon ou liien le
roi OEagre, pour mère la Muse Cal-
liope. Pendant sa jeunesse il parcou-
rut diverses contrées lointaines, spé-
cialement l'Egypte j et la ies prêtres
l'initièrent aux mystères de la reli-
gion indigène. Quelques variantes le
font naître soit d'une Muse anonyme,
soit d'une Piéride , et le transfor-
ment en roi de Tlirace , le montrent
aussi accompagnant les Argonautes,
et charmant par les sons de la lyre
aue lui a remise Apollon les ennuis
e la traversée. Il est inutile d'exa-
miner si c'est Orphée ou Philammon
qui prit ainsi part k l'entreprise com-
mandée par Jason, et quel âge Or-
phée avait lorsqu'il s'y adjoignit. Au
reste , voici par quelles merveilles il
signala sa présence sur le prodigieux
navire. i° Par l'harmonie de ses
chants il changea la rebelle iramobi-
lite'del'Arghaeuunmouveraentrhyth-
mique et rapide , analogue au procé-
leusma des matelots. 2° Au moyen
d'un sacrifice solennel il réunit les
Argonautes, et les décida non-seule-
ment à partir , mais encore à recon-
naître la souveraineté de Jason. 3°
Dans Lemnos , gnomique sévère au-
tant que lyrique mélodieux, il ar-
racha les Renaud de la Grèce aux sé-
ductions des Armides de l'Archipel.
4° Après le combat des héros euro-
péens contre les Cyzicènes, il apaisa
par des cérémonies propitiatoires
l'ombre de Cyzique et la colère de
Rhée. 5° Il suspendit la perpétuelle
agitation des Symplégades dont les
entrechoquements auraient brisé le
navire, et facilita ainsi le passage
d'Argo sur une terre hérissée de dan-
gers. 6° Ses conjurations évoquèrent
Hécate qui ouvrit à Jason les portes
ORP
aa$
du bois sacré , réceptacle mystérieux
de la toison. 7° Il endormit le dragon
ignivonie. 8° Dans la mer Ionienne,
hérisse'c de brisants harmonieux, il
capliva si exclusivemeutpar ses chants
l'attcnllon des Argonautes qu'ils fu-
rent insensibles a la voix voluptueuse
des Sirènes, et passèrent devant ces
déesses de la mer sans les écouter.
9° Quand Médée eut mis en pièces
Absyrte, son frère, il offrit aux
dieux irrités de ce meurtre un sa-
crifice d'expiation. En Egypte sans
doute Orphée eût pu se trouver mêlé
à autant d'aventures que dans le
voyage des Grecs en Colchidej mais
TArgonautographie était une des
épopées favorites de la Grèce, et
les poètes l'ont brodée a qui mieux
mieux* il n'en fut pas de même des
péleiinages en Egypte. Aussi les lé-
gendes accollées à son nom se bor-
nent-elles k le faire voir perdant sa
jeune épouse Eurydice par la veni-
meuse piqûre d'un serpent qui la mord
d .Ls une prairie, puis se faisant ini-
tier aux mystères de la religion égyp-
tienne. L'abbé Terrasson [Scihos) et
d'autres ont développé très-longue-
ment ces prétendus événements de la
vie d'Orphée. De retour en Thrace,
Orphée , k l'exemple de tant d'autres
législateurs, s'enferme dans une grot-
te. Enfin il en sort; k sa voix il ras-
semble auprès de lui et les pâtres in-
cultes de la montagneuse Thrace et
les bêtes sauvages que l'homme n'a
pas encore chassées de ces âpres dé-
serts, et les arbres gigantesques, po-
pulation immobile de ces vastes soli-
tudes. La nature inorganique même
reçoit avec respect les révélations du
chantre sacré , et tantôt les monts
inclinent leurs sommets pour l'enten-
dre, tantôt les rocs amollis bondissent
ou semblent bondir avec les arbres
dont les feuilles gémissent en cadence,
i5
aaS
ORP
et que le venl du nord agile en me-
sure. Dcuxlégendes célèbres trouvent
f)lacc encore dans celte vie rairacu-
euse. L'une, c'est la résurrection ou
la quasi-résurrection de Tépouse ;
l'autre, c'est la mort de l'époux.
L'une et l'autre onlété immortalisées
parle magnifique épisode du quatriè-
me livre des Georgiques. Inconsolable
de la perle delà nymphe qu'il adore,
Orphée essaie de pénétrer auprès du
sombre roi des enfers. Les modula-
tions ravissantes du luth aux cordes
d'or et de la voix qu'il y marie a-
planissent la roule des enfers. Les
noires portes roulent d'elles-mêmes
sur leurs gonds. Le sinistre portier
oublie sa consigne : le farouche Cer-
bère incline l'oreille pour aspirer au
passage ces sons délicieux. Tisiphone
craint de les entendre cesser : le
fouet tombe de ses mains 5 les ser-
pents n'agitent plus leurs anneaux
sonores. La roue d'Ixion s'arrête.
Tantale effleure l'eau de ses lèvres.
Les damnés respirent , l'élernelle
torture est suspendue. Un nouveau
triomphe attend encore Orphée. Ar-
rivé au trône des sombres époux
dont la majesté impose à l'enfer, ses
supplications harmonieuses amollis-
sent ces cœurs de bronze, Pro-
serpine s'intéresse à l'époux qui n'a
pas oublié son épouse, et Pluton
fléchi par elle décrète le retour d'Eu-
rydice, k une condition pourtant :
Orphée ne regardera pas celle qu'on
daigne lui rendre avant d'avoir dé-
passé le fatal guichet. Et soudain un
second voyage commence , voyage
dont le point de départ est le Styx ,
le but la lumière, voyage nébuleux,
fantastique et vague à travers la bru-
meuse épaisseur d'un espace dont rien
ne peuple le vide immense. Cette fois
la lyre ne retentit plus, un silence
profond enveloppe la route mystique.
ORP
Tout est muet, jusqu'aux êtres aux-
quels la nature prodigua les dons les
plus brillants de la voix. Alors le rhap-
sode sacré , privé de l'usage de la
langue, ne peut s'empêcher d'user de
la vue : il jette les yeux en arrière sur
sa compagne, il la voit, mais pâle et
vain fantôme qui de plus en plus
s'efface, et se replonge dans l'opa-
cité des ténèbres. Eu vain alors il
essaie de forcer de nouveau par ses
chants l'entrée derÉrèbe: l'exception
ne peut passer en règle : Cerbère
lui barre le passage, et il remonte
seul avec ses douleurs sur ce "lobe
sans charmes pour lui depuis qu'il
a perdu l'espérance d'y ramener celle
qui l'embellissait. La résurreclion
n'a donc duré qu'une heure, qu'un
moment. C'est, comme dit Pindare,
un rêve , une ombre , le rêve d'une
ombre. Selon Platon, Orphée perdit
Eurydice en punition de ce que dans
sa maladie il ne s'était pas offert k
mourir pour elle. Arrive ensuite le
mythe relatif k la mort du barde.
Dans quelques traditions il meurt de
regret d'avoir perdu Eurydice. Dans
quelques autres , ce sont les dieux
qui le foudroient, parce qu'en ins-
tituant les mystères, il a donné aux
hommes des connaissances interdi-
tes k leur espèce. Enfin la le'-
gendela plus en vogue le fait mourir
déchiré en lambeaux par les femmes
de Thrace. Du reste, ou varie sur les
causes de cet homicide délire. Ici ce
sont des Ménades échevelées qui ven-
gent le dieu leur maître par la mort
d'un impie qui a méprisé son culte.
Là, c'est une épouvantable nympho-
manie qui souffle la rage et la soif
du sang dans l'àrae des lascives ha-
bitantes de l'Hémus. « Orphée nous
méprise invoilk leur cri de ralliement.
En effet, Orphée, selon les uns, re-
fuse de leur dévoiler les mystères j
4
ORP
suivant les autres, ne veut penser qu'à
Eurydice , ou bien préfère le calme
de la sagesse aux douceurs de l'amour j
car nous ne parlons pas de l'interpré-
talion infâme d'Ovide qui entoure Or-
phée de Ganymèdes ou d'Alcibiades.
Dans les siècles postérieurs on ratta-
cha la mort violente du barde des
Thraces au dépit de Venus. Calliope,
dit-on, à la mort d'Adonis avait été
choisie pour arbitre entre Proserpine
et la blonde déesse des Cypriotes, qui
toutes deux se dispulaientla possession
du fils de Cinyre. Calliope n'adjugea
en totalité le jeune homme ni à l'une
ni à l'autre, et décréta qu'il passerait
six mois au ciel avec Yénus , six mois
aux enfers avec sa rivafe. Vénus mé-
contente inspira un amour effréné aux
femmes thraces pour le chantre des
mystères, et ces amantes trop nom-
breuses le déchirèrent en se l'arra-
chant. Calliope, on le sait, était sa
juère. On ne spécifie pas toujours
avec rigueur par quelle voie fut versé
le sang du lyriste infortuné. Ce sont,
tantôt desglaives, harpésoucouteaux,
tantôt des thyrses, tantôt des pierres.
Le lieu de la scène est tour à tour
l'Olympe, le Pangée, l'Hémus, le pays
des Cicones, et probablement aussi
la plage de l'Ebre. Ses membres, dit-
on, furent dispersés par celles qui
l'avaient privé de la vie, mais sa tête
fut jetée dans l'Ebre avec sa lyre.
On connaît les beaux vers que cet
égorgement du barde a inspirés k
Lefranc de Pompignau.
Quand le premier chanlre du inuiide
Expira sur les bords glacés
Où r libre effrayé dans son onde
Reçut SCS membres dispersés ,
1^ Thrace errant sur les montagnciS
Kemplit les bois et les campagnes
Du cri perçant de ses douleurs;
Les champs de l'air en retentirent ,
Et dani les antres qui gémirent
Le lion répandit des pleurs .
La lyre etlatête d'Orphée arrivèrent,
8elou la tradition ordinaire, à Lesbos
ORP
aay
où elle furent rejete'es par les flots sur
le rivage. La tête y fut ensevelie, et la
lyre placée dans un temple y était en-
core montrée du temps de Lucien
(comp. ici NÉanthe). JEraloslhène,
au contraire, la transporle au ciel oti
elle forme la constellation de la Lyre.
Lesbos n'était pas seule à se glorifier
des reliques d'Orphée^ Dium aussi se
vantait de les avoir. Originairement
Libèthre les possédait j mais un jour ,
sur le midi^ un berger s'endormit sur
l'urne où elles étaient contenues, et
pendant son sommeil se mit à faire
entendre des chants merveilleux.
Bientôt la foule afflue autour du dor-
meur miraculeux, et en se pressaut
autour de lui renverse la colonne
qui sert de piédestal a l'urne. L'urne
s'ouvre , et le soleil darde ses rayons
sur les os d'Orphée. Soudain le Hys
inonde la ville, enlève habitants, mai-
sons, colonne et urne; les os sacrés
arrivent à Dium. Piérie , au pied de
l'Olympe, n'avait pas moins de pré-
tentions a la possession des restes
d'Orphée. Peu de temps après sa
mort une épide'mie meurtrière rava-
gea le pays , et l'oracle annonça
qu'elle ne cesserait que quand on au-
rait rendu les derniers devoirs à la
tête d'Orphée. Mais où la trouver?
à force de chercher, on la découvrit
encore fraîche et chantante dans le
fleuve Mélès {nielos, mélodie?). Uu
tombeau s'éleva sur les rives du fleu
ve , et autour du tombeau un tem ■
pie. Dans quelques récits, ce sont le»
Muses qui recueillent sa membres
épars , et qui les ensevelissent. On
ajoute que les femmes dont les mains
s'étaient ensanglantées par le meurtre
d'Orphée furent métamorphosées en
arbres par Jupiter. '-—Tels sont les
traits mythologiques de la vie d'Or-
phée; quant aux inductions histori-
ques qu'on en peut tirer, et aux ou^
i5.
«»8
ORP
vrages qu'on lui attribue, nous ren-
vayons h l'article Orphée, Biogr.
unii'., XXXII, i66. Nous ne pou-
vons cependant ui>ns dispenser de
parler ici des écoles orphiques. Il
faut en distinguer au moins deux ,
l'une que nous appellerons apoUi-
naire, l'aulre que nous nommerons
dionysiaque. On peut y en joindre une
troisième, Técole orphicpie cbtho-
niennej mais cette dernière se lie
de près a la seconde. Les trois écoles
«e reflètent par trois mythes. Orphée
refusant de s'unir aux Ménades et
déchiré par files; Orphée refusant
d'entrer dans le temple d'Apollon
k Delphes, vu, dit-il, qu'il vaut
Apollon; Orphée, enfin descendant
aux enfers, jetant un œil curieux
sur les sciences interdites aux re-
gards des hommes, et en quelque
sorte évoquant la puissance pluto-
iiienne sur la terre. Les trois écoles
étaient venues de l'Inde. Par quelle
route et a quelle époque? Il est un
peu plus diificilc de le déterminer.
Selon Creuzcr, le culte orphique
apollinique dérive du Caucase, et c'est
des trois le plus ancien. C'est du
vichnouvisme tout pur. Le représen-
tant du culte y est l'antagoniste de
Bacchns, qui n'est autre que Siva.
Le culte dionvslaque, au contraire,
n'arrive qu'ensuite. On demandera
comment il se fait que le sivaïsme. plus
grossier, ait pu prendre la place du
culte pur et philanthropique de Yich-
nou. C'est, il faut y bien songer, que
laTbrace, civilisée pendant un temps,
fut presque aussitôt ressaisie par la
barbarie. Ce n'est pas l'unique exem-
ile de réactions qu'offrent les auna-
es du monde J et , k vrai dire, ce si-
vaïsme ne fut sans doute qu'une ré-
novation d'un sivaïsme primitif in-
distinct, et jusque-la sans hautes for-
mules. Alors 6ç dessinent nettement
r;
ORP
les trois époques : i" barbarie, fï?
ticliisme, lerre-Erèbe; 2° élabora-
tion d'un culte grossier , civilisation,
hommage a la pure lumière, horreur
des misères et des crimes de l'âge qui
précéda; 5° défaite du culte pur qui
a jeté la Tlirace dans les voies de la
civilisation, et triomphe de l'élément
incivilisé arborant des formes plus
vives et plus scientifiques. Ces trois
époques ne reflèleut-elles pas à mer-
veille la vie d'Orphée, son voyage
aux sombres lieux , sa frêle et cadu-
que espérance de ramener celle qu'il
adore h la lumière , et la brusque pé-
ripétie qui replonge la morte semi-
vivante dans la foule des ombres? Et
d'autre part, songez aux légendes qui
suivent celle de la démence ignorante
et de la mort. La tête et la lyre du
barde chéri d'Apollon roulent vers
les mers et les îles et les promontoi-
res du sud. Nous les voyons k Libé-
thre et k Diura dans la Thessalie, k
Lesbos dans l'Egée et k Piérie.
Ainsi la civilisation chassée de la
Thrace abandonne l'ingrate contrée,
mais trouve un asile sur le conti-
nent que couronne l'Hélicon, et que
baigne le Pinde, sur la mer des Cy-
clades qui louchent Athènes d'un côté
et de l'antre l'Ionie. En effet, la
doctrine orphique est la mère de toute
la théologie grecque. Elle influe mê-
me sur la philosophie ionienne d'He-
raclite et, par suite, sur celle de Py-
thagore ; elle forme la transition des
doctrines grecques; on arrive par
elle aux doctrines orientales. D'un
bout k l'autre elle présente le sys-
tème d'émanation. Il est vrai que
ni l'ordre des personnifications , ni
les noms surtout ne sont les mêmes.
Mais la cause de ces variantes n'est
pas un mystère pour nous. Nous sa-
vons que tour à tour prédominent dans
ces CQfinogooiçs U princi{>e passif et
ORP
le principe actif, et tour à tout' aussi
la puissance conservatrice, la puis-
sance modificatrice remarquable sur-
tout en tant que destructrice. On
compte jusqu'à cinq cosmogonies or-
phiques. Dans la première se pré-
sentent d'abord Zévs, Chthonie et
Cronej dans le sens transcendantal ,
Ether, Chaos et Temps, ou plutôt
Eternité ( Zervane-Akérène : il est
étonnant qu'on ne l'aitpas subordonné
aux deux autres). Ensuite paraissent
les éléments, l'eau, le feu, la terre et
l'air. Phérécyde qui nous a laissé cette
cosmogonie mentionne aussi un Ophio-
née (serpent-dieu) que naturellement
on s'attendrait à trouver avec les
trait» de l'Etre suprême , et qui au
contraire s'oppose à Crone, et em-
pêche l'organisation du monde. La
seconde cosmogonie orphique ana-
lysée par Clemens Romanus place à
la tête des êtres le Chaos éternel , in-
fini, incréé, principe de toutes choses.
Ge grand tout n'est ni chaud, ni froid,
ni sec, ni humide, ni lumineux, ni
sombre. Après des âges innombra-
bles il prend la forme d'œuf j puis
l'œuf se change en un androgynej
plus tard l'androgyne sépare les élé-
ments , assigne une place au ciel ,
une place a la terre, et déroule la
chaîne des êtres. Ce Chaos passa des
écoles orphiques dans la tnéogonie
d'Hésiode, et fut pris par les uns
dans le sens d'onde primordiale, par
ies autres dans celui d'air. Les uns
et les autres avaient tort. Quant à la
séparation du ciel et de la terre , no-
tons en passant que c'est l'androgyne,
le Fta, le Khouçor, le deuxième Dé-
miurge se scindant lui-même d'un
coup de harpe en deux parties qui
sont tour a tour et en même temps
deux sexes, deux mondes, deux prin-
cipes. Dans la troisième cosmogonie,
rÉther redevient le principe suprê-
ORP
ak9
mcj à ses côtés la Nuit couvre tout
de ses ailes , puis la haute lumière
(jEglé? ) perce et illumine l'Éther.
Cette haute lumière se compose de
trois rayons, Métis (la pensée), Phôs
(la lumière vulgaire), Zoé (la vie).
Dans la quatrième, la nuit se montre
a la tête de la création. Il paraît que
les orphiques l'appelaient aussi Ma'ia:
arrivent ensuite le Ciel et la Terre.
Il est vrai que l'on ignore de quelle
manièrR , a quel rang , sous quel or-
dre ils s'échelonnent dans la nuit.
La cinquième cosmogonie est de toutes
la plus remarquable : i" l'eau, k
titre de principe suprême , commence
ou plutôt précède la série des déve-
loppementsj 2<> la vase se dépose,
s'agglomère j 5" He'raklès, autrement
Chronos, en naît ( il a le corps d'un
serpent, la tête d'un lion, le visage
d'un dieu)j 4° Chronos produit un
œuf énorme, tout plein de la force
de celui qui l'a enfanté; 5° l'œuf
heurté se brise , s'ouvre et forme le
Ciel , moitié supérieure qui est on
dieu, la Terre, moitié inférieure qui
est une déesse; 6" la Terre et le
Ciel s'unissent, et donnent naissance
à trois Triades, les Parques, les Cy-
clopes, les Centimanes; 7° des gé-
néalogies omises ici laissent apparaî-
tre les Titans, le Tartare, Zévs, Rhéa
ou Dàmàtàr; 8» après diverses aven-
tures, Zévs poursuit Rhéa-Dâmàlàr,
qui se métamorphose en serpent pour
le fuir, il emprunte la même forme ,
l'atteint, l'enlace des nœuds qui ont
depuis formé le caducée, la possède
et la rend mère de Perséphone , qui
a quatre yeux, dont deux sur le
front, la figure ou la tête d'un mam-
mifère sur les épaules, et des cor-
nes; 9° tandis que Rhéa-Dàmàtâr
s'enfuit a l'aspect de celte fille hi-
deuse et refuse de l'allaiter (d'oii le
nom d'Athàlà pour Perséphone ) ,
ft3o
ORP
ORS
Zévs recherche Perséphone, s'unit à
elle , et en a Dionyse (Bacchus). Il y
a de graves différences entre cette
cosmogonie et celle d'Hésiode; mais
elles ne peuvent être analysées ici.
De même lorsque Homère , selon les
uns, regarde comme les plus anciens
des dieux Océan et Télnysj suivant
les autres, accorde cette priorité k la
Nuit; lorsque les Argonauliques fout
de la !Nuit la fille de l'Amour, on
n'est plus dans la théorie rosmogo-
nique d'Orphée. Toutefois uolons les
principes suivants, qui soûl communs
a toutes les cosmogonies, ou qui du
moins en sont la clef, i* A la tète
des cosmogonies se reproduisent sans
cesse quelques - uns de ces noms :
Nuit, Chaos, Élher, Eau ou Océan.
Voici pourquoi. C'est que, la créa-
tion semblant obscure, ou la rédui-
sait h une simple transformation de
la matière inorganisée en matière
inorganique. Or, c'est justement ce
qu'était le Chaos : Nuit, Ténèbres,
Mer, Brouillards, enfin Eau, sem-
blaient ne pas en différer. Pour VE~
ther, c'était en un sens un feu subtil
comprenant la chaleur, l'éleclricilé et
la lumière; c'était sous un autre point
de vue l'esprit créateur ou formateur
qui, en opérant sur la matière, l'or-
ganise et la vivifie. En général, l'or-
ganisme même se présente comme
progressif. Le Styx, le fleuve de gla-
ce, est la plus ancienne des Océani-
d«s : cela veut dire que l'eau h l'état
solide précède l'eau à l'étal liquide,
a» L'œuf dont il a été question pour
ainsi dire ii chaque cosmogonie , se
nomme œuf cosmique , ou œuf du
monde. La vogue extrême du my-
the de l'œuf cosmique estdue au désir
qu'on avait d'établir une espèce de
transition entre l'inorganisme com-
plet et l'organisme; a la multiplicité
ats espèces ovipares {c'cst-a-dirc qui
mettent au monde des œufs); enfî
à la forme sphéroïdale de l'œuf qui
rappelle la forme sphérique que l'on
Srètait au monde, et les portions
e spirale que les astres semblent
décrire dans le ciel. L'œuf du
monde était représenté flanqué de
deux ailes et de deux serpents. On
symbolisait ainsi les reptiles et les oi.
seaux, la vase humide et la lumière,
la terre et le ciel. Ou indiquait aussi
par l'association de ces deux emblè-
mes contraires, que l'œuf contenait
l'univers. 5° A l'étal inorganique, la
matière est comme confuse, indis-
tincte. Organisée, elle offre un spec-
tacle contraire : de là ce qu'on dit
de la séparation des éléments , de
celle du ciel et de la terre, de celle
du ciel et des eaux, elc. L'œuf du
monde coupé eu deux se divise en
deux hémisphères, la terre, le ciel.
Avrai dire, les deux hémisphères au-
raient dû être le ciel; et le phn qui
les divise, la terre; mais les anciens
tenaient peu k cette rigoureuse exac-
titude.
ORPHNÉ, 'Of(p»iî, les ténèbres,
est dans Ovide la mère d'Achéron et
l'amante d'Ascalaphe,
ORSEIS , nymphe qu'Hellen ren-
dit mère de Dorus, Eole et Xuthus.
OUSES, chef troyen terrassé par
Rapon {Enéide, liv. X).
ORSILOQUE , Orsilocuus ,
'OpTi^o^os : 1° fils d'Alphée et de
Télégonc, père de Dioclès et roi d'E-
lide; 2" petit-fils du précédent et
frère de Crélhon (Ënée le tua au siège
de Troie) ; 3° un des fils d'Idoménée
tué k Troie par Ulysse dans une em-
buscade; 4°chef troyen tué par Teu-
cer. — Le troisième de ces personna-
ges n'est connu que par un de ces ré-
cils mensongers qu'Ulysse fait selon
l'occurrence etleslieux où il se trouve.
»« On donnait aussi le nom d'Orsilo-
1
ifin , W
I
ORT
que , '0^<r<Aej5« (d'i'^ 41 et ?\.ô^os ) , a
la Diane laurique.
ORSmOME, Orsinome, 'O/kt;-
vo^jj, fille d'Eurynome, femme de
Lapithe, mère de Périphas et de
Phorbas.
ORTHANE , Orthanes , Priape
ou dieu priapique d'Athènes.
ORTHE, ORTHUs,''o^^(j<r : 1° Bac-
clius dans le temple des Heures , à
Athènes. Les mythologues assurent
qu'Amphicliou avait appris de lui le
premier à mettre de l'eau dans son
vin , et par conséquent a marcher droit
ÇOpêof)j 2" chien, fils de Typhon,
frère de Cerbère et de l'hydre de
Lerne, gardien des troupeaux de Gé-
ryon, et victime d'Hercule, qui le tua
en même temps que son maître j il
n'avait que deux têtes.
ORTHÉE : 1° Ortheus, 'Ofôils,
clief troyen du temps de la guerre
des Grecs contre Troie 5 2°0rthea,
'Opê'i» , Hyacinthide.
ORTHÉSIE , -OpS^rU : 1° Heure ;
z° Diane en tant que secourable, soit
fiour les accouchées , soit pour tou$
es hommes (Rac. ipêt7*j rectifier, et
par suite mener à bien).
ORTHIA , 'Opê/cc ( c'est-à-dire
droite, debout), l'Arlémis, ou mieux
l'Opis lacédéraonienne , au pied de
laquelle les enfants subissaient an-
nuellement la Diamastigôse [f^oy.
Opisj comp. Pausanias, liv. HI, ch.
1 6). On explique ce surnom d'Orthià
par les brins de sarment dont elle
était liée , et qui l'empêchaient de
pencher en quelque sens que ce fût.
Ou interprète aussi ce nom par sé-
vère, parce que la statue semblait
goûter du sang humain. L'étymologie
véritable du nom d'Orthià doit être
la même que celle d'Orthos. La
déesse infernale, le chien infernal, se
rapprochent par l'idée comme par le
nom.
OSI
a3i
ORTYGIOS : I** un des fils de
Clinis et de Harpa (il fut changé en
Égilhalle) ; 2° chef latin du parti de
Turnus, tué par Cénée. — Diane et
d'autres dieux s'appellent Ortygia,
Ortygios. Ortyxxeal dire caille; cet
oiseau était l'emblème du feu vital ,
et il revient plus d'une fois dans les
mythes (/^. Diane, Hercule, etc.).
Une des déesses accoucheuses les plus
célèbres de l'antiquité ne pouvait man-
quer d'en prendre le nom. Diane n'est
point seulement Ortygia , elle est
Ortyx. Les îles ou villes berceau do
sa jeunesse et théâtre de sa nais-
sance ne pouvaient nianquer d'avoir
le même nom : de la Ephèse, Délos,
et une île de Syracuse nommée Or-
tygie.
ORUS ou OROS. F. Haboeri.
OSIRIS(enlat. OsiRis,gén.-iDOSj
en grec'Os-tpif an'^Ontpa, gén.-iytt
ovi-taç'y en ancien égyptien OusRi ,
OusiRi, OusiRÉi, selon les légendes
phonético-hiéroglyphiques déchiffrées
par ChampoUion jeune, Syst. Jiié-
rogl.fY- 1 02 ; quelquefois, du moins
à ce que nous certifient les anciens,
Hellanicus , etc. : dans Plutarque ,
Traité d'Jsis et d'Osiris, ch. 34,
37, Bzj Diod. de Sic, liv. I, c. 11,
Hysiris, SiRius et Arsai'h) , divinité
égyptienne, fut sans contredit la plus
célèbre de toutes chez les nations
étrangères a l'Egypte, a cause de la
physionomie tout humaine, tout his-
torique que semblait présenter sa
légende, puis aussi a cause des nom-
breuses et brillantes interprétations
auxquelles se prêtent toutes les par-
ties de son mythe. Au reste, en fixant
ici l'attention sur la vogue que les
fables osiridiques eurent dans la pé-
riode gréco -romaine, nous n'enten-
dons nullement nier qu'en Egypte
ïiiêmece culte, avec les tradltionsqui
s'y rapportent , ait été inconnu a la
lU
OSI
OSI
population. Tout prouve au con-
traire qu'k une époque quelconque,
très- moderne si on la compare k
l'origine de l'empire menipnilico-
thébain, toute la religion exotérique
de rÉgypte vint se concentrer dans
la foi à Osiris et aux dieux ses parè-
dres. Le culte seul de Scrapis le lui
disputa en éclat dans la docte et opu-
lente Alexandrie. Nous venons de je-
ter ici le mol de divinités parèdres.
Sans L'Ire absolument exact , il est
juste en ce sens qu'autour d'Osiris
se groupent, se meuvent divers per-
sonnages divins qui comme lui ont
■ne physionomie semi-historique ,
quoique bien certainement ils n'aient
pas plus existé les uns que les autres.
Ces personnages sont , d'une part ,
Isis, sa sœur et sa femme , avec Ha-
roéri (vulgairement Hôrus), son fils j
de l'autre Typhon , son hère et son
ennemi capital, avec INefté (en grec
Nephthys, Nijiptfwf), son épouse, puis
quelques autres dieux de moindre
importance, Poubasii (Bubaslis),
fille d'Osiris et d'Isis, Har-Pokrat ,
espèce de fils posthume {voy. plus
bas) dudieu qui nous occupe, Anëbo
(Anubis), son fils aussi, mais fils illé-
gitime , fruit d'une erreur involon-
taire et d'une jonction illicite avec
Nefté , enfin Thouéris, concubine de
Typhon, et Aso , reine d'Ethiopie,
auxiliaire de cet antagoniste acharné
d'Osiris. De ces neuf personnages di-
vins, les quatre premiers sont les plus
importants, et avec Osiris, leur chef,
ils forment une pentade ou quinquem-
déat sacré que transforme à notre
gré en bebdoraade ou en ogdoade
l'adjonction d'Har-Pokrat et d'Auébo,
puis celle de Poubasii. Généralement
ces cinq , sept ou huit dieux , sont
mis h part dans une catégorie subor-
donnée que l'on appelle assez gratui-
tement troisième classe , et qui est
censée dériver de la deuxième, comme
la deuxième émane de la première.
Le fait est qu'elle émane directement
de la première, et qu'elle est, sinon
supérieure, du moins égale k la deu-
xième série divine. Du reste , voici
de quelle manière les Egyptiens ex-
pliquèrent l'origine de cette espèce
d'addition aux catégories hiérarchi-
ques de leur pays : «Hermès, jouant
un jour aux clés avec la lune, lui
gagna la soixante-dixième partie de
chaque jour; de la provenaient cinq
jours nouveaux ( plus exactement ,
cinq jours et très-près d'un quart),
qu'il ajouta au temps, c'est-h-direaux
56 0 jours desquels se composait l'an-
née solaire la plus ancienne. » Or, à
chaque jour était affecté un dieu j
dans ces cinq jours intercalaires ou
plutôt complémentaires naquirent
cinq dieux nouveaux dont la réunion
forma la troisième dynastie [f^oy.
Plut., Isis et Osiris, p. 458 de
l'éd. de Wyttenb,; et comp. Ja-
blonski, Prolégom. , p. 75, etc.,
ainsi que Gœrres, p. Sc^S delà My-
theng. d. as. TV.). D'après les lé-
gendes populaires complétées les unes
par les autres,presque toutes relatées
dansDiodore de Sicile, liv. I, et dans
Plularque, traité cité plus haut, Osi-
ris aurait été en Egypte l'auteur de
toute civilisation. Souverain de la ri-
che vallée du Nil après Jupiter , son
père, il arrache les habitants, en-
core sauvages, et même anthropo-
phages , aux incertitudes de la vie
nomade, les fait renoncer k leurs hor-
ribles coutumes, et leur enseigne k
préférer l'usage des fruits. Isis , sa
femme, leur fait connaître le blé et
l'orge, que désormais ils multiplie-
ront aux dépens des autres plantes j
lui-même il cultive la vigne, et soumet
le premier lesgrappes mûres au pres-
soir. Bientôt on travaille l'argent et
nme f|
f
l'or dans la Thébaïde, on en fait des
armes pour exterminer les animauK
féroces qui disputent le sol h rhomme,
et des instruments qui secondent le
travail de ragriculteur ; les arts sont
inventés : Osiris bàlit la ville de Thè-
bes ( Tpé) , connue aussi sous le nom
de Diospolis ( ville de Jupiter); élève
en riionueur des deux divinités aux-
quelles il doit la naissance (Jupiter et
Junon)«n temple magnifique ; institue
des fêtes, des |)rêtres, et règle tout
le cérémonial du culte. Ainsi l'espèce
humaine commence à s'habituer aux
idées de société, d'ordre , de fixité :
à la butte ambulante du nomade suc-
cède la maison de l'agticulteurj de
nombreuses bourgades animent la
vallée niliaque; des villes lient en-
semble les bourgades; des institutions
civiles, le mariage, achèvent ce qu'a
commencé la religion. Hermès, ce
scribe sacré des dieux, cet inventeur
des arts utiles à la vie, etplusencore
des beaux-arts, figure auprès du mo-
narque législateur , dont il possède
toute la confiance. L'Egypte est heu-
f euse. Mais ce n'est point assez pour
Osiris, il veut que le monde tout en-
tier participe aux avantages dont
jouit son empire : il confère k Isis le
gouvernement de ses états, et lui
donnepour conseiller le sage Hermès,
pour général Hercule, qui d'ailleurs
tenait à tous deux par les liens de la
naissance ; Busiris et Antée président,
«oos les ordres ou la surveillance de
ces fidèles ministres , l'un à l'appen-
dice oriental , transition de l'Egïpte
pure k l'Arabie, l'autre a l'appendice
occidental, communément nommé Li-
bye ; lui-même il part pour la con-
quête du monde k la tête d'une ar-
mée nombreuse, mais dont les armes
«eront la musique et la poésie, les arts
et le plaisir. Dans ce cortège riant et
raflé figurent Anbô et Macédo,, ses
OSI
%I3
deux fils, revêtus, le premier d'une
Seau de chien, le second d'une pean
e loup; Pan , dont les fonctions et
le caractère ne sont point déterminés;
Maron, habile vignicole, elTriptolè-
me, agriculteur non moins illustré;
enfin Apollon et neuf musiciennes, que
les Grecs n'ont point manqué d'appe-
ler Muses. Apollon, disent les légen-
daires , était frère d'Osiris. L'armée
égyptienne qui devait conquérir la
terre passa d'abord en Ethiopie , où
une foule de Satyres se présenta in-
continent k sa rencontre. Osiris re-
tint k sa suite cette population dan-
sante, qui, avec son orchestre, devait
être un utile auxiliaire. Toute l'E-
thiopie se soumit k ses lois , reçut
de lui les instruments agricoles, se
remplit de villes importantes, et con-
sentit k se laisser, en son absence,
régir par les lieutenants qu'il y
plaça , et k leur payer des tributs.
Osiris ne quitta l'Ethiopie qu'après
avoir élevé sur l'un et l'autre borddu
haut Nil des digues puissantes et des
écluses. De la son itinéraire nous con-
duit au travers de l'Arabie, le long de
la mer Rouge, jusqu'aux Indes et aux
extrémités de la terre. Il est proba-
ble toutefois qu'au mot de mer Ronge
il faut substituer celui de mer Ery-
thrée , que l'on en regardait k tort
comme synonyme {Erythr... , d'où
ipvêpxïeç, signifie, en grec, rouge),
mais qui répond k toute cette partie
delà mer des Indes qui baigne les
côtes méridionales de l'Arabie et dé
la Perse. Les Indes, comme l'Ethio-
pie, lui durent plusieurs importations
utiles : il y planta le lierre ; il apprit
aux habitants kchasser l'éléphant; plu-
sieurs cités considérables s'élevèrent
k sa voix, entre autres Nysa, homo-
nyme d'une INysa égyptienne , où
quelques récits placent sa naissance ,
et où l'on veut que la première vigne
234
OSI
ait été plantée par ses mains. Des co-
lonnes (chargées sans doute de signes
hiéroglyphiques ) relracèrent a rœil
des Hinaous les leçons qu'avait don-
nées sa voix , et semblèrent devoir
perpétuer et ses préceptes et le sou-
venir de son passage. Déterminé en-
suite h reprendre la route de sa pa-
trie, il veut revenir par un autre cne-
inin : il arrive en Thrace et tue le roi
Lycurgue, qui veut s'opposer K ses
desseins , établit Maron sur la côle
jnéridiouale , où bientôt s'élèvera la
vill(j de Maronée, laisse en Macédoine
son filsMacédo, qui donne son nom à
la contrée, et charge Triptolèmc d'al-
ler apprendre aux nomades d'Athènes
l'art d'ensemencer leurs champs et de
cultiver la vigne. Dans les régions
dont la température tuerait la vigne,
il apprend aux habitants h tirer de
l'orge un jus apte K la fermentation
et capable de causer l'ivresse (U xpt-
i^ç ft'iév : Eschyle, iV/z/j/:»., fin.). Ce-
pendant l'odieux Typhon avait tenté
de s'emparer du pouvoir à la faveur
d'un éloignement qu'il aurait voulu
rendre éternel; mais Isis, dirigée par
les conseils d'Hermès cl soulenuepar
les armes d'Hercule, déjoua ses intri-
gues et rail en déroute ses adhérents.
Typhon, battu près d'Antée, feignit
d'oublier ses projets d'usurpation, de
se réconcilier avecisis. Quelque temps
après, Osiris reparaît triomphant au
milieu de ses peuples, qu'il vient com-
bler de bienfaits nouveaux , et qu'il
initie a raille usages , k mille travaux
utiles que ses vovases l'ont mis k
même d apercevoir et d apprécier.
Typhon aussi affecte la joie et convie
Osiris a un banquet magnifique au-
3up1 assistent 72 conjurés et la reine
'Ethiopie, Aso. Tandis qu'on se livre
au plaisir, les esclaves du palais, par
Tordre de Typhon, apportent un cof-
fre artistement configuré et ciselé.
r:
OSI
tJhcri d^admiralion échappe aux con-
vives. Typhon promet d'en faire don
k celui qui le remplira de son coïps :
tous, les uns après les autres , es-
saient; tous échouent. Osiris tente la
fortune k son tour et se place dans le
coffre : sou corps ne s'y ajuste que
trop naturellement ; le traître Ty-
hon avait fait prendre secrètement
mesure du monarque , et le coffre
avait été exécuté d'après ces indica-
lions. A peine le coi ps d'Osiris a-t-il
touché la boîte fatale que tous les
complices de son ennemi se jettent
sur lui, referment le coffre , scellent
le couvercle avec du plomb, et aban-
donnent le corps de l'infortuné prince
aux flots du Nil, qui le portent par
la bouche Tanitinue k la Méditerra-
née. Osiris était alors dans la 28' an-
née de son âge , ou , comme d'autres
le disent, de son règne; maislesdcux
données peuvent se concilier , puis-
que probablement sa vie et son règne M
commencèrent en même temps ( V. VI
plus bas ). Les prêtres égyptiens
croyaient connaître la date précise
delà mort d'Osiris , et la fixaient au
19 d'Atliyr (i3 novembre?). Avant
d'aller plus loin , faisons un retour
sur la généalogie d'Osiris. Suivant les
uns, il a pour ])ère Crone (Saturne)
ou bien le soleil, pour mère Rhéa;
selon les autres , Jupiter et Junon ,
auxquels nous l'avons vu élever un
temple, lui ont donné la naissance.
Au reste. Isis est sœur jumelle ainsi
qu'épouse d'Osiris , et leur mariage a
lieu dans le sein même de leur mère.
Isis ne vient au monde qu'enceinte
ou déjà mère d'Haroéri ( Voy. ce
nom). Revenons aux aventures d'O-
siris. Nous a^vons épuisé celles de sa
vie ; mais sa mort en fait naître d'au-
tres qui lui sont en grande partie
personnelles, et dans lesquelles il joue
un rôle élevé, Isis était a Chemmis
\
OSI
lors de Tassassinat de son épOiix. LëS
cris des Pans el des Satyres, qui a la
nouvelle du guet-apens commis par
Typhon parcourent l'Egypte en la fai-
sant retentir de gémissements, lui ap-
prennent quelle perte elle vient de
faire. Elle se détermine aussitôt a
donner la sépulture a son époux, et
a tirer vengeance de son perfide
beau-lrère. Mais où trouver le corps
d'Osiris ? Elle suit le cours du fleuve
jusqu'aux lieux où il se bifurque, el
là elle s'arrête. Des enfants lui indi-
quent enfin le bras du Nil par lequel
le coffre fatal a été porté k la Médi-
terranée. Mais Isis, arrivée sur la
plage maritime , n'eu est pas plus
avancée*dans ses rcclierchesj nulle
trace ne lui révèle de quel côté les
flots ont emporté la dépouille sacrée.
Elle prend alors pour compagnon
Anébô, fruitdu commerce involontaire
d'Osiris avec Nefté, sa belle-sœur;
Anébô , le dieu cynocéphale, et qui ,
doué de la sagacité ainsi que des for-
mes du chien , saura sans doute la
mettre sur la voie de ce qu'elle cher-
che. Tous deux arrivent ainsi sur la
côte phénicienne. C'est là en effet que
le coffre avait abordé , auprès de Bi-
blos,au milieu d'une touffe de roseaux,
et au pied d'uu végéial (ipuKij, dit la
légende , ce que d'ordinaire on tra-
duit par bruyère j mais, selon Sehre-
ber, sur VJd. V, v. 64 de Théocr.,
éd. Harles, ce n'est point de la bruyère
vulgaire, mais bien d'une espèce ar-
borescente, VErica cinerea, arbo-
rta ou scoparia de Linnée , qu'il
s'agit ici), végétal que le voisinage de
ces restes divins porla bientôt a des
dimensions extraordinaires. Le coffre
se trouvait enveloppé de son bois.
Frappé de la beauté de cet arbre , le
roi de Biblos le fit couper un jour, et
la tige sacrée était devenue une des
colonnes de sou palais, Isis, instruite
OSI
235
de tous ces détails, s'avance jusqu'aux
portes de Biblos et s'assied , éplo-
rée, au bord d'une fontaine où les
femmes de la reine l'aperçoivent.
Bientôt elle est introduite auprès
de cette princesse, qui lui donne soa
fils a allaiter {Voy. Isis). Quelques
jours se passent , el l'humble nour-
rice , apparaissant sous la forme
d'une puissante déesse , annonce le
sujet de son voyage, et réclame la
colonne qui renferme le corps de son
époux. Le' roi de Biblos la lui aban-
donne, et Isis en relire le coffre ho-
micide , qu'eUe rapporte en Egypte,
daus la ville de Boulo , où Haroéri
était secrètement élevé par ses or-
dres. La elle cache le cercueil dans
un asile écarté , sans doute au fond
de bois sombres. Mais une nuit, Ty-
phon, entraîné iila chasse loin de son
palais, découvre celte tombe , qui fut
exécutée sous ses yeux, la rouvre, et
s'emparant du corps de son frère, il
le coupe en quatorze parties qu'il dis-
perse de tous côtés. Isis ne tarde pas
à s'apercevoir de ce nouvel attentat :
elle se désole d'avoir pour la seconde
fois perdu son époux, et s'embarque
dans un esquif de papyrus. Déjà sa
frêle barque a parcouru les sept bran-
ches du Nilj déjà des quatorze lam-
beaux du cadavre d'Osiris Ireize ont
été retrouvés 5 mais enfin elle apprend
qu'il faut renoncer au dernier , l'or-
gane de la génération : des lépidote»
et des oxyrrhynques, poissons maudits
depuis cet événement , se sont repus
du phalle sacré. Comment concilier
ce détail avec un autre récit quimontre
l'infatigable Isis posant l'organe viril
du défunt sur un crible,-* Des pein-
tures égyptiennes représentent aussi
le dieu d'abord privé des organes
sexuels, puis, dans une scène évidem-
ment postérieure, pourvu de ces mê-
me» organes. Sans nous engager dans
àis
mi
ces discussions, admet Ions la version
commune, qui proclame irréparable
la perle d'Isis. Dans celle occurrence,
la déesse remplace le membre perdu
par un simulacre de bois de syco-
more, et recompose le corps sacré,
qu'elle ensevelit et consacre à l'extré-
milé méridionale de TEgyple, h Phi-
les, tandis que partout où s'est re-
trouvé un des débris de l'infortuné
monarque s'elèveut des tombeaux et
des temples subalternes , comme au-
tant de succursales sacrées. Peut-être
aussi, et c'est ce que disent formelle-
ment plusieurs récits, le projet de la
déesse est-il de laisser ennemis et amis
dans l'incertitude sur le vrai lieu de
|a sépulture d'Osirisj peul-ètie cn-
!Rn chacune des treize villes qui se
Vantent de posséder le corps d'Osi-
ris , possède-t-clle effectivement un
«des treize lambeaux enveloppé ou en-
touré d'aromates et de cire, de ma-
nière K offrir à l'œil l'aspect d'un
corps entier. Selon des légendes un
Ï»eu plus détaillées, et qu'il n'est pas
mpossible de concilier avec les pré-
^dentes, le corps d'Osiris fut ense-
veli dans une tombe en forme de
bœuf, et son âme immortelle fut cen-
sée passer dans le bœuf Apis , d'où
elle émigré de 2 5 en 2 5 ans dans une
nouvelle enveloppe corporelle, mais
qui est toujours un Apis. Suivant quel-
ques mythographes, c'est aussi à Osi-
ris qu'étaient consacrés les deux au-
tres taureaux divins, Mnévis et Om-
pbis. Quelquefois la tombe du dieu se
terminait aux extrémités par une tête,
tine poitrine et des pattes de lion 5
mais le bœuf, symbole de la généra-
tion, de la fécondité , des travaux uti-
les , était le décor le plus ordinaire
des sarcophages osiriques. Voilà les
traits principaux de l'histoire mythi-
que d'Osiris : il ne mous reste plus à
parler que de sa demi-résurrection et
OSI
de SCS enfants. Osiris , pendant l'in
tervalle qui sépare son inhumation du
nouvel attentat commis sur lui par
Typhon, s'échappe souvent du téné-
breux empire et semble doué de la
vie. De son commerce avec Isis naît
le faible Har-Pokrat , dont la frêle
et incomplète existence n'annonce
que trop qu'il doit le jour h un père
rayé du nombre des vivants. Ha-
roéri, son premier fils , reçoit de lui
des préceptes utiles. Osiris, qui lui
lègue le soin de sa vengeance , veut
qu'il soit un second lui-même, ets'ap-
plique h faire passer en lui s:x pru-
dence, sa bravoure et sa bonté. Outre
ces deux fruits de son amour pour
Isis , Osiris a encore eu d'elle un fils ,
Macédo , et une fille , Poubasti , que
quelquefois on regarde comme la
nourrice d'Haroéri , et qui, par con-
séquent, devrait avoir été conçue,
comme llaroéri lui-même, dans le
sein de Junon ou de Rhéa (c'est-k-
dire dans le sein de la déesse a la-
quelle les Grecs transportèrent ces
Boms de Junon et de Ilhéa). Nous
avons déjà prononcé le nom d'Ané-
bô , vulgairement Anubis , et nous
avons dit que ce fils d'Osiris devait
le jour a Neflé et non a Isis. Se-
lon lesprêtres égyptiens, ce commerce
adultère de l'époux d'Isis avec sa
belle-sœur ne provenait que d'une er-
reur qui fut reconnue plus tard par
l'épouse offensée, a la vue de la guir-
lande de fleurs de lotos abandonnée
par Osiris dans le sein de Nefté.
Osiris ne fut point honoré seulement
dans Philes : deux autres villes consi-
dérables, Busiris et Abydos , se van-
taient de posséder son corps, son vrai
corps, et non un des simulacres con-
figurés par Isis pour tromper ses en-
nemis^ mais c'était aux reliques de
l'île de Philes que l'opinion publique
attachait le plus de confiance. L'£»
i
OSI
gypte n'avait point de serment plus
sacré que cette formule : « Par l'O-
siris de Pbiles {Ma, ro» îv <biKcnç O-
ff<fl<v).>> Nombre de monuments, dé-
couverts depuis un demi-siècle dans
cette île, se trouvent d'accord avec
ces Iradilions ( Voytz Lancret ,
Desc. de V Eg. aiitiq., vol. I, ch.
1 , § y, p. 4^4j ®t comp. Zocga , de
orig. et usa Obelisc, p. 286,*
Creuzer, Comni. Ilcrod., I, § i5,
p. 182, etc.). Philes n'était accessi-
tle qu'aux prêtres ou k quelques per-
sonnes privilégiées, à qui sans doute
de fréquents actes de dévotion et
beaucoup d'argent méritaient cette
distinction. Chaque jour on y offrait
au tombeau d'Osiris trois cents coupes
de lait, et celte offrande était accom-
pagnée d'espèces de litanies, ce qui
se pratiquait aussi dans la ville d'À-
cantlie.Lessacrificesd'Abydos avaient
ceci de remarquable que nul des as-
sistants , nul des officiants ne devait
prononcer un mot 5 que jamais les
sons des instruments n'égayaient la
cérémonie : un silence inviolable pré-
sidait aux mystères de ce temple, où
tous les gVands de l'Egypte tenaient à
honneur d'avoir un jour leur sépul-
ture. Peut-être, dans les hautes doc-
trincs sacerdotales particulières a Aby-
dos, Osiris élait-il confondu avec le
célèbre Memnon , qui avait aussi un
lemple dans cette ville {J^oy. Diod.
de Sic, liv. I, ch. 475 Jambliq.,
Myst. d'Eg., liv. VI, cb. 7).
Au reste, partout les cérémonies
principales étaient des pballagogies ,
processions solennelles où le phalle ,
emblème de la génération , était
porté en triomphe , ou bien la pro-
cession d'un bœuf sacré. On Irou-
fera, k l'article Isis, la nomenclature
des fêtes relatives k toute cette série
de mythes. Nous nous bornerons ici
\ remettre sous les yeux 4u lecteur
QSI 23?
celles dont les noms contiennent celui
d'Osiris. Ce sont: 1° le 17 d'Athyr
(i3 novembre) et jours suivants, la
disparition d'Osiris , véritable apha-
nisme , fêle de deuil et de larmes,
qu'il faut comparer avec l'aphanisme
des Adonies ( Voy. Adonis ) • 2"
vers le solstice d'hiver, la recher-
che d'Osiris; 3° peu après le 7 Tibi
(2 janvier?), Osiris retrouvé (com-
parez l'Hévrèse dans les Adonies ) j
4° la sépulture,- 5° la résurrection
d'Osiris; 6° k la nouvelle lune de
Phaménoth (Mars) , l'entrée d'Osiris
dans la lune. Il est k noter que toutes
les époques de çt% fêles sont fixées
d'après le calendrier alexandrin. Pour
tous les détails, consultez l'arl. Isis ,
et sariouiV Anafysis 0/ ^gyptian
niythoîogyde Prichard, p. 62, 85,
95, etc., et tableau annex., p. io3.
Nous voici arrivés k la partie la plus
difficilede cetarticle. Qu'est-ce qu'O-
siris? Les évhéméristes tant anciens
ciue modernes n'ont pas plus reculé
aevanl l'idée d'un Osiris monarque
humain, que devant tant d'autres railr
liers d'êtres imaginaires dolés par
eux d'une réalité historique. Ainsi
l'on écrivait le plus sérieusement du
monde , il y a un siècle , qu'Osiris
e'tait Joseph ; un autre veut l'identi-
fier avec Moïse. Banier, violateur un
peu moins grossier de l'histoire , y
retrouve Misraïra , fils de Cham , fils
deNoé(;j/j'fAo/.,t.I, p. 29, 118,
178, etc.); Marsham affirme que
c'est Cham. Zoëga lui-même a cru
pouvoir expliquer par l'apothéose
le culte d'Osiris, et rendre raison
par l'histoire de toutes les aventu-
res que l'imagination prêtait et k lui
et k sa famille. A l'entendre (p. 689
et 577 de son traité De orig. et
us. obel.), Osiris, le bon roi, le bon
pasteur, le pasteur de Philes, serait
tombé, au milieu des efforts généreuf
«38
OSI
OSI
qu'il faisait pour civiliser TEgyple ,
sous les coups de Baby , le chef des
nomades j Baby, que les Grecs appel-
lent Typhon, aurait pendant plusieurs
années pesé en maître sur l'Egypte j
mais enhn les agriculteurs remportè-
rent de nouveau, les cheikhs nomades
évacuèrent la fertile vallée, et les peu-
ples reconnaissants élevèrent au prince
mort en les défaudant des monuments
et des temples. L'idée d'un pasteur
Philite {(InXiTio; ou <I)<A<t/ai») ne se
ratlache-t-elle pas, selon Hérodote, a
celle des pyramides? Ce pasteur Phi-
lite n'est-il pas évidemment Osiris ,
le roi de Philes , le roi qui a conduit
ses troupeaux, c'cst-'a-dire ses sujets,
k Philes? et le nom de pasteur des
peuples {^Tiotuitiç >«*»), et en géné-
ral de pasteur, ne s'est -il pas, dans
la haute antiquité, donné a tous les
rois? Ainsi s'exprime Zoëga. Sans
vouloir entamer une discussion ap-
profondie , inutile d'ailleurs depuis
l'excellente réfutation de Creuzer
{Comm. Herocl. , 1. 1, § 1 3 et s'uiv. ,
p. i88, etc.), qu'il nous suffise de
remarquer que si les nomades étaient
en horreur a l'Egypte, studieuse amie
de l'agriculture, les pasteurs ne l'é-
taient pas moins; les nomades étaient
pasteurs (Vôy. Genèse, cli.XLVI,
V. 34, et comp. Manéthon dans Jo-
sèphe, contre Apion, I, ch. 14.,
et de Rossi , Etymol. j^gypt. ,
p. 180)5 ^^ quand on admettrait
quelques exceptions , quelques res-
trictions k ce fait fondamental , ces
idées de roi pasteur des peuples ont-
elles jamais pu devenir assez familiè-
res en Egypte pour qu'ils les substi-
tuassent si naturellement , si k l'im-
proviste , l'une a l'autre? D'autre
part, quoi de plus gratuit, de plus
absurde que la conversion de Philite
en un adjectif indiquant un nom de
pays? et quel helléniste ne sent que
^tXxt ne donnerait jamais ^tuXt'rtos
ou <1)<A/t/«v, mais bien ^tXtTKt (qui
se trouve dans Et. deByzance,p. 739
de Bcrkel ) , et peut-être ^ixûrtis
(ibid.) ou ^iXunvt} De plus, ce culte
des héros, des mortels divinisés, si
commun, du moins on le croit, chez
les Grecs des époques historiques, sur
quel monument authentique affirme-
t-on qu'il ait été connu des Egyptiens
purs, des Egyptiens de la haute anti-
quité (comp. M. de Pasloret , Hist.
de la législat., t. II , p. 49 , etc. ,
et Creuzer, Comment. Jrlerodotect',
t. I, p. 199, etc., aHérodotc même,
Hv. Il, ch. 142 , 3 , 4)? Enfin, que
répoudre a cette assertion formelle
du père de l'histoire qui , en trans-
mettant le plus souvent avec une
naïveté digne d'éloges les traditions,
incomplètes ou complètes, vraies ou
fausses , que lui ont communiquées
les Egyptiens , nous apprend que,
selon les doctrines sacerdotales mê-
mes, les règnes d'Osiris et d'Ha-
roéri étaient antérieurs k tous ceux
des dynastes humains ? Les détails
daus lesquels il entre, les chiffres qu'il
donne, ne peuvent laisser le moindre
doute sur cette ligne de démarcation
que les théologiens établissaient entre
les règnes divins et les règnes hu-
mains. Ainsi dans une grande période
composée des 146 1 ans de la période
sothiaque multipliés par les 2 5 de la vie
d'Apis , en d'autres termes dans une
grande période de 3652 5 ans, se dé-
roule toute l'histoire égyptienne, dans
laquelle toutefois ne sont compris les
règnes ni de Fta ni de Knef. Fta
règne 3oooo ans; Saturne (Sovk)et
les autres dieux du second ordre oc-
cupent unespacede 3984 ans; arrive
alors la troisième dynastie , ou la ca-
tégorie des dieux du troisième ordre :
leur empire ne dure que 217 ans. Au
jeuneHaroéri, Iç dernier de cea dieux,
1
ITIOS ■
OSI
succèdent Mènes et 36 dynastes, qui
à eux tous embrassent un intervalle
de io55 années. Discuter ici ces
chiffres, les ajuster entre eux, ou
avec l'histoire, ou avec des périodes
soit célestes, soit terrestres, serait
absolument intempestif. Mais la sim-
ple inspection de cette série de cal-
culs aura l'avantage de prouver claire-
ment que les anciens eux-mêmes ont
rejeté Osiris et tout son cor-
tège par-delà les temps historiques,
puisque, même dans l'hypothèse la
plus favorable h l'évhémérisme , Me-
nés est le premier des rois humains.
Que serait-ce donc si, avec les plus
habiles critiques modernes , on re-
poussait Menés lui-même, et les 36
prétendus monarques qui le suivent
dans la liste laterculaire d'Eratos-
thène, parmi les êtres mythologiques
ou astronomiques qui n'ont jamais
existe! A cette hypothèse si chétive
et si ridicule d'un Osiris humain s'en
rattache de près une autre, historique
comme la précédente, mais plus haute
et plus large , en ce sens qu'elle ne
demande plus a la vie d'un homme le
sens de ces alternallves variées , bi-
zarres, surhumaines, au travers des-
quelles nous a promenés la légende
d'Osirls. Chez les partisans de cette
nouvelle théorie , c'est l'histoire de
l'espèce humaine qui se déroule ma-
jestueusement sous des noms propres^
chaque grande idée , chaque fait ou
chaque puissance, prend un nom. Les
uns verront l'agriculture même ( en
d'autres termes, la vie sédentaire, la
civilisation , puisque la civilisation
pari de l'agriculture) lutter avec la vie
nomade, triompher, tomber, se rele-
ver faible et languissante, être anéan-
tie de nouveau, puis tout-a-coup se
recomposer de toutes pièces et re-
pousser définitivement sa rivale dans
l'aridité du désert. Les autres . cher"
OSI
2'ig
chent sons le voile de la légende les
traces plus que douteuses de la domi-
nation successive des différents collè-
ges de prêtres et d'une longue période
de théocratie, antérieure à la monar-
chie des Pharaons. C'est principale-
ment dans r Histoire de la législa-
tion de M. de Pastoret (t. II, ch. i)
qu'il faut étudier les développements
de cette dernière conjecture, mise en
avant par Larcher (C/tro/i. d'Héro-
dote, ch. I , §10, fin), et qu'il se-
rait injuste d'envelopper dans le même
mépris que les hypothèses étroitement
et matériellement historiques qui font
de l'époux d'Isis un roi de Thèbes.
Toutefois nous ne croyons pas que ce
système soit plus fondé en raison. Les
interprétations subséquentes se pré-
senteront avec un tel caractère de vé-
rité, de conformité au génie égyptien
et au génie de l'espèce humaine ,
d'harmonie avec la marche et les
grands faits de la nature , que pour
quiconque s'est pénétré de l'esprit des
antiques raythologles , en les expli-
quant les unes par les autres , toute
explication historique sera évidem-
ment fausse, spécieuse, quelque satis-
faisante que la trouvent au premier
abord ceux qui n'ont pas encore vu
jusqu'à quel point l'allégorie enve-
loppe et pénètre toutes les idées aux-
quelles les peuples antiques ont voulu
prêter des formes propres à les im-
primer dans la mémoire et à les faire
saisir par l'intelligence. Le plus sou-
vent on regarde Osiris comme le svm-
bole du soleil. Dans l'hymne de Mar-
tianus Capella {JVoc. de la philol.,
liv. II , ch. 2)5 dans le beau passage
des Dionysiaques en l'honneur d'Her-
cule Astrochyton (liv. XL, v. 396)5
dans le magnifique discours de Julien
sur le soleil {OEiiv., p. U^ç))'^ dans
la foule des noms que l'oracle de Cla-
ros^cité par Eusèbe [Prép.év.yXw,
»4o
OSI
OSI
m, ch. 1 5) , donne au soleil , enfin
dans les chants que les I^gypticns
adressaient à Osiris , ridculité du
dieu auquel iU> rendaient leurs bona-
raages et de ce grand astre, roi de no-
tre système planétaire , était procla-
mée de la maniÎTc la plus formelle et
comme un fait hors de toute contes-
tation (comp. Synésius 5 Suidas,
art. "Oa-iftt'j Chérémon, etc.). Les
36o coupes que chaque jour à Philes
les prêtres remplissaient en Thon-
neur d'Osiris, les 5 60 urnes des-
quelles les ministres du dieu à Âcan-
Ine versaient de Teau dans un ton»
neau percé , ont trait aussi au so-
leil, qui lors de Tenfance de Tastro-
uomie était censé opérer sarévolution
autour de la terre en 36o jours. La
disparition d'Osiris, victime du som-
bre Typhon, représente arec la plus
grande justesse la périodicité de la
Délie et de la mauvaise saison , sans
cesse aux prises l'une avec l'autre ,
sans cesse remplacées l'une par l'au-
tre, et la couleur même du cérémo-
nial religieux , calqué depuis par les
auteurs des Adonios, achève d'ôter
les doutes; Osiris disparait, Apha-
uisrae j Isis retrouve le corps de son
cher Osiris, Hévrèse. Il y a plus : la
faiblesse , la semi-léthargie du dieu
qu'on retrouve et que l'on proclame
ressuscité , est marquée bien plus for-
tement encore en Egypte, oîi les froi-
des caresses d'Osiris ne donnent nais-
sance qu'au pâle et languissant Har-
Pokrat. Il est vrai que la fable phéni-
cienne diffère de la tradition égyptia-
(jue en ce que celle-ci montre son dieu
deux fois ravi, deux fois rendu a celle
iju'il lime j mais cette double dispari-
tion, ce double retour, peuvent s'exr-
pliquer, quoique peu naturellement,
«ans sortir du cercle de l'année. Le
soleil, arrivé à l'époque solsliciale et
90 coipble de ses triomphes, pâlit/ au
bout d^environ un mois et commeuce
à perdre une partie de son éclat. Ce
déclin seul peut sembler la mort. On
est a peine en septembre, et déjà l'on
s'imaginerait subir les rigueurs de
l'hiver. Cependant de beaux jours
égaient encore l'automne et annon-
cent que le soleil est la : c'est la résur-
rection du bel astre ] mais, compara-
tivement à ce qu'il fut il y a quelques
mois, qu'il est pâle! que ses feux
sont froids! que ses rayons sont obli-
ques! que sa lumière est terne! Ce
n'est plus l'énergique époux d'isis, le
père a'Haroéri : c'est le père du boi-
teux et mol Har-Pokrat! Bientôt l'hi-
ver, et non plus un vain simulacre de
l'hiver, expulse l'automne et suspend
le cours de la végétation j Osiris
rentre dans son néant et retombe
sous les coups de son ennemi triom-
phant. MaisHaroéri, soleil nouveau,
soleil de printemps , représente son
père et replonge a son tour l'affreux
Typhon dans les ténèbres. Sous ce
point de vue, Isis devient la lune.
En effet, selon les anciens, le soleil
fécondait la lune , qui à son tour
fécondait la terre. Non -seulement
il lui prêtait l'éclat de ses feux , il
lui communiquait aussi un pouvoir
créateur. Deux grands principes, di-
saient les novices physiciens de l'E-
gypte , président a toutes les pro-
ductions de la terre : l'un est la
chaleur, l'autre est l'humidité ; le pre-
mier appartient au soleil, dont le dis-
que lumineux le distribue libérale-
ment à la terre; le second est l'apa-
nage de la lune. Et quoi de plus na-
turel que cette manière de voir, quel-
que fausse que l'observation et la saine
physique la proclament? Comment,
de prime-abord , ne pas s'apercevoir
que l'humidité, les vapeurs de la nuit
ne proviennent que de l'absence du
8oI«îl? Comment ue pas donner à un
OSI
fait positif une cause toute positive
elle-même? et, dès-lors, comment ne
pas mettre la lune de moitié dans la
création de l'univers , et ne pas lui
faire tenir en commun avec le soleil
le sceptre de la nature? Isisfut donc
la lune, et la fête de l'entrée d'Osi-
ris dans la lune (/^oj-. plus haut), so-
lennisée le 3o Eplplii, n'était desti-
née qu'a célébrer la conjonction du
soleil «tde notre satellite {V. Plut.,
Isis et Osir., p. 5 08 de l'éd. Wyt-
tenb., et comp. les Comm. Herocl.
de Creuzer, p. 120, etc.). Que telle
ail été l'opinion égyptienne sur le cou-
ple divin, c'est ce dont il est impos-
sible de douter ; mais ou se trompe-
rail si l'on en concluait qu'elle n'a rien
été que cela. Osiris était aussi le Nil,
et Isis alors se confond aveclEgypte,
que traversent, qu'inondent ses eaux.
Suivons dans tous ses détails le my-
the populaire. Après avoir parcouru
de lointaines et presque inaccessibles
conlrées, le voici , ce fleuve sacré, ce
dieu bienfaiteur, a la porte de l'E-
gypte, près de Philes, entre Eléphan-
liue etSyènejdes rochers, desîlols
entravent sa marche j il est retenu
entre des profondeurs que vulgaire-
ment on appelle ses sources ( àç è\
ècQua-irot tÎTt xl îTijy*/, Hérod.,liv. II,
ch. 28). C'est Osiris au tombeau de-
puis l'équinoxe du printemps jusque
{)rèsderépoquesoIsliciale j mais alors
e dieu se réveille et peu a peu secoue
la léthargie qui a enchaîné sa vigueur:
il monle, franchit sa rive, et s'épan-
che, chargé d'un limon fertilisant, sur
leseindel'Egypte, sa féconde épouse^
Isis mugit de plaisir [f^uK^^azec. t«ç
''l(r;J«f, S. Grég. de ]Naz.). Sou-
vent les eaux bienfaitrices s'élan-
cent au-delà du vallon privilégié et
vont baigner l'aride hsière du désert.
Dans ce cas , l'imprudent Osiris a été
infidèle à son épouse, il a honore de
OSI
241
ses dons l'inféconde Nef té j la ra-
dieuse guirlande de lotos est restée
dans le sein de cette amante involon-
taire. Cependant les eaux , qui ont
couvert la superficie tout entière des
guérets , commencent a baisser et
roulent vers ces innombrables ca-
naux d'irrigation que la prévoyance
nationale a multipliés le Jong des
deux rives du Nil : ce sont les lam-
beaux du cadavre divin., Osiris n'est
plus un vaste corps : morcelé, mé-
connu, il coule au-dessous du niveau
de. la terre qu'il a fécondée. Isis gé-
mit sur sa disparition, et Typhon,
sourit à l'aspect du grand fleuve
démembré en mille ruisseaux , eu
mille canaux insiguifianls. Ces deux
idées transcendantales relatives k la
nature des choses durent se fondre de
bonne heure dans une seule et même
idée. Osiris alors devint l'année astro-
nomique et rurale des Egyptiens ,
mais plus spécialement l'année rurale.
L'Egypte antique avait par an deux
récoltes , et eu conséquence deux pé-
riodes distinctes de semailles et de
moissons. L'une allait de février jus-
qu'au commencement de juillet; l'au-
tre comprenait les mois de septem-
bre, d'octobre cl de novembre. De
là le double trépas et la double nais-
sance d'Oiiris. La première dispari-
tion a lieu au printemps , en Phamé-
noph (en mars):Typhon domine alors
sur l'Egyple jusqu'en Epiphi (eu juil-
let). C'est l'époque des hag^es et ho-
micides chaleurs : la végétation jau-
nissante languit et meurt j les débris
calcinés des fruits , • des fleurs , jon-
chent tristement un sol qui se fen-
dille ; l'atmosphère est d'un rouge
sombre j l'horrible Kasuiin enlève et
porte des plaines du Sahara sur le
terreau de la féconde Egypte l'aridi-
fiante poussière du désert. Tout est sous
l'empire du dieu mcclianl, de ses 7 a
16 '
A4a
OSI
complices (c'esUK-dire des 72 jours
penoant lesquels H va triompher sans
obstacle) , cl de la reine d'Ethiopie,
Aso, qui retient Osiris a la porte de
l'Egypte, au milieu des rochers d'E-
léphantine. Enfin le solstice d'été ar-
rive' tout change de face : le fleuve,
dont les eanx se sont enflées par de-
grés, abandonne sa rive et promène
sur les terres la vase qui doit les fer-
tiliser. La longue vallée alors présente
l'aspect d'nn immense archipel semé
de bourgades et de villes f tous les
Égyptiens parcourent les branchesdu
fleuve sur des barques de papyrus ,
etle 24 septembre les écluses s'ou-
vrent au milieu des applaudissements
de la foule. C'est la renaissance ,
c'est le second triomphe d'Osiris,
triomphe éphémère et caduc. Tau-
dis que l'Egypte sous les eaux , avec
toutes les espérances de l'année, se
félicite de la récolte prochaine, les
i'ours diminuent, les ténèbres sem-
)lenl prendre le dessus ; i'hivet
approche, accompagné des longues
nuits, des frimas, de l'infertililé.
Osiris, ce puissant générateur, sem»
ble paralysé et privé du pouvoir d'en-
gendrer. Sa veuve met un fils au
jour, mais quel fils! Avorton chélif,
dieu muet et inerte , le triste Har-
Pokrat n'atteste que trop l'énervalion
de son père et crie a tous qu'un fan-
tôme lui 2 donné la vie, La nomen-
clature , et surtout la distribution ,
l'époque*des fêtes d'Osiris, fournira
une dëraonstratiou complète de la
justesse de ce nouveau système , qui,
comme nous l'avons indiqué , sem-
ble réunir les détails les plus ira-
portants des explications solaire et
niliaque. Osiris est donc l'année ru-
rale , l'année agraire. Dornedden ,
dans son Phaménophis, s'est appli-
qué avec assez de bonhenr a décrire
les rapports qu'il y a entre ce dieu et
OSI
l'année astronomique la plus ancienne,
2uine se composait que de 56o jours,
►n conçoit facilement qu'il invoque et
les 36o coupes de Pliiles et les 36 0
urnes d'Acanthe ; clans le tonneau
pt-rcé où tombe l'eau de ces derniè-
res, il soupçonne une espèce de clep-
sydre destinée a marquer la fuite du
temps. Un passage très -curieux de
MdCTohe{SatunîaL, 1. XYIII) vient
a l'appui de l'hypothèse de Dorned-
den : on y lit que chez les Egyptiens
et d'autres peuples, le soleil, pendant
les trois premiers mois, était regardé
comme enfant; pendant les trois sui-
vants comme adolescent ou jeune
homme; pendant trois autres comme
homme fait j enfin pendant les trois
derniers comme vieillard. Or, peu de
lignes auparavant, Macrobe vient d'i-^j
dentifier le soleil a Racchus et Bac-J
chus h Osiris. Dornedden en conclu!
que les 56 0 jours figurés par lefl
3 60 coupes forment un véritable cy^
cle dont Osiris est le nom hiérogly«
phique. Aussi explique-t-il le nor
du dieu par ceux-ci : « Créateur di
temps. «Du reste, naliirellcment,c'ea
vers la tin de décembre et au solstici
d'hiver qu'il faudrait placer la nais
sance et l'enfance du soleil. Est-cl|
avec raison que Dornedden, confoi
mément à ce fait connu ([ue l'annél
égyptienne fixe commençait au solstic
d'été, prétend qu'a l'hiles l'cnfanc
d'Osiris comprend les 90 beaux joui
de l'été , sou adolescence les 90
l'automne , sa virilité les 90 de l'hl
ver, et, ce qui ne semblera pas pc
bizarre, sa vieillesse les 90 du priai
temps? Est-ce avec raison que dai
le bâton du soleil de Plularcine {(îem
Tifpiov viXioi) il voit une allusion k cet I
vieillesse d'Osiris? C'est ce qni nouij
semble extrêmement douteux. Dai
tous les cas, on trouvera une analya
assez exacte de celte théorie dan^
OSl
Funke, Neues RcalschaUex., III,
p. i2/|.i, 2, 3j art. Osiris. Voy.
aussi notre art. Isis. Est-il besoia
d'insister longuement sui* les détails
de la légende d'Osiris? remarque-
rons-nous que d'après ces récits, dont
la couleur nous rappelle les Mille et
une Nuits , beaucoup de traits sont
véritablement historiques, offrent une
teinte remarquable de localité? ap-
pellerons-nous l'attention sur la na-
celle de papyrus , en grec byblos
(/SwÔAaj ) , oui porte Isis dans une ville
homonyme/ interpréterons -nous sa
généalogie? si Osiris a Isis pour sœur
jumelle et pour épouse, qui ne voit
dans cette union le reflet de tous ces
hymens théologiques hindous et égyp-
tiens entre le père et la fille ( Voy.
Brahm, Knef, Piromi, Sakti)?
Quant aux noms de Jupiter et de Ju-
non , de Saturne et de Rhéa , les
deux premiers représentaient, pour
les Grecs, Amoun et sa femme que
plus tard ils remplacèrent par î>é-
rapis et Saté j les seconds ne sont
autres que Sovk et Petbé, le der-
nier dej six couples qui composent
les dieux du second ordre. Or, la
pentade osirique étant censée former
les dieux du troisième ordre , il était
naturel de faire descendre Osiris de
Saturne. Disons la même chose de la
tradition qui lui donne pour père le
Soleil, quoique sur ce point on puisse
avoir des idées un peu différentes, et
soupçonner une succession de dieux-
soleils déplus eu plus empreints d'hu-
manité, de plus en plus s'approchant
de la terre. Ainsi à Fré ("HA«f)
ou le soleil proprement dit succéde-
rait Osiris, à Osiris Haroéri, a celui-
ci des rois humains qui rattacheraient
fiar ce moyen leur dynastie aux dieux,
eur sang au sang des immortels.
a Oinnis potes tas a sole. » Des-
cendre du soleil ou être pris pour
081
243
lui a long-temps été la chimère des
princes. Les Incas au Pérou, Octave
à Rome et, dans des siècles plus mo-
dernes, Louis XIV ont payé tribut k
cette faiblesse. Au reste, tout indique
que le titre même de Pharaon, quelle
que soit son étymologie {Pé-Ouro ,
Pi-Ré, etc.), se rapporte toujours à
Fré , ou vient du même mot que Fré,
le soleil. En effet Osiris, ce dieu-soleil
bienfaisant et actif par excellence,
cette haute personnalisation du grand
être dans le grand astre, était le mo-
dèle de tout Pharaon, comme Toth
celui de tout prêtre ( Voy. Creuzer ,
trad. fr. , liv. III, ch. 11, § 3). Si
dans les traditions égyptiennes popu-
laires nous voyons Osiris se substi-
tuer aux divinités les plus élevées de
la hiérarchie, il est facile de pressen-
tir que hors de l'Egypte, qu'en Grèce,
par exemple , il apparaîtra avec les
caractères de tous ou de presque tous
les dieux. D'abord il ne peut manquer
d'être assimilé à tous les dieux-soleils.
AinsiTitan,Hypérion,Hélios("HA<»f),
Bacchus que ses mystères nous don-*
nent aussi pour déchiré en lambeaux
( ^(cc(r7ici<r/^xTx toj B»x}(^ou analogue
aux TTrecpttyficCT» ooiK^vâdf] 'O(ript^os
de S. Grég. de Nazianz., Poés.),
Apollon , enfin Hercule , présentent
des rapports avec lui. Saturne même
n'en e»t point exempt j car ce dieu
ou cette planète , annexée par ja
superstition au soleil , fut souvent
prise pour lui, ou reçut les honneurs
Sue l'on voulait rendre 'a l'autre,
upiter, nommé le père d'Osiris par
le plus grand nombre des traditions,
a quelquefois été confondu avec lui.
Tous deux avaient rendez-vous dans
Sérapis qui, sous les Lagides, com-
mença k captiver tous les homma-
ges, et qui par rouséquent dut être
appelé par les Grecs Jupiter. Se-,
rapis n'était au fond qu'Osiris, eiï
x6.
344
OSI
OSI
tant qae Nil et en tant que roi da
sombre empire. De même on a pu
prendre aussi Osiris pour Pluton,
pour Rhadamanle, ce juge des âmes,
ce roi (radja ou ré) de l'enfer ^men-
ti). Comme générateur puissant, sou-
vent représenté par le pballc ou Ti-
tbjphalle , et honoré dans les plialla-
gogies , il a dû passer pour le même
que Priapp. En Phénicie , on le re-
trouve sous le nom d'Adonis et en
conjonction avec Aslarlé (quoique à
notre avis celle-ci représente Tétoile
de Vénus plutôt que la lune) 5 en
Chaldée, c'est Baal, Baal sous pres-
que tous ses noms, BaaI-Péor, Baal-
Samen, Baal-TsépLon j en Perse, c'est
Mithraj en Inde aussi les rappro-
chements avec Savltri et les autres
personnifications solaires ne manque-
raient pas. Mais c'est surtout dans
les hautes sphères de la religion brali-
manique que se laissent apercevoir
les rapprochements les plus curieux
comme les plus incontestables. Dans
le sivaïsme , Içouara avec Ica , son
épouse, présentent k la fois et les
noms et les caractères divins d'Osi-
ris. Dans le vichnouisme, les trois
dernières incarnations , celles de Ra-
ma, de Bala-Rama et surtout de
Kricbna semblent le plagiat ou l'o-
riginal de la légende d'Osiris. Osiris
et Kricbna sont noirs : tous deux tra-
vaillent a l'amélioration et au bon-
heur de l'espèce humaine j tous deux
marquent leur passage dans la vie par
la promulgation des lois, par la po-
pularisation de l'agriculture , par des
bienfaits; tous deux ont pour cortè-
ges des nymphes et des animaux aux
formes bizarres et fantastiques 5 tous
deux meurent sur un bois fatal sur
les confins de deux âges divers, et
forment comme la transition, le nœud,
le joint des périodes divines aux pé-
riodes humâmes. Enfin tous deux,
^1
iniri» ï
reportés par l'allégorie dans l empire
des êtres métaphysiques ou des ab-
stractions, deviennent : 1° le principe
du bien (Krichna-Bouddha d'une part,
et de l'autre Osiris-Agathodénion) j
2** le principe suprême de l'intelU-
gence (« ycusj'o »o»jTof)j 3" enfiu la
première mauifeslaliou de l'Être su-
prème,régalde Kncf, l'égal de Brahm, fâ
en conséquence le principe unique et «
mystérieux duquel émanent toutes les
existences. Là, aux ludes comme en
Egypte, s'absorbent les unes dans les
autres toutes les individualisations di-
vines} là, la religion populaire vient
s'identifier à la haute doctrine dont
elle n'est qu'un reflet bien capricieu-
sement brodé, il est vrai, mais encore
reconnaissable. Osiris se retrouve
dans une foule de ces scènes divines
que la sculpture et la peinture mul-
tiplièrent sur les murailles des tem-
ples égyptiens. Une suite d'images em-
pruntées h divers moiuimeuls et re-
produites dans le granil ouvrage fran- 91
çais sur l'Egypte (vol. IV, Dcnderah, l|
pi. XXIV, f. 8 , pi. xxvii, f. 4. et 5 5
v. III, Thèb., pi. XXIV5 Hirt., p. Sp
et pi. yui, IX, f. 59-62) représente
les traits principaux de la vie d'Osiris.-
On l'y voit tour à tour privé du
phalle, puis avec le phalle retrouvé.
Le plus souvent il tient le sceptre à
tèle de coucouphaj sa main, quelque-
fois ses bras portent la croix ansée
ou clé du Nil, symbole de la vie
divine. Un bas-relief de Luxor le
montre embrassé par Bouto. Ordi-
nairement il a pour coiffure une mitre
très-riche. Il n'est pas rare de voir
son buste surmonté d'une tête de
bœuf ou de taureau : les Osiris hié-
racocephales sont moins fréquents.
Comme roi de l'Amenti , il porte le
van sacré avec le bâton augurai.
Creuzer croit retrouver Osiris-ISil ,
près de son réveil au solstice d'été ,
OTH
dans une figure d'homme qui semble
dormir la tête appuyée sur le bras
droit dans un lit funèbre que revêt
unej)ean de lion (Voy. Descr. de
PEg., t. IIL^pl. Lxiv). Le traduc-
teur français compare avec raison ce
tableau a celui du sommeil de Vich-
nou étendu sur le serpent Sécha, et
de son réveil au bout de quatre mois.
Dupuis ( Orig. des cuit., t, V, p.
564- ) s'est plu k faire des rappro-
chements entre la légende d'Osiris
et l'histoire du Christ, et a ramasser
sur ce sujet plusieurs passages de
St. A thanase (coffre les Gentils),
de St. Théophile [àAutolyq., 1. I),
d'Athénagore, de Minutius Félix et
de St. Augustin.
OSOGO. Foy. Ogoa.
OSSILAGO ou OSSIPAGA, OS-
SIPANGA, de'esse latine, présidait
à l'ossification des cartilages destinés
k former les os. Les mères et les
nourrices l'invoquaient en faveur des
entants. On l'appelait aussi dans les
cas de luxation, de fracture et d'en-
torse.
OSTANE , '09-7-^v,jf , fut, dit-on,
un chef des miagcs, postérieur de peu
d'années a Zoroaslre. 11 est a croire
que c'était plutôt un titre géne'rique
qu'un nom propre. L'histoire men-
tionne deux Oslane grands mages ,
l'un sousXerxès, l'autre sous Alexan-
dre-le-Grand.
OSTAR, le dieu de la lune chez
les Scandinaves. Le mois d'avril lui
était consacré. Pâques se dit Oster
en allemand. *
OSTASE, OsTAsus, était dans la
mythologie syrienne un des fils d'U-
ranus et de Gé , le ciel et la terre.
OTHREIS, nymphe, personnifica-
tion du mont Olhrys, fut aimée d'A-
pollon, puis de Jupiter, et eut du pre-
mier Phagre , du second Mélilée. A
notre avis, Phagre est une espèce de
OUA
a4S
Dagon, et Mélitée une Ilithye andro-
gyne.
OTHRYONÉE, prince thrace,
auxiliaire de Priam et prétendant de
Cassandre , fut tué d'un coup de pi-
que parldoménée. Selon Homère, il
voulait obtenir la princesse par sa va-
leur, et non par ses présents.
OTIHOU - OTOUAI , autrement
Oréro, déesse de l'archipel Sand-
wich, reproduite par Choris ( Foy.
pittoresque autour du mondes
Sandwich, YI, f. 3). C'est une des
bonnes sculptures de la Polynésie.
La tête est laide , mais elle est posée
avec aisance et liberté, et (chose uni-
que dans les fastes de l'art k Sand-
wich!) elle est proportionnée avec le
corps. Les mamelles pyriformes com-
me celles des races éthiopienne et ma-
laie, sont finies avec Beaucoup de
soin. Les bras k lignes rondes et va-
riées se détachent, et semblent vou-
loir jouer avec liberté j malheureuse-
ment la partie inférieure de cette fi-
gure manque.
OTRYNTÉE,Otrynteus, roide
quelques plaines au pied du Tmole ,
eut d'une naïade (qu'on veut bien
appeler la nymphe INaïs) Iphition.
OTUR , figure diversement dans
les mythes Scandinaves comme être
ahfimanique , instituteur du jeune et
beau Fafnir, qui plus tard le tue,
et qui, pour se faire expier de son
meurtre, est obligé de couvrir son
corps de pièces d'or. Ce mythe im*
f)ortant a été développé de la manière
a plus brillante par M. d'Ecksteia
{CathoL,\^l, 3,oun''^8).
OTUS ou OTOS : 1° un des
Aloïdes {Voy. ce nom)j 2° chef
grec, fils de Cyllène, tué par Poly-
damas au siège de Troie {Iliade y
liv.XV,v. 5i8).
OUAHICHE, génie chez les Iro-
quois , passe pour inspirer les joa«
2/,6
OUE
gleiirs et pour leur révéler l'aveuir.
OUARAKARA, dieu féiiclie des
indigènes des Antilles. C'est une es-
pèce de pyramide tronquée, haute de
trois pieds. La grande base placée
en haut a près de trois pieds ac dia-
mètre. La petite qui est en bas n'a
guère qu'un pied et demi. Les pans
qui forment la périphérie sont sculp-
tés grossièrement. Sur un buste, qui
est celui d'un lézard h queue courte,
est une énorme et hideuse tèle d'un
volume égal au moins huit fois au
corps.
OUCHSIT est, chez les Iakoules,
le dieu chargé de présenter leurs
filières au ciel, et l'exécuteur des vo-
ontés du Tout-Puissant. Sun nom
veut dire avocat. Il apparaît souvent
à leurs yeux sous la forme d'oiseau
ou sous celbde cheval.
OUESTUCATI(o.i UESTLCATI)
est, dans la nomenclature de Saumaise
{de Afin. CUm.)j le nom du deuxiè-
me Décan de la Vierge. Firmicus
l'appelle Thopitc (Tiiopilus) • et l'on
peut remarquer dans le zodiaque rec-
tangulaire de Tentvra un nom fort
approchant, Topit. Oueslucati-Tho-
pile porte a la main le sceptre des
dieux bienfaisants, et a pour coiffure
deux cornes de bouc surmontées de
deux feuilles, comme son homonyme
Topil. GœTves{Mythcngesch.^ t. II)
l'identifie au Phruron , trente-sixième
dyuaste du latercule d'Eratosthène.
Dans le système de Dupuis ce serait
plutôt Moschéri, dix-septième dynas-
te , et en rectifiant Dupuis , par la
suppression de Menés , ce serait le
dix-huitième dynasle Moustlii. Enfin ,
fii Ton faisait coïncider dans la corré-
lation des dynastes et des décans,
Atolhès I avec Sothis, Ouestucati se
trouverait le même que Mares ou
Maris I, neuvième souverain inscrit
«tir la liste d'Ératoslhène.
OU M
OUGRACÉNA, radjah hindou de
la race des ladous, occuj)a long-temps
le trône de Mathoura, et donna le
jour à la belle Dévaki, mère de Yich-
nou, et à Ransa, l'opiniâtre antlgo-
niste de ce dieu.
OUIKKA , le mauvais principe
chez les Esquimaux, s'oppose en tout
K Oukouma. Il excite les tempêtes,
renverse Icsbarques, fait manquer les
flèches, et se plaît a accabler de maux
es hommes,
OUIS]NEAGH(WisREAGu)etaussi
OusKEACH est, dans la mythologie
irlandaise, le feu sacré, Tàlre person-
nifié j Danan elle-même, la grande
déesse des TualLa-Dadan, est tour h
tour la génératrice, la terre, la flam-
me. Lors de l'invasion des Firboigs ,
l'Irlande fut divisée en cinq provin-
ces. Le centreauquel venaient abou-
tir ces cinq provinces se nomma
Ouisnéagh. C'est la que brûlait le feu
éternel, et ((u'élait le siège principal
du culte druidique. Dans la suite on fll
démembra une portion de chacune ^
des cinq provinces, pour former un
petit territoire sacré dont Ouisnéagh
occupait le milieu. Ce fut la rési-
dence des rois et des pontifes suprê-
mes. Quant à l'identification de l'a-
ire, du feu, du territoire et de la
déesse , elle n'a rien d'étonnant :
Vesta, on le sait, est le foyer, 'E<rr/«.
OUKOIJMA , le bon principe chez
les Esquimaux [J^oy. Ouirka).
OULLEIl, Ase Scandinave, fils de
Sifia et beau-fils de Thor , préside
au duel. Personne. ne l'égale dans
l'art de tirer les flèches et de courir
en patin.
OULOUTOIOM est, chez les
îakoulesjlechef des vingt-sept tribus
d'esprits méchants répandus dans l'air.
11 est marié et a beaucoup d'enfants.
OUM. Foy. HoM.
QDMAR-CEO; le dieu des mers
OUT
à Otaïii {f^oytz. Etoua-Rahai).
OUINONTÏO, le dieu suprêine
chez les Iroqiiois.
OUPIS. Foy. Opis.
OURA'NOS. roy. Uranus.
OUSUII, OUSIUEI. r. OsiRis.
OUSU (Housu), jeune fille chi-
noise surnommée la Heur attendue ou
la fille du seigneur, rencontra un jour
sur les bords d'un fleuve un éléphant
miraculeux et resplendissant, l'aspira,
el se trouva enceinte d\m fils qu'elle
mit au monde au bout de douze ans.
Ce fils était Fohi.
OUTCHEISRAVA, cheval de la
mythologie hindoue, appartenait à
Soumbha , une des incarnations de
Siva. C'est un des plus riclies trésors
de la terre, a L'éléphant Iravat, glo-
rieux partage d'Indca, l'arbre Parid-
jata el le char traîné par des cygnes
t'appartiennent, » lui disent Tcnanda
, et Mounda pour exaller son orgueil,
lorsqu'ils le stimulent au rapt d'Aui-
bika.
OUTIS, Ouns, eu latin Utis ,
nom d'Ulysse, n'est qu'une défor-
mation, une abréviation du nom clas-
sique Odysscvs {'oh-rnùi) , dont le
radical Oilyss.... offre la ressem-
blance la plus frappante avccO/ù.v. .. ,
Ouliss.... La forme latine Ulysse
( dont certes nul ne conteste Taffi-
iiité) est moins voisine d'Odyssevs
qu'Outis; car la métamorphose du D
en T (de la lettre douce eu forte)
n'est pas, K proprement parler, un
changement. Au reste, Outis accen-
tué différemment [Ouns au lieu do
Oirts) signifie en grec personne. De
là, un jeu de mots assez plaisant.
Polyphème , en s'enivrant sous les
auspices et par les soins du prince
d'Ithaque, lui avait demandé son
nom, elle rusé convive avait décliné
celui d'Outis. Plus lard, lorsque les
compagnons du h<iros se furent enfuis
OVIi
247
après avoir crevé l'œil du géant , à
toutes les questions des Cyclopes qui
venaient le secourir et qui ne cessaient
de lu.' demander qui l'avait mis dans
cet étal, Polyphème répondait a Ou-
tis (Personne). » — « Si personne ne
l'a attaqué, ne te plaius de person-
ne. >3 La méprise des Cyclopes est
plus marquée eucore en grec où deux
mots eûVtf et fittTiç sont censés sy-
nonymes, et où Polyphème n'em-
ploie jamais celui de fttirtgf tandis
que ses amis l'emploient toujour:i
comme équivalent exact de tvTtç. Eu-
ripide a reproduit ce calembourg de
la haute antiquité dans si pièce saty-
rique du Cyclope.
OVLSARA est l'Etre suprême à
Beniu. Invisible, présent partout,
créateur du ciel et de la terre, infiui-
ment bon; il n'est pourtant jamais
invoqué. Puisqu'il est bon, disent les
Nègres, ce serait inutile. Du reste,
ils croient au démon , aux ombres, à
la divination. Un pot percé par le
fond eu trois endroits est l'organe es-
sentiel des oracles que leur rendent
leurs prêtres. C'est au son tiré du
vase que les adeptes reconnaissent la
volonté du dieu. Ce son s'explique ,
il est vrai, h la fantaisie du jongleur,
mais il n'eu a que plus de mérite.
Au reste, jamais prophétie ne doit
rouler sur la politique ; il est mémo
défendu aux prêtres de Bénin, sous
des peines très-sévères, de mettre les
piecls dans la capitale. Cela n'empê-
che pas que de temps a autre les rois
du pays n'empruntent leur ministère
pour mettre k mort en cérémonie les
prisonniers. Ces aulo-da-fé ont lieu
devant les grossiers fétiches qui , au
dire des Nègres, représentent les mé-
chants esprits. Les victimes doivent
être au nombre de vingt-cinq; du res-
te, on peut se racheter avec de l'ar-
geul. Un Irait curieux des habitant»
348
PAA
PAC
^^^■1
le
de Bénin , c'est qu'ils placent dans la
mer leur paradis et leur enfer.
OXYLE, OxYLXjs, "o?vA«f , fils
d'HéinoQ (et non Andiémou qui était
son bisaïeul"), tua son frère, et en
conséquence fut obligé de quitter le
pays. Il partit , non pas à cheval ,
mais sur un mulet, non pas sur «u
mulet ordinaire, mais sur un mulet
borgne. Un jour qu'il parcourait le
")ays en si brillant équipage , passent
es Hcraclides fort embarrasses pour
trouver un guide , car l'oracle leur
avait signiiié qu'à moins de prendre
un guide a trois yeux ils ne pouvaient
réussir dans leur entreprise. ccYoilH
notre homme , » s'écria Cresphonte
h la vue d'Oxyle monté sur son qua-
drupède borgne. Les Héraclides ap-
plaudirent, et Oxyle entra dans le
Peloponèse avec les trois fils d'Aris-
tomaque. Après la victoire , il eut
en partage l'Élide, rendit Élis, la
capitale, très-florissante j puis, sur
l'ordre de l'oracle de Delphes , choi-
sit pour son successeur l'arrière-pe-
tit-fils d'Oreste , Agorîus. — Deux
autres Oxyle furent l'un fils de Mars
et de Protogénie, l'autre père des
Hamadryades {Voy. ce nom).
JPXYiNE (OxYNus, "olwcç) et
SCaMAlSDRE (Scamandrius , Sxa-
ftit^ptoî), fils d'Hector, furent envoyés
en Lydie pendant le siège de Troie,
et, après le départ des Grecs vain-
queurs, rebâtirent la ville et fondè-
rent un nouveau royaume.
OXYPORE, 'oiv^ipoç, c'est-à-
dire le marcheur vigoureux ^
frère d'Adonis dans la généalogie ci-
licocyprienne de ce dieu. C'est la
personnification du soleil i" en, tant
que roulant sans interruption dans
l'espace, 2" en tant (|ue fort, c'est-à-
dire éblouissant de lumière, bridant,
fécondant, invincible. C'est presqueBl
une opposition complète à l'idée d'A-^"
donis, languissante et froide victime
de l'hiver. Oxypore a trois sœurs
{P^oy. Laocohe) qu'on peut prendri
pour les trois saisons de l'année pri3|
mitive. Leur père commun est Cinyre.
PAAMYLE, Paahivles, nax/xli-
Aijf , dieu égyptien aux formes phalli-
ques, nous est du reste inconnu. Etait-
ce Mandon, l'analogue de Pan-Pria-
pe? était-ce Osiris en tant que phal-
le? Le nom de Paamyle se prête à
une foule d'étyraologies diverses, Pi-
AmouTiy Phall-Myll^ Padma ou
Padmala (espèce de lotos et en
conséquence d'Ioni). Quant à l'inter-
prétation' vulgaire de Paamyle par
réglez votre langue, il faut en rire.
Au reste, il est présumable que ce dieu-
phalle se présentait avec des traits
d'androgynisme. On donne comme
nourrice d'Osiris une Paamylie de
ïhèbes; à qui l'oracle annonça un
jour au sortir du temple la naissance
d'un héros sans pareil , et qui peu
de temps après vit naître et nourrit
le jeune Osiris, appelé aussi Para-
mélès. On institua en son honneur
une fête dite Paamylies , et dans la-
quelle on transportait processionnel-
lement l'organe viril.
PAAS, le dieu suprême des Er-
sani qui font partie des Mordouans.
PACHACAMAC. Foy, Patcha-
K.AMAK.
PACTOLE, Pactolus, najcro».
xUi dieu fleuve célèbre chez les an-
ciens à cause des paillettes d'or qu«
ses eaux roulaient, fut lié à rhistoire|i
de Midas, Le roi de Célènes, pour
PAI
se débarrasser du fatal privilège qu'il
avait souliaité de tout changer en or,
se baigna dans le Pactole, et transmit
aux flots la propriété qu'il perdait.
Les anciens ont mis aussi une pierre
et une plante aurifère dans le Pac-
tole. La plante trempée dans de l'or
en fusion devient de l'or 5 la pierre
filacée a l'enlrée d'un trésor en écarte
es voleurs , a l'aspect desquels elle
rend un son éclatant comme celui do
la trompette.
PACTOLO, ncucTaXaj une des
sept Muses siciliennes que reconnaît
Épicharme. Toutes les sept sont flu-
viatiles.
PADMAPANI, te cinquième d^'s
Boddhicatoas dans le système des
Bouddhistes , a été chargé par Adi-
bouddlia , l'essence suprême, ou do
créer des mondes ou d'en préparer la
création. Conformément à cet ordre
il produisit Brahmà , Vichnou et Siva
auxquels appartiennent les trois fonc-
tions subalternes de créateur , con-
«ervateur et modificateur des formes.
PAGASE, Pagasus, n<»y«(r«f,
chef troyen tué par Camille. — La
Thessalie avait une ville de Pagases
fameuse parla construction du navire
Argo , que l'on appelle souvent Pa-
gasoea navis , Fagasœa puppis.
PAITNOUFI, nxvryovVa ^ ou
PAYTNOUFI, le même mie Thoth
(Thoth-Hermès cynocéphale , Thoth
11?). Les inscriptions grecques d'un
bas-relief en creux du temple de
Dakke ( l'ancienne Pselcis), qui était
dédié h ce dieu , répètent souvent ce
nom dont nous ne connaissons pas
le vrai sens. On voit dans Gau {An-
ticj. de la Nubie, pi. xxxvi C) un
Pailnouil cynocéphale dans l'attitude
de l'adoration devant une lionne h,
triple mamelle, sur la tête de laquelle
plane le disque ou globe investi de
deux ouréesj un vautour. coiffé du
pchent étend ses ailes sur le quadru-
pède sacré qui ne peut être que Neith.
Le rapport des deux figures princi-
f)ales (la lionne et le cynocéphale) et
a présence du disque ont donné a,
penser (^0/. trad. fr. de Creuzer
par M. Guigniaut, p. 55 du t. IV et
cf. 1. 1, 823 et 828) qu'il y a ici une
représentation symbolique de la créa-
lion par le verbe. Thoth serait le
verbe, et Neith la nature, la raatièrej
et, en d'autres termes, Neith la ma-
tière, Thoth la forme qui s'impose k
la matière.
PAIVE était , chez les Lapons , la
déesse du soleil et une des trois divi-
nités supérieures du pays. Sous ses
ordres, trois génies subalternes ré-
gissaient le dimanche, le vendredi, le
samedi. Elle n'avait pas de statue ,
quoique ses collègues en divinité en
eussent.
PAIX (la), Pax, en grecÏRÈNE,
E/p'»»;, était en Grèce une des trois
Heures ( /^. ce nom), et en consé-
quence passait pour fille de Jupiter
et de Tliémis. On la représente sou-
vent portant Plutus dans ses bras.
Chez Aristophane , elle a pour com-
pagnes Vénus et les Grâces. Athènes
lui dédia un autel, mais c'est surtout
k Rome qu'elle fut adore'e. Le tem-
ple que Claude éleva en son honneur,
et que dédia Vespasien après la guerre
de Judée , était le plus riche et le
plus beau de Rome. Il contenait, ou-
tre les trésors ravis au temple de Jé-
rusalem, une magnifique bibliothè-
que et quantité de tableaux , de sta-
tues, d'objets précieux et de curiosi-
tés naturelles. Il fut brûlé sous Com-
mode. Son emplacement était non loin
de l'église actuelle de Maria-Nova,
5ur la voie sacrée , a la quatrième
région de Rome. Beaucoup de mé-
dailles représentent la paix. Ses traits
^out ceux d'une belle et majestueuse
aSo
PAL
matrone, l'olivier dans «ne main, la
hasle pure , le sceptre ou le caducée
dans l'aulre. On lui donne aussi la
corne d'abondance, le bouquet d'épis,
le flambeau renversé pour attributs.
Comme d'ordinaire c'est après les ba-
tailles qu'elle paraît, on la voit avec
la palme, avec la massue, avec la
lance, enfin avec les grandes ailes de
la victoire. C'est presque une Pallas.
Sur une médaille d'Auguste elle met,
avec son flambeau allumé , le feu à
un tiopbée d'arbres.
PALAjMÈDE , Palamedes, na-
?ia.ft>ièr,s., fds du roi d'Eubée , Nau-
plius , et de Climène ( ou d'Hésiode),
avait été élevé par Cliiron. Député
mais vainement a Troie pour y rede-
mander Hélène , il fut un des instiga-
teurs les plus. ardents de la guerre,
déjoua la ruse imaginée par Ulysse
pour éviter de prendre part a l'expé-
dition , fit voile pour la Troade h la
tète de trente vaisseaux , tua Sarpé-
don et Déipbobe , décida les thels h
reconnaître l'aulorilé d'Agamciunon,
se signala par diverses inventions
propres h distraire l'oisiveté des sol-
dats. Tant de services ne purent le
mettre h l'abri de la cruauté des
Grecs. Ulysse cliargca un prisonnier
phrygien de fausses lettres a l'adresse
de Palamède , puis eut soin de faire
tomber ce complice de ses perfidies
dans une embuscade où il périt. Les
lettres trouvées sur sou cadavre fu-
rent portées h l'assemblée des prin-
ces grecs, qui crurent que Palamèdo
trahissait leur cause : on courut a sa
tente, et l'on y trouva cachée la som-
me dont Priara lui accusait l'envoi
par sa lettre. La preuve du crime
alors devint complète, et Palamède
lut lapidé. On sait quelle vengeance
tira plus tard Nauplius de la mort
de son fils. — On rapporte à Pala-
ipède l'invcution de cinq Ici Ires de
PAL
l'alphabet grec , des poids et me-
sures, de la fixation du mois lunaire
et de la détermination de l'année so-
laire, de la tactique, des échecs,
des dés, etc. On lui attribuait aussi
des poèmes qui furent supprimés par
Agamemnon. Rien n'empêcherait de
voir en lui, au moins avec autant de
raison qu'eu Ulysse, l'auteur de quel-
ques-unes des rhapsodies de l'Iliade
et de l'Odyssée. Palamède recul les
honneurs divins dans l'Eubée. Une
de ses statues portait l'inscription :
yîu dieu Palamède. — Les lettres
qu'on lui attribue sont les cinq sui-
vantes, <I>, X, 0, y., Y. Ulysse,
en se moquant de son rival, disait
que cette dernière était de l'invention
aes grues qui volent rangées sur deux
lignes en forme d'ï. De là, le nom
d'oiseaux de Palamède donné aux
crues. — Selon une tradition, Pala-
mede , un jour qn il était occupe a
pêcher loin de l'armée, fut noyé par
Ulysse et Diomède. Darcs de i*hry-
gie le faisait périr de la main de
Paris.
PALAMISÉE, pALAMUiEus, dé-
mon lutteur qui attaquait les hommes.
On croyait à la pluralité des l^alam-
uées, ce qui n'eujpêche pas qu'on ne
les ail récapitulés par un chel. C'est
ainsi que l'on reconnaît trois Furies
et une grande Furie. Jupiter aussi en
tant que punissant les coupables avait
le surnom de Palainnéc. — Rac. ;
■^lâxti lutte.
PALANTHO ou PALATHO,
fille d'Evandre, la même, dit-on, que
Palatie qui donna son nom au mont
Palatin, et que Pallanlée l'amante
d'Hercule. Nous croyons que c'est une
Pallas subalterne , une INeilli-phalle.
Comp. l'art, suivant.
PALATIE ou PALATUE , Pa-
LATiAj Palatua, décsse italique, fat
une ttes feuvoesdc Lutiuus et; au dire
PAL
«le ceux qui l'idenlifient à Palanlho ,
la fille d'Èvandre el la sœur de Pal-
las. C'était le moul Palatin personni-
fié. Ou dit qu'elle avait donné son
nom à celte montagne, honneur qu'au
reste lui disputent Paies , Palanlbo ,
les deux Pallas, Pallas l'Evandride
et Pallas l'aïeule d'Èvandre , et les
Pallante de Pallanlium ou Pallantia
en Arcadie. Palatie avait un beau
temple sur le mont Palatin, et un
prêtre chargé de son culte portait le
titre de Palatual ou Palatuar. Pa-
latual était aussi le nom du sacrifice
qu'on lui offrait.
PALÉMON, Pal^mon, n»xxi-
fiû» , fils d'Alliamas et d'Ino, et
frère de Léarque, s'appelait d'abord
Mélicerle. Athamas , dans un accès
de fureur, veut tuer Ino, Léarque et
Méliccrte. Léarque expire collé con-
tre la muraille. Ino se jette dans les
ondes tenant Me.licerte dans ses bras.
Ils sont changés en dieux marins :
Lio prend le nom de Leucothée, Mé-
licerte celui de Palémon. Ténédos et
Corinihe honoraient Palémon. Les
jeux islhmiques mêmus furent insti-
tués en son honneur par Glaucos , el
c'est Thésée qui, en les rétablissant,
les plaça sous l'invocation de Nep-
tune. Dans le temple de ce dieu à
Corinihe, Leucothée el Palémon for-
maient une triade avec lui, et chacun
des trois dieux avait son autel. Ou
descendait par un escalier dérobé
dans une chapelle basse où Palémon
en personne faisait sa résidence. Té-
nédos offrait au jeune dieu des en-
fants pour victimes. — Palémon veut
dire lutteur,- Mélicerte, c'est Mel-
karlh , c'est-h-dire Hercule , dont la
vie mythique n'est qu'une longue
lutte. Leucothée avec Mélicerle dans
les bras, c'est Addirdaga avec Dagou
ou Ichlhys. Comp. Atuamas et Por-
TVJiWE» -^ Trois autres Palémon
PAL
aSt
sont : 1° fils de Vulcain ou de l'Af*
gonaute Étole^ 2° fils d'Hercnle et
dTphinoé (ou l'identifie h Sophax) ,*
3° fils de Priam.
PALÉMONE, Pal^emonius, fils
de Lerne ou de Vulcain et Argonaute.
PALES, déesse italique dont le
culte fut principalement célèbre dans
Rome, présidait, du moins selon l'o-
pinion vulgaire de ses adorateurs,
à l'augmentation et au bien-être des
troupeaux. Mais probablement les
doctrines antiques attachèrent un
tout autre sens h son nom qui semble
avoir le rapport le plus étroit avec le
phalle et l'allas, et qui souvent même
est pris pour le nom d'une divinité
mâle. Fît-on abslraclion de cette der-
nière circonslauce , il est clair que
Paies, dans cette hypothèse, auraii
été la grande génératrice , la mère
fiar excellence. Les nomades del'Ita-
ie primitive se plurent sans doute à
voir en elle la fécondatrice des trou-
peaux, leur unique richesse, et mé-
tamorphosèrent ainsi la haute divinité
cosmique en simple délié champêtre.
C'est sans doute aussi jpus l'influence
de cette idée générale que des an-
ciens identifièrent Cvbèle el Paies.
La transformation fréquente du nom
de Palilies (fêtes de Paies) en Parilies
(dérivé de parère) peut de même
donner à penser que dans l'idée de
Paies entre celle de génératrice. Nous
venons de voir que la fêle de Paie»
se nommait Palilies ou , par une lé-
gère altération, «Parilies. Elle se cé-
lébrait le 2 I avril ( 1 1 des calendes
de mars), le jour même auquel la
li-adition plaçait la fondation de
Rome. Quoique les invocations des
bergers annonçassent que l'on rendait
ainsi hommage h la protectrice des
troupeaux, les cérémonies principales
indiquent plutôt des demandes expia-
toires, Il est vrai q"Ç rexpiaùou , la
«Ss
PAL
lustratio , pour employer un instant
le langage du rituel, avait été' rappor-
tée de bonne heure et exclusivement
à des fautes qu^occasionnait la vie pas-
torale. Laisser brouter un arbre par
les animaux, les faire paître dans un
lieu consacré par l'incinération d'un
cadavre, entrer par raégarde dans un l'on a cru que les adorateurs de Paies
PAL
en vin cuit. Ovide [Fus t. , liv. IV)
met K cette occasion dans la bouche
des bergers une prière charmante.
4° Suivait un festin rustique dans le-
quel on faisait snrlout usage d'une
boisson dite burranica composée de
miel et de vin doux. C'est à lort que
bois et y effaroucher par ses regards
les divinités champêtres, couper des
branches dans un bois sacré pour les
employer h la guérison d'un mouton
malade, se réfugier par un temps d'o-
rage dans quelque édifice sacré isolé
au milieu des champs, troubler le lim-
pide cristal des eaux , telles étaient ,
selon le formulaire sacré, les princi-
pales souillures à effacer. Les purifi-
cations se faisaient par le feu. Voici
comment. i° La veille de la fêle une
restale distribuait a qui en voulait des
cendres de jeunes veaux brûlés encore
k l'état de fœtus le jour des Fordici-
dies (fêtes en l'honneur de Tellus).
Ces cendres devaient être semées
sur des charbons ardents que l'on
arrosait ensuite de sang de cheval j
après quoi l'qp mettait le feu à des
gerbes de paille. Lorsqu'elles étaient
enflammées les berorers s'élançaient
à travers le fragile brasier qu'ils tra-
versaient trois fois en sautant. 2°
Le soir, lorsque les troupeaux reve-
naient du pâturage , on les rangeait
devant le bercail , et l'a on les asper-
geait d'eau lustrale a l'aide d'une
branche de laurier 5 des fumigations
sulfureuses complétaient cette puri-
fication. Le bercail même était sou-
mis k une cérémonie analogue , et le
soufre, la sabine, l'olivier, le pin , le
laurier, le romarin, diversement com-
binés et brûlés ensemble, épanchaient
dans cet asile des troupeaux uue fu
buvaient au milieu du sacrifice et de
la prière. 5° Après le repas , on re-
nouvelait les feux de joie de la veille,
et on sautait de nouveau par trois
fois dans la flamme du chaume. Le
caractère expiatoire de celle solen-
nité est-il le trait fondamental , ou
bien n'est-il qu'un trait épisodique?
C'est ce que nous ne discuterons pas.
Remarquons seulement 1° le rôle que
joue ici (dans la distribution des cen-
dres) la prêtresse de Vesla ( Vesta si
voisine de Cybèle, Vesta déesse du
feu ) , 2° l'apparition du sang de che-
val, soit tout simplement comme élé-
ment fumigaloire et par conséquent
expiatoire, soit a cause de sa préten-
due ressemblance avec la flamme
( « figura sanguinis ignicolor, » dit S.
Épiph., C^f .y hérét.,\.\^ c. 18).
Les Faillies , a partir de l'an de
Rome 708 (avant J.-C. 45 et44-)»
furent célébrées aussi en l'honneur de
César, parce que c'est le 20 avril au
soir que Rome reçut la nouvelle de
la victoire de Munda, Elles se soutin-
rent jusqu'à l'an de J.-C. 692, épo-
que àlaquelle le concile de Conslan-
tinople, connu sous le nom de Pseu-
dosexte,les interdit ainsi que les feux
desNéoraénies(C««pn LXV). Outre
les Palilies vraies , on célébrait dans
l'inte'rieur des maisons uue fête ho-
monyme, qui serait mieux nommée
Parilies. La maîtresse de la maison
se couchait dans le lit de l'Atrium, et
demandait à Paies d'heureux et faci-
I
mée propitiatoire. 3" On offrait a la
déesse un sacrifice qui consistait enfles accouchements.
gâteaux de miel et de fèves, en lait ,1^ PALESTIN , PALESTiurs , fils
PAL
du roi de Thrace, Néphée, perdit son
fils Haliacmon auquel il avait confié
le commandement de son armée, el
de désespoir se jeta dans le Strymon
(aujourd'hui Struma) qui s'appelait
Cauosa, el qui prit plus tard le nom
de Strymon. Il est croyable qu'Ha-
liacmon devint aussi un fleuve,
•PALESTINES, Palestin^e, les
Furies à Paleste en Epire, Près de
cette ville était une de ces mefitinel'
le (cavités volcaniques) par lesquelles
les anciens croyaient qu'on pouvait
descendre aux enfers.
PALESTRE, PALiESTRA, n«.
Xx/oTpoif la lutte personnifiée, passait
pour fille, tantôt d'Hercule, tantôt
de Mercure, tantôt de Chorique (le
soufflet). On conçoit toutes ces généa-
logies. Hercule fut un rude lutteur.
Mercure passait pour l'inventeur de
la lutte. On halète en luttant, on
souffle. Dans la dernière tradition Pa-
lestre est l'amante de Mercure. Ce
sont ses frères, Hénète et Plexippe,
qui ont inventé la lutte. Leur sœur dé-
voile cet art a Mercure. Le père ir-
rité ordonne à ses fds de se venger
du dieu. Ceux-ci happent un jour
Mercure endormi sur le Cyllène , et
lui coupent les mains. Mercure alla
se plaindre a Jupiter , et l'on arracha
les entrailles à Chorique qui fut chan-
gé en soufflet. On dit encore de Pa-
lestre qu'elle fit permettre la lutte aux
femmes, et qu'elle fut l'inventrice de
cette espèce de tablier de pudeur que
portaient les athlètes.
PALEUR. Foy. Pallor.
PALICES ou FRÈRES PALI-
QUES, dieux jumeaux siciliotes , na-
auirent, selon les uns de Jupiter et
'Etna fille de Vulcain (ou même de
Vulcarn et d'Etna) , selon les autres
d'Adrane , qui est aussi un dieu du
feu {yoy. Adratîe). Etna, qu'on
nomme encore Thalie, fut, a sa
PAL
253
prière et pour ne pas être aperçue
de Junon, cachée pendant sa gros-
sesse dans les entrailles de la terre.
Au terme de l'accouchement, deux
fils jaillirent brusquement du sol.
Leur temple était voisin ou de Ca-
tane sur le Siraèlhe ou d'Éryx. Près
de l'édifice sacré se voyaient deux
lacs d'eau sulfureuse et bouillante,
toujours pleins jusqu'au bord, tou-
jours au même niveau. Ces lacs s'ap-
pelaient Delli. Toute la banlieue di-
vine était célèbre par les prophéties
que les deux frères rendaient , par
l'asile qu'elle offrait aux esclaves fu-
gitifs que l'on ne rendait au maître
qu'après serment de les traiter moins
rigoureusement h l'avenir, enfin par
les jugements qui y étaient pronon-
cés sur les contestations relatives aux
paiements. Dans ce cas, on se puri-
fiait aux bassins des frères Paliques,
ou donnait caution, on écrivait la for-
mule du serment exigé par les prê-
tres sur des billets que l'on jetait
dans le bassin: ils surnageaient s'ils
étaient conformes à la vérité 5 ils
tombaient au fond , si le débiteur
y écrivait un parjure. On ajoute que
non-seulement il était alors condamné
à payer, mais qu'une mort subite le
punissait à l'heure même de son au-
dace , ou qu'il se noyait dans l'un des
lacs, ou qu'un feu secret le dévorait:
Diodore de Sicile réduit la peine a
la perte de la vue. Long-temps on
avait immolé des victimes humaines
aux Paliques. — Il est clair que les
frères Paliques ne sont que l'eau ther-
male divinisée. Les lacs où on les
invoquait se réduisent chez quelques
auteurs à un seul. Peut-être fut-il
divisé par les prêtres en deux com-
partiments. Ce lac passe tour h tour
pour leur mère, pour leur berceau,
pour la route par laquelle ils revin-
rent a la terre-, enfin pour eux-
254
PAL
mêmes. Toutes ces opinions se con-
cilient. Quant aux variantes sur Unir
généalogie, Adrane et Vulcaiu re-
viennent au même. Qu'ils aient pour
pcre un Yulcain ou pour mère une
Vulcanide, le mythe n'est pas diffé-
rent. Reste h expliquer l'union du
feu avec les eaux; le mot seul de
source thermale explique tout. On
sait d'ailleurs que les volcans et les
sources sont en rapport. Il est pos-
sible que l'apparition subite d'eau
chaude sulfureuse dans le voisinage
de Catane , k la suite d'une érup-
tion de l'Etna, ait donné lieu K la
création du naylhe des frères Pali-
qnes. Parfois les jumeaux se réduisent
a un seul Pallque , fils de Jupiter et
d'Etna. Son père, toujours dans la
crainte de Junon, le changea en ai-
gle. Il faut songer ici que Jupiter-
Vautour se mêle a la fable d'Etna ,
et que le vautour, analogue a l'aigle
par ses serres puissantes, se rappro-
che du cygne par la flexibilité de son
cou. Bochart dérive Adranie (c'est
ainsi qu'ilécritAdrane)d'Adramélech,
et conclut que les Paliques sont des
dieux phéniciens. L'étyraologie est
fausse , et la dérivation ethnographi-
que très-gratuite, quoique rien ne
s oppose à ce que les Phéniciens aient
porté leurs idées, leurs dieux en
Sicile.
PALINURE, Paunurtjs, pilote
d'Énée, s'endormit au gouvernail,
tomba dans la mer, et, après avoir
erré trois jours a la merci des flots,
fut jeté le quatrième sur la côte de
rilalie. Les sauvages habitants de ce
littoral regorgèrent. Punis de leur
crime par une peste violente, ils éle-
vèrent 'a ses mânes un monument fu-
nèbre qui devint bientôt un autel.
Dans YirgUe , c'est Énée qui rend ce
dernier devoir 'a Pallnure. Le tombeau
qu'il lui élève est le cap qu'où nora-
PAL
me aujourd'hui Cabo diPalemido.
PALLAINTIDES. Voy. Pallas
1. PALLAS, Minerve comme
guerrière, virile, phalle. Quelque bi-
zarrerie que présente ce cumul du
phalle et des traits propres a la fem-
me , le fait n'en est pas moins indu-
bitable. L'idée de femme épouse, «ou
sœur, ou fille, est une face de l'idée
de parèdre. Or, qu'est-ce qui cons-
titue le parèdre? la personnalisation
a part d'une propriété. Le dieu su-
prême est snge; sage est une qualité j
qu'on la substanlifie, la sagesse est un
être, le dieu sage devient dieu et sa-
gesse. Mais, d'autre part, ce dieu est
fort, est générateur, est actif, semble
armé. Vous avez alors dieu et la force,
dieu et l'aclivilé , dieu et l'armée ,
dieu et l'instrument de la génération.
Ce sont quatre parèdresj la sagesse
en est un cinquième. Ces cinq parè-
dres sont donc cinq dieux? Oui , si
l'on veut; mais, rigoureusement par-
lant , ils se réabsorbent eu un seul.
Dès-lors, sagesse, force, activité,
armes , phalle , ne sont qu'un dieu.
Et en vain vous aurez fait de la sa-
gesse une femme ou une vierge, cette
femme , celte vierge sera le phalle.
Les Grecs ont multiplié de vingt ma-
nières les phalles fantastiques, à for-
me de lanternes, de lampes, etc. Rien
n'empêche qu'on n'ait donné à un
phalle la forme de femme. Minerve
fut adorée par les Pélasgues sous le
nom de Palias, et ses statues por-
taient le nom de Palladium, qui fut
plus lard le titre générique des sta-
tues laHsmaniques auxquelles tenaille
sort des empires. Tels furent les Pal-
ladium de Phocée, de Chio, de Mas-
silie ( Marseille ) et de Rome. Le
Palladium par excellence fut celui de
Troie, qu'on donnait comme une fa-
lalilç de celte ville célèbre. Suivant
I
PAL
Apollodore, l'effigie sacrée avait trois
coudées ( 4- pieds 3 pouces 1/2 de
hauteur) ; les jambes étaient collées
l'une contre l'autre, et les bras sans
doute étaient de même collés au corps ;
dans la main droite était une lance ,
dans la main gauche une quenouille et
un fuseau. C'est k tort qu'on a voulu
refuser des mains a cette statue de
forme si peu élégante, et que , par
suite , obligé de reconnaître l'exis-
tence d'un Palladium a lance et que-
nouille , et par conséquent h deux
mains , on en est venu a dire qu'il y
eut deux Palladium , l'un véritable-
ment antique et sans mains, l'autre
fruit d'une élaboration grossière en-
core, mais dejàvisant au perfection-
nement et k l'art. Ce système n'a
d'autre base qu'une erreur matérielle
sur un mot grec {i:c^tpo7roi»]T»), qu'on
a traduit ^ar Ja.it sans mains , et
qui signifie nonjciit de la main des
hommes. Quant aux deux Palladium
mentionnés par Kanaboutsa (Manusc.
du roi ) , c'étaient les deux Pénates
primitifs, dédoublement de Pallas.
Le Palladium de Troie était de bois
de figuier selon les uns, et d'os se-
lon les autres. Ces os, dit-on, étaient
ceux de Pélops (ici songez que Mi-
nerve, k la table de Tantale, avait
mangé l'épaule de Pélops, épaule qui
fut remplacée par un membre d'i-
voire, et que Pélops, d'ailleurs, res-
scinble à plialle). La statue tomba du
ciel, ou elle fut donnée de la part des
dieux a un des héros fondateurs de
Troie. Quand elle tombe , c'est près
de la tente d'Ilus ou a Pessiiionte;
quand elle est donnée , c'est Electre
ou Chrysée qui la porte k Dardanus,
ou bien c'est Asius qui la donne kTros.
Dans riliade , Ulysse et Diomède
prennent le Palladium. Selon les tra-
ditions pélasgiques, tantôt Enée l'em-
porte en Italie , et Lavinium , la villo
PAL
255
sainte, le reçoit dans son sanctuaire j
tantôt l'Asie prétend ne pas l'avoir
perdu , et quand Fimbria incendie
Ilium, on trouve le Palladium intact
dans les cendres du temple de Mi-
nerve. Les conciliateurs des variantes
admettaient que Dardanus, possesseur
du Palladium, l'avait caché dans un
asile impénétrable, et n'exposait k la
vue du publicqu'un Palladium de main
d'homme. C'est de ce dernier qu'U-
lysse et Diomède s'emparèrent.
2. PALLAS, parèdre femelle de
Minerve, passait pour fille de Triton
(ainsi que Minerve elle-même) et pour
nourrice de Minerve. Comme elle ,
elle s'occupa de guerre, de jeux gym-
niques. Les jeux un jour devinrent
sérieux , et Jupiter, craignant pour sa
fille, présenta l'égide k Pallas 5 celle-
ci fut pétrifiée k l'instant même, et
Minerve, désolée, fit faire , pour
consoler sa douleur , un simulacre
de son amie (ce simulacre devint le
Palladium), et prit elle-même le nom
de Pallas.
3. PALLAS (g. Pallantisl),
génie funeste donné pour père de
Pallas-Minerve. Il se dédouble en un
Titan et un géant, tous deux victimes
de Minerve. Le Titan devait le jour
k Crios et k Eurybie 5 époux de Styx,
il en eut Nice, Cratos, Zêlos ctBia.Il
ne faut pas douter que ce ne soit celui
que Tzetzès et Clément d'Alexandrie
donnent comme époux de laTilanide et
père de Pallas-Minerve, qui eut bien-
tôt k se défendre de ses incestueuses
tentatives, et qui le tua pour en finir.
Le géantfut, lors du retour des dieux
au ciel, renversé, égorgé, écorché
par Minerve , qui prit sa peau pour
en tapisser son bouclier, et son nom
pour éterniser le souvenir de sa vic-
toire. Nous avons vu de même, aux
Indes, Bhavani, victorieuse deDour-
ga, s'emparer du nom de Dourga.
ihô
PAL
Û. PALLAS, fils de Pandion, se
dessine dans l'histoire d'Athènes com-
me frère d'Egée, de Nisuselde Lycusj
ies fils (au nombre de 12 ou de 5o)
s'appellent Pallan{ides. Neveux d'E-
gée (seul roi) et cousins de Thésée, ils
attaquent le premier, se laissent Lat-
tre par le second, rentrent dans Pal-
lène, leur seigneuriale demeure, et ne
revieunenta lacharge que long-lemps
après la mort d'Egée, et quand ïlié-
see, par ses perpétuelles absences ou
ses cruautés, laisse h toutes les ambi-
tions déçues un espoir de revanche.
Les Pallantides triomphent en effet,
et Méneslhée occupe le trône d'Alliè-
nes, tandis que Thésée cherche un
asile h Scyros. — La rivalité' de Pal-
las et d'Egée rappelle la foule des
autres mythes solaires oîi le jour et la
nuit l'emportent alternativement l'un
sur l'autre , ou bien se partagent le
monde eu qualitédc soleils semeslrieU.
Douze est le nombre des mois^ cin-
quante celui des semaines de l'année
lunaire. Egée et Pallas sont l'onde-
ciel et le phalle , tour a tour iuactifs
et actifs. Pallène , séjour isolé, sep-
tentrional et brumeux, est comme le
lieu de retraite qui cache le phalle
pendant la période d'inactivité.
5-8. PALLAS, princes de la fa-
mille d'Evandre. On en trouve quatre
dans les raytiiologies, savoir : 1° Pal-
las, un des 5 0 fils de Lycaon j il fon-
da Pallanlium , en Arcadie (Et. de
Byz., art. n«AA<ivr<ov). On y voyait sa
statue (Pausau., YIII, 44.). 2" Pal-
las , grand-père d'Evandre. C'est de
lui que le mont Palatin, à Rome , prit
son aom{f^oy. Evandre). Quelques-
uns en font un fils d'Egée et père de
Thésée, qui l'exila de l'Altique. 3°
Pallas, le fils d'Evandre, celui dont
nous allons parler plus bas. 4" Pal-
las, petit-iils d'Evandre par sa mère.
Mort fort jeuae, et probablement sans
PAL
[lostérité, il fut enterré sur le montPa-
atiu, dont quelques-uns veulent que
le nom dérive du sien. De ces quatre
Pallas , le plus célèbre est le troi-
sième. Virgile et après lui tous les
poètes le montrent allant porter des
secours à Enée dans la guerre contre
les Rutules. Il ne manque point de s'y
distinguer; mais il meurt de la main de
Turnus(£'7z.,l.X, v.485). Plus tard,
c'est la vue de son baudrier, dépouille
opime brillant sur le sein de Turnus,
qui détermine Enée a tuer ce roi des
Rutules, que la pitié lui commandait
d'épargucr. Comme son bisaïeul et
son neveu , Pallas est censé avoir
donné son nom au mont Palatin ou à
l'humble ville de Pallanlium , bàlie
par Evaudre sur celle colline (Aurél.
Victor, Orig. de la nat. roni., 5).
Pour quiconque sait traduire le lan-
gage mythologique, il est évident que
les trois Pallas en rapport avec Evau-
dre (le premier s'en éloigne trop et
va se jeter dans les mythes de Ly-
caon ) se réduisent a un seul, que
tour à tour on présente comme as-
cendant ou descendant a degrés di-
vers. Il ne faut pas oublier que , se-
lon plusieurs mythographes, Pallas
était un géant. Il est probable qu'on
lui a ici donné les traits des Pallas
en rapport avec Minerve {f^oj^. Pal-
las , n° 3). Quoi qu'il en soit , la
stature gigantesque de Pallas deviat
presque un article de foi au moyen
âge dans les monastères et dans les
écoles. Les histoires du 12" et du
i3' siècle parlent le plus sérieuse-
ment du monde d'un corps de Pallas
trouvé à Rome en io4i ou io54 j
sous l'empereur Henri III. Ce corps,
dressé contre les murailles de la ville,
les surpassait en hauteur. On disUn-
guait encore la blessure mortelle j la
lampe sépulcrale briîlait dans le tom-
beau. Toutes ces circonstances ab-
PAM
snrdes prouvent la fertilité des ima-
giuations monastiques j et quant aux
ossements eux-mêmes, si réellement
on en trouva, il faut les mettre avec
ceux du roi Teutobochus et du géant
de Lucerne : ce n'étaient que des os
d'éléphant(^o)'. Cuvier, Rech. sur
les ossem.foss., t. I, p. 78, etc.,
de la 2* éd.).
PALLOR , LA Paleub , parèdre
de Mars cliez les Romains. TullusHos-
tilius lui vouaun temple lorsde la ba-
"aille contre les Fidénates, quand la
dtfection des Albains faisait pâlir ses
soldtts. On sacrifiait a Palier un
chien e». une brebis. Ses prêtres s'ap-
pelaient Pallorii. On voit une tête de
ce dieu sur une médaille de TuUus
Hostilius, dans Havercamp {Thés.
Morell, t. I, p. 200).
PALME, Palmus , chef troyen a
qui Mézence coupa les jarrets et en-
leva les armes.
PALMYS, nûxfcvs, fdsd'Hippo-
Uon et un dos auxiliaires de Priara
pendant la guerre de Troie , était
tt'Ascanie. Ses frères et lui s'étaient
rendus ensemble au secours de la ca-
pitale de laTroadc.
PAMBON, dieu-icrpent de Ma-
duré. 11 paraît que c'est le nom gé-
nérique d'une ràpèce d'ophidiens ,
comme Hanoucian celui d'une espèce
de singes. Va le nourrit k la porte
des temp-'es , et il a même ses en-
trées d?«s les maisons.
P^MISE , PaMISUS , nifttiTeç ,
dipii-fleuve de la Messénie en l'hon-
aeur de qui le roi Cynortas institua
un sacrifice annuel.
PAMM-ARKHONDÊS , niftfccs
'kfx.^^^*iS') et en latin Pammus Ar-
CHOKDEs , nom évidemment défiguré
(peut-être faudrait-il substituer Pam-
Oiachérès ou Pamchontaré ) du 19*
dyuaste égyptien dans le latercule
d Eratoslbène, tombe, selon Gœrrcs
PAM
%s^
(fiïythengesch , t. II), avec Mos-
chéri et Mousthi, ses deux prédéces-
seurs supposés, dans les Poissons, do-
micile de Jupiter. Il en serait en
conséquence le troisième décan. Dans
les trois autres systèmes de concor-
dance imaginés entre les dynastes et
les décans, nous reconnaîtrions dans
Pamm-Arkhondès soit Soucho ( Se-
ruchut de Firmicus), premier décan
delabalance, soitAphout (Aphoso de
Saumaise), dernier décan de la vierge,
ou enfin Chommé , troisième décan
du sagittaire.
PAMMON, nûfcftav , un des fila
de Priam et d'Hécube.
PAMPHILE, i°PAiwpHinJs,égyp-
tide; 2° Pamphila, fille d'Apollon,
inventa l'art de broder en soie, f^oy,
aussi Pamphyle.
PAMPHOLYGME, femme de l'O-
céan, en eut deux filles, Asie et Li-
bye.— Pompholyx, en grec, veut
dire gonflement. Peut-être ce mythe
indique -t -il que les deux grands
continents connus des anciens , l'Asie
et l'Afrique, sont dus h un soulève-
ment du lit des mers.
PAMPHOS , n<«^(p«f, barde des
époques primitives de la Grèce , avait
composé des hymnes qui se chantaient
avec les poésies d'Olen et d'Orphée aux
mystères d'Eleusis. Pausanias obtint,
dit- il, du Dadouque d'Eleusis la per-
mission de les lire, et en mentionna
quatre : a Gérés, k Neptune, k Diane,
kErôs. Onpeut y joindre l'hymne aux
Grâces, quoique ni leur nombre ni
même leurs noms ne fussent fixés dans
ces vers sacrés ; un chant funèbre sur
la mort de Ninus, et un autre sur l'en-
lèvement de Proserpine. Philoslrate
dit que l'hymne homéroïdique k Pro-
serpine est une imitation d'un hymne
semblable laissé par Pamphos. Pau-
sanias regarde Pamphos comme pos-
térieur a Olen , «i même comme U
tT.
«7
asa
PAN^
correcteur et l'éditeur des poésies
d'Orphée et d'Olen. Pamphos , dit-
on, était d'Athènes.
PAMPHYLE: 1° Pamphyle, nct/n-
çwAjj, fille de Rhacios et de Manto ;
2° Pamphylus, Tlift(pvXof, la Pam-
pbylie personnifiée. Ce dernier passait
pour fils d'Égime et frère de Dymas;
il régnait en Doride. Les Héraclides
le tuèrent lui et son frère, et les Spar-
tiates vainqueurs donnèrent , en mé-
* raoire de ces deux princes, le nom de
Pamphylide et de Dyinantide à deux
de leurs obes ou tribus.
PAMYLES, Pamyles. f^. Paa-
MYLE.
PAN, n»r, dieu rural de la mytho-
logie vulgaire, est l'Etre suprême soit
des Pélasgues soit de ceux auxquels
les Pélasgues l'empruntèrent. Voici
sa légende pélasgo-dorîque. Pères :
Mercure, Jupiter, Saturne, Uranus,
Ether,etc.,on peutchoisir.Dansrhy-
pothèse de Mercure , la mère est la
nymphe Dryope , ou bien Pénélope.
Toutefois Pénélope , chez quelques
mythologues , devient enceinte soit
grâce a Ulysse, son mari, soit grâce
k la foule des amants que lui fournit
Ithaque pendant l'absence d'Ulysse.
Dans l'hypothèse de Jupiter, la mère
estCallisto, ou la nymphe Cénéis, ou
Hybris (et non Thymbris). Dans la
troisième hypothèse, c'est Rhée qui
l'a de Saturne, Dans la quatrième ,
c'est Rhée (la terre) qui concourt avec
Uranus (le ciel) a la création du
dieu j et dans la cinquième enfin on
donne ponr parèdre à Elher une Né-
réide. Notons en passant que Mer-
cure, pour surprendre Pénélope, se
changea en bouc. Toutes ces généalo-
gies présentent pour traits fondamen-
taux la génération (bouc-chèvre) , les
vents et l'air, les bois ou mont boisé.
Quelques syncrétistes ont imaginé
êera Pan, l'un né de la nymphe mon-
PAÎf
tagnarde Sosa, l'autre de la nymphe
des plaines, Pénélope. Il vint au
monde avec des cuisses , des jambes
et des pieds de bouc, avec des cornes
de bouc , et avec le rude pelage du
bouc. La nymphe Sénoé , sa nourri-
ce , et les autres nymphes arcadien-
ues, poussèrent un cri d'horreur à sa
vue; Mercure, au contraire, se prit
à rire, enveloppa l'enfant aux Jambes
hirciformcs dans une peau, et le porta
des flnncs du Lvcée ou du Menai e
dans rOlympe, où il amusa les dieux,
notamment Bacclius, par celle bizarre
structure dont les nymphes avaient
eu peur. On le voil souvent en com-
merce d'amour avec les nymphes. Si
la belle Svriux résiste k ses ardentes
sollicitations , Echo , Pilys , Séléné
(la lune) sont moins fières etparlagent
sa tendresse. Pilys pourtant était ai-
mée de Borée; et le dieu , irrité de la
préférence donnée h Pan, tua la jeun©
fille, qu'ensuite Pan changea en pin.
Ponr approcher de Séléné il prit la
forme d'un bélier. D'Écho il eut lynx,
oiseau magique divinisé ; on donne
même Echo comme sa légitime épouse.
Quelquefois encore on voit Pan avec
Éi^a. ou Ex , el cf^He-ci le rend père
d'Egipan. Il est vrai que des poè-
tes font d'Egipan ua fils de Jupiter;
mais Jupiter et Pau nt diffèrent pas,
el leur fils Egipnn n'e&t autre que
Pan lui-même. Pan donna aux
dieux, lors de leur déroute inomen-
tanëe dans la Giganlomachie, Il con-
seil de prendre des formes anim4es
pour fuir en Egypte. Lui-même prn
une forme qui tenait du poisson et du
bouc, et se plongea dans la Médi-
terranée. Sous la forme d'Egipan il
se joignit a Mercure pour arracher
les débris inanimés de Jupiter à
la grotte corycine et les ranimer.
C'est encore lui qui découvrit la re-
traite dc' Cérèi lorsque , désolée d«
w
PAN
l'outrage qu'elle avait reçu de Nep-
tune, elle alla se cacher dans un au-
tre de l'Arcadie. Dans la guerre des
Titans, on le montre comme le prin-
cipal instrument de la fuite des en-
nemis. Il a trouvé de grosses co-
quilles sur le rivage , il y souffle et
en tire un son que fécho rend terri-
ble : lesTitans éperdus s'échappent en
désordre. La conque-trompette nous
mène aux autres inventions musi-
cales de Pan : c'est lui qui détacha les
légers ramuscules du roseau, et, per-
forant en tubes sonores les branches
de cet acotylédone qui fut Syrinx,
forme de ces tuyaux assemblés le cha-
lumeau chéri des pasteurs. C'est lui
aussi qui trouva la flûte simple , la
flûte droite, et même , dit Bion , la
flûte oblique. Fier de ces inventions.
Pan défia un jour Àpo'lon. La lyre
vainquit les instruments a vent 5 mais
Pan étant immortel, le dieu de la
lyre ne put l'écorcher comme Mar-
syas. Au reste , cette scène , comme
celle de Marsyas, se passe dans l' Asie-
Mineure. C'est le Tmole, mont ly-
dien , qui siège comme arbitre dans
cette contestation , et qui proclame
Apollon vainqueur. Un autre combat
de Pan mérite quelque attention 5
c'est contre l'Amour qu'il eut lieu :
d'abord Pan semble l'emporter sur
son jeune rival 5 mais Erôs se venge
en le perçant de l'une de ses flèches
et en lui inspirant pour Syrinx un
amour que cette nymphe ne partagea
pas. On attribuait encore k Pan l'in-
vention de l'ordre de bataille des pha-
langes , de la distribution de l'armée
en aile droite, aile gauche et centre.
On jouait même sur les mots que nous
traduisons par aile , et qui littérale-
ment , en grec comme, en latin, si-
gnifiaient corne («épfltf, cornu). Une
tradition aussi célèbre qu'absurde
sur la mort de Pan, est menlionnée
PAN a59
dans Plutarque ( de Oraculor. de-
feclu) : sous le règne de Tibère, an
faisseau se trouvant , le soir, dan»
le voisinage de Paxis, une des Écbi-
nades , le capitaitie Thamos entendit
une voix qui venait de terre l'ap-
peler par son nom. Il laissa deux
fois ce cri sans réponse 5 mais quand
son nom fut prononcé pour la troi-
sième fois il demanda ce qu'on vou-
lait : « Annonce aPalode-, dit la
voix, que le grand Pan est mort. » Il
n'y a pas d'extravagance qu'on n'ait
imprimée pour expliquer un fait qu'il
eût fallu au préalable vérifier, etdont
nulle autorité, au temps de Tibère,
ne dressa de procès-verbal. L'histo-
rien ecclésiastique Eusèbe s'est ima-
giné que c'était une voix miraculeuse
annonçant la mort du Christ. A notre
avis, l'explication est simple: «legrand
Pan est mort» était une formule sacrée
des mystères d'Osiris. En effet, nous
savons que dans la légende de ce dieu,
nommé aussi Phanaces, sitôt qu'il est
mort , les Pans courent çà et la par
toute l'Egypte el y répandent la triste
nouvelle. C'est par eux qu'Isis l'ap-
prend.— A présent nous voici trans-
portés dans une autre région , l'E-
gypte. Nous y voyons et Pan et les
Pans. Nous savons ce que signifie
cette contradiction apparente 5 la mo-
nade se dédouble k l'infini. Les Grecs
adoptèrent eux-mêmes ce dédouble-
ment, et groupèrent aatour de Pan
des Panisques {isque en grec est un
diminutif), ce que les Latins imitè-
rent en créant des Faunisques. D'aiU
leurs les SiWains, les Silènes nous en
offrent des exemples. Les Pans et Pan
suivent Osiris dans son expédition en
Orient 5 et les Grecs disent que les
Pans et les Silènes secondent Bacchus
dans la même expédition. Ici donc
Pan se distingue d'Osiris! Nul doute
pourtant qu'il ne se réidentifie soa-
17-
a6o
MN
vent kluî. OsîrU, grand Part, guidait
les Pans 5 on en concluait qu'Osiris,
accompagné du grand Pan, guidait
les Pans. Pan était, selon les Egyp-
tiens , fils de Paraifimon; selon Hé-
rodote, il était un des huit grand»
dieux des Égyptiens. Le même Hé-
rodote, et k sa suite toute Tanti-
Îaité, identifie Mendès (Mandou) et
'an 5 Mandou et Chmoun étaient sy-
oouymes. Les Alexandrins en effet
rendirent toujours Climunis par Pa-
nos. Au reste , Mandou ou Chmoun ,
n'importe le nom {f^oy. l'art. Man-
DOO ) , était figuré avec les traits du
bouc et l'ithyphallc lançant le fluide
générateur 5 et ses fêtes, ses pro-
cessions typiques, ses larges proslilu-
lions, ses démences qui font compren-
dre le mythe d'Hybris (l'hybridisrae,
l'union des espèces à tout jamais sépa-
rées par la nature, la cohabitation dont
résulteraient des monstres, si quelque
chose résultait) n'ont besoin ni d'être
démontrées ni d'être décrites. — A
présent, qu'était-ce que Pan? En
Grèce , c'est un dieu des pasteurs ,
des monts boisés, des coteaux abrup-
tes, des sources qui jaillissentduroc,
des vallées aux riants pâturages ; il
aime, il guide, il protège, il procrée
les brebis, il en écarte les loups,
c'est simple j et pourtant il aime les
loups, il les guide, il leur donne nais-
sance j comme eux il erre dans les
bois, comme eux il repose dans des
antres, comme eux il bondit sur le
roc et dans l'ombre, comme eux il
paraît à l'improviste. Ne croyez pas
même qu'il n'ait jamais leur forme!
Diane aussi est biche quoiqu'elle tue
les biches, est ourse quoiqu'elle frappe
les oursj Apanchomène elle s'étran-
gle, Britomartis elle tombe dans les
filets. Reprenons : Pan est le dieu
pâtre , voila son premier caractère j
loup, bois, prairie, montagne, se
PAT
lient à lui; Hermès, son père, était
aussi Un dieu pâtre. Mais c'est sur-
tout en Attique qu'Hermès va se des-
siner; Pan est plus spécialement le
Nomios de l'Arcadie. Et ici un trait
en passant! Pan est un dieu pélas-
gue par [excellence, car nul lieu de
la Grèce ne resta plus profondément
et plus long-temps pélasgique que
l'Arcadie. Un second caractère se
dessine a présent; il émane du pre-
mier, mais il est plus haut que le pre-
mier: Pan est la musique. Il rassem-
ble ses chèvres éparses sur les pics
alpestres au son d'un agreste chalu-
meau, ou d'une flîile, ou d'une ébau-
che imparfaite de cor; il est vrai
que cor , flûte et chalumeau ne sont
que des instruments à vent et ue
sont pas toute la musique; mais la
mythologie n'est pas la géométrie. Du
reste, l'idée de musique, tout en res-
tant incomplète dans un sens, est ri-
che et large dans un autre. Plusieurs
des arts divers que les anciens y
comprenaient sont de l'invention de'
Pan. Encore Hermès et Pan dans un
étroit rapport! Car qui inventa la
flûte? Hermès. Qui fit de la guerre
un art? Hermès. Qui est l'inventeur
de tout au monde? Hermès. Elargis-
sez a présent l'idée de musique, vous
arrivez k celle de son et, par suite , k
celle d'air. Car l'air est le véhicule
des sons, l'air forme des ondes sono-
res, et nulle part le son n'est plus re-
marquable que sur les cimes des!
montagnes , que dans les immenses''
solitudes; le son est Pan, et Pan est'
l'air. Pan était si bien le dieu de»
sons et des brusques apparitions,
qu'on appelait terreur panique l'effroi
inspiré par des bruits dont on igno-
rait la cause. On racontait k l'appui
de cette qualité du dieu que , lorsque
les Gaulois conduits par Brennus tra-
versaient la Phocide pour venir pillée
à
PAN
le temple de Delphes , un bruit sou-
dain glaça leur audace. Ils s'enfui-
rent pêle-mêle, et ne songèrent
1)lus a la séduisante expédition par
aquelle ils avaient voulu s'enrichir.
Aureste, Actéon, Ajax, apparaissaient
de même k la pointe des rochers , et
une vague frayeur suivait toujours
leur apparition. Ces trois caractères,
la vie pastorale, la musique, l'air so-
nore, forment en se réunissant l'idée
du Pan pélasgique; et maintenant la
légende grecque, où entrent les échos,
les Pitys, les Syriux, les boucs, les
loups, l'Arcadie , n'a plus d'énigmes
pour nous. Seulement notons que les
trois caractères s'élayant les uns au
dessus des autres, en raison inverse
de leur vogue, le plus célèbre sans
nul doute fut le plus saisissahle, le
plus vulgaire,... la vie pastorale. Pan
musique est moins connu. Pan air l'est
à peine , et ccpcndanl les vestiges
en sont neltement empreints dans le
matériel des mythes. Ou a vu aussi
dans Pan le symbole de riinirers
(wSv, tout), dans ses cornes les
rayons du soleil, dans le rouge vif de
sou teint l'éclat du ciel, dans la peau
de chèvre étoilée qu'il porte sur l'es-
tomac les étoiles du firmament, dans
ses pieds et ses jambes hérissés de
poils la partie inférieure du monde ,
la terre, les plantes et les arbres j
non-seulement ces détails minutieux
n'ont pas l'ombre de vraisemblance,
mais encore l'idée de Pan-univers en
Grèce pèche par la base (Pindare
«eul la conçoit aussi élevée) ; l'étyrao-
logie surtout est fausse. En Egypte,
il est vrai, le dieu qui repond a Pan
se rapproche davantage de l'univers 5
toutefois il ne l'est pas. En effet ,
Manduu est moins un dieu degré
de manifestation divine, qu'un dieu
propriété. Il en résulte qu'il est un
Kncf j ou Fta , ou f ré , gu même U
PAN
%6i
Prokhaméphis-Pironii. Quantkla pro-
priété qui le caractérise, c'est celle de
géuérateur-éjaculateur. Or, ce géné-
rateur adéquate au principe actif du
monde s'oppose à la fécondabilité
matière qui est le principe passif.
Pan serait donc l'âme du monde plu-
tôt que le monde dans ce système.
D'autre part , les nomenclatures or-
phiques présentent , comme né en
Egypte, Phanès dont le nom est voi-
sin de celui de Pan; ce Phanès, qu'une
étymologie absurde traduit par mani-
festateur, et lie phoniquement k (Çuos 3
lumière, ce Phanès identifié k Eros
et k Protogone , ce Phanès qui a la
tète de bélier et quelquefois la tête
de serpeut, et dont l'ample sein re-
cèle les images prototypes de toutes
les choses , ce Phanès , comparé a
Phanos (Bacchus), k Phanée (le so-
leil) et k Phanak (Osiris), ce Pha-
nès n'est autre que Pi - Amoun ou
Kncf. Car Kncf est le premier-ué
des êtres , le Démiurge typique ;
Rnef est criocéphnlc, Knef est ce
long serpent plié en orbe d'azur, et
dont la tète mord la queue. Dès-
lors nulle difficulté. 1° Parammon
n'est que Piromi, et tour a tour
il se délègue en Rnef, en Fta, en
Fré , eu Imôout, ou même en Osi-
ris, qui tous sont des Mandous. De
la toutes ces généalogies diverses de
Pan. Les trois principales sont celles
qui nomment pour père Parammon ,
Jupiter et Mercure. La première, pu-
rement égyptienne , revient a dire
Piromi est père de Knef-Chmoun.
Les deux autres se traduisent par
Fré-Chmoun (ou Maudouli) , fils de
Knef, et par Knef-Ousiri, fils de Pi-
romi-Toth (on sait que Tolh, dans sa
haute acception , est le dieu suprê-
me irrévélé), et d'ailleurs Param-
mon, Piromi, Pi-Hermès, Birouma
(pour Braboià) , sont çibsoluiuent le
a63
PAN
même nom. a** Si les trois Démiur-
ges sont chacun Mandou , le Maudou
par excellence pourtant est Knef, et
en conséquence Piianès, et en consé-
quence l'esprit, le vent, le souffle,
l'air, car tous ces mots s'impliquaient
dans la cosmogonie ancienne, et c'est
par eux qu'on formulait l'idée des
principes actifs des mondes (Comp.
Kolpiah). 3° Ce souffle est presque
lumière (comp. à la fin de l'article
les illuminations, les lampes, etc.),
c'est Bralimà devenu le Vaçou-Vaiou.
4** Puis vient le caractère lascif :
Âmoun-Mandou-Pbanès féconde la
matière qu'il louche; c'est un Ephap-
tor et, par suite, un phalle ; sans
cesse il agit. Aussi Chmoun-plialle est-
il iihjphallique. Sans cesse le souffle
qui donne la vie émane, Iranssude de
ses pores : des jets de liquides pro-
lifiques en sont le symbole. Tout
l'Orient d'ailleurs présente ce pre-
mier Démiurge sous les fraits d'incu-
bateur, d'incube. Or qu'est-ce que
Pan, si ce n'est l'incube de toutes les
nymphes, de tous les principes fe-
melles de Tunivers? 5° De Knef plu-
tôt que de Piromi ou de Fré émane
Osiris. Si donc Knef est Phauès,
Osiris aussi est Phanùsj et comme
d'aulre pari Osiris ainsi que Knef est
lelSil, est Tirrigateur, est le civilisa-
teur agricole, rien de plus naturel
que Pan , que le Pan de la Grèce ,
dieu rural des frais vallons et de la
vie pastorale. Les pâtres d'ailleurs
aux époques de la vie primitive
étaient chevriers, et le dieu-bouc de-
vait devenir un chevrier. 6" Le dieu-
bouc n'en est pas moins dans certai-
nes occasions un dieu-bélier (sous
celte forme il séduit Séléné)^ et du
reste le Pan bélier est en même temps
le bélier cosmogonique , symbole de
la génération, et le bélier zodiacal,
adéquate du «olcii de mars et du
PAN
printemps. 7° H est le dieu-loup ^j
nous l'avons plus d'une fois proclamé»iij
8" Il est le dieu-chien. C'est le chiei
universel, c'est le chien céleste Si-|1
rius, c'est le chien de Rhée. Mercure
aussi est chien ( du moins Mercure
Anubis)5 Mercure -est le chien célesle.
9° Nouveau rapport avec Mercure !
Pan est ilhyphalle et porte le van sti- ;
mulateur,Pan esl Cadmile, Pan est!
danseur. 10° Enfin Pan est Jupiter!
et Prolée , nouvelle identification II]
Knef; il esl Chmouu, et se lie à Pro-»
méthée, identification a Fta; il esl
père de Silène et suivant de Bacchus^]
identification à Fré duquel d'ailleur
le rapprochait déjà la fonction dal
blanc bélier ou bélier lumineux , doj
lucidus Pan, de Pan printemps, caï
telle était la face sous laquelle l'ado-*
rail Mcgare. L'Egypte nous ramèn^
ainsi a la Grèce, et Pan se déroulai
tout entier à nos yeux dans toutes les'
sphères que parcourt son nom. C'eslJ
dans la théologie égvplienne qu'il!
joue le haut rôle; les mythes grecs 1
le montrent humble membre de la
plèbe divine ; à Thèbes il flotte com-
me dieu propriété dans tout le ca-
dre des Kliaméphis , et se fixe comme
dieu Démiurge au premier rang j
les Pélasgues l'abaissent de plus en
plus, et en font l'air, la musique , le
mont boisé, le pâtre. Faut-il en con-
clure que réellement la Grèce reçut
de l'Egypte son dieu Pan? 11 y a des
raisons en faveur de ce corollaire.
Le nom de Phanès commun a l'Egypte
et aux dogmes orphiques en est une.
Mais une hypothèse tout autre se_-
dessine vis-k-vis de celle-là, et mérite fll
la préférence. Phanès etPan ne vien-
nent ils pas d'un foyer commun, l'Hin-
doustan;* Parmi les huit Vaçous en SM
qui se délègue Brahmù, Vaïou, le ^|
veut, se nomme et Marouta et Pava-
paj il a pour fils Hanouma», ^u
PAN
singe, inventeur d'un des quatre mo-
des musicaux , et cbef de la troupe
nombreuse des Hanoumans, auxiliai-
res de Rama. Pavaua et Hanouman
ne sont a nos yeux qu'un même nom
{Foy. Hanouman), et Pavana Ha-
nouman est l'original de Phanès, de
Phanos , de Phanak , de Pbanée, de ,
Faune. — Ajoutons quelques remar-
ques, i" Les boucs et les singes se
retrouvent a toute minute en mytho-
logie, et tendent a se confondre. L'u-
nique trait qui caractérise les derniers
chez les poêles est la présence d'une
queue. 2° Sénoé , nourrice de Pan,
rappelle Chmou», et lui-même portait
le surnom de Sinoïs. 3° Voici la liste
de ses autres surnoms : Agrée ( ou
Agrios), Égipan (donné aussi pour son
fils), Scolète , Lytérios , Lampée,
Inuus plus communément donné k
Faune (mais Faune est un Pan latin),
Luperque (surnom célèbre particulier
à ritalie), puis une foule d'épilhètes
locales, Ménalios , Lycéos , etc. A°
Lie culte de Pan en Egypte, soit com-
me Phanès, soit comme Mandou, ne
peut ici nous occuper. En Grèce , il
n'était pas connu du temps d'Homère
et d'Hésiode , et la présence d'un
hymne à Pan dans la collection bo-
méroïdique n'est pas une preuve du
contraire. Le Péloponèse et surtout
la montagneuse Arcadie furent-ils le
berceau de son culte, ainsi que l'indi-
que la légende qui fait de Pan un
fils de Pénélope? Dans tous les cas ,
il paraît que le reste de la Grèce ne
le connut que par Epiménide. Athè-
nes , quelque temps avant la bataille
de Marathon, ignorait son nom. Ce
dieu un jour apparut h ses ambassa-
deurs, et leur promit sou assistance
contre les soldats de Darius , s'ils
voulaient lui donner une. place dans
leur temple. On lui dédia un antre
p rès d'Athènes , et l'on institua en
PAN
%Ê%
son honneur un sacrifice annuel qui
commençait à la clarté des flambeaux.
L' Arcadie aussi liait à sou culte l'idée
d'illumination. Parmi le grand nom-
bre de temples, d'autels, de bois sa-
crés qu'il avait dans cette région , se
distinguait un temple k oracles , oà
jour et nuit brûlait une lampe. On
célébrait en son honneur les Lycées,
oii les jeunes gens frappaient de
verges la statue du dieu , si la chasse
n'était pas heureuse. Dès la même
époque, ces cérémonies toutes pelas >
giques avaient été transportées en
Italie , et les Lycées prenaient le
nom de Lupercales , le dieu celui
de Luperque (Lupercus). En même
temps une modification commune
changeait le mot Pan en Faune , ou
bien identifiait ces deux noms. Les
Luperci formaient d'abord deux col-
lèges , les Quintiliani et les Fabiani.
César eu créa un troisième , les Ju-
liani. Les deux premiers faisaient re-
monter leur institution à Romulus
même. Primitivement sans doute les
deux collèges n'avaient été que deux
familles issues de Quinlilius et de
Fabius , chefs , l'un du parti de Ro-
mulus, l'autre de celui de Rémus.
On sait que Niebuhr n'a vu dans
celte rivalité des deux frères que celle
de deux bourgades, Roma et Rémurie,
ou mieux encore de deux monts, le
Palatin et l'Aventin. Il est croyable
que de part et d'autre on adorait
le dieu-loup, et qu'une fois la fusion
opérée les deux familles sacerdotales
se réunirent en un corps. Du reste, la
louve de Romulus jouait un rôle dans
ces fêtes, et l'on nous montre les
Lupercales instituées en son hon-
neur. Dans les Lupercales, comme
dans les Lycées , était admise la fla-
gellation j mais la, les Luperques
fouettaient. les femmes qui s'offraient
sur leur passage et non le dieu j puis
<964
PAN
celte flagellation passait pour fécon-
dante. Les fouets étaient des laniè-
res faites de la peau de deux chèvres
immolées dans la fête. On immo-
lait aussi un chien. Le coutelas sa-
cré devait de plus effleurer la peau
du front d'un jeune homme, de
manière à en faire couler quelques
gouttes de sang. Jadis sans doute
des victimes humaines étaient tom-
bées eu l'honneur du dieu, et les sa-
sacrifîces humains qu'aholit Hercule
ont trait à cette barhare coutume.
Comp. ici le mjtbe de Lycaon , vrai
Pan, Luperque dévorateur. Les Lu-
perques, pour battre les femmes,
couraient tout nus à travers les rups
de Rome. Les Lupercales se célé-
braient le 1 5 février. Pan est repré-
senté avec les pieds et les cornes de
bouc, un pédum a la main et un cha-
lumeau dans Tautre. Une peau de
chèvre ou quelquefois une nébride
Tenveloppe. Il est figure' sur beau-
coup de médailles. ISous remarque-
rons celles de la famille Vihia (dans
Morell), qui a la têle du dieu d'un
côté, le pédum de l'autre j et le Pan
imberbe et nu d'Olympie ( Hunier,
JVum. pop. et ui'l?., pi. n" 4)-
»ur un vase pciul (Millin, Peintu-
res de vases, I, 5i), on aperçoit
Pan derrière Mercure.
PANACÉE, Panacea, nuvumtuj
fille d'Esculape et d'Epione, était,
ainsi qu'Acéso cl laso , la guérison
personnifiée. On l'honorait kOiope,
où. elle avait la quatrième partie d'un
autel (Fbj-. AcLso).
PANCRAÏIS ou PANCRATO,
sœur des Aloïdes et fille d'Iphimédie,
lut prise par un chef de pirates nom-
mé Butés , adjugée au Thrace Agas-
samène, et délivrée par ses frères.
PANDA, déesse latine, présidait
aux routes. Son nom vient de pan-
çicrej çuyrir, Oa, doûuajt m^si le
PAN
nom de Panda à la paix , qui ouvre
les portes des villes,- et même à [Gé-
rés, à pane dando.
PANDARE , Pandarijs, xiâtêei-
fcçy fils de Mérops et père de trois
filles, Mérope, Aédon, Cléodore, qu'il
laissa orphelines. Junon, Diane, Mi-
nerve, touchées de pitié, les comblè-
rent de leurs dons; et quand elles fu-
rent nubiles, Vénus, partageant les
projets des autres déesses, monta au
ciel pour prier Jupiter de leur oc-
troyer un heureux mariage. Mais
pendant l'absence de Vénus les Har-
{)yes enlevèrent les trois vierges et
es livrèrent aux Furies. Le Irio fé-
minin qu'embellit la réunion de tou-
tes les grâces et de toutes les ver-
tus rappelle Pandore; et qui peut
dire que Pandare ne soit pas un
Pandore masculinisé s'émanant en trois
Grâces? Mcropes veut dire homme.
Une variante de ce mythe n'admet
que deux Pandarides , Camiro et
Clité , et fait de Pandare, leur père,
un Cretois de Milet , complice des
vols de ïanlale auquel il fournissait
d'excellents moyens de tromper sans
mentir. Ainsi , par exemple, un jour
il vola le chien d'or placé devant le
temple de Jupiter, et en fil cadeau à
Tantale , qui jura ne pas avoir porté
la main sur le chien sacré. Pandare
fut changé en pierre. — Deux au-
tres Pandabe furent l'un un ïroycn,
frère de Bilias et victime de Turnus
en Italie; l'autre, fils de Lycaon,
auxiliaire de Priam , archer habile ,
aimé d'Apollon, qui lui donne un arc
et des flèches, et lui commande d'en
décocher une sur Mënélas, malgré la
trêve. Pbis lard , il blesse Diomède
qui le tue. Pandare est devenu célè-
bre par ses complaisances à l'é-
gard de Paris , dont Shakspeare sur-
tout le montre souvent comme l'a-
geat W Mt d'ifltiiguçg amoureuses.
I
1
n
PAN
PANDÂRÉE , Voy. Aédow.
PANDÉE, Tlcty^uU, fille de
Dosane (Hercule indien de Méga-
sthène, dans les IncUq. d'Arrien, c.
8 et 9 , et mieux peut-être Déonacli,
Dionyse), naquit de ce personnage
divin peu après son apparition dans
l'Inde. Dosane avait un grand nombre
de fils ; mais Pandée était sa seule
fille. Il la chérissait par-dessus tout,
il lui donna une magnifique parure
de perles vivantes et sensibles qui,
comme les abeilles, obéissaient à une
reine , et formaient une société au
fond des eaux; puis, voulant la ma-
rier et ne pouvant lui trouver un
époux digne d'elle, il la rendit nubile
dès l'âge de sept, ans et en eut un fils
duquel descendent les Radjabs de
l'Inde. Évidemment Pandée repré-
sente les Pandavas des légendes in-
digènes et leur race royale. D'une
femmedivine et d'un héros surhumain,
nœud brillant de la terre et des cieux,
émanent les rois. La femme divine a
quelque chose de fixe , de stable , de
permanent (on sent que c'est le globe
terrestre ou , en spécialisant, l'Inde,
puis Pandava); tandis que le père-
époux, voyageur immortel, engen-
dreur infatigable , donateur magnifi-
que, c'est la force active, c'est le dieu-
soleil. Aiusi a la terre immobile s'op-
pose l'astre au mouvement perpétuel :
ainsi k l'inerte matière s'oppose l'ac-
tive force organisatrice, au fond s'op-
pose la forme. Pandée , ainsi que
Maïa, Artémis , Cybèle, Omphale ,
Pandore et Vénus, créations différen-
tes pourtant par bien des points, réu-
nit virtuellement beaucoup de traits
de la grande fécondatrice. Terre ,
c'est Cybèle 5 Mère, c'est Maïaj
Nourricière et humiJe-passif, c'est
Artémis 5 reine qui accapare le dieu-
soleil , c'est Omphale 5 dotée riche-
ment, c'çst Pandore j çrnçe d^rétin-
PAN
205
celante parure marine, c'est Anadyo-
mène k la belle ceinture. 11 y a dans
tout ce mythe un reflet de celui de
Brahmà qui engendre, puis épouse sa
Paraçakti. Les sept ans, époque de
nubilité, ont trait sans doute a quel-
que cycle solaire, ou peut-être aux
sept planètes. — UnenulrePATJDÉEse
trouve nommée dans l'hymne horaé-
roïdique k la Lune , comme fille de
Saturne et de la Lune, et douée d'une
rare beauté. On voit que c'est la
même que la précédente, et que,
comme elle, c'est la personnification
des Pandavas {P oy. Pandoits).
PANDÉMOS, T\kA>,f<.,ç {atout
le peuplé) , Vénus en tant que déesse
lascive et courtisane, avait été dans
l'origine la haute déesse génératrice
recevant les hommages communs de
tous les dèmes, de toutes les castes de
l'Attique. Comp. Pandion. Les La-
lins admirent une Volgivaga. On op-
posait la déesse ainsi fabriquée à
plaisir k Vénus-Uranie. Solou bâtit
un temple a cette Vénus k l'aide
d'une contribution levée sur les
femmes publiques. Pausanias parle
d'une Vénus assise sur un bouc, et
l'appelle Pandémos. Beger ( Thés,
flraiid.) regarde comme une Vénus-
Pandémos une déesse assise sur un
char traîné par des boucs. — Ou di>n-
nait aussi le nom de Pandémos à
l'Amour, et alors on en distinguait
deux, l'un qui inspirait des désir.?
platoniques et purs, l'autre qui sti-
mulait les cœurs en sens contraire.
PANDION, roi d'Athènes, per-
sonnification des Pandies, a été scindé
en deux personnages et localisé à
deux places différentes dans les ar-
bres généalogiques érichthonides.
Pandion P' se dessine au dessous
d'Erichthonins^ il a de Zcuxipne deux
filles, Progné, Philomèle, etdeuxfiLs,
Érçc'UJiée, Bulès. D'Érechlhée, suç-
^6
PAN
cessivement époux de Praxilliée et de
Diogénie, naissent trois fils, Cécrops
II, Pandore, Métion, et quatre filles,
Procris, Creuse, Chtlionie, Orillivie.
Paudion II, fils de Cécrops II et de
Métiaduse, se trouve donc arrière-
petit-fiis de Pandion I^. — On n'a (|ue
peu de détails sur l'un et Taulre Pan-
dion. Le I*' épousa Zeuxippe, sa lan-
te, mais ce mol n'indique-t-il pas l'at-
telage et, par suite, l'invention des
chars attribués à Erichlhouius? Il fut
en guerre avec Labdaque, demanda
du secours au roi de Thrace ïerée ,
lui donna en mariage Progné , sa
fille , et plus tard lui confia Pliilo-
mèle. On sait quelles tristes aven-
tures suivirent cette marqua de con-
fiance. C'est sous Pandion que Cé-
rès et Bacchus se montrèrent en Atli-
que ^ son nom indique aussi que c'est
sous lui que les fêles de Jupiter de-
vinrent communes a toute l'Attique.
Pandion II fut chassé en même temps
que son père par Métion , son oncle ,
ou les Métionides, ses cousins, se
rendit a Mégare, y épousa Pélie, fille
de Pilas, en eut quatre fils, Egée,
Pallas, Nisus et Lycus, connus sous
le nona dePandionides. Pandion était
mort lorsque ces derniers reconqui-
rent Athènes : véritable triomphe des
Paijdous athéniens sur les Kourous !
LesPandionidesvainqueurs se parta-
gèrent l'empire. Lycus eut l'est ou
Sunium, Pallas le sud, Nisus Mégare,
Egée Athènes et la suzeraineté. Du
reste, Pandion devint l'objel du culte
des Mégariens , et eut son héroum
sur les marches du temple de Minerve-
^thya. — Pandion I*"^ régna de 1480
à 1440 avant J.-C, et Pandion II de
i36o a i33o. le tout suivant M. Pe-
tit-Radel. Quant aux Pandies, on en
ignore les détails, mais on s'accordait
à dire que ces fêles avaient été in-
stituées par Pandion j elles se célé-
PAN
braient après les Dionisyaques. —
Trois autres Pawdions furent ; 1° un
Egyplide 5 2° un fils de Phinée et de
Cléopâlre ( sa belle-mère , irritée de
lui avoir en vain révélé un coupable
amour , l'accusa auprès de son père
qui lui fil crever les yeux)* 3° un
suivant de Teucer au siège de Troie 5
il portait son arc.
1 .PA]NUORE,PANDORA,nti»J'<wf«,
l'Eve grecque, est, dans la théogonie
d'Hésiode , le chef-d'œuvre de Vul-
cain. Proméihée, Epiméthëe, Atlas,
Ménèce, habitent seuls le monde, et
se dessinent hommes protolypiques
au-dessous d'un couple céleste, Japcl
et Climène. Promélliée, le plus fin
des quatre , dérobe la fiamme qui
brille a la vuùle céleste, el la porte
sur le globe, enfermée dans une lon-
gue férule dont la moelle ressemble
à l'amadou. Jupiter irrité se résout k
la vengeance j il commande la femme
aVulcain.L'artiste habile se surpasse,
el l'orne de toutes les grâces maté
rielles. Les dieux charmés y ajoutent
tous les dons de l'intelligence , de
l'amabilité, de l'adresse, de l'élo
quence el de la coquetterie ; Pilhd
(la déesse de la persuasion) el le
Grâces lui passent au cou un collie
d'or : Jupiter a son tour lui donn
une petite boîte bien close, récapitu-*
lalion de tous les présents dont l'ont
comblée les fées d'Hésiode. De là le
nom de Pandore (îtSh, tout; èàifôv y
don), a Va, dit ensuite Jupiter, des-
cends sur la terre, et porte celle boîte
'aProraélhée. 35 Pandore obéit, et veut
remettre le don mystérieux de Ju
piler : Proméihée résiste aux instan.
tes soUicilalious de la belle commi*
sionnaire , et ne veut ni d'elle ni d
la boîle. Heureusement Epimélhée e
la: il accueille Pandore, en fait so
épouse, et ouvre la boîle. Soudain un
nuage de maux et de crimes s'élève
PAN
et enveloppe de sa brume épaisse le
globe, future habitation des enfants
de Pandore. En vain Epimélhée re-
pentant voulut refermer la boîte, et
faire rentrer dans sa ténébreuse pri-
son la horde fatale qui s'était envolée:
il ne resta que l'espérance toujours
planant sur le bord de la boîte , tou-
jours cherchant h obombrer le mal
de ses ailes. — Pour bien entendre
le mythe charmant de Pandore, il
faut comprendre que les quatre Ja-
pélides au fond ne font qu'un. Atlas
est, comme l'homme rudimentaire,
encore bloc informe et dépourvu du
feu vital, du feu cérébral qui est l'in-
telligence. Ménèce, c'est l'homme 5
manaca , saraskrit,- /nen^'cA, alle-
mand. Prométhée, Epiméthée, sont
ses dédoublements ; car l'un est
l'homme prudent (qui pense d'avance) ,
et l'autre l'homme imprudent (qui
pense après coup) : mais l'homme
prudent et l'homme imprudent ne
font qu'un. Prévoyance et impré-
voyance sont des attributs communs
de notre faible intelligence. Prorsa
etPostverta , ces deux sœurs de Gar-
raente, ne sont que Carmenle. Dès-
lors qu'est-ce que Pandore ? C'est
I» l'humanité douée de tous les pres-
tiges et chef-d'œuvre de la création,
2° la femme, mais douée de tous les
principes funestes en même temps que
de tous les avantages. L'artiste divin
qui a poli la voûte élincelante des
eieux, qui a forgé la chaîne d'or des
êtres pendante aux mains puissantes
de Jupiter , qui a tissé l'invisible ré-
seau , péplum métallique et symbole
du monde , a fait encore p!us le jour
oii l'homme sortit de son enclume et
Pandore de sa fournaise. A présent
Pandore descend sur la terre 5 car
l'espèce humaine n'habite pas les
cieux, sa patrie j et la femme créée
après l'homme ne doit pa.s long-
PAN
Î67
timps rester inerte , stérile , et sans
époux. La voilà rejointe à cette moi-
tié d'elle-même qui l'attendait, mais
l'imprévoyance arrive avec elle. Pro-
méthée auprès de sa nouvelle épouse
devient Epiméthée. — On sent que
Pandore et la boîte au fond ne sont
qu'un. ïrès-lointainement aussi la
boîte est une ciste-loni : le collier
d'or est de même un symbole réca-
pitulateur comme la ceinture de Vé-
nus. — On a toujours regardé l'épi-
sode de Pandore comme un des plus
beaux de la Théogonie. Heyne et
Hermann en ont traité avec détail ;
Vœlker, dans la mythologie des Ja-
pétides , l'a commenté de main de
maître, et y a découvert des vestiges
d'une origine hindoue. Au reste , un
mythe analogue se trouve parmi les
Noirs de l'Afrique : tous les maux ,
disent-ils, étaient renfermés dans une
calebasse,- l'esprit mauvais la cassa
d'un coup de pierre. Les vents dans
l'outre d'Eole se rapprochent aussi de
cette donnée. Les évhéméristes nom-
ment Pyrrha comme fille de Pan-
dore et d'Epiméthée.
2. PANDORE, Furie, avait,
selon les Argonauliques d'Orphée, un
corps de fer , avec la mission de tour-
menter les hommes. Pandore-Furie
nous ramène à Pandore ouvrant la
boîte grosse de tous les maux et an
mythe des filles de Pandare.
3. PANDORE, fille ou fils d'É-
rechthée 5 car on dit tantôt Pan-
DORA, tantôt Pandoros. Pandore,
prince, gouverna, dit-on, l'Eubée.
PANDOUS (les) et les KouRous,
célèbres races de Kchatriias hindous,
figurent dans le Mahabharata de la
manière la plus tragique. Pour bien
comprendre les longues luttes dont
ils sont les acteurs , il faut savoir
d'abord que les Kourous , . à une
première époque, se trouvent en,
>68
PAN
guerre avec les ladous, taudis quVn-
suile , el après raucaiilisseinent des
ladous^ on voit les Kourous el les
Pandous se diviser el tourner leurs
armes les uns conire les autres. Il faut
de plus remonter aux généalogies de
ces illustres dynasties. De laïall na-
quirent Kourou et ladou ; ladou
aïeul de la dynastie solaire , et Kou-
rou aïeul de la dynastie lunaire.
Les ladous, descendants d'iadou,
sont essentiellement sivaïlesj de Kou-
rou descend ku bout de quelques
générations Santanou, époux de
Ganga dont il eut Rliiclima, et plus
tard d'une seconde femme qui le ren-
dit père de \ ichitraviria. Celui-ci eut
trois femmes, et mourut les laissant
toutes trois enceintes. Bientôt naqui-
rent trois fils, Dhritaraclilra, Pandou
et Vidoura; comme Todalisque qui
avait donné le jour à ce dernier était
esclave. Vidoura ne pouvait préten-
dre au trône : les deux autres avaient
des droits ;i la succession. iJliiclima,
oncle de ces jeunes princes, lui servit
de père. Quand ils furent arrivés à
rage viril, Dhritarachtra , aveugle et
d'une intelligence débile , ne sut
2 n'engendrer un grand nombre de
Is , Douriodliana et cent autres j
Pandou , au contraire , joignait un
grand talent à un caractère remarqua-
ble : il gouverna sagement le royau-
me de son frère. Le temps vint ce-
pendant où les jeunes Kourous trou-
vèrent mauvais le zèle prudent de
Pandou et n'y virent qu'une pré-
somptueuse ambition. Delà les sour-
des divisions des Kourous el des Pan-
dous, divisions qui finirent par écla-
ter el par causer des guerres. Pen-
dant ce temps l'andou avait épousé
deux femmes, Madri (Lakclimi incar-
née) et Kounli sœur de Vacoudéva et
qui avant de se marier était déjà mère
ile Karoa, qu'çlle avait çudç iSoiiria;
PAN
dieu sivaïte du soleil. Mais à quel
propos deux femmes? Un analbème
avait prédit a Pandou qu'il trouverait
la mort au sein même de l'amour
el dans les bras de ses deux épou-
ses j et dès ce moment il resta chaste.
Mais Kounti trouva un moyen bien
simple et fort connu de donner h son
époux des enfants ([u'elle lui fil adop-
ter : c'était d'avoir commerce avec un
autre; il est vrai qu'à chaque fois cet
autre était un dieu. lama la rendit
mère de louddliichlhira; de Vaïou
elle eut Pdiima j à Indra elle dut Ard-
jouna. Madri, suivant son exemple,
évoqua les deux gémeaux hindous ,
Acouan et Koumar, el mit au monde
Nakoula et Saliadéva. Sahadéva ,
IMakoula , Ardjouua , Bhima , loud-
dhichthira, forment les cinq Pandous
ou Pandavas cousins et antagonistes
des Kourous. Pandou mourut : à
l'instant Douriodhana s'empara de
l'empire , et gouverna en maître a
la place de son père aveugle. Alors
les Kourous, qui tous voyaient dans
les Pandous des compétiteurs , les
persécutèrent avec acharnement; et
Douriodhana, poussant a toutes ses
conséquences la cruelle réaction dont
ses frères étaient les instigateurs, dé-
pouilla les Pandous de tous leurs
biens, et força les plus illustres d'en-
tre eux a l'exil. Krichna vivait alors:
Krichna redresseur des torts, appui
de la justice et colonne puissante
de l'opprimé, Krichna déjà couvert
de gloire par la défaite de Kanca,
de Djaraçaudha, de Siçoupala, s'in-
digne du triomphe de l'injustice,
marche vers Haslinapoura , siège de
l'empire des Kourous, et déclare a
Douriodhana qu'il veut se porter ar-
bitre entre les deux branches de la
famille. « A quel litre , dit le vieil
aveugle, oses -tu devenir juge des
ivdjftiriias, toi p^ire , tvi cooduckur
PAN
de boeufs, toi dont la jeunesse a
grandi au milieu des vacbes et qui
ue sais que les conduire aux pâtu-
rages? Ne me reparle plus en leur
faveur, téméraire! Quiconque aime
la vie suivra mon conseil. » Krichna
ne répond a ces fanfaronnades que
par des menaces, et il excite les
Pandous h la vengeance. Dourio-
dliana n'ignore pas la puissance du
bras de Krichna. Dans ses craintes
il a recours k la rusej il feint d'ab-
jurer ses vieilles rancunes 5 il com-
ble les Paiidous de caresses et de fa-
veurs , il les attire K sa cour : tous
vont périr a la fois dans un guet-
apens qu'il leur a préparé. Leurs
yeux se dessillent h temps 5 ils échap-
pent , grâce k leur adresse. Krich-
na accourt pour demander raison au
perfide Douriodhana, et loge chez
le pauvre Vidoura que Douriodhana
dédaigne comme illégitime, comme
fils d'esclave. « Comment peut-il se
faire que tu t'abaisses k demander
l'hospitalité au fds de l'esclave de
mon aïeul, » s'écrie le fils du roi
d'Hastinapoura. » — a II m'aime ! jj
Douriodhana témoigne k Krichna une
indignation mêlée demépris : la guerre
commence. Les Pandous l'emportent
sur une foule de points 5 autour de
Douriodhana se pressent Karna et
les autres alliés de Djaraçandha , qui
briguent tous k la fois la main de
Drovati. Les cinq Pandous con-
quièrent cette fille de Dourpata et
l'épousent tous les cinq. Suivent de
nombreuses excursions contre une
foule d'êtres monstrueux habitants des
forêts, Danavas, Nagas, Ouragas,
Iakchas, Rakcbas; en vain Balarama
se détache de la confédération krich-
naïte pour passer a l'ennemi, Dou-
riodhana que Dourpata refuse d'ai-
der de sa puissance se voit enfin
obligé de poser les armes, et. de cé-
PAN
%6g
der k ses ennemis la moitié de son
royaume. louddhichthira est sacré roi
des rois. Krichna témoin de la céré-
monie est adoré par ses protégés fi-
dèles , qui en même temps célèbrent
dans Indraprasta un grand sacrifice
en l'honneur de Pandou leur père.
Au bout de quelque temps la grande
querelle s'envenime de nouveau : la
paix n'était qu'un armistice. Dourio-
dhana reprend , les unes après les
autres, les provinces cédées aux Pan-
dous, et condamne ses aut.igonisies k
douze années d'exil. Ardjouna s'élance
alors au ciel d'Indra pour y chercher
des armes contre Douriodhana. Plu-
sieurs variantes bizarres se dessinent
autour de cet épisode magnifique. En-
fin les douze années se sont écoulées,
les rois de Virala et de Thanousar
unissent leurs armes k celles des
Pandous. On profite de l'instant oii
Balarama, qui a le meurtre d'un
brahme k expier , est parti pour un
pèlerinage. Le chef Pandou choisit
pour champ de bataille Kouroukcha-
tra , immense plaine inondée par des
eaux et inaugurée par un meurtre.
Là, il commande les épouvantables
combats qui doivent décider de la su-
prématie des deux branches: Krichna
est neutre , ou peu s'en faut. L'ora-
cle avait prédit qu'il donnerait son
secours k celui des deux partis dont
le représentant lui adresserait le pre-
mier ses hommages. C'est Dourio-
dhana qui entre le premier dans sa
tente, mais il a la maladresse de se
placer au chevet du lit 5 Ardjouna se
place aux pieds. Il en résulte que
c'est lui qui le premier adresse ses
vœux au dieu. Krichna lui promet
non pas de combattre lui - même,
mais de conduire son char pendant
la bataille. De la vie de Bhichma ,
oncle de Douriodhana', dépend le
destin de la guerre j il 'est blessé le
«70
PAN
dixième Jour par Sikhandî, à f l'a-
mour de laquelle il a refusé de ré-
pondre. Dèsalors la victoire des Pan-
dous n'est plus qu'une question de
temps. Quand Bbichma blessé exha-
lera le dernier soupir, la guerre sera
finie. Ardjouna le fail déposer sur
un lit de ilèclies au nailicu des deux
camps. Huit jours durant il contem-
ple les combats terribles qui doi-
vent amener l'inévitable dénouement
de cette lutte. Le dix-septième jour
Karna succombe; le dix -huitième,
Douriodhaua, vulnérable seulement
à la cuisse , est frappé à mort de la
massue de Bhima, et meurt en acca-
blant de malédictions Balarama enfin
revenu de son pèlerinage. La nuit
suivante, les cinq chefs des Pandous
vont, conduits par Krichua, ii la pa-
gode de Bhavani pour la remercier
de leur victoire. Malheureusement
Siva , auquel on a confié la garde du
camp, se laisse tromper par quelques
débris de l'armée des Kourous sous
le commandement d'Açouathama, et
leur livre passage. L'armée victo-
rieuse est tout entière égorgée, et il
ne reste des Pandous que les cinq
frères qui ont été s'agenouiller aux
pieds de la grande Bhavani. Cepen-
dant, grâce il la destruction de leurs
ennemis, ils ont le pouvoir. Dhrita-
rachta leur pardonne. louddhlchthira
leur aîné règne. Seule, la mère de
Douriodhana, lors même qu'elle pro-
nonce le pardon sur la tête des cinq
Pandous , maudit Krichua et les
ladous. «Qu'ils meurent, dit-elle, de
iamort des Kourous I » Quelque temps
après en effet, les folies de Sambha
et des autres ladous retombent sur
leurs tètes, et ils s'eulr' égorgent dans
un jour cruel. — La lutte des Pandous
et des Kourous se traduit dans l'his-
toire réelle par l'antagonisme des
religions sivaïle et vichnavienne ,
PAN
et par Celui du système des Castes et
du système contraire. En effet Bha-
vani protège Krichua , Siva seconde
les Pandou§. Douriodhana et sa race
représentent les Kcliatriias, opiniâ-
tres ennemis de la mésalliance et des
concessions. Les Pandous au contraire
sont bien Kchatriias de naissance,
mais ils sont allie's aux pâtres ou
Gaouvansas qui font partie des Vai-
cias. Krichua est donc ici le précur-
seur de cette ère du bouddhisme qui
tenta de renverser le régime des cas-
tes. L'hospitalité qu'il va chercher
chez Vidoura en est une preuve cu-
rieuse autant que frappante. Quant
a l'origine des Paudous, il paraît que
la Sogdiane et la Bactriane en furent
le berceau j qu'unis aux ladous établis
dans l'Agra ils se répandirent par
degrés du Cachemire dans le Pan-
djab jusqu'au territoire du Delhi j
qu'une de leurs branches repoussée
par Djaracandha et ses alliés s'étendit
vers le Goudjerat, au sudj puis vers
l'est, lorsque la puissance de Djara-
candha faibht^ et qu'enfin par des en-
vahissements lents, mais progressifs,
ils s'avancèrent de plus en plus vers
la péninsule , et y établirent une se-
conde Malhoura qui jeta dans leDé-
kan un grand éclat par le commercé
et par les arnues. Probablement les
Kourous formaient la branche aînée
de celte race h la fois pastorale et
guerrière. Ils parurent les premiers
dans rinde. Haslinapoura fut leur
capitale. Les deux états collatéraux
se réunirent à l'époque représentée
par Krichua et louddhichthiraj et ainsi
se forma la puissante monarchie des
Pandous connue par les Grecs sous le
nom de Panda , Pandœ et Pan-
dionis regnurn. A cette monarchie ,
qu'on nomme royaume des enfants de
lalune ou desTchandravansa, s'oppose
la monarchie des enfants du Soleil (fa
PAN
Souriavansa. Celle-ci est originaire de
l'orient ; Indo-persaue d'origine , celle-
là venait de l'ouest. Aïodhia , capi-
tale de l'une, contraste avec Ma-
thoura, capitale de l'autre,
PANDROSE , Pandrosus , n«»-
èpoTcçy était une des trois filles de
Cécrops et d'Agraule. Agraule est
une Minerve, air -lumière - agricul-
ture, qui se scinde en une triade
agrlculturale, Agraule, Hersa, Pan-
drose, qu'on nomme ses filles. La
caste agricole veut se fondre avec la
caste des chevriers : la traduction
naturelle de ce fait historique, c'est
3ue Minerve, après une résistance
igné d'elle, entre en intimité amou-
reuse avec Mercure; puis, en ad-
mettant l'incarnation de Minerve en
Agraule et le dédoublement d'Agraule
eu une triade agraulide, c'est qu'une
des nymphes agraulides est l'amante
de Mercure, et qu'une autre s'oppose
à cette union. Ainsi se symbolisent
l'esprit hostile et l'esprit de fusion
travestis en pudique résistance et hy-
men contesté. Mais qui résiste?
Agraule. Qui cède? Pandrose. Que
fait Hersa? Hersa et Pandrose ne
sont qu'un. On donne tour à tour
Mercure comme amant de l'une et de
l'autre. Mais la seule différence qu'il
y ait entre elles, c'est qu'Hersa , re-
connue déesse par toutes les castes j
s'appela Pandrose, comme Zévs Pan-
dion {Ersa, Rsa, Drsa ne diffè-
rent pas : Hersa et Drosos , tous
les deux grecs, ont le même sensj
et Pandrosos ne fut qu'une eupho-
nie pour Panrsa). Origlnaireraent
Agraule ne fut partagée qu'en Agraule
■"t Hersa, et quand Hersa devint Pan-
^ <!e , on admit , au lieu d'Hersa-
T» ^se , Hersa et Pandrose. Her-
sa-Pan. ' , „ j
^ ^se est donc l amante de
, 1 l'îlaure les sert d'abord
dans leurs a
nrs, puis les traverse.
PAN 271
Ainsi du moins l'arrange la mytholo-
gie vulgaire, qui semble renverser
les faits, et qui ajoute qu'AgrauIe agit
ainsi par jalousie. Un autre mythe
lié au premier , ce fut la ciste analo-
gue a la boîte de Pandore. Minerve
la donne aux deux on trois sœurs avec
défense de l'ouvrirj Hersa-Pandrose
ne l'ouvre pas, Agraule l'ouvre : on
y trouve Eiichthonius, esprit terres-
tre el fatal, symbole des maux. La
mort suit de près la faute d'Agraule:
un accès de démence s'empare d'elle
et de ses sœurs, elles se jettent a la
mer. Les svncrétisles, voulant lier
les deux mythes, montrent Miner-
ve versant dans l'âme d'Aglaure ,
pour la punir, les poisons de la ja-
lousie. Mercure la change en pierre,
et peu après Hersa et Pandrose meu-
rent. Pandrose avait donné le jour a
Céryx. Ou célébrait en son honneur
une fête dite Pandrosies. Elle avait
dans le temple de Minerve-Poliade
une chîipelle dans laquelle on faisait
voir l'olivier que Minerve fit sortir de
terre, lors desadispute avec Neptune,
PAISGA, létiche congue, est une
espèce de dieu Terme : ce n'est qu'un
bâton en forme de hallebarde, que
surmonte une tête sculptée et peinte
en rouge.
PANIS , c'est-à-dire le pain , est
donné comme divinité sabine. Ce se-
rait, comme on le voit, une Cérès
fétiche de la plus grossière espèce.
Au reste, la religion des Sabins en
contlt-nt plusieurs de cette force :
Mamers ou Curls (Mars-Lance), et
Terme, pour ne point en nommer
d'autres , sont absolument dans le
même cas.
PAINISQUES. Foy. Pai».
PAINOPE, n^»a'x,: I» Néréide-
2.° (ille de Thésée et femme d'Her-
cule.— On nomme aussi deux Pano-
PE, hommes , savoir : 1° le fils d'Hcr-
37*
PAO
cule el de la Théseide qui précède ;
3* un des favoris ou courtisans d'A-
ceste en Sicile. Il disputa le prix de
la course aux jeux donnés par Enée
pour l'anniversaire d'Anchise.
PAINOPÉE, Panopeus, na»«-
îTiof, héros éponyme de Panope,
pasiait pour un Phocéen fils de Pho-
cus el d'Astérodie 5 il pril pari à
Texpédilion des Argonautes et a la
chasse du sanglier de Calydon. Frère
de Crisns , il compta parmi les des-
cendants de sa ligne collalérale Stro-
phius el Pylade j lui-même eut, entre
autres rejetons connus, Epee, le con-
structeur du cheval de bois. — Une
Pasopée, femme [Panopea , n«-
»wxe/«), est une Néréide. Un Pano-
l'iÎE fut père d'Eglé, une des femmes
de Thésée.
PANOTÉE et non Phanothée ,
prêtresse d'Apollon , vivait du temps
d'Abas ou d'Acrisius. On lui attri-
buait l'invention du vers héroïque.
PANTHOOS ( ni,êo<,s et par con-
traction nûiSovi, en latin Panthus
mais non Pantheus), vulgairement
PANTHÉE, fils d'Olhryas et prêtre
d'Apollon à Delphes, fut emmené
par Anlénor à Troie, où Priam lui
confia le même sacerdoce el lui
donna en mariage la fille de Clylius.
L'Iliade parle d'unPanlhoos,Troyen,
époux de Phrontis el père d'Euphor-
be, d'Hypérénor et de Polydaraas;
c'est sans doute le n)ême que le pré-
cédent. L'Enéide le fait vivre encore
la dixième année du siège.
PAINTIDYIE, princesse lacédé-
monienue, était enceinte de Léda ,
lorsqu'elle épousa le roi d'Elolie ,
Thespios. C'est Glaucos qui l'avait
ainsi rendue mère.
PAOUÇA. Foy. Potjça.
PAOULASTIA ou KOUVERA,
un des huit Yacous hindous , préside
au nord. Il a les richesses, les trésors
PAP
cachés sous sa protection et liaî>ît*^1
d'ordinaire h Laka, au centre d'une'
e'paisse forêt. Autour de lui se mcut\!
la cour brillante des Iakchas et des
Kiuuaras, distributeurs des largesses
accordées par la puissante volonté de
Paoulaslia. Tantôt on le représente ^
dans une grotte profonde que défen-
dent l'eau, le feu i-t les griffes des
dragons dont l'œil luit comme une
fournaise ; tantôt il siège majestueu-
sement sur son char Pouchpaka que
traînent des coursiers blancs riche-
ment caparaçonnés. Sa tête qui porte
la couronne , sa main qui tienl un
sceptre , indiquent le dieu auquel
aboutissent tous les hommages de la
terre; aussi est-il qualifié de roi des
rois. D'autres épilhètes peuvent se tra-
duire par seigneur des souterrains ,
ami des esprits , intra-lerrestre , pro-
tecteur des cavernes, des grottes. Sa
résidence dans le nord , où tant de
montagnes recèlent or et pierreries ,]
est très-remarquable. On doit noter
aussi la coïncidence de tous les dé-
tails relatifs à son domicile souterrain
avec l'idée des dragons gardiens de
l'or , des feux follets, des farfadets,
des marmousets qui peuplent les mi-
nes , des éboulements, des inonda-
tions qu'il faut craindre a tout instant.
La légende du RamaVana distingue
Paoulaslia de Kouvéra, et fait du
premier l'aïeul du secoad{P^oj-. Ra-
vana). Kouvéra , par une rude et
longue pénitence , ontint de Brahmâ
la possession des richesses souter-
raines de Ceilan. Dépouillé par Ra-
vana , il se réfugia au nord dans les
grottes profondes de l'Imalaïa, qui
ont été depuis ce temps son séjo'
habituel.
PAPHLAGON,n«^>«v * """.'
' j 1 T> ui '*> C'ait MM
eponyme de la Paphlar^-^^^, l|
suivant Horaere un nk „. ^ !■
PAPH0S,n4f. -^"'"P^^y""
à
PAR
de la ville de Paphos en Cypre, e'iait
suivant les uns un fils de Pygma'ion
et d'une femme qui d'abord avait été
une statue d'ivoirej suivant les autres,
lin fils de Cinjre.
PAPPEE. dieu suprême des Scy-
tlies, élail plutôt uu dieu ciel qu'un
véritable Jupiter, et avait pour fem-
me la Terre.
PAPPOSILÈNE, Papposilenus,
naT?re5-/A>?»os-, Silène lui-même, était
représenté avec une barbe touffue ,
qui lui fermait la bouche , et un air
sauvage. Son nom veut à'xre bon papa
Silène, et non aïeul de Silène.
PARABRAHMA, c'est-à-dire le
grand Brahmâ. f^oy. Brahm et
Rrahma.
PARACHANSAou BARACHAN-
Ç A-KHAN occupe une place remar-
quable dans l'histoire mythologique
des Mongols , parce que c'est de lui
que part la généalogie sacrée de
Chakiamouni (le Bouddha actuel du
diigme lamaïque ). Descendant du
vieux Khan Altan-Ourrouk , Para-
chansa - Khan a pour fi^ls Zaïn-To-
volté-Khan. De ce dernier naissent
les quatre Arslan Khalkbatou : Arion-
Idélé,ïsagan-ldélé,Tangsouk-Idété,
Araçan-Idélé. Chacun des quatre a
deux fils. D'Arion - Idété naissent
Chakiamouni et Annada. Voy. Pal-
las, Nachr. ûb. mong. F^œlk.
PARAÇOU-RAMA(Parasxj-Ra-
ma), brahmane célèbre du sivaïsme
hindou, figure comme ennemi i° de
Vicbuou, 2° d^Rhavani, 3°desKcha-
triias. On lui donne pour père le
brahmane Djamadagni qui a pour
femme soit la déesse Bhadrakali, soit
la mortelle Renoukaj mais l'une et
l'autre, on le sait, reviennent à
Bhavaui-Dourga. Au reste , voici de
quelle manière eullieu la naissance de
Paraçou-Rama. Renouka, désirant
avoir uji fils, invoqua son époux Dja-
PAR
273
madagni, et se recommanda à ses
prières. La mère de Renouka for-
mait en même temps des vœux sem-
blables. Epoux et gendre complai-
sant, Djamadagni pétrit pour l'une
et l'autre princesse deux gâteaux dont
la manducaliou devait èlre immédia-
tement suivie de l'accomplissement
de leurs désirs j mais il vint en pensée
à la belle-mèie que le gâteau de Re-
nouka devait avoir été confectionné
avec plus de soin : elle s'en empara
et y substitua le sien ; Renouka ne
s'aperçut point du troc. Les deux
princesses devinrent bientôt encein-
tes. La reine mil au monde un jeune
enfant qui, quoique Kchatnia par le
roi son père , avait en partage lei
mœurs simples et pacifiques du brab-
mej Renouka au contraire donna lo
jour à un fils de brahme, qui, au lieu
des douces vertus de sa caste , avait
la guerrière impétuosité du Kchati iia.
Siva, charmé de celte précoce valeur,
voulut élever lui-même l'ardent Pa-
racou-Rama. L'élève devient liienlôl
l'adorateur, l'apôtre, le séide du dieu
son instituteur. Dévoué au culte de son
maître, il se déclare comme lui con-
tre Bhavani, et en conséquence contre
les incarnations de celte belle déesse,
contre sa propre mère Renouka^'et
il la décapite. Quelque temps après
Ganéca, le fils , l'ami de Bhavani , se
trouve sur sa route tandis qu'il se
rend au pied du trône de Siva pour
lui rendre hommage : il veut l'em-
pêcher de pénétrer dans cette céleste
demeure j Paraçou-Rama, toujours
irascible , arracli« des mains du
tremblant Ganéca le cimelère qu'il
portait à la main, et lui en tranche
la tête. Suivant quelques traditions,
comme Ganéca porte déjà sur sa nu-
que la tête énorme de l'éléphant,
Paracou-Rama se contente d'abattre
l'ivoire d'une de ses défenses. A la
;8
'i^k
PAR
PAft
chute de la dent divine le monde s*é-
branle : Sivaet Bhavani sont troublés
dans leurs amours, et celle-ci, dans
son mécontentement extrême , va
lancer Tanathème sur le fils de Re-
nouka, celle autre elle-même, quand
"Vamana(Vichriou sous forme de nain)
arrive à son secours et le sauve. Ce-
pendant Paracou-Rama ne ces^e de
comballre et de s'exposer a de nou-
veaux dangers. De longue main la
guerre avait divisé les brahmes et les
Kchatriias. Viçouamilra un jour avait
voulu enlever aux fils du brahmane
\acichtha la belle vaclie Sabasa, fi-
gure de sou territoire. Plus tard, ce
fut le beau-père de Djaniadagni^
Raktavidja-Ardjouna , aui lenla de
dépouiller son gendre de sa vache
(Kama-DliénouV). Sabasa et la va-
che de Djamadagni se défendirent à
merveille^ elles enfantèrent un nom-
bre si grand de guerriers que les
spoliateurs se virent contraints de
renoncer a leur entreprise. En même
temps des guerriers barbares élaient
venus au secours des fils de Yacich-
tha. Djamadagni eut moins de bon-
heur ; les farouches Kchatriias le
tuèrent : Reuouka , qui était ressusci-
tée, se brûla sur sa tombe. Paraçou-
R'ama jura soudain de venger le cou-
ple auquel il devait le jour et, secondé
par son maître Siva, il parvint a ex-
pulser les Kchatriias de la dynastie
solaire et à s'emparer d'Aïodhia. II
se mit ensuite a parcourir l'Inde en-
tière, trouva près de Kouroukchatra,
non loin de Delhi, un champ im-
mense couvert des corps de ses en-
nemis , et il remplit de leur sang uu
grand lac (Kouroukchatra pourtant
appartenait aux guerriers de la dy-
nastie lunaire) j il ôta partout Tem»
pire aux Kchatriias pour le rendre
aux brahmanes^ ressuscita Djama-
dagni et pour la seconde fois Re-
uouka ^ puis se retira sur le Kaïlaca,
près de Siva , pour s'y délasser de
tant de travaux. Bientôt les nou-
velles et heureuses tentatives des
Kchalriias l'arrachent a sa délicieuse
retraite. H reparaît, et les ennemis
taillés en pièces dans vingt batailles
renoncent eulîn à une lutte désormais
au-dessus de leurs forces. Paraçou-
Rama est retourné auprès de Siva.
Mais les ingrats brahmanes, qui lui
doivent la toule-puissance, lui re-
prochent d'avoir versé trop de sang ,
et refusent dé lui laisser habiter un
seul coin de la péninsule. Para-
çou alors gravit la cime des Gha-
les dont l'océan baignait le versant
occidental, eldemaude au dieu de la
mer de lui accorder pour lenilo're
seulement autant d'espace que la flè-
che lancée en pourra parcourir. Le
dieu imprudent accorda tout j mais le
tiail lancé par Paraçou força le dieu
k reculer au loin , et la côte de Ma-
labar sortant du sein des eaux de-
vicnlTapanage de Paracou-Rama qui,
toujours courroucé de l'ingratitude
des brahmes, les chassa du Malabar
et les maudit. Il assujélit pourtant en-
core les Nairs k son joug sacerdotal.
Peu après il quiUa le monde et se
réabsorba dans le sein de la divinité.
Il n'en sortit que pendant la période
de Rama , quand ce jeune héros
septième incarnation de Vichnou eut
brisé l'arc de Siva, et pour instruire
Bhichma, prince de la race lunaire et
de la branche des Kourous, ^ui com-
bat les Pandous.
PARALE , Paralus , passait
pour avoir inventé la Parale (vaisseau
sacré- qu'Athènes expédiait à Délos),
ou même, selon certaines légendes,
pour avoir imaginé les vaisseaux.
PARAMMON, nom que l'ÉgypIe
donnait au père de Pan , et en Ëlide
surnom de Mercure. Comme , a no-
ca. Il
PAR
trè avis, Piroini, Birouma, Brahin,
Hermès ne diffèrent pas , bous ad-
mctlons l'équation hellène de Pa-
rammon el de Mercure. Eu un sens
Totli est le premier des dieux; Pha-
iiès ou Pau, identique à Knef , est
son émanation immédiate.
PARATCHARIA est, dans le Ma-
babarata, un Mouai aimé des cieux
et a pour époux la jeune Kali qui,
sans perdre sa virginité, devient en-
ceinte de Viaça ( Brahmà dans sa
troisième incarnation). On doit son-
ger que, dans le Bagbavat, Viaça est
fils de Brahmà , mais doit le jour a
une singulière influence de Vichnou.
PARÉE, PaREA, femme du roi
de Crète Minos, et mère de quatre
enfants, INéphalion, Eurjinédon,
Chrysès , Phiblas.
PARESSE, Segnxties, déesse
allégorique, passait pour fille du Som-
meil et de la Nuit , et avait été mé-
tamorphosée en tortue pour avoir
écouté les flatleties de Vu'cain.
PARGANI était en Samogilic le
dieu des saisons ; il présidait aux ré-
coltes avec Zémiéuik. On entretenait
eu son honneur un feu sacré sur une
colline. Comp. ici les déesses-Feu-
Terre, Vesta, etc.
PARGOUTI, l'Eve des Banians,
avait pour époux Pouroucha , le pre-
mier homme.
