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HANDBOUND 
AT  THE 


UNIVERSITY  OF 
TORONTO  PRESS 


BULLETIN 


di;   i.a 


Société  Préhistorique 

FRANÇAISE 

RECONNUE  D'UTILITÉ  PUBLIQUE 

(Décret  du  28  Juillet  1910). 
Fondée,  en  1901,  sous  le  titre  de  Société  préhistorique  de  France. 


Séance     du     C2t&    Janvier    1Q1S 

SOMMAIRE  PAGE3 

Séance  mensuelle  du  28  Janvier  1915 

M    Harmois   (Paris;.     -   A  propos   de  l'usage  des  Haches  polies  et  de  deux  Haches  des 

Côtes-du-Nord /tS 

Marcel  Hébert  (Paris).  —  A  propos  de  La  Roche  aux  Fras  et  de  ses  Lége'n 'dès .*.'." .".*.*".".'. ".'        49 

M.  A.  Sellier  (Paris).  —  Une  Pierre-Figure  de  la  Seine ; 49 

Marcel  Baudouin  (Paris).  —  Fréquence  de  la  bifldité  des  racines  des  Dents' antérieures 
chez  les  Squelettes  de  l'Ossuaire  des  Cous,  à  Bazoges-en-Pareds  (Vendée)  'Prise  de 
date] > 

Dr  J.  Ferrier  (Paris).  —  Etude  des  Dents  préhistoriques  de  la  Sépulture  Néolithique  de 
Vendrest  (Seine-et-Marne).  Recherches  sur  la  tendance  à  la  bifldité  des  racines 
des  canines  et  des  prémolaires  [Examen  de  1359  dents  reconnaissants  et  à  racine 
visible] . 

Marcel  Hébert  (Paris).  —  A  propos  du  Tableau  de  l'église  Saint-Merri  et  de  rhypothètiquô 

Cromlech  de  Nanterre 33 

P.    de  Givenchy   (Paris).  —Suite  à  l'Etude  des  Ciseaux   Néolithiques   (Ciseaux  à  coupe 

cylindrique  ovoïde)  (5  Fig.) , 37 

•^>.r\j\.*\r. 

Tome  XII.  —  N°    1.   •—  Janvier.  —  Année  1915. 

PUBLICATION    MENSUELLE 
Ne  se  vend  pas  isolément  au  Numéro. 

PARIS 

SECRÉTARIAT        G É  N  L 

2r,  rue  Linné,  Ve. 

1915 


ORDRE   DU  JOUR 

de  la  Séance  du  Jeudi  25  Février  1915,  quatre  Heures  : 

Salle  M  (3e  ÉTAGE),  à  la  SORBONNE,  rue  Saint-Jacques. 


1°   Correspondance  et  Communications 
2°  Présentations. 
3°   Communications. 


du  Secrétariat  général 


base 


'  Auguste]   (Sens,  Yonne;.  —  Pointes  Mousteriennes  retouchi 
[Gralloi/s-retouehoirs]  du  Sèn&nqis  ^Présentation  des  Pièces  . 
DesfûKCF.s  (Rëmilly,  Nièvre).  —  Les  Polissoirs  mobiles  recueillis  en  An  et  nais. 

jdo.uin    (Vendée).  —  Découverte  d'un  Menhir  debout,  tolahmtnt  enfou: 
la  case  d'une  Alhnion  marine,  en  Vendée  [1er  Fait  observé;  I 
A.    Brasseuk  (Gournay.  S.-I.)- 


Marcel  Ba 
dam 


1 90fi 


Note  sur  les  IJaches  polies  (Fig.). 


AVIS»     THES     IMI»ORTA^TS. 


I.  —  L'enregistrement  dans  le  Bulletin  des  opinions  librement 
émises  au  cours  des  séances  ri implique  ni  approbation  ni  désap- 
probation de  la  part  de  la  Société  et  ri  engage  en  aucune  façon  sa 
responsabilité. 

II.  -—  Le  Conseil  d'Administration  de  la  Société  a  pleins  pouvoirs 
en  ce  qui  concerne  la  Rédaction  du  Bulletin  et  des  Mémoires,  et 
décide ,  en  dernier  ressort,  des  Manuscrits  qui  doivent  y  figurer. 


COTISATIONS    DE    1915. 


Conformément  à  l'Art.  4  du  Règlement,  les  Coti- 
sations pour  1915  seront  mises  en  recouvrement 
dans  le  cours  du  quatrième  mois  de  Tannée  1915. 
Elles  doivent  être  adressées  à  M.  MAURICE 
GILLET,  Trésorier  de  la  S.  P.  F  ,  30,  rue  Garde- 
nat-Lapostol,  Suresnes  (Seine). 

Le  mode  d'envoi  le  plus  pratique  est  le  Mandat- 
carte  ou  Mandat-lettre.  Les  Sociétaires,  dont  la 
cotisation  n'aurait  pas  été  reçue  au  15  Avril 
1915,  seront  priés  de  vouloir  bien,  pour  éviter 
toute  interruption  dans  le  service  du  Bulletin, 
faire  honneur  au  Recouvrement  postal,  qui  leur 
(sauf  entente  particulière  avec  le  Trésorier) 
coà  à  HAmi^iû  majoré  de  0,75  centimes  pour 


DEC   61965 


OF  T0«té^ 


Soeiété  Préhistorique 

FRANÇAISE. 

lois. 

Fondée  le  17  Janvier  1904,  sous  le  nom  de  Société  Préhistorique  de  France. 
Reconnue  d'Utilité  publique  par  Décret  du  28  Juillet  1910. 


STATUTS 


(i) 


I.  —  But  et  Composition  de  l'Association. 

Article  Premier.  —  L'Association,  dite  Société  Préhistorique  Fran- 
çaise, fondée  en  1904,  a  pour  but  : 

1°  De  grouper  les  personnes  qui  s'intéressent  à  l'étude  des  époques 
les  plus  reculées  de  l'Histoire  de  la  France  et  de  ses  colonies  ; 

2°  De  réunir  les  documents  qui  permettront  de  reconstituer  cette 
Histoire; 

3°  De  s'intéresser  à  la  conservation  des  Gisements  et  Monuments  pré- 
historiques ; 

4°  D'encourager  les  Fouilles  relatives  à  la  Préhistoire  ; 

5°  D'organiser  soit  des  Congrès  préhistoriques',  soit  des  Conférences, 
à  Paris  ou  en  province; 

6°  De  faciliter  les  Échanges  entre  collectionneurs. 

Sa  durée  est  illimitée. 

Elle  a  son  siège  à  Paris. 

Art.  2.  —  La  Société  se  compose  de  membres  titulaires,  de  mem- 
bres à  vie,  et  de  membres  donateurs. 

Pour  être  Membre  titulaire,  il  faut  :  1°  être  présenté  par  deux  mem- 
bres de  l'Association,  et  agréé  par  le  Conseil  d'Administration  ; 
2°  payer  une  Cotisation  annuelle,  dont  le  minimum  est  de  douze  francs. 

Pour  être  Membre  à  vie,  il  faut  racheter  les  cotisations,  en  versant 
une  somme  fixe  d'au  moins  deux  cents  francs. 

Pour  être  Membre  donateur,  il  faut  être  membre  titulaire  ou  à  vie,  et 
avoir  versé,  à  titre  de  don  à  la  Société,  une  somme  d'au  moins 
cent  francs,  en  dehors  de  la  cotisation. 

(1)  Nouveaux  Statuts,  acceptés  par  le  Conseil  d'Etat  pour  la  Reconnaissance 
comme  Établissement  d'Utilité  publique  ;  ratifiés  par  le  Conseil  de  la  S.  P.  F.  le 
19  Octobre  1910,  et  par  l'Assemblée  générale  extraordinaire  du  23  Novembre  1910 

SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE.  \ 


2  SOCIETE    PREHISTORIQUE    FRANÇAISE 

Art.  3.  —  La  qualité  de  membre  de  l'Association  se  perd  : 

1°  Par  la  démission  ; 

2°  Par  la  radiation,  prononcée,  pour  motifs  graves,  par  le  Conseil 
d'Administration,  le  membre  intéressé  ayant  été  préalablement  appelé 
à  fournir  ses  explications,  sauf  recours  à  l'Assemblée  générale. 


II.  —  Administration  et  Fonctionnement. 

Art.  4.  —  L'Association  est  administrée  par  un  Conseil  composé 
de  quinze  Membres,  élus,  pour  trois  ans,  par  l'Assemblée  générale.  Le 
vote  par  correspondance  ou  par  procuration  est  admis. 

Le  renouvellement  du  Conseil  a  lieu  par  tiers  tous  les  ans. 

En  cas  de  vacance,  le  Conseil  pourvoit  au  remplacement  de  ses 
membres,  sauf  ratification  par  la  plus  prochaine  Assemblée    générale. 

Les  membres  sortants  sont  rééligibles. 

Ce  Conseil  choisit  parmi  ses  membres  un  Bureau,  composé  d'un 
Président,  de  trois  Vice-Présidents,  d'un  Secrétaire  général,  d'un 
Trésorier,  et  d'un  Secrétaire  des  Séances. 

Le  Bureau  est  élu  de  la  façon  suivante,  après  l'Assemblée  générale 
de  l'année  :  Le  Président  et  les  Vice-Présidents  sont  nommés  pour  une 
année;  ils  ne  peuvent  être  réélus  dans  les  mêmes  fonctions  pour  Tan- 
née suivante.  —  Les  autres  membres  du  Bureau  sont  nommés  pour 
trois  ans  et  rééligibles. 

Les  Présidents  sortants,  en  outre,  font  de  droit  partie  du  Conseil 
pendant  trois  ans. 

Art.  5.  —  Le  Conseil  se  réunit  tous  les  mois,  et  chaque  fois  qu'il  est 
convoqué  par  son  président,  ou  sur  la  demande  du  quart  de  ses  Mem- 
bres. 

La  présence  du  tiers  des  Membres  du  Conseil  d'Administration  est 
nécessaire  pour  la  validité  des  délibérations. 

Il  est  tenu  procès-verbal  des  séances.  Les  procès-verbaux  sont 
signés  par  le  Président  et  le  Secrétaire. 

Art.  6.  —  Toutes  les  fonctions  de  Membre  du  Conseil  d'Adminis- 
tration et  du  Bureau  sont  gratuites. 

Art.  7.  —  L'Assemblée  générale  des  Membres  de  l'Association  se 
réunit  une  fois  par  an  et  chaque  fois  qu'elle  est  convoquée  par  le  Con- 
seil d'Administration,  ou  sur  la  demande  du  quart  au  moins  de  ses 
Membres. 

Son  ordre  du  jour  est  réglé  par  le  Conseil  d'Administration.  Son 
Bureau  est  celui  du  Conseil. 


STATUTS  3 

Elle  entend  les  rapports  sur  la  gestion  du  Conseil  d'Administration, 
sur  la  situation  financière  et  morale  de  l'Association. 

Elle  approuve  les  comptes  de  l'exercice  clos,  vote  le  budget  de 
l'exercice  suivant,  délibère  sur  les  questions  mises  à  l'ordre  du  jour, 
et  pourvoit  au  renouvellement  des  membres  du  Conseil  d'Administra- 
tion. 

Le  rapport  annuel  et  les  comptes  sont  adressés  chaque  année  à  tous 
les  Membres  de  l'Association. 

Le  vote  par  procuration  est  admis  sur  les  questions  mises  à  l'ordre 
du  jour. 

Art.  8.  — Les  dépenses  sont  ordonnancées  par  le  Président.  L'As- 
sociation est  représentée  en  justice  et  dans  tous  les  actes  de  la  vie  civile 
par  le  Président. 

Le  représentant  de  la  Société  doit  jouir  du  plein  exercice  de  ses 
droits  civils. 

Art.  9.  —  Les  délibérations  du  Conseil  d'Administration  relatives 
aux  acquisitions,  échanges  et  aliénations  des  immeubles  nécessaires  au 
but  poursuivi  par  l'Association,  constitutions  d'hypothèques  sur  les 
susdits  immeubles,  baux  excédant  neuf  années,  aliénation  de  biens 
dépendant  du  fonds  de  réserve,  et  emprunts,  ne  sont  valables  qu'après 
l'approbation  de  l'Assemblée  générale. 

Art.  10.  —  Les  délibérations  du  Conseil  d'Administration,  relatives 
à  l'acceptation  des  dons  et  legs,  ne  sont  valables  qu'après  l'approbation 
administrative,  donnée  dans  les  conditions  prévues  par  l'article  910  du 
Code  civil  et  les  articles  5  et  7  de  la  loi  du  4  février  1905. 

Les  délibérations  de  l'Assemblée  générale,  relatives  aux  aliénations 
de  biens  dépendant  du  fonds  de  réserve,  ne  sont  valables  qu'après  l'ap- 
probation du  Gouvernement. 

Art.  11  —  La  nomination  et  la  détermination  des  pouvoirs  des 
personnes,  chargées  de  diriger  des  travaux  pour  le  compte  de  l'Asso- 
ciation, sont  réservées  au  Conseil  d'Administration,  qui,  pour  chaque 
cas  particulier,  prend  les  mesures  nécessaires. 


III.  —  Fonds  de  Réserve  et  Ressources  Annuelles. 

Art.   12.  —  Le  fonds  de  réserve  comprend  : 

1°  La  dotation  ;  2°  Le  dixième  au  moins  du  revenu  net  des  biens  de 
l'Association  ;  3°  Les  sommes  versées  pour  le  rachat  des  cotisations  ; 
4°  Le  capital  provenant  des  libéralités,  à  moins  que  l'emploi  immé- 
diat n'en  ait  été  autorisé. 


4  SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

Art.  13.  — •  Le  fonds  de  réserve  est  placé  en  rentes  nominatives  sur 
l'Etat  ou  en  obligations  nominatives  de  chemins  de  fer  dont  le  mini- 
mum d'intérêt  est  garanti  par  l'Etat. 

Il  peut  être  également  employé  à  l'acquisition  des  immeubles  néces- 
saires au  but  poursuivi  par  l'Association. 

Art.  14.  —  Les  recettes  annuelles  de  l'Association  se  composent 

1°  Des  cotisations  et  souscriptions  de  ses  membres  ; 

2°  Des  subventions,  qui  pourront  lui  être  accordées  ; 

3°  Du  produit  des  libéralités  dont  l'emploi  immédiat  a  été  autorisé; 
des  ressources  créées  à  titre  exceptionnel,  et,  s'il  y  a  lieu,  avec  l'agré- 
ment de  l'autorité  compétente  ; 

4°  Du  revenu  de  ses  biens. 

IV.  —  Modification  des  Statuts   et   Dissolution. 

Art.  15.  —  Les  Statuts  ne  peuvent  être  modifiés  que  sur  la  propo- 
sition du  Conseil  d'administration,  ou  du  dixième  des  membres  titu- 
laires, soumise  au  Bureau  un  mois  avant  la  séance. 

L'Assemblée  extraordinaire,  spécialement  convoquée  à  cet  effet,  ne 
peut  modifier  les  statuts  qu'à  la  majorité  des  deux  tiers  des  membres 
Drésents. 

L'assemblée  doit  se  composer  du  quart,  au  moins,  des  membres  en 
exercice. 

Art.  16.  —  L'Assemblée  générale,  appelée  à  se  prononcer  sur  la 
dissolution  de  l'Association,  et  convoquée  spécialement  à  cet  effet,  doit 
comprendre,  au  moins,  la  moitié  plus  un  des  membres  en  exercice. 
Si  cette  proportion  n'est  pas  atteinte,  l'Assemblée  est  convoquée  de 
nouveau,  mais  à  quinze  jours  au  moins  d'intervalle;  et,  cette  fois,  elle 
peut  valablement  délibérer,  quel  que  soit  le  nombre  des  membres 
présents.  Dans  tous  les  cas,  la  dissolution  ne  peut  être  votée  qu'à  la 
majorité  des  deux  tiers  des  membres  présents. 

Art.  17.  —  En  cas  de  dissolution  volontaire,  statutaire,  prononcée 
en  justice  ou  par  décret,  ou  en  cas  de  retrait  de  la  reconnaissance  de 
l'Association  comme  établissement  d'utilité  publique,  l'Assemblée  géné- 
rale désigne  un  ou  plusieurs  commissaires,  chargés  de  la  liquidation 
des  biens  de  l'Association.  Elle  attribue  l'actif  net  à  un  ou  plusieurs 
établissements  analogues,  publics  ou  reconnus   d'utilité  publique. 

Ces  délibérations  sont  adressées  sans  délai  au  Ministre  ne  l'Inté- 
rieur et  au  Ministre  de  l'Instruction  publique. 

Art.  18.  —  Les  délibérations  de  l'Assemblée  générale,  prévues  aux 
articles  15,  16  et  17,  ne  sont  valables  qu'après  l'approbation  du  Gou- 
vernement. 


STATUTS  0 

V.  —  Surveillance  et  Règlement  intérieur. 

Art.  19.  —  Le  Président  devra  faire  connaître,  dans  les  trois  mois, 
à  la  Préfecture  tous  les  changements  survenus  dans  l'Administration 
ou  la  Direction. 

Les  registres  et  pièces  de  comptabilité  de  l'Association  seront  pré- 
sentés sans  déplacement,  sur  toute  réquisition  du  Préfet,  à  lui-même 
ou  à  son  délégué. 

Le  Rapport  annuel  et  les  Comptes  sont  adressés  chaque  année  au 
Préfet,  au  Ministre  de  l'Intérieur,  et  au  Ministre  de  l'Instruction  pu- 
blique. 

Art.  20.  —  Un  Règlement,  préparé  par  le  Conseil  cC administration  et 
approuvé  par  Y  Assemblée  générale,  arrête  les  conditions  de  détail,  pro- 
pres à  assurer  l'exécution  des  présents  Statuts.  Il  doit  être  adressé  au 
Ministre  de  l'Instruction  publique  et  au  Ministre  de  l'Intérieur. 


REGLEMENT 


Article  premier.  —  La  Société  s'interdit  toute  matière  étrangère  à 
son  objet,  et  notamment  toute  discussion  politique  ou  religieuse. 

Art.  2.  —  Tout  membre  nouvellement  élu  devra  acquitter,   dans  le 
mois  qui  suivra  son  admission,  le  montant  de  la  cotisation  de  Tannée 
—  Il  lui  sera   adressé  les  Bulletins  de   Tannée  en    cours,  ayant  paru 
avant  son  admission. 

Art.  3.  —  Tout  membre,  qui  n'aura  pas  payé  sa  cotisation  de 
Tannée,  après  deux  avis  du  Trésorier,  dont  le  dernier  sera  recom- 
mandé, pourra  être  considéré  comme  démissionnaire,  sur  avis  du 
Conseil  d'Administration. 

Art.  4.  —  Les  cotisations  sont  mises  en  recouvrement  dans  le 
premier  mois  de  Tannée  par  les  soins  et  sur  les  reçus  du  Trésorier. 

Art.  5  —  Le  Président  veille  à  l'exécution  des  statuts,  dirige  les 
délibérations  et  représente  la  Société. 

Le  Secrétaire  général  est  chargé  de  l'exécution  des  décisions  du 
Bureau  et  du  Conseil  de  la  Société  ;  de  la  correspondance  ;  de  la 
conservation  des  documents  remis  ;  de  la  Rédaction  et  de  la  Gérance  du 
Bulletin  périodique  ;  et,  d'une  façon  générale,  de  l'exécution  de  toutes  les 
mesures  intéressant  la  Société. 


6  SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

Le  Secrétaire  est  chargé  de  la  rédaction  des  procès-verbaux  des 
séances  et  de  la  préparation  des  réunions  du  Conseil  d'Administration, 
et  des  Assemblées  générales  annuelles. 

Le  Trésorier  encaisse  les  recettes  [de  la  Société  et  en  solde  les 
dépenses. 

Art.  g#  —  Le  Président- fondateur  et  les  Présidents  d'honneur  sont 
admis  aux  délibérations  du  Conseil  d'administration. 

Art.  7.  —  Une  séance  est  tenue  le  quatrième  jeudi  de  chaque  mois, 
au  siège  de  la  Société.  Des  séances  supplémentaires  pourront  être 
organisées,  sur  la  proposition  du  président. 

Art  8.  —  Les  travaux  de  chaque  séance  ont  lieu  dans  l'ordre  sui- 
vant :  lecture  du  procès-verbal  de  la  séance  précédente  ;  lecture  de  la 
correspondance,  et  communications  du  secrétaire  général  ;  proclama- 
tion des  nouveaux  membres  ;  présentations  de  pièces  ;  communica- 
tions verbales;  communications  écrites. 

Art.  9.  —  La  Société  publie  un  Bulletin,  dans  lequel  paraîtront  les 
travaux  présentés  par  ses  membres,  et  dont  il  aura  été  donné  connais- 
sance en  séance.  Aucun  travail  présenté  antérieurement  à  une  autre 
société  ne  pourra  être  accepté  dans  la  forme  même  où  il  aura  été  déjà 
produit. 

Art.  10.  —  Les  manuscrits  devront  être  remis  au  Secrétaire  géné- 
ral, dans  la  semaine  qui  suivra  la  séance.  Les  membres,  prenant  part 
à  une  discussion,  remettront  au  Secrétaire  général,  avant  la  fin  de  la 
séance,  une  note  résumant  leur  argumentation. 

Art.  11.  —  Tout  membre  pourra  être  prié  par  le  Président  de  con- 
denser un  mémoire  dont  la  publication  entraînerait  des  dépenses  dis- 
proportionnées avec  les  ressources  de  la  Société. 

Le  Conseil  d'Administration  de  la  Société  a  pleins  pouvoirs  en  ce 
qui  concerne  la  rédaction  du  Bulletin  et  décide,  en  dernier  ressort, 
des  manuscrits  qui  doivent  y  figurer. 

L'enregistrement,  dans  le  Bulletin,  des  opinions  librement  émises 
au  cours  des  séances,  n'implique  ni  approbation,  ni  désapprobation 
de  la  part  de  la  Société,  et  n'engage  en  aucune  façon  sa  responsa- 
bilité. 

Art.  12. —  Les  auteurs  recevront  une  épreuve,  qui  devra  être  retour- 
née, dans  un  délai  maximum  de  quatre  jours,  au  siège  de  la  Société. 
Passé  ce  délai,  les  corrections  seront  faites  d'office. 

Les  auteurs  devront  s'entendre  pour  les  tirés  à  part  avec  l'impri- 
meur de  la  Société. 

Art.  13.  —  Le  Bureau  décide  du  choix  des  figures. 

Art  14.  —  Les  membres  titulaires  et  les  membres  à  vie  reçoivent 
seuls  les  publications  de  la  Société. 


CONSKIL  DADMINISTR4TION  POUR  L'ANNÉE  191 S 


I.  —  Bureau. 


Président  :  MM.  Dr  ATGIER  (1914)  (1). 

Vice-Présidents  :  Louis  GIRAUX  (1914). 

LE  BEL  (1914). 

Emile  TATÉ  (1914). 
Secrétaire  général  :        Dr  Marcel  BAUDOUIN  (1913). 
Secrétaire  :  Paul  de  GIVENCHY  (1913). 

Trésorier  :  Maurice  GILLET  (1914). 

IL  —  Autres  Membres  du  Conseil. 

1°  Membres  de  Droit. 

MM.    Adrien  de  MORTILLET,  Président  d'Honneur. 
Léon  COUTIL,   ancien  Président  (1911). 
Armand  VIRÉ,  ancien  Président  (1912). 
Edmond  HUE,   ancien    Président  (1913). 

2°  Membres  élus. 

MM.   BALLET  (Dr),  ancien  Président,  Paris  (1914). 

J.  BOSSAVY,  ancien  Vice-Président  (Seine-et-Oise)  (1912). 
Adrien  GUÉBHARD  (Dr),  anc.  Président  (Alpes-Mar.)(1913). 
PAGÈS-ALLARY,  ancien  Vice- Président  (Cantal)  (1912). 
THIOT,  ancien   Vice-Président  (Oise)  (1912). 
O.  VAUVILLÉ  (Aisne)  (1913)  (2). 


Adresses  : 

Secrétaire  général  [Siège  social]  :  21,  rue  Linné,  Paris-V. 
Trésorier  :  30,  rue  Gardenat-Lapostol,  Suresnes  (Seine). 
Bibliothécaire    :    Ch.    Géneau,    8,     rue    Abbé  -  de  -  l'Epée, 

Paris-V. 
Archiviste  :  Harmois,    Office  colonial,    Palais  Royal,  Paris. 
Conservateur  des  Collections  :    Edmond   Hue,  60,  rue    de  la 
Pompe,  Paris-XVI. 
Laroratoire  et  Birliothèque  :  250,  rue  Saint-Jacques,  Paris-V. 

-Avocat  Conseil  de  la  S.  P.  F.  :  M.  Félicien  Paris. 


(1)  Les  Années  indiquent  l'année  d'entrée  au  Conseil  d'administration. 

(î)  Deux  membres  en  moins,  par  suite  de  décès  [Martial  Imbert,  en  1914] . 


LISTE  DES  MEMBRES 

DE   LA 

SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

AU    31    DÉCEMBRE    1914  U).. 


MM. 

Adler  (J.),  Pharmacien  en  chef  Hôpital  Rothschild,  76,  rue  de 
Picpus,  Paris-XII. 

Albaille  (S. -J.), Naturaliste-géologue,  Domaine  de  l'Ardide,  Béziers 
(Hérault). 

Alibert,  D.  M.,  Médecin  en  Chef  de  l'Hôpital,  rue  Villenouvelle, 
Montauban  (Tarn-et-Garonne). 

Allouard  (G.),  Institr.  public,  Seuilly,  par  Ghinon  (Indre-et-Loire). 

Almgren  (Oscar),  D.  M.,  Dr  phil.,  professeur  agrégé  à  l'Université, 
Upsala  (Suède). 

Ambayrac  (Hippolyte),  Professeur  en  retraite,  6,  place  Garibaldi, 
Nice  (Alpes-Maritimes). 

Andrieu  (Léopold),  Capitaine,  Villa  Mireille,  rue  Demouilles,  Tou- 
louse (Haute-Garonne). 

Aragon  (Henri),  Président  de  la  Société  Archéologique  et  d'Histoire 
du  Roussillon  Château  Roussillon,  par  Perpignan  (Pyrénées- 
Orientales). 

Archambaud  (Marins),  Commis  principal  des  Postes  et  Télégraphes, 
113,  rue  Notre-Dame-des-Champs,  Paris-VI.  —  Nouméa  (Nou- 
velle-Calédonie). 

Atgier,  D.  M.,  20,  rue  de  Paris,  Livry  (Seine-et-Oise). 

Aubin  (E.), Greffier  de  Paix,  rue  Saint-Laurent, Montoir-sur-le-Loir 
(Loir-et-Cher). 

Aublant  (Charles),  26,  rue  de  Strasbourg,  Périgueux  (Dordogne). 

Audinet,  Villa  des  Muguets,  Boulevard  Félix -Faure,  Chatellerault 
(Vienne). 

Augier  (Marius),  Capitaine  en  retraite,  29,  Cours  Saint-Martin, 
Orange  (Vaucluse). 

Aveneau  de  la  Grancière  (Vicomte),  Château  de  Kergonano, 
Baden  (Morbihan). 

Aymar  (Alphonse),  Inspecteur  des  Contributions  directes,  15,  ave- 
nue Croix-Morel,  Clermont-Ferrand  (Puy-de-Dôme). 

(1)  Le  nom  des  Membres  fondateurs  est  précédé  d'un  Astérisque. 


LISTE    DES    MEMBRES  9 

Bachelay  (Emile),  Agriculteur,  Ménerval,  par  Haussez  (Seine-Inf.). 
Bachimont,  D.  M.,  Nogent-sur-Seine  (Aube). 

Ballet,  D.  M.,  anc.  médecin  militaire,  20,  r.  Bonaparte,  Paris-VI . 
Baquié  (Georges),  Géologue,  Correspondant  de  la  Société  d'Etudes 

des  Sciences  naturelles  de  Bèziers,  Nissan  (Hérault). 
Barbier  (H.),  Pharmacien,  Pacy-sur-Eure  (Eure). 
Barbier  (Antoine),  Lorgues  (Var). 
Barbier  (Paul),   Aide-Pharmacien,    31,   rue  Saint-Corneille,  Com- 

piègne  (Oise). 
Bardié  (Armand),   Industriel,  Président  de  la  Société  linnéenne  de 

Bordeaux,  59,    Cours  de  Tourny,  Bordeaux  (Gironde). 
Barreau  (J.-B.),  Conducteur  des  Ponts   et   Chaussées,  2,  rue  Fai- 

dherbe,  Tours    (Indre-et-Loire). 
Barthélémy  (Antonin),  Industriel,  Apt  (Vaucluse). 
Barthère    F.,   Officier  d'Administration  de  lre   classe   d'artillerie 

coloniale,  Tananarive  (Madagascar). 
Baud  (Paul),  Préparateur  à  la  Faculté    des    sciences,  37,  Rue   Gay- 

Lussac,  Paris-V. 
Baudouin  (Marcel),  D.  M.,  Homme  de  lettres,  Rédacteur  en  chef  de 

Y  Homme  préhistorique,  Cor.  Min.  Inst.  Publ.  (Vendée),  21,  rue 

Linné,   Paris-V. 
Baudoux  (Jean),  Industriel,  Fansanville,  par  Benzenville  (Eure). 
Baurain  (E.),  Propriétaire,  10,  rue  des  Boucheries, Compiègne  (Oise). 
Bayol  (Edouard),  Percepteur,  Bonnieux  (Vaucluse). 
Bazin    (A.),   Sous-Ingénieur  des  Ponts  et  Chaussées,    en  retraite, 

Rebais  (Seine-et-Marne). 
Beaupré  (Comte  Jules),  Membre  non   résidant  du   Comité  des  Tra- 
vaux   historiques   et    scientifiques,    18,    rue     de    Serre,    Nancy 

(Meurthe-et-Moselle). 
Begouen   (Le    Comte),   Eté  :   Château    des    Espas,   par    St-Girons 

(Ariège).  —  Hiver,  16,  Rue  Velane,  Toulouse  (Haute-Garonne). 
Bellefontaine  (A.  de),   Ingénieur,   Villa-Cadio,  Binic  (Côtes-du- 

Nord). 
Bellucci  (Joseph),  Professeur  à  l'Université,  9,  via  Cavour,  Peru- 

gia  (Italie). 
Bénard  (Paul),  Astorville,  par  Callender,  Ontario  (Canada). 
Benoist  (Jules),  Directeur  d'Ecole,  Etaples  (Pas-de-Calais). 
Benoist  (Sylvain),  Propriétaire,  Vachères  (Basses-Alpes). 
Berry  (Edward-E.),  Vice-Consul  de  Grande-Bretagne,  Monte-Verde, 

Bordighera  (Italie). 
Bertheau    de    Chazal  (Jules),  Notaire,  31,    Rue  Jean-Macé,  Brest 

(Finistère). 


10  SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE     FRANÇAISE 

Berthiaux  (Paul),  Archéologue,  Caissier  des  Usines  R.  Sachet,  Mon- 

tereau  (Seine-et-Marne). 
Berthier  (Victor),  37,  rue  de  l'Arbalète,  Autun  (Saône-et-Loire). 
Bertin  (Arcade),  Instituteur  public  dans  les  Écoles  de  la  Ville,  83, 

rue  du  Chemin  Vert,  Paris-XI 
Bidault  de  Grésigny,  Château  de  Boulay,  par  Beaudrières  (Saône- 

et-Loire)  (Eté);  —  10,  rue  Molière,  Lyon  (Rhône)  (Hiver). 
Blanc  (Baron  Albert),  Privât  docent  à  l'Université  de  Rome,  56,  rue 

Fontanella  di  Borghète,  Rome  (Italie). 
Blavier  (P.), Château  de  La  Bellière,par  Montrevault  (Maine-et-Loire). 
Blin  (Charles),  14,  Villa  des  Couronnes,  rue  Chanzy,  Asnières(Seine). 
*   Bloch  (Adolphe),  D.  M.,  24,  rue  d'Aumale,  Paris-IX. 

Bocquier  (Emile),  Inspecteur  primaire,  Bressuire  (Deux-Sèvres). 
Boismoreau  (E.),  D.    M.,  Saint-Mesmin-le-Vieux  (Vendée). 
Boissy    d'Anglas,    Ancien   Ministre   plénipotentiaire,    Sénateur  de 

l'Ardèche,  45,  Boulevard  Berthier,  Paris-XVII. 
Bonaparte  (Prince  Roland),  10,  avenue  d'Iéna,  Paris-XVI. 
Bonneau   (Auguste),  D.   M  ,  ancien  interne  des  Hôpitaux  de  Paris, 

13,  rue  du  Chemin  de  fer,  Mantes-sur-Seine  (Seine-et-Oise). 
Bonnet  (Alexandre),  54,  boulev.  Bineau,  Neuilly-sur-Seine  (Seine). 
Bordage   (Edmond),  Docteur  ès-Sciences,  Chef  de  laboratoire  à  la 

Sorbonne  (Laboratoire  de  l'Évolution  des  Êtres  organisés),  3,  rue 

d'Ulm,  Paris-Ve. 
Borosdine    (Elie),    Professeur,    rue    Neglinnayh,  Maison  de  l'Ecole 

impériale  des  Théâtres,  Moscou  (Russie). 
Bossa\y(J.),  Inspecteur  des  Postes  et  des  Télégraphes,  12,  Avenue  de 

Paris,  à  Versailles  (Seine-et-Oise). 
Bossavy    (Laurent),    capitaine    d'artillerie    coloniale,     Saint-Louis 

(Sénégal). 
Bosteaux-Paris,  Maire,  Cernay-lès-Reims  (Marne). 
Bottin  (Casimir),  Receveur  des  postes  en  retraite,  Ollioules  (Var). 
Bouchot    (Adrien),    Adjudant-chef,    42e    régiment  d'infanterie    de 

ligne,  Belfort  (Haut-Rhin). 
Bougault  (Alfred),   Ingénieur  des  Arts  et  Manufactures,  55,  rue  de 

Boulainvilliers,  Paris-XVI. 
Bouillet  (P.),  D.  M.,  17.  rue  de  l'Annonciation,  Paris-XVI. 
Bouillerot  (Raoul),  Directeur-fondateur  de  la  Revue  préhistorique  il- 
lustrée de  V  Est  de  la  France,  50,  rue  des  Forges,  Dijon(Côted'Or). 
Boulanger  (C),  ancien  Notaire,  Péronne  (Somme). 
Boulet,  Villa  Sarrobert,  Fleurines,  par  Pont-Sainte-Maxence (Oise). 
Bourdon  (E.),  Rozet-Saint- Albin,  par  Neuilly-Saint-Front  (Aisne). 
Bourgeade  (Eloi),  Les  Planchettes,  par  Riom-ès-Montagne  (Cantal). 
Bourrilly  (Joseph),  Lie.  en  droit,  Juge  de  paix,  Marguerittes  (Gard). 
Bourrinet  (Pierre),  Instituteur,  Teyjat  par  Javerlhac  (Dordogne). 


LISTE     DES     MEMBRES  il 

Bousquet  (Maurice),    11,  rue  de  la  Tour,  Paris-XVI. 

Boutanquoi  (Olivier),  Instituteur,  Nampcel  (Oise). 

Bout  de  Charlemont  (H.),  21,  r.  Pierre-Dupré,  Marseille  (Bouches- 

du-Rhône). 
Boutillier  du  Retail  (Madame  E.),  46,  rue  Gourien,  Saint-Brieuc 

(Gôtes-du-Nord). 
Boyard  (Charles),  Instituteur,  Nan-sous-Thil,  par  Précy-sous-Thil 

(Côte-d'Or). 
Brasseur,    Sous-Ingénieur    des    Ponts  et  Chaussées,    Gournay-en- 

Bray  (Seine-Inférieure). 
Brice-Cardot  (Mme),  26,  rue  Gay-Lussac,  Paris-V. 
Brognard  (L.),  Pharmacien,  16,  rue  Gambetta,  Lillebonne  (S.-Infre.). 
Brulard,  D.  M.,  Montréal  (Yonne). 
Brunehault  (L.),  Archéologue,   Pommiers  (Aisne). 
Buchin  (Marcel),  D.-M.,  78,  boulevard  Sébastopol,  Paris-X. 

Cahen  (Albert),  Receveur  des  hospices,  19,  rue  du  Bastian,  Le  Havre 
(Seine-Inférieure). 

Caillaud  (Madame  G.),  Archéologue,  Château  de  La  Guérinière,  à 
Cormelles-le-Royal  (Calvados). 

Calmels  (L'abbé  A.),  curé,  Saint-Rémy-de-Laguiole(Aveyron). 

Camichel  (P.),  D.  M.,  MédeGin-rnajor  de  2e  classe  au  24e  régiment 
d'Infanterie,  29,  Avenue  Trudaine,  Paris-IX. 

Camps  (Mme Pauline),  Officier  d'Acad.,  62,  r.  Cortambert,  Paris-XVI. 

Camus  (Paul),  15,  boulevard  Henri-IV,  Paris-IV. 

Cantacuzène  (Le  Prince  Georges),  ancien  Diplomate,  13,  rue  de  la 
Trémoille,  Paris-VIII. 

Cartailhac  (Emile),  Correspondant  de  l'Institut,  Professeur  de 
Préhistoire  à  la  Faculté  des  Lettres,  5,  rue  de  la  Chaîne, 
Toulouse  (Haute-Garonne). 

Cartereau,  Agent  voyer,  Montfort-le-Rotrou  (Sarthe). 

Cathelin  (F.),  D.  M.,  21,  rue  Pierre-Charron,  Paris-XVI. 

Castelfranco  (Pompéo),  Directeur  du  Musée  Archéologique,  Via 
Principe  Umbertos,  5_,  Milano,  (Italie). 

Cassin  (Paul),  D.  M.,  15,  place  du  Palais,  Avignon  (Vaucluse). 

Catelan  (Louis;,  Le  Buis-les-Baronnies  (Drôme). 

Cazalis  de  Fondouce,  Ingénieur  civil,  18,  rue  des  Etuves,  Mont- 
pellier (Hérault).  -> 

Cazenave  (le  Commandant),  Géologue,  kbis,  rue  Mertens,  Bois- 
Colombes  (Seine). 

Celos  (Gabriel),  Archéologue  et  Folkloriste,  46,  rue  du  Four, 
Paris-VI  ;  et  6,  rue  des  Champs,  Bernay  (Eure). 

Chaillan  (L'abbé  Joseph),  curé,  Quinson  (Basses-Alpes). 


12  [société  préhistorique  française 

Chance  (Gaston),  Archéologue,  Mailly  (Marne). 
Chantre  (E.),  Fontville,  par  Ecully  (Rhône). 

*  Chapelet  (H.),  Caissier  central  de  la  Compagnie  P.-L.-M.,  25,  rue 

du  Petit-Musc,  Paris-IV. 

Charvilhat  (G.),  D.  M.,  4,  r.  Blatin,  Clermont-Ferrand  (Puy-de- 
Dôme). 

Chatelet  (C),  32,  rue  du  Vieux-Sextier,  Avignon  (Vaucluse) . 

Chaumier  (Edmond),  D.  M  ,  Directeur  de  l'Institut  vaccina  4,  rue 
Corneille,  Tours  (Indre-et-Loire). 

*  Chauvet    (Gustave),    Notaire    honoraire,   30,    rue     du    Jardin    des 

Plantes,  Poitiers  (Vienne). 
k    Chervin,  D.  M.,  ancien  Président  de  la  Société  d'Anthropologie   de 
Paris,  82,  avenue  Victor-Hugo,  Paris-XVI. 

Chevallier  (Pierre),  8,  Place  Dancourt,  Paris-XVIII. 

Chiris   (Marcellin),    Rec.   des    Postes  et   Télég.,   Grasse    (A. -M.). 

Chomereau  (Gaston  de),  Lieutenant  au  7e  Régiment  d'infanterie, 
18,  rue  Victor-Hugo,  Cahors  (Lot). 

Clair  (Louis),  Administrateur  des  biens  des  Aliénés  de  la  Seine, 
5,  Avenue  Franco-Russe,  Avenue  Rapp,  Paris-VII. 

Clastrier  (Stanil),  Sculpteur-statuaire,  Prof,  à  l'Ecole  des  Beaux- 
Arts,  20,  rue  Saint-Sépulcre,  Marseille  (Bouches-du-Rhône). 

Clément  (Paul),  Instituteur,  Artins,  par  Couture  (Loir-et-Cher). 

Cloutrier,  Sous-ing.  des  Ponts  et  Chaussées  en  retr.,  Gien  (Loiret). 

Coiffard  (Joseph),  4,  rue  des  Degrés,  Villebois-Lavalette  (Cha- 
rente). 

Collaye  (Adrien),  Agent  principal  des  Chemins  de  Fer,  Signy- 
l'Abbaye  (Ardennes). 

Colas,  Instituteur,  St-Germain-Laval,  près  Monteraux  (Seine-et- 
Marne). 

Colas  (Ernest),  Bonnières-sur-Seine  (Seine-et-Oise). 

Colin,  D.  M.,  ancien  médecin  militaire,  2,  rue  d'Ulm,  Paris-V. 

Colini  (Dr  Giuseppe),  Direttoredel  Museo  nazionale  di  villa  Giulia, 
viaFarino,  7,  Rome  (Italie). 

Collet  (Abbé),  14,  Rue  de  Marquetra,  Boulogne-sur-Mer  (Pas-de- 
Calais). 

Colleu  (J.-B.),  Huissier,   Collinée  (Côtes-du-Nord). 

Commoxt  (V.),  Professeur  à  l'Ecole  normale,  7,  Avenue  d'Edim- 
bourg, Amiens  (Somme). 

Conde  de  la  Vega  del  SELLA(Pr),  Calle  del  Sol,  Orviedo  (Espagne). 

Conil  (A.),  Château  de  Mézières,  Ste-Foy-la-Grande  (Gironde). 

Corot  (Henry),  Archéologue,  Savoisy  (Côte-d'Or). 
*    Costa  de  Beauregard  (Comte  Olivier),  Sainte-Foy,  par  Longueville 
(Seine-Inférieure). 


LISTE    DES    MEMBRES  13 

Cotte  (Ch.),  Correspondant  du  Ministère  de  l'Instruction  publi- 
que, Notaire,  Pertuis  (Vaucluse). 

Cauderay  (H.),  D.  M.,  85,  boulevard  de  Strasbourg,  Le  Havre  (Seine- 
Inférieure)  . 

Courrent,  D.  M.,  Embres  en  ^Castelmaure,  Saint-Jean  de  Barrou 
(Aude). 

Courty  (Georges),  Géologue,  professeur  à  l'Ecole  spéciale  des  Tra- 
vaux publics,  64,  rue  Vercingétorix,  Paris-XIVe. 

Cousset  (Arthur),  Commis  principal  des  Contributions  indirectes, 
Etaules  (Charente-Inférieure). 

Coutil  (Léon),  Correspondant  du  Ministère  de  l'Instruction  pu- 
blique, Saint-Pierre-du-Vauvray  (Eure). 

Couvreur-Perrin,  Viticulteur,  Rilly-la-Montagne  (Marne). 

Crova  (Mme  B.),  27,  rue  Asselin,  Cherbourg  (Manche). 

Crova,  Capitaine  de  frégate,  27,  rue  Asselin,  Cherbourg  (Manche). 

Dabadie  (Frédéric),  132,  rue  de    la  Victoire,  Bruxelles  (Belgique). 

Daleau  (François),  Bourg-sur-Gironde  (Gironde). 

D'All-Osso  (Le  Professeur),  Directeur    du  Musée,  Ancône  (Italie). 

Dalmon  (H,.),  D.  M.,  Bourron-Marlotte  (Seine-et-Marne). 

Dauphin  (Louis),  Pharmacien-naturaliste,  Carcès  (Var). 

Debruge  (A.),  Commis  principal  des  Postes  et  Télégraphes,  Cons- 
tantine  (Algérie). 

Deglatigny  (Louis),  11,  rue  Biaise-Pascal,  Rouen.(Seine-Infér.). 

Delamain  (Robert),  Archéologue,  Jarnac  (Charente). 

Delaporte  (R.),  Docteur  en  droit,  Avoué,  Ghateaulin  (Finistère). 

Delort  (J.-B.),  Professeur  en  retraite,  Cosne  (Nièvre). 

Delvincourt  (E.),  Archéologue,  correspondant  du  Ministère  de 
l'Instruction  publique,  Crécy-sur-Serre  (Aisne). 

Demitra,   Cantonnier-chef  de  la  ville  de  Reims,  Reims  (Marne). 

Denier,  Etudiant  en  médecine,  25,  rue  Nicolo,  Paris-XVI. 

Denoyelle  (L.),    Artiste-peintre,  3,  rue  d'Amiens,  Beauvais  (Oise). 

Dervieu  (Le  Lieut. -Colonel),  4,  rue  du  Doyen,  Bourges  (Cher). 

Desailly  (L.),  Ingén.  civil  des  mines,  134,  rue  de  Rennes,  Paris-VI. 

Deserces,  Avoué,  14,  rue  de  l'Evêché,  Angoulême  (Charente). 

Desforges  (A.),  Instituteur,  Rémilly,  (Nièvre). 

Desloges  (Armand),  ancien  Président  de  la  Société  Normande 
d'Etudes  préhistoriques,  Rugles  (Eure). 

Desmazières  (0.),  Receveur  particulier  des  finances,  Marennes 
Charente-Inférieure) . 

Devoir,  Capitaine  de  vaisseau,  rue  de  PAmiral-Linois,  Brest 
(Finistère). 

Deydier  (Marc),  Ex-Notaire,  Correspondant  du  Musée  de  l'Instruc- 
tion publique,  Cucuron  (Vaucluse). 


14  SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

Deyrolle,  Méciecin-major  au  28e  Régiment  d'artillerie,  Vannes 
(Morbihan). 

Deyrolle  (Les  fils  d'Emile),  Naturalistes,  46,  rue  du  Bac,  Paris- 
VII. 

Dharvent,  Membre  de  la  Commission  départementale  des  Monu- 
ments historiques,  42,  rue  du  Faubourg-Saint-Pry,  Béthune 
(Pas-de-Calais). 

*  Doigneau    (A.),    Conservateur   du    Musée,   45,   Boulevard  Thiers, 

Fontainebleau  (Seine-et-Marne). 

Dollot  (Auguste),  Ingénieur,  Correspondant  du  Muséum  d'Histoire 
naturelle  de  Paris,  136,  Boulevard  Saint-Germain,  Paris-VI. 

Domezan,  D.  M  [Rayons  X],  7,  rue  Font-Froide,  Perpignan  (Pyré- 
nées-Orientales). 

Doranlo,  D.-M.,  Mathieu  (Calvados). 

Dramard,  9,  rue  Saint- Vincent,  Fontenay-sous-Bois  (Seine). 

Drioux  (G.),  Professeur  à  l'Ecole  de  Malrôy,  Dammartin-sur- 
Meuse  (Haute-Marne). 

Drouet,  D.  M.,  36,  rue  de  Varenne,  Paris-VII. 

Druher  (L.),  Voray,  canton  de  Rioz  (Haute-Saône). 

Duralen  (E.),  Directeur  du  Musée,  Mont-de-Marsan  (Landes). 

*  Durus,  Econome   honoraire  des   Hospices    du  Havre,  2  et  4,  petite 

rue  du  Marquis,   Neufchâtel-en-Bray  (Seine-Inférieure). 
Ducourtioux,  14,  rue  François-Miron,  Paris-IV. 
Dulau  et  Cie,  37,  Soho  Square,  Londres-W  (Angleterre). 
Dumas  (Mme  Vve  U.).  Baron,  par  Saint-Chaptes  (Gard). 
Dupont  (E.),  Directeur  des  Docks,  Le  Havre  (Seine-Inférieure). 
Durand  (Charles),  Bourron  (Seine-et-Marne). 
Dutot,  Ancien  Greffier  du  Tribunal  de  Commerce,  56,  rue  Monte- 

bello,  Cherbourg  (Manche). 
DuvAux(Léon),  Professeur  d'Histoire  au  Collège,  108,  rue  du  Pont, 

Bonneville  (Haute-Savoie). 

Ede  (Frédéric),     Artiste    peintre,    Montigny-sur-Loing    (Seine-et- 
Marne). 
Espina  (Olivier),  Commis  des  Contrib.  directes,  Gabès  (Tunisie). 
Estaunié  (Désiré),  Secrétaire  de  Commune  mixte,  Montagnac,  Arr. 

d'Oran  (Algérie). 
Evrard  (Charles),  Notaire,  Maire,  Varennes-sur-Argonne  (Meuse). 
Exsteens  (L.),  anc.  Pharm.,  21,  r.  de  Loxum,  Bruxelles  (Belgique). 

Fasset-Arbouin,    Industriel,  Cognac  (Charente). 

Favraud  (J.),  Palethnologue,  Ancien  inspecteur  primaire, 94, rue  de 

Périgueux,  Angoulême  (Charente). 
Féraud,  Agent-voyer  cantonal,  Remoulins  (Gard). 


LISTE    DES     MEMBRES  15 

Ferrier,    D.    M.,     Dentiste    des   Hôpitaux,    5,    rue    de    Lisbonne, 

Paris-VIII. 
Ferton  (Le   G1   Charles).  Chef  d'escadron   d'artillerie   de  réserve, 

Bonifacio  (Corse). 
Feuvrier  (Julien),    Conservateur   du    Musée   archéologique,   8.  rue 

des  Romains,  Dole  (Jura). 
Fiévé(G.),D.  M.,Jallais  (Maine-et-Loire). 
Fleurieu   (Comte  Alphonse   de),   26.   avenue    Kléber,    Paris-XVI  ; 

Eté  Château  de  Marzac,  par  Les    Eyzies-de-Tayac  (Dordogne). 
Fleury,   Capitaine,  3e   Spahis,    14,    rue   dEcosse,    Dieppe  (Seine- 
Inférieure) 
Florance    (E.),    Archéologue-naturaliste,    16,    Boulevard   Eugène- 

Riffault,   Blois  (Loir-et-Cher). 
Fontes   (Joaquim),  Caminho  do   Forno   do  Tijolo,  11-D,  Lisbonne 

(Portugal). 
Forrer  (R.),  Dr  Phil.,  Conservateur  du  Musée  archéologique,  Uni- 

versitâtsstrasse,  4,  Strasbourg  (Alsace). 
Forsyth  Major   (C.  J.),  D.   M.,   chez  M.  A.    C.   Southwell,   Bastie 

(Corse). 
Foucault  (Eugène),  50,  rue  de  Messei,  Fiers  (Orne). 
Foucher,    Fabricant  d'Orgues,   17-19,  rue   de  la  Véga,  Paris-XIL 
Fougerat  (Mme),  46,  avenue  Mozart,  Paris-XVI. 
Fouju  (G.),  Vice-président  de    la  Société  d'Excursions    scientifiques, 

33,  rue  de  Rivoli,  Paris-IV. 
Franchet  (L.),  11,  rue  Barreau,  Asnières  (Seine). 
Frappier,  Archéologue,  Saint-Germain-en-Laye  (Seine-et-Oise). 
Fuchs  (A.),  Libraire-Editeur,  Saverne  (Alsace). 

Gadant  (René),  Conservateur  du  Musée  de  l'Hôtel  Rolin,  Autun 
(Saône-et-Loire). 

Gadeau  de  Kerville  (Henri),  Président  de  la  Société  Normande 
d'Etudes  Préhistoriques,  7,  rue  Dupont,  Rouen  (Seine-Infé- 
rieure). 

Gaillard,  Conservateur  du  Musée,  Muséum  d'Histoire  naturelle, 
Lyon  (Rhône). 

Gaillot (Henri),  3,  r.  des  Pavillons,  Champigny-sur-Marne  (Seine). 

Gaillot  (L.),  Hôpital  de  Redeyel,  par  Metlaoui  (Tnnisie). 

Gamber,  Editeur  de  V  Homme  préhistorique,! ,  rue  Danton,  Paris-VI. 

Gardez  (Honoré),  Archéologue,  rue  de  Pouilly,  Reims  (Marne). 

Garfitt  (G. -A.),  Homesfield,  Scheffield  (Angleterre). 

Garnier,  Logis  de  Vaux,  Saint-Palais-sur-Mer  (Charente-Infé- 
rieure). 

Garnier  (Mlle)  Logis  de  Vaux,  Saint-Palais-sur-Mer  (Charente- 
Inférieure). 


16  SOCIÉTÉ     PREHISTORIQUE     FRANÇAISE 

Garrisson  (Eugène),  19,  rue  des   Augustins,  Montauban    (Tarn-et- 

Garonne). 
Gasnier   (F.),    Docteur  en   Droit,    9,   rue   de    Strasbourg,  Nantes 

(Loire-Inférieure) . 
Gasser  (A.), Directeur  de  la  Revue  d'Alsace,  Mantoche  (Haute-Saône). 
Gaudin,  D.  M.,  Archéologue,  Les  Sables  d'Olonne  (Vendée). 
Gaudelette  (Le  Général),  48  bis,  rue  d'Auteuil.  Paris-XVI. 
Gaurichon  (Le  Commandant  J.),  de  la  9e section  militaire,  58,  rue  de  la 

Fuye,  Tours  (Indre-et-Loire). 
Géneau  (Ch.),   Etudiant,  17,   bd.   Saint-Marcel,   Paris-XIII. 
Gennevaux  (Maurice),  Conservateur  du  Musée  de  la  Société  Archéo- 
logique,   5,    rue    Saint-Paul   (place    Saint-Roch),    Montpellier 

(Hérault). 
Genson  (Eugène),  Domaine  de  Fontéranes,  Béziers  (Hérault). 
Gérin-Ricard  (Gle  de),  Correspondant  du  Ministère  de  l'Instruction 

publique,  Hiver  :  rue  Vulfran-Puget,  33,    Marseille  (Bouches- 

du-Rhône).  —  (Eté)  :  Château  de  Valdone,  Peyrin  (B.-du-Rh.). 
Geuthner  (Paul),  Libraire-antiquaire,  13,  rue  Jacob,  Paris-VI. 
Gidon,D.  M., Docteur  ès-sciences,  Professeur  à  l'Ecole  de  Médecine, 

12,  rue  Singer,  Caen  (Calvados) . 
Gillet  (Maurice),  Ancien  Inspecteur  des  Postes  et  des  Télégraphes, 

30,  rue  Gardenat-Lapostol,  Suresnes (Seine). 
Gillet  (Numa),  Artiste  Peintre,  Les  Ayeules,  Montigny-sur-Loing, 

(Seine-et-Marne) . 
Gimon,  Capitaine,  143e  Régiment  d'Infanterie,  Castelnaudary  (Aude). 
Girardot  (Abel),  Conservateur  du  Musée,  28,  rue  des  Salines,  Lons- 

le- Saunier  (Jura). 
Giraux  (Henri),  22,  rue  Saint-Biaise,  Paris-XX. 
*■    Giraux  (Louis),  11,  rue  Eugénie,  Saint-Mandé  (Seine). 

*  Givenchy  (Paul  de),  84,  rue  de  Rennes,  Paris-VI. 
Givord_,  Receveur  de  l'Enregistrement,  Roussillon  (Isère). 
Gobillot   (Louis),    D.     M.,  Maire,    Conseiller    général,    La   Tri- 

mouille  (Vienne). 

Goby  (Paul),  Ancien  vice-président  de  la  Société  Archéologique  de 
Provence,  5,  boulevard  Victor-Hugo,  Grasse  (Alpes-Maritimes). 

Gorey,  Homme  de  lettres,  33,  boulevard  de  Clichy,  Paris-IX. 

Gorodzow  (Basil  A.),  Professeur,  Musée  Historique  Impérial,  Mos- 
cou (Russie).  [Mockba;  Nemopureckiù  Myzéùs]. 

Goury  (Georges),  5,  r.  des  Tiercelins,  Nancy  (Meurthe-et-Moselle). 

Graff,  Directeur  de  l'Ecole  municipale,  Issou,  par  Gargenville 
(Seine-et-Oise). 

*  Granet  (Léonce),  Propriétaire,  Roquemaure  (Gard). 
Grillet  (E.).,  Propriétaire,  Igé  (Saône-et-Loire). 


LISTE    DES    MEMBRES  1/ 

Guebhard  (Adrien),   D.  M.,    Professeur  agrégé    delà   Faculté    de 

Médecine  de  Paris,  Saint- Vallier-de-Thiey  (Alpes-Maritimes). 
Guebhard  (Roland),  Saint-Cézaire  (Alpes-Maritimes). 

Guelliot  (Octave),  D.  M.,  9,  rue  du  Marc,  Reims  (Marne). 
Guénin  (G.),  A.  U.,  Professeur  au   Lycée,  78,  Rue  de  Paris,  Brest 

(Finistère). 
Guéiun  (J.-W.-M.  de),  Lieutenant-colonel,  Le  Mont-Durand,  Guer- 

nesey,  Ile  de  Guernesey  (Angleterre). 
Guichard  (Xavier),    Chef  de    la    Sûreté,    36,    quai    des    Orfèvres, 

Paris-I. 
Guignaber  (A.),  Pharmacien,  Membre  de  la  Société  d'Archéologie  de 

Bordeaux,  Pauillac  (Gironde). 
Guillaume,  D.  M.,  63,  boulev.  de  la  République,  Reims  (Marne). 
Guillaume,  Maître-Mineur,  Redeyel  par  Metlaoui  (Tunisie). 
Guillon  (André),  12,  rue  Pérignon,  Paris-VII. 
Guimet    (Emile),    Directeur    du    Musée     Guimet,    Musée     Guimet, 

Paris-XVL 
Guy  (A.),  Ingénieur  aux  Chemins  de  fer  du  Midi,  6,  rue  Levieux, 

Bordeaux  (Gironde). 
Guyochin,  D.  M.,  171,  faubourg  Poissonnière,  Paris-IX. 

Hamal-Nandrin,  Conservateur-adjoint  du  Musée  archéologique  lié- 
geois, 51,  quai  de  l'Ourthe,  Liège  (Belgique). 

Hamonic,  D.  M.,  7  ter,  rue  Clauzel,  Paris-IX. 

Hanotaux  (G.),  ancien  Ministre,  Membre  de  l'Académie  française, 
15,  rue  d'Aumale,  Paris-IX. 

Harlé,  Ingénieur  en  chef  des  Ponts  et  Ch.,  36,  r.  Emile-Fourcand, 
Bordeaux  (Gironde) . 

Harmois  (A.-L.),  Office  colonial,  Palais-Royal,  Paris. 

Hauser  (0.),  Archéologue,  Bâle  (Suisse). 

Hautin  (Georges),  44,  Avenue  de  Fredy,  Villemomble  (Seine). 

Hébert  (M.),  99,  boulevard  Arago,  Paris-XIV. 

Hémery  (Marcel),  Agriculteur,  6,  rte  de  Clermont,  Compiègne  (Oise). 

Henriot,  183,  boulevard  Voltaire,  Paris-XI. 

Héomet  (Henri),  Représentant  de  commerce  (produits  chimiques), 
198,  boulevard  de  Strasbourg,  Billancourt  (Seine), 

Hermann,  Libraire,  6,  rue  de  la  Sorbonne,  Paris-V. 

Hervé  (Max),  Etudiant  en  médecine,  rue  de  l'Alboni,  5,  Paris-XVI. 

Heuzé  (Henri),  110,  rue  de  Paris,  Vincennes  (Seine). 

Hincelin  (Marcel),  8  bis,  Boulevard  de  l'Ouest,  Le  Raincy  (Seine- 
et-Oise). 

Hommey,  D.  M.,  Sées  (Orne). 

Houry,  Géologue,  4,  rue  de  Meudon,  Issy  (Seine). 

SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE.  2 


18  SOCIÉTÉ      PRÉHISTORIQUE     FRANÇAISE 

Houssay  (F.),  D.  M.,  Pont-Levoy  (Loir-et-Cher). 

Hurert  (G.),  Ancien  interne  des  hôpitaux  de  Paris,  interne  de  l'Asile 

de  la  Maison-Blanche,  Neuilly-sur-Marne  (Seine-et-Oise). 
*   Hue  (Ed.),  Médecin-vétérinaire,  60,  rue  de  la  Pompe,  Paris-XVI. 
Hugueniot,  Représentant  d'Assurance  et  de  Commerce,  Notre  Dame 

de  l'Isle,  par  Port-Mort  (Eure) . 
Hugues  (Albert),  Saint-Geniès-de-Malgoirès  (Gard). 
Huret,  Ingén.  des  Arts  et  Manuf.,  24,  pi.  Malesherbes,  Paris-XVII. 
Hure  (Mlle  Augusta),  Membre  de  la  Société  géologique  de  France  et  de 

la  Société  des  Sciences  de  F  Yonne,  14,  rue    Savinien-Lapointe, 

Sens  (Yonne). 
Hutinel,  Ex-Professeur  de  Lycée,  Vitteaux  (Côte-d'Or). 
Hutteau   (Léonce),  archéologue,  Etampes  (Seine-et-Oise). 

Icard,  D.  M._,  8,  rue  Colbert,  Marseille  (Bouches-du-Rhône). 
Institut  Géologique  de  Mexico,  Mexico  (Amérique  Centrale). 
Ingelbeen    (L'abbé     René),     Villa    Dubochet-Clarens,     Montreux 

(Suisse). 

Jacques,  D.  M.,  Secrétaire  général  de  la  Société  d'Anthropologie  de 
Bruxelles,  42,  rue  du  Commerce,  Bruxelles  (Belgique). 

Jacquot  (Lucien),  Avocat,  Juge  honoraire,  6,  rue  Fantin-Latour, 
Grenoble  (Isère). 

Jarraud  (Albert),  Propriétaire,  10,  rue  de  Metz,  Cognac  (Charente). 

Jodin  (Alexandre),  Président  du  Tribunal  d'Hell-Ville,  Nossi-Bé 
(Madagascar). 

Joleaud  (L.),  16,  Plage  du  Prado,   Marseille   (Bouches-du-Rhône). 

Joly  (Pierre),  Vétérinaire  principal  de  2e  classe,  Directeur  du 
8e  Ressort  vétérinaire  de  l'Armée,  92,  avenue  de  Grammont, 
Tours  (Indre-et-Loire). 

Jousset  de  Bellesme,  D.  M.,  Château  Saint-Jean,  Nogent-le- 
Rotrou  (Eure-et-Loir). 

Jullian  (Camille),  Prof,  au  Collège  de  France,  30,  rue  du  Luxem- 
bourg, Paris-VI. 

Jullien  (J.),  D.  M.,  Joyeuse  (Ardèche). 

Kessler  (Fritz),   Archéologue,    Horbourg,    près  Colmar   (Alsace). 
Kreutzer,  Artiste-peintre,  44,  rue  de  la  Pompe,  Paris-XVI. 
Kungl.-Vilterhets  Historié  ochAntikvitesAkademien,Stockho\m(Suède). 

Lablotier  (Anatole),  Bourogne  (Territoire  de  Belfort). 
Laboratoire  de  Géologie,  Faculté  des  Sciences  de  l'Université,  Besan- 
çon (Doubs). 
Labrie  (J.)  (L'abbé),  curé,  Frontenac  (Gironde). 


LISTE    DES    MEMBRES  19 

Lafay  (Gilbert),  5,  rue  du  Bel-Air,  Mâcon  (Saône-et-Loire). 
Laguionie  (Gustave),  Officier  de  la  Légion  d'honneur,  Directeur  des 

Grands  Magasins  du  Printemps,  10,  avenue  Hoche,  Paris-VHI. 
Laire,    Instituteur,    Belleval-sous-Chatillon,  par  Cuchery  (Marne). 
Lalanne,  D.  M.,  D.  Se,  Gastel  d'Andorte,  Le  Bouscat  (Gironde). 
Lambert  (H.-J.),  36,  faubourg  Saint-Nicolas,  Beaune  (Gôte-d'Or). 
Lamotte    (Louis),   D.    M.,   Ancien  Interne  des   Hôpitaux  de  Paris, 

65,  rue  des  Halles,  Beauvais  (Oise). 
Lançon  (P.),  Receveur  des  Postes,  Redeyef,  par  Mettaoui  (Tunisie). 
LANGLASSÉ(René),  52,  quai  National,  Puteaux  (Seine). 
Laprévotte  (P.),  Membre  de   la  Société  d1  Archéologie  Lorraine,  14, 

rue  Victor-Hugo,  Nancy  (Meurthe-et-Moselle). 
Larmigny,  Industriel  et  Archéologue,  Château  Porcien  (Ardennes). 
Laroze  (Pierre),  Courrenson,  par  Gondrin  (Gers). 

*  Lazard  (F.),  Propriétaire,  Maire  de  Sivergues,  Apt  (Vaucluse). 
Le  Bel,  250,  rue  Saint  Jacques,  Paris-V. 

Lebrun,  Licencié  es-sciences,  Professeur  adjoint  au  lycée,  8,  rue 
du  Puits-Salé,  Lons-le-Saunier  (Jura). 

Leclerc,  Instituteur,    Solers  (Seine-et-Marne). 

Lecomte  du  Noûy  (Jacques),  30,  boulevard  Flandrin,  Paris-XVI. 

Legrand,  Interne  en  Pharmacie,  Asile  de  la  Maison  Blanche, 
Neuilly-sur-Marne  (Seine-et  Oise). 

Lehmann-Nitsche  (Dr  Robert),  Professeur  à  l'Université,  Conser- 
vateur du  Museo  nacional,  La  Plata  (République  Argentine). 

Lejay  (A.),  12,  Rue  Richebourg,  Lons-le-Saunier  (Jura). 

LELOUTRE(Stanislas), Membre  de  la  Soc.  Arch.  de  Soissons,  2,  Impasse 
du  Château,  Soissons  (Aisne). 

*  Le  Maire  (André),  143,  boulevard  Saint-Michel,  Paris-V. 
Lemaitre,  Comptable,  boulevard  Jamin,  62,  Reims  (Marne). 
Lénez,  D.  M.,  Médecin-major  de  lre  classe, Médecin  Chef  des  salles 

militaires  de  l'Hospice  mixte,  Commercy  (Meuse). 

Leprince  (MIle  Marie),  Sarcelles  (Seine-et-Oise). 

Leroy  (Georges),  Directeur  d'Ecole,  r.  Jean-Macé,  Le  Mans  (Sarthe). 

Leroux  (Alcide),  Avocat,  et  Président  de  la  Société  Archéologique 
de  Nantes,  2,  place  Saint-Pierre,  Nantes  (Loire-Inférieure). — 
Saint-Germain  Langounnet  (Morbihan). 

Lesueur,    D.  M.,    60,  rue  Saint-Germain,  Bezons  (Seine-et-Oise). 

Létienne,  D.  M.,  8,  rue  des  Creux,  Louveciennes  (Seine-et-Oise). 

Lewis  (A.  L.),  35,  Beddington  Gardens,  Wallington  Surrey  (An- 
gleterre). 

Lissajous  (Marcel],  Géologue,  10,  quai  des  Marans,  Mâcon  (Saône- 
et-Loire). 

Luppé  (Mme  la  Marquise  de),  29,  rue  Barbet-de-Jouy,  Paris-VII. 


20  SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

Mac  Alister  (R.  A.),  Professeur  à  l'University  Collège,  Newlands 
Clonskcagh  Go,  Dublin  (Angleterre). 

Maertexs  (J.),  Conservateur  du  Cabinet  d'Archéologie  de  l'Univer- 
sité, 66,  rue  d'Ypres,  Gand  (Belgique). 

Magni  (Antonio),  D.  M.,  Inspecteur  royal  des  fouilles  et  des  monu- 
ments d'antiquité,  Via  Annunziata,  19,  Milan  (Italie). 

Mahoudeau  (D.-M.),  Professeur  à  l'Ecole  d'Anthropologie,  188, 
avenue  du  Maine,  Paris-XIV. 

Malaussène  (J.),  Juge  au  Tribunal  civil,  Carpentras  (Vaucluse). 

Malga  (abbé),  Cels,  par  Luzech  (Lot). 

Mann  (F.  W.),  D.M.,  1,  Campden  Hill  Mansions,  Kensington,  W. 
London  (England). 

Manteyer  (G.  de),  Archiviste  paléographe,  ancien  membre  de 
l'Ecole  française  de  Rome,  Château  de  Manteyer,  près  La-Roche- 
des-Arnauds  (Hautes-Alpes)  ;  -  34,  quai  de  Béthune,  Paris-IV. 

Marchadier  (René),  20,  rue  de  l'Isle-d'Or,  Cognac  (Charenle). 

Marchandeau,  Inspecteur  des  Télégraphes,  Ajaccio  (Corse). 

Marignan  (Emile),  D.  M. ,  Marsillargues  (Hérault). 

Marlot  (Hippolyte),  Géologue,  Villa  Bellevue,  Toulon-sur-Arroux 
(Saône-et-Loire). 

Marmagne  (A.),  Commis  des  Ponts  et  Chaussées,  Coulommiers 
(Seine-et-Marne). 

Martel  (E.-A.),  Directeur  de  La  Nature,  23,  rue  d'Aumale,  Paris-IX. 

Martel  (Louis),  Notaire,  Sault  (Vaucluse). 

Martin  (Anfos),  Inspecteur  primaire,  Montélimart   (Drôme). 

Martin  (Bernard  Henri--),  Etudiant,  Villa  Montmorency,  6,  avenue 
des  Sycomores,  Paris-XVI. 
*  Martin  (Henri),   D.  M.,  Villa  Montmorency,  6,  avenue  des  Syco- 
mores, Paris-XVI. 

Martin   (Henri- Charles)    (Mme),   60,  r.  Boulainvilliers,  Paris  XVI. 

Martz,  Conseiller  à  la  Cour,  30,  rue  des  Tiercelins,  Nancy  (Meurthe- 
et-Moselle). 

Masfrand  (A.),  Président  de  la  Société  Les  Amis  des  Sciences  et  des 
Arts,  Rochechouart  (Haute- Vienne). 

Massé  (Ed.),  14,  rue  Saint-Faron,  Meaux  (Seine-et-Marne). 

Matthis  (Charles),  Propriétaire,  Niederbronn  (Vosges-Alsace;. 

Maudemain,  Palethnologue,  118,  Boulevard  Voltaire,  Paris-XL 

Maury  (J.),  Directeur  des  fouilles  de  M.  Le  Bel,  Laugerie,  Les 
Eyzies-de-Tayac  (Dordogne). 

Maury,  Instituteur,  Mallargues,  près  Allanche  (Cantal). 

Mautalent  (Mme),  10,  rue  de  la  Pompe,  Paris-XVI. 

Mazéret  (Ludovic),  Archéologue,  Gondrin  (Gers). 

Menand  (Emile),  Avoué,  rue  Saint-Saulge,  Autun  (Saône-et-Loire). 


LISTE   DES  MEMBRES  21 

Mennetrier  (Ch.),  Capitaine  au  4e  Tirailleurs  Indigènes,  Dar-Caïd- 

Ito,  par  Meknès  (Maroc). 
Mercier  (Gustave),  Avocat,  Vice-Président  de  la  Société  archéolo- 
gique de  Constantine.  Cor.  de  l'Inst.  publique,  6,  rue  de  France, 

Constantine  (Algérie). 
Meunier  (Henri),  21,  rue  de  Versailles,  Bougival  (Seine). 
Meurisse   (Georges),    Archéologue,   33,    rue   de  Tambour,    Reims 

(Marne). 
Miguet  (Emile),  1,  Boulevard  Henri-IV,  Paris-lV. 
Miquel  (Jean),  Barroubio,  par  Aiguevives  (Hérault). 
Moirenc,  Agent-voyer  cantonal,  Bonnieux  (Vaucluse). 
Mollandin  (H.),  Capitaine  du  Train,  7e  Escadron,  Dole  (Jura). 
Montandon  (Raoul),  Architecte,  46,  rue  du  Stand,  Genève  (Suisse). 
Moreau,  Pharmacien  honoraire,  56,  Boulevard  Blossac,  à  Chatelle- 

rault  (Vienne). 
Morel  (Gaston),  55,  rue  Jeanne-d'Arc,  Rouen  (Seine-Inférieure). 
Morgand  (E.),  D.  M.,  L.  D.,  8,  rue  Escudier  Boulogne-sur-Seine. 
Morin-Jean,     Artiste-peintre,      33      bis,      boulevard    de     Clichy, 

Paris-IX. 
Mortillet  (Adrien  de),  Professeur  à  l'Ecole  d'Anthropologie,  154, 

rue  de  Tolbiac,  Paris-XIII. 
Mortillet  (Paul  de),  36,  boulevard  Arago,  Paris-XIII. 
Mousson-Lanauze,  D.  M.,    Ancien  interne,  place  de  la  Tourelle, 

3  bis,  Saint-Mandé  (Seine). 
Muller  (H.),  Bibliothécaire  à  l'Ecole  de  Médecine,  Conservateur  du 

Musée  Dauphinois,  Grenoble  (Isère). 
Munro  (Robert),  Elmbank,  Largs,  Ayrshire  (Ecosse). 
Musée  des  Antiquités  (M.  le  Conservateur),  Nîmes  (Gard). 
Musée  [Les  Amis  du)  de  Saint-Pons,  Saint-Pons  (Hérault). 
Musée  Archéologique    de  Besançon   [M.,  le   Conservateur),  Besançon 

(Doubs). 
Musée  impérial  historique  de  Russie,  Moscou  (Russie). 
Musée    National    Suisse    [Schweitzerische    Landes-Muséum],    Zurich 

(Suisse). 
Musées  royaux  des  Arts  décoratifs  et  industriels  (Bibliothèque  des), 

Parc  du  Cinquantenaire,  Bruxelles  (Belgique). 

Nerson  (Fernand),  Valréas  (Vaucluse). 

Neveu  (Raymond),  D.  M.,  107,  rue  de  Sèvres,  Paris -VI. 

Nobis  (Charles),    D,   D.,    Avocat,  Le  Val,  Saint-Bomer-les-Forges 

(Orne). 
Nœns  (Joseph.  H.),  8,  rue  du  Casino,   Saint-Nicolas,  (Waës),  près 

Gand  (Belgique). 
Nourry  (Emile),  Libraire-éditeur,  62,  rue  des  Ecoles,  Paris-V. 


22  SOCIÉTÉ     PRÉHISTORIQUE     FRANÇAISE 

Novital  (Albert  de),  5,  rue  des  Dominicains,  Nancy  (Meurthe-et- 
Moselle). 

Olivier,  D.-M.,  29,  rue  du  Rhône,  Genève  (Suisse). 

Oudot  (Robert),  14,  place  de  la  Bonneterie,  Troyes  (Aube). 

Pagès-Allary  (Jean),  Industriel,  Murât  (Cantal). 

Paniagua  (A.  de),  Archéologue,  11,  rue  Ghristiani,  Paris-XVIII. 

Pas  (Le  Comte  Edmond  de),  villa  Marguerite  Savigny-sur-Orge, 
(Seine-et-Oise)  (Eté).  —  L'Hiver  :  Cagnes  (Alpes-Maritimes). 

Passemard  (Emmanuel),  Villa  Naoh,  rue  d'Alsace,  Biarritz  (Basses- 
Pyrénées). 

Patte  (Etienne),  79,  rue  du  Connétable,  Chantilly  (Oise). 

Paul  (Mme),  5,  rue  Justin-Paul,  Etain  (Meuse). 

Paul  (Félix),  5,  rue  Justin-Paul,  Etain  (Meuse). 

Pavlow  (A.  P.),  Professeur  de  Géologie  à  l'Université,  Moscou 
(Russie). 

Peabody  (Charles),  Instructor  in  European  Archéology,  197, 
Brattle  Street,  Cambridge,  Mass.  (U.  S.  A.). 

Peabody  Muséum  of  Harvard  University,  Harvard  University, 
Cambridge,  Massachusseth  (U.  S.  A.). 

Pellegrin  (Charles),  Ingénieur  civil  des  Mines,  24,  rue  Emile- 
Zola,  Bessège  (Gard). 

Perrier  (Louis),  D.  M.,  Professeur  chargé  du  cours  d'Anthropologie 
à  la  Faculté  libre  protestante,  rue  du  Moustier,  8,  Montauban 
(Tarn-et-Garonne). 

Petit  (M.)  (Le  Capitaine),  1er  Etranger,  Guercif,  Maroc-Oriental. 

Pézard  (Georges),  Capitaine  au  94e  Régiment  d'Infanterie,  Bar-le- 
Duc  (Meuse). 

Philippe  (L'abbé  J.),  Curé,  Breuilpont  (Eure). 

Philippe  (Eugène),  Percepteur,  46,  rue  du  Faubourg-Saint-André, 
Beauvais  (Oise). 

Pigorini  (Dr  Louis),  Directeur  du  Museo  Preistorico,  Etnografico  e 
Kircheriano,  26,  Via  Collegio  Romano,  Rome  (Italie). 

Pinchon,  D.  M.,  Médecin-major  de  2e  classe,  au  29e  Dragons» 
Provins  (Seine-et-Marne). 

Pinon  (Paul),  Délégué-adjoint  de  Madagaseur  et  Dépendances, 
près  l'Office  Colonial,  37,  rue  de  Simplon,  Paris. 

Piroutet,  Licencié  ès-sciences,  Salins  (Jura). 

Pistât  (Louis),  171,  rue  du  Barbâtre,  Reims  (Marne). 

Plainchamp  (M.),  29,  boulevard  Murât,  Paris-XVI. 

Plessier  (L.),  Ancien  Président  de  la  Société  historique,  9,  rue  de 
Lancry,  Compiègne    (Oise). 

Poilane  (Alfred),  Huissier,  Montre vault  (Maine-et-Loire). 

Poisson  (Georges),  Ingénieur  en  chef  des  Ponts  et  Chaussées,  1, 
Cité  Vaudoit,  Clermont-Ferrand  (Puy-de-Dôme). 


LISTE     DES     MEMBRES  23 

Pokrowsky  (Alexandre),  Professeur  agrégé  de  l'Université  de 
Kharkow,  rue  Technologuitcheskaja,  Kharkow  (Russie). 

Pons  (Raymond),  Maire  de  Reillac,  par  Livernon  (Lot). 

Pontier,  D.-M.,  Géologue,  Lumbres  (Pas-de-Calais). 

Postel  (Gustave),  à  la  Madone,  Corneville-sur-Risle  (Eure). 

Poulain  (Georges),  Archéologue,  Saint-Pierre-d'Autils  (Eure). 

Poutiatin  (Prince  Paul  Arsenievitch),  Basseinaja,  60,  log.  68, 
Saint-Pétersbourg  (Russie). 

Prudhomme  (Maurice),  Propriétaire,  54,  rue  Vinchon  Laon  (Aisne). 

Quénel  (Clément),  19,  rue  des  Goguenettes,  Compiègne  (Oise). 
Quillier,  Archéologue,  18,  rue  Saint-Luc,  Châteauroux  (Indre). 

Ramond-Gontaud,  Assistant  au  Muséum,  18,  rue  Louis-Philippe, 
Neuilly-sur-Seine  (Seine). 

Raspail  (Mme  Juliette  François-),  11,  rue  Joseph-Bara,  Paris-VI. 

Rasquin  (Albert  de),  Ingénieur,  26,  rue  Martin- Bidouré,  Constantine 
(Algérie). 

Ratinet  (M.),  Inspecteur  des  Contributions  indirectes,  Chaumont 
(Haute-Marne). 

Rau  (Général  de  division,  du  cadre  de  réserve),  67,  rue  de  Miromesnil, 
Paris-VIII (Hiver);  —  La  Frécheuse,  près  Sedan  (Ardennes)  (Été). 

Raymond  (Paul),  D.  M . ,  Professeur  agrégé  des  Facultés  de  Médecine, 
34,  avenue  Kléber,  Paris-XVI . 

Raynaud  (Georges),  21,  rue  Saint-Paul,  Paris-IV. 

Reber  (B.),  Conseiller  municipal,  Conservateur  du  Musée  épigra- 
phique,  3,  cour  Saint-Pierre,  Genève  (Suisse). 

Renault   (Georges),  Conserv.  du  Musée,  Vendôme  (Loir-et-Cher). 

Rey  (Lucien),  Ingénieur,  60,  rue  des  Mathurins,  Paris-VIII. 

Reynier  (Ph.),  Lizy-sur-Ourcq  (Seine-et-Marne). 

Reygasse  (Maurice),  Administrateur- adjoint,  Tebessa  (Algérie). 

Ricaud  (Mme),  118,  Boulevard  Voltaire,  Paris-XI. 

Roberdet  (Gaston),  5,  rue  d'Espagne,  Tunis  (Afrique  du  Nord). 

Roche  (Gaston),  Garde  général  des  Eaux  et  des  Forêts,  Batna 
(Algérie). 

Rodet  (Paul),  D.  M.,  36,  boulevard  du  Righi,  Nice  (Alpes-Mari- 
times). 

Roland,  Instituteur,  Villevenard  (Marne). 

Rollet  (H.),  Président  de  V Association  des  Naturalistes  de  Levallois- 
Perret,  62,  rue  Voltaire,  Levallois-Perret  (Seine). 

Romain  (Georges),  Courtier,  Correspondant  de  l'Ecole  d'Anthropo- 
logie de  Paris,  26,  rue  du  Gymnase,  Sainte-Adresse  (Seine- 
Inférieure). 


24  SOCIÉTÉ     PRÉHISTORIQUE     FRANÇAISE 

Romieu  (André),  D.  M.,  32,  rue  Balard,  Montpellier  (Hérault). 
Romieu  (Marc),  Chef  de  laboratoire  à  la  Faculté  de  Médecine  32,  rue 

Balard,  Montpellier  (Hérault). 
Rothschild  (Baron  Edmond  de),  41,  faub.  St-Honoré,  Paris-VIII. 
Rougé  (Jacques),  Ligueil  (Indre-et-Loire). 

Roulleaux-Dugage  (G.),  Député  de  l'Orne,  Maire.  Rouelle  (Orne). 
Rousseau  (Lucien),   Propriétaire,    Cheffois,  par    La  Châtaigneraie, 

(Vendée). 
Rousseau  (Philéas),  Institut1"  public,  Simon-la- Vineuse  (Vendée). 
Roussel  (Georges),  Négociant,  Les  Grandes  Ventes  (Seine-Infre). 
Rouxel  (Georges),  58,  quai  Alexandre  III,  Cherbourg  (Manche). 
Rutot  (A.),  Conservateur  du  Musée  Royal   d'Histoire  Naturelle  de 

Belgique,  membre  de  V Académie   royale  de  Belgique,   189,  rue 

de  la  Loi,  Bruxelles  (Belgique). 

Sage  ^Marius),  Facteur  des  Postes,  Malemort  (Vaucluse). 
Saint-Didier  (Baron  de),  1  bis,  place  de  l'Aima,  Paris-XVI. 
Saint-Périer  (Comte  René  de),  D.  M.,  24,  rue  du  Bac,  Paris-VII. 

*  Saint- Venant  (J.  de),  Inspect.  des  eaux  et  forêts,  1,  rue  de  la  Petite- 

Armée,  Bourges  (Cher). 
Salle  (Robert),  Médecin  aide-major,  30,  rue  Jeanne  d'Arc,  Nancy 

(Meurthe-et-Moselle).  » 

Salle  (Louis),  Directeur  du  Trait  d'union  commercial,  69,  rue  de  la 

République,  Rouen^(Seine-Inférieure) . 
Salomon  (A.),  Conducteur  des  Ponts   et  Chaussées,  44,  rue  Gam- 

betta,  Bapaume  (Pasde-Calais). 
Sandars    (Horace),    10H,   Queen    Anne's    Mansions,  Westminster, 

London,  SW  (Angleterre). 
Sarasin    (Fritz),  Docteur  ès-sciences  et  en  médecine,  Directeur  du 

Musée  zoologique  de  Baie,  Spitalstrasse,  22,  Bâle  (Suisse). 
Sartorius-Preiswerk  (F.),  Arlesheim,  près  Bâle  (Suisse). 
Savoye  (Me  M.),  Odenas  (Rhône). 
Schaudel    (L.),  Receveur  principal  des   Douanes,  43,  rue    Jeanne- 

d'Arc,  Nancy  (Meurthe-et-Moselle). 
Schetelig(Pf  Haakon),  Conservateur  du  Musée,  Bergen  (Norvège). 
Scheurer  (Ferdinand),  Corr.  Min.  I.  P.,  21,  Rue  de  Turenne,  Belfort. 
.  Schleicher  (Ch.),  Palethnologue,  34  bis,  rue  Molitor,  Paris-XVI. 
Schmidt  (F.),  .  Ingénieur    civil    des    Mines,    125,    rue    de    Rome. 

Paris-XVIK 

*  Schmidt  (0.),  86,  rue  de  Grenelle,  Paris-VII. 

Schmit  (Emile),  Pharmacien,  24,  rue  Saint-Jacques,  Châlons-sur- 
Marne  (Marne). 

Schmit  (Valdemar),  D.  M.,  Professeur  à  l'Université,  Musée  natio- 
nal, 12,  Frederiksholm  Canal,  Copenhague  K  (Danemark). 


LISTE     DES      MEMBRES  25 

Sellier  (A.),  Fatigrafo,  Galle  San-Andrès,  9,  La  Coruna  (Espagne). 

Siffre,  D.M.,  97,  Boulevard  Saint-Michel,  Paris-V. 

Siret  (Louis),  Ingénieur,  Guevas-de-Vera,  province  d'Almeria 
(Espagne). 

Societa  Archeologica,  place  Roma,  7,  Corne  (Italie). 

Société  française  des  Fouilles  archéologiques,  29,  rue  Tronchet, 
Paris-Vin. 

Société  Jersiaise  (M.  E.  Toulmin-Nicolle,  Secrétaire),  9,  Pier 
Road,  Jersey  (Angleterre). 

Société  d Histoire  naturelle  de  Loir-et-Cher  (M.  le  Président  de  la), 
Blois  (Loir-et-Cher). 

Société  d'Études  des  Sciences  naturelles  de  Nimes  (M.  le  Président 
de  la),  quai  de  la  Fontaine,  Nîmes  (Gard). 

Socley,  Archéologue,  17,  Quai  Gauthey,  Dijon  (Côte-d'Or). 

Soubeyran  (Emile),  D.  M.,  Andeville  (Oise). 

Soudan  (Edward),  Luzy  (Nièvre). 

Soulingeas  (Joseph-Ambroise),  19,  rue  Albouy,  Paris-X. 

Sourdille,  D.  M.,  Ex-Interne  des  Hôpitaux  de  Paris,  Chirurgien 
suppléant  des  hôpitaux,  11,  rue  Kléber,  Nantes  (Loire-Infé- 
rieure). 

Spas,  Directeur  du  service  des  Douanes,  Bastia  (Corse). 

Sturge  (Allen),  D.  M.,  Icklingham  Hall,  Mildenhall,  Suffolk  (Angle- 
terre). 

Tabariès  de  Grandsaignes,  44,  rue  d'Auteuil,  Paris-Auteuil. 

Tapp,  Archéologue,  57,  Saint-James  Street,  Piccadilly,  S.  W.  Lon- 
dres (Angleterre). 

Tarbé  des  Sarlons,  34,  avenue  de  Chatillon,  Paris. 

Tatarinoff  (Eug.),  Professeur,  directeur  du  Musée,  Soleure  (Suisse). 

Taté  (E.),  123,  avenue  Mozart,  Paris-XVI. 

Taté  fils  (Claude),  Etudiant,  123,  avenue  Mozart,  Paris-XVI. 

Terrade  (Albert),  Conducteur  des  Travaux  au  Canal  du  Nord? 
33  bis,  rue  de  Rouen,  Beauvais  (Oise). 

Tessier  (Georges),  D.  M.,  Villa  Ketty,  rue  Gambetta,  Biarritz 
(Basses-Pyrénées). 

Testot-Ferry  (A.),  Capitaine  de  frégate,  48,  boulevard  de  la  Blan- 
carde,  Marseille  (Bouches-du-Rhône). 

Testut  (Léo),  D.  M.,  Professeur  d'Anatomie  à  la  Faculté  de  Mé- 
decine de  l'Université,  3,  avenue  de  l'Archevêché,  Lyon 
(Rhône). 

Théoleyre,  Archéologue,  52,  rue  du  Roi  de  Sicile,  Paris-IV. 

Thierry  (Paul),   106,  rue  Vercingétorix,  Paris-XIVe. 

Thiot  (L.),  Palethnologue,  Marissel,  par  Beauvais  (Oise). 

Thuret,  Propriétaire,  Château  de  Chabontière,  Sers  (Charente). 


26  SOCIÉTÉ      PRÉHISTORIQUE     FRANÇAISE 

Touflet  (Albert),  Palethnologue,  Rugles  (Eure). 
Trassagnac,  D.  M.,  Médecin-major  de  lre  classe,  5e  Régiment  d'ar- 
tillerie, Verdun  (Meuse). 
Tryon-Montalembert  (Le  Marquis  de),  5, rue  Monsieur,  Paris-VII. 

Urpar  (Jules),  D.  M.,  28,  rue  des  Arènes,  Arles-sur-Rhône  (Bouches- 
du-Rhône). 

Varaldi  (René),  Ingénieur-chimiste,  Cannes,  La  Bocca  (Alpes-Mari- 
times). 
Vareilles  (Léon),  3,  rue  Bonneterie,  Avignon  (Vaucluse). 
Vassy  (A.),  Fabricant  de  produits  pharmaceutiques,  route  de  Lyon, 

Vienne  (Isère) . 
Vauvillé  (0.),  Archéologue,    17,  rue    Ghristiani,    Paris-XVIII;    — 

Eté  :  Pommiers  (Aisne). 
Veber  (René),  Avocat,  avoué  agréé  au  Tribunal  de  Commerce,  20, 

rue  Rotrou,  Dreux  (Eure-et-Loir). 
Vedel  (Louis),  Géologue,  Molières-sur-Cèze  (Gard). 
Vésignié  (Louis),  Capit.  d'artillerie,  2,  rue  de  Dun,  Bourges  (Cher). 
Vetel,  Sous  Chef  de  Bureau  à  la  Préfecture  de  Police,  49,  rue  Mon- 

sieur-le-Prince,  Paris  VI. 
Vial  (Honoré),  Propriétaire,  rue  de  la  République,  6_,   Le  Cannet, 

(Alpes-Maritimes). 
Vialis  (René),  Adjoint  principal    des   Affaires  indigènes,   Sélibaby 

(Mauritanie). 
Vigoureux  (E.C.),  Consul    général  de  la    République  Argentine    à 

Monaco,  27,  rue  d'Angleterre,  Nice  (Alpes-Maritimes). 
Villaret  (Ë.  de)  (Général),  Chef  de  la  Mission  militaire  française  en 

Grèce,  Athènes  (Grèce). 
Villeneuve  (Chanoine  L.  de),  Directeur    du  Musée  Anthropologique 

de  Monaco,  Monaco. 
Villemereuil  (Adrien  de),  o2bis,  boulev.  Saint-Jacques,  Paris-XlV. 
Viollier,  Conservateur  du  Musée  National  Suisse,  Zurich  (Suisse). 
Viot  (Jean),  Etudiant  ès-Science,  Chatillon-Coligny  (Loiret). 
Viré  (Armand),  Docteur  ès-sciences,  Directeur  de   Laboratoire  au 

Muséum  d'Histoire  naturelle,  8,  rue  Lagarde,  Paris-V  (Hiver).  — 

Souillac  (Lot)  (Eté). 
Voinot,  D.  M.,  Haroué  (Meurthe-et-Moselle). 
Vouga  (Paul),  D.    Phil.,    Conservateur   du    Musée    archéologique, 

Neuchâtel  (Suisse). 

WEisE(Mme),  58  bis,  rue  d'Assas,  Paris-VI. 

Westropp  (Thomas  Johnson),  M.  A.,  M.  R.  LA.,  115,  StrandRoad, 
Sandymount,  Dublin   (Irlande). 


LISTES    DES    MEMBRES  27 

Wiedmer-Stern  (J.),  ancien  Président  de  la  Société  Suisse  de  Préhis- 
toire^ Rabbenthal  Trepp,  10,  Berne  (Suisse). 

Wuhrer  (Mlle  M.  L.),  66,  rue  Gay-Lussac,  Paris-V. 

Zaborowski  (S.),  Professeur  à  l'Ecole  d'Anthropologie  de  Paris, 
ancien  Président  de  la  Société  d'Anthropologie  de  Paris, 
18,  rue  des  Aubépines,  Thiais  (Seine). 


-*— <" 


Services  et  Echanges. 

A.  —  France  [Services]. 

Bibliothèque  :  Société  Préhistorique  Française,  250,  rue  Saint- 
Jacques,  Paris-V. 

Laboratoire  :  Société  Préhistorique  Française,  250,  rue  Saint- 
Jacques,  Paris-V. 

Secrétariat  Général  :  Société  Préhistorique  Française,  21,  rue 
Linné,  Paris-V. 

Trésorerie  :  Société  Préhistorique  Française,  M.  M.  Gillet,  30, 
rue  Gardenat-Lapostol,  Suresnes  (Seine). 

Commissions  :  Société  Préhistorique  Française  [Enceintes).  —  M.  A. 
Viré,  8,  rue  Lagarde,  Paris-V. 

B.  —  France  et  Etranger  [Echanges] . 

Revue  Anthropologique  [Ecole  d'Anthropologie],   15,  rue  Ecole-de- 

Médecine,  Paris-VI. 
Prehistoric    Society    of  East   Anglia   W.    G.    Clarke,     12,    Saint- 

Philip's  Road,  Norwich  (Angleterre). 


28  SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

Membres  donateurs. 

MM.  Prince    Roland    Bonaparte.   —  +  Lionel    Bonnemère.    — 

Mme  Lionel  Bonnemère.  —  Léon  Coutil.   —  Louis  Giraux. 

—  Docteur  A.  Guébhard.  —  M.  Le  Bel.  —  -j-  Henri  Marot. 

Docteur  Henri    Martin.  — Mme  Mautalent     —   J.    Pagès- 

Allary.   —    Docteur  Paul  Raymond.  —  Baron  Edmond   de 

Rothschild.  —  -J-  Baron    Gust.  de   Rothschild.  —  Lucien 

Rousseau. 

Membres  à  vie. 
MM.  G.  Courty(1910);  Henri  Giraux  (1911);  Louis  Giraux(1910)  ; 

Dr   A.    Guébhard    (1904)  ;     Georges   de    Manteyer   (1908)  ; 

Mme  Charles-Henri  Martin  (1910)  ;  Mme   Mautalent  (1910)  ; 

M.  le  Baron  Edmond  de  Rothschild  (1904);  M.    L.    Coutil 

(1911);  Fasset-Arbouin  (1912). 

Membres  décédés  (1). 
MM.  *  Marquis  de  Ligneris  (fl904).  —  *  Gillet  (+1904).  — 
*  Vouga  (+1904).—  *  Marquis  de  Nadaillac  (+1904).—*  Paul 
Nicole,  ancien  Vice-président  (+  1904).  —  Vicomte  René  de 
Montjoye  (+1905).  —  *  Bonnemère  (Lionel)  ,  ancien  Pré- 
sident (f  1905).  -  Tomasi  (P.)  (f  1906).  —  Alix  (G.)  (+1906). 
Piette,  Président  d'Honneur  (+1906).  —  Ramonet  (+1906). 
E.  Fourdrignier,  ancien  Vice-président  (+1907).  —  Dr  Ma- 
chelard  (+1908).  —  F.  Arnaud  (f  1908).  —  Houle  (+1908). 
V.  Bogisic  (+1908).  —  R.  de  Ricard  1+1908).  —  *  Lombard- 
Dumas  (+1909).  Dumas  (Ulysse)  (+1909).  —  Babeau  (Louis) 
(+1909). —  Pranishnikoff  (Ivan)  (+1909). —  Audéoud,  Géné- 
ral (+1909).  —  Chantecler  (Charles)  (+1909).  —  Andrews 
(J.  B.)  (+  1909).  —  Wavre  (William)  (+  1909).  —  Champagne 
(+1910).  —  Léon  Robert  (+1910).  —  Bussière  (+1910).  — 
Tabariès  de  Grandsaignes  (+1910).  —  Meyer  (Théodore) 
(+  1910).  —  Bellier  (+1910).  —  Girod  (Dr  P.)  (f  1911).  — 
Mallet  (+1911).  —  *  H  Marot  (+1911).  —  Rialland  (+1911). 
*Bon  G.  de  Rotschild  (+1911). —  P.  du  Chatellier  (+  1911). 
Fougerat  (+  1911).  —  0.  Heuzé  (f  1911).  —  Santos  Rocha 
(A.  dos)  (f  1911).  —  Derens  (+  1912).  —  k  Bonnet (+1912).  — 
Heierli  (+  1912).  —  Delaunay  (j-  1912).  —  Pol-Baudet 
(+  1912).  —  *  Stalin  (+  1912).— Moreau  de  Néris^+1912).  — 
Valérian  (Isidore)  (+1912).  —  Forel  (+1912).  —  Dr  Naulin 
(+  1913).  —  Lorrin  (+  1913).  —  Th.  Baudon  (+  1913).  —  Le 
Coniat  (+  1913).  —  C.  Vire  (+  1913).  —  Solon  (+  1913).  — 
Puech  (+  1913).  —  Brochet  (+1914).  —  *  H.  Marmottan 
(+  1914).  -  Martial  Imbert  (+  1914).  —  Pader  (f  1914).  — 
J.  Déchelette  (G.)  (+  1914).  —  Audéoud  (G.)  (f  1914).  — 
Letailleur  (+  1914).  —  Schwaeblé  (G.)  (+1914).  —  Dr  Ber- 
tholon •(+  1914).  —  Cne  Maurice  Bourlon  (G.)  (+  1914).  — 
Désiré  Douet  (f  1915). 

Membres  morts  au  Champ  d'Honneur  (1914-1915). 

MM.  J.  Déchelette.  —  Cf  Audéoud.  —  Cl  Schwaeblé.  —  Cne  M. 
Bourlon.    . 

(t)  *  Membres    Fondateurs.  —   (G.),   Tués  à  l'ennemi  (Guerre  de  1914-1915).  — 
•f  décédés. 


LISTE  DES  MEMBRES  DE  LA  SOCIETE  PREHISTORIQUE  FRANÇAISE 
par  Pays  et  Départements  français. 


I.  —  France. 
1°  Départements , 


Aisne  :  Bourdon.  —  Brunehault.  — 
Delvincourt.—  Leloutre.  — Vauvillé. 

Alpes  (Basses):  Benoist.-Chaillan  (L'abbé) 

Alpes    (Hautes)  :  —   G.    de  Manteyer. 

Alpes- Mari  Urnes  :  Ambeyrac.  —  Chiris 
(M.).  —  Goby  (P.).  —  Guébhard  (A.). 

—  Guébhard  (R.).  —  Pas  (Comte 
E.  de).  —  P.  Rodet.  —  Varaldi.  — 
Vial  (H.).  —  Vigoureux. 

Ardèche  :  Boissy  d' Anglas .  -  Jullien  (Dr). 
Ardennes  :  Gollaye.    —   Larmigny.  — 

Général  Rau. 
Ariège  :  Comte  Bégouen. 
Aube  :  Bachimont.  —  Oudot. 
-4wde:Courrent.  —  Gimon. 
Aveyron  :  Galmels. 
Belfort  :    Bouchot.    —    Lablotier.    — 

Scheurer. 
B.-du-Rhône  :  Bout  de  Charlemont.  — 

Clastrier.  —  de  Gérin-Ricard.—  Icard. 

—  Joleaud.  —  Urpar. 

Calvados  :  Mme  Caillaud.  —  Dr  Doranlo. 

—  Pr  Gidon.  —  Leroy. 

Cantal  :  Bourgeade.  —  Maury.  —  Pa- 
gès-Allary. 

Charente  :  Coiffard.  —  Deserces.  — 
Favraud.  —  Delamain.  —  Fasset- 
Arbouin.  —  Jarraud.  —  Marchadier. 

—  Thuret. 
Charente-Inférieure  :  Atgier.  —  Cousset. 

—  0.  Desmazières.  —  Garnier.  — 
Garnier  (Mlle). 

Cher  :  Vésignié   (L.).  —    Dervieu. 
Corse  :  G'   Ferton.   —  Forsyth  Major. 

Marchandeau.  —  Spas. 
Côte-d'Or:   Bouillerot  (R.).  —  Boyard. 

—  Corot  (M.).  —  Hutinel.  —  Lambert. 

—  Socley. 

Côtes-du-Nord  :  Bellefontaine.  —  Bou- 
tillier  du  Retail  (M™).  —  Colleu.  — 
Petit. 

Dordogne:  Aublant  (Ch.).  —  Bourrinet. 

—  Maury.  —  Pr  Peyrot.  —  Fleurieu 
(de). 

Doubs  :    Laboratoire    de    Géologie.  — 

Musée  archéol 
Brème:  Martin  (Anfos).  — Catelan.' 
Eure  :  Barbier.  —  Baudoux.  —  Coutil 

(L.).  —  Desloges.  —  Huguenet.   — 

Philippe    (L'abbé).    —   Poulain.   — 

Postel.  —  Touflet.  —  Veber. 
Eure-et-Loir  :  Jousset  de  Bellesme.  — 

Fouju. 
Finistère  :  Bertheau.  —   Delaporte.  — 

Devoir.  —  Guenin. 
Gard  :  Bourrilly.  —  Ducerf.  —  Dumas 

(Mej.  —  Féraud.  —  Granet.  —  Hugues. 

—  Musée  des  Antiquités .  —  Perrier. 

—  P.  Raymond.  —  Soc.  Se.  Nat. 
Nîmes.  —  Vedel. 

Garonne  (Haute)  :  Andrieu.  —  Begouen 

(Cte).  —  E.  Gartailhac. 
Gers  :  Mazéret.  —  Laroze. 
Gironde:  Bardié.  —  Gonil.  —  Daleau. 


—  Guignaber.  —  Guy.  —  Harlé.  — 

—  Labrie.  —  Lalanne. 

Hérault  :  Albaille.  —  Amis  du  Musée  de 
St-Pons.—  Baquié. —  Cazalis  de  Fon- 
douce.  —  Gennevaux.  —  Genson.  — 
Givord.  —  Marignan.  —  Miquel.  — 
Romieu.  —  Dr  Romieu. 

Indre  :  Quillier. 

Indre-et-Loire  :  Allouard.  —   Barreau. 

—  Ghaumier.  —  Gaurichon.  —  Rou- 
ge. 

Isère  :  Jacquot.  —  Mûller.  —   Vassy. 
Jura  :  Feuvrier.  —  Girardot.—  Lebrun. 

—  Lejay.  —  Mollau.  —  Piroutet. 
Landes  :  Dubalen  (E.). 

Loiret  :  Cloutrier.  —  Viot. 
Loir-et-Cher  :   Aubin.  —  Florance.  — 

Clément.  —  Houssay.  —  Renault.  — 

Soc.  d'Hisl.  nat.  de  Blois. 
Loire-Inférieure  :  Gasnier.  —  Leroux. 

—  Sourdille. 

Lot:  Malga.— Viré  (A.).— Chomereau. 

Maine-et-Loire  :  Blavier.  —  Fiévé.  — 
Mennetrier.  —  Poilane. 

Manche:  Crova  (Mrae).  —  Crova.  — 
Dulot.       Rouxel. 

Marne  :  Bosteaux-Paris.  —  Carré.  — 
Chance.  —  Demitra.  —  Gardez.  — 
Guelliot.  —  Guillaume.  —  Laire.  — 
Lemaitre.  —  Meurisse.  —  Perrin- 
Couvreur.  —  Pistât.  —  Roland.  -- 
Schmit  (E.). 

Marne  (Haute-):  Ratinet.  —  Drioux. 

Meurthe-et-Moselle:  Beaupré  (Cte  J.). 

.  —  Goury  (G.).  '—  Laprévote.  — 
Martz.  —  Novital  (de).  —  Salle  (R.). 
—  Schaudel  (L.).  —  Voinot. 

Meuse:  Evrard.  —  Lénez.  —  Paul  (Me). 

—  Paul  (F.).  —  Pézard.  —  Trassa- 
gnac. 

Morbihan  :  Aveneau  de  la  Grancière. 
Nièvre  :  Delort.  —  Desforges.  — Saint- 
Venant  (de).  —  Soudan. 
Oise  :  Barbier.  —  Baurain.  —  Boulet. 

—  Boutanquoi.  —  Hémery.  —  De- 
noyelle.—  Lamotte.  —  Patte.—  Phi- 
lippe. —  Plessier.  —  Quénel.  —  Sou- 
beyran.  —  Thiot.  —  Terrade. 

Orne:  Foucault.  —  Hommey.  —  Nobis. 

—  Roulleau-Dugage. 
Pas-de-Calais  :  Benoist.  —  Collet  (A.).' 

—  Dharvent.  —  Comte  de  Pas.  — 
Pontier.  —  Salomon. 

Puy-de-Dôme  :  Aymar.  —  Charvilhat 
(G.).—  G.  Poisson. 

Pyrénées  (Basses-)  :  Passemard.  — 
Tessier. 

Pyrénées  (Orientales)  :  Aragon.  — 
Dr  Domezan. 

Rhône  :  Chantre  (E.)-  —  Gaillard.  — 
Savoye  (M*)-.  —  Testut  (Léo). 

Saône-et- Loire  :  Berthier  (V.).  —  Bi- 
dault de   Gressigny.   —  Gadant.  — 


30 


LISTE    DES    MEMBRES 


Grillet.  —  Lafay.  —  Lissajous  (M.). 
—  Marlot.   —  Menand. 

Saône  {Haute-)  :  Druher.  —   Gasser. 

Sarthe    :    Cartereau.  —  Leroy  (GA 

Savoie  :  Blanc  (Baron  A.). 

Savoie  (Haute-)  :    L.  Duvaux. 

Heine.  Paris  :  Adler.  —  Ballet.  —  P. 
Baud.  —  Baudouin  (VI.).  —  Bertin 
(A.).  —  Blin.  —  Bloch.  —  Boisy 
d'Anglas.  —  Bonaparte  (Prince).  — 
Bordage.  —  Bougault  (Alf.).  —  Bous- 
quet. —  Brice-Cardot  (Me).  --  Bouil- 
let.  —  Buchin.  —  Gamichel.  — 
Camps  (Mme).  —  Camus  (P.).  — 
Cantacuzène.  —  Prince  (G.).  — 
Cathelin  (T>r).  —  Chapelet.  — 
Chervin.   —   Chevallier.    —    Célos. 

—  Clair  (L.).  —    Colin.  —  Courty. 

—  Denier.  —  Desailly.  —  Devrolle. 

—  Devrolle  (les  fils  d'Em.).  —  Dol- 
lot.  —  Ducourtioux.  —  Drouet.  — 
Ferrier.  —  Foucher.  —  Fougeret 
(Me).  —  Fouju.  —  Gamber.  —  Gau- 
delette.  —  Géneau.  —  H.  Giraux.  — 
Givenchy  (de).  —  Gorey.  —  Gui- 
chard.  —  Guillon.  —  Guimet.  — 
Guyochin.  —  Hamonic.  —  Hanotaux 
(G.).   —  Harmois  Henri.  —   Hébert. 

—  Henriot.  -  Héomet.  —  Hautin.  — 
Hermann.  —  Houry.  —  Hue.  — 
Huret.  —  Jodin.  —  Jullian  (C).  — 
Kreutzer,  -r  Laguionie.    —  Le  Bel. 

—  Lecomte  du  Noùy.  —  Le    Maire. 

—  Luppé  (Mme  de) .  —  Martel.  — 
Martin      (Bernard).      —      Martin 

(Mme   Gh.    H.).    -    Martin    (H.). 

—  Maudemain.  —  Mautalent   (Me). 

—  Miguet.  —  Morin  Jean.  — 
Mortillet  (A.  de).  —  Mortillet(P.  de). 

—  Neveu  (R.).  —  Nourry.  —  Pa- 
niagua  (de).  —  Pinon.  —  Plaiu- 
champ.  —  Rau.  —  Raymond.  — 
Raynaud.  —  Raspail  (Mme).  —  Rey. 

—  Roy.  —  Rothschild  (E.  de).  — 
Ricaud  (Mme).  —  Saint-Périer  (de). 

—  Saint-Didier.  —  Schleicher  (Gh  ). 
Schmidt  (F.).  —  Schmidt  (0.).  — 
Siffre.  —  Soulingeas.  —  Tryon- 
Montalembert  (de).  —  Société  fran- 
çaise des  Fouilles  Archéologiques .  — 


Stéchert.  —  Tabariès  de  Grand- 
saignes  fils.  —  Tailleur.  —  Tarbé 
des  tablons.  —  Taté.— -  Taté  fils.  — 
Théoleyre.  —  Vauvillé.  —  Vetel  — 
Viré  (Armand).  —  Weise  (Me).  — 
Wùhrer  (M110). 
Seine.  Dép.  :   Cazenave.    —  Dramard. 

—  Gaillot.  —  Gillet.  —  Giraux  (L.).  — 
Héomet.  —  Heuzé.  —  Langlassé.  — 
Meunier. —  Morgand.  —  Mousson- 
Lanauze.  —  Plainchamp.  —  Ramond- 
Gontaud.  —   Rollet.  —  Zaborowski. 

Seine-et-Marne  :  Bazin.  —  Bellier.  — 
Berthiaux  (S.).  —  Colas.  —  Dalmon. 

—  Doigneau.  —  Durand.  —  Ede.  — 
Gillet.  —  Leclerc.  —  Marmagne.  — 
Massé.  —  Pinchon.  —  Reynier. 

Seine-el-Oise  :  Atgier.  —  Bonneau.  — 
Bossavy.  —  Colas  (E.).  —  Graff.  — 
Frappier.  —  Hincelin  (M.).  —  Hubert. 

—  Hutteau.  —  Legrand.  —  Leprince 
CMlle)  —  Lesueur.  —  Létienne.  — 
Meunier. — Tryon-Montalembert(de). 

Seine-Inférieure  :  Bachelay  (E.).  — 
Brasseur.  —  Brognard.  — Cahen(A.). 

—  Cauderay.—  Costa  de  Beauregard. 

—  Deglatigny.  —  Dubus.  —  Dupont.— 
Fleury.  —  Gadeau  de  Kerville.  — 
Morel.  —  Romain.  —  Salle. 

Sèvres  (Deux-):  E.  Bocquier. 

Somme  :  Boulanger.  —   Gommont.  — 

Tarn  :  Gamichel. 

T arn-et- Garonne  :  Alibert.—  E.  Garris- 

son.  —  Perrier. 
Var  :  Barbier.   —  Bottin.  —  Bossavy 

(L).  —  Dauphin  (L.).  —  Moulin.  — 

Testot-Ferry. 
Vaucluse  :  Aûgier.    —  Barthélémv.  — 

Bayol.  —  Cassin(P.,i.  — Chatelet"(C). 

—  "Cotte.  —  Deydier.  —  Lazard  (F.). 

—  Malaussène.  —  Martel.  — Masse. 
Moirenc.  —  Nerson.  —  Sage.  —  Va- 
reilles. 

Vendée  :  Baudouin  (Marcel). —  Boismo- 
reau.  —  Gaudin.  —  L.  Rousseau;  — 
Ph.  Rousseau. 

Vienne  :  Audinet.  —  Gobillot.  — 
Chauvet. 

Vienne  (Hte):  Masfrand. 

Yonne  :  —  Brulard. 


2°  Colonies. 


Algérie:  Debruge.  —  Mercier.  —  Ras- 
quin  (de).    —    Revgasse.  —   Roche 
(G.). 
Calédonie  (Nouvelle)  :   Archambaud. 
Oran  (Dép.)  :  Estaunié    —  Petit. 


Maroc  :  Mennétrier.  —  Petit. 
Sénégal-Niger  :  Bossavy. 
Tunisie    :  Espina.    —  Gaillot.  —  Guil- 
laume. —  Lanson.  —  Roberdet. 
Madagascar  :  Barthère.  —  Jodin. 


II.  —  Étranger. 


Alsace- Lorraine:   Forrer.  —  Fuchs.   — 
Kessler.  —  Matthis. 


Angleterre:  Dulau.   —  Garfitt.  —  de 
Guérin  (Guernesey).   —   Lewis.  — - 


SOCIETE      PREHISTORIQUE     FRANÇAISE 


31 


Mac  Alister.  —  Mann.  —  Sandars. 
—  Sturge  (Allen).  —  Tapp.  —  So- 
ciété Jersiaise  (Jersey). 

Belgique  :  Dabadie.  —  Exsteens.  — 
Hamal-Nandrin.  —  Jacques  (Dr).  — 
Nœns.  —  Maertens.  —  Musées  Royaux. 
—   Rutol. 

Canada  :  Bénard  (Paul). 

Danemark  :  Schmidt  (Valdemar). 

Ecosse  :  R.   Munro. 

Espagne  :  Conde  de  la  Veza  dell 
Sella.  —  Sellier.  —  Siret. 

Etats-Unis:   Peabody. 

Irlande  :  Westropp. 

Italie  :  D'AU  Osso.  —  E.  Berry.  — 
Bellucci  (J.).  —  Gastelfranco.  — 
Colini.  —  Magni.  —  Pigorini.  —Soc. 
arch.  Comense. 


Mauritanie  :  Violis  (R.). 

Mexique  :    Institut  géologique. 

Monaco   :  Villeneuve  (Chanoine  de). 

Norvège  :  Schetelig  (Pr  H  ). 

Portugal  :  Fontes  (J.). 

République  Argentine  :  Pr  Lehman n- 
Nitsche. 

Russie  :  Borosdine  (E.).  —  Gorodzow. 
—  Musée  impérial  historique  (Mos- 
cou). —  Pavlow(Pf)-  —  Pokrowsky 
(A.).  —  Poutiatin  (Prince). 

Suède  :  Almgren  (Dr  0.). 

Suisse:  Hauser.  —  Ingelbeen.  —  Mon- 
tandon.  —  Musée  (Zurich).  —  Oli- 
vier. —  Reber.  —  Sartorius  Preis- 
wek.  —  Sarrazin.  —  Viollier.  — 
Vouga.  —  Tatarinoff.  —  Wiedmer- 
Stern. 


Commission  des  Monuments  Mégalithiques  (1915). 

Sur  la  proposition  du  Conseil  d'Administration,  en  1909,  il  a  été  créé 
une  Commission  des  Monuments  Mégalithiques,  chargée  de  centra- 
liser tous  les  documents  et  d'étudier  toutes  les  questions  posées  au 
sujet  de  ces  vestiges  préhistoriques. 

Ont  été  nommés  membres  de  cette  Commission,  en  dehors  du  Pré- 
sident, du  Secrétaire  général,  du  Secrétaire  et  du  Trésorier,  faisant 
partie  de  droit  des  Grandes  Commissions  :  MM.  A.  de  Mortillet, 
H.  Martin,  A.  Guébhard,  A.  Viré,  L.  Coutil,  E.  Hue,  anciens  pré- 
sidents; MM.  Atgier,  ancien  vioe-président  ;  L.  Giraux,  ancien  tré- 
sorier ;  Fouju  et  0.  Desmazières  (C  .  I.). 