PARIOS, niptts , fils de Jasion,
fonda Parium et y régna sur des
Opliiogènes , espèces de Psylles issus
de serpents et élevés au pouvoir de
guérir leurs morsures en sacaat le
venin*
PARIS,n<«p<f, autrement Alexan-
dre , *AAÉ|a»J))«f , célèbre fils de
Priam et d'Hécube. Enceinte de lui,
sa mèrerèva qu'elle mettait au mende
un Qambeau qui incendiait la ville de
Troie , symbole irpp clair , suivant
lesr devins, dt T embrasement de
PAR
27!»
l'empire de Troie. Sur cet avis, Priam
résout la mort de Paris, qu'Hécube
portait dans son sein , et quand il
vient au monde commande le meur-
tre. Hëcube, plus tendre, commue
la sentence en une simple expositioa
sur rida. Des patres élèvent le
jeune enfant, à qui trois on quatre
lustres donnent une beauté ravis-
sante. La nymphe Œnone se donne
à lui. Les trois déesses, qui aux
noces de Pelée el de Thélis se dis-
putent la pomme d'or oiî est écrit à
lapins beltCy le choisissent pour juge
et lui promettent, Juuon de l'or, du
pouvoir. Minerve la sagesse, Vénus la
plus belle femme de l'univers : Paris
adjugea le prix à Vénus. Quelque
temps après, un des Priamides lui
ayant enlevé nn taureau pour le don-
ner en prix au vainqueur dans les jeux
îonèbrei qu'on devait célébrer àTroîc,
Paris se rendit lui-même aux joutes
et l'emporta sur les concurrents, par-
mi lesquels étaient ses frères. Hector
selon les uns, Déiphobe selon les
autres, levèrent le glaive sur lui pour
le tuer; Paris alors montra les.
langes dont i! était enveloppé lors-
qu'on l'exposa, el se fît reconnaître,
Priam l'accueillit avec plaisir , vu ,
dit-on, que les devins avaient limité
le danger que courait l'empire de
Troie a trente ans, et que Paris avait
déjà passé cet âge. Un peu plus tard
nous retrouvons Paris en Grèce ; il y
va pour sacrifier au temple d'Apol-
lon Daphnéen, ou, selon les évhé-
méristes , pour recueillir la succes-
siou d'Hésione, sa tante. Il reçoit
l'hospitalité dans Sparte , domîiine
de Ménélaj. Le roi se trouve absent
lors de l'arrivée de cet hôte magnifi-
que; mais Hélène, son épouse , veille
a ce que rien ne manque à l'étran-
ger. On sait que la reconnaissance
de Paris devient bientôt de l'amour,
18.
a^i
PAR
que la reine de Spatle païlage ses
désirs , et qu'cufiii die s'enfuit en
Asie avec le protégé de Vénus. Vé-
nus acquille ainsi la promesse par la-
quelle elle a détermine le paire royal
a lui accorder le prix de beauté.
Lrvs deux amants relàcheul ensuite a
rî!e de Cvlhère , où Hélène comble
les vœux de son ravisseur} puis ils
conlinutnl leur route. Toul-à-coup
du milieu des flots surgit le vieux ÎNé-
rée, et sa bouche prophétise des ma!-
beurs au vaisseauqui fuit vers Troie.
Arrivé dans la capitale de Priam,
Paris y fut reçu avec transport} mais
personne ne sungea, excepté Cassan-
dre, vainement inspirée par les dieux,
aux terribles représaillesque les Grecs
allaient prendre. Les intrigues de
Paris , la beauté d'Hélène , firent
échouer les ambassades que les Atri-
des et leurs alliés envoyèrent d'abord
à Troie. Pendant le siège, Paris ne
montra guère que de la lâcheté ou une
valeur douteusv,^. Cependant on le
voit, de temps a autre, paraître sur
le champ de bataille, blesser Diomède,
Machaon, Anliloqiie,Palamède, sou-
tenir un combat singulier avec Méné-
las. Vers la fin du siège il perça en
guet-apens Achille d'une flèche} lui-
Docrae fut qutique temps après blessé
mortellement par Philoclète (d'autres
disent Ménclas ou Ajax). Il se fit
transporter auprès d'OEnone , dont
il avait payé la tendresse par un ingrat
abandon et qui refusa de le guérir.
Hélène, après sa mort, épousa Déi-
phobe. Paris, entre autres enfants,
avait eu d'elle Bunichus , Idée , et
une £lle du même nom que sa mère.
On donne souvent OEnone pour sa
femme. On voit dans le Musée Pio-
Clémentin une tête et une statue de
Paris (pub. par Guatani). Dans la
villa Ludovisi se voit un buste colos-
sal de Paris , deux fois plus grand
PAR
que nature : la ciilamyde flotte sur la
poitrine , mais les traits sont ceux
d'une femme. Vinckelmann,;1/07mm.
ined. , a fait connaître une pierre
gravée qui représente Paris berger de
Priam et tenant à la main le pédurai
On retrouve Paris conversant avec
Mercure dausLau/.i, Saggio di lin-
gua etrusca, ïl,xii, n" 2} recevant
un diadème de Minerve , dans Vinc-
kelmann, Monum. ined., n° 1 13}
jugeant les trois déesses , dans Bar-
loli, Pittur. ont. dt.' sepolcn de
Nasoni , XXXIV} essavant de dé-
cider Hélène à la fuite, dans Viuc-
kelmann, ouv. cité, n" ii5, et dans
les Peintures homêri(jucs de Tisch-
bein, n°' i et 69. Un bas-relief de la
villa Ludovisi et un came'e du cabinet
royal des antiques, représentent OE-
none et Paris. — Le nom de Paris,
le même que Fré et Apharée , indi-
que un dieu-soleil. Sa beauté, sa jeu-
nesse, sa vie pastorale , son rang
d'arbitre entre trois déesses qui for-'
ment autour de lui une trimourti, sa
victoire sur te taureau, ses flèches ,
dont il perce Achille (que des légen-
des donnent comme tué par Apollon),
son identification au flambeau dan
le sein même de sa mère, sa liaisoa
avec les eaux, personnifiées en OEno-
ne , avec la lune, dont Hélène est
l'incarnation, tout concourt à nrfus
confirmer dans cette manière de voir.
PARNASiiE, Paesassus, nûpar-
(Tos 1 héros éponyme du Parnasse,
passait pour fils de la nymphe Cléo-
dore , mais fils a deux pères : l'un
mortel, que Ton nommait Lléopompe,
l'autre immortel, et qui est INeplune.
Il inventa l'aruspicine (divination par
les oiseaux), et fonda une ville de
son nom qui fut submergée lors du
déluge deDeucalion.
PARTNOPIOS , Apollon aux sau-
terelles [Parnopes ), était adoré
I
I
4
PAR
dans la citadelle d'Alliènos , où il
avait une slatiif de bronze , ouvraj^e
de Phidias.
PARORÉE , lils de Tricoloue ,
fonda Parorée, en Arcadie.
PAROS, nâpt; , héros éponyme
de l'île de Paros, est chez les uns
le fili de Jason, chez les autres le fils
de l'arcadieii Parrhasc.
PARQUES (les), Parc.^, et en
grec MOER/E, Moipctt, déesses qui
président au développement de tout
ce qui se produit, ne sont au fond que
le dédoublement trinitaire de l'idée
de destinée génératrice. Elles sont
sœurs et se nomment Clotho, La-
chésis et Alropos. Leur généalogie
diffère considérablement suivant "les
époques, le pays ou Tesprit des lé-
gendaires. Chrysippe (au rapport de
Cicéion) les identiliait à la nécessité,
et Lucien les proclamait k elles trois
le destin. Dans Hésiode elles ont
pour mère la Nuit, la Nuit seule j
Orphée, dans l'hymne aux Parques,
les fait naître de l'Erèbe; Lyco-
pliron les dil filles de la Mer. Ces
trois noms, Erèbe, Mer, Nuit, re-
viennent au même (comparez Bou-
To). T*latoa s'éloigne peu de ces
conceptions lorsqu'il dit que les Par-
ques sont tilles de la Nécessité. L'I-
liade, rompant avec toutes ces déliés
théogouiques,lrop nuageuses allégo-
ries, fait des Parques les filles de Ju-
piter et de Tbémis. S'il est vrai que
Lycophron, en nommant ses Parques
filles de la Mer, leur donne pour père
Jupiter, sou opinion présenterait a la
fois un rapprochement avec la pré-
sente généalogie, et un rapport entre
Vénus et les Parques. Ce rapport,
au reste, n'a rien d'étonnant: Vénus,
Ïar-la même qu'elle est génératrice,
lithye et Aurea , ressemble aux
Parques. Les brillantes ou rayitérieu-
jes épUhèles qu'oi^ leur prodigue se
PAR
277
rapportent toutes à la puissance évo-
lutrice des destinées ou des créatious.
Tous les mondes sont soumis a leur
empire^ les mouvements des sphères
célestes et l'harmouie des principes
constitutifs du monde leur sont dus;
le sort de chaque être , de chaque
chose a été prévu par elles 5 elles
prophétisent, elles chantent, elles
veillent spécialement sur la destinée
de riiomrac. Richesses , gloire, puis-
sance , plaisirs, honneurs, ce sont
elles qui dispensent tout, qui refu-
sent tout. La n lissance , la vie , la
mort surtout, sont sous leur empire.
Uu fil que touchent les mains des
trois sœurs symbolise cet ensemble
d'inslanls épars dont chaque exis-
tence se compose. Clotho, Lachéais,
Atropos, travaillent tour à tour, mais
une seule file, c'est Lachésis; Clo-
tho tient la quenouille ; Atropos tran-
che arbitrairement le fil , que rien
uc peut renouer. Les poètes n'ont
donc pas eu grand tort lorsqu'ils ont
identifié les Parques aux trois pério-
des de la durée , et vu dans Lachésis
le présent, dans C'otho le passé, dans
Alropos l'avenir. La Trimourti hin-
doue reflète presque les Parques :
Brahmà sublimé ressemble k Clotho,
Vichnou h Lachésis , et Siva , ce
dieu incendiaire, a l'inexorable Atro-
pos. A présent, remontons par la
pensée k la conception primordiale,
nous retrouverons une Parque mo-
nade [Voy. LacuÉsis). On lui donne
tour a tour des noms divers : Iraar-
mène (la destinée), Anankê (la né-
cessité), Tychè (la fortune), iEsa [\e
sort départi k chacun), Mœra , ab-
solument synonyme d'Imarmène ( k
ceci près qu'Imarmèue semble le ré-
sultat , et Mœra la productrice des
résultats); puis Ilithye, Opis, Per-
séphone, Némésis , Adrastée. Chez
quelques poètes, Adrastée et Néiné-
i'jS PAR
sis devinrent deux Parques coexis-
lanlcs : ^éraésis rectifiait les arrêts
du sort, Adrastép infligeait les sup-
plices et dispensait les récompensis.
On peut aussi nommer pour Parque
suprême Cannenle 5 mais Ciirmenle
est latine et se dessine surtout curame
propliétesse. — Diverses légendes
nous montientles Parques consolant
Proserpine ravie; endormant la dou-
leur de Cérès soit quand elle pleure
le lapl de sa fille , soit quand elle
•'ensevelit dans une grotteaprèsavoir
été outragée par ^ept^ine ; ramenant
au jour répouse de Pluton lorsqu'elle
va passer six mois auprès de sa mère;
guidant aux enfers Bacchus^ Hercule,
Thésée , Ulysse; reconduisant sur
le globe terrestre, Orphée, Enée;
servant de cortège à Thémis lors-
qu'elle va de rOréau dans l'Olym-
pe; défendant Jupiter leur père
contre les géants Agrius , Thoon et
Typhoée; chantant la naissance d'A-
chille aux noces de Thétis et de Pe-
lée ; recevant Méléagre qui vient au
monde , et annonrant à que' frêle
symbole est liée sa vie; aidant Evad-
né à mettre au jour Gainos, et Ju-
piter àrendie la vie a Pélop.s; du
reste, sévères et ne renouant pour
personne le Cl une fois rompu On les
donne comme favorisant la délivrance
des femmes en couche avec Liicine,
Ott même n'élant que Lucine. C'est
clair puisqu'elles sont llilhye. Ail-
leurs on veut qu'elles soient minis-
tres de Pluton. Partout présentes
et puissantes, partout elles sont les
ministres des grands dieux , du dieu
de l'enfer non moins que du dieu de
rOlympp. Orphée les place dans un
antre ténébreux du Tartare ; le
Tartare ici n'est pas l'enfer, c'est
la Nuit -Chaos. Chez d'autres, c'est
au riel qu'est lenr domicile. Quel-
quefois on laisse flotter dans Pe«-
PAR
pace renigmalique palais oti elletl
demeurent. Tantôt les murs de cetl
mystujue résidence portent ciselée
en caractères indélébiles, sur le fefj
et l'airain, les destinées humaines;
tantôt la laine qu'elles fdent , et qui
est noire, blanche, grise, indique pal
sa nuance le sort des mortels (dai
Lycophron , le fil des Parques cj
tricolore); tantôt léchant magique
dont elles accompagnent le roulemei
du fuseau est l'iirévocable arrêt d|
sort. Quant a l'invention de six let-
tres de l'alphabet grec attribuée aux
Parques, ce n'est qu'une bizarrerie
gratuite. La surveillance que quel-
ques savants leur font exercer sur le
globe de la lune n'a d'autres causes
que leur caractère de principe passif,
1 influence magique de la lune sur les
événements humains, et ridenlilica-
tion des Parques il llilhye , qui est
Lalone, qui est Phœbé , qui est la
Lune. — Jupiter et Apollon po;
talent le nom de Méragèle , c'csl-s
dire conducteur des Parques. Les R
mains et les Grecs invoquaient sou
vent Apollon et les Parques en même
temps. Leur autel le plus célèbre
était au milieu d'un bols épais où se
rassemblaient les habitants de Sicyone
et de Titane. Sparte leur dédia un
temple magnifique près du tombeau
d'OresIe, Elles avaient aussi des au-
tels K Olympie, à Mégarc , ii Rome,
en Toscane , à Vérone. Du reste ,
en Ita'ie elles sont quelqnefois nom-
mées Carmenles, c'est-h-dire les car-
deuses ou les peigueuses de laine, les
chantenses; et notons en passant que
tour a tour on aune Carmenteou deux ,
Carmentes (Prorsa et Poslverta), ovtjM
trois Carmentes analogues aux troisll
Parques (Carmente, Prorsa et Post-
verla). • — Dans les Gaules, on les ho-
norait sous le nom de Mères. — Le
mot grec Mœrx; MoipeK, venait, on
la
1
li
PAR
n'en doute pas, de ^up« : deux noms
assez peu UMtés dans la littérature
commune des Grecs, Clôlhes (ou Clô-
thôes) et Xantries, dérivent évidem-
ment de KXmiat et ^citna, et signifient
les fileuses, les cardeuses. Il n^y a pas
plus d'ambigitité sur les noms spé-
ciaux de cbacuue. Clotbo veut dire
la fileuse , Lacbésiis le lot , Àtro-
pos l'inflexible^ mais on a beaucoup
varié sur l'élymologie du nom latin ,
Parcce. Nous devons donner ici les
principales étyniologies proposées :
1° Partus ou Parla ; %° (jaod ne-
mini parcant {3iii\fhT3isey^ y Pan-
ca , Perparca , avare; 4." Força,
sillon de t«rrej S''Parach{c\ia\déeï\),
rompre, diviser j 6° 7r^«Tra, faire,
avec allusion à Praxidicej 7° le radi-
cal inconnu de Ptrsée, Pcrséphone^
Perséphale. A notre avis, Parca
ne vient que de Parùri, analogue de
ftufu, el par conséquent est une tra-
duction exacte de fAÙfx, lesort.—
On ne trouve que très-peu de figures
antiques des Parques. Celles de la
médaille produite par Palin, sous le
nom de Parques, ne mérilenl pas ce
titre. Sur un marbre expliqué par
Bellori se voit une femme dont la
tête est ornée d'une simple bande-
lette ; on croit que c'est une Parque.
On en voit une autre sur un bas-relief
du Musée Pio-Clémentin , IV, 35.
Une autre plancbe dans le même re-
cueil, IV, 2 5, offre seulement Clotbo
tt Lacbésis : la première a la que-
nouille et file; la seconde indique
avec une baguette la destinée de tout
ce qui existe sur la terre 5 elle a de
plus sur les genoux un volume où sont
inscrites toutes les actions. Ce volu-
me se retrouve aux mains de Clotbo
sur le fragment de sarcopbage gravé,
IV, 54. Des deux autres sœurs, une
(Lacbésis) est désignée par un globe
«•l«$t6 et UQ r^diit) (allusion à l'bo-
PAR
aW
roscopc) ; l'antre montre gur un gno-
mon que le terme de l'existence est
arrivé. Sur une cassette étrusque en
œuf , trouvée près de Volaterre , ce
sontde vieilles femmes en longs man-
teaux. A Lyon , sur un bas-relief d«
l'abbaye d'Ainai , elles tenaient une
pomme (symbole delà fructification).
L'idéal des Parques , en les différen-
ciant par la quenouille , le fuseau et
les ciseaux, se composerait de longs
voiles bruns, de couronnes d'or , de
visages sévères , mais beaux ; enfin
d*ailes contrastant fortement avec
leur pose stationnaire. C'est une
absurdité que de les représenter
laides ou boiteuses (ainsi que l'in-
dique Lycophron). Théocosme , k
Mégare, les avait sculptées sur la tète
de Jupiter. A Corinthe, elles étaient
voilées; on les voyait aussi sur la base
du trône d'Apollon Amycléen et sur
le coffre de Cypsèle.
'PARRHASE, Parrhasus, n*^*
fu<rti : 1° un des Lycaonide» ( il
fonda Parrbasis en Arcadie); 2** fila
de Mars el de Pbilonomé : frère de
Lycaste , il fut comme lui nourri
par une louve.
PARTES, déesses latines au nom-
bre de deux , étaient invoquées par
les femmes enceintes le neuvième et
le dixième mois. Leur nom était
Nona et Décima. 11 faut songer que
les anciens faisaient durer la gros-
sesse dix mois, c'est -à-dire neuf
mois et quelque cbose, parce qu'ils
comptaient par mois lunaires. Peut-
être entendait-on par Nona la der-
nière période de la gestation , et par
Décima la délivrance et ses suites.
PAR THâON, n^fltfa*», dans Ho-
mère PorthÉe, Etolien, devait le
jour au roi Agénor et a Epicaste,'
épousa Euryle, fille d'Hippodame i'
en eut OEnée , Mêlas , Agrius , auX**
quels on ajoute Lycopée , Alcathoo*'^
ado
PAR
Laocoon, et deux filles. Aérope ,
Péribée. — Parthaon , fils de Péri-
phèle, fui père d'Aristas.
J'ARTHÈNES, nupê»o,, c'est-
à-dire les vierges : i" Les Hvarin-
ihides j 2* les Erechtheides j 3° les
filles de Léos.
PARTHÉNIE ou PARTHÉNO,
fille de Staph^le el de Chrysolhé-
mis, était sœur de Molpadie ou Hé-
milée el de Rhœo {t^oy. ces noms).
PARTHEMUS , chef troj^n tué
en Italie par Rapon.
PARTHÉNOPE, Sirène fameuse,
donna son iiom h une ville de la
côte dltalie, qu'on abandonna pour
Curaes, mais qui ensuite fut repeu-
plée par ordre de l'oracle et rebâtie
sous le nom de Néapolis (ville neuve)
à peine changé aujourd'hui (Napo-
li, Naples). Selon la légende , lors-
que les Sirènes vaincues par L'ijsse
se replongèrent dans les eaux pour y
périr, le corps livide de Parlhénope
fui jeté parla vague sur le littoral de
la Campanie, où on lui érigea un
tombeau qui fut le noyau de la ville
éponyme. — Trois autres Parthé-
NOPE furent : i° fi-rame d'Océan et
mère d'Europe et de Thrace 5 2" fille
d'Ancée (ou du fleuve Méandre) et
de Samie , maîtresse d'Apollon et
mère de Lycomède ; 5° fille de
Stympha'e, maîtres:>e d'Hercule et
mère d'Evérès.
PARTHÉNOPÉE. Partheno-
p^us, Xla.ph]>oT;ctïis 1 fil"* de la belle
Alaltnle qui l'eut de Mi'léagre , de
Milanion ou de Mars, ou fils de Talas
et de Lysimaqne , remporta le prix
du tir aux jeux Némeens. Chargé
au siège de ïhèbes d'allaquer la
porte d'Electre, il fut tué le quatriè-
me jour par Amphidique ou Péridy-
mène. On voit que c'était un des sept
chefs. On explique son nom, tantôt
par Iç fait de sa iiai^saocç hors ina-
PAS
riage , qui semble laisser à sa mère
le litre de vierge [Parthenos) , tan-
tôt par son éducation sur le mont
Parlhénion.
PARTHENOS, nicStvoç, fille
d'Apollon et de Chrysothémis . mou-
rut très-jeune, et fut changée par son
père en constellation. C'est elle qui
forme le huitième signe du zodiaque ,
la Vierge.
PARTULA, déesse latine, pré-
sidait à la grossesse.
PARTLNDA ou PARUNDA ,
déesse latine qu'on implorait dans les
accouchements, offre une paronoma-
sic singulière avec Pertunda,
PARVATI. ^. Hhavani.
PASIPHAÉ. roy. Miwos. Nous
n'avons que quelques mots à joindre
h tout ce qui a été dit de Pasiphaé
dans les articles Ariadne, Dédale ,
MiNOS et PuiiDBE. 1" Pasiphaé est la
toute lumière, Ariadne la reinej Pa-
siphaé se de.ssine toujours au ciel,
tandis qu'il y a de la terre, de l'onde-
lerre, de l'onde-beaulé , magie, illu-
sion , de l'onde Auadyomèuc dans
Ariadne. 2° Pasiphaé diffère de
Phèdre qui est lumière, mais non
toute lumière 5 son union au taureau
n'est que sidérique et dorienne, tau-
dis qu'il y a cabirisrae et couleur pé-
lasgique dans Phèdre, voulant sub-
stituer dans son lit Hippolyle a Thé-
sée. Pasiphaé a de la démence. Les
Prœlides, les Cinyrades, la brûlante
Asirouoé phéniciennes, sont des figu-
rines coulées dans le même moule. H
n'y a donc pas que des mâles furieux,
Hercule, Bacchus, Atys^ etc. 5 le prin-
cipe femelle l'est aussi. Il est si vrai
que Pasiphaé u'esl pas une princesse
réelle , qu'à Thaiames eu Laconie
elle avait un temple à oracles où les
dévots allaient coucher, et rece-
vaient en rêve la réponse à loutei
leurs questioiis. M(^i$ , dit-on } cetti
PAT
Pasipliaé n'est pas ia reiue Cretoise ;
c'est une Atlautide , la mère d'Ara-
inoa; ou bien c'est Cassandre, la fille
de Priam. Car Cassandre mourut à
Tlialames , Cassandre rendait des
oracles, et comme rien n'est plus lu-
mineux qu'un oracle , Cassandre était
lumière universelle, lumière pour tons
[TFcÎT-i çâo;). Ces deux assertions sont
trop gratuites pour que nous les réfu-
tions. Nous nous bornerons a rappeler
le voisinage de la Laconie et de la
Crète, leurs fréquentes relations, la
parente des deux peuples (en Lacouie
et en Crète la race dominante était
dorienne), enfin le nom même de
Tbalames , qui veut dire lit nuptial
(et toujours, dans les mythes crélois,
le lit nuptial joue un grand rôle : la
vache dedalienne , l'humide ]\axos ,
la couche de Thésée, sont trois tha-
lames). — Quelques mythologues pré-
sentent Pasiphaé comme une reine
jalouse qui fait périr par le poison
toutes les concubines de Minos. Ce
mythe, pour être retraduit en lan-
gue antique, doit présenter Pasiphaé
comme empoisonneuse , c'esl-a-dire
comme magicienne.
PASITHÉE,n^<r,<l^«:i° Néréide,
ou Océanide, ou Naïade et femme
d'Erichtiionius qu'elle rend mère de
Paudion F' ; 2° Grâce. P^. Grâces.
PASSx\LE. Fojr. ACMON.
PATAIQUES. P^oy. PatIiques.
PATAllE, héros éponyme do Pa-
tareen Lycie. Patare passait pour lils
d'Apollon et de Lycie, fille de Xan-
ihe. — Apollon adoré h Patare en ti-
rait le surnom de Patarée.
PATCHARAMAK , célèbre dieu
péruvien, était selon les uns le soleil,
suivant les autres le créateur et le
conservateur du monde. Il n'est point
impossible de concilier ces deux ca-
ractères. Mais au préalable il fau-
drait s'assurer que Patcliakamak les
?AT agî
eût l'un et l'autre. On s'occuperait
ensuite de rechercher le mode de
conciliation. Patchakamak fut-il un
Vichnou-Mitra du Pérou?! lu l-il un
Fré-Knef ou un Maudouli? fût - il
membre d'une Trimourti? eut-il des
parents ( Mama-Oello , Mama-Kol-
cha)? Mancokapak ne fut- il qu'une
de ses incarnations ( f^oy. Manco-
Capag, Biog. iiniv., XXVI, 456)?
Ce qu'il y a de certain, c'est qu'une
grande ville du Pérou portait son
nom et avait en son honneur un iem-
ple bàli par Palchakoutek, dixième
inca, et démoli eu i555 par les- sol-
datsdePizarre, qui violèrent les vier-
ges consacrées au service du dieu. —
On a remarqué que Patchakamak
s'expliquerait par les mots hindou et
grec -TTccs kama , tout amour oa
amour universel. Ainsi dans Mithra
se trouve Mihr.
PAÏELLA ou PATELLANA,
déesse latine, présidait aux choses
ouvertes ou apleshs'ouvrir(^a<cre).
PATELLARII DU (dieux des
f)lats), dieux auxquels on faisait des
ibalions pendant le repas. C'est ua
sobriquet que leur donne Plante.
PATÉLO, dieu des Pruczes (an-
ciens habitants de la Prusse), était
figuré par une tète de mort.
PATÈQUES, Pat.'eci, n«r««-
xo/, n<«T«;ico/, dieux gardiens et dé-
fenseurs dont les Phéniciens plaçaient
les images tantôt à la proue des
vaisseaux, pour les protéger contre
les périls de la mer (Hérodote , liv-
III, c. 57), lanlôl sur leurs tables.
Ces images les représentaient habi-
tuellement sous des formes de nains
ou de pygmées. Quelquefois ils pre-
naient en outre des corps ventrus et
sphériques, ce qui leur donne quelque
trait de ressemblance avec les Cano-
pes. Sous cette dernière forme ils
^taiçBt, à ce qu'il paraît, placés sur
s8a
PAT
t>AT
les tables, à cause des dons qu'ils
prodiguaient , comme au devant des
navires en qualilé de défenseurs et
sous la forme de pygmées {f^. Creu-
ter, Dionysus, p. i5i, etc.). Ou
présume que Meikarlh , THercule de
FyTf était un Fatèque. Effectivement
dans les plus anciennes religions on
figure Hercule comme dieu de la ta-
ble , et dans les beaux temps de la
Grèce Tari se plut à le représenter la
coupe k la main. Les Polilii et les Pi-
narii de l'Italie ne semblent être que
les prêtres d'un Hercule buveur.
Hés-ychius (t. I, p. i536)donne com-
me paraphrase d'Eù<pp<é<J'ijf évidem-
ment épilhèle d'Hercule les mots
Tlttruncis iviTpxTti^itÇ' On dérive
Patèque de ïhéhieu patnch, graver,
ou balachy avoir conBance.
PATRAGALI. F. Bhadrakali.
PATRICILjS, Janus comme lige
commune de tout le peuple , père
commun de tous les enfants de
sa patrie, puis, dans un sens trans-
cendantal, comme père de tout ce
qui existe Autour de la conception
spéciale signalée la première se grou-
fient encore ces deux idées : i° Janus
ui-même est fils du sol, il est autoch-
tbone ; a" les patres (patriciens), tu-
teurs et aînés naturels de la popula-
tion italique sont sous sa protection.
Comp. CURIATIUS.
PATPJOUMFO, dieupruczeen
l'honneur de qui les prêtres nourris-
saient de lait un serpent.
PATUO, Thespiade, eut d'Her-
cule un fils nommé Archémaque.
PATROCLE, Patroclus, n«-
vfKXast lils du roi locrien Ménèce
(d'où son nom patronymique Mcnce-
tiaiies) et de Stbéuélé, tua le fils
d'Amphidamas au jeu, quitta le pays,
troKva un refuge chez Pelée, y fut
élevé par Chiroa avec Achille, se lia
de l'amitié la plus t«adre arec lai , et
I
le suivit au siège de Troie. Dans l'I-
liade il rend a son ami des services qui
ont quelque chose de servile. Du res-
te, il est brave, et commande une des
colonnes phthioles. Quand Achille
reste dans sa tente , Patrocle touché
des désastres des Grecs obtient de
lui la permission d'aller combattre
avec les Thessaliens. A la vue de
l'armure d'Achille que Patrocle a
revêtue, les Troyens reculent jus-
qu'à leurs remparts. Mais vaine-
ment Patrocle tente de les escalader,
trois fois Apollon l'en repousse 5 et
finalement son casque tombe, sa pi-
Ïue se rompt, son bouclier s'e'chappe:
lector l'attaque , et n'a cas de peine
aie percer d'un coup de lance. Un
combat sanglant s'engage aussitôt au-
tour de cette dépouille inanimée :
enfin les Grecs l'emportent , et le
corps de Patrocle rentre au camp
On sait qu'a cette triste nouvelle
Achille reprit les armes, immolai
Hector aux mânes de son ami, et tu;
de sa main près de son bûcher douz'
prisonniers troyens. Les fuuéraill
se terminèrent par des jeux funèbre^,
— Un autre Patrocle devait le jouir
à la Thespiade Pyrippe et K Hercule,
PATRON, Patro , compagnon
d'Evandre, disputa le prix aux jeux
donnés par Enée pour l'anniversaire
de la mort de son père. On a pré-
tendu que les Patrons k Rome ti-
raient leur nom de lui.
PATROOS, narp^og: l'Apol-
lon, 2° Bacchus, 3" Jupiter. Le pre-
mier et le dernier portaient ce nom
dans Athènes. Jupiter de plus l'avait
dans Argos, et, dit-on, l'avait eu dans
Troie. Priam fut immolé aux pieds
de l'autel de Zévs Patrôos. — Ce nom
Tcut dire des aïeux , et rappelle le
régime patriarcal des populations
primitives.
PATULCIUS , Jamn « tant qu'il
I
PEA
ouvre, qu'il commence, qu'ilinaugure,
qu'il crée, qu'il active : lorsqu'il fer-
me, achève, raainlient ou immobilise,
il prend le nom de Clusius. Ces deux
mols,Patulcius et Clusius, s'emploient
surtout lorsqu'il s'agit de l'ouverture
et de la fermeture du temple de Ja-
nus. — Peut-être y a-t-il quelque rap-
procliement à établir entre Palulcius
et le Khoucor (dieu-ouvreur des Phé-
niciens ) ou le F ta d'Egypte, qui
d'un coup de marteau divise en deux
l'œuf du monde. — Rac. : pateo.
PAUSE, YlxZa-os^ dieu du repos
et de la paix, opposé h Bellone.
PAUVRETE. F. Penia.
PAVANA, autrement Marouta
ou Vaïou, un des huit Vaçous hin-
dous, préside a l'air, aux vents, aux
sons, a lamusique, au nord-ouest. C'est
le père du célèbre musicien Hanou-
man qui au fond nous semble le même
que lui. Il pénètre toutes les créatu-
res , il embrasse toutes choses, il est
la respiration et presque l'àme uni-
verselle, Mahanatma. Comp. Pan,
Faune, Phanï:s. — Marouta-Pavana
a sous ses ordres un grand nombre
de génies subalternes nommés ainsi
que lui Maroutas (ou Marouters).
PAVOR, LA Peur, déité latine
mâle k qui Tullus Hostilius éleva
une statue. Parmi les prêtres Saliens
était une division que l'on nommait
Pavorii ou Pavorini. Comparez
Pallor,
PEAN, P^AN, n«/<i», Apollon-
médecin, du moins au dire des an-
ciens. Mais comment alors dériver ce
nom de vxUiv, /happer, darder {h
cause de ses rayons) ? Le fait est que
l'on chantait en l'honneur des deux
Latoïdes des hymnes dits Péans, parce
qu'ils se terminaient par cette excla-
mation , /ij, n«/«y (dont on a fait
il», 5r«<* «t»). Ces refrains devinrent
asuels lors des épidémies. Dans h
PÉD
a83
suite le nom de Péan s'étendît à totts
les hymnes. On chantait un Péan a
Mars en marchant au combat, a Apol-
lon après la victoire. On en composa
de même en l'honneur de Neptune,
d'Hygie, des grands hommes.
PËAS, Ueciis, berger qui mit le
feu au bûcher d'Hercule , et qui en
récompense reci^t du héros son arc et
ses flèches. On le donne souvent
comme père de Philoctète dont on ra-
conte aosolnment la même chose.
PECUNIA , l'argent personnifié ,
était invoqué par les Romains. C'é-
tait même, a ce que nous assure S.
Augustin , un surnom de Jupiter, vé-
ritable pendant de Junon Monela
prise dans le sens vulgaire.
PÉDASE, n>i^ci(roç, fils du Pria-
mide Bucolion et de la nymphe-
naïade Abarbarée , périt ainsi que
son frère (jumeau?) Esèpe sous les
coups d Euryale pendant le siège de
Troie [f^oy. Abarbarée). Il y avait
dans la Troade une ville appelée Pé-
dase, qui fut ruinée par les Grecs;
elle avait cependant été l'ondée par les
Lélègues qui appartenaient a la race
grecque. Deux autres villes, l'une du
Péloponèse [lliad. , IX, i 5 2), dans le
territoire de Pylos (Messène), l'autre
(ni)'«r«5(r«£ , n>)<^(«(r«») dans la Carie,
entre Halicaruasse , Milet et Strato-
nicée (Hérodote, I, lyS, VI, 20,
VIII, I 04 5 PHne le Nalur., V, 29),
portèrent aussi le nom de Pédase.
La dernière, qui est peut-être la
même que la Pédase de Tite Live
(XXXIII, 3o), mais qu'il ne faut pas
confondre avec Pédase où la confédé-
ration carienne battit les Perses ,
semble avoir été fondée par les Lé-
lègues de la Pédase Iroyenne (Raoul-
Rochette, Col. grec(j. , I, 386).
Une vieille tradition disait que tou-
tes les fois que cette ville serait me-
nacée de quelque danger Bne longue
2»-;
PÉG
barbe couvrirait le meuton de sa pré-
tresse. Ce miracle eut lieu trois fois.
— ; Achille prit au sac de la Thèbes
d'Eélion uu maguifique cheval ap-
pelé Pédase, qui fui tué par Sar-
pédon.
PEDEE, Pedeus, uit^iûç , fils
d'Aulénor et d'une coucubine, avait
clé plevé par Thémis, femme de ce
prince. Mégès le lua au siège de
Troie.
PEDIAS, nJtif, fille du Spar-
tiate Ménys, femme de Crauaiis et
mère des trois nymphes Ciauaïdes,
Cranaé, Cranechrae et Atlhis. Pé-
dias en grec veut dire la plaine. ^oj'.
sur ces noms l'article Cbamaus.
PEDICRATE , Pedicrates, nt-
itxftiTtisy chef siciliole lue par Her-
cule. Ses concitoyens en firent un
dieu.
PEDOTROPHE, Pjedotbophus,
HfleicTar/iepdf , Cérès en tant que
déesse. C'est une des faces de l'ali-
mentation dont celle déesse est le
symbole. On donnait aussi ce nom à
Diane dans Coronée. Selon les an-
ciens, la lune exerçait une influence
puissante sur l'iiccroissemeut des vé-
gétaux et des auiniaux. Diane pour-
tant était célèbre aussi par la barba-
rie de quelques-uus de ses adorateurs
h l'égard des enfants. On lui en sa-
crifia souvent a litre de victimes, et
a Sparte on fouettait jusqu'au sang
des jeunes >;ens k son autel.
PEGASE, Pegasus, Uiîyua-ûs ,
célèbre cheval ailé, naquit du sang de
Méduse décapitée comme d'une source
(îDiy»») élincelanle, et soudain s'en-
vola dans les régions d'où partent la
foudre et l'éclair. D'un coup de pied
il fit jaillir sur l'Hélicon l'ilippocrèue.
Minerve le domta, puis en fil cadeau
à Persée , pour qu'il se rendît en
Ethiopie auprès d'Andromède j et
pais a BeUé(ophoi) pour combettlrç
PEG
la Chimère. Dans la suite ce héros
ayant voulu forcer le coursier divin
à le porter aux cieux se laissa tom-
ber et. tandis que sou corps se brisait
sur le sol, Pégase alla former une
constellation parmi les astres. Les
poètes le placent sur le Parnasse, au
milieu du cortège sacré d'Apollon, et
supposent que les amants des Muscs
traversent l'espace sur son dos. —
Les évhéméristes veulent que Pégase
ait été un navire dont la proue por-
tait un cheval. Les vrais mythologues
voient tous que IV'gasc est un être
mythologique totalement imaginaire.
Il est Tauxiliaire des héros de la lu-
mière, Persée et Bellérophon, héros
qui l'un et l'autre sont , non pas des
Oxypores ou robustes marcheurs,
mais des Célendéris ou rapides
écuyers. Arion, cheval d'Adraste, est
absolument dans le même cas, mais
il a quelque chose de plus terrestre.
Le père de Pégase , ce père que l'on
ne nomme pas, c'est Neptune, dieu
des eaux et par suite de la nuit et
du couchant, INeptune qui sans cesse
emprunte la forme du cheval , Nep-
tune qui a vio'é Minerve -Méduse.
La Méduse dont ou tranche la tête
est enceinte. Le sang qui coule de
sa plaie est un lac. Ce lac n'est pas
del'eau, c'est de l'eau-luraière. Aussi
voyez ce qui en sort! un glaive d'or,
un cheral de pourpre, Chrysaor et
Pégase, Neptune aussi était le père
d'Arion j mais là Cérès , C-'rès qui
est la terre, était la mère. La phy-
sionomie d'Arion est donc a juste
litre uu peu plus lerne. Trézène avait
aussi son Hippocrèue issue d'un coup
de pied de Pégase , quand Belléro-
phon monta pour la première fois
ce noble coursier. Il laut joindre h
ces deux fonlaines pélasgiques Celle de
Pirène dans l'Acrocorinlhe. Selon
Anli^oious, Libçralis rtiippQcrènQ de
l'Hélîcoii naquit lors de la conJesta-
tioa musicale des Piérides et des Mu-
ses. Charmée de cette ravissante har-
monie, la cime du mont grandissait,
s'élevait, passait la nue, et semblait
aspirer h l'Olympe. Pégase vint, et
d'un coup de pied comprima l'essor
ambitieux de la montagne, soudain
restreinte aux limites iloiit elle s'é-
tait emparée. — On voit aussi Pégase
faire partie des troupeaux d'Admète.
Ce rajtlie s'explique par la présence
d'Apollon au milieu de ces troupeaux.
Pégase, coursier solaire, se place na-
turellement parmi les parèdres du
dieu soleil le plus élégant et le plus en
vogue de la Grèce. Toutefois il y a la
du syncrétisme j car Apollon affec-
tionne le char, le quadrige, et par
conséquent l'attelage de quatre che-
vaux. Or, Pégase est l'unique cheval
du luminiforme cavalier qui presse
les flancs ailés de ses pieds. — Ou peut
voir Pégase sous les n"' 390-394* de
la Galerie niytkologicjue de Mil-
lin. Cinq fois il s'y trouve en rapport
avec le héros de Trézène, Belléro-
phon. La sixième gravure tirée des
Pittare. de. Nasoni , XX, repré-
sente son admission dans les écuries
de l'Olympe. Trois Nymphes en pren-
nent soin; l'une se baisse pour le
baigner, l'autre le caresse et porte un
vase pour l'arroser d'eau, la troisiè-
me tient aussi un vase; toutes sont
couronnées de plantes aquatiques.
PEGEES, Tli^yxtcci-) Nymphes des
fontaines, sont les mêmes que les
Crénées. Au reste, voy. Nymphes.
PÉIROUM, divinité japonaise,
viendra, disent les habitants du pays,
à la fin du monde.
PELAGIE, TliXxyicCy maritime:
t" Vénus (plus ordinairement Pon-
tià), 2" Isis (plus ordinairement Pha-
riâ). Celle-ci se trouve très-souvent
«ur les médailles. Une île de même
PEL
2B5
nom, voisine des colonnes d'Hercule,
était consacrée à Saturne. Elle est
remarquable en ce qu'elle nous mon-
tre un culte analogue à celui de Mo"
loch dans ces lieux reculés de l'Occi-
dent, et de plus un dieu flamme dé-
vorante jouant avec les eaux.
PÉLAGON : 1° Phocéen, fils
d'Amphidamas , était le maître de la
vache dont Ca'lmus suivit la trace
jusqu'au lieu qui devait être l'empla-
cement de Thèbes; a" prétendant
d'Hippodamie, tué par OEnomaiis^
5° chef grec du corps d'armée de
Ne.>)tor5 4." Troyen tué par Sarpédon.
Un cinquième Pélagon ne diffère
point de Pélasgue.
PÉLAGOS, nixxyùçy la Mer, ne
diffère pas de l'Océan. On le doune
comme Hls de la Terre seule.
PÉLARGE, ntxipy„, fille de
Potnée, épouse d'Isthmios et intro-
ductrice du culte cabirique k Tlièbes ,
était honorée par le sacrifice annuel
de quelque femelle pleine. On rap-
portait l'origine de cette cérémonie à
un ordre de l'oracle de Dodone et
non de Delphes. — Nul doute que
Pélargé ne soit une déesse-cigogne
{TTtxâpyos ) La religion dodonaïque,
semblable ici au culte assyrien, avait
les colombes en vénération; et les my-
thes de Sémiramis, de Vénus en sont
remplis (comp. PeristÈre). Or,
d'une part cigogne et colombe se rap-
f)rochaient, la cigogne corn ne mère,
es colombes comme filles; puis la ci-
gogne se dédouble en colombe. La
grande déesse se délègue donc en une
prêtresse, et celle-ci en prêtresses se-
condaires. De la les Péléiades de Do-
done : Pélargé les résume en même
temps qu'elle les précède. Les Pé-
léiades étaient prophétessesj car la
divination était, selon les anciens, un
des caractères des oiseaux. Le vent ,
la lumière , l'air pur, s'allient aiê^-
%H
PBL
r.
menf avec l'idée de prophète. Le ciel
semble TofScine de l'avenir, l'arsenal
dessecrels prophéliques, le foyer lu-
mineux d'où jaillit toute étincelle de
révélation. Aussi l'Eoroch eu Perse, le
pic en Italie, mille autres dans tous
les pays sauvages, sont-ils censés por-
ter du cœur des dieux a Toreille des
hommes les secrets que cache le sein
de l'avenir. Quant a la liaison de Do-
done et du culte cabiiique , elle est
connue : aussi n'est-ce pas là ce qui
doit étonner dans Tliiitoire de Pclar-
gé; c'est la coexistence de la face
cal irique de la déesse avec la Corme
de cigogne.
PELASGUE, Pelasgvs, nUar-
yof, est évidemment la persouniiica-
tion de la race pélasgique , une des
lus anciennes de celles (|iii habitèrent
e sol de la Grèce , et a coup sûr la
première de celles auxquelles ou peut
accorder une civilisation. Comrat celle
civilisation rmlimenlaire se manifesta
d'abord sur des points éloignes les
uns des autres, il n'est pas étonnant
que l'on nomme plusieurs Pélasgues.
Quatre au moins a|)partiennent à la
dynastie des Inachides. i" Un fds
d'Inacbus , père de Lycaon et fonda-
teur de la civilisation en Arcadie.
a° Un fils dePboronée, et en consé-
quence petit -fils d'Inachus. 3" Un
fils de Jupiter et de la Phoionéide
Niobé, et en conséquence arrière-
pelit-fils d'Inachus ( on le regarde
comme identique à Argus). 4" Un
fils de Crotope ou deTriopas, cé-
lèbre pour avoir reçu Daiiaiis et les
Danaïdes à leur sortie d'Egypte:
Eschyle seul en parle; c'est saus
doute le même que Sthéiièle. A ce
groupe quaternaire il faut joindre i*
UQ fils de Lycaon, 2° un fils d'Ar-
cas, en conséquence petit-fils de Ly-
caon. Dca mythologues nomment
comme tout 'afaitdistioct de la inaes«
PEL
des Inacbides le Pélasgue arcadien ,
premier et rude civilisateur du pays,
et ne lui donnent ni le vieil Inachus
pour père, ni Eycaon pour fils. Us le
qualifient de riîy6»s!î,ué de la terre.
Hors de l'une et de l'autre de ces sous-
divisions flotte un Pélasgue, fils de
Neptune, un Pélasgue, filsd'Asope et
de Mérope,un Pélasgue, auteur de
la race des Thessaliens, père de
Thessale. Ce dernier Pélasgue n'ap-
paraît point seul en Thessalie ; il a
deux frères avec lui, Acbéos et
Plithios. — En somme donc, nous
trouvons huit ou dix Pélasgues très-
nettement distincts. Complétons cet
exposé des dires vulgaires en racon-
tant ce que (jl le Pélasgue civilisateur
dans l'Arcadie. Par lui les sauvages
habitants apprirent l'art de se loger
dans des cabanes, de se vêtir de
peaux de sang'ier, de se nourrir de»
fruits du hêtre et du chêne , tandis
que jus([ue-la on avait vécu de feuilles
d'arbres, d'herbes et de racines.
Celte civilisation n'est pas brillante.
Les Arcadiens la gardèrent long-
temps; car les Lacédémoniens , s'é-
tant avisés un jour de demander a la
Pyihie s'ils se trouveraient bien d'une
guerre faite aux Arcadiens, la pro-
phétesse ne répondit que par un dis-
tique dont voici le sens :
N'esp'Tcz point dointer et tenir à la chaîna
Qui dfjeune du hèlie et qui soupe du chêne.
Après avoir pensé que des rois
nommés Pélasgue avaient donné leur
nom à leurs peuples, des modernes
eu sont venus à croire que Pélasgue
était un litre générique. Ainsi Arguj»
était Pélasgue, Stliénèle était Pélas-
gue, etc. C'était entrer dans la bonne
voie ! mais il ne faut pas s'arrêter là.
Pas un chef des antiques époques
auxquelles ou veut nous reporter ne
&'e8t noj»mé Pélasgue. J^a race p.é-
PÉL
lasgue , comme toutes les races du
monde, avait sa my tliologie. Pélasgue
qui la récapitule étail son Adam : il
est monade, il est membre d'une Tri-
mourli. Toutes les ^généalogies plus
haut données sont donc naturelles.
Il est fils de la terre, si l'on veut 5 et
si l'on veut, il est fils de l'onde, soit
marine (Neptune), soit fluviatile
(Asope) j il a pour mère l'humanité
(Mérope); il est dieu. Il apparaît
avec deux frères sur un plateau ; il
se partage entre la ïhessalie et l'Ar-
cadie, deux grandes pointes d'où se
sont élancés les clans pélasguesj il se
multiplie surtout sur les listes sémi-
divines d'Argus, et forme a lui seul
quatre de ces Anaces métainorphosés
par l'évhémérisme eu Inachides : en-
nn, k ce titre il est dieu.
PELATE. Pelâtes, fut tué par
Corythe dans la rixe qui s'éleva aux
noces de Persée et d'Andromède.
PELE, déesse des volcans dans
les îles Sandwich, n'ycomple presque
plus d'adorateurs aujourd'hui. C'est
surtout dans Haouaïi, si remarquable
par son volcai de Ki-rouYa, que l'on
prononçait son nom avec terreur et
vénération. Les détails matériels de
son culte étaient confiés h un kahou
(intendant) dont la principale fonction
était de veillt-r sur deux grandes
[)laiitalions consacrées a la déesse,
'une sur le bord de la mer, l'autre
dans le voisinage du cratère. La sta-
tue de Pelé était couverte de vêle-
ments de colon; on lui servait, du
moins de temps h autre, ses repas
comme k «ne mortelle vivante et man-
geante. A l'époque des fêtes solen-
nelles, la prêtresse descendait dans
les profondeurs du cratère, sûre que
la protection de la déesse la préser-
verait de tout mal, et s'écriait en
précipitant les dons dans l'abîme
flariaboyant : et PéJé , voici ta nonr-
PÉL 387
riture; ^> puis elle jetait les diverses
pièces d'habillement en disant : a Pe-
lé, voici tes vêtements.» M. Stewart,
dans son dernier voyage aux îles Sand-
wich , a vu Lahaina, dernière prê-
tresse héréditaire de Pelé.
PELEE, Peleus, rnjAEuV, fili
d'Eaque, roi d'Egine, et de la Chiro-
nide Endéis, tua son frère Phocus,
et banni k perpétuité trouva un refuge
k Phthie (Thessalie), kla cour d'Eu-
rytion qui lui accorda la main d'Anli-
gone sa fille , avec le tiers de son
royaume. De ce mariage naquit Po-
lydore. Plus tard, Pelée le perça d'un
javeloi , par raégarde , a la chasse
du sanglier calydonique, el condamné
de nouveau k l'exil se rendit k loU
cos. Acaste , roi de cette ville, le
purifia; mais bientôt, croyant sur la
foi d'Astydamie sa femme, qui vaine-
ment avait découvert au prince exi'é
l'amour qu'elle ressentait pour lui,
que son hôte avait voulu le déshono-
rer, il lui vola ses armes pendant son
sommeil , et le fit charger de chaînes.
Heureusement Jupiter son grand-
père, ou, selon d'autres, Casioret
Pollux vinrent a son secours. Quel-
ques poètes lui adjoignent Jason. Les
trois ou quatre héros marchèrent sur
lolcos s'en emparèrent, et mirent k
mort Aslydaraie : Pelée avait k ven-
ger, outre sa captivité, la mort de sa
femme; car îa reine d'Iolcos, soit
pour vaincre , soit pour punir ses dé-
dains , avait écrit a Antigone que son
mari était sur le point d'épousf-r St.é-
ropc , et k cette nouvelle Autigone
s'était pendue. Maître d'une grande
partie de la Thessa'ie kla suite de cet
événement, Pelée voulut s'allier a
nne déesse. Thétis, sœur du roi de
Scyros Ljcomède et fille de Nérée et
de Doris, attira ses vues. Mais Thétis
qui avait été l'amie de Jupiter, et qui
mêiiie avait copcn quelques instants
!e8S
PÉL
l'espoir de devenir son épouse, Thé-
tis ^e révollail à Tidce de n'avoir pour
niari qu'un roi mortel. 11 fallut à Pe-
lée rassislance de Jupiter pour triom-
pher de l'opiniâtreté de sa fiancée.
Protée femelle, Tliélis empruntait
successivement toutes les formes pour
lui échapper. Enfin Pelée, dirigé par
les conseils de Çhiron {x,iipi la main),
réussit à la mettre daus les chaînes.
Dès-lors plus d'opposition à l'hvmen!
Le mariage, célébré en présence de
tous les dieux assemblés sur le Pélion,
fut suivi d'un festin magnifique. C'est
la hiéroganie thessalienne par excel-
lence.' Tous les dieux , les uns après
les autres, firent a Thélis leurs pré-
enlune
els ciu'
les chevaux immortels qu'Achille de-
vait un jour atteler à son char, et
qui versèrent des larmes prophétiques
le jour de sa mort. La Discorde seule
n'avait pas été invitée^ on sait de
quelle manière elle s'en vengea. La
pomme sur laquelle elle avait tracé
A LA PLUS BELLE amena les trois
grandes déesses devant Paris: Hélène
fut le prix du iugement ; et la fuite
d'Hélène, en entraînant les Grecs de-
vant Troie , vouait à une mort cer-
taine le fruit unique des amours de
Péléc et de Thélis. Thélis pourtant ,
suivant les mythologues a légendes pa-
radoxales, fut sept fois enceinte avant
de l'être d'Achille; mais tous ses (ils
mouraient k l'instant de la naissance.
Achille né , Pelée s'efface de plus en
•plus. On saurait h peine s'il vit, s'il
règne, sans le vieux Priam qui, lors-
qu'aux pieds d'Achille il lui demande
les restes inanimés d'Hector, fait pla-
ner dans un vague lointain la pâle fi-
gure de Pelée. Pélée a voué au fleuve
Spercbius la blonde chevelure d'A-
chille, si Achille revient dans sa pa-
trie. Puis, quand Achille est mort, ce
ion\ des pleurs j Thétis lui dit de se
PKL
retirer dans les Iles Fortunées , o4
dieu lui-même il voit planer Achille
dieuj cinquante Néréides, dit-on, l'y
ont conduit. Suivant les tragiques".
Pelée envoie son fils, puis son petit-
fils , il la tète des Myrmidons au
siège de Troie ; Pélée règne ou a
la régence pendant qu'ils sont loin de
la Phthiolide ; Pélée défend Andro-
raaque et sou fils Molosse, qui est
sou arrière petit-fils, des attaques
homicides de Ménélas et d'Hermione
Ce n'est qu'après toutes ces démons-
trations qu'il reçoit de Thélis une
invitation pour les Iles Fortunées.
11 n'est pas besoin de dire combien
les tragiques se montrent ici étran-
gers a l'espril des mythes antiques.
— Pélée était honoré k Pella comme
demi-dieu. On lui sacrifiait uu hom-
me tous les ans. Pélée, Pella, Pélion,
ne sont qu'un même mot, et ce mot
ne diffère pas de phalle. Le phalle
souvent est symbolisé par un mont.
L'hymen de Pélée et de Thétis, d»
mont et du lac, du feu et de Tonde ,.
est donc celui du phalle, principe
mâle, et delà mamelle (r/T^eV), prin-
cipe femelle d'abord nommé Télhys,
puis par une altération légère Thétis.
Quant au rôle magique de Thétis,
c'est k son article qu'il faut en cher-
cher le commentaire.
PÉLÉGON, nt>.'iym, fils du
fleuve Axios cl de la nymphe Péri-
bée, fut père d'Astéropée.
PELETHRONIUS , roi Lapithe,
inventa le frein et la selle.
PÉLIADES. Fox- l'art, suivant.
PELIAS, ntx/ecs, fils de Neptune
(ou de Créthée) et de Tyro et frère
d'Eson, usurpa sur lui le trône d'Iol-
cos, persécuta Jason que l'oracle lui
indiquait comme destiné k reconquérir
l'héritage de son père, eteuld'Anaxibie
(ou de Philomaque), sa femme, Acas-
tejct plusieurs filles (dcu^ selon Pau-
I
à
PEL
sanias, Astéropie et Antinoé; trois
selon Diodore, Alcesle, Araptlnome,
Évadnéj quatre seloa Apollodore,
Alcesle, Pisidice, Pélopée, Hippo-
thoé 5 cinq selon Hygin, Alceste, Iso-
dice, Pélopée, Hippothoé, Méduse).
On peut voir h Tarticle EsoN les di-
verses tradilious relatives à Pélias.
Les uns le font mourir avant le retour
des Argonautes qui, rentrés en Grèce,
célèbrent en son honneur des jeux
funèbres [Foy. Acaste). Les autres
nous montrent Pélias courbé par le
fioids des ans, mais vivant encore
ors de l'apparition de Médée en
Thessalie. Alors se passe un drame
terrible. Les filles de Pélias supplient
la puissante sorcière qui a rajeuni
Eson de rajeunir leur père. Médée
feint d''y consentir, ordonne aux sol-
liciteuses de couper par morceaux leur
vieux père, et de jeter les lambeaux
sanglants dans. la chaudièrej et là,
elle les quitte , et va près de son
époux rire de l'assassinat du rival
d'Éson. On ajoute que les infortu-
nées Péliades, honteuses et désespé-
rées de leur méprise, allèrent finir
leurs jours en Arcadie. — Un autre
Pélias , chef troyen blessé par
Ulysse, suivit Enée en Italie.
PELLÈNE , d'Argos , fondateur
dePellène en Achaïe, avait pour père
Phorbas, et par cousé([uent Triopas
pour aïeul. — Diane était honorée a
Pellène sous le nouDi de Pellénide.
Minerve avait le même nom dans la
péninsule de Pellène en Macédoine.
La statue de la Pellénide d' Achaïe
était enfermée d'ordinaire. Son exhi-
bition au grand jo^ur frappait les
yeux mortels d'aveuglement, rendait
les arbres stériles, et faisait tomber
les fruits. Lors de la procession so-
lennelle qui avait lieu annuellement
eu l'honneur de la déesse, chacun
baissait la tête devant cet osiensorinm
PÉL
289
que portait la grande-prêtresse. Dans
une bataille contre les Etoliens, la
prêtresse un jour montra l'idole sans
voile a l'armée ennemie qui fut sur le
champ frappée de stupeur et mise en
fuite.
PELLONIA, déesse laliue invo-
3uée comme présidant a l'expulsion
e l'ennemi (pellere).
PÉLOPÉE ou PÉLOPIE , Pe-
LOPEA , niXÔiTtix , fille -épouse de
Thyeste et nièce-épouse d'Atrée, est,
dans la mythologie vulgaire, surprise
et violée par son père dans un bois
consacré à Minerve. Selon les uns, l'in-
ceste est involontaire des deux parts.
Selon les autres, Thyeste en a con-
ilaissance, et le consomme, parce que
l'oracle lui a révélé que de celte in-»
cestueuse union naîtra un fils ven-
geur de ses injures. Pélopée devenue
mère d'Egisthe l'abandonna d'abordj
puis, quand elle eut épousé son oncle,
le fit élever aven ses frères, Agamem-
non et Ménélas. Survient ensuite
l'e'pte de Thyeste, comme nœud du
drame. Pélopée la lui a ravie a l'heure
du viol, afin de reconnaître nn jour
le coupable, et l'a donnée à son fils.
Long-temps après Egisllie, Thyeste,
Pélopée se !rouvenlensemble:Egisthe
a ceint le glaive paternel ; Thyeste a
cette vue est transporté de joie et le
reconnaît pour son fils 5 Pélopée au dé-
sespoir s'empare du fer et se tue. —
Pélopée, véritable Pélops femelle, est
une Axiocerse du cabiroïdisme d'Ar-
gos; elle fait les fonctions de femme
tant pour Thyeste son père , que
pour Alrée son oncle , parce qu'en
mythologie il n'y a ni oncle, ni père,
ci qu'Atrée el Thyeste , ces deux
Açouius, ces deux Dioscures, revien -
nent à un seul être. Quel être? Si
l'on veut, ce sera le soleil dédoublé
en deux soleils semestriels que sym-
bolisent la nuit et le jour , mais plus
19
ago PÉL
cxactemenl c'est le feu-soleil sacrifi-
cateur. Ce point de vue riche et cu-
rieux , clé magique de tous ces meur-
tres qui souilleut les pages de Tliis-
toire des Tnnlalides, sera développe
a Tarlicle Tuyeste. — Trois autres
PÉLOPiE sont: i°une]Niobide; 2" une
Péliade; 3° une autre fille deThyesle,
amaute de Mars et mère de Cycnus.
PÉLOPS , le grand dieu-plialle
de rÉlide , devait le jour h Tan-
tale. On varie sur sa mère qu'on
nomme tour à tour Dionée l'Allau-
tide^ Cljtie (fille d'Amphidamas),
Eurytliémiste (fille de Xaulhe), Eu-
ryanasse (fille du Pactole), ou Eupry-
lône, ou Taygète. Son père, roi de
Lydie, le vit naître eu Lydie 5 une
tradition difierente lui donnait pour
pairie l'Elide : déjà se dessinent deux
mythes tout contraires, l'un d'ori-
gine asiatique, l'autre d'origine euro-
péenne. Tantale ayant reçu les dieux
chez lui veut éprouver leur infaillibi-
lité ; il hache son fils Pélops , et le
leur sert. Déjà Minerve a goûté du
mets fatal, quand Jupiter annonce
aux conviés la scélératesse du roi de
Lydie. Ou se lève, on s'agite, on se
demande s'il est possible de réparer
l'attentat du tyran : « Si l'on rassem-
blait ces lambeaux épars? si le souffle
du dieu des dieux ressoudait ces lam-
beaux? » Ainsi en Egypte la plaintive
Isis essaie de recomposer Osiris coupé
en treize morceaux ; mais, comme
à la victime de Typhon, il manque
quelque chose k la victime de Tan-
tale. Quoi? La pudicité grecque ne
toléra pas qu'il lui manquât le même
organe qu'au bien - aimé d'Isis. Ce
n'est que l'épaule qui manque à Pé-
lops. L'euphémisme est clair pour
ceux qui savent que Minerve est
pnalle, que ce qu'elle s'est assimilé
par la manducation , c'est elle, c'est
l e phalle , que les oxyrrliynques de
PEL
l'Egypte n'ont mangé d'Osiris que le
phalle. Il serait facile de multiplier
ces exemples de phallophagie. Pélops
n'a perdu que l'épaule ! Jupiter lui en
fait une d'ivoire ; Mercure ou Mi-
nerve l'adaplcnt délicatement a l'hu-
mer us et aux vertèbres du cou. Tan-
tale va aux enfers mourir de faim sous
le plus beau pommier , et de soif au
milieu des eaux limpides qui baignent
son menton ; et Pélops règne sur la
Lydie. — Il enlève Ganymèdej Très
réclame son jeune filsj la guerre
éclate; Pélops n'est pas le plus fort,
et il fuit en Elide, à la cour du roi
de Pise OEnomàs, habile a la course
des chars et père d'une beauté déjà
fatale a treize prétendants, Hippoda-
mie. Pélops , amoureux de la prin-
cesse , accepte la joute dont elle doit
être le prix j mais il séduit Myrtile ,
cocher d'OEnomàs , et le détermine
a ne pas arrêter le moyeu de la roue
sur l'axe a l'aide des S3 et il arrive au
but, taudis que le roi, son hôte, ex-
pire. Pélops devient alors possesseur
d'Hippodamie et du royaume de Pise.
Bientôt il y joint Olympie et d'autres
districts, donne h ce vaste empire le
nom de Péloponèse, et institue près
de sa capitale, dans le lieu depuis
nommé Olympie, les jeux olympiques
en l'honneur de Jupiter. Il meurt en-
fin chargé de jours , de gloire, de ri-
chesses et de puissance. Son tombeau
devient un autel, et on lui sacrifie eu
même temps qu'aux autres dieux pré-
sidents de la joule olympique. Une
fête annuelle toute spéciale lui est
consacrée sous le nom de Pélopées.
Elle consistait en un sacrifice qui avaiti
lieu dans le Pélopium, esplanade au
milieu du bois sacré d'Allis consacré
a Pélops par Hercule : la victime était
un bélier noir. Les os de Pélops fu-
rent conservés dans une ciste de bron-
ze. Une tradition dont St Clémeat
I
PÉL
d'AIeïandrle a été Torgane voulait
que le Palladium eût été fait des os
de Pélops. Encore Palladium, Pallas
etPélopsen iutimerapporl. Quelque-
fois on voit Polops aimé de Neptune,
etrecevant de lui, lorsqu'il veut jouter
avec OEnomàs , un char d'or et des
chevaux ailés 5 le char même , selon
Bœttiger, a des ailes. C'est ne rien
comprendre a la mythologie que de
voir Pélops ravi au ciel par Neptune
pour lui verser le nectar , puis ren-
voyé sur la terre quand Tantale s'est
rendu coupable k l'égard des dieux. —
Pélops laissait en mourant trois fils,
Atréc,Thyeste etHippalque (la force
du cheval), autrement Ilippalime et
Hippalame, tous trois d'Hippodaraie.
On lui donne aussi pour Gis Chrysippe
dont Laïus convoita la beauté, elque
l'artificieuse Hippodamie fil tuer par
son père , parce qu'il devait le jour à
«ne rivale (Axioché ou Danaïs).
Apollodore joint à cette liste deux
fils , Alcathoiis et Pitthée, deux filles,
Lysidice et JSicippe, dont il ne nom-
me pas la mère : dans Strabon, Tré-
zène aussi est fils de Pélops. — Réca-
{)itulons les traits principaux de Pé-
ops : 1" son cadmilisme dessiné par
son apparition sous Tantale, sa mort,
sa résurrection; 2° aspect phallique
( il enlève Ganymède , il s'appelle
Pélops , il fournit les éléments du
Palladium) j 3° sa solarité (il brille
aux cieux , il règne en Elide , pays
du soleil , Hélios)j 4-" l'institution
de la joute olympique , corollaire de
la solarité (car le stade céleste que
parcourt le soleil se reflète dans le
stade des bords de l'Alphée 5 de là
sa victoire sur OEnomàs, sa liaison
avec le dieu Hippios (INeplune), et
cette perpétuelle répétition de la syl-
labe hipp dans Hippodamie,
Hippalque, Chrysippe, ]Nicippe)j 5°
enfin son dédoublement en deux so~
PEN
291
leils semestriels , Cadrailes tués et
tuants, victimes-viclimaires , Atrée
et Thyeste. — Philostrate , dans ses
tableaux ou Icônes, décrit deux mor-
ceaux qui représentaient la course
des chars de Pélops et d'OEnomàs.
Les chevaux du dernier sont noirs,
les coursiers de Pélops sont blancs.
Sur le char de celui-ci brille Hip-
podamie en costume de fiancée^ les
riches tissus de la Phrygie le déco-
rent. Le long de la route que sui-
vent les chars se voient les tombeaux
des treize prétendants. Le fleuve
Alphée s'élève sur son lit d'aïur
pour jeter uue couronne d'olivier sur
la tête de Pélops. Dans l'autre mor-
ceau il porte , outre les habits phry-
giens, la tiare des rois. Hippodamie
en nymphe lance les regards d'un
orgueilleux dédain sur OEnomàs,
qui perd déjà du chemin, et qui de
sa pique en l'air menace Myrlile. Un
Amour placé tout près de lui brise
l'essieu. Un sarcophage de Guattani,
Moniuii. ined.y 17B5, pi. I, porte
aussi sur un de ses bas-reliefs la
course d'OEnomàs et de Pélops. Deux
bas-reliefs du Musée Mattéile mon-
trent emmenant en triomphe Hippo-
damie. Enfin Millin,7>/on«w.z/ie<5^.,
tom. I, fig. 2, a reproduit un Pélops
faisant abreuver ses chevaux après la
victoire.
PELORE, Peloros : i" géant;
2° Sparte; 3° étranger qui vint an-
noncer aux Thessaliens la formation
de la vallée de Tempe, et qui donna
ainsi naissance h l'institution des
Pélories.
PENATES , génies et dieux dis-
pensateurs de la richesse , de la fé-
licité, dabien, selon la religion étrus-
co-romaine. Le mot de Pénales est
tour h tour un nom propre et uneépi-
ihète : tantôt il résume les noms
spéciaux de deux, quatre, six divini*
19-
292
PÉN
lés déjà connues et distinctes ; tantôt
c'est un nom ge'nérique, le nom d'une
classe dont on n'indique pas les indi-
vidus. Mais de quelle manière et^ans
quel ordre ces deux sens se succédè-
rent-ils? Pénates fut-il d'abord un
nom générique , que plus tard les
Pénaticoles appliquèrent à quelques-
uns de leurs grands dieux? ou bieu ,
après avoir long temps entouré d'Iiom-
luages tels ou tels dieux isolés, s'avi-
sèrent-ils de les réunir dans une idée
commune , dans une dénomination
unique ? Tout semble annoncer que
primitivement Yesta et Pallas , im-
portées de Samothrace ou de quelque
autre sauctuaire cabirique en Italie ,
reçurent là le nom de Pénates , mais
qu'ensuite ce uom , par lequel ou ré-
capitulait Vesla et Pallas, fut appli-
3ué a d'autres dieux étrangers et in-
igènes. Dispensateurs de la richesse,
de la prospérité , de tout bien, les Pé-
nates ont dû sembler tantôt les grands
dieux eux-mêmes, tantôt de sublimes
et célestes génies, et pour les philo-
sophes des personnifications de telle
ou telle force naturelle , de tel ou tel
agent physique. 11 en était absolu-
ment de même des Cabires à Imbros
et à Samothrace. Aussi les âges pos-
térieurs ont-ils qualifié les Pénales
de àxtfttoytç (génies) plus souvent que
de èiol (dieux). Us président : i" à
l'acquisition, à l'accroissement des ri-
chesses f 2° à la liberté' ; 5° h la vie,
et par conséquent à la naissance. De
là l'élymologie rapportée par Ma-
crobe(iS'<îiur«.,III,4.):aPenates...
per quos penitus spiramus. » Péna-
les, primilivemenl, n'eut point d'au-
tre sens. Pénas, car tel est le sinsu-
I • r
lier que suppose Pénates (i) , dérive
(i) Et ce singulier se lisait crfectivËment dans
des inscriptions que mentionne Denysd'Halicar-
nasse iriKNAC. Quelques-uns poricot AEîJAC.
PÉN
depenus, radical pen...-^ et mil
doute que penus ne veuille dire ri-
chesse. Les autres sens de ce mot
(subsistances, asile secret) se ratta-
chent tous h celui-là • à la têle des
richesses figurent les richesses ali-
mentaires : vivres , biens de toute
sorte , ont du être resserrés. Deus
penus est donc un dieu-richesse, un
dieu qui donne , un dieu (jui verse ,
augmente et perpétue la richesse.
Dispensateurs de ces richesses, les
Pénates les octroient , non-seulement
à l'individu, mais encore aux associa-
tioHS grandes et petites, a la famille
comme à la cité, à la patrie. Il y a donc
des Pénates privés , des Pénates fami-
liers ou de la famille, des Pénales pu-
blics. On comprend maintenant que
les Grecs alenl (juelquefois pris pour
équivalent de Pénates les êîo) ftûx^tot,
dieux de la patrie. Enfin l'idée de
dispensateur des richesses est si voi-
sine de celle de conservateur, que
de celle -là on passe immanquablement
à celle-ci. Etrusijues et Romains ne
lardèrent donc pas a faire des Pé-
uates des dieux gardiens, et sous ce
rapport ils les rapprochèrent des La-
res. Comme ces derniers, ils les pla-
cèrent dans l'asile le plus secret ou le
plus sacré de la maisou, dans un sanc-
tuaire, ou bieu auprès du foyer. Le
Laraire reçut les Pénates avec les
Lares : êio) (pxioi , pénétrâtes Du
[qui penilus insident), devinrent
des phrases synonymes de Pénates. Et
pourtant les Pénales différaient des
Lares i°par leur élévation dans lahié-
rarchie divine, soit à litre de dieux,
soil h titre de hautes forces naturelles
personnifiées,' 2° par leur origine sa-
molhracienne et leur analogie avec les
Cabires 5 3° par ce caractère de créa-
teurs, de donateurs de la richesse que
le Lare tout au plus mainllentj 4° par
leur influence sur les richesses aussi
PEN
bien que sur la vie, tandis que le Lare
semble plus spécialement concentrer
ses soins sur la viej 5° parce que les
Pénates ne semblent point avoir d'an-
tagonisles qui cberchent à défaire
leur ouvrage, tandis que les Lares
sont contrariés par les Larves 5 6"
enfin , par Tabsence de tout lien entre
les Pénates et les systèrae^psyclio-
logiques ou pneumatologiqnes. Le»
Lares , au contraire , étaient les
âmes des justes ramenées au sé-
jour des vivants et devenues leurs
protectrices. Croire avec Apulée et
Photius , St Augustin et vingt mo-
dernes , qu'originairement il en fut
de même pour les Pénates , c'est
méconnaître leur caractère essentiel.
Ajoutons que quelquefois on de-
manda des oracles aux Pénates. Les
raisons ne manquaient pas : 1° Apol-
lon, le dieu prophète par exceUence,_
était Pénate ; 2" Les Pénates étaient
des ho) f^(ix,K>i ( or f^vx,»?-, penetrale,
adytum , sanctuaire , expliquait l'i-
dée d'oracle )5 5° les Pénates étaient
des pro lecteurs. Un protecteur peut-
il refuser ses avis , et, s'il est dieu,
des oracles ? — Plusieurs dieux fu-
rent, à une époque ou à une autre,
qualifiés de Pénates. Dans les temps
les plus reculés , Vesla et Pallas
( Minerve -plialle) seules eurent des
honneurs ; car Pallas n'est autre que
le phalle si constamment personni-
fié , dans la tétrade cabirique , sous
les noms de Cadmile, d'Hermès,
d'Hercule , de Bacchus , de Gigon',
de Pallas mèmej etVesta, soit qu'on
l'identifie à la terre, (comme D;i-
Mater ou comme Perséphone), soit
qu'on voie en elle Vulcain femelle ,
ou l'ardente Aphrodite, épouse-sœur
de Vulcain, ou enfin Cabira, mère
de Vulcain et d'Aphrodite , occupe
toujours un haut rang dans les grou-
pes caLiriques. L'une et l'autre , par
PÊN
293
leurs caractères épisodiques, deve-
naient aussi des dieux cachés , des
dieux amis des retraites sombres,
des asiles vénérés. Dieu -phalle, Pallas
voulait un sanctuaire où l'on n'abor-
dât qu'avec des pensées graves : Dieu-
flamme , Vesta était la flamme cen-
trale , le foyer asile saint et inviolé ,
autel naturel , centre du palais ou
du temple. Le nom de Pe'nas faisait
allusion à ces deux caractères 5 il
traduisait Olbodoter (oA^of, penus),
et , de plus , il laissait apercevoir
dans le lointain les sens secondaires
de penus, et tous ces mets de même
famille penilus , penetrale, etc.
Mais ces fastueuses épithètes et ces
hommages ne convenaient - ils qu'à
Minerve et a Vesta? Non , sans
doute. Ainsi l'on voit successivement
Jupiter, Janus , Mars, Romulus,
devenir les Pénates de Rome, les
pénates de la ville, les Pénates pu-
blics, mais sans jamais dépouiller de
ce litre Pallas etVesla. Mercure aussi
apparaît avec ce titre. Apollon et
Neptune, antiques Pénates de Troie,
selon Denys d'Halicarnasse (I, 68,
édition Reisk) et Servius(5arII, 296
de L' Enéide), les précédèrent peut-
être dans ce haut rang. Peut-être
eurent-ils alors le nom de Dioscures ,
ou du moins un nom analogue ; car
nous savons que Castor et PoUux ne
possèdent point exclusivement celle
dénomination, et que leur légeude
est relativement moderne (^. Dios-
cures). Enfin Paies (au fond identi-
que a Pallas), Cérès, la Fortune, le
Génie de Jupiter, figurent aussi sur
cette liste. Tous ces noms, qui, sauf
le dernier, se retrouvent dans la no-
menclature de Samothrace , achè-
vent de démontrer qu'originairement
les Pénates se réfèrent aux Cabires.
Enfin, dans quelques chapelles, oa
regardait Jupiter, Junon et Minerve
194 PEN
comme Ips vérilaLIes et suprêmes
Pénales. Aux dernières époques de
la république et sous l'empire, les
Pénales s'élant mêlés aux Lares on
en vint a ne plus distinguer nette-
ment ces deux ordres d'intelligences
protectrices, et l'on pouvait h son gré
se choisir des Pénales parmi les dieux
subalternes , les héros ou les êtres
purement allégoriqwes. Seulement ja-
mais on n'éleva au rang des Pénates
les morts illustres , à moins peut-
être que la flatterie n'ait salué de ce
titre la cendre de quelques empe-
reurs (Voy. Rec. dJnscr.). — Ce
(jui semble donner aux Pénates une
physionomie particulière, c'est la do-
mesticité de leur culte et de leur in-
fluence. Pénales privés, ils l'ont pros-
pérer la maison, augmenter le re-
venu, fructifier le domaine; ils embel-
lissent et enrichissent le foyer; ils ne
servent point au-dehors, à moins que
l'homme lui-même ne soit forcé de
quitter le foyer paternel. Alors il em-
porte ses Pénates, ou du moins un
de ses Pénates avec lui. Ainsi faisait
Apulée; et c'est sous rinlluencc d'une
idée semblable que Ciceron partant
pour l'exil consacrait dans le Capi-
tole sa Minerve d'argent. Pénates
publics, ils protègent la patrie, ils
préservent la frontière : on ne les
invoque point lorsqu'il s'agit de faire
des conquêtes, mais bien lorsqu'il s'a-
git de rcpou'ser l'invasion. Dans ce
cas, la première prière est celle-ci :
a Chassez l'euiiemi » ; la deuxième (si
l'on est vaincu, si la ville natale est
prise), a Ressuscitez la patrie, faites
« renaître la cité de ses cendres; et
K enfin, s'il est impossible que ce'vœu
a s'accomplisse, émigrez sur nos pas
a et suivez-nous; transportez le peu-
« pie, relevez la cité, rallumez le
« foyer sur les terres élrangères :
(c ^u'uii soJ hospiU'Jier recueille les
PEN
a dieux et leurs adorateurs! » Ainsi
s'exprimaient les vaincus survivant
au sac de leur ville, ou les exilés
contraints h fuir les plages natales.
Ainsi, selon les légendes antiques,
Teuccr allait fonder loin de Salaniine
une Salamine, llélénus une Troie à
quatre cents lieues de Troie; Enée
ne part pour l'Italie qu'avec le l*al-
ladium , avec les Pénales et les grands
dieux [Penatibus et niagnis Dus).
Ainsi un des noms secrets de Rome
fut Ilium. — Une loi des douze Ta-
bles prescrivait de rendre un culte
aux Pénales et de continuer relisïieu-
sèment les cérémonies inslituees eu
leur honneur par les chefs de fa-
mille. Du reste, l'usage permit bien-
tôt d'en choisir à son gré de nouveaux
que l'on adjoignait aux anciens, et par
suile de donner la préférence aux
nouveaux. ISéron abandonna le cuite
de tous les dieux romciins et grecs
pour celui d'un Pénale favori.Alexan-
dre-Sevère mil Jésus, Apollonius de
Tyane et d'autres sages, au nombre,
de ses Pénales. Le Laraire, on l'a
déjà dit, recevait égalemenl les Péna-
tes et les Lares; il est possible que
dans les riches maisons de Rome il
y ail eu un asile exclusivement des-
tiné aux Pénates. Souvent c'était l'a-
trium : une palme étant née sponta-
nément dans la jointure des pierres
du palais d'Auguste, ce prince la lit
porter dans la cour des Pénales (Sué-
tone, I^ie cVyhigiKite). Ce passage
rappelle naturellement le laurier do-
mestique du palais de Priam dansl'E-
néide. C'est principalement pendant la
fête des Salurnales que l'on invo([iiait
les Pénales. Les Compitalies, plutôt
consacrées aux Lares et aux Mîines,
passaient aussi pour une fête des Pé-
nates. De plus, on devait leur rendre
hommage une fois par mois dans
chacune famille, (^uclcjues adorateurs
des Pénates poussaient la dévotion
au point de renouveler chaque jour,
et même plusieurs fois le jour, l'ex-
pression de leurs vœux. Les lioin-
inages rendus aux Pénales consis-
taient ea libations, en fumigations
aromatiques, quelquefois en sacrifices
( tluire , mero , alicjuando victi-
niis : Apulée, Ane d'or). La vic-
time la plus ordinaire était une truie;
ainsi l'avait voulu Énée. La veille
de la fête on parfumait leurs sta-
tues, on les couronnait de festons et
de fleurs, on les enduisait de cire afin
de les rendre luisantes. L'autel étin-
celait de flambeaux. — Nous n'avons
aucune notion sur les représentations
figurées des Pénales. Cicéron avait
une Minerve d'argent. Servius {sur
l En. , II , 296) donne comme Pé-
nates troyens deux jeunes hommes
assis et armés de piques d'un très-
ancien travail. Denys d'Halicarnasse
(d'après Timée ) parle de Pénales de
fer et de cuivre, d'ouvrages d'argile
( Canopes?), que l'on montrait dans
un vieux temple de Lavinium- et des
médailles de la famille Sulpicia (dans
Montfaucon, Ant. expL, I, p. 324.
et suiv. ) portent effectivement ces
mêmes images diversement ornées ,
avec les lettres D. PP. (Dil Pénales),
et qui auraient appartenu à Troie.
PENEE, Penexis, dieu-fleuve de
la Thessalie, célèbre par le vallon de
Terapé, au milieu duquel il coule, en-
tre l'Ossa et l'Olympe, était le père
de Daphné , qu'on nomme souvent
Peneis.
PÉNÉLÉE , Pe^eletjs , un des
Argonautes, chef béote, tua Lycon,
Corèbe, Iliouée, devant Troie, et fut
tué par Polydamas.
PENELOPE, UsjnXoTtf;, femme
d'Ulysse, était fille d'Icarius, nièce
de Tyudarée, et cousine d'Hélène et
de Clyttïunçstre. De «ombreux pré-
PÉN
295
tendants se disputèrent sa main :
Ulysse l'obtint, soit dans une joute,
soit pour avoir donné à Tyndarée ,
qu'effrayait l'impétuosité des préten-
dants , l'utile conseil de déférer le
choix à sa fille et d'exiger d'eux
le serment de s'unir tous contre
celui qui s'opposerait , de quelque
manière que ce fiit, aa vœu d'Hé-
lène. Icarius voulut retenir à Sparte
son gendre et sa fille , mais Ulysse
ne tarda pas à le quitter 5 Icarius
alors supplia sa fille de ne pas l'a-
bandonner. Ulysse , las de tant de
f)laintes, dit a Pénélope de choisir :
a jeune épouse baissa son voile , et
Icarius, laissé seul, fit élever sur le
lieu un autel à la pudeur. Pénélope
donna bientôt a son époux un fils ,
Télémaque ; mais presque au même
instant le rapt d'Hélène souleva la
Grèce contre Troie. Les ruses d'U-
lysse, pour rester à Ithaque, furent
vaines : il fallut partir. Dix ans se
passèrent en batailles, dix ans en sté-
riles navigations. Pénélope , pendant
ces dix dernières années , se vit en-
tourée de plus de cent prétendants
qui, tous établis en maîtres au sein de
la demeure d'Ulysse, sollicitaient im-
périeusement la main de la reine, et
en attendant dilapidaient ses ri-
chesses. Pénélope sans défenseur
réslsla conslaniment, tantôt relnsant,
tantôt dlttérant sous de vains pré-
textes : tantôt c'était un péplum à
Minerve qu'il fallait achever et qu'elle
défaisait la nuit après y avoir tra-
vaillé le jour j tantôt c'était l'arc
d'Ulysse qu'elle faisait tirer de son
fourreau, promettant sa main a celui
qui ferait passer la flèche dans plu-
sieurs bagues disposées de suite. Les
prétendants essayèrent^ vains eftbrts!
Ulysse, qui à cet instant venait d'en-
trer il Ithaque , vint seul à bout de
l'entreprise. Bientôt la uouvelle de
296
PEN
sou arrivée frappa les oreilles de celle
fidèle épouse j mais taut de maux
avaient flélri son cœur et ouvert
son âme a la défiance , qu'elle ne
se rendit qu'aux preuves les plus clai-
res d'idenlilé. Elle lui donna encore
une fille nommée Ploliporliie. — A
Manliuée , ou disait que Pénélope ,
odieuse a son époux qui lui impu-
tait les désordres des prétendants ,
s'élait retirée a Sparte, puis était ve-
nue mourir a Manlinée. Au reste, Pan
en Arcadie passe souvent pour fils
de Pénélope el des prétendants , ou
de Pénélope et de Mercure.
PÉNIA, ne»/*, LA Pauvretk,
passait pour fille du luxe el de l'or-
gueil; dans Piaule elle a pour mère
la débauche ; dans quelques poètes
c'est la mère de l'industrie et des arts.
Platon raconte qu'un jour, après un
festin qui avait eu lieu dans rOlyrape,
Plulus ayant trop bu s'endormit à la
porte de la salle ; Pénià, qui venait
glaner les restes du repas, l'aborda,
lui plut et eut de lui l'Amour.
PENNITS', pENNiNUS, héros épo-
nyme des Alpes-Pennines , était le
dieu suprême des montagnards.
Caton el Servius l'ont pris pour
une déesse , et en conséquence l'ap-
{)ellenl Pennina. On a trouvé de
ui une statue sur le piédeslal de la-
quelle se lit l'épilhète Optimus
Maximus, et une colonne sur la-
quelle était posée une cscarboucle dite
œil de Pennin. Celte escarboucle
rappelle le Kastrala hindou; et lors
même qu'on la prendrait pour un em-
blème du soleil, elle n'indiquerait pas
que le dieu qui en est paré n'est pas
plus haut quele soleil.
PEINTATHOURI, Pentathor
et (sans doute vicieusement) Pentea-
THYRis , Tlivriéiôvpt?., treiite-unième
dynaste de la liste d'Ératosthène, est
mis en rapport par Dupuis avec l'As-
tiro de Firmicus ( Aseu de Saumaise)
{f^oy. Aseu). Cependant, d'après la
colonne première de noire tableau
des concordances annexé h l'art. DÉ-
CANS ( f^oy. ce mol ) , colonne qui
prend le bélier pour point de départ
de la liste décanographiqne , Penla-
thouri serait le Ptinu de Saumaise ,
ou Oroasoer de Firmicus , premier
décan du Verseau. Le nom de Pen-
talhouri si£;nifiait ( toujours selon le
latercule d'Eratosthène) qui appar-
tient à Albyr.
PEÎSÏllÉE, PE>'THErs, ut^êeiç,
fils du Sparte Echion et d'Agave,
fut roi de Thèbes après son père.
C'est un Cadraile dionysiaque, anta-
goniste des mystères de Bacchus; car
c'est par l'antagonisme que les tra-
giques ont voulu amener ce massa-
cre , dénoueirenl inévitable de la
courte vie du Cadmile. Penthée ,
cousin de Bacchus, s'oppose au culte
de ce dieu du vin ; Acète, amené de-
vant lui, est jeté eu prison, ainsi que
Bacchus lui-même. L^n miracle fait
tomber leurs chaînes; le prince im-
pie n'en poursuit pas moins ses pro-
jets. Lorsque les Bacchantes célè-
brent les mystérieuses orgies, ilraonte
sur un arbre du Cilhéron pour con-
templer les cérémonies interdites à
l'œil des profanes : on l'aperçoit, on
l'égorgé ; on se dispute les lambeaux
de son corps. Des légendaires allri-
buenl ce massacre h ses tantes, Ino,
Autonoé , et a sa mère Agave. Bac-
chus les a frappées de délire : elles
croient voir un jeune taureau ; elles
l'égorgent , et c'est alors qu'elles le
lacèrent de leurs mains fanatiques. —
Penthée est comme un anti-Bacchus,
et pourtant est presque un Bacchus.
Le dieu apparaît sous deux formes
contraires : la forme pure, brillante,
approuvée des dieux , est à propre-
ment parler Bacchus 3 l'autre est Peu-
PEP
ihée. Du reste, le rôle Cadmile de
Perithée est bien le rôle de Bacchus
que déchirent les Corybanles ; la
forme de jeune taureau est bien la
forme favorite de Bacchus; enfin,
l'arbre sur lequel il était monté servit
aux Corinthiens a faire deux statues
de Bacchus.
PENTHÉSILÉE, Penthesilea,
nttêio-i'Xii» , reine des Amazones
après Ortygie , conduisit ses belli-
queuses compagnes au secours de
Priam , et fut tuée par Achille qui ,
ensuite, admirant sa beauté' , versa
des larmes de regret sur son cadavre.
C'est alors que Thersite , ayant osé
se moquer de cette preuve de sensi-
bilité, fut tué d'un coup de poing par
l'irascible chef phthiote.
PENÏHILE , Penthilus, neV
6i)ios : i''iils de Périclymènej 2° fils
naturel d'Oreste et d'Érigone, fille
d'Egisthe. Il alla s'établir à Lesbos,
oii il régna.
PEON,P^ON, na/^j'o/K , méde-
cin des dieux, guérit Pluton blessé
par Hercule, et Mars blessé par Dio-
mède j on le disait originaire d'E-
gypte. Etait-ce Apollon , qui comme
on sait porte le surnom de Péou ,
préside à la médecine , et a pour fils
Esculape? — Quatre autres Peon fu-
rent 1° un fils de Neptune et d'Hellé,
après sa chute dans l'HelIespont; 2°
un fils d'Endymiou (Epée son frère
l'ayant vaincu k la course , il lui céda
le royaume d'Elide et alla donner son
nom à la Péonie) ; 3" le père d'Agas-
trophe , tué par Diomède au siège de
Troie; 4" un fils d'Autiloque et père
de plusieurs fils qui, chassés de My-
cènes par les Héraclides, furent nom-
més Péonides.
PEPENOUTH était dieu de la
guerre chex les Saxons. On gardait
dans son temple un cheval sacré sur
lequel oa, croyait qu'il montait pour
PER
297
assister ses adorateurs pendant les
batailles.
PERANTHE. Foy. Piras.
PERATE, Peratus, fils de Nep-
tune et de Calchinie la Leucippide.
PERDICCA , fils de Polycaste et
célèbre chasseur (de perdrix sans
doute), devint amoureux de sa mère
et mourut de désespoir, saus vouloir
révéler l'état de son cœur.
PERDIX, n'ipM, fille d'Eupa-
lame, sœur de Dédale et mère de
Taie, qui fut changée en perdrix.
PERDOIT, dieu prucze des eaux
et des vents, était le patron des ma-
riniers pêcheurs , qui , une fois au
moins dans l'année, lui offraient dans
une grange un magnifique dîner en
poissons. Corap. Dagon. On l'invo-
quait dans les tempêtes et en tou-
chant au port.
PEREE , Pereus , n;»^£(/'f, fils
d'Elate et père de Néère , épouse
d'Alée ou d'Autolycus, était Arca-
dien.
PERFICA, une des divinités ro-
maines qui présidaient aux plaisirs
des sens. Peu de noms sont plu.s pro-
pres h prouver combien il est vrai
qu'en mythologie on s'est plu K per-
sonnaliser, a diviniser toutes les abs-
tractions. Ce n'était pas assez d'avoir
une déesse spécialement consacrée
aux amours : on scinda ce fait, et on
voulut distinguer en quelque sorte la
passion, le sentiment , le. caprice d'u-
ne part , de l'autre les actes physi-
ques, la volupté; puis, décomposant
celle-ci, on crut en saisir au moins
trois, et on les dota chacun d'un nom
particulier. De la cinq divinités par-
tielles, vraie mçnuaie de Vénus.
VENUS.
LtrsiTINA
(de litxtl, lubet).
V01.UP
(de p'olup).
Arama. Pertundu. Pei'Gui<
«98 PER
L'intelligence des trois mots latins
Compriinere, Pcrlundcre, Pcrfî-
cere, sullira pour liien comprendre
(|ue ces trois dernières divinités , et
bien d'autres encore, sont autant d'al-
légories. Surtout on ne dira plus, eu
termes aussi vagues que ridicules, que
PerGca rend les plaij^irs parfaits j ce
n'est pas la ce que signiGelemot latin,
luuus ou Fauue-Inuus , si digue d'è-
Ire placé dans cettccate'goriede dieux
erotiques, est probablement une con-
ception , non pas d'un autre ordre ,
mais d'un antre temps et d'une autre
tèle : le tableau ci-dessus ne contient
que des déesses; Tnuus est dieu ; d'au-
tre part, il ue diffère point essentiel-
lement de Prema, et il y aurait dou-
ble emploi II l'admettre. Quand Fu-
rent imaginées ces plaisantes divini-
tés .^ d'où vinrent-elles? furent-elles
sérieusement et naïvement adorées?
Nous n'osons entrer dans Texamen
de ces questions. Toujours est-il que
leurs edigies étaient posées le soir
des noces dans les chambres nuptia-
les , et probablement dans bien d'au-
tres aussi.
PERGAME, Peroamus, le der-
nier des trois Hls de Pyrrbus et
d'Audromaque , alla eu Asie avec sa
mère, tua en combat singulier Asius,
roi de Teulbranie, et donna son nom
à une ville de la Troade , où long-
temps après on voyait le tombeau
d'Audromaque. — Pergame était le
nom delà citadelle de Troie (^rw^yar,
lour) et d'une ville particulière de la
Troade. Une ville de Crète aussi por-
tait le nom de Pergame.
PERGASE, I'ergasus, ni'^yao-a?,
père de Déicoon, tué a Troie par
Agamemnon.
PERGOUBRIOS , dieu prucze ,
présidait a la végétation , et par con-
séquent aux céréales, aux herbes et
dux feuillages, Ou célébrait sa fête k
PÈR
l'époque du renouvellement de l'an-
née et au commencement du prin-
temps. La cérémonie principale con-
sistait en des espèces de libations de
bière : le prêtre jetait par-dessus sa
tête le contenu d'une coupe, et tout
le monde suivait son exemple. D'au-
tres dieux agriculturaux partageaient
les hommages desPniczes : telsétaieut
Perlevenou , et le samogilien Yaiz-
ganthos.
PÉRIBEE, PF.niuoEA, nf^/ta/a,
fille d'Alcalhoiis, femme de Télamon
et mère d'Ajax. Télamon , amant
heureux avant de devenir époux ,
avait laissé découvrir son intrigue
avec la princesse 5 il s'enfuit , et Pé- 1
ribée fut mise en mer sur un vaisseau
dont le capitaine devait la noyer en
route. Ce chef crut plus avantageux
pour lui de la vendre, et l'envoya en
consév|uence aSalamine : c'était l'em-
pire du père de Télamon, et le jeune _jj
Î>rince , reconnaissant sa maîtresse JÊM
'acheta et l'épousa. Après la mort"'
d'Alcathoiis , Péribée réclama les
droits de sa naissance, et fit passer la
couronne de Mégare sur la tête d'A-
jax. — Une PÉKiBÉK , fille d'Hippo-
noos, nous présente de même une
faiblesse amoureuse, un père sans in-
dulgence, et un tiers chargé de faire
mourir la coupable, mais n'exécutant
pas sa commission. La faible jeime
fille , c'est Péribée qui s'est laissé
séduire par Mars , dit-elle 5 le père
farouche , c'est Hipponoos qui veut
qu'un prêtre de Mars et non Mars lui-
même ait été le complice de sa fille •
le commissionnaire iuriilèlc, c'est OE-
née, roi deCalydon, qui, veuf d'Al-
tliée et privé de Méléagre son fils, semÊ
console avec l\'ribée et devient pèrc^l
deDiomède. — Quatre autres Péribke
sont :i°une nymphe, fille aînée d'A-
césamène , femme du dieu -fleuve
Axios, mère de PélégQjij a" uue TiHg
PER
tlii rni-géanl Eurymedon, maîlrcsse
on femme de Neplime, mère de Naii-
silhoiisj 3° la femme d'Icarius , père
éc Pénélope ; 4^° la femme de Polybe,
•ce roi de Corinthe dont OEdipe fut
le filsadoptlf.
PEKICIONIOS, enveloppé de
la colonne , Bacchus. C'est un des
surnoms les plus importants de la my-
tliologie. Bacchus , dans plus d'une
vccasion, est enseveli dans un utérus
Teel ou symbolique : le sein de sa
jnère, la cuisse de Jupiter , le mont
]Nysa, auquel il s'identifie^ la ciste des
frères Corybantes , le phalle dont il
«st l'àme, sont comme autant de pi-
lastres dont la périphérie p!ismati(|ue
<)u cylindrique l'enveloppe. Comp.
DsiRiS, novau du fût de la colonne
qui orne le palais de Biblos.
PÉKICLYMÈINE^, Periclyme-
Tius, le plus jeune des douze Néléi-
des, avait le pouvoir de changer de
forme. Lors de la lutte d'Hercule et
tles fils de Nélée, il se fit successive-
ment fourmi, mouche, abeille, ser-
pent, aigle 5 mais sous cette dernière
forme il fut selon les uns percé
d'une flèche, selon les autres abattu
d'un coup de massue. Il figure sur
quelques listes des Argonautes. — Un
PÉRiCLYMiîNE deThèbes, Neptunide,
tiia Parihénopée , un des sept chefs.
— Une PkriclymÎ'^ne, lîlle de Minyas
et de Climène ou de Clylodore', l'ut
femme de Phylaque et mère d'Iphicle.
PÉRIÉRES, n£;,;«>„f : i" fils
d'Eole , roi de Messénie , époux de
Gorgophone et père d'Apharée et
Leucippe; 2" cocher de rtlénécée,
blessa Climèue, roi minye d'Orcho-
mène , et fut cause de la guerre au
bout de laquelle Ergine imposa un
Iribut aux Théhains; 3" père de
jBore qui fut époux de Polydore.
PÉRÏGONE ou PÉRTGOUNE,
Jitf)iyov^>} , 1:11e du eélèbre bri'
PÉR
*d<^
gdnd Slnnis, épousa Thésée et le
rendit père de Méualippe , puis fut
mariée parce héros a Déionée , fils
d'Euryte , roi d'OEchalie. De celte
seconde union naquit loxe, chef des
loxides de la Carie. Plutarque nous
montre Périgone, 'a la mort de soa
père, cachée au milieu des roseaux et
des asperges , et suppliant les dieux
de ne pas être découverte par Thésée.
Le héros l'entendit^ l'appela, et par-
vint à calmer ses terreurs en lui réi-
térant l'assurance de ne pas lui faire
de mal. Les loxides, en mémoire des
services que les roseaux et les asper-
ges avaient rendus a Périgone , ne
brûlaient jamais ni celles - ci ni
ceux-là.
PERILAS , on Pkrill'e , Peri-
LAUS, ntpi>iXOf ou TîipUtWi : 1° fils
d'Ancée et de Samic ; 2" fils d'I-
carius et de Péribée : une tradition
en faisait l'accusateur d'Orcste de-
vant l'Aréopage. Sophocle avait com-
posé une tragédie, aujourd'hui per-
due, intitulée : Périlas.
PERIMEDE, nç^/^^jcT;/?, hom-
mes : 1° CentTiire qui était aux no-
ces de Pirithoiis 5 2" père du chef
phocéen Schédius j 3" compagnon
d'Ulysse, un de ceux qui virent com-
me lui les enfers.
PERIMÈDE , niptf^,^^,, , fem-
mes : 1° magicienne fameuse (c'est
évidemment le même nom que Mé-
dée, Médée sublime ou Archimède)j
2° cinquième fille d'Eole, femme d'A-
chéloiis , mère d'Hippodame et d'O-
rcstéej 5" femme de Phénix, et mère
d'Europe et d'Astypalée ; U° sœur
d'Amphitryon , femme de Licymne et
mère d'OEone; S" fille d'Eurys-
lhée,tuée par les Athéniens.
PEPiIiVJELE, utfi^'^Xf], 1" fille
d'Hippodamas, et maîtresse du dieu-
fleuve Achéloiis (jetée a la mer par
5011 père, elle fui mcUtnorphoséc par
3oo
PER
Neptune en une des îles Échinades) j
2° fille d'Ainylbaon , femme d' An-
lion, mère d'Ixion ; 5° fille d'Ad-
mètc , amante d'Argus et mère de
Magnés.
PERIPHAS, ni^/W, roi d'A-
thènes, antérieur h Cécrops, n'est
qu'un Jupiter à forme d'aigle. Dans
les fables vulgaires, ilcomLle de biens
ses sujets , en reçoit des honneurs
f)resque divins, inspire ainsi de la ja-
ousie à Jupiter , qui veut d'abord le
foudroyer , mais qui ensuite , amené
à résipiscence par Apollon , se con-
tente de le métamorphoser en aigle ,
ainsi que sa femme. — - Six autres
PÉRiPHASSont : 1° un Égyptide; 2°
un fils d'Œne'e, tué dans une bataille
contre les Curetés j S" un Lapithe qui
renverse le centaure Pyrète 5 4.° le
plus vaillant des Étoliens au siège de
Troie (Mars le tue); 5' un chefgrec ,
qui se distingua au même siège ; 6°
le gouverneur d'Ascagne.
PERIPHÊME , Periphemus ,
nt fl(Çtift.of, dieu de Salamine, y avait
un hérôon où Solon, par ordre de l'o-
racle , immolait des victimes.
PERIPHÈTE , Periph^etus ,
Tltpi:çxtTos, géant (qu'on donne aussi
pour fils de Vulcain et d'Anticlée),
infestait le voisinage d'Epidaure et
fut tué par Thésée, qui prit sa massue
et la porta comme monument de sa
victoire. On appelle souvent Péri-
phète le Rhophalophore ( porteur de
massue). — Un chef troyen tué par
Teucer , un chef rayconien tué par
Hector, s'appellent aussi Pkrîphète.
VERIVOLTAS ,ntp;„i>.rccç, de-
vin , mena Ophelte et les peuples de
Thessalie en Béotie, et fut la tige de
la célèbre famille des Péripoltides.
PERISTÈRE, nymphe de la suite
de Yénus, aida un jour Vénus a ga-
gner la gageure qu'elle avait faite
contre l'Amour de ramasser en ua
PER
temps donné plus de fleurs que lui ,
et fut changée en colombe par le
jeune dieu. Féristéra, eu grec, veut
dire colombe , et la colombe , on le
sait, est l'oiseau parèdre de Vénus-
Quelques mythologues ont parlé d'une
Péristère, courtisane corinthienne à
qui sa conduite aurait valu le nom de
nymphe de Vénus, et qui aurait été
ainsi l'occasion de cette fable.
PERITANE, d'Arcadie, plut tel-
lement a Hélène , même après son
enlèvement par Paris, que ce prince»
irrité du bonheur insolent de son ri-
val, le fil mutiler. Les Arcadiens
étendirent le nom de Péritane à tous
les eunuquçs {'!npirtTitn]/^tv«t).
PERKEL, l'esprit du mal , selon
les Finnois, émane de Rava et s'op-
pose en tout au bon loumala. On le
voit jouer aussi un rôle dans la my-
thologie lapone : c'est lui qui créei
Horagalls, qu'au resteloumala ensuilçj
élève et sanctifie.
PERKOUN , le dieu du tonnerre
chez les Esthes , répondait à pei
près au Péroun des Slaves. Le mot
grec xtpxvvôç offre une analogie biei
singulière avec Perkoun. Son templ
àKiev était hors delà cour Térimnoïj
sur un coteau très -élevé au-dessus d|
ruisseau Boutchov. Sa statue était
bois, sa tète d'argent h oreilles et k
moustaches d'or, ses pieds de fer.
PERO, n^î^^;, fille de Nélée et de
Chloris , était un prodige de sagesse
autant que de beauté. Nélée la voyant
recherchée par une foule de préten-
dants , promit sa main a celui qui
amènerait de Phylacc les bœufs d'I-
phicle. Mélampe gagna le prix et
, donna Péro a son frère Bias ', celle-ci
le rendit père de Talâs , de Laodo-
que et d'Asios. — Une autre Pkro ou
Pkroé (comp. BÉROÉ) fut aimée de
Neptune et en eut le fleuve Asope 5
eafia on nomme encore une Vé&oû
PER
fille du dieu-fleuve Asope et mère du
fleuve Péroé, en Béotie.
I . PËROUN, roi d'une île voisine
de Forraose et ce'lèbre par l'opu-
lence et les vices de ses habitants
qu'avait enrichis la fabrique de la
porcelaine , fut averti une nuit par
les dieux que l'île allait êlreanëantie,
et que quand il verrait une tache
rouge sur deux idoles il devrait s'em-
barquer avec sa famille et fuir loin
de cette plage voue'e à la destruction.
Le bon roi assemble ses sujets, leur
raconte le songe terrible dont l'ont
gratifié les dieux , et engage l'audi-
toire à résipiscence 5 les impies répè-
lent que des songes sont des rèv s.
Un plaisant même osa, la nuit sui-
vante , aller marquer de rouge les
deux idoles indiquées. A cette vue, le
lendemain, Péroun s'embarque avec
sa famille; un affreux déluge noie l'île
et ses habitan ts ; la Chiue voit aborder
sur ses côtes l'arche sainte qui porte
Péroun, et institue en son honneur
une fête qui se célèbre encore tous
les ans dans les provinces méridio-
nales de l'empire. Les Japonais cé-
lèbrent aussi en l'honneur de Péroun
le 2> du cinquième mois de l'année,
une fête dans laquelle les jeunes "^ens
en exécutant des courses sur l'eau,
répètent souvent le nom de Péroun.
2.PER0UN,dieu de la foudre chez
les Slaves russes. Son nom vient du
mot slavon péroii , qui veut dire
je frappe (dieu qui frappe , qui ter-
rasse) : on nomme l'éclair péroun.
Les Slaves russesadoi aient encore ce
dieu dans le 6« siècle. 11 occupait le
premier rang parmi leurs idoles
PERPHÊRES,Perpheri, n^p^,-
poiy autrementOuLOPHOREsouAMAL.
I.OPHORES , envoyés sacrés qui vin-
rent, avec les deux vierges Laodice
et Hjpéroque , des contrées hyper-
boréennes dans l'île de Délos pour
PER
3o]
achever d'y consolider le culte de
Diane ( Artémis) et d'Apollon. Déjà
deux ou trois autres prêtresses les y
avaient précédés (Foy. Apollo/,
Diane, Ilithye). Les quatre ou
cinq vierges hyperboréennes, propa-
gandistes du culte des dieux-lumière
sont nommées Hécaerge ou Argé,'
Opis (Callimaque ajoute Loxo), Lao-
dice et Hypéroque. Les Perphères
soumis aux vierges, jouent dans celte
institution définitive du culte d'Apol-
lon le rôle de ministres, de Cadmi-
es,d AyyeA»*, d'êtres semi-humains,
liens d or intangibles qui unissent le
ciel a la terre , l'adorable h la foule
q.11 adore. Ils portent les dons les
plus légers, delà laine, des gâteaux
de pure farme dans des gerbes de
blej de la leur nom de Perphères
iP^r Vonr ^upi : ^^^^^^'^^^^^
TTccp^popo* .^porteurs) • d'AmolIophores
{cc^xxx^, aine), d'Oulophores (oJ/,.,
Irise, et plus tard gâteau)
PERSA ou PERSE (quelquefois
Perskis), Ocean.de, femme du soleil,
ineredunfilsEète, et de trois filles
J'erse, Circe, Pasiphaé. Ces trois
falles toutes trois ondines solaires et
resplendissantes magiciennes, for-
ment une triade, dédoublement de la
grande Persa; c'est ce que prouve
au moins la présence d'une autre
Perse parmi CCS filles. C'est ainsi que
lAgraule athénienne se dédouble en
trois nymphes Agraulides, dont une
aussi se nomme A^raule
PERSÉE,PERsEx;s,n.,..V,Èe'.
ros solaire grec, passait pour fils de
Danae et de Jupiter qui, pour péné-
irer jusqua elle, s'était Iranslbrmé
en pluie d or (soleil). Acrislus, roi
dArgos, père de la princesse, ap-
prend aveccourroux que sa fille, au
tond de la tour brumeuse (l'utérus)
ou il la ensevelie, n'a point été
inaccessible au sublime fécondateur,
3oa
PER
et que déjà ses flancs portent le fils
(soleil) qui doit, suivant uo oracle,
lui ravir (à lui ténèbres) l'empire et
la vie. Par ses ordres, la mère et le
fils sont l'une et l'autre jetés h la
mer, dans un coffre non moins obscur
et plus élroil que la tour opaq,ue
dans les mystérieuses profondeurs de
laquelle fut conçu l'enfant divin. La
boîte sacrée flotte sur la mer; enfin,
les boules capricieuses la jettent sur
la grève, à Séripho, îlot stérile dont
les pointes rocailleuses et nues sem-
blent une concession précaire des
flots. Dans cette île , où à peine
la terre nourrit les bommes , se
trouve un roi, Polydecte. Il accueille
l)anaé : mais bientôt l'hôte généreux
devient exigeant a son tour ; la prin-
cesse n'a pas reçu gratis un asile, et
doit payer de ses faveurs ou de sa
main la protection du roitelet. Heu-
reusement, les dieux grandissent vite
dans les légendes. Jupiter à un au
combat et renverse les Titans ; Acar-
nas et Âmphotère deviennent adul-
tes en quelques minutes pour venger
leur père. Qu'on ne prenne pas trop
à la lettre ce que les poètes racon-
tent de l'éducation de Pcrsée dans le
temple de Minerve, sous la tutèle de
Polydecte ou de Diclys (le filet) son
frère qui a sauvé les deux victimes
d'Acrisius. Encore imberbe adoles-
cent, Persée impose déjà au tyran de
Séripbo, et inspire a sa mère assez
de confiance pour résister aux solli-
citations impérieuses du sultan insu-
laire. Polydecte sent trop que tant
que Persée restera dans son île , ses
projets seront inutiles. Comme Acas-
te , Prœtus, Euryslhée a l'égard de
Jason , de Bellérophon , d'Hercule ,
il cbercbe a éblouir le jeune héros
par l'éclat de la gloire, et il lui pro-
pose d'attaquer les Gorgones: Persée
accepte. Pour assurer le succès de
PER
son audacieusa expédition, Minervi
lui apporte l'égide , Plu ton le caS'
Îue d'invisibilité. Avant d'arriver au.
lorgones, il fallait domter les Gréei
qui, seules, avaient le secret de l
demeure des Gorgones : Persée e
vient h bout, et continuant sa route
après ce prélude de victoire, il pnrvien
auprès des Gorgones, qu'il trouve à
l'instant où elles se sont endormies^:
abat de sa harpe de diamant la têt
de Méduse et la serre dans uue poclid*
à franges d'or qu'il a sur les épau-
les. S'emparant ensuite de Pégase qui
a jailli du sang de la Gorgone expi-
rante, il s'élève dans les airs, arrive
en Mauritanie, demande l'iiospila-
lilé au roi-géant Atlas, et, n'eu rece-
vant qu'un accueil défavorable , il le
change en montagne. Ou le montre ,
par la même occasiou , enlevant Ks
pommes d'or du jardin des Hcspé-
rides, exploit célèbre ilans l'histoire
d'Hercule. On dit aussi qu'il secourut
eu Libye la reiue des Amazones cou •
tre les noires Gorgones. De la côlc
à la fois septentrionide et occidentale
de l'Afrique, on le voit passer ensuite
dans l'énigmalique Elhiopie,dont tour
il tour Joppé ou Souaken est la capi-
tale. Là il délivre Andromède ex-
posée à un monstre marin et victime
future de l'orgueil de sa mère ; An-
dromède sauvée devient sou épouse.
Mais, au milieu du festin nuptial,
Phinée , oncle de la jeune princesse,
Phinée , dont la sourde ambition a
long-temps convoité l'héritière et le
trône d'Ethiopie, vient, à la tête de
ses partisans , troubler la joie des
convives. Le sang coule en longs ruis-
seaux avec le vin. Pour mettre fin
h une lutte opiniâtre , Persée tire
de son obscur fourreau la tête de
Méduse, crie à ses amis de fermer
les yeux, et, présentant a ses fa-
rouches ennemis la sombre face de la
I
PER
Gorgone, les transforme à l'inslant
même en pierres. En Egypte, il laisse
Tempreintc de son pied à Chemmis.
Une tradition le fait surgir au mi-
lieu des sérails d'Assyrie , où il met
à mort Sardanapale. L'Europe en-
fin le voit rentrer dans son laby-
rinthe d'îles et de pe'ninsules aux bi-
zarres découpures. Pégase le porte
dans Argos, où règne Prœtus usurpa-
teur des droits d'Acrisius , et bien-
tôt Prœtus expire. Acrisius lui-
même , dès que l'existence du fils de
Danaé lui a élé révélée , a pris la
fuite pour se dérober aux menaces
de l'oracle qui annonçaient qu'il mour-
rait de sa main j mais les destinées
doivent s'accomplir: Acrisius et Per-
sée se rencontrent en Thessalie k des
joutes solennelles , et le pelil-fils tue
son aïeul d'un coup de disque. Les
Grecs, avecleur imaginationconteuse,
ont voulu que Persée se fût dirigé
vers la Thessalie dans l'intention de
retrouver son grand-père, et l'ait lue
sans le connaître. Enfin, Persée re-
paraît de nouveau dans l'île étroite
où il a reçu la naissance. Danaé rem-
plit toujours son rôle de beauté-pas-
siveté , objet des désirs du principe
màle.Polydecte est toujours un génie
ahriraanieu en opposition avec le
génie du bien. Persée le réduit au
néant. Toujours épris de Danaé ,
mais las de sa longue résistance , Po-
Ijdecte k table va lui faire violence,
quand tout k coup le vainqueur de la
Gorgone apparaît et pétrifie le ty-
ran. — Ici se borne la série des vic-
toires. Nous retrouvons ensuite Per-
sée dans l'Argolide, bâtissant ou fai-
santbâlirpar les Cyclopes, forgerons
souterrains, une capitale nouvelle,
Mycènes, et abandonnant Argos au
fils de Prœtus, le jaloux Mégapen-
the. Un peu plus tard, il troque avec
son parent} et, quoique cet accord
PER
3o3
nouveau soit avantageux pour Méga-
penthe, celui-ci tue Persée dans une
embuscade pour venger la mort de
Prœtus. Persée , en mourant, laissa
d'Andromède cinq fils : Alcée , Slhé-
nèle, Hellée, Mestor , Électryon, et
une fille Gorgopbone. Ces six reje-
tons du sang de Lyncée et d'Abas
naquirenten Grèce, suivant les Grecs.
Un autre fils Perses e'iaitné en Ethio-
pie, ce qui veut dire en Orient. Des
cinq fils, dont le Péloponèse fut la
patrie, un seul mourut sans laisser de
traces; les quatre autres régnèrent.
Alcée, le plus important d'entre eux
donna le jour k Amphitryon. Stlié-
nèle fut père d'Eurysthée. Électryou
eut AIcmène, outre neuf fils tués par
les Ptérélaïdes. Ainsi Amphitryon,
Euryslhée, AIcmène, sont cousins
issus de germains. Amphitryon et
AIcmène forment, en s'épousant, un
couple pur et luminiforme opposé k
Eurysthée, esprit de malice et de
jalousie. De ce couple provient Her-
cule, qui en continue les caractères
en les embellissant encore. Son anta-
goniste est un oncle. Ainsi Krichna
aux Indes trouve un persécuteur et
un opposant dans Kansa Il n'est
pas étonnant qu'on se soit mis kla
torture pour expliquer historique-
ment la biographie de Persée. Ces
explications historiques n'ont pas
l'ombre du sens commun. Le nom
de Persée, d'abord, nous ramène en
Orient, k la Perse , au Fars. C'est
de la Syrie, en effet, que part la
légende, qu'au reste chacun a modi-
fiée. Dans la partie orientale de l'em-
pire perse, le feu a surtout le carac-
tère de soleil et se métamophose en
teridoun, héros mithriaque par ex-
cellence qui bat l'impur Zohak , puis
meurt enfin au comble de la gloire et
chargé d'années. Dans la Syrie , le
feu reste k peu près fétiche j c'est le •
3o4
PÉR
feu Bersin en rapport soit avec la
foudre, soit avec la planète de Jupi-
ter. A présent, de quelle manière va
s'élaborer le myllie grec? i" Le dua-
lisme se présinlera sans cesse dans
toute l'histoire de Persée, et ses en-
nemis auront toujours Taspect de té-
nèbres, d'inorganisme et de chaos.
Acrisius et la tour de Danaé (la nuit
opposée au soleil); la mer houleuse
et profonde ; Polydecte , Ahrimane
insulaire, qui use d'astuce h l'égard
des héros, et de violence a Tégard des
femmes; les Grées décrépites et ter-
nes; les Gorgones tout a fait noires
et cadavériques; Allas, fétiche des
époques rudimenlaires ; l'Occident
synonyme de nuit; Phinée, analogue
oriental de l'aveugle Phinée de la
ïhrac», qu'enveloppent les brumes;
enfin Mégapenthe, grand deuil, ne
8ont-ce pas la autant de personnifi-
cations des ombres épaisses par les-
quelles l'esprit persan symbolisait le
mal physique, le mal moral? 2° Les
armes k l'aide desquelles Persée agit
et triomphe sont toutes les emblèmes
du feu éthéré, de la bienfaisante lu-
mière du soleil. Les ailes indiquent
la course rapide du grand astre 3 le
cheval Pégase est le lumineux coursier
que monte le soleil; le disque qui tue
Acrisius est le disque solaire ; enfin ,
les légendes détaillées montrent My-
cènes en rapport avec la poignée
de répée ( Mycès, ^uk;??); ses rem-
parts bâtis p^r des Cyclopes, incar-
nation subalterne du feu; ses portes
qui sont le plus antique monument
de la Grèce, surmontées de lions
dont toute la forme, l'attitude, le
style, reproduisent exactement les
lions solaires de Persépolis. 3" Sans
cesse la lune se trouve unie à Persée :
s'il attaque les Grées , les Gorgones ,
c'est une liaison par antagonisme avec
la lune : s'il seconde les Amazones ,
it defWtl
PER
s'il épouse Andromède , ce sont
liaisons par parallélisme. Et d'où vient'
qu'Andromède l'Ethiopienne est noire '
selon les uns , blanche selon les au-
tres ? C'est que la luue est tour
a tour brillante et sombre : elle est
brillante, si l'on songe h la nuit qu'il-
luminent ses feux; elle est terne et
sombre, si l'on pense au soleil. L'idée
d'eau rafraîchissante s'annexe natu-
rellement et à celle de luue (car lune
et fleuve se supposaient chez les an-
ciens) , et h celle de soleil. Aussi a"
t-on joué sur Mycès, poignée da
l'épée; ce mot signifie aussi champi
gnon. Si dans quelques mythes 1
glaive d'or du Milliras argolique
été fiché eu terre pour indiquer l'em
placement de la ville nouvelle, dans
quelques autres Persée mourant de
soif arrache de terre un champignon,
et «ne source jaillit : autour de cette
source s'élèvera Mycènes. 4-° Les vi-jJ
cissitudes de la course solaire se synl-Vl
bolisent par des morts, par desmeur^^ |
Ires. Prœtus (soleil)a été détrôné par
Acrisius (ténèbres); Persée, nouveau
soleil, Persée-Haroéri abîme a son
tour les ténèbres sous le poids de son
disque aux reflets d'or. Mais, dit-on,
il tue Prœtus? le soleil tue le soleil!
Oui , le jeune soleil repousse dans
l'ombre le vieux soleil. Apollon dé-
trône Hélios, Mitra remplace Sou-
ria; puis, trait admirable de logique!
Mégapenthe (le deuil, le noir) met a
mort Perse'e dans une embuscade.
Leurs trocs signifient que tour à lojjr
ils possèdent la suprématie. On di-
rait qu'il y a deux soleils , l'un sep-
tentrional et tout lumière, l'autre
austral et ténébreux: Persée était aus-
tral a Mycènes, il redevient boréal
dans Argos; Mégapenthe était boréal,
il devient austral, puis, tuant Perse'e,
il semble tendre ;i redevenir boréal. |
PERSÉPHONE, TK^nçi^»,, «ttr
PER
eïOpéy^j , ^ifa-îÇovii» , l'un des deux
noms grecs usuels de Proserpine
(l'autre est CorÉ), a élé dérivé par
Plularquede (Çûûç et Çipa (apporterla
lumière) 5 par le Grand Elymologiste
(art. n£p5-£!pov»?) de (pipa et cpov«; (qui
apporte le meurtre, le carnage) 5 par
Hésychius (art. ^ipa-i^ovuct) de <pé|i£iy
K'Çtvos, apporter la richesse, l'abon-
dance.Ici Proserpine serait identifiée
avec Cérc's, sa mère. Eustalhe rapporte
la première partie du mot , et peu t- être
le mot entier, a (Sfêupa Çcyo). Sainte-
Croix (i'fcf)^5f. du Pagan.j p, 536
de la i"^*^ édit. ) semble assez porté a
admettre l'étymologic d'Hésychius. A
notre avis, les quatre sont fausses.
Quant à celle qu'il faudrait leur sub-
stituer , nous nous bornerons a re-
marquer I " que c'est a l'Egypte ou
à rOrient qu'il faut demander l'oii-
gine du mot (Fré? d'où Persée ?
Perses? Féridouu? Protée? Proser-
Îiine? comp. PhérÉfha'Ite)^ 2° que
es Grecs modifièrent ensuite le mot
exotique de manière à lui donner un
aspect hellénique.
PERSES : 1° fils du Grec Persée
«t d'Andromède, mais avant que le
couple divin eût quitté l'Orient 5 2.°
un des fils de l'Océanide Persa et du
Soleil (on lui -donne pour frère Eète
et de plus trois sœurs 5 il détrôna
Eète après la fuite de.Médée, et fut
détrôné a son tour par sa nièce, lors-
qu'elle revint en Colchide); 'b" Titan,
le même que Persée. La théogonie
hésiodéenne en fait un des trois fils
de Crios et d'Eurybie , l'époux d'As-
térie et le père d'Hécate. A titre de
dieu soleil, il devait avoir des rap-
ports avec le temple de Delphes 5
mais les mythographes modernes, au
lieu de comprendre qu'il effleurait ou
pénétrait de ses rayons d'or l'or du
sanctuaire, nous ont dit que c'est le
premier qui porta ses mains sacrilè-
PEU
3o5
ges sur les trésors du temple de Del-
phes.
PEPiSUASlON. Voy. Pitho.
PERTUNDA, déesse latine un
peu obscène. Pour comprendre ses
rapports avec les deux membres de
la triade dont elle fait partie, il faut
lire l'article Perfica.
PESTE, fille de la Nuit et com-
pagne de la Famine, selon Hésiode.
PETA, déesse latine, présidait
aux prières que l'on adressait aux
dieux. On lui demandait même si l«s
demandes étaient convenables ou non.
PETES , Egyptien , père de Mé-
neslhée , régna dans Athènes, et,
comme Cécrops, fut surnommé Di-
])hyès, à deux sexes ou à deux
natures.
PETTA, fille de Nann, roi des
Ségobriges, et femme du Phocéen
Euxène, un des fondateurs de Mar-
seille [Voy. Peoïis).
PETULANCE (la) est, dans Hy-
gin, fille de l'Erèbe et delà Nuit.
PEUCÈTE, frère d'OEnotre, l'ac-
compagna dans son émigration (A^ojy.
Œtsotre).
PEIJCRON, chef septentrional,
fds du golfe connu sous le nom de
Palus Méolide, lut tué, selon \alé-
rius Flaccus, dans la s^uerre de la
Colchide.
PEIjR(la), Pavor, en grecDÉos,
DiMos, Aéoî , Ae7^oj, lille de Mars
et de Vénus, selon Hésiode, et un
des parèdres de Mars, avait un tem-
ple a Sparte près du palais des
Ephores, et une statue h Corinlhe.
Homère la place sur l'égide de Mi-
nerve et le bouclier d'Agamemnou.
Les Sept Chefs jurent par elle dans
Eschine. Thésée, selon les légendes
athéniennes, lui sacrifie pour tju'elle
ne saisisse pas ses troupes. TuUus
llosldius lui fit un vœu en niènic
tcnips qu'à la Pâleur. Alexandre l'in-
LV.
3o6
PHA
PHA'
-voqua avant la bataille d'Arbelles.
On la représentait les cheveux héris-
sés, la bouche ouverte, et avec un
regard qui manifeste l'épouvante.
PEYROUN. Voy. Pérotjn.
PKÀCE, <'«*»?, sœur d'Ulysse,
aitisF appelée h cause de ses taches
de rousseur ((p«*«f, lentille), et
cependant surnomme'e parfois Cal-
listo (la très-belle). Nous croyons
que c'est une Vénus aquatique ou
Vénus quasi-poisson (Vénus phoque)j
et Aphacitis ne doit guère en différer.
PHAENNA, une des deux Grâ-
ces lacédémoniennes. f^. Grâces.
PHAErsINIS, prophétesse d'Epi-
re, prédit vers l'an 236 avant J.-C.
l'irruption des Gaulois en Asie.
PHAÉTHON,cl.«èOa;y, fils d'Hé-
lios et de Cliraène (ou d'Hélios et de
Rhodé), entendit un jour le fils de
Jupiter et d'Io , Epaphe, lui repro-
cher sa naissance. « Climène est ta
mère , soit. Mais ton père , qui t'a
dit que ce fût Hélios? en convient-il
seulement? » Soudaiu Phaélhon s'é-
lance au palais d'Hélios, supplie son
père de prouver à l'univers par un
signe qu'il est son fils, lui fait jurer
que comme gage de sa brillante ori-
gine il lui accordera la demande qu'il
va former , quelle qu'elle soit : Hé-
lios consent. Alors Phaélhon an-
nonce qu'il veut conduire un jour en-
tier le char solaire. Hélios , qui a
juré par le Styx, ne peut refuser.
Phaélhon s'empare des rênes, mais
bieulôl les quatre coursiers ignivo-
mes sentent la faiblesse du jeune bras
qui les guide, se cabrent, secouent
le frein, et s'écartent de l'itinéraire
tracé par les dieux. La Terre brûlée
jusque dans ses entrailles supplie Ju-
piter de prévenir le bouleversement
du monde , et Phaélhon foudroyé
tombe dans^ l'Eridan. Ses sœurs in-
consolables de sa perte pleurent snr
I
obeà 9
lar 1» ■
les rives du fleuve qui sert de toml)
l'infortuné, puis sont changées par la
pitié des dieux en longs peupliers.—
Phaélhon cumule deux traits, l'ado-
lescence du Cadmile voué a une mort
prématurée, el l'incandescence furi-
bonde du soleil léonin. C'est Hercule
furieux, et c'est Bacchus enfant j il
détruit par la flamme, et la flamme le
détruit. Du reste , nous sommes fixés
sur la valeur de l'Eridan, et plus en-
core sur celle de la Terre portant ses
plaintes a Jupiter. La dispute d'Épa-
{)he et de Phaélhon tient à la fois de
a subtilité grecque et de la délica-
tesse hindoue. Quant h cette mort
prématurée et h ces larmes élincelan-
tes, pluie d'or que versent trois sœurs
h la longue chevelure, rien de plus
aérien que ce tableau qu'on croirait
échappé à la plume du Persan Sadi.
Ce jeune flambeau éteint, ce fleuve
d'eau qui coule d'un bel œil sur la
cendre, cette opposition du feu et de
l'humide, rappellent Memnon, Mané-
ros , Linos, Absyrte, Hyacinthe,
Kaïomorts. Les Grecs ont voulu
qu'Apollon ait tué les Cyclopes uni-
quement pour venger la mort de
Phaélhon. — Phaélhon el Fia sont
évidemment le même nom. — Winkel-
man, Monum. ined., xlv, a fait
connaître une belle chute de Phaé-
lhon • on y voit Cycnus , le cygne ,
l'ami de Phaélhon, l'ami des eaux.
—Trois aulresPHAÉTHON sont i^un
Titan,* 2° un fils de l'Aurore el de
Céphale, changé par Vénus en gardien
de son temple j 3° un chef qui vint en
Epire avec Pélasgue , et qui régna le
premier sur les Molosses.
PHAÉTHO]NTIDES,<Da£^o.r('^£f.
P^ojy. Héliades. '
PHAÉTHUSE, ^xiêova-x: I" une
des Héliades; 2° une des nymphes
solaires qui gardent en Sicile les bœufs
du Soleil. Comp. Hkljadesi
PHA
PHALANNA , '(bûxmi» , héroïne
épooyme de la vlUe de ce nom en
Thessalie, passait pour fille deTyrus.
PHALAINÏHE, <t>x?.ccvêos , était
le chef des Parthéniens (jeunes La-
cédémoniens nés des liaisons amou-
reuses des Lacédémouiennes libres
et des esclaves pendant l'absence de
la population mâle adulte )j il fonda
ou plutôt agrandit Tarente. Une tra-
dition le montre faisant naufrage dans
la mer de Crissa (partie du golfe de
Coriulhe) et porté par un dauphin
sur les côtes de l'Italie. Après diver-
ses aventures, il se trouva fixé a
Tarente j mais, chose sînguHère! les
habitants (les Parthéniens mêmes?)
l'en expulsèrent , et Brundusiuin
(Brindes) devint son asile. Sescendres
furent par son ordre répandues dans
toutes les rues de Tarente : Toracle
avait attaché a cette cérémonie la
possession de la ville par les Parthé-
niens. Ceux-ci, dans leur reconnais-
sance, lui élevèrent une statue au
pied de laquelle était le dauphin pa-
rèdre, et instituèrent une fcte en
son honneur. Quoique la chronolo-
gie montre Phalante à une époque
déjà historique, c'est un personnage
tout mythologique que ce fondateur
de Tarente. Ce n'est pas son dauphin
seulement, c'est son expulsion, c'est
la dispersion de ses cendres, talisman
et palladium de la ville, c'est l'hybri-
disme de sa naissance qui en font
évidemment un dîeu- homme, qui
tient à la fois de l'Arion et de l'Osi-
ris, ou, si on l'aime mieux, du Posî-
dôn-Phytalmios et du Faune.
PHALANX, «-«A^yl, frère d'A-
rachné , avait été comme elle élevé
par Pallas; mais ayant conçu pour sa
sœur un amour incestueux, que celle-
ci partagea, la déesse les métamor-
phosa en vipères. Celle légende,
toute différente de celle qu'on donne
PHA 3oi7
ordinairement, et qui nous montre
non point Pallas jalouse de l'Erganâ
mortelle , mais Pallas sévère et chas-
te, repose sur deux traits d'histoire
naturelle, l'un vrai, l'affinité des
Phalangiens et des Arachnéides que
les entomologiste"? répartissent diffé-
remment dans leurs groupes^ l'autre
faux, l'identité des insectes (ou au
moins des insectes sans ailes) et des
reptiles. Anacréon qualifie de serpent
une abeille.
PHALCÈS, <ifiXK„s : i° che
troyen tué par Antiloque j â" un des
fils de Téménos, tua son père et ses
frères, et se rendit ainsi seul maître
du royaume de Sicyone.
PHALERE, Phalerus, ^âxiiptç,
héros éponyme du port de Phalère
(un des trois que possédait Athènes),
passait tantôt pour avoir été Argo-
naute et ami de Jason, tantôt pour
un filsd'Erechthée (oud'Alcon), tan-
tôt enfin pour un Cretois. Un ser-
pent ayant enveloppé Phalère, son
ptre tua le reptile sans toucher a l'en-
iant. — Un Centaure présent aux no-
ces de Piritlioiis portait aussi ce nom.
PIIALES, <lJ<t/i5f, le dieu suprê-
me de Cyllèue. C'était Mercure et
c'était Priape (phatès ti phalle ne
diffèrent pas). Vo'y. Priape.
PHALIAS , ^ctxfccf , fils d'Héli-
conis et d'Hercule.
if2i.PHALIS, C'âXff y roi de Sidon ,
conseilla au roi de Lycie, Sarpédon ,
de ne pas secourir Priam.
PHALOÉ, <t>cù.6i,, nymphe, fille
du dieu-fleuve Liris en Arcadie, avait
été promise à celui qui tuerait un
monstre ailé auquel elle était voue'e.
Elafe tua le monstre, mais mourut
firesque aussitôt 5 et Phaloé inconso-
able fut changée en une fontaine dont
les eaux amères vont s'unir aux ondes
douces du Liris.
PHANES, un des noms qui rc-
20.
3v>8
PHA
PHA
1
viennent le plus souvent dans la ihéo-
sophie orphique, semble être le dieu
suprême ou du moins le premier Dé-
miurge , par conséquent la première
manifestation de l'être par excel-
lence. A cette idée se lieTétymologie
vulgaire qui tire Phauès de (pxi^xu ,
révéler, ou de (Çaîtoficti, apparaî-
tre. Malheureusement la théorie
transceudantale des Orpliistes n'était
point née en Grèce , et l'hauès était
sans doute un nom exotique ; car
nous avons peine à croire qu'ici on
ait traduit le sens des noms propres,
et substitué le mot grec (Çuïijs, d'ail-
leurs formé très-ridiculement (il fau-
drait <pâ.)Taip), à un équivalent égyp-
tien ou oriental qui aurait signifié
inanifeslateur. Eu couséqueuce nous
inclinons à croire que Pbanès n'est
autre cbose qu'Amoun , Amen , Amn
ou An, précédés de l'article égyplia-
que PH et suivis de la désinence grec-
que. Dans ce cas il serait difficile de
ne pas rapprocher Pbanès de Pan; car
Phancs réduit h Phan ne diffère de Pan
3uepar l'aspiration de l'article: or les
eux formes étaient égyptiennes. On
conçoit qu'alors serait détruite aussi
l'étymologie hellénistique de Pan
(xS», tout). Crenzcr suppose que
Pbanès est ou Knel-Fla ou Hercule
révélation première d'Amoun , et
donne comme son image le serpent-
lion ailé du bas-relief tenlyrite gravé
dans la Desc. de l'Eg., t. IV, pi.
XXIII, 5.
PHANOSYRE , <l>xy6<rvp» , se-
conde épouse de Minyas, fut mère
de la triade orchoménienne , Orcbo-
mène, Diocbtbondas, Atharaas.
PHANTASE, Phantasus. Foy.
IciiLE, MoRPHÉE, Sommeil.
PHAINTASIE, Phantasia, ^cdi-
TOLdiec? (l'imagination personnifiée),
Egyptienne de Mempbis, avait, dit-on,
composé une Odyssée et un croquis
de la guerre de Troie long-temps
avant Homère, qui prit copie du ma-
nuscrit à l'aide du scribe Pbanite,
employé h la bibliothèque de Mem-
pbis, et vint ensuite persuader a la
Grèce qu'il avait tiré de lui-même les
deux poèmes qui ont fondé son ira*
mortalité.
PHARIA, <t>ufiiccy Isis vénérée
dans le port d'Alexandrie et près du
phare. On le trouvera étrange peut-
être , si l'on pense a l'horreur avec
laquelle les pieux Égyptiens regar-
daient la mer. Mais qu'on songe qu'I-
sis Pharia ne date que de la période
alexandrine, qu'Isis avait été identi-
fiée à Cérès , que Gérés porte des
flambeaux à la main pour chercher sa
fille, qu'un phare n'est qu'un flambeau
maritime, et l'on comprendrasans pei-
ne Isis Pharia, Cérès Pharia. Comp.
|sis, fin. — Pharia s'élargit souvent
au point de signifier Egyptienne.
Pharia Juvenca se prend pour lo.
PHARIS ou PHARES, fonda-
teur prétendu de Phères en Messé-
nie , avait pour père Mercure , pour
mère Philodaraie , pour aïeul mater-
nel Danaiis.
PHARNAR, Pharnaces, (baf^k-
x.y,ç , la lune mâle dans l'Ibérie et le
Pont. Etait-ce Lunus ou un ade'quate
de Lunus? Nous inclinons pour celle
dernière hypothèse. Du reste, Phar-
«ak est plutôt encore androgyne
qu'exclusivement mâle ; il devient
Pharnacé; et Pharnacé, femme d'A-
pollon selon les uns, de Sandak selon
les autres, a pour fils Cinyre. Femme
de Sandak, on la fait de plus fille de
Megessare (soleil sublimé).
PHARSALE, Pharsalus, <ï)«j8-.
G-eiMsf héros éponyme de Pbarsale eij,
Tliessalie, est fils d'Acrisius.
PHASE, ^cixis ., dieu-fleuve col-
que, avait été un prince d'une rare
beauté. ïélbys ou Thélis soupira en
I
PHÉ
vain pour lui, et soit dépit, soit des-
sein de le contraindre a venir s'unir
h elle, le métamorphosa en fleuve.
Un autre mytlie dit que Pliase était
un fils d'Apollon et de l'Océanide
Ocyroé. Indigné de voir sa mère
infidèle au dieu du jour, il la tua, fut
saisi par les Furies, et se précipita
dans l'Arélhuse qui prit son nom.
Enfin on fait de Phase une nymphe
qui , aimée de Bacchus et poursuivie
par ce dieu, tomba de fatigue dans le
Phase.,
PHEAX, Ph^ax, ^ett'otl, héros
éponyme de Pbéacie depuis Céphallé-
nie, passait pour fils deNepInne (le
dieu des mers) et de Cercyra (Corcy-
re, ou Corfou actuel). Il eut pour (ils
Alcinoiis. — Un PhÉax , matelot
chargé du soin de la proue sur le vais-
seau de Thésée, reçut dans Phalère
les honneurs d'un héroum dont on at-
tribuait la fondation au fiis d'Egée.
PHÉBË,Phoebiî, <t<j/ê,: 1° Diane-
Lune; 2° Titanide, sœur et femme de
Cacus, mère de Latone et d'Astérie;
3" une des deux Lencippides; 4-° une
des trois Héliades, dans quelques
nomenclatures. — Phébé n'est qu'une
personnification femelle de la lumiè-
re, tantôt comme pure lumière, tantôt
comme tel ou le! astre. LcsLeucippî-
des et les Phaélhonlides sont des dé-
doublements solaires , quoique les
premières aient l'aspect hiiiisolairc.
Diane est la lune, la Titanide est une
haute lumière. La différence des deux
Phébé ici consiste h voir dans l'une
la mère , dans l'autre la fille de La-
tone ; mais au fond qu'importe?
L' aïeule et la petite-fillo, ne ditfèrcnt
qu'en ce que celle-ci est l'individuali-
saJion de celle-là. Comme nous avons
dh plus haut quo Latone et Lune ne
diifèrent pas, la lilanier.ne Phébé
revient absolument a Diane.
PHERUS, PuHOEBus : Apollon
PHE 3o9
(<p«7ba?, lumineux; toutes les autres
étymclogies sont absurdes).
PHÉCASES , ^:jKX<rtoi , dieux
athéniens que l'on représentait chaus-
sés du phécase (soidiers en vogue
f)armi les prêtres d'Athènes et d'A-
exandrie, ainsi que parmi les philo-
sophes), Nous ne savons si c'est au
culle ou a la caricature qu'apparte-
naient ces dieux.
PHÈDRE, PHiEDBA, <î)«.^/!«,
fille de Minos (II) et de Pasiphae',
avait pour sœur Ariadne et pour frère
Deucalion. La légende classique mon-
tre les deux sreurs enlevées par Thé-
sée; Ariadne a la première obtenu
l'amour du héros, et lui a dévoilé les
détours du labyrinthe oii sans elle il
était destiné h périr. En revanche
Thésée emmène furtivement avec elle
la rivale qu'il commence à aimer, et
abandonne sa libératrice dans Naxos.
Phèdre arrive dans Athènes , d'où
quelquefois a Eleusis ou h Trézène ,
avec Thésée, et lui donne deux fils ,
Acamas et Démophon. Déjà Hippo-
lyte, son beau-fils , s'était présenté à
ses regards et lui avait inspiré une
affection très-vive. Déjà dans le voi-
sinage de Trézène s'était élevé par
ses ordres un temple a Vénus; et,
quand il fallait retourner à Athènes,
ellos'absenlait souvetit de la capitale
de l'Aflique sons le prétexte d'aller
offrir ses vreux a Vénus. Enfin Thé-
sée partit pour l'enfer avec son ami
Pirithoiis. Pendant son éloignemeut
qui fut de plus d'un an , Plièdre dé-
clara sa passion h Ilippolylc, et se
voyant dédaignée se pendit de déses-
poir au bout de. quelques jours. Thé-,
sée arriva sur ces entrefaites, et
trouva dans les mains de la reine
un billet par lequel elle déclarait
qu'Hippolyte l'avait déshonorée , et
(pi'incapable de traîner des jours
désormais souillés elje se punissait da
%io
PHE
sou mallieur. Thésée dévoua soudain
Hippolyte à la vengeance de Neptune
qui lui avait promis d'exaucer le pre-
mier de ses vœux. Hippolyte ne tarda
pas à périr , victime d'un monstre
marin que le dieu des eaux envoya
sur son passage. Les poètes tragi-
ques Euripide, Sénèque, Racine, qui
ont traité le sujet de Phèdre , ont
suivi sur la mort de cette princesse
une version différente [P^oy. Hippo-
lyte). On voyait k Trézène le tom-
beau de Phèdre près d'uu myrte
dont les feuilles étaient toutes cri-
blées. On prétendait que souvent
Phèdre, pour tromper ses ennuis,
s'était amusée à percer d'une ai-
guille à cheveux les feuilles de
l'arbre chéri de Vénus. Au reste,
àomhre de petites traditions relatives
au séjour de Phèdre K Trézène cou-
raient en Grèce. On faisait voir près
de cette ville le temple du haut duquel
la princesse créloise contemplait son
beau-fils s'exerçant a la lutte ou à la
chasse dans les plaines voisines. Ce
temple eut deux noms, Hippolytion
ttAphrodiles'Scopias [' A^ippo^/riji
^KdTrttts ). — Polyguote avait peint
Phèdre suspendue a une corde qu'elle
tient à deux mains, et semblant se
balancer dans les airs. — Ariadne et
Phèdre ne furent pas d'abord don-
nées comme sœurs. Dans les mythes
primitifs Minos n'a qu'une fille. Les
uns l'appelèrent Ariadne , et l'aUiè-
rent k Thésée et a Bacchus, qui sont
tous deux des dieux soleils. Les au-
tres la mirent en connexité avec Thé-
sée et son fils Hippolyte. Ces deux
légendes, que plus tardon amalgama,
et qui firent de Minos le père de deux
Minoïdes, diffèrent par les Irails
suivants : i" Ariadne appartient k
la religion de Bacchus et au culte
de Naxos , k l'Orient , au cycle my-
thique purj laspect de Phèdre a
PHE
quelque chose d'apoUinaire , d'euro-
péen , d'iiéroïco-hislorique. a" Li9'
Cadmile d' Ariadne est un triompha-j
teur, le Cadmile de Phèdre est mis]
en pièces et meurt. 3" Ariadne s'é-
lève de l'abandon k une haute royau- j
lé, du rang de maîtresse au tik-oj
'd'épouse, de la terre aux voûtes do'
flammes de TEmpyrée j Phèdre des-
cend ou veut descendre de Thymen
au concubinage, du rang de femme
adorée k celui de solliciteuse qu'on re-
fuse , de la terre au sombre empire.
PHEGÉE, pHEGEUS, <[)jjy£uf, hé-
ros éponyme de Phégée, une des
cités les plus anciennes de l'Arcadie,
passe généralement pour contempo-
rain d'Alcméon l'Amphiaraïde et pour
père d'Alphésibée, et de deux autres
fils qu'on doit regarder comme des
Dioscures d'Arcadie. Alcinoiis s'était
réfugié , après le meurtre d'Eiiphyle
sa mère , k la cour de Phégée ; ce
prince l'expia , et de plus lui donna
sa fille unique. On peut voir aux ar-
ticles ACARNAS, CaLLIROÉ, PrONOOS,
quelles furent les suites de ce ma-
riage. Phégée fut tué dans Psophis
avec sa femme par les deux Alcméo-
nides. Il est probable que le nom
de Phégée est le hêtre personnifié
(cpjjyoV), comme Dryops est la per-
sonnification des chênes. On ne doit
pas oublier que les contrées a monta-
gnes boisées, comme l'Arcadie et l'E-
pire, ont été fécondes en divinisa-
tions de ce genre. — Un fils de Darès
lue par Diomède, deux chefs troyens
tués parTurnus, et une fille de Priam,
s'appellent aussi Phégée.
PHELO, dieu chinois, était, se-
lon les mythologues, un homme qui
trouva l'usage du sel. Ses compatrio-
tes ayant méconnu l'importance de
sa découverte, il quitta le pays pour
jamais. Privés de cet habile indus-
triel . les Chinois instituèrent eu son
PHE
honoeur une fête dans laquelle ils
montent sur des barques, et courent
de tous côtés sur la mer comme pour
le chercher. Cette fête se célèbre au
commencement de juin. L'enirée des
maisons est ornée de feuillages. Les
Chinois attendent encore Phélo h Ja
fin du monde. Le nom de Phélopha-
nie qu'on donne à la fête est évidem-
ment un nom français tiré du grec.
PHÉMIOS, <t)«>««jf, barde grec
des tertips priuiitifs, suivit Pénélope
dans Ithaque , et pendant l'absence
d'Ulysse cumulait auprès d'elle les
deux rôles de chantre inspiré par les
dieux et de moniteur inspiré par la
sagesse : c'était le Mentor de la reine.
Ulysse pourtant se montra mécontent
de lui, lorsqu'il apparut dans Ithaque,
après vingt ans d'absence 5 et il fallut
que Phémios se jetât a ses pieds et
que Téléinaque demandât sa grâce,
pour qu'Ulysse lui permît de sortir
de la salle oîi restèrent tous les pré-
tendants.— Un autre Phkmios avait
été du nombre des prétendants d'Hé-
lène. On nomme aussi Phémios un
barde dont Homère fut le disciple et
le gendre. Selon les uns, Homère
imagina le chantre Phémios qui est
nommé dans l'Odyssée 5 suivant les
autres, Phémios aurait été un de ces
Homérides auxquels ou doit attribuer
la composition de l'Odyssée. Au res-
te , Phémios est un nom générique
qui revient a liâtes ; car féales a
pour racineyizri, et Phémios semble
un dérivé de phémi [(p^f^l).
PHEMONOÉ, <^y,f^ç,iK, la pre-
mière Pythie de Delphes qui rendit
des oracles en vers hexamètres) vivait)
du temps d'Acrislus.
PHÈINÉE, Pheneus, , ^ttnùs ; ,
1° héros éponyme de Phénéôn en;
Arcadie et du lac Phénée (aussi eu.
Arcadie) dont les eaux bues la nuit
doûuaient la, morjj a" fils de Mélas^ ,
PHÉ
3ii
tué par Tydée. — Phéné {<bi{vti ) en
grec signifie orfraie ou du moins oi-
seau de nuit.
PHÉMCE, femme de Neptune et
mère de Protée.
PHÉNIX, Phoenix, <Do7»<$, fils
du roi dolope Amyntor, sut plaire à
une concubine favorite de son père
qui, dans son ressentiment , lui fit
crever les yeux. Phénix aveugle vou-
lut d'abord se venger par un parri-
cide, puis plus sage s'exila , trouva un
asile dans Phthie à la cour de Pelée,
et fut chargé de l'éducation d'Achille
pour lequel il conçut une vive amitié,
et qu'il accompagna devant Troie.
On le voit dans l'Iliade aller avec
Ulysse et Diomède k la tente d'A-
chille de la partd'Agamemnon, pour
le prier de venir au secours des Grecs
qui plient 5 Achille refuse. Selon la
fablç , Phénix ne rendit infidèle la
maîtresse de son père que pour plaire
à sa mère, jalouse de cette rivale. On
désigne souvent Phénix par le nom
d'Amyntoride, Virgile {Enéid., I.II)
nous fait voir le butin de Troie sous
la garde de Phénix dans le temple de
Junon. — On nomme encore deux
Phénix, l'un père d'Adonis, l'autre
fils d'Agénor. Comp. ce nom et Cad-
Mus. Envoyé à la recherche d'Eu-
rope , il s'établit dans la Bithynie, y
importa le culte syriaque, inventâtes
lettres et l'art de teindre en pourpre.
Evidemment il y a ici confusion, et le
Phénix dont nous parlons se scinde
en un dieu-homme civilisateur, cir-
conscrit dans la Phénicie, et nn dieu-
homme voyageur
PHÉNODAMAS , Troyen, força
Lâomédoiî à exposer sa fille Hésione
au monstre marin qui ravageait le
pA.ys, Le roi s'en vengea en déportant
ses filles en. Afrique, oii l'une d'elles
devint mère d'Alceste.
PliÉJNOPS, «'.w*^,; i' ami et
3i^
PHÉ
PHÉ
hôte dHercule (il était d'Abytlos); ^£fc£<y; 4)«(r(r«). On l'expliquait jadis
3" père de Phorcys qui fut tué par par qui facilite la culture, qui imilli-
Ajax 5 3" pire de Tlioon et Xanllie plie les produits de la terre («pé^a»,
que Diomède tua l'un et l'autre le Ç/vroy). Celle élymologie qui allère si
même jour. gravenieiit l'éléineiit final du mot est
PHEREBÉE , Phereboka , <I)£^£- iusoulensble. A noire avis, Phéré-
Çtix^ fille d'ipliide et une des fera- phatle ne diffère pas de Perséplialle,
mes de Tliésée. et comme Perse, quelle que soit sa
PHERECLE, Phereclus, ^ipt- terminaison féminine ou masculine,
xAflf, charpentier habile , avait pour indique une haute déité lumière,
aïeul Harmone. C'est lui qui cous- Phéréphatle signifie lumineuse co-
truisit les vaisseaux de Paris j il fut lombe. Nous laissons de côté les
tué par Mérione. — Phérède est le nombreuses explications différentes
navire eu général personnifié. Le de la nôtre. Toutefois notons que les
vaisseau sur lequel Thésée fit voile deux premières reviennent a faire de
vers la Crète s'appelait Phérècle. La Proserpine une Cérèsj ce qui cerle*
mer Egée traversée par le vaisseau n'est pas contraire k ses vrais carac-
des Argonautes est qualifiée de P/ie- tères mythologiques , tandis que la
rtclea fi-eta. Phérècle veut dire nôtre en fait une Astarlé. Quicojîque
sans doute porlc-gloire ou portehé- ici se rappellera le rôle des colombes'
ros (<^£^... rad. de <^£/)a; xA.... ra- dans la mythologie orientale, leur
dical dex^tof). identification a la puissance généra-
PHEREE, Phebea, «Pyspn'x, fille trice, leur assimilation au feu, etc.,.
d'Eole et mère dTIécale qu'elle eut sera frappé de notre hypothèse,
d'un commerce clandestin. L'aïeul Comp. Acutoeet et VÉntjs. — Lc.v
irrité fit exposer l'enfant dans un lieu fêtes de Proserpine en Sicile s'ap-
où aboutissaient quatre routes. Là, pelaient Phéréphatlies.
elle fut trouvée et recueillie par un l'HERES, héros éponyme de la
conducteur du char de Cérès. On de- ville de Phères, passait pour fils d&
vine que celte légende est une de Créthée etdeTyro,épouxdeClinièney
celles par lesquelles on explique la père de Lycurgue eld'Admèle. — Uir
consécration des carrefours h Hécate, autre PnÉni^s, fils de .lason et dcr
— Du reste on donnait h Diane le Médée, fut lapidé par les Corinlhicns
nom de PhÉrke, et on l'expliquait pour avoir porté les dons empoison-
par le culte qu'on lui rendait à nés de sa mère à Glaucé. Comp. MÉ-
Phères en Tliessalie, cl a Sicyone , dee , etc. Un troisième fut tué en
où sa statue- avait été apportée de Itali.^ par Halèse. Il faisait partie du
Phères. — Un PiiiiBEE, Fhereus, corps auxiliaire que commandai! Pal-
homme, fils d'OEnee, fui tué dans las dans l'armée d'Enée.
la guerre des Calydoniens et des PHERON, ^toaiv , fils du roî
I
Curetés.
PHÉRÉPHATE ou PHÉRÉ
PHASSE, <!!£/) £!p«rf«,<lJ£p£cp«!r(r£s,Pro
-serpine en Phénicie. Ce uom s'ex-
d'Egypte Sésoslris , lança un jour
un javelot dans le TSil , comme pour
arrêter ou pour punir la crue trop
forte de ses flots. Le dieu courroucé»
plique par producliice ou alimen- . de cet acte impie le frappa de cécité,
latrice des colombes (pç^s» lanlôl dsns et l'oracle annonça qu'il ne recouvre-
fion seusnaluel, laiilôl dansr?lui de rait h vue ciu'en éfîînchant sur ses
PUi
PHI
3i^
yeux l'urine d'une feniitie dont la deux Joufs, quoiqu'il y eût quarante-
chasteté n'a,urait jamais souffert l'ap- cinq lieues de l'une de ces villes a
proche d'un autre que son époux, l'autre. li est piquant de voir que le
Une seule femme dans tous les étals nom de cet habile coureur signifie
de Phéron satisfit h la condition ira- (jui ménage les chevdux.
posée par l'orgcle 5 et ce n'était pas PHIGALE, Phigalus, <i>iyuXo?f
§a reine, c'était la femme d'un jardi- fondateur de Phigalie, un des fils de
îiier. Leroi, guéri par elle^ prit sa Lycaon. <î>/y«A«5-, qui se prononce
libératrice pour épouse, et toutes les comme cpnyciXoç., rappelle <Piiyc>ç , hê-
autres furent enfermées dans l'encein- tre. Comp. PhÉgÉe et Phfalos.
le d'une ville h laquelle on mit le PHILALEXA]NDIlOS,ûWîz<i'^-
fcîi. De magnifiques sacrifices accom- lexandre ^ Apollon dont une lé-
pagnèrent cette exécution, et en même geude montre la statue chargée de
temps Phéron consacra dan s. le tem- chaînes d'or par les Tyricns pendant
pie de Fré (le soleil) deux obélisques le siège de leur capitale par Alexan-
de cent coudées de haut sur huit de dre. Les Grecs, lorsqu'ils mirent
tiiamètre. cette légende en circulation , prirent
PHERSEPH0]NE,<î)£/!5-£(p«,.îj, fille vraisemblablement un Baal pour un
<le Myonte, femme d'AmpIiion d'Or- Apollon, et un dieu Lygodesme, que
choraène, mère de Chloris. Ce nom l'on n'enchaînait qu'afin d'avoir sa
■est le même que Perséphone, nom protection, pour un dieu dont on
^rec classique de Proserpine. voulait neutraliser la puissance.
PHESTE, PnyESTus, (D^T^roj: PHILAMMOjN , un des plus an-
T" héros éponyme dePhesle en Crète, ciens bardes de la Grèce, passait pour
C'est, chez les uns, un fils d Hercule, fils d'Apollon et de Leuconoé (ou
«n roi de Sicyone, un introducteur du Chioné ou Philonis). Il naquit h Del-
<ulle d'Hercule dans celte capitale • plies. La nymphe Agriope l'aima, et
chez les autres, un fils de Rhopale lui donna un (ils, Thamyris. Il joi-
•et petit-fils d'Hercule {Rliopalc ^ gnait le chant à la cithare, l'ausanias
■pc>i!ct,Xov y veut dire massue). 2° Un lui lait remporter le deuxième prix
chef troyen tué par Idbménée et fils de poésie et de musique , qui ait été
ile Bore. donué aux jeux Pvlhiques. Plutarque
i^HIALE, ^JfwA;?, nvmphe de la lui attribue les hymnes sur la nais-
SiiitcclejDiaue(y!?/im/e veuldirecoupe, sancc des jumeaux Latoïdcs, l'insli-
et par suite fontaine, lac , bassin), liilion des chœurs dansants du temple
PHÏALOS, <Ii/«Ao?, fils du roi de Delphes et l'invention des nomes,
d'Arcadie Bucolion (le bouvier) et qui furent depuis perfeclionnées par
père de Simos, voulut s'attribuer la Philammon. Le scholiasle d'ApoUo-
fondalion de Phigalie. nius prétend qu'Orphée ne fit jamais
PHIDIPPE , (î>iièt7:-7ro;., chef grec partie dePexpédilion des Argonautes,
au siège de Troie, avait pour aïeul et substitue a son nom celui de Phi-
Hercule, lammon. On atJribuail K Philammon
PHIDIPPIDE, li'.iêiTirTi^r,;., COU- l'organisation des mvsières Icrnéensj
renr célèbre , eut un temple dans mais Pausaiiius coulesle cette circon-
Athènes en mémoire du dévouement stance , parce que le rituel et les
avec le([uel il alla d'Alhèiies à Sparte, chants de ces mystères étaient en dia-
l'ui-) revint di; Sparte ii Athèin,'s (îû Uc\<i doritH, çt qu'à répyquv h Ui
3i4
PHI
quelle on place Philammon le dia-
lecte dorien était encore incoanu dans
le Péloponèse.
PHILANDRE, Philander, */-
A«»«rp«f , et PHYLACIS , fils d'Apol-
lon et de la Cretoise Acacallis, avaient
été nourris par une chèvre dout l'i-
mage eu bronze se voyait dans le
tenaplede Delphes.
PHILÉMON, <DA,>a>v,elBAU-
CIS, Baîîxjf, vivaient en Phrygie.
Unis dès la tendre jeunesse par les
nœuds du mariage , ils avaient coulé
de longs et paisibles jours dans la chau-
mière conjugale , lorsque Jupiter et
Mercure descendirent sur la terre
{►our y connaître par expérience
e cœur des hommes. Partout les por-
tes se lermèrent a l'aspect de ces
étrangers. Philémon et Baucis, quoi-
que les plus pauvres de la contrée,
offrirent avec empressement l'hospi-
talité aux célestes voyageurs. Baucis fit
cbaufFer de l'eau pour leur laver les
pieds; du lait, du miel, des fruits,
étaient posés sur la table pour un
agreste repas. Un mince Oacon de
vin y fut joint; mais, quoique a cha-
que instant les dieux s'y abreuvassent
largement, le vase ne tarissait pas.
Ce miracle trahit l'incognito des
voyageurs. Soudain Baucis se met k
fioursuivre l'oie unique qui formait
eur basse-cour; le tremblant vola-
tile finit paf se réfugier sous les pieds
de Jupiter qui dit au couple hospita-
lier de mettre fin à ses efforts , puis
lui commanda de les suivre jusque
sur le sommet d'un mont voisin. De
là promenant leurs regards sur la plai-
ne opulente qu'ils venaient de quitter,
les deux époux virent le pays sub-
mergé par des pluies effrayantes.
Eux seuls échappèrent a la destruc-
tion universelle. « A présent , ajouta
Jupiter, vous, que désirez-vous en
récompense de votre pieuse hospita-
PHI
lité ? » Philémon répondit : « Habite
dans un temple qui vous soit consa-
cré. » — te Et mourir ensemble » ,
ajouta Baucis. Soudain un temple
magnifique surgit du sol comme par
enchantement. Philémon et Baucis
achevèrent de vieillir; et, parvenus à
l'extrême caducité, ils furent méta-
morphosés au même instant, l'époux
en chêne et l'épouse en tilleul. —
Trois ou quatre idées d'une haute an-
tiquité ont été amalgamées dans l'his-
toire de Philémon et Baucis .: i° celle
de cataclysme , qui noie une popula-
tion entière sauf un couple vieux
(comp. Deucalion et Pyrrha); a"
celle des voyages des dieux sur la
terre sous i'ornie humaine (les dégui-
sements des khalifs des Mille et une
Nuits ne sont qu'un reflet de cette
Idée); 3° la similitude des hommes
primordiaux et des arbres , ou plus
ge'néralement encore de l'animal et
du végétal. Toutefois, il ne faut pas
croire que le conte lui-même soit
très- antique. Il semble appartenir
réellement a la montueuse Phrygie.
— Un Philiîmon {Philœmon,<^t><cti-
iu,av) fut fils de Priam.
PHILÈNES, PuiL^Ni, en car-
thaginois FiLAiNiiM , Dioscures de
Carlbage, présidaient k la délimita-
tion des pays, et avaient des autels
sur les confins de la Cyrénaïque et
de l'empire de Carlbage. Ces autels
étaient des tombeaux, et la légende
faisait des deux dieux deux hommes,
deux frères qui moururent pour leur
patrie. C'était au temps où Carthage
et Cyrène s'occupaient de fixer les
limites de leur territoire. Il fut con-
venu que de chacune des deux capi-
tales partiraient deux coureurs, et que
le lieu où ils se rencontreraient mar-
querait le point central de la délimi-
tation. Les Philèues partis de Car-
thage gagnèrent tant d'Jieurea sur
PHI
leurs rivaux, que depuis long-temps
ils cheminaient sur les terres des Cy-
rénéens, lorsque les coureurs de Cy-
rènelesrencoutrèrent. La, querelle,
injures , récriminations. « Vous êtes
partis de Carthage avant l'heure.» —
a. Non, nous le jurons sur notre vie. w
— ce Vous consentiriez donc a mourir
pour soutenir la vérité de ce que vous
dites? » — « Et vous , coiisenliriez-
vous a faire passer ici la limite des
deux pays, si nous mourions?» —
tcOui. M — a Eh bien ! creusez nos
fosses.» Et une fosse commune est
creusée : les deux frères s'y laissent
plonger vivants 5 sur leur tombe s'é-
lèvent un auttl et la borne sépara-
trice des deux empires.
PHILÈTE, Philétius, <l);AsiT<of ,
guide du troupeau d'Ulysse , tua
Ctésippe, un des poursuivants de Pé-
nélope.
PHILÏA, 4)a/a, Amitié {Foy. ce
nom). C'est aussi une des nymphes
naxiennes, nourrice deBacchus.
PHILIOS, «I)/A<«f: 1° Apollon; s"
Jupiter : l'un et l'autre comme pré-
sidant h l'amitié. L'art du parasite ,
selon Diogène le Cynique , toujours
porté a rire aux dépens des dieux ,
reconnaissait Jupiter-Philios pour in-
venteur.
PHILIPPIS, (blxiTTTTis (qui aime
les chevaux), Amazone tuée par Her-
cule.-
PHILO, 4);A^, fiUe d'Alcimédon,
chef grec, eut d'Hercule un fils, et fut
chassée par son père avec le fruit de
ses amours. Les bois furent son asile
et retentirent de ses gémissements et
de ceux de l'enfaut. Une pie, perchée
sur un arbre voisin, se mit aies con-
trefaire. Hercule passa sur ces en-
trefaites, et, attiré par ces cris qu'il
prit pour ceux d'un enfant, reconnut
60a amante et son fils.
PHlLOgie, «tAeÇ/ce, femme dç
PHI
3i5
Persée , gouverneur de Dardane ,
seconda les amours adultères d'Aca-
mas et de Laodice. Touché de l'ar-
dente passion de cette princesse pour
le héros grec, d'une part elle décida
son mari k se lier avec Acamas, de
l'autre elle invita Laodice a une fête
splendide qu'elle donnait dans Dar-
dane. Les entrevues des deux amants
devinrent faciles dans cette ville neu-
tre et au milieu du tumulte des fêtes.
PHILOCTÈTE , Philoctetes ,
(i>i^oKT^r>!s, fils de Péas et de Dé-
raouice (ou Méthone), et Argonaute,
fut l'ami d'Hercule qui, en mourant,
lui fit jurer de ne jamais découvrir le
lieu de sa sépulture, et lui laissa ses
flèches. Au reste , il semble que les
légendes primordiales aient dit qu'au
lieu même oii gisait Hercule étaient
enterrées les flèches. Quoi qu'il en
soit, on regardait Philoctète comme
le premier des Grecs dans l'art de
tirer de l'arc. Les Grecs, lors del'ex-
édilion de Troie , ayant appris que
a ville solaire ne pouvait tomber que
sous les flèches d'Hercule, députèrent
à Philoctète pour apprendre en quel
lieu était l'illustre tombeau. Philoc-
tète, fidèle a la lettre de son serment,
ne dit pas un mot , mais indiqua dû
pied, en frappant la terre, l'emplace-
ment mystérieux que la Grèce igno-
rait. Immédiatement après ce par-
jure, on le voit cingler vers Troie ,
à la tête des vaisseaux qui portent le
contingent de Mélibée , Méthone,
Olyzon, Thauraacée, et chargé des
flèches miraculeuses : mais ces flè-
ches sont trop lourdes pour lui , il
en laisse tomber une sur son pied.
Un hideux ulcère entame et ravage
ses muscles , infecte et vicie l'atmo-
sphère. Il est impossible de vivre aux
lieux oh respire Philoctète; plutôt se
passer des flèches d'Hercule ! On l'a-
baûdonne sur la ^rève de LemnoS|
fa
3i6
PHI
PHI
alors solitaire. Dix ans après, L'iysse
et Néoptolème relouriient à lui et le
siipplieul de venir h Troie : ou lui
promet que les AsclJpiailes le gué-
riroiif. Phiicctcle refuse long-lejunsj
. enlin il cousent h les suivre. Il blesse
luorlellenient Paris. Après le sac de
la ville, houleux de l'ulcère horrible
qu'on n'a pas encore gue'ri , il fait
voile pour l'Italie, bâtit Pétélie en
Calabre et ïhurium, et enfin reu-
> coulre Machaon l'Asclépiade qui lui
rend la santé. Tout le monde connaît
la tragédie de Philoctcte par So-
phocle, et rimiialiou l'rançaise qu'eu
a donnée La Harpe.
PHILODAMÉE, <»/Xe<^^^t,c.,Da-
naïde, eut de Mercure un filsooramé
Pharis.
PHILODICE, <i>,xJ!>c>,, fille dl-
nachus, femme de Leucippe , mère
dTltl.urc i-t de l*hél)é.
PHILOLAS , PniLOLAus , <t>ixi-
Xxcs-, fils de Miuos et de Parée, tua
deux compagnons d'Hercule, et périt
de la main du héros. — Esculape,
dans Asope , portait le même nom
(rac. 9,''a«î , ami; Xu.ôi, peuple).
PHILOMAQUE, Philomache,
'^'^oy-»Zij ^J'ie tl'Amphion, épousa
l*élias d'iolcos.
PHILOMÉI)USE,Philo>iedusa,
<lu>,o^t'Javi-ci, femme d'Aréilhoiis et
mère de Méneslhe.
1. PilILOMÈLE, PuiLOMELus,
^tXofi.fiXisy le laborieux , frère de
Plulus, aussi pauvre que son jumeau
est riche , acheta, du peu qu'il avait,
des bœui's , iuvcnta la charrue, et à
lorce de lal)eurs se procura de quoi
vivre. Cérès renlcva aux cicux et
en fit la co.islellalion du Bouvier.
PilILOMELE, Philomela, cl.,.
Xi.fA>[Xct, : i" Ulle de Pandion et
sœur de Progné [P'ny. Térke); -2"
femme de Mcuèce cl mère de Palro-
ck; 3" jilicde j'rii-du^ 4" iille d'Ac-
n
tor et n)cre d'Achille, selon quel-
ques mythologues ; il est probable
que c'est Poljmèle qu'il faut lire, et
Polymèle c'est Thélis.
PHILOMÉLIDE , Philomeli-
DEs, roi de Lesbos, défiait tous les
étrangers à la lulle , et fut terrassé
par Llysse, aux yeux de tous les
Grecs. On donne aussice nom à Pa-
Irocle ( /^o^. PhilomÎîle , 2-4).
PIIILONIS, Athénienne, fille de
Bosphore et de Cléobée, fut mère de
Philammon.Chioué, qu'on donne aus-
si pour mère de Philammon , était
surnommée Philonis. On donne ce
même nom et h la Chioné , fille de
Dédalion, et à la mère de Dédalion
et de Céyx, par conséquent h la femme
d'Hespéros ou Lucifer.
PHILOINOÉ : i» fille dlobate,
roi de Lycie, et femme de Belléro-
phon; 2° fille dcTjndarée deSparte.
PHILOJNOMÉ , fille de INyctime
etd'Arcadie, était suivante deDinne.
Séduite par Mars, elle en eut deux
fils, qu'elle jeta dans la foret d'Éry-
raanthe , où une louve les allaita;
un berger les recueillit : les enfants
grandirent, et paiviureut au trône
d'Arcadie. Le bergcr.se nomme Té-
lèphe ; et les jumeaux qu'il adopte ,
Lycaste et Parrhase.
PHILOTIS, <btXÔTi; ( qu'on pro-
nonce comme q^iXorvi; , le coïl) : j **
fille de la JNuit (Hygin traduit ce mot
par incontinentia); 2° esclave qui
joua le rôle principal dans la tragi-
comédie en C! mmémoralion de la-
quelle furejit instituées les Caproti-
nes {Voy. CaTrotiive).
PHILOZOÉ , femme de TIcpo-
lème, célébra des jeux funèbres en
l'hor.ueur de sou mari tué devant
Troie.
PHlLYFiE , Puii,\RA , ^tXvpu ,
Occaiiide, fui séduite par Saturne
sous forme de cbcva] , mit au mou-
^
PHI
de, dans les grottes des monts pélas-
giques, le Centaure Chiron, et fut
changée en tilleul par les dieux. Dans
les mythes détaillés, Rhee surpiend
les deux amants. Saturne ne prend
la forme de cheval que pour fuir.
Philyre, honteuse, cherche les mon-
tagnes boisées pour y ensevelir son
opprobre j et', quand les formes
hybrides de Chiron révèlent encore
mieux sa faute, elle demande aux dieux
la grâce d'être métamorphosée en
l'un des arbres dont est semée la
inontueuseïhessalic. Il n'est pas be-
soin d'indiquer les allégories qu'en-
veloppent ces traditions. Chiron est
souvent nommé Philyreius héros
ou Pliilly rides. — Une autre Phi-
lyre, femme de Nauplius, le rendit
père de Palamède.
PHllNEE, PfliNEXJs, ^mis , roi
de Salmydesse eu Thrace^ eut pour
père Agénor, pour femme Cléobule
ou Cléopâtre, puis Idéaj pour fils
du premier lit, Plexippe et Pandion.
Afin de les ruiner dans l'esprit de leur
père, Idéa prétendit qu'ils avaient
teiilé un viol sur sa personne. Phinée
la croit , et s'empresse de faire crever
les yeux à ses deux filsj Borée lui
fait subir la loi du talion, et l'aveugle
• à son tour. En même temps les Har-
pjes planent sur le palais de Salmy-
desse, et chaque fois que Phinée se
met a table enlèvent ou souillent ses
aliments. Deux traits achèvent la lé-
gende de Phinée. i° Il accueille les
Argonautes, leur indique le moyen
de se frayer un passage a travers les
Symplégades , et en reranche Calaïs
et Zéthès chassent les Harpyes de sa
table. 2.° Hercule lui ordonne de dé-
livrer ses fils, et sur son refus l'at-
taque, le bat, le tue, et partage ses
états entre les Dioscures de Salmy-
desse.— Un autre Phinke non moins
fameux etl le frère de Cephée. On-
PML
3i7
cle d'Andromède, il veut la main de
sa nièce. Rival de Persée, il l'atta-
que le jour de ses noces, à la tète
d'un nombreux parti 5 le sang coule
comme à la hiérogamie de Pirithoiisj
et il faut qu'enfin la tête de Méduse
pétrifie les agresseurs, pour que la
lutte du principe lumineux et des té-
nèbres finissent. Deux derniers Phi-
née sont : l'un un Lycaonide , l'autre
un fils de Bélos et d'Anchinoc. —
Phéné en grec est l'orfraie ou tout
autre oiseau de nuit. Telle est la clé
de tous les mythes où se trouve le
nom de Phinée : la nuit s'oppose au
jour.
PHISADIE, Phisadia, <i>t<rxèiK :
1" Danaïde, héroïne éponyme d'une
fontaine d'Arcadiej 2" sœur de Piri-
thoiis. Castor et Pollux l'enlevèrent,
en délivrait Hélène leur sœur , en-
fermée dans Aphidnes , et la donnè-
rent k cette princesse qui en fit soa
esclave.
PHLÉGÉTHON {lejlambani),
fleuve 4e l'Enfer des Grecs, roulait
des torrents de flammes sulfureuses,
coulait en sens contraire du Cocyte,
et enfin se perdait dans l'Achérou.
C'est un de ceux qui formaient les
limites du Tartare. Ses eaux étaient
funestes et possédaient une vertu ma-
gique. Cërès en jeta une goutte sur
Àscalaphe pour le métamorphoser en
clial-huant.
PHLÉGIAS péril dans la bataille
des Phinéistes contre les partisans
de Persée, le jour des noces d'Andro-
mède.
PHLEGRÉE, PhlegbjEus, <bXi-
yfxioçy fils d'Ixion et de la Nue que
Jupiter avait substituée a Junon. Le
nom de Phlégrée indique assez un
être typhouien} cpAal , flamme. On
donnait le nom de plaines phlégréen-
nes aux champs de la Macédoine où
avait eu lieu la bataille des Géants
3i8
PHO
contre les Dieux : dans cette plaine
élail la ville de Phlégra.
PHLÉGYAS, ^Xiyiusy fils de
Mars et# de Chrysé , bâlit PLlegye
en Bëotie, et douua au pays le nom
de Pblégyade. Les uns le font mou-
rir de la main d'un fils de Chtboniusi
les autres le montrent mettant le feu
au temple de Delphes, pour punir
l'opprobre dont Apollon l'a couvert
en sédhisajit sa fille Coronis, et pré-
cipité dans le Tartare, en punition de
son impiété. Là un roc énorme pend
sur sa tête, et Phlégyas en redoute
sans cesse la cbule. C'est lui qui
fait entendre aux enfers ce cri :
Apprenez la justice «t pliez sous les dieux.
DansVal.Flaccus, Tisiplione se tient
auprèb de Tbésée et de Phlégyas, et
goùtelapremièrea tousles metsqu'on
leur présente. Il est inepte descinder
Pblégvas en deux personnes. Il est
absurde aussi d'insister sur l'inutilité
de l'apoplilbegnie que Virgile place
dans la boucbe de ce damné. — On
appelle Plilégyes et Pblegyens , les
soldats de Phlégyas, charges par ce
prince de piller le temple de Del-
phes; et dans l'Enéide, l'héraislicbe
Phlegya.'.que niistrrimus omnes
Invocat se construit souvent et mi-
serrimus im>ocat oinnes Phlé-
gyas,
PilLIAS, 4>A/'^f, Argonaute , de-
vait le jour à Bacchus et à son épouse
Arindoe.
PHLIONTE , Phlius ( gén. ,
Phliautis)^ ^Xtevs (g. , eutTos), fils
de la tune ( c'est-a-dire Géant ou
bien Autochlhone), donna son nom
au dème altique de Phlia.
PHLOGIOS , <d;io'7/« : i" fils
d'Aulolycus; 2" un des F.lsdePbryxus.
PHOBÉ, <E)«oj?, Amazone, donnée
tantôt pour compagne de Diane ,
tantôt pour suivante d'Hippolyte.
JElIe fut tuée par Hercule. — Kac
PHO
çôSes , peur. Comparez Amazones
PHOBOS, 0«b«f, la peur personi
nifiée (^oj. Peur). — Un Grec qu
fil le saut de Lcucade,pour se guéri
de son amour, s'appelait aussi Ph(M
nos.
PHOCUS, <laKiç, fils d'Éaque ej
de Psamatbe , fut tué par ïélamoi
et l*elée, ses frères du premier lit.
en jouant au disque avec eux. Ceux^
ci agissaient ainsi par ordre de lei
mère. Éaque les punit en les ban^
nissant à perpétuité. — Deux auiref
pHocus furent, l'un Argonaute (d
fils de Cénce ) , l'autre fils de Nep*
tune ou d'Ornilhion, époux d'An-i
tiope fille de Nyctée , qu'il guérij
d'une monomanie furieuse et qu'il
rendit mère de deux fils, Panopée et
Crisos.
PHŒBUS. Foy. Phébus.
PHOLEGAWDRE , Pholegàn-
DEH, héros éponyme de la CycladM
de ce nom (auj. Polycamiro) , pasrf
sait pour fils de Minos.
PHOLOE , <l)o?iéti : 1° nymphe,,
2° jeune esclave Cretoise habile dans]
tous les arts de Minerve, fut donnée]
par OEnée h Sergeste. — Deux mong
tagnes, l'une en Arcadie , l'autre ei
Thessalie , portaient ce nom ; la der?
niére est citée comme le séjour dej
Centaures. Pholoé, peut-être, rap-l
pelle le grec ÇvT^xiy et le latin /o-
liuni. Corap. aussi l'art, suivant.
PHOLDS, Centaure, fils de Si-
lène et de Mélia ( ou d'une Nymphe
malique) , donna l'hospitalité a Her-
cule poursuivant le sanglier d'Eryman-
te, et luifitgoijler d'un vin que Bac-
chus avait donné a tous les Centau-
res, mais h condition de l'offrir a
Hercule. Attirées par l'arôme des
émanations vineuses , des nuées de
Centaures fondirent toul-a-coup sur
la grotte hermétiquement close oii se
célébrait le festin. Des haches , des
PHO
pierres énormes, de gros ar&res avec
leurs racines, formaient les armes de
ces belliqueux gastronomes. Horcule
tua Daphnis, Argée, Ampbion, Hin-
potion; Ore'e, Isople, Me'lanchète-,
Térée, Doupon , Phryxos , et mit le
reste des assaillants en déroute à
coups de flèches ; mais il eut a regret-
ter la mort de Pholus , qui n'avait
pris nulle part au combat, et qui, en
rendant les derniers devoirs aux morts
ses frères , se blessa la main d'une
flèche qu'il arrachait du corps d'un
des Centaures. — On voit un Pno-
rus, Centaure, se battre aux noces de
Pirithoiisj c'est sans doute le même.
Hygin place Pholus au ciel , parmi les
constellations, et lui attribue l'art de
l'extispicine (divination par l'inspec-
tion des entrailles) Pholus, com-
pagnon d'Enée, fut tué par Turni».
PHONOL ÉNIS,Lapiihe tué par le
Centaure Phéocome.
PHORBAS, dieu de Rhodes , est
une incarnation d'Apollon bienfaiteur
et alimentateur. On en fit un héros
de la race des Inacliides , tris-ariière
petit-fils d'Inachus, ami d'Apollon,
et destructeur des nombreux serpents
dont Tîle de Rhodes était infestée.
Parmi ces reptiles se distingue un
dragon énorme, reflet de Python.
Phorbas et le dragon furent transpor-
tés aux cieux et formèrent la constel-
lationdu Serpentaire, en grec Ophiou-
chos. Les vaisseaux rhodiens partant
du port faisaient un sacrifice à l'heu-
reuse arrivée de Phorbas. — Un se-
cond PnoRBAs était un chef phlégyen,
maître des avenues du temple de Del-
phes. Il forçait les passants à lutter
contre lui , et vaincus les exposait à
d'horribles tortures. Apollon un jour
s'off'rit à lui déguisé en athlète , et
Fassomma d'un coup de poing. Cinq
autres Phorbas sont, i° le fils d'Ar-
gus, ou plutôt de Criase, père de Pi-
PHO
3i9
ranthe et de Triopas , et roi après !a
mort de son père (i 670-1630 avant
J.-C.) ; 2.° un Égyptien de Syène,
acteur dans la lutte sanglante qui eut
lieu aux noces d'Andromède j 3° l'é-
poux d'Hymane, qui le rendit père de
Typ|^s 5 4" un Lapithe qui tua le Cen-
taure Aphidas assoupi par le vin j
5° le père de Diomède, une des con-
cubines d'Achille.
PHORGYS , <i)«y„f (g. ^éj>^y,ç )
ou Phorcos, <l>ôpy.es{»v'>), un des fils
de Ge' et de Poiitos (la Terre et
l'immense abîme ou lit des mers).
C'est, disent les mythologues modernes
(Creu/er, Brie fe ûb.Hom. ud. He-
siod.), l'ensemble des promontoires,
des bancs de sable et des écueils per-
sonnifié. La théogonie asiano-helléni-
que(Hésiod., Tkéof;., v. 295-336)
lui donne pour femme Céto (toute la
population marine), et pour filles les
Grées avec les Gorgones , auxquelles
on ajoute encore le dragon gardien
des pommes d'or des Hespérides.
Mais comment ces dernières person-
nifications peuvent -elles se rattacher
à Phorcys et à Céto? i» les Grées,
les vieilles , Tpalui , sont blanches
{^oXtxl) : les flots qui viennent se
briser contre les récifs de la côte ne
jaiUissent-ils pas en écume blanchis-
sante } 20 Les Gorgones sont noires :
quel contraste entre les anfractuosités
noires des rocs et l'écume blanche
qui bat leur- pied ou baigne leurs
flancs (comp. Part. Gorgones)! 3°
Arrive au terme d'une course mari-
time , il faut débarquer et prendre
terre 5 mais que d'obstacles! Absence
de port , absence de relations amica-
les,- en d'autres termes, les escarpe-
ments de la côte, les défiances hos-
tiles des indigènes. L'idée de dra-
gon, de voyant {èiè-op>cis), de gardien
(<pu>i«|), résume foutes ces oppositions
apportées|par la nature physique et
320
PHO
par rhoflime. — On trouve encore
deux Phorcys : i° un chef phrygien
fils de Phénops, tué par Ajax devant
Troie 5 a" un Rululc, père de sept
fils, soldais dans l'année deTurnus.
;;PHORMION, pécheur d'Erylhrée,
était aveugle et recouvra là vu^ par
la proteclion d'Hercule Érylhréen.—
Un autre l'uoimioN , chez qui logè-
rent Castor et Pollux, ne retrouva
chez lui le lendemain ni les deux
Dioscures ses hôtes, ni une jeune
fille a laquelle il donnait Thos^iilalité
dans sa maison j il n'y élail resté que
deux statues des dieux jumeaux.
PHOROISÉE, Phoroeus, fils
d'inachus et de Mélie, régna soixante
ans dans l'Argolide. On le regarde
CommeTauleur de la civilisation d'Ar-
<TOS, quand on rejette l'exislence d'i-
nachus, sans user de la même incré-
dulité a regard de sa race. Il eut
pour femme Cerdo, pour fille INiohe,
et selon quelques-uns Europs et Car
pour fils. On ajoute quelquefois h
cette liste Apis, que d'autres regar-
dent comme son frère. Apis ne régna
que dans Sicyone ; Car passa en Ca-
rie; Europs, à cause de sa naissance
illégitime, n'avait aucun droit au trô-
ne, et c'est le fils de ISiohé, Argus,
qui succéda au vieux Phoronée. Pau-
sanias parle d'un poème épique sur
Phoronée , intitulé Phoronéide ;
l'auteur en élail inconnu, et le poème
est perdu [Voj. Inachus).
PHOUOR ou PHUOR, troisième
décan des Gémeaux , suivant Sau-
maise, se nomme Tepisatosoa dans
Firmicus. Phuor, que l'oft doit pro-
noncer Phouor, est éviderome^it le
même mot que Ouéré ( Foy. A era-
coua). Pris pour un des dyiiasles hu-
mains , Phouor devient Aharès ou
Choutertaure, ou Anoufé, ou Phrou-
ron, Phouor est représenté dans le
Zodiaque reclaugulaire de Tcnlyra
PHR
dans une attitude différente de ceïfe
des autres décans : il est assis sur ub
trône ; sa main droite, au lieu de tora-
her mollement, est posée sur sa cuisse
et scmhle tenir quelque chose (une:
croix ansée ou une étoile) 5 sa lèle est
coiffée du pchent.
PHOUPÉ ou PHUPE , troisième,
décan du Lion , selon Saumaise , se
nomme Pliouonisié dans Firmicus. Il
n'est pasreprésenté surleplanisphèr
de Tenlyra, et le /.odiaquc rectangu
laire se trouve dans cet endroit en-
dommagé de manière à ce qu'on ne
puisse ni lire la légende hleroglyplii-
que du décan, ni voir sa représenta-
tion. Le nom de Phoupé rappelle
celui de llépé , qui le précède immé-
diatement dans la liste des décans, et
semhle n'en diiïérer que par l'adjonc-
licn initiale de l'article. Quoi qu'il en
soit, Dupuis [On{^. des cuit. , tom.
Yll) identifie ce décan au lô'dynast
de la liste d'Eratosthène , Saophis
Gœrres {Mythcngeschichte, t. Il
y voit Sistochichermès, 33"= dynasta
On peut y voir aussi soit le 6^' dy^
nasle, Tœgar, soit le 16®, Scr
saofi IVoy. Décans).
i>HRASIOS ou 1>HRAS1US ( e
grec ^fo-a-to?) , devin de l'ile de Cyi
pre, se trouvait en Egypte lors de 1
sécheresse et de la famine qui dés
lèrent ce pavs au commencement (
règne de Busiris. Interrogé par le tyi
ran sur le moyen de faire cesser ce
fléau, qui durait depuis 9 ans , il dé-
clara qu'il fallait immoler tous les ans
au pied des autels un étranger, ou,
comme le veulent quelques mytho-
graphes , un homme a la chevelure
rousse (prohablemeut c'est blonde
qu'ils ont voulu dire) : mais c'était
presque toujours un étranger; car
on sait que l'Egypte a peu de hlonds.
Phrasios péril le premier victime du
barbare consnil qu'il v»nait de dou -
G
1
4
PHR
Ber, Cent autres étrangers , ajoute-
i-on , subirent le même sort avant
«]ue cette coutume inhumaine eût été
abolie par Hercule (Comp. l'art. Bu-
siRis). — N. B. C'est Heyne qui le
premier a rétabli dans le texte d'A-
pollodore ^puTies au lieu de Qpâs-tc?.
Généralement même avant. cette der-
nière leçon on imprimait @â<ri6s (Tha-
;sius, daus Ovide ^ y4rt d'aim. j liv. I,
V. 647, etc.; dans Hyginy/aZ». LVI;
enfin dans Apollodore même).
PHRÉ. f^'oy. Fre.
PHRIXA,]\ymphe, une des nour-
rices de Jupiter , selon la légende
d'Arcadie.
PHROjNIME, fille d'Étéarqne, roi
de Crète, perdit sa mère en bas âge.
Le roi s'étant remarié , sa nouvelle
femme s'efforça de lui rendre odieux
l'enfant du premier lit; et un jour
Etéarque, cédant aux cruelles sugges-
tions de la maràlre, s'écria : a. Qu'on
jette Pbronime k la mer ! » L'esclave
chargée de la commission l'y jeta en
effet, mais l'en relira aussitôt. Plus
lard Phronime,devenueunedes fem-
mes de Polyraneste, en eut Battus,
fondateur de Cyrène.
PHROISIOS , père de Noémon,
prêta un vaisseau a Télémaque pour
se rendre h Pylos. — Un autre Phro-
Nios devait le jour a Phryxos et à
Chalciope.
PHROjNTIS, pilote grec, chef du
navire principal de Ménélas , fut tue'
par Apollon au port de Sunium. —
Outre un Argonaute Phrontis , on
cite une femme de ce nom, la femme
de Panthoos cl la mère d'Eupborbe.
PHROURON est dans le lalercule
d'Eraloslhène le 56= djnaste. Du-
puis, qui, en ramenant ce catalogue
de rois aux listes décanograpliiques,
compte Menés , premier dynaste ,
comme premier décan , est obligé de
regarder Phrouron comme le dernier,
PHR
321
et en conséquence il ne voit dans
Amouthantée, son successeur selon
Eratosthène , qu'un simp'e surnom.
Du reste il faitremarquer que Phrou-
ron, identique dans son hypothèse au
dernier décan des Poissons , semble
bien véritablement être le personnage
sidérique auquel son système le con-
duit. Eratosthène traduit Phrouron
par ]Nil; et effectivement le dernier
paranatellon qui se lève avec le der-
nier décan des Poissons est le fleuve
céleste appelé par les uns Eridan , et
par les autres jNil. Dans les hypo-
thèses étrangères a Dupuis, Phrouron
correspondrait h Ouestoucali (opi-
nion de Gœrres, Mythengesch.j 1.
II ) , h Chontaré III ou a Ouéré.
PHRYGIE: i'' femme d'Argès,
mère de Deuse , Atron, Atréneste ;
2° fille de Cécrops, héroïne éponyme
de la Phrygie.
PHRYXOSmi PHRYXUS, fils du
roid'OrchomèneAthamas et de IN'é-
phélé, sa première femme, refusa
de partager les transports d'Ino ,
seconde épouse du roi , et devenu
pf ur elle un objcl de haine fui
bientôt condamné, ainsi qu'Hellé sa
sœur , h mourir au pied des autels ,
pour faire cesser la famine h. laquelle
la Béolie était en proie. Jupiter, ré-
prouvant cet injuste trépas , envoya
par Mercure aux deux victimes dési-
gnées le bélier a toison d'or ou Chry-
somalle, sur lequel elles franchirent
la Thcssalie, la Macédoine, la Thra-
ce, et entrèrent dans le détroit qui
sépare l'Europe de l'Asie. Malheu-
reusement Hcllé se laissa tomber dans
les flots. Phryxos arriva seul h l'autre
rive, et, contournant le littoral de la
mer Noire, se rendit en Colchide; la
il sacrifia le bélier , appendit sa dé-
pouille dans une enceinte consacrée à
Mars , sous la garde d'un dragon ;
épousa Cbalciopc, âUc dEcte, en eut
LV.
ai
332
PHY
plusieurs enfants, Argus, Phronlis,
M^las ou Méllas, Cylindre ou Cyli-
sore, ou Sore (quelques-uns ajoutent
Calis; ne serait-ce pas Cotys?), et
enfin fut tué par Éèle , son beau-
père, qui convoitait ses richesses. —
Quelquefois ou montre Pliryxos re-
venant eu Grèce et montant sur le
trône d'Alhamas après sa mort. PIu-
sieursmytliologues appellent sa femme
soit Evéuie, soil lopliosse; toutefois
ils ajoutent qu'Evénie avait les deux
surnoms de Clialciope et d'Ophiousse.
PHTHAS. roy.l'T.K.
PHTHIE : I» une des INiobides;
a° femme d'AmynIor et belle-mère
de Phénix , qu'elle accusa d'avoir
Toulu la violer. — On nomme une
Phthie, !Nyiiiphe d'Achaïe, que Ju-
piter séduisit sous forme de pigeon.
PHTHIOS , fils d'Achée et père
d'Hellcu, est le héros éponyme ûe la
PhlhiconPhlhiolide,enïhessalie. —
DeuxaulresPHTHios sonl,l'un fils de
Neptune, l'autre fils de Lycaon.
PHTHOINIE, Phthokia, fille
d'Alcyonée, fut changée, ainsi que
toutes ses sœurs, en Alcyon.
PHTHO]NOS,l'envicpersonnifiée,
était un dieu en Grèce et une déesse-
à Rome. Le nom latin veut dire mau-
vais œil, et les Grecs eux-mêmes fai-
saient de mauvais œil le synonyme
de Phlhonos. On représentait ce dieu
sous les traits d'un spectre hideux ,
avec une hydre aux sept têtes pour
Jjarèdre. Souvent il précédait la Ca-
oranie.
PHYLACIS. Foy. Philandre.
PHYLAQUE : I" héros éponyme
de Phylace , en Thessalie, fils de
Déionée , le roi de Phocide , et père
d'Ipbicle; 3" chef troycn lue au siège
de Troie par Léitc^ 5° héros auquel
ou avait consacré une enceinte à Del-
phes , et qui passait pour avoir sauvé
cette ville de l'irruplion des Perses,
PHY
et de la sacrilège expédition de Bren-
nus. 11 ne faut pas perdre de vue ici
que Pliylax , en grec, veut dire gar-
dien.
PHY LAS : 1° père de Polymèle,
que Mercure rendit mère d'Eudore^
2° père de Midée , une des six fem-
mes principales d'Hercule ; 5" fils
d'Anliochus et petil-fils d'Hercule ,
époux de Déiphile et père d'Hippo-
tès et de Théro.
PHVLEE, Phyleus , fils du roi
d'Elide Augias, iraprouva la conduite
de son père lorsqu'il refusa de payer
a Hercule le salaire convenu pour le
nettoicmcuf de ses étables , et fut
placé sur le trône par le héros après
la défaite et la mort de son père. —
Deux autres Piiylke sont: 1° le père
de Mégès^ 2° un fils d'Ajax qui eut
droit de cité dans Athènes et qui
donna son nom a un dème de l'At-
tique.
PHYLLIS , fille d'un roi thrace
(Lycupgue ou Sithon), fut reiue à
vingt ans , accieiUil Déniophou au
retour du siège de Troie , l'aima , en
Int aimée , mais ne put l'emptcher
de faire voile pour Athènes, où l'ap-
pelaient ses inlérètsj elle lui fit pro-
mettre de revenir au bout d'un mois,
et désespérée d'une attente plus que
trimestrielle se jeta dans la mer. On
montrait son tombeau près d'Amphi-
polis ou près du cap Pangée.Méziriac
{Commentai/ es sur les E pitres
d Ovide) cherche à concilier les deux
opinions. Une tradition faisait mou-
rir Phyllis de cliagrinj une autre la
change en amandier, en grec Pliylla;
une autre enfin la monti e fiancée au
frère de Démophon, Acamas, qui est
venu du vivant du père de Phyllis
dans la Bisaltide demander la prin-
cesse en mariage. On lui accorde et
la main de Phyllis et la survivance du
trône des Bisalles. Les fiançailles fai-
I
I
^
PIA
tes, il repari pour Athènes , et Phyl-
lis lui donne une boîte qu'elle lui re-
commande de n'ouvrir que quand il
aura perdu tout espoir de revenir
auprès d'elle. Acamas eu effet ne re-
vint point en ïhiace acquitter sa
parole, et se fixa dans l'île de Cypre.
Phyllis, h cette nouvelle, se tua, en
vouant l'infidèle aux Furies. Acamas,
de son côté, ouvrit la ciste mysté-
rieuse , présent de Rliéa : des fan-
tômes en sortirent et le troublèrent
jusqu'à la fin de sa vie. Phyllis , le
jour de sa mort, courut neuf fois du
palais à la mer. La route ainsi fou-
lée neuf fois par ses pas s' appela ^aî-
nea Hodoï.
PHYLLIUS , adolescent béotien
aimé du roi d'Hyrie Cycnus, tua un
lion énorme, prit vivants deux grands
vautours, et sacrifia sur l'autel de Ju-
piler un taureau, .sauvage, effroi du
pays {Voy. Cycnus).
■PHYSCOA, d'Élide, maîtres^ de
Bacchus et mère delSarcée. qui in-
stitua en son honneur un chœur de
musique appelé Pbyscoa , dont seize
matrones avaient l'intendance.
PHYSCUS, fils d'Élole et petit-
fils d'Amphiclion, était le héros épo-
nyme d'une ville de la Locride.
PHYTALE , Phytaltjs , donna
l'hospitalité à Cérès , et reçut de la
déesse, pour récompense, le figuier
(<^t/T«v , plante). Phytale était du dè-
me des Lacydes en Attique. — On
sait que nombre de légendes différen-
tes sur l'hospita'ité donnée h Cérès
étaient en vogue dans la Grèce. — Les
descendants de phytale s'appelaient
Phytalides, et avaient pour départe-
ment les purifications. Thésée , souillé
du sang des brigands qu'il avait ex-
terminés , et principalement de celui
de Sinis, son parent, se fit expier
par les Phytalides.
PIASE, PiAsus, dieu de Latïssc,
PIE
3a3
près de Cumes , y fut pris pour un
simple héros. Brutal amactdesa fille
Larisse , elle le fit tomber la lête la
première dans une cuve où il fut as-
phyxie {y oy. Larisse).
PICUMISE, PicuMNis , frère de
Pibirane. Voy. ce nom.
PICUS, roi des Aborigènes de l'I-
talie, est dit fils de Saturne, époux de
Canente, père de Faune, et objet des
amours impérieux de Circé. Au reste,
toutes les nymphes du pays avaient
senti pour lui les mêmes flammes j
mais celles-là , il avait pu les dédai-
gner impunément. Circe, offensée de
ses rigueurs, le métamorphosa en pi-
vert. On ajoute que ses sujets le mi-
rent au nombre des Dieux Indigètes.
Des modernes ont distingué deux Pi-
cus, l'un qui régna 3 7 ans , l'autre ,
plus ancien , dont le règne n'a pas
moins de 67 années. A Picus, dit-on,
succéda Faune. Picus passait aussi
fiour habile dans l'art de doraler
es chevaux. 11 est hors de doute,
pour qui se rappelle et le haut rang
des oiseaux dans la religion parsi , et
le rôle du pic ou pivert dans les lé-
gendes relatives à la fondation de
Rome, que Picus est un dieu-oiseau :
c'est un sage et un prophète; c'est
le bien-aimé de toutes les nymphes
qui aspirent à connaître l'avenir ;
c'est l'objet des désirs de la magi-
cienne Circé j c'est l'époux de Ca-
nente , promulgation ou révélation
rhythmique des hauts secrets que dé-
couvre l'art divinatoire; car qu'est-ce
que Canente? la chantante.
PIDYTE, PiDYTES , chef troyeu
tué par Ulysse.
PIËLE, fils de Pyrrhus et d'An-
droraaque, régna sur l'Épire aprèsl
mort de son père.
PIERIDES, muses macédonienne s
au nombre de neuf, comme les muses
héoto-thessaliqnes , ont pour pcrc
ar.
3a4
PIÊ
Piéros , dieu-mont qu'on transforme
tlans la mythologie vulgaire en roi
humain. Rivales des autres Muses,
elles eurent K soutenir contre elles
un combat musical et poétique, n'ob-
linrenl pas la palme au jugement des
nymphes voisines qu'on avait prises
pour arbitres , s'emportèrent en in-
vectives contre les radieuses (îlles de
Mncraosyue, et furent changées en
|)ies par Apollon , qui de plus donna
enr nom à ses ceuf compagnes. Dans
quelques mythologues chaque Pié-
ride est changée en un oiseau particu-
lier [kay. Anton. Libcralis, Mé-
Uzm.). — Il est clair que cette rixe des
Muscs et des Piérides a trait h une
rivalité de culte, peut-être même de
systèmes musicaux , ou tout simple-
ment d'aptitude h la poésie, aux
sciences, aux arts. Les Piérides sont
les muses de Macédoine, les Muses
sont les Piérides de la Béotie. De
part çt d'autre se trouve nue source
inspiratrice, Piéra et Hippocrène;
une haute montagne, Piéros et Héli-
con. Seulement , dans la première
fable, Piéros, dieu-mont , n'est guère
qu'un grand fétiche. L'usurpation fi-
nale du nom des Piérides par les Mu-
ses signifie que les canlalrices maî-
tresses de l'Hélicon deviennent maî-
tresses du Piéros.
PIERIE, une des femmes de Da-
naiis, lui donna six filles : Actée ,
Podarcé, Dioxippe,Adyte, Ocyjièle,
Pilarge.
PltKIS , concub'iue'^de Ménélas ,
en euit Mégapenihe.
jtePlEROS , dieu-mont propre à la
Macédoine , passa pour être venu à
Thespies , y a^cir établi le culte des
Milles, au nombre de neufet avec les
noms qu'on leur connaît j enfin pour
avoir composé des hymnes, des poè-
mes en leur honneur. — Un autre
PiKKos fut fils de Magnés, amant de
PIL
la muse Clio et père' d'Hyacinthe.
PIROLLOS était chez les Pru-
czes le dieu des morts. Ses appari-
tions avaient lieu toutes les fois (|ue
la mort prenait une victime 5 on de-
vait alors se hàler de lui offrir un
sacrifice : si on négligeait ce devoir,
il renouvelait sa visite deux et même
trois fois ; mais quand on en clail
venu là , ce n'était plus un sacrifice
ordinaire qui pouvait hii suffire : il
fallait du sang humain. Heureusement
le prèlre chargé de l'opération se
contentait d'une incision au bras et
de quelques gouttes de sang versé.
Aussitôt on entendait un petit bruit
dans le temple : c'élail la preuve que
Pikollos était content. On lui consa-
crait la tèle d'un homme mort, et on
bridait du suif en son honneur.
PH^IATCHOUTCHI , dieu su-
prême des Ram tchadides, est I oui-puis-
sant et créateur. ]\uée, pluie, éclair,
tempête , arc-en-ciel , sont dans ses
mains. L'arc-en-cicl est la bordure
de ses babils 5 le soleil son œil droit,
la lune sou œil gauche j tous les fleu-
ves tombent de sa ceinture.
PILUMISE (PiLUMNus) et Pï-
CUM]NE (PicuMHLs), divinités de
l'antique Latium , étaient regardés
comme frères , et en conséquence
comme fils de Faune et de Fauna.
Quelcjucfois ausii on «érable faire de
Pilumne le fils de Picus, et même on
l'identifie avec lui. Suivant une au-
tre version , Picunine el Pilumne
étaient fils de Jupiter el de la nym-
phe Garamantis [f^oy. ce nom). Pi-
curane et Pilumne apparaissent .
1" comme dieux de l'agricullure ;
2" comme dieux du mariage. C'est
surtout aux mariages féconds que
présidaient les deux dieux : on invo-
quait Picumue avec Déverra et Jn-
leixidua {Voy. ces noms) pour dé-
tourner les fausses couches j Piluranef
devait éloigner de l'eufant déjà au
jour toutes les influences fâcheuses.
Comme divinités agricoles, Picumne
présidait plus spécialement aux en-
grais et ii rameuderaent des terres,
Pilumne au broyage des grains (Pi-
lum, pilon). Aussi le premier était-il
alors appelé Slerquiline, tandis cpie
le second est représenté le mortier
a la main. Tous deux ensemble pas-
sèrent dans des légendes populaires
pour des espèces de héros, de Sé-
raones, de Dioscures, et par suite fu-
rent pris pour Castor et Pollux (Ser-
vius sur \'irgile. En., liv. IX, v. A)-
Turnus, roi des Hulules, faisait re-
monter sa noblesse a Pilumne qui,
ayant reçu dans ses états la fugitive
Danaé, en eut un fils appelé Daunus,
père ou aïeul de Turnus, Comp.
Voss, Ram. sur Egl. IV de Virgile,
dans sa traduction allemande,
PINARIUS. P^oy. PoTiTius.
PIINUS, un des fils de NumaPom-
pilius, était, au dire de quelques au-
teurs, la tige des Pinarii, ou gens Pi-
naria.
PION, descendant d'Hercule, bâ-
tit Pionie , en Mysie. Son tombeau
devint un autel sur lequel on lui sa-
crifiait ainsi qu'a un dieu : une fumée
miraculeuse sortait alors du monu-
ment. Pion, en grec, veut dire j^ras.
PlilAS, ou PtRASE, ou PmAN-
TKE, troisième fils d'Argus, eut pour
frères Tirvnlhe et Criase.
PIRÈINE : 1° Danaïde ; 2" fdle
d'Achéloiis et d'Asope , maîtresse de
Neptune , mère de Ccnchrée. Diane
par raégarde tua la lillc, et méta-
morphosa la mère en fontaine. —
On sait que les Danaïdes aussi sont
des symbolisalious aqueuses.
PIRITHOOS ou PIRITHOUS,
Uiip/êoos, fils d'Ixion, fut roi des Lapi-
thes. Trois traits le rendent fameux:
i°son mariage avec Hippodamie (les
PIR
3a^
Centaures, invités aux noces avec les
Lapithes , insultèrent a la table nup-
tiale la jeune mariée , et donnèrent
ainsi naissance à la rixe dont leur ex-
pulsion fut le dénouement); 2° sou
amitié pour Thésée (importuné de la
haute répulatlon du héros , il avait
voulu le combattre j mais tous deux h
la vue l'un de l'autre sentirent une
admiration réciproque s'emparer de
leur cœur, etde rivaux devinrent amis
inséparables); 3° l'amour de Pirithoiis
pour Proserplne, sa descente aux en-
fers, sa mort. Thésée , amoureux
d'Hélène, avait trouvé dans Pirilhoiis
un puissant auxiliaire de son rapt. Pi-
rithoiis, a son tour, eut un compagnon
dans Thésée. Tous deux pénétrèrent
dans le sombre empire 5 mais Thésée
y fut chargé de chaînes et retenu pri-
sonnier jusqu'à l'arrivée d'Hercule ,
qui le délivra. Pour Pirilhoiis, il ne
devait plus quitter l'Erèbe , Cerbère
l'avait étranglé. — Thésée et Pirilhoiis
sont deux Dioscures : c'est Tliésée
qui est le Pollux 5 Pirithoiis n'est que
le Castor. Il est né de la nue ; Thé-
sée est fils d'Ethra ( Alhor, Éther ,
l'empyrée). On comprend dès-lors
pourquoi Pirithoiis veut se susblituer
à Plulon • pourquoi il gravite vers la
ferrugineuse et noire déesse , tandis
que Thésée convoite la blanche Hé-
lène, qui est la lune 5 pourquoi enfiu
il reste aux enfers, tandis que Thésée
revient au jour. Selon Pausanias
(liv. V, ch. 10), on pourrait voir
dans ce mytlie un Aïdouéc [p^oy. ce
nom), roi de la Thcsprolic, dont Pi-
rithoiis, à la tète d'une armée, veut
prendre la femme, et qui , non con-
tent de tuer son rival, relient le chef
de l'armée auxiliaire dans l'île de
Cichyre , près du marais Achérusie ,
de l'Achéron et du Gocyte.
PIROMI , et avec la désinence
gréco-romaine Pirobus (n/^^iK?),
3s6
MR
■om sous lequel nous uourons àét\ •
gner, dansl' analyse de la haule théo-
logie égyptienne , l'Elre dans sou ac-
ceplion la plus relevée 5 TElrc ine-
vélé, absolu ) incorporel, immuable,
iufiiii , antérieur aux manifestations
individutlles, soit humaines, soit di-
vines. Pour concevoir netlemenl sa
place à la tète de la hiérarchie sa-
efée, et SCS relations ayec les autres
dieux , il faut commencer par em-
brasser d'un coup d'reil la série des
divinités égyptiennes. Généralement
on les divise en trois classes : grands
dieux, dieux du second ordre , dieux
du troisième rang. Cette division peut
être admise, mais les noms donnés
à chaque catégorie divine sont plus
propres à induire en erreur qu\H
faire présuuier la vérité. A noire
gre, voici de quelle manière on doit
voir rensemblc de la mylhologie
égypliaque. Des éléments astronomi-
ques et méléorologif|ues sont les ob-
jets qui frappèrent d'abord les imagi-
nations égypliennes. iManèles et as-
tres étaient visibles 5 météores ou
principes élémentaires des êtres (air,
terre, etc.) étaient tangibles , ou du
moins se faisaient sentir par leurs ef-
fets : l'homme, sur le globe, devait se
sentir pressé, écrasé, enveloppé par
tous ces agents ou toutes ces puissan-
ces. C'en est assez pour qu'il les ait
saluées du nom de dieux , pour que
toutes, météores et astres, phénomè-
nes et êtres réels, aient l'ait fléchir le
genou à sa faiblesse , entin pour que
toutes aient semblé a son ignorance
naïve une explication complète du
monde et des mondes, de l'existence
et de la destruction de l'existence ,
des variations multipliées queprésente
le spectacle de l'univers, et de la per-
manence qui est l'apanage de l'en-
semble. Un système sidérico-météo-
rologique était conforme aux ide'çs
l'IR
méUpliysiques et religieuses de l'é-
poque. On se demanda : « Qui fait
mûrir nos fruits;* qui vivifie et ranime
nos corps.^ » Kn quelques lieux on
répondit : « Le soleil ; » et le soleil
fut dieu. Mais plus lard de nouvelles
idées se développent : k Qui a fait le
soleil? 3) De la réponse a cette se-
conde question résulte un autre or-
dre de dieux. Ceux-ci ne doivent pas
être palpables et visibles : l'imma-
térialité est leur caractère propre.
Ce sont des dieux cosmogoniques.
Telles sont les deux catégories nor-
males, vraiment parallèles, des dieux
égyptiens : 1" des dieux matériels^
sidéiiques , météorologiques ou mé-
talloïdes; 2" des dieux intelligibles
ou cosmogoniques. Nous plaçons les
dieux matériels avant les autres, parce
que réellement ceux-ci ne furent con-
çus, ne furent enregistrés dans le ca-
talogue théographique que postérieu-
rement aux dieux sidériques. Croire
que le sentiment religieux en Egypte
procéda rationnellement et à priori
posa des dieux suprêmes inleUigi-
Lles, dont elle faisait ensuite émaner
des dieux suballeines de plus en plus
individualisés, ce serait se tromper
gravement. C'est la marche con-
traire que suit toujours l'esprit hu-
main. Sentir et nommer les effets,
saisir les causes tangibles ou- aper-
cevables de ces effets, enCn super-
poser k toutes ces causes matérielles
une cause intangible, invisible, insai-
sissable aux sens, infinie sous quelque
face que l'on tente de la considérer,
voilà comment se dévelonpe le génie
religieux d'un grand peuple appelé
k une haute civilisation. Toutefois
hors de ces deux catégories tombent
d'autres divinités, mais qui ne se rat-
tachent que parlieilenieut , fortuite-
ment, par un fil, aux deux premières.
Ce sont des conceptions d'un autre
ij
ordre, de pelits groupes excepliou-
uels et isolés au milieu d'un ensem-
ble. 11 n'en résulte pas néanmoins
que ce soient des divinités sans im-
portance ; c'est plutôt tout le con-
traire. Osiris, Isis, Anubis, Séra-
pis, etc., grâce h un concours heu-
reux de circonstances, devinrent les
dieuK populaires par excellence, et
absorbèrent, pour ainsi dire, les
adorations et l'attention , surtout h
partir de l'époque a laquelle l'E-
gypte esclave vit son sol , jadis in-
terdit aux étrangers, foulé par dix
racrs nécessairement ignorantes des
théories transceudanlales que voi-
laient les hiéroglyphes. Revenons aux
grands dieux. Kous voyous déjà quel
rôle ils jouent comparativement aux
dieux matériels ou sidérico-raétéo-
rologiques, et de quelle manière la
métaphysique religieuse de l'antique
Egypte les conçut. Voyons a présent
ce que c'est que Piromi, L'Egypte
antique savait que la terre, ainsi que
les autres planètes , tourne autour
du soleil. Le soleil fut donc pour
elle , sous le nom de Pi-Ré ou Fré ,
le cenli-e , le chef du système si-
dérique, cl le premier des douze
dieux du second ordre; mais de plus,
et comme d'une nature supérieure aux
dieux du second ordre , il fut porté
f)armi les dieux du premier, dont il est
e moins important comme aussi le plus
jeune. Il figure donc en même temps
dans deux classes différentes 5 il flotte
sur les limites des deux catégories di-
vines , dont il est le nœud et la trans-
ition; il est le dernier des premiers
et le premier des derniers. Ceci posé,
remontons par la pensée au principe
même des choses, al'époque et à l'E-
tre antérieurs a la création ; et quoi-
que uu vaste brouillard nous enve-
loppe dans celte immensité sans for-
mes , où l'imagioatlon humaine scm-
PIR
3*7
b!e, faute dépeint d'appui, ne pouvoir
pas même battre des ailes, essayons,
Egyptiens que nous nous ferons pour
un moment , de distinguer quelques
1) oints caractéristiques. Très-naturel-
ement ou apercevra , 1° le soleil
même, qui est le point de départ in-
férieur; 2" au-dessus du soleil, la lu-
mière , dont on se figurera le soleil
comme une individualisation , une
émanation circonscrite dans un cercle
étroit; 3" au-dessus de la lumière,
l'idée même de la création , le com-
mencement de l'acte qui crée , en
quelque sorte la première volilion
créatrice, le prononcé Aw fiât lux ,
antérieur, il n'est pas besoin de com-
mentaire pour le faire sentir, et su-
périeur aiiluxjactaest; 4° enfin,
avant et par-dessus la volitiou créa-
trice, l'être qui voudra un jour cette
volilion, maisquî neveutpoinlencore,
et qui reste enfermé en lui-même,
indistinct, irrévélé, inaperçu; l'être
en qui tout est ou plutôt qui est tout.
Cet êlre^ c'est Piromi, le mvstérieux,
l'inactif, l'immobile , le tout-puissant
et pendant des siècles languissant Pi-
romi. Mais des myriades de siècles
ont fui : à l'éternité succède le temps,
a l'inactivité Tacliou , a la puissances
virtuellelapuissancerée'ile; le monde
va naître : Piromi devient Démiurge,
il crée, ou plutôt il va créer; mais la il
a cessé d'être Piromi. Piromi est Tè-
tre suprême en tant qu'antérieur il la
création : créateur, il change de rôle:
il change aussi de nom : on l'appelle
Knef, Amoun, Pan, Mendès; on
l'appelle Fia, on l'appelle Fré , et
de mille autres façons encore, on ne
l'appelle plus Piromi. Ainsi , a la
tête de tous les dieux, et antérieure-
ment h la création, a tous les agents
créateurs , antérieurement aux Dé-
miurges (c'est le terme technique) , la
pensée conçut Piromi. Au-dessous de
32»
PIR
eel Elre des êlres, el postérieure-
111 en l h lui, apparaissent les Démiur-
ges, bien liaul encore dans les voûtes
célestes et occupant un large espace ,
mais de plus en plus gravitant vers
notre système plauelaiie, de plus eu
plus nerdaut de leurs colossales di-
mensions. Knef. ce Démiurge suprê-
me, ce successeur immédiat de Piro-
mi, est déjadélermiué, ctpar consé-
quent limité, car il veut , car il dit :
«Que le inonde soit. jj L'univers est sa
volilionj l'univers, non point réel ,
mais virtuel, c'est Knef. Or, comparé
h Dieu, a l'être des êtres, a cet Océan
sans fond ni rives, l'univers est fini.
La lumière (lumière pure, ou feu,
ou caloriijue, ou magnétisme, ou élec-
tricité 5 car , sans avoir distingué ces
grands principes impondérables , et
leur avoir donné des noms , Tan-
cieune Egypte sentait instinctivement
que sous son mot de lumière étaient
cachés des principes analogues, et
pourtant très-peu semblables), la lu-
mière personnifiée et revêtue de la
divinité, c'est Fia, démiurge infé-
rieur , générateur subalterne, orga-
uisateur et viviOcateur des mondes.
Ici l'idée vague , quoique finie, d'u-
iiivers , se détermine encore plus.
Enfin , autant les principes lumineux
ou luininiformes sont au-dessous du
monde, autant le globe solaire est lui-
même au-dcisous des principes lumi-
neux. Gepeniiaut ce globe brdle d'un
feu bienfaiteur 5 il régit et animeles pla-
nètes 5 il dispense la vie et les riches-
ses k l'homme j il est cause de mille
effets délicieux , admirables ou élé-
gants j c'est une cause grande, un dieu
dehau t rang, un Démiurgej mais qu'on
le rapproche de Fta, et plus encore
de Knef, -c'est un Démiurge en sous-
œuvre, un sous-Démiurge. Eu revan-
che, il a l'avantage d'être Démiurge
immédiat; il exécute, il crée, il gcaèrcj
PIR
non plus par autrui et en seclëléguanl,
mais par lui-même. Ainsi, résumons:
Frë , Fia, Knef, Piromi , et en re-
descendant de plus en plus de l'absolu
au déterminé , de l'abslroit au con-
cret, de l'universel au spécial, Piro-
mi, Knef, Fia, Fié, voilà les quatre
grandes puissances cosmogoniques.
Piromi, la plus haute de toutes , se
disliugue de toutes par l'inactivité, la
concentration, le reploiemenl sur lui-
même. Les trois autres sont ses éma-
nations, ce sont des Piromi de plus
en plusdélerminés, Piromi veut créer,
c'est Knef; Piromi a fait la lumière
ou s'est fait lumière , c'est Fta 5 Pi-
romi , naguère lumière universelle,
devient lumière solaire, ou soleil,
c'est Fré. Knef, Fia, Fré [V^oy.
ces noms), forment une triade cosmo-
gonique; chacun d'eux est Piromi,
tous trois ensemble sont Piromi , et ,
comme on le voit clairement, un seivl
et même Piromi. Une analogie vrai-
ment incontestable et importante ,
c'est l'identité complète de rôle el
de caractère que présentent Brahm
dans l'Lide, Piromi en Egypte : tous
deux absolus, irrévélés, reployés sur
eux-mêmes et majestueusement ense-
velis dans leur propre essence 5 tous
deux passant des siècles sans nom-
bre dans la contemplation d'eux-mê-
mes; tous deux se déléguant dans la
personne d'un dieu créateur, assez
semblable à eux , mais qui porte lia
autre nom ; tous deux distincts de la
trinité leur émanation ou leurs éma-
naiions. L'étonnement augmente, si
grammaticalement on explore les deux
noms : quelle différence majeure y a-
t-il entre Piromi (consonnes : p K m)
et Brahm? et que sera-ce si l'on songe
que Brahmà , évidemment dérivé de
Brahm, s'écrit dans plusieurs dialec-
tes de rinde Birma et Birouma (/^.
•Lacroze , Hist. du christ, dans
PIR
les Ind. , p. 4-29)? Enfin Pliômi,
en copte, veut dire homme; or, c'est
le titre de prédilection que les Hin-
dous donnent il leur Brahm, Toute-
fois nous devons remarquer que, se-
lon Hérodote (liv.ll, ch. i43), Pi-
Tomi aurait signifié aussi excellent ,
vertueux , ce qu'il est assez difficile
de ramener au sens d'homme. Ajou-
tons que Piromi et Hermès , l^irma
et Hermès, ne sont probablement pas
sans rapport, et que peut-être le vrai
îiom de l'Etre suprême (eu préposant
l'article) fut chez les Egyptiens Pi-
Ermoû , Pi-Rmoù. Et ainsi s'expli-
querait la généalogie qui donne pour
père h Paci en Grèce Mercure (ller-
mès), cil Egypte Paramraon (Para-
Araoun, le grand Amoun ). Ainsi
^s'expliquerait ce qu'on dit de la plu-
ralité des Hermèségypliens,que nous
aimerions h voir porter au nombre de
trois , quoique le dépouillement des
nomenclatures et des légendes n'en
-donne que deux [f^oy. l'art. Toth).
il paraîtrait, par le sens que donnent
plusieurs commentateurs modernes
^u passage ci-dessus indiqué d'Héro-
<lote, que le grand-prêtre, ou chef du
Aacré collège chez les Egyptiens, por-
tait le titre de Piromi. Ce fait , s'il
«était vrai , ne contrarierait eu rien
notre conjecture. En quoi pourrait-
on trouver choquant que le chef de
cette caste, dépositaire de loule.s les
connaissances, et plus spécialement
encore de l'écriture , portât !e nom
du scribe sacré a qui l'Egypte devait
tout ce <^u'elle savait? — N. B. En
finissant, nous devons avertir que les
quatre puissances cosmogouiquesque
nous avons nommées ne sont pas
les seu's personnages de cette haute
catégorie divine. D'abord , les trois
personnes de la trinité , qui primiti-
vement sont conçues comme herma-
phrodites j se dédoublent en deux
PIS 3i9
sexes et donnent lieu h trois person-
nes nouvelles : INeith, Athor elPooh;
puis Piromi lui-même peut subir le
même dédoublement et voir surgir
près de lui Boulo {Voy. ces noms).
PIIIRÏDS ouillRRlDSsont, dans
la mythologie mongole, les araes mé-
chantes des damnés soumisaPempire
de Ghongor. D'ordinaire ils habitent
les trente-six brasiers, portes du pa-
lais de ce prince des enfers. Mais,
spectres malicieux, ils reviennent aussi
siir la terre, et se plaisent a causer de
l'eilroi aux femmes, aux vieillai-ds,
aux enfants. Quelquefois peut-être on
croit les visites des Pirrids heureuses
plutôt que funestes, mais presque tou-
jours elles pronostiquent des mal-
heurs. Comp. Larves.
PIRUS, chef thrace, fils d'Im-
brase, fut tué par Thoas en défendant
Troie.
PISAINDRE, PlSANDER : 1° fils de
Belléropbon, fut tué par les Soly-
mes j 2" chef troyen, fils de cet Anti-
maque qui avait donné le conseil de
ne pas rendre Hélène, fui tué par
Agaraemnon^ 3" autre chef troyen
tué par Ménélas; 4° chef grec , le
fdus adroit, après l'alrocle, à manier
a lance, et l'un des principaux com-
mandants de l'armée d'Achille \ 5° et
6° poursuivants de Pénélope (Philèle
en tua un); y° poète antérieur il Ho-
mère et auteur d'une Htracléide où
le premier il représente Hercule
ayant pour arme la massue, et d'un
poème sur la guerre de Tioie.
PISÉINOR: I" Centaure, un de
ceux qui prirent la fuite devant les
Lapithes aux noces d'Hippndamie ;
2" père d'Ops et aïeul d'Euryclëe
(Homère l'appelle héros et sage);
5" père de Clytus , l'un des compa-
gnons de Polydamas.
PISIDICÉ : i" maîtresse de Mars
cl mère d'Ixion; z" nymphe que Chi-
33o
PIT
ron rendit mère de Chariclo; 3° fille
d'Eole, femme de Myrinidon et mère
d'Actor (ou la nomme aussi Pisiilie)j
4* fille de Nestor et d'Anaxibie;
5° fille de l\'lias , roi usurpateur
d'iolcosj 6° fille du Pélias roi de
Mélbymue. Eprise d'Achille, qui fai-
sait le siège de sa ville natale , elle
lui offrit de trahir son père, mais k
condilion qu'il l'épouserait. Achille
accepta la proposition, puis, dès qu'il
fut maître de Mélhymne, ordonuade
lapider la jeuue fille.
PISIOWE, femme d'Élhoa et
mère d'Ixion.
PISISTRATE, PisisTBATuSjdieu
Cadmile d'Orcliomène , passa pour
un vieux roi du pays, lacéré pnr ses
sujets, et placé aux cicux après sa
mort. — Un Pisistrate, lils de Nes-
tor, accompagna Télémaque dans ses
voyages, et eut un fils de même nom.
PISOS, héros éponyme de Pise ,
avait pour pèie Périérès, pour aïeul
Eole. — Sur le coffre de Cvpsèle fi-
gurait comme comballaul aux jeux
lunèbres d'Acasle un Pisos, fils d'A-
pharee , frère par conséquent des
Dioscures Apharéides.
PlïHO . nt;^*, en lalin SuADA,
la Persuasion , déesse grecque, fait
parlie du cortège de Vénus dont quel-
quefois on la dit fille. Souvent un la
donne pour une Grâce ou pour la
mère des Grâces. Thésée, après avoir
fondé les diverses castes daus Alhè-
ues. y introduisit le culte de Pilho.
Hypermnestre , après avoir désar-
mé le courroux de soi» père, éleva
un autel h cette déesse. Egiale lui
bâtit un temple en mémoire de la
cessation d'une épidémie qu'Apollon
arrêta, touché qu'il l'ut des vœux de
sept vierges et de sept adolescents
choisis. Sur la base du Irône de Ju-
piter Olympien se voyait Pilho coii-
roiiuant Yéuus. Dans le temple de
PIT
Bacchus a Mégare était la slaUie de
Pilho faite par Praxitèle. Un bas-
relief du duc de Caraffa-Noja a Na
pies représente Vénus et Hélène av(
Paris, l'Amour et Pilho. — On dannf
encore Pitho pour une Atlantide,
pour une Océanide, pour Diane. Toi
cela revient au même, et rentre plt
ou moins dans ce que nous avons dit
PITIE, MlSERlCORDlA, "EAfOf^j
fille de l'Erèbc et de la Nuit, seloj
Hygin , avait daus Athènes un aut«
qui lui fut élevé par les Héraclide
lorsque, en butte après la mort d'Hei
cule k la haine de tons ceux que
héros avait offenses, ils cherchèrei
un asile dans cette ville sous la prof
tection de Thésée.
PITTHÉE, PlTTHEUS, UlTÔlÛf
l'ancien des jours de Trézène , pas-
sait pour roi, pour vieux, pour sage,|
pour fils de Pélops et d'iiippodar
raie, pour père d'Etbra. Grâce k lui|
Ethra , la nuit même où elle avai
cédé aux désirs de Neptune , reçï
les embrassements d'Egée fugitif,
devint enceinte de Thé.sée. Pillhei
éleva même son arrière -petit -fil
Hippolyle. Evidemment tout ceci
réduit k dire que Pillhée est
Axiéros dans le cadre cabiroïdiqi
où Egée, Elhra figurent comme Axi
cerses, et où tantôt Thésée, lanl^
Hippolyte, sa délégation , remplit
rôle de Cadmile. De plus, Pillha|
est presque un Fta; le nom diflèri
peu d'abord, puis idéologiquement di
Fta et Alhor émane Fré. Thésée
émanant de Pitthée et d'Elhra, Th^
sée soleil d'ailleurs est bien un Fre
— Pitthée était lié aux Muses.
montrait k Trézène et son tombeau
trois sièges de marbre blanc, sur les
quels deux juges et lui rendaient
justice, et un lieu consacré aux Ml
ses, où il enseij^nait l'art de bien par-
ler. Ou s'avisa même de publier un
PLI
livre soui le nom de Pitlliçe^ Pausa-
niasl'avu.
PlïYS, n/rt/ir, nymphe dont Pan
et Borce devinrent en même temps
amoureux, préféra le premier, iioree,
pour se venger , jeta Pilys contre
un rocher avec lanl de violence qu'elle
eu mourut. Les dieux la changèrent
eu pin. La résine qui coule de cet ar-
bre agile par Borée passait pour les
larmes de Pitys {-r.t'rvs en grec veut
dire pin).
PLASTÈÎSE, déesse asiatique,
avait un petit lemple sur le sommet du
Sijtyle. Pausanias dit qu'on la regar -
dait comme la mère des dieux. Etait-
ce une Cybèle?
PLATÉE, fille du dieu- fleuve
Asope, était l'héroïne éponyme de
Platée.
PLÉIADES, y. Atlantides.
PLEI03NE , Océanide , femme
d'Atlas et mère des Pléiades.
PLEMNÉE , fils de Sicyon et dis-
ciple de Cérès en l'honneur de la-
quelle il bâtit un temple.
PLESTOR, dieu ihrace était ho-
noré par des sacrifices de victimes
humaines.
PLEURON, nxiùfo^v, fils d"É-
lole, mari de Xanlhippe , père d'An-
lénor et fondateur de la ville de
Fleuron , une des capitales de l'E-
tolie.
PLEXAURE, Plexavra, n;\6-
|«(u/)<« , Oce'auide , une de celles qui ,
avec Apollon etles fleuves, présidaient
à l'éducation des enfants.
PLEXIPPE, n?^ih-^^cç : I " Egyp-
tidej 2° un des frères d'AIihée (il fut
tué par Méléagre); 3" fils de Pliinée
et de Cléopàtre {f^oy. PhinÉe).
PLIJNTHIOS, fils d'Atharaas et
de ïliémislo qui le tua, croyant tuer
le fils d'Iuo.
PLISTHÈNE, père d'Agamem-
UOIi et de Mcûélas, était ou fils ou
PLU
^3i
frère d'Atrée. H mourut jeune, en
recomn^andant à ce prince ses neveux
ou ses pelils-IJls qui piirent de la le
nom d'Alrides. — Un des fils de
Tliyesle, tué par Atrée, porta le nom
de PLisïuiiKE.
PLISTHIINE, frère de Faustule
le père nourricier de Romulus, le
seconda dans l'éducafion des deux
jumeaux fondateurs de Rome , et fut
tué comme lui dans un démêlé que
Rëmus et Romulus eurent ensemble.
PLUTO, Oce'auide, maîtresse de
Jupiter et mère de Tantale.
PLUTON, Pluto, et eu grec
HadÎ^s, " ki^Ki^ le dieu des enfers et
du monde souterrain, faisait partie de
la grande Triade grecque qui se des-
sine sous Crone 5 Zévs et Posîdôn
(Jupiter et Neptune) étaient ses frè-
res. Selon les uns, Rhéelui substitua
un gros quartier de roc que Saturne
engloutit a sa place • selon les autres,
c'est lui que Saturne engloutit, et il
fallut le vomitif de Métis pour le
faire sortir intact des entrailles dis-
solvantes du dieu. Sa légende ne cou-
tient que peu de détails. Dans la Ti-
tanomachie, il reçoit des Cyclopes le
casque d'invisibilité, et après le triom-
phe de Jupiter il a pour lot l'em-
pire du monde souterrain. Dans la
Gigantoraachie, il prête sou casque à
Mercure. Plus tard, on le voit enle-
ver Proserpine qui cueifle des fleurs
dans une prairie voisine d'Eleusis ou
mieux h Enna. Pelée enchaîné par
Acas>tesur lemontPéiion reçoit delui,
outre la liberté, le glaive d'or a l'aide
duquel il doit venger ses injures.
Plulon se bat trois fois avec Hercule:
la première , quand le fils d'Alc-
mène pénètre aux enfers j la seconde,
quand il veut ramener Alcesle à la
vie 5 la troisième, quand il fait la
guerre à JNélée , en vain soutenu par
Weptune, Juûoû et Pluton. Dans cei;
332
PLU
trois occasions Hercule eut toujours
l'avantage ; Plulon même ne se relira
que blessé de la première rencontre.
11 fut plus heureux, lorsque Pirillioiis
cl Thésée descendirent dans rErèhe
pour lui ravir Proserpine : il surprit
les deux a:nis, donna la mort à
Pun, el fit l'aulre prisonnier; mais
Hercule revint encore aux enfers ,
et délia les chaînes de Thésée.
L'empire dont Jupiler donna la sou-
rerainefé a Plulon est tour a tour
désigné par les noms d'Érèbe , Tar-
lare, Téuare, Orcos , clc. Ces noms
ropendanl ne Jionl point exactenienl
synonymes; ils désignent diverses
parties de l'enfer. Sur la géogra-
phie de celle région souterraine les
anciens sont loin d'être d'accord.
Voici pourtant de quelle manière eu
général ils la conçoivent. Que l'on se
ligure quatre grandes divisions, les
brouillards, les ténèbres, les flammes,
l'éternelle verdure , on aura de celte
manière l'Erclje aux brumes épaisses,
séjour de la nuit , du sommeil el des
songes; l'Es-Hadou [W'Kiêùv) peu-
plé des âmes de culte foule dont les
vices et les crimes n'offrent rien d'ex-
traordinaire; le Tarlarc , brûlante
geôle des suppliciés d'éiilc , et |)ur-
gatoire des âmes qui doivent repa-
raître dans la vie sous des formes
nouvcUis; enfin les Champs-Elysées,
asile des justes, des sages et des ar-
tistes. Dans le premier de ces quatre
compartiments , du moins sur la li-
mite qui le sépare du second, se trouve
le champ des pleurs ( Campt lugen-
tes de Virgile) qu'habilenl b.-s om-
bres des enfants morts au berceau ,
des jeunes filles décédées avaul l'hy-
men el des tendres victimes de l'a-
mour. Cinq fleuves , le Slyx , le Co-
cyte, l'Acliéron, le Phlégéthou , le
Lélhé, forment des circonvolutions
diverses dans celte enceinte. On cx-
PLU
nlique Achéron par fleuve des dou-
leurs [Voyez Achkron), Cocyle
par fleuve des gëmisscmenls ; le
Styx est la haine même , c'est-à-dire
l'ensemble de tout ce qu'il y a de
haïssable, de hideux, d'amer dans
le monde; le Plilégéthon roule des
torrents de flamme; le Lélhé, c'est
l'oubli, la mort, lelhitni. Les an-
ciens, eu croyant a la réalité d'un]
enfer , s'occupaient beaucoup du lieu]
par lequel on y pénélrail. En gêné
rai ils plaçaient celte entrée sccrèlï
dans des lacs a eau slaguanle, oï
dans des abînus a miasmes félidés j|
les crevasses ii exhalaisons sulfureu-
ses ou ammoniacak's leur semblaient
des orilices, des soupiraux du sombre
empire. Celait par ces issues mysté-
rieuses qu'Hercule, Enée, Pirithoiis,
étaient entrés aux enfers, que Cer-
bère avait été traîné par Hercule au ,
grand jour, que Plulon avait lancéj
ses noirs chevaux, son noir quadrige
sur la tremblante Proserpine. Les
principales localités signalées commel
passages de la terre aux enfers élaienti
l'Averne près du lac Amsauto enf
Italie, le Ténare en f^aconie, un ra^
vin sans fond de l'Hermionide , 1(
marais d' Achéron [Palus Ackerm
sia) sur les confins de l'Acarnanie e^
de l'Epire, enfin un gouffre du Pont,
Tous ces sombres lieux étaient peu-
plés d'êlresnon moins sinistres, nor
moins forraidablesj car les ombres là
n'étaient que la population sujette,
et l'empire souterrain , comme lei
royaumes d'en haut, avait ses agents,!
ses ministres. C'étaient Cerbère, énor-
me chien a trois têtes , vigilant gui-j
chetier des enfers , Charou qui pass^
les morts dans sa barque , s'ils oul|
reçu la sépulture , les trois Parqueil
qui filent el tranchent la destinée hu-
maine, les trois juges qui pèsent dans
la balance de l'équilc le poids des
\
PLU
failles et des bonnes œuvres, les trois
Furies (|iii président aux supplices
des criminels, et dont les fouets, les
torches fliunbanles, les vipères gon-
flées de venin se coalisent pour Té-
ter n elle torture des damnés; puis
viennent une foule d'êtres ahriraani-
(jues, les uns antérieurs à Tépoque
dos Cronides (Titans, Centimanes,
Chimère, Sphinx, etc.), les autres je-
tés par la foudre de Jupiter ou par
quelque autre génie vengeur dans
rabînic duTartarc (Ixion,Phlégyas,
Sisyphe); enfin se déroulent les per-
sonnifications de la Nuit, la Nuit
même, la foule des Songes, les Gor-
gones, les Grées, Géryon, Hécate
qui, tout étant INuit, Lune et Ter-
re, n'en est pas moins la grande
reine des enfers, Proserpine, Cérès-
Proscrpinc. Pluton siège avec cette
dernière sur un trône noir ou
d'or. Il a un quadrige de même cou-
leur et de même métal , et dont les
rênes aussi sont d'or : quatre noirs
chevaux ic traînent; on les nomme
Orphnée, Elhon , Nyctée, Alastor.
Le casque d'invisibilité qui couvre la
tête de Pluton n'est pas le seul insi^
gne de ce dieu des enfers; sa main
porte tantôt un sceptre, un bâton, un
glaive, ou bien le bidcnt avec lequel
i( frappe la terre , tantôt des clés ,
symbole de la haute prérogative qu'il
a de fermer et d'ouvrir. Au reste,
ce casque d'invisibilité, en d'autres
termes qui rend invisible , n'est lui-
même qu'un emblème des ténèbres
dont l'enfer estl'empire. — Outre les
deux noms d'Hadès et d'Aïdonce par
lesquels 'es Grecs désignaient Platon,
ce dieu avait ceux de Dis, Yéjov ou
Véjovis (aussi \cdius) , Summanus ,
Soranus, Tclluino, Eubuléc, Axio-
cerse, Orcus. Februus ou Mantusnc
semblent pas non plus différer de lui.
Eubnlée l'idenlilie li Bacclius qui est
PLU
333
aussi chthouien. Axiocerse nous le
montre jouant k Samothrace le rôle
de Cabire {J^oy. Cabires). L;» pé-
riphrase Jupiter Lifernus ou Stygiiès
qu'on lui donne ordinairement est loin
d'être dépourvue de sens comme tant
de circonlocutions poétiques : c'est
qu'effectivement h toute minute on
sent dans Pluton le dieu suprême
s'indivldualisant dans le sombre em-
pire , en d'autres termes la face
noire ou ténébreuse du dieu suprê-
me. Cette réabsorption de la puis-
sance dominatrice aux enfers dans la
puissance universelle est plus remar-
quable encore chez Proscrpine, Celle-
ci est la reine par excellence, non-
seulement des noirs domaines du
Styx, mais encore de l'Olympe et du
monde. — Parmi les nombreuses e'pi-
thètes de Pluton, remarquons celle
de Chrysénios et Chrysothronos (aux
rênes d'or , au trône d'or) , Chry-
saorévs (au glaive d'or), Polydcgmôn
(qui contient ou qui reçoit quantité'
de monde), Agçlaste (qui ne rit pas),
Altor (alimentateur) , Agésihis (con-
vocateur des peuples), Agathalyos
(dissolvant des biens). — Plulou était
honoré surtout à Pylos en Messé-
nie, a Coronee en Béotie, a Nysa
où \\\\ bois lui était consacré, a Rome
où il avait un temple, dans la hui-
tième région sous le nom de Véjov,
et dans la onzième sous celui de
Summanus et de Dispnter. Toute l'I-
talie en général, l'Italie pélasgique
du moins, était remplie des vestiges
de son culte. Idéalisé sur le mont So-
racle , il avait sur cette cime un tem-
ple en commun avec Apollon. C'est
ainsi que Trégène avait, dans son tem-
ple de Diane, consacré k Pluton et
aux divinités souterraines deux autels,
justement au dessus de deux ouver-
tures par lesquelles on était censé
descendre aux enfers. Selon la lé-
Plu
gende , par l'une Hercule avait traîna
Cerbère au jour, par l'autre Bacchus
avait ramené' Sémélé h la lumière.
Originairement le Lalium avait im-
molé des victimes himiaines à Plu-
ton 5 la civilisation, en adoucissant
les mœurs des indigènes, substitua
des taureaux , des brebis aux liom-
mes. Trois conditions élaient requi-
ses dans ces victimes, pelage noir et
sans tache , slérililé , non mutilation.
Ou devait toujours les offrir ])ar nom-
bre pair. Les cliairs, loin d'être cé-
dées à la table des prêtres , devaient
être réduites en cendres 5 c'eût été h
la fois un crime et une souillure que
d'entamer de la dent les chairs dé-
vouées au monarque des eufers : les
cuisses lui élaient plus spéciale-
rient destinées. Au reste, beaucoup
de cérémouies bizarres accompa-
gnaient ces sacrifices 5 on aimait à les
faire le 2 du mois, parce que le nom-
bre a était consacré a Pluton, ce que
déjà pouvait nous faire pressentir le
soiu avec lequel on assorlissait les
vidimes par nombre pair. Pour la
même raison, le deuxième mois à
Rome lui fut consacré [F'oy. Fe-
BBUUs). Ou lui sacrifiait la nuit. Les
bandelettes de l'animal immolé de-
vaient être noires. Le prêtre, après
avoir lié la victime , faisait briller de
l'encens entre ses cornes, tournait sa
tête vers la terre, et lui ouvrait le
ventre avec uu couteau à manche
rond et a pommeau d'ébène, nonimé
Secespilaj le sang coulait dans une
fosse préparée d'avance, et allait &j
confondre avec le vin des libalinus :
celle cérémonie s'appelait Tauro-
bole , et fut depuis souvent imitée j
elle s'accomplissait dans le plus pro-
fond silence. Plulon faisait partie des
huit du stlecli (dieux choisis), les
seuls qu'il fût permis de représenter
fa or, en orjent, en ivoire. Un corps
PLU
spécial de vîclimaires, nommé Cultra^
rii, lui était consacré. Les Romaina
qui avaient la tête couverte dans les
sacrifices offerts aux dieux célestes , la
découvraient lors d'un sacrifice k
Plulon. Le 20 juin(i?. des calendes
de juillet), jour de sa fête, son tera-
p'e seul dans Rome était ouvert.^
Les criminels lui élaient dévoués 5 ei
après cet acte tout citoyen pouvait
impunément ôter la vie aux coupa-
bles. Dans le Code de Romulus tout
client qui trompait son palrou , tout
homme qui était ingrat envers son
bienfaiteur, était sous le poids de
cette vindicte terrible , véritable ta-
lion de l'anlique Italie. De même, lors
des calamités publiques , l'idée domi-
nante était que les cHeux infernaux
exigeaient un sacrifice, el une victime
humaine, tantôt désignée, tantôt vo-
lontaire, venait assouvir l'exigence du
dieu. Ainsi Curtius , ainsi les deux
Décius Mus, se dévouèrent pour la
patrie. Lfs Hyacinihides, les Erech-
théides, offrent en Grèce un spectacle
analogue. Ces victimes s'appelaient
Infcriœ , et de la ce terme générii*
que de mittere inftrias^ teime qui,
au reste, s'applicpie non-seulement
h Plulon , mais encore aux princi-^
pales divinités infernales. — L'adian-
te , le narcisse, le cyprès, le buis,
étaient consacrés a Plulon. Les mo-
numents anciens le représentent bar-
bu , sévère et les cheveux tombant
sur le front ; sur sa tête est une
couronne d'ébène ou d'adianle. Trois
peintres fameux l'avaient rendu avec
bonheur: Asclépiodore, dont le ta-
bleau fut payé 5 00 mines d'argent
par Mnason, roi d'Elate ; Euphranor
de Corinthe, et INicias d'Athènes. Sou-
vent il est avec Proserpine sur son
trône d'ébène ou de buis (Bellori, iSd-
polcr. de JSasoni^ VÙIj Visconti
y voit Saturne et Rhée). Cerbère se
PLU
Irouve quelquefois au bas de ce Irône.
Le caducée de Mercure, les hippo-
campes, symbole du séjour des âmes
lieureuscs , milileul plutôt en faveur
de la première opinion. On voit eu-
cor e Plu (ou et Proserpine dans une
scène relative à Psyclié (Musée Pio-
Clémenlin, II, i). Voy. de plus Pen-
sée couvert du casque d'iuvisibililé
prêté par Mercure a ce héros , dans
Demsler, Etrur. régal., II, 4'
INous Indiquons plusieurs bas-re-
liefs de Pluton enlevant Proserpine à
l'article pROSEnpiTtE. Beaucoup de
modernes se sont appliqués h repré-
senter Orphée suppliant Pluton et
Proserpine de lui rendre Eurydice.
— Philon a presque été identifié par
les anciens à Sérapis. On peut de
même le comparer a tous les grands
dieux ahrimaiiiens ou infernaux des
diverses contrées, entre autres au
Tchernobog slave, au ïuisloii suève,
au lama hindou , au ïévétat mon-
gol, etc. Ce n'est pas a dire que la
ressemblance soil complète entre tous
ces dieux et Pluton : les uns ont
des aventures luiiBaiues , les autres
ont la face ahrimanieune sans deve-
nir pour cela souverains des enfers;
mais il y a au fond identité.
PLIJ'IUS , n;i()ur«f , le dieu des
richesses , passait pour fils de Cérès
et de Jasion, et pour aveugle. C'é-
tait un dieu chlhoniin , tant a cause
des richesses agriculturales dont la
terre , empire de Cérès, est la dis-
pensatrice première , qu'à cause des
richesses métalliques que recèlent
ses entrailles. Aussi Plutus et Plu-
Ion, sans être en intime rapport, ojit-
ils deux traits communs : i" le nom;
2" le domicile souterrain cl téné-
breux. Les Grecs , en élaborant les
donne'es antiques, ont dit que Plu-
tus avait déclaré à Jupiter qu'il vou-
lait être inséparable de la vertu et de
PNO
335
la science, et que le père des dieux y
jaloux de cette résohition, le priva
de l'orgme delà vue : ce qui fait,
qu'avec les meilleures intentions de
se trouver dans la compagnie de la
sagesse, il fiante souvent la sottise
et la perversité. Lucien ajoute qu'il
était boiteux. Athènes lui avait dé-
dié dans le trésor public une statue
sous le nom de Plutus clairvoyant.
Plutus enfant se voyait dans celle
même Athènes sur le sein de la Paix,
et h Thèbes entre les bras de la For-
tune. On l'a représenté aussi sons la
forme d'un vieillard qui tient a la
main une bourse. Il venait, disent les
anciens, à pas lents , cl s'en retour-
nait avec des ailes.
PLU VILS, surnom di- Jupiter en
tant que présidant à la pluie, ou, si
on veut presser la doctrine, en tant
que pluie. Jupiter est tout; et si
l'on entre dans les spécialités, Jupi-
ter est la portion de l'univers supé-
rieure h la terre. Air atmosphérique,
ciels intermédiaires, ciel extérieur ou
cmpyrée, sont donc autan l de Jupi-
ter , quoique plus particulièrement
Jupiter s'idenlilie à l'empyrée. Ju-
piter-atmosphère est donc tantôt la
foudre, tantôt la grêle, tantôt la
pluie. Dans les temps de séchefesse,
les devins étrusques croyaient attirer
Jupiter Pluvius sur la terre , en lui
faisant des saciifices et en transpor-
tant avec pompe de la porte Capène
a l'intérieur de Rcme des pierres di-
tes lapides vianalts (pierres où dé-
goutte de l'eau) qu'il ne faut pas cou-
foudre avec la Lapis manalis des
rites funéraires ( Voy. Matjes et
comp. Ombrios). Cette cérémonie se
nommait Aqua;licium {^acjuam eli-
cio) ; et le prêtre Aquilex Tuscus
aqndex [Voy. Festus, art. Aquœ-
liciutn , p. 34 de l'édil. Dacier).
PNOCLS , fds d'Isiori et d,c 3Sé-
336
POE
pliclé (la Nue), subslîliiée h Junon.
PO , la Nuit, cliez presque tous
les peuples de la Polynésie, est dans
leur cosmogonie le plus ancien des
êtres , la source de tout , et la mère
des dieux , que l'ounoitime en con-
séquence Faau-Po , c'est-a-dire en-
fant de Po.
PODALIRE. Foy. Machaon.
PODARCE , noâûfK„ : i" Da-
HaVde 5 2." noê^a.pKt!s , chef grec, fils
d'Ipliicle , commandait dix vaisseaux
«lu siège de Troie. — Priam aussi
avait porté le nom de Podarce.
PODARGK , Harpye , maîtresse
de Zéphyre et mère de deux clievaux
admirables pour leur ngilité , Xantbe
et Balios.
PODÈS, noeT^jff, fils d'Éétion et
bcau-frèrc d'Hector , fut tué d'un
coup de javelot par Ménélas.
POÉ..... Foy. PÉ.
POENE, n«/v»j , le supplice per-
sonnifié, grossier fétiche des temps
anciens de la Grèce, fut envoyé par
Apollon contre les Argiens, et arra-
chait les enfants du sein de leur mère
pour les dévorer. La déesse Pœna ,
adorée eu Afrique et en Italie, ne
diffère pas de Pocnéj seulement ello
est latine et complètement allégori-
que et sans légende.
POERIODEKECH résume a lui
seul dans l'antique histoire religieuse
de l'Iran, les Pœriodékécbo f donnés
les premiers) ou Pichdadiens , nom
générique sous lequel on comprend
toutes les populations persanes qui
précédèrent Zoroaslre.On en a fait
le troisièm.e prince de la dynastie
des Pœriodékécban (dans ce cas ce
serait le même qu'Houchengb ) et le
législateur religieux , le grand pro-
phète de la Perse. Tantôt il reçoit
l'arbre -Ilom des mains d'Ormuzd,
tantôt il est Ilom même : on le qua-
lifie de jiute et de savant 5 il fraie
POL
la voie a Zoroastre. ( FoyeP
POGODA, génie du beau temps
et du printemps, selon les Slaves,
avait des ailes bleues, une robe bleue,
une couronne de fleurs bleues, et pla-
nait dans l'almosphère rassérénée par
sa présence au-dessus de la végéta-
tion renaissante. A ses côtés Sim-
zerla, la Flore des vSlaves, répandait
sur la terre ses fleurs, et dans Tair
ses parfums^ et Zémargia, le dieu de
l'hiver et de la grêle, s'enfuyait à
leur cpprochc.
POLÉLA, déesse slave de l'Ami-
tié et du Mariage. Sou nom veut dire
qu'elle vient après l'Amour (chez les
Slavons Ivélaou Lélo).
POLÉMÈTE, général béotien,
lors d'une suspension d'armes entre
les Tliébains et les Eoliens, vit en
songe un Jeune homme lui faire pré-
sent d'une armure, et ordonner que
tout les neuf ans les liéolieus adres-
sassent des prières solennelles aux
dieux, en tenant des brandies de lau-
rier. De là la fêle des Daphnépho-
ries en l'honneur d'Apollon.
POLÉMOCRATE , fils de Ma-
chaon l'Asclépiade , était honoré à
Enna, dans le Péloponèsej et l'on ve-
nait dans son temple lui demander la
guérison des maladies.
POLÉMON , Centaure lue par
Hercule, lava dans l'Anigre la plaie
empoisonnée que la flèche trempée
dans le sang de l'hydre de Lernc
avait ouverte dans jes flancs, et l'A-
uigrc , depuis ce temps , exhala uncl
odeur^infecte.
POLIADE, TIoMÛs-, Minerve }
Tégée et à Erylhrcs. Ce nom vcu
dire patronne de la l'ille , et ei
conséquence a le même sens que Polii
ou Poliouchos. Le temple de Tégé
n'avait qu'un prèlre, ct'on n'y en
trait qu'une Fois l'an : il était remar
quable par une relique célèbie , 1
POL
chevelure de Médée , Palladium de
la ville. Celui d'Erythres avait une
statue colossale de bois représentant
la déesse sur un trône , la quenouille
dans les roains, et sur la tète une
couronne que surmontait l'étoile po-
laire.
POLTOSSÉE. Voy. Polyxo.
POLIÏE , fils de Priam, fut tué
par Pyrrhus aux pieds de son père
qui l'avait placé en sentinelle hors de.
la ville pour observer l'instant où les
Grecs quitteraient leurs vaisseaux
pour marcher vers Troie. — Un au-
tre PoLiTE était le plus prudent des
compagnons d'Ulysse, et c'est lui que
ce prince aimait le plus. L'Arcadie
appelait aussi Bacchus Polite.
POLKAN, dont quelques mytho-
logues ont fait volcan, dieu slave,
était représenté avec la forme d'un
Centaure. Quelquefois la croupe et
les extrémités inférieures sont celles
d'un chien, et non celles d'un cheval.
POLLEARouPOLLIAR.(;^o/.
Gaiïkca.)
POLLENÏIE , POLLENTÎA , la
Puissance personnifiée, déesse latine ,
adorée par les Romains.
POLLUX (CASTOR et), K^^r*/,,
riiKvSivKVii (c'est-k-dire, Polydku-
C£, anciennement on disait Polu-
CEs) , jumeaux fameux des légen-
des lacédémoniennes , avaient pour
mère Léda, femme de Tyndarée ;
Castor avait pour père Tyndarée
même^ et pour sœur Glytemneslre ;
Pollux et sa sœur Hélène étaient en-
fants de Jupiter. On assigne pour
berceau tantôt Amycles, tantôt le
Taygète, tantôt Pephnos aux Dios-
cures Tyndarides. De bonne heure
ils se distinguèrêînt dans les exerci-
ces gymniques. Pollux excellait dans
la lutte du pugilat et le combat du
ceste ; Castor domlait les sauvages
coursiers et faisait voler lei char«
POL 357
dans la carrière : aussi les dieux leur
donnèrent-ils d'agilescoursiers. Nep-
tune leur fit cadeau de Phlogée et
d'Harpage , Jiinon de Xanthe ( ou
Xanthios) et de Cyllare. Castor et
Pollux étaient encore très - jeunes
lorsqu'ils dirigèrent l'expédition con-
tre Athènes , dont le roi Thëséa
avait enlevé leur sœur Hélène. On
ne dit pas qu'ils prirent la ville de
Cécropsj mais quelque temps après
on les trouve devant Aphidnes en
Laconie, où Thésée retient leur sœur
captive, sous la garde d'Ethra, sa
mère. Acadème, d'Athènes, leur a
donné cette information précieuse.
Bientôt ils entrent dans la ville qui
sert de prison a l'épouse future de
Ménélas , délivrent la jeune beauté
qui est déjà devenue mère , et lui
donnent" pour esclave Ethra, sageô-
Kère. L'expédition des Argonautes les
attire ensuite vers le nord; ils par-
tent du port d'Iolcos avec Jason, sa-
crifient aux Cabires pendant la lera-
Sête , voient les feux du ciel descen-
re sur leur têle , pendant qu'ils of-
frent leurs vœux h ces déités de Sa-
molhrace. Ils descendent sur le rivage
de la Bilhynie j la Pollux triomphe au
combat du ceste d'Amyciis, le Bébry-
ce, le Ne|)tunide , l'athlète-modèle
au dire de l'Asie, et l'attache à ua
arbre où il expire. On les montre
aussi parcourant sur d'agiles navi-
res la mer Egée infestée de pirates,
et la débarrassant de ces dangereux
vo.yageurs; mais cet épisode évbé-
niérisle n'a que peu d'importance.
Plus lard, une rivalité terrible s'é-
lève entre les Apharéides Idas et
Lyncée et les Dio-Tyndarides j les
uns et les autres prétendent à la
main des Leucippides Hila'ire et
Phébé. Chez quelques auteurs ce»
deux belles Messénieiine» épousent
lei frèrei d'Hélène i Pollux a , di
LV.
tfa
338
POL
"Phibéf Nésîcléej Castor, uni k Hî-
laïre , devient père d'Anagon. Mais
le plus souvent c'est aux Apharéides,
leurs compatriotes, que iesLeucippl-
des donnent la préférence. Les Dio-
Tyndarides les enlèvent alors : les
Apbaréides courent a leur poursuite^
le combat s'engage; Castor est tué
far Ljrncée, Lyncée est tué par
'oUux; enfin Jupiter, par un coup
de tonnerre, termine brusquemeat la
bataille, désormais réduite a une lutte
corps a corps entre Pollux et Idas.
Pollux désolé de la mort de son frère
supplie les dieux de le rendre a la
vie. On cède en partie a ses dé-
sira, et Castor revient du fond des
i:' .er- de deux en deux jours. De
pi'is- tous deux brillent au ciel com-
r^e constellation unique, la constella^
tion zodiacale des Gémeaux. Enfin
les feux St-Elne sont identifiés k eux ;
et quand on volt ces flamme» capri-
cieuses se poser en pétillant sur la
jointe des lances ou des cimiers, sur
es mâts des navires ou sur les flèches
qni terminent les vergues, on dit que
Castor et Pollux descendent eux-
mêmes au secours des soldats et des
matelots. D'autres traditions sur la
rixe qui eut lieu entre les Apharéi-
des cl les Tyndarides sont rapportées
à l'article LyncÉe. On montrait le
tombeau des Dioscures k Thérapné ,
en Laconie. Quelques poètes disaient
Cjivils passaient ensemble un jour dans
la tombe , un jour dans l'Olympe.
Nous renvoyons k l'art. Léda pour
ïe« détails de leur naissance miracu-
leuse , le cygne, les deux œufs , etc.
Ici résumons et voyons: i° auprès
de Léda la génératrice , deux époux
Jupiter, Tyndarée, et par suite, sous
.Léda, deux œufs, l'un dû k Jupiter,
l'autre a Tyndare'e ( i*" dualisme);
a*" dans chaque œuf deux enfants,
eu tout quatre pour les deux œufs
r.
POL
( 2' dualisme ) ; 3° antagonisme do
sexe dans chaque œuf, car chaque
œuf contient un jeune homme et une
jeune fille (S* dualisme); 4-'' enfin,
antagonisme de nature, car deux des
enfants qui viennent de naîtpe sont
mortels , deux ont l'avantage de l'im-
mortalité , glorieux apanage de leur
père (4-" dualisme). Ainsi un mortel
et une mortelle, un immortel et une
immortelle, voilk le quatuor issu de
Léda. Classé par sexe , il donne Pol-
lux et Castor, Hélène et Clytemnes-
tre ; classé par nature, il présente Hé-
lène et Pollux, Clytemnestre et Cas-
tor. On comprend dès-lors et le nom
de Tyndarides qu'on leur donne sou-
vent .par abus (c'est ainsi qu'Hercule
s'appelle Amphilryoniade) , et le ti-
tre de Dioscures, qui désigne Castor
et Pollux , quoique k noire avis il s'ap-
plique k vingt autres couples jumeaux;
et enfin la dénomination composite
de Dlo-Tyndarides, qui indique la col-
laboration de Jupiter et de Tyn-
darée dans la naissance des jeunes hé-
ros que Sparte adore. Dans Homère,
Pollux et Castor doivent également
le jour k Tyndarée : Hélène et Cly-
temnestre sont filles de Jupiter. C'est
Tyndarée, dit-on, qui le premier mit
en circulation la généalogie qui eut
la vogue dans les siècles postérieurs.
Pour bien comprendre le mythe de
Castor et Pollux, il faut d'abord se
pénétrer d'un principe, la pluralité des
Dioscures. Il y a des Dioscures dans
Argos, Atrée et Thyeste ; des Dios-
cures k Thèbes, Amphion et Zéthus;
des Dioscures en Thrace, Pandion et
Plexippe; des Dioscures en Messénie,
Idas et Lyncëe. Non-seulement les
deux Dioscures d'un même couple
sont contraires l'un k l'autre; deux
couples dioscures peuvent être en ri-
valité. C'est ce qui était immanquable
entre la Laconie et la Messénie; ces
POL
deux régions limitrophes furent de
tout temps ennemies : chacune avait
ses types, ses légendes, ses héros j les
Dioscures de l'une devaient combat-
Ire les Dioscures de l'autre. Quand
définitivement Sparte eut triomphé
de Mesbène, les vainqueurs dirent que
les Leucippides étaient les épouses lé-
gitimes de Castor et de Pollux. Les
vaincus qui avaient vu dans les Apha-
réides les épouses d'Idas et de Ljn-
cée n'y virent plus que leurs fian-
cées ravies par Castor et Pollux.
Du reste , Dioscures et fiancées des
Dioscures sont des êtres sidériques ,*
car les Dioscures sont les soleils se-
mestriels, les Apharéides amantes ou
épouses sont des soleils femelles,
tour-à-tour identifiés h Lune- Vénus
et même Soleil. Ce n'est pas tout:
soleils semestriels, hémi -soleils de-
viennent dans une sphère inférieure
jour et nuit ; dans une sphère supé-
rieure, univers Loréal, univers aus-
tral. Quant a ce détail classique
qui montre Castor et Pollux rési-
dant chacun un jour , c'est-à-dire ,
vingt-quatre heures sur la terre, c'est
une faute matérielle. Pas de doute ,
qu'originairement ou n'ait voulu dire
que Castor et Pollux présidaient cha-
cun moitié ou environ des vingt-qua-
tre heures sur le globe 5 l'ambiguité
du mot jour suffit pour faire com-
E rendre l'origine de cette méprise.
<a naissance immortelle de l'un , la
naissance mortelle de l'autre n'a
rien qui doive surprendre ; le héros
symbole de l'ombre doit être issu
d'un père mortel. Les talents divers
par lesquels on caractérise chacun
des Dioscures, se rapportent aux
propriétés mythologiques du soleil : il
est lutteur, de la Pollux ; il est ha-
bile écuyer, de la Castor. Notons,
du reste , que tous les noms indi-
quent cette solarilé des personnages.
POL 339
Apharée c'est Fré, Leucippe c'est
l'être au blanc coursier j et en fai
de noms individuels, Phébé veut dire
la brillante j Hilaïre l'égayante j Lyn-
cée le lumineux ; Idas le voyant • Pol-
lux la grande lumière {ttoXÙs, lu», ).
Castor seul semble par son nom nous
ramener à .une autre série d'idées.
Ce nom , à notre avis , a une étroite
afiinité avec Cadmile- et ici nous ar-
rivons aux doctrines cabiroïdiques
{Foy. Cabires) La translation
des deux Dioscures aux cieux n'a rien
d'étonnant, et pourtant ne dérive
pas immédiatement de leur rôle de
soleils semestriels. Pour l'expliquer,
il faut revenir à leur rôle de dieux-
météores et de dieux -navigateurs.
Rappelons -nous ces formes naines
qu'affecte en Egypte et en Phénicie
le second démiurge Fta. Sidik, ce
dieu du feu qu'eu Chaldée on nomme
Bel, ne coupe-t-ilpas en deux Omor-
ka son adéquate femelle? nain lui-
même, il s'est donc transformé en
deux nains. Ces deux nains, ces ju-
meaux joufflus sont dieux du feu, ainsi
que luij et les météores électriques
sont eux-mêmes. En Phénicie, on ne
pouvait manquer* de les lier à l'eau,
car l'eau et le feu sont en connexion.
Les mâts, dont la base semble plon-
ger dans l'eau, voient des pointes fol-
lettes de flammes se balancer à leur
cime. Ces feux, au dire des matelots,
annoncent le calme. C'en fut assez
pour qu'on identifiât les Patèques
protecteurs de la navigation avec les
feux météoriques. Les Patèques d'ail-
leurs, pour la Phénicie, étaient des
Cabires. Enfin , comme protecteurs
de la navigation et adéquates des feux
St-Elne, on avait à les identifier à
quelque aslérisme important : ce fut
l'astérisme zodiacal des Gémeaux au-
quel le soleil s'unit dans les plus beaux
temps de l'année. — Les Dioscurej
22.
o4o
POL
ctaient touorés, non - seulement à
Sparte, où leur fête s'appelait Dios-
curie, mais encore dans les villes d'A-
tbènes, de Rome, de Vélie , etc.
Leur nom, souvent répété dans les
conversations familières, s'introduisit
dans les compositions épiques et ly-
riques de nombre de poètes. Les an-
ciens eux-mêmes se moquèrent de
cet inévitable épisode de tous les
cliants qu'improvisaient des Pindares
bien payés par les athlètes. Plusieurs
cités pélasgiques regardaient Castor
et Pollux comme les grands Lares ;
on les faisait intervenir dans mille
affaires publiques ou privées. Un ré-
cit charmant de Phèdre les montre
venant sauver la vie a Simonidc.
Tile-Live raconte gravement qu'ils
prirent part a la bataille du lac Ilé-
gille, contribuèrent puissamment a la
défaite des Latins, et enfin cou-
rurent à Rome annoncer la victoire.
Long-temps après, on montrait en-
core k Rome la fontaine de Saturne ,
vers laquelle s'étaient dirigés les deux
frères pour y abreuver leurs che-
vaux et pour disparaître. On repré-
sentait d'ordinaire les deux Dioscu-
res ensemble. Ony«ajoute quelque-
fois les étoiles, les bonnets coniques:
les lances a pointe aiguë les caracté-
risent très-souvent. Ils sont tous deux
k cheval, ou bien tiennent leurs che-
vaux par la bride; quelquefois ils
sont k pied , et nul coursier ne se
trouve près d'eux. Sur une médaille
on voit Castor a cheval auprès de
Pollux qui tient sa monture par
la bride. Le bas-relief publié par
Vinckelraann , Monum. inéd., pi.
62 — 63 , présente Castor à cheval,
et Pollux assis : ou le regarde comme
1a plus belle figure des Dioscures.
Sur la balustrade, au-devant du Ca-
pitule , sont deux statues colos-
sales, dont une seule tient la bride
POL
d'un cheval ; "Vinckelmann y retrouve
les Dioscures. Sur une médaille, dans
Morell, Fani. rom.,Servilia,C3ii-
tor et Pollux a cheval et armés de
lances s'avancent dans une direction
opposée; ils ont des étoiles au-dessus
de la tête. Les étoiles aussi carac-
térisent la médaille lacédémonienne
publiée par Millin {Gai. Mylh.^
526) : les deux héros sont nus, mais
coiffés de leurs bonnets. Un sarco-
fhagc de la Yilla-Médlcis représente
enlèvement des Leucippides par les
Dioscures. Dans le Musée Pio-Clé-
raentin,lV, 44, aux Dioscures et aux
Leucippides se joignent les Apharéi-
des qui veulent délivrer leurs fian-
cées; un grand nombre d'autres per-
sonnages se trouvent mêlés a l'action.
Assez souvent se voient des têtes de
Dioscures : telles sont les deux tètes
de la médaille d'Istrus, qui regar-
dent en sens contraire; et celles de
cette pàtc en verre reproduite par
Schlichtegroll , Pierres gravées de
Stock., 28 (ce sont les deux jeunes
Césars , Caïus et Lucius , sous les
attributs des Dioscures ). Une mé-
daille de Lacédémone porte simple-
ment les bonnets des Dioscures avec
des étoiles au-dessus. Castor seul se
voit sur le bas-relief du Musée Pio-
Cléraentin , IV, 18. De même on
voit Pollux combattre Amycus dans
Lauzi, Saggio di llngua eiruscOf
II, XII, 6.
POLOS apporta dans Mégalopo-
lis les mystères des grandes déesses ,
et fit de cette ville la succursale
d'Eleusis.
POLTIS, ami d'Hercule, avait
pour frère Sarpédon le Neptunide.
Autant il mit de zèle k recevoir le
héros k son retour de la prise de
Troie, autant Sarpédon montra de
baine à l'élranger. Hercule irrité le
tUB.
i
FOLYBE : lo fils de Mercure et
d'Eube'e , et un de ceux qu'on donne
comme père du dieu-marin Glaucosj
i° autre fils de Mercure et de Chtho-
nophile, roi de Sicyone, père de Lj-
sianasse (il eut pour gendre Talas ,
et pour successeur Adraste ) ; 3" roi
de Corinthe et père adopliif d'OE-
dipe (f^qy. ce nom); 4° fils d' An-
ténor ; 5* poursuivant de Pénélope ,
tué par Eumène; 6» habitant de
Thèbes (Egypte) et ami de Ménélas,
à qui il fil de grands présents.
POLYBÉE, fille d'Amycle et
sœur d'Hyacinthe. — Cérès aussi se
nomme Polybée.
POLYBOTE, ge'ant écrasé par
Nepljne sous l'île de Nisyre. C'est
Neptune qui lui jeta ce morceau de
l'île de Cos à la tète , a l'instant où il
fuyait k travers les flots de la mer
Egée, qui lui allaient h peine à la
ceinture.
POLYCAON: i^dieu desMessé-
niens, donné pour fils de Lélexj 2°
fils de Butés et mari d'Évechmé.
POLYCASTE: i" femme d'Ica-
rius et mère de Pénélope 5 2" la plus
jeune et la plus belle des filles de
Nestor : on la voit dans l'Odyssée
préparer le bain pourTéiémaqiie.
POLICRITE, héros d'un conte
à fantômes et k vampires de 1; Grèce
Supérieure, avait été selon Phlé^on
un étolarque (président de la Piépu-
bliqueétolienne). Il mourut trois jours
après son mariage avec une Lo-
crienne. Déjà la reine était encein-
te 5 un hermaphrodite naquit. Les
prêtres prophétisent des guerres en-
tre Locres et l'Élolie^ l'autorité
d'accord avec l'oracle, ordonne la dé-
portation de la mère et de l'eufant
hors des limites de l'état, « afm
ajoute l'oracle, qu'ils soient brûlés
vifs l'un et l'autre. « A Tinslant de
l'exéciUion, un ?p<=clre apparaît et
por.
34 r
se place près de l'hermaphrodite j le
peuple fuit. Est-ce donc un défenseur
qui vient s'opposer k l'arrêt sangui-
naire? Non, c'est un vorace buveur
de sang, c'est Polycrite même,' iï
n'approche que pour se repaître plus
vite des cadavres que lui abandonne
la superstition. La retraite du peupler
lui fait ma! 5 il rappelle les fuyards^
et, de sa voix qui n'est qu'un souffle,,
leur fait un long discours pour leur
prouver l'utilité du sacrifice comman-
dé par leurs magistrats. Enfin, voyant
que décidément l'autodafé n'aura pas
lieu, il saisit l'enfant, le lacère, le
dévore. En vain les pierres pleuvent
sur sa tête; il achève son hideux re-
pas, laisse seulement la tête et dis-
paraît. La foule eu tumulte songe à
consulter l'eracle de Delphes,- loul-
k-coup la tête parle et prédit en vers,
hexamètres d'épouvantables catastro-
plies qui ne manquèrent pas d^avoir
lieu.
POLYCTOR formait avec Itha-
que et Nérite la^ triade fondatrice
d Ithaque. — Un Égyptide, époux de
Stygno, portait aussi ce nom.
POLYDAMAS,Troyen, complice
d Anlénor, au dire de ceux qui fynt
de ce prince un traître k la. cause
des Phrygiens. Selon Homère, c'était
un guerrier peu brave, très-prudent,
et fort habile k privoir l'avenir.
POLYDAMNA, femme de Tho-^
nis ce roi d'Egypte dont Ménélas.
lut l'hôte, fit cadeau de Népenlhe à
Hélène (FojK. NtPENTHE).
POLYDECTE,roidel'ÎIedeSé.
nphe. f^oyez PersÉk.
POLYDÉMON fut tué par Per-
sée aux noces d'Andromède.
VOLYDOUE,Polvdora: loQcéa-
indcj 2" Amr.zoue; 3" Dana'i'de, maî-
tresse du fleuve Sperchiiis et mère
de Dryops; A" fille de Périéiès et
lenime «e Pelée: 5" fille d'Anli.^one-
34a
POt
et de Pelée, femme de Piéros et mère
de Méuesthée; 6° fille de Méléagre,
femme de Protésilas (plus communé-
ment on la nomme Laodamie^ voy.
ce nom).
POLYDORE, PoLYDORos, no-
?iû^apoç, le plus jeune des fils de
Priam et d'Hécube , fut, lorsque
Troie commençait à être en danger,
confié par son père avec ses trésors
au roi de Thrace, Polymnestor, son
gendre. Polymnestor le fit pe'rir pour
s'approprier les richesses dont il n'é-
tait que Je dépositaire. Bientôt Enée
' arrive sur la côte de Thrace j du pied
de quelques arbustes qu'il veut arra-
cher le sang file lentement, et une
voix lamentable , Polydore lui-même,
lui raconte ce qui s'est passé. Dans
Hygin, Polydore au berceau n'est
connu que d'Ilione , femme de Po-
lymnestor, qui l'élève comme son fils,
et qui fait passer Diphile son fils
pour son propre frère. Polymnestor,
un jour, prête l'oreille aux proposi-
tions des Grecs, qui lui offrent la
main d'Electre, a la condition de ré-
pudier sa femme et de faire périr son
beau-frère 5 il y consent , et Diphile
meurt. Un peu plus tard Polydore
se met en voyage , consulte l'oracle
d'Apollon, l'entend avec surprise an-
noncer la mort de son père, l'incen-
die de sa ville natale ; accuse le dieu
de mensonge lorsqu'à sou retour il
trouve Polymnestor vivant, et la ville
debout. Bientôt Ilione lui explique
l'énigme , et le fils de Priam arrache
les yeux à Polymnestor. Homère fait
Polydore fils de Laothoé j malgré son
père, il court au combat, et Achille
le perce de sa lance. — Trois autres
PoL\DORE furent: i°le fils de Cad-
mus et d'Harmonie, père de Lab-
daque, aïeul de Laïus et bisaïeul
d'OEdipe; 2° le fils d'Aristée et
d'A,utonoé ; et çn copséquesice un des
Poh
petits-fils de Cadmus (on le vit aux
jeux funèbres célébrés a Buprasium)^
3° un des Epigones(il avait pour père
Hippomédon).
POLYÉMON, père d'Hamopaon,
fut tué par Teucer.
POLYGONE et TÉLÉGONE dé-
fièrent Hercule k la course, et furent
tués par le héros. ,
POLYIDE, devin célèbre, apprit
k Minos (II) la mort de Glaucos son
fils, qui s'était noyé dans xm tonneau
de miel , ressuscita le jeuue prince et
lui apprit fort inutilement la divina-
tion. La légende de la résurrection
est bizarre. Minos ordonne au de-
vin de ressusciter son fils, et provi-
soirement l'enferme avec le mort dans
le tonneau. Polyide, qui n'espère pas
opérer le prodige qu'on lui demande,
s'est muni d'un aspic pour mourir au
plus vite, et se soustraire ainsi aux
tourments dont l'a menacé le roi de
Crète. 11 irrite donc l'aspic 5 l'ani-
mal, au lieu de mordre, meurt. Sur-
vient, on ne dit pas par quelle fente
du tonneau, un autre aspic muni
d'une herbe qu'il applique à son ca-
marade mort. Soudain le reptile vic-
time de Polyide tressaille et renaît à
la vie. Le devin s'empare aussitôt
de l'herbe enchantée, renouvelle l'é-
preuve sur Glaucos, et voit ses yeux
se rouvrir, ses bras se mouvoir, sa
bouche aspirer l'air : les voilà tous
deux devant Minos. «Polyide, mon
ami, tu es trop habile 5 ce serait un
meurtre de laisser échapper un sage
tel que toi , sans qu'au moins il eût
fait un élève. Apprends ton art kmon
fils, fais-en un devin, qu'il soit ton
rival. » — « Et quand le prince en
saura autant que moi, je partirai.^ »
— ce Oui. 35 — a Quelque chose qu'il
advienne"? même si le prince venait
à oublier mes leçons? » — « Eh oui ! v
Polyide sç hâte d'apprendre toute»
POL
les formules divinatoires et incanta-
toires au Jeune prince , en fait bien
vite un maître dans Part de prédire,
voit Minos s'extasier devaat ses ra-
pides succès, obtient Yexeat si long-
temps refusé j marche accompagné du
roi, du prince, du peuple et de toute
la cour au rivage où l'attend un na-
vire , puis en embrassant Glaucos lui
crache dans la bouche ! La fatale sa-
live neutralise tout ce qui s'est faitj
et, quand Polyide lève l'ancre, en
vain f auguste élève veut prédire, l'au-
guste élève ne sait plus rien. — Un
Polyide , Troyen , fils d'Euryda-
mas, fut tué par Diomède au siège
de Troie.
POLYME , Grec qui enseigna le
chemin des enfers a Bacchus lors-
qu'il y descendit pour chercher Sé-
mélé.
POLYMÈDE , fille d'AutoIycus,
femme d'Eson, mère de Jason (Coiap.
cet art.). Elle ne survécut que peu de
jours a son époux.
POLYMÈLE : I" fille de Phylas,
maîtresse de Mercure, dont elle eut
Eudore , et femme d'Echècle , l'Ac-
toride 5 2° fille d'Eole , séduite par
Ulysse.
POLYMÈLE: lofils de Pelée,
et, selon quelques auteurs, père de
Patrocle j 2," fils du chef troyen Ar-
gée; il fut tué par Patrocle.
POLYMNESTE , de Théra ,
épousa Phronime et en eut Battus ,
fondateur de Cyrène.
POLYMNESTOR, roi de Thrace,
époux d'ilione , et en conséquence
gendre de Priam , reçut en dépôt de
son beau-père la plus grande partie
des richesses de Troie et le jeune Po-
lydore. L'article de ce dernier fait
connaître les diverses légendes rela-
tives au meurtre dont Polymnestor
souilla ses mains. D'après celle qui
le iftoatre douaaut la mort , non pas
POL
343
à son fils Diphilé", mais k Polydore ,
il n'évite pas pourtant le juste salaire
de sa perfidie. Ulysse est poussé en
Thrace par la tempête. Les Troyent
y débarquent : Hécube en furie entre
,sous la tente du tyran et lui crève les
yeux.
POLYMNIE, PoLTMNiA, et poé
tiquement Polyhymnia, neXufctiei.f
une des neuf Muses, préside a la poé
sie lyrique , ainsi que l'annouce son
nom, dérivé de itof^ôf et îl/nyoç (et non
de TToAti et fttfiytjfe.a.i). On la peinl un
doigt sur la bouche et dans une alti-
tude méditative. Comp. Piti. d'JEr
colano , II , 7 j et Millin , Gai.
Myth., 64., 54.1 , 548. Les guir-
landes de laurier, le sceptre , les vê-
tements blancs, n'ont rien de carac-
te'risque. On met aussi sous sa pro-
tection l'éloquence , et des rouleaux
semés a ses pieds portent les noms de
Cice'ron et de Démoslhène. Quelque-
fois on place dans sa main, au lieu de
sceptre, im autre rouleau sur lequel
est écrit Suadere (persuader).
POLYNICE, POLYNICE, UcXvnt-
Ktis 5 frère jumeau d'Elëocle ( f^oy.
ce nom), avec lequel il se battait dans
le sein même de Jocaste , leur mère,
chassa de Thèbes Œdipe, conjointe-
ment avec lui, et, pour s'emparer du
trône, convint, lors de l'arrangement
qu'ils firent relativement a la cou-
ronne , de le laisser régner le pre»
mier, redemanda en vain au bout de
l'an son tour de souveraineté , alla
chercher des auxiliaires dans l'Argo-
lide, épousa la fille d'Adraste, Argie,
et revint suivi de six chefs argiens
pour attaquer Thèbes. On sait que
dans cette guerre il eutk soutenir un
combat singulier avec son frère, et
qu ils'entre-tuèrent. Eschyle pèse sur
laparonomasiedePolynice et de waA»
niKoç , nombreuses querelles. Poly-
^ice eu, mourant laissa un fils du nom
3U POL
de Thersandre; quelques mytholo-
gues y ajouteut Adrasle et Timéas.
Sur le coiFre de Cypsèle était figuré
le combat d'Étéocle et de Polynice :
derrière ce dernier paraît la Mort,
nui semble s'apprêter à dévorer sa
proie. — Polynice figure dans uu
graud nombre de tragédies : telles
sont les Phéniciennes, d'Euripide 5
les Frères ennemis , de Racine ;
Œdipe à Colone, de Sophocle et
de Ducis. Polynice aussi joue un
grand rôle dans la Tliébaïde dî
Stace ; mais , a vrai dire , c'est un
héros insignifiant. Historiquement, il
ne présente rien de grandiose, de ca-
ractéristique ; niythologiquemeut ,
quoi de moins brillant, de moins ri-
che en épisodes?
POLYPÉMON, ncAv5r«>aiy:
1° père d'Aphidas , roi d'Alybas ;
»«lemêraequeProcrusle (R. : îtoAuj-,
beaucoup; 9r«,M«, malheur, fléau).
POL\PÈTE, PoMPOETEs , n«-
>uK<j/r)jf, chef lapilhe, fils de Piri-
thoiis et d'Hippodamie, conduisit 4.0
vaisseaux à Truie, tua plusieurs chefs
troyens, cl remporta un prix aux jeux
funèbres donnés sur la tombe de Pa-
trocle.
POLYPHÈME , PoLYPHEMrs ,
^«;^y?Jfu.of , le plus célèbre des Cy-
clopes , passait pour fils de Neptune
et de Tboosa. Il n'avait qu'un œil au
milieu du front ; sa taille était gigan-
tesque 3 la chair humaine faisait ses
délices, quoique pour l'ordinaire il
fût obligé de se contenter de celle de
ses brebis , qu'il faisait paître dans
les opulents pâturages de sou île.
Amoareux, mais vainement , de Ga-
latée, il écrasa son rival Acis sous un
quartier de roc. Ulysse, au retour de
Troie, ayant été jeté par la tempête
sur le rivage de la Sicile, tomba, ainsi
que tous ses compagnons , sous les
mains du Cyclope, qui l'enferma dans
ion aiitre. Heureusement le rusé voya
geur l'amusa si bien par ses contes, i
que le cannibale sicilien lui promit do
ne le manger que le dernier, et bien-
tôt se laissa enivrer par le vin qu'il
lui versait en abondance. Alors
Ulysse fait rougir un pieu au feu,
l'eufonce a l'aide des plus intrépi-
des de ses compagnons dans l'œil du
géant,-le crève, attache tous les Grecs
sous les moutons de Polyphème, qui"
les laisse ainsi passer un à un entre
ses jambes, après avoir tâté au pas-
sage tout ce qui sort de son antre.
Ulysse s'était lui-même cramponné
sous le ventre d*un de ces animaux.
Tous partirent immédiatementaprèsj
Achéménide seul fut abandonné sur
le rivage ; mais la flotte d'Énée le re-
cueillit. Dans Homère , on voit Po-
lyphème aveuglé convoquer à grands
cris les Cydopes, se plaindre, gémir,
maudire Outis. « Qui vous fait donc
du mal?»»— ce Outis,» répondait Po-
lyphème (Outis, en grec, est un dimi-
nutif d'Ulysse , et veut dire per-
sonné). — «Personne ne vous fait de
mal ? ne gémissez donc pas ! Si per-
sonne ne vous a crevé l'œil , ne de-
mandez donc pas vengeance , etc. ! »
Selon Servius, Polyphème avait troi«
yeux (Comp, Cyclopes et Les-
TRYGONs). C'est ainsi qu'il est repré-
senté dans \esPittured'ErcolartOj
pi. 10. Une belle tête de Polyphème
trouvée k Lyon, et dont le dessin a
été communiqué par M. Artaud à
Millin, porte l'œil unique sur le front
et n'indique les deux autres que par
des paupières. Voyez encore un Po-
lyphème dans Tischbein , Peint,
hom., Od. , II. — Deux autres Po-
lyphème sont, l'un un Thessalien,
Argonaute , fils d'Élate ( Apollo-
nius de Rhodes l'a , mais à tort ,
confondu avec Euphème),- l'autre un
priqce célébré par Homère (c'était
I
FOL
probablement ua prince lapithe).
POLYPHIDÉE, noxvipihi^s, de-
vin qu'où venait consulter a Hypéré-
sie en Argolide , et qu'Homère pro-
clame le plus habile des propliètes
après Amphiaràs , ne diffère peut-
élre pas d'Amphiaràs.
POLYPHONIE , POLYPHONTES,
n«A«?«yT;î5- : i°liéraut de Laïus (il
fut tué par OEdipe eu même temps
que ce prince) ; 2° tyrande Messène,
meurtrier de Cresphonte et de tous
les Cresphontides, prétendant de Mé-
rope (il fut tué par Epyte, fils de
cette reine).
POLYPHONIE , noAvÇo'yr?.' ,
cbasseresse , fille d'Hipponoos et de
Thrassa, descendante de Mars, brava
Venus , devint amoureuse d'un ours,
en eut deux fils, Agrios et Orîos , et
fut ainsi qu'eux métamorphosée en
oiseau par Mars , a l'instant où Mer-
cure, envoyé par Jupiter , allait les
punir de leur perversité.
POLYTECHNE. Foy. Aédon.
POLYXENE , n«A4^»^ , la plus
jeune des filles de Priam , est célèbre
par l'amour que sa beauté inspira
au plus brave des Grecs, Achille, et
par la mort qu'elle subit sur son
tombeau. Achille l'avait demandée en
mariage k Hectorj mais on exigeait
pour la lui accorder qu'il abandon-
nât la cause grecque. Priam l'avait
firès de lui lorsqu'il vint redemander
e cadavre d'Hector au camp d'A-
chille. C'est là , dit-on, que fut con-
clu le mariage. La cérémonie devait
se faire dans le temple d'Apollon ,
à égale distance des tentes grecques
et des murs troyeus. On sait qu'à
l'instant oîi Déiphobe tenait Achille
embrassé partit de l'arc d'Apollon
ou de Paris la flèche qui s'enfonça
dans sou talon et hii donna la mort.
Suivent deux légendes différentes :
dans l'uuc PolyxèAÇ se réfugie au
camp des Grecs, et la nuit qui suit
les obsèques du héros la veuve et
vierge se perce le sein sur sa tombe;
dans l'autre elle rentre à Troie, sur-
vit un instant a sa catastrophe , puis
est immolée cérémoniellement par
Néoptolème sur le tombeau du prince
qui lui a été fiancé. Sa mort est celle
d'une héroïne. Nul doute , au fond,
que ce ne soit une Cadmile. Iphigé-
nie ouvre , Polyxène ferme ce long
drame de sang et de meurtres qu'on
appelle la guerre de Troie. Euri-
pide et Sénèque , dans leurs pièces
des Troyennes imitées par Chà-
teaubrun, Ovide dans ses J/^frt'Twor-
phoses, ont suivi la seconde tradition ;
du reste ils placent la scène en Thra-
ce. De plus , Euripide et Sophocle
avaient chacim composé une tragédie
de Polyxène. Les artistes anciens
avaient fait plusieurs tableaux sur
le sacrifice de Polyxène ( Foy.
Pausanias), Les glyptographes s'é-
taient emparés de ce sujet touchant.
Une urne sépulcrale étrusque la mon-
tre présentant sa gorge nue au fer de
Néoptolème ; une femme ailée, qu'on
croit Némésis ouïe Destin, détourne
les yeux à cet aspect. — Une Da-
naïde aussi s'appelait Polyxène.
POLYXÈNE, PoLYXENus, no-
Aylevof : 1° fils d'Agasthène et du sang
des Héraclides ( il conduisit a Troie
dix vaisseaux remplis d'Epéens); 2°
fils de Jason et de Médée.
POLYXO, xioXvlœi i°Allantide;
s." Hyade; 3° femme de Dauaiis;
4-° prêtresse de Lemnos ( c'est elle
qui excita les Lemniennes a tuer leurs
maris; c'est sans doute la même que
cette vieille confidente d'Hvpsipyle,
qui lui conseilla d'accueillir les Ar-
gonautes); 5" femme de Nyclée ;
6° femme de Tlépolème, roi de Rhô-
dos , qui fut tué au siège de Troie.
Hélène , chassée de Sparte par M4-
346
POM
gapenthe, alla cliercher an asile
près de Poljxo ; mais celle-ci la fit
saisir nue au bain et pendre à un
arbre par deux de ses femmes.
POM est chez les Ramtchadales
une espèce d'expiateur émissaire. C'est
un mannequin d'un pied de haut. Le
jour de la fête de la purification ge'-
nérale des péchés , on ajuste entre
ses cuisses une baguette longue de
deux toises, on la courbe en arc, on
la suspend par une extrémité au pla-
fond : voila déjà une espèce de balan-
çoire, de purification par ventilation.
On jette ensuite l'idole au feu : c'est
une purification par combustion , et
tous les péchés des Ramtchadales leur
sont remis.
POMONE, PoMOKA, déesse ro-
maine , adorée d'abord , dit-on , en
Etrurie, n'est que la récolte des fruits
ou la fructification personnifiée. Elle
passe pour la déesse des vergers. Son
ëpoux est Verlumne, le changeant
{f^oy. à l'art. Vertumne, le mythe
unique dont se compose la légende
de Pomone). On a, sans doute à tort,
identifié Pomone avec Nortia. Il y
avait à Rome un flamine de Pomone
{Jlamen Pomonalis) que l'on re-
gardait comme le dernier des flami-
nes. Entre Ostie et Rome se trouvait
un temple, ou un autel, ou une sta-
tue de cette déesse. Les monuments
la représentent avec des branches
chargées de fruits k la main , ou sur
la tête, ou dans son giron. D'ordi-
naire elle est habillée j quelquefois on
la voit nue s'appuyer sur un tronc
d'arbre des rameaux duquel pend une
corbeille déjà mi-pleine. Une pierre
gravée de Beger ( Thés, brand.,
I, 66) la montre légèrement vêtue,
et portant des fruits dans les plis de
son manteau. Pomone est toujours
jeune. La pierre gravée ci-dessus in-
diquée lui donne un sein volumineux.
POMPILE,PoMPiHTS, ^
de l'île d'icarie, transporta Ocyroé
Milet, et fut changé par Apollan en
un mollusque aujourd'hui nommé Nau-
tile, et qui est célèbre par les petites
manœuvres de ses bras qui simulent
une voile et une rame. D'autres di-
sent que le Pompile est un acantho-
ptérygien de la famille des thons, qui
suit les vaisseaux par le beau temps,
et qui leur pronostique ainsi un heu-
reux voyage.
PONTONOUS, nevr«',««, cu-
mulait a la cour d'Âlcinoiis , roi de
Phéacie , les fonctions de héraut et
d'échanson.
PONTOS, ni.Tcç , la Mer féti-
che, semble plus encore le lit de la
mer que l'immense masse d'eau qui le
remplit. Hésiode (TAeog-onte) en fait
un des trois fils de la Terre seule, et
lui donne pour épouse sa mère même,
pour enfants Nérée, Thaumas, Phor-
cys, Céto, c'est-a-dire , selon Creu-
zer^ le fond k jamais immobile de la
mer , ses merveilles, ses aspérités
(récifs, brisants, promontoires), ses
monstres. — ■ Plus tard , les Grecs
imaginèrent un Poktos fils de Nep-
tune et génie éponyme du Pont-
Euxin et de Pont , futur empire de
Mithridate.
POOH. Foy. loH.
POPULONIE, PopuLONiA,
déesse italique , invoquée contre les
ravages de tous genres, peu importe
qu'ils provinssent des ennemis ou des
éléments. Était-ce Junon ? On l'a
prétendu, mais nous en doutons.
PORENETS, dieu slave. On le
représentait avec quatre têtes; il
avait de plus un visage sur sa poitri-
ne 5 et tandis que sa main droite te-
nait son menton , delà gauche il tou-
chait aux étoiles.
POREVITH, dieu vandale qui
présidait à la guerre ^ ayait selon les
POT
uns deux lêtes ; selon les antres sii
têtes, dont une sur la poitrine. Le
piédestal qui soutenait ettte mon-
strueuse statue était entouré d'épées,
de lances , et de toutes sortes d'ar-
mes.
PORPHYRION, Ticp(pvp/as , géant
à qui Jupiter , pour triompher plus
aisément de lui , s'avisa d'inspirer de
l'amour pour Junon, allait faire vio-
lence à la déesse, quand Hercule avec
ses flèches , Jupiter lui-même avec sa
foudre , lui ôtèrent la vie. — On
donne le nom de Porphyrion (tout
de pourpre) à Hercule, qui est le
soleil , et surtout le soleil dans sa
splendeur.
PORTUMNE , PoRTUMNUs , gé-
nie marin adoré sur les côtes d'Italie,
et pris tantôt pour Hercule , tantôt
pour Neptune. C'est à notre avis un
Hercule-NeptuHe , ou mieux encore
un Hercule-Patèque des ports. Comme
tel il se confond réellement avec Pa-
lémou , auquel les mythes vulgaires
l'identifient en effet.
PORUS, népo;, l'Abondance per»
sonnifiée, était un dieu chez les
Grecs. Il eut pour mère Métis, pour
concubine ou pour épouse Péniâ ,
pour fils l'Amour; ce qui signifie, dit-
on, que l'Amour tient également de
la richesse et de la pauvreté , ou plu-
tôt que né au sein de la pauvreté il
ouvre bientôt à ceux qui la sentent la
voie des richesses.
POSIDON. P^of. Neptune.
POSTVERTA. Foy. Prorsa.
^ POSVIDE, Éole des Slaves, pré-
sidait à l'air et aux variations de l'é-
tat atmosphérique.
POTA, POTICA, POTINA,
déesse latine , présidait au boire des
enfants.
POTAMIDES, UoTccfcr^i,, Nym-
phes des fleuves {yoy. Nymphes).
POTESTAS;lePouYoir,était,w-
POT 347
Ion Hygin, fille de Pallas et de Styx.
Ce n'est point le Cratos des Grtcs.
POTHOS, ui6cs, le Désir. Fojr.
Cabires, Erôs, etc.
POTITIUS et PINARIUS, Ita-
liens sujets d'Evandre, étaient des
vieillards auxquelsHercule, vainqueur
de Cacus, enseigna lui-même de quelle
manière il voulait qu'on l'honorât ,
qu'on l'invoquât matin et soir. Le
soir venu, Potitius se trouva au sacri-
fice dès le commencement. Il en fut
autrement de Pinarius, qui ne parut
qu'après la distribution des entrailles.
Hercule alors décréta qu'a l'avenir les
descendants des deux vieillards se-
raient ses prêtres , mais que ces deux
familles sacerdotales ne jouiraient pas
des mêmes honneurs : aux Potitiens
appartiendraient les morceaux les
plus succulents de la viclime ; les Pina-
riens, au contraire, se contenteraient
des restes. Dans un autre récit on
voit Pinarius et Potitius arriver en
même temps; maisPolilius seul offre
ses hommages au dieu , Pinarius ne
dit mot. C'est alors qu'Hercule dit à
Potitius : ft A toi sera la victime ; »
à Pinarius : « Toi, tu jeûneras (R. :
Potiri; Tru^Âa, avoir faim). y> Les
Pinariens , plus tard , cédèrent leurs
fonctions soit à des esclaves publics ,
soit à des officiers salariés ; ils en fu-
rent punis par l'entière destruction de
leurs familles.
POTRIMP, PoTRiMPOs, était
chez lesPruczes le dieu de la terre,
des fruits et des animaux {Givoitor^
tout ce qui a vie) : Potrimp, Perkoun
( Perkounos ) et Pikoll ( PikoUos)
formaient une trinité supérieure k
tous les autres dieux des Pruczes.
Ces autres dieux étaient principale-
ment le soleil, la lune, les astres;
puis force reptiles , des lézards , des
grenouilles , des serpents. La trinité
PxttCïe ne diffère peut-être pas essea*
3a8
POU
liellement du célèbre Triglaf, idole à
trois le les des Poméraniens.
POUÇA., déesse chinoise, la même
peut-être que Bbavaui aux Indes, a
seize bras chargés de couteaux , de
livres, d'épées , de fruits, de fleurs,
de plantes, de vases et de fioles. On
la montre assise sur une fleur de pad«
ma. Un jour, dit-on , elle était allée
avec deux nymphes ses compagnes se
baigner dans une eau pure : tout-a-
coupsurla robe de Pouça ^'épanouit
le padma aux fruits de corail; Pouça
en mange un, et sur-le-champ elle est
enceinte (Comp. Agdistis et Isis,
qu'on représente allaitant Haroéri
sur une fleur de Lotos). Pouça quitta
la terre pour remonter au ciel, dès
3ue son fils eut atteint Tàge de Ta-
olescence.
POUCHAN , le soleil aux Indes,
ou même dans la Gaïatri {f^oy. ce
mot).
POUNDARIKA , «ouverain de
Praïaga , fut un antagoniste de Kri-
chna; et, soutenant que lui seul avait
droit ;i ce saint nom-, défia le fils de
De'vaki en combat singulier. Kri«bna
marche soudain a la rencontre de
l'orgueilleux sivaïte qu'appuyaient
et Bhoumaçoura, son père, et le for-
midable Siva lui-même; et, malgré
ces puissants auxiliaires , il le ter-
rasse : «A présent, s'écrie-t-il ,
qui de nous deux est l'imposteur,
Poundarika ? renonce a te parer de
mes insignes, je t'accorderai mes fa-
veurs et mes grâces. Sinon, tremble !
mon châtiment t'attend.» Poundari-
ka , vaincu , s'obstine dans ses folles
prétentions; Kricimad'un souffle l'a-
néantit.— La légende de Poundari-
ka n'offre pas seulement l'exemple
d'une défaile des Sivaïtes ; elle
indique de plus la fusion des Dai-
tias et des Kbhatriias ligués contre les
Yichnouilesj car Biiomaaçoura était
POU
un Daitia : sou nom seul le prouve
assez.
POUROU, premier radjah tchan-
dravansa, devait le jour a l'hymen
de Boudha et d'Ila , et régna dans
Pradechlanam. C'est évidemment un
premier homme , comme Pouroucha
[f^oy. l'art, suivant). Ou peut aussi
le rapprocher de Boube.
POUROUCHA, le premier hom.
me selon quelques traditions hin
doues , fut créé androgyne , puis d&
doublé en deux sexes, et il devinf
alors Pouroucha-Yiradj. Au reste,
plusieurs remarques sont ici néces-
saires. 1° Ni Pouroucha ni Yiradj
ne sont vraiment des noms propres :
l'un veut dire homme, l'autre signifie
vierge. 2" C'est tour h tour ou
Brahmà ou Manon qui semble 1
premier homme. 11 y a plus, le bra
maïsme paraît faire dériver de Bra
ma quatre hommes ( trois couples
un homme), même tous, Brahmà,
Kchalriia, Vaicia, Soudra ( l^oj^.
Brahmà ). 3° Enfin , nous voyons
nommer un premier homme Adimo,
cl une première femme Ivi. /»" On
compte quelquefois sept Pourouchas.
POUSSA , le dieu de la porcelaine
à la Chine, n'est, selon les lettrés de
cet empire, qu'un ancien ouvrier en
porcelaine^ qui, désespéré de ne pou-
voir obtenir un morceau de porce-
laine tel que le lui demandait l'em-
pereur , se jeta de désespoir dans le
fourneau incandescent. 0 surprise!
son corps fondu a l'inbtanl devint une
pâte merveilleusement souple, blan-
che, éblouissante, et prit les formes
souhaitées par le souverain. On ne
manqua point d'en faire un dieu.
POUSTER, dieu germain dont
l'idole a été trouvée dans le château
de Rottenburg (Tliuringe), et trans-
portée dans le fort de Sondersbaus en
xô/ffij était consulté oijtensiblemçnt
PRA
par les prêtres lorsqu'ils voulaient
que le peuple multipliât les ofFraades
k leur profit. L'idole, d'uue sorte de
bronze jusqu'ici inconnu, est de deux
pieds un pouce de hauteur sur une
circonférence un peu plus considéra-
ble , et percée de deux trous , l'un h
la bouche , l'autre a la main droite
qui est posée sur la tête. A l'intérieur
l'idole est creuse. Onla remplissait en
partie d'eau , en partie de matières
combustibles, et l'on bouchait exacte-
ment lesdeux trous avec des chevilles
de bois, après quoi on mettait l'idole
sur le feu. Bientôt une sueur univer-
selle couvre la surface métallique }
pour peu que l'on continue, les bou-
chons s'élancent avec impétuosité , et
les flammes ondoient avec bruit au
dessus de la cavité. Avis à la foule
d'aller apaiser la colère du dieu qui
vomit des flammes par la bouche et
par le sommet de la tèlej et on ne
l'apaise qu'avec des offrandes. Voj.
Strobe, Pustcrus vêtus Germa-
norum idoluni; Giessen, 1726,
in-4°.
PRA-ARIASÉRU, saint contem-
porain de Saraanakodom , avait, se-
lon les Hindous, quarante brasses de
hauteur (deux cents pieds). Ses yeux
ont deux brasses et demie de circon-
férence et trois brasses et demie de
diamètre. Cela implique contradic-
tion, mais en mythologie on tient peu
aux axiomes géométriques.
PRABIROUMIÇOUR , PRALO-
KOÇOUR, PRAIÇOUR, forment
la trinité de Cambodje; le premier
est le créateur du ciel et de la terre ,
le second a donné au premier la fa-
culté créatrice, le troisième a octroyé
au second la permission de donner la
faculté créatrice.
PRADIOUMNA aux Indes est un
fils de Krichna et de Roukmini 5
mais c'est 'Je plus Kama lui-même ,
PRA
349
qui a été réduit en cendres par Siva
irrité d'avoir été blessé de la flèche
qui fait aimer. Sambara, titan fu-
neste , épris de Rati , inconsolable
veuve de Rama , jette Pradioumna
dans l'Océan : un poisson l'avale , est
pris , arrive dans les cuisines du
géant. Rati en l'ouvrant découvre
l'enfant, l'élève, et, quand elle are-
connu eu lui Kama, lui donne des le-
çons de magie pour qu'il puisse triom-
pher de Sambara. Pradioumna en
vient h bout 5 puis les deux époux
s'élèvent au sein des airs , et vont
descendre hDouaraka, oii Krichna et
Roukmini les reconnaissent. Un peu
plus lard Pradioumna fait assaut de
magie avec le terrible sivaïte Salia ,
et va succomber, quand l'apparition
de Krichna lui rend sa force éteinte,
détruit les illusions du génie du mal ,
et tue Salia.
PRADJAPATIS. Foy. Brah-
MADIKAS.
PRADJISA, autrement Abia-
'ïkKK{mythol.hindoue),i\\\\r\\\é{f:-
melle, personnification mythologique
du second principe du monde , la
matière , figure comme deuxième
terme dans la trinité primordiale des
Bouddhistes 5 Bouddha (l'essence in-
tellectuelle ) , Pradjna (la matière) ,
Sanga (la multiplicité) , voilà les trois
membres de cette haute triade. Sanga
dans toutes les écoles passe pour in-
férieure; elle lire son origine de l'u-
nion des deux essences supérieures qui
passent pour primitives, et qui sont
considérées dans le plus haut degré
d'excellence , h l'état de nivrilti ou
d'abstraction .dont l'unité est le ca-
ractère. Sanga au contraire appar-
tient au pravrilti ou monde sensible
caractérisé par la multiplicité des
êtres. Les trois membres de la triade
sont représentés par le monosyllabe
mystique Aoum, qui dans rorthogra-
35o
PRA
phe hindoue n'a que trois lettres , a
Jour Bouddha, ou pour Dharma ou
i^adjna, M pour Sanga.
PR A-MOGLA , un des deux dis-
ciples de Samanakodom , est vanté
pour sa charité. Touché des souffran-
ces des damnés, il renversa un jour
la terre , prit dans ses mains tout ce
qui brûle dans les enfers et , ne pou-
vant réteindre (car, disent les Sia-
mois , Samanakodom seul était ca-
pable de ce miracle), il supplia son
maître d'éteindre ce vaste bûcher.
Samanakodom , non moins charita-
ble , mais plus prudent, s'y refusa.
« Quel frein , dit-il , auraient désor-
mais les hommes?» La statue de
Pra-Mogla se voit dans les temples
derrière celle de Samanakodom et à
droite.
PRANA ( quelquefois Pranou )
aux Indes ne diffère point d'Aoum ,
le monosyllabe sacré par excellence.
Non-seulement il se compose de trois
lettres, il est de plus la vache trico-
lore , la belle et grasse Kamadhénou.
Ces trois couleurs sont les trois qua-
lités dont Prakriti est le mélange, et
au centre desquelles réside Mahanat-
ma. Au reste, Mahanatma se confond
avec Prana et , comme d'autre part
Mahanatma rentre dans Mana , Pra-
na et Mana ne font qu'un. Au fait,
selon les Brahmes , Prana pareil au
pur élher renferme en soi tous les
wéments, toutes les qualités j il est le
nom , le corps de Brahm infini com-
me lui, il est le créateur et le maître
de toutes choses. On dédouble quel-
quefois Prana en plusieurs Prana.
PRASRINPO et PIJlASRINMO,
célèbre couple de singes, suivant les
uns donnèrent naissance à l'espèce
humaine, suivant les autres apprirent
à l'espèce humaine l'art jusque-là
inconnu de faire l'amour. Ce jour -la
ce sont les hommes qui siugèrent et
PRA
les singes qui donnèrent la leço:
Quelque chose de pareil a lieu au J
pou, lorsque c'est de l'oiseau Isila
taki que les dieux-hommes Isanagî
et Isanami apprennent a se repro-
duire charnellement. Ces deux qua-
drumanes, auxquels le Tibet attri-
bue l'origine de l'humanité, ne sont
autres dit-on que Tsenrési lui-même
et sa femme Kadroma. C'est le dieu
lunaire Giam-Ciang qui leur avait
révélé l'utihté de la métamorphose.
Prasrinmo donna trois fils et trois
filles h son époux. Cette trinité , ana-
logue à tous les détails de mythologie
ethnographique (comp. Agathyrse),
rappelle les primitives traditions de
l'IrlaBde {f^oj. Bath).
PRAXIDICE, np«|J/;6, (vengi
resse ou qui fait justice), déesse gre
3 ne peu connue, était sans doute là
éesse^des intentions. Elle exigeait
impérieusement des hommes justice,
modératiqn, piété, fidélité à la parole
donnée (aussi sou nom a-t-il été e
pliqué par (fui accomplit ou ^c.
accomplir ce qiiil est juste d'à
complir). On lui donna pour pè
Sôtêr (le conservateur) , pour fall
Homonée (la concorde) et Arëté
vertu). On l'a confondue avec
nerve Alalcomène et avec Laverne
ce serait plutôt une Némésis, ou un
Thémis, ou uue Imarmène. On m
la représentait que par une tête
on lui offrait la tête seule des vie
times.
PRAXIDICES,PRAxiDiciE, n^a-
itê'ix.xi : I ° déesses d'Haharte , qui
présidaient aux serments j 2° nour-
rices de Minerve (c'étaient sans nul
doute des déesses alalcoméniennes:
leurs noms étaient Alalcomène , Au-
lis , Thelxinie); 3" les trois déesses
mentionnées dans l'article précéden
(Praxidice, Homonée, Arété).
PRAXITHÉE, Praxithea, np*i-
PRI
^têi» : x" femme d'Éreclitliée, fille de
Pbrasime, mère de CécropsII, de
Pandare, de Mélion et des quatre
nympbes érechthéides; 2° une de ces
quatre nymphes érechthéides, selon
les légendaires; 5° fille de Thespius
el concubine d'Hercule, dont elle eut
plusieurs enfants.
PREMA, déesse latine, une des
déités obscènes qui présidaient à la
consommation du mariage (R. : pre^
mère). Voy. Pekfica.
PRESBON, T\f^^m'. 1° fils de
Pbryxos (il fut remis, après le retour
des Argonautes, en possession des
états de son père); 2° fils de Minyas
et de Clytodore.
PRÉUGÈNE, n/)»j5y£»dV, béros
adoré a Mésore en Àchaïe , passait
pour fils d'un Agénor Inacbide et roi
d*Argos. Il avait enlevé de Sparte la
slatue de Diane Limnatis , ainsi que
la déesse elle-même le lui avait or-
donné en songe. On montrait son
tombeau à Mésore, près dune des
chapelles du temple j et tous les ans
les dévots venaient lui rendre des
honneurs sur cette espèce d'autel
funéraire.
PRIAM, Priamus , upfccf^ioç, fils
de Laomédon , s'appela d'abord Po-
darce, sans doute a cause de son agi-
lité. Quand son père refusa au libé-
rateur d'Hésione le prix qui lui avait
été promis, Priam fit tous ses efforts
pour le détourner de cette injustice.
Aussi Hercule, vainqueur de Troie,
donna-t-il au jeuue béros la ville et
le trône dont il venait de s'emparer.
Des traditions plus détaillées, mais k
coup sûr très-peu antiques, nous
montrent Podarce emmené en capti-
vité avec les autres Troyens et avec
Hésione sa sœur. Long-temps après
onle rachète, et c'est alors qu'il prend
le nom de Priam {jiplecftxtf acheter).
Bientôt la ville ruinée par Hercule
PRI
35i
renaît plus grande et plus belle;
l'empire s'agrandit; d'illustres allian-
ces unissent a Troie plusieurs des
petites monarchies de l'Asie-Mineure.
Hécube sa femme est fille ou du roi
thrace Cissée ou d'un roi de la Cilicie.
Cinquante fils tous braves, tous bril-
lants el beaux naissent et de cette
royale épouse et des concubines qui
peuplent son harem. Hector, Paris,
Hélénus, Déipliobe, Antiphe, Polite,
Hipponoos, Polydore, Troïle, sont
ses fils légitimes. Un nombre presque
aussi considérable de princesses se
dessine sur une ligne parallèle à
celle des fils. Les principales sont
Creuse, Laodice, Polyxène, Cassan-
dre. Les poètes se bornent a nous
présenter Priam comme un prince
équitable, sage, poli; mais c'est pres-
que un roi fainéant. On s'agite au-
tour de lui, immobile il laisse faire.
Paris enlève Hélène , il ne la rend
pas, il ne s'oppose pas à ce qu'on la
rende. Pendant toute la durée de la
guerre, il reste soit dans le palais,
soit sur les remparts, occupé k con-
templer les événements. Cependant
la mort d'Hector développe en lui
une énergie inaccoutumée : il se déro-
be la nuit de la ville, il se rend k la
tente d'Achille, il se jette k ses pieds,
baise eu l'arrosant de pleurs cette
main homicide qui lui a ravi un fils,
le supplie au nom de son père acca-
blé de vieillesse de lui rendre les res-
tes inanimés d'Hector. Achille atten-
dri le relève, lui accorde la triste
faveur qu'il sollicite. Lors de la ca-
tastrophe de Troie , Priam fut tué
par Pyrrhus , soit devant l'autel de
Jupiter Hercée , soit sur le seuil de
son palais oiî il s'était traîné demi-
mourant. On peut voir plusieurs fois
Priam dans des scènes relatives k
Troie, Galerie myth. de Millin.
—Un autre Pbiam, fils de Polite et
35a
?RI
PRI
en conséquence pelit-filsdupr^cédcnt,
fnt un des compagnons d'Enée.
PRIAPE , Priapus, Uptxnoçf
rip/ijTOf , dieu del'liorlicullure et de
la fructification, de rilhyphallisme et
des voluptés obscènes , avait pour
raère Vénus et pour père Jupiter.
Quelques traditions le iont naître de
Bacchus et de Ciiioné ou d'uue naïa-
de. Dans Afranius , il était le fils ou
de quelque Panisque, ou de quelque
Satyre, ou même de Tàne qui plus
tard lui fut consacré. Quoiqu'on doive
penser de ces généalogies, le fait est,
selon la légende , qu'a peine venu au
monde il effraya Vénus sa mère, par
les colossales dimensions de l'organe
viril son symbole. Selon quelques
mythologues, c'est h la jalousie de
Junon qu'il dut cette dittormitéj sui-
vant les autres, la jalouse reine de
l'Olympe n'intervint point lors de
l'accouchement de Véaus, et Vénus
n'eut h incriminer pei sonne qu'elle-
même en mettant son grotesque en-
fant au monde. Honteuse de cette
monstruosité, Ve'nus l'abandonna au
lieu même de sa naissance, et le re-
nia. Ce lieu , qui fut depuis Lampsa-
que, prit alors le nom d'Aparnis (du
grec ÛTTUpio/xai, renier). Des jber-
gers élevèrent Priape. De bonne
heure on le volt figurer parmi les
Dactyles Idéens et en relation avec
le dieu de la guerre. C'est de lui
que le jeune Mars apprend d'abord
la danse armée et ensuite le grand
art des batailles : évidemment ici
l'ithyphalle s'est lié avec l'idée de
lance en arrêt. Ensuite s'ouvre une
ère de lutte; des triomphes , des
persécutions et encore des triom-
phes varient la vie de Priape. Il
est adulte : les dociles citoyennes
de Larapsaque , disciples non moins
ardentes que Mars, prennent tant
de goût ï sea leçons que les mafis
^
se fâchent. Priape est banni de U
ville j maisqu'arnve-t-il? Une épidé-
mie d'une espèce nouvelle consume
et mine les pâles Lampsacienues ,.
veuves inconsolables du dieu qui a
grandi dans leurs murs. Après de
longs débats les maris rappellent
Priape, et lui demandent pardon.
Priape pourtant n'est pas sans pair
dans la carrière qu'il fournit. Les
dieuxsouveultrouvèntdes vainqueurs,
Marsyas a dû plier devant Apollon ,
Atbànà devant Arachné. Un ignoble
animal, une brute, l'àne ose un jour
jouter avec le dieu de Lampsaquo
pour les facultés génératrices. Priape
perd la gageure, et tue l'àne. Depuis
ce temps il déteste le malencontreux
solipède, et ses adorateurs doivent le
lui sacrifier. Quelques poètes racon-
tent le fait autrement. Tous les dieux
ont été conviés aux noces de Cybèlc.
On a bu mieux que du nectar, et l'on
dort pêle-mêle dans les ténèbres sous
la feuilljée. Priape qui a lorgné Vesta
toute la soirée ne dort guèrej et tout
à coup illuminé par l'idée que lui sug-
gèrent la nuit, le vin et son caractère,
il s'avance a pas furtifs vers le cola
du bois où s'est jetée la sœur de Ju-
Îiiler. Déjà il presse le même mate-
as de feull'age , il a écarté en silence
le voile pudique qui couvre les attraits
de Vesta, quand tout à coup l'âne,
son ami , son parèdre , son rival, eu-
tonne uu hymne de victoire. Vesta
s'éveille en sursaut 5 il était temps.
Les autres dieux se frottent les yeux,
et tous de rire a la vue de Priape qui
cherche, mais en vain, a se dérober
par une fuite prompte aux regards,
aux sarcasmes , aux coups. Quelque-
fois on conte celte aventure de la
nymphe Lotis. Ailleurs enfin, Lotis,
aimée de Priape et vainement pour-
suivie par lui, est métamorphosée eu
lotos ï rinstant où el!e va succomber.
1
PRI
—- Priape est uu dieu inysien, et n'est
point un des anciens dieux de la
Grèce, n ne faut pas non plus lui
donner la même origine qu'aux dieux
athéniens Conissale , Orthaue , Ty-
chon , Dordon , Kybdase et Pjrgès
que l'on regarde comme ses compa-
gnons ou ses parèdres. Sa présence
parmi les Dactyles n'est peut-être
qu'une plaisanterie obscène. Et au
fond, Priape donne lieu k un problè-
me fondamental. Est-ce sérieusement
que le phalle a l'état d'ilhyphalHsme
a été divinisé en Mysie , ou bien le
dieu-phalle n'est-il qu'une caricature
de médiocre antiquité.^ Nous incline-
rions assez pour cette seconde ma-
nière de voir. Mais il ne faudrait pas
en conclure que Priape est la carica-
ture d'Adonis. Très-probablement ce
dieu n'est qu'un dédoublement deBac-
chus. En effet 1° Bacchus se rend de
l'est k l'ouest 5 2° il s'adapte au cabi-
roïdisme corybanliqne, et s'y fait Cad-
mile-pha'lej phalle, il est enseveli dans
une ciste magique, et devient l'objet
mystérieux de la vénération; 3° il a
pour paièdres ordinaires des êtres
lascifs , des Silènes , des Satyres, des
Pans 5 i" la'coupe d'ivresse qu'il offre
aux hommes excite k la volupté, et
stimule l'organe par lequel on le
symbolise pour l'instant; 5° le nom
de Priape rappelle celui de Fré (so-
leil), et peut-être ape est-il Vasp
final de tant de noms persans. Quoi
qu'il en soit, Piiape , le phalle per-
sonnifié, passait pour dieudes vergers,
des vignobles, des abeilles, des trou-
peaux et de la pêche. Les premières
attributions sont simples, les autres
n'ont élé assignées au dieu que par
extension et comme analogues des
premières. De vergers on a été k
fructification, k fécondation, k tout
travail agricultural et agreste. Au
reste, Hermès se présente, chez les
IV.
PRI
353
Latins surtout, avecTaspect ithyphal-
lique; et cet Hermès vient de Sarao-
tbrace. Erôs (l'amour) offre pareille-
ment quelque ressemblance avec le
dieu de la volupté pratique , car ori-
ginairement sans doute Erôs était un
Hermès ilhyphallique ou un phalle.
Mais depuis les idées s'épurèrent, et
l'on distingua dans les relations de
sexe k sexe l'affection morale, l'at-
trait, l'amour qui en est le prélimi-
naire d'avec l'acte même qui en forme
le dénouement. De Ik, Erôs d'un côté,
Priape de l'autre : les deux se com-
plètent; ce que l'un désire, l'autre
l'accomplit, ce que l'un commence,
l'autre le consomme et l'achève. — -
Priape était surtout honoré k Lamp-
saque, capitale de la Mysie, célèbre
par ses vins et ses huîtres. Ou lui sa-
crifiait Tàne. On lui offrait en outre
des fruits, des grains, des grappes de
raisin, du miel, parfois des huîtres et
des poissons. Ses fêtes se nommaient
Priapées. On en voit plusieurs repré-
sentations sur des pierres "lavées.
Quant au dieu lui-même, c'est u di-
nairement un nain aux formes épais-
ses, quelquefois un adulte k taille rus-
tique : toujours l'organe auquel il doit
ou auquel il donne son nom frappe
par ses formes colossales et sa ten-
sion hyperboHque. Souvent il le lient
de sa main droite : la gauche porte
soit un sceptre, soit une simple hou-
lette, soit une serpette, soit enfin le
phalle lui-même. Du reste, ce phalle
affecte souvent les formes les plus
bizarres, il est ailé, il a des oreilles,
il s'enfle et se gonfle en forme
d'amphore. Quelquefois il a presque
k lui seul la taille du dieu, ou bien
Priape en porte un paquet sur les
épaules. Voy. Beger, Thés. Bran-
d:b.
PRIDAIN. Voy. Proudéno.
PRIENE, n^oî'v»). Amazone , hé-
23
w
PRO
PRO
roïne éponyrae de la vUle de Priène
dans l'Asie-Mineure.
PRIÈRES. Foj. LiTEs.
PRIMIGÉME, Primigenia :
1' la Fortune a Rome ; 2" la Nature
ou Physis chez les Orphiques j 5°
Prosçrpine. — Ces trois applicalioiis
au surnoiu de Primigénie, qui veut
dire la première née y nous font
voir que Proserpine , Iinarmène, la
Nature, diffèrent moins qu'on ne le
croirait au premier abord , puisque
toutes trois peuvent passer pour la
révélation première de Têlre irrévé-
lé. Comp. MaYa et Pbotogenie.
PRINTEMPS ( le ) , Ver , ''Eup ,
ne fut pas nettement personnalisé par
les poètes 5 mais les articles le repré-
sentèrent plus d'une fois. H se voit
sur plusieurs urnes cinéraires entre
autres sur celle de la villa Âlbani,
qui représente les noces de Thélis et
pelée. C'est tantôt un eiifanî, tantôt
une jeune fille. Des fleurs, un agneau,
des petits pois écossés, voila ses attri-
buts les "lus ordinaires. Ces attri-
buts sont infiniment plus compliqués
et plus riches chez les modernes.
PRIOLAS, UfiiXuosj petit-fils
d'un Tantale (Argonaute?) qui fut
lue par Amycus.
PRION, npi'*», roi gète lue par
Jason.
PROCAS, quatorzième roi d'Al-
be , père de Numilor et d'Amulius,
laissa le trône au premier, et l'ut le
bis-aïeul de Romulus et de Rémus.
PROCLÈS , fils d'Aristodème
l'Héraclide, avait pour frère jumeau
Eurysthène, et monta en même temps
que lui sur le trône de Sparte , en
io4 avant J.-C. Du reste, leur on-
cle Théras leur servait de tuteur.
C'est a partir de Proclès et d'Euris-
ihène que Sparte eut deux rois ou ,
pour employer l'expression techni-
que, deux arcliagèles. Leurs descen-
1
dants se nommèrent Proclides et EU'-
risthénides. Ces deux branches colla-
térales fournissaient toujours chacune
un héritier au trône. Quelquefois
aussi on disait, au lieu de Proclides,
Eurypontides, et au lieu d'Euryslhé-
uides, Agides. Proclès régna 43 ans,
et laissa le trône h son fils Agis.
PROÇRIS, TlpÔKfis, une des fil-
les d'Erechlhée 1", épousa Céphale,
fils d'Eole selon les uns, de Mercure
et d'Hersé (ou Lien de Déion et de
Diomède) suivant les autres. Enlevé
par l'Aurore, Céphale fut infidèle a
Procris, et pourtant la regretta tou-
jours. L'Anjore, pour diminuer l'a-
mertume de ce souvenir, lui accorda
le privilège de changer de formes ,
mais lui donna l'avis de mettre à
l'épreuve la fidélité de Procris. Cé-
phale obéit, et, sous les traits d'un
marchand , il appuya sa déclaration
d'amour a Proci is d'offres si brillan-
tes que la princesse fut sur le point de
céder. Céjihale alors reprenant sa
forme ordinaire l'accabla de vifs re-
proches. Procris confuse s'enfuit dans
les bois. L'Aurore avait mal calculé.
Procris infidèle, ou peu s'en fallait,
n'en était pas moins chère a son
époux : la chercher, la trouver, se
réconcilier avec elle, tel fut son soin
le plus priesaiit. Tous deux se jurèrent
l'oubli du passé, et Céphale reçut en
don de sa bien-aimée un chien mira-
culeux que lui avait donné Minos, et
un jafelot qui (rappait toujours le but.
Léger chasseur , Céphale ne cessait
de mettre a profil l'animal et le jave-
lot; et dès le matin il parcourait les
bois, les monts , pour ne rentrer que
le soir. Procris déjà trahie une fois
soupçonna un nouveau trait d'incon-
stance, et un jour alla épier l'infati-
gable chasseur. Après de longues
courses, Céphale vient respirer sur
une colline, tapissée de gazon, s'é-
PRO
tend sur l'iierbe fraîche , et invo-
quant la brise , s'écrie a diverses re-
prises : Viens, Aure {Aura, veni)\
Aure, pour la jalouse princesse, c'est
une rivale 5 elle fiëmit sous le feuil-
lage qui la cache. A l'aspect des feuil-
les agilées, Céphale s'esl levé, le ja-
velot vole, un cii humain s'écl)appe.
Il court, il voit Procris mourante.
Procris que rien ne peut giierirj et de
désespoir il se perce lui-même. Jupi-
ter louché de celle fin précoce les
transporte tous deux au ciel , où ils
brillent sous forme de conslellaliou.
— Dans d'autres niylhes on voil Cé-
phale, proscrit par l'Aréop ge, s'exi-
ler à Tlièbes , s'y iaire le second
d'Amphitryon , et débarrasser les
Tliébains d'Alopex, renard funeste
qui dévaste leurs moissons, et qui,
ainsi que son chien merveilleux, est
métamorphosé en pierre. — Céphale
veut dire lête ^ comme Tpé en égyp-
tien. De là, 1° son séjour a Thèbes 5
2° sa liaison avec l'Aurore. Voy.
ThÉbÉ. — Procris, une des Thes-
tiades, eut d'Hercule les deux ju-
meaux Auliléon et Hippée.
PROCRUSTE. Voy. Srwis.
PROETIDES. Voy. l'article
suivant.
PROETUS, frère d'Acrisius ,
époux de Slhénobée, père de Méga-
penlhe, régna d'ahord sur Argos, fut
dépossédé par son frère , se réfugia
chez le roi de Lycie, son beau-père,
revint, a l'aide des troupes que ce
prince lui donna , ressaisir la couron-
ne, bâtit la ville de Tirynlhe que les
Cydopes entourèrent de murailles ,
et eut de sa femme, outre Mégapen-
the, au moins trois filles, Lysippe ,
Ipbini'é (ou Hipponoé) , Iphianasse
(ou Lysianasse). Soit en punition du
mépris qu'elles affectèrent pour le
culte de Bacchus, soit à cause de l'or-
gueil avec lequfl elle» avaient osé se
PRO
355
dire plus belles que Junon , ou pris
l'ol* des tissus dont on enveloppait ses
statues, elles furent tout à coup sai-
sies d'un accès de démence effroya-
ble , se crurent métamorphosées en
vaches, s'imaginèrent qu'on voulait
les atteler a la charrue, et coururent
l'ArgoIide , baissant la tête a l'aspect
des passants comme pour les percer
avec des cornes. Chez quelques au-
teurs, l'accent avec lequel on narre
ces courses bizarres semble presque
indiquer une prostitution délirante.
On ignore si c'est du vivant de Prœ-
tus ou sous le règne de Mégapenthe
que se développèrent ces symptô-
mes j mais en général on en place
le dénouement sous Mégapenthe. Ce
prince souhaitait ardemment la guéri-
son de ses sœurs. Il pria Mélarape,
le devin, d'essayer sur les trois prin-
cesses malades la puissance de son
art. Melampe exigea pour récompen-
se , en cas de succès , le tiers du
royaume d'Argos; Mégapenthe refusa,
mais quelque temps après la violence
du mal s'accrut encore , et il invoqua
de nouveau Mélampe qui , celte fois,
voulut les deux tiers du royaume.
Une des Prœlides était morte dans
l'inlervallej il épousa l'une, Iphia-
nasse, et donna l'autre à son frère.
Hiimère parle d'une autre Prœtide
qu'il nomme Méra e^ qu'Ulysse entre-
voit aux enfers. A l'histoire de Prœ-
tus se lie encore ctlle de Bellérophon.
Slhénobée sa femme en fui éprise, lui
révéla en vain son amour, l'accusa
près de son époux; et ce dernier, n'o-
sanl l'attaquer de vive force, l'en-
voya en Lycie, chez lobate, son beau-
père, avec des lettres qui recomman-
daient "a ce dernier de le faire mou-
rir. On trouve aux articles AcRi-
sirs, Mélampe, Peesee, ce qu'il
faut penser de Proetus et des Prœli-
des, qui sont, on n'en peut douter,
23.
356
FRO
des personnifications solaires. — Deux
autres Proetus sont i° un fils-de
Nauplius, et par conséqueut arrière-
petil-fils de Danaiis; 2° un fils de
Thersandre, époux d'Anlie.
PROGINÉ ou PROCINÉ. Foy.
PRÔmAQUE : 1° fils d'Éson,
tué par Péliasj 2° fils d'Hercule et
de la Sicilienne Phégia j 3" fils de
Parlhénopée et un des Epigones;
4.° chef béote tué par Acarnas au
siège de Troie. — On appi lait encore
Proinaque(T^o^6«;(ief , défenseur) Her-
cule et Mercure.
PROMÉTHÉE , Prometheus ,
Tlpoutiêiisj figure dans la mythologie
grecque, et comme Titan, et comme
Sremier homme , et comme le sage
es sages. Japet et Climène (ou Asie,
ou Asope, ou Thémis) lui ont donné
naissance. Le scholiaste d'Araluslui
donne pour père Uranus époux de
Climène l'Océanide. Dans la première
hypothèse, il a pour frère Epiméthée,
Atlas, Ménèce. Lors de la Titanoma-
chie, il passa du côté des Crouides
avec Thémis sa mère , et assura ainsi
la victoire au parti qu'éclairait sa sa-
gesse. Dans Apollodore, c'est lui
qui, lorsque Jupiter, après avoir
avalé Métis , souffre des douleurs
horribles , parce que sou cerveau est
gros de Minerve, ouvre de son mar-
teau la tête du roi des dieux , et livre
passage à l'étinceiante déesse. De
tels services eussent dû assurer a Pro-
mélhée une place éminente près du
maître de l'Olympe, mais la supério-
rité intellectuelle qu'affectait le Titan
lui déplut. 11 fut chassé du ciel, et
jeté' sur la terre. La terre même
devint pour lui un lieu de supplice.
Du reste , on varie sur les causes de
ce courroux de Jdpiter. Chez les uns,
Prométhée, après avoir créé l'homme
dans Mécone , va ravir aux cieux l'é-
PRO
tincelle éthérée, et anime l'ouvrage
d'argile élaboré par ses mains. Ail-
leurs le feu qu'il a été ravir au cie', et
qu'il a placé dans une lige de férule ,
il le communique aux mortels, et fait
ainsi de cette race jadis dévouée "a l'in-
fériorité , au malheur, l'industrieuse
et opulente rivale des dieux. Chez
d'autres enfin, on voit Prométhée im-
moler deux bœufs , disséquer les deux
victimes, enlever avec adresse la peau
de l'une cl de l'autre, placer sous une
de ces robes velues tous les os, sous
l'autre toutes les chairs, la graisse et
la moelle, puis dire h Jupiter de choi-
sir : le dieu prit celle des deux peaux
qui ne contenait que des os. On de-
vine quel fut sou dépit. Pour tirer
vengeance du tour que lui jouait Pro-
raélhée, il lui envoya Pandore. Mais
l'habile Titan était sur ses gardes, et
c'est Epiméthée qui prit j)Our épouse
la ravissante et dangereuse jeune fille.
Alors Jupiter, ne pouvant triompher
de son ingénieux adversaire que par
une brutale violence, ordonna aux
njiuistres farouches de ses volontés,
Cratos et Biâ, et à Yulcain, son fils,
d'aller le clouer sur le Caucase. La
sentence fut exécutée; et un aigle
s'abatlaiit du haut des nues sur le
condamné, lui ouvrit la poitrine pour
lui dévorer le foie qui sans cesse re-
naît sous le bec recourbé de l'oiseau,
et que l'oiseau déchire sans cesse.
Dans Eschyle, Jupiter n'envoie l'aigle
à Prométhée que parce qu'il refuse
de lui révéler qui le détrônera un jour.
Ce supplice, au reste, ne doit pas
être éternel. Selon les uns, il du-
rera trente mille ans ; selon les au-
tres, Hercule y mettra fin. Quelques
traditions font voir Jupiter lui-même
délivrant Prométhée, en récompense
de l'avis qu'il lui donna lorsqu'il
fut sur le point d'épouser Tliélis.
L'aigle de Prométhée a générale-
PRO
ment été transformé en vautour 5
ainsi que plusieurs monstres mytho-
logiques, on l'a dit fils de Typhon et
d'Echidna, Dans Durius de Samos,
Promélliée est mis au ban de l'Olym-
pe pour avoir aspiré à l'hymen de
Minerve, ou plutôt pour avoir voulu
lui faire violence. Hésiode et Phé-
récyde , selon le scholiaste d'Apollo-
nius, avaient dit qu'il fut enchaîné h
unecolonne. Arrien elquelquesaulres
substituent au Caucase vulgaire, s.ir
lequel on place la scène de son sup-
plice, le Caucase indo-baclrien ou
Paropamise. On faisait voir sur le vrai
Caucase les chaînes qui avaient servi
à le retenir enchaîné aux deux som-
mets de la montagne, car i) est bon
de dire qu'il avait chaque main at-
tachée sur l'une des deux cimes.
Les Argiens, selon Pausanias, mon-
traient son tombeau. Mort ou non
mort, Promélhée laissa d'Asie ou
He'sione ou Axiihée, sa femme, Deu-
calion qui apprit de lui à construire
l'arche ou coffret dans lequel il
échappa au déluge universel. Chez
quelques mythographes il a pour fille
Isisj Céléno le rend père de Lycus et
de Chimère; Pyrrha lui donne Hé-
lène ; une nymphe inconnue devient
par lui mère de Thébé. — Peu de
personnages mythologiques sont plus
riches et plus caractérisés que Pro-
mélhée. 1° Il y a chez lui haute in-
telligence; il mystifie Jupiter même,
il lui assure l'empire dans la Titano-
machie, il lui révèle que de son union
avec Thélis naîtra un fils assez puis-
sant pour le détrôner. Seul au ciel il
est digne de Minerve; peu s'en faut
qu'il ne s'identifie par la jonction des
sexes avec cette déesse; il est secondé
par elle lorsqu'il a créé l'homme ma-
tériel, et qu'il veut lui communiquer
le mouvement, la pensée, la vie. 2" Il
est le feu lui-même , le feu chaleur ,
PRO
35'
le feu galvanisme, le feu principe de
la vie , le feu intelligence ; et puisque
feu (éther) et intelligence tendent à se
réabsorber, en ce sens il est Minerve
même, Minerve mâle. 5° Puis il est
Vuîcain, car Vulcain estle feu même.
Ainsi que Vulcain , il ouvre la tête de
Jupiter obsédé par la céphalalgie.
Il mauie le feu , et grâce à lui il in-
vente tous les arts. Il est colonne : la
colonne à laquelle on l'attache, c'est
lui; le mont que les traditions ordi-
naires substituent à la colonne n'en
diffère pas : « l'Atlas colonne des
cieux, » disait Pindare; et si l'on
objecte que c'est Mercure qui af-
fecte la forme colonne, voyez a.
l'article Fta ce qui est dit des Fta
Stylites. A° Comme feu, il est aussi
Titan et magicien : c'est ce qu'on ex-
prime en le rangeant parmi les Cabi-
res ; et l'on sait combien il y a de
rapports entre toutes ces idées feu ,
fonderie, métallurgie, sorcellerie,
ahrimanisme , dimensions colossales:
le feu qui d'une part émane du dieu
organisateur, et qu'en conséquence on
donne comme sou fils (Vulcain) , de
l'autre semble planer au dessus de
l'époque où le monde fut organisé,
et il est ou le père ou le prédéces-
seur du dieu suprême organisateur.
Ainsi Promélhée est autérieur h Ju-
piter , ainsi Jupiter se trouve entre
Prométhée et Vulcain qui ont des
attributs dn même genre. 5° Non-
seulement Prométhée est le créateur
de l'homme abrégé du monde et mi-
cro i?come éblouissant de perfection ,
il est de plus Thumanité même, Epi-
raélhée et lui ne sont qu'un {^J^. Pan-
dobe). Mais là Promélhée n'est plus
semblable h lui , il est imprudent, il
oublie, il aime, il est curieux, il ouvre
la porte à tous les maux impatients
de fondre sur le globe , il n'a pour
excuse de ses folies que l'espérance.
358
PRO
PRO
Les poètes anciens se sont beau-
coup occupés de Promélhée. Eschyle
avait composé sur ce personnage
trois pièces, Proméllu'e ravisseur
du Jeu, Promtihée dans Its fers,
JUa Délivrance de Prométhée.
La seconde seulement existe encore ,
elle a été traduite en vers par Le-
franc de Pompij^nan j Legouvé en a
donné une analyse et iinilé quelques
passages. Plusieurs bas-reliefs an-
ciens représentent la création de
l'homme par Prométhée, Tels sont
entre autres ceux du Musée Vat., 2 5,
n' 2 ; du Musée Pio-Clémenlin , IV,
34; du Musée Capit. , IV, aS. Le
dernier appartient à un sarcophage
qui présente dans une de ses parties
le supplice de Prométhée. Un autre
bas-relief de marbre (Montfancon ,
Ant. eocpL, pi. i3i) représente la
délivrance de Prométhée par Hercule;
le Caucase est symbolisé par un
vieillard; Hercule, Tare en main,
prêt k percer Taigle, a laissé derrière
lui la massue et la peau du lion de
Némée ; Mercure paraît disposé k
seconder le fils d'Alcmène. — Les
Athéniens donnaient le nom de Pro-
méthées aux Lampodophories.
PROMÉTHOS et DAMASICH-
THON , fils de Codrus conduisirent
des colonies dans l'Asie-Mineure.
PROMITOR, dieu romain, prési-
dait aux dépenses (Rac. : Promus
ou promere).
PROMYLÉE, déesse qui prési-
dait , selon les uns j'aux meules , se-
lon les autres, aux moles et aux ports.
PROINOÉ : 1° Néréide, 2- fille de
Phorbas; mère de Calydon et de
Fleuron.
PRONOUS ri» fils de Phegée,
tue' par les Alcraéouides ( f^. Acar-
lîAs); 2** chef troyen tué par Pa-
trocle.
PROPÉTIDES , Nymphes, per-
sonnificalion de l'impudîcité féminine
et de la prostitution, passaient pour
des femmes qui avaient bravé la puis-
sance dé Vénus, et dont celle-ci lira
vengeance en les embrasant des feux
les plus désordonnés. Après avoir
erré lotig- temps en s' abandonnant a
tout ce qui se trouvait d'hommes sur
leur passage, elles s'endurcirent tel-
lement k tout sentiment humain,
qu'insensiblement elles furent trans-
formées en rochers.
PRORSA ou PORRIMA ou AN-
ÏEVER lA et POSTVERTA pas-
saient k Rome pour deux sœurs sou-
veraines des accouchements et pro-
phélesses. Les couches doivent-elles
être heureuses, l'enfant présenle-t-il
la tète la première, c'est Porrima ou
Prorsa qui l'emporte. Dans k cas con-
traire c'est k Postverta qu'appartient
la puissance. Prorsa et Postverta sont
ensemble Cfimme deux llithyes, l'une
oimuzdienne, l'autre ahrimanienne.
Ce n'est pas tout : elles chantent et
froclaraent, l'une ce qui n'est plus,
autre ce qui n'est pas encore. Com-
me telles, ce sont deux Parques, deux
Nornes, deux Xantries; ce sont des
cardeuses d'événements : car ce que
leur bouche proclame, ce sont leurs
mains qui l'élaborent; les fils variés
dont la complication fantasque, ano-
m.;ile, inattendue, forme les événe-
ments, ce sont elles qui les brouillent-
carminant. Aussi les nomrae-t-nn
Cai mentes; aussi les mylho'ogues leur
associent-ils la grande Carmente com-
me troisième sœur. Il est vrai qu'on
a tort, et que Carmente, la Norne
monade, se scinde en deux Carmentes
individuelles, Porrima et Postverta.
Une tradition subalterne montrait les
deux sœurs invitées au sacrifice
d'Hercule , après la mort de Cacus :
Prorsa se trouve avant l'heure au
rendez-vous, Postverta arrive quand
1
me ^1
PRO
tout est fini. C'est absolument l'aven-
lure de Pinaiius et de Poliliusj c'est
aussi l'idée mère de Prométhée et
d'Épimétliée. Il est bizarre toutefois
de voir la Xanirie de l'avenir assumer
l'aspect et le rôle d'imprudente.
PROSERPmE, Proserpina, et
en grec PeRsÉPHOIjE, P£RSÉPHA^SE
ou PhÉbÉphatte , reine des enfers^
était fille, suivant les uns, de Jupiter
et de Cérès (ou de Slyx), selon les au-
tres, de Saturne et de Rhée, très-ra-
rement de Persée. La théogonie de
Sanchpniaton la montre fille de Crone
seul. Céiès, sa mère , l'éleva dans la
Sicile ou à Eleusis. Accompagnée de
Vénus, de Junon, de Minerve, des
Nymphes, des Sirènes, la jeune fille
cueillait des narcisses , quand tout a
coup, fort de l'assentiment de Jupiter,
Pluton, qui n'a trouvé aucune compa-
gne parmi les déesses pour partager
sa couche , apparaît , enlève sa nièce
tremblante, se replonge dans le som-
bre séjour, et l'épouse. En vain Cya-
ne a tenté de s'opposer a l'irrésistible
essor du dieu noir, elle est changée
en fontaine; en vain Cérès, à qui la
nymphe révéla enfin le nom du ravis-
seur de sa fille , la redemande à grands
cris à Plulon, a Jupiter. Il est écrit
que si Proserpine n'a rien goûté de-
puis qu'elle est aux enfers, elle re-
tournera dans les bras de de sa mère;
dans le cas contraire , elle est irrévo-
cablement acquise k Pluton. Ascaia-
phe décide la querelle en faveur du
roi des enfers; et Jupiter, en consen-
tant encore a laisser Proserpine pas-
ser six mois dans la couche nuptiale ,
six mois dans les bras maternels , ac-
corde a Cérès un bonheur inespéré.
Quelques traditions varient les détails
du mythe deProserpine. Enna, Eleu-
sis, ne sont pas» les seuls lieux où l'on
en place le théâtre; Hippone aussi en
Sicile, la Mégaride, Nysa entre l'Io-
PRO 359
nie et la Lydie, les bords du Cépbise
en Attique , la Crète, la Thrace , un
rivage vaguement désigné de TOcéan,
se disputent l'honneur de ces violell-
tes fiançailles. Dans Sanchoniatoti
Proserpine reste vierge; dans les
mythes prolopëlasgiques liés depuis à
la religion dionysiaque, Proserpine
figure comme l'épouse de Jupiter et la
mère de Bacchus ou lacchos (Zagrée,
Eubulée, qu'on lui donne quelquefois
pour fils, n'en diffèrent pas). Plus
tard, l'épouse devient une amante,
l'époux un séducteur incestueux qui
a emprunté la forme du serpent pour
déshonorer sa fille; et cette fille,
Proserpine, en est honteuse, comme
Cérès quand elle a été outragée par
Neptune cheval, et dans son déses-
poir elle va se cacher dans les profon-
deurs de la terre. Le fils est un tau-
reau ; et de là le mythe qui fait le
taureau fils du serpent. Une tradition
très-rare fait de Proserpine la mère
de Jupiter même. Parfois Thésée la
séduit. Pirilhoiis descendit aux en-
fers pour enlever Proserpine j il n'y
réussit point, et même c'est la déesse
qui découvre cet audarieux projet à
Plulon. Elle avait été plus tendre
pour Adonis [F^oy. ce nom). Ces
petites velléités extraconjugales n'a-
vaient point empêché qu'elle ne mar-
quât de la jalousie k Pluton , et
qu'elle ne changeât Menthe en une
plante de son nom, pour la pimir
d'avoir inspiré de l'amour au dieu des
onibres. Toutes ces traditions, en ap-
parence contradictoires, ne tarderont
pas a s'expliquer pour nous. — On
donne a Proserpine les titres ma-
gnifiques de mère des Euraénides
et d'Eubulée, de la chaste, la sain-
te , l'ineffable, l'andiogyne, de Pro-
togénie ou la première née , de Pra-
xidice ou la justicière , de Coré ou
Libéra (la vierge, la Jeuiie fille), d'I-
36o
PRO
PRO
1
marmène, la Parque, la Fortune, de
Mililla ou Ilithye la grande accou-
clieuse, de Polybée la nourricière, de
Sotira ou Sospila , d'Axiocerse et de
Cabire qui ont Irait à son haut rôle
dans le cadre cabirique, de Despœna,
reine, de Phereplialla ou Porle-
PLalle. Ces épitbètes, si nous voulions
continuer , fourniraient encore des
colonnes. A ces noms incontestable-
ment mérités par elle se joignent tous
ceux qui impliquent l'idée de grande
mère , l'idée d'essence divine , l'idée
de fécondité spéciale. La voici dès-
fors ou fille ou femme ou mère de Ju-
piter, mère de Baccbus, mère dea
Praxidices qu'on nomme Euménidesj
la voici aimée de dieux divers; la
voici filîe de l'éLlonissante lumière ,
Persée; la voici Ariadne, Pasipliaé ;
la voici Maïa, Mylilta, "Vénus, Mi-
tbra, Artémis; Arlérals dans le baul
rôle, Arlémis dans le rôle lunaire.
La voilà terre, c'est-à-dire Cerès;
et puisque la terre se distingue en sur-
face et noyau, la voici Cérès et Pro-
serpine. Nous sommes donc arrivés à
im dédoublement; mais ce dédouble-
ment nous abuse-t-il.^ Non. En vain
veut -on distinguer les deux dées-
ses, elles ne fout qu'une; en vain
dit-on : Proserpiue est la fille; le fait
seul de Jupiler, amant de l'une et
de l'autre, décèle déjà dans Proser-
pine au moins l'égale de sa mère. La
forme ophidienne sous laquelle le dieu
de l'Olympe s'unit à sa fille indique
un rôle plus élevé que celui de la
mère; car l'épouse du serpent, c'est
Pépouse d'un Knef. En eifet voyez
l'Egypte: avant le bouc, avant le
bélier, avant le taureau , avant l'i-
bis, se déroule une bleuâtre circonfé-
rence sans fin comme sans commen-
cement, reptile flexible dont la queue
rejoint la tête. Ecoutez l'Orphique:
le serpent et l'oisean , voilà les em-
blèmes de la génération des mondes;
leur œuf-univers a des ailes , et est
flanqué de serpents. Eh bien! nou-
velle coïncidence , Proserpine est
oiseau : Cythérée dont elle ne diffère
pas est une colombe ainsi qu'un pois-
son; etPerséphatte veut dire colombe
lumineuse. Qu'est ce donc que celle
jonction mystérieuse de Zévs et de
Perséphatte? La jonction du serpent
et delà coloii'be. Il est vrai que dans
ce cas les rôles sont intervertis; la
passiveté - ténèbres est lumineuse ,
l'aclivité-lumière est brumes épaisses
et sangglacé, mais la permutation des
rôles n'a rien d'étonnant en mytho-
logie. Grâce à cette flexibilité de ca-
ractères qui rentrent les uns dans les
autres, Proserpine ciimule tous les
attributs spéciaux des déesses avec
lesquelles elle a une ressemblance gé-
nérale. C'est peu d'être femme de
Plulon, c'est elle qui juge, qui puri-
fie, qui statue sur les métempsycoses
futures des âmes; c'est peu d'être
Nuit-fatale ou ahrimanique, elle est
Nuit-nourricière, Nuit -onde va-
seuse. Nuit-oubli (le fleuve Léthé
c'est elle). C'est peu d'être l'onde
primordiale, elle est l'eau rafraîchis-
sante, la source où se puise la vie, la
paix, la pureté. C'est peu d'être la
rectricedes événements, elle est la
Carmente ou Xantrie , et par consé-
quent prophélesse; elle est l'Heure
et la compagne des Heures; elle est
la fatalité flamboyante, Adrastée;
elle est l'Euménide (car mère des Eu-
ménidesne veut pas dire autre chose).
C'est peu d'être Cérès, elle est la fée
bienfaisante qui donne les bœufs, les
blés, les gras pâturages aux liumains.
C*est peu d'élre la Lune , elle est
Diane errant sur la terre à la lueur
de la nuit ; elle est Hécate dardant au
loin ses traits ; elle est Ilithye , qui
fait souffrir ou qui délivre les mères.
PRO .
C'est peu d'être Vénus , elle lui dis-
pute Adonis. Quant a ce que l'on
dit sur Proserpiue , symbole du blé
en terre , et sur toutes les coïnci-
dences des phases des développements
de la céréale et de la fille de Cérès ,
il faut laisser ces subtilités k d'autres.
Proserpiue, dans le cadre cabiriqiie ,
n'assume pas ostensiblement cette
multiplicité de caractères; l'a sa place
spéciale est celle d'Axiocerse femelle.
Pluton, son partenaire mâle , se des-
sine avec elle sous Cérès Axiéros. Le
Cadmile n'est pas nommé , mais si ,
comme on le doit, on voit dans Plu-
ton Zévs-Stygios, on arrive bien vile
à donner le rang de Cadmile h laccbos
ou Zagrée, ou Ëubulée {Voy. Cabi-
REs). — Proserpiue élait surtout ré-
vérée dans la Sicile, dont Jupiter lui
avait fait présent , et a Eleusis, con-
jointement avec sa mère; Agrigenle
lui était consacré; Sarde la regardait
comme sa divinité tutélaire; Locres
et Mégalopolis l'honoraient , et dans
cette dernière ville elle avait , con-
jointement avec sa mère, un temple
magnifique; un bois voisin lui était
consacré a elle seule. A Elos on voyait
sa statue ainsi que celle de Cérès, et
on la tirait cérémoniellement du sanc-
tuaire pour la porter dans l'Eleubi-
nium. Les Sabins l'honoraient aussi
(probablement c'était la même que
Féronie) , et sa fête, à laquelle on af-
fluait de tous côtés, élait une des foi-
res les plus brillantes du pays. Au-
près du lac Averne élait un bois cé-
lèbre sous son invocation; a Piome
elle avait aussi un temple. Les Gau-
lois la regardaient, dit-on, comme
leur mère ; mais ici sans doute on
traduisait le nom de quelque déesse
femelle des Celtes par celui de Pro-
serpiue. Les Arcadiens lui don-
naient le nom de conservatrice, S<a-
rt<^a,et, bizarre calembourg , l'in-
PRO
36i
voquaient pour retrouver les choses
perdues. Dans quelques coulre'es ,
son culte était mystérieux , ou bien
permis aux femmes seules. A Méga-
lopolis les hommes n'entraientqu'une
fois l'an dans son sanctuaire. La
chauve-souris, la grenade, le nar-
cisse lui étaient consacrés; on lui
sacrifiait des génisses stériles, de
jeunes chiens noirs; dans les funé-
railles on se coupait les cheveux en
son honneur et on les jetait sur le
bûcher. On jurait par elle en Sicile ;
et per'soniie ne doutait qu'elle ne pu-
nît le parjure. Proserpiue alors a
quelque chose de la vieille et sévère
océanide Styx. D.ins la Molosside
toute jeune fille qui était enlevée par
une mort prématuiée prenait le nom
de Proserpiue. — L'idéaldecelte reine
des enfers est une beauté jeune et
brune, tantôt sur un char qu'entraî-
nent au milieu de torrents de .fumée
de rapides chevaux noirs, tantôt sur
un trône d'ébène au bas duquel le
Sommeil éternel, l'Oubli, Cerbère,
Mercure Psychopompe , ou autres
dieux sinistres, veillent. Dans l'un et
l'autre cas elle est près de son époux.
Au sceptre noir est souvent substi-
tuée la fleur de Narcisse; car , dit
Sophocle, ce sont des narcisses qu'elle
cueillait â Enna lorsqu'elle fut enle-
vée. Dausunchamp voisin de Phocée
se voyailune Proserpiue chasseresse;
enfin dans plusieurs monuments elle a
sur la tète le raodius ou calathe : on
pense soudain h Sérapis, qui est aussi
un dieu des enfers, un dieu suprême;
puis on en revient à croire que le ca-
bithe est tour à tour rempli de fleurs
qui simulent le chapiteau corinthien,
rempli de finit qui nous reportent
aux céréales. C'est ici le cas de rap-
peler , indépendamment des autres
rapports de Proserpine et de Cérès ,
que les Romains dérivent Proserpine
36%
PRO
âeproserpo.) vu que les ce'réalesaux
racines chevelues serpenlenl en terre.
C'est une étymologle comme une au-
tre ; elle vaut bien celles qu'on a
données a Perséplione et à Phéré-
Îhatte. Toutefois, nous croyons que
*roserpine signifie le grand serpent,
bu , comme l'eussent dit les Hin-
dous, Paraçarpa. Les beaux léta-
draclimes de Syracuse représentent
des tètes de Proserpine qui sont h
la fois les types de la plus haute
beauté d'une jeune fille, et les plus
parfaits mouumenls de l'art moné-
taire { f^oj-. Hunier, liv. II, 9).
Quantité de vases peints trouvés eu
Sicile et en Campanie offient des dé-
tails relatifs aux mystères de Liber
(Bacchiis) et de Libéra. Un bas-n-lief
du Musée Pio Clémentin (II, i) nous
montre Platon et Proserpine sur
leur trône : Psyché (symlioledel'àme)
est pi es d'eux un doij;t sur la bouche.
Sur le sépulcie des Nasons (Btllori,
Sep. de' JVas.. YIII ) se voient
Icb deux époux infernaux assis sur un
même trône, a titre de rois des lies
Heureuses. Mais de tous les traits de
la légende de Proserpine, nul n'aëlé
plus fréquemment représenté que son
enlèvement rlNicomaque l'avait peiul,
et Praxitèle avait composé sur ce
rapt si riche deux groupes d'airain,
l'un pour Athènes, l'autre pour Thes-
Ries. Un magnificpie bas-relief du
lusée Pio Clémenlin (V, 5) est ce
qui nous reste de plus beau sur ce su-
jet. On peut y comparer un beau
marbre de la galerie Giusliniaiii, un
autre marbre expliqué pai' Bellori, la
ceinture d'une statue trouvée à Rome,
enfin un pan du tombeau des INasons.
N'oublions pas les deux retours de
Proserpine. figurés l'un sur une mé-
dailled'Antonin-le-Pieux(Rasl,y^//f.
roin. etgaïU. ,XVII, 12), l'autre
dans ua bas-relief du palais Rospi-
PRO
glîosi (Hirt, BilderbiircfiylX, 6). Il
n'e>t personne qui ne connaisse au
moins de nom le célèbre poème de
Claudien sur le rapt de Proserpine.
M. Michaud l'aîné en a donné une
imitation «n vers fiançais.
PROTÉE, Proteus , npanvs ,
[)asse dans la myihulogie grecque, k
aqHtlIe il est évidemment étranger
d'orii^iue , pour un dieu marin, fils
de Neptune et de Phénice , ou de
rOcéau et de Télliys. 11 naquit à
Pe lèue en Macédoine, épousa Psa-
mallie, en eut cinq tils^Théotlymène,
Torone , Polygone , Télégone et
Traole : ces deux derniers se rendi-
rent affreusement célèbres par leur
cruauté. Quelques mythologues nous
montrent Hercule tuant Torone, Po-
lygone et Télégone j chez quelques-
uns d'entre eux Torone est une nym-
phe et même sa femme. Quoi qu'il en
soit,Protëe, désolé de leurs crimes,
s'enfuit en Kgypte, grâce a INeptune
qui lui ouvrit un chemin sous le lit
de la mer. Neptune lui confia la garde
de ses troupeaux, composés de pho-
ques ou veaux marins. Prolée les
amène chaque jour sur le boi d de la
mer, oîi ils se reposent tantôt sur le
sable, tantôt sur le vert des prairies.
Ce qui distingue surtout Prolée dans
la mythologie vulgaire, c'est le pri-
vilège qu'il avait de prendre toutes
les formes imaginables, sanglier, lion,
tigre, panthère, serpent, eau, feu,
arbre; il était aussi prophète. Méné-
las, dans l'Odyssée, Aristée, dans les
Géorgiques, le consultent sur diver-
ses opérations difficiles. C'est de lui
en particulier qu'Aristée obtient un
moyen de repeupler ses ruches vides
d'abeilles, a l'aide d'un taureau im-
molé sous certaines conditions déter-
minées. Dans l'Odyssée , c'est Ido-
thée, sa fiile, qui indique h Méuélas
les moyens de le vaincre ; car Protée
I
PRO
ii'esl point prodigue des trésors de la
science, et il faut le charger de cliaî-
nes pour qu'il consente a révéler aux
liumbles mortels ce qu'il sait du pré-
sent ou de l'avenir. Au reste , îdo-
thée n'est point sa seule fille , et l'on
trouve encore avec ce titre Théonoé,
Rhéla , Cabira. — Protée avait un
temple à Memphis. On a prétendu
que son nom était commun h tous les
rois d'Egypte. Les évhéméristes ont
fait mieux, ils ont vu dans cet être si
évidemment mythologique un succes-
seur de Phéron. Hélène et Paris ont
été jetés par une tempête sur les cô-
tes d'Egypte : sévère observateur de
la morale , Protée sépare les deux
amants, renvoie aubout de trois jours
Paris seul, et garde Hélène dix ans
pour la rendre à son mari. Cepen-
clantla guerre de Troie a lieu, l'Eu-
rope et l'Asie se ruent l'une sur l'au-
tre. Au bout de dix ans Troie tombe,
mais Hélène ne se retrouve pas ; on
revient en Grèce sans elle. Heureu-
sement une bourrasque pousse la flotte
de Menélas jusque sur les côtes d'Ê-
gyptej et c'est là qu'on lui remet son
Hélène, plus vieille de dix ans, mais
intacte et pure comme lorsqu'elle a
débarqué sur la côte du Délia. Pro-
tée , ajoutent ces subtils commenta-
teurs de 1 antiquité , était un prince
adroit, sage , imiiénétrable dans ses
secrets, et qu'il fallait serrer de près
pour les lui arracher. Il ne se prome-
nait qu'à certaines heures en public.
Sa souplesse d'esprit lui donnait suc-
cessivement les appaiences du renard,
du lion, du singe, etc. D'ailleurs, sous
la tiare des rois d'Egypte flottaient
des dépouilles de lion , de panthère,
de taureau, ou bien brùlaientdes cas-
solettes a parfums. D'autres inter-
prètes ont l'ait de Protée un orateur,
UQ comédien-pantomime, un enchan-
teur. Pour nous , nul doute que Pro-
PRO
363
tee ne soit un Soleil-Océan , et peut-
être un Soleil-Océan premier Dé-
miurge. Dans le nom de Protée peut-
être entre l'élément Fré 5 il est possi-
ble aussi que ce nom doive s'inter-
préter par le premier {-Tipàroç) ou
l'ancien des jours. Ces deux rôles,
Océan et Soleil , n'impliquent nulle-
ment contradiction {f^oy. Knef). A
l'idée d'eau se lie naturellement celle
d'inspiration. La variabilité de formes
n'a rien de bizarre ; car l'eau^ prin-
cipe universel, se scinde , et en un
sens-se change en mille individualités
diverses. — Un autre Pkotée est un
Egyplide qui eut pour mère Argy-
phie.
PROTÉSILAS , Protesilaus ,
XlfUTirrlxxos ( que quelquefois on
nomme Iolas) , fils d'Iphicle et de
Diomédee, partit de Phylace, sa pa-
trie, le lendemain de sou mariage avec
Laodamie ou Polydore, pour conduire
à Troie le contingent de Phylace, de
Pirase, d'Iton , d'Antron et de Plé-
léôu, et s'élança le premier sur le
rivage de Troie, quoique l'oracle eût
nettement prédit la mort de celui qui
donnerait cette preuve de bravoure.
Protésilas fut tué sur-le-champ par
Hector, Enée, Euphorbe ou Achate.
Arrivé aux enfers, il supplia Proser-
pine et Plutondelui accorder la per-
mission de revenir pour quelques
heures sur la terre ; et il profita de
celte éphémère résurrection pour dé-
cider sa jeune épouse k le suivre dans
lesombre séjour. Quelques traditions-
le font vivre après le sac de Troie.
Il a en partage Ethille, fille de Lao-
médon. Une tempête le force a des-
cendre sur la côte entre Mendès et
Scione. Ethylle harangue ses compa-
gnes de captivité et les détermine k
mettre le feu au vaisseau de Protési-
las, qui reste de force sur le rivage
oiira jeté l'ouragan, et y fonde la
364
PRO
ville de Scione. On montrait le tom-
beau de Protésilas dansla Chersonèse
de Tlirace, où il avait un temple ma-
gnifique dans Eléonle: il s'y rendait
des oracles, et les pèlerinages y ac-
cumulaient de grandes richesses. On
riionorait aussi dans Abydos, oii il
avait une chapelle. — Protésilas si-
gnifie prémices du peuple; ces deux
mois doivent tout dire.
PROTHOÉ, Amazone, tua sept
ennemis sur le champ de bataille et
fut tuée par Hercule.
PROTHOENOR, fds d'Aréiiyque
et de Théobule , frère d'Arcésilas et
un des sept chefs béotes k Troie, fut
tué par Polydamas.
PROTHOOS -.i" chef grec, fils de
Teuthrédon (il conduisit 4o vaisseaux
de Magnèles kTroie) ; 2" un des 5o
Lycaonides ,• 3" fils d'Agrius.
PROTIS, est selon Aristote le fils
d'Euxène et de Gyptis ou Petla j selon
Justin lépoux de Gyptis. Dans l'un et
l'autre cas, il régna sur les Ségobri-
go-Phoce'ens. Petta et Gyptis ne font
qu'une; ce sont deux noms divers de
la fille de INann, roi des Ségobriges.
Sous le règne de ce prince , selon
Arislote, débarqua sur lescôlesde la
Méditerranée gauloise un Phocéen
nommé Euxène. L'usage était qu'à
une fête solennelle la fille du roi en-
trant dans la salle présentât à celui
des convives qui devait être son époux
une coupe pleine. Soit hasard , soit
tout autre cause, la coupe tomba dans
les mains d'Euxène , qui bientôt de-
vint l'époux de la princesse , puis le
successeur de son beau-père. Pella
(c'est le nom de la reine selon Aris-
tote) a pour fils Protis. Dans Justin,
Protis est l'étranger, le Phocéen, et
la fille du roi Naun, Gyptis, l'épouse.
PROïOGENlS ou PROTO-
GLjNlE , TlfaToyivii , Tl^uToyivuet
(c'est-à-dire, d'après l'élymologie,
V PRO
première née) : i" amante ou femme
de Jupiter et mère d'Épaphe [Voy.
ce nom); 2° fille de Deucalinn et de
Pyrrha (ou bien encore fille de Japct
el de Climène et sœur de Pandore),
maîtresse de Jupiter et mère d'Elli-
lios; 3° fille de Calydon et d'Élo'ie,
maîtresse de Mars cl mère d'Oxy'e;
Elolie el Calydon (pays et capiliilc)
personnifies sont des albgoi ismcy.
Lin peuple amant de la gloire des
armes veut descendre de Mars, coiri-
me un peuple navigateur descend
de Neptune, romme un peuple civi-
lisé, ou bien qui vit sous un beau
ciel, descend de Daal, d'Adonis, d'A-
pollon , de Mancocapak.
PROTOGONE , Ërôs dans les
poésies Orphiques (/'o}'. ans>i Éok).
PROUDÉISO ou BROUDENO
passait chez les IVuczcs pour le pre-
mier des Krives ou pontifes suprê-,
mes qui furent les chefs de ce peu
pie. Le nom de Krive veut dire
juge, et rappelle le K-pda des Grecs.
Comme sou.^ le Krive se. déroulait ,
dans l'organisation tliéocratiquc des
l'ruczes, une longue série de jjrèlres
ou de magiciens initiés à diverses par-
ties du culte ( iSigf;s - Gtnotlen ,
FFaidds, etc.), le Krive portait
le nom de Krive- Krivcilo ( le juge
des juges). Proudéno , dont proba-
blement le nom veut dire tout sim-
plement premier (Tr^Sray) , existait ,
dit-on, vers le cinquième siècle, et fut
le frère ou le contemporain de Vai-
devonl. Proudéno est le même sans
doute que Briden ou Priden (Prydain),
auquel les Lloègres (Ligures) atta-
chaient tant d'importance , et que
même ils identifiaient avec Edd ou
Eddon. Du reste, Proulh (fleuve) et
Prutch (Pruczi, peuple) semblent dé
river de Proudéno.
PROUINIKOS , selon les Nice- ''■
laïtes la mère des substances célcs
I
PSO
les et la génératrice par excellence.
Ils rimitaient clans ses fondions gé-
nératrices par tonte sorte de dés-
ordres.
PROVE, dieu slave delà justice,
était représenté sous la figure d'un
vieillard velu d'une tunique h longs
plis, une chaîne sur la poitrine et un
couteau dans la main. Ces deux sym-
boles, la détention et la mort , se
comprennent aisément. On dérivait
ce nom de Prova , droit, bon droit.
PRYÏANIS : 1° chef Iroyen tué
par Ulysse 5 2° chef troyen tué par
Tu ni us.
PSALACANTHE, Nymphe qui
éprise de Bacchus lui donna une cou-
ronne dont ce dieu orna la tète d'A-
riadnc. PsalacantHe se tua de déses-
poir et fut changée eu une fleur que
Liunée a oublié de mentionner dans
son Systaina Plantarum.
PSAMATHÉ : 1° fille de Cro-
lope d'Argos , et maîtresse d'Apol-
lon dont elle eut un fils nommé Li-
nos qu'elle fit exposer. Le dieu, irrité
de cet acte anti-maternel , suscita
contre les Argiens un monstre ap-
pelé Pœné, qui arrachait les enfants
du sein des femmes enceintes et les
dévorait encore tout palpitants 5 Co-
)èbe le tua. Comp. Crotope. 2" Né-
réide, eutd'E;iqne, roi d'Egine, Pho-
cus. 3" Femme de Protée.
PSAPHON. prétendu dieu libyen,
était un charlatan qui, disent les chro-
niques, dressa certains oiseaux a ré-
péter sans cesse : « Psaphon est un
dieu. » Les habitants des villes voisi-
nes, croyant entendre les dieux eux-
mêmes leur révéler , par la voix de
ces ambassadeurs aériens , que Psa-
phon était un des leurs, lui décernè-
rent les honneurs divins.
PSOPHIS , héroïne éponyme de
Psophis en Arcadie , selon les uns
devait le jour k Xanthc, selon les
PST
365
autres était fille d'Arcas ou d'Éryx,
roi de Sicanie. Hercule l'aima et la
rendit enceinte. Furieux a cette nou-
velle, son père la bannit delà maison
paternelle et l'envoya chez Lycortas,
son hôte, roi de Phégée. Psophis mit
la au monde deux jumeaux , Eché-
phron el Promaqne , qui donnèrent
à la ville de Phégée le nom de leur
mère.
PSYCHÉ, -^ùx,*!, la célèbre bien-
aimée de l'Amour , est dans Apulée,
qui a brodé un long épisode de son
roman sur cette simple et légère don-
née, la fille d'un roi dont il n'indique
pas le nom, et a deux sœurs, ses aï-'
nées. Sa beauté ravissante excite au
loin l'admiration universelle , et les
peuples qui l'adorent font fumer l'en-
cens en son honneur et lui donnent
le nom de Vénus , de Vénus moins
belle qu'elle. Ce parallèle teméiaire
fait monter la rougeur du dépit au
front de la blonde déesse qui a rem-
porté le prix sur l'Ida : elle fait
jurer à son fils que Psyché' soupirera
pour le monstre le plus terrible qu'ait
produit l'univers. Cependantlessœurs
de Psyché se marient 5 el la sédui-
sante princesse reste seule près des
auteurs de ses jours, leur prodiguant
les caresses et les consolations de la
piété filiale. Tout-k-coup un oracle
répand l'effroi dans le pays : les dieux
ordonnent que Psyché' , victime pour
tous, sera déportée, abandonnée sur
la cime d'une haute monlas;ne, limite
du territoire que possède son père,
et que Ik elle attendra le monstre qui
doit être son époux. La stérile pitié'
de la foule ne peut protéger Psy-
ché. Le roi, la reine , la cour, le
peuple, conduisent cérémoniellement
et les yeux baignés de pleurs la triste
Psyché au pied des monts qui doivent
être son tombeau ou l'asile de sa mi-
sère j et sejile enfin elle gravit pém-
366
PSY
PSY
blemenl la penle escarpée , parvient
sur la cime, s'assied, s'endort. A son
réveil elle se retrouve dans des lam-
bris d'or, sous desvoùtes étincelantcs
de marbre et de cristal, au milieu de
soyeux tapis de la Perse, des émana-
tions odorantes de jardins embaumes
et des hanronics cadencées de mille
instruments. Sielledoit mourir, qu'elîe
regrettera la vie au milieu de tant de
délices! Si elle doit avoir un époux,
q j'il excuse puissamment et victorieu-
8 ment sa laideur! et si sa laideur
est proportionnelle h la magnificence
qu'il dép'oie, qu'il doit être affreux !
O c'est bien avec raison que l'orocle
lui a prédit que son époux serait un
monstre! Tandis que l'syché s'aban-
donne à ses réflexions, le temps s'é-
coule, la nuit vient!... Lorsque les
ténèbres épaissies enveloppent le
monde, dans l'alcove que n'éclaire
pas même la fuible lueur d'une lompe,
répoux terrible se glisse auprès de
Psyché : il n'a rien d'épouvantable,*
quoiqu'elle ne puisse le voir, elle en
fsl sûre. Il lui prodigue toutes les ex-
pressions de l'amour le plus brûlant :
bientôt les mêmes feux l'embrasent
elle-même ; elle le prouve par ses trans-
ports , par ses serments d'éternelle
tendresse , par la joie frénétique et
douce qui désormais inonde son cœur.
Un nuage pourtant pèse sur son bon-
heur : quel est cet époux aux formes
divines, cet époux si riche qui deviue
9es souhaits el les exauce avant qu'ils
soient formés.^ Ses traits , il ne veut
pas les laisser apercevoir! Son nom,
il ne veut pas le révéler ! « Malheur à
toi,.P8yché, si tu viens à le décou-
vrir... Oh! que jamais une curiosité
fatale... » — Psyché promet, Psyché
s'impatiente ; Psyché, un jour qu'elle
a obtenu de sou époux que ses sœurs
viendront lui rendre visite dans son
palais enchanté, cMeauxinsiBuatioas
perfides que glissent à son oreille ces
jalouses aînées; et , la nuit suivante,
pendant que son époux accablé re-
pose, elle se dégage légèrement de ses
bras, saisit un flambeau qu'elle a ca-
ché hous le modius opaque , s'avance
d'un pas furtif vers le lit :
A quinxe pas c'est nn jeune chasseur ;
El .si ce nVst Adonis uu Crpbale,
Ce doit èlrclrui-fière. A dix jms c'est leur sœur;
A huit pas c'est une vestale;
A cinq, à six pas, tour à tour.
C'est un Dieu, c'est une Déesse;
A quatre, c'est Zépliy le; à trois, c'est la Jeunesse,
A j, c'est le Printemps, et plus prcs, c'est l'Amour.
Oemoustieb, Leit. sur la M/lh.
Malheureusement en se peticbanl sur
l'adolescent aile pour mieux s'en-
ivrer de ses traits, pour promener sa
bouche sur ses yeux , pour respirer
son haleine , la jeune curieuse , hors
d'elle-même, laisse tomber de lalampe
qui tremble entre ses mains une goutte
brûlante sur la cuisse de sou époux.
Il s'éveille en sursaut : « lugrate
« Psyché, dit-il, vous me connaissez
«maintenant! a votre ignorance te-
« nait votre bonheur. Je ne puis plus
«être à vous. » El soudain le palais
aux riches colonnes disparaît , Psyché
se trouve seule et nue au milieu d'un
désert aride, immense. Partout le
vide , le silence , la désolation! Le
bruit d'un torrent lointain interrompt
seul ses gémissements. E!leceui t vers
cette onde écuraeuse el qui mugit, s'y
élance;... mais la mort ne veut pas
d'elle, lesflols la déposent mollement
sur l'autre rive. Alors elle s'aban-
donne à sa destinée, suit machinale-
ment le premier chemin qui s'offre à
elle , arrive ainsi , au bout de trois
jours, a la petite ville où règne sa
sœur aînée; puis, un peu plus tard,
à celle qui a pour reine sa cadette, et
chemin faisant les fait tomber victi-
mes de leur mutuelle jalousie. Grâce
à un double mensonge de 1* jeune
voyageuse , l'aînée s'imag'Jje que la
PSY
cadette, la cadette s'imagine que l'aî-
née, supplantant Psyché , va être l'é-
pouse de l'Amour. A celte nouvelle,
toutes deux s'élancent versla monta-
gne où jadis Psyché avait été laissée
{)ar ses parents inconsolables , et de
'aulrecôlé de laquelle s'était montré
le brillant pabus bâti poqr elle par
l'Amour. Elles appellent Zëphyre ,
qui une fois déjà les a conduites à ce
palais , et croyant s'abandonner aux
ailes du dieu elles se précipitent et
disparaissent au fond de l'abîme qui
environne le jardin de l'Amour. Ce-
pendant la Renommée va trouver Vé-
nus chez Téthys , et lui apprend que
son fils est malade. Tandis qu'elle lui
prodigue des soins empressés, Psyché,
qui a de tous côtés cherché son époux
et demandé, mais vainement, un asile
à Cérès et a Junon, se confie a la gé
nérosité de Yénus et se jetle à ses ge-
noux. La superbe déesse oublie que
le plus beau privilège de la divinité
est de pardonner : elle impose a Tin-
olFensive supnlianle des travaux au-
dessus des faibles forces de son sexe.
Puiser a une fontaine que gardent des
dragons furieux une eau noire et fé-
tidej chercher dans des lieux inacces-
sibles un flocon de laine dorée sur
des moutons rivaux du bélier de
Pliryxus j séparer dans quelques heu-
res, dans un énorme monceau de cé-
réales, les diverses espèces de grains
qu'on y a pêle-mêle entassées, telles
sont les lâches pénibles par lesquelles
la vindicative Vénus torture la fai-
blesse et s'essaie h flétrir labeaulé de
sa rivale. Un secours invisible l'aide
à vaincre ces difficultés. Vénus , que
tant de résignation irrite encore au
lieu de l'apaiser, ordonne alors à Psy-
ché d'aller aux enfers, et de deman-
der de sa part a Proserpine une boîte
de beauté pour suppléer à ce qu'elle
avait perdu pendant la maladie de
PSY 367
son fils. Psyché' partit, ignorante de
l'itinéraire qu'elle devaitsuivre,igno»
rante des moyens a prenare pour
triompher des obstacles dont la route
serait hérissée. Grâce h l'assistance se-
crète du dieu dont elle avait enfreiot
les ordres dictés par la tendresse,
elle devina le chemin du sombre em-
pire, franrhil le guichet terrible gar-
dé par Cerbère , passa le Slyx sans
que le nocher terrible lui dît de payer,
et enfin arriva , belle de ses grâces
naïves et de sa faiblesse, au pied du
trône oii siègent les deux majestés in-
fernales, l'roserpiue lui remit laboî|e
qu'elle demandait, en lui recomman-
dant de ne pas l'ouvrir. Soit curio-
sité, soit désir de s'approprier un
peu de cette beau lé contenue dans la
mystérieuse cassette , Psyché dés-
obéit aux injonctions de la reine des
enfers. A peine sa main timide a-t-elle
ouvert le couvercle de la boîte que
de noires vapeurs se répandent, s'é»
paississent autour d'elle j elle tombe
asphyxiée. Heureusement son invisi-
ble prolecteur, l'Amour, est là. Tan-
dis que Psyché , eu proie a une lé-
thargie simulacre de la mort, gît li-
vide et pàlo sur la grève des enfers,
il fait rentrer les fuligineuses vapeurs
dans la boîte, puis va demander à Ju-
piter la permission d'élever Psyché
au rang des immortelles. Eu même
temps Vénus reçoit de Psyché, rani-
mée par les baisers de son époux, la
boîte si long-leraps attendue; un peu
adoucie par ce don , que peut-être
elle eut préféré ne pas recevoir a con-
dition que Psyché fût morte, et som-
mée d'ailleurs par Jupiter de consen-
tir à l'union de sa rivale involontaire
et de s,on fils , elle se laisse fléchir.
Psyché entre dans l'Olympe , et les
dieux accueillent leur sœur nouvelle
avec les transports que jadis ils firent
éclater lors de la naissance de Venu»,
368
PTÉ
Peu de temps après, Psyché devient
mère de la Volupté. — Le récit qu'où
vient de lire n'est que l'analyse très-
abrégée du 6" livre d'Apulée. A lui
sans doute appartient l'honneur d'a-
voir Iransforiué un mythe antique en
véritable roman. Toutefois, sous les
fioritures jetées a pleines mains sur
le thème originaire , se distinguent
uettement plusieurs éléments mythi-
ques, dont quelques-uns de très-haute
antiquité. Ce sont, i° l'union de l'A-
mour et de l'àme (Psyché, S'u;^''))
union a la suite de laquelle se produit
le plaisir ou volupté j 2" la dispari-
tion des dieux devant un œil profanej
de l'idéal, du mystique , de l'iraagi-
nalif, devant le flambeau dflrla froide
raison; de l'amour, devant l'examen
impartial, complet, exact, de ce qu'on
aime ; 3° les pèlerinages de Cérès,
de Latone , d'Isis , de Cybèie . cher-
chant Cadmile ou phallej 4° le rap-
port intime de Vénus et de Proser-
pine , Vénus injerna non moins que
Junon inftrna ; 5° la curiosité inhé-
rente à l'espèce humaine 5 la curio-
sité, source des péchés, du mal phy-
sique et de la mort ; 6** la théoi ie de
l'expiation (car Psyché, en descendant
aux enfers , en passant par une lé-
thargie profonde , expie son péché) j
7° la puissance de la magie, et sur-
tout le haut rôle de magicienne su-
prême, ou source de toute magie, qui
«st donné a Proserpine. — La Fon-
taine a fait du mythe de Psyché une
jolie nouvelle nrêlée de prose et de
vers.
PTÉBIOU, nom commun a deux
décans, le troisième du Verseau et le
troisième des Poissons , n'est peut-
être que la déesse Tpé, prise comme
divinité mâle et descendant du rôle
plus haut de reine des cieux a celui
de dëcan. Elymologiquement par-
lant, les éléments principaux du nom
PTE
divin se retrouvent dans Ptébiou. Du
reste, Ptébiou n'offre rien de remar-
quable dans les représentations zodia-
cales. Il suit Aseu, que le zodiaque
tenlyrique figure avec un corps de
femme, et porte le sceptre a tète de
coucoupha. Entre sa légende et celle
d'Aseu se projettent douze étoiles.
L'un et l'autre, dans le zodiaque cir-
culaire , sont remplacés par ces mê-
mes étoiles^ mais la le groupe ne se
compose que de onze. Pris comme
dynasle terrestre , c'esl-a-dire pour
un des Pharaons du latercule d'Era-
tosthène, Ptébiou I serait, selon les
diverses hypothèses de concordance
[Voy, DÉCANS et le tableau) , Sjs-
tochichermès, Saofi, Maris ou Thyo-
simaré. Ptébiou II, vulgairement
Ptébiou Atemboui, dans Firmirus,
est le troisième décan du Verseau.
PTÉLÉE, Hamadryade ( Foy.
ce nom). Deux villes grecques, l'une
en Thessalie , l'autre dans le Pélopo-
nèse , portaient le nom de Plélée,
qui en grec veut dire ormeau.
PTÉLEON, incarnation de Cé-
phale , séduisit Procris par le don
d'un diadème d'or. La raythologip
vulgaire elle-même convient que ce
Pléléou n'ctaitque Céphale lui-même.
PTÉRÉLAS, fils de Taphios, et
petit-fils d'Hercule , fut le père de
Comélho, et de six fils, Chromius,
Tyrannos , Antiochus , Chersidaraas ,
Meslor, Éverrès, qui tous furent tués
dans une bataille contre les fils d'E-
lectryon. Amphitryon, gendre de ce
dernier prince , vint ensuite l'atta-
quer à la tête des Thébalus , et mit
le siège devant Télèbes, sa capitale.
Comélho, amoureuseduprince, coupe
le miraculeux cheveu d'or qui lui-
sait sur la tête de son père , et au-
quel était attaché l'immortalité. Le
lendemain Télèbes fut prise et Ptéré-
las égorgé par l'ennemi.
PUD
PTIAU, utixÔ, i*' décan du Ver-
seau, selon Saumaise se trouve dans
la nomenclature de Firmicus, sous
le nom d'Oroasoer. Daus le Zodiaque
rectangulaire de Tenlyra , il a pour
coiffure une large feuille flanquée de
deux urées. Dans le Zodiaque circu-
laire un seul urée paraît en devant
de la coiffure ', mais un petit disque
la surmonte. Ptiau , dans celte der-
nière représentation du Zodiaque, se
trouve en avant d'un grand disque
qui renferme huit personnes à ge-
noux et qui suit le Cygue , placé la
par renvoi. Rapproché de la liste
d'Eratoslhène et par conséquent des
dynastes humains que l'on regarde
comme les dieux de'gradés par les
apanthroposes si familières a la my-
thologie , Ptiau devient successive-
ment Penlathor, RaouosijStamen ou
Ntocris.
PTOLIPORTHOS , i" fils d'U-
lysse et de Pénélope , naquit après
ce retour qu'il avait fallu attendre
vingt ans ; 2° fils de ïélémaque et
de Nausikaa.
PÏOUS, fils d'Apollon et d'É-
vippe (c'était le he'ros éponyue d'un
mont de la Béolie où Apollon ren-
dait des oracles) j 2° fils d'Atharaas et
de Thémlsto (c'était le héros épo-
nyrae du temple d'Apollon) j 3° Apol-
lon dans Acréphnie où il avait un ora-
cle fameux. Ptoiis dérive de -uToitÊi,
s'effrayer, et l'on explique le nom
par l'effet qu» cause a Latone , nou-
vellement accouchée , l'apparition
brusque d'un sanglier. Ce sanglier
ne serait-il pas Apollon lui-même 7
— Ptous était le nom d'un dieu ma-
cédonien.
PUDAS ou PONDA, dieu hin-
dou, à gros ventre, et dont la tcle ,
les bras, les cuisses sont entortillés
de serpents. Il porte un bâton a la
maiu droite et n'a pas de barbe.
PUD
369
On le représente toujours a côté à%
couara.
PUDEUR (la) , PuDOR, en grec
JEdôs, déité allégorique, estrepréseu-
tée tantôt avec des ailes ( bas-relief
de terre culte dans Wlnckelmann^
Monum. inédit.)^ tantôt se cachant
le visage dans son voile ( Méd. di-
verses ).
PUDICITÉ (la) (il faut la distin-
guer de la précédente) était regardée
à Rome comme une déesse, et y avait
divers autels et deux temples, l'un
dans le Forum Boarium, l'autre
dans la /m longa. La déesse dans le
premier portail le nom de Pudicitia
plebeia, dans l'autre celui de Pudi-
ciliapa tricia.Ce dernier était le plus
ancien et n'était consacré originai-
rement qu'àUPudicité sans épithète.
Une jeune fille de sang patricien,
Virginie , s'était unie à un plébéien ,
depuis consul, Volumnius : ses an-
ciennes compagnes la repoussèrent
du temple lorsqu'elle voulut y en-
trer, comme si une mésalliance était
un attentat à la chasteté^ et Virginie,
pour s'en consoler, éleva dans le Fo-
rum Bortrlum un autre temple de la
Pudicité. Les femmes qui avaient
convolé en secondes noces étaient
exclues du temple de la Pudicité, et
de la le vers d'Horace :
Uiiico gaudens wulier marito;
et peut-âtre celui de Martial :
Uua putUcitia: meutula nota ineœ.
— Les médailles représentent la
Pudicité sous les traits d'une ma-
trone aux amples draperies. Ou voit
dansWinckelmann, Monum. inéd.,
26, une femme ailée qui, les yeux
baissés et l'air plein de réserve ,
plaue devant une a«lre femme qui
lui offre une corbeille contenant des
fruits et un phalle , mais qui essaie
de ramener un tissu sur la corbeille.
24
370 . PYG
Assez sonvenl la matrone assise tient
delà main gauche une haste pure en
travers , et porle l'index de la main
jjroite vers sou visage. La tortue
qu'on voit souveut en bas des Vénus
sortant du bain indique l'eau , mais
o'indique point que la femme sage
doive èlre retirée chez elle comme
le chélonien entre sa carapace et
son plastron.
PUNCHAO, le dieu suprême chez
)es Péruviens , qui lui donnnieut en-
|;ore bien d'autres noms. Punchao
l'interprète par seigneur du jour ,
^uteur de la lumière.
PURPURÉO , le même sans dou-
te que Porphyrion. ^aevius assure
que les Romains trouvèrent son ima-
ge en Afrique , lors de la première
guerre punique.
PUTA , déesse latine , invoquée
par ceux qui taillaient les arbreis.
PYG AS, reine des Pygmées(^o/.
ce nom). Soit parce qu'elle avait osé
comparer sa beauté h celle de Junon,
soit parce qu'elle traitait ses sujets
avec la dernière cruauté, et qu'elle
élevait sou (ils dans les mêmes prin-
cipes , les dieux la métamorphosèrent
eu grue {f^oy. Gébane). Depuis ce
temps Pygas est en butte aux per-
sécutions de ses anciens sujets, et fait
aux Pygmées une guerre opiniâtre.
PIGMALION : 1° fils du roi de
TyrBélus, frère de Didon et d'Anna,
et meurtrier de Sichéc , son beau-
frère, qu'il tua pour s'emparer de ses
trésors 5 s." statuaire fameux qui fut
amoureux de la Galatée, son chef-
d'œuvre. Vénus, sensible a l'expres-
sion de son désir, anima la belle Ga-
latée, et Pygmalion en eut un fils,
nommé Paplios. Le Pygmalion de
Tyr n'a pas plus existé que le Pyg-
malion amant de Galatée ; c'est
encore un type de ces mythes où
l'or paraît comme le fantasmagorique
PYG
H
agent des crimes, des meurtres, des
révolutions^ mythes qui ont Joué dans
le Nord un rôle si important, mais
dont la source se trouve incontesta-
blement daus le Midi.
PYGMEES, PyGM/-EI, Uvy/^uletf
Lilliputiens de la mythologie clas-
sique ancienne, ont été imaginés et
définitivement élaborés hune époque
assez tardive, sous l'influence de trois
types distincts : i° les Dieux Patè-
ques ; 2° les Cercopes ; 3° les Ari-
maspes. Miues , feu central , sables
aurifères, activité presque fantasma-
gorique, fol àtrerie, bizarrerie, sor-
cellerie , simulacre de guerres , ba-
tailles au petit pied se font suite
assez naturellement. C'est de cette
manière que l'on en vint à créer
un peuple dont les géants avaient
unpygmé de haut (lolignes environ).
Depuis on les identifia aux Péchy-
uiens, dont la taille s'élève h un pé-
chys (ou coudée : i pied i pouces) ; et
comme ceux-ci ne furent jamais bro-
dés par la mythologie de manière à
prendre l'aspect d'un peuple réel, on
donne leur taille aux Pygmées. Ces
derniers sont connus par leurs guer-
res contre les grues, qui tous les
ans venaient de la Scylhie les atta-
quer, et par leur opposition à Her-
cule. Ce héros s'étanl endormi après
la défaite d'Autée, les Micromégas
le cernèrent j une aile fondit sur
sa main droite, le corps de bataille
marcha sur sa gauche : les archers
tenaient les pieds assiégés. La rei-
ne, avec l'élite de ses braves, ten-
tait l'escalade contre la tête. Hercule
s'éveiîle, et, k la vue de cesinimicu-
les, les prend tous les uns après les
autres et, en éclatant de rire, les en-
veloppe dans la peau du lion de Né-
mée et les perle k Eurysthée. Les
Grecs , en belle humeur, nous ont
montré les vaillants Pygmées se li-
i
PYL
vrant aux pénibles exercices de l'é-
quitatlon sur des perdrix, et quelque-
fois sur des chèvres et des béliers.
Ils imaginèrent aussi une reine Py-
gas , que les dieux métamorphosè-
rent en grue, et qui, depuis ce temps,
ne cessa de faire la guerre au peuple
qui jadis vivait sous ses lois. Enfin
ils nous ont , k peu de chose près,
donné le tableau social des Pygmées.
Leurs maisons , leurs villes, disent-
ils, ne sont que des coquilles d'œufsj
à la campagne ils se conlentcnt de
légères excavations qu'ils pratiquent
sous terre. Des coquilles de noix leur
servent de barques 5 et pour la mois-
son ils emploient des coguées, car les
blés k leurs yeux sont dé grands ar-
bres. Leurs filles sont nubiles k trois
ans, et k huit ans la caducité com-
mence.— On trouve siir plusieurs va-
ses grecs des combats des Pygmées et
des Grues. Noiiscilerons'^cntre autres
sujets de ce genre celui de Tiscbbciu,
11,7.
PYLACIIAINTE, chef troyen tué
par Achille.
PYLADE, fils du roi de Phocide
Slrophius et d'Anaxibie, sœur ou
tante des Alrides , devint de bonne
heure Tinlime ami d'Orcsle qui, ré-
fugié a la cour phocéenne, était élevé
avec lui, et il le suivit dans tous les
voyages auxquels les dieux l'obligè-
rent. Avec lui, il interrogea Voracle
de Delphes sur le parti k prendre k
l'égard de Clytemnestre , entra dans
Argos sous un faux nom, traqua Egis-
ihe et Clytemnestre qui. bientôt, al-
lèrent rejoindre aux enfers l'ombre
d'Agamemnon , retourna dans Del-
phes, assista dans Athènes kl'iuslilu-
tion de l'Aréopage et k la plaidoiri-j
des Furies, traversa les mers , brava
les couteaiix de la Ghersonèse Tau-
riquL-, enleva la statue d'Opis, aida
au meurtre de Pyrrlius, rival d'O-
m
37ï
reste. I! épouse ensuite Electre, crue
quelques mythologues pourtant lui
donnent pour femme immédiatement
après la punition- de Clytemnestre.
Les tragiques, ens'occupant au-delà
de toute mesure de la famille des
Atrides , ont développé dans Pylade
le caractère de l'amitié au point d'en
faire le type du plus noble héroïsme,
du plus pur dévouement : Pylade ,
en Tauride , veut mourir pour son
ami, et résiste aux prières réitérées
d'Oreste qui lui dit de partir. Quant
au sentiment de haine personnelle
qui engage, selon ces mêmes tragi-
ques , Pylade k tuer Pyrrhus pour
venger son bisaïeul Phocus tué par
Pelée , c'est au moins une super-
fluité. — On peut voir Pylade dans
Milliu, Galerie myth., 618-620,
623-626.
PYLAS, roi de Mcgare, tua invo-
lontairement son oncle Bias , et se
réfugia près de Pandion, son gendre,
au moment où ce dernier venait d'être
dépouillé du trône d'Athènes.
PYLÉE : 1° fils du roi d'Orcho-
mène, Climène; 2° chef pélasgue (il
conduisit les Larisséens avec Hippo-
thoos son frère au siège de Troie);
3" chef troyen tué par Achille.
PYLÉîViÈÎINE": 1° chef paphlago-
nien au siège de Troie , fils de Mélios
(il fut tué par Ménélas)^ 2'' roi de
Méonie, père de deux fils, Mesllilès
elAuliphc, (pi'il envoya au secours
de Priam.
PYLIOS, Grec qui adopta Her-
cule pour ([ue ce héros put être initié
aux mystères d'Eleusis ( l'Oy. Ciô-
plis). — On appelle TSostor Pylios,
parce qu'il était roi de Pylos.
PYLIS, on PRYLIS, fils de Mer-
cure et de l;i nymphe Issa, prédit
aux Grecs que Troie serait prise par
un cheval de bois, et, séduit par l'«r
que lui offrit Pahuuèdc , leur décou-
2/1.
37*
PYR
vrît lemoyen de s'emparer de Troie.
On le donne comme un des devins,
les plus renommés de l'époque.
PYLOS , fils de Mars et de Démo-
nice, avait pris part a la chasse du
sanglier de Calydon, et k la tile
d'une colonie de Mégariens fonda la
rille de Pylos en Elide.
PYRACME , Lapithe , fut tué par
le centaure Cénée aux noces de Piri-
tbolis.
PYRAME. Voy. Thisbé.
PYRANISTES, êtres intermé-
diaires entre riiomme et la brute, ap-
paraissaient grêles, longs et trem-
olants comme flamme le long des che-
mins. Les anciens reconnaissaient
ainsi quatre ordres d'êlrcs qui for-
ment la transition de Phomme aux
premiers des mammifères. Les Pyra-
nistes en étaient un. Le moyen âge
en a fait les esprits follets.
PYRECHME, tyran d'Euhée, at-
taqua I«s Béotiens, et fut tué par
Hercule. — Pyrechme , roi de Béo-
tie, secourut Priam, et fut tué par
Patrocle.
PYRENE, héroïne éponyme de
la célèbre chaîne qui sépare la France
de l'Espagne , passait pour fille du
roi hispanique Bébryce et pour maî-
tresse d'Hercule. Selon les uns, c'est
elle qui sollicita l'amour du héros,
ainsi que la mère d' Agathyrsej suivant
les autres. Hercule la viola. Un ser-
pent naquit de celte union odieuse ,
et Pyrène épouvantée alla enfouir sa
honte dans une grotte, où elle devint
la proie des bêtes féroces. — Une au-
tre Pyrèwe fut aimée de Mars, et lui
donna pour fils Cycnus. Du reste,
comp. PiRÈNE qu'il ne faut pas con-
fondre avec celle-ci.
PYRÉNÉE (que sans doute il fau-
drait écrirePiRÉi»EE),prince phocéen,
donna un jour l'hospitalité aux Muscs,
puis voulut leur faire violence. Les
PYR
neuf sœurs ^ substituant la ruse h la
force qui sans doute ne les eût pas
sauvées, demandèrent au sullan pho-
céen la grâce d'aller respirer le frais
sur le haut de la tour: Pyrénée y con-
sent. A peine y sonl-ellcs, qu'Apollon
exauçant leur supplication leur donne
à toutes des ailes : elles fuient. Py-
rénée voulut courir après les fugili- ^3M
ves, et tomba au bas do la tour. — i||
Des lexicographes ont vu dans ce my-
the un prince qui, haïssant les bclles-
Ictlres, avait voulu détruire les lieux
oii on les cultivait, et qui périt en
poursuivant les écrivains.
PYRGO, nourrice des enfants de
Priam, suivit Euee en Sicile, et em-
pêcha les Troyennes de mellre le feu
à la flotte qui devait conduire les dé-
bris vivants deTroie en Italie.
PYRODES, fils de Clias, fit le
premier sortir le feu des veines du 'jM
caillou. «I
PYRRHA : 1° fille de Deucalion
{l^oy.cQ nom); 2" femme de Créon
cl régente de Thèbes pendant la mi-
norité de Laodaraas. Elle avait dans
cette ville une statue de marbre. —
Achille déguisé en femme a la cour de
Lycomède avait porlé ce nom de Pyr-
rha. — N, B. nùp veut dire feu,
TTvp», bûcher, Trvppés , roux, blond
ardent; aussi Pyrrlia se rapproche-t-
il des Ethra , des Alhor, etc.
PYRRHIQUE, PYBRiiicHus,n.7-
pt^oç (a tort Pyrqtje), un des trois
Corybanles primitifs. Les deux au-
tres sont Corybas et Idée. Mais ces
trois noms ne présentent qu'une idée,
Corybas exécutant les danses armées
sur les flancs ou sur la cime de l'Ida
(KepêWf Wp'fi^ia-Tyis 'l^xïoi)^ et,
quaut au sens vrai de cette idée , il
faut consulter l'article Corybas. DJ
reste on voit combien il serait ridi- __
cule d'altribuer à ce Corybautc pré- 91
tendu l'invention de la Pyrrhique, ou ™'
â
PYR
même de toute autre danse armée.
PYRRHUS, nôppcç, ou NÉOP-
TOLÉME, NiOTTréXiiuo? , fils d'A-
chille etde Déidamie (ou d'Iplii'génie),
naquit à Scyros , et fut appelé Pyr-
rhus , selon les uns, en mémoire de
ce que son père déguisé en jeune fille
avait séjourné dans celte île sous le
nom de Pjrrha; suivant les autres, a
cause du blond ardent de ses che-
veux ( Pyrrhos en grec veut dire
roux). La nécessité d'avoir dans les
ranp;s de l'armée qui assiégeait Troie
un descendant d'Eaque força les chefs
grecs a l'envoyer chercher à Scyros ,
après la raort de sou père. Pyrrhus
n'avait alors que douze ans j etde celle
circonstance provint ce nom de ]Néop-
tolème (jeune guerrier) sous lequel il
n'est pas moins connu que sous celui
de Pyrrhus. Il alla de compagnie
avec Ulysse chercher Pliiloctète à
Lemnos, fit partie des guerriers qui
se renfermèrent dans le cheval de
bois, et après le sac de la ville de
Priam précipita le jeune Astyanax du
haut des remparts, et immola Polyxè-
ne sur le tombeau de son père. An-
dromaque et le devin Hélénus lui
échurent en partage. La première
devint sa Concubine favorite , et il va
eut trois fils. Molosse, Pièle, Perga-
rae. Dans quelques récils ou le voit
PYR
373
se rendre d'abord en Plithiolide
'7
revendiquer les états de son père et
de Pelée son aïeul, tuer lefilsd'Acaste
l'usurpateur, puis dire adieu à la
Thessalie pour passer dans la Molos-
side. Ailleurs il prend de prime ahord
celle résolullou : Ilélcnus , dans ses
ciiants prophétiques, lui a conseillé de
choisir pour résidence le lieu où il
verra une maison à plancher de -fer,
a murs de bois et 'a toit de laine. Un
jour, en courant le pays, 11 rencontre
des voyageurs qui, pour se former un
abri contre l'inlenipérie delà saison,
ont planté en terre le fer de leur lan-
ce, et placé horizontalement leurs ha-v
bits en dessus. «Voilk sans doute la
maison signalée par le devin Hélé-
nus! 3) el il s'établit dans cette contrée
qui prend , du nom de son fils , celui
de Molosside. Quelque temps après il
se rend a Delphes, soit pour y consa-
crer la dîme du butin de Troie , soit
f)our y consulter l'oracle sur la sléri-
ilé d'Hermione sa femme, soit enfin
pour piller le temple. C'est du moins
ce qu'OresIe persuade au peuple de
Delphes ; et Pyrrhus périt victime de
cet te accusalioncalomnieuse peut-être.
Quelques mythologues attribuent sa
mort a uu prêtre nommé Machérée
(fiâ^uipct, épe'e).- — On voij. qu'indé-
pendamment d'Andromaque, concu-
bine, se pose a côté de Pyrrhus Her-
mione a titre de femme. Ou varie
beaucoup sur l'instant où cette fille
d'Agamemnon s'unit a lui. Suivant
les uns , elle n'est arrivée «n Epire
que long-temps après la naissance
des trois fils d'Andromaque 5 selon
les autres, Pyrrhus l'y trouve en
abordant sur la rive grecque. Chex
quelques poètes, elle semble n'appar-
tenir qu'à la Thessalie, et ne pas mê-
me mettre le pied en Epire. Enfin
des modernes (Racine entre autres)
n'en font que la fiancée de Pyrrhus.
Les mvlhes anciens en font la fiancée
d'Oiesle son cousin qui l'aime, et
c'est a la jalousie qu'ils allribueul le
puet-apeus ou la calomnie dont
Pyrrhus est victime a Delphes. On
ajoute qu'avant sa mort il avait cédé
Audromaque au dcviu Hélénus. On
lui donne encore une autre femme,
Lanassa , fille de Cléodée : il en
eut, dit-on, huit fils dont un porta
son nom. — Les rois d'Epire fai-
saient remonter leur dynastie au fil»
d'Achille , et l'on sait que le fa-
meux allié des Samnites coutre les
374
PYT
f
Rouiaîng portail aussi K' nom tic Pyr-
rhus. — Quelque an il -sacerdotale
qu'eût éli la ac'rnicTc tentative de
Pyrrhus , s'il est vrai qu'il cùi voulu
iller le temple de Delphes, celte ville
'honorait. Son corps avait été euterré
sous le vestibule du lemplej on mon-
trait avec orgueil ce monument aux
étrangers; on célébrait des sacrifices
en son honneur. Et quand plus tard
les Gaulois, sous la conduite de Bren-
nus , apparurent en Grèce avec l'in-
tention cle piller le trésor delphique,
Pyrrhus ne fut pas des derniers h se
montrer aux envahisseurs que cette
vue épouvanta, et qui prirent la fuite.
PYTHÉE, fils d'Apollon, n'est
autre qu'une incarnation de ce dieu,
vainqueur du serpent Python, et
adoré K Delphes qui primitivement
s'appela Pytho.
PYTHIS, nis de Delphos, héros
éponyme de la ville de ce nom ainsi
3UC son père, car Delphes s'appela
ans l'antiquité et Delpnes et Pytho.
Pylhis entreprit, dit-on, d'abolir le
culte d'Apollon k Delphes j le dieu
courroucé le perça de ses traits, et
laissa le corps de son ennemi pourrir
sur la terre : ce serait le type du
serpent Python [f^oy. l'aiticte sui-
vant).
PYTHON, autrement Dei.phyne,
dragon énorme, resta seul de toutes
les productions ante'diluviennes et fu-
nestes après la fin du déluge de Deu-
calion. Il avait pour résidence un
abîme voisin du Parnasse et de Crissa.
Instruit des mystères de l'avenir , il
savait que le fils de Latone lui donne-
rait la mort; aussi poursuivit-il la Ti-
tanide tout le temps de sa grossesse.
Quatre jours après sa naissance,
Apollon l'attaqua, le perça de ses
flèches, l'écorcna, convertit sa peau
en une espèce de tapis (corliue) des-
tiné à couvrir le trépied fatidique ,
I
PYT
firécipîta ses os dans l'abîme ^uî
ong-temps avait été sa résidence , et
fit du lieu un sanctuaire a oracles.
Chez quelques poètes c'est Junon qui ^
a produit ce serpent dans sa colère ,
en frappant de ses mains la terre.
Ailleurs il a la terre pour mère. Plus
tard, ou broda la légende de la mort
de Python. Ou voulut que les nym-
phes Corycides encourageassent Apol-
lon de leur voix 5 on voulut que le
peuple, témoin de la lutte du monstre
et du dieu , criât h diverses reprises ,
il» ; /ij , -Kuttiity^ tu fiixoç^ formule sa-
crée souvent reproduite dans les hym-
nes. Selon Pausanias, Pvthon était
un brigand qui pilla le temple de Del-
phes, et dont on attribua la mort a
la colère d'ApoUon; puis on subtilisa
sur l'étymologie du nom, et l'on dit
que Python ne prit sou nom qu'après
la putréfaction de sou cadavre (du ^
grec Trihvêcct, se pourrir). On traves-^B
lit par des hyperboles son caractère ■"
mythologique, et Claudien montra
sa queue cachant les montagnes, sa
crête menaçant les cieux, son ha-
leine s'écbappant avec des torrents
enflammés. Grossière erreur! Pylhon
n'est pas comme la Chimère la per-
sonnification des volcans, c'est la
personnification des lagunes pestilen-
tielles, des flaques d'eau qui restent
ça et là dans les plaines plates d'oii
la mer s'est retirée, des cloaques im-
purs que nul canal de dérivation ne
fait encore arriver au lit d'un fleuve
qui opère un jour ou l'autre la dessic-
cation totale. Aux yeux des hom-
mes qui si vite oublient le nom d'un
bienfaiteur, c'est le soleil qui est l'a-
gent principal des assainissements : il
est donc naturel qu'Apollon extermine
le reptile par lequel on symbolise les
eaux stagnantes. Mais pourquoi a-t-
on choisi un reptile pour indiquer les
eaux stagnantes? Parce qu'une qnaii-
QAI
tité de reptiles et d'animaux que l'an-
tiquité confondait avec eux (crustacés,
annelides , poissons apodes et cartila-
gineux) affectionnent ces eauxj parce
que leur immobilité se reflète admi-
rablement dans la marche de ces ani-
màuxj parce que les anfraduosités des
palu-s et la distance variable de leurs
rives ont pour image naturelle le
corps sinueux de Tophidien. néôs.(rôxt
signifie se pourrir ; nvêa, Pytho, est
donc la corruption personnifiée, et
c'est la terre delpbique, c'est Del-
phes , c'est enfin le reptile qui pèse
sur Delphes. Dériver le nom antique
de Delphes^de celui du dragon, déri-
ver celui du dragon de celui de Del-
phes, c'est se fourvoyer a plaisir dans
un labyrinthe que l'on crée, c'est
méconnaître totalement l'esprit de la
mythologie. Pytho et Python ne font
qu'un. Pytho et Python apparaissent
simultanément au-dessous de l'idée
de maremme asphyxiantes. — L'o-
racle de Delphes, selon les anciens,
avait d'abord appartenu a la Terre ,
et auparavant encore a Thémis. Ces
deux circonstances n'ont rien d'em-
barrassant : Python était prophète
et fils de la Terre 5 donc la Terre ,
QAÏ 375
par lui, rendait des oracles, Thémis,
en un sens, n'est autre que la Terre j
dans un autre, elle est la Parque su-
prême , la Destinée, qui préexiste k
tout, peut-être même au chaos.—
La prêtresse de Delphes se nommait
Pythie (d'oii Pythonisse), le temple
Pythium, les jeux en l'honneur du
dieu Pythiques, le vainqueur de ces
jeux Pylhionice, le nom des flûtes
qu'on entendait pendant les jeux Py-
thien, l'espace de quatre ans qui sé-
parait les jeuxPythiade (la première
eut lieu l'an 586 avant J.-C).
PYXODORE, Pyxodorus, ber-
ger d'Ephèse, indiqua aux Ephésiens
les carrières d'oii furent tirées les
pierres consacrées à l'érection du
temple de Diane. Son nom fut changé
en celui d'Evangéliste , et tous les
mois on allait processionnellement à
la carrière lui offrir un sacrifice. Un
combat de deux béliers avait donné
lieu à cette découverte : le bélier
vaincu avait élé se heurter contre un
rochef ; et le berger, en examinant la
pierre dont le choc ouvrit soudain
une large blessure dans les flancs de
l'animal, avait reconnu que c'était du
marbre.
Q
QAIAIP (vulg. QuAVAYp), l'Atys
des Périkouers en Californie , était
le plus jeune des trois fils de Nipa-
raïa. Sa mère , la belle Anaikondi,
le mit au monde sur les montagnes.
Bientôt l'âge développa en lui des
grâces ravissantes. Non moins doué
de génie que de beauté, il descendit,
suivi d'un nombreux cortège , jusque
dans la plaine, instruisit les sauvages
indigènes , leur donna des lois , des
cabanes, l'agriculture : vains bienfaits!
Quelque temps après, QaYaïp futlué,
et les assassins posèrent sur sa tête
une couronne d'épines. Où est-il? on
l'ignore 5 mais de ses flancs coule
goutte a goutte un sang vermeil et
pur ; sa bouche pâle ne peut parler,
et pourtant il est beau comme au
jour de sa mort : la putréfaction n a
point d'empire sur ses chairs inani-
mées j une chouette lui parle a 1 0-
reille. — Ce mythe charmant rappelle
Atys , Balder, Adonis sur le catafal-
376
QON
que, etc. La première partie nous ra-
mène aux Hermès sur le Cyllèue, aux
Marsyas, aux Evandrc.
QEI(vulg. Quey), les mauvais
génies chez les Chinois , qui donnent
aux bons génies le nom de Xin ou
Tchin.