Par  suite,  la  Commission  est  composée,  en  totalité,  pour  1914,  des 
personnalités  suivantes  :  Dr  Atgier,  Dr  Marcel  Baudouin,  L.  Coutil, 
0.  Desmazières,  Fouju,  L.  Giraux,  M.  Gillet,  P.  de  Givenchy, 
A.  Guébhard,  E.  Hue,  Dr  Henri  Martin,  A.  de  Mortillet, 
A.  Viré. 


Délégués  départementaux  de  la  Société. 

Aublant    (Dordogne).    —    Dr     Marcel     Baudouin    (Vendée).     — 

—  J.  Beaupré  (Meurthe-et-Moselle)  —  V.  Berthier  (Saône- 
et-Loire).  —  Cazalis  de  Fondouce  (Hérault).   —    L.    Coutil  (Eure). 

—  A.  Debruge  (Constantine).  —  Doigneau  (Seine-et-Marne).  — 
Doranlo  (Calvados).  —  Ducourtioux  (Morbihan).  —  Florance 
(Loir-et-Cher).  —  Jullien  (Ardèche).  —  Gaurichon  (Indre-et-Loire). 

—  Girardot  (Jura).  —  Gobillot  (Vienne).  —  Dr  A.  Guébhard  (Alpes- 
Maritimes).  —  Jacquot  'Jsère).  —  F.  Mazauric  (Gard).  —  E.  Passe- 
mard  (Basses-Pyrénées).  —  Pagès-Allary  (Cantal).  —  L.  Schaudel 
(Meurthe-et-Moselle).  —  Thiot  (Oise). 


32  LISTE     DES     MEMBRES 

Liste  des  Présidents  de  la  Société. 

1904.  —  Emile  RIVIÈRE,  Président  fondateur. 

1905.  —  f  Lionel  BONNEMÈRE. 

1906.  —  Adrien  de  MORTILLET,  Président  d'Honneur. 

1907.  —  Dr  BALLET,  ancien  Médecin  militaire. 

1908.  —  f  Théodore  BAUDON,  D.  M.,  ancien  Député  de  l'Oise. 

1909.  —  Dr  A.  GUÉBHARD,  Professeur  agrégé  de    la    Faculté 

de  Médecine  de  Paris. 

1910.  —   Dr  H.  MARTIN,  ancien  Secrétaire  de  la  Société. 

1911.  —   L.    COUTIL,  ancien  Vice-président  de  la  Société. 

1912.  —  Armand  VIRÉ,  ancien  Vice-président  de  la  Société. 

1913.  —  Edmond  HUE,  ancien    Vice-président  de  la  Société. 
1914-1915.    —  Dr  ATGIER,  ancien   Vice-président  de  la  Société. 


AVIS  DIVERS 

Les  Membres,  prenant  part  aux  discussions,  sont  priés  de 
remettre  au  Secrétariat  une  note,  avant  la  fin  de  la  Séance 

(Art.  10.  du  Régi.). 

Par  Décision  ministérielle  du  20  mars  1907  [n°  5449],  les 
Militaires  sont  autorisés  à  faire  partie  de  la  Société  préhistorique 
Française  et  des  Congrès  préhistoriques  de  France  ;  mais  ils  ne  peu- 
vent y  remplir  aucune  fonction  d'Administration  ou  de  Direction. 


MÉMOIRES  DE  LA  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

Les  Mémoires  ne  sont  mis  en  vente  en  Librairie  qu'au  prix  de 
Vingt  Francs,  dans  les  mêmes  conditions  que  les  Rulletins  de  la  S. P. F. 

Aucune  remise  n'est  faite  aux  Libraires  sur  ce  prix. 

V  engagement  de  souscription  (Quinze  francs)  aux  Mémoires  n'est 
valable  que  pour  une  année  ;  mais  il  sera  toujours  renouvelé 
d'office,  sauf  contre-ordre  en  temps  voulu  (c'est-à-dire  six  mois 
avant  la  fin  de  Vannée  en  cours),  de  la  part  des  Souscripteurs. 


SEANCE  DU   28  JANVIER    1915 


Présidence  de  M.  LE  BEL. 


PROCÈS-VERBAL     DE    LA     SÉANCE 


La  Séance  est  ouverte  à  4  heures  sous  la  Présidence  de  M.  Le  Bel, 
Vice-Président. 

Il  est  donné  lecture  du  procès-verbal  de  la  dernière  séance  (24  Dé- 
cembre 1914),  qui  est  approuvé. 

A    propos    du    procès-verbal,    communications     de     M.    Harmois 

(Paris)    [Haches  polies   des    Côtes-du-Nord)  ;    M.    Hébert    (Paris)    et 
G.  Guénin  (Brest)  [Chanson  des  Fradets]. 

Correspondance. 

Lettres  d'Excuses  et  de  Condoléances.  —  MM.  le  Dr  A.  Guébhard;  — 
A.  Viré;  —  Ch.  Schleicher  ;  —  E.  Passemard  ;  —  Thiot  ;  —  L. 
Coutil;  —  L.  Schaudel  ;  —  J.  Viot  ;  —  Dr  Atgier. 

Lettres  de  Changements  d'adresses.  —  M.  F.  Schmidt  (Paris)  ; 
A.  Sellier. 

Lettres  d'Avis  de  Décès.  —  MmeDouET. 

Bibliothèque* 

La  Bibliothèque  de  la  Société  Préhistorique  Française  a  reçu  les 
ouvrages  suivants  : 

Proceedings  of  the  Prehistoric  Society  of  East  Anglia  for  1913-1914.  —  London, 
in-8°,  1914  [Volume  I,  partie  IV.  Dern.  fasc.  du  tome  I,  1908-1914; 
p.  385-491]. 

Baudouin  (Marcel).  —  Le  Rocher  du  Chiron  de  la  Vierge  à  Sculpture  pédiforme 
de  Pitié,  commune  de  La  Chapelle-Saint-Laurent  (D.-S.).  —  IX"  Congrès 
Préh.  de  France,  Lons-le-Saunier,  1913.  Par.,  1914,  p.  289-323,  4  fig.  — 
Tiré  à  part,  Paris,  1914,  in-8°,  35  p.,  4  fig. 

Baudouin  (Marcel).  —  Description  de  l'Allée  couverte  et  des  Menhirs  satellites  de 
La  Planche  à  Puare,  à  l'Ile  d'Yeu  (  Vendée).  —  IXe  Congrès  Préh.  de  France, 

SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  3 


34  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

Lons-le-Saunier,    1913.    Par.,    1914,   372-409,   15  fig.,  dont  4  pi.  h.  texte.  — 

Tiré  à  part,  in-8°,  40  p.,  15  fig. 
Baudouin  (Marcel).  —  La  Loi  de  Position  des  Menhirs  périsépulcraux  ou  entou- 
rant des  Mégalithes  funéraires.  —  Bull.    Soc.  Préh.  Franc.,  Paris,  1914,  25 

juin  et  23  juillet.  —  Paris,  1914,  in-8°,  46  p.,  31  fig. 
Baudouin  (Marcel).  —  Les  Silex   taillés  du   Grand  Pressigny  (2e  Mémoire).  — 

IXe  Congrès  Préh.  de  France,  Lons-le-Saunier,  1913.  Par.,  1914,  226-245,  19  fig. 

—  Paris,  1914,  in-8°,  20  p.,  19  fig. 
Baudouin    (Marcel).    —    Le    Chelléen     de     Vendée    :     Trouvailles     nouvelles 

(2e  Mémoire).  —  IXe  Gongr.  Préhist.  de  France,  Lons-le-Saunier,  1913.  Paris, 

1914,  in-8»,  114-124,  5  fig.  —  Paris,  tiré  à  part.  1914,  in-8°,  11  p.,  5  fig. 
Baudouin  (Marcel).  —  Le  Pas  de  la  Vierge  de  l'Allée  couverte  de  Pierrefolle,  à 

Commequiers  {V.):  Sculpture  pédi forme   à    Orteils.  —  IXe  Congrès    Préh. 

de  France,  Lons-le-Saunier,  1913.  Paris,  1914,  in-88,  p.  304-347,  7  fig.  —  Tiré 

à  part,  Paris,  1914,  in-8*,  24  p.,  7  fig. 


Nécrologie. 

Nous  apprenons  le  décès  de  plusieurs  membres  de  la  S.  P.  F.  : 

M.  Maurice  Bourlon,  capitaine  de  chasseurs  à  pied,  en  garnison  au 
Fort  de  Belle -Epine,  à  Charny-sur-Meuse  (Meuse),  puis  à  Verdun, 
avant  la  guerre,  décédé  au  Champ  d'Honneur. 

M.  le  Dr  Bertholon  (de  Tunis),  anthropologiste  de  valeur,  connu 
par  de  nombreux  travaux  de  Graniologie  et  d'Ethnographie,  relatifs  en 
particulier  à  la  Tunisie  et  à  l'Algérie,  c'est-à-dire  à  l'Afrique  du  Nord. 
Il  a  beaucoup  publié  dans  les  revues  locales. 

M.  Désiré  Douet,  archéologue,  aux  Sablons,  Valmondois  (Seine-et- 
Oise). 

admission  «le  nouveaux  Membres. 

Est  proclamé  Membre  de  la  S.  P.  F.  :  M. 

Poisson  (Georges),  Ingénieur  en  chef  des  Ponts  et  Chaussées,  1, 
Cité  Vaudoit,  Clermont-Ferrand  (Puy-de  Dôme). 

[Dr  Gharvilhat.  —  A.  Aymar]. 

Présentations  et  Communications. 

M.  le  Dr  Ballet  (Paris).  —  La  Parure  aux  temps  Paléolithiques 
anciens   [Chelléen,    Acheuléen,   Moustérien].  —  Discussion   :   A.  de 

MORTILLET,  TATÉ,  A.   BERTIN,   M.   BAUDOUIN,  BALLET. 

A.  Sellier  (Paris).  —  Une  Pierre  figure  des  Allumions  de  la  Seine. 

Marcel  Baudouin  (Paris).  —  De  la  tendance  à  la  bifiditê  dans  les 
Dents  mono-radiculaires  ou  antérieures  de  l'Ossuaire  Néolithique  des 
Cous,  à  Bazoges-en-Pareds  (V.)  [Propriété  S.  P.  F.]. 

Dr  Jules  Ferrier  (Paris).  —  Recherches  sur  la  tendance  à  la  bifiditê 
des  racines  des  Canines  et  Prémolaires  de  /'  Ossuaire  néolithique  de 
Vendrest  (S.-et-M.)  [Propriété  S.  P.  F.]. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  35 

L.  Coutil  (Eure)  et  Dr  Brulard  (Gôted'Or).  —  Les  Tumulus  de 
Blaisy-Bas  et  de  Saint-Hélier  (Cote-d'Or)  [Epées  en  fer,  rasoirs  et  plans 
de  Tumulus]. 

Marcel  Baudouin  (Paris).  —  Présentation  de  Documents  photogra- 
phiques, montrant  comment  on  se  préoccupe  de  la  Destruction  des  Monu- 
ments préhistoriques  classés  ! 

Cotisations  de   191o. 

Les  Membres,  qui  n'ont  pas  encore  adressé  le  montant  de  leur  Coti- 
sation de  l'année  en  cours  (1915),  sont  priés,  conformément  à  l'Article  4 
du  Règlement,  de  vouloir  bien  remplir  cette  formalité,  le  plus  tôt  pos- 
sible. 

Ceux,  dontla  Cotisation  n'aurait  pas  été  reçue  au  15  avril  1915,  seront 
priés,  pour  éviter  toute  interruption  dans  le  service  du  Bulletin,  de 
faire  honneur  au  recouvrement  postal,  qui  leur  sera  adressé  à  domicile, 
dans  la  deuxième  quinzaine  du  mois  d'AvRiL,  majoré  de  0  fr.  75 
pour  les  frais  (sauf  entente  particulière  avec  le  Trésorier). 


Discours  de  Rentrée  pour   B  1»  1  :;. 


Discours  de  M.  le  Président. 

M.  E.  Taté,  vice-président,  a  prononcé,  en  ouvrant  la  séance,  le 
discours  suivant,  et  a  cédé  ensuite  le  fauteuil  de  la  Présidence  à 
M.  Le  Bel,  vice-président. 

Mes  chers  Collègues, 

L'état  actuel  de  guerre  et  les  circonstances  qui  l'accompagnent  nous 
privent  de  la  présence  de  notre  sympathique  Président,  M.  Âtgier,  actuel- 
lement sur  le  front  ;  de  plus  un  grand  nombre  de  nos  membres  sont 
mobilisés;  nous  sommes  dans  l'impossibilité  de  correspondre  avec  nos 
départements  occupés  momentanément  encore  par  l'ennemi,  etc.,  etc. 

Aussi  votre  Conseil  d'Administration  a-t-il  pris  une  décision,  approu- 
vée par  les  membres  en  séance,  de  supprimer  les  Elections  de  1915  et 
de  proroger  pour  une  année  les  pouvoirs  de  votre  Direction  ;  le  Bulle- 
tin de  Novembre  vous  en  a  porté  l'avis. 

Notre  dévoué  Secrétaire  général,  dont  l'état  de  santé  laisse  encore  à 
désirer  et  auquel  nous  souhaitons  tous  un  complet  rétablissement,  a  pu 
assurer,  mais  combien  difficilement,  l'apparition  de  nos  Bulletins,  à 
leurs  dates  habituelles.  Il  a  établi  et  va  nous  lire  le  compte  rendu  maté- 
riel et  moral  de  la  Société  pour  l'exercice  écoulé  ;  et  nous  n'aurons  pas 
trop  de  remerciements  à  lui  adresser. 

Notre  précieux  Trésorier  M.  Gillet,  dont  le  travail  a  été  rendu  très 
difficile  par  l'état  de  guerre,  notre  sympathique  Secrétaire  des  séances 


36  SOCIÉTÉ   PRÉH1STOKIQUE   FRANÇAISE 

M.  de  Givenchy,  comme  également  le  Conservateur  des  Collections, 
notre  ami  M.  Ilue,  se  sont  dépensés  sans  compter  et  méritent  tous  nos 
éloges  et  lous  nos  remerciements. 

Dans  notre  première  séance  de  guerre,  nous  sommes  un  peu  sortis 
du  cadre  de  nos  études,  mais  n  en  n'avons  pas  moins  fait  bonne  besogne, 
en  radiant  de  nos  listes  les  Allemands  et  Austro-bongrois. 

Cette  radiation  générale  a  pu  sembler  radicale  :  il  n'y  a  pas,  actuel- 
lement, de  distinction  à  faire;  la  guerre  engagée  devant  finalement  pro- 
voquer le  rétablissement  des  divisions  ethniques  naturelles. 

Tous  nos  collègues  ont  compris  que  jamais  nous  n'avions  prétendu 
exclure  de  la  liste  de  nos  membres  les  Alsaciens-Lorrains,  que  nous 
n'avons  jamais  cessé  de  considérer  comme  des  Français.  Notre  ostra- 
cisme ne  s'est  pas  porté  non  plus  contre  les  Tchèques,  les  Roumains 
de  Pansylvanie,  les  Polonais,  les  Serbo-Croates,  etc.  :  tous  peuples, 
asservis  par  la  force,  et  que  la  paix,  obtenue  et  imposée  par  la  victoire 
de  la  France  et  de  ses  Alliés,  délivrera  du  joug,  leur  rendant,  avec  le 
respect  de  leurs  droits,  leur  liberté  et  leur  nationalité  ethnique. 

En  attendant  ce  moment,  que  nous  souhaitons  tous  ardemment,  lais- 
sons un  peu  de  côté  les  questions  que  nous  traitons  ordinairement  ici 
et  pensons  à  ceux  qui  versent  leur  sang,  pour  la  France  et  l'Humanité, 
contre  la  Sauvagerie  et  la  «  Kultur  »  telle  que  nous  ne  pouvons  la 
comprendre. 

A  tous  les  nôtres  et  à  nos  alliés  qui  sont  sur  les  champs  de  bataille, 
qui  ont  mis  au  service  de  la  Patrie  et  de  la  Civilisation  leur  temps,  leur 
science  et  leur  vie,  envoyons  le  témoignage  de  notre  admiration  et  de 
notre  reconnaissance. 

Adressons  plus  particulièrement  toutes  nos  condoléances  aux 
familles  de  ceux  de  nos  membres,  qui  ont  perdu  glorieusement  leur 
existence  dans  des  combats  meurtriers  ;  souhaitons  un  prompt  réta- 
blissement à  nos  blessés;  une  santé  à  toute  épreuve  à  nos  héroïques 
défenseurs;  et  enfin  l'écrasement  absolu  de  nos  ennemis,  précédant  la 
victoire  définitive  et  complète  que  nous  espérons  prochaine. 


Rapport  de  M.  le  Secrétaire  général  sur  la  Situa- 
tion morale  et  la  gestion  du  Conseil  d'Adminis- 
tration en   1£>14ê   de   la   Société   Préhistorique 

Française. 

Mes  chers  Collègues, 

Au  nom  du  Conseil    d'Administration   de    la  Société  Préhistorique 

Française,  j'ai  l'honneur  de  vous  soumettre  le  Rapport  sur  la  Situation 

morale  actuelle  de  notre  Association  et  la  Gestion,  pour  l'année  écoulée 

(1914),  de  votre  Conseil,  conformément  à  la  Loi  et  à  nos  Statuts  (Art. 

VIII). 

Messieurs, 

Jusqu'à  la  fin  de  Juillet  dernier,  le  fonctionnement  de  notre  Société 
a  été  absolument  normal.   Et,   comme,   l'a    dit   notre  Vice-Président, 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  37 

M.  E.  Taté,  dans  son  discours  de  rentrée,  après  notre  séance  men- 
suelle, nous  nous  préparions,  tous,  à  assister  au  Congrès  d'Aurillac, 
qui  devait  s'ouvrir,  une  quinzaine  de  jours  plus  tard,  au  centre  de  la 
riante  Auvergne. 

Mais,  au  début  d'août,  la  Mobilisation  générale  était  ordonnée  et 
bientôt  I'Etat  de  Guerre  était  déclaré! 

Dès  lors,  la  tenue  de  la  Xe  session  du  Congrès  préhistorique  de 
France  devenait  absolument  irréalisable;  et  il  nous  fallait  d'urgence, 
sans  attendre  les  autorisations  nécessaires,  —  lesquelles  n'auraient 
pas  pu  d'ailleurs  nous  parvenir  à  temps  !  —  prendre  les  mesures  vou- 
lues, pour  ajourner,  sine  die,  notre  Réunion  annuelle  provinciale.  La 
Municipalité  d'Aurillac  et  la  Préfecture  du  Cantal  furent  informées 
immédiatement  par  le  Secrétariat  général  du  Congrès,  en  l'absence  du 
Président;  et  des  avis  furent  envoyés  à  la  Presse,  qui,  d'ailleurs,  ne 
s'en  préoccupa  nullement.  Elle  avait  d'autres  préoccupations,  à  celte 
époque,  que  la  Préhistoire!  —  Tous  nos  préparatifs  ont  donc  été  vains; 
et  nos  circulaires  d'excursions,  absolument  prêtes  à  paraître,  sont 
restées  à  l'état  d'épreuves.  —  Tout  a  dû  être  abandonné  à  veau  l'eau; 
et  nous  sommes,  aujourd'hui,  clans  la  même  situation  qu'au  2  Août 
dernier.... 

Malgré  la  période  des  vacances  et  les  circonstances  exceptionnelle- 
ment graves  que  nous  traversions,  il  me  fallut  pourtant,  à  la  fin  du  mois 
de  septembre,  après  avoir  pris  seul  la  décision  de  supprimer  les  numé- 
ros d'août  et  septembre,  en  raison  des  difficultés  postales  et  de 
l'absence  de  mo}^ens  de  transport  pour  les  Clichés,  songer  à  mettre 
sur  pied  le  numéro  d'Octobre  du  Bulletin,  pour  la  séance  de  rentrée 
statutaire  de  notre  Société.  Par  suite  de  la  désorganisation  de  toutes 
les  Imprimeries  et  de  toutes  les  maisons  de  Photogravure,  la  tâche  fut 
particulièrement  malaisée;  et,  en  l'absence  de  tout  article  prêt  à  être 
publié  [tous  les  auteurs  des  manuscrits  reçus  étant  mobilisés],  votre 
Secrétaire  général  dut,  à  lui  seul,  remplir  les  feuilles  du  numéro  de 
Juillet-Octobre.  Il  s'en  excuse,  en  même  temps  qu'il  tient  à  publique- 
ment remercier  l'Imprimeur  de  la  réelle  bonne  volonté  mise  par  ce 
dernier  au  service  de  notre  Société. 

Comme  d'ordinaire,  grâce  aux  soins  du  Secrétariat  des  séances,  la 
réunion  d'Octobre  put  avoir  lieu  normalement.  Vous  prîtes  alors  une 
mesure  de  salubrité  générale  et  prononcèrent  Ye.vclusion  des  membres 
de  nationalité  alleman  le  et  austro-hongroise  :  mesure  qui,  de  suite,  à 
été  mise  à  exécution.  Nombre  de  Sociétés  savantes  parisiennes  impor- 
tantes, en  particulier  la  •  Société  d'Anthropologie,  la  Société  nationale 
d'Acclimatation,  la  .Société  de  Thérapeutique,  etc.,  etc.,  ont  d'ailleurs 
procédé  de  même,  à  la  suite  du  trop  fameux  manifeste  des  Savants 
allemands,  parmi  lesquels  nous  avons   eu    le    regret  de  trouver  des 


38  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

noms  comme  ceux  de  Rôntgen  et  surtout  d'Haeckel!  Nos  anciens  col- 
lègues allemands  et  autrichiens  ne  recevront  plus  désormais  nos 
Bulletins,  que,  d'ailleurs,  nous  aurions  été  dans  l'impossibilité  abso- 
lue de  leur  faire  parvenir  actuellement! 

Etant  donné  les  événements  et  en  raison  surtout  de  ce  fait  que  notre 
cher  Président,  M.  le  Dr  Atgier,  auquel  nous  adressons  tous  nos  sou- 
haits et  envoyons  nos  sympathiques  compliments,  est  sur  le  front  des 
armées  depuis  le  mois  d'août,  vous  avez  décidé,  en  novembre,  qu  il  ny 
aurait  pas  en  1915  d'Elections  générales,  et  que  le  Bureau  et  le  Conseil 
d'Administration  de  1914  serait  prorogé  d'une  année.  Il  vous  a  même 
paru  impossible  de  procéder  en  décembre  à  l'Assemblée  générale 
annuelle,  vu  le  nombre  des  nôtres  qui  font  face  de  l'ennemi. 

Rien  n'est  plus  justifié,  car  il  aurait  été  profondément  pénible  à  notre 
ami  Atgier  de  se  voir  privé  pendant  six  mois  de  l'honneur  que  vous 
lui  avez  fait,  parce  qu'un  devoir,  inéluctable  et  des  plus  glorieux,  étant 
donné  son  âge,  le  retient  depuis  de  trop  longs  mois  loin  de  nous. 

Mais,  quelles  que  soient  les  circonstances,  votre  Secrétaire  général 
vous  doit,  de  par  une  de  nos  Lois  nationales,  qu'il  a  toujours  respec- 
tées, même  quand  elles  nJont  pour  bas^2  qu'un  chiffon  de  papier  sans 
sanction,  le  Compte  rendu  des  Opérations  de  notre  Société  en  1914.  Il 
accomplit  aujourd'hui  ce  devoir;  et,  tout  à  l'heure,  votre  Trésorier, 
conformément  à  la  même  Loi,  remplira  également  son  mandat,  en  vous 
présentant  le  Rapport  sur  la  Situation  financière  et  les  Comptes  de 
l'exercice  1914. 

Je  n'ai  pas  besoin  devous  annoncer  que  les  Rapports  du  Secrétaire 
général  et  du  Trésorier  ne  devront  être  régulièrement  discutés  et 
ne  pourront  être  approuvés  qu'à  la  prochaine  Assemblée  générale  ; 
mais  nous  avons  tenu  à  vous  les  présenter,  dès  le  début  de  1915, 
pour  vous  permettre  de  vous  rendre  un  compte  exact,  en  ce  moment, 
de  l'état  actuel  de  la  Société  Préhistorique  Française. 

Mes  chers  Collègues, 

J'ai  dit  déjà,  dans  notre  Bulletin  d'Octobre,  quelle  perte  scientifique 
nous  avions  faite  en  Joseph  Déchelette,  Conservateur  du  Musée  de 
Roanne,  tué  à  l'ennemi,  comme  Capitaine  de  l'armée  territoriale!  Notre 
Vice-Président,  M.  Taté,  lui  a  adressé  l'hommage  que  la  Société  lui 
devait.  C'est  une  perte  irréparable  pour  la  Préhistoire  et  l'Archéologie. 
Mais  son  œuvre  capitale  sera  terminée  et  conservera  à  tout  jamais  son 
nom,  rendu  impérissable  déjà  par  le  sacrifice  fait  à  la  Patrie  et  son 
admirable  mort. 

D'autres  collègues  sont  tombés  aussi  au  Champ  d'Honneur  :  M.  le 
commandant  Audéoud,  du  31e  dragons,  en  garnison  autrefois  à  Luné- 
ville;   M.  le  commandant  Schwaeblé,  chef  de^  section  de  préparation 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  39 

militaire  au  Ministère  de  la  Guerre;  M.  le  capitaine  Maurice  Bour- 
lon,  fouilleur  ardent  et  collectionneur  acharné,  chercheur  infatigable 
et  véritable  Préhistorien,  auteur  de  nombreux  travaux  techniques. 

Nous  nous  inclinons  profondément  devant  les  tombes  qui  renferment 
les  restes  de  ces  vaillants  Français. 

Nous  devons  aussi  un  souvenir  cordial  et  ému,  à  nos  Collègues, 
belges  et  alsaciens,  dont  nous  n'avons  plus  de  nouvelles,  et  en  particu- 
lier à  M.  Rutot  et  à  M.  F.  Kessler,  dont  nous  soupçonnons  les  dou- 
loureuses tribulations.  Nous  ne  pouvons  pas,  sachant  quelles  atrocités 
abominables  et  quels  actes  systématiques  de  barbarie  et  de  vanda- 
lisme ont  été  commis,  en  Belgique  et  en  Alsace,  comme  en  France,  ne 
pas  songer  aux  malheurs  qui  peuvent  leur  être  réservés,  car  nous 
sommes  sûr,  désormais,  que  ce  ne  seront  pas  les  Représentants  auto- 
risés de  la  Science  allemande,  esclaves  d'un  maître  sans  foi  ni  loi,  et 
traîtres  à  leur  carrière  et  à  leur  mission,  qui  viendront  les  défendre  sur 
le  sol  ennemi  ! 

En  dehors  des  victimes  de  la  guerre,  nous  avons  à  enregistrer  le 
décès  de  plusieurs  de  nos  collègues;  et,  en  premier  lieu,  celui  de 
M.  Martial  Imbert  (de  Paris),  disparu  le  4  février  1914,  à  l'âge  de 
60  ans,  dont  les  obsèques  ont  eu  lieu  le  vendredi  6  février,  à  Paris. 

M.  Martial  Imbert  était  l'un  des  plus  anciens  membres  de  la  S.  P.  F. 
Il  était  encore  Membre  de  notre  Conseil  d'Administration  et  avait  été 
récemment  Vice-président  de  la  Société.  Il  nous  aurait  présidé  sous 
peu.  La  S.  P.  F.  était  représentée  à  ses  obsèques  par  M.  A.  de  Mortil- 
let,  Président  d'honneur,  qui  y  a  pris  la  parole  au  nom  de  nos  Col- 
lègues et  du  Bureau,  et  par  M.  Louis  Giraux,  Vice-président.  On  doit, 
vous  le  savez,  à  M.  Martial  Imbert  de  nombreuses  publications  préhis- 
toriques. D'ailleurs,  c'était  un  érudit,  un  orateur,  et  un  écrivain  de 
talent,  qui  avait  sérieusement  étudié  son  pays  d'origine  (le  centre  de 
la  France)  et  fait  connaître  beaucoup  de  monuments  de  la  Vienne,  de 
la  Creuse  et  de  la  Haute-Loire.  Nous  garderons  tous  un  excellent  sou- 
venir de  cet  homme  aimable  et  énergique. 

M.  Charles  PuECH(d'Aurillac,  Cantal)  a  succombé  en  fin  d'année  1913. 
Né  en  1846  à  Murât,  il  était  entré  dans  l'administration  des  Ponts  et 
Chaussées  et  y  avait  fait  toute  sa  carrière.  Géologue  et  préhistorien, 
membre  de  notre  Société  depuis  sa  fondation,  il  était  l'auteur  de 
recherches,  appréciées,  sur  le  Puy  Courny  et  les  silex  tertiaires  de  sa 
région,  dont  il  possédait  de  magnifiques  échantillons. 

M.  le  Dr  Bertholon  (de  Tunis),  1  anthropologiste  bien  connu,  cor- 
respondant du  M.  I.  P.,  auteur  d'un  grand  nombre  de  travaux  relatifs 
en  particulier  à  l'histoire  des  peuples  de  l'Afrique  du  Nord,  Membre 
fondateur  de  la  S.  P.  F.  ;  c'était  un  ancien  élève  de  Broca  et  un  ami 
personnel  de  notre  Président  Atgier. 

J'ai  en  outre  à  signaler  la  disparition  de  M.   L,  Solon,  qui  habitait 


40  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

l'Angleterre;  de  M.  Pierre-Alphonse  Brochet,  mort  à  1  âge  de  73  ans, 
à  Paris;  de  M.  Letailleur,  de  Baingts  (Landes);  de  M.  Désiré 
Douet,  archéologue,  aux  Sablons,  Valmondois  (S.-et-O.). 

J'ai  encore  à  vous  rappeler  d'autres  morts  de  la  fin  de  l'année  1913  : 
M.  8Pader,  vétérinaire  principal  en  retraite,  à  Bordeaux  (Gironde),  qui 
avait  assisté  à  notre  Congrès  de  Nîmes. 

M.  le  Dr  Henri  Marmottan  (de  Paris),  ingénieur  des  mines,  membre 
fondateur  de  la  S.  P.  F.,  officier  de  la  Légion  d'honneur,  ancien  Député 
de  Paris,  ancien  Maire  du  XVIe  arrondissement,  entomologiste  et 
géologue  d'un  très  grand  mérite. 

M.  Camille  Viré,  avocat,  officier  d'Académie,  Conseiller  municipal 
de  Bord-Ménaïel  (Algérie),  frère  de  notre  ancien  Président,  M.  Armand 
Viré,  décédé  à  48  ans.  On  lui  doit  plusieurs  importants  mémoires,  parus 
dans  nos  Bulletins  et  dans  Y  Homme  préhistorique. 

Enfin,  M.  Ernest  Olivier  (de  Moulins),  naturaliste  très  distingué, 
qui  n'était  pas  membre  de  la  S.  P.  F.,  mais  qui  suivait  avec  assez 
d'assiduité  nos  Congrès  préhistoriques. 


Publications.  —  à)  Bulletin.  —  L'activité  de  notre  Société,  pendant 
Tannée  qui  vient  de  s'écouler,  ne  le  cède  en  rien  à  celled  es  années 
précédentes.  Si  notre  Bulletin  est  un  peu  moins  volumineux,  par 
suite  de  la  suppression  forcée  des  numéros  correspondants  aux  vacan- 
ces ordinaires,  il  n'en  contient  pas  moins  encore  520  pages,  et  de 
nombreuses  communications,  intéressantes,  parmi  lesquelles  je  vous 
demande  de  ne  citer  que  les  suivantes,  dues  au  Dr  Boismoreau  (Décou- 
vertes d'un  Souterrain-refuge  et  de  deux  Pieds  humains  sculptés 
entourés  d'une  Cupule  et  d'un  Fauteuil);  au  Dr  Ballet  (Demi-Disques  et 
Pièces  à  têtes  arrondies)  ;  à  E.  Bocquier  (Pierre  sculptée  en  Savoie  et 
Découverte  d'une  Station  néolithique  sous-marine)  ;  à  P.  de  Givenchy 
(Etude  des  Ciseaux  néolithiques  polis,  à  coupe  cylindro-ovoïde),  qui  a 
provoqué  une  discussion  tout  à  fait  documentée  ;  à  E.  Hue  (Recher- 
ches sur  le  Néolithique  et  la  progression  marine  dans  le  Calvados)  ;  à 
Joleaud,  Debruge,  Rutot,  Mercier,  le  regretté  Bertholon  (sur  la  Géo- 
logie et  sur  les  Ossements  de  la  Station  de  Mechta-Châteaudun)  ;  à 
Kessler  (Découverte  des  Pas  du  Diable  et  de  Saint  Dizier  et  étude  du 
Menhir  percé  de  Courjenay)  ;  à  Le  Bel  et  Maury  [sur  la  Glaciation  du 
Périgord  et  les  fouilles  de  Laugerie-Basse]  ;  à  Anfos  Martin  [sur  une 
station  néolithique  de  la  Haute-Vienne]  ;  à  Hue  et  Socley  [sur  un  crâne 
de  Cheval  mérovingien]  ;  à  L.  Rousseau  [Découverte  d'un  Polissoir 
en  granité]  ;  etc.,  etc. 

Notre  publication  annuelle  est  d'ailleurs,  en  1914,  aussi  bien  illus- 
trée que  d'ordinaire. 

b)  Mémoires.  —  Le  Tome  III  des  Mémoires  était  en  préparation  au 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  41 

moment  de  la  Déclaration  de  Guerre;  il  devait  paraître  en  Octobre 
1914.  Sa  publication  sera  retardée  de  sept  à  huit  mois,  car  nous  avons 
été  obligé  de  tout  arrêter  jusqu'à  ces  temps  derniers,  les  maisons  de 
photogravure  n'ayant  pas  pu  travailler  fin  1914  et  l'imprimerie  ayant 
manqué  de  personnel,  par  suite  de  la  mobilisation.  Mais,  depuis  quel- 
ques semaines,  la  composition  a  repris;  et, peu  à  peu,  la  mise  en  pages 
avance.  Ce  volume  contiendra,  entre  autres,  la  Description  et  la  Fouille  de 
la  Sépulture  néolithique  de  la  Ciste  des  Cous,  à  Bazoges-en-Pareds 
(Vendée),  monument  quia  été  acquis  et  restauré  par  notre  Société  l'an 
dernier,  et  qui  est  à  comparer  avec  celui  que  nous  possédons  à  Vendrest 
(Seine-et-Marne).  —  A  cette  occasion, je  me  permets  de  faire  un  dernier 
Appel  auprès  des  souscripteurs  accoutumés  de  celte  publication,  car, 
dans  quelques  mois,  il  serait  trop  tard  pour  pouvoir  bénéficier  des 
conditions  spéciales  d'acquisition,  réservées  à  nos  seuls  membres. 

Bibliothèque.  —  Notre  Bibliothèque,  toujours  dirigée  par  notre  col- 
lègue, M.  Ch.  Géneau,  préparateur  à  la  Faculté  des  Sciences,  a  con- 
tinué à  s'accroître  chaque  mois  dans  la  proportion  que  vous  savez, 
puisque  nous  publions,  dans  chacun  de  nos  Bulletins  mensuels,  la  liste 
des  envois  de  brochures  ;  mais  je  répète  encore  que  beaucoup  de  nos 
collègues  oublient  de  nous  adresser  leurs  tirés  à  part. 

La  Bibliothèque  de  la  Société  Préhistorique  Française  possédait,  au 
30  novembre  1913,  2026  ouvrages  et  brochures.  Elle  en  a  reçu  un  grand 
nombre  également  en  1914;  mais,  en  l'absence  de  M.  Géneau,  qui  est 
sur  le  front,  il  m'est  impossible  de  vous  donner  des  chiffres  précis. 

Nos  Archives,  administratives  et  scientifiques,  prennent  de  jour  en 
jour  plus  d'importance  ;  il  nous  faudra,  sous  peu,  en  organiser  le  ser- 
vice, en  nommant  un  ou  deux  de  nos  Collègues  Archivistes. 

Laboratoire.  —  Notre  Laboratoire  est  toujours  dirigé  par  notre 
excellent  collègue,  Edmond  Hue,  notre  ancien  Président  rentré  dans 
le  rang.  Le  Conservateur,  zélé  et  dévoué,  de  nos  Collections,  déjà  si 
considérables  et  si  précieuses,  toujours  à  la  tâche,  n'est  plus  à  l'hon- 
neur ;  mais,  en  1914,  il  a  continué  son  œuvre  de  l'an  passé.  Je  n'ai  pas 
à  vanter  ses  efforts  et  le  succès  de  ses  démarches.  Mais  je  suis  sûr 
que,  l'an  prochain, j'aurais  encore  à  vous  signaler,  à  nouveau,  les  émi- 
nents  services  qu'en  1915  il  nous  aura  rendus. 

Collections.  —  Certes,  en  raison  des  événements,  cette  année,  notre 
Caisse  ne  s'est  pas  remplie!  Mais  nos  Collections,  au  moins,  ont 
encore  augmenté  chaque  jour  d'une  façon  très  remarquable.  Et  même 
elles  ont  pris  un  essor  nouveau. 

En  1912,  nous  avions  pu  meubler  le  local  loué  en  1911  pour  cons- 
tituer notre  Siège  social  [250,  rue  Saint-Jacques].  —  Notre  proprié- 
taire et  cher  collègue,  M.  Le  Bel,  dont  l'inépuisable  générosité  vous  est 
bien  connue,  a  participé  en  1914  plus  que  personne  à  cette  augmen- 


42  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

tation  et  nous  a  donné,  cette  fois  encore,  des  preuves,  manifestes  et 
multiples,  de  l'intérêt  réel  qu'il  témoigne  à  la  Société  Préhistorique 
Française.  Qu'il  en  soit,  publiquement  et  à  nouveau,  vivement 
remercié  ! 

Il  m'est  absolument  impossible  de  reproduire  ici  la  liste  com- 
plète des  Dons  qui  ont  été  faits  à  notre  Laboratoire;  elle  serait 
trop  longue. 

Je  me  borne  à  reproduire  ici  la  note  que  m'a  remise  M.  E.  Hue,  rela- 
tivement à  ce  qui  a  trait  à  1914. 

M.  A.  de  Paniagua,  pointes  de  flèches  en  silex  et  outillage  de 
Temassinin  et  El  Aoulef,  au  sud  du  Fort-Flatters,  en  plein  Sahara.  — 
M.  le  Dr  Marcel  Baudouin,  Moulage  au  1/10  de  la  Pierre  à  Cupules  et 
Rigoles  de  Saint-Aubin  (Suisse);  5  Moulages  de  la  Pierre  à  V Etoile  et 
autres  Sculptures  du  Temple  des  Vaux  à  Saint-Aubin-de-Baubigné 
(D.-S.)  [Roue  et  Etoile]  ;  Moulage  du  Cheval  de  la  Dalle  à  Sculpture 
de  la  Grotte  de  la  Source,  au  Castellet,  commune  de  Fontvieille  (Bouches- 
du-Rhône);  etc.  —  M.  Le  Bel,  Industrie  des  «  Marseilles  »  à  Laugerie- 
Basse;  Moulage  du  Crâne  V  de  Mechta-el-Arbi  (Algérie);  une  Armoire 
pour  les  collections;  Moulages  delà  dentition  de  MechtaYl;  Tibia  pla- 
tycnémique  à? AU  Bâcha  ;  Calotte  crânienne  LXXI  de  Vendrest\  deux 
pièces  acheuléennes  de  Billancourt-,  Crâne  trépané  de  Montigny-sur- 
Crécy  (Aisne);  Crâne  de  l'Homme  écrasé  de  Laugcrie-Basse.  —  M.  A. 
Rutot,  Moulages  du  Crâne  du  Trou  du  Frontal  N°  1  et  sa  mandibule; 
Crâne  du  Trou  du  Frontal  N°  2  et  sa  mandibule;  Crâne  d'Australien 
ancien  et  sa  mandibule,  des  environs  de  Sidney,  harpon  barbelé  de 
Goyet,  3e  Caverne,  niveau  1.  —  M.  P.  de  Givenchy,  un  superbe  lis- 
soir en  silex.  —  M.  le  Pr  Testut,  un  moulage  du  Crâne  de  Chancelade. 
—  M.  le  Dr  Guébhard,  un  vase  à  surprise  de  fabrication  moderne.  — 
M.  Roland  Guébhard,  Cartes  postales  d'Ethnographie  soudanaise.  — 
Mme  Demarconnay,  nombreuses  séries  d'outils  de  France  et  de 
l'étranger.  —  M.  A.  de  Mortillet,  un  moulage  de  bâton  de  comman- 
dement moderne.  —  M.  Harmois,  un  crâne  de  Breton  moderne.  — 
M.  le  Dr  Doranlo,  une  très  importante  série  de  silex  d'Olendon  (Cal- 
vados). —  M.  Edmond  Hue,  haches  de  la  Guadelouppe.  —  M.  Bos- 
savy,  ossements  humains  et  armes  du  Cimetière  de  Maisse  (Seine-et- 
Marne).  —  M.  Doranlo,  un  moulage  du  menhir  de  Reviers  (Calva- 
dos). —  M.  Philippe  Rousseau,  objets  préhistoriques  d'Afrique  (Ron- 
delles de  Coquilles  d'Autruche) . 

Qu'il  me  suffise  d'ajouter  que  les  dons  les  plus  intéressants  sont 
pour  la  plupart  dus,  comme  les  années  précédentes,  à  notre  très  dis- 
tingué et  dévoué  Vice-Président,  M.  Le  Bel.  —  En  décembre  dernier 
d'ailleurs,  notre  Conservateur  des  Collections  a  publié  la  liste  des 
moulages  et  des  principales  pièces   de   notre   Musée,  en  signalant  le 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  43 

nom  des  Donateurs  ;  on  n'aura,  qu'à  s'y  reporter,  pour  se  faire  une 
idée  juste  des  trésors  qui  nous  ont  été  généreusement  offerts  pendant 
ces  dernières  années.  Je  renouvelle,  en  votre  nom,  à  tous  ces  géné- 
reux collègues  et  confrères,  les  remerciements  les  plus  sincères  de  la 
S.  P. F. 

Mouvement  des  Membres.  —  Cette  année,  nous  eu  avons  forcément 
de  trop  nombreux  décès  à  enregistrer;  et,  hélas  !  plusieurs  de  nos  dis- 
parus étaient  des  collègues  qui  étaient  profondément  dévoués  à  notre 
Société  !  —  Nous  avons  à  enregistrer  aussi  d'assez  nombreuses  démis- 
sions à  la  fin  de  1914.... 

Nouveaux  Membres.  —  En  revanche,  en  1914,  nous  avons  encore  à 
enregistrer  vingt-quatre  admissions  nouvelles,  malgré  la  guerre. 

Notre  recrutement  a  donc  continué  jusqu'en  Juillet  à  se  faire  dans 
des  conditions  excellentes.  Et,  à  l'heure  présente,  il  y  a  encore,  ins- 
crits sur  nos  listes,  près  de  550  membres  titulaires. 

Mais  la  Guerre  est  venue  ;  et,  dès  lors,  les  admissions  se  sont 
arrêtées.  —  Souhaitons  que  l'état  anormal  que  nous  subissons  ne  dure 
pas  trop  longtemps  et  que  nos  finances  ne  se  ressentent  pas  trop  des 
quelques  défections  qui,  en  1915,  paraissent  inévitables. 

Congrès  de  1913.  —  Le  Congrès  de  Lons-le-Saulnier  a  été,  vous  le 
savez,presqueaussibrillant,et  comme  nombre  des  membres  assistantsà 
la  session,  et  comme  communications  et  comme  excursions,  que  celui 
d'Angoulême.  Aussiavons-nouspubliéun  compte  rendu  très  volumineux; 
ce  qui  a  entraîné  des  dépenses  considérables.  Heureusement  notre 
Caisse,  grâce  aux  subventions  qui  nous  avaient  été  accordées  par  la 
ville  de  Lons-le-Saunier,  le  Conseil  général  de  la  Charente,  la 
Chambre  de  Commerce,  et  le  Ministère  de  l'Instruction  publique,  a  été 
parfaitement  capable  d'affronter  pareille   dépense. 

Le  Volume  a  paru  en  juillet  1914.  Mais  je  dois  vous  aviser  qu'un 
certain  nombre  d'exemplaires  n'ont  pas  pu  encore  être  adressés  à 
leurs  destinataires,  par  suite  de  l'interruption  des  communications 
postales,  provoquées  par  la  Guerre. 

J'insiste  sur  les  excursions  de  ce  Congrès,  exécutées  en  Automobiles, 
comme  à  Tours,  Nîmes  et  Angoulême.  Elles  ont  été  admirablement 
réussies  au  point  de  vue  scientifique,  en  raison  de  tout  ce  qui  avait  été 
préparé  par  notre  cher  collègue,  le  Président,  M.  Léon  Coutil. 

Administration.  —  Vous  savez  qu'un  Procès  intenté  à  notre  Société 
par  l'un  de  nos  membres,  que  nous  avions  été  obligé  de  radier  jadis,  a 
été  rendu  le  16  décembre  1911.  Vous  savez  aussi  que  nous  avions 
obtenu  gain  de  cause.  Je  dois  rappeler  que  l'affaire  n'est  pas  terminée 
et  ajouter  que  notre  adversaire,  qui  avait  interjeté  appel,  vient  de 
mourir.  —  Nous  espérons  donc  cruersous  peu,  la  bataille  finira,  faute 
de  contre-attaque  ! 


44  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Diplômes  accordés  en  1914.  —  En  1914,  les  Diplômes  suivants  ont  été 
distribués  : 

M.  le  Dr  Fidao  et  M1™  Fidao,  à  Malesherhes  (Seine-et-Marne), 
diplôme  d'honneur,  proposé  par  M.  le  Dr  Atgier  dans  la  séance  du  22 
janvier  1914. 

M.  le  Pr  Testut  (de  Lyon),  diplôme  d'honneur,  proposé  par  MM. 
E.  Hue  et  M.  Baudouin,  dans  la  séance  du  20  mars  1914. 

M.  le  Pr  Rutot  (de  Bruxelles),  diplôme  d'honneur,  proposé  par 
MM.  E.  Hue  et  M.  Baudouin,  dans  la  séance  du  2G  mars  1914. 

M.  A.  Gousset,  à  Etaules  (Charente  Inférieure),  diplôme  d'honneur, 
proposé  par  M.  Marcel  Baudouin,  dans  la  séance  du  26  mais  1914. 

M.  Aymar  père  (Auvergne),  diplôme  d'honneur,  proposé  par 
M.  Pagès-Allary,  dans  la  séance  du  28  mai  1914. 

M.  Paul  Boussingault,  propriétaire  à  Maisse  (Seine-et-Oise),  di- 
plôme pour  services  rendus,  proposé  par  MM.  Bossavy  et  A.  de 
Mortillet,  dans  la  séance  du  28  mai  1914. 

M.  Bordier,  instituteur  à  Maisse  (Seine-et-Oise),  services  rendus, 
proposé  par  MM.  Bossavy  et  A.  de  Mortillet,  dans  la  séance  du 
28  mai  1914. 

M.  Alexis  Laigneau,  carrier  à  Maisse  (Seine-et-Oise),  services 
rendus,  proposé  par  MM.  Bossavy  et  A.  de  Mortillet,  dans  la  séance 
du  28  mai  1914. 

M.  Antoine  Graziani,  à  Grossa  (Corse),  services  rendus,  proposé 
par  M.  Louis  Giraux,  dans  la  séance  du  25  juin  1914. 

M.  Eugène  Daudeville,  cantonnier,  à  Bény-sur-Mer  (Calvados), 
services  rendus,  proposé  par  M.  Doranlo,  dans  la  séance  du  25  juin 
1914. 

Commission  des  Enceintes.  —  La  Commission  des  Enceintes  a  con- 
tinué en  1914  la  publication  de  Y  Inventaire  bibliographique  des  Enceintes 
de  France.  Deux  nouveaux  Rapports  ont  paru.  Mais  son  Président, 
notre  savant  et  aimable  collègue,  A.  Viré,  a  été  mobilisé  ;  et,  forcément 
ses  érudites  recherches,  ainsi  que  ses  fouilles  dans  le  midi  de  la 
France,  ont  dû  être  interrompues.  —  Nous  exprimons,  en  ce  jour, 
l'espoir  qu'il  puisse  bientôt,  en  raison  de  son  âge,  être  rendu  à  son 
Laboratoire  et  à  ses  précieux  travaux. 

Délégués  départementaux.  —  En  1914,  ont  été  nommés  Délégués 
départementaux  :  M.  Thiot,  pour  l'Oise;  M.  Gobillot,  pour  la  Vienne; 
et  M.  Florance,  pour  le  Loir-et-Cher. 

Notre  Collègue,  M.  Fritz  Kessler  (d'Alsace)  a  été  chargé  d'une  Mis- 
sion en  Sardaigne  pour  l'Etude  des  Nuraghi.  Vous  savez  qu'il  a  accom- 
pli son  voyage  dans  d'excellentes  conditions  et  qu'il  a  rapporté  de  nom- 
breux documents  et  photographies,  qu'il  nous  communiquera  dès  que 
les  événements  le  lui  permettront. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  45 

Commission  des  Mégalithes,  —  Votre  Commission  des  Mégalithes, 
dans  laquelle  sont  entrés  en  1914  de  nouveaux  Collègues,  a,  en  1914, 
procédé,  grâce  à  l'initiative  et  la  diligence  de  MM.  Florance  et  Bos- 
savy,  à  la  pose  du  Poteau  indicateur  du  Polissoir  Legendre,  à  Ghissay, 
près  Montrichard,  propriété  de  la  S.  P.  F. 

D'autre  part,  en  Juillet,  M.  Lucien  Rousseau  et  M.  Marcel  Bau- 
douin ont  terminé  la  Restauration  de  la  Ciste  des  Cous,  à  Bazoges- 
en-Pareds  (Vendée),  qui  appartient  à  notre  Société.  Désormais,  on 
doit  espérer  qu'on  n'y  touchera  plus,  car  la  population  du  voisinage  a 
pu  voir,  par  l'importance  des  travaux  exécutés,  qu'on  tenait  à  conser- 
ver, à  tout  prix,  cet  important  Monument,  unique  en  son  genre,  en 
partie  démoli  l'hiver  dernier  par  un  amateur  trop  passionné  pour  les 
grosses  pierres 

La  Société  a  eu,  en  effet,  à  enregistrer  cet  hiver  deux  actes  de  Van- 
dalisme, commis  l'un  d'entre  eux  précisément  à  Bazoges-en-Pareds, 
sur  le  Monument  lui  appartenant.  —  Les  délits  ont  été  signalés,  en 
temps  voulu,  aux  autorités  compétentes;  mais,  comme  vous  le  savez, 
aucune  sanction  n'a  été  apportée  à  ces  faits,  très  regrettables  !  Une 
telle  inertie  administrative  ne  peut  avoir  que  des  conséquences  désas- 
treuses, étant  donné  que  le  2e  Mégalithe,  qui  n'appartenait  pas  à  notre 
Société,  était  un  Monument  classé,  c'est-à-dire  placé  sous  la  protec- 
tion de  l'Etat 

Collections  françaises.  —  Grâce  à  nos  démarches  et  à  l'initiative  de 
notre  Délégué  de  l'Oise,  M.  Thiot,  le  vœu  émis  relativement  à  la  con- 
servation de  la  Collection  de  notre  regretté  ancien  Président,  le  Dr  Th. 
Baudon,  a  été,  en  partie,  suivi  d'effet  utile;  et  les  belles  pièces,  que 
notre  collègue  avait  recueillies,  ont  pu  presque  toutes  être  sauvées. 

Liberté  des  Fouilles.  —  Le  Sénat  avait  voté,  en  juin  1913,  un  projet 
de  loi  tendant  à  la  création  d'une  Caisse  des  Monuments  historiques, 
dans  laquelle  avait  été  intercalé,  subrepticement,  un  article  très  dan- 
gereux pour  la  Liberté  des  Fouilles  préhistoriques. 

La  Société  Préhistorique  Française,  comme  la  Société  d'Anthropologie 
de  Paris,  s'était  émue,  en  apprenant  pareil  vote!  Elle  a  agi  auprès  de 
la  Chambre  des  Députés;  et,  après  plusieurs  interventions,  M.  le  Pré- 
sident de  la  Commission  et  M.  le  Rapporteur  de  la  Loi  à  la  Chambre 
ont  écrit  que  cet  Article  6  était,  pour  le  moment,  retiré  du  texte  de 
loi.  Mais,  en  présence  de  cette  restriction  [Pour  le  moment),  sur  la  pro- 
position de  M.  le  Dr  Chervin,  avec  la  Société  dy Anthropologie  de  Paris, 
la  Société  préhistorique  française  a  fait  nommer  une  Commission  mixte 
de  Vigilance,  composée  de  4  membres  pour  ces  deux  Sociétés,  aux- 
quels ont  été  adjoints  4  membres  de  la  Société  géologique  de  France, 
sollicitée  à  ce  point  de  vue. 


46  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Les  Membres  de  cette  Commission  de  vigilance,  nommés  en  1914  pour 
la  Société  préhistorique  française,  ont  été  MM.  Adrien  de  Mortillet, 
Atgier,  Le  Bel  et  Marcel  Baudouin. 

Vous  savez  que  cette  Commission  a  fonctionné  au  printemps  et 
qu'elle  a  rédigée  une  Protestation,  énergique  et  motivée,  qui  a  été 
adressée  au  Ministère  de  l'Instruction  publique,  après  avoir  provoqué 
une  Assemblée  générale,  à  Paris,  des  Délégués  des  Sociétés  savantes  de 
Province. 


En  terminant,  je  suis  encore  obligé  de  redire  que  le  zèle  de  votre 
Conseil  d'Administration  ne  s'est  pas  cette  année  ralenti  une  seule 
minute,  malgré  nos  malheurs.  Chacune  de  nos  séances  a  été  aussi  sui- 
vie qu'à  nos  débuts  et  que  l'an  passé. 

Notre  excellent  Trésorier,  M.  Gillet,  toujours  à  la  peine,  mais  pas 
toujours  récompensé  de  son  dévouement,  vous  dira,  dans  un  instant, 
que  nos  finances  restent  excellentes,  malgré  les  défections  prévues  et 
nos  dépenses  sans  cesse  croissantes.  Notre  très  aimable  secrétaire, 
M.  P.  de  Givenchy,  nous  apporte  toujours  un  concours  des  plus 
dévoués  et  des  plus  précieux  pour  le  Secrétariat.  —  L'avenir  reste 
donc  assuré. 

J'ai  enfin  à  vous  remercier,  personnellement,  de  votre  extrême  bien- 
veillance à  mon  égard,  et  à  adresser,  en  votre  nom,  à  tous  ceux  qui 
soutiennent  constamment  le  Bureau  dans  sa  tâche  ardue,  l'hommage 
reconnaissant  de  votre  Président,  absent  et  sur  la  ligne  de  feu,  et  de 
votre  Secrétaire  général.  Je  le  fais  avec  une  émotion  profonde,  mais 
vraiment  un  peu  vécue,  étant  donné  les  mois  pénibles  que  nous  avons 
récemment  traversés  et  les  misères  de  l'heure  présente. 

Messieurs  et  chers  Collègues, 

L'année,  qui  vient  de  s'écouler,  malgré  l'abominable  forfait  d'un 
Peuple,  avide  de  conquêtes  et  d'orgies,  qui,  dans  l'intervalle  de  ses 
patientes  recherches  de  Laboratoire,  n'aspire  qu'à  violer  les  Lois  inter- 
nationales et  bien  d'autres  choses  encore,  et  qu'à  détruire,  avec  les 
Musées  et  les  Œuvres  d'Art,  les  Etablissements  scientifiques  et  sani- 
taires de  ses  voisins,  n'a  pas  encore  été  trop  désastreuse  pour  notre 
Société.  —  Souhaitons  ardemment  que  nos  Morts  glorieux  protègent 
de  leurs  tombeaux  les  Vivants  qui  nous  restent,  et  défendent  aussi, 
contre  les  bombes  des  airs,  nos  précieuses  Collections!  Désirons  vio- 
lemment que  la  Paix  revienne  sur  le  monde,  pour  que  la  véritable 
Science  puisse  augmenter  chaque  jour  et  son  domaine  et  son  pouvoir 
bienfaisant. 

Mais  écrasons,  à  tout  jamais,  l'aigle  trop  vorace  et  malade,  dont 
les  ailes,  atteintes  d'acromégalie,  ont  cru  pouvoir  recouvrir,  dans  un 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  47 

effort  éperdu,  l'Europe  tout  entière,  sans  se  fracturer.  —  L'œuvre 
accomplie,  nous  pourrons  enfin  travailler,  dans  le  calme  propice,  sous 
l'ombre,  désormais  efficace,  d'un  nouveau  Palais  de  La  Haye. 


Rapport  de  M.  le  Trésorier  sur  l'Exercice  1914. 

Messieurs  et  chers  Collègues, 

Conformément  à  nos  Statuts,  j'ai  l'honneur  de  vous  présenter  les 
Comptes  de  la  Société  Préhistorique  française,  du  1er  novembre  1913  au 
31  octobre  1914,  comptes  approuvés  par  votre  Conseil  dans  sa  der- 
nière séance. 

I.  —  Recettes. 

1°  En  caisse  au  1er  novembre  1913 6.870  55 

2°  Cotisations.  —  528  à  12  fr 6.336    » 

Cotisation  de  1913,  1  à  12  fr 12    »        6.348 » 

3*  Arrérages  de  rentes 210    » 

Souscription  du  Ministère  de  l'Instruction  Publique.  270    » 

Remboursement  de  Clichés  de  1914 50    » 

Remboursement  de  Clichés  de  1913 12    » 

Vente  de  Bulletins 26  50 

Vente  de  Brochures  [1  Vendrest] 5    » 

Versement  d'un  membre  donateur 50    »          623  50 

Total  des  recettes 13.842  05 

II.  —  Dépenses. 

1°  Bulletin.  —  Frais  d'impression 4.021  25 

Frais  de  clichés 244  30 

2°  Frais  généraux.  —  Imprimés  divers 135  20 

Impôt  des  dolmens 1    » 

Papier  et  enveloppes 15  30 

Local  de  la  rue  Saint-Jacques  et  de  la  Sorbonne... .  475    » 

Entretien  du  Laboratoire 246  10 

Fouilles  [Indemnité]  pour  le  Laboratoire 50    » 

Envoi  de  volumes  à  l'Exposition  de  Lyon 5    » 

-  Fouilles  du  Comité  de  Luzech  (Souscription) 50    » 

Société  française  des  fouilles  archéologiques  (Sous- 
cription)    20  50 

Association  française  pour  l'avancement  des  Sciences 

(Souscription) 20    » 

Frais  d'achat  du  Polissoir  de  Chissay  et  achat  d'un 

poteau  indicateur 65  25 

Dépenses  du  Secrétariat  général 234    » 

Dépenses  du  Secrétariat 50    » 

Dépenses  de  la  Trésorerie 236  50 

5.869  40 
3°  Frais  extraordinaires  (Banquet  1913) 37    » 

Total  des  dépenses 5.906  40 


48  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

III.  —  Récapitulation. 

Recettes 13.842  05 

Dépenses : 5.906  40 

7.93565 
Au  31  Octobre  1914,  l'actif  de  la  Société  est  de  14.565  50, 
ainsi  constitué  : 

Espèces  en  caisse 7.935  65 

210  francs  de  Rente  française  [Capitol  immobilisé] 6.629  85 

14.565  50 
i*rojet,  de  Budget  pour    I  U  I  :; . 

I.  —  Recettes. 

540  cotisations  à  12  francs 6.480    » 

Arrérages  de  rentes 210    » 

Souscription  du  Ministère  de  l'Instruction  Publique 270    » 

6.960    » 

II.  —    DÉPENSES. 

Impressions  et  envoi  de  Bulletins 4 . 500    » 

Frais  de  Clichés 260    » 

Frais  d'impressions  diverses ; 200    » 

Frais  généraux 400    » 

Location  et  frais  de  Salles 480    » 

Impôts 30    » 

Deivrs  et  Imprimés 200    » 

6.070    » 
Certifié  conforme  :  le  Trésorier, 

M.    GlLLET. 


II.  —  NOTES,  DISCUSSIONS   ET  PRISES   DE  DATE. 


A   propos   de    l'usage    des   Haches    polies 
et  de  deux  Haches  des  Côtes-du-Mord. 

M.  Harmois.  —  Notre  collègue,  M.  E.  Patte,  signale  deux  haches 
polies  de  Plomeur-Bodou  ou  de  Trébeurden  (Côtes-du-Nord).  —  Je 
dois  faire  part  de  mes  recherches  personnelles  à  ce  sujet.  Or:  1°  dans 
l'arrondissement  de  Lannion,  il  y  a  très  peu  de  haches  polies;  2° 
dans  les  deux  communes  citées,  il  n'en  a  jamais  été  signalé  dans  les 
inventaires  !  A  ma  connaissance,  il  n'en  existe  qu'une  très  grande. 

Probablement,  notre  collègue,  M.  E;  Patte,  a  été  trompé  sur 
la  provenance;  et,  Comme  pour  faire  un  inventaire,  il  faut  être 
certain  de  celle  des  outils  ou  armes,  il  y  a  lieu  de  se  méfier,  en 
achetant  chez  les  marchands  des  objets  de  collection,  surtout  lors- 
qu'ils ne  portent  pas  d'étiquette  de  provenance  et  que  l'on  ignore 
de  quelle  collection  ils  ont  été  distraits. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  49 

A.  propos  de  La  Hoche  aux  Fraa 

et   de  ses  Légendes. 

M.  Marcel  Hébert  (Paris).  —  A  propos  du  Conte  de  La  Roche 
anx  Frets,  rapporté  (p.  492)  dans  le  Bulletin  de  la  Société  préhisto- 
rique française  (décembre  1914),  M.  M.  Baudouin  s'est  demandé  ce 
que  signifiait  le  refrain  «  des  deux  derniers  jours  de  la  semaine  ». 

Il  est  à  craindre  que  la  source  citée  n'ait  commis  là  une  confusion. 
En  effet,  les  Fées  et  les  Nains,  étant  (aux  yeux  de  beaucoup)  des  âmes 
incrédules  en  pénitence,  ont  grand  peur  du  Samedi  (dédié  à  la 
Vierge)  et  du  Dimanche  (consacré  au  souvenir  de  la  résurrection  du 
Christ).  —  Aussi  prennent-ils  comme  refrain  tous  les  jours  de  la 
semaine,  sauf  les  deux  derniers  [Samedi  et  Dimanche]  !  Si  l'on  pro- 
nonçait ces  noms  devant  eux,  en  ajoutant  :  <  Et  voilà  la  semaine 
terminée  »,  la  longue  pénitence  à  laquelle  ils  sont  condamnés 
prendrait  fin.  On  trouvera  ces  explications,  avec  exemple,  dans  de 
La  Villemarqué  [Chants  populaires  de  la  Bretagne.  Paris,  Perrin, 
1913.  —  Introduction,  p.  LU  et  suiv.  ;  et  p.  35  à  38]. 

M.  Ci.  Guénin  (Brest).  —  Dans  le  si  curieux  et  si  intéressant 
travail  de  M.  M.  Baudouin  sur  la  Roche  aux  Fras,  j'ai  relevé  un  pas- 
sage, dont  je  puis  donner  l'explication.  La  Chanson  des  Fras,  des 
Farfadets,  comprend  tous  les  jours,  sauf  le  samedi  et  le  dimanche  ! 

Quand  on  les  prononce,  leur  puissance  s'évanouit.  Le  samedi, 
parce  que  c'est  la  veille  du  dimanche,  et  que,  jadis,  les  veilles  d'un  jour 
donné  étaient  aussi  sanctifiés  que  le  jour  lui-même;  le  dimanche, 
parce  que  c'est  le  jour  du  Seigneur,  qui  a  remplacé  le  jour  du 
Soleil.  Si  les  Lutins  sont  épouvantés,  quand  on  prononce  ces  deux 
jours,  c'est  qu'ils  leur  rappellent  là  défaite  de  leur  vieux  Culte 
solaire.  —  Je  pourrais  préciser,  car  je  rechercherai,  dans  les  légendes 
de  lutins  que  j'ai  recueillies,  les  Chansons  de  Jours  et  les  jours 
néfastes. 


Une  Pierre-Figure  de  la  Seine. 

M.  A.  Sellier  (Paris).  —  J'ai  l'honneur  de  présenter  deux 
Cartes  postales  d'une  Pierre-Figure,  provenant  des  alluvions  de 
la  Seine. 

Sur  la  Carte  N°  1,  le  profil  d'un  homme,  à  gauche,  est  assez 
grossier  ;  le  trou  naturel  forme  l'œil.  En  retournant  complète- 
ment cette  image,  on  obtient  à  droite  un  profil  humain,  plus  appa- 
rent et  mieux  fait  que  le  premier  (Carte  N°  2). 

Cette  pierre  ne  semble  pas  avoir  servi  d'outil.  Cependant  elle 

SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE.  4 


50  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

est  taillée.  Dans  quel  but?  Serait-ce  pour  accentuer  une  ressem- 
blance ?  S'il  est  permis  de  se  poser  la  question,  elle  ne  paraît 
pas  facile  à  résoudre.  Ces  retouches  semblent  bien  dues  à  une 
cause  intentionnelle.  Sur  la  Carte  N°  2  elles  sont  plus  importantes 
que  sur  la  Carte  N°  1.  Il  semble  qu'une  fois  la  courbe  obtenue  on 
a  fait  des  retouches  plus  fines,  plus  soignées,  pour  parfaire  l'arête 
du  côté  des  profils  à  conserver. 

Je  remets  cet  exemplaire  des  deux  figures  [av ers  et  revers)  pour 
les  Collections  de  la  Société  Préhistorique  Française. 


Fréquence  de  la  Itifliclité  des  Racines  des  Dents 
antérieures   chez  les  Squelettes   de  l'Ossuaire 

des  Cous,  à  Bazoges-en-Pareds  (Vendée). 

[Prise  de  date], 
par  le  Dr 

Marcel  BAUDOUIN  (Paris) 

L'examen  des  Dents  libres,  c'est-à-dire  à  racines  visibles,  et 
des  Alvéoles  vides  des  maxillaires  supérieurs,  recueillis  par 
M.  Lucien  Rousseau  et  par  moi  à  l'Ossuaire  Néolithique  des 
Cous,  à  Bazoges-en-Pareds  (Vendée),  a  montré  une  fréquence, 
véritablement  imprévue,  de  la  Bifidité  des  Racines  des  Dents 
dites  monoradiculaires  ou  antérieures  (Incisives,  Canines  et 
Prémolaires). 

1°  C'est  ainsi  que  j'ai  noté  deux  Incisives  latérales  supérieures 
(PS)  nettement  bifides,  sur  un  total  de  28  dents  :  ce  qui  donne 
une  proportion  de  7  0/0  environ.  —  C'est  là  un  fait  nouveau  et 
insoupçonné  !  —  Les  Incisives  à  sillon  longitudinal  sont  très  nom- 
breuses, d'ailleurs. 

2°  J'ai  constaté,  d'autre  part,  qu'il  y  avait  six  Canines  infé- 
rieures nettement  bifides,  sur  une  trentaine  de  dents;  d'où  la  pro- 
portion de  18  0/0  environ.  —  Des  auteurs  avaient  déjà  indiqué 
(Hamy,  Magitot,  Dunogier,  etc.)  la  fréquence  de  cette  bifidité  des 
Canines  néolithiques. 

On  sait  d'ailleurs  que  les  Canines,  à  cette  époque,  ont  toutes 
un  sillon  longitudinal  très  marqué  et  que  ce  sillon  est  extrêmement 
net  sur  les  dents  de  l'Homme  paléolithique  (Homme  Moustérien 
de  Jersey,  par  exemple,  etc.). 

J'ai  même  noté  une  Canine  néolithique  trifide  :  fait  unique 
jusqu'à  présent  !  . 

3°  En  ce  qui  concerne  les  Prémolaires,  c'est  surtout  la  pre- 
mière prémolaire  supérieure  (Pn^S)  qui  est  bifide  ;  et  cela  dans  des 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  51 

proportions  qui  paraissent  plus  fréquentes  qu'à  l'époque  actuelle. 
J'ai  noté,  en  effet,  la  bifidité  dans  plus  de  25  0/0  des  cas.  De  plus, 
cette  bifidité  est  toujours  plus  marquée  qu'à  l'époque  moderne, 
c'est-à-dire  remonte  souvent  jusqu'à  la  couronne  de  la  dent  ou 
presque.  Magitot  avait  déjà  insisté  aussi  sur  cette  constatation. 

J'ai  noté  également  un  cas  de  trifidité,  par  dédoublement  de  la 
racine  externe  ;  mais  ces  faits  sont  d'une  explication  bien  plus 
facile  ici  que  pour  la  canine. 

Grâce  à  l'examen  des  alvéoles  vides  de  crânes  entiers,  j'ai  pu 
constater  que  souvent  la  Bifidité  était  symétrique,  c'est-à-dire  se 
voyait  des  deux  côtés  de  la  mâchoire  pour  cette  dent  (Pm'S). 
D'ailleurs  le  Pr  Hamy  avait  déjà  remarqué  le  fait  pour  les  Canines. 

4°  La  2e  Prémolaire  supérieure  est  beaucoup  plus  rarement 
bifide  que  Pm'S  (6  0/0  seulement)  ;  mais  cette  bifidité  est  prouvée 
par  l'examen  des  alvéoles.  —  En  revanche  les  sillons  sont  très 
fréquents,  pour  cette  dent  comme  pour  l'autre. 

5°  J'ai  noté  deux  cas  de  trifidité  pour  Pm1  de  la  mâchoire  infé- 
rieure, qui  a  souvent  trois  sillons  (et  non  pas  deux)  ;  c'est  là 
aussi  un  fait  tout  à  fait  nouveau. 

Il  semble  résulter  de  ces  constatations  que  cette  tendance  à  la 
bifidité  pourles  Dents  antérieures,  monoradiculaires  actuellement, 
est  vraiment  une  caractéristique  de  l'Anatomie  néolithique. 

On  peut  même  dire  que  la  Bifidité  de  Pn^S,  grâce  à  sa  fré- 
quence, est  un  caractère  néolithique  plus  important  que  la  Perfo- 
ration olécrânienne  (dans  la  proportion  n'est  guère  que  de  20  0/0) 
et  la  Cannelure  des  Péronés,  encore  moins  fréquente. 


Etude  clés  Dents  préhistoriques  de  la  Sépulture 
Néolithique  de  Vendrest  (  Seine  -  et  -  Marne  )  • 
Recherches  sur  In  tendance  à  la  bifidité  des 
racines  des  canines  et  des  prémolaires. 

[Examen  de  1359  dents  reconnaissables  et  à  racine  visible]. 

Par  M.  le  D' 

Jules    FERRIE R  (de  Paris), 

Stomatologiste  des  Hôpitaux  {Hôtel-Dieu). 

Voici  la  statistique  que  j'ai  pu  établir,  à  l'instigation  de  mon  ami, 
M.  le  Dr  Marcel  Baudouin,  secrétaire  général  de  la, Société  préhisto- 
rique française. 

„  ,  .  (    haut    260    bifides    » 

Molaires  <    ,  on„ 

(    bas      209       —        » 

PrpTn  c\\  f\  i  pp^      < 

k    bas      185       —         »    Sillons  indicateurs  de  3  et  4  racines,  46. 


52  SOCTÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Canines 


Incisives 


haut 

55        - 

» 

bas 

75        - 

2 

haut 

265        — 

» 

bas 

175        — 

» 

quelques  Sillons  indicateurs  2  racines. 
Sillons  indicateurs  2  racines:  toutes  ! 
Sillons  23. 
Sillons  toutes. 


1359 
Pourcentage  des  cas  de  Biûdité  des  Canines  du  bas,  relativement  au 
nombre  des  canines  du  bas  =  2,66;  relativement  au  nombre  total 
des  canines    haut  et  bas:   1,53;  relativement  au  nombre  total  des. 
dents:  0,14. 

M.  Marcel  Baudouin.  —  Je  crois  devoir  souligner  les  différences 
qui  existent,  au  point  de  vue  de  la  fréquence  de  la  Bifidité  des  racines 
des  dents  antérieures,  pour  les  Sépultures  Néolithiques  de  Bazoges- 
en-Pareds  (Vendée)  et  de  Vendrest  (Seine-et-Marne). 

A  Bazoges-en-Pareds,  les  Canines  inférieures  bifides  donnent  la 
proportion,  énorme,  de  18  0/0;  à  Vendrest,  nous  n'avons  que 
2,66  0/0;  peut-être  3  0/0  !  —  Pourtant,  le  nombre  des  deux  Canines 
libres  récoltées  est  à  peu  près  le  même  dans  les  deux  cas  pour 
chaque  dent.  —  A  quoi  tient  cette  différence?  J'ai  songé  à  l'influence 
de  la  race. 

En  effet,  à  Bazoges,  nous  n'avons,  en  somme,  que  des  Dolichocé- 
phales, tandis  qu'à  Vendrest  il  y  a  presque  autant  de  Brachucé- 
phales  que  de  Dolichocéphales  !  La  Bifidité  serait-elle  par  suite,  en 
rapport  avec  la  Dolichocéphalie,  c'est-à-dire  avec  la  race  la  plus 
vieille  de  l'Epoque  Néolithique?  Ce  serait  assez  logique,  au 
demeurant. 

Par  contre,  à  Vendrest,  la  bifidité  des  Pra'S  est  de  37pour  98  : 
2  environ  ;  soit  environ  65  0/0,  tandis  qu'à  Bazoges  nous  n'avons 
trouvé  que  25  0/0.  Or  ces  chiffres  sont  assez  contradictoires  avec 
ceux  fournis  par  la  Canine,  car  il  semblerait,  a  priori  que  la  Bra- 
chycéphalie  devrait  rétrécir  plutôt  la  mâchoire  supérieure  que  Y  infé- 
rieure; mais  peut  être  n'en  est  il  rien  et  les  modifications  de  la 
mandibule  ont  peut-être  été  les  plus  importantes,  si  l'une  des  races 
dérive  de  l'autre;  ce  qui  n'est  d'ailleurs  nullement  prouvé  ! 

Bien  entendu,  ce  n'est  là  qu'une  vue  de  l'esprit,  que  des  statisti- 
ques ultérieures  seules  pourront  légitimer  ou  contrecarrer. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  53 

III.  —  ARTICLES  ORIGINAUX. 


A   propos  du  Tableau  de  l'église  S  ni  ni -llcrri  et 
de  l'hypothétique  Cromlech  de  Manterre  (1). 

PAR 

Marcel  HÉBERT. 

La  citation  de  «  Jacques  Du  Breuil  »,  par  l'Abbé  H.  Boutin,  relatée 
dans  notre  Bulletin  de  juillet-octobre  1914  (p.  376),  n'est  que  partiel- 
lement exacte. 

Il  n'est  pas  question,  dans  «  Du  Breuil  »  —  en  réalité  Du  Breul  — 
d'eaux  «  s'arrêtant  devant  les  pierres  et  s'élevant  à  l'entour  comme 
une  muraille  liquide  ».  La  «  muraille  »  est  de  l'invention  de  l'Abbé 
Boutin.  —  Ainsi  s'embellissent  les  légendes  ! 

Du  Breul,  dans  son  Théâtre  des  Antiquitez  de  Paris,  édité  en  1612, 
ne  fait  que  textuellement  copier  la  phrase  des  Antiquitez  et  recher- 
ches de  Du  Ghesne  (2)  (dont  la  première  édition  est  de  1609),  que 
j'avais  citée  dans  le  Bulletin  de  juillet  1914. 

Or,  écrivant  «  en  l'âge  octogénaire  »,  Du  Breul  n'est  certes  pas 
allé  à  Nanterre  contrôler  l'affirmation  de  Du  Chesne,  relativement  à 
l'enceinte  de  pierres. 

Quant  à  l'assertion  du  «  tourangeau  »  Du  Chesne,  elle  n'inspire 
pas,  tout  d'abord,  pleine  confiance.  Il  écrit  :  On  voit,  comme  il  écri- 
rait :  On  dit.  —  Lui  n'a  pas  vu  : 

«  Amy  lecteur,  avoue-t-il  dans  sa  Préface,  ne  t'imagine  pas  que 
j'ay  entrepris  le  voyage  de  la  France,  de  ce  grand  et  florissant 
royaume,  pour  voir  toutes  les  villes,  places  et  chatteaux  dont  je 
présente  ici  les  antiquitez  et  singularitez  plus  remarquables,  ny 
moins  encore  afin  de  contempler  les  situations  d'icelles. 

C'est  ce  que  j'ai  glané  de  la  moisson  fertile 
Des  plus  gentils  esprits » 

Quel  est  le  «  gentil  esprit  »  iqui  a  renseigné  Du  Chesne?  Nous 
l'ignorons.  Mais  nous    retrouvons  mention  du  «  parc  environné  de 

(1)  Cf.  Bulletin  de  la  S.  P.  F.,  août  1912;  article  du  Dr  Ballet,  avec  reproduction  du 
tableau  (xvie  siècle)  de  l'église  Saint-Merri,  représentant  Sainte-Geneviève  paissant 
ses  brebis  dans  un  champ  entouré  d'un  cercle  de  pierres  fichées,  ressemblant  à  un 
cromlech.  — «  On  ne  sait  rien  sur  l'origine  de  ce  panneau  ».  Gazette  des  Beaux-Arts, 
septembre  1892,  p.  219. 

(2)  «  Là  (Nanterre)  se  voit  le  parc  où  l'on  tient  que  cette  sainte  vierge  (Gene- 
viève) gardoit  les  troupeaux  de  son  père  ;  parc  tout  enceint  de  grosses  pierres 
pour  marque  éternelle  de  sa  première  et  simple  condition,  et  parc  lequel  n'est 
jamais  couvert  d'eaux,  encore  que  tous  les  champs  voisins  en  soient  souvent 
inondés  par  le  debord  de  la  rivière.  ».  Du  Ghesne,  Les  antiquitez  et  recherches,  etc. 
Edit.  1609,  p.  280.  Du  Breul,  Le  théâtre  des  antiquitez  de  Paris,  Edit.  1612,  p.  1166. 

—  S'agit-il  d'une  enceinte  en  cercle??...  La  figuration  circulaire  pourrait  être 
question  d'esthétique. 


54  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

grosses  pierres  »  dans  la  Vie  des  Saints,  du  P.  Giry  (édit.  1683, 
tome  I,  3  janvier,  p.  153)  :  «  On  montre  auprès  du  village  de  Nan- 
terre,  lieu  de  la  naissance  de  la  sainte,  un  parc  environné  de  gros- 
ses pierres,  où  l'on  tient  qu'elle  se  mettait  dans  son  enfance  pour 
faire  ses  dévotions  en  gardant  les  troupeaux  de  son  père  ;  et  l'on  a 
souvent  observé  que  la  rivière  ne  couvre  jamais  ce  parc,  quoiqu'elle 
inonde  par  son  débordement  toutes  les  campagnes  voisines.  » 

La  phrase,  cette  fois,  n'est  pas  copiée;  mais  il  suffit  de  la  comparer 
avec  celle  de  Du  Chesne,  pour  être  certain  que  Giry  avait  cette  der- 
nière sous  les  yeux  (je  l'ai  citée,  plus  haut,  en  note).  Tout  cela  donc 
ne  fait,  en  réalité,  qu'un  seul  et  même  témoignage.  Cependant,  étant 
donné  que  les  ouvrages  de  Du  Chesne,  de  Du  Breul  et  de  Giry 
eurent  plusieurs  éditions  et  furent  beaucoup  lus,  il  paraît  difficile  de 
contester  que  quelque  chose  d'objectif  répondît,  à  Nanterre,  à  ces 
affirmations. 

Mais  quoi  ?  Un  Cromlech,  comme  le  pensent  certains  de  nos  col- 
lègues ?  Cromlech  que  l'on  aurait,  à  un  moment  donné,  christianisé, 
en  y  incorporant  une  légende  relative  à  sainte  Geneviève  ?  Certes,  à 
priori,  la  supposition  est  admissible,  puisque  l'on  connaît  tant 
d'exemples  de  pareilles  transformations  (1). 

Mais  encore  faudrait-il,  en  l'absence  de  preuves  positives,  que 
toute  autre  interprétation  fût  impossible. 

Or  l'interprétation  de  beaucoup  la  plus  simple,  la  plus  naturelle, 
c'est  celle  de  Du  Chesne,  à  savoir  qu'il  s'agit  tout  bonnement  d'une 
clôture  (2). 

Du  Chesne  et  Giry,  qui  croient  que  Geneviève  fut  bergère, 
pensent  que  c'est  réellement  l'ancienne  clôture  du  parc  où  elle 
paissait  les  moutons. 

Ceux  qui  ne  croient  pas  que  Geneviève  ait  été  bergère  admettront 
que  clôture  et  parc  furent  arrangés  pour  satisfaire  la  dévotion  popu- 
laire, en  lui  fournissant  une  représentation  matérielle  de  la  légende. 
Religieux,  patriotiques,  ou  autres,  les  pèlerinages  sont  pleins  de  ces 
figurations,  localisations,  identifications,  précieuses  aux  âmes  avides 
d'être  émues. 

De  fait,  l'origine  récente  de  ladite  clôture  est  reconnue  par  l'abbé 
Lebeuf  dans  son  Histoire  de  la  ville  et  de  tout  le  diocèse  de  Paris 
(1754): 

«  La  clôture  de  pierres  du  parc  où  Geneviève  restoit,  et  de  laquelle 

(1)  J'en  ai  donné  récemment  un  exemple  relativement  à  la  vieille  pierre  sacrée  : 
Chaire  de  saint  Elophe,  à  Saint-Elophe  (Vosges).  Cf.  Les  Saints  céphalophores  dans 
Revue  de  l  Université  de  Bruxelles,  janvier  1914. 

(2)  L'hypothèse  d'une  simple  Clôture  a  été  prévue  par  le  Dr  M.  Baudouin 
[Bulletin  S.  P.  F.,  1912,  p.  495]. 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  55 

Du  Breul  fait  mention,  ne  donne  pas  plus  de  force  à  cette  tradition, 
non  plus  que  la  remarque  que  dans  les  débordements  l'eau  n'y  atteint 
jamais.  Tout  cela  est  une  amplification  de  ces  Tragédies  pieuses, 
dans  lesquelles  on  représentoit,  il  y  a  trois  ou  quatre  siècles,  la  vie 
de  cette  Sainte.  Il  en  reste  un  manuscrit  (1)  en  l'Abbaye  de  son 
nom.  »  (Edit.  Féchoz,  Tome  IH,s'p.  75,  note  1). 

L'abbé  Lebeuf  ajoute  : 

«  Hors  le  Bourg  (de  Nanterre),  à  moitié  chemin  ou  environ  du 
pont  de  Chatou,  est  encore  une  autre  Chapelle  très  petite  du  même 
titre  de  Sainte-Geneviève,  entourée  de  quelques  arbres,  b.âtie,  à  ce 
que  l'on  dit,  à  l'endroit  où  elle  garda  les  moutons  de  son  père,  dans 
le  système  qu'elle  a  été  bergère.  Mais,  pour  que  cette  chapelle  en 
servît  de  preuve,  il  faudrait  qu'elle  fût  plus  ancienne  qu'elle  n'est 
et  qu'il  ne  parût  pas,  au  contraire,  qu'elle  a  été  nouvellement  bâtie 
pour  aider  à  confirmer  les  idées  des  peintres  (2)    » 

Je  n'ai  pas  à  faire  ici  une  étude  spéciale  de  la  légende  de  sainte 
Geneviève  «  bergère  ».  Qu'il  me  suffise  de  constater  qu'il  n'est  nul- 
lement question  de  ces  fonctions  pastorales,  ni  dans  les  anciennes  Vies 
de  la  Sainte,  ni  dans  aucun  des  nombreux  textes  relatifs  à  sainte  Gene- 
viève, depuis  le  vie  juqu'au  xvie  siècle  (Cf  Ch.  Kohler.  Etude  critique 
sur  le  texte  de  la  Vie  latine  de  sainte  Geneviève,  p.  VIII). 

«  A  partir  du  xvie  siècle,  écrivait  le  Curé  de  Saint-Etienne-du*Mont, 
M.  Lesêtre,  on  commença  à  altérer  le  type  traditionnel  de  la  sainte 
(un  cierge  à  la  main,  entre  un  démon  qui  éteint  le  cierge,  et  un 
ange  qui  le  rallume).  A  cette  époque,  un  aveugle  de  Bruges,  Pierre 
du  Pont,  composa  un  poème  en  l'honneur  de  sainte  Geneviève  (3),  et 
jugea  à  propos  de  ne  célébrer  en  elle  que  la  bergère.  L'idée  fit  son 
chemin.  Les  artistes  se  plurent  à  traiter  ce  thème  qui  leur  sembla 
sans  doute  plus  pittoresque...  La  légende  réussit  à  s'accréditer  à  tel 
point  qu'aujourd'hui  encore,  pour  beaucoup  d'esprits  mal  informés, 
elle  tient  lieu  de  l'histoire,  et  qu'on  croit  avoir  dit  tout  quand  on  a 
appelé  sainte  Geneviève  la  «  bergère  de  Nanterre  ».  (Vie  de  sainte 
Geneviève  (Lecoffre,  1901;  p.  186). 

Non  moins  explicite  est  le  R.  P.  Cahier,  S.  J.  : 

«  Que  dans  son  enfance  le  sainte  ait  pu  être  envoyée  aux  champs 
par  sa  mère  (femme  un  peu  rude,  comme  dit  l'histoire),  pour  sur- 
veiller les  bestiaux,  je  ne  m'y  oppose  point.  Mais  je  ne  crois  pas  que 

(1)  On  n'a  pu  me  le  procurer,  ni  à  la  Bibliothèque  Sainte-Geneviève,  ni  à  la 
Nationale.  —  M.  H. 

(2)  Il  n'en  subsiste  rien  de  nos  jours.  Une  exploitation  de  graviers  (route  de 
Chatou,  à  un  kilomètre  environ  de  la  station  de  Nanterre,  à  droite),  porte  encore 
le  nom  de  Parc  Sainte-Geneviève.  —  M.  H. 

(3)  La  Gallia  Christiana,  Tome  VII,  édit.  1744,  col.  766,  précise  la  date  :  en 
décembre  1512. 


56  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

l'idée  d'en  faire  une  gardeuse  de  moutons  soit  antérieure  à  l'époque 
des  bergeries  dans  la  peinture.  En  somme,  ce  n'était  pas  la  repré- 
sentation acceptée  dans  l'art  populaire  avant  le  xvne  siècle.  Adop- 
tons, si  l'on  veut,  pour  excuser  les  premières  dérogations  à  l'ancien 
type,  que,  ne  comprenant  plus  le  sens  du  cierge  qui  était  entre  les 
mains  de  la  sainte,  on  l'aura  pris  pour  le  reste  d'une  houlette.  Mais 
c'est  peut-être  faire  encore  beaucoup  d'honneur  aux  artistes  qui  ont 
ouvert  la  nouvelle  voie  ! 

«  N'omettons  pas  toutefois  une  origine  qui  peut  expliquer  plausible- 
ment  la  dévotion  moderne.  Une  ancienne  estampe,  voulant  faire 
entendre  que  la  sainte  avait  rassuré  les  Parisiens  contre  la  frayeur 
que  répandait  Attila,  montra  Geneviève  priant  Dieu  sur  les  murailles 
de  Paris,  transformé  en  une  sorte  de  bercail  qui  entoure  et  protège 
les  brebis.  Au  dehors,  la  fureur  de  l'invasion  barbare  est  représentée 
par  une  bande  de  loups  qui  brûlent  de  forcer  l'enceinte.  »  (Caracté- 
ristiques des  Saints,  Tome  I,  p.  156). 

On  s'exposerait  donc,  en  tirant  quelque  conclusion  du  charmant 
tableau  de  l'église  Saint-Merri,  à  gratuitement  attribuer  une  valeur 
historique  à  des  éléments  légendaires.  La  fantaisie  avec  laquelle  le 
peintre  a  représenté  la  sainte,  les  montagnes  du  fond,  etc.,  nous  met 
sur  nos  gardes,  relativement  à  la  clôture.  L'eût-il  d'ailleurs,  dessinée 
d'après  nature,  cela  ne  rendrait  pas  davantage  préhistorique  ce 
détail  de  la  naïve  mise  en  scène  d'un  pèlerinage  populaire. 

Bien  plus,  l'emploi,  en  la  circonstance,  du  thème  de  l'inondation 
arrêtée  suffirait  à  nous  faire  soupçonner  le  caractère  factice  de  ces 
constructions.  Ce  thème  revient  plusieurs  fois,  en  effet,  dans  le 
récit  des  miracles  attribués  à  la  sainte.  Un  jour,  près  de  Meaux, 
grâce  à  sa  prière,  un  orage  se  déverse  sur  les  champs  «  circonvoi- 
sins  »,  épargnant  sa  moisson  à  elle  (Bollandistes,  Acta  Sanctorum,  I, 
3  janvier,  p.  147).  Au  neuvième  siècle,  une  terrible  inondation  de  la 
Seine  entoure,  sans  y  toucher,  le  lit  de  Geneviève,  pieusement  con- 
servé dnas  son  ancienne  demeure  :  «  ambientibus  quidem  ab  aquis 
circumdatus,  sed  non  infusus  ;  ascenderant  enim  aquse  usque  ad 
médium  vitrearum...  Sancta  Genovefa...  absens  corpore,  sed  virtute 
praesens,  irruentes  aquas  cohibuit  et  in  murum  suspendit.  »  (Act.  S. 
p.  148,  §  8  ;  et  Lesêtre,  Vie,  p.  76  et  163).  —  Cette  fois,  voilà  bien 
les  eaux  formant  muraille  ! 

Il  n'y  a  donc  pas  là  survivance  d'une  Tradition  préhistorique, 
mais  simple  utilisation,  application  nouvelle  et  ingénieuse  au  «  Parc 
Sainte-Geneviève,  »  d'un  type  de  miracle  déjà  connu.  —  Nous 
sommes,  en  tout  cela  :  légendes,  pèlerinage,  gravures,  tableaux, 
en  plein  domaine  de  la  Poésie. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  57 


Suite  à  l'Etude  des  Oiseaux  Néolithiques 
(Oiseaux  à  coupe  cylindrique  ou  ovoïde). 


P.  de  GIVENCHY  (de   Paris)  (1). 

La  communication,  que  j'ai  faite  à  notre  séance  du  22  janvier  1914, 
sur  les  Ciseaux  polis  et  fusiformes,  a  pris,  depuis  lors,  plus  d'exten- 
sion que  je  n'aurais  osé  l'espérer.  Grâce  à  l'intervention  de  M.  Adrien 
de  Mortillet,  qui  en  exprimait  le  désir,  cette  étude  a  presque  pris 
l'importance  d'un  véritable  Inventaire. 

En  effet,  d'autres  communications  ont  suivi  ;  et,  dans  les  séances 
suivantes,  MM.  H.  Barbier,  A.  Dubus,  Mme  B.  du  Retail,  MM.  H. 
Chapelet  et  Patte  ont  apporté  leur  intéressante  part  contributive  à 
cette  étude.  Je  ne  reviendrai  pas  sur  ces  dernières  communications, 
qui  ont  paru  au  Bulletin. 

Mais,  depuis  le  1er  juillet,  de  nouveaux  documents  me  sont  parve- 
nus; de  nouveaux  ciseaux  m'ont  été  signalés.  Ce  sont  ces  communi- 
cations que  je  viens  exposer  aujourd'hui. 

C'est  d'abord  M.  l'abbé  Breuil,  qui  m'informe  qu'il  avait  com- 
mencé, il  y  a  une  dizaine  d'années,  en  étudiant  ces  sortes  de  ciseaux, 
à  faire  un  relevé  de  leurs  trouvailles  pour  le  Département  de  l'Oise 
et  pays  limitrophes. 

M.  l'abbé  Breuil  ajoute,  très  aimablement,  que,  n'ayant  plus  guère 
désormais  le  loisir  de  publier  des  travaux  sur  le  Néolithique,  il  met 
cette  liste  à  ma  disposition.  Je  le  remercie  d'autant  plus  vivement  de 
son  extrême  obligeance  qu'à  cette  liste  se  trouvent  joints  quelques 
dessins  de  très  beaux  ciseaux,  qu'il  a  dessinés  lui-même,  d'après  les 
originaux.  J'en  reproduis  ici  quelques-uns. 

J'ai  rassemblé,  dans  l'état  ci  dessous,  les  différentes  localités  qu'à 
bien  voulu  me  signaler  M.  l'abbé  Breuil.  Il  lui  a  été  difficile  de 
retrouver  exactement  le  nom  de  tous  les  possesseurs  de  ces  objets; 
mais  il  les  a  tous  vus  et  notés  en  son  temps. 

Notre  sympathique  Président,  M.  le  Dr  Atgier,  qui  fait  en  ce 
moment  son  devoir  de  français  et  de  médecin,  en  dirigeant  une 
ambulance  sur  le  front,  m'écrivait  en  Juillet  dernier  une  lettre,  d'où 
je  demande  la  permission  d'extraire  cette  phrase  :  «  Les  savants, 
«  dit-il,  ne  se  seraient  pas  prononcés  pour  les  appeler  Ciseaux,  que, 

|1)  Communication  faite  à  la  séance  du  26  novembre  1914.  —  Pour  les  communi- 
cations précédentes,  voir  Bulletin,  année  1914  :  P.  de  Givenchy,  L.  Coutil.  A.  de 
Mortillet  et  Dr  Marcel  Baudouin,  page  84;  H.  Barbier  (de  Pacy-sur-Eure), 
page  138;  A.  Dubus  (de  Neuchàtel-en-Brayej,  page  201;  M»"  B.  du  Retail  (de 
Saint-Brieuc),  page  202;  H.  Chapelet  (de  Paris),  page  205;  E.  Patte  (de  Chantilly), 
page  461. 


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SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  59 

«  pour  mon  compte,  je  les  aurais  appelés  des  Polissoirs  à  main,  ou 
«  plutôt  des  Brunissoirs,  destinés  à  polir  les  objets  en  bois  déjà  tail- 
«  lés  et  sculptés  ». 

Il  était  de  mon  devoir  de  signaler  cette  opinion,  surtout  quand 
elle  émane  de  notre  savant  Président 

C'est  ensuite  M.  Florance,  notre  excellent  collègue  de  Blois,  qui 
nous  signale  un  beau  type  de  ciseau  poli,  trouvé  à  Saint-Gourgan 
(Loir-et-Cher),  qu'il  a  vu  autrefois,  mais  qui  a  été  emporté  par  un 
fonctionnaire  dont  il  n'a  plus  l'adresse. 

Notre  Secrétaire  général,  M.  le  Dr  Marcel  Baudouin,  nous  signale 
aussi  un  très  beau  ciseau  néolithique,  remarqué  par  lui  l'été  dernier 
au  Musée  de  Senlis  (Oise).  Et,  puisque  nous  sommes  dans  l'arron- 
dissement de  Senlis,  j'ajouterai  en  avoir  vu  également  un  très  bel 
exemplaire,  il  y  a  trois  ou  quatre  ans,àNanteuil-le-Haudouin  (Oise), 
dans  la  collection  Grégeois  (décédé  depuis). 

M.  Harmois  (de  Saint-Brieuc)  a  présenté  à  la  Société  un  ciseau 
néolithique,  en  diorite  (à  type  large),  provenant  de  Saint-Glen  (Côtes- 
du-Nord). 

M.  C.  Boulanger,  l'éminent  archéologue  de  Péronne,  possède  dans 
sa  collection  un  magnifique  ciseau  néolithique,  qu'il  m'a  très  aima- 
blement envoyé  en  communication.  Je  suis  heureux  d'avoir  pu  faire 
photographier  cette  belle  pièce,  qui  est  représentée  ici  (Figure  5), 
grandeur  naturelle.  Ce  ciseau,  qui  doit  être  le  même  que  celui  signalé 
plus  haut  à  Péronne,  par  M.  Breuil,  a  été  trouvé  à  Allaines,  près 
Péronne  (Somme),  avec  deux  haches  polies  en  même  silex. 

Je  suis  d'autant  plus  reconnaissant  à  M.  Boulanger  d'avoir  bien 
voulu  me  prêter  ce  beau  ciseau,  que  cela  m'a  permis  d'y  faire  une 
remarque  fort  intéressante.  Ce  ciseau  (comme  on  peut  s'en  rendre 
compte  du  reste  par  la  Figure  5)  possède,  en  haut  et  à  gauche  de  son 
petit  tranchant,  une  légère  cassure  ou  éraflure.  Or,  dans  ma  présen- 
tation du  mois  de  janvier  1914,  le  ciseau  N°  3  de  la  Planche  I  (voir 
page  86  du  Bulletin),  qui  provient  d'Antilly  (Oise),  et  qui  fait  partie 
de  ma  collection,  possède  aussi,  chose  curieuse,  la  même  petite  cas- 
sure, et  au  même  endroit.  J'insiste  donc  tout  particulièrement  sur 
ce  fait  que  voilà  deux  outils,  absolument  identiques,  offrant  de  plus 
une  cassure  identique  localisée  au  même  endroit! 

Il  est  bien  évident,  que  cette  cassure  est...  accidentelle.  Mais  vrai- 
ment il  est  difficile  d'attribuer  au  hasard  l'endroit,  le  même  sur  les 
deux  pièces,  où  s'est  produit  cet...  accidentl  II  faut  donc  penser  que, 
si  l'outil  est  susceptible  de  se  casser  plus  facilement  à  cet  endroit, 
c'est  qu'il  s'use  davantage  sur  ce  point.  Cela  semblerait  donc  indi- 
quer le  point  faible  d'usure  ou  de  fatigue,  le  point  d'appui  de  tra- 
vail de  ce  genre  d'outils.  J'ajoute  que  cela  semblerait  démontrer 
aussi  que  ce  ciseau  se  maniait  toujours  de  la  main  droite,  et  qu'il 


60 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 


Fig.  1.  —  Ciseau  Néolithique  de  Catenoy  (Oise).  —  [Aneienne  Coll.  Baudonj. 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 


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Fig.  2.  —  Ciseau  Néolithique  de  Bailleul-le-Soc  (Oise).   —  [Coll.  Pouillet,  à  Clermont]. 

(Dessin  Brkuil)]. 
Fig.  3.  —  Ciseau  Néolithique  de  Prêcy  (Oise).  —  Ex.  Coll.  Veuve  Brunet,  à  Mello  (Dessin 

BREU1L). 


62 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 


appuie  ainsi  davantage  sur  la  partie  gauche  du  tranchant,  ce  qui 
confirmerait  les  explications  données  par  M.  A.  de  Mortillet  (page  90 
du  Bulletin  1914)  sur  l'usage  de  ce  genre  d'outils,  destinés  d'après 
lui  à  l'usage  du  bois. 

Du  reste,  si  on  examine  attentivement  les  ciseaux  néolithiques  de 
M.  Coutil  (Planche  II  et  page  88,  du  Bulletin,  année  1914),  on  remar- 


Fig.  4.   —  Ciseau  néolithique  de  Cœuvres  (Aisne).  —  [Coll.  Rouzé  (Dessin  Breuil  1. 


quera  que  celui  qui  porte  le  N°  3  de  cette  planche  (provenant  de 
Boisemont  et  étiqueté  aussi  (161),  présente  également  de  l'usure  en 
haut  et  à  gauche.  Et  notre  collègue,  dans  sa  description,  a  eu  soin 
de  le  signaler  comme  :  émoussé  à  une  extrémité. 


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SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  63 

Dans  ma  communication  de  janvier,  à  la  page  86,  à  propos  de 
mon  ciseau  N°  3,  d'Antilly,  de  la  Planche  I,  que  je  viens  de  mettre 
en  parallèle  avec  celui  de  M.  Boulanger,  j'ai  écrit  :  «  Une  légère 
éraflure  a  malheureusement  ébréché  un  coin  du  tranchant  ».  Eh 
bien,  je  demande  aujourd'hui  à  supprimer  le  mot  :  malheureuse- 
ment! Car  vous  me  voyez,  au  contraire, 
enchanté  maintenant  d'avoir  trouvé  deux 
ciseaux,  sinon  trois,  écornés  au  même 
endroit! 

J'insiste  donc  sur  l'utilité  d'étudier 
parfois  les  cassures,  même  les  plus  lé- 
gères, sur  les  outils  préhistoriques  en 
pierre.  Il  ne  faut  pas  les  négliger.  En 
voilà  une  preuve  indéniable. 

Je  terminerai  cette  étude  sur  les  Ci- 
seaux néolithiques  cylindriques,  en  ajou- 
tant qu'ils  peuvent  se  classer,  je  crois, 
en  deux  types  :  le  ciseau  à  type  étroit, 
et  le  ciseau  à  type  large;  ceux  qui  ont  fait 
l'objet  de  cette  étude  étant  presque  tous 
du  type  étroit. 

Mais,  dans  le  type  large,  il  faut  être  très 
circonspect.  Car,  dans  cette  série  on  peut, 
en  passant  par  toutes  les  largeurs,  arriver 
sans  transition  à  la  Hache  polie.  Et  on 
arrive  ainsi  à  être  parfois  très  embar- 
rassé pour  savoir  où  finit  le  Ciseau,  et 
où  commence  réellement  la  Hache  polie. 
Car  il  y  a  des  Haches  polies  cylin- 
driques et  à  type  allongé,  qui  peuvent 
prêter  à  confusion. 

C'est  ainsi,  qu'en  réunissant  tous  ces 
documents  et  ces  présentations ,  qui 
m'ont  permis  de  faire  ces  deux  com- 
munications en  1914,  il  m'est  arrivé,  au 
moins  deux  fois,  d'être  obligé  d'éliminer 
de  cette  étude,  des  ciseaux  ou  pseudo- 
ciseaux (ou  du  moins  des  outils  pré- 
sentés comme  tels),  dans  l'embarras  où 
je  me  suis  trouvé,  en  raison  de  leur  lar- 
geur, de  ne  plus  savoir  si  j'avais  affaire  à  un  ciseau  ou  à  une 
petite  hache  polie. 

Je  crois  que  l'extrême  limite  de  largeur,  que  l'on  peut  réserver  au 
ciseau  poli,  est  indiquée  par  le  ciseau  N°  7,  de  la  Planche  II,  page  87, 


lig.  5.  —  Ciseau  néolithique 
cI'Allaines  (Somme).  —  [Coll. 
Boulanger,  à  Péronne]  (Pho- 
tographie de  GlVENCHY). 


61  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

du  Bulletin  1914,  collection  L.  Coutil.  —  Au  delà  de  cette  largeur,  on 
risque  de  tomber  dans  la  hache  polie,  le  tranchant  lui-même  s'élar- 
gissant. 

MM.  Marcel  Baudouin  et  A.  de  Mortillet  insistent  sur  l'intérêt 
qu'il  y  a  à  étudier  les  cassures  et  usures  de  tous  les  outils. 

M.  le  Dr  Marcel  Baudouin.  —  Je  trouve  fort  intéressante  la 
remarque  de  M.  P.  de  Givenchy,  relativement  au  côté  de  l'outil 
où  l'on  remarque,  d'ordinaire,  les  éclatements  dus  à  l'usage.  Ce 
côté  est  le  côté  gauche,  l'outil  étant  supposé  en  main  toujours  de  la 
même  façon.  —  Cela  semble,  en  effet,  bien  indiquer  qu'il  était  tou- 
jours tenu  de  la  même  manière  et  de  la  même  main! 

Qui  plus  est,  cette  main  devait  être  la  droite,  car,  quand  on  fait 
fonctionner  un  outil  toujours  de  cette  main,  Y  usure  se  trouve  d'ordi- 
naire plus  marquée  a  gauche,  ainsi  qu'on  peut  le  vérifier  sur  les 
pelles  de  terrassiers  et  d'agriculteurs  Droitiers  ;  chez  les  Gauchers  (1), 
l'usure  est  en  sens  inverse.  —  Dans  ces  conditions,  on  a  là  une 
preuve,  nouvelle,  de  Yexistence  de  la  Droiterie,  à  I'Epoque  néoli- 
thique :  Droiterie  qu'on  peut  démontrer  par  bien  d'autres  procédés, 
et,  en  particulier,  par  la  comparaison  des  os  d'un  même  squelette 
néolithique,  qui  sont  tous  plus  lourds  à  droite  qu'à  gauche  (Ex. 
Sépulture  par  Inhumation  de  La  Planche  à  Puare  (Ile  d'Yeu.  V.), 
relative  à  un  Brachycéphale)  ;  et  aussi  par  l'étude  anatomique  des 
Paires  de  Pieds  sculptés  sur  Rochers  et  datés  astronomiquement 
comme  Néolithiques  (2). 

(1)  A  propos  des  gauchers,  je  pourrais  rapporter  une  curieuse  anecdote.  En 
fouillant  un  Puits  funéraire,  j'avais  trouvé  un  outil  en  fer,  moderne,  qu'un  pays  an 
y  avait  subrepticement  introduit!  —  Comme  cet  outil,  d'après  la  technique  de  son 
usure,  ne  pouvait  avoir  été  utilisé  que  par  un  gaucher,  j'ai  pu  ainsi  déterminer 
quel  était  le  faussaire  (un  gaucher  de  la  commune)  ! 

(2)  Marcel  Baudouin.  —  Sculptures  et  Gravures  de  Pieds  humains  sur  Rochers. 
—  A.  F.  A.  S.,  Tunis,  1913.  Paris,  1914,  in-8<>. 


SEANCE  DU   25   FEVRIER    1915 


Présidence  de  M.  LE  BEL. 


I.    —     PROCÈS-VERBAL    DE    LA     SÉANCE 


La  Séance  est  ouverte  à  4  heures,  sous  la  Présidence  de  M.  Le  Bel, 
Vice-Président. 

Il  est  donné  lecture  du  procès-verbal  de  la  dernière  séance  (28  Jan- 
vier 1915),  qui  est  approuvé. 

A  propos  du  procès-verbal,  communications  de  MM.  M.  Baudouin, 

P.  DE  GlVENCHY  et  PATTE. 

Correspondance. 

Lettres  d'Excuses, —  M.  le  Dr  A.  Guébhard;  —  MM.  A.  Vire  ;  — 
Ch.  Schleicher  ;  —  Atgier  ;  —  Lambert  ;  —  Thiot. 

Lettres  de  remerciements.  —  M.  Poisson. 

Lettres  Diverses,  —  Le  Musée  Impérial  Historique  de  Russie  à 
Moscou  a  adressé,  par  l'intermédiaire  du  Ministère  de  l'Instruction 
publique  de  France,  à  la  Société  Préhistorique  Française,  le  texte  d'une 
Protestation  contre  les  actes  de  vandalisme,  scientifique  et  artistique, 
commis  par  les  Allemands  pendant  la  Guerre,  qui  est  signée  par  un 
grand  nombre  de  Savants  Russes  et  datée  du  14  novembre  1914. 

M.  le  Président  de  la  Société  Préhistorique  Française,  au  nom  du 
Conseil  d'Administration  et  de  la  Société  Préhistorique  Française,  a 
adressé  une  lettre  de  remerciements  à  M.  le  Directeur  du  Musée  Impé- 
rial Historique  de  Russie. 

Bibliothèque. 

Harlé  (Ed.).  —  Un  projet  de  transport  du  Gouvernement  à  Bordeaux  en  1794. 
[Extr.  Rev.  Hist.  de  Bordeaux  et  de  la  Gironde,  1914,  VII,  n°  5,  septembre- 
octobre].  —  Tiré  à  part,  1914,  in-8%  3  p. 

SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE.  5 


66  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Harlé  (Ed.)  et  Stehlin  (H. -G.)-  —  Un  Gapridé  quaternaire  de  la  Dordogne, 
voisin  du  Thar  actuel  de  l'Himalaya  [Extr.  Bull.  Soc.  Géol.  de  France, 
1913,  3  novembre,  t.  XIII,  4  février,  p.  412-431,  2  fig.].  —  Tiré  à  part, 
1913,  in-8\ 

Harlé  (Edouard).  —  Lagomys  de  la  Grotte  de  la  Madeleine  et  Phoque  de 
l'Abri  Castanet  (Dorgogne)  [Extr.  Bulletin  Soc.  Géolog.  de  France,  1913, 
t.  XIII,  4e  s,  p.  342-351,  1"  décembre,  fig.].—  Tiré  à  part  in-8°,  1913, 
10  p.,  Fig. 

Mahoudeau  (P'  Pierre  G.).  —  La  recherche  du  début  de  l'Ere  Humaine 
[Cours  d'Anthropologie  Zoologique]  [Extr.  Bévue  Anthrop.,  Paris,  1914, 
XXIV,  n°  9-10,  p.  323-341J.  —  Tiré  à  part,  Paris,  in-8°,  1914. 


Nouvelle   Admission. 

Est  proclamé  Membre  de  S.  P.  F.  : 

Devoir,  Capitaine  de  Frégate,  rue  de  l'Amiral-Linois,  24,  Brest 
(Finistère). 

[E.  Taté.  —  Marcel  Baudouin], 

Présentations  et  Communications. 

M.  Chapelet  (Paris).  —  Présentation  de  Trois  Crânes  et  d'un  Vase 
de  l'époque  Gauloise  [Dons  à  la  S.  P.  F.  ]. 

1°  Crâne  de  Champagne,  trouvé  à  Saint- Mesmin  [Marne)  et  vase 
gaulois  provenant  du  même  endroit;  —  2°  Crâne  trouvé  dans  les  tranchées 
faites  pour  la  construction  du  chemin  de  fer  de  Bellegarde  à  Anne- 
masse,  aux  environs  de  Saint- Julien-en- Genevois  [Haute- Savoie) ;  — 
3°  Crâne  sans  provenance,  intéressant  parce  qu'il  présente  la  suture 
métopique  persistante.  —  Discussion  :  Marc.el  Baudouin;  Dr  Siffre; 

A,  DE  MORTILLET. 

Hure  (Mlle  Augusta)  (Sens,  Yonne).  —  Pointes  Moustériennes  retou- 
chées à  la  base  [Grattoirs-retouchoirs]  du  Senonais  (Présentation  des 
Pièces  offertes  à  la  Société  Préhistorique  Française).  —  Discussion  : 
A.  de  Mortillet  ;  Marcel  Baudouin. 

A.  Desforges  (Rémilly,  Nièvre).  —  Les  Polissoirs  mobiles  recueillis 
en  Nivernais. 

Marcel  Baudouin  (Vendée).  —  Découverte  d'un  Menhir  debout  tota- 
lement enfoui  dans  la  vase  d'une  Alluvion  marine  en  Vendée  [1er  fait 
observé  :  fouille  1906]. 

A.  Brasseur  (Gournay,  S.-I.J.  —  Note  sur  les  Haches  polies  [Fig.). 
—  Discussion;  A.  de  Mortillet;  Ed.  Hue  ;  Marcel  Baudouin; 
Bossavy. 

M.  A.  de  Mortillet  (Paris).  —  Présentation  d'Outils  en  schistes 
taillés  d'Afrique  [Soudan),  au  nom  de  M.  de  Zeltner  [Don  à  la  Société 
Préhistorique  Française] . 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  67 

L.  Coutil  (Saint-Pierre-du-Vauvray,  S.).  —  Pointes  de  Flèches  de 
l'Age  du  Bronze,  munies  de  barbelures  à  la  douille  (Suite).  —  La 
Grotte  Néolithique  de  Courjeonnet, 

archiviste  de  la  S.  I*.  JF. 

M.  Harmois  (de  Paris)  est  nommé  Archiviste  [Section  des  Docu- 
ments scientifiques]  de  la  Société  Préhistorique  Française. 

Réunions  Mensuelles  nu  Laboratoire 
de  la  S.  P.  F\ 

Désormais,  tous  les  Deuxièmes  Jeudis  de  chaque  Mois  aura  lieu, 
aux  Laboratoire  et  Musée  de  la  Société  Préhistorique  Française,  250, 
rue  Saint-Jacques,  à  Trois  heures  de  l'après-midi,  une  réunion  des 
Membres  de  la  Société  Préhistorique  Française» 

Cette  réunion,  spécialement  organisée  pour  Y  examen  des  Collections 
et  la  présentation  des  Pièces  encombrantes,  dont  le  transport  au  local 
de  nos  séances  est  toujours  malaisé  et  compliqué,  est  aussi  destinée  à 
faire  connaître  à  tous  nos  Collègues  les  ressources  en  objets  préhisto- 
riques, dont  nous  disposons  déjà. 

Il  n'y  aura  ni  procès-verbal  ni  publication,  relativement  aux  Commu- 
nications faites  ce  jour-là. 

Avis  très  importants. 
Cotisations  de  1912». 

Les  Membres,  qui  n'ont  pas  encore  adressé  le  montant  de  leur  Coti- 
sation de  l'année  en  cours  (1915)  sont  priés,  conformément  à  l'Ar- 
ticle 4  du  Règlement,  de  vouloir  bien  remplir  cette  formalité  le  plus 
rapidement  possible. 

Ceux,  dont  la  Cotisation  n'aurait  pas  été  reçue  au  15  Avril  1915, 
seront  priés,  pour  éviter  toute  interruption  dans  le  service  du  Bulletin, 
de  faire  honneur  au  recouvrement  postal,  qui  leur  sera  adressé  à  domi- 
cile, dans  la  deuxième  quinzaine  de  ce  mois  d' Avril,  majoré  de  0  f.  75 
pour  les  frais  (sauf  entente  particulière  avec  le  Trésorier). 

Mémoires  {Tome   III.  —  igi4)> 

Il  y  a  urgence  à  adresser  à  M.  le  Trésorier  la  Cotisation 
pour  le  Tome  III  des  Mémoires  de  la  Société  Préhistorique 
Française,  actuellement  sous  presse  [Souscription  :  15  fr. 
L'ouvrage  n'est  vendu  qu'au  prix  de  20  francs]. 


68  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

II.  —  NOTES,  DISCUSSIONS   ET  PRISES   DE  DATE. 


l^a  Préhistoire  et  les  Tranchées. 

En  réponse  à-  la  Circulaire  de  la  Société  Archéologique  de  la  Pro- 
vence, insérée  dans  un  numéro  antérieur  du  Bulletin,  nous  avons  reçu 
la  lettre  suivante  de  notre  collègue,  M.  Hubeii,  interne  des  hôpitaux, 
Asile  de  Ville-Evrard  (Neuilly-sur-Marne,  S.-et-O.). 

Ville-Evrard,  11  février  1915. 

i         <     Mon  cher  Secrétaire  Général, 

;  Je  viens  de  recevoir  le  Bulletin  de  la  Société  Préhistorique  Française 
et  ai  lu  avec  beaucoup  d'intérêt  la  Circulaire,  envoyée  par  la  «  Société 
archéologique  de  Provence  ».  Certes,  si  l'on  pouvait  visiter  certaines 
tranchées,  on  y  ferait  des  trouvailes  intéressantes,  et  moi-même  j'avais 
eu  cette  idée  dès  le  mois  d'octobre  ;  mais  je  n'ai  pu  mettre  mon  projet 
à  exécution.  Et  voici  l'aventure  qui  m'advint. 