QIAI est le nom générique des
dieux dans la péninsule transgano'éfi-
que. On nomme surtout comme ob-
jets plus spéciaux de l'adoration Qiai-
Nivandel, qui préside aux batailles 5
Qiai-Pimpokaou, invoqué par les ma-
lades 5 Qiai-Ponvedaï, auquel est due
la fertilité des terres, et enfin Qiai-
Poragraï, révéré à Oriésana , dans
l'empire birman. Le Paxda d'Ara-
kan (lorsque Arakan formait un état
indépendant ) faisait au temple de
Qiai Poragraï un pèlerinage annuel,
et des dévols h celle fête mouraient
écrasés sous les roues du char triom-
phal qui transportait la divinité.
QILLA, la Lune chez les Péru-
viens, qui, lorsqu'elle venait à être
éclipsée, la croyaient malade on mor-
te, selon que l'écIipse était partielle
ou totale.
QIOCCOS, idole virginienne qu'on
croit la même que Kiouasa ou Oki ,•
peut-être est-ce une dénomination
générique,- peut-être aussi Oki veut-
il dire dieu et Qioccos en est-il le
pluriel. Ce qu'il y a de certain, c'est
que les sauvages de la Virginie di-
saient que Qioccos n'est pas un seul
être , et contient , indépendamment
des dieux tutélaires, beaucoup d'au-
tres esprits surnaturels.
QOANTE-QONG, dieu chinois,
passe , dans la mythologie indigène,
pour le premier empereur et pour le
civilisateur du pays. On le représente
comme doué d'une taille gigantesque,
et toujours suivi de sou écuyer Lin-
Tchéou.
QO]NIN,un des dieux domestiques
QON
delà Chine, préside au ménage et à \
l'agriculture. A ses côtés se tiennent
deux enfants , dont l'un a les mains
jointes, et l'autre tient une coupe.
QONN et TSITHNEALLACH,
Tuatha-Dadansde l'Irlande, luttèrent
un jour de miissance : c'était a qui
accomplirait le miracle le plus éton-
nant. Qoun en un instant ensevelit «b
sous la neige tout le pays, ce qui va- ■■
lut au territoire le nom de Qonn-
Sneachta (la neige de Qonn), d'où
avec le temps on a fait Conaught,
QONNALL-TSEARNACH , un
des trois héros de la branche rouge
dans la mythologie erse , se dessine
i" commele meurtrierdu géant Mcis-
geadhraj a° comme le ravisseur de la
belle FcidhHm Nathkrolack , fille de
Qounor et femme de Qairbre Niad- ■■
far. A l'un comme k l'autre titre il II
cause des dissensions, des malheurs,
dans l'Irlande comme dans la famille
de Qonnor. Et pouilant, en donnant
h Qonnor la carvelle du géant tombé
sous ses coups , c'était un gage de
prospérité, de victoires et de splen-
deur qu'il' lui remettait. Malheureu-
sement Qonnor se l'était laissé voler
(F'oy.Varl. suivant). — Qonnall était
encore le héros de quanlilé de fables j
mais i! est impossible ici d'eu donner
l'analyse complète. Au reste , toutes
n'ont pas encore été recueillies.
QONNOR, KONNOR ou CON-
NOR (on dit aussi Connaciiar, et par
corruption Concovor) , le plus illus-
tre de tous les princes de l'Ouladh ou
Ulster , appartenait au Klanna Ru-
ghraidhe, dont les membres faisaient
remonter leur origine au Cadmile ir-
landais Ir. Il eut pour mère Néazn ,
ce que l'on indique souvent par l'ad-
dition de Mac-Néaza au nom de Qon-
nor. Son père, Fachina Fathach ,
IroisièmefilsdeRughraidhe-le-Grand,
n'est que la personnification d'nnç
QON
race proteclrice des bardes. Rughrai-
dhe avait pour père Sitriglie , cl ce
dernier devait le jour à Dubh. Nous
ne nous égarerons pas dans le dédale
de ces généalogies ascendantes. Quant
k Néaza , son père Coched Salbni-
dli»est un personnage totalement in-
connu et incontestablement mytholo-
gique. Oonnor avait un grand nom-
bre de frères 5 tous périrent , k Tex-
ception de trois : Beanna, Lamba,
Glaisne, béros éponymes des comtés
de Béantrie, Lamhruidhe etLesgleis-
rhuidej encore ces trois frères mou-
rurent-ils sans postérité. Ainsi les
dieux punirent l'incesle dont Néaza
s'élait rendue coupable avec Qon-
nor , qui dans un moment d'ivresse
avait violé sa mère. Au resle , le fils
de Tinceste ne meurt pas , comme les
enfants légitimes : c'est QormaqQon-
lingios [Voy. ce nom) qui tient un
rang élevé kla cour deTUlsfer. Qon-
nor, au comble de la puissance, voit
une foule de cbefs dans son armée et
de femmes dans son palais. Lors de
la naissance de Déirdre. que tous les
Fins vouaient k la mort, Qonnor la
sauva et la confia aux mains d'une de
ses épouses , Lcabbarcbam. Son in-
tention était de l'épouser 5 mais quand
Déirdre fut arrivée k Tàge nubile ,
les fils d'Ouisueach l'enlevèrent.
Qonnor feignit d'oublier cet outrage
et consentit k ce que les fugitifs re-
parussent dans le pays avec Déir-
dre j il donna même des otages pour
garants de sa fidélité 5 mais dès que
Déirdre et son escorte eurent mis les
pieds sur les terres de l'Ouladb , un
massacre général suivit leur rentrée
dans le pays. Le règne de Qonnor
est célèbre par les exploits de trois
guerriersdela race rouge, ou, comme
on le disait, du Klanna Rugbjraidbe:
Laogbre Buadhacb , Qou(|ouliu , et
QonnalTsearnacb, étaient leursuoyis.
QOR 3<77
Ces trois béros de sa race lui furent
funestes : Laogbre Buadhacb corrom-
pit sa femme favorite 5 Qonnal sédui-
sit sa fille, Feidhlim Nalhkrotack. Le
dernier s'était signalé par la mort du
géant Meisgeadhraj et de sa cervelle,
pétrie avec du limon, avait formé une
boule qui fut déposée dans le Teagb-
na Craoibbe Ruadbe, talisman pré-
cieux , el gage de gloire eu même
temps que de sécurité. Deux bardes
bouffons du roi de l'Ouladb imaginè-
rent de s'en emparer , et se mirent a
jouer avec le précieux spbéroïde.
«Je vaisleur apprendre ks'amuser ! »
s'écrie Tséat , et il leur reprend la
boule; mais ce n'est pas pour la ren-
dre k Qonnor : au contraire , il se
montre partout dans les combats avec
ce trophée glorieux , soutient avec
succès les attaques de Qonnor, lui
tend un piège , le blesse au crkne.
K Désormais, dit k Qonnor le druide
qui le guérit , ne l'élancé pas sur un
coursier avec trop de violence , cl
garde-toi des femmes. » Qonnor mou-
rut au bout do dix ans. Après l'intro-
duction du clirislianisme en Irlande»
on ajouta que Bakracb le druïde lui
apprend k l'instant de l'éclipsé de
soleil , qui coïncide avec la mort de
J.-C, qu'un dieu expire, crucifié par
un peuple étranger. Qonnor jure de
venger le dieu , s'enfonce dans les
bois, y frappe d'esloc cl de taille les
arbres (complices du forfait?), brise
les rameaux gigantesques et sème le
sol de débris. Sa blessure se rouvre,
son cerveau s'échappe, il tombe mort
dans la grotte des Chênes , qui de là
garda le nom de coill Lamab ruadbe
(autre de la Main rouge).
QORMAQ QONLlJNGIOS naquit
de l'inceste de Qonnor et de sa mère
Néaza. Il fut un de ceux que le per-
fide roi de l'Ulster donna en otage ^
lorsqu'il envoya cberçlicr Péirdïe Qt
378
QUE
r^aoi^. Courroucé dé la duplicité du
prince dont il avait garanti la bonne
loi aux dépens de ses jours, il se re-
tira dans le Conauglil, et de là suscita
des troubles dansTUlster, s'y jeta de
temps a autre h la tête de trois mille
soldats, mil a feu et a sang la contrée
de Crioch Cuailgne, et sept ans du-
rant plaça Qonnor k deux doigts de
sa perte.
QLETSALCOATL, l'Hermès du
Mexique, et plus particulièrement de
la vallée de Cholula, passait pour le
législateur de cette région, et pour le
dieu de l'air. On le regardait comme
le fondateur de la ville de Cholula,
et l'on racontait sur son apparition,
sur la dessiccation du pays par lui opé-
rée, enfin sur ses lois , des fictions
analogues k celles qui étaient en vo-
gue relativement à Votan, kBotchica.
Le commerce, la guerre , la divina-
tion étaient aussi sous son empire. Il
avait prophétisé l'arrivée des Espa-
gnols dans le Mexique et la chute de
l'empire des Aztèques. On l'implorait
en parlant pour les expéditions guer-
rières. Chaque année , les habitants
de la région de Cholula, et mèmetou-
tes les races de la famille mexicaine,
célébraient sa fête avec beaucoup de
solennité, les négociants surtout. Les
cérémonies du culte étaient cruelles :
nul dieu peut-être plus que Quetsal-
coatl n'a été le prétexte d'autant de
sacrifices humains. On le concevra
sans peine, si l'on pense que la répu-
blique oligarchico - théocratique de
Cholula était la première puissance
spirituelle d'un pays oii certes per-
sonne ne peut dire que le sacerdoce
manquât de pouvoir. « Cholula, dit
M. Beltrami, était la .Térusalem ,
la Rome, la Mecque de l'Anahuac,
l'endroit oîi tous les peuples de ces
vastes récrions se rendaient en péleri-
• • 11- ' •
nage pour visiter les lieux samts,
QUE
où les dieux et les prêtres faisaient
plus de jniracles qu ailleurs et dic-
taient les plus pures doctrines de la
foi. De même que d'autres villes
de l'ancien continent, elle regorgeait
de pauvres, tandis qu'on n'en trou-
vait pas dansles autres villes du Mexi-
que. » Outre le Téocalli principal
(grande pyramide tronquée qui a
1,355 piecfs de largeur horizontale a
la base, 172 d'élévation , et une
plate-forme de 4,200 mètres car-
rés), Cholula avait autant de tem-
ples qu'il y a de jours dans l'année.
Toutefois qu'on n'adopte pas les es-
timations des auteurs espagnols qui
prétendent qu'à la fête d'inauguration
de ce temple furent sacrifiés 60,000
prisonniers, et que chaque année plu-
sieurs milliers a'inforlunés subissaient
le même sort. Il faut se rappeler
que le grand-sacrificateur était le seul
qui eût droit de frapper les victimes.
Nul doute, au reste, sur la réalité de
ces épouvantables sacrifices : on ar-
rachait k la victime le cœur encore
palpitant , pour l'offrir aux dieux 5 et
les membres , k peine gisants sur la
terre, étaient divise's entre les assis-
tants : au-devanl du grand temple de
Mexico était un vaste édifice tout re-
vêtu des têtes des individus sacrifiés.
Gomara , sans doute , eut tort d'en
porter le nombre k iSojOOoj mais
quelle que soit l'erreur du calcul, ou
quelque droit qu'on ait de penser que
beaucoup de crânes de guerriers tom-
bés sur le champ de bataille for-
maient les murs de cet effroyable os-
suaire, toujours est-ilindubitableque
nombre de captifs tombaient aux pieds
des autels. Dans la foule des victimes,
une au moins jouissait d'une espèce
de privilège : celle-là sans doute était
mexicaine. C'était un bel et jeune es-
clave. On le lavait dans le lac des
dienx, on le parait du plus riche cos-
n
QUI
tume de Quetsalcoatl , on lui rendait
les mêmes honneurs qu'au dieu , on
l'environnait quarante jours de suite
de tous les plaisirs ; festins, concerts, .
voluptés, il n'avait qu'à vouloir pour
obtenir. Neuf jours avant le terme
de celle quarantaine, deux prêtres
venaient se jeter à ses pieds- en lui
disant : « Seigneur , vous avez en-
core neuf jours a vivre. » S'il s'a-
bandonnait un instant à la mélanco-
lie, îin breuvage fermenté lui rendait
sa gaîlé. Le jour de la fête arrivé,
on l'immolait, son cœur était offert h
la Lune, et son cadavre précipité du
haut en bas du Téocalii , au milieu
des danses, des clianls et des batte-
ments de mains. Les adorateurs de
Quetsalcoatl se blessaient souvent
avec des lames tranchantes, comme
les Corybantes. Le temple de Quet-
salcoatl était de forme ronde , et la
porte taillée en gueule de serpent.
QUIES , le repos personnifié ,
avait a Rome deux temples, l'un près
de la porte Colline et dans la ville
même, l'autre dans la banlieue , sur
la voie Labicane. Ses prêtres étaient
nommés silencieux , ce qui a fait
penser (un peu gratuitement) que c'é-
tait une déesse de la mort.
QUIRIISÙS, dieu sabin dont Ro-
me adopta le culte mais en le modi-
fiant beaucoup, fut originairement
Mars-lance (Cur, Quéir), fétiche gros-
sier dont le piédestal était inondé de
sang, puis Mars à formes humaines,
et enfin Romulus-Mars. Ce prétendu
fils du dieu de la guerre peut a vo-
lonté être distingué de son père, et
se. réabsorber en lui. Généralement
dans les derniers temps on distingua
Quirinus-Mars de Quirinus-Romulusj
ce qui prouve seulement que les Ro-
mains en étaient venus au point de ne
plus comprendre leur propre religion.
Jfanus , ce dieu suprême et universel
QUI
379
de l'Étrurie , est aussi , au moins en
un sens, Quirinus. Toutefois on peut
présumer que dans le commencement
il n'en fut point ainsi. Théocrates, et
conséquemmeut plus pacifiques que
guerriers, les Etrusques ne durent
pas beaucoup songer d'eux-mêmes
h un dieu de la guerre. Mais dès
que le contact fréquent des peuplades
belliqueuses de l'Italie centrale leur
eut donné l'idée du fétiche lancéi-
forme, ils durent faire de lui un attri-
but, une émanation, un fils ou une
forme de leur être suprême. Mars
dut être le fils de Janus^ comme de-
puis il le fut de Jupiter 5 bientôt il fut
Janus lui-même. Comme tel , Janus-
Quiriuus était le porte-clés du ,temple
de la guerre, qu'il ouvrait en qualité
de Patulcius, qu'il fermait en qualité
de Clusius. Le nom même de Janus-
Quirinus fut donné au temple. « Ja-
num-Quirinum clausity» devint la
formule usitée pour indiquer que l'on
fermait ce temple célèbre. N'ou-
blions pas que Quirinus, en tant qiie
Mars, était le dieu immobile, taudis
que le dieu marchant aux combats
prenaille nom de Gradivus. Le grand
temple de Quirinus-Janus était situé
entre le Tibre et le théâtre de Mar-
cellus. Quirinus-Mars en avait un
dans la première région de Rome.
Enfin Quirinus-Romulus en possédait
quatre dans les régions 6, 7, 8 et 10.
Sa fête , dite Quirinalies et quelque-
fois aussi fête des fous [stultorum
festa^ Voy. Fortiax), se célébrait
le 1 7 février. Un Flamine portait le
titre de Flamine Quirinal. Il y avait
aussi un mont Quirinal (autrement
Agonalis, Collinus, Salutaris, Cabal-
linus, aujourd'hui Monte Cavallo^
et une porte Quirinale (porte Colline).
Les médailles représentent Quirinus
couronné de lauriers, arec uue barbe
qui forme de nombreux anneaux.
38o
RAD
RA.G
R.
RA, RE, RI, le soleil en égyptien,
s'appelle plus cominuuément ( par
Taddltiou initiale de l'article) Pi-Ré
ou Fré {Foy. FrÉ). Dé plus , il est
essentiel de remarquer que cette syl-
labe s'ajoute souvent aux noms de
Knefet d'Ainotin ou Ammou, surtout
au dernier [Foy. Amoun), ce qui
signifie que inomentanément on con-
sidère le premier Démiurge comme
se rév'éhnit , s'individualisant dans le
soleil.
RADGAST, dieu slave, adoré
surtout dans la capitale des Varègues
comme la divinité tutélaire de la ville,
avait k la main gauche une lance , sur
la tète un coq aux ailes déployées ,
sur la poitrine une égide où était fi-
gure'e la tète d'un bœuf. Aux pieds de
l'idole étaient immolés les chrétiens
prisonniers. Le prèlre buvait de leur
sang, puis tout h coup électrisé par
celte hideuse libation faisait entendre
d«s prophéties dont nul n'osait dou-
ter. A la suite du sacrifice était servi
un grand repas qu'égayaient la musi-
que et la danse. Radgast faisait partie
de la triuilé slavone dont Prono et
Seva étaient les deux autres membres.
FtADHA, la huitième et la plus
belle des Gopis ou laitières, fut la fa-
vorite de la jeunesse de Vichnou-
Krichna. /^oj'.Rrichna.
RADJEN-ATHCI^', le dieu suprê-
me des Lapons. Invisible et roulé sur
lui-même comme Brahm aax Indes ,
jamais il ne daigne s'occuper de ce
qui se passe dans ce monde d'indivi-
dualité et de phénomène 5 c'est son
fiis Radicn-Kieddé qui règne a sa
place. Au reste, les deux Radien sont
peu connus et rarement invoqués. Les
Noaida , seuls (hommes du ciel) sa-
vaient apprécier leur élévation et leur
puissance. Ils leur donnaient pour
demeure le Vérald, espace, éther, et
en suédois univers. Malgré Tinsou-
ciance de Radien pour les choses hu-
maines, on admet qu'il appelle au-
près de lui et dans son ciel les âmes
des justes. Ceux qu'il abandonne tom-
bent dans les mains des Saivos.
RAESFELGR ou HRIIAES-
FELGR , c'est-a-dirc mangeur de
cadavres, géant de la mythologie
Scandinave, habite vers les limites
septentrionales du ciel. Il a des ailes
d'aigle d'une envergure si large que,
lorsqu!il les agite , il met l'Océan
en mouvement, et fait saillir le feu
du sein de l'espace. C'est lui qu'en
regarde comme l'auteur du vent.
RAFNA GOUD ou HRAFNA
GOUl) , c'est-a-dire le dieu des cor-
beaux , Odin, a cause des deux cor-
beaux, Ougin et Mounnin, qui sont
percho's sur ses épaules, et qui lui di-
sent a l'oreille tout ce qu'ils voient et
tout ce qu'ils entendent.
RAGAS. Voy. l'art, suivant.
RAGINIS (prononcez Raghinis) ,
nymphes musicales de l'Inde, sont
au nombre de trente, mais quatre
surtout ont de l'importance 5 idéali-
sées, elles se réduisent a une. Pour
comprendre les Ragiuis, il faut d'a-
hord saisir le double sens de R;iga,
passion et mode , et l'intime liaison
de ces deux sens en apparence peu
semblables. Les deux principaux ou-
vrages samskrils relatifs a la musique
se nomment Uagarnava , la mère des
passions, et Ragaderpana, le miroir
des modes. Il faut ensuite distinguer
les sons, Souara, d'avec les modes et
surtout d'avec les systèmes fondamen-
taux de la musique indienne. Les
systèmes sont au iiopibrc de quatre
I
I
RAG
(attribués alçouara, Bharata, Pa-
vana, Rallinatha). Les sons sont au
nombre de six ou sept. Le nombre
des Ragas, au contraire , n'a point de
bornes. « Pareils aux flots de la mer,
dît l'Inde, ils peuvent être multipliés
a l'infini, 'j Toutefois on distingua
primitivement six Ragas : Bhairava ,
Malava, Sriraga, Hindola ou Vaçan-
ta, Dipaka, Megha. Ces six Ragas fu-
rent divinisé's. Quant aux Raginis,
ce sont des Ragas devenus systèmes
musicaux : inventrices et rectrices de
la musique, elles glissent en cadence,
et pèsent les sons. Leur marche est
rhythmique , leur geste est une har-
monie, leur pose une cadence. Un
tableau hindou montre une Ragini
suspendant ses pas légers sur la
margelle d'un puits d'oîi s'épanchent
en nappe d'argent les eaux surabon-
dantes. Un vina brille dans sa main
gauche j la droite porte une balance
qui a en guise de bassins deux urnes
en équilibre parfait. Quatre Raginis
la suivent , et sont les symboles des
quatre systèmes musicaux. A ses
pieds repose l'émyde dont la cara-
pace fournil le premier vina; k droite
l'eau qui coule du puits mystique a
formé comme un Oce'an de sons ,
Océan mobile dont les lames trem-
blantes réfléchissent les modifications
nerveuses de l'àme , oscillent comme
le cœur humain, frémissent comme la
feuille au souffle du vent, murmurent
comme l'éclio au son de la voix. Au
centre un énorme rocher s'élève fier
de porter à sa cime le taureau du
monde, qui lance un jet d'eau vers le
ciel, et laisse couler de ses flancs
trois grands courants qui vont dispa-
raître dans trois grottes, puis sortent
divisés chacun en quatre ruisseaux.
Comp. Mahaçouaragrama. Une
foule d'oiseaux, mélodieux et brillants
accessoires, animent celte scène, et
RAG
38i
semblent eux-mêmes sous l'influence
du charme. Le tableau qui vient
d'être décrit est un de ceux que les
Indiens appellent Ragamana; ce sont
des peintures allégoriques du système
musical. Ils en ont un grand nombre.
Quoique l'on puisse varier dans les
explications de détail qu'on hasardera
sur ces peintures, au moins y a-t-il
un fait certain , c'est la liaison in-
time entre l'empire des eaux , ce-
lui des sons et celui des astres. Aussi
Millier a-t-il donné du monument que
nous venons d'analyser une interpré-
tation astronomique en même temps
qu'hydrographique et musicale. Les
Raginis ressemblent surtout aux Si-
rènes.
RAGNAR-LODBROK, person-
nage fameux de la mythologie Scandi-
nave. Nous empruntons a M. d'Eck-
stein l'exposé de ce mythe : Thora
(fille de Herrand, puissant larl ha-
bitant le Jutland) , Thora, la plus
belle des vierges, excellait dans tous
les arts agréables. Elle surpassait
toutes les femmes, et s'élançait au
dessus d'elles par la souple élégance
de sa taille , comme le c«rf léger s'é-
lance au dessus des autres animaux.
L'Iarl , qui aimait beaucoup sa fille ,
fil construire pour elle un apparte-
ment non loin de la saUe du roi, ap-
partement entouré par une cloison.
Il avait l'habitude de lui offrir tous
les jours un cadeau; et il avait fait
serment d'agir ainsi toute sa vie. Un
jour il lui apporta un dragon jeune et
beau. Elle le mit dans une cage, et
plaça de l'or sous sa couche. En peu
de temps le monstre grandit : l'or
grandit avec lui. Bientôt la cage de-
vint trop étroite pour le dragon qui
forma autour d'elle des replis circu-
laires. Il ne cessa pas de croître, et fi-
nit par étendre tellement ses an-
neaux, qu'il enveloppa l'appartement,
38a
RAQ
et l'or s'accumulait proportionnelle-
ment. Puis il dépassa la cloison même
et l'environna de ses plis, sa queue
touchant sa tète. Ou ue s'approchait
pas de lui sans danger 5 et personne
n'osait plus pénétrer jusqu'à la jeune
fille , excepté celui qui apportait au
monstre ses aliments. Par repas il
dévorait un taureau , et l'avalait d'un
seul coup. Cepeudant l'Lirl furieux
promit de donner sa fille à l'homme
qui tuerait le dragon , quel qu'il pût
être, et que l'or sur lequel le monstre
était couché servirait de dot h la
vierge. Alors régnait en Danemarck.
SigurdHring, roi puissant, devenu
célèbre par sa victoire sur Harald-
Hildetand dans les champs de Bra-
valla. Toutes les régions septentrio-
nales savent comment Ilarald suc-
comba sous le fer de Sigurd. Sigurd
avait pour fils Ragnar dont la taille
était haute, le visage beau, la répar-
tie prompte et spirituelle. Ragnar se
montrait généreux pour ses hommes,
terrible envers ses eqnemii. Quand il
fut eu âge de porter les armes, il
s'environna d'uae escorte de guer-
riers, et prépara ses navires. La
promesse que l'Iarl Herrand avait
fait proclau-.er parvint jusqu'à lui. Il
paraît ne pas la connaître, et vous
aurieï cru qu'il l'ignorait. Il se fit
faire des vêlements d'une forme inu-
sitée, des culottes d'ours sauvage et
un capuchon de même étoffe 5 les crins
étaient bouclés et épais, de là son sur-
nom de Lodbrok. Quand ces prépa-
ratifs furent faits, il fit tremper ce
vêlement dans la poix bouillante, et
le laissa durcir. Puis, quand viut
l'été , il s'embarqua pour le Jutland
avec ses compagnons , cacha ses vais-
seaux dans une anse de la baie , non
loin des domaines de Tlarl , et y reîita
pendant une nuit entière. Il se leva
de grand matin, prit sou vêtement.
RAG
s'habil}a , et saisit une énorme lance.
Il quitta en secret son vaisseau , cou-
rut vers un banc de sable, se roula
dans le sable , puis enleva le clou qui
attachait le fer au bois de sa lance, et
s'achemina seul vers la porte du fort
où commandait l'Iarl. il arriva de si
grand matin qu'il trouva tous les ha-
bitants plongé* dans le sommeil. H
marcha droit vers l'appartement de
la vierge j et arrivé a cette cloison que
le serpent enlaçait de ses replis, il le
frappa de sa lance, la retira, et frap-
pa de nouveau le monstre sur le dos.
Orm (tel est le nom du serpent) se
recourba sons l'atteinte de la blessure
avec un mouvement si violent, que le
bout de sa lance se brisa. Dans sa lutte
avec la mort il ébranla la forteresse
entière. Quand Ragnar se retourna ,
une gerbe de sang jaillit de la bles-
sure du monstre, et frappa le dos du
guerrier qui, grâce aux vêtements
qu'il s'était fait faire, ne fut pas empoi-
sonné. Réveillées parle bruit, les ha-
bitantes du Gynécée se présentèrent
sur le seuil de la porte. Là, Tliora,
la jeune fille, aperçut un homme dont
la taille était majestueuse, lui de-
manda quel était son nom, et à qui jl
voulait parler. Il resta debout devant
la vierge, et chanta les vers suivants:
J'ai risque la vie qni ui'cst cluVe,
O vierge dont le visage est éclatant'.
J'ai lue le monstre, ce poisson des champs ;
lit moimcnie je ne comple cjuc quinzB lii-
vers.
Qi^'une mort subile me frappe
Si je n'ai plongé profondément
Le fer de ma lance dans le cœur
De ce saumon du désert qui s'entortille dans
ses anneaux.
Ensuite il se tut et repartit. Il em-
porta le bois de sa lance , et le fer
resta enfoncé dans la plaie. La jeune
fille à laquelle ces vers s'adressaient
coranrit que le héros parlait de son
exploit, et{|ueles quinze hivers indi-
quaient son âge. «Mais qui pcul-il
être?» se deaianda-t-elle. Elle ne
RAG
savait si c'était un mortel ou un dieu,
tant sa taille était élevée. Elle rentra
dans son appartement , et se coucha.
Le matin, quand les gens se réveillè-
rent , ils aperçurent le dragon tué et
la pointe de la lance plongée dans son
corps. L'Iarl la fit arracher de la
plaie j cette pointe était si large et si
pesante que peu d'hommes étaient en
état de la porter. L'Iarl prit conseil
de sa fille et de ses amis, et songea a
remplir sa promesse. On croyait que
celui qui si glorieusement accomplit
celte haute entreprise viendrait lui-
même réclamer la récompense qu'il
avait méritée. Mais Thora conseilla
de convoquer une assemblée complète
des guerriers, et de faire proclamer
que tout le monde eût a s'y trouver,
sous peine d'encourir Ta colère de
riarl. ce Si l'un des hommes présents
h cette assemblée prétend à l'honneur
d'avoir tué le dragon, il présentera le
bois de la lance à laquelle appartient
la pointe, jj L'Iarl trouva bon ce con-
seil, et fit aussitôt convoquer l'assem-
ble'e. Quand le jour fuj; arrivé, l'Iarl
y parut entouré d'une foule de chefs
secondaires , et l'assemblée fut très-
nombreuse. Ragnar,sur ses navires,
entendit parler de celte convocation,
et s'y rendit lui-même avec presque
tous ses hommes. Quand ils furent
arrivés, ils se tinrent un peu a l'écart
des autres. Ragnar s'aperçut qu'il y
avait beaucoup plus de monde que
dans les circonstances ordinaires.
L'Iarl se lève , ordonne qu'on fasse
silence, et remercie les guerriers
d'avoir obéi à sa sommation, puis
leur raconte tout ce qui s'est passé,
leur dit quelle promesse il a iaite à
l'homme qui tuerait le dragon, ajoute
que le monstre est mort, et que le hé-
ros auquel est due c^te héroïque
entreprise a laissé daus sa plaie le fer
de sa lance. «Si quelque membre de
RAH
383
cette assemblée, ajoute-t-il, possède
le bois de celte même lance, il n'a
qu'a le présenter pour justifier ses
prétentions j je remplirai mes pro-
messes , de quelque rang que soit le
vainqueur. » Quand il eut terminé
son discours , il fit présenter a chacun
des membres présents a l'assemblée
la pointe de cette arme, et exhorta
les guerriers à s'avancer pour qu'il
lui fût facile de reconnaître les traits
de l'homme qui présenterait le bois
de la lance , et s'attribuerait cet ex-
ploit. Mais personne n'apporta le
bois. Enfin on en vint a Ragnar qui
reconnut le fer, et dit que c'était ce-
lui de sa lance. Et voici que le fer
et le bois réunis se trouvèrent ap-
partenir à la même lance. Tous fu-
rent convaincus qu'il avait tué le dra-
gon : action qui le rendit célèbre dans
toutes les contrées. Alors il sollicita
la main de Thora, fille de l'Iarl qui,
joyeux de cette demande, la lui donna.
Une grande fêle futpréparéej et après
les noces , Ragnar s'embarqua pour
son pays où il fut roi. Il aimait ten-
drement Thora dont il eut deux fils ,
Etrek l'aîné, le cadet Agnar, tous
deux d'une haute stature, d'un visage
agréable et beau, habiles dans tous
les £xercices du corps. Mais un jour
il arriva que Thora tomba malade,
et mourut au milieu de ses trésors.
Ragnar, profondément affligé, refusa
de prendre une autre femme. Il nom-
ma d'autres guerriers chargés de va-
quer avec ses fils aux affaires de
l empire. Quanta lui, il recommença
son existence aventurière , les cour-
ses de sa jeunesse : sur tous les ri-
vages où il aborda il fut vainqueur.
RAHOU et KÉTOU sout deux
Acouras, les seuls, au dire des Hin-
dous, qui aient eu l'adresse de goû-
ter de l'amrita. D'ordinaire c'est à
Rahou seul que l'on attribue l'ayejir
384
RÂK
turc {f^oy. Ambrosie). Oq sait que
Vichnou, averti à temps par la Lime
et le Soleil, décapita Kahou quand la
merveilleuse liqueur n'avait encore
mouillé que seslèvres. Livide et froid,
le corps resta sur la terre 5 mais la
têle alla briller parmi les astré^ où
elle fait partie de la tète du dragon,
remarquable par quatre étoiles très-
brillanles : Ranou en est la principale.
Placés aux cieux , Raliou et Kélou
y forment, avec les sept planètes, ce
que l'on appelle les Nava Graha ou
neuf luminaires. De ce poste élevé ils
n'ont point oublié les paroles déla-
trices de la Lune et du Soleil j et
inébranlables dans leurs idées de
vengeance , ils ont juré d'avaler les
deux astres, dès qu'une occasion fa-
vorable se présentera. Ils essaient
en effet de temps à aulrej mais quoi-
que leur corps ait cinquante-deux
mille lieues d'étendue, ils ne peuvent
venir à bout d'engloutir les deux cé-
lestes flambeaux. C'est quand ils les
lienuent ainsi sous leurs dénis énor-
mes qu'ont lieu les éclipses. Celles du
soleil ne sont jamais totales, parce
que le soleil est plus grand. Il est
probable que c'est Rahou qui cause
les éclipses de soleil , et que les
éclipses de lune sont dues exclusive-
ment à Kélou.
RAKCHAÇAS ( les ) ou RAK-
CHAS ont aux Indes deux rôles qui
reviennent à un seul : ce sont des gé-
nies malfaisants 5 ce sont des parti-
sans de Siva. Il est difficile de les
distinguer des Açouras, des Daitias
et desDanavas. Il y a plus, on peut
sans risques les confondre dans l'u-
sage vulgaire , quoique l'on donne à
tous ces génies malfaisants des gé-
néalogies distinctes. Les Daitias sont
fils de Diti la Nuilj les Danavassont
lilsde Danaou, fille de Kaciapa, qui
eut entre autres épouses Aditi et Diti.
RAK
Ennemis des dieux , ils furent nom.
mes Açouras, par opposition aux Sou-
ras. L'Ararila, ce breuvage qui con-
fère l'immor taillé, la beauté , la jeu-
nesse , s'appelait aussi Soura. Tous
ceux qui furent admis k en boire
s'honorèrent d'en prendre le nom.
Dès-lors , quiconque ne put avoir sa
part du précieux liquide fut un
Açoura. Dans la suite on imagina un
breuvage Açoura, contraire au Soura.
L'Açoura, comme le jus fermenté de
l'arbre (fûe piaula Bacchus,
Exalte & faux, mystifie, ensorcelé.
Et coule bas la divine parcèle (i).
Les Rakchaças, dans la raylliologie
de l'Inde , forment tout un peuple.
Ce sont des géants , ce sont des
guerriers formidables, ce sont des
magiciens j et. pourtant, pas plus
qu'aux Titans de la Grèce , pas plus
qu'aux géants Scandinaves, on ne leur
accorde la force de l'esprit, la pé-
nétration, la prudence. Ce sont sur-
tout des êtres trompeurs. Les Moha-
nis ou fausses beautés, nymplies-il-
lusions, ne sont que des formes d'A-
coura. A mesure qu'on s'avance vers
f'Iiisloire héroïque de l'Inde , les
Rakchaças se montrent comme pro-
totypes des enfants de la Lune ou
Tchandravansas, tandis que les fils du
Soleil ou Souriavansas ont pour pro- '
totypes les dieux. Tchandra, le dieu
mâle de la Lune, a pour auxiliaire les
Daitias : de Tara, qu'il enlève, naît
Boudha (Rrahmaïsivaïle); de ce Bou-
dha et d'Ila,sa femme, naît Pourouj
et long-temps, après laïati, tige des
Tchandravansas. laïafri, un jour, dé-
trône Indra, devient Indra selon l'ex-
f)ression des Sivaïles, puis s'allie par
e mariage avec la famille des pon-
(i),.- alque affigilhumi divin.i: particulam aura:.
HoR., Sal. 2, liv. Il,
RAK
tifes des Daitias. Dans la suite des
temps les Rakchaças soutiennent Siva
contre les partisans de Yiclmou ,
contre Bliavani, son épouse, et pour-
tant finissent par être ennemis de ce
dieu. Il est vrai qu'alors ce n'est pas
ducôié de Viclinou qu'ils se rangent;
ils adoptent la bannière de Brabmâ,
allusion évidente a l'époque de Pa-
racou-Rama ou du sivaïsme réfor-
mé! Et pourtant le braliraaïsme aussi
mentionne les Rakcbacas comme ses
ennemis. Le culte brahmanique , dit-
on , fut détruit dans l'Inde méridio-
nale par les Rakchaças. Lors de l'as-
sassinat de l'époux de Bhadrakali, une
armée de Rakchaças seconda la ven-
geance de la déesse, et tua par ses
ordres le roi perfide , l'orfèvre avare
et tout ce qui avait trempé dans le
meurtre du jeune roi de Kouléla. —
Les Rakchaças sont des symbolisa-
tions des forces cosmiques anomales
du monde primitif et d'une race an-
tique semi-barbare, belliqueuse, qui
dans l'origine ne connut que Siva et
repoussa le brahmaïsme^ mais qui,
ensuite , adoptant la réforme de Pa-
raçou-Rama, se rapprocha du brah-
maïsme , et ne fit plus la guerre qu'à
Yichnou.
RAKCHE était, selon les Parsi, le
cheval de Siamek , célèbre vainqueur
des Devs. Arioa et Pégase semblent
avoir été créés sur ce modèle.
RARTAVIDJA, géant hindou,
commandait l'avaiit-garde de Soum-
bha et de INiconmbha. Il avait obtenu
de Krahmà, en cas de blessure, l'heu-
reux privilège de voir naître de cha-
que goutte de sang que verseraient
ses blessures des milliers de soldats ,
ses égaux en vai!lance. Tchandi , in-
carnation de Dourga, le blessej sou-
dain l'avant-garde du géant grossit
h vue d'œil : « Je les vaincrai, je les
tuerai, s'écria Tchandi , pourvu que
LV.
RAM
38Î
ce sang ne puisse plus , en touchant
la terre, enfanter de nouveaux batail-
lons. Kali ! viens, noire déesse, pour
recevoir au passage le sang de Rak-
lavidja. » Kali exécute les ordres de
Tchandi, et Raktavidja, après avoir
vu mordre la poussière aux guerriers
issus de son sang, expire lui-même
sous la lance de Tchandi. — Ce my-
the, un des épisodes des plus frap-
pants duTchandika, rappelle la mort
de Rœcos. Raktavidja veut dire se-
mence de sang.
RAMA, septième incarnation de
Yichnou , était le fils de Dacaralha,
roi d'Aïodhia et de Kaouçalia, celle
de ses trois femmes qu'il affectionnait
davantage. De Soumatra, la seconde,
Dacaralha eut deux jumeaux , Lakch-
mana etSalrouknaj de la troisième,
Kéi-Keii , lui naquit un autre fils ,
Bharata. De ces quatre fils Rama
était, dans les croyances hindoues, le
plus célèbre 5 des prodiges accompa-
gnèrent sa naissance. Ravana in-
struit du projet d'incarnation formé
par Yichnou pour le vaincre , enleva
Kaouçalia pour la plonger dans l'O-
céan. Yichnou la sauva par miracle.
Daçaratlia donna pour maître à ses
enfants le vénérable Vacichla sous qui
tous firent dans la connaissance des
Védas , dans l'étude de la morale,
dans les exercices du corps, des pro-
grès surprenants. Dès-lors , l'éclat
de la divinité commençait à se mani-
fester dans Rama , ainsi nommé à
cause de sa rare beauté. Un serpent,
issu du front de Ravana, avait enlacé
les membres du jeune fils de Kaouca •
lia: l'aigle Garoudha le mit en pièces.
Le célèbre corbeau Kaka-Bhouçou-
da qui est Brahmà lui-même vola si-
tôt qu'il naquit au palais Jans lequel
il avait reçu le jour , le servit sans
relâche pendant cinq ans , l'amusa
pendant les jeux de son enfance : in-
25
386
RARI
cessamment fixés sur le jeune Raïua,
ses yeux s'imprégnèrent du fluide
resplendissant qu'il lançait. Un jour,
il voit le corps de Tentant tout noir,
ses pieds tout rouges et saignants : in-
capable de soutenir ce spectacle ,
Kaka-Bhouçouda s'envole , mais le
bras de Rama le suit. En vain il se
!)erd dans les nues , le bras aussi
rancliit les nues , traverse l'espace ,
atteint les Souargas, le Bralinialoka
même. Le céleste corbeau alors s'ar-
rèie , adore, tombe en extase et se
retrouve dans Aïodhia : tout n'était
qu'un rêve. Cependant Rama rit de
son embarras. L'oiseau s'élance dans
sa bouche ouverte , s'y abîme, s'y
promène pendant un nombre infini
d'années : là des cieux, des bienheu-
reux, des merveilles sans nombre,
s'offrent successivement à sa vue en-
chantée j et toujours au milieu de ce
panorama enchanteur , Rama , l'en-
fant miraculeux qui remplit le monde.
Enfin , Rama ouvre de nouveau la
bouche : l'oiseau en sort, s'abat aux
pieds de l'enfant, l'implore , et en le
proclamant le maître des mondes le
supplie de l'aire cesser l'illusion qui
l'obsède. Rama l'exauce, il pose sa
main sur la tète de l'oiseau : tous les
souhaits de Kaka-Bhoucouda s'ac-
complissent. Rama, enfin, arrive k
l'âge de puberté. Soudain Yiçouami-
tra, célèbre Brahme, dont les ex-
cessives austérités inspirent l'effroi
aux Dévas eux mêmes , paraît a la
cour de Dacaralha , et le prie de lui
confier Rama pour l'aider a le dé-
barrasser de trois géuies mauvais,
Ravana et les fils de hounda etd'Ou-
pacounda. Altéré par celle deman-
de , Dacaralha voudrait refuser el
n'ose. Il dit adieu k son fils j Rama
suit le saint personnage dans la so-
litude , et commence un long voyage.
Partout on leur donne l'hospilalile ,
RAM
partout Viçouaoïitra apprend k Ra-
ma l'origine des ermitages qui leur
servent d'abri , perfeclionne l'édu-
cation du jeune prince devenu son
élève , lui fait présent d'armes en-
chantées, et surtout lui indique le
moyen de s'en servir. Grâce k ces
iuslructions puissantes. Rama se dis-
tingue par une foule d'exploits con-
tre les Géants et tue le démon fe-
melle Taraka. Parmi ces hideux eji-
ncmis figurent surtout les agents de
Ravana, tyran de Lanka, que Vich-
nou aspire k faire disparaître de la
surface du globe qu'il snuille et qu'il
opprime. Souvahuu expire, percé de
flèches divines. Mariclia , chef des
satellites du despote Chingulais , fuit
seul devant l'adolescent qui a vaincu
sou armée , et rentre h Lanka. Vi-
couamilra délivré des fuuesles Acou-
ras, dont les infernales machinations
interrompirent tant de fois les céré-
monies saintes, achève son sacrifice ,
remercie le jeune héros et se repd
avec lui k la cour de Djauaka , père
de la ravissante Sita, dont mille prin-
ces étrangers^ dont Ravana surtout
recherchent la main avec ardeur. Mais
il a été déclaré solennellement par
Djanaka que la princesse sera le prix
de l'adresse réunie a la vigueur. Ce-
lui-lk seul l'ohllendra , qui saura,
d'un bras nerveux, tendre un arc im-
mense, inappréciable cadeau de la di-
vinité. Rama se met au nombre des
compétiteurs. Déjà placé dans son
élui superbe d'où s'exhalent des par-
fums ravissants, l'arc immense arrive
roulé par plusieurs esclaves au mi- (
lieu de l'assemblée. Tous les princes
les uns après les autres essaient,
mais en vain, de le tendre : ils ne peu-
vent même l'ébranler. Rama s'ap-
prochant le dernier, le soulève d'une
main, comme se jouanl, le tend et tire
klui le nerf avec tant do vigueur que
RAK
l'arc énorme se brise par le milieu eu
rendant un son terrible. Reconnu
vainqueur , le jeune héros épouse la
belle Sita, et rentre triomphant au
palais de ses pères. Peu après Daça-
ralba, a qui l'âge rend pesant le far-
deau de Tcrapire, s'apprête a investir
Rama du titre de louva-Radja (jeu-
ne-roi). Déjà le peuple se livre h la
joie , les pagodes exhalent les par-
fums de l'encens, les étendards flot-
tent. Rama et Sita s'avancent a l'au-
tel. Tgul-'a-coup une des femmes de
la reine Kéi-Keii, animée d'une haine
secrète contre Rama , dit a sa maî-
tresse que le couronnement du prince
est une usurpation flagrante des droits
de son fils Bharata , et lui rappelle
que, jadis sauvé par elle, Daçaratha
lui a promis de lui accorder les deux
premières grâces qu'elle demande-
rait. « Eli bien ! ajoute la perfide : de-
mandez l'exd de Rama pour douze
années, et pour votre fils Bharata le
rangdelouva-Radja !» Kéi-Keii exal-
tée par l'astuce de sa suivante se hâte
d'obtenir de Daçaratha une audience,
et dit ce qu'elle exige en récompense
du service qu'elle lui a rendu. Eu vain
Daçaratha la conjure de modifier ses
demandes, lui offre tout ce qu'elle
pourra désirer , à l'exception de ce
qu'elle souhaite ; l'inflexible belle-
mère persiste , et Daçaratha , lié par
son serment, est forcé de condamner
son fils a l'exil. Quelque temps après
il meurt, en proie à une sombre i»é-
laucolie, et désespérant de revoir Ra-
ma : kO Rama! ô mon fils! » telles
furent ses dernières paroles ( J^oy.
Daçaratha). Pendant ce temps,
Rama banni s'enfonce dans l'immense
forêt de Dandaka, suivi de son frère
Lakchmana , qui n'a pas voulu l'a-
bandonner : la, renouvelant les prodi-
ges de son adolescence, il extermine
les Géants qui infestent les bois et les
RAM 387
déserts, asiles des saints pénitents, et
partage sa vie entre la bienfaisance
et la prière. Au bout des douze ans
assignés par le caprice de Kéi-Keii k
son exil. Rama reparaît dans Aïo-
dliia, refuse le trône, le cède à sou
frère Bharata et continue a poursui-
vre les Daitias qu'il chasse jusqu'au
Djanaslhaua dans le Déklian. Smou-
rianaka, sœur de Ravana, s'enflamme
pour lui. Rama ne partage pas cette
ardeur. Irritée, Smourianaka excite
son frère à enlever Sita. Le tjjrai;
accomplit bien vite les souhaits de s»
sœur. Sita , enlevée languit, captive
dans Lanka par-delà les mers 5 sou-
dain Rama se met en marche pour
reconquérir son épouse enlevée j et,
s'eufoncanl de plus en plus dans la
péninsule , arrive au bord du fleuve •
Pampa qui baigne l'empire de Sou-
griva, et veut cueilHr dans le magni-
fique jardin de ce prince des singes
que Iqi es fruits pour secourir son frè-
re qui tombe épuisé de lassitude.
Hauoumanou, gardien du jardin, s'y
op[)osej mais bientôt éclairé sur les
vrais intérêts de son maître, il en-
tonne l'hymne à Viclinou et promet
à Rama que la puissante coalition des
singes va marcher a sa suite sur Lan-
ka, pourvu que d'abord il apaise
la querelle des deux frères Vali et
So'igriva, qui l'un et l'autre préten-
dent régner sans partage sur le peu-
ple singe. Yali expire de la main de
Vichnouj cl Angada, son fils, se sou-
met a Rama. Sougrlva_, mis en pos-
session de la totalité du royaume de
Kiî^kindliia , ne demande plus qu'a
suivre Rama. Déjà Brahmà, au rai-
lieu des Dévas assemblés, avait or-
donné aux habitants des Souargas
d'ailer s'unir aux Apsaras, aux Gau-
dharvas, aux Iakchas , aux filles des
hydres, des ours, des Vidiadharas,
des Kinnaras, et d'engendrer, pour
a5.
388
RAM
RAM
seconder Vichnou , des êtres a corps
de singes, à formes d'ours , invulné-
rables, astucieux , adroits dans l'art
de manier les armes. «Voyez, dit-
il , ma bouche s'ouvre comme un
gouflre , et déjà en sort l'ours puis-
sant Djambouvan, dont un gronde-
ment sourd annonce la venue. » Les
dieux obéirent, parcoururent lesbois,
les plaines, les flancs des montagnes,
choisissant chacun les nymphes dont
la forme s'harmoniait le mieux avec
la leur, cl chacun rendant son aman-
te mère d'nn guerrier bizarre, ours
ou singe par la forme , lion ou tigre
par le courage et l'ogililé. Rama
s'épanouit à la vue de cette forte ar-
mée composée de deux innombrables
phalanges, les ours qui ont a leur télé
Djambouvan, et les singes commandés
par Sougriva. On traverse le Dékhan,
on arrive au bord de la mer j mais
la un obstacle invincible en appa-
rence arrête les braves auli - rava-
nistes. Comment franchir ces flols re-
doulcibles , séparant Lanka de la
pointe de Ja grande péninsule ? Non
moins fertile en expédients que ter-
rible sur le champ de bataille , Ha-
noumanou enlace et accroche sa
queue au rivage continental oîi se
tiennenlles singes; puis, s'élancanl sur
le bord opposé, se cramponne de ses
quatre mainsau roc de Lanka. L'ar-
mée entière défile le long de ce pont
improvisé. D'ordinaire , les singes ,
par l'avis d'Hanoumanou, précipitent
péle-nule dans le vaste bras de mer
d'énormes blocs depierre et coiaslrui-
sent ainsi d'un rivage à l'autre uu
pont de rochers sur lequel ours et
singes passent sans dangers. Cette
roule improvisée se nomme encore
aujourd'hui Ramicéram. On a donc
atteint Lanka, il ne s'agit plus que de
la conquérir. Vingt batailles sont li-
vrées successivement} le sang coule.
Vibichana, frère du géant, se tourne
contre lui; Rama lui-même, par d'a-
droites flatteries , décide la grande
Bhavani a déserter sa cause , car
c'est elle qui, la dernière, milite en
faveur du tyran ; et quand Siva con-
sentant h sa ruine se met en roule
avec le reste des dieux pour assis-
ter a ses derniers soupirs , elle fait
pleuvoir sur lui J'invective. Le cou-
ple divin se querelle. Rama se porte
comme médiateur entre les conlen-
danls. « Divine Dourga , sois nous
propice! Toi seule, tu vaux toute
une armée. Si tu restes opposée a nos
vœux, si la rixe continue, il sera
impossible de détruire Ravana. » La
déesse , qu'enchante ce complinienl
inattendu, sourit et laisse, avec son
sourire, tomber le signe de tête qui
comble les vœux des dieux , et qui
est l'arrêt de mort de Ravana. 11 ex-
pire en effet, au milieu des géants ses
amis, que les singes écrasent, que les
ours déchirent. Hanoumanou alors
se jette aux pieds de Rama, le pro-
clame vainqueur et dieu , l'adopte
pour fils. Sita , délivrée, se soumet
à l'épreuve du feu pour démontrer à
son époux inquiet, que l'air empoi-
sonné qu'on respire dans le Zénana
du tyran n'a point terni la fleur de
sa pureté conjugale. Le frère de Ra-
vana monte sur le trône, dont le
crime précipita son frère. Rama, qui
n'a plus rien h faire sur la terre, puis-
qu'il a précipité dans l'abîme l'Açou-
ra impie que nul dieu ne pouvait
vaincre, ne veut pas pourtant qulller
ïe globe sans avoir donné au monde
l'cchautiilon d'un règne juste; il quit-
te Lanka, de'sormais dévouée au culte
de Vichnou, détruit en partie le pont
de rochers d'Hanoumanou, bâtit sur
la rive opposée un temple à Siva ,
qu'il a fiappé dans la personne d'un
de ses adorateurs, mais qui! ne veut
RA.M
pas rayer de la liste des dieux j dé-
core ces leraples radieux de la cou •'
ronne d'Aïodhia, et fait siéger sur le
li-ôue, a sa droite, Sila, toujours fi-
dèle, toujours sans tache et sansre-
procliej police les peuples par Tagri-
cullurej public des lois, modèles des
codes h venir ; initie l'ignorante liu-
uianilé a la religion , a la société ci-
vile, auxarlsj puis, laissant l'empire
k son fils Koucba, remonte dans le
Vaikounta, sa céleste demeure, d'où
il veille avec la belle Sila au biea-
èlre des mortels. Jamais pourtant
les beaux jours de son règne ne re-
fleuriront sur la terre. Avec la vie
terrestre de Rama se termine le Tré-
taïouga, qui correspond h l'âge d'ar-
gent des Grecs : la linilième incar-
nation de \icbnou illuminera les bru-
mes malignes du Douaparaïouga; et
quand Krichna aura disparu lui-
même se répandront au loin les té-
nèbres épaisses de l'âge Kali , de
l'âge noir. — Paulin , Systema
hrahnianicum , retrouve Baccbus
dans Rainaj il a tort : Rama serait
plutôt le modèle d'Hercule, qui, au
reste, n'a pas été servilement calqué
sur lui. Il y a aussi du Thésée, du
Persée dans ces aventures. La prio-
rité accordée a lihara la rappelle Eu-
ryslhée qui, né le premier, commande
dès-lors au fils d'Alcmène. Les douze
années d'exil se reflètent soit dans
les douze travaux , soit surtout dans
les douze années auxquelles corres-
pondent ces douze travaux. Le ser-
pent que Ravaua détache contre lui
ramène aux deux serpents envoyés
par Junon au berceau du jeune fils
d'Alcmène, Les obstacles opposés a
la conception de Kaoucalia se sont
traduits en obstacles a la délivrance
d'Alcmène. Les Dailias , qu'il ter-
rasse , rappellent les monstres vaincus
par Hercule. Les ours, habitants ve-
HAM 309
lus des monts hérissés de forêts, ont
leurs analogues dans les sangliers d'E-
rymanlhe. L'Assomption de Rama
dans le Vaikounta, c'est la divinisation
d'Hercule admis dans l'Olympe. Sita
l'accompagne , comme Hébé accom-
pagne Hercule. Les singes ont leurs
analogues dans les Cercopes , et
plus encore, a notre avis , dans Cé-
phée, le beau-père et l'ami de Per-
sée. Il serait facile de pousser plus
loin ces rapprochements. — On peut
voir Rama et Sila, pi. 17 et 18 du
Systema hvahmanicum. Nous re-
produisons la dernière. On retrouve
Rama seul sur celle foule de sculp-
tures et de peintures qui dans les
temples hindous représentent la guer-
re de Lanka. On donne le nom de
Ramicéram à une petite île qui. dans
la basse marée, tient a celle de Ma-
naar par une suite d'îlots et de ro-
chers. Ramicéram veut dire pont de
Rama ( selon quelques roylhogra-
phes. union de Rama et d'Içonara ou
iSiva ). Les arabes appellent ce lieu
pont d'Adam, et assurent qu'Adam y
fut exilé après son expulsion du pa-
radis terrestre.
RAMBHA , déesse du plaisir aux
Indes , est la reine de ces 600 mil-
lions d'Apsaras, baïadèrcs aériennes
qui embellissent de leurs attraits, de
leurs jeux et de leurs danses la cour
d'Indi a. Ainsi que Lakchmi , dont
elle est l'incarnation, c'est une Ana-
dyonièue. Les dieux la virent naître
des flots de la mer de lait agllée par
eux. A ce litre el comme offrant à
tous le plaisir, on l'a comparée a la
Pandàmos des Grecs.
RAMECHNÉ ou RAMECHISÉ-
KHAROM estundessSIzcdsparsij
il préside aux révolutions célestes, au
temps , aux plaisirs durables. Le
vingt- unième jour du mois lui est
cojisacré , cl se nomme Rarabien»
Sgo RAM
Il est le Hamkar de Séfendomad et
de Havan ; sa bienfaisance est sans
limites. On lui donne le titre d'oi-
sean protecteur du monde.
RAMSINIT (ou KnAMPSlNlTHE),
autrement RamsÈs ou Remfis. était
en Egypte le roi aux intarissables et
incalculables trésors. Les Midas , les
Gygès, les Hjriée palissent auprès de
lui. Du reste, il a de frappantes res-
semblances avec le dernier de ces
princes. Après avoir amoncelé 4oo
mille talents (2 h 3 milliards), il veut
faire bâtir un mystérieux e'diHce pour
y déposer ses trésors. L'architecte
choisi pour cette construction se sur-
passa lui-même j mais, sans en pré-
venir le roi, il posa dans !a muraille
une pierre qui tournait sur elle-mê-
me, et ouvrait ainsi l'entrée des
salles opulentes. L'architecte mou-
rut , mais en expirant il révéla son
secret h ses deux fils. Ceux-ci rendi-
rent au trésor des visites si fréquen-
tes qu'enfin le roi s'en aperçut : il
plaça des pièges aux caisses dont le
contenu attirait la convoitise des in-
connus. Bientôt un des frères y fut
pris," l'autre, pour empêcher qu'ilne
tévélkt le nomd'un complice, lui abat-
tit la tête 5 puis, de peur qu'on ne la
reconnût, l'emporta. Ramsinit décou-
vrit bientôt le cadavre; mais à qui
avait appartenu ce corps livide et mé-
connaissable? Une croix reçoit ces
tristes dépouilles; des gardes cachés
aux environs guettent les passants, in-
terrogent les visages, se tiennent prêts
h. enregistrer un soupir. Leur faction
n'est pas longue : la veuve de l'archi-
tecte a dit au fils qui lui reste que si
le cadavre demeure plus long-temps
sur l'ignoble potence, elle découvrira
tout au vindicatif souverain. Le jeune
homme remplit des outres d'un vin
délicieux , en charge des ânes , les
guide mal lorsqu'il passe près des
RAM
sentinelles; quelques outres crèvetit,
il se désole: les soldats recueillent le
vin qui coule h grands flots, et veil-
lent h ce qu'il ne se perde pas; il
s'emporte, leur reproche leur ivro-
gnerie , répète qu'il est ruiné : 1 i-
vresse les gagne , et bientôt le som-
meil. Il détache le cadavre , l'em-
porte, l'enterre. Au réveil , grande
est la surprise des gardes, qui n'ont
plus rien a garder; mais le Pharaon
ne se lient pas pour battu. Docile a
ses ordres, sa fille court l'Egypte, ac-
cordant a qui les demande, oifrant à
qui n'y songe pas , ses brûlantes ca-
resses; mais faisant conter à ses
amants d'un jour leurs ruses , leurs
finesses, leurs stratagème?, «moins
subtils, dit-elle, que ceux des femmes, m
Le vrai coupable enfin arrive dans ses
bras, et comme tout autre il raconte
ses faits et gestes à la fille du roi. Il
n'oublie pas l'historiette de son frère
décapité, l'historiette du roi volé dans
son or et dans ses cadavres. Malheu-
reusement il fait nuit , la princesse
n'a pas vu le visage du partenaire in- 1™
vite la veille au tendre rendez -vousMB
Tout ce qu'elle peut faire , c'est de
saisir la main qu'on lui offre et d'ap-
peler les gardes : ils viennent armés
de flambeaux. Le bras que tient la
princesse n'est point lié a un tronc,
c'est la main du cadavre volé ,- pour la
troisième fois l'adroit escroc échappe
aux filets du roi. A la vue de la main
que sa fille a serrée avec transport, et
maintenant repousse avec horreur ,
Ramsinit change de pensée , admire
l'adresse du coupable qu'il voulut pu-
nir, etfait publier dans toute la ville
qu'il j)ardonne, et que son maître en
astuce peut prétendre a une riche ré-
compense. En effet, le jeune homme,
abjurant le mystère qui couvrait son
nom, reçut des domaines, de l'or, et
même la fille du roi en mariage. -^
I
RA.P
Probablement Tédifice commandépar
Ramsinil a son architecte était sou-
terrain. Selon les Grecs , Ramsiuit
était descendu aux enfers de son vi-
vant, avait joué aux dés avec Cérès ,
et enfin , après des cbances diverses,
s'était trouvé en gain. Cérès alors
lui fit présent d'une serviette d'or. •
Comp. Trophonius.
RANA, dans la mythologie Scan-
dinave, est femme du dieu -géant de
l'Océan, Eger ou limer, etpasse elle-
même pour déesse de la mer.
RAOUOSI, en égyptien, et en grec
Raoxjosis, 'tÛovoo-iç, que l'on trouve
aussi écrit Rauosis et Rausis, figure
danslelatcrculed'Eratoslhènecomrae
le treizième roi d'Egypte. Probable-
ment dans la langue indigène ce mot
signifiait rci des rois , ou quelque
chose d'approchant, puisque le cata-
logue grec le rend par Archicratôr
{''Ap'/jx.pâ.Ttup)', et effectivement, la
syllabe initiale /îcï... semble analo-
gue du Ras qui, dans les langues sé-
mitiques, veut dire tète, chef. Du
reste comp. Dkcans.
RAPITAN est un des cinq Gahs
que la mythologie parsi regarde com-
me présidant aux parties du jour.
Ces Gahs sont tous du sexe fémi-
nin. Rapilan préside a la seconde
partie du jour , c'esl-a-dire a celle
qui va de midi a trois heures. Le jour
proprement dit étant plus court en
hiver qu'en été, les cinq Gahs alors
se réduisent a quatre. Havan,Ocireii
embrassent a eux seuls la période qui
s'écovde du lever au coucher du so-
leil. En revanche, Rapltan , dispa-
raissant" en hiver de la liste des Gahs,
figure sur celle des Izeds : là il
prend le litre de protecteur du midi;
onlui adresse un Afergan et un Afrin.
Dans le Boundéhech on voit Rapitan
s'abîmer sous terre pendant l'hiver,
et là ranimer la chaleur éteinte , et
RAT
391
faire circuler dans les veines de la
nature le feu et la vie.
RASDI , le Janus de la Hongrie
avant qu'elle fût convertie^ au chris-
tianisme. Les uns en font un dieu,
les autres une déesse ou une simple
femme. Prise par un roi chrétien ,
elle se mangea les pieds Ç/L mourut.
Est-ce pour échapper a la brutalité
d'un vainqueur que l'héroïne se ré-
solut a cette fin douloureuse? était-
ce une vierge ? — On donne Rasd i
pour fils de Vata. Vala est-il un
prince , un peuple introducteur du
cuite de Rasdi ? ou bien n'est-ce
qu'une création en l'air comme tant
de personnages mythologiques }
RASIL, un des Malaingha raadé-
casses.
RATI, femme de Kama, se trou-
vait avec son époux et avec le dieu du
printemps, Yaçanta, au pied de l'ar-
bre Roudrakcha, quand la flèche de
canne a sucre blessa Siva. Frappée
de mort, disent queb|ues mythes,
en même temps que son époux ,
elle ressuscita sous une autre forme.
On la représente sous la figure d'une
femme gracieuse et jeune a genoux
sur un cheval. Elle n'a ni temples ni
autels , mais plusieurs statues et
bas-reliefs offrent sou image. Rare-
ment elle est séparée de son époux :
tous deux appartiennent au vicli-
nouisme pur.
RATOC-LAOUT-KIDOLL (cesl-
h-dirc- princesse de la mer du Sud),
divinité adorée par les indigènes de
lîalavia, et spécialementparles clias-
seurs de nids d'hirondelles (i). Son
(i) On voit assez qu'il s'agit ici des Saraii^
6o»ro.ig^ tics Indiens, l'ii/i- Oui Ues Chinois ou nids
de riiirondellc de mer connue SoUs le nom d'/i/-
ruiulo csculeiUa. Composes d'une matière gélati-
neuse que l'oisenu à ce qu'il paraît élaborodfins
sou estomac, ils figurent avec «'clal sur la table
des riches aux Indes et en Chine. On les vend
a Canton i48 fr. la livre chinoise. On leur suj>-
pose en Orient une Tertu aphrodisiaqne à laquelle
39» RA.V
image se trouve ordinairement dans
les cavernes des rochers auxquels sont
8a^pendus les délicieux sarangbou-
rong. Les chasseurs s'y réunissent
tous les vendredis et y bri'ileut de
l'encens, après quoi ils touchent Pi-
dole avec leur corps ou avec leurs ha-
bits. Ils croient ainsi se mettre à l'a-
bri de tout accident durant la réculte
des nids} ce qui n'empêche pas qu'un
grand nombre d'entre eux trouvent
la mort par suite des chutes qu'ils
font en glissant sur la terre humide.
RAVA, c'est-a-dire le Vieux, était
le dieu suprême des Finnois. On ne
lui donne pas de père ^ mais il a deux
fils, Ilmaréuen, le dieu de l'air, et
Vainamoinen, le dieu du feu. De lui
aussi semblent émaner louraaia et
Perkel , le bon et le mauvais prin-
cipe. Rava rappelle le Radien dos
Lapons et TOragalls, porteur de la
foudre , qui a été surnommé Aieke,
le Vieux.
RAVANA et KOUMBHAKAR-
NA, célèbres géants de la mythologie
hindoue , ne sont que la seconde in-
carnation des deux coucierges Djaïa
et Vidjaïa [f^oy. ce dernier nom),
qui avaient repoussé brutalement les
Sanakadikas , empressés de rendre
hommage a Vichnou. Ravana, le plus
fameux des deux frères, avait lo tè-
tes; Kôumbhakarna est un Erysich-
ihon dont rien ne peut assouvir l'in-
doratable faim. L'un et l'autre bril-
lepl dans Lanka (Ceilan) , d'où, ir-
résistibles conquérants , ils étendent
leur empire sur l'univers : ils donnent
même Tassaut aux Souargas (cieux) ;
mais Indra résiste, et repousse ces
orgueilleux ennemis. Ravana , hon-
teux , se soumet aux pénitences les
les Européens ne croient nullement. Les nids
sont suspendus à des rochers contre lesquels se
brisent le» values. On les recueille trois foi»
par an.
RAV
plus rigides, et consacre loo ans de
sa longue existence àrendre hommage
k Siva, la grande divinité de Lanka j
illuisacriHe ses dix têtes etdix mains.
Siva non-seulement les lui rend , mais
lui octroie le privilège de n'être tué
que quand il aura eu un million de tê-
tes abattues. « Il m'a même accordé
de n'être jamais soumis au chef des 7
mondes, ni k Indra , ni k qui que ce
soit des dieux. »Aiusi s'exprime Ra-
vana devant le sage Naréda, messa-
ger des dieux envoyé danslecamp en-
nemi pour espionner el apprendre des
nouvelles. « Siva, dit-il, n'en fait pas
d'autres : toujours au milieu des fu-
mées de l'ivresse, il multiplie des pro-
messes qu'il n'a ni l'intention ni le
pouvoir de tenir. » Ravana, ferme
dans la foi, rejette ces insinuations
captieuses et n'en rend que plus ar-
demment hommage k Siva , qui enfin
lui apparaît sous sa forme primitive,
le Linga, et prend dès-lors le nom
de Veidenalh-Icouara, Toutefois cet
inébranlable adorateur de Siva mène
quelquefois le dieu son maître assez
rudement. Un jour qu'il a besoin de
l'éveiller, après l'avoir secoué de tou-
tes ses forces, il l'enlève de Ceilan,
avec le mont Kailaça, son Olympe, et
le Iransporte sur les hauteurs de l'Hi-
malaïa. Aux yeux de quelques légen-
daires, au contraire, il le transfère de
rilimalaïa dans Ceilan. Quoi qu'il
en soit , la mythologie composite en
vient k dire que Siva , lassé enfin de
la tyrannie de son adorateur, quille
pour jamais Lanka et transporte lui-
même son Kailaça dans le nord de
l'Inde , c'est-k-dire vers l'Himalaïa.
Ainsi voilà déjà Vichnou irrité contre
Ravara, et Siva peu disposé k opérer
de nouveaux miracles en sa faveur.
Kôumbhakarna n'est guère mieux
avec les dieux : a peine né il a dévoré
5 00 Apsaras (danseuses célestes ),
I
RAV
sans compter les femmes de looMou-
nis el nombre de vaches etdeBrah-
mes, tous objels également sacrés.
Les dieux tremblent , et Brahmàle
menace de l'anéanllr s'il n'impose des
bornes a cette effrayante boulimie.
Koumbhakarna, sur cet avis , se met
à jeûner, etpralique 10,000 ans de
suite d'incroyables austérités. Alors
les dieux craignent que par ses péni-
tences il n'obiicnne l'immortalité : un
stratagème les débarrasse de celte
crainte, Saracouati entre dans le corps
du géant etlui persuade de demander
comme récompense à Brabmâ le don
de dormir nuit et jour. Koumbha-
karna prononce le mol fatal 5 Brih-
raà est près de lui accorder ce qu'il
souhaite : beureusemeut les amis du
géant veillent, et obtiennent de Brah-*
ma qu'il ne profite point entièrement
de l'imprudence du frère de Ravana.
Koumbhakarna ne dormira que six
mois moins un jour , « t pendant la
moitié de ce jour il luttera victorieu-
sement contre Brahmà , Yichnou et
Siva; pendant l'autre , il dévorera
tout ce qu'il pourra saisir. Effective-
ment, il engloutit en un repas 6,000
vaches, i 0,000 brebis, 10,000 chè-
vres, 5oo buffles, 5,000 cerfs , et il
but 4,000 tonneaux de liqueur f^r-
raenlée; puis il entra dans une vio-
lente fureur contre Ravana, son frère,
qui le laissait mourir de faira!! Au
reste, cet appétit de fer e'tait eu har-
monie avec la taille du géant , qui
avait un palais de 20,000 lieues de
longueur , et dont le lit occupait
toute la largeur de l'édifice, ]\ul dieu
ne pouvait vaincre Ravana. Fatigué
enfin de l'insolence de ce sivaïtc re-
doute, \'iclinou résolut de s'incar-
ner et de triompher de lui sous la
forme d'un homme. Pour sa mère il
désigne Kaoucalia , la plus belle des
épouses du roi d'Aïodhia , Daçara-
RAV 393
iha. Ratana l'apprend, enlève la rei-
ne et veut la noyer; Yichnou l'arra-
che de ses mains. Rama est né , que
faire? Du front brûlant de Ravana
s'élance un serpent hideux : ses bleuâ-
tres anneaux s'enlacent autour du
frêle corps de Rama au berceau , sa
gueule béante laisse voir les crochets
qui vont porter la mort dans le sein de
Rama: Brahmà envole son aigle Ga-
roudha qui tue l'affreux reptile. Bien-
tôt l'armée du farouche Ravana, par
ses machinations sacrilèges , trouble
les sacrifices du sage Yicouaraitra ,
qui, dans l'espérance devoir mordre
la poussière a cette nuée d'esprits im-
purs, extorque Rama au roi d'Aïo-
dhia et l'emmène en pèlerinage. Ra-
vana tressaille; il croit que, trop fai-
ble, le pupille de Yiçouamitra périra
sous les coups de ses agents. 0 dou-
leur! Maricha, sonarai, son complice,
son généralissime , revient à Lanka
seul, seul avec sa honte et son déses-
poir. A partir de cet instant, l'oppo-
sition de Rama et de Ravana se des-
sine de plus en plus; elle se formule
surtout par les prétentions du tyran k
la main et au cœur de Sita. D'abord
il se met sur les rangs des jeunes
princes qui prétendent a sa main ;
plus tard (et, suivant une mythologie
un peu tardive, a l'instigation de sa
sœur), il enlève l'épouse de son rival.
Entre ces deux événements se place
l'exil de Rama; le second décide la
guerre de Lanka. On peut voir a l'ar-
ticle Rama les détails principaux de
cette lutte fabuleuse. Ici disons quels
obstacles s'opposaient a la conquête
de Tîle, empire de Ravana. C'était :
i°la supériorité des géants sur de
simples hommes (la création des ours
et des singes aplanit cette difficulté);
i° le bras de mer profond, terrible,
qui sépare Lanka du continent (ici se
place le pontd'Hanoumanou)j 5° l'as-
394 RAV
sislance de Koumbliakarna (il dori,
grâce à Bralimà et a la trop persua-
sive Saraçouali); 4"''i'xistciicc de son
magniiique palais (llanoumanon jmet
leieuavcc sa queue chargée de ma-
tières combusliitles); Sole inilliun de
coups mortels qu'il faut porter a sa
tète (mais avec le temps riufaligab!e
claire le décapitera un mil'ion de
fuis) j 6" la partialité de Siva eu sa
fa?eur (Siva déjà le voyait d'un œil
sérèrc, et Rama le désintéresse eu lui
promettant sur la rive de la pénin-
sule un temple rival de ceux de Lan-
ka); 7" l'opiniâtreté de Bhavani qui,
lors même qu'il est condamné par les
dieux et que Siva rinfaiHihle a dit
a Daus sept jours il mourra! », s^ef-
force encore de proroger sa vie (un
coup d'encensoir de llama la fait pas-
ser à l'ennemi). La désertion du trans-
fuge Vibichana {f oy. Uama) n'est
3ue la reproduction de celle du dieu
e Lanka. Ravana, vaincu cl tué
par le fds de Kauucalia, fut précipité
dans les noires profondeurs du INara-
ka (l'enfer). — Dans le Ramaïana ,
Ravana est Bis du sage Ouisrava , et
a pour aïeul Paoulastia , pour frère
aîué Kouvéra, qui règne d'abord sur
Lanka , et qu'ensuite il dépossède.
Kouvéra s'enfuit, Ravana le pour-
suit ; et quand il le voit sur le Kai-
laca, tout près de Siva, il soulève de
la paume de ses mains la colossale
montagne d'argent. Siva , irrité ,
presse de sou orteil la cime du mont,
y creuse un gouffre qui bientôt en-
toure le cou de Ravaua comme un
collier. Enlacé dans cet inamovible
carcan de rochers, Ravana passe 20
raille ans dans une immobilité pro-
fonde; puis, d'après les avis de Paou-
laslia, son aïeul , adore Siva et fait
pénitence. Siva le place au nombre de
ses favoris , et lui accorde les dons
indiqués plus haut. Oa peut voir un
RED
Ravana aux dix lèlcs et aux vingt
mains, pi. 17, 6 du Syslema brali-
inanicuni. Comp. aussi les peintures
hindoues de la guerre de Lanka.
RAZECAII, dieu arabe adoré par
la tribu des Adiles comme lui fournis-
sant tous les aliments nécessaires h
la vie.
RÉA SILVU (ou RhéaSylvia),
que quelquefois on nomme Ilie , est
dans la tradition vulgaire la mère des
deux jumeaux Ronuilus el Rémus.
Fille de INumilor , elle est , lors du
déirôneraent de ce prince par Amu-
lius [f^oy. ce nom), confinée dans le
temple de Vcsla par son oncle; mais
la e4le violt son vœu de virginité, puis
met au monde deux fils. Araulius,
conformément a la loi, la lit enterrer
tive. Ainsi était effacée de la tci re la
postérité de son frère. Laiise, lils de
3Numitor, avait péri par l'épée ; Réa,
vouée en vain a la stérilité , mourait
sous lerre : il ne restait à étouffer
que les deux jumeaux. Amulius effec-
tivement donna l'ordre de les noyer
dans le Tibre ; mais le fleuve fut
moins cruel que lui, et déposâtes
enfants sur le rivage. Suivant la lé-
gende ordinaire , c'est Mars qui s'é-
tait glissé dans la couche de Réa;
selon Dcnys d'Halicarnasse , c'était
Amulius lui-même. — Tiéa Silvia est
une incarnation de la grande déesse
génératrice déterminée déjà eu déesse
forestière. Réa Silvia ne veut dire
que reine des forêts. Voy. INiebuhr,
Hisl. rom.
REDARATOR, undes douzedieux
agricoles dts Romains , présidait ;i la
seconde façon donnée aux terres.
REDlCULUS(plus lard on eût dit
RiDicut-Us), dieu allégorique romain
imaginé dans R.ome quand Annibal ,
que rien ne pouvait empêcher, dit-on,
de prendre la vdie, opéra sarelraite.
On bâtit sur le lien une chapelle eu
REM
l'honneur de Rediculus. — On déri-
vait parfois ce nom de redire.
RELIGION, Religio, déilé allé-
gorique de la Rome des empereurs,
était figurée par une femme helle,
majestueuse, et du doigt indiquant un
aulel sur loque! brillent des cliarlions
embrasés. Pour parèdre on lui don-
nait un éléphant , vu que l'éléphant,
audire des anciens, salc.e des:i trompe
et adore le soleil levant. Quelquefois
ce n'est qu'un enfant ou un simple
génie. Les modernes l'ont symboli-
sée a leur tour de raille manières.
REMBOMARE , quelquefois peut>
être Remphomare (car il est évident
3 ne ce nom composé contient i" celui
c Saturne, en égyptien Remfa ou
Rembaj 2" celui de Mare ou Mares,
don du soleil), troisième Décan du
Taureau suivant Saumaise (Firmicus
l'appelle Atarph 5 et peut-être Origc-
ne, Ramanor). Il est représenté dans
le zodiaque rectangulaire de Tcutyra
sous les traits d'un hiéiacocéj^hule
coiffe du pchent. Pour sa localisa-
tion en qualité de roi terrestre dans
la liste laterculaire d'Eratoslhène ,
yoy. Décans.
REMFA ou REMPHA (Repha»
selon Saumaise, Ann. climat. , p.
596), un des Treize-Douze, se nom-
me ordinairement PÉtué ou Sovk
{^f^oy. ce dernier nom). C'est la
planèi'; Saturne. Ou trouve quelque-
fois écrit Remphan. Rephan nous
fait penser h Phan-Ré (Phauès roi
ou Phaiiès- soleil), Phan n'est -il
pas un des noms de l'Être suprême
en tant que se révélant {Voy. Pha-
ses), quoique nous nous soyons dé-
clarés contre le rapport de Phanès
et de *a«MM«j? et d'autre partie
nom de Phénon, <bxiiaii ^ donné h
l'astre par les Grecs égyptianisants
n'indique-t-i! pas avec non moins de
force soit Phan, soit Plianoun? —
REM Sg5
On a voulu retrouver dans Remfa
donné pour dieu syriaque, 1° Her-
cule, 2° Vénus, 3° Riramon qui cer-
tes est tout aussi inconnu que Remfa,
s'il ne Pest pas davantage [Voy.
Rimmon). Hammond , trouvant dans
les listes des Pharaons de Diodore le
nom de Rerapliis, en a conclu que
.Remfa n'était qu'un roi divinisé.
RÉMULE, Remulus : 1" chef
rutule, beau-frère de Turnus dont il
avait épousé la plus Jeune sœur, fut tué
par Ascagne( il se nommait aussi ]\u-
manus); 2° chef tiburlin dont les ar-
mes prises par les Rutulcs furent re-
conquises un instant par Euryalé, et
firent partie du butin que ce jeune
homme ne put reporter au camp;
3° roi d'Alhe impie, foudroyé par
Jupiter. On le distinguo des précé-
dents par l'épilliète de Sylvius [f^oy.
ce nom).
RÉMUS , frère de Romulus , est
un de ces êtres mythologiques qui au
besoin démontreraient K eux seuls la
pauvreté de toute l'histoire a laquelle
ils sont mêlés. Fils de Mars, Romu-
lus et Rémus sont des Dioscures;
aventuriers, héros, amis pendant un
temps , ils eu offrent déjà tous les
caractères: la mort de l'un , la lon-
gue existence de l'autre, rappellent
Castor et Pollux. Dans presque tous
les cadres cabiroïdiques dont émanent
Trilopalors et Dioscures, Cadmde
meurt. Du reste, si le fond est une
Dioscuriade, la forme toute rustique,
toute pélasgique, est empruntée aux
idées de la religion de Pan. La louve
plus encore que le pivert, l'inondation
du Tibre qui a souvent la campagne
boisée pour domaine, les ulvacés an
milieu desquels s'arrête le flottant
berceau qui porte les enfants de
Réa, Fauslulus, l'agreste cortège
à l'aide duquel Remnlus et Rémus
exercent au loia leurs déprédations^
39«
REN
l'asile ouvert dans une forél , ces dé-
tails respirent tous l'air vif et sauvage
des monts de TArcadie. C'est la vie clii
nomade qui passe ses jours au milieu
des chèvres et des loups , et qui em-
prunte toutes ses mclaphores, toutes
ses images aux deux classes d'ani-
maux et aux bois, aux prairies, aux
fragiles clialels. Lycaon déjà offrait
un caractère analoi;ue. Mais Faune,
Picus, Evaudre, Eue'e, Sylvius [f^.
Sylvius) , nous le présentent encore
plus nettemenl, et surtout pendant un
laps de temps plus long. Sur le mont
Avenlin était un bourg de Rémurie,
opposé, selon Niebulir, a Home qui
était sur le mont Palatin. Rémurie
fut absorbée par Rome, et les mythes
traduisirent celte espèce de défaite
par la mort de Réiiius succombant
sous les coups de sou frère. Romulus
institua en Thonneur du mort les Ré-
muries, que l'on rapprocha souvent ,
à cause de la paroiiomasie, des Lë-
muries [f^oy. Lémures).
RENOMMÉE, Fama, <î>»'ftv, di-
vinité allégorique, avait un temple
dans Athènes et un autre a Rome.
Virgile l'appelle la plus jeune fille de
la Terre, et la fait messagère de Ju-
piter. Ou admire la description toute
symbolique qu'il a donnée de l'exté-
rieur de celle déesse. Ovule l'a imitée.
Voy. Enéide^ IV, et MélamorpJi. ,
XII, 39. Corn p. Heyne sur liv. IV
de VEncidi'.
RENOUKA est, dans le Ramaïana
et les Pourauas, la fille d'un roi
tchaudravansa d'Aïodhia, épouse le
sage brahmane Djamadagni, une des
incarnations de Siva, et donne nais-
sance à Paraçou-Rama. De bizarres
circouslances précèdent Tapparitioa
de ce fils du miracle. Plus tard Para-
çou-P».ama,hl'iusligalion de son père,
baigna ses mains dans le san» de sa
mère qui bientôt ressuscita, mais pour
RET
apprendre que les Kchalriias vt naieut
de tuer son époux, et pour se hnile^
désespérée sur son cadavre. ParacoiM
h cet aspect jura de veng-r ce douldafl
malheur, et tint parole. Partout il fil
couler le sang des guerriers, leur ôtd
la souveraineté pour la rendre au^
brahmanes, et finalement ressuscita
Djamadagni et Renouka. — Renoiika
esl Icouari, la grande déesse, litre
auquel ont droit Rhavani et Uhadra-
kali. Elle est aussi Moulaprakrili . la
nature, première-nëe immédiateuîenl
el directement issue du dieu suprême.
Son fils, en faisant sauter sa lêle,
rappelle le Baal chaldéen , qui d'un
coup de sabre coupe en deux Omorka
sa mère, pour la rendre ensuite h la
vie, mais comme organisme et collec-
tion d'individualités. Une fois Re-
nouka identifiée a Bhavani, Djama-
dagni devint un Siva en personne.
— Plusieurs mythologues ont cru a
l'existence réelle de Djamadagni , de
Reuouka, de Paracou-Rama et de
Rama.
RÊOLO, RÊOUI, RÊUO dans
Saumaise, Eregbuo on Euediu dans
Firmicus , premier Décan du Sa-
gittaire , se reconnaîl dans les deux
zodiaques tenlyriles k sa position (il
suit le Décan apocépbale Siémê) et k
l'absence de toute coiffure. Lalégen-
de hiéroglyphique du zodiaque rect-
angulaire semble ofirir quelcjues élé-
ments de son nom. Rapproché de la
liste des Décans d'Eraloslhène_, il se
confond , selon les diverses hypothè-
ses, avec Slèque, Sensaofi, Théncll,
Scmfoukrat.
RÉÏHÉNOR, 'p-r!6'Uf, un des
compagnons de Diomède, fut, ainsi
que tous les autres, métamorphosa en
oiseau par Vénus qu'ils avaient affecté
de mépriser.
REVERENTIA,le Respect , dées-
se allégorique chez les Romains, était
RHA
fille de l'Honneur et de la Majeslé.
RH AGIOS , 'TÂKics , Gré lois ,
époux de Manto et père de Mopse le
devin.
RHAD AMANTE, Rhadamas (g.
Rbadamanlis), 'Pa^eî^^y^yj (g. -êvos)f
juge des enfers et dieu suprême du
sombre empire , selon les insulaires
de la raer Egée, fut placé par les
légendes dans l'île de Crète, et rat-
taché a la dynastie royale de l'île.
Fils de Jupiter et d'Europe , il se
trouva par-là frère de iVJinos que ,
comme lui, on fit prince du inonde
souterrain et juge des âmes 5 car sur
terre il avait gouverné un empire
battu des flots, et formulé la inorale
par un code sévère. Enfin le temps
vint oij l'évbémérisme, prenant les ro-
mans au sérieux, s'occupait a les con-
cilier avec l'histoire , la chronologie
et la vraisemblance. Comment ce
prince de Crète se trouve-t-il dans
les îles de l'Egée? On répondit :
1° Il existe deux Minos. Rhada-
raanlhe est frère , non pas de Mi-
nos F', mais de Minos II (frère
du conquérant, non du législateur).
2° Rhadamaiile est donc fils, non de
Jupiter et d'Europe , mais de Lycas-
te et dTda. 3" Ligué avec son autre
frère Sarpédon , il dispute à Minos
le trône ou plutôt une partie de la
Crète 5 il est vaincu et s'exile. Sar-
pédon gagne le continent asiatique 5
Rliadamante choisit pour refuge les
Cyclades: il y fonde des établisse-
ments, y donne des lois, civilise d'i-
gnorantes peuplades; passe à Thè-
bes, épouse Alcmène, veuve d'Am-
phitryon, meurt, est nommé en mé-
moire de sa justice juge des enfers.
4." Selon quelques mythologues Rha-
daraante se réconcilie avec son frère
qu'il nomme vice-roi des îles conqui-
ses. — Quantité de variantes secon-
ilaircs se trouvaient éparses çaetlîi
RHA 397
dans les vieilles traditions : très-peu
nous ont été conservées. Dans l'une
pourtant on voit Rhadamante visiter
Phéacie (Gorfou), et aller de là dans
l'île d'Eubée en un jour. Chez d'au-
tres, il a un fils, Erylhre, et lui laisse
ses étals; ce qui n'empêche pas qu'il
donne Chio à OEnopion, Paros à Al-
cée, Délos à Ancone, Andros à An-
drée , Cyrnos à Eugine , Lemnos à
Thoas, Péparèthe à Pamphile , Ma-
rionée à Evombée. Pausanias lui don-
ne pour père Vulcain et pour (ils
Gorlys. Dans Ibycus il aime Taie,
jeune Sardiniote dont Apollodore
remplace le nom par celui d'Atyinne
(et non Alymne). On attribue à Rha-
damante la loi du talion , l'usage de
faire prêter serment à l'accusé lors-
que les témoins manquaient , la dé-
fense imposée à tous d'invoquer les
dieux en prêtant serment. Euripide
avait composé sur Rhadamante une
tragédie perdue aujourd'hui. — La
mythologie composite desGrecs admit
trois juges des enfers, Minos, Éaque
cl Rhadamante, et même répartit
entre eux les occupations à son gré :
Minos jugeait les Africains, Éaque
les Européens, Rhadamante les Asia-
tiques. De plus, Minos présidait.
Cet agencement n'a rien d'antique.
La triade a tout au plus ceci de re-
marquable, qu'elle semble refléter
les Furies, lesGorgones, les Parques,
les trois Gronides. Trois îles, Chio,
l'Eubée, la Crèle, fournlssenl cha-
cune un juge au tribunal. Du reste,
Idoméuée, Achille, bien d'autres en-
core, figurent dans les traditions par-
ticulières parmi les juges des enfers.
Comparez Sabpedo??.
RHAMîNUSIE,RuAMNusiA,'p««"
ïovrta : Némésis. Ce surnom célèbre,
et plus fréquemment employé peul-
elreque le nom lui-même, se liait au
culte que Tou rendait à Némésis dans
398
RHE
Rbamnonle , où elle avait un temple
magnifique et une statue colossale
(diï coudées), chef-d'œuvre d'Ago-
racrile de Paro.s(ou de Diodore ou de
Phidias). Le bloc unique dont l'ar-
tiste fit jaillir l'cnneroie des pré-
somplneux fut apporté de Paros en
Atlique par le général perse Dalis,
qui voulait en faire un monument de
la victoire des Mèdes sur la Grèce.
On assure qu'Aj^oracrile en avait d'a-
bord fait une \ énus. Les bas-reliefs
du piédestal de la statue offraient
Léda ( nourrice d'Hélène? ) , les
Tyndarides, Agamemnon, Méuélas,
Pyrrhus, etc. V^oy. Pline le na-
luralisle, XXXVL
RHAMPSINITE. V. Ramsinit.
RHAROS, 'Pûptç, fils de Cranaiis
(un des rois de l'Allique), fut père de
Céléc. C'était sans doute un simple
particulier vivant des fruits d'un
champ modeste. Ce champ, appelé
dé son nom Hharion, devint plus
tard un enclos sacré : les gâteaux
offerts dans les fêles de Cérès étaient
tous faits de l'orçre ou du blé du
Rharion. Cérès elle-même fut desi-
gnée par le surnom de Rharia.
RHEA(ou RuEÎA, RnÎA), 'Tua. y
la grande déesse de la Crèle, fut la
mère des deux tiiades iieiléuiques
Jupiler-Pluton-Keplune, Junon-Yes-
la-Cérès , que récapitulent, d'une
part Jupiter (Zévs), de l'autre Junon
( Héra). Lorsque l'on connut dans les
îles situées entre l'Europe et l'Afri-
que le dieu qui porte la lame tran-
chante, on fil Rhéason épouse. Aussi
la mythologie composite doune-l-clle
Rhéa pour femme de Crone ou Sa-
turne, et raconte-t-elle les ruses aux-
quelles elle eut recours pour sous-
traire ses enfants a l'appélil du grand
omnivore son époux. Suivant les uns,
elle les lui laisse dévorer , mais en-
suite les lui fait rendre à l'aide d'un
RHE
vomitif fourni par Métis j selon les
autres, elle n'a lieu de craindre que
pour ses fils, Pluton, Neptune, Jupi-
ter, et en conséquence, a mesure
qu'ils naissent , elle les cache dans
une grotte et leur substitue des
blocs de pierre emmaillotés que Sa-
turne engloutit sans s'apercevoir de
la méprise. L'hypothèse qui donne
les fils de Saturne comme réelle-
ment dévorés par leur père semble
par l'accent des narrateurs se rap-
procher de la seconde. Ces enfants
qu'avale la bouche du dieu, leur père,
n'existent point en chair et eu os.
Etres rudimentaircs, ce sont des
pierres tant qu'ils restent dans l'ab-
domen paternel 5 c'est après en être
sortis qu'ils vivent. Ainsi partout l'in-
organisme qui précède l'organisme
se formule par des pierres. Avant
Cybèlc, Agd-Agdislis; avant les hom-
mes postdiluviens, les pierres que
touchent Ocucalion et Pyrrhaj avant
Ménèce et Prome'lhée, Atlas. — Pour-
vue d'un époux, Rhéa ne put rester
essence première, il fallut lui trouver
des antécédents , en d'autres termes
un père ou une mère : ce fut Oura-
nosj puis, par un dédoublement fa-
milier aux écoles antiques, Ouranos
et Gé (le Cifl et la Terre), qui sont
eux-mêmes précédés quelquefois par
le c'i.'i.os. A présent se déroule a nous
la théogonie que de bonne heure ad-
mire|jl les Grecs. 1° Ouranos et Gé ,
ji° Saturne et Rhée , 3° Jupiter di-
visible en trois frères, Junon divisible
en trois sœurs. Toutefois celte théo-
gonie serait incomplète si, parallèle-
ment h Saturne et immédiatement au
dessous d'Oiiranos , on ne plaçait Ti-
tan et ses fils (/^oj". Titans). On re-
trouvera dans cette grande famille
Rhéa (sous le nom de Rheia) au mi-
lieu de nombre de frères et de sœurs.
— Rhéa, pendant un temps déesse
RHE
suprême en Crète, ne pouvait man-
quer de se confondre avec des
déesses étrangères j aussi a-t-elle été
prise pour Cybèle, la grande généra-
trice des Phrygiens, pour Opis( d'où
Ops), Artémis des Taures, pour Ves-
ta, pour Junon. Enefiet, suivant les
uns , de Jupiter et de Rhéa naquit
Zagréej suivant les autres, de Jupi-
ter et de Rhéa naquit Proserpine qui
sur-le-champ, unie a son père , de-
vint la mère d'Iacchos. — lacchos et
Zagrée ne font qu'un, etsonlBacchns.
De là l'erreur qui fit de Saturne l'é-
poux de Cybèle 5 de là l'identification
de Cybèle et de Vesta , et par suile
la distinction de deux Veslaj de là
cette prétendue synonymie de Cybèle,
Ops, Rhéa, Diîidymène. — Dans des
mythes égypliaco-helléniques plutôt
qu'égyptiaques, Rhéa épouse du soleil
cède aux sollicitations de Saturne qui
la rend enceinte. Son époux lui dé-
clare qu'elle n'accouchera dans aucun
mois de l'année. Heureusement Mer-
cure lui fournit un expédient. Il joue
aux dés avec la lune : l'enjeu de cet as-
tre, c'est la soixante-di^uzième partie
de chaque jour de l'année (par consé-
quent 360/72). Mercure gagne et de
son gain il forme cinq jours complets,
qu'il ajoute aux douze mois de l'année
primitive. Rhéa be délivre des fruits
de la grossesse pendant ces cinq jours
complémentaires signalés chacun par
une naissance : Isls, Osiris, Haroéri,
Nefté, Typhon, voilà les noms des
cinq enfants. — A noire avis Rhéa,
vieux mot à racine orientale, veut dire
reine. L'Italie le reproduit dans sa
Réa Silvia (que nous écrivons sans
H, parce qu'elle est latine). Souvent
on dit Rhée , et l'on semble alors en
faire la compagne d'exil de Saturne
et la reine du Latiura. En général on
prend Rhéa pour la terre. On a rai-
sou j mais c'est plutôt l'esseace su-
RHE
3S9
prême femelle, passive, et en consé-
quence inerte, brute, lapidiforrae,
opposée au principe mâle actif, orga-
nique et lumineux. Corap. LUI, 574.
— Ou nomme deux autres Rhea ,
l'une Détienne , maîtresse d'Apollon
et mère d'Aniusj l'autre Ilaliotique,
maîtresse d'Hercule et mère d'Aven-
lin. On peut y joindre Réa Silvia.
RHÉCIUS. Foy. Cercius.
RHÉNÉ , 'P>,'v», : 1° iu;iîtresse de
Mercure 5 2" maîlresse d'Oïlée et
mère de Médon, chef grec qui alla
au siège de Troie.
RHÉSOS, 'P^s-ey, roi de Thrace,
devait le jour au fleuve Stryraon et à
la muse Calliope (d'autres disent à
Terpsichore). Incarnation de l'Arès
desThraces,, il brille en mythologie
par ses chevaux belliqueux et rapides,
émules de ceux de Diomède , de ceux
du dieu de la guerre. «Jamais, di-
sait l'oracle , si les chevaux de Rhé-
sos boivent l'eau du Xanthc, ou man-
gent l'herbe des prairies du Simoïs ,
Troie ne tombera sous les coups des
Grecs. » Priara aux abois supplia
Rhésos de venir à son secours. Enfin
Rhésos y consentit, et, coniormément
aux sages avis du vieux roi, arriva
de nuit, afin de conduire ses chevaux
dans les prairies du Simoïs et aux ri-
ves du Xanthe. Mais Ulysse avait été
averti et , la nuit même, se mettant
en roule avec Diomède , il se glissa
sous les tentes des Thraces. Rhésos
dormait; Diomède le traversa de son
épée , tandis qu'Ulysse détachait les
chevaux pour les emmener. Ainsi fut
anéantie encore une des fatalités de
Troie. — Euripide a laissé une tragé-
die de RhèsQs que nous possédons
encore.
RHETE, Rhetus, prit part au
combat livré aux noces de Perse'ett
d'Andromède {Voy. Rhoetus).
RHEXÉNOR, 'vn%^va,f: 1° frère
/jOO
RHO
d'Alcinoiîs (Apollon le liia)j %' père
de Clialciope, femme d'Egée.
RHIN (le) a élé divinisé par les
Gaulois et, à leur irailalion, par les
Romains. Celait l'iusage parmi les
riverains de ce fleuve de conOer à
SCS flots l'enfant qu'ils bovipçounaietit
être adultérin. L'épouse coupable
voyait bientôt son fils noyé 5 les flots
au contraire s'empressaient de le ren-
dre a réponse fidèle. Des médailles
de César et de Drusus montrent le
Rhin sous la figure d'un vieillard à
longue barbe assis au pied d'un raas-
sit de montagnes. Tantôt il tient a
la main des roseaux, tantôt il penche
une corne pleine d'eau; ou il s'ap-
puie sur un navire, frappant symbole
de la profondeur de ses eaux et de la
largeur de son lit.
RHIISOCOLUSTE , *P»«««>ot;-
ffTtiçj mutilateur des nés. Hercule
en mémoire du traitement cruel qu'il
fit subir aux députés orchoméniens
qu'Ergine avait envoyés pour deman-
der aux Thébains le tribut annuel.
Les Thébains affranchis d'un impôt
onéreux autant que honteux élevèrent
au héros une statue en pleine campa-
gne. La Syrie hellénisée eut une ville
de Rhinocolure ou Rhinocorure.
RHODÉ ou RHODIE, Rhodes
personnifiée , passait tantôt pour
Océanide, tantôt pour nymphe : Océa-
nlde , elle fut aimée d'Apollon , et
donna son nom a Rhodes; nymphe,
elle fut mère de Phaétlion. Il faut
réunir les deux données, et dire que,
Nymphe Océanide, elle fut aimée d'A-
pollon qui en eut Pbaélhon, la méta-
morphosa en une île, fille de l'Océan
et son domicile favori, et lia son
culte a l'idée des roses. En efi"et
Rhodes s'élève au sein de la Méditer-
ranée comme un frais lotos sur les
eaux du Gange : c'est une rose-île
éclose au souffle ou sous les feux
RHO
d'Apollon. Pindare personnifie plus
hardiment encore Rhodes, il l'appelle
Rhodos et non Rhodé. Quand les dieux
se partagèrent le monde, dit-il. Apol-
lon absent de l'Olympe fut oublié ; à
son retour il réclama , et apercevant
au fond de la mer Rhodes submergée
il en demanda la propriété a Jupiter.
Soudain le flot bouillonne, l'île sous-
marine monte vers la surface bleuâ-
tre, Rhodes existe. Puis tout h coup
sur celle î!e se trouve une nymphe de
même nom, fille de Neptune et de
Vénus. Evidemment et la nvmphe
et l'île sont un même être. Une
île qui surgit h la surface des flots
n'est-elle pas une AnadyomèneV et
Vénus aussi s'appelle Anadyomène.
L'Anadyomène île-nymphe dont il est
ici question eut d'Apollon sept fils,
Ochime, Cercaphe , Macare, Actis,
Ténage, Triopas, Caudale; Cerca-
Îhe fut père de trois frères, Camire,
alyse, Linde , qui fondèrent dans
l'île le culte de Minerve, et en furent
récompensés par une pluie d'or. —
On nomme deux autres Rhodé ou
RnoDiE, l'une Dana'i'de , l'autre fille
du devin Mopsus qui s'établit en Ly-
cic, et par conséquent a peu de dis-
tance de Rhodes.
RHODOPE, 'PodTcV^, n'était que
la haute montagne de ce nom person-
nifiée. On la donnait tantôt pour
une reine métamorphosée en monta-
gne , tantôt pour une fille du fleuve
Strymon amante de Neptune et mère
du géant Athos. — La célèbre courti-
sane égyptienne Rhodope, qui des
dons de ses amants éleva une des py-
ramides d'Egypte, appartient aussi
sans doute au domaine des fables
mais il est difficile de voir dans cette
fable un myllie. — Les épilhèles Rho-
dopeius, Rliodopeia ont élé pro-
diguées par les poètes h Orphée, à
Térée, a Progné, elp,.
I
RHO
RHŒCUS, 'roTxa? : i° géant j
2° Centaure; 5° roi des Marruhes
en Ilalie. Tous trois sont des person-
nages ahrimanlques. Le géant en es-
caladant le ciel avec ses frères est mis
en pièces par Baccliusméiainorphosé
en lion (on présume que c'est le Rak-
tavidja hindou tué par Siva ). Le
Centaure fait partie des insolents an-
tagonistes de Piritlioiis aux noces
d'Hippodaraie. Époux de Caspérie,
le roi desMarrubes veuttuer son fils
Anchémole qui a outragé sa belle-
mère, et qui va cberclier a la cour de
ïurnus un asile où il finit par être
tué par Pallas. — Un Ruoecus, tout
d'imagination et tout moderne, obtint
les faveurs d'une Hamadryade à qui
il avait sauvé la vie en raffermissant
la t^rrc autour de l'arbre dont l' exis-
tence réglait la durée de la sienne.
Mais une condition lui fut imposée:
ce fut de renoncer désormais a toute
autre femme. Une abeille, messa-
gère de l'Hamadryade, le prit un
jour en flagrant délit , et par sa pi-
qûre le mit hors d'état de commettre
jamais d'infidélité. — Un autre Rhoe-
eus est mieuxnomméRhécius.Comp.
Amphistrate.
RHOEO, 'Po;^, fille deStaplijle
et de Clirysolhéinis, céda aux vœux
d'Apollon, devint enceinte, et fut
jetée à la mer par Staphyle, dans un
coffre, y mit au monde un fils, et en
ariivant à Délos , où la portèrent les
flots, le déposa sur l'autel du dieu
son amant. Apollon lui enseigna
la divination, et en fit sou grand-prè-
tre. Ce fut le célèbre Auius de Dé-
los , beau-père d'Enée , selon quel-
ques mythologues, et père desOEno-
tropes.
RHŒTUS : i» partisan de Phi-
née, tué par Persée^ 2° Rulule tué
par Euryalej 3° roi des Marrubes,
nommé plus haut Rhoecus.
tv.
RIM
/|0I
RICHIS (les) sont, dans la mytho-
logie hindoue , des êtres surnaturels
d'une sainteté parfaite. Il règne sur
eux la plus grande incertitude. Sou-
vent on emploie indifféremment les
expressionsde Richis, de Mounis et de
Pradjapatis.Achaque instant les livres
saints réunissent les dieux et les Ri-
chis. En général leur physionomie
semi-humaine, semi-céleste, indique
des pénitents, des patriarches, main-
tenant absorbés dans la Divinité.
D'ordinaire on compte sept Richis:
Kaciapa, Atri, Vacichtha, Vicouami-
tra, Gotama, Bharadouadja, Djama-
dagni. On nomme en outre des Ma-
harchis, des Dévarchis , des Radjar-
chis, Saptarchisj ce qui revient à dire
grands Richis , divins Richis , rois
Richis , sept Richis. C'est que pro-
bablement les sept Richis ne sont que
les chefs de file d'un peuple entier
de Richis, et c'est a eux sans doute
qu'appartiennent les magnifiques épi-
thètes de grands, de rois et de di-
vins.— Les Richis sont, chez les
Hindous, un élément essentiel de la
hiérarchie divine. Après la chute de
Triçaukou, Viçouamilra crée dans la
région du sud une autre Indra, une
autre famille de Makchatras sept au-
tres Richis. — On place les Richis
quatre millions quatre cent mille lieues
par-delà la planète de Saturne , et
on prétend qu'ils forment à eux sept
la constellation de la Grande-Ourse.
Cette astronomie n'est pas profonde j
car il est piouvé que la plus voisine
des étoiles ( Sirius?) est au moins
à quelques millions de lieues du
système solaire.
RIMAK , dieu des Péruviens de la
vallée de Rimak, était réputé pro-
phète infaillible. On le consultait au
commencement de toutes les entre-
prises 5 et les prêtres, actifs a répon-
dre , ne restaient en rien au-desîous
3$
km RiN ^
des Hiéroplianles , des Hosioietdes
Pythies de la Grèce.
RIMAIIOU, luiilième dieu spécial
que créa le grand dieu de la Polyué-
eie (Taaroa). C'est le dieu de la
guerre ( Will. Ellis, Polynesian
Research.^ II, 19 3).
RIMER ou RYMER , géant scan-
dinare, fait partie des phalanges en-
nemies des Ases , et doit a la fin du
monde être le pilote du grand vais-
seau ISaglefare.
RIMFAXE ou HRIMFAXE ,
c'esl-à-dire crinière de glace , cheval
de Nott, la Nuit Scandinave, qui le
monte lorsqu'elle marche devant le
Jour (Dagour, qui est son fils). Les
gouttes d'écume qui sortent de sa
bouche le malin , iursqu'il mord son
frein, forment la rosée qui hrille sur
chaque brin d'herbe et sur chaque
fleur.
RIMMON, dieu des habilanis de
Damas en Syrie , ne se trouve men-
tionné qu'une fois d.ms l'Ecriture :
c'est quand INaaman avoue au pro-
phète Eli.^ée qu'il a souvent prêté au
roi son maître l'appui de son bras
pour entrer dans le temple de ce dieu.
Seldeu dérive ce nom du syriaque
Riniy élevé, et en conclut que c'est
le même qu'Elion , le grand dieu des
Phéniciens. D'autres, se rappelant
queA//nwOrt,en hébreu, signifie gre-
nade, y soupçonnent une déesse ana-
logue à \énus. ]Ne serait-ce pas tout
simplement un analogue d Amoun-
Ra (Ammon-Ré)V
RIJNTHOUSSAR ou HRIN-
THOUSSAR, race de géants de la
mythologie Scandinave , faisait re-
moaler son origine à limer. Un jour
cet être bizarre de la création pri-
mordiale s'élant abandonne a un som-
meil profond , une transpiration
abondante sortît de ses pores, et son
bras gauche donna naissance h un
ROB
homme et 'a une femme desquels pro-j
vinrent les Hrinthoussar. En même
temps de ses deux pieds surgissait unj
géant renomme par sa sagesse, et qii
lui-même donna naissance à une l'a-
mille semblable. Cette généalogifti
rappelle de loin celle qui fait nailrôj
les quatre couples, ancêtres des cas
tes de l'Inde, de la tête, des bras, d«
cuisses, despieds deBrahmà. D'aulreJ
part, il semble y avoir opposilioflj
cnire le géant sage et les Hriulhous-
.sar ordinaires : c'est un duidismi
dans la religion odinique. Enfin peut-
être est-ce avec intention qu'on fai(
sortir du membre le plus noble U
sous- race orgueilleuse et impie]
tandis que des membres inférieur!
jaillit la race pieuse et fidèle.
RlSllS, en grec Gélôs, TiXitç^
parèdre de Venus, des Grâces et detl
Amours , auprès desquels il avaîlî
souvent sa statue, éta;t surtout ho-
noré à Sparte, comme le plus aima-
ble des dieux , et en ïhessalie paÉJ
des fêles dont la gaîté s'harmouiaitj
avec le nom du dieu autjuel élaierrtl
rendus ces hommages.
ROJUGO, RDlilGO ou Rucicrs,»!
déesse on dieu rustique des vieux ItaJ
liotes, était censé présider h la nielle,!
vulgairement rouille { rubif;o) dei
blés. On l'invoqnail pour délournei|
ses coups, soil des céréales, soit dt
la vigne. Des modernes ont cru de-
voir y trouver une intelligeisce prO'l
tectrice des grains ( Raycux, trad.1
des Fast. d'Ov. , T. IV, p. 3 18
iiii ). Il est plus siniple et plus con^
forme au génie des anciens de voit
dans celle déilé, h sexe variable, une
puissance typhoniennc, ipturellement
ennemie de l'agriculture, e! que Ton
s'eiïorrait de rendre propice par des
vœt.x , des processions et des sacri-
fices solennels. Sa fêle, intitulée par
Kuma , la quatrième année de son
ROM
règne, Robigalies, se célcljraitle ^5
avril. Elle conslslait (aux environs
de Rome) eu une longue procession
de laïques , conduits par le flaraine
quiiinal. On sortait par la porte
Calulaire, et l'on se dirigeait sur la
voie Noraentane près de laquelle
étaient un temple et un bois con-
sacrés h Robigo. Là, on sacrifiait
une brebis et une chienne rousse
(Feslus) , symbole du Chien canicu-
laire , des hautes chaleurs de la ca-
nicule et probablement aussi de la
rouille des blés {Ovid., Fast.,\. IV).
Il est évident que, dans cette hypo-
thèse interprétative, c'était se pren-
dre un peu d'avance, puisque du 2 5
avril h la canicule il y a deux niois.
Aussi Pline ( I.XVIIF, c. 29), en
adoplant celle explication de l'usage
sacré, dit-il : a et cm prcvoccidcre
caniculam necesse fit. a II paraîl qu'o-
riginairement, au lieu de la chienne,
c'était une truie que l'on immolait.
Parmi les formules saintes était, dil-
on, une phrase anabigue à celle-ci :
« S'il faut que tu détruises, altère et
dévore le 1er des lances, des épées j
respecte nos sucs et nos grains, u Ce
trait a élé d:<'!ayé par Ovide ( ouv.
et liv. cités). Les Hliodiens avaient
un temple d'Apollon Erytlilbe {'Eftvûi-
Çios). — 11 n'est pas be.soin d'ajouter
que les Robigalies font partie de ce
vaste ensemble des fêtes agricultu-
rales que larebgiun élrusco -romaine
introduisit dans le calendrier, comme
les Semenlincs, les Floralia. etc.
ROCUR, la Force. Foy.'Cnx-
lOï.)
RO!\ïA, dans unedeslégendes qui
lient Torigine de Rome a Troie, est
une Troyinne , femme do Latinus ,
mère de Romulus et de Rémus, fon-
dateur de Rome. C'est Enée qui l'a
conduite de Troie aux bouches du
Tibre.
ROM
iSWS
ROME, RoMA, fut divinisée. Ni-
cée, Mylase.Ephèse, Alabande, Pola
lui dédièrent des autels , des tem-
ples même. On la tjouve sur nom-
bre de médailles et de bas-reliefs,
tanlôl seule, tantôt avec des parè-
dres (Réa-Silvia, la Louve, Romu-
lus et Rémus, Faustulus, etc., etc.).
C'est presque une Minerve tourrelée
parfois , ainsi que Cybèle. Le plus
souvent elle a le casque eu tête , la
pique ou bien une Victoire a la main ,
des trophées d'armes h ses pieds.
Une magnifique Déesse-Rome (dans
Sickler et Reinhart, Alman. ans
Rom., frontisp.) siège sur un trône
décoré d'arabesques^ deux ailes d''ai-
gle surmontent son casque romain j
par-dessus lablancbe tunique a man-
ches courtes, qui tombe jusque sur
ses pieds, et la prétexte de couleur
d'or est jeté un paludamentum de
pourpre ; un scepire orne sa main
gauche. Indépendamment de la vic-
toire qui est posée sur sa main droi-
te, d'une main portant le vcxillum ,
de l'autre tenant le globe du monde,
deux victoires sur ."-es épaules sem-
blent fixer le paludamentum. Sur une
médaille de Probus (Perobrock, III,
75-jy) est une Rome dans uu hexa-
style (temple soutenu par six co-
lonnes). Une médaille de Lyon
montre Taulel consacré par soixante
nations gauloises, au confluent du
Rhône et de la Saône, à Rome-Dccs-
se et K Auguste. Dans Pédrusi, VI,
12-6, Rome assise sur les sept col-
lines s'appuie sur son éj éc. Dans un
bas-reliel, Musée Pio-Clémcnlin, 5-
29, Rome siège Mir uu amas d\irme«,
coiffée du casque, ceinte d'un bau-
drier, appuyée sur un bnurlier qui
porte Romulus et Rémus, .dlrfiîé*. par
la Louve. Vis-a-vis d'elle, et tenant
un obélisque, est le génie du Cliamp-
de-Marsj au-dessus des deux figures
aC.
4o4
ROM
plane le génie du monde et de Téter*
nilé , transportant sur ses grandes
ailes Antonin et Fausline. — Roma
Victrix, sur une médaille de Galba,
est une amazone debout, le pied posé
sur un globe 5 Roma Félix, sur une
médaille de Nerva, est une femme
armée de pied en cap, et tenant de la
main gauche un gouvernail , de la
droite une branche de laurier j Roma
iîlterna, sur les médailles de Maxen-
ce , présente le globe couronné de
lauriers à l'empereur, conservator
X7BBIS iETERN.'E.Rome, SOUS laBgure
de Livie, se trouve sur une pierre
gravée du cabinet de Vienne (Choix
de pierres gravées du cab. imp. de
Vienne) : son trône , qu'elle partage
avec Auguste, est décoré d'un sphinx
ailé. Une autre pierre gravée mon-
tre le génie de Rome sous la figure
d'un jeune homme assis sur une
chaise curule devant l'autel de Mars,
et tenant dans une main la Victoire,
dans l'autre la corne d'abondance.
ROME, 'vifiiiy c'est-à-dire la
force, déesse allégorique, ne nous est
connue que par une ode en vers sa-
phiques de Mélinno. L'illustre com-
patriote de Sapho qualifie sa déesse
de fille de Mars , de reiue aux pen-
sées belliqueuses, d'habitante de l'O-
lympe : une mitre d'or couronne sa
tête; la Parque lui a donné la gloi-
re, l'empire. Les rênes que tient
sa main maîtrisent la terre , la mer.
Elle dirige le gouvernail des états.
Le temps, ce grand modificateur
des choses humaines, ne change pas
le vent prospère de sa grandeur.
Ses flancs enfantent des milliers de
héros, et grâce a elle on peut re-
cueillir les produits des guérets. —
Ces magnifiques expressions, ces ri-
ches images peuvent également s'ap-
pliquer à Rome ou à Rome qui en
grec ne forment qu'un même mol.
ROM
Naguère encore on se mettait h la
torture pour savoir h laquelle des
deux déesses était adressé l'hymne
dont on vient de lire l'analyse. Nul
doute qu'il n'ait été adressé a
Rome, mais avec l'intention formelle
d'être applicable et h la capitale du
monde el à la déité allégorique. Dès-
lors il est clair que cet hymne ne re-
monte pas, comme on le croyait avant
Welcker [de Erinna et Corinna
poetriis. etc., dans Meletcmata ,
elc.,de Fréd. Creuzer, 2" partie), au
6" siècle avant J.-C. C'est donc a lorl
que Stobée nous l'a conservé sous le
nom d'Erinna, contemporaine et dis-
ciple de Sapho. C'est encore Welc-
ker qui nous a fait connaître l'au-
teur véritable de ce reste précieux
de l'antiquité.
ROMULUS. Voy. liiog. univ.,
XXXVIII, 538.
ROMUS , Rome personnifiée, fi- .
gure tour-a-tour comme fondateur
ou comme aïeul des fondateurs de
Rome. Nous le trouvons
I. Dans la famille d'Eiice:
i.{ fiU (l'Eiiée (et de Lavinio ? d'autres la
font ntiilre avant la ruine de Troie, et
lui donnent 3 frères);
1 et 3. fils d'une fille anonyme d'Enéc, (ils '
d'Ascagne qui est fils d'Enée ;
4' filsd'Alba, fille de Romulus fils d'Eniie.
II. Dans la famille de Latinus :
5. fils de Latinus ;
6. fils d'Itale et d'Electre, fille de Latinus.
III. Dans la famille d'Ulysse :
• 6. fils d'Ulysie ( et de Circé? on l'appelle
alors Romulus ou Romus indifférem-
ment) ;
8. fils d'un Latinus fils de Télëmaqae.
IV. Hors de ces trois familles :
g. fils d'Éinalhion ;
to. fils de Jupiter.
Rien n'est moins certain que la
date vulgaire de la fondation de
Rome , et la filiation établie entre
elle et Albe. La classification ci-
jointe mettra sur la voie de quelques
rapprochements. Au reste, comparez
Roma, Rémus, Romulus dans la
Bi'og. univ.., et surtout Vart. EnÉe.
RUM
Niebuhr ( Histoire romaine ) s'est
étendu sur ce sujet.
ROS , c'est-à-dire la rosée, en
grec Drosos, Apéa-os, passait pour
fils de TAir et de la Lune. Ailleurs ,
ce sont les larmes que l'Aurore verse
sur la mort de Meninon. On l'a aussi
divinisée sous les noms d'Hersé et de
Pandrose.
IlOTH ou ROTHON était la Vé-
nus des Véliocasses, qui donnèrent h
leur capitale le nom de Rollimag
(Rolliomagus des Latins), aujourd'hui
Rouen. Quelques historiens dérivent
Rothmag^, de Mag , fils du roi gau-
lois GamolLès , le plus ancien des*
chefs de la Gaule, et de Roth.
ROUDJAVITH ou ROUGIA-
VITH, le dieu de la guerre chez les
Slaves , avait sept visages. Son nom
rappelle celui de l'île de Rugen et des
Rugii qui eu viennent probahlement.
On peut aussi comparer le cheval ii
sept têles d'Amida.
ROUGNOUR, géant Scandinave
dont la lance était de pierre h aigui-
ser.Thor fracassa son arii'.e d'un coup
de massue 5 et de là vient que dans
tous les pays du monde les pierres h
aiguiser semblent avoir élé brisées
par une secousse violente.
ROUSSALKIS , nymphes à che-
velure verdàlre ou blonde, habitaient
les fleuves et quelquefois parcou-
raient les forêts où elles formaient
des danses avec les Léchies, satyres
slaves. Le bas peuple en Russie admet
encore ou peu s'en faut l'existence de
ces nymphes, ainsi que celle de leurs
compagnons. On dérive RoussaU i de
Roussalia, rousse, blonde.
Rl'ATsA , une des déesses agrico-
les (le.N Romam.-i, empêchait les grains
d'échapper des épis. On la représen-
lail tenant à la main un tuyau de b!é
dont les épis étaient intacts.
-• RUMANÉES, déesses des Tri-
RlJS
/joÔ
boci cl des \angiones, sont prises
pour des déesses-mères (Corap. Rr-
mia).
RLMIA, RUMILIA, RUMINA
( de Ruma , mamelle ) était à Rome
I" la protectrice des enfants à la ma-
melle 5 2° des mamelles elles-mêmes.
On lui offrait un mélange d'hydro-
mel et de lait. On croit la retrou-
ver dans certaines figures qui repré-
sentent une femme tenant sur son
sein un enfant qu'elle semble vouloir
allaiter. — On a souvent rapproché
Roma et Ruma, et donné le deuxième
de ces noms comme l'explication du
premier. Romulus et Rémus, dit-on,
furent allaités par la Louve sous un
figuier qui prit de là le nom de Ru-
minai.
RUMSINA, déesse agricole ro-
maine, présidait au sarclage ( run-
cari). — Un autre dieu, Subruncina-
lor . avait la même fonction.
RUPINIE, RrpiMA, déesse rus-
tique des Ombriens, la même, dil-
on, que la Robigo de la religion ro-
maine, était censée en conséquence
présider à la nielle ou rouille des
blés. Ce nom se lit dansles Tables eu-
gubines, \I,1. 26 : comp. Comment.
si;r Virgile, Ccorg. I, v. i5o ; cl
Aulu-G.. Nuits n(i., V, c. 12.
RURUNE ou RUSIINE, déesse
romaine , présidait aux champs et à
toute exploitation agricole.
RUSOR aurait élé selon St-Au-
gustin un Siva du Latiuin; car, dil
ce père, il réabsorbe lout {riirsus in
st. trahit)^ 11 renouvelle, il modifie.
Rusina, peut-être, n'est que Rusor
au féminin. Comme c'est surtout à la
campagne que pour des peuples nais-
sants les moditlcatious apparaissonl
avec puissance, Rusina devinlladées-
sedes champs. Toutefois Rosini com-
pare Rusor à Pluton.- — Rusor serait
donc pour Rursor, de riirsus.
4o6
SAB
SAB
SAB, en lalln Sabus, SAnixtis ,
dieu liai ional des Sahiiis qui révéraient
en lui Taaleur de leur race (Caton,
Orig.y dacs Denys d'Halic. , 1. II,
c. 49)'MoreIIi [l'It. av.ladomin.
des Rom. , l. Il, p. 44) coufoid à
tort Sab et Sancus. Ce nom rappelle
Sabaz et Siva.
SABAZ, Sabazivs, 2;«i?xÇi«f,
grand dieu phrygien , passait pour
nis de Cjbèle (^el de Saturne, ajoutè-
rent les syncrctisles des temps pos-
térieurs , lorsqu'une fois ils eurent
identifié Rhéa et Cybèle). On lui
donne pour nourrice, tantôt Hippa,
tantôt Nysa. Ce nom déjà nous re-
porte kBacchus. Une multitude d'au-
tres détails achèvent de mettre au
rang des faits l'identité des deux
dieux. En dernière analyse Sabaz
figure auprès de Cybèle, comme lac-
chos près de Déméter, comme Zagrée
près de Proserpinc, Bacchus près de
Sémélé. Comme partner d'Hippa, ou
le nomme Sabos ou Sab. A notre
avis ces deux mots ne diffèrent pas,
et nous les prenons pour Siva , gé-
nitif Sivicin. Une des légendes de
Cybèle la montre fuyant après le meur-
tre d'Atys, et trouvant sur sa roule
Dionyse avec qui elle s'enfonce en
proie à deux délires (le regret, l'a-
uieur) au fond des solitudes hyper-
horéennes. Là , le jeune Cadmile
s'est métamorphosé en Axiocerse. Un
autre mythe le fait redevenir Cad-
milej il meurt de la mort cadmi'ique,
il meurt de la maia des Titans ainsi
que Zagrée : Dionyse aussi, dans un
récit tritopatorique , a élé assassiné
par deux Corybantes ses frères. —
Resterait ici à dire si Sabaz et Atys
ne sont pas le même personnage.
Non, quoique au fond un même type
ait présidé a la création des deux
dieux : mais Atys a été imaginé en
Phrygie même, et il est facile de voir
que Sabaz vient de la haute Asie, de
la Trausoxaue ou de plus loin. Au
reste , telle est leur ressemblance ,
soit a titre de fils (comp. Agd et
Atys), soit à titre d'amant-époux,
qu'on peut souvent (en Plirygie s'en-
tend) les prendre l'un j)Oiir l'autre :
c'est ce que faisait Cybèle. — Les
Sabazies (tel est le nom des fêtes de
. Sabaz ) étaient des orgies déliran-
tes : les danses convulsives, les ges-
tes fous, les coups de couteau, s'y
retrouvaient comme dans les Cybc-
bées. On y invoquait le dieu par les
cris cent mille fois répétés de Evoï,
Saboï, Hyès Attès, Allés Hyès, que
nous expliquons par uGloiie h toi,
Siva, fils père, père fils, » analogue
a vit TOK.VU final des Eleusinies, et au
vers mystique
Taurus dinconem genuit, et Uuruin druco,
qu'on peut traduire par
Le Dieu-Taureau procréa le reptile ,
El le reptile engendra le taureau.
Le culte de Sabaz passa en Thraco ,
et se confondit avec celui de Bassa-
rée. Il est probable même que le Sab
des Sabins eut une origine semblable
[Voy. Sab). La Lydie semble avoir
été le point de départ secondaire de
toutes ces importations en terre étran-
gère. — Aux yeux de quelques anti-
quaires Sabazios représenterait
Sabos-Bacchos. Sikler a vu dans Sa-
bos l'alimcntateur j et il le dérive de
*aZ»fl!/i , rassasier. Il ajoute que la
formule Evoï, Saboï, etc., était pro-
noncée par deux chœurs, l'un de Mys-
tes , l'autre de Coès ou prêtres; et il
répartit ainsi les paroles dans la
SAG
bouche des deux groupes d'interlocu-
teurs :
lES MTSTES,
Evoï, Sabo'i ( mon père , mon nourricier) !
Lss cots.
Hyès ( il est le feu ou la lumière ) !
IBS MÏSTES.
Attès Ctaes le feu ou la lumière,!
Attùs ( tu es le feu ou la lumière , !
I.ES COÈS.
Hyès ( il est le feu ou la lumière } !
SAGA, la déesse Scandinave de
l'hisloire ou plutôt de la tradition j
car sagen signifie dire , et Saga
revient au grec mytJios.
SAGARA, célèbre radjhali d'Aïo-
dliia , avait pour père Baliou et pour
mère Kalincli. 11 dut son nom h la
mort prématurée de sa mère qui pé-
rit empoisonnée par la deuxième fem-
me de Bahou [Sa avec 5 i^owra, poi-
son). Bahou avait été cliassé du trône
par les Rclialriias de TOccident et les
Sakas. Sagara, muni de l'arme cé-
leste qui lance le feu (l'agnëiastram),
reconquit les états de son père, mé-
rita par son équité le surnom de
juste, épousa, ainsi que son père,
deux femmes, Kessini et Soumali, eut
de la première un seul fils , Açaina-
nia, de la seconde soixante mille en-
fants offrit aux dieux quatre-vingt-
dix-neuf fols Façouamédliam (sacri-
fice du cheval), et commençait le
centième sacrifice, quand Vichnou ,
sous les traits de Kapila, vlut lui en-
lever la victime. Soudain Sagara en-
joignit à t:es soixante mille enfants,
puis à Ancouman, fils d'Acoumanla,
d'aller chercher le cheval ravi; mais
il mourut au bout de dix mille siè-
cles, sans être parvenu a retrouver
le coursier. Il laissa le trône au
jeune Ancouman. — Les soixante
mille fils de Sagara et de Soumali
sortirent tous d'une citrouille aux
soixante raille pépins ( Poy. Soir-
MATi). On les désigne par les noms
de Sagaravancas et quelquefois de
Sagarideg. ConforméracQl aux ordre»
SAI
407
du roi leur père, ils avaient creusé la
terre à soixante mille ioïanas de pro-
fondeur, et fait le tour du monde,
lorsqu'ils trouvèrent Kapila et le che-
val volé. Le dieu irrité les pulvérise
d'un souffle. C'est a cette occasion
qu'eut lieu la descente de Ganga. Les
eaux fécondes de Bhavani-iivière ren-
dirent a la vie , dès qu'elle les eurent
touchés, l'immense amas d'ossements
et de cendres, seuls restes des soixante
raille Sagarides. Encore deux re-
marques. 1° Les cent vingt raille
Lras des fils de Sagara creusant la
terre à des profondeurs immenses
symbolisent la puissante opération qui
fut nécessaire pour creuser le lit de
Ganga, soit comme fleuve, soit com-
me source de tous les fleuves et com-
me Océan. 2° Sagara veut dire Océan»
Comp. Sangaride.
SAGATRAGAVACHA naquit de
la cinquième tète de Brahmà abattue
par Mahadéva. Il avait cinq cents tê-
tes et mille bras.
SAGITTAIRE , Sagittabiits ou
Arciteu EUS , en grec Tc%ivt^s, un
des douze signes du zodiaque. On
suppose que c'est Chiron, et on l'ap-
pelle en conséquence le Centaure.
Primitivement on ne figurait dans ce
neuvième compartiment du zodiaque
qu'un arc, un carquois, ou une main
armée d'une flèche. Plus tard , ou
traça les deux jambes antérieures et
l'encolure d'un cheval surmontées
d'un corps d'homme. Pour quelques
mythologues le Sagittaire était Cro-
tos.
SAHADÉVA, un des cinq Panda-
vas, devait le jour aux amours de
Madrl, deuxième femme de Pandou,
et d'Açouan. C'était des cinq Panda-
vas le plus habile a tirer de l'arc.
SAIS, Minerve dont on assure que
le ciilte et le nom étalent venus de la
ville égyçliçnne dç S«Ï8 «a Grèce. Ou
iio8
g'appuyait sur le rapport des mots
Neilh et Âlhànâ. On peut voir, ar-
ticle Minerve, ce qu'il faut penser
de celle idée.
SAISOjNS (les) furent personni-
fiées par les Grecs sous le nom d'Ho-
res ou Heures (trois femmes). Les
Romains en firent quatre enfants,
génies ailés, avec divers atirihuls
Sôur nous d'imporlance légère. Ainsi,
ans un bas-relief représentant Cu-
pidon et Psyché, le printemps ap-
porte des œufs, Tété un vase et un
thyrse, Taulomne des fruits et des
rets à prendre les oiseaux , Tliiver
un lièvre emblème de la cliasse. Un
paon nu bas du tableau indique spi-
ritueilemcut la variété des saisons.
Un tombeau de marbre antique, dé-
couvert dans des ruines près d'Alliè-
nes , représente les quatre saisons
«ous les traits de quatre femmes carac-
térisées par la diversité des couron-
nes, des costumes, desbabits, et ac-
compagnéeschacune d'un génie. Quel-
quefois les anciens ont représenté le
printemps par Mercure, l'été par
Apollon , l'automne par Bacchus ,
l'hiver par Hercule.
SAIVO, esprits des cavernes, re-
çoivent ceux des morts que Radien-
Athcié omet d'appeler an ciel supé-
rieur. Bientôt ces victimes du crime
sont conduites devant la grande Hé-
cate lapone labraé-Akko, qui leur
fait infliger les supplices les plus
cruels par Rot^.
SAKAMIÉLI, la déesse de Ta-
mour dans la mythologie finnoise
proprement dite, paraît avoir aussi
été connue des Lapons.
SAKAVARLI , roi de l'île de Cei-
lan, est, dans la mythologie chingu-
laise, le plus ancien de leurs souve-
rains, et c'est de lui qu'ils font partir
leur ère.
SAKTI est aïkX Indes la femme
de Rrahm, et en conse'queiice lapins
haute des déesses ou pour mieux dire
l'unique déesse. Elle a encore un au-
tre nom . MaYa. Nous développons
à cet article le sens propre de celte
dénomination , et l'on y voit que
Sakti est l'énergie. Dire Maïa et
Sakli ne font qu'un, c'est dire la
loi, l'ordre, Tliarmonie, la force
créatrice, conservatrice et motrice ,
ne s'aperçoivent que dans et avec
la matière -illusion. Ces deux phé-
nomènes sont inséparables : l'un et
l'autre existent en Brahm , la cause
des causes; l'un et l'autre en émanent
a la fois : Maïa-Sakli, voilà le mondcj
mais Maîa eu est la face externe,
Sakli en est la vitalité latente. — Les
trois jrrandcs déesses de la Triniourti
hindc
ipp
client aussi Saktis: l'é-
pouse de Brahm alors se distingue
par le surnom de Paracakti ou grande
Sakti. Enfin sous un autre point de
vue Paracakti se dédouble on huit
Saktis (analogues aux huit Vaçous),
et qu'on nomme aussi Matris {Voy.
ce nom). Ces huit Saktis forment
quelquefois le cortège, non de Sara-
çouati, mais de la terrible Rhnvani-
Dourga, qu'au reste le Dévi-Mahat-
miam représente encore sous d'au-
tres formes qu'on peut prendre pour
autant de Saklis.
SALAMBO, déesse babylonienne
que l'on prenait pour Vénus, cl dont
la fêle était remarquable par de
grandes marques de deuil. On a lire
son nom de <r«Aef en grec, agitation
des flots de la mer ; et on l'a expliqué
par source de deuil, d'inquiétudes.
Pourquoi dans ce cas ne pas y avoir
joint l'idée de fille des mers ou mer
personnifiée ? Les passions et la mer
ont leurs vagues, et celles-là ne sont
que les reflets des dernières. Au reste,
Tétymologie grecque n'est pas de no-
tre goût, et nous présumons que Sa-
I
SAL
iambo se compose de deux mots dont
l'un revieut a iVZ'ô , Anbo ^ cliien,
et par-lk même nous ramène aux en-
fers. Comp. Anubis et Titrambo.
SALAMINE , Salaminus ou Sa-
LAîMiNius, un des Dactyles idéens
nommés par Strabon : avec Hercule ,
mentionné en même temps par le géo-
graphe, et Celmls, Acmon , Damna-
ménée , indiqués par l'auteur de 'a
Phoronide(Scl)ol.d'Apoll.deRliod.,
sur ch. I, V. II 26), nous trouverions
le nombre classique de cinq Dactyles
idéens. Mais il est éminemment pro-
bable que Celmis et Salaminius ne
font qu'un [ius^ <af, n'étant que des
désinences, et le radical Salamin ou
Salamis pouvant aisément se trans-
former eu Celmis). Dans celte hypo-
thèse, la liste de Sirabon complétée *
par la Phoronide serait encore in-
complète, et il nous manquerait le
nom du cinquième Dactyle. Une au-
tre liste complète produit cinq noms
presque tous différents (/^o)'. Dac-
tyles). On donne aussi à Jupiter le
nom de Salaminius, mais comme épi-
thèle locale.
SALAMINE ou SALAMIS, fille
du fleuve Asope, l'ut aimée de Nep-
tune , qui la rendit mère de Cen-
chrée.
SALEMAH , dieu de la santé dans
la tribu des Arabes.
SALETE, la deuxième ^linerve do
Cicéron (en langue égyptienne), en
d'autres termes celle que cet orateur
regarde comme fille du ]Nil.
SALIA ou CHALIA (Siïalya),
adversaire de Vichuou-Kriclma , li-
gure au nombre des amis de Sicou-
pala. Quand ce formidable Sivaïte
n'est p'us, a Si je n'extermine cette
race des ladons, s'écrie-t-il, que je
cesse d'être Kcbatriia! jj Et sachant
que nulle puissance humaine ne peut
triompher de Krichna, un an de suite
SAL
409
il se flagelle, supporte lepoidsde cha-
leur du soleil , jeûne ou mangetde la
terre, jusqu'à ce que Siva, conjuré
par ces austères pénitences, lui appa-
raisse, et lui accorde un immense pou-
voir surnaturel. Bientôt Salia se
trouve devant Douaraka : Krichna est
absent 5 Pradiouraua, son vice- gérant,
défend la ville contre le Sivaïte pro-
tégé de Siva : les deux rivaux ne ces-
sent de faire assaut de magie. Long-
temps la lutte reste indécise. Enfin
Krichna reparaît. Il était tempsj les
incantations de Salia l'emportaient,
et allaient devenir funestes au pauvre
Pradioumna. Les purs rayons de l'œil
de Krichna dissipent a l'instant toutes
ces illusions , et Salia sans vie mord
la poussière.
SALIETSS. Voy. l'art, suivant.
SALIL'S, originaire de l'Arcadie
ou de Samothrace, suivit Enée dans
ses voyages, et institua le collège des
prêtres saliens en Italie (Polémon
dans Festus, p. 474, éd. Dacier:
comp. Vie dt Numa, i3, par Plu-
tarque). Quelques Iraditioiis substi-
tuaient au nom de Salins celui de
Saon ou plutôt de Saos (Critolaiis
dans Festus). On voit que celle lé-
gende signifie tout simplement que
Tinslitution salienne e.st due à une
importation étrangère. — Le nom de
Salins rappelle sol (soleil), a'i><u,ç (lu-
mière),etc. (Voy. Cabires et Mars).
SALIVÀHANA, célèbre radjah
hindou, donna son nom a une ère fa-
meuse que vulgairement on appelle
Salivahana Saka, et qui part de l'an
de J.-C. 78.
SALMACIS, s«t;iM£4Jwf, nymphe
de la Cajie, s'identifie étroitement
a la fontaine de même nom (voisine
d'Halicarnasse). Hermaphrodite étant
venu se baigner dans ses eaux, elle
se sentit éprise pour lui d'un amour
si violent qu'elle le lui révéla sur le-
4XO
SAL
cbainp. Le trouvant Hisensible, elle
s*élanra dans l soudes h sa poursuite,
Tenlaca de ses bras, et obtint des
dieux le bonheur de ne faire qu'un,
elle et le Jeune objet de sa vive ten-
dresse (^. Hermaphrodite). — Ce
niytbe, si éiuinemiuent asiatique par
ridée de Taudiogynisnie et les bril-
lantes couleurs de la narration, a trait
de plus à la crovance (ju'oa aviùt de
l'aiHour des eaux et des belles ondi-
ues pour les hommes. Les trois nym-
phes Ascanides qui s'emparent d'Hy-
las, 1»"S Sirènes qui cherchent sans
cesse a laire tomber daus leurs pièges
sous-marius les ciédules navigateurs,
les Muses qui offrent l'ilippocrène
aux poètes, en soûl autant d'exemples
chez les anciens. L'article Meiddu
en foujnit un autre eu Irlande. Les
anciens expliquaient a tmt la fable
de Sa'macii et d'Hermaphrodite en
disaut que les eaux de la fontaine
d'Halicarnasite rendaient efféminés et
mous ceux qui s'y baignaient.
SALMOSÉE, Salmoweus, 2«a-
ftaitvsi fils d'Eole (II) et d'Enarète,
pelil-filsd'lliUen et frère de Sisyphe,
régnad'abord en 'rhess:ilie, puis dans
le Péloponèsc , où il bâtit la vile ap-
pelée de son nom Salmonée ou Sal-
moiiie. Il eut deux femmes, Alcidice,
Sidéro. La première lut mère de
Tyro (parfois nommée en conséquen-
ce Sabiionis); la seconde est fameuse
par les persécutions dont elle accabla
sa belle-fille. Ce qui a surtout rendu
Salmonée célèbre, c'est la manie qu'il
eut de passer pour un dieu. Il sup-
prima dans tous ses états les honneurs
qu'on rendait a Jupiter j exigea qu'on
l'adoràl lui-même sous le nom de ce
maître dès dieux, et fit construire un
pont métallique sur lequel il faisait
rouler avec fracas un char du haut
duquel il lançait des torches, brûlan-
tes imitatrices du tonnerre. Malheur
SAM
a qui avait été placé par ses ordres
près du pont retentissant! malheur
à qui tentait de fuir! car des hommes
apostf-s tuaient soudain et eu secret
le fugitif que l'on croyait frappé par
une main invisible. Enfin Jupiter, las
de ces burlesques autant que cruels
échantillons de fantasmagorie, darda
tout de bon la foudre sur Salmonée
qui, |irécij>ité ilans le Tarlare, alla y
subir la peine due a ses crimes. —
S;ilmonée est un Jupiler de l'Elide.
SALPIjNX, 2«ATr«y|(/rom;;e^/r),
Minerve dans Argos, où Hégélas, fils
de Tyrihène, lui avait élevé un tem-
ple. Ce surnom singulier, qui fait de
Minerve un simple fétiche, doit être
rapproché de Mars-lance (/-'. Qxji-
RiNUs) ou de Skanda, épée fichée en
terre.
SALUS, LA Santl en latin, ne
diffère pas d'Hygic, quant h la no-
lion fondamentale. On la fil, ainsi
qu'Hyuie, fi'le d'Esculape. Ses tem-
ples étaient assez nombreux a Rome.
Sa statue était cachée h tout autre
qu'a ses prêtres. Sa fêle était remar
quable par l'usage bizarre où l'on
était de jeter h la mer un morceau de
pâte que l'on envoyait, disaient les
prêtres, vers Arélhuse de Sicile. Dans
les années où nulle armée ne sortait
de Rome, on lirait les sorts de Sabisj
peul-étre de peur que les accidents
de la guerfe ne fissent mentir l'ora-
cle de la déesse. On représentait
Salus jeune, assise sur un trône, cou-
ronnée d'herbes médicinales, et tenant
de la main droite uue palère, de la
gauche un serpent. Un autre serpent
formait un cercle autour de son au-
tel, et tenait la tète fièrement dressée
au-dessus du monument.
SAM ANARODOM ( vulgairement
Sommonacodon) , le saint, le dieu
par excellence des Siamois et d'une
graude partie de l'Indo-Chinc , D'c5>t
SAM
que Bouddha lui-même , mai^ ave*;
quantité de légendes secondaires, les
unes calquées sur les symbolisalionj
transcendatitaiesdela théologie boud-
dhique, les autres prises au milieu
des événements les plus vulgaires de
la vie et de l'histoire, et notamment
à ce qu'il paraît, h la vie du huitième
patriarche du bouddhisme. Nous n'a-
vons pas besoin d'apprendre au lec-
teur que Samanakodora signifie le dieu
cbaman ou samanéen : Gott. Gotama,
Cotys, Khota. Rodom, ne sont qu'un
même mot 5 Sem , Semo, Sainana
(soleil), ne diffèrent pas non plus,
et c'est ce nom sacré, dont Siam ,
aux yeuï de quelques savants, n'est
que la déformation, qui a donné nais-
sance aux dénominations de chama-
nisme ou chamaïsme pour designer
la religion des Lamas. On comprend
sans peine K présent que les Siamois
donnent Rodom comme nom primitif
et réel de leur dieu. En effet Boud-
dha s'appela long-temps Gotama. —
Deux généalogies principales amènent
au berceau de Samanakodoiiu La pre-
mière nous met sous les yeux l'onde
primordiale, sur l'onde une fouille
qui est un enfant replié sur lui-même
et se mordant l'orteil, au milieu du
nombril de cet enfant un lotos, dansle
calice du lotos S'auiauakodom. Quel
est cet enfant.'' Ce que vous voudrez,
Bralim, Brahmâ, Vichnoii, Siva, Sa-
mauakodom lui-même. Semblables lé-
gendes eurent lieu sur la naissauce de
Lakchmi, de Sri-Rama, de Krichua j
comp. Haroiîri. Dans la seconde
généalogie Samanakodom est fils,
tantôt du roi de Ceilan, Paoucon-
tout, et de Matra-Maria, tantôt du
Soleil et d'une vierge qui, surprise et
honteuse de sa grossesse (comparez
Atys et CvRiiLE), va ensevelir sa
douleur et sa boute dans les bois : elle
devient mère sur les bords d'un lac,
SJLM
411
place son fils sur le calice d^une Qeur
qui se referme aussitôt, et le voit
bientôt grandir en sagesse et en ver-
tu, ainsi qu'en taille et en beauté:
puis c'est la science infuse par la-
quelle il étonne ses contemporains, ses
aînésj ce sont d'austères et merveil-
leuses pénitences, des épreuves, des
tours de force auxquels h peine on
peut croire, et qui font trembler les
cieux, chanceler Tunivers. Ce sont
des brabmes qu'il secourt, auxquels
il donne sa chair et la chair de ses
fils, de sa femme, k mangprj ce sont
des anges qui viennent le visiter,
chanter ses louanges, l'adorer, le
servir. Il passe par cinq cent cin-
quante corps différents. On devrait
dire qu'il avait passé par cinq cent
quarante-neuf corps différents, et
que pour l'instant il vient de naître
une cinq cent cinquantième et der-
nière fois. Comparez nos tbéories
sur les Boddbicatoas, les Bouddhas,
l'absorption en Adbibouddha et le
nivrilta, art. Bouddha. — Sa mort
est diversement racontée. Selon les
uns, il s'évapora ou s'évanouit dans
les airs, comme une étincelle. Suivant
les autres, il fut, à l'âge de 80 ans,
emporté par une violente colique après
avoir mangé de la chair de porc.
Dans le porc funeste était enfermée
l'àme d'un ancien ennemi de Samana-
kodom (un Mouni au dire des uns, un
génie funeste , un Man au dire des
autres; mais qu'est-ce qu'un Man? ),
jadis tué par la mam du saint. Lui-
même , à la vue de son antagoniste
transformé par la métempsycose en
pourceau et se ruant sur lui avec
inrie, reconnut que sa mort était
proche, et il la prophétisa. — Siam
mon Ire la trace des pieds de Sama>
nakodom , comme Ceilan la trace
des pieds de Bouddha , et le repré-
sente dans toutes les pagodes eulre ses
Zita
•SAM
deux disciples favoris , Pra-Mogla à
droite cl Pra - Sarihout à sai'clie
(Mangala et Saribouddha , qui est le
Jiiême que Vriliaspati : Poy. Boud-
dha). A la fin de Tàge actuel vien-
dra, pour raffermir les hommes dans
la voie du bien, une autre incarna-
lion de Sanianal<odom , Pra-]\arotte
(abréviation de Narotlania, le meil-
leur des hommes). On Tatlend avec
impatience, et plus d'une fois déjà
des ambitieux ont fait passer des
idiots pour Pra-]\arotte.
SAMBA ou SOUMBA, fils de
Kriclma et de .Tambavati , fille de
Jambavan, introduisit dans Tlnde les
Mages (Magas), nouvelles familles sa-
cerdotales distinctes des brahmanes
issus de Kaciapa. A cotte différence
généalogique s'en lie une plus im-
portante: les brahmanes étaient Ka-
rhmiiiens d'origine; les Ma^as ve-
naient de Saka (le pays des Saces),
el le vichnouvisr.je en effet rayonna
du pays de Mitra, Milravan. On a
symbolisé cette importation d'un culte
nouveau dans l'Inde, en disant que
Samba voulut corrompre les nom-
breuses concubines de sou père.
SAMBAHA, Daitia voluptueux,
importunait par ses assiduités la belle
Rali, épouse ou plutôt inconsolable
veuve de Kama qu'avait réduit en
cendres un regard de Siva. Instruit
que Kama venait de renaître sous la
forme de Pradioumna, le farouche
Daitia enlève et jette dans l'Océan le
nouveau-né ; l\ali , condamnçe aux
travaux les plus durs de la domesti-
cité, n'a d'autre moyen pour biiser
des chaînes odieuses que d'assouvir
les brutales fantaisies de son persé-
cuteur. Heureusement les dieux font
un miracle pour elle. Un énorme
poisson arrive dans les cuisines de
Sambara. Qu'y trouve Rati? Pra-
dioumna. Elle sait bientôt que Pra-
SAM
dioumna et Kama ne sont qu'un. Ell^
le nourrit secrètement, elle lui donnrf
des leçons de magie, et enfin le joui
vient où Pradioumna, instruit del
mystèresde cetart redoutable, cxler^
mine Sambara.
S AMIE, 2«^/*, fille du dieu|
fleuve Méandre, n'est pas, comme oï
peut le croire, Samos personnifiée^
Toutefois il n'est pas impossible qufl
quelque île fluviatile du Méandre aï
porté ce nom , et que par la suite oij
l'ait étendu h l'île célèbre dont Les.
bos fut la capitale, et Sapho la muse.
Du reste, si l'on s'engage ici dans la
voie périlleuse de l'étymologie, il faut
plutôt penser a Sem, aux Semones, h
Samana-Kodom , et peut-être aux
mots gète et finnois Zamo, SamOy
homme. P^oy. SamanaiCodom.
SAMOS, Samus, :s»fto(f fils
d'Aucée et de Samie, et par consé-
quent petit-fils de Neptune, peut êlro'
regardé comme le héros éponyme de]
l'île de Samos. On aurait tort de léî
confondre avec Saos [f^. ce nom).]
Comparez au reste ce qui est dil]
article Samie, et jugez si Samos ne]
signifie pas simplement homme oi
Sem. On sait que ce dernier nom (le
même que Djom , et par conséquent
qu'Hercule) se retrouve a la tête d(
plusieurs généalog'es {Voy. Sanc)^]
SAMOTES, la^cr^is^ a été don-
né par des écrivains de la Grande-
Brelagne comme le chef des premiè-
res colonies qui vinrent peupler le
pays. On veut qu'il ait appartenu
à la race celte, ce qui n'empêche pas
qu'on l'ait proclamé le fils aîné de
Japhct.
SAMOUNDO, femme d'Erlik-
Kltan, est ordinairement représenlée
près de son époux. Cette Proserpine
du lamaïsme est peinte bleu-clair ,
tandis que le bleu-foncé distingue
Erlik-Khan.
SAN
SANG (avec la désinence latine
Saticus) ou sang (Sangus), quel-
quefois, dit-0n, mais Irès-rarement,
SANCT (Sanctus), le même que
Seimo et le dieu f idius, grande divi-
uilé nationale des Sabins et par suite
des Romains, présidait aux sermenis
et aux traités. Sanc avait à Rome,
sur le mont Quirinal , un temple qui
lui avait été élevé par Tarquin-le-Su-
perbe, et consacré par le consul
Poslhumius (Denys d'Haï., liv. IX,
c. 60)5 à moins toutefois que l'on
n'adopte la conjecture qui voit dans
ce temple une construction sabine ,
ajrrandie ou réparée par Tarcjuin.
L'identité du dieu Sanc avec Hercule
et avec Fidius (ou le dieu de la bonne
foi) a été reconnue par les anciens,
et elle est confirmée par un nom-
bre infini d'inscriptions, par le titre
de Diovis (Djovis, 3 o\is fiiium)
donné au dieu de la bonne foi, par
l'us:ige où l'on était d'invoquer et
de prendre k témoin Hercule dans
toute l'Italie [flerciile , mehercule,
htrcle). par l'analogie du nom égyp-
tien d'Hercule (Sera, Som) avec celui
de Semo, peut-être même par le rap-
port de Sanc et Sang avec le SandaK,
Sandès, Sandou de l'Orient, qui fu-
rent aussi des Hercules. Quoi qu'il
en soit, il ne faut point oublier que le
radical du nom sacré est le même que
celui de sandre, ratifier, jurer j de
même que Fidius n'est autre chose
que l'adjectif àejidcs , la bonne foi.
C'est donc tout à fait gratuitement
que le systématique Court de Gébe-
lin absorbe Sem, Sara, Som, Sand,
dans le mot sémitique Cham , élevé
(d'où chaniim , les cieux), et fait
venir Fidius de id ou hid, temps.
Certes Hercule, l'Hercule sabin com-
me l'Hercule oriental, peut bien être
regardé , ainsi que le veut Brvant {A
new System or analys. qf anc.
SAN
4i3
myth.), comme le dieu du temps et
de l'année : mais en tant que Sanc,
il joue un rôle moins élevé. — On célé-
brait la fête de Sanc le 5 juin (nones
de juin). Dans son temple se voyaient
encore du temps de Varron la que-
nouille et le fuseau de la virile reine
Tanaquil , chargés de la laine même
que filait cette princesse (Pline, Hist.
nat., I. VIII, c. 48). Les augures
avaient donné le nom de Sanqual
[Sanqualis) ( i) à un jeune oiseau de
proie qu'ils croyaient du genre de
l'aigle , et qui semble avoir été le cé-
lèbre Lœmraergeyer ou vautour des
moulons. St-Jusliu s'est trompé en
prenant Sancus Scmo pour Simon le
magicien, et en reprochant aux païens
d'avoir divinisé ce tennemideSt-Pierre
et de l'Eglise. Tcrtuliien n'aurait pas
dû le copier j et des modernes surtout
n'auraient pas dû essayer de justifier
de si fortes méprises {F', pourtant
Hammon, Dissert. lat. sur le droit
des e'i'éy . , vont. Blonde/; et Spen-
cer, not. sur le liv. I d'Orig., cont.
Celse). Les Latins, en invoquant le
dieu de la bonne foi par le nom mê-
me de Fidius , disaient Médius Fi-
dius, ce que les uns expliquent par
me dius Fidius (avec l'ellipse afi(t/M-
vet ., audiat , etc.), tandis que d'au-
tres prennent médius pour un ad-
jectif, et sous-enlendent «f . La pre-
mière manière nous semble la seule
simple et conforme au génie antique.
On a essayé d'appuyer la seconde par
un marbre qui représente un enfant
(i) Pline (liv.x) a un chapitre tovit entier
(' le 8 ) sur l'Iininussule et le Sanqual : ce qui
en résulte de plus clair, c'est que les augures,
dans leur fausse science, ue savaieut pas même
au juste reconnaître un oiseau. Si , comme on
doit incliner à le croire , le Sanqual, dans l'opi-
nion des moins ignares , était un jeune ossi-
frage, il faut en conclure que c'était un La;m-
meigeyer ; car c'est à tort que Buf'fun voit dans
l'ossifrage des anciens, l'Orfraie, fa/co albkilla
de Gm., vulg. grand aigle de mtr, L'Orfraie ch«K
eux élAÏtl' Haliœetos.
/Ii4
SAN
divin entre deui figures qui se don-
nonl 1.1 main, el ((ui sont l'une l*Hun-
■eiii . rcratr»" le Mérite : au-dessus de
la tête de Tenfaul se lisent les mots
MEDIUS F1D1XJ8 (Boissard, Antiq.^
t. 111).
SAKDAK ou SAINDAC , en latin
Sasdaccs, en <;rec 1»vèux.eç, héros
solaire qu'Apollodore place dans la
généalogie d'Adonis ( Foy. l'art.
Ci>'YRe) au cinquième rang, c'est-
à-dire comme fils d'AsIynoiis et père
du roi cypriote Cinyre, doit être re-
gardé comme le dieu-soleil de la
Ciîicie. Suivant le niytliograplie que
nous venons de cilcr , Snnclak avait
déjà régné dars la Syne lorsqu'il
passa dans la Tracliéolide ou Cili-
cic orientale et y fonda la ville forte
de Célendéris. Il y épousa Pharnaté,
fille de Mégessarc et en eut, selon
les nns, Cinyre , suivant d'autres,
Adonis lui-même.
S AIN D A IN EN. Foy. Sakta-
SAÎS'DfeS, Wtrrcule de la Perse
(<y.-J. Voss. , de hiololal.). Son
nom , qu'on ne peut se dispenser de
reconnaître comne le même que ceux
de Sandon et de Sandale, puis peut-
être de rapproclur des Candule ,
Candale « t Candaule de l'Asie occi-
dentale (^. CA^DA^JLE), dériverait,
selon i'cpinion commune, de l'iiébreu
sartad , être in fureur. Mais alors
roirment rapporter Sandon h Therbe
Sajidyx , Sandak h Sadoc, Icjuslc?
HcurLiisemeiit ces diverses étymolo-
gies sont si peu plausibles qu'on peut
sans regret en faire le sacrifice.
L'idée de fureur au contraire con-
vient admirablejnent à un dieu-soleil
persan. La fureur du grand astre, c'est
la Laute cbaleur. Soljuiit . Canis
furit ; et c'est cette période brûlan-
te que représente syniboliquenient le
mythe d'Hercule furieux. Bu reste, les
SAN
docnmcnis originaux sont muets sur^
Sandcs. Mai> peut-être n'esl-il poinf
téméraire de le croire identique a«
grand Dchemcbid , dont la physiono-
mie réunit presque tous les traitai
principaux de la légende d'Hercula]
{Voy. DcnEMCHin"), et dont le noiï
n'est point aussi éloigné qu'on le croi-^
rail d'abord des noms connus d'Her-
cule. Sem, Cbon, Djom, ses dénomi-
nations égyptiennes, reproduisent ]|i|
première syllabe Dcherachid, et cel
le-ci *sl seule essentielle 5 car oil|
sait que TAchémène des Grecs est lï
Dchemcbid des Persans. Toutefois
on a rapproché Sandès de Tchanda A
le célèbre compétiteur hindou da]
Dourga. Dans ce cas il y a véri^
table antinomie entre Hercule dict
bienfaisant et Tchanda sivaïle fu-
neste , déicide et impie. Mais la con-
tradiction, loin d'être une raison dé!
rejeler le fait, nous lance dans unqj
large et heureuse voie d'exp'icationil
historiques: plus antiqueque le vich-J
nouisme, le sivoïsnie s'est vu détrô-
ner par cette nouvelle religion. LcsJ
Sivaïtes n'ont pas été alors effacéaj
des souvenirs el des légendes; seule-
ment on en a fait des êtres terrible!
autant que grandiose.' , méchants au4
tant que braves sur les champs Ai
bataille. Tchanda se trouve ainsi ui
dieu-feu , un dieu-soleil en délire.
Vichnnnite pourtant, puisque le vicb- j
nouisme l'adopte, il prend une phy-
sionomie plus douce. De ce donblt
phénomène résulte l'Hercule fuiieux.j
De cette manière la pliase sanglanlôj
de cette vie, tout entière consacré*
au bonheur des hommes, s'explique
d'elle-mêne. Comp. Siva.
SANDIA ou SAISDIADÉVI, filW
de Brahmà, apparut brillante et belld|
hors du corps de son père lorsque le]
dieu, poursuivi par les Dailias amou-^j
reux , laissa Ih sou enveloppe ha-
SAN
maine pour fuir sous d'autres for-
mes. Les immondes poursuivants du
dieu fugilit s'apeixurent a peine de
la substitution, et s'acharnant sur
Sandiadévi, souillée aussitôt que née ,
assouvirent successivement dans les
bras de cette image les désirs inspi-
rés par Toriginal. On peut comparer
Ixion prenant JNéphélé pour Junon.
SANDON, PHercule lydien. C'é-
tait peut-être un surnom plutôt qu'un
nom. Il lui fut donné par allusion h
celte robe de femme dont Omphale
le revêtit, et dont l'ampleur voltip-
fueuse,la couleur purpurine, la trans-
parence indit[uaieiit a la fois et le ca-
ractère passager du dieu infidèle à
ses habitudes de gloire, f^t le carac-
tère lascif, délirant du culte rendu
par la Lydie au dieu du jour. L'é-
toffe qu'Omphale jette ainsi autour
du corps musculeiix de son amant de-
vait sa couleur au suc de l'herbe saii-
dyx , et naème en portait V nom. De
là celui du héros. Comp. l'art. San-
DAKj puis, sur tout ce qui regarde
l'Hercule de Lydie, sur l'échange
des vêtements, l'art. Oimpiiale.
SAISGARA. Foy. Sank^ara.
SANGARE, Sangarus, 2«*y-
yccpas ( ou SAGAIUS , 2,â,'/xp(s ) ,
dieu-fleuve de l'Asie iVlineure, dont
presque toute la moitié occidentale
jadis était comprise sous le nom de
Phrygie, est surtout célèbre comme
père de l'amante d'Alys ( f^oy.
Sangaride et Sagara). Il résulte-
rait de la comparaison des légendes
de Sangare et d'Agd, qu'en Phrygie
l'univers ( représenté en tant que
matière- nature -passiveté , tantôt
par Agdistis ou Cvbèle , tantôt par la
nymphe Sangaride) tiiait son ori-
gine, suivant les uns, de la terre ou
du roc primordial^ suivant les autres,
de l'onde. — On donne quelquefois
à Ganymèdc le nom de Sangarius
SAfif
4iS
puer, quoique le Snkaria{ie\ est
aujourd'hui le nom du Sangare) cou-
lât au moins h cinquante litues de
Troie.
SANGAPJDE, Sangaris, s«y-
yap.'f, amante ou mère d'Atys, était
la fille du fleuve Sangare. Son nom,
on le voit, n'est point un nom propre.
C'est une df^'nominalinn patronymique
é(p]ivalenle h colle d'Océanide (Comp,
l'art. Sagara, où l'on retrouvera
l'Océan, li's eaux, une femme, quoi-
que tous diversement agencés). Le
nom propre, selon quelques auteurs,
fut Nana. Deux légendes se lient k
ces deux mots : a amante ou mère, u
Dans une tradition, Sangaride ren-
contre l'amandier qui {ut jadis le
phalle d' Agdistis , et enchantée de
la beauté de ses fruits en cueille, les
met dans son sein, devient enceinte
et finit par mettre au monde Alys
que plus tard se disputent et la fdle
du roi Méon, la puissante Cybèle, et
la fille du roi de Pessinonte. Dans
une tradition inverse. Cvbèle, ja-
louse maîtresse ti'Alys, a fait jurer
à ce jeune orphelin de ne jauiais
donner son cœur h d'autre qu'à
clic. Il lient le serment jusqu'à ce
qu'il aperçoive Sangaride. Dans une
troisième version il n'est question que
de Cybèle et d'Alys , mais nulle ri-
vale ne s'interpose entre eux. — Con-
sidérée de haut, Sangaride s'identifie
à Cybèle; car, confine Cybèle, elle est
la génératrice, la passiveté féconde ,
l'épouse , la mère. JNul doute même
que cette fille du roi de Pessinonte ,
à laquelle Atys est près de s'unir, ne
soit elle. DeCybèle àSangaride il y a
pourtant des différences : i" Sau-ia-
ride est comme une jeune Cybèle :
mère, elle se dessine après Âgd et
même Agdistis; amante ou épouse ,
elle n'apparaît qu'après Cvbèle : s"
elle se substitue à elle comme Ares à
4x6
SAN
Hépheste dans la tétrade cabiroVdi-
que.
SANI ou SATNA , génie hindou
analogue à lama, dont quelquefois il
passe pour frère , est pris souvent
pour fils du Soleil et pour une des
sept planètes, ce qui n'erapêclie pas
qu'en même temps il ne préside k la
conscience, aux destinées futures , et
aux transmigrations des âmes. Il est
fûnesteet son regard tue, met en cen-
dres , anuiliile. On peut en voir un
exemple a l'art. Ganéça. Il n'ap-
proche des hommes que pour leur
nuire. Heureusement, suivant les Hin-
SAN
dous, il est a 800,000 lieues de Ju-,
piler (Vrihaspali) 5 les astronomes i
actuels duceuluplent la distance. Au-'J
jouid'liui même il donue son nom au|
septième jour de la semaine ( le sa-
medi). Ainsi que lama, il a pour ai-
tributs le corbeau , symbole hindott|
delà métempsycose, et les serpents!
vengeurs des crimes , les serpents!
dont la dent vénénivome représente*
le remjrds. C'est ici le cas d'iudi-j
diquer, avec, les noms des sept jourj
de la semaine aux Indes, les dieux,]
soit gréco-romains, soit hindous, qui!
correspondent a chacun d'eux.
JOURS DE LA SEMAINE.
DIEUX CORRESPONDANTS.
Il» EUHnPE.
AUX ISDES.
OHECf-LATIKS.
HINDOUS.
Dimanche.
Souiiadivaça ou Aditiàdinain,
Soleil.
Souria
Lundi.
Somadivaça ou Somadinam.
Lune.
Soma.
Mardi.
.Maiigaladiiiara,
Mars.
Mandata.
Mercredi .
ISnudhadinam.
Mercure.
Boudlia.
Jeudi .
Vrihaspatidinain.
Jupiter.
Vriliasjiali.
Vendredi,
Ouradivara ou Soukradinain.
Vénus.
Soukra.
Samedi.
Saiiidinam.
Saturne.
Sana.
On représente Saui muni de qua-
tre bras , monté sur un corbeau , et
entouré de couleuvres qui forment un
cercle autour de lui 5 enfin la couleur
de ses chairs est bleue.
SANKARA: i°Siva; 2° Vichnou,
mais sans doute Vichnou idéalisé,
Vichnou s'élevanl a Brahm, \icIinou
Adibouddha ou. Bagbavan. Voici de
quelle manière A;xprime Rrichna
(lo" lecture du Bhaf;avat-Gita)
dans une de ses magnifiques allocu-
tions au sage disciple Ardjouna : « Je
a suis l'âme qui réside au sein de tous
« les corps) je suis le commencement,
K le miheu et la tin de toutes les créa-
« lures. Entre les Adilias je suis Vich-
a nou , entre les luminaires célestes
«Ravi le resplendissant, Maritchi
« entre les Maroutas, Saci entre les
u î»jakchatras. Entre les Védns je
ce suis le Sama-Véda, entre les Dé-
a vas Vacava , entre les Roudrasj
ce Sankara, entre les Vacous PavakajJ
a entre les poulifes sacrés Vriliaspa-j
et ti, etc. , etc. Entre les lettres je
a suis l'A 5 entre les mots je suis la*|
a copule qui les unit. Mais h quoi bot
« tous ces discours ? ô Ardjouna il
K l'univers entier repose dans raoaj
a essence.»
SANKARA ATCHARIA est le
plus célèbre persécuteur des Boud-
dhistes. Après avoir anéanti leur cul-
te au sein de l'Hindoustan, il se rendit
au Népal et au Tibet pour y exei cer
les mêmes rigueurs. Là , il eut une
discussion avec le grand Lama. Ne
sachant que lui répondre, il s'éleva
au ciel par une force magique : le
Lama ficha un couteau dans la place
qu'occupait à terre l'ombre' de l'or-
SAN
gueilleux Sankara , planant dans la
nue : aussitôt Sankara tomba sur la
lame élincelaute,qui lui ouvrit le cou
et le tua a l'instant. Colnp. Za-
MOLXIS.
SAiNKARA-NARAIAlSAou SAN-
GARA-NARAINEN est pris aui
Indes pour Siva-Yichnou hermaphro-
dite : Siva, dans ce cas, est le prin-
cipe mâle 5 Yichnou , le principe fe-
melle. Il y a entre Sankara-Naràïaua
et Arddliauari cette différence qu'Ard-
dhanari résultant de la fusion de Siva
et de Bhavani-Ganga, Therraapliro-
ditisme apparaît plus directement.
Indépendamment de toute cette foule
d'idées mystiques qui de près ou de
loin se lient aux dieux hermaphrodi-
tes, il y a ceci a remarquer sur Ard-
dhanari et Sankara -!Naràïana , et
spécialement sur le dernier, que par
eux on arrive a réabsorber la Irinité
dans l'unité : Siva et Vichnou fémi-
nisé représentent le lingam dans
rioni, la colonne de feu dans la coupe
féconde 5 puis vient Brahraà, qui est
la base, le piédestal de celte coupe-
ioni. Création , conservation-matière,
modification-forme, ainsi tout s'éche-
lonne et s'unit de la manière a la fois
la plus pittoresque et la plus saisis-
sante j et ces trois ne font qu'un , ils
font Brahm. — En un sens , collaté-
ral et accessoire bien entendu , San-
kara-Narâïana est l'emblème de la
fusion des deux religions hindoues
les plus célèbres , le slvaïsrae et le
vichnouisme. — On peint Sankara-
Naràïana blanc d'un côté el bleu de
l'autre. Comp. Har-Héei.
SAN-PAU , dieu mongol , kal-
mouk et tibétain, semble être l'es-
sence suprême. On le représente
tricéphale et assis comme les sei-
gneurs orientaux sur un tabouret au-
près duquel repose un arc, symbole
de la puissance des trois têtes qui
SAN
417
surmontent le buste unique de l'idole :
celle du milieu est la plus élevée , la
plus grosse, la plus majestueuse, la
plus méditative; elle semble aussi la
plus âgée; une espèce de mitre cou-
ronne ses cheveux. Les deux têtes
placées h côté de celle-ci n'ont d'au-
tre coiffure qu'un petit bonnet rond;
celle qui est a droite paraît la plus
jeune. La main droite porte un cœur
enflammé, symbole du vif amour que
lui inspirent les mortels, et la gauche
un sceptre couche dans l'attitude du
commandement lorsque le général
intime un ordre. La figure qui est
a gauche indique et plus d'années
el de plus profondes méditations : un
lis épanoui dans une de ses mains
symbolise la douceur, la candeur, le
refuge ; un miroir daus l'autre an-
nonce que tout ce qui se passe dans
l'asile mystérieux des cœurs vient se
peindre et se refléter la. Les trois
personnages de la Trinité tibétaine
résumée par San-Pau sont Giam-
Ciang, Tsihana-Torlseh, Tsenrési,
ou si l'on veut Sangh-Kle-Kontsioa,
Tsio - Konlsioa , Kedoun - Kontsioa.
Le dieu suprême qui plane sur les
trois personnes, et dont en consé-
quence San-Pau est le type, le sym-
bole, s'appelle Hopamé [f^oy. ce
nom).
SATSTANOU, radjah hindou , fi-
gure dans le Mahabharala comme le
bisaïeul desPandous etdes Kourous,
et en conséquence comme le patriar-
che de la dynastie lunaire. Jadis
Santanou avait été Gana (disciple de
Siva ) et rendait de fréquents hom-
mages au dieu qui règne sur le Kai-
laça. Mais daus ces pieux pèleri-
nages il sentit de l'amour pour Gan-
ga, Ganga sentit de l'amour pour lui.
Siva, qui lit au fond des cœurs ces
pensées adultères , transforme Gana
en singe et condamne Ganga, la fra-
LY,
27
4i8
SAO
gile déesse , h vivre loin de Tépoiix
qu'elle a oulragé. Voilà Ganga et le
singe se»ls dans la forèl! Le scnli-
menldeleur dégradation les fait rc-
,venir a résipiscence ; lonjoiirs voisins,
ils restent chastes. Siva les voit alors
d'un œil un peu plus doux , et pro-
nonce que lorsqu'ils auront subi en-
semble encore une Iransmigratiou il
leur pardonnera. Gana renaît sous la
forme de Sanlanou , descendant de
Rotirou , frère de ladou; Ganga ,
trouvée sur les bords du fleuve qui
porte son nom , est adoptée par le
radjah de Canodje(ouKaniakoiibdja).
Parvenue a la jeunesse elle épouse
Sanlanon , mais k condition qu'elle
disposera de ses enfants h son gré.
Six fois mère, elle noie ses six pre-
miers fils; Sanlanou sauve le der-
nier, l'élève, lui donne le nom de
Bliiclima . sous le(piel il devient un
des plus illustres héros de l'Inde. Mais
il a vio'é un serment solennel , et il
y a long-temps que Gnnga , le quit-
tant pour revenir dans les bras de son
premier et divin époux , s'est réab-
sorbée dans les eaux du fleuve épo-
nyme. Sanlanou alors épousa une se-
conde femme, et en eut Vilchilravi-
ria.
SANTÉ. Voy. Salus et comp.
Hygie.
SAON, 2«»y, découvrit le pre-
mier la grotte (depuis oracle) de Tro-
phonius. Quelques mylhograpbes l'i-
dentifient h Saos {Voy. ce nom).
SAOPHIS , liants • quinzième
dynasle du laterculc d'Eratostliènc,
serait, selon Dupuis, le troisième Dé-
can du Lion, Phoupé de Saumaise,
ou Phouonisié de Firmicus {Voy.
Décatis).
SAOS, 2««î-, héros éponyme du
mont Saoce , dans l'ile de Samo-
tbrace , et peut-être de l'île entière,
est donné par les uns comme le con-
SAP
ducteur d'une colonie étrangère qii
vint s'établir dans l'île, célèbre de
fmis par le culte des Cabives; pai
es autres, comme le premier légis'
lateur des Samolhraciens. Ne pour-
rait-on entendre ici par législaleui
l'inlroductenr de quelque culte tellu*
ricpici* En effet, on identifie h Sapl
un Saon donné comme ayant décoiil
vert l'antre de Trophomus. — SeJ
Ion Welcker , Sauios et Saos ni
différent point; Samos et Saos or
été des noms d'Hermès; Samos
Saos ne diffèrent point du Sabos (f
Sab ) phrygien. Peu importe doi
d'examiner si noire Saos airra é
l'éponyme du mont Saoce ou de l'îl
qui primitivement se nommnil Sa
raos. Welcker rappelle ensuite que,
selon Suidas, Sokos est une formt
de Saos. Or Sôkos suppose bit
évidemment Saocos, d'où Saoce
Saocis. Pour nous, non - senbmeill
Saos, Sabos et Simos semblent liés
mais nous ne balançons pas k en rai
prorher très -intimement les non
de Zéou (Zévs, Jupiter), Sovk et Si-
va. Toutefois que l'on ne s'imnginfé
pasquctons ces mots furenldc primeJ
abord des traductions les uns des au*
très : Siva devint , en tant que
neste et planète, Saturne ; Sovk , ei
tant que puissant et planète. Jupiter^
Zéou, en tantqn'ardeni, dionysiaque,
jeune, beau et soumis k l'empire d"un(
Bbavani de l'onest , Sabos; puis i
meurl, il est homme, il est chtl!o:iiei
ou hypoclilhonicn , il est Cadmilc
Hermès, Pacchus, etc., etc.
SAOUMANAÇA , éléphant colos-j
sal placé a l'angleoucst de notn
globe, est nn dis quatre qui en
supportant portent les Patalas, lesj
Dcjuipas et les Snuargas , c'est-a-
dire ['nniYrrs {Voy. Gawga).
SAPAJNDOMAD. Voy. Sefeït-
DOIMAD,
SAR
SAR4Ç0UATI (vulgaiferaentSA-
BAswATiou Sarassuadi), sœur, fille
et ferame de Brnhmà, le premier des
trois membres de la Trimourli ( Iri-
nité hindoue) , avait long-temps été
poursuivie par son père avant de con-
sentir a l'union en apparence sacri-
lèsre dont ils offrent le modèle au
o
monde. A chaque mouvement que
faisait Saracouati pour se dérober à
ses impudiques désirs s'élevait sur la
nuque de Bralimà une nouvelle tète
avec une face nouvelle. Lorsqu'il en
eut([ualre, Saraçouali , ne pouvant
échapper a sa vue , prit son vol vers
lescicux. Suiulaia Brahmà, jetant
les yeuK dans celle nouvelle direc-
tion, s'arma d'une ciuqu ème lètej
mais Siva, irrité de tant d'audace, la
lui abattit; et c'est alors que com-
mencèrent les incarnations et les pé-
nitences de Brahmà repentant.- — La
plupart des nombreuses divinités de
la religion brahmaïque ne semblent
pas naître de Brahmà cl de Sara-
couati 5 el.es se dessinent comme
hautes émanations , les unes sous le
dieu, les antres sous la déesse. Tel-
les sont par exemple les huit Malris
ou Saklis ( Voy. Matjus et comp.
Sakti ). Toutefois on donne comme
nés directement de Saracouati, i°]Sa-
réda, le dieiî de la Sagesse; 2° Da-
kcha , le premier des Pradjapatis ;
3" les six Ragas , génies qui prési-
dent aux modes musicaux et qui, avec
leur cour de Raginis, de génies in-
férieurs et de Ragas décidément sub-
alternes, forment une population
musicale très -nombreuse. — Sara-
çouali préside à la science, al'harmo-
nie, au langage , a la musique ; ou
plutôt c'est la science même, la sa-
gesse divine, le vrai Logos, le Verbe.
Aussi a-t-el!e les surnoms de p^alcJi
(la voix) , de Bhavatî ( l'histoire ) ,
d« Glïi (l'éloquence), de f^akeivani
SAR
419
( rectrice de la parole ). Saraçouali,
son nom habituel , signifie qui pré-
side aux sons. De plus, elle partage
avec Lakcbmi le nom de Sri. Maha-
çouaragrama, la tonique personni-
fiée , la rectrice de la gamme n'est
que son émanation, et les 16,000
Ragas (quand on en compte 16,000)
sont 16,000 Saraçouali subalternes,
comme les 16,000 vierges que Vich-
nou épouse sont 16,000 Lakchmi.
— D'ordinaire Saracouati est repré-
sentée dans les bras de son père-
frère-époux;, qui brûle pour elle d'une
f)assion éltrnelle ; ou bien seule , un
ivre ou un vina (lyre) dans la main.
On sait que son fils Naréda passe
poHr l'inventeur de cet instrument
(Voy. Syst. brahm. du P. Paulin ,
pi. 1 1). — Sagesse divine, Saracouati
ne s'en identifie pas moins à la na-
ture. C'est une Alhànà, mais aussi
une Alhànà-Physis. Productrice des
sciences, elle tend en un sens à deve-
nir industrielle. Sous son époux se
dessinent les Tchoubdarasj qu'est
donc alors Saraçouali.^ Une Athànà
unie a Ilépheste. Ce n'est pas tout :
quel est le chef des TchoubdarasV
Viçouamitra , Héplieste hindou. De
celte manière Saraçouali se rappro-
che de Junon, mère de Vulcain (Hé-
pheste). Saracouati d'ailleurs estl'air,
l'air sonore ; la voilà sous un autre
point de vue Héra (Junon). Enfin
elle est la grande Ragini , la Ragini
dont toutes les autres découlent ; c'est
dire qu'elle est le type de celte Mné-
mé ou Mne'mosyue dont les Muses
naquirent. Jupiter aussi est frère en
même temps qu'époux de Junon , et
il la sollicite long-temps avant d'arri-
ver à la séduire.
SARAMA, mère de ce jeune en-
fant qu'un jour repoussèrent brutale-
ment les frères de DjanauiéJjaïa oc-
cupé alors au grand yacrifice de Kou-
27.
4^0
.SAR
roukchatia. Uenfant alla se ()Iaindre
k sa mère, qui luaudit les trois prin-
ces et leur dit : « Il viendra un temps
où la terreur panique vous saisira lors-
que vous vous V attendrez le moins. »
Sa prédiction ne tarda pas à s'accom-
plir.
SARDE , Sardus , s^^eTof , chef
des Libyens qui colonisèrent les pre-
miers la Sardaigne. Cette île se uom-
luait primitivement Iclinuse f l>^y«v(ra)
ou Sandaliotide ((r(»i>^<(A<îi0-(;^de a■x^-
J»>i««f, sandale), vu la ressemblance
frappante de sa configuration avec
le pas (i^»«f ) ou le pied d'un homme.
On donne Sarde comme le fils de
l'Hercule égyptien ou libyqucMacéris
(Pans., X, c. 17).
SARDO, la^êi, Sardes person-
nifiée, mais comme femme , dispute
au héros de l'article qu i précède rhon-
ueur d'avoir jeté les fondements, d'a-
voir fourni le nom de la capitale de
la Lydie.
SARIAFING, l'Al.riman des habi-
tants de l'île Formose, se plaît, disent
les dévols, k enlaidir par la petite-
vérole et ses infinrilés l'espèce hu-
maine que Tamagisanhach a créée
belle. Sariafing habite le nord. Ou
l'invoque avec ardeur et plus fréquem-
ment peut-être que Tamagisanhach.
SARIBOLT et chez les Siamois
Pra-Saribou r, un des deux disciples
favoris de Bouddha ou Samanako-
domj l'autre est Pra-Mogla, Mo-
j;aîa ou Mangala. — Saribout, que
l'on représente dans toutes les pago-
des de l'Indochine à côté de Sama-
nakodom, ne doit-il pas se nommer
Sri-Bouddlia?
SARON, 2<«p*y, héros éponyme
du golfe Saroni([ue ( entre l'Argolide
et l'Attique), était selon les légendes
un roi de Trézène. Comme les Eu-
rotas , les Euée , les Oanuès , après
une court'! apparition sur la terre
SAH
il se réabsorba dans les eaux : voici
de quelle manière on amène le dé-
nouemenl. Saron était un ardent ct^
habile chasseur. Ln jour il pour
suivait un cerf qu'il se croyait sur le
point d'atteindre, mais qui pour lui
échapper se jeta dans la mer a la nage^
il s'y jeta comme Tanimalj mais peu
h peu il se laissa entraîner si loin que
les forces lui manquant il se noya.
Son corps rapporté sur la plage reçut
les honneurs funèbres dans le temple
de Diane, que cet événement fil nom-
mer Saronide. — Les Druïdes aussi
dans Diodore de Sicile s'appellent Sa-
ronides.
SARPÉDON, lxp,r),7av, roi de
Lycie n'est autre que le Scrapis hu-
manité de l'Asie-Mineurc. 11 y avait
deux légendes sur lui. Dans l'une, fils
de Jupiter et d'Europe, il a pour frère
Rhadamauthe et Minos, dispute au
dernier la couronne de Crète, se
voit obligé de renoncer K ses préten-
tions, et h l'exemple de Rhadaman'i
ihe quitte son pays natal, soit pour
former un établissement dans quel-
que contrée voisine , soit pour êtres
vice-roi de quelque pays conquis paw
Minos. En général, on veut qu'il!
s'exile en Cllicie, et que là, s'ailacbanl]
à la cause de ces braves attaqués parj
les Lyciens, il se signale par ses ex-
ploits. Vainqueur , il reçut eu par-l
lage une portion de la Lycie , y fonda
un royaume et laissa la couronne a son]
fils Evandrc. Dans l'autre hypolhèsoj
Sarpédon est le fils d'Evandre et def
Déidamie, fille de Jupiter et de Laol
damie. Pour les évhémérislcs qui
distinguent deux Sarpédon , Sarpé- ,
don II est fils de Jupiter et de Lao- '
damie, fille de Bellérophon. Laoda-|
mie (ou Déidamie) a deux frères qui]
se disputent l'héritage paternel. IIJ
fut convenu que l'on placerait un au-|
ueau sur la poitrine d'un enfant cou-
SAR
ché sur un lil , et que celui-là serait
roi , qui ferait passer une flèclie dans
la bague. Laodamie consentit il ce
que son fils servirait ainsi en quelque
sorte de point de mire aux préten-
dants. Charmés de cette abnégation
raalernelle, les Lyclens dans la suite
donnèrent le sceptre au jeune Sarpé-
don. Doit-on entendre par-lh que soii
à Sarpédon ï", soit à son fils Évandre
succéda un Bellérophon qui lui-mê-
me eut pour successeur Sarpédon llj
ou bien est-ce que Sarpédon II, suc-
cesseur immédiat de Sarpédon V ou
d'Evandre , joignit dans la suite aux
états hérités de son père ceux de ses
oncles maternels? Nous laissons h dé-
battre cette grave question h ceux qui
prennent la fable pour de Tbistoire.
Ce qui a surtout immortalisé la mé-
moire de Sarpédon , c'est que nous le
voyons paraître dans l'Iliade, parmi
les auxiliaires de Priam. Quittant
son palais, sa jeune épouse, .son fils
qui ne balbutiait pas encore , il vient
à la tète des Lyciens chercher de la
gloire dans les champs de la Troade :
il l'y trouve; mais en même temps il
y trouve la mort.Tlépolèraeenlc bles-
sant à la côte est tombé sous sescoups.
Le 5*" corps conduit par lui et en
même temps par Giaucus et Astéro-
pée franchit le fossé du camp grec ,
ses pieds ont escalade' les murailles ,
Alcmaon qui a voulu les défendre n'est
plus qu'un cadavre. Ajax et ïeucer
l'attaquent en vain : la lance de l'un ne
fcrce que son bouclier, les traits de
autre n'entament pas sa poitrine.
L'instant fatal arrive pourtant ! Eu
vain Jupiter (jiii voit un fiis daus Sar-
pédon voudrait ajourner le sinistre
dénouement, eldélibère sur les moyens
de l'arracher a la mort. Palroclc s'é-
lance, voit le sang jaillir des lianes
de Fédase son coursier , et tue Sar-
pédon. Le chef Lycien tombe sur la
.SAR
43 f
poussière qu'une pluie du sang envoyé
par Jupiter pour honorer la mort d'un
fils si cher, inonde et rougit soudain.
Les chevaux du héros devinrent la
proie des vainqueurs, son cadavre seul
fut sauvé de leurs mains; il est vrai
qu'il en coûta un nouveau combat aux
Troyens, ou plutôt il en coûta au dieu
Lycien, Apollon, la peine de pren-
dre lui-même le corps de Sarpédon
sur le champ de bataille. Ainsi l'or-
donnait Jupiter I Déjà les Grecs vain-
queurs l'avaient dépouillé de ses armes:
enlevés par le dieu du jour ses restes
inanimés furent à l'instant même la-
vés dans le Xanthe, parsemés d'am-
brosie , revêtus d'habits immortels et
confiés au Sommeil et h la Mort qui
les transportèrent en Lvcie. Lestra-
diiions secondaires voulaient que Sar-
pédon ne fût jamais sorti de son
royaume : on montrait dans celte con-
trée le tombeau de Sarpédon. Mu-
cien, gouverneur de Lycie, prétendit
avoir trouvé dans un temple une
lettre de Sarpédon écrite de Troie.
Quiconque sait découvrir dans uu
mythe l'idée principale reconnaîtra
dans Sarpédon Sarapi-Adcn ''le sei-
gneur Sérapi) , la momie-modèle, le
dieu-Momie , le roi des enfers , le
juge des âmes : ces deux dernières
fonctions s'impliquent ; mais roi-juge
.s'est dédoublé en roi et juge, Minos et
Sarpédon. Toutefois il ne serait pas
impossible que Sarpédon revînt a roi
des Serpents , Sarparadja ou Secha->
naga. — On nomme aussi un 5*" Sak-
jm'do?! , fils de Neptune , frère de
Pollis, cl tué par Hercule. 11 est
évident quil ne dilTère pas des précé-
dents.— On donnait le nom de Sar-
pcdonium a deux caps, l'un do la
Cliersonèse de Thrace, r'auirc de la
Lycie .^ a l'embouchure du Calvcadne.
'SARRITOll, un des dieux agri-
coles latius, présidait au sarclage.
4n
SAT
SATACIVA (ou SADACIVA), le
veut personnifié, est un des 5 éléments
hindous, qui avec la trinité Mana-
Ahankara-Malianalma forment une
Ogdoade sacrée. Maha- Ahankara-
Mabanalma est une véritable Irinilé.
Les 5 éléments forment ce que l'on
appelle le Pandjakarvagel.
SATAROUPA, i" femme créée
par Brahmà , immédiatement après
Menou regardé comme le premier
homme. Dès qu'ils respirèrent fous
deux, Brahmà leur dit : « Croissez et
multipliez. » — 11 existe aux Indes
mêmes des mythes totalement diffé-
rents sur la création de l'homme
{f^oy. Soudra).
SATÉ ou SATI , 2«r/, déesse
égyptienne de la 2" classe se trou-
verait dans nn tableau synoptique des
Treize -Douze {f^oy. ce nom) im-
médiatement au-dessous d'Ililh ou
Souan, représentanlc de Pooh et rec-
trice de toute la penlade élémentaire.
Comparalivcmeut aux autres dieux de
la série des dynastes, Salé se trouve
donc la 7* ou la 8" selon que l'on
compte ou que l'on omet Fré-Djom
l'archidynasle. Elle apour correspon-
dant mâle dans la colonne sidérique
Pi-Zéou. Pi-Zeou est l'émanation tlu
premier KhaméphisAmoun ou Knef;
Satl est l'émanaiion de INeilh , fille-
épouse d'Amounî il y a parallélisme
parfait entre les deux couples divins,
Sati répond a Pi-Zéou comme INeith
a Knef, et Knef s'incarne en Pi-
Zéou , comme Neilh s'incarne en
Sati. Cosmo'ogiquement parlant, Pi-
Zéou est Jupiter, la plus grosse des
planètes, et (tant qu'on ne connaît
pas exactement Saturne) la plus hau-
te, la plus lente a parcourir son im-
rarnse orbite 5 Sali fut le plus élevé,
le plus noble des cinq éléments, l'É-
iher. Toutefois de bonne heure on
s'habitua H ne voir dans cet Élher
SAT
que l'espace semi-lumineux qui sépar*
la lune de la terre, en d'autres ter-
mes TElher sublunaire, qu'il ne faul
pas confondre avec l'atmosphère ter-^
restre, ceinture réelle de notre «ïlobei
représentée par Boulo II. Ces a*
perçus confirment avec bonheur toujj
cequenousavons dilplushaut du rai
port de noire couple dynaste avec \i
couple Khaméphis. Amoun, le i*""" el
le plus élevé, le plus majestueux et 1|
plus ancien des Démiurges, se reflète
naturellement dansla planète quirouU
h 1.^0 millions de lieues du soleil, ei
dont l'orbite ellipsoïde parcourue ei
1 5 ans en a presque un milliard 5 JNeill
considérée tantôt comme volonté iUl
prème de Knef, tantôt comme l'Ethe
d'où va jaillir le feu-lumière Fia, si
reflète de même dans un Elher sul
lunaire. Les Grecs, pour qui Pi-Zéoï
émanation d'Amoun avait été le Zévd
nommé en latin Jupiler,ne pouvaierif
manquer de prendre Sali pour Héri
ou JuMon. — Sali, déesse dynaste et pai
là même subordonnée, est dite dam|
delà région inférieure. Mais qu'esl-c^
que la région inférieure? l'espace qt
s étend de la Urne a la terre , ou biejj
encore l'hémisphère austral sous q(
semble s'abîmer le soleil, suit pendai
la nuil si l'on ne songe qu'à la cours
diuine, soit pendant six n;ois del'anl
née si l'on songe h la course annu( lie
Les divinités de la deuxième classl
en effet ne sont que celles de la prej
mière, à un degré plus bas dans l'é»
chelle hiérarchique des formes divil
nés. A Araoun-Ka s'est substitué ui
Amoun-Ra à tête de bélier: HbonJ
sou a fait place a Knef. De mêmï
l'anthropocéphale INeilh s'éclipse poujj
ne laisser paraître que Salé, Alhol
s'évanouit pour laisser Anouke sa dou-»î
blure recevoir les hommages du Pha-*
raon. — Dans les monuments fuué-^
raircs l'image de Sati est raultipliéci^
SAT
Tantôt, au-dessous de Tpé, elle sé-
pare les scènes ou figurent les dieux
asiromorphiques et cosmogoniqiies
des scènes purement funèbres 5 tantôt
elle se proclame en un sens encore
plus techniquement maléritl la do-
minatrice des régions iriférieures, car
toutes les scènesauxquelles elle semble
ainsi présider -sont pemtes sur le bas
du couvercle des cercueils; tantôt ses
images couvrent les coins des tableaux
partiels que présentent les riches mo-
mifications, principalement les bras
(Voy. la belle momie figurée, planche
LXxxu a, tom. IV de la (rad. fran-
çaise de Creuzer, par M. Gnigniaul).
Salé est habituellement à genoux; sa
coiffure est blanche ou bleue : tantôt
une palme , tantôt le pchent, em-
blème de la domination sur les régions
inférieures, couronne sa têle ; la croix
ansée, le sceptre à fleur de lotos,
commun à toutes les déesses, brillent
entre ses mains. Le vautour symbo-
lique des déesses- mères enveloppe
quelquefois sous leslarges replis de ses
ailes, les cuisses et les jambes de la
déesse; quelquefois aussi une tunique
le remplace ; mais le plus souvent des
ailes a vaste envergure sortent. des
épaules mêmes de Saté, et dans les
monuments funéraires on la voit obom-
brer ainsi soit l'épervier emblème
de Fia, soit ce qui est plus remar-
quable les éperviers, âme du défunt.
Deux images connues de Saté {Des-
cript. dt l Egypte, pi. xvi, n" i,
tome I) la montrent avec les chairs
peintes en rouge, contrairement a
l'usage des Egyptiens, qui réser -
vaientcelle teinte pour les dieux mâ-
les. Un riche lajiis hiéroglyphe et sym-
bole de seigneurie est suus ses pieds ;
et sous le tapis un bouquet de fleurs
de lotos dont les deux extrêmes sont
toujours brisés et inclinent languis-
«amraeut leur tête vers la terre. L'effi-
SAT
4a3
gie sainte ainsi posée est elle-même
un hiéroglyphe et doit se lire Saté ,
déesse vivante et âme de la région in-
férieure. L'ourée ou serpent royal
(vu'gairement basilic, pour les natu-
ralistes badjé ) lui était particulière-
ment consacré , et dans nombre de
monuments il l'accompagne et la re-
présente.
SATI, la même que Malianatma,
et par conséquent que Mahabhoiita,
qu'Hiraniagarbha, que Brahmà, etc.
Saîi veut dire la vérité, la vie.
SATIAliHAMA, une des Naiikas
(les huit épouses favorites) du dieu
hindou Vichnou-Rrichna , disputait
sans cesse son cœur a Roukmini. C'est
elle qui engagea son lumineux époux
à combattre Indra pour lui enlever
l'arbre de la sagesse, et le planter '
dans le jardin de Satiabhama. C'est
elle qui , excitant le courroux de
Krichna contre les fauteurs du sivaïs-
me, lui mit les armes h la main contre
tous les pirents de Rnukmini (llouk-
mi, Djaracandha, etc.). C'est elle qui
f;iit avec le fils de Dévaki le tour de
l'Inde, de la terre et des cieux, et
qui , pour voir le fort aux sept en-
ceintes qu'occupe ]Naraka ou Bhou-
macoura, détermine la guerre dont
le résultat est la mort du géant aux
cinq têtes et la prise des sept forts.
C'est elle enfin qui , lorsque la terre ,
(Blioumi) éplorée se jette à ses pieds,
et lui olfre un riche collier de pierre-
ries, la suppliant d'intercéder en fa-
veur de son p<'tit-fils auprès de Krich-
na, parvient sans peine h obtenir pour
le jeune filsde Bhouraaçourale trôno
dont son père vient d'être dépouillé
eu perdant la vie. — Satiabhama était
la fille de Saliadjit dont l'article suit.
SATIADJIT , sage ou prince hin-
dou des environs de Douaraka , était
un adorateur du soleil, et en récom-
pense de sa piété reçut du dieu une
4*4
SA.T
escarboacle magniSque. Kric^na l'a-
perçut, et lui lit entendre que cette
pierre merveilleuse lui plaisait : Sa-
tiadjit feignit de ne pns comprendre
les phrases ambiguës et claires pour-
tant de Krichna, rentra dans le palais
et confia le joyau a son frère Praçana.
Non moins enchanté que Krichna de
la beauté! de Tebcarbouclc et moins
délicat dans le choix des moyens,
Praçana la cacha dans les replis de son
turbau , partit pour la chasse, et ne
revint pas. Satiadjit accuse sour-
dement Krichna. Soudain le fils de
Dévaki, pour se laver d'un soupçon
outrageant , s'enfonce avec Satiadjit
dans les bois parcourus par l'raçana ,
parvient dans la grotte de Djambavan
que d'abord il combat, et avec lequel
ensuite il forme amitié, épouse Sa
fille Djambavali , et retrouve Tescar-
boucle qu'aussitôt il remet h Satiadjit.
Le sage, dans l'excès de sa joie, lui
confie le trésor le plus cher qu'il pos-
sède après l'escarboucle, sa lille Sa-
tiabliamaqui fut une des huit épouses
favorites de Krichna. Plus tard, l'es-
carboucle causa le meurtre de Satia-
djit, et divisales deux frères Bala-Ra-
ma et Krichna, qui jusqu'alors avaient
été si unis. — L'escarboucle de Sa-
tiadjit est évidemment le symbole de
la richesse, source de dissensions et de
guerres : son éclat réfléchit celui du
soleil j c'est comme un soleil terrestre
et même tellurique, car quand elle est
dans les mains de Satiadjit, dans le
turban de Praçana, dans la grotte de
Djambavan, elle n'élincelle pas seu-
lement k la surface de la terre , elle
étincelle dans ses entrailles mêmes.
Du reste sur la poitrine de Vichnou
étincelle un antre diamant, Kastrala,
«ne des productions de la mer de
lait. — Praçana semble transgangé-
tique, et comme tel reviendrait à
Siva, Içania, Pra-Içana.
SAT
SATIATRATA, radjah hindou,,
régnait h l'époque où le fort démonfj
HaVagriva, profilant du sommeil dej
Brahmà, dévora les Ve'das qui avaient
coulé de sa bouche. Pieux serviteur
de l'esprit qui se meut sur les eaux ,
Naraïana, et même n'ayant que les
eaux pour aliment, Saliavralas'acquit-
tait avec scrupule de ses ablutions
dans le fleuve Krilamala. Tout a coupii
un petit poisson se présente h sa vue,
Satiavrata le recueille , le place dani
un bocal, se promet de le visiter soui
vent. 0 miracle ! au bout de quelques!
heures le poisson a grandi, se trouv(
h l'étroit dans le vase qui lui serl
d'asile. Satiavrata le transporte dans'
une cuve; bientôt la cuve aussi se
trouve trop exiguë. Un étang, un lac,
un fleuve reçoivent ainsi successive-
ment le merveilleux poisson. Salia-d
vrala enfin no peut lui trouver d'ha-
bitation convenable que l'Océan, «En-
core sept jours, 3> lui dit alorsle dieu-
poisson, car évidemment c'était un
dieu, c'était Yichuou , « et tout sera
submergé ! Mais au sein des vaguel
dévastatrices un grand vaisseau t'ap-
paraîtra; entre-s-y muni de toutes lej
plantes, de toutes les graines, accom-
pagné des sept Richis, entouré des
couples de tous les animaux. 3> La pré-
diction s'accomplit. La mer franchis-
sant ses rivages, inonda la plaine,
des nuages immenses versèrent des
pluies qui l'accrurent encore; Satia-
vrata entouré de cadavres allait pé-
rir, lorsque le navire annoncé par
Yichnou s'approcha. Il y entra, et
soudain Vichnou, poisson à taille gi-
gantesque, à œil brillant comme l'es-
carboucle , s'éleva du sein des eaux
décroissantes, tua l'impie Haïagriva,
et recouvra les livres saints. Satia-
vrata fut ensuite choisi pour septième
Menou, et prit le nom de Vivacouala.
SATJNIÈS, IdTyÎKs, chef troyeu
SAT
tué par Ajax TOVlide, élail fils d'E-
iiops et d'une Naïade.
SATOR, un des dieux agricoles
du Lalium , présidait aux semailles
[serere, sw^in s a tum). — On appelle
quelquefois Jupiter hominum sa-
ior atque dtoriim.
SATURIïAS, divinité allégorique,
figure dans les Captifs de Piaule
comme la déesse des parasites.
SATURNE (Satubtjus, en grec
KROTios) paraît h la têle de la religion
composite des Grecs et des légendes
historiques du Latium. Crone ou Sa-
turne eut pour père Ouranos ou Cœlus
(le ciel), pour mère Gé ou ïellus
(la terre); ses frères étaient en grand
nombre. Tous ensemble s'appelaient
Titans; mais vulgairement on fait de
ses frères un seul frère véritable ,
Titan, qui est son aîné; puis une
foule de neveux, lesTitanides. J^oy.
sur l'idée qu'il faut avoir de cette gé-
néalogie l'article Titans. Les aven-
tures de Saturne se groupent en deux
masses, dont l'une grecque, l'autre
italiolique. — Au ciel et en Grèce il
mutile Ouranos a la demande de Gé
sa mère, épouse Rliéa, sa sœur, se
fait céder l'empire du monde par
Titan son aîné, mais h condition de
détruire tous ses fils a mesure qu'ils
naîtront , et d'assurer ainsi l'héritage
du trône a ses neveux ; engloutit, con-
formément au traité, ses enfants mâ-
les dès qu'ils ouvrentles yeux au jour,
dévore même ses trois filles, Junon ,
Yesla, Gérés, et deux fils, Neptune
et Pluton; se laisse enfin duper par
Rhéa qui lui donne une grosse pierre
emmaillotée h la place de Jupiter, et
qui , h l'aide d'un vomitif donné par
Métis, fait sortir vivants de ses en-
trailles les cinq enfants dont elle pleu-
rait la perle; se voit attaqué par les
Titanides, dépouillé du pouvoir et
confiné dans une prison , en sort au
SAT 425
bout de l'année, délivré par le jeune
Jupiter et par ses frères; puis, a pei-
ne réinstal'é dans la place brillante
dont il a été privé , conçoit des soup-
çons contre son libérateur, lui tend
des pièges, cache mal le guet-apens
qu'il médite, el cette fois est irrévo-
cablement chassé des cieux par son
invincible fils. Sur la terre (et en con-
séquence selon l'Italie) THespérie lui
offre un asile. Il arrive en vaisseau a
l'embouchure du Tibre, reçoit un ac-
cueil favorable de Janus, roi du La-
tium, se lait par lui associera l'em-
pire ou lui succède, introduit l'agri-
culture et les lois parmi les farou-
ches indigènes, fait ileurir la paix,
l'abondance, la santé, l'égalité, le
bonheur parmi eux, jette les fonde-
ments de Salurnie sur le Capilole,
et enfin laisse le trône li Faune. Le
règne de Saturne fut l'âge d'or de l'I-
talie.— On pourrait ajouter k ces
deux séries de faits quelques histo-
riettes relatives k ses amours. Ainsi,
par exemple, il se métamorphose en
cheval pour obtenir les bonnes grâces
de la nymphe Philyre, et il donne
ainsi le jour au centaure Chiron ,
moitié homme el moitié* cheval. Une
variante plus jolie le montre sur-
pris par Rhéa auprès de la com-
plaisante Océanide. Pour se dérober
k cet œil vigilant, il emprunte la for-
me d'un rapide cheval, el Philyre fu-
gitive va ensevelir sa honte dans une
retraite obscure. La scène se passe
tantôt sur le Pélion, tantôt dans une
île de la mer Noire. — Saturne, d'a-
près ces deux légendes qui évidem-
ment furent étrangères l'une k l'autre
dans Torigine, est tour k tour un dieu
plus haut que Jupiter même, quoique
Jupiter le dépossède, et un dieu a for-
mes humaines. Sous ce dernier point
de vue , il nous serait facde d'entrer
dans une feule de détails tous pUi§
4a6
SAT
SAT
puérils les uns que les autres. Nous
rechercherions ce que furent les Ti-
tans; quelle race, quel peujile, quel
roi peut être représenté par le nom
de Saturne; en quoi consista la civili-
saliou introduite dans la péninsule
italique par le prince dont nous nous
occupons; quels rapports exi.stenl en-
tre lui et Janus et Picus et Faune et
l'Arcadien Évandre, elc, etc. A no-
tre avis ces questions sont oiseuses.
Nulle phase de la civilisation nais-
sante ne les rattache h un homme du
nom de Saturne. Ce hienfailiur n'est
que la personnalisation de la vie. de
1 art agri.ole. Cet art sublime, c'est
un don du ciel. Quel homme l'a don-
né aux hommes.'' Aucun; c'était un
être céleste. Cet être céleste en appa-
raissant sur la lerre était en exil,
était caché, lalehnl. Son nom ter-
restre, Saturne, n'est autre chose que
sator, le semeur, sala, les semail-
les. Une fois sa mission accomplie, i!
se réabsorhe dans l'essence divine, il
retourne aux cieux, il redevient invi-
sible, et se proroge seulement par une
suite de successeurs humains, ses dis-
ciples, ses apôtres et ses imitateurs.
L'un, Picus, est un volatile aérien,
qui semble sans cesse porter les paro-
les des dieux; l'autre, Faune, est l'air
pur, l'air tiède qui active la fertili-
sation, favorise le développement des
tendres graines, et bonifie les lenla-
tives de l'homme (Fouos, bonus , fa-
vens); un troisième, Evandre, c'est
l'homme bienfaiteur des hommes.