Le  25  décembre  dernier,  je  partis  pour  Chelles,  distant  de  Ville- 
Evrard  de  quelques  kilomètres,  afin  de  visiter,  au  point  de  vue  préhisto- 
rique et  géologique,  les  tranchées,  que  l'on  avait  creusées  près  des 
fameuses  carrières  de  Chelles.  J'étais  à  peine  descendu  de  bicyclette 
que  j'étais  appréhendé,  bousculé,  traité  d'espion,  boche  et  voleur,  et 
autres  qualificatifs  plus  ou  moins  malsonnants;  puis  emmené  à  Chelles, 
remis  au  poste  militaire,  où  je  fus  interrogé  par  le  commandant  de 
la  place,  qui,  tout  heureux  d'avoir  arrêté  un  espion,  me  fit  conduire, 
encadré  de  soldats,  baïonnette  au  canon,  à  la  gendarmerie  de  Chelles. 

"  Là  j'eus  a  subir  un  interrogatoire  ;  et  ce  n'est  que  le  soir,  mon  identité 

ayant  été  dûment  établie,  que  le  Commandant  consentit sur  Tordre 

du  Général,  à  me  relâcher.  Je  restais  donc  de  3  heures  de  l'après-midi 
à  .6  heures  entre  les  mains  de  la  gendarmerie  et  dus  me  contenter  d'une 
simple  exploration  du  violon....  de  la  gendarmerie  de  Chelles. 

J'ai  tenu  à  vous  mettre  au  courant  de  cette  petite  histoire,  afin  que 
vous  puissiez  avertir  les  confrères  de  la  Société  Préhistorique  Fran- 
çaise, qui  seraient  tentés  par  les  tranchées  de  Chelles  !  —  Chat  échaudé 
craint  l'eau  froide.... 

Croyez,  mon  cher  Confrère,  à  mes  sentiments  dévoués, 

HUBER. 

M.  A.  de  Mortillet.  —  Il  est  assurément  très  regrettable  que 
notre  collègue  ait  été  dérangé  dans  ses  recherches;  mais  il  n'y  a 
vraiment  pas  lieu  d'en  être  surpris.  Sa  mésaventure  est  même  de 
bon  augure.  Elle  prouve  que  l'on  s'est  enfin  décidé  à  exercer  par- 
tout une  active  surveillance,  afin  d'arrêter  un  peu  la  louche  besogne 
des  espions  allemands,  qui  pullulent  encore  en  France. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  69 

M.  Edmond  Hue.  —  Si  l'auteur  de  la  burlesque  équipée  dont 
nous  venons  d'entendre  lecture  s'était  conformé  aux  sages  conseils 
du  Manuel  des  Recherches,  publié  par  notre  Société,  il  n'eût  pas  eu 
l'occasion  de  formuler  des  plaintes  aussi  amères.  Le  Manuel,  se 
basant  sur  les  règles  de  la  courtoisie  la  plus  élémentaire,  prescrit  de 
demander  au  détenteur  d'une  propriété  l'autorisation  de  pénétrer 
sur  son  domaine.  Dans  cette  démarche,  plus  que  jamais  obligatoire 
en  temps  de  guerre,  la  carte  de  Membre  de  la  Société  Préhistorique 
Française  est  d'un  grand  recours.  Le  titre  qu'elle  confère,  joint  au 
geste  courtois  qui  l'accompagne,  ouvre  toutes  les  portes.  Il  y  a 
bien  quelques  exceptions  dues  à  des  rivalités  politiques  ou  simi- 
laires, qu'il  est  du  reste  facile  de  prévoir;  mais  il  vaut  mieux  laisser 
le  rôle  ingrat  au  propriétaire  récalcitrant.  Se  réclamer  de  cette, carte 
quand  on  s'est  mis  en  mauvaise  posture  est  un  geste  qui  porterait 
préjudice  au  bon  renom  de  la  Société  ;  et  j'espère  que  notre  collègue 
s'est  abstenu  d'user  de  ce  procédé  tardif.  Par  contre,  nous  savons 
que  tous  les  Membres  des  Sociétés,  qui  se  sont  conformés  aux  pres- 
criptions du  Manuel  des  Recherches,  ont  trouvé,  auprès  des  Officiers 
commandants  des  Secteurs,  le  meilleur  accueil  et  la  réponse  la  plus 
favorable  à  leur  démarche,  quand  les  exigences  du  service  le 
permettaient. 

M.  Marcel  Baudouin.  —  Je  vous  présente  des  Silex  taillés,  qui 
ont  été  recueillis,  en  novembre  1914,  dans  les  tranchées  militaires 
de  Fitz-James,  à  Clermont  (Oise).  Ils  ont  été  cueillis,  en  place,  sur 
la  coupe  même  du  terrain.  Ces  recherches  ont  été  parfaitement 
localisées  comme  situation.  Le  maître  du  terrain  étant  sur  les  lieux,- 
on  a  donc  ici  tenu  compte  des  indications  fournies  par  M.  Hue. 


A.  propos  du  Cromlech  de  ïVanterro. 

M.  M.  Baudouin.  —  A  propos  du  Cromlech  de  Nanterre  (1),  j'ai 
parlé  du  Miracle  des  Eaux,  se  figeant  pour  ainsi  dire  autour  du  Cercle 
de  Pierre  ;  et  je  l'ai  rapproché  du  miracle  du  Passage  de  la  Mer 
rouge  par  les  Hébreux,  que  j'ai  toujours  considéré  comme  une 
donnée  de  Folklore  oriental,  et  non  comme  un  fait  d'HisTOiRE. 

Je  suis  heureux  de  constater  que  M.  Dussaud  avait  développé 
déjà  cette  idée,  dans  une  communication  faite  à  Y  Institut  français 
d'Anthropologie  (22  octobre  1913)  et  avait  rapproché  le  fait  dé 
Y  Arrêt  du  Soleil  de  Josué.   Cela  prouve  que  le  Cerveau  humain  est 

(1)  Bull.  Soc.  Préh.  Franc.,  1914  [Voir  p.  376]. 


70  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

partout  le  même  et  qu'il   a  été  capable  d'inventer  les  mêmes  mira- 
cles, à  des  distances  considérables 

Dis-moi  quelle  circonvolution  tu  possèdes  ;  et  je  te  dirai  qui  tu  es  ! 


Note  rectificative  sur  les  Oiseaux  Néolithiques. 

[Erratum]. 

M.  P.  de  Givenchy  (Paris).  —  Dans  ma  communication  sur 
les  Ciseaux  polis  fusi formes,  parue  au  dernier  Bulletin,  c'est  par 
erreur  que  le  grand  Ciseau  double  de  Catenoy  (Oise)  est  signalé 
(au  tableau  de  la  page  58  et  à  la  figure  1,  page  60)  comme  ayant 
fait  partie  de  la  Collection  Baudon,  M.  le  Dr  Baudon  n'en  possédait 
qu'un  moulage.  Mais  cette  magnifique  pièce  est  au  Musée  de  Beau- 
vais  depuis  1850  ou  1851,  avec  les  objets  du  Camp  de  Catenoy, 
légués  à  la  Société  Académique  de  l'Oise  par  M.  Ledicte  Dutlos. 

Dans  sa  note  sur  la  Vente  de  la  Collection  préhistorique  de  M.  le 
DT  Th.  Baudon  (voir  Bulletin  1914,  page  194),  notre  collègue, 
M.  Thiot,  à  propos  des  objets  remarquables  du  Camp  de  Catenoy 
qui  se  trouvent  eu  Musée  de  Beauvais,  cite  ce  ciseau  double  bien 
connu  et  ses  moulages.  Voir,  aussi,  au  sujet  de  cette  belle  pièce  : 
Le  Camp  de  Catenoy  (Oise)  ;  par  N.  Ponthieux,  [Beauvais,  1872]. 


Description  de  quelques  Ciseaux  polis,  à  coupe 

ovoïde. 

[Collection  Thiot]. 

M.  Paul  de  Givenchy  (Paris).  —  M.  Thiot,  notre  collègue  de 
Beauvais  (Oise),  m'a  envoyé,  trop  tard  pour  que  je  puisse  l'insérer 
dans  ma  seconde  communication,  la  description  d'une  demi-dou- 
zaine de  ciseaux  néolithiques  faisant  partie  de  sa  collection. 

En  voici  la  nomenclature  : 

1°  Ciseau  double  en  silex  lacustre.  —  Provenance  :  Mesnil- sous- 
Vienne,  canton  de  Gisors  (Eure).  Longueur  :  0m120;  largeur,  0m025 ; 
épaisseur,  0m021.  —  Les  deux  extrémités  sont  ébréchées. 

2°  Ciseau  en  diorite.  —  Provenance  inconnue,  mais  probable- 
ment de  la  région.  Longueur,  0m107;  largeur,  0m018;  épaisseur, 
0m013.  —  Bel  exemplaire,  complètement  intact. 

3°  Ciseau  fragmenté  en  silex  gris  pâle.  — Provenance  :  Saint-Just- 
des-Marais,  canton  de  Beauvais.  Longueur,  0m075;  largeur,  0m026; 
épaisseur,  0m018>  —  Tranchant  ébréché» 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  71 

4°  Ciseau  fragmenté  de  même  matière  et  de  même  provenance.  — 
Longueur,  0m055;  largeur  du  tranchant,  0m021  ;  épaisseur,  0n'009. 

—  Tranchant  intact. 

5°  Ciseau  fragmenté  en  silex  gris  foncé.  —  Provenance  :  Milly, 
canton  de  Marseille-en-Beauvaisis  (Oise).  Longueur,  0m058;  largeur, 
0m023;  épaisseur,  0in013.  —  Tranchant  intact. 

6°  Ciseau  en  silex  tabulaire,  présentant  du  cortex  sur  les  deux  faces. 

—  Provenance  :  Quesnel-Aubry,  canton  de  Froissy  (Oise).  Lon- 
gueur, 0m118;  largeur  au  tranchant,  0m035  et  à  l'extrémité  opposée 
0,n024;  épaisseur,  0m013.  —  Sur  cet  exemplaire,  qui  est  presque  plat, 
le  tranchant,  un  peu  émoussé,  est  poli  sur  environ  0m040. 

M.  Marcel  Baudouin.  —  Je  dois  encore  signaler  l'existence  d'un 
«  Ciseau,  en  jadéite  verte,  objet  d'une  extrême  rareté  »  (1),  prove- 
nant des  fouilles  des  Tumulus  de  Pornic  (L.-I.)  exécutées,  en  1848, 
par  M.  Verger,  recueilli  par  le  Dr  Guilmin,  et  décrit  par  F.  Paren- 
teau  et  figuré  par  lui  (2).  —  Il  se  trouve,  actuellement  au  Musée 
Dobrée  (Nantes),  sous  le  n°  214,  vitrine  5  (Coll.  Parenteau). 


La  Grotte  néolithique  de  Çourjeonnet  (Marne). 

M.  L.  Coutil  fait  savoir  qu'il  a  reçu  des  nouvelles  de  la  Grotte 
néolithique  de  Çourjeonnet  (Marne),  qu'il  a  acquise  et  aménagée 
pour  la   Société  Préhistorique  Française. 

Notre  collègue,  M.  Roland,  instituteur  à  Villevenard,  l'a  sauvée 
de  la  destruction.  Au  moment  des  batailles  de  la  Marne,  il  s'y  était 
réfugié  avec  sa  famille  et  des  amis.  Voyant  que  la  population  se 
trouvait  en  danger,  il  conseilla  à  ceux  qui  avaient  des  caves  de  s'y 
réfugier;  il  emmena  les  autres  dans  les  grottes  néolithiques  qu'il  avait 
découvertes,  et  derrière  lesquelles  les  Allemands  installèrent  leurs 
tranchées,  parfois  à  15  mètres  de  distance,  comme  pour  celle  de  Çour- 
jeonnet, où  quatre  shrapnells  explosèrent  sur  les  voûtes.  Une 
Centaine  de  pièces  de  canon  allemandes  étaient  établies  entre  le 
village  et  les  grottes  ;  plus  de  500  obus  français  s'abattirent  sur  la 
zone  occupée  par  les  Allemands;  les  mitrailleuses  faisaient  rage. 

Les  Allemands  pillèrent  Villevenard  et  la  collection  de  notre  col- 
lègue Roland.  C'est  à  peu  près  au  même  moment  que  le  Kronprinz 
déménagea  la  Collection  de  Baye,  située  à  5  kilomètres  de  distance. 

M.  Roland  a  vécu  pendant  trois  jours,  avec  douze  personnes,  dans 
notre  Grotte  de  Çourjeonnet  ;  il  n'avait  qu'un  kilo  500  grammes  de 

c  ■ 

(i)  Cai.  du  Mme*  Arch.,  Nanfci,  1903,  in-*»  [V.  p.  6]. 

(8)  Upêntair*  Arch.  d«  la  ColL  Parenteau*  N«nU#  187$,  in-4»  (PL  Xt  »•  2), 


72  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

pain  pour  tout  le  monde;  il  dut,  sous  la  mitraille  et  la  nuit, 
essayer  de  se  procurer  quelques  gros  radis  à  bestiaux,  pour  trom- 
per la  faim  de  ses  onze  pensionnaires.  Un  officier  allemand  et  une 
patrouille  les  ayant  découverts,  ils  crurent  leurs  derniers  jours 
arrivés.  —  Chose  bien  surprenante,  les  barbares  n'enlevèrent  pas  la 
porte  qui  fermait  la  grotte.  —  Notre  monument  est  donc  intact  ;  et 
nous  devons  remercier  notre  collègue  de  l'avoir  ainsi  défendu  contre 
la  sauvagerie  tudesque. 


Anse    mobile    de     seau    en    bronze,    trouvée     à 
Montcy-Saint-Pierre,     canton     de     Charleville 

(Ardennes). 

M.  L.  Coutil  (Saint-Pierre-du-Vauvray)  présente,  de  la  part  de 
notre  collègue,  M.  A.  Collaye  (de  Signy-l'Abbaye,  Ardennes),  une 
anse  de  seau  en  bronze  trouvée,   il  y  a  une  trentaine  d'années,  à 


.Anse   de    Seau    tkovvei. 
a  Mojïtcy  SAin7*P/£:x.RE.prùMeztèrts. 
crocket  ouvrant  ( AJWEM/ES.)  Cr»tU  ..«mnt 

..lv.VA.xt  (  Collfcl.on  r.p£Ti:rjZs,à  CMARt.evit.J.X.)  ***»*«•• 

Fig.  1.  —  Frise  supérieure  et  anse  de  seau  (Ardennes). 


Montcy-Saint-Pierre,  canton  de  Charleville,  arrondissement  de 
Mézières,  parmi  des  substructions  gallo-romaines,  mérovingiennes 
et  du  moyen  âge,  en  un  point  situé  à  3  kilomètres  de  Mézières  et 
2  kilomètres  de  Charleville.  —  Cette  anse  est  la  propriété  de  M.  Petit- 
fils,  avocat  à  Charleville  ;  il  nous  a  dit  que  l'ancien  propriétaire 
avait  nettoyé  avec  beaucoup  de  mal  la  patine  de  cette  anse  et  l'avait 
raccommodée  avec  soin. 

Ce  qui  constitue  son  intérêt,  c'est  d'abord  la  charnière  médiane, 
qui  permettait  de  la  replier  sur  elle-même,  de  manière  à  la  rendre 
moins  encombrante,    lorsqu'elle   ne   servait   plus.    Cette    anse   est 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  73 

munie,  aux  deux  extrémités,  de  crochets,  dont  les  ouvertures  assez 
larges  sont  opposées,  afin  d'empêcher  le  seau  de  se  décrocher  (ce 
qui  eut  été  rendu  facile,  l'anse  étant  articulée  et  par  suite  moins 
rigide). 

La  seconde  particularité  consiste  dans  l'ornementation  extérieure, 
formée  de  têtes  humaines  avec  moustaches  et  langue  tirée,  sur- 
montées de  casques;  deux  zones  de  chevrons  limitent  ces  têtes  sur 
les  deux  bords  de  l'anse,  qui  mesure  0m25  d'écartement  et  0m20  de 
rayon.  Ces  têtes  humaines  ont  été  obtenues,  isolément,  par  la 
percussion  d'un  coin  en  acier  sur  le  métal  (bronze  jaune,  ou  laiton). 

Ces  têtes  rappellent  celles  qui  ornent  la  garniture  d'un  seau  méro- 
vingien, que  nous  avons  vu  au  Musée  de  Carlsrhue  et  qui  a  été 
trouvé  à  Feudenheim  (duché  de  Bade)  ;  il  a  été  reproduit  par 
M.  Wagner,  dans  son  travail,  p.  210  (Fundstalten  und  Funde...  im 
grossherzogthum  Baden.  Das  Badishe  Unterland,  Tom#II.,  Tûbingen, 
1911).  La  forme  du  casque  qui  orne  la  tête  figurée  sur  l'anse  rap- 
pelle bien  la  forme  des  casques  mérovingiens.  D'autre  part,  cette 
tête  ressemble  aussi  aux  têtes  humaines  des  parures  Scandinaves 
des  ixe  et  xe  siècles  :  ce  qui  nous  permet  de  supposer  que  cette  anse 
pourrait  être  localisée  entre  les  ixe  et  xme  siècle  (Casque  à  bombe  et 
à  nasal). 

Il  est  regrettable  de  ne  pas  avoir  le  seau  lui-même  ou  sa  garniture 
métallique,  car  on  pourrait  aussi  le  dater  avec  précision  (1). 

1)  Séance  du  25  juin  1914. 


74  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 


III.  —  COMMISSION  DES  ENCEINTES 


Commission  d'étude 

des  Enceintes  préhistoriques 

et  Fortifications  anhistoriques. 

M.  Armand  Viré,  Président  de  la  Commission,  retenu  à  l'armée, 
envoie  le  68e  Rapport  de  la  Commission,  consacré  à  la  suite  des 

INVENTAIRES  BIBLIOGRAPHIQUES  DES  ENCEINTES  DE  FRANCE 

#  XLVIII 

LOT 

L'inventaire  bibliographique  et  topographique  des  Enceintes  du 
Lot  a  été  publié  au  Bulletin  de  la  Société  préhistorique  française,  V, 
1908,  p.  23-24  et  70-81. Nous  ne  le  reproduirons  pas  ici;  mais  il  est 
nécessaire  d'y  taire  un  certain  nombre  d'additions. 

Nous  commencerons  par  donner  plus  complètement  la  bibliogra- 
phie de  la  question  d'Uxellodunum,  ou,  selon  les  manuscrits  : 
Velutdunum  (Leyde,  sans  date)  (1),  Uxelludonum  (id.),  Uxellodo- 
num  (id.),  Auxilliodunum  (Amsterdam,  IXe  ou  Xe  s.),  Veludunum 
(Paris,  5763,  Xe  s.),  Uexellodunum  (Paris  5056,  XII*  s.). 

Uxellodunum  est,  on  se  le  rappelle,  la  dernière  des  grandes  places 
fortes  assiégées  par  César.  Placée  sur  une  montagne  escarpée  de 
toutes  parts,  elle  tint  en  échec  le  conquérant  qui  n'en  put  venir  à 
bout  qu'en  coupant  souterrainement  les  conduits  naturels  d'une 
grande  source,  qui  alimentait  d'eau  les  habitants.  Sa  chute  mit  un 
terme  définitif  à  la  résistance  des  Gaules. 

Le  récit  circonstancié  du  siège  nous  est  donné  dans  le  VIIIe  livre 
des  Commentaires,  rédigé  par  Hirtius,  qui,  malheureusement,  ne 
nous  fournit  pas  les  détails  topographiques  suffisants  à  déter- 
miner l'assiette  de  cette  place  d'une  façon  absolue.  Le  texte  nous 
dit  toutefois  que  cette  ville  était  située  «  in  finibus  Cadurcorum  ». 
Il  semble  donc  qu'il  n'en  faille  point  chercher  le  site  en  dehors  de 

(1)  Certains  auteurs  ont  cru  récemment  pouvoir  lire,  dans  un  grattage  de  ce 
manuscrit,  la  variante  Usercadunum.  D'après  une  excellente  photographie  qu'a 
bien  voulu  noua  communiquer  M.  l'abbé  tajeune,  cette  lecture  résiste  difficile- 
ment a  un  examen  sérieux» 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  75 

l'ancien  Quercy  (Lot  et  Tarn-et-Garonne).  Néanmoins,  les  com- 
mentateurs en  situent  l'emplacement  en  des  points  du  Quercy  très 
différents  ou  même  en  des  régions  complètement  étrangères  au 
Quercy. 

Les  principaux  emplacements  proposés  ont  été  les  suivants  : 
Le  Puy  d'Issolud,  entre  Martel  et  Vayrac  ;  Luzech  ;  Gapdenac  \ 
Cahors  ;  Puy  l'Evêque  ;  Carennac  ;  Murcens  ;  le  Pech  d'Estillac, 
commune  de  Sainte-Alauzie,  dans  le  département  du  Lot  ;  Lauzerte 
et  Bonne,  près  de  Saint-Antonin,  dans  le  Tarn-et-Garonne;  Uzerche 
et  Ussel,  dans  la  Corrèze  ;  enfin  Issoudun,  dans  le  Cher;  et  même 
Lusignan,  dans  la  Vienne  ! 

Comme  pour  Alésia  (Voir  B.  S.  P.  F.,  Côte-d'Or),  nous  réunis- 
sons ici  sous  un  même  titre  tous  les  travaux  qui  se  rapportent  à 
la  question,  sans  nous  préoccuper  de  l'opinion  des  auteurs  sur 
l'emplacement  de  cet  Oppidum.  Nous  citerons  [entre  crochets]  cette 
opinion,  chaque  fois  qu'il  nous  aura  été  possible  de  la  connaître, 

BIBLIOGRAPHIE  D'UXELLODUNUM 

C.  Julii  Gsesaris.  —  De  bello  gallico  commentariorum  libri  Vil 
(Livre  VIII,  texte  d'Hirtius»).  Voir  manuscrits  et  éditions,  à  l'article 
Alesia  (Côte  d'Or,  B.  S.  P.  F.,  T.  10,  1913,  p.  405). 

Suetonius.  —  De  Juliio  Cœsare. 

Plut  arque.  —  Vie  de  César. 

Strabon.  —  Géographie. 

Ptolémée.  —  Géographie. 
,    Paulus   Orosius.   —   Historiaram    adversus  paganos   libri  VII, 
p.  493  (Edition  de  Cologne,  1582,  n°  8). 

Frontin.  —  Stratagèmes,  lib.  III,  cap.  7.       .  . 

Scriptores  reram  galliarum,  p.  580,  IX. 

Charte  du  roi  Raoul  (935). 

[Puy  d'Issolud]. 
Chartes  (apocryphes?)  de  941,  944  et  945  de  l'abbaye  de  Tulle. 

[Puy  d'Issolud]. 
Charte  de  1393  sur  les  privilèges  de  Gapdenac  (Contestée). 

[Capdenac]. 
Jean  de  Azula.  —  Edit   des  Commentaires,  Venise,  1490. 
Vascosan.  —  Tableau  comparatif  des  noms  anciens  et  modernes 
des  lieux  cités  dans  les  huit  livres  de  la  guerre  des  Gaules  (Edition  des 
Commentaires),  1543. 

[Gapdenac]. 
Estienne  (Charles)  k  —  pict.  historico-geographico-poeticumt 

[Capdenac]. 


76  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Guyon  de  Maie  ville.  —  Esbats  sur  la  province  du  Quercy. 
Manuscrit  de  1580  environ,  édité  par  la  Soc.  des  Et.  litt.,  scient  , 
et  art.,  du  Lot,  en  1900. 

[Luzech-viile]. 

Lurbe  (Gabriel  de).  —  Garumna, . . .  Oldus. . . ,  etc.  Bordeaux,  1593, 
in-8°. 

[Capdenac]. 

Junius  (François  du  Jon,  dit)  in  Ortelius.  —  Thésaurus  geo- 
graphicus,  Anvers  1596. 

[Issoudun]. 

Marlianus.  —  Veteris  Galliae  îocorûm  tabula  alphabetica,  in  : 
édit.  de  César  d'Aide  Manuce,  1513. 

[Pas  de  conclusion  nette]. 

f   Vigenère.  —  Edit.  des  Commentaires,  1603. 

[Capdenac]. 

Merula.  —  Cosmographiœ  generalis  libri  très,  in-4°,  1605. 
[Puy-d'Issolud]. 

Jos.  Just.  Scaligeri  Cœsaris  a  Burden  filii  opuscula  varia 
antehac  non  édita,  Paris  1610. 
[Puy  d'Issolud]. 
Papire  Masson.  —  Descriptio  fluminum  Galliœ,  Paris,  1610. 
[Capdenac]. 

Labbe  (Phil.).  —  Pharus-Galliœ  antiquœ,  Moulins,  1644. 

[Puy  d'Issolud  d'abord  ;  et  ensuite  un  hypothétique  Puy  d'Issoldun,  près 
du  Château  de  Martelas,  aux  environs  de  Capdenac!] 

Labbe  (Phil.).  —  Tableaux  méthodiques  de  la  géographie  royale, 
1646. 

Goulon  (R.  P.).  —  Les  rivières  de  France,  ou  description  géogr* 
et  hist.  du  cours  des  fleuves  qui  arrosent  les  Provinces  du  royaume  de 
France,  Paris,  1644,  p.  508. 

[Capdenac] . 

Justel.  —  Histoire  de  la  maison  de  Turenne,  Paris  1645. 
[Puy  d'Issolud]. 

Hauteserre.  —  Rerum  Aquitanise  lib.  quinque,  in-8°,  1648. 
[Puy  d'Issolud]. 

Samson.  —  Remarques  sur  la  carte  de  l'ancienne  Gaule,  1627 
1663. 

[Cahors]. 

Louvet.  —  Traité  de  ÏHistoire  de  l  Aquitaine,  1659. 

[Puy  d'Issolud].  v 

Fouillac  (l'abbé  de).  —  Annales  du  Quercy  (Manuscrit). 
[Puy  d'Issolud]. 

Id.  —  Dissertation  sur  Uxellodunum  (Manuscrit). 

[id.].  >  -  -V-. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  77. 

Gissey  (Odo  de).  —  Les  miracles  de  Notre-Dame-de-Rocama- 
dour,  Villefranche-d'Aveyron,  G.  Verdeilhié,  1666. 
[Puy  d'Issolud]. 
Lebret.  —  Histoire  de  la  ville  de  Montauban,  1666,  p.  13. 

[ID.]. 
Hadriani   Valesii   (A.    de    Valois)    notitia    Galliarum   ordine 
litterarum  digesla,  Paris  1675,  in-f°,  p.  III. 
[Pas  de  conclusion]. 
Lamontre  (ou  de  la  Montre).  —  Parallèle  de  la  situation  de 
l'ancienne  ville  d' Uxellodunum.  Journal  des  Savants,  24  mars  1698, 
p.  134. 

[Conlrc  CahorsJ. 
Glarke.  —  Edit.  des  Commentaires,  Londres  1712,  et  Glascow 

1750. 

[Puy  d'Issolud]. 

Oberlin.  —  Id.,  Leipzig  1805. 

[Puy  d'Issolud,  avec  doute]. 
Baluze.  —  Hist.  Tutelensis,  Paris  1717,  p.  332  et  333. 

[Puy  d'Issolud,  avec  réserves]. 
L'abbé   de   Vayrac.    —   Dissertation  sur  la  véritable  situation 
d'Uxellodunum.  Mercure  de  France,  août  1725. 

[Puy  d'Issolud]. 
Longuerue  (l'abbé  de).  —  Descr.  hist.  et  géogr.  de  la  France 

ancienne  et  moderne,  1722. 

[Puy  d'Issolud]. 

D'Alembert  et  Diderot.  —  Encyclopédie,  1772. 

[Capdei:ac|. 
Gornuau.  —  Plan  et  mém.  dressés  à  la  demande  de  Turgot,  sur 
Uxellodunum.   Manuscrit  à  la  Bibliothèque  Nationale  ou  peut-être 
aux  Affaires  Etrangères? 
[Puy  d'Issolud]. 
Augier  (l'abbé).  —  Lettre  sur  le  mot  Uxellodunum.  Mercure  de 

France,  juillet  1725,  p.  1546. 

[Luzech-viJle  et  pas  Carennacj. 

Mostolac  (abbé  Lafage  de).  —  Ibid.,  février  1726. 
[Luzech- ville]. 

Dom  Bousquet.  —  Histoire  des  Gaules  et  de  la  France,  I,  1738, 
note  de  la  p.  287. 

Lefranc  de  Pompignan.  —  Œuvres  diverses,  Paris  1753,  II,  p. 
291  à  304. 

[Luzech-ville]. 
Dom  de  Brezillac.  —  Dict.  top.  des  Gaules,  in  :  2e  vol.  de  F  Hist. 
des  Gaules  et  des  conquêtes  des  Gaulois  de  Dom  Martin,  1754. 
[Puy  dlssoludj. 
Amable  (B.-P.).  —  Annales  du  Limousin,  p.  356. 
[Puy  d'Issodud]. 


78  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

D'An  ville.  —  Eclaircissements  géographiques  sur  l'ancienne  Gaule, 
Paris  1741. 

[Puy  d'Issolud]. 

Id.  —  Notice  de  l'ancienne  Gaule,  tirée  des  monuments  romains, 
Paris  1760,  p.  45-50. 
[ID.]. 

Id.  —  Mémoire  sur  les  cartes  de  l'ancienne  Gaule.  Acad.  des  Ins- 
criptions et  Belles  Lettres,  9  février  1779. 
[ID.]. 

Barbou.  —  Édii.  des  Commentaires,  1755. 

[Gahors]. 

Anquetil.  —  Histoire  de  France. 

Caylus  (Comte  de).  —  Recueil  d'antiquités,  1767. 

[Capdenac]. 

Cathala-Coture.  —  Hist.  polit.,  eccles.,  et  litt.  du  Quercy,  Mon- 
tauban  1785,  3  vol.  in-8°. 
[Puy  d'Issolud]. 

Toulongeon.  —  Traduction  des  Commentaires. 

[Gahors] .    , 

Champollion-Figeac.  —  Nouvelles  recherches  sur  la  ville  gau- 
loise d'Uxellodunum,  Paris  1820,  plan. 
[Capdenac]. 
Barbie  du  Bocage. 

[Puy  d'Issolud]. 
Walkenaer  (le  Baron).  —  Géographie  ancienne,  hist.  et  compa- 
rée des  Gaules  cisalpine  et  transalpine,  suivie  de  l'analyse  géographique 
des  itinéraires  anciens,  Durfort  1839,  3  vol.,  in-4°.  Atlas  de  9  cartes. 
[Capdenac,  avec  réserves]. 
Achaintre  (N.-L.)  et  E.  Lemaire.   —  Edit.  des  Commentaires, 
Paris,  1819. 

[Puy  d'Issolud].  * 
Wilgrin  de  Taillefer.  —  Antiquités  de   Vésone,  2  vol.   in-4°, 
1821-26. 

[Luzech] . 
J.-C.  —  Observations  sur  la  ville  d'Uxellodunum.  Paris,  Constant 
Chantepie,  1822. 

[Lusignan  Vienne]. 
Lacoste.  —  Histoire  du  Quercy. 

[Capdenac] . 
De  Gaujal.  —  Essais  hist.  sur  le  Rouergue,  I,  1824. 

[Capdenac?]. 
Malte-Brun.  —  Précis  de  géographie  universelle,  VII,  1825. 
[Capdenac], 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  79 

Delpon  (J.-A.).   —   Statistique  du  département  du  Lot,  Paris, 
Bachelier,  1831,  I,  p.  421;  II,  p.  56. 
[Capdenac]. 

Anonyme.  —  Essai  sur  la  position  d' Uxellodunum,  Ann.  du  Lot, 
1831. 

Id.  —  Ibid.,  1831,  p.  95  et  ssg. 

Id.  —  Rivalité  entre  Puy  d'Issolud,  Capdenac  et  Luzech,  Bull, 
mon.  I,  1834,  p.  14  et  15;  XLIII,  p.  585. 

Chaudruc  de  Crazannes  (le  Baron).  —  Coup  d'œil  chronolo- 
gique sur  les  monuments  historiques  du  département  du  Lot,  Cahors 
1838. 

[Pas  de  conclusion]. 

Du  Mège  (Al.).  —  Hist.  gén.  du  Languedoc,  I,  1840.  Notes  et» 
additions. 

[Capdenac] . 

Marvaud.  —  Hist.  du  Bas-Limousin,  Paris  et  Tulle  1842. 
[Capdenac]. 

Michelet.  —  Hist.  de  France. 
[Capdenac]. 

Dufaur  de  Montfort.  —  Uxellodunum  et  Capdenac.  Congr. 
scient,  de  France,  14e  session  tenue  à  Marseille  en  septembre  1846, 
Marseille  1847,  II,  p.  124. 

Desobry  et  Bachelet.  —  Dict.  général  de  biographie  et  d'his- 
toire, 1857. 

[Cite  Cahors,  Uzerchc  et  Capdenac]. 

Amédée  Thierry.  —  Hist.  des  Gaulois,  II,  p.  334,  1857. 

[Puy  d'Issolud]. 
Guilhou  (l'abbé  Adolphe).  —  Un  épisode  des  annales  du  Quercy, 
Ann.  du  Lot,  1859. 

[Luzech  ou  Capdenac]. 

Bial   (Paul).   —   Uxellodunum,   Mém.    Soc.  Emul.  du   Doubs, 
3e  série,  III,  1859,  p.  583. 
[Puy  d'Issolud]. 

Greuly  (le  général)  et  Alfred  Jacobs.  —  Examen  hist.  et 
topogr.  des  lieux  proposés  pour  représenter   Uxellodunum   (plans), 
Rev.    des   Soc.    Savantes,  Paris,   Durand,   1860,  III,  2*  série.   — 
Reproduit  dans  l'annuaire  du  Lot,  1861. 
[Luzech-la-Pistoule] . 

Creuly  (Général).  —  Carte  de  la  Gaule  sous  le  proconsulat  de 
César.  Examen  des  observations  critiques  auxquelles  cette  carte  a  donné 
lieu  en  Belgique  et  en  Allemagne,  Rev.  arch.,  1864. 

Mary-Lafon.  —  Hist,  du  Midi  de  la  France,  I,  p.  63. 
[Puy  d'Issolud]. 


80  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

Rouland.  —  Rapport  à  V Empereur,  1861.  Moniteur,  universel  du 
25  novembre  1861. 

[Luzech-Ia-Pistoule]. 
Henri  Martin.  —  Histoire  de  France,  4e  édit.  1860,  p.  189. 

[Puy  d'Issolud]. 
Gay  de  Vernon.  —  Sur  Uxellodunum,  Congr.  scient,  de  France, 
16e  sess.  tenue  à  Limoges  en  1859.  Limoges  1860,  I,  p.  232. 

Combet.  —  Sur  la  position  d' Uxellodunum,  Congr.    scient,   de 
France,  tenu  à  Limoges  en  1859.  Limoges  1860,  I,  p.  228. 
[Uzerche]. 
Anonyme.  —  Texte  et  traduction  du  siège  d' Uxellodunum,  An- 
nuaire du  Lot,  1861. 

Larouverade  (de).  —  Etudes  sur  le  Bas-Limousin,  2e  fasc, 
Tulle  1861. 

[Puy  d'Issolud]. 
Bial  (Paul).  —   Uxellodunum,   Mém.  soc.   d'émul.  dû  Doubs, 
1859. 

[Puy  d'Issolud]. 
Id.  —  Note  sur  la  fouille  d'un  tumulus  au  Puy  aYIssolud,  Mém. 
Soc.  d'Emul.  du  Doubs,  3°  série,  VI,  p.  1,  1861. 

Id.  —  Chemins,  habitations  et  oppidum  de  la  Gaule  au  temps  de 
César  (fig.,  2  pi.),  Mém.  Soc.  Emul.  du  Doubs,  VII,  1862,  p.  312 
et  314. 

[Puy  d'Issolud]. 
Bourdin   (M.).    —    Rapport  de    la   Commission  des  fouilles   de 
Luzech,  Ann.  du  Lot,  1862, 
[Pas  de  conclusion]. 
Guilhou  (l'abbé  A.).  —  Uxellodunum,  Ibid. 
[Luzech]. 

Castagne.  —  Rapport  de  la  Commission  des  fouilles  du  Puy  d'Isso- 
lud. Ibid. 

[Puy  d'Issolud]. 
Gessac    (J.-B.).    —    Uxellodunum.    Aperçus    critiques,    Paris, 
Dentu,  1862. 

[Puy  d'Issolud]. 
Id.  —  Notices  complémentaires.  Ibid. 

[ID.]. 
Id.  —  Lettre  au  directeur  du  Collège  Sainte-Anne  à  Augsbourg. 
Moniteur  Universel,  6  mars  1863. 
[ID.]. 
Id.  —  Observations  touchant  les  fouilles  exécutées  à  Luzech,  Paris, 
Dentu,  1863. 
[ID.J. 
Id.  —  Un  dernier  mot  sur  Uxellodunum.  Ibid. 
[ID.]. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  81 

Id.  —  Mém.  sur  les  dernières  fouilles  d'Uxellodunum.  Ibid,  1864. 
[ID.]. 

H.  de  B.  —  Ussel-Uxellodunum,  Ussel,  1863. 

[Ussel]. 

Périé  (Raphaël).  —  Lettre  sur  Uxellodunum,  Cahors  1863. 
[Puy  d'Issolud]. 

Id.  —  Histoire  du  Quercy,  T.  I,  Cahors  1861. 
[ID.]. 

Combet.  —  Manuscrit  envoyé  à  la  Commission  de  Topographie 
des  Gaules  et  intitulé  :  Recherches  topo  graphiques  sur  la  ville  d'Uxel- 
lodunum. 

[Uzerche]. 

Id.  — Journal  le  Corrézien,  n°  10,  1863,  décembre  1865,  mai  1867. 

[ID.]. 

Cuquel  (l'abbé).  —  Uxellodunum  à  Murscens,  Cahors,  Plan- 
tade,  1865. 

[Murscens]. 

Id.  —  Observations  sur  un  mémoire  adressé  par  M.  Castagne  à 
M.  de  Pébeyre,  préfet  du  Lot,  touchant  les  ruines  de  Murscens, 
Cahors,  Combarieu,  1868. 

[Murscens]. 

Fallue  (Léon).  —  Analyse  raisonnée  des  Commentaires,  p.  33. 

[LuzechJ. 
Sarrette  (A.).  —  Quelques  pages  des  Commentaires  de  César, 
1863. 

[Ussel]. 

Id.  —  Uxellodunum.  Aspect  tout  nouveau  de  cette  question  (fig.). 
Bull.  mon.  4e  série  I  (XXXI),  Caen  1865,  p.  113-134;  XLIII, 
p.  585. 

[Ussel]. 
Laquiante,   Montaut,   Deipon,   Cipières.    —  Rapport  de  la 
Commission  des  fouilles  de  Capdenac,  Annuaire  du  Lot,  1865. 
[Capdenac]. 

Gessac  (J.-B.).  —  Uxellodunum.  Fouilles  exécutées  à  Luzech,  à 
Capdenac  et  au  Puy  d'Issolud,  Paris,  Dentu,  1865. 

[Puy  d'Issolud]. 

Nadal  (J.-B.-D.).  —  Uxellodunum.  Etudes  hist.  et  critiques  sur 
l'emplacement  de  cette  ville  celtique,  Cahors  1865. 
[Luzech-la-Pistoule]. 

Id.  —  Uxellodunum.  Journal  du  Lot,  27  mai  et  7  juin  1815. 
[Luzech-la-Pistoule] . 

Lunet  (l'abbé).  —  Itinéraire  de  Caninius  Rebilus...  Siège  d'Uxel- 
lodunum, Rodez  1865. 
[Capdenac].. 

SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE.  6 


82  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Morin.  —  Recherches  sur  Uxellodunum,  Figeac,  1865. 
[Capdenac]. 

Bertrandy.   —  Première   lettre  sur    Uxellodunum,    adressée    à 
'  M.  Léon  Lacabanne,  Cahors  1865. 
[Puy  d'Issolud]. 

Id.  —  Deuxième  lettre...,  Cahors  1865. 

Id.  —  Troisième  lettre...,  Cahors  1866. 

Divers.  —  Sur  remplacement  d' Uxellodunum,  Congr.  arch., 
32e  session,  Caen  1866,  p.  443. 

Trémeau  de  Rochebrune  (Alph.).  —  Huit  jours  dans  la  Cor- 
rèze,ou  impressions  de  voyage  dans  le  Bas- limousin.  Bull,  des  trav. 
de  la  Soc.  hist.  et  scient,  de  Saint-Jean-d'Angely,  4e  année,  1866. 

Devais.  —  Mém.  sur  l'occupation  romaine  dans  les  pays  correspon- 
dant au  Lot  et  au  Lot-et-Garonne.  Congr.  arch.  de  France,  Séances 
tenues  à  Montauban,  Cahors  et  Guéret,   32e   session,  Caen,  1866, 

p.  70. 

[Pas  de  conclusion]. 
Tamisey  de  Larroque  (Philippe).  —  De  l'opinion  de  F  Empe- 
reur sur  remplacement  d Uxellodunum.  Rev.  de  Gascogne,  VII,  1866, 
Auchl866,  p.  245. 

Id.   —  De   la  question   de   l'emplacement    d! Uxellodunum.    Rev. 
d'Aquitaine,  Paris,  Dumoulin,  1865. 
[Puy  d'Issolud?] 
Galotti  (L.).  —  Lettre  à  M.  Philippe  Tamisey  de  Larroque  sur 
l'emplacement  d' Uxellodunum,  Agen,  Noubel,  1866. 
[Pas  Luzech]. 
Ghabouillet.  —  Compte  rendu  détaillé  des  lectures  faites  à  la  sec 
tion  d'archéologie.  Rev.  des  Soc.  savantes  des  départements,  4e  série, 
III,  1866,  1er  sem.,  p.  544. 

Sarrette  (le  colonel).  —  Sur  Uxellodunum.  Soc.  franc,  d'archéo- 
logie. Institut  des  Provinces  de  France.  C.  R.  du  Congr.  arch.  de 
Guéret.  Guéret  1866,  p.  37. 
[Ussei]. 
(Napoléon  III).  —  Hist.  de  Jules  César  (Plans)  II,  Paris  1866. 

[Puy  d'Issolud]. 
Guirondet.  —  Uxellodunum,  1er  et  23  mém.  Mém.  Soc.  1.,  se.  et 
a.  de  l'Aveyron,  IX,  1859  à  1867,  p.  427. 
[CapdenacJ. 
Id.  —  Uxellodunum  et  Puy  d'Issolud.  Ihid.  X,  1868  à  1873,  p.  61. 

[ID.]. 
Boisse.  —  Fouilles  de  la  grotte  de  Bouche-Roland.  Visite  du  Puy 
dTssolud  et  de  Capdenac,  à  la  recherche  d' Uxellodunum,  Ihid.,  VI, 
p.  45,  1859  à  67. 
Saltnon.  —  Vellaudunum.  Etudes  historiques,  1866. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  83 

Beaumont  (Vicomte  de).  —  Indication  des  centres  de  population 
établis  à  l'époque  gallo-romaine,  tels  que  Oppida  et  Camps  retranchés. 
Mém.  soc.  1.,  se.  et  a.  de  l'Aveyron,  X,  p.  249. 

Castagne.  —  Mémoire  sur  les  ouvrages  de  fortification  des  oppi- 
dums gaulois  de  Murcens,  d'Uxellodunum   et  de  l  Impernal ;  Congr. 

arch.  de  France,  sess.  de  Toulouse  en  1875;  Tours,  Bousrez,  1875. 
[Puy  d'issoludj. 

Malinowski.    —  Recherches  sur    le    véritable    emplacement   de 

l'Uxellodunum  de  Jules  César.  Courrier  du  Lot,  fin  1876. 

Id.  —  Travail  manuscrit  à  rechercher. 

[Cahors]. 

Dinter  (Collection  Teubner).  —  Edit.  des  Commentaires  :  1°  Leip- 
sig,  1876  ;  2°  Leipsig,  1890. 

[Luzech-la-Pistoule,   peut-être  Capdenac.  —  Luzech,   Capdcnac  ou  Puy 
d'Issolud] . 

Poulbrière  (J.).  —  Excursions  arch.  dans  le  département  du  Lot. 
Bull,  mon.,  5e  série,  V,  Paris  1877,  p.  576. 

Gonstans.  —  Edit.  des  Commentaires,  Paris,  Delagrave,  1877. 
[Puy  d'Issolud]. 

Nadal.  —  Etudes  sur  le  texte  d'Hirtius,  liv.  VIII,  chap.  XXXII, 

XL,  XLI,  XLII,  XLIII.  Bull,  et  mém.  Soc.  des  Etudes  hist.,  se,  et 

arch.  du  Lot,  IV,  Cahors  1878,  p.  17. 

Desjardins.  —  Géogr.  de  la  Gaule  romaine,  Paris  1878,  p.  422. 
[Sans  conclusion]. 

Duruy  (Victor).  —  Histoire  des  Romains,  III,  Paris  1881,  p.  224. 

[Puy  d'Issolud]. 
Calmon  (Marcj.  —  Le  siège  d'Uxelodunum,  drame  en  5  actes  et 
en  vers.  Lyon,  1881. 

Reclus  (Onèsime).   —  France,  Algérie  et  Colonies,  Paris,  Ha- 
chette, 1883,  p.  284. 
[Pas  de  conclusion]. 

c    Limayrac  (L.).  —  Etudes  sur  le  moyen   âge,  Cahors,  Girma, 
1885. 

[Pech  d'Estillac,  commune  de  Sainte-Alauzie  (Tarn-et-Garonne)]. 

Benoit  et  Oosson.  —  Commentaires  sur  la  guerre  des  Gaules, 
Paris  1893,  p.  461,  462  et  530. 

Noé  (Gal  de  la).  — ■  Principes  de  la  fortification  antique,  Paris, 

Leroux,  1888,  Fas.  I,  p.  314. 

•  [Pas  Puy  d'Issolud.  Peut  être  emplacement  non  encore  signale]. 

Trutat  (Eugène).  -    Le  Midi  pittoresque,    Limoges,    Bardou, 

p.  187. 

[Puy  d'Issolud]. 

Id.  —  Ibid.,  p.  225  et  BulL  Arch.  de  Tarn-et-Garonne  IX,  p.  102, 

«  d'après  plusieurs  antiquaires  ». 

[Bonne,  près  Saint- Antonin  (Tarn-et-Garonne)]. 

Bial  (Paul).  —  A  propos  d'une  fouille  de  tumulus  gaulois  au  Puy 


84  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

d'Issolud  (Uxellodunum).  Bull.  Soc.  se,  hist.,  et  arch.  de  la  Corrèze 
XIX,  1897,  p.  411. 

Id.  —  Note  supplémentaire  sur  la  fouille  d'un  tumulus  au  Puy  d'Is- 
solud, Ibid  XX,  p.  149. 

Latreille  (M.).  —  Recherches  sur  l'emplacement  d'Uxellodunum. 
Bull,  géogr.  hist.  et  descriptive,  Paris  1901 .  (Simple  analyse  du 
manuscrit  envoyé). 
[Lauzerte]. 
Daymard  (J.).  —  Excursion  à  Luzech.  Recherche  de  l'emplace- 
ment d'Uxellodunum.  Bull.  Soc.  Et.  se,  1.,  et  a.  du  département  du 
Lot,  XXVIII,  1903,  p.  251  à  263. 

Ghampeval  (J.-B.).  —  Çartulaire  des  abbayes  de  Tulle  et  de 
Rocamadour,  Brive  1903. 
[Puy  d'Issolud]. 
Gras.  —  Uxellodunum.  Bull.  Soc.  Et.  se,  hist.,  et  a.  XXVIII, 
fas.  IV,  p.  261,  1903. 
[Luzech]. 
Esquieu  (L.).  —  Sur  un  texte  d'Hirtius.  Ibid.  XXIX,  1904. 
Viré  (Armand).  —  Guide  du  Lot  (Rocamadour,  Padirac,  Lacave), 
Guide  du  touriste,  du  naturaliste  et  de  l'archéologue  (Collection  Boule), 
Paris,  Masson,  1907. 

[Puy  d'Issolud,  avec  doute]. 
Anonyme.  —  D'Uxellodunum  à  Martel  (Discours  de  MM.  le  Maire 
de  Vayrac,  J.  Nouaillac,  E.  Bombai,  etc.),  Paris  1912. 
[Puy  d'Issolud]. 
Jullian  (Camille).  —  Histoire  de  la  Gaule,  II,  499;  III,  556. 

[Puy  d'Issolud]. 
Schneegans  (V.).  —  Lettre  à  propos  d'Uxellodunum.  La  Petite 

Gironde,  18  octobre  1912. 

[Luzech]. 

Viré  (Armand).  —  Les  fouilles  projetées  de  Luzech,  B.  S.  P.  F.% 
IX,  1912. 

[Recherches  sans  parti  pris]. 

Comité  d'initiative  de  Luzech.  —  Sur  VImpernal,  à  Luzech 
(Lot).  Recherches  préhistoriques  et  historiques  sous   la   direction   de 

M.  Armand  Viré,  Cahors,  1913. 

[Fouiller  d'abord;  rechercher  plus  tard  le  nom  ancien]. 

Brousse  (J.)  et  Lejeune  (L.).  —  La  question  d'Uxellodunum, 
Préface  par  Boyer  d'Agen,  Paris,  Leroux,  1912. 
[Uzerche]. 

Ducourtieux  (Paul).  —  Le  véritable  emplacement  d'Uxellodu- 
num au  Puy  d'Issolud,  commune  de  Vayrac  (Lot).  Observations  à 
MM.  Brousse  et  Lejeune  sur  la  question  d'Uxellodunum,  Limoges, 

Ducourtieux  et  Goût,  1912. 

[Puy  d'Issolud]. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  85 

Brousse  et  Lejeune.  —  Puy  cTIssolnd  ri  est  pas  Uxellodunum. 
Réponse  à  M.  Paul  Ducourtieux,  Limoges  illustré,  septembre  1912. 
[Uzerche]. 
Anonyme.  —  Uxellodunum,  Républicain  du  Lot,  24  août  1912. 

[Puy  d'Issolud]. 
Id.  —  Uxellodunum.  La  Dépêche,  août  1912. 

[Puy  d'Issolud]. 
Id.  —  Au  Puy  d'Issolud.  Le  Lot  à  Paris,  1er  novembre  1912* 

[ID.]. 
B.  —  Les  fêtes  de  Martel.  La  Défense,  25  août  1912. 

[ID.]. 
Albe   (Le   chanoine   Edmond).  —  Uxellodunum.  La  Défense, 
1er  septembre  1912. 

[Puy  d'Issolud  avec  réserves]. 
Larrigaldie  (L'abbé).  —  Réponse  de  Capdenac  à  M.  Y  abbé  Albe4 
La  Défense,  8  septembre  1912. 
[Capdenac]. 
Lalande  (Philibert).  —  Encore  un  mot.   La  Défense,   8   sep- 
tembre 1912. 

[Puy  d'Issolud]. 
Anonyme.  —  Sur  une  fête  de  l'héroïsme.  La  Dépêche,  août  1912. 

[Puy  d'Issolud]. 
Pélissié  (Le   Dr).  —   Capdenac,  Luzech  ou  Puy   d'Issolud*!   La 
Défense,  15  septembre  1912. 
[Luzech- rimpernal]. 
Laroussilhe  (F.  de).  —  Cherchons  Uxellodunum,  Le  Réforma- 
teur du  Lot,  22  septembre  1912. 
[Capdenac]. 
Id.  —  Puy  d'Issolud  n'est  pas  Uxellodunum.  Le  Réformateur,  29 
septembre  1912. 

Schneegans    (V.).   —    Uxellodunum.   La    Petite    Gironde,    18 
octobre  1912. 

[Luzech,  l'Impernal]. 
Lucie  (Emile).  — La  poésie  d' Uxellodunum.  Le  Quercynois,  23 
septembre  1912. 

Laurens.  —  A   la    gloire   d' Uxellodunum.    Express  du   Midi,  5 
octobre  1912  et  les  nos  précédents. 
[Capdenac]. 
Labry  (Raoul).   —  Une   excursion  archéologique  à  Luzech.    Le 
Journal  du  Lot,  13  novembre  1912. 

Comité    d'Initiative  de   Luzech.  —    Uxellodunum.   Journaux 
du  Lot  de  novembre  1912. 
[Annonces  de  fouilles]. 
Lejeune  (L).  —  A  propos  d' Uxellodunum.  Courrier  du   Centre, 
15  novembre  1912.  * 


86  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Anonyme.  —  Uxellodunum  au  Conseil  municipal  de   Vayrac.  La 
Défense,  8  décembre  1912. 
[Puy  d'issolud]. 
Comité    d'études  d'Uxellodunum.  La  Défense,  15  décembre 
1912,  la  Dépêche,  etc. 

[Annonces  do  fouilles  à  Luzech]. 
Labry  (Raoul).  —  L'Impernal  romain.  Journal  du  Lot. 

[Examen  des  ruines  romaines  de  l'Impernal  de  Luzech]. 
Ardenne  de  Tizac  (d1). —  L'identité  d'Uxellodunum  et  de  Cap- 
denac.  L'Express  du  Midi,  11  octocre  1912. 
[Capdenac]. 
Laroussilhe  (F.  de).  —  Puy  d'issolud  n'est  pas  Uxellodunum. 
Le  Réformateur  du  Lot,  22  décembre  1912. 

Beaurepaire-Froment  (de).  —  Uxellodunum.  Le  Réformateur 
du  Lot,  22  décembre  1912. 
[Puy  d'issolud]. 
Laurens.  —    Uxellodunum  et   Capdenac.    Express    du    Midi,  31 
décembre  1912. 
[Capdenac] . 
Rayssac  (Gaston).  —  La  question   d'Uxellodunum.  La  Semaine 
auvergnate,  20  mars  1913. 
| Plutôt  Capdenac]. 
Brousse  (J.  R.  de).  — Les  fouilles  de  Luzech.  Uxellodunum.  Le 
Télégramme,  25  mars  1913. 

[Annonce  de  fouilles  et  de  souscriptions]. 
Verdier    (Jules).    —    Etude    favorable    sur    les    brochures    de 
MM.  Brousse  et  Le  jeune.  Le  Corrézien,  26  mars  1913. 

Nussac  (L.  de).  —   Uxellodunum.  La  République  de  Brive,  30 
mars  1913. 

[Uzerche]. 
Labry  (Raoul).  —  Les  fouilles  de  l'Impernal,  Journal  du  Lot,  28 

mai  1913. 

[Analyse  des  premières  trouvailles  :  mur  gaulois  à  poutres  clouées;  tuiles 
et  poteries  romaines  signées,  etc.]. 

Anonyme.  —  La  question  d' Uxellodunum.  Le  Temps,  mai  1913. 

[Uzerche]. 
Id.  —  Les  fouilles  de  l'Impernal.  La  Petite  Gironde,  30  mai  1913. 

[Compte-rendu  des  fouilles]. 
Viré  (Armand).  —  Lettre  au  Comité  d' Uzerche.  La  Dépêche,  10 

juin  1913. 

[11  faut  fouiller  sans  préjuger  la  solution] . 

Labry  (Raoul). —  Les  fouilles  de  l'Impernal.  Journal  du  Lot,  11 

juin  1913. 

[Suite  des  fouilles  sur  remplacement  des  villas  romaines]. 

Anonyme.  —  Uxellodunum.  Le  Midi  royaliste,  22  juin  1913. 

[Uzerche], 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  87 

Charles.  —  Les  fouilles  de  l'Impernal  à  Luzech.  La  Dépêche,  23 
juin  1913. 

[Compte-rendu  des  fouilles]. 
Viré  (Armand).  —  Les  fouilles  de   1913  à   l'Impernal  de  Luzech 
(Lot).  Bull.  Soc.  Préhist.  franc.,  X,  n°  6,  26  juin  1913. 
[Compte-rendu  sommaire  des  fouilles]. 

Anonyme.  —  Uzerche-Uxellodunum.  La  Croix  de  Paris,  1er  juillet 
1913. 

[UzercheJ. 
Lajouanie  (E.).  —  Le  Limousin  d'autrefois.  Une  conférence  sur 
Uxellodunum.  Courrier  du  Centre,  8  juillet  1913. 
[Uzerche]. 
Id.  —  Uzerche-Uxellodunum.  Réveil  de  la  Corrèze,  16  juillet  1913. 

[Uzerche] . 
Anonyme.  —  Uxellodunum.  Echo  de  Paris,  22  juillet  1913. 
Petit  (Albert).   —  La  question  d' Uxellodunum.  Les    Débats  et 
Courrier  du  Centre,  25  juillet,  16  et  23  septembre  1913,  la  Croix  de 
la  Corrèze,  27  juillet  1913. 
[Fouilles  d'Uzerche] . 
F.   G.  —  Discussion  sur  les  limites  des  différents  peuples  gaulois. 
Le  Corrézien,  28  juillet  1913. 
[Puy  d'Issolud]. 
Gorey  (Albert).  —  L'énigme  d' Uxellodunum.  La  Dépêche,   20 

juillet,  la  Liberté  du  Cantal,  29  juillet  1913. 
[Résumé  des  fouilles  de  l'Impernal]. 

Le  Nain  Jaune.  —  Enfin   est-ce  bien   Uxellodunum  ?  Echo  de 
Paris,  30  juillet  1913. 

Anonyme.    —    Uxellodunum.  Neue  Zùricher  Zeitung,  30  juillet 
1913. 

Id.  —  Uxellodunum.  La  Gazette  de  France,  31  juillet  1913. 

Meunier  (le  chanoine).  — Preuves  hist.  et  linguistiques  en  faveur 
du  Puy  d'Issolud.  Union  catholique  de  Rodez,  31  juillet  1913. 
[Puy  d'Issolud]. 

Grillière  (Dr).  —  Les  races  du  Haut  et  Bas-Limousin.  Limoges 
illustré,  1er  août  1913. 
[Uzerche]. 

Anonyme.  —  Uxellodunum.  Le  Télégramme,  1er  août  1913. 
[Puy  d'Issolud]. 

Id.  —  Les  prétentions   d'Uzerche  contre   le  Puy  d'Issolud.  Télé- 
gramme, 2  août  1913. 
[ID.]. 

Id.  —  Uxellodunum.  L'Avenir  du  Tonkin,  5  août  1913. 

[Fouilles  d'Uzerche]. 

Gorey  (Albert).  —  Où  était  Uxellodunum?  Le  Télégramme,  10 
août;  —  la  Liberté,  9  août  1913. 


88  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

DArdenne  de  Tizac.  —   Encore  Uxellodunum.  Le  Ralliement, 
15  août  1913. 

Anonyme.  —  Examen  du  site  d Uxellodunum...  Revue  française, 
17  août  1913. 

Commission    des    fêtes    de    Martel.    —    Uxellodunum.   La 
Défense,  17  août. 

[Reproduction  d'un  rapport  du  Préfet  du  Lot  au  Ministre  de  l'Instruction 
Publique  vers  1865]. 

A.  D.  —  La  querelle  d' Uxellodunum.  Le  Midi  historique,  21  août 
1913. 

Anonyme.  —  Conférence  de  M.  A.  Viré,  à  Vayrac.  Télégramme, 
26  août  1913. 

Id.  —  Puy  d'issolud  ne  peut-être  Uxellodunum.  Express  du  Midj, 
29  août  1913 . 

Marfond    (Gabriel).  —    Uxellodunum,    oppidum    Pétrocorien. 
Le  Combat  Périgourdin,  10,  17,  31  août,  28  septembre  1913. 
[Luzech,  Pech  de  la  Nène]. 

Jean  du  Quercy.  —  Une  galéjade.  Ralliement,  septembre  1913. 

Meunier  (le  cbanoine  J.-M.).  —  U emplacement  d'Uxellodu- 
num.  Intervention  de  la  linguistique.  Lxellodunum  aboutit  à  Issolu.  — 
Le  Télégramme,  1er  septembre  1913. 
[Puy  d'issolud]. 

Anonyme.  —    Uxellodunum.  Capdenac,   Luzech  et  Uzerche, pa- 
raissent devoir  être  écartés.  L'Eclair,  2  septembre  1913. 
[Puy  d'issolud  avec  doute]. 

Anonyme.  —  Exposé  de  Vopinion  de  M.  de  Laroussilhe.  Les  Nou- 
velles, 4  septembre  1913. 
[Contre  Puy  d'issolud] . 

Anonyme.  —  Uxellodunum.  Echo  de  Paris,  4  septembre  1913. 

Maurice  Bouygues  (Dr). —  Uxellodunum.  Echo  de  Paris,  5  sep- 
tembre 1913. 

[Puy  d'issolud]. 

Paul  Bourdarie.  —  Uxellodunum.  Echo  de  Paris,  7  septembre 

1913. 

[Puy  d'issolud]. 

Anonyme.  —  Fouilles  d' Uxellodunum.  Excelsior,  13  septembre 

1913. 

[Uzerche] . 

Reboul    (Jacques).  —   Un  Nuremberg  français.  Le  Temps,  13 
septembre  1913. 
[Uzerche]. 
Vayrac    (l'abbé    P.).  —  Simples  questions  à    MM.  Brousse  et 
Lejeune.  Objections  contre  Uzerche.  Limoges  illustré,  15  septembre 
1913. 

[Puy  d'issolud].  . 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  89 

Jean  du  Quercy.  —  Encore  la  linguistique.  Télégramme,  17 
septembre  1913. 

[Puy  d'Issolud]. 

Petit  (Albert).  —  Résumé  du  texte  d'Hirtius.  Uzerche  et  Luzech 
restent  en  ligne  contre  les  prétentions  de  Puy  d'Issolud.  Les  Débats,  16 
septembre  1913. 

ld.  —  Reproduction  des  lettres  de  M.  le  chanoine  Meunier  et  du 
Dr  Mézard.  (M.  A.  Petit  conclut  en  écrivant  que  l'amour-propre 
local  ne  peut  que  fournir  les  idées,  et  qu'il  faut  s'en  rapporter  aux 
fouilles).  Les  Débats,  23  septembre  1913. 

Id.  —  Les  limites  des  Cadurques  ne  peuvent  être   reculées  indéfi- 
niment. Il  ne  suffit  pas   d'un  «oppidum  à  boucle  »  pour  répondre  à 
toutes  les  conditions.  Les  Débats,  2  octobre  1913. 
[Contre  Luzech]. 

Mézard  (Dr  G.).  —  La  question  d'Uxellodunum.  Courrier  du 
Centre,  21  septembre  1913. 

[Puy  d'Issolud]. 

Meunier  (le  chanoine  J. -M.).  —  La  question  de  remplacement 
d'Uxellodunum.  Le  Temps,  22  septembre  1913. 

[Puy  d'Issolud]. 

Reboul  (Jacques).  —  Précis  de  l'histoire  d' Uzerche,  le  ((Nurem- 
berg français  ».  Journal  du  Caire,  28  septembre  1913. 
Lejeune  (l'abbé).  —  Réponse  à  F.  Vagrac.  Limoges  illustré  1er 

octobre  1913. 

[Uzerche] . 

A.  A.-P.  —  Uxellodunum.  Journal  des  Débats,  2  octobre  1913. 
Laurens.  —  Où  était  Uxellodunum?  Journal  de  l'Aveyron,  5,  12, 
19,  26  octobre  1913.. 
[Capdenac]. 
Jean  du  Quercy.  —  La  question  d Uxellodunum.   Une  réponse. 
Le  Télégramme. 
[Puy  d'Issolud]. 
Anonyme.  —  Le  cas  Uxellodunum.  Le  Temps,  14  octobre  1913. 

[Uzerche]. 
Anonyme. — Réponse  de  MM.  Brousse  et  Lejeune,  au  comité  de 
Vagrac.  Le  Temps,  14  octobre  1913. 
[Contre  Puy  d'Issolud]. 
Anonyme.   —  Uxellodunum.    L'Aveyron    républicain,    22  oc- 
tobre 1913. 

[Pas  Issolud]. 
Dr  Morely.  —  Uxellodunum.  Le  Corrézien,  28  octobre,  2,  29  no- 
vembre 1913. 

[Uzerche].  ■-,_ 


90  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

Piédevigne  (Jean).  —  Encore  Uxellodunum.  Le  Télégramme, 
31  octobre  1913. 

[Article  de  linguistique]. 
Meunier  (le  chanoine  J.-M.).  —  Uxellodunum  aboutit  phonéti- 
quement à  Puy  d'Issolud.  Le  Télégramme,  14  octobre  1913. 
[Puy  (d'Issolud]. 
Ici.  —  L'évolution  phonétique  de  la  ville  d' Uxellodunum.  Le  Télé- 
gramme, 28  octobre  1913. 

Id.  —  Toujours  Uxellodunum.  Id.,  10  novembre. 
Id.  —  Issolu  devenant  Icholu.  Id.,  18  novembre. 
Id.  —  Uxellodunum,  Uxollu  et  Euxolu.  Id.,  23  novembre  1913. 
Teulière  (l'abbé).— Uxellodunum.  Limoges  illustré,  1er  novembre, 
1er  décembre  1913. 
[Puy  d'Issolud]. 

Anonyme.  —  Issolu  et  Icholu.  Télégramme,  2  novembre  1913. 
Petit  (M.).  —  La  question  d' Uxellodunum.  Compte-rendu  de  la  réu- 
nion de  la  Soc.   d'ét.   hist.   et  arch.   d'Uzerche  (Corrèze).  Le  Télé- 
gramme, 3  novembre;  Le  Corrézien,  8  novembre  1913. 
[Uzerche] . 
Davillé  (Louis).  —  Uxellodunum.  Revue  des  et.  hist.,  2  no- 
vembre et  décembre  1913. 
[Uzerche]. 
Laurens.  —  Etymologie  des  noms  en  ac.  Courrier  de  l'Avevron, 
9  novembre  1913. 
[Capdenac]. 
A.  P.  (de  Pau).  —  La  question  d' Uxellodunum.  Le  Télégramme, 
12  novembre  1913. 
[Puy  d'Issolud]. 

Th.  P.  —  La  question  d' Uxellodunum.  Le  Télégramme,  12  no- 
vembre 1913. 

Louis  Bicorne.  —  Discussion  étymologique  sur  les  noms  en  ac 
Journal  de  TAveyron,  16  novembre  1913. 

E.  Bombai  —  Les  fouilles  de  Monceaux,  près  Argentat.  Courrier 
du  Centre,  19  novembre  1913. 

Th.  P.  et  Jean  du  Quercy.  —  La  question  d' Uxellodunum.  Une 
facétie,  une  graphie.  Télégramme,  19  novembre  1913. 

Bombai  (Eusèbe).  —  Uxellodunum.  Courrier  du  Centre,  19  no- 
vembre 1913. 

[Puy  d'Issolud]. 

Morély  (Dr  Paul).  —  Uzerche  est-il  Uxellodunum*!  Le  Corrézien, 
20  novembre  1913. 
[Uzerche]. 

Anonyme.  —  Compte-rendu  de  la  réunion  de  VUzerchoise  à  Paris. 

Le  Limousin  de  Paris,  23  novembre  1913. 

[Uzerche], 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  01 

B.  Marque.  —  La  question  d' Uxellodunum.  Le  Gorrézien,  26  no- 
vembre 1913. 

Anonyme.  —  Uxellodunum  à  Uzerche.  L'Echo  français  de 
Mexico,  26  novembre  1913. 

Viré  (Armand).  —  L'oppidum  de  l'Impernal  à  Luzech  (Lot).  Les 
fouilles  d'Uzerche  et  du  Puy  d'Issolud.  Bull.  Soc.  Préhist.  franc.  X, 
n°  10,  27  novembre  1913. 

[Compte- rendu  des  fouilles  dans  les  trois  localités]. 

Laurens  (D.),  Dubois  (A.).  —  Réponse  à  M.  A.  P.,  de  Pau.  Le 
problème  avance-t-il?  Le  Télégramme,  29  novembre  1913. 

Lagarde  (Edmond).  —  Uxellodunum.  Etude  pour  contribuer  à  la 
fixation  de  son  emplacement.  Le  Télégramme,  2  décembre  1913. 
[Pas  le  Puy  d'Issolud]. 

Marque  (B).  —  Encore  la  question  d'Uxellodunùm.  Courrier  du 
Centre,  2  décembre  1913. 
[Uzerche]. 

Id.  —  (Réponse  à  Jean  du  Quercy).  Télégramme,  7  décembre 
1913. 

Brousse  (J.  de).  —  Uxellodunum  dans  V Alsace  (Facétie  réclame 
sur  un  ouvrage  exposé  rue  Alsace,  à  Toulouse).  Télégramme,  4  dé- 
cembre 1913. 

Jean  du  Quercy.  —  Est-ce  Puy  d'Issolud?  (Art.  de  linguistique). 
Le  Télégramme,  4  décembre  1913. 

Id.  —  Que  le  célèbre  oppidum  n'était  pas  entouré  par  la  boucle  d'une 
rivière.  Télégramme,  5  décembre  1913. 

Anonyme.  —  La  question  passionne.  Télégramme,  6  décembre 
1913. 

[Puy  d'Issolud]. 

Id.  —  Uxellodunum.  La  Dépêche,  décembre  1913. 

[Puy  d'Issolud] . 
Jean  du  Quercy.  —  Courte  réponse  à  M.  Edmond  Lagarde.  Le 
Télégramme,  9  décembre  1913. 

[Puy  d'Issolud]. 

Forot  (Victor).  —  Uxellodunum-Uzerche.  Le  Corrézien,  10  dé- 
cembre 1913. 

[Uzerche] . 

Anonyme.  —  Uxellodunum,  12  décembre  1913. 
[Puy  d'Issolud]. 

Teulière  (l'abbé  Cl.).  —  Uxellodunum. [Le  Télégramme,  14  dé- 
cembre 1913. 

[Puy  d'Issolud]. 

Bombai  (Eusèbe).  — ■  Le  Corrézien,  15  décembre  1913. 
[Puy  d'Issolud], 


92  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Forot  (V.)-  —  Etude  des  remarques  de  M.  Combet.  Le  Corrézien, 
11  décembre  1913. 

Th.  P.  —    Uxellodunum   (Inscription  de  Lucter).  Télégramme, 
14  décembre  1913. 
[Pas  Uzerche]. 

Bessieux   (CL).    —    Uxellodunum.   Télégramme,    18   décembre 
1913. 

Dubois  (A.).  —  Uxellodunum.  Télégramme,  19  décembre  1913. 

Jean  du  Quercy.  —  Ce  que  traduit  M.  Bessieux.  Ce  que  voit 
M.  Brousse.  Télégramme,  21  décembre  1913. 
[Puy  d'Issolud]. 

Id.  —  Un  mot  à  M.  Claude  Bessieux.  Télégramme,  22  décembre 
1913. 

Id.  —  Dernier  mot  à  M.  Edmond  Lagarde,    Télégramme,   dé- 
cembre 1913. 

Anonyme  —  Uxellodunum.  La  Dépêche,  21  décembre  1913. 

[Puy  d'Issolud]. 
Anonyme.  —  Uxellodunum.  La  Dépêche,  17  novembre  1913. 

[Puy  d'Issolud]. 
Id.  —  Id.  Le  Lot  à  Paris,  21  décembre  1913. 

[Puy  d'Issolud]. 
Bombai  (Eusèbe).  —  Uxellodunum.  Le  Corrézien,  22  décembre 
1913. 

[Puy  d'Issolud] . 
Muzac  (A).  —  Fouilles  du  Puy  du   Tour.  Courrier  du  Centre, 
22  décembre  1913. 

Marque.  —  Uxellodunum.  Corrézien,  30  décembre  1913. 

Anonyme.  —  Uxellodunum.  Dépêche,  31  décembre  1913. 

[Puy  d'Issolud] . 
Anonyme.  —  Ce  quen  pense  M.  Jullian.  Télégramme,  2  et  14  jan- 
vier 1914. 

[Puy  d'Issolud]. 

Marque.  —  Uxellodunum.  Télégramme,  2  et  8  janvier  1914. 

[Uzerche]. 
Plantadis  (J.).  —  La  Cité  des  Lémovices.  Courrier  du  Centre, 
5  janvier  1914. 

[Puy  d'Issolud]. 
Bombai  (Eusèbe).  —  Uxellodunum  (A  propos  des  limites  de 
Quercy).  Le  Corrézien,  8  janvier  1914. 

Anonyme.  —    Uxellodunum.  (Monnaie  d'or   de  Cuzance).   La 
Dépêche,  14  janvier  1914. 

Id.  —  Uxellodunum.  La  Dépêche,  21  janvier  1914. 

[Puy  d'Issolud].  ,j 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  93 

Id.  —  Pensée  délicate.  (Plantation  à  Alésia  de  noix  provenant  du 
Puy  d'Issolud).  Le  Lot  à  Paris,  25  janvier  1914. 

Id.  —  Uxellodunum.  La  Dépêche,  27  janvier  1914. 
[Puy  d'Issolud]. 

Id.  —  Uxellodunum  (Revue  des  livres).  La  Liberté,  2  février 
1914. 

Dr  Maurice  Bouygues.  —  Le  Puy  d'Issolud  est  bien  Uxellodu- 
num. Broch.,  in-8°  de  106  p.,  Limoges,  Ducourtieux,  1914. 

Anonyme.  —  Uxellodunum.  La  Dépêche,  4  février  1914. 

[Puy  d'Issolud]. 

Id.  —  A  propos  d' Uxellodunum .  La  Dépêche,  6  février  1914. 

[ID.]. 
B.  —  Au  sujet  d' Uxellodunum.  La  Dépêche,  13  février  1914. 

[10.]. 
L.  L.  (Lejeune).  —  La  question  d' Uxellodunum.  Les  savants  du 
Lot  contre  Issolud.  C.-R.  de  la  réunion  de  la  Soc.  des  Etudes  d'Uzerche. 
Le  Quercynois  à  Paris,  nos  de  février  1914. 
[Uzerchc]. 

Anonyme.  —  Conférence  sur  Uxellodunum.  Dépêche,  1er  mars 
1914. 

Roques  (J.-B.).  —  Puy  d'Issolud  est  Uxellodunum.  Le  Quercy  à 
Paris,  1er  et  8  mars  1914.  M 

Anonyme.  —  Uxellodunum.  La  Dépêche,  4  mars  1914. 

[Capdenac]. 

Id.  —  Uxellodunum.  La  Petite  Gironde,  5  mars  1914. 

[Capdenac]. 

Id.  —  Document  important.  Télégramme,  13  mars  1914. 

[Puy  d'Issolud]. 

Trespech  (Jean).  —  Les  origines  romaines  de  la  ville  d'UsseL 
Limoges  illustré,  13  mars  1914. 

Albe  (le  chanoine  Edmond).  —  Luzech.  Résultat  des  fouilles  de 
1913.  Prochaine  campagne  de  191h.  La  Défense,  15  mars  1914. 

Anonyme.  —  Contre  Issolud.  Question  à  M.  J.-B.  Roques  Le 
Quercy  à  Paris,  22  mars  1914. 

Id.  —  Uxellodunum.  Le  Télégramme,  23  mars  1914. 

Chambon  (Emmanuel).  —  La  limite  Nord  du  Quercy,  à  propos 
d' Uxellodunum.  Journal  du  Lot,  25  mars  1914. 
[Puy  d'Issolud]. 

Id.  —  Les  limites  des  Cadurques  et  des  Lémovices,  d'après  les  lieux 
appelés  Fines  sur  les  itinéraires  romains .  Journal  du  Lot,  27  mars 
1914. 

Anonyme.  —  Uxellodunum.  La  Dépêche,  29  mars  1914. 
[Pas  Capdenac]. 


94  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

E.  C.  —  La  charte  de  Philippe-le-Long  de  1320.  Journal  du  Lot, 
1er  avril  1914. 
fCapdenac]. 
Anonyme.  —  Uxellodunum.  La  Petite  Gironde,  3  avril  1914. 

[Puy  d'Issolud]. 
Id.  —  L'emplacement  d'Uxellodunum.  La  Dépêche,  5  avril  1914. 

[Puy  d'Issolud]. 
Soulier  (le  chanoine).  —  Uxellodunum.  Croix  de  la'Corrèze,  5 
avril  1914. 

(Puy  d'Issolud]. 
J.-B.  Roques  et  J.  Plantadis.  —  Uxellodunum.  Le  Quercy  à 
Paris,  5  et  12  avril  1914. 
[Puy  d'Issolud]. 
Anonyme.  —  Dans  la  Presse.  Le  Télégramme,  10  avril  1914. 

[Puy  d'Issolud]. 
Lejeune  (J.).  —  Questions  posées  à  J.-B.  Roques.  Le  Quercy  à 
Paris. 

[Uzerche]. 
Lafage  (Léon).  —  Le  Printemps  dans  ï Oppidum.  Le  Temps,  25 

avril  1914. 

[Luzech,  rimpernal]. 

Lejeune  (L.).  —  La  question  d Uxellodunum.  La  Croix  de  la 
Corrèze,  10  et  14  mai  1914. 
[Uzerche]. 
Anonyme.  —  Représentation  théâtrale  à  Vayrac  (Le  siège  d'Uxel- 
lodunum). La  Petite  Gironde,  12  juin  1914. 
Anonyme.  —  Uxellodunum.  Le  Télégramme,  26  juin  1914. 

[Puy  d'Issolud]. 
Id.  —  Le  Dolmen-club  de  Bellac  à  Uzerche.  La  Petite  Gironde,  19 
juillet  1914. 

[Pas  de  conclusion]. 
Lejeune  (L.).  —  La   question  d'Uxellodunum.  Le  Corrézien,  23 
juillet  1914. 
[Uzerche] . 
Anonyme.  —  Une  vieille  cité  en  péril.  Le  Siècle,  23  juillet  1914. 

[Uzerche]. 
Jean  du  Quercy.  —   Une  brochure  sur  Uxellodunum.  Le  Télé- 
gramme, 24  juillet  1914. 

Meunier    (le   chanoine).   —    L'emplacement    d' Uxellodunum. 
L'Univers,  27  juillet  1914.       • 
[Puy  d'Issolud]. 
Anonyme.  —  La  question  d'Uxellodunum.  Le  Télégramme,  30 
juillet  1914. 

[Puy  d'Issolud].      • 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  95 

Pour  les  autres  Enceintes  du  Département  du  Lot,  il  faut  faire  à 
l'Inventaire  de  1908,  les  additions  suivantes  : 
3  et  4.  Brengues. 

[Bull,  mon.,  I,  1834,  p.  15]. 
14.  Gastelnau-Moutratier.  —  Truco  de  Maourelis. 

[La  Nature,  supplément  du  n°  946,  18  juillet  1891,  fig.]. 
24.  Gras.  —  Murcens. 

[Bull.  Mon.,  I,  1834,  p.  15;  XXXIV,  p.  657;  XLIII,  p.  587,  1875.  —  ANO- 
NYME, Sur  la  découverte  d'une  muraille  gauloise  à  Mursceinl.  Rev.  arch., 
1868.  —  DICT.  GAULES,  1875.  —  AURÈS  (A.),  Détermination  du  pied 
gaulois  déduite  des  dimensions  des  murailles  de  V Oppidum  de  Mursens.  Mem. 
Acad.  du  Gard,  1868-69,  p.  17.  —  CASTAGNE,  Mém.  sur  la  découverte 
d'un  Oppidum  avec  murailles  et  emplacements  d'habitations  gauloises  à  Mur- 
sens,  commune  de  Cras,  adressé  à  M.  de  Pébeyre,  préfet  du  Lot.  Cahors, 
Laytou,  31  mars  1868.  —  CUQUEL  (l'abbé),  Observations  sur  un  mémoire 
adressé  par  M.  Castagne  à  M.  de  Pébeyre,  préfet  du  Lot,  touchant  les  ruines 
de  Mursens.  Cahors,  Combarieu,  1868.  —  TRUTAT  (Eugène),  Le  Midi  pitto- 
resque. Limoges,  Barbou,  p.  172  et  sqs.  —  CAUMONT  (Arcisse  de),  Le 
mur  de  Laudunum,  comparé  aux  murs  de  Voppidum  découvert  «.  Mursens 
{Lot)  et  au  mur  découvert  cette  année  au  Mont  Beuvray  (Saâne-el-Loirè). 
Bull,  mon.,  4«  série,  Caen,  1868,  p.  659.—  DE  LA  NOÈ  (lieutenant-colonel), 
Principes  de  la  fortification  antique.  Bull,  de  géogr.  his't.  et  descriplive, 
1887,  n°  5  et  6,  p.  63. 

48.  Saint-  Jean-Lespinasse.  —  Les  Césarines. 

[CALVET,  C.  F.  A.  —  Recherches  nouvelles  sur  le  camp  des  Césarines. 
Mém.  Soc.  des  1.,  se.,  et  a.  de  l'Aveyron,  I,  1837-38,  RodezJ. 

56.  Lacave  et  Rocamadour.  —  Rocher  des  Abeilles  ou  Roc  de 
Mandaval. 

[A.  VIRÉ,  B.  S.  P.  F.,  V,  1908,  p.  372;  et  VI,  1909,  p.  457]. 

57.  Limogne.  —  Marcigaillet. 

[PECHDO  (Dr),  B.  S.  P.  F.,  VI,  1909,  p.  79J.  J      ;  " 

58.  Gales.  —  Le  Castela. 

[VIRÉ  (Armand),  IBID,  1909,  p.  457].  '-!/,. 

59.  Payrac.  —  Le  Pech  des  Monges. 
[ID.,  Ibid.). 

60.  Duravel.  —  Le  siège  de  Y  Anglais.  «  Restes  de  retranche- 
ments... sur  la  hauteur  qui  décrit  une  Sorte  de  cirque  naturel  au 
nord  de  ce  bourg  ».  •  -       ; 

[DELONCLE  (Charles).  —  Puy-l'Evéque  et  ses  environs.  Monlauban,  1867J. 


96  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

III.  —  ARTICLES  ORIGINAUX. 


La  I*arure 
aux.  Epoques  Paléolithiques  anciennes. 

Par  le  Dr 

BALLET  (de  Paris). 

On  semble  s'être  peu  préoccupé  des  objets  de  parure,  apparte- 
nant aux  époques  paléolithiques  anciennes.  Beaucoup  de  per- 
sonnes même  les  nient,  car  l'être,  qui  vivait  à  ces  époques  loin- 
taines, était,  suivant  elles,  incapable  de  s'élever  à  l'idée  de 
Parure.  Je  ne  saurais  partager  cette  opinion.  Avant  les  Mousté- 
riens  du  type  de  Canstadt,  les  Chelléens  et  les  Acheuléens  ont 
fabriqué  des  pièces  remarquables  et  possédaient  déjà  un  outillage 
bien  plus  complet  qu'on  ne  le  croit  généralement.  Une  hache  de 
Saint-Acheul,  présentée  par  notre  distingué  collègue,  M.  de 
Givenchy,  est  un  vrai  bijou  par  le  fini  de  la  taille  et  l'harmonie 
des  proportions!  Je  pourrais  citer  un  instrument  de  Chelles, 
dans  le  Musée  de  la  Société  Préhistorique  Française,  qui  est  une 
merveille  de  délicatesse  et  de  fini.  Cet  objet,  assez  petit,  ovalaire, 
fabriqué  avec  ce  silex  si  caractéristique  de  Chelles,  présente  un 
talon  et  une  pointe  aiguë  avec  un  tranchant  linéaire  à  la  péri- 
phérie. 

Il  est  donc  évident  qu'au  Quaternaire  inférieur  c'est  un  être 
intelligent,  qui  fabriquait  des  objets  de  cette  sorte.  Il  n'est  donc  pas 
hors  de  propos  de  rechercher  les  objets  de  parure  de  cette  époque. 

En  dehors  des  Stations  Solutréennes  et  Magdaléniennes,  je 
crois  qu'on  n'a  rien  signalé  dans  ce  genre  et  que  l'on  a  semblé 
croire  que  le  goût  de  la  Parure  n'existait  pas  avant. 

Cependant  d'éminents  Préhistoriens,  de  Quatrefages,  Hamy, 
avaient  pensé  que  ces  ornements  devaient  être  des  cailloux  per- 
forés. M.  Hamy  dit  que  les  ornements,  trouvés  dans  les  alluvions 
à  Elephas  primigenius  sont  des  pièces  d'enfilage,  fabriquées  avec 
des  cailloux  ou  des  fossiles  de  la  craie,  Tragos  particulière- 
ment (1).  L'auteur  ne  s'étend  pas  davantage,  ne  décrit  rien  et  ne 
paraît  pas  avoir  souvent  rencontré  ces  pièces  perforées,  pourtant 
assez  fréquentes  dans  les  alluvions  anciennes.  Ces  objets  sont 
fort  intéressants,  quelquefois  même  presque  jolis,  malgré  leur 
rusticité.  C'est  que  Benvenuto  Cellini  n'était  pas  encore  venu.... 

(1)  Hamy.  —   Traité  d*  Paléontholcgie  humaine .  1870,  p.  201  et  suiv. 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  97 

On  rencontre  fréquemment  des  rognons  de  silex,  perforés  natu- 
rellement, et  plus  ou  moins  retouchés.  M.  Ilamy  en  a  trouvé  dans 
le  Dolmen  des  Vignettes,  Léry  (Eure).  Nous  savons  donc  qu'à 
l'époque  néolithique  ces  pièces  avaient  une  signification  !  Mais  on 
ne  saurait,  je  crois,  y  voir  un  objet  de  parure,  étant  donné  le  poids 
de  ces  rognons. 

Dans  les  sablières  de  la  Seine,  on  rencontre  fréquemment  de 
semblables  rognons,  en  place,  associés  à  ce  que  j'appelle  des  Pla- 
quettes, pièces  qui  font  l'objet  de  ce  travail.  Je  dis  en  place,  car 
je  ne  saurais  partager  cette  opinion  de  brassages  et  de  remanie- 
ments dans  les  couches  alluviales  profondes  du  bassin  de  la  Seine. 
Tout  s'y  est  déposé  tranquillement,  régulièrement,  ainsi  qu'on 
peut  le  constater.  On  peut  presque  partout  y  observer  la  succes- 
sion des  couches  mentionnées  par  M.  Ladrière.  On  y  trouve  trois 
lits  de  cailloux,  séparés  par  des  sables  diversement  colorés  et 
des  couches  argileuses.  A  la  base,  confinant  à  la  craie,  on  ren- 
contre X  Elephas  antiquus  et  l'outillage  chelléen  et  peut-être  pré- 
chelléen.  Au-dessus  se  trouve  l'Acheuléen  et  X  Elephas  primige- 
nius.  A  la  partie  médiane,  on  rencontre  le  Moustérien.  Les  patines 
sont  très  différentes.  A  la  partie  médiane,  la  patine  varie  du 
jaune  au  jaune  rougeâtre.  Elle  est  bleue  ou  grise,  quelquefois 
blanche,  à  la  partie  inférieure.  Il  n'est  pas  rare  de  rencontrer  des 
pièces  très  fines,  intactes,  et  des  fossiles  tertiaires  très  fragiles, 
au  milieu  de  cailloux  volumineux!  Leur  intégrité  exclut  l'idée  de 
remaniement. 

On  admet  généralement,  sans  discussion,  que  toutes  les 
<\  Balastières  »  sont  brassées  et  remaniées.  Si  quelqu'un  fait  une 
tranchée  dans  les  mêmes  terrains,  il  est  encore  admis  que  tout 
est  en  stratigraphie!  C'est  ainsi  qu'il  se  produit  des  courants 
d'origine  inconnue  qui  influencent  les  esprits  et  cela  clans  tout 
ordre  d'idées. 

Je  ne  saurais  trop  recommander  la  lecture  d'un  article  de  notre 
collègue,  M.  Houry  (1).  Cet  article,  très  bien  fait,  est  une  démons- 
tration complète  de  la  régularité  des  couches,  à  Billancourt,  sur 
une  étendue  considérable.  C'est  un  fait  que  j'ai  observé  et  vérifié 
maintes  fois,  depuis  vingt-cinq  ans  que  j'explore  ces   sablières. 

Cette  croyance  aux  remaniements  est  plus  théorique  que  réelle, 
ainsi  que  semble  le  démontrer  une  observation  prolongée  et 
rigoureuse.  Quand  il  y  a  remaniement,  le  phénomène  est  très 
visible.  Le  parallélisme  des  strates  a  disparu  et  les  éléments  sont 
mêlés  en  désordre.  Ce  qui  se  produit  le  plus  souvent,  ce  sont  des 

(1)  Bulletin  de  la  Société  Préhistorique  Française,  octobre  1911. 

SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  7 


98  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

affaissements  avec  éboulis,  venant  de  la  surface.  L'eau  s'est 
infiltrée,  entraînant  les  éléments  ténus  et  le  phénomène  apparaît 
d'une  façon  évidente.  En  un  mot  le  remaniement  est  toujours 
visible,  quand  on  veut  se  donner  la  peine  de  voir. 

Les  pièces  qui  font  l'objet  de  ce  travail  proviennent  des  couches 
inférieures  et  moyennes.  Elles  sont  donc  Chelléennes,  Acheu- 
léennes  et  Moustériennes.  Les  objets  de  parures  rencontrés  par 
moi,  consistent  en  Silex,  perforés  naturellement,  plus  ou  moins 
retouchés  au  trou  et  à  la  périphérie;  en  Gravillons  perforés;  et  en 
Fossiles  tertiaires  de  diverses  espèces. 

I.  —  Plaquettes  en  silex  retouchées  a  la  périphérie, 

AVEC    TROU     PLUS    OU    MOINS    MARTELÉ. 

Ces  objets  de  parure  se  rencontrent  fréquemment,  dans  les 
alluvions  anciennes.  Leur  aspect  particulier  les  fait  distinguer 
des  nombreux  cailloux  à  trous  qui  n'ont  pas  reçu  cette  destination. 


hig.  1.  —  Plaquette   retouchée   à   la  périphérie.  —  Saint-Geerges-sur-Eure  (E.-et-L.). 

[ACHEULÉEN]. 

Les  primitifs  ont  employé  le  silex  parfois  quoique  percé;  dans 
d'autres  cas,  parce  que  percé.  On  trouve  des  haches,  des  cou- 
teaux, desracloirs,  etc.,  percés  d'un  trou  naturel.  Les  silex  de 
parure  ont  été  utilisés,  parce  que  percés.  On  s'est  efforcé  d'en- 
lever le  plus  de  matière  possible  près  du  trou  de  suspension,  et 
l'on  y  est  souvent  arrivé  d'une  manière  surprenante,  ne  conser- 
vant parfois  qu'un  mince  filet  pour  la  suspension.  La  pièce  sui- 
vante {Fig.  1)  vient  de  Saint-Georges-sur-Eure  (Eure-et-Loir). 
C'est  une  plaquette  retouchée  à  la  périphérie,  dont  le  trou  naturel 
a  été  manifestement  régularisé.  C'est  un  des  plus  jolis  spécimens 
que  j'ai  trouvés;  il  vient  d'un  milieu  où  ne  se  rencontrent  que  des 
pièces  acheuléennes,  comme  en  fait  foi  la  belle   hache  en   silex 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 


99 


semblable,  trouvée  dans  le  même  gisement,  et  déposée  au  Musée 
de  la  Société  Préhistorique  Française . 

Il  semble  qu'on  ait  essayé  parfois  de  régulariser  la  pièce  (Fig.  2 
et  3).  L'une  a  une  forme  trapézoïdale  (Fig.  2);  l'autre  est  sensi- 


Fig.  2  et  3.  —  Pièces  trapézoïdale  et  carrée.  —  Grenelle  (Seine)  [Chelléen]. 

blement  carrée  (Fig.  3).  Toutes  deux  proviennent  de  Grenelle, 
rue  Miollis,  au  niveau  de  la  craie.  C'est  à  ce  niveau  qu'a  été 
rencontré,  dans  la  même  sablière,  YElephas  antiquus. 

On  dirait  que  dans  les  pièces  suivantes  (Fig.  4  et  5),  on  ait  voulu 
figurer  un  anneau.  Dans  la  Figure  4  on  a  conservé    une  mince 


4  5 

Fig.  4  et  5.  —  Pièces  en  Anneau. 

bande  de  silex  pour  la  suspension.  Le  hasard  seul  serait  insuffi- 
sant, à  mon  avis,  pour  résoudre  une  pareille  difficulté.  D'ailleurs, 
la  pièce  présente  des  retouches  bien  évidentes.  —  Le  N°  5  est  plus 
extraordinaire  encore. 

La  pièce  suivante  est  très  habilement  retouchée  sur  les  deux 
faces.  Elle  provient  de  Billancourt  et  a  été  trouvée  par  notre  col- 
lègue M.  Houry.  Le  trou  a  été  visiblement  travaillé  des  deux 
côtés.  Cette  pièce  très  intéressante  est  représentée  sur  les  deux 
faces  (Fig.  6). 

Les  pièces,  qui  viennent  ensuite,  proviennent  toutes  de  Billan- 
court et  de  niveaux  différents  :  Acheuléen  et  Moustérien.  Quel- 
ques-unes sont  assez  jolies  de  couleur  et  de  patine.  L'une  d'elles 
(PL  I;  Fig.  4),  présente  une  forme  allongée,  qu'on  rencontre  peu. 

Dans  le  N°  5,  la  pièce  la  plus  volumineuse  de  la  Planche  I,on  a 
su,  comme  précédemment,  conserver  dans  le  haut  une  faible  épais- 


100  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

seur  de  silex.  Le  trou  est  manifestement  retouché.  Les  pièces 
figurées  sous  les  Nos  6,  7,  8,  9,  10,  11,  12,  13,  14  (PI.  I)  sont 
assez  petites.  Elles  ont  été  prélevées  sur  des  morceaux  de  silex 
perforés  naturellement,  mais  de  manière  à  conserver  un  trou  de 
suspension. 

Je  ne  crois  pas  qu'on  ait  mentionné  ces  pièces  jusqu'à  présent. 
Si  on  les  a  vues,  et  c'est  probable,  on  les  a  dédaignées,  sans  même 
y  prêter  attention.  Certains  chercheurs  à  ma  connaissance  en 
ont  trouvé  de  plus  belles  que  celles  que  je  vous  présente  ;  mais  ils 
n'ont  pas  eu  l'idée  de  les  publier.  Nos  collègues  Thieullen  et 
M.  Bertin   ont  présenté  des  pièces  similaires,  mais  sans  succès. 

Thieullen  n'a  peut-être  pas  su  les  présenter  avec  assez  de  calme  ; 
et,  de  plus,  il  les  mêlait  aux  pierres-figures,  dont  personne  ne  vou- 
lait entendre  parler.  Quant  à  M.  Bertin,  il  me  permettra  de  lui 


G.  6* 

Fig.  6.  —  Billancourt  (Houry). 

dire  qu'il  ne  nous  a  présenté  que  des  échantillons  trop  grossiers, 
trop  roulés,  et  qu'il  n'avait  pas  recueillis  en  place  dans  les  couches 
alluviales.  M.  Bertin,  aussi,  a  voulu  y  voir  des  pierres-figures; 
et  ceci  est  encore  impardonnable  actuellement.  Les  pierres-figures, 
qui  existent  certainement,  viendront  sans  doute  à  leur  heure. 

On  dit  généralement,  quand  elle  est  trop  hâtive,  qu'une  ques- 
tion n'est  pas  mûre.  —  Il  serait  plus  exact  de  dire  que  ce  sont 
les  esprits  qui  ne  sont  pas  mûrs  pour  la  question! 

Depuis  vingt-cinq  ans  que  j'étudie  la  question  (on  ne  me  repro- 
chera pas,  j'espère,  de  parler  trop  vite),  j'ai  pu  faire  une  sélection, 
avec  l'aide  éclairée  de  notre  collègue  M.  Houry;  et  je  crois  que 
les  échantillons  que  je  vous  présente  réalisent  la  Bijouterie  de 
ces  époques  si  lointaines.  Les  magasins  de  la  rue  de  la  Paix  ne 
devaient  venir  que  beaucoup  plus  tard.... 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  101 

On  pourra  peut-être  m'objecter  que  quelques  pièces  paraissent 
bien  lourdes  pour   avoir  servi  de  pendeloques.  Cependant  nous 


Planche  I.  —  Parure  paléolithique  ancienne. 

savons  que  certains  sauvages  se  chargent  d'orncmeuts  très  volu- 
mineuxA  L'essentiel  est  de  reconnaître  dans  ces  silex  l'interven- 


102  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

tion  d'un  être  intelligent;  et  je  crois  qu'avec  un  peu  d'attention 
on  arrivera  à  cette  conviction,  que  je  n'ai  acquise  qu'après  de 
longues  années  d'étude. 

II.  —  Gravillons  perforés  naturellement  et  intention- 
nellement. 

Ces  petits  éclats  de  calcaire  siliceux,  appelés  Gravillons  parles 
ouvriers,  plats  généralement,  très  usés,  à  angles  arrondis  et 
percés  d'un  trou,  semblent  appartenir  exclusivement  aux  dépôts 
fluviatiles.  Malgré  leur  fréquence  et  leur  étrangeté,  on  ne  paraît 
guère  s'en  être  occupé.  On  ne  paraît  pas  avoir  approfondi  la 
cause  de  la  Perforation.  Les  uns  ont  voulu  y  voir  l'action  de  l'eau 
courante,  mais  sans  bien  se  rendre  compte  comment  cette  cause 
aurait  pu  agir  !  La  vitesse  d'un  cours  d'eau  varie  suivant  qu'on  la 
prend  au  fond  ou  à  la  surface.  Elle  est  plus  grande  sur  la  rive 
concave  et  se  ralentit  sur  la  rive  convexe.  La  rive  concave  tend  de 
plus  en  plus  à  se  creuser,  tandis  que  la  rive  convexe  tend  de  plus 
en  plus  à  s'avancer.  On  peut,  par  la  pensée,  décomposer  un  cours 
d'eau  en  un  très  grand  nombre  de  filets,  avant  des  vitesses  varia- 
bles. 

Pour  qu'un  de  ces  filets  agisse  en  vrille  sur  un  gravillon,  il 
faudrait  d'abord  que  le  gravillon,  perpendiculaire  à  ce  filet,  fût 
immobilisé:  condition  qui  peut  se  réaliser  pour  quelques  spéci- 
mens, mais  qu'on  ne  saurait  généraliser  à  des  milliers  d'exem- 
plaires !  De  plus  le  filet  d'eau  agissant  à  la  surface  du  gravillon 
eut  usé  toute  cette  surface  et  n'eut  point  creusé  un  canal  cylin- 
drique, soit  à  une  extrémité  (c'est  le  cas  le  plus  commun),  soit  au 
milieu,  comme  cela  se  remarque  souvent.  A  mon  avis,  l'eau  n'a  pu 
être  la  cause  du  phénomène  ! 

D'autres  observateurs  ont  cru  le  trou  creusé  par  des  Mollus- 
ques, que  Ton  qualifiait  de  Lithophages.  Les  mollusques  qui  creu- 
sent la  pierre  ne  la  mangent  pas.  Ils  la  creusent  pour  se  faire  un 
abri  ou  logis.  Ex  :  les  Pholades,  qui  se  font  des  cavités  pyriformes. 
Le  moule  intérieur  de  ces  cavités,  très  commun  dans  le  calcaire 
néocomien,  m'avait  bien  intrigué  au  début  de  mes  études  paléon- 
tologiques.  Les  ouvriers  appelaient  ces  objets  des  queues  de  cas- 
serole ;  et,  en  effet,  la  ressemblance  est  très  grande. 

Les  Oursins  se  creusent  des  godets  assez  profonds  et  très  régu- 
liers sur  des  morceaux  de  silex.  L'idée  de  mollusques  inconnus 
passant  au  travers  d'un  gravillon  pour  aller  en  perforer  un  autre, 
et  ainsi  de  suite,  comme  des  clowns,  mejparaît  impossible  à  sou- 
tenir. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 


103 


Je  crois  donc  qu'il  faut  chercher  ailleurs  le  mécanisme  de  ces 
perforations.  Chacun  a  pu  remarquer  les  dépôts  qui  se  forment 
dans  les  fossés  qui  bordent  une  route,  après  de  violents  orages. 
Cette  boue,  ce  magma,  se  dessèche,  se  durcit  ensuite,  sous  l'in- 
fluence du  retour  de  la  chaleur.  Si  vous  soulevez  la  croûte  de  ce 
dépôt,  vous  trouverez  les  couches  sous-jacentespercées  de  canaux 
en  tous  sens.  Ce  sont  des  Annélides,  des  fétus  de  Graminées,  des 
radicelles,  des  menus  branchages,  qui  les  ont  formés.  Cette  boue 
du  fossé  est  tout  a  fait  analogue  aux  dépôts  sédimentaires  qui 
jadis  ont  donné  naissance  aux  Calcaires.  A  la  longue,  le  dépôt  se 
solidifie;  le  calcaire  se  forme,  s'infiltre  de  silice;  les  matières 
organiques  disparaissent,  mais  les  canaux  restent.  Ils  sont  plus 
ou  moins  sinueux,  ayant  conservé  la  forme  des  radicelles  et  des 
petites  branches.  A  la  longue  encore,  le  calcaire  ainsi  formé   se 


Planche  II.  —Gravillons  perforés  utilisés  [Paléolithique  ancien]  ou  non. 

délite  à  l'air  libre;  l'eau  de  pluie,  qui  dissout  le  calcaire,  favorise 
cet  effritement.  Les  morceaux  qui  sont  entraînés  dans  les  cours 
d'eau  emportent  avec  eux  un  fragment  du  canal  primitif.  C'est 
probablement  ainsi  qu'il  faut  expliquer  l'origine  des  trous  dans 
les  gravillons  trouvés  dans  les  alluvions  (PI.  II;  Fig.  1,  2,  3,  4). 


Nous  savons  que  ces  gravillons  ont  été  employés  comme  orne- 
ments aux  époques  Néolithiques.  On  en  a  trouvé  dans  des  Sépul- 
tures :  à  Vendrest,  etc.  Mais  ceux  que  je  présente  ayant  été  trouvés 
dans  les  couches  alluviales,    on   ne   peut  que  conjecturer  leur 


104  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

emploi.  Ces  petites  pierres  sont  vraiment  jolies  et  il  semble  pro- 
bable qu'elles  devaient  être  utilisées  aux  époques  anciennes. 

Voyons  donc  s'il  ne  serait  pas  possible  d'obtenir  quelques 
notions  plus  précises.  Laissant  de  côté  les  gravillons  à  trous 
obliques  ou  sinueux,  examinons  ceux  qui  sont  percés  d'un  trou 
cylindrique,  perpendiculaire  aux  deux  faces,  et  bien  placé  pour  la 
suspension. 

Ce  sera  d'abord  une  présomption.  Voici  un  gravillon  (PI.  II  ; 
Fig.  6),  réunissant  ces  conditions.  —  A  côté  j'en  présente  un 
autre  (PL  II  ;  Fig.  7),  percé  par  moi-même  avec  une  pointe  de 
silex,  ramassée  au  hasard  dans  la  sablière.  —  Il  est  certain  que 
ce  trou  sera  semblable  au  premier,  quand  l'eau  l'aura  usé  en 
passant  dessus  pendant  des  siècles. 

Voici  un  exemple  un  peu  plus  probant.  C'est  un  gravillon  très 
heureusement  percé  pour  la  suspension.  Le  trou,  à  la  partie  supé- 
rieure, est  manifestement  usé  par  le  lien  de  suspension.  Ce  trou, 
peut-être  naturel,  a  donc  été  utilisé  (PL  II,  Fig.  5). 

Enfin  voici  un  gravillonindiscutablementpercé  parl'homme  !  On 
l'a  attaqué  des  deux  côtés,  en  formant  deux  troncs  de  cône,  adossés 
par  le  sommet.  —  On  peut,  après  cet  exemple,  affirmer  que  les 
Paléolithiques  anciens  utilisaient  les  gravillons  percés  comme 
parure,  et  qu'au  besoin  ils  en  perforaient  eux-mêmes  (PL  II, 
Fig.  8). 

III.  —  Ossements  empruntés  a  des  Fossiles  variés:  Tragos,  Spon- 
giaires divers,  Dentales,  Serpula  spirulea,  Natica,  Voluta, 
Encrines,  etc.. 

1°  Coscinopores  (Tragos  globularis). —  Bien  qu'on  ait  beaucoup 
parlé  des  Coscinopores,  pour  les  rejeter  hors  du  domaine  scienti- 
fique, je  crois  qu'il  y  aurait  encore  quelque  chose  à  en  dire.  Les 
Spongiaires  présentent  un  canal  central  plus  ou  moins  étroit, 
mais  s'élargissant  dans  certaines  espèces  jusqu'à  prendre  l'aspect 
hypocratériforme.  Autour  du  canal  central  existent  en  plus  ou 
moins  grand  nombre  des  canaux  latéraux:  Exemple  l'Eponge 
commune.  Le  Tragos  présente  quelquefois  deux  ou  trois  canaux, 
se  croisant  à  angle  droit.  Dans  son  terrain  d'origine,  la  craie,  le 
Tragos  a  toujours  son  canal  bouché  par  une  craie,  très  dure.  Il  est 
très  difficile  de  déboucher  un  Tragos,  sans  le  casser  ou  le  dété- 
riorer. Je  ne  connais  pas  d'exemple  de  Tragos  débouché  dans  son 
terrain  d'origine.  Peut-être  y  en  a-t-il  ?  J'en  ai  vainement  cherché 
dans  les  Musées  et  les  Collections  particulières.  Dans  les  terrains, 
quaternaires,  le  Tragos  est  presque  toujours  , débouché.  On  en 
trouve  quelques-uns  encore  comblés  ou  débouchés  à  moitié.  Ces, 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  105 

fossiles  ont  servi  de  Parure,  nous  le  savons,  aux  époques  Néoli- 
thiques. On  en  a  trouvé  dans  les  Sépultures  :  a  Vendrest,  etcj, 
M.  Hamy  en  a  trouvé  dans  une  sépulture  du  fer  à  Echinghem, 
prèsBoulogne-sur-Mer  (Pas-de-Calais).  On  en  a  trouvé  h  Chelles, 
à  Saint-Acheul,  dans  bien  des  Dolmens  (PI.  III  ;  Fig.  9  à.  14). 

Comment  ont  donc  été  débouchés  les  Tragos?  Bien  des  per- 
sonnes ont  cru  que  les  courants  devaient  suffire.  Mais  le  fossile 
tout  entier  eut  été  roulé,  usé  :  ce  qui  n'est  point  le  cas;  et  on 
comprend  peu  qu'une  craie  si  dure  puisse  s'user  à  l'intérieur  en; 


Planche  III. 


ZS        *c       *7 

Fossiles  préparés  [Paléolithique  ancien]. 


roulant.  Je  n'oserais  certes  pas  dire  que  tous  ont  été  débouchés' 
par  l'Homme.  Cependant  on  trouve  de. très  larges  trous,  présen- j 
tant  des  hachures  à  l'orifice.  j 

Lyell  (1)  semble  admettre  qu'on  en  a  percé  artificiellement  pour 
en  faire  des  colliers  et  des  bracelets.  Rigollot  le  croyait  aussi,  car^^ 
disait-il,  on  les  trouve  entas,  très  souvent. 


(1)  Ltell.  —  V Ancienneté  de  l'homme.  —  1870,  p.  129  et  suiv. 


106  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

"  Si  l'on  compare  l'orifice  d'un  Tragos  encore  bouché  par  la  craie 
à  celui  d'un  Tragos  de  même  grosseur,  mais  débouché,  on  trouve 
presque  toujours  le  canal  singulièrement  agrandi  (PI.  III  ; 
Fig.  13-14). 

Cette  remarque,  faite  par  Thieullen,  paraît  probante  (1).  Mais, 
en  admettant  que  le  trou  soit  toujours  naturel,  il  paraît  impossible 
d'admettre  que  ces  perles  naturelles  n'aient  pas  été  utilisées  par 
les  Paléolithiques,  qui  perçaient  des  gravillons.  Les  échantillons, 
trouvés  à  Billancourt,  sont  identiques  à  ceux  de  Vendrest  et  d'au- 
tres sépultures.  —  Mais,  il  faut  l'avouer,  nous  n'avons  pas  ici  la 
certitude  que  nous  ont  donnée  les  gravillons. 

2°  Spongiaires  divers.  —  Ce  sont  des  corps  tubulaires  ou 
sphériques.  Je  présente  une  sorte  de  Perle  (PI.  III;  Fig.  15),  un 
petit  tube  usé  aux  deux  extrémités.  Voici  une  rondelle  (PI.  III; 
Fig.  19)  taillée  dans  un  spongiaire.  Ces  rondelles,  variables  dans 
leurs  dimensions,  sont  assez  fréquentes  (PI".  II  ;  Fig.  8). 

3°  Articulations  d'Encrines.  —  Nous  savons  que  ces  fossiles 
ont  servi  de  parure  aux  époques  Néolithiques.  On  en  a  trouvé 
dans  des  Sépultures  diverses:  à  Vendrest.  On  ça  a  recueilli 
tout  un  collier  sur  un  squelette  dans  la  sablière  de  Vignely 
(Seine-et-Marne)  ;  le  collier  est  conservé  au  Musée  de  Meaux, 
où  je  l'ai  vu  jadis.  Les  rondelles  des  sablières  sont  identiques. 
Elles  ont  dû  certainement  servir;  mais  la  preuve  ne  pourrait 
être  faite  que  si  les  articulations  offraient  des  traces  évidentes 
de  travail.  Il  semble  que,  dans  certains  cas,  le  fossile  a  été 
évidé  ;  la  partie  interne,  rayonnée,  a  disparu,  comme  dans  les 
rondelles  de  Vendrest.  Des  pièces  identiques  se  rencontrent 
dans  les  alluvions  (PI.  III  ;  Fig.  16,  17,  20). 

4°  Mollusques  divers.  —  On  trouve  souvent,  et  j'en  ai  déposé 
à  la  S.  P.  F.,  des  perles  taillées  dans  le  tube  d'un  Dentalium. 
Ce  sont  de  petits  cylindres  nettement  tranchés  aux  deux  extré- 
mités. Le  travail  est  trop  net  pour  qu'il  ne  soit  pas  intentionnel. 

Voici  des  Cérithes  dont  Tune  présente  un  trou  obtenu  par  usure 
(PI.  III  ;  Fig.  18);  l'autre  présente  un  trou  de  perforation  intact. 
Quelques  coquilles  du  genre  Nalica  et  Voluta  offrent  un  trou  placé 
de  la  même  façon  et  qui  n'est  pas  celui  que  font  les  Murex.  Ces 
trous  sont  intentionnels,  comme  ceux  des  escargots  des  Escar- 
gotières d'Afrique,  qui  sont  percés  du  même  côté  et  de  la  même 
f^çon  (côté  d'élection). 

On  trouve  quelquefois  un  petit  fossile,  Serpula  spirulea^  percé 

(1)  Tuieullen,  Varia,  1901,  p.  8,       " 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  107 

d'un    trou  central.    J'en  ai    dépose    quelques    exemplaires   à    la 
S.  P.  F.  —  Peut-être  ce  petit  fossile  a-t-il  été  utilisé? 

Un  travail  de  ce  genre  eut  sans  doute  été  peu  compréhensible, 
sans  les  nombreuses  figures  qui  raccompagnent.  Ces  dessins 
remarquables  sont  l'œuvre  de  notre  collègue,  M.  Hue,  ancien 
Président,  dont  l'obligeance  est  inépuisable.  Il  a  bien  voulu  les 
faire  pour  moi  et  je  lui  en  exprime  ici  toute  ma  reconnaissance. 

M.  Marcel  Baudouin.  —  Je  ne  saurais  trop  féliciter  notre 
éminent  collègue  et  ami,  M.  le  Dr  Ballet,  de  sa  savante  commu- 
nication aussi  documentée  que  précise,  et  surtout  de  sa  pré- 
sentation des  superbes  pièces  de  Parure  du  Paléolithique  infé- 
rieur de  sa  Collection. 

Jusqu'à  présent,  en  effet,  au  cours  des  nombreuses  confé- 
rences (1)  que  j'avais  faites  sur  les  Bijoux  préhistoriques  (2), 
faute  de  renseignements  suffisamment  circonstanciés,  j'avais 
toujours  dit  que  la  Parure  ne  semblait  guère  débuter  qu'avec 
le  Moustérienl  Et,  à  cette  occasion,  je  n'ai  jamais  manqué  de 
citer  les  pièces  très  démonstratives  à  ce  point  de  vue,  trouvées 
par  M.  le  Dr  H.  Martin  à  La  Quina  [Canine  avec  trace  de  per- 
foration', phalanges  de  renne  percée,  etc.]. 

Mais  aujourd'hui  je  m'incline  devant  les  objets  qui  nous  sont 
soumis,  et  qui  font  certainement  remonter  les  restes  matériels 
de  la  Parure  paléolithique  jusqu'au  Chellèen. 

Certes,  les  Bijoux  et  la  Parure  étaient  très  probables  pour  ces 
époques  lointaines;  mais  actuellement  la  démonstration  en  est 
faite  et  bien  faite  par  les  remarquables  pièces  qui  nous  sont 
soumises  ! 

Pour  mon  compte,  j'en  suis  très  aise,  puisque  je  suis 
convaincu  depuis  longtemps,  que  le  Chellèen  était  déjà  un 
Homme  très  cérébralement  évolué;  mais  je  suis  surtout  bien 
heureux,  grâce  à  M.  le  Dr  Ballet,  d'avoir  enfin  aujourd'hui  une 
preuve  irréfutable  de  cette  manière  de  voir. 


(1)  La  Roche-sur-Yon  ;  Fontenay-le-Gomte  ;  Les  Sables-d'Olonne;  Paris; 
Lisieux;  etc. 

(2)  Les  Bijoux  préhistoriques,  etc.,  en  Vendée.  —  Rec.  du  Bas-Poitou,  1907, 
p,  249.  —  Evolution  du  Bijou  préhistorique.  —  Bull.  Soc.  Préh.  Franc.,  1907* 
p.  217-218;  p.  256.  —  Perforations  préhistoriques.  —  Bull.  Soc.  Anthr.,  Par., 
1904,  p.  66. 


108  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

Les  Tumulus   «le    Blnisy-Bas   et  de   Saint- Hél  1er 

(Côte-cTOr). 

(Etude  sur  les  Epées  de  Fer  à  antennes  et  les  Rasoirs  de  bronze). 

PAR 

L.  COUTIL  fEure)  et  le  Dr  BRULA RD  (Gôte-d'Or). 

Le  département  de  la  Côte- d'Or  est  un  des  plus  connus  par  ses 
nombreux  et  riches  tumulus,  dont  plusieurs  ont  fourni  de  précieux 
documents  sur  la  transition  de  la  fin  de  l'Age  du  Bronze,  et  du  Pre- 
mier Age  du  Fer  :  nous  rappellerons  simplement  les  tumulus  des 
Mousselots,  lieu  dit  la  Garenne,  à  Sainte -Colombe,  près  de  Chatillon- 
sur-Seine,  explorés  par  Flouest;  de  Magny  Lambert,  fouillés  par 
MM.Flouest,  Abel  Maître,  et  plus  tard,  par  le  DrBrulard;  les  tumulus 
de  Minot,  par  H.  Corot;  les  tumulus  de  Mauvilly,  par  le  vicomte 
d'Ivory,  etc, 

En  1911,  le  Dr  Brulard  avait  préparé  pour  le  Congrès  de  l'Asso- 
ciation française,  la  fouille  d'un  tumulus  qui  contenait  vingt  huit 
sépultures  de  la  fin  du  Hallstatt. 

Dans  le  Gard,  les  tumulus  de  l'arrondissement  d'Uzès,  et  ceux  du 
Jura,  ont  donné  de  précieux  documents,  dont  quelques-uns  de  la  fin 
de  l'Age  du  Bronze. 

Nous  avons  pensé,  avec  le  Dr  Brulard,  que  les  groupements  funé- 
raires de  la  région  de  Dijon  méritaient  une  étude  spéciale  ;  et  grâce 
à  une  subvention  de  l'Association,  française  pour  l'avancement  des 
sciences,  nous  avons  exploré  deux  groupes,  situés  sur  Blaisy-Bas  et 
Saint-Hélier. 

Tumulus  de  la  Fontaine  Saint-Julien  (Bois  Salle).  —  En  explorant 

BlaiSY  Bas(Cotz  d'o*.Y  TuKulus  ctuJBois  SûUe  clTonhmeStlaureni 
J  (atUe  8-jJ- 


Planche   I.    —   Blaisy-Bas  (Côte- d'Or).  Tumulus   du  Bois-Sallé 
et  Fontaine  Saint-Laurent. 

les  bois  situés  sur  les  hauteurs  de  Blaisy-Bas,  nous  avons  reconnu 
plusieurs  petits  tumulus  de  7  à  8  mètres  de  diamètre,  au-dessus  de 
la  Fontaine  Saint-Julien,  dans  le  bois  Salle,  à  gauche  de  la  route  de 
Blaisy  à  Semur,  de  chaque  côté  de  la  ligne  de  chasse  8-9.  Nous  en 
avons  fouillé  deux,  situés  à  2  mètres  et  à  gauche  du  bord  de  cette 
ligne,  presque  sur  la  déclivité  du  coteau  dominant  les  sources. 
L'un    était    formé   de    grandes   dalles,    avec   cavité   centrale    pro- 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  109 

venant  d'un  effondrement  d'environ  1  mètre  et  des  interstices  très 
apparents  entre  les  pierres,  correspondant  au  caisson  funéraire 
effondré,  delm10à  lm20  décote,  et  composé  de  pierres  verticales,  légè- 
rement inclinées  en  dedans.  Contre  ce  locuhis,  des  pierres  plates 
étaient  disposées  sans  ordre,  sur  environ  lœ50  de  largeur;  et  contre 
un  cercle,  d'autres  blocs  placés  presque  verticalement  formaient  une 
sorte  de  cromlech  circulaire.  Enfin,  contre  celles-ci  et  le  pourtour 
extérieur,  de  plus  larges  pierres  plates  étaient  inclinées  à  45  degrés 
(Planche  I).  Le  diamètre  était  de  7  mètres  et  l'épaisseur  maxima 
0m80.  —  Aucun  débris  d'os  ou  de  poterie  n'a  été  retrouvé. 

Un  autre  tumulus  se  trouvait  à  6  mètres  de  distance;  son  diamètre 
était  de  6  mètres  sur  7;  il  était  beaucoup  moins  bien  construit  et 
composé  de  pierres  posées  à  plat  ;  l'effondrement  central  correspon- 
dait à  l'affaissement  du  caisson.  Nous  n'y  avons  trouvé  que  des 
débris  minuscules  d'ossements  brûlés. 

Sur  la  droite  de  la  ligne  de  chasse  9-10,  nous  en  avons  fouillé  un 
troisième,  situé  à  60  mètres  des  deux  premiers  ;  il  avait  environ 
8  mètres  de  diamètre  et  0m60  d'épaisseur;  au  centre  existait  un  effon- 
drement correspondant  au  caisson  écroulé  ;  nous  n'y  avons  recueilli 
que  des  débris  d'os  humains  incinérés  et  des  fragments  de  poteries. 

A  côté  existe  un  petit  tumulus  de  6  mètres  de  diamètre;  et  vers 
l'Est,  de  l'autre  côté  de  la  ligne,  un  autre  tumulus  plus  petit  ;  nous 
ne  les  avons  pas  fouillés,  car  les  trois  premiers  ne  nous  avaient  rien 
révélé. 

Tumulus  du  Champ  Huliot.  —  Nous  avons  continué  nos  fouilles  à 
5  kilomètres,  vers  le  Nord,  à  la  limite  des  communes  de  Blaisy- 
Bas  et  de  Saint-Hélier,  dans  le  bois  dit  Champ  Huliot,  appartenant 
à  Etienne  Laurent.  Le  tumulus  est  situé  à  l'altitude  de  527  mètres, 
il  fait  face  au  mont  Tasselot,  dont  il  est  séparé  par  3.500  mètres 
et  par  une  vallée  peu  profonde  où  coule  l'Oze,  alimentée  par  de 
très  nombreuses  sources;  d'ailleurs,  le  versant  situé  en  contre-bas 
du  tumulus  fournit  à  lui  seul  près  de  dix  sources,  dont  une  très 
rapprochée  ne  tarit  jamais  ;  on  se  trouve,  du  reste,  à  la  limite  du 
partage  des  eaux  de  la  Seine  et  de  la  Saône,  et  dans  le  voisinage 
des  sources  de  la  Seine. 

Construction.  —  Ce  tumulus  ressemble  à  un  galgal  aplati  ;  aucun 
arbre  n'a  poussé  dans  sa  masse  calcaire,  composée  de  pierres  sèches, 
plates  etimbriquées,  provenant  du  sous-sol  constitué  par  du  calcaire 
feuilleté  :  tous  les  tumulus  de  la  Côte-d'Or  sont  ainsi  constitués. 
Nous  avons  remarqué,  tout  d'abord,  une  sorte  de  petit  parement 
dépassant  la  surface  de  0m35  sur  environ  1  mètre  à  lm50  seu- 
lement de  pourtour.  Nous  avons  fait  dégager  ce  pourtour  circulaire 
bien  appareillé  à  l 'extérieur (,  et  contre  lequel  on  avait  entassé,  à  plat, 


110  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

mais  avec  moins  de  soin,  les  blocs  intérieurs  de  remplissage;  tandis 
que  la  paroi  extérieure  de  ce  mur  était  arcboutée  par  de  larges  dalles 
plates  de  0m60  de  long,  posées  à  45  degrés  sur  une  largeur  de  3  mètres 
à3m50.Le  diamètre  de  la  partie  centrale  mesurait  8m75à  0  mètres  et 
le  diamètre  total  15  mètres.  Le  mur  de  soutènement  du  tumulus 

:  BlaÏsyBaé  (Cirz  d'or).  Tumulus  cfu  Ckdmji  Huliot 


Planche  H.  —  Blaisy-Bas  (Côte-d'Or).  Tumulus  du  Champ  Huliot  (côté  Est). 


s'élevait  à  lm10  ou  lm20,  la  hauteur  maxima  du  tumulus  était  de 
lm70  (1)  (Planche  III). 

Chambre  latérale.   —  Contre  ce   mur,  au   Nord-Est,  une  petite 


o     4-        rV 


Planche.  III.  —  Plan  et  Coupe  du  Tumulus  du  Champ  Huliot. 
chambre  ou  loculus  de  2m90  de  long  sur  2m15  se  trouvait  entièrement 

(t)  Des  monuments  circulaires  de'même  époque  Ont  été  découverts  a  Ploupou- 
melen  et  à  Silfiac  (Morbihan),  à  Herbascat,  près  Trépuennec  (Finistère)  ;  quantau 
tumulus  du  Bois  Vert,  commune  de  Villeneuve-les-Convers  (Côte-d'Or).  exploré 
par  MM.  Lorirry  et  Corot,  il  offrait  une  chape  circulaire  en  pierre  avec  trous,  et 
un  noyau  de  terre;  il  remonte  à  la  période  de  la  ïène  ;  il  est  tout  différent  de 
construction. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  111 

remplie  par  des  arbustes.  Depuis  qu'elle  a  été  dégagée,  on  serait 
tenté  de  croire  qu'elle  a  été  construite  par  des  bûcherons  ou  des 
bergers,  car  on  en  retrouve  d'à  peu  près  analogues  dans  les  épierre- 
ments  des  champs  voisins. 

Nous  insistons  cependant  pour  faire  remarquer  que  cette  chambre 
est  construite  entièrement  dans  l'épaisseur  du  monument  et  que  Von 
a  respecté  avec  soin  le  pourtour  du  mur]  le  tout  est  ancien,  car  les 
broussailles  actuelles  ont  poussé  sur  de  vieux  pieds  d'arbres  déjà 
coupés  quinze  ou  vingt  ans  avant  ;  les  pierres  sont  tapissées  de  lichens 
et  d'une  très  ancienne  patine;  on  doit  remarquer  aussi  que  cette  case 
a  servi  aux  bûcherons  qui  ont  démoli  le  côté  Est  pour  faire  une 
entrée  conservant  ainsi  pour  s'abriter  les  côtés  Ouest,  Sud  et 
Nord,  les  plus  exposés  à  la  pluie  et  au  vent,  ce  qui  a  permis 
de  conserver  cette  cavité  intacte  et  dans  son  état  primitif;  ce 
détail  constitue  une  autre  particularité  intéressante  du  monument 
(Planche  II). 

Forme  du  tumulus.  —  Il  est  impossible  d'admettre  que  ce  tumulus 
ait  eu  la  forme  d'un  cône  bien  défini,  car  on  retrouverait  sur  le  pour- 
tour les  éléments  disparus  :  tout  au  plus  peut-on  admettre  un  très 
léger  éboulement  des  bords,  et  cependant  il  n'a  pas  découvert  le  mur 
circulaire,  sauf  sur  un  point  et  sur  environ  1  mètre  de  longueur.  Le 
centre  était  un  peu  déprimé  par  l'affaissement  du  loculus  central. 

Fouilles.  —  Nous  avons  tenu  à  conserver  le  parement  du  mur  sur 
son  pourtour,  ainsi  que  l'emplacement  de  la  chambre  adjacente  ;  par 
suite,  notre  fouille  s'est  arrêtée  à  l'intérieur,  à  environ  1  mètre,  à 
1M50  du  pied  des  murs,  en  dégageant  suivant  une  pente  à  45°  :  nous 
avons  donc  exploré,  au  centre,  la  moitié  de  la  surface  intérieure  du 
tumulus  qui  a  été  fouillée  jusqu'au  sous-sol  ;  nous  avons  même  enlevé 
0m60  d'épaisseur  de  plaquettes  calcaires,  constituant  le  sous-sol 
naturel,  afin  d'être  bien  certain  de  ne  rien  laisser  (Planche  III). 

A  mi-hauteur  et  au  centre,  à  0m70  de  profondeur,  nous  avons 
recueilli  la  moitié  du  pourtour  d'une  écuelle  tronc-conique  en  terre 
grise,  à  bords  incurvés  en  dedans  et  mesurant  0m25  de  diamètre  sur 
0m10  de  profondeur  (nous  avons  retrouvé  cette  forme  dans  les 
tumulus  du  Jura,  c'est  une  forme  typique  de  la  céramique  des 
tumulus  du  Premier  Age  du  Fer,  du  Plateau  de  Ger  (Basses-Pyré- 
nées), de  Niederweningen  (Zurich),  du  duché  de  Bade,  etc.); 
cette  écuelle  se  trouvait  au  centre  d'une  incinération  dont  nous 
avons  recueilli  les  ossements  calcinés  et  les  dents,  un  débris  de 
maxillaire  inférieur,  des  métacarpiens  et  métatarsiens.  Plus  bas  et 
au  niveau  du  sol  se  trouvait  une  seconde  sépulture  par  incinération 
avec  parcelles  crâniennes,  de  rocher,  de  maxillaire  inférieur,  quatre 
molaires,  débris  de  côtes,  de  métacarpiens  et  métatarsiens  apparte- 


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,     sur  MAiSY  BAS  .  '. 

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Civam-n  cultive 


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f.      sur   SAJNT  MELIER  . 


si?      ^r  "s,  Hw 


0? 


Planche 


Pârùe    Te  couverte  J^-ar  ^3 
cle  \t*êb  no  min- eux   pjii  errf  m.ent  S 
s'che  IV.  —  Plan  d'ensemble  des  Tumulus  du  Champ  Huliot  et  de  la  Corne. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  H3 

nant  à  un  individu  assez  fort  et  adulte.  L'orientation  pouvait  être 
Nord-Sud;  tandis  que  la  précédente  était  peut-être  Nord-Est  et 
Sud-Est. 

En  dégageant  le  pourtour  du  mur,  vers  l'Est,  nous  avons  trouvé  à 
environ  0m45  de  profondeur  un  squelette  d'adulte  d'environ  45  à 
55  ans  ;  nous  n'avons  conservé  que  le  crâne  dont  la  partie  anté- 
rieure de  la  face  manque,  nous  l'avons  offert  aux  collections  de  la 
Société  Préhistorique  Française  ;  il  a  été  très  habilement  réparé  par 
notre  collègue  Hue,  conservateur  des  collections  ;  lhumérus  et  le 
cubitus  mesuraient  0m51  ;  le  fémur  et  le  tibia  réunis  mesuraient  0m74 
et  le  sujet  mesurait  environ  lm60.  Aucun  débris  de  poteries  ne  fut 
recueilli  près  des  ossements.  Il  se  pourrait  que  d'autres  sépultures 
existent  dans  la  partie  non  déblayée  au  Nord-Ouest,  sur  le  pourtour 
interne  des  murs,  que  nous  avons  conservée,  pour  que  l'on  puisse 
étudier  le  monument. 

Tumulus  de  la  Corne  (de  la  Combe).  —  A  60  mètres  au  Nord-Ouest 
de  ce  tumulus,  à  la  limite  des  territoires  de  Blaisy-Bas,  Champre- 
naut  et  de  Saint-Hélier,  au  bord  des  bois,  mais  sur  cette  commune 
et  presque  en  face  Tursay,  le  Dr  Brulard  remarqua  un  amas  de 
pierres  mesurant  18  mètres  de  diamètre.  Nous  hésitions  à  le  fouiller, 
car  il  se  trouvait  tout  à  côté  et  adossé  à  de  très  nombreux  épierre- 
ments  des  champs  voisins  ;  mais  comme  la  partie  centrale  corres- 
pondant au  localus  était  effondrée,  nous  avons  décidé  de  le  fouiller. 

L'endroit  porte  le  nom  de  Sur  la  Corne  (Sur  la  Combe).  Ce  tumulus 
beaucoup  moins  intéressant  comme  construction,  se  composait 
de  pierres  plates  calcaires,  formant  une  butte  aplatie,  peu  régu- 
lière comme  pourtour,  et  limitée  par  des  broussailles  séparant  le 
monument  de  la  plaine  ;  sa  hauteur  était  de  lm18  à  2  mètres  au  maxi- 
mum. La  base  était  formée  d'une  couche  d'argile  jaune,  d'environ 
0m15  à  0m20,  reposant  sur  un  lit  de  pierres  plates  assez  bien  agencées 
comme  pavage  (Planche  VI). 

Fouille.  —  C'est  en  explorant  cette  couche  correspondant  à  la  cavité 
effondrée  du  loculus,  que  nous  avons  aperçu  entre  deux  pierres  de 
0m35,  un  rasoir  en  bronze  en  arc  de  cercle,  avec  trois  ouvertures 
triangulaires  et  un  anneau;  il  était  encore  recouvert  de  terre  rou- 
geâtre  ;  il  reposait  sur  une  autre  pierre  plate  ;  sa  forme  nous  était  bien 
connue  par  la  série  des  types  reproduits  l'an  dernier  dans  notre  con- 
férence du  Congrès  préhistorique  de  Lons-le-Saunier.  Le  Dr  Bru- 
lard  reconnut  aussitôt  la  similitude  de  ce  rasoir  semî-lunaire,  avec 
celui  qu'il  avait  découvert  dans  le  Tumulus  des  Fourches,  à  Magny 
Lambert  (Côte-d'Or),  qui  porte  quatre  ouvertures  triangulaires  ;  il 
rappelle  aussi  celui  du  Monceau  Laurent,  à  Magny  Lambert,  plus 
simple  et  avec  deux  ouvertures  triangulaires,  au  lieu  de  quatre.  On 

SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE.  8 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  115 

peut  dire  que  ces  rasoirs  en  hémicycle,  avec  anneau  de  suspension, 
sont  spéciaux  à  la  Côte-d'Or,  car  le  Tumiihis  du  Monceau  Milon  en  a 
donné  un  autre  à  trois  anneaux  de  suspension  accolés;  nous  pou- 
vons encore  les  rapprocher  de  ceux  de  Saint-Pierre  Eynac  (Haute- 
Loire);  de  Gevingey  (Jura);  Gréâncey  (Côte-d'Or);  Clayeures 
(Meurthe-et-Moselle)  ;  deux  de  la  Bourgogne  du  Musée  de  Saint- 
Germain  ;  de  .Villeneuve-Saint-Georges  (Seine-et-Oise)  ;  Borie 
d'Arne,  près  Rogues  (Gard);  de  Bernissart,  Gedinne  et  Wawre 
(Belgique).  Ces  rasoirs  semblent  dériver  des  rouelles  employées 
comme  tranchets,  et  analogues  à  celui  de  Corcelette  du  musée  de 
Lausanne  (1)  (Planche  V). 

A  0m20  ou  0m25  du  rasoir,  notre  attention  fut  à  nouveau  attirée 
par  des  fragments  d'os  longs  bridés,  trois  dents  incinérées  et  quatre 
fragments  de  poteries.  Nos  six  ouvriers  étaient  à  nos  côtés  et  malgré 
nos  observations  voulaient  absolument  fouiller;  c'est  ainsi  que  la 
pointe  d'une  épée  en  fer  fut  jetée  au  remblai,  un  instant  avant  que  la 
partie  médiane  ne  fut  découverte  près  du  rasoir;  cette  épée  qui  gisait 
au  milieu  des  ossements  humains,  de  chien,  de  porc,  de  cerf,  et  des 
fragments  de  poteries,  était  tellement  oxydée  qu'elle  fut  brisée  en 
quatre  parties  sous  le  poids  des  personnes  qui  avaient  marché  au- 
dessus,  sans  prévoir  sa  présence.  Nous  avons  d'abord  recueilli  la 
partie  médiane  sur  une  pierre,  ce  qui  nous  prouva  que  la  pointe 
avait  été  jetée  à  côté  sur  les  pierres  du  déblai  et  avait  glissé  dans 
les  interstices.  Nous  trouvâmes  aussitôt,  et  bien  en  place,  l'extré- 
mité supérieure  de  la  lame  avec  sa  garde  arquée,  mais  la  poignée 
très  mince  était  brisée  en  quatre  petits  morceaux.  Notre  collègue 
Socley,  qui  cherchait  près  de  nous,  souleva  une  masse  bifurquée  ; 
c'était  le  pommeau  muni  de  petites  antennes.  Cette  épée  a  été 
réparée  par  M.  Champion,  du  musée  de  Saint-Germain,  avec  la 
pointe  retrouvée  après  notre  départ  par  notre  collègue.  Cette  épée 
mesure  0m50  de  longueur  totale,  dont  0m12  pour  la  poignée,  et  0m075 
pour  le  plus  grand  écartement  des  antennes,  terminées  par  de  gros 
boutons  ;  la  garde  arquée  mesure  0m045  ;  la  largeur  de  la  lame  0m027 
et  sa  longueur  0m36;  l'épaisseur  de  cette  lame  nous  paraît  avoir  été 
de  0m008.  Cette  lame  était  épaisse  et  à  section  presque  elliptique. 

Cette  forme  est  bien  celle  de  Hallstatt;  de  Saint-Foy  (Tarn)  ;  de 
Sion  (Valais),  à  poignée  de  bronze  et  lame  de  fer;  de  Créancey  (Côte- 
d'Or),  à  poignée  plus  petite  avec  bouton  médian,  à  garde  plus  large 
et  à  antennes  plus  divergentes;  d'Alaise  (Doubs)  à  antennes  aussi 
plus  écartées  et  à  garde  plus  droite;  à'Airolles  (Gard);  de  Donges 

(1)  Nous  rappellerons  que  les  sépultures  villanoviennes  des  environs  de  Bologne 
renferment  presque  toutes  dans  Furne  cinéraire  un  rasoir  semi-lunaire  avec  une 
petite  tige  terminée  par  un  anneau. 


116 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 


T3S 

t.  a 


S 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  H 7 

(Loire-Inférieure);  Sesto-Calende,  près  Milan;  Koban-le  Haut, 
Ossethie  (Russie).  Notre  épée  se  rapproche  aussi  du  type  Pyrénéen 
d'Avezac-Prat,  du  Plateau  de  Ger,  près  Tarbes,  de  Roquecourbe 
(Tarn),  et  des  nombreuses  épées  courtes  de  la  Nécropole  ibérique 
d'Aguilar  de  Anguita,  explorées  par  le  Marquis  de  Cerralbo;  tou- 
tefois, les  poignées  de  ces  épées  sont  plus  fortes,  les  antennes 
encore  plus  rapprochées,  puisqu'elles  se  touchent  presque,  comme 
sur  les  épées  de  Civrg-les-Arnag  (Côte-d'Or)  et  du  Pont  de  l'Ouen 
(Loire-Inférieure);  nous  citerons  encore  Fépée  de  la  Saône,  dans  l'île 
Saint-Nicolas,  à  2  kilomètres  de  Châlons  (Collection  Milon,  à 
Dijon),  et  de  Vix-Etrocheg  (musée  de  Châtillon-sur-Seine),  la 
garde  est  également  arquée  et  débordante,  mais  la  lame  des  épées 
est  un  peu  triangulaire  et  plus  large  près  de  la  garde.  Nous 
pouvons  encore  mentionner  dans  le  duché  de  Bade,  les  épées  à 
antennes  de  Rielasingen  (1),  de  Homburg  (2);  et  l'épée  d'Hof- 
fenheim  (3),  duché  de  Bade,  offre  deux  antennes  incurvées  en  dedans 
et  concentriques  ;  cette  terminaison  rappelle  celle  de  Sion  (Valais), 
et  de  Cotterdal  (Yorkshire),  avec  poignée  à  cordons,  mais  cette 
épée  de  Cotterdal  doit  être  placée  dans  la  période  de  la  Tène 
(Planche  VI). 

Il  est  curieux  de  voir  au  musée  de  Zurich  trois  fibules  de 
bronze  à  ressort  très  long,  à  arc,  contemporaines  de  la  période  de 
la  Tène  III  et  trouvées  à  Giubiasco  XTessin)  (4),  offrir  aussi,  par 
survivance,   vers   la  tête    de    la   fibule,  deux   antennes  à   bouton. 

M.  Schumaker  (5),  conservateur  du  musée  de  Mayence,  croit  que 
le  prototype  des  épées  à  antennes  de  bronze  serait  d'origine  helvé- 
tique; mais  nous  ferons  remarquer  qu'on  l'a  rencontré  à  Bologne, 
Este,  Corneto,  au  début  de  l'Age  du  fer;  par  suite,  nous  ne  pouvons 
croire  à  un  prototype  Helvète,  parce  qu'on  a  trouvé  des  épées  de 
bronze  analogues  en, Suède,  dans  le  Danemark,  et  aux  environs  de 
Mayence. 

Nos  ouvriers  s'étant  par  trop  intéressés  au  dégagement  des  objets 
et  voulant  malgré  notre  défense  fouiller  à  nos  côtés,  nous  avons  dû 
suspendre  nos  fouilles,  et  confier  à  nos  collègues,  MM.  Socley  et 
Bertrand,  de  Dijon,  le  soin  de  déblayer  le  pourtour  Est  de  ce  tumu- 
lus,  après  notre  départ.  En  A,  vers  l'Est,  M.  Socley  découvrit  deux 
incinérations  avec  fragments  de  crânes  et  plusieurs  dents  humaines; 


(1)  Wagner.  —  T.  I,  p.  32,  fig.  23, 

(2)  Wagneb.  —  Fig.  87,  p.  136.  Fundstatten  und   Funde...  zeit  im    grossherzog- 
tum  Baden,  1908-1911. 

(3)  Wagner.  —  T.  II,  p.  344,  fig.  279. 

(4)  Au  Musée  de  Ulrich,  pi.  LXV. 

(5)  Schumaker.  —  Fundbericht  aus  Schwaben,  t.  VII,  1899. 


118  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

à  3  mètres  vers  le  Nord,  une  autre  incinération,  avec  fragments  de 
poteries. 

En  recherchant  la  pointe  de  l'épée,  vers  le  Nord-Ouest,  il  ren- 
contra une  autre  incinération  humaine  avec  fragments  de  Crâne  et 
dents  usées  d'adulte,  sans  poteries. 

A  l'Ouest,  sous  la  pointe  de  l'épée  et  dans  le  sol  qui  n'avait  pas 
été  exploré  assez  profondément   au   début   de  la  fouille,  ils   trou- 


■Saint  IIélie.^-  (Corn  d'or).    Tumulus  de  ~U  Corne   ou  Comôe 


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Jtfojit    Tassttoè  às.Soo'" 

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Planche  VII.  —  Mont  Tasselot. 


vèrent  un  petit  crâne  de  rongeur,  des  dents  de  chien  et  des  osse- 
ments d'animaux.  Enfin,  vers  le  point  P,  trois  grandes  pierres 
placées  verticalement  dans  l'argile,  à  peu  de  distance  du  bord  Sud- 
Ouest  du  tumulus  ;  elles  pouvaient  faire  supposer  qu'on  les  avait 
placées  intentionnellement;  aucune  trace  d'incinération  ne  s'y 
trouvait.  Un  petit  éclat  de  silex  ressemblant  à  une  ébauche  du  grat- 
toir a  été  recueilli  à  0m80  de  la  poignée  de  l'épée  (Planche  VII). 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  119 

Autres  Tumulus  voisins.  —  Ainsi  que  nous  l'avons  déjà  mentionné, 
cette  région  est  riche  en  tumulus;  outre  ceux  qui  restent  encore  à 
explorer,  nous  en  citerons  un  autre  peut-être  plus  important  que 
celui  du  Champ  Huliot  (avec  chape  circulaire),  et  d'au  moins  20 
mètres  de  diamètre;  il  a  été  exploré  très  superficiellement,  vers 
1912,  par  M.  Cunisset-Carnot,  en  effectuant  quatre  cavités,  mais 
sans  dégager  complètement  la  partie  centrale  et  profonde  du  tumu- 
lus. Nous  ignorons  si  ses  recherches  ont  donné  quelques  rensei- 
gnements; dans  tous  les  cas,  ils  sont  forcément  très  incomplets. 
Comme  les  précédents,  ce  tumulus  se  trouve  sur  les  sommets  boisés 
dominant  la  rivière  l'Oze,  entre  Blaisy-Bas  et  Turcey,  au  lieu  dit  la 
Forêt. 

A  8  ou  900  mètres,  au  Nord  de  ce  tumulus,  et  à  15  ou  1600  mètres 
de  celui  du  Champ  Huliot,  M.  de  Traynel  en  a  fouillé  un  autre  situé 
aussi  sur  la  même  crête  boisée,  à  la  même  altitude  527,  au  lieu  dit 
Chênois,  où  il  a  recueilli  des  petits  bracelets  en  lignite. 

En  terminant,  nous  devons  rappeler  que  l'Association  française 
pour  l'avancement  des  Sciences  nous  a  voté  une  subvention  pour 
effectuer  ces  fouilles  ;  et  nous  sommes  heureux  de  lui  en  témoigner 
toute  notre  gratitude. 

Nous  devons  remercier  aussi  M.  Bertrand,  de  Dijon,  qui  nous  a 
fait  obtenir  l'autorisation  de  fouiller  les  tumulus  du  bois  Salle;  et, 
avec  l'aide  de  M.  Foitet,  nous  a  recruté  des  ouvriers.  Nous  n'oublie- 
rons pas  M.  Etienne  Laurent,  propriétaire  du  tumulus  du  Champ 
Huliot;  M.  Coutety  de  Tursay,  propriétaire  du  tumulus  de  la  Corne; 
ni  M.  Bochot,  instituteur  à  Blaisy-Bas,  qui  nous  ont  prêté  un  con- 
cours précieux;  enfin,  notre  dévoué  collègue  Socley,  de  Dijon,  qui 
est  venu  nous  aider  plusieurs  fois,  et  qui  a  terminé  avec  tant  de  soin 
la  fouille  du  pourtour  du  tumulus  de  la  Corne,  où  il  a  retrouvé 
quatre  incinérations  et  la  pointe  del'épée  en  fer  tombée  par  mégarde 
dans  les  interstices  des  blocs  provenant  des  déblais;  il  nous  adonné 
en  outre,  un  plan  très  précis  de  ses  recherches  complémentaires. 

Nous  espérons,  par  la  suite,  continuer  nos  recherches  dans  cette 
région  spéciale  où  l'abondance  des  sources  a  séduit  et  retenu  les 
populations  primitives,  dont  nous  retrouvons  avec  tant  de  peine  les 
vestiges  un  peu  trop  rares  pour  l'importance  et  le  nombre  des 
Tumulus  qui  les  dissimulent  à  nos  regards. 


120  SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

ï*ointes   de   Flèches    de   l'âge  du  t>i»otize   munies 
de  barbelures  à  la  douille  {Suite). 

PAR 

L.  COUTIL  (Saint-Pierre-du-Vauvray,  Eure). 

Nous  avons  déjà  décrit  plusieurs  séries  de  pointes  de  flèches, 
trouvées  dans  des  gisements  caractéristiques  de  l'Age  du  Bronze;  ce 
qui  permet  de  bien  fixer  l'époque  de  leur  fabrication  (1). 

A  ce  premier  groupe  de  quarante  flèches,  nous  allons  en  ajouter 
une  nouvelle  série  aussi  importante  de  trente-six  autres,  que  nous 
avons  étudiées  en  Italie  et  dans  l'Allemagne  du  Sud,  au  cours  d'un 
voyage  effectué  l'an  dernier  (Fig.  1). 

Musée  national  de  Munich  (Bavière).  —  Ce  Musée  possède  sept 
flèches  à  douille  creuse  et  à  ailerons  très  écartés.  Sur  quatre  exem- 
plaires, la  douille  porte  un  appendice  acéré  et  arqué,  sur  les  quatre 
numéros,  127,  128,3513,  3354;  sur  les  trois  exemplaires  69  K.  IV, 
125  et  126,  la  pointe  acérée  de  l'appendice  a  été  brisée;  ces  pointes 
mesurent  comme  longueur  de  0m022  à  0m036,  de  la  pointe  à  l'extré- 
mité de  la  douille,  et  de  0m012  à  0m017  pour  le  plus  grand  écar- 
tement  de  la  base  des  ailerons.  Le  même  musée  possède  une  belle 
série  d'autres  pointes  à  douille  épaisse,  mais  sans  petite  barbelure  à 
la  base. 

Musée  de  l'Académie  des  Sciences  de  Munich.  —  Ce  Musée  ren- 
ferme onze  autres  pointes  un  peu  plus  fortes  et  plus  allongées,  dont 
cinq  proviennent  de  Tann,près  Altmùhlmunster  (1895)  ;  une  plus  fine 
de  Weihenstefan ;  cinq  flèches  plus  grandes  de  Meittendorf,  mesu- 
rant 0m052  de  longueur  de  tige  et  0m023  pour  l'écartement  des 
ailerons. 

Musée  de  Stuttgart  (Wurtemberg).  —  Ce  Musée  possède  six 
autres  flèches  ;  quatre  à  douille,  dont  trois  assez  longues  et  sem- 
blables, trouvées  à  Gellmersbach,  mesurant  0m042  de  longueur  et 
0m020  d'écartement  pour  les  ailerons  ;  une  flèche  beaucoup  plus 
petite,  sans  provenance,  mesurant  0U1025  de  longueur  et  0m014  pour 
l'écartement  des  ailerons. 

Deux  pointes  plates,  c'est-à-dire  sans  douille,  trouvées  dans  un 
tumulus  de  Welsingen,  l'une  mesure  de  0m046  de  long  et  0m020 
d'écartement  des  ailerons;  l'autre  beaucoup  plus  allongée,  de  0m06 
de  long  et  0m015  pour  l'écartement  des  ailerons;  c'est  une  des  plus 
grandes  que  nous  ayons  reproduites  :  le  tumulus  qui  a  donné  ces 

(1)  L.  Coutil.  —  Elude  sur  les  pointes  de  flèches  de  l'Age  du  bronze  munies 
de  barbelures  à  la  douille.  —  Bull.  Soc.  Préhist.  Franc.,  n»  2,  1912,  p.  128-134 
n<>  9. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  121 

deux  pointes  renfermait  des  bracelets  à  spirales  aux  extrémités,  une 
faucille  à  bouton,  deux  épingles  à  tète  plate  et  deux  petits  poignards 
à  rivets. 

Musée  de  Carlsrhue  (Duché  de  Bade).  —  Ce  Musée  possède  deux 
pointes  de  flèches  à  douille,  à  peu  près  semblables,  de  0m052  et 
0m054  de  longueur,  et  ()m022  d'écartement  des  ailerons  :  l'une  de 
Rheinau,  près  Rastalt  ;  l'autre  de  Liedolsheim.  Une  troisième  provient 
de   Marathon    (Grèce);    elle   est   plus    petite   et   mesure   ()m034   de 


?  £ 


Fi/j.  i .  —  i  ointes  de  Flèches  de  bronze  munies  de  barbelures  à  la  base. 


longueur,  avec  de  très  petits  ailerons  de  0m008,  un  long  appendice 
latéral  très  peu  arqué  et  presque  parallèle  à  la  douille. 

Musée  Kircher  à  Rome.  —  Ce  Musée  possède  quatre  flèches 
plates,  sans  douille  (N°  72.966),  de  Gottolengo-Castellaro,  province 
de  Brescia;  et  une  autre  (N°  67.478)  avec  des  ailerons  également 
très  écartés  de  0m025  de  distance;  tandis  que  les  N°s  68.422  et 
67.479  sont  plus  allongées. 

La  Collection  de  M.  Bellucci,  à  Péronse,  renferme  une  pointe  à 
douille  creuse  de  Cortone,  province  d'Arezzo,  avec  petit  appendice 


122  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

latéral,  elle  mesure  0m034  de  long,  et  porte  de  petits  ailerons;  c'est 
la  seule  qui  soit  munie  d'ailerons  parmi  les  cent  quatre  pointes  de 
flèches  en  bronze  qu'il  possède. 

Pour  la  France,  nous  ajouterons  la  pointe  de  flèche  plate  de  la 
Cachette  de  Larnaud  (Jura);  elle  est  allongée  et  mesure  0n044  de 
longueur  :  elle  rappelle  un  peu  celle  du  tumulus  de  Welsingen,  du 
Musée  de  Stuttgart,  elle  se  rapproche  aussi  de  la  suivante. 

Les  fouilles  du  Camp  Harrouard,  commune  de  Sorel  ( Eure-et-Loir), 
ont  donné  à  M.  l'abbé  Philippe  des  foyers  de  l'Age  du  Bronze  repo- 
sant au-dessus  des  foyers  néolithiques;  ce  camp  avait  déjà  fourni  des 
pointes  de  flèches  plates  de  l'Age  du  bronze,  que  nous  avions 
reproduites  et  décrites  dès  1895,  à  la  suite  d'une  excursion  de  la 
Société  normande  d'études  préhistoriques,  en  mentionnant  les 
recherches  faites  depuis  1880,  en  cet  endroit,  par  M.  Lanquetin  (de 
Dreux);  c'est  lui  qui  a  attiré  le  premier  l'attention  sur  ce  gisement 
très  intéressant,  et  on  a  oublié  de  le  citer  depuis,  dans  les  fouilles 
récentes  (1). 

La  pointe  plate,  que  nous  reproduisons,  mesure  0m065  ;  elle  est 
munie  d'un  petit  appendice  ;  elle  a  été  trouvée  dans  le  niveau  du 
Bronze  avec  une  autre  pointe  de  flèche,  sans  appendice  (2). 

La  pointe  de  flèche  du  camp  néolithique  et  de  l'Age  du  Bronze  de 
Granchamp,  commune  de  Cernans  (Jura),  du  Musée  de  Saint-Germain, 
a  été  recueillie  par  notre  collègue  Piroutet,  dans  le  rempart  et  sous  la 
couche  de  chaux  de  ce  camp,  visité  par  le  Congrès  préhistorique  de 
Lons-le-Saunier,  en  1913;  elle  est  plate,  sans  douille,  avec  ailerons 
écartés  de  0m025  et  très  long  appendice  acéré,  elle  mesure  0m045. 

Il  est  à  remarquer  que  ces  deux  dernières  pointes  plates  à  barbe- 
lure,  comme  celle  du  camp  de  la  Tourette  (Charente),  proviennent 
de  trois  camps,  formés  par  un  éperon  barré,  et  offrant  deux  habitats, 
avec  des  foyers  du  Bronze  au-dessus  ou  presque  superposés  à  ceux 
de  l'époque  néolithique. 

Enfin,  une  pointe  de  flèche  de  bronze,  reproduite  dans  Y  Album 
Caranda  (PL  I,  Fig.  3),  possède  un  pédoncule  court. 

En  répartissant  par  régions,  ces  quatre-vingt-treize  pointes  de 
flèches,  nous  verrons  que  c'est  l'Allemagne  du  Sud,  la  Suisse,  la 
Hongrie,  la  France  et  l'Italie,  qui  paraissent  avoir  donné  le  plus  de 
ces  particularités. 

Cet  inventaire  démontre  bien  que  ces  appendices  étaient  inten- 
tionnels, et  destinés  à  rendre  la  blessure  plus  grave,  en  fixant  la  tête 
de  flèche  dans  les  chairs. 

(1)  L.  Coutil.  —  Le  Camp  Harrouard  et  l'Allée  couverte  de  Marcilly-sur-Eure . 
Bull.  Assoc.   Franc,  p.  avanc.  des  Sciences,  Congrès,  Nantes,  1898. 

(2)  Bulletin  Soc.  Norm.  d'études  préhistoriques,  XV,  pi.  X,  fig.  18. 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  123 

Suisse  (18  exemplaires). 

Mœringen  (Musée  de  Zurich). 
Corcelette  (Musée  de  Saint-Germain). 
Gorcelette  (Musée  de  Lausanne). 

—  (Musée  de  Neuchàtel). 

Corcelette,  moule  de  ilèches  (Musée  de  Lausanne). 
Valamand,  les  Ferrages  (Musée  de  Berne). 
Estavayer  (British  Muséum). 

—  (Musée  de  Fribourg). 
Auvernier  (Musée  national  de  Zurich). 


Wollishofen  — 

Val  de  Travers  — 

Cormondrèche  — 

Lac  de  Bienne  (Musée  de  Bienne). 

Deux  pointes  reproduites  par  V.  Gross,  dans  ses  Helvètes. 

Allemagne  du  Sud  (43  exemplaires). 

Karltein,près  Reichenhall  (Haute  Bavière). 

Musée  national  de  Munich  (Bavière);  7  exemplaires. 

Musée  de  l'Académie  des  Sciences;  11  exemplaires. 

Tann,  près  Altmuhlmunster;  5  exemplaires. 

Weihenstefan  ;  1  exemplaire. 

Meittendorf  ;  5  exemplaires. 

Musée  de  Stuttgart;  6  exemplaires. 

Gellmersbach  ;  4  exemplaires. 

Tumulus  de  Welsingen  ;  2  exemplaires. 

Musée  de  Garlsruhe;  2  exemplaires. 

Rheinau,  près  Rastatt. 

Liedolsheim. 

Hostomitz. 

Inzighofen,  au  Musée  de  Mayence,  citées  par  Lindinschmidt. 

Sigmarmgen.  —  — 

Autriche  (7  exemplaires). 

Musée  deKrems  (Basse  Autriche). 
Szekelyfold  (Transylvanie). 
Dolany  (Hongrie);  4  exemplaires. 
Musée  de  Salzbourg  (Hongrie). 


124  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Italie  (9  exemplaires). 

Casaleechio,  près  Bologne  (Montelius). 

Pesehiera,  lac  de  Garde;  2  exemplaires. 

Gottolengo  (Brescia). 

Musée  Kircher  (Rome);  3  exemplaires. 

Cortone.  province  d'Arezzo  (Collection  Bellucci,  à  Pérouse). 

Reggio  délia  Emilia  (Musée  de  cette  ville). 

Grèce  (3  exemplaires). 

Marathon  (Musée  de  Carlsrhue). 

Athènes  et  Syracuse  (British  Muséum);  2 exemplaires. 

Russie. 

Kulundinskaia  Kiprinskaia,  gouvernement  de  Tomsk  (Sibérie 
occidentale). 

Perm  (Russie  Orientale). 

Perse. 
Kasvin  (British  Muséum). 

France  (12  exemplaires). 

Cachette  de  Larnaud  (Jura). 

Camp  de  Granchamp,  commune  de  Cernans  (Jura). 
Cachette  de  Vénat  (Charente);  culot  de  fonte  et  pointe  de  flèche. 
Camp  de  la  Tourette,  commune  de  la  Couronne  (Charente). 
Camp  Harrouard,  commune  de  Sorel  (Eure-et-Loir). 
Villevenard  (Marne). 

Aubenas,  vallée  du  Largue  (Basses- Alpes). 
Alesia  (Musée  d'Alesia). 

Amiens,  cachette  de  Plainseau  (Musée  d'Amiens). 
Vilhonneur,    station     du     bois    du    Roc    (Charente,    collection 
Chauvet). 

Ramerupt  (Aube),  Musée  de  Troyes. 

Soit  93  pointes  de  flèches  à  douilles  creuses,  ou  plates,  munies  de 
barbelures  plus  ou  moins  acérées  à  la  base,  dont  43  pour  l'Alle- 
magne du  Sud,  18  pour  la  Suisse,  12  pour  la  France,  7  pour 
l'Autriche,  9  pour  l'Italie,  3  pour  la  Grèce,  2  pour  la  Russie,  et  une 
pour  la  Perse  (1). 

(1)  Une  pointe  de  flèche  plate  en  bronze  du  Cambodge  porte  à  la  base  une  sorte 
d'appendice  trop  peu  caractérisé  pour  nous  permettre  delà  classer  d'une  manière 
certaine  (D.  J.  B.  Noulet).  L Age  de  la  pierre  polie  et  du  bronze  au  Cambodge, 
d'après  les  découvertes  de  M.  Moura.  Matériaux  pour  servir  à  l'histoire  de  l'homme 
1879,14e  vol.  t.  X,  p.  320,  fig.  104. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  125 

On  a  écrit  parfois  que  les  pointes  martelées  plates  étaient  anté- 
rieures à  celles  qui  sont  fondues  et  à  douille  ;  cependant  les  pointes 
de  Larnaud  et  de  Venat  semblent  bien  prouver  que  l'usage  des 
pointes  plates  s'est  poursuivi  très  tard,  car  ces  deux  dernières 
cachettes,  par  leur  ensemble  d'objets,  le  prouvent  suffisamment  (1). 

Nous  avons  ajouté  à  ces  pointes  de  flèches  une  intéressante  pointe 
à  anneau,  situé  à  la  base.  Elle  provient  du  Musée  central  de  Magonza, 


Fig.  2.  —  Pointe  de  Flèche  de  bronze  à  douille  munie  d'un  anneau  à  la  base, 
du  Musée  de  Magonza. 

collection  Marx;  elle  se  rapproche  de  celles  des  Musées  de  Salzbourg 
et  de  Krems  (Autriche),  que  nous  avons  déjà  reproduites  ;  mais  elle 
ria  pas  de  pédoncule  acéré  à  la  base  ;  elle  a  été  signalée  par  notre 
collègue  Bellucci  dans  son  étude  sur  les  pointes  de  flèches  au 
Congrès  Préhistorique  de  Lons-le- Saunier  (1)  (Fig.  2). 


Les    Polissoirs   mobiles    recueillis  en  Nivernais. 

PAR 

A.  DESFORGES  (Rémilly,  Nièvre). 

Le  Nivernais  n'a  fourni,  jusqu'à  ce  jour,  aucun  Poussoir  fixe. 

Il  y  avait  cependant  des  ateliers  de  fabrication  de  haches  polies  en 
divers  points,  notamment  à  Fléty,  dans  la  vallée  de  l'Alêne,  à  la 
Sablière,  commune  de  Saint-Parize-le-Chàtel,  dans  la  Gâtine,  com- 
mune d'Alligny-Cosne. 

Par  contre,  on  y  a  recueilli  un  certain  nombre  de  Polissoirs 
mobiles  ou  Polissoirs  à  main.  Ces  outils,  comme  l'on  sait,  étaient 
destinés  à  réparer  les  haches  ébréchées,  à  donner  le  fil  aux  tran- 
chants devenus  mousses. 

I^e  plus  intéressant  fait  partie  de  la  Collection  de  M.  J.  de  Saint- 
Venant,  ancien  inspecteur  des  forêts  à  Nevers,  qui  l'a  signalé  au 
Congrès  d'Autun,  en  1907.  Il  a  été  trouvé  dans  les  fossés  [du  vieux 

(1)  Pr  J.  Bellucci.  —  Pointes  de  flèches  en  bronze,  recueillies  en  Italie,  1914;  et 
Cuspidi  de  freccia  in  bronzo  Loro  impiego  voiivo^  1914. 


126  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

château  de  Toury-Lurcy,  canton  de  Dornes.  C'est  un  parallélipi- 
pède  à  peu  près  régulier,  de  grès  ferrugineux,  mesurant  0m28  de 
longueur,  sur  0m19  de  largeur  et  0m04  d'épaisseur.  L'une  de  ses 
faces  présente  trois  rainures  fusiformes  ;  sur  l'autre  face  se  voit  une 
légère  excavation  (1). 

M.  Etienne  Tardy,  propriétaire  à  Saint-Parize-le-Châtel,  en  a 
découvert  cinq,  dans  la  célèbre  station  de  La  Sablière,  entre 
Nevers  et  Moulins. 

L'un  d'eux  est  assez  volumineux,  il  mesure  0m55  dans  sa  plus 
grande  longueur,  0m21  dans  sa  plus  grande  largeur,  et  de  0m32  à 
0m12  d'épaisseur;  la  surlace  supérieure,  la  seule  qui  ait  été  utilisée, 
est  inclinée  en  formant  un  angle  de  25°.  Il  est  en  grès  brun  très  dur. 

Les  autres  sont  de  dimensions  restreintes. 

Le  plus  gros  est  une  petite  plaquette  presque  régulière,  de  0m10 
sur  0m08  avec  une  épaisseur  uniforme  de  0m03;  les  deux  faces  sont 
parfaitement  polies;  les  quatre  champs  sont  taillés;  deux  présentent 
des  traces  d'usure.  Ce  polissoir,  qui  a  dû  être  peu  utilisé,  est  en 
grès  brun  chocolat  très  fin  et  très  dur. 

Le  second,  en  grès  micacé  plus  tendre,  a  l'aspect  d'un  voussoir 
dont  le  rayon  de  courbure  serait  de  0m30;  il  a  0m10  de  long,  sur 
0m06  de  large,  et  0m025  d'épaisseur;  ses  deux  faces  sont  à  peu  près 
polies;  trois  champs  sont  taillés;  le  quatrième  est  usé  et  forme  une 
concavité  d'environ  0m004  de  profondeur,  sur  laquelle  on  remarque 
des  concrétions  ferrugineuses. 

Le  troisième  est  un  trapézoïde  dont  les  bases  ont  0m12  et  0ro09,  la 
hauteur  de  0m05  à  0m055,  et  l'épaisseur  0m028  ;  les  champs  des  bases 
sont  usés,  le  plus  grand,  à  peu  près  régulièrement,  en  formant  une 
dépression  concave  de  0m009  de  profondeur,  le  plus  petit  en  for- 
mant une  surface  gauche;  ces  deux  côtés  utilisés  présentent  de 
nombreuses  concrétions  ferrugineuses;  l'un  des  plats,  parlaitement 
poli,  offre  une  légère  excavation  ;  l'autre  est  plus  irrégulier;  ce  polis- 
soir  est  en  grès  ferrugineux  (Fig.  1). 

Le  dernier  (N°  V),  le  plus  petit,  est  en  grès  ferrugineux  excessive- 
ment dur;  il  a  0m10  de  longueur,  de  0m033  à  0m045  de  largeur,  et 
environ  0m028  d'épaisseur;  ses  grandes  faces  qui  ont  été  utilisées, 
sont  irrégulièrement  usées;  les  champs  sont  fortement  entamés  et 
présentent  des  concavités  d'un  centimètre  de  profondeur  ;  on  y  voit 
des  excroissances  ferrugineuses  (Fig.  2). 


(1)  J.  de  Saint- Venant.  —  La  Nièvre  préhistorique  :  Restes  des  industries  des 
âges  de  la  Pierre.  [Résumé  des  relevés  faits  à  ce  jour].  —  Congrès  préh.  France, 
Autun,  Paris,  1908  [p.  131  à  134]. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  127 

Tous   les  Polissoirs  de  La  Sablière  sont  confectionnés  en  grès 
provenant  des  régions  voisines  de  la  station. 

Le  Musée  de  la  Société  académique  du  Nivernais,  à   Nevers,  pos- 
sède un  Polissoir,  en  grès  tendre,  ayant   vaguement  la  forme  d'un 


Fig.  1.   -   Polissoir  de  la  Sablière  (N°  IIP 

Echelle:  1/2  Grandeur. 


[Fig.  2.  -  Polissoir  de  la  Sablière  (N°  V). 
Echelle  :  1/2  Grandeur. 


ellipsoïde,  dont  le  grand  axe  a  0m08  et  le  petit  axe  0ra07,  et  dont  la 
surface  est  un  peu  irrégulière.  Cet  objet  a  été  recueilli,  aux  environs 
de  Luzy,  par  feu  M.  Lucien  Gueneau,  ancien  Président  de  la  Société. 

Enfin,  ma  collection  particulière  en  renferme  trois.  L'un,  trouvé 


Fig.  3.  -  Polissoir  de  la  Cuaume.  —  Echelle  :  3/4  Grandeur. 

en  1908,  au  lieu  dit  Le  Grand  Champ,  commune  de  Fléty,  est  en  grès 
rouge,  roche  étrangère  à  la  région  ;  il  mesure  0m095  de  longueur, 
0'"035  de  largeur  et  autant  d'épaisseur;  sa  base  est  brute;  la  partie 
supérieure  est  usée  et  polie,  elle  forme  une  concavité  régulière,  dont 
le   rayon  de  courbure  est  de  0m15;  l'un  des  côtés  est  entièrement 


128  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

poli,  l'autre  est  en   partie   désagrégé;   les    extrémités    sont  irrégu- 
lières (Fig.  4). 

Un  autre,  en  grès  très  fin,  a  été  trouvé  également  en  1908,  dans 
la  station  du  Champ  Michaud,  commune  de  Fléty.  Il  est  presque 
cylindrique;  il  n'a  que  0m033  de  longueur  et  0m02  environ  de  dia- 
mètre; l'une  de  ses  extrémités  est  polie;  l'autre  est  cassée.  Cette 
pièce,  n'est  donc  qu'un  fragment;  sa  surface  latérale  est  formée  de 
huit  facettes  à  peine  indiquée  et  de  grandeurs  différentes  ;  plusieurs 
de  ces  facettes  sont  légèrement  concaves  (Fig.  5). 

J'ai  signalé  ces  deux  objets  dans  le  Bulletin  de  la  Société  préhisto- 
rique française,  n°  5,  de  mai  1908,  p.  222  et  223  (Fig.  4  et  5). 

Le  troisième  polissoir  a  été  recueilli  en  décembre  1912,  dans  les 
champs  de  la  Chaume,  commune  de  Lanty,    par   un   chasseur  de 


Fig.  4  et  5.  —  Les  deux  Polissoirs  de  Fléty.  —  Echelle  :  1/2  Grandeur. 


Rémilly,  M.  Vaderot,  qui  me  l'a  offert.  Il  est  en  grès  gris  très  fin  ; 
c'était,  à  l'origine,  un  prisme  quadrangulaire,  de  0m075  de  longueur, 
sur  0m038  de  largeur,  et  0m034  d'épaisseur  ;  les  quatre  grandes  faces 
ont  été  utilisées  et  présentent  des  dépressions  plus  ou  moins  pro- 
fondes :  celle  de  la  face  supérieure  est  la  plus  prononcée,  elle  a 
0m065  d'ouverture,  0m01  de  profondeur  et  son  rayon  de  courbure 
est  de  0m05  ;  celle  de  la  face  inférieure  n'a  que  0m003  de  profondeur  ; 
l'une  des  faces  latérales  est  profondément  usée  (environ  un  centi- 
mètre de  profondeur);  l'autre  est  à  peine  entamée;  par  contre, 
l'arête  qui  la  sépare  de  la  face  intérieure  est  arrondie  (Fig.  3). 

Bien  que  le  Nivernais  ait  fourni  en  divers  points  de  nombreux 
instruments  préhistoriques,  on  remarquera  que  tous  les  Polissoirs 
mobiles  recueillis  jusqu'à  ce  jour,  proviennent  exclusivement  de  sa 
frontière  méridionale. 


SEANCE  DU   25   MARS    1915 


Présidence  de  M.  LE  BEL. 


I.    —     PROCÈS- VERBAL     DE    LA     SÉANCE 


La  Séance  est  ouverte  à  4  heures,  sous  la  Présidence  de  M.  Le  Bel, 
Vice-Président. 

Il  est  donné  lecture  du  procès-verbal  de  la  dernière  séance  (25  Fé- 
vrier 1915),  qui  est  approuvé. 

A  propos  du  procès-verbal,  prise  de  date  de  M.  le  Dr  A.  Gué- 
bhard  et  not*e  de  M.  G.  Poulain. 

Correspondance. 

Lettres  d'Excuses  et  de  Condoléances.  —  MM.  le  Dr  A.  Guébhard  ; 
—  A.  Viré  ;  —  Ch.  Schleicher;  —  Thiot  ;  —  Dr  Atgier  ;  —  Edmond 
Hue. 

Lettres  d'Avis.  —  M.  Deydier. 

Lettres  administratives .  —  M.  Reynier  (Lizy-sur-Ourcq,  S.-et-M.) 
annonce  que  le  Monument  Mégalithique  de  Vendrest  (S.-et-M.),  qui 
appartient  à  la  Société  préhistorique  française,  n'a  pas  souffert  de  l'In- 
vasion Allemande,  mais  que  le  Poteau  indicateur  sur  route  a  été  ren- 
versé. —  Il  sera  rétabli  sous  peu. 

Bibliothèque. 

Rapport  sur  les  Travaux  de  l'année  1913  de  Vlnstitut  de  Paléontologie  humaine, 
n°  I  [Extr.  Anthrop.,  Par.,  1914].  —  Paris,  Masson,  1914,  in-8°,  fîg. 

Westropp  (Th.-J.).  —  The  promontory  forts  and  early  remain  of  the  Irland 
of  Connacht.  Part.  I.  Achill.  [Extr.  The  Journal  of  the  Roy  Soc.  ofAntig  of 
Irland,  1914,  Dec,  XLIV,  Part.  4.,  4,  p.  297-337,  flg.]. 

SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE.  9 


130  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

Westropp  (Th.-J.).  —  The  promontory  forts  and  early  remain  of  the  coasts 
of  County  Mayo.  Part.  IV.  The  Mullet  [Extr.  The  Journ.  of  the  Proc.  of 
the  Royal  Soc.  of  Antiqu.  of  Irland,  1914,  Juin,  Part.  2.,  XLIV,  p.  148- 
159,2  lig.]. 

Feuvrier  (Julien).—  Les  Enceintes  et  Défenses  préhistoriques  et  anhistoriques 
de  la  région  de  Dôle  [IXe  Cong.  Préh.  France,  1913,  Lons-le-Saunier,  p.  G86- 
78GJ.  —  Tiré  à  part,  Le  Mans,  1914,  in-8°,  100  p.  ;  34  lig.  3  pi,  et  1  carte. 

Feuvrier  (Julien).  —  Les  Monuments  gaulois  du  Musée  de  Dôle  [Extr. 
IXe  Congr.  Préh.  France,  Lons-le-Saunier,  1913,  p.  544  548J.  —  Le  Mans, 
1914,  in-8°,  7  p.,  G  fig. 

Feuvrier  (Julien).  —  Comment  on  peut  trouver  de  la  Poterie  néolithique  dans 
un  milieu  paléolithique  [Extr.  Congr.  préh.  France,  Lons-le-Saunier  x  1913]. 
—  Tiré  à  part,  Le  Mans,  in-8°,  7  p.,  2  fig. 

Sage  (Marius).  —  Découverte  d'un  Gisement  néolithique  au  Quartier  de 
Lagardy  (Commune  de  Malemort,  Vaucluse).  [Extr.  Homme  préhist.,  Paris, 
191  ij,  n"8.  —Tiré  à  part,  Le  Mans,  1914],  in-8»,  16  p.,  3  fig. 

Baudouin  (Marcel).  —  La  Roche  aux  Fras  :  Pierre  à  95  Cupules  et  6  Cavi- 
tés pédiformes,  Ile-Yeu  (V.)  [Extr.  Bull.  Soc.  Préh.  Franc,  1914,  XI, 
p.  484-513,  8  fig.].  —Paris,  S.  P.  F.,  1914,  in-8%  30  p.,  8  fig.  dont  1  pi.  hors 
texte. 

Baudouin  (Marcel).  —  Nouvelles  remarques  sur  la  Pétrographie  de  la  Station 
sous-marine  de  Saint-Gilles-sur- Vie  (Vendée)  [Extr.  Bull.  Soc.  Préh.  Franc., 
Paris,  1914,  22  oct.,  p.  390-400].  —  Tiré  à  part,  Par.,  1914,  in-8°,  10  p. 

Baudouin  (Marcel).  —  Comment  l'Anatomie  préhistorique  permet  de  rectifier 
certaines  données  de  l'Anatomie  actuelle  :  Découverte  du  second  point  d'os- 
sification complémentaire  des  Premiers  Métacarpiens  et  Métatarsiens 
[Ext.  Bull.  Acad.  de  Médecine,  4  mars  1915].  —  Paris,  4  p.,  1915,  in-8°. 


Nécrologie. 

M.  Deydier  (de  Vaucluse)  annonce  la  mort,  survenue  à  Apt,  le 
18février  1915,  de  notre  collègue  Barthélémy  (Antonin),  âgé  de41ans, 
industriel  en  ocres,  membre  de  la  Chambre  de  Commerce  d'Avignon 
et  de  la  Société  Préhistorique  Française  depuis  1910.  —  Passionné  pour 
la  Préhistoire  et  l'Archéologie,  M.  Barthélémy  s'était  fait  une  petite  Col- 
lection locale,  intéressante  en  objets  préhistoriques  notamment.  Il  avait 
contribué  quelque  peu,  avec  quelques  autres  amis,  à  la  partie  préhisto- 
rique concernant  la  station  de  Gargas  (Vaucluse)  de  l'ouvrage  de  Fer- 
nand  Sauvé,  intitulé  «  Gargas  Notre-Dame  de  Bruaux,  le  Château,  la 
Commune  et  la  Seigneurie  »,  publié  dans  les  Mémoires  de  V Académie  de 
Vaucluse  (année  1905,  avec  tirage  à  part  1906).  —  Avec  notre  confrère, 
M.  Lazard,  il  avait  publié  quelques  notes  sur  une  station  préhistorique , 
dans  le  Bulletin  de  la  Société  Préhistorique  Française  (année  1910, 
p.  161). 

On  nous  informe  du  décès  du  Dr  DoiMEzan,  Docteur  en  Médecine, 
à  Perpignan  (Pyrénées-Orientales),  spécialisé  dans  les  études  de 
Radiologie. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  131 

Commission  des  Monuments  Mégalithiques 

M;  le  Capitaine  de  Frégate  Devoir  (Brest)  a  adressé  un  exemplaire 
d'un  Rapport  autographié,  ayant  pour  titre  :  «  Monuments  Mégalithiques 
du  Finistère.  Listes  officielles  et  Classements.  Notes  et  Commentaires. 
Communication  faite  au  Ministère  des  Beaux-Arts  et  à  la  Préfecture 
du  Finistère.    Demande    de  Classement    des    Mégalithes  sous-marins. 

La  Commission  appuie  avec  énergie  les  desiderata  de  M.  Devoir. 

L'auteur  exprime  des  craintes  au  sujet  de  l'efficacité  de  certains 
Classements.  —  Nous  espérons  que  l'Administration  des  Beaux- 
Arts  nous  donnera  les  moyens  de  tranquilliser,  définitivement,  notre 
Collègue. 

Présentations  et  Communications. 

L.  Coutil  (Saint-Pierre-du-Vauvray,  Eure).  —  Haches  à  dimensions 
anormales   de  l'Age  du  Bronze. 

Dr  Marcel  Baudouin  (Vendée).  —  Hache  à  double  Bouton  de  Vendée. 

M.  Harmois  (Paris).  —  Une  Hache  à  bouton  des  Cotes-du-Nord. 

A.  Viré  et  M.  Baudouin  (Paris).  —  Le  Pied  de  la  Mule  de  Saint- 
Martin  [2  Sculptures  de  Sabots  d' Equidés],  à  Padirac  (Lot)  [Don  des 
Moulages  à  la  S.  P.  F]. 

G.  Guénin  (Brest).  —  Les  Menhirs  à  Cupules  du  Finistère.  —  La 
Croix  des  Rochers  à  Sculptures. 

Dr  E.  Boismoreau  (Vendée).  —  Découvertes  de  Sculptures  Néolithi- 
ques et  d'un  Abri  sous  roche  néolithique  aux  Roches  du  Diable,  près 
Quimperlé  (Finistère). 

Eloi  Bourgeade  (Cantal).  —  Stations  Néolithiques  de  î Extrême- Sud 
Algérien,  découvertes  de  nos  jours. 

A.  Desforges  (Remilly,  Nièvre).  —  Torches  en  terre  cuite  de  Toury- 
Lurcy. 

D.  Reber  (Genève).  —  Quelques  remarques  à  propos  des  Pierres  à 
Nyton,  à    Genève,    et    les    objets  en   bronze  trouvés  sur  l'emplacement. 

Dr  Jousset  de  Bellesme  (Eure-et-Loir).  —  Curieuse  survivance  des 
flèches  à  tranchant  transversal. 

Georges  Poulain  (Eure).  —  Sur  quelques  Coutumes  locales,  super- 
titions,  légendes,  etc.,  du  Département  de  l'Eure. 

Dons  aux  Collections. 

M.  le  Conservateur  des  Collections  a  enregistré  les  Dons  suivants 
au  Musée  de  la  Société  Préhistorique  Française  : 

1°CP.  1.  29.  —  M. -F.  de  Zeltner.  —  Outillage  de  l'Afrique  Occi- 
dentale. 


132  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

2°  GQ.  1.  G.  —  Mlle  A.  Hure.  —  Grattoirs-retouchoirs  moustériens. 

3°  CR.  1.  4.  — M.  Chapelet.  —  Crâne  gaulois  et  coupe  gauloise 
de  Sain.t-Me.mie  (Marne),  ainsi  que  deux  autres  Crânes. 

4°  BV.  2.  —  Ecole  d'Anthropologie  (Echange).  —  Un  Moulage  de 
la  Mandibule  de  Puy-Moyen  (Charente). 

Cotisations  de   1  U  1  :». 

Conformément  à  l'Art.  4  du  règlement,  les  Cotisations  pour  1915 
ont  été  mises  en  recouvrement  dans  le  cours  du  quatrième  mois  de 
l'année  1915.  Elles  doivent  être  adressées  à  M.  Maurice  Gillet,  Tré- 
sorier de  la  S.    P.  F.,   30,  rue    Gardenat-Lapostol,  Suresnes  (Seine). 

Le  mode  d'envoi  le  plus  pratique  est  le  Mandat-carte  ou  Mandat- 
lettre.  Les  Sociétaires,  dont  la  cotisation  n'aurait  pas  été  reçue  au 
15  avril  1915,  sont  priés  de  vouloir  bien,  pour  éviter  toute  interrup- 
tion dans  le  service  du  Bulletin,  faire  honneur  au  Recouvrement  pos- 
tal, qui  leur  sera  (sauf  entente  particulière  avec  le  Trésorier)  adressé 
à  domicile,  majoré  de  0,75  centimes  pour  les  frais. 


rC«©' 


II.   —  NOTES,  DISCUSSIONS   ET  PRISES   DE  DATE. 


Au  sujet  de  Haches  polies  des  Côtes-du-ïYord. 

M.  E.  Patte  (Chantilly,  Oise). —  A  la  suite  de  ma  communication, 
parue  au  Bulletin  de  décembre  1914,  M.  Harmois  a  mis  en  doute 
l'attribution  d'origine  de  deux  haches  signalées  par  moi,  se  basant 
sur  ce  fait  qu'il  n'a  pas  connaissance  de  haches  trouvées  dans  les 
deux  communes  signalées  et  sur  la  rareté  de  ces  objets  dans  la 
région  de  Lannion, 

De  ce  qu'on  ne  connaît  pas  d'objets  trouvés  dans  une  localité, 
peut-on  conclure  de  là  à  leur  absence  totalel 

D'autre  part  je  tiens  à  affirmer  que  je  suis  absolument  sûr  de  l'ori- 
gine de  ces  pièces,  qui  m'ont  été  données  par  un  cultivateur  du  pays, 
habitant  entre  Trébeurden  et  Plomeur-Bodou.  Celui-ci  les  a  trouvées 
lui-même,  n'avait  aucun  motif  de  me  tromper,  et  m'a  du  reste  remis, 
en  même  temps,  trois  autres  haches  des  mêmes  communes  (deux  en 
diorite  et  une  en  roche  à  texture  fibreuse).  Les  événements  m'em- 
pêchent à  l'heure  actuelle  de  donner  des  renseignements  plus  précis 
sur  l'inventeur  de  ces  pièces  et  sur  ces  pièces  elles-mêmes,  que  je 
fournirai  plus  tard,  si  l'avenir  le  permet. 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  133 

Une  hache  assez  grande,  en  roche  verte,  que  j'ai  seulement  vue, 
a  été  également,  à  ma  connaissance,  trouvée  dans  la  lande,  àTréhcur- 
den. 

Enfin  le  pays  est  riche  en  Dolmens  et  surtout  en  Menhirs;  la  pré- 
sence de  haches  polies  n'y  est  donc  point  anormale. 


Découverte  de  Castelars  on  Provence. 

[Prise  de  date], 

M.  A.  Guébhard  (A. -M.)  fait  connaître,  pour  prendre  date, 
qu'à  la  découverte  qu'il  fit  le  23  août  1914,  à  1400  mètres  d'alti- 
tude, d'un  très  curieux  Castclars,  en  Provence,  sont  venues  s'en 
ajouter  deux  autres,  récentes,  sur  la  commune  de  Seillans  (Var)  : 
l'une  à  l'extrémité  Est  (point  775  de  l'Etat-Major)  de  L  crête  de  la 
Pigne,  dont  l'extrémité  Ouest  porte  une  autre  encein%,  beaucoup 
plus  simple,  désignée  sous  ce  nom  de  quartier  par  H.  Second, 
dans  le  premier  inventaire  du  Var  (1);  l'autre,  sur  le  sommet  de 
YEouvière  de  Caille,  dominant  le  hameau  des  Camandrons,  au 
Nord-Est  de  Seillans.  —  Toutes  deux  sont  très  importantes  et  seront 
décrites  ultérieurement. 

Par  contre,  sur  la  colline  qui  porte,  au  cadastre  de  Fayence  (Var), 
le  nom  de  Castellaras  et  que  son  aspect  semblait  bien  désigner  pour 
l'emplacement  d'une  enceinte,  M.  Guébhard  n'a  trouvé  aucune  trace 
sûre  de  fortification,  soit  préhistorique,  soit  médiévale. 


Découverte  de  Sculptures  néolithique»*  et  d'un 
iVI>i-î  sous  roche  aux  Roches  du  Diable9  près 
Quimperlé  (Finistère). 

Par  le  Dr 
E.  BOISMOREAU  (de  Vendée). 

[Prise  de  date]. 

Dans  la  commune  de  Locunolé,  dans  l'arrondissement  de  Quirn- 
perlé  (Finistère),  on  remarque  un  amas  d'énormes  rochers,  enca- 


(1)  Dr  Adrien  Guébhard.  —  Essai  d Inventaire  des  Enceintes  préhistoriques 
(Castelars)  du  département  du  Var.  — Compte  Rendu  du  Congrès  Préhistorique  de 
France,  I,  Périgueux,  1905,  p.  331-395,  32  fig.  —  Le  Mans,  Monnoyer,  190S  [Voir 
p.  391,  fig.  29]. 


134  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

drant  le  cours  de  l'Ellé,  dans  un  vallon  sauvage,  extrêmement  pitto- 
resque, surnommé  les  Roches  du  Diable. 

Ces  rochers  se  trouvent  à  gauche,  en  descendant  la  rivière  et  sont 
repérés  dans  les  cartes  pour  touristes.  D'une  altitude  déjà  élevée, 
ces  quatre  blocs  de  granité  surplombent  la  rivière  qui  coule  en  cas- 
cades au-dessous.  Le  site  est  très  connu  et  sa  réputation  justifiée. 

La  roche  principale  porte  le  nom  de  Lucifer.  C'est  un  bloc  de 
granité  énorme,  reposant  par  deux  points  sur  les  autres  rochers  et 
les  dominant.  Elle  est  fixe  et  ne  tremble  pas.  Les  guides  du  touriste 
disent  qu'elle  possède  à  son  sommet  des  Trous,  en  forme  de  griffes, 
et  qu'autrefois  les  druides  y  faisaient  des  Sacrifices  humains.  D'après 
la  tradition,  le  Diable,  la  nuit,  est  assis  sur  ce  roc  et  pousse  de  temps 
en  temps  des  hurlements  lugubres.  Une  fois,  un  paysan  l'aperçut  au 
clair  de  lune,  et,  plus  audacieux  que  ses  compatriotes,  s'approcha, 
en  rampant,  du  roi  des  enfers.  Il  réussit  à  lui  saisir  le  bout  de  la 
queue,  quand  le  démon,  furieux,  le  saisit  par  la  tête  et  le  précipita 
dans  la  rivière,  où  il  se  broya  le  crâne  contre  les  rochers. 

Je  suis  allé  aux  Roches  du  Diable  en  simple  touriste;  je  ne  pensais 
pas  me  trouver  en  présence  d'une  Station  néolithique  très  intéres- 
sante. 

Mon  savant  ami,  M.  le  D'*  M.  Baudouin,  m'avait  bien  prévenu 
de  porter  toujours  mon  attention  sur  les  pierres  et  rochers  dits  du 
Diable.  Presque  toujours  il  y  a  des  Gravures  néolithiques  dans  ces 
affaires;  et  la  Légende  populaire  a  pour  but  d'expliquer  leur  signifi- 
cation. Cette  fois  encore  il  avait  raison! 

Comme  au  Pas  de  Saint  Roch,  les  Griffes  du  diable  sont  des  Bassins, 
des  Cupules  ou  des  Rigoles  !  Aux  Rochers  du  Diable  de  Locunolé, 
elles  revêtent  un  caractère  grandiose;  et  j'ai  vu  là  des  bassins  que  je 
ne  puis  comparer  qu'à  ceux  de  la  Filouzière,  près  des  Epesses  (en 
Vendée),  ici  signalés  par  M.  le  Dr  M.  Baudouin  (1). 

Sur  la  pierre,  dite  Lucifer,  on  remarque  une  infinité  de  Rigoles  et 
de  Bassins,  de  dimensions  moyennes.  La  face  zénithale  de  ce  rocher 
est  presque  entièrement  sculptée...  C'est  le  plus  beau  travail  que  j'ai 
pu  encore  remarquer  !  Ce  bloc  domine  toute  la  vallée  et  le  spectacle 
qui  se  déroule  à  ses  pieds,  est  vraiment  grandiose.  Il  a  su  inspirer 
les  Néolithiques... 

A  droite,  à  gauche,  sur  la  plupart  des  rochers,  qui  bordent  l'Ellé 
et  le  surplombent,  on  remarque  des  Bassins,  dont  quelques-uns  sont 
extrêmement  typiques  et  aussi  bien  creusés  que  certaines  Laverasses 
du  Bocage  Vendéen!  Les  Rigoles  sont  nombreuses  et  bien  creusées, 
plutôt  profondes. 

(I)  Bull,  Soc.  Vrçh.  Française,  Taris,  1912,  p.  225, 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  135 

J'ai  eu  la  chance  de  pouvoir  identifier  comme  époque,  de  suite,  ces 
fines  gravures,  en  découvrant  très  vite  un  Abri  sous  roche  typique. 

Une  sorte  d'Escalier,  plutôt  dangereux,  descend  vers  la  rivière.  A 
mi  chemin  on  remarque  une  sorte  de  Caverne,  formée  par  l'éboule- 
ment  d'énormes  blocs  de  granité  et  ménageant  un  espace  vaste  et 
assez  élevé.  C'est  Y  Abri  sous  roche  type. 

Une  fouille  sommaire,  faite  avec  des  leviers  de  pneus  (!),  m'a  per- 
mis de  trouver,  à  0"'35  de  profondeur,  des  Silex  taillés  et  de  la 
Poterie,  que,  tout  de  suite,  j'ai  reconnue  être  Néolithique.  Dans 
l'espace  de  quelques  centimètres,  j'ai  trouvé  des  Grattoirs  bien  nets; 
une  pierre  de  foyer,  toute  norcie  et  polie  par  le  feu  ;  du  charbon  de 
bois;  de  nombreux  débris  de  silex,  plutôt  petits,  de  coloration  bru- 
nâtre. Ces  pièces,  très  nettes,  identifiaient  bien  les  Sculptures  des 
rochers. 

Plus  bas,  vers  la  vallée,  les  rochers  ont  des  sculptures  très  belles; 
des  Bassins  de  plus  de  0m70  de  largeur  et  plus  de  0m50  de  profon- 
deur, bien  creusés  en  hémisphère. 

Un  travail  plus  complet  résumera  toute  cette  découverte. 


x'orehes  supports  en  terre  cuite 

de  Toury-Lurcy. 


A.  DESFORGES  (Rémilly,  Nièvre). 

Dans  le  courant  du  mois  d'avril  1906,  le  métayer  du  domaine  des 
Glauds,  commune  de  Toury-Lurcy,  canton  de  Dornes  (Nièvre), 
M.  François,  découvrit,  en  creusant  le  sol  près  de  sa  maison  d'habi- 
tation, cinq  Tores,  circulaires,  ou  anneaux  en  terre  cuite,  placés  les 
uns  sur  les  autres,  à  0m80  de  profondeur. 

Plusieurs  de  ces  objets  furent  brisés.  Comme  toujours  «  on  voulut 
voir  ce  qu'il  y  avait  dedans  » .  Il  en  restait  deux  quand  une  excur- 
sion à  Toury  me  permit  d'en  sauver  un  d'une  destruction  presque 
certaine.  Ces  tores  sont  à  peu  près  d'égale  grosseur.  Celui  que  je 
possède  mesure  0m13  de  diamètre  extérieur  et  0m()5  de  diamètre  inté- 
rieur. 

Ils  sont  faits  à  la  main  sans  l'usage  du  tour;  c'est  dire  qu'ils  sont 
un  peu  irréguliers.  L'argile  avec  laquelle  on  les  a  confectionnés 
est  grossière  et  renferme  de  nombreux  grains  de  quartz.  La  pâte, 
à  l'intérieur,  est  noirâtre,  tandis  que  l'extérieur  est  d'une  couleur 
fauve  de  terre  mal  cuite, 


136  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Les  torches  circulaires  font  leur  apparition  à  Y  Age  du  Bronze;  les 
plus  anciennes  que  possède  le  Musée  de  Saint-Germain  proviennent 
des  Palafittes  de  la  Suisse.  On  les  retrouve  à  l'Age  du  Fer  et  pendant 
toute  la  période  gallo-romaine.  Celles  de  Toury  remontent  au  début 
de  la  conquête;  elles  sont  gauloises,  plutôt  que  romaines.  Elles  ser- 
vaient de  supports  aux  jarres  et  aux  amphores  au  ventre  renflé  et  à 
la  base  étroite,  pointue  même,  que  l'on  fabriquait  en  Gaule  aux 
premiers  siècles  de  notre  ère. 

Il  peut  se  faire  aussi  que  ces  couronnes  grossières  aient  été  uti- 
lisées à  maintenir  les  amphores  dans  le  four,  pendant  la  cuisson.  Ce 
procédé  était  en  usage  chez  les  céramistes  des  environs,  notamment 
à  Toulon,  à  Saint-Pourçain-sur-Besbre,  à  Vichy  (Allier),  à  Lézoux 
(Puy-de-Dôme),  etc. 

Le  grand  centre  de  la  fabrication  des  amphores  et  des  supports, 
dans  la  région,  était  Chàteaumeillant  (Cher),  comme  Gien  est 
aujourd'hui  le  centre  de  la  fabrication  des  assiettes  communes,  et 
Montchanin  celui  de  la  fabrication  des  tuiles  à  emboîtement.  Mais 
il  est  certain  qu'à  l'exemple  de  ce  qui  se  passe  aujourd'hui  pour  ces 
deux  dernières  industries  on  confectionnait  aussi  des  amphores  et 
des  supports  dans  d'autres  endroits,  où  l'on  rencontrait  une  argile 
convenable.  Ainsi  s'explique  la  présence  d'une  réserve  d'anneaux  à 
Toury-Lurcy,  où  se  voit  encore  aujourd'hui  une  poterie  assez  pros- 
père. 


Stations  Néolithiques  de  PExtrême-Sud 
Algérien  découvertes  de  nos  jours. 


Eloi    BOURGEADE 
(Les  Planchettes,  par  Riom-ès-Montagne,  Cantal). 

Les  dunes  de  sable,  qui  s'étendent  du  petit  fort  d'Hassi-Inifel  à 
El.  Goléa,  en  passant  par  Fort-Mahon,  Fort-Etienne,  Ouargla,  sont 
fréquemment  dominées  par  des  rochers  calcaires,  d'environ  8  à  10 
mètres  de  haut,  désignés  dans  le  désert  sous  le  nom  de  «  témoins  »  ; 
ces  témoins  servent  de  point  de  repère  et  indiquent  la  route  aux 
caravanes  de  ravitaillement  de  nos  missions  du  Sahara;  c'est  quel- 
quefois à  la  base  de  ces  «  témoins  »  qu'ont  été  trouvés  les  silex 
taillés,  tels  que  pointes  de  flèches,  pointes  de  lances,  grattoirs,  etc. 
Quant  aux  disques  ou  rondelles  percés,  ils  se  trouvent  toujours, 
groupés  dans  une  surface  de  0m20  ou  0rn30,  dans  le  sable  des 
dunes,  à  environ  0m30  ou  0m40  de  profondeur;  quelquefois  à  l'abri 
d'un  rocher  «  témoin  »,  se  trouve  un  foyer,  avec  nombreux  éclats  et 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  137 

blocs  de  silex,  portant  encore  les  traces  des  anciennes  industries 
préhistoriques  (1). 

Ce  sont  des  ateliers  de  taille. 

Les  disques,  en  coque  d'œufs  d'autruche,  étaient  destinés  à  la 
fabrication  des  colliers,  sans  aucun  doute. 

On  trouve  aussi  des  stations  néolithiques  sur  les  hauts  plateaux 
de  Bou-Saada,  dans  la  région  de  Ghardaia  à  650  kilomètres  au  Sud 
d'Alger,  et  dans  la  contrée  d'Ouargla  (2). 

Grâce  à  l'obligeance  de  M.  Dumas  et  de  M.  Basset,  il  nous  a  été 
donné  d'examiner  plusieurs  centaines  de  pièces  diverses,  provenant 
de  ces  ateliers  en  tous  points  remarquables. 

Ultérieurement  une  étude  détaillée  en  sera  faite  ;  mais,  comme 
quelques-uns  de  ces  ateliers  commencent  à  s'épuiser,  —  ils  ont  déjà 
donné  des  milliers  de  pièces,  —  nous  avons  tenu  à  les  signaler  avant 
leur  disparition.  Les  outils,  les  armes,  surtout  les  pointes  de  flèche 
qu'elles  ont  livré,  sont  d'une  exécution  parfaite;  quelques-unes  sont 
des  merveilles  et  demandaient  la  main  d'un  artiste  pour  obtenir  une 
taille  aussi  délicate.  On  y  trouve  toutes  les  variétés  connues.  Dans 
la  plupart  des  stations,  les  objets  présentent  une  patine  remarquable 
ou  bien  un  beau  lustré  suivant  la  nature  de  la  roche.  Il  semble  qu'on 
ait  choisi,  pour  les  pointes  de  flèche,  de  préférence,  les  pierres  les 
plus  dures  et  offrant  à  l'œil  les  plus  belles  teintes;  en  effet,  nom- 
breuses sont  les  pointes  de  flèche  en  calcédoine  translucide  bleue, 
se  rapprochant  de  la  zaphirine,  de  la  cornaline  rouge  du  Japon  ou 
de  la  sardoine  (rouge- orange);  les  diverses  variétés  d'agate  ont  été 
employées  pour  la  fabrication  des  lames,  grattoirs,  pointes,  retou- 
choirs,etc. 

Les  disques  en  coque  d'œufs  d'autruche  pétrifiés  ont,  en  générale- 
un   centimètre    de  diamètre,  sur  un  millimètre  1/2  d'épaisseur  et 
quelques-uns;  mais  peu  ont  jusqu'à  deux  centimètres  de  diamètre. 
Le  diamètre  des  trous  d'enfilage  est  variable,  et  à  tous  on  s'y  est 
pris   des  deux  côtés   pour   le  forage,  qui   est   en  forme  de  côner* 
M.  Dumas,  ainsi  que  moi-même,  avons  pu  reconstituer  quelques^, 
uns  de  ces    antiques  colliers,  en  nous  basant  sur  le   nombre  de 
disques  trouvés  ensemble,  groupés  dans  une  surface  de  0m20  ou  0m30 
ainsi  que  je  le  dis  plus  haut. 

f\)  Ces  renseignements  nous  ont  été  donnés,  par  notre  ami,  M.  Dumas  (de  Tou- 
louse), minéralogiste  distingué. 

(2)  Renseignements  dus  à  l'obligeance  de  M.  Basset,  instituteur  à  Levallois- 
Perret,  qui  a  passé  six  années  en  Algérie,  et  a  exploré  en  compagnie  d'indigènes 
ces  trois  dernières  stations,  desquelles  il  a  rapporté  1.150  échantillons  de  l'indus- 
trie lithique. 

M.  Basset,  actuellement  à  la  guerre,  nous  ayant  témoigné  le  désir  d'entrer  dans 
notre  Société,  nous  nous  ferons  un  plaisir,  la  guerre  terminée,  de  présenter  sa 
candidature  à  notre  Conseil  d'Administration. 


138  SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Discussion  sur  les  Fossiles  perforés,  trouvés 
dans  les  Alluvions,  ayant  pu  servir  de  Parure 
aux  Epoques  Paléolithiques  anciennes. 

PAR 

Georges   POULAIN  (Eure). 

Notre  distingué  collègue,  M.  le  Dr  Ballet,  vient,  dans  un  article 
très  documenté,  d'attirer  l'attention  sur  la  Parure  à  l'époque  quater- 
naire ancienne. 

Entre  les  nombreux  spécimens  de  Bijoux  de  ces  temps  reculés, 
trouvés  dans  les  alluvions,  il  a  montré  des  Tragos  g lobularis,  dont  le 
canal  central  a  été  débouché,  peut-être  par  l'homme,  ou,  qui  du 
moins  étant  débouchés,  ont  pu  être  utilisés  par  lui.  A  ce  sujet,  je 
me  permets  de  faire  connaître  à  nos  collègues  une  trouvaille,  faite 
il  y  a  quelques  années  dans  les  bas  niveaux  de  la  vallée  de  la  Seine, 
se  rapportant  à  cette  question. 

A  2  kilom.  de  Vernon,  joli  chef-lieu  de  canton  du  département  de 
l'Eure,  sis  aux  bords  de  la  Seine,  existe,  triage  de  la  Croix-Blan- 
che (1),  une  carrière  de  balast,  ouverte  lors  de  la  construction  du 
chemin  de  fer  de  Paris  au  Havre,  tout  proche.  Cette  carrière  est 
toujours  en  exploitation.  Dans  ce  dépôt  quaternaire,  les  couches 
stratifiées  sont  légèrement  inclinées  d'amont  en  aval,  dans  le  sens 
de  l'écoulement  actuel  des  eaux  du  fleuve  moderne.  En  voici  la 
coupe  stratigraphique,  en  commençant  de  haut  en  bas  : 

a)  Terre  végétale,  légèrement  rougeâtre,  ayant  des  silex  blancs, 
anguleux,  à  sa  base,  1  mètre. 

&)  Limon  jaune  un  peu  argileux,  1  mètre. 

c)  Sable  jaune  avec  veines  de  graviers,  0m70. 

d)  Cailloux  roulés,  mélangés  de  sable  blanc,  avec,  par  places,  des 
veines  de  0m20  à  0m30  de  sable  pur  et  quelques  filets  de  peroxyde 
de  fer,  4  mètres. 

Hauteur  totale  du  dépôt  :  6m70. 

On  trouve  l'eau  à  6m70  de  profondeur  et  avant  de  rencontrer  la 
craie,  qui  est,  en  somme,  toute  proche. 

La  Couche  D  est  bien  le  fond  de  l'ancien  fleuve  quaternaire.  Les 
graviers  et  le  sable  blanc  qui  la  composent,  indiquant  une  longue 
action  d'eaux  courantes  et  pures,  ont  surtout  été  formés  par  la 
désagrégation  pléistocène  des  assises  crétacées.  C'est  dans  cette 
couche  que  j'ai  trouvé,  moi-même,  cinq  ou  six  Tragos  globularist 

PERFORÉS  ENTIÈREMENT. 

(i)  Ce  triage  se  trouve  sur  la  commune  4e  Saint-Marcel, 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  130 

J'ai  aussi  ramasse,  dans  le  même  strate,  des  Fossiles,  crétacés 
et  tertiaires,  notamment  des  Gastéropodes.  Comme  spécimen  de  la 
faune  quaternaire,  on  n'a  trouvé,  jusqu'à  présent,  que  des  dents 
d'Equas  caballas  (Cheval).  Les  ouvriers,  employés  habituellement  à 
la  carrière,  n'ont  découvert  aucun  silex  classique,  travaillé  par 
l'homme  :  ce  qui  ne  veut  pas  dire  qu'ils  font  complètement  défaut. 
Ces  ouvriers  n'étant  pas  initiés  à  ce  genre  d'objets,  ceux-ci  ont  pu 
fort  bien  passer  inaperçus.  Un  des  Spongiaires  (Tragos)  trouvés 
possède  un  trou,  un  peu  évasé  sur  ses  bords,  à  chaque  extrémité. 
Serait-ce  un  signe  de  Perforation  artificielle  ?  Je  ne  viens  pas  affirmer 
que  ces  Tragos  ont  été  perforés  intentionnellement  et  qu'ils  ont 
servi  de  grains  de  collier  ;  je  signale  le  fait  sans  plus. 

M.  Marcel  Baudouin.  —  Qu'on  me  permette  de  rappeler  la  note 
du  Dr  Baudon,  parue,  ici  même,  à  propos  d'une  trouvaille,  en 
place,  d'un  objet  de  parure  du  Paléolithique  inférieur  [B.  S.  P.  F  , 
1911,  p.  696,  1  FigJ]  et  l'article  de  M.  Thieullen  [B.  S.  A.  P.,  1899]. 


140  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 


III.  —  ARTICLES  ORIGINAUX. 


I^e   Dolmen   de    Pierre   Levée,    Commune 
de  .iîin\ -ille-Hur-Juine   (Seine-et-Oisej. 

[Propriété  de  la  S.  P.  F.]. 


Edmond   HUB   (Paris), 

Directeur  du  Laboratoire  de  la  S.  P.  F. 

Nom.  —  Le  Dolmen  de  Pierre  Levée  se  trouve  sur  le  territoire  de 
Janville-sur-Juine,  canton  de  la  Ferté-Alais,  département  de  Seirte- 
et-Oise. 

Situation  cadastrale.  —  Le  Dolmen  de  Pierre  Levée,  dessiné  et 
décrit  en  1880  par  Delessard  (voir  plus  loin  Historique),  est  situé 
dans  les  numéros  parcellaires  1592  partie  et  1593  partie,  Sec- 
tion A,  troisième  feuille,  lieu  dit  Pierre  Levée,  du  Cadastre  de  Jan- 
ville-sur-Juine, dont  nous  donnons  un  décalque  à  la  Fig.  1. 

Le  hameau  de  Janville  a  été  érigé  en  commune  en  1889  et  les  par- 
celles cadastrales  qui  ont  constitué  son  territoire  sont  de  1818.  Dans 
sa  note  de  1898,  Delessard  l'avait,  à  juste  titre,  dénommé  Dolmen  de 
Janville-sur-Juine ,  nom  qui  lui  a  été  légalement  attribué  par  l'acte 
notarié  d'acquisition  du  30  septembre  1910. 

Le  Dolmen  se  trouve  sur  le  plateau  de  Pocancy,  à  la  lisière  orien- 
tale des  bois  qui  couvrent  le  versant  de  ce  plateau,  au-dessus  et  au 
sud  de  la  Mairie  de  Janville.  Il  est  situé  au  bord  du  chemin  d'ex- 
ploitation reliant  le  chemin  des  Plaquières  à  la  ferme  de  Pocancy, 
auprès  de  laquelle  se  trouve  une  mare  (Voir  Itinéraire  Fig.  2). 

Propriétaire.  —  La  Société  Préhistorique  Française  est  proprié- 
taire du  Dolmen  et  dune  parcelle  du  terrain  environnant,  mesurant 
9  mètres  de  largeur  sur  20  mètres  de  longueur. 

Le  Dolmen  fut  gracieusement  offert  à  la  Société  Préhistorique 
Française  par  M.  et  Mme  Edouard  Multzer  O'Naghten,  capitaine  du 
génie  en  retraite,  par  vente  pour  le  prix  de  un  franc,  M.  Georges 
Courty  représentant  la  Société  Préhistorique  Française. 

Nous  adressons  de  nouveau  tous  nos  remerciements  aux  géné- 
reux donateurs,  ainsi  qu'à  M.  Georges  Courty,  qui  avait  bien  voulu 
continuer  les  pourpalers  que  notre  regretté  collègue  Mallet  avait  si 
heureusement  commencés  (Voir  Acte  de  Vente). 


SOCIÉTÉ   PREHISTORIQUE   FRANÇAISE 


141 


ÛK      12,5       2S,M  50* 


Fig.  1.    —  Extrait  du  Cadastre  de  Janville-sur-Juine.  —  Emplacement  du  Dolmen  de 

Pierre-Levée. 


142  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Coordonnées  géographiques  —  Les  coordonnées  géographiques 
sont  les  suivantes,  d'après  la  Carte  de  l'Etat-Major  :  Longitude 
Ouest  :  Og8'  30"  ;  Latitude  Nord  :  53g90'. 

Altitude.  —  L'Altitude  du  dolmen  est  d'environ  134  mètres. 

Géologie  des  environs.  —  D'après  la  Carte  géologique  au  80.000 
de  Melun,  le  plateau  de  Pocancy  et  la  vallée  de  la  Juine  donnent 
lieu  aux  remarques  suivantes. 

Toute  la  partie  centrale  du  plateau  de  Pocancy  est  occupé  par  le 
Limon  des  plateaux.  En  deux  points  de  ce  plateau,  l'un  au  N.-O.  et 
l'autre  au  S  -O.,  sont  deux  petits  affleurements  de  Sables  granitiques 
de  Lozère,  en  bordure  du  Limon  des  plateaux. 

Sur  tout  le  pourtour  du  dépôt  de  Limon  des  plateaux,  et  sur  une 
largeur  variable,  se  trouvent  des  Meulières,  Calcaires  et  Marnes  de 
Beauce,  au  milieu  desquels  est  la  ferme  de  Pocancy. 

Les  terrains  ci-dessus  sont  en  cultures  et  atteignent  les  lisières 
des  bois  qui  encerclent  le  plateau  et  en  recouvrent  toutes  les 
pentes. 

Les  Marnes  de  Beauce  sont  bordées  au  Nord,  depuis  Boinveau 
jusqu'à  Gillevoisin.  par  les  Sables  et  Grès  de  Fontainebleau,  dont  les 
affleurements  touchent  aux  maisons  de  Janville  (Carrière  à  pavés 
de  Pocancy).  Les  autres  pentes  du  plateau  sont  des  Marnes  à  Ostrea 
d'Etréchy. 

La  route  d'Auvers  à  Janville  court  le  long  d'une  bande  étroite  de 
Meulières  et  Marnes  de  Brie,  tandis  que  le  fond  de  la  vallée  est  rem- 
pli par  des  alluvions  modernes. 

Dans  toute  la  plaine  qui  s'étend  de  Janville  à  Bouray  et  dans 
celle  qui  se  trouve  entre  le  Bois  d'Auvers  et  Chanteloup,  nous 
voyons  des  dépôts  d'éboulis  des  pentes  assez  étendus. 

Le  dolmen  se  trouve  sur  la  limite  des  Meulières  de  Beauce  et  des 
Sables  et  Grès  de  Fontainebleau,  dont  les  affleurements  sont  exploi- 
tés à  moins  de  200  mètres  du  monument. 

C'est  à  cause  de  cette  proximité  de  l'affleurement  du  banc  de  Grès 
de  Fontainebleau  que  nous  avons  fait  des  réserves  au  sujet  du 
bloc  B,  que  M.  A.  de  Mortillet  et  Delessard  déclarent  être  une 
table  du  dolmen.  Quant  au  bloc  C,  qui  n'avait  pas  été  signalé,  nous 
faisons  à  son  sujet  les  mêmes  réserves  que  pour  le  bloc  B. 

Nous  sommes  particulièrement  heureux  de  remercier  ici  M.  Ri- 
chard, maire  de  Janville  ;  M.  Jean,  Instituteur  à  Janville;  et  M.  Sé- 
dart,  garde  champêtre  de  la  commune,  pour  le  bon  accueil  qu'ils 
nous  ont  toujours  fait  et  pour  le  dévouement  qu'ils  apportent  à  la 
surveillance  du  dolmen. 

Les  habitants  de  Janville  connaissent  les  origines  de  Pierre 
Levée  et  l'entourent  d'un  discret  respect. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  143 

En  reconnaissance  de  tous  ces  dévouements,  la  Société  Préhisto- 
rique Française  a  décerné  à  la  Commune  de  Janville  son  grand 
Diplôme  d'Honneur,  qui  figurera  dans  la  salle  de  la  Mairie,  à  côté 
de  la  superbe  lithographie  de  Pierre  Levée,  due  au  crayon  de  l'émi- 
nent  artiste,  M.  A.-L.  Clément. 

Cartes  postales.  —  Nous  ne  connaissons  qu'une  seule  carte  pos- 
tale du  Dolmen  :  avec  cette  inscription  :  «  Collection  J.  Viaud,  n°  12. 
Janville -sur-Juine.  La  Pierre  Levée  (monument  druidique)  ». 

C'est  une  vue  de  l'entrée  du  dolmen,  où,  selon  la  coutume,  figurent 
des  personnages  dont  la  prétention  est  de  rendre  la  carie  postale 
plus  intéressante.  —  De  tels  exemples  ne  sont  pas  à  l'avantage  des 
Mégalithes. 

Itinéraires  pour  se  rendre  au  Dolmen.  —  A.  En  parlant  de  la 


Fig.  2.  —  Carte  des  Itinéraires  pour  se  rendre  au  Dolmen  de  Pierre- Levée. 

Gare  la  plus  proche  (Fig.  2).  —  La  gare  la  plus  proche  du  Dolmen 
est  la  gare  de  Lardy,  à  47  kilomètres  de  Paris,  sur  la  ligne  de  Paris 
à  Etampes. 


144  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Voici  l'itinéraire  détaillé  pour  se  rendre  au  Dolmen  de  Pierre 
Levée.  En  sortant  de  la  gare,  prendre  à  gauche  pendant  une  cen- 
taine de  mètres  et  tourner  à  droite  par  la  route  qui  conduit  à  Jan- 
ville.  A  500  mètres  de  la  gare,  cette  route  tombe  sur  le  Chemin  de 
Grande  Communication  N°  146  de  Lardy.  La  direction  de  Janville- 
sur-Juine  est  indiquée  sur  la  plaque  indicatrice.  Suivre  cette  direc- 
tion, à  gauche,  pendant  100  mètres,  et  prendre  à  droite  le  Chemin  de 
Grande  Communication  N°  5  de  Lardy,  qui  conduit  au  moulin  et  au 
pont  sur  la  Juine.  Le  pont  franchi,  on  suit  la  route  jusqu'à  la  rue 
principale  de  Janville,  constituée  par  le  Chemin  de  Grande  Commu- 
nication N°  17,  allant  à  Bouray,  3  kilomètres. 

Si  on  veut  aller  à  la  Mairie  et  à  l'église  de  Janville,  on  prend,  à  sa 
droite,  et,  à  200  mètres  de  là,  on  trouve  la  grande  place  de  Janville 
avec  la  Mairie  et  l'Eglise. 

En  sortant  de  la  Mairie,  pour  se  rendre  au  Dolmen,  il  faut  prendre 
en  sens  inverse  le  Chemin  de  Grande  Communication  N°  17  que 
l'on  vient  de  parcourir  et  le  suivre  pendant  400  mètres,  jusqu'à 
l'extrémité  Nord-est  du  village,  où  l'on  se  trouve  en  présence  de 
trois  routes.  Celle  de  gauche,  qui  se  dirige  au  Nord,  est  le  Chemin 
de  Grande  Communication  N°  17,  conduisant  à  Bouray  2  kil.  600  et 
Arpajon,  11  kil.  700;  celle  du  milieu  est  le  Chemin  vicinal  N°  11, 
conduisant  à  Itteville  5  kil.  700  et  La  Ferté  Alais,  9  kil.  200.  La 
route  de  droite  qu'il  faut  prendre,  direction  Sud-est,  conduit  à  la 
ferme  de  Pocancy,  sur  le  plateau.  C'est  une  très  belle  route,  domi- 
née par  la  Tour  de  Pocancy,  laissant  à  gauche  le  cimetière,  puis  une 
carrière  de  sable  et  de  grès,  montant  entre  deux  bois  jusqu'au  bord 
du  plateau,  où  se  trouvent  des  carrières  de  grès.  Cent  mètres  plus 
loin,  on  est  à  la  porte  de  la  ferme  de  Pocancy.  Tourner  à  droite  en 
prenant  un  chemin  d'exploitation  qui  longe  le  mur  de  la  ferme  et 
qui  se  bifurque  à  100  mètres  de  là,  au  niveau  d'une  ancienne  mare, 
située  à  droite.  Prendre  le  chemin  de  droite  qui  conduit,  à  travers 
les  cultures,  jusqu'à  l'entrée  d'un  bois,  située  à  500  mètres  de  la 
ferme  de  Pocancy. 

C'est  à  l'entrée  même  de  ce  bois,  que  se  trouve  le  Dolmen,  à 
gauche  du  chemin. 

En  toute  saison,  les  voitures  peuvent  aller  jusqu'à  la  ferme  de 
Pocancy,  qui  n'est  qu'à  400  mètres  du  Dolmen. 
-  L'itinéraire  total  mesure  environ  3  kilomètres. 

B.  En  partant  de  ÏEglise  de  Janville. —  On  vient  d'indiquer  ci-des- 
sus l'itinéraire  à  suivre,  en  partant  de  la  Mairie. 

C.  Troisième  itinéraire.  —  Il  est  un  autre  itinéraire  plus  court 
pour  se  rendre  au  Dolmen,  en  partant  de  la  Mairie.  Il  suffit  de 
prendre  le  sentier  qui  longe  la  Mairie  à  droite,  et  qui  s'engage  parmi 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  145 

les  rochers  très  pittoresques.  Le  trajet  est  charmant.  Le  sentier 
aboutit  sur  le  chemin  des  Plaquières,  à  100  mètres  au  Nord  du  Dol- 
men, que  l'on  rejoint  en  prenant  le  chemin  d'exploitation  allant  à  la 
ferme  de  Pocancy.  Un  autre  sentier,  situé  à  100  mètres  au  Sud  de 
celui-ci,  conduit  également  au  Dolmen,  en  passant  par  une  petite  ter- 
rasse, d'où  l'on  a  un  point  de  vue  superbe  sur  la  vallée  de  la  Juine 
et  Etrechy.  Il  est  recommandé  de  prendre  un  guide  pour  ce  dernier 
itinéraire,  car  la  promenade  sous  bois  est  assez  compliquée  et  il 
serait  très  facile  de  se  tromper  de  chemin  (Fig.  2). 

I.  —  Description  du  Dolmen. 

Le  Dolmen  de  Janville  se  compose  de  neuf  piliers  debout,  un 
tombé  en  travers  de  l'entrée  et  d'une  table,  dont  l'angle  Nord-ouest 
est  fracturé.  Les  piliers  et  la  table  constituent  une  très  belle 
chambre,  dont  le  grand  axe  est  presque  Est-Ouest  (Fig.  3). 

Tous  les  éléments  sont  en  Grès  de  Fontainebleau  et  ont  été  pris  sur 
place  ou  tout  au  moins  à  peu  de  distance  de  l'emplacement  du  monu- 
ment, qui  se  trouve  sur  le  sommet  d'un  affleurement  très  impor- 
tant de  Grès  de  Fontainebleau,  exploités  pour  faire  des  pavés.  Il  y  a 
six  piliers  debouts  à  droite,  deux  debouts  au  fond  et  deux  à  gauche, 
dont  un  est  tombé  en  travers  de  l'entrée.  Une  grande  table  forme  la 
couverture  du  Mégalithe. 

Nous  allons  décrire  très  rapidement  ces  divers  éléments. 

Coté  droit.  —  I.  d.  —  Le  premier  pilier  de  droite  est  un  petit 
élément  planté  derrière  le  deuxième  pilier  et  à  demi  enfoui  dans  les 
broussailles.  Il  mesure  un  mètre  hors  de  terre,  sur  0m40  dans  son 
grand  axe  et  0m20  dans  son  petit  axe.  La  partie  supérieure  est  libre. 
Ce  pilier  n'a  été  signalé  que  par  Mallet,  qui  lui  donne  par  erreur  une 
largeur  de  un  mètre,  mais  qui  le  situe  bien  dans  le  prolongement  de 
la  ligne  des  piliers  de  droite. 

IL  d.  —  Le  deuxième  pilier  de  droite  est  une  dalle  carrée  verti- 
cale, légèrement  inclinée  en  arrière  du  côté  de  la  chambre;  ce  pilier 
présente  sur  sa  face  interne  plusieurs  fissures  naturelles,  les  unes 
horizontales,  les  autres  verticales.  L'arête  postérieure  est  biseautée 
à  45°  et  présente  plusieurs  reliefs  ondulés. 

Il  mesure  lm25  de  hauteur,  lm10  dans  son  grand  axe,  0ra30  dans 
son  petit  axe  du  côté  de  l'arête  postérieure,  et  0m37  dans  son  petit 
axe  du  côté  du  bord  antérieur.  Le  bord  supérieur  est  libre. 

III.  d.  —  Le  troisième  pilier  de  droite  est  un  grand  bloc  rectangu- 
laire, presque  vertical,  légèrement  incliné  en  dedans,  mesurant  lm65 
de  haut,  0m95  dans  son  grand  axe,  et  0m30  dans  son  petit  axe. 

La  face  interne  est  presque  plane;  elle  ne  présente  que  quelques 

SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  10 


146  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

reliefs  de  délitements,  surtout  dans  sa  moitié  postérieure.  Ce  pilier 
est  chevauché  dans  sa  partie  antérieure  par  le  pilier  II,  qui  en  est 
distant  de  0m20  environ.  Le  bord  supérieur  est  libre. 

IV.  d.  —  Le  quatrième  pilier  de  droite  est  une  grande  dalle  irrégu- 
lière plantée  verticalement,  ayant  son  bord  antérieur  presque  verti- 
cal et  rectiligne  ;  le  bord  supérieur  est  d'équerre  sur  le  bord  anté- 
rieur. A  sa  partie  la  plus  postérieure  et  en  dedans,  il  supporte  la 
table  A  sur  une  surface  de  0m15  de  long,  sur  0m05  de  large,  et  n'est 
recouvert  par  cette  table  que  sur  cette  région  d'appui.  Le  bord  pos- 
térieur est  irrégulièrement  porté  en  arrière  par  trois  pans  arrondis  à 
leurs  points  de  jonction. 

La  face  interne  est  plane  dans  sa  moitié  inférieure;  elle  offre 
quelques  reliefs  de  délitement  dans  son  tiers  supérieur  et  postérieur. 
Le  bord  supérieur  est  taillé  en  arête  réunie  à  la  face  interne  par  un 
plan  incliné  à  45°  environ. 

La  hauteur  au  niveau  du  quart  antérieur  est  de  lm60;  elle  atteint 
lm65  vers  le  quart  postérieur  au  niveau  du  point  d'appui  de  la 
table  A.  Le  grand  axe  mesure  lm20  du  niveau  du  sol;  le  petit  axe 
qui  mesure  0,n30  en  avant,  atteint  0m35  en  arrière. 

V.  d.  —  Le  cinquième  pilier  de  droite  presque  rectangulaire  est 
vertical.  Le  bord  antérieur  épouse  l'arête  postérieure  du  pilier  pré- 
cédent. Le  bord  supérieur  horizontal  dans  la  plus  grande  partie  de 
sa  longueur,  se  selève  en  arrière  pour  donner  appui  à  la  table  A  sur 
quelques  centimètres  carrés  de  son  biseau  postérieur.  Sauf  une 
petite  partie  de  l'angle  antérieur,  tout  le  reste  du  bord  supérieur,  est 
recouvert  par  la  table. 

Le  bord  postérieur  est  vertical. 

La  face  interne  présente  un  double  plan  incliné,  avec  arête 
médiane  selon  la  diagonale  d'arrière  en  avant  et  de  haut  en  bas  ; 
elle  montre  de  nombreuses  cassures  de  délitements  de  la  roche 
orientés  dans  toutes  les  directions. 

Le  cinquième  pilier  de  droite  mesure  lm55  de  hauteur  moyenne, 
pour  lm25  dans  son  grand  axe  et  0m30  dans  son  petit  axe. 

VI.  d.  —  Le  sixième  pilier  de  droite,  assez  régulièrement  rectan- 
gulaire, est  légèrement  incliné  en  dedans. 

Le  bord  antérieur  est  vertical  avec  son  angle  supérieur  arrondi 
naturellement.  Le  bord  supérieur  est  rectiligne  et  horizontal,  porte 
sur  toute  la  longueur  de  son  arête  externe,  le  fragment  A  1,  détaché 
de  l'angle  Nord-ouest  de  la  table  A;  mais  la  table  A  n'a  pas  de 
contact  avec  le  bord  supérieur  du  sixième  pilier  et  ne  le  recouvre 
en  aucun  point. 

Le  bord  postérieur  n'est  visible  que  dans  son  quart  supérieur;  le 
reste  de  ce  bord,  ainsi  que  le  tiers  postérieur  de  la  face  interne 
sont  cachés  par  le  pilier  droit  du  fond  du  dolmen. 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  147 

Ce  pilier  mesure  lm50  de  hauteur,  lm40  dans  son  grand  axe  et 
environ  0m30  dans  son  petit  axe. 

Piliers  du  fond.  —  I.  f.  —  Le  pilier  de  droite  du  fond  est  un 
retrait  d'environ  0m20  sur  le  pilier  gauche  du  fond  ;  il  est  rectan- 
gulaire et  légèrement  incliné  en  dedans.  Le  bord  supérieur  est 
rectiligne,  avec  des  délitements  du  côté  de  la  face  interne.  Le  bord 
externe,  rectiligne,  s'appuie  contre  le  pilier  VI.  Le  bord  interne 
plus  irrégulier,  touche  le  bord  interne  de  l'autre  pilier  du  fond.  La 
face  interne  présente  un  ensemble  de  délitements  gréseux  super- 
posés et  dirigés  de  bas  en  haut  et  de  dedans  en  dehors.  Ce  pilier 
ne  monte  pas  jusqu'à  la  table  A,  mais  est  surmonté  d'un  bloc  de 
grès  qui  complète  la  fermeture  du  fond.  La  table  A  ne  recouvre 
que  la  moitié  interne  de  ce  pilier,  et  le  fragment  A  1  de  la  table  ne 
le  recouvre  en  aucun  point.  Le  pilier  de  droite  du  fond  mesure  lm10 
de  hauteur,  lm30  dans  son  grand  axe,  et  0m30  dans  son  petit  axe, 
autant  que  l'on  en  peut  juger  pour  cette  dernière  dimension. 

IL  f.  —  Le  deuxième  pilier  du  fond  est  un  gros  élément,  incliné 
en  avant  de  150°,  à  bord  supérieur  bilobé  avec  rainure  verticale,  ne 
supportant  pas  la  table  A.  Le  bord  interne  plus  large  en  haut 
qu'en  bas,  touche  et  recouvre  en  partie  le  bord  interne  du  pilier  de 
droite  du  fond. 

Le  bord  externe,  bombé  en  haut,  s'appuie  sur  le  pilier  de  gau- 
che II  G. 

Ce  pilier  mesure  lm50  de  hauteur,  lm25  dans  son  grand  axe 
supérieur,  lm10  dans  son  grand  axe  au  niveau  du  sol,  et  environ 
0ra35  dans  son  petit  axe. 

Coté  gauche.  —  I.  g.  —  Le  premier  pilier  de  gauche  est  une  dalle 
rectangulaire,  presque  régulière,  abattue  actuellement  en  travers  de 
l'entrée  du  Dolmen.  La  face  interne  est  en  dessous;  la  face  externe 
est  presque  plane  et  se  trouve  en  dessus.  Ce  pilier  s'appuie  par  son 
bord  supérieur  sur  le  deuxième  pilier  de  droite,  auquel  il  semblait 
faire  vis-à-vis  dans  l'architectonique  primitive  du  monument. 

Alors  qu'il  était  incliné  à  45°  il  y  a  deux  ans,  nous  avons  constaté, 
à  notre  dernière  visite,  qu'il  était  tombé  presque  à  plat  sur  le  sol. 

Ce  pilier  mesure  lm40  de  hauteur,  lm10  à  son  grand  axe,  près 
de  la  base,  lm05  à  son  arête  supérieure,  et  0m30  dans  son  petit  axe. 

II  g.  —  Le  deuxième  pilier  de  gauche  est  une  superbe  dalle  de 
grès  rectangulaire,  légèrement  inclinée  en  dedans  Le  bord  supé- 
rieur est  diagonalement  taillé  en  arête,  sur  deux  points  de  laquelle 
s'appuie  la  table  A.  Le  premier  point  d'appui  est  situé  vers  le  tiers 
antérieur,  sur  une  longueur  de  0m30  ;  le  deuxième  point  d'appui 
se  trouve  sur  l'angle  interne  de  la  terminaison  postérieure  de  l'arête 
du  pilier  ;  il  mesure  0m50   de  long. 


148 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 


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Janvîllexmwe. 

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Figr.  3.  —  Plan  du  Dolmen  de  Pierre-Levée,  Commune  de  Janville-sur-Juine. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  149 

Le  bord  antérieur  est  vertical  et  présente  un  renflement  en  avant, 
vers  son  tiers  supérieur. 

La  face  interne  est  cachée  en  arrière  par  inclinaison  du  pilier 
gauche  du  fond.  Elle  présente  en  bas  et  en  avant  une  dépression 
inclinée  à  30°  en  arrière,  surmontée  d'un  renflement  parallèle  peu 
accentué,  se  conjuguant  avec  un  relief  vertical  situé  vers  le  milieu 
de  cette  face. 

En  arrière  de  ce  relief  est  creusée  une  vaste  dépression  naturelle 
légèrement  inclinée  en  arrière,  présentant  plusieurs  anfractuosités 
cupuliformes  alignées  selon  le  grand  axe  de  cette  dépression.  Plu- 
sieurs autres  dépressions  arrondies,  séparées  par  des  renflements 
émoussés  constituent  la  région  postérieure  et  supérieure  de  cette 
face  interne,  tandis  que  sur  le  tiers  antérieur  on  voit  sept  zébrures 
peu  profondes,  plus  ou  moins  horizontales. 

Toutes  ces  dépressions  et  ces  reliefs  me  paraissent  naturels. 

Quelques  mousses  à  la  base  et  des  lichens  sur  toute  la  pierre. 

Ce  pilier  mesure  lm85  de  hauteur  maximum  au  niveau  des  points 
d'appui  de  la  table.  Le  grand  axe  mesure  4m60,  et  le  petit  axe 
varie  de  0m30  à  0m35. 

Table.  —  A.  La  table  A  est  une  énorme  dalle  polygonale  irré- 
gulière, dont  le  bord  Est  est  rectiligne  et  forme  linteau  ;  il  mesure 
lm90  de  long,  sur  une  épaisseur  de  0m40  environ.  Le  bord 
Nord-est  est  également  rectiligne  et  mesure  2m70,  depuis  l'angle 
du  bord  Est  jusqu'au  point  où  la  table  s'est  rupturée  dans  sa 
partie  Ouest.  Cette  rupture  qui  mesure  2Œ40  de  long,  constitue 
actuellement  le  bord  Nord-ouest  du  polygone.  Le  bord  Ouest-est 
irrégulier  et  participe  à  la  formation  d'une  sorte  de  pointe  située  vers 
le  milieu  du  bord  Sud. 

Les  dimensions  de  cette  table  sont  les  suivantes  :  Axe  Ouest-est 
maximum  3m80  ;  axe  Nord  sud  4m10.  L'épaisseur  maximum  de 
la  table  se  trouve   dans  la  partie  Ouest  et  atteint  0m65  environ. 

La  face  inférieure  de  la  tahle  présente  quelques  craquelures,  des 
délitements,  sur  une  surface  presque  plane. 