Comp. ici Cécbops, Cad>ius,Osi-
liis, etc. — Quant a cet â^e d'or dont
le souvenir s'identifie h celui du règne
de Saturne, nul doute que l'or ici ne
doive s entendre dans un sens Irans-
cendantal del'or scintillant des astres,
dans un sens subalterne de l'or des
moissons , puis de ces véritables ri-
chesses que l'agriculture accumule dans
les
les greniers des hommes. Ce n'est pal
tout : l'âge d'or aussi émane de l'idée
de temps. A présent nous nous trou
vons reportés au lôle divin el célesl
de Saturne. Yoyons d'abord cominen
les théosophes anciens le compren-
nent. A Crone s'adresse le douzième
dos hymnes orphiques ; là, le dieu re-
çoit les titres magnifiques de père des
dieux et des hommes, d'astucieux
d'immaculé, de puissant, de fort Ti
tan, de producteur et deslrucleu
universel qui lie l'orbe terrestre ave
des chaînes qu'il ne peut briser. D
|)lus , Crone est le père des siècles,
e rejeton du ciel , l'accoucheur de la
nature , l'époux de Rhéa , le vénéra-
ble Proniélliée , le générateur pri-
mordial en circulation , en mouve-
ment dans chaque partie du monde.
Certes ces qualifications sont hautes;
toulef as e'ies ne révèlent pas encore
tout Saturne. 1N'« xisle-(-il pas un
Saturne-planète.'* Oui, sans doute; e
ainsi se dessinent toutes les physio-^
nomies du dieu. Saturne - planète,'
Satiirne-feu, Saturne suprême créa
teur, Saturne-temps, telles sont, avei
Saturne-roi, les quatre parties essea
tielles de l'histoire mythique du pèr
de Jupiter. Toutefois Saturne -f(
s'offre comme le feu-mage , le feu le
cond en prodiges et en maléfices, 1
feu sivaïte. C'est ainsi qu'il est Ti
tan; car dans les mylhologies hindoue;
les Dailias sont des magiciens habL
les; et Siva lui-même, tout créateur
qu'il est, lorsqu'on sait le compren-
dre, passe pour un destructeur : Ou-
gra, Roudra, Sraddhadéva, voilà ses
noms par excellence. Fidèle image de
ce dieu qu'on représente sur le Kailaca,
un œil le feu au milieu du front , un
glaive dans les mains, des dents aiguës
dans la bouche , et le nom de Râla ( le
temps) sur la liste de ses titres, Sa-
turne, tantôt aux cieux (cœli) , tantôt
1
SAT
sur la terre , dévore ses fils et le
monde, mulile avec la cruelle harpe,
pronostique ruine et malheur k qui
naît sons l'influence de i>a funcsle pla-
nète . Sous tous les rapports il s'oppose
k Jupiter plus jeune, plus riant , plus
doux, à Jupiler qui engendre, pro-
duit, conserve, ahmenle, harmonise,
à Jupiter qui, coraiMC planète, pro-
met bonheur et hautes destinées. Sa-
turne eut des analogues en Syrie dans
Bel coupant en deux Onorka et dans
Mo'och sadélégalion: en Egypte dans
F'a dieu-feu et dans Sovk sa déléga-
tion planétaire sinistre. C'est dire
assez qu'en Grèce même il n'est pas
sans rapport avec Vuicain et Mars
(comp. MoLOCH et Sovk). — Nous ne
pouvons quitter Saturne sans dire un
mol des âges tels que les entendaient
les Grecs. Chez presque tous les peu-
ples du monde on a établi k l'avance
de grandes périodes d.ins lesquelles
se trouvent compris les faits anté-
rieurs k l'histoire actuelle de l'hu-
manité, et les faits presque contem-
porains. Dans les pays où la caste sa-
cerdotale était recouimandable par
une espèce de science, ces péi iodes
étaient astronomiques et très-savam-
ment agencées. Il n'en fut pas ainsi
dans la Grèce primiiive, qui se con-
«enta de prendie, sans les préciser
par des chiffres, les résultats de cal-
culs exotiques. La durée du monde
actuel, selon l'opinion vu'gaire, se
Sartageait en quatre périodes ou âges
ésigués par les noms d'âge d'or , âge
d'argent, âge d'airain, âge de fer.
Il est aisé de remarquer que les mé-
taux qui donnent lieu aux quatre épi-
thèles se suivent dans une propor-
tion décroissante. Cette décroissance
est symbolique, elle est le calque li-
dèle de la dégénérescence des hommes,
qui deviennent de moins en moins
rertueux , a mesure que l'espèce hu-
SAT
A27
maine vieillit. L'antiquité, on le roit,
était bien loin de celle opinion aussi
consolante que vraie, « l'espèce humai-
ne peut se perfectionner, et se per-
fectionne tous les jours. » Elle n'ad-
mettait pas même le fait éminemment
philosophique que la vie d'un peuple
se compose d'au moins trois phases,
la croissance, le slalu cjuo , la dé-
croissance qui conduit a la mort. Elle
n'en était pas même encore arrivée à
ce résultat si simple qui confondait
les destinées humaines avec celles
d'un peuple. — Les épilhèles usuelles
de Saturne sont celles de Titan,
d'Ancylomàtis (k esprit recourbé),
allusion k la tranchante harpe et a
sa finesse, de Prologone ou premier-
né. Du reste, k l'époque de l'incré-
dulité grecque, son nom devint un
sobriquet et ne signifia plus que
vieux radoleiir. On sait que Cronide
et Croniôn étaient des surnoms de
Jupiter. De même on dit souvent
Saturnia Juno. — Le culte de Sa-
turne en Grèce fut peu célèbre , parce
que de honne heure il fut exclus de la
liste des dieux olympiques, et peut-
être l'idée de l'exil en Hespérie est-
elle en partie due k cette circon-
stance. Cependant Pausanias parle
d'un vieux temple qu'il avait dans
Elis. On l'honorait aussi a Drépane
en Sicile, où même on se vantait
d'avoir sa harpe, sa faux (drépanon),
tombée sur le globe terrestre, lors-
que Jupiter l'expulsa de la voùle cé-
leste. La Thessalie célébrait en son
honneur une fête dite Pélories, et
dont les détails offrent quelques rap-
ports avec les Saturnales. Pour celles-
ci c'est dans l'It;die qu'on les solen-
nisa, c'est sous l'influence de la domi-
nation romaine qu'elles firent le tour de
l'Europe méridionale. A Rome sur-
tout ou y déployait une magnificence
et une licence sans bornes. Primitive-
4a8
SàT
SAT
1
ment elles ne duraient qu'un Jour (le
1 7 décembre); mais plus tard leur du-
rée s'étendit à trois jours, puis, pnr
l'ordre de Caligula cl de Claude, à
cinq jours. On y ajouta même deux
autres jours ([ui furent appelés .v/^i7-
laria y parce que pendant ce temps
on se faisait muluellement présent de
petites figures nommées sigi/la'^ les
parents surtout en donnaient à leurs
enfants. Pendant les cinij jours des
Saturnales proprement dites toutes
les classes du peuple se livraient aux
festins, aux plaisirs; les maîtres ser-
raient leurs esclaves ii table , et non-
seulement ceux-ci avaient leur franc
parler pendant ce temps, mais nne
amnistie complète devait ensevelir
tout ce qu'ils avaient pu faire sonner
de désagréable aux oreilles des maî-
tres. De la les vers d'Horace (liv.
II, sat. 7), lorsque Dnve veut lui
faire entendre des vérités un peu
dures :
Soit ! par)e,puisqu'piirin de* vieux pâtres il» Tibre
TelTulle bonpItUir.et qu'àRome onestlibra
En décembre
— Les présents qui originairement
consistaient en sigilla furent variés
par la suite. On le voit par diverses
épigrarames de Martial qui, peu con-
tent des cadeaux qu'il reçoit, de-
mande tout simplement h son ami
pour cinq cents francs ou environ
d'argenterie. — Les femmes célé-
Lraient le i'^"' mars, sous le nom de
Malronales, des espèces de Saturna-
les féminines. — On peint Saturne sous
les traits d'un vieillard [barbu , sé-
vère, nu, maigre, robuste, aux yeux
creux étincelants d'un feu sombre.
Un voile couvre ordinairement sa
tête; sa main porte la Larpé fatale
h son père, tantôt simple, tantôt den-
tée ou a forme de croc. Pins tard
ou y substitua la faux, et dans la
çaaiu gauche on plaça un sablier em^
blême du temps. Considéré comme
planète, il a un globe sur la tête.
Dans la période gréco - alexandrine
il est figuré tenant un crocodile,
emblème du temps vorace. Souvent
il est assis sur le trône; quelquefois
il vole dans un char : une sombre n:a-
jesté, la prudence, la dissiniulalinn
profonde doivent composer l'idéal de
ses traits, f^oy. Zocga, JS-iwi. ivp.,
X;More!l, Famil. /•om.,Scliliclite-
groll, Picrr. grav. Qiiehjuefois on
trouve le trône figuré à part (Millin,
Monum. an(. inécl., 1, xiii).
SATYRES (les) , Satvri , sont
dansla mylbologie grecque les paie -
dres de Baccbus. Ils sont en nombre
indéfini et forment, non pas un grou-
pe ou une famille, mais tout un peu-
!)le mythique. — INul doute quedans
a rédaction primitive des mythes
c'étaient des singes ou, ce qui revient
au même, des hommes-singes. Il suf-
fit pour en être certain de voirie
rôle que jouent les suivants d'Ilanou-
roan autour de llama. D'ailleurs les
Satyres ont pour chef de file Silène,
et même s'appellent Sdènes lorscju'ils
sont âgés. Or, la queue caractéristi-
que des Silènes est celle du singe.
Enfin, qu'on pense h l'altitude droite
et ferme des Satyres , et l'on nchè-
vera de se convaincre que c'est chez
les premiers des quadrumanes qu'on
est allé chercher leur modèle. Arri-
vés en Asie-Mineure, puis en Grèce,
les espiègles suivants de P)acchus fu-
rent modifiés. Les singes sont rares
dans ces contrées. Au singe donc on
substitua le bouc, velu aussi, grim-
peur aussi, lascif aussi. Puis tour
à tour en en fit ou des boucs à
station verticale , ou des hommes-
boucs. Dans la première hypothèse,
ils n'ont souvent du bouc que le pe-
lage et les pieds : on y joint de temps
'a autre les cuisses, les jambes , la
SAT
(lueue , les cornes et les oreilles de
l'auimal. Il serait superflu d'ajouter
qu'au mot de bouc souvent on sub-
slitue la chèvre , d'où l'expression de
capripèdes au lieu d'hircipèdes. Ja-
mais pourtant il n'est question de Sa-
tyres femelles, et c'est toujours aux
Nymphes, aux Napées, aux Drya-
des, que les libidineux compagnons
(le Bacchus adressent les brusques
hommages de leur brutale tendreste.
Ainsi se reflète eu Grèce l'union char-
nelle des singes et des Apsaras — Et
néanmoins, en dépit de ce mythe, eu
dépit de celle loi des imaf;iualions
vagabondes , « les dieux n'affeclion-
neut pas la forme humaine, » Non-
nus , le poète dionysiaque par ex-
cellence , affirme que dans l'origine
les Satyres étaient des hommes : Ju-
uon , méconlenle de la néghgence
qu'ils raeltaient a garder Bacchus ,
les métamorphosa en singes. Une fois
transformés en boucs, nos singes dio-
nysiaques tendent à se confondre avec
les Faunes , les Sylvains , les Pans ,
etc. Distinguons les unes des autres
ces peuplades mythiques. Elles se ré-
partissent en deux groupes : i° Sa-
tyres, Silènes; 2" Panisques (ou
Pans), Faunisques (ou Faunes), Syl-
vains , Egipans. Les premiers ap-
partiennent a l'Inde, ils gambadent
autour du dieu modificateur, du dieu
qui donne au monde le teu, le vin ,
la joie bruyante 5 ils dansent, sau-
tent, pélillent, s'enivrent : on croit
entendre en les voyant le froisse-
ment du fluide électrique entre le
taffetas et le verre. Les seconds sont
occidentaux d'origine , ils appartien-
nent a un dieu générateur , à un
dieu qu'on peut prendre pour l'air
(Pan-Chmouu-Mandou), mais non au
feu j ils courent, mais ne sautent pas.
Ils folâtrent avec les Nymphes, mais
non avec la coupe orgiaslique. Il y a
SAT
429
de l'humide dans leurs muscles , et
non des torrents d'électricité dans
leurs nerfs. Ils ont quelque chose de
sylvatique, de montagneux , de pas-
toral dans tout leur être; ils aiment
l'ombre et les larges feuillages. Les
Satyres, au contraire, désertent sou-
vent les monts, les bois, s'agitent au-
tour des moissons blondissantes, fout
voler la jaune poussière des déserts,
et s'épanouissent dans les plaines que
frappe d'aplomb le soleil au zénith.
Du reste, les Pans appartiennent h la
Grèce , les Faunes a l'Italie en géné-
ral, les Sylvains h l'Italie apennine, si
riche en hailiers, en bocages et en hau-
tes futaies. Egipan et Pan ne diffèrent
en grec que comme Pan et Pan-bouc
en français. Les Silèues et les Saty-
res se réduisent eux-mêmes h un peu-
file unique. Dire que les Silènes sont
es vieux Satyres, ou bien les Satyres
sujets a la mort , c'est une distinction
puérile. Le chef des Satyres eiit dû
se nommer Satyre : quand on l'eût
nommé Silène, on donna parfois le
même nom à ses suivants les Saty-
res. Ainsi apparurent deux dénomina-
tions parfaitement synonymes, etque
plus tard lignorance seule s'évertuait
à distinguer. — On donna aux Sa-
tyres une généalogie. Bacchus et
Nicée, selon les uns, Mercure et
Iphtliirae , selon les autres , étaient
les auteurs de leurs jours. La se-
conde tradition est fausse, elle nous
reporterait par Hermès a Pan et aux
Pans. La première offre un détail
analogue a l'historiette d'Erigone :
Nicée était une Na'iade ; Bacchus
changea eu vin l'eau de la fontaine
k laquelle elle présidait, et profita
de son ivresse pour la séduire. — .
Praxitèle avait fait un Satyre célè-
bre par la beauté de l'exécution ; l'A-
napavomène du peintre Protogène
passait aussi pour un Saljre : il repo-
43o
SCA
fiait la flûte a la main. L'Aposcope-
von du peintre Anlipliile élail un Sa-
tyre qui pour regarder aitlour de lui
se foriiiail un auvcnl de ses mains.
On voit encore anjourd'luii qnanlilé
de Satyres dans les bas-relieis dio-
iijsia(|ues.f''oj. Millin,Grt/.w^//*.,
267, 209, 242, 258 , 265, 268,
284, 395, 464, 469, 471.
SALROCTONOS , Ap.jlion. A
Rome il existe deux statues de ce
nom : l'une est dans le Musée-Pio
Ciémenlin , l'autre dans la vil'a Bor-
pbèsc. Lf dieu du jour v est re|iré-
«enié perçant di* sa llèchedcs lézards.
C'est sans doute sur ce groupe ou
8U1 une copie de ce groupe que Mar-
tial a fait répigramme suivante :
Sur ce l»ranl de tu gr;irc idolnlri
Adole-rcnl cl porfulp i-l fcilâlrc,
He vide pas ton carquois inhumain!
Il veut pëiir, mais |>érir de la main.
SAUROS, brigand de' l'Élide, fut
tué par Hercule et enterré sur une
montagne de son nom. Au même lieu
8\'leva un tempie dédié par la recon-
naissance des indigènes h leur libéra-
teur.— Sauras veut dire lézard 5
Saura ^ féminin, a un autre sens.
SAVJTA, Savithi, le Soleil aux
Indes {f^ojr. GaÏatri).
SAZICHES j législateur et même
roi de l'Egvpte , n'est pas compris
dans les listes de Manéthon, d'Era-
lostlièue et de Diodore.
SCA'.IES, la gale, est une déesse
chez Prudence.
SC/EA. Danaïde^ une des portes
de ïroie avait ce nom, elle était re-
marquable par le tombeau de Lao-
médon. — iic^o.y veut dire en grec
situe à gauclie.
SCAMANDRE, dieu-fleuve de la
Troade , avait un temple et des sa-
crificateurs parmi lesquels Homère
nomme le sage Dofopion. Ses eaux
rendaient les femmes blondes : de Ka
SCE
aussi son nom de Xanihe (roux).
Les jeunes filles, la veille des noces,
allaient se baigner dans ses eaux et
lui offrir leur virginité. Quebjuelois le
dieu, flatté de celle offrande, sortait
d'entre les roseaux, conduisait la bai-
gneuse dans une grotte , et la ren-
voyait h son époux initiée par un
dieu même aux mvslères de l'amour ;
c'était uu rare lionneur. On sent que
cette ciojance populaire dut donner
lieu à des aventures. Eschine dans ses
lettres en a rapporté une qui a été
brodée par I.antier dans son voyage
d'Antérior, — Suivant les uns , Sca-
maudre était un fils de Corybas , qui
se précipita dans le fleuve éponyme
dans un accès de délire inspiré par
la mère des dieux (Comp. Atys).
D'autres disent que le Scamandre
jaillit de terre sous les mains d'Her-
cule qui , pressé parla soif, s'était
rais k fouir dans cet endroit. Le Sca-
mandre sort des flancs de l'Ida, trace
une deni-circonférence de l'ouest a
l'est, forme avec le Sinioïs nn grand
marais, puis coule au nord et se jette
en même temps que lui dans la mer.
SCAMAINDRIOS MVheflroyen,
fils de Slropbios , et tué par Méné-
las; 2" Astyanax.
SCAPHJSIAS, antique barde de
la Grèce, chanta le premier Péan oii
fut célébrée la victoire d'Apollon sur
Py bon.
SCtINE, femmedu Milésien Amr-
gin , selon la mythologie irlandaise
vulgaire, n'est au fond que la rivière
même divinisée. Adorée dès les temps
les plus antiques , mais comme féti-
che, elle fui humanisée et incorporée
h l'histoire prétendue lic'roïque de
l'Irlande. On en fil l'épouse du grand
druïde, du chef religieux, duKaiker,
du prophète de l'expédition guer-
rière , du coryphée de la croyance
nouYclte, entiemie des Tualba-Dadanj
I
SCH
et l'on ajouta qu'elle s'était noyée,
ou plutôt avait disparu dans les eaux
de la Sceine, a son embouchure dans
le comté de Keriy.
SCHADAClliPiAOUN , génies
mâles et femelies de la raylliologie
sivaïle , sont chargés de régir le
monde. A la lèle de la seclion fémi-
nine de ce peuple céli-sle figure, la
brdlanle Houniani, qui a le ciel et la
région des astres sous sa protection.
SCHAKA , déesse babylonienne,
comparée k TOps de Laliura , rap-
pelle soit la dénomination générique
de Sakli donnée aux femmes des
grands dieux hindous et aux Matris,
soit la nombreuse série des Saca ,
Sakia, Chaquia , etc., qui sont à la
fois des noms de Pouddha et le nom
d'un grand peuple (les Saces).
SCHKUIUS : 1° chef phocéen , fils
de Périmède (Hector le tua au siège
de Troie) j 2" fils d'Iphite et chef de
l'armée pho -écnne qu'il conduisait u
Troie avec Episirophe, son fière, sur
4.0 vaisseaux. Hector le tua dans la
mêlée qui eut lieu lors de la défense
du corps de Pairocle. Pauopée avait
été sa ville principale , et l'on mon-
trait son tombeau à Anlicyre.
SCHEINEE, ScHOEWEus , père
d'x\talanle la Béotienne et de Cli-
roène, donna son nom a deux villes,
dont l'une en P)éolie, l'antre on Ar-
cadie. Ne serait-ce pas (ju'Alalante ,
l'agile vélocipède , était , en orèce
comme eii Béotie, liée a Tidée de me-
sure? On sait que le schéne était usité
en Perse, en Egypte et en Grèce. On
varie beaucoup sur ses dimensions ,
qu'en Egypte même on fait égales a
3o, k4.5 ou h 90 railles nautiques, se-
lon qu'on parlait du Delta, de la Thé-
baïde ou de l'Egypte moyenne. Quoi
qu'il en soit on trouve un Schériée
fils de Thémisto , et en conséquence
Thébain. On en trouve un autre fils
SCI
43i
de Métaure et d'Hippodamie. On re-
garde l'Athamantide comme le père
d'Àtalante , le second changé en oi-
seau avec ses sœurs et ses parents. —
On donnait le nom de Schœnis k Vé-
nus , soit comme liée de chaînes d'o-
sier {f^oy. LvcoDESMii), soit comme
présidant k des chaînes de ce genre
dont souvent étaient couvertes les
femmes qui se vouaient en son hon-
neur k la prostiluiion. On appelait
aussi Atalante Schœntis et Sc/iœ'
neia Firgo.
SCHK.AI est l'être suprême chez
les Mokchanes (Russie asiatique), qui
lui siicrifient des bœnfs , des chevaux
et de menu bétail dans des lieux iso-
lés, au fond des forêts , et qui lui
adressent des prières en se tournant
vers l'Est. On assure que ces peuples
sont monothéi-tes et ne connaissent
uul'e idole, nulle divinité subalterne.
SCILLOJNTE, SciLHJNTEs, père
d'Alèse, est un des prétendants d'îlin-
podamie. — INotez que douze ou
treize des prétendants d'Hippodamie
meurent , et probablement meurent
jeunes et sans avoir éié mariés.
SCIRES. dieux Solymes , e'taicnt
au nombre de trois, Arsalc, Dryus et
Trosobe. On retrouve k Dodone , à
Phalère, ailleurs encore peut-être, un
Scire {Foy. Sciros). C'étaient sans
doute des espèces d'Anacesonde 'fri-
topators. On dit que leur nom venait
de ce que leurs statues étaient d'une
espèce de plâtre nommé Sciros. Dans
Athènes on appelait Scires des fentes
ou pavillons suspendus sur les statues
des dieux, notamment de Minerve,
d'Hélios et de Neptune. On portait
processionnellement ces pavillons dans
toute la ville.
SCIRON, fils duMégaréenPylas
et gendre de Pandion 11 , disputa la
couronne de Mégare k Nisus , son
beau-frère. Éaque, roi de l'île d'Eu-
432
SCO
bée, fut pris pour arbilre, et décida
qu'à Nisus appartiendrail la royauté,
et que Sciron serait Polémarque.
Dans quelques légendes il a pour
femme la fille d'Eaque , Ëndéis, et
pour fils Egée. Comp. l'article sui-
vant.
SCIRON , vulgairement Scyron,
fils d'Eaque, beau-frère de Télamon,
gendre de Cychrée, roi de Salamine,
aimait beaucoup les tortues engrais-
sées de cliair humaine, et pour mieux
satisfaire ses goûts se tenait dans les
défilés de rocs que baigne la mer de
Salamine , forçait les passants de lui
laver les pieds, et, quand ils avaient
la tête baissée , les précipitait dans
les flots au milieu de son parc de tor-
tues. Thésée débarrassa enfin l'Atli-
que de ce monstre et le jeta dans la
mer, où ses os devinrent autant de
brisants, de rescifs et d'écueils. Quel-
ques mytliographes disent qu'il fit de
ses os un holocauste il Jupiter. —
Bœltiger identifie a tort Sciron et
Sinisj ils n'ont de commun que Tahri-
manisme, le neptunianisme, la trans-
formation du vent fougueux et dévas-
tateur en brigand funeste. — Quand
a la distinction de Sciron de Wégare
et de Sciron de Salamine , nous la
croyons ti ès-peu importante et même
très-peu exacte.
SCIROS, SciRTJs, prophète qui,
dit-on, desservait le bois-temple fati-
dique de Jupiter a Dodone , et qui
dédia dans Phalère un temple à Mi-
nerve. La déesse prit de là le nom de
Sciras ou Scirias.
SGOTA ou SCUITH, la grande
et peut-être l'unique déesse des Mi-
léadhs de l'Irlande, a été travestie
ftar les légendaires en une reine d'Ir-
ande , qu'au reste on est fort embar-
rassé pour localiser dans l'histoire fa-
buleuse de ce pays. Mylhologique-
ment parlant, Scota est mère des Mi-
léadtis, qui s'appelèrent aussi Scots]
et Fins a une époque que nous nel
pouvons préciser. Dès le 5'" siècle, il
est vrai, uous voyons les Gaels irlan-
dais porter le nom de Scots: «mais,'
dit W. d'Eckstein, rien ne prouve que
ce nom ne soit pas plus ancien 5 caries
historiens, et même les géographes j
de% temps antérieurs , disent à peine
quelques mots de la population do
l'île. » Du reste, ou soupçonne que lai
f)ériode des Scots fut la période hril-
ante , la période héroïque de l'Ir-
lande , ou du moins des Miléadhs.
l'armi les rois de ces conquérants de
l'île d'Erin se distinguent, à la suite'
de Miless Spain , Fenius Farsa ,
puis Gaoidhal, puis enfin Ebir Scuitz,
dont on a fait Hebcr Scol. Ainsi sur
le trône de Miless s'assied et brilU
Scuith, c'est dire en d'autres termes
que les Miléadhs assument le nom de
Scuiths ou Scots 5 mais reste toujours
la question majeure : pourquoi.^ — -
Ajouterons-nous que ces savants, qui
ont fait de Fenius Farsa des Phé-
niciens, de Gaoidhal des Gétules, de
Bath des Bithyniens , de Miless des
Milésiens, etc., ont vu dans les
Scuiths des Scythes V — N. B. Le-
nom de Scuiths ou Scots passa de
l'Irlande à l'Ecosse lorsque les guer-
riers illandais conquirent cette partie
septentrionale de la Grande-Breta-
gne sur les Calédoniens 5 ils lui im-
posèrent le nom de Scotia , et plus
tard les moines Scots , entretenant
le feu sacré des sciences, donnèrent
une célébrité européenne à ce nom
importé de l'élrani^er.
SCYLLA, personnification ahrî-
manique des brisants de la mer de
Sicile avec leurs bruyants tourbillons
et leurs vagues qui semblent béer ,
passait ciiezles Grecs pour une nym-
phe charmante aimée de Glaucus et
sensihle à sa tendresse. Cirçé , irri-*
I
SCY
tée de Templre qu'elle avail sur le
cœur du dieu verdâlre , jela un mé-
lange magique dans la fontaine a la-
quelle présidait la nymphe. A peine
Scylla y fut-elle entrée qu'autour de
ses hanches s'agitèrent six têtes ,
aboyèrent six gueules horribles 5 à
ses jambes délicates s'étaient substi-
tuées siï paires de pattes aux griffes
rétractiles. Epouvantée , frappée de
délire a la vue de celte affreuse mé-
tamorphose , Scylla courut au bord
de la mer et se précipita dans le dé-
troit qui porte aujourd'hui le nom
de phare de Messine 5 mais là elle
De trouve pas la mort qu'elle invo-
que : son cri rauque et guttural se
prolonge en épouvantables aboie-
ments ; ses chiens jappent autour de
ses flancs et font bondir sur la sur-
face des eaux des houles fougueu-
ses. A l'aspect de ces chiens , cein-
ture hurlante, les nochers pâlissent.
— En développant diversement l'i-
dée de Scylla, les uns lui donnèrent
six cous, six têtes ; d'autres se con-
tentèrent de placer ces six têtes mon-
strueuses autour de ses flancs. De la
tête au bas des vertèbres lombaires,
disent-ils, Scylla est d'une beauté ra-
vissante; le reste du corps se com-
pose de parties hétérogènes ; l'abdo-
men rappelle celui du loup, sinon par
la forme, par sa puissance dissolvan-
te j les extrémités inférieures, renfer-
mées dans une gaîne conique , sont
pisciformes, et une caudale horizon-
tale , comparée souvent à celle du
dauphin, présente le grotesque amal-
game du poisson et du cétacé. —
C'est a tort qu'on explique la fable
de Scylla par quelque navire-cor-
saire , ou par les formes bizarres
qui souvent étaient sculptées ou pein-
tes à la proue des navires. — Scy-
laXj en grec, revient a Catulus, et
peut-être Scylla signifie chienne, La
J.V.
SCY
43î
place h laquelle on suppose les chiens
de Scylla s'accorde bien avec la hau-
teur relative a laquelle arrive la tête
d'un chien ordinaire qui se dresse obli-
quement sur ses pattes de derrière
pour flatter son maître. — ^La mer si-
cilienne, environnée de volcans, semée
d'îlots délicieux, traversée k tout in-
stant par les Tyrrhènes, et si riche en
belles aurores , en magnifiques cou-
chers du soleil, en nuit calmes et ra-
dieuses, était pour les Grecs le ber-
ceau de la magie, Là Circé , Calyp-
so, Parthénope, habitaient des lieux
pleins de leur puissance ; là Vulcain,
dans ses forges , changeait le fer en
gaze invisible ,' là jouaient les Arimes;
la Daphnis , Acis , se livraient k de
fantastiques amours; là Glaucus, s'iu-
corporant k la fois au vert des prai-
ries et au vert des flots sonores,
étale avec orgueil ses belles nageoi-
res, ses écailles , luisant miroir , ses
formes subrondes, anguleuses, variées,
toujours belles. Eau, air, son, écho,
amour, magie, bruissement lointain
des vagues qui meurent, tout se mêle;
c'est le monde des Sirènes. A ces ma-
giciennes qui tuent par la joie s'op-
pose naturellement la magicienne hi-
deuse , c'est Scylla. — Deux autres
Scylla sont : 1" une Danaïde; 2° la
fille de ]Nisus, roi de Mégare. Eprise
de Miuos , roi de Crète , lorsqu'il
vint mettre le siège devant sa ville
natale, elle alla pendant la nuit ar-
racher de la tête de son père le che-
veu d'or auquel tenait la sécurité de
Mégare, et le donna au conquérant.
Minos ne la paya que par le mépris,
et les dieux la changèrent en alouette.
SCYPHIOS, cheval que Neptune,
d'un coup de trident, fit jaillir du sein
d'une pierre. — - Scyphios et 'itt-xoç
(d'où 'i-vTnoi) sont-ils sans rapports?
SCYT ALOSAGITTIPELTIGER ,
Hercule dans Tertulliea. Ce père a
28
434
SEF
voulu dans ce mot rassembler tous les
attributs d'Hercule : massue ( inti-
ruXoi ) , flèche ( Sagitta ) , bouclier
iPelta).
SCYTHE , Scythes , est un des
trois fils qu'Hercule, au milieu des
contrées hyperborécnnes, eut de la
monstrueuse Ecbidna. Les deux au-
tres sont Gélon et Agatliyrse. Il est
clair que Scytbes ou Srylhe est la
personnification des peuples Scythes ;
mais cette luear ethnographique n'in-
dique rien sur l'affiliation et la pa-
renté des races du Nord ,* elle n'ap-
f)rend pas même si au fond de celte
égende il y a quelque chose d'indi-
gène , d'asiatique , d'byperboréen.
SCI THON avait , scion Ovide, le
merveilleux privilège de changer de
«exe autant de fois qu'il le roulait.
SEF ou SIFIA, déesse Scandinave
et femme de Thor. On lui donne vul-
gairement le nom de déesse aux beaux
cheveux. On distingue quelquefoisSi-
fia de Sef en faisant de celle-ci la
prêtresse de celle-là.
SEFENDOMAD ou ESFEN-
DARMAD ( quelquefois Sapando-
MAD ou Espendamar), quatrième
Amchasfand parsi , passe pour déesse
et pour fille d'Ormuzd. C'est elle qui
}»reside à la terre , pour laquelle on
a prend quelquefois, et à l' agricul-
ture, dont elle donne les leçons.
Sage , bienfaisante et pure , elle
donne le courage aux hommes , les
douces chaleurs à la terre. Lorsque
Kaïoraorts expira blessé h mort par
Ahriman, c'est à Séfendoraad que fut
confié le soin de veiller sur le suc
prolifique qu'épanchaient les flancs
fle l'homme typique, et dont devait
au bout de dix ans sortir le Reivas
aux dix couples humains. Le dou-
zième mois lui est consacré, et pen-
dant ce mois règne par toute la terre
«ne chaude température. Le cin-
SEI
quième Jour du mois «nssi est sobI
sa protection. Elle a en tête le grand
Dev Aslouïad. Séfendomad se trouve
aussi sur la liste des Gahs ou des Ga-
lbas ( jours intercalaires ), A nos
yeux elle n'est là que comme émana-
tion ou délégation de l'Amchasfand ;
mais il ne serait pas étonnant qu
quelques autcursdislinguassent l'A
chasfand de l'Jzed. On l'invoq.
avec Behram. Préside-t-elle au tro
sièmc jour ëpigomène ou au
quième? c'est nue question. On pe_
voir, t. m du Zend-Avesla de
Kleuker {Gcbr.,% X), les Tavifs ou
prières-amulettes qu'on lui adresse.
SEGESTE , la même qu'Égeste,
filledu Troyeu Hippotès, avait été ex-
posée par son père dans un vaisseau
de peur qu'elle ne fût désignée par 1
sort pour être livrée au colosse ma '
que Neptune avait envoyé contre .,
Troade pour punir Laomédon. S^.
geste aborda en Sicile et y épousa 1
fleuve Crinise , qui , pour la conqu^.
rir, avait combattu successivemon
sous deux formes différentes , celïi
d'un taureau et celle d'un ours. El
eut de lui deux fils , Éole et Acesl.
— Selon Denys d'Halicarnasse , sli
geste avait pour père un noble Troye
3ui s'était attiré la haine de Laom
on. Le roi de Troie lui fil ôter
vie ainsi qu'à ses fils, et vendit sa
filles à des marchands. Ségeste plu
à un jeune homme , passager dans I
▼aisseau d'un de ces trafiquants ei
chair humaine : l'acheter, l'épouser
la conduire en Sicile , fut pour ce
amant l'afiaire de quelques jours,
SEGETIE , Segetia (et quelque-
fois Ségeste), déesse champêtre du
Lalium, présidait surtout au blé dans
Iç temps de la moisson. On l'implo-
rait afin d'obtenir d'abondantes re'-
coltesfiVeg'Ci', moisson).
SEIA, déesse agricole du Lalium,
I
SÉL
veillait a la conservation des blés en-
core enfermés dans le sein de la
terre.
SEIS, Nymphe, amante ou femme
d'Endvraion, et mère d'Etole.
SEIT, l'Aliriman des Lapons. Les
sorciers, favorisés par son influence
sinistre, portaient dans la langue des
Lapons le nom de Seit. On voit même
dans la mythologie Scandinave la plus
terrible des magies s'appeler Seidour.
SEK.ET , troisième Décan du Bé-
lier selon Saumaise (duann. clinia-
ter.), porte dans la nomenclature de
Firraicus le nomd'Asentacer. Comme
Chonlaré, Seket , dans le Zodiaque
rectangulaire, est assis sur le lotos
dans la posilion symbolique du soleil
levant ou du soleil nouveau : comp.
Chontaré et voy. l'art. Diîc.ahs.
SÉLAMA.ÎNE , Jupiter syriaque.
Ce nom se trouve sur une inscription
découverte près d'Haleb vers la fin
du 17** siècle. Peut-être était-ce une
espècede Knef-soleil(Knef se nomme
Amoun, et Sel..., Sal... , Sol...,
indiquent éclat , lumière ). Comp.
AlWAIïE.
SELECTI {d'élite), huit dieux
qui , joints aux douze Consentes, en
portent le nombre a vingt. Celaient
Genius , Janus , Saturne, Bacchus,
Plnton, le Soleil, la Lune, Tcllus.
SÉLEMNE ou SÉLIMNE, jeune
homme de l'Achaïe, aima la nymphe
Argyre, lui fit partager sa tendresse,
puis fui abandonné par elle. Les dieux,
touches de pitié , le métamorphosè-
rent en fleuve ; et sous cette forme
nouvelle il ne cesse d'aller chercher
la fontaine a laquelle préside cette
nymphe inconstante. On ajoute que
dans la suite il oublia l'infidèle et que,
depuis ce temps, son onde possède le
privilège de faire perdre tout souve-
nir de leur amour a ceux qui la boi-
vent ou qui s'y baignent.
SÉM
435
SÉLENE (la Lune), fille d'Hy-
périon et de Rhéa , avait pour frère
Hélios (le Soleil) , qui se noya dans
l'Eridan. A cette nouvelle elle se
précipita du haut du palais. Tous
deux furent changés en astres. Les
Atlantes surtout leur rendaient de
grands honneurs. — Cette fable, vi-
siblement de même origine que celles
de Phaéthon et des Héliades, n'a au-
cun besoin de commentaire {f^oy.
Hélios).
SELINONTE , Selinus ( gén.
-nuntis), 2e><voyf(g. owhtoî-), fils de
Neptune, fut père d'Hëlice.
SELR ou PSELK , déesse égyp-
tienne , était adorée , conjointement
avec Thot-Hermès , à Pselcis , au-
jourd'hui Dakke, dans la Nubie. C'est
Champollion jeune qui a donné le
premier ces indications. La seule fi-
gure que l'on connaisse de Pselk vient
des environs de Babylone, près de
Memphis, et a été donnée, i" dans
la Desc. de l'Eg., Ant., PI. vol.
V, pi. 23, 1; 2" dans le Panth.
ègypt. ; 5' dans les fig. 179, 175
a, pi. Li, t. IV de la trad. fr. de
Ci'euzer. — La déesse porte sur la
tèlc un scorpion, et dans ses mains la
croix ansée et lo sceptre a tête do
coucoupha, emblème des dieux bien-
faisants. Non loin d'elle , dans le
même monument , se voit une autre
figure de déesse qui ne diffère d«
Pselk que par la substiluliond'un vase
au scorpion. Que représente cette fi-
gure , évidemment en rapport avsc
Pselk? Est-ce Pselk même? Le vase
est-il un Canope, emblème du Nil, ou
bien est-il l'emblème des eaux rafraî-
chissantes de l'Amenti? L'avenir seul
peut jeter quelque jour sur ces ques-
tions. — • Comp. Omset.
SÉMÉLÉ, mère de lîacchus, fut
une des quatre filles de Cadmus et
d'Harmonie, Jupiter , épris dt- ses
28.
^
436
SEM
cbanucs , la séduisit bieulôt. Junou,
instruite de cet amour, emprunta la
taille, les formes de la vieille Béroé,
uourrice de la princej^se. alla trouver
Sémélé, laissa percer dans sa couver-
sation des soupçons sur le véritable
litre du séducteur , cl lui conseilla
d'exiger de son amant qu'il lui appa-
rût dans tout l'éclat de sa gloire. Sé-
mélé obéit, et Jupiter avaul juré par
le Styx de lui accorder la première
grâce qu'elle lui demanderait , fui
forcé d'apparaître ii ses jeux armé
de la foudre, ceint d'éclairs , et dar-
dant au loin des traînées de flammes.
Sémélé , consumée , ixpira siir-le-
cbamp^ vile était enceinte. Le dieu,
désolé, arracha de son sein le tendre
fœtus et l'enferma dans sa cuisse. Sé-
mélé, aprèssamort apparente, mouta
aux cieux , et quelques mjlhograplies
donnent à la couronne d'Ariadue le
nom de couronne de Sémélé. Une
tradition fameuse la montre allant
d'abord aux enfers 5 mais là fiacclius
vient la délivrer et lui ouvre le che-
min de l'Olympe. Des légendes , pé-
lasgiques sans doute , racontent au-
Ireraeul la mort de cette princesse.
Cadmus, dit-on, s'éfant aperçu de sa
grossesse, la fit jeter h l'eau dans un
coffre 5 les eaux portèrent ce fragile
Latelet sur la plage de Brajies , en
Laconie. Les habitants de cette bour-
gade l'ouvrirent et y trouvèrent près
d'une femme morte dans les douleurs
de l'enfantement, Bacchus , à peine
âgé de quelques heures. Très-rare-
menlou voit Sémélé amoureuse d'Ac-
téon, son beau-frère ; Jupiter la fou-
droie en punition de son infidélité. —
Sémélé , dans les cultes mystérieux
de la Grèce , fut une haute déesse.
Un hymne orphique la qualifie de
reine universelle, de belle, de Nym-
phe aux boucles gracieuses, etc., etc.
DansPindare, elle rècïne sur les om-»
SEiM
bres, et une grande autorilc lui a éll
concédée par Jupiter. Elle règne dai
les cieux, converse avec Diane et Mi-
nerve, et mange à la même table que
Mars, YénuS , Mercure et Jupiter.
— Une pierre gravée , décrite par
lieger, contient ces mots : « Les gé-
nies trenib'ent au nom de Sémélé
Ou lui donne quelquefois le nom
Thyoué , qui i appelle Dioné , etc.
Ajoutons que ses trois sœurs figu-
rent comme nourrices du dieu dont
elle estla mère, et que Thèbes , ca-
fiilale de la Ijéotic, Thèbes, si pro-
ondément pélasgique , leur sert h
toutes de berceau. En allant plus
loin, on verra que ces sœurs de Sé-
mélé sont toutes les trois des Bac-
chantes, et toutes les trois de furieu-
ses exterminatrices : sous leurs coups
périt IV'uthée. D'aulrc part , Ino ,
l'une d'elles, est victime à son lonr :
elle va mourir sous les coups d'A-
thamas , et alors elle se précipite
dans la mer , dont elle devient une
divinité.
SÉMEINDOUIN, Briarée des Per-
sans, comptait ses bras par centaines
et ses mains par milliers. D'autres
donnent exactement le nombre de ses
mains cl eu comptent mille et une. Il
fut tué par Kaïomorts.
SEMFOUKRAT, SEWPHorKBA-
TEs , :S(fA(ÇovKft)ir>is , divinité égyp-
tienne dont Eralosthène a rendu le
nom par celui d'Ilercule-HarpocrAte
{'HptcKXîfs ' Af^ûx.pâry,s)- Pour com-
prendre ce que signifie une telle jonc-
lion de mois, une telle fusion de per-
sonnages , il faut se rappeler que
Djom, Djem ou Sem, dans les systè-
mes sacerdotaux de l'Egypte, repré-
sentait l'Hercule ( dieu-soleil vain-
queur) du culte grec transcendautal.
SEMIINA , déesse latine des se-
mences (Senicn).
SEMITALES, espèces de Lares,
m
SEN
présidaient aux sentiers (semiloi).
SEMONES (prétendue syncope ou
conlracùonds semi'homines), hom-
mes divinisés dans la religion du La-
tinm 5 ils étaient fort nombreux.
Spangenberg {de veier. Lnt. rel.
dont., p. 62) les a groupés en table
généalogique.
SENIUS, dieu latin de la vieil-
lesse ( senior, vieux).
SENSAOPHIS ou SEMSAO-
PHIS, 'Sifitrûo^tç, figure comme sei-
zième dynaste dans lelatercule d'E-
ratostbène, qui ne donne pas Tinter-
prélalion de ce nom égyptien. Pro-
])ablement le sens du motSemsaophis
a quelque rapport avec celui du roi
précédant Saopliis , qu'EratoslIiène
rend par cbevelu, ou inaicliand. Sem
est, comme on peut le voir , un des
noms égyptiens d'IIercide. Mainte-
nant, à quel Uécan rapporter le roi
Semsaopliis ou Sensaofi ? C'est ce
qti'indique le tableau acnexé à Tart.
DEC ANS.
SENTACER , un des Irenle-six
Décans de Firmicus , qui le donne
comme le premier du Scorpion , et
<|iii, par conséquent, en fait le syno-
nyme du Slocbnéné de Saumaise,
semblerait plutôt devoir être identi-
fié au Clionlaré, dernier Décan de la
Balance suivant le même. En effet ,
les d^ux noms sont essentiellement
identiques (/^oj'. Chontare), Tou-
tefois on croit reconnaître quelques
vestiges du nom de Senlacer dans la
légende hiéroglyphique qui accompa-
gne ce personnage dans le zodiaque
rectangulaire de Tentyra [J^oy. Gui-
gniaul, trad. de Creuzer, t.IV, expl.
de pi. XLIX, 192). Quoi qu'il ensuit
des trois Décans du Scorpion, le pre-
mier seul a la forme humaine dans les
deux zodiaques tenlyriques, le second
étant un autel, et le troisième un cy-
nocéphale assis. Au lieu de sceptre à
SEP /,37
tèle de couroupha, Senlacer, dans le
zodiaque rectangulaire , porte le bâ-
ton augurai 5 dans le circulaire, il est
de profil, et sa configuralicn très-bi-
zarre rappelle et Fta et Terme (/^.
ces noms). Du reste, dans l'un comme
dans l'autre, sa main droite tient le
van mystique, et le pchent décore sa
tête. Quant a la localisation de Sen-
tacer dans lelatcrculed'Eratosthcne,
/'^oy. DiicANs,
SENTIA, déesse latine protec-
trice de l'enfance. Oa l'invoquait sur-
tout comme inspirant a la jeunesse de
bons sentiments.
SENTINE, Sentinus , dieu la-
tin, était censé donner la sension à
l'enfant qui venait de naître. N'était-
ce pas la aussi la véritable fonction de
Sentia?
SEPT CHEFS ( les ) , d "Kttt:,,
sont, dans la période héroïque de la
Grèce , les Sept princes coalisés qui
marchèrent contre Thèbes pour v ré-
lal)|lir Polvnice sur le trône usurpé
par Etéocle, sou frère jumeau. Ou
voit, à l'art. Polynice, de quelle ma-
nière cette usurpation s'était consom-
mée, puis quelles mesures prit Poly-
nice, frustré de sa part du pouvoir.
Un hasard inattendu l'avait conduit
en même temps que Tydée , fugitif
aussi, au foyer hospitalier d'Adraste,
qui bientôt de ses deux hôtes fit deux
gendres, et qui jura de leur rendre à
l'un et a l'autre les trônes dont les
avait dépouillés l'iujuslice. Aux trois
princes s'adjoignit bientôt Capauée,
mari d'Évadné et neveu d'Adraste.
Amphiaràs, requis défaire partie Je
l'expédition , voulut en vain se sous-
traire a l'obligation de s'armer; sé-
duite par le don du collier d'Harmo-
nie, Eriphyle , sa femme , révéla au
suppliant Polynice le lieu de sa re-
traite ; Ilippomédon et Parlbénopée ,
frères d'Adraste, complétèrent l'hep-
438
SEP
SEP
tade guerrière , dont Adraste fut dé-
claré le chef. Quelques mythologues
remplacent Adraste parEléocle(Eléo-
clos), Parlhénopéc parMécislée. Am-
phiaràs prédit, avant même que l'ar-
mée quittât Argos, le funeste dénoue-
ment deTentreprise, et recommanda
au jeune Alcméon, son fils, devenger
son trépas par le sang de sa mère.
Arrivés à Némée , les Sept Chefs
commencèrent a éprouver qu'une
étoile fatale présidait à leur entre,
prise :ne sachant oùlrouver deTea»,
ils prient Hypsipyle , qu'ils rencon-
trent tenant dans ses bras Ophelte,
fils du roi Lycurgue , de leur indi-
quer une source; Hypsipyle, pour
les faire attendre moms long-temps,
dépose sur l'herbe le nourrisson con-
fié à ses soins : pendant qu'elle guide
les guerriers au ruisseau désiré , un
serpeni blesse mortellement l'enfant ;
déjà il a cessé d'exister lorsque Hyp-
sipyle est de retour. Les Chefs, té-
moins de son malheur et sensibles h
cette perte douloureuse, instituent
en l'honneur de la jeune victime de
leur imprudence les jeux INéméens ,
et changent le nom d Ophelte eu celui
d'Archémore. Enfin ïhèbes se pré-
sente aux yeux des Argiens; on dé-
pute Tydée au roi de cette ville. Les
propositions ou sommations d' Adraste
sont rejeléesj le perfide antagoniste
de Polyuice en vient même a dispo-
ser une embuscade de 5o hommes
d'élite sur la roule de Tydée. Le hé-
ros leur fait mordre la poussière à
tous 5 ou court aux armes dans le
camp argien , et les Sept Chefs diri-
gent chacun une attaque sur l'une des
sept portesde Thèbesjde semblables
préparatifs ont lieu dans la ville as-
siégée. Eléocle consulte Tirésias sur
les moyens de repousser les assail-
lants : le devin répond que les dieux,
pour accorder à Thèbes cette faveur,
exigent la mort d'un rejeton du sang
des Spartes. Ménécee, en s'immo-
latit, accomplit la condilion imposée
par l'oracle , et le salut de Tlièbes
n'est plus qu'une question de temps.
Bientôt six Chefspérisseut, et Adraste
seul s'enfuit emporté par un coursier
du sang des dieux, Arion. Eléocle
aussi meurt , et par ce trépas préiiia-
turé laisse la couronne K un fils en
bas ftge. Du reste on varie sur les in-
cidents de cette défaite des Argiens.
Quelques mylhographes semblent ad-
mettre que seuls, Eléocle ftPolynice
se battent eu présence des deux ar-
mées qui, simples speclalrices, con-
viennent de laisser le trône h celui des
deux qui terrassera ou qui luera l'au-
tre : les deux frères s'entre-luent (c'est
la tradition qu'a suivie Racine dans
sa Thébaïdc). Es :liyle , Euripide
montrent les six Chefs lues le même
jour dans l'assaut général donné aux
sept portes de la ville. Il y a seule-
ment celle différence qu'Euripide
admet un combat préalable sur les
rives de l'Ismène entre les Argiens et
les Thébains. Enfin, dans Stace , les
faits de la guerre remplissent quatre
jours : le premier jour Amphiaràs est
englouti et les Argiens plient ; le se-
cond Tydée conduit l'armée à la vic-
toire , mais est blessé mortellement
par Ménalippe ; le troisième on se
bat sur les bords de l'Ismène , Par-
lhénopéc et Hippomédon restent sur
le champ de bataille ; le quatrième a
lieu l'assaut , Ménécée se donne la
mort; Capanée escaladelesmurailles,
puis tombe foudroyé; Polynice péril
de la main d'Etéocle, qui meurt eu
même temps; Adraste fuit. Thèbes
délivrée laissele beau-frère d'OEiiipe,
Créon, père du généreux Ménécée,
s'emparer de la régence , donner la
sépulture aux Thébains morts, et
abandonner aux loup» , aux oiseaux
SÉR
de proie, les livides dépouilles des Ar-
giens. Mais Adraste a frappé aux
portes du palais de Thésée 5 les Athc-
niens marclieiit sur Thèbes et forcent
ces impitoyables vainqueurs a révo-
quer un décret barbare. Déjà Anli-
gonc l'avait transgressé pour inhu-
mer Polynice {l^oy. Avtigo7(e).
SEPTEMBRE a élé divinisé par
Ausone sous la figure d'un homme te-
nant un lézard qui cherche à fuir de
ses mains, et environné de cuves, de
tonnes , de paniers de raisins. Les
statues lereprésenlenl presque nu. De
ses épaules tombe une espèce de chla-
myde. Le mois de septembre était
consacré à Vulcain. Il en résulte que
quelquefois on groupe autour des re-
présentations figure'es de ce mois di-
vers objets relatifs au feu; parfois
même on y volt la salamandre, sur
laquelle on sait que courent encore
tant d'historiettes absurdes.
SERA, déesse latine des semailles
{serere, semer).
SEPiAPLS, l.'tpx'^i^, probable-
ment en ancien égyplien Sar-Api ou
Sri-Api) , divinité alexandrine dont
le culte, a partir de la domination
des Lagides, éclipsa celui des autres
dieux de l'Egypte, semble néanmoins
avoir été honorée dans cette contrée,
et principalement a Memphis , avant
le règne desPtolémée. On lui rendait
aussi une espèce de culte dans cette
bourgade de Rhakolis que le génie
d'Alexandre métamorphosa si rapi-
dement en une vaste et opulente ca-
pitale. La statue grossière et informe
du dieu était placée dans une petite
chapelle, sur un rocher voisin de la
mer. Ptolémée I (vulgairement Pto-
lemee Soter), voulant démontrer
victorieusement l'identité des cultes
grec et égyplien, et en même temps
assurer une prééminence religieuse
à la ville d'Alexandrie , qui , dans
SÉR
439
son système, devait être la métro-
pole du culte aussi bien que de la
civilisation, de l'administration et du
commerce , fit dire un matin par ses
courtisans et par les prêtres a ses ga-
ges qu'un jeune homme , un dieu
sans doute, d'une rare beauté et d'une
taille surnaturelle , lui avait apparu
en songe et lui avait ordonné d'en-
voyer chercher sa statue à Sinope.
Des commissaires partent pour la
rive paphlagonienne et reviennent
avec le précieux bloc (Tacite, ^w/.,
liv. IV, ch. 85 et 84) , que l'on in-
stalla solennellement dans un temple
magnifique et daus lequel les collèges
sacerdotaux, déjà imbus d'idées grec-
ques, reconnurent Pluton ; probable-
ment ils proclamèrent en même temps
l'identité du dieu nouveau-venu et de
l'ancienne divinité alexandrine , pré-
misses heureuses du syllogisme par
lequel on prononçait qu'au fond le
culte hellénique rentrait dans la reli-
gion égyptienne , et prélude parfait
de ce syncrétisme si gratuit et si con-
fus, un des caractères de toute la ci-
vilisation d'Alexandrie. Que de ces
circonstances et du silence d'Héro-
dote sur Sérapis(liv. Il, ch. 4-2, etc.)
ou ait prétendu plus tard que ce dieu
ne fût pas d'origine égyptienne ; qu'O-
rigène (c. Cclse, t. I, pag. 6o5,
éd. Dclarue ) affirme formellement
que son culte fut importé eu Egypte
par des mains étrangères; que d'au-
tres (Arislip. et Aristée dans S. Clcm.
d'Alex., Stromat.^ liv. I , § 21 ,
Apollodore, Bib.^ 1. II, ch. i , etc.),
se copiant les uns les autres, veuil-
lent que Séranis ne soit autre chose
qu'un Apis , fils de Phoronée et pré-
tendu fondateur de Memphis, divi-
nisé après sa mort; enfin qne quel-
ques-uns (Raoul-Rochelte, Colon,
grecq., 1. 1, p. 161, 162), pour le-
ver la contradiction apparente qui
44o
SEA
SÉR
1
existe entre deux tradilions , dont
l'une allribue la fondation de Mem-
pbisa Apis, tandis que l'autre (Hygin,
Jab. cxLix, ccLXJLV 5 Lactauce, sur
la Théb. de Slace, I. IV, v. 707)
en fait honneur hEpaplie, rappellent
iju'au dire d'Hérodote les Grecs con-
fondaient Tcgyplieu Epaplie et leur
compatriote Apis; nulle de ces asser-
tions ne nous étonnera , mais nulle
sans doute n'obtiendra notre assenti-
ment : nous concevrons , nous n'ad-
mettrons pas l'erreur ; nous répudie-
rons l'hypothèse d'un Sérapis humain
et plus encore l'hypothèse d'un Séra-
pis étranger a TÉgypti ; soit du reste
Îu'on l'identifie au vieil Apis ou .H
'riopas, soit que l'on aille y cher-
cher le roi gète Carnobula. Nous
dirons : Oui, c'est h l'apparition des
Lagides que se lie la vogue du culte
de Sérapis ; mais, dieu cf culte, tout
existait auparavant: on importa de
l'Asie grecijue un bloc sacré décore
du nom de Sérapis, mais ce nom
était déjà connu ; et si la statue
asiatico - hellénique différait nota-
blement de l'antique effigie vénérée
K Rhakotis, ce n'est pas sur ces dif-
férences que l'on insista : les deux
images furent censées représenter le
même être divin, mais on célébra
l'image étrangère comme douée de
vertus plus puissantes et plus chères
aux yeux du dieu. Se'on un grand
nom])re de prêtres sans doute , l'im-
portation fut plutôt une réimpor-
tation. Au surplus, avant de quitter
ce sujet, notons qu'il y a chez les au-
teurs qui en parlent [Denys le Pé-
riég., V. 255 ; Plutarq., 1° Isiset
Osiris ; 2" Adresse des aiiim.;
Pausanias, liv. I, ch. 18; Macrobe,
Salurn.j liv. I, ch. 7; Orig., cont.
Cclsc, liv. V, p. 257) des variations
assez importantes sur les (u'tails du
fait. Ici, au lieu de Ptolémée Soler,
on nomme Ptolémée II (Philadelplie)
ou Ptolémée III ( Philométor); l^j
c'est de Séleucie ou bien de Memphil
qu'on fait arriver la statue. Mainte»
nanl quel est le vrai caractère de S(
rapis? car probablement nos lecteur
ne sont plus de ceux qui dans unj(
déilé égyptienne reconnaissent et sa4
luent un type grec. Déjà Diodore r«
connaît que, suivant une opinion corii
temporaiue, Sérapis n'est autre qu'C
siris (liv. 1, ch. 35); plus tard, Mar
tianus Capella , dans son hymne au"
soleil, appelle le grand astre le dieu
aux mille noms , Mithra , Amoun,
Adonis, et proclame qu'il est adoré
sur 1rs rives du ]Nil et de Mc-mphis
sous les noms d'Osiris et de Sérapis.
Macrobe [Saturn., liv. I, ch. 19 )
spécialise et en même temps explique
cette assertion en qualifiant Sérapis
de dieu-soleil dans 1 hémisphère inté-
rieur. Les légendes modernes con-
temporaines des Lagides confirment
ce rapprochement : deux statues, dit-
on, arrivèrent de Sinope dans la ville
d'Alexandrie; l'une représentait Bac-
chus, l'autre Sérapis. Or , nous sa-
vons que Bacchus est un des dieux-
soleils du printemps. Ainsi dans la
langue des syncrétistes, qui, soit par
système, soit par ignorance, confon-
daient les idées religieuses de l'Egypte
avec celles de la Grèce , Sérapis et
Bacchus, soleil d'automne et soleil du
printemps, ne sont autres que Séra-
pis et Osiris dans la langue de l'anti-
que et pure théologie. Qu'ensuite
nombre d'Egyptiens aient identifié ou
plutôt confondu les deux personnes
divines; que dans telle ou telle ville
Osiris, dans les sombres demeures,
ait gardé son nom d'Osiris , tandis
que dans d'autres Sérapis n'ait pas
été seulement un Osiris au tombeau,
un soleil automnal et d'hiver, un gé-
nie funèbre, un roi de l'Araenti, mais
SER
bien un dieu puissant hors même de
l'eufer, le soleil dans sa force, le do-
minateur des mondes, le bienfaiteur
et le sauveur de la terre, nous ne
pouvons en être étonnés 5 et s il est
difficile d'en assigner les causes , ce
n'est point parce que les causes de
confusion manquent , c'est parce que
dans l'abondance de ces causes nous
ne pouvons démêler sous l'influence
de laquelle l'Egypte modifia en sens
divers ses opinions sur Sérapis. Mais
si le dieu-soleil, traqué naguère dans
les signes inférieurs, s'élève au rang
de soleil 5 si Osiris au tombeau se
transforme ent3siris; en un mot si
Sérapis devient Osiris, 1 ous compre-
nons qu'il doit s'identifier avec clia-
cun des dieux auxquels s'identifient
soit le soleil , soit Osiris. Aussi
d'abord se confond-il , i** avec le
bœuf Apis ; 2° avec Haroéri. Or }{a-
roéri et Osiris, reflétant en quelque
sorte chacun les trois Démiurges Knef,
Fta, Fré , nous voyons aussi Séra-
pis assumer les caractères de cha-
cun de ces trois êtres : «Qui je suis?>3
répond à Nicocreon , roi de Cypre,
l'oracle de Sérapis j « Je suis le dieu
que je vais dire : la voûte des cieux
est ma tête, la mer est mon ventre ,
sur la terre sont mes pieds , et mes
oreilles sont dans les réglons élhé-
réesj mon œil c'est le brillant flam-
beau du soleil, qui porte au loin ses
regards. 3> A moins de voir danscette
réponse une profession de panthéisme
(et le vulgaire ne peut l'y voir), u'est-
il pas clair que Sérapis à lui seul con-
tient la foule des autres dieux? Il est
Fré , puisqu'il est le soleil j il est
Fta, puisqu'il préside a l'Elher, en
d'autres termes aux divers princi-
pes igné, lumiufux, calorifique du
monde 5 il est Rnef, puisqu'il emplit
et gouverne le monde. Peut-être
même va-l-il s'absorber dans la pro-
SÉR
Ml
fondeur de Tèlre absolu, de l'irré-
vêlé, de l'impénétrable et iraraensu-
rablePirorai, ce Brahm de l'Egypte
(^o^. PiROMi). D'autre part Araoun
et Knef ne sont que deux noms, a
peine deux formes du même dieu;
aussi h tout insfant Sérapis est- il
Amoun. Ce grand Pan, si bizarre-
ment rapproché , tant par les an-
ciens que par les modernes, du t<»
jrSi- (le tout, Tunivers) des Grecs,
ce Pan , qui forme comme la transi-
tion de Piroml a Knef , et qui flolle
sur les limiles de l'irrévélé et de la
|)remière des révélations déminrgl-
ques, est aussi une des individualisa-
tions dans lesquelles on fait rentrer
Sérapis. Climoun (autrement Smoun,
Esmoun) , celte autre personne di-
vine que les Grecs et les Romains ont
comparée a leur Escuiape, élail aussi
une des formes d' Amoun; Sérapis a
donc quelquefois les caractères de
Chmoun. Enfin Amoun ou Knef se
délègue sur la terre danslelSil; Osi-
ris aussi (ce héros solaire, incarna-
tion semi-terrestre de Knef) se reflète
ici-bas dans le Nil , fécondateur sub-
lunaire comme le soleil est féconda-
teur céleste; Sérapis , que nosTe-
cherclies font voir identique et à
Knef et a Osiris , ne pouvait man-
quer d'être pareiflemenl pris pour le
]Nil. Deux autres raisons d'ailleur»
«'adjoignent a celle-ci pour qu'on l'as-
simile au grand fleuve, i" Comme
dieu de l'Amenti, K la fois purgatoire
et asile dé paix et de bonlieur, il
tient en lui et sous sa domination les
eaux purificatoires et rafraîchissan-
tes, n" Comme Climoun il préside
à la santé , et les eaux du Kil pas-
sent dans l'esprit des pieux Egyp-
tiens pour éminemment salutaires;
et comme souvent le dieu-]Nil est re-
présenté sous les formes du dieu-
naia, du dieu-vase Canope, Sérapis
«4»
SÉR
lui-raèiTie descend dans cette forme.
D'autres traits de ressemblance se
firent bientôt apercevoir. Comme
Knef , Amonn ou Pan , comme ré-
gulateur suprême des mondes, il fut
salué des noms d'Amraoïi, de Jupi-
ter, de Jupiler-Ammon , de Jupi-
Icr-Sérapis , de Jupiter de Sinope
(Ziè? lituTTijç) j comme Chmoun on
le surnomma Esculape, et bientôt les
malades alFluèrent dans ses temples
et rien n'égala su renommée mé-
dicinale; comme dieu-soleil il fui
comparé a Baccbus , à Hercule, au
mol Atys, au jeune Adonis , au bel
Apollon, à l'étincelant Béius ou BaaI.
Nous dirons donc en un sens , avec
Creuzer et son traducteur , Jupiter ,
Esculape et Pluton se donnèrent ren-
dez-vous dans Sérapisj quoique en
réalité cette concentration des trois
dieux dans la divinité égyptienne n'ait
pu se faire que postérieurement a l'i-
dentification partielle ou totale de
Knef, Cbmoun et Sri-Api , ou du
moins sous l'influence de cette der-
nière. Quant à l'énoucé primitif, ce-
lui qui fit de la slalue de Sinopo , et
par conséquent de Sérapis, un Plu-
Ion, plusieurs circonstances l'accom-
pagnèrent et l'expliquèrent. L'efiigic
sinopéenne avait trois têtes, l'une de
loup, l'autre de chien , la dernière
de lion ou peut-être de taureau 5 on
pensa aussitôt k Cerbère, ce gardien^
en quelque sorte ce roi du sombre
empire; Pluton, Cerbère, le dieu de
Sinope et l'antique Osiris de Rha-
kolis furent identifiés. Macrobe {Sa-
turn., lÏY. I, cil. 20) voit dans les
trois têtes le passé, le présent et l'a-
venir; k ces trois points de la durée,
Porphyre (dans Eusèbe, Prép. «V.,
liv. 111, ch. 2) substitue trois points
choisis dans l'espace , le levant , le
midi et le couchant. Dupuis, toujours
préoccupé de ses théories astronooii-
SÉR
ques, rappelle qu'au moment oii se
lève Esculape , eu d'autres termes
au matin du jour où le soleil passeaux
régions inférieures, et le soir du jour
où il monte aux régions supérieures,
les points équiuoxiaux se trouvent k
l'horizou et le signe solslicial au mé-
ridien : or, ces trois points cardinaux
sont justement le chien , le lion et le
loup. Le serpent de Sérapis n'est cer-
tainement qu'un serpent inofïensif et
sans venin, comme Kuel-Agalhodé-
mon ; et en conséquence le dieu de
l'Amenti, malgré son aspect serpenti-
forme, n'a rien de commun avec Ty-
phon, l'ennemi d'Osifis. Une fois in-
stallé solennellement dans Alexan-
drie , décoré de la protection de la
dynastie nouvelle, pourvu d'un tem-
ple magnifique et de prêtres opulents,
le culte de Sérapis éclipsa en peu de
temps les autres; tous les dieux anti-
ques virent leur crédit déchoir et
languirent inaperçus dans leurs ni-
ches solitaires. Aux autels de leur
heureux successeur accoururent aveu-
gles et boiteux, malades de corps
et malades d'esprit. Soler ( 1iùT\if ,
sauveur) devint le surnom familier du
dieu donné a l'Egypte par Ptoléraée
Soter. Prédire et ressusciter n'étaient
que des jeux pour cet Apollon-Escu-
lape; les ex-voto encombraient ses
autels ; les places publiques, les ports,
les villes, tout était rempli de monu-
ments, témoins de ses cures merveil-
leuses et de ses étonnantes prophé-
ties. Rien de plus authentique que
ses innombrables miracles, dont la
vie la plus longue serait insuffii;ante,
dit Aristide , pour dresser le catalo-
gue ( Arist. , Disc, sur Sérapis).
Par la vertu de Sérapis , Vespasicn
guérissait les écronelles et rendait la
vue aux aveugles (Tacite, Hist. ^
liv. IV). Les temples de Sérapis se
nommaient Sérapies ou Sérapiums
SER
{itiptniiîu). Dès le temps d'Aristide
l'orateur (deuxième siècle de Tère
chrélienue ), l'Egypte en complait
quarante-trois 5 l'Asie, la Thracc, la
Grèce, rilalie , en avaient aussi un
grand nombre. Dans beaucoup de
contrées ils étaient situés hors des
villes. Athènes lui en dédia un dès
le temps des Ptolcméej Sparte ne
tarda pas a l'imiter , Messène en fit
autant. A Corinthele culte de Séra-
pis était uni a celui d'Isis. Ordinaire-
ment Sérapis est enveloppé de tissus
des pieds a la tête ; c'esi même une
des raisons qui ont fait révoquer en
doute son origine égyptienne. Si l'on
eût songé que Sérapis est un Osiris
au tombeau, un dieu-momie, on eût
trouvé ce fait tout simple , et l'on se
serait épargné des objections super-
flues. Très-souvent aussi un long ser-
pent s'enroule autourdu corps sacré :
il est rare que la tête se dirige vers
le ciel; au contraire, la queue du rep-
tile se replie derrière Vépaule du dieu
et revient se poser dans sa main 5 la
tête descend a ses pieds et effleure le
sol. Tel est le Sérapis gravé dans
Montlaucon et dans Pluche [Hist.
du ciel ^ t. I , p. 171), vieillard à
barbe toufiûe, momie h langes étroits:
le serpent, symbole de vie et de ra-
jeunissement , l'enveloppe en spirale
et forme quatre replis autour de lui 5
dans l'intervalle des quatre anneaux
emblématiques sont semées quatre fi-
gures zodiacales , le taureau, le lion,
le scorpion, le Verseau ; ce sont jus-
tement celles qui correspondent aux
quatre points soisliciaux et équi-
noxiaux. Nous ne connaissons aucune
image qui le représente tricéphale :
la raison en est simple, c'est que pres-
que toutes appartiennent h l'art grec.
Sa physionomie sévère et noble rap-
pelle tantôt Esculape , tantôt Jupi-
ter j quelquefois à ses pieds on aper-
SËR
443
çoît un monstre à triple télé qui rap-
pelle Cerbère (^oj^. Zoëga, Num.
JEgypt. imperatorii , tab. XVI ,
8 5 la médaille est d'Alexandre-Sé-
vère). Dans tous ces cas, la tête du
dieu porte un signe caractéristique,
le modius ou boisseau , emblème bi-
zarre dont le sens n'est point encore
connu : est-ce un hiéroglyphe sacré
désignantle ailomètre? est-ce le Ca-
nope altéré.'* est-ce le symbole de la
fertilité d'un sol où les céréales ren-
dent quarante pour un? ou bien se-
rait-ce une corbeille de fleursde lotos,
emblème gracieax et ordinaire de la
fécondité? On a pensé aussi au cha-
Î)ileau de la colonne corinthienne et
'on a dit : « Il fut un temps où l'i-
mage d'un dieu n'était qu'un fût
de colonne surmonté d'un chapi-
teau 5 quand l'art dégrossit ce long
bloc cylindrique et y fit apparaître
des pieds, des mains, un corps , une
tête, le chapiteau resta en guise de
coilïure. » C est notre opinion 5 et ici
comparez les images des Fta Slylite.
Quelques autres ont cru que le mo-
dius était une des coiffures sacrées des
dieux égyptiens et peut-être le pchenl
modifié. Enfin on a écrit que ce mo-
dius n'est qu'une altération du disque
qui souvent était placé sur la tête des
hautes divinités lunaires et solaires.
Cette conjecture acquerrait un nou-
veau degré de probabilité,.sil'on ajou-
tait en même temps a la tête du dieu
des cornes de bélier telles que les a
fréquemment Amoun. Ces deux cor-
nes avec le disque au milieu présentent
de loin un aspect qu'un dessin super-
ficiel et rapide a pu aisément conver-
tir en modius. Plusieurs médailles
anciennes portent les légendes "HA<of
:s'ipx';T(;y Soleil-Sérapis. Sol-Sarapis
se lit sur plusieurs moyens bronzes de
Dorailien; Jupiter-Sarapis sur de
grands bronzes de Vespasien (Pelle-
444
SER
SER
rin, Méd.. I, p. 224). D'autres por-
tent d'im côté l'iinacre d'Apis et de
l'autre Tiuscriplion : êicZ 2e,3£tT<«r«f ,
du dieu Sérapis. Uu petit nombre
le présente uni aux Dioscures , mais
toujours avec le modius sur la tète
(Scblichlcgioll, Auswahl vorzùgl.
Gctnmen , ^5 , 45). Il paraît (jue
dans quel(|ues inoimmeuls anciens il
était uni à Isis , et ,qu'enlre eux
se lenail Har-Pokrat. Har-Pokrat
aussi se voyait dans les niches à la
porte des Sérapiums. Varron, de qui
nous tenons ce détail précieux , ex-
plirpie ce groupe par le silence que
Ton recommande aux initiés dans les
mptèrcs d'Isis [Lang. lat., 1. IV).
Des modernes y ont vu remblème
d'une loi qui , disent-ils , défendait,
sous peine de la vie, de dire que Sé-
rapis avait été un simple mortel. Pour
nous, il nous semble évident que la
présence dlIar-Pokral dans les Sé-
rapiums indique et achève de démon-
trer ce fait déjà reconnu , que Séra-
pis, identique dans le fond h Osiris,
est pourlaul plus spécialement 0>iris
au tombeau. Languissant et mutilé ,
il rend encore Isis mère j mais le
fruit de ces caresses posthumes est
un dieu languissant et frêle comme
son père, muet et morne comme le
tombeau : c'est liar-Pokrat. Le mu-
Sfe Pio-Clémcntin possède deux bel-
les tètes de Sérapis : la première est
de basalte noir et de dimensions co-
lossales; la seconde est de marbre
Wanc: originairement elle avait sur
Ja tète une couronne de rayons. On a
cru reconnaître un Scrapis dans uu
Canope à tète humaine que décore la
coiffure symbolique des grands dieux,
et dont un ample voile enveloppe
le corps sphcroïdal (Zoëga, Nuin.
-^gypt. imperat., tab. III, 5).
Enfin un bas-reiief du petit temple à
l'ouest de Thèbes {Desc. de L'Eg. ,
^
Antiq.^ pi. vol. II, pi. 5n, fV. 2)
le représente, s'il faut en rroire h
Creuzer. dans une scène éminemment fll
dramatique : un personnage Immain
défunt (uu prêtre?) est prcsenlé par
une déesse à la puissante Salé; en
avant de la déssse une grande balance,
dont Haroéri et Anébu maintiennent
les plateaux en étpiiliiire , et sur le
fléau de laquelle est assis un ryuocé- fll
phale , vivante image de Thot , ac- "■
compagne de deux têtes de sphinx;
devant la balance Thot Ini-niême,
ibiocéphale, armé de la règle dente-
lée sur laquelle sa main droite, mu-
nie d'un stylet, va marquer un nom-
bre quelconque j puis Har-Pokrat,
bizarrement posé sur un sceptre au-
gurai, un monstre au corps de lion et
à la tête de sanglier placé sur nu pié-
destal , une lige de lotos sonlcuant
sur son calice ouvert les quatre génies
de l'Amenli. ministres de Sérapis, un
petit animal dont la tête séparée du
tronc va tomber dans un vase; enfin
le roi de TAmenti (Uadjémeni), assis
sur son tribunal , le sceptre augurai
dans une main, le Iléau ou vase sacré
de Fta dans l'autre, et la mitre sur la
tête. Comp. Siebenkees, Archœol.^
p. i4i ; Yogel , Ptr.suche nh. d.
Rd. dcr yEg., p. 179; Priciiard,
AEgjpl. mylh. ; Maifei, Gcnim.^
t.I, ..
SERGESTE, chef troven , suivit
Enée en Italie , et disputa le prix de
la course navale aux jeux célébrés eu
Sicile pour Tanniveisaire de la mort
d'Anchisp. \'irgile ledonne comme la
tige (le la geut Sergia.
SERGÔWF.R, dieu iakoule, n'est
qu'un rocher énorme an - dessus de
Iakoutsk. On le regarde comme le
souverain des Vents, et on l'implore
par des offrandes.
SÉRIMNER. F. SoERiKNiiR.
SEROCH, lin des 28 Izeds par-
SES
si , préauiail aux eaux pluviales el
à la Icrre. Ou le nomme aussi Tach-
Icr ou Tir 5 pur, saint, vivant, res-
plendissant, telles sont les épithètes
un peu vagues que lui prodigue le
Zcnd-Avesla. Il est sur la terre ce
qu'Ormuzd est au ciel; il habile avec
Hom les cimes de l'Albordj ; il veille
avec Achtad sur les villes et le mon-
de ; il rend la terre grande , purifie
les provinces , protège les hommes ,
Lai les Devs , s'oppose a Echem.
C'est lui qui a révélé la loi aux sept
Kéchvars. On l'invoque immédiate-
ment après Ormuzd. Il préside au
1 7* jour du mois , qui porte aussi le
uojn (le Séroch.
SÉSACH , déesse babylonienne ,
présidait au repos , suivant les livres
sacrés.
SESARA , fille de Celée el sœur
de Triplolème.
SESME , nom commun dans la
nomenclature décanographique de
Saumaise à deux décaus. Sesmé I ,
deuxième décaudu Scorpion, est nom-
mé Téplseuth dans Firmicus. Les
deux Zodiaques tentyriqnes le repré-
sentent sous des formes qui n'ont rien
d'humain. Dans le rectangulaire c'est
une figure composée de quatre bâ-
tons ou barres métalliques, dont trois
placées verticalement sont traversées
horizontalement par la quatrième :
un bras humain , et au-dessus de ce
bras une tête, dominent cette figure.
On présume que l'on a voulu ainsi fi-
gurer l'Aulel, constellation au sud du
Scorpion , et le bras du Serment ou
du Sacrifice. Dans le Zodiaque cir-
culaire le de'can est une tête de cy-
nocéphale coiffée d'un disque qui sur-
monte deux cornes de bouc et placée
sur une espèce de piédestal. Pris pour
im des dynastes du lalercule d'Era-
losthène , Sesmé I peut être, selon
l'hypolhèse a laquelle on se ran-
SIB
440
géra, Myrtée, Semfo, Thyosimaré
ou Biouri. — Sesmé II , second dé-
can du Sagittaire , selon Saumaise
et selon la légende hiéroglyphique du
Zodiaque rectangulaire , porte dans
la table de Firmicus le nom de Sagen ;
il est représenté hiéracocéphale et
cciflé d'un disque. Des quatre hy-
pothèses de concordance entre les
dynastes d'Eratosthène et les décans,
la première l'identifie avec Semfou-
krat, la seconde avec Gosormiès, la
troisième avec Chouterlaure, la qua-
trième avec Moskhéri.
SESSIES, déesses latines, étaient
invoquées lorsque l'on ensemençait
les terres. On comptait autant de
Sessies qu'il y avait de graines (ou
de semailles) différentes.
SETA , sœur du Thrace Rhe'sus,
et maîtresse de Mars. Ici l'on doit
se rappeler que Mars était un dieu
Thrace, et que Rhësu^ était un parè-
dre de ce dieu.
SE VA ( ou SI VA, SIBA) , déesse
slave des végétaux, était surtout ado-
rée par les Varègues , qui la repré-
sentaient tenant d'une main une
pomme , de l'autre une grappe de
raisin. On lui sacrifiait des animaux
et même des prisonniers. Des mo-
dernes l'ont donnée pour fille de Si-
lalce, roi des Goths, el femme d'An-
thyr, contemporain d'Alexandre-le-
Grand et fondateur de la ville de
Magdebourg.
SIBYLLES, Sibylle, iiQûxxcti^
prophélesses de la haute antiquité,
diffèrent des prophélesses vulgaires ,
soit par cette haute antiquité même ,
soit par leur habileté transcendante
dans l'art de la divination, soit enfin,
par leur caractère qui était d'appa-
raître brusquement , capricieusement
et rarement au très-petit nombre d'a-
deptes auxquels elles daignaient se
communiquer. On en comptait dix,
446 SIB
qui toutes sont désignées par la dé-
nominaliou générique de Sibylle et uu
adjectif qui est censé désigner leur
f)a)'8. Voici daas quel ordre \arroii
es classe : la Persique (nommée aussi
Babylonique ou Clialdéenne), la Li-
byenne, laDelpbique, laCuraée, lE-
rylhréenne, laSamienne, la Cuma-
ne (ou Lucauieonc), l'ilellespoutine,
la Phrygienne , la Tiburtine. Quel-
quefois on les réduit a trois, TÉry-
tbréeune , la Sardii-nue , la Guinée
(Solin, Ausone); ou H quatre , TEry-
ihréenne, la Sardicune, la Cumée, la
Saoïienne ( Ëlieu). 11 résulterait de
ces énuniéralious que le nombre des
Sib\lles monte à douze, car celles de
Sardes et d'Egypte ne «ont pas com-
pii.ses clans la première liste; il est
vrai qu'à toute force on pouvait iden-
tifier la Sibylle d'Egypte à celle de
Libye. A la Curaane se trouve par-
fois substituée la Cimmérienne. Se-
Ion l'ausanias, les Sibylles d'Ery-
tbres et de Delphes reviendraient
à une seule. Il est question aussi
d'nne Sibylle troyenne ; mais il veut
que ce «oit une troigième dénomina-
tion de la Sibylle d'Erylbres. i" La
Sibylle persique, babylonique ou cbal-
déenne, £c nommait Saliba ou Sambi-
tbé, nom qui rappelle Siva et Sabaz.
Il reste des vers supposés sous son
nom : elle s'y dit bru de Noé. 2° La
Sibylle libyenne(ou égyptienne?) était
la plus ancienne de toutes celles de
l'Occident , au dire des anciens. Ju-
piter était son père; et celle reine
Lamie, si fameuse par ses appétits
vampiriques , lui avait donné le jour.
On l'a montrée voyageant au loin k
Samos, à Claros, k Dtlpbes. Toutes
ces excursions, sans doute, sont des
traductions libres de ce fait histori-
que vrai ou faux, la divination sibyl-
line passa de l'Afriqi^e libyque dans
l'Asie, les îlea de la mer F<gée et l'Ëu-
SIB
rope gréco-italique : les voyages de
l'art divinatoire devinrent bientôt les
voyages de la devineresse. 3" La Si-
bylle delpbique ne fut sans doute
que la première Pythie de Delphes ;
c'était , dit-on , la fille du Thébain
Tirésias, prise au sac de Tlièbes (par
les Epigones.) Elle fut conduite k
Delphes el consacrée au dieu. Il est
évident que dans cette tradition la
Sibjlle dclphique est Manto. D'au-
tres l'appellent Hérophile, et pour
mère lui donnent cette Lamie qui
vient d'être nommée comme mère de
la Sibylle libyque, et pour père Nep-
tune. Les Muses, ajou(e-t-on, rélevè-
rent sur rHélicon : Apollon avait en
elle une srcur, une épouse. Aussi l'a-
t-on queh|ucfois identifiée k Diane.
On montrait k Délos quantité d'ora-
cles rendus par elle. 4° La Sibylle Cu-
raane (c'est-a-dire de Cyme, en Éo-
lide) se nommait Démo ou Démo-
pliilo (ou dit aussi Hérophile). Est-
ce elle qui alla porter k Tarquin les
livres sibyllins auxquels les Augures
feignaient d'atlacber une haute im-
portance? c'est ce qui nous semble
peu probable, quond on a tout près
du Lalium une Sibylle de dîmes.
Il est vrai qu'en imaginant des
voyages on se tire de toutes les diffi-
cultés. S° L'Erylhréenne, ainsi nom-
mée d'Erylbres (lonie) où elle faisait
dans l'anlre Corycien sa résidence
ordinaire, avait, dit- on, prédit kHé-
cubc la ruine de Troie; elle s'établit
k Marpèse, en qualiié de prêtresse
d'Apollon Sminlhée, passa de cette
ville k Samos , Claros , Colophon ,
Délos et Delplies; puis, revint mou-
rir k Erytbres. On y montrait son
tombeau et quantité de vers, dont
indubitablement c'est elle qui était
l'auteur. On élagua pourtant de celte
belle collection de ses œuvres quel-
q««» vers où ellç citait, comme
I
SIB
sa patrie, Marpèse elle fleuve AYdo-
née. Au resle , Cumes avait la même
prétenlion que Marpèse, et revendi-
quait l'iionueur de lui avoir donné nais-
sance. On voit par ce qui précède ,
qu'au nom de Sibylle d'Érytlires pour-
raient être substitués ceux de mar-
pésienne, troyenne, colopbonienne,
delpbique, déliaque. 6° LaSamienne
se nommait Phylîofou Samouote?) et
Ton assurait avoir retrouvé beaucoup
de ses propliélies dans les archives de
Samos (ne serait-ce pas l'Erylbréen-
ne?). 7° LaCuraane, très-connue sous
le nom d'Héropbile, desservait a Cu-
mes un temple d'Apollon. C'est elle
qui conduisit Enée aux enfers. C'est
elle aussi sans doute , et non son
homonyme d'Asie , qui vint offrir à
Tarquin le Superbe neuf livres fati-
diques qu'elle réduisit à six, puis a
trois. Apollon l'avait aimée^ et en ré-
compense de ses faveurs elle avait ob-
tenu du dieu du jour, avec le don de
prophétiser, autant d'années qu'elle
avait de grains de sable dans la main.
La solliciteuse, en cette occurrence,
oubliait un point essentiel , c'était la
jeunesse : Apollon la lui eût accordée,
non moins volontiers que la longévi-
té. Mais il se garda bien de l'aver-
tir. 8° L'Hellespontine nous est in-
connue; ce que nous savons sur elle,
c'est qu'elle naquit à Marpèse , et
qu'elle fit entendre ses prophéties
du temps de Solon et de Cyrus ( ne
serait-ce pas plutôt que ses prédic-
tions se rapportaient aux guerres de
Cyrus et de Crésus, kl'élablissement
de la timocratie dans Athènes , aux
débals des cités ioniennes, etc. ?) La
Sibylle d'Erythres aussi se localise
puissamment dans Marpèse. 9° La
Phrygienne rendait ses oracles h An-
cyre: n'est-ce pas a celle-ci qu'on
devrait donner pour asile la grotte
Corycienne? 10° LaTiburtine rési-
SIC
447
dait dans Tibur, et y était adorée
sous le nom d'AIbunée; nulle pro-
phétesse plus qu'elle ne s'identifie
avec les eaux : a peine se distin-
gue-t-elle de son fleuve chéri l'Anio
(anj. Téyéroné). Corap. Anna Pé-
KETîNA, EgKRIE, MxJSES, 1\aG1N1S.
SICHEE, SicnEus (on Sichar-
BAs . SiCHARBAAL?), figure daus la
mythologie comme fils de Relus et
frère ou époux de Didon; très-riche,
il fut assassiné par l'avare Pygraa-
lion , son beau-frère ou son frère.
SICINE, SiciNus, naquit dans
l'île de ce nom, de Thoas fugitif et d(j
Sinoé. Sicine adulte fut roi de l'île ,
et lui donna son nom.
SIÇOUPALA, un des adversaires
les plus terribles de Vichnou , était
radjah de Tchédi (partie du Béhar
et près de l'empire de (iikata ) et pa-
rent du vieuxSandhaouDjaraçandba.
C'est a lui que Roukmi destinait sa
sœur Roukmini; mais celle-ci haïssait
le terrible sivaïte : un message de sa
part invite Rrichna, Vichnou terres-
Ire, h l'enlever h sou fiancé dans le
temple même de P)havani , où doit
s'accomplir celte union. C'est effec-
tivement ce qui a lieu. En vain autour
de Sicoupala se sont gi oupés les Kcba-
triias , orgueilleux et belliqueux oli-
garques; le peuple se déclare pour
Krichna qui porte un premier coup
au tyrannique système des castes, jLes
guerriers rugissent de honte et de
fureur; les hostilités commencent:
mais toutes les princesses du sang
royal portent secrètement envie k
l'heureuse Roukmini, et désertent les
unes après les autres les états de
Roukmi , de Sandha , de Sicoupala
et de Dantavaktra pour voler vers
Krichna. Symbolisation connue de
cette grande défeclion des provinces
qui successivement abandonnent le
sivaïsme pour se joindre aux conque*
44»
SID
tes déjà opérées par la doctrine vicb-
nouviennel Après la guerre, un ar-
mistice j après Tarmislice, nouvelle
guerre. Les ennemis de Vicbuou fout
cause commune avec les Kourous;
Krichua au contraire a pris le parti
des Paudavas opprimés. D'effrayan-
tes batailles se succèdent sans rel€\-
cbe. Sicoupala résiste encore quand
tous les autres sivaïtes sont tombés,
et s^oppose aux bonneurs divins qu'on
veut décerner h Kricbna. La lutte
3 ni s'engage alors entre ces émules
e vaillance et de vigueur se termine
par la mort de Sicoupala. Un poème
épique spécial , fameux dans l'Inde,
célèbre cette mort.
SICULE, SicULUs, béros épo-
nyme de la Sicile, ou plutôt du peuple
sicule, était un fils de Neptune.
SICYON, béros épouyme de la
ville de Sicyone qui passait pour la
capitale d'un des étals les plus an-
ciens du Péloponèse, eut de Zeuxippc,
fille de Laomédon, Chlhonophile.
On varie sur son père qui est tour à
tour Maratbon, Méliou ou Erecb-
tbée.
SIDE, femme d'Orion , suivant
quelques traditions, fut précipitée
aux enfers par Juuon jalouse de son
extrême beauté. Sidé a une pbysiono-
mie à la fois aquatique et lunaire. —
Deux autres Sidé furent l'une Da-
naïde, l'autre fille de Bélus.
SIDERO , seconde l'emme de Sal-
monée et belle- mère de Tyro , excita
le roi d'Elis à persécuter sa fille ,
amante du fleuve Enipée, et mère de
deux jumeaux , Pébas et Nélée, Elle
alla jusqu'à la charger de cbaîucs et
à la frapper 3 mais Pélias et Nélée,
arrivés à l'âge d'homme, embrassè-
rent la défense de leur mère, et tuè-
rent cette marâtre. — Sidéros en
grec veut dire fer. Sans doute ce
non) se lie aux Quyrages métalliques
SU
que couvre le mythe de Salmonée (le
pont sonore sur lequel roulait son
char).
SIÉMÊdeSaumaise,SE]NCIINER
de Firmicus, troisième décau du Scor-
pion , est probablement la constella-
tion du cynocéphale élevée au rôle de
décan : c'est du moins ce qu'autori-
sent à croire , i" sa position au sud
du Scorpion j 2° la forme animale
sous laquelle le troisième décan est
représenté dans les deux zodiaques
tentyriles ( un cynocéphale assis) 5 3°
le caractère probable du décan pré-
cédent, Sesnié I , que généralement
on regarde comme la constellation
de l'Autel ( y'oy. Décans et le ta-
bleau de concordance).
SIFÏA, vulgairement Siphoas ,
li^ooLs, figure dans le lalercule d'E-
ratosthène comme trente-cinquième
dynaste. Son nom veut dire (s'il faut
s'en rapporter à la lettre du texte
grec) Mercure fils de Vulcainj mais
probablement des trois mots grecs
(E^yMw 0 ' H(f>ui(rTov) nécessaires pour
rendre cette idée , le premier appar-
tient a une des ligues précédentes ,
k celle qui explique si imparfaitement
le sens du long mot '^KrT<utrtx,îi>f*>}s
(f^oy. Sistosicherme), et les deux
derniers seulement traduisent Si-
phoas. De plus, il nous semble qu'on
doit lire Siphtas au lieu de Siphoas.
On sait qu'aux yeux des Gcecs Phta
était Vulcain : ô 'H(Ç>x/(rrov, 0 <i>èu.
Ramené dans les listes décan ographi-
ques pour y être localisé, Sifta est
ou Cliontaré III , ou Tomi , ou ^_
Abiou des Poissons, ou Théosolk des M
Gémeaux. ^ ■
SIGA , Minerve chez les Phéni-
ciens, Cadmus avait enlevé sa sta-
tue de Tyr , et la plaça comme palla-
dium dans Thèbes. Quoique, selon
toutes les apparences, Siga soit un
mot phénicien, on l'a expliqué par
SIL
le mot sigé , silence. On dit aussi
Singa.
SIGALION, le dieu du silence
selon quelques mythologues^ d'autres
ridentifient à TÉgyplien Har-Pokrat
que Ton représentait le doigt collé
sur les lèvres, et dont la statue était
portée solennellement dans les fêtes
d'Isis et de Sérapis.
SIGEAMI, dieu birman, occupe
dans rindo-Chine le rang d'Indra
dans l'Hindoustan. C'est lui qui lance
la foudre et fait luire l'ëclair; c'est
lui qui veille a l'ordre des éléments.
SIGINIII, déesse Scandinave,
épouse de Loke, est auprès de lui
sur le rocher auquel les Ases l'ont
lié, et reçoit dans un bassin les gouttes
de venin que laisse tomber sur sa tête
un énorme serpent.
SILENCE (le), selon Ammien
Marcellin , était regardé comme un
dieu parles Perses.
SILENE, SiLENUs, célèbre pa-
rèdre deBacchus, passe, dans la my-
thologie vulgaire , pour père nourri-
cier de ce dieu. Selon Diodore, c'é-
tait un roi de l'île de Nysa formée par
le fleuve Triton en Libye. Aussi Ca-
tulle lui donne-t-11 l'épllhète de Ny-
sigène , LXIII, 262. Pindare lui as-
signe pour patrie l'île de Maie dans
laquelle il eut une Naïade pour épou-
se. D'ordinaire ou lui donne pour
père Mercure ou Pan, ce qui revient
a le localiser dans la caste des Egico-
resj Servius, sur Yirgile, le fait naî-
tre du sang d'Uranus, lors de la mu-
tilation de ce dieu par Saturne. Non-
nus, dans ses Dionysiaques ^\S1\,,
260 , en fait un fils de la Terre, et
lui donne trois enfants, Lénée, As-
trée , Moron. — Ceux qui prennent au
sérieux toutes les caricatures antiques
ont fait de Silène un sage , un philo-
sophe consommé , un physicien pour
qui la nature n'avait point de
SIL
449
mystères. Bacchus apprit de lui tou-
tes les sciences , et en conséquence
voulut que Silène l'accompagnât lors*
qu'il s'avança du côté de l'Orient pour
en faire la conquête. Par suite des
mêmes idées, brodant le mythe qui
montre Silène et Midas en relations
d'amitié, on suppose entre le génie
dionysiaque à queue de singe et le
potentat aux oreilles d'àne une con •
versalion philosophique, dont la con-
clusion fut que le sort le plus heureux
de l'homme serait de ne jamais naî-
tre , ou de mourir aussitôt après sa
naissance. Virgile a mis "dans la bou-
che de Silène [églogue vi) une magni-
fique description des premiers jours
du monde. La légende de Silène est
assez riche en événements. Non-
seulement on le montre à la suite de
Bacchus, de plus il conduit les Nym-
phes, les Muses et une foule de génies
à queue de singe , qui , comme lui ,
s'appelèrent Silènes avant de recevoir
le nom de Satyres. On veut que dans
ses voyages il ait rencontré Olym-
pe, disciple de Marsyas, et soutenu
avec ce docte musicien une discussion
non moins savante qu'avec Midas.
Il fut conduit k la cour de ce der-
nier dans un état assez peu philoso-
phique. Des paysans l'avaient rencon-
tré ivre et chancelant sur la roule, au-
tant, dit-on , par son grand âge que
par le vin. Midas, selon la légende
commune qui est plus en harmonie
avec le ton général des mythes dio-
nysiaques, lui fit passer dix jours au
milieu des réjouissances et des fes-
tins, et ne le congédia qu'à peu près
dans l'état où il lui avait été pré-
senté. On ajoute qu'à son retour des
Indes il s'établit dans les campagnes
de l'Arcadie, où il exerça beaucoup
d'empire sur les jeunes bergers et
sur les bergères. Dans la Gigan-
tomachie on voit l'àne de Silène dé-
IV.
39
4So
SIL
SIL
^
cider parles vastes et rauqucs sous de
sa voix la retraite précipllée des en-
nemis des dieux. Ailleurs encore on
voit cet àue reparaître, et empêcher
le nocturne triomphe de Priape au-
près de Vcsta; et depuis ce temps
aux ânes fut adjugé l'honneur de por-
ter les laraprs sacrées de Vesla.
L'ause de ces lampes, ajoule-t-on, se
terminait par une tête d'àne. Plu-
>ieurs traditions font de Silène un
Simple mortel. Pcrgame montrait sou
tombeau. Les Hébreux aussi, selon
Bochart, avaient des tombeaux de
Silènes, et* retrouvent ce dieu grec
dans Siloh. Ou sait du reste nue les
Silènes passaient pour mortels. On
racontait aussi qu'Apollon et Silène
se disputaient le prix de la science
musicale, et que Silène vaincu fut
métamorphosé en fleuve par le dieu.
Ajoutons que presque toujours les
Grecs donnent à Silène ou l'aspect
et les formes bizarres , l'espiègle vi-
vacité du singe, ou la pliy.^ionomic
d'un vieil ivrogne. Une taille ramas-
sée , un nez rubicond , im gros ven-
tre, voilà ce qui d'ordinaire le ca-
ractérise. Souvent confondu avec les
dieux-boucs {Voy. Satyhes) , il a
le front armé de deux cornes : ra-
rement l'àne , sa monture favorite,
ne dresse pas près de lui ses longues
oreilles velues. Silène lui-même a
souvent cet insigne burlesque. Au
reste , soit qu'il marche , soit qu'il
ait recours pour ses voyages aux ser-
vices de son coursier, il a de li peine
à se soutenir. A pied , il trébuche a
chaque instant, malgré le thyrse qui
sert d'appui à sa jambe avinée. Sur
l'àne , il ressemble h un sac de farine
ou a une outre remplie de vin. En
opposition à tant de traits qui provo-
quent le rire, viennent se poser les
rôles élevés que d'antiques données
attribuent à Silène. Il est Musagèle
(conducteur des Muscs); il est ali-
mentateur, et par conséquent gé-
nérateur, ou peu s'en faut; il est le
devin, le chantre sacré. En un sens
c'est presque l'apôtre et le mission-
naire de liacchus : il lui ouvre les
voies, et forme comme son avant-
garde. Ils'idtnlifie à tous les liquides
nourriciers et inspirateurs, à l'eau mÊ
(dans laquelle il se réabsorbo), au vin ■!
3u'il offre au monde sous le nom
'Acrate, au lait qui jaillit sous sa
baguette avec le vin et le miel. L'àne
qui l'accompagne n'est pas grotesque
en Orient comme chez nous. Cet utile
animal ne porte-l-il pas et Priape
et les ministres phrygiens de la mère
des dieux .-' ne iorme-l-il pas la ri-
chesse principale de quantité de tri-
bus de pasteurs.'* ne remplace-t-il pas,
comme vahanam de Bacchus, la pan-
thère aux pieds agiles , le tigre à
l'œil de feu ? Apollon , chez les Hy-
perboréens, était honoré par des
onosphagics; et Bochart ne nous laisse ^1
pas perdre de vue que chez les Phé- ^|
niciens le prophète lîalaam s'avançait
monté sur un âne. Quelquefois on
prend Silène pour Bacchus lui-même :
identification hasardée, sans doute,
si on l'entendait ii la lettre, mais jus-
te , si par là même on entend que de
Bacchus émane Silène. Ailleurs on
trouve Jupiter avec le nom de Silène :
c'est Athènes , dil-on , qui avait ima-
giné ce Zévs-Silénos. Dans Porphyre
on trouve des traces d'un Apollon
(Apollon arcadien ) fils de Silène.
Nulle de ces variantes ne nous étonne.
Nous savons que Siva et Vicbnou sont jll
les éléments de la religion diouysîa- ^'
que. Silène était honoré à Elis où il
avait un temple. Il est souvent re-
présenté sur les monuments anciens
\p^oy., entre autres, Millin, Gai.
myth. , 2 19, 23i, aSy, 2.i2, zHj
263 , a65, 281, 283, ièoi).
SIM
SIMMA , père nourricier de Semi-
ramis, avait trouvé cette miraculeuse
fille de Dercéîo au milieu d'un désert
011 elle était nourrie par des colom-
bes. C'est lui qui donna le nom de
Sérairamis à sa fille adoplive. Ce
nom , assure-t-on , signifiait ^ en sy-
riaque, colombe. Il nous semble pro-
bable que tel était aussi le sens du
mot Siniraa. Quoi qu'il en soit, il est
permis de croire que Simma n'est
point sans rapport avec le Sem ou
Djom d'Egypte , avec le Dcbemcbid
(Achénicne) de Perse, avec Sémélé,
avec les Semones italiques; Vossius
(Gérard-Jean) ajoute avec le pa-
triarche Sem , fils aîné de Noé. La
colombe de l'arche sainte offre aussi
au moins l'apparence d'une confor-
mité remarquable entre lu tradition
hébraïque et la légende babylonienne
(Voy. de orig. et deprog. idolo-
laLr., I, 23 , p. 3o , de l'éd. 1 668
d'AmsIerd.).
SIMOIS, dieu-fleuve, fit, lors du
siège de Troie, déborder ses eaux
unies a celles du Xanlhe , pour s'op-
poser aux succès des Grecs. Tribu-
taire du Xanlhe , le Simoïs n'est
qu'un faible ruisseau. «
SIMOISE, jeune homme né sur
les bords du Simoïs , fut lue par
Ajax le Télaraonide en combattant
pour Troie.
SIMOURGH, oiseau gigantesque
qui, selon les Orientaux, habite les
montagnes du Kaf, consomme pour
sa subsistance les produits de plu-
sieurs chaînes de montagnes, parle,
prêche, enseigne, prophétise , et a
déjà vécu de quatre-viugt-quatre à
quatre-vingt-onze lallle ans. Comp.
HOUFRACHMODAD.
SIMZEIILA, déesse des Slaves,
répandait eu marchant, ou plutôt en
planant dans l'air, un parfum de lys.
Sa ceinture c'iait parsemée de roses.
SIN
45i
Ainsi que Flore, cette épouse de Ver-
tumne , Simzerla était l'amante d'un
dieu du printemps, Pogoda.
SINIS, SlNNlS , SciNlS, SciNNIS
ou ScHiNis , fils de Polypëmon et de
Sylée, ou, selon quelques autres , de
Neptune, est célèbre parles dépré-
dations qu'il exerçait dans l'Af tique,
et par la mort qu'il reçut de Thésée.
H occupait l'isthme de Corinthe.
L'entrée du repaire qu'il s'était choi-
si était semée d'os blanchis, de crânes
humains, de vertèbres disloquées. Tan-
tôt il précipitait les voyageurs dans
les flots qui battaient le pied du ro-
cher, son asile- tantôt il les assom-
mait a coups de massue; tantôt il cour-
bait deux pins aux rameaux gigan-
tesques, rapprochait leurs tiges obli-
ques jusqu'à ce qu'elles se fussent tou-
chées , attachait les bras des victimes
aux deux cimes de ces géants des fo-
rêts, puis les abandonnait h eux-mê-
mes. Soudain les deux tiges redeve-
nues libres se redressaient chacune
eu sens contraire pour reprendre la
verticale, et le malheureux, était dé-
chiré vivant. Thésée, en passant par
l'isthme de Corinlhe, vainquit le bri-
gand et lui fit subir le supplice auquel
il condamnait ses victimes. Périgone,
sa fille, devint la concubine de Thé-
sée. — On présume que Sinis, con-
fondu par quelques mythologues avec
Cercyon , ne diffère pas du célèbre
Procrusle , qui chaque fois que des
étrangers lui demandaient l'hospita-
lité les étendait sur un lit, dont la
dimension eu longueur devait être
celle de leur corps. Leur taille sur-
passait-clle la mai'que voulue, il leur
faisait couper ce que leurs pieds ou
leurs jambes avaient d'excédant ;
était-elle plus courte, il faisait éten-
dre leurs membres à l'aide de poids
et de poulies. IVocruste aussi fut
vaincu par Thésée et mourut de la
29«
/|52
SIN
mort K laquelle il condamnait ceux
qui tombaieut enlre ses mains. —
Assez souvent on distingue ces quatre
brigands les uns des autres. Quelque-
fois on les réduit a deux ou k trois.
En tout état de cause, songeons qu'à
leurs noms s'ajoutent ceux de Cory-
néle ou porte-massue, de l'ilyocamplc
ou courbe-pin, de Damasle ou dom-
teur , de Polypémon ou qui cause
beaucoup de désastres. Siiiis veut
dire voleur, ou du moins devint avec
le temps un synonyme proverbial de
voleur (comme en France Carlojciie).
Procruste implique Tidée de contact
et de tiraillement en avant. — Plu-
sieurs savants se sont beauroup oc-
cupés de Sinis, de Sciron , etc. Eu-
rijiide avait composé un drame sali-
ri(jue de Sciron. Lycopliron donne
h Sciron le nom de Sinis. D'autres
disent Sinis fils de INeplunc ou de
Polypémon. Des scbolia>les donnent
a ce fi's le nom de Pityocaiiqilc
(A^ox-Bcclliger, Vciscugem., I. I,
2* part., p. i3ii, A\ inckelmann ,
Monuin. ined.y n. 98).
SINOE, uyniplie qui, selon la lé-
gende égyptienne, fut mère de l\in ,
surnommé, en mémoire de celle cir-
constance, Sinoïs.
SINON, célèbre espion grec, fils
<le Sisyphe et petit-fils d'Autolycus, se
laissa prendre par les Troyens , lors
delà feinte retraite des Grecs, leur
persuada que ses concitoyens avaient
remis à la voile pour leur patrie, api es
avoir voulu l'inimolcr aux dieux, leur
dit que l'énorme cheval de bois, lais-
sé sur la plage , était une offrande
expiatoire a Minerve, un palladium,
un gage d'éternelle puissance et de
gloire pour la ^ille qui îe posséde-
rait, et détermina ainsi les crédules
sujets de Priam a introduire le co-
losse dans leurs murs. La nuit sufi'
vante, des masses armées en sorlf^-
SIR
rcut, grâce \\ Sinon, et Troie fut pri-
se, pillée et livrée aux flammes.
SllNOPE, fille du dicu-lleuve Aso-
pc , fut aimée d'Apollon , et en cul
un llls, Syros. Quelques mythologues
lui donnent l'épithèle qui a rendu
Minerve célèbre, Aîparlliénos , tou-
jours vierge. — Une autre Sinope
était Ama/one; une ville de ce nom,
eu Papldogonic, se lie au culte de
Sérapis {J^oy. cet art.).
SIOjNA, déesse Scandinave, dis-
pose les cccurs h l'amour et prcsiile
à la v(dup!é.
SIOIILAIMII {my:h. irlandaise),
Tualba-Dr.dau célèbre, dont le nom
signifie «H la longue main, était fils de
Fionn. Tout en se tenant debout il
louchait le sol de ses doigts étendus.
On le surnonrra Landi, la main, sans
doute il cause de son haiiileté dans les
arts industriels. Le nom de Dacly-
les, ei! Grèce, n'a pas d'autre sens.
SIPILE, un des fils de JNiobé.On
sait ((uc cette reine était originaire de
la vi'le de ce nom et que c'esl au pied
ou sur les naucsdumontSijiylccpi'ille
fut transportée après le massacre de
sa i'amil'e.
•SIHÈINES (les), Sirenf-s (g. Si-
rcnon), Xtip^vis, filles du dieu-fleuve
Achéloiis cl de Tcrpsicbore ou de
Calliope, ou de Melpomène, ou mê-
me enfin de Siéropc. On les voit
successivement au nombre de deux,
de trois, de quatre, de cinq, enfin do
huit. Platon, qui adopte ce nombre,
ne donne aucun des huit noms. Même
silence sur les cinq Sirènes. Dans les
autres hypothèses on cilc les noms,
les voici :
AuTORiTKS. NojiniE. Kôms.
lioiiKMc. 2. AfîîaojJÎiôniC/ '!'helxi('j)ie.-
Scholiaste d'A- A;;laoi>!'one, Tbrlî-iope oà
pollonius. 3, "jliPixinoé, Molpo.
• Asiacvplièine. TbcUi.VuV:
duc 1.153 ej, '
SIR.
Nous avons omis a dessein la nomen-
clature tcmaire de Cléarque , qui
nomme ses Sirènes Leucosie , Ligée,
Parlhéuope. La dernière est remar-
quable, parce qu'elle donna, dit-on,
son nom hNaples, ce qui veut dire,
que Naples est cefte Sirène person-
uifiée. — Les Sirènes sont liées aux
mers d'Italie. On les place dans les
îlots de Licosa, San Pelro et Galetta,
dont nous ignorons les noms anciens,
mais qui étaient dans la mer de ïyr-
rlicne et vis-à-vis du cap de Minerve.
Ces îles étaient liérissées de brisants.
Quoique an sein des eaux, elles ont
des ailes. Nues, mais invisibles, elles
lie décèlent leur présence que par
un murmure harmonieux. Leurs voix;
ravissanlcs vont au cœur des mate-
lots, (jui, pour les entendre mieux,
se penchent, s'approchent insensible-
ment de la surface des eaux , s'y
plonijenl et ne reviennent plus. Leur
chant est donc une magie ; leur voix
fascine ; le son qui filtre de leurs lè-
vres au cœur est une chaîne (en grec
siria). Les Muses vulgaires ue sont
que des cantatrices; les Nymphes que
des Ondines; les Piérides que des oi-
seaux : ailes , chants, asde sous-ma-
rin, les Sirènes cumulent tout, et de
plus ce sont des Fées. A dire vrai ,
Circé, Calypso étaient chacune la Si-
rène par excellence : Camasène n'en
diffère pas. Il était décrété que, quand
un homme aurait passé devant les
Sirènes sans se précipiter vers elles,
ces filles des eaux périraient. Ulysse
amena pour elles ce jour fatal. Tout
son équipage se boucha les oreilles
avec de la cire 5 pour lui , les oreilles
libres, il se fil attacher a son grand
mût. Le navire passa ainsi le parage
mélodieux sans qu'il arrivât d'acci-
dent. Les matelots étalent privés de
l'usage de l'ouïe ; le chef, de l'usage
de ses jambes 5 les uns ne songeaient
SIS
453
pas à se précipiter vers les cantatri-
ces marines qu'ils n'entendaient pas y
l'autre suppliait ses amis de le délier,
mais il suppliait en pure perte. —
Parthénope , noyée dans les flots,
après le triomphe d'Ulysse , fut jetée
par la vague sur les sables de la côte
voisine : on l'enterra. A son tertre
funéraire succéda un tombeau ; au
tombeau un autel, un temple; au tem-
ple un village , que d'heureuses cir-
constances transformèrent en capi-
tale de la Campanie. Parthénope rut
d'abord son nom, puis ou lui substi-
tua ceux deNéapolis, Napoli, Naples.
— Filles d'Achéloiis, les Sirènes s'ap-
pellent Achéloïdes. C'est avec un sens
exquis de l'antiquité que le poète Mil-
levoyc, ignorant sans doule l'intime
liaison d'Achéloiis , d'Achille , d'A-
chlys ( brouillard ) , de Sirène , de
Thélis , de Fées, disait :
Et quand, la lyre en main, belles Aciiolnïdes,
Son ombre vient thanner vos demeures bninide5,
\ous êtes là. .. Bedit par le divin Homère,
Le nom d'ÀcbiUe encor fait soupirer sa mère.
SmONA ou SmONIA , déesse
dont le nom est accolé a celui d'A-
pollon sur trois inscriptions trou-
vées la première dans le voisinage de
Rome , la seconde à Oppenheim, la
troisième dans l'ancien Palatinat. Voi-
ci la seconde de ces inscriptions : Deo
Apollini. et. SironjE. Julia. fron-
TiNA. V. S. L. L. M. Est-ilbesoin de
dire que nous n'admettons pas l'éty-
raclogie qui tire Sironia de Saronia,
et qui , en conséquence , voit dans
cette déité Diane, déesse du golfe Sa-
ronique? Nous serions plutôt portés
à croire que le dieu germanique prési-
dait aux Jîains , car Oppenheim avait
des thermes.
SISTOSICHERME, S.<rr*«;K«/'-
/tt)ff, c'est-a-dire selon le texte grec
kybrce d'Hercule^ trente-troisième
dyuasle du latercule d'Eratosthène ,
4§4 SIS
qui donne comme êtres humains et
comme rois de la primitive Egypte
les trente-six Décans oudynastes cé-
lestes, se trouve correspondre , selon
les diverses hvpolhèses qu'adoptent
ou que peuvent adopter les savants
{P^oy. l'art. DÉCANS et le tableau y
anuexé), à Ftébiou I (autrement Tepi-
«atras), ou Phupé, ou Aseu (autre-
ment Astiro) , ou enfin Rembomaré.
SISYPHE, SisYPHus, iiirv(Çoçj
célèbre génie ahrimanique de la my-
thologie grecque , a ceci de particu-
lier que son ahrimanisme se formule,
non pas en violence, mais en perfidie
et en malice. Il passe surtout pour
voleur, séducteur et délateur j ce qui
n'empêche pas que d'une part on ne
le montre exerçant de brutales dévas-
tations dans l'isthme de Corinthe ,
que de l'autre on ne le donne comme
sage, pacifique et prudent. C'est eu
Îuelquo sorte un précurseur d'Ulysse.
I y a en lui du Loke plus que de
l'Ahriman. On l'a localisé dans la
race hellénique, et même dans la dy-
nastie d'Hellen. Puis, comme ses ac-
tions semblaient embrasser un laps de
temps plus long que la vie ordinaire
de l'norame, on le divisa en deux per-
sonnages : 1° Sisyphe I, fils d'Eole I
et petit- fils d'Hellen 5 2° Sisyphe II,
fils d'Eole II , bis-arrière-petit-fils
d'Eole I, et frère de Salmonée. Si-
syphe I bâtit Ephyre, qui fut depuis
nommée Corinthe. Sisyphe II hérita
de Corinthe après la mort de Creuse
et la disparition de Médée. Sisyphe I
épousa Mérope, une des sept Atlan-
tides, et en eut Glaucos, Ornithion,
Almos, Thersandre. Sisyphe U, ayant
charmé Autolycuspar son adresse, vit
ce prince lui donner Anticlée, sa fille,
non pas à titre d'épouse , mais à ti-
tre oe concubine. Anticlée, enceinte,
e'pousa ensuite le roi d'Ithaque ,
Lacrte , et le rendit père de l'astu-
SIS
cieux Ulysse, si souvent désigné paï
les poètes sous le titre de Sisvphide,
On attribua aussi a Sisyphe le déshon-i
neur de Tyro , sa nièce , qui , mèr<
de Pélias et delNélée , les exposa suï
une montagne où les recueillirent d
pasteurs. La légende ordinaire donne
pour amant a Tyro le dieu des mers,
Neptune. — Sisyphe enterra Méli-
certe, jeté par la mer sur la grève de
Corinthe 5 institua en son honneur
jeux isthniiques ; donna de l'eau K la
citadelle de Corinthe 5 ferma l'isthme
par des murailles qui lui permetlaieni
de rançonner impunément ceux qui^
voulaient franchir cet étroit passage.
De là les fables qui font de lui un bri-
gand parqué, ainsi que Sciron, ainsi
que Sinis, Procruste et Cercyon, au
milieu des précipices et des forêts
abruptes. Ennemi de son frère Sal-
monée, c'est pour se venger de luil
Îu'il forma le projet de séduire Tyro.
fne tradition le montre révélant les]
secrets des dieux ; ces secrets se ré-j
duisent quelquefois à un secret dej
Jupiter. Ce volage époux de Junon
avait enlevé Egine , fille du dieu-
fleuve Asope. Habile espion, Sisyphe!
promet de donner ace père irrité des^
nouvelles de sa fille h condition tou-
tefois qu'il donnera de l'eau ii la ci-
tadelle de Corinthe. Chez quelques
légendaires c'est Thésée qui ôle la
vie k Sisyphe, L'acte le plus merveil-
leux de son histoire fut sans contre-
dit sa résurrection. Selon les uns, il
combattit avec la Mort, la terrassa,
la chargea de chaînes , et la retint
prisonnière jusqu'à ce que Mars,
a la prière de Pluton , vînt la déli-
vrer. Le scholiaste de Pindare , Dé-
métrius (sur les Olympiq.), raconte
que Sisyphe en mourant prescrivit h
sa femme de jeter son cadavre sur la
voie publique nu et sans sépulture.
Tout homme non inhumé ne pouvait
SIT
franctir le Styx : Sisyphe obtint de
Platon la permission de remonter
sur le globe pour aviser à ses funé-
railles et se mettre a même de passer
le fleuve fatal 5 mais une fois revenu
à la vie il se moqua de la bonbomie
de Pluton et refusa de redescendre
dans l'empire des ténèbres 5 il fallut
que Mercure le traînât de force au-
delà du rivage infernal. Il fut alors
précipité dans le Tartare avec les
fameux criminels, et condamné a rou-
ler au haut d'un roc une pierre qui
retombe sans cesse.
SITA. Foy. Raiia.
SITH, deuxième Décan du Cancer,
tant selon Saumaise que selon Fir-
micus, est représenté dans le zodia-
que rectangulaire de Tcntyra par un
hiéracocépliale qui porte pour coif-
fure le disque avec l'urée, symbole du
soleil, du dieu Fré. Le nom de Silb
offre quelque ressemblance avec ce-
lui du Décan qui marcbe devant lui ,
Sotbis. Cette ressemblance, dont la
liste des dynastcs d'Eratoslhène pré-
sente le pendant, en mettant immé-
diatement après Menés deux rois Ato-
thès, justifie l'hypothèse qui fait cor-
respondre les trois Décans du Can-
cer avec les irois premiers suivants
de Menés, et ainsi de suite [Foy.
DÉgans).
SITHNIDES, :E.i%Jtç, Nym-
pbes mégariennes. On ignore l'ori-
gine de leur nom , qui probablement
était celui de quelque source voisine
de Mégare. En effet , le bel aqueduc
qui portait des eaux <H celte ville, et
qui fut élevé par le tyran Théagène,
avait le nom d'eau des Nymphes
Sithnides [a-lêviov uèup'^). Une de ces
Nymphes fut aimée de Jupiter, et en
eut Mégare, fondateur de la ville de
ce nom.
SITHON, S/^«v, roi des Sitho-
nesj cnïhrace, épousa Anchiroé, en
SIT
455
eut Pallène , la promit h celui de ses
prétendants qui le vaincrait k la
course , en tua ainsi plusieurs , finit
par dire a deux rivaux , Clilus et
Dryas , qu'il accorderait sa main à
celui des deux qui surpasserait l'autre
h la course des chars : Clitus l'em-
fiorta, grâce a la partialité' de Pal-
ène , qui sut engager le cocher du
char de Dryas h en joindre mal les
roues. Dryas périt: Sithon alors con-
damna Clitus et Pallène a être brû-
lés sur le même bûcher avec le cada-
vre de Dryas; mais une pluie en-
voyée par Vénus éteignit le feu.
SITON, S/to/v, nom que Philon
de î)iblos, dans la citation qu'il fait
en grec de quelques fragments de San -
chonialon, substitue h celui de Dagon,
semble sis^nifier dieu du blé. Selden
{de Diis Syr. synt., c 3, p. 2 63)
blâme cette traduction. Probablement
il faudrait Sidon, mot qui au rapport
de Justin (liv. XVIlI,ch. 3) et d'I-
sidore de Séville (0/7^., Hv.I, ch. i)
voulait dire en phénicien poisson , et
par conséquent était synonyme de
Dagon. Dupuis {Orig. dca cuit. , t.
III, éd. Aiiguis, not. p. 669 ) essaie
de concilier les deux légendes, ou, si
l'on veut, de faire comprendre com-
ment on peut passer de l'une a l'au-
tre : il remarque que la Yiergc, celle
divinité sidérique des moissons , se
couchant au lever des poissons , ces
derniers durent être pris pour des si-
gnes relatifs aux opérations agricoles.
— S'.TOTi fut aussi le nom de Cérès
a Syracuse. Foy. Athén., Dipno-
soph.. liv. III (R. e-Tre?, ble, vivres).
SITOUMPORMITCHAl , divi-
nité indo-chinoise, avait passé par la
forme humaine avant d'arriver à la
béalilude suprême, et avait recom-
mandé à ses disciples de ne se nour-
rir que d'herbes cuites, de fruits sau-
vages, etc., et d'habiter des forêts.
456
SIV
SIVA , troisième personne de la
Trimoiirli hindoue, esldans l'opinion
vulgaire le dcstrucleur, et en consé-
quence s'oppose à Brahmà qui crée,
et h \ ichnou qui conserve. Celle opi-
nion est peu exacte. Siva modifie,
et en conséquence détruit et fait naî-
tre. Le monde, selon les Hindous,
existe de toute éternité. Rien ne
peut se perdre! en conséquence rien
ne tombe de l'èlre au néant; mais
rien ne revient du néant h Tèlre.
Qu'est-ce donc que naître? c'est ap-
paraître sous une forme nouvelle.
Qu'est-ce que mourir? c'est ne plus
paraître soi.s cette forme : l'histoire
du monde n'est qu'un lonjj; narré de
métempsycoses. La grande âme qui
tient le fil de ce labyrinthe est un
Prêtée. Ce Protéc aux ludes, quel
est son nom? Siva (ou Shiva, Schiva,
Chira, Siven, etc., Siba, Siéba,
Seeba, etc., etc.). Ainsi que l'Isis
égyptienne, le modificateur hindou a
une foule de noms : selon l'Amara-
cigna le nombre s'en élève au moins
k mille j nous donnerons plus tard la
liste de ceux qui ont de l'impor-
tance.— Il résulte de cet aperçu
préliminaire , que Siva se présente
tour-a-tour sous deux faces lout-k-
fait contraires : destruction et pro-
duction. Rien de plus large et de
plus puissant, de plus fécond, de plus
haut que Siva producteur 5 rien de
plus terrible , de plus monstrueux
que Siva occupé h détruire. Les lé-
gendes populaires se sont surtout em-
parées de ce rôle de leur dieu, qui
?)rélail davantage aux peintures ef-
rayantes et grandioses. Il y a plus,
iion-seulement elles nous ont montré
dans Siva le dieu des veqgeances, le
dieu jaloux, celui dont l'œil dévore,
foudroie, pulvérise • elles lui suppo-
sent des vices dont l'ignoble excès
respira Ja caricature. Il aime toutes
SIV
les femmes, il est gourmand, ivrogne,
il est voleur. « Ravana, lui ditBha-
vani, est resté debout au ccrur de.
l'ele' , environné de quatre brasiersJ
ardents, allumés en ton honneur. Par]
le froid le plus dur , il est resté de
bout dans l'eau glacée. Par la rude
saison des pluies, il est resté debout,]
la tête inondée de torrents. Pour toi,
tu n'es qu'un vieux coquin , que lesj
voluptés ont flétri, un ivrogne, dontîj
la raison est étouffée par la fumée
des herbes étourdissantes que tu res-J
pires. Tu couvres de cendre ton corps!
iguoblej ton séjour de prédilection,*
ce sont les cimetières; lu les habites
comme un vampire. Va! mendiant,'
ton nom sera eu exécration parmi les
hommes. A la longue , on finira pai
l'oublier, monstre ! » Quant à la ga-
lanterie de Siva , on peut en jugecl
par la réponse qu'il adresse a Bba-l
vani : « Tais-loi! lui dit-il, tu ba-
vardes comme toutes les femmes 5!
tu es ignorante, étourdie commOj
toutes les femmes 5 lu es une vaga-
bonde , une coureuse, unequcrel-l
leuse ; lu passes ta vie à l'enivrer j
lu n'a« pour société que des êtresdé-
gradés ; ton plaisir est d'égorger les
Géants, de boire leur sang, de sus-
pendre leurs crânes autour de ton
cou. n Jusqu'ici, pourtant, la cari-
cature n'empêche pas l'intime et sin-
cère dévotion; mais parallèlement à
ces conceplions héroï-comiques se
déroule un autre point de vue ; la
Siva devient l'esprit du mal, l'ami,
le gourou et presque le chef des Açou-
ras, l'Ahriman de l'Inde. Il se pose
l'antagoniste de toutes les divinités
bienfaisantes ou fécondes, notamment
de Bhavani etdeViclinou. — Comme
générateur, il se formule surtout par <■!
le Lingam ; et celle effigie obscène, ^ll
tantôt isolée, l;^ntôl unie k l'Ioui,
adéquate dç Bhayani, dounç cours,
SIV
noii-seiileraenl a quantité de légendes,
mais aussi h la croyance universelle
d'an dieu qui, par son exemple , fait
uueloi de la voluplc, de la débauche
et de l'impudeur. Nul doule pour-
tant que, dans l'origine , tel n'ait pas
élélesens du culte rendu au Lingam.
Cette image de l'organe mâle était
un symbole du principe actif des mon-
des, du feu vital, de l'esprit^ et même
aujourd'hui encore, sans être bien
nettement au fait de ces hautes idées,
les pénitents et les dévots qui por-
tent au coup le Lingam n'y atta-
chent pas des idées impures. — Mais
voir dans Siva Un simple membre de
la Trimourli, un générateur ou un
destructeur, unAhriman, unphalle,
ce serait ne pas connaître ce dien
dans toute son étendue. Tandis que
les uns le font naître, avec les deux
autres dieux de la Trimourli , des
bonds rapides de Bhavani , ailleurs
il prend la place de Brahra , il plane
au-dessus de tous les êtres. Les
uns disent que sur une plate-forme
du Mont-d'or , Kailaça , au milieu
d'une table carrée enrichie de neuf
pierres précieuses , se trouve le Lo-
tos ou Padma, portant dans son sein
le triangle (l'Ioni), origine et sour-
ce de toutes choses : de ce triangle
sort le Lingam, dieu éternel qui en
fait son éternelle demeure; chez d'au-
tres, il flotte sur les ondes dans une
fleur de Lotos , et Naraïana n'est
pas le nom de Vichnou seul ou de
Brahmà, c'est aussi le sien; il s'ap-
pelle alors Sankara-Naraïana. Ail-
leurs, on le montre identiKé encore
au Lingam, et par suite prenant le
nom de Sivling(8ivalinge et nonKi\^e-
leug). C'est au sommet de l'Himalaïa
ou Kailaça qu'il apparaît, et tantôt
on l'y voitse diviser en douze lingams
rayonnants de lumière qui fixent sur
eux les regards des dieux cl de» bom-
SIV
A57
mes, et qu'ils transplantent dans di-
verses parties de l'Inde; tantôt le
lingam arborescent a trois écorces :
la plus extérieure est Erahmà , celle
du milieu Yichnou, la troisième et la
plus tendre Siva. Les trois dieux se
détachent, et dès-lors il ne reste que
la tige nue ; mais cette tige est sous
la garde de Siva. — Comme les deux
autres membres de la Trimourli, Siva
a une femme , Bhavani , qui est sa
fille, sa sœur, sa mère^ sa Sakti, et
qui se pose tour a tour son égale ou
sa supérieure. C'est que primitive-
ment, sans doule, il y eut dans l'Inde
des peuples qui dans la nature accor-
daient la priorité, la puissance, l'en-
gendreraent au principe femelle. Les
adorateurs du principe mâle étaient
sivaïles; bhavanistes serait le nom
des autres. Bhavani et Siva finirent
par être unis a titre de mari et fera- •
me; mais ce ne fut qu'après de lon-
gues guerres , et les traces de l'anti-
que isolementsubsistent toujours. De
Bhavani, Siva eut deux entants : Ga-
uéça, le dieu de l'année, de l'intelli-
gence et des nombres, et Skanda, le
dieu de la guerre. Plusieurs légendes
miraculeuses se lient h leur naissan-'
ce. L'une le montre métamorphosé
en éléphant pour engendrer Ganéça;
l'autre le représente empruntant la
forme du coq pour devenir père de
Skanda. Bhavani n'est pas la seule
que Siva se plaise a reiidrc mère :
Audjani, Auga, et quelques autres,
excitent ses désirs et ne peuvent s'y
dérober. Parfois pourtant il s'indigne .
de sentir son cœur fléchir sous les im-
pressions de l'amour, et quand Karaa
l'embrase de tous ses feux en faveur
de Bhavani, il le tue {P^oj.Hatsia).
De Siva naquirent encore deux autres
iils , Veirava et Yirabhadra; mais
cette fois il n'eut besoin denulle mor-
telle, de uullç déesse pour leur don-
/,58
SIV
ner naissance : l'un dut le Jour à la
respiration, l'aulre à la sueur pater-
nelle. C'est ici le cas de rappeler le
mythe célèbre qui fait sortir Ganéca
des matières excrémentilielles pétries
par la main de sa mère. Suivant Ni-
klas Miiiler, autour de Siva se grou-
pent aussi Aghni , l'esprit du feu ;
Moudévi , discorde , guerre et mau-
vaise fortune; Sana, planète sinistre;
Manarçouami, protecteur des mois,
des saisons et de l'année,- Icania
Le domicile ordinaire de Siva, c'est
le mont Mérou (Mahamérou, Soumé-
rou), autrement Kaiîaça (Cailasa),
Alaïa ouSouralaïa (derneure du so-
leil). Ce nom s'applique moins K une
montagne spéciale qu'à toute la chaî-
ne des Himalaïa, ces pics énormes nui
ont ravi au Tchimboraçao l'Iionneur
de s'appeler la plus haute montagne
du monde. En général , par quelle
classe d'êtres se formule la création à
peine ébauchée ? par des minéraux ,
des pierres, des rocs, des montagnes.
Sous quelle forme se manifeste l'ac-
tiyité créatrice? sous la forme pyra-
midale et presque phallique de mon-
tagnes (comp. Atlas). Quant au choix
de la montagne, peu importe, pourvu
que, relativement aux montagnes voi-
sines, ce soit la plus haute, et qu'elle
forme un point central. En effet,
c'est aux sivaVtes de l'Hiridoustan
qu'appartient la localisation de Siva
dans l'Himalaïa. Auparavant on le
supposait sur le pic le plus élevé de
Ceilan. Comp. Ravana. Du reste ,
autour de cet Olympe doivent se
ranger circulairement de larges eaux
qui sont comme un loni gigantesque
en harmonie avec les gigantesques
dimensions du mont-Lingam et une
foule de terres inférieures. C'est ici
le cas de jeter un rapide coup d'œil
«ur la géographie mythique de l'In-
de. La classification primitive raon-
stv
ire le Mcrou élevant sa tête superh.
dans les cieux , tandis qu'autour d^
ses pieds la mer de lait tourne sep]
fois, puis va reparaître au sud-ouestj
où elle donnera naissance à quatn
fleuves principaux : Ganga au sud,
Sita à l'est, Bhadra an nord, ChakJ
chou à l'ouest. Une explication plui
nette et plus détaillée modifie légè'
rement celte tradition antique. Dï
pied à la cime du Mérou, identi-
que au globe entier, s'échelonneni
comme sur la périphérie d'un côn(
immense sept zones ou cercles con-
centriques, que séparent sept mers,j
et que bornent, d'un seul côté sanf
doute , sept clôtures de montagnes.
Ces zones se nomment Douipas. Voici
leurs noms en commençant par la pluj
rapprochée du centre : Djnmbou ,1
Kouca, Pakcha, Salmala , Kraouu-'
cha, Saka, Pouchknra (on dit sonvent'i
Djamboudouipa, Kouçadouipa , etc.'
On trouve aussi k la place des nomsi
qui précèdent la nomenclature sui- j
vante : Djambou , Kavaha , Kouca,1
Sanka, lamala ou Malaïa, lama. An-';
ga). Djambou est environnée d'une
mer salée, Kouça d'une mer enchan-[
tee , Pakcha d'une mer de sucre ,
Salmala d'une mer de beurre clarifié,']
Kraouncha d'une mer de lait caillé ,
Saka d'une mer d'Amrita, Pouchka-
ra d'une mer d'eau douce. Le Douipa
central tire son nom de l'arbre de vie
Djambou, qui est planté sur le Mérou
proprement dit , et des racines du-
quel, selon les bouddhistes, sortent les
quatre grands fleuves. Bharatakan-
da, l'Inde propre, occupe le milieu de
Djamboudouipa. Quelquefois par ce
nom les Pourana entendent la terre
entière. Le mont Mérou, qui tour k
tour est tout le globe terrestre ou une
partie du globe terrestre , se trouve
souvent confondu avec le pôle nord.
Deux autres classifications usuelles du
n
SIV
monde connu subsliluenl aux sept ré-
gions principales, Tune neuf, l'autre
quatre grandes divisions. Dans la
première , ces divisions s'appellent
Khanda , ou contrées. Voici leurs
noms : Ilavrata , Bhadrasva, Ketou,
Hari , Kinnara , Ramiaka , Hirania-
mana, Bharata, Airavala ou Kourou.
Ilavrata occupe le centre et a vers
l'ouest Relou , à l'est Bhadrasva. Au
nord de cette rangée longitudinale se
trouvent Hari et Kinnara , puis au
nord de ces deux Randa , Airavala.
Au contraire , au sud des trois pre-
mières régions se placent Hari et
Kinnara, et plus au sud encore Bha-
rata. Ici notons que quand on parle
de sud et de nord les quatre points
cardinaux ne sont pas pris sur un mê-
me plan : le nord est en bas , le sud
en haut. En d'autres termes , le sud
est plus voisin du soleil et du ciel, le
nord en est plus éloigné. Dès-lors le
inonde étant représenté flanque' de
montagnes inférieures, il est clair que
c'est la pointe de la montagne qui est
au sud, et l'on comprendra que cette
terre centrale , qui est Bharata ou
l'Inde, s'appelle Souargabhoumi, ou
terre céleste. Dans la seconde classifi-
cation, les régions se nomment Maha-
douipas, ou grandes îles. Que l'on se
figure au centre d'une vaste surface
plane (Bhoukanda ou Bouvana-Kouça)
enveloppée d'une rangée circulaire de
montagnes que l'on nomme Lokalo-
kas , le Mérou , colonne et axe du
monde, qui soutient et réunit cieux ,
terre et enfer; qu'on divise la surface
de ce cône énorme en quatre parties
égales dont les limites se dirigent
vers les quatre points cardinaux , et
qui se prolongent dans Bhoukanda ;
que le long des quatre flancs de la
sainte montagne , et de la cime h, la
base, coulent quatre fleuves issus d'u-
ne source unique, et tombant des le les,
SIV A59
gueules ouboucbesdequatreanîmaux,
la vache, l'éléphant, le lion , le che-
val ; que dans chacun des quatre Ma-
hadouipas se trouve un arbre de vie
ou arbre du grand jour de Brahmâ,
Ralpavrikclia ; que les quatre flancs
de la montagne, et par suite les qua-
tre régions de Bhoukanda, aient qua-
tre couleurs différentes en l'honneur
des quatre castes hindoues , on aura
l'idée première de cette grande divi-
sion symbolique de l'univers en qua-
tre parts. Outtarakourou au nord ,
Bhadrasva kresljKotoumalakl'ouest,
Djambou ou Djamboudouipa au sud,
voilà leurs noms. Le premier est rou-
ge, le second blanc, le troisième brun
ou noir , le quatrième jaune j et le
rouge désigne les Kchalriias, le blanc
les Brahmes, le noir ou le brun les
Soudras, le jaunelesValcias. Le mon-
de ainsi divisé ressemble, disent les
Pourana, a un Padma flottant sur les
eaux. LesquatreMahadouipassontles
quatre feuilles qui forment le calice,
et les huit feuilles intermédiaires pla-
cées deux à deux dans les intervalles
forment huit Douipas secondaires. ■ —
Parmi lesnomsdeSiva se distinguent,
I" ceux qui se rapportent h sa bien-
faisance , Baghis , Bhava , qui fait
exister; Pachouviiti , le maître , le
mari de la vache ; Gangadhara, quia
le Gange sur la tête ; Tchandradhara,
qni porte la lune sur la tête; 2" ceux
qui ont Irait a son rôle ahrimanique :
Ougra, l'horrible; Roudra, celui qui
fait pleurer; Hara , le destructeur;
Bhima , le terrible ; 3° ceux qui le
montrent puissant et terrible, mais
non funeste, Mrdha, guerrier; Chou-
lis, arme du trident; Ourcî.adradja,
qui produit la pluie , l'orage et la
foudre ; Mdhiondjéia , vainqueur de
la mort; TNilakanlha, qui avale le
poison ; Ica ou Icha, seigneur ; Boud-
clécha , seigneur des sages ; Vioma-
4<So
SIV
SIV
1
gécba, seigneur du ciel j i° ceux qui
attestent sa supériorité sur tous les
inoudcs : Mahéça ou Maliéclia, le
grand seigneur; Maliadéva, le grand
dieu j Mabéçouara, ou simplement
Icouara, le grand maître (on a sou-
vent comparé ce nom à celui d'O-
sirïs) j Trilolchana, le dieu aux trois
yeux; Tripouraudaga, l'habitant de
trois villes, le ciel, la terre et l'en-
fer. 11 s'appelle encore , en tant
que dieu-phalle, Sivalinga ou Icoua-
ra; en tant que dieu des monta-
gnes, Divauicha, et, d'après les di-
verses figures que lui prêtent les lé-
gendes et les statues, Viroubakcha
^(aux yeux hideux) , Kabalabrl , aux
•cheveux hérissés, Vamadéva, le dieu
aiain, etc. — Siva aussi eut ses incar-
nations. Les deux plus célèbres sont
celles qu'on connaît sous les noms de
Marlandéia et de Kandopa. On peut
jusqu'à un certain point regarder
comme incarnations de Siva les nom-
breux antagonistes, soit de Bhavani,
soit de Vichnou. Ainsi, par exemple,
Mahéclia et Mahéchacoura , Ravana
et Koumbhakarna, Irnnia et Iraniak-
cha, Kouça, Djaracandha, Sicoupala,
«te, appartiennent a la série des in-
carnations sivaïtes. — ]Sul doute que
le iivaïsme ne remonte à une haute
antiquité dans les Indes; il est anté-
rieur au vichnouisme,au moins sous la
i^orme nouvelle que lui donnèrent les
■époques symbolisées Dralimà et Kri-
cliua, et tel est le sens de ces luîtes
*i longues , si opiniâtres , soutenues
par l'un contre llavana , par l'autre
contre Koura et ses alliés; mais sur
ioutle reste règne la plus inconceva-
ble divergence. Toutefois sachons au
milieu de ce dédale distinguer la phy-
sionomie du sivaïsme. C'est uu pan-
théisme aux formes vives, coloriées,
flamboyantes, sanglantes surtout et
colossales. La promptitude elle gran-
diose, voilà ce qui le distingue. Le
monde qu'il rêve est un giganlesqne
animal aux mille millions de membres
chacun vivant de la vie individuelle,
mais intimement soudés, amalgamés,
fondus ensemble. Qui les a sondés,
Îui les amalgame elles tient réunis?
«'esprit recteur? Non ; dans l'hypo-
thèse sivaïle c'est le feu ; le feu, agent «■
universel , qui coule à Ilots aîcooli- SI
3ues dans les grandes artères comme
ans les veines capillaires du monde ;
le feu qui, parcelle invisible, intangi-
ble, rayonne de tous les corps; le
feu, qui ne difièrc pas du cidoriquc,
de l'électricité, du principe vital.
Mais ce feu , qui donne la vie à la
nature , il ne semble jamais plus
puissant que lorsqu'il dissont et dé-
truit. De là Siva destructeur, de là
le sang et les cendres cpii l'accom-
pagnent presque toujours. Le pau-
théisme-bhavanisme tient compte de
l'humide, que néglige le sivaïsme ; il
s'y joint de plus une sorte de lutte
la blanche Ganga combat les esprits
funestes, et, Pallas hindoue, pré-
side à la venue d'un Hercule. Le
vichnouisme est spirilualisle et sur-
tout admet avec idolâtrie le prin-
cipe du statu quo , l'élément conser-
vateur. l*our le brahmaïsme , il est
mixte : matérialiste dans ses formes,
spiritualiste dans nombre de détails,
il se complaît surtout à établir ime
hiérarchie par toutes les sphères du
monde , et à recommander respect
pour les Krahmes. — On donue à
Siva cinq têtes, quatre mains, et
trois yeux à la têle principale. Il est
porté sur le taureau Nandi , qui est
le plus souvent couché à ses pieds.
11 tient dans l'une de ses mains le tri-
dent, dans l'autre tantôt le padma,
tantôt le cerf-nain , que BulTon a
nommé le chev'rolain des Indes(/?20.ç-
chus pj'gniœus de Liun.). L'eau
céleste lombe sur son front chevelu
(co:np. Ganoa). Lorsqu'on veut le
peindre menaçant et terrible , des
(lents aiguës et tranchantes hérissent
ses gencives; le feu sort de ses lèvres
béantes ; des crânes humaiusforment
un diadème sur sa chevelure flam-
boyaiile et un collici au-dessus de sa
poitrine ; des serpents s'entortillent
autour de sa taille et de ses brasj la
laucc, i'e'pée , la flararae sont dans
ses mains 5 le tigre a remplacé le
bœuf h titre de vahanamj enfin son
corps est tout entier d'un blanc cen-
dreux, symbole terrible d'incandes-
cence et de destructions implacables.
8KADA, déesse Scandinave, épou-
se de INiordr et mère de Freir, prési-
dait ala cliasse, et probablement aussi
au vent et aux tempêtes, car on l'in-
voquait pour en être préservé.
8KAÎSDA, autrement Soubrama-
MA (SanRAsiANYA) et Kartikeia
(ou Carticaïa) , est aux Indes le
dieu de la guerre. Fils de Siva et de
Bhavani, il dut plus spécialement l'ê-
tre aux opérations cyniques ou im-
mondes du premier, car Dhavani ne
pouvait parvenir a l'engendrer. Quel-
ques traditions le font naître de Bha-
vani au bain. Quoi qu'il en soit,
Skauda se lie plus intimement a Siva
et, dans tous les mjihes imaginables,
le seconde, l'exalte, le défend; Ga-
néca est tout entier à Bliavani. De
temps a autre cependant les rôles se
permutent : Bhavani est fière de
Skanda , son fils , et le place près
d'elle. On peut voir a l'art. Ganeca
les diverses rivalités de ce dieu des
sages conseils et de Skanda. — La
mythologie vulgaire donne pour épou-
ses a Skanda les deux filles de Yich-
uou et de Lakchmi, Tchandaravali
et Amourdavali , qu'après leur ma-
riage on nomma, dit-on , Tedjavane
et Valinaïakaj mais d'autres légendes
SKA
46f
veulent que Skanda n'ait jamais été
marié, et substituent aux deux épou-
ses une Apsara ou Nymphe céleste
du nom de Dévacéua, qu'Indra place
de ses mains dans la couche du dieu
sivaïle. — Suivant le Siva Pourana ,
Skanda désolé du triomphe de son
frère eut une rixe violente avec ses
parents, et de dépit quitlale Kailaça,
brillante demeure qu'il partageait
avec son père, pour s'exiler dans le
pays de Kraouucha ( la terre des
grues) , et il jeta dans les montagnes
qui hérissent celte région son épée ,
qui resta enfoncée dans le sein de la
terre. Dans la suite Bhavani, si mè-
re , fut adorée dans la pe'ninsule de
Kraouncha sous le nom d'Asa-Dévi
(on Aça-Dévi), déesse qui donne la
victoire, déesse qui comble les vœux.
Plus tard encore, toujours conservant
son caractère et son rôle d'ardent si-
va i'te, Skanda figure dans Geilan (Lan-
ka) comme un des dieux principaux
de l'île, comme l'auxiliaire de Ravana
et l'ennemi de Rama. Son culte tomba
daus cette île en même temps que la
prééminence du sivaïsme. — On
peint d'ordinaire Skanda monté sur
un paon magnifique : il a six têtes ;
our séjour ordinaire il a ou le Kai-
aça , qu'il partage avec sou père ,
avec Bhavani , avec Ganéca , ou les
monts de Kraouncha. Très -proba-
blement ce sont les monts de la
Transoxane, peut-être même ceux
de l'isthme caucasien; mais il est im-
possible de penser avec Wiiford aux
montagnes de la Russie occidentale
voisines de la Baltique , et surtout
de dériver les Scandinaves de Skan-
da. Un rapnrochement plus hasardé
encore et plus puéril est celui d'A-
lexandre (Iskander, en Perse) et de
Skanda. Bhavani et Skanda dans la
Transoxane, ont quelque chose de
Bendis et d'Ares en Tlirace , de
l
46a
SKO
Cybèle et de Corybas en Phrygie.
Skanda-épce rappelle de plus le Mars-
fétiche des Sal)ins, Qiieir (.f^oy. Qui-
Riwrs),l'acinace des Cièles au temps
de Zamolxis, le sabre adoré dans les
foréls des Germains. — Suivant
Rbode, Skanda sur m)u paon est un
symbole du soleil, tandis que Ganéca
sur son rat représente la lune. L'un
et l'autre étant l'année , Skanda se
trouve èlrc l'année solaire , Ganoca
l'année lunaire 5 et l'année lunaire,
plus courte que l'autre , finit, arrive
au but avant elle. L'Inde lionore Ga-
néca et néglige son frère, pourquoi?
C'est que fêtes et sacrifices se rap-
portent à l'année lunaire, la plus an-
cienne de toutes, la seule admise par
le sacerdoce. — On appelle quelque-
fois Skanda Haradja (né de Ilara)
ou Harakoida (le fds de Ilara). Ce
dernier nom est le vrai type de VlJé-
rnklès grec et de X Hercules ro-
main.
SRIDINER ou SKIR^ER est,
dans la mythologie Scandinave , l'é-
cuyer, le confulenl et le commission-
naire du dieu Frei. C'est lui qui lors-
que Frei divint amoureux de Gerda
arracha au (ils de Niord l'aveu de sa
tendresse^ c'est lui qui va de sa part
offrir a la fille d'Iimer onze pommes
d'or pour la déterminer a donner sa
main 5 c'est lui enfin qui à force de
presser la jeune nympheohlicnl d'elle
un rendez-vous pour sou ami. Skid-
ncr, pour mieux exécuter sa commis-
sion, avait demandé à Frei son glaive
d'or, et Frei s'était empressé de rac-
corder ; mais Skidncr ne songea plus
à le lui rendre , et il en résidlem, le
jour de la fin du monde , que Frei ,
sans cpée, sera terrassé p;ir le géant
Sourtour.
SKOL. énorme loup delà myllio-
logie Scandinave, poursuit sans cesse
la lune et doit l'engloutir un jour.
sla;
SKOTOS-AGNOSTON , t^Ucç,
' Ayy ma- ro» y c'est -a-dire les ténèbres j
inconnues, irrévélées , le plus anciea,|
des êtres dans la cosmogonie égyp-,
tienne de Damascius {Voy. Kaimiî-
PHioÏDEs), peut èlre pris lour a tour
pour l'androgyue antédémiurgique on.
pour la puissance en tant qu'opposée^
a la matière, c'est-à-dire pour Piromi
(Icton?) ou Hermès dans sa plus,
haute généralisation.
SLÀINGE et RUGHRAIDHE,
dieux célèbres de la mythologie de '
l'Irlande, se trouvent mêlés a deux
séries diff<'rentes de légendes préten-
dues historiques. La première les
donne pour Fiibolg (et les Firbolg
se confondent sans cesse soit avec les
Foghmhorraicc-Afrigh , soit avec la
race de lîartolam et les anciennes
tiihns belliqueuses de l'ile). La se-
conde les donne comme fila de Har-
loîam. Sous ce dernier point de vue
Slainge et Rughraidlie représentent
le Meath oriental et l'Ulsler, tandi»j
que Lnigh'ine , leur frère , est le
Leinsler. En tant que Firbolg , au
contraire , Slainge opère son débar-T
quemenl a Labher- Slainge (Wexford-
Haven) , près de l'embouchure de la '
Boyne. Plus tard on confondit toulca
ces populations d'origine si distincle,"
guerriers oppresseurs (Tuatha-I)a-
dan), pirates gaulois (l'artolam), pira-
tes africains (Afrigh), pirates belges |
(Firbolg) , et l'on admit que le terrif J
toire irlandais, divisé en cinq portions, [
devin! laproiç de cinq princes, SlainM
ge, Rughraidbc, Gann , Geanann cl'
Seargann. La pari du premier eitl-
brassait d'Inbher Kolpa, prèsdo Dro-
gheda , jiisqii'au confluent Avi Irois
rivières du pays des Briganlcs j Ru-
ghraidiie eut ponr lot l'Ulster , do
Drohhnin jusqu'à Diogheda, 01*1 cora,
mencait le domaine de Slainge. Les
trois autres princes possédèrent tout
%
SMl
ce que ne comprenaient pas ces sec-
tions. Il résulte de tout cela que
Rug'.iraidlie symbolise a merveille,
pour rUlster du molus, la race mili-
taire du Nord, qui s'amalgama par la
suite avec celle des Firbolg, de telle
façon que les membres de l'une sem-
blaient appartenir a l'autre , et que
le fils deBartolam était un Firbolg ,
comme aussi un Firbolg était par là
même fils de Bartolam. — Une fu-
sion analogue mais postérieure enire
les Firbolg, moins puissants , et les
Mileadhs leurs vaiuqueurs , fit ima-
giner un troisième Ilnghraidbe de
sang milésien. C'est a ce dernier que
l'on rapporte l'apparition sur la scène
du célèbre Rlanna ilugbraidhe.
SLATA-IUB/i , la Vieille d'or,
déesse adorée dans les environs du
fleuve Obi, sur les frontières de la
Tar tarie septentrionale (il s'agit en
conséquence des sources de l'Obi).
Ou la représente tenant un enfant
sur son sein , dont la dimension est
des plus volumineuses. Autour d'elle
des trompettes et divers instruments
de cuivre sans cesse agités par lèvent
forment un bruissement continuel.
Hérodote parle d'une Yieille d'or ado-
re'e aussi, dit-il, dans les régions hy-
perboréennes. On l'invoquait lors des
catastrophes publiques, et on la con-
sultait sur l'avenir. On a présumé que
c'était la terre. Comp. Obi.
SLEIPNER, cheval d'Odin, est le
filus rapide de tous les coursiers cé-
estes. Il a huit jambes et doit le jour
à un coursier merveilleux qui trans-
portait rapidement les fardeaux les
plus lourds.
SMILAX, S^/a«|, nymphe mé-
tamorpbosée en marjolaine , éprise
d'un vif amour pour le jeune Crocos.
Selon les uns, elle ne put réussir a
s'en faire aimer, et périt de douleur.
Suivant les autres , elle l'épousa , et
SlViO
63
leur mutuelle tendresse, leur fidélité,
leur constance , furent si agréables
aux dieux, qu'ils immortalisèrent ces
deux amants, en les transformant
en plantes {^oy. Crocos).
SMINTUÉE , i^iySiis^ Apollon.
SininlJi en vieux grec veut dire rat;
de plus , il existait une ville de Smiu-
the. La question est de savoir si
Smintbée a trait k la ville de Smin-
tlie ou aux rats. Les Grecs peucliè-
rent pour la deuxième opinion, et
ils racontaient deux légendes k l'ap-
pui. Crinis, prêtre d'Apollon, né-
gligeant SCS fondions sacerdotales,
est puni par une nuillilude de rats qui
dévastent ses champs; mais Apollon,
apaise par le repentir de Crinis, dé-
truit lui-même, k coups de flèches,
ces animaux. La deuxième légende
fait voir les descendants de Teucer
sortant de l'ile de Crète pour s'éta-
blir sur le continent, et recevant de
l'oracle l'ordre de s'arrêter où les ha-
bitants viendraii,'nl les recevoir. Une
nuit les lals \inrent leur rendre vi-
site et ronger leurs ceintunns, leurs
boucliers de cuir. Nos aventuriers vi-
rent dans cet événement l'accomplis-
sement de l'oracle ; et, se fixant dans
ce lieu, élevèrent ua temple k Smin-
ihée , tel fui le nom qu'ils donnèrent
au dieu du jour; en juême temps ils
déclarèrent sacrés les rats des en-
virons.
SMOURIANAKA ou CHMOU-
RIANAKA, sœur de Ravana, gou-
vernait, le Djanasthana , partie du
Dékan, a la place de son père. Lors-
que linviacible Rama poursuivant les
Daitias arriva dans le Djanasthana,
la brûlante vice-reine s'éprit d'amour
pour lui, et tenta de faire naître eu
son cœur les mêmes flammes. Rama,
fidèle a sa belle épouse Sita, dédai-
gna les faveurs de la princesse sivaïte.
Smourianaka furieuse 8' en prit a celle
464
SOI
tfuî était la cause de rinsensll)ililo de
llama : Ravana, déjà en proie au
sombre courroux et aux frénéliques
désirs de vengeance qu'avait excités
en luile trioniplic d'un rival, n'eut pas
de peine à suivre les conseils de Tal-
tière Smourianaka 5 et c'est alors que,
s'eœparanl par un rapt de la personne
de Sita, il l'emprisonua dans Lanka
sa capitale.
SNORRA, la déesse Scandinave
des sciences et de la sagesse. Ou don-
nait son nom aux personnes sages et
pi udenles de l'un ou de l'autre sexe.
SOCÏIOTIIP.KINOTH. /^ojcz
Soukkot-Bknotu.
SOCOS : 1° Mercure; 2° jeune
Troyeu de haute stature et d'une bra-
voure h toute épreuve qui fut tué par
Ulysse.
SŒRIMISER, sanglier gigan-
tesque delà inylliologie Scandinave,
forme, dans le Vallioll , la nourri-
ture favorite des héros admis après
leur mort dans ce palais d'Odin.
C'est le cuisinier Audhrimner qui
chaque malin le fait cuire dans l'éuor-
memarmitc Eldhrimner. On le man-
ge tout entier tous les jours; et tous
les jours il se retrouve tout entier
dans la marmite d'Audhrimner. La
chair de porc était le mets favori des
anciens héros du Nord. Dans l'O-
rient, au contraire, celte chair était
proscrite. A cette idée primitive ou
consécutive sur l'usage du porc se
lient quantité de mythes, parmi les-
3uels se distinguent ceux des sangliers
e Calydon et d'Éryraanlhe, d'A-
donis et de Samanakodom.
SOHAM, monstre de la mytholo-
gie parsi, avait la tête d'un cheval,
le corps d'un dragon, la couleur de
l'acier poli , huit pieds de long et
quatre yeux.
SOIN , Cura. Les anciens le re-
présentaient prenant l'Occasion par
SOM
les cheveux {P^oy. ce dcrnicmom),
SOLANIJS , génie du vent d'estj
est représenté jeune et tenant dani
son sein des pommes, des pcciies,
des grenades, des oranges, etaulrei
fruits particuliers a la Grèce orien-
tale.
SOLEIL, en latin Sol. Foy.X
HÉLios; et comp. Adoms, Apol-|
LON, Atys, Bacchus, EsCULAPBj
Friî, Hercule, Janus, Jason, ^
CIPPE, MlTHRA, OxYPORE, PEr.SliEJ
Patcuakamak, etc.
SOLOON, dieu-fleuve qui épan-
che ses eaux non loin de Nicée en
Bilhyiiie. C'était, dit-on, un jeune
Athénien. Amoureux de l'Amazone
Anliope que Thésée conduisait dans
Athènes , et voyant ses hommages
rcjelés, il se précipita dans le fleuve'
de Nicée. Thésée donna son nom
la rivière , et jela sur ses rives Ici
fondements d'une ville dont les deuj
frères de Soloou furent les prcmiera
gouverneurs.
SOLVIZONA. r. Lysizone.
SOLYME, héros éponyme du peu-
ple Solyme qui, à une haute anti-
quité , habitait les confins de la Ly-
cic, de la Pamphylie et de la Phrygie,
était, selon Etienne de Byzance, (ils
de Jupiter et de Chaldéua. Cette
généalogie doit-elle se traduire en
ethnographie par l'origine chaldéenne
des SolymesV — Il n'est guère possi-
ble au nom de Solyrae de ne pas se
rappeler les noms de Salem et Jéru-
salem en grec Hierosolyma.
SOLÏMON, fondateur de SuN
nione , selon Ovide qui était origi-
naire de cette ville, était un roi de
Phrygie. Si cette fable n'est pas de
l'invention d'Ovide, il est probable
qu'il y a quelque rapport entre le roi
de Phrygie Solymon et les Solymes.
SOMMEIL. F. MoBPHÉE. Tan-
tôt, en <;ffet, le Sommeil et Morphée
SON
se confondent; tantôt, mais rarement,
ils diffèrent. Le Sommeil alors n'est
qu'un être allégorique , Morpliée est
le dieu véritable.
SOMMONARODOM. V. Sama-
HAKODOM.
SONGES , enfants du Sommeil
(de la Nuit seule , selon Hésiode). Ils
sont en grand nombre, reconnaisseiit
pour chefs de lile Icèle , Phanlasc,
Pbobétor, Morphée, se divisent en
vrais et faux , et occupent le même
palais que leur père le Sommeil.
D'ordinaire on monlre Morphée pre-
nant la forme des hommes , Icèle et
Phobélor celle des animaux, Phan-
tase celle des choses inanimées. Plus
fréquemment Morphée, ministre prin-
cipal du Sommeil , ne diffère point de
ce dieu. Parfois on prétend qu'Icèle,
Phantase et Phobétor ne visitent que
les palais, et qu'ils laissent les de-
meures particulières à la tourbe des
Songes vulgaires. Les Songes vrais
sortent des enfers, ou bien du palais
du Sommeil par une porte de corne ,
les Songes faux par une porte d'i-
voire. Les étyœologies qu'on cite à
l'appui de ce détail de la fable sont
pitoyables. — Un hymne orphique
donne le Songe comme le prophète
par excellence. En effet l'oniroman-
cie eut une vogue extraordinaire par-
mi les Grecs.
SONTEB ou SEB , déesse égyp-
tienne peu connue. Elle figure au
sixième rang dans une procession de
quatorze personnages, procession qui
elle-même n'est qu'un détail d'un grand
tableau astronomique sculpté au por-
tique principal du temple d'Edrou,
reproduit dans la Desc. de l'Eg. ,
Ant. , t. I. pi. Lviii. Sonteb a une
tête humaine sur laquelle se pose un
vase. Devant elle marchent Ertosi
ou le Mars égyptien, Pi-Zéous ou
Djom, Tafnet, puis deux personnages
LV.
SOR
46i»
que l'on ne peut reconnaître; der-
rière viennent Haroéri, Isis. Neflé,
un dieu inconnu , puis les quatre
génies de l'Amenti (Omset, Hapi et
deux autres dont on n'a pu encore
interpréter la légende).
SOPHAX, fils d'Hercule et de
Tinga, veuve d'Antéc, donna leirtlra
de sa mère h la ville de Tingis , ca-
pitale de la Mauritanie Tingilane, et
le sien à la dynastie royale dont Sy-
phax , dans les temps historiques ,
présente en lui le dernier héritier.
SORANUS, dieu sabin qui fut dans
la suite adopté par les Etrusques.
C'était un dieu de la mort, et par
conséquentil différait peu du Februus
de l'Etrurie et des Romains. On in-
cline même à les identifier, sauf a
reconnaître qu'originairement ils ap-
partinrent à des localités différentes.
Ces échanG;es de dieux entre les deux
peuples , les Etrusques et les Sabins,
eurent lieu plus d'une fois(Oltf. MiiU
1er, Etrusk.^ t. II, p. 67, etc.).
Comp. Februus. — Il existait chez
les Hirpins une légende relative à ce
dieu. La première fois , dit-on , que
des sacrifices furent offerts sur le
Soracte a Soranus , des loups énor-
mes s'approchèrent de l'autel, en-
levèrent les victimes, et se réfugiè-
rent dans une caverne dont les va-
peurs pestilentielles asphyxièrent la
plus grande partie de ceux qui s'a-
charnèrent a leur poursuite. Quel-
ques-uns seulement revinrent sains
et saufs vers leurs compatriotes, mais
une maladie contagieuse ravagea le
pays, et soudain les bergers préten-
dirent que le germe du fléau avait
été rapporté de l'antre aux loups; les
chefs allèrent consulter l'oracle : l'o-
racle répondit que les loups étaient
protégés par Pluton, que c'était nu
crime de les blesser, que, loin de leur
faire du mal , les pâtres devaient les
3o
A66
SOS
SOT
^
prendre ponr modèles et vivre comme
€ui en braves, c'est-a-dire de rapines
et de buiia. Les consullanls obéirent,
et prirent alors le nom d'Hirpins, qui
signifiaitloupsdans la langue du pays.
On les appelait aussi loups de So-
ranus.
SORGE, fille du roi de Calydon,
(Muée , et d'Altliée , eut pour mari
Andréraon et pour fils Oiyle. Comp.
ce oom.
SOSIANUS, Apollon syriaque,
dont la statue en bois de cèdre fut
Î)orlée deSéleucis a Rome. On ignore
e sens de ce nom.
SOSIPOLIS, dieu des Éléens,
figurait dans leur légende comme en-
fant et comme serpent. 'A la veille
d'un combat décisif entre les Arca-
diens et les Elécns, une femme vint
au camp des derniers, portant un en-
fant a la mamelle, et leur assurant que
les dieux l'avaient avertie en songe
que cet enfant serait leur sauveur.
!Les chefs éléens placèrent l'enfant nu
sur la première ligne du corps d'ar-
mée. Déjà les Arcadiens s'avançaient.
Tout a coup l'enfant se transforme en
serpent. A la vue de ce prodige, les
Arcadiens fuient , les Eléens les
poursuivent et les taillent en pièces.
Ainsi les promesses du songe avaient
été réalisées 5 l'enfant-serpent avait
combattu pour eux. Mais quel était
cet enfant? Esculape? Troplionius?
Erichthonius? un génie lellurique ou
un être céleste? Ce qu'il y avait de
certain, c'est qu'il avait sauvé la ville
{traçai, -jiéXn); faute d'autre nom on
se contenta donc de lui donner le beau
titre de Sosipolis. On lui éleva un
temple au lieu où, cbangé en serpent,
il s'était dérobé à tous les yeux. A
Dithye était consacrée la partie anté-
rieure de l'édifice; tout le monde
pouvait y entrer; le reste du temple
itait interdit aux femmes. Les hom-
mes posaient les pieds dans celte se-
conde enceinte. Enfin un sanctuaire , t
séparé de celte enceinte même par l
d'épais rideaux, était interdit h tout {
autre qu'à la prêtresse. Probablement
dans ce sanctuaire était la statue du
dieu , et cette statue passait pour im
palladium. Sosipolis avait la forme
d'un enfant revêtu d'un habit de plu-
sieurs couleurs, et tenant à la main
une corne d'abondance. La prêtresse
était obligée hune siricle continence.
Les offrandes étaient des gâteaux pé-
tris avec du miel. Les femmes ad-
mises dans le temple d'Ilitbye hono-
raient de la le dieu par des hymnes
et des libations dont le vin était ex-
clu. Jurer par Sosipolis était pour
les Eléens le plus inviolable des ser-
ments. — Des modernes ont pensé
3ue l'apparition de Sosipolis a la tête
es guerriers d'Elis avait été un stra-
tagème concerté par les chefs éléens.
SOSPES ou SOSPITA : 1° Junon
dans trois temples de Rome, en tant
que veillant à la salubrité de l'air;
s,° Minerve ; 3° Diane. Cette dernière
avait h Mégare le surnom de Sotira
qui en grec revient au Sospita des
Latins. Les Perses, dit-on, du temps
de Mardonius, s'égarèrent dans les
environs de Mégare, et, trompés par
Diane, décochèrent toutes leurs flè-
ches sur les rochers d'alentour. Le
lendemain , au lever de l'Aurore ,
leurs carquois étaient vides. Les Mé-
garéens alors fondirent sur eux, et eu
firent un horrible carnage.
S OS TR A TE, ami d'Hercule,
avait à Palée (dans Cépballénie?), sa
patrie , un tombeau sur lequel on lui
rendaitles honneurs héroïques. Her-
cule en avait donné l'exemple , en
faisant élever ce monument, et en se
coupant les cheveux sur sa sépulture.
SOTHÏS était, chez les Egyptiens,
l'étoile de Sirius personnifiée, être-
«
SOT
pondait au Tachter des Parsîs. C'é-
tait, dit-on, l'étoile d'Isis, la demeure
d'Isis. On la regarde comme identi-
que a Thotb, au dieu des enfers Anu-
bisj ce que nous croyons véritable.
En Perse aussi nous retrouvons la
même liaison entre Tir , la planète
de Mercure , et Tachter qui est Si-
rius. Chez les Grecs égyplianisauls
Mercure aspire à se joindre (par un
lien amoureux) à Isis qui prend sou-
dain l'aspect infernal , la face noire ,
la forme d'Hécate ou Brimo.
SOTORTAIS, le grand apôtre
du Japon , naquit à la cour de l'em-
pereur Fiutats , la troisième année
du règne de ce prince. « Sa nais-
sance, dit Kœmpfer, d'après les do-
cuments japonais, fut précédée et ac-
compagnée de circonstances remar-
quables. Une nuit sa mère le vit en
songe, environné de rayons qui bril-
laient comme le soleil, et une voix
lui adressa ces paroles : Moi, le
saint Qusobosatz, renaîtrai en-
core pour enseigner le monde ,
et à cet effet je descendrai dans
ton sein. A l'instant elle se réveilla
et se trouva enceinte. Huit mois après
elle entendit distinctement l'eufant
parler dans son sein, et accoucha le
douzième mois, sans peine et même
avec plaisir, d'un fils, qui fut nommé
alors Fatsisino , et après sa mort
Tais et Soloktais. Ce miraculeux en-
fant ne tarda pas a donnner des si-
gnes de sa piété future. La dévotion
et la prière faisaient ses délices dès
ses plus tendres années. Il n'avait
que quatre ans, lorsque, étant en
prières , les os et les reliques du
corps brûlé du grand Siaka parvin-
rent d'une manière miraculeuse entre
ses mains. » L'année suivante (8<
du règne de Finlats et 5* de Solok-
tais) l'image du dieu fut apportée
d'outre-mer au Japon, et placée dans
SOU
467
le temple de Kobousi, îi Nafa, où
elle occupe la première place. Six
ans se passèrent encore, et alors Mo-
ria, Tennemi de'claré de Sotoktais,
s'éleva contre la doctrine de ce der-
nier avec autant de violence que d'or-
gueil et d'audace. Il arrachait des
temples tous les Fotokes et les jetait
au feu. Mais cette victoire de l'im-
piété sur Sotoktais ne dura que deux
ans; et un jour qu'il avait jeté, selon
sa coutume, les cendres des dieux
dans un lac, un orage effroyable s'é-
leva, et Moria disparut au milieu des
éclairs et des tonnerres. Quand cet
événement eut lieu, Fintats avait
cessé de régner, et Jomei, son qua-
trième fils, était sur le trône. A par-
tir de ce temps, la renommée de
Sotoktais ne fit que s'accroître. En
598 un prince étranger vint de Fa-
kousai a la cour de l'impératrice Siko
pour offrir au saint l'hommage de ses
respects, et en 6ii Darma (Dhar-
nia;') apparut au célèbre pénitent
dans la province de Jamatto, sur la
montagne de Katajoka. Les deux
nobles interlocuteurs s'y parlèrent,
ajoute-t-on , en vers impromptus.
Soloktais mourut sept ans après.
SOUAIAMBHOUVA,SOUAIAM-
BHOU , fut primitivement une épi-
thète soit de Brahm, soit de Brahmâj
puis Brahm venant à se déterminer de
plus en plus, dans la liste de ses dé-
terminations figure celle de Souaïam-
bhou {Foy. k l'article Bbahiw dans
quel ordre se suivent ces diverses in-
dividualisations de Brahm). Ce mot
veut dir.e qui existe par lui-même.
Comp. Atmabhou. — Souvent on
trouve Souaïambhouva sur la liste
des sept Menons, et même h leur tête.
_ SOUAN, SEVEN ou SAOVEN,
divinité égyptienne de seconde classe,
dont Champollion jeune a lu le nom
sur uu grand nombre de monuments ,
3o.
46S
SOU
revenait a rilitbye des Grecs , et par
conséquent a ia Lucine des Romains.
C'est le même nom que Syène, 2u;;'v;j,
jadis Souan (V^oyez Egypt. sous
les Pharaons, t. I), et aujourd'hui
Assouan, ou mieux Ossouan. — Oa
avait nié que TEgypte eût jamais con-
nu , dans le temps de son indépen-
dance, une divinité analogue a Ili-
ihye. C'est pourlaul ce dont on au-
rait dû êlre convaincu en voyant Dio-
dore de Sicile ( I . I , c. 12) menliou-
ner parmi les déile's égyptiennes uue
EtMifvtXj en trouvant dans la haute
Egypte, au sud de Tlièbes, une ville
nommée par les Grecs F^lXtiêv/x îro'A<f,
et par les Romains Liicinœ oppi-
dum {f^oy. ChampoU. jeune , Eg-
sous les Phar., t. I, p. 179). Un
magnifique has-relicf a Hermonlhis
(Ermenl) a dû achever de lever tous
Jes doutes (Voy.Z?C5C. de l'Egyvt.,
Ant., vol. I,pl. xcvi). Autour d'une
femme dans les douleurs de l'enfan-
tement, et a l'instant même où l'en-
fant quille le sein de la mère, se
pressent plusieurs déesses; Amoun-
Ila le père des dieux assiste lui-même
l'accouchée, et derrière lui paraît,
comme la circonstance le comporte ,
la déesse Souan protectrice des mè-
res en travail. Au-dessus de la tête
de la jeune mère planent d'une part
le vautour, de l'autre le scarabée,
emblèmes sacrés de la maternité et de
la paternité. Tout est si clairement
caractérisé dans ce morceau impor-
tant , tout indique si bien les allribu-
tions d'une Ilithye égyptienne, que
l'on peut presque se consoler de l'ab-
sence des légendes hiéroglyphiques
que le temps n'a point permis au des-
sinateur de reproduire. Il ne restait
véritablement que le nom indigène à
connaître; les fonctions divines avaient
cessé d'être problématiques. — On
retrouve encore Souan (pour ne citer
SOU
ici que des figures déjà reproduites
par la gravure) parmi les divinités fi-
gurées sur la face latérale de l'est du
grand temple d'Athor h Tentyra
(Denderah, Desc. de l'Eg. , Ant. ,
t. IV, pi. XVII, et surtout pi. xxiii,
n° 5), oîi la déesse est coiffée du vau-
tour emblème de la maternité ; un
autre vautour figuré sur la tunique
enveloppe le corps de cette divinité
sous ses ailes plusieurs fois repliées,
sur la face latérale du temple de
Dandour (Gau, Monum. de la Nu'
bie , pi. XXV ) et dans les bas-reliefs
du temple isolé de Kalabché (Gau,
iùid., pi. xxii). Dans l'un et l'autre
cas, Souan se trouve a côté de Boulo,
et en rapport avec un prince de l'E-
gypte, empereur ou roi lagide : dans
la dernière scène il est présumable
que les deux déesses ensemble (l'ac-
coucheuse et la nourrice) président a
1 éducation du prince. — Toutes ces
figures sont à tèle humaine. Cliam-
poUion jeune en a donné deux autres
qui diffèrent des précédentes, en ce
que la tête de vautour remplace la
tête humà\uc{Pan(h.égypt. sous les
n" 28 «, 28 ^, liv. II). La deuxiè-
me de cesllithyes gypocéphales tient
a la main un arc et une flèche. Main-
tenant quel fui le rang de Souan, et
quels sont ses rapports avec les autres
dieux de l'Egypte? Selon Jablonski,
Souan est Poubasli. Champollion
jeune veut que celle déesse soit une
forme de Neilh , la grande mère par
excellence après Boulo, Neith qui à
chaque instant a pour coiffure le
vautour, qui à elle seule représen-
tait en Egypte Minerve et Junon. A
notre avis, Souan, une des divinités
du second ordre que nous réunissons
sous le nom de Treize-Douze ( P^oy.
ce mot), appartient h la sous-série
des dieux femelles : elle en est le
chef; c'est uue Pooh (Lune) infé-
sou
rieure, en d'aulres termes une incar-
nation, une délégation de Pooh , la
baute déesse, dans une sphère infé-
rieure.
SOUAINVITA est une des six hé-
roïnes secondaires altache'es au ser-
vice des Valkiries. Les cinq autres se
iiomraent Aulruna, Brinhildour, Al-
vilra, Godroiiuna, Hilda.
SOUBRAMANIA. V. Skanda.
SOUCHA, le dieu principal des
Puelches ( dans l'Amérique méridio-
nale). Sou nom signifiait dieu du bien-
boire.
SOUCHOE selon Saumaise , SE-
RUCHUTH selonFirraicus, premier
décan de !a Balance , est représenté
coiffé d'un disque avec l'oiirée, mais a
iélc de vautour [J^oy. zodiaque rec-
tangulaire de Tculyra , Descr. de
l'Lg.,Ant.,\o]. IV, pi. 20). Il est
impossible de ne pas rapprocher ce
nom de celui de Soucho [crocodilus
suchus de Geoffroy-St-Hilaire) , et
de ne point soupçonner quelque rap-
port entre le dieu et l'animal. Comp.
DtCANS.
SOUDÎIA, quatrième fils de Brah-
mà selon la mythologie brahmaïte,
naquit de son pied droit. Ou sait que
quatre fils, emblèmes des quatre cas-
tes hindoues , sortirent des quatre
membres principaux de ce divin gé-
nérateur. Le plus noble, Brahman ,
tige des Brahmines, jaillit de sa bou-
che; Kchatriia, tige prétendue des
Kchatriias ou guerriers, sortit de
son bras droit ; Vaicia , tige des Yai-
cias ou négociants, vulgairement Ba-
nians, sortit de sa cuisse droite; eu-
fin Soudra, émané du pied droit, en
d'autres termes de l'extrémité infé-
rieure du corps, est naturellement le
symbole de la caste servile. En effet ,
les Soudras aux Indes sont des ilotes
ou des serfs.
SOUEJNTAYITH, dieu du soleil
OU 469
chez les Slaves. T^oy. Svantovitch.
SOUGAITOION passe, chez les
laloutes, pour un esprit malfaisant,
maître de la foudre, et ministre ra-
pide des vengeances d'Olontoïon, qui
est le chef suprême des esprits ahri-
maniques.
SOUGRIVA, fils du dieu-soleil Ta-
pama, est, dans la mythologie hindoue,
avec Hanouman, le chef-singe le plus
remarquable. Ces chefs-singes , dans
le Ramaïana , sont au nombre de
onze.
SOUKKOT-BÉNOTH ou SUC-
COTH-BÉNOTH , idole assyrienne
sur l'essence de laquelle les orienta-
listes varient. Selon les uns, c'était la
constellation des Pléiades. Les au-
tres , frappés du rapport des noms
Vénus et Béuoth , regardent l'idole
comme une forme de la Venus d'As-
syrie. Dupuis semble tendre à identi-
fier de façon ou d'autre la déesse-
planète et la constellation. Soukkot-
Bénolh serait un décan zodiacal flot-
laut sur les limites du Bélier et du
Taureau. Enfin , suivant Geseuiiis
{Hehv. JVoerterb., p. 7 9 0 5) et Ro-
senmiiller {Ailes u. n. Morgenl. ,
IV, p. 386), Succoth-Bénoth ne dési-
gnerait pas la divinité même , mais
bien des objets relatifs a son culte ,
les tentes sous lesquelles les Isréalites
se prostituaient en l'honneur de My-
litta, ou bien l'arche, le tabernacle,
la sainte Bari dans laquelle les noma-
des transportaient de déserts en dé-
serts les objets de leur vénération.
Au fond, rien n'empêche qu'arche et
tentes, arche, tente et déesse, tout
cela n'ait été plus ou moins amalgamé
par les dévols, et que dans la suite
des temps on n'ait vu dans Succoth-
Bénoth ime espèce d'Ilith ambulante.
C'est a Babylone que l'histoire nous
montre le siège du culte de Succoth-
Bénoth. Jl fut établi aussi dans la ville
47Û
SOU
SOU
n
de Samarie par le vainqueur Salma-
nazar. On offrait à cette idole des
grains de blc et des gâteaux. Kircher
(OEdiv. , 1. 1, p. 362 ) voit dans le
choix ae ces offrandes une allusion
évidente aux colombes et au taureau.
De plus, il croit retrouver son image
dans des médailles de Sélinonte, où
$ont réunis le taureau et les colombei
{Péléiade.s, d'oîi Pléiades ).
SOURRA. Toy. BovDHA.
SOULBIECH est l'être suprême
chez les Alabamas (anciens indigènes
de la Louisiane).
SOUMATI , fille de Garoudha
(le vahanamdeVichnou), fut une des
deux femmes de Sagara : Tautre
appelée Kessini se contenta d'avoir
un fils , Açamania ; mais Souraali en-
gendra miraculeusement la citrouille
de pépins a forme évasée, d'où sorti-
rent soixante mille fils.
SOUMBHA (ou Shoumbha) et
NIÇOUMBHA sont, chez les Hin-
dous, deux vastes géants successeurs
de Mahéchaçoura ou, pour mieux
dire, incarnation soit de Mahéchaçou-
ra lui-même , soit du dieu suprême
Siva dont Mahéchaçoura est l'incar-
Dation. Leur légende, du reste bien
connue, se lit dans la traduction fran-
çaise de Creuzer (t. 1, 2'' partie , et
dans le Catholique, t. XV). Voy.
Samba.
SOUMENATE, dieu indien quia
donné son nom a une ville où est son
temple et a toute la province. De
fréquents pèlerinages ont rendu ce
lieu célèbre. On trouve dans le tem-
ple une idole en pierre, remarquable
par sa taille colossale; elle est au-
jourd'hui assez avant fixée en terre.
SOUININA est, dans la mythologie
Scandinave, le soleil en tant que
déesse. Sans cesse poursuivie par le
loup Fenris, qui doit l'engloutir
un jour, elle court avec rapidité.
De temps à autre cependant l'énorme
gueule de l'avide animal l'engouffre
en par lie: de la les éclipses. Avant de
tomber dans la gucvde de Fenris,
Souuna mettra au monde une fille
aussi belle, aussi brillante qu'elle-
même; et celle-ci éclairera le nouvel
univers qui doit naître des cendres du
premier.
SOURACÉNA (Surassena), de
la race des ladous, était très-proche
parent du roi de Malhoura , Ougra-
céna, et avait pour empire la ville
appelée de son nom Souracéna. C'est
lui qui fut le père de Yaçoudéva,
époux de Dévaki et père de Krichna.
SOURADÉVA (a tort Suradeus,
SoBADEUS, SoRADÉVA, elc.) n'est pas
la déesse du vin , mais bien la déesse
de cette divine et mystérieuse liqueur
dont une goutte donne l'immortalilé,
l'éternelle jeunesse, le savoir, la puis-
sance , aux Dé vas . Ce breuvage céleste,
que vulgairement on appelle amrila \
(ou ambrosie , voy. ce nom), s'ap- '
pelle aussi soura; car c'est en vain
que l'on voudrait distinguer l'amrita
ae la soura. On devine que Soura
déva n'est que la divinisation de *
soura. C'est ainsi que l'ambrosiè a
donné lieu aune Ambrosie allantide.
1 — Le nom de Soura eut de l'impor-
tance aux Indes, puisque c'est de lui
que les dieux et les démons ont pris
une de leurs dénominations. Dévas
et Souras sont synonymes; Açouras
(qui n'ont pas bu de soura) et Daitias
reviennent au même {Voy. Ambro-
sie et Rakchaças). Il paraît qu'à
une époque postérieure on prit la
soura pour du vin ou pour quelque
autre liqueur fermenlée.
SOURIA (vulgairement Surya)
figure tour a tour dans la mythologie
hindoue comme le soleil et un des
douze Aditias (soleils mensuels) . Dans
la Bomejjclalure la plus ordinaire do
il
sou
ces douze divinités subalternes il oc-
cupe le second rang, et correspond
au mois Vaicakha , avril. Autour de
lui se trouvent les noms de Mitlira et
de Vichnou, qui jettent de l'incerti-
tude sur son caractère véritable.
SOUROT ouSUROT, la planète
de Vénus chez les Egyptiens, était le
quatrième dieu-dynaste (le quatrième
des Ïreize-Douze).
SOURÏOUR, génie funeste de la
mythologie Scandinave, viendra, suivi
des génies du feu , envahir le ciel ,
briser le pont Bifrost , lever sur les
Ases un glaive plus étincelant que le
soleil , tuer Frei et vomir sur le
monde les flammes qui doivent le
réduire en cendres.
SOUVA , le dieu de la chasse au
Japon , ne nous est connu que par la
fête qu'on célèbre tous les ans en son
honneur. Une procession en est la cé-
rémonie principale. Voici dans quel
ordre se suivent les acteurs de cette
antique solennité qu'annonce un
bruyant concert de tous les instru-
ments de musique en usage dans le
pays : i* deux cnevaux de main, très-
blancs, très-maigres j 2° quantité de
bannières symboliques , parmi les-
quelles un drapeau de papier blanc à
l'extrémité d'un court bâton, puis une
lance courte , large et grossièrement
travaillée , mais entièrement dorée j
3° les Mikoci , châsse octogonale ,
élégante et couverte d'un beau vernis
(on les porte sur des sièges creux ,
on y verse les aumônes recueillies
dans des troncs ou des bourses, par
des quêteurs ad boc)^ 4-° les supé-
rieurs du Miia de Souva en palan-
quin; 5° deux chevaux qui rivalisent
en embonpoint avec ceux qui ouvrent
la marche; 6° les prêtres; y** le
peuple. On se dirige ainsi d'un point
de la ville vers le Miia. La, quand
les prêtres ont pris leur place , des
sov
471
députés de la ville viennent, avea
vingt piques au sommet desquellei
sont attachés des copeaux vernissés,
rendre leurs hommages au chef des
bonzes. Avant d'entrer , ils doivent
s'être lavé les mains dans un bassin
placé a la porte du temple. Ont-ils
fini de rendre hommage au dieu ou
à son grand prêtre , un bonze infé-
rieur leur offre un pot de bierre de
riz. Ces usages rustiques, souvenirs
éloignés de la pauvreté des premiers
habitants du Japon, rappellent diver-
ses cérémonies de la religion péias-
gique, et surtout le Cycéôn offert k
Cérès par la vieille Baubo.
SOVA est chez les Gojas de la
côte de Malaguette , l'esprit malin.
C'est lui qui est la cause de toutes les
maladies, de tous les maux physiques,
moraux et intellectuels.
SOVK ( ou SOUCHOS , SOUKHOS ,
Soûvoy), quelquefois Rephatï oa
Rempha( ou peut soupçonner même
que les Egyptiens dirent Phaw-Ré),
nom que semble affectionner le dieu-
dynasté-planète Saturne lorsqu'il est
considéré ( et c'était l'ordinaire )
comme malfaisant. Il figure le der-
nier dans la première série des Treize-
Douze {V^oy. ce mot), ce qui peut-
être étonnera beaucoup de lecteurs;
puisque d'une part les quatre pre-
mières planètes, nommées Pi-Zëou
(Jupiter), Ertosi(]Viars), Surot (Vé-
nus ), Pi-Ermoôu (Mars), semblent
avoir élé a dessein disposées dans
l'ordre de leurs distances au soleil
(Sovk, plus éloigné que Pi-Zéou,
devrait donc marcher en tête ) , et
que de l'autre les Hellènes, qui, dit-
on , calquèrent leur mythologie sur la
religion égyptienne, ont fait de Crone
(leur Saturne) le plus ancien des dieux
après Ourane (Uranus). On expli-
quera cette contradiction apparente
ea songeant que Saturne , par le fail
472
SPÀ
même de son t'norrae ^lolgnement ,
est presque invisible à l'œil nu , et
qu'en conséquence, porté plus tard au
nombre des planètes, il ne dut être
placé parmi les dieux-dynastes que
sur des listes complémenlaires qui
laissèrent long-temps subsister les
rangs primitifs. Le crocodile ( l'es-
pèce qui en Egypte portait le nom
de Sovk ou Soukho, et que M. Geof-
froy-^>aint-IIilalre regarde comme
plus douce que celle des Khamsès) lui
élait consacré 5 et probablement il
était fréquemment représenté par cet
animal seul (Voy. dans la Dcsc. de
l'Eg.j t. I, pi. Lxxxir, 2, un bas-
reliei' d'Esneli , qui représente nn
crocodile (Sovk) avec un disque(syra-
bole de Fré ) sur sa tèle). Le nom
de Sovk se, lit en hiéroglyphes pho-
nétiques sur la tête d'un dieu croco-
dilocéphale du portique du temple
d'Ombos ( Voy. Dcsc. de l'Eg. ,
1. I. pl.XLix, 19 ).
SPARTE, SpARTA,2:5r«^T«, Spar-
te personnifiée , passe en mythologie
pour fille du roi de Laconie Eurolas,
et pour femme de Lacédémon h qui
elle apporta en dot la couronne. l)e
cette union naquirent Amycle, Eury-
dice, Danaé. Comp. du reste LacÉde-
MON. — Un autre Sparte [Spartus)
paraît dans les généalogies grecques
quatre degrés au-dessus de la précé-
dente : pèrcdeLélex et contemporain
de Ményleil florissait, suivant le ta-
bleau de M. Petit-Radel , i63o ans
avantJ.-C, tandisque Sparte, Spar-
ta, correspond k l'an 1480. ]N. B.
Sparte a d'autres héros éponymes
que ses deux indigènes de la Laconie
{f^Qy. les art. suivants).
SPAIVIEE , si'ARTTEUs, fils de
Jupiter et de la nymphe rhodienne
Himalie , naquit a lliiodes après la
défaite des Titans. Ce nom, qui veut
dire semé, uous ramène naturglle-
SPÎÎ
menl aux Spartes (premiers hommes)
de la Béotic.
SPARTES, les cinq guerriers qui
seuls restèrent de la bande armée à
laquelle avaient donné naissance les
dents du dragon, semées par Cadmus:
Echion,LMée,Chthonius,Pélore,Hy-
pérc'nor, voilà leurs noms. Ils aidèrent
Cadmus àbùlirTIièbes, et l'un d'eux,
Echion, lui succéda. Echionveuldire
serpent. Il faut songer ici h la raéla-
morphosc de Cadmus en reptile, puis
de la liaison du reptile a la terre et
a l'agriculture. On donne les Spar-
tes pour des indigènes, opposés aux
colons , aux étrangers. Ce point de
vue est douteux. Quelques mytholo-
gues ont fait des Spartes, qui dit-ou
étaient au nombre de i3, treize fils
de Cadmus et de diverses concubines.
Il est difficile ici de ne pas se repor-
ter, non-seulement aux douze mois,
aux douze signes du zodiaque , mais ,_
aux douze Adilias hindous qui ont eu \
pour père un Archi-Aditia dans laj
personne de Raciapa, l'espace.
SPARTON, l.-7rtipTaiv, qu'on don-
ne comme frère de PJioronée, n'est
évidemment qu'un être mythique fa-
briqué après coup par ceux qui vou-
lurent que toutes les villes du Pélo-
ponèse relevassent de la dynastie
d'Argos. âm
SPERCHIUS , ^T^tp^Ùo, , dieu- im.
fleuve dont les eaux coulaient dans la
Phthiotide , et qui, selon toutes les
apparences , se confondait plus ou
moins avec Achille dans l'esprit des
populations primitives. Pelée, trem-
blant avant la guerre de Troie , con-
sacra au Spercliius la blonde cheve-
lure de son fils.
SPES, l'Espérance. H^oy. Eians. .
SPHALTE, SPIIAI.TES, 2:<p«Ar;;?, ilB
(jui cliancelte : Bacchus, soit à cause «■
desfréquents efl'etsduvin, soitencom-
jnémoralion de la chute que fil Télc-
i
SiPH
plie sur un cep de vigne. II sel)lessa
eu lotnbant sur celle lige si molle eu
apparence.
SPHERE , sPHiKRus , s^«7(5«?,
liéros éponyine clerîlecleSphériehqui
Elhra donna le nom d'Hiéra (sacrée)
après s'y être livrée h l'amour deNep-
tune, était l'écuyer dePélops. On pré-
tend qu'il avait son lomLeau dans l'île
qui porta son nom, el qu'Ellira elle-
même l'y avait inhumé de ses mains.
SPHÎNX, 2?/y| (gén. Sphingis,
Sphingos, 2p<yy<Jî), monstre que les
mytliologies ihébaines, tant grecques
qu'égyptiennes, ont immortalisé, l'une
en le localisant dans l'iiistoire d'OE-
dipe , l'autre en le reproduisant des
milliers de fois sur les murs des
(■eraples, sur les bas -reliefs des i>ta-
tues, et dans les statues elles-mêmes.
Dans la Thèbes de Béotie, le Sphinx
apparaît un jour aux portes ou sur
la route de cette ville, sans qu'on sa-
che au juste d'où il vient : il ocei^pe
le mont Phicion, Sphigion (ouSphin-
gion, c'est-à-dire du Sphinx ) ; il est
le fléau de la région qu'il domine : les
passanlsne peuvent échapper h sa vue
perçante , a ses griffes profoudcs , à
ses indéchiffrables énigmes. Quicon-
que pose le pied sur la route étroite
qui mène soit de Delphes , soit de
Daulis, a Thèbes, est obligé de subir
la conversation du terrible oiseau -
lion, et de pénétrer le sens de l'énig-
me qu'il propose , sous peine d'être
précipité dans les flots qui se brisent
aux pieds de ces rocs abruptes. Au
reste le Sphinx ne joue pas un rôle lâ-
che dans ce drame de sang : il con-
sent h subir le même sort si Ton devi-
ne son énigme. Mais déjades centai-
nes de malheureux interprètes ont
trouvé la mort sous l'écume blanchis-
sante des flots, quand enfin OEdipe
arrive, k Quel est, lui demande le
jnouçlre, quel est l'aiùroal qui a qua-
Sttt
4^3
tl'G pieds le matin , deux a midi, et
trois le soir? n — « Cet animal, ré-
pond OEdipe, c'est l'homme, qui
dans son enfance se traîne sur les
pieds et sur les mains , qui dans la
force de l'âge se tient sur ses deux
jambes , qui dans la vieillesse s'ap-
puie sur un bâton. » A peine a-
1-il prononcé ces mots, que déjà le
Sphinx s'abîme sous les vagues qui
ont dévoré tant de Thébains. — Lors-
que les poètes épiques élaborèrent a
leur gré les mythes antiques de Thè-
bes et surtout lorsque les ])oètes dra-
matiques , pour les approprier à la
scène, les eurent brodés par une
foule d'incidents, il fut dit que le
Sphinx ( la Sphinx ) était fille de
Typhon et d'Echidna; que Junon ir-
riléeconlre lesThébains, quil'avaieut
oflensec, envoya ce monstre dans leur
pays ; qu'il avait appris des Muses
quanlité d'énigmes, que ces énigmes
étaient en vers hexamètres et qu'il
fallait aussi répoudre en vers 5 que
Créon, régent de Thèbes, avait pro-
mis la main de sa sœur (Jocaste) et le
trône de Laïus a celui qui débar-
rasserait Thèbes de l'obsession du
Sphinx. Le Sphinx grec est une jeune
fillë a ailes d'aigle el a corps de lion.
Eu Egypte les Sphinx forment le su-
jet d'une infinité de sculptures , de
peintures et de scènes soit allégori-
ques, soit semi-historiques, 011, tour-
à-tour , ils figurent comme dieôx et
comme parèdres. Les plus remarqua-
bles sont les Sphinx colossaux qui
formaient l'avenue du temple d'A-
jnoun a Thèbes : ces Sphinx étaient
consacrés a Kcith , et probablement
repiésentaicnt Neith elle-même; car
cette fille, épouse d'Amoun, est for-
te, est agile, est vierge et lion, lion
el oiseau. Un Irait essentiel a remar-
quer c'est que les Sphinx de l'Egypte
ue sont point tous du même modèle ,
474
SPH
STA
et que très-probablement ces diffé-
rences ( non moins saisissables dans
les couleurs que dans la forme ) lien-
nent à celles des dieux qu'ils repré-
sentent, ou dont ils étaient les parè-
drcs. Ainsi ou a le Sphinx de Fré ,
le Sphinx d'Alhor, le Sphinx de Knef,
etc., etc. Il y a plus, des reines même
étaient représentées en Sphinx.
Nul doute que l'idée primitive de
Sphinx n'ait été conçue sous l'in-
fluence de l'esprit symbolique. Mais
quel ordre de faits voulut-on sym-
boliser ? C'est ici qu'il y a lieu à
des divergences éclatantes. N'y au-
rait-il pas moyen de les concilier, si
Ion voulait se souvenir que plu-
sieurs divinités différentes avaient
des Sphinx pour adéquates et pour
parèdres? Toutefois nous incline-
rions à voir dans le Sphinx l'allian-
ce divine de la fécondité et de la puis-
sance, puis par suite de la passivelé,
qui est la nature matière, et de l'acti-
vité qui est l'esprit recteur, et enfin
du sexe femelle et du sexe mâle j et
telle est la clë de cette espèce d'indé-
cision qui règne sur le sexe du Sphinx.
Neilh, Pallas. Dourga, Arddhanari,
Aphrodite participent à la même
ambiguité. — Une des idées les plus
répandues sur le Sphinx , c'est que
c'était le symbole de la crue du Nil
en juillet et août, mois qui correspon-
dent aux deux signes zodiacaux le
Lion et la Vierge. Pour les représen-
tations égyptiaques du Sphinx, Voy.
Descript. de lEg. anticj. Pour les
représentations grecques on peutcom-
parer Gorlœus, DactyL, t. II, p.
626, 527 5 Lippert, 1. 1,916-9255
WincVtlvûdiim, Monum. ined.a. 78.
SPHRAGITIDES , nymphes du
Sphragidiura , grotte du Cythéron ,
recevaient des Athéniens un sacrifice
annuel en mémoire de ce qu'ils avaient
peu souffert à la bataille de Platée,
1
dates. iB
gagnée surtout par les Spartiates.
SPI ENSIS DEUS, c'est-à-dire
le dieu des épines , était invoqué par
les Latins pour préserver leurs gué-
rets des chardons et des mauvaises
herbes.
_ SPINTHARE, architecte de Co-
rinthe , fondateur du temple de Del-
phes. J|
SPLANCHNOTOMOS, dieu des II
Cypriotes, apprit, dit-on, aux hom-
mes à disséquer les viscères des vic-
times, et h se réunir dans les festins.
La reconnaissance des hommes alla
jusqu'à le diviniser. On comprend que
de telles traditionsnedoiveut pas mê-
me être réfutées.
SRI, c'est-à-dire l'heureuse, la
fortunée : 1° Saraçouatij 2° Lakch-
mi j c'est à cette dernière surtout que
l'Inde donne ce nom. En le pronon-
çant il est impossible de ne pas pen-
ser à Cérès, dont pourtant il n'est pas
croyable que le nom dérive du même
radical que Sri (Arets, Cora, Kréousa
ou He'ra). Sri fait penser aussi à
Souria, Sirius, Sour (Tyr), etc. J|
SRO , deuxième décan du Capri- H
corne, selon Saumaisc, se nommeEpi-
ma dans Firmicus. Dans le zodiaque
tentyrique rectangulaire il est coiffé
du pchent^ dans le circulaire, c'est
un hiéracocéphale avec coiffure ordi-
naire. II ne faut point confondre Srô
avec Isrô , troisième décan du Capri-
corne , pris pour un des trente-sept
décans ératosthéniens. Comp. De-
CANS.
SROUTA-SRAVA était un saint
ermite hindou que le Mahabharata
qualifie de Riclii, et qui, après avoir
élevé dans les exercices de la plus
haute piété, Somt-Srava son fils, le
donna pour Pourohita (guide) au roi
Djanamédjaïa.
SÏAMÉNÈME ^7ix(cty^fcf,f,\rtn^
te-deuxièmc djoaste d'Eralosthène.
STA
On a vu , ou l'on peut voir dans ce pré-
tendu Pharaon de l'Egypte primiti-
ve , l'Aseu de Saumaise (Astiro de
Firm.), deuxième Décan du Verseau.
Mais corap. Décans, tableau.
STAPHYLE : 1° Staphyle,
nymphe aimée de Bacchus qui, après
l'avoir possédée, la métamorphosa
en grappe de raisin; 2** Staphy~
lus, père d'Anius de De'los. Les
uns en font un fils de Thésée et d'A-
riadne, ou bien de Bacchus et d'E-
rigone. Les autres le mettent en
rapport avec le roi OEuée , et di-
sent que, simple chevrier, il suivit
un jour à la piste une de ses chèvres
qui rentrait plus tard et plus gaie
3ue les autres , la trouva mangeant
es grappes de raisin , cueillit ces fruits
nouveaux pour lui et en présenta au
roi OEnée qui en fit du vin. Ces my-
thes s'expliquent d'eux-mêmes : œ~
nos veut dire vin, Staphyle grain de
raisin. On ne s'étonnera pas après cela
de retrouver deux fois encore le nom
de Staphyle dans les légendes diony-
siaques , la première comme fils de
Silène, la deuxième comme roi de
Syrie, époux de Méthé , l'ivresse,
père de Botrys (la grappe) et maître
de Pithos le tonneau ( f^oy. Bac-
chus, LUI, 3 81). Parfois on donne
Staphyle comme aïeul et non com-
me père d'Anius; dans ce cas il a pour
femme Chrysothémis et pour filles
Molpadie , Parthéno et Rhœo : c'est
cette dernière qui est mère d'Anius.
STAïA, déesse latine, e'tait invo-
quée h Rome, où les incendies étaient
aussi communs qu'ils le sont aujour-
d'huidans Conslanlinople, pour qu'el-
le arrêtât l'incendie. On allumait en
son honneur de grands feux au milieu
des forum 5 ces simulacres d'incen-
die étaient de vrais sacrifices. C'était
en quelque sorte faire la part du feu.
STATANUS (ou Stàtiuj^us ou
STE 475
StaBiltnus) et STATINA, affer-
missaient les pieds des enfants en bas
âge, lorsqu'ils préludaient à la mar-
che , en se soutenant debout eux-
mêmes. Statanus était un dieu, Sta-
tina une déesse.
STELLION, Stellio. Voy.
ASCALABE.
STENTOR était, de tous lesGrecs
qui vinrent au siège de Troie, celui
qu'Homère vante comme doué de la
voix la plus sonore. Un cri de Sten-
tor aurait couvert les clameurs de
cinquante guerriers robustes ; sa voix
servait de trompette h l'armée. Dans
le cinquième livre de l'Iliade, Juiion
emprunte sa ressemblance, lorsqu'elle
veut appeler les Grecs au combat.
STÉQUE {Stœchus en latin, en
grec ItùI^oç)-, septième dynaste d'E-
ratosthène qui traduit son nom par
Mars l'insensé, peut être pris
pourThéosolk des Gémeaux. Comp.
DÉCANS, tableau.
STERCULIUS présidait, selon
les Romains, a la défécation. — Un
autre Sterculius, dieu des engrais,
ne diffère pas de Sterquiline [Koy.
ce nom).
STERKATER, Hercule danois.
STEROPE : i" Steropes, un des
trois Cyclopes vulcaniens (les deux
autres sont Argès et Broutés) 5 son
nom veut dire éclairj a'-y" Stérope,
filles d'Acaste, d'Alias^ de Cébrione,
de Céphée, de Dauaiis, de Parlhaon
de Pleuron. L'Atlantide épousa, se-
lon les uns, OEnomas, roi de Pise, et
en eut Hippodamie 5 suivant les au-
tres. Mars dout elle eut OEnomas :
on la nomme quelquefois Aslérope.
La Parthaonide fut mère des Sirènes.
STERQUILINE , Sterquili-
Kus , et aussi STEEcrtius, et Ster-
CUTUS, dieu latin, personnification de
l'art de fumer Us terres. Les my-
thographes évbéméristes jie manqué^
476
STH
rent pas d'en faire un homme, un sa-
ge, un roi invcnlenr de celte partie
de l'agriculture. Il scinl)le probable
<^ue Slerquiline n'est qu'une l'orme de
Picumne, à la fois dieu du mariage
cl des opérations agricoles. Dans l'un
et l'autre cas, en effet, il s'agit de
féconder. Eu tant que fécondateur de
l'animalité le dieu est Picumne ; fé-
condateur de la végétation, c'est Sler-
quiline: quelques roythograplies le re-
gardent comme identique à Saturne ,
ou bien à Faune, ou même a la terre;
en ce cas ce serait la terre en tant
qu'humus , et humus mâle. — Ou
donne quelquefois pour père h Pi-
cumne un Stercès, inventeur de la
méthode de fumer les terres.
STJIÉNÉLAS , Sthekelaus ,
lôitiXcccs^ , hls d'Ilhc'mène lut tue
par Pal rode au siège de Troie.
STHlilNELE, Stuenemjs, Xiî-
yi>ioçy un des quatre fils de Persée et
d'Andromède, eul en partage Mycè-
nes, vainquit et fil prisonnier Amphi-
tryon son neveu, sous prétexte de ven-
ger la morl d'Electryon; épousa Ni-
cippe, fille de Pélops et en eut, outre
deux filles, un fils, Euryslhée, célè-
bre par la priorité de sa naissance
relativement a celle d'Hercule, et par
le pouvoir que les dieux lui accor-
dèrent d'imposer les plus rudes tra-
vaux au fils d'Alcmèue. — Six autres
STHE^ii^E furent : i" un Egyplide j
z" un fils d'Androgée; ^ un des Epi-
goncs(le fils de Ca panée) ; i^^un des
lils de Mêlas tué jiar Tydéc ; 5° le
père dn Cycnus ami de Phaéllion ; 6"
le père de Comèlc, séducteur d'Egia-
lée. — De ces six personnages , deux
seulement ont quelque importance.
LEpJgone avait pour père Capanée
et prit pari a la guerre de Troie ,
ainsi qu'à la deuxième guerre de Thè-
mes. L'Androgéide avec Alcée son
frère fut pris par Hercule dans Pa-
STO
ros , devint l'ami du héros, l'accom-
pagna dans ses expéditions contre les
Amazones et a son retour recul de lui
en présent lîle de Thasos. On nom-
me encore un Slluipèle , ami d'Her-
cule et antagonisie des Amazones;
mais on lui donne pour père Actor,
et on le fait mourir d'un coup de flè-
che en Paphlagonie. Plus lard, lors-
que les Argonautes côtoient ce pays,
il obtient de l'roserpine un exeat de
quelques heures, apparaît aux aven-
turiers partis d'Iolchos, cl les décide
a lui élever un tombeau.
STHÉINÉLE, femmes : i» Da-
naïde; 2° fille d'Acaste; 3" femme
de Ménèce et mère de Palrocle.