La  face  supérieure  présente  :  1°  une  Cuvette  de  Polissage,  mesu- 
rant 0m40  de  long  sur  0m30  de  large  et  de  0,n02  de  profondeur,  située 
sur  le  bord  et  vers  le  milieu  de  la  ligne  Nord  est  ;  2°  deux  surfaces 
elliptiques,  mal  délimitées,  peu  profondes,  situées  vers  le  tiers  Ouest 
de  la  table,  le  long  d'une  longue  fissure  à  direction  N.-o.-S.-e.  Toute 
cette  partie  de  la  table  est  si  totalement  surchargée  de  mousses  et  de 
terreau  qu'il  n'a  pas  été  possible,  même  après  nettoyage,  d'y  recon- 
naître les  cuvettes  et  les  rainures  de  polissage,  dont  ont  parlé  les 
auteurs,  soit  par  description,  soit  par  des  dessins,  et  nous  indiquons 
par  un  pointillé  des  plus  dubitatifs  ce  que  nous  avons  cru  corres- 
pondre à  ces  descriptions. 


150  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

3°  Presque  au  sommet  du  plan  incliné  formant  le  bord  Ouest  de  la 
table  existent  deux  excavations  assez  profondes,  à  bords  presque  à 
pic,  dans  lesquelles  nous  n'avons  trouvé  aucune  trace  détaille  inten- 
tionnelle ou  d'adaptation,  qu'il  est  indispensable  de  constater  pour 
être  en  droit  de  classer  une  excavation  dans  la  catégorie  des  Bas- 
sins (Fig.  3). 

La  cavité  située  la  plus  au  Nord  est  rectangulaire,  aux  angles 
arrondis  avec  son  grand  axe  presque  Nord-sud  ;  elle  mesure  0,n55 
dans  son  grand  axe,  0m45  dans  son  petit  axe,  0ra08  de  profondeur 
sur  son  bord  oriental,    et  0m05  sur  son  bord  occidental. 

La  deuxième  excavation  est  située  à  0m50  au  Sud  de  la  première 
et  leurs  grands  axes  sont  presque  perpendiculaires.  Elle  affecte 
la  forme  d'un  haricot,  et  mesure  0m50  dans  son  grand  axe,  0m27  dans 
son  petit  axe,  et  0m06  de  profondeur  le  long  du  bord  Sud  de  la 
dépression. 

L'eau  des  pluies  séjourne  dans  ces  dépressions,  qui  sont  actuelle- 
ment abritées  sous  une  luxuriante  végétation. 

Points  d'appui.  —  La  table  A  est  soutenue  par  quatre  points  d'ap- 
pui, qui  sont  :  1°  sur  l'extrémité  Ouest  du  quatrième  pilier  de  droite; 
2°  sur  l'extrémité  Ouest  du  cinquième  pilier  de  droite  ;  3°  sur  une 
petite  partie  du  quart  antérieur  de  l'arête  supérieure  du  deuxième 
pilier  de  gauche  ;  4°  sur  l'angle  interne  de  la  partie  terminale  du 
bord  supérieur  du  même  pilier. 

Tous  ces  points  d'appui  sont  indiqués  sur  le  plan  du  Dolmen 
(Fig.  3),  par  des  haches  à  quadrillage  très  serré. 

A1.  —  Le  fragment  rocheux  que  j'ai  marqué  A1,  n'est  pas  une 
table  du  Dolmen,  mais  un  fragment  de  la  table  A,  qui  s'est  détaché 
de  l'angle  Nord-ouest  de  cette  table,  et  qui  est  resté  sur  place.  Il 
repose  par  son  bord  inférieur  sur  le  sol  environnant  le  monument  et 
par  sa  face  inférieure  sur  une  partie  de  l'arête  extérieure  du  bord 
supérieur  du  sixième  pilier  de  droite.  La  partie  fracturée  mesure 
2m30  de  long,  sur  une  épaisseur  d'environ  0m60,  et  un  mètredelargeur. 

Banquette  intérieure.  —  Les  pierres,  marquées  en  pointillé  sur 
le  plan  (Fig.  3)  et  désignées  sous  les  lettres  a,  b,  c,  d,  e,  f,  g,  hy  i,j, 
k  et  m,  constituent  une  Banquette,  aménagée  à  l'intérieur  du  monu- 
ment pour  favoriser  le  repos  des  visiteurs.  On  se  rendra  compte  de 
leur  disposition  sur  le  croquis  de  la  coupe  transversale  du  plan.  Ce 
sont  des  blocs  de  calcaire,  de  dimensions  moyennes,  empruntés  au 
murger  voisin,  dit-on,  et  qui  ont  été  disposés  parallèlement  aux 
parois  intérieures  du  mégalithe,  dans  le  but  que  nous  indiquons,  et 
non,  ainsi  que  le  prétend  Mallet,  comme' dispositif  funéraire  de  la 
Sépulture  primitive.  Nous  avons  du  reste  appris  à  Janville  que  cet 
aménagement  est  récent, 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  151 

Dimensions  de  la  Chambre.  —  En  se  reportant  au  plan  du  Dolmen, 
on  constate  que  la  partie  couverte  de  la  chambre  mesure  3m60  de 
longueur,  et  que  le  deuxième  pilier  de  droite  s'avance  jusqu'à  5m20 
du  fond  du  Dolmen.  Nous  ne  parlerons  pas  de  l'avancée  probléma- 
tique du  premier  pilier  de  gauche,  puisque  rien  de  positif  ne  nous 
fixe  sur  sa  position  et  que  nous  tenons  surtout  à  éviter  les  erreurs 
d'interprétation. 

Les  largeurs,  mesurées  au  niveau  du  sol,  sont  de  2m60  au  fond  ; 
de  2ra75  à  un  mètre  du  fond  ;  de  2m65  à  2  mètres  du  fond  ;  de  2m60  à 
3  mètres  du  fond  et  de  2m50  à  4  mètres  du  fond. 

La  hauteur  mesurée  selon  le  grand  axe  est  de  2,n05,  à  lm75  du 
fond,  et  de  lm70  à  l'entrée. 

Bloc  de  Grès  B  du  plan.  —  A  0m80  à  l'est  du  premier  pilier  de 
gauche,  tombé  en  travers  de  l'entrée,  et  à  6  mètres  du  fond  du  dol- 
men, une  grosse  pierre  B  émerge  du  sol.  Elle  mesure  0,n40  de  large, 
0m50  de  long  et  une  vingtaine  de  centimètres  au-dessus  du  sol. 

Cette  roche  serait  la  deuxième  table  dont  parle  M.  A.  de  Mortillet 
et  Delessard.  Il  n'y  a  pas  lieu  à  confusion  à  ce  sujet,  car  Delessard 
signale  que  notre  premier  pilier  gauche,  actuellement  tombé  devant 
l'entrée,  était  debout  et  qu'il  participait  à  former  la  paroi  Sud  du 
Dolmen. 

Donc  le  bloc  B  est  bien  celui  dont  parlent  ces  deux  auteurs  ;  mais 
la  présence  d'autres  blocs  de  grès  naturels  sur  le  plateau  doit  laisser 
cette  affirmation  en  suspens  jusqu'à  ce  que  des  fouilles  nous  aient 
fixé  sur  ce  point. 

Bloc  de  Grès  C  du  plan.  —  Environ  lm20  plus  à  l'Est  que  le 
bloc  B,  nous  avons  une  autre  grosse  roche  de  grès  C,  enfoncée  dans 
le  sol  et  pour  laquelle  les  réserves  faites  au  sujet  du  bloc  B  s'impo- 
sent d'autant  plus  que  le  sol,  situé  devant  le  Dolmen,  entre  le  monu- 
ment et  le  chemin  de  Pocancy,  a  été  fortement  exploité  et  surbaissé 
de  près  d'un  mètre,  nous  rapprochant  ainsi  de  l'affleurement  des 
Grès  de  Fontainebleau  exploités  dans  le  voisinage. 

Murger.  —  Le  Murger,  signalé  par  M.  A.  de  Mortillet  et  Deles- 
sard, entoure  la  chambre  du  Dolmen,  presque  jusqu'au  sommet  des 
piliers  de  soutènement. 

Il  a  disparu  du  côté  de  l'entrée  du  Dolmen,  vraisemblablement  au 
moment  de  l'exploitation  dont  parle  Delessard,  exploitation  qui  a 
conduit  à  la  découverte  du  monument. 

Provenance  des  différentes  Pierres  du  Dolmen.  —  Les  pierres 
du  Dolmen  proviennent  des  bancs  de  Grès  de  Fontainebleau,  qui  sont 
exploités  à  deux  cents  mètres  de  là  et  qui  affleurent  sur  le  plateau 
et  sur  les  pentes  de  Janville. 


152  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Légendes.  —  Nous  n'avons  recueilli  aucune  légende  relative  à  ce 
monument. 

IL  —  Trouvailles.  —  En  examinant  les  dires  des  auteurs  que 
nous  avons  cités  à  l'Historique  du  monument,  nous  trouvons  les 
indications  suivantes  :  1°  Une  hache  en  pierre  polie,  trouvée  vers 
1880,  par  un  habitant  du  pays  (A.  de  Mortillet). 

2°  Un  tranchet  en  silex,  des  cendres,  quelques  pointes  et  des 
débris  d'Ossements  humains  ;  plus  un  fragment  de  meule  à  broyer 
le  grain  (Delessard). 

3°  Un  grattoir  en  silex,  auprès  du  Dolmen  {Bulletin  de  la  Société 
d'Excursions  scientifiques). 

Il  était  du  plus  grand  intérêt  de  savoir  ce  qu'étaient  devenues  ces 
trouvailles. 

D'après  les  renseignements  obtenus  auprès  de  nos  collègues  de  la 
région,  les  trouvailles  devaient  être  aux  Musées  d'Etampes  et  de 
Corbeil. 

M.  le  Dr  de  Saint-Périer,  notre  aimable  collègue,  conservateur  du 
Musée  d'Etampes,  m'a  déclaré,  dans  sa  lettre  du  10  mars  1914, 
n'avoir,  au  Musée,  aucune  pièce  provenant  du  Dolmen  de  Janville- 
sur-Juine.  Le  Musée  Saint-Jean  de  Corbeil,  que  j'ai  pu  visiter  en 
détail,  grâce  à  l'amabilité  de  MM.  H.  Jarry  et  Creuzet,  ne  possède 
aucune  pièce  provenant  du  Dolmen  de  Pierre-Levée. 

Je  n'ai  trouvé  à  ce  Musée  que  les  pièces  suivantes,  se  rapportant  à 
la  région  : 

1°  Un  beau  dessin  de  Pierre  Levée,  avec  dédicace,  de  M.  A. 
L.  Clément. 

2°  Dans  une  vitrine,  contenant  les  Collections  offertes  par  de 
Souancé  et  Delessard,  de  Lardy,  j'ai  trouvé  :  une  Photographie  du 
Dolmen  ;  «  un  fragment  de  boucle,  en  métal  blanc,  Sépulture  de  l'âge 
du  bronze,  Auvers-Saint-Georges. 

«  Une  portion  de  voûte  crânienne,  Sépulture  de  l'Age  du  bronze, 
Auvers-Saint-Georges   » . 

«  Une  hache  en  bronze  abords  droits,  carrière  de  Pocancy  ». 

En  résumé,  toutes  les  pièces  annoncées  par  les  auteurs  ont  tota- 
lement disparu,  aussi  bien  la  hache  trouvée  par  le  paysan  que  les 
pièces  trouvées  par  les  préhistoriens  locaux. 

IL  —  Historique. 

I.  Vente  d'un  Monument  Celtique  par  M.  et  Mme  Multzer 
O'Naghten  à  la  Société  Préhistorique  Française . 

Le  30  septembre  1910. 
Par  devant  Me  S.  Jeanniard,  notaire  à  Lardy  (Seine-et-Oise),  enre- 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  153 

gistré    à  La   Ferté-Alais,  le   7    octobre   1910,    folio   37,   case  9,   reçu 

25  centimes. 

Signé  :  Musy. 

M.  Edouard  Multzer  O'Naghten,  capitaine  du  génie  en  retraite,  et 
Mme  Suzanne-Georgina-Auguste  Boyer,  son  épouse,  ont  vendu  à  la 
Société  Préhistorique  Française,  représentée  par  Me  Georges  Gourty  : 

«  1°  Une  parcelle  de  terrain,  de  forme  rectangulaire,  d'une  conte- 
nance superficielle  de  cent  quatre-vingt  mètres,  à  prendre  dans  une 
pièce  de  plus  grande  étendue  en  nature  de  bois  et  de  friche,  sise  au 
terroir  de  Janville-sur-Juine,  lieu  dit  la  Pierre  Levée,  pour  tenir  la 
partie  vendue  par  devant  au  chemin  sur  une  façade  de  neuf  mètres, 
par  derrière  au  surplus  non  vendu  de  la  pièce  de  bois  et  friche,  sur 
une  largeur  de  neuf  mètres,  d'un  côté,  MM.  Millouet  et  Regnault,  sur 
une  longueur  de  vingt  mètres,  et  d'autre  côté  le  surplus  de  la  pièce, 
dont  la  dite  parcelle  est  distraite  aussi  sur  une  longueur  de  vingt 
mètres. 

«  2°  Et  le  Monument  mégalithique  connu  sous  le  nom  de  «  Pierre 
Levée  »  se  trouvant  sur  la  parcelle  de  terrain  comprise  en  la  présente 
vente. 

«  Section  A,  n°  1592  partie  et  1593  partie.  » 

«  Origine  de  Propriété.  —  La  parcelle  de  terrain  et  le  monument 
celtique  appartenant  en  propre  à  Mme  Multzer  O'Naghten,  qui  les  a 
recueillis  dans  la  succession  de  Mme  Suzanne  Boyer,  sa  tante,  .proprié- 
taire, veuve  de  Me  Charles-Gabriel-Hubert  Guillier  de  Souancé, 
décédée  à  Lardy,  le  17  juillet  1910,  et  de  laquelle  elle  est  légataire  uni- 
verselle aux  termes  du  testament  olographe  de  Mme  de  Souancé,  en 
date  de  Lardy,  du  10  novembre  1902,  déposé  aux  minutes  de  Me  Hoc- 
quet,  notaire  à  Paris.  Mme  de  Souancé  était  elle-même  propriétaire 
des  immeubles  vendus  présentement,  par  acquisition,  à  M.  Benjamin 
Maleine,  charron,  demeurant  à  Bouray,  et  M.  Ludovic  Maleine, 
ouvrier  charron,  demeurant  au  même  lieu,  suivant  procès-verbal 
d'adjudication  dressé  par  M*  Degommier,  notaire  à  Lardy,  le  23  mai 
1880.  » 

J'attire  l'attention  sur  les  origines,  officielles,  de  Propriété,  qui 
remettent  au  point  les  erreurs  que  l'on  trouve  dans  les  notes  sui- 
vantes. 

II.  —  A.  de  Mortillet  [Revue  de  l'Ecole  d'Anthropologie,  1895. 
—  Compte-rendu  de  l'Excursion  du  dimanche  21  juillet  1895,  page 
364-365] .  —  «  Dolmen  de  Pierre  Levée.  —  Ce  monument  est  situé  à 
environ  300  mètres  au  nord  de  la  Ferme  de  Pocancy,  et  à  peu  près  à 
égale  distance  à  l'ouest  de  la  Tour  de  Janville.  L'endroit  porte  le 
nom  de  Champtier  de  la  Pierre  Levée.  II  fait  partie  de  la  commune 
d'Auvers-Saint-Georges,  et  non  de  celles  de  Lardy  ou  de  Bouray, 
comme  on  l'a  parfois  indiqué. 

Onze  pierres  :  neuf  supports  et  deux  tables  composent  le  Dolmen. 
Elles  forment  une  chambre  assez  régulière,  exactement  orientée  de  l'Est 
à  l'Ouest  et  précédée  à  l'Est  d'un  Vestibule  {Fig.  54).  La  longueur  inté- 


154  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

rieure  du  Monument  est  de  4m70.  La  chambre  proprement  dite  a  les 
dimensions  suivantes  :  3m70  de  longueur,  2m65  de  largeur  à  sa  base 
et  au  fond,  et  2m40  de  largeur  dans  le  bas  vers  l'entrée  ;  dans  le  haut 
elle  n'a  que  2m18  de  largeur,  les  parois  latérales  étant  légèrement 
inclinés  à  l'intérieur;  sa  hauteur  est  de  1,D87  au  fond  et  lm72  à  l'en- 
trée. Une  forte  dalle  de  4m10  de  longueur,  3m20  de  largeur  et  0m50 
en  moyenne  d'épaisseur,  la  recouvre  presque  complètement,  sa  paroi 
Sud  comprend  quatre  supports,  la  paroi  du  fond  deux  et  la  paroi  du 
Nord  un  seul. 

Le  vestibule,  large  de  lm40,  était  formé  par  deux  supports,  dont 
l'un,  celui  du  côté  Nord,  est  venu  en  tombant  buter  contre  l'autre.  Il 
était  recouvert  d'une  seconde  table,  renversée  depuis  longtemps,  qui 
git  actuellement  à  terre  en  avant  du  Monument. 

La  Pierre  Levée,  entièrement  composée  de  dalles  en  grès,  est 
encore  en  partie  engagée  dans  un  murger  de  pierrailles  calcaires,  qui 
formait  jadis  un  vaste  Tumulus,  couvrant  complètement  le  monument. 
On  l'a  mise  à  découvert  vers  1860_,  en  enlevant  des  pierres  pour  la 
construction  d'un  chemin  voisin.  Depuis  lors,  elle  a  été  fouillée  à 
diverses  reprises.  Vers  1865,  les  cultivateurs  qui  se  omettaient 
à  l'abri  dans  la  chambre,  voulant  la  rendre  plus  habitable,  en  bais- 
sèrent le  sol.  En  exécutant  ce  travail,  ils  trouvèrent  les  squelettes 
d'une  dizaine  d'individus,  reposant  sur  un  lit  de  cailloux  ronds  ;  mais 
ils  ne  firent  aucune  attention  aux  objets  d'industrie  et  dispersèrent 
le  tout  dans  les  champs.  Plus  tard,  en  1880,  de  nouvelles  fouilles 
furent  faites  par  un  habitant  du  pays,  qui  y  recueillit  une  hache  en 
pierre  polie.  M.  de  Souancé,  possesseur  actuel  de  la  hache,  se  rendit 
à  cette  époque  acquéreur  du  Dolmen,  dans  lequel  il  entreprit  à  son 
tour  des  recherches.  Il  ne  rencontra  que  quelques  débris  d'ossements 
humains,  un  petit  tranchet  en  silex  et  un  fragment  de  grès,  portant 
sur  une  de  ses  faces  une  cavité  hémisphérique  d'un  beau  poli,  ayant 
environ  une  trentaine  de  centimètres  de  diamètre.  M.  Delessard, 
auquel  nous  devons  ces  renseignements,  croit  que  c'est  un  morceau 
de  meule  à  broyer  le  grain  au  moyen  d'un  pilon. 

i  En  examinant  avec  soin  la  face  supérieure  de  la  table,  nous  avons 
reconnu  qu'elle  a  servi  de  Polissoir.  On  remarque,  à  l'extrémité  Ouest, 
une  sorte  de  bassin  arrondi,  où  l'eau  peut  séjourner,  et  tout  autour  des 
traces  bien  reconnaissables,  quoique  un  peu  effacées,  de  cuvettes  et  de 
rainures  (Fig.  55)  ». 

La  Figure  54  est  intitulée  «  Plan  du  Dolmen  de  la  Pierre-Levée, 
à  Auvefs-Saint-Georges  (Seine-et-Oise).  Echelle  1/138  ». 

La  Figure  55  est  intitulée  «  Table  du  Dolmen  de  Pierre  Levée. 
A,  face  supérieure  de  la  table;  B,  fragment  de  la  Table  A; 
P,  P,  P.,  Bassins  et  Cuvettes  »  (Dessins  de  M.  Allorge). 

III.  —  Le  Préhistorique  en  Seine-et-Oise.  Conférence  faite  à 
f  inauguration  du  Musée  de  la  Société  archéologique  de  Corbeil- Etampes , 
le  13  juin  1898;  par  M.  Er.  Delessard,  Ingénieur  des  Arts  et  Manu- 
factures, Paris,  Alphonse   Picard    et  fils,  1899,  —  24  pp.  6  figures, 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  155 

I  PI.  h.  texte.  Page  13  :  La  Pierre  Levée.  Dolmen  de  Janville-sur- 
Juine].  —  «  Ce  monument,  en  très  bon  état  de  conservation,  est  situé 
à  environ  300  mètres  de  la  ferme  de  Pocancy.  L'endroit  porte  sur  le 
cadastre  le  nom  de  Ghamptier  de  la  Pierre  Levée.  Ce  Dolmen  ne 
figurant  pas  sur  la  Carte  générale  des  Dolmens  de  France,  grande 
carte  exposée  au  Musée  de  Saint-Germain,  nous  avons  envoyé,  en 
1880,  dessin  et  description  à  M.  G.  de  Mortillet. 

Le  Dolmen  se  compose  de  onze  pierres,  neuf  supports  et  deux 
tables.  Elles  forment  une  chambre  assez  régulière,  exactement  orientée 
de  l'Est  à  l'Ouest,  et  précédée  à  l'Est  d'un  Vestibule.  La  paroi  Sud 
est  formée  de  deux  pierres  debout,  et  la  paroi  Nord  de  cinq.  Le  fond 
Ouest  est  formé  de  deux  dalles  :  l'une  est  de  dimensions  moindre  que 
l'autre,  très  peu  enfoncée  en  terre  et  n'allant  pas  jusqu'à  la  couverture. 
Cette  dalle  paraît  avoir  servi  de  porte  d'introduction. 

La  couverture  se  compose  de  deux  dalles,  dont  une,  côté  Est,  a  été 
renversée  il  y  a  bien  des  années,  et  gît  par  terre  en  avant  du  monu- 
ment. L'autre,  la  dalle  principale,  a  4m10  de  longueur,  3,u60  de  lar- 
geur et  en  moyenne  0ra55  d'épaisseur.  Le  poids  de  cette  pierre  peut 
être  évalué  à  16.000  kilogr.  environ.  La  chambre  devait  avoir  à  peu 
près  les  dimensions  suivantes  :  longueur  4m30  ;  largeur  en  bas  à 
l'entrée  2m25,  au  fond  côté  Est  2m58.  Les  supports  formant  les  parois 
latérales  sont  légèrement  inclinés  à  l'intérieur.  La  hauteur  des  piliers, 
constatée  par  les  fouilles,  est  en  moyenne  de  2m50. 

La  Pierre  Levée  est  entièrement  construite  en  dalles  de  grès  ;  elle 
se  trouve,  du  reste,  au  milieu  d'une  région  parsemée  de  rochers  de 
cette  nature,  et  tout  autour  se  trouvent  des  exploitations  de  carrières 
pour  pavés.  Elle  a  dû  être  complètement  recouverte  d'un  murger  de 
pierres  calcaires,  dont  il  reste  encore  une  partie  autour  de  la  base.  On 
l'a  mise  à  découvert  il  y  a,  dit-on,  une  quarantaine  d'années,  en  enle- 
vant des  pierres  pour  la  construction  d'un  chemin  vicinal.  Vers  1860, 
les  cultivateurs  qui  se  mettaient  à  l'abri  dans  la  chambre,  voulant  la 
rendre  plus  habitable,  en  baissèrent  le  sol.  En  faisant  ce  travail,  ils 
trouvèrent  les  squelettes  d'une  douzaine  d'individus,  reposant  sur  un 
lit  de  cailloux  ronds;  ils  dispersèrent  tout  le  contenu  dans  les  champs. 

II  est  fort  probable  que  bien  des  objets  intéressants  ont  été  perdus 
pour  la  science. 

Le  Dolmen  fut  acheté  en  1872  par  M.  de  Souancé,  dans  le  but  de  Je 
soustraire  à  la  destruction.  Nous  fîmes  quelques  temps  après  une 
fouille  aussi  profonde  que  possible.  Nous  ne  trouvâmes  que  des 
cendres,  un  tranchet  en  silex,  quelques  pointes  et  des  débris  d'osse- 
ments humains.  En  avant  se  trouvait  un  fragment  de  grès,  portant  une 
fraction  de  cavité  hémisphérique  d'un  très  beau  poli,  ayant  environ 
0m30  de  diamètre.  Il  y  a  tout  lieu  de  croire  que  c'est  un  fragment  de 
meule  à  broyer  le  grain,  au  moyen  d'un  pilon  de  la  même  matière. 

En  examinant  avec  soin  la  surface  externe  de  la  table,  orî  remarque 
à  l'extrémité  Ouest,  une  sorte  de  bassin  arrondi,  où  l'eau  peut  séjour- 
ner, dont  le  fond  est  complètement  lisse,  et  tout  autour  des  traces,  bien 
reconnaissables  quoique  un  peu  efï$cées?  de  cuvettes  et  de  rainures,  ou 
stries  »f 


156  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

IV.  —  La  Pierre  Levée  de  Janville  (Seine-et-Oise)  ;  par  Auguste 
Mallet.  —  Revue  Préhistorique,  2e  année,  1907,  n°  3.  —  «  En  1895, 
M.  A.  de  Mortillet  a  signalé  ce  Dolmen  dans  son  Cours  à  l'Ecole 
d'Anthropologie.  On  a  placé  ce  Dolmen  et  à  tort  sur  Bouray,  sur 
Lardy  et  sur  Auvers-Saint-Georges.  Il  est  cadastré  à  la  Mairie  de 
Janville-sur-Juine,  lieu  dit  la  Pierre  Levée,  sous  le  nom  de  Mme 
veuve  de  Souancé,  propriétaire  à  Lardy.  Un  sentier,  à  droite  de  la 
Mairie  de  Janville,  conduit  directement  au  Dolmen  à  travers  une  col- 
line rocheuse  des  plus  jolies.  Il  est  situé  sur  le  plateau,  à  300  mètres 
de  la  ferme  de  Poquency,  presque  en  bordure  d'un  chemin  de  terre. 
Un  fouillis  inextricable  de  ronces  et  de  broussailles  l'enveloppe,  et  ne 
permet  pas  de  le  voir  dans  son  ensemble.  Sa  chambre  s'ouvre  à  l'Est. 
Elle  est  orientée  très  exactement  de  l'Ouest  à  l'Est.  Sa  largeur  inté- 
rieure, à  l'entrée,  est  de  2mll,  et,  au  fond,  elle  est  de  2m40.  Sa  lon- 
gueur intérieure,  à  partir  de  la  dalle  de  recouvrement,  est  de  2m97.  La 
hauteur  des  supports,  au-dessus  du  sol,  est  de  lm97. 

Les  supports  qui  soutiennent  la  dalle,  sont  au  nombre  de  six,  de 
largeur  et  d'épaisseur  inégales. 

Support,  à  gauche,  longueur  totale,  3m87;  épaisseur,  0m25; 

1er  Support  du  fond,  longueur  totale,  lm05  ;  épaisseur,  0m27; 

2e  Support  du  fond,  longueur  totale,  lm18;  épaisseur,  0m40; 

1er  Support  de  droite,  dans  le  fond,  longueur  totale,  lœô0;  épais- 
seur 0m30  : 

2e  Support  de  droite,  dans  le  fond,  longueur  totale,  lm15;  épais- 
seur, 0m18; 

3e  Support  de  droite,  dans  le  fond,  longueur  totale,  lm13  ;  épais- 
seur, 0m21. 

Le  blocage  très  dur  de  cailloux  calcaires  reliés  par  de  l'argile,  sur 
lequel  reposaient  les  squelettes,  était  entouré  d'une  forme  régulière  en 
grès  grossièrement  taillés,  de  dimensions  variables,  et  d'une  hauteur 
moyenne  de  0m25  au-dessus  du  blocage.  Nous  voyons  à  gauche  cinq 
blocs  de  grès,  trois  au  fond,  et  trois  à  droite,  un  quatrième  a  été 
enlevé  ainsi  que  les  blocs  de  l'entrée. 

La  dalle  qui  recouvre  le  Dolmen  pèserait  16.000  kilogrammes 
d'après  les  calculs  de  M.  Delessard.  Elle  est  de  forme  irrégulière, 
plus  large  vers  le  fond.  Epaisseur,  0m45;  largeur,  2m88  et  3m70;  lon- 
gueur 3m05. 

M.  Delessard  avait  remarqué  sur  cette  dalle  des  traces  atténuées  de 
polissage.  M.  A.  de  Mortillet  confirme  cette  opinion. 

Devant  la  chambre  se  trouvent  trois  supports.  Le  premier  à  droite 
est  dans  le  prolongement  des  supports  de  la  chambre.  Il  est  resté  dans 
sa  position  première.  Sa  hauteur  est  sensiblement  celle  des  autres  sup- 
ports :  sa  largeur  est  de  un  mètre,  et  son  épaisseur  de  0m21.  Sensible- 
ment de  même  hauteur,  et,  s'appuyant  contre  lui,  en  le  couvrant  en 
partie,  se  voit  un  second  support,  d'une  largeur  de  lm09  sur  une 
épaisseur  de  0m36.  Un  troisième  support,  qui  se  trouvait  primitive- 
ment à  gauche,  est  venu  s'abattre  contre  le  second  support  et  le  caler. 
Sa  largeur  est  de  lm03,  son  épaisseur  de  0m33.  Sa  partie  inférieure  est 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  1  57 

recouverte  de  terre  provenant  sans  doute  d'une  fouille.  La  longueur 
de  la  partie  visible  est  de  lm45.  Le  vestibule  et  la  dalle  d'entrée  ont 
été  détruits  à  une  époque  sans  doute  assez  reculée. 

La  Pierre-Levée,  dit  M.  Delessard,  dont  nous  partageons  complète- 
ment l'avis  sur  ce  point,  a  dû  être  complètement  couverte  d'un  murger 
de  pierres  calcaires,  dont  il  reste  encore  une  partie  autour  de  la  base. 
On  l'a  mise  à  découvert  vers  1858,  en  enlevant  des  pierres  pour  la 
construction  d'un  chemin  vicinal.  Vers  1860,  des  cultivateurs,  qui  se 
mettaient  à  l'abri  dans  la  Chambre,  voulant  la  rendre  plus  habitable, 
en  baissèrent  le  sol.  En  faisant  ce  travail,  ils  trouvèrent  les  squelettes 
d'une  douzaine  d'individus  reposant  sur  un  lit  de  cailloux  ronds.  Ils 
dispersèrent  tout  le  contenu  dans  les  champs.  Il  est  fort  probable  que 
bien  des  objets  intéressants  ont  été  perdus  pour  la  Science. 

Le  Dolmen  fut  acheté,  en  1872,  par  M.  de  Souancé,  dans  le  but  de 
le  soustraire  à  la  destruction.  Nous  fîmes  quelques  temps  après,  une 
fouille  aussi  profonde  que  possible.  Nous  ne  trouvâmes  que  des 
cendres,  un  tranchet  en  silex,  quelques  pointes,  et  des  débris  d'osse- 
ments humains.  En  avant  se  trouvait  un  fragment  de  grès  portant  une 
fraction  de  cavité  hémisphérique,  d'un  très  beau  poli,  ayant  environ 
0m30  de  diamètre.  Il  y  a  tout  lieu  de  croire  que  c'est  un  fragment  de 
meule  à  broyer  le  grain  au  moyen  d'un  pilon  de  même  matière  ». 

Ensuite,  M.  Mallet  tend  à  attribuer  cette  sépulture  à  l'époque  du 
bronze,  sous  le  prétexte  que  l'on  a  trouvé  à  Auvers,  un  cimetière  du 
bronze,  dans  lequel  les  squelettes  étaient  orientés  Ouest-Est,  enca- 
drés d'un  entourage  de  blocs  de  grès  sur  lm90  de  long,  0m60  à  0m70 
de  large  et  0m30  de  profondeur,  et  reposaient  sur  une  aire  de  cail- 
loux calcaires. 

a  Bien  qu'aucun  objet  en  bronze  n'ait  été  récolté  dans  la  chambre 
du  Dolmen  de  Pierre  Levée,  par  suite  de  sa  violation,  ou  simplement 
parce  qu'il  n'y  en  avait  pas,  il  y  a  entre  le  mode  de  sépulture  indivi- 
duelle de  la  vallée  d'Auvers  et  celui  de  la  sépulture  collective  de  Jan- 
ville,  une  telle  analogie,  que  ces  sépultures  semblent  marquer  deux 
phrases  d'une  même  période  rituelle  ». 

Il  nous  suffit  d'ajouter  que  Mallet  n'a  vu  ni  les  unes  ni  les  autres 
et  qu'il  tire  des  déductions  de  simples  on-dits,  de  même  qu'il  a 
inventé,  de  toute  pièce,  l'histoire  de  l'entourage  de  pierres  calcaires, 
que  nous  savons  n'être  qu'une  Banquette  ! 

V.  —  Bulletin  de  la  Société  d'Excursions  scientifiques,  Tome  V, 
1907-1908.  Le  Excursion.  Environs  d'Etampes:  23  juin  1907. 

Page  16.  —  «  Un  sentier  nous  conduit  rapidement  au  Dolmen  de  La 
Pierre  Levée,  situé  près  de  la  ferme  de  Pocancy. 

«  Ce  monument  a  été  souvent  désigné  comme  étant  situé  sur  les 
territoires  de  Lardy  ou  de  Bouray,  mais  c'est  bien  à  Janville  qu'il  faut 
dorénavant  l'attribuer. 


158  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

«  Ce  Dolmen,  bien  conservé,  est  surtout  remarquable  par  les  blocs 
qui  le  composent.  La  table  de  recouvrement  et  les  supports  sont  de 
grandes  dimensions.  Les  supports  d  u  vestibule,  choisis  aussi  rectan- 
gulaires que  possible,  feraient  croire  qu'ils  ont  été  équarris  intention- 
nellement; il  n'en  est  rien.  Au  milieu  de  blocs  de  grès  qui  étaient 
accumulés  sur  cette  colline,  les  préhistoriques  n'avaient  que  l'em- 
barras du  choix  et  ils  ont  choisi  les  pierres  qui  s'adaptaient  le  mieux  à 
la  construction  du  monument. 

«  Situé  sur  le  bord  du  plateau,  ce  Dolmen  n'est  pas  appuyé  sur  le 
flanc  de  la  Vallée  comme  un  certain  nombre  d'autres  Dolmens  des 
environs  de  Paris;  c'est  pourquoi  il  avait  été  recouvert  de  pierres  et 
de  terre  formant  tumulus.  La  partie  du  fond,  entourée  d'arbres,  est 
encore  en  partie  protégée  par  les  matériaux  qui  le  recouvraient. 

«  C'est  en  1860  que  ce  monument  a  été  découvert,  alors  que  l'on 
procédait  à  l'enlèvement  des  pierres  qui  composaient  le  tumulus,  pour 
empierrer  les  chemins.  Vers  1865  ou  1870,  en  brisant  le  sol  de  la 
chambre,  pour  en  faire  un  abri,  on  découvrit  une  quinzaine  de 
squelettes,  reposant  non  sur  des  plaques  de  grès  ou  de  calcaire,  ainsi 
que  cela  a  été  constaté  dans  d'autres  Dolmens,  mais  sur  un  lit  de 
petits  cailloux  ronds,  probablement  apportés  des  berges   de  la  Juine. 

«  En  1880,  un  paysan  trouva  une  hache  polie  et  un  grattoir  en  silex 
auprès  du  Dolmen,  tout  cela  suffit  pour  bien  indiquer  que  nous 
sommes  en  présence  d'un  caveau  funéraire. 

«  Composé  de  neuf  supports  et  de  deux  dalles,  la  chambre  mesure 
3m70  de  profondeur,  2m65  de  largeur  et  lm85  de  hauteur.  La  table  qui 
recouvre  cette  chambre  mesure  4m10  sur  3m20  et  0m50  d'épaisseur. 

«  Le  vestibule  se  composait  de  deux  supports,  présentant  cette 
particularité,  que,  venant  s'appuyer  latéralement  et  en  partie  sur  les 
supports  de  la  chambre,  ils  faisaient  saillie  par  rapport  à  ceux-ci. 
Cette  disposition  rétrécissait  le  vestibule,  qui  ne  mesure  que  lm40  de 
large.  L'un  des  supports  est  renversé  et  la  table  qu'il  supportait  gît 
un  peu  en  avant  du  Dolmen. 

o  Sur  la  grande  table  de  recouvrement  encore  en  place,  on  remarque 
une  cuvette  naturelle  assez  profonde,  et  à  côté,  des  cuvettes  et  quel- 
ques rainures  peu  accentuées  de  polissage. 

«  Ce  monument  est  certainement  un  des  plus  beaux  types  de  Dolmen 
de  la  région  des  environs  de  Paris  et,  à  ce  titre,  il  mérite  d'être  con- 
servé; avec  un  peu  de  frais,  il  serait  possible  de  relever  le  support 
tombé. 

«  Nous  croyons  devoir  signaler  que  la  dalle  de  recouvrement,  qui  a 
servi  de  Polissoir,n'a  pu  être  utilisée  qu'antérieurement  à  l'édification 
du  Dolmen,  puisque  celui-ci  avait  été  recouvert  de  terre.  » 

«  Cette  note  est  accompagnée  d'une  Photographie  intitulée  :  Dolmen 
de  La  Pierre-Levée,  commune  d'Auvers-Saint-Georges  (Seine-et-Oise). 
Vue  du  côté  de  l'entrée;  d'après  une  Photographie  de  M.  A.  de  Mor- 
tillet.  » 

D'un  plan  du  Dolmen  par  M.  Paul  Allorge  ;  et  d'un  dessin  de  la 
table  du  Dolmen,    du   même   auteur,   montrant  l'emplacement   de 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  159 

bassins  et  de  traces  de  polissage. —  Ces  deux  dessins  furent  publiés, 
en  1895,  par  M.  A.  de  Mortillet  dans  la  Revue  de  l'Ecole  d'Anthro- 
pologie. 

VI.  —  M.  Paul  de  Mortillet,  en  1911,  dans  Y  Homme  Préhistorique, 
a  également  publié  le  plan  de  M.  Allorge. 

[L'Homme  Préhistorique,  9e  année,  n°  3,  Mars  1911,  p.  71. 
Paul  de  Mortillet.  —  Les  Allées  couvertes  de  Seine-et-Oise  ;  arron- 
dissement d'tëtampes,  canton  de  La  Ferté-Alais].  —  «  Auvers- Saint- 
Georges.  —  Le  dolmen  de  Pierre-Levée  est  situé  au  champtier  de  ce 
nom,  sur  le  territoire  et  au  sommet  de  la  colline  qui  domine  le  hameau 
de  Janville.  L'entrée  est  orientée  à  l'Est  et  l'allée  ou  le  vestibule  qui 
précédait  la  chambre  n'existe  plus.  La  Chambre,  bien  conservée,  mesure 
3m70  de  long,  sur  2S40  de  large,  et  lm70  à  lm88  de  haut.  Deux  supports 
forment  le  fond,  un  seul  le  côté  Sud  et  quatre  le  côté  Nord  ;  sur  ces 
supports  repose  une  forte  table  de  grès,  de  4m10  sur  3m30,  et  0m50  en 
moyenne  d'épaisseur.  A  la  partie  supérieure  de  celte  table,  on  remarque 
trois  cuvettes  pour  le  polissage  des  haches  et  un  certain  nombre  de  fines 
rainures.  Mise  au  jour  vers  1860,  le  sol  de  la  chambre  fut  creusé  par 
les  cultivateurs  des  environs,  pour  pouvoir  se  mettre  à  l'abri  ;  ils  trou- 
vèrent, dit-on,  des  ossements  humains;  mais  les  déblais  et  ce  qu'ils 
contenaient  furent  jetés  dans  les  champs.  Les  recherches  faites  plus 
tard  firent  découvrir  une  hache  polie,  un  tranchet  et  un  fragment  de 
grès  d'usage  indéterminé. 

«  Ce  monument  est,  depuis  1910,  la  propriété  de  la  Société  Préhisto- 
rique Française  » . 

Une  figure  accompagne  cette  note  ;  elle  est  intitulée  «  Plan  du  Dol- 
men de  Janville  (D'après  Paul  Allorge,  1895)  ».  La  commune  de 
Janville-sur-Juine  date  de  1889. 

Nous  ne  parlerons  pas  des  articles  de  journaux  et  autres  publica- 
tions relatives  à  ce  dolmen,  parce  que  toutes  ces  notes  ne  font  que 
répéter,  sans  les  citer  bien  entendu,  les  dires  des  auteurs,  dont  nous 
venons  de  publier  les  travaux. 

M.  Marcel  Baudouin.  —  Au  nom  de  la  S.  P.  F.,  et  en  l'absence 
de  son  Président,  M.  le  Dr  Atgier,  président  de  la  Commission  des 
Mégalithes,  sur  la  ligne  de  feu,  je  dois  remercier  notre  dévoué  col- 
lègue Ed.  Hue,  membre  de  cette  Commission,  d'avoir  bien  voulu 
prendre  la;  peine  de  décrire,  comme  il  convient,  le  Dolmen  de  Jan- 
ville, propriété  de  la  S.  P.  F. 

J'ajoute  que,  d'après  le  plan  qu'il  nous  en  donne  (qu'il  faut 
rapprocher  de  ceux  déjà  publiés),  l'Entrée  de  ce  Monument  est 
dirigée  à  88°  de  la  boussole,  environ. 

Dans  ces  conditions,  puisque  88°  =52° L.  s.  -f  15°  D.  m.  +  21°  D.p. 
ce  Dolmen  a  son  grand  axe  placé  sur  la  Ligne  solaire  correspon 


160  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

dant  à  la  Ligne  solsticiale  Nord-Lever  et  son  entrée  au  point  solaire 
représentant  le  Lever  du  Soleil  au  Solstice  d'Eté. 

La  Déviation  de  la  Méridienne,  par  suite  du  phénomène  de  la 
Précession  des  Equinoxes,  étant  ici  de  21°,  on  peut  dater,  approxima- 
tivement, cette  sépulture  de  5.000  av.  J.-C. 

Ce  qui  est  tout  à  fait  conforme  à  la  théorie  (1). 


L'Homme   de  Hfeehta-Cbâteaiidun  (AJgérle). 

PAR 

Gustave  MERCIER  (Gonstantine,  Algérie). 

La  Société  Préhistorique  Française,  dans  sa  séance  du  23  octobre  der- 
nier, s'est  livrée  à  une  intéressante  discussion  sur  le  Crâne  de  Mechta- 
Châteaudun,  d'où  il  résulte  que  le  terme  de  race  néanderthaloïde, 
proposé  par  MM.  Bertholon,  Debruge  et  moi-même,  pour  caracté- 
riser notre  découverte,  doit  être  rejeté  comme  impropre.  Mais  l'ac- 
cord ne  s'est  pas  fait,  entre  les  membres  de  la  Société,  sur  les  carac- 
tères des  Ossements  qui  lui  étaient  présentés.  Alors  que  les  uns,  se 
basant  sur  les  mutilations  dentaires,  les  déformations  crâniennes,  etc., 
les  classaient  dans  les  Néolithiques,  d'autres  ont  pensé,  avec  nous, 
qu'ils  présentaient  des  caractères  nettement  paléolithiques.  Notre 
savant  confrère,  M.  Rutot  (de  Bruxelles),  a  cru  pouvoir  apporter 
des  précisions  plus  grandes.  Dans  une  étude  insérée  au  Bulletin  de 
février,  il  attribue  la  race  de  Mechta  à  YAurignacien  supérieur  etf 
voit  une  reproduction  évoluée  du  type  de  Galley-Hill  et  de  Combe- 
Capelle,  identification  contre  laquelle  s'élève  notre  collègue  M.  Frai- 
pont,  dans  le  Bulletin  de  mars.  Enfin,  M.  le  Dr  Bertholon  a  lui- 
même  expliqué  (2)  que,  dans  son  esprit,  l'homme  de  Mechta,  tout  en 
présentant  certains  caractères  avec  l'Homme  de  Néanderthal,  en 
différait  surplus  d'un  point;  et  il  a  émis  l'hypothèse  d'un  croisement 
entre  ce  dernier  et  la  race  de  Tébessa-Redeyef,  qui  présente  une 
finesse  de  l'ossature,  susceptible  d'atténuer  les  caractères  néander- 
thaliens. 

Les  opinions  les  plus  diverses,  les  plus  opposées  mêmes,  ont  donc 
été  soutenues.  Est-il  néanmoins  possible  de  dégager  de  ces  études,  à 
défaut  d'une  conclusion  ferme,  quelques  considérations  susceptibles 
de  rallier  les  suffrages  et  de  préparer  les  interprétations  que,  seules, 
pourront  autoriser  de  nouvelles  découvertes  dans  l'avenir  ?  Nous  le 

(1)    Marcel   Baudouin.   —    L'Orientation    de    Mégalithes  funéraires    et  le    Culte 
solaire  à  Vépoque  néolithique.  —  Genève,  1912,  in-8°  [Voir  p.  133]. 
{2)  Bulletin  S.P.F.,  Par.,  Janv%,  1914,  p.  46. 


société  préhistorique  française 


161 


pensons  ;  mais,  auparavant,  il  nous  paraît  indispensable   d'attirer 
l'attention  de  la  société  sur  le  Crâne  n°  2  de  Mechta,  dont  l'examen 


Fig.  1.  —  Norma  verticalis  :  Circonférence  du  Crâne.  —  Echelle  :  1/2  Grandeur. 


Pig%  2.  —  Norma  latèraLis  :  Profil  du  Crâne.  —  Echelle  :  1/2  Grandeur. 

nous  paraît  indispensable,  pour  compléter  les  données  fournies  par 
le  Crâne  N°   1.   Nous  en   donnons   ci-joint,   en  grandeur   réduite 

SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE.  ■  H 


162 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE    FRANÇAtSE 


(1/2  Gr.)  (JFig.  1  et  2),  les  Norma  lateralis  et  verticalis,  ainsi  que  des 
reproductions  de  la  mâchoire  (1/3  Gr.)  (Fig.  3  et  4).  Ce  crâne,  qui 
figure  à  notre  Collection,  a  été  étudié  par  M.  le  Dr  Bertholon,  pour 
la  Société  archéologique  de  Constantine  (1). 


es  Maxillaires  supérieurs.      Echelle  :  1/3  Grandeur. 


Notre  confrère  donne  les  mesures  suivantes  : 

Diamètre  antéro-postérieur  192  ;  diamètre  transverse  141  ;  frontal 
max.   118;  frontal  min.   99;   indice   céphalique  (long,  larg.)  :  73, 


fig.  4.  —  Maxillaire  inférieur.  —  Echelle  :  1/2  Grandeur. 

44;  orbite  largeur  42;  orbite  hauteur  35;  nez  largeur  max.  30; 
nez  hauteur  52  ;  hauteur  intermaxillaire  19  ;  hauteur  totale  de  la 

(1)  Recueil  de  Constantine,  1913. 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  163 

face  86  ;  hauteur  faciale  avec  la  mandibule  143  ;  indice  orbitaire 
83.33;  indice  nasal  57,69  ;  indice  facial  ophryo-alvéolaire  59.72; 
indice  facial  total  99.30  ;  indice  palatin  82.45  [Fig.  1  et  2). 

Le  front,  tout  en  étant  moins  surbaissé  que  celui  du  Crâne  de 
Mechta  N°  1,  présente  ici  encore  une  forme  bien  particulière.  Il  est 
très  fuyant,  et  le  bourrelet  constitué  par  la  glabelle  et  les  arcs  sour- 
ciliers,  sans  être  aussi  marqué  que  celui  des  Crânes  paléolithiques 
d'Europe,  est  beaucoup  plus  développé  que  celui  des  indigènes  con- 
temporains. Il  faut  certainement  écarter  toute  idée  de  mutilation 
ethnique,  en  ce  qui  concerne  l'aplatissement  du  front.  Comme  le  dit 
le  Dr  Bertholon,  il  suffît  d'avoir  manié  les  crânes  souvent  déformés 
des  indigènes  actuels,  pour  éviter  sur  ce  point  toute  confusion.  Le 
crâne  qui  nous  occupe  ne  porte  aucun  indice  de  mutilation.  Les  os  en 
sont  épais  et  massifs,  les  insertions  musculaires  très  puissantes. 

On  me  permettra  de  rapprocher  de  ces  caractères  ceux  d'un 
occipital  que  j'ai  découvert  à  Mechta  en  1907,  et  qui  présente,  avec 
une  épaisseur  inusité  des  os,  une  apophyse  faisant  saillie  de  plus 
d'un  centimètre  en  forme  de  véritable  crochet.  Ce  curieux  fragment 
est  actuellement  déposé  au  Musée  de  Constantine  ;  j'en  ai  donné  ail- 
leurs des  photographies  (1).  Les  muscles  qui  prenaient  leurs  inser- 
tions autour  de  cette  apophyse  devaient  présenter  un  volume  vrai- 
ment extraordinaire. 

Le  Crâne  de  Mechta  N°  2  nous  paraît  surtout  remarquable  par  ses 
maxillaires,  qui  méritent  un  examen  approfondi. 

Le  Maxillaire  supérieur  présente  une  usure  complète  des  molai- 
res, conséquence  d'une  alimentation  végétarienne  et  herbacée.  Les 
deux  incisives  médianes  manquent  ;  et  toute  trace  des  alvéoles  a  dis- 
paru. Les  deux  incisives  latérales,  sans  changer  de  place  par  chemi- 
nement, se  sont  néanmoins  développées  en  profitant  du  vide  créé 
par  l'arrachement  des  incisives  médianes.  Les  canines  sont  fortes  et 
usées.  Les  deux  prémolaires  et  les  trois  molaires  de  droite  existent  ; 
on  ne  retrouve  à  gauche  que  les  deux  prémolaires  et  une  molaire  ; 
les  deux  autres  ont  disparu  avec  un  fragment  du  maxillaire  {Fig.  3). 

Le  Maxillaire  inférieur  est,  au  contraire,  complet.  Les  dents  en 
sont  un  peu  moins  usées  (Fig.  4).  77  ne  porte  trace  que  de  deux  incisives, 
dont  une  est  intacte  ;  l'autre  manque,  mais  est  représentée  par  son 
alvéole.  Ces  deux  incisives,  immédiatement  voisines  des  canines, 
sont  probablement  les  incisives  latérales.  Les  médianes  ont  totale- 
ment disparu,  sans  laisser  de  traces  ;  et  les  latérales  en  arrivent  à  se 
toucher.  Il  paraît  d'autant  plus   difficile  de  faire  intervenir  ici  une 

(1)  Recueil  de  la  Société  Archéologique  de  Constantine,  1907. 


164  SOCIÉTÉ  PREHISTORIQUE  PRANÇAtSE 

migration  des  incisives  latérales  qu'elle  aurait  dû  être  partagée  par 
les  canines  et  les  prémolaires,  aucun  interstice  n'existant  entre 
toutes  ces  dents,  alors  que  d'autre  part  on  ne  peut  constater  sur  le 
maxillaire  supérieur  aucune  migration  analogue.  Les  mêmes  remar- 
ques s'appliquent  exactement  au  Crâne  de  Mechta  N°  1,  dont  les 
incisives  supérieures  ont  été  arrachées,  sans  provoquer  la  migra- 
tion des  dents  voisines,  alors  que  les  incisives  centrales  infé- 
rieures ont  disparu  totalement,  et  que  ce  vide  a  été  comblé  par  les 
dents  voisines  qui  n'ont  pas  laissé  entre  elles  le  plus  léger  inters- 
tice. 

Ces  constatations  deux  fois  répétées  ne  laissent  pas  d'être  énigma- 
tiques.  Faut-il  admettre  que  la  Mutilation  était  pratiquée  de  très 
bonne  heure  sur  la  mandibule  ;  à  un  âge  beaucoup  plus  avancé  sur  le 
maxillaire  supérieur  ? 

Faut-il  aller  plus  loin  encore  et  conclure  que  la  mutilation  prati- 
quée sur  le  sujet  même  à  l'âge  le  plus  tendre,  dès  la  naissance  de  la 
seconde  dentition,  n'expliquerait  pas  une  migration  aussi  étendue  ? 
N'y  aurait-il  point  là  chez  certains  sujets  un  caractère  acquis  par 
l'hérédité,  à  la  suite  de  mutilations  pratiquées  sur  un  très  grand 
nombre  de  générations  ?  Le  fait  ne  serait  pas  sans  analogue  dans 
l'histoire  naturelle  des  animaux  ni  même  dans  celle  de  l'homme. 
Mais  nous  laissons  à  d'autres  plus  compétents  le  soin  de  conclure. 

Nous  voici  donc  en  présence  d'un  second  élément  d'appréciation, 
qui  vient  apporter  une  confirmation  singulière  aux  données  du  pre- 
mier. Il  nous  reste  maintenant  à  tenter  l'interprétation  de  ces 
données. 

Le  terme  de  «  race  néanderthaloïde  »  pouvant  prêter  à  confu- 
sion, ainsi  que  l'ont  montré  MM.  Henri  Martin,  A.  de  Mortillet, 
Siffre  et  E.  Hue,  nous  faisons  d'autant  moins  de  difficultés  pour 
l'abandonner,  que  nous  estimons  qu'il  faut  se  garder  d'établir  en 
pareille  matière  des  rapprochements  incomplets  ou  hasardés,  a 
fortiori  des  parentés.  Admettons  donc  que  l'homme  de  Mechta  n'ait 
rien  de  commun  avec  celui  de  Néanderthal,  que  l'épaisseur  des  os,  un 
aplatissement  du  front,  moins  prononcé  toutefois,  une  forte  saillie  de 
la  glabelle  et  certains  caractères  spéciaux  d'infériorité. 

Faut-il  en  conclure,  suivant  l'hypothèse  émise  par  le  Dp  Bertholon, 
qu'il  est  un  résultat  du  croisement  du  type  de  Néanderthal  avec 
celui  aux  os  fins  et  graciles  de  Tébessa-Redeyef  ?  L'hypothèse  nous 
paraît  d'autant  plus  hasardée  que  rien  ne  prouve  jusqu'ici  l'exten- 
sion en  Afrique  de  la  race  Néanderthalienne  ;  d'autre  part,  l'Homme 
de  Tébessa-Redeyef  présente  avec  celui  de  Mechta,  des  caractères 
absolument  dissemblables  et  qui  le  rapprocheraient  plutôt,  comme 
son  industrie  elle-même,  des  Néolithiques  sahariens.  Cette  industrie 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  165 

est  évidemment  postérieure  à  celle  de  Mechta  ;  comment  dès  lors  ce 
dernier  type  pourrait-il  provenir  du  croisement  du  type  postérieur 
avec  une  race  étrangère  ? 

Ces  diverses  hypothèses  étant  écartées,  et  la  constatation  une  fois 
faite  que  le  Crâne  de  Mechta  diffère  complètement  des  autres  types 
crâniens  dont  nous  possédons  des  moulages,  on  est  bien  obligé  d'ad- 
mettre, avec  MM.  Henri  Martin  et  Hue,  qu'il  justifie  un  groupement 
spécial.  La  question  est  maintenant  de  savoir  à  quelle  époque  il 
convient  de  le  faire  remonter,  et  quelle  a  pu  être  son  aire  d'habitat. 

Nous  ne  croyons  pas  qu'on  puisse  lé  rattacher  au  Néolithique, 
pour  l'excellente  raison  que  nous  n'avons  trouvé,  dans  le  cube  consi- 
dérable des  matériaux  remués,  et  dans  la  profusion  des  outils  de 
tout  genre  qui  ont  été  recueillis,  ni  trace  de  poterie,  ni  trace  d'outils 
quelconques,  haches  ou  polissoirs,en  pierre  polie.  Ce  mobilier  consi- 
dérable est  uniquement  composé  de  silex  grossiers  de  toutes  les 
formes,  de  dimensions  petites  ou  moyennes,  et  d'instruments  en  os. 
Ces  derniers,  pointes,  couteaux,  poignards,  atteignent  parfois  des 
dimensions  de  0m15  à  0m20.  Ce  mobilier  est,  évidemment,  Paléoli- 
thique supérieur. 

Des  considérations  sur  une  prétendue  mentalité  néolithique  ne 
sauraient  prévaloir  contre  ces  constatations.  Les  mutilations  den- 
taires, les  seules  qui  soient  réellement  constatées,  ont  pu  tout  aussi 
bien  être  pratiquées  vers  la  fin  de  l'époque  Paléolithique.  La  menta- 
lité de  l'Homme  de  Mechta  était  d'ailleurs  telle  qu'il  ri enterrait  pas 
ses  morts  (1).  La  horde  humaine  vivait  en  plein  air,  à  proximité  d'une 
eau  courante,  et  laissait  entassés  sur  place  tous  ses  déchets,  'débris 
de  cuisine,  restes  d'animaux,  ordures,  ainsi  que  les  cadavres 
humains,  dont  les  vestiges  ont  été  éparpillés  soit  par  les  bêtes,  soit 
par  l'action  du  temps  ou  des  intempéries.  Au  cours  d'une  fouille 
récemment  pratiquée  au  même  endroit,  j'ai  encore  recueilli  un  tibia 
et  un  fémur,  repliés  l'un  sur  l'autre,  et  à  peu  près  intacts,  alors  que 
le  pied  et  tout  le  reste  du  squelette  manquaient  complètement  et 
n'ont  pu  être  retrouvés.  Je  ne  parle  ici,  bien  entendu,  que  de 
l'homme  de  Mechta  plus  ancien,  celui  dont  nous  étudions  les  vesti- 
ges ;  et  j'ai  indiqué  ailleurs  que  l'escargotière  avait  servi,  à  une  épo- 
que beaucoup  plus  récente  et  peut-être  néolithique,  de  lieu  d'inhu- 
mation à  une  autre  race  (2). 

Est-il  possible  d'aller  plus  loin  dans  la  voie  des  précisions,  et 
d'affirmer,  avec  MM.  Edmond  Hue  et  Rutot,  que  la  race  de  Mechta 
date  de  Y  Aurignacien  supérieur  ? 

(1)  Voir,  à  ce  sujet,  Fart,  de  M.  J.  Leroy  dans  ]e  Bulletin  de  la  Société  de 
février  1914. 

(2)  Recueil  de  Constantine,  année  1907,  p.  171  et  année  1912,  p.  287. 


166  SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Mais  nous  ne  pouvons  accorder  à  ces  dénominations  elles-mêmes 
qu'une  valeur  toute  relative  ;  elles  sont  bonnes  sans  doute,  pour  les 
contrées  d'Europe  qui  ont  fait  l'objet  de  longues  et  patientes  études  ; 
elles  ne  peuvent  être  transposées^d'un  continent  dans  un  autre  que 
pour  désigner  un  genre  d'industrie  et  deviendraient  dangereuses  si 
elles  avaient  la  prétention  d'exprimer  un  synchronisme  quelconque. 

Les  Préhistoriens  d'Algérie  ont  déjà  reconnu  l'impossibilité  où  ils 
se  trouvent  de  faire  cadrer  le  Paléolithique  supérieur  d'Afrique 
avec  les  divisions  établies  pour  les  périodes  correspondantes  de 
France  et  d'Europe  (1).  M.  Pallary  ne  distingue  que  deux  industries 
bien  marquées:  l'une  à  l'Est  de  la  Berbérie,  l'autre  à  l'Ouest,  et  pour 
lesquelles  il  a  proposé  les  dénominations  respectives  de  Gétulienne 
et  d'Ibéro-Maurusienne,  cette  dernière  se  retrouvant  dans  les  sta- 
tions Paléolithiques  du  Sud  de  l'Espagne. 

L'homme  de  Mechta  se  rattache,  dans  cette  classification,  au 
Gétulien,  qui  lui-même  embrasse  l'immense  période  allant  du  Mous- 
térien  au  Néolithique,  et  que  d'autres  auteurs  ont  appelés  le  Cap- 
sien  à  la  suite  des  découvertes  faites  dans  la  région  de  Gafsa(2).  Le 
moment  peut  paraître  venu  d'apporter,  dans  cette  trop  longue 
période,  quelques  subdivisions.  Nous  proposons  de  réserver  le  terme 
de  Capsien  à  la  partie  plus  récente  du  Gétulien,  qui  caractérise 
l'industrie  de  Gafsa-Redeyef,  et  à  laquelle  se  rattachent  les  escargo- 
tières explorées  par  MM.  Latapie  et  Debruge  dans  la  région  de 
Tébessa.  L'industrie  plus  ancienne  et  les  restes  humains  qui  nous 
occupent  porteraient  naturellement  le  nom  de  Mechtien,  qui  carac- 
tériserait une  race.  Entre  ces  deux  termes,  peut-être  avant  ou  après 
eux,  les1  découvertes  et  les  études  futures  permettront  de  recons- 
tituer d'autres  anneaux  de  la  chaîne.  On  peut  indiquer  que  l'industrie 
Mechtienne  correspond,  sans  que  ceci  implique  de  synchronisme,  à 
l'Aurignacien,   et  la  Capsienne  au  Magdalénien. 

Il  est  d'ailleurs  évident  que  la  concordance  ainsi  indiquée  n'établit 
aucune  similitude  entre  les  races,  aucune  communauté  entre  les 
origines. 

Dans  les  Hauts  Plateaux  de  la  province  de  Constantine,  où  les 
escargotières  sont  extrêmement  nombreuses,  un  champ  presque 
inépuisable  est  ouvert  aux  chercheurs.  Souhaitons  que  leur  activité 
vienne  éclairer  la  solution  des  problèmes  d'anthropologie  que  pose 
actuellement  la  Préhistoire  Nord- Africaine. 

(1)  Cf.  Pallary,  Instructions  poar  les  recherches  préhistoriques  dans  le  Nord- 
ouest  de  l'Afrique,  p.  44  et  94.  —  Gsell.  Histoire  ancienne  de  l'Afrique  du  Nord, 
t.   I,  p.  186. 

(2)  Cf.  De  Morgan,  les  Premières  civilisations,  p.  136. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  467 


Le  Menhir  de  La  Tonnelle  (Saint-Hilalre-deHiez, 
Vendée),  Monument  classé,  a  été  détruit  à  la 
suite  d'une  Action  humaine. 

[Démonstration  scientifique}. 

Par  M.  le  Dr 

Marcel  BAUDOUIN  (Vendée). 

Introduction. 

I.  —  Première  Étude.  —  a)  En  1907,  j'ai  publié  un  mémoire, 
détaillé  (1),  relatif  à  la  Découverte,  à  I'Etude  scientifique  et  à  la 
Restauration,  exécutée  en  septembre  1906,  du  Menhir  de  La  Ton- 
nelle, en  Saint-Hilaire-de-Riez  (Vendée)  (2). 

h)  La  Restauration  ayant  été  jugée  utile,  ce  Mégalithe  constituant 
un  Repère  chronologique  de  premier  ordre  pour  l'étude  des  modifica- 
tions du  rivage  vendéen  depuis  l'époque  mégalithique,  je  réussis, 
ultérieurement  (1913-1914),  à  faire  classer,  comme  Monument  pré- 
historique, ce  rare  et  très  intéressant  Menhir  (3). 

c)  J'avais  obtenu  déjà  du  Touring-Club  de  France  (1909)  la  mise 
en  place  d'un  Poteau  Indicateur,  sur  Route,  pour  signaler  aux 
Touristes,  fréquentant  la  Corniche  Vendéenne,  l'existence  d'un  but 
de  promenade,  en  une  région  où  il  y  a  peu  d'attractions  pour  les 
habitués  des  Stations  balnéaires  voisines  (4). 

II.  —  Menace  de  Destruction.  —  a)  Mais,  à  une  époque  récente, 
fin  1913,  le  champ  où  se  trouve  le   Mégalithe  ayant  changé  cette 

(1)  Marcel  Baudouin.  —  Découverte  et  Restauration  du  Menhir  de  La  Tonnelle, 
à  Saint-Hilaire-de-Riez  [Vendée).  Nouvelle  preuve  de  la  réunion  de  Vile  d'Yeu 
au  Continent  à  l'époque  néolithique.  —  A.  F.  A.  S.,  Congrès  de  Reims,  1907. 
Paris,  1908,  t.  I,  p.  279  ;  t.  II,  p.  843  863,  5  Fig.  —  Tiré  à  part,  Paris,  1908, 
in-8»;  21   p.,  5  Fig. 

(2)  Relativement  à  la  Bibliographie  récente  de  ce  Mégalithe,  je  dois  citer  ici  la 
note  suivante  :  Ce  qu'un  Menhir  apprend  sur  la  Géographie  [L'Illustration, 
Paris,  N°  3382,  21  décembre  1907,  p.  420].  —  Cette  note  est  une  brève  analyse  de 
mon  travail  de  1907. 

(3)  Ces  dernières  années,  une  Carte  postale  de  ce  menhir  a  été  éditée  à  Nantes, 
avec  une  légende  malheureusement  des  plus  inexactes:  «  Saint-Gilles-Croix-de-Vie 
(au  lieu  de  Saint-Hilaire-de-Riez).  Menhir  de  l'Epoque  gallo-romaine  (au  lieu  de 
Néolithique),  élevé  dans  un  champ,  près  de  Sion  ».  —  Elle  porte  le  N°  46  et  montre 
le  menhir,  vu  par  son  Arête  Nord-ouest  (et  non  par  une  face).  La  face  Sud-ouest 
est  à  droite;  et  on  voit  nettement  que,  déjà,  à  l'époque  où  elle  a  été  faite,  le 
mégalithe  penchait  légèrement  vers  le  Sud- ouest  {Fig.  4). 

En  1906,  au  contraire  [Voir  Fig.  3;  II],  il  penchait  du  côté  opposé,  c'est-à-dire 
au  Nord-est. 

(4)  Ce  poteau  est  placé  sur  la  route  de  Croix-de-Vie  à  Saint-Hilaire-de-Riez,  à 
l'embranchement  du  Chemin  de  traverse,  qui  mène  directement  au  Menhir 
[Fig.\;a). 


168  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

année  là  de  Propriétaire  par  suite  de  la  cession  du  terrain,  je  fus 
informé  par  un  ami,  cultivateur  de  la  région,  d'avoir  à  ouvrir  l'œil, 
car  il  était  dans  les  intentions  du  nouvel  acquéreur  du  sol,  racon- 


^±^-S^-/at'u,  «,  J? 


Fig.   1.  —   Situation  cadastrale   du  Menhir    de  La   Tonnelle,   Saint-Hilaire-de-Riez 

(Vendée).  —   Cadastre  réduit  de   moitié  :   Section  F.  —  Echelle  :  1/5.000. 

Légende  :  R',  R",  a,  b,  c,  d,  Voies  d'accès  au  Menhir  par  une  Gare. 

tait-on  dans  le  pays  (1),  de  détruire  ce  vestige  des  temps  passés, 
qui,  pourtant,  ne  gênait  en  rien  ni  l'exploitation  ni  la  culture  de  la 


(1)  Deux  Témoins  pourraient  justifier  cette  affirmation. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 


169 


170  SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

pièce  de  terre,  le  menhir  se  trouvant  sur  le  bord  même  du  fossé,  sa 
limite  à  l'Ouest  (1)  (Fig.  1  et  2). 

b)  Immédiatement,  je  prévins  mon  excellent  ami,  M.  le  Maire 
de  la  Commune  de  Saint-Hilaire-de-Riez,  de  cette  menace  et  le 
priai  d'aviser  le  garde  champêtre  d'avoir  à  surveiller,  à  ce  point 
de  vue,  les  allées  et  venues  et  les  actes  du  maître  du  sol. 

c)  Bien  entendu,  Y  Autorité  locale  ne  s'émut  en  rien  de  mes  avis 
et  se  désintéressa  totalement  de  la  question,  un  menhir  ne  pouvant 
être,  d'après  une  délibération  même  du  Conseil  municipal  de  cette 


rig.  3.  —  Restauration  du  Menhir  de  la  Tonnelle,  à  Saint-Hilaire-de-Riez  (V.),  en 
1906.  —  Phot.  exécutées  au  cours  des  travaux  \Réduites],  —  Echelle  :  1/200. 

Légende  :  I,  Redressement  du  Menhir.  —  II,  Le  Menhir  redressé  (Vue  Sud-est)  :  Le 
menhir  penche  nettement  du  côté  du  Nord-est  (1906),  et  non  pas  au  Sud-ouest.  —  III,  Le 
Menhir  restauré  (Vue  de  la  Face  Sud-ouest,  à  la  fin  du  jour  ;  ombre  portée  à  l'Est). 

commune,  d'aucune  utilité  pratique  !  —  Ce   que  l'on   savait  depuis 
longtemps  déjà,  n'est-il  pas  vrai  ? 

d)  Je  demandai  alors  le  Classement  d'urgence  :  ce  qui  ne  fut  fait 
qu'après  de  multiples  négociations  (2),  d'ailleurs 

(1)  Je  crois  bien  que  ce  qui  gênait  surtout  la  propriétaire  c'était  la  visite  des 
Touristes]  —  Aussi  s'est-on  contenté  de  jeter  à  bas  le  menhir,  sans  le  fairesauter 
à  la  mine. 

Mais  cela  est  une  indication  formelle  sur  la  conduite  à  suivre,  en  matière  de 
protection  !  On  ne  sauvera  les  Monuments,  susceptibles  d'être  visités  en  pleins 
champs,  que  par  une  Expropriation  et  un  Achat. 

Avis  au  Touring-Club  de  France. 

(2)  Lors  de  cette  demande  de  Classement,  on  n'a  pas  jugé,  à  propos,  m'écrivait- 
on  officiellement,  «  de  recourir  à  Y  Expropriation,  puisque  la  Loi  nouvelle  (1913) 
permet  le  Classement  sans  l'autorisation  du  propriétaire  et  empêche  ladfstruc- 
tion  des  Monuments  ». 

On  va  voir  qu'au  contraire  le  Classement  a  activé  la  Destruction....  —  Or,  cela 
ne  se  serait  pas  produit,  si  l'on  avait,  à  temps,  comme  je  l'avais  demandé  dès 
1913,  procédé  à  une  Expropriation,  d'office  et  en  règle,  motivée  par  la  menace  faite 
au  début  de  1913. 

Le  refus  de  la  Propriétaire  de  céder  le  menhir  à  un  prix  raisonnable  a  été 
indiqué  par  une  lettre  du  Préfet  de  la  Vendée  au  Ministère.  —  Il  y  a  eu  aussi  une 
Décision  du  Conseil  municipal  de  Saint-Hilaire-de-Riez,  qui  n'a  pas  voulu  con- 
sentir à  poursuivre  l'Expropriation,  «  le  menhir  n'ayant  aucune  valeur  pratique...  ». 

La  Propriétaire  a  été  avisée  d'ailleurs  du  Classement.  —  C'est  une  dame,  veuve. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  171 

III.  —  Destruction.  —  a)  Au  début  de  l'année  1914,  je  fus 
informé,  par  un  cultivateur  du  pays,  que,  comme  je  l'avais  craint, 
et  en  exécution  de  la  menace  formulée  en  1913,  le  Monument  avait 
été  détruit,  pendant  l'hiver  1913-1914. 

b)  De  suite,  j'avisai  mon  ami,  M.  le  Maire  de  Saint-Hilaire-dc- 


Fig.  4.  —  Le  Menhir  de  la  Tonnelle,  à  Saint-Hilaire-de-Riez  (V.).  —  Vue  de  Y  Arête 

Nord-ouest.  —  Echelle  :  1/20  environ. 

Légende  :  K,  Situation  des  Blocs  de  Calage,  placés  dans  la  Tranchée  [Fig.  5  ;  T].  —  N.  m., 

Nord  magnétique.  —  482,  N°  du  Champ  au  Cadastre,  Section  F  [Voir  Fig.  1]. 


Riez  et  M.  le  Sous-Préfet  des  Sables-d'Olonne,  puisqu'il  s'agissait 

désormais  d'un  Monument  préhistorique,  qui  venait  d'être  classé  ! 

c)  Je  prévins  également  le  Touring-Club  de  France,  qui  promit  de 


172  SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

faire   les  démarches  voulues  auprès  des  Autorités  compétentes,  à 
Paris. 

d)  J'informai,  en  outre,  par  lettre,  la  Commission  des  Monuments 
préhistoriques  au  Ministère  des  Beaux-Arts,  en  insistant  sur  les 
antécédents  de  cette  affaire  :  le  Classement,  d'office,  grâce  à  la 
nouvelle  Loi  (1),  vu  la  résistance  de  la  Commune  et  de  la  Proprié- 
taire; la  Menace,  parvenue  antérieurement  à  ma  connaissance;  etc. 

I.  —  Documents  administratifs.  —  Pièces  officielles. 

En  réponse  à  mes  diverses  interventions,  j'ai  reçu  les  lettres  sui- 
vantes, que  je  crois  utile  —  après  avoir  cité  telle  quelle  la  lettre 
d'avis  (2) —  de  publier  in  extenso,  pour  que  le  lecteur  soit  très  pré-  s 
cisément  renseigné  sur  l'efficacité  de  certaines  de  nos  Lois  récentes. 

1°  Lettre  d'Avis  de  Vacte  commis. 

Sainl-Hilaire-de-Riez,  le  7  avril  1914, 

«  Je  vien  [sic)  vous  écrire  ses  (sic)  quelques  mots  tout  particulière- 
ment pour  vous  faire  connaîte  (sic)  que  la  Pierre  de  la  Tonnelle  est 
tomber  (sic)  par  terre  ;  elle  a  eu  une  grande  pente  tout  liver  (sic). 

Maintenant  el  et  tomber  (sic).  On  l'affirme  pas;  mais  on  pourrait 
presque  dire  que  cela  a  été  fait  expré  (sic)... 

L'on  en  avait  parlé  ;  et  on  croyait  qu'on  vous  avait  prévenu...  » 

Lettre  signée. 

Or,  pour  qui  est  bien  renseigné  sur  la  mentalité  des  cultivateurs 
de  nos  régions,  une  phrase  comme  celle-ci  :  «  On  ne  l'affirme  pas  ; 
mais  on  pourrait  presque  dire  que  cela  a  été  fait  exprès  »,  doit  se 
traduire  ainsi  :  «  Je  suis  certain  que  cela  a  été  fait  exprès  !  »  —  C'est 
le  dicton  normand  :  «  Ce  n'est  point  une  année  à  pommes  ;  mais, 
pour  des  pommes,  il  yen  a,  cette  année  »....  —  Inutile  de  développer 
cet  aphorisme,  bien  connu. 

2°  Lettres  des  Autorités. 

Mairie  de  Saint-Hilaïre-de-Rikz, 
12  avril  1914. 
Monsieur, 

En  réponse  à  votre  lettre  du  8  courant,  j'ai  l'honneur  de  vous 
informer  que  le  Menhir  de  la  Tonnelle  s'est  renversé  seul,  par  suite  de 
l'affaissement  des  terres,  dû  aux  pluies  continuelles  que  nous  subissons 
dans  la  région. 

J'estime  que  toute  malveillance  doit  être  écartée  à  ce  sujet. 

Veuillez,  etc.. 

Signée  :  Le  Maire. 


(1)  Loi  du  31  décembre  19i3  [Article  6). 

(2)  J'ai,  à  dessein,  respecté  l'orthographe  de  la  personne 


cpi  m'a  renseigné. 


société  Préhistorique  française  173 

Sous-Préfecture  des  Sables-d'Olonne, 
15  avril  1914. 
Mon  cher  Docteur  et  ami, 

Vous  avez  bien  voulu  me  faire  connaître  que  le  Menhir  de  la  Ton- 
nelle, de  Saint-Hilaire-de-Riez  venait  d'être  classé  comme  Monument 
préhistorique  et  qu'il  avait  été  détruit  tout  récemment. 

Or,  de  l'enquête  à  laquelle  j'ai  fait  procéder  ces  jours  derniers  à 
Saint-Hilaire-de-Riez,  il  résulte  que  le  Menhir  de  la  Tonnelle  ri  a  point 
été  détruit,  qu'il  s'est  renversé  à  la  suite  d'un  affaissement  du  sol,  occa- 
sionné par  les  pluies.  Toute  idée  de  malveillance  doit  donc  devoir  être 
écartée. 

Veuillez,  etc. 

Signé  :  Le  Sous-Préfet. 

Il  est  facile  de  voir,  en  comparant  ces  deux  lettres,  qui  reprodui- 
sent les  mêmes  idées,  dans  les  mêmes  termes,  que  l'Enquêteur,  dont 
parle  M.  le  Sous-Préfet,  s'est  borné  à  prendre  l'avis  du  Maire  :  ce 
dont  on  ne  saurait  lui  faire  d'ailleurs  un  reproche,  car,  évidemment, 
il  ne  pouvait  faire  cette  enquête  lui-même  et  aller  examiner  lui- 
même  les  lieux....  —  Le  malheur  est  que  le  Maire  n'a  été  renseigné, 
sans  doute,  lui-même,  que  par  le  garde  champêtre  ou  peut-être  sim- 
plement par  la  propriétaire... 

Préfecture  de  la  Vendée, 
6  mai  1914. 
Le  Préfet  de  la  Vendée 

à  M.  le  Sous-Sécrétaire  d'Etat,  des  Beaux-Arts, 

J'ai  l'honneur  de  vous  faire  connaître,  en  réponse  à  votre  dépêche 
du  20  avril  dernier,  relative  au  Menhir  de  la  Tonnelle,  situé  commune 
de  Saint-Hilaire-de-Riez,  que  ce  Monument  mégalithique  ri  a  pas  été 
détruit;  il  est  seulement  renversé  sous  l'affaissement  des  terres,  dû  aux 
pluies  de  cet  hiver. 

Je  viens  en  conséquence...  d'indiquer  à  la  propriétaire  qu'il  lui  est 
interdit  d  y  porter  aucune  atteinte,  en  conformité  ds  l'article  9  de  la 
Loi  du  31  décembre  1913. 

Signé  :  Le  Préfet. 

C'est  là  la  reproduction  des  lettres  précédentes,  bien  entendu. 


Ainsi  donc,  officiellement  parlant,  un  Menhir  renversé  n'est  pas 
détruit  !  Or,  chacun  sait  pourtant  qu'un  Menhir,  à  terre,  n'a  plus, 
scientifiquement  parlant,  qu'une  valeur  très  relative  et  n'a  plus,  au 
point  de  vue  touristique  surtout,  aucun  intérêt  ..  —  Concluons  que 
l'Administration  des  Beaux-Arts  n'est  pas,  en  effet,  tenu  de  savoir 
tout  cela....  Mais  le  Touring-Club  de  France  a,  au  contraire,  par- 
faitement saisi  la  nuance,  ainsi  que  le  prouve  la  lettre  suivante... 


174  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

TouniNG  Club  de  France, 
10  avril  1914. 
Monsieur  et  cher  Délégué, 

Par  lettre  en  date  du  8  courant,  vous  voulez  bien  nous  faire  con- 
naître que  le  Menhir  de  la  Tonnelle,  situé  à  Saint- Hilaire-de-Riez  (V.), 
Monument  classé,  restauré,  et,  d'autre  part,  signalé  à  l'attention  des 
Touristes  par  un  Poteau, placé  parles  soins  de  notre  Association,  vient 
d'être  détruit. 

Je  m'empresse  de  vous  remercier  très  vivement  de  cette  communi- 
cation et  de  vous  faire  savoir  que  nous  avons  signalé  cet  acte  de  van- 
dalisme à  l'Administration  des  Beaux-Arts. 

Veuillez,  etc. 

Signé  :   Le  Secrétaire  du   Comité. 

A  propos  de  ce  fait,  la  Démocratie  vendéenne  (de  La  Roche-sur- 
Yon)  a,  d'ailleurs,  publié  l'entrefilet  suivant  : 

Saint-Hilaire-de-Riez. 

Un  nouvel  acte  de  Vandalisme.  —  Il  existe,  à  La  Tonnelle,  de  Saint- 
Hilaire-de-Riez,  un  Menhir  très  important,  qui  a  été  classé  comme 
Monument  préhistorique,  vu  son  grand  intérêt,  en  vertu  des  lois 
récemment  votées.  Or  nous  apprenons  que  ce  monument,  vieux  sou- 
venir de  nos  ancêtres,  vient  d'être  détruit.  Gomme  une  pierre  de  ce 
volume  ne  se  déplace  pas  seule,  il  faut  en  conclure  qu'on  y  a  un  peu 
aidé...  A  quoi  sert  alors  d'avoir  des  Lois,  si  elles  né  protègent  rien?  On 
se  rappelle  qu'il  y  a  quelques  mois  on  démollissait,  à  Bazoges-en- 
Pareds,  une  Sépulture  antique  [appartenant  à  la  S.  P.  fi.] .  On  n'a  pas  pu 
retrouver  les  coupables.  Jusqu'à  quand  cela  va-t-il  durer  en  Vendée  ? 

Voilà  les  documents  officiels.  —  Voyons  maintenant  quelle  est 
la  Vérité,  à  l'aide  des  données  que  peut  nous  fournir  la  Science 
préhistorique. 


II.  —  Etude  scientifique  du  Mode  de  la  Destruction. 

Etant  donné  la  menace,  faite  en  1913  et  la  lettre  d'avis  du  cultiva- 
teur que  j'ai  citée  plus  haut,  malgré  les  conclusions  de  l'Enquête 
administrative,  j'avais  conservé  de  forts  doutes  sur  la  véritable  Cause 
de  la  chute  de  ce  Menhir,  en  raison  surtout  de  ce  fait  que  cette  pierre 
avait  été,  en  1906,  redressée  par  moi  dans  des  conditions  de  solidité 
telles  que  la  raison,  invoquée  par  les  autorités,  ne  pouvait  pas 
avoir  joué  le  rôle  indiqué.  —  Je  résolus  d'en  avoir  le  cœur  net. 

1°  Etat  des  Lieux  (1914).  —  Aussi,  dès  mon  retour  en  Vendée,  au 
début  de  juillet  1914  —  c'est-à-dire  plus  de  cinq  à  six  mois  après 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  475 

le  prétendu  accident  (qu'on  retienne  bien  ces  dates  !),  —  je  me  suis 
rendu  sur  les  lieux,  pour  constater,  de  visu,  l'état  actuel  des  choses. 

J'ai,  en  effet,  trouvé  le  Menhir,  tombé;  et  je  dois  reconnaître  qu'il 
n'a  pas  été  brisé  par  la  chute  et  qu'il  est  encore  intact  (Fig.  6),  à  peu 
près  dans  les  mêmes  conditions  que,  jadis,  lorsque  je  l'ai  découvert 
dans  le  Fossé  voisin  (Fig.  2).  —  Il  sera  donc  possible,  quand  on  le 
voudra,  de  le  redresser  et  de  le  restaurer  à  nouveau  :  ce  qui  repré- 
sentera une  double  dépense,  puisque  l'Etat  avait  déjà  fait  les  frais 
du  premier  redressement  (1) ... 

2°  Etat  actuel  de  la  Pierre.  —  Mais  voyons  dans  quelles  condi- 
tions le  Menhir  se  présente  actuellement  et  s'il  existe  des  indices, 
pouvant  nous  renseigner  sur  les  causes  de  cette  chute. 


j 


Fig.  5,  —  Situation  du  Menhir,  tombé,  de  La  Tonnelle,  commune  de  Saint-Hilaire-de- 
Riez  (V.).  —  Schémas  destinés  à  montrer  comment  le  Menhir  avait  été  calé 
en  1906.  —  Echelle:  1/100  [d'après  le  Cadastre  :  Section  F]. 

Légende.  —  I,  Menhir  tombé  en  place.  —  F,  Fossé  ;  —  A  M  B, menhir  en  situation  d'origine  ; 
-~  A'  M'  B',  Menhir  déplacé,  pour  le  Redressement.  —  11,  Menhir  après  le  Redresse- 
ment (A"  B")  :  Mode  de  Constitution  du  Calage,  au  niveau  de  la  base  de  la  Face  Sud- 
ouest  ;  —  S,  Schiste  à  séricite  ;  —  Tj,  terre  jaune  du  sol;  —  T.  v.,  terre  végétale  ;  —  Ca, 
Cailloux  de  Quartz  blanc,  pour  Calages  ;  —  T,  Tranchée  en  plan  incliné,  où  fut  placée  la 
base  B". 

La  pierre  est  tombée  aujourd'hui  sur  la  face  qui  regardait  le  Sud- 
ouest,  car  son  sommet  est  dans  le  fossé  Ouest,  touchant  à  la  limite 


(1)  Fond  de  Mission  Marcel  Baudouin,  antérieure  à  1907. 


176  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

du   champ   voisin  (N°  481).    Son  grand   axe    fait,    avec    l'aiguille 
aimantée  de  la  Boussole  (1),  un  angle  Ouest-Est,  de  110°  (2). 

La  base,  restée  dans  le  champ  N°  482  (Fig.  6),  au  niveau  du  pre- 
mier sillon  de  culture  (en  juillet  1914,  la  pièce  était  en  Blé,  heu- 
reusement non  encore  coupé),  à  son  extrémité  Est  à  lm40  du  fossé, 
et  son  extrémité  Ouest  à  0m80  seulement  (au  lieu  de  0m50  (1907), 
par  suite  d'une  déviation  légère  à  l'Ouest,  en  tombant). 

A.  Sens  de  la  Chute  (Ouest).  —  Le  Menhir  est  donc  tombé, 
directement  ou  à  peu  près,  dans  la  situation  où  il  aurait  dû  choir,  si 
on  l'avait  attaqué  au  niveau  de  la  base  de  sa  face  Sud-ouest,  en  enle- 
vant les  Blocs  de  Calage,  que,  précisément,  nous  avions  placés  de  ce 
côté,  lors  de  la  restauration  —  pour  prévenir  cette  chute  — 
(Fig.  5;  II;  Ca);  dans  la  situation  qu'il  avait,  sur  le  champ  N°  482, 
avant  le  relèvement  (Fig.  3;  I;  A'  B'). 

Inclinaison  de  1913.  —  Certes,  en  1913,  le  Menhir  penchait  bien  du 
côté  Ouest,  comme  le  rappelle  la  lettre  du  cultivateur  cité.  Mais,  mal- 
heureusement, il  existe  une  Carte  postale  de  ce  monument  (Fig.  4), 
montrant  que  cette  inclinaison  n'était  alors  que  très  légère.  Nous 
possédons  une  photographie,  d'ailleurs  exécutée  par  nous,  à  peine 
antérieure  à  1913,  d'après  laquelle  la  pierre  est  encore  absolu- 
ment verticale  ! 

B.  Aspect  des  lieux.  —  1°  Cavité  à  la  base  du  côté  Ouest.  —  En 
examinant  avec  soin  le  sol,  sous  la  base  du  Menhir,  nous  avons  fait 
la  constatation  suivante. 

Il  existe,  en  ce  point,  non  pas  des  Terres  refoulées  par  l'action  de 
la  pierre,  mais  une  véritable  Cavité,  très  nettement  visible,  ne  pouvant 
résulter  que  d'une  «  Ablation  de  Terre  »  à  ce  niveau.  —  Donc 
quelqu'un  a  enlevé  cette  terre,  en  creusant  en  ce  point  (3)  1 

(1)  A  l'occasion  de  cette  détermination,  nous  avons  fait  deux  constatations 
intéressantes. 

1°  Le  Menhir,  qui  est  en  Granité  schisteux,  a  fait  dévier  la  boussole,  orientée 
exactement  au  Nord,  de  10°,  quand  nous  nous  en  sommes  approché  en  venant  de 
l'Est;  il  a  alors  attiré  vers  lui  (à  l'Ouest)  l'aiguille  de  10°.  —  Il  y  a  donc  une 
quantité  assez  notable  de  Fer  dans  cette  roche. 

2"  La  Boussole,  placée  exactement  au  milieu  de  la  pierre,  donne  une  indication 
juste  (contrôle  avec  une  2e  boussole,  placée  loin  du  Menhir). 

Par  conséquent,  il  y  a  en  ce  point  un  balancement  des  influences  magnétiques 
et  mise  en  équilibre  de  l'aiguille. 

D'où  la  conclusion  :  Quand  on  prendra  l'orientation  de  telles  pierres,  avoir  bien 
soin  de  se  placer  à  leur  centre  (et  non  à  une  extrémité)  ou  assez  loin  de  la  pierre, 
pour  éviter  toute  action  du  fer  du  granité  sur  l'aiguille. 

(2)  En  1907,  avant  le  redressement,  cet  angle  n'était  que  de  50*  environ.  —  La 
pierre  a  donc  pivotée  vers  l'Ouest,  en  tombant  en  1914,  de  60*  (1106  —  50°  =  60*). 

(3)  Si  le  Menhir  était  tombé  spontanément,  il  y  aurait  eu  là  des  «  Terres  Refou- 
lées »,  mais  pas  de  «  Trou  »  ! 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 


177 


2°  Absence  des  Blocs  de  Calage.  —  Qui  plus  est,  ce  trou  correspond 
à  la  base  de  la  face  Sud-ouest.  —  Or  c'est  là  que  nous  avions  placé,  en 
1907,  nos  blocs  de  calage,  comme  le  prouve  la  Figure  [Fig.b;  II;  Ca] 
publiée  dès  1907  dans  notre  Mémoire.  Et  ces  blocs  de  calage  ne 
sont  plus  en  place  !  —  Donc  quelqu'un  les  a  enlevés.  —  Sinon  la  pres- 
sion de  la  terre  les  aurait  simplement  refoulés  et  déplacés  sous  le 
Menhir...,  sans  les  faire  disparaître  complètement. 

En  1907,  nous  avions  écrit,  prévoyant  ce  qui  s'est  produit  :  «  On 


Fig,  6.  —  Aspect  actuel  (1914)  du  Mexh<r  dé  La  Tonnelle,  tombé,  après  sa  démolition.  — 

Photographie  de  la  ligne  Sud.  —  Echelle:  1/10  environ. 
Légende:    N,    Nord  magnétique;   —  M,    Menhir    tombé;    —  B,    Base    du   Menhir;  — 

S,  Sommet   du  Menhir  ;  —  F,  Fossé  ;  —  A",  Tas  de   terre  enlevée  de  la  base.  — 

—   181,   482,  Nos   des  Champs  [Voir  Fig.  1|. 

cala  le  Menhir  du  côté  du  Sud-ouest,  en  mélangeant  les  Cailloux  avec 
la  Terre,  de  façon  à  avoir  un  Béton  solide  ;  cette  opération  pourra 
être,  dans  l'avenir,  un  Bepère,  s'il  y  a  destruction  du  monument  ». 

On  voit  que  nous  avions  soupçonné  alors  ce  qui  devait  arriver 
en  1914! 

3°  Tas  de  Terre  rapportée  au  Nord.  —  Or  qu'est  devenue  la  Terre 
enlevée  de  la  Cavité  ci-dessus  ?  —  Il  est  facile  de  le  savoir. 

En  effet,  à"0m20  au  Nord  de  la  base  de  la  pierre,  sur  le  bord  même 
du  Fossé,  il  existait  encore,  au  début  de  juillet  1914  (c'est-à-dire  plus 
de  cinq  mois  après  l'acte  commis,  malgré  les  pluies  du  printemps  !)> 

SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE.  12 


178  S0CIÉ1É  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

sur  la  terre  végétale  immaculée,  un  Tas  de  Terre  jaune,  avec  petits 
Cailloux  de  Quarlz  de  filon,  bien  isolé,  et  très  net  encore. 

Il  avait  0m40  Nord-sud  et  0m50  Est-ouest,  pour  une  hauteur  au- 
dessus  du  sol  naturel  (c'est-à-dire  de  la  terre  végétale,  couverte 
d'herbes)  de  0m20. 

J'ai  photographié  ce  Tas,  en  place  (Fig.  7;  A),  d'un  volume  de 
0mc040  environ. 

Or  cette  Terre  jaune  à  cailloux,  qui  n'est  nullement  de  la  terre  végé- 
tale du  champ,  mais  un  «  béton  artificiel  »,  n'est  pas  autre  chose 
que  ce  que  nous  avions  mis,  en  1907,  à  la  base  du  Menhir  du  côté 
du  Sud-ouest,  pour  le  caler. 

Cet  amas  de  terre  —  ancien  Béton  —  a  donc  été  apporté  là,  sur  la 
Terre  Végétale;  et,  comme  il  n'a  pas  pu  être  pris  dans  le  champ  du 


Fig.  7.  —  Photographie  du  Tas  de  Terre  spéciale,  extraite  à  la  Base  [côté  Sud-ouest] 
(Fig.  6;  A»)  du  Menhir,  pour  en  faciliter  la  Chute.  —  Ligne  Sud-ouest. 

Légende:  M,  Menhir  tombé;  —  B,  sa  base,  avec  dépôt  de  terre  ;  —  a1,  tas  de  terre  ;  — 
t,  Terre;  —  c,  Cailloux;  —  T,  Transport  de  la  terre;  —F,  Fossé;  —  T.  R.,  Terres 
refoulées  par  la  base  B  du  Menhir  M,  en  tombant  au  Sud-Ouest  —  C,  Chaintre  du 
Champ  N"  482,  F. 


Menhir,  cultivé  en  Blé  depuis  l'automne  1913,  puisque  ce  champ  ne 
présente  nulle  part  une  Cavité  quelconque  (sauf  sous  la  Base  du 
Menhir),  il  provient,  sûrement,  de  cette  Cavité,  d'autant  plus  que  les 
Cailloux  de  Quartz  (en  nombre  inusité)  révèlent  nettement  l'origine 
artificielle  de  ce  Béton,  dû  à  un  savant  mélange,  confectionné  par 
nous,  pour  obtenir  un  bon  Ciment  de  calage,  en  1907 

4°  Tas  de  Terre  sur  la  Pierre.  —  Qui  plus  est,  en  juillet  1914  (c'est* 
à-dire  plus  de  4  à  5  mois  après  la  Chute  !),  nous  avons  encore  trouvé, 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  4  79 

en  outre,  un  Dépôt  de  Terre  jaune  sur  la  face  zénithale  de  la  Pierre 
tombée,  à  0m80  de  la  base. 

Or  cette  Terre,  forcément  apportée  après  la  chute,  puisqu'elle  est 
semblable  à  celle  du  Tas  précédent,  n'a  pu  venir  là,  grâce  à  une  opé- 
ration, terrestre..,  spontanée... 

Cet  amas,  de  0m20  de  large  et  de  0m40  de  long,  est  donc  la  preuve 
d'une  autre  intervention  humaine.  —  Nous  l'avons  aussi  photographié 
avec  soin,  pour  qu'on  ne  puisse  pas  mettre  en  doute  notre  constata- 
tion précise  (Fig.  7  ;  B). 

On  pourrait  objecter  que  cette  terre  a  accompagné  la  base,  mise  à 
nu  au  Nord-est,  lors  du  Renversement,  et  provient  du  sol,  au  niveau 
du  côté  Nord-est.  —  C'est  impossible,  puisque  l'amas  est  à  0m80  de 
la  base  et  que  le  Menhir  n'avait  été  enfoui,  en  1907,  que  sur  une 
hauteur  de  0m50  ! 

Cet  argument  est  décisif  encore,  sans  parler  de  la  qualité  spéciale 
de  cette  terre. 

Reconstitution  des  Faits.  —  En  présence  de  ces  constatations, 
le  doute  n'est  pas  permis  un  instant;  et  on  peut  affirmer,  scientifi- 
quement, qu'il  y  a  eu  une  Intervention  humaine  au  niveau  de  la 
Base  du  Menhir. 

Ce  ne  peuvent  donc  être  les  Pluies  qui,  seules,  l'ont  fait  chavirer... 

D'ailleurs,  en  examinant  le  bord  du  fossé,  qui  aurait  dû  s'étaler 
sous  l'influence  des  eaux  et  être  grignoté  par  elles,  il  est  facile  de 
voir  qu'il  est  resté  normal  et  à  pic.  —  Certes,  autour  de  la  base,  il 
y  a  bien  quelques  centimètres  cubes  de  Terres  refoulées  (Fig.  7  ;  T.  R.)  ; 
mais  ce  Refoulement  n'est  que  la  conséquence  de  la  chute  ic'est  la 
base  du  Menhir  qui,  en  sortant  de  sa  cavité,  l'a  produite),  préparée 
à  l'aide  d'une  manœuvre  évidente,  dont  nous  avons  retrouvé,  encore 
après  4  à  5  mois,  les  traces  matérielles. 

1°  L'auteur  de  cet  acte  a  donc,  de  façon  raisonnée,  enlevé  la 
Terre  de  la  Base,  côté  Sud-ouest,  du  Menhir,  ainsi  que  les  Blocs  de 
Calage,  démolissant  ce  que  nous  avions  pris  tant  de  peine  à  faire  en 
1907;  creusé  un  Trou  à  ce  niveau;  puis  placé  la  Terre  enlevée  dans 
un  Tas,  à  0m20  au  Nord,  où  on  la  voyait  encore  en  juillet  1914,  — 
se  trahissant  lui-même,  sans  s'en  douter.... 

Puis  il  n'a  eu  qu'à  attendre  la  suite  des  événements  ou  à  pousser  du 
coude  la  pierre  dressée,  vers  ce  côté  Sud-ouest.  Celle-ci  devait  fatale- 
ment retourner  dès  lors  au  fossé  d'où  elle  provenait,  soit  spontané- 
ment (ce  qui  est  à  la  rigueur  possible),  soit  plutôt  après  un  léger 
coup  de  pouce 

Plus  tard,  des  enfants,  gardiens  de  bestiaux,  vinrent  sans  doute 
jouer  sur  le  Menhir  renversé  et  y  placer  un  peu  de  la  terre  du  Tas 
en  question  :  d'où  la  deuxième  constatation  faite. 


ISO  SOCIÉTÉ   PREHISTORIQUE   FRANÇAISE 

2°  Si  le  Menhir  s'était  renversé  spontanément,  sous  une  influence 
quelconque,  c'est  du  côté  du  Nord-est  qu'il  aurait  dû  tomber,  puisque 
c'est  de  ce  côté  qu'il  penchait  en  1907  [cela,  de  façon  voulue  par 
nous  dès  1907,  pour  parer  à  l'avance,  à  une  inclinaison  ultérieure 
possible  vers  le  fossé,  précisément  parce  que  nous  supposions  réali- 
sable cette  action  des  eaux  (Fig.  5;  II)]. 

Mais,  s'il  était  tombé  au  cours  de  l'hiver  1914  de  ce  côté  Nord-est, 
il  aurait  abîmé  la  culture  en  Blé  de  la  propriétaire  et  gêné  en  1915 
l'exploitation  du  champ  !  C'est  pourquoi  le  Menhir  a  été  assez  intelli- 
gent pour  choir,  au  Sud-ouest,  dans  le  fossé,  de  façon  à  ne  détruire 
aucun  épi  et  à  ne  gêner  ultérieurement  personne.  —  Vraiment,  voilà 
de  l'intelligence  dans  la  chute  ;  ou  je  ne  m'y  connais  pas  !  —  Les 
Pluies  et  les  Menhirs  [Statues  antiques  du  Dieu-Soleil]  auraient-ils 
donc  le  respect  de  leurs  Propriétaires  actuels  ? 

Conclusions.  —  1°  C.  Scientifiques.  —  a) La  vérité  est  celle-ci  :  On  a 
dégarni  la  base  de  la  pierre,  du  côté  du  Sud-ouest,  pour  la  faire  pen- 
cher fortement  en  1914  du  côté  du  Sud-ouest.  Nous  avons  découvert 
des  preuves,  manifestes  et  matérielles,  de  cette  manœuvre  (Cavité; 
Terre  apportée  ;  disparition  des  Blocs  de  Calage  de  1907). 

b)  Le  Menhir  s'est  alors  forcément  —  et  spontanément  —  incliné  de 
plus  en  plus  violemment  vers  le  Sud-ouest. 

c)  Et,  à  un  moment  donné,  il  a  glissé,  soit  spontanément,  soit 
plutôt  à  l'aide  d'une  très  légère  poussée,  clandestine. 

Quoiqu'il  en  soit,  la  première  cause  de  la  Chute  est  bien  une  Action 
humaine,  voulue  et  raisonnée  ;  la  suite  n'est  que  la  conséquence  de  ce 
premier  acte,  dont  les  preuves  matérielles  étaient  encore  des  plus 
nettes  en  juillet  1914  et  sautent  aux  yeux  sur  les  Photographies, 
documentaires,  que  nous  avons  tenu  à  exécuter  à  cette  époque,  pour 
entraîner  la  conviction  de  tous. 

2°  C.  pratiques.  —  La  Morale  de  cette  histoire...  de  brigands  et  la 
conclusion  pratique  de  cette  étude  technique  est  que  la  Loi  du 
31  décembre  1913,  qui  classe  les  Monuments,  malgré  les  Proprié- 
taires, sera,  dans  la  plupart  des  cas,  inutile  et  même  funeste  aux 
Mégalithes  de  nos  Champs,  qu'elle  engage  à  détruire,  puisqu'il  n'y 
a  pas  de  sanction  pratique,  possible. 

Le  seul  remède  est,  comme  je  le  soutiens,  I'Expropriation  par 
l'Etat,  et  I'Achat,  soit  par  l'Etat,  soit  par  une  Société  scientifique 
compétente,  reconnue  d'utilité  publique,  en  l'espèce  la  Société 
Préhistorique  Française  ou  le  Touring  Club  de  France. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  181 

Pointes  -  Grattoirs  -  Retoucheurs     M  oustériennea 
du  Sénonais. 

PAR 

Mademoiselle  Augusta  HURE  (Sens,  Tonne). 

Le  Sénonais  n'est  pas  pauvre  en  Outils  Moustériens,  comme 
d'aucun  l'ont  prétendu.  Il  ne  faut  pas  avoir  étudié  le  terrain  de  la 
région  pour  affirmer  une  telle  chose!  Déjà,  en  1888,  Phil.  Salmon 
et  le  Dr  Fitasier  disaient,  dans  Y  Yonne  préhistorique,  «  que  le  Mous- 
térien  est  si  commun  que  nous  ne  pourrions  songer  à  citer  ces 
gisements  »  !  (1).  De  notre  côté,  s'il  nous  fallait  donner  l'exposé  de 
toutes  les  trouvailles  d'objets  groupés  ou  isolés  se  rattachant  à  cette 
époque,  il  nous  faudrait  non  pas  une  note,  mais  des  quantités  de 
notes. 

Si  jusqu'à  présent,  les  outils  moustériens  sont  rares  dans  des 
collections  importantes  de  la  région,  c'est  qu'on  les  recueille  avec 
peu  d'empressement.  Des  collections,  constituées  de  nos  jours  avec 
soin  et  méthode,  contiennent  de  nombreux  et  beaux  spécimens  des 
types  de  l'époque. 

Nos  découvertes  surtout  permettent  de  suivre  l'évolution  de  cette 
industrie.  Bientôt,  nous  l'espérons,  dans  un  volume  en  préparation, 
nous  pourrons  en  indiquer  les  principaux  gisements  et  démontrer, 
par  la  persistance  des  instruments  Acheuléens,  que  nombre  d'entre 
eux  se  rattachent  aux  précédentes  époques,  alors  que  d'autres 
gisements  nous  indiquent  le  pur  Moustérien;  puis  l'ère  ou  appa- 
raissent des  formes  à  influence  Aurignacienne. 

Le  Moustérien  Sénonais  ne  se  montre  pas  seulement  identique 
au  Moustérien  que  l'on  rencontre  dans  les  alluvions,  mais  aussi 
voisin  de  celui  des  limons  des  cavernes.  Aux  temps  troglodytiques, 
vivaient  donc,  en  plein  air,  de  nombreux  chasseurs  sur  les 
plateaux  ! 

Les  instruments  Moustériens,  à  l'exemple  des  instruments 
préhistoriques  des  époques  antérieures  et  postérieures,  furent 
prélevés  sur  les  silex  répandus  en  abondance  sur  nos  plateaux  et 
débités  sur  place;  ils  sont  revêtus  d'une  patine  blanche,  ocre,  grise 
ou  bleutée  selon  la  nature  du  silex,  de  la  constitution  des  terres,  ou 
bien  que  l'outil  a  été  plus  ou  moins  enfoui  dans  le  sol.  Si  parfois 
certains  outils  fraîchement  ramenés  au  jour  n'ont  pas  de  patine,  ils 
présentent,  outre  leur  technique  et  leur  morphologie,  un  aspect 
qui  permet  généralement  de  les  reconnaître. 

(1)  Voir  aussi  :   Augusta  Hure.    -  Le  Préhistorique  Sénonais  sur  la  rive  gauche 
de  VYonne.  Bull,  de  la  Soc.  des  Se.  de  FYonne,  2e  Semestre,  1908. 


182  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Les  Moustériens  étaient  plus  industrieux  que  leurs  prédéces- 
seurs; nous  connaissons  déjà  pas  mal  de  leurs  instruments  et  la 
perfection  de  certaines  formes.  Longtemps  ce  matériel  fut  considéré 
comme  peu  varié. 

Cependant,  les  recherches  méthodiques  s'accentuant  davantage, 
cet  outillage  apparaît  bien  plus  complet  que  nous  le  supposions!  Il 
n'existe  aucune  raison  de  ne  pas  croire  que  des  populations  aient 
ajouté  au  matériel  courant  des  outils  que  nous  ne  rencontrions  pas 
partout,  et  qui  répondaient  aux  besoins  de  la  vie,  aux  conditions  de 
la  nature  environnante. 

Les  éclats  Moustériens  revêtent  souvent  des  factures  très 
diverses.  Parmi  eux  figure  un  nombre  sérieux  de  types  qui  cons- 
tituent le  fond  du  caractère  de  l'industrie.  L'exécution  de  leur  taille 
est  soignée,  leur  forme  correcte,  leur  profil  très  fin  ;  il  fallait  que 
l'ouvrier  eut  à  sa  disposition  des  outils  spéciaux  et  une  main 
exercée,  pour  exécuter  les  retouches  que  nous  admirons  sur  les 
pointes  et  les  racloirs. 

Il  est  facile  de  comprendre  devant  l'ensemble  des  instruments 
retouchés  que  des  outils  étaient  nécessaires  pour  les  déterminer. 
Gomment  les  Moustériens  auraient-ils  pu  faire  des  pressions,  s'ils 
n'avaient  mis  en  œuvre  le  procédé  employé  plus  tard  par  les  Néoli- 
thiques? 

Qu'employait-on  en  effet  pour  accomplir  cette  partie  du  travail, 
jusqu'à  présent  aucun  outil  à  cet  usage  n'ayant  été  signalé?  Nous 
possédons  bien  le  Grattoir,  qui  dans  des  cas  aurait  pu  y  suppléer  ; 
mais  sa  rareté  parfois,  dans  des  gisements  à  retouches  évoluées, 
vient  éloigner  l'idée  que  c'était  là  des  pièces  uniques  destinées  à 
cet  emploi.  Le  Retouchoir  Moustérien  était  donc  à  trouver! 

Les  lignes  qui  vont  suivre  ont  pour  but  la  description  de  pièces 
trouvées  dans  nos  meilleures  stations  et  dont  la  particularité  de  la 
base  nous  entraînerait  à  les  considérer  comme  des  Grattoirs  ou  des 
Retouchoirs. 

Parmi  les  60  que  nous  possédons,  nous  avons  fait  un  choix,  le 
plus  judicieux  possible,  de  manière  à  donner  une  description  nette 
et  intelligible. 

En  effet,  examinant  nos  séries  Moustériennes  recueillies  sur  les 
plateaux,  nous  avons  pu  constater  que  beaucoup  d'outils,  surtout 
des  pointes  classiques,  avaient  été  travaillées  a  la  base,  dans  le 
but  d'une  utilisation.  Nous  croyons  que  cette  observation  n'a  fait 
jusqu'ici  l'objet  d'aucune  remarque,  et  malgré  nos  recherches  nous 
ne  l'avons  vu  ni  signalée,  ni  décrite.  Nous  même,  pendant  long- 
temps, nous  n'avions,  apporté  aucune  attention  à  cette  particularité, 
jusqu'au  jour  ou  un  de  nos  obligeants  confrères,  M.  Paul  Jumeau 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  183 

(de  Sens),  arrêta   notre   pensée  sur  ce  fait   que   par  la  suite    nous 
avons  étudié  et  que  nous  allons  développer. 

Parmi  les  véritables  instruments  Moustériens  Sénonais,on  peut 
citer  comme  dominante  la  Pointe,  plus  ou  moins  triangulaire,  plus 
ou  moins  appointée,  allongée  ou  étroite.  Les  unes  épaisses  sur  les 
bords  sont  alors  retouchées  ;  les  plus  minces  ont  généralement  les 
bords  coupants  et  l'ouvrier  a  obtenu  le  type  désiré  sans  aucune 
retaille. 

G.  de  Mortillet,  ainsi  que  bien  des  auteurs,  en  parlant  de  la  Pointe 
moustérienne,  nous  la  décrivent  dans  ce  sens  que  son  extrémité 
inférieure  présente  le  plan  de  frappe  et  le  conchoïde  de  percussion,  à 
l'état  brut.  Ce  conchoïde  se  développe  sur  un  côté  non  retaillé 
qu'offre  la  face  d'éclatement  toute  lisse,  sans  aucune  retouche.  Sur 
l'autre  face  les  bords  sont  plus  ou  moins  retouchés  sur  les  côtés  et 
se  terminent  en  pointe  au  sommet.  La  base,  ni  retaillée,  ni  retouchée, 
représente  généralement  le  plan  de  frappe  ;  ce  qui  la  rend  irrégu- 
lière (1). 

Dans  d'autres  cas,  on  a  pu  constater  que  certaines  pointes  n'ont 
plus  de  bulbe  et  que  le  pourtour  inférieur  est  retaillé  en  Racloir, 
donnant  à  l'instrument  l'aspect  d'une  Pointe  double,  parfois  amyda- 
loïde,  à  base  arrondie,  travaillée  et  fort  mince. 

A  part  les  pointes  que  nous  venons  de  citer,  on  peut  désormais 
distinguer  un  autre  type  :  celui  de  la  Pointe  classique,  avec  traces 
de  travail  à  la  base  du  bulbe  de  percussion,  et  dont  nous  allons 
proposer  le  nom  de  pointes  Grattoirs-retouchoirs. 

Pour  plus  de  clarté,  nous  envoyons  à  la  Société  Préhistorique 
Française,  quelques-uns  de  ces  silex  qui  simplifieront  pour  les 
membres  présents  la  description.  D'autre  part,  nous  reproduisons 
des  pièces  appartenant  à  cette  catégorie  et  ayant  la  particularité 
que  la  ligne  semi-circul  aire  du  bulbe  de  percussion  est  devenue 
Grattoir  ou  Retouchoir  {Fig.  1  et  2). 

Les  Figures  1  et  2  représentent  deux  de  ces  pointes,  choisies 
parmi  celles  de  moyenne  taille.  On  peut  voir  sur  le  talon  la  netteté 
du  travail  égalisant  l'arc  presque  semi-circulaire.  Rien  au  premier 
abord  ne  les  distingue  des  pointes  ordinaires  ;  mais,  une  fois  averti, 
cette  particularité  est  aisément  reconnaissable  et  vient  donner  à 
leur  base  un  intérêt  spécial. 

Ce  mode  de  faire  rendait  l'outil  simultanément  utilisable  comme 
Pointe,  comme  Grattoir  et  comme  Retouchoir.  C'était  là  un  bon 
instrument,  puisque  le  travail  s'adressait  à  la  partie  la  plus  robuste 

(1)  G.  de  Mortillet.  —  La  Préhistoire,  chap.  V,  p.  168.  —  Id.  Le  Musée 
préhistorique. 


184  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

de  la  pièce.  En  le  fabricant  le  Moustérien  obéissait  au  désir  d'obte- 
nir un  outil,  destiné  à  une  utilisation  courante.  Ce  n'était  pas 
encore  dans  certains  cas  un  retouchoir  bien  établi,  mais  un  retou- 
choir  pouvant  répondre  à  une  même  nécessité  et  possédant  déjà  les 
caractères  que  nous  trouvons  développés  au  retouchoir  néolithique. 
Simplement  tenu  à  la  main,  il  pouvait  constituer  un  solide  outil; 
emmanché  comme  grattoir,  on  peut  concevoir  encore  son  utilité.  Ne 
pourrait-on  pas  aussi  affirmer  devant  ce  double  emploi,  que  les 
pointes  moustériennes  devaient  ou  ne  devaient  pas  s'emmancher  ? 

Parmi  ces  pointes,  il  en  est  dont  la  base  est  mâchonnée,  écaillée; 
d'autres  fois  les  prélèvements  du  silex  sont  fins  et  délicats.  En  géné- 
ral ils  sont  moins  habilement  produits,  que  sur  les  véritables  grat- 


Fig.  1  el  'i. 


Pointe  moustérienne,  montrant  le  Bulbe  de  Percussion  et  la  base  ae  la 
pièce,  retouchée.—  Echelle  :  3/4  Grandeur. 


toirs.   Si  la  pointe    porte    des  retouches  latérales,   on  a  alors  des 
racloirs-grattoirs  ou  retouchoirs. 

Comme  on  le  voit,  nous  venons  de  nous  prononcer  d'une  façon 
catégorique  pour  le  Grattoir-Retouchoir.  L'hésitation  n'est  plus 
permise  dans  certains  cas,  quand  on  remarque  que  des  pièces  ont 
été  émoussées  jusqu'à  être  polies  par  un  frottement  répété,  soit 
d'usure,  soit  de  compression. 


Comme  nous  l'avons  dit,  cette  partie  était  la  moins  fragile  pour 
rompre  sous  l'effort  d'une  pression.  Cependant  très  probablement 
des  pointes    longues   et  plus   fragiles,  ne  pouvant  guère  oflrir  de 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  185 

longue  résistance,  ont  dû  céder  sous  l'effort  de  l'ouvrier.  De  là, 
sans  doute,  le  fait  que  nous  trouvons  de  ces  pièces,  tronquées  à  la 
naissance  du  conchoïde  de  percussion  ! 

Si  l'homme  s'est  donné  la  peine  d'utiliser  ainsi  la  base  de  ses 
outils,  c'est  qu'il  en  avait  besoin.  Cette  opération  s'est  pratiquée  non 
pas  seulement  sur  les  pointes,  mais  aussi,  quoique  plus  rarement, 
sur  la  base  des  lames  et  des  grands  éclats  informes.  Il  est  facile  de 
démontrer  que  ce  procédé  relevait  d'un  usage  répandu,  puisque  ce 
travail  intentionnel  existe  sur  de  nombreux  exemplaires! 

Parfois,  ces  outils  semblent  se  rattacher  tantôt  aux  Grattoirs,  tan- 
tôt aux  Retouchoirs.  Il  est  évident  qu'ils  ont  été  employés  dans  un 
but  ne  devant  pas  avoir  un  usage  unique. 

Nous  le  répétons,  les  prélèvements  du  silex  sont  ici  moins  habile- 
ments  produits  que  sur  les  grattoirs  arrondis  ou  allongés  que  nous 
avons  rencontrés  dans  les  mêmes  stations,  et  en  plus  diffèrent  de 
ceux  des  racloirs,  en  ce  qu'ils  sont  plus  perpendiculaires  et  ne  modi- 
fient en  rien  l'allure  de  la  pièce.  La  ligne  de  contour  de  la  base  reste 
convexe  d'un  côté,  concave  de  l'autre,  s'arrondit,  sans  faire  dispa- 
raître le  bulbe  de  percussion. 

Ce  qui  semblerait  prouver  que  nous  sommes  souvent  en  présence 
de  retouchoirs,  c'est  leur  proportion  numérique  avec  les  outils 
retouchés  dans  chaque  gisement,  et  en  particulier  dans  ceux  du 
Moustérien  supérieur. 

En  résumé,  il  n'en  reste  pas  moins  vrai  que  l'absence  parfois  de 
grattoirs  et  toujours  de  retouchoirs  dans  l'industrie  moustérienne, 
si  fertile  en  retouches,  apparaissait  plutôt  suggestive. 

Nous  ne  croyons  pas  que  les  pièces  que  nous  venons  de  décrire 
soit  une  spécialité  régionale.  Il  serait  vraiment  extraordinaire 
qu'elles  se  trouvent  seulement  dans  le  Sénonais.  Si  chacun  cherche 
dans  son  mobilier  paléolithique,  il  est  certain  que  de  semblables 
observations  viendront  consolider  ces  notes. 

A  priori,  on  ne  voit  d'ailleurs  pas  pourquoi  le  bon  sens  du  Mous- 
térien n'aurait  pas  compris  le  parti  qu'il  pouvait  tirer  d'une  pièce 
dont  la  base  lui  offrait  déjà  un  outil  tout  fait  et  qui  pouvait  devenir 
pratique.  Avec  un  tel  instrument,  on  pouvait  aisément  gratter  le 
bois,  l'os,  le  cuir  et  retoucher  les  pointes  et  former  les  racloirs! 

Certes,  ce  n'est  pas  d'emblée  que  l'on  arrive  à  saisir  de  suite 
toutes  les  particularités  de  l'industrie  préhistorique;  et  chacun  sait 
que  parfois  les  choses  les  plus  simples  sont  les  plus  difficiles  à  trou- 
ver et  à  comprendre  !  Notre  communication  laisse  désormais  prise 
libre  aux  raisonnements,  aux  arguments  et  aux  essais  de  comparai- 
son. 


186  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

M.  Marcel  Baudouin.  —  Je  dois  rappeler  ici  que  notre  collègue, 
M.  Commont  (d'Amiens),  a  publié  de  nombreuses  figures  où  les 
retouches  de  la  base  des  pièces  moustériennes,  sur  lesquelles  insiste 
Mademoiselle  Hure,  sont  très  bien  représentées  et  très  visibles 
[Voir  Fig.  3  et  4,  par  exemple].  —  Dans  son  récent  Mémoire  sur  le 


Fig.  3  et  4.  —  Pointes  moustériennes  retouchées  à  la  base  [Cliché  Commont]. 


Moustérien  à  faune  chaude,  il  prononce  même  le  nom  de  Retouchoir, 
pour  l'époque  Moustérienne. 

Au  Laboratoire  de  la  Société  Préhistorique  Française,  j'ai  trouvé, 
facilement,  dans  nos  collections,  des  pièces  analogues. 

Mais  ces  retouches  peuvent  très  bien  être  dues  à  une  toute  autre 
idée.  —  Rien  ne  prouve  qu'il  s'agit  là  de  Grattoirs  ou  Retouchoirs, 
jusqu'à  présent  du  moins.  —  Il  peut  simplement  ne  s'agir,  malgré 
le  poli  constaté,  que  de  Retouches  d' accommodation,  destinées  à  faci- 
liter la  bonne  préhension  des  Outils. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  187 

TVote  sur  le»  Haches  polies. 

[Définitions]. 

PAR 

A.  BRASSEUR  (de  Gournay,  S.I.), 

Sous -Ingénieur  des  Ponts  et  Chaussées. 

Imaginons  une  ellipse  allongée  A,  B,  C,  D,  posée  sur  un  plan 
horizontal,  et  un  peu  au-dessus  un  point  M,  ayant  pour  projection 
horizontale  le  centre  O  de  l'ellipse.  Supposons  qu'une  courbe  en 
arc  de  cercle  M,  N,  C,  un  peu  renflée  au  milieu  et  partant  du 
point  M  soit  assujettie  à  parcourir  le  contour  de  l'ellipse,  la  ligne 
M,  N,  C,  engendrera  un  solide,  ayant  à  peu  près  la  forme  d'un  cône 
méplat,  à  surface  un  peu  renflée  au  milieu  (Voir  Fig.  1).  Si,  ensuite, 
on  mène  par  le  grand  axe  de  l'Ellipse  deux  plans  également  inclinés 
l'un  à  droite  et  l'autre  à  gauche,  ces  deux  plans  formeront  entre 
eux  un  angle  dièdre,  plus  ou  moins  ouvert,  qui  sera  le  taillant  de 
la  hache.  C'est  ce  cône  méplat,  rendu  coupant  à  la  base,  que  nous 
appellerons  «  Hache  géométrique  »  (Fig.  2). 

Donc,  on  peut  définir  une  Hache  géométrique  comme  suit  :  sorte 
de  cône  droit,  ayant  pour  base  une  Ellipse  allongée  et  dont  la  sur- 
face est  engendrée  par  une  génératrice  un  peu  renflée  au  milieu, 
la  base  étant  ensuite  sectionnée  et  rendue  coupante,  au  moyen  de 
de  deux  plans  passant  par  le  grand  axe  de  l'Ellipse. 

Pour  polir  une  hache  et  lui  donner  une  courbure  convexe  régu- 
lière dans  tous  les  sens,  c'est-à-dire  pour  arriver  à  rendre  toutes 
les  génératrices  égales,  comme  il  a  été  dit  ci  dessus  et  obtenir  une 
hache  géométrique,  il  fallait  user  la  hache  sur  une  pierre,  appelée 
Polissoir,  présentant  une  concavité,  en  rapport  avec  la  forme  de  la 
hache  à  polir. 

Cette  concavité,  appelée  Cuvette,  était  préparée  sur  une  dalle  en 
pierre  et  avait  comme  profil  longitudinal  la  forme  d'un  segment  de 
Cercle  A,  B,  C  (Fig.  3).  Le  fond  présentant  une  courbe  concave,  on 
conçoit  que  le  frottement  dans  la  cuvette  devait  régulariser  la 
forme  de  la  hache  et  qu'en  la  promenant  assez  longtemps  dans 
cette  cuvette  et  ce.  dans  la  direction  voulue,  on  finissait  par  obtenir 
une  Hache,  dite  géométrique,  très  bien  polie  sur  toute  la  surface. 

Le  Polissage  se  faisait  donc  dans  des  Cuvettes  appelées  Polissoirs; 
mais,  préalablement,  il  fallait  préparer  ces  Cuvettes  ;  et  voici  com- 
ment on  devait  opérer.  On  choisissait  une  grande  dalle  de  grès,  et, 
à  l'aide  d'un  gros  poinçon  conique  servant  de  Percuteur,  on  creu- 
sait, dans  la  pierre,  par  le  Piquage,  une  Cuvette  rectangulaire  : 
cuvette  que  Ton  approfondissait  ensuite  progressivement  vers  le 
milieu,  pour  arriver  à  lui  donner  la  courbure  voulue  (Fig.  3). 


188 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 


fip   1  à  7.  —  La  Hache  Polie  :  Technique  de  Fabrication. 


Société  préhistorique  française  189 

Quand  cette  Cuvette  était  achevée,  on  régularisait  le  fond,  en  enle- 
vant toutes  les  aspérités  à  l'aide  d'une  pierre  spéciale,  arrondie  en 
arc  de  cercle,  que  l'on  promenait  dans  la  direction  du  fond  et  on 
commençait  le  polissage  de  la  hache  avec  du  grès  et  de  l'eau.  Pour 
cela,  on  promenait  le  bord  de  la  hache  dans  le  fond  de  la  Cuvette, 
en  la  tenant  sur  le  côté  dans  un  plan  bien  vertical  (Fig.  4).  Par  un 
frottement  longtemps  répété,  on  conçoit  que  le  bord  de  la  hache 
finissait  par  épouser  le  contour  de  la  cuvette  et  que  l'une  des 
génératrices,  la  génératrice  de  côté,  était  achevée. 

On  opérait  de  même  sur  le  bord  opposé,  et,  quand  la  deuxième 
génératrice  de  côté  était  également  achevée  et  que  toutes  deux 
étaient  bien  symétriques  on  posait  la  hache  horizontalement,  de 
façon  que  son  axe  soit  bien  dans  la  direction  du  lond  de  la  cuvette 
(Fig.  5);  et  on  la  promenait  dans  celle-ci,  comme  il  a  été  dit  ci- 
dessus.  On  faisait  de  même  sur  la  face  opposée  et  on  arrivait  ainsi 
à  avoir  les  génératrices  principales,  parfaitement  symétriques.  On 
faisait  ensuite  le  polissage  dune  autre  génératrice,  comprise  entre 
la  première  et  la  deuxième  ;  puis  entre  la  deuxième  et  le  troisième, 
et  ainsi  de  suite  ;  mais  en  dirigeant  la  génératrice  à  polir  toujours 
dans  l'axe  de  la  cuvette. 

Quand  le  contour  commençait  à  se  dessiner,  on  achevait  le 
polissage,  en  tenant  la  hache  dans  une  direction  voulue  pour  arriver 
à  raccorder  les  parties  déjà  polies. 

Comme  on  le  voit,  toutes  les  génératrices  étaient  égales  et  con- 
vergeaient vers  le  même  point  ;  mais,  à  la  base,  l'extrémité  de  ces 
génératrices  ne  se  rencontraient  pas.  L'extrémité  des  génératrices 
de  même  ordre  étaient  plus  ou  moins  écartées,  en  sorte  que  la  base, 
au  lieu  d'être  coupante,  avait  la  section  d'un  demi-fuseau.  Il  fallait 
alors  faire  le  tranchant,  c'est-à-dire  polir  la  partie  du  bas  sur  un 
autre  Polissoir  plan,  ou  un  autre  d'une  courbure  plus  prononcée,  en 
tenant  la  hache  un  peu  inclinée  sur  le  deuxième  polissoir  et  dans 
une  direction  voulue,  pour  que  le  tranchant  arrive  à  se  confondre 
avec  l'axe  de  l'ellipse. 

Souvent,  le  Polissage  des  haches  n'est  pas  fait  d'une  manière 
aussi  méthodique.  A  l'inspection  d'une  hache,  on  ne  voit  pas  cette 
régularité  que  l'on  rencontre  dans  une  hache  géométrique  et  on 
constate  que  toutes  les  génératrices  diffèrent  les  unes  des  autres,  et 
que  parfois  des  parties  presque  planes  se  trouvent  interposées  sur 
des  parties  bien  polies.  Il  y  a  même  des  haches  polies  qui  sont 
toutes  difformes  ;  et  cela  tient  à  ce  que  le  polissage  a  été  fait,  à 
diverses  reprises,  par  des  mains  inexpérimentées,  sur  de  mauvais 
Polissoirs. 


190  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

D'après  ce  qui  précède,  les  haches,  dont  le  deuxième  polissage  a 
été  fait  sur  un  Polissoir  plan,  ont  toujours  un  tranchant  droit  et  il 
ne  peut  en  être  autrement.  Dans  ce  cas,  le  contour  du  deuxième 
polissage  plan  est  parabolique  et  se  distingue  très  bien  sur  la  sur- 
face (Fig.  2)  ;  mais  le  plus  souvent  le  deuxième  polissage  a  été  fait 
sur  un  polissoir  à  surface  concave,  en  tenant  la  hache  dans  une 
position  plus  ou  moins  inclinée  pendant  chaque  va  et  vient  sur  le 
Polissoir.  Dans  ce  cas,  l'intersection  des  deux  surfaces  polies  dis- 
paraît et  le  taillant  est  convexe.  C'est  la  plus  belle  forme  de  hache 
que  l'on  puisse  rencontrer. 

Il  pourrait  se  faire  aussi  que,  par  des  polissages  habilement  faits, 
le  taillant  soit  rendu  droit,  bien  que  le  2e  polissage  soit  convexe  ; 
mais  c'est  là  un  cas  que  l'on  rencontre  rarement. 

Le  bord  des  haches  polies  par  suite  du  mode  de  polissage  affecte 
toujours  la  forme  convexe.  Cependant  on  rencontre  des  haches  dont 
le  bord  a  été  repoli  après  coup  sur  un  polissoir  pian;  dans  ce  cas  le 
contour  de  la  partie  repolie  à  la  forme  d'une  section  de  fuseau. 

Puisque  le  polissage  des  haches  se  faisait  par  simple  frottement 
et  que  l'usure  ne  pouvait  se  produire  que  sur  une  génératrice  à  la 
fois,  on  conçoit  que  ce  polissage  devait  demander  un  temps  extrê- 
mement long  ;  et  on  se  demande  pourquoi  et  dans  quel  but  l'homme 
à  cette  époque  s'attachait  à  faire  si  bien  les  choses  ! 

Si  réellement  les  haches  polies  servaient  à  travailler  le  bois,  il 
semble  que  nos  anciens  ancêtres  n'auraient  pas  pris  tant  de  soin 
pour  faire  ce  polissage,  qui  n'était  pas  absolument  indispensable, 
d'autant  plus  qu'une  simple  hache  taillée,  avec  tranchant  bien  régu- 
lier, pouvait  produire  le  même  effet  plus  facilement  même,  en  ce  sens 
que  les  haches  taillées  sont  plus  coupantes  que  les  haches  polies, 
dont  le  tranchant  est  toujours  un  peu  mousse. 

Il  semble  au  contraire  que  ces  outils  appelés  haches  avaient  une 
autre  destination  que  nous  ne  concevons  pas.  Et,  en  effet,  certaines 
haches  ont  un  taillant  biais  ou  oblique  très  bien  marqué,  qui  n'a  pu 
être  obtenu  que  par  une  usure  faite  après  coup.  Cette  usure  a  dû 
certainement  se  produire  en  faisant. travailler  l'outil  obliquement  par 
exemple,  pour  polir  certaines  surfaces  {Fig.  6) 

Il  est  par  conséquent  difficile  d'admettre,  si  la  hache  était  destinée 
à  travailler  le  bois,  que  le  taillant  se  soit  trouvé  modifié  ainsi  ! 

Donc  l'instrument  devait  plutôt  servir  de  Lissoir;  mais  ici  encore 
on  ne  s'explique  pas  un  polissage  sur  toute  la  surface. 

Il  semble  plutôt  que  ces  haches  étaient  des  objets  auxquels  on 
attachait  une  réelle  valeur,  en  raison   du  temps   dépensé  pour  les» 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  191 

produire.  Des  objets  qui  s'échangeaient  contre  d'autres  objets  de 
toutes  sortes;  une  sorte  de  monnaie,  permettant  de  faire  des  échanges 
ou  du  commerce  et  peut  être  aussi  des  objets  vénérés,  sacrés  que 
chacun  conservait  religieusement  chez  soi  et  qui  avaient,  selon  les 
traditions,  le  don  de  prévenir  de  la  foudre  et  de  tous  maléfices,  ou 
encore  des  objets  donnés  à  titre  de  récompense  à  des  chefs,  c'est- 
à-dire  des  haches  d'honneur. 

Ce  qui  paraît  confirmer  cette  hypothèse,  c'est  que  souvent  on  ren- 
contre des  haches  polies  de  dimensions  tout  à  fait  minuscules  et 
aussi  des  haches  brisées  au  taillant,  puis  retaillées  et  repolies  à 
diverses  reprises,  devenues  très  courtes  et  par  suite  impropres  à 
travailler  le  bois  (Fig.  7). 

Nota.  —  Dans  nos  Collections  de  Haches  polies  se  trouvent  les 
divers  types  ci-après  : 

Haches  à  talon.  —  A  bords  convexes  ou  à  bords  droits,  avec 
taillant  convexe  droit  ou  biais. 

Haches  à  pointe.  —  Avec  bords  convexes  ou  bords  droits,  avec 
taillant  convexe  droit  ou  biais. 

Haches  à  talon.  —  A  bords  parallèles,  avec  taillant  convexe,  droit 
ou  biais. 

On  y  remarque  également  des  haches  polies  très  plates  et  d'autres 
très  épaisses. 

M.  Marcel  Baudouin.  —  Je  ne  puis  admettre  la  théorie  d'après 
laquelle  une  Cuvette  aurait,  toujours,  été  préparée,  avant  toute  ten- 
tative de  Polissage,  sur  les  Polissoirs  :  cela  à  cause  de  deux  faits, 
matériels,  d'observation  pure  :  1°  L'existence  de  ce  qu'on  appelle  les 
Plages  de  Polissage  sur  certains  Polissoirs  a  rainures  (par  consé- 
quent ce  sont  sûrement  des  Polissoirs),  vastes  Surfaces  polies 
n'ayant  pas  parfois  un  millimètre  de  creux  et  atteignant  0m40  à  0"'50 
de  diamètre  ;  2°  l'existence,  sur  les  Polissoirs,  en  Quartz  blanc  de  filon 
ou  en  Silex,  de  Cuvettes  peu  profondes,  impossibles  à  préparer  à 
l'avance  [Ex.  :  Polissoir  à  rainures  de  la  Vésinière,  à  Chelïbis 
(Vendée)  ;  Polissoir  de  Pouzauges  (Vendée);  Polissoirs,  en  silex,  du 
Grand- Pressigny  (I.-et-L.),  etc.,  etc.]. 

C'est  le  Polissage  seul  qui  devait  déterminer  la  formation  des 
Cuvettes,  des  Rainures  et  de  ces  Plages  étendues.  —  Le  Polissoir 
se  faisait  seulement  quand  on  polissait  !  Point  n'était  besoin  d'aucune 
préparation  préalable  de  la  Pierre. 

Il  y  a  longtemps  que  M.  Pitre  de  Lisle  (de  Nantes)  a  écrit  (1)  ; 

(1)  Pitre  de  Lisle.  —  Les  haches  à  tête  dé  'la  Bretagne  et  du  Bocage.  — 
Nantes,  1880,  in-8»,  48  p.,  6  pi.  h.  texte  [Voir  p.  20-22. 


492  SOCIÉTÉ  PRÊHISTORIOUE   FRANÇAISE 

<.<  Le  travail  [de  polissage]  s'opérait,  en  frottant  l'objet  à  polir 
dans  une  Cavité,  creusée  au  centre  du  Polissoir,  et  dans  laquelle 
on  mettait  de  l'eau  et  des  parcelles  de  roche  dure  » . 

Ainsi  donc,  cet  auteur  semble  admettre  qu  avant  de  polir  on 
creusait,  dans  le  polissoir,  une  Cavité.  —  Mais  est-ce  bien  cela  qu'il  a 
voulu  dire?  Il  est  vrai  qu'il  ne  parle  que  du  Polissage  des  têtes- 
de  Haches  à  bouton  ! 

Chacun  sait  que  les  Haches  à  bouton  sont  très  fréquentes  en 
Vendée,  comme  cet  auteur  Ta  d'ailleurs  bien  prouvé.  Mais,  cepen- 
dant, jamais  je  nai  trouvé,  en  Vendée,  sur  les  nombreux  Polissoirs 
que  j'ai  découverts,  une  Cavité  de  cette  sorte,  pour  fabriquer  les 
dits  «  boutons  »  de  ces  haches  ! 

Faut-il  en  conclure  que  ces  Haches  n'ont  pas  été  polies  en  Bre- 
tagne et  en  Vendée  ?  Je  ne  puis  pourtant  pas  admettre  qu'elles 
proviennent  d'ailleurs,  car  la  démonstration  de  leur  origine  locale 
a  été  faite  par  M.  Pitre  de  Lisle  lui-même,  à  moins  de  les  faire  venir 
de  Y  Atlantide  [Pitre  de  Lisle],  hypothèse  qui  n'est  peut  être  pas 
aussi  folle  qu'on  pourrait  le  croire  ! 

Mais,  alors,  comment  tourner  la  difficulté?  —  Faut-il  songer 
à  un  Outil,  qui  nous  est  inconnu,  pour  la  fabrique  de  ces  a  Boutons))? 

Cela  me  paraît  peu  nécessaire,  étant  donné  l'expérience  même, 
réalisée  par  M.  Pitre  de  Lisle  [qui  aurait  réussi  à  faire  un  «Bouton  » 
par  simple  polissage  sur  du  Grès  et,  sans  doute,  sans  «  Cavité 
spéciale],  et  l'existence  des  Polissoirs  mobiles  ou  à  main  ! 


SÉANCE  DU  22  AVRIL   1915 


Présidence  de  M.  LE  BEL. 


I.    —     PROCÈS  VERBAL     DE    LA     SEANCE 


La  Séance  est  ouverte  à  4  heures,  sous  la  Présidence  de  M.  Le  Bel, 
Vice-Président. 

11  est  donné  lecture  du  procès-verbal  de  la  dernière  séance 
(25  mars  1915),  qui  est  approuvé. 

A  propos  du  procès-verbal,  note  de  M.  A.  Brasseur  (Gournay, 
Seine-Inférieure). 

Correspondance. 

Lettres  d'Excuses  et  de  Condoléances,  —  MM.  le  Dr  A.  Guébhard; 
—  A.  Viré  ;  -  Ch.  Sghleicher;  —  Thiot  ;  —  Dr  Atgier  ;  —  Edmond 
Hue.  —  Gaurichon.  —  de  Villaret.  —  Hippolyte  Marlot. 

Lettres  d'Avis.  —  M.  Hippolyte  Marlot. 

Bibliothèque. 

Florance  (E.-C).  —  Le  Gui  en  général  et  le  Gui  sur  le  Chêne  [Ext.  Bull.  Soc. 

Hist.  Nat.  de  Loir-et-Cher,  1914,  n°  14,  138-260].  —  Blois,  1914,  in-8«,  128  p. 
Florance  (E.-G).  —  L'Escargotière  de  Mechta-el-Arbi  ou  Mechta-Chàteaudun 

(Pro-v.   de   Constantine).  —    [Extr.  Bull.    Soc.   Hist.    nat.    de   Loir e-et-  Cher, 

1914,  n»  14,  p.  1-24  13!].  —  Blois,  1914,  in-8°,  8  p. 
Petit  (M.).  —  Le  Préhistorique  au  Maroc  Oriental  :  Note  sur  la  station  de  Gonti- 

tir  [Extr.  Bull.  Soc.  de  Ge'og.  et  d'Archéol.  de  la  prov.  d'Oran,  1914,  XXXIV, 

fasc.,GXXXIX].  —  Oran,  1914, in-8",  8  p.,  3  pi.  hors  texte. 
Baudouin  (Marcel).  —  Le  Rocher  aux  Pieds  de  Nanteau-sur-Essonne  (S.-et-M.) 

[Extr.   Bull,  et  Mém.    Soc.   d'Anth.  de  Paris,   1914,   n°  2,  VIe,  t.  V,  fasc.  2, 

p.  159-177,8  tig.].  —  Beaugency,  1915,  in-8°,  19p.,8fig. 

SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  13 


194  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Nécrologie. 

M.  Victor  Berthier  (d'Autun). 

La  mort  impitoyable  fauche  sans  merci  dans  les  rangs  de  nos  socié- 
taires. Voici  le  tour  de  M.  Victor  Berthier-Saucey,  Président  de  la 
Société  d'Histoire  Naturelle  d'Autun,  décédé  dans  sa  68e  année,  à  la 
suite  d'un  refroidissement,  contracté  au  cimetière  en  suivant  le,  convoi 
d'un  soldat  évacué  à  l'hospice  et  remplissant  son  devoir  patriotique, 
comme  secrétaire-trésorier  de  la  Société  de  secours  aux  blessés  de 
l'arrondissement. 

M.  V.  Berthier,  qui  était  aussi  le  fondateur  de  la  Société  d'Histoire 
Naturelle  devenue  très  florissante,  y  donnait  tous  ses  instants,  malgré 
l'absorption  des  intérêts  de  son  importante  maison  de  commerce, 
qu'il  venait  de  céder  :  ce  qui  lui  laissait  toute  sa  liberté,  qu'il  consacrait 
entièrement  à  la  science  et  à  la  chose  publique.  Il  suivait  fidèlement  les 
Congrès  scientifiques  et  en  particulier  ceux  de  la  S.  P.  F. 

C'est  un  préhistorien  de  la  première  heure,  qui  a  publié,  avec  le 
Dr  Jeannin,  de  Montceau-les-Mines,  avant  1870,  une  étude  sur  les 
Stations  des  âges  de  la  pierre  polie  dans  la  vallée  de  VArroux.  Ces  der- 
niers temps,  il  s'était  occupé  de  fouilles  de  tumulus,  dans  les  envi- 
rons de  Cluny.  Il  a  donné  un  certain  nombre  de  notices  intéressantes 
sur  le  Préhistorique  du  Département.  Délégué  de  la  Commission  des 
Monuments  préhistoriques  de  France,  il  avait  fait  redresser,  avec  la 
collaboration  de  M.  J.  Déchelette,  les  Menhirs  renversés  de  Saint- 
Micaud  et  de  Broyé.  Travailleur  actif  et  consciencieux,  c'est  une 
grande  perte   pour   les   nombreuses    sociétés  savantes   dont  il    faisait 

partie  et  ses  amis. 

Hippolyte  Marlot. 

La  Société  Préhistorique  Française  doit  reconnaître,  en  outre,  que 
M.  Victor  Berthier  fut  la  cheville  ouvrière  de  l'importante  session  du 
Congrès  préhistorique  de  France,  qui  eut  lieu  à  Autun  (S.-et-L.),  en 
1907,  sous  la  présidence  de  M.  le  Dr  A.  Guébhard.  En  parcourant  le 
volume  de  ce  Congrès,  on  verra  ce  que  furent  son  œuvre  et  sa  colla- 
boration à  cette  manifestation  imposante  de  notre  Association. 

Victor  Berthier  était  né  à  Toulon-sur-Arroux,  non  loin  d'Autun, 
en  1846  ;  il  est  décédé  dans  cette  ville  le  7  mars  dernier. 

Ancien  négociant,  Président  de  la  Société  d' 'Histoire  naturelle  d'Au- 
tun, Officier  de  l'Instruction  publique,  Correspondant  du  Muséum 
d'Histoire  naturelle  de  Paris,  Membre  de  la  Société  Eduenne,  de  V Aca- 
démie de  Mâcon,  de  la  Société  Préhistorique  Française,  Délégué  de  la 
Commission  des  Monuments  préhistoriques  de  France,  il  était  un 
ancien  Membre  de  la  Chambre  de  commerce  d'Autun  et  de  Chalon-sur- 
Saône. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  495 

Savant  modeste,  mais  d'une  grande  valeur,  il  partageait  son  temps 
entre  les  sociétés  scientifiques  et  les  œuvres  morales  et  humanitaires 
de  son  pays.  C'est  ainsi  qu'on  le  vit  à  la  Commission  des  Hospices 
d'Autun,  à  la  Société  des  habitations  ouvrières,  au  Conseils  des  Direc- 
teurs de  la  Caisse  d'Epargne,  au  Comité  de  Secours  aux  Blessés,  etc. 

C'est  lui  qui  fonda,  il  y  a  vingt-six  ans,  la  Société  d'Histoire  natu- 
re/le d'Autun,  qui  est  si  prospère.  Par  son  aménité  et  son  extrême 
bienveillance,  il  sût  grouper  près  de  huit  cents  membres  autour  de 
lui.  C'est  là  une  œuvre. 

Présentations  et  Communications. 

M.  L.  Giraux  et  Dr  Mousson-Lanauze.  —  Silex  taillés  de  Chine. 
—  Brunissoir  de  Chine. —  Hache  Herminette,  ayant  servi  cC Amulette  chez 
les  Maoris  [Chine). 

A.  Devoir  (Brest).  —  Deux  Photographies  de  la  Roche  à  Cupules  de 
Toula™  ck  [Finistère). 

Dr  0.  Guelliot  (Reims).  —  Marnien  ou  La  Tène  I. 

Dr  Marcel  Baudouin  (Paris).  —  Herminette  avec  traces  d 'emman- 
cha ge. 

L.  Jacquot  (Grenoble).  —  Persistance  du  Culte  des  Astres  jusquà 
nos  jours  [Présentation  de  pièces], 

Eloi  Bourgeade  (Les  Planchettes,  Cantal).  —  Hochet  en  terre  cuite 
de  V Epoque   gallo-romaine  [Présentation  de  l'objet]. 

Marcel  Hérert  (Paris).  —  A  propos  du  Tableau  de  V Eglise  Saint- 
Merri  et  de  V hypothétique  Cromlech  de  Nanterre  [Note  complémen- 
taire] (1  Figure). 

Classifications  Préhistoriques . 

La  Société  Préhistorique  Française,  après  la  discussion  qui  a  suivi 
la  remarquable  et  très  importante  communication  de  M.  le  Dr  0. 
Guelliot  (de  Reims),  a  pris  la  résolution  suivante  : 

«  La  Société  Préhistorique  Française,  approuvant  entièrement  les 
conclusions  de  la  Communication  de  M.  le  Dr  Guelliot,  est  résolue 
à  maintenir  le  nom  de  Marnien,  pour  désigner  la  première  partie 
du  IIe  Age  du  Fer,  réservant  le  mot  de  La  Tène,  exclusivement 
pour  la  deuxième  partie  de  cette  période .  » 

Cette  décision  sera  communiquée  en  mai  à  la  Société  d'Anthropo- 
logie de  Paris. 

Elle  sera  transmise  ultérieurement  à  toutes  les  sociétés  savantes  de 
France  et  à  toutes  les  autres  Sociétés  préhistoriques  et  archéologiques. 


196  SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

Musée  et  Collection*  de    la  t!i.  I*.  F1. 

Le  Conseil  d'administration  de  la  Sociélé  Préhistorique  Française  a 
décidé  la  création,  au  bénéfice  du  Musée,  de  deux  Collections  nouvel- 
les, qui  ont  paru  indispensables  : 

1°  Collections  d'Echantillons  types  de  Silex  non  taillés,  c'est-à- 
dire  naturels,  recueillis  en  place,  dans  des  gisements  nettement  repé- 
rés (1)  par  des  Préhistoriens  et  classés  par  Départements; 

2°  Collection  d'Echantillons  de  Roches  dures,  rares  ou  non,  pouvant 
servir  à  la  fabrication  des  Haches  polies,  recueillies  dans  les  mêmes 
conditions  [Fibrolithe,  Diorite,  Amphiboliie,  Eclogite,  etc.],  c'est-à- 
dire  prises,  en  place,  dans  les  carrières  d'origine. 

En  conséquence,  le  Conseil  de  la  Société  Préhistonique  Française 
prie  instamment  chacun  de  ses  Délégués  départementaux  de  consti- 
tuer une  Collection  locale  des  principaux  types  de  silex  et  de  ces 
roches,  chacune  des  pièces  étant  nettement  et  dûment  étiquetées,  et  de 
l'adresser,  en  caissette,  au  Laboratoire  de  la  Société  Préhistorique 
Française,  250,  rue  Saint- Jacques, 

Les  Collections  générales  de  silex  et  de  roches  seront  classées, 
bien  entendu,  par  Départements,  avec  l'indication  du  nom  du  Délégué 
donateur.  —  La  plus  grande  précision  est  demandée. 

Cotisation*  de    191  II. 

Conformément  à  l'Art.  4  du  règlement,  les  Cotisations  pour  1915 
ont  été  mises  en  recouvrement  dans  le  cours  du  quatrième  mois  de 
l'année  1915.  Elles  doivent  être  adressées  à  M.  Maurice  Gillet,  Tré- 
sorier de  la  S.    P.  F.,   30,  rue    Gardenat-Lapostol,  Suresnes  (Seine). 

Le  mode  d'envoi  le  plus  pratique  est  le  Mandat-carte  ou  Mandat- 
lettre.  Les  Sociétaires,  dont  la  cotisation  n'aurait  pas  été  reçue  au 
15  avril  1915,  sont  priés  de  vouloir  bien,  pour  éviter  toute  interrup- 
tion dans  le  service  du  Bulletin,  faire  honneur  au  Recouvrement  pos- 
tal, qui  leur  sera  (sauf  entente  particulière  avec  le  Trésorier)  adressé 
à  domicile,  majoré  de  0,75  centimes  pour  les  frais. 

Le  Conseil  d'Administration  de  la  Société  Préhistorique 
Française  prévient  les  membres  de  la  Société  Préhistorique 
Française  que,  les  Cotisations  de  191 5  étant  d'une  perception 
très  malaisée,  en  raison  de  l'état  actuel   des  choses,  il  sera 

(1)  Nom  de  la  Cojwmunk  toujours  ;  et,  si  possible,  n°  et  nom  du  Champ  et.  de  la 
section  du  Cadastre,  pour  permettre  les  vérifications  ultérieures,  s'il  y  a  lieu. 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  197 

obligé  de  diminuer  le  nombre  des  feuilles  du  Bulletin  et  de  sup- 
primer les  ncs  de  vacances  igi5,  si  une  amélioration  rapide  ne 
se  dessine  pas  dans  les  rentrées,  dJici  quelques  semaines. 

Visite    aux    Chantiers    des  Fouilles    des    Arènes 
de    Lutèce,    r*nr»is. 

Le  Jeudi  13  mai,  à  15  heures,  la  Société  Préhistorique  Française  a 
visité,  sons  la  direction  de  M.  Charles  Magne,  Inspecteur  des  Fouilles 
Archéologiques  de  la  Ville  de  Paris,  le  chantier  actuel  des  Nouvelles 
Fouilles,  exécutées,  rue  Monge,  aux  Arènes  de  Lutèce,  dans  l'ancien 
Dépôt  de  la  Gie  des  Omnibus  de  Paris. 

La  moitié  Nord  des  Arènes,  jusqu'ici  invisible,  a  été,  en  effet, 
récemment  dégagée  et  on  a  mis  au  jour  toutes  les  substructions  de 
cette  partie  du  Monument.  —  Il  était  intéressant  de  les  examiner, 
avant  que  la  Restauration  ne  fut  commencée. 


II.   —  NOTES,   DISCUSSIONS    ET  PRISES   DE  DATE. 


Persistance   du    Culte   des   A.sti~es 

jusqu'à  nos  jours  : 

Boutons  à  figurations  nstrales. 

M.  L.  Jacquot  (Grenoble).  —  Il  est  un  petit  document,  trop 
négligé  parce  qu'éminemment  modeste,  dont  l'intérêt  ethnographique 
ne  le  cède  pourtant  qu'à  l'intérêt  artistique  :  je  veux  parler  du  Bouton 
d'Habillement,  autrefois  si  soigné  et  aujourd'hui  objet  si  banal,  du 
moins  en  ce  qui  concerne  le  costume  masculin. 

Vers  la  fin  du  xvme  siècle,  et  jusque  le  milieu  du  xixe  siècle  dans 
certaines  provinces  reculées  (1),  la  classe  moyenne  (paysans  aisés  ou 
petits  bourgeois)  usait  d'un  bouton  en  laiton,  d'une  seule  pièce, 
généralement  plat,  mais  parfois  cependant  bombé,  sur  la  face  supé- 
rieure duquel  les  fabricants  aimaient  à  faire  graver  soit  des  fleurs, 
ou  des  sujets  animés,  soit  des  ornements  plus  ou  moins  compliqués, 
soit  enfin  des  étoiles  ou  des  soleils  au  naturel  ou  stylisés. 

C'est  ce  dernier  genre  seul  qui  nous  intéresse;  et  c'est  le  seul  dont 
je  parlerai  ici.   Sur  plus  de  900  pièces   différentes  composant  ma 


(1)  Auvergne,  Bretagne,  Savoie.  Ce  sont  les  seules  régions  qui  nous  aient  fourni 
des  éléments  pour  notre  enquête. 


198  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

collection  de  boutons  dits  paysans,  au  1er  avril  1915,  j'en  ai  classé 
plus  de  200  sur  lesquels  figure  une  Etoile,  et  plus  de  150  sur  les- 
quels est  représenté  le  Soleil.  C'est  donc  plus  du  tiers;  et  c'est  assez 
dire  de  quelle  faveur  jouissait  auprès  du  public  l'image  des  astres  (2), 
symboles  de  lumière. 

Les  Etoiles  sont  figurées  à  cinq,  six  ou  dix  branches  (une  seule 
est  à  huit  branches,  et  encore  est-elle  plus  exactement  un  dessin 
qu'une  étoile),  seules  ou  entourées  de  points,  sur  fond  uni  ou  sablé, 
à  bord  nu  ou  cerclé  d'une  bordure  ici  dentelée,  là  pointillée  ou  plate, 
ou  encore  ornées  d'un  motif  central.  Le  Soleil,  lui,  est  figuré  de 
différentes  façons  :  1°  par  une  rosace  placée  au  centre  ;  2°  par  un 
disque  flamboyant  ;  3°  par  un  cercle  dentelé  ;  4°  par  un  bouton  cen- 
tral d'où  émergent  une  certaine  quantité  de  lignes  courbes  ;  5°  par  une 
sorte  de  swastika  plus  ou  moins  compliqué.  Il  figure  tantôt  seul, 
tantôt  dans  un  cercle  ou  un  ovale,  parfois  entouré  d'étoiles  ou  de 
points,  quelquefois  sur  un  fond  uni  et  quelquefois  au  contraire  sur 
un  fond  de  rayons.  Nous  avons,  en  outre,  trouvé  un  certain  nombre 
de  boutons  sur  lesquels  les  représentations  astrales  sont  intimement 
associées  à  la  fleur,  et  qui  nous  ont  aussitôt  remis  en  mémoire  les 
savants  travaux  de  Soldi  Colbert,  et  notamment  son  chapitre  sur  le 
Temple  et  l'a  Fleur. 

Ainsi  donc,  la  persistance  du  culte  astronomique  se  manifeste 
dans  l'industrie  du  bouton  par  le  choix  du  dessin  sur  un  tiers  des 
documents  étudiés.  Les  étoiles  et  le  soleil  semblent  se  partager  par 
égale  part  les  faveurs  du  public;  le  soleil  enfin  figure  sous  toutes  les 
formes  connues,  depuis  la  plus  simple  —  le  swastika  —  jusqu'à  la 
plus  compliquée  —  le  disque  auréolé  —  en  passant  par  tous  les 
dérivés  intermédiaires  que  peuvent  former  des  rayons. 

Nous  avons  groupé  sur  un  carton  quelques  doubles  de  notre  col- 
lection et  nous  nous  permettons  de  l'offrir  à  la  Société  Préhistorique 
Française  pour  ses  archives  documentaires.  Nous  serions  heureux 
d'entrer,  à  ce  propos,  en  relation  avec  quelque  co-sociétaire  s'occu- 
pant  également  de  questions  analogues. 

M.  Marcel  Baudouin.  —  Il  existe,  en  Poitou,  et  en  particulier 
dans  les  Deux- Sèvres  et  la  région  de  Fontenay-le- Comte  (Vendée), 
un  certain  nombre  de  Collections  de  Bijoux  poitevins  anciens,  où  se 
trouvent  un  certain  nombre  de  Boutons,  du  genre  de  ceux  qui  inté- 
ressent notre  collègue. 

Malheureusement,  ces   collectionneurs   ne   sont  pas,  en  général, 


(2)  Les  fleurs  sont  au  nombre  de  300;  les  dessins  artistiques  ou  géométriques  au 
nombre  de  150  ;  les  portraits  et  figurations  humaines  au  nombre  de  20  ;  les  croix 
et  les  blasons  au  nombre  de  10  ;  il  y  a  80  variétés  de  boutons  unis. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  199 

des  Préhistoriens,  ni  même  des  Archéologues  connus.  —  De  plus, 
ces  Collections  sont  très  difficiles  à  visiter  en  ces  contrées,  où  l'accès 
des  maisons  privées  est  presqu'aussi  difficile  qu'en  Amérique.  — 
Sans  un  voyage  spécial,  il  serait  difficile  de  se  rendre  compte  de  la 
richesse  de  ces  Collections. 


Discussion  sur  les  Haches  Polies 
et  les  Polissoirs. 

M.  A.  Brasseur  (Gournay,  Seine-Inférieure).  —  Dans  l'observa- 
tion faite  à  la  suite  de  ma  note  sur  les  haches  polies,  parue  dans  le 
Bulletin  de  la  Société  Préhistorique  Française  (mars  1915),  il  est  dit 
que  le  polissage  des  haches  se  faisait,  non  pas  dans  une  cuvette  pré- 
parée à  l'avance  sur  un  polissoir,  mais  simplement  sur  une  plaque 
de  grès  à  surface  plane,  et  que  c'est  le  polissage  seul  qui  devait  déter- 
miner la  formation  des  cuvettes  et  des  rainures. 

En  examinant  la  question  de  près,  il  me  semble  que  le  frottement 
d'une  génératrice  de  la  hache  sur  un  polissoir  plan  ne  peut  jamais 
rendre  concave  la  surface  de  ce  polissoir,  en  tant  que  la  force  agis- 
sante est  constante  en  intensité  et  en  direction. 

Si  l'on  dirige  par  exemple  l'un  des  bords  de  la  hache  (la  généra- 
trice de  côté)  suivant  une  droite  préalablement  tracée  sur  le  polissoir 
et  que  l'on  imprime  un  mouvement  de  va-et-vient  à  la  hache  dans  la 
direction  ci- dessus,  en  faisant  varier  l'inclinaison  dans  chaque  mou- 
vement de  va-et-vient  pour  permettre  à  chaque  point  de  la  généra- 
trice de  se  tenir  en  contact  direct  avec  le  polissoir  plan,  on  remar- 
quera que  la  hache,  dans  chacune  de  ses  positions,  ne  peut  avoir 
qu'un  point  de  commun  avec  le  polissoir.  Par  suite  du  frottement  le 
polissoir  se  trouvera  usé  dans  la  direction  parcourue  par  la  hache  et 
ce,  simplement,  sur  une  minime  largeur.  En  sorte  qu'il  y  aura  déper- 
dition de  la  matière,  déperdition  plus  ou  moins  grande  suivant  la 
dureté  de  la  pierre.  Il  se  formera  donc,  à  l'endroit  où  la  hache  a  tra- 
vaillé, une  petite  déformation  ou  rainure,  dont  le  fond  sera  encore 
parallèle  à  la  surface  du  polissoir,  l'usure  étant  partout  uniforme. 
Et,  comme  cette  opération  peut  se  faire  dans  tous  les  sens  en  rayon- 
nant autour  d'un  même  point  du  polissoir,  on  voit  que  la  surface 
après  le  polissage  de  la  hache  restera  plane  quand  même,  et  ne 
pourra  jamais  prendre  la  forme  d'une  cuvette  [Fig.  1  et  2). 

Assurément,  on  pourrait  arriver  à  polir  une  hache  sur  un  polissoir 
plan  ;  mais  quel  temps  faudrait-il  pour  cela  ?  Un  temps  certainement 
fort  long,  dont  on  se  rend  difficilement  compte,  tandis  qu'il  devait  en 


200  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

être  tout  autrement  en  faisant  le  polissage  sur  une  Cuvette,  pratiquée 
à  l'avance  sur  un  polissoir. 

A  cela,  il  convient  de  faire  remarquer  que  le  polissage  devait  se 
faire  sans  que  les  arêtes  soient  préalablement  piquées,  car  il  paraît 
certain  que  ce  piquage  n'a  jamais  eu  lieu  ! 

Certains  préhistoriens,  cependant,  prétendent  que  les  angles  des 
haches  taillées  préparées  pour  le  polissage  étaient  préalablement 
piquées  et  abattues  ;  mais  ce  piquage  ne  paraît  pas  prouvé. 

Ayant  voulu  nous  renseigner  à  ce  sujet,  nous  avons  examiné 
toutes  les  haches   taillées  de  notre  Collection,  au  nombre  de  300, 


Fig.  1.  —  Polissage  des  Haches.  —  Position  de  la  hache  pendant  le  mouvement  de  va- 
et-vient  sur  le  Polissoir  plan.  Position  à  donner  à  la  hache  dans  chaque  allée  et 
venue  sur  le  polissoir.  Ce  polissage  ne  saurait  jamais  être  géométrique.  —1,1,  1,  t, 
Points  de  contact  avec  le  polissoir.  —  K,  abaissement  ou  usure  superficielle,  par  suitn 
du  frottement.  —  M.  N.,  Lieu  géométrique  du  milieu  du  taillant.  —  Ce  polissage 
paraît  seul  pratique. 

Fig.  2.  —  Polissage  sur  Polissoir  concave.  —  Ce  polissage  paraît  être  le  seul  pratique. 


ainsi  que  celles  d'autres  collections  évaluées  à  200  ;  ce  qui  porte  à 
500,  au  moins,  le  nombre  de  haches  visitées.  Eh  bien  !  sur  ces 
500  haches,  pas  une  ne  porte  de  trace  de  piquage.  Il  est  surprenant 
que,  sur  ces  500  haches,  aucune  d'elles  ne  porte  de  trace  de  piquage 
sur  les  arêtes.  Pourtant,  s'il  était  d'usage  de  piquer  les  arêtes  avant 
le  polissage,  il  n'est  pas  possible  que  l'on. ne  rencontre  pas  certaines 
pièces  restées  inachevées.  D'ailleurs,  le  piquage  des  arêtes  paraît 
être  chose  impossible,  et,  en  effet,  le  contact  du  percuteur  sur  une 
arête  de  taille  ne  pouvait  détacher  aucune  molécule  de  silex  par  la 
raison  que  l'angle  formé  par  la  rencontre  de  deux  plans  de  taille 
(angle  dièdre)  est  trop  obtus  et  que  les  deux  côtés  de  l'angle  se 
rapprochent  trop  de  la  ligne  droite. 

Il  n'y  a  donc  pas  lieu  de  supposer  que  l'on  piquait  les  arêtes  des 
haches  en  silex  avant  le  polissage.  Ce  polissage  devait,  selon  nous, 
s'effectuer  dans  des  cuvettes,  préparées  à  l'avance,  sur  de  larges 
dalles  de  grès,  appelées  Polissoirs,  et  ce,  avec  du  grès  et  de  l'eau;  et 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  °20l 

ces  cuvettes  devaient  s'obtenir  par  le  piquage  ou  modelage,  à    l'aide 
d'un  percuteur. 

M.  Marcel  Baudouin.  —  Je  constate  simplement  que  notre  collègue 
admet  ce  que  j'ai  avancé  :  à  savoir  qu'assurément  «  on  pourrait  arriver 
àpolir  une  hache  sur  un  Polissoir plan  ».  Nous  sommes  donc  d'accord  ; 
et,  alors,  il  est  bien  inutile  de  tenter  une  démonstration  scientifique, 
théorique,  pour  soutenir  l'idée  contraire...  Un  fait  d'observation  serait 
plus  probant.  —  Notre  collègue  se  rattrape  sur  le  Temps. 

Or,  s'il  avait  assisté  à  la  séance  de  la  Société  Préhistorique  Fran- 
çaise où  son  travail  a  été  discuté,  il  aurait  entendu  nos  collègues 
A.  de  Mortillet,  Harmois  et  autres,  affirmer  qu'on  peut  faire  une 
hache  polie  en  très  peu  de  temps,  quand  on  a  le  coup  de  main  voulu. 

D'ailleurs,  il  ne  faut  pas  oublier  qu'en  Préhistoire  le  Temps  n'a 
aucune  valeur!  Il  suffit  de  regarder  le  paysan  française  l'ouvrage  — 
à  côté  de  l'ouvrier  américain  —  pour  comprendre  la  portée  de  ce 
dernier  argument... 

J'ajoute  que  les  faits  matériels  cités  par  moi  précédemment  sont 
irréfutables.  Or  ce  qui  se  passait,  pour  les  Polissoirs  en  Silex  et  en 
Quartz,  devait  se  passer  pour  ceux  en  Grès  et  en  Granité,  en  général 
au  moins.  —  Mais  des  exceptions  sont,  certes,  possibles.  —  Reste  à 
les  trouver  ! 

Tout  le  monde  est  d'avis  qu'on  ne  piquait  jamais  les  haches  en 
Silex;  on  les  taillait.  —  On  ne  piquait  que  les  haches  en  roche  dure 
(Diorite,  etc.).  —    Il  ne  faut  pas  confondre. 


rO«X> 


202  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

III.  —  ARTICLES  ORIGINAUX. 


Les  Menhirs  à  Cupules  <lu  Finistère. 

PAR 

G.  GUÉNIN  (Brest,  Finistère). 

A  M.  le  Dr  Marcel  Baudouin. 
I.  —  Le  Menhir  a  Cupules,  christianisé,  de  Plougonvelin. 

A  quelque  distance  de  la  première  maison  du  village  de  Saint- 
Mathieu,  à  moins  de  500  mètres  des  ruines  de  la  célèbre  Abbaye,  se 
dressent,  à  l'intersection  de  la  route  de  Plougonvelin  et  d'un  petit 
chemin  rural  [Fig.  1),  deux  Menhirs,  que  Von  a  christianisés. 

Les  inventaires  de  M.  du  Châtellier  n'en  mentionnent  qu'un  seul; 
et  personne  n'a  jamais  parlé  des  Cupules,  que  l'un  de  ces  méga- 
lithes poj'te  sur  la  face  tournée  vers  YEst .  Je  puis  donc  me  consi- 


fri&ay.  du.  K.et*K<?wa<H> 


WUe 


iig.  1.  —  Situation  des  Menhirs  de  Floi  gonvelin.  —  a,  Menhir, 
b.  région  mégalithique. 

dérer  comme   ayant   découvert    ce    menhir,    aujourd'hui  surmonté 
d'une  croix,  et  placé  à  côté  d'un  autre  mégalithe,  sans  cupules  (1). 

I.  —  Les  deux  Menhirs.  —  à)  On  les  a  surnommés  dans  le  pays  : 
An  diou  groas,  les  deux  Croix;  ou  encore  An  groas  hir,  les  Croix 
longues. 

(1)  Au  commencement  du  siècle  dernier,  ces  deux  Menhirs  avaient  été  déjà 
figurés  dans  le  Recueil  du  Baron  Taylor, 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  203 

Il  ne  semble  pas  qu'à  l'origine,  ces  deux  menhirs  aient  été  dressé 
en  cet  endroit,  parce  qu'aucun  nom  des  parcelles  cadastrales  ne 
permet  de  le  supposer.  Il  existe,  au  contraire,  sur  le  bord  des 
falaises,  à  l'Ouest  de  ces  deux  menhirs,  plusieurs  champs,  où  l'on 
retrouve  les  mots  significatifs  de  Men  (pierre),  sans  qu'il  soit  aujour- 
d'hui possible  d'y  retrouver  la  moindre  trace,  matérielle  ou  légen- 
daire, d'un  Mégalithe  quelconque.  Je  ne  pense  cependant  pas  que 
ces  deux  pierres  aient  été  transportées  de  cette  partie  de  la  pointe, 
parce  qu'elle  est  entièrement  occupée  par  des  Schistes  à  minéraux, 
variés  (Fig.  2),  tandis  que  les  deux  mégalithes  sont  en  Granulite 
granitique.  Comme  la  pierre  est  analogue  à  celle  que  l'on  trouve.au 
village  de  Saint-Merzan  où  des  champs  portent  encore  les  noms 
significatifs  de  parc-armen,  parc-ar- 
men-hir,  etc.,  il  est  assez  vraisem- 
blable que  les  deux  menhirs  ont  dû 
provenir  de  cette  région,  et  qu'ils 
étaient,  à  l'origine,  plantés  à  l'Est 
de  l'endroit  où  ils  sedressent  aujour- 
d'hui. 

A  quelle  époque,  ce  déplacement 
s'est  il  opéré?  Je  ne  puis  le  dire.  •  ^ -j-U«W -- éi' 
Deux  hypothèses  sont  possibles;  mais  '^_  J  *"  t  ■  3,c"v"' 
elles  n'ont  peut-être  pas  grande  va-  Fig.  2.  -  géologie  de  la  région 
leur.  De  deux  choses  l'une  :  ou  bien  aux  Menhirs.  -  m,  Les  Menhirs. 
ce  sont  les  moines  de  l'Abbaye  de  Saint-Mathieu,  postérieure  au 
xie  siècle,  qui  ont  christianisé  ces  deux  menhirs,  en  les  retaillant 
(1),  et  en  les  surmontant  d'une  croix  ;  ou  bien  c'est  au  Père  Le  Nobletz 
(2),  qu'il  faudrait  attribuer  cette  transformation,  qui  ne  daterait  guère 
que  de  la  première  moitié  du  xvne  siècle.  Je  pencherai  plus  volontiers 
en  faveur  de  la  première  hypothèse,  parce  que  les  deux  croix  surmon- 
tant ces  menhirs,  taillés  de  manière  à  ce  qu'elles  s'y  adaptent,  sont 
extrêmement  barbares  et  que  leurs  sculptures,  fort  grossières,  sont 
visiblement  romanes,  usées  d'ailleurs  par  les  intempéries  et  rongées 
de  lichens.  De  plus,  le  Père  Le  Nobletz  fut  toujours  un  grand  des- 
tructeur de  mégalithes  ;  et,  dans  les  traditions  que  j'ai  recueillies  à 
son  sujet,  il  a  bien  ce  caractère,  mettant  en  pièces  toutes  les  pierres 
à  superstitions  qu'il  pouvait  rencontrer!  Enfin,  les  quelques  légendes, 
qui  m'ont  été  racontées  sur  les  Deux  Croix,  ne  parlent  que  de 
l'Abbaye  et  de  ses  moines  !  Ces  derniers  rendaient  la  justice  au  pied 
des  Croix  longues  et  y  pendaient  aussi  les  coupables  :  c'est  la 
légende  des  Gibets-menhirs,  que  l'on  retrouve  dans  tout  le  Finis- 

(1)  L'un  est,  en  effet,  quadrangulaire  et  l'autre  octogonal.  C'est  ce   dernier  qui 
porte  les  Cupules . 

(2)  Son  tombeau  est  au  Conquet,  par  conséquent  non  loin  de  Plougonvelin. 


204  SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

tère,  en  remplaçant  les  moines  tantôt  par  des  Gaulois,  tantôt  par 
des  Seigneurs.  —  Les  Deux  Croix  étaient  encore  les  Pierres  à 
cochons  (?),  marquant  l'endroit  où  les  moines  achetaient  et  vendaient 
ces  animaux,  chers  à  Saint-Antoine.  J'avoue  ne  rien  comprendre  à 
cette  histoire,  que  je  n'ai  pu  davantage  éclaircir. 

On  peut  donc  admettre  qu'à  une  époque  assez  ancienne  et  sans  doute 
romane,  les   moines  de  F  Abbaye  de  Saint-Mathieu  ont  déplacé  deux 
menhirs,  situés  à  Saint-Marzin,  pour  les  amener 
Ji-  auprès  de  leur  abbaye  (1).  Ils  les  ont  retaillés  de 

manière  à  leur  faire  perdre  l'aspect  primitif  et 
rude  quils  pouvaient  avoir  et  les  ont  surmontés 
de  croix,  pour  sanctifier  ainsi  des  pratiques  qu'ils 
n'avaient  pu  déraciner. 


b)  A  l'heure  actuelle,  ces  deux  menhirs, 
situés  à  2in70  l'un  de  l'autre,  sont  très  diffé- 
rents.   Le    menhir    quadr angulaire   est    d'une 

lia .  3 .  —  Disposition  des       .    •     .        1  1  „   •  1  1  • 

Menhirs  i un  par  .ap-      teinte    beaucoup     plus   grise    que    le   menhir 
port  à  l'autre.  —  N,  w,      octoqonal,  plus  jaunâtre. 

E,     Points    Caidinaux.  u  .         ,.,   f  ,  , 

—  i,   ,.e  \ienhn  Sud;  Je  ne  sais  s  il  taut  attacher  quelque  împor- 

-  n,  Le  Menhir  Nord  tance  à  cette  remarque  que  j'ai  eu  l'occasion 
de  faire  plus  d'une  fois,  et  qui  s'applique,  dansla  région,  aux  deux 
menhirs  retaillés  de  Trégana,  à  ceux  du  Trézien,  etc. 

Les  deux  mégalithes  ayant  été  déplacés,  je  n'ai  pas  à  me  préoc- 
cuper de  définir  exactement  l'orientation  qu'ils  peuvent  avoir.  Il  me 
suffira  de  dire  qu'ils  sont  placés  (Fig.  3)  sur  une  ligne  presque 
Nord-sud,  mais  avec  une  légère  inflexion  au  Sud-ouest.  Nord-est. 
Les  côtés  les  plus  larges  sont  actuellement  tournés  à  Y  Ouest  (0ra82  et 
O'^O)  et  au  Nord  (0m44  et  0,n38)..  Les  faces  orientées  au  levant  sont, 
à  peu  de  chose  près,  aussi  larges  que  celles  qui  regardent  le  cou- 
chant (0"76  et  0,n36);  mais  les  cupules  du  menhir  octogonal  se 
trouvent  placées  du  côté  de  YEst  et  c'est  une  disposition  intention- 
nelle, que  Ion  a  du  respecter  {Fig.  4,  5  et  6). 

Quoiqu'il  en  soit,  le  Menhir  quadrangulaire  (n°  1)  a  ces  dimen- 
sions :  largeur:  2m44  Ouest,  0m82;  Nord,  0m44;  Est,  0m76; 
Sud,   0™42;;  Hauteur  :   2  mètres  (croix  0n,70  =  2m70). 

Le  Menhir  octogonal  n°  2  est  un  peu  moins  élevé,  puisqu'il  n'a 
que  0m05  de  moins  (lm95);  mais  sa  croix  est  plus  grande  (0m80),  de 
sorte,  qu'en   fin    de   compte,   il  ne  paraît  guère  plus  imposant.  Le 

(1)  La  juxtaposition  de  deux  menhirs  est  fréquente  et  se  retrouve  à  Landaoudec- 
en-Crozon,  à  Trégana,  à  Locmaria,  à  Trézien,  pour  ne  citer  que  des  endroits  très 
rapprochés  de  Plougonvelin.  A  la  conception  de  deu^  menhirs  juxtaposés,  répond 
encore  l'érection  de  deux  Croix  placée?  Tune  a  côté  de  l'autre  (Plouarzel,  par 
exemple). 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FHANÇA1SE  205 

périmètre  est   au  sommet  de  lm65;  au  milieu,  dans   la  partie  la  plus 


Fig.  4.  —  Les  Menhirs  de  Plougonvehn.    —  Phot.  de   la  Ligne    Est.  —  Vue  des  Cupules 

sur  le  Menhir  du  Nord. 

renflée,  de  i'"92;  à  la    base,    dans  la  section  non  dégrossie,  et  jadis 
enterrée.  2m90  11). 


Fig.  5.  —  Les  Menhirs  de  Plougonvelin.  —  Phot.  de  la  Ligne  Ouest. 

Je  dois  ajouter  que  j'ai  dégagé,  à  la  truelle,  la   base  des  Menhirs, 
placés  sur  une  sorte  de  terlre  rapporté.   Les  deux   Menhirs,   étaient 

(1)  Je  ne  garantis  pas  ce  chiffre  ;  il  se  pourrait  que  je  me  sois  trompé! 


206  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

primitivement  ou  plutôt  autrefois,  au  même  niveau  que  la  route  et 
le  chemin;  des  immondices  ou  des  débris  ont  été  jetés  autour  des 
Menhirs  et  les  ont  enterrés  de  0m20  à  0m30.  Je  ri  ai  trouvé  aucun  bloc 
de  calage  et  ne  crois  pas  qu'il  y  en  ait  eu.  Pour  moi,  ces  deux 
Menhirs  ont  donc  été  posés  sur  le  sol  et  peut  être  consolidés,  en 
les  encastrant  de  quelques  centimètres  sur  le  sol.  Quand  on  a 
rectifié  la  route  et  qu'on  l'a  baissée,  les  deux  Menhirs  ont  paru 
surélevés  par  rapport  à  cette  route.  Ayant  constaté  que  ces  Menhirs 
étaient  posés  sur  le  sol,  j'en  conclus  qu'ils  ont  été  déplacés  ;  mais  je 
n'ai  pas  relevé  exactement,  à  la  boussole,  l'angle  qu'ils  pouvaient 
faire.  Je  ne  puis  donner  de  degrés,  mais  il  me  semble  que  la  ligne 
Nord-est-Sud-ouest  s'infléchit  d'environ  25°  à  30°  sur  la  verticale 
(Fig.3). 

En  résumé,  ces  deux   Mégalithes  sont  tout  à  fait  dissemblables.  Le 
Menhir  quadrangulaire  est  tout  à  fait  régulier  ;  le  Menhir  octogo- 


0.1W     tôt 


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£.  JL. 

F.ig.  6.  —  Forme  et  Dimensions  des   Lechs    de  Plougonvelin.  —  l,  Lech  du  Sud  ;  —  II, 
Lech  du  Nord  à  Sculptures.  —  Echelle  :  1/15  environ. 

naly  malgré  les  retouches  subies,  garde  encore  quelque  chose  de 
sa  barbarie  primitive.  C'est  qu'il  ne  fallait  pas  toucher  aux  Cupules, 
dont  il  me  reste  à  parler  ! 

II.  —  Les  Cupules  du  Menhir  N°  II.  —  a)  Le  premier  groupe. 
—  A  0m15  du  sommet,  se  détache  (Fig.  7)  une  première  cupule 
a,  dont  les  dimensions  sont  en  longueur  (1)  0m055  et  en  largeur 
0m045.  Elle  est  à  0m21  du  bord  méridional,  à  0m12  du  bord  septen- 
trional. Très  régulière,  sa  profondeur  au  centre  n'est  que  de  0m010. 

A  0m14  de  A  et  légèrement  inclinée,  la  cupule  b  se  trouve  à  0m20 
du  bord  méridional,  à  0m15  du  flanc  septentrional,  ses  dimensions 
sont  de  0m050  (longueur),  0m055  (largeur)  et  O^OIS  (profondeur). 

A  0n,07  de  Z>,  une  troisième  cupule  c  estbeaucoup  plus  petite,  puis- 
qu'elle n'a  que  0m04  pour  une  largeur  de  0m045,  avec  une  profon- 
deur insignifiante  (0m005).  Elle  se  trouve  à  0m15  du  bord  sud,  à 
0m20  du  bord  septentrional. 

A  0m07  de  d  est  gravée  la  plus  grande  des  cupules  de  tout  ce  groupe 

(1)  J'appelle  ainsi  le  plus  grand  axe,  et  largeur  le  plu»  petit. 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  207 

(d)  (0m073  longeur  ;  0m080  largeur  ;  0"'012  profondeur),  tout  au  bord 
de  la  Rainure,  qui  part  du  sommet  du  Menhir,  et  l'entoure  de 
manière  à  figurer  plus  ou  moins  grossièrement  une  Empreinte  pédi- 
forme  (1). 

A  0m04  de  d  et  à  0m05  de  c,  il  existe  une  grande  Cavité  pêdiforme 
P1,  à  0,n15  du  bord  méridional,  et  à  0m08  seulement  du  flanc  septen- 
trional. Ses  dimensions  sont  de  0m18  de  longueur,  0™04  de  largeur 
au  talon,  0m06  au  milieu  delà  plante  et  0m025  à  l'extrémité  du  pied, 
où  les  orteils  ne   sont  pas  indiqués.  —  A  0m025  du  talon,  une  petite 


Fig.  7.  —Ensemble  des  Sculptures  du  Menhir  Nord.  —  a  à  x,  Cupules    —  A,  B,  C, 
les  3  Groupes  de  Cupules.  —  Pi,  P2,  P3,  p4,  les  4  Cavités  pédiformes. 

cupule  e  n'a  que  0m032  sur  0m035,  une  profondeur  si  faible   que  je 
n'ai  pu  la  mesurer. 

Une  autre  Cavité  pêdiforme  P2  se  creuse  à  0m035  de  la  cupule  e, 
sa  longueur  est  de  0m15,  sa  largeur  de  0m065  et  0m075  aux  deux 
extrémités  du  pied  (?).  La  profondeur  est  beaucoup  plus  considé- 
rable que  celle  de  la  première  empreinte,  puisqu'elle  atteint  0m023. 


(1)  L'espèce  de  Rainure  pêdiforme,  qui  encadre  le  Menhir,  existe  au-dessous  des 
dernières  Cupules,  mais  extrêmement  dégradée. 


208  SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Cette  cuvette  à  fond  plat,  est  la  plus  profondément  entaillée  de 
toutes  celles  de  ce  premier  groupe. 

Peut-être  convient-il  de  rattacher  à  tout  cet  ensemble  une  sixième 
cupule  /,  gravée  à  0m05  de  la  seconde  empreinte  en  forme  de  pied. 
Ses  dimensions  sont  de  0m032,  0m037  et  0"'011  ;  les  distances  aux 
deux  bords  étant  respectivement  de  0m15  et  0m22. 

En  résumé  ce  premier  groupe  A  a  donc  une  disposition  à  part. 
Il  convient  de  faire  à  ce  sujet  plusieurs  comparaisons,  dont  je  me 
réserve  de  tirer,  plus  tard,  toutes  les  conséquences  nécessaires. 

1°  Toutes  les  cupules  de  ce  groupe,  à  l'exception  de  la  première, 
ne  sont  pas  rigoureusement  circulaires,  mais  légèrement  elliptiques. 

2°  Les  distances  entre  les  cupules  a  et  b,  c  et  d,  d  et  /,  sont  sensi- 
blement égales  ;  ce  qui  ne  doit  pas  être  un  simple  effet  du  hasard. 

3°  La  cupule  d,  la  plus  grande  de  tout  le  système,  semble  se 
détacher  et  précéder  tout  l'ensemble  des  sculptures. 

4°  Les   deux  Cavités  pédiformes,  dont  il   convient  de  remarquer 
u.\b  l'inclinaison  de  l'une  par  rapport 

à   l'autre,    sont    également  figu- 
rées  sur   des    pierres    que    l'on 
trouve  non  loin  de  Plougonvelin. 
Sur  l'un  des  piliers  de  l'Allée 
cl  couverte  de  Kermorvan  (au  Con- 

quet),  il  y  a   deux   Empreintes, 

^^^^S  *'^**J      (*ont l'une   est  allongée  et  l'autre 

/        ^f  f-~™*^"  ^r        beaucoup  plus  petite,  mais  aussi 

plus  profonde.  —  Il  en  était  de 
même  sur  la  Pierre  gravée  de  la 
Vierge,  à  Penhoat  [Fig.  8),  en 
Saint-Coulitz  (1)  (Du  Chat.  Ep. 
préhis.  dans  le  Finist.,  2e  édit., 
p.  174). 

5°  La  disposition  générale  de 
tout  le  groupe  se  retrouve  en  maints  rochers,  aussi  bien  dans  le 
Finistère  qu'en  Suisse,  en  Ille-et- Vilaine  que  dans  l'Illinois.  A 
Dingé  (Ille-et- Vilaine),  à  Grimantz  (Suisse),  à  Naples  (Illinois),  la 
disposition  de  certaines  cupules,  seules  ou  associées  à  des  cavités 
pédiformes,  ressemble  à  s'y  méprendre,  à  ce  premier  groupe  cupu- 
laire  A  du  Menhir  de  Plougouvelin. 


\*&£nar 


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) 


Fig.  8.  -  Les  deux  Pieds  de  la  Vierge,  à 
Saint-Coulitz  (Finistère  et  les  deux  Pieds 
de  l'Allée  couverte  de  Kermorvan  (Finis- 
tère). —  Légende  :  a,  Cavités  ovoïdes  de 
Kermorvan;  —  b,  Cavités  de  Saint  Cou  - 
litz.  —   Echelle  :  1/10. 


b)  Le  deuxième  groupe  de  Cupules .  —  A  dix  centimètres  du  pre- 
mier groupe,  à  0m135  et  0m20  de  chacun  des  bords,  une  première 


(1)  Aujourd'hui  détruite. 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  209 

cupule  g  a  0m05  de  largeur  (1),  0U,048  de  longueur  et  0m012  de  pro- 
fondeur. 

A  0m05  de  g,  la  cupule  h  a  pour  dimensions  0m045  de  large  sur 
0m040  de  long  et  la  profondeur  devient  désormais  insignifiante  avec 
0m005  pour  cette  cupule  et  ses  voisines 

A  0m02  de  h,  la  cupule  i  est  un  peu  plus  élargie,  les  autres  dimen- 
sions restant  les  mêmes  (0m050  larg.,  0'"045  long.,  0m005  épaiss.) 

A  0-10  (2)  de  h,  à  0m06  de  G  et  0m08  de  L,  une  assez  grande 
cupulej  a  0m06  de  large,  0m055  de  long,  mais  toujours  avec  cette 
faible  profondeur  de  0m005. 

A  0'"04  de  J  et  à  0m06  de  /,  la  cupule  K  a  ces  dimensions  : 
0m050  largeur,  0m040  longueur,  0m005  épaisseur. 

L  ressemble  à  K  quant  aux  largeur  et  longueur  (0m05  et  0m04), 
mais  elle  en  diffère  essentiellement  par  sa  profondeur  si  considérable 
deOm012. 

Enfin,  à  0m03  de  K  et  de  L,  il  y  a  une  Cavité  pédiforme  P3, 
longue  de  0m13,  large  de  0ff05  aux  deux  extrémités,  et  de  0m075  au 
milieu,  profonde  de  0m024. 

La  disposition  de  ce  groupe  B  est  donc  celle  d'un  pentagone,  peut- 
être  terminé  par  une  hampe  ;  l'ensemble  se  complète  peut-être  de  la 
Cavité  P3.On  pourrait  presque  faire  la  comparaison  de  cet  ensemble 
avec  celui  de  la  Pira  Martgra,  de  Grimantz  (Suisse),  reproduit  à  la 
page  17  de  l'ouvrage  de  M.  le  Dr  M.  Baudouin  sur  les  Sculptures 
et  gravures  de  Pieds  humains.  Il  se  peut  que  je  découvre,  plus  tard, 
une  disposition  tout  à  fait  analogue  ;  mais,  pour  l'instant,  je  ne  l'ai 
pas. 

c)  Le  troisième  groupe.  —  11  comprend  à  lui  seul  douze  cupules 
ou  empreintes,  les  deux   autres  n'en  ayant  chacun  que  sept  et  huit. 

La  première  cupule  m  est  à  0m06  et  0m30  des  bords  du  menhir,  à 
0m07  de  la  cavité  pédiforme  PK  Elle  est  extrêmement  profonde  (0m02), 
pour  sa  largeur  (0m07)  et  sa  longueur  (0m055) . 

La  cupule  N  à  O^OS  de  P3  est  à  peine  creusée  (0m005),  mais  elle  est 
assez  grande  (0m05  largeur  et  0m045  longueur). 

A  0m07  (3)  de  N,  la  cupule  0  est  tout  à  fait  minuscule  (0m035  lar- 
geur, 0m030  longueur,  0m005). 

Sa  voisine  p,  à  0m045  de  0,  est  un  peu  plus  grande  (0m045  largeur, 
0m045  longueur,  0m005),  mais  absolument  circulaire. 

A  O^Oo  de  p,  q  en  reproduit  toutes  les  caractéristiques  (0m04 
largeur,  0m04  longueur,  0m005). 

(1)  Dimensions  prises  sur  une  ligne  partant  de  la  base  pour  aboutir  au  sommet, 
la  longueur  étant  définie  sur  une  ligne  qui  unit  les  deux  flancs  du  menhir. 

(2)  Il  serait  possible,  à  certains  endroits,  de  remplacer  10  par  11. 

(3)  A  remarquer  la  prédominance  de  ce  chiffre. 

SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE,  \k 


210  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

r  est  de  très  faibles  dimensions  (0m035  larg.,  0m030  long.,  0ra005), 
tandis  que  s,  à  0m08  environ  de  o,  à  0m065  larg.,  0ra060  long.,  et 
0m020  de  profondeur.  C'est  donc  une  Cupule  fort  importante. 

A  0,nll  de  m,  t  a  0m043  sur  0m043  et  0m010,  et,  tout  auprès  d'elle, 
ii,  qui  en  est  à  0"035,  a  comme  dimensions  0m05  larg.,  0m045  long, 
et  0m013. 

La  cupule  v,  à  0m045  de  u,  de  0ra05  larg.  sur  0m045  long,  avec 
une  profondeur  de  0m01,  est  à  0m03  d'une  quatrième  Cavité  pédi- 
forme,  P4. 

Longue  de  0m14,  large  de  0m08,  et  profonde  de  0m034,  cette 
empreinte,  la  plus  profonde  de  toutes,  est  aussi  la  plus  régulièrement 
creusée. 

Enfin,  la  dernière  cupule  x,  à  0m02  de  P4,  a  comme  dimensions 
0m050  larg.,  0m053  long,  et  0m10. 

Ce  troisième  groupe  C  semble  donc  être  circulaire  et  contenir  au 
centre  trois  cupules  disposées  en  triangles.  J'ai  retrouvé  cette  dis- 
position plus  d'une  fois,  et,  notamment  sur  un  pseudo-menhir  à 
Trégon,  en  réalité  l'un  des  piliers  d'une  Allée  couverte,  aujourd'hui 
presque  entièrement  disparue.  Il  est  vrai  que  les  trois  cupules  cen- 
trales étaient  remplacées  par  un  grand  bassin,  de  0m25  de  diamètre. 

Sur  la  dalle  A  de  l'Allée  couverte  de  Kermorvan,  dans  la  partie  infé- 
rieure qui  se  détache  en  relief,  on  retrouve  cette  disposition  cir- 
culaire, mais  avec  deux  cupules  centrales  reliées  entre  elles  par  une 
espèce  de  canal  et  deux  cupules  isolées.  A  la  rigueur,  on  aurait 
ainsi  trois  Empreintes  centrales,  dont  une  double  et  comptée  par 
suite  pour  une  seule.  Ce  qu'il  y  a  de  plus  remarquable  encore,  c'est 
que  cet  ensemble  de  Kermorvan  se  termine  par  une  grande  cavité, 
qui  ressemble  fort  à  lEmpreinte  P4  du  menhir  de  Plougouvelin,  et 
qu'enfin  il  existe,  à  l'extrémité  inférieure  de  la  dalle,  une  paire  de 
Cavités  pédiformes.  —  A  la  partie  supérieure  du  Menhir  de  Saint- 
Urnel,  que  j'étudierai  prochainement  ici,  il  existe  aussi  tout  un 
ensemble  de  cupules,  disposées  en  cercle,  avec  des  Empreintes  cen- 
trales. Ce  n'est  donc  pas  le  simple  effet  du  hasard;  et  l'on  peut  se 
demander  s'il  n'y  a  pas  une  intention  voulue,  que  j'essaierai  de 
découvrir,  lorsque  j'en  serai  aux  conclusions  de  ce  petit  travail. 

Pour  terminer,  je  tiens  à  faire  une  dernière  constatation,  que 
j'estime  être  capitale.  Le  Menhir  de  Plougouvelin  a  23  cupules  et 
4  cavités  pédiformes  ;  le  Fuseau  de  Sainte-Barbe,  en  Ploeven  et  le 
Menhir  de  Saint-Urnel,  en  Plobannalec,ont  également  27  Cupules  ou 
Empreintes.  M.  du  Châtellier  partageait  en  trois  groupes  celles  du 
Mégalithe  de  Saint  Urnel;  le  Fuseau  de  Sainte-Barbe  et  le  Menhir  de 
Plougouvelin  pourraient  être  l'objet  d'une  pareille  division  ternaire 
et  par  suite  intentionnelle. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  211 

3°  Les  Cupules.  —  Si  l'on  dresse  un  tableau  des  27  Cupules  et 
Empreintes  du  Menhir,  il  est  incontestable  qu'elles  se  divisent  en 
trois  groupes  bien  différents. 

Deux    combinaisons    sont    possibles   pour   chacun  de  ces  trois 


»  .S 

W    — ' 

si 

olXft 

g  a 

2§  § 

^p* 

S  c 

J  c 

c 

<n 

a> 

a 

0,045 

0,055 

b 

0,055 

0,050 

c 

0,045 

0,040 

d 

0,080 

0,073 

P1 

0,180 

0,060 

e 

0,035 

0,032 

P'i 

0,150 

0,070 

REMARQUES 


0,010 
0,013 
0,005 
0,012 
0,023 
0,005 
0,023 


Les  Cupules  de  ce  groupe  sont  toutes,  à 
l'exception  de  A,  plus  longues  que  larges  ; 
c'est  ce  qui  permettrait  d'y  comprendre  f. 


k 
l 

P3 


0,037 

0,032 

0,048 

0,050 

0,040 

0,045 

0,045 

0,050 

0.055 

0,060 

0,040 

0,050 

0,045 

0,050 

0,130 

0,070 

0,011    I  B. 

0,012  I  Les  Cupules  de  ce  second  groupe  sont 
0.005  I  moins  longues  que  larges.  —  J'entends  par  lon- 
0,005  l  gueur  une  dimension  prise  sur  une  ligne,  qui 
0,005  /  joint  les  deux  bords  du  Menhir  du  Nord  au 
0,005  l  Sud,  et  par  largeur  une  dimension  prise  sur 
0,012  j  une  ligne  qui  part  de  terre  pour  aboutir  au 
0,024  I  sommet. 


t 

u 
v 

p* 

X 


0,055 
0,045 
0,030 
0,045 
0,040 
0,030 
0,060 
0,043 
0,045 
0,045 
0,140 
0,053 


0,070 
0,050 
0,035 
0,045 
0.040 
0,035 
0,065 
0,043 
0,050 
0,050 
0,080 
0,050 


0,020 
0,005 
0,005 
0,005 
0,005 
6,005 
0,020 
0,010 
0,013 
0,010 
0,034 
0,010 


C. 

Ces  Cupules  ont  la  même  caractéristique 
que  celles  du  groupe  B.  Il  convient  d'y  dis- 
guer  deux  séries  m-s,  et  t-x.  Entre  m  et  s,  il 
n'y  a  que  des  Cupules  à  faible  profondeur 
0m,005,  tandis  que,  de  t  à  #,  elles  ont  toutes 
au  moins  le  double. 


groupes.  Dans  la  première  (A),  chaque  série  se  termine  par  une 
Empreinte  pédiforme  ;  dans  la  seconde  (B),  les  cavités  de  ce 
genre  sont  appareillées  :  ce  qui  semble  beaucoup  plus  rationnel. 

Dans  le  premier  cas,  les  Cupules  seules  sont  au  nombre  de  5,  de  7 
et  de  11,  chiffres  magiques  dont  on  connaît  les  pouvoirs  mystérieux; 
dans  le  second  cas,  elles  sont  deux  fois  au  nombre  de  6,  et  compren- 
nent toujours  le  chiffre  11,  qui  est  celui  des  grands  Alignements. 


212  SOCIÉTÉ  PREHISTORIQUE   FRANÇAISE 

C'est  sur  cette  dernière  remarque  que  je  termine.  L'élude  des 
autres  menhirs  à  cupules,  dont  je  possède  d'excellentes  photogra- 
phies (1),  permettra  de  comparer  les  ensembles  cupulaires  et  d'en 
tirer  certaines  conclusions,  qui  pourront  peut-être  éclairer  cette 
question  si  complexe  du  menhir  et  de  ses  significations.    (A  suivre). 


M.  Marcel  Baudouin.  —  Je  ne  veux  dire  ici  qu'un  mot  sur  la 
direction  relative  des  grands  axes  des  Cavités  pédiformes,  les  uns 
par  rapport  aux  autres.  —  Sur  la  Figure  7  de  M.  Guérin,  il  est 
facile  de  voir  que  les  axes  de  P1  et  P3  sont,  à  peu  près,  parallèles  ; 
que  l'axe  de  P2  sur  P1  est  d'environ  25°  à  30°,  l'angle  étant  à  droite  ; 
que  l'axe  de  P*,  par  rapport  à  ceux  de  P1  et  P3,  reportés  en  P\ 
fait  un  angle  de  30°  environ  avec  eux  ;  mais  ici  l'angle  est  ouvert 
à  gauche. 

Si  les  Pieds  sont  bien  placés,  comme  je  l'ai  prouvé  ailleurs,  sur 
des  Lignes  Solaires,  il  est  facile  de  remarquer  que  cet  angle  de 
30°,  qui  se  répète  deux  fois,  est  Y  Angle  équinoxio-solsticial  ou  Y  Angle 
solsticio-méridien.  Par  conséquent,  les  pieds  P1  et  P3  peuvent  repré- 
senter la  Ligne  équinoxiale  de  l'époque  des  sculptures,  et  P4  et  P2 
les  Lignes  solsticiales  Lever,  Sud  et  Nord,  correspondantes. 

De  plus,  le  Grand  Pied,  formé  par  la  Rainure,  qui  entoure  le 
tout,  a  son  grand  axe  perpendiculaire  aux  grands  Axes  de  P1  et  P3, 
qui  peuvent  être  Yéquinoxiale  ;  par  conséquent,  ce  Grand  Pied,  qui 
englobe  toutes  les  autres  Sculptures,  peut  représenter  aussi  la 
Ligne  Méridienne,  qui  se  trouve  à  90°  sur  la  première. 

Cette  hypothèse  cadre  très  bien  avec  l'idée  Menhir  Statue  du 
Soleil;  mais  elle  cadrerait  aussi  bien  avec  cette  autre  hypothèse 
que  ce  Menhir  est  une  ancienne  Pierre  à  Cupules,  transformée  en 
Menhir. 


(1)  J'étudiai  les  deux  Menhirs  de  Plougonvelin  par  un  temps  abominable;  et  mes 
clichés  s'en  sont  malheureusement  ressentis. 


■      i  —  ■ 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  213 

Curieuse  survivance  des  Flèches 
à  tranchant  transversal. 

Par  le  Dr 
JOUSSET  DE  BELLESME  (Nogent-le-Rotrou,  E.-et-L.). 

Les  Préhistoriens,  qui,  les  premiers,  ont  signalé  l'existence  des 
Pointes  de  Flèches  à  tranchant  oblique  ou  transverse,  ont  dû  certaine- 
ment éprouver  quelque  hésitation. 

L'idée  qu'on  se  lait  d'une  flèche,  instrument  perforant  par  excel- 
lence, semhle  peu  compatible  avec  toute  autre  forme  que  la  forme 
pointue.  Je  me  suis  souvent  demandé,  et  sans  doute  beaucoup  l'ont 
fait  comme  moi,  quels  pouvaient  bien  être  les  avantages  d'une 
semblable  disposition  et  dans  quel  but  l'homme  préhistorique  l'avait 
inventée  !  Il  est  évident  que  la  force  de  pénétration  doit  se  trouver 
fort  amoindrie. 

Il  faut  croire  pourtant  que  cette  arme  avait  de  sérieux  avantages 
car,  chose  vraiment  singulière,  non  seulement  l'Homme  préhis- 
torique s'est  servi  de  la  Flèche  à  tranchant  transversal;  mais  cette 
forme  a  traversé  les  âges  et  a  été  utilisée  à  l'époque  du  métal  et 
même  aux  temps  historiques. 

C'est  par  le  plus  grand  des  hasards  que,  parcourant  certains 
ouvrages  de  la  littérature  sanscrite,  j'ai  constaté  qu'à  des  époques 
de  civilisation  très  avancée  on  employait  encore  cette  forme  préhis- 
torique, dont  l'usage  semble  peu  compréhensible.  Il  faut  donc  en 
conclure  que  ces  flèches  ont  une  action  particulière;  mais  laquelle? 

C'est  ce  que  va  nous  apprendre,  dans  son  poème  du  Ramayana,\e 
célèbre  Homère  sanscrit,  Valmiki. 

Je  me  bornerai  à  quelques  citations  tout  à  fait  caractéristiques.  Il 
est  question  d'une  bataille  terrible,  engagée  entre  les  Aryens  des- 
cendus des  pentes  de  l'Himalaya  pour  conquérir  la  presqu'île  de 
l'Hindoustan  et  l'île  de  Ceylan.  Inutile  de  dire  que  ces  invasions 
historiques  se  déroulent  sous  la  forme  symbolique  de  combats 
contre  les  Démons,  qui  tiennent  sous  leur  dépendance  le  sud  de 
l'Hindoustan  et  l'île  de  Ceylan  (Lanka).  Ces  régions  étaient  occupées 
par  des  populations  barbares  pour  l'infériorité  desquelles  les  Aryens 
avaient  le  plus  profond  mépris  ;  aussi  est-ce  contre  des  Singes  qu'ils 
sont  censé  combattre  !  Puis,  les  ayant  vaincus,  ils  s'en  font  des 
alliés  pour  aller  investir  Ceylan. 

Tome  I  [p.  275] «  ailleurs,  tranchées  par  des  dards  en  forme  de 

croissant,  les  têtes  des  ennemis  tombent  sur  la  terre.  » 

[P.  276} «  le  noble  fils   de  Ragouh  frappa  le  joug  d'un   seul 


2  H  SOCIÉÏÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

dard  et  le  coupa  net  ;  il  trancha  les  cinq  drapeaux,  avec  cinq  traits 
dont  l'armure  imitait  dans  sa  forme  l'oreille  du  sanglier » 

Tome  II  [p.  5i0] «  alors  le  général  des  Rakhsasas  (Démons) 

lui  coupa  de  loin  cette  affreuse  massue   avec  de  grandes  flèches  en 

DEMI-LUNE.    » 

[P.  191] «  muni  de  flèches,  ressemblant  à  des  lunes  demi- 
pleines » 

[P.  219] «  à  l'aspect  de  son  vacillement,   le  magnanime  Rama 

saisit  un  dard  flamboyant  en  forme  de  demi -lune  et  coupa  rapidement 
la  tête  du  souverain  des  Yatavas » 

[P.  261] «  des  flèches  terminées  en  mufles  de  tigre,  de  lion,  en 

gueules  de  loup,  d'hyène » 

[P.  233] «   à  ces   mots,   Rama  saisit  deux  flèches  émoulues  en 

demi-lune  et  lui  trancha  les  deux  pieds » 

Il  est  inutile  de  multiplier  ces  citations  ;  elles  sont  fort  claires. 

Ces  flèches  en  demi-lune  sont  les  flèches  à  tranchant  transversal, 
dont  nous  rencontrons  l'usage  dans  les  temps  préhistoriques.  Elles 
devaient  faire  de  larges  blessures  et  provoquer  probablement,  chez 
les  animaux  atteints,  des  hémorragies  abondantes. 

Il  faut  évidemment  faire  la  part  de  l'imagination  du  poète,  car  il 
semble  impossible  de  faire  voler  une  tête  avec  de  semblables  armes  ! 

Remarquons  aussi  que,  pour  lancer  avec  succès  des  flèches  de  ce 
genre,  il  fallait  déployer  une  force  plus  considérable  que  pour 
envoyer  une  flèche  ordinaire.  A  l'époque  où  les  flèches  à  tranchant 
transverse  ou  oblique  ont  fait  leur  apparition  dans  l'outillage  préhis- 
torique, il  est  donc  certain  que  l'évolution  de  l'arc  était  très  avancée 
et  son  usage  pour  la  chasse  devenu  général.  Il  est  assez  probable 
qu'avec  l'aide  de  ces  engins  un  archer  habile  pouvait  réussir  à 
couper  les  jarrets  d'un  animal  fuyant  devant  lui  et  parvenait  ainsi  à 
l'arrêter  dans  sa  course. 

Ce  qui  est  surtout  remarquable,  c'est  de  constater  la  survivance 
de  cette  arme  qui,  au  premier  abord,  paraît  d'un  usage  tout  à  fait 
problématique. 

M.  Marcel  Baudouin.  —  Les  Flèches  à  tranchant  transversal 
(Fig.  1),  n'ont  pas  dû  être  utilisées  souvent  comme  armes  de  jet, 
c'est-à-dire  en  tant  que  Flèches. 

A.  Elles  ont  dû  servir  au  moins  autant  comme  Tranchets.  On 
en  a  des  preuves  irréfutables. 

1°  En  effet,  on  connaît  de  ces  pièces,  qui  ont  été  trouvées  emman- 
chées en  Tranchets,  et  non  pas  en  Flèches  [Danemark;  Aisne 
(Fig.  2  et  3)  ;  etc.]. 

2°  Ces  tranchets  servaient  surtout  à  la  Décarnisation  des  Cada- 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 


215 


vres  Néolithiques .  Je  l'ai  prouvé  pour  Vendrest,  en  recueillant  parmi 
des  Os  décharnés  (encoches,  stries),  puis  incinérés,  des  Tranchets 
incinérés  en  même  temps  ! 

Cela  explique  leur  grande  abondance  dans   les   Ossuaires  de  la 
Pierre    polie.  Et  je  crois  bien    que   la    fameuse 
pièce  du  baron  de  Baye  n'est  que  le  résultat  d'un 
Accident  de  Décarnisation,  et  non  pas  celui  d'un 
Traumatisme  ante-mortem  (1). 

B.    Ce    qui    est  très  grave  pour  la  théorie  de 
la  Flèche,  c'est  qu  on  nen  a  jamais  encore  trouvé 


Fig.   1.  —   Lame   de  silex.   —    Les  sections  en  A,  B,  C  et  D, 

donnent  une   Flèche,  I;  —    les  sections  en  C,  D,  E  et  F,  une 

autre,  II;  etc.  [Ch.  Schleicherl. 
Fig.  2.  —  Petit  Tranchet  emmanché,  dans  une  gaine  en  corne.de 

Cervidé,    trouvé  à  Montigny-l'Engrain  'Aisne)  par  M.  0.  Vau- 

villé. 
Fig    3.    —  Tranchet  en  silex,  avec  son  manche  de  bois,   lié  au 

moyen  d'écorces,  trouvé  dans  un  tombeau  (Danemark). 


d'emmanché  en  flèche,  tandis  que  je  connais  quatre  emmanchures  (2) 
de  Tranchets  au  moins  [Danemark  et  Pièces  des  Collections  Vau- 
villé  et  Taté] ,  avec  Tranchets  en  place  ! 


(1)  Ce  qui  tendrait  à  le  prouver,  c'est  que  M.  le  baron  de  Baye  a  trouvé,  dans  les 
Grottes  de  la  Marne,  en  même  temps  que  cette  pièce  intéressante,  mais  discutable, 
«  plusieurs  petites  Gaines,  en  corne  de  Cerf,  semblables  à  celle  de  l'Aisne,  et  qui 
ont  été,  évidemment,  employées  comme  manches  »  (Ch.  Schleicher). 

(2)  Trois  ont  été  figurées  par  J.  Déchelette  [Manuel). 


2J6  société  préhistorique  française 


In  nouveau  type  «le  Hache  à  Bouton  : 
La  Hache  à    double  Bouton. 

Par  M.  le  D' 

Marcel  BAUDOUIN  (Paris). 

Découverte.  —  J'ai  l'honneur  de  présenter  à  la  Société  préhisto- 
rique française  un  nouveau  type  de  Hache  à  Bouton,  originaire  de 
Vendée,  que  j'appelle,  jusqu'à  plus  ample  informé  :  Hache  a  double 
Bouton  ou  à  deux  Boutons  surperposés. 

Collection.  —  Je  regrette  de  ne  pouvoir  vous  montrer  cette 
pièce,  très  rare,  —  peut-être  même  unique  !  —  qui  fait  partie  de  la 
splendide  Collection  d'Armes  de  M.  le  comte  Raoul  de  Rochebrune, 
au  Château  de  La  Court,  à  Saint-Cyr-en-Talmondais  (Vendée).  Mais 
voici  un  Décalque  de  cet  objet,  que  j'ai  vu  et  ai  eu  en  mains  :  décal- 
que qui  m'est  adressé,  avec  les  renseignements  d'origine  ci-dessous, 
par  son  heureux  propriétaire,  que  je  suis  heureux  de  remercier  ici 
de  son  importante  communication. 

Origine.  —  Cette  magnifique  Hache  a  été  trouvée,  dans  le  Cime- 
tière, à  Mortagne-sur-Sèvre  (Vendée),  c'est-à-dire  sur  la  rive 
gauche  ou  ouest  de  la  Sèvre-Nantaise,  vallée  où  abondent  les  silex 
importés  du  Grand-Pressigny  (1).  Elle  devait  se  trouver  dans  l'inté- 
rieur du  sol,  et  non  pas  dans  une  Sépulture,  d'époque  historique. 

Mais  il  est  impossible  d'être  absolument  affirmatif  à  ce  point  de 
vue,  faute  de  données  précises. 

Cette  pièce  provient,  au  demeurant,  de  l'ancienne  Collection  de 
M.  le  Marquis  de  Saint- André  (Deux-Sèvres). 

a)  Cette  hache  est-elle  bien  originaire  de  la  Vendée?  N'aurait-elle 
pas,  plutôt,  été  importée,  à  une  époque  plus  ou  moins  reculée,  par 
un  marin  de  ce  pays  de  l'Amérique  centrale  (Guadeloupe  par  exem- 
ple, etc.)  ou  d'ailleurs,  et  jetée  sur  le  sol  ;  ou  même  placée  dans 
un  cercueil  du  cimetière,  de  façon  voulue? 

Il  est  évident  que  ces  hypothèses  ne  sont  pas  absurdes,  vu  le  lieu 
de  trouvaille,  certes  un  peu  isolite,  et  vu  surtout  la  forme  bizarre  et 
inconnue  de  l'objet  !  —  Mais,  cependant,  je  ne  puis  y  croire  et 
accorder  à  cette  manière  de  voir  la  moindre  attention. 

b)  En  effet,  je  ne  connais  aucune  hache   d'Océanie,  d'Afrique  ou 

^1)  Marcel  Baudouin.  —  Les  Silex  du  Grand-Pressigny  en  Vendée.  —  Vf  Congr. 
Préh.  France,  Tours,  1910,  341-376.  —  Tiré  à  part,  Paris,  1911,  in-8«  [Voir#p.  32]. 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  21 7 

d'Amérique  du  Sud,  ayant  cet  aspect  (1)  ;  et,  d'autre  part,  il  y  a 
bien  peu  de  marins  Vendéens  au  long  cours,  originaires  de  la 
vallée  de  la  Sèvre-Nantaise  ! 

Il  faut  renoncer,  je  crois,  de  suite  à  cette  explication  trop  simpliste, 
qui  manque  d'ailleurs  totalement  de  base  (2),  vu  surtout  la  nature 
de  la  roche,  qui  est  bien  typique  et  locale. 

Roche.  —  Elle  est  en  une  roche  «  couleur  café  au  lait  »,  m'a  écrit 
M.  R.  de  Rochebrune.  —  Comme  j'ai  vu  la  pièce,  j'ajoute  qu'elle  a 
une  superbe  patine,  luisante. 

Pour  moi,  il  doit  s'agir  d'une  variété  de  Diorite  ou  peut-être,  à 
ce  qu'il  m'a  semblé,  de  Porphyrite  augitique,  plus  ou  moins 
comparable  à  la  roche  des  Haches  à  bouton  de  la  région  (E.  Char- 
tron,  Luçon). 

Poids.  —  Le  poids  est  considérable  ;  il  atteint  680  grammes  (3). 

Forme.  — a)  Talon.  —  La  forme  de  cette  hache  est  extraordinaire, 
au  niveau  de  son  Talon  (Fig.  1).  —  Il  n'est  pas  possible  de  mieux 
définir  celui-ci  qu'en  disant  qu'il  ressemble  absolument  au  bouton  à 
virole  et  à  gorge  du  Type  I  de  M.  Pitre  de  Lisle  duDreneuc  (4),  sur 
lequel  on  aurait  placé  un  éteignoir,  en  métal,  surmonté  d'un  petit 
bouton  sphérique,  en  forme  de  noisette  ! 

En  somme,  la  tête  du  premier  bouton  s'est  allongée  démesuré- 
ment en  forme  de  cône  ;  et  ce  cône  est  surmonté  par  un  minuscule 
bouton,  bien  arrondi,  sans  virole,  mais  à  gorge  nette. 

b)  Tranchant.  —  La  Hache  est  d'ailleurs  asymétrique  et  son  tran- 
chant est  nettement  oblique. 

Ce  qui  différencie,  en  outre,  cette  pièce  des  haches  à  bouton  ordi- 
naires, c'est  :  1°  cette  obliquité  du  tranchant  (5),  qu'on  n'observe 
presque  jamais,  d'une  façon  aussi  marquée,  sur  les  autres  (6);  2°  sa 

(1)  La  hache  de  Méré-Méré  (Nouvelle-Zélande),  figurée  en  1880  par  Pitre  de 
Lisle  (Planche  II  ;  H),  si  elle  a  un  microscopique  bouton  supplémentaire  à  son 
sommet,  ne  présente  pas  le  long  cône  intermédiaire  entre  les  deux  boutons,  que  je 
signalerai  plus  loin. 

(2)  Fortuné  Parenteau  et  Pitre  de  Lisle  ont  réfuté,  pour  les  haches  à  boutons 
classiques,  cette  théorie,  soutenue,  bien  à  tort,  autrefois  pour  la  Bretagne. 

(3)  Mais  il  y  a  des  Haches  à  bouton  ordinaires  plus  lourdes  !  On  peut,  à  ce  propos, 
citer  celle  de  Yvias  (Côtes-du-Nord),  qui  pèse  853  grammes  et  a  0m225  de  long; 
celle  de  la  Collection  du  Dr  Gobillot  (Vienne),  qui  pèse  plus  d'un  kilog  ,  et  surtout 
celle  du  Marais  de  Goulaine,  au  Musée  de  Nantes,  qui  pèse  2  kg.  540  et  a  0n,350 
de  long  [Pitre  de  Lisle] . 

(4)  Pitre  de  Lisle.  —  Les  Haches  à  tête  de  la  Bretagne  et  du  Bocage.  —  Nantes, 
1880,  in-8«>,  48  p.,  VI  pi.  hors  texte. 

(5)  D'ailleurs,  la  belle  hache  à  bouton  de  la  Vienne  (Coll.  Gobillot)  et  certaines 
de  la  Vendée  ont  un  tranchant  un  peu   oblique. 

(6)  On  peut  le  mesurer  par  l'angle  fait  par  Y  axe  médian  de  la  pièce  et  la  ligne 
de  plus  grande  longueur.  Cet  angle  a  mesure  ici  4°,  au  lieu  d'être  égale  à  0°, 
comme  dans  le  cas  de  tranchant  circulaire  et  non  oblique. 


218  SOCTÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

largeur  inusité  (0n,090);  3°  la  faible  hauteur  du  taillant  proprement 
dit  (0m012  ici). 

Dans  ces  conditions,  cette  pièce,  qui  a  probablement  été  emman- 


Fig.  1.   —   Hache  à  double  Bouton. 

—  Mortagne-sur-Sèvre.  —  Echelle: 
1/2  Grandeur  [D'après  le  Décal- 
que]. 

Légende  :  *  Tr.,  Tranchant;  —  DR, 
hauteur  du  tranchant;  —  F,  Vue 
d'une  Face  ;  -  t  t',  Petit  axe 
transversal  maximum;  —  OM,  Axe 
longitudinal,  perpendiculaire  à  1 1'; 

—  OR,  Axe  longitudinal  maximum 
oblique  ;  —  MOR,  Angle  d'obli- 
quité du  tranchant  (a  —  4°).  — 
B',  Gros  Bouton  ;  —  Gi,  Gorge  sous 
le  bouton  ;  —  AC,  Virole  [Calotte]  ; 

—  B",  Petit  Bouton  ;  —  G", 
2«  Gorge  ;  —  O,  C.  B1,  Cône  surmon- 
tant le  gros  bouton. 


chée  (mais  ce  n'est  pas  sûr  du  tout!)  par  sa  grande  gorge  (G1),  devait 
avoir  le  côté  t'  b',  situé  en  bas  [Fig.  1)  (1). 

Dimensions.  —  Les  dimensions  sont  les  suivantes: 
1°  Longueur  totale  (maximum)  [R.-O.]  =  0m195. 


(1)  Du  Gleuziou  (La  Création  de  l'Homme,  etc.,  Par.,  1887,  p.  373)  a  représenté 
(fig.  234)  des  Haches  polies  ou  Tapai  (Océanie)  et  d'Afrique  (Sénégal)  qui  ont  un 
talon  à  ailettes,  plus  ou  moins  comparables  aux  crêtes  anguleuses  de  certaines 
haches  à  bouchon.  —  Mais  cela  n'a  aucun  rapport  avec  le  double  bouton  de  la 
pièce  ici  décrite. 

En  Amérique  du  Nord,  à  la  Guadeloupe,  etc.,  il  existe  des  haches  dites  à 
gorge,  qui  ressemblent  un  peu  à  nos  haches  à  bouton;  mais  elles  se  distinguent 
nettement  en  ce  sens  que,  dans  ces  outils,  c'est  la  partie  moyenne,  et  non  le 
tranchant,  qui  est  la  plus  large  (Cf.  Morin  Jean,  Arch.  de  la  Gaule,  1908,  p.  125, 
fig.  67).  —  Cette  forme  conduit  en  réalité  à  la  Hache  à  soie  on  pédoncule  d'Asie 
(Tonkin,  Chine,  etc.).  Et  c'est  là  une  toute  autre  idée! 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  21 9 

2°  Longueurs  partielles.  —  Tranchant  —  Gros  Bouton  [R.-A.]  : 
=  0m142.  —  Gros  Bouton  -  Petit  Bouton  [A.-G«]  :  =  0m043.  — 
Cône  intermédiaire  [B*-B«]  =  0m038.  —  Petit  Bouton  [Gn-O.l  : 
=  0m010.  —  Hauteur  du  Tranchant  (maximum)  [R.-D.]  =  0m012. 

3°  Largeur  des  saillies.  —  Tranchant  (maximum)  [t,  tl]  =  0m090. 
—  Petit  Bouton  B11  terminal  (maximum)  =  0m015.  —  Gros  Bouton  B1 
(maximum)  =  0m053. 

4°  Largeur  des  gorges.  —  Gorge  I  =  0m047.  —  Gorge  II  =  0m013. 

Si  l'on  supprimait  par  la  pensée  le  cône  et  le  petit  bouton  sura- 
joutés, on  aurait  une  hache  à  bouton  de  0m147  de  longueur  seulement, 
avec  un  tranchant,  très  large,  de  0m090.  —  D'où  un  Indice  de  Lar- 
geur (Tranchant)  —  Longueur  de  :  90  X  100  :  147  =  61,22. 

Indices.  —  Les  Indices  principaux  de  cette  pièce  sont  les  sui- 
vants : 

Indice  Longueur  (Tranchant)  —  Longueur:  90  X  100:  195  =  46,15. 

Indice  Longueur  (Talon  et  Petit  Bouton)  —  Longueur  :  15  X  100 
:  195  =  75,89. 

Indice  Largeur  (Faux  talon  ou  Gros  Bouton)  —  Largeur  (Tran- 
chant) :  53  X  100  :  90  =  58,88. 

Mode  de  fabrication.  —  On  est  peu  fixé,  malgré  les  expériences 
de  M.  Pitre  de  Lisle,  sur  le  mode  de  fabrication  au  Polissoir  fixe  des 
Haches  à  bouton,  surtout  celles  à  belle  virole  et  à  crête  sur  la 
calotte.  Et  on  se  demande  encore  comment  les  Néolithiques  ont  dû 
s'y  prendre  pour  fabriquer  de  telles  pièces  ! 

Vraiment  je  ne  vois  pas  comment  on  a  pu  faire,  en  travaillant  sur 
un  Polissoir  fixe,  à  Rainures  et  à  Cuvettes  du  type  classique,  pour 
obtenir  une  telle  hache... 

11  y  a  donc  là  un  très  curieux  problème,  que  je  soumets  à  mes 
collègues,  susceptibles  de  répéter  les  tentatives  de  notre  confrère 
Nantais,  à  l'aide  de  petits  Polissoirs  mobiles  et  de  forme  spéciale. 

Il  serait  intéressant,  en  tout  cas,  de  faire  l'inventaire  de  cette 
variété,  très  curieuse,  de  Hache  à  bouton,  dont,  pour  mon  compte, 
je  ne  connais  pas  d'autre  exemple;  et  de  rechercher,  si,  à  l'étranger, 
on  n'a  pas  observé  déjà  quelque  chose  de  semblable. 

Epoque.  —  Mais  cet  objet  est-il  bien  de  l'Epoque  Néolithique, 
comme  les  autres  Haches  à  bouton  de  la  contrée?  —  L'apparente 
difficulté  de  sa  fabrication,  par  les  procédés  en  usage  à  l'âge  de  la 
Pierre  polie,  ne  doit  pas  être  une  raison  absolument  suffisante, 
pour  qu'on  doive  a  priori  le  rejeter  à  l'ère  des  Métaux,  et  en  parti- 
culier à  l'Age  du  Bronze. 


220  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

D'ailleurs,  ses  rapports  de  forme  avec  les  haches  à  bouton  clas- 
siques sont  évidents,  puisqu'il  a  suffi  d'avoir  l'idée  de  transformer  en 
Cône  étiré  la  Calotte,  sphérique,  du  Bouton  typique,  et  d'ajouter 
un  second  petit  Bouton,  pour  obtenir  cette  pièce. 

En  outre,  il  y  a  des  haches  plates  en  pierre  (et  surtout  en 
schiste),  qui  ont  des  Tranchants  aussi  étalés  et  aussi  larges.  J'en  pos- 
sède une  dans  ma  Collection,  qui  vient  de  Saint-Georges-de-Mon- 
taigu  (Vendée),  bourg  assez  voisin  de  Mortagne-sur-Sèvre  d'ailleurs. 

De  plus,  on  ne  connaît  pas,  à  l'âge  du  Cuivre  ou  du  Bronze,  de 
hache,  massive,  de  cette  espèce  même,  sans  trou  central,  et  à  deux 
boutons. 

Concluons  donc  qu'il  s'agit  bien  là  d'une  Hache  de  l'âge  de  la 
Pierre  polie. 

Certes,  O.  Montelius  a  figuré,  pour  la  Suède  et  l'Autriche,  des 
Haches  en  pierre  polie,  terminées  par  un  bouton  typique,  et  indiqué 
que  ces  pièces  étaient  fréquentes  en  Scanie  ;  mais  toutes  possèdent 
un  tranchant  à  cornes  et  un  trou  central,  analogues  à  ceux  des  Casse- 
têtes  ou  des  Marteaux  néolithiques;  et,  de  plus,  aucune  ne  ressemble 
à  la  pièce  de  Mortagne-sur-Sèvre,  qui,  elle,  a  deux  boutons  superposés 
et  pas  de  trou  ! 

De  plus,  il  les  place  à  l'âge  du  Bronze,  sans  dire  au  demeurant 
pourquoi,  alors  qu'il  existe  une  pièce  de  ce  genre  au  moins  en 
Cuivre  pur  (2),  qu'il  a  figuré  lui-même  (Fig.  61  ;  p.  59).  A  mon 
avis,  il  faut  attendre  la  trouvaille  de  telles  pièces  dans  des  sépul- 
tures, bien  datées  (3),  avant  d'être  affirmatif  sur  leur  époque,  car  la 
Hache  en  Cuivre  a  sûrement  été  calquée  sur  une  hache  en  pierre, 
quoiqu'on  en  dise,  et  la  hache  en  bronze  de  Scanie,  à  trou  central  et 
bouton  (Fig.  65  ;  p.  62)  paraît  plutôt  calquée  elle-même  sur  celle  en 
Cuivre  que  sur  celle  en  pierre  de  Scanie. 

Je  maintiens  donc,  jusqu'à  nouvel  ordre,  que  la  Hache  de  Mortagne- 
sur-Sèvre  a  plus  de  chance  d'être  Néolithique  que  de  Y  Age  du  Cuivre 
ou  du  Bronze,  quoique  l'hypothèse  de  Y  Age  du  Cuivre  ne  serait  pas 
pour  me  déplaire,  bien  au  contraire  ! 

Des  Haches  à  bouton  perforées,  surtout  du  type  de  celles  connues 
en  Autriche,  ont  été  trouvées,  en  effet,  dans  une  station  lacustre,  qui 
est  indiscutablement  de  I'Age  du  Cuivre  pur  :  celle  de  Mondsee  (4) 
(District  de  Vôcklabruck),  fouillée  avec  soin  par  le  Dr  Much  (de 

(1)  O.  Montelius.  —  Les  Temps  préhistoriques.  Trad.  S.  Reinach.  —  Paris, 
1895  [Voir  p.  60;  fig.  62  et  63  et  p.  130]. 

(l)  On  sait  qu'il  y  a,  en  Hongrie,  des  Haches  en  Cuivre  de  ce  type  [  J.  Déchelette, 
Man.  d'Arch.  préh.,  t.  II]  ;  mais  celles-ci  n'ont  aucun  bouton! 

(3)  Je  ne  crois  pas  qu'on  ait  fait  déjà  une  telle  trouvaille,  en  effet. 

(4)  R.  Munro.  —  Les  Stations  Lacustres  d'Europe.  Tr.  P.  Rodet.  —  Paris,  1908, 
in-8°  [Voir  p.  168]. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  2*21 

Vienne),  auteur  d'un  ouvrage  connu  sur  l'Age  du  Cuivre  Elles  ont 
été  trouvées  avec  des  Haches  plates,  avec  des  emmanchures  de  ces 
haches,  avec  des  Creusets,  encore  pleins  de  Cuivre  \  II  n'y  a  pas  de 
doute  possible.  Ces  haches  sont  donc  de  Y  Age  du  Cuivre,  et  non  pas 
de  Y  Age  du  Bronze,  comme  on  l'a  dit  jusqu'ici. 

On  a  retrouvé,  d'ailleurs,  le  Bouton  sur  des  objets  spéciaux  de  la 
Station  de  Laibach  (Carniole),  qui  est  aussi  de  Y  Age  du  Cuivre. 

Dans  ces  conditions,  la  Hache  à  double  bouton  de  Vendée  ne 
peut  être  que  de  la  fin  du  Néolithique,  puisqu'elle  n'est  pas  perforée 
et  n'a  pas  de  crête  latérale  sur  les  faces. 

Il  résulte  de  là  que  c'est  bien  la  Bretagne-Vendée  qui  a  inventé, 
la  première,  le  bouton,  et  que  l'Autriche  et  les  pays  du  Nord  ne  sont 
venues  qu'après,  avec  leur  bouton  spécial,  sans  d'ailleurs  avoir 
connue,  très  probablement,  l'originale  invention  des  côtes  de 
l'Océan  vendéen. 

Usage.  —  Cette  pièce  montre  combien  la  théorie  de  M.  Pitre  de 
Lisle  du  Dreneuc,  d'après  laquelle  il  ne  faut  voir  dans  les  boutons 
des  haches  de  ce  type  qu'un  ajutage,  destiné  à  servir  d'ouTiL  a  frap- 
per, c'est-à-dire,  soit  de  Marteau,  soit  de  Casse-tête,  a  peu  de  chances 
d'être  la  bonne. 

Son  bouton  ne  peut-être  en  l'espèce,  vu  sa  petitesse,  qu'un  simple 
motif  de  Décoration,  tout  comme  le  bouton  d'une  calotte  de  manda- 
rin ou  d'un  casque  à  boule! 

Il  est  par  suite,  évident,  que  cette  pièce  n'est  qu'une  Arme  d'hon- 
neur ou  d'Apparat,  et  non  pas  un  Outil,  malgré  son  apparence 
d'aiguisage,  comme  la  plupart  des  autres  Haches  polies.  Et  cette 
remarque  justifie  très  bien  l'hypothèse  d'Armes,  du  même  genre,  pour 
les  splendides  haches,  en  roches  rares,  trouvées  dans  les  grands 
Tumulus  du  Morbihan. 


Sur  quelques  coutumes  locales,  superstitions, 
survivances  antiques,  légendes,  du  Départe- 
ment de  l'Eure. 


Georges  POULAIN  (Eure). 

La  valeur  de  la  Tradition.  —  Ne  dédaignons  point  trop  la  Tradition, 
cet  écho  des  vieux  âges  que  les  générations  nous  ont  légué  ;  et,  si 
quelquefois  sa  naïveté  nous  fait  sourire,  ayons  du  moins  pour  elle 
le  respect  qu'on  doit  aux  vieilles  choses. 


2^52  SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Le  passage  de  la  tradition  à  travers  les  siècles  l'a  souvent 
déformée  ;  mais,  malgré  cela,  il  a  été  maintes  fois  constaté  qu'elle 
contient  généralement  un  fond  de  vérité  et  est  pour  l'historien  ou 
l'archéologue  un  auxiliaire  précieux.  Le  rôle  du  chercheur  ajuste- 
ment pour  but  de  débarrasser  la  tradition  des  apports  légendaires, 
qui  en  ont  déformé  le  vrai  sens. 

L'esprit  populaire  rapporte  généralement  avec  fidélité  ce  qui  lui  a 
été  transmis  par  les  ancêtres  et  ne  cherche  pas  à  élucider  telle 
légende,  dont  la  signification  lui  paraît  douteuse.  Certaines  remon- 
tent à  des  époques  fort  reculées,  quelquefois  même  préhistoriques. 
Remises  en  honneur  par  les  conteurs  du  xvme  siècle,  les  Fées  gau- 
loises sont  ainsi  venues,  dans  la  bouche  de  nos  mères,  bercer  notre 
crédule  enfance. 

Recueillons  donc,  pendant  qu'il  en  est  temps  encore,  ces  vestiges 
du  Folklore  ;  notons  soigneusement  les  coutumes  anciennes,  qui 
sont  presque  toujours  des  survivances  ethniques. 

Cette  méthode,  qui  a  d'ailleurs  été  suivie  par  beaucoup  de  nos 
collègues,  réunira,  dans  nos  Bulletins,  des  matériaux  qui  réjouiront 
les  Folkloristes. 

Survivances  funéraires.  —  Relativement  aux  Abeilles,  la  coutume 
suivante  était  d'un  usage  général  dans  notre  département  et  dans 
toute  la  Normandie;  mais  sa  pratique  variait  un  peu  d'une  localité  à 
l'autre. 

Dans  les  cantons  de  Damville,  d'Evreux,  de  Saint-André,  l'arron- 
dissement de  Pont-Audemer,  lorsqu'un  propriétaire  de  ruches 
mourait,  un  membre  de  sa  famille  annonçait  aux  abeilles  le  décès 
survenu,  car,  faute  de  ce  faire,  elles  devaient  mourir.  Je  me  souviens 
que,  lorsque  décéda  mon  bisaïeul  Jean-Martin  Poulain,  propriétaire 
d'une  petite  ferme  à  l'orée  de  la  forêt  d'Evreux  (Les  Ventes),  sa 
femme  alla  vers  ses  ruches  communiquer  le  malheur  aux  abeilles, 
leur  disant  :  «  Mes  belles,  votre  maître  est  mort  »  ! 

Dans  le  Vexin  Normand,  lors  du  décès  du  chef  de  famille,  on 
attache  encore  à  chaque  ruche  une  loque  noire,  faisant  ainsi,  dit-on, 
porter  le  deuil  aux  abeilles. 

Même  manifestation  dans  quelques  cantons  de  l'arrondissement 
de  Louviers,  notamment  de  Gaillon. 

Aux  environs  de  Rouen,  on  met  aussi  un  ruban  noir  aux  ruches, 
sans  autre  formule  ;  l'étoffe  y  reste  tant  que  dure  le  deuil  de  la 
famille  (1). 

Ceci  n'indiquerait  il  pas  le  reste  d'une  idée  très  ancienne,  signalée 
par  B.  Tylor  (/a  Civilisation  primitive),  à  savoir  que  les  abeilles  sui- 

(1)  Cette  coutume  existe  également  dans  les  départements  de  la  Marne,  Seine- 
et-Marne,  la  Sarthe,  en  Artois,  basse  Picardie,  dans  le  Berry,  etc. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  223 

vraient  l'esprit  du  mort?  En  tout  cas,  on  sait  que,  de  tout  temps,  on 
a  attaché  à  la  vie  de  ces  laborieux  insectes  des  idées  merveilleuses. 