STHÉINIADE, ^êinus, c'esi-h-
dire/"oA«.s7(?, Minerve (c-f'jvoj, force),
Argos célébrait en sou honneur des
fêles nommées Sthénies. Jupiler aussi
avait dans celte ville le surnom de
Sthénios, en mémoire de la vigueur
qu'il avait dounée au bras de Thésée
lorsque le héros entreprit de soulever
le bloc énormesous letpielEgée avait
caché le glaive qui devait servir h le
faire reconnaître.
STHÉNO, SCtvft!, une des Gor-
gones. Poy. ce nom.
STHÉrsOBÉE, femme de Prœtus
{f^oy. ce nom).
STICHIOS , 2r/;iiW : i" Elolien
favori d'Hercule qui le tua dans un ac-
cès de dém.ence ; 2° autre Grec tué
aussi par Hercule.
STILBÉ, Sr/lf»?, était selon quel-
ques légendaires la mère de Centau-
re et de Lapilhe, pères des deux peu-
ples éponymes; les Centaures et les
Lapilhes avant habité la Thessalie,
on lait de Slilbé la fille du dieu-fleu-
ve thcssalien Pénée.
STIMULA , déesse latine, aiguil-
lonnaitles hommes. C'estpresque une
Strenua.
STOGAI (les) ou Natigai sont,
STO
chez les Mongols, des génies protec-
teurs analogues aux Lares du vieux
Latiuin. Ils dis^jtnsent les biens, gar-
dent les familles , éloignent le mal-
bcur. A table , ils sont les premiers
servis ; on leur graisse abondamment
la bouche j et l'on jette dehors ce
qui reste, pour le mettre h la portée
de quelques esprits subalternes qui
errent ça et là , quêtant et tiubodo-
rant des aliments. Chaque Stogaï,
dans une maison particulière, a sa
femme à sa gauche et ses enfants
devant lui.
STORIOUNKAR ( ouStorjun-
care) passe pour un dieu lapon et le
premier ministre de Thor. Il a, dit-
on, les hommes et plus particulière-
ment les animaux sous son empire.
On Tinvoque en partant pour la
chasse. Les lieux solitaires, les rocs
lui sont consacrés j il y épouvante
ses adorateurs par de brusques ap-
paritions, et pourtant ils souhaitent
sa visite. Ils voient en lui le protec-
teur des cabanes , et dans chaque
famille on s'incline avec respect de-
vant l'idole grossière qui le repré-
sente. Les principales cérémonies
consistent en festins et en sacrifices.
Pour les festins, ils se contentent
d'abatire la victime aux pieds de l'i-
dole et de faire cuire sa chair ; tou-
tefois ils n'en mangent que la tête et
le cou. Pour les sacrifices , qui pres-
que toujours consistent dans l'immo-
lation d'un renne^ plusieurs circon-
stances particulières les rendent re-
marquables. 1° On passe un fil rouge
au travers de l'oreille droite de la
victime. 2" On va porter sur la mon-
tagne consacrée a Storiounkar le
bois, les ongles , les pieds , les os de
la tèle et du cou de la victime 5 on
frotte de sang et de graisse l'effigie
sainte ; on place derrière la pierre le
bois auquel pendent, du côté droit de
STO
^77
la tête, les parties sexuelles de l'ani-
mal, tandis qu'autour du côté gauche
est entortillé un fil rouge duquel tom-
be un morceau d'étain et une pièce de
monnaie. 3° Lorsque Tonne veut pas
se donner la peine de gravir la mon-
tagne, domicile favori de Slorioun-
k£!r , on se contente de tremper une
pierre dans le sang de la victime , et
ou la jette le plus haut et le plus loin
qu'on le peut , sur le flanc du mont.
Storiounkar, à cette vue, doit com-
prendre que l'on a fait un sacrifice
en son honneur. — Les statues de
Storiounkar ne sont que d'énormes
pierres travaillées avec la dernière
grossièreté j souvent même elles n'ont
pas été touchées parlahache qui sert
de ciseau a leurs statuaires. Ce sont
donc de vrais fétiches, et les pierres
coniques de Cypre et de la Syrie l'em»
porlaientde beaucoup en élégance sur
ces blocs informes. Chacun choisit a
son gré son Storiounkar dans la mon-
tagne , et plaçant autour de lui des
pierres un peu moins grosses, sous le
nom de femme, de filles et de fils, lui
compose à son gré une nombreuse
famille. Les Lapons d'ailleurs sont
convaincus que Storiounkar lui-même
les dirige d'en-haut dans le choix des
pierres qu'ils prennent, soit pour lui,
soit pour ses enfants. Comme les sta-
tues de Thor, les images de Storioun-
kar sont ornées de parures nouvelles
deux fois l'année. Des branches de
pin en hiver, de bouleau en été, tels
sont les joyaux ordinaires du dieu de
la chasse. A chaque changement de
décoration , les Lapons soulèvent la
pierre, et de la facilité qu'ils éprou-
vent h la transporter ils concluent de
la bonne humeur du dieu. Lors donc
qu'ils trouvent le bloc un peu pesant,
ils voient des malheurs dans l'avenir
et promettent au dieu force victimes
pour adoucir sou courroux. Il paraît
Ij8 STR
que Storiounkar ne signifie en lapon
que pelit-maîlrc ou jeune freluquet,
et en conséquence qu'il n'a jamais
fait vérilablement partie du Pan-
tliéon finnois.
STOUF ou SrorvE ou Stufo,
dieu des Thuringiens , était adoré sur
une montagne de même nom et y ren-
dait des oracles. On l'a comparé a
Bacchus. Son culte dura, dit - on,
jusqu'au jour oiî St. Boniface brisa sa
statue, et sanctifia l'emplacement qui
lui avait été dédié en y élevant une
église.
STRATONICE : i» Thespiadc,
qu'Hercule rendit raère d'Alrome ;
a' fille de Fleuron et de Xanihippe.
STRENIA, déesse romaine qui
présidait ainsi que Janus au premier
jour de l'année, mais plus spéciale-
ment aux présents que l'on s'envoyait
réciproquement a celte époque. Ces
présents s'appelaient strena; (étren-
nes) 5 et certainement Strenia n'est
que la personnification des Strenîc,
et il n'est pas clair qu'on doive l'i-
dentifier a Slrenua. Elle avait un
petit temple près de la voie Sacrée,
et l'on y célébrait sa fête le jour de
l'an. L'usage des étrennes, suivant
les anciens, remontait au temps de
Romulus et de Talius. A toute force
on pourrait le retrouver chez les
Athéniens qui, a la fêle des Plynlé-
ries en l'honneur d'Alhànà-Agraulos,
s'envoyaient des figues, des dattes,
et autres menus présents. A Rome
l'usage en devint universel. C'étaient
surtout les clients qui allaient porter
les offrandesa leurs patrons : c'étaient
d'abord des fruits dorés 5 mais peu à
peu on substitua aux fruits des pièces
de monnaie, et les grands s'habituè-
rent a faire entrer ces redevances
dans le compte de leurs revenus. On
soupçonnera peut-être qu'ils ren-
daient a leurs clients au moins l'équi-
STR
valent de leurs dons , il paraît qu'il
n'en élait pas ainsi pour l'ordinaire.
Ou peut consulter, sur l'usage et sur
la déesse , Lipen , Strenariim his-
toria ; Bos, Januarius s. de Stre-
na (dans le Thesaur. de Sallengre,
t. II ).
STREISUA (l'active) , déesse la-
tine, inspirait l'activité , le courage,
les actions vigoureuses. Les Romains
lui avaient dédié un temple. On l'op-
pose a Murcie. Comp. Stimula.
STRIBOG , dieu slave , avait k
Kiev une statue dont on attribuait
l'érection au grand-duc Vladimir.
STROPHIUS, fils de Crisus et pe-
tit-fils de Phocus , eut d'Anaxibie,
sœur d'Agamemnon , Astydamie et
Pylade. Oresle était son neveu ; et
c'est a sa cour que cet infortuné re-
jeton des rois de Mycènes vint passer
son adolescence, loin du glaive meur-
trier d'Egislhe, et se lier avec Pylade
des nœuds d'une amitié tendre. On
donne quelquefois h la femme de
Slrophius les noms d'Astyochée et de
Cyndragorc. — Le fils de Pylade et
d'Electre l'appela Strophius, comme
«on aïeul.
STRYMNO ou STRYMO," fille
de Scamandre , femme de Laoraé-
don et mère de Tithon.
STRYMON, dieu-fleuve deThrace,
eut de Calliope ou d'une autre muse
Rbésos,et de Neère eut Evadné, Dans
Conon (IV) Strymon est roi de Thrace
et père de trois fils , Rhésos , Bran-
gas, Olyullie. Antoninus Liberalis lui
donne pour fille Térine , que Mars
rendit mère de Thressa. Le Slrymon
n'est pas navigable. Les Grecs, pour
expliquer l'exiguité des eaux d'un
fleuve fameux , imaginèrent qu'Her-
cule, ramenant les bœufs géryoniques
d'Espagne en Grèce par la Thrace,
se vit arrêté par les flots tempétueux
duSlrymou débordé. Irrité dece con-
If
STY
ire-temp«, il fît tomber clans le lit du
fleuve une grêle de pierres qui ser-
virent de pont, et rendit ainsi le Stry-
raon impraticable aux bateaux. —
Un autre Strymon fut fils de Mars.
STYMPHALE, fils d'Elate et de
Laodice, re'gna dans l'Arcadie , sou-
tint la guerre contre Pélops , puis ,
trop crédule, se laissa entraîner à
un festin auquel l'avait invité Pé-
lops, et y fut égorgé par ses ordres.
Sa mort causa dans l'Arcadie une
stérilité qui n'eut de terme que lors
du fameux sacrifice d'Eaque. Stym-
phale laissa deux fils, Agamède ,
Gortys, et une fille, Partliénope. —
Le canton dont évidemment Stym-
phalè fut la personnification, était
semé de bois et de marais. Diane,
dit-on , aimait les bois de Slym-
phale, et avait dans la capitale du
canton une statue de bois doré. On
donnait le nom de Stympbalides à
des êtres énigmatiques qui tantôt sont
de véritables monstres (car ce sont
de jeunes filles k cuisses , à jambes
d'oiseau) , et tantôt n'offrent que le
caractère de gigantesques oiseaux
de proie. Leurs ailes , leur tête ,
leur bec étaient de fer ; leurs on-
gles étaient crocbus : ils lançaient
contre leurs assaillants des dards d'ai-
rain qui perçaient les cuirasses. Mars
même leur avait enseigné la guerre.
La chair humaine était leur aliment
favori. Tel était leur nombre , telle
était leur grosseur, que leurs ailes en
se déployant interceptaient la clarté
du jour. Leur retraite favorite était
le méphitique pourtour du lac Stym-
pbale 5 Hercule les en fit sortir en
agitant des timbales d'airain, présent
de Minerve, et les perça de ses flè-
cbes trempées dans le sang de l'hy-
dre de Lerne. Les oiseaux stym-
pbalides étaient peut-être les Har-
pyes. On a voulu y voir des bandes de
STY
479
brigands; c'est peu naturel. Pausa-
nias rapporte un miracle k propos
duquel fut instituée la fête de Diane k
Stymphale.
STYRE, Styrus, Irvficç, roi de
l'Albanie asiatique , avait été appelé
par Eèle au secours de la Colchide,
assaillie par les Argonautes, et devait
en conséquence épouser Médée.
STYX, iriî, (g. Stu'/oV , Stygos
on Stygis)^ déesse-fleuve infernal,
passa en Grèce pour une Océanide
( l'aînée des Océanides? ) femme du
Titan Pallas, et mère de Zélos, Nice,
Cratos , Bià. Elle fut la première à
rendre a Zévs des services essentiels
dans la guerre contre les géants , et
reçut de lui k titre de récompense
une sainteté telle que de tous les ser-
ments le plus terrible était celui qu'on
prêtait car le Styx. A vrai dire , les
dieux seuls invoquaient et prenaient
k témoin la majesté de cette nymphe
redoutée; celui d'entre eux qui eût
osé violer ce serment était un an en-
tier sans respiration , sans parole et
sans vie, et neuf ans privé de nectar,
d'ambrosie, et de la compagnie des
dieux. Quelques mythographes ont
étendu k cent ans la durée de cette
dernière punition. On nous a con-
servé, sinon la formule du serment,
du moins la manière de le prêter : il
fallait étendre une main sur la terre,
l'autre sur la mer, ou bien sur un
petit périrrhantère plein d'eau du
Styx. C'est Isis qui était chargée de
le remplir. La mythologie égyptienne
arrangée par les Grecs nous montre
Isis allant ensevelir dans le Styx les
tristes lambeaux de son époux assas-
siné ; puis on en conclut et qu'il y
avait en Egypte un ruisseau , un lac
sacré du nom de Styx, et qu'Orphée
avait apporté d'Egypte en Grèce l'i-
dée de Styx. Ce qu'il y a de certain
c'est que près de Nonacris, en Ar-
'480
STY
cadie, coulail un Slyx, modique af-
fluent du Crathis; c'est que non loin
du port Lucrin et du lac Averne, eu
Italie, était aussi un St)x. L'Arabie-
Heureuse passait pour en avoir un;
mais ce dernier sans doute ne fut
pas vu par les Grecs ou par les Ro-
mains.— Les étyraologies ne pou-
vaient manquer de jouer ici leur
rôle. Les trois principales sont Tlié-
breu me-stouck y eau du silence j
le grec ffrwyt*, haïr j enfin <Tr«.yfJi.a.^
mol grec aussi , et que Ton traduit
par a ce qui distille peu a peu. »
A notre avis , cette dérivation , la
•eule plausible, nous met 5ur la voie
du vrai sens de Sljx. 11 est vrai
que l'explication « ce qui distille ,
etc., » nous semble mauvaise^ mais
qu'on traduise en latin ^ qiiod slil-
lal, l'ambiguité même de ce mot
sera pour nous un trait de lumière.
SliUare implique l'idée de concré-
tion; et certes Hésiode obéissait h un
admirable instinct mythique lorsqu'il
dépeignait Styx dans un maguifique
palais de stalactites et de stalagmites,
colonnes aussi éclatantes que l'argent.
Aux concrétions calcaires qu'il a en
vue sutsliluez l'eau purifiée, vous ar-
rivez h l'idée réelle , un fleuve de
glace. Un fleuve déglace! c'est l'im-
mobililé substituée aux mouvements,
rinorganlsme k l'organisation , la
mort k la vie. Frappante image et de
ce néant auquel il semble que l'heure
suprême livre les animaux, et de cet
imbroglio ténébreux, stérile et froid,
qui précéda la création! Ecoutez les
Scandinaves, ils vous le diront : long-
temps l'univers ne fut qu'un fleuve ,
qu'une mer de glace 5 enfin la vache
Audourabla se mit k lécher les vas-
tes masses congelées dont Ginmour-
gagah était encombré, puis de ses
mamelles amollies nourrit le géant
Jirner : à la longue , l'inorganisme
SUB
fit place a l'organisme , et Ronre
parut , Boiire l'horamc-arbre plutôt
que l'homme. C'est maiulenanlqu'on
peut comprendre le tilre d'aînée des
Océanides donné k Slyx. C'est une
traduction libre d'Océan primordial.
Sa localisation aux enfers n'est pas
plus étonnante. La vie , c'est l'eau
liquide j le néant , c'est l'eau solidi-
fiée. Du reste, qu'on n'aille pas ima-
giner que primiliveraent ce fleuve-
glace n'ait été pris qu'en mauvaise
art : sous la n;lacc coule l'eau a l'élat
l
iquide j sous la mort circule la vie.
L'homme ne meurt pas tout entier j
l'Elysée , le Tartare attendent son
âme k la sortie du globe : il disparaît,
mais il existe. — On ne peut nier ce-
pendant que les Grecs n'aient souvent
{)risle Styx en mauvaise part. Comme
'Achéron (d'«;t^«f), comme le Cocyte
(de xa)*u«),commelePhlégéthon, c'é-
tait un fleuve funeste. Ils prétendirent
que ses eaux étaient délétères , cor-
rosives ; qu'elles dévoraient le verre
dans lequel elles étaient contenues 5
3u'on ne pouvait les conserver que
ans de la corne de cheval, comme le
poison qu'Arislote fournit k Aulipa-
ter pour tuer Alexandre: on en vint
même k dire que ce poison était de
l'eau du lac de Nonacrisj et l'on n'ou-
blia qu'une
avait eu empoisonnement.
SU... Voy. Sou...
SUADA ou SUADELA, la même
que PiTHO. Chez les Latins elle était
surtout conseillère des mariages.
SUBIGUS, dieu latin, présidait k
celui des actes vénériens que rend le
\di\\n subigo (/^. Peefica).
SUBJUGUS , dans le Latium ,
était un dieu du mariage ( sub j'u-
giim, sous le joug).
SUBRUINCATOR ou SUBRUN-
CINAïOR , un des dieux agricolçs
du Latium, présidait au sarclage,
chose , la preuve qu'il y il
iDoisonnement. "■
SUM
SUCCÈS. V. Bonus Eventus.
SUCCOTH-BENOTH. V. Sotjk-
KOTH-BEWOTH.
SULEVES, SuLvi, SuLFi, espè-
ces de Sylphes helvétiques , ne sont
connus que par une inscription trou-
vée dans les environs de Lausanne,
et un marbre qui les montre au
nombre de trois, assis et tenant des
fruits avec des épis. Ou présume que
Sylphes et Sulèves ne sont qu'un seul
et même nom. Du reste le mot de Su-
lèves rappelle aussi celui de Sylva
(comp. Sylvain).
SUMÈS-HERMÈS, divinité phé-
nicienne qui, dit Creuzer d'après Bel-
lermann (iïZ'. Phœniz. Miinz., I,
p. 2 5) et Miinter {Anliq. Abh., p.
90, n. i3), se rapproche de Mel-
karth-Hercule, et dont le nom rap-
pelle le Sora égyptien, si toutefois ce
n'est pas Som même. Mais cette pre-
mière identification n'est rien. Celle
qui est vraiment remarquable gît au
fond même du mot. Sumès-Hermès
veut dire Mercure-Hercule. Hermé-
raclès est la tout entier, et la tra-
dition phénicienne prouve qu'Her-
méraclès n'est point une chimère des
syncrétistes.
SUMMANUS, dieu tusco-romain
dont le caractère nous est à peu près
inconnu. Il était censé présider aux
orages et aux foudres nocturnes, tan-
dis que les foudres et les orages diur-
nes étaient sous l'empire de Jupiter.
Quelques-uns ajoutent qu'il lançait
aussi les foudres droites , tandis que
Jupiter dardait la foudre oblique-
ment. Selon Phne le naturaliste (liv.
II, c. 10), des neuf dieux (il faudrait
dire dix) auxquels les Etrusques attri-
buaient le pouvoir de lancer la fou-
dre, deux seulement, Jupiter et Sum-
manus, avaient été gardes par les Ro-
mains. Ainsi on peut concevoir qu'o-
rigmairemeqt Jupiter et Summanus
SVA
481
n'aient fait qu'un seul et même être
suprême, souverain des cieux et de
la terre.
SUPERI, chez les Latins étaient
1° les dieux ( mais abusivement ) j
a° les dieux de la terre et du ciel par
opposition h ceux des enfers. On éle-
vait trois autels aux Supéri , un aux
Inféri^ on adressait la parole trois
fois aux Supéri, deux fois aux Inférij
on immolait des victimes blanches ou
tachetées et en nombre impair aux
Supéri , des victimes noires et en
nombre pair aux Inféri j enfin , aux
Supéri seuls appartenaient les véri-
tables autels, qui tous s'élevaient plus
ou moins au-dessus du sol, ou qui du
moins étaient rez terre 5 en l'honneur
des Inféri étaient creusées des fosses
{scrobes, a«xxo<) dans lesquelles de-
vaient couler le sang de la victime et
les divers liquides versés comme li-
bations : le fer était plongé dans la
partie inférieure du cou de la vic-
time, et le sacrificateur , renversant
la paume de la main , épanchait le
saug encore fumant dans la terre, ce
que l'on nommait invergere ma-
num ; pour les Supéri, au contraire,
la paume de la main regardait le
ciel.
SVANTOVITCH et abusivement
SVIATOVICH (ou SviAToviD, Své-
tovid), célèbre dieu slave, était le
dieu du soleil et de la pure lumière.
Son nom veut dire lumière douce. Il
avait un temple a Rugen, dans la pé-
ninsule de Vitvo, au milieu de la for-
teresse d'Arkona. On le considérait
surtout comme agile coureur, et en
conséquence on entretenait en son hon-
neur dans l'enceinte sacrée un magni-
fique cheval blanc, qui sans doute était
censé sou incarnation , comme Apis
en Egypte était l'adéquate terrestre
d'Osiris. Comp. Lexjcii'PE, Oxy-
PORE, Sahdak. Svantovitch passait
i-y.
51
481
SVA
pour propbète, et l'on allait sur-
tout le consulter a la veille d'une
guerre ou d'une expédition hasar-
«!euse. Tantôt on fixait uu but auquel
devait arriver le cheval, tantôt on
guidait le blanc coursier vers six lan-
ces rangées deux a deux sur trois
lignes , et enfoncées assez avant dans
le sol pour que le cheval n'eût pas
besoin de sauter pour les franchir.'
Dans le premier cas, si le cheval ar-
rivait du pied droit, l'augure était
favorable; dans le second, on cal-
culait combien de fois le cheval avait
levé soit les jambes droites, soit
les jambes gauches, pour passer au
dessus des pointes de lance, cl l'on
eu concluait revers, victoires et dé-
nouement favorable ou malheureux,
selon le nombre d'enjambées que
l'animal révélateur avait faites du
pied gauche ou du pied droit. La
preuve que Svantovitch lui-même ha-
bitait le corps du coursier, c'est que
très- souvent , après l'avoir laissé atta-
ché au râtelier et paisible, on le trou-
vait le lendemain naletant, trempé de
sueur et libre. C'est donc qu'il avait
couru la nuit entière. Aussi était-ce un
rare privilège que de le monter. Le
grand prêtre seul avait ce privilège :
encore n'était »ce qu'une fois par an,
etle jourde la fête solennelle. — Cette
fête signalait la fin des moissons. Les
cérémonies principales étaient l'obla-
tion du gâteau et l'inspection du vin
de l'autre année. A la maiu du dieu
était une corne dans laquelle ou avait
versé du vin. Si d'une année à l'autre
le vin n'avait diminué que légèrement,
c'était le gage d'une abondante ré-
colte. En cas contraire, on s'attendait
'a la disette. Ce qui restait de vin dans
la coupe était ensuite répandu aux
pieds de l'idole; puis le prêtre, rem-
plissant une première fois la corne,
buvait tout ce qu'elle contenait de vin
SYA
h la santé de Svantovitch, en deman-
dant a ce dispensateur des biens ter-
restres abondance, richesse, santé,
victoire pour tous les Slaves de Ru-
geu; après quoi il la remplissait une
seconde fois, et la replaçait dans les
mains du dieu. Quant al'oblation du
gâteau, elle consistait a placer au rai-
lieu de l'enceinte rougie du sang des
sacrifices un énorme pâté de farine et
de miel; ou y plaçait le dieu, puis le
prêtre, y entrant a son tour, deman-
dait au peuple s'il le voyait. « Non,»
répondait-on de toutes parts. « Puis-
siez-vous le voir l'année suivante!»
réplicjuait le prêtre; ensuite il donnait
au nom du dieu sa bénédiction au peu-
ple, et le reste de la journée se pas-
sait en festins et en joie. Non con-
tents d'immoler h Svantovitch des
animaux, les habitants de Rugen lui
offraient des captifs en holocauste.
Dans ces horribles autodafés la victi-
me était place'e à cheval avec son ar-
mure ; on liait les jambes de l'ani-
mal à quatre pieux , le prisonnier
lui-même était lié au cheval, ensuite
ou mettait le feu à deux bûchers éle-
vés à droite et a gauche de l'infortu-
né qui était ainsi brûlé vif. — Le culte
de Svantovitch était très-productif
pour les prêtres: le tiers de toutes les
dépouilles leur appartenait, et était
déposé dans le trésor du temple, dont
rien ne pouvait être distrait. — Val-
demar, roi de Danemark, détruisit la
statue de Svantovitch en 1168. C''é-
tait uu colosse à quatre têtes sans
barbe, frisé, revêtu d'un habit court,
et tenant h la main gauche un arc, à
la droite la fameuse corne dont le
vin, par son évaporation, indiquait
l'avenir.
SYAGRE, Syagrus, iLxyfts,
poète grec qui, le premier, chanta la
guerre de Troie, n'est sans doute
qu'un être my&tbique. Quelques sa*
SYL
fants soupçonnent que son nom véri-
table fui Sagaris. On arriverait ainsi
à voir l'eau prise comme ipoèie."'ïê' pis
(d'u^<wp) fut effectivement un des pre-
miers noms des poètes.
SYBARIS, :iûQxpiç, monslre qui
habitait dans une caverne du Par-
nasse , causait un tel effroi dans les
environs, que l'on convint de lui li-
vrer périodiquement une proie hu-
maine à dévorer. Un jour le sort
ayant désigné pour victime le jeune
et bel Halcyonée, fils de Diome, Eu-
rybate sou ami alla s'offrir au mons-
tre h la place de l'adolescent, et le
tua. Les Locriens en passant dans la
péninsule italique se rappelèrent ce
irait de leurs vieilles légendes , et
donnèrenf a une de leurs villes, non
pas le nom du héros, mais celui du
moustre, Sybaris. C'est ainsi peut-
être que primitivement Delphes s'ap-
{)elaPylho. — Un autre Sybaris, dans
'Enéide, a suivi Enée en Italie, et
meurt de la main de Turnus.
SYCA ou SYKA, ^vkZ, le figuier
personnifié : i" une des huit fdles
d'Hamadryade etd'Oxylej 2 "nymphe
aimée de Bacchus, et transformée en
figuier par ce dieu, qui prend plaisir à
ceindre ses tempes de guirlandes dont
cet arbre lui fournit le principal élé-
ment. Ainsi Pan est couronné de ro-
seaux, Apollon de laurier, Priape de
lotos. Comp. BOGAHA.
SYCEE, Syceus, 2u«ÉUf, ïilan
que la terre reçut dans son sein à
l'instant où il fuyait les traits flam-
boyants de Jupiter fulminateur , et
qui fut soudainement métamorphosé
en figuier. Cet arbre était un de ceux
que les anciens regardaient comme
inaccessibles a la foudre.
SYLEE, Syleus, SwAeuî- (c'est-
à-dire spoliateur) , fils de Neptune
elroi d'Aulis, forçait tousles étrangers
a travailler a sa vigne, puis sans doute
SYL 483
les tuait (comp. Lytiebse). Enfin Her-
cule vint , et au lieu d'obéir à ses in •
jonctions le tua ainsi que sa fille Xé-
nodice. — Conoïi{Narr. érotiq ,)noai
montre un Sylée , roi de Tbessalie ,
frère de Dicée (le juste) et père d'une
fiHe qu'il a confiée aux soins de ce
frère si différent de lui. Hercule voit
la princesse, s'en fait aimer , l'aban-
donne, revient a elle; mais à l'instant
de son retour ne retrouve qu'un ca-
davre inanimé déjà posé sur le bû-
cher. A cette vue, il veut s'élancer au
milieu des flammes, et y mourir. St%
amis ne l'arrêtent qu'avec peine, et
désespèrent d^apaiser sa douleur.
SYLEE, Sylea, 2wAa/«, fille de
Corinthe, femme de Polypëmon et
mère de Siais (le brigand). Sou nom
signifie spoliatrice.
SYLLIS, 2yAA<f, aimée d'Apol-
lon, en eut Zeuxippe successeur de
riléraclide Phesle au trône de Si-
cyoue.
SYLVAIN, Sylvanus, divinité
particulière du Latium, ne fut que le
dieu des bois et, par extension, dei,
prés, des pâtres. Du reste , pour Icj
rudesPélasgucsderantiqueOEnolrie,
c'était là être le dieu par excellence •
car tout dans cette longue péninsule,
dont la Cordillère de l' Apennin for.
me comme la colonne vertébrale, nous
reporte a la vie pastorale, aux loups,
farouches ennemis qu'il faut détruire,
aux chèvres, tendres animaux qu'il
faut propager et multiplier, aux bols
qui servent de retraite aux uns, de
promenade aux autres. Originaire-
ment le bois même fut un dieu , un
grand fétiche; puis on individualisa,
et chaque arbre put vaguement à sou
tour devenir un fétiche vénéré. De là,
l'idée des Querqùélulanes, véri labiés
Dryades du Latium; de la aussi, un
dieu-forêt, un dieu-arbre. Le dieu-
arbre a sou analogue dans Jupiler-
3i.
484
SYL
chêne, ou Zévs-Drys de Dodone; le
dieu-foret au fond ne diHère pas du
dieu-arbre, el s'appelle Sylva, Syl-
vius ou Sylvanus. Toutefois, le der-
nier nom prévaut comme nom divin;
Sylvius, cest le dieu fait homme, le
dieu roi ; Sylva reste le nom com-
mun de la torêl. Est-il besoin main-
tenant de dire que Sylvain et Faune
ne font qu'un? Les différences origi-
naires se réduisent h ceci, que Faune,
air salubre et générateur, se présente
plus naturellement avec son rôle idéal
que Sylvain dont les fonctions, aux
yeux du vulgaire , se renferment à
peu près dans les forêts. Du reste,
mêmes goûts : il erre dans les bois;
ir aime el poursuit les nympbes; i!
s'émane en une foule de compagnons
qui prennent son nom, les Sylvains;
il a les formes du bouc, et l'on fait
grand bruit de son identité avec
Égipan. Celle identité ne nous sur-
prend pas; car Egipan, c'est Pan;
Pan, c'est Faune; et Faune, nous ve-
nons de le dire,c'cstSylvain. L'Ilalie
eut sa généalogie de Sylvain : un in-
ceste de TArchi-Querquélulane Valé-
rie (Valeria Querquelulana) avec son
père donna naissance au dieu. Nous
avons vu bien des exemples de ces
incestes en Orient, et nous en con-
naissons le sens profond {Voy. Ado-
Tîis, Baal, etc.). Une tradition,
postérieure sans doute , faisait naître
le souverain des forêts de Cralhis
et d'une clièvre. Ici l'esprit flotle
sur les limites de deux séries d'idées
opposées. On sait d'une part le rôle
important des chèvres comme géné-
ratrices (Araallhéc, Orion, etc.),
de l'autre ou n'ignore pas la foule
des historiettes scandaleuses qui, de
temps immémorial, coururent le mon-
de : Transversa tuendbus hircis.
— Distinguer avec Servius trois Syl-
vains , l'un dieu Lare , l'autre dieu
SYL
champêtre identique à Faune, le tFor
sièrae dien oriental réductible à Ter-
me, c'est falsifier la mythologie à
plaisir. î\'esl-il pas évident que pri-
mitivement deux peuples naissants
adorèrenll'un Faune, dieu agreste des
plaines où circule l'air pur, l'autre
Sylvain , dieu agreste des vastes forêts,
que peu à peu les peuples en se rap-
proclianl confondirent deux dieux évi-
demment réductibles l'un k l'autre
(car vertes plaines, épaisses forêts
pour des tribus qui ne connaissaient
pas encore l'agriculture se lient aisé-
ment); que plus tard, lorsque l'agri-
culture fit naître l'idée de la délimi-
tation des champs. Faune, pris pour
agriculteur, devint le dieu-limite, le
dieu-Terme, et avec d'autant plus
de raison que les statues de ces temp»
grossiers n'étaient que des blocs à
peine équarris j enfin que le dieu , ce
gardien du champ, devint na'urelle-
raent gardien de l'humble cabane; et
que Sylvain, reconnu d'avance identi-
que a Faune, prit virtuellement tous
ces caractères. Sylvain est donc, si
l'on veut, un dieu a triple ou même à
quadruple forme; il veille i" aux
bois, 2," aux grains, 5° aux limites des
champs, 4° au foyer; mais il ne se
divise pas pour cela en trois ou qua-
tre Sylvains. Comme Pan , Sylvain
passait pour apparaître brusquement
au coin des bois ou sur les roules. Les
femmes enceintes surtout redoutaient
beaucoup ces soudaines visites, et in-
voquaient Déverra pour en prévenir
les suites fâcheuses. — Ou donne à
Sylvain les mêmes formes qu'a Pan ;
la serpe de Priape arme ses mains;
un rustique sayon lui descend aux ge-
noux; des feuillages, des pommes de
pin lui forment une couronne. Très-
souvent il est représenté moitié bouc-
homme, moitié dieu-Terme :1a têle,
les bras, le buste, sont ceux d'un
TAA
bbmme ou d'un homme velu, cornu j
le reste du corps se termine en gaine,
et va en diminuant jusqu'à la base
(Foy. Boissard, t. IV, i34,VI, 3o).
Le pin était son arbre favori. Cepen-
dant il aime aussi le cyprès, et la tra-
gique aventure de Cyparisse lui est
souvent imputée (/^. Cyparisse).
SYLVIA (REA). F. Re'a.
SYLVIUS (ÉNEE) , ^Ei^eas Syl-
vius, passe pour le fils posthume
d'Euée. Laviuie , appréhendant les
persécutions et les sourdes menées
d'Iule après la mort de son époux,
s'enfuit dans les forêts [syli'œ), el la
mit au monde un fils qui prit, du lieu
de sa naissance , le nom de Sylvius.
Combien de temps ce rejeton du sang
d'IIus et de Latinus, cet adolescent
en qui s'étaient fondues l'Italie et
Troie, l'Europe et l'Asie, passa-t-il
dans sa retraite ténébreuse? L'his-
toire se lait, mais la mythologie dit
douze ans. Au bout de ce temps il
sortit, et alla fonder sur des hauteurs
Albe dont le nom veut dire mont
{Alpes). • — Les douze ans de la vie
forestière de Sylvius sont le fruit
d'un calcul à priori , étrusque sans
TAA
m
doute. fV^. r*<iebuhr, Hist.rom.y
t. I. La foiidation d'Albe précéda
celle de Laviuiura^ les listes albaines
de rois et de suffètes sont tout a fait
vides de sens sous quelque point de
vue qu'on les examine , et ont été
dressées a plaisir pour remplir un in-
tervalle de près de quatre siècles en-
Ire la destruction de Troie et la fon-
dation de Rome. Enfin Sylvius n'est
que le grand dieu paire du Lalium ,
comme Sylvia la grande déesse.
Comp. Pan, Rhéa, Sylvain.
SYMA, 2uj«»r, nymphe aimée de
Neptune qui la rendit mère de Chlho-
nius.
SYRINX, 2ip/y|, nymphe, fille
du Ladou. Aimée de Pan, elle résista
constamment a son ardeur. Un jour
le dieu l'ayant rencontrée a la chasse
se mit a la poursuivre; la nymphe
s'enfuit, arrive au bord du fleuve pa-
ternel, l'invoque, est métamorphosée
en roseau (syrinx); et Pan, pour
avoir au moins d'elle un souvenir, dé-
tache quelques tiges de l'arbre léger,
les coupe en rameaux de longueur
inégale , les unit avec de la cire , et
forme ainsi le premier chalumeau.
T.
TAAUT, dieu phénicien , analo-
gue du Tlioth d'Egypte, se trouve en
qualité de parèdre auprès du grand
dieu populaire de la Phénicie, que les
Grecs el les Romains désignaient par
les noms de Saturne et de Crone. In-
venteur de l'écriture , de toutes les
sciences, des arts même (el par là Si-
dik proto typique), il fil graver la loi
sur des tables sacrées par les sept
fils de Sidik (Cabires) et par Esmoun
(Asclépios des Grecs); il fit les ima-
ges d'Uranus et de Crone (ces noms
çont des équivalents grecs des noms
égyptiens ) , de Dagon et d'autres
dieux, images qui toutes à leur tour
devinrent autant de caractères de l'é-
criture sacrée. — Taaut se trouve
ainsi à la tête de toutes les histoires
humaines primordiales , ainsi que le
Thoth d'Egypte. Taaut sans doute
apparut h plusieurs degrés de révé-
lation. En effet , sa doctrine , après
avoir été retouchée, remaniée à di-
verses reprises par une suite d'êtres
plus ou moins mythologiques, fut dé-
finitivement révélée une seconde fois
par Surmo-Bel, accompagné de la
A86
TAC
TAF
déesse Thuro.Comp.SuMÈs-HERMÈs.
TABOA. Foy. Euroa.
TACHTER on TIR, Ized-éloile
de la religion parsi , préside au trei-
zième jour du mois el a l'csl sous sa
proteclion. C'est lui qui pompe les
eaux et qui envoie la pluie sur la
terre. En tant qu'étoile il s'identifie
au brillant Sirius , célèbre aussi en
Egypte sous le nom de Sotliis , et
«DUS ce point de Tue on le dislingue
de Tir, qui est une planète-Mercure,
tandis que lui, Tachtcr, veille sur la
planèle. Au reste, donnons ici la no-
menclature des sept astres placés au
ciel en sentinelle , des sept planètes
confiées h leur garde , el enfin des
noms français de ces planètes. Les
toici :
ASTnES
m sentinelle.
PLANÈTES
Sous leur garde.
■n tÀKSi.
Tachter. Tir.
SaUvis. Aiiabid.
Tenant. Anhouma.
Haftorang. Behrain.
Mach. Kevan.
Khorchid. Gourzchcr.
Mah.
zn raAKfiis.
Mercure.
Venus.
Jupiter.
Mars.
Saturne.
£toilfS à queues
Otsiott Munchever.' assimilées aux
planètes.
Quelquefois on donne Tir ou Tacb-
ter pour Jupiter , Satévis pour Sa-
turne, Venant pour Mercure, et Haf-
torang pour Mars. — Tacliler signi-
fie l'astre par excellence, et c'est sans
nul doute un des éléments du nom
célèbre de Zérétochtro, Zoroaslre. —
Le Zend-Avesta, dans des phrases va-
gues, nous montre Tacbleravec mille
Bras défendant la nature de l'attaque
des Devs, combattant Epéocho , tra-
versant les vastes flots de Forokecba
80US la forme d'un cheval héroïque,
répandantles biens sur les trois parts
de la terre 5 de temps a autre em-
pruntant le corps d'un taureau à cor-
nes d'or. On l'invoque avec Barsora.
— On donne Tir comme la traduc-
tion parsi de Tacbter, qui appartien-
1
mec» -^B
drait a la langue zend. — Solhis aussi,
chez les Egyptiens, veille sur les deux,
sur les astres , sur la lisfue imaginaire
qu'on nomme rhorizon, et a un entier
rapport avec Mercure {V. AnubiscI
Thoth).
TACITA (et en grec Iteùir'^Xfi ^
SiopÎïle), déesse laline du silence ,
et plus encore peut-être du mystère
(qu'il faut apporter aux discussions
politiques, aux explications religieu-
ses, etc.), fut à ce qu'il paraît ima-
ginée par Nnma , dont la législation
toute religieuse devait souvent répé-
ter la formuleyrti'C^e linguis, qu'une
traduction , burlesque sans doute ,
mais fidèle, rendrait par ce vers :
Profanes, faites-nous le plaisir de vous taire.
Peut-être aussi Tacila indique-t-elle
cette espèce de recueillement reli-
gieux, de méditation silencieuse, né-
cessaire a la production des grandes
pensées. Les Ilomains élevèrent une
chapelle a Tacila. Le Latiura con-
naissait une autre déesse du silence,
Angerona.
TACOUIN (les) , espèces de fées
orientales, réunissent à la faculté de
prédire les mystères de l'avenir une
extrême beauté, les ailes des anges,
et une propension h secourir les
hommes contre les attaques du dé-
mon.
TAD, c'est-à-dire lui [il par ex-
cellence) , l'être irrévelé dans la my-
thologie liindoue. Outre Tad, on doit
remarquer dans cette haute métaphy-
sique ihéologique Sat, l'être se rêvé- ^^
lant par la création. ■■
TAFNÉ ou TAFNET, déesse™
égyptienne que l'on regarde comme
une forme de Neilh , semble surtout
avoir été la Neilh guerrière , et par
conséquent a pu ne pas être sans rap-
ports avec la Pallas athénienne.
Comme Neith, elle porte assez sou-
TAÎ
vent une tête de lion ; et pe ut-étre
arrivera-t-on un jour a voir des Taf-
né dans toutes les Neitli léontocë-
phales, qui au corps de femme et a
tête de lion ne joindront pas d'autres
attributs. Ces déesses léontocéphales
ont de Tanalogie avec les spliiux, et,
comme eux, très-souvent avec eux,
on les trouve par centaines dans les
avenues des temples , où elles jouent
le rôle de gardiennes redoutables
aux ennemis et aux profanes. Voyez
Descr. de l'Eg. ant.
TAGES, génie étrusque vulgaire-
ment regardé comme une des divi-
nités inférieures de l'Élruriej mais
qui , en réalité , tenait un rang très-
haut dans la hiérarcbie , doit être
rangé dans la classe des Hermès, in-
venteurs de toute baute science , et
auteurs de toute révélation; et ce-
f)endant il se distingue au milieu de
a série des Hermès par des nuances
annexes qui compliquent et bigar-
rent sa physionomie. Tandis que Tar-
cbon , fondateur de l'état étrusque ,
ouvrait le sein de la terre a l'aide de
la charrue , un enfant, un nain sutgit
du sillon et étonna tous les assistants
par des préceptes et des oracles oxi
respirait la plus baute sagesse. Ce
miracle eut lieu près de Tarquinies.
Selon d'autres, Tagès avait pour père
le dieu Génie, et Jupiter élait son
aVeul. C'est lui, dit-on, qui enseigna
aux douze villes de la confédération
étrusque l'art de prédire l'avenir par
l'inspection des entrailles des victi-
mes. Enfin, des traditions d'un au-
tre, ordre le montrent toujours ac-
compagné d'un disciple fidèle , Bac-
cbès, qui le représente, le reflète et
le continue.
TAIVADDOU est chez les Madé-
Casses l'esprit malin par excellence.
En opposition aux nombreuses bandes
4'anges que l'être bon créa pour veil-
TAL 487
1er sur les mondes et les hommes se
dessinent quantité d'esprits malins ,
dociles ministres des volontés de
Taïvaddou , de qui émane tout fléau
physique et moral. Les Madécasses,
en admettant le dualisme , tirent de
leur doctrine ce corollaire , qu'il est
absurde d'honorer le bon Esprit, de
qui l'on n'a rien a redouter. Et en
effet, ils multiplient les offrandes en
l'honneur de leur Ahriman, et ne s'oc-
cupent nullement de leur Ormuzd.
TAKCHANPADA, déesse de l'île
Formose et femme de Tamagisan-
hach ,' fait sa re'sidence à l'Orient j
c'est elle qui produit le tonnerre. Ce
grondement électrique de la nue, se-
lon les dévots de Formose, n'est au-
tre que la grande voix de Takchan-
pada grondant son époux, parce qu'il
refuse de la pluie aux hommes.
TALAFOULA et TAPALIAPE
sont dans l'île Formose les deux di-
vinités qui président a la guerre. On
les invoque toujours avant de mar-
cher au combat.
TALAS , Talaus, TÂXan., roi
d'Argos, était le fils et le successeur
de Bias , h qui son frère Mélampe,
après la guérison des Prœlides avait
cédé la moitié du salaire que lui donna
Mégapenlhe (ce salaire était les deux
tiers du royaume d'Argos ). Bientôt
l'on vit se dessiner dans la dynastie
des Aînylhaonides la même hostilité
que dans celle des Abanlides (descen-
dants de Danaiis par Abas). Acrisius
avec Prœlus, Persée avec Mégapeff'-
the , formaient un double couple de
rivaux. Les Biantides et les Mélam-
pides se détestent de même. Amphia-
râs, fils de Mélampe et représentant
de la dynastie des Mélampides, atta-
que par ruse Talâs , lui arrache le
trône et la vie , et pendant quelque
temps occupe ses états au détriment
d'Aaraste, qui a été chercher uu asile
7,86
TAL
il Sicyone (on peut remarquer que
récXas en grec signifie malheureux ,
et que d'ailleurs ce radical rX , qui
se retrouve dans Allas , Atalanle , a
fourni encore au grec les mots c'tAjjv,
rX^fAuv^ rXia-tos, etc., etc., et au la-
lin tolerare). — Adraste ne fut pas
le seul fils d'Amphiaràs : de Lysima-
gue, sa femme, il avait eu encore trois
fils,Parthénopée, Pronax, Mécistéej
et trois filles, Eriphyle, Aristoma-
que, Astynome. Quelques mytholo-
gues lui donnent pour femme Lysia-
nasse. Son nom figure avec celui
d'Aréius et de Laodoque , ses deux
frères, sur la liste des Argonautes.
— On montrait encore du temps de
Pàusanias son tombeau a Corinliie.
TALASE, Talasio, Talasius ou
Talasus , était le dieu du mariage
dans le Lalium. On ignore l'origine
de ce nom, qu'il est possible de déri-
ver, 1° àtêôtXxFo-oc^ la mer (ici pen-
sez à Vénus , et peut-être aussi à son
nom étrusque, Thalna); 2° de ÙXui
(fut., ÔAarû») , comprimer (la déesse
latine Prema offrirait ici un rapport
aussi précieux que piquant); 3° de lar
ou las, en langue étrusque seigneur
( Ta-las, le seigneur?) ; 4° de Tala-
sia^ flocons de laine apprêtée , par
allusion à la cérémonie de l'hymen,
dans laquelle la nouvelle mariée , une
quenouille et un fuseau à la main ,
marchait sur une toison étendue au
seuil même de la porte. Quelques
mylhographcs expliquent Talase par
fne légende assez piquante. Lors de
enlèvement des Sabiues,une d'elles,
ravie et emportée par quelques hom-
mes de la tribu des Célères , excitait
sur son pass;i.;e des acclamations et
quchjucfois des velléités jalouses ;
usais cliaque fois que la foule s'assem-
blait en trop grand nombre , ou que
quelques guerriers sinnblalent s'ap-
prêter h disputer le passage , en di-
TAL
sant : « Où conduisez-vous cette
femme .^3î les ravisseurs répondaient:
et Ad Talasiunij chez Talase, »
et aussitôt la multitude s'écartait, les
opposants vidaient la place. — A pré-
sent, qu'était-ce que ce TalaseV un
riche Romain? Romulus lui-même
( on a incliné vers l'une et l'autre
de ces deux opinions )? Ou bien la
réponse chez Talase n'était -elle
qu'une de ces grosses plaisanteries
lescennines usitées furtout aux noces,
et un équivalent d'èf to» èxân-ovrcCf
ou comprimendam , perfringen-
dam? Quoi qu'il en soit , on rap-
porte que de Talase et de la belle
Sabine naquit une famille nombreuse,
et qu'en conséquence on souhaitait
aux couples qui entraient en ménage
le bonheur de Talase, d'où à la lon-
gue la synonymie d'Hymen et de Ta-
lase.
TALE, Talus, Tâxos (ou Atale,|
ou Cale, ou Acale), neveu de Dé-
dale, avait inventé la scie, le compasJ
le villebrequin. Son oncle, jaloux dej
ses découvertes , le précipita du haut'
d'une des tours d'Athènes. — Mi-
nerve, qui avait inspiré le jeune hom-
me , le métamorphosa en perdrix;
aussi le désigne-t-on souvent sous le
nom de Perdix ^ qui, tant en grec
qu'en latin, est celui de cet oiseau.
On ajoute que , peu de temps après
la mort du jeune prince , les Athé-
niens découvrirent le crime de Dé-
dale, et qu'il n'échappa au suppli-
ce que par une prompte fuite. C'est
alors qu'il alla en Crète. Comp. De'-
DALE et MiNOS. On montrait dans
Athènes le tombeau de Taie , sur la
route qui conduisait du théâtre h l'A-
cropole. Le nom de Taie ne diffère
f)oint de celui de Dédale; l'oncle et
e neveu symbolisent les Dédalides ,
ou artistes, artisans , adorateurs et
disciples d'Hépheste.
1
TAM
TALTHYBÏUS, T^Aflit/o?, héraut
d'Agamemnon , avait sou tombeau à
Egium et une chapelle a Sparte, où
chaque anne'e on lui rendait les hon-
neurs héroïques. Ses descendants ,
nommés Tallhybiades , furent seuls
chargés pendant long -temps de four-
nir des hérauts a Sparte. Il avait sous
sa protection le droit des gens , et
lors des guerres médiques il fil sentir
aux Athéniens et aux Spartiates le
poids de son mécontentement, pour
avoir violé ce droit dans la personne
des ambassadeurs qui vinrent de la
fart de Xerxès demander aux Grecs
eau et le feu.
TAMAGISANHACH et sa femme
Takchanpada sont , dans l'île For-
mose , les dieux qui président à la
pluie. Le premier habite au sud, Tak-
chanpada demeure h l'orient. Tonne-
t-il, les insulaires assurent gravement
que l'épouse gronde son mari , qui
prive de pluieles agriculteurs de For-
mose, etbientôtTaraagisanhach, sen-
sible à ses justes reproches , épanche
d'une main libéi-ale les eaux que con-
tiennent les nuées.
ÏAMERANI est le créateur de
toutes choses , au dire de quelques
Hindous. Il s'est , disent-ils , immé-
diatement après la naissance du mon-
de, dérais du gouvernement, afin de
vivre en repos; et c'est l'esprit fu-
neste qui gouverne l'univers au gré de
ses caprices. Conformément aux idées
de tant de peuples sauvages , qui ne
rendent hommage qu'au dieu méchant
parce qu'ils ne redoutent que lui, ils
encensent h toute minute le substitut
de Tame'rani. — Il est croyable que
Tamérani ne diffère pas de ïama ,
les lénèbres.Tama ressemble à Brahm,
au moins par deux caractères : i^l'ir-
révélation • 2" l'insouciance ou l'i-
nertie. Brahmà, Vichnou, Siva, gou-
vernent le monde à la place deBraluii;
TAN 489
Tamérani se fait de même remplacer.
TAMIRADES (les), famille sa-
cerdotale de Cypre, donnent lieu à
deux problèmes principaux : i° Fu-
rent-ils , comme les Cinyrades, des
rois de Cypre (dans ce cas ils eussent
été des prêtres-rois) .^ 2° Exercèrent-
ils les hautes fonctions du sacer-
doce , ou bien ne furent-ils que de
simples bardes?
TANAGRE, Tanagra, Txvâypxj
héroïne éponymedeTanagre, enBéo-
tie , devait le jour , selon les uns , h
Eole, selon les autres au dieu-fleuve
Asope et à Mélhone. Elle épousa Pi»
mandre, dont le nom se retrouve en
Egypte, soit comme celui du dieu su-
prême Pi-Amoun , soit comme celui
d'un livi^î sacré. On a beaucoup joué
sur le nom de Tanagre, qui semble
signifier la très-vieille ( ruva , éten-
dre , ypccvç, vieille). Arrivée a un
âge très-avancé , Tanagre n'était dé-
signée par ses voisins que sous le nom
de Grée , ou vieille. Sa vieillesse
lui confère à un assez haut point l'as-
pect sibyllique, et sa naissance con-
firme encore cette idée. Le vent, au
dire des uns , un fleuve selon les au-
tres, lui donne le jour; c'est dire en
d'autres termes qu'elle est inspirée.
Au reste, Tanagre était une des cités
les plus religieuses de la Grèce 5 on
voyait dans ses murs le tombeau d'O-
rion, dans sa banlieue le montCérys,
une des patries assignées à Mercure j
on contait aussi que ce dieu avait dé-
livré les Tanagréens d'une épidémie
en portant autour de leurs murs un
agneau sur ses épaules, et l'on avait
institué en mémoire de cette aventure
une fête dite Criophorie, dans la-
quelle un jeune homme faisait le tour
des remparts les épaules chargées
d'un bélier.
TAISAIS , fds de Pontos et de
Thalassa (le lit de la mer et la mer),
l90
TAN
•elon Hygiu ; de Bérose et de Tama-
Eone Leucippe, selon d'autres, jura
long-temps mépris et haine aux fem-
mes, devint ensnile amoureux de sa
Iiropre mère, puis se précipita dans
e ûeuve auquel les anciens donnaient
son nom, leTanaïs, aujourd'hui Don.
Ce fleuve jusque-là s'était appelé
Amazonius. — Un autre Tahaïs était
un chef mlnle ; Enée le tua.
TANARÉ-PAPAOU , déesse des
Mes Sandwich. Ses yeux et sa bouche
présentent le même aspect que Tana-
téa {Voy. ce nom); le nez ne vaut
fias mieux, et les formes du corps va-
ent moins encore. Choris {Voyage
Pittt.^ Sand^v., pi. VII, f. 3 et 4)
l'a dessinée de face et de profil.
Quoique ses cuisses fassent presque
angle droit avec les jambes, la déesse
semble en marche.
TANARÉRÉ, dieu des îles Sand-
wich (Choris, Voy. Pitt. , Sandw.,
p. VU, f. i). La tête, qui à elle seule
est d'un volume aussi considérable
que le reste du corps, est bien posée
et a quelque chose d'expressif et de
distingué.
l'AJNATEA, déesse des îles Sand-
wich, ue nous est connue que par dei
images dont une a été reproduite par
Choris {Voyage Pittor.^ Sandw.,
pi. VIII, f. 3) : tatouages sur la fi-
gure, narines atroces, yeux k peine
indiqués et ressemblant a des feuilles
de laurier; bouche énorme, et dont
les lèvres , étonnamment écartées
vers leurs extrémités, se rapprochent
vers la ligne médiane de la figure,
voilà ses traits principaux. On voit
poindre des dents parallélogramma-
tiques et dont pas une n'est canine;
autour de sa tête s'arrondit une coif-
fure; le cou est plus épais que les
deux cuisses réunies. La déesse sem-
ble en marche.
TANE , un des dieux les plus éle-<
TAN
vés de l'archipel de la Société, est , ,^
selon l'un des systèmes religieux des IH
habitants de ces îles , le dieu su- ^"
prême. On l'appelle aussi Té-Mé-
doua, c'est-à-dire le père. Tarra ,
sa femme, lui donna entre autres en-
fants Po (la nuit), Arié (le ciel),
Avié (l'eau douce) , Atié ou Te Mide
(la mer). Matai (le vent), Taunou
Mahauna (le soleil, sous forme d'un
homme appelé Euroa Taboa). Dès
que ce dernier fut né, tout le reste de
sa famille évacua les cieux et se rendit
sur la terre. Taunou seule, avant de
prendre part à celte grande émigra-
tion, resta aux cieux assez long-temps
pour donner à son frère, dont elle de-
vint l'épouse , treize fils qui sont les
treize moi* : Papiri, Ovnounou, Pa-
roromoua , Paioromori, Mouriha ,
Heacha, Taoa, Horororcra, Hou-
riama, Teaire, Tétai, Ouéalio, Ouéa.
Taunou, après cette laborieuse par-
turilion, étant descendue sur la terre,
Mahanna, veuf, s'unit à l'énorme et
inorganique roche Poppoharra-Ha-
réha, en eut Tétouba-Amalou-IIa-
tou , et enfin mourut, ou plutôt se
métamorphosa en poussière. Tétouba-
Amatou-Hatou eut pour femme le sa-
ble de la mer et pour enfants Ti et
Opira. A sa mort Ti et Opira , quoi-
que frère et sœur, se marièrent et
donnèrent le jour à Ohira-Rine-
Mouna qui,aprèsla mort de sa mère,
devint la seconde épouse de Ti. De
ce nouvel hymen naquirent trois fils ,
Ora, Vauou, Titéri; trois filles,
Hennalou-Morrourou , Henaroa, Nou-
via. Les trois frères épousèrent les
trois sœurs , et enfin l'espèce hu-
maine commença. Il faut comparer a
cette cosmogonie celle dont il est
parlé à l'art. Etoua-Rahai.
\l TANFANA, déesse germaine qui
avait un temple célèbre chez lesMar-
ses, entre TEms et la Lippe {Anna"
TÀN
les de Tacite, I, 5 1) , était selon les
uns la déesse des sorts ou de la di-
vination par les baguettes, selon les
autres la déesse du feu. Dans la pre-
mière hypollièse, qui est la plus pro-
bable , Tanfana serait, non comme
on l'a dit , une divinité allégorique
analogue a la Fortune de Préneste,
mais une fée suprême, divinatrice par
les baguettes (T^n eu anglo-saxon,
y^îm dans Ulpbilas, Tein dans les
monuments runiques, Tecn en alle-
mand , signifient scion- Fana veut
dire maîtresse). Cette espèce de cla-
doraancie a été décrite par Tacite
{Germanie j i o). La baguette, cueil-
lie sur un arbre fruitier , était
coupée en petits cylindres que l'on
distinguait par des marques fixées
d'avance 5 puis on les jetait au hasard
sur une étoffe blanche : de leur dis-
position relative on concluait le dé-
nouement heureux ou funeste de l'en-
treprise pour laquelle on les consul-
tait. Celte divination était pratiquée
tantôt par les chefs de l'état, tantôt
par le père ou la mère de famille.
Dans l'île de Rugcn la baguette, cou-
Eée en trois, était marquée tantôt de
lanc, tantôt de noir 5 le consultant
plaçait ces petits fragments toujours
en nombre impair, les tirait h mesure,
et augurait de l'avenir par la couleur
qui était en majorité. Cette divina-
tion par les tènes se retrouve aussi
chez les Scythes (au dire d'Hérodote,
IV, 67), chez les Alains (selon
Ammien Marcelin , XXXI , 2) , enfin
chez les Orientaux (Ezéchiel, XXI,
21 , et Osée, IV, i3). Le triom-
phe du christianisme dans l'Allema-
gne n'anéantit pas cette superstition 5
seulement on y ajouta des formules
chrétiennes et l'on grava sur des ba-
guettes l'image de la croix. — Tan
signifiait feu dans les dialectes cel-
tiques, mais Tanfana était leutoni-
TAN
A9«
qtlé ; c'est Wachter qui a le premier
donné Tanfana pour déesse du feu.
Ou a soupçonné aussi que Tanfana
signifiait simplement le temple des
tènes.
TAISGATAINGA, c'est-a-dire un
en trois et trois en iin^ divinité pé-
ruvienne mentionnée par Acosia , et
dans laquelle les missionnaires ont vu
un lointain reflet de notre trinité
(Laffittau, Mœurs des sauv., 19).
TAINGRA est l'ctre suprême chez
les Iakoutes (Sibérie).
TAN-KOUAN, dieu chinois, pre-
mier membre de la trlnilé soumise a
Kang-I [V^oy. ce nom), préside aux
pluies , aux orages , h la grêle, a la
foudre et a tous les phénomènes mé-
téoriques.
TANTALE, TANTALtJs,T<«i'7-«Aof,
fils de Jupiter (ou de Tmole)et de la
nymphe Pluto, ou Plotis , ou Ploie,
régna dans la ville de Sipyle (alors
comprise dans la Phrygie) ou enPa-
phlagonie.U est célèbre dans l'histoire
par son fils Pélops, qui vint de l'Asie
Mineure dans le Péloponèse 5 et dans
la mythologie par un crime qui a tou-
jours e'té enveloppé de ténèbres, mais
qui lui mérita dans les enfers une pu-
nition exemplaire. Quel est ce crime ?
Les auteurs se divisent sur ce point.
Résumons les principales opinions :
1" il enleva le jeune et beau Gany-
mède, fils de Tros ; 2." il prit part au
larcin de Pandarée, et prêta un faux
serment h cette occasion • 5° il of-
fensa Jupiter en déclarant au fleuve
Asope que le ravisseur de sa fille était
le maître des dieux j 4° introduit dans
les cieux par Jupiter, et invité h pren-
dre sa part de nectar et d'ambrosie,
il déroba ces aliments divins afin de
les faire goûter aux hommes lorsqu'il
reviendrait sur la terre j 5° il révéla
les secrets dés die«x , dont il était
grand- prêtre j 6° préposé par Jupiter
49»
TAN
k la garde de Son lerople dans l'île de
Crète , il s'appropria un chien ma-
gnifique qui devait partager avec lui
celte fonction religieuse, et, quand
Jupiter le réclama, il déclara qu'il
ne savait ce qu'était devenu cet ani-
mal j 7° enfin, recevant les dieux
chez lui k litre de convives, il leur
servit, afin d'éprouver leur divinité,
les raemhres de son fils Pélops. Ju-
piter connut bienlûl l'affreuse mu-
nificence de son hôte et ressuscita la
victime, dontWioerve avait déjà man-
gé une épaule. Le supplice de Tan-
tale, selon Euripide et Platon , con-
siste k trembler sans cesse au-dessous
d'un rocher qui pend sur sa tète. La
légende commune le peint en proie k
une soif brûlante, au milieu d'uu étang
donl l'eau s'élève jusqu'à ses lèvres
desséchées, puis baisse dès qu'il veut
s'en approcher ; en proie k une faim
dévorante, sous des arbres dont les
branches s'inclinent vers ses mains,
et se redressent rapides comme l'é-
clair dès qu'il veut les saisir. On mon-
trait son tombeau k Sipyle. — On
donne pour femme k Tantale tantôt
Anlhémusie , tantôt Euryanasse ,
dont il eut Broutée , Pélops et Nio-
bé. Quelques mythologues nomment
comme mère de Pélops Clytie, ou
Dioné , ou Eurythénis , ou Eupry-
tone. — Il est évident que Tantale
n'^est autre que le grand dieu par ex-
cellence de la Lydie, et peut-être
le chef des Trilopators. Toutes ses
aventures le montrent identique k
Jup. ter, révélateur, entouré de parè-
dres, et immolateur. En effet, il ha-
bite l'Olympe, il boit k longs traits
l'ambrosie, il garde un mont qui est
un Olympe , il veille k un temple , k
la Crète, il traile les dieux. N'est-ce
pas la être identique k Jupiter?
Comp. l'art. Pélops.-»— Deux autres
Tantale furent -.i" un des filsd'Am-
TAR
phion et de Nlobé. ; 2° un lils adultérin
de Thyeste et d'Érope, l'épouse d'A-
trée. Ce dernier le tua et en fit servir
les membres a Thyeste dans le festin
qu'il lui donna lors de sa réconcilia-
lion avec lui. Quelques mythologues
font vivre ce Tanlale jusqu'à l'âge
d'homme, et lui donnent pour femme
Clytemnestrc , dont il fut le premier JB
mari. Agameninon le tua pour être *|
l'époux de celle fille de Tyndare'e, et
c'est afin de venger sa mort qu'E-
gislhe, amaut heureux de sa belle-
sœur, n'oublia rien pour la décider k
se défaire d'Agamemnon. — Ondonne
le nom de Tantalides k la norabi'euse
postérité de Tantale 5 Niobé surtout
s'appelle •souvent Tantalis.
TAPALIAPE. r. Talafox LA.
TAITIOS ou TAPHIOS , Tci^^o? ,
héros éponyme de l'île de Taphos^
passait pour fils de Neptune cl d'Hip-
polhoé, 11 vint dans Taphos k la têle _
d'une troupe d'émigrants. mÊ
TAPIO , dieu de la mythologie '^
finnoise, était le protecteur des abeil-
les, le gardien des troupeaux et le
grand guérisseur des blessures. De
concert avec Tapiolan-Emenda , sa
sœur ou sa femme , il présidait k la
chasse et guidait les jeunes héros k la
recherche du gibier 5 mais Tapiolan-
Emenda ne leur livrait que les oi-
seaux j Tapio faisait tomber sous
leurs coups les hôtes timides des
bois : si l'on s'attaquait k une bête
féroce , il fallait invoquer la protec-
tion d'Isis , le géant.
TARAN ou TARAM , Tarakis,
ToRA'Mis , le dieu du tonnerre chez
les Celtes de la Gaule , n'était que le
tonnerre personnifié ( Taran en gaél.
signifie tonnerre ). On le regardait
comme présidant aux météores ignés,
aux pluies, aux tempêtes. On l'a com-
paré au Jupiter -Tonnant (Zévs-Bron-
tceos) du monde grec-romaiu , et par
TAR
suite à Jupiter; mais ce parallèle est
peu exact si par Jupiter on entend
le dieu suprême, car Hésus et Teuta-
tès étaient supérieurs à Taran. On
l'opposait aTuiston, qui était le dieu
des enfers , et sous ce point de vue
on serait tenté de croire que c'étaient
les deux dieux principaux. Fenel re-
garde ïuiston comme le pi-incipe du
bien, et Taran comme le principe du
mal; et pour preuve il allègue l'usage
oîi étaient les Germains de compter
par nuits, l'affiliation qu'ils établis-
saient entre les Teutons et Tuislon,
leur grand aïeul , puis enfin les sacri-
fices liumains offerts à Taran. Ces
arguments ne sont point décisifs; le
dernier surtout ne prouve rien. La
superstition , en immolant des hom-
mes aux dieux , croyait souvent im-
moler la victime la plus pure.
TARAl-PIA, dieu eslhe qu'on a
comparé quelquefois au Thor Scan-
dinave, ëtaitadoré sous la figure d'un
oiseau magnifique né dans une forêt
du montTara-Pia ou Thorapilla (an-
cienne province de Livonie). Cet oi-
seau, dit-on, s'envolait a une époque
fixe vers l'île d'Œsel. Cette île, que
l'on nommait Chori, était comme la
Délos des Slaves, et rappelle non-
seulement ces îles saintes, ces îles
blanches si nombreuses dans l'ouest
et le nord , comme dans l'est et le
sud, mais ehcore les voyages pério-
diques de Vénus en Lybie , d'Apollon
dans sa Cyclade , de Bacchus dans
Naxos, d'Athànâ dans son lac trito-
nide , des douze dieux dans la mari-
time Ethiopie. Du reste, Thor est
aigle, et comme lui Tara-Pia avait le
jeudi sous sa protection.
TARAS, fondateur de Tarente ,
passait pour fils de Neptune et d'une
nymphe anonyme, et avait a Delphes
une chapelle oii on lui rendait les
honneurs héroïques. On sait que,
TAR
493
dans le langage des évhéméristes,
Neptunide signifie venu par mer;
cela veut dire simplement que la ville
éponyme est au bord de la mer. Au
reste, les fils ne sont que les émana-
tions de leur père. Taras est un Nep-
tune subalterne ; aussi les médailles
tarenlines lui donnent-elles les traits
d'un dieu marin armé d'un trident, et
quelquefois delà massue herculéenne,
et chevauchant sur un dauphin; elles
lui donnent aussi divers attributs re-
latifs h la fertilité des pays environ-
nants : la corne d'abondance, l'am-
phore aux deux anses, le ihyrse, des
grappes de raisin; parfois on y voit
la chouette, symbole de Minerve, pro-
tectrice d'Athènes. L'histoire un peu
nébuleuse des siècles qui suivirent la
prise de Troie donne comme fonda-
teur de Tarente le lacédémonien Pha-
lanle, chef des Parlhéniens(^. Pha-
lante) — Un autre Taras, regardé
aussi comme le fondateur de Tarente,
était fils d'Hercule. Il est probable
que c'est le même que celui qui pré-
cède. Hercule et Neptune, dans les
croyances italiennes, avaient ensem-
ble la plus intime connexion [Foy.
Portumne) ; et l'on a déjà vu plus
haut la massue substituée au trident.
TARAXIPPE, Taraxippus,t«-
fctXiTi'nûç, génie funeste aux combat-
tants qui se disputaient le prix de la
course des chars. Sou nom indique
qu'il portait la perturbation dans les
manœuvres des chevaux. \\ paraît que
jamais il ne fut figuré par l'art. Un
autel cylindrique placé k l'extrémité
delà carrière, etdédié k sa puissance,
passait pour être son domicile, et sans
doute était lui-même. Dans celle hy-
pothèse , qu'était-ce que Taraxippe ?
Un grand fétiche, unbétyle, un analo-
gue des cônes de Gypre , de la Syrie,
de la Sardaigne et des Craighs de la
Gaule. Ce bétyle, il est vrai , recelait
m
TAR
TAR
1
un esprit recteur j mais toule slalue
élaitcenséeauimée,aumoiiisde temps
à autre, par la divinilé. Resterait k
dire quelle était celte àme : le Tara-
xippe d'Olympie, au dire des Eléens ,
était Tombre d'Œuomas ou celle de
ftLrtyle , ou de quelque excellent
écuyer natif d'Élide. Le Taraxippe
de Corinlhe passait pour être Glau-
cos, ce fils de Sisyphe que foulèrent
aux pieds ses propres chevaux , lors
de la célébration des jeux funèbres
d'Acasle en l'honneur de son pèjre.
Aux yeux de quelques personnes Ta-
raxippc était Neptune Hippios {T.
ce nom). — En passant devant l'autel
de Taraxippe les chevaux sentaient
un effroi subit qui leur faisait pren-
dre le mors aux dents, courir ëcu-
raants dans le stade , briser l'essieu
des chars en se heurtant dans les an-
fracluosilés de la borne falale, et
quelquefois renverser leur maître et le
fouler sous leurs pieds. — On vient de
voir que l'on distinguait nettement
au moins deux Taraxippe. Il est
croyable que le premier était consa-
cré aux mânes d'OEnomàs et de Myr-
lile , et que le second était sous la
protection de Neplune-Hippios, ce
protecteur superbe de Corinlhe et de
l'isthme que battent les flols de deux
mers. Les combaltauls, avant d'en-
trer eu lice, offraient un sacrifice à
Taraxippe, et sans doule lui adres-
saient plus d'une fois des vœux pen-
dant la course, a mesure qu'ils s'ap-
prochaient du point où si souvent se
brisaient leurs glorieuses espérances.
/ TARCHON , prétendu fondateur
de Manloue, esldans l'Enéide un chef
étrusque qui vient , api es l'expul-
sion de Mézence, apporter a Evan-
dreles insigne» de la royauté et le
prier de régner sur les Tyrrliéniens.
Est-ce \e même qu'un Tarchon fils
d'Atys, frère de Tyrrhène et oncle de
Tuscus, qui vient en Italie y jeter les
fondements des douze cités de l'Etru-
rie et régner spécialement sur la ville
de Tarchon? Nous le présumons.
Celui-là est donné comme fils de Té-
lèphe. On sait que Tarchon et Tar-
quiu sont le même nom. Tarquinies
personnifiée dut donc s'appeler Tar-
chon (A^. Suidas, art. Tap;g&'v<ô>). Ce
nom diffère a peine de Terraciuc ou
Trachin. Bultman { il/jlkologus ,
t. II, 297) remarque h propos des
Tarquiiis que ce nom appartient h la
série des noms pélasgiijues de l'Etru-
rie, et non à la série lîasena.
TARMAD , autrement NtiiAED ,
est «a des six princes des Devs que
le Boundéliech associe au terrible
Ahrimanj c'est le Dev de l'orgueil.
On lui donne aussi le nom de Clied.
T'-AR-MOUTH , et quelquefois
T'-ER - MOUTH ( T'- ER -MÔOUTH ,
PaERMOUTH, PnERMOOUTH, la gran-
de mère), d'où les Grecs elles Ro-
mains ont tiré leur nom de Thermulis,
Phermulhis, est proprement Bouto,
la plus ancienne des déesses égyp-
tiennes. Du reste, ce nom appartient
h toutes les déesses de la première
dynastie, Ncilh , Athor , peut-être
Tpé, Saté, Anouke , et d'autres en-
core , selon que le mythographe les "
absorbera dans une des hautes per-
sonnes femelles de l'ogdoade suprê-
me ( f^Oy. KuAIMÉl'HlOÏDES ). La
branche sébennytique du Nil (celle
qui scindait le Delta en deux îles se-
condaires ) s'appelait Thermuliaque
(en égyptien Thermôouth ou Pher-
raàouth)^ probablement elle devait
son nom à la ville de Bouto, auprès
de laquelle elle avait sou embou-
chure.
TAROA-TÉAI-ETOUMOU est
dans la cosmogonie de Taïli le dieu
suprême, et eu conséquence le même
qu'Atoua ou Etoua(/^oj'. ce dernier
TAR
mot). C'est à-tort qu'on a voulu tra-
duire ce nom par le producteur des
trembleinenls de terre- il signifie la
grande tige engendrante , en tant
qu'excitant les tremblements de terre.
TARPEIA, romaine qui. lors de
l'arrivée des Sabins devant Rome ,
ouvrit a leur chef Talius un chemin
par lequel ils devaient pénétrer dans
la citadelle. En récompense de cette
Ïerfidie elle avait stipulé que les Sa-
ins lui donneraient les bracelets d'or
qui brillaient à leurs bras, Tatius
remplit sa promesse avec une ponc-
tualité dérisoire : tous les Sabins
à la fois jetèrent sur Tarpéia sup-
pliante ou couchée a terre leurs bra-
celets, et tel en fut le nombre qu'elle
expira écrasée sous ce poids magnifi-
que. — On ne pouvait manquer de
donner a Tarpéia un père qui portât
son nomj ce futSp. Tarpéius, gou-
verneur du mont Tarpéius ( pointe
méridionale du mont Capitolin). — i
La fable de Tarpéia reflète celte foule
de fables slaves, scythes et Scandina-
ves qui nous montrent les jeunes fil-
les et l'or, l'or et la trahisou ou le
malheur intimement liés l'un à l'au-
tre; mais il y a la quelque chose de
plus. INiébuhr {Hist. rom.) l'a ingé-
nieusement démêlé. Sous le mont Ca-
pitolin serpentaient de longues ca-
vernes dont les sinuosités n'étaient
connues dans leur entier que d'un pe-
tit nombre de personnes ; ou les ap-
pelait la perforation, Trypéuaa, Tar-
péma. Aujourd'hui encore, le nom de
Tarpéia revit dans une tradition po-
pulaire 5 et en indiquant ces voûtes
souterraines , dont la carte n'est pas
connue et où il serait téméraire de
s'engager seul, les vieilles femmes,
les jeunes filles des environs suppo-
sent la Ria T'arpeja dans son laby-
rinthe fantastique, rêveuse, et pour-
tant souriant aux monceaux d'émerau-
TAR 495
des, de perles et d'or qui renlourent
jusqu'à mi-corps, et sur qui se reflète
en pâlissant la clarté des flambleauï.
Ria Taqjcja ne signifie pas, comme
dans la langue poétique des Italiens,
lacaupable, mais la pauvre Tarpéiaj
peut-être aussi Ria est-il k la place do
Réa, comme dans Réa Sylvia. — On
sait que la roche Tarpéienne , j)arlie
du montTarpéien, était k Rome un
lieu de supplice, et que de la on je-
tait dans un précipice ouvert au-des-
sous de la cime ceux qui étaient cau-
sés coupables d'avoir aspiré k la
royauté. Plusieurs tribuns du peuple
subirent cet affreux supplice. Sous
Tibère nous voyons encore Sextus
Marins prouver l'existence de cette
coutume barbare. — Deux autres
TarpÉfa furent, la première une des
suivantes de la guerrière Camille ; la
seconde une des quatreVestales primi-
tives instituées par Numa.
TARQUITE, Tabquitus, fils de
Faune et de la nymphe Dryope, fut
tué par Enée.
TARRA, femme du créateur taï-
iien Tane , fut mère de Po , Arié ,
Avié, Atié, Matai, Taunou-Ma-
hanna. Une autre cosmogonie , en-
levant k Tane le titre de dieu su-
prême, le donne a Étoua-Rahai , qui
a pour épouse 0-Té-Papad. Un sys-
tème mixte admet Tane comme fils
d'Etoua-Rahaietd'0-Té-Papad.Dans-
cette hypothèse, Tarra doit être aussi
leur fille, et aurait pour époux son
frère.
TARTARE (le),Tartarus, TÛf-
Tupos , est dans Hésiode une des
quatre essences primordiales,- les trois
autres sont le Chaos, laTerre et l'A-
mour. Suivant Creuzer , le Tartare
est la propension que conserve la
terre, ou, en idéalisant, la nature dé-
gagée du chaos sans forme, k s'y re-
plonger partiellement, Unik la terre
496 TAR
(Gœa, daus Hésiode), le Tartare fut
père de Typhon. Hygin ajoute a celle
lisle les géants Encelade , Cœos ,
Opliion , ClyliuS , Agrlus , Aléraou,
Ephlalle, Euxyle, Eclilon, Corydon,
Phermis, Théodamas , Polybote,Mé-
néphiras, Alcée, Polyphèrae, Japet.
Dans Apollodore on donne Echidna
comme Tune des filles du Tartare
et de la Terre. — Tarlare n'est pas
un dieu ordinaire, c'est un lieu divi-
nisé, et en cela il faut ajouter à l'i-
dée de Creuzer, qui ne voit en lui que
la personnification d'une propriété ou
d'un phénomène. Le Tarlare alors se
trouve être oul'espace ténébreux, ou
les ténèbres mêmes. Les deux idées
s'impliquent en mythologie 5 mais
c'est la première qui domine ici. Qui
dit Tartare dit l'espace où règne la
nuit éternelle , en d'autres termes
l'enfer. Plus tard, lorsque la mytho-
logie systématisée organisa l'enfer et
y créa des sections, des bois, des fleu-
ves, de verdoyantes prairies , une
espèce de lumière, tandis qu'on assi-
gnait aux êtres divins mais ahrima-
niques l'enfer, aux enfants les lim-
bes, aux femmes, aux amants, aux
.suicidés les champs des pleurs , aux
héros et aux sages les Champs-Ely-
sées, on réservait pour les impies et
les criminels le Tartare. Trois en-
ceintes de hautes murailles l'isolent
■du reste de l'abîme : le Phlégéthou ,
aux ondes de feu, roule circulaire-
ment son onde brûlante sous les gla-
cis de la forte prison 5 des portes
dures comme les diamants en fer-
ment l'entrée. A ces portes veille
Tisiphone, aux torches rougeâtres,
aux cheveux de serpents. C'est là que
la foudre de Jupiter envoya les Ti-
tans 5 c'est la qu'Uranus avait plongé
ses fils sous la garde de Campé 5 là
enfin Ixion , Tantale, Sysiphe, Piri-
thoiis , Phlégyas, et les autres hom-
TAT
mes immortalisés par leurs crimes,
subissent des supplices qui ne doivent
pas avoir de fin. Ces supplices en
général ont quelque chose d'élégant^
et c'est à tort qu'on a répété dans
ces temps modernes que les idolâtres
de la Grèce s'entendirent mieux a
peindre l'enfer qu'a peindre les déli-
ces célestes. Le fait est que Peufcr
du Dante et l'enfer des Hindous ,
bien moins correct sans doute , im-
priment h l'àme une commotion, une
compression bien plus terrible que
l'enfer des Grecs. — Nous ne déci-
derons pas si c'est le Tarlesse, eu
Espagne, qui a donné l'idée du Tar-
tare, et si jamais ce beau pays d'An-
dalousie a été un lieu de déportation
pour les Phéniciens ou autres.
TARVOS TRIGARAINOS , dieu
gaulois représenté sous la forme d'un
taureau d'airain, placé au milieu d'un
lac de même nom. Ceux qui avaient
des procès se rendaient au lac sur
un lieu élevé et mettaient chacun à
part des gâteaux sur une même plan-
che. Les grues, nombreuses dans ces
parages , venaient s'abattre sur ces
offrandes symboliques , et celui-là
l'emportait dont ces échassiers épar-
pillaient la pâtisserie , ceux-là per-
daient au contraire dont elles dévo-
raient les gâteaux. On a souvent tra-
duit Tarvos Trigaranos , par le tau-
reau aux trois grues; d'autres y ont
vu le taureau aux trois têtes {Tar-
vos Tricaranos), et l'on a rappro-
ché ce dieu gaulois de Bacchus, si
remarquable par ses formes emprun-
tées au taureau, de Jupiter -Crio-
phlhalme, et du taureau Aboudad.
TATOUSIO , dieu des Magnaci-
kas, ancienne peuplade du Paiagual,
garde jour et nuit un pont de bois jeté
sur un grand fleuve où se rendent les
âmes quand elles ont quitté les corps,
purifie les unes avant de les laisser
ÎAY
passer au séjour célesle, et prcciplle
les autres dans rabirae. Oii peut pen-
ser ici au pont ïchinevad , gardé par
Tachter, et à l'Achéron, que doivent
passer les âmes , selon les Grecs.
TAURICEPS ( à tctc de tau-
reau): i°Bacchus; 2" ISeplune ;
3° tout fleuve. Une quanlilé d'épi-
ihètes de ce genre se lient k celle-ci
ou la remplacent : tels sont les mots
grecs Taurocrane, Tauroccpbale ( et
Ijon Tauricépliale) , qui ont absolu-
ment le même sens). Ajoutons à ces
épilbètcs celle de Tauropbage , man-
geur de taureau, qui appartient aussi
h Bacchus, et qui pourtant convien-
drait h Hercule. Comp. Addéphaoe,
Léprée, Bacchus, JSeptuse, etc.
TAURUS , Txvfo? , père putatif
du Minolaure, était , selon les évlié-
méristes, qui ne pouvaient concevoir
le mythe si simple du taureau, un beau
capitaine crétois aimé de Pasipbaé
{J^oy. MiNOs). — Deux autres Tau-
rus sont : un des douze Néléides^ un
Crétois vaincu par Thésée dans les
jeux donnés par Minos.
TAYIDES, espèces de Runes ado-
rées par les insulaires des Maldives ,
passent pour des talismans et pour des
aïeux. Talismans , ils préservent de
tous malheurs , guérissent de toutes
maladies, inspirent de l'amour a toute
personne d'un autre sexe que celle
Ïui les porte, et servent d'aphro-
islaques autant que de philtres. Ces
précieux Théraphim sont renfermés
dans des boîtes d'or et d'argent que
Ton cache sous les habits, ou bien se
mettent autour des bras et des pieds 5
quelquefois les dévots des Maldives
s'en forment une ceinture,
TAYGÈTE : I" Taygetus, fils de
Jupiter et de Taygète; 3° TAYGÎiTE,
fille d'Agénor, roi de Phénicie , sœur
d'Europe et mère de Lacédémon.On
nomme encore uaeTAYGï^TË Allanti-
TCH
/i97
de, et par conséquent Pléiade. — Il
est clair que Taygèle est la personni-
fication du mont Taygète en Laconie.
TAZEBOG ou DAZEBOG, Paou-
lastia des Slaves , passe pour le gar-
dien des lingots cachés sous la terre,
et le dispensateur de ces trésors.
TAZI, la Terre en tantque déesse
selon les Mexicains.
TCHANDA. ^. MouNDA.
TCHANDARAVALI , première
fille de Vichnou et di' Lakchmi, pre-
mière femme du dieu hindou de la
guerre Skanda , s'appela depuis son
mariage Tédjavani.
TCHA.1NDIKA, figure comme une
des huit Matris ou Saktisj elle pré-
side au IN.-O. et a pour surnom Apa-
radjita, l'invincible. — Tcbandika est
aussi un surnom de Mounda.
TCHANDRA ou SOMA , le dieu
de la lune aux Indes, est tour à tour
femelle et mâle 5 mais c'est surtout ce
dernier rôle qu'il affectionne. Déesse,
il prend le nom de Tchandri. Dans
une classification des dieux hindous ^
c'est indubitablement a la famille
brahmaïquequ'ilappar tiendrait j mais
on aurait tort de le compter parmi
les huit Souargas ou Vacous : il est
un des neuf dieux recteurs des neuf
sphères célestes, et dans cette liste il
paraît le second 5 Souria, le soleil, est
le premier : Tchandra, qui vient en-
suite, et qui eu conséquence se trouve
placé au-dessus de lui et plus éloigné
de nous (selon les Brahmes et les Vé-
das); Tchandra, qu'on regarde com-
me l'humidité primitive , préside aux
eaux vitales, aux pluies, h la fertilité,
et plus spécialement aux herbes mé-
dicinales. Ici sans doute on reconnaît
la source de tant de mythes relatifs a
la magie, et dans lesquels la lune,
fécondatrice de la terre, sur laquelle
elle épanche à flots des germes in-
visibles, est censée tantôt la com-
tv.
3a
i
498 TCH
plice, la collaboratrice de ces magi-
ciennes puissantes qui la font , bon
gré malgré , descendre sur la terre
par la force de leurs cliannes, de
leurs herbes, tantôt la magicienne
par excellence {F'oy. Hécate). —
Tchandra est niàle lorsqu'il est ca
opposition avec le soleil j c'est lors-
«u il est en conjonction avec ce grand
astre qu'il est censé femelle et qu'il
f)rend le nom de Tcbandri. U devait
e jour au pradjapali Alri (ou Aitë-
rien). H eut 27 femmes, toutes fdles
de DakcLa et de Praçouti. On de-
vine aisément que ces 27 femmes
sont les 27 jours que l'on attribuait
h la période lunaire. Niklas Millier
( Glauben , Kimst itnd fVisscn-
schaftd. alt.Hind.j\). 449, etc.,
558, etc.) établit une distinction en-
tre Tchandra et Soma. Cependant le
second jour de la semaine (jour de
la Inné) s'appelle indifféremment aux
Indes Tchandradinam ouSoraadivaça.
— Tchandra ayant enlevé la femme
de son collègue Yrihaspati la ren-
dit mère de Boudha, disciple du sage
Dailia Soukra , et mari d'ila, Glle de
Vaivaçouata. De ce mariage naquit
Pourou , tige des Tchandravansi.
TCHANGNO , déesse chinoise de
la lune, adonné son nom aux sour-
cils fins et taillés en arc qui distin-
guent les belles Chinoises, et que l'on
compare au croissant de la lune
n'ayant que deux jours de date.
TCHERTSOBOG ou TCHER-
NOIBOG(vulgairemenlCzERNOBOG),
c'est-k-dire le dieu noir opposé à
Bielbog, le dieu blanc , le bon prin-
cipe, rOrmuzd des Slaves, était censé
l'auteur du mal , du crime et de la
mort ; c'était l'éternel ennemi du
genre humain. Les apparitions ef-
frayantes, les songes pénibles, les
dangers venaient de lui. On le repré-
sentait ayec des formes hideuses ,
TCH
comme les Gonghor et les Erligs
des Ralmouks. Les Slaves cher-
chaient h l'apaiser par des sacrifi-
ces, par des offrandes , et dans les
assemblées populaires ils buvaient
dans une coupe consacrée en même
temps au dieu bienfaisant et au som-
bre adversaire de Bielbog.
TCHINNAIVIASTAKA (la déesse
sans tête) est, dans le Oévimaliatniiani
extrait duMarkandeïaPourana, Biia-
vani dans sa lullc avec le géant INi-
coumbha. Onlareprésenlemie, jaune,
la tèlc h demi séparée du tronc, ornée
d'un long collier de crânes, et pres-
sant du pied le corps de Siva , son
époux. De ses quatre mains, deux sem-
blent dire: ce Approche sans crainte, 5î
et même bénir ceuxqui osent se fier h
cette invitation; la troisième brandit
un glaive, la quatrième tient un crâne
de géant. Des cadavres l'environnent,
la déesse a bu leur sang ; mais, insa-
tiable de ce breuvage effroyable , elle
a fini par se couper la gorge, afin que
le sang qui jaillit de sa plaie salislasso
à cette soit' sans cesse renaissante.
Quelquefois on voit i.ne de ses main
supporter cette tète, a peine rattai
cliée au cou par quelques ligaments.'
TCHOUBDAllAS , ouvriers ce
lestes qui , selon la hiérarchie brah-
raaïque, exécutent sous les ordres de
Viçouaraitra , l'architecte divin , les
ouvrages merveilleux que la nature
offre à nos regards.
TGHOUDOMORSKOÉ , c'esl-k-
dire l'être maritime Tchoude (ou Scy-
the), était un jnonslre marin subor
donné au souverain des eaux. On l'i
comparé au Triton grec-romain
dont il a effectivement l'emploi, ma
qu'il dépasse beaucoup par la mons
Iruosité de ses formes.
TCHOIJR , dieu slave qui présidi
aux arpentages , a été comparé pari
Lomouosove au dieu Terme des
c
'il
i
T£G
Romains, et pris pour le protccleur
des cliamps et des terres arables.
TÉA, antique déesse irlandaise ,
appartenait au régime tout sacerdo-
tal des Tuatlia-Dadan. Comme des di-
vinités les plus fameuses, on fit d'elle
un être réel, un être humain : on dit
Sue fille deLughaidli, un des descen-
antsd'Ilh, et femme du roi Erream-
hon ou Héremon , elle fonda Téa-
mhuir, cité qui porte son nomj car
mhuir veui dire siège, palais , et il
est évident que l'élément initial est le
nom de la déesse.
ÏECMESSE,TECMESSA,TU^s;ff-o-«;,
fille de Teuthras , roi d'une partie de
la Phrygie comprise depuis dans la
Mysie, échut en partage au Télamo-
uide Ajax , et eu eut Eurysace , qui
lui succéda au préjudice d'Eantide ,
son fils, qu'il avait eu de sa femme
légitime Glauca. Tecmesse figure dans
la pièce à^AjUX furieux de So-
phocle, et, sans y constituer vérita-
blement un rôle , y forme un des
personnages les plus remarquables
que l'antiquité grecque nous ait lais-
sés eu fait de rôles de femmes.
TECTAME , Tegtamxjs , tUt«-
ftoç , fils de Dorus et arrière-petit-
fils de Deucalion, conduisit en Crète
une colonie d'Eloliens et de Pélas-
gues, épousa une fille de Crélée, et on
eut Astérius.
TEGE ATE, Tegeates, Tuyârtiç,
l'un des 5o Lycaouides, fonda Tégee
et y régna. Est -il besoin de dire
qu'il n'y a ici que de la mythologie
locale, et que Tégée, une des cités les
plus célèbres de l'Arcadie , s'emploie
souvent pour désigner l'Arcadie elle-
même ? Ainsi on nomme Pan Te-
gcœus , Alalanle Veualrix Tegca;a ,
Callislo Yirgo Tegeœa , Carmenle
Tegea^a Sacerdos, Mercure TegcaLi-
cus aies. — On donne a Tégéate pour
femme Mcra , pour fils Scépliros ,
TEL
499
Himon, Cydon , Archide et Gortyn.
A propos de ce dernier et de Cy-
don , tous deux épouyraes de villes
Cretoises , remarquons qu'il y eut
aussi en Crète une Tégée, Tegea
ou Z'cg'eji/ra. C'est a ïégée qu'était
le temple célèbre de Minerve Alée ,
bâti par Scopas sur les ruines d'un
temple ancien qu'avait consumé l'in-
cendie pendant la guerre du Pélopo-
nèse. On voyait sur f.es murailles
les chaînes que les Lacédémoniens
avaient apportées pour emmener les
Crisonniers , l'armure de Marpesse ,
elliqueuse veuve qui s'était distin-
guée dans l'action contre Lacédé-
mone , avec la bure et la peau du
sanglier de Calydon , données jadis
par Méléagre a la belle Alalante.
ÏEHMOURETS ou TERHMOU-
RATS, troisième roi de la dynastie
des Pichdadiens, fut père , ou frère,
ou filsde Vivengham. Il régna 3o ans
et mourut dans une extrême vieil-
lesse.
TEI-KOUAN , dieu chinois des
naissances, do l'agriculture et de la
guerre, est le troisième membre do
la trinité sous les ordres de Kang-I.
TEIQOU, 'a seconde des quatre
sœurs que la religion mexicaine regar-
dait comme présidant à l'amour.
TÉLAMON , TiXÂuav, fils d'Éa-
que et d'Endëis , avait pour frères
Phocus et Pelée 5 le premier , il est
vrai, était d'une autre mère que lui.
ïélamon et Phocus avaient souvent
été en querelle. Un jour qu'ils jouaient
au disque, le palet de ïélamon cassa
la tète à Phocus et le tua. Eaque ne
voulut pas croire que ce malheur fût
involontaire et condamna son fils à
l'exil. Télamou s'embarqua et. lors-
qu'il fui un peu éloigné du rivage, en-
voya un ami jurer a sou père que le
fratricide qu'on lui reprochait élait
involontaire. Eaque lui fit répondre
3a.
5oo
TEL
tEt.
qu'il eut a plaider sa cause de desstis
le vaisseau, mais sans mettre le pied
sur le rivage. Tclamon , en effet ,
plaida dans le port et de dessus le na-
vire qui devait l'emporter vers d'au-
tres rivages, puis fit voile pour Sala-
mine. La le roi Cycbrce, après l'avoir
expié , lui donna en mariage sa fille
Glaucé. Dans la suite Télamon , de-
venu roi de Salaraine par la mort de
son beau-père , épousa encore deux
autres femmes': i" Péribéej 2" Hé-
sione. La première le rendit père
d'Ajax, la seconde lui donna Teucer.
Ce nom veut dire leTroyen, et s'har-
monise k merveille avec le caractère
de sa mère , fille de Laomédon et
sœur de Priam. On sait qu'Hésionc,
arracbée par Hcrciîle au colosse ma-
rin qui devait la dévorer, prise dans
Troie par Hercule , avait été donnée
à Télamon par ce héros. Le roi de
Salamine avait mérité cette récom-
pense par la fidélité et la bravoure
qu'il avait déployées a la suite du hé-
ros dans la guerre des Amazones ,
dans l'expédition contre Laomédon ,
dans le combat contre le géant Al -
cyonée. Télamon avait aussi pris part
à l'expédition des Argonaules. Trop
âgé pour marcher en personne au
siège de Troie, il y envoya ses deux
fils, Ajax et Teucer. LesSalarainiens
montraient encore du temps de Pau-
sanias le rocber sur lequel Télamon
«'était assis pour suivre des yeux ses
deux fils partant pour Troie. Ajax
périt pendant le siège, victime de ses
propres fureurs , et Teucer revint
seul. A sn vue, Télamon, plein d'une
fougue juvénile, se laiîsa entraîner h
un violent accès de colère, et dit k
Teucer que puisqu'il n'avait ni empê-
che ni vengé la mort de son frère, il
pouvait k jamais quilter Salamine.
C'est alors que Teucer alla s'e'lablir
dans l'île dfi Cypre. Ulysse, qui l'avait
1
estalionH
emporté sur Ajax dans la contcstalîol
relative aux armes d' Achille, s'élant
montré avec sa flotte devant Sala-
mine, Télamon l'attira au milieu des
écueils, et le roi d'ilhaque vit périr
sur ces brisants la plus grande parlie
de ses vaisseaux. '!■
TELCHIN figure sur la liste d^JI
rois de Sicyone , contemporains dé
l'apparition des Inachidcs en Argoli-
de. On lui donne pour mère Europs ,
pour aïeul Egialée, pour filsThclxion,
et on lui impute la mort d'Apis [Voy.
ce nom). Il est évident que Tcîchin
est la personnification, sinon des Tcl-
chines, du moins de la race métallur-
giste dont les chefs, les prêtres ou
les ancêtres s'appelaient Telchins.
Apis entre Telchiu et Thelxion sem-
ble indiquer qu'une race mélalhii-
giste, propriétaire primitive de l'E-
gialée (AcIiaVe), fut vaincue par une
race agricole^ puis, au bout de quel-
que temps, prit sa revanche. En co^H
tinuant celte hypothèse , Telchff"
semble la force brute, Thelxion l'a-
dresse, Tclchin le forgeron, Thel-
xion l'enchanteur. Comp. TlLLCUlHES
et Tuatha-Dadan.
TELCHINES, Tiy^yjn?, génies
que la religion primitive des Grecs
regardait comme métallurgistes , ma-
giciens, vétérinaires, et que plus tard
on s'habitua a classer parmi les êtres
malfaisants. Ces dieux furent insagi-
nés soUs une influence analogue h celle
qni présida h la création des Cabircsj
mais, reçue par des peuples qui com-
mençaient k se livrer k l'industrie ,
l'idée première (celle de divinités si-
dériqiies et cosmogoniques) s'effaça
bientôt pour laisser proéminer celle
d'inventions et d'opérations indus-
trielles. A la tête de celle-ci figura
sans doute , au moins dans nombre
de contrées, la métallurgie, source
la plus féconde des richesses. L'ex-
TEL
traclion et la manipulation du cuivre,
du fer, la métamorphose d'informes
et impurs minerais en masses presque
homogènes , en ustensiles et instru-
ments de première nécessité étaient
h la fois des merveilles et des bien-
faits. Comme industriels, lesïelchines
ne sont pas seulement raclallurgistesj
on les voit aussi travailler la pierre
et fabriquer des idoles. Ainsi, outre
la harpe de Saturne, outre le trident
de Neptune, ils font les statues de
Minerve h ïeumesse en Béotie (Pau-
sanias, Béot,, c. 19), d'Apollon et
de Junon h Camire et à Linde, dans
rtlc de Rhodes. Ces deux villes, ainsi
que celle de Jalyse aussi h Rhodes,
semblent, dans l'esprit des traditions
anciennes, avoir été fondées par eux;
et, si l'on voulait s'engager dans le
domaine des hypothèses, peut-être
trouverait- on dans les fameuses et an-
tiques substruclions cyclopéennes du
Péloponèse des rapports avec le pré-
tendu séjour des Telchines dans celte
péninsule. On veut aussi qu'ils aient
été navigateurs. Ce trait douteux de
leur légende est dû soit aux émigra-
tions qu'on leur attribue {P^oy. plus
bas), soit à la connexion des travaux
métallurgiques et de la navigation,
soit h l'habileté prophétique avec la-
quelle, a la vue de certains phénomè-
nes naturels, et notamment de cer-
tains mouvements des animaux aqua-
tiques , ils indiquaient les temps fu-
nestes ou propices aux voyages mari-
times. Jusqu'ici nous n'avons consi-
déré les Telchines que comme génies
bienfaisants. Mais presque toujours,
au moins après le triomphe des légen-
des purement helléniques, ils figurent
daus la poésie et la mythologie com-
me êtres funestes et jaloux. Ils s'oc-
cupent a faire des charmes nuisibles ;
ils jettent sur l'homme , sur les plan-
tes uu œil fascinatcur j ils épanchent
TEL
Sof
sur les jeunes tiges des arbres les eaux
sulfureuses du Styx (Strab., 1. XIV),
et les font ainsi périr. Par eux aussi
les animaux meurent. A Sicyone, ils
donnent la mort au prince Apis (Apol-
lodore, II, i, 6j comp. I, vu, 6).
Ailleurs (Himère, Disc, ix, 4, p.
5 60 d'éd. Werusdorf), la médecine
même devient entre leurs mains per-
fides un moyen de nuire, et leurs pré-
parations pharmaceutiques recèlent
des poisons. Au dire des Grecs pos-
térieurs, les Telchines auraient formé
un peuple. Sicyone, la Crète, Cypre,
Rhodes, puis le continent (évidem-
ment le continent asiatique, laDoride
ou quelque autre angle de la Carie)
les reçurent successivement. Leur sé-
jour h Sicyone était antérieur a l'ar-
rivée des Inachides dans le Pélopo-
nèse, puisque Apis, fils de Phoronée,
vint leur ravir ou cette ville ou la ré-
gion environnante , et que plus tard
ceux-ci le tuèrent. Ce meurtre ne put
leur rendre leur antique prééminence:
il fallut quitter la presqu'île dominée
par les colons phéniciens, et revenir
à l'est. Rhodes, qui, après la Crète
et l'île de Cypre , leur offrit un refu-
ge, ne fut point pour eux un empire
tranquille. Ils eurent à combattre,
dit-on, les Titans, premiers habitants
du pays. Ceux-ci périrent submergé»
par une inondation ou déluge partiel
que les Telchines , plus habiles , eu-
rent le bonheur de prévoir, et auquel
ils échappèrent en se réfugiant sur le
continent qui fut depuis l'Anadhouli.
C'est a Rhodes surtout que les my-
thologues présentent les Telchines
comme se livrant aux opérations
magiques. Leur départ laissa le
champ libre aux Héliastes , adora-
teurs du feu, qui alors établirent à
Rhodes le culte du soleil. Cependant il
paraît que des pratiques mystérieuses,
relatives à leur cwUc , se conservèrent
5oa
TEL
dans un temple dit temple d'Ocri-
dion,.aucien héros qui vraisemblable-
ment avait clé un de leurs prêtres.
Quelquefois on préseule les Telclii-
nes, ces fabricalcurs de la liarpé de
Saturne, comme ayant enlevé l'ins-
trument homicide K ce dieu. D'aulre
part, ajoule-t-on, ils élèvent, con-
jointement avec l'Océanide Caphjre,
Neplune dans l'île de Rhodes. Enfin
eux-mêmes sont filsde Thalassa, c'est-
à-dire de la mer; Halie ('A^/«, ma-
rine), leur sœur, fut aimée de Nep-
tune. Leurs noms, ëpars chez les an-
ciens, sont Mylas, Lycus, Ormène,
Nicon, Mimon, Aclée, Mycalesse.
De tout ceci Sainte-Croix {Myst. du
pag., § I, cl). 5) a cru pouvoir con-
clure que les Telchines , instituteurs
da culte de INeplunc , soutinrent eu
faveur de ce dieu une guerre dans
l'Kgialée contre Apis , fauteur du
culte de Saturne; et qu'expulsés du
continent greCjils allèrent porter leurs
doctrines dans Rhodes, où ils eurent
la même lutte h renouveler contre
les adorateurs de Rhée (il aurait pu
dire Titce, Tilaia), la Terre. Ceux-
ci périrent, disent les mythes les plus
télaillés, victimes des vengeances de
Vénus h qui ils avaient refusé l'en-
trée de leurs îles , et qui les punit en
leur inspirant un amour désordonné
pour leur mère. Que désigne cet
amour évidemment allégorique? la
dépopulation, suite des sacrifices hu-
mains? ou l'opiniâtreté avec laquelle
ils restèrent sur leur terre natale me-
nacée d'une inondation? ou enfin la
mort qu'ils trouvèrent au fond des
eaux? N'importe : le fait est qu'ils
périrent , et (jue les Telcliines se sau-
vèrent. Sainte-Croix ajoute quel'é-
panchement des eaux sulfureuses at-
tribué par la fable aux Telchines doit
s'entendre des lustrations , et consé-
quemmeat iadique qu'ils répandirent
TEL
le dogme des punitions infernales.
Enfin il prétend que les Telchines ,
furent sim|dcmcnt des prêtres.
TÉLEBOAS , TfjXtQôxç , héros
éponyme des îles Téléhoïdes, depuis
Tapliie, dans le golfe de Leucade,
avait pour aïeul Lélex. — Deux au-
tres Tklkboas furent : i° un Cen-
taure tué aux noces de Pirilhoiis par
Nestor qu'il avait blessé j 2" im des
cinquante Lycaouides.
TÉLEDAME, Teledamus, Tij-
>>.i^ujiçoç, fils d'Ulysse et de Calypso.
TÉLÉGONE, Telegonus, T,;-
Xtycioç , fils d'Ulysse et de Circé, na-
quit dans l'île d'iEa, magique et hu-
mide résidence de sa mère, en partit
par son ordre pour aller il la recher-
che de son père , fut poussé par la
tempête sur les rives d'Ithaque j et ,
forcé à cette rude extrémité par le
besoin, se mit h piller les campagnes
pour vivre. Ulysse informé de ses
déprédations vint le repousser avec
Télémaque , et tomba mortellement
blessé par la lancedeTélégone. Sen-
tant sa fin prochaine, il se souvint
d'un oracle qui lui avait prédit en
vers hexamètres qu'il mourrait de la
main de son filsj et soudain il de-
manda quel était cet étranger de la
main duquel il mourait. Télégone
alors se montra, déclara sa naissance,
et reçut ses derniers soupirs, a Ainsi
l'avait décrété l'immuable Destin, »
leur dit Minerve, toujours en tiers
dans les aventures d'Ulysse. «Par-
donne a ton fils, ô roi d'Ithaque ! ne
t'afilige pas, prince d'yEa! jj Ulysse
mourut, et Télégone épousa Péné-
lope, qui avait déjà attendu de dix
à quinze ans son mari, lorsque Télé-
gone n'était pas né. Du reste , Télé-
maque épousa en même temps Circe.
Nul doute, lorsque l'on rapproche
ces deux mariages, que l'on ne voie
nettement dans Télégone et Téléma-
TEL
que la prorogation d'Ulysse j c'est
ainsi qu'Hyllus épouse lole. Il est
vrai qu'Iole est jeune. Ces mariages
de beau-fils et de belle-mère sont
une transition des mariages hellé-
niques aux incestes orientaux. — De
Télégoue et de Pénélo])e naquit Ila-
le , héros éponyme de l'Italie. Télé-
gone lui-même fonda, selon les uns ,
Tusculum^ suivant les autres, Fré-
nésie.— La flèche qui blessa mortel-
lement Ulysse était formée , selon
les anciens, de l'aiguillon dentelé qui
rend la queue de la paslenague
{raia-pasiinaca de Lin., Irygon
des Grecs) si redoutable, et qui pas-
sait chezElien, Oppien et autres na-
uralistes de même force pour veni-
meuse. Des modernes en renom ont
poussé le ridicule un peu plus loin,
en faisant de la paslenague une tor-
tue marine. — Trois autres TelÉ-
GONE sont : i" un des fils de Protée,
tué par Hercule a la lulte; 2° un
roi d'Egyple, époux d'Io rendue h sa
première forme (le scholiasle d'Euri-
pide en fait un fils d'Épaphe , et par
conséquent le pelit-fils d'Io ( dans le
Svncellc, Télégone s'appelle Tclépo-
mis, car la Epaplic est fils d'Io et de
Télépomis)- 3" géant ami de Tmole.
TÉLÉGONE, TyMylvvi, fille de
Pbaris, petile-lille de Mercure cl de
Philodaraée , épousa Alphée qu'elle
rendit père d'Orsiloque.
TÉLÉMA.QUE, Telemachus,
T)îAé^«a%os- , fils d'Ulysse et de Péné-
lope, était au berceau lors du com-
mencement de la guerre de Troie.
Quand Ulysse, pour échapper h Tob-
ligalion d'aller en Asie , simula des
accès de démence et sema du sel, Pa-
lamède s'empara de Télémaque et le
plaça dans le sillon sur la ligne que
suivait la charrue paternelle. Ulysse
à cette vue détourna le soc, et sa ruse
découverte ne lui laissa plus de prc-
TÉL
5o3
texte pour refuser sa part des dan-
gers. Jeune encore, Télémaque tora"
ba dans la mer , et fut sauvé par un
dauphin : cette circonstance donna
lieu au roi d'Ilhaque de placer le dau-
phin sur son bouclier et sur son an-
neau. Plus jeune même que ISéopto-
lème , fils d'Achille, qui vint, encore
adolescent, remplacer son père de-
vant Troie, Télémaque sortait pres-
que de l'enfance quand cette métro-
pole des villes de l'Ida tomba en cen-
dres. Il ne faut donc pas s'étonner
que le nom de Télémaque, qui veut
dire loin {njXî ) du combat
{fiâx*!i)i se trouve à peine prononcé
dans l'Iliade. Pendant les dix années
qui s'écoulent depuis la ruine d'Ilion
jusqu'au retour de son père, Téléma-
que jeune, brave, mais faible, sans
auxiliaires, sans argent et sans sol-
dats, ne peut que plaindre sa mère ,
la préserver parfois des brusques
empressements des prétendants , et
prendre à la table paternelle une
mince part des larges festins que les
aspirants a la main de Pénélope or-
ganisent avec les revenus d'Ulysse.
Quelqiic temps avant Tépoque h la-
quelle son père va reparaître, Mi-
nerve, sous les traits deMentor, vient
l'encourager. Il s'embarque pour al-
ler chercher son père, arrive h Pylos,
de l'a fait voile pour Sparte , y reçoit
l'accueil le plus favorable de Mcuelas
et d'Hélène, passe a Phèrcs, se rem-
barque h Pylos , reçoit a bord le de-
vin Théoclymène quifuyait Argos, re-
vient dans Ithaque avec des nouvelles
favorables, apprend de Minerve que
son père, enfin dégagé des chaînes oii
le retenait Calypso , fait mordre la
poussière aux assassins aposlés par
les prétendants pour le tuer h son re-
tour, et se rend a la cabane d'Eu-
mée oii déjà sou père est arrivé
{f^py, Ulysse). On comprend qu'il
5o4
TEL
ne le rcconnul pas d'abord. Ulysse,
reprenant, grâce à la baguette d'or de
Minerve, sa beauté, sa haute taille,
son front majestueux et ses riches ba-
bils , lui dit son nom, puis traça
arec lui un plan d'attaque contre les
prétendants. Ulysse vint a la ville dé-
guisé en mendiant; Tclémaqne s'y
rendit armé. Le soir, tandis ijue son
père s'entretenait avec Pénélope, il
écarta les armes qui eussent pu être
dangereuses dans les maius des pré-
tendants. Le lendemain la bataille ou
plutôt le massacre eut lieu. Les pré-
tendants néanmoins trouvèrent des
armes, mais ces armes ne purent
empocher leur défaite. Télémaque
se distingua dans cette première lutte
que le rui d'ilhaque eut h soutenir j
il tua de sa main Euryade, Léo-
crite, Amphimédon qui l'avait blessé;
il seconda encore Ulysse , qui fut
obligé de combattre contre les ha-
bitants d'Ithaque eux-mêmes. Dans
l'intervalle de ces deux actions, il
pendit les douze suivantes qui avaient
partagé les intrigues et secondé les
prétentions des soupirants de Pé-
nélope , soupirants bizarres qui , en
attendant la main de la reine, se
contentaient à tour de rôle du cœur
lianal de ses femmes. Dans la suite,
Télémaque inspira des soupçons à son
père h qui l'oracle avait prédit qu'il'
mourrait de la main d'un de ses fils,
et fut contraint d'aller en exil. Il en
sortit pour marcher avec lui a la rcu-
conlre des brigands que commandait
Télégone. C'est la qu'Ulysse reçut le
coup de la mort. Télémaque, depuis
ce temps en relation avec le fds de la
magicienne d'^a , épousa Circé et
en eut, suivant les uns, Lalinafij se-
lon les autres, Roma. Quelques my-
thologues lui donnent un fils du nom
de Ilomus , mais sans dire quelle en
fut la roèrç, Quelquefois auprès de
TEL
lui figure comme femme, mais seule,
i" Cassiphone, fille de Circé; 2° Po-
lycasle, fille de ]Ncslor; 3°Nausikaa;
fille d'Alcinoiis. D'une de ces derniè-
res il eut Perseplolis ou Ptoliporihc.
Cassiphone donna la mort a Téléma-
que pour le punir d'avoir tué Circé.
On attribuait au fils d'Ulysse la fon-
dation de Chisium en Elrurie. — Per-
sonne n'ignore que parmi les ouvrages ■■
de Fénélon se dislingue Télémaque. ™
L'archevêque de Cambrai y fait voya-
ger son héros d'ilhaque dans l'ile de
Calypso , a Cypre, en Crète , a Sa-
lenle. Les premiers livres de l'ou-
vrage parurent sous le titre de Suite
du (juatricme livre de l' Odyssée,
parce que ce sont effectivement les
quatre premiers livres de l'Odyssée
qui contiennent les voyages attribués '
à Télémaque. ■■
TÉLÈME, Telemus, Tiixt/xosi^^.
1° fils de Prolée et habile devin,
ainsi que son père ; 2" Cyclope , (ils
dEurvme et devin, comme son ho-
monyme d'Egypte. Polyphème, dans 91
Théocrite , se plaint des fatales pré- HI
dictions qu'il lui a fait entendre, en
disant qu'il perdrait son œil unique,
&oa cher œil.
TÉLÉOIN , TêAc/v , d'Athènes,
époux de Zeuxippe , père de l'Argo-
naute P)Ulès (ou Eribole, car c'est à
tort qu'on voudrait distinguer Eri-
bote de Rntès).
TÉLÉPHASSE,T;jAï'p<a:(rira, fem-
me d'Agénor , en eut Cadmus , Phé-
nix, Cilix, Europe; accompagna Cad-
mus, sou fils, dans l'infructueuse re-
cherche qu'il fil de sa sœur, et mou-
rut en Thrace où elle reçut de son
fils les honneurs funèbres. A Télé-
phasse des mythologues substituen
deux femmes, Argiope etDamno
TÉLÈPHE , Telepuus, TiîMÇas
fils d'Hercule et d'Augé, avait été
çxposé par sa mère sur le roont Par
i
TEL
thénius, en Arcadie, et nourri par
une biche. Adulte , il elait en Mysie
fiour y chercher ses parents, ainsi que
'avait ordonné l'oracle, quand tout
k coup la guerre éclata. Le roi de
Mvsie, Tculhras, promit la couronne
et sa fille au libérateur du pays. Té-
lèphe remplit les conditions exigées 5
mais, lorsqu'il s'agit du mariage, il
fut reconnu que la fille de Teulhras
était Auge , sa mère. Elle fut rem-
placée par Laodice ou Astyoché, fille
de Priam. Quelque temps après les
Grecs envahirent la Mysie , croyant
attaquer le territoire de Priam , et
Télèphe , en combattant de nouveau
pour la patrie de sa mère, fut blessé
par Achille. L'oracle consulté ré-
pondit que la lance ou la flèche qui
avait fait le mal pouvait le guérir,
mais Achille ne consentit point k ren-
dre ce service k un ennemi. Ulysse,
toujours habile diplomate, fit tant
par ses négociations, que Télèphe, en
quelcjue sorte lié par son mariage a
la famille de Priam , abandonna la
cause de ce prince pour celle des
Grecs. Ceux-ci avaient besoin de ce
changement; car l'oracle avait pro-
clamé que Troie ne tomberait que de-
vant une armée qui compterait un fils
d'Hercule dans ses rangs. Pour Télè-
phe, Ulysse fit un petit emplâtre
avec la rouille de la flèche qui l'avait
blessé, et Télèphe fut guéri 5 chez
quelques écrivains, ce pansement a
lieu dans Argos 5 d'autres veulent que
sa blessure ait été guérie par des
herbes. On donne quelquefois h Té-
lèphe deux femmes , Argiope , fille
de Teulhras, et Laodice dont nous
venons de parler. Celle-ci le rendit
|)ère d'Euripyle. Eschyle, Sophocle,
Euripide, et les Romains Ennius et
Accius firent des tragédies sur Télè-
phe. Dans toutes ou montrait ce hé-
ros, inendiautj vagabond <;t accablé
TEL
So5
d'infortunes. Etait-ce un reflet de
cette idée antique qui nous montre la
maladie vêtue de haillons , et les hail-
lons liés au deuil? ou bien les poètes
voulurent-ils montrer Télèphe dans
la jeunesse , avant son arrivée en
Mysie et son avènement au trône?
Selon quelques traditions, le roi Co-
rythe l'avait adopté. Pergame lui
rendait les honneurs divins.
TÉLESPHORE, Telesphorus,
TiXta-^çépos , forme d'Esculape k Per-
game,fut tantôt identifié avecce dieu,
tantôt génie parèdre. En soi Téles-
phore signifie^qui met a fin, accomplit,
achève. C'est donc le dieu qui cou-
ronne l'œuvre par d'beureuxrésultats.
Toutefois ce serait être trop exclusif
que de voir dans Télesphore celui qui
mène de la convalescence k l'entière
guérison, comme dans Esculape ce-
lui qui mène de la maladie k la con-
valescence. Cette distinction, sans
doute entrevue vaguement par les an-
ciens, ne se soutenait pas dans l'usage
commun, et Télesphore n'était qu'un
Esculape, un parfait Esculape, siim-
inus artij'ex. Au reste, quand Escu-
lape, de plus en plus humanisé par
l'anthropomorphisme hellénique, re-
vêtit sous le ciseau des artistes les
plus belles formes, Télesphore semi-
momie resta la pour attester ce qu'a-
vait été originairement le dieu em-
belli et déguisé par un art élégant.-
Alors surtout le dieu unique dut se
dédoubler et se déléguer en parèdre.
Le bel Esculape voilà pour l'art;
l'Esculape-nain difforme et grotesque,
voilà pour la religion. Sous un autre
point de vue, cet Esculape semi-mo-
mie, ce Télesphore était auprès du
bel Esculape, comme Harpokrat au-
près d'Haroëri,... Haroéri soleil bril-
lant, soleil de mai, soleil aux jours
du triomphe ; Harpokrat pâle et tiède
goleiJ, petit soleil , comme disçot les
5o6
TEL
peuples d'Amérique. Quelquefois le
nain devient un enfant, un jeune
homme : alors ranlhropomorphisrae
grec se montre encore aux dépens du
sens religieux qui veut un dieu mo-
mie, involiitinn deum. Le Deulé-
ronome (cli. 23, v. 19) traduit Téles-
pliore par le mol bébrcu qui signifie
prostituée. Faut-il en conclure que des
prostitutions saintes accompagnaient
en Orient le culte d'Esmoun, de cet
impuissant amant de Tardente Astro-
noé ? ou bien ne doit-on voir dans l'i-
dée hébraïque qu'un équivalent méta-
physique de toute idolâtrie? Les deux
opinions sont plausibles, et nous n'o-
sons nous décider.
TÉLÉTHUSE, Telethusa, fem-
me de Lygdos , et mère d'Iphis qu'un
miracle d'Isis métamorphosa de jeune»
fille en homme.
TELLUS, la terre selon les La-
lins, n'est pas , ainsi que les diverses
déesses des Grecs Gé , Rliée, Titéa,
Cérès, Cvbèle, Vesia, Proscrpine,
Thémis, une divinité kface spéciale.
C'est tout ce qu'on veut. On l'identi-
fie à Gé, h Rhée , a Ops qu'on donne
alors comme synonyme de Cybèle, et
qui est Arténiis. C'est sans doute h
cause de cette synonymie qu'on la re-
présentait avec quantité de mamelles,
et qu'on la disait femme du Soleil.
On a osé croire qu'Homère appelle
Tellus la mère des Dieux.
TELMESSE, Telmessus, T£>i-
/K>;(r(r(jî, héros épouyme d'une ville ma-
ritime de la Lycie, devait le journux
amours d'Apollon , métamorphosé en
petit chien, et d'une fille d'Agénor.
La mère et l'enfant recurent du
dieu du jour le don de prophétie ,
et Telmesse fonda dans la ville qui
portait son nom un temple d'Apollon-
Telmessique. Un oracle célèbre y at-
tira bientôt de nombreux pèlerins, et
le charlatanisme y montrait k la
TEM
crédulité le tombeau de .Telmesse.
TELON, roi de l'île de Caprée ,
mari de la nymphe Sébélhis et père
dOEbale.
TELPHUSSE , Telphussa , t^a-
^evavx , fille du Ladon , présidait h
une source si froide qucTirésias mou-
rut après avoir bu de ses eaux.
TEMÈINE:i''filsde Pélas-ueet
nourricier de Jupiter , ou plutôt de
Junon, à la(juelle il dédia trois icm-
ples sous les noms de Partliénos, Té-
lîa (adulte), Chéra; vierge, femme,
veuve 5 z° un des Phégéidcs, selon
certaines lé^Tendes {Foy. Acarnas,
Ar.ÉNOR, Alcméon); 3° un des trois
Héraclides qui rentrèrent dans le Pé-
loponèse 80 ans après la guerre de
Troie. Il s'empara d'Argos, enchâssa
le roi, donna sa lillc Hyraélho eu ma-
riage h l'Héraclide Déiplion , et par
la vive tendresse qu'il témoignait à
son gendre inspira tant de jalousie h
SCS quatre fils. Agrée, Cisus, Céryne
et Phalcès , qu'ils le tuèrent afin de
ne point laisser passer le sceptre aux
mains de Déiphon.
TEMERE , Teimerius , brigand
thessalien, exigeait de ceux qui avaient
le malheur de passer devant sou rc-
fiaire qu'ils se heurtassent de toute
eur force la tête contre la sienne 5 et
il ne manquait pas de faire voler en
éclats les temporaux et le coronal de
ses malheureux adversaires. Enfin ,
Thésée lui brisa la tête, et il en
résulta une locution proverbiale en
Grèce : le mal de tête s'appelait le
mal Témérien.
TEMESE, Temésius , de Clato-
mène, passait pour le fondateur d'Ab-
dère (mais comp. Âbder), et recevait
dans cette ville les honneurs héroï-
ques.
TEMPÊTES (les), Tempesta-
tes, avaient été déifiées par les Ro-
mains et recevaient pour victimes des
TEN
brebis noires. Scipion , altaqué par
une tempête daiisles eaux de la Corse,
leur dédia un petit temple dans la pre-
mière région de Rome , hors de la
porte Capène. — Jamais les anciens
n'ont représenté la Tempête.
TENERE, fils d'Apollon et de la
nymphe Mélie, avait reçu de son père
le don de lire dans l'avenir.
TÉNES , Ti'vYis , héros éponyme
de Ténédos, était honoré dans celte
île comme le premier des dieux. Tous
ses traits caractéristiques émanent de
deux idées : i" il est fils d'Apollon,
c'est-a-dire Apollon humanisé j 3° il
est Cadmile. Suivant la légende vul-
gaire , il a pour père Cycnus , l'oi-
seau-poète 5 il oscille ainsi sur la
limite des deux mondes. Les uns lui
donnent pour père le dieu du jour,
les autres le font naître d'un Adam
prototypique, et en quelque sorte au
sein des eaux , des eaux en intime
rapport avec les îles, avec l'inspira-
tion et l'harmonie. Cycnus épouse
en secondes noces Philonoméj celle-
ci s'enflamme peur la beauté de Té-
nès , lui propose un crime dont l'i-
dée l'indigne, et, courroucée de ses
refus, lui impute la tentative de l'a-
dultère dont elle n'a pu lui faire
commettre la réalité. Cycnus, sans
plus d'informations , fait enfermer
Ténès dans un coffre qu'on jette a la
mer, et qui reste k sec sur la plage
de Leucophrys. Ténès cultive l'île
solitaire et la change de face. Le
temps amène la tardive sagesse, les
vains repentirs : Cycnus soupçonne
que sa vieillesse a été le jouet de sa
trop jeune e'pouse ; il s'embarque ,
fait force de rames, dirige sa course
vers l'île refuge et empire de son
fils, et déjà implorant le pardon de
sa créduhté il attache le cable aux
arbres du rivage. Ténès le voit, et
d'une hache qu'il tient à la main
TEN
êtô7
tranche le câble. La nef légère flotte
au gré des vents. Long-temps après
ou voit Achille , dans ses préludes
du siège de Troie , attaquer Téné-
dos et tuer Ténès. Moins de lar-
mes coulèrent de ses yeux a la vue
de Penthésilée qu'il n'en répandit
en apprenant le nom sacré de sa
victime. Dans sa douleur il tua l'es-
clave que sa mère avait placé au-
près de lui, et qui devait l'avertir
en temps utile de ne pas frapper un
fils d'Apollon; car Thétis lui avait
prédit que dès qu'un fils d'Apollon
aurait expiré sous ses coups, lui-
même aurait un pied dans la tombe.
Un fils d'Apollon! Achille est donc
déicide! Il serait maudit, haï dans
l'avenir! En effet , les habitants de
Ténédos défendirent que jamais on
prononçât dans le temple de Ténès le
nom de son assassin. — Ténédos était
fameuse par ses lois , et la hache de
Ténès qui, dans les idées vulgaires,
était le symbole de l'innocence in-
flexible dans sa colère, avait un sens
pins terrible : derrière le juge se te-
nait debout un homme, la hache a la
main, et tout prêt a faire voler la
tête de quiconque aurait été convaincu
soit d'imposture , soit d'adultère.
Cette loi contre l'attentat qu'avait
abhorré la jeunesse de Ténès avait
été , dit-on , portée sur Tènès lui-
même, et fut enfreinte par son fils»
Comme on le consultait sur le parti
'a prendre en cette occasion : « Que
l'on exécute la loi,3î répondit-il. —
Sans nier ici la loi anti-adultérine
de Ténédos , qu'au contraire nous
sommes portés a prendre pour vraie
et a croire très- remarquame, nous
contesterons l'existence de Ténès.
Nul doute k nos yeux que cet Apol-
lon-TNomios ne soit le cadmile d'un
cadre trilopatorique particulier k
Troie; car c'est en Troade surtout
5o8
TEN
qae les Corybantes, assassins de Dio-
nyse, se dessinent le plus nelleracnt.
Là Dardaniis a tué Jasion, etc.
TEN-KA-DAI, dieu-prophète des
Japonais, a quelque chose des Oau-
nès de Babylone, et par suite de tous
les dieux-poissons de j'anliquité. Son
Mia (temple) est un lieu de pèlerinage
célèbre. Chaque mois on lui amène
une jeune fille, belle autant que pieuse
ou adroite, et on la laisse en tète à
tète avec le dieu. Après lui avoir
proposé plusieurs questions difficiles ,
Ten-Ra-Daï, dans la mystérieuse en-
trevue, donne a rintrépide visiteuse
la solution de tout ce qui peut embar-
rasser les bonzes; mais lorsqu'il la
3uitte et qu'elle fait place à celle qui
oit lui succéder (l'entrevue est donc
d'un mois entier!), elle trouve son
corps revêtu d'écaillés qui ressem-
blent à celles des poissons. Celte con-
sullalion de Ten-Ra-Daï ( car rien
n'annonce ici qu'il s'af;isse d'une pro-
stitution sacrée) est-elle un mode de
divination usité au Japon? Les ques-
tions proposées par les bonzes sont-
elles relatives aux dogmes et aux lé-
gendes , ou bien aux curieuses de-
mandes des dévots clients.^ Y a-t-il
dans cette enveloppe écailleuse qui
recouvre le corps de la fatidique
jeune fille quelque chose de réel (par
exemple lèpre passagère , ou incrus-
talion a l'aide d'eau calcaire, ou ta-
touage)? ou bien est-ce simplement
que la prophétesse est revêtue d'un
tissu imitant l'enveloppe squammeuse
des poissons? Dans tousies cas, il est
important de remarquer i° la réu-
nion de l'eau et de l'art divinatoire
(comp. Glaucos, Sibylle, etc.);
2° l'intervention de la femme comme
médiatrice entre le présent et l'ave-
nir. Ainsi la Pythie, les Sibylles, les
fées aquatiques (Circé, Calypso), les
terribles magiciennes (Médée , Céri-
TEN
douen) , les Nornes , les Velléda ,
présentent toutes le maximum de
l'inspiration, localisé dans le sexe fé-
minin.
TEN-SIN - SITSI-DAI ( les ),
c'esl-a-dire les sept grands dieux spi-
rituels, sont dans la mythologie japo-
naise de purs esprits célestes qui ont
au commencement des choses gou-
verné le Japon pendant une suite
d'années incalculables. C'est d'eux
que descendent les habilanls' du Ja-
pon , qui en conséquence forment une
race antochlhonc, ce qui ne signifie
pas qu'ils soient sortis de la terre,
comme le disaient d'eux-mêmes les
Athéniens. Après les sept Ten-Sin-
Sitsi-Daï, apparaissent les Tsi-Sin-
Go-Daï , c'esl-ii-dire les cinq dieux
terrestres. Le premier d'entre eux,
Ten-Sio-Daï-Tsin , était le fils pîné
du dernier des Tcn-Sin-Silsi-Daï.
Voici les noms des sept dieux spiri-
tuels du Japon :
1. Kuni loko Dat sii no Mikotio;
2. Kuni Satzn Tsii no Mikolto;
3. Toio Ruu Nan no Mikolloj
A. Ulsii Ni no Mikotio ;
5. Oo Tono Tsi no Mikotto;
6. Oo mo ïar no Mikotio 5
7. ïsanagi no Mikollo. — Toute-
fois noions que de ces sept dieux les
trois premiers n'ont point de fem-
me; les quatre suivants étaient ma-
riés, et chacun eul de sa femme son
successeur. Voici les noms des qua-
tre épouses :
Sufitsi ISi no Mikotio;
Oo Toma fe no Mikotto;
Oo Si Vote no Mikolto ;
Isanami no JVIikoUo.
-—ïsanagi et Isanami furent les pre-
miers des êtres vivants qui eurent
ensemble un commerce charnel; ce
fut, dit-on, l'oiseau Sekir qui, par
son exemple, donna l'éveil aux sens
endormis des doux époux. Mikotio
TeN
est*a dénomination corarnnne aux
grands dieux du Japon : les dieu? in-
férieurs se nomment Mikaddo. C'est
aussi un des litres des empereurs.
TEN-SIO-DAI-TSm , la plus
liante divinité japonaise , selon la
croyance des sinloïstes , est lour a
tour donnée pour màlc et femelle.
La clé de cette divergence est peut-
être que, comme Brahmâ aux Indes,
et comme tous les grands êtres cos-
mogonifjues dans tous les pays du
monde , Ten-Sio-Daï-Tsin est her-
maplirodite. Toutefois , notons que
c'est la face femelle qui semble l'em-
porter dans Ten-Sio-Daï-Tsin, véri-
table Cybèle ou Bouto de la religion
japonaise. A notre avis , Ten-Sio-
Daï-Tsin joue dans la cosmogonie ja-
ponaise deux rôles totalement dis-
tincts : 1° elle se dessine a la tête de
la création 5 2° par elle commence
la succession des Tsi-Sin-Go-Daï ,
ou cinq divinités terrestres qui ont
gouverné le monde après les Ten-Siu-
Sitsi-Daï, et antérieurement aux plus
antiques dynasties humaines. Ten-
Sio -Daï-Tsin, sans doute, dans
son existence Tensinsitsidaïque ,
était femelle ; c'est comme chef de
file des Tsi-Sin-Go-Daï qu'elle est
mâle. Voici de quelle manière le li-
vre sacré japonais Odaiki explique
le passage du non-être h l'être , ou
si l'on veut de l'inorganisme à l'or-
ganisme, du chaos au Rosmos : «Au
commencement de l'ouverture de tou-
tes choses, le chaos flottait comme les
poissons nagent dans l'eau pour leur
plaisir. De ce chaos sortit quelque
chose de semblable à une épine , et
susceptible de mouvement et de trans-
formation. Cette épine devint uue
âme ou un esprit, et prit le nom de
Konuitoko-Datsno-Mikolto. jj II est
croyable que Ten-Sio-Daï-Tsin joue
un rôle dans cet enfantement du
TÉN
D09
monde. Des mythes là montrent s'a-
vancanl de Fiouga (Asision, pro-
vince du Sequedo ou contrée de la
mer occidentale) h Itsoumi (Sention,
province du Goknaï , ou les cinq
provinces intérieures de la cour) avec
deux compagnons, deux frères, lébi-
sou elFalsman. — Quoi qu'il en soit,
on regarde Ten-Sio-Daï-Tsin comme
la créatrice du monde, de la terre
et du Japon , la seule partie du
globe qui ne fût point ensevelie sous
les eaux. Le soleil existait ; alors pa-
rurent les sept esprits célestes Ten-
Sin-Sitsi-Daï. Le dernier d'entre
eux , Isanagi , donna le jour h Ten-
Sio-Daï-Tsin, duquel descendirent eu
droite ligne et dans l'ordrede primo-
géniture les quatre Tsiu-Go-Daï qui
vinrent ensuite. On le nomme aussi
Ama-Terou-On-Kami. C'est de lui
que descendent tantôt toutes les po-
pulations qui couvrent les îles du Ja-
pon , tantôt du moins toutes les dy-
nasties qui ont régné sur cet empire.
Les légendes miraculeuses abondent
dans la vie de Ten-Sio-Daï-Tsin. Il
y a plus : en vain il a quitté le mon-
de, il multiplie encore les miracles,
et montre ainsi qu'il est le plus puis-
sant de tous les dieux. Son règne
terrestre ne fut que de 260 mille
ans; sur quoi remarquons que , con-
trairement h ce ipie l'on présumerait,
les règnes augmentent de longueur à
mesure que l'on avance de l'époque
primordiale aux époques plus voisines
de la nôtre. — On ne nomme pas la
femme de Ten-Sio-Daï-Tsin ; cepen-
danton luidonnepour filsle seconddes
Tsi-Sin-Go-Daï, Osiouo-lNi-No-Mi-
kotto. Ten-Sio-Daï-Tsin est univer-
sellement regardé comme le patrou et
le protecteur de l'empire. Non-seu-
lement les sectateurs du sintoïsmc,
mais encore les adorateurs de Bou-
tsdo (Bouddha) et les sectateurs d^
âio
TEN
T£N
1
Sioulto (alhées,panthéistcs?), vénè-
rent Ten-Sio-Dal-Tsin. A peine y a-
t-il un Mia du Sinlo qui ue lui soit
consacré et oii l'on ne joigne son nom
à celui des Kaiuis auxquels l'édifice
est dédié. C'est surtout dans l'Itsou-
mi, son antique résidence, qu'on l'a-
dore. Du resle , il est interdit aux
faibles mortels de s'adresser directe-
ment aTcn-Sio-Daï-Tsin j^ils doivent
lui faire parvenir leurs prières par
l'entremise des Sion-God-Sin, divini-
tés lulélaires ou prolectrices. — Si ,
lorsqu'on bâlit ou qu'on répare quel-
qu'un des temples de Ten-Sio-Daï-
Tsin, un des ouvriers vient a se bles-
ser de manière a ce qu'il sorte du
sang de sa plaie, non-seulement il de-
vient incapable de travailler désor-
mais à quelque temple que ce soit, il
faut de plus jeter à bas le temple
commencé , et procéder à la recon-
struction d'un nouvel édifice. — On
célèbre tous les ans, le seizième jour
du neuvième mois, une fête solennelle
en l'honneur de Tcn-Sio-Daï-ïsin :
les cérémonies principales consistent
en Matsouris (processions, spectacles)
qui souvent se font en présence de
l'image de la déesse et des prêtres.
Ces hommages solennels ont lieu dans
toutes les villes et tous les villages de
l'empire. De plus, le i6, le 2 r et le
26 de chaque mois sont consacrés h
Ten-Sio-Daï-Tsiu, et il s'en faut
beaucoup que les fêles soient alors
aussi magnifiques. Il paraît cependant
que de ces trenle-cinq autres jours
consacrés à Ten-Sio-Daï-ïsin, il en
est un dans lequel le peuple se livre
aux mêmes joies, aux mêmes pompes
religieuses que le 16 du neuvième
mois. Le plus beau temple de ïeu-
Sio-Daï-Tsiu est k lédo : on y voit
la statue du dieu avec ses deux
chiens Koma-Inou, et les deux com-
ipa^ons qui marchèrent k ses côtés
lorsqu'il se dirigea de Fiouga vel%It-
soumi; mais nul de ces temples n'est
aussi célèbre que ceux d'Icié; on en
compte trois. Les deux premiers sont
fort petits, le sol qu'ils occupent n'a
pas plus de six nattes de lourj ils
sont d'une architecture au-dessous de
la médiocre, un toit do chaume les
recouvre. Les légendes ne manquè-
rent pas de remarquer que de tous les
ouvriers employés a ces édifices aucun
ne reçut de coup pendant toute la
duréedu travail. Onles nomme Gékou
etlSaikou. Autour de l'un se trouvent
80 Macia ou temples, pluspelils en-
core, en l'honneur des divinités infé-
rieures j /yo Macia enloureul l'autre.
Sur une petite éuiiuence s'élève le
temple par excellence, le vrai temple
Fongou, nommé aussi Dorsingu ( le
temple du grand dieu ) et Icié-Mia
(Mia d'Icié). Très-petit aussi, il est
cou vert d'un toit de chaume surbaissé,
maison l'enlrclient avec un soin ex-
trême. Au-dedaus il n'y a qu'un mi-
roir en fonte polie et du papier dé-
coupé autour des murailles, emblèmes
frappants et de la clairvoyance de
l'être suprême en qui viennent se re-
fléter toutes les pensées humaines, et
de la pureté que doivent porter aux
f lieds du dieu tous ses adorateurs. Sur
es côtés du vrai temple sont en-
core des Macia au noni])rc environ
d'une centaine ; toutes sont desservies
par un Canusi , ou prêtre séculier 5
ceux des Macia du second temple ont
le titre singulier de Mialsousoum
(moiueau du temple). Voy. dans
Kaempfer , Histoire du Japon ,
t. I, pi. 18, le temple d'Icié. —
ISon loin de ce dernier est la grotte
sacrée dans laquelle alla un jour se
cacher Tcn-Sio-Daï-ïsin. Dès qu'il
disparut, soleil, étoiles, lumière dis-
parurent soudain des cieux envahis
par les ténèbres. Cette grotte u'a
TER
qu'uûe natte et demie de largeur ; on
l'appelle Avano-Malta , c'esl-h-dire
qui n'est pas a plus de 20 ikins de la
mer. C'est un lieu encore plus sacré
que les temples. Elle est sur une col-
line du haut de laquelle on découvre
et la mer et une île éloignée environ
d'une lieue et demie de la côte , et
qui sortit de la mer a l'époque de
Teu-Sio-Daï-Tsin.
TEOTL , le grand dieu du Mexi-
que, ne semble pas avoir eu de tem-
ple chez ses adorateurs. C'est que ,
dans presque tous les pays du monde ,
ou ne donne point de légende a l'être
irrévélé 5 et que si par hasard on lui
en donne, aussitôt il tombe plus ou
moins dans l'iiisloiro humaine. Ainsi
Piromi en Egypte, et Brahra aux In-
des , échappent presque aux recher-
ches par la nullité de leur culte.
TERAMBE, Tipa^^oç, fameux
musicien , passait pour (ils de Nep-
tune. Ayant osé se proclamer le rival
des Nymphes , il fut métamorphosé
par ces jalousesdivinités en un insecte
de la famille des escarbots.
TEREE , T>)pi{i; , célèbre roi
deThrace, fait partie d'un cadre ca-
birique propre a ce pays. Pandiou II,
roi d'Alnènes, avait deux filles, Pro-
gné, Philomèle. Térée, roi de Thra-
ce, épousa la première 5 puis, quel-
que temps après , chargé de conduire
la seconde a sa sœur, tenta en vain de
la séduire, lui fit violence, lui arra-
cha la langue, l'enferma, et dit h Pro-
gué que les bêtes farouches avaient
dévoré sa sœur. Un an se passe, les
orgies commencent. Ça et là dans les
bois courent les Bacchantes écheve-
lées. Philomèle a tracé sur une vaste
tapisserie son voyage, sa honte, ses
malheursj elle jette cet acte d'accu-
sation aux errantes adoratrices de
Bacchusj bientôt Progné y jette les
yeux ; tout est dévoilé. Philom«le
TER
5ii
sort de sa prison ', un splendide re-
pas invite Térée à la joie, un mets
délicieux irrite son appétit, provoque
ses louanges : ce A quel hôte des bois,
des champs ou de l'air, ont appartenu
ces chairs exquises? — A ton fils! »
s'écrie Progné 5 puis elle lui montre
a la fois la tête sanglante d'Itys, uni-
que fruit de leur union, et la muette
Philomèle. Les poètes ajoutent que
les quatre héros de ce drame de sang
furent métamorphosés eu oiseaux :
Philomèle en rossignol^ Progné en
hirondelle, Térée ea huppe , et Itys
en cliardouneret.
TÉRENE , fille de Slrymon ,
fut amante de Piiars et mère de Tri-
balle.
TERENSIS, déesse latine , prési-
dait au hallage des grains.
TERIDAE ou TERIDÉE, con-
cubine de Ménélas , le rendit père de
Mégapenlhe.
TERME, Terminus , dieu laliu
protecteur des limites, fut de bonne
heure vénéré par lesRomains. Nuraa
Pompilins introduisit son culte a Ro-
me j et ce peuple pélasgiquc, livré tout
entier aux occupations de l'agriculture
et de la vie pastorale, adorait le dieu
qui a sous sa garde les bornes des
champs. Bientôt le temps vint où
Rome , de plus en plus ambitieuse,
rêva, commença la conquête du mon-
de. La légende racontait que lorsqu'il
s'agit d'inaugurer Jupiter sur le Ca-
pitole , et que dans celle vue on fit
subir un brusque déplacement h tous
les dieux qui avaient quelques pieds
carrés sur le mont Tarpéicn, Terme
seul résista opiniâtrement j nul effort
humain ne put faire bouger sa sta-
tue. Les Augures devinèrent alors
que jamais les limites de l'empire ro-
main ne reculeraient , et Terme oc-
cupa la place en commun avec le
maître des dieux. — Examiner esi
5il
TER
quel temps et par qui le colle de
Terme fut institué serait puéril. Lais-
sons Denys d'Halica masse el Plu-
tarque rallribuer h Numa l'ompilius j
laissons de Bosc dire que ce priuce ,
en rétablissant les anciennes fois sur
les limites des propriétés , intéressa
la religion dans la politique et per-
suada au peuple qu'un dieu spécial
veillait aux bornes et punissait les in-
fractions. J-.e seul fait , c'est qu'à une
époque indéterminée, mais très-anti-
que, on milles limites de la propriété
sous la protection d'un dieu. De la la
formule Termino sacrum qu'on lit
sur des inscriptions 5 de là la loi du
Code Papiricn qui dévouait aux dieux
infernaux et le propriétaire coupable
d'un de ces dérangements et ses bœufs.
Comp. même, pour des époques pos-
térieures , la Conf. des lois roni.
et mosaïques ^ titre il de Termi-
no moto. Le dieu Terme ne fut dans
l'origine qu'une borne. Que l'on ne
s'étonne donc pas de voir Lactance
assurer que le Terme primordial fut
celle pierre que Saturne avala un
jour à la place de Jupiter. Ici se
dessinent quelques particularités pré-
cieuses. Jupiter et Terme , disent
filusieurs mythologues, ne fonl qu'un :
a preuve, c'est qu'il y eut un Jupi-
ter-Termiualis a Rome, un Zévs-Ho-
morios (des confins) a Crolone , et
qu'en Syrie, dans un temple célèbre,
on voyait Zévs-Kasios sous la forme
d'un bloc de pierre ou d'un rocher.
A vrai dire, que conclure de ces dé-
lailsls' Que la divinité varie selon le
degré de civilisation de ses adora-
teurs. Fétichistes dans l'origine ,
de naïves tribus appellent difu un
mont ou une pierre ( Casius et Ter-
me), un bois ou un arbre (Sylvain,
Hylée, Dryops), enfin un animal,
un homme. Par Agd on arrive au
Piu-Aty* et à Cybçlej Atlas précède
TES
Promélhée j les pierres jelées par^
Pyrrha deviennent des femmes; 1
pierre grossière a subi dans les en-
trailles de Saturne une élaboration
première avant de sortir transformée
en Jupiter. — Dans les siècles élé-
ganlsde Rome, Terme fut un Sylvain
à tète et a taille humaines, mais dont
les extrémités inférieures n'étaient
qu'un bloc écjuarri. — On célébrait
en l'honneur de Terme , le s i ou le
23 février, une fête dite Termi-
nales.
TERPSICHORE , Ttf^izh*' »
Muse de la danse et de la poésie lyri-
que , sans doute parce que l'ode se
chantait en exécutant des mouvcnionls
de droite h gauche (stro[)he), puis de
gauche a droite(anti-slrophe), lermi-
née par un repos (épode). Elle est re- jil
présentée dans la mosaïque d'italica '■
(de Laborde, IV) et dans les Pitlure
d'Ercotano (II, 5) la lyre à la
main. Dans la première de ces images
elle a sur la tète un diadème , et de-
vant elle le modèle d'une salle de
théâtre. Un bas-relief du Musée Pio-
Clémenlin (IV, i) nous montre par-
mi plusieurs génies des Muses celui
de Terpsichore , ayant près de lui le
vase prix des vainqueurs dans les
jeux olympiques — Une des Muses de
la seconde nomenclature a aussi le
nom de Terpsicuore. (Rac. : rt^^»,
se réjouir ; x^^^^ chœur de danseurs.)
TERRE. Koy. GÉ.
TESKATLIBOCHTLI ( Texca-
TLipocA de Rcruardino de Sahagun),
autrement Tlaloch, le plus grand
dieu des Mexicains apiès Téoll,
était chez eux le vengeur des crimes,
le dispensateur de tous les fléaux
(■épidémie, famine, peste), le recteur
de la vie pénitentiaire. Vilzilobochlli
lui-même était aux yeux des Aztè-
ques moins redoutable que Teskalli-
bochlli. Tous deux, au reste, se liaient
I
TES
intimement dans les croyances popu-
laires, el à Mexico le Téokalli prin-
cipal, érigé six ans avant l'apparilion
de Colomb dans les Lucaies, était dé-
dié au dieu de la guerre et au dieu
des vengeances. Ce n'est pas dans la
mythologie grecque que nous trouve-
rions les véritables analogues des
deux grandsdieux mexicains. LaScan-
dinavie , l'Inde , les présenteraient
plutôt j l'une dans Odin et Thor,
l'autre dans Siva-Mahadéva et Skan-
da. Cependant Bernardino de Saha-
gun compare Teskatlibochtli à Jupi-
ter. L'idole qui représentait ce dieu
était d'un granit noir, luisant, poli.
Elle était parée de rubans et avait k
la lèvre inférieure des anneaux d'or et
d'argent avec un tuyau de cristal
d'où sortait une plume verte ou bleue j
sur la poitrine un gros lingot d'or j
aux bras des chaînes d'or; sur le
nombril une grande émeraude; dans
la main droite quatre flèches, dans la
gauche un miroir d'or d'oii sortaient
en forme d'éventail des plumes de
toutes couleurs. Quelquefois a ces or-
nements étaient substitués un javelot
dans la main droite, dans la gauche
un bouclier sur lequel cinq pommes
de pin , entourées de quatre flèches ,
imitaient par leur disposition laforme
d'une croix rectangulaire k branches
égales j les cheveux de l'idole, dorés
et tressés , laissaient pendre une
oreille d'or , symbole de l'attention
avec laquelle Teskatlibochtli écoutait
les prières. La fête la plus célèbre de
ce dieu avait lieu le 19 mai; c'était
une solennité purificatoire. Les dévots
venaient en foule dans le temple ver-
ser des larmes sur leurs péchés et en
implorer le pardon. La veille , les
grands de Ténochtitlan apportaient
au grand- prêtre de Teskatlibochtli
un costume neuf pour la cérémonie
du lendemain. Ce jour-la, dès l'au-
Ï.V.
TES
;i3
rore , les portes du Téokalli étaient
ouvertes ; le prêtre, armé du cor, et
se tournant vers les quatre parties
du monde , semblait inviter les pé-
cheurs k se rendre des quake coins
de la terre aux pieds du dieu'; et la
multitude se frottait le visage de
poussière , se meurtrissait ou s'ou-
vrait le flanc a coups de couteau ,
se flagellait cruellement avec des cor-
des garnies de gros nœuds ou d'épi-
nes. Les moins fervents se conten-
taient de joncher le chemin de fleurs,
de verts rameaux , et d'imiter les
mouvements de l'encensoir chaque
fois que les prêtres envoyaient de
l'encens au dieu de granit. Ces évo-
lutions, fort peu dangereuses, ne lais-
saient pas d'être assez fatigantes , vu
qu'elles se combinaient avec la mar-
che. Teskatlibochtli , orné de guir-
landes nouvelles et posé sur une li-
tière, était porté en pompe autour du
vaste Téokalli par des prêtres au vi-
sage teint en noir et aux cheveux
tressés avec un cordon blanc. De-
vant le palanquin marchaient deux
prêtres, l'encensoir k la main; entrés
dans le temple , les prêtres suppu-
taient, d'après le nombre des offran-
des, le degré de pureté des fidèles:
puis on procédait à un grand festin,
oii n'étaient admis que les purs, les
réconciliés. De jeunes vestales, con-
duites par un vieil habitué du temple,
apportaient les mets sacrés sur la ta-
ble du dieu, et, comme sans doute il
les goûtait peu, onessayait au dessert
de stimuler son appétit en lui offrant
dans un bassin le sang d'un homme
égorgé devant lui. A deux autres
époques de l'année revenaient des cé-
rémonies encore plus cruelles : 1° k
peine les grains commencaieut à poin-
dre au-dessus de la surface du sol, un
garçon et une fille âgés de trois ans f
et de* condition libre , tombaient sur
33
$i4 l'Éi'
une colline en l'honneur dîi dieu;
»» lorsque la moisson avait alleint la
moitié de sa baulcur, un nouveau sa-
cri6ce demandait aux familles escla-
ves de. jeunes victimes. La récolte
une fois venue a maturité, on se con-
lenlail d'implorer la proleclion de
Teskalliboclitli par des oiïrandes de
maïs (liqueur composée de grains et
de gomme ropale).
ÏESFIÉ, le ISné des Aztèques,
était, selon les légendes du pays , un
prêtre (ou plutôt un patriarche) d'une
haute piété. Lors du grand cataclysme
qui punit les hommes coupables en
les noyant, Tespic, avec sa femme et
ses enfants, se réfuf:;ia dans une vaste
arca de bois où il avait rassemblé
l'élite des graines et des animaux. A
mesure que les eaux s'abaissèrent, il
lâcha un oiseau nommé Aura , puis
un autre, puis encore un autre; au-
cun ne revint. Enfin pourtant, a force
de rendre la liberté a ses prisonniers
ailés, il en vit reparaître un ; c'était
le plus petit, et il revenait avec une
branche d'arbre dans le bec. Cet épi-
sode de la cosmogonie semble avoir
été calqué *ur les chap. 7 et 8 de la
Genèse.
TÉTHYS, femme d'Océan et mère
dc&5,çoo Océanidcs , a été confon-
dvi^ à \wl avec Ampbilrile , qui est
une Néréide (iille de Kéréc et de Do-
ris) , tandis qu'au fond Télliys est
rOcéanide ppr excellence (fille-épx^u&c
df Océan, et non tout simplemcmt
épouse). La mythologie composilcdes
Grecs en lit, il est vrai, une Tilauide
filie d'Uranus et de Gé , sœur de
Xhia, de Ubîa, etc. (F'oj. Titans).
Outre les Océani^les, les fleuves et
les fontaines, on lui donne pour en-
fants Prolée, Persa, Élhra, etc.
— Le nom de Télbys (qu'on expli-
que par Tcea^ Titœa , la terre ,
ou par Titllios, la mamelle) et son
TEU
n
caractère montrent en elle la haute
génératrice , la Boulo des Pélasgues yj
l'unique déesse qu'un peuple jetipi
au milieu des eaux, daus les îles, "
sur les rives sinueuses de mille golfes,
ail pu saluer la première du nom de
reine, de mère et de cause première.
Les anciens eux - mêmes l'avaient
senti , et ont vu dans Télhys l'humi»^—
dite productrice et alimenialricc defll
êtres. — Tbétis est la délégation de^*
Télhys 5 et quoique cette mère d'A-
chille se vante dans l'Iliade d'avoir ap-
pelé au secoursde Jupiter, menacé par
les dieux, le robuste Egéon, c'est h la
biographie de Téthys que dut origi-
nairement appartenir ce mythe cu-
rieux. Comp. Camasène, Iko, Ma-
EICA, etc.
TEU ARAT AI, septième dieucréf^'
par Taaroa (le grand Être des Poly-
nésiens). Barff le regarde comme le
Neptune de cette cinquième partiedu
monde (/^o/.Will. Ellis, PolynesJKÊ
Research. ,11, 193). g||
1. TEUCER, héros éponyme de la
Teucrie, un des noms primordiaux de
la Troade , était selon les uns origi-
naire de la Crète, tandis que suivant
les autres c'était un indigène de l'an-
gle nord-ouest de rxVnadhouli. Dans
la première hypothèse , il fut amené
de l'île de Crète en Asie par l'exil •
dans l'autre on le donne comme fils
d'un fleuve et d'une moulngnc, car il
il pour pèio le dieu Scamandre, pour
mère la nymphe Ida. Samolhrace, ou
ITtalic,. envoie sur la côte qu'il habile
un fugitif, vn assassin, un aventurier,
Dardanus, encore tout souillé du sang
de son frère Jasion j et comme toute
celle foule de rois, hôlcs purificateurs
que la mythologie montre toujours
embarrassés d'une fille nubile, Teuccr
expie l'arrivant, lui donne la prin-
cesse en mariage , et lui lègue l'em-
pire.—La fille de Teucer se nomme
TEU
souvent Balée j d'autres parlent d'une
Nysa ouNéso, épouse aussi de Dar-
danus , et même d'une Teucris : mais
ce troisième nom n'est qu'un nom pa-
tronymique. Du reste , Dardanus et
Nyso ont une fille, Sibylla; Dar-
danus et Bâtée ont un fils, Ericbtho-
nius. — Pour comprendre le sens des
mythes relatifs à l'origine de Troie,
voy. Tros.
2. TEUCER devait le jour au
roi de Salamine , ïélamon , et k
Hesione (ou k une esclave),- habile
archer, il passa pour avoir reçu d'A-
pollon lui-même l'arc qu'il maniait. Il
tua au siège de Troie Arétaon et une
foule de Troyens. Homère [Iliade,
iiv. 8 et i5) entre dans beaucoup
de détails sur ses exploits. Revenu
dans Salamine, il n'obtint du vieux
Télamon qu'un accueil hostile et gla-
cé : a Oii est ton frère? où est le sang
versé par toi pour venger ton frère ?
où sont du moins les os de ton frère?»
Teucer, banni , quitta Salamine , se
rendit k Sidon auprès du roi Bélus ,
et k la tête de quelques colons phéni-
ciens alla bâtir, dans l'île de Cypre,
un temple a Jupiter et une ville a la-
quelle il donna le nom de Salamine, et
où ses descendants régnèrent long-
temps. Quelques mythologues le mon-
trent cherchant k rentrer dans sa pa-
trie après la mort de Télamon , et
repoussé par Eurysace, son neveu , qui
déjà s'est mis en possession du trône.
Lorsqu'il se rembarque , la tempête,
selon Justin, le porte en Espagne, et
il fonde Carthagène sur la côte oc-
cidentale de cette péninsule. On le
fait voyager aussi jusque chez les Cal-
laïci (Gallicie actuelle avec annexes)
et a Gadès (Cadix), oùl'on montrait le
baudrier d'or de Teucer. Nous ne
mentiont\ons ces traditions que pour
mémoire et avec plus que de la dé-
fiance. Deux particularités vraiment
TEU
Si5
importantes se rattachent au nom de
Teucer : la première , c'est qu'il se
pose vis-a-vis d'Ajax , son frère ,
comme Troie vis-k-vis de la Grèce j
la seconde, c'est que l'état fondé par
lui dans l'île de Cypre fut théocrati-
que, que les rois étaient des prêtres-
rois, et qu'après l'abolition apparente
de la royauté, des prêtres conservè-
rent l'autocratie séculière : Teucer
devint même un mot synonyme de
grand-pontife. La Cilicie avait aussi
des prêtres nommés Teucers. Comp.
CiNYRE. Dans le temple bàli par Teu-
cer en l'honneur de Jupiter on im-
molait des victimes humaines.
TEUSAR-POULAT , dieux féti-
ches de la Bretagne païenne, étaient
des génies sous forme de vaches, de
chiens, ou d'autres animaux domesti-
ques (Cambry, Voyage dans le
Finistère, I, 72).
TEUT ou TEUTAT , en lalin
Teutates ( ou Theut , Theuta^,
TheutatÈs ; autrement TAOTi:s ,
Tis, Tuis, Thoys, Thoyt, Thot),
dieu germain, présidait, selon les uns,
au commerce, k l'argent, k l'intelli-
gence , k la parole, aux louanges j
suivant les autres, aux batailles. Sous
ce double point de vue , il réunirait
en lui les fonctions de Mars-Hercule
et de Mercure. En effet, il a souvent
été comparé k ce dernier dieu j et
les druides, dit-on, entendaient par
Tentât le principe vital , actif du
monde : ou l'a même confondu avec le
Tholh des Egyptiens. Etymologique-
ment parlant, Teutat ne se rapproche
pas plus de Thoth que de hôç , de
Téthys et Tythéa que de Tévctat.
Idéologiquement , nous ne pouvons
connaître ni toutes ses attributions,
ni celle de ses attributions qui était
la clé de toutes les autres. Pour les
détails de son culte , tout se réduit
aux points suivants : ée&ï qu'on Va-
33.
5i6
TE¥
dorait tantôt sous la forme d'ua ja-
velot ( comp. QuiRiNUs, Skanda)
lorsqu'on lui demandait la victoire ,
sous celle d'un chêne lorsqu'on le
priait d'inspirer de sages avis. On
célébcait ses fêtes hors des murs
d'enceinte des bourgades et des forts,
sur des lieux élevés ou dans de som-
bres forêts j on choisissait surtout
la nuit : le clair de lune ou la lueur
des flambeaux remplaçait la lumière
du jour. Labourer le champ où les
cérémonies saintes' avaient été célé-
brées eût passé pour une effroyable
profanation ; aussi était-ce l'usage de
semer le lieu de pierres. De là peut-
être ces enteintes, ces amas de pierres
dont les restes abondent en France,
en Allemagne, en Angleterre. — La
cérémonie la plus remarquable du
culte de Tentâtes élait peut-être la
réception du Gui : clic s'accomplis-
sait à minuit précis , à l'heure du
renouvellemeut de l'année, au milieu
des cris : « Au Gui l'an neuf! » Ou
sacrifiait à Tentâtes , dans les cir-
constances décisives, des victimes Hu-
maines , et d'ordinaire des chiens.
Tibère prohiba les sacrifices hu-
mains , et , abolissant les écoles des
druides, ne permit pas que la jeu-
nesse s'initiât a leurs doctrines. —
On a comparé, identifié 9iême,Teu-
tat et Ogham.
TEUTAME, Tetjtamus, Tti-
TXfios'- 1° roi de Susiane qui, selon
certaines légendes , envoya Memnon
et 20 mille hommes au secours de
Troie (Teutame rappelle Touthmosis,
père d'Aménoftpj f^oy. Memuow) ;
2° fils de Dorus, époux d'Astérie, et
père du roi de Crète Astérion.
TEUTAMIAS ou TEUTAMIS ,
roi de Larisse , donna des jeux funè-
bres en l'honneur de sou père. C'est
la que Persee tua par mégarde son
a'ûul Acrisius d'un coup de disque.
TÉV
TEUTHIS, TiïO/f,
^
chef arca-
dien, s'ennuyant devoir la flotte grec-
que retenue a Aiilis par les vents
contraires, quitta l'armée , en dépit
des représentations de Minerve, qui,
pour le dissuader, avait emprunté le
visage et "ia taille de Mêlas , et la
blessa de son javelot a la cuisse. A
peine rentre dans ses foyers , il eut
sans cesse devant les yeux Minerve »■
qui lui montrait sa blessure, et mou- SI
rut d'une maladie de langueur. Mau-
dit de Minerve , son territoire était
de toute l'Arcadie le seul qui fût ab-
solument stérile. Enfin les Arcadiens,
sur avis de l'oracle , remédièrent k
cette stérilité en consacrant sur le
lieu une statue de Minerve qui la
représentait blessée h la cuisse.
TEUTHRAS, T(ùôpxs , ou Tiî-
THRAs, Tiôfiuç , fils de Pandion et
roi d'Asie (Cilicie selon les uns , My-
sie selon les autres), avait, ainsi que
Thespius, 5o filles, qui toutes furent
épousées par Hercule. Ces nombreu-
ses odalisques du fils d'Alcniène s'ap-
pellent souvent Tcuthrnnlict^ lur-
ba. La plupart des mythologues ne
citent comme fille de Teuthras qu'Ar-
giope , femme de Télèphe ( t^oy.
AuGÉ et Télicphe). On donnait le nom
de Teuthranie h un petit canton des
environs de Bergame , peuplé dans
l'origine par une colonie arcadienne,
et quelque temps après la prise de .
Troie par d'autres Grecs. Elle fut
comprise plus tard dans le territoire
de l'Eolide. — Deux autres Teuthras
furent , l'un un Grec tué au siège de
Troie par Mars (ou par Hector), l'au-
tre un Troyien de la suite d'Enée tué
en Italie.
TEVAKAIOHONA était le dieu
de la terre au Mexique.
TEVETAT, célèbre adversaire de
Samanakodom, se nomme aussi De-
VEHDAT, DeYAHDET, PÉYOUDET Ott
TEV
DiVAHDET. Sa vie entière se passa à
persécuter on h entourer d'embùclics
le saint que la légende siamoise lui
donne pour frère. Il le pouvait avec
d'autant plus de facilité que nulle
science n'avait pour lui de mystères.
Lorsque enfin, en dépit de ses malé-
fices et de ses ruses, Samauakodom,
absorbé dans l'être suprême par le
nivrilta , fut dieu , Tévélat nia sa di-
vinité, et, un jour qu'il était sous le
feuillage sacré du ïouppo, il le défia
de prouver par un miracle le baut
rang que ses adorateurs lui attri-
buaient. Aussitôt on vil s'élever dans
les airs un trône d'or enriclii de pier-
reries, des anges descendirent de la
nue et cJianlèreut en chœur les louan-
ges de Samanakodom. Tévétat alors
lorma une coalition de tous les ani-
maux contre lui. ]Se pouvant le vain-
cre, il eut recours au cbarme plus
insinuant du langage, délacba les fi-
dèles de l'orthodoxie, et fut l'auteur
du schisme fatal qui, disenl les Sia-
mois , divise le monde en deux
paris. Tévélat finit par être englouti
dans une mer i}nmense que fit sortir
de sa chevelure mouillée l'ange qui
préside a la terre en défendant Sa-
manakodom. Précipité au fond de
l'enfer, Tévélat y est crucifié , grillé,
criblé de plaies et couronné d'épines
( f^^X' '^ l'* fi" ^^ l'article la cause
de ces réminiscences du christianis-
me). Samanakodom l'a vu, un jour
qu'il parcourait les huit régions in-
fernales , et l'a redit a ses disci-
ples. 11 y a mieux 5 si vous écoutez
les Talapoins , ils vous diront que
Samanakodom offrit h son frère sa
grâce , dont 11 était indigne , en
n'exigeant de lui d'autre tâche que
d'adorer ces trois mots : Ponthang,
Tanaang, Saougkaug. Ces trois mots
veulent dire : dieu , verbe de dieu ,
copie de dieu (en d'autres termes ,
TEV
5i7
vicc-dîeu ou Talapoin). Tévélat pro-
nonça le premier à merveille ; le se-
cond eut quelque peine à venir sur
ses lèvres; jamais son gosier ne put
former les deux syllabes du troisiè-
me. Ce schisme se dessine surtout
avec puissance dans le Tibet et chez
les nalions mongoliques. Deux sec-
tes, celle des Chara-Malahhai (bon-
net jaune), et des Oulausallaté (bon-
net rouge), divisent leurs tribus. Les
premiers reconnaissent pour fonda-
teur Cliakiamouni , le même qUe Sa-
manakodom ; les seconds reconnais-
sent devoir leur culto h Tévétat.
Chacune de ces grandes sections reli-
gieuses a son chef. Les bonnets jaunes
obéissent au Dalaï-Lama ; aux bon-
nets rouges au contraire commande le
Bogdo-Lama (autrement Bogdobent-
chang, Bogdoïeïenu en tibétain et
en tangut: Pallas présume que c'est
le nom de Jeïenn qui a donné lieu à
la dénomination de prêtre-Jean). Le
séjour du Bogdo-Lama se Irouve, noa
pas à Lahsa, résidence du Dalaï-
Laraa , mais an sud de cette ville ,
dans le couvent de Dachilunpa , près
de la ville de Tsen^chsa. — Les no-
lices les plus récentes sur le Tibet
donnent K la secte jaune le nom de
Gillonkpa , a la secte rouge celui
de Chammar. Parmi les traits qui
séparent les Gillonkpa des Chammar
doit être surtout remarquée la permis-
sion accordée par ceux-ci a leurs prê-
tres do contracter mariage. L'empe-
reur de la Chine appartient à la secte
jaune , ce qui donne à celle-ci une
énorme supériorité sur sa rivale. Pour
en revenir aux croyances siamoises, et
nous aussi nous sommes des esclaves
et des adhe'rents de Tévétat. Si nous
ne connaissons pas Samanakodom, si
notre Bible est si obscure , c'est la
faute de Tévétat ; si nous sommes as-
sez savants en astronomie, ça malhér
5i8
THA
matiqaes, en histoire naturelle, c'est
grâce au mondain Tév^tat.
TEXKA.TSOUKAT était le dieu
du vin au Mexique.
THALASSA, la Mer, figure dans
Hésiode comme fille de l'Ether et
d'Héméra. Hygin lui donne pour époux
Pontos. Les navigateurs lui offraient
des sacrifices avant de quitter le riva-
{;e. A Corinthe on voyait sa statue sur
e piédestal du char de Vénus et d'Am-
{thitrite. Sur un autre bas-relief on
a voyait tenant sur son sein sa fille
Vénus, mais on ignore quels attributs
lui avaient été donnes par l'artiste.
THALIE, Muse de la comédie,
des gais festins et de Philarilé, était
figurée soijs les traits d'une jeune fille
k l'air folâtre, couronnée de lierre,
de pampres, chaussée de brodequins,
et tenant k la main tantôt le pédum
ou bâton pastoral, tantôt le masque
grotesque de l'Hégcmou (conducteur
des esclaves), analogue grec du Géta
des comédies romaines (Voy. Pit-
ture d'Ercolano, II, 3). Plusieurs
bas-reliefs la présentent avec Melpo-
mene dans les pompes triomphales de
Bacchus(Musé«Pio-Clément.,V,vii).
— Dans Plutarque ïhalie est une des
Irois Muses graves. Quelques mytho-
logues lui font honneur de l'invention
de l'agriculture et de la géométrie,
et la regardent comme présidant aux
jeunes pousses des arbres et kla flo-
raison {SûXXuv] etcomp.THALLo).— .
Trois autres Thalie sont: i° un»
Océanide compagne de Cyrènej 2° une
Néréide 5 3° la seconde des trois
Grâces. — Une Thalie fut maîtresse
ou femme d'Apollon, qui la rendit
mère des Corybantes, selon ApoUo-
dore (I, 3, 4.5 comp. le Scholiaste
de Lycophron, s. v. 78)5 Slrabon
(liv. X) substitue au nom de cette
déesse celui de Pbylie {f^oy. aussi
Thbalie),
THA
THALLO, une des Heures (ou
Hôres, Parques primitives), présidait
k la germination et a la floraison des
Slantes. Thallo et Thalie au fond ne
iffèrcntpas(^. Heures, LIV, 402).
THALNA, Vénus des Étrusques.
Lanzi {Saggioy etc., t. II) explique
ce nom par Sax'^iit (t« ùxlvx), la ma-
rine. Il est inutile de faire sentir com-
bien cette étymologie est forcée. Du ^m
reste, on trouve sur une patère étrus- fli
que (Dempstcr, Elrur. reg., I, 1)
le nom de Thalna h côté de celui de
Vénus.
THALPE , THALPirs , BuX-^ta ,
fils d'Eurite et un des prétendants
d'Hélène , fit voile vers Troie h la
tête de dix vaisseaux épéens.*
THALSINIE, Thalsïnia, fille „
d'C^ygès et de Thébé , avait pour 1
frère Cadmus 5 cette généalogie , si
peu d'accord avec les légendes ordi-
naires de Cadmus, n'indiquc-t-clle
pas 1° qu'Ogvgès et Agénor c'est tout
un ; 2° que la population civilisatrice
de la Béolic ne vint pas du littoral
phénicien? Ogygès et Thébé sont l'O-
THAMIMASADE était le dieu
des eaux chez les Scythes selon Hé-
rodote, qui le compare k Neptune.
THAMIRAS ou TAMIRAS , Si-
cilien, père des Tamirades {^Voy.
ce nom).
THAMMOUZ , dieu-prophète des
Assyriens, s'était, suivant les légen-
des, incarné sous forme humaine,
afin de remettre les peuples et les rois
dans la voie de la vérité. Il vint un
jour enjoindre au roi d'Assyrie d'a-
dorer les sept planètes et les douze
signes du zodiaque. Le prince impie
le fit expirer dans les tortures 5 mais,
la nuit suivante , tout ce qu'il y avait
de statues dans l'univers vint se réu-
nir dans le temple de Baal (du soleil);
des gémisseaiçntS; de longs sanglots
THA
éclatèrent : c'étaient les images divi-
nes qui pleuraient la mort de Tham-
mouz. Un bruit profond retentit :
c'était la statue du soleil qui , placée
au milieu de toutes les autres, s'était
jetée par terre. Le lendemain , dès
l'aurore, toutes retournèrent h leurs
temples 5 mais les Assyriens , avertis
Far le deuil des dieux^ instituèrent en
honneur du céleste prophète, dont la
perte inspirait tant de regrets aux
immortels, une fêle qui se divisait en
deux parties, le jour de deuil et le
jour d'allégresse. Le calendrier des
Juifs nous présente un mois de Tham-
mouz, le quatrième de l'année sainte
et le dixième de l'année civile j il ré-
pond à la lune de juin, et en consé-
Îuence la fête est soUliciale. Les
uifs eux-mêmes célébrèrent la fêle
deThammouz,et le prophète E/.écliicl
le leur reproche avec force. — Tliam-
raouz fut-il le soleil? les détails de
sa légende et de sa fête le feraient
présumer.Thammouz est-il Phénicien,
Assyrien, Chaldéen d'origine? M. Si!-
vestre de Sacy (sur S"-Croix, Rech,
sur les Myst. , t. IL p. loi) re-
garde ce nom, quoique généralement
répandu dans l'Assyrie , comme d'o-
rigine étrangère et probableraenl égyp-
tienne. Serait-ce Amoun?Thammouz
est-il le même qu'Adonis ? Presque
tous les habiles interprèles de l'an-
tiquité , F)eyling [Deflela super
Thanwtuz) , Rosenmuller ( ait. u.
neues Morge/iland, II, 3i8),
Groddek ( Anliq. f^ersuche , I.
38, etc.), se sont décidés en faveur
de celte opinion 5 et Corsiai {Fastl
atlici, II, 297 ) ne donne que de
faibles raisons pour la faire rejeter.
TIIAMINO , divinité' tonquinoise,
veille, selon les habitants de cette
Sartie de l'Inde , h la conservation
es moissons. Les paysans lui attri-
buent l'inyentioa de ragriculture.
THA
5n
THAMYRIS, fds de Phîlammon
et d'Arsinoé ou d'Argiope, naquit en
Thrace,chez les Edones, dut à son
habileté dans l'art du chant le titre de
roi des Scythes, remporta le prix de
la lyre aux jeuxpythiques, et, orgueil-
leux de son triomphe, défia les Muses
mêmes au combat. Celles-ci le vain-
quirent, l'aveuglèrent, lui enlevèrent
la voix 5 et l'infortuné, au désespoir,
laissa tomber sa lyre dans le Balyra
dont le nom indique encore ce triste
dénouement d'un combat inégal (/BaA-
A£(v, jeter 5 Awf«,lyre). Prodicus
continuait le châtiment de Thamyris
jusque dans les enfers. Les artistes
représentèrent souvent le noble aveu-
gle, la barbe tombante, les cheveux
cpars, et la lyre brisée, détendue et
presque sans cordes , gisant à ses
pieds. Sophocle avait composé sur ce
barde des anciens une tragédiiî que
nous n'avons plus. Selon Hygin {Âs-
tron., II, 6), l'Engonnse estThamy-
lis agenouillé devant les neuf sœurs
victorieuses. — Platon compare Tha-
myris a Orphée, a Olympe, à Phé-
mius j déclare, comme s'il l'avait en-
tendu , qu'il était sans égal dans la
flûte, la lyre et le chant, et ajoute
que son âme passa dans le corps d'un
rossignol. Quelques mythologues le
font naître chez les Odryses. Parfois
on le montre ne luttant qu'avec une
seule Muse. Pausanias explique la
perle de sa vue par une maladie^ celle
de sa lyre par le découragement, qui
tueTàme. Dans Tzetzès l'allégorie se
borne a la perte des poèmes de Tha-
myris. En effet, les anciens ont parlé
des œuvres de Thamyris j il est ques-
tion dans Plularque de sa Titano-
machic , dans Suidas de sa Théo-
gonie ou Cosmogonie, et Platon
va jusqu'à citer des vers de ses Ifym-
nes. On voulait aussi qu'il eût in-
venté le mode dorien, §t l'on ra-
5ao
THA
THE
^
coulait sérieusement que deux poètes
avant lui avaient remporté le prix
aux jeux pythiqaes.
THANA, la Minerve des Étrus-
ques, du moins selon Otlf. Millier
{Etrusher, \. II, p. 45, elc), se
trouve sur une patère . Ce nom rappelle
celui d'Athânà {'kiiiet^ dorien, pour
'Aêifti), que la même déesse porte en
grec; et ainsi Tétymologie semble
conGrmer ce quMndique la science my-
thologique.
THANACÉ, fiUe de Mégessare,
femme de Sandak et mère de Ci-
nyre. Le nom de Thanacé rappelle
1° les Anaces; 2° le dieu-lune du
Ponl, Pharnace.
THAROPS, ©«^«4/, découvrit h
Bacchus les perfides projets de Ly-
curgue, et en récompense reçut de ce
dieu la royauté. C'est lui ' qui fut
l'aïeul d'Orphée.
THAllTAQ, divinité syrienne à
tête d'ànc (Selden, de Dus sjris ,
«ynt, II, c. IX, p. 329), nous est du
reste inconnue. Suivant Dupui8( Or.
des cultes, 1. III, c. 1 8)ce sérail l'àne
des légendes diouysiennes, l'àne que
montait Silène et qui fut placé dans
le signe céleste du Cancer. Si l'àne
sauvage (selon Tacite, ffist., I. V,
c. I ) indimie aux Hébreux errants
après leur fuite l'eau qui devait élan-
cher leur soif, ce mythe n'est qu'une
allusion à l'astérisme zodiacal oii est
l'àne et que les anciens avaient con-
sacré à l'élément de l'eau.
THASE , Thasus , Qua-oç , héros
éponyme de l'île de Thase, passait
pour un des fils d'Agénor envoyé par
son père à la recherche d'Europe, en
même temps que Cadmus. Il erra
iiiutilemenl de mer en mer, et finit par
se fixer a Thase,
THASE. J^oj. Phrasios.
THASIAMI est cliez les Pégouans
le scribe chargé d'enregistrer, sou^
l'inspection de Samanakodom, les
bonnes et les mauvaises actions des
mortels. On le voit, dans les temples
de ce dieu, debout, tenant les feuilles
de roseau a écrire d'une main, et de
l'autre le calame.
THAUMAQUE, Thaumacus,
OxuftxKot, père de Péas et fondateur
de Thaumacie.
THAUMAS , Qxiftccç (g. Qttufixv
Toç) , divinité marine qui , selon Hé-
siode {T/iéog., V. aSy), dut le jour
à Pontos et à Gé. Pontos était l'a-
bîme, c'est-à-dire la partie de la terre
qui se trouve au dessous du niveau de
la mer, et qui par conséquent sert de
lit, de bassin a ses eaux. De sa réu-
nion avec Gé résulte l'idée de mer ;
mais la mer elle-même se décompose
en masses diverses, et l'on aperçoit
ici ses eaux, là ses promontoires et
ses écueils, plus loin sa vaste et in-
nombrable population, etc. De là
des personnifications , des divinités
diverses. Thaumas (de ôctZ/^x, mer-
veille), c'est la personnification des
merveilles que recèle le sein des
immenses Océans. La the'ogonie lui
donne pour femme Electre, fille de
l'Océan, Electre dont les mylhogra-
phcs modernes fout la vague qui
s'enfle (Creuzer, Briefe l'ib. Hom.
und Hesiod). De cet hymen nais-
sent les Harpyes et Iris , à laquelle
les poètes donnent les épilhètes pa-
tronymiques de Thauraantide et de-
Thaumantiade. — Un autre Thau-
mas, Centaure , fut forcé à fuir aux
noces de Pirithoiis.
THÉAGÊNE. Voy. Biog. wiii>.,
XLV, 249.
THÉALIE , nymphe sicilienne ,
fille de Vulcain et maîlresse de Ju-
piter, fut mère des deux Palices.
THÉANO, fille de tissée, femme
d'Anténor et sœur d'Hécube, était
la grande prêtresse de Minerve h
THÉ
Troie. On la voit dans l'Iliade placer
les offrandes des Troyennes sur les
genoux de Minerve qui, du reste, les
rejette. On la montre livrant le Pal-
ladium aux Grecs. C'est la suite na-
turelle de l'idée vulgaire qui fait d'An-
tënor uu traître h la cause troyenne.
— Trois autres Thé ANO sont : i°Da-
naïde , 2° femme d'Amycus et mère
de Mimas, 3° femme de Métaponte,
roi d'Icarie. Pour plaire a ce prince
qui souhaitait un fils, elle supposa
plusieurs enfants. Dans la suite elle
devint mère, et voulut que ses fils
tuassent les autres h la cliasse; mais
ceux-ci succombèrent dans leurs ten-
tatives, et The'ano voyant ses ruses
découvertes se donna la mort.
THÉBE, 0«f>?, héroïne grecque,
fille du fleuve Asope et de Métope,
fut aimée de Jupiter, et mit au mon-
de Dionyse(Bacchus). — Deux autres
ThÉbÉ sont l'une fille de Jupiter et
d'Iodame, femme d'Ogygès et mère
de plusieurs enfants 5 l'autre fille de
Cilix et femme de Goryhas.
THEIA, Quu. Voy. Thia.
THELXINOÉ, &iK%i^i>yi, fignre
comme Muse i" dans la nomenclature
d'Aralus qui en compte quatre (Ar-
che, Aédé, Mélélé sont les trois au-
Ires); 2° dans la nomenclature à neuf
noms des Pélasgues(Rac. : 6'iXya ,
charmer, adoucir; ««'o? , l'esprit).
Comp. Muses et Thelxiope. — On
donnait aussi au dieu du chant,
Apollon , le surnom de Thelgéîimy-
the, qui est synonyme de Theixinoé,
THELXION, cinquième roi de la
Sicyonie,futle successeur mais non le
fils d'Apis [Voy. Apis et Telchin).
THELXIOPE: 1° Sirène; aMa
quatrième des Muses primitives que
nomme Cicéron (les trois autres sont
Mnémé , Mélété , Aédé). Comparez
MUSES.^
THÉjVIÏS; Qtftisj ^éçssG de la
THÉ
521
justice, est, dans la Théogonie d'Hé-
siode , une Titanide , en d'autres ter-
mes une fille d'Uranus et de Gé
(elle a cinq sœurs et six frères). De
son union avec Jupiter naissent les
Heures et les Parques ( Voy. ces
noms). On la donne aussi comme la
nourrice d'Apollon cl l'antique déité
du temple de Delphes. Ce n'est pas
par la justice seulement qu'elle se
distingue : sagesse, science, divina-
tion, révélation, sacrifices, étaient
ses attributs ou ses dons. Des mythes
de date récente ajoutèrent à ses
connaissances l'astrologie. Nous nous
étonnons que l'on n'y ait pas rais aussi
la magie. Il est assez aisé de voir
que la famille des Titanides présente
rélaboralion rudimcntaire du monde.
Une fois qu'au Titan primordial se
fut substituée la dualité subdivisée de-
puis en double hexade , la grande
déesse , principe femelle , dut être
science et magie ; car toute science
pour les ignorants est magie. Mais
cette grande déesse principe femelle
est-elle Thémis? En un sens, oui :
tandis que le monde pour les uns se
divisait en ciel et terre, pour les au-
tres il se scindait en faits et lois. La
seconde idée parfois s'unit k la pre-
mière; et alors on a la loi-terre, com-
me d'autre part on peut avoir la terre-
loi (entre autres exemples, Cérès-
Thesmophore). Thémis, en effet, ne
rappelle pas simplement par le son
les mots Tliea, terra et tellus. Idéo-
logiquement c'est la base, le socle,
le piédestal, quod positum esty
Qif^x. Or , la terre passe chez les
peuples naïfs pour la base du monde
et la loi; la règle est la base des phé-
nomènes. Loin que ces explications
f)èchenl par l'arbitraire, songeons que
es Grecs mêmes ont dit en toutes let-
tres Gàthéinis, terre-loi {Voy, Car^
mpjhte).
5aa
THÉ
THÉMISTUDES, ©«^tor/Wef,
parèdresathéuieunesdc Thémis, pas-
saient pour des nymphes, des prê-
tresses ou des Jiiérodoules de celte
déesse qui effectivement avait, dans
l'Acropole d'Allièncs , un temple h
l'entrée duquel ou montrait le tom-
beau d'Hippoly te.On les donnait aussi
pour des parèdres de Carmentc par-
fois nommée Tliémis, et en consé-
quence pour des prophétesses.
THtMISTO, ©£,i*<«rT<tf, première
femme d'Athamas selon la légende
qui tait le nom de ^épliélé, avait pour
père Hypsée, et avant son mariage
avait eu, d'un commerce furtif avec
le dieu des mers, Lcuconoé. Femme
du souverain d'Orcliomèue , elle le
rendit père de Leucon, d'Erythrion,
de Ploiis, de Scliénée (ou de Plin-
thios et d'Orchomène , selon Hygin ,
fab. ccxxxix). Dans la suite Atha-
mas épousa Ino : Thémisto bannie du
palais y rentra déguisée en Bacchante;
et, méditant de tuer les enfants de sa
rivale, les couvrit le soir d'Iiabits
noirs, tandis qu'elle donnait aux siens
des habits blancs. Ino, soupçonnant
quelque perfidie, fit troquer les deux
groupes j et Thémisto, dupe du stra-
tagème de la reine, tua ses propres en-
fants : elle se pendit de désespoir.
— Quelques mythologues supposent
Athamas n'épousant Ino qu'après la
mort de Thémisto. Les mythes ordi-
naires donnent une rivale à la pre-
mière Néphélé. — Deux autres Thé-
misto sont I* une Néréide; 2° une
des Lycaonides , la même , dit-on ,
que Callislo.
THÉOBULÉ, &toQoUt, (mot a
mot volonté des dieux ) , maîtresse
de Mercure, en eut Myrtile (le co-
cher d'OEnornàs).
THÉOCLYMENE , devin de la
race des Mélampides , devait le jour
à Polyphéide ou à Tbeslor, Coupable
THÉ
d'un meurtre, il fut banni d'Argos,
trouva un refuge sur le vaisseau de
Télémaque qui allait faire voile pour
Athènes, prédit a ce prince la pro-
chaine arrivée de son père, et aux
prétendants de Pénélope la fin de
leurs insolences. « Ah ! malheureux ,
dit-il , une nuit funeste vous enve-
loppe : j'entends de sourds gémisse-
ments; des larmes baignent vos joues;
de ces murs, de ces lambris le sang
dégoutte; le vestibule et la cour sont
remplis d'ombres qui descendent aux
enfers ; le soleil a perdu sa lumiè-
re, et d'épaisses ténèbres ont chassé
le jour. » Les prétendants, ne voyant
ni sang, ni ombres, ni éclipse de so-
leil, trouvèrent leur hôle très-plai-
sant, et rirent de nouveau h gorge
déployée. Peu de temps après Ulysse
revint et tua les rieurs.
THÉODAMAS , &io^cif<.*ç ( et
poétiquement Thîodamas, (àitoèâ,-
f*<ii) ■ 1° géant a qui on donne pour
S ère le Tartare; 2" devin habile, fils
e Mélampe et successeur d'Ampliia-
râs; 3° roi dryope tué par Hercule,
qui un jour, l'ayant rencontré sur un
char attelé de deux bœufs, le pria de
donner quelque chose a manger à
son fils Hyllus. Theodamas refuse;
alors Hercule assomme d'un coup de
poing un de ses bœufs, et procède
avec Hyllus a un repas improvisé ,
tandis que Theodamas court de toutes
ses forces du côté de la ville , et va
chercher du secours. Bientôt les Dryo-
pes arrivent, et enveloppent Hercule
qui a besoin de toute sa vigueur
pour vaincre cette nuée d'ennemis.
Enfin il triomphe; mais Déjanire est
obligée de combattre avec lui pour
l'aider à remporter la victoire , et
une blessure a la poitrine atteste
son héroïsme. Theodamas est tue ,
Hylas son fils reste prisonnier, et
lift fottle des Dryopes est mise ea
THÉ
fuite. — Parfois ou donne k Hylas
lui-même le nom de Théodamas ,
qui lui convient moins cependant que
le patronymique Théodaraanlide.
THÉOGNETE , fdle de Laodicus,
est, chez les scholiasles d'Apollonius,
réponse d'Eson et la mère de Jason.
THÉOGOINE, amante de Mars et
mère de Tmole.
THÉONOÉ : i» fille de Prolée
et amante du pilote Canobe, 2° fille
de ïhestor {f^oy. ce nom).
THÉOPHAINE , eeo<ç^.y;f , une
des héroïnes qu'on donne pour mère
àChrysomalle (lebélierh toisond'or),
passait pour être de la Bisallide. Belle
et recherchée de raille amanls , elle
préféra Neptune qui avait commencé
par Tenlcver et la transporter dans
l'île Crunis. Les prétendants a la
main de Théophane découvrirent sa
retraite et vinrent l'y chercher. Nep-
tune, a leur vue, changea son amante
en brebis , les habitants de l'île en
moutons, et lui-même en bélier. On
conçoit la surprise des prétendants
qui, n'apercevant que des bestiaux,
se mirent à leur donner la chasse,
a les tuer, a les rôtir, Théophane
échappa au carnage j et Neptune, ir-
rité de la cruauté des débarquants ,
les changea en loups. Théophane ,
métamorphosée en brebis , mit au
monde Chrysomalle.— La donnée fon-
damentale de ce mythe, Théophane-
brebis, est antique; mais la transfor-
mation des habitants , et plus encore
celle des poursuivants, est de date ré-
cente. Quant a l'île Crunis, Slrabou
(liv. XVII) nomme une île de Crinicc,
et Meiziriac [sur Hcroïdes d'O-
vide, II, p. 32) conjecture qu'il faut
lire Cromrayouse ou Crommyonèse.
Etienne de Byzance fait de la pre-
mière une île de l'Ibérie; et Pline
place la seconde au nombre des sept
Pçristérides, voisines de Smyrûe.
THÉ
523
THEOSOLK de Sauraaise , The-
SOGAB de Firmicus , premier Décan
des Gémeaux, est représenté dans le
zodiaque rectangulaire de Tentyra
avec la partie inférieure du pchent.
Pris pour un des Pharaons du later-
cule d'Eratoslhène , Théosolk serait
ou Stèque, ou Gosormiès, ou Thé-
uell ou Maris {Voy. Dec ans).
THÉRAMÈNE , Thekamenes ,
G>!pa/u,ivijs , nymphe dont Cyrnus eut
Astrée. L'île de Théramène, dans la
mer Egée, lui doit son nom.
THÉPtAPNE, 0£^^:tv;î, fille de
Lélex, donna son nom a la ville de
Thérapne; une des résidences habi-
tuelles de Castor et Pollux. — Un
lieu de Spa.'le, du nom de Thérapne,
était fameux par un temple d'Hélène
qui avait la singulière prérogative
d'embellir les laides. Suivant un coule
indigène religieusement recueilli par
Hérodote, une femme de Sparte dé-
solée de l'extrême laideur de sa fille
l'avait, sur l'avis d'une personne in*
connue qui lui apparaissait souvent,
portée dans ce temple ; tel fut par la
suite le développement de sa beauté
que, quoique de basse condition, l'ar-
chagète Spartiate Ariston l'épousa.
THÉRAS, Q>lpus, de Sparte, fils
d'Autésion, chef de la colonie lacédé-
monienne de Calllste, donna son nom
(Théra) h cette île (aujoud'hui San-
torin). — Argie, sa sœur, était fem-
me de l'Héraclide Aristodème. Il se
trouvait ainsi oncle des deux pre-
miers rois de Lacédémone , Eurys-
thène et Proclès. Indigné , dit-on ,
des cruels traitements que la race
conquérante faisait subir à U race
conquise, il rassembla autour de lui
un noyau de mécontents , et l'établis-
sement qu'il fonda dans Calliste ne
fut pas exclusivement dorique.
THÉRÉE , Thereus , Otiptvs ,
Centaure tué par Hercule daois U hi-
5i4
THE
taille qu'il eut à soutenir dans la
grotte de Pholus {f^oy. Térûe).
THÉIUMAQUE,0.,p/>«;^<.f, fils
d'Hercule et de Mégare, fat tué par
son père en délire.
THÉRITaS, QtiftTXii Mars dans
la Colchide , soit a cause de Thcro,
sa mère ou sa nourrice , soit a cause
des bêles farouches (ô«fff) dont il
débarrasse le sol. Ca»lor et Pollux
enlevèrent de la Taurica (pays des
Taures, ou simplement Chersonèse-
Taurique ) la statue de Thérilas ,
et en firent don a Sparte ( Comp.
Obeste enlevant la statue d'Onis).
THERMODON, Qtpftû^^'f, tfieu-
fleuve , ftls de Poutos et de Tlialassa.
Le Tliermodon coulait dans le Pont
et traversait la plaine de Tliémiscyre
si fameuse par les campements ou les
établissements des Amazones , qui ,
dit-on, y eurent une capitale.
THERMONA , déesse latine des
Thermes, si nombreux et si eu vogue
dans le monde romain.
THERMUTIS. F. Tarmouth.
THÉRO, <ù>ipû : i" nourrice ou
mère de Mars ( c'est Mars femelle ,
c'est une Bhavaui tlirace , mère du
Skaudades Thraces 5 c'est une Ren-
dis : Cicéron la fait mère de son troi-
sième Mars) ; 2° fille de Phjlas et de
Déiphile, maîtresse d'Apollon et mère
de l'habile e'cuyer Chéron, héros épo-
nyme de Chéronée dont on lui attri-
buait la fondation. — Théro vient
de ther (J>ip) , bête farouche.
THÉRODAMAS, Gtipoêâ/^ccç, roi
scythe qui se plaisait h nourrir les
lions de sang humain pour les rendre
plus cruels, d'où Tlierodamantœos
Itones d'Ovide.
THÉRON , chef latin tué par
Enée, était d'une taille gigantesque.
THERSA3SDRE, Thlrsander,
O'ipa-xv^poç, fils de Polynice etd'Ar-
gie, copuuanda avec Adrasle sonaïeul
THE
l'expédition des Epigoncs , cnlra^lic-
torieux dans Thèbes , monta sur le
trône a la place vacante par la fuite
ou la mort de son cousin Léodamas,
alla dans la suite au siège de Troie ,
s'y distingua par sa valeur, cl fut tué
parTélèphe. Il avait cpoHsé Démo-
nasse. Son fils Ti<amène lui succéda..
On montrait dans une plaine sur les
bords du Caïque un monument en son
honneur. On trouve quelquefois le
nom de Tisandre a la place de celui
de Thcrsandre. — Virgile met au
nombre des guerriers recelés dans les
flancs du cheval de bois uu Thcrsan-
dre.— Un autre Thersandre était
fils de Sisyphe.
TUERSANON, ©fp^^.a-» , fils
du soleil et de Leucollioé, fut un des
Argonautes.
THERSILOQUE,THERsiLor.nus,
Q>if(riXox,»? • 1° un des Anlénorides
(Achille le tua au siège de Troie) ,
2" compagnon d'Enée.
THERSIPI'E, TuERsippus, eip-
<rni7toç, un des fils d'Agrius qui se
re'vollèrent contre OEuée, et que tua
Dioraède.
THERSITE , Thersites , &tpTl-
Tfiç , Grec qui faisait partie de
l'armée confédérée qu'Agamemnon
conduisit devant Troie, n'est connu
que par sa lâcheté , sa laideur , son
insolence et ses invectives contre les
principaux chefs de la coalition. Un
corps grêle, un œil louche, une tcle
pyramidale , de rares cheveux , les
épaules refoulées sur la poitrine, la
colonne vertébrale déviant considé-
rablement de la recliligne , voilà
comment est représenté Fennorai des
pasteurs des peuples. Au reste, c'est
aussi la forme que la sage antiquité
donne à son Esope. Le bouflon de
l'armée grecque est loin d'être in-
juste dans ses reproches et idiot dans
ja manière de tes exprimer. Aussi
I
THE
Ulysse , incapable (Je trouver de
bonnes raisons, le fait taire à coups
de scepire, elles Grecs, qui ont plai-
sir a se battre pour Hélène et à pâtir
des solliscs d'Agamemnon, rient de
tout leur cœur a la vue des larmes
que ïhersite comprime h peine et qui
humectent l'angle de son oeil. Tlier-
sîle ayant osé se moquer d'Acliille,
qui avait tué Penlliésilée , puis se
reprochait sa victoire, fut assommé
d'un coup de poing par le héros. —
Comp. au reste, sur l'apparition des
génies moqueurs dans les cadres sa-
crés les plus graves, GiGOu, Ïambe,
AsGALABE.
THESEE, TuESEUS, Qtiirtùs , le
héros populaire des Athéniens, qui
(irent de lui le pendant de l'Hercule
si célèbre chez les Doriens du Pélo-
ponèse, a été incorporé par la légen-
de ordinaire a la dynastie d'Erech-
thée par son père , et à celle de Pé-
lops par sa mère. Egée, Ethra, voila
les noms des auteurs de ses jours.
Le premier régnait sur l'Atlique. Ne
pouvant avoir d'enfant, il alla consul-
ter l'oracle qiii*liii répondit par deux
vers qui peuvent se traduire ainsi :
Ne touche pas, grand prince , au jiied du bonc
rustique.
Avant d'avoir revu le bon peuple d'AUiqae.
Egée ne comprenait pas. Il s'avisa
de ne point revenir droit à sa capi-
tale et fit un coude jusque dans Tré-
zène, chez le sage Pitihée auquel il
raconta tout. L'hôte rusé s'imagina-t-il
que ioifc voulait dire outre , que le
pied de l'outre était l'ouverture par
laquelle le vin s'en va, que s'abstenir
de femmes jusqu'à son retour dans
Athènes était pour Egée le meilleur
moyen d'avoir un héritier en reve-
naut de ses voyages 5 enfin que si sa
fille Elhra était , n'importe a quel
prix, unie a Egée , ce serait un ex-
cellent moyen pour faire un jour de
THE
525
cette princesse la reine d'Athènes, et
de son fils le souverain de toute l'Af-
tique? ce qu'il y a de certain c'est
qu'il s'empressa de fêter le voyageur,
que plusieurs boucs furent saignés k
blanc, et que finalement Egée endor->
mi se trouva dans les bras d'Ethra ,
qui reçut la même nuit les embras-
sements de Neptune. Le lendemain
Egée, instruit d'une parti© de ces cir-
constances , partit pour Athènes sans
emmener Ethra 5 mais en lui disant
que si elle venait à mettre au monde
un fils , ce jeune fruit d'un furtif
amour pourrait se présenter à son
père. Comme preuve de sa naissance
il apporterait la chaussure et l'épée
qu'il plaçait sous une pierre énorme.
Quelques mois après Elhra fut mère,
les douleurs de l'enfantement la sai-
sirent près du port de Trézène , en
un lieu que cet incident fit nommer
Génelhlion. Pitthée , son aïeul, lui
donna le nom de Thésée , et l'cleva
dans sa cour en le faisant passer pour
fils de Neptune. Hercule, disent quel-
ques mythologues, se trouva un jour
à Trézène 5 Thésée alors n'avait que
sept ans : a l'aspect de la peau velue
et rousse du lion de Némée , tous le»
compagnons du jeune prince prirent
la fuite 5 Thésée seul se jeta sur une
hache et marcha contre ce qu'il re-
gardait comme un ennemi vivant.
Bientôt il reconnut l'erreur de ses
sens j mais celte peau fauve était tou-
jours devant ses yeux , et sans cesse
depuis ce temps ses rêves lui présen-
taienlHerculedomptant les monstres,
nettoyant le Péloponèse et le monde
de leurs tyrans, marchant h travers
les prodiges et les bienfaits. Ainsi
plus tard les lauriers de Milliade em-
pêchèrent Thémistocle de dormir. A
peine arrivé a l'âge de l'adolescence,
il voulut quitterTrézcne, théâtre trop
étroit pour ses espérances. Ethra;
5i6
HBÊ.
THE
Pillhée, lui dévoilèrent le secret de
sa naissance et le condiiisirent h la
pierre mysleneuse. D'une main Thé-
sée déplace le bloc massif et de l'autre
il saisit la cbaussnre, il brandit le
glaive, a Athènes.' Athènes! ouest
Athènes? n Voila son unique pensée.
On lui indique la position de cette
ville j on Uii annonce que deux rou-
les y conduisent , la route de terre,
la route de mer. Celle-ci est moins
dangereuse, car chaque jour des nefs
trczcuiennes la sillonnent ; Neptune
d'ailleurs est presque son père , et
!Neplune le protégera. Vaines argu-
mentations ; La terre présente des
périls, Thésée préfère la terre. Il le
f lassera, cet isthme de Coriuthe cé-
èbre par tant de funérailles! il les
combattra, ces gigantesques brigands
qui s'enorgueillissent de leur force,
et dont les repaires s'annoncent de
loin par de longues avenues de crâ-
nes blancliissants! Il les voit en effet.
Périphèle, Corynèle, Sinis, Sciron,
Çercyon, Damaste,PoIypémon, Pro-
cruste , que tour-k-tour on prend
pour huit , ou sept , ou six , ou cinq ,
ou quatre , ou trois personnages j et
qu'on place, Périphèle-Corynèledaus
Epidaure , Sinis - Pilyocampte dans
l'isthme , Damaste-Po!ypémon-Pro-
cruste dans Hermione , Sciron dans
Mégare, Cercyon dans Eleusis, sont
terrassés par le héros. Joignons à
celle liste de dévaslateurs sacrilèges
la Phaie (ou Phée) , laie de Crom-
myon , qu'il comballit et tua che-
min faisant. Au milieu de ces luttes
pénibles et sans cesse renaissantes,
les légendaires jetlenl un épisode plus
doux. Tandis que Sinis tombe sous
les coups de son jeune vainqueur,
Périgone sa fille , jolie et naïve , se
cache tremblante dans les roseaux j
elle ne se rassure qu'après les pro-
testations réitérées de Thésée , qui g
«Il
jure de ne pas lui faire de mal , et
3ui en effet se borne à la rendre mère
e Ménalippe. On s'imaginera sans
doute a présent queThésée commence
à être dans l'âge mûr. Eh bien , il
n'est encore qu'à l'aurore de la jeu-
nesse ! Quand les Phylalides chargés
par Cérès de l'intendance des mystè-
res l'ont purifié de tant de meurtres
dans les eaux limpides et pures du Ce-
phise, il entre dans Alhèues les che-
veux flottants en boucles blondes sur
les épaules, et avec la robe Iraînnnle,
le péplum , le voile des jeunes filles ;
et tout le monde s'y trompe : « Oii
va donc , s'écrient les ouvriers em-
ployés a la toiture du temple d'Apol-
lon-Delphinien, où va donccetle belle
grande fille toute seule .^» A ce sar-
casme, Thésée, sans doute de peur de
trahir son incognito par sa voix , ne
répond rien, mais détèle deux bœufs
qui traînent près de là un chariot
couvert, saisit l'impériale et la jette
h la volée plus haut que le toit de l'é-
difice où travaillent les rieurs , qui
tremblent soudain et craignent de voir
retomber l'énorme poids sur leurs tê-
tes. — Athènes alors était troublée
f)ar de graves dissensions. D'une part
es Pallanlldes , neveux d'Egée par
Pallaslcur père, souffraient impatiem-
ment leur oncle sur un trône convoité
parleur ambition, et ne consentaient
a vivre soumis en apparence a sa loi
que dans l'espérance de lui succéder
comme collatéraux , puisqu'il était
sans postérité. De l'autre, Médée, la
célèbre magicienne , s'était, au sortir
deCorintheimpatronisée,dans le pa-
lais d'Egée, et, maîtresse absolue de
son cœur, de ses biens, de son royau-
me, elle le berçait de l'espoir de lui
donner un fils par la force de ses en-
chantements. Sur ces entrefaites ,
Thésée parut. Personne encore ne sa-
vait de quel litre pouvait se recora-
THÉ
mander ce jeune étranger 5 personne,
saufMédée. Courroucée a l'aspect de
celui qui va ravir la couronne au fils
qu'elle espère , elle a juré sa perte.
Par ses insinuations perfides, le vieil
Egée soupçonne un assassin dans le
voyageur, et il se résout a lui pré-
senter du poison dans la coupe de
riiospitalilé. On va donc de sa part
inviter Thésée au festin. Le jeune
prince tire son épée comme pour
couper les viandes. A la vue de
cette lame, Egée renverse la coupe
empoisonnée , interroge l'étranger
sur son origine , sur sou nom , sur
ses desseins, le serre dans ses brasj
puis, tandis que Médée s'enfuit sur
soncliar attelé de dragons, il convo-
que le peuple en assemblée générale,
et déclare que Thésée lui doit le jour.
Long- temps après on montrait en-
core le lieu où fut renversée la
coupe fatale : ce lieu , situé dans le
quartier Delphinium, était entouré de
murailles. Si, selon Plularque, Athè-
nes presque tout entière fut enchan-
tée de la perspective d'avoir pour
roi Thésée, il n'en fut pas ainsi de
ses cousins les Pallantides. Ceux-ci
ne virent dans l'arrivée de ce prince
qu'un événement fatal et qui ruinait
toutes leurs espérances. «Qu'importe,
dirent -ils, que Thésée soit le fils
d'Egée? Egée n'est point le fils de
l'andion j rejeton supposé, il ne doit
qu'a l'usurpation la couronne des
Erechthéides. »Etils se révoltèrent ,
marchèrent vers Athènes sur deux
colonnes, et se mirent en embus-
cade pour surprendre leurs ennemis.