On  admet  généralement  que  les  abeilles  connaissent  très  bien  leur 
maître  et  ne  le  piquent  jamais.  On  sait  aussi  que,  dans  l'antiquité 
romaine,  ces  êtres  gracieux  étaient  tenus  en  honneur  et  le  respect 
superstitieux  dont  le  peuple  les  entourait. 

Virgile  ne  les  a-t-il  pas  louées  magnifiquement  dans  les  Géor- 
giques  ?  Il  a  dépeint  les  mœurs  policées,  le  travail  méthodique,  de 
ces  butineuses  de  fleurs . 

<(  Frappés  des  apparences,  et  d'après  toute  cette  conduite,  dit-il, 
quelques-uns  ont  dit  qu'il  y  avait  dans  les  abeilles  une  parcelle  de  la 
Divinité  (1).  » 

L'Eglise  a  conservé,  à  côté  de  la  grande  idée  chrétienne,  les  rites 
ou  pratiques  cultuelles  locales,  antérieurs  au  christianisme,  dont 
quelques-uns  sont  touchants  et  ne  manquent  pas  d'élévation. 

A  Jumelles,  petite  commune  du  canton  de  Saint-André,  lorsque 
Ton  enterre  une  femme  âgée,  quatre  vieilles  personnes  entourent 
son  cercueil,  en  portant  chacune  un  cierge.  A  l'église,  elle  s'assoient 
de  chaque  côté  de  la  bière,  et  au  cimetière  s'agenouillent  au  bord  de 
la  fosse,  pendant  que  les  assistants  jettent  l'eau  bénite. 

Aux  environs  d  Evreux  et  par  extension  dans  les  cantons  de  Dam- 
ville  et  de  Saint-André,  il  était  d'usage  d'offrir,  à  l'issue  des  inhu- 
mations, un  Déjeuner  aux  membres  de  la  confrérie  de  «  Charité  »,  qui 
avaient  assisté  à  la  cérémonie.  Survivance  des  libations  antiques  des 
funérailles  !  (A  suivre) . 

Marcel  Baudouin.  —  On  trouvera  quelques  données  sur  les  tra- 
ditions relatives  aux  Abeilles  dans  des  notes,  concernant  l'Ouest  de 
la  France,  parues  à  ce  sujet  dans  la  Collection  de  Y  Intermédiaire 
Nantais.  Les  coutumes  citées  existent  en  Vendée.  Voir  aussi 
Int.  des  Cherch.  et  Cur.  [1906,  20  février,  p.  267;  etc.]. 


Hochet  Gallo-Romain  en  terre  cuite. 

PAR 

Eloi  BOURGEADE, 
(Les  Planchettes,  par  Riom-ès- Montagne  Cantal). 

Cet  objet,  des  plus  rares,  provient  de  l'une  des  antiques  et  riches 
Nécropoles  de  l'Aisne,  fouillée  par  des  savants  distingués,  tels  que 
MM.   Pilloy,   Théophile  Eck,   conservateur    du    Musée  de    Saint  - 

(1)  Virgile.  —  Les  Géorgiques,  livre  IV. 


224  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Quentin,  et  notre  éminent  collège  M.  Boulanger  (de  Péronne).  Il  a 
été  trouvé  au  Cimetière  gallo-romain,  de  Sissy  (Aisne),  dont  l'explo- 
ration commença  le  10  décembre  1896  et  prit  fin  le  1er  avril  1897, 
ainsi  que  nous  l'apprend  la  savante  brochure  du  Conservateur  des 
Musées  de  Saint-Quentin  (1). 

Notre  hochet  est  bien  daté  ;  je  n'ai  pour  cela  qu'à  citer  les  quel- 
ques lignes  suivantes  extraites  de  la  brochure  que  je  viens  de  citer. 
«  Quelques-unes  des  sépultures  de  Siss}r  sont  un  peu  antérieures  au 
vie  siècle;  mais,  si  l'on  consulte  surtout  les  monnaies  d'argent  et  de 
bronze,  mises  dans  les  tombes  pour  aider  le  défunt  à  franchir  le 
Styx,  l'on  constate  que  le  plus  grand  nombre  paraît  embrasser  les 
derniers   temps   de   l'empire.  C'est  Théodose,    qui   clôt  la  série.  » 

Il  me  fut  vendu  l'hiver  dernier  par  un  nommé  Amédée,  de  Chauny 
(Aisne),  qui,  en  1896,  fouillait  pour  le  compte  de  M.  Lelaurain,  à  qui 
avait  été  accordé,  au  début,  le  droit  exclusif  de  faire  des  recherches. 
M.  Lelaurain,  habile  fouilleur  paraît-il,  faisait  commerce  de  ses 
trouvailles,  suivant  l'expression  de  M.  Amédée  et  fit  de  mauvaises 
affaires.  M.  Amédée  garda  devers  lui  partie  des  trouvailles. 

La  parfaite  authenticité  de  notre  objet  n'est  pas  douteuse.  L'enquête, 
que  nous  avons  faite  auprès  de  divers  conservateurs  de  musées, 
notamment  à  Saint-Quentin  et  Moulins,  réputés  pour  la  richesse  de 
leurs  collections  céramiques,  ainsi  qu'auprès  des  savants  fouilleurs 
des  antiques  nécropoles  de  la  Somme,  de  l'Aisne  et  de  l'Oise,  que  je 
cite  au  commencement  de  ces  lignes  et  qui  tous  m'ont  répondu 
avec  un  empressement  dont  je  tiens  à  les  remercier  ici,  n'avoir 
jamais  rencontré  dans  leurs  fouilles,  ni  vu,  un  objet  semblable,  ne 
fait  que  confirmer  ma  modeste  opinion,  concernant  la  rareté  de 
l'objet. 

Tout  au  plus  peut-on  faire  un  rapprochement  avec  les  deux  objets 
reproduits  et  décrits  dans  le  Bulletin  de  la  Société  Préhistorique 
Française  (page  559,  année  1911),  conservés  au  Musée  de  Berne 
(Suisse).  Ce  sont4deux  objets  de  Palafittes,  bien  datés,  de  la  fin  de  l'Age 
du  Bronze  et  qualifiés  de  hochets.  —  A  ce  propos,  on  me  permettra 
de  citer  la  remarquable  étude  de  mon  compatriote,  M.  Pagès-AUary 
(de  Murât),  sur  les  Hochets  préhistoriques,  parue  dans  le  Bull,  de  la 
Soc.  Prèhist.  Franc,  (année  1911,  pages  549  et  suivantes),  ainsi  que 
les  notes  de  M.  le  Dr  Charvilhat  (2)  (de  Clermont-Ferrand)  et  de 
M.  le  Dr  A.  Guébhard  (3). 

(1)  Théophile  Eck.  —  Les  Cimetières  Gallo-Romains  de  Sissy  et  de  Berthenicourt 
[Aisne).  —  Paris,  imprimerie  Nationale. 

(2)  Bull,   de  la  Société  Préhist.  Franc. ,  1911,  p.  656  et  suivantes. 

(3)  Dr  A. 'Guébhard.  —  Objet  bizarre  en  terre  cuite.  Bull,  de  la  Soc.  Préh. 
Franc.,  avril  1911,  p.  2k8. —  Objet  énigmatique  trouvé  par  M.  Pagès-AUary.  Bull, 
de  la  Soc.  Préhist.  Franc.,  mai  1911,  p.  310. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  225 

Le  Hochet  de  Sissy  a  la  forme  d'une  petite  sphère,  de  0m05  de 
diamètre,  creuse  à  l'intérieur,  dans  laquelle  sont  renfermées  quatre 
petites  boules.  L'objet  est  orné  de  trois  rainures,  creusées  dans  la  pâte  et 
formant  entre  elles  des  intersections  à  angle  droit:  deux  méridiennes  ; 
la  troisième  rainure  passant  à  l'équateur,  de  ce  fait  elle  est  divisée  en 
huit  parties  égales.  Au  milieu  de  chaque  partie  a  été  pratiqué  un 
trou,  de  même  qu'à  l'intersection  de  chaque  rainure  :  ce  qui  donne 
un  total  de  quatorze  trous,  bien  cylindriques,  et  d'un  diamètre  de 
0m006.  L'épaisseur  de  la  pâte  n'étant  que  de  0m004,  l'objet  semblerait 
assez  fragile  entre  les  mains  d'un  enfant,  s'il  n'y  avait  lieu  de  penser 
qu'il  était,  sans  doute,  revêtu  d'une  enveloppe  protectrice  ajourée, 
de  la  vannerie  par  exemple. 

La  pâte  est  très  noire,  fine,  piquetée  de  quelques  petits  points 
rouges,  sans  engobe,  ni  lustrage.  Peut-être  serait-il  intéressant  d'en 
faire  l'analyse  ?  Il  se  pourrait  que  ce  soit  une  pâte  spéciale  ;  elle 
nous  paraît  bien  ainsi.  Par  l'orifice  des  trous,  on  se  rend  très  bien 
compte  que  l'épaisseur  de  l'argile  est  invariable  sur  tous  les  points 
de  la  sphère.  Par  contre,  il  est  difficile  de  se  rendre  compte  du 
nombre  de  boules  renfermées  ;  elles  sont  difficiles  à  compter. 

Cette  petite  sphère  ne  laisse  nullement  soupçonner  par  quel  pro- 
cédé de  moulage  elle  fut  obtenue.  Est-ce  par  la  réunion  de  deux 
calottes  sphériques?  Dans  ce  cas,  le  cercle  de  soudure  se  trahirait 
par  quelques  bavures  du  raccordement.  Nous  pensons  plutôt  qu'elle 
fut  modelée  autour  dun  noyau  de  matière  organique,  qui  disparut 
au  moment  de  la  cuisson,  fondue  ou  carbonisée  ;  les  petites  boules 
ayant  été  au  préalable  introduites  dans  cette  matière  restèrent 
emprisonnées  dans  la  sphère. 

M.  Marcel  Baudouin.  —  Notre  collègue,  M.  E.  Bourgeade,  ayant 
envoyé  par  la  poste,  à  Paris,  pour  présentation  en  séance,  ce  précieux 
objet,  celui-ci  fut  brisé  pendant  le  transport  postal.  A  la  réception, 
je  constatai  une  cassure,  permettant  de  contrôler  le  contenu  du 
hochet.  Il  est  constitué  par  quatre  petites  boules  sphériques  d'argile 
cuite,  de  couleur  rougeâtre.  semblables  à  des  billes.  Chacune  d'elles 
mesure  0m011  de  diamètre  et  pèse  1  gramme  et  demi.  L'enveloppe 
pèse  à  elle  seule  47  grammes.  Toutefois  une  des  billes,  plus  grosse, 
de  0m013  de  diamètre,  atteint  2  grammes  et  demi,  au  lieu  de  1  gramme 
et  demi.  Poids  de  l'ensemble  des  billes:  7 grammes.  Poids  tolal  de 
la  pièce  intacte  :  54  grammes. 

La  sphère,  vue  par  l'intérieur,  présente  un  petit  rebord  saillant 
tout  autour  des  trous  :  ce  qui  prouve  que  ceux-ci  ont  été  obtenus 
par  refoulement  de  l'extérieur,  sans  doute  avant  l'inclusion  des 
billes.  La  sphère,  épaisse  de  0m004,  en  effet,  à  l'un  de  ses  pôles, 
semble  avoir  été  ouverte,  grâce   à   un  orifice   de  0m015,  qui  ne  fut 

SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE.  15 


226  SOCIÉTÉ    PREHISTORIQUE    FRANÇAISE 

obturé  qu'après  l'introduction  des  billes.  A  l'extérieur,  à  ce  niveau, 
d'ailleurs,  la  surface  est  un  peu  irrégulière  et  trahit  le  manuel  opé- 
ratoire employé. 

L'accident,  si  regrettable,  survenu  à  cette  belle  et  rare  pièce  de 
collection,  a  donc  été  des  plus  utiles  à  la  Science,  et  a  permis  de 
découvrir  le  mode  de  fabrication  ! 

En  ce  qui  me  concerne,  je  dois  ajouter  que  j'ai,  en  1903,  trouvé, 
en  fouillant  Y  Allée  couverte  de  la  Pierrefolle  du  Plessis,  au  Bernard 
(Vendée) (l),deux  billes, très  analogues, sinon  exactement  semblables, 
que  j'ai  ainsi  décrites  autrefois,  après  les  avoir  figurées. 

«  Deux  petites  boules,  paraissant  faites  en  argile  durcie,  sembla- 
bles l'une  à  l'autre.  Leur  diamètre  est  de  0m015  et  leur  poids  de 
4  grammes  (2).  Coloration  gris-foncé.  »  —  J'avais  cru  alors  à  de 
petits  projectiles  de  fronde  ;  mais  j'ai  dû  jadis  me  tromper 

Il  faut  dire,  en  outre,  que  j'ai  reconnu,  depuis  1903,  que  la  Sépul- 
ture par  inhumation,  trouvée  dans  ce  Dolmen,  ne  peut  être  en  réalité 
qu'une  Sépulture  secondaire,  de  I'Age  du  Fer,  et  probablement  de 
l'époque  gallo-romaine.  —  Ce  qui  corrobore  Y  époque  attribuée  à  la 
pièce  de  l'Aisne. 

Dans  ces  circonstance,  ma  découverte  s'expliquerait  assez  bien  par 
l'hypothèse  d'un  objet  analogue,  brisé  en  terre,  mais  prouverait 
alors  que  cette  pièce  appartenait  à  un  Sujet  adulte,  et  non  à  un 
Enfant  !  —  Dans  ces  conditions,  s'agit-il  bien  d'un  véritable  Hochet 
pour  la  pièce  de  l'Aisne?  —  Cela  ne  me  semble  pas  prouvé,  malgré 
tout  ce  qui  a  été  écrit  à  ce  sujet. 

Afarnien  ou  La  Tène  I? 

Par  le  Dr 

O.  GUELLIOT  (Reims,  Marne), 

Président  honoraire  de  la  Société  d' Archéologie  Champenoise. 

Le  Musée  archéologique  de  la  ville  de  Reims,  très  à  l'étroit  au 
second  étage  de  l'Hôtel  de  Ville,  avait  été  transféré,  à  la  veille  de  la 
guerre,  dans  l'ancien  Palais  de  l'Archevêché.  Avec  le  Musée  cham- 
penois d'Ethnographie,  déjà  ouvert,  avec  le  Musée  lapidaire  dont  les 
locaux  étaient  préparés  et  le  Musée  des  Sacres  dans  les  anciens 
appartements  royaux,  il  complétait  un  ensemble,  digne  enfin  de  la 
grande  cité  historique  qui  allait  être  fière  de  son  riche  Musée  rémois. 

Chargé  d'une  installation  qui  s'achevait,  j'avais  dû  procéder  à  la 

(1)  Marcel  Baudouin  et  G.  Lacouloumère.  —  Homme  préhistorique,  Paris,  1904, 
II,  n<>  6.  —Tiré  à  part,  in-8<>,  1904  [Cf.  p.  33  et  fig.  111,  I  et  II]. 

(2)  Ces  p:èces  sont  toujours  dans  ma  collection. 


SOCTÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  227 

répartition,  dans  six  salles  spacieuses,  des  onze  ou  douze  mille 
objets,  que  comprenaient  les  séries  archéologiques  depuis  les  temps 
quaternaires  jusqu'au  moyen  âge.  Puis  il  fallut  songer  à  la  classifi- 
cation et  à  l'étiquetage  de  cette  importante  collection. 

Deux  époques  surtout  étaient  richement  représentées:  la  Gauloise 
et  la  Gallo  romaine. 

Mais  la  première  nous  intéressait  d'autant  plus  que  les  nombreuses 
trouvailles,  faites  sur  la  terre  champenoise,  ont  permis  de  recons- 
tituer toute  une  civilisation,  appartenant  à  cette  phase  de  l'Age  du 
Fer,  dénommée  autrefois  Marnienne  et  plus  généralement  aujour- 
d'hui La  Tène  I. 

Il  m'avait  toujours  paru  juste  — j'allais  écrire  honnête  —  de  con- 
server l'épithète  de  Marnien  ;  elle  rendait  un  hommage  mérité  aux 
fouilleurs  si  actifs  de  la  région  et  reconnaissait  la  part  prise  par 
eux  à  la  connaissance  du  second  Age  du  Fer  (1).  Mais  peut-être 
l'autre  appellation  avait  quelques  avantages  ?  Il  fallait  revoir  ce 
qu'en  ont  écrit  les  archéologues  les  plus  compétents. 

Eh  bien  î  il  est  de  toute  évidence  —  et  je  vais  essayer  de  le 
démontrer  —  que  la  Période  dite  de  La  Tène  I  n'existe  pas,  en  temps 
qu  industrie,  à  la  station  suisse  de  La  Tène  ;  que,  par  conséquent,  cette 
dénomination  est  absolument  injustifiée. 


Jusqu'à  ces  quinze  dernières  années,  la  classification  de  l'Age  du 
Fer,  généralement  adoptée  en  France,  était  celle  de  M.  Gabriel  de 
Mortillet. 

Une  première  période,  premier  Age  du  Fer,  avait  tout  d'abord 
été  individualisée,  comprenant  toute  la  première  moitié  du 
premier  millénaire  avant  l'ère  chrétienne  :  Période  de  Hallstatt, 
Hallstattien.  Elle  tire  son  nom  de  la  Nécropole  de  ce  nom,  en  Tyrol 
autrichien.  Succédant  à  l'Age  du  Bronze  dont  elle  garde,  surtout  à 
son  début,  de  nombreuses  survivances,  elle  constitue,  dans  l'Age  du 
Fer,  une  première  tranche,  sur  laquelle  tout  le  monde  est  d'accord. 

En  1873,  M.  G.  de  Mortillet,  dans  un  Tableau  archéologique  de  la 
Gaule,  établit,  après  le  Hallstattien,  ou  Epoque  des  tumulus,  un 
second  Age  du  Fer  :  Epoque  gauloise,  Marnien  (2). 

Pourquoi  ce  nom  emprunté  au  département  de  la  Marne  ? 

C'est  que,  depuis  longtemps,  il  était  familier  aux  archéologues,  à 
ceux  surtout  qui  s'intéressaient  à  la  Préhistoire.  Dès  1829,  un  officier, 
ingénieur-géographe,  Boulays,  avait  publié  une  note  trop  sommaire 

(1)  O.  Guelliot.  —  Le  Préhistorique,  dans  la  Champagne  rémoise  ;  Reims  en 
1907.—  AFAS,  p.  169. 

(2)  G.  de  Mortillet.  —  Matériaux...  1875,  p.  273  (Comptes  rendus  du  Congrès 
archéologiqu*1  de  1873). 


228  société  préhistorique  française 

sur  une  Sépulture  de  Bergères-les-Vertus  ;  mais  il  l'avait  accompagnée 
d'une  planche,  où  déjà  figurent,  fidèlement  reproduits,  le  torque  à 
torsade,  les  bracelets,  l'épée  à  bouterolle  ajourée,  caractéristiques  de 
cette  période  (1). 

Aux  environs  de  1860,  des  fouilles  actives  avaient  été  entreprises 
aux  environs  du  Camp  de  Châlons,  .sur  l'initiative  de  Napoléon  III, 
puis  du  Musée  de  Saint-Germain,  qui  y  fit  une  belle  récolte.  Enfin  de 
nombreux  archéologues  locaux  vinrent  fournir  leur  contribution  à 
l'étude  de  cette  civilisation  de  la  Gaule  indépendante,  alors  si  peu 
connue. 

En  quelques  lignes,  G.  de  Mortillet  traçait  les  principaux  carac- 
tères de  l'industrie  marnienne  :  épée  pas  très  longue,  fibule  à  pied 
recourbé  en  arc,  poterie  noire,  souvent  décorée,  objets  de  parure 
en  bronze  plein;  et  il  ajoutait  :  apparition  des  monnaies,  parce 
qu'alors  il  conduisait  le  Marnien  jusqu'à  la  conquête  romaine. 

Mais,  vingt  ans  plus  tard,  il  faisait, selon  son  expression,  «  une  nou- 
velle coupe  »  dans  la  classification  admise  jusque  là.  Ayant  remarqué 
qu'à  l'approche  de  l'invasion  romaine  l'industrie  s'était  modifiée,  il 
admit,  entre  le  Marnien  et  ce  qu'il  appelait  le  Lugdunien  (première 
époque  gallo-romaine),  une  nouvelle  phase,  troisième  du  Fer,  le  Beu- 
vraysien.  Ses  caractéristiques  étaient  :  fréquence  de  l'incinération, 
application  du  tour  à  la  fabrication  de  la  poterie,  et  surtout  apparition 
de  la  monnaie.  C'est  l'Epoque  des  Oppida;  elle  va  de  150  ans  environ 
avant  J.-C.  jusqu'à  l'ère  chrétienne. 

A  cette  dénomination,  on  fit  quelques  objections  :  peut-être  le 
choix  de  l'Oppidum  du  Mont  Beuvray  n'était-il  pas  très  heureux;  les 
fouilles  y  révélaient  alors  surtout  des  témoins  de  l'époque  de  l'occu- 
pation romaine.  G.  de  Mortillet  ne  tenait  pas  absolument  au  nom  et 
demandait  qu'on  lui  indiquât  une  autre  station,  purement  gauloise,  de 
la  même  époque  (2).  En  tout  cas  -  et  c'est  l'essentiel  —  un  troisième 
Age  du  Fer  était  déterminé,  dont  les  types  différaient  de  ceux  du 
Marnien. 


Cependant  une  autre  division  de  l'Age  du  Fer,  déjà  admise  à 
l'étranger,  allait  faire  son  apparition  en  France. 

Elle  réduisait  à  deux  les  trois  périodes  de  G.  de  Mortillet. 

Le  premier  Age  du  Fer  gardait  le  nom  de  Hallstalt. 

Tout  ce  qui  suit,  jusqu'à  notre  ère,  s'appelait  désormais  Epoque 

(1)  Boulays.  —  Note  sur  des  ossements  trouvés  auprès  du  village  de  Bergères.  — 
Mémoires  delà  Soc.  roy .  des  Antiquaires  de  France,  T.  VIII,  1829,  p.  311-314, 
Planche. 

(2)  Voy.  cette  discussion  dans  les  Bulletins  de  la  Société  d'Anthropologie,  1894, 
p.  616;  1895,  p.  728;  1896,  p,  597. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  229 

de  La  Tène.  La  station,  qui  servait  de  prototype,  située  sur  le  Lac  de 
Neufchâtel,  avait  été  fouillée,  surtout  depuis  1858. 

En  1867,  en  séance  du  21  février,  M.  de  Mortillet  la  signalait  à 
la  Société  d'Anthropologie,  comme  «  une  intéressante  station  de  l'Age 
du  Fer,  se  rapportant  à  la  civilisation  gauloise  »  et  postérieure  au 
Hallstatt  (1).  La  même  année,  la  collection  Schwab  et  Desor  figu- 
rait à  l'Exposition  universelle.  C'est  encore  M.  de  Mortillet  qui  en 
rendait  compte  et  signalait  la  fibule  caractéristique  de  La  Tène  :  «  La 
tige  se  recourbe  et  vient  se  fixer  au  milieu  de  l'arc;  souvent  le 
retour  ou  bien  le  point  de  jonction  avec  l'arc  est  orné  d'une 
boule  »  (2).  Il  taisait  du  reste  remarquer,  et  avec  juste  raison,  que  la 
collection  Schwab  et  Desor  renfermait  un  mélange  de  dilïérentes 
époques,  allant  même  jusqu'au  mérovingien. 

A  partir  de  1876,  les  fouilles  de  La  Tène  furent  conduites  d'une 
façon  vraiment  scientifique,  surtout  par  la  Société  cantonale 
d'Histoire  de  Neufchâtel  ;  et  les  objets  mis  au  jour  s'accumulèrent 
dans  les  Musées  de  Berne  et  de  Neufchâtel  (3). 

L'archéologue  suédois  Hans  Hildebrand  paraît  avoir  eu  le  pre- 
mier l'idée,  en  1872,  de  faire  de  La  Tène  le  type  de  tout  le  second 
Age  du  Fer  (4).  Mais,  en  somme,  ce  fut  Otto  Tischler,  alors  conser- 
vateur du  Musée  de  Kœnigsberg,  qui  fut  le  promoteur  véritable  de 
la  nouvelle  classification. 

Le  mémoire  qu'il  publia  en  1885,  dans  le  journal  de  la  Société 
allemande  d'Anthropologie,  est  très  court  :  cinq  pages  à  peine,  avec 
une  seule  planche  de  six  figures  (5)  ;  il  n'en  eut  pas  moins  un  grand 
retentissement  ;  nous  devons  nous  y  arrêter  quelque  peu. 

Outre  quelques  considérations  sur  la  décoration  des  armes  à  cette 
époque,  Tischler  établit  une  division  du  second  Age  du  Fer,  ou 
période  de  La  Tène,  en  trois  sous-périodes,  qu'il  appelle  :  Frùh  La  Tène, 
Mittel  La  Tène,  Spàt  La  Tène;  c'est-à-dire:  La  Tène  ancienne,  La 
Tène  moyenne,  La  Tène  récente. 

Il  situe  l'habitat  de  la  première  particulièrement  en  Champagne  ; 
et  cela  nous  intéresse  spécialement:  «  La  plus  ancienne  période 
de  La  Tène  se  trouve  dans  les  grands  cimetières  delà  Champagne,  se 
montre  dans  les  riches  tumulus  du  pays  Rhin-Saar,  traverse  la 
Suisse,  l'Allemagne  du  sud,  la  Bohême  jusqu'en  Hongrie».  Il  indique 

(1)  Bull.  Soc.  Anthrop.,  1867,  p.  125. 

(2)  Matériaux,  1867,  p.  280. 

(3)  Voy.  un  court  historique  des  fouilles  de  La  Tène,  par  H.  Zintgraff  :  Notes  sur 
La  Tène,  dans  Y  Homme  préhistorique,  1907,  p.  225-236. 

(4)  Hans  Hildebrand.  —  Sur  les  commencements  de  l'âge  de  fer  en  Europe. 
Congrès  int.  d'Anthrop.   et  d'arch.  préhist.,  Stockholm,  1874,  p.  592. 

(5)  Tisculer.  —  Ueber  Gliederung  der  La  Tène-Période  und  ueber  die  Dekorirung 
der  Eisenwaffen  in  dieser  Zeit.  —  Correspondenz-Blatt  der  deutschen  Gesellschaft 
fiir  Anthropologie,  Ethnologie  und  Urgeschichle,  Munchen,  oct.  1885,  p.  157-161  et 
Planche,  p.  172. 


230  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

bien  les  deux  grands  foyers,  Champagne  el  sud  de  la  Prusse  rhénane, 
alors  que  cette  civilisation  ne  fait  que  traverser  la  Suisse  (et  pas  à 
La  Tène),  pour  envoyer  quelques  expensions  en  Allemagne  du  Sud 
et  en  Hongrie  ;  il  eut  pu  y  ajouter  l'Italie  du  Nord.  La  Tène  moyenne 
est  surtout  représentée  à  la  station  même  de  La  Tène  ;  quant  à  La 
Tène  récente,  on  en  trouve  les  types  à  Bibracte,  à  Alésia. 

Tout  cela  est  parfaitement  exact,  mais  ne  dit  pas  pourquoi  le  nom 
de  la  station  suisse  est  donné  à  une  industrie,  dont  les  témoins  ont 
été  exhumés  surtout  en  Champagne  et  sur  les  bords  du  Rhin  alle- 
mand ! 

Comme  éléments  de  diagnostic  des  trois  sous-périodes  qu'il  admet, 
Tischler  ne  s'intéresse  qu'à  deux  objets  :  la  fibule  et  l'épée  ;  rien  des 
torques,  ni  des  poteries,  et  pour  cause. 

La  fibule  de  La  Tène  ancienne  est  caractérisée  par  son  extrémité 
recourbée  et  libre  :  comme  type  est  dessinée  une  fibule  de  Cham- 
pagne. L'épée  de  la  même  époque  est  assez  pointue,  à  soie  étroite, 
avec  bouterolle  ajourée;  type  donné  :  épée  de  la  Gorge-Meillet,  donc 
aussi  champenoise  ou  marnienne;  et  Tischler  signale  :  «  Infiniment 
nombreuses  sont  les  armes  dans  les  grands  cimetières  de  la  Cham- 
pagne, où  nous  trouvons  un  peuple  équipé  et  bien  armé.  » 

Epée  et  fibule  de  La  Tène  moyenne  sont  figurées  d'après  des 
spécimens  de  la  station  suisse  ;  l'épée  de  La  Tène  récente  vient 
d'Alésia,  la  fibule,  de  Stradonitz,  en  Bohême. 

On  voit  déjà,  par  cette  courte  analyse  du  mémoire  princeps  de 
Tischler,  que  l'auteur  n'a  trouvé  ses  caractéristiques  de  la  première 
période  de  La  Tène  que  dans  des  objets  d'origine  marnienne. 

Sa  classification  fut  admise  avec  enthousiasme  en  Allemagne,  en 
Scandinavie  et  en  Suisse.  Elle  avait  l'avantage  d'être  simple,  peu 
compliquée  ;  il  suffisait  de  trouver  une  fibule  ou  une  épée  dans  une 
fouille  pour  la  dater  sûrement  ;  il  est  vrai  qu'en  l'absence  de  ces 
objets  la  détermination  devenait  impossible.  Une  autre  raison  qui 
fit  oublier  le  Marnien,  c'est  que  cette  belle  civilisation  champenoise 
de  l'époque  gauloise  n'avait  jamais  été  décrite  avec  quelques  détails. 
Elle  avait  fait  le  sujet  de  nombreux  mémoires  ;  mais,  malgré  les 
efforts  louables  de  quelques  archéologues  (Fourdrignier,  L.  Morel), 
aucun  travail  d'ensemble,  aucune  étude  de  synthèse  n'avait  attiré 
l'attention  du  monde  savant;  peut-être  avait-on  le  droit,  à  l'étranger 
du  moins,  d'en  ignorer  l'importance  et  la  richesse. 

En  France,  les  innombrables  communications,  publiées  dans  les 
Antiquaires  de  France,  le  Bulletin  Archéologique,  à  la  Société  d'An- 
thropologie, à  l'AFAS,  Y  Album  Caranda  de  Moreau,  la  Champagne 
souterraine  de  Morel,  le  Catalogue  du  Musée  de  Saint- Germain  de 
M.  S.  Reinach,  auraient  dû  suffire  pour  éviter  ce  déni  de  justice. 

Mais,  nous  pouvons  l'avouer  aujourd'hui,  on  accueillait  trop  facile- 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTOKIQUE    FRANÇAISE  231 

ment  ce  qui  venait  de  l'étranger;  et  c'était  se  donner  à  soi-même  un 
brevet  d'érudit  que  de  se  montrer  au  courant  de  sa  littérature  et 
d'accepter  sans  contrôle  les  produits  de  la  science  germanique. 

Cependant,  en  1900  seulement,  la  classification  d'Otto  Tischler 
obtint  ses  lettres  de  naturalisation  française  au  Congrès  de  Paris. 
Oscar  Montelius  y  fît,  sur  la  Chronologie  préhistorique  en  France  et 
en  d'autres  pays  celtiques,  une  communication,  dans  laquelle  il  décri- 
vit deux  périodes  de  Hallstatt  et  adopta  les  trois  divisions  de  La 
Tène.  M.  J.  Déchelette  accepta  aussi  la  classification  de  Tischler 
dans  une  Note  sur  V Oppidum  de  Bibracte;  et  M.  Salomon  Reinach  qui, 
depuis  plusieurs  années,  recommandait  cette  façon  de  scinder  l'âge 
du  fer,  fit  très  justement  remplacer  les  expressions  de  La  Tène 
ancienne,  moyenne,  récente,  par  celles  plus  simples  de  La  Tène  I, 

h,  m  u). 

Le  dernier  volume  du  Manuel  d'Archéologie,  de  Joseph  Déche- 
lette, s'intitule  franchement  :  Second  Age  du  Fer  ou  Epoque  de  La 
Tène  (2).  C'est  l'entrée  définitive  dans  la  littérature  préhistorique  de 
la  classification  nouvelle,  à  laquelle  de  hautes  autorités  apportent 
leur  appui  (3);  ce  peut  être  l'oubli  définitif  de  notre  Marnien  ! 

De  fait,  M.  Déchelette  ne  discute  qu'en  quelques  lignes  la  classifica- 
tion de  G.  de  Mortillet  (p.  929);  et,  cependant,  tout  ce  qu'il  dit  de  La 
Tène  I,  dans  son  magnifique  volume,  est  emprunté  aux  travaux  des 
archéologues  champenois,  sauf  quelques  pages  sur  les  stations 
suisses  ou  allemandes.  Avec  sa  probité  de  savant,  il  indique  du  reste 
scrupuleusement  ses  sources;  et,  en  lisant  ces  chapitres  si  docu- 
mentés, on  se  demande  pourquoi  l'archéologue  français  n'a  pas  con- 
servé une  dénomination  que  justifiaient  pleinement  ses  propres 
descriptions  (4). 

Le  vocable  de  La  Tène  I,  au  contraire,  n'a  pas  de  raison  d'être. 

(1)  Congrès  international  d'Anthropologie  et  d'Archéologie,  Paris,  1900,  p,  338, 
350,  418.  —  Citons  cette  phrase  du  travail  de  M.  Déchelette  (p.  426)  :  «  Dans  la  Gaule 
propre,  grâce  à  la  richesse  et  à  l'abondante  variété  des  sépultures  à  inhumation 
de  la  Marne,  la  période  de  La  Tène  I  a  livré  aux  collections  publiques  et  privées 
des  matériaux  d'étude  extrêmement  nombreux.  » 

(2)  J.  Déchelette.  —  Manuel  d'Archéologie  préhistorique,  celtique  et  gallo- 
romaine.  Archéologie  celtique;  troisième  partie  :  Second  Age  du  Fer  ou  Epoque  de  La 
Tène.  —  Paris,  1914. 

(3)  G.  Jullian.  Cours  du  Collège  de  France,  1915.  —  G.  Dottin.  Manuel  pour 
servir  à  l'étude  de  J.  antiquité  celtique,  2e  éd.,  Paris,  1915.  —  Cependant,  dans  ce 
manuel,  on  lit  cette  phrase,  qui  justifie  à  elle  seule  notre  revendication  :  «  Des  deux 
civilisations  auxquelles  on  rattache  les  Celtes,  Tune  [Hallstatt]  semble  avoir  eu 
pour  point  de  départ  l'Europe  Centrale,  d'où  elle  aurait  rayonnée  à  quelque  dis- 
tance à  l'Est  et  à  l'Ouest  ;  Vautre  [La  Tène]  aurait  peut-être  eu  pour  foyer  le 
Nord-Est  de  la  Gaule,  d'où  elle  se  serait  répandue  sur  toute  l'Europe  occidentale, 
orientale  et  septenrionale  »  (p.  425).  —  C'est  moi  qui  souligne. 

(4)  Il  est  regrettahle  que  M  Déchelette  n'ait  pu  constater  sur  place  la  grande 
importance  de  la  période  marnienne,  comme  il  en  avait  du  reste  l'intention  : 
«  Dans  le  tome  II,  je  compte  donner  une  liste  des  principales  nécropoles  ou 
sépultures  marniennes  ou  de  la  Tène.  Il  faudra  pour  cela  que  j'aille  jeter  un 
coup  d'œil  sur  les  collections  de  la  région  rémoise,  énumérées  dans  votre  notice  » 
(Lettre  datée  de  Roanne,  19  mai  1908). 


232  SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Les  preuves  en  sont  fournies  par  les  auteurs  même  qui  ont  publié 
les  travaux  les  plus  complets  sur  la  fameuse  station  du  lac  de  Neuf- 
chatel. 

Presque  en  même  temps,  ont  paru  deux  descriptions,  plutôt  albums 
que  livres,  des  fouilles  de  La  Tène  :  celles  de  Vouga  et  de  Gross. 

Vouga  (1),  dans  ses  vingt  planches,  figure  une  seule  épée  de  La 
Tène  I  (PI.  IV,  Fig.  1),  tirée  du  Musée  de  Berne  et  rien  n'indique 
qu'elle  provienne  de  cette  station,  l'auteur  reproduisant  des  objets 
«  des  stations  analogues  de  Port  et  de  Brûgg  »  (p.  14).  Il  décrit  des 
fibules  en  fer,  quelques  fragments  de  fibules  en  bronze  appartenant 
à  la  seconde  période,  la  moitié  d'un  bracelet.  Il  parle  d'  «  un  seul 
vase  un  peu  complet  »  et  des  monnaies.  Tout  cela  n'a  rien  à  voir 
avec  la  première  période  du  second  Age  du  Fer.  Au  reste,  Vouga 
conclut  :  «  Les  établissements  explorés  jusqu'à  présent  dateraient 
des  deux  premiers  siècles  avant  J.-C.  ». 

Pas  plus  de  La  Tène  I  dans  l'ouvrage  de  Victor  Gross  (2).  Les 
plus  belles  pièces  dessinées  sont  des  épées,  au  nombre  de  trente-deux  : 
une  seule  est  de  La  Tène  I  (Musée  de  Neufchatel)  ;  et,  coïncidence 
bizarre,  elle  occupe  aussi  le  N°  I  de  la  Planche  IV.  Gross  insiste  sur 
la  rareté  des  parures,  note  les  fibules  en  fer,  trois  fragments  de  fibule 
en  bronze,  des  torques  en  fer,  un  seul  en  bronze,  fait  d'un  simple 
fil,  une  moitié  de  torque  d'or,  très  simple,  des  médailles  romaines 
jusqu'au  temps  d'Adrien.  Les  poteries  «  se  réduisent  à  quelques 
tessons  de  couleur  grisâtre  ».  En  somme,  à  La  Tène,  d'après  Gross, 
on  trouve  des  spécimens  de  tout  le  second  Age  du  Fer  (la  première 
période  exceptée),  de  l'époque  romaine  et  même  du  moyen  âge  (3). 

Je  ne  reviens  pas  sur  le  mémoire  de  Tischler  (1885),  qui,  comme 
types  de  La  Tène  I,  donne  des  objets  provenant  des  fouilles  mar- 
niennes. 

En  juin  1914,  les  membres  du  Congrès  international  d'Ethno- 
graphie, réunis  à  Neufchatel,  firent  une  excursion  à  la  station  de  la 
Tène.  A  ce  propos,  un  fascicule  fut  édité.  M.  P.  Vouge  y  conclut  : 
«  La  Tène  n'a  guère  livré  que  des  objets  caractéristiques  de  la 
deuxième  période  ;  sa  durée  maximale  se  trouverait  ainsi  comprise 
entre  250  et  50  avant  J.-C.  »  (4). 

(1)  Vouga.  —  Les  Helvètes  à  La  Tène.  Neufchatel,  1885,  in-4°,  35  p.  et  XX  planches. 

(2)  Victor  Gross. —  La  Tène:  un  Oppidum  helvète.  Paris,  1880,  in-fol.,  62  p.  et 
XIII  planches. 

(3)  Lire  une  curieuse  discussion  sur  des  éperons,  signalés  par  Gross  dans  les 
fouilles  de  La  Tène.  Plus  tard,  Vouga  prétendit  qu'ils  provenaient  d'un  reitre  du 
xve  siècle,  enterré  au-dessus  de  la  couche  historique  ;  Déchelette  les  croyait  au 
contraire  contemporains  des  autres  objets  décrits  et  figurés  par  Gross  ;  et  Four- 
drignier  concluait,  non  sans  raison  :  «  Pour  présenter  une  époque  nettement  définie, 
ce  prototype  (La  Tène)  sera  encore  longtemps  discutable  ».  [Bull,  de  la  Soc. 
préhist.  de  France,  1904,  p.  260]. 

(4)  Les  dernières  fouilles  à  La  Tène.  Neufchatel,  1914,  in-4°(p.  17). 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  233 

Mais  c'est  encore  le  livre  de  M.  J.  Déchelette  qui  va  me  fournir 
mes  meilleurs  arguments. 

Bourré  de  faits  méthodiquement  présentés,  appuyé  de  documents 
puisés  aux  bonnes  sources,  l'ouvrage  du  brave  et  regretté  archéo- 
logue restera  le  livre  de  chevet  des  Préhistoriens  ;  demandons-lui 
des  assertions  et  des  chiffres,  que  personne  ne  contestera 

Dès  le  premier  paragraphe,  l'auteur,  parlant  du  second  Age  du  Fer, 
écrit  :  «  On  désigne  cette  période  par  la  dénomination  d'Epoque  de 
La  Tène  ;  ce  nom  est  celui  d'une  importante  station  du  lac  de  Neuf- 
châtel,  où  les  deux  dernières  des  trois  subdivisions  que  comporte  le 
second  Age  du  Fer  sont  représentées  par  des  trouvailles  particuliè- 
rement typiques  »  (p.  911). 

En  d'autres  termes,  la  première  subdivision,  La  Tène  I,  n'est  pas 
représentée  à  La  Tène.  Et,  de  fait,  énumérant  les  quelques  stations 
suisses  pouvant  appartenir  à  cette  période  (encore  sont-elles  la  plu- 
part à  cheval  sur  la  première  et  la  seconde  périodes),  Déchelette  ne 
cite  même  pas  celle  du  lac  de  Neufchâtel  (p.  1082)! 

Ailleurs,  il  reconnaît  «  l'importance  exceptionnelle  du  départe- 
ment de  la  Marne  »  pour  la  connaissance  de  la  culture  de  La  Tène. 
«  Ce  territoire,  d'une  étendue  restreinte,  a  en  effet  livré  à  ses  explo- 
rateurs d'innombrables  nécropoles,  dont  nous  avons  donné  le 
relevé  »  (1). 

Je  ferai  remarquer  en  passant  que  Marnien  ne  se  restreint  pas 
complètement  au  département  de  la  Marne  :  cette  récente  division 
administrative  n'a  rien  à  voir  avec  une  localisation  delà  civilisation 
protohistorique.  Les  principales  découvertes  ont  été  faites,  il  est 
vrai,  dans  les  limites  de  son  territoire  actuel,  sur  les  bords  de  la 
Vesle,  delà  Suippe,  de  la  Marne  et  de  ses  affluents;  mais  les  Nécro- 
poles le  débordent  au  Nord,  à  l'Est,  surtout.  Il  faut  y  rattacher  les 
régions  limitrophes  de  l'Aisne  et  des  Ardennes.  C'est  à  peu  près  le 
pays  qui,  jadis,  constituait  la  Haute-Champagne  :  ce  que  Grégoire 
de  Tours  appelle  déjà  la  Campania  remensis,  la  Champagne  rémoise, 
par  opposition  à  la  Basse  Champagne,  dont  Troyes  était  la  ville 
principale. 

C'est  dans  cette  zone  de  la  France  du  Nord-est  que  Déchelette  a 
trouvé  matière  à  ses  descriptions  de  La  Tène  I. 

Parle-t-il  des  chars  de  guerre,  exhumés  des  sépultures  ?  Il  en  cite 
vingt-quatre,  dont  vingt-deux  dans  le  pays  marnien  (p.  1023,  1180). 

Décrit-il  les  poteries?  Toutes  sont  marniennes  (p.  1460,  Fig.  659). 

Donne-t-il  le  tableau  des  épées  de  La  Tène  trouvées  en  France? 
Il  arrive  au  chiffre  de  410;  le  bloc  marnien  en  a  fourni  264;  soit 
63  0/0  et  beaucoup  d'autres  sont  des  seconde  et  troisième  périodes 
(p.  1121  et  carte  IV). 

(1)  Voy.    surtout  la  figure  423  et  la  carte,  p.  1060. 


2:J,4  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

Plus  probantes  encore  sont  les  statistiques  données  dans  les 
appendices,  qui  constituent  les  preuves  du  Manuel  (1). 

Appendice  V.  —  Liste  des  Nécropoles  et  sépultures  de  l  époque  de  La 
Tène,  découvertes  en  France.  Total,  380;  Marniennes,  237  :  62,4  0/0. 
Là  encore  sont  mêlées  les  trois  époques  ! 

Appendice  VI.  —  Inventaire  par  tombes  des  objets  recueillis  dans  les 
sépultures  non  tumulaires  de  La  Tène.  Cette  liste  est  très  incomplète; 
elle  ne  porte  que  sur  880  tombes,  alors  que,  dès  1889,  Alex.  Ber- 
trand évaluait  déjà  à  plus  de  6000  celles  qui  avaient  été  fouillées  en 
Champagne,  et  que  M.  Goury,  en  1909,  se  plaignait  du  bouleverse- 
ment de  10,000  sépultures  de  cette  région  «  par  les  vandales  mo- 
dernes ».  Mais  M.  Déchelette  n'a  pu  tenir  compte  que  de  celles  dont 
l'inventaire  a  été  dressé  et  publié.  Eh  bien,  sur  880  tombes,  794, 
plus  de  90  0/0,  sont  marniennes  ! 

Inutile,  semble-t-il,  d'aller  plus  loin  dans  cette  analyse.  Il  est 
évident  que  l'industrie,  la  civilisation  du  début  du  second  Age  du 
Fer,  ne  sont  pas  représentées  à  la  station  de  La  Tène;  il  est  donc 
absolument  illogique  de  leur  en  donner  le  nom,  aussi  illogique  que 
si,  en  vue  d'une  simplification  trompeuse,  on  avait  eu  l'idée  de  com- 
prendre tout  le  Paléolithique  supérieur  dans  l'Aurignacien,  en  don- 
nant les  dénominations  d'Aurignacien  I,  II,  III,  aux  trois  époques 
appelées  maintenant  aurignacienne,  solutréenne,  magdalénienne! 


La  civilisation  celtique  post-Hallstattienne  paraît  s'être  épanouie, 
en  Europe,  surtout  dans  la  France  du  Nord-est  et  sur  les  bords  du 
Rhin  moyen.  Ce  dernier  centre  est  peut-être  plus  riche  en  objets 
d'importation  italo-grecque  et  en  bijoux  d'or  ;  mais  le  premier  est 
beaucoup  plus  complet  dans  la  variété  de  ses  armes,  de  ses  orne- 
ments, de  sa  céramique.  C'est  lui  qui  a  fourni  les  premiers  et  de 
beaucoup  les  plus  nombreux  documents  à  la  reconstitution  de  cette 
période.  Enfin,  il  a  pour  nous  le  mérite  d  être  bien  français;  et, 
puisque  le  vocable  Marnien  a  déjà  sa  signification  connue,  il  est  de 
pure  justice  de  le  conserver  dans  la  classification  du  second  Age  du 
Fer  (2j. 

(1)  Manuel  d'Archéologie...  Appendices  (Supplément),  Paris,  1912. 

(2)  Remarquez  que  les  auteurs  allemands  semblent  ignorer  systématiquement 
les  nombreux  travaux  des  Archéologues  champenois.  Deux  mémoires  relativement 
récents  ont  paru  sur  La  Tène.  Reinecke  [Zur  Kenntniss  der  La  Tènedenkmaler  der 
Zone  nordwàrzt  der  Alpen.  Correspondenz  Blatt...,  1904,  Mttnchen,  1904.,  p.  36  et  41] 
propose  une  période  antérieure  à  La  Tène  I  classique  (de  5C0  à  400),  avec  comme 
caractéristiques  les  fibules  à  masque  ou  à  tète  d'oiseau.  Robert  Beltz  (Die  Late- 
nefibeln.  Zeitschrifft  fur  Ethnologie,  1911,  p.  664  et  carte),  dans  un  important 
mémoire  de  plus  de  150  pages,  ne  cite  pas  davantage  les  nécropoles  ni  les  collec- 
tions de  la  Marne  ;  toute  sa  documentation  est  tirée  des  Musées  de  Suisse  et 
d'Allemagne. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  235 

Qu'on  n'objecte  pas  qu'en  Champagne  il  existe  des  sépultures, 
appartenant  à  d'autres  périodes  de  l'Age  du  Fer.  Le  Hallstatt  y  est 
très  rare;  j'ai  pu  m'en  assurer,  en  revisant  les  dénominations  données 
aux  objets  faisant  partie  du  Musée  de  Reims.  On  l'a  cru  plus  fré- 
quent ;  c'est  que  nos  fouilleurs  se  sont  faits  une  classification  sim- 
plifiée. Pour  eux,  il  y  a  le  Gaulois  de  la  belle  période,  et  l'autre. 
Celui-ci  étant  moins  riche,  moins  travaillé,  on  en  a  conclu  qu'il 
devait  être  plus  ancien  et  on  a  étiqueté  Hallstattiens  des  objets,  au 
contraire,  plus  récents,  appartenant,  en  réalité,  aux  époques  ulté- 
rieures de  l'Age  du  Fer,  si,  du  moins,  on  s'en  rapporte  à  la  classi- 
fication des  fibules  aujourd'hui  admise. 

Par  contre,  plus  souvent,  on  retrouve  des  Sépultures  de  La  Tène  II  : 
c'est  qu'il  n'y  a  pas  de  démarcation  très  nette  entre  cette  période  et  la 
précédente;  la  transition  est  insensible;  et,  si  le  nom  de  La  Tène 
peut  être  conservé  à  cette  phase,  surtout  à  cause  des  épées  aux  four- 
reaux ornementés  si  nombreuses  dans  les  Musées  suisses  (1),  on 
aurait  pu  aussi  bien  imaginer  un  Marnien  II,  suite  normale  et  dégé- 
nérée du  beau  Marnien  ! 


Le  Marnien  a  des  caractéristiques  dont  on  ne  peut  faire  ici  qu'une 
brève  énumcration  (2). 

Sépultures  :  tombes  plates  ;  pas  de  tumulus,  sauf  peut-être  au  début  ; 
inhumation  ;  incinération  très  rare. 

Tombes  à  chars  :  chars  de  guerre,  mors,  phalères  ;  ornements  en 
bronze  découpé,  ajouré,  ornementé;  casques  coniques. 

Epées:  demi  longues,  effilées, à  soie  mince;  lame  à  nervure,  en  fer 
aciéré,  de  bonne  fabrication  ;  bouterolle  adventice  et  ajourée. 

Fibule  à  extrémité  (tête,  pied,  queue,  selon  les  auteurs)  recourbée 
en  col  de  cygne,  avec  bouton  non  adhérent  à  l'arc,  parfois  orné  de. 
corail.  —  Fibules  jumelles  à  chaînette. 

Bracelets  :  ajourés,  segmentés,  à  perles,  à  godrons,  toujours  en 
bronze.  Bracelets  en  jayet. 

Agrafes  :  à  palmettes,  à  griffons. 

Torques  :  en  bronze,  quelquefois  simples  ou  en  torsade,  le  plus 
souvent  à  boutons,  à  tampons,  souvent  massifs  ;  ornements  en  S, 
boules,  rosaces  ordinairement  par  trois .  Ne  se  rencontrent  que  chez 
les  Femmes. 

Boucles  d'oreilles  :  rares:  en  or;  en  nacelle. 

(1)  C'est  l'abondance  de  ces  épées  qui  a  fait  penser  que  La  Tène  était  un  magasin 
d'approvisionnement  (Vouga).  un  poste  d'observation  (Gross),  un  lieu  de  péage 
(Déchelette)  ;  les  armes  s'y  accumulaient  à  titre  de  prélèvements  sur  les  marchan- 
dises et  n'étaient  que  des  articles  d'exportation  d'origine  gauloise.  Encore  une 
raison  pour  chercher  en  Gaule  le  nom  de  la  station-type! 

(2)  Cf.  la  liste  de  La  Tène  I,  dans  Déchelette,  p.  930. 


2j6  société  préhistorique  française 

Céramique  :  très  nombreux  vases.  —  Forme  :  turbinée,  piriforme, 
ovoïde,  sans  anses,  carénée  (Tépaulement  faisant  avec  la  panse 
un  angle  saillant)  ;  gobelets  presque  apodes  ;  quelques  vases  cylin- 
driques (1).  —  Couleur  :  noire  surtout  ;  quelquefois  brune,  comme 
lustrée.  —  Pâte:  fine,  bien  cuite.  —  Décoration:  vases  lisses; 
mamelons  parfois  en  zones  horizontales  ;  décors  incisés,  au 
peigne,  géométriques,  dents  de  loup,  chevrons,  grecques,  vases 
peints  :  rehauts  de  peinture  blanche  et  surtout  rouge  dans  les  inci- 
sures,  zones  plates  en  rouge,  mouchetures,  rinceaux.  Quelques 
représentations  zoomorphiques  (griffons,  chevaux  stylisés),  que 
M.  Déchelette  attribue  au  début  de  cette  période,  ne  sont  peut  être 
que  de  La  Tène  II  (2). 

Cette  céramique  est  donc  des  plus  importantes  et  des  plus  variées  ; 
et  J.  Déchelette  a  pu  écrire:  «  Aucun  groupe  de  nécropoles  celti- 
ques n'a  livré  une  aussi  grande  quantité  de  poteries  que  celles  de  la 
Champagne  et  de  l'Aisne  à  la  première  période  » .  Elle  accuse  un  souci 
de  la  forme,  une  recherche  artistique,  que  l'on  retrouve  plus  accen- 
tués encore  dans  la  belle  métallurgie  du  bronze  ;  les  ornements  en  S, 
les  palmettes,  les  ciselures,  les  ajours,  l'emploi  du  corail,  des  estam- 
pages d'or  sont  les  indices  d'une  culture  déjà  avancée,  de  l'exis- 
tence, en  Champagne,  du  vie  au  me  siècle  de  1ère  ancienne,  d'une 
civilisation  bien  autonome,  en  dehors  de  rares  importations  italo- 
grecques  :  œnochoés,  coupes  à  figures  rouges.  Epées,  poteries, 
parures,  sont  de  fabrication  locale  et  rien  ne  fait  supposer,  quoi- 
qu'on en  ait  dit,  que  le  centre  de  diffusion  de  cette  industrie  ait  été 
le  pays  rhénan  (3)  ! 

Les  limites  du  Marnien  ne  sont  pas  absolument  tranchées  à  ses 
deux  extrémités  chronologiques  ;  à  chaque  pôle,  il  y  a  des  transi- 
tions. Aussi  Reinecke  a-t-il  proposé  d'ajouter  à  la  division  de  Fis- 
chler  une  période  intermédiaire  au  Hallstatt  et  à  La  Tène  I,  caracté- 
risée surtout  par  les  fibules  figurées.  M.  Viollier  va  jusqu'à  diviser 
La  Tène  I  en  trois  phases  :  la  première  répondant  à  celle  de  Rei- 
necke. M.  Goury  a  trouvé  des  objets  de  la  fin  du  Hallstatt  et  du 
Marnien    dans  des   tumulus  du    département   de  la    Marne,  et   se 

\\)  Voy.  une  classification  des  formes  delà  céramique  marnienne  par  le  lieute- 
nant Bérard,  dans  le  Bulletin  de  la  Société  archéologique  champenoise,  1913. 

(2)  Mazaru  \Musée  de  Saint-Germain.  La  Céramique,  1874,  p.  321)  a  insisté 
sur  les  produits  marniens  :  «  Les  poteries  gauloises  sont  encore  réduites  à  des 
types  aussi  simples  que  peu  variés,  lorsque  nous  voyons  surgir  dans  la  Cham- 
pagne une  fabrication  originale,  dont  les  produits  s'accusent  par  des  formes  telle- 
ment caractéristiques,  que  nous  n'hésitons  pas  à  en  faire  le  prototype  de  la  céra- 
mique gauloise  des  derniers  temps  qui  ont  précédé  la  conquête.  »  Ici  une  petite 
erreur  de  chronologie,  qui  s'explique  par  l'absence  de  subdivision  du  second  âge 
du  fer,  il  y  a  un  demi -siècle.  Mazard  dit  encore:  «  La  Champagne  qui,  incon- 
testablement, a  été  le  siège  de  la  fabrication  la  plus  variée  et  la  plus  étendue  en 
Gaule...  » 

(3)  Cf.  C.  Jullian,  Histoire  de  la  Gaule,  II,  p.  317-318. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  237 

demande  si  cette  transition  n'est  pas  apparente  et  ne  résulte 
pas  du  mélange  de  deux  mobiliers,  suite  d'importations  commer- 
ciales (1). 

D'un  autre  côté,  le  Marnien  se  continue  insensiblement  avec  la 
période  suivante,  dite  de  La  Tène  II.  La  vraie  coupure  est  après 
celle-ci,  à  une  date  que  les  archéologues  placent  vers  Tan  150, 
l'an  120  ou  l'an  100.  Elle  correspond  en  réalité  à  l'invasion  des 
Cimbres  et  des  Teutons  et  à  la  victoire  de  Marius  (102  avant  J.-C). 

La  dernière  période,  Beuvraysienne,  La  Tène  III,  ou  Préromaine, 
devrait  être  franchement  séparée  des  précédentes.  —  La  description 
d'ensemble  des  trois  époques,  dans  le  livre  de  J.  Déchelette,  n'est  pas 
sans  entraîner  une  certaine  confusion,  en  obligeant  à  d'incessantes 
parenthèses. 


Je  crois  avoir  le  droit  de  tirer  ces  conclusions  suivantes  des 
considérations  qui  précèdent. 

1°  L'industrie  dite  de  La  Tène  I  n'existe  pas  à  la  station  de  La 
Tène  ; 

2°  Le  nom  de  Marnien,  qui  lui  a  été  donné  dès  1873  par 
G.  de  Mortillet,  doit  lui  être  conservé. 


_a»g-:e    du 

FEE 

III.  Beuvraysien. 

LaTène.      / 

I. 

III.  Préromain   (100  0). 
(Beuvraysien  ;  La  Tène  III). 

II.   Marnikn. 

La  Tène  (250-100). 
(La  Tène  II). 

IL  Marnien  (500-250). 
(La  Tène  I). 

I.  Hallstattien. 

I.  Hallstattien. 

I.  Hallstattien. 
(900-500). 

Et  j'avais  l'intention,  pour  l'instruction  des  visiteurs  et  en  con- 
cordance des  différentes  classifications,  d'étiqueter  nos  collections 
suivant  la  dernière  colonne  du  tableau  ci-dessus. 

(1)  Reinecke,  loc.  cit.  —  Viollier,  AFAS,  Dijon  1911,  p.  636.  -  G.  Gourt,  L'En- 
ceinte .d' H  aulzy  et  sa  nécropole  ;  Nancy  1911,  in-fol.,  107  p.,  IV  planches. 

Le  comte  Beaupré  a  signalé  des  tuuiulus  hallstattiens  avec  sépultures  super- 
ficielles ou  adventices  de  l'époque  marnienne  (Bull.  Soc,  préhisi.,  1904,  p.  311)  ; 
cette  disposition  peut  être  la  source  d'erreurs,  si  la  fouille  n'est  pas  faite  avec 
beaucoup  de  soin. 


£38  SOCIÉTÉ    PRÉHISTOHIQUE    FRANÇAISE 

Les  bombes  incendiaires  des  Allemands  ne  l'ont  pas  permis. 
Le  19  septembre  1914,  avec  la  Cathédrale,  brûlaient  l'Archevêché 
et  les  Collections  ethnographiques  et  archéologiques  qu'il  abri- 
tait (1). 

Il  reste  heureusement,  à  Saint-Germain,  à  Châlons,  à  Londres,  et 
chez  nos  archéologues  marnais,  des  Collections,  suffisantes  pour 
l'étude  complète  de  cette  belle  époque  gauloise.  Le  sol  champenois, 
aujourd'hui  éventré  par  les  tranchées,  réserve  encore  de  nouvelles 
richesses  aux  fouilleurs  de  l'avenir  ;  et,  j'en  ai  la  profonde  convic- 
tion, alors  que  Reims  renaîtra  de  ses  cendres,  le  Musée  rémois, 
effondré  sous  le  sauvage  bombardement,  se  reconstituera  peu  à 
peu,  avec  l'aide  de  tous  les  amoureux  de  la  petite  patrie.  Cela  se 
fera,  parce  que  cela  est  nécessaire  pour  la  gloire  de  notre  cité. 


x*  propos  du  Tableau  de  l'Eglise  Saint-Merri 
et,     de     l'hypothétique    Cromlech    de    Manterre. 

[Note  complémentaire]. 

PAK 

Marcel   HÉBERT  (Paris). 

Parmi  les  observations  qui  me  furent  adressées  à  propos  de  l'ar- 
ticle de  janvier  dernier,  la  plus  intéressante  est,  sans  contredit, 
celle  de  M.  Léon  Germain  de  Mai dy  (Nancy). 

L'érudit  archéologue  m'a  fait  observer  (en  m'envoyant  pièces  à 
l'appui)  que  l'enceinte  des  pierres  qui  entoure  Sainte-Geneviève 
pourrait  bien  être  un  symbole  mystique,  analogue  à  Yhortus  con- 
clusus  (jardin  fermé),  qui  a  joué  un  grand  rôle  dans  l'iconographie 
chrétienne,  au  xv"  et  au  xvie  siècle. 

On  appliquait  à  la  «  Vierge  »  Marie  les  paroles  du  Cantique  des 
Cantiques  :  «  Tu  es  un  jardin  fermé,  ma  sœur,  ma  fiancée,  une 
source  fermée,  une  fontaine  scellée  »  (IV,  12  ;  trad.  Segond).  Ces 
comparaisons  réalistes  du  vieux  chant  d'amour,  purifiées,  idéalisées 
par  les  consciences  mystiques,  devinrent  des  symboles  de  la 
pureté  parfaite  de  la  «  Vierge  »,  des  emblèmes  des  dogmes  de  l'«  Im- 
maculée conception  »  de  Marie  et  de  la  «  conception  virginale  »  de 
Jésus 

On  représenta  donc  Marie  dans  un  jardin  entouré  d'un  treillis, 
ou  d'un  clayonnage,  une  palissade,  une  muraille.  On  trouvera,  par 
exemple,  YHortus   conclusus  clôture    rectangulaire  en  treillis,  dans 

(1)  A  l'ancien  fonds  du  Musée,  s'étaient  joints,  dans  la  section  gauloise,  les 
produits  des  fouilles  Orblin  et  Logeart,  la  collection  Goyon,  la  belle  collection  Bos- 
teaux-Paris.  —  L'ensemble  marnien  comprenait  approximativement  :  80  épées, 
200  fibules,  250  bracelets,  150  torques,  600  vases. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  239 

MA  le,  L'art  religieux  de  la  fin  du  moyen  âge,  p.  230  (Vhorlus  est 
représenté  près  de  la  Vierge,  avec  d'autres  symboles);  clôture  palis- 
sade (Paul  Lacroix,  cité  plus  loin)  ;  clôture  en  clayonnage  (Maury, 
Revue  archéologique,  1844,  Planche  XIV)  ;  clôture  mur  rectangu- 
laire crénelé  (A.  Michel,  Histoire  de  Y  Art,  Tome  III,  l,e  partie, 
p.  249,  Fig.  138)  ;  clôture,  mur  circulaire  crénelé,  véritables 
murailles  (Revue  de  l'art  chrétien,  1888,  La  Légende  de  la  Ià- 
corne(Y),  p.  16,  Planche  III)  ;  mur  circulaire  crénelé  de  très  petites 
dimensions  (Paul  Lacroix,  Les  Arts  an  moyen  âge  et  à  la  Renais- 
sance, p.  477,  Fig.  344).   Voici  l'esquisse  de  ce    dernier  spécimen, 


Fig.  1.  —  L'Hortus  conclusus  de  la  a  Chasse  à  la  Licorne  »  [xvie  s.]. 

provenant  de  la  Bibliothèque  de  Rouen,  et  datant  de  la  première 
moitié  du  xvie  siècle  ;  je  dois  ce  schéma  (Fig.  1)  à  l'obligeance  de 
notre  collègue,  M.  Maurice  Garnier. 

Il  s'agit,  dans  cette  représentation,  d'une  «  chasse  à  la  licorne  », 
symbole  qui  eut  grand  succès  dès  le  xv*  siècle  :  la  licorne,  animal 
fabuleux,  passait  pour  ne  pouvoir  être  capturé  que  par  une  vierge. 
La  licorne,  chassée  par  l'ange  Gabriel  et  se  réfugiant  dans  le  sein  de 
Marie,  c'est  l'image  du  Verbe  divin  s'incarnant  en  Marie  au  moment 
de  l'Annonciation. 

(1)  Cf.  aussi  L.  Germain  de  Maidy.  —  La  chasse  à  la  Licorne  et  l'Immaculée 
conception  (Plaquette,  extrait  du  journal  V Espérance,  Nancy,  1897); —  A.  Blanchet, 
Sur  une  plaquette  représentant  le  jugement  de  Paris  et  V Annonciation,  dans  Bulle- 
tin des  Musées,  Juin- septembre  1893;  — A.  Hurel,  La  Vierge  et  les  palinods  du 
moyen  âge,  dans  Annales  archéologiques  de  Didron,  Tome  XXI  (1861); —  et  l'article 
Licorne  du  Dictionnaire  de  la  Bible  (Letouzey). 


240  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

L'enceinte  préservatrice,  symbole  de  la  virginité  inviolée,  passa 
de  la  Vierge  Marie  à  d'autres  vierges.  Ainsi,  l'on  trouvera  dans 
Les  Arts  au  moyen  âge  et  à  la  Renaissance,  de  Paul  Lacroix  (Didot, 
1869,  p.  311,  Fig,  240),  Sainte  Catherine,  Sainte  Barbe,  Sainte  Mar- 
guerite et  une  quatrième  sainte,  dont  je  n'arrive  pas  à  déchiffrer  le 
nom,  associées  à  Marie  et  enfermées  toutes  cinq  dans  un  Hortus 
conclusus  à  palissade  (Cette  estampe  date  de  1418;  Bibliothèque 
royale  de  Bruxelles). 

Bien  plus,  on  gratifia  de  l'enceinte  protectrice  de  simples  per- 
sonnifications :  la  Liberté  hollandaise,  par  exemple  (1),  pour  symbo- 
liser l'inviolabilité  des  droits  qu'elle  représentait. 

Rien  d'étonnant  donc  si,  à  la  Renaissance,  nous  trouvons  Sainte 
Geneviève  dans  une  sorte  d' hortus  conclusus  (2).  L'objection  qui  me 
vint  de  suite,  c'est  que  Yhorius  n'est  pas  conclusus  ;  les  pierres 
fichées  ne  se  touchent  point  ;  elles  sont  plantées  à  une  certaine  dis- 
tance l'une  de  l'autre. 

A  cette  difficulté,  M.  Germain  de  Maidy  répond  : 

Ce  n'est  pas  là,  en  effet,  un  véritable  hortus  conclusus.  Le  peintre, 
ou  celui  qui  avait  donné  la  commande  au  peintre,  aurait  eu  plutôt 
l'intention  d'entourer  Geneviève  d'une  de  ces  enceintes  mystérieuses 
dont  l'origine  se  perd  dans  la  nuit  des  temps  préhistoriques  et  aux- 
quelles le  peuple  accordait  sans  doute,  comme  aux  haches  de  pierre, 
un  caractère  sacré,  une  vertu  talismanique.  Surtout  s'il  se  les 
représentait  hantées  par  les  esprits  qui,  rendant  leurs  abords  dan- 
gereux et  redoutables,  les  transformaient  en  inexpugnables  cita- 
delles. 

L'hypothèse  de  M.  Germain  de  Maidy  a  l'avantage  d'être  un  inter- 
médiaire entre  les  deux  thèses  opposées  :  il  ne  s'agit  point  d'un  crom- 
lech réel,  mais  d'un  cromlech  mystique  ;  les  vieilles  croyances  rela- 
tives aux  cromlechs  joueraient  donc  réellement  un  rôle  dans  la 
scène  représentée  à  Saint-Merri. 

Il  reste  toujours  possible,  d'ailleurs,  qu'il  n'y  ait  eu  là  qu'une 
fantaisie  du  peintre  ;  il  aurait  trouvé  peu  esthétique  le  petit  mur 
crénelé  et  l'aurait  remplacé  par  un  dispositif  plus  rustique  et  plus 
pittoresque,  que  l'on  aurait  ensuite  plus  ou  moins  imité  au  Pèlera 
nage  de  Nanterre. 

Un  bon  texte  d'archives  trancherait  seul  définitivement  la  ques- 
tion. Le  notaire  de  Nanterre,  à  qui  je  me  suis  adressé,  n'a  pu  me 
procurer  aucun  document. 

(1)  Représentation  présumée  de  Jeanne  d'Arc  sur  une  plaque  de  foyer:  par  L.  Ger- 
main de  Maidy.  Anvers,  De  Backer,  1900;  figure  2. 

(2)  J'ai  cherché  en  vain  la  gravure  que  mentionne  le  P.  Cahier  (Gfr.  mon  arti- 
cle de  Janvier,  p.  56);  la  muraille  dont  il  parle  ne  serait-elle  pas  une  de  ces  encein- 
tes mystiques  ? 

-a» 


SÉANCE  DU  27  MAI   1915 


Présidence  de  M.  LE  BEL. 

PROCÈS-VERBAL    DE    LA     SÉANCE. 


La  Séance  est  ouverte  à  4  heures,  sous  la  Présidence  de  M.  Le  Bel, 
Vice-Président. 

Il    est    donné    lecture    du   procès-verbal    de    la    dernière    séance 
(25  mars  1915),  qui  est  approuvé. 

A   propos    du    procès-verbal,     note    de    M.    Jacquot    (Grenoble). 
[Voir  plus  loin]. 

Correspond  an  ce. 

Lettres  d'Excuses  et  de  Condoléances.  —  MM.  le  Dr  A.    Guébhard; 

—  A.  Viré  ;  —  Gh.  Schleicher;  —  Thiot  ;  —  Dr  Atgier  ;  —  Edmond 
Hue. 

Lettres  d'Avis.  —  M.  E.  Passemard  ;  —  Ph.  Reynier;  —  A.  de  la 
Grancière;  —  B.  Reber;  —  Trassagnac;  —  G.  Cotte; —  Kessler  ; 

—  Gloutrier. 

Bibliothèque. 

La    Société  Préhistorique  Française  a  reçu  les  Ouvrages  suivants  : 

Ballet  (Dr).  —  La  Parure  aux  époques  paléolithiques  anciennes  [Extr.  Bull. 
Soc.  Préh.  Franc.,  Paris,  1915,  25  février].  —  Le  Mans,  1915,  in-8°,  12  p. 
6  fig.  et  3  planches. 

Westropp  (Thomas  Johnson).  —  Prehistoric  Remains  (Forts  and  Dolmens) 
in  Burren  and  its  south  western  border,  Go  Gare.  —  Part  XII  :  North 
Western  Part  [Extr.  The  Journ.  of  the  Proced.  of  the  Roy.  Soc.  of  Antiq. 
of  Ireland,'  XLV ,  p.  1,  t.  VI,  19  mars  19t5,  45-62,  4  fig.,  2  pi.  hors  texte]. 

Westropp  (Thomas  Johnson).  —  Fortified  headlands  and  castles  in  Western 
Gounty  Cork.  Part.  I.  From  Cape  Clear  to  Dunmanus  Bay  [Extr.  Proceed.  of 
the  Royal  Irish  Academy,  XXXII,  sect.  C,  n°  17,  p.  249-286,  1  fig.  2  pi.]. 

Bellucci  (Joseph).  —  Pointes  de  flèches  en  bronze,  recueillies  en  Italie  [Extr. 
IXe  Congr.  Préh.  de  France,  Lons-le-Saunier,  1913,  490-496,  5  fig.].  —  Le 
Mans,  1914,  in-  8°,  7  p.,  5  fig. 

Bellucci  (J.).  —  Sur  l'éclatement  intentionnel  des  Disques  et  des  Pointes  de 
flèche  à  l'Epoque  Néolithique  [Extr.  IX'  Congrès  Préh.  de  France,  Lons-le- 
Saunier,  1913,  211-219,  3  fig.].  —  Le  Mans,  1914,  in-8%  11  p.,  3  fig. 

Bellucci  (Giuseppe).  —  La  regione  di  Todi.  Prima  délia  Storia  [Extr.  Bollet. 
délia  Regia  Deputazione  di  Storia  Patria  per  l'Umbria,  1915,  vol.  XIX,  I-III, 
n°»  47-49].  —  Perugia,  1915,  in-8»,  7  p. 

Bellucci  (Giuseppe).  —  Cuspidi  di  freccia  in  bronzo.  Loro  Impiego  votivo 
[Extr.  Bulletino  di  Palethnologia  ilaliana,  XL,  nos  1-6,  1914,  5  fig.].  —  Parma, 
1914,  in-8%  18  p.,  5  fig. 

Gérin-Ricard  (Henry  de).  — Histoire  et  Archéologie:  Bio-bibliographie  proven- 
çale. —  Marseille,  Barlatier,  1912,  in-8°,  12  p. 

SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  16 


242  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Gérin-Ricard  (Henry  de).   —    Les  stèles  énigmatiques  d'Orgon  et  de  Trets 
[Extr.  Mémoires  de  l'Académie  de  Vaucluse,  1910].  —  Avignon,  Seguin,  1910, 

in-8°,  7  p.,  2  fig. 

Gérin-Ricard  (Henry  de).  —  Un  Pèlerinage  gaulois  alpin  avant  et  après  la 

Conquête  romaine  [Extr.  Bulletin  archéologique,  Paris,  1913,  193-205,  1  pi.]. 

—  Paris,  I.-N.,  1913,  in-8°,  15  p.,  1  pi.  hors  texte. 
Baudouin  (Marcel).  —  L'Ossuaire  à  Os  décarnisés  et  brisés  de  l'Allée  couverte 

de  La  Planche  à  Puare  à   l'Ile  d'Yeu  (Vendée)  [Extr.  Bull,  et  Mém.  de  la 

Soc.  d'Anthr.  de  Paris,  1914,   5  mars,  98-123,  9  fig.].   —   Paris,  1914,  in-8°, 

28  p.,  9  fig. 
Baudouin  (Marcel).  —  La  Paire  de  Pieds  du  Dolmen  du  Petit  Mont,  à  Arzon 

(Morbihan)  [Extr.  Homme  Préhistor.,  Paris,  1914,  sept.-oct.].  —  Paris,  1914, 

in-8°,  28  p.,  8  fig. 
Bulletin  de  la  Société  Archéologique  de  Provence,  année  1914,  n°  20.  —  Marseille, 

1914,  t.  II  (fin). 

Distinctions  honorifiques,      v 

Est  nommé  Chevalier  de  la  Légion  d'honneur  M.  le  Dr  Deyrolle, 
médecin-major  de  lre  classe,  au  7e  régiment  de  marche  de  Tirailleurs 
[Guerre  de  1914-1915]. 

Présentations  et  Communications. 

M.  Bossavy  (Versailles).  —  Le  Pas  de  Saint-Martin,  à  Ollioules  (Var). 

—  Présentation  du  Décalque.  —  Discussion:  Marcel  Baudouin. 

Dr  Marcel  Baudouin  (Paris).  —  Casse-têtes  naviformes  de  Vendée.  — 
Discussion:  L.  Coutil,  A.  de  Mortillet,  P.  de  Givenchy. 

A.  Brasseur  (Gournay-en-Braye).  —  Note  sur  les  Retouchoirs  (Fig.). 

—  Discussion:  E.  Taté,  L.  Coutil,  Ballet. 

P.  Reynier  (Lizy-sur-Ourcq).  —  La  Préhistoire  dans  les  Tranchées 
[Commune  de  Lizy-sur-Ourcq,  S.-et-M,). 

Dr  Trassagnac,  médecin-major.  —  Etude  de  Sépultures,  trouvées  au 
cours  de  fouilles  dans  les  Tranchées,  face  à  Vennemi. 


Don  aux.  Collections  de  la  S.  P.  F1. 

M.  le  Dr  Jousset  dr  Bellesme  (Nogent-le-Rotrou,  Eure-et-Loir) 
fait  don  à  la  Société  Préhistorique  Française  de  deux  Planches  de 
Silex,  utilisés  par  l'Homme,  provenant  de  France,  et  classés  comme 

EOLITHES. 

1°  La  première  a  trait  au  Mafflien  (Rutot);  elle  comprend: 
7  Racloirs  ;  8  Perçoirs  ;  7  Grattoirs;  5  Coche-Grattoirs;  5  Racloirs; 
1  Percuteur-tranchant.  —  Vallée  de  l'Huisne,  à  Nogent-le-Rotrou 
(Eure-et-Loir):  Station  préhistorique  du  Champ  Bossu  (Silex  bleuâtres). 

2°  La  seconde  se  rapporte  au  Mesvinien  (Rutot)  ;  elle  comprend  : 
6  Perçoirs;  6  Racloirs;  6  Coche-Racloirs  ;  4  Grattoirs  et  divers; 
1  Retouchoir.  —  Outillage  roulé.  Silex  jaunâtres ,  où  l'on  voit  appa- 
raître  le   débitage  du    Silex,   qui   précède  la  taille  de  l'Epoque  Stré- 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  243 

pyienne.     —    Station    préhistorique    du     Champ-Bossu,  à    Nogent-le- 
Rolrou  (Eure-et-Loir).  Vallée  de  l'Huisne. 

Des  remerciements  sont  adressés  par  la  Société  Préhistorique 
Française  à  notre  Collègue  pour  ce  don,  fort  intéressant. 

Restaurations    des    Monuments    Préhistoriques. 

Sur  la  proposition  de  M.  le  Dr  Marcel  Baudouin,  faisant  allusion  à 
ce  qui  se  passe  fréquemment  en  Bretagne  et  ailleurs,  le  vœu  suivant  a 
été  voté  à  l'unanimité. 

«  La  Société  Préhistorique  Française,  en  présence  de  faits 
multiples,  éminemment  regrettables,  émet  le  vœu  que,  lors  de 
fouilles  de  Monuments  Préhistoriques,  les  travaux  de  consoli- 
dation et  de  restauration  jugés  nécessaires  soient  très  minutieu- 
sement décrits  et  publiés,  pour  éviter  d'induire  en  erreur  les 
savants  à  venir  ». 

A  la  suite  de  ce  vœu,  il  a  été  exprimé  le  désir  qu'un  plan 
exact  des  Monument*  soit  levé,  avant  toute  Restauration. 

Cotisations  de   191o. 

Conformément  à  l'Art.  4  du  règlement,  les  Cotisations  pour  1915 
ont  été  mises  en  recouvrement  dans  le  cours  du  quatrième  mois  de 
l'année  1915.  Elles  doivent  être  adressées  à  M.  Maurice  Gillet,  Tré- 
sorier de  la  S.    P.  F.,   30,  rue    Gardenat-Lapostol,  Suresnes  (Seine). 

Le  mode  d'envoi  le  plus  pratique  est  le  Mandat-carte  ou  Mandat- 
lettre.  Les  Sociétaires,  dont  la  cotisation  n'aurait  pas  été  reçue  au 
15  avril  1915,  sont  priés  de  vouloir  bien,  pour  éviter  toute  interrup- 
tion dans  le  service  du  Bulletin,  faire  honneur  au  Recouvrement  pos- 
tal, qui  leur  sera  (sauf  entente  particulière  avec  le  Trésorier)  adressé 
à  domicile,  majoré  de  0,75  centimes  pour  les  frais. 

Le  Conseil  d' Administration  de  la  Société  Préhistorique 
Française  prévient  les  Membres  de  la  Société  Préhistorique 
Française  que  les  Cotisations  de  191 5,  étant  d'une  perception 
très  malaisée,  en  raison  de  Vélat  actuel  des  choses,  il  a  été 
obligé  de  diminuer  le  nombre  des  feuilles  du  Bulletin,  et  de  sup- 
primer les  nos  de  Vacances  1915,  une  amélioration  ne  se  dessi- 
nant pas  dans  les  rentrées. 

Désormais  et  jusqu'à  nouvel  ordre,  chaque  Numéro  ne 
comprendra  donc  que  deux  feuilles  (32  p.),  au  lieu  de  quatre 
(64  p.). 


244  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

//  est  très  regrettable  qu'on  soit  absolument  obligé  de  recou- 
rir à  cette  mesure,  très  préjudiciable  aux  intérêts  de  la  Pré- 
histoire. 

Nous  prévenons  nos  Collègues  que  l'insertion,  plusieurs  fois 
répétée  de  cette  note  dans  le  Bulletin,  organe  officiel  de  la 
S,  P.  F.,  remplace,  par  raison  d'économie,  la  Lettre  d'Avis, 
non  recommandée,  indiquée  par  l'Article  3  du  Règlement. 


II.  —  NOTES,   DISCUSSIONS   ET  PRISES    DE  DATE. 


Fouilles  dans  les  Tranchées  militaires. 

M.  le  Dr  Trassagnac,  médecin-major  de  lre  classe  (sur  le  Front). 
—  J'ai  été  mobilisé,  avec  mon  régiment,  le  2  août  dernier;  et  je  n'ai 
depuis  lors  jamais  quitté  le  front. 

La  guerre  a  naturellement  tourné  depuis  bientôt  neuf  mois  mes 
occupations  et  préoccupations  vers  un  tout  autre  objet  que  la  Préhis- 
toire ;  mais,  depuis  que  des  tranchées  ont  commencé  à  être  creusées 
sur  la  ligne  de  feu,  tout  en  m'occupant  de  mes  blessés,  je  ne  négli- 
geais pas  de  jeter  un  regard  interrogateur  sur  la  coupe  des  terrains 
mis  à  jour.  Ces  derniers  temps  même,  profitant  d'une  accalmie 
momentanée  des  combats  auxquels  mon  régiment  a  pris  part,  j'ai  pu 
entreprendre  des  Fouilles,  à  quelques  centaines  de  mètres  de  l'en- 
nemi. A  ce  titre,  les  quelques  trouvailles,  que  j'ai  faites  jusqu'à  pré- 
sent, ont  un  petit  attrait  de  curiosité,  qui  me  déciderait  à  les  présenter 
à  la  Société,  si  la  chose  était  possible  en  ce  moment. 

J'ai  notamment  fouillé  quelques  Fosses,  de  formes  et  de  dimen- 
sions analogues,  sortes  de  troncs  de  cône  à  base  inférieure,  nette- 
ment circulaire,  creusées  dans  la  craie  à  un  mètre  de  profondeur 
environ,  dont  le  contenu  ne  m'a  pas  suffisamment  fixé  sur  leur  desti- 
nation. Certaines  étaient  vides  de  tout  mobilier;  d'autres  paraissaient 
se  rapporter  à  l'Age  du  Fer.  Quant  à  leur  destination,  j'ai  pu  croire 
qu'il  s'agissait  de  Tombes;  mais,  dans  aucune  d'elles,  je  n'ai  trouvé  la 
moindre  trace  d'ossements  humains  ni  de  débris  d'incinération. 

Ces  périodes  de  la  Préhistoire  m'étant  peu  familières,  je  désire 
livrer  les  éléments  de  ce  problème  à  de  plus  compétents  que  moi. 

J'ai  également  mis  à  jour,  au  voisinage  immédiat  d'une  voie 
romaine,  une  Fosse,  peu  profonde,  taillée  carrément  dans  la  craie, 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  245 

de  lm50de  côte  sur  0,n75  de  profondeur,  contenant  dans  un  désordre 
complet  des  débris  de  grands  vases  en  terre,  noire  ou  rouge,  des 
tuiles  à  rebord,  un  col  d'amphore,  une  fibule  ornée,  et  divers  objets 
en  bronze  ou  en  fer,  le  tout  de  l'époque  gallo  romaine.  Est-ce  une 
Sépulture?  Est  ce  tout  autre  chose?  Je  l'ignore. 

Enfin,  je  déblaie  en  ce  moment  deux  fonds  de  cabane,  qui  me 
paraissent  être  de  l'Age  du  Fer,  et  qui,  malheureusement,  en  dehors 
de  nombreux  tessons  et  débris  de  cuisine,  ne  m'ont  encore  donné 
qu'une  bien  maigre  récolte. 

Toutes  ces  recherches,  que  le  manque  d'ouvrages  ou  de  publica- 
tions traitant  de  la  Préhistoire  me  permet  de  faire  sans  le  moindre 
parti-pris,  en  tenant  compte  seulement  des  faits  observés,  peuvent 
peut-être  avoir  un  certain  intérêt. 

M.  Marcel  Baudouin.  —  La  Société  Préhistorique  Française  ne 
peut  que  féliciter  très  vivement  M.  le  Dr  Trassagnac  de  son  initiative 
et  de  son  dévouement  à  la  Science.  Elle  sera  heureuse  et  fière  de 
publier  de  telles  observations,  dès  que  les  circonstances  le  permet- 
tront. 

Ces  trouvailles  consoleront  des  déboires  qu'ils  ont  éprouvés,  en 
visitant  des  Tranchées,  nos  collègues  de  la  région  parisienne  et  en 
particulier  notre  ami  Ph.  Régnier. 


-a  I*réhï*toïre  des  Tranchées  dans  le  Canton 

de   Lizy-surOurcq    (S.-et-M.). 


Ph.  REYNIER  (Lizy -sur- Ourq,  S. -et  M  ). 

Les  Tranchées  militaires,  au  point  de  vue  géologique,  ont  une 
certaine  importance. 

En  ce  qui  concerne  la  Géologie,  pour  le  canton  de  Lizy-sur-Ourcq 
(S.-et-M.),  elle  nous  indique  à  nouveau  ce  qui  a  déjà  été  constaté 
par  de  nombreux  géologues  du  Bassin  parisien  et  par  l'un  des  plus 
connus,  M.  Stanislas  Meunier.  Sur  les  plateaux  dits  du  Multien,  en 
ce  qui  concerne  le  canton  de  Lizy,  depuis  Mayen-Multien  jusqu'à 
Borcy  et  Morcilly,  elles  sont  creusées  dans  un  limon  qui  repose 
sur  le  Calcaire  de  Saint  Ouen  remanié;  sur  les  collines,  par  places, 
dans  le  Banc  des  Sables  moyens  ;  dans  un  terrain  d'éboulis,  sur  les 
bords  de  la  Marne  ;  dans  une  sorte  de  Limon,  formé  par  les  débor- 
dements de  cette  rivière  et  aussi  dans  les  graviers  du  Dihwium. 

Comme  je  viens  de  le  dire,  tous  ces  terrains  sont  bien   connus  ; 


246  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

donc,  au  point  de  vue  géologique,  il  y  a  peu  à  glaner,  comme  fos- 
siles et  pièces  de  minéralogie,  si  ce  n'est  en  quelques  endroits,  où 
l'on  a  creusé  les  tranchées  dans  les  Sables  de  Beanchamp , 

Il  n'en  est  pas  de  même,  en  ce  qui  concerne  la  Préhistoire,  car 
un  examen,  très  superficiel,  m'a  démontré  que  l'on  pourra  trouver, 
en  certaines  places,  divers  objets  et  même  de  très  belles  pièces.  Le 
mode  de  recherches  doit  être  localisé  dans  les  places  reconnues 
pour  être  des  Stations  ;  néanmoins,  il  est  bon  de  visiter  tous  les  ter- 
rassements. —  Si  l'on  veut  éviter  toute  discussion  avec  la  Police,  il 
faut  se  munir  de  bons  papiers,  lors  même  que  l'on  serait  de  la  loca- 
lité où  sont  creusées  les  tranchées  !  Pour  Paris,  sauf-conduit  du 
Commissaire  de  Police  ;  pour  les  Communes,  sauf-conduit  du 
Maire  (1). 

L'époque  la  plus  intéressante  pour  les  recherches  sera  l'époque 
du  comblement  des  tranchées,  car  le  creusement  s'est  fait  par  couche 
de  terrain  de  0m60  à  0m80  d'épaisseur  ;  de  cette  manière  il  résulte 
que  la  partie  où  Ton  pourrait  trouver  des  objets  néolithiques  se 
trouve  recouverte  par  des  terrains,  souvent  non  remaniés.  Les  épo- 
ques acheuléennes  et  moustériennes  peuvent  se  trouver  dans  les  ter- 
rains non  remaniés. 

Au  comblement  des  tranchées,  les  terres,  qui  forment  la  surface 
actuelle,  seront  jetées  au  fond  de  la  tranchée. 


Discussion  sur  l'usage  des  pointes  de  flèches 

en  silex. 

M.  Jacquot  (Grenoble).  —  A  propos  de  la  discussion  sur  les 
outils  en  silex  de  forme  trapézoïdale  et  dont  certains  archéologues 
font  des  tranchets,  tandis  que  les  autres  préfèrent  y  voir  des  pointes 
de  flèches,  qu'on  me  permette  de  donner  une  indication,  qui,  je  crois, 
aura  quelques  valeur  dans  la  circonstance. 

Demmin,  dans  son  Guide  des  amateurs  d'armes,  donne  [page  494] 
une  planche  où  sont  reproduites  de  nombreuses  pointes  de  flèches, 
de  formes  très  diverses.  Les  numéros  22,  23,  24  et  25  sont  typiques. 

En  voici  la  description. 

22.  —  Croissant,  indiqué  avec  le  nom  de  petite  lune;  la  concavité 
est  tournée  vers  le  haut.  Du  milieu  descend  une  soie,  assez  longue, 
destinée  à  fixer  l'arme  sur  la  tige  en  bas  de  la  flèche. 

(1)  J'insiste  sur  ce  que  je  viens  de  dire,  pour  le  port  des  papiers.  Pour  Paris, 
sur  le  sauf-conduit,  il  faut  faire  indiquer  la  localité  où  vous  voulez  commencer  à 
visiter;  mais  cela  n'est  pas  suffisant  encore;  il  faut,  si  l'on  visite  plusieurs  Com- 
munes, qu'elles  soient  toutes  inscrites  sur  le  dit  sauf-conduit. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  247 

23.  —  Grande  lune,  aux  cornes  plus  fermées  que  la  précédente. 
«  Elle  servait  —  indique  la  note  —  à  couper  les  jarrets  des  hommes 
et  des  chevaux.  » 

24.  —  Trapèze  presque  carré.  La  notice  mentionne  :  «  pointe  de 
flèche,  forme  hache,  du  xve  siècle.  Musée  de  Sigmaringen  ». 

25.  —  La  forme  trapézoïdale  est  beaucoup  plus  prononcée.  — 
Mêmes  annotations  que  le  n°  24. 

Les  flèches  à  tranchant  carré  devaient  surtout  servir  dans  la  pour- 
suite du  gibier.  Une  blessure  au  jarret  abattait  instantanément  le 
gibier;  même  frappé  plus  bas,  l'animal  ne  pouvait  plus  fuir  que 
difficilement,  car  sa  blessure,  très  large,  non  seulement  laissait 
échapper  le  sang  à  flot,  mais  encore  intéressait  presque  à  tout  coup 
quelque  tendon  important. 


III.  —  ARTICLES  ORIGINAUX. 


Note  sur  les  Retouchoirs. 

PAR 

A.  BRASSEUR  (Gournay-en-Bray,  S.-L). 

Dans  nos  collections  d'outils  en  silex,  on  rencontre  des  silex  taillés, 
qui  tous  ont  un  air  de  famille  et  que  nous  considérons  comme  des 
Retouchoirs. 

Ce  sont  des  lames,  rectangulaires,  étroites  et  trapues,  avec  arête 
dorsale  au  milieu,  retaillées  et  retouchées  sur  les  deux  bords  d'un 
même  côté. 

Les  éclats  de  taille  n'atteignent  jamais  l'arête  dorsale,  en  sorte  que 
l'outil  est  plat  d'un  côté  et  bombé  de  l'autre.  En  outre,  il  est  un  peu 
effilé  à  chaque  extrémité,  et  se  termine  par  une  pointe,  un  peu  mousse. 

Ces  outils  ont  tout  à  fait  l'aspect  de  vrais  Retouchoirs,  en  forme  de 
fuseau  allongé,  ou  de  Ciseau  polit  à  cette  exception  près  qu'ils  ne 
sont  taillés  que  sur  une  face. 

A  bien  les  examiner,  ces  outils  sont  bien  des  retouchoirs,  ainsi  que 
le  témoigne  chaque  extrémité  qui  est  le  plus  souvent  usée  et  comme 
polie  :  indice  d'un  long  usage. 

En  outre,  les  deux  bords  sont  comme  mâchés  et  ont  dû,  par  consé- 
quent, servir  de  Percuteur,  pour  arrondir  certains  petits  grattoirs 
concaves. 

Mais,  si  ces  arêtes  de  côté  servaient  de  Percuteur  et,  à  chaque  extré- 
mité de  l'outil,  de  retouchoir,  il  est  un  autre  outil,  qui  a  dû  avoir  la 
même  destination. 


248  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

Cet  outil  n'est  autre  que  le  Grattoir  rectangulaire,  dit  Bec  de  canard, 
un  peu  trapu,  avec  large  Encoche  de  côté  et  au  bout,  à  la  partie  supé- 
rieure. Ce  grattoir  présente  donc  deux  becs  ;  l'un  inférieur,  l'autre 
supérieur  (Fig.  1). 

Nous  avons  toujours  considéré  ce  grattoir  comme  un  outil  des- 
tiné à  arrondir  des  manches  d'outils;  mais,  en  l'examinant  de  plus 
près,  on  peut  le  considérer  comme  étant  également  un  Retouchoir, 


Fig.  1.  —  Manière  de  se  servir  du  Retouchoir  a  Encoche,  pour  tailler  les  outils  en  silex  ; 
—  Fabrication  des  retouches  d'une  Pointe. 

destiné  à  régulariser  le  taillant  de  certains  petits  outils,  tels  que  des 
pointes  à  main,  etc. 

Ce  qui  permet  de  supposer  que  l'outil  ci-dessus  (Fig.  1),  est  bien 
un  Retouchoir  à  Encoche,  c'est  que  le  bec  supérieur  (celui  qui  a  tra- 
vaillé) est  toujours  arrondi  et  comme  usé  par  l'usage. 

Le  croquis  ci-joint  (Fig,  1)  indique  bieni  en  effet,  comment  l'outil 
était  tenu  en  main,  et  comment  on  opérait  pour  faire  les  retouches. 

En  appliquant  le  bec  inférieur  du  retouchoir  derrière  le  bord  de 
l'outil  à  retoucher  (côté  de  la  taille)  et  le  bec  supérieur  sur  le  même 
bord  du  côté  de  la  lace  d'éclatement,  à  la  rencontre  de  deux  états  de 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  249 

taille  consécutifs,  et  en  imprimant  au  retouchoir  un  mouvement  de 
rotation  de  gauche  à  droite,  l'outil  fait  office  de  Levier  et  permet 
de  détacher,  par  la  pression,  un  petit  éclat  ou  lamelle.  Ce  retouchage 
ne  devait  se  faire  qu'en  dernier  lieu,  c'est-à-dire  lorsqu'on  avait  déjà 
détaché  des  éclats  de  taille  et  des  éclats  secondaires. 

Cet  outil  nous  paraît  donc  être  également  un  Retouchoir;  mais 
nous  donnons  cette  appréciation  sous  toutes  réserves,  pensant  que 
certains  membres  de  la  Société  Préhistorique  Française  voudront  bien 
donner  leur  avis  à  ce  sujet. 

Dans  nos  collections  d'outils  en  silex  se  trouvent  bon  nombre  de 
silex  taillés,  absolument  semblables  à  celui  ci-dessus  décrit,  mais 
avec  encoche  variable  de  grandeur.  Il  y  a  même  de  grands  Grattoirs 
concaves,  faits  sur  le  tranchant  de  Grattoirs  à  large  tranchant  (forme 
trapèze).  On  a  d'abord  fait,  sur  ce  taillant,  une  petite  Encoche;  on  l'a 
élargie  et  on  est  arrivé  à  avoir  un  large  Grattoir  concave,  avec  pointe 
de  chaque  côté,  pouvant  en  quelque  sorte  servir  de  Compas,  ou 
bien  à  arrondir  des  manches  d'outils. 

M.  L.  Coutil  (Saint- Pierre-du-Vauvray ,  E.).  —  Les  instruments  k 
encoches  de  M.  Brasseur  nous  rappellent  un  vieux  souvenir  remon- 
tant à  près  de  vingt  ans.  Nous  avions  attiré  l'attention  de  nos  collè- 
gues sur  des  silex  à  encoches  et,  à  une  séance  tenue  à  Fécamp,  notre 
collègue  présenta  de  très  belles  encoches  obtenues  dans  des  lames 
patinées  et  portant  en  outre  des  traces  d'oxyde  de  fer  provenant  des 
socs  de  charrues.  Ces  instruments  à  encoches  lui  avaient  été  échan- 
gés par  un  faussaire,  heureusement  décédé  (l'auteur  de  Y  âge  du  pou- 
dingue et  des  pierres  figures  retouchées  «  par  lui  »).  Que  de  mauvais 
tours  ce  collectionneur  ne  fît-il  pas,  notamment  d'aller  placer  des 
pointes  de  flèches  (très  bien  taillées  par  lui  et  patinées  à  l'acide 
fluorhydrique)  dans  une  station  des  environs  de  Saint-Saëns  qu'ex- 
plorait avec  succès  M.  Ternisien.  Les  débats  de  cette  affaire  furent 
tragiques  et  faillirent  nous  amener  un  duel. 

Mais  si  certaines  encoches  signalées  au  début  furent  truquées, 
depuis,  M.  Brasseur  a  pu  en  recueillir  d'excellentes. 

Une  des  stations  qui  nous  en  a  le  plus  donné  est  la  station  du 
Bois  de  la  Caboche,  près  de  Saint-Pierre-du-Vauvrag  (Eure).  Ces 
encoches  sont  presque  toujours  à  arêtes  mousses  et  à  angles  très 
ouverts  (non  aigus),  elles  ont  donc  dû  travailler  beaucoup.  Quant  à 
oser  risquer  un  usage  possible,  cela  serait  vraiment  téméraire,  car 
nous  ignorons  totalement  les  besoins  de  ces  Préhistoriques. 

Dans  le  cas  du  Bec  de  perroquet  dont  la  pointe  est  restée  aiguë,  il 
est  impossible  d'admettre  que  cette  pointe  ait  servi  à  détacher  de 
petits  éclats;  c'est  elle  qui  se  serait  brisée  en  vertu  de  la  théorie  du 
levier. 


250 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 


Haches,  Spatules  et  Oiseaux 

à  dimensions  anormales  de  l'Age  du  Bronze. 

(Haches   d'honneur    «*t  do   luxe). 


L.  COUTIL  (Saint-Pierre- du- Vauvray,  Eure). 

En  groupant  un  certain  nombre  de  haches  de*  dimensions  ou  de 
formes  anormales,  notre  but  n'a  pas  été  de  leur  attribuer  un  usage, 
mais  plutôt  de  les  faire  mieux  connaître,  de  rappeler  les  circons- 
tances de  leur  découverte  et  l'ensemble  des  objets  qui  parfois  les 
accompagnaient,  enfin  de  tenter  un  classement  chronologique  ;  et  en 
les  décrivant,  de  montrer  que  ces  armes  et  ces  instruments  dont 
les  dimensions  sont  le  double  ou  le  triple  de  celles  auxquelles  elles 
correspondent  ordinairement,  comme  formes,  ont  dû  très  peu  servir 
ou  être  simplement  des  armes  de  luxe;  et  dans  tous  les  cas,  être 
d'un  usage  très  limité,  autant  que  l'on  peut  l'observer  par  l'état  par- 
fait de  conservation  et  des  fines  gravures  qui  parfois  les  ornent. 

Nous  commencerons  cette  étude  par  les  Haches  plates  et  à  légers 
bords  droits  du  Bronze  I  et  II,  ou  Morgiennes,  qui  sont  de  beaucoup 
les  plus  nombreuses  dans  cet  inventaire. 

I.  —  Haches  plates. 
Les  haches  plates  sont  généralement  en  cuivre,   les  formes  très 


Fig.  4.  —  Haches  plates  de  Grèce,  de  Hongrie  et  de   la  Russie   méridionale. 

allongées,  minces,  sans  bords  droits  ont  été  trouvées  dans  le  bassin 
de  la  Méditerranée  :  en  Grèce,  à  Tirynthe  et  à  Y  Acropole  de 
Mycènes  :  on  en  a  trouvé  aussi  en  Asie-Mineure,  à  Hissarlick-Troie, 
(couche  II  ;  2.400  à  1.500)  qui  a  donné  près  d'une  centaine  de  frag- 
ments de  moules  en  micaschiste  ;  à  Chypre,  notamment,  la  nécro- 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  251 

pôle  de  Katydata-Linou,  explorée  par  Ohnefalsch-Richter,  les 
haches  se  trouvent  au  Cyprus  Muséum,  les  plus  petites  mesurent 
comme  longueur  0m165,  largeur  au  tranchant  0m03  a  0m04,  poids 
343  grammes  ;  les  plus  grandes  0m28,  avec  un  tranchant  de  0m065  ; 
elles  sont  donc  très  allongées  et  très  minces  (Fig.  1). 

Une  hache  analogue  a  été  trouvée  à  Naxos  (Grèce);  elle  mesure 
0m185,  elle  se  trouve  au  Musée  de  Copenhague  (1). 

En  Hongrie,  von  Pulasky  en  a  signalé  une  de  0m240,  à  tranchant 
très  arqué;  mais  elle  est  très  épaisse (2)  (Fig.  1). 

En  Scandinavie,  on  en  a  trouvé  avec  le  tranchant  arrondi  (3). 

Aux  Indes  Anglaises,  près  du  village  de  Gungeria,  dans  le  Mhow 
Talook  au  nord  de  Boorha,  dans  l'Inde  centrale,  424  haches  plates 
lurent  trouvées  pareilles  à  celle  que  nous  figurons  (Fig.  2),  c'est  à- 
dire   extrêmement   allongées  (0m63  de  longueur  environ)  ;    d'autres 


<Ju.NûE*lA(jYtHO\</  TALOOK)  1NI<ES  ANGLAISES,  o"'53 

(.BRITISM  MUSEUM) 

Fig.  2.  —  Gungeria  (Mhow  Talook,  Indes  Anglaises)  (0,63). 

courtes,  larges,  avec  tranchant  arqué,  et  de  0m44  de  large;  chose 
curieuse,  il  y  avait  à  côté  102  objets  en  argent,  sortes  de  plaques 
minces,  rondes,  striées  ;  les  autres  munies  de  sortes  de  croissants. 

En  France,  nous  citerons  une  hache  du  département  de  la  Marne, 
actuellement  au  Cabinet  des  Médailles,  à  Paris  (N°  30.138);  elle 
rappelle  les  formes  grecques,  mentionnées  ci-dessus;  sa  longueur 
est  de  0m143.  La  grande  hache  de  Saint- Aigny  (Indre),  du  Musée  de 
Bourges  est  en  cuivre;  elle  mesure  0m220  et  0m082 au  tranchant.  Elle 
est  ornée  de  deux  rangées  de  feuilles  de  fougères  terminées  par  des 
points  ;  elle  était  accompagnée  de  quatre  haches  à  bords  droits,  d'une 
hache  à  talon,  d'une  épingle,  d'un  poignard  triangulaire  et  d'une 
faucille.  Une  autre  hache  provient  de  Montbéliard.  Une  hache  du 
Musée  de  Bruxelles  provient  des  environs  de  Gand  ;  elle  se  rap- 
proche plutôt  des  Nos  11  et  12,  fig.,  elle  ne  mesure  que  0m13;  sa  tige 
est  courte,  son  tranchant  est  arrondi  et  large. 

Pour  la  Russie,  nous  citerons  une  hache  plate  allongée  des  steppes 
Kirghises  ;  elle  a  été  trouvée  à  Sary  Osisk;  elle  mesure  0m175  de 
long  et  0m045  au  tranchant  (4)  (Fig.  1). 

(1)  Matériaux.  17°  vol.,  1882-1883, F*£\  67,  p.  172. 

(2)  V.  Pulasky.  —  Age  du  Cuivre  en  Hongrie,  1876,  pi.  1. 

(3)  Montelius.  —  Sur  la  Chronologie  de  l'Age  du  Bronze  et  spécialement  dans 
la  Scandinavie.  —  Matériaux,  19"  vol.,  1885,  p.  108,  pi.  I. 

(4)  Aspelin.  —  Sur  l'Age  du  Bronze  Altaico  —  Ouralien,  p.  572,  Fig.  39  (Congres 
intern.  Anthrop.  et  Arch.  préhist.,  7e  Session,  Stockholm,  1874, 


252  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

1.  Hache  plate  de  Lawhead  {Angleterre),  au  Musée  d'Edimbourg, 
à  tranchant  large,  peu  arrondi,  avec  très  légers  bords  droits,  prove- 
nant du  martelage  des  bords  ;  cet  instrument  forme  la  transition 
entre  la  hache  plate  en  cuivre  pur  et  la  hache  à  bords  en  bronze  de 
la  première  période.  Elle  mesure  0m34  de  long,  0m225  pour  la  partie 
la  plus  large  du  tranchant  et  0U034  à  la  partie  opposée  la  plus 
étroite  ;  son  épaisseur  est  d'environ  0m015  au  centre  de  [la  (lame  et 


Fig.  3.  —  Spatules»  —  Haches  à]  bords  droits  et  Haches  à  talon. 


son  poids  est  de  2  kilos  466;  elle  a  été  trouvée  sur  le  territoire  de  la 
ferme  de  Lawhead,  près  Edimbourg  (Ecosse)  et  appartient  au  Musée 
de  cette  ville  {Fig.  4  ;  1). 

2.  Hache  plate  de  Nairn  {Angleterre),  avec  l'extrémité  opposée  au 
tranchant  plus  large  et  les  plats  ornés  de  trois  lignes  parallèles  de 
feuilles  de  fougères  ;  elle  mesure  0m265  de  long,  0m155  au  tranchant, 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  253 

0m042  au   sommet  opposé  le  moins  large  ;   elle   est   très   mince  et 
mesure  0m008  ;  elle  a  été  trouvée  près  de  Nairn  (Angleterre)  (1). 

II.  —  Haches  a  bords  droits. 
Les  haches  à  bords  droits  forment  plusieurs  groupes,  suivant  que 


F. y.  4.  —  Haches  plates  en  Cuivre.   -   Haches  à  bords  droits.  —  Ciseaux- Haches. 

le  martelage  des  bords  a  plus  ou  moins  relevé  le  métal,  afin  de 
former  des  arrêts  latéraux.  Il  est  même  arrivé  que  pour  les  bords 
droits  très  proéminents,  ceux-ci   ont   été  fondus   directement  dans 


(1)  John  Evans.  —  L'Age  du  Bronze,  1882,  N°  1,  Fis.  20,  p.  61  ;  le  N°  2,  Fi».  21. 
p.  «2. 


>■ 


254  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

des  moules  spéciaux  :  certaines  de  ces  haches  portent  même  un 
arrêt  médian,  offrant  ainsi  la  transition  vers  la  hache  à  talon. 

Nous  retrouvons  ces  différentes  formes  sur  notre  planche  IV,  Nos3, 
8,  11,  12,  15  à  21.  Sur  les  N('*  22,  25,  26  (Fig.  3),  on  aperçoit  l'é- 
paulement  médian  préparant  la  transition  vers  les  haches  à  talon 
Nos  39  et  40.  Si  bien  que  les  Nos  3  à  8,  11  et  12,  31  à  37,  sont  nette- 
ment du  Bronze  II  (1900  à  1600  av.  J.-G)  et  les  derniers  du  Bronze 
III  (1300  à  900  av.  J.-C). 

Hache  de  Pierre  fitte  (Calvados)  au  Musée  de  Gaen,  mesure  0m255 
de  long  et  0m105  au  taillant,  qui  est  oblique,  particularité  qui  se 
remarque  sur  d'autres  haches  analogues  de  Campandré-Valcongrain 
(Calvados),  Cintray  (Eure)  (1),  et  du  tumulus  de  Saint-Fiacre  en 
Melrand,  canton  de  Baud  (Morbihan). 

3.  Hache  de  Bnry  (Oise)  (ancienne  collection  duDr  Baudon,  actuel- 
lement dans  la  collection  de  M.  Bodereau,  à  Paris).  Cette  hache 
offre  un  tranchant  très  large,  très  arqué,  de  0,n12,  rappelant  l'outil 
des  bourreliers,  nommé  couteau  à  pied  ;  alors  que  l'autre  extrémité 
la  plus  étroite  mesure  0*10;  le  centre  de  la  tige  mesure  0m14  de 
long  et  0m02  de  large,  la  longueur  totale  est  de  0m21  :  les  bords  droits 
sont  très  relevés,  leur  face  externe  est  ornée  de  petits  cercles  et  de 
six  groupes  de  dix  petites  raies  parallèles  gravées.  Cette  très  belle 
hache  a  été  mentionnée  et  reproduite  par  G.  et  A.  de  Mortillet, 
comme  ayant  été  trouvée  à  Mouy;  mais  notre  collègue  Thiot  nous  a 
affirmé  qu'elle  avait  été  trouvée  sur  la  commune  voisine,  à  Bury 
(Oise),  à  400  mètres  de  la  propriété  de  son  père  (2). 

4.  Hache  d'Abbeville  (au  Musée  d'Abbeville),  trouvée  dans  la  tourbe  ; 
sa  forme  rappelle  la  précédente  ;  ses  bords  droits  sont  crénelés,  et 
sur  le  pourtour  du  tranchant  se  trouvent  des  petits  traits  gravés 
parallèlement;  sa  longueur  est  de  0m20,  son  tranchant  très  arrondi 
est  de  0m13  ;  la  partie  étroite  de  la  tige  mesure  0m012  ;  son  épaisseur 
estde0m007  àOm008(3). 

Nous  citons  à  titre  de  comparaison,  pour  la  largeur  et  la  forme 
du  tranchant  la  Hache  du  Danemark  recouverte  d'une  feuille  d'or, 
longueur  0m295,  largeur  du  tranchant  0in195  qui  est  en  demi-cercle; 
elle  est  ornée  de  points  et  de  dessins  sur  les  bords  {Fig.  5). 

Il  existe  dans  la  Suède  et  la  Norvège,  d'autres  haches  du  même 
genre,  tout  aussi  richement   ornées  ;  une  hache  trouvée  en  Fionie 


(1)  L.  GoUTH  .  —  Inventaire  des  découvertes  de  l'Açe  du  Bronze  dans  le  départe- 
ment du  Calvados,  p.   21,  29  et  pi.  I,  Fig.  9. 

(2)  G.  et  A.  de  Mortillet.  —  Musée  préhistorique,  lre  édition,  1881,  pi.  LXVI, 
Fig.  671.  —  D'A.  Baudon.  Notice  sur  les  découvertes  archéologiques  du  canton 
de  Mouy  et  territoires  voisins.  Beauvais,  1867. 

(3)  Abbé  Breuil.  —  L'Age  du  Bronze  dans  le  bassin  de  Paris.  L'Anthropologie, 
1905.  T.  XVI,  2,  p.  150,  Fig.  1,  N°  8. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  255 

mesure  0m40  de  longueur,   une  autre  0m475  ;  ces  armes  étaient  cer- 
tainement des  armes  de  luxe. 

Ces  instruments  à  très  large  tranchant  pouvaient  servir  à  écor- 
cher,  à  dépecer  les  animaux,  ou  encore  aux  bourreliers,  qui  de  nos 
jours  se  servent  d'un  instrument  analogue,  nommé  couteau  à  pied  ; 
toutefois,  la  hache  de  Bury,  par  sa  riche  ornementation,  semble 
avoir  eu  un  emploi  plus  recherché. 

Cette  hache  du  Danemark  figure  ici   à  titre  de  comparaison,  son 
classement  chronologique  la  reporte 
à  la  fin  de  notre  étude. 

Hache  de  Chambrau  {Eure),  lieu 
dit  la  Côte  aux  Anglais,  se  trouve 
au  Musée  de  Louviers;  elle  offre 
une  transition  entre  Jes  n,s  3,  4 
(Fig.  4)  et  le  suivant,  mais  elle  est 
beaucoup  moins  longue  (0m12  sur 
0m066  au  tranchant);  elle  se  rap- 
proche d'une  série  de  haches  d'Ir- 
lande reproduites  par  John  Evans 
(p.  64  à  74). 

5.  Hache  de  Saint-Cyr  du-Vau- 
dreuil  (Eure),  semblable  aux  précé- 
dentes, munie  de  bords  droits,  avec 
un  tranchant  arrondi,  mais  exacte- 
ment moitié  moins  large  et  de 
0m065,  alors  que  la  tige  mesure  en  moyenne  0m02;  elle  est  très 
mince  et  à  peu  près  aussi  longue,  0m22  ;  l'extrémité  de  cette  tige  est 
très  mince  et  munie  d'un  trou  destiné  à  la  retenir  dans  le  manche, 
particularité  qui  se  retrouve  sur  une  hache  d'Escheim  (Musée  de 
Schaffouse,  Suisse)  (Fig.  6).  Cet  instrument  est  dans  notre  collec- 
tion; il  a  été  trouvé  avec  trois  autres  objets  un  peu  moins  anciens, 
deux  haches  à  talon  et  un  bracelet  réniforme  orné  de  quatre  motifs 
finement  gravés  reproduisant  des  losanges  séparés  par  des  raies 
parallèles. 

6.  Hache  de  Saint-Aubin  (Jura),  également  à  bords  droits  et  à 
tranchant  arrondi,  un  peu  plus  large  de  0'"078;  la  tige  est  encore 
plus  étroite  et  de  0m012;  l'épaisseur  n'est  que  de  0m005,  comme  poul- 
ies haches  de  Bury  (Oise),  d'Abbeville  et  de  Saint  Cyr-du-Vaudreuil 
(Eure);  elle  appartient  au  Musée  de  Dôle  (Jura). 

Cette  hache  avec  sa  languette  supérieure  peut  se  rapprocher  d'une 
hache  du  British  Muséum  de  Londres  ornée  de  fins  dessins  sur  les 
côtes,  elle  mesure  0m155. 

7.  Hache  de  Broc,  près  Fribourg  (Suisse),  ressemble  absolument 


/  ig.  5. 


Hache  de  Danemarck  /Musée 
de  Copenhague). 


256  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

aux  précédentes,  mais  son  tranchant  est  beaucoup  plus  arrondi;  son 
sommet  le  plus  étroit  est  muni  d'une  échancrure  (1). 

On  peut  rapprocher  également  de  la  hache  de  Broc  (N°  7)  (Fig.  7), 
celles  de  Wollishofen  (0m16de  longueur);  du  lac  de  Sempach  (0m19)  ; 
d  UnterUhldingen  (0m19)  ;  à'Haltnau  (Suisse)  (0m18),  reproduites  dans 
les  Stations  lacustres  d  Europe  de  Robert  Munro  ;  de  Lodi   (British 


b><\.  G  —  'lombt'  à  inhu- 
malion  «lE.Ncheim.  Mu- 
s'-e  de  Schaflbuse. 


t'ig.  7. 


Tombe  à  inhumation  de  Broc.  Musée  de 
Fribourg  (Suisse). 


Muséum)  du  lac  de  Varèse  (Italie),  et  trois  du  Cabinet  des  médailles 
à  Paris  (Nos  2077-2078-2079)' sans  provenance  certaine,  mesurant  de 
0m19  à  0m21,  avec  un  tranchant  en  arc  de  cercle  très  prononcé  de 
0m085  de  largeur;  d'une  hache  de  Strasbourg  de  0m17;  de  Vai- 
hingen  (Musée  de  Stuttgart)  et  une  du  Musée  de  Bruxelles  de  0ra18. 