Malheureusement pour eux , Léôs ,
leur he'raut, découvrit à Thésée tout
le plan d'attaque ; et le vainqueur de
Procruste, tombant sur eux à l'impro-
viste, les tailla en pièces. N'ayant
plus rien à craindre des ennemis
particuliers de sa famille , Thésée
THÉ
5^7
tourna ses projets vers la prospé-
rité de sa patrie. Le taureau de
Marathon, impétueux dévastateur de
la métropole , ne résista pas long-
temps a sa vive poursuite : Thésée
le prit vivant, le conduisit a tra-
vers la ville, puis l'immola au pied des
autels d'Apollon -Delphiuien. Quel-
que temps après , les députés du roi
de Crète Minos étant venus dans
Athènes redemander le tribut noven-
nal que cette cité devait à l'île souve-
raine des mers, en expiation du meur-
tre d'Androgée, Thésée s'offrit pour
être une des victimes volontaires; les
treize autres furent désignées par le
sort. La pensée de Thésée n'était pas
de se laisser dévorer par leMinotaure.
Une clause du traité d'Athènes avec
la Crète stipulait formellement qu'à
la mort du monstre cesseraient de
plein droit ces envois de chair hu-
maine; et Thésée comptait le tuer.
Il le promit a son père. Le navire
partit, couvert, selon la coutume, de
voiles noires auxquelles devaient , en
cas de victoire , être substituées des
voiles blanches; Phérécyde ou Nausi-
tliée eu était le pilote, Phéax le ma-
telot principal. Effectivement deux
petites chapelles étaient consacrées
dans le bourg de Phalère , près du
temple de Sciron, à ces deux person-
nages; on croit même que les Cyber-
nésies se célébraient en leur honneur.
Du reste, Apollon-Delphinien paraît
encore ici sur la scène. Thésée, avant
de partir , va lui présenter dans son
temple, avec ses tristes compagnons,
le rameau d'olivier , classique em-
blème des suppliants^ et, contraire-
ment a l'usage, Apollon prophétise
en termes clairs :
Quo Cyprine te serre et de gnitle et cVctoile !
Qu'avec ton noir vaisseau Cyprine fasse voile!
Thésée suivit a la lettre le conseil du
dieu et s*en trouva bien. Sur la rire
5a8
THÉ
d'Athènes il immole und ctèvre à
Vénus , et tout-k-coup la clièvre se
trouve métamorphosée en bouc. Sur
la plage Cretoise il trouve la fille du
roi, la belle Ariadne , qui Taime
dès qu'elle le voit , et lui donne le.
fil précieux qui guiderait un enfant
dans les mille détours du labyrinthe.
Muni de ce fil merveilleux , Thé-
sée s'enfonce dans les anfractuosités
de l'édifice bâti parDédale, rencontre
le terrible taureau, le combat, le tue,
revient sur ses pas, rassemble ses six
compagnons, ses sept compagnes, re-
met a la voile avec Ariadne, qui veut le
suivre au bout du monde, avec Phèdre,
sa sœur, qu' Ariadne ne regarde pas en-
core comme sa rivale. La route est lon-
gue à ce qu'il paraît, ou bien le séjour
en Crète Ta été 5 car d' Ariadne et de
Thésée sont nés deux fils, OEnopion
etStaphyle. Enfin la nef qui fend les
flots de l'Egée s'arrête devant Naxos.
On y passe une nuit; le lendemain
Ariadne n'est plus sur le vaisseau. A-
l-ellc été abandonnée parle vainqueur
du Minotaure? a-t-elle été enlevée
par Bacchus? A-t-clle e'té momenta-
nément déposée sur une plage hospi-
talière, pour y rétablir sa santé alte'-
réepar une couche laborieuse? y est-
elle morte? Voy. sur toutes ces va-
riantes l'art. Abiadke. Le fait es-
sentiel, c'est qu' Ariadne n'arrive pas
dans Athènes; c'estPhèdre qui achève
le voyage. Cependant on se détourne
encore avant de se rendre vers cette
ville , désormais exempte d'une taxe
infamante : ou relâche a Délos, Thé-
sée y offre un sacrifice au dieu du
jour, y de'die a Vénus une statue ap-
portée de Crète par Ariadne, y forme
avec les jeunes Athéniens qu'il a sau-
vés une danse autour de l'autelde cor-
nes ou ceratôn {Kipûrat) , ainsi nommé
parce qu'il était tout entier formé de
cornes gauches d'animaux forcés par
THÉ
les chasseurs; institue en Mionneur
d'Apollon des jeux dans lesquels il dé-
cide que la branche de palmier sera
le prix du vainqueur. Remettant en-
suite h la voU» , il prit la route d'A-
thènes ; mais soit excès de joie h cause
de son triomphe, soit excès de dou-
leur h cause de la perte d' Ariadne, il
oublia de remplacer par une voile
blanche la voile de deuil que le na-
vire portail en quittant la rade d'A»
tliènes. Egée, qui chaque jour venait
sur la côte examiner du haut d'un cap
la trirème sur laquelle était parti son
fils, crut que le Minotaure avait en-
core cette fois dévoré ses victimes, et
désormais incapable de traîner dans
la solitude la longue et froide vieil-
lesse qu'il voyait daus l'avenir , il se
précipita dans les flots de la m&r qui
prit son nom , et que nous appelons
aujourd'hui l'Archipel. Thésée n'ap-
prit pas cet événement sur-le-champ.
Arrivé à Phalère (alors le seul port
d'Athènes?), il avait voulu offrir un
sacrifice , et le héraut qu'il avait dé-
puté aux Athéniens craignit d'inter-
rompre la cérémonie sacrée par celte
nouvelle fatale. Enfin pourtant la
triste vérité se fit jour. Informé du
sort cruel de son père, Thésée courut
h la ville jetant des cris perçants ainsi
que tout son cortège. Delà l'usage où
étaient les Athéniens dans les Clado-
phories de ne permettre que la ba-
guette au Céryx, qui ordinairement
avait baguette et couronne , et de
pousser à diverses reprises les deux
cris suivants: te Elélev Ilou, iou!»Iou
iou était le cri de deuil , Elélev le cri
de guerre. Ensuite eurent lieu les fu-
nérailles d'Egée ; puis le libérateur
d'Athènes, pour faire cesser la stéri-
lité qui depuis long-temps désolait
les campagnes , institua les Pyanep-
sies, dans lesquelles on faisait cuire
ensemble des fèves et toutes sortes de
THE
légumes, et dans lesquelles on portait
en cérémonie VIrésione , ainsi que
Thésée l'avait portée avant de s'em-
barquer pour la Crète. La trirème
qui l'avait conduit dans l'île , empire
de Minos, fut consacrée au dieu du
jour et vénérée comme nn talisman
sans égal. Chaque année, pourtant,
cette bari privilégiée allait porter aDé-
los les offrandes d'Athènes. On la
nomtpailParalej le comité' chargëdela
pompe religieuse s'appelait Théorie,
et son chef Archithéore. A mesure que
chaque planche vieillissait ou se pour-
rissait, on la remplaçait par une autre,
et grâce a ce soin le navire était éter-
nel. On le voyait encore du temps de
Démétrius de Phalère. Par les insti-
tutions religieuses Thésée préludait à
un plus vaste dessein , l'organisation
Îiolitique de l'Attique. Jusqu'à lui ,
es habitants de cette contrée desti-
née a tant de gloire avaient été dis-
persés dans des dèmesj, et, sous l'em-
pire de petits chefs indépendants les
uns des autres, avaient sans cesse été
en discorde et en guerre. Thésée abo-
lit ce régime : il alla de bourg en
bourg, de famille en famille, décida
par son éloquence et par ses dons les
plus pauvres à une fusion de races j
eut l'art d'amener au même but quel-
ques chefs plus désintéressés que les
autres, ou plus habiles a faire sur-le-
champ leurs conditions ; mit ainsi les
plus rebelles dans la nécessité de
suivre l'exemple universel 5 détruisit
dans tous les dèmes les lieux d'as-
semblée 5 bâtit un édifice commun à
tous dans Athènes, établit un sacrifice
commun sous le nom de Panathénées,
abdiqua la royauté, proclama la sou-
veraineté du peuple comme corps de
nation, organisa les assemblées popu-
laires, et ne dérogea aux principes de
l'égalité que pour établir trois classes
ou castes de citoyens : i°les Nomo-
LV.
THÉ 529
thètes ou Thesmothètes , chargés de
connaître des lois divines et humai-
nes; 2° les laboureurs ; 3° les artis-
tes. Il est croyable que Plutarque,
en donnant un exposé de la consti-
tution athénienne contemporaine de
Thésée , s'est plus d'une fois mépris
étrangement. Les castes sont-elles
bien toutes comptées.'* LesNomothè-
tes sont-ils une caste? Ces castes da-
tent-elles de Thésée 7 Y eut-il diffé-
rence entre les dèmes et les castes
primitives de la côte? Dans quel sens
faut-il prendre ce que l'on raconte des
déchirements d'Athènes? Nous éta-
blirions, nous, quatre castes : Egico-
res ( ou patres, chevriers)_, Pédiaéens
(habitants de la plaine, agriculteurs) ,
Ergades ou Eupalames (ouvriers, ar-
tisans, métallurgistes, etc.) 5 puis des
privilégiés que nous appellerons Eu-
patrides , et dont les familles sacer-
dotales étaient une sous-division. De
plus , nous croyons que ces quatre
castes, lesEgicores, les Pédiaéens,
les Ergades , les Eupatrides , étaient
de beaucoup antérieures à l'époque k
laquelle on place Thésée. Nous pen-
sons qu'il y avait souvent eu des al-
liances partielles entre eux, alliances
qu'aureste avaient suiviesdes scissions
nouvelles. Nous tenons pour certain
que ces castes n'étaient pas toutes les
quatre delà même origine, que cha-
cune formait un certain nombre d'as-
sociations et avait a elle un certain
nombre d'établissements j mais que
tous ces établissements, toutes ces as-
sociations n'étaient pas des dèmes.
Nous présumons qu'une fusion à peu
près totale , hardi prélude de la fu-
sion attribuée a Thésée, eutlieu sous
les premiers Erechthéidesj c'est celle
qui est symbolisée par Paudion I et
Pandion IL II n'en résulte pas qu'au
fils d'Egée ou à son époque n'appar-
tienne point une gloire analogue. Sous
34
53o
THE
Thésée la rénnion commencée déjà
de par Zévs (Jupiter) se trouva con-
sommée de par Alliànâ (Minerve).
Parallèleraenî aux Pandics jouèrent
les Panathénées : Posîdôn , Hermès,
Hépheste, ces anciens dieux, se trou-
vèrent subitement refoulés au second
rang, elDâmâlèr même ne conserva
que grâce aux mystères une pliysio-
nomie majestueuse. Ce n^cst pas
tout: Alhànà et Zévs furent étroite-
ment unis , et la célébrité commença
pour Apollon, ce dieu dorien par ex-
cellence. Toutefois ce second fait
peut être révoqué en doute , et nous
concevon» très-bien qu'on soutienne
que le nom d'ApoUon-Delpbinien n'a
été qu'après coup et asseï gauche-
ment intercalé dans la légende de
Thésée. — A côté de tous ces faits,
que l'histoire explique encore d'une
manière assez plausible , s'en pré-
sentent d'autres que l'évhémérisme
même essaie en vain de transformer ,
par la suppression des invraisemblan-
ces, en biographie réelle : ce sont
les exploits de Thésée contre les Ama-
zones et à la chasse du sanglier de
Caivdonj ce sont ses voyages avec les
Argonautes 5 ce sont ses bizarres ex-
péditions contre le Péloponèse ou
contre Hélène, contre les Epirotes ou
contre Aïdonée. Les femmes qui se
trouvent mêlées a tontes ces légendes
forment un dédale [Jus inextricable
que le labyrinthe de Crèle. Ce sont
Hélène , Phèdre , Auliope , Anaxo,
Hippolyte , Péribée , Phérébée ,
lope , Eglé. Antiope était Ama-
aone, Thésée en eut le bel Hippolyte,
si fameux par sa cliaslelé, par sa
mort violente 5 d'autres nomment la
mère , ainsi que le fils , Hippolyte
( Hippolyte , légère différence
à'Ifippolj'tus), et du reste en font
encore nne Amazone. Mais, chrono-
logiquement parlant, comment le fils
THÉ
d' Antiope ou d*Hippolyte peut- il in-
spirer de l'amour a Phèdre? Si Phè-
dre a été la femme de Thésée avant
Antiope , elle est donc bien vieille
quand elle aime le fils d'Antiope?Si
Antiope est une épouse de Thésée
antérieure h Phèdre, comment ce roi
d'Athènes a-t-il pu devenir le posses-
seur d'une reine des Amazones , lui
qui n'a pas fait la guerre aux Ama
zones ou qui ne l'a faite que dans sa
vieillesse?Long-lemps après, quelques
mythologues se sont avisés de dire
qu'Antiope avait été donnée à Thésée
par Hercule vainqueur des Amazo-
nes, et que Thésée, après en avoir eu
nn fils , l'avait soit répudiée , soit
luée, afin d'épouser Phèdre; celle-ci
lui donna un autre fils célèbre, Dé-
mo|)hon , l'ingrat amant de Phyllis.
Anaxo était une nymphe, et ill'enleva.
Ordinairement on fait de Péribée la
mère d'Ajax. A lope et à Phérébée
(dont le nom diffère h peine de celui de
Péribée) on donne pour père Iphi-
cle. Eglé était ta fille de Panopée.
Un mythe antique veut que ce
soit pour elle que Thésée ait aban-
donné Ariadne. — Quelques-uns des
argonaulographcs qui ont fait voya-
ger Thésée d'Aliique en Colchide as
surent qu'Antiope lui fut adjugée pa
les antres Argonautes en récompens
de sa vaillance. Long-temps après, e
vers les dernières années de Thésée J
les vagabondes guerrières passèrent J
dit - on , sur le continent européen J
et ravagèrent l'Allique. Soit seul
soit grâce à Hercule , Thésée le
mit en fuite et en tua un gran
nombre. — Uni ensuite à Pirilhoiis
fameux athlète-roi d'Epire , qui d'à
bord avait voulu le combattre , mai*
qui ensuite, charmé de son air intré-
pide et de ses formes athlétiques et
mâles, n'avait plus aspiré qu'à deve-
nir son ami, il pénétra dans Lacédé-
i
THE
raone, ravit Hélène dans le temple de
Diane-Orlhià, l'emmena hors du Pé-
loponèse, et la confiant à Etbra , sa
mère , jusqu'à l'âge de la nubilité
(car elle n'avait que 1 3 ans) , l'en-
ferma dans Apliidnes. Quelques écri-
vains assurent pourtant que la préco-
cité de la belle Tyndaride suppléa de
reste à l'âge , et que non-seulement
l'bymen se trouva consommé , mais
que de cette union clandestine naquit
une fille (c'est elle que Racine , dans
Iphigénie, appelle Eriphile ). Res-
tait à pourvoir Pirithoiis ; car , s'il
faut en croire les mythologues , les
deux amis, après avoir ravi Hélène,
l'avaient tirée au sort, et le ha-
sard favorable a Thésée lui laissait
l'obligation d'aider le roi des Lapi-
thes, tout marié qu'il était avec Hippo-
dainie , a ravir une autre épouse. La
femme du roi des enfers, Proserpine,
que les évhéméristes travestissent en
femme ou fille du roi des Molosses
Aïddnée, leur parut digne de l'enlève-
ment qu'ils projetaient. Malheureu-
sement le monarque étranger était
sur ses gardes : Cerbère prit Piri-
thoiis h la gorge et le mit en pièces 5
Thésée, trop faible pour se défendre,
fui placé de force sur une pierre mer-
veilleuse qui avait le privilège de re-
tenir, comme s'ils eussent été collés k
elle, ceux qui s'y étaient assis. Delà,
dans la description virgilienne des en-
fers, l'hémistiche :
Seelet actcrnuinquc sedcbit <
Infclix Tlicseus.
Heureusement Hercule parut aux en-
fers, et, rompant parla force de son
bras la force jadis invincible des en-
chantements , il détacha Thésée de la
pierre-talisman et le rendit au séjour
de la lumière. Rentré dans Athènes
après deux ans d'absence , Thésée y
reçut un accueil équivoque et sinistre.
Phèdre , en calomniant Hi^^polyte ,
THE
S3i
l
dont le trop de chasteté l'avait offen-
sée, causa la mort de cet objet de sa
tendresse et se pendit de désespoir. Un
héritier des Pallantides, Ménesthéc,
excita les grands, les prêtres, le peu-
ple contre lui. Castor et PoUux déjà
étaient venus réclamer Hélène jus-
qu'aux portes d'Athènes , et avaient
été reçus dans la ville avec honneur,
tandis que de toutes parts un cri de
réprobation s'élevait contre le ravis-
seur suranné des vierges encore impu«
hères. Lors donc que Thésée voulut
régir comme par le passé les castes si
variées d'Athènes, une opposition in-
attendue éclata. Salué par des mar-
ques de mépris et de haine , et inca-
able de réduire les mécontents par
a force, il envoya secrètement sa fa-
mille en Eubée, se rendit a Gargetle,
et la , prononçant , au lieu depuis
nommé Arâtèrion , des malédictions
contre les Athéniens , il s'embarqua
pour la Crète. Les vents le pous-
sèrent sur la plage de Scyros. Lyco-
mède y régnait : séduit par les dons
de Ménesthée, ou craignant d'en-
gager avec Athènes une lutte dont
le dénouement semblait devoir être
fatal , il feignit la joie a l'aspect
de Thésée , consentit k lui oc-
troyer des terres , et le mena sur
une cime élevée, comme sur un obser
vatoire du haut duquel ses regards se
firomèneraientsurl îleenlièrc.Thésce
e suit sans défiance j mais tout k coup
le perfide insulaire le poUsse avec
force, et Thésée tombe du sommet
escarpé des rocs dans les eaux qui bat
tent le pied du promontoire, et y rend
le dernier soupir. Méuesthée alors
cessa de craindre des rivaux dans
Athènes 5 les fils de Thésée vécurent
simples particuliers a la cour deChal-
codon, roid'Eubée, et lors du siège
de Troie suivirent Elpénor en Asie.
Plus tard ils reparurent dans Athc
34.
53a
THÉ
nés et j rcconqairent la puissance
royale. Puis vint ua temps où les
Athéniens se repentirent ! Thé-
sée passa pour un Ânace , pour un
dieu ■ on crut voir son image k la ba-
taille (le Maralhon , comme les Ro-
mains virent les Dioscures au grand
combat du lac Régille. Un oracle du
^oleil (d'Apollon? ) ordonna d'aller
chercher ses os et de les placer en un
lieu honorable. Cimon eut l'art de les
trouver : ayant aperçu un aigle qui
béquetait un lieu un peu élevé et s'ef-
forçait de l'ouvrir avec ses serres ,
frappé, nous dit Plutarque, d'une in-
spiration divine, il fil touiller en cet
endroit , et l'on y trouva une bière
dans laquelle était un corps de grande
taille, une pique el une épée. C'eût
été un scepticisme intolérable de dou-
ter que ce gigantesque squelette ne
fût celui de Thésée. On transporta
ces restes sur le navire de Cimon,
et de là dans Athènes. Une encein-
te nommée Theseium reçut la ciiàsse
dépositaire de ces héroïques débris.
Au milieu s'élevait un autel célèbre
comme asile des esclaves et des op-
primés j car, dit-on, Thésée avait pen-
dant sa vie protège le faible et le pau-
vre contre la tyrannie des riches el
des forts de la terre. Il avait aussi un
temple près du Gymnase. Sur les murs
de cet édifice étaient des tableaux et
des bas-reliefs relatifs a ses aventu-
res et k ses exploits. On lui sacrifiait
le huitième jour de chaque mois , et
plus spécialement le 8 du mois de Po-
sidéon, consacré k Neptune. Au reste
c'était aussi ce jour-lk que se célé-
braient les Posidonies, et dans ce
fait seul nous aurions une corrélation
précieuse entre le héros athénien et
le dieu des eaux, si elle n'était déjà
fournie et par l'identité partielle des
noms Egée ( ou mer Egée personni-
fiée) cl Neptune, et par le rôle d'E-
THE
thra auprès d'Egée, auprès de Nep-jj
tune dans la même nuit, et par ce ti-JBI
Ire de fils de Neptune qu'à tout in-
stant se donnaitThésée. • — A présent
deux mots : Thésée a-t-il existé? et
s'il n'a pas existé , qu'esl-il ? — Sur
la première question, nous prononce-
rons comme nous l'avons fait sur
Hercule, sur Achille, sur tantd'au-«|
très: oui, peut-être un homme, un"l
chef de ce nom exista 5 mais quelque
soin que l'on mette k élaguer de sa
biographie toutes les invraisemblan-
ces , tous les anachronismes dont elle
fourmille, jamais un lionime, un chef
de l'Ai tique n'aura réuni les traits
qui composent la physionomie my-
thique de notre héros. Ces traits
sont au nombre de deux, qui se dé-
composent en cinq ou six au moins :
1° solarité (mais dans l'idée de so-
leil se trouvent luttes el invincibi-
lité, disparitions accidentelles et re-
tours, voyages et bienfaisance),* 2° na-
vigation. A tous ces titres on a dan^BI
Thésée un soleil qui, tdur-h-tour, en'^j
fanl s'échappe du sein dts ondes, d'E-
ihra, deTrézène , de la pierre aux
Sorcières et au Glaive; adulte domte
les Dailias et les Ahrimau de la
Grèce 5 vieillard ne joue qu'un rôle
faible el terne auprès de Phèdre, qui
aspire a le remplacer par Hippolytej
auprès d'Hélène, qu'il ne possède que
par force j auprès de Proserpine, qui
laisse son époux le coller k la pierre
geôlière. Hercule aussi a presque
tous ces caractères j et il ne faut pas
s'e'tonncr que nos mythologues mo-
dernes se soient appliqués a mettre en
relief les ressemblances des deux hé-
ros,afin d'en conclure l'identité. «C'est
a Thésée qu'Hercule délivre lorsqu'il
te descend aux enfers 5 il est aussi mê-
« lé dans la fable de Bacchus. Ariad-
« ne fut amante de Thésée comme
K elle le fut de Bacchus. Le taureau
THE
a de Maratton, qu'Hercule ainene de
« Crète, et dont la conquête fait par-
te tie de son septième travail, est aussi
« un des inouslresdontThesée triom-
« phe. Thésée a, comme Hercule, la
« terrible massue, et l'antiquité le re-
« présente en grande partie sous les
« traits du héros ihénain. Sa vie ,
« dans Diodore de Sicile, fait suite à
c£ celle d'Hercule. Il fut, comme lui,
« de l'expédition des Argonautes, et
«fit prisonnière Anliope , d'antres
«disent Hippolyte. Hélait avecHer-
« cule au combat des Centaures et des
«Lapithcsj aussi disait-on de lui,
« reuiarque Plutarquc : C'est un au-
cttre Hercule. Ce fut Thésée qui fit
«recevoir Hercule à l'initiation, et
« qui facilita sa purification. Il dut,
o comme Hercule, l'immortalité à ses
««. iiauts faits. Il avait les mêmes ar-
o mes, les mêmes goûts. L'un et l'au-
« tre se déclarèrent les vengeurs de
« l'huifanilé opprimée. Leur carac-
« tère, en tout semblable, les unissait
« encore plus que les lieus du sang ;
« car Thésée était de la même famille
« qu'Hercule : ils étaient fils de deux
«cousines-germaines et petits-fils de
« la fameuse Hippodamie ou de la
«Pléiade qu'épousa Pélops. » Il eût
été facile de pousser plus loin le pa-
rallèle 5 mais nos lecteurs sauront le
continuer eux -mêmes. Pour nous,
songeons plutôt h restreindre les con-
clusions un peu trop vagues ou trop
larges que l'on se croirait autorisé à
déduire de ces prémisses. A noire
avis, Thésée fut bien un Hercule j
mais il y a dans sa biographie deux
couches diverses de légendes : l'une,
antique, fut pélasgique 5 l'autre, plus
moderne, fut, non pas dorienne, mais
imaginée sous l'influence des mythes
doriens. En d'autres termes, partie
des légendes de Thésée se forma en
même temps que celle d'Hercule, sans
THE
533
que l'on connût celle-ci, et peut-être
même antérieurement. Plus tard, et
quand Hercule , maître par ses des-
cendants de tous les ports de la pé-
ninsule péloponésienne et même du
reste de la Grèce, fut lié en quel-
que sorte à l'histoire de tous les
dieux, Athènes se plut à faire de
Thésée le rival de l'Hercule d'Ar-
gos ,• elle se l'appropria en le locali-
sant dans ses dynasties, comme l'Ar-
golide s'était approprié Hercule en
plaçant ce chef de quelques familles
de Thèbes ou del'OEta dans la vieille
dynastie des Inachides. Ces superpo-
sitions ont moins d'importance my-
thologique que le reste. L'importaut
dans Thésée, c'est la face pélasgique.
Dans celle-là il est Patèque , il est
Anace. Hercule aussi (mais non THer-
cule dorique), l'Hercule vulgaire,
l'Hercule célèbre cumule ces deux ca-
ractères. Il se lie aux Dioscures, non
plus comme ennemi, mais comme ad-
équate. Et c'est h juste litre que l'on a
soupçonné qu'originairement Thésée
ne lut que l'Hercule de Thasos ( en
grec 0««r;«?, Qucivs).
THÉSIMAQUE, Thesimachus ,
fils du roi d'Orchomène Pisistrate, fut
un des complices de sa mort. On ra-
conte sur la disparition de ce prince
absolument la même fable que sur
celle de Romulus.
THÉSIMÈNE, Thesimenes, 0,;-
(TifÀr/is-, ou Promaque, fils de Par-
thcnope et de la nymphe Climèue ,
fut un des sept Epigones.
THESPIA, fille du dieu-fleuve
Asope , était l'héroïne éponyme de
Thespie.
THESPIADES (les) : 1" les Mu-
ses, honorées à Thespiej 2° Voy.
Thespius.
THESPIUS , ç>'i<T'Kiùi ( et non ,
comme on le dit souvent, Thestius),
célèbre roi de Thespie (et non d'Eto-
SS4
THE
THE
^
lîe), eut pour père Ereclithée ou
Teuthras(et non Agénor ou Mars),
pour mère Androdice ou Démonice,
fille d'Agénor, pour femme Aga-
mède (et non Laophonte , ou Leu-
cippe, on Déidamie, fille dePériérès,
ou toutes les trois), etfutpèrede 5o
on 52 filles (Laophonte , dit-on , fut
mère de Léda, Leucipped'Althée et
dlpliicle , Déidamie des 5o ou 5a
filles. Il n'est pas douteux que cette
ilernière n'ait été confondue avec Aga-
kiéde^ et quant aux deux premières,
ce sont évidemment les femmes de
Thestius, et non de Tliespius : nou-
velle preuve qu'il faut corriger le ti-
tre de roi d'Etolie donné à Thespius,
et ne voir en lui que le roi de Thes-
pie). Thespius, dont le territoire fai-
sait partie de la Béolie et avoisinait
Thèbes, ne tarda guère k se trouver
l'obligé d'Hercule, qui très-jeune en-
core étouffa un lion énorme, effroi du
Gihéron et de tous les parages en-
vironnants; aussi lui fit-il l'accueille
filus magnifique : il poussa l'hospila-
ite' au point de mettre a sa disposi-
tion ses 5o ou 52 filles l'une après
l'autre. Toutes, dit la fable , devin-
rent mères d'un jeune héros , k l'ex-
ception de l'aînée qui mit au monde
deux jumeaux, et de la plus jeune qui
fut sourde et aux ordres de son père
et aux tendres sollicitations d'Hercule.
En revanche, le fils d'Alcmène décida
que puisqne, comme Minerve, elle te-
nait k sa virginité, elle resterait vierge
éternellement et lui servirait de prê-
tïresse. En effet, les desservantes des
temples d'Hercule devaient passer
pour vierges. Chez quelques mytho-
logues, la plus jeune des Thespiades
n'est pas exempte du sort commun.
On s'est beaucoup occupé du temps
que mit Hercule k ce bizarre exploit,
compté par quelques arrangeurs pour
vu treizième travail- Les nombres en
vogue sont une nuit, sept nuits j
cinquante ou cinquante- deux nuits '
Ou varie aussi sur le nombre, et quel
quefois on n'admet que sept ou douz^
Thespiades. Ces variantes n'ont anJ
cune valeur. Les Thespiades n'onf
été imaginées que comme parèdresdt(
dieu-soIcil ; et si elles ne sont les se'
maines personnifiées, du moins est-
sûr qu'autour du dieu-soleil on
voulu grouper des nymphes en mêm^
nombre que les semaines. Ces groi^
pes de sept jours sont dans l'annét
solaire au nombre de ciuquante-deuxj
d.ins l'année lunaire au nombre df
cii.quante. Quant au chiffre des nuit
et des jours, nous savons qu'en myJ
thologie cosmogonique ou sidérique^
nuit, jour, désignent un laps de tempÉ,
indéterminé , et les nombres 7 , 5oJ
déposent d'une vague souvenance dî
nombre de jours qu'il. y a dans la séÀ
maine , du nombre 'de semaines quT
y a dans l'année. Nous ne m)nnoi
pas ici la prolixe et sèche nomencla-'
lure des Thespiades et de leurs fils ,i
on la trouvera dans Apollodore. Di-
sons seulement que le nom de Thes-
piades s'applique et aux mères et aui,
fils, et que deux de cesrejetonsd'Hei'i*
cule allèrent se fixer à Thèbes, tan"*!
dis que sept restèrent dans ThespieJ
et que les autres, par ordre de l'ora-
cle, suivirent lolas en Sardaigne.
THESPROTE, Thesprotus, e^^i
jrpaTûç :i° héros ëponyme des Thes-^,
proies, en Epire; 2" un des 5o Ly-^
caouides. Cette synonymie des deu^
princes est un nouvel indice de la con-i
sanguinité des deux races thespro-j
tienne etarcadienne (l'une et i'autrdi
pélasgiques). Le premier ThesproteJ
a coup sûr le moins important defl
deux (puisque le Lycaonide indiqua]
un fait curieux, les Thesprotes en
Arcadie), passe eu mythologie pour
un roi de la Thesprotide en Epire
THE
il douna rbospitalité à Thyeste ,
banni de l'Argolide , et à sa fille Pé-
lopée. Bientôt Atrée parut k la cour
de ce prince du Nord j et charmé de
la beauté de sa nièce , qu'il ne con-
naissait pas et qu'il prit pour la fille
de Thesprote , il la lui demanda en
mariage. ïhyeste, qui avait ^ à son
insu ou autrement, violé sa fille, per-
mit a Thesprote de la lui accorder ,
et Atrée rentra triomphant dans Ar-
gos, mari de la fille de son ennemi ,
enceinte, et enceinte de son père I
THESSALE, Thessalus , Oia-a-u-
Xof ou ©cTTûtAos" , héros eponyrae de
la Thessahe, passe vulgairementpour
un fils d'Hercule et de Chalciope
(dont le père était roi de Cos). Il eut
deux fils, Philippe et Antiphe , qui
allèrent au siège de Troie. Trois au-
tres Thessale furent: i" unThesprote
qui s'empara du pays des Myrmidons,
2" uu fils d'Hémon, 3"» un fils de Ja-
son et de Médée ( suivant Diodore , il
échappa au glaive cruel de sa mère et
reconquit lolchos, jadis empire d'E-
son, sur les descendants d'Acasle).
THESTIADES: i» F. Thespia-
DEs ; 2° Plexippe et Toxée. On peut
aussi donner ce nom à la mère de
Méléagre, Althéc 5 à celle d'Hélène,
Léda: mais celles-ci s'appelleraient
Thestias, et chaque frère se nomme
Thestiade.
^ THESTIUS, roi d'Etoile, fils d'A-
géuor (ou de Mars) et de Démonice
(ou Androdice, ouPisidlce), eut d'Eu-
rythémis (ou Laopbonte , ou Leu-
cippe, ou Déidamie) trois filles, Al-
thée, Léda, Hypermiiestre , et deux
fils, véritables Dioscures de Pleuron ,
Plexippe et Toxée, autrement Eury-
pile, ou Euripe et Iphicle. — Les
aventures de ses fils et de ses filles
sont racontées aux arl. Althée, Mé-
XÉAGRE , etc. Disons seulement ici
fu'il douua l'hospUalité a Icarius et
THE
535
Tyndarée, et que plus tard ce der-
nier reçut de lui la main de Léda .
— Thestius se confond avec ces an-
tiques fondateurs d'empires qui sor •
tent des eaux , et , après ^ine courte
apparition terrestre , se replongent
dans les eaux. Le fleuve Achéloiis
avait porté son nom , car Thestius
s'était jeté dans ses flots 5 et l'on
ajoute que cet acte de désespoir lui
fut inspiré par le spectacle inattendu,
incroyable, que le pakis lui offrit au
retour d'un voyage a Sicyone.... son
fils Calydon dans les bras de sa con-
cubine favorite.
THESTOR , fils d'Idmon et de
Laothoé, ou d'Apollon et d'Aglaïa,
eutdeuxfils, CalcnasetThéoclymène,
deux filles, Leucippe elThéonoé. Un
jour des pirates ravissent celle-ci et
la vendent a Icare , roi de Carie.
Désolé de la perte de sa fille, Thes-
tor s'embarque, poursuit le corsaire 5
un coupde vent, un naufrage le jettent
sur les côtes de Carie. Le roi le fait
mettre en prison.. Leucippe , qui n'a
plus de nouvelles de son père , con-
sulte l'oracle , et par son ordre se
déguise en jeune prêtre d'Apollon ,
arrive en Carie, inspire un vif amour
a Théouoé , se refuse a l'expressiou
de sa tendresse 5 Théonoélc fait char-
ger de chaînes et prononce l'arrêt de
sa mort. Theslor reçoit le glaive de
sa main pour exécuter ce meurtre,
et s'écrie , en entrant dans la prison
qui doit être le tombeau du jeune
prêtre , qu'il est encore plus a plain-
dre , lui qui a perdu ses deux lille» ,
Leucippe et Théonoé 5 et dans soa
désespoir il va se tuer lui-même. Leu-
cippe a ces mots reconnaît son père,
arrache le poignard de ses mains, et
court , armée de l'acier homicide , à
l'appartement de Théonoé pour lui
ôter la vie. Celle-ci résiste 5 Leucippe
appelle a grands cris Thestor a sou
536
THÉ
secours. « Thestor ! s'écrie Théo-
noé, je suis sa fille! » Icare, informé
de cette rencontre , renvoya le vieil-
lard et ses deux filles dans leur pays.
THÉTIS, la plus belle des Néréi-
des, fut d'abord recherchée par Apol-
lon, par Neptune, par Jupiter 5 mais
un vieil oracle de Thémis portail que
le fils de Thélis serait plus grand que
son père, et tous les dieux retirèrent
les uns après les autres leur demande.
11 ne resta d'amants h TJhélis que de
simples mortels. Leroiphthiole Pe-
lée demanda sa main avec ardeur.
Tbétis prit comme Protée diverses
formes pour échapper h sa recher-
che; il fallut que Péléc la vainquit,
la domtàt, la chargeât de chaînes,
pour Tamener h ce mariage. Les
noces eurent lieu sur le Péliou , et
tous les dieux , sauf la Discorde , y
furent invités ( ^o^. Eris). C'est
alors que celte fatale déiié jeta sur
la table la pomme qui portait pour
inscription : a A la plus belle. » —
Thélis fut mère d'Achille. Quelques
mythologues disent qu'avant ce cé-
leste rejeton elle eut six enfants, qui
tous périrent lors de leur naissance.
On se rajjpelle ici Kansa égorgeant
les sept premiers enfants de sa sœur
Dévaki avant de mettre au monde
Rrichna. On a dit aussi que cha-
que fois que Thélis devenait mère,
elle plongeait les nouveau-nés dans
une chaudière bouillante, ou les jetait
dans le feu, pour éprouver s'ils étaient
mortels. Achille seul échappa, encore
fut-ce grâce a son père qui vint le
retirer de la fournaise ou de la chau-
dière; il en fut quitte pour un talon
brûlé. La légende la plus en vogue
montre Thélis plongeant son fils dans
les eaux du Styx, pour le rendre
invulnérable. Il obtient en effet cet
heureux privilège, excepté au talon ;
car c'est par là que le tenait sa mère.
THl
Du reste, on sait qu'Achille dans
Homère n'est point invulnérable.
Dans l'Iliade, c'est Thélis qui va sup-
plier Jupiter de venger par la ruine
des Grecs l'injure faite a son fils.Pa-
Irocle mort, elle va demander a Vul-
cain des armes divines pour ce fils
chéri. Plus tard elle pleure avec les
Néréides sur son corps , l'îispergdlÉlI
d'ambrosie et le transporte aux il^Hl
Heureuses. - — Thélis avait , selon la
légende de l'Iliade, rendu un service
essentiel à Jupiter dans une occasion
importante : ce maître des dieux s'at-
tendait h livrer combat aux habitants
de rOlympe ligués contre lui, quand
tout à coup Egéon le Centimane vint
s'asseoir avec ses cent bras , ses cent
mains et ses cent musculeux poignets,
sur le marche-pied de son trône; il
intimida tellement les autres dieux ^^
qu'ils n'osèrent donner le signal
l'attaque. C'est Thélis qui avait e
gagé le Centimane a se rendre au cie
Pcut-êlre faudrait-il en faire bonne
à l'oce'anide Télhys. Du reste noui
nous sommes prononcés sur les ra
ports que Thélis et Achille offre
avec Télhys et Achéloiis. Thélis avait
h Sparte un temple célèbre par une
statue lalismanique de la déesse.
THEUADA (les) sont dans les
croyances siamoises les habitants des
neuf sphères supérieures ( Souargas
samskrits). Ce nom semble le même
que Dévalas, expressions ge'nériques
qui prises à la lettre par beaucoup de
myinologues comprennent les Dévas,
dieux bons, elles Daitias, dieux mau-
vais.
THEUTATÈS. V, Teut.
THIA, ime des Titanides, épousi
Hypérion et en eulHélios, Sélènei
Ilos {Voy. Hyppérion).
THIAS, dieu phénicien ou babylo^
nien, fut père de Smyrne et commil
un inceste avec elle, -—Le mot d'ia
I
m
THI
cesle est déplacé ici. On sait combien
les théogonies orientales sont fécon-
des en pères-époux, et Smyrne est la
même que Myrrha.
TRIASSE, géant Scandinave, père
de la déesse Skada.
THIÇA, déesse Scandinave, femme
de Thor, préside aux fonctions judi-
ciaires 5 on la nomme aussi Diça.
Comp. les DiCEN, présidant aux des-
tinées buraaines.
THINILLE (Thinillus , GjVa-
A«f), ouThenell, 2 5*dynaste men-
tionné sur le latercule d'Eralosthène,
serait selon Gœrres le troisième Décan
du Taureau, c'est-a-dire Remboraare
(Atarph dé Firmicus, et peut-être Ra-
manor d'Origène).Un coup-d'œilsur
noire tableau des concordances entre
la liste décauographique et celle des
rois d'Eratostbène fera voir auxquels
d'enlre eux on a identifié Thinille.
Le sens du nom de Thinille (selon
Eratoslhène ) serait celui-ci : Qui
ajoute à la puissance de son
père.
THIONE , mère du cinquième
Bacchus de Cicéron, est selon lui
femme de INisus. — Thioné, en rap-
portant ce nom au culte dionysiaque
avec l'élroilesse d'esprit commune a
tant d'écrivains systématiques, de-
vrait s'écrire Thyoné (fiua, Thyades,
etc.). Pour nous, nous n'y voyons
que Dioné ( A/ft)Kj , Ç)umyi)j et cette
Dioné est la de'esse par excellence.
Quant à ]Nisas, nous sommes trop
familiarisés avec ce nom pour nous y
arrêter. De Dia et de Nisos naît Dio-
nysos.
THIOSIMARÉ (dans les listes
grecques ©w«(r<(M«p^î, d'où l'orthogra-
phe vulgaire Thyosimares) , vingt-
quatrième dynaste du latercule d'Era-
tosthènc, tombe, selon Gœrres {My-
thengesch., t. II), avecMyrtée, son
prédécesseur^ et Thinille, son succes-
THI
537
seur, dans le Taureau, q«i est un des
domiciles de Yénus, et dont il deviejft
le second Décan. Dans cette hypo-
thèse, le Thiosimaié humain n'estque
l'Ero de Saumaise ( Viroaso de Fir-
micus, ou Reinaor d'Origène). Com-
parez le tableau annexé à l'art. DÉ-
CANs.' — ÎS. B. Eratoslhène tradui-
sait Thiosimaré par^orf soleil ( p^.
l'art. Thinille).
THISBÉ (PYRAME et) appar-
tiennent peut-être plus au roman
3u'à la mythologie. Tous deux étaient
e Babylone et s'aimaient de l'a-
mour le plus vif. Leurs familles, di-
visées par des haines profondes, se
refusaient h les unir 5 ils prirent alors
la résolution de s'enfuir, et ss don-
nèrent rendez -vous sous un mûrier
k quelque distance de la ville. Thisbé
arriva la première 5 puis tout-h-coup,
entendant rugir un lion , alla se ca-
cher dans une retraite écartée. Le
lion, dont la gueule béante était souil-
lée de sang, broya, lacéra, ensan-
glanta le voile laissé par Thisbé
dans sa fuite. Pyrame arrire : à la.
vue du sanglant trophée qui frappe
ses yeux, et des vestiges de la marche
du monstre : « Thisbé est morte ! »
dit-il, et il se perce de son poignard.
Au même instant Thisbé , qui s'est
rassurée par degré et qui n'entend
plus les rugissements du lion, revient
et ne trouve que Pyrame mourant j
k peine les lèvres pâles de son amant
murmurent - elles un faible adieu.
Thisbé, après de vains soins prodigués
kriuforlunéPyrame, ramasse le glaive
et confond son dernier soupir avec le
sien. Jusqu'alors, ajoute le mythe ,
les mûres avaient été blanches; c'est
depuis ce temps que leur chair est
noire et leur suc couleur de sang. -—
Nous reconnaissons bien ici le ton
des légendes babyloniennes, toujours
brillantes, coloriées, toujours parlant
5$8
TflO
THO
1
defsang, de deuil et d'éblouissante
l^ancheur. Du reste le blanc n'est pas
exclusivement remblèrae du bonbeur:
souvent il indique !e feu en furie, le
rouge-blanc, eu un mot Tincandes-
cence. Hercule tuant Tenfant de Mé-
gare est blanc de cbaleur , est blanc
de courroux. — Une fille du dieu-
fleuve Âsope donna son nom k la ville
de Thisbé, eu Béotie.
THISOA, nymphe arcadienne épo-
nyme d'un bourg voisiu de Parrbasie,
figure comme nourrice de Jupiter avec
Hagno et /Néda.
THMEI, déesse égyptienne qui,
dans la planche xxvi du Panthéon
égyptien de ChampoUion jeune, est
caractérisée par la plume d'autruche
fixée k sa coiffure au moyen d'un ri-
che diadème, et qui obombre le dieu
Ré-Tmou (réunion mystique de Tmou
et de Fré) de ses ailes étendues, ri-
chement bariolées de bleu et de blanc.
Le nom de Thméi signifiait justice ou
vérité.
THO, une des formes du second
démiurge (Fia) dans la religion égyp-
tienne, était la terre personnifiée,
et cepeudaut ne passait pas, comme
on pourrait le présumer, pour une
divinité femelle ; au contraire, c'est
le mîde par excellence. On voit ce
dieu apparaître dans la cosmogo-
nie après les opérations démiurgiques
de Fta. Knef n'avait produit que
l*œuf du monde j Fta, l'organisateur,
en sortit, et, grâce k lui ^ l'immense
mélange commença k être moins con-
fus : les substances légères, les fluides
aériformes, les principes ignés et im-
pondérables s'elauçaient k de hautes
distances dans l'espace ; les eaux et la
terre restèrent en bas, et bientôt on
distingua Tho, la terre, de Potiri,
le ciel. Tlio n'est qu'une forme de
Fta lui-même, qui, comme tel, porte
le scarabée ^ symbole du monde et
de Callicopis que séduisit Bac-
cnus, qui pour adoucir sou courroux
emblème constant de la génération.
Comp. , entre autres, un magnifique
Canope en basalte vert de la villa Al-
bani , figuré dans Winckelmanu ,
Hiiit. de /'â!rf,t.I,pl. iS.Latêteet
les pattes de l'insecte soutiennent un
globe sacré (le monde) flanqué de
deux ourées. On dit aussi Thoré on
Tore au lieu de Tho.
THO AS : 1° père d'Adonis et do
Myrrha ; 2° roi de l'île de Lemnos ,
f' )0UX
ms,
lui apprit a faire du vin et même lui
douua les royaumes de Cypre et de
Biblos : père d'Hypsipyle, Tboas fut
seul sauvé par elle du massacre des
hommes, mais il fut obligé de quit-
ter Lemnos, et alla retrouver un au-
tre royaume dans Chioj 3" roi de la
Chersonèse Taurique, contemporain
d'Iphigénie, et auteur de cette loi
qui condamnait k être immolé aux
pieds des autels tout étranger que la
tempête porterait sur les côtes} ^^
fils d'Icarius} 5° fils de Jason et
d'Hypsipyle j 6" fils d'Ornithion et
petit-fils de Sisyphe 5 7° fils au roi
calydonien Andrémon, et chef dea
bandes éloliennes qui vinrent a Troie-,
portées sur quarante vaisseaux (Vir-
gile le fait entrer dans le cheval de
bois); 8° Troyen tué par Ménélas;
9° chef troyen tué en Italie , k
suite d'Enée.
THOCINE, Thochus, fondateur
de Thocnle et un des cinquante Ly-
caonides.
THOÉ : 1° Océanide, 2° Araa
zone. — Ce nom veut dire agile.
THOK, magicienne Scandinave qui,
seule au monde , refusa de pleurer
Balder , le plus beau des Ases, et em
pécha ainsi sa résurrection , est une*
incarnation de Loke.
THOLAD et THOLATH. Foy,
ACHTORET, LUI, 45.
M
THO
THOMIS ou TOMI, deuxième
suivant des trois décans de la Vierge
dans le zodiaque rectangulaire de
Tentjra , est représenté avec des
eornes de bouc que surmonte un
disque : le seeplre à tète de cou-
coupha est dans sa main gauche j
trois étoiles autour de sa tcte indi-
quent en lui un personnage sidérique.
11 suit immédiatement un autre per-
sonnage de même classe , que la lé-
gende hiéroglyphique voisine nomme
ïopit. Comp. Decans.
THOINI ou THON, peut-être nom
de Fta. Une ville de l'Egypte infé-
rieure s'appelait Thoni, et l'Odyssée
(IV, 227) y place un roi Thonis
(p^. ce nom) et une reine Polydamna
qui instruisit Hélène à exprimer et a
préparer le suc des plantes. Creuzer
{Syniè. u. Myth.)y en soupçonnant
que Thon ou Thoni est la vraie racine
du mot Tilhon, en conclut que dans
la haute doctrine égyptienne Tithon
et Memnon auraient été les protec-
teurs suprêmes de l'Egypte.
THONIS, Pharaon (ou gouver-
neur d'Egvpte), suivant les uns livra
ce pays a Paris 5 suivant les autre^ re-
tint Hélène fugitive sur sa terre, ren-
voya Pài is en Troade , et rendit la
reine de Sparte h sou époux quelque
vingt ans après {t^oy. Hélisme).
THONIUS, Centaure, fils d'Ixiou
et de la Nue.
THOON : 1° le même que Thonisj
a° géant tué dans la Giganlomachie,
ce que les poètes exprimèrent en di-
sant que les Parques l'assommèrent
de leurs massues de fer; 3° fils de
Phénops et frère de Xanthe (et com-
me lui victime du bras de Diomède)j
4-° Troyen tué par Ulysse.
THOOSA , nymphe aimée de Nep-
tune, en eut Polyphème. Ou la donne
comme fille de Phorcys.
THOR (autrement Asa-Teob,
THO 539
VAse-Thor, etÀKE-THOR, VAigte-
Thor ^ célèbre dieu Scandinave, fils
aîné d'Odin et de Frigga, préside à
l'air , aux saisons , aux variations de
la température, aux orages. C'est lui
qui lance la foudre. Protecteur des
hommes dont il écarte les mauvais
génies et les géants, il a souvent k
déjouer des prestiges, des pièges , a
surmonter de rudes épreuves. II li-
vre de temps a autre des combats k
toute outrance au grand serpent lor-
gourmandour et le terrasse , mais il
ne le tuera qu'au jour de la des-
truction dn monde. Lui-même, immé-
diatement après ce triomphe, tombera
et rendra le dernier soupir , asphyxié
par les flots de poison que vomira le
reptile h l'agonie. Ses deux fils, Mod
et Magouf*, lui survivront, et^ après la
rénovation du monde qu'aura détruit
le feu, habiteront de nouveau les plai-
nes d'Ida. — Le Tarauis des Celtes
est-il le même que Thor .^ On l'ignore.
Dans tous les cas , il est certain que
Thor ne peut être comparé a Jupiter.
Il n'a d'analogue dans la mythologie
romaine et grecque qu'Hercule-Mars,
et même Hercule-Mars Astrochyton
(k tunique étoilée). En eflel, on le
représentait souvent la tète couronnée
d'étoiles. De neuf en neuf ans on lui
sacrifiait en janvier quelques hommes,
quelques chevaux , quelques chiens et
Quelques coqs. Cette espèce de qua-
ruple hécatombe fut, dit-on, abolie
de bonne heure, et il ne resta de la
fête que les réjouissances et de larges
festins (le nom de la fête était loul,
et son époque normale le solstice
d'hiver). Thor habite Troudouangour
(asile contre la terreur), et a dans
cette région un palais composé de
5iio salles; il est porté sur un char
que traînent deux boucs. Des gants
de fer couvrent ses mains 5 il est arme'
de la massue lolner, qui brise les
54o
THO
têtes des géants , et qui revient d'elle-
même au bras qui Ta lancée j et le
laudrier de vaillance, eu ceignant ses
flancs osseux et souples, augmente ses
forces de moitié.
THORAMIS, grand dieu des ha-
bitants de la Bretagne (Grande-Bre-
tagne actuelle), a été comparé au Ju-
piter des anciens.
THORNAX, ©o'fyal, héroïne épo-
nyme du mont Thornax (tn Argo-
lide), appelé depuis Coccygie (en
mémoire de la métamorphose de Ju-
piter en coucou), était la femme de
Japet et la mère de Buphage.
ÏHORNGARDSOUK, héros
groenlandais, préside aux tempêtes
et aux frimas, et pourtant n'est pas
regardé par ces peuples habitués au
froid comme un être de mauvais au-
gure. Il apparaît souvent sous les
formes de l'ours blanc et de la baleine.
Lorsqu'il conserve la forme humaine
il porte k la main une massue de fer.
THORROIN , dieu des Scandina-
ves, avait, dit-on , régué dans la Go-
ihle et la Finlande, et institué en
l'honneur des dieux une fête dans la-
Î[uelle on sacri6ait une génisse. Cette
êtc, qui revenait en janvier, subsista
jusqu'à rétablissement du christianis-
me, et Thorron fut associé par la vé-
nération des peuples aux dieux qu'il
avait recommandés aux hommages
des peuples du jVord. Un mois islan-
dais porte encore aujourd'hui le nom
de Thorron.
THOTH (ou ÏOTH sans aspira-
tion initiale), assez souvent Thoyth,
Thouth, Theut , est un dieu égyp-
tien que les Grecs appelèrent Her-
mÎîs (car il nous semble peu probable
que ce dernier nom soit d'origine
égyptienne). Il semble difficile de se
faire de Thoth une idée précise, tant
a cause de la mulliplicilé de ses carac-
tères , qu'à cause du peu de coufor-
THO
mité des traditions. Toutefois, non
croyons que l'analyse philosophique
de ses caractères suffit pour faire éva*
nouir la plus grande partie des dilG-
cultés. Nous avons déjà trouvé le nom
d'Hermès dans plusieurs légendes.
Ainsi dans l'histoire d'Osiris, lorsque
ce roi législateur part pour des con-
quêtes lointaines, on voit Hermès reMH
ter en Egypte auprès d'Isis en qX'ililfll
de conseiller, et l'aider de ses avis,
soit pour l'administration du royaume,
soit pour étoulfer la révoltede Typhon.
Il est l'àmc de cette régence donlHer-
cule (suivant les mêmes mythes) est le
bras. Quelquefois Isis est présentée
comme son élève. Une colonne hié-
roglyphique de ]\ysa en Arabie fait
dire k la déesse : « Je suis Isis, la
reine de ce pays, instruite par Her-
mès 5 les lois que j'ai données,
ne saurait les abolir, etc. » Plu|
tard encore , c'est Hermès qui donn(
k Isis, en remplacement de la coi
ronnc que lui a ravie Haroéri, deui
cornes de biche. D'autre part, Heri
mes nous est présenté comme un pei
sounage divin totalement au-dessu
des formes humaines : nous le voyonv
en rapport avec Rhéa (IXelté), Hé-
lios (le soleil), et Crone. Ce dernier
entretenait une liaison criminelle avec
l'épouse du Soleil : le dieu instruit de
l'infidélité de Rhéa la niaudil, et pro-
clame que nulle année, nul mois ne la
verra accoucher du Iruit qu'elle porte
dans son sein. Rival de l'époux et de
l'amant, Hermès épargne a Rhéa les
suites fatales de celte malédiction: il
joue aux dés avec la Lune, et, con-
stamment heureux, lui gagnela soixan-
te-douzième partie de chaque jour d«
l'année, qui jusqu'alors n'en avait e|
que trois cent soixante, et de ces troi|
cent soixante soixante-douzièmes
forme cinq jours qui, a proprcmei
parler, sont hors de l'année , et doal
m-
1
THO
l'ensemble trop court ne peut former
un mois. C'est pendant ces cinq jours
Sue Rhéa se délitre successivement
'Osiris , d'Isis , d'Haroéri , de Ty-
phon, de INefté {F'oy. Plutarque,
Jsis et Osir.). De ces deux tradi-
tions , l'une fait en quelque sorte
d'Hermèsun personnage semi-liumain,
contemporain et coadjuteur de la fa-
mille osiridique; l'autre lui assigne
un rôle plus bas et une existence plus
ancienne : il se trouve mêlé à des
dieux du premier et du second rang,
Rhéa (Neflé), le Soleil (Fré), Cro-
ne (Remfa), la Lune (Pooh). Quel-
ques traits conservés par Eusèbe
(Prép. év.), d'après Sanchouiaton ,
semblent préparer la fusion des deux
systèmes. Ainsi Hermès est le conseil-
ler et le ministre de Crone : c'est lui
qui le décide h prendre les armes con-
tre ses ennemis , et qui par une ha-
rangue éloquente rassemble un nom-
bre considérable d'amis autour de lui.
Crone le récompense en lui conférant
l'autorité royale en Egypte. Des tra-
ditions plus circonstanciées lui attri-
buaient l'invention de l'écriture alpha-
bétiiiue, delà grammaire, de l'astro-
nomie, des mathématiques, des pério-
des du temps, de la géographie, de la
musique, du commerce, de la lyre,
des monnaies. C'est Hermès qui avait
donné les lois a l'Egypte , c'est Her-
mès qui avait poli le langage informe
et grossier dos premiers habitants de
cette terre sacrée 5 c'est Hermès qui
avait institué les castes , et qui avait
réglé la hiérarchie sacerdotale : Her-
mès était le prototype et le modèle
des prêtres, comme Osiris celui du
roi. En continuant sur de telles don-
nées, on arriva à mettre sur le compte
d'Hermès l'invention et le perfection-
nement de toutes les sciences j puis a
proclamer qu'Hermès avait écrit les
livresdont, plus tard, on ne manqua
THO
54r
pas de donner les titres , et que les
faussaires du 3^ et du 4." siècle com-
posèrent de toutes pièces, et colpor-
tèrent comme ouvrages émanés de la
plume d'Hermès. De là le nombre
immense des livres hermétiques men-
tionnés par l'antiquité. De la aussi,
puisque tant d'inventions et tant d'é-
crits ne pouvaient être rapportés à
un seul homme , les hypothèses gra-
vement ridicules des modernes anti-
allégoristes sur la pluralité des Her-
mès. Selon St-Clément d'Alexandrie
les livres attribués à Hermès par les
Egyptiens mêmes étaient au nombrede
quarante-deux. Probablement ils n'é-
taient jamais livrés aux profanes. Les
prêtres seuls avaient le droit d'y lire,
et d'y apprendre les principes des
sciences. De ces quarante-deux livres,
trente-six étaient censés contenir la
philosophie 5 les six derniers étaient
relatifs à la médecine. Quoique nous
n'ayions pas l'indication précise des
titres de chacun des trente-six livres
philosophiques, nous les voyons se di-
diviser dans St-Clément en quatre
groupes assez nettement marqués. Ce
«ont : 1° quatre livres d'astrologie
(ordonnance des étoiles fixes, conjonc-
tions et illuminations du soleil et de la
lune, enfin levers des astres, c'est-k-
dire très-probablement tables para-
natellontiques)j 2° douze livres sur
l'hiéroglyphique, la cosmographie, la
géographie, la marche du soleil et de
la lune et des cinq planètes, la cho-
rographie de l'Egypte, la description
du ]Nil , les cérémonies religieuses
avec les lieux qui leur sont consacrés,
la mesure et la nature de tous les ob-
jets employés dans les sacrifices j
3° dix livres où il était traité des
honneurs que l'on doit aux dieux et
de la dévotion égyptienne (comme sa-
crifices, prémices, hymnes, prières,
processions, fêtes, etc.), et peut-être
54t
THO
aussi de tout ce qui concernait la
nooscbosphragislique, c'est-à-dire Vé~
ducatioa et Tart de préparer et de
5celler les victimes (t« ftoa-x^ta-cppx-
yta-nKtt : comp. Chérémoa dans
Porphyre, Abslin.^ IV, 7 de l'édit.
Rliœr.); 4" dix livres sacerdotaux
proprement dits , qui traitaient des
rois, des dieux et de toute la doctrine
du sacerdoce. Les six livres qui for-
maient la section médicinale, et dont
l'élude était enjointe aux pastophores,
traitaient de la structure du corps,
des maladies, des instruments chirur-
gicaux, des remèdes, des yeux et
surtout de leurs affections, enfin des
incommodités particulières aux fem-
mes. Toutefois, les termes dont nse
Si - Clément semblent indiquer un
nombre d'ouvrages plus considérable j
et en effet les anciens citent plus de
q^iarante-dcux livres hermétiques. On
voit même des éciivains les porter à
vingt mille (Prichard , Analys. of
AEgypt. myth., p. 6 et suivantes^
Gœrrfls, Mythtngesch., t. H, p,
340 et suiv. )5 de là le nombre mysti-
que ou allégorique de trente-six mille
ou trente-six mille cinq cents, sur
lequel nous reviendrons plus tard ,
mais que dès à présent nous pouvons
signaler comme n'étant pas relatif à
ses ouvrages véritables. Quelque opi-
nion que nous nous fassions sur ces
livres , un fait saillant domine toutes
les autres circonstances, c'est le rôle
d'Hermès comme compilateur reli-
gieux et scientifique par excellence.
Auteur ou non des premiers ouvrages
qui portent sou nom, il estsi bien iden-
tifié par les croyances égyptiennes k
ces ouvrages , que ceux qui viennent
ensuite, et qui en sont ouïe commen-
taire ou la continuation, sont censés
émaner de lui. Toute littérature ,
toute science, tout code écrit, en d'au-
tres termes foule législation , toute
THO
philosophie, toute organisation de'
rites religieux , vieifltd'Hermès , esti
écrite par Hermès. ^Les traits épars do<>{
la légende osiridique n'infirment point]
la conclusion précédente. Si là Hermès
n'est plus le scribe sacré et l'homme
de la science , il est encore le législa-
teur d, s peuples , l'instituteur d'Isis.^
Là, comme dans la rédaction des li-
vres saints, c'est l'intelligence se ma-
nifestant par des actes; naguère elle
se manifestait par des écrits. Ce sont
deux formes diverses, mais parallèles
de l'intelligence. Ainsi un simple
coup-d'reil jeté sur quelques points
de la tradition nous fait arriver à
soupçonner que Thoth ou Hermès
n'est autre chose que la sagesse, l'iu''
telligence. Il nous reste à vérifier
ce soupçon , a déterminer le carac-
tère de celle personnalisation spiri-
tuelle, et à la distinguer des personna-
lisations du même genre 5 par exem-
ple , de Neith , celte fille-épouse de
Knef, assimilée par les anciens à Mi-
nerve. Sur le premier point il ne
peut exister d'mcerlifude. Evidem-
ment Hermès remonte à une antiquité
si hante, qu'il faut renoncer à le pla-
cer dans les temps historiques, et mê-
me parmi les êtres humains. D'autre
f)art, c'est bien l'écriture avec toutes
es connaissances d«nl elle est le vé-
hicule qui forme son attribut et sa
fonction caractéristiques. Suivant les
fragments de Manélhon dans le Syn-
celle, Thoth, le premier Hermès,
avait inscrit, avant le cataclysme, sur
des stèles ou colonnes, en hiérogly-
phes et en langue sacrée, les principes
des connaissances. Après le cataclys-
me , ces premiers livres sacrés furent
traduits en écriture hiéroglyphique et
en langue vulgaire par le fils d'Aga-
thodémon, le second Hermès, père
de Tat. Tholh , deux fois grand , in-
carnalion d'Hermès Trismégiste (trois
THO
fois grand), fol le conseiller de la dy-
nastie osiridique sur la terre , donna
des noms à tous les objets, et par
conséquent fut l'inventeur du langage
articulé, enfin initia l'espèce humaine
aux arts, a la religion, etc. Pour
!Neith-pensée , elle se distingue de
Thoth , 1° en ce qu'elle n'est pas
simplement intelligence ( tiovs ou
Aôyos) , mais intelligence-volilion-
énergiej 2" en ce que l'on reconnaît
en elle les traces d'émanation et
d'intelligence. Un dieu l'accompagne
pour accomplir ce qu'elle projette,
ce qu'elle veut, ce qu'elle l'excite à
faire : un dieu fut avant elle, et lui
a donné naissance j un autre dieu la
suivra, continuera la série des éma-
nations divines, et concourra a la
réalisation des œuvres de Neith. Il
n'en est pas ainsi de Thoth. Il sem-
ble se suffire complètement à Ini-
mêrae j ce que Tholh Trismégiste dé-
crète et commence, Thoth Dismégiste
l'accomplit: Thoth ne s'émane qu'en
Thoth , n'a de prédécesseur que
Thoth, de successeur que Thoth.
Cependant n'imaginons point avec
plusieurs modernes qu'on ait expli-
citement admis trois ou quatre
Thoth. Il n'y en a eu que deux, le
supérieur et l'inférieur , et a priori
le même est tonr-à-lour supérieur ou
inférieur, selon que celui à qui on le
compare joue un rôle plus haut ou
plus bas. Les spiritualistes égyp-
tien», an dire du moins de l'école
Beoptatonicienne , concevaient l'es-
sence suprême 1° comme intelligence
subsistant par elle-même, irrévélée
et non encore démiurgique; z° com-
me intelligence démiurgique , supé-
rieure et antérieure au monde (idées
prototypes) 5 3° comme intelligence
contemporaine du monde bloc uni-
que (rà îT«v), en d'autres termes,
eomme intelligence indivise et âme
THO
Ô43
du monde; 4° comme intelligence
divisée dans tous les membres du
grand tout, et les dotant chacun
d'un moi, d'une individualité propre.
Supposons ici que cette intelligence
soit Thoth, nous verrions successive-
ment se dérouler k nos regards un
Thoth l" irrévélé et Tholh II se ré-
vélant en idées prototypes ; puis un
Thoth I" démiurge préformateur à
idées prototypes, et Thoth II àme
du monde j enfin un Thoth F' âme
du monde, et Tholh II âne divisée
de chaque partie du monde. Là,
Tholh II se scinde encore,- et le diea
qui soupçonne les sciences, et en jette
les premiers éléments, est Tholh F"",
tandis que le nom de Thoth II n'est
plus donné qu'à celui qui perfectionne.
L'image de Thoth I et II se trouve
à chaque instant sur les monuments.
Celle de Thoth Trismégiste se distin-
gue par la tête d'épervier (Champol-
lion jeune. Panth. égypt., pi. XV,
XV <2, XV b). Son emblème le plus
vénéré était le disque rouge on vert
ailé investi de deux ourées , consa-
cré souvent k Icton et k Araoun-
Knoufi {Desc. de l'Eg., t. III, pi.
XXXVI, 5). Là encore se reconnais-
sent les éléments caractéristiques de
déités suprêmes : le disque rouge rap-
pelle Fré; les ailes sont celles de l'é-
pervier dédié aux grands dieux; les
ourées appartiennent aux dieux-rois.
Au lieu de la tête de l'épervier,
Thoth II ou Thôouti ne porte que
celles de l'homme, du cynocéphale et
de l'ibis. Celle de l'homme y est
moins fréquente ; on en reconnaît
une dans la galerie du temple de
l'ouest k Philes (pi. XXII , 2 du t. I
de la Desc. de l'Eg.). La tête d'i-'
bis semble surtout appartenir au
Thôouti civilisateur; celle du cyno-
céphale au Thôouti en rapport avec
la lune. Toutefois ces rapprochements
5A4 THO
souffrent de l'exception. L'atlilude
la plus ordinaire de Tbolh II con-
siste a marquer l'année de la période
panégyrique sur le sceptre dentelé au-
quel d'ordinaire est suspendu le carac-
tère symboliciue des panégyries (Voy.
Desc. de L Eg., 1. 1, pi. XXIII , i ,
XXII, 2). Quelquefois il est repré-
senté par le cynocéphale même : tel
est celui de la pi. XXX f. du Panlh.
ég. , tiré des sculptures d'Edfou et
gravé pour la première fois dans la
Desc. de l'Eg. j le même ouvrage
(t. I, pi. XIII, 3) en présente un au-
tre qui, assis et dans uneattitude très-
expressive, inscrit à l'aide du stylet
des Ctiractères sur des tablettes qu'il
tient a la main. Du reste on rencon-
tre par centaines des Tholh cynocé-
phales en bronze , en pierre et en
terre émaillée, dans les ruines égyp-
tiennes et dans les hypogées. L'image
d'Ooh-Thôouti [Panth. égypt.^T^\.
XXX g) ci-dessus mentionnée joiut a
la tête d'ibis le disque avec l'amphi-
cyrte lunaire (^oj'. Pooh). Comme
tel, le dieu dut être porté dans une
même bari ou barque sacrée avec
Pooh; et en effet , la pi. XIV g de
Chaœpollion jeune en présente une
qui est dédiée, dit la légende, a
loh-Tliôouti. Dans l'Amenti , Tholh
II semble affectionner plutôt la tête
de l'ibis noir (Heiriz des Arabes) que
celle de l'ibis blanc. Assez souvent il
se tient devant la balance terrible
dans laquelle Osiris s'apprête h pe-
ser les âmes. Sa maiu gauche porte la
tablette rectangulaire dans laquelle
on a reconnu la palette des Egyp-
tiens 5 le pinceau qu'il tient de l'autre,
la palette et un vase dans lequel le
scribe infernal ou puise de l'encre ou
délaie les couleurs, forment par leur
ensemble le groupe hiéroglyphique
tropique qui exprime les idées écrire,
écriture. Charopollioa a reconnu de
THO
plus que le signe inscrit par Thotl
Ssychoporape sur la palette était un|
es hiéroglyphesqui reviennent k l'S j
mais jusqu'ici il n'a point tenté d'exi
pliquer le sens de celte initiale. OaJ
peut remarquer que, dans les lon-J
gués scènes funéraires , Tholh sel
trouve perpétuellement avec Anbo,ef
en conséquer-'e distinct de lui. Cettel
ciiconslance, tout en démontrant vic-
torieusement que les deux dieux dif-
fèrent, ne prouve pas que le second
n'est point une émanation directe. On
voit dans le sacre d'un Lagide {Desc.
de l'Eg., t. I, pi. X, 2) les deux
Tholh se réunir pour épancher sur la
chevelure royale l'eau divine qui la
consacre; et quand la têle d'épervier
d'un côté, celle de l'Abouhannes de
l'autre, ne mettraient pas sur la voioj
de l'explication véritable, les légendes
hiéroglyphiques (Tholh , dieu grand,
seigneur suprême , pour l'hiéracocé-
phale; Thôout, seigneur des divinei
écritures, pour l'ibiocéphale)nepour'i
raient laisser lemoindredoute.TholM
ayant été aux yeux des Egyptiens lel
prêtre-modèle, nous ne pouvons ter-
miner cet article sans dire quelque!
mots de l'organisation et du rang d(
la caste sacerdotale. En Egypte
comme encore de nos jours aux Indesi
la répartition de la population en casi
tes était l'institution fondamentale
Les prêtres qui l'avaient fondée , ej
qui, la présentant comme l'œuvre clâ
Tholh , aspiraient k la rendre éterj
nelle , n'avaient pu manquer de s'f
attribuer la première place. Les guew
riers, divisés en deux tribus (lesHer|
raotybicns et les Calasyriens), le|
cullivaleurs , artisans et marchands^
les mariniers ou bateliers, les pasteurs
tous étaient au-dessous des chefs
la caste sacerdotale , a laquelle il n^
manquait que la royauté ; encore estf
il certain qu'a une époque reculée'
THO
plusieurs des royaumes partiels que
contenait l'Egypte avaient été régis
par des membres de cette caste. Plus
tard celle des guerriers s'empara du
pouvoir; mais alors même les minis-
tres du ciel, dépossédés de la puissance
temporelle, eurent l'art d'établir que
le prince, par le fait seul de son avè-
nement, faisait partie de leur corps.
Par-lk le nouveau souverain entrait
avec eux en communauté de privilè-
ges et de devoirs. De la sans doute
l'initiation solennelle des rois et le
sacre ; de la ces qualifications pom-
peuses et dévotes de fils d'Amoun ,
d'aimé d'Osiris, d'enfant de Fré, et
mille autres que les Ptolémées et les
autocrates romains, non moins que les
antiques Pharaons, prennent officiel-
lement dans les monuments. Les prê-
tres étaient, avec les rois et la caste
militaire , les propriétaires du sol.
Chaque grand collège , comme cha-
que temple , avait son patron céleste
auquel il était consacré, son grand
prêtre qui le présidait, ses domaines
affranchis de toute taxe, ses revenus
et son trésor. En outre, chaque prê-
tre , comme individu , pouvait possé-
der des biens a lui. Enfin les hauts em-
lois , les fonctions lucratives, toutes
es places qui supposaient des connais-
sances et quelques habitudes scienti-
fiques étaient le lot des prêtres. Peu
développés sousle rapport delà culture
intellectuelle, les guerriers ne purent
être que leurs instruments; et les plus
hauts officiers ne furent dans l'état que
des Djom, des Hercule aux bras ro-
bustes dont, Hermès nouveaux, ils di-
rigèrent les efforts. Et ainsi se réalise
sur la terre ce mythe d'Osiris et
d'Isis a qui la légende donne Her-
cule pour général , Tholh pour con-
seiller : ce sont tout simplement ses
braves et ses sages. Mais , dit-on ,
lorsque Osiris et Isis civilisent l'É-
I.Y.
THO
545
le
gypte par l'agriculture et par des in-
stitutions religieuses, c'est Thotb qui
est l'auteur premier de la civilisa-
tion ; ses conseils, changés en décrets
par la puissance souveraine, devien-
nent les faits dont se réjouit l'E-
gypte. Faut-il , de cette histoire évi-
demment allégorique, et dans la-
quelle Thoth est le corps sacerdotal
entier, conclure que l'Egypte dut sa
civilisation aux prêtres ? C'est un
problème que toutes les vraisem-
blances s'accordent h faire résou-
dre affirmativement. Que la civilisa-
tion partie de l'Orient se soit répan-
due , de proche en proche, des Indes
jusqu'à la vallée du Nil inférieur,
ainsi que le veulent Heeren, Creu-
zer et presque tous les savants alle-
mands , ou que , comme le présu-
ment Champolliou, Guigniaut, etc.,
elle ail eu Méroé, les monts de la
Lune, en un mot l'Afrique pour ber-
ceau, tout annonce qu'une tribu pri-
vilégiée, dépositaire des notions ru-
dimenlaires qus le monde enfant ap-
pelait science, et par-lk même censéo
interprète et ministre de la divinité ,
étendit son empire le long du Nil pac
la cre'ation d'oracles et de sanctuaires
autour desquels se groupèrent peu a
peu les populations nomades. La to-
talité de la caste se subdivisait en
plusieurs classes, dont les noms et
les attributions ne sont pas exacte-
ment connus. La première c'tait celle
du prophète dont le chef (archi-
propheta d'Apulée , Ane d'or ,
II, p. i58, éd. Oudend. ; corap.
Sturz, de Dial. Alex., p. 112)
semble avoir porté en égyptien le
nom de Piromi, le bon , le noble par
excellence (Hérodote, II, lA"^) :
c'était aussi le nom de l'Etre suprê-
me. Venaient ensuite les hiérogram-
mates ou scribes sacrés qui , dans les
cérémonies saintes, paraissaient avec
3S
54$
THO
des plumes sur la léte , un livre et
une règle dans les mains avec de l'en-
cre et un calaraej les INoéinons; les
Slolites (chargés du vestiaire); les
Horoscopes (astrouomes-aslrologues)
cl les Chantres. Les Pasiophores, les
ÎSéocores, les Zacores, les Comasles
fermaient celle nomenclature, et
remplissaient toutes les fondions su-
lalternes. Il est certain , quoi qu'on
en ail dit, que deslliérodoules ou ser-
rantes sacrées étaient attachées aux
temples {f^oy. Diod. de Sic, I,
§ 4.4 J l'inscripliou de Rosette; Per-
se, Y, 186; Juvénal, VI, 488,
Adrian , die Pristcrinnen dcr
Griechen). Toutefois , il ne faut
pas les regarder comme do vérita-
bles prêtresses. Comparez, sur toute
lorganisation sacerdotale, ainsi que
sur les ahlutions, les costumes, etc.,
Jablonski , f^oc. jEg. et Opusc. ,
II, p. 349; Pricharil , an Analys.
ofœg. my.^ p. 388, etc.; Zoëga,
Oôe/.,p. 5o5,elc.; Heyne, Comw.
Soc.Gœlt.^^. 276, etc.
TIIOUÉRI (0«vi^/f, en lalin
Thueris) , uuedesconcuhines de Ty-
phon , passa, lors de la défaite de ce
génie du mal, entre les mains d'Ha-
roéri qui la mil au nombre de ses
femmes {Voy. Jablonski , Pantli.
cegypt. ,parl. III, 1 1 2- 1 3 o).Thouéri
au fond est une forme de Neflé ou
Nephlys, sœur et femme de Typhon.
Comme celle divinité , elle est en
rapport avec le géaic du mal et
le génie du bien : il y a seulement
celte différence , que Nef lé reçoit
dans ses bras Osiris, tandis que
Thoucri devien! la femme d'Haroérij
mais ÇB, sait qu'Uareéri est moins un
fils qu'une émanation, une forme
d'Osiris. On assure qiie, poursuivie
par un serpent, Thouéri se réfugia
près d'Haroe'ri qui fit tuer le ferrai-
fkkhle rep-tile paç sçSi suivants. En n^-
• THR
moire de cet épisode (qui rappelle les
liaisons passagères de Nefté avec Osi-
ris), les prêtres, dans une fèled'Ha-
roéri, jetaient au mi'ieu du Icmple un
gros câble dont les sinuosités imitaieut
les replis du serpent,. et le coupaient
en tronçons. — On a regardé Thouéri
comme le vent du midi (ou Simoum?)j
personnifié. Comp. Typhon.
THRACIE, TuRAciA, ©^a«/*ou
&pr,xlct , héroïne éponyme de la
Thrace, est, selon les uns, une Tila-
nide; selon les autres, une fille de
rOcéau et de Parlhénope. Une troi-
sième légende la fait fille de Mars.
THRASE : 1° Thrasus, &ùci<roç,
fils du roi de Delos, Anius , fut dé-
chiré par ses chiens. C'est à cette
occasion que les chiens furent bannis
de l'île. 2"TuKASius, ©p«o-<oj, de-
vin cypriote qui, lors de la faminq
dont l'Egypte fui la proie sousBusi-
ris, déclara que le fléau cesserait pac
l'immolation annuelle d'un étranger à
l'autel de Jupiter. Busiris adopta soUj
avis, et le prit pour première vicli-r^
me [Foy. BusiBis).
THRASYMÈDE : 1° chef lycienij
tué par Palrocle au siège de Troie j
2° un des fils de Nestor et d'Auaxi
bie: alla aussi au siège de Troie
TlIRAX, un des personnages my
ihiques qu'on donne comme Adaii
de la Thrace, passait pour fils di
Mars et de Nériène {Foy. ces nom
et Tubacie).
THRIES (les), ©/)/«<, sont, dans
quelques légendes, trois nymphes
nourrices d'Apollon. — On donnait
le même nom aux sorts que l'on Jetai
dansrurBe(R.: tf/jûv, feuille d'arbre)
Les Thries-déesses ne seraient-elle,
pas la personnification de Ces élémea
de la divination? ne seraie«t-ce pi
des devineresses? et n'esl-ce pas pa<:
suite de celle idée que l'on en aurail
fait les Bourriçes du dieurprophèle dr
t
THY
Délos? Une fête en l'honneur d'Apol-
lon se nommait Thrio.
THRIM, géant Scandinave que la
mythologie qualifie de roi, fut tué
par Thor.
THUÉRIS. Foy. Thoueri.
THURIOS ou THOURIOS {l'é-
nergique ) : i° surnom de Mars;
2" géant qu'Hercule combattit et sans
doute vainquit.
THUSSES, Thussi (Dusu des
pères de l'Eglise ), dieux iul'érieurs
des Celtes, étaient probablement des
espèces de Sulèves ou génies fores-
tiers. Ou les compare aux Satyres.
THYESTE , Thvestes, ©«és-r»;? ,
fils du roi d'ArgoSj Pélops, et d'Hip-
podamie, avait pour frère Alrée.
Tous deux ensemble forment des
Dioscures Pélopides ou Tantalidcs
(car Tantale élait leur aïeul). Mais
leurs relations ii'élaienl pas, comme
celles des Dioscures Tyndarides, de-
venues sous la plume des mytholo-
gues des miracles et des modèles d'a-
mitié. Des haines sanglantes, de pro-
fondes rivalités les arment au con-
traire l'un contre l'autre. Alrée rem-
place son père sur le trône. Tbyesle
s'indigne de la félicité de son rival,
et tente de ressaisir un empire dont
moitié, dil-il, doit lui appartenir. Les
poêles ont brodé un fait si simple,
et l'Argollde dans leurs vers est de-
venue tantôt un bélier a toison d'or
(ChrYSomalle qiii doit un jour sauver
Phryxus des fureurs d'Ino ), tantôt
une femme, la belle Erope. Chryso-
malle jadis avait été apporlé par
Mercure de la pari de Jupiter h Pé-
lops. C'était, pour qui le posséde-
rait, un gag;e d'empire et d'inamovi-
ble souveraineté. Alrce se l'était ad-
jugé avec les autres trésors de son
père; Thyesle s'en empara. Erope
est liée par les liens du mariage au
toi il'Argos. Tbyeste, toujours ja-
THY
54f
loin du bonheur de son frère, la sé-
duit, la rend mère (au moins de
deux fils). Quelle que soit l'hypothèse
adoptée, Atrëe arrive toujoui's à con-
naître le spoliateur de ses richesses, ^
ou le séducteur de son épouse. Son
courroux éclate : il reste toujours, de
fait comme de droit, le maître du no-
ble bélier, le maître de la même prin-
cesse, le maître d'Argos : Thyeste
fuit sans i'étiucelante toison , sans
femme qui partage ses destins, sans
royaume ( une tradition pourtant lui
donne une fille Pélopée, Pélops fe-
melle, qu'il a eue d'une maîtresse ano-
nyme). L'Epire lui offre un asile;
bientôt Alrée l'y poursuit , lui prodi-
gue des promesses trompeuses, le dé-
cide h revenir dans Argos. Eu même
temps il sollicite la main de Pélopée ,
que de bizurres aventures ont jetée
aussi en Epire , et qu'il croit la fille du
roi. Il l'obtient, mais Pélopée n'est
pas sans tache. Sou père l'a rencon-
trée dans un bois, et sans la connaître
l'a violée, l'a rendue enceinte d'un
fils qui palpite déjà dans ses flancs.
Ainsi ridée de polyandrie (de femme
commune à deux frères) se répète eu
Epire. Pélopée nous donne la contre-
épreuve d'Erope , sa tante , sa belle-
sœur ou sa rivale. IXous voila de nou-
veau dans Argos! Quel est le dessein
d'Alrée ? Un riche lestiu se prépare,
les convives se rangent le long des
tables massives chargées de mets;
les coupes se remplissent de vin ; les
rois, à leur table réservée, scellent
leur réconciliation par des cmbras-
semenls, s'animent, boivent. Un cri
part : ce n'est pas du vin que contient
la coupe de Th^esîe, c'est du sang,
du sang humain, le sang des fils d'E-
rope,.. , et les fils d'Erope, Thyesle
le sait, ne sont pas les fils d'Alrée. Il
s'éloigne. Pélopée qui a gardé l'épée
de son oifenseor, et qui a recouau
35.
548
THY
dansThyeste son père et son amant,
Pélopée trop prompte ii mettre au
jour le fils du viol et de l'inceste,
Pélopée qui, de peur d'éveiller les
soupçons d'un époux , a confié le
fruit de sa honte aux chèvres ou aux
chevriers, indique h Thyesle le lieu
où il retrouvera ce futur vengeur de
tant d'injures. Thyeste l'élève dans
la haine d'Atrée et des Atrides , puis
l'envoie a la cour de son oncle qui
vient de perdre Plislhène, son fds, et
n'a plus de consolation que de ses deux
petilvfils Agamemnon et Ménélas.
Bientôt Atrée chérit son funeste ne-
veu , lui met h la main le glaive ravi
jadis à Thyesle par Pélopée, le char-
ge d'aller tuer cet éternel compétiteur
de sa puissance. C'est Atrée qui
meurt percé du fer qu'il vient de re-
mettre a Égislhe ; puis Thyesle règne,
et c'est après sa mort seulement qu'A,
gamemnon est maître d'Argos. Son
tomheau se montrait encore du temps
de Pausanias sur les confins du royau-
me d'Argos. — Les variantes que nous
n'avons pas enchâssées dans ce récit
■e sont relatives qu'aux diverses épo-
ques des exils, des voyages de Thyes-
te, ainsi qu'à l'éducation d'Egislhe, et
à l'instant où les reconnaissances ont
lieu entre Thyeste et Pélopée, entre
Egisthe et Thyeste, etc., etc. Les
poètes dramatiques, s'étant emparés
de cette mine féconde , l'ont brodée
chacun a son gré, mais leurs hypothè-
ses théâtrales ne sont de nulle valeur
en mythologie. — Nous avons qualifié
Atrée et Thyeste de Dioscures. Cicé-
ron déjà l'avait dit. Nous ajouterons
pour faciliter aux adeptes l'intelli-
gence du mythe que c'est une imita-
lion avec détail de celui de Tantale
et de Pélops , que tout y respire le
cabiroïdisme, que l'épouse (Erope
ou Pélopée) est une Aphrodite à deux
maris , que les frères rivaux sont
THY
Hépheste et Ares (se traduisant par
feu, atri^ et sacrificateur, évéo-Tjjf),
que les égorgements de jeunes en-
fants sont la ihéosphagie ou mort
cadmilique {^Foy. CoBysAHTEs et
Tritopatoks).
THIIA, 0v/«, fille de Deucalion,
maîtresse de Jupiter,mère de i'héroïno»
Macédonie. — -On donnait le nom de^
Thyia, dans Élis, à une fête de Bac-
chus, remarquable par un petit mira-
cle annuel. La veille les prêtres ap-
{)ortaient trois bouteilles vides dans
a chapelle du dieu du vin, et les mar-î
quaicut de leur sceau j le Iendemaia|
le sceau était encore intact, mais lesj
bouteilles se trouvaient pleines. Bac-
chus était venu en personne visiterj
sa chapelle chérie.
THÏIAS, QmétSi fille de Casta4
lius le géant , première prêtresse do]
Bacchus, première Bacchante, pre-
mière institutrice des Orgies. Tousj
ces faits reviennent au même. Evi-1
derament Thyias, en rapport avec-
èvuj sacrifier, et Thyiades, les furieu-
ses Bacchantes, est nue parèdre mis-
sionnaire ou archipropagandiste du
culte dionysiaque. On la donne aussi
comme amante d'Apollon et mère de
Delphos , héros éponyme de Delphes.
THYMBRÉE,TuYMBBiï;us, &Ù[a-
Qfxios : 1° fondateur de Thymbre en
Troade et ami de Dardanns j 2° chef
troyen tué par Ulysse 5 3° Troyen qui
fit mordre la poussière à Osirisj
U° un des fils de Laocoon. — Apollon
était honoré dans Thyrabra (d'où son
surnom de Thymbrœus?)^ et c'est
dans le temple qu'il avait en cette
ville que Paris perça d'un coup de
flèche le talon d'Achille.
THYMÈTE , fils de Laomédon et
frère de Priam , vit sa femme et ses
fils périr par ordre de ce prince,
et, pour se venger, pçi-suada aux
Troyens d'introduire le cheval de
TI
bois dans leurs murs. — Deux autres
ThymÈte furent l'un un chef troyen
tué en Italie par Turnusj l'aulre un
roi (l'Athènes, fils dOxyntas. Ayant
refusé de se battre en combat singu-
lier contre le roi béotien Xanthe, il
fut déposé par les Athéniens, et vit
Mélanthe monter sur le trône à sa
place. T hymète fut le dernier prince
athénien de la race des Théséides.
THYONÉ: 1° Séméléj 2° mère
de Sémélé, et par conséquent aïeule
de Bacchus [Voy. l'art, suivant).
THYOINEE, Thyoweus, ©y^-
nlis : 1° Bacchusj 2." fils de Bacchus
et d'Ariadne. Un mythe antique le
montre volant un bœuf, fuyant à grand
peine devant ceux qui le poursuivent,
et enfin leur échappant grâce a l'in-
lervcntion de son père qui change le
bœuf en cerf et le jeune homme en
chasseur. 11 y a dans ce mythe idée
lointaine de Bacchus-soleil dans la
constellation du Taureau. Quant au
nom deThyonée, nul doute qu'ici le
fils ne soit l'émanation du père, et en
conséquence son adéquate.
THYREE , Thyr;eus, Qvpciics:
1" un des cinquante fils de Lycaon j
2" un des fils d'OEnée , roi de Caly-
don. C'est aussi un nom d'Apollon,
comme maître de l'entrée et de la
fiortiej en d'autres termes, en tau t que
porte (flufia), en tant que Janus. C'est
a la porte des temples qu'étaient si-
tués les autels d'Apollon-Thyrée.
THYRIE, Thyria, ©v/u'a, fiUo
d'Amphinome , maîtresse d'Apollon ,
mère de Cycnus. La mère et le fils,
dit-on, -se jetèrent dans un lac, et y
furent changés en oiseaux. Evidem-
ment ces oiseaux (lacustres) sont des
palmipèdes et sans doule des cygnes ,
ainsi que riudiquenl Cycnus et ses in-
limes liaisons avec le dieu de l'Iiar-
monie.
TI (vulgairement Tée), espèces dç
TIB 549
Lates chez les Taïtiens, passent pour
les âmes des ancêtres. Chaque famille
en adopte un, et l'adore dans son
moraï. Les Ti, comme les Lares qui
quelquefois se présentent sous face de
Lémures et même de Larves, sont de
deux sortes : les uns protègent, gué-
rissent, dispensent les biens aux hom-
mes j les autres tendent des pièges et
persécutent. Le bon Ti combat sans
cesse la funeste influence du Ti ja-
loux.
TIACAPAN, l'aînée des quatre
sœurs qui, selon la légende mexicaine,
présidaient aux plaisirs de l'amour.
TIAMAARATAAO , le premier
homme selon la croyance des habi-
tants des îles des Anus, apparut sur
la tex're après le reste des mammifè-
res : on le voit se dessiner à l'entrée
d'une grotte ensevelie d'abord dans
d'épaisses ténèbres, et peu à peu
illuminée par la clarté du jour. Sous
ce point de vue il semble fils de Po
(la nuit). D'autre part il semble an-
drogyne et figure presque comme ua
homme protolypique, dont plus tard
se retrouvent les dédoublements uni-
sexuels.
TIASE , TiASA, Tlwrei , petite ri
vière de Laconie personnifiée , passa
pour fille du dieu-fleuve Eurôtas
dont elle est un affluent.
TIBERIINUS, prince d'Albe , fils
du roi Capet , se noya dans l'Albula
qui prit son nom {Tiùerinus ou Ti-
l/ris), et fut mis par Romulus au
nombre des dieux indlgètes {^f^oy.
EuRÔTAS et les renvois).
TIBRE (le), en latin TiURis,
TiBERis, TiBERiNUs, «l primitive-
ment Albula , fut pris dans tout le
Latium pour un dieu de haute im-
porlcTuce. Presque tous les person-
nages que mentionne l'histoire des
temps héroïques s'y noient , en d'au-
tres lerjnes s'y r^absorbeul^ cç qui
i»d
TIB
vent dire sont lui. Compares ÉttÉE,
TlBEKiKvs. Dans les beaux siècles
«le lloine , le Tibre a maintes fois
^lé représenté sur les inouiiinents et
ks médailles. Des fleurs , des fraits,
aae corue d'abondance , un aviron ,
symboles connus de presque Ions les
grands fleuves, sont épars autour de
lui,' mais ce qui le caractérise davan-
tage , c'est la couronne de laurier sur
kl tète : ce qui empècbe complètement
de le confondre avec tout autre dien,
c^est la louve allaitant les deux ju-
meaux.
TIBURNE ou TIBURTE, fils
d'Hercule (ou d'Ampbiaràs), avait,
dans le temple du fils d'Alcmène h
Tibur, un béroum ou un autel, et pro-
bablement passait pour le fondateur
de Tibur.
TICAN. roy. Ti-Kang.
TIEDEBAIK, dieu du sintoYsmo
japonais, porte sur sa tète de sanglier
on diadème élincelant de pierreries^
de ses quatre mains, la première tient
■n sceptre, la deuxième une tête de
dragon , la troisiènne un cercle d'or ,
la quatrième une fleur. Sous ses
pieds expire un mousire qui semble
un génie funeste. La statue de Tie-
debaik a Osacca est tout or et pier-
reries.
TIEN, dieu suprême des Chinois,
«st pris tantôt pour le ciel, tantôt
pour le soleil. Il a un temple magni-
fique k Pé-King.
TIENU-SOU, saint que l'on in-
Toque au Tonquin, lorsque l'on met
un enfant en apprentissage, passe
pour avoir été pendant sa vie un ana-
chorète miraculeux.
TIERMES passe vulgairement
pour un dieu lapon analogue au Thor
Scandinave (^q^. Aijeke etBAivA);
mais les similitudes qu'on s'est cru
en droit d'indiquer entre l'intrépide ,
le robuste fils-aigle d'Odin et Tiçr-»
TIE
mes semblent plutôt résulter de con>
fusions ou de mélanges modernes que
de réalités antiques. Il vaut mieux
s'en tenir aux faits suivants : i° Tier-
mes était le protecteur de la nature
vivante j a** il était opposé h Seit, le
chef des mauvais esprits 5 3° il avait
des images en bois, et qui devaient
être renouvelées tous les ausj 4° on
lui rendait un culte d'amour près de
la hutte ou de la tente ; Seit, au con-
traire , était adoré dans les forêts so-
litaires et sur les rocs inaccessibles ,
«on culte était celui de la terreur 5 5"
on sacrifiait h Tiernics des rennes mâ-
les et adultes; les adultes et les mâles
sacrifiés à Seit étaient des chats , des
chiens, des coqs, ou bien encore des
rennes, mais avec ce cortège de victi-
mes impures. Pour compléter l'oppo-
sition, ajoutons que l'image de Tier-
mes était un Ironc de bouleau, à l'ex-
trémité supérieure duquel ou fixait,
fiour représenter la tète, un nœud de
a racine du même arbre. A cette
effigie informe étaient attachés un
marteau et une pierre k feu. Comp.
ici Cabires et "Vulcain. L'image de
Seit était une pierre a laquelle on
donnait la figure d'un homme, d'un
quadrupède ou d'un oiseau , selon
qu'elle s'y prêtait. A cet effet, on tra-
vaillait de préférence les pierres qui
avaient été creusées en forme bizarre
par les flots d'une cascade. L'île de
Darra, au bas du grand lac de Tor-
néo, était le lieu sacré par excellence;
il renfermait cinq blocs ainsi taillés
k l'honneur de Seit. Paive, déesse du
«oleil, formait avec ce dieu ei Tier-
mes une trinité souveraine. Tous les
ans le sort décidait auquel des trois
on offrirait le sacrifice. Un anneau
magique, tournant k l'aide d'un an-
neau fixé au centre sur un tambour,
annonçait lequel des dieux aurait
l'honneur de la solenniléi Le cercle
TI
de peau était partagé par deux dia-
mètres perpendiculaires l'un a F autre
en qualre quarts de circonférence.
Trois noms ou trois signes étaient
placés a l'extrémité des trois premiers
rayons, mais le quatrième était vide;
lorsque la roulette divine s'arrêtait
devant ce double zéro , ce qui signi-
fiait qu'aucun des trois dieux ne vou-
lait recevoir de sacriGce, les Lapons
consternés s'attendaient aux plus af-
freux désastres.
TIGRIS, Ti'y/xj, dieu-fleuve de
l'Asie , figure dans la cosmogonie lié-
siode'eiiue (peut-être interpolée) com-
me fils de Ponlos et de Thalassa. Il
a quelquefois été figuré appuyé sur
son urne, et ayant un tigre pour pa-
rèdre. — Un ruisseau du Péloponèse,
nommé aussi Harpys du nom d'un
héros ou d'une jeune fille qui s'y noya ,
s'appela Tigris, ainsi que le grand
affluent del'Euplirate. Comp. Anna-
Peeenna, Exjrotas.
TI-RANG dieu chinois , préside
aux enfers, et a sous ses ordres huit
ministres et cinq juges. Autour de sa
statue placée dans les temples sur un
autel se trouvent celles de ses treize
parèdres. Aux deux côtés de Tautel
sont les deux tables de la loi. Les
peintures représentent les scènes du
jugement, les diverses tortures des
damnés, le passage des deux ponts ^
l'un d'or, l'autre d'argent, par les-
quels les purs marchent h la demeure
de la félicité. Pour être pur, il suffit
de prier mille fois devant l'autel de
Ti-Kang, d'enrichir les pagodes, de
donner aux bonzes, etc. Aussi sur les
deux portes d'airain de l'affreux sé-
jour lit-on, au lieu du terrible
Lasciàtb OGîti SPEBAHZA , voi che'kthatf. ,
« Celui qui priera, etc. .. , sera déli-
vré de sespeines 5 ?> aTentrée de l'em-
pire sombre oa voit Uû bonze arrachant
TIM d!^
sa mère des mains du diable. En re-
vanche d'autres coins du panorama
infernal montrent des criminels pré-
cipités dans des chaudières d'huile
bouillante , coupés par morceaux ,
sciés en deux, dévorés par des ser-
pents ou des chiens , étendus sur le
gril et torréfiés à petit feu. Des dia-
bles d'une forme hideuse sont là
tout prêts a exécuter les sentences.
L'un des cinq juges prononce la
culpabilité, ce qui se fait eu met-
tant dans une balance , d'un côté le
criminel , de l'autre les livres de priè-
res qu'il a répétées pendant sa vie ;
trois autres appliquent les peines; le
cinquième préside k la réintroduction
de i'àrae dans un corps nouveau. Ou
ne passe les portes qui conduisent au
séjour de la béatitude que muni d'oa
certificat des bonzes.
TIROA, TOUKOA (Tougoaou
Tigoa), le dieu suprême des Hotten-
tols, passe, chez ces peuples, pour
un être malfaisant, et qui en veut
surtout à leur nature. Pourquoi? ils
ne le savent. Ils ne savent pas même
quelles actions l'offensent, et ils se
bornent k l'honorer par le sacrifice
d'un bœuf ou d'un mouton dont ils
mangent la chair, et dont ils em-
ploient la graisse k s'oindre le corps,
TIMANDRA, T/fcxr^pcc: i" fille
dcLéda, femme du roi d'Arcadie
Echèmc, et aïeule d'Evandre; 2" mè-
re de ISéophron [Foy. Egype).
TIMâTsTE, T/>«vT«f, de Cléo-
nes, athlète célèbre qui, après avoir
quitté sa profession, s'exerçait jour-
nellement k tirer de l'arc pour per-
dre moins vile ^es forces, interrom-
pit quelque temps cette habitude j
puis, ne pouvant plus manier son arc,
en conçut tant de désespoir, qu'il al-
luma un bûcher et s'y jeta.
TIMARATE, une des Péléiades
( ou vieilles colombes) qui prophéli-
55a
TIR
TIR
^
8aient à Dodone, et que l'on regar-
dait tantôt comme les nourrices , tan-
tôt comme les prêtresses du dieu.
TIMKAS est quelquefois nommé
k la place de Tiiersaiulre , comme
Gis de Polynice et chefdes Éplgones.
TIMÉSIAS, T/^»j(r/«f , dieu des
Abdérilains, avait été un simnle
mortel , membre de l'aristocratie cla-
zoménienne, et sans doute enveloppe'
d'adulateurs ; il se croyait idolâtré
dans sa patrie, un propos d'enfant
lui fit soupçonner son erreur, a Plût
au ciel, disait un jeune joueur d'os-
selets à ses camarades qui le dé-
fiaient, que je fisse sauter la cervelle
de Timésias comme je ferai sauter cet
osselet ! » Timésias étonné conta l'a-
venture à sa femme et alla consulter
l'oracle qui lui dit : « Cherchez des
abeilles, et vous aurez abondance de
guêpes n :il se mit a la tète d'une colo-
nie de Clazoméniens, et entreprit de
rebâtir Abdère fondée par Hercnle ;
mais les indigènes de la Tlirace l'at-
taquèrent avant qu'il fût venu a bout
de relever la ville de ses ruines , et
Abdère ne refleurit que cent ans après
sous une colonie de Téiens.
TIR. Foy. TACHTER.
TIRÉSIAS, devin de Thèbes,
devait le jour a Everre et h la nym-
phe Chariclo , suivante de Minerve.
Parmi ses aïeux il comptait le
Sparte Udée. Très -jeune encore,
il eut le malheur de voir Minerve au
bain , et fut h cette occasion frappé
d'aveuglement par la déesse qui en-
suite, pour consoler Chariclo sa mè-
re , lui accorda le don de lire dans
'avenir. D'autres •mythologues di-
sent au contraire que la science divi-
natoire chez Tirésias piécccla la cé-
cité, et que les dieux l'aveuglèrent au
physique pour le punir de sa clair-
voyance intellectuelle. Selon un autre
mythe rapporté par Ovide, Tirésias
I
ayanlscparéavecsabaguelte deux ser-
pents que l'amour unissait fut mé- w
tamorpnosé eu femme; mais quelques fll
années après ayant retrouvé ces mê-
mes serpents sur sa route , il reprit
son premier sexe. Un jour Jupiter cl
Junon se demandaient
I<cqurl (tes deux, la maîtresse ou l'aoïant,
Prend |>liis de part, se montre plus senlibla
A ros plaisirs dans un tendre moment ?
Junon disait : «Faut-il qu'on délibère?
« Me sait-on pas qu'en ces instants si doux
« 1,'liOMune plus vif est plus flatli^ que nous ? »
Mais Jupiter prétendait le contraire.
C'est aux experts d'expliquer ce mystère.
Mais des experts, en est-il sur ce point?
L'expérience en ce cas nécessaire ,
Qui peut l'avoir? lihl Cypris ne l'a point:
Cypris pourtant du plaisir est la mère...
Mn-FiLAïKi , Nurcisse, chant m.
Tirésias prononça en faveur de Jupi-
ter, et c'est alors que Junon l'aveugla
en lui jetant aux yeux quelques gout-
tes d'eau. Jupiter, pour le dédomma-
ger, lui accorda de vivre sept âges
d'homme (Lucien dit six, et quelques
auteurs onze). Des écrivains posté-
rieurs n'ont pas manqué de transfor-
mer les âges en siècles. — Tirésias
était surtout habile dans l'nrl des au-
gures, et ou lui attribua des ouvrages
sur l'ornithomancie (ou aru.spicine) ;
le bâton qu'il avait à la main , et qui
suppléait a ses yeux, devint l'idéal du
bâton augurai qui a l'aspect de ba-
guette magique. Tirésias eut pour
fille Manlo , fondatrice prétendue de
Mantoue. Les Thébains le localisè-
rent dans l'histoire d'OEdipe et de
sa famille. C'est lui qui conseille
d'offrir la main de Jocaste et le
trône au vainqueur du Sphinx ; c'est
lui qui interprèle les oracles ambigus
du dieu de Delphes; c'est lui qui
prédit la victoire de Thèbes sur les
sept chefs; enfin c'est lui qui, lors du
triomphe des Epigones, décide les
guerriers tliéhains k se retirer sur le
monlTilphuse.il y mourut après avoir
étanché sa soif dans l'eau d'une fon-
taine voisine, et fut enterré auprès de
Cette source funeste. Mais, quoique au
sombre empire, il vit encore, il pense,
il prophétise. Ulysse ne descend aux
enfers que pour consulter Tirésias ,
et de retour dans Ithaque il immole
un bélier noir ace devin des régions
subterranées. Tirésias avait à Or-
chomène un oracle long-temps fa-
meux, et qui cessa d'être consulté lors
d'une épidémie dont tout Orchomène
fut victime. A Thèbes aussi on l'ho-
norait comme un dieu, et on montrait
son observatoire et son tombeau ou
6on cénotaphe. Une tradition le disait
enterré sur les bords de la fontaine
d'Haliarte , non loin du Tilphusc. —
Porphyre et d'autres théosophes en-
thousiastes , qui se sont long-temps
occupe's de la divination , ont fait
une mention particulière de Tirésias,
et a ce propos ont rappelé que l'or-
nilhoraancie se divise en quatre bran-
ches, le vol, le chant, l'appétit et
le genre des oiseaux. Porphyre , a
l'appui de ces idées , ajoute que les
oiseaux , par les nuances de leur
chant, indiquent quels sentiments les
agitent. Pline raconte sérieusement
que, selon Démocrite, le sang de cer-
tains oiseaux dont il donne la liste
produit un serpent, qui communique
a celui qui le mange l'intelligence du
langage des oiseaux.
TIRYNS, un des fils d'Argus, est
un des héros éponymes de Tirynthe
qu'il fit bàlir par les Cyclopes, ce qui
veut dire que les murailles de cette
cité pélasgique étaient de construc-
tion cyclopéenne. On raconte que,
des pierres employées dans la con-
struction de ces murs , la moindre
exigeait un mulet pour le transport.
— Tirynthe était le royaume d'Her-
cule. De là le surnom de Tirynlhius.
AIcmène se nomme aussi Tirynlhia.
TISAMENE : 1° Fils de Thersan-
dre et petit-fils de Polynice. Il fut le
tlS
553
dernier des rois thébaîns du sang
d'Œdipe ; et son fils Autésion se
transporta , par l'ordre de l'oracle ,
chez les Doriens. 2° Roi d'Argos et
de Sparte après la mort d'Oreste sou
père. 11 fut le dernier prince lacédé-
monien de sa race. Détrône par les
Héraclides, il alla dans l'Achaïe, vou-
lut s'emparer d'un territoire sur les
Ioniens, et fut tué un des premiers
dans la bataille. On l'enlerra à Elis,
et dans la suite les Spartiates, par or- -
dre de l'oracle , allèrent chercher ses
os, et les déposèrent dans le lieu oijse
célébraient les Syssities. — L'Iiistoire
{)arle d'un TiSAMÎiNE, devin d'Elis, de
a famille des lamides. L'oracle lui
avait prédit qu'il serait vainqueur dans
cinq grands combats; et il s'adonna
aux jeux athlétiques dans l'espérance
de l'emporter au Penlathle. "Vaincu au
troisième coml)at, il vit qu'il s'agissait
des joules plus sérieuses de Mars,
et nerespiraplus que pour la guerre.
Les Lacédémoniens Val tirèrent heux,
et crurent, lors des guerres médiques,
lui avoir l'obligation des victoires de
Platée (sur les Perses), de Tégée
(sur Argos) , de Dipée (sur les Arca-
diens), de l'Ilhonie (sur les Messé-
niens), de Tanagrc. Il ne serait pas
impossible que les deux premiers
Tisamène fussent des personnifi-
cations de l'expiation. Les deux
familles de Labdaque et d'Alrée se
sont souillées par des crimes; aprèsles
crimes viennent les désastres qui eu
sont l'expiation. Aussi les deux Tisa-
mène sont-ils les derniers de leur race.
TIS ANDRE : ï" fils de Jason et
de Médée (il fut tué par sa mère)j
a° un des Grecs enfermés dans le che-
val de bois.
TISIPHONE, une des trois gran-
des Furies, et la plus cruelle des trois
selon quelques mytl.ologues. Son nom
veut dire l'expiatricc du meurtre.
554
TIT
Dans Virgifc, elle veille couverte
d'une robe ensanglantée K la porte du
Tartare. Elle avait sur le mont Ci-
th^ron un temple environne de cyprès.
TISIS, devin de Messine, fils d'Al-
cis, fut attaqué dans une embuscade
par desLaccdéraoniens, en revenant
de consulter l'oracle de Delpbes sur
les chances de rétablissement que
ses concitoyens formaient sur l'Ilbo-
me; mais une voix mystérieuse s'é-
cria : ft Laissezpàsser le messager de
l'oracle! » et Tisis rejoignit ses con-
citoyens pour leur apprendre les dé-
cisions de l'oracle- il mourut de ses
blessures quelques jours après.
TISPHOINE ou TISIPHOISE,
fille d'Alcméo.) et de Manto , était
élevée avec son frère Amphiloque à la
cour du roi de Corintbe, Créon. Ef-
frayée de ses charmes, la reine, qui
craignait sans doute l'inconstance do
son époux, la fil vendre ; et une suite
d'aventures la conduisit au même
lieu qu'Alcméon , son père , qui l'é-
pousa sans la reconnaître. Dans la
suite pourtant la reconnaissance eut
lieu, mais l'inceste était consommé.
111 AN, T<r«y, dieu grec qui ré-
capitule à lui seul toute la dynastie
des Titans, passait pour frère aîné
de Saturne et pour fils du Ciel et de
la Terre (Uranus et Gé). Les théo-
gonies détaillées ne donnent que des
Titans, et non un Titan principal
{Foy. Titans et Saturne).
TITANS, T<rS«;, fils du Ciel
et de la Terre (Uranus et Gé des
Grecs) , reçurent ce nom lorsque, dé-
livrés des enfers oiî les avait relégués
leur père effrayé de leurs forces colos-
sales, ils chassèrent ce soupçonneux
monarque du trône qu'il avaft voulu
à tout jamais posséder. On sait que
Saturne , l'un d'eux , ayant reçu de sa
mère, Téc ou Tilée non moins que
Gé, la fatale harpe, mutila, au mo-
TIÏ
ment oii il se précipitait dans les enj^
brassements de son infidèle épousaJ
l'ardent Uranus. Le dieu indigné don^
na soudain a ses fils ce nom de Titans
oui les reléguait parmi les brutes pro-
Uuclionsde la terre , et les assimilait h
leur ténébreuse mère. Saturne alors
s'empara du pouvoir, et hostilement
a lui se posèrent les Titans momenta-
nément récapitulés par le nom de
Titan au singulier. On a ainsi daus
Saturne et Titan (qui l'un et l'autre
f)eurtantsont Titans, sont terrestres)
e ciel et la terre. Titan l'emporte
un instant sur sou frère; mais bientôt
Saturne, grâce h la miraculeuse crois-
sance d'un fils, rentre dans ses droits.
Les Titans sont précipités dans la
Tartare, où presque tous on les re-
trouve encore. Mais la jalousie aveu-
gle Saturne à son tour : il craint ce
fils, ce libérateur; et il veut le muti-
ler comme il a mutilé son père. Nou-
veaux combats, nouvelle victoire; Sa-J
turne est mis en fuite , et Jupiter rè-
gne.— Ainsi l'histoire du ciel nous]
présente trois périodes, Uranus,]
Crone et Jupiter. Notons que primi-^
liveraent il n'y en eut que deux , leaj
dieux élégants du monde pélasgo-grec,j
les dieux massifs et presque antédi-
luviens du monde prolopélajgiquc*
— La dénomination générique de Ti^
tans s'applique i° aux fils et au)
filles d'Uranus et de Gé ; 2" à la
première génération et aux suivantes.]
Dans ce cas le nom Titanides, qui a
la désinence patronymique, convienl
davantage. Enfin une fois que l'on esl
arrivé k la descendance de Jupiter J
on remplace le nom de TilanideM
par celui de Cronides. Observons]
aussi que les filles ou pelites-fillej
d'Uranus et de Gé sont appelées par-
ticulièrement Titanides. Voici le ta-
bleau synoptique de toute la famille-
des Titans.
sss
I. TITANS.
Giî (Tée.Titée) a deux époux:
i' Ubakus
{ai , avant sa luulilalion I la rend mère
de
a triades raùles ;
Océan ;
Crone;
' _ Japel.
3 dyades femelles
Cyclopes ;
Centiiuanes ■■
Cœos ;
Crios;
Hypcrion.
Tbîn;
Rliia.
Tl
Thémis;
ncmosyae.
' Phébo;
Téthys.
1 ' Brontès;
Slérope ;
, Argès.
, Cothis;
• ' Briaréfj
\ Gygès.
Après la niutilatioo d'Uranus naissent
'inn;ys;
de sou sang i { Gcauls (les);
"lélies (les).
/Erir
< Gcai
(.Méli
d%soo sperme : Aphrodite.
i" POHTOS ,
de qui elle a
ÎNér.'e;
Thaumas;
l'horcys ;
Céto.
II. TITAMDES.
1° Unions entre les descendants de Gc et d'L'rauus.
Hesti.T ( Vesta);
Oàmàtêr (Cérùs);
^ liera ( Ju lou).
Crone et Riua
(Saturne otKhéa)i
OcSAS ET TÉTHYS î
COEOS KT PlIIBÉ .
Ckios bi £u«tbie :
IJrpÉRiOB IT Thia ;
Jàpit et CLUtins :
nadès (rialon);
Piisi'dôn (Neptune);
, iiévs ( Jupiter ).
Les Fleuves;
Les 3ooo Océanides , parm
' ksquelles Uoris, Styx.
^Lato (tjatone);
î Asiérie , unie à Perses et mère
y d'Hécate.
fAstrée , uni à Éos;
PaDas, nui à Styx (d'où ZéloS;
Biii , Cratos , Kicé );
Perses , uni à Astérie.
''Hélios Me soleil);
Sélène (la lun« );
Eos ( l'auixirc ) , qui a d'Astréc
les Vents , J'hosphoros ou
V l'étoile du matiu , etc.
(Atlas;
Ménèce;
Promclhée;
Epi méthée, époux de Pandore
a" Unions entra les descendants de Ce et de Poatos.
KkkIe et Do&is :
Thadmas et Élkctrb
Phokcts et C£to :
Les 5o Néréides.
{1
ris;
Les Harpyes;
• Les Gorgones , parmi Icsqnel'
les Méduse , incre de Cbry-
saor ( qui a, de Calliroé
Pégase , Géryon , Typhon
Orthe, Echidna );
1 Les Grées;
Le Dragon , gardien de» Hes-
peridcs;
Scylla;
VTliousa.
5S6
TIT
TITARÈSE, Lapitbe vaillant,
donna s'en nom peut-êlre a un affluent
du Pénée dont la source s'appelait
Styx , et dont les eaux , ainsi que de
rimile , surnageaient sur celles du
grand fleuve de la Thessalie sans s'y
mêler.
TITEE, TiTiEA, la même que
Gé. Quelques mythologues Ten dis-
tinguent, et même lui donnent dix-
sept fils distincts, h ce qu'ils disent,
des dix-sept Titans ordinaires.
TITHON , époux de l'Aurore et
père de Meninon, était, selon la
mythologie grecque, un fils de Lao-
médon. L'Aurore, charmée de sa
beauté, l'enleva sur son char, et ob-
tint pour lui de Jupiter l'immortalité,
mais elle oublia de demander la jeu-
nesse; et telle devint la décrépitude
de Tithon, qu'on fut obligé de l'em-
maillotler. Enfin il fut changé en ci-
gale, ce qui iu(li(|ue rextrême mai-
greur ; ou, selon d'autres, il s'évapora
insensiblement dans les airs. — On a
eu tort d'expliquer l'enlèvement de
Tithon soit par la passion violente
qu'un prince de Troie avait pour la
chasse, passion qui réveillait avant le
point du jour, soit par un établisse-
ment dans la Susiane qui cerles est
bien h l'orient de Troie. Tithon est
tout simplement une émanation de
Tho, Fta-Tho, le feu-terre, qui se
pose parallèlement à Poliri, le ciel.
Immortel, ainsi que Fta, et père
d'un fils immortel, il devint pour les
Grecs un simple mortel, mais chéri
des déesses, enlevé par des déesses,
assimilé aux déesses.
TITHORÉE, Haraadryade, habi-
tante d'une des cimes du Parnasse,
lui donna son nom.
TITHRAKBO, Isis souterraine,
a été traduite par les Grecs égyplia-
iiisauts en Hécate. Son nom, dit-on,
veut dire qui inspire la terreur.
ÎLE
Nous en doutons; et du reste noiis
croyons que Tithranbo ne diffère pas
d'Anbo [f^oy. Anubis).
TITIAS , héros crétois, fils de Ju-
piter, était invoqué comme dieu du
bonheur et des heureuses destinées, vu
que toute sa vie il avait joui d'un bon-
heur inaltérable.
TITIE, géant, tyran de Panop^|||
en Phocide , voulut attenter a riion-^|
neur de Lalone qui allait de Panope
h Pylho (Delphes). 11 fut tué a coups
de flèches par Apollon et Diane , et
précipité dans le Tarlare où un
insatiable vautour lui fouille sans cesse
les entrailles qui renaissent a mesure
au'illcs dévore. Tilye avait des autels
ans l'île d'Eubée. Son corps, dit-on,
couvrait neuf plèthres de terre. —
Quelques mythologues font de ce|
énorme géant un fils de Jupiter et dfl
la nymphe orchoménienne ou orchoH
ménide Elare, qui fut cachée par soi
amant dans le sein delà terre de peul
que Junon n» ladécouvrît. Comme elli
mourut en mettant son fils au mondej
la Terre fut dite la nourrice et la
mère de Titye. Du reste , les évhéi
méristes expliquent le supplice de TU
tye par les remords de la conscienceJ
ses velléités de viol sur Latone pa
des sacrilèges, enfin sa mort par und
jeune mort , car toutes les morts vioj
lentes ou prématurées étaient, ditj
on , attribuées a Latone. Pour noi
Titye n'est, comme tous les géant
des années primordiales et pour aius
dire antédiluviennes, qu'un symboll
des forces brutes et désordonnées à\
la nature. Peut-êlre élait-celcchami
de neuf plèthres qui primitiveraenl
forma l'annexe du temple de DelphesJ
et qui, avant d'être la propriété d'Aj
pollon , fut vivement disputé par le
soutiens du vieux culte de la Terre^
TLÉPOLÈME , Tlf.polemus ,
fils d'Hercule et d'Aslyoché , l«a Ly-'''
TMO
ciinne , frère d'Alcmène , en voulant
iuer un esclave. Forcé de fuir, il con-
duisit plusieurs colonies dans Rhodes,
puis guida au siège de Troie les trou-
pes rhodiennes sur neuf vaisseaux , et
fut tué par Sarpédon. Sou corps, rap-
porté dans l'île de Rhodes, fut dé-
posé dans un monument , et l'on in-
stitua en son honneur des jeux qui
se célébraient le zk de Gorpyée.
Beaucoup d'auteurs regardent Tlépo-
lème comme un personnage véritable:
ApoUodore semble faire la colonie
de Tlépolème contemporaine de la
première invasion des Héraclides;
aussi Larcher place-t-il son établisse-
ment à Rhodes après la mort d'Hyl-
lus. M. Raoul- Rochette le date de
l'an 1292 avant J.-C. Avant d'aller
à Rhodes, Tlépolème s'était établi a
Tricorythe et dans une ville ou plaine
d'Argos, que les savants placent tour
a tour dans la Cilicie, dans la Cappa-
doce, etc. Quelques-uns même en font
une petite ville voisine de Rhodes.
Cette colonie se composait d'Achéens
et de Béotiens, mais non pas de
Doriens.
TMOLE , T^ttSAoî, fds de Mars et
de Théogone selon les uns, de Sipyle
et de Chlhonie selon les autres, était
l'époux d'Omphale et régnait en Ly-
die. Il est évident que c'est la per-
sonnalisation du mont Tmole (aujour-
d'hui Bozdagh) ; de même qu'Om-
phale,la terre en général, se prenait
dans un sens plus restreint pour la
Lydie même. Un vieux récit le mou-
tre faisant violence a une nymphe de
Diane , la belle Arrhiphe , au pied
même des autels de la déesse. Arrhi-
phe se perça de douleur, mais en
suppliant les dieux de venger sa mortj
et Tmole fut quelque temps après en-
levé par un taureau furieux, et jelé
sur des pieux dont les pointes lui fi-
rent subir d'atroces douleurs avant do
TMO
;57
le tuer. Dans Ovide, Tmole est avec
Midas l'arbitre de la querelle musicale
entre Marsyas et Apollon , et pro-
nonce en faveur du premier.
TMOU, Atmou, Otmou, dieu
mâle adoré en Egypte , a été retrou-
vé, après des siècles d'oubli, sur les
monuments égyptiens par Champol-
lion jeune qui voit en lui un repré-
sentant de Fré , mais de Fré k l'oc-
cident, de Fré parcourant l'hémi-
sphère inférieur, siège des ténèbres,
enfin de Fré gouvernant l'Amenti ou
enfer (Voy. Panth, égypt., expli-
cation des planches xxvi, xxvi a ,
XXVI b , etc.). Le nom de Tmott ,
qui se prononçait aussi Almou , Ot-
mou, est orthographié très-diverse-
ment dans les manuscrits hiérogly-
phiques et hiératiques. ChampoUion
en a recueilli toutes les variantes
dans les planches déjà citées de son
Panthéon (xxvi «, i, 2, 3, 4j xxvi
c, 3, 4, 5,6, 7). Un très-grand
nombre de tableaux et de stèles d'a-
doration représentent ce dieu dont le
nom était ignoré 5 souvent aussi elles
présentent dé longues invocations
adressées k ses images, soit sous for-
me de litanies, soit sous celle de priè-
res. Le grand Rituel des morts ou li-
vre de la manifestation à la lumière
(gravé en grande partie dans la
Desc. de l'Eg.,Jnt., t. II, plane.
Lxxu et suiv. ) en donne plusieurs.
L'identité de Fré et de Tmou, lors
même que d'autres circonstances ne
l'indiqueraient pas, serait complète-
ment démontrée par les 'monuments
de tout âge et de tout ordre , qui as-
socient les deux dieux, et les combi-
nent en un seul être mythique, ce que
prouvent les légendes hiéroglyphiques
Ré- Tmou j Ré-Tniou nouté nib-
to (Ré-Tmou, seigneur du monde
matériel). Voy.^ entre autres, la
plane, xxvi a de Champollion jeune
55A
TON
calquée sur uue momie du Musée de
Turiu. Tmou est ordinairement re-
présenté ious xme forme tout hu-
maine cl assis sur un irôuc 5 ses cliairs
sont rouges ou vertes; le pi lient, em-
Llème de la double domination, cou-
ronne sa tête ; les insignes de la vie
divine et de la bienfaisance sont dans
fies mains. Lorsqu'il fait partie à.\\Q
grand tableau , et tpie d'autres per-
sonnages divins raccompagnent, il suit
Fré et précède Tboi é , Osiris , k
plus forte raison le reste des Osirides.
TOI A, Tauteur du mal chei les
liabitants de la Floride, tourmente et
déchire cruellement ses adorateurs
mêmes. Dans une fêle solennelle qu'on
célèbre tous les nns en son honneur,
au milieu du peuple qui crie et qui
hurle, les femmes déchirent avec des
coquillages les bras de leurs fdles ,
et font jaillir le sang comme une
offrande à ïoïa dont elles prononcent
par trois fois le nom. Pendant ce
temps, trois djouaraas on prêtres se
soûl enfoncés avec des sauls et des
contorsions bizarres dans une forêt
sombre où ils vont consulter ïoïa. Ils
y restent deux jours entiers, et la
foule pendant ce temps se livre à des
danses furibondes, s'agite, s'écorcbe,
gesticule, crie, prie et jeûne. Le
troisième jour les djouamas reparais-
sent avec une réponse; et après de
nouvelles danses, mais gaies et jovia-
les autant que les autres étaient terri-
l)les, on se dédommage par un ample
repas du long jeûne par lequel ou
Tient de passer.
TOML Foy. TnoMis.
TOMOVIIN ouDOMOVIG-DON-
SKI étaient chez les Slaves les es-
prits familiers des maisons. Du reste,
ce nom générique était commun aux
bons et aux mauvais génies.
TONATIOUH , le soleil chez les
Aztèques. Des deux magnifiques Too-
TOP
kalll ou pyramides que l'on trouve
dans les environs d'Otunba , Tune
est consacrée K Metsli (la lune), et
l'autre K Tonatiouh. On les nomme en
conséquence Metsli Ilsakal (maison
de la lune), et Tonatiouh Itsakal
(maison du soleil). La tradition po-
pulaire attribue la construction de,
ces monuments auxToltèques, ce qui
les ferait remonter au 8' ou 9'' siècle
de notre ère. Le lieutenant Glennie,
qui vient de les visiter, donne îi la
pyramide solaire deux cent sept pieds
français; l'autre en a trente-quatre de
moins. Les murs, construits en pier-
res non taillées de huit pieds de hau-
teur sur trois d'épaisseur, sont exacte-
ment orientés selon les quatre points
cardinaux. Des escaliers en grandes
pierres de taille conduisaient k leurs
cimes, couvertes jadis de petits autels
avecdes coupoles construites eu bois,
et de statues plaquées en or. Chacune
des quatre assises principales était
subdivisée en petits gradins de trois
pieds de haut. On eu distingue en-
core les arctes.Autour des deux grands
Téokalli se trouvent nombre de peti-
tes pyramides, qui forment des es-
pèces de rues très-larges aboutissant
aux quatre faces des Téokalli et con-
fondant leur direction avec celles des
pyramides et des méridiens. Sur la
plupart des petites pyramides on re-
marque des liiéroglyphes et des dé-
bris de poterie. On regarde comme
certain qu'elles servaient de sépulture
aux chefs des tribus.
TONL Foj. Thoki.
TOP AN', Kami japonais, pré-
side au tonnerre et aux orages. C'est
lui qui, lorsque la perversité des hom-
mes en fut venue au poinl de rire du
tonnerre, de l'arc-en-ciel et même
du maître des dieux, embrasa l'uni-
vers et fit périr l'espèce humaine . à
l'exception d'une seule famille, celle
TOR
d'un juste auquel les dieux aimaient
à rendre visite , et grâce aux prières
duquel ils conseMirent à ce que les
hommes recommençassent a paraître
sur la terre. On représente Topan
voltigeant dans l'espace, armé , coiffé
d'un casque à couronne, et une mas-
sue h la main. C'est lorsqu'il la se-
coue que le tonnerre groncie : alors le
prêtre, pour l'apaiser , se couvre la
tête d'un feuillage sacré que ne frappe
jamais le tonnerre , et lui offre en sa-
crifice des poissons. Le mot de Topan
offre une analogie singulière avec ce-
lui de Toupan, le dieu du tonnerre au
Briisil.
TOPIT , personnage sidérique qui
suit le troisième décan de la Vierge
dans le zodiaque rectangulaire de
Tentyra. Il est suivi lui-même d'un
autre personnage de mêmï genre ,
Tomi, et donne lieu absolument aux
mêmes questions. Topit est coiffe' de
deux larges feuilles dressées sur deux
cornes de bouc, et tient a la main le
sce])tre des dieux bienfaisants.
TORA., dieu suprême des Tcbou-
vaches. A.ux yeux de quelques-uns de
ces sauvages de la Sibérie, c'est le
soleil. Autour de lui se trouvent plu-
sieurs dieux de seconde classe. On
voit son idole au milieu d'une en-
ceinte sacrée dans tous les bourgs des
Tcliouvaches.
TORAINGA, célèbre Kami japo-
nais , avait été de son vivant un rude
chasseur. Il finit par monter sur le
trône, et délivra le pays d'un tyran
à huit bras auquel certains auteurs
substituent un usurpateur aidé par
huit alliés. Comme le Paraçou-Raraa
de l'Inde , il n'est armé que d'une ha-
che. Un serpent horrible expire sous
ses pieds. Aux quatre coins du toit
du temple de Toranga se distinguent
quatre bœufs dorés. Des mendiants à
la porte de l'édifice sacré chantent
TDS
559
les louanges de l'illustre guerrier.
TORA.TOUROS, h même que
Tiermes; Oragalls semble son éma-
nation.
TORDCHIPAMO ou DORDJI-
PAMO (en ihibétain la sainte mère
de la Truie) , grande divinité femelle
adorée surtout dans la petite ville de
Bhaldi , près du lac Samthéo. C'est
une prêtresse qui a sous sa direction
tous les cloîtres des environs. On la
regarde comme l'incarnation de la
déesse hindoue Bhavani. Sa résidence
ordinaire est le magnifique couvent
bâti sur une des îles du lac. Elle ne
sort de son habitation, de son île,
que pour se rendre processionnelle-
ment et en pompe h Hlassa. Pen-
dant le voyage, elle est assise sur un
trône au-dessus duquel se recourbe
en cintre une vaste ombrelle. Des en-
censoirs s'agitent devant la divine
prêtresse. La foule s'amasse autour
d'elle a chaque station, et baise h-
l'envi son sceau; puis, Tordchi-
pamo donne aux habitants sa béné-
diction.
TOSORTHRE, TaVo^^^of, person-
nification humaiue de FtaSidik , Es-
culapephénico-cgyptien. Comme roi,
il figure dans la troisième dynastie
des Pharaons, parmi ceux de Mem-
phis, immédiatement après Menés.
La médecine , l'art d'écrire , les hau-
tes sciences, d'ordinaire attribués au
génie de Thoth-Hermès, sont censés
venir de lui. On le voit aussi dans
certains livres du prétendu Hermès
Trismégiste soutenir de doctes dialo-
gues avec ce sage si célèbre dans la
théosophie alexandrine comme dans la
théogonie mempliitique.
TOSSITOROU, ou KOURO-
ROUCI, Kami japonais, est un des
quatre dieux favoris des marchands.
On le représente debout sur un ro-
cher , enveloppé d'une ample robe a
56o
TOU
manches volumineuses, et tenant h
la main un éventail. Une longue
barbe taillée en forme de triple
flamme pend k son menton , et s'bar-
raonie piltoresquement avec sa large
figure, son front sillonné de rides,
son turban plus haut que sa tête et
sa démarche circonspcclc. On l'in-
voque surtout au commencement de
l'année. On peut voir sa figure dans
Kaempfer, Hist. du Japon, pi. viii.
TOTAM , bon grlnie qui veille sur
chaque homme , selon les Améri-
cains. Il y a autant de Tolams que
d'hommes. Chacun d'eux prend, une
fois pour toutes , la forme de quelque
animal. En conséquence , chaque
homme doit chercher a deviner celui
dont son Tolara a pris la forme, et
»e garde de tuer, de blesser , de man-
ger un membre, quel qu'il soit, de
cette espèce privilégiée. Nel'eussent-
ils blessé que par mégardc , ce serait
un crime irrémissible , et qui , plus
que tout autre, les exposerait au
courroux du maître de la vie.
TOTH. Foy. TuoTH.
TOUILA, dieu des Kamtchadales,
fils de Piliatchoulchi, préside àla terre
et à ses tremblements, aux volcans, à
presque tous les fléaux dont l'homme
est affligé. Il écarte les poissons des
rives du fleuve, brûle la fourrure des
renards , excite les loups voraces et.
donne la rage aux chiens. C'est lui
aussi qui fait la paix et la guerre. Du
reste, s'il le veut, il détourne les
fléaux j grâce k lui oiseaux et pois-
sons affluent, la paix se maintient,
ou bien la victoire couronne les guer-
riers. Il est porté sur un traîueau
par le robuste chien Kaocei qui, lors-
qu'il parcourt le pays, secoue a grand
bruit le verglas et la neige de son
corps. Ce sont, dit-on , ces secousses
qui causent les tremblements de terre.
TOUMANOURONG, reine de Ja-
TOU
va , descendue du ciel, ainsi que l'ii
diqueson nom, ornée de chaînes d'oi
épousa le roi de Banlam , en eut^
au bout de deux ans de grossesse,
le miraculeux Touraasaliugabering j
puis, lorsque ce jeune prince eut at-
teint sa croissance, disparut subite-
ment, avec son époux et son beau-
frère , laissant l'empire et la moitié
de la chaîne h son fils. La seconde
moitié de cette chaîne fut remportée
au ciel par la reine. Suivant les an-
nales macasses , ce qui resta de la
chaîne au jeune roi de Banlam était
tantôt pesant , tantôt léger , tantôt
diaphane et clair, tantôt de couleur
foncée : ce fut long-temps le joyau
principal des souverains de Java j
mais aujourd'hui ce bel ornement
n'existe plus que dans les souvenii
des conteurs et dans les livres d<
légendaires. — Toumauourong des^
cenduc des cieux ne peut nous sur-
prendre. Nous sommes habitués k
toutes ces apparitions surnaturelles
de législatrices, de bienfaitrices, do
donatrices aux attraits ravissants. Ce
sont k la fois des Isis , des Pandore ,
des Bonnes Déesses. Seule , la mali-
gne loubekaigouaïa , femme de Bol-
chika, nous a offert un spectacle
contraire. La chaîne d'or rappelle et
la chaîne de Jupiter , et le fil d'A-
riadne, et le fil des Parques, et le
Tao des Chinois. C'est l'ensemble de
la création se déroulant dans un or-
dre, s'étalantsur une ligne générale,
se scindant en individualités succes-
sives ou successivement aperçues.
L'ouverture de la terre, c'est la sé-
paration de la terre et du ciel : ainsi
Bel coupe Omorka j ainsi l'œuf-
monde se scinde en deux cônes qui,
plus tard, deviennent les Dioscures
au bonnet conique, etc.
TOUMASALINGABERING ,
fils de Toumauourong et du roi do
TOX
Banlam, avait séjourné deux ans dans
le sein de sa mère. En revanche, il
parla et marcha dès qu'il vint au
monde. Qu'on se rappelle ici Lao-
Tseu et tous les sages chinois ou ti-
bétains, que l'on vit naître avec les
cheveux blancs et l'expérience con-
sommée de la vieillesse. Du reste, il
était difforme , et, quoiqu'on parle
de sa croissance^ il garda sans doute
tout le temps de sa vie fabuleuse la
stature et les formes grotesques du
nain. Sa mère, son père et son oncle
disparurent , et lui laissèrent, avec la
moitié de la chaîne d'or qui envelop-
pait sa mère lorsqu'elle descendit des
cieux, le royaume de Bantam.
TOUPAN , l'esprit du tonnerre
selon les indigènes du Brésil, était
le seul être surnaturel que connus-
sent ces peuples , étrangers au nom
de Dieu. De tous les phénomènes de
la nature, le tonnerre est celui qui
les frappait le plus. Lorsque les mis-
sionnaires chrétiens leur peignaient
Dieu comme bon et bienfaisant :
« Comment se fait-il , s'écriaient ces
peuples naïfs, que ce Dieu nous épou-
vante parle tonnerre?» Ce qui est
remarquable, c'est que Toupan pré-
sidait aussi a l'agriculture.
TOUPARAN. Voy. NipabaYa.
TOURAN (on écrilvulg. Turan),
nom de Mars chez les Etrusques.
Lanzi(iS'«g-g-. di ling. etr.') retrouve
dans ce nom celui d'Aran ou Ares
(Mars en grec) , précédé du prétendu
article tÔ ou tu. Toutefois, il soup-
çonne que Touran pourrait aussi se
décomposer en r» oùpecviei 5 ce qui le
mène à l'idée de Vénus, mais de Vé-
nus céleste (^ oùpocvix).
TOXEE, ToxEus, To'^tvç: 1° un
desDioscures étoliens tué par Méléa-
gre {f^. ce nom); z° fils d'Euryle et
frère d'Iole.
TOXICRATE ., To^t>cpâT>, y Tune
ï-v.
TPE
56 r
des Thespiades [Voy. Thespius).
TPE , déesse égyptienne dont le
rang n'est point parfaitement connu ,
fut prise pour la représentation al-
légorique du ciel , ce que prouvent
et son nom et la forme qu'elle affecte
dans les monuments. — Deux autres
dieux-ciel étaient reconnus par la re-
ligion égyptienne : l'un, Potiri, était
le dédoublement femelle de Fta (le
dédoublement mâle était Tho , la
terre); l'autre dieu était Imôouth ,
l'un des dynastes [Voy. art. treize-
Douze). Tpé est représentée sur un
grand nombre de monuments , mais
plus particulièrement sur les zodia-
ques rectangulaires. Son effigie est
double alors, et chacune reçoit deux
paires de bras et deux paires de jam-
bes. Ses mamelles sont pendantes.
Un scarabée aux ailes d'épervier,
symbole de la puissance créatrice,
est sur sa poitrine. Sa longue tuni-
que se compose de lignes onduleuses,
au milieu desquelles règne une guir-
lande de lotos. Tous ces détails nous
ramènent à l'idée de la génération par
l'humide. La ligne brisée ou ondu-
leuse est un hiéroglyphe qui figure 'es
eaux. Ainsi, les cieux sont une vaste
mer de laquelle tout naît. Les prin-
cipes ignés impondérables, Fta, fé-
condent Athor; le feu terrestre Tho
féconde Potiri; le ciel actif Imôouth
féconde Tpé, ciel passif, ciel humide,
ciel-femme. Tous les autres sont ses
fils et viennent d'elle , car tous sont
contenus en elle : elle en est enceinte;
et , portés sur des barques aériennes,
ils se meuvent dans son vaste utérus
{Voy. le zodiaque rectangulaire de
Denderah, gravé, Descr. del'Eg.,
Ânt., pi. , vol. IV, pi. 20). Tpé
doit être encore remarquée sur les
momies et sur les pans des monu ■
ments funéraires ; sur ceux qui l'e -
présentent des scènes relatives aus
36
55a
TRÉ
morts , Tpé occupe à peu près le
milieu enlre les repréjentalions des
dieux célestes ou suprêmes et celles
des déités infernales. Fré, Fla-So-
Xari , Neitli , Hermès Trisinégiste ,
Kuef, Almou, sont toujours au-des-
sus d'elje ; au-dessous commence h
se dérouler la série des peintures
deslîne'es a reproduire les phénomè-
nes de Taulre vie. Parmi les niorr
ceaux que npus pourrions citer a Tap-
pui , rien n'est plus remarquable
peut-être que le cprcueil de la belle
momie égyptienne rapportée d'A-
lexandrie et donnée au Muséum d'his-
toire naturelle p^r le comte de Mon-
cabrié (dessine par M, Jomard et
gravé dans la traduction française de
Creuzer par M, Guigniaut, t. I\' ,
pi. XLV, 182)." Tpé devint aussi un
hiéroglyphe qui désigne le ciel. Cet
hiéroglyphe est tantôt une ligne ho-
rizontale terminée par deux crochets
dont la pointe regarde le bas, taijlôt
une espèce de fer a cheval dont la
convexité regarde le haut . et que
terminent en bas deux crochets (Jiri-
«résdans un sens horizontal.
ÏRAIVIBFXE , TpAMPELus , fils
de Télamon et d'Hésif ne , suivit 5^
mère a Miletj puis, dans Lesbos,
aima )a belle Apriale , teijta en vaiij
de la violer , et la précipita dans U
mer. II avait eu pour inslitnleur et
pour père adoptif Arion, deiixième
époux de sa mère. Achille le tua dans
Lesbos en punition 4'-* sa cruauté.
TRAPEZE , l'un des ciuquanle
Lycaonldes, donna son nom à une
ville de l'Arcadie.
TREBETA, prétendu fondateur
de Trêves, était, dit-on, un fils de
Ninus exilé d'Assyrie pgr Sémirainis.
DjC là ce bel hexamelrç aussi con-
orme à la quajillté qu'aji hpo ^pns :
nte Rouiam Treriris stedt annis mille Ircceiilis.
TRE
Cette preuve d'une antiquité de qua-
tre mille ans était inscrite sur la
porte de l'ancien hôtel-de-ville de
Trêves.
TREIZE-DOUZE (Treize-Dou-
ze). C'est le nom que nous donnons
aux divinités égyptiennes du second
ordre qui n'entrent point daps la
classe des décans et sous-d.écans , on
génies élhérés d'Hermès. Ces divini-
tés , au nombre de douze, sont tou-
tes subordonnées an soleil , qui est à
la fois au-dessus çt hgrs de ce petit
groupe divin j et, en conséquencp,
les listes mythologiques donnent
douze ou treize noms , selon qu'n
leur tête on place ou l'on omet ce-
lui du grand astre , leur chef de file.
Il règne beaucoup d'incertitude sur
les noms, sur les caractères, sur leg jji
relations de ces dieux j toutefois on hI
croit être certain que le* planètes et
le ciel d'une part, les cinq éléments,
égyptiens de l'autre, composent pett
série subordonnée , de manière que,|
si nous voulions classer cesdjeux dans]
un cadre synoptique, nous appions :
Le Soif il. Pi-Rr, Fri'.clc.
Jtipilcr. l'i-Zcous.
Mais. lirlosi , Arlèi.
ypnvs. Siprot.
Mercure. Pi-Ilu'inès ou Tbotli second.
Saturne. Remfa.
Lp Ciel. liputliis (inieg||ç Jn^é^vUi), Es-
culajie.
)^ Lune. Bubastis (oii^ mieux Poul>,tsti),
I/Elbcr- NeilU (déjà pofpmiïe Uéphe^-
tobtilo d.ins sa clasiiificatiu^i
i\cs Kbfluiépbioidcg^.
l,e feu ter l'est j'c. Vcst/i.
L'eau. Vénus.
L''i|u>os|>bèl'P. Ijiilona.
La 1 erre . flbéa ou CiJrt^s .
En imaginant le dieu Renifa , transi-
tion dcrirrévclé aux révélations, d'I-
môouth pu de ï*jromi h Kuef , OU Iu.i
donna naturellement pour épouse la
Terre, luère et nourr'pe de tant d'ê-
tpes divers , la Terre, espèce de dçlir
gation de ia grppde Bouto 5 ce qui
amène la répartition suivante des
Treize -Douze, époux el ppouies :
1
TRE
TRI
563
,
DYNASTES.
ÉPOUX ( 6-5 ) ,
ÉPOUSES (6-5),
PBSTADB MitB OD SIDIBJQUE.
PSITAPE FXMELI.B pD éLÉHERTAIKE.
leurs
leurs
leurs
leurs re-
DririSTSS.
équivalents
représentants
DïSiSTES.
équivalents
gréco-
présentants
klianir>
grùco-romains-
kbaméphioïdcs.
rouiains.
phioïdes.
Djom.
llercale-Soleil.
Fré, archi-dynaste.
llilh(')u Poubastl?).
Sélt-ne, Diane,
Lune, etc,
Pooh.
Pi-Zéous.
Jupiter.
Amoun.
Salé.
Junou.
Neith.
Ertosi,
Mart-Vulcain.
Fta.
Anoukc.
Vesla.
Atharl.
Surot.
Lucifer-Soleil.
Fré.
AtUor 11.
Anjidyoïn^ne,
(Véuus)?Am-
pbitritc.
Pooh.
Pi-Hermôou.
Mercure.
Piroml.
Bouto II.
Latone?
Routo.
ilemfa.
Saturne.
Transition de Piro-
Neflé.
Rhéa, Cérès,
T'Armoull).
^
^— ,
ini à Aiuoun.
la Terre.
^____
PI
is Imôoutu , entre le
s 2 pentades saintes
Noijs reproduisons ici les classifica-
tions auxquelles de'ja nous nous som-
mes arrêtés, et nous metlons en re-
gard des dieux dynasles leurs équi-
valents gréco - romains probables.
M. Guigniaut ( trad. de Creuzer)
propose deux conjectures relative-
ment à l'arrangement de nos Treize-
Douze dieux. La première consiste-
rait à rabaisser Hercule ou Djom
parmi les douze dynasles 5 Fré serait
alors l'arclij-dynaste. Il ne nous dit
pas à quel dieu ou l'idenlifierail : na-
turellement, les raylliographes opte-
raient pour Ertosi ou Mars, avec le-
quel Djom a beaucoup de rapporisj
et, sous ce point de vue, on verrait
Djom-Ertosi venir à la suite de Pi-
Zéous, comme dans les légendes grec-
ques on voit Hercule sortir du sang
de Jupiter-Harauion. Par la seconde
conjecture, M. Guigniaut incline à
confondre Surot (Vénus-planète) ayec
Alhor II (Vénus-élément), et cette
Alhor reléguée alors parmi les déités
fémiûiues serait l'épouse d'Imôoutb ,
qui , comme les autres dyna^tes, au-
rait un corrélatif femelle.
TRESTONIE, Tbestoma, déesse
latine, était invoquée contre la lassi-
tude dans les promenades ou les voya-
ges- , .^
TREZENE, Troeïenus, fils de
Pélops , passait pour héros éponyme
de la ville de ce nom daus le Pélopo-
nèse. Cependant, long-temps avant
l'époque a laquelle la clironologie
place l'ariivée de Pélops, Trézèue
existait {f^oy. Hoi>us). Tre'zène s'ap-
pela primitivement Posidonie, kcause
de sa situation sur le bord de la mer j
et, tn effet, toujours Trézène,dau8
la mylliologie antique, a été en rela-
tion avecNepluiifi (/^. Ethra).
ÏIUCLARIE, ÏRICLARIA, T/3<-
nXapiot. , Diane en Aicadie. Le temple
qu'elle avait sous ce nom était sur
une espèce de territoire neutre appar-
tenant en commun a trois villes, Aroé,
Antée , Messatlde , et passait pour
avoir été profané par les amours de
Mélauîppe et de Coraélho. En com-
36.
56K TRI
mémoraliou de cet événement avait
été insliluée une fête expiatoire dont
la cérémonie principale consistait dans
l'immolation d'un jeune bomme et
d'une jeuoe fille par une prêtresse
vierge. Dans la suite, Eurypyle abo-
lit cet usage barbare, et il ne resta
des anciennes prescriptions que l'o-
bligation pour la prêtresse de rester
vierge.
TRICOLONE, Tricolonus, Tp<-
xôxuioç : i" fondateur de Tricolonc
en Arcadie , était l'un des cinquante
Lvcaonides; s" descendant du pré-
Cfdent et l'un des amants d'Hippoda-
mie qui furent victimes d'Œnomas.
TRIGOLOVA ou Triglova (c'est-
à-dire aux trois têtes), déesse slave
que l'on représentait avec trois têtes,
était surtout bonorée chez les Van-
dales de la Lusace actuelle. Rien ne
prouve que ce soit l'Hécate grecque.
—On disait aussi Trigla.
TRIOPAS : 1° fils de Neptune
et de Canacé, père d'Érésicbtlion et
d'Ipbigéniej 2°roide Tbessalie,père
de Mérope. Il est présuraable qu'il
faut réunir ces deux personnages en
un seul.
ÏRIOPE , fils du soleil , donna
son nom h un cap et a une ville de la
Carie.
TRIOPHTHALME , Tbioph-
THALTrtOS , Tpto'ÇÔxXy.os (. aux Irois
yeux), Jupiter. C'est une épitbètc
de la plus haute importance ; elle
marque la souveraineté absolue de
Jupiter sur les trois mondes, le ciel,
la terre elles enfers, et formule de la
manière la pins frappante la doctrine
du monothéisme chez les Grecs. Comp.
pour les développements l'art. Jupi-
ter, LIV, 5i5. On avait trouvé
une statue de Jupiter-Triophthalme
à Troie. Aux Indes, on donne K Siva
l'épithète de Trilotchana , qui a le
même sens que Triophthalmos ; mais
TRI
qui ne semble pas devoir aussi , . .
demmcnt ramener la triplicilé à l'u-
nité.
TRIOPS : 1° fils de Neptune ;
2° Apollon , particulièrement révéré
k Triopie, en Carie.
TRIOTARENE ou Douriodha-
WA, célèbre roi Tchandravanca (de
la dynastie de la lune) , devaitlejour
à Dritarachtra et h Kanderi. Sa ja-
lousie contre les Pandavas ses cousins
donna matière K la célèbre guerre des
Pandous et des Kourous.
TRIPIIYLE , Triphyi.us , fils
d'Arcas et de Laodamie , donna son
nom klaTriphylie que d'autres croient
avoir été ainsi appelée des trois peu-
ples {rpùç dfuXxî) qui vinrent y ha-
biter, Apicns, Minycs, Éléenf.
TRIl'TOLEME, Triptolkmus,
Tft-nTÔXifAoç , devait lu jour au roi
d'Eleusis, Celée, et a Mélanire (ou
Néère). Cérès , K qui Céléc avait
donné une généreuse liospitalilé, gué^
rit par un baiser Triptolème en-
core enfant, et qu'une insomnie availa
réduit h l'extrémité 5 puis, se char-
geant de son éducation, le nourrit d«
son lait, et chaque nuit le passait av
feu afin de le rendre immortel. La
rapide croissance de l'enfant excita la
curiosité du couple royal 5 et une nuit
tous deux épièrent Cérès. A la vue
de Triptolème dans les flammes, Mé-
tanire jeta un cri. Celle perturbation
des mystères ravissait pour jamais h
Triptolème l'espérance de l'immorta-
lité. Il n'en fut pas moins initié par
la grande déesse aux secrets de l'a-
griculture, reçut d'elle la charrue, les
semailles et la herse. Des traditions
célèbres le font voyager soit seul, soit
avec la déesse. Alors il traverse l'eaH
pace sur un char attelé de dragoné
\Voy. la gravure de Cérès , LIII j
569), et parcourt la Scylhie, où grà-"
ce à Cérès il échappe aux embûches
TRI
de Lyncus, el le pays des Gèles où
Cariiobiila essaya en vain de le faire
périr. Revenu dans l'Atlique, il y
popularisa l'agriculture, et institua les
mystères d'Eleusis : trois compagnons
le secondaient dans ses innovations
industrielles et religieuses. — Les-
Athéniens, en revendiquant pour TAt-
lique l'invention de l'agriculture, non-
seulement donnèrent Eleusis pour la
patrie de ce bel art, mais encore
montraient le clos de Rharion com-
me le premier lieu où l'on eût essayé
la culture des céréales. C'est de l'orge
que l'on y sema pour commencer.
Aussi par la suite les Eleiisiniens,
dans les sacrifices, ne se servaient-ils
que de gâteaux faits avec la farine de
ce clos-modèle, ce qui valut à Cérès
le surnom de Rharia.Triptolème avait
dans Athènes le rang de dieu. On lui
avait consacré un temple, un autel et
une aire à battre le grain. — La chro-
nique de Paros place Triplolènie sous
le règne d'Erechthée. D'autres le re-
foulent sous Pandion F*". Quelques
mythographes en font un des législa-
teurs de l'Attique. Ces variantes se
conçoivent aisément. L'agriculture se
lie a la législation, et même est pres-
que une législation (comp. Ckriîs et
CÉCROPs)j et d'autre part l'agricul-
ture n'a pas été inventée tout d'une
pièce, et il a fallu bien des perfection-
nements pour arriver où en étaient
les Grecs. Entre autres exemples,
rappelons l'Athénien Buzygès, à qui
l'on attribue l'attelage des bœufs a la
charrue. — Comme l'Atlique n'est pas
le seul pays qui ait eu des prétentions
hrinveulion de l'agriculture, Diodo-
re, qui n'était pas Athénien, fit de
Triplolème un des compagnons d'O-
siris. Disciple de ce conquérant des
Lides, Triplolème aurait élé envoyé
ar lui cnÀttique, pour associer les
abitants de celle contrée aux bien-
TRI
565
faits de sa découverte. C'est sans
doute par suite de ce fait que l'on a
imaginé Triplolème suivant Bacchus
aux Indes. Du reste , ce n'est pas la
seule corrélation de ce genre qu'on
trouve entre les religions de Bacchus
et de Cérès. On voit sur divers monu-
ments Triplolème le pied sur un dra-
gon, et menant une charrue attelée
de deux bœufs {Caè. de Stock, § V,
n° 2^3 ), tenant des épis de blé ou
des pavots (ouvr. d", n° aSp ; Beger,
Thés. Urandeùurg, i.ll,^. 289),
et debout sur un char traîné par des
serpents(C^^. de Stock, 2^0, z^i,
243), enfin debout à côté de Cérès
qnilui tient la main.
TRISMÉGISTE, Thoth. Foy.
ce nom.
TRITIE, fille de Triton, nour-
rice ou prêtresse de Minerve, amante
de Mars et mère de Ménalippe, bâtit
dans l'Achaïe la ville de Trilée, dont
les habitants offraient à Mars et à
Tritie un sacrifice annuel.
TRITO, Triton féminisé, tour à
tour donnée pour fille ou pour fem-
me de Triton, pour nourrice ou pour
mère de Minerve, est probablement
la même que Tritie. La vraie Trilo,
c'est Minerve, fille des eaux, et en
conséquence fille des lacs {Voy, Mi-
TJERVE , et les deux articles qui sui-
vent).
TRITOGÉNIE, Pallas , ainsi
nommée soit parce qu'elle naquit des
eaux {True dans une langue ancien-
ne), soit parce qu'elle jaillit de la tête
{Trilo en béotien), soit parce qu'elle
vint au monde le troisième mois de
l'année, ou au bout d'une conception
de trois mois , soit enfin parce qu'elle
n'apparut qu'après Apollon et Diane,
c'est-'a-dire la troisième.
TRITON n'est, dans la mytholo-
gie vulgaire , qu'un dieu sabalterne
des eaux. Fijs d? j^eptunç et d'Amr
IM
TRI
pkitrite, il précède son char, arm^
de la conque recourbée qui lui sert de
trompeltc, et offre aux yeux Taspect
d'un hoDime-poisson. Autour de lui
bondissent et fulàtrent quantité de
Triions inférieurs qui sont ses dédou-
blemeuls. Avec la conque marine qu'il
tiedt kla main ou porte a sa bouche,
il annonce l'arrivée du dieu des eaux,
l^rFois prélude aux tempêtes, plus
souvent les fait cesser. Ainsi dans
Ovide, il enfle sa conque quand les
eaux du déluge se retirent en cadence.
Dans Virgile , il s'efforce de sauver
les radeanx d'Ene'e qui ont échoué.
Ce rôle calme et bienfaisant n'em-
pêche pas que Triton ne devienne
aussi un être ahrimani(|i|e. Quand
Misène , ce trompette d'Enée, pré-
tend l'emporter sur lui en talent mu-
sical ^ ne pouvant mieux faire , il se
noie. Quoique vulgairement sa place
soit en avant du char de Neptune,
quelqoefois il a lui-même un char
attelé de chevaux bleus. Pausanias,
décrivant la figure des Tritons , leur
donne des cheveux verts, de larges
oreilles, une vaste bouche, des dents
d'animaux , des yeux bleus , des
doigts armés de griffes, des nageoi-
rcj k la poitrine et au ventre. Dans
la Gigantomacbic , la conque marine
épouvante les ge'àiits, et, rivale des
cris de l'âne, détermine leur fuite.
Claudien couronne les Tritons de
roseaux. Dans un monument publié
par Winckelmann (/l/o/zî/m. inéd.,
1, p. 2 5), sur le front de Triton s'é-
lèvent, en guise de cornes, deux
pinces d'écrevisses. Ailleurs, aux for-
mes de l'homme et du dauphin (cé-
tacé et non poisson ) il réunit les
jambes antérieures du cheval j c'est
unichthyocentaure. Le capricorne se
rapproche de ce type. Triton a quel-
quefois la rame en main {Jntiq.
d'Herc, 1. 1, p. /44), Le trideat de
TRI
Neptune remplace, parfois, soit ïi
rame, soit la conque [Pierres gr. de
Wild. , pi. XIV , n" 3 1). On le trouve
aussi Hé au culte de Saturne , sur le
ba'jtdes temples duqtiel était d'ordi-
naire placée son effigie, aux images de
•Vénus au char de laquelle il altèle le
taureau marin, et aux pompes triom-
phales du joyeux Bacclïus. Les bas-
reliefs dionysiaques offrent plus d'une jM
fois des Centaures et des Satyres, «I
des Tritons ivres et dansant. Souvent
leur ivresse n'a d'autre cause que
leur gourmandise. Un mylhe fa-
meux a Tanagre voitlait que jadis un
Triton cruel tuà( les bestiaux , et lit
chavirer en mer les barques des pê-
cheurs. On s'avisa de placer sur la
rive une cruche remplie de vin; l'en-
fant des eaux s'enivra, s'endormit, se
laissa tomber du haut d'une falaise.
Un Tanagréen lui coupa la tête d'un
coup de hache; et l'on dit que c'était
Bacchus lui-même qui avait rendu
ce service h la ville de Tanagre.
On alla plus loin , on dit qu'un jour
Triton s'étanl jeté sur des Tana-
gréennes occupées à se purifier dans
la mer, Racchus, défenseur de la pu-
dicité du beau sexe, fit lâcher prise à
l'impétueux assaillant. On voyait, en
mémoire de cet événement, une belle
statue de Triton a Tanagre dans le
temple de Bacchns. — Les Triions ,
comme les Satyres et comme Pan ,
apparaissaient à l'improviste sur les
rivages. — Triton, d'après des gé-
néalogies plus antiques que l'arran-
gement vulgaire , devait le jour h
l'Océan et k Tétliys. Ailleurs aussi
on appelle Nérée son père, et tan-
tôt Céléno , tantôt Salacie passait
pour sa mère. Du reste, il est pro-
bable que dans l'origine Triton ne
fut que l'onde personnifiée, sous for-
me d'homme-poissou armé des dé-
pouilles des mollusques. Trit doit si-
TRI
gnifidf eau, elle nom de lac, Triton,
donné à une mare de la Béolie et a
un grafid temple de la Bjsacène ne
signifie que lac-nnde.
TRITOPATORS, rpiroTrircp^i,
divinités mystérieuses adorées dans
l'Altique (Cicér. , Nût. des Pieux
I. III, c. 23)^ sont indubitablement
des Cahires. Toutefois, il est proba-
ble qu'il n'y a pas identité complète
entfe eux et les dieux de Samothra-
ce. Les prêtres-rois de celte île sa-
crée ne révélaient pas tout d'une fois
tous leurs mystères aux initiés 5 et
quelques-uns de ceux-ci purent, pour
compléter un système , ajouter à ce
qu'ils avaient appris de la boucbe de
riiiéropliante. Généralement ou expli-
quait Trilopators par Irois pères, ce
qui, lexicologiquement parlant, uous
semble assez gratuit ( i ) • mais ce qui du
moins nous informe qu'en un sens ces
dieux formaient une triade sacrée ,
comme Knef, Fia, Fré en Egypte,
comme Axiéros et les deux Axiocer-
ses dans la religion cabirique. D'au-
tre part, au lieu de se décomposer en
trois membres, quelquefois on les
voit (Cicéron, ouv. cité, 1. III, c. 2 1 ,
p. 586, etc., de l'éd. Creuzer) se
dérouler en trois séries , dont deux
triades et une dyade. La dyade, qui
se compose de deux Dioscures ordi-
naires (Castor et Pollux, ou peut-èlre
AmpLion et Zéthus), se trouve enfer-
mée entre les triades : la première
contient Zagrée , Eubulée et Dionyse
(i) Car trilos signiTic troisième et non trois.
Puis le nombre <lc trois n'est pas toujours, il s'en
faul .essentiel aux 'rHlo|)atorS {voy. 1 ensemble «le
l'arlicle). Les noms de Triton , tritonide, Am-
jjliilrite et d'autres qui offrent cette même syl-
laljç, 'J'ril..., n'ont nul rapportavec lenombreS.
Knliu, le nom du sacrilice que l'on offrait aux
Trilopators h Athènes (irilthyc) mérite d'èlre
rapproche de celui des dieux inéraes et semble
indiquer qu'il faut chercher l'èlymologie hors
de l'idiome grec. On pourrait faire dis remar-
ques de ce geare sur le deuxième élèraeut du
«not (Palor).
TKI 56;
(Baccbus); la seconde Alcon, Mé-
lampe et Traole (i). De leur réunion
résulte une ogdoade sacrée 5 et Ton
sait qu'effectivement les Cabires, se-
loii les anciens, étaient au nombre de
huit, quoique ordinairement on ne
les nomme que par groupes de trois
où de quatre. En composant, ainsi que
lions l'avons fait , de ces groupes de
quatre dieux une ogdoade divine, oa
est loiu d'arriver a l'ogdoade des Tri-
lopators j mais rien n'est moins né-
cessaire. Il suffit que cbronologique-
ment les Trilopators tirent leur ori-
gine de quelques légendes de Samo-
thfacej qu'un nom ou deux se trou»
venf les mêmes dans l'une et l'autre
nomenclature 5 enfin que le nombre
des élres divins soit le même , pour
que les anciens aient dit : «Les Ca-
bires de l'Altique se nomment Tri-
lopators. » Les deux frères Coryban-
tes qui (selon le récit de S. Clément
d'Alex., ProtrôiH. , éd. Polter , p.
i5,etc.3 conf. Jul. Y'iTmica&^Err. des
ret. prof,, c. 12) assassinèrent Dio
liyse, leur frère, ne sont outres sans
doute que Zagréé et Eubulée. Dio ■
nyse, dont ensuite l'organe mâle est
déposé dans une ciste mystique cl
porté en Tyrrbénie,aici la plus gran-
de analogie avec le Cadmile, Gigon
ou Hermès illiypballique, au service
de la triade cabirique. Ailleurs on le
voit absorber en lui Eubulée et Za-
grée, et aspirer au premier rang,
comme né de Thymeu mystique du
dieu-serpent Jupiler et de Proser-
pine. Les Trilopators cumulaient en
Grèce quatre fonctions importantes :
(i) Deux de ces noms ne sont fondes que sui-
des conjectures : Ce sont Zaprèc et Tmolc. On
lisait dans Cicéron (pass. cités plus haut) TriVo/ia-
trcus...el Emolus. Hcmsicrhuis [sur Dial. des
Dieux , (le I.iic, xxvi.i) a recommandé Tritopa-
turcs Zuj^rciis ; Tmolus a été substitué à Emolu
par Davis. Nonnus {^Dionysiaques, liv. xi?, V. i 6
etc.) nomme comme Cabires, au Heu U'Alco
et Mélampe , Alcon et Eurymédon,
568
TRO
1** jusqu'à un cerlaia point ils étaient
démiurges ou générateurs du monde
{xoa-fto7riTùfts) J 2° ils donnaient la
fécondité aux épouses, et, comme
1 els, étaient invoqués parmi les dieux
de rhjmen (Suidas, art. TptT07r»T.j
comp. Lucien, Quest. de table,
i. IX, p. 66 de l'édition de Deux-
Ponts) j 5° ainsi que plus tard les
Dioscures Tyndarides , ils étaient ré-
vérés comme dominateurs sur la mer
et comme protecteurs des vaisseaux j
4.** ils veillaient sur les intérêts tant
publics ijue privés, et par conséquent
étaient regardés comme de vérita-
bles dieux Lares ou Pénales. — Les
Tiilopators, et plus spécialement les
Dioscures Tyndarides, s'appelaient a
Ampbisse et dans Athènes Anaces
(ou Anactes). Ou leur immolait, dans
cette dernière ville, le jour de la
fête dite Anacée, un porc, un bouc
el une brebis. Ce sacrifice portait les
noms spéciaux de trillhye, rptrêûx
{rpiu et <>«{<»?), el de xénismes {It-
yKrftoi)j comme offert à des divinités
exotiques { f^oj-. Polter, Antiq.,
tr. all.de Ramb., p. 798 du t. I).
TRITOPATRÉE, fils de Jupiter
et de Proserpine , donné tantôt com-
me un des Anaces, tani ôt comme Tri-
lopator ( Voy. l'article qui précède,
note 2).
TROILE : 1° le plus jeune des
Priamides qui restèrent à Troie. Sa
vie était une des fatalités de Troie.
Achille le lua. Quelques mythologues
disent qu'il l'aimait; et que, fatigué
de ses rigueurs, il prit ce moyen de
s'en venger. De plus, ou a placé la
scène dans le temple d'Apollon Thym-
brée, oii depuis Achille périt sous les
traits de Paris. 2° Frère d'armes
d'Enée et fondateur d'Alba (états sar-
des). Cette ville, élevée au milieu des
Alpes dont elle porte le nom , aurait
été destinée, «elonla légende, à être
TRO
un jour la rivale d'Albe-h-Longue.
TROPHONIUS, T^otp^'v«f, héros
tellurique, maçon prophète, incarna-
tion de Jupiter alimentateur, passait,
dans les mythes populaires, pour fils
d'Ergine (l'ouvrier), roi d'Orcho-
mène de Béolie. Son frère Agamède
et lui forment des espèces de Dios-
cures. Les nombreuses légendes qui
couraient sur leur compte se rédui-
sent a deux principales. Dans l'une,
ils bâtissent des temples au dieu du
jour ; dans l'autre, ils construisent un
souterrain au roi Hyriée pour y ren-
fermer ses trésors. Au reste, Apol-
lon et Hyriée reviennent au même :
le nom d'IIyriéc rappelle celui d'Ha-
roéri. Les temples, d'ailleurs, ont
mille rapports avec les palais, les tré-
sors et les retraites souterraines.
Que de sanctuaires étaient des grot-
tes! que de fissures mystiques dans
les temples a oracle laissaient échap-
Fer, avec des vapeurs inconnues ,
inspiration prophétique! De pl»s,^j
le temple bàli par Agamède et Tro-1J|
phonius était le temple de Chrysa,
et chrysos veut dire or. Nous voila
donc encore une fois reportés K l'ordal
aux trésors, aux souterrains, enfin «1
aux miues. Apollon avait lui-même
élevé les fondements de son temple
de Chrysa, et les deux frères n'a-
vaient que continué son ouvrage. Une
tradition postérieure montre Aga-
mède et Trophonius bâtissant le tem-
ple de Delphes. Apollon leur pro-
met une récompense magnifique pour
le septième jour, et ce septième jour
ils meurent l'un et l'autre. Dans Thy-
fiothèse du souterrain construit poiir^_-
e roi Hyriée, on voit les deux 'T- J||
chilectef ménager dans les murs une"'
issue secrète pour venir la nuit puiser
au trésor. Hyriée le voyant diminuer
sans que les portes et les serrures pa-
russent forcées, tendit un piège au-
TfiO
lour des vases qui conlenaienl le riche
métal. Agaraède s'y laissa prendre.
Troptonius craignant d'être dénoncé
lui coupa la tête j puis quelque temps
après disparut englouti dans un gouf-
fre près le bosquet de Lébadée. Des
arrangeurs péloponésiens placèrent la
première scène de ce drame a Elis.
C'est, dirent-ils, le roi Augias qui fit
bâtir le souterrain j c'est Dédale qui
plaça les pièges : les deux frères avalent
pour complice de leur vol Cercyon.
Lorsque l'artifice du roi eut coûté la
vie à ses deux compagnons, Tropho-
nius s'enfuit, gagna Lébadée, se con-
fina dans une grotte, y rendit des
oracles, puis mourut accablé d'an-
nées, yictime d' Augias ou d'Hyriée ,
Tropliouius disparut de la terre sans
qu'on sut en quel lieu était situé son
tombeau. Les peuples n'allèrent donc
point encenser ses restes funèbres,
et bientôt l'oublièrent. Apollon, fà-
cbé de cette Ingratitude, envoya une
sécheresse opiniâtre a la Béotie. Au
bout de deux ans on consulte l'ora-
cle, et la Pythie déclare que l'abon-
dance ne peut renaître que quand on
suivra les avis de Trophonlus 5 mais
où trouver Trophonlus? Dans Lé-
badée. On court au bols sacré, on
pénètre dans la grotte mvslérieuse,
on reirouve la cendre sainte, et un
temple s'élève k peu de dislauce. Un
Acréphien nommé Saon eul l'honneur
de faire cette découverte importante.
Guidé par une inspiration divine, il
suivit un essaim d'abeilles qui avaient
leur ruche dans l'autre sacré. Bientôt
les prédlcllons de cet oracle devinrent
célèbres j les siècles du syncrétisme
surtout en favorisèrent la vogue. Nul
doute qu'il n'ait été consacré k Jupi-
ter et a la Terre sous le nom de Cérès.
Adam (trad. française de Robinson)
a réuni les circonstances pfinclpales
relatives iroracle. L'oracle étaitplacé
TRO 369
dans l'intérieur de la t^rre , de là son
nom de grotte de Trophonlus. Ceux
qui venaient le consulter étaient nom-
més catédates, parce qu'ds n'y par-
venaient que par une descente. L'au-
tre de Trophonlus, situé a quelque
distance ihi bols sacré , présentait
d'abord une sorte de vestibule enlouré
d'une barrière de marbre blanc que
couronnaient des obélisques d'airain
(Pausan., llv. IX; Philostr., f^ie
iVJppolL, liv. YIII, ch. xix). Une
grotte creusée au ciseau offrait une
ouverture d'environ huit coudées ds
hauteur sur quatre de largeur.- C'est
là qu'était l'entrée de la caverne dans
laquelle on descendait par le moyen
d'une échelle. Parvenu k une cer-
taine profondeur, on rencontrait une
ouverture étroite, dans laquelle on
introduisait d'abord ses pieds. Le
corps ne passait qu'avec une grande
difficulté, et l'on se sentait alors en-
traîné avec une rapidité extrême jus-
qu'au fond du souterraiu. Le retour
s'opérait la tête en bas, les pieds en
l'air, et avec une égale rapidité (Pau-
sau. , 5c'o^. ). Pour empêcher le consul-
tant de porter des mains indiscrètes
sur la machine dans laquelle il était
ainsi lancé, les prêtres avaient le soin
de les lui faire remplir de gâteaux de
miel, destinés k apaiser la voracité des
serpi'nts dont le passage était , assu-
raient-ils, infeste (SchoK d'Aristoph.,
suriVi/ee*,V, 5o8). On n'entrait dans
la caverne que de nuit, et après de
longues préparations et un strict
examen. Celui qui venait consulter
l'oracle devait passer plusieurs jours
dans un petit temple dédié a la bonne
Fortune et au bon Génie. Il devait se
servir de bains chauds, oindre son
corps d'huile, s'abstenir de vin, se
nourrir de la chair d'animaux offerts
par lui en sacrifice, et se revêtir
d'une jrobe dç lin (Pattsau., 1. IX j
570
TRO
Schol. d'Aristopb., pass. ciléj Lu-
cien, Dialog. des morts). L'avenir
se dévoilait h ses yeux par des appa-
ritions 5 la divinité daignait quelque-
fois répondre de vive voix. Le sé-
jour dans l'antre n'était point limité.
On y restait quelquefois plongé dans
un sommeil d'un jour et d'une nuit.
Les gens iloiil les prêtres soupçon-
naient la croyance ne reparaissaient
jamais vivants. Leurs corps étaient
rejetés de la caverne par un« autre
issue que celle qu'ils avaient suivie
en entrant (Pausan. , 1. IX, c. 39).
Le fidèle k son retour était placé sur
un siège appelé siège de Mnémo-
sjne , et rendait compte de tout ce
qui avait frappé ses yeux et ses
oreilles. On le reconduisait dans le
petit temple de la bonne For-
lune et du bon Génie, où il recou-
vrait ses facultés. L'impression terri-
ble que ses sens avaient reçue s'effa-
çait difficilement, et le plus grand
nombre de ceux qui avaient fait ce
voyage conservaient, le reste de leur
vie, les marques d'une sombre mélan-
colie, ce qui donna naissance h l'ex-
pression proverbiale : « Il a consulté
l'oracle de Trophonius , » applique'e
aux personnes dont l'extérieur était
grave et soucieux. Le chemin de Lé-
badée a la caverne e'tait bordé de
cbapilles et de statues. Le'badée se
nomme aujourd'hui Livadie. On pré-
sume que la ville actuelle, située à
quelque distance de l'ancienne , se
trouve sur l'emplacement du bois sa-
cré. En comparant les descriptions
anciennes , qui font de l'antre une
caverne à double étage située sur
une montagne, un voyageur moderne
croit avoir retrouvé non-seulement
cet antre célèbre, mais encore les
deux ruisseaux dont l'onde ôlait et
rendait la mémoire (Lélhé, Mnémo-
syne), et la petite rivière d'Hercyne
ISS.
qui est formée de deox ruisseaux et
Ta «e jeter dans le lac Copais (Tapo-
lias).-^Un autre Tbophonius est fils
de Valens et de Phronia (et non Pho-
ronis). Ces noms veulent dire la force
et la sagesse, ou le robuste et le sa-
ge. Cicéronfail de Trophonius un de
ses Mercnres. Jupiter aus.si s'appelle
Trophonius.
TROS, T/)?f, héros épouyme
de Troie, se dessine au milieu de la
dynastie qui règne stir la capitale de
la Phrygie par les traits Suivants :
i"il a pour père Erichthonius, pour
fils Ganymède ( qui est enlevé par
Jupiter; les évliémëristes disent par
Tantale); puis llus et Assaracus, li-
ges de deux branches collatéiafes ,
dont l'une règne tandis que l'autre
semble le ferme appui du trône ; 2" il
fait la guerre à Tantale, c'est-k-dire
à la Lydie; 3° il donne à la ville qui
jadis était nommée Dardanie le nom
de Troie ; 4" son noin semble si-
gnifier roi, maître, seigneur.
TSAGAN-DARA-ERE en mon-
gol, DoULiMA-GAnncHAN en tangu-
iain , c'esf-k-dire la nicre blancJie^
est une des deux filles qui sortirent
des yeux de Choiilchi-Boddicatoa.
L'antre se nomme Nogan-Dara-Eke
ou Doulraa-Ngodcban {la tnhre ver-
te).On les regarde toulesdeux comme
protectrices des hommes, et on les in-
voque dans le danger. On Veut qu'elles
aient pris plus d'une fois la forme
humaine , et qu'elles aient régné
sur le Boutan et le Tibet. Tsagau-
Dara-Eke a eu un fils, Divongarra,
le roi de l'époque passée; Nogau-
Dara-Eke, lors de la fin du mon-
de, s'incarnera pour être la mère de
Maidari. On représente les filles des
yeux de Choulchi-Boddiçaloa h côté
l'une de l'autre , et sur un trône que'
portent quatre lions. Les chairs de
Tsagan-Dara-Eke sont blanches, cel-
les de Nogan-Dara-Eke sont vertes;
comme toutes les divinités mongoles,
elles sont accroupies sur une natte.
Tsagan-Dara-Eke est caractérisée par
un troisième œil au milieu du front 5
elle a aussi un œil dans la pamiie de
la main , et un autre a la plante des
pieds. Sur la fleur qu'elle tient à la
main se voit un enfant. PourNogah-
Dara-Eke, des vêtements rouges et
une écliarpe bleue forment sa parure
ordinaire. Rarement elle est nue. Sa
main tient, tantôt une fleur, tantôt
un enfant, qui est le jeune dieu Cha-
is iamouni (Bouddha?), qui a peut-être
été son fils.
TSIJSO, divinité japonaise, est
représentée datls les temples avec trois
singes pour parèdres. Ces singes sont
les emblèmes des trois sortes d'impu-
retés dont doit s'abstenir tout adora-
teur des Rainis, le sang, la cbaif,
les corps morts. Qui touche un mort ,
qui mange de la chair , qui verse du
sang, même par raégarde, même de
son propre sang, est fousio tantôt
pendant une heure , tantôt pendant
sept, trente jours ou davantage. Une
peut visiter les lieux saints, appro-
cher des raias, paraître en présence
des lieux. C'est par suite de ce pré-
cepte qu'il est défendu aux femmes
d'entrer dans les temples pendant la
menstruation; mais, lorsqu'elles vont
en pèlerinage a Icié, les dieux touchés
de leur piété suppriment ou suspen-
dentPeffluve qui les rend fousio. C'est
aussi sous l'influence de la même idée
qu'un ouvrier qui s'est blessé au
{)oint de perdre du sang en travail-
anl a un temple, est réputé indigne
de mettre la main k un édifice sacré,
et que, si pareil incident trouble la
construction d'un temple élevé h Ten-
Sio-Daï-Tsin, l'édifice commencé sera
jeté à bas.
TSUXTÉOTL, déesse qui, selon
TSO
571
les Totonaques , babitaiits de Zacat-
lan (dans la province deTlascala),
était la protectrice des moissons. Bien
différente des divinités sanguinaires
du Mexique, elle se contentait d'une
offrande de fleurs et de fruits. Une
prophétie qui circulait dans le pays
annonçait qu'un jour cette riante di-
vinilétriompherdit des dieuxbarbares
qui s'enivraient de sang humain.
TSI-Sm-GO-DAI (les), c'est-h-
dire les cinq dieux terrestres , for-
ment , dans la mytbologie du Japon ,
ladeuxième série des êtres procosmo-
goniques. Us apparaissent a la suite
des sept dieux supérieurs^ connus sous
le litre de Ten-Sin-Sifsi-Daï. La dif-
férence qu'il y a d'eux aux précé-
dents , c'est que leur règne, extraor-
dinairement long, commence pour-
tant h sortir de l'indéfini et du vague
pour se restreindre dans de^ limites.
Voici leurs noms et la durée de leur
règne :
Teii-Sio-Daï-Sin 2 5 0,0 00 ans.
Osi vo-]Ni No-Mikollo 3 0 0 , 0 0 0
Nini-Kino-Mikotio 5 1 8,533
Fiko-Oo-Demino-Mi-
kotto 637,892
Fouki-Ava-Se-Dsuiio-
Mikotto 856,0^2
Total 2,342,467 ans.
Ce qu'il y a de remarquable dans
ces calculs cosmogoniques, c'est que
les nombres vont en croissant à me-
sure que l'on approche des temps ac-
tuels [Voy. Ten-Sin-Sitsi-Dai).
TSOUI-KOUAN, le dieu de la
mer chez les Chinois, est principale-
ment imploré par les navigateurs lors
de leur départ ; avec Tau-Kouan et
Tei-Kouan ils forment la triuité chi-
noise , soumise du reste à Kang-I.
TSOUTTIBOUR (ou Zuttibur),
dieu serbe et vende , présidait aux
forêts et principalement alix hêtres.
Sja
TUI
C'était une espèce de Pan; et ses
brusques apparitions, ses espiègle-
ries Qonnèrent lieu d'en faire uu ma-
lin esprit. Comp. Léchies et Rous-
SALKIS.
TUATHA -D ADAN ( les ) , cin-
quième peuplade mythique de l'Ir-
lande , apparaissent dans l'iiistoire
fabuleuse de ce pays enire les Fir-
bolgs et les Mileadhs. Leur chef, dit-
on, triompha du chef des Firbolgs,
abolit la royauté, et rétablit un pou-
voir imité de l'ancienne forme sociale
irlandaise sur les ruines de la nation
subjuguée. De plus, on le mon Ire
comme assujellissantun chef religieux
Eochaidh. Vaincus par les Tuatha-
Dadan, les Firbolgs virent leurs idées
religieuses remplacées par le culte
primitif de l'Irlande. LesTuatha-Da-
dan introduisirent dans la religion
antique, qui avait pour grandes dées-
ses Bath, Kcasar, Mâcha, les idées
cabiriquesque nous avons si fréquem-
ment trouvées dans celte mythologie.
C'est donc. à tort qu'on a fait des
Tuatha-Dadan des Chaldéens de
Kush.
TUISTON, dieu celte adoré dans
les Gaules et la Germanie, se prend
d'ordinaire pour l'analogue de Plu-
Ion. On lui douue pour mère Tis,
Tuis, ou la Terre. On l'oppose h Ta-
ran, le maître du ciel et des airs,
de la lumière et du tonnerre j et l'on
veut que , dieu de la terre et des lieux
souterrains^ du sombre empire et de
la mort, il ait partagé avec le dieu
contraire l'empire du monde. On l'a
aussi transformé en homme, en roi
législateur, en insliluleur de céréruo-
nies religieuses, ce qui réduirait sa
divinité a une apothéose. D'autre
art , Mann , l'Adam des Germains ,
ui devait le jour ; et , en ce sens ,
Tuiston se trouverait l'homme pro-
totypique, ©tune espèce de Promc-
r,
TTC
ihée. On ignore par quels sacrifices
était honoré Tuiston; mais ce qu'it
y a de certain, c'est que, dans pres-
que toutes les cérémonies religieuses,
des bardes grossiers chantaient ses
louanges, mises envers. Tuiston ray)-
pelle par le son : i" ©eàV, Deus ,
Dis, etc. ,• 2° Teutsch ou Deutsch^
allemand, ou, si on l'aime mieux,
Teutoiies , les Teutons.
TUPARAN. roy. Nipakaia.
TURNUS, roi autule, fils de
Daunus et de Véuilie, fiancé de La-
vinie, allait épousée cette princesse,
quand Enée, débarqué dans le La-
tium , lui fut préféré par Latinus. Il
en résulta une guerre dans laquelle
Turnus se distingua; il rassembla au-
tour de lui un nombre d'alliés assez
considérable, tua, entre autres enne-
mis, Pallas l'Évandride, perdit, mal-
gré sa bravoure, deux batailles, et!
enfin fut tué en combat singulier par
Énée. Ou a rei)iarqué avec raison
que Turnus, dans V Enéide, joue un
rôle plus intéressant qu'Euée.
TIJTELA ou TUTELINA (puis
abusivement Tutulina) , déesse ro-
maine, préservait les moissons de laj
grêle, et les conservait quand elles
étaient rentrées. On la représentait
dans l'attitude d'une femme qui ra-
masse des pierres jetées par Jupiter.
Elle avait des autels et même une
chapelle sur l'Aventin.
TYCIIÉ: i» la Fortune (T. ce
nom); 2° Océanide (elle jouait avec
Proserpine quand Pluton l'enleva);
3° Hyade.
TYCHES ou TlCriIS , passait en
Grèce pour le deuxième des quatre
génies domestiques égyptiens; Ana-
cliis, Dymon et Héros auraient été
les autres. Tychcs veillait &ur l'homme
pendant fa vie. On doit lire , sans
doute , Anacès , Dyuaoïis (ouDœ-
mon), Tyche', Éros.
TYP
TYCHON , un des dieux altiques,
parèdres de Priape. Ce mot revient
à qui politus est, et, en lalin , se
rendrait par Perficus. Les autres
dieux priapoïdes de l'Attlque sont
Orthane, Conisale , Dordion , Kib-
dase et Pyrgès.
TYDÉE , Tydeus , fils d'OEne'e
et de sa deuxième femme , Péribée,
tua par mégarde son frère Mélanippe,
s'exila, obtint daas Argos la maia
d'une des filles d'Adrasle, Déipbile,
et devint ainsi beau- frère de Poly-
nice, qui, comme lui, était arrivé
fugitif à la cour d'Adraste. Bientôt
Polynice dirigea sur Thèbes l'armée
des sept chefs; Tyde'e fut un d'entre
eux. Quoique peu habile dans l'art
de manier la parole, il fut député
par les confëdere's au roi de Thèbes,
Etéocle , pour le sommer de rendre
le trône a son frère : Etéocle rit de
la sommation. En revanche, quand
il disposa sur les pas du vaillant am-
bassadeur cinquante hommes en em-
buscade, Tydée se rit du guet-a-
pens et tua toute la troupe, à l'ex-
ception d'un homme. Déjà, pendant
son ambassade , il avait pris part aux
jeux célébrés par lesThébains et avait
remporté tous les prix. Chargé, après
son retour au camp, de l'attaque de
la porte Prélide , il se distingua de
nouveau par sa vaillance, mais il fut
blessé paj- Mélanippe, fils de Mêlas,
et tomba baigné dans son sang. Quel-
ques mythologues le montrent déchi-
rant avec les dents la tête de Méla-
nippe; alors Minerve, outrée de tant
de barbarie, l'abandonne, et il meurt.
— Diomède, son fils, yn des Epi-
gones, portait le nom de Tydide.
TYMBER. Foy. Laride.
TYNDARÉE (vulg. Tyndare).
Voy. Lkda, Hélène, Dioscures,
ICARIUS.
TYPHOÉE(TlPHOEUS, Tv<^*6Wf);
TYP
5:3
TypHOTJ, Typhos ou TyphÉe, un
de ces antagonistes de Jupiter créés
par l'imagination grecque sous l'in-
fluence des dualismes étrangers. In-
dubitablement, Typhoée n'est qu'une
transformation du Typhon égyptien,
opiniâtre ennemi d'Osiris et d'Haroé-
ri. Mais Typhon représente générale-
ment et vaguement toutes les influen-
ces et toutes les actions funestes;
tandis que , soit par l'eff^et de circon-
stances locales, soit à cause du rap-
port fortuit des mots(Typlios,Ti/4)(jf,
vapeur), le Typhoée des Hellènes de-
vint plus spécialement une personni-
fication volcanique. Ce trait, un de
ceux qui le séparent le plus nette-
ment du Typhon égyptien, le distin-
gue aussi de deux races ennemies de
Jupiter , les Titans et les Géants.
Rarement on l'a confondu avec ces
derniers; mais, presque partout, on
l'a compté parmi les premiers, ce qui
est contraire au texte des anciennes
légendes ainsi qu'à l'esprit des con-
ceptions primitives. De plus, le lieu
de la scène n'est pas le même dans
les trois mythes : la Tilanomachie
et la Gigantomachie se passent, du
moins en partie, sur le sol grec;
l'Asie-Mineure et les îles de la mer
Italique, voila le thëàtre des aven-
tures de Typhoée. Toutefois, nous
retrouvons des points de coïncidence
assez nombreux entre Typhoée et les
Titans pour concevoir comment des
poètes, et surtout des poètes grecs,
ont pu faire du premier un membre
de la race titanide. Selon Hésiode
( Théog. , v. 821 ) et ApoUodore
{Bil/lioth.,1, 6, 3), Typhoée naquit
de la Terre et de l'Erèbe ; ce dernier,
dans la cosmogonie du poète d'Ascra,
est , ainsi que la Terre ( rxix ) , un
des quatre grands êtres primordiaux :
les Titans, au contraire, doivent la
naissance à la Terre et à Uranus (le
574
TYP
Xyp
1
Ciel), qui esl à la foij |.e fils et l'pppm
de la Terre. Une tradition postérieure
et dépourvue d\autorilé {Hynifi. à-
Apollon , daji$ les poésies pseudo-
homériques, V. 5o5) regarde Juuoh
comme la mère de Typhoéej jalouse
de voir Jupiter seul donner naissance
à Mipervc, Juiiou chercha les moyens
de devenir mère sans la coopération
de son époux. Dans la mytliologie
vulgaire, c'est à Mars que nous la
voyons donner ainsi le jour j mais ,
dans rb Yinqe dont il est question, c'est
l'adversaire futur de son épopx qu'elle
porte neuf mois dan^ soi) sei». Vë-
clectisroe des siècles suivants fondit en-
semble les deuK récits : irritée de la
cataslropjie des Géants ses (ils, la
Terre, dit Eustafhc (.^nr liv. Il de
VlUodf), eïcila yr) démc.'é entre Ju»
piler et Junon, Celle déesse se rend
aupiès dç3alur»e son père, liji racon^
te ses douleurs et }ui demande yen-
geaijce : l'anljque dieu luj remet deux
œufs, qri'elle déposera soigncgsemeul
sur la terri et dont bii^nlùl sorljra
nn être assez pujssaijt pQur expulser
Jupiter 4» lr»ne céleste, Jiingn exé-
cute les ordres de son père; mais à
peine quelques jours se Spul passes,
et déj'a la yi|i(licali»c déesse se récon-
cilie aviçp so» 4pouXf elle se rppent
alors de s* préeipitalJQiJ et réyèle au
père des dieu» ce ani s'est passé. Il
esl Irop tard pour s opposer a la nais-
s^incç (11) monstre 5 et Jupiter n'a pljjs
d'-aulre parti à prendje qM'à se tenir
sur .ses garde$ et h r^iuinier sa foudre
assoypie. Typboée venait àa jjaîlre
sur npe jr.ont^gpe de la C;lic:e nom-
mée Arimçs ("Afi<(««!<) et avi.it eligi^i
pour r?P*ir^ i)» aplfe iînpicnsc (Pin-
dàre, Pythif/. f I, ?9J que Mêla
{Géog.,l, i3) appelle fypjjouium,
et qu'il rejpplissiijl de vgpeurs em-
poisonnées. Ses pieds, ses mains, au
diçe d'ïlisigdp, sUJenl ii^ns une agi-
talion perpétuelle j cent têtes de ser-
pent se dressaient sur son corps gi.,
ganlesque et dardaient iju loin des
regards de feu : laulôl le goji de sa
voix était intelligible pour les dieux
LabilanlsderOlympe, laulôtc'étaient
les mugissements du taureau, les ru-
gissements du lion , les longs hurle-
ments du chien ou les sifllemeuls du
serpent. SuivantApoIlodore (1,6,^3), v
Typboée réunissait les formes (la.Ml
rnomme a celles des bêles sauvages { «■
de «es mains , dont l'une louebajl au
levant tandis quç l'autre alleignail le
couchant, sQrlaicut en gujse de doigts
cent têtes de serpent; de ses cuisses
aussi s'élançaient de nom/irpuses vi-
pères qui , formant autour de lui des
replis multipliés, l'enveloppaient jus-
qu'à la tête et faisaient entendre aa
loin d'épouvantables sidlements. t)e^ ^^
plumes rouvraient spa corps , duill
moifls depuis les épaulps jusqu'aux ^1
hanches (comp, Antpnin. J^iberajis,
ch. 28 j Manilius, AslfOfi, , 5,82}
Hy^\n,Jal^- CLltj etjSchol, d'Aris-
toph. sur y. 555 des Nuées). Sa
taille dépassait la cime des pics les
plus élevés; sa tête touchait atlX au-
tres j sa bpuche vomissait dfs tor-
rents de flamme ; îies mains lan-
çaient des pierres giganlçsqjues cow-
U'e J'Olympe- Cnfin il se mit en de-
voir d'escalader le ciel. C'est ajors
que les diepx s'ejifuirent, el se ré-
fugièrent en Egypte, déguisés, l'un
en chai, l'ai))re en biche. Plus brave,
Jupiter ne cessa de lancer la foudre
tant que le géant fut à quelque dis-
lance de lui; lorsqu'il le vit s'appror
cher, il se saisit d'une faux de dia-
mant, et, mepaçapt de lalsme bril-
lante son antagoniste époiiyanlé, il le
pcursijivit jusqu'au mont Casius en
Syrie, et, la,il eu vint au^j: mains»
avec le monstre. Mais bicnlôl le co-
losse serpeutifprwp l'enlaça d? ses
I
TYP
replis, s'empara de la faux, coupa
au Iristp Jupiter les nerfs des pieds
et des mains, et Femporla dans la
Cilicie , où il le renferma au fond
de l'antre Corycien, soijs la garde
d'un monstre a lète de femme et a
corps de dragon : les nerfs , enve-
loppés dans une peau d'ouf s, étaient
déposés à part. Mercure et Égjpan
parvinrent à tromper U surveillance
cleDelphyne (c'est le nom qu'on donne
a la gardienne) et à s'introduire dans
la grotte , où }\s rajustèrent en secret
les nerfs enlevés q, Jupiter. Le dieu
ayant alors recouvré ses forces, par-
tit dePOlympe sur un ch^r attelé de
chevaux allés , et poursuivit Typboée
à coups de tonnerre jusqu'au mont
Nysa. Jja les Parques le trompèrent,
et, sous prétexte de ranimer sa vi-
gueur chancelante , lui firent manger
des fruits éphémcres qui l'affaibli-
rent encore. Toujours fuyant, tou-
jours lançant des rocs énormes, des
monts entiers contre Jupiter, il arr
riva au pied du mont Ilémus , où il
commença à perdre du sang sous les
coups réitérés du dieu iulminaleur.
C'est même à cette circonstance
que les Grecs attribuèrent l'origine
du nom de la montagne ( Hœm. ... ,
xïf^dyen grec veut dire sang), Typboée
tenta ensuite de s'enfuir a travers la
mer de Sicile 5 mais , à l'instant où il
mettait les pieds sur le sol de cette
île , Jupiter laissa tomber l'Etna sur
luj, Le mont gigantesque abattit le
colosse qui , depuis , ne pt^t venir a
bout de se relever : quelquefois seu-
lement, il essaie de changer de posir
tionj de ses vastes mouvements nais-
sent les tremblements de terre; de
ses efforts pour respirer, cette agita-
tion continue et sourde de tant de
matières incandescentes dans le sein
de la montagne : rejette-t-il l'air de
aes poumoû* , le cratère vomjt des !a-
TYP 575
ves embrasées. Selon Eomhre{Iliad.^
liv. II, V. 782), le lieu de sa nais-
sance lui sert aussi de tombeau 5 c'est
sous les montagnes d'Arime que le
monstre gîtécrasé.Pindare(Py/^i'o
I, V. 29), qui donne à l'immense ca-
davre des myriades de stades de lon-
gueur, place sa tète sous les plaines
phlégréennes que domine le Yésuve
sa poitrine sous les eaux de la mer
que parsèment les îles Vulcaniennes
et où s'élève Stromboli 5 enfin le reste
de son corps sous FElna. Le jour,
des colonnes de fumée , la nuit des
jets de flamme attestent que la re-
pose Typboée. Ovide, frappé de ce
que la fiction du lyrique de Thèbes
offre de grandiose, la copie h sa fa-
çon (/T/e^a/;i., liv. V,v. 35oetsui7.),
en plaçant l'Etna sur la tète du géant,
le cap Pélore [di Faro) sur son bras
droit, lel'acbyne [Passaro) sur son
bras gauche , et le Lilybée {di Boeo)
sur ses jambes. Hésiode suppose que
Typboée , accablé par les traits de la
foudre , s'abîma dans les profondeurs
du Tartare. Quelques mythologues
(Natalis Cornes, liv. VI, ch. 22)
le font tomber sous les flèches d'A-
pollon. Enfin , (f autres , se rappro-
chant davantage de la légende égyp-
tienne sur Typhon, représentent son
homonyme grec se plongeant dans
le lac Sirbonide (Apollonius de Rho-
des, di. II, v. 12 19). Nonnus, qui a
consacré les deux premiers chants de
ses Dionysiaques a la lutte de Ty-
phon contre les dieux, termine le ré-
cit de la lutte sans montrer le géant
écrasé par des monts; Typlioée suc-
combe aux attaques réunies de tous les
immortels que commande Jupiter :
les échos du Taurus retentissent du
bruit de sa chute. Au nom de Mer-
cure , comme principal auxihaire de
Jupiter , il substitue celui de Cad-
mus qui, par un stratagème, dérobe
576 TYP
66 nerfs cachés dans la grolle par
Typlioée, et les rend au roi des
dieux. Les mythologues ordinaires
donnent pour amante h Typhoée
£chidua , qui le rendit père de Cer-
Lère, d'Orthe, de riiyclre de Lerne,
de la Chimère (liésiocfe, Théogon.,
V. 3o4. et suiv.). A cette liste , Apol-
lodore ajoute le lion de Némée, le
dragon des Hespérides, le vautour de
Proraélhée et le Sphinx. Selon Hé-
siode , tous les venls orageux et fu-
nestes , Nolus , Borée et Zépliyre ,
étaient aussi ses fils.
TYPHON, TuÇtiv, célèbre dieu
égyptien, personniCcation et emblè-
me de tout mal , est donné par la
tradition vulgaire , comme frère
d'Osiris et d'Isis et comme fils de
Crone ou de Saturne. La Terre (et
comme le disent les Grecs llliéa) fut
sa mère. Il épousa Neflé (selon les
Grecs Nephlys ou ÎS'cpIitbys)sa sœur,
de laquelle il n'eut aucun enfant ,
quoique de l'union fortuite de celle-ci
avec Osiris son frère et sou beau-
frère soit né plue lard le dieu cyno-
céphale Anbô. Préposé par la con-
fiance de son frère au gouvernement
des déserts orientaux de l'Egyplc,
Typhon, dont l'ambition avait tou-
jours aspiré au trône d'Osiris, ne
tarda pas à profiter de son absence
pour marcher sur l'Egypte. Isis, ré-
gente du royaume , envoie Hercule
contre le rebelle qui bientôt est réduit
à une fuite honteuse. Mais on le voit
reparaître lorsque Osiris vainqueur
revient des Indes et de la Grèce :
il est reçu comme s'il n'avait jamais été
coupable, comme s'il était impossible
qu'il tramât de nouvelles perfidies.
Osiris pousse la confiance jusqu'à se
rendre dans le palais do son astucieux
ennemi, jusqu'à s'asseoir à la même
table avec le traître, avec Aso, reine
d'Ethiopie, §a concubine et son alliée.
TYP
avec 72 complices de sa rébellion et
de ses crimes. Bientôt arrive le coffre
aux riches sculptures et a\i bois incor-
ruptible , le coifre à formes humaines
que Typhon à fait exécuter en secret
sur la mesure d'Osiris , le coffre qui
doit être donné eu prix à celui dont la
taille le remplira exactement. Osiris
s'y place lui-même après que tous les
autres ont en vain tenté cl'emplir de
leur corps le divin modèle : Typhon
l'avait prévu et referme aussitôt sur
son imprudent beau-frère le couvercle
du coffre 5 ses complices le secondent
dans celte œuvre de mort , et ce cof-
fre «lombeau est abandonné au cours
du Nil. Typhon triomphe, Isis fugi-
tive descend du trône et court cher-
cher la dépouille funèbre de son époux j
Haroéri, trop jeune pour venger ses
malheurs , cache son adolescence dans
l'île de Boulo. Apres un long espace
de temps , Isis revient en Egypte
avec les restes inanimés de son cher
Osiris. La seule présence de ces dé-
bris sacrés peut faire chanceler l'usur-
pateur sur son trône. Mais il est en-
core servi par le destin : une nuit
qu'il s'est égaré à la chasse, il aper-
çoit le coffre saint au clair de lunej
l'ouvrir , mutiler le cadavre, le déchi-
rer en quatorze lambeaux qu'ensuite
il disperse dans les nomes du Delta,
sont pour le pervers Typhon l'œuvre
dun moment : il croit avoir ainsi raf-
fermi sa puissance. Mais la persé-
vérance d'Isis le défie encore : treize
des funèbres lambeaux sont retrou-
vés, un phalle de cire remplace le
quatorzième; Haroéri, qui a grandi
dans la solitude de Bouto, et que les
leçons de son père ( f^oy. Haroéri)
ont initié à toutes les hautes vertus
d'un roi, rassemble une armée, bat
Typhon et ses complices, auprès de
la ville à qui déjà la défaite d'Anlée
par Hercule a fait donner le nom
d'Anléopolis ; s'empare du chef des
rebelles et l'envoie chargé de chaî-
nes aux pieds d'Isis sa mère. Celle-
ci délie le perfide , qui aussitôt re-
tourne à la tête de ses partisans, et
qui recommence la guerre. En même
temps il proclame que l'adultère a
souillé la couche d'Osiris et il sème
des doutes sur la légitimité d'Haroéri.
Vaincu de nouveau, il va retomber
entre les mains de son jeune anta-
goniste , quand tout-a-coup il se
dérobe a ses regards et se métamor-
phose en crocodile. Bientôt il re-
prend sa forme primitive et continus
sa retraite, monté sur un âne qu'il
dirige sept jours de suite vers le nord:
arrivé au lac de Sirbon (aujourd'hui
marais de Menzaleh), il s'y plonge
et y ensevelit a jamais ses regrets et
sa honte. Athénée ou plutôt Hella-
nicus (dans Athénée , Dipnosoph.y
liv. XV, chap. 7) rapporte que lors-
que Typhon s'empara de la souve-
raine puissance au détriment ou par
la mort de son frère , tous les dieux
jetèrent spontane'ment leurs couron-
nes. Outre Aso l'Ethiopienne, Ty-
Çhon avait encore pour concubine
'houéri j et plusieurs légendes sem-
blent le présenter comme furtivement
admis dans la couche d'Isis. — Est-il
besoin de démontrer que Typhon ne
fut jamais un personnage humain, pas
plus qu'Osiris , pas plus qu'Haroéri
et Isis? Nous croyons ce soin super-
flu, bien que Fourmont {Réjlex,
crit. sur les hist. des anc. peu-
ples , tom. I, liv. 2 , chap. i5) ait
identifié ce dieu avec le patriarche
Jacob. Il est assez évident par tout
ce qui précède que Typhon repré-
sentait en général pour les Egyptiens
toutes les influences funestes ou ma-
lignes. Ainsi, tantôt il est le symbole
des ténèbres opposées aux rayons lu-
mineux du soleil 3 tantôt lumineux
liV.
TYP
577
lui-même il sera du moins stérile et
infécond : ce sera le soleil du Désert
dardant des feux intolérables sur des
plages inhabitées. Ailleurs il sera ces
plages mêmes, il se confondra avec
la brûlante lisière arabique a laquelle
les traditions vulgaires le font prési-
der 5 quelquefois il apparaît soit
comme ce terrible Simoum ou comme
le khamsin, ce vent du Désert, si ra-
pide et si fatal, que Ruppel {lettrect
M. deZach) a reconnu être un phé-
nomène électrique 5 soit comme ces
miasmes pestilentiels que laisse échap-
per la surface des marais, soit surtout
comme les maladies épidemiques qui
résultent de l'une ou de l'autre cause.
Quelquefois aussi l'Egypte reconnaî-
tra en lui la mer, élément abhorré
long-temps des pieux et sédentaires
Nilicoles, la mer dont l'immense
abîme engloutit les flots nourriciers
du Nil. Enfin, la vie nomade sem-
ble avoir été figurée par Typhon :
Osiris, ce dieu bienfaisant, est l'agri-
culture, première nourrice, éternelle
bienfaitrice des hommes. Nomade in-
quiet et jaloux, l'incorrigible Typhon
Sromène ses fureurs tantôt au fond
es solitudes sablonneuses, tantôt
dans la riche vallée que fécondent de
paisibles cultivateurs. Au physique
encore, mais dans un sens plus res-
treint, on personnifiait dans Typhon
la laideur, l'extrême maigreur, toutes
les formes bizarres et monstrueuses
de la nature. Au moral. Typhon re-
présente le vice, jaloux, ambitieux,
hypocrite , rebelle , calomniateur.
Les animaux avec lesquels les lé-
gendes et les monuments le mettent
en rapport achèvent de jeter du jour
sur ce caractère de nuisibilité que
déjà nous ne pouvons méconnaître
dans Typhon. L'àne (probablement
l'onagre ou âne sauvage), sa monture
ordinaire, celle sur laquelle à l'époque
37
57»
TYP
TTP
de ses Iriompbes il court a la recher-
cbe d'Haro^ri , sur laquelle plus tard
il se dérobera k sa yengeance, aboD<
de dans les déserts de l'Arabie sep-
tentrionale et de la Syrie ; les patres
nomades de ces régions le nourrissent
h peu de frais et lui doircnt souvent
l'indication de fontaines inconnues.
D'ailleurs les caprices de son carac-
tère ont pu conduire k établir un rap-
port entre ranimai rétif et le rebelle
Tjphon. Le crocodile, dont ce dieu
raccbant emprunte la forme pour fuir
le champ de bataille où Haroéri l'a
taincupour la deuxième fois, est aussi
on animal funeste. L'hippopotame,
l'ourse ( appelée souvent le chien de
Typhon), le verrat, le scorpion,
étaient consacrés de même a ce génie
du mal. On sait que le taureau mi-
thriaque compte parmi ses ennemis
le scorpion, qu'on voit ramper au-
tonr de son organe viril dans une
attitude hostile. Mais ni ces idées ni
ces emblèmes n'appartiennent origi-
nairement k la Perse: l'Egypte en
eut d'analogues long -temps avant
elle ; et de même qu'Osiris était
censé se déléguer et se perpétuer dans
l'éternelle snccession des Apis, de
même Typhon pouvait être représen-
té par le scorpion. Antonr de Typhon
se groupent naturellement qucltnies
personnages divins que , pour la plu-
part, nous avons nommés, et qui for-
ment, en quelque sorte , une famille
typhonique. Ce tont d'abord Nefic,
puis Thouéri et Aso. Weflé n'est au
fond que Typhon en tant que femme :
conçu originairement , ainsi que tous
les autres dieux, comnie hcrmapliro-
dile, Typhon se dédouble et devient
Typhon et Nefté : plus lard celle-ci
se scinde elle-même en deux person-
nages et donne lieu a la création de
Thouéri. Aso est un autre dcveloppe-
menl (éminin de Typhon ^ développe-
non 1^
ment parallèle k Nefté et
Thouéri : elle représente le désert du
sud , comme Neflé le désert du nord.
Sovk, ou, comme le traduisirent les
Grecs, Crone (Saturne des Romains',
est aux cieux ce que Typhon est sur
la terre. En un sens il s'identifie avec
liii^ comme lui, il mutile un ennemi
vénérable (dans la mythologie grec-
que Saturne mutile Uranus), comme ,,-
lui il est opposé à uti dieu, soleil bieiîfll
faisant. Antée et liusiris sont aussï^
des incarnations typhoniques : mais
si le type est ici égyptien, la bro-
derie est évidemment d'origine grec-
que, et la d'ailleurs les distinctions
sont plus essentielles que jamais.
Antée, adversaire de Djom - Her-
cule (qui n'est autre que le soleil),
est le génie du mal au ciel , et soas
ce point de vue il se fond dans Mars
( Ertosi ) et dans Sovk; Busiris est
ce même génie du mal dans les som-
bres demeures, dans l'Araenti. En-
fin, Anébo (vulg. Anubis), fruit de
l'adultère de INeflé avec le principe-
bienfaiteur Osiris, forme la traninfl
ition des personnages lyphoniqueSI
au cortège des dieux osiridiques ou
bienfaisants. Contemporain des cultes
d'Isis et d'Osiris, le culte de Ty-
phon ne commença probablement
à devenir en vogue qu'assez tard.
Toutefois il tint une place impor-
tante, quoique inférieure, dans le
cérémonial religieux. Parmi les villes
qui lui consacrèrent leurs hommages,
on dislingne une Hérncléopolis, sans
doute la petite Iléracléopolis, nom-
mée aussi tantôt TyphoDos ou Typlio-
nopolis, tantôt Avaris, et identifiée
par Pauw [OEuv. philos. , t. V,
p. 226 et 27) à Selhron ; eu effet
ce deriiier nom rappelle celui de
Selh , comme Typhonopolis celui
de Tvphon. Du reste les temples ou
chapelles consacrés k ce dieu ou mal
TYP
étaient toujours fort petits, et leur
exiguité contrastait avec les énormes
dimensions et la magnificence des édi-
fices qui presque partout s'élevaient
près d'eux en l'honneur des divinités
bienfaisantes. Les bâtiments consa-
crés a Typhon se nommaient propre-
ment Tjphonium. Il y en avait un à
Memphis, dans les belles constructions
destinées au bœuf Apis. On sait que
l'animal sacré , lorsqu'il était ramené
des processions ou des promenades
avait le choix entre deux chapelles,'
la blanche et la noire. La chapelle
blanche était la chapelle d'Osiris j
Ja noire n'était autre chose qu'un
Typhonium. Le choix du divin bœuf
élait regardé comme un pronostic
important. Une des principales céré-
monies du culte de Typhon consistait,
ace qu'il paraît, k s'éloigner des
lieux habites par les hommes , ce qui
se faisait au son du «islre. On lui
sacrifiait, assure-t-ou, des hommes
roux, parce que lui-même avait les
cheveux de celte couleur. Mais pro-
bablement ces sacrifices, s'ils eurent
heu, étaient rares, et il faut se bor-
ner k entendre que des victimes
rousses tombaient k ses autels. Nous
ne pouvons dire si parmi ces victimes
bjjuraient l'hippopotame, le croco-
dile, le verrai, que nous savons lui
avoir été consacrés. 11 ne règne
guère moins d'iucertilude sur les for-
mes que lui donnaient les sculp-
teurs et les peintres dans les monu-
ments. Nous reconnaissons, avec as-
sez de certitude, les représentations
lypi.omennes- mais quel personnage
typhonien ont-elles pour but d'offrir k
nos yeux.^ c'est ce qu'il est plus dif-
ficile de déterminer. Ainsi, par exem-
ple, le dieu crocodilocéphale, auquel
sur le portique du grand temple
*'«•, vol. I, pi. 43, ,9) on voit
iTYP 579
Plolémée-Évergète U apporter une
riche offrande, estSovkj et non, com-
me on sel était naturellement ima-
gme, Jyphon. Le dieu crocodile du
bas-rehef d'Esneh , figuré pi. 82 2
du même ouvrage, est aussi le père
de lyphon, selon Creuzer. Une
pierre gravée du cabinet de Stosch
[DactyliothecaStosch., éd. Schli-
chtegroll, tab. 22, n° 116) repré-
senterait Typhon pressant de son
genou victorieux Poubasli ( Diana-
Bubastis.) métamorphosée en biche •
mais cette explication a déjà été ré*
voquée en doute par le traducteur de
Creuzer (t. I, p. 814, note 2). lU
a un peu plus de raison à voir Typhon
danscette laie, ou, s'il faut en croire
«irt, dans cette ourse qu'un bas-
rehef du petit temple d^e Karnak
{Descr.del'Eg.,Antiq.,i. II
pl. 64) représente debout, la gueulé
ouverte, opposée k un lion égale-
ment debout et armé qui semble ~
prêt a défendre, contre l'animal
typhonique, un épervier mitre (sans
doute Haroéri), environné de lo-
i'F^r /^'^''^■''■'^ du Typhonium
d Edfou {Desc. de VEg] T I
Jh. 5,6, 7, p. 33 etc.) représente
Haroeri et Har-Pokrat, alternant
avec divers personnages k formes
hideuses et hétéroclites dont plusieurs
certainement sont des Typhons : tan-
tôt ce sont des Lies (ou des ourses),
des hippopotames, des crocodiles k
peu près tel, que les procrée la na-
ture^ tantôt sur le corps du digiti-
grade ou du mammifère aquatique
s eleve la tête du reptile aux deits
algues et acérées. Quelquefois k la
formeanimale se trouvent substitués
des types humains, mais quels types!
ie plus souvent c'est un nain giies-
q-.e, véritable caricature. Dans ce cas
néanmoins, il ne faut pas se hâter*
de dec.derjcar Fia, cette deuxième
1
58o
UDE
UFE
personne de la trinile' , affeclc aussi
ces formes trapues el insolites, et
Ton ne doit prononcer sur le vérita-
ble caractère du nain divin qu'à l'aide
de quelques autres indications. En-
fin , à notre avis , la laie désigne
{)lutôt Neflé que Typhon. Quant k
'ourse , comme signe de la constel-
lation polaire, peu importe son sexe
(Comp. l'art. TyphoÉe).
TYKIE,Tyria, Tvpi'xj une des
épouses qu'ApoUodore donne a Egyp-
tus , le rendit père de trois fils ,
Clilus, Slliénèle et Chrysippe.
TYRIMNE, dieu de Tyalire en
Lydie, y avait un temple et passait
pour le grand protecteur de la ville,
où il était honoré par des jeux pu-
blics.
TYRME , dieu canariote, dont
l'idole était placée sur la cime d*un
mont. Ses fervents adorateurs se je-
taient de la dans un vaste précipice ,
et croyaient par cette fin volontaire
s'assurer la béatitude éternelle.
TYRO, Tvfâ , fille de Salmon^e,
le roi d'Elis, et d'Alcidice, fut d'a-
bord maîtresse de Neptune ou du
fleuve Enipée, dont elle eut Pélias
et Nélée 5 puis femme de Crélhéc
l'Éolide, qu'elle rendit père de trois
fils, Ebon, Phérès, Amythaon. Elle
avait long-temps subi les persécu-
tions de sa belle-mère Sidéro. Les
mythologues vantent sa beauté, et se
plaisent a la dépeindre rèveusey et
seule, errant aux bords du fleuve Eni-
pée, secret objet de ses amours. Sui-
vant les uns, c'est quand Sidéro l'a
bannie de la maison paternelle qu'elle
va ainsi promener ses douleurs le long
du fleuve qui bicntôtla console 5 selon
les autres, Neptune profite de la
tendresse delà nymphe pour le fleuve,
emprunte les formes d'Eiiipée , et,
grâce a cette ruse et au sommeil pro-
fond qui s'empare des sens de Tyro,
possède la belle promeneuse. Les
eauï du fleuve s'arrondissent d'elles-
mêmes en voûte diaphane et forment
un dais protecteur aux deux amants.
TYRRHENE, Tybrhetjus : 1°
fils d'Atys et chef d'une colonie de
Lydiens en Elrurie; 2° intendant
des troupeaux de Latinus. C'est lui
qui, lors qu'Eiiée eut cessé de vivre,
guida la tremblante Lavinie dans les
bois, lui éleva une humble cabane,
la seconda dans son accouchement
{ f^oy. Stlvius), el plus tard la
présenta au peuple quand des soup-
çons infamants pesant sur Ascagne
le forcèrent k prouver que Lavinie vi-
vait encore.
TZAR-MORSKOI , dieu slave,
qui présidait k la mer , a été com-
paré k Neptune. Il a sans doute sous
ses ordres Tchoudomorskoé et quel-
ques autres esprits inférieurs. Son
nom veut dire le maître delà mer.
u
UAR , JUCHOR , JUCHORBA ,
les mêmes que Brias, Jurka, Jurka-
ta. Voj. JuBKA.
UDEE , et quelquefois OudÉe ,
UoiEUs, Ow^aTof, un de5 cinq Spar-
tes qui naquirent des dents du dra-
gon semées en terre par Cadmus, et
qui l'aidèrent à fonder le royaume de
Thèbes. Udée fut un des ancêtres de
Tirésias. Olèaios signifie qui vient
du sol, qui tient au sol.
UFENS, chef italiole, auxiliaire
de Turnus, fut tué par Gyas. Euée
promit aux raànes de Pallas de leur
immoler les quatre fils d'Ufcns. Ainsi
dans l'Iliade Achille immole douze
ULT
ptisonniers troyens sur la dépouille
inanimée de Palrocle.
ULYSSE , Ulysses, en grec d'O-
dyssée, Odysseus , ' Oêva-inU , cé-
lèbre roi d'Ilhaque et de Dulichium
(Tiaki et Atakos? ) , devait le jour à
la reine Anticlëe ou Euryclée qui eut
pour époux Lacrte et pour amant
avant le mariage Sisyphe. C'est, dil-
on, Aulolycus, son aïeul, qui lui
donna le nom d'Odyssée à cause du
vif courroux qu'il ressentit en arri-
vant dans Ithaque [oèva-a-tifiivos tfoX-
)^ois ecv^px(r( Tt x.ûtt yuvxi^i) j d' au-
tres, expliquant Odysse... par re-
douté, veulent qu'Aulolycus, chargé
de donner un nom à son petit-fils, se
soit écrié : u Dans ma jeunesse, je fus
la terreur de mes ennemis 5 qu'on lire
de la le nom de cet enfant , qu'il soit
nommé Odyssée (le redoutable). »
Le nom d'Oulis, que se donne lui-
même Ulysse quand Polyphème lui
fait subir un interrogatoire , n'est
3ue l'abréviation d'Odyssée, et il
onne lieu a une assez plaisante équi-
voque dans l'Odyssée. Celui d'Ulysse
est une simple déformation latine
[Ulysses, Ulyxes). — Ce que nous
avons dit des relations de Sisyphe
et d'Euryclée explique assez le nom
patronymique de Sisyphide, quelque-
fois donné à Ulysse. — Quelques tra-
ditions font naître Ulysse dans Ala!-
comène, en Béotiej et l'on ajoute
qu'en mémoire de cet évèneracnl, il
fit bàlir dans Ithaque une ville d'A-
lalconiène. Arrivé a l'adolescence , il
alla visiter Autolycus sou grand-
père : les festins, la chasse, s'unirent
pour lui rendre agréable ce voyage;
dans une excursion sur le Par-
nasse, il fut blessé par un sanglier:
ranimai mordit bientôt la poussière;
mais le sang coulait en abondance de
la plaie, et une large cicatrice le ren-
dit h jamais reconnaisijablÇf Plus tard
ULY
58i
Lae'rte et les principaux citoyens
d'Ithaque l'envoyèrent en ambassade
chez les Messénienspourréclamer trois
cents moutons que leur avaient enlevés
des pâtres-brigands de la Messénie,
ou pour faire régler une indemnité
convenable. C'est a cette époque
qu'Orsdoque lui donna l'hospitalité el
qu'lphile lui fit présent du carquois
et des flèches qui plus tard devaient
donner la mort aux prétendants. Il
se dirigea ensuite versEphyre ou Co-
rinlhe pour y demander un fils de
Mermère, llos, à dessein de se faire
livrer du poison pour en impre'-
gner la pointe des flèches; il n'en put
obtenir, ce qui a fait penser que dès
cette époque Corinthe avait abjuré la
coutume barbare d'empoisonner les
traits qui doivent douner la mort.
Du reste, les mythographes ne le
conduisent a Corinthe que parce que
Médée, en séjournant dans cette île,
y a importé la science funeste des poi-
sons. Mermère d'ailleurs est fils de
Jason et de Médée. En revenant dans
sa patrie , Ulysse trouve dans Ta-
phos ce que lui avait refusé Corinthe :
du poison. Bientôt Ithaque le salue
du nom de roi, et cependant Lae'rte
existe encore. Rien ne nous annonce
qu'Ulysse arrive au pouvoir par une
usurpation, el rien pourtant ne nous
dit que sou pire ail abdiqué. Ce sé-
rail, au reste, l'exemple d'abdication
le plus aucien que puisse citer l'his-
toire. Quoiqu'il eu soit, Lae'rle vi-
vait à la campagne et se plaisait a
cultiver sou potai^cr, tandis qu'Ulysse
donnait des lois a ses deux îles. Il est
probable que dès cette époque il avait
épousé Pénélope; car où aurait-il
vu celte fille du Lacédémouien Ica-
rius, si ce n'est pendant ses voyages
dans le Péloponèse ? On peut, il est
vrai, supposer qu'il y relourna. Les
savants qui ont traité il fopd U guerre
Mt
ULY
■ de Troie , et qui ont pris au sérieux
de très-miuces détails, ont mis Ulysse
au nombre des amants d'Hélène j car,
disent - ils, les princes grecs ne se
réunirent à Ménélas revfnclit|uant son
épouse les armes à la main, que parce
qu'ils avaient prèle serment de res-
pecter le cboix d'Hélène, et de se
liguer contre quiconque oserait la ra-
vir à son époux : or Llysse fut de
l'expédition dirigée par les Grecs sur
Troie , donc Llysse avait pr^lé ser-
ment j donc il avait br gué la main
d'Hélène. Du reste, ces faciles ex-
plicateurs ajoutent quXlysse ne se
mettait ainsi sur les rangs que par
vanité ou pour imiter les autres^ car
Pénélope seule était l'objet de son
amour. Enfin, on assure que c'est
à Ulysse et non à d'autres que Tyn-
darée , n'osant choisir entre les pré-
tendants , et craignant des luttes
dont le dénouement aurait été fatal
f)0ur lui, dut l'idée de faire déférer
e choix à Hélène elle-même, et de
faire prêter aux nombreux rivaux le
serment qui les liait à la cause de
l'époux outragé. En revanche de son
avis , il reçut d'Icarius , frère de
Tyndarée, la main de celle qu'il ai-
mait. Clavier, d'après Apcllodore ,
assure au contraire qu'il ne fournit
l'expédient en question qu'après avoir
été agréé pour gendre par Icarius.
Les noces des deux cousines eurent
lieu à la même e'poque, mais Hé-
lène resta dans Sparte 5 Pénélope par-
tit pour Ithaque. En vain son père
voulut la retenir j en vain Ulysse ,
lassé de supplications importunes ,
laissa la nouvelle épouse libre de
Ï rendre la route de Lacédémone ou
e la mer : Pénélope, sans répondre,
se couvrit le visage de son voile , et
Icarius solitaire éleva sur le lieu de
cette muette réponse un autel a la
pudeur.— Ùû an à peine s'était passé
i
ULY
depuis que Pénélope avait donné le
jour h un fils, Télémaque, et déjà la
Grèce entière s'agitait pour recon-
quérir Hélène ravie. Ulysse d'abord
refusa do prendre part k une guerre
qui lui était totalement indifférente,
et pour s'y soustraire il contrefit
l'insensé 5 toute la raulliludc bien
bottée {'Evtn^^i^tç 'Axtioî) fut sa
dupe, et déjà la résolution élait prise
de se passer du concours du fils de djl
Sisyphe, lorsque Palaraède, jouant *■
au plus fin avec lui, mit sa ruse à dé-
couvert. Un des actes de folie du
prince d'Illiaque consistait a labou-
rer le sable sur le bord de la mer,
avec deux animaux d'espèce diffé-
rente , et k y semer du sel. Palamède
plaça Télémaque sur la ligne du
sillon ,• Ulysse, pour ne pas blesser
sou fils, leva le soc de la charrue.
Agamemnon et Ménélas , présents
k cette expérience , en conclurent
qu'Ulysse n'était pas fou^ et force lui
fut de partir k la tête de son contin-
gent. Ithaque, Crocytée , Egilipc ,
Zacynihe, Samos, l'Épire, enfin l'île
de Cépbalénie , lui fournirent des
soldats que douze vaisseaux reçurent.
Ulysse a son tour découvrit Achille
dans l'île de Scyros, Achille alors ca-
ché près de Déidamie , sous un cos-
tume de jeune fille [f^oy. Achille).
Par des lettres supposées il attira
dans Aulis Clytemnestre et Iphigénie
exigée par l'oracle {Voy. Ipuige-
Nie). a Lesbos , il disputa le prix
du pugilat a Palrocle et le renversa.
Sur la côte de Mysie , il contribua au
désastre des troupes de Télèphe.
Arrivé en Troade , Ulysse, toujours
protégé par Minerve, se dislingue par
l'éloquence et la bravoure , par ses
sages avis et ses hauts faits d'armes.
Il se rendit a Troie comme député
avec Ménélas et Palamède , y ré-
clama Hélène , sut décider He'cube k
ULY
le faire évader, ses collègues el lui ,
et ménagea une correspondance fur-
tive avec Anlécor. Plus tard, dé-
guisé en mendiant, il se procura une
entrevue avec Hélène. C'est à lui
cju'Agamemnon confia le soin de ra-
mener Cliryséis à son père. Quand
ce prince, k la suite du songe qui
lui promettait la prise de Troie, fei-
gnit de vouloir revenir en Grèce,
Ulysse, le sceptre en main, parcou-
rut les rangs des Grecs , leur repro-
chant leur lâcheté, et les flattant
de l'espérance de voir bientôt la ca-
pitale de Priam en leur pouvoir.
Thersite osait élever la voix conlre
les cliefs de l'armée, Ulysse le fit
taire en le frappant de .'on sceptre.
Dans les batailles qui suivirent il tua
Démocoon , Cérane, Alastor, etc.j
puis , avec Diomède et Phénix , il
alla supplier Achille de faire trêve à
son courroux et de reprendre les
armes. Les trois harangues furent
vaines , ou le sait. Bientôt Dolon
tomba entre ses mains, et, sur les
indices qu'il puisa dans sa conver-
sation , il se rendit avec Diomède
dans le camp de Rhésos , tua ce
chef ihrace , emmena ses chevaux
an camp avant qu'ils eussent bu de
l'eau du Xanthe et mangé de l'herbe
des prés du Simoïs. Déjà il avait,
toujours de moitié avec Diomède,
enlevé le Palladium. Le lendemain
Molion , Hippodame , Hypéroqiie,
tombèrent sous ses coups, mais une
blessure l'eropècha de poursuivre ses
avantages. Aux jeux funèbres donnés
en l'honneur de Palrocle , il eut pour
antagoniste à la lutte Ajax 5 la vic-
toire resta indécise , mais il obtint
le prix de la course. Aussi, à la
mort d'Achille , ne balança-t-il pas
à se mettre sur les rangs comme Fhé-
rilier le plus digne des armes de ce
héros. Seul , Ajax le Télamonide les
ULY
i83
lui disputa. On plaida devant les rois
assemblés , et la victoire resta au
plus éloquent, à Ulysse. C'est lui
aussi qui détruisit le tombeau de
Laomédon; c'est lui qui, accompa-
gné de ]Néoptolème, alla chercher
Philoclète au fond de l'île de Lem-
nos, et le ramena dans le camp grec
avec ses flèches herculéennes , sans
lesquelles il était impossible que Per-
game tombât. C'est lui, sans doute,
qui donna Tidée du cheval de bois
que Troie devait introduire dans ses
murs. C'est lui que Chiron, dans l'E-
néide, accuse d'avoir, de concert avec
Calchas, provoqué l'ordre fatidique
de sa mort. Enfin, il fait partie des
bandes armées qu'enferment les flancs
du gigantesque cheval, etquel'étour-
derie des Troyens amène avec des
hymnes de joie dans le centre de la
ville. Troie prise , Ulysse brille en-
core par la fmesse : c'est lui qui ou-
vre l'avis de précipiter Aslvanax du
haut des mursj c'est lui qui va , par
des mensonges , arracher Polyxène
des bras d'Hécube , pour la sacrifier
sur la tombe et aux mânes d'Achille.
Dans le partage des captives, le sort
lui assigne Hécubcj mais cette reine
d'il ion n'encombre pas long -temps
son vaissean : a peine les vents ont-
ils porté Ulysse eu Thrace, que le
désespoir, la démence s'emparent
d'elle j elle tue Polyranestor et se
suicide dès qu'elle a satisfait sa ven-
geance. Ulysse remet à la voile ;
mais la commence pour lui l'ère des
navigations malheureuses. Le nau-
frage qui accueille la flotte des Grecs
dans la traversée d'Asie en Europe
le jette chez les Cicones , dont il
pille la capitale , lue la population
mâle, et amoncelé les femmes, les
enfants dans ses vaisseaux. Tandis
que son équipage se livre aux plaisirs,
ceux qui ont fui le glaive du vainqueur
584
ULY
ULY
^
reviennent avec du secours, attaquent
les Grecs; et Ulysse, après une lon-
gue résislance et une perle de six
vaisseaux, finit par lever l'ancre. Bien-
tôt un nouvel orage fond sur sa flot-
tills, et la pousse sur le cap Malée,
auprès de l'île de Cjtlière. Dans une
autre tradition, c'estTélamon, incon-
solable de la mort de son fils , qui
place des fanaux au-dessus des bri-
sants de Salamine , et cause ainsi
la perte de la flotte. Deux vais-
seaux phéniciens échappent seuls à la
destruction , et conduisent le voya-
geur en Crète. De Cythère , après
avoir erré neuf jours entiers, il
arriva dans l'ile africaine des Loto-
phages. Dans ce délicieux pays ses
compagnons , dégoûtés des longs
voyages, lui déclarèrent qu'ils étaient
résolus a ne plus suivre sa fortune.
Ulysse, pour faire changer leur réso-
lution, se vil obligé d'attacber les
Îlus mutins aux bancs des rameurs,
j'île Éguse (ou des Chèvres) le re-
cul ensuite; et il s'y reposa un jour
entier , après quoi , remettant à la
voile, et cinglant vers l'est, il arriva
en Sicile. C'est là qu'à peine débar-
qués sur la grève ils furent , ses corn- -
pagnons et lui, saisis par les Cyclopes
et par Polyphèrae. On peut voir à
l'article de ce dernier de quelle ma-
nière Ulysse réussit a sortir de la
caverne où ce cannibale les avait
renfermés. C'est là que le nom d'Ou-
lis donna lieu à l'équivoque si célèbre
dont nous avons touché un mot au
commencement de cet article. Ulysse
séjourna ensuite un mois dans les
îles Eolieunes , apprit d'Eole la route
d'Ithaque, et reçut de lui des outres
où étaient emprisonnés les vents.
Malheureusement l'e'quipage, aiguil-
lonné par une fatale curiosité, les
ouvrit, et les captifs prenant l'es-
sor se vengèrent de leur courte incar-
cération par une effroyable teriipête.
L'orage ramena Ulysse dans les îles
Eolicnnes; mais cette fois Éole le re-
gardant comme maudit des dieux le
chassa sans secours. Six jours après,
il se trouva sur la côte des Lestry-
gons {Voy. ce nom). Deux de ses
compagnons périrent victimes de ces
nouveaux anthropophages, et onze de
ses vaisseaux furent submergés. Jeté
de là dans l'île d';Ea, il reçut de Cir-
cé un accueil favorable mais perfide.
Celte magicienne de l'Italie transfor-
ma par ses charmes ses compagnons
en immondes animaux, à l'exception
d'Euryloque. Pour lui, à l'aide d'une
herbe nommée moly , il eut le bon-
heur d'échapper au piège fatal; et
Circé, de venue son amante, rendit tous
ses compagnons à leur première for-
me. Au bout d'unan, les supplications
de son équipage le décidèrent à par-
tir; il laissa Circé enceinte d'un fils,
et apprit d'elle les moyens d'évoquer
les morts, et d'avoir une sorte de
conférence avec le devin Tirésias.
Muni d'instructions à ce sujet, il se
rendit dans le pays des Cimmériens,
et, après avoir débarqué, suivit la
côte de l'Océan jusqu'au monde sou-
terrain, dans la compagnie de Péri-
mède et d'Euryloque , fit ouvrir une
fosse comme pour un cadavre, laissa
couler dans ces profondeurs du vin ,
de l'eau , du mulsum et de l'orge ,
supplia les ombres de venir à lui ,
sacrifia au devin Tirésias une brebis
noire, et immédiatement après ces
cérémonies vil un peuple d'ombres
voltiger, se presser autour de la fosse.
Il en reconnaît plusieurs ; parmi ces
dernières il distingue celle de Tiré-
sias. a Neptune, lui dit le devin de
Tlièbes, est irrité contre loi; toute-
fois les malheurs sont sur le point de
cesser, si, arrivé eu Sicile, tu respec-
tes les troupeaux du Soleil. Au con-
ULY
traire si lu manques a ce devoir , iii
perdras le fruit des fatigues que jus-
qu'ici tu as endurées j un seul navire,
un navire étranger te conduira dans
l'île où tu règnes de droit j tu arrive-
ras en costume de mendiant au palais
de tes pères 5 tu y trouveras Péné-
lope gémissante , tes Liens livrés a la
dilapidation, et de nombreux préten-
dants occupés à se disputer ta ri-
chesse et ta couronne. Plus tard en-
core, tu recommenceras tes voyages,
et tu arriveras, une rame sur l'épau-
le, dans un pays oij l'on te deman-
dera si c'est un javelot. Arrivé là,
cache ta rame en terre, sacrifie un
bélier , un taureau et un sanglier à
Neptune," puis bientôt tu reverras ta
patrie. » Tirésias disparut à ces
mots. Ulysse s'entretint encore avec
diverses ombres plus ou moins célè-
bres. Cette entrevue avec les moris
est vulgairement qualifiée de descente
aux enfers. Le titre ancien de nécyo-
mancie ou divination par les morts
est infiniment préférable 5 car Ulysse
ne descend pas aux enfers, ainsi qu'E-
née dans Virgile. Son déplacement est
imaginaire ou métaphorique. De re-
tour à sa flotte, il fait voile vers l'est,
repasse devant Ma. , y rend les hon-
neurs funèbres a Elpénor, demande a
Circé de nouvelles instructions, fran-
chit Scylla, Cbarybde et les brisants
mélodieux au milieu desquels résonne
la voix dangereuse des Sirènes j il ar-
rive enfin dans l'île de Trinacrie, de-
vant laquelle il veut passer sans s'y
arrêter, et y débarque sur les in-
stances réitérées de l'équipage qui
jure de ne pas toucher aux taureaux
du Soleil. Mais un mois se passe, et
les vents contraires s'opposent au
rembarquement. Les provisions se
sont épuisées, et, en dépit de leur
serment, les matelots affamés se jet-
tent sur le magnifique tçoupeau du
ULY &85
dieu qui va se plaindre au conseil des
immortels. Six jours après, des vents
propices invitent les aventuriers à se
remettre en mer^ et presque aussitôt
la tempête disloque les navires, et
tue les sacrilèges. Ulysse seul est
épargné : jeté sur Técueil de Cba-
rybde , il se cramponne h l'arbre qui
ombrage ce rocher ; et quand les flots
revomissent les débris de la flotte,
il s'élance sur un màt, s'y attache,
vogue ainsi neuf jours durant sur les
mers, et arrive dans l'île de Calypso.
Il y passa sept ans, retenu malgré
lui par la nymphe amoureuse. Trem-
pant de larmes les habits immortels
dont elle le revêlait, pensant sans
cesse à Pénélope, il devient néan-
moins, dans les bras de l'Océanide,
père de deux fils , Nausilhoiis et
Wausinoiis, auxquels même des my-
thcilogues ajoutent Auson. Enfin .Tu-
piter envoya Mercure a la nymphe
pour lui intimer l'ordre de laisser
partir Ulysse. D'Ortygie , tel est le
nom donné a l'île fabuleuse , il se di-
rigea au nord-est, et au bout de dix-
huit jours aperçut les montagnes des
Phéaciens. Une tempête l'en éloigna,
fracassa encore la nef qui le portait,
et ne lui laissa pour ressource que les
débris du navire. Après deux jours et
deux nuits de pénible navigation, il
revit de loin les rocs qui formaient la
côte: porté a l'embouclmre d'une pe-
tite rivière dont les bords étaient unis,
il y passa la nuit au milieu des ro-
seaux. Le lendemain INausikaa vint
avec ses compagnes non loin du lieu
où le fleuve joint la mer. Ulysse nu
et couvert de fange s'offrit à ses
yeux 5 elle le conduisit a la ville. Al-
cinoiis accueillit l'étranger avec dis-
tinction , donna des jeux en son hon-
neur, et enfin lui fournil les moyens
de retourner à Ithaque. La, pensant
avec raisyn qu'il, flç s'agissait pas seu-
M6
CLY
haaenl de se présenter pour faire
renlrer ses euneniis dans la pondre ,
il se rendit à la cabane du vieil £u-
mée, Y fut déguisé par Minerve en
mendiant , et sous ce Iraveslissemeot
alla au palais que remplissaient les
prétendants. Télémaque, qui quel-
ques mois auparavant avait été cher-
cher de ses nouvelles dans le Pélo-
nièse, et qui venait de rentrer
s Itliaque , avait appris par une
«ubite et hiiliante traasiiguralion que
l'étranger acluellenicnt sous ses yvai.
ibit son père. Tous deux ensemble,
en cheminant vers la ville, combinè-
rent le plan qui devait les débarras-
ser de leurs ennemis. A la porte du
palais ion cLien Argus le reconnut
après vingt ans d'absence , et mou-
rut de joie en faisant de vains efforts
pour se traîner jusqu'il lui. Irus , le
mendiant privilégié de la cour, fut
moins charmé de sa vue. Dépité
de voir qu'un intrus essayait une
concurrence avec lai , il le défia :
Ulysse fut vainqueur. Le lendemain il
«ut avec Pénélope sa femme une en-
trevue, et sans se faire connaître il
lui donna des nouvelles d'Ulysse , l'as-
surant qu'il serait bientôt de retour.
Pénélope lui confia les douleuis et
les embarras dans lesquels se consu-
sumait sa vie depuis le départ de son
époux : a Chaque jour j'imagine, pour
éluder les poursuites des prétendants,
de nouveaux artifices; je suis à bout.
Demain l'on doit tirer la bague avec
l'arc de mon époux , et j'ai juré d'é-
pouser celui qui parviendrait à ten-
dre cet arc. » Ulysse approuve cette
résolulion. Les armes sont toutes
portées dans une chambre secrète;
Euryclée, sa nourrice, qui l'a re-
connu il sa cicatrice , lui prépare un
lit et un bain. Jupiter lui donne, par
un coup de tonnerre au milieu d'un
ciel serein, l'assuraîice de sa protec-
ULY
tion. On apporte l'arc immense, on
dispose les douze anneaux que doit
traverser la Uèche lancée par une
main victorieuse. Philète , Eumée
secondent c^s préparatifs. Quand les
prétendants ont totis eu vain essayé
de tendre l'arc , Ulysse dem.andc la
permission d'essayer aussi ses forces.
Antiuoiis, le plus insolent des pil-
lards, s'indigne de tant de présomp-
tion; mais Télémaque en ordonne
autrement. Eumée présente l'arc a
son maître. L'arme gigantesque se
plie, se courbe comme d'elle-même
sous les doigts d'Ulysse j la flèche
vole , traverse les douze anneaux et
va tomber au-delà. Les prétendants
pâlissent : mais presque au même in-
stant Anlinoiis, qui porte une coupe
d'or à ses lèvres, tombe noyé dans
son sang. Ulysse dit son nom , et il
perce de ses flècbes tous ses enne-
mis les uns après les autres. Téléma-
que le seconde, et apporte des armes
pour son père, pour Eumée, pour
Philète et pour lui. En vain Mélanthe
rend le même service aux prétendants.
Minerve sous la figure de Mentor en-
courage Ulysse. Tons ces violateurs
de l'hospitalité jonchent de leurs ca-
davres les dalles du palais (deux seu-
lement, Médon et Phémius , s'é-
chappent). Mélaulhe et toutes les es-
claves infidèles les suivent dans la
tombe. Télémaque se charge de les
pendre.
.. .En co réduit, qu'un long mur environne.
Il attache .lu sommet d'une haute colonne
Un cnble qui, dans l'air fortement supcndu :
Embrasse de te lieu le circuit étendu ;
Ainsi qu'un oiseleur sous un épais ombrage ,
Quand la nuit fait rentrer les oiseaux au )>ocage
Surprend dans ses filets cachés sous les rameaux
Des ramiers imprudents les jeunes tourtereaux;
Ses victimes , ainsi tour-à-tour enlacées ,
Pendent au nœud fatal dont elles sont presse ;s,
Et leurs pieds palpitants ne les dégagent pas
De ce cruel tissu qui hâte leur trépas.
Pnis l'éponge et l'eau nettoient les
marbres ensanglantés j le soufre et U
ULY
feu les purifient : le palais est libre;
il ne reste à domter que la révolte
des habitants d'Ithaque. Un coinbal
nouveau devient nécessaire. Laërle,
qu'Ulysse a été chercher à la cam-
pagne , seconde son fils dans celle
dernière enli éprise; c'est lui qui tue
Eupillie. Eu même temps Ulysse et
Télémaque frappent les rebelles , et
les taillent en pièces. Pallas enfia
vient mettre un terme à ce triste dé-
bat; les armes rentrent dans le four-
reau. Le peuple fléchit devant Ulvsse,
et Ulysse épargne le peuple. Ou le
voit encore régner paisible dans Itha
que. Combien d'années gouverne-t-il?
où va-t-il mourir .■* les prédictions de
Tirésias s'accomplissenl-elles.^ voya-
ge-t il asseï loiu sur le continent pour
que l'on prenne sa rame pour un ja-
velot? doit- on, avec Lucien (dans
Meursius sur Lycophron ), lui faire
rendre le dernier soupir à Podagra?
faut-il lui faire quitter Ithaque au
souvenir de l'oracle qui lui a dit :
a Tu mourras de la main de ton
^is , » et le montrer blessé k mort ,
non par Télémaque qu'H a redouté ,
mais par Télégone , fruit long-temps
oublié de ses amours avec Circé?
faut-il lui faire prendre la fuite de-
vant Pan, fils de Pénélope et des
prétendants? Dans cette dernière hy-
pothèse , Minerve ou Hais, suivante
de Circé, le change par pitié en che-
val, et il meurt de vieillesse. — Outre
Télémaque, Ulysse avait eu de Péné-
lope Ptoliporthe. A Télégone qu'il cul
de Circé, tour k tour on substitue oh
l'on ajoute Romus, Anlée et Arbias.
Nous avons vu Nausithtuis, Nausi-
noiis et Auson naître de ses amours
avec Calypso. Sur la liste de ses
maîtresses se trouve encore la fille
d'Eole , Polymène , qui n'en a aucun
enfant, et, dans un voyage qu'il fit
d'Ithaque en Épire, Evippe qu'il ren-
DLY
587
dît mère d'Earyale. — - Ulysse avait
chez les Eurycanes, enEtolie, un ora-
cle, et k Lacédémone uue chapelle.
En général on le mettait au nombre
des hommes divinisés après la mort.
Plusieurs villes lui faisaient honneur
de leur fondation; ses voyages y
qu'on peut regarder comme le pre-
mier linéament d'un périple de la Mé-
diterranée, donnèrent lieu à des lé-
gendes secondaires de toute espèce.
LTlalie .surtout était féconde en con-
tes de ce genre , et ceux qui ne pou-
vaient citer Ulysse citaient du moins
ses fils comme leurs héros éponymes.
Baies avait reçu sou nom de fiaïus
compagnon d'Ulysse, et même c'est
là qu'avait eu lieu la uécyomancie ;
Scylacium avait de même été fondé par
le roi d'Ithaque. Dans le voisinage de
Tempsa était un monument héroïque
élevé a Polite, compagnon dUlysse.
iXon loin de Laos, sur le golfe du mê-
me nom, e'tail un autre monument hé-
roïque dédié k Dracon, aussi compa-
gnon d'Ulysse. Selon Zénodole de
Trézène, c'est un petit-fils d'Ulysse
qui a fondé la ville dePréneste; en-
fin dans la ville de Circéii on montrait
un autel dédié a Minerve, et un vase
laissé k la ville par Ulysse. Aussi le
nom de cap Minerve, vis-k vis Ga-
prée, a-t-il été, selon un critique mo-
derne, imposé au promontoire par la
colonie ulysséenue. Les Portugais se
vantaient autrefois de descendre d'U-
lysse , et Lisbonne n'est autre qu'O-
lyssipo (Ulyssipolis). Une Olyssipo
(Odyssée d'Ëustalhe et d'Etienne de
Byzance) se trouvait sur la côte occi-
dentale de l'Hispanie , k peu de dis-
tance de Malaca; et uu Asclépiade ,
Myrlée , assure avoir vu de ses pro-
pres yeux, dans le temple de Mi-
nerve, en Turdétanie , des monu-
ments du séjour d'Ulysse. On en
trouve même, assure-t-on, jusqu'en
â88
ULY
URA
1
Germanie et dans le golfe de Calé-
donie. Une tradition recueillie par
Tacite fait d'Ulysse le fondateur d'As-
GÎpurgium. Les tombeaux a inscrip-
tions grecques parsemés sur les con-
fins de la Rhétie et de la Germanie,
suivant le même bi:>torien, ont été
rattachés aux voyages d'Ulysse sur
le continent. — INous ne croyons pas
a la réalité de ces voyages, mais nous
tenons pour précieuses les traditions
diverses qui jettent le nom d'Ulysse
au milieu des monuments de l'Ibérie
et des tombeaux des vieux Rèlhes ou
des Calédoniens. Ulysse est, comme
Hercule, un nom fameux, un génie
mêlé h une foule d'aventures. Seu-
lement Hercule lutte et Ulysse voya-
ge. C'est un protecteur de la naviga-
tion identifié aux navigateurs et aux
navires , c'est le grand Patèque de
la Grèce. Les Patèques ornaient les
agrès et surtout la poupe des vais-
seaux. Ne fût-ce qu'à ce trait, on re-
connaît le Patèque dans Ulysse; tou-
jours il est incorporé à son navire.
Pour passer au milieu des Sirènes il
est attaché au niiitj après le naufrage
il est a clieval sur son mat. Puis il
V it toujours dans des îles, il plaît aux
nymphes des ondes 5 il se cache com-
me un dieu marin au milieu des ro-
seaux. Il ne faut pas nier, non plus,
qu'une fois le siège de Troie admis
un prince insulaire , un Ulysse ail
pu, comme un Acbille, être de l'ex-
pédition. Ce qu'il faut nier, c'est laco-
existence de tous ces événements qui
forment l'aspect mylbique du héros:
avis donné à Tyndarée, refus de par-
tir pour Troie, découverte d'Achille
à Scyros, enlèvement du Palladium ,
destruction du tombeau deLaomédon ,
etc. , etc. — De toutes les hypothèses
evhéméristes lancées sur Ulysse, la
plus piquante est celle qui le regarde
comaie Homère. %\U v^ été soutenue
avec talent, dans un ouvrage publié
en 1829, par l'auteur du Kayoge
en Troade , M. Lecbevalier, sous
le pseudonyme de Constantin Kolia-
das, professeur à l'Université io-
nienne. W est malheureux qu'elle soit
dénuée de raisons plausibles.
UWBRO, grand-prêtre marse, tué
par Enée dans la guerre entre les
ïlutules et les Troyens, était savant
dans l'art des enchantements.
UNXIA, déesse latine qui prési-
dait à l'usage des essences. On don-
nait aussi ce nom h Junon en tant que
déesse des mariages, parce que dans
la cérémonie de l'hymen on frottait
d'huile ou de graisse les poteaux de la
porte de la maison des nouveaux ma-
riés, afin d'en écarter enchantements
et maléfices Quelques philologues
dérivent Unxia d'MOSor, ou récipro-
quement uxor d' Unxia ou ungere.
UPIS. Fojr. Opis.
URAINIE, Urania, oùpccvîxjuae
des neuf Muses, présidait à l'astro-
nomie, aux mathématiques et aux
sciences exactes. On veut qu'elle ait
eu d'Apollon Liiios , et de Bacchus
Hyménée. On la représente d'ordi-
naire vêtue d'azur, couronnée d'étoi-
les, et tenant à deux maius un globe
qu'elle semble mesurer avec le com-
pas. Quelquefois le globe est sous ses
pieds, et d'aulres instruments scienti-
fiques sont épars autour de la Muse.
. — Deux autres Ubawie sont, l'une
Vénus céleste ou mieux Vénus-ciel
{Voy. , sur les divers sens de ce mot,
VtTJUs), l'autre une Océauide j et ces
deux Uranies , en un sens transcen-
dantal , se réduisent h une. Car
qu'est-ce que le ciel au dire des an-
ciens? Un Océan. Conip. Trie.
URAINUS , OURAK'OS, OÙpavoV, le
ciel personnifié, passait, dans la my-
thologie vulgaire, pour le plus ancien
dçs dieux 3 et les Latins, en tradui-
ura:
sant ce nom par Coelus, le pensèrent
ainsi. Dans la théogonie d'Hésiode ,
Uranus n'est pas même un des qua-
tre principes primordiaux. La Terre
k elle seule lui donne naissance , ainsi
qu'aux Montagnes et àPontosjpuis,
s'unissant a lui , elle met au jour
1° Océan, 2° Crone (Saturne), 3°
les quatre grands Titans, Cœos,
Crios, Hjpérion , Japet, avec leurs
six sœurs , Thia , Rhéa , Thémis ,
Mnémosyne, Phébé, Téthys (en tout
jusqu'ici douze divinités comparables
et aux douze Aditias et aux douze
Consentes); 4° la double triade
des Cyclopes et des Hécatonchires.
Epouvanté à la vue de ces der-
niers, Uranus voulut les précipiter en-
chaînés dans le Tartare j mais Cro-
ne , armé par sa mère de la harpe ,
retrancha les organes virils de ce
père cruel a l'instant oii il s'apprê-
tait à féconder de nouveau la Terre.
Son sang alors imprégna la terre, et
l'écume prolifique se mêla encore
brûlante a l'écume salée de la mer :
de celle-ci naquit la brillante Aphro-
dite. Du sang jaillirent les noires
Erinnyes , les hideux Géants et les
Mélies , nymphes qui président aux
{»rairies et à la vie pastorale. Dans
a troisième théogonie d'Orphée ,
Uranus , que l'on regarde comme
l'espace (^oùpMvies kxi ^ûoxos)^ en-
veloppe la terre, et tourne autour
d'elle, tantôt s'élevant au zénit, tan-
tôt retombant au nadir. Son sein
porte, gravée en profonds caractères,
l'immuable loi ae la nature. Alors
Uranus est l'air, le ciel, le bleu, le
puissant, le sage, le flamboyant, le
père de Crone. Dans la théogonie
phénicienne de Sanchoniaton, Elioa
(ou Hypsisle, le très-haut) engendre,
avec son épouse Bérulh , le Ciel et
v*n
589
la Terré auxquels , du reste, on
donne les noms tout grecs 1° d'Epi-
gée-Autochthone-Ouranos, 2° deGéj
et ceux-ci à leur tour en s'unissant
donnent naissance à quatre fils, Il ou
Crone , Bétyle , Dagon ou Siton ,
Atlas. La encore Uranus veut faire
périr ses enfants; mais Crone, aidé
d'Hermès et d'Alhânâ , le détrône.
Crone ensuite a pour femme Astarté
(Achtoret), Rhéa, Dioné. La pre-
mière lui donne pour fils un Crone II,
un Bel (qu'on nomme Zévs Bélos),
Apollon, Typhon, Nérée , père de
Pontos. Pendant ce temps , Déma-
roon , fils naturel d'Ouranos-Epigée
(Ouranos-Zénit), engendre Melkarth
(le roi-soleil) qui doit venger son
aïeul, et partager avec un oncle per-
fide l'empire du monde.— Diodore
de Sicile fait d'Uranus un roi civi-
lisateur des Atlantes, très-versé dans
l'astronomie , et divinisé après sa
mort. — L'Egypte avait trois dieux-
ciel, Potiri, Tpé, déesse, et Imôouth.
Gomp. GÉ, Satubtîe, Titans.
URGHIEN , dieu-homme adoré
au Tibet, naquit du sein d'ut\e fleur.
Ainsi Vichnou , aux Indes , naquit
du padma. Ne serait-ce pas un ana-
logue de Vichnou? Comp. Haroéri
s'élançant aussi d'un calice de Lotos.
UROTALT , dieu arabe que l'on
a comparé au soleil et à Bacchus.
USOUS est regardé comme le
Neptune des Phéniciens; mais dans
Sanchoniaton il ne joue que le rôle
d'un homme inventeur de la naviga-
tion. C'est lui qui le premier en-
seigna aux hommes à jeter a l'eau
des troncs d'arbres creusés, et k con-
fier leur vie k ces frêles abris.
UTERINA, déesse latine de la
gestation et des accouchements,
UTIS. Foy, OuTis.
590 VAÇ VAC
VAÇOUDEVA, radjah hindou de De ces huit dieux, Içania est incoii-
la race des ladous, et par conséqucut teslablemeul uue iucarnaliou de Siva.
des enfants de la Lune, mais Kclia- Pour Indra, il a en lui ijuelque chose
triia d'origine, succéda sur le frùne k de Viclinou pour l'extréine pureté la
Souracéna , son père , roi do Soura- délicatesse aérienne, nous dirions
céna,et s'unit par les liens du mariage presque l'incorporalitéj et cencn-
à Dévagi ou Dévaki, 611e d'Ougra- dant c'est l'émanation de Brahmà :
céna ou Dévaga, et sœur de Kansa. c'est Brahinâ lui-même , Archi- Va-
Mais une prophétie avait révélé à çou. Les huit Vacous semblent être
Kansa que l'hymen de sa sœur le rae- pourvus chacun d'une épouse {Voy.
narait de dangers inévitables j que Matris). Comp. aus^i l'article des
son huitième enfant, surtout, serait Aditias, jur la liste desquels se re-
funesle à son oncle. En proie aux trouvent plusieurs des noms des Va-
craintes les plus vives, il veut, le cous.
jour même des noces , égorger Dé- VACUNA , déesse italique qui
vaki : Vaçoudéva sauve son épouse, semble avoir été originaire de la Sa-
Le mariage a lien 5 .mais le jeune binic, niais dont le culte se répandit
couple est obligé de demeurer dans dans l'Elrurie et dans l'Ombrie. Qucl-
Malhoura, sous les yeux du tyran, ques-uiis , cependant, la regardent
Les six premiers enfants de Dévaki comme Etrusque d'origine. L'idée
el de Vaçoudéva tombent sous le fer contraire nous semble plus probable.
de Kansa. Dévaki devient mère du Plus tard, les Romains adoptèrent
septième (Bala-Kama) dans nnepri- son culte et lui élevèrent un temple
son. Le huitième , c'est Krichna dans Rome même. Elle avait aussi
{f^ojr. à cet article la suite des slra- un temple et un bois sacré dans le ter-
tagèmes de Kansa). riloire de Réale, près du mont Fis-
VAÇOUS (les) figurent prescpie celle, vers les sources du ]\ar (auj.
immédiatement au-dessous de lïrah- la Negra). Du temps d'Auguste, ce
ma dans la hiérarchie des êtres ce- temple tombait en ruines, el proba-
lestes. Ils sont au nombre de huit, blcmenl le culle n'était plus en usage
réjiissenl chacun une des huit régions tj"e dans les villages. Il consistait en
du monde, et ont divers phénomènes fétrs ditçs Vacunalt8(Vacunalia), re-
sous leur empire. En voici l'indication nianjuables en ce qu'elles se cé\é^
générale : braient autour des foyers, et que les
assistants, quoiqu'ils se levassent et
i™,..'""^- '"T"- EtwrWg:;;;io«r, s'assisscnlaUernativement, affectaient
etc. une immobilité parfaite(0vid.,/^<2jf.
lama. S. Nuit, morts, enfers. 1 \T\ , z s r» i .1
Kirouil. s.o. Maorais géiTies. '' VI, v. Soy), (^uaut au caractère
Agiiiii- »• K. Feu. de la déesse, les uns la regardent
Varouiia. O. l;aux el Océan. 11/ 1 i- •
Paoulaftia. N. 1 lofondcnrs ccnfraics Comme la cleesse (lu repos , OU dirait
<!u giohc, esprits presque de la paresse, et s'appuient
soutjirrains, riches- j 11/, 1 • / ^ 1 **
ses. de l elymologie (vacâîrt;)^ les autres
Pavana (ou vaiou N. O. Air,vtnt.ssens,o<!eurs. y yoient la divinité par excelleuce
ou Marouta). ■'.,.,, ,\
içauia ou iraiia. N. E. qui leunissait Ics attriDuts de tous les
I
VAÇ
dienï spéciaux. Ailleurs on la prend
pour Diane , pour Cérès , pour Mi-
nerve , pour Bellone, pour la Victoire
(Porphyr., sur Yépùre X, liv. i ,
d"Hor. j Comp. Rosiiii, Antiq.y III,
c. 19). Il est probable que Vacuna,
divinité antique d'un peuple agricole,
divinité dont le culte tomba naturel-
lement en désuétude a mesure que la
civilisation et la vie industrielle firent
des progrès 5 il est probable, di-
sons-nous, que Vacuna représente la
terre en jachère, le repos delà terre,
soit après la récolte, soit pendant
l'année qui suit la récolte (/'^aco,
avec d'antiques formes passives ou
moyennes h sens neutre, a dû faire
J^acuniena, Vacumna^ Vacu-
na). A ce repos, a celte vacance du
sol, se lie de soi-même le repos de
la population agricole : nouveau mo-
tif de fêter Vacuna! nouveau point de
vue sous lequel s'offre la déesse! Sous
d'autres aspects, Vacuna a pu sem-
bler la Victoire,* l'agriculture, lors-
qu'elle a recueilli les moissons ,
lorsqu'elle a complété les travaux,
lorsqu'elle peut se livrer au repos,
est victorieuse : la victoire pour
elle , c'est le repos. Aussi la Terre
porla-t-elle quelquefois le nom de Vic-
toria (Varron, Lang. lot.). Admis
que Vacuna peut être prise pour la
Victoire, nous concevrons aisément
qu'elle ait pu être représentée armée 5
ce fut Minerve ou Bellone. Avec des
traits et un croissant ce fut la Lune
(Diane), dont les révolutions réglaient
les travaux de l'agriculture : couron-
née d'épis comme la terre fécondée ,
ce fut Cérès. Peut-être serait-on au-
torisé a entrevoir quelques rapports
entre Vacuna et Vesla (lisez Ovide,
Guv. et pass. cités). On donne aussi
Vacuna comme mère de Menerva
(Minerve). Vraisemblablement, les
Vacunales fiireol instituées ou du
VAX
591
moins introduites a Rome par ISuma.
VAGHOUTA et PRIHANDA,
deux géants hindous que Bhavaui, en
guerre avec Siva, créa pour sa dé-
fense. Le corps de Vaghoula est sert-
blable a une immense montagne, et
sa bouche a un abîme ; les bras in-
nombrables de Prihanda brandissent
sans cesse de redoutables armes , et
dès qu'nn ennemi se présente il le
saisit et le précipite daus la gueule
de Vaghoula qui rengloulil et le
dévore.
VAGITAN , Vagitanus, dieu
latin qui présidait au vagissement,
était d'ordinaire représenté sous l'i-
mage d'un enfant qui crie. On le con-
fond;iit parfois avec Vaticanns.
VAICIA (souventWAisYAetWisE),
quatrième fils de Krabmà, sortit de sa
cuisse droite^ et avec Vaiciani , sa
femme, qui sortit de la cuisse gau-
che, devint le chef des Vaicias ou
artisans, marchands, etc., qui for-
ment aux Indes la troisième caste
pure.
VAINAMOINEN, dieu slave, fils
de Rava et frère aîné d'Ilmarénen,
créa le feu. Naturellement il forme
un groupe dioscuroïde ou acouini-
forme avec son frère, comme le Pro-
méthéc des Grecs, comme le Vi-
çouamitra des Hindous. A la suite du
feu jaillissant de ses n;ains, il déroule
en faveur des hommes toute la civili-
sation. Il invente tous les arts; les
beaux-arts ne tardent pas k suivre.
La kandéla ou lyre finnoise résonne
un jour sous ses doigts. Enfin, comme
si toujours aux chants devaient se lier
les eaux, il construit le premier na-
vire. Ainsi Vulcain, Apollon et Dé-
dale se concentrent dans cet élégant
Hermès du Nord. L'invention de la
kandéla se distingue surtout au milieu
de faut d'autres. La mythologie fin-
noise est pleine d'images élevées,
Hg*
VAL
VAR
1
riantes, où la musique Joue un rôle.
Au son de la lyre de TOrphée septen-
trional les meules de foin accourent
d'elles-mêmes dans la grange; les
flots de la mep se calment ou roulent
avec un murmure iiarraonieux 5 les
sables jaunes de la grève se transfor-
ment en un cristal étincelant ; les ar-
bres se meuvent en cadence 5 les au-
rochs et les ours accourent avec le»
élans et les rennes , et s'arrêtent en
cercle, pénétrés de vénération, aux
pieds du chantre sacré qui, ravi lui-
même des accents qu'il exhale, aspi-
rant ses propres sons et fasciné par
sa propre magie, tombe dans un dé-
lire extatique, et verse, au lieu de lar-
mes, un torrent de perles.
VAIREVERT. /^oj.Verava.
VAIZGANTHO, dieu du lin et
du chanvre dans la mythologie sa-
mogilienne. Ces deux plantes sem-
blent avoir , de temps immémorial,
fourni des tissus aux Samogiliens;
aussi Yaizgantho était - il l'objet
d'une vénération particulière. On le
consultait au moment des semailles
pour savoir si les plantes désirées
flotteraient a hauteur d'homme. La
prêtresse chargée de la consultation
devait se tenir debout, sur un pied,
et s'il arrivait qu'elle s'appuyât sur
l'autre on augurait mal de la récolte.
VALE est dans la mythologie
Scandinave lefils de Loka. Les dieux,
irrités de son inhumanité, le changè-
rent en bête féroce. Sous cette forme
nouvelle Vale mit en pièces et dévora
son frère Narfe.
VALENTIE, Valestia, déesse
adorée à Ocricole dans l'Ombrie ,
était regardée comme la protectrice
du pays. On l'assimile a l'Hygie des
Grecs. En effet , valtre signifie se
bien porter. Ajoutons que la ville
ombrienne, placée au confluent du
Tibre et duNar, offrait aux malades
des bains renommés ( Voy. Terlul-
lien, Apolog., ch. a.i).
YALI, Yane Scandinave, fils d'O-
din et deRinda, est célèbre surtout
comme archer.
YALKIRIES, déesses Scandina-
ves, habitent tantôt la terre où elles
vont sur les champs de bataille cou-
per la trame de la vie des guerriers ,
tantôt les voûtes fantastiques du pa-
lais de YalhoU où elles versent à
pleins bords dans les coupes des hé-
ros l'hydromel et la bière. Sous le
premier point de vue, ce sont des espè-
ces de Nornes subalternes j et l'on
peut leur comparer tantôt les Kères,
tantôt Iris : sous le second elles rap-
pellent Hébé.
YALLONA ouYallonia, déesse
latine des vallées , n'est que la per-
sonnification des vallées, bien plus
nombreuses eu Italie qu'en Grèce.
C'est jus(|u'h un certain point la gran-
de Napée, rarchi-Napée(/^of. aussi
Epunda).
YAM , dieu - fleuve Scandinave,
est un être totalement aflégorique :
il sort de la gueule du loup Fenris.
YAMANA. Foy. Mahabali.
YANADIS, l'espérance dans la
mythologie Scandinave , est une in-
carnation ou une face de Fréia. Com-
parez Elpxs.
YANES, dieux du second ordre
dans la mythologie Scandinave. Ils
sont soumis aux Ases. Un grand nom-
bre d'entre eux leur appartient à titre
de fils, ou du moins en sont les incar-
nations.
YARA, déesse Scandinave, pré-
side à la fidélité, aux noces , aux ser-
ments, et surtout à ceux des amants.
Contrairement à la Yénus du monde
grec , contrairement à ce roi de l'O-
lympe dont Properce a dit :
Jupiter ex alto pcrjuria ridet amantiun»
Yara châtie les infidèles.
VAT
VARAHA ou VARAHAVATAR ,
Vichnou sous forme d'onrs ou de san-
glier (Varalià), même mot que le
verres des Latins. On dit aussi Adi-
VARANGA {Foy. ce inol).
VAROUIN A ou PRATCHÉTA est
un des huit Yacous hindous. 11 a sous
sa garde la re'gion de l'ouest et pré-
side à la mer d'abord , puis, en idéa-
lisant et généralisant, aux eaux, tant
pluviatlles que marines, tant terres-
tres que souterraines. De la deux
côtés chez Varouna : tantôt c'est le
Licufaiteur et le purificateur des hom-
mes, l'irrigalenr et le fcrlilisateur
des terres, le vivificalL-ur des plantes,
des arbres, le protecteur du com-
merce et de la navigation 5 laulût ,
au fond de ses abîmes, il attire, il
submerge , il retient captives les âmes
des pécheurs qui doivent ne revenir à
la vie qu'après de longues épreuves
et lavées de toutes leurs souillures.
. — Autour de ce Varouna, justicier
terrible, se groupent, à titre de mi-
nistres , les serpents et les crocodiles
(Gavials). Le Vaçou lui-même, cou-
ronné de lotos, en a un pour vaha-
nam (monture).
VATICAINUS, dieu qui rendait
des oracles dans nu champ voisin de
Rome. Il est croyable qu'il y avait
en CCS lieux un écho , sans doute celui
qu'Horace appelle Vaticani nioatis
imago. Les sons renvoyés par Téclio
sans cause visible furent divinisés par
l'ignorance des peuples; et l'on eut
ainsi Valicanus. C'est un dieu de la
même famille que les Faunes (Pan
latin), les Sylvius et les Fauslulus.
On a très-gratuitement rapproché Ya-
llcan de Ya"itan de manière a en faire
le protecteur et le dépositaire des
premiers accents de la voix humaine,
attendu , nous dit Yarron, que la syl-
labe va est la première que pronou-
ccnl les (yifa»,ts. C'çsl K tort aussi
LY.
VEJ 593
que l'on dérive le mot de fraies et
Cancre ou Vatlciniuni : Kates
en est le seul élément. On sait que
leY atican est une des sept montagnes
de Rome.
YEDA fut un des dieux princi-
paux des Frisons. 11 partageait cette
haute place dans la hiérarchie avec
Fost.
YEDENEMA, la merdes eaux,
déesse finnoise, était adorée jusque
dansl'Esthonie.
YEDHA , en samskrit qui dicte
la loi^ épithète de Brahmà dausl'A-
maracigna (Paub'n, Syst. brahm.^
p. 75 ), rappelle la Cérès législatrice
(A«jt««T^^ ^£576o(pûfôf) du monde grec
et romain, d'autant plus que Brah-
mà, dans la Trimourti des éléments,
eu qui se résout la Trimourti des
personnes divines , esk pris pour la
Terre. Toutefois , il ne faut pas s'at-
tacher exclusivement h ce point de
vue; car Brahmà, première émana-
tion de Brahra, est encore la source
de toute sagesse, la parole (valch),
la raison , la science.
YEJOV (en latin YÉjovis) omYi.'-
JUPiTEu, quelquefois YiîjMUs, dieu
latin auf|ucl Romnlus, en fondant sa.
ville nouvelle, consacra deux bois d«
chênes (Den. dTIal.,1. II; T.-Liv.,
l.I,c. 8; Yitruve, 1. IV, c. 3), et
qui depuis eut un temple dans l'in-
térieur même du Capitole. Ou est
partagé sur sa nature. Quelques-uns
le regardent comme une intelligence
mauvaise, ce que semblent confirmer
et la syllabe initiale du mot {ye iden-
tique, disent-ils, avce) et les diver-
ses représentations sacrées du dieu
(/^. Aulu-G., 1. Y, ch. 12; Montfau-
con , Antû], explitj. , t. I, p. 69
et il). Aussi l'a-t-on identifié avec
Pluton. Selon d'autres, Yéjov ne si-
gnifierait que le jeune Jupiter, Ju-
piter adolescçpt (i^e alors ne serait
38
594
VEN
VEN
1
que privatif ou diminutif, comme
oaqs Vegrandia et dans Vcflami-
nes: f^oy. Ovià., Fast., \.UÎ; et
Tinscr. rapportée dansBayeux, irad.
des Fast., not. du 1. llï, p. 475),
et serait identique h l'Axur, ou Anxur
de ïerracine. Tel est le sentiment
de Winckelmaun {Pierres grav. du
cab. de Stosch, cl. 2, n. 48) et de
Thorlacius ( Pivlus. et opusc.
acad.j XVIII, v. 237, 255), au-
jourd'hui regarde comme incontesta-
table. Effectivement, tout nous fait
penser à an Jupiter adolescent ou
enfant: 1° réijmologiej 2" les re-
présentations figurées, la cornaliue
mentionnée par Winckelmaun, les
médailles impériales de Jupiter-Cres-
cens , dans Tristau , Comni. hist.y
t. III, p. 119, une pierre gravée,
un marbre , qui nous montre soit le
dieu, soit un enfant assis sur une
chèvre, entre Mercure et le Soleil^
3' le voisinage de la chèvre, tautôl
«acrifiée h Véjov , tantôt lui servant
de monture, et qui, de près ou de
loin, se rapporte à la chèvre Araal-
thée 5 /i-" les idées analogues consta-
tées et consacrées en Grèce par des
monuments ( f^oy. dans Pausanias,
1. \IU, c. 48 , l'autel de Jupiter en-
fant et celui de Jupiter adulte , h
Tégée). Toutefois, l'interprétation
la plus heureuse est celle qui conci-
lierait les deux sens.
VELLÉDA. Voy. Biogr. urw.,
XLVm, 89.
VENGEANCE, Ultio. P'oy.
NÉMÉSIS.
VÉNILIE, Venilia, forme de
Camasène ou plutôt de la déesse-
mer femme du dieu-maître des eaux,
3uel que soit du reste le nom qu'on
onne à ce dernier. A Yénilie l'on
oppose d'ordinaire Salacie qui, comme
elle, n'est qu'une forme de Camasène.
Probablement Yénilie n'est que la va-
gue qui vient (venit) se briser contre 1 e
rivage , Salacie la vague qui se retire
écumeuse et comme bondissante [sa-
lire, saliim). Quehpies-uns l'enten-
dent du flux et du reflux, ce qu'il est
aisé de concilier avec l'interprétation
précédente. Dans l'un et l'autre cas,
d est clair que l'on a deux formes
diverses d'une cspècs d'Ampliitrile
romaine (Varron, dans S. Augustin,
Cité de Dieu , liv. YII, cap. 22).
Comme telles, Yénilie et Salacie sont
femmes de Jauus pris pour celui
qui va {Eanus{[''eo ) , qui s'écoule.
Ces termes vagues peuvent aussi s'ap-
pliquer au temps, si souvent comparé
par les anciens k nu fleuve, à une
mer. Dans cette nouvelle hypothèse,
Yénilie et Salacie, mais plus parti-
culièrement Yénilie , représentent
aussi le temps et, si l'on veut , l'in-
stant. Chaque instant , lorsqu'il est
f)résent, lorsqu'il arrive, est Yénilie;
orsqu'il est passé, est Salacie. Pous-
ser plus loin cette comparaison serait
puéril. Quoi qu'il en soit, de l'union
de Yénilie et de Janus naquirent Pi-
cus et Canens, tous deux prophètes.
— Vulgairement ou faisait de Yénilie
une nymphe, ou bien une sœur d'A-
raate , et en même temps la mère de
Turnus (Servius, sur Encid., 1. X,
v. 56; et Virgile lui-même). Quel-
quefois ou la regardait comme déesse
du pardon , par la semi-homonymie
du mot latin venia.
VENTS (les). Les anciens en ont
compté successivement 2, 4 , 8, ié ,
24 : ils n'ont jamais été aux 52 de la
rose moderne. Il en résulte que leurs
vents, au lieu de jeter sur la circon-
férence de 11° 1/4 en 11° 1/4- les
pointes qui les terminent, se trouvent
séparés par des arcs de cercle de 1 5°.
Les vingt-quatre vents n'ont pas été
tous nettement divinisés. La tour des
Yents dans Athènes ne présente que
VÉN
les huit suivants, dont uoiis réunis-
sons les noms, la direcliou et les at-
tributs en un tableau :
Borée. N. Conque.
Cécias. N.E. Un disque d'où tombe la grêle.
Aphéliotès. E. Fruit et miel dans un manteau.
Euros. S.E. Manteau très-ample.
Notos. S. Vase duquel tombe quautità
d'eau .
Lips. S.O. Aplustrcà la main.
Zéphyre. O. Fleurs.
Sciron. BI.O. Vase renversé duquel tombent
des cendres et du feu.
De ces buit Vents, tous fils d'Astrée et
de TAurore, deux seulement ont quel-
que chose qui ressemble à des légeu-
des : ce sont Borée et Zéphyre {f^oy.
CCS noms).
VÉNUS (en grec Aphrodite,
*A(Sp^«<r<V)j), déesse des grâces, de la
beauté, de l'amour et du plaisir, fut
originairement une haute déesse de
la génération. Les Grecs abaissèrent
et enjolivèrent son rôle. Cbez les
poètes les plus en vogue Jupiter lui
dit : a Ma fille! » et Homère effecti-
vement la fait naître de Jupiter et de
Dionéj mais une généalogie plus si-
gnificative et plus antique lui assigne
pour père Uranus (le ciel) que mu-
tila la harpe de Saturne. Soudain
sous celte arme parricide un suc divin
tombe de la blessure , et féconde l'é-
cume marine. Ainsi, le ciel cl la mer,
voilà les auteurs de ses jours ! La
mer de Cypre ou de Cylhère est sa
patrie. On la voit h une époque in-
déterminée flotter h la surface des
flots : les vagues la bercent, l'air s'é-
pure, les nues fuient, la nature s'em-
bellit a son regard. Anadyomhie
( l'émergeante ) est le nom que lui
donne alors l'univers. Ailleurs Vé-
nus, encore fille d'Uranus, a pour
inère Hémérâ (le jour). Nous re-
viendrons sur toutes ces variantes.
Pour l'instant, suivons Vénus qui sort
de l'écume frémissante dont les flots
lui ont donné le jour. Tandis qu'à
cette gracieuse apparition l'univers
VÉN
S95
ébloui se revêt de grâces jusqu'alors
inconnues, les Tritons, les dieux ma-
rins, enveloppent la ravissante Océa-
nide, la conduisent mollement au ri-
vage , Ty déposent sur le sable. Vé-
nus relève sa longue chevelure, ex-
prime les flots salés, se parfume, se
couronne de roses, puis, svelte, glisse
à travers le vague des airs dans
l'Olympe. Les Heures l'accueillent,
ajoutent encore à sa beauté par le don
d'une couronne, et la présentent aux
dieux suivie d'Erôs (l'amour) eld'Hi-
méros (le désir), et ornée de la cein-
ture qui donne les grâces. Tous les
habitants de l'Olympe, à l'aspect de
celte Pandore de la mer, se dispu-
tent sa main. Jupiter lui-même, s'il
n'eût élé à tout jamais l'époux de la
jalouse Juuon , se fîit mis sur les
rangs. Mais ne pouvant songer à
celle union , il voulut du moins ré-
compenser par le don de celle qui
réunissait tant de charmes l'artisle
divin auquel il devait sa foudre , son
trône et son palais aux voûlcs d'acier
et d'airain. Aiusi Vulcain, le plus dif-
forme des dieux, devient Tépinix de
la plus belle des déesses. Mille in-
fidélités éclatantes suivent ce ma-
riage bizarre. Vénus semble vouloir
Iiropoitionner le nombre de ses fai-
ilesses à la laideur de son mari.
Jupiler lui-même , puis Mars , Mer-
cure , Apt)llon , Bacchus , Adonis ,
Anchise , Bulès , furent successive-
ment les objets de ses inconslanles
amours. Elle a du premier les Grâ-
ces 5 de Mars, Harmonie (ou bien
l'Amour ) j de Mercure , Hermaphro-
dite; de Bacchus, Priape et Hy-
men; d'Anchise, Enée; de Bu lès ^
Eryx. Diverses légendes la montrent
inspirant le délire de la passion la plus
furieuse aux Lemuiennes, aux Prœ-
tides, aux Propélides, aux filles de
Ciuyre, a Pasipliaé, à Phèdre; dou-
38.
Sfj'î
M'.n
VI
nani conseil à Mcdée cl soiirianl à cl non l'or de sa clicvclurc: Diôm
W
ek-ne, son re
Hi
flel
la tt
fai-
sant cadeau a Hippomene des pommes
qni lui valent la main d'Atalanlc, et
inélamorpliosant les nouveaux époux
en lions pour les punir de leur ini^ra-
lilude; empruntant les traits d'une
simple nymplic pour séduire Ancliise
qui ne pense pas a elle; sauvant
Eoéc de mille dangers, commandant
pour lui des armes a Vulcain , et
trompant Junon qui veut fixer en
Afri([MC , par un mariage, le futur
fondaleur de Lnviuinni. A Troie
Diomède Vu blessée, mais elle se
venge en inspirant a sa femme des
fureurs d'adullère. Vingt ans anj)a-
Tavant, c'est elle rjui a remporté, sur
le mont Ida, le prix de la beauté et
la pomme dont Paris était le dép»-
silaiic : Junon et Minerve lui dispu-
taient cet bonnenr. — Vénus était la
beauté. A ce mot se rallient i° nais-
sance, mariage, amour, désordres;
2" grâce, barmonie, équilibre, orga-
nisation ; de là les noms de Genilrix
(ou Genetira, Gtnelyllidc , géné-
ratrice), iVyJlnia (nourricière) , de
Z^'gie (joigneuse), de Lysizone (dé-
noueuse de ceinture), à\'1palounos
(trompeuse), de Pandémos (publi-
que), de Collas f etc., prodi_^ués H
Vénus. De là ce cortège de fils, de
filles cbarmantcs , Harmonie , les
Grâces, Hymen, les Amours , qu'on
montre voltigeant sans cesse autour
d'elle. Des centaines d'épiibèles in-
diquent soit les lieux où on l'adore
(Ccidie, Papbie, Golgic, Idalie, Cy-
pris, Cytbèrc, etc.), soit des particu-
larités bizarres (Vénus arméti , Vé-
nus victorieuse, Vénus Cloacine),
soit son délicieux sourire (IMiilommî-
éths) , ses blonds clieveux (Cbrysoko-
uios), ses noirs sourcils (Kyanopbrysj,
jon teint vermeil (Rbodokhrous), etc.
Chrysé indique sa baule puissapce^
qui est son nom plus que celui d'une
prétendue mère , revient h -déesse :
Uranie signifie que le ciel est sa de-
meure, ([u'elle est le ciel même; car
non-seulement le ciel est une mer,
le ciel est la beauté. D'ordinaire ,
mais h tort, on oppose Uranie h l*au-
démos; el, tandis que celle-ci symbo-
lise l'amour nomade , ou assigne à
celle-là les amouis mystiques, con-
stants et purs. — Cicéron distingue
quatre Vénus auxquelles il assigne- di-
verses généjilogies, diverses fonctions.
La première est fille du Ciel el du
Jour(Uranus, Hémérà), et a un
temple en Elide ; la seconde est née
de l'écume de la mer, c'est d'elle
et de Mercure que naquit Cupidon ;
la troisième doit le jour h Jupiter et
h Dioné , c'est elle qui fui épouse de
Vulc.iin; la quatrième enfin a pour
père Tyrus, pour mère Siria. Aslarté
fut son véritable nom, el pour époux
clic eut Adonis. INous savons à peu
près, par ce qui précède, quelle idée
on (ioitaltaclier aux classifications nié-
ibodiques en app.irence de Cicéron.
Une fois admis qu'on ne doit ni pren-
dre ces noms dans un sens évliémé-
riste, ni travestir un ordre souvent
fortuit en ordre chronologique, ni en-
fin ci oire la nomenclature complète,
nous trouvons dans ce passage de la
Nat. d. Dieux un aperçu important
sur Vénus. Oui, celte brillante déesse
venait en partie du sud-csl ; le bassin
de la Babvlonie, de la Syrie, de la
Pbénicic, en fournil les éléments ra-
dieux à la Grèce. Dans tontes ces
contrées vouées h la pyrolâlrie, à l'as-
Irolàlrie, la planète de Vénus joua un
rôle important, i" On la lia, on l'as-
simila, on l'idenlifia a la lune. «"On
en fil l'adéquate de la terre, mais
toujours en lui conservant sa physio-
nomie lumineuse, 3° On la niit en
I
I
VÉN
rapport avec le soleil , ce fut presque
le soleil femelle; puis, métamorphose
tizarre! le soleil fut l'astre femelle ,
et Venus devint plauèle mâle. 4° Soit
comme soleil, soit comme terre lurai-
niforme, Vénus devint Lien vile l'a-
mour j car mihren parsi, mihr d'où
Millira, signifiait également amour
et feu. En même temps ^ énus a tilre
de luue semblait la grande génératri-
ce; et dès (]w'on la masculiuisajt , ce
qui n'était pas rare, elle devenait le
générateur. Telles sont les formes
principales sous lesquelles la planète,
tour à tour et quelquefois eu même
temps femelle et mâle , arriva de la
Perse dans l'Asie-Antéricure. La
elle eut trois noms célèbres, Anabid
ou Enyo, Acbtoret (en latiu As-
tarté), Aphrodite. Le nom d'Anahid
appartient au plateau de la grande
Arménie; Vénus dans cette région est
tellement virile, sauvage et forestière
qu'on la compare a Diane dont elle
a tout l'aspect : modifiée en Enyo,
elle se localise dans la Cappadoce et
le Pont ; elle y exagère encore sa face
martiale : armée de pied en cap et
avide, non plus du sang des bêles
fauves, mais des larges massacres de
victimes humaines, elle passe pour la
déesse de la guerre, et les Latins
traduisent son nom par celui de Bcl-
lone. Dans la Phénicie ses formes
sont plus douces : elle n'y exagère
que l'auréole élincelante qui rayonne
autour d'elle; elle est planète encore,
mais planète qui récapitule tout le
ciel étoile. Achtoret, son nom indi-
gène, semble quelquefois remplacé par
Astébé (Acht-Tpé). On croit voir en
elle une Pasiphaé (ou toute lumière)
syrienne, un Imôouth féminisé, une
Athor ou Ethra. Elle ne conserve de
son mâle aspect qu'une supériorité
douce sur son amant ou son époux
Adonis. Omphale .en Lydie, Omphalc
VÉN
597
si riante et si gracieuse , a quelque
chose de plus fier qu'elle. Aphrodite
nous conduit a Cypre et en Cilicie.
La une foule de mythes et de généa-
logies montrent non-seulement Ado-
nis h côté d'Aphrodite, mais encore
Sandak, Cinyre, Pharnacé, les Ciny-
rades, dynasties sacrées, transition
ducielal'homme,lesTamirasellesTa-
mirades, familles sacerdotales qui se
chargent du culte de Vénus. La aussi
figurent a la tête des annales cyprien-
nes Céphale, ïithon, Phaélhou, As-
lynoiis, avec des caractères plus sim-
ples, plus graves que ceux des légen-
des usuelles. Paphos fut la métropole
de ces culles célèbres, et eut Ama-
ihonte pour succursale. L'a des tra-
ces d'une haute antiquité laissent ap-
paraître le caractère priniilivement
androgynique ou mâle de la déesse.
Aphroditos était sou nom comme
Aphrodite. L'image sacrée d'Ama-'
thon le offrait aux yeux unç femmo
barbue avec tous les caractères do
l'hermaphrodite. Enfin un bloc co-
noïde, effigie primordiale delà dées-
se , rappelle l'Ioni-Lingam des Hin-
dous. Dans cette suite de modifications
domine une même idée , celle de
planète , de laquelle découlent les
idées épisodiques qui suivent: étoile,
lumière, amour et prédominance du
sexe mâle. Parallèlement à celU-cise
range une autre série de notions my-
thiques non moins riches, non moins
étroitement liées: passiveté, fécondi-
té, génération, alimentation, onde,
terre, sexe féminin. Ces deux séries
d'idées rayonnèrent également dans
l'Inde, et du culte de Bhavani; mais
l'une fit route par le nord, et se for-
mula dans les rudes aufractuosilés de
la Transoxauc, l'autre prit l'essor
dans de délicieuses vallées, sous un
ciel de feu rafraîchi par des brises ca-
ressantes, le long dç fleuves aux site*
598 VÉN
enclianteurs et de mers fertiles en
perles el eu pourpres (les pourpre»
sont les mollasques dont on lire la
couleur de ce nom : il y en a une
foule d'espèces). Gr.àces à deux
itinéraires si contraires , Bhavani ,
déesse k deux pôles, devait laisser
apparaître deux faces bien difTéren-
4cs. Au nord ce fut une Dourga, et
quelquefois Dourgakali ; au sud ce
fut une Molianimaïa , tout amour,
illusion et féerie , une Laltchmi sor-
tant ayec l'amrila ou boisson immor-
talisante de rOccan de lait, Lakcli-
mi enivrant les dieux à la vue de
sa beauté, el d'un bond s'élancani de
la mer où elle prit naissance au ciel
qu'embellissent ses charmes. Arri-
vées en Grèce k l'époque où déjà le
commerce, les migrations armées, les
pèlerinages scientifiques élargissaient
de jour en jour les voies du syncré-
tisme, la Dourga du nord, l'Aslarté
du sud se fondirent en une seule dées-
se, et Aphrodite fut mer et ciel, fe-
melle el mâle , c'est-à-dire , en d'an-
lies termes, qu'elle fut la terre et le
feu, le feu et l'eau , qu'elle fut la ma-
tière et l'esprit, l'instinct physi([ue et
l'amour, le coït et celle flamme ma-
gnétique qui 86 sert d'un lit pour al-
ler au ciel (Balzac, Elix. de vie).
Ne nous étonnons plus de voir Vé-
nus fille de la déesse par excellence,
Dioné , qui est Dia, Dévi; fille de
Jupiter, qui est l'èlre suprême j fille
dUranus, le ciel, et d'Héméra, le
jour j ne nous étonnons pas de la voir
elle-même s'emparer de ces noms de
Dioné^ d'Uranie, absolument les mê-
mes en un sens qu'Uranus féminisé.
Ne nous étonnons pas de la voir s'en-
tourer d'époux divers, tantôt le grand
dieu (Jupiter), tantôt l'esprit suprême
(Mercure), tantôt le vent sonore (Pan),
• antôt l'organisme qui donne la vie et
la joie (Bacchus), tantôt le soleil
VEN
(Apollon, Adonis), tantôt enfin le dieu ^j
qui les récapitule tous, le dieu en qui fll
s'unissent la lumière, la chaleur, l'é- '
Icctricilé, le magnétisme, le dieu qui
donne au genre humain les arts, au
monde l'ordre, l'harmonie, l'organi-
sation, le dieu du feu (Viilcain).
Aussi partout vous voyez ce feu pro-
ducteur en rapport avec l'onde fécon-
dable ou fécondante. Auxlnde?, près
de Bl'.nvani-Ganga, Siraj en Egypte,
près d'Alhor, Fia 5 en Sicile, près
d'Adrane, Elna, la mère des Paliques.
Jusque daus les incarnations humai-
nes des dieux, celle propension se re-
flète : Promélhéc a près de lui Pan-
dore j Dédale seconde Pasiphaé. Si
par culte de Vénus on entend le culte
de toutes les déesses qu'on peut pren-
dre pour elle , il était excessivement
re'paudu. Dans la haute Asie, Ecba-
tane et Suze adoraient Anahid; Ely- ,j
maïs et Babylone rendaient de fer-
vents hommages h Mylilta [Voy. ce
nom), et même poussaient l'imitation
de la déesse jusqu'à la prostitution}
dans la Phénicie et la Syrie, Hiérapo-
lis, Sidon, Bibles, Afak, Héliopolis,
Ascalun, révéraient Achloret et Ad-
dirdaga. De la le culle passa dans l'île
de Cypre, où déjà nous avons nommé
comme métropole du culte aphrodi-
siaque Paphos. Autour de celte ville
se groupent comme succursales Ama-
thoute, Aphrodisium, Soles, Salami-
ne, etc. Le temple de Paphos avait
été fondé d'abord par Aérias : plus
tard Cinyre le releva de ses ruines.
Tamiras, tige desTamirades, y porta
l'art des anispices, qui pourtant tom-
ba plus tard en désuétude parce que
l'on abolit les sacrifices. Dans l'ori-
gine, h ce qu'il paraît , toutes les vic-
times, pourvu qu'elles fussent mâles,
étaient reçues. Toutefois, c'était aux
entrailles des chevaux qu'on avait le
plus de confiance. Dans la suite les
VEN
pronostics météorologiques et astro-
nomiques furent, sinon plus célèbres,
du moins plus en vogue. L'autel de
Paphosj dit-on, n'était jamais mouillé
parla pluie, et cependant l'autel, le
temple même étaient liypèihres (en
plein air). On sacriÇait aussi des oi-
seaux, des colombes surtout. Les
jeunes filles allaient k certains jours
fixes au bord de la mer se livrer,
moyennant argent, k quiconque les
priait d'amour. Dans les villes de
Side et d'Aspende, en Pamphylie, on
sacrifiait h Vénus des porcs et peut-
être des sangliers. Ici, sans doute,
on songera au rôle fatal que joue
le sanglier dans le mythe d'Ado-
nis. Quelques épigrammalisles aussi
pourront penser au sens lascif du grec
;ij«7f«f. Dans le reste de l'Asic-Mi-
neure les villes les plus célèbres par
le culte de Vénus étaient Guide , Ha-
licarnasse , Milet , Eplièse , Artace,
Tamnos, Sarde, Pergame, Apbrodi-
sium, Abydos et Holos : Zéla, Coina-
na, Phanagorie, rendaient homnitige
k Enyo. Les îles de Crète, de Céos ,
de Cos , de Samos dans la mer
Egée ; Aphrodisium , JEnia , Tricca
cnThessaliejTanagre, Orope, Thes-
Rie en Béoliej Atbènes en Attiquej
légare dans la Mégaride ; Corinthe ,
Sicyone, Patras, Egine, Egyra, Bu-
ta dans le nord du Péloponèsej Elis
Oljmpie , Tégée , Mélange'e , Pso-
phis , Cyllène , Mégalopolis dans le
centre et l'ouest 5 Argos, Epidau-
re, Trézène, Hermione dans l'est 5
Sparte , Amycle , Cénopolis , Mes-
sène dans le sud 5 les îles de Cy-
thère et de Zacyntbe, Actium , Leu-
cade , Eanthe , Ambracie , Dyrra-
cbium sur la côte orientale de ce que
nous nommons aujourd'hui la Liva-
die , rivalisèrent avec tontes ces villes
d'Orient par le culte assidu ou ma-
gnifique qu'elles rendirent K VéauS;
VEN 599
sous le nom d'Aphrodite. En Sicilo
elle eut un temple fameux sur le
mont Eryx , de la son nom célèbre
de Vénus-Erycine. Syracuse aussi lui
dédia un temple. Rome, au dire de
Varron, n'admit son culte qu'assez
tard. Cette assertion s'accorde peu
avec le ton des récits vulgaires sur la
migration d'Enée k la tête des
ïroyens en Italie. Les Romains, on
le sait , dans les beaux siècles de I3
république et de l'empire , se donnè-
rent le titre d'Enéades, et le premier
bémisticlic de l'incrédule Lucrèce
qualifie Vénus de mère des Romains.
Du temps même de Romulus, nous
disent Donysd'Halicaruasse, etc., fut
bâti un temple h Venus Myrtea, et
ce temple n'était pas le premier.
Venus Frulis eu avait eu un aupara-
vant. Dans la suite s'élevèrent les
temples de Venus Cloacina , Venus
Calva, Venus Victrix, etc. Au reste,
Haies et Minturnes l'emportèrent sur
Ptome par la magnificence de leurs
édifices ,* enfin l'Espagne et l'Afrique
dédièrent des temples k Vénus. Les
principales fêtes célébrées en l'hon-
neur de cette déesse se nommaient
Adouies, Anagogies et Calagogies,
dans la Sicile 5 Aphrodisies dans
Cypre, etc. Ces dernières étaient
remarquables par les rites mystérieux
qui les accompagnaient. Ceux qui se
faisaient initier offraient une pièce de
monnaie k Venus Meretrix et rece-
vaient en revanche du sel et un
phalle. Le sel indiquait la mer , ber-
ceau de la déesse ; quant au phalle ,
l'explication est inutile. La fête de
Vénus était célébrée k Corinthe par
les courtisanes, si renommées dans
celte ville de commerce et de plaisirs.
Avenus étaient consacrés le myrte,
la pomme, la rose qui, dit-on, de
blanche qu'elle était d'abord, devint
rouge lorsqu'elle couiul pieds nus a
6oo
VÉN
travers les ronces et les épines pour
voir Adonis mourant. L'éperlan et la
dorade lui étaient aussi consacrés. Les
yinx ou torcols, oiseaux magiques qui
sans cesse étaient employés par les
{'mants dans ce qu'ils appelaient
jyarmaceutrie y étaient souvent ses
parèdres. C'est a eux sans doute que
pensait Euripide lorsque dans sa
Wégare il dit : « Oiseau agiles dont
le cou flexiljle se ploie avec grâce! »
Belle, jeune, riante, nue ou presque
Bue, Vénus se voit tantôt sur la mer
et dans un cliar que sembleoit traîucr
les Tritons j tautôt dans Tair, et dans
lin char attelé de colombes. Parfois
l'hippocampe , ou le taureau marin ,
remplace le char marin. A Elis sa
monture était la chèvre si remarqua-
ble par son rôle de génératrice ou
de lactatricc , et son pied foulait une
émydc (tortue de mer). Elle a pour
cortège, outre les dieux qui viennent
d'être nommés, Himéros et Polhos
(variétés de l'amour) et la belle
Pilho (ou persuasion), la plus sédui-
sante des Grâces! Son attribut le plus
célèbre est cette ceinture fameuse
qui donne grâces , beauté , jeunesse
et irrésistibles attraits a celle qui la
possède. Plus rarement elle est vê-
tue, ou armée de pied en cap j quel-
quefois un miroir urille dans sa main
droite, la gauche porte soit un pavot
(qui là remplace le lotos) , soit une
pomme (adéquate de fruit, 'et loin-
taine allusion à la pomme de dis-
corde), ce Pliidias, Polyclète , Ago-
« racrile et Alcaraèue, dit Willin,
ce ont fait des statues de Vénus.
« Mais Phidias , créateur du style
a sublime, et les artistes de son école
te devaient plutôt produire aux yeux
a de la Grèce étonnée la puissance
« de Jupiter , la majesté de Junon ,
tt la chasteté de Diane et la sérieuse
« et mâle sévérité de Minerve que
VÉN
« les charmes et le doux sourire de
a Vénus. Ce succès était réservé aux
K deux artistes qui ont donné les mo-
« dèl»s du style gracieux , Praxitèle
« cl Apclle. On avait toujours re-
« présenté Vénus vêtue , et telle
« était celle que Praxitèle avait faite
« pour les habitants de Cos. Deux
«célèbres courtisanes, Cratiue et
« Phryné, eurent une grande in-
c lluence sur la manière dont Praxi-
« tèle exécuta la Vénus que les Cui-
« diens lui achetèrent, 11 pénétra sa
« pensée de leurs diflcrcntcs beautés,
« et son génie conçut et créa l'image
« ravissante qui a été célébrée dans
« toute l'antiquité et dont la compo-
«i sition est encore retracée sur les
K médailles de Guide. Phryné et la
« belle Pancasla, que d'autres nom-
« ment Catnpaspe, inspirèrent aussi
« Apellc. L'imagination également
K remplie de la beauté de leurs for-
« mes , et frappé d'admiration en
« voyant Phryné sortant de la mer ,
« il fil sa Vénus-Anadyomène (sortant
« des flots) j peinture qui fut si long-
« temps un objet de vanité pour les
« habitants de Cos, et d'admira-
« lion pour toute l'Asie. » L'année
1824 «i fait connaître à l'Europe un
chef-d'œuvre qui peut-être passe en-
core ces deux belles compositions.
C'est la Vénus de Milo , ainsi nom-
mée de l'île dans laquelle elle fut
trouvée, et dont on regrette que les
bras soient mutilés. Est-ce l'original
de la Vénus de Praxitèle? ce qu'il
y a de certain c'est qu'antérieure-
ment, comme on vient de le voir
par ce qui précède, il ne nous res-
tait de- la Vénus praxitélienne que
des copies 5 les unes réduites, parmi
lesquelles se distingue surtout le beau i
médaillon de Caracalla ( sculpté et
gravé dans Lachau , Attnhiits de
frémis, p. 71) j les autres de grau-
I
deur naturelle,. parmi lesquelles les
Vénus connues sous le nom de Vénus
de Médicis , Vénus du Capitule ,
Vénus d'Arles tenaient le premier
rang. Sur une patère de Dempster
{Eirur. reg.y I, i) est une Vénus
remarquable parce qu'elle est vêtue :
on lit le nom de Tlialna, qui, avec
la colombe placée près d'elle, aide a
la reconnaître. Cet oiseau, symbole
des feux de l'amour et de la fécon-
dité, se retrouve encore dans la uiaia
de la jeune Erycine {Mag. cn-
rj'cl., ann. i8io,V, 24.1)? P^^s de
la Vénus de la villa Albani, qui ap-
ftartient au style d'imitation, et dans
e temple de Vénus Paphia qui orne
la bague d'or du Musée du Vatican
[Mus. Pio-Cléni., I, t. A, n" 19).
Parfois aux colombes étaieut substi-
tués soit les passereaux ardents,
soit les cygnes. Dans Maffei se voit
une Vénus qui a pour parèdres deux
amours tenant un thyrse enveloppé de
pampres aux grappes vermeilles et
couronnés d'épis , et dont la main
semble balancer trois flècbes ^ cet
aspect rappelle l'adage si célèbre :
Sine Baccho et Ccrere Jriget
J^enus. Nous indiquerons encore ,
en fait de représentations figurées,
les deux Véuus-Anadyomène , pu-
bliées, l'une dans la Villa Pin-
ciana , Slauza i, n° 12, l'autro
dans les 3Ion. inédits de Millin, II,
a 8 et 29 ; les deux Vénus marines ,
l'une de Magnan, Bruit. Jiuni.,
III, l'autre de Vaillant, JSum. imp.,
p. iiSj la Vénus sur un taureau
marin de Millin , Gai. myth. , 1 7 7 j
Venus Vicirix (Millin, P. gr. inéd.,
et Gai. mylli.., i84-); Venus G é-
uitrix (Gessner, Nuni. imp. rom.,
CLXVI, 47) ; Venus Cloacine (Mo-
rell, Fam. Muss.); le groupe de
Mars ci\éaas{Mus. cap., III, 20),'
Vénus soutenant Adonis blessé (Peiu-
VER
601
ture antiq. copiée par Rapli. Mengs
et gravée par Volpali) 5 enfin les
nombreuses statues d'impératrices
au bain ou k la toilette sous forme
de Vénus ( Voy. Millin , Galerie
myth., 186-188). N'oublions pas
toutefois les figures grossières mais
antiques par lesquelles les Cypriotes,
fidèles au vieux fétichisme , représen-
taient encore Vénus ; a celte classe
appartiennent ces pierres pyramida-
les que nous présentent encore des
médailles de Titus et de Vespasiea
(Lacbau, Diss. sur Vénus, 45 1).
VÉRAVA ou Veikavert , troi-
sième fils de Siva, naquit de sa res-
piration. C'est Siva en tant que ven-
geur de l'orgueil et destructeur du
monde h la fin des siècles. C'est lui
qui humilia Brahmâ lorsqu'il se pro-
clama le plus grand des dieux , et lui
coupa sa cinquième tètej c'est lui qui,
tuant les Deverkels et les Mounis,
reçut leur sang dans le crâne de la
tète qu'il avait arrachée k Brahraà.
Dans la suite il les ressuscita , et leur
donna des cœurs plus purs. On le re-
présente de couleur bleue , avec trois
yeux et deux longues dents saillan-
tes comme des défenses de sanglier.
Un chapelet de tètes lui pend au-
tour du cou cl de l'estomac, des
serpents forment sa ceinture, les mè-
ches rousses de ses cheveux semblent
des pjramides de flammes dansantes.
Des clochettes garnissent ses pieds ,
et ses quatre mains tiennent la Icha-
kra, le lidi, une corde et le crâne
de Brahmâ.
VERITE , Veritas , en grec
Alétuie , ' A^^f/êiiu , fille de Jupiter
suivant Pindarc, de Saturne selon
d'autres , a pour filles la Justice et
la Vertu. Apelle l'avait représentée
dans son tableau de la calomnie sous
les traits d'une femme modeste , et
qui se tient k l'écart. Les moder-
6o«
VER
VER
tes anssi l'ont très-soavfnt figurée.
VERSEAU, Aquarius, et en
grec Hydrochoos , onzième signe du
todiaque, préside au mois de jan-
vier. C'est , dit-on , Ganymède ou
Aristée, ou Cécrops , on Deucalion.
On le représente sons les Irails d'un
i'eune homme qui laisse tomber de
'eau d'une urne. Ces eaux sont l'em-
blème ou de l'hiver ou des calaclvs-
mes, qui Jous jouent un rôle si
grave dans la mythologie. Quelque-
fois on se contente de représenter le
Verseau par une amphore. En astro-
logie le Verseau était regarde comme
influent sur les cuisses de l'homme,
c'est-h-dire sur la pudicité , et sur le
talent de reconnaître les sources ca-
chées k l'intérieur de la terre.
VERTICORDIA, Vénus en tant
que chaste, et inspirant la chasteté.
L*an ii5 avant J.-C. , trois vesta-
les se rendirent coupables de liaisons
criminelles avec des chev<i]iers ro-
mains; on consulta sur cet événe-
ment les livres de la Sybille, et un sé-
tialus-consultc ordonna que la femme
la plus vertueuse de llome consa-
crerait, aux frais du trésor, une sta-
tue h Venus Verlicordia. Ce fut la
femme d'un patricien, Sulpicia , qui
eut cet honneur.
\ERTU, déesse allégorique, fille
de la Vérité', ne figure que dans le
mythe qui la montre disputant Her-
cule k la Volupté {f^oy. Hercule).
On la représente vêtue de blanc,
modeste et pourlaut imposante, tan-
tôt tenant la pique ou le sceptre,
tantôt couronnée de lauriers, tantôt
ailée ; tantôt assise sur un cube de
marbre, emblème de solidité. Par-
fois c'est un vieillard k longue barbe,
armé de la massue et vêtu de la peau
de lion d'Hercule. Sur une médaille
de Vérus, la Vertu est symbolisée par
Bellérophon emporté sur Pégase et
1
flancs ^1
plongeant sa lance dans les flj
la Chimère.
VERTUMINE , Vertumnus, di-
vinité del'Étrurie et de l'antique La-
tium, est pris d'ordinaire pour le
dieu des jardins et des vergers, ou
bien aussi pour le dieu de l'automne,
des saisons, de l'année entière, et,
enfin , pour le dieu du changement et
des pensées humaines. Mais la con-
ception primitive et fondamentale,
celle que nous indique le nom même
{f^ertumenos , part.), c'est l'année
en tant que s'offrant successivement
sous des aspects divers , c'est l'idée
même des transformations sous les-
3 «elles se déguise l'unité k quelque
egré qu'on la prenne. Les premiers
adorateurs de cette haute personnifi-
cation mvthique s'élcvcrent-ils k cette
conception générale? Peut-être que
non. Mais, au moins, il est certain
que l'année et ses phases leur appa-
rurent avec ce caractère d'unité mul-
tiforme, et que, bien différents des
anlhropomorphistes étroits qui plus
tard imaginèrent quatre dieux pour
les quatre saisons, ils représentèrent
ce cycle de trois cent soixante-cinq
jours, pendant lequel tout change sans
cesse au ciel et sur la terre , par un
seul être mythique, celui qui subit
des variations (qui vertitur). Ceci
admis, le reste s'explique de soi-même.
On voit comment, par une légère gé-
néralisation , on en vint a faire de
\ertuninc le dieu du changement j
puis , comme rien n'est plus variable
que la pensée, le dieu des pensées
humaines: on voit comment, en par-
ticularisant de plus en plus, Ver-
lumne-année devint Vertumne-sai-
sons, Verlumne -automne , parant
les jardins et les vergers des dons les
plus suaves. De celle dernière con-
ception k celle qui met Verlumne en
rapport avec Pomone, la déesse deis
VÊR
récoltes horllculturales, il n'y avait
qu'un pas. Tantôt il est son époux ,
tantôt il est son amant. Ovide {Mé-
f/î/zi., l. XIV) raconte assez agréa-
blement de quelle manière et par
quelle suite de transformations il
parvient à séduire la déesse qu'il
aime. Ajoutons que , du reste , le
clioii des transformations indiquées
par Ovide na qu'une valeur légère,*
qu'il n'y a ni fécondilépoétique ni liante
intelligence du sujet a montrer Vcr-
tumne laboureur , moissonneur, vi-
gneron el vieille femme (quoique Tin-
tentiou d'allégoriser ainsi les quatre
saisons se fasse assez sentir); qu'en-
fin l'apparition même de la vieille
femme, vraie conciliatrix nuptia-
rum , n'est plus du même ton que le
reste du récit, et qu'il faut être dé-
cidé h tout entendre au gré d'un sys-
tème pour voir la un emblème de l'hi-
ver. Il paraît qu'une tradition attri-
buait a Verlurane le dessèchement de
la vallée où fut depuis le Yélabre
(«Vertumnus verso dicorab anine-.y»
Properce, 1. IV, él. ii); le ridicule
de 1 étymologie ne prouve point la
fausseté de l'assertion. Asconius Pe-
dianus [sur La troisième Ferrine)
fait de Vertumue le dieudu commerce :
invertendaruin reruni , id est
mercaturœ. On sacrifiait à Ver-
turane les prémices des fleurs et des
fruits. Ses fêtes, dites Vertumnales,
avaient lieu en octobre. Horace (l. Il,
sat. vil) dit au plurielles Verturanes,
parce que les statues du dieu étrus-
que étaient nombreuses et le re-
présentaient sous des formes très-
diverses, La plus renommée était au
coin du grand Vélabre et de la rue
Vicus-Tuscus , au lieu même oîi elle
cessait de porter le nom de Viens
Thurarius. Ordinairement c'est un
jeune homme couronné d'herbes, te-
nant des fruits et une corne d'abon-
VES
6o3
dance a la main. On voyait dans les
jardins de Sceaux un beauVertumne:
sa couronne d'épis, la peau de bête
fauve qui est attachée a son cou , les
fruits et les feuilles dont il est sur-
chargé , la faucille qu'il lient k la
main et qui doit émonder les arbres,
indiquent assez que le statuaire a
voulu réunir les attributs des quatre
saisons.
VERVACTOR , un des douze
dieux latins de l'agriculture , était
imploré le premier dans les sacrifi-
ces a Cérès et à la Terre, parle
Flame.n cerealis.
VESTA (en grec Hestia, 'E<rr'«),
déesse du feu, el plus spécialement du
feu central , et , en conséquence , de
la terre [Voy. plus bas), a souvent
été prise pour Cybèle, pour Ops ,
pour Pihée. On a eu tort : Saturne et
Rhée lui ont donné le jour, ainsi qu'à
Junon et k Cérès. C'est une vierge
immaculée, el, comme Minerve, elle
échappe, mais incontestablement, k
des tentatives brutales; seulement,
cette fois , l'assaillant est Priape.
L'aventure, qui ressemble absolument
k celle de Faune et d'Ompbale, est
racontée par Ovide. Vulgairement
Vesla est l'àtre , en grec Hestiâ;
mais, au fond, c'était la terre en tant
que flamboyante. Le feu central ,
noyau du globe terrestre, c'est Vesta.
Il n'est pas étonnant que, par suite,
on ait confondu Vesla , d'une part,
avec Titée, Gé, Rléa et Cybèle, qui,
toutes les quatre, sont la Terre: de
l'autre, avec toutes les déesses flam-
boyantes que présente l'antiquité
grecque , Ariadne , Ethra , Minerve,
Véuus-Uranie, Cabira. Dans la pre-
mière hypothèse, on a voulu que
Vesta fut femnae, soit d'Uranus (le
ciel) , soit de Saturne. On en est venu
k faire deux Vesta. Ces difficullés
s'éclaircironl bien vile pour qui saura
M
604
VES
se rappeler qu'en Egypte aussi l'on
Toit en quelque sorte deux Albor qui,
dans la réalité , se réduisent a une
déesse se localisant dans deux sphères
distinctes, en d'autres termes revê-
tant différents degrés de détcrinina-
tion. Qu'on se pénètre donc bien de
cette idée, qu'il n'y a qu'une Vesla ,
et que celte \ esta est la terre-feu.
Le culte de Vcsta dut probablement
son origine a la religion parsi. Les
astres au ciel, les sources de naplile
sur la terre, donnèrent lieu h. l'ado-
ration du feu. Les temples qui furent
élevés à la flamme divinisée, et qui
s'appelaient dans la langue indigène
Alccbgab , eu grec Pyrées , non-
seulement étaient des sanctuaires, des
asiles, ils se reflétèrent dans tous les
foyers publics et privés. De la un
culle domeslique qui, lors même
qu'il fut appliqué h la chose publi-
que , avait encore ce caractère. Il
est donc tout simple que le culte de
Vesta ait pris de bonne heure une
forme patriarcale, que les dieux du
foyer aient élé des pénates ou lares,
que le foyer lui-même se soit trouvé
unlaraire, et par suite un Lare su-
prême, un Pénale suprême. On com-
prend aussi sa liaison avec Minerve,
qui est l'Empyrée (ou sphère de feu,
qui est le Phalle ou flamme phallique,
flamme pyramidale qui danse sur l'îi-
tre, flamme fantastique que la mère
de Servius aperçoit dans le brasier
de Tanaquil). Pa'llas et Yesla étaient
les grands Pénates de Troie 5 mais
tour a tour Pallas absorbe Vesta ,
Vesla disparaît sous Pallas. Ro-
me, ville pélasgique , reçut ces deux
divinités : peu importe par quelle
voie elles y arrivèrent 5 déjà, peut-
être, un feu éternel avait brîilé en
l'honneur de la dernière. L'aventure
de Réa-Sylvia engagerait du moins à
le croire. C'est au rèjrne de I*^uma
P
VES
que les hîslorlens vulgaires rappor-
tent rinstilution normale du culte de
Vcsta. Un temple en forme de globe
(c'est-h-dire h. coupole) lui fut dc'dié
par ce prince. Dans cette enceinte
révérée brillait un feu sacre entre-
tenu par des vierges que leur consé-
cration a Vesla faisait nommer Ves-
tales; primitivement au nombre de
quatre, elles furent portées à si
sous Servius-Tullius. Personne n
gnore que celles qui violaient leu
vœu de continence étaient enterrées
vives danslc campus Sceleratus, voisin
de lapnrle Colline. Leur sacerdoce
durait trente ans : au bout de ce
temps elles étaient libres soit do
quittée, le temple et de se marier,
soit de rester dans leur cloître dit
atrium Vcstœ. Quand une place de
vestale était vacante, le grand-ponlif^_
nommait à son gré vingt jeunes fillfll
de six K seize ans. Le sort pronon-
çait entre elles 5 et celles qui avaient
été désignées dcvaieul , bon gré mal
gré, consentir à remplir les f'inclions
de veslale. Le grand-prêtre alors al-
lait l'enlever comme une prisonnière
de guerre chez ses parents. Dans la
suite, la voie du sort ne fut plus sui-
vie que lorsque nulle des vingf jeunes
filles ne consentait a être vestale.
Plusieurs privilèges honorifiques pou-
vaient consoler les vestales de la ri-
gidité avec laquelle on les traitait.
La permission de sortir à leur gré,
d'aller en char , d'avoir au spectacle
une place distinguée, de tester même
avant l'âge licite, de n'être jamais
gous la puissance de parents ou de tu-
teurs, de ne prêter serment que si
elles le voidaient,el au nom de Vesla,
et enfin de remettre la peine aux
criminels qu'elles rencontraient par
hasard , telles étaient leurs princi»
pales prérogatives. Quand le feu satT
cré était éteint, on le rallumait aux
MB
tàvons (lu soleil, rans doute à l'aide
de quelque iusfruinent analogue au
miroir concave. On le renouvelait
aussi Ions les ans le i*''' mars, époque
h laquelle commençait l'année primi-
tive. On se servait a cet effet de deux
morceaux de bois que l'on'frottait
Tun contre Tautre. — L'idéal de cette
déesse est une figure sévère , belle ,
noble; elle a soit le sceptre, soit la
haslé dans la raaiu et la sphcndonê
sur la tête; souvent un voile lui en-
veloppe le visage. La taille légère
est une circonstance moderne. La
lampe et le palladium , modernes
aussi, s'adaptent du moins avec bon-
heur aux données antiques. Une
lampe qui, dans le calendrier de la
villa Bor'dièse , désijrne Vesia , est
r • ' « Il » 1
caractérisée par nue tele d ane . al-
lusion comique à la tentative malheu-
reuse de Priape, qui, en s'approchant
de la couche de la chaste déesse,
trouva si disgracieu sèment dans l'a-
nimal a longues oreilles un Irouble-
fète inattendu. — La \ esta du musée
Capitolin est la plus belle que l'on
connaisse. Celle de la villa Giusli-
niani (Morell, fam. Cassia) est
rare et curieuse; elle est voilée.
Comp. aussi celle qu'a reproduite
Hirl, Bildarbuch, "VlfT, i o. — ISous
trouvons dans Buonarolti, Miîclagl.
ant.y XXXVI, I et 3 , les portraits
de deux vestales, Beliicia Modesla et
Neratia.
YIAÇA. P^oy. Vyasa , Biogr.,
imà'., XLTX, 598.
VIALES (Lares), c'esl-a-direqui
président aux routes et peut - être
aux rues {Koy. Laties).
VIBHICHANA, frère de Ravana
dans la mythologie hindoue, se sépara
de la cause du géant lors de l'expédi-
tion de Rama, passa dans le tamp
de ce héros, et, après la" mort du
Ijran , reçut du vainqueur la souve-
VÏC
6o5
ra'nelé de Lanka (île de Ceilan).
YIBILIE , ViBiLiA, déesse latine
des voyageurs, était surtout invo-
quée par ceux qui s'égaraient en
chemin.
YIGAPOTA , L\. VICTOIRE , selon
les vieux habitants du Lalium. Ce
mot revient à polis vincere.
VICES (les), ViTiA, avaient été
déifiés par les Grecs et les Romains ^
mais sans qu'on- joiguît h la notion
idéologique des légendes usuelles.
Dans quL-lqucs tableaux allégoriques^
on les a personnitlés par les Harpyes.
VICHNOU (vulg. Wisnwu,
AVicnNU,VuicnNou, etc.), deuxième
dieu de la Trimourtiaux Indes, passe
dans l'opinion composite populaire
pour le conservateur de la création
tirée du néant par Brahmù et destinée
a être un jour replongée dans le
néant par Siva. Mais cette opinion
est loin de faire connaître tout Vich-
nou. Ce qu'il y a de p'us palpable
dans son histoire, ce sont les dix in-
carnations : la dixième n'a pas eu lieu;
les neuf aulres.apparliennentan passé.
Elles s'échelonnent dans les trois âges
qui ont préparé la période actuelle,
OH âge noir, Kaliïouga, et se répar-
tissent, les quatre premières dans le
Saliaïouga, les trois suivantes dans
le Douaparaïouga, la huitième et la
neuvième dans le Trétaïouga : la
dixième signalera , en le terminant ,
la sinistre époque de nuages et de té-
nèbres dans laquelle nous vivons.
Est-il besoin de faire remarquer ,
avant d'entrer dans le détail de ces
dix incarnations , qu'elles ont lieu de
indle en mille années divines (ou, ce
qui revient au même , de trois cent
soixante en trois cent soixante raille
années humaines), auxquelles toute-
fois il faut ajouter, lorsque le louga
ra être clos, le crépuscule de celui
qui finit et l'aurore de celui qui çooi'
6o6
Vie
mence?Les quatre lougasse compo-
sant à\m total de quatre mille, trois
mille, deux mille et mille année:» divi-
nes (en total dix mille), il est naturel
que la première période contienne qua-
tre incarnations, la deuxième trois , la
troisième deux, et la quatrième une.
Les quatre premières incarnations de
Vicbnou ne sont que des Apozôoses
oa transformations en animal. Pois-
son , tortue , sanglier , lion , voilà
les quatre animaux dont le dieu em-
prunte les formes. L'n fait remar-
quable, c'est que celle série de mé-
tamorphoses implique ascendance
de l'échelle animale : le reptile ne
vient qu'après le poisson j les mammi-
fères ne Ggurent que long-temps après
le reptile 5 et même , des deux mam-
mifères qui terminent la série , le
lion nous semble avoir quelque chose
de plus noble , de plus haut , de plus
achevé que le verrat sauvage. Ces
quatre incarnations ou Avatars por-
tent les noms spéciaux de Matsiàva-
taram, Kourmàvalaram , Varahàva-
taram (ou Addhivaraliiivataram, dont
quelques auteurs ont fait Adivaran-
gapérounal) et l'jaraciughàvalaram.
La première incarnation eut lieu ,
selon le Bhagavat-Glta, sous le sep-
tième Menou Yaivaçouata , et eut
pour objet de rendre aux hommes
et aux Dévas les quatre Tédas déro-
bés a Brahmà pendant son sommeil
par le robuste Rakchaça liaïagriva.
Vichnou apparut sous la forme d'un
Setit poisson à Satiavrata, lui pré-
it un déluge universel , lui com-
manda de se construire une arche 5
se leva poisson cornu et gigantesque
du sein des grandes eaux pour tuer
Haïagriva, et recouvra les livres sa-
crés. Satiavrata devint septième Me-
nou sous le nom de Yaivaçouata. La
deuxième incarnation eut lieu lorsque
Dieux et Daitias se coalisèreAt pour
VIC
former la délicieuse Amrita, jrag-e
d immortalité ambitionné parles deux
races surnaturelles qui, sans cesse, se
disputent le pouvoir et l'empire des
mondes : le Mérou précipité dans la
mer s'y enfonçait de plus en plus avec
rapidité et la terre entière allait
changer de face si Vichnou, méta-
morphosé en torlue, ne se fût em-
pressé d'opposer son dos comme une
base inébranlable h, la chule du mont
gigantesque (/^qy. Amuuqsie). Bien-
tôt l'Amrila, recueillie dans un vase,
fut offerte aux dieux par Dhanouan-
tari. La troisième incarnation l'ut
nécessitée par les prcleulious déme-
surées d'Erouniakcha, qui menaçait
d'abîmer le globe encore une fois :
Vichnou emprunta les formes rude»!
du sanglier, Varaha,et, soulevanjj
la terre étonnée sur ses defense&j
l'arracha pour la seconde fois aui
gouffres de Samoudra. Un aulri
géant, Erouniakaciapa, doué du rar(
privilèges par Brahmù, provoqua pa
son orgueil sacrilège le courroux di
Vichnou qui, ne pouvant le vaiuci
ni comme dieu , ni comme homme,
ni comme animal, se changea eu
homme-lion , Naracingh , s'élança ru-
gissant du centre d'une colonne , cl ,
poursuivant son paie ennemi, l'étran-
gla sur le seuil du palais. Arrive en-
suilc le grand Bali, Mahahali, non
moins impie, non moins puissant que
ses prédécesseurs. Seul, un nain, sous
le costume d'un bralime , Vamana ,
ose interpeller le sublime sullan , en
obtient une concession de trois pas
de terrain, embrasse de ces trois pas
la terre, le ciel, l'enfer, et force
ainsi l'Açoura e'merveillé à recon-
naîlre sa puissance. Mais ce nain, ce
brahme , ce Trivikrama (aux trois
pas), c'était Vichnou incarné pour ImI
cinquième fois. Mahahali se contentfVI
de régner aux eaferis, Les géants dis-
vie
paraissent de la terre; mais les honi'
mes qui leur succèdent imitent trop
fidèlement leurs exemples. L'inso-
lence des Souriavansas (ou fils du So-
leil) n'a plus de bornes : il faul que
Vichûou descende encore de son pa-
lais enchanté. Cette fois , s'il est de
race brahmanique , il porte la hache,
il est brahme et guerrier; Paraçou-
Rama est son nom : il détruit lacasle
impie des Kchatriias , comble de
bienfaits les brahmes , puis , désolé
de l'ingratitude de ces ministres du
ciel , se retire sur la chaîne des Ga-
tes, alors baignée par, les flots de
rOcéan-Indien , et la, pour donner
une nouvelle preuve de sa divinité,
fait sortir du sein des eaux la côte de
Malabar. Arrivent ensuite les deux
magnifiques incarnations Rama et
Krichna, qui, l'une et l'autre, sont
détaillées aux articles de ces noms. La
première est signalée par la prise de
Lanka (Ceilan) sur le tyran Ravana ;
la deuxième se distingue par les dé-
faites successives de Kansa, de Dja-
raçandha, de Douriodhana. Ainsi la
guerre des Pandous et des Kourous
y figure comme épisode. Long-temps
après la mort de Krichna , qui a
commencé la l'usiondes sectes, Boud-
dha paraît et avance cette tache dif-
ficile : si la doctrine nouvelle n'est
pas victorieuse dans l'Inde entière ,
elle se répand du moins avec rapidité
dans l'Hindoustan même , dans
rinde-Transgangétique, multiplie les
couvents dans le Tibet , envahit la
Chine, partage avec les Kamis l'em-
pire insulaire du Japon, Bouddha,
sans doute, ne fut point originaire-
ment un personnage vichnouite ; peut-
être même le vichnouisme n'eul-il
point d'antagoniste plus fatal. Les
deux doctrines étaient d'autant plus
irréconciliablement ennemies qu'elles
se ressemblaient davantage , et que la
Vie
607
première (par Krichna) avait frayé
les voies a l'autre. Bouddha et Vicn-
nou se disputèrent donc l'empire in-
tellectuel de l'Inde : longue et vive
fut la lutte, inconstantes et variées
les phases de succès. Enfin Vichnou
l'emporta; mais alors même le triom-
phe ne fut pas complet. Bouddha,
eu perdant la partie dans l'Inde, fut
ccpendautreconuu pour dieu, et pro-
clamé neuvième avatar de Vichnou.
Cela n'empêche pas que les boud-
dhistes purs n'isolent lotalementBoud»
dha de tous ses enlours vichnoviens
et ne le célèbrent comme Adhiboud-
dha , Mahadéva , Souaïarabhouva ,
Bhagavan. Ici se terminent les in-
carnations de Vichnou. La dixième
et dernière n'est point encore; elle
décidera la destruction du monde et
terminera l'âge noir (Kaliiouga),
notre âge. Vichnou alors apparaî-
tra sous la face raenaçaule du cheval
exterminateur Kalki [Koy. ce nom),
et, d'un coup de pied, réduira le
globe en poudre. Ou voit encore
Vichnou figurer dans une foule d'a-
ventures mythiques. C'est lui , par
exemple, qui , prenant les traits du
rond, du gros, de l'éternel Kapila,
vole le cheval de Sagara, et, plus
tard , pulvérise d'un mouvement de
narines les soixante mille fils de la
citrouille. C'est lai qui, sous la forme
de la ravissante Mohanimaïa, enlève
des mains des Âçonras la fiole divine
qui contient l'amrita, et dont ces ira-
mondes esprits se sont emparés. C'est
lui qui, lorsque Siva sait à quelle cir-
constance tient l'invulnérabilité du
géant Jaleudra, se charge de rendre
infidèle l'épouse jusque-lk si pure et
si chaste ; c'est lui qui, quand la belle
Andjani, plongée dans l'extase, in-
spirait par ses charmes et par sa
aévotion ingénue d'invincibles désirs
à Siva , dirigea l'énergie séminale du
6o8
Vie
Vie
1
dieu, son collègue, dans rcreille de
la jeune fille, qui soudain conçut,
par celle opération miraculeuse, le
singe Hanouman. D'ordinaire, auprès
tie Vichuoi), figure à litre d'épouse
la ])elle Lakctiini, qui quelquefois,
cependant, a pour rivale Mohani-
inaïa^ mais celle-ci ne diffère qu'en
apparence de Lakclimi. Ou sail aussi
que celle dernière s'incarne en même
temps que son époux, et qu'elle le
suit sur la terre dans toutes ses trans-
figurations. Sila, Iladha, Koukmini,
ne sont qu'elle. Autour du couple
divin et bienfaisant figurent comme
autant d'assesseurs vénérés Sécha ,
Garoudlia, K^madhénou (la vache,
l'aigle, le serpent), Hanouman , Sou-
f;riva, Indra el les aulres Vaçous,
Dhanonanlari, etc.- — Vichuou n'est
pas seulement le deuxième membre
de la Trimourli : tantôt il s'abaisse,
et c'est alors qu'il s'incarne; tantôt
il s'élève , et il égale Brahm Ini-
mêmc. Ecoulons ici Creuzer : « Il
est desceudu sur la terre par nu sa-
crifice dont lui seul était capable ,
pour la sauver d'une perle trop
certaine; il s'est soumis à toutes les
faiblesses, à toutes les misères de
l'humanité, h une morl cruelle pour
abattre l'empire du mal cl relever
l'empire du bien ; il s'est fait pasteur,
guerrier et prophète pour bisser aux
hommes, eu les quittant, un modèle
de l'homme. Mais il n'en est pas
moins le dii-u par excellence , le re-
présentant de l'être invisible duquel
il a reçu sa mission, puissant comme
lui, juste comme lui, bon et miséri-
cordieux comme lui , répandant ses
grâces même sur ses ennemis , et
n'exigeant de ses adorateurs que la
foi et l'amour, qu'un culte en esprit
«l en vérité, que le désir de lui être
unis, le mépris de la terre el l'abné-
gation d'eux-mêmes, Lui seuj fait les
véritables saints ; lui seul penldonncr
le nioukti ou la béatitude éternelle,
car d est Naraïan , il est Bhagavan ,
il est Brahm , il réside au ceulre des
mondes, el tous les mondes sont en
lui : il est l'unité dans le tout. » À la
liste de ses abaissements, ajoutons:
i«>son rôle de Souria, soleil [y. ce
nom); 2" le rôle plus humble encore
d'Adilia, soleil mensuel, qu'on le voit
revêtir. Indra aussi est presque en ua
sens une détermination de \icbnou:
ce dieu brahmaïle, par sa pureté, sa
bienfaisance, son éclat , sa tendance
vers les cieux, sa cour biillanle de
danses et retentissante de cbanlssem-
ble s'identifier avec Vichuou. Dans
les hautes sphères, au cou traire, Vich-
uou, premier-né delà création, pré-
cède les aulres Dévas el leur donne
naissance; c'est lui qui Hotte, tantôt
sur les eaux prin\itives ou mers de
lait, couché sur la feuille d'Açouala,
tantôt sur le vaste serpent Adicécha
(durée primordiale) ou Ananta (sans
fin), dont les têtes innombrables for-
mcnl au-dessus de sa tête un cintre
vivant. Dans l'une et l'autre hypo-
thèse il est le premier linéament de
l'individualité, elles dilïcrcnces ne
sont qu'épisodiques ; car, dans l'une ,
l'irrévélé c'est le serpent aux rosaces
d'azur, dans l'autre c'tst l'onde cl
la fleur aquatique. Dans la première
c'est le grand serpent qui ploie son
corps flexible sur lui-même, de ma-
nière à rejoindre en quelque sorte sa
queue clseslêles;dauslasecondec'est
Vichnou qui a le pouce de son pied
dans sa bouche. On a vu qu'alors il
se nomme ]Naraïana(ce!ulqui semcul
sur les eaux), véritable Auadyomène
maie. Ilesl presque Souaïambliou, ou,
si quelque être au monde le dépos-
sède de ce titre, ce n'est que Sécha
ou lu feuille de figuier. Du reste, tan-
dis qu'U repose ou oscilje Icnlcmeut
à
vie
sous les houles caressantes, de sou
nombril une lige part, un Padma ef-
fleurit, Brahmà surgit des pétales de
la fleur 5 puis, tout a coup, de son
front une goutte de sang tondDe, c'est
Roudra, Siva-Roudra, troisième per-
sonnage de la Triraourti. On repré-
sente Vichnou tantôt dans une des
attitudes que nous venons de décrire,
tantôt debout . ou près de Lakcliini
qu'il enlace de ses bras. Son teint est
bleu (de la son nom de Nila) ; ses
yeux ressemblent a des fleurs de lotosj
son visage brille d'une éternelle jeu-
nesse 5 dans tous ses membres Inxnrie
la vigueur ; ses quatre mains liennenl
tantôt le Padma, le Sankha (mollus-
que de la famille des Buccins), le scen-
tre, emblème de l'éternité , enfin le
sceptre du monde ; tantôt le Tcbakra
ou roue flamboyante et dentelée, l'A-
gnéiastram ou flèche de flamme qui
rappelle la foudre, la massue ([u'af-
feclionuent les deux et même les trois
Ramas : parfois ses mains élevées et
vides versent les bénédictions sur les
mortels. Sur sa tète s'élève la cou-
ronne à trois étages, image d'une lour
aux riches créneaux 5 au milieu de sa
poitrine étincelle le maguifique dia-
mant-talisman Kastrala ou Kaouslou-
bha-Maui, dont les feux illuminent
toutes choses et en (jui toutes choses
se reflètent 5 de précieux vêtcmenis
enveloppent sa taille sveîle. Pour In-
bitalion il s'est choisi le Vaikhonla,
paradis sublime situé a l'orient 5 pour
vahanam il a tantôt l'épervier , ou
l'aigle, ou ce fantastique Garoudha,
brillant assemblage de l'hoinme et do
l'aigle, tantôt Hanouman. La grande
abeille bleue lui est consacrée.- — Le
culte de Vichnou est acluellcmcnt ré-
pandu dans l'Inde tout entière 5 ses
temples les plus célèbres sont ceux
de Djagannalha(/^0}/'. ce nom) et de
Tcbillambarara. Quant à l'origine et
VIE 609
au caractère de ce culte , il faut re-
courir aux remarques qui terminent
l'art. SivA.
VIÇOUAKARMA (ou Viswa-
carmain), chef des ïcboubdaras, est
dans la mythologie brahraaïsie l'ar-
chitecte, le forgeron, l'artiste, la
peintre, le décorateur par excellence.
C'est sur son plan, sous ses yeux ,
et grâce à ses puissantes inspirations
que les célestes ouvriers ont cons-
truit les sept Souargas, le palais cent
fois plus merveilleux de Vichnou et
les demeures des autres divinités.
VICTA, déesse latine des vivres
ou de l'alimentation (en latin victiis).
VICTOIRE. Foy. Nice.
VIDAR,Vane Scandinave, préside
au silence, et par suite à la discré-
tion. Fils d'Odin, il sera son ven-
geur et tuera le loup Fenris quand
le roi des Ases aura été déchiré par
les dents dn farouche animal. Ce
Morphée Scandinave égale presque eu
force le robuste Thor lui-même,
mais il est moins bruyant^ et ses sou-
liers de buffle effleurent si légère-
ment les milieux avec lesquels il est
en coutp.ct, qu'il traverse les airs et
les eaux sans être entendu. Vidar
rappelle et Morphée et le Léthé j il
est l'oubli et le néant, l'irrévélation.
VIDLINS , dieu latin, avait pour
fonctions de séparer le corps et l'anie •
en d'autres termes, de faire évacuer
l'arae de Tiulérieur du corps.
VIEIL DE L'ORI. Foy. Obi.
VIEILLE D'OR. /^-oj. Slata-
Baba.
VIEILLESSE, Seîjectus et en
grec Gkp.as, avait un temple ;i Alhè-
nes et un autel a Cadix. Les moder-
nes l'ont caractérisée par une vieille
femme vêtue de noir ou de tissus cou-
leur feuille morte , tenant delà main
gauche uu bâton , de l'autre une
branche d'arbre desséchée, et con-
LV.
6to
Via
vm
■
templant arec tristesse la fosse ou-
verte qui semble l'attendre, et sur
les bords de laquelle se voit un sa-
blier dont le sable est presque épuisé.
VIERGE , ViBGo , Parthenos :
T° Minerve, 2° la Fortune, 3° la
Victoire. — La Vierge est une des
constellations zodiacales. Les listes
^ui partent du Bélier la nomment la
sixième. Elle préside au mois d'août.
Sur ce qu'elle avait été avant d'arri-
Ter aux cieux , on varie singulière-
ment. Au reste, les opinions prin-
cipales voient en elles : 1° Erigone,
fille du propagandiste vigniculteur
Icarius j 2" Cérès ; 3° Thémis j
4° Aslrée , fille de Jupiler et de
Tbémis j 5° une fille d' Aslrée et du
Jour j 6° une fille d'Astre'e et du
fleuve Asope; 7° une fille d'Apollon
et de Chrjsothémis j 8° Isis TÉgyp-
iienne ; 9° Alcrgalis la Syrienne j
10° la Forlune.
VILE. Toj'.Vali.
VINAIAGA, le même que Ga-
Tnéck.
tiNDIMA, fille d'Evandre ou
Nymphe (peut-èlre l'une et l'autre) ,
fut aimée d'Hercule et en eul Fabius
dont la gens Fabia prétendait tirer
son origine. Peut-èlre s'appelle- t-elle
aussi Fovia 5 peut-èlre enfin est-ce
la vendange personnifiée.
VIOLENCE, Vis, en grec Bia.
P^ojr. ce dernier nom.
VIRABHADRA ( quelquefois Vi-
bapatiien), quatrième fils de Siva,
selon Sonnerai et Nlklas Millier, na-
quit de la sueur du corps de Siva ,
avec huit têtes et deux mille bras.
Takin alors faisait un sacrifice à des-
sein de donner naissance à un nou-
veau dieu qui par sa puissance vain-
crait et anéantirait aiva. Ce fut au
contraire Siva , sous la forme de Vi-
rabhadra , qui mil en cendres Takin
et tous ceux qui l'aidaient dans son
immonde sacrifice. Dans la suite il
leur fil grâce et les ressuscita. Vira-
bhadra a quelques temples, mais ils
sont bien moins fréquente's que les
grandes pagodes des deux grands
dieux du sivaïsme. — Le nom de Bha-
drakali offre quelque rapport avec
celui de Virabliadra.
VIRAROTCHA, une des divinités
principales des Péruviens , et mem-
bre essentiel de la trinilé péru-
vienne (Palchakamak et Mamakotcba
étaient les deux autres).
VIRBIUS. rOf. HiPPOLTTE. —
On donne un second ViRBius comme
fils d'Hippolyle et d'Aricic et chef
dans l'armée de Turnus.
VIRGINAINIS, VIRGINENSIS,
VIRGINICURIS , déesse romaine
dont l'image était placée dans la
chambre nuptiale le soir et la nuit
des noces. Elle présidait spéciale-
ment au dénouement de la ceiu
ture.
VIRIPL A CA, déesse des Romaine
qui avait un temple sur le mont Pa-
latin, selon les uns raeltait la paix
dans les ménages [viruni placare) j
suivant les autres rendait les jeunes
filles agréables aux hommes [viris
placere) , et leur faisait trouver des
maris. Aussi les filles a marier se ren-
daient-elles dans sou temple le i"
avril, se déshabillant devant la déesse
et la priant de dérober a leurs maris
la connaissance de leurs défauts cor-
porels. On lui offrait à cet effet un
peu de parfum et d'encens.
VIROASO de Firmicus, Ero de
Saumaise et peut-être Reinaor d'O-
rigène , 2" décan du Taureau da ns la
mythologie égyptienne, est représ enté
sur le zodiaque rectangulaire avec
deux cornes de bouc que supp orte
une espèce de coupe et que surioon-
tent cinq tiges de lolos, emblème de
fécondité et de végétation. Pout le
il
Vit
rang de Viroaso, en tant que roî
bumain dans la liste d'Eratoslliène ,
voy. DÉCANs, tableau.
VIROUPAKCHA , le premier des
quatre éléphants qui perlent le monde
sur leurs épaules, leur front et leurs
reins, a son poste à l'angle est du
globe [Voy. Ganga).
VISA-GIST , le sage esprit, ou
AUXTEIAVISAGIS ï,/e /rèWi^ifZ,
très-sage esprit^ était le dieu su-
prême des Samogltlens qui hono-
raient encore Perkoun , Zémlénlk ,
Vaizgantho, Kréraata, Pargueni et
une foule d'autres 5 car, chez ces peu-
ples, arbres, fontaines, plantes, tout
était censé divin : les couleuvres
mêmes étaient sacrées, et portaient
par excellence le nom de Givoitor
qui est commun à tous les êtres doués
de la vie.
YISWAGARMAN. Foy. Vi-
COUAKARMA.
VITELLïA, antique déesse latine
qu'on donne pour femme de Faune
et pour mère de Vilellius. Vitellia
était, il paraît, adorée dans plusieurs
endroits de l'Italie. Mais au fond
qu'était-ce? On sait qu'en étrusque
Ilalos signifiait Taureau, et Yilulus
n'en diffère pas. On trouve de mêrae^
dans Servius, Vilalia au nombre des
noms de l'Italie. C'est Italin , sous
forme éolique. On a de uiême Yitlu
dans les tables Eugubiucs j Yitellu,
sur diverses monnaies italiques, par-
ticulièrement sur celles des Samnilcs.
Vitellia est donc la grande génisse et
par suite la grande fécondatrice, la
terre-mère de tous les êtres et plus
particulièrement la terre italique, l'I-
talie. Nnl pays plus que cette fertile
péninsule ne mérite le titre é^ Aima,
A'Eubée, de Botanéphoros.
VITELLIUS, fils de Vitellia et de
Faune, était, selon les généalogistes
romains, la tige de la familb Vitellia.
VIT
6ii
VITRINEUS, dieu des habitants
de la grande Césarienne (aujourd'hui
North u mberland).
VITSLÏBOCHTLI,le plus célè-
bre des dieux mexicains, était chez
eux le dieu de la guerre et de la divi-
nation. Ses oracles, rendus par la
bouche des prêtres, tenaient lieu de
conseil militaire. Suivant les légen-
des vulgaires, il conduisit en person-
ne ses adorateurs , jadis errants et
pillards (mexl), sur le plateau du
Mexique, et leur en facilita la con-
quête. Le pays, avant l'arrivée des
Mexicains , était au pouvoir des Na-
vallèques. Vilsllbocntli , porté par
3uatre prêtres dans une arche tissue
e roseaux , traversa au moins six
cents lieues de pays avant d'atteindre
celte espèce de terre promise , sur la-
quelle devait s'élever Ténochtitlan.
Plus d'une fois la colonie guerrière
qui marchait derrière l'arche sainte
s'impatienta, murmura, voulut rester
au lieu qu'elle occupait pour l'instant.
Des miracles éclatants ranimèrent le
courage et raffermirent la fol. Enfin
il fut déclaré par les prêtres que Vit-
slibochlli leur avait apparu en songe,
et ordonnait de s'arrêter au lieu où
ils trouveraient un figuier planté sur
le roc, et au milieu des rameaux du
figuier un aigle qui tiendrait dans ses
serres un petit oiseau. On donne pour
mère à ce dieu Koatlikoé, pieuse et
noble femme de Koatepek (dans le
voisinage de Toula) : elle le conçut
miraculeusement d'un bouquet de
plumes qui volait dans les airs, et
qu'elle cacha dans son sein. Bientôt
elle fut enceinte ; et ses fils les Ceut-
sonhouitsnahouis , sans douter de la
ver lu de leur mère, virent avec ef-
froi la honte que cette grossesse in-
explicable allait faire rejaillir sur la
famille. Excités par leur cruelle sœur
Roïolkhhaouqui, ils se déterminèrent
6i»
VIT
h tuer leur mère. Koallikoé Irrni-
blailj mais une voix parlant de Tin-
lérieur de sou corps lui dll : « llas-
sure-loi, ma mère; moi, loa fi!s,
je sauverai ta vie et la gloire, jj Ef-
teclivi-meut , à l'instant où le glaive
était levé sur elle, \ itslibodilli pa-
rut armé de pied en cap, les veux en
flamme, et lua les uns après les au-
tres tous les Ccutsonliouit^ualiouis,
sans excepter la farouche Koïol-
khbaouqui, pilla leur maison, cl vint
déposer le uulin aux pieds de sa
mère. — Cesl surtout dans la ca-
pitale du Mexique que le culte de
Vitsliboclilli était en vigueur. Voici
de quelle manière Don-Antoine de
Solis (Irad. française, Paris, lyBo)
décrit le Téokalli consacré a ce dieu.
« On entrait d'abord dans une grande
place carrée et fermée d'une muraille
île pierre, où plusieurs couleuvres de
relief, entrelacées de diverses maniè-
res au dehors de la muraille, impri-
maient de l'horreur principalement à
la vue du frontispice de la première
porte, qui eu était chargé non sans
quelque significalion myslériense.
Avant que d'arriver à celte porle, on
rencontrait une espèce de chapelle
qui n'était pas moins affreuse : elle
était de pierre, élevée de trente de-
grés, avec une terrasse en haut où l'on
avait planté, sur un même rang et
d'espace en espace , plusieurs troncs
de grands arbres taillés également,
qui soutenaient des perches qui pas-
saient d'un arbre h l'autre. Ils avaient
enfile' par les tempes, à cliacune de
ces perches, quelques crânes des raal-
lieureuxqui avaient été immolés, dont
le nombre, qu'on ne peut rapporter
sans horreur, était toujours égal,
parce que les ministres du temple
avaient soin de remplacer ceux qui
tombaient par l'injure du temps. Les
quatre côtés de la place avaient cha-
VIT
cun nue poite qui se répondaient, et
étaient ouvertes sur les quatre princi-
paux vents. Chaque porte avait sur
son portail quatre statues de pierre
qui semblaient, par leur geste, mon-
trer le chemin, comme si elles eussent
vou'u renvoyer ceux qui n'étaient pas
bien disposés 5 elles tenaient le rang
de dieux liminaires ou portiers, parce
qu'on leur donnait quelques révéreni,—
ces en entrant. Les logements dessa«fll
crilicaleurs étaient employés a la"*"
partie intérieure de la muraille de la
place, avec quelques boutiques qui en
occupa ieut tout le circuit , sans re-
trancher que fort peu de chose de sa
capacité, si vaste que huit h dix mille
personnes y dansaient commodément
aux jours de leurs fêles les plus solca
Délies. Au centre de celle place s'éi
levait une grande machine de pierre
qui, par un temps serein, se décou
vrait au-dessus des plus hautes tours
de la ville. Elle allait toujours en di
minuant, jusqu'à former une deinw
pyramide dont trois des côtés élaien
en glacis, el le quatrième soulenai
uu escalier: édifice somptueux, et qu
avait toutes les proportions de \\
bonne architecture. Sa hauteur élar
de siï-viugts degrés, et sa construc-
tion si solide, qu'elle se terminait en
une place de quarante pieds en carré,
donlle plancher étailcouverl fort pro-
prement de divers carreaux de jaspe
de toutes sortes de couleur. Les pi-
liers ou appuis d'une manière de ba-
lustrade (jui régnait autour de cette
place étaient tournés en coquille dç
limaçon, el revêtus par les deux fac
de pierres noires semblables au jai$
appliquées avec soin, et jointes par li
moyen d'un bitume rouge et blanc ^
ce qui donnait beaucoup d'agrément à
cet édifice. Aux deux côtés de la ba-
lustrade , a l'endroit où l'escalier fi-
uissait; deux statue? dç marb^rc soute-.
I
â
VIT
naient, d'une manière qui exprimait
fort bien leur travail, dcnx grands
chandeliers d'une façon extraordi-
naire. Plus avant, une pierre verte
s'élevait de cinq pieds de haut, taillée
en dos d'àne , où l'on étendait sur le
dos le misérable qui devait servir de
victime, alin de lui fendre l'estomac,
et d'en tirer le cœur. Au-dessus de
cette pierre, en face de l'escalier, on
trouvait une chapelle dont la structure
élait solide et bien entendue, cou-
verte d'un toit de bois rare et pré-
cieux, sous lequel ils avaient placé
leur idole sur un autel fort élevé
entouré de rideaux. Elle élait de fi-
gure humaine, assise sur un trône
soutenu par un globe d'azur qu'ils ap-
pelaient le ciel. Il sortait des deux
côtés de ce globe quatre bâtons dont
le bout était taillé en lêle de serpent,
que les sacrificateurs portaient sur
leurs épaules lorsqu'ils produisaient
leur idole en public. Elle avait sur la
tète un casque de plumes de diverses
couleurs, en figure d'oiseau avec le
bec et la crête d'or bruni. Son visage
était affreux et sévère, et encore plus
enlaidi par deux raies bleues qu'elle
avait, l'une sur le front et l'autre sur
le nez. Sa main droite s'appuyait sur
une couleuvre ondoyante qui lui ser-
vait de bâton ; la gauche portait qua-
tre flèches qu'ils révéraient comme
un présent du ciel , et un bouclier
couvert de cinq plumes blanches mi-
ses en croix, tfne autre chapelle , à
gauche de la première et de la même
fabrique et grandeur, enfermait l'i-
dole appelée Tlaloch , qui ressem-
blait parfaitement a celle qu'on vient
de décrire. Aussi tenaient-ils ces dieux
pour frères, et si bons amis qu'ils
partageaient entre eux le pouvoir
souverain delà guerre, égaux en force
et uniformes en volonté. C'est par
celte raison qu'ils ne leur offraient a
VOL
6i3
tous deux qu'une même victime , que
les prières étaient en commun , et
qu'ils les remerciaient également des
bons succès 5 tenant, pour ainsi dire,
leur dévotion en équilibre. » Selon
quelques historiens du Mexique, Vit-
slibochlli avait les vastes ailes mem-
braneuses de la chauve-souris aux
épaules et des pieds de chèvre. Par-
fois sou ventre laisse appraître , au
lieu de nombril une tête ne lion.
VITTOLF , déesse celte , passait
pour la prophétesse modèle. Des
modernes voient en elle la plus anti-
que des Sibylles.
VITULA, déesse romaine, prési-
dait aux réjouissances. Sa fêle, ap-
pelée Vilidalion, fut instituée , h ce
qu'on assure, en mémoire delà vic-
toire remportée par les Romains sur
les Etrusques le 8 juillet. La joie
que leur inspira ce triomphe fut d'au-
tant plus vive que la veille ils avaient
été' réduits a fuir Dans la Vitula-
tion on offrait a la déesse les prémi-
ces des biens de la terre. A ne voir
que le sens usuel du mot Vitulus , on
croirait qu'originairement des victi-
mes avaient été immolées en l'hon-
neur de cette de'csse. On dérive or-
dinairement Vilula de vita.
YITIJMNE ou ViTUNE était invo-
qué par les Romains pour que l'en-
fant uceîois conçu vînt heureusement
a la vie.
VODAN, VODEN. Foy. Oditt.
VOLA, prophétesse Scandinave.
Ce mot est moins un nom propre que
le nom générique de toutes les Sibyl-
les du Nord. Une des parties les
plus célèbres de l'Edda Scandinave
est la Voluspaj ce qui signifie /:>«ro/e
de la Kola. Du reste nous ne cher-
cherons pas l'élymologie de Vola,
que les uns expliquent par le mot
Scandinave vol , plainte , les autres
par l'étrusque vçla , paume de la
6i4
VOL
VOL
main. Ce nom fut effectivement chez
les Etrusques le nom de toute ville
considérée comme cité mystique. La
Voluspa se compose de trois cents
vers dans lesquels sout décrites les
fondions des dieux, leurs grandes ac-
tions, la destruction et la rénova-
tion de Tunivcrs, et les destinées fu-
tures des bons et des méchants.
YOLD, dieu des moissons, était
adoré en Westphalie.
VOLDANUS, dieu celte, le mê-
me peut-être que Bélénus, était sur-
tout adoré chez les Armoricains.
Quelques mythologues expliquent son
nom }^!iT fournaise ardente, et pré-
tendent que c'était un dieu du feu.
VOLKOVA, dieu-fleuve, était
adoré à Novgorod , comme le Dnie-
per et le Bog à Kiev. On sait , au
reste, qu'un grand nombre de riviè-
res, de ruisseaux et de fontaines par-
ticipaient à ces honneurs, et que les
Slaves avaient beaucoup de lieux ré-
putés saints dans l'épaisseur des fo-
rêts^ ou sur des montagnes reculées,
1)rès des sources qui jaillissent de
eurs flancs. La Yolkova, qui passe au
milieu de Novgorod, devait mieux
que toute autre rivière , attirer la vé-
nération . surtout si l'on pense que,
sortant d'un lac sacré, Tllmen, elle
allait se perdre dans un autre, le La-
doga.
VOLOSSE, dieu slave adoré à
Kiev, passait pour le conservateur des
troupeaux , et de plus pour le gardien
des serments. Comp. Mokogh.
YOLTUMNA, déesse étrusque
dans le temple de laquelle se tenaient
les assemblées des douze cités de la
confédération, et qui probablement
é tai t censée présider aux délibérations.
Il est évident que son nom se rap-
porte h un mot antique peu différent
de velu, volo , ou même du grec
^ov^ùfieti. On sait que chez les Grées
plusieurs grands dieux porlaienf
le nom de Bulée. La seule différence
qu'il y ait entre les Bulée des Grecs
et la Yolturana des Etrusques, c'est
qu'ici nous avons un nom propre , et
par conséquent une personnification
véritable, tandis que là on ne peut
voir qu'une épitiiète. Minerve-Bulée
n'est qu'une Minerve, tandis que
Yoltumna est une déesse totalement
différente (a l'extérieur s'entend) de
toutes celles du rituel étrusque. Ou
présume que la Conso des Romains
est la même que Yoltumna.
VOLTURNE. /^. YuLTURNE.
yOLUMNIUS et YOLUMNIA ,
divinités des anciens Ilaliotes. Si l'on
s'en rapporte au nom évidemment dé-
rivé de volo, il semble que , comme
Conso, Cousus et Yoltumna, c'étaient
des dieux qui présidaient aux délibé-
rations. Toutefois , il est probable
que leur culte était restreint k une
localité; de telle sorte qu'il n'y a pas
besoin de les joindre a Cousus pour
avoir la série des dieux qui présidaient
au conseil. Consus K lui seul est la
volition, aussi bien que la délibération
personnifiée; Yolumnius ou Yolumnia
est la délibération aussi bien que la
volition. — On sait qu'une famille pa-
tricienne de Rome portait le nom de
Yolumnia.
YOLUMNUS et VOLUMNA ,
deux dieux , l'un mâle , l'autre fe-
melle, qui présidaient aux plaisirs de
l'hymen, avaient un temple à Rome
(R. : volo d'oîi volup et volup-
tas ; et comp. l'expression erotique
latine adlubescere , ainsi que le
nom de la déesse Lubentina). On sait
qu'il y avait beaucoup d'autres divi-
nités chargées de veiller aux détails
les plus secrets des mariages ( Voy.
Perfica). Après les fiançailles, les
deux époux portaient au cou chicuu
l'image de la divinité de son aexe,
VRI
en or ou en argent; puis le jour des
noces ils échangeaient les deux ima-
ges l'une contre l'aulre.
VOLUPIE, VoLUPiA, déesse de
la volupté , fille de l'Amour et de
Psyché, selon Apulée, avait à Rome
une cliapelle près de la porte Ro-
maine, auprès des chantiers (Var-
ron , Lang. lat. , liv. IV , c. 34).
R. : volup , volupe (vieil adj.) , le
plaisir. Sur son autel était, a côté de
sa slatue, celle delà déesse Augërona,
le Silence personnifié. On représen-
tait Volupie avec un teint pâle. Quel-
ques mythologues ont voulu voir dans
Volupie le borilieur que procure la
vertu, et ils l'ont représentée sur une
outre ayant les vertus à ses pieds.
Angérona ne l'accompagne, ajoutent-
ils, que parce que ceux qui ont assez
de force pour dissimuler leurs angois-
ses arrivent par la patience à la véri-
table joie.
VOLUTIÎSE,VOLUTRmE,Vo-
LUTiNA, VoLUTBiNA, déesse laliue
chargécdu soin des balles qui envelop-
pent les grains de blé dans leurs épis.
VORA , déesse Scandinave, préside
aux recherches. Rien ne peut lui de-
meurer caché : son œil lit jusqu'au
fond des cœurs.
VOURCHAITO, dieu prucie,
présidait aux chevaux, aux bêtes de
somme, et en général h toute la fa-
mille des mammifères vulgairement
connue sous le nom de quadrupèdes.
On l'invoquait surtout à litre de dieu
lare ou domestique.
VRIIIASPATI est , chez les Hiji-
dous sectateurs du brahmaïsrae, le
dieu recteur de la planète de Jupiter,
et préside au cinquième Souarga
(Souria, Tchandra, Mangala, Bou-
dha, Soukra et Saui président aux
six autres). Tchanchra lui enleva sa
femme, et la rendit enceinte de Bou-
ddha , duquel il cyflsejilit a être V'm-
VRI
6i5
lltuteui' (le gourou). Vrihaspati poussa
la philosophie jusqu'à reprendre sa
femme des bras du dieu de la lune,
et a oublier le passé.
VRIKCHA (connu sousles surnoms
de Bashaçoura ou Vasmaçoura ) ,
géant célèbre de la mythologie hin-
doue , obtint de Siva, en lui offrant le
soma, en déchirant les lambeaux de
son corps, en les brûlant sur son au-
tel, enfin en se coupant la tête et en
la jetant dans le brasier allumé en son
honneur , une force décuple de celle
qu'il avait auparavant, et le don pré-
cieux de réduire en cendres tout ce
qu'il toucherait. De la le nom de Vas-
maçoura ou Basmaçoura, démon des
cendres, qui lui est resté; mais sou-
dain , h la vue de Parvati qui elle-
même lui exprimait combien le san-
glant holocauste qu'il avait fait de sa
propre personne l'avait charmé, Vas-
maçoura s'enflamme pour elle, el veut
tenîer sur Siva l'essai du pouvoir qui
vient de lui être octroyé. Siva devine
et s'esquive. Le géant le poursuit , et
va le joindre. Tout a coupVichnou,
invoque' par son ami Siva, revêt la
forme de Parvati , simule l'ivtesse la
plus vive de l'amour, jure qu'elle hait
Siva, Siva ivrogne, laid et toujours
entortillé de serpents, el qu'elle adore
le robuste , l'invincible Vasmaçoura.
Mais comment se fait- il qu'avec sou
atroce laideur ce Mabadéva ait pu se
faire agréer pour époux. « Oh! c'est
a qu'il danse à ravir : j'oublie sa lai-
« deur lorsque je le vois livré à cet
ce exercice; une indescriptible beauté
a rayonne alors dans toute sa per-
a sonne. » — ccO fille de l'IIimavan !
enseigne-moi cette danse qui t'a sé-
duite; que Siva n'ait pas sur moi cet
avantage !»et la fausse Parvati se met
a danser. Mais l'illusion , la beauté,
le doux nuage enveloppent d'opaques
brouillards riulelligcuce du géant.
6i6
VRI
VUL
^
Les yeux fixés sur Yichuou , il iiuile
tousses pas, il répèle tous ses gestes.
Elle pose une main sur sa tête. Vas-
macoura, oublieux du monde entier,
oublie aussi le don funeste qu'il a reçu
du dieu de Mérou, effleure sa tête de
sa maiOf et tombe en ceudrcs. — Il
existe plusieurs variantes h ce mythe.
Siva est seul lorsque Vasmaçoura re-
çoit de lui le don de réduire en cendres
tout ce qu'il touche, et veut essayer
son pouvoir sur son bienfaiteur. Dans
^a fuite il trouve un bois 5)0ni!)rc, et
s'y cache au centre d'un petit fruit
nommé Poundatounda, et qui depuis
ce lempss'appelleLingalouuda. Eton-
ne de ne plus voir le dieu , Vrikcha in-
terroge un Soudra qu'il rencontre. «Je
rignore,udilàhauleetintel!igiblevoix
IeSoudra,eldudoigt il désigne le fruit
qui recèle le dieu Lingara. L'Açoura
s'apprête a saisir le fruit , Yichnou
en sort sous la forme d'une vierge ra-
vissante. Vrikcha convoite celte proie
nouvelle, et ose le faire entendre,
a Je suis fille d'un deux fois né (d'un
brahme) , allez d'abord vous purifier
par un bain et la cérémonie Sandbia. »
Le géant consent h tout, passe par
tous les rites de la purification j mais,
quand il en vient a celui qui ordonne
au purifié de mettre la main sur sa
tête, il tombe en cendres. Siva ainsi
débarrassé de son ennemi condamna
le traître Soudra a se couper le doigt
instrument de sa pi-rfidie. Sa femme
pourtant obtint sa grâce, mais a con-
dition de perdre elle-même deux
doigts de la main j et aujourd'hui en-
core dans un district de Deon-Hully ,
ijuand la fille aînée d'une famille de
Soudra se prépare au mariage , le
forgeron du village détache deux
doigts de la main h la mère de la
fiancée ou h celle du futur.
YRINDHA, femme de Jalendra
et l'incarnation dé Lakchmi. Un jour
Naréda, impatienté de faire anti-
chambre chezYichnoH, maudit Lakch-
mi, qui devait IMutroduire, et lui sou-
haita le malheur de devenir la fem-
me d'un géant. Aussitôt Lakchmi na-
quit sous la forme de Yriudha. Mariée
augéant Jalendra, elle se distingua par
sa fidéUté h toute épreuve, fidélité k
laquelle son mari dut le privilège d'ê-
tre invulnérable. Vichnou, pour faire
cesser cette invulne'rabililé, emprunta
les traits de l'époux, et bientôt Ja-
li-ndra fut tué par Siva. Soudain
Yriudha reconnut la supercherie,
et maudit Yichnou en lui souhaitant
d'être métamorphosé en une pierre
noire. Cette pierre se nomme Sal-
grama, et sert encore aujourd'hui de
symbole a Yichnou. .^g
YULCAIN (en lat. Yulcakus |||
en grec IlErn^sTOS, "H(Çx((rlof )
passe pour l'unique fruit mâle de
l'hymen de Jupiter et de Junon. Il a
pour sœur lléoé. Sa laideur était si
graude, que Jnnon, honteuse de linSI
avoir donné naissance, le précifitéffl
du haut des cieux dans la mer : d'au-
tres attribuent cet acte barbare a son
père. Yulcain roula long-temps dans
l'espace : il tomba, selon les uns, à
Lemnos j suivant les autres, dans
l'Océan. Ces derniers le montrent
neuf ans de suite caché dans une
grotte profonde ei occupé à fabriquer
des colliers, des agrafes, des ba-
gues, des bracelets. Tels furent, soit
dans l'île Lemnienne, soit ailleurs,
ses travaux ordinaires. Il y joignit la
fabrication des armes, la fonte des
métaux, et en général toutes les opé-
rations industrielles où le feu joue le
rôle d'agent principal : aussi le peint-
on toujours au milieu des fourneaux.
C'est lui qui fit la foudre de Jupiter
ainsi que les trônes d'or de ce dieu et
de son épouse. Ou lui attribuait tout ce
que rinduslrie naissante saluait del'é-
VUL
pitfièJe de merveilleux : ainsi le collier
d'Harmonie, la couronne d'Ariadne,
le bouclier d'Hercule ,les armes d'A-
chille et d'Enée , le sceptre d'Aga-
memnon étaient des œuvres de Yul-
cain. Il bâtit aussi aux dieux de l'O-
lympe un vaste palais d'acier , de
cuivre et de vermeil : chacun y avait
un appartement j et les voûtes res-
plendissanles , les murs polis étaient
autant de miroirs. Ces miracles d'un
art ingénieux rendirent Vulcain pré-
cieux à la cour céleste : Yénus Ini
fut donnée en mariage, et pourtant il
avait encore gagné en laideur depuis
le jour de sa naissance ; la lourde
chute qu'il avait faite eu descendant
de l'Olympe sur le globe terrestre
l'avait estropié : il boitait. La belle
déesse, devenue son épouse, le tra-
hit bientôt pour Mars. Apollon, té-
moin de celte furlive infidélité , alla
en donner avis au dieu du feu. Sou-
dain le céleste forgeron fabrique un
réseau métallique a mailles si fines
que l'œil du lynx pouvait a peine
l'apercevoir, enlace les deux amants
dans ce filet magique , puis convoque
h grand bruit les dieux pour les ren-
dre témoins de la honte de sa femme.
D'abord le couple imprudent voulut
fuirj mais les nœuds tissus par Vulcain
étaient aussi solides que délicats, et
force leur fut de rester dans la mer-
veilleuse prison tant qu'il plut a l'é-
poux outragé de les y retenir. Vul-
cain fabriqua aussi le piège, en for-
me de trône, dans lequel Junon alla
se prendre, ou, si l'on veut, la chaîne
d'or h laquelle Jupiter lui ordonna
d'attacher Junon par les pieds.
Dans la Gigantomachie , on voit Vul-
caiu triompher de Clytius à l'aide
d'une barre de fer rouge. C'est lui
q.ui va, par ordre de Jupiter, clouer
Prométhée sur le Caucase 5 c'est lui
qui , frappant sur le front du dieu
VUL
617
comme sur une enclume, fait jaillir
des profondeurs de cette tête intelli-
gente Minerve armée 5 c'est lui qui
inspire Dédale ; il assiste aux noces
brillantes de Péle'e et de Thétis. A
Troie il combat en faveur des Grecs,
et tarit par la force de ses feux le
Simoïs etleXanthe qui avaient quitté
leurs rives pour inonder la plaine.
Parfois ce dieu flamboyant tolère
les larges irrigations. Irrité des brus-
ques manières de Junon et de Jupiter
h son égard, il avait juré de ne jamais
remettre les pieds dans l'Olympe,
liacchus, à l'aide de quelques coupes
de vin, lui fit oublier ce serment. Dans
riliade, il verse à boire aux dieux ; et,
Ganymède boiteux, il excite parmi les
célestes convives un rire inextingui-
ble. Dans quelques légendes Vulcain
aspire, soit comme amant, soitcomme
époux, à la possession de Minerve ;
de ses tentatives, heureuses selon les
uns, inachevées selon les autres, ré-
sulte l'informe Erichthonius aux pieds
de serpent. On lui donne quelques au-
tres fils, les uns habiles industriels ,
les autres héros funestes et incendiai-
res {F'oy. Cacus, Abdale, etc.).
Au lieu de Vénus, quelques mytho-
logues et des poètes donnent à Vul-
cain Aglaïa, Gharis, Maïa (ou Majes-
ta"), enfin Minerve pour épouses. Dans
les légendes les plus communes , il
n'eut pour cette dernière que des dé-
sirs inutiles {Foy. Erichthonius et
Minerve). On le voit, dans les tradi-
tions moitié pélasgiques,moitiéorien-
tales, avoir de Cabira et de quelques
maîtresses, Corynète, Camille, Cer-
cyon , Philocle , Ardale , Brote'e ,
Olène, Ethiops, Albion, Cécule, Ca-
cus. Cicéron dislingue quatre Vul-
cain. Le premier, dit-il , est fils du
Ciel, le second est fils du Nil, le troi-
sième doit le jour a Jupiter et à Ju -
non j le qualrième a pour père Mena-
6i8
VUL
lius et habita les îles Yulcanîeuues.
Le second, ajoute- t-il, avait les deux
sexes ; il sortit le premier de Tocuf
du monde : il inventa le feu a la vue
d'un incendie qu'avait allume la fou-
dre daus une vaste forêt , et encon-
sé({ueuce il fut choisi par le reste des
bommes pour roi d'Egypte où il ré-
gua vingt-sept mille aus. A Ions ces
traits, il est impossible de méconnaî-
tre Fta (Pbtlias , et par corruption
Opas) : mais c'est peu que de distin-
guer ce point de rapport entre la
théologie égyptienne et la grecnuej
il faut reconnaître : i" les Vulcain
supérieurs des autres contrées , Si-
dit KTyr, Setbiaus en Elrurie,Pbac-
tbon dans l'île de Cypre, Tilbon en
Pbrygie^ et Viçouamitra aux lades ;
2° toutes les émaualions secondaires
qu'on peut prendre pour des incarna-
tions : Mélion , Eupalame , Ârdale ,
ïclcbiu, Ericblhonius. 11 faut com-
prendre que Vulcaiu , d'ordinaire
bieufaisaut, se montre parfois sinistre
et moqueur, jaloux et funeste. Il faut
deviner qu'il est la ilamme qui éclai-
re, la flamme qui dévore, Siva-Ougra,
Siva-Bagbis. Il faut trouver tout sim-
ple qu'il s'émane souvent en nielle, en
grêle et foudre, en œil fascinateur. Il
faut ne pas s'étonner qu'il se lie à
quelques dieux-plauètes à. lueur rou-
geàlre et à influence dclélère , Sovk
qui est Saturne, Ertosi qui est Mars.
Enfin il faut saisir en lui le sorcier
par excellence, le médecin, le naviga-
teur. Grâce k tous ces points de vue,
ilestCabire, ileslAnace, ilestéloile,
il est ciel étoile, il est onde ferrugi-
neuse et médicinale. Au feu, au feu
seul, mais pris dans la plus large ac-
ceplion, se rattachent tous ces rôles
de Vulcain. Le plus important dans la
mythologie vulgaire, c'est sa présence
aux forges, à la métallurgie, à tous les
travaux industriels. Qu'eu y joigne les
VUL
mines et l'architecture daus son en-
tier, on aura le Vulcain classique, le
Vulcain dont Prométhée, Dédale,Tale
et les Cyclopes à l'œil unique sont
des incarnations. Quant aux phéno-
mènes électriques qui auraient dû fai-
re partie de ses attributions , remar-
quons que là Jupiter efface son fils,
et que Vulcain semble se borner à
forger la foudre que lance le roi de
l'Olympe. Au reste Vulcain , dans
l'ensemble des fables grecques, est
tour-à-lour au-dessous et au-dessus de
Jupiter. C'est que Fia, son représen-
tant dans la théogonie égyptienne ,
suit Knef et précède Fre qui l'un et
l'autre sont pris pour Jupiter. — On
donne ii Vulcain le nom de Mulciber:
Tardipes, Cyllopodiôn, ylrnplU-
gyi'is y indiquent qu'il boilej Lem-
nios , OElnœos , Liparœos , ont
trait aux lieux qu'on donne comme ses
demeures de prédilection. Personne
n'ignore que tous ces points sont ou
ont été eu proi« aux ravages volcani-
ques 5 et volcan, d'ailleurs , diffère à
peine de Vulcain (en italien Folca-
no ). C'est donc K juste titre que
Leiunos, la Sicile et l'archipel Lipari
passent pour l'officine du dieu du feu.
La première de ces îles surtout avait
pour habitants les Sinties (2<'»T«ff)
dont le nom, eu nous rappelant bien
singulièrement les Hindous, les habi-
tans des bords du Sindh , nous fait
penser aux Zigeunes, a ces peuplades
errantes connues depuis des siècles
dans l'Europe sous le nom de Gypsies
ou de Bohémiens. Leur apparition
dans Leranos est un des jalons qui
doivent faire croire à une très-anti-
que émigration de quelque peuple
hindou, aujourd'hui inconnu, dans la
haute Asie , et de la dans l'Europe
orientale. Dans le voisinai'C du Bos-
phore Cimiiiérien se trouve une ré-
gion nommée Siulica ou ludica (que
Zi-
des
VUL
Lelewel nomme sur ses cartes In-
dia Polnolclmia ou Inde du nord) j
et nous retrouvons des Singi , des
SingcB sur le Caucase , une
gaua en Cappadoce (Strabon) ,
Sigynnies dans les montagnes de
l'Hyrcanie , enfin , des Sigynnes
dans le royaume de Pont (Orphée,
ydrgonautitjueSjY, yS^. ) et près
de l'embouchure du Danube (Apol-
lonius de Pihodes, IV, 220). L'oc-
cupation favorite de ces nomades dé-
criés est la chaudronnerie et le rac-
commodage des ustensiles de fer, d'é-
tain et de cuivre, qu'ils semblent avoir
exercé de temps immémorial. —
Le culte de Vulcain se montre en
Grèce sous deux points de v«e dis-
tincts. i°Il est mystérieux, et alors
c*est à Samolhrace, c'est parmi les
Pélasgues qu'il faut aller le chercher.
Dans ce bassin de croyances transcen-
dautales, Vulcain Cabire suprême se
trouve à la tête de la tétrade sainte j
il s'émane en Ares, il a pour femme
Aphrodite, et pour fils il a Cadmile.
Puis, tout-à-coup devenant infernal
de céleste qu'il était , il est Pluton
(Paoulaslia sublimé) ou haute Cérès,
il s'émane en Plutou vulgaire, il est
époux de Phéréphatte , il est père
d'Hermès. Du reste, son titre dans
toute cette série de transmutations est
Axiéros. 2" Il est unique, et comme
tel il appartient à la caste des Erga-
dîsetdes Eupalames d'Athènes ; c'est
là sans doute que furent imaginées ses
aventures avec Athàuà. Dans la sui-
te on établit en son honneur une fête
dite Héphesties, de sonnom Hépheste.
La cérémonie la plus remarquable
était une course avec des torches, qui
s'exécutait dans les jardins de l'Aca-
démie. Les prétendants étaient trois
jeunes gens : le sort désignait dans
quel ordre ils devaient courir. Celui
qui à la fin de sa course rapportait son
VUL 619
flambeau allumé était proclamé vain-
queur et recevait le titre de Lampa-
déphore ou Pyrséphore (Aristoph.).
— A Rome on célébrait en son hon-
neur, au mois d'août, des /^«/ca«rf/cj.
Dans cette fêle, qui durait huit jours,
on courait aussi avec des lampes à la
main, et les vaincus devaient donner
leurs lampes ou leurs torches aux vain-
queurs. Comme danslesLaphrieson
y jetait dans les flammesdes animaux
vivants. Eu général, tous les sacrifices
à Vulcain étaient de véritables holo-
caustes et on ne devait rien réserver
de la victime pour le festin. Tarquin
l'Ancien , après la défaite des Sa-
bins, fit brûler en l'honneur du dieu
les dépouilles et les armes dos vain-
cus. Vulcain, sans doute, était à cette
époque un Pénate de Rome, une es-
pèce de Vesta mâle. Romulus lui
avait élevé un temple qui était hors
de l'enceinte de la ville, et qui, plus
tard , servit souvent de salle pour
les délibérations du sénat. Il lui avait
dédié en même temps un char d'ai-
rain attelé de quatre chevaux. Le
lion, dont l'œil semble jeter du feu,
était consacré à Vulcain. Des chiens
étaient préposés a la garde de son
temple. Comp. Adrake. — Vulcain
est laid , trapu , boiteux. Ses bras
au moins sont nus j aux larges épau-
les, au cou de taureau , à la vaste
poitrine , à une profusion de che-
veux épais , noirs , doivent s'unir
des ye\ix où étincelle le génie , un
front saillant où un volumineux cer-
veau semble être encore a l'étroit. Un
marteau arme sa main droite 5 les te-
nailles sont moins nécessaires. Le bon-
net conique qui couvre sa tête appar-
tient aux croyances les plus antiques.
Il n'existe de lui qu'un très -petit
nombre de statues. La plus connue
est celle du musée Capitolin (Millin,
Gai. mjth.y VIII, 26). Sur lesmonu-
620
XAN
menls de rancien style il est imberbe;
il se retrouve même ainsi surquelques-
uns de ceux du stjle d'imilalion et du
tcau temps de l'art. Plusieurs bas-re-
liefs le représentent brûlant le bras de
Clytius ( Millin, ouv. cite); ouvrant
la tète de Jupiter d'un coup de mar-
teau, livrant ainsi passage h Minerve;
enckaînant Proniélbée sur le Cau-
case; dégageant Junon des cliaincs
invisibles dont il Ta enlacée ; surpre-
nant Vénus et Mars dans un réseau
d'airain non moins imperceptible à
l"a'il; assistant aux noces de Tbélis
et de Pclce, et enfin forgeant les ar-
mes soit d'Achille, soit d'Enée. On
le voit recevoir les avis de Mercure
et de Minerve-Erganà : il tient le
marteau , la bâche et les tenailles.
VIJLTLRIUS, Apollon : Apol-
lon aux vautours était un dieu libéra-
teur. Deux bergers , dit Conon , fai-
saient un jour paître leur troupeau
sur le Lisse, près d'Eplièse. Des abeil-
les qui sortaient d'un creux formé
par les rochers leur donnèrent l'idée
de descendre dans leur mystérieuse
retraite. Ils virent un précipice im-
mense s'ouvrir au-dessous d'eux ; au
fond élincelaient des masses d'or.
Le lendemain ils reviennent avec une
corbeille et des cordes. L'un d'eux
s'embarque dans celte frêle nacelle,
et s'aventure au fond de l'abîme.
La corbeille chargée de richesses re-
monte, redescend , remonte encore.
Mais quand le trésor est presque épui-
sé, et que le hardi berger s'apprête
à remonter , la corbeille ne revient
XAN 1
plus. Son compagnon l'abandonne ,
emportant pour lui seul les lingols, et
ne doutant pas que celui a qui il doit
ces trésors ne meure au fond du pré-
cipice. Apollon n'en a point ordonné
ainsi. Appollon apparaît en songe au
pâtre, que le désespoir n'empêche pas
de dormir. Docile aux ordres de ce
dieu sccourablc , l'iuforluné se blesse _-
en dix endroits du corps. L'odeur du ■!
sang, des plaies, attire des vautours. ^^
L'un d'eux plus prompt s'abat sur
cette proie vivante, cl jaloux de l'a-
voir h lui seul s'en empare cl l'em-
porte bitn loin de l'abîme où elle
élail gisante. Arrivé h terre, le pâtre
retrouve assez de force pour marcher.
Il retourne a Ephèse ; il étale ses bles-
sures , il raconte son histoire. Les
magistrats protègent ce protégé d'A-
pollon ; et l'autre berger est mis en
croix, tandis que le premier, recevant
moitié de l'or qu'il a trouvé dans les
entrailles de la terre, élève sur le mont
Lisse lin temple eu Thonueur d'A-
pollon-Yulturius.
VULTUllNE, dieu-fleuve de la
Carapanie , poric encore le même
nom (Volturno). On célébrait en son
honneur des fêtes appelées Vultiir-
nales. Il doit être remarqué comme
s'harmonisant dans le cercle des
dieux -fleuves de l'Ilalie avec le Ti-
bre, leNumicuSjl'Aufidc, lePô, etc.,
cercle qui lui-même fait partie de la
grande famille des divinités aquati-
ques. — On donnait quelquefois à
]\ome le nom de Vultvbîje au dieu-
vent que les Grecs appelaient Euros.
XACA. Voy. Bouddha. les attaques des Grecs. Achille , un
XANÏHE, Xanthus, sûyëoç, au- jour, faillit périr noyé dans ses eaux
irement ScAMAKDBE, dieu-fleuve de la et dans celles du Siinoïs. Les deux
Troade, protégea les Troyens contre fleuves, dans leur zèle pour la causç
XAN
de Priam , avaient réuni leurs eaux
et coulaient sur les deux rives. Il fal-
lut que Vulcain , sur Tavis et les or-
dres de Junon, embrasât la plaine ,
mît les deux rivières en feu , et tarît
presque leurs eaux. Lo Simoïs et le
Xanllie alors jurèrent de ne plus s'op-
poser au libre cours des deslins , et
Vulcaia vainqueur leur fit grâce. —
Quelques mythologues distiugueul le
Xantbe du Scamaudre. Au contrai-
re, Arislote, suivi par Elicn et par
Pliue , proclauie la synonymie des
deux noms , et dit que le Scaman-
dre s'appela Xauilie (blond) parce
qu'il donnait à la toison des brebis qui
buvaient de ses eaux la couleur fauve.
— Trois antres Xaktue furent : i"
un Egyplide ; 2" un fds du roi d'Ar-
gos Triopas , et chef de deux co-
lonies pélasgiques dont l'une en Li-
bye et l'autre à Lesbos ,• 3° un fils
de Phénops , lue par Diomède. On
trouve encore le nom de Xnnlhe
donué, i" au beau cheval que Nep-
tune fit naître d'un coup de trident,
et qui des mains de Junon passa
dans celles de Castor cl l^lluxj 2°
à l'un des deux chevaux d'Achille :
l'autre s'appelait Balios, On sait que
ces deux coursiers, de céleste origine,
prédirent a leur maître le fatal des-
tin qui l'altendait. Balios rappelle le
nom de Baal, et par suite celui d'A-
belios, etc. Xanlhos, d'un autre côté,
veut dire blond. Les deux mots con-
cordent donc singulièrement avec l'i-
dée de Soleil {Voy. Achille, LUI,
38).
XAÎSÏHli, Amazone célèbre.
XANTHIPPE : i" XANTniPPus ,
uudes fils de Mêlas (Tydée le tua)j
2° Xainthippë, fille de Dorus , fem-
me de Pleuron , mère d'Agénor, de
Stérope, de Slraloiiice et de Lao-
phonte.
XàNTRIES, SayrpV-/ (c'çst-a-di.
XÉN
621
re cardeuses , de |«/yâ>), les Parques
selon une des traditions les plus an-
ciennes. Probablement il n'y en
avait que deux, Tune qui filait les
événements heureux, l'autre qui pré-
sidait aux malheurs. Leurs noms spé-
ciaux sont inconnus. Eschyle avait
composé une tragédie sur les Xan-
tries (Pollux, Onom.^ 1. X , iiyj
n. 1295, etc. , de l'édit. Hemsler-
Juiis. Corap. les not. surcc passage).
Il est possible que les deux toutes
puissantes cl toutes savantes Sirènes
d'Homère ( Odyss., 1. XII, v. 189,
etc.), et les deux Carmcules élrusco-
romaines ( Prorsa et Postverla ) ,
soient, au moins t?n un sens, les mê-
mes que les Xan tries.
XliDOR , célèbre saint japonais ,
devait le jour a un des rois du pays,
et donna l'exemple de toutes les ver-
tus ] sa piété conjugale surtout exci-
ta l'admiration générale. Ainsi qu'Or-
phée, sans doute , c'est après avoir
perdu sa femme qu'il se voua aux élu-
des qui firent la gloire de sa vie. Il
fonda, dans celle conlre'e, une école
philosophique et religieuse qui a pour
principes fondamentaux l'immortalilo
de l'amc et l'existence des peines pour
les uns, des récompenses pour les au-
tres. En général sa doctrine , qui
est une des sectes du Bouddhisme ja-
ponais, est moins entachée desuper-
slilion que beaucoup d'autres. On
aurait tort cepcudaiil de n'y voir que
la reliiiion naturelle. Xe'dor ordonna
en mourant de lui rendre les hon-
neurs divins, et dit par quels rilcs ou
devait révérer sa mémoire cl invo-
quer sa protection.
XENIOS, XENIA, Jupiter et Mi
uerve a Sparte, en tant que présidant
a l'hospllaiité.lls avaieulleurs statues
réunies dans la salle des Syssities.
XÉJXOCLEE, prêtresse delphique,
refijsa de répondre aux dvjuaudes
6a3
XIS
d'Hercule sur l'avenir , parce qu'il
était encore souillé du sang d'Iphile.
Hercule, blesséde la réserve de la prê-
tresse, enleva le trépied, et ne le re-
mit dansle temple qu'après avoir reçu
satisfaction. De la le mythe célèbre
d'Hercule disputant le trépied au dieu
du jour. On sait qu'Hercule , par-là
même qu'il est le soleil, semble le ri-
val d'Apollon. C'est peu pour lui de
ie surpasser en vigueur, il le dé6e au
combat de la science divinatoire, et
Teut lire comme lui dans l'avenir.
XÉNODICE : 1° fiUe de Minos et
de Pasipbaé ; 2" fdle de Sjlée que tua
Hercule j 3° une des captives Iroyen-
nes que les Grecs se partagèrent après
la prise de la ville.
XlKOUANI , Kami japonais, pro-
tège les âmes des enfants et des jeunes
gens. Jeune et beau, il est vêtu d'un
costume tout resplendissant d'étoiles j
près de lui est un perroquet. Sesqua-
tre bras tiennent, le premier un en-
fant 5 le second, un sabre 5 le troi-
sième, un serpent ; le quatrième, un
anneau rempli de nœuds. Il est pos-
sible que Xikouaui soit l'amour -hy-
men. Comp. Rama.
XIN , GIN , KHHIN, les bons gé-
nies chez les Chinois. Comp. Gen.
XIINÏSTÉCOUIL , dieu du feu
dans la mythologie aztèque.
XIPHÉE, XiPUEUs , époux de
Creuse l'Erechthéide que , presque
toujours , on donne comme femme
de Xulhus. Probablement Xiphée et
Xuthus ne sont qu'un même person-
nage. Xiphée semble signifier l'hom-
me a épée (|/cpaf)*
XISUTRUS , XixTJTRus ou Xisi-
THRtrs , le Noé cbaldéen , chef de la
dixième génération , apprit en songe,
d'un dieu que George le Syncelle ap-
pelle Saturne, que le quinze de Dé-
sius un déluge détruirait le genre
humain. Aussitôt, sur l'ordre exprès
I
XUt
du dieu, il écrit l'origine, l'histoire c
la fin de toutes choses, enterre, en un
lieu de la ville de Si ppara (ville du so-
leil), les mémoires qu'il vient d'écrire,
construit un navire de quatre cent cin-
quante toises sur cent quatre-vingts,
y enferme quadrupèdes, oiseaux, etc.,
et, quand l'orage dont le cataclysme
doit être le dénouement commence à
gronder, y entre avec sa famille elses
amis. Le déluge achevé' , il lâche , à
trois reprises différentes, des oiseaux
pour connaître l'état du globe. La
première fois tous reviennent comme
ils sont partis, car ils n'ont pu trouver
où poser le pied 5 la seconde , ils re-
viennent avec un peu de boue aux pat-
tes; la troisième lois ils ne reviennent
plus. Xisutrus pratique alors une
ouverture à son navire , et débarque
sur une montagne. Quelques-uns de
ses amis seulement l'accompagnèrent,
les autres restèrent dans le vaisseau.
Mais quelle fut leur surprise quand
tout-à-coup ils ne revirent ni Xisu-
trus, ni son cortège ! Ils se mirent
soudain à les chercher ^ mais quand
ils eurent parcouru les deux versants
de la montagne, une voix leur dit que
Xisutrus était au ciel où il jouis-
sait de la récompense due à sa piété :
«Vous, allez au lieu où fut Sippara,
déterrez les saints livres que Xisutrus
y a déposés; bâtissez, au point où
l'Euphrale reçoit le Tigre, Babylone,
et adorez toujours les dieux ! »
XUDAN, Mercure ou étrusque. Ce
mot signifiait, à ce qu'il paraît, por-
tier, et, comme épilhète , il convien-
drait fort bien à Mercure , du moins
tel que les Romains et les Grecs se le J|
sont figuré. 31
XUTHUS, zZêcç, fils d'Hellen,
et petit - fds de Deucalion , régna __
dans l'Achaïe, secourut les Athénien» ■!
en guerre avec Eleusis, épousa Creuse ,
fille d'Erechlhéc, et en eut deux fils,
I
ZA6
Ion et Achée; du reste, voyez des tra-
ditions tout autres , aux articles Ion
ZA.M
623
et CRÉf SE.— On donne aussi à Xu-
thus le nom de Xiphée.
ZACORE , ZacoRUs, chef éthio-
pien, se battit en faveur de Persée
lors du mariage de ce héros avec
Andromède, et fut tué par Argus,
fils de Phryxus.
ZACYNTHE, Zagynthus , sui-
vant d'Hercule dans l'expédition d'Es-
fiagne, était de Béotie , et fut, après
a victoire du héros, chargé de con-
duire les troupeaux de Géryon a Thè-
Les 5 mais chemin faisaut, il fut mordu
par un serpent et mourut. On l'en-
terra dans l'île qui fut , chei les an-
ciens , connue sous le nom de Zacyn-
ihe et que nous appelons Zante. — Un
autre Zacytithe l'ut fils de Dardanus.
ZAGRÉE, Bacchus de Crète, a
corps ou cornes de taureau , devait le
jour k l'union de Jupiter, sous forme
de serpent, et de Perséphone qui
elle-même avait pour mère Cérès et
pour père Jupiter. Ainsi deux fois Ju-
Înter se rencontre dans cette généa-
ogie. Le dieu suprême est père, puis
époux. L'Occident, s'il eût donné de
la vogue a l'idée de Zagrée, aurait
qualifié cette union d'incestueuse.
Zagrée était un Bacchus souterrain ,
Dionysios-Chthonios. De plus il figure
sous Zévs et Perse'phone avec l'as-
pect de Cadmile. Cadmile ! il l'est ,
non-seulement parce qu'il se dessine
au-dessous des deux êtres divins ,
unis par mariage et par amour, mais
encore parce qu'il est déchiré. Jupi-
ter aimait le fils de ses amours avec
Perse'phone, k tel point qu'il lui per-
mit de lancer la foudre. Les dieux en
furent jaloux 5 mais les Curetés for-
maient autour de Dionyse une danse
armée , et nul ennemi n'osait , ne
pouvait franchir ce cercle bruyant et
magique. Seule , la jalouse Junou
devait aplanir l'obstacle. Séduits par
elle , les Titans changèrent de forme,
se glissèrent au milieu des danseurs
bardés de cuivre , attirèrent près
d'eux , par de flatteuses paroles , le
jeune Zagrée, puis, le saisissant a
l'improviste , le dépecèrent avec une
rapidité plus grande que celle de l'é-
clair. Déjà ses membres ont été jetés
dans une chaudière , quand Palias
arrache son cœur qui bat encore et
le porte k Jupiter qui sur-Ie-charap
foudroie les Titans, ordonne k son
fils Apollon de rassembler et d'ense-
velir au pied du Parnasse ce qui reste
encore de Zagrée, puis fait du cœur
encore palpitant de l'infortuné le
jeune Bacchus. Dans Nonnus on voit
Zagrée passer par de merveilleuses
métamorphoses , et fatiguer par le
nombre de ses transformations les
cruels ennemis qui veulent sa mort j
il se défend avec ses cornes de tau-
reau; enfin , la voix de Junon l'abat.
— Il est facile de reconnaître, sous
ce mythe, que le culte de Zagrée fut
une des plus anciennes formes du
culte de Bacchus. Des formes plus
riantes, plus orientales prévalurent k
la longue sur la forme Cretoise.
ZAMBI, dieux des Congues (ha-
bitants du Congo), sont honorés dans
des temples oii ils ont des images
nommées Mokissos (Oldendorp, pag.
320), mais c'est aux divers fétiches
végétaux et animaux que s'adressent
particulièrement les hommages. Les
capucins-missionnaires, voyant les in-
digènes prodiguer les adorations k un
6a4
ZAM
bouc, le firent rôlir et le mangèrent
aux yeux des Congues nouvelleraeut
convertis. Les néophytes, encore sous
le joug de leurs vieux, préjugés , ne
purent s'empêcher de sentir l'étonue-
luenl et l'effroi a l'aspect du traite-
ment qu'on faisait subir à leur dieu
(Zucchelli, Voyage et miss., trad.
alem., pag. i53-354.). Les autres
fétiches sont tantôt des deuts de re-
quin, des plumes d'oiseau , un crapaud,
uu serpent, tantôt un arbre, etc.
Beaucoup de pontifes de tous les
rangs exploitent la crédulité des nè-
gres, plusieurs, sous le nom d'Atom-
J)ala, se livrent a des opérations ma-
giques : l'uu commande aux vents ,
a. la pluie 5 l'autre ensorcelé les eaux ;
un troisième conserve la récolle j
(juelques- uns prétendent ressusciter
les morts : les missionnaires ont cru
voir un cadavre , sur lequel ils exer-
çaient leur art , remuer les lèvres et
rendre des sons inarticulés. Nous
n'aurions pas besoin , comme les bous
pères, de recourir a l'intervention
îles esprits infernaux pour expliquer
ces prodiges : mais est-il croyable
que l'électricité galvanique ait été
connue, même par routine , des sau-
vages habilanls du Congo (comp. tou-
tefois Klicius)? LesiNquit forment
une confrérie sacrée qui caclie dans
l'épaisseur des forêts séculaires des
danses lascives qui accompagnent uu
sacrifice humain et que couronne la
proslilulion. Tous ces imposteurs re-
connaissent la suprématie du Clii-
tomé , chef spirituel et temporel du
pays. On lui offre une espèce de dîme
qui se compose des prémices des
fruits : un feu sacré étincelle conti-
nuellement dans sa demeure. Malade,
on l'assomme , vu que s'il périssait
de mort naturelle, celle lin souille-
rait la contrée et amènerait les plus
grands maux. Ces usages rappçllçût :
ZEM
1° les feux éternels eutrelenns
les Perses dans l'Atecligab, h Rome
dans l'Escharà de Vesta 5 1° l'anthro-
pophagie des Scythes et les rites
sanglants du bois de Diane-Ariciuc.
ZAMOLXIS ou ZALMOXIS, ap-
f)elé aussi Gl'bhléizis ou TualÈs ,
égislaleur ou dieu des Gèles de la<
Thrace.Voy. Diogr. î//aV.,LII,82,'|
ZAN, ZEN, ou DAN, Jupiteç]
en Crète.
ZANKAR. Voy. Jachap.
ZAYINA, déesse iamlchadale,
est l'épouse du dieu des venis, l>a-
lakilg.
ZELES, guerrier de Cyzique, tu^
par Pollux.
ZELOS, un des fds de Styx et de
Pallas. Ce mot veut dire tantôt cour-
roux, tantôt jalousie.
ZELIS, chef dolien tué par Pelée
dans la bataille des Doliones et des
Argonautes. Zélys et Zélés, Pelée et
Pollux , Cyzique et la péninside des
Doliones, ne diflèrcut eu rien les uns^l
des autres. U
ZEMBÉNO ou TSEMBÉKO ,
autrement Disatou ( Dysatu ) , __
Bourklian femelle que lesKalmouksfll
représentent avec trois cent soixante-
dix mains (Millier, Samml. nis~
sisch. Gesch., IV, pag. 526).
ZÈMES (les) étaient, lors de la dé-
couverte de l'Amérique, les dieux du
peup'e des Antilles. C'étaient des es-
prits malfaisants, et la crainte seule
leur attirait les hommages des Antil-
liotes. Quelques-uns avaient des noms
particuliers et des espèces de statues
généralement k forme hideuse. On
les honorait par quelques offrandes de
gâteaux sacrés, de fruits, de fleurs
et de tabac 5 par des processions dans
les;juellcs marchaient des filles nues;
par des danses et des chansons dans
lesquelles les insulaires célébraient
leuçs exp!Q,its ou ceux de leur? ancê-
II
ZÉO
très. Les Zèmes avaient des temples
qui n'étaient que des catanes. Leurs
fêtes étaient annoncées la veille par
des hérauts j a l'heure même où on les
célébrait, par des tambours. Les Ca-
ciques faisaient partie de la proces-
sion. Les prêtres rendaient des ora-
cles. On se distribuait les gâteaux sa-
crés : le moindre fragment de cette
pâle sainte était^egardé comme un
préservatif assuié contre tous les
maux. Avant de paraître devant Ti-
dole, tout pieux sauvage devait s'en-
foncer une baguette dans le gosier
pour se contraindre à vomir.
ZEMIENIK passait , en Samo-
gitie , pour le dieu protecteur de la
contrée. On lui sacrifiait après la
moisson.
ZENITCH, dieu slave, adoré
dans le sanctuaire de Novgorod ,
passait pour le feu vital j et cepen-
dant, chose remarquable! son nom,
comme celui de Siva aux ludes,
semble signifier aussi le Destructeur
{Zniszeze , détruire, en polonais).
ZENOVIE , déesse slave , prési-
dait a la chasse.
ZEOMEBUCH. Foy. Tcher-
NOBOG.
ZEOU, ou, avec l'addition initiale
de l'article , Pi-Zéou, dieu-dyuaste,
planète de la première série, est pris
pour Jupiter, ou , pour mieux dire,
la planète de Jupiter divinisée et
classée comme elle doit l'être parmi
les Treize-Douze ( P^oy. ce mot)
est censée devoir s'être nommée Pi-
Zéou. Très-peu de monuments égyp-
tiens représentent incontestablement
Jupiter, et nul encore n'a offert son
nom égyptien tel que l'orthogra-
phient Riccioli et Rircher. Toutefois
nous partageons l'avis de M. Gui-
gniaut qui dans le Sôou , Sou, ou
Gàou lu par Champolllon jeune
sur sa pi. XXY a (dans le Panth.
ZEO
625
Eg. , liv. IX ) et sur le bas-relief du
grand temple de Denderah [Desc. de
l'Eg., ^n^, IV,pl. XIY, 3) (i),
soupçonne Zéou et non Sem , Djom,
Khôn (l'Hercule d'Egypte), comme
l'a proclamé, prématurément sans
doute , cet habile égyptianisant. Dans
la scène du bas-relief tenlyrite , le
dieu paraît derrière deux divinités
que tout annonce être Isis et son
lumineux époux 5 vers la Triade sainte
se dirigent trois personnages hu-
mains, un prêtre, un roi et sa fem-
me. La figure du Panthéon, co-
piée originairement par M. Hugot
d'un des piliers de la première salle
de la grande excavation d'Ibsamboul ,
est accompagnée d'une déesse , qui
peut être Saté représentante de Nelth
dans la classe des Treize-Douze. Uû
prince , qui probablement n'est autre
que le graud Ramsès, connu sous le
nom de Sésostris, auteur de ce ma-
jestueux monument, présente une ri-
che offrande au dieu et à la déesse
parèdre. Gàou ou Sôou, puisque tel
est le nom de la légende hiérogly-
phique, est enveloppé jusqu'au bas
des jambes d'une ample tunique cou-
pée de bandes horizontales jaunes et
rouges 5 deux longues plumes bleues
rayées de nervures rouges surmon-
tent sa coiffure ; ses chairs sont ver-
tes comme celles de Fia. L'image
de ce dieu se retrouve avec un cos-
tume presque semblable dans un bas-
relief des piliers du tombeau royal
d'Ousiréi- Ali enchères (découvert a
Thèbes par Belzoni ), et dans une
stèle funéraire du musée de Turin.
Là on voit Ousirél-Radjamenti entre
Sôou et une déesse, probablement
l'épouse de Sôou : c'est nommer
(i) Le premier élément hiéroglyphiqu» de ce
nom étant encore inconnu, et la prononciation
des voycUes étant toujours assez incertaine,
ChampoUion n'a pu déterminer avec justesss la
prononciation exacte du nom égyptien.
40
6a6 ZÉp
Saté : si Sôon était Hercule , qu'au-
rait-il a démêler dans une scène fu-
nèbre? Mais Salé, Junon du sombre
empire, el Jupiter, dont si souvent
les poètes grecs et romains ont donne
le nom à Pluton, Jupiter regardé
comme bienfaiteur, protecteur de la
vie et par conséquent protecteur de
lame qui va commencer dans le
monde inférieur une vie nouvelle}
Jupiter, dont la planète était nommée
astre d'Ousiréi Çor/ai^of (trrfoi)^ a.
naturellement nlace dans ce groupe.
Dans notre tableau synoptique final
des Treize-Douze , nous plaçons Pi -
Zéou dans la colonne des dieux side-
riques ou mâles : ilvient le deuxième,
c'est -a -dire immédiatement après
Tarchidynaste Fré (ou Fré-Djom,
Fré-Tmou, etc.), ce qui au reste
ne signifie point qu'Q ait partout et
toujours occupé ce rang} il a pour
vis-a-vis dans la colonne des dynas-
tes femelles Saté ou Sati ( Foy. ce
nom), qu'on prend pour Héra ou Ju-
non inférieure. Rapporté aux Rha-
méphioïdes, ce couple sacré est l'm-
carnation d'Amoun et de Neith ; en
d'autres termes Ammon se délègue
en Jupiter, le clief du Tiiuradéat su-
prême en la plus belle et la plus vo-
lumineuse des planètes. Raison de
plus pour ne pas identifier, comme on
a Toutule faire, Jupiter avec Hercule!
Hercule est fiU d'Ammon , c'est-à-
dire, eu égyptien, que dans la pre-
mière dynastie Fré est fils d'Amoun
ou Knef (a vrai dire , petit-fils, mais
qu'iiiiporle ? le sens est qu'il descend
d'Amoun), et que dans la deuxième
dynastie, celle des Treize-Douze,
le dieu -planète Mars-Hercule (car
on identifie aussi Ertosi et Djom) est
fik du dieu-planète Jupiter, émana-
tion d'Amoun.
ZÉPHYRE , fils d'Astrée ( ou
fl'Eole ) et de l'Aurore (quelques my-
n-
'M
i
ZER
thologues disent de Céléno la Harpye
et d'un anonyme), préside au vent
d'ouest. Les Latins le nomment quel-
quefois Favonius. H a pour femme
Chlorisou Flore. Ovide place l'hy-
men de ces dieux cliarmanis au mois
de mai, et Lucrèce les fait marcher
k la suite du printemps. Sur le tem-
ple octogone des Yents, il est beau^
jeune , frais , presque ùu , et il gbss-
dans le vague des airs. Sa main lien
une corbeille émaillée de fleurs. L
poètes lui donnent encore des fleur
pour couronne , puis des ailes de jpa
pillon. Personne n'ignore que Ze-
phyre devint synonyme de vent pro-
pice. Primitivement, pourtant, il dut
en être autrement. Zéphyre , sans
doute , signifiait qui souflle fort ( <^a,
augra. ci (çépta-icii , être porté?—-
L'élymologle par "E(^»)» et tpé^*, qui
porte la vie , est détestable). Amsi
qu'a tant d'autres divinités , on donna
depuis a Zéphyre des parèdres qui
sont autant d'émanations de lui-
même } et en poésie les Zéphyres pas-
sent toujours pour des vents favora-
bles, quoique souvent les navigateurs
se plaignent des vents d'ouest. Les
anciens, qui tenaient h être bien avec
tous les dieux , sacrifiaient avant de
se mettre en voyage par mer une bre-
bii noire aux tempêtes , une brebis
blanche aux Zéphyres.
ZERMAGLA , le dieu de l hiver
dans la mythologie slave, était repré-
senté avec un manteau de neige borde
de givre, des habits de verglas, une
haleine de glace et une couronne de
grêle. Il s'opposait, dans les croyan-
ces de Kiev, à Pogoda qui est le dieu
du printemps. ,
ZERVANE-AREREISE, c'esl-a-
dire le temps sans limite , était dans
la mythologie parsi le dieu suprême.
On le confond parfois avec Ormuzd
lui-même, mais il s'en distingue sou
ZET
vent. C'est l'être bloc irrévelé, sans
individualité, sans successivité. De
Zervane-Akérène émanent les deux
principes qui président aux vicissitu-
des tantôt heureuses , tantôt fatales
du monde réel , Ormuzd , Ahriraan
{f^oy. ces deux noms). On ne s'éton-
nera pas de voir le nom de Zervane
donné à une antique secte parsi,
de laquelle au reste nous ne connais-
sons pas nettement les tiiéories dis-
tinctives. — Les mots Zervan-Akérène
ne diffèrent point du Sarvam-Akiaram
hindou, qui a la même signification.
ZÉTHÈS et CALAIS, Dioscures
thraco-alhéniens , avaient pour père
■ Borée , pour mère Orithyie l'Erech-
théide , pour sœurs Chioné, Chlho-
nie , Cléopàtre. Jumeaux ailés , ils
réunissaient a toutes les grâces de la
belle Athénienne leur mère la vi-
gueur de leur père Borée. La my-
thologie vulgaire les classe parmi
les Argonautes. Arrivés sur les rives
du Bosphore de Thrace , ils trouvent
Phinée, leur beau-frère (car il est
époux de leur sœur Cléopàtre), affligé
par les perpétuelles visites des Har-
pyes : soudain ils attaquent les mons-
tres aux ailes bruyantes et au souffle
fétide, les chassent jusque dans les
Strophades, les poursuivent l'épée en
maiu j ils en eussent débarrassé la
terre si une voix mystérieuse ne leur
eût enjoint de respecter les vieilles
déités. Les deux Boréades mouru-
rent tués par Hercule , selon les uns
à Ténos, à la suite d'une querelle
avec Tiphys , pilote des Argonautes •
suivant les autres, en Bilhynie , pour
avoir insulté Hylas. Les dieux les
changèrent en vents (les venis nom-
més Prodromes, dont le souffle favo-
rable invitait au départ). Selon Hy-
gin , le sol consacré par leur sépul-
ture se soulevait de temps en temps
sous le souffle de leur père Borée. Il
ZEU
627
est évident que CalaVs et Zéthès sont
des personnifications du vent. Ils
diffèrent des vents vulgaires en ceci
qu'ils ont une légende. Leur combat
avec les Harpyes , c'est évidemment
un reflet de celui des jeunes dieux
avec les vieilles divinités , d'Apollon
avec la Terre , des Cronides avec les
Titanides. Leur querelle avec Ti-
phys est celle du pilote et des vents.
Dans les noms de Calaïs et Zéthès se
réunissent à l'idée de souffle celles de
vigueur et de beauté.
ZÉTHUS, Zîiôos, frère d'Am-
phion , naquit en même temps que
lui de Jupiter-Satyre et d'Antiope ,
fut exposé en même temps que lui et
trouvé par des pâtres qui les élevè-
rent tous deux 5 plus tard il aida son
frère dans la construction de Thèbes.
Les mythes en font un chasseur ha-
bile. Ainsi les arts, la force ou l'a^
dresse doivent concourir à la fonda-
tion des villes, ou, en modifiant ces
idées, les éléments de force donnés
par qui agit et travaille au physique
doivent être harmonisés par la puis-
sance intellectuelle. Amphion et Zé-
thus , en se réunissant , forment un
Apollon ■ car en Apollon coexistent
l'harmonie et l'habileté à la chasse.
Amphion et Zethus sont donc à eux
deux un dédoublement dichotomique
d'Apollon, comme Calaïs et Zéthès
un dédoublement dichotomique de
Borée.
ZEUMICHIUS, Khouçor,le dieu-
ouvreur des Chaldéens. On explique
très-bizarrement ce nom par Jupiter
le Machiniste. Mais Jupiter en gé-
néral n'est ni machiniste , ni in-
.dustriel. Ensuite, quelle syllabe dans
Zeumichius nous ramène donc aux
fc>ix»»ii, /K;j;t^av«ff^<«< des Grecs? En-
fin , quand est-ce que les Chaldéens
s'amusèrent a donner à leurs dieux
des épithèies grecques?
GaH
ZIV
ZEUS, Zivç (prononcez Zkvs), Ju-
piter. Comp. ce nom.
ZEUXIPPE : 1° Zetjxippus »
Zii^i^Ttoç , fils d'Apollon et de la
nymphe Syllis , et successenr de
Pbesle,roi de Sicjonej 2°-4.° Zeu-
xippE, Zfvl/Vs-»?, fille d'Erldon et
mère de l'Argonaute Bu lès; — femme
du roi d'Atliènes Pandiou I" (on la
donne comme Nymphe et sœur dePa-
silhée);— fille de Laomédon et fem-
me de Sicyon, roi de Sicyone.
ZHRALL ou DHRALL, dieu
Scandinave, incarnation d'Hciradall,
donna naissance, par Aï son Ris, h la
caste des esclaves. C'est ici le lieu de
répéter que d'Heimdall , le dieu in-
carné par excellence, descendent les
trois classes de la société Scandinave,
Heiradall a trois fils, Zhrall, Asi, Fa-
dir ; chacun de ceux-ci en a un autre,
Aï, Karl, larl ou Rigr; enfin cey
derniers sont pères chacun de douze
fils. Les douze fils d'Iarl sont la tige
de la caste noble; les douze fils de
Karl sont la tige de la caste libre ;
enfin les douze fils d'Aï (ou petilsrfils
de Zhrall) sont, comme on l'a vu, la
lige de la caste esclave.
ZIAT (prononcez Dziat), génie
protecteur des enfants, selon les
Slaves, descendait de Poléla (l'amour
mutuel).
ZIVA ou GIVA , de Gizn ou de
Givon, Givot^ la vie. On la repré-
sentait habillée avec uu petit garçon
DU sur la tète, et une grappe de raisin
ZYG
dans la main. Adam appelle sa femme
He'va ou Hava, c'est-k-dire mère de
la vie. Genèse, ch. III, verset 20.
ZIZILIA (prononcez Dzidzh,ia) ,
déesse de l'amour et de la fécondité
chez les Slaves , selon le» historiens
palonais {Voy. Karamsin, Hist.
de Russie, vol. I, ch.III, p. 88;
Gébhardi , liv. I , p. 28). Peut-être
celle déesse doit-elle étrr c jmparée à
risis égyptienne comm( k la déesse
d'Ephèse. En effet son B n semble
tenir au russe tilka , au grec rtrêôs
et h l'allemand zîlze, mamelle.
ZOLOTAIA - BABA ,^ la Vieille
d'or. P^oy. Slata-Baba.
ZOOGONES, Zaïeycvet, dieux que
l'on invoquait spécialement pour la
conservation de la vie, et aussi pour
la propagation et la bonne saute des
animaux (R. : ^ùov , animal, ou ^an^m
vie, yiyvoftoct ., naître). ^Hl
ZOROASTRE. Voy. Biog. , un. ™
Lir, A^i.
ZOTRACITE , législateur mytho-
logique des Arimaspes {Voy. ce
nom). Son nom, en rapport avec ce-
lui de Zéréfochtro (Zoroastre), l'est
d'autre part avec l'idée d'or , fonda-
mentale, comme on sait, dans le my-
the tout septentrional des Arimaspes.
ZULTIBUR. F. TsouTTiBouR.
ZYGIE , Zygia , ZvyU , Junon
en tant que présidant au mariage
(R. : ^tùyvvfti , joindre). C'est le
même nom que le latin barbare Junxia
{Foj-, JuNois).
VIN DU CINQUANTE-CINQUIEME VOLUME.
1
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ÇL . ^ - ^5 - '^y
GT Blographl* tmlTersell*,
H3 ancienne et moderne
M5
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t. 55
PLEASE DO NOT REMOVE
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