(1)  D.  Viollier.  —  Quelques  sépultures  de  l'Age  du  Bronze  en  Suisse,  1914,  p.  130, 
Fig.  5.  —Nous  tenons  à  remercier  notre  très  aimable  et  savant  collègue  de  ses 
clichés  qui  nous  ont  permis  de  documenter  notre  inventaire.  — Voir  aus?i  A' bé 
H.  Breuil  :  Mobiliers  funéraires  de  V Age  du  Bronze  conservés  au  Musée  de  I  ri- 
bourg  (Soc.  préhist,  Suisse,  p.  67  à  74). 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  257 

8.  Hache  de  Rhosnesney,  près  de  Wrexham  (Angleterre),  offre 
aussi  un  tranchant  arrondi,  des  bords  droits;  mais  le  sommet  va  en 
s'évasant,  il  a  été  émoussé  par  des  chocs,  comme  on  le  remarque 
sur  l'extrémité  des  ciseaux  à  froid. 

9.  Hache  de  Scharnhausen,  Musée  de  Stuttgart  (Wurtemberg) 
avec  légers  bords  droits  ;  elle  est  très  allongée,  avec  un  tranchant 
très  peu  large  de  0m04,  orné  de  six  filets  gravés  et  disposés  en  arc 
de  cercle,  suivant  la  forme  du  tranchant;  longueur  totale  0,n245, 
largeur  moyenne  de  la  tige  0m015  (1)  (Fig.  3,  N°  9). 

10.  Hache  de  Strattlingen,  Musée  de  Berne  (Fig.  8),  trouvée  en 
1829,  dans  la  vallée  de  l'Aar,  à  la  sortie  de  cette  rivière,  dans  le  lac 


Fig.  8.  —  Tombe  à  inhumation  de  StrattlLigen.  Musée  do  Berne. 

de  Thoune,  dans  une  sépulture  à  inhumation  construite  en  dalles 
brutes;  le  mort  portait  un  bandeau  frontal,  six  torques  ouverts,  un 
crochet  de  ceinture  ajouré  et  triangulaire,  deux  épingles  différentes 
de  forme,  une  pointe  de  lance  et  la  hache  à  bords  droits,  dont  la 
tige  porte  deux  rangées  de  petits   losanges   en   or;   le  sommet  est 


(t)  Fundberichten  aus  Schwnben-Baud,  XVIII,  1910,  p.  14. 

SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE. 


17 


25S  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

cassé  en  biais  ;  la  base  est  ornée  de  quatre  raies  gravées  en  arc  de 
cercle  ;  le  tranchant  est  renflé  sur  les  côtés  et  presque  droit  (1). 

Elle  est  reproduite  dans  YAlbuin  préhistorique  de  G.  et  A.  de  Mor- 
tillet  (lre  édition,  pi.  XX,  Fig.  747),  comme  trouvée  à  Reuzenbùhl, 
près  Buchholz,  commune  de  Thun  (Suisse),  c'est  le  même  objet. 
Plus  récemment,  en  1914,  D.  Viollier  l'a  reproduite  et  a  rectifié  la 
provenance  dans  sa  notice  sur  Quelques  sépultures  de  l'Age  du  Bronze 
en  Suisse  (p.  128,  Fig.  3). 

Montelius  a  cité  d'autres  exemples  analogues  dans  sa  Chronologie 
der  altesten  Bronzezeit  in  Nord  Deutschland  und  Skandinavien. 
Archiv.  fur  Anthropologie,  Band  25/ 26. 

11  et  12.  Hache  de  la  station  des  Roseaux,  à  Morges  (Suisse),  ainsi 
que  la  suivante  de  Vienne  (Isère),  sortent  un  peu  de  la  série  des  ins- 
truments que  nous  étudions,  car  leurs  tiges  sont  courtes,  mais  leur 
tranchant  est  aussi  en  arc  de  cercle  et  très  large,  leur  longueur  totale 
est  de  0m15  et  0m165. 

Le  Cabinet  des  médailles  de  Paris  en  possède  deux  analogues  de 
Trept  (Isère)  (2). 

En  Scandinavie  il  existe  aussi  de  ces  haches  (3). 

13.  Hache  du  collège  de  Sorèze  (Tarn),  rentre  au  contraire  dans  la 
série  des  instruments  à  tige  très  longue;  elle  porte  des  bords  droits, 
ornés  de  petites  coches,  et  ses  plats,  de  fines  gravures  en  dents  de  scie; 
la  longueur  totale  est  de  0m29et  le  tranchant  très  arqué  mesure  0m13. 

14.  Hache  de  Mareuil-sur-Ourcq  (Oise)  est  une  des  plus  grandes 
haches  et  des  plus  belles  connues  ;  elle  mesure  0m35  de  longueur  et 
0"165  au  tranchant  très  arqué  en  demi-lune;  ses  plats  sont  aussi 
très  richement  ornés  de  fines  gravures  en  dents  de  scie  et  en  damier: 
l'original  a  appartenu  à  M.  Héricart  de  Thury  ;  nous  ignorons  ce 
qu'il  est  devenu  ;  on  peut  en  voir  un  moulage  au  Musée  de  Saint- 
Germain  (Fig.  4,  N°  14). 

14a.  Hache  du  Musée  d'Avignon  (Moulage  N°  36.067  du  Musée  de 
Saint-Germain-en-Laye).  Nous  n'avons  pas  reproduit  cet  instrument 
qui  rappelle  les  Nos  13  et  14,  à  cause  des  échancrures  qui  se  voient 
sur  chaque  bord  droit,  vers  le  milieu  de  l'entaille  du  haut;  nous 
nous  demandons  si  ces  cavités  faites  à  la  lime,  à  bords  très  perpendi 
culaires  et  très  nets,  ne  sont  pas  modernes  ;  la  longueur  totale 
est  de  0m23  et  celle  du  tranchant  très  arrondi  est  de  0'"08. 

15.  Hache  de  Concise  (lac  de  Ncuchâtel)  offre  une  échancrure  au 


(1)  F.  Keller.  —  Cette  arme  a  été  décrite  d'abord  par  F.  Keller.  Alt  helvetische 
Waffen,MZII,  7  p.,  21  pi.  III,  Fig.  3. 

(2)  Matériaux,  1883,  19e  yo\^  pi.  I,  Fig.  14,  0.  Montelius. 

(3)  Dictionnaire  archéologique  de  fa  Gaule  celtique.  Atlas,  pi.  24,  fig.  8. 


SOCIÉTÉ   PltÉlIlSTOMQUE   FRANÇAISE  259 

sommet,  un  tranchant  arrondi  et  des  bords  droits  fortement  rentrés 
en  dedans;  sa  longueur  est  de  0l,225  et  le  tranchant  0m07(l). 

Une  hache  analogue  trouvée  en  Italie  est  reproduite  dans  les 
Matériaux  (1882-1883,  vol.  17e,  T.  XIII,  fig.  95). 

Haches  de  Vauvert  (Gard),  au  nombre  de  31,  mesurant  de  0m154  à 
0m215. 

15  bis.  Deux  haches  de  Porcieu  Amblagnieu  (Isère),  ressemblent  à 
celles  de  Concise  ;  elles  mesurent  0m23  de  longueur. 

16.  Hache  de  Meilen  (lac  de  Zurich  ?)  indiquée  au  Musée  de  Saint- 
Germain  sous  le  nom  de  Meilen,  mesure  0m195  ;  ses  bords  droits 
sont  plus  fins,  son  tranchant  plus  large  et  plus  arqué,  son  sommet 
un  peu  échancré  (Musée  de  Saint-Germain-en-Laye),  et  de  Bagnole 
(France  du  Nord);  nous  rapprocherons  de  ces  haches  celles  de 
Saint-Cyr  au  Mont-d'Or  (Rhône),  de  Vienne  (Isère),  du  British 
Muséum. 

17.  Hache  d'Auvergne,  à  sommet  droit,  à  bords  droits,  fins,  à 
tranchant  moins  large  ;  longueur  totale  0m19.  Cette  hache  est  au 
Musée  Peabody,  aux  Etats-Unis  ;  le  moulage  existe  au  Musée  de 
Saint-Germain. 

O.  Montelius  en  a  reproduit  d'analogues  dans  les  Matériaux  de 
1885  (T.  XIX,  pi.  I,  fig.  2,  et  PI.  II,  fig.  15). 

17A.  Hache  de  Saint-Cgr-sur-Rhône,  avec  bords  légèrement  con- 
tournés et  concaves  au  centre,  et  échancrure  au  sommet  (Chantre. 
Etudes  palethnologiques), 

Haches  trouvées  à  Maçon  (Saône-et-Loire)  0m18  et  0m21,  une  autre 
de  Vienne  (Isère),  0m195,  au  Musée  de  Saint-Germain. 

Hache  de  Staadorf  (Haut  Palatinat)  0m175  de  long. 

18.  Hache  de  Bestallung  (Wurtemberg)auMusèede  Stuttgart,  est  du 
même  type,  mais  extrêmement  étroite;  avec  des  bords  moins  rentrés, 
elle  offre  un  tranchant  très  étroit,  comme  un  ciseau,  et  au  sommet 
une  petite  échancrure;  longueur  0m20,  tranchant  0m03.  Cette  hache 
ressemble  un  peu  au  N°  666,  pi.  LXVI  de  l'Album  préhistorique, 
lre  édition  de  G.  et  A.  de  Mortillet,  qui  a  été  trouvée  dans  la  pala- 
fitte  de  Meilen,  lac  de  Zurich,  au  Musée  de  cette  ville. 

18A.  Hache  de  Pontallier  (Côte-d'Or)  lit  de  la  Saône,  collection 
Millon,  à  Dijon,  avec  légers  bords  droits,  occupant  toute  la  lon- 
gueur de  la  hache,  ils  sont  incurvés  au  centre,  où  se  trouve  un  petit 
arrêt  médian  ;  le  sommet  est  un  peu  échancré  ;  le  tranchant  un  peu 
arrondi,  il  mesure  0m045,  la  longueur  est  de  0m188  ;  la  forme  géné- 
rale est  très  allongée  (Collection  Millon,  PL  XVI,  fig.  1)  (2). 

18B.  La  même  collection  renferme  une  hache  moins  effilée  et  moins 


(1)  Album  des  antiquités  lacustres  de  Van  Muyden  et  Colomb*  PI.  XXX,  fig.  îf, 

(2)  J.  Deghelette.  —  La  collection  Millon,  pi.  XVI,  fig.  3. 


260  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

longue,  elle   mesure  0m16  et  0I"()4  au  tranchant;  elle  provient  aussi 
de  la  Saône  et  de  Pontallier. 

18e.  Hache  de  Teti  (Sardaigne),  de  0ni24  de  longueur  et  0m051  au 


Fig  9.  —  Hache  de  Teti  (Sardaigne),  0ni24. 

tranchant,  est  droite  comme  un  ciseau  (Fig.  9.) 

18D.  Haches  de  Vernaison  (Rhône)  et  de  Trept  (Isère),  à  bords 
droits  contournés,  avec  échancrure  au  sommet  (Cabinet  des  mé- 
dailles), reproduites  par  Chantre,  dans  ses  Etudes  palethnologiques 
dans  le  bassin  du  Rhône. 

18e.  Hache  allongée  à  bords  légèrement  contournés  du  Musée  de 
Rouen,  donné  par  le  Dr  Baudon  père,  de  Mouy  (Oise),  devait  pro- 
venir de  ce  département;  longueur  0ml 75,  tranchant  0m03,  sommet 
échancré. 

19.  Hache  d'Auxonne  (Côte-d'Or),  à  bords  droits,  est  encore  plus 
allongée  et  étroite  que  les  précédentes,  sa  longueur  est  de  0m175. 
(Musée  de  Saint-Germain-en-Laye). 

20.  Hache  d'Amblagnieu  (Isère),  à  bords  droits,  à  peine  indiqués  ; 
très  mince  et  munie  à  son  sommet  de  cinq  petits  crans  faits  à  la 
lime;  sa  longueur  est  plus  faible,  elle  ne  mesure  que  0mll;  elle  se 
trouve  au  Musée  de  Saint- Germain,  avec  la  série  des  autres  armes 
de  la  même  cachette 

21  et  24  bis.  Les  haches  de  Hagnau  (lac  de  Constance)  et  du  lac  de 
Sempach,  sont  d'une  forme  différente  ;  elles  marquent  la  transition 
entre  la  hache  à  bords  droits,  qui  s'arrêtent  au  premier  tiers  supé- 
rieur ou  à  la  moitié,  formant  une  tige  étroite,  terminée  au  sommet, 
par  une  échancrurej  alors  que  le  corps  de  la  hache  offre  des  bords 
arqués,  un  tranchant  large  et  en  arc  de  cercle.  Cette  forme  évoque  le 
type  de  la  fonderie  de  Bologne,  et  la  fin  de  l'Age  du  Bronze. 

22.  24.  25.  Haches  de  Saint-Martin  et  de  Broc,  au  Musée  de  Fri- 
bourg  (Suisse)  forment  une  transition  entre  la  hache  à  bords  droits 
et  la  hache  à  talon  ;  sur  les  Nos  24  et  25  (Fig.  3),  les  bords  s'arrêtent 
vers  le  milieu,  en  formant  sur  un  des  spécimens  de  Saint-Martin, 
un  léger  épaulement  médian,  tandis  que  sur  l'autre  hache  de 
Saint  Martin,  N°  22,  les  bords  droits  descendent  jusqu'en  bas,  ce 
qui  rend  le  tranchant  moins  arrondi  ;  ces  trois  instruments  sont 
très  étroits  (1)  (Fig.  10). 

Sempach,  Saint-Triphon  et  Sion,  Valais  (Suisse)  ont  donné  des 
exemplaires  analogues  au  N°  24. 

(1)  Viollier.  —  Quelques  sépultures  de  VAge  du  Bronze  en  Suisse,  p.  130  fig.  5 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  261 

Hache  d'Auvernier  (Collection  Desor)  à  bords  contournés,  longueur 
0m16,  reproduites  par  Chantre,  dans  ses  Eludes  palethnologiqucs, 
fig.  17. 

28  bis.  Hache  du  Tumulus  N°  1,  des  Grandes  Cotes  d'Onay,  près 
de  la  Chapelle  (Jura),  analogue  à  la  hache  de  Broc  ;  décrite  par 
Piroutet.  Fouilles  d'un  Tumulus  de  l'Age  du  Bronze,  aux  environs  de 
Salins  (Jura). 

23.  Hache  d Auxonne  (Côte-dOr),  présente  une  variante  sur  les 
Nos  24  et  25  en  ce  que  les  bords  droits  sont  contournés,  le  sommet 


Fig.  10.   -  Tombe  à  inhumation  do  Saint-Martin.  Musée  de  Fribourg. 


échancré  et  le  tranchant  évasé  ;    longueur  0m19  (Musée   de  Saint- 
Germain). 

26.  Hache  de  la  cachette  d'Amblagnieu  (Isère),  se  rapproche  de  la 
précédente,  mais  son  tranchant  est  plus  droit. 

Les  haches  à  talons  très  étroites  de  Counord  (Gironde),  du 
Musée  de  Montargis,  se  relient  à  cette  série. 

27.  Hache  de  Muhlthal  (Bauière)  au  Musée  de  Munich,  présente  une 
particularité  unique,  ses  bords  droits  ont  été  soudés  vers  le  milieu, 
ils  forment  un  étranglement  arrondi  qui  n'offre  plus  l'élégance  des 
autresv exemplaires;  longuenr  totale  0m195. 


262  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

III.  —  Thanchets-Haches. 

On  a  trouvé  en  Hongrie  (Chanlre,  fig.  40),  et  en  Ecosse,  de  très 
longs  et  très  étroits  ciseaux. 

28.  Hache  d  Ecosse,  sans  bords  droits,  à  tige  ronde,  très  mince, 
avec  deux  petites  saillies  centrales  et  latérales,  avec  large  tranchant; 
longueur  0m125,  décrite  et  reproduite  par  John  Evans  {JU  Age  du 
Bronze)  (Fig.  4,  N°  28). 

29.  Hache  Ciseau  de  Yattendon,  Comté  de  Berks  (Angleterre),  sans 
bords  droits,  plus  large,  plus  plate,  avec  saillies  latérale  et  médiane, 
tranchant  plus  étroit;  décrite  et  reproduite  par  John  Evans  (Fig.  4, 
N°  29). 

30.  Tranchet-Hache  deBronton  Comté  de  Chesteri  Angleterre)  formé 
d'une  tige  plate  très  étroite,  de  0m20  de  long,  avec  tranchant  aplati, 
un  peu  arqué,  et  deux  protubérances  de  chaque  côté,  vers  le  milieu  ; 
il  offre  des  analogies  avec  les  ciseaux  à  double  tranchant  d'Ir- 
lande (1)  (Fig.  4,  N°  30). 

31.  Ciseau  de  Bor  di  Pacengo  (lac  de  Garde),  très  allongé,  avec  de 
légères  saillies  vers  le  milieu  et  de  légers  bords  droits;  longueur 
0ro18  (2). 

31 A.  Ciseau  de  Plymstock,  comté  de  De  von,  formé  d'une  tige 
étroite  deOm105. 

31B.  Ciseau  de  Glenluce,  avec  tranchant  arrondi,  comme  les  haches 
grecques.  (John.  Evans.  Age  du  Bronze,  fig.  190-192.) 

Ces  haches-tranchets  sont  dérivées  d'instruments  plus  petits 
trouvés  à  Petit  Villatte,  Saint-Brieuc-des-Ifs  (Ille-et-Vilaine),  Venat 
(Charente),  Marlers  (Somme)  et  de  Bologne  (Italie)  ;  elles  se  ren- 
contrent avec  des  instruments  du  Bronze  IV,  nous  citerons  aussi  un 
très  long  ciseau  de  Teti  (Sardaigne),  mesurant  0m30  de  long  sur 
0^03   au  tranchant  (1300  à  900  av.  J.-C). 


IV.  —  Spatules. 

Les  spatules  à  tiges  allongées  appartiennent  au  Morgien  ou 
Bronze  II  ;  les  documents  qui  permettent  de  les  dater  sont  très 
rares  :  Spatule  de  Villars-sous-Mont  (Fig.  11). —  Nous  ne  connaissons 
que  la  sépulture  à  inhumation  de  Villars-sous-Mont,  près  Fribourg 
(Suisse),  près   de  laquelle  se  trouvait  une  spatule  avec  deux  beaux 


(1)  John  Evans.  —  L'Age  du  Bronze,  p.  183,  Fig.  197;  p.  182,  Fig.  196. 

(2)  Munro.  —  Les  Stations    lacustres  d'Europe,  pi.    33,  fig.  15.  —  Abbé  Breuil, 
îoc.  cit.,  fig.  22. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  263 

poignards  à  baî»e  large  et  à  rivets  ornés  de  lignes  parallèles  :  cette 
découverte  remonte  à  1900,  elle  est  rapportée  par  D.  Viollier  clans 
Quelques  sépultures  de  l'Age  du  Bronze  en  Suisse.  La  plus  ancienne 
mention  qui  ait  été  faite  de  ces  spatules  remonte  à  1712.  Cette  spa- 
tule a  fait  partie  du  Cabinet  de  l'Intendant  Foucault;  elle  a  été 
trouvée  à  8  kilomètres  de  Langres,  vers  1712  :  elle  a  été  publiée  par 
Dora  J.  Martin,  dans  la  religion  des  Gaulois  (T.  I,  p.  107,  pi.  2, 
fig.  4),  elle  fait  partie  du  Cabinet  des  médailles  de  Paris. 

32.  Spatule  du  Musée  de  Colmar  (Alsace),  offre  la   même  longueur 
que  celle  de  Saint-Martin,  près  Fribourg  (0in195),  avec  un  taillant 


Fig.  il.  —  Tombe  à  inhumation  de  Villars-sous-Mont.  Musée  de  Fribourg  (Suisse). 


plus  petit  de  0m077  ;  la  tige  est  plus  simple  et  un  peu  plus  large, 
légèrement  ovale,  et  sans  olive  médiane. 

33.  Spatule  de  Chaussin  (Jura),  au  Musée  de  Dole,  est  intermédiaire, 
plus  longue,  car  elle  mesure  0*29  de  long,  0m036  au  taillant  et  0m01 
pour  la  tige  très  étroite,  qui  a  0m013  d'épaisseur;  elle  a  été  trouvée 
entre  le  Doubs,  les  lignes  de  Chagny  à  Dole  et  de  Saint-Jean  à  Lons- 
le-Saunier. 


264  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

33  bis.  Spatule  des  environs  de  Langres  {Haute-Marne),  trouvée  en 
1712,  à  8  kilomètres  de  cette  ville;  elle  ressemble  à  la  précédente,  elle 
mesure  0m30  de  long  et  0m033  pour  la  lame  ;  c'est  la  moins  large  de 
toutes  celles  que  nous  décrivons  et  la  plus  effilée  ;  son  sommet  est 
légèrement  échancré,  et  l'arrêt  du  milieu  est  droit;  elle  se  trouve  au 
Cabinet  des  médailles  sous  le  N°  2.140  ;  elle  est  reproduite  dans  le 
catalogue  illustré  de  M.  Babelon. 

34,  34A,  34B.  Deux  spatules  semblables  des  environs  de  Dijon,  au 
Musée  de  Saint-Germain-en-Laye  (ancienne  collection  de  Maixmo- 
ron  à  Dijon,  avec  tranchant  très  ovale,  et  arête  médiane  ;  les  bords 
droits  très  fins  s'arrêtent  vers  le  milieu  en  formant  un  léger  renfle- 
ment, la  tige  est  très  mince,  longueur  0m325. 

34e.  Spatule  de  Pontcharra  (Isère)  -/ancienne  collection  Costa  de 
Beauregard,  analogue  aux  précédentes  (1). 

34D.  Spatule  sans  provenance  connue,  au  Musée  de  Saint-Germain- 
en-Laye  à  lame  très  allongée,  avec  l'extrémité  supérieure  déviée 
accidentellement  ;  nervure  centrale  s'arrêtant  perpendiculairement 
vers  le  centre,  comme  pour  la  spatule  de  Langres  ;  longueur  0m30  : 
elle  est  reproduite  par  J.  Déchelette  dans  son  Manuel  d'Archéologie 
(T.  II.  Archéologie  celtique  ou  protohistorique,  1  Age  du  Bronze, 
fig.  83).  Nous  croyons  qu'il  s'agit  d'une  des  trois  spatules  ci-dessus. 

35  et  35A.  Spatules  de  Saint- Martin  (Musée  de  Fribourg,  et  de 
Bevaix  (lac  de  Neuchâtel)  (Suisse.)  ;  elles  sont  identiques  aux  neuf 
qui  précèdent,  mais  elles  sont  un  peu  moins  longues  ;  elles  mesurent 
seulement  0m195  et  0m20,  comme  celle  du  Musée  de  Golmar  (2). 

36.  Spatule  de  Rame  (Hautes  Alpes),  à  longue  tige,  à  tranchant 
très  court  et  rond,  nervure  médiane  ,  longueur  0m225  (3);  elle  était 
associée  à  un  poignard  triangulaire  à  filets  gravés  et  6  trous  de 
rivets  disposés  en  demi-cercle. 

36A.  Spatules  de  Bohème,  de  Moravie  et  de  Hongrie,  citées  par 
Déchelette  (Manuel  d'Archéologie  celtique  ou  protohistorique,  lre  par- 
tie, Age  du  Bronze,  p.  248). 

37.  Spatule  de  Sucy-en-Brie  [Seine -et  Oise),  à  tige  très  mince  com- 
plètement ronde,  avec  extrémité  supérieure  très  mince  et  coupante, 
alors  que  l'autre  extrémité  est  large  et  allongée  ;  la  tige  est  légère- 
rement  coudée  ;  longueur  totale  0ra20  (Musée  de  Saint-Germain)  (4). 

On  voit  dans  les  Matériaux  (17e  vol.  T.  XIII,  1882-1883,  fig.  52  à 
54,  p.  148)  des  épées  de  bronze  provenant  du  Japon,  ou  plutôt  des 

(1)  G.  et  A.  de  Mortillet.  — Album  préhistorique,  1"  édit.,  pi.  LXXII,  fig.  746. 

(2)  G.  de  Mortillet.  —  Cachette  de  bronze  de  Sucy.  Matériaux  p.  hist.  homme, 
XVIIe  vol.  2*  ser.  T.  XIII,  1882-1885,  p.  270,  fig.  109. 

(3)  Viollier.  —  Quelques  sépultures  de  l'Age  du  bronze  en  Suisse,  p.  131,  fig.  7. 
—  R.  Munro.  —  Les  stations  lacustres  d'Europe,  pi.  10,  fig.  18. 

(4)  Matériaux  p.  hist.  homme,  XITI*  vol.  2*  sér.  T.  IX,  1878,  p.  155. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  265 

hallebardes  à  douille  mesurant  0m875,  dont  la  forme  rappelle  un  peu 
les  spatules  que  nous  venons  de  décrire. 

Nous  n'avons  pas  formulé  d'hypothèse  sur  l'usage  de  ces  spatules 
qui  offrent  toutes  un  très  beau  poli  et  une  belle  patine  :  ces  objets  ont 
tous  été  soigneusement  retouchés  après  la  fonte,  et  leur  parfait  état 
de  conservation  prouve  qu'ils  ont  très  peu  servi,  si  toutefois  ils  ont 
servi. 

V.  —  Haches  a   talon. 

Les  haches  à  talon  sont  classées  avec  les  haches  à  bords  droits 
très  accusés,  ou  avec  bords  droits  séparés  par  un  petit  talon;  on  les 
place  au  Bronze  III  (1600  à  1300  av.  J.-C). 

42.  Hache  à  talon  de  Seira  Alla  (Portugal),  du  Musée  de  Carmo,  à 
Lisbonne,  elle  mesure  0m252,  sans  son  bouton  fixé  au  sommet, 
qui  doit  simplement  être  le  jet  de  fonte  et  qui  est  resté  ;  cet  instru- 
ment n'offrirait  rien  d'anormal,  sauf  qu'il  correspond  à  une  grande 
hache  à  talon,  munie  de  deux  oreilles  (1). 

41.  Hache  de  Sierra  de  Baza,  Andalousie  {Espagne)  ;  elle  présente 
une  forme  très  rare,  très  allongée,  une  nervure  médiane  se  termi- 
nant en  trident  vers  le  tranchant  très  large  ;  deux  oreilles  existent 
sur  les  deux  côtés  :  sa  longueur  est  de  0m18  (2). 

38.  Hache  du  Hanouard  (Seine-Inférieure)  est  aussi  à  talon,  fort 
étroite,  avec  un  petit  tranchant  de  0m03,  elle  mesure  0m18  de  lon- 
gueur (au  Musée  de  Rouen),  elle  est  identique  à  une  hache  de  la 
collection  de  M.  Taurin,  à  Rouen,  qui  doit  provenir  aussi  de  la 
Seine-Inférieure,  et  une  du  Musée  de  Bayeux  (Calvados),  avec  ner- 
vure médiane  sur  le  tranchant. 

39.  Hache  du  Mont  Rotg  (Seine-Inférieure),  ne  mesure  que  0m14 
et  0m025  au  tranchant  ;  les  bords  se  terminent  par  un  arc  de  cercle 
coupé  par  un  talon,  la  douille  mesure  0m018  ;  c'est  une  forme  inter- 
médiaire (notre  collection).  Nous  avons  retrouvé  cette  forme  au 
Musée  de  Falaise  pour  deux  exemplaires  que  nous  avons  reproduits 
dans  notre  Inventaire  des  découvertes  de  l'Age  de  Bronze  dans  le 
Calvados  (AFAS,  1907,  fig.  38,  39,  40). 

40.  Hache  du  département  de  Y  Eure,  de  notre  collection,  mais 
dont  la  provenance  se  trouve  égarée,  ne  mesure  queOm12  de  long  et 
0m03  au  tranchant  ;  avec  un  talon  très  accusé  et  une  douille  de 
0m017  seulement  de  largeur. 

41.  Hache  à  talon  de  Rosenfors,  près  Borgholm,  Olland  (Suède),  au 
Musée  de  Stockholm,  elle  est  à  talon,  élancée,  avec  renflement  tout 

(1)  G.  et  A.  de  Moktilllt  —  Album  pr  historique,  pi.  LXVII,  Fig.  687. 
(ïj  John  Evans.  —  L'Age  du  Bronze,  y.  10'*,  lig.  89. 


266  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

autour  du  talon  ;  des  bords  droits  sont  simulés  sur  la  partie  infé- 
rieure, dont  le  trachant  est  arqué  ;  de  fines  gravures  ornent  la  par- 
tie centrale  et  les  côtés.  Cette  arme  par  le  soin  des  gravures  et  son 
poli,  prouve  qu'elle  n'a  jamais  servi  ;  sa  longueur  est  de  0m225  et 
son  tranchant  est  de  0in055  (1). 


VI.  —  Haches  votives  ou  d'Honneur  de   la  fin  de  l'Age  du 
Bronze  et  de  1er  Age  du  Fer. 

A  la  fin  de  l'Age  du  Bronze  et  au  commencement  de  l'Age  du  Fer, 
on  trouve  dans  les  terramares,  un  type  de  Haches  à  oreilles  rabat- 
tues, vers  le  tiers  supérieur.  —  Cette 
forme  s'est  trouvée  dans  les  terra- 
mares  de  la  fin  du  Bronze  et  dans  les 
sépultures  à  urnes  des  environs  de 
Bologne  (Périodes  de  Benacci  I  et  II 
1000  à  1500  av.  J.-C),  avec  des  ra- 
soirs en  croissant,  à  manche  ter- 
miné par  un  petit  anneau,  et  des 
fibules  en  arc  de  violon.  —  En  France, 
les  formes  sont  un  peu  différentes, 
mais  le  sommet  a  toujours  une  petite 
échancrure.  Les  stations  lacustres  en 
ont  donné  qui  forment  la  transition, 
par  exemple  le  n°  21  de  Hagnau  (lac 
de  Neuchâtel)  et  du  lac  de  Sem- 
pach. 
L'importante  cachette  de  fondeur  de  Bologne  en  a  donné  de  très 
nombreux  exemplaires 

Dans  les  urnes  de  la  Toscane,  on  trouve  parfois  de  grandes  haches 
à  douille  ouverte,  de  même  forme,  mais  plus  plates,  et  ornées  sur 
les  côtés  de  cinq  groupes  de  lignes  parrallèles  ;  la  lame  est  mince, 
comme  une  feuille  de  bristol,  et  sur  les  deux  faces,  on  voit  huit 
cercles  concentriques  avec  point  central.  Le  Cabinet  des  médailles 
de  Paris  en  possède  une  trouvée  à  Herculanum  ;  elle  mesure  0m24 
(N°  2071)  ;  l'autre  de  même  longueur  est  ornée  de  trois  groupes 
de  lignes  parallèles  (sans  provenance  N°  2069).  Il  nous  est  impos- 
sible de  citer  toutes  les  localités  d'Italie  où  l'on  a  recueilli  de  ces 
haches,  plus  fréquentes  cependant  en  Toscane,  dans  les  Nécropoles 
Bolonaises  (Musée  de  Bologne). 

Le  peu  d'épaisseur  des  lames  de  ces  haches  qui  sont  même  par- 


Fig.  12.  —  Haches  votives  de  la  fin 
de  l'Age  du  Bronze  et  du  l,r  Age 
du  Fer. 


(1)  G.  et  A.  de  Mortitlet.  —  Album  préhistorique,  pi.  LXXIII,  Fig;  755. 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  267 

fois  flexibles  prouve  que  c'étaient  des  haches  votives  ou  d'hon- 
neur. 

C'est  aussi  au  Premier  Age  du  Fer  que  l'on  peut  classer  certaines 
haches  du  Nord,  à  large  tranchant  arqué,  à  sommet  terminé  par  un 
bouton,  avec  trou  traversant  le  dernier  tiers  du  sommet  pour  faire 
passer  un  manche.  Ces  haches  sont  généralement  très  ornées,  ce 
qui  prouve  qu'elles  n'ont  jamais  servi  pour  des  travaux  pénibles. 
En  Hongrie,  on  en  a  trouvé  d'un  peu  différentes;  on  peut  en  voir  au 
Musée  de  Saint-Gerraain-en-Laye  (1). 

La  Fionie  (Danemark)  en  a  donne  d'autres,  également  très  ornées, 
mesurant  0m40  et  0m475  de  longueur  ;  elles  sont  au  Musée  des  Anti- 
quités du  Nord,  à  Copenhague. 


Nous  n'avons  pas  la  prétention  d'avoir  signalé  toutes  les  haches 
offrant  des  dimensions  anormales,  nous  avons  simplement  groupé  les 
principales,  ce  qui  permet  de  voir  que  la  fabrication  des  haches  de 
bronze  avait  acquis  tout  son  développement  au  IIe  Age  de  Bronze  et 
au  début  du  Bronze  III,  c'est-à-dire  pendant  la  période  des  haches 
à  bords  droits  où  le  martelage  et  le  polissage  furent  constamment 
appliqués  ;  car  on  a  pu  voir  que  les  haches  à  talon  sont  ordinaire- 
ment à  peine  travaillées  après  la  fonte,  et  que  le  plus  souvent 
le  tranchant  seul  a  été  allongé  au  marteau. 

La  gravure  sur  les  plaques  et  les  bracelets  se  continua  pendant 
les  Bronze  III  et  IV.  Il  est  permis,  à  ce  propos,  de  se  demander 
comment  on  a  pu  graver  de  très  délicates  spirales  et  de  nombreux 
cercles  concentriques  aussi  parfaits  sur  le  bronze,  alors  qu'il  nous 
faut  des  burins  d'acier  pour  exécuter  le  même  travail  ;  nous  devons 
donc  avouer  que  l'époque  Morgienne  ou  du  Bronze  II  est  une  des 
plus  riches  et  la  plus  parfaite  pour  l'industrie  de  l'Age  du  Bronze 

(1)  G.  et  A.  de  Moriillet.    —  Album  préhistorique,  n05     1170  et  1171,  pi.  XC1X 


268  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 


Détermination   do   Fépoquo  «l'emploi   en  Années 
<lea  llaelies  à  ltouton. 

Pak  M.   le  D' 

Marcel  BAUDOUIN  (Paris). 

Tous  les  Préhistoriens  connaissent  cette  superbe  sorte  de  Hache 
polie,  particulière  au  Centre  mégalithique  de  Bretagne-Vendée,  qui 
a  reçu  le  nom  de  Hache  a  Bouton. 

Etudiées  avec  soin  par  B.  Fillon  et  F.  Parenteau  (de  Vendée), 
qui  n'ont  d'ailleurs  rien  publié  à  ce  propos;  puis,  par  M.  Pitre  de 
Lisle  (1).  à  qui  l'on  doit  un  mémoire  magistral  sur  la  question,  ces 
haches  sont  remarquables, [en  dehors  de  ce  qui  a  trait  à  leur  fracture 
et  à  la  roche  qui  les  constitue,  par  ce  fait  qu'on  ne  les  rencontre 
presque  jamais  dans  les  Mégalithes  funéraires. 

A  quoi  cela  tient-il  ?  On  l'ignore.  Mais  on  sait  pourtant,  grâce  à 
M.  Pitre  de  Lisle,  qu'on  en  a  trouvé  déjà  au  moins  trois  dans  des 
Monuments  de  cette  nature;  et  cela  toujours  dans  le  Morbihanl 

L'une  a  été  recueillie  dans  le  Cromlech  dEr  Lanic,  bien  connu, 
par  M.  P.  du  Chatellier  et  se  trouverait  encore  dans  cette  collection. 

La  seconde  provient  du  Tumiilus  de  Saint-Galles,  à  Arradon,  et 
aurait  disparu. 

La  troisième,  enfin,  a  été  recueillie  dans  le  Dolmen  de  l'Ile  Rhéno, 
commune  de  Baden,  canton  Ouest  de  Vannes,  par  M.  le  Dr  G.  de 
Closmadeuc,  qui  l'a  offerte  au  Musée  des  Antiquités  Nationales,  à 
Saint-Germain-en-Laye,  où  elle  se  trouve  toujours. 

Après  avoir  retrouvé  la  trace  de  cette  dernière  pièce,  j'ai  eu  l'idée 
d'essayer  de  déterminer  l'époque,  en  années,  de  l'emploi  de  ces 
sortes  de  haches,  en  utilisant  :  a)  d'abord  cette  trouvaille,  excep- 
tionnelle, dans  un  Dolmen;  b)  puis,  la  méthode  que  j'ai  imaginée 
pour  calculer  Y  Age,  en  années,  de  ces  Monuments,  à  l'aide  du  phé- 
nomène astronomique  de  la  Précession  des  Equinoxes  (2). 

Il  est  bien  évident,  en  effet,  que  cette  époque  doit  correspondre,  à 
quelques  centaines  d'années  près  au  moins  à  celle  de  l'Edification 


(1)  Pitre  de  Lisle.  —  Les  Haches  à  tête  de  la  Bretagne  et  du  Bo<:age,  etc.  — 
Nante»,  1880,  in  8%  48  p.,  VI  pi.  h.  texte. 

(2,  Certes,  on  pourrait  employer  la  même  méthode  pour  le  Mégalithe  Saint- 
Galles;  mais  je  ne  possède  aucune  donnée  sur  ce  Monument. 

Par  contre,  on  ne  peut  pas  utiliser  ce  procédé  dans  les  Cromlechs,  parce  que  là, 
la  hache,  non  enfouie  à  dessein  comme  dans  une  Sépulture,  a  pu  être  perdue  sur 
le  sol,  ù   une  époque  t/ès  postérieure  ù  leur  érection. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  259 

de  ce  Mégalithe  et  n'a  guère  de  chances  d'être   postérieure  (1),    si, 
du  moins,  la  Sépulture  incluse  n'a  pas  été  remaniée  au  Bronze. 

J'ai  donc  eu  d'abord  à  me  procurer  :  a)  les  données  relatives  à 
cette  Hache  ;  b)  et  surtout  les  détails  de  la  Fouille,  de  la  part  de 
M.  le  Dr  de  Closmadeuc;  cela  pour  pouvoir  utiliser  ensuite  ces 
documents  de  la  façon  voulue. — Mais,  pour  plus  de  sûreté,  je  me  suis 
adressé  d'une  part,  à  M.  S.  Reinach,  au  Musée;  et  d'autre  part,  à 
M.  de  Closmadeuc  lui-même.  —  Aussi  je  tiens  à  remercier,  tout 
d'abord,  ces  savants  et  aimables  confrères  de  l'empressement  qu'ils 
ont  mis  à  répondre  aux  questions  posées. 

1°  Hache  a  Bouton  du  Dolmen  de  Rhéno.  —  M.  G.  de  Closma- 
deuc, en  1873  (2),  a  cité  cette  pièce  en  ces  termes  : 

«  Cependant  le  Celtœ  s'écarte  quelquefois  du  type  primitif.  Ainsi 
il  arrive  qu'au  lieu  de  se  terminer  par  une  pointe  plus  ou  moins 
aiguë  il  se  termine  par  une  surface  ovalaire,  comme  se  présente  le 
Celtœ,  que  j'ai  offert  au  Musée  de  Saint-Germain?  et  qui  provient  de 
l'Ile  de  Rhéno  ». 

Voici  la  note  que  m'a  remise  le  Musée  de  Saint-Germain  sur  cette 
pièce  : 

«  N°  3957.  Original.  —  Dolmen  de  l'Ile  de  Rhéno,  près  Locma- 
riaquer.  —  Don  Closmadeuc.  » 

M.  Pitre  de  Lisle,  en  1880  (3),  s'est  borné  à  dire  que  cette  pièce, 
en  «  diorite  foncée  »,  était  du  Type  I  de  sa  classification. 

Il  s'agit  donc  bien  d'une  véritable  Hache  a  Bouton. 

2°  Le  Dolmen  de  lTle  de  Rhéno  [Commune  de  Baden].  —  1°  His- 
torique. —  a)  M  J.-M.  Mené,  en  1881  (4),  a  indiqué  qu'en.  1864 
une  fouille  avait  été  faite  par  M.  de  Closmadeuc  au  Dolmen  de  Vile 
de  Rhéno  et  donné  le  détail  des  trouvailles  faites  à  cette  occasion  et 
remises  au  Musée  de  la  Société  polymathique  du  Morbihan.  Il  n'y  est 
pas  question  de  la  Hache  à  bouton  ci-dessus,  évidemment  parce 
qu'elle  était  déjà  à  Saint  Germain,  depuis  de  longues  années. 

b)  J'ai  demandé  à  M.  de  Closmadeuc,  quelques  renseignements 
sur  cette  fouille.  Voici  ce  qu'il  m'a  fait  écrire  d'abord  dans  une  lettre 
datée  du  7  avril  1915.  «  J'ai  sans  doute  donné  la  hache  en  question 


(1)  Inutile  de  répéter  ici  ce  que  nous  savons  déjà  de  Y  époque  de  ces  haches. 
Elles  sont  datées,  dans  les  trois  Cachettes  néolithiques  connues  qui  en  renfer- 
maient, par  le  voisinage  d'autres  Haches  polies  ordinaires.  — Elles  sont  donc 
sûrement  Roberhàusiennes. 

(2)  Bull.  Soc.  Polym.  Morbihan,  1873. 

(3)  Loc.  cit.  —  Tiré  à  part,  1880  [Y.  p.  31]. 

(4)  J.-M.  Mené.  —  Catalogue  du  Musée  Arch.  dé  la  Soc.  Polym.  du  Morbihan. 
—  Vannes,  1881,  p.  17. 


270 


SOCIETE   PREHISTORIQUE  FRANÇAISE 


à  Alexandre  Bertrand.  Elle  provient  bien  de  l'intérieur  du  Dolmen, 
et  j'ai  noté  YOricntalion  :  Sud-est,  je  crois   ». 

c)  D'autre  part,  mon  excellent  et  dévoué  collègue  de  la  Société 
Préhistorique  Française,  M.  Ducourtioux,  m'a  fourni  un  plan,  iné- 
dit, du  Dolmen  de  Rhéno  (Fig.  1),  dû  à  M.  Louis  Galles,  qu'il  a 
trouvé  dans  des  documents  et  notes  de  cet  Archéologue,  n'ayant  pas 


S  c2  olcn^. 


Uûi 


Fig.  1.  —  Plan  du  fond  du  Dolmen  de  l'Ile  de  Rhéno,  en  Baden  (Morb.i.  D'après  un  Cro- 
quis de  Louis  Galles.  —  I,  II,  Piliers  des  parois  latérales  ;  —  III,  IV,  Piliers  de  fond  ; 
—  V,  Table  (1).  —  Orientation  magnétique,  très  probable. 

encore  été  publiées.  Je  le  remercie  de  ce  document  précieux,  sur 
lequel  la  direction  du  Nord  est  indiqué. 

3°  Description  de  la  Fouille  du  Dolmen.  —  Enfin  le  14  avril 
1915,  j'ai  reçu  de  M.  le  Dr  de  Glosmadeuc,  le  récit  complet  de  la 
Fouille  du  Dolmen  de  Rhéno,  inédit  jusqu'à  présent.  —  Je  suis 
heureux  de  pouvoir  donner  ici  cette  note  originale. 

«  La  fouille  a  été  faite  en  1864  par  mon  oncle  Gauzique.  Il  entre- 
prit cette  fouille  sur  ma  demande  et  à  ses  frais.  C'est  lui  qui  dirigea 
l'opération  et  surveilla  les  ouvriers  (2). 

«  Dès  la  première  journée  de  travail,  nous  acquîmes  la  preuve 
que  le  Monument  avait  été  visité  antérieurement. 

«  Le  Dolmen  était  à  ciel  ouvert,  dégarni  de  son  Tumulus. 


(1)  D'après  un  dessin  à  moi  communiqué  très  obligeamment  par  mon  excel- 
lent collègue,  M.  Ducourtioux. 

(2)  M.  Cauzique  était  un  homme  instruit  et  consciencieux.  11  n'était  pas  à  ses 
débuts  en  fait  d'explorations  archéologiques.  Il  était,  en  même  temps,  posses- 
seur de  nie  de  Gavr'inis.  C'est  lui  qui,  après  1830,  pénétra  le  premier  dans  le 
Monument  célèbre.  CVst  lui  qui  en  déblaya  l'intérieur  et  mit  à  découvert  les  admi- 
rables Sculptures  qui  décorent  la  chambre  et  la  galerie  souterraine.  [Note  de 
M.  G.  Closmadeuc]. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  271 

«  L'intérieur  était  comblé  jusqu'à  la  table,  d'un  amas  de  maté- 
riaux, de  toutes  sortes.  — Terre  meuble  ;  ferraille (1);  cailloux  roulés, 
jusqu'à  des  fragments  de  poteries  diverses  et  de  bois  pourri.  Le 
déblaiement  fut  exécuté  avec  le  plus  grand  soin.  Nous  recueillîmes, 
a  l'intérieur  de  la  crypte  (2),  sur  la  dalle  du  pavage  (3),  les 
objets  suivants  :  1°  quelques  fragments  de  Poteries  caractéristiques 
de  l'époque  dolmenique  ;  2°  une  certaine  quantité  de  Silex  pyro- 
maques  (4);  3°  une  boule,  en  silex;  4°  une  hache  en  pierre,  à  pointe 
renflée,  dite  à  bouton. 

«  En  dehors  du  dolmen,  et  à  une  certaine  distance,  on  trouva 
une  petite  hache,  en  quartz  blanc  (5). 

«  M.  Cauzique  fit  don  de  ces  objets  à  la  Société  Polymathique.  Ils 
furent  placés  ensemble  sous  une  vitrine  avec  l'étiquette  «  Dolmen 
du  Rhéno  ».  On  les  y  a  toujours  vus  et  y  sont  restés  jusqu'à  ce 
jour  ». 


4°  Calcul  de  l'Age  de  la  Hache.  —  Ainsi  donc,  grâce  à 
M.  Ducourtioux,  j'ai  pu  obtenir,  un  plan,  bien  Orienté,  du  Dolmen 
de  Rhéno  (Fig.  1).  Ses  données  concordent,  d'ailleurs,  avec  l'indi- 
cation [Sud-est],  à  moi  fournie  par  M.  le  Dr  de  Closmadeuc,  puisque 
l'orientation  correspond  sur  le  dessin  à  140°  [Il  s'agit,  très  proba- 
blement, de  l'Orientation  à  la  Boussole]. 

Malheureusement,  on  n'a  affaire  ici  qu'à  un  Monument  incomplet, 
dont  nous  avons  seulement  la  Chambre  de  fond,  et  non  pas  YEntrée  ! 
Ce  qui  est  indispensable  en  l'espèce,  car  on  sait  que,  souvent,  de 
tels  dolmens  peuvent  présenter,  vers  l'Entrée,  une  Galerie,  plus  ou 
moins  coudée  ou  oblique. 

Quoiqu'il  en  soit,  si  nous  admettons,  par  hypothèse,  que  cette 
Orientation  est  exacte  [mais  redisons  bien  qu'il  ne  sera  possible  de 
l'affirmer  qu'après  de  nouvelles  Fouilles],  nous  pouvons  considérer 


(1)  Attaque  à  l'Age  du  Fer  évidemment.  Elle  doit  dater  de  l'époque  gallo-romaine 
ou  du  Moyen  âge.  [M.  B.]. 

(2)  Point  très  important,  à  souligner  tout  spécialement.  [M.  B.]. 
(3j  Constatation  capitale  également.  [M.  B.]. 

(4)  Ce  sont  les  classiques  Eclats  de  Silex,  qu'on  trouve  toujours,  si  Ton  fouille 
avec  soin.  —  Cette  remarque  prouve  que  la  fouille  a  été  très  bien  exécutée  par  un 
archéologue  attentif. 

(5)  Dans  le  Catalogue  du  Musée  de  Vannes  de  MM.  Limur  et  d'Ault  (1865),  on 
trouve  mention  de  cette  pièce  :  TS'°  255.  Hache  en  quartz-agate  blanc,  type  A.  — 
Long.  0^089;  lurg.  0m039;  épaiss.   0,n029.    Arêtes    arrondies.  [Don    Cauzique]. 

D'autre  part,  dans  les  B.  de  la  S.  P.  M.,  on  lit  (séance  du  29  décembre  1863]  : 
«  Don  Cauzique,  1  Celtœ  silex  blanc,  trouvé  dans  l'Ile  de  Réno  »  [Ducourtioux], 


272  SOCIÉÏÉ   I'RÉlIISTrilIQUE   FRANÇAISE 

que   ce  Mégalithe  était  construit  sur  la   Ligne  équinoxiale,   avec 
entrée  au  Levant  (1). 

En  effet  :  140°  =  90°  [Eq.]  +  17°30  [Dév.  magn.]  +  23°30°  [  Dév. 
Prèc]  -\-  9°  [Erreur  de  visée  ou  de  construction]  (2). 

Ce  qui  indique  qu'il  date  de  4000  ans  av.  J.-C. 

Cette  Orientation  cadre  très  bien,  au  demeurant,  avec  la  trou- 
vaille d'une  Hache  à  Bouton,  c'est-à-dire  d'une  hache  en  roche  rare, 
de  forme  perfectionnée. 

En  effet,  on  sait  que  le  Culte  de  I'Equinoxe,  en  ce  qui  concerne 
les  Dolmens,  n'est  apparu  qu'après  celui  du  Soleil  à  Midi  et  celui  du 
Solstice  d'Hiver,  et  que,  parfois,  il  a  été  encore  très  tardivement  uti- 
lisé, en  même  temps  que  celui  du  Solstice  d'Eté, 

Conclusions.  —  Dans  ces  conditions,  sans  crainte  de  se  tromper, 
on  peut  affirmer  qu'on  fabriquait  et  utilisait  les  Haches  à  Bouton 
4000  ans  avant  J.-C.  ;  ce  qui  correspond  à  peu  près,  d'ailleurs, 
presque  à  la  fin  de  l'Epoque  Néolithique,  qui,  en  Bretagne,  toute- 
fois, a  pu  se  prolonger  un  peu  plus  longtemps  qu'ailleurs. 

Tout  concorde  donc  pour  bien  préciser  l'âge  de  ces  curieuses 
pièces  :  et  la  technologie,  et  les  trouvailles  dans  les  Cachettes,  et 
celles  des  Sépultures  (3)! 

Elles  datent  au  moins  de  4000  ans  et  peut-être  remontent-elles 
jusqu'à  4500  ou  5000  ans  av.  J.-C. 

(1)  L'Orientation  sur  la  Ligne  Solsticiale  Sud-Lever  (126°)  ne  peut  cadrer,  car 
140°  <^  126°  +  1"°30  (143°30),  à  moins  de  supposer  une  erreur  de  visée  négative 
et  un  Dolmen  âgé  de  plus  de  10.000  ans.  —  Ce  qui  est  inacceptable  pour  la 
Bretagne  et  surtout  pour  les  Haches  à  bouton  ! 

(2)  Cette  erreur,  quoique  forte,  n'a  rien  d'extraordinaire  [Cf.  celle  des  Menhirs 
de  l'Allée  couverte  des  Landes,  Bazoges-en-Pareds  (V.),  ouverte  aussi  à  TEqui- 
noxe  :  erreur  qui  atteint  là  le  même  chiffre]. 

(3)  Ces  faits  sont  d'ailleurs  une  confirmation  directe  de  la  théorie  que  j'ai  ima- 
ginée pour  trouver  Y  Age  des  Dolmens.  —  Si  mon  Hypothèse  était  mauvaise,  il  y 
aurait  beaucoup  de  chances  pour  qu'il  n'y  ait  pas  ainsi  concordance  entre  les 
données  fournies  par  les  Cachettes  et  les  Sépultures  ! 


SÉANCE  DU  24  JUIN   1915 


Présidence  de  M.  LE  BEL. 


I.    —     PROCÈS-VERBAL     DE    LA     SÉANCE 


La  Séance  est  ouverte  à  4  heures,  sous  la  Présidence  de  M.  Le  Bel, 
Vice-Président. 

Il  est  donné  lecture  du  procès-verbal  de  la  dernière  séance 
(27  mai  1915),  qui  est  approuvé. 

A  propos  du  procês-verbal,  notes  de  M.  Marcel  Baudouin. 
Correspondance. 

Lettres  d'Excuses  et  de  Condoléances.  —  MM.  le  Dr  A.  Guébhard; 
—  A.  Viré  ;  —  Ch.  Schleicher;  —  ïhiot  ;  —  Dr  Atgier  ;  —  Edmond 
Hue. 

Bibliothèque. 

La  Société  Préhistorique  Française  a  reçu  les  Ouvrages  suivants 
de  MM.  : 

Bellucci  (Pr  G.).  —  L'Epoca  paleolitica  dell*  Umbria  [Extr.  Archivio  per  l'An- 

tropol.  e  la  Etnologia,  1914,  XLIV,  fasc.  4,289-324,  10  fig.].  —  Firenze,   191b, 

in-8%  38  p.,  10  fig. 
Marlot  (Hippolyte).  —  Recherches  de  mines  métalliques  et  métaux  précieux, 

or,  argent,  dans  le  Morvan  [Extr.  Pr.  -   Vx  de  la  Soc.de  VHist.  nat.,  Autun, 

année  1914].  —  Autun,  1914,  in-8",  30  p. 
Marlot   (Hippolyte).  —  Le  Lérot;  comment  on  le  détruit  [Extr.  Pr.  -  Vx  Soc. 

d'tiist.  nat.,  Autun,  1913].  —  Autun,  1913,  in-8°,  3  p. 
Guelliot  (0.).  —  Marnien  ou  La  Tène  I  [Extr.  Bull.  Soc.  Préh.  Franc.,  1915, 

22  avril].  —  Le  Mans,  1915,  in-8°,  12  p. 
Baudouin  (Marcel).  —  Les  Pieds   humains  sculptés  de  la   Pierre  Le  Mulot 

(n°I)  à  Bleurville  (Vosges)  [Extr.  Bull,  et  Mém.  Soc.  d'Anlhr.,  Paris,  1915, 

VI  s.,  t.  V,  fasc.  3,  16  avril,  n°  3,  p.  181-196,  4  fig.].  —  Tiré  à  part,  1914, 

in-8',  16  p.  4  fig. 
Baudouin  (Marcel).  —  Remarques  sur  un  crâne,  d'origine  inconnue,  offert  à 

la  S.  A.  P.  par  M.  le   D?  Le  Pileur  [Extr.   Bull,  et  Mém.    Soc.   d'Anthr., 

Paris,  1914,  7  mai,  VI  s.,  t.  V,  fasc.  3,  n°  3,  p.  205-209].—  Tiré  à  part,  5  p., 

in-8%  1914. 
Baudouin  (Marcel).— Le  Menhir  de  La  Tonneile  en  Saint-Hilaire-de-Riez  (V.), 

Monument,  classé,  détruit  à  la  suite  d'une  Action  humaine  [Extr.  Bull.  Soc, 

Préh.   Franc.,  Par.,  1915,  XII,  23  mars,  n°  3,  p.  167-180,7  Fig].  -  Paris, 

S.  P.  F.,  1915,  in-8°,  14  p.,  7  Fig. 

Présentations  et  Communications. 

Paul  de  Givenchy (Paris).  —  Deux  Casse-têtes  naviformes  de  Scanie. 
Marcel  Baudouin  (Paris).   —  Silex  du  Grand- Pressigny ,  trouvés  en 
Vendée. 

SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  18 


274  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Bossavy  (Versailles).  —  Découverte  d'une  Gravure  sur  la  Pierre  aux 
Moines  du  Bois  de  Meudon,  à  Clamart  (Seine)  [Prise  de  date], 

Dr  Marcel  Baudouin  (Paris).  —  Découverte  et  Fouille  d'un  Menhir 
tombé,  à  Sculptures  et  Polissoir,  découvert  sous  les  Dunes,  aux  Chaumes, 
commune  de  Saint- Hilaire-de-Riez  (Vendée),  —  Nécessité  de  la  Restau- 
ration, 

Dr  Jousset  de  Bellesme  (Eure-et-Loir).  —  Des  signes  propres  à 
reconnaître  si  un  Silex  non  taillé  a  été  utilisé  intentionnellement. 

L.  Jacquot  (Grenoble).  —  La  Pierre  a  Cupules  de  Fontaines  (Isère) 

(1  *%.)•_ 

A.  Guérhard  (Saint-Vallier-de-Thiey,  A. -M.).  — Nouvelles  décou- 
vertes de  Castellars  dans  le  Var. 

Poulain  (Georges)  (Eure).  —  Fond  de  Cabane  mérovingienne  à 
Sainte- Geneviève-les-Gasny  (commune  d^Ecos,  Eure), 

Barthere  (Madagascar).  —  Observations  sur  une  prétendue  hache, 
en  os  d'oiseau,  provenant  des  fouilles  exécutées  par  V Académie  mal- 
gache ,  à  Ampa-sam-Tazeinba  en  1908  (Madagascar)  [1  Fig.]. 

Poulain  (G.)   (Eure).   —  Sur  quelques  coutumes   locales,   etc.,   de 

VEure  (Suite). 

Cotisations  de  19 1£». 

Conformément  à  l'Art.  4  du  règlement,  les  Cotisations  pour  1915 
(Douze  Francs)  ont  été  mises  en  recouvrement  dans  le  cours  du  qua- 
trième mois  de  l'année  1915.  Elles  doivent  être  adressées  à  M.  Mau- 
rice Gillet,  Trésorier  de  la  S.  P.  F.,  30,  rue  Gardenat-Lapostol, 
Suresnes  (Seine). 

Le  mode  d'envoi  le  plus  pratique  est  le  Mandat-carte  ou  Mandat- 
lettre.  Les  Sociétaires,  dont  la  cotisation  (12  Fr.)  n'aurait  pas  été  reçue 
au  15  avril  1915,  sont  priés  de  vouloir  bien,  pour  éviter  toute  interrup- 
tion dans  le  service  du  Bulletin,  faire  honneur  au  Recouvrement  pos- 
tal, qui  leur  sera  (sauf  entente  particulière  avec  le  Trésorier)  adressé 
à  domicile,  majoré  de  0,75  centimes  pour  les  frais. 

Le  Conseil  cT Administration  de  la  Société  Préhistorique 
Française  prévient  les  Membres  de  la  Société  Préhistorique 
Française  que  les  Cotisations  de  191 5,  étant  d'une  perception 
très  malaisée,  en  raison  de  Vétat  actuel  des  choses,  il  a  été 
obligé  de  diminuer  le  nombre  des  feuilles  du  Bulletin,  et  de  sup- 
primer les  n°*  de  Vacances  191 5,  une  amélioration  ne  se  dessi- 
nant pas  dans  les  rentrées. 

Désormais,  et  jusqu'à  nouvel  ordre,  chaque  Numéro  ne 
comprendra  donc  que  deux  feuilles  (32  p.),  au  lieu  de  quatre 

(64  p.). 

Il  est  très  regrettable  qu'on  soit  absolument  obligé  de  recou- 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  275 

rir  à   cette   mesure,    très  préjudiciable   aux    intérêts  de  la 
Science  Préhistorique. 

Nous  prévenons  nos  Collègues  que  V insertion,  plusieurs  fois 
répétée  de  cette  note,  dans  le  Bulletin,  remplace,  par  raison 
d'économie,  la  Lettre  d'Avis,  non  recommandée)  indiquée  par 
l'Article  3  du  Règlement. 


II.  —  NOTES,  DISCUSSIONS   ET  PRISES   DE  DATE. 


l^a.  Préhistoire  dam  les  Tranchées. 

M.  Marcel  Baudouin.  —  Le  journal  Le  Temps  (20  juin  1915)  a 
raconté  ce  qui  suit  :  «  M.  le  Dr  Barot,  maire  d'Angers,  médecin- 
major  d'infanterie,  actuellement  sur  le  front,  vient  d'adresser  à  ses 
amis  une  lettre  dans  laquelle  il  leur  donne  des  renseignements  sur 
une  découverte  que  les  soldats  de  son  régiment  ont  faite.  «  En  creu- 
sant une  tranchée,  sur  un  col  de  400  mètres  d'altitude,  on  a  décou- 
vert de  très  vieilles  sculptures.  Des  fouilles  méthodiques  entreprises 
ont  mis  à  jour  un  Cimetière  gaulois.  On  a  exploré  en  ce  moment  six 
sépultures  et  retrouvé  2  glaives,  2  couteaux,  1  vase,  des  objets  de 
toilette,  et  des  parures  féminines  (perles  en  terre  cuite  ou  verroterie, 
débris  de  peignes  en  os  ciselé,  médailles).  On  a  pu  également 
recueillir  quelques  crânes  et  parties  de  squelettes  bien  conservés. 
Tous  ces  objets  ont  une  réelle  valeur  archéologique  ou  anthropolo- 
gique. On  continue  les  fouilles  ;  et  les  trouvailles  iront  au  Musée 
Saint- Jean  d'Angers.  » 

D'un  autre  côté,  M.  G.  Jullian  a  communiqué,  à  l'Académie  des 
Inscriptions,  le  mois  dernier,  une  découverte  faite  dans  les  mêmes 
conditions,  dans  les  tranchées.  Nous  y  renvoyons. 


Une  Sépulture  de  l'époque  mycénienne  en  Crête. 

M.  Marcel  Baudouin.  —  Le  25  avril  1915  les  journaux  quotidiens 
annonçaient,  de  La  Ganée,  la  découverte  d'une  tombe  de  l'époque 
mycénienne,  d'une  grande  importance,  au  village  d'Episkopi  (Crête). 
Elle  renfermait  deux  magnifiques  urnes  ciselées  et  de  très  nom- 
breux objets  en  terre  cuite. 


276  SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

Nouvelles  découvertes  de  Castelars  dans  le  Var. 

PAR 

Adrien  GUÉBHARD  (Saint- Vallier-de-Thiey,  A. -M.). 

Poursuivant  mes  explorations  géologiques  dans  le  Nord-Est  du 
département  du  Var,  j'ai  eu  l'occasion  de  découvrir  encore  un 
nombre  inattendu  de  Castelars,  dans  un  domaine  où  il  est  certain 
que  le  regretté  Henri  Segond,  s'il  n'eût  été  enlevé  prématurément  à 
la  Science,  n'eût  plus  rien  laissé  à  trouver. 

A  l'W.  de  Callas,  le  point  coté  705  est  un  petit  sommet  isolé, 
formé  par  la  saillie  verticale  de  gros  bancs  de  dolomie  siliceuse 
bajocienne,  au  Nord  desquels  l'Infralias  forme  une  terrasse  demi- 
elliptique  assez  étroite,  d'une  quarantaine  de  mètres  au  plus.  Cette 
terrasse  n'aurait  certainement  pas  subsisté  sans  le  contrefort  d'un 
très  gros  mur  présentant  tous  les  caractères  des  constructions  pré- 
historiques. 

Sur  le  seul  territoire  de  Montferrat,  les  enceintes  préhistoriques 
abondent.  Le  promontoire  bajocien,  terminé  en  pain  de  sucre  au 
Sud,  sur  lequel  s'élève  la  chapelle  de  Notre-Dame,  ancien  centre 
d'une  agglomération  médiévale  presque  disparue,  était  barré  à  son 
étranglement  vers  le  Nord,  par  un  énorme  mur,  dominant  d'une 
dizaine  de  mètres  le  fossé  naturel  d'une  gorge  bathonienne.  Son 
emplacement  est  par  48G468  de  latitude  Nord  et  4G61  de  longitude 
Est. 

Cette  gorge  est  dominée  au  Nord  par  un  sommet  arrondi  bien 
détaché,  par  48G472  de  latitude  et  4G609  de  longitude,  où  se  décou- 
vrent, surtout  du  côté  Est,  au  milieu  des  nombreux  murs  de  défri- 
chement anciens,  quelques  morceaux  paraissant  attribuables  à  une 
grande  enceinte  ovale,  dont  Notre-Dame  n'aurait  été  que  le  poste 
avancé.  On  pourrait  appeler  ce  sommet  du  nom  de  la  bastide  du 
Colombier  qui  est  à  son  pied,  au  Nord. 

De  l'autre  côté  de  la  large  vallée  de  Favas,  on  voit  d'abord,  gar- 
dant l'entrée  occidentale  et  la  route  du  Sud,  sur  un  petit  sommet 
conique,  par  48G482  de  latitude  et  4G62  de  longitude  Est,  les  restes 
très  considérables  d'un  poste  qui  l'était  beaucoup  moins,  mais  qui 
avait  exigé  l'accumulation  d'une  quantité  énorme  de  fragments  du 
calcaire  bajocien  pour  surélever  au  Sud  la  petite  ellipse  de  10  X  20  m. 
à  peine,  que  fermait  au  Nord  un  haut  galgal. 

Ce  devait  être  une  sentinelle  avancée  de  l'enceinte,  —  très  impor- 
tante, celle-là  —  qui  a  donné  son  nom,  en  l'absence  de  tous  restes 
d'agglomération  médiévale  ou  autre,  au  sommet  encadré  de  ravins 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  277 

et  d'abrupts  de  tous  côtés,  dit  de  Ville -Vieille,  par  48'J474  de  latitude 
et  4G636  de  longitude  Est.  L'accès  ne  pouvant  guère  avoir  lieu  que 
par  le  Nord,  il  y  avait  de  ce  côté  comme  un  petit  camp  d'avant- 
garde,  de  forme  ovale,  mais  de  murs  peu  élevés,  d'après  ce  qui  en 
reste.  Mais  l'extrémité  Sud,  sur  plus  de  100  mètres  de  longueur  et 
•50  de  large,  est  encore  encadrée  d'un  très  gros  mur  présentant  tous 
les  caractères  des  constructions  proprement  dites  cyclopéennes, 
constitué  par  deux  parements  distants  de  3  à  4  mètres,  bâtis  avec  les 
blocs  les  plus  gros  (de  fait,  ici,  par  force,  pas  cyclopéens  dans  le 
sens  vulgaire,  inexact,  du  mot)  et  à  intervalle  rempli  de  pierrailles. 
A  l'extrémité  Sud,  la  plus  abrupte,  le  mur  était  doublé  extérieure- 
ment d'un  second  pareil,  puis  se  repliait  en  dedans  de  la  terminai- 
son de  l'autre  pour  donner  son  entrée,  suivant  le  mode  commun. 

Outre  ces  restes  préhistoriques  caractérisés,  il  y  a  tout  lieu  de 
croire  que  les  ruines,  d'aspect  purement  médiéval,  visibles  aux  lieux 
dits  Saint-Paul  et  la  Madeleine,  ont  du  occuper  l'emplacement  de 
castelars  préhistoriques;  la  seconde,  surtout,  qui  se  montre  entourée 
d'une  vaste  agglomération  disséminée  de  grandes  cases  en  pierre 
sèche,  toujours  bâties  en  contre-bas  sur  plan  rectangulaire,  rappelant, 
à  première  vue,  les  agglomérations  anhistoriques  signalées  dans  le 
Cantal  par  M.  Pagès-Allary.  Même,  si  cela  n'a  rien  de  préhistorique, 
cela  méritait  mieux  en  tout  cas  que  d'être  totalement  ignoré  par  le 
récent  historiographe  des  origines  (?)  de  la  commune  de  Mont- 
ferrat  (1),  qui  ne  fait  pas  non  plus  la  moindre  allusion  aux  remar- 
quables monuments  que  je  viens  d'énumérer  sur  le  territoire  de  la 
commune. 

P. -S.  —  Parmi  les  castelars  nouveaux  cités  dans  ma  précédente 
Note  sur  la  commune  de  Seillans  (Var),  j'ai  pu  vérifier  dans  mon 
ancien  Inventaire,  dès  que  je  l'ai  eu  sous  les  yeux,  que  l'un  d'eux, 
celui  de  YEouvière  de  Caille  avait  déjà  été  mentionné  sous  le  nom 
des  Camandrons,  que  m'avait  fourni,  sans  autres  détails,  feu  leDrTar- 
dieu,  de  Fayence. 

Quant  à  celui,  très  important,  du  sommet  coté  775  à  l'extrémité  E. 
de  la  crête  de  la  Pigne,  on  pourrait,  pour  le  distinguer  de  celui  de 
l'extrémité  W.,  lui  donner  le  nom  du  Calvaire  de  Saint- Arnonx,  qui, 
quoique  point  cadastral,  lui  est  appliqué  couramment  dans  le  pays. 

(I)  Abp.é  Puntello.  —  Montferrat;  noies  d'histoire  civile  t  trcligieuae,  in-8° ,  78  f  . 
Fréjus,   1913. 


278  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

III.  —  ARTICLES  ORIGINAUX. 


Des  Signes  propres  à  reconnaître  si  un  Silex  non 
taillé  a  été  utilisé  intentionnellement. 

Par  M.  le  Dr 

JOUSSET  DE  BELLESME  (Nogent-le-Rotrou,  E.-et-L.). 

Tout  le  monde  est  d'accord  pour  admettre  que  la  transformation 
du  singe  en  homme  ne  s'est  pas  faite  du  jour  au  lendemain!  Mais, 
par  une  anomalie  bien  singulière,  il  est  des  préhistoriens  qui  croient, 
enseignent  et  écrivent  que  les  primitifs  se  sont  réveillés,  un  beau 
matin,  sachant  tailler  des  silex  et  façonner  les  beaux  outils  en  forme 
d'Amande  de  Chelles  et  de  Saint-Acheul,  auxquels  de  Mortillet  a 
infligé  le  nom  impropre  de  Coup-àe-Poing . 

On  ne  peut  que  s'étonner  de  telles  inconséquences.  L'outillage 
des  primitifs  a  suivi  la  même  marche  que  leur  développement  orga- 
nique et  que  leur  mentalité. 

Ce  n'est  qu'après  s'être  servi  pendant  des  siècles  de  morceaux  de 
silex  ramassés  sur  le  sol,  après  les  avoir  manié  longuement,  que  les 
primitifs  ont  fini  par  trouver,  grâce  à  une  tension  d'esprit  conti- 
nuelle, le  moyen  de  briser  des  blocs  de  silex  pour  en  faire  des 
éclats,   puis  de  façonner  ces  éclats. 

La  préhistoire  comprend  donc  deux  périodes  bien  distinctes. 
L'une,  la  plus  ancienne,  pendant  laquelle  l'homme  ou  son  précur- 
seur ignorait  Y  art  de  tailler  le  silex;  la  seconde,  la  plus  récente,  celle 
pendant  laquelle  il  était  en  possession  de  ce  procédé. 

Les  premiers  préhistoriens  ont  commencé  par  étudier  cette  seconde 
période,  parce  que  les  instruments  qu'on  y  rencontre  frappent 
davantage  l'esprit;  et  de  suite  ils  ont  établi  des  règles,  permettant 
de  reconnaître  si  un  silex  a  été  taillé  ou  non.  Ils  ont  admis  qu'un 
silex  ne  pouvait  être  reconnu  comme  ayant  servi  à  l'homme  primi- 
tif que  s'il  portait  un  plan  de  frappe  et  un  bulbe  ou  conchoïde  de 
percussion.  Conséquents  avec  eux-mêmes  et  avec  leur  définition, 
ils  ont  donc  fait  commencer  le  début  de  la  Préhistoire  à  l'industrie 
Chelléenne. 

Ces  signes  caractéristiques  de  la  taille  sont  très  bons  en  effet  pour 
reconnaître  les  silex  taillés  ;  mais  ils  sont  sans  valeur  pour  les  silex 
non  taillés,  dont  l'homme  s'est  servi  si  longtemps,  et  même  à  des 
époques  si  diverses.  Il  fallait  donc  trouver  d'autres  indices  caracté- 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  279 

ristiques,  non  plus  d'une  opération  comme  la  taille,  qui  n'existait 
pas  ;  mais  de  Y  utilisation  des  silex  non  taillés,  c'est-à-dire  éclatés  natu- 
rellement. 

Ce  n'est  que  depuis  une  vingtaine  d'années  que  l'étude  de  toute 
cette  première  et  lointaine  période  de  la  préhistoire  a  été  abordée  et, 
comme  cela  a  lieu  toujours  en  pareil  cas,  ceux  des  préhistoriens, 
dont  le  siège  est  fait,  ont  refusé  de  quitter  leurs  positions  et  se  sont 
cantonnés  dans  un  dédain  superbe  où  ils  sont  demeurés  pendant 
que  la  Science  marchait  à  grands  pas  dans  cette  région,  inconnue 
des  Boucher  de  Perthes  et  de  Mortillet. 

Chose  singulière,  le  nom  qui  a  servi  à  désigner  ces  débuts  de  la 
préhistoire  a  été  forgé  par  G.  de  Mortillet.  Quelques  silex  qu'il 
regardait,  d'ailleurs  à  tort,  comme  taillés  (les  silex  recueillis  à  The- 
nay,  par  Bourgeois),  ayant  été  signalés  de  son  temps  dans  les  ter- 
rains tertiaires,  il  les  nomma  Eolithes.  Ce  mot  a  servi  depuis  à  dési- 
gner toutes  les  industries,  qui  ont  précédé  la  découverte  de  la  taille. 

Afin  d'éviter  une  confusion  fâcheuse,  on  ne  doit  pas  employer  ce 
terme,  pour  désigner  les  silex  éclatés  naturellement  et  utilisés  par 
l'homme  dans  les  multiples  industries  de  la  préhistoire.  Il  est  bien 
certain  qu'à  toutes  les  époques,  même  dans  celles  qui  nous  ofirent 
des  silex  taillés  avec  une  rare  perfection,  comme  dans  YAcheuléen, 
les  primitifs  ont  employé  des  éclats  naturels,  lorsque  ceux-ci  se  pré- 
sentaient sous  une  forme  immédiatement  utilisable.  Pour  désigner 
ces  silex  non  travaillés  mélangés  à  des  industries  perfectionnées,  il 
convient  d'employer  l'expression  d'Eolithique;  ce  qui  ne  veut  pas 
dire  que  l'industrie  où  on  les  rencontre  soit  êolithique.  Une  indus- 
trie éolithique  est  celle  dans  laquelle  on  ne  rencontre  aucun  silex, 
portant  des  traces  d'une  taille  véritable.  A  partir  de  la  fin  du  Mesvi- 
nien,  on  ne  trouve  plus  d'industrie  éolithique,  ni  par  conséquent  de 
véritables  Eolithes. 

La  reconnaissance  des  silex  qui  ne  portent  que  des  traces  d'utili- 
sation est  certainement  moins  facile  que  celle  des  silex  taillés.  Là, 
on  ne  peut  plus  faire  état  du  plan  de  frappe  ni  du  conchoïde  de  per- 
cussion. La  forme  même  ne  saurait  nous  guider,  puisqu'il  s'agit 
d'éclats  produits  accidentellement  et  dans  lesquels  on  ne  rencontre 
aucune  régularité  ni  symétrie  comparable  à  celle  des  instruments 
Chelléens  ou  Acheuléens. 

Les  Eolithes  n'ont  d'autre  forme  que  celle  qu'affecte  le  silex,  lors- 
qu'il se  divise  spontanément,  sous  l'influence  des  variations  de  tem- 
pérature et  d'humidité.  Néanmoins,  comme  les  primitifs  choisis- 
saient au  milieu  de  ces  nombreux  éclats  épars  sur  le  sol,  ceux  qui 
leur  présentaient  une  forme  assez  bien  appropriée  à  un  usage  détçr- 


280  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

miné,  il  en  résulte  une  certaine  ressemblance  entre  les  morceaux 
qui  ont  été  ramassés  sur  le  sol  pour  le  même  usage.  C'est  ainsi  que 
beaucoup  de  Grattoirs  se  reconnaissent  à  première  vue  par  une  simi- 
litude d'aspect  que  viennent  confirmer  d'autres  signes  spéciaux.  Il 
en  est  de  même  de  quelques  autres  outils. 

Cet  aspect  fruste  et  informe  des  éolithes,  a  éloigné  de  leur  étude 
beaucoup  d'amateurs  de  préhistoire,  dont  le  sentiment  artistique  les 
portait  à  préférer  ce  qu'on  appelle  les  belles  pièces  ;  mais  le  but  de 
cette  science  n'est  pas  de  collectionner  des  objets  d'une  forme  ou 
d'un  poli  agréable  à  l'œil  !  Ce  serait  bien  futile...  Ce  qui  est  digne 
de  nos  recherches,  c'est  de  bien  connaître  la  psychologie  de  nos 
ancêtres. 

A  ce  point  de  vue,  recueillir  tous  leurs  instruments  est  le  seul 
moyen  de  pénétrer  dans  leur  mentalité. 

Les  Débuts  de  l'humanité  sont  précisément  ceux  pendant  lesquels 
ce  problème  devient  le  plus  intéressant.  On  comprend  que  l'étude 
de  cette  longue  série  d'industries  qui  ont  précédé  le  Chelléen  soit 
la  plus  importante  de  la  préhistoire,  parce  qu'elle  peut  nous  don- 
ner, mieux  que  les  époques  plus  récentes,  une  idée  du  chemin  par- 
couru par  notre  encéphale  pendant  son  développement. 

A  partir  du  moment  où  la  taille  du  silex  fut  imaginée,  l'intérêt  est 
moindre;  les  facultés  Imaginatives  étaient  acquises  et  déjà  développées, 
puisqu'elles  permettaient  de  concevoir  une  forme  et  de  s'essayera  la 
réaliser.  Le  cerveau  humain  était  donc  déjà  très  organisé.  Les  prin- 
cipaux centres  de  notre  encéphale  avaient  fait  leur  apparition  et  ils 
n'ont  fait  depuis  que  se  perfectionner.  Suivre  leur  évolution  ulté- 
rieure et  le  développement  des  facultés  artistiques,  c'est  très  bien  ; 
mais  il  importe  au  moins  tout  autant  de  débrouiller  l'écheveau  ini- 
tial, de  notre  mentalité  naissante. 

Cela  ne  peut  se  faire  que  par  l'étude  approfondie  de  la  Période 
Eolithique. 

Comme  je  l'indiquais  plus  haut,  la  difficulté  de  reconnaître  avec 
certitude  les  traces  de  l'utilisation  sur  les  éclats  que  les  premiers 
manieurs  de  silex,  Lémuriens,  Simiens,  Anthropoïdes,  nous  ont 
laissés,  est  cause  qu'un  certain  nombre  d'hommes,  adonnés  à  la  Pré- 
histoire, se  sont  rebutés  devant  des  collections  qui  flattaient  si  peu 
l'œil  des  visiteurs  et  la  vanité  des  propriétaires.  Cette  difficulté  a  été 
exagérée.  Si  quelques  cas  restent  manifestement  douteux,  on  peut 
affirmer  que  la  plupart  du  temps  la  reconnaissance  d'un  Eolithe  se 
fait  avec  autant  de  facilité  et  de  certitude  que  celle  d'un  Silex  taillé . 

Etudions  donc  avec  précision  les  signes  distinctifs  des  traces 
d'utilisation  de  ces  silex  non  taillés,  auxquels  les  primitifs  ont  eu 
recours  pour  leurs  besoins. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  281 

Lorsqu'un  rognon  de  silex  se  divise  spontanément  en  un  certain 
nombre  de  fragments,  pour  une  cause  ou  pour  une  autre,  quelques- 
uns  des  morceaux  présentent  un  bord  mince  et  extrêmement  cou- 
pant, pendant  que  le  bord  opposé  est  relativement  plus  épais.  En 
recueillant  un  certain  nombre  de  ces  éclats,  on  remarque,  sur  le 
bord  tranchant  de  quelques-uns  d'entre  eux,  des  ébréchures,  qui 
revêtent  des  formes  particulières. 

Quelques  préhistoriens,  notamment  MM.  Breuil,  Obermaier, 
Gommont,  Boule,  etc.,  ont  soutenu  que,  la  plupart  du  temps,  sinon 
toujours,  les  ébréchures  des  silex  éolithiques  étaient  le  résultat  d'ac- 
tions naturelles,  telles  que  la  compression  des  silex  les  uns  sur  les 
autres  dans  les  terrains,  les  chocs  subis  dans  les  cours  d'eau  et  les 
éboulements,  la  gelée  et  autres  causes. 

En  examinant  les  choses  de  près,  ces  affirmations  paraissent  un 
peu  hâtives.  On  a  fréquemment  l'occasion  d'étudier,  dans  certaines 
couches  de  terrains,  ces  conglomérats  qu'on  appelle  Argile  à  Silex, 
Ils  peuvent  nous  fournir  quelques  éclaircissements.  Leur  origine 
n'est  pas  douteuse;  elle  est  due  à  la  décalcification  lente  de  la  partie 
supérieure  de  la  craie,  sous  l'influence  de  l'action  prolongée  de  l'eau 
de  pluie.  Le  calcaire  disparaissant,  l'argile  et  le  silex  qui  ne  sont  pas 
solubles  au  même  degré  forment  un  magma,  souvent  très  compact. 
Au-dessous,  la  décalcification  étant  moins  avancée,  les  couches  cal- 
caires sont  réduites  à  un  état  de  marne  argileuse  renfermant  aussi  de 
nombreux  rognons,  encore  distants  les  uns  des  autres. 

Les  silex  tassés  ainsi  dans  l'argile  sont  pour  la  plupart  éclatés  ou 
tout  au  moins  fissurés.  Le  tassement  s'étant  fait  sur  place,  on 
n'observe  par  conséquent  aucune  trace  d'usure  des  arêtes  !  Le  bord 
des  fragments  est  resté  coupant  et  les  éclats  sont  de  toute  forme  et 
de  toute  dimension. 

Un  premier  fait  saillant  attire  l'attention.  Lorsqu'on  fait  un  triage 
de  ces  éclats  pris  au  hasard  en  ne  tenant  compte  que  de  ceux  dont 
un  des  bords  est  mince,  coupant  et  par  conséquent  susceptible  d'avoir 
été  endommagé  par  la  pression  des  silex  voisins,  on  est  frappé  de 
ce  fait  qu'un  fort  petit  nombre  d'entre  eux  portent  des  ébréchures  !  On 
peut  l'évaluer  en  moyenne  à  4  ou  5  0/0.  —  Il  semble  pourtant  que» 
si  les  ébréchures  étaient  le  résultat  de  la  pression  des  silex  les  uns 
contre  les  autres,  elles  devraient  être  beaucoup  plus  nombreuses  ! 
Cette  constatation  n'est  pas  , favorable  à  la  thèse  d'après  laquelle  les 
traces  observées  au  bord  des  silex  résulteraient  de  leur  contact  avec 
leurs  voisins,  puisque  la  pression  s'exerce  forcément  sur  presque 
tous  les  silex  contenus  dans  la  masse. 

Après  avoir  recueilli,  en  cherchant  beaucoup,  une  certaine  quan- 
tité d'éclats  ébréchés,  leur  examen  fait  voir  que  souvent,  sinon  tou- 


282  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

jours,  ces  traces  existent  sur  les  parties  concaves  mieux  protégées 
et  presque  jamais  sur  les  parties  saillantes,  lesquelles  devraient  au 
contraire  être  plus  exposées  aux  compressions  pendant  les  tasse- 
ments qui  se  sont  produits.  Cette  particularité  n'est  pas  favorable  à 
l'intervention  des  actions  mécaniques  ! 

Enfin,  l'examen  poussé  plus  loin  montre  que  ces  ébréchures  sont 
toujours  placées  sur  les  points  où  elles  se  trouveraient  si,  prenant  à 
la  main  un  de  ces  silex,  on  cherchait  à  l'employer  pour  un  travail 
quelconque  !  Ce  dernier  point  est,  à  notre  avis,  d'une  grande  valeur, 
et  constitue  un  critérium  très  sûr  de  l'utilisation  d'un  silex  par  les 
primitifs,  car,  dans  les  actions  naturelles,  il  n'existe  jamais  d'adap- 
tation à  un  but  déterminé  (1). 

Il  est  bien  évident  que  pour  apprécier  ces  caractères,  il  ne  faut  pas 
se  borner  à  l'examen  d'un  seul  silex.  Mais,  lorsqu'on  les  rencontre 
réunis  sur  un  ensemble  de  pièces,  ils  acquièrent  une  certaine 
valeur. 

Sans  vouloir  donc  prendre  parti  pour  ou  contre  les  actions  natu- 
relles, je  crois  que  les  trois  indices,  signalés  plus  haut,  permettent 
dans  la  plupart  des  cas,  d'apprécier  si  les  ébréchures  qu'on  observe 
sont  dues  à  des  actions  mécaniques  ou  si  elles  reconnaissent 
pour  cause  l'action  préméditée  d'un  être  intelligent.  Et  sur  ce  mot 
d'intelligent,  il  faut  encore  se  garder  d'équivoquer  car  l'expres- 
sion d'être  intelligent  ne  s'applique  pas  exclusivement  à  l'Homme. 
Quand  il  s'agit  de  manier  un  silex,  un  Simien  quelconque  possède 
l'intelligence  suffisante.  J'ai  insisté,  dans  mon  travail  sur  les  causes 
de  YEvolution  du  Cerveau  humain  pendant  les  temps  préhistoriques , 
sur  ce  point  que  la  seule  condition  indispensable  à  un  être  vivant 
pour  se  servir  d'un  silex  de  façon  à  ce  que  son  action  y  laisse  des 
traces,  c'est  de  posséder  une  main  à  pouce  opposable.  Il  est  bien  cer- 
tain que,  dès  l'origine  des  temps  tertiaires,  il  existait  des  Lémuriens  à 
pouce  opposable. 

Pour  répondre  donc  à  la  question  que  nous  avons  posée  tout 
d'abord,  à  savoir  s'il  est  possible  de  distinguer  les  ébréchures  pro- 
duites sur  les  silex  par  la  main  de  l'homme  de  celles  qui  résultent 
des  actions  naturelles,  nous  pouvons  affirmer  que  cela  est  presque 
toujours  possible,  si  l'on  a  égard  aux  considérations  exposées  ci- 
dessus  et  que  nous  allons  développer. 

Dans  ce  qui  précède,  nous  nous  sommes  servi  constamment  du 
mot  Ebréchures  et  c'est  avec  intention.  Rien  n'est  plus  utile  pour  la 

(l)  J'élimine  naturellement  l'histoire  par  trop  absurde  des  moulins  à  ciment  de 
Boulogne!  On  ne  les  connaissait  pas,  sans  doute,  aux  époques  préchelléennes.  — 
11»  font  un  digne  pendant  aux  moulins  à  vent  dont  parle  Cervantes.,. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  283 

clarté  des  sciences  que  la  précision  dans  les  termes.  Le  nom  de 
Retouches,  trop  communément  employé  pour  désigner  les  traces  que 
l'action  de  se  servir  d'un  silex  pour  racler  ou  gratter  un  corps  quel- 
conque, laissent  sur  le  bord  tranchant  de  l'outil,  esttout  à  fait  impro- 
pre, parce  qu'il  n'exprime  pas  une  action  initiale,  mais  consécutive  à 
une  autre.  Il  devrait  être  réservé  pour  désigner  certaines  opéra- 
tions, qui  consistent  à  corriger  des  inégalités  gênantes,  à  donner  à 
une  partie  du  silex  une  forme  plus  favorable  à  la  préhension,  ou 
encore  à  raviver  un  tranchant  émoussé  par  l'usage. 

Le  mot  à'Ebréchure  indique  plutôt  toute  altération,  naturelle  ou 
artificielle,  du  tranchant  d'un  silex;  mais  les  Ebréchures  naturelles 
et  artificielles  ne  se  ressemblent  en  aucune  manière.  Si  donc  l'on 
conserve  ce  dernier  terme  pour  le  résultat  des  actions  naturelles, 
comme  il  convient  de  le  faire,  il  faut  se  servir  d'un  autre  mot  pour 
désigner  les  traces  laissées  par  l'utilisation  intentionnelle.  Il  nous 
semble  que  l'expression  de  facettes,  souvent  employée,  répond  assez 
bien  à  ce  besoin  de  précision. 

Nous  désignerons  donc  par  Facettes  toutes  les  traces  laissées  sur 
un  tranchant  de  silex  par  le  départ  des  petits  éclats  que  la  pression 
sur  un  corps  dur  a  fait  sauter. 

Les  facettes  méritent  un  examen  particulier,  car  elles  sont  la  preuve 
d'une  opération  intentionnelle,  une  sorte  de  signature  que  les  pri- 
mitifs ont  laissée  sur  leurs  outils  et  sur  leurs  armes.  Elles  ont  une 
physionomie  spéciale,  qui  permet  à  un  œil  exercé  de  les  reconnaître, 
même  lorsqu'elles  sont  en  partie  effacées  sur  des  pièces  roulées  par 
les  eaux. 

Tandis  que  les  ebréchures  naturelles  sont  anfractueuses,  angu- 
leuses et  irrégulières,  les  facettes  sont  au  contraire  arrondies  et 
régulières. 

Les  roches  siliceuses  ont,  comme  on  le  sait,  la  propriété  d'avoir 
des  cassures  conchoïdales,  autrement  dit  courbes  ;  or  la  pression 
qu'on  exerce  sur  le  bord  tranchant  d'un  silex,  en  appuyant  fortement 
sur  un  os  ou  sur  du  bois,  détermine  toujours  le  départ  de  petits  éclats 
qui  laissent  à  leur  place  des  facettes  conchoïdales.  Lors,  donc,  qu'on 
observe  ces  facettes  au  bord  d'un  silex,  surtout  si  elles  sont  disposées 
en  série  régulière,  il  y  a  les  plus  grandes  probabilités  pour  que  l'on 
soit  en  présence  d'un  silex  qui  a  été  manié,  utilisé,  à  l'époque  pré- 
historique. 

Détaillons  maintenant  avec  soin,  la  disposition  et  la  structure  de 
ces  facettes. 

Il  convient  de  les  examiner  à  la  loupe,  pour  en  bien  saisir  les 
détails  caractéristiques,  car  elles  sont  souvent  assez  petites, 


284  SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

La  facette  est  toujours  creuse  et  de  forme  conchoïdale.  Sa  base  est 
sur  le  bord  même  de  la  lame  et  son  contour  se  développe  en  hémi- 
cycle sur  cette  lame. 

On  remarque  presque  toujours  à  la  base,  un  point  où  le  silex  pré- 
sente un  écrasement  très  net.  Il  est  reconnaissable  à  l'aspect  blanc  et 
terne  de  cette  partie.  Cet  écrasement  se  trouve  à  l'endroit  où  le  tran- 
chant a  été  appuyé  avec  force,  et  c'est  cette  pression  qui  a  déterminé 
le  départ  du  petit  éclat,  dont  la  facette  marque  l'emplacement.  A 
partir  de  ce  point,  la  petite  cavité  s'étend  en  demi- cercle,  présentant 
une  dépression  sur  laquelle  on  observe  presque  toujours  plusieurs 
petites  rides  concentriques,  d'autant  plus  accentuées  que  la  facette 
est  plus  large.  Enfin  elle  se  termine  par  une  ligne  courbe  se  reliant 
quelquefois  insensiblement  à  la  surface  de  la  lame  ;  mais  le  plus 
souvent  offrant  un  bord  très  accentué,  nettement  limité  et  donnant 
l'impression  d'un  rebord  légèrement  relevé.  Lorsque  les  facettes  sont 
nombreuses,  elles  empiètent  les  unes  sur  les  autres,  et  chacune  d'elles 
n'est  délimitée  que  par  une  portion  de  circonférence;  c'est  le  cas  le 
plus  habituel. 

Telle  est  la  structure  de  ces  traces  qu'un  usage  intentionnel  laisse 
au  bord  des  silex  préhistoriques.  Elles  permettent  d'affirmer  sans 
hésitation,  que  le  silex  sur  lequel  on  les  observe  a  été  manié  par  un 
être  intelligent,  qui  s'en  est  servi  pour  exécuter  un  acte  conçu 
d'avance  dans  ses  centres  nerveux. 

Si,  maintenant,  nous  examinons  comparativement  les  Ebréchures 
dues  à  des  actions  naturelles  ou  purement  mécaniques,  telles  que  le 
tassement  dans  les  terrains,  la  démolition  et  l'éboulementdes  falaises, 
le  transport  par  les  cours  d'eau,  etc  ,  nous  n'y  rencontrons  que  dans 
de  rarissimes  occasions  le  caractère  dont  nous  venons  de  parler,  et 
surtout  nous  n'y  trouvons  pas  la  réunion,  l'ensemble  des  autres 
caractères.  On  peut  rencontrer  par  hasard  et  encore  est-ce  rare,  une 
facette  assez  semblable  à  celles  que  nous  venons  de  décrire  ;  mais 
elle  sera  isolée,  placée  dans  un  endroit  inutilisable.  Rien  n'est  plus 
instructif  à  cet  égard,  que  l'examen  de  ces  tas  de  cailloux  que  l'on 
rencontre  au  bord  des  routes.  Ils  ont  tous  été  débités  à  l'aide  de  chocs 
par  un  cantonnier.  En  les  brisant,  il  ne  s'est  appliqué  qu'à  les 
réduire  en  fragments  et  nulle  autre  intention  ne  s'est  présentée  à  son 
intelligence  dans  ce  travail,  aussi,  les  morceaux  ne  portent  aucune 
trace  d'un  but  d'utilisation  intentionnelle.  On  n'en  rencontre  aucun 
sur  lequel  on  puisse  observer  cette  série  de  facettes  marginales,  qui 
accusent  un  but  proposé  et  obtenu,  tant  il  est  vrai  que  tout  ce  qui 
sort  delà  main  de  l'homme  est  une  émanation  directe,  un  reflet  indis- 
cutable de  ce  qui  s'est  passé  dans  ses  centres  nerveux. 

Au  nombre  des  indices  qui  peuvent  guider  le  préhistorien,  il  faut 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  285 

ranger  l'examen  des  arêtes  du  silex  et  de  ces  parties  dénudées  qui  se 
remarquent  souvent  dans  la  croûte. 

Remarquons  en  passant  que  si  les  primitifs  n'ont  conçu  l'idée  de 
la  taille  du  silex  que  tardivement  eu  égard  à  la  longue  durée  des 
temps  éolithiques  qui  ont  précédé  l'industrie  Strépyienne,  le  façon- 
nage du  silex  (qui  n'est  pas  la  taille,  mais  qui  a  pu  y  conduire  à  la 
longue)  paraît  avoir  fait  son  apparition  de  très  bonne  heure.  Il  ne 
faut  pas  confondre  le  façonnage  avec  la  taille.  Cette  dernière  con- 
siste à  dégrossir  un  bloc  de  silex  brut  et  à  l'amener  à  une  forme 
voulue  et  préconçue  dans  l  esprit  de  l'ouvrier,  en  enlevant  une  série 
d'éclats.  Le  façonnage  est  tout  autre.  Il  consiste  à  enlever  d'un 
éclat  naturel  de  silex  que  l'on  utilise  certaines  parties  qui  blessent  la 
main  ou  gênent  la  préhension.  C'est  ce  qu'on  a  désigné  sous  le  nom 
de  Retouche  d'accommodation.  Le  façonnage  peut  s'étendre  aussi  à  la 
mise  en  état  d'un  tranchant  hors  d'usage  par  suite  d'un  long  service; 
c'est  la  retouche  d'avivage.  Il  peut  encore  s'appliquer  à  rendre  plus 
aiguë  une  extrémité  de  silex  dont  on  veut  se  servir  pour  percer.  Ce 
sont  là  les  seules  opérations  auxquelles  s'est  livré  l'être  probléma- 
tique des  époques  éolithiques,  dont  la  série  s'échelonne  de  l'origine 
du  Tertiaire  à  la  base  du  Quaternaire. 

A  partir  du  Chelléen,  et  surtout  dans  l'Acheuléen,  la  taille  per- 
fectionnée a  su  éliminer  la  croûte  et  ne  présenter  que  des  surfaces 
taillées  et  unies,  mais  dans  la  période  éolithique  il  est  plutôt  rare 
de  rencontrer  un  instrument  qui  n'ait  pas  des  portions  plus  ou 
moins  étendues  de  la  croûte  primitive. 

Les  rognons  de  silex  sortant  de  la  craie  sont  entièrement  recou- 
verts d'une  enveloppe  calcaire  ou  croûte,  très  adhérente.  Lorsque 
par  suite  des  intempéries  ces  rognons  viennent  à  se  fendre,  ils  se 
divisent  fréquemment  en  tranches  parallèles,  puis  en  fragments,  dont 
la  plupart  conservent  une  portion  de  croûte.  Très  fréquemment 
aussi  la  partie  corticale  du  rognon  se  sépare  du  noyau  central,  for- 
mant un  éclat  courbe  qui  comprend  la  croûte  calcaire  et  une  couche 
mince  de  silex. 

Dans  certaines  industries,  en  particulier  dans  le  Mafflien,  ces 
éclats  courbes  et  concaves  ont  souvent  été  employés  comme  Racloirs 
et  Grattoirs. 

Du  reste  les  éolithiques  ont  tiré  bon  parti  de  la  croûte  qui  assu- 
rait à  leurs  outils  une  préhension  solide  et  même  dans  l'industrie 
strépyienne  elle  était  souvent  conservée  dans  ce  but. 

Nos  poignards  strépyiens,  du  Perche,  sont  toujours  formés  d'un 
rognon  allongé  et  à  peu  près  cylindrique,  dont  un  des  bouts  a  été 
disposé  en  pointe,  pendant  que  l'extrémité  opposée  restée  brute,  sert 
de  poignée  et  est  solidement  en  main.  Si,  dans  cette  dernière  partie, 


286  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

quelque  aspérité  gênante  se  rencontrait,  elle  était  habituellement 
supprimée,  et  cette  élimination  s'accomplissait  de  deux  manières, 
soit  en  l'écrasant  avec  un  percuteur,  soit  en  la  faisant  sauter  par  un 
coup  porté  obliquement.  Dans  le  premier  cas, l'emplacement  de  cette 
saillie  intempestive  est  égrigné,  martelé  et  facilement  reconnaissable, 
dans  le  second,  on  trouve  à  la  place  de  la  saillie,  une  place  lisse  et 
unie  plus  ou  moins  large  où  le  silex  est  à  nu. 

L'examen  de  ces  surfaces  mises  à  nu  au  milieu  de  la  croûte,  pré- 
sente un  grand  intérêt  à  cause  de  la  position  qu'elles  occupent. 
Elles  peuvent  quelquefois  résulter  d'une  cause  accidentelle,  mais 
bien  rarement,  car  les  saillies  ou  tubérosités  des  rognons  ont  le 
plus  souvent  une  base  épatée  qui  offre  à  l'enlèvement  par  les  chocs 
naturels  une  résistance  presque  invincible. 

Il  y  a  lieu,  d'abord,  d'examiner  si  ces  surfaces  sont  anciennes  ou 
récentes. 

Récentes,  elles  ne  sont  brillantes  que  dans  les  silex  très  purs, 
comme  le  quartz;  autrement  elles  sont  mates  et  terreuses,  surtout 
quand  le  silex  est  tant  soit  peu  calcaire.  Leur  surface  est  parsemée 
de  fines  esquilles  blanches,  très  visibles.  Ce  sont  de  petits  éclats 
incomplètement  détachés  sous  lesquels  une  mince  couche  d'air  a 
pénétré. 

Lorsque  les  cassures  sont  anciennes,  elles  ont  un  autre  aspect,  un 
peu  différent  de  la  masse  du  silex,  aspect  que  l'on  désigne  sous  le 
nom  de  Patine. 

La  patine  est  un  caractère  très  essentiel  dans  les  instruments  pré- 
historiques. Elle  est  pour  eux  un  brevet  d'ancienneté  ;  aussi  ceux 
qui  ont  cherché  à  reproduire  des  outils  en  silex  se  sont  évertués  à 
l'obtenir,  mais  inutilement.  Le  temps  seul  produit  des  patines  authen- 
tiques. 

La  patine  résulte  d'une  altération  de  la  surface  du  silex,  due  à 
l'influence  de  l'action  prolongée  de  l'air  humide.  Elle  existe  sur  tous 
les  silex  éclatés  anciennement.  Lorsqu'on  dit  qu'un  silex  ne  se  patine 
pas  ou  n'est  pas  patiné,  cela  veut  dire  qu'il  n'offre  pas  un  de  ces 
changements  de  coloration  qui  frappe  les  yeux  ;  mais  ce  changement 
existe  toujours.  Il  suffit  pour  s'en  assurer  de  briser  un  petit  fragment 
de  la  surface. 

Nous  ne  nous  arrêterons  que  brièvement  sur  ce  sujet,  qui  a  été 
souvent  traité . 

Les  aspects  sous  lesquels  se  montre  la  patine  sont  très  différents. 
Le  plus  remarquable  est  ce  qu'on  appelle  le  Cacholong.  C'est  une 
couche  d'un  blanc  laiteux  plus  ou  moins  épaisse,  intéressant  même 
parfois  toute   l'épaisseur  de  la  masse.  On  l'attribue  à  la  présence 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  287 

d'une  multitude  de  petits  canalicules  très  fins,  dans  lesquels  l'air 
aurait  pénétré.  En  somme,  c'est  un  commencement  de  désagréga- 
tion de  la  matière.  Certaines  conditions  paraissent  nécessaires  à  la 
production  du  Gacholong,  en  particulier  l'action  alternative  de  la 
sécheresse  et  de  l'humidité.  On  trouve  souvent  des  silex  qui  ne  sont 
cacholongués  que  d'un  côté.  Cela  se  produit  quand  ce  silex  est  resté 
longtemps  sur  le  sol.  La  face  inférieure  ne  porte  pas  la  patine 
blanche.  Il  est  à  remarquer  aussi,  que  les  silex  d'origine  lacustre 
prennent  plus  facilement  le  Cacholong  que  les  antres,  ou  encore 
ceux  qui  proviennent  des  couches  supérieures  du  calcaire  et  dont 
la  couleur  est  d'un  fauve  clair.  Lorsque  dans  une  fouille  on  ren- 
contre des  outils  enfouis  et  cacholongués,  on  doit  en  conclure  qu'ils 
sont  restés  très  longtemps  à  la  surface  de  l'ancien  sol,  avant  d'avoir 
été  recouverts  par  les  limons. 

Les  autres  patines  n'occasionnent  pas  à  la  surface  des  modifica- 
tions aussi  radicales.  La  pâte  du  silex  renferme  toujours  une  quan- 
tité variable  d'oxydes  de  fer.  A  la  longue  les  surfaces  en  contact 
avec  l'air  subissent  une  lente  oxydation  qui  leur  donne  une  colora- 
tion en  rapport  avec  la  nature  de  l'oxyde  et  sa  teneur  plus  ou  moins 
grande.  Quand  l'oxyde  de  fer  est  abondant,  on  peut  observer  des 
patines  douées  de  colorations  fort  vives,  tantôt  jaune  foncé,  tantôt 
orangé  ou  même  tout  à  fait  rouge.  Il  est  rare  qu'il  n'existe  pas  au 
bord  de  ces  silex  quelque  éclat  plus  récent  qui  laisse  voir  la  pâte 
intérieure,  on  juge  bien  alors  de  la  différence. 

Lorsque  des  silex  ont  séjourné  longtemps  dans  des  terrains  ferru- 
gineux, il  se  dépose  à  leur  surface  une  couche  ferrugineuse  très 
adhérente,  de  coloration  brun  foncé,  qui  peut  aller  jusqu'au  noir 
velouté  intense. 

Ce  que  nous  venons  de  dire  à  propos  de  la  patine  s'applique  à 
ces  surfaces  dénudées  au  milieu  de  la  croûte  que  nous  étudions 
en  ce  moment.  Il  est  à  remarquer  toutefois,  que  ces  surfaces  sont 
rarement  patinées.  Il  semble  qu'une  large  surface  siliceuse  se  patine 
avec  plus  de  facilité  qu'une  petite. 

Un  autre  caractère  des  cassures  anciennes  est  d'être  plus  ou 
moins  brillantes.  Elles  le  sont  même  quelquefois  au  point  de  paraî- 
tre vernissées.  Cet  effet  est  dû  aux  frottements  qu'elles  ont  pu  éprou- 
ver de  la  part  du  milieu .  Dans  un  cours  d'eau,  le  sable  transporté 
donne  aux  silex  un  poli  tout  à  fait  remarquable.  Les  poussières 
sablonneuses,  transportées  par  le  vent,  agissent  de  même.  Quant  aux 
outils  qui  sont  restés  enfouis  au  sein  de  la  terre,  la  surface  de  frac- 
ture oflre  toujours  un  certain  poli,  dont  la  cause  est  la  même  que 
celle  dont  nous  parlerons  plus  loin  au  sujet  des  arêtes. 


288  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Lorsqu'une  saillie  a  été  enlevée  intentionnellement  au  moyen  d'un 
choc  porté  latéralement,  ce  qui  est  un  cas  très  fréquent,  on  trouve 
presque  toujours  au  bord  de  la  surface  dénudée,  la  trace  de  ce  coup 
sous  la  forme  de  cette  tache  blanchâtre  que  nous  avons  signalée  à 
propos  des  facettes. 

Lorsqu'au  contraire,  cette  protubérance  a  disparu  sous  l'action  de 
chocs  répétés,  ce  qui  est  moins  fréquent,  parce  que  le  procédé  est 
plus  long,  il  est  habituellement  facile  de  voir  que  le  martellement  est 
circonscrit  précisément  à  l'endroit  utile,  ce  qui  est  un  indice  très 
net  d'intervention  volontaire. 

La  position  occupée  par  ces  parties  dénudées  est  certainement  le 
point  le  plus  important  de  la  question  qui  nous  occupe,  parce  qu'il 
se  rattache  à  la  préhension  du  silex.  On  remarquera  donc  avec  soin 
la  place  occupée  et  l'on  recherchera  si  elle  se  trouve  sur  des  points 
où  la  main  qui  saisit  l'outil  aurait  pu  être  gênée  par  une  saillie  du 
silex.  Cet  examen  est  surtout  instructif  sur  les  instruments  qui,  par 
leur  destination,  doivent  être  tenus  fortement,  tels  queles  casse-têtes, 
les  poignards,  les  percuteurs,  les  assommoirs  à  pointe,  etc.  Sur  ces 
silex,  la  dénudation  de  certaines  parties  de  la  croûte  est  caractéris- 
tique d'une  intention  bien  marquée  et  il  ne  peut  y  avoir  de  doute 
lorsqu'en  saisissant  l'instrument  on  remarque  que  ces  dénudations 
facilitent  la  préhension.  Lorsque  les  primitifs  avaient  reconnu  qu'un 
rognon  de  silex  globuleux  avait  une  forte  densité  et  était  apte  à  faire 
un  bon  percuteur,  ils  l'adaptaient  la  plupart  du  temps  à  la  main 
pour  le  saisir  commodément.  Les  retouches  d'accommodation  qu'ils 
lui  faisaient  subir  en  enlevant  des  saillies  là  où  il  le  fallait,  sont  dis- 
posées de  telle  sorte  que  certains  doigts  de  la  main  s'y  appliquent 
exactement. 

On  trouve,  en  observant  ces  faits,  des  indications  précieuses  sur 
l'usage  plus  ou  moins  fréquent  de  Tune  des  deux  mains  Au  Congrès 
Préhistorique  de  France,  à  Périgueux,  j'ai  présenté  une  série  de 
Percuteurs  Acheuléens,  provenant  de  mes  collections,  qui  étaient 
tous  pourvus  de  retouches  habilement  faites,  sur  lesquelles  les  doigts 
de  la  main  droite  seule  s'appliquaient  parfaitement.  Nos  ancêtres, 
à  cette  époque  reculée,  avaient  donc  déjà  pour  l'usage  de  cette  main, 
une  préférence  qu'ils  nous  ont  léguée  et  qui  a  traversé  les  siècles,  en 
laissant  des  traces  que  l'on  peut  suivre  à  travers  les  âges  protohis- 
toriques et  historiques. 

L'arme,  que  j'ai  désignée  sous  le  nom  d'Assommoir  à  pointe,  si 
fréquente  dans  nos  stations  du  Perche,  présente  toujours  en  dehors 
des  deux  ou  trois  éclats  destinés  à  former  la  pointe,  toute  une  série 
de  retouches,  dont  le  but  est  d'arrondir  l'extrémité  globuleuse  oppo- 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE    FRAr^ÇAISE  289 

sée  à  la  pointe,  de  façon  à  l'adapter  convenablement  à  la  paume  de  la 
main.  Si  la  forme  naturelle  de  cette  partie  est  irrégulière,  anfrac- 
tueuse,  on  remarque  que  certaines  de  ces  saillies  ont  été  enlevées, 
tandis  que  celles  qui  pouvaient  favoriser  la  préhension  sont  soigneu- 
sement conservées.  Nous  n'insistons  pas  davantage  sur  ce  point,  dont 
on  comprend  facilement  l'importance  au  point  de  vue  du  diagnostic 
de  l'utilisation  des  éclats  naturels. 

Ainsi  qu'on  vient  de  le  voir,  les  surfaces  dénudées  que  l'on  observe 
au  milieu  de  la  croûte,  peuvent  nous  fournir  de  précieux  indices. 
L'examen  des  arêtes  n'offre  pas  un  moindre  intérêt. 

Il  n'est  pas  toujours  facile  de  reconnaître  si  l'arête  d'un  silex  est 
ancienne  ou  récente.  Cependant  il  existe  un  caractère  a&sez  net  qui 
permet  de  l'apprécier.  Je  n'ai  pas  vu  qu'on  ait  insisté  sur  ce  fait  et, 
en  tout  cas,  que  Ton  en  aie  donné  la  signification.  Quand  on  passe 
le  doigt  sur  une  de  ces  arêtes,  pourvues  généralement  de  ces  facettes 
d'utilisation  que  nous  avons  décrites,  la  sensation  obtenue  peut  dif- 
férer notablement.  Cette  arête  peut  sembler  coupante  et  aigre  au 
toucher,  ou  paraître  légèrement  arrondie,  un  peu  émoussée.  Les 
silex  dont  le  bord  a  été  utilisé  anciennement,  présentent  ce  dernier 
caractère  de  sensation  douce  au  toucher,  bien  qu'à  des  degrés  diffé- 
rents. Nous  ne  parlons  pas  ici  des  silex  transportés,  charriés  par  les 
eaux  et  entassés  avec  des  sables  et  des  graviers  comme  dans  lesbal- 
lastières,  leurs  arêtes  sont  émoussées  plus  ou  moins.  Il  arrive  même 
dans  ce  cas  que  les  facettes  peuvent  avoir  entièrement  disparu. 
Néanmoins,  la  plupart  des  outils  préhistoriques  roulés,  conservent 
encore  quelques  traces  et  une  forme  assez  caractéristique  pour  qu'on 
puisse  les  identifier  en  recourant  à  l'ensemble  des  signes  que  nous 
avons  décrits.  Cet  état  émoussé  des  arêtes  s'observe  très  bien  dans 
l'industrie  Mesvinienne,  dont  les  instruments  ont  été  brassés  et  trans- 
portés parles  crues  Campiniennes.  Il  est  à  noter  que  les  petits  outils 
étant  plus  légers,  sont  moins  émoussés  que  les  moyens  et  les  gros. 

Beaucoup  d'instruments  de  silex  n'ont  pas  été  roulés.  Les  stations 
de  surface,  les  industries  abandonnées  par  des  populations  fuyant 
devant  les  inondations,  et  dont  les  crues  ont  recouvert  l'outillage 
resté  sur  le  sol,  ne  nous  offrent  pas  trace  de  roulage.  Cependant,  si 
on  examine  leurs  arêtes  en  passant  le  doigt  dessus,  on  est  surpris 
de  constater  que  le  bord  n'a  pas  le  caractère  d'aigreur  d'une  arête 
récente.  Cette  douceur  au  toucher  est  caractéristique  des  éclats  de 
silex  anciens  et  on  peut  dire  qu'elle  est  constante.  Aucune  explica- 
tion na  été  donnée  de  ce  fait,  qui  peut  paraître  singulier  chez  des 
silex  restés  en  place. 

A   mes   yeux,    l'arrondissement  du   bord  coupant   de   ces    silex 

SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE.  19 


290  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRAIS  ÇAlSK 

anciens,  tient  à  ce  que  ce  bord  très  mince  a  subi  pendant  des  siècles 
un  commencement  de  dissolution  de  la  silice,  à  la  suite  de  l'action 
prolongée  de  l'eau  des  pluies  et  de  l'humidité  du  sol.  Quoique  peu 
soluble,  la  silice  l'est  pourtant  assez  pour  que  l'action  de  l'eau  pro- 
longée ait  suffi  à  arrondir  légèrement  une  arête  primitivement  très 
mince  et  coupante.  Telle  est  l'explication  qui  me  paraît  la  plus  vrai- 
semblable pour  rendre  compte  de  cet  état  particulier  des  arêtes 
anciennes. 

Une  autre  chose  est  encore  à  envisager  dans  les  arêtes.  Il  arrive 
souvent  qu'au  lieu  d'être  vives  elles  sont  égrignées  et  comme  marte- 
lées, écrasées  sur  certains  points.  Ce  tait  mérite  d'attirer  l'attention, 
car  les  accidents  naturels  ne  produisent  rien  de  semblable.  Il  faut 
pour  obtenir  un  tel  résultat,  que  l'arête  ait  reçu  une  série  de  coups 
appliqués  au  même  endroit. 

Dans  ce  cas,  il  faut  rechercher  avec  soin  en  maniant  le  silex  dans 
diverses  positions,  si  la  portion  de  l'arête  ainsi  martelée  ne  corres- 
pond pas  à  un  point  où  les  doigts  doivent  porter  pour  obtenir  une 
préhension  solide.  Presque  toujours,  c'est  ce  qui  existe;  et  cela  prouve 
que  le  Martelage  a  été  pratiqué  intentionnellement  et  qu'on  se  trouve 
en  présence  d'un  silex  authentique. 

Notre  but,  en  exposant  ces  diverses  remarques  sur  les  silex,  a  été 
de  fixer  les  caractères  auxquels  on  peut  avoir  recours  pour  recon- 
naître avec  certitude  quels  sont  ceux  dont  les  êtres  primitifs  se  sont 
servi,  avant  que  leur  intelligence  se  soit  élevée  jusqu'à  débiter  et  tail- 
ler les  instruments  dont  ils  avaient  besoin. 

Il  est  inutile  d'insister  sur  l'intérêt  que  présente  l'étude  de  la  for- 
mation et  du  développement  de  l'Encéphale  humain  pendant  les 
immenses  périodes  de  temps  qui  ont  précédé  des  industries,  telles  que 
le  Chelléen  et  l'Acheuléen .  En  repoussant  systématiquement  l'étude 
de  toute  cette  série  d'Eolithes  tertiaires,  on  se  priverait  de  la  partie 
la  plus  intéressante  peut-être  des  sciences  préhistoriques.  Lors- 
qu'on remonte  plus  près  des  origines  de  l'humanité,  la  connaissance 
de  l'outillage  est  le  seul  moyen  que  nous  ayons  à  notre  disposition 
pour  apporter  de  la  lumière  sur  les  transformations  que  notre  cer- 
veau a  subies  dans  l'évolution  dont  il  a  été  le  siège,  et  qui  l'ont  amené 
de  la  mentalité  simienne  à  la  mentalité  pyramidale  d'un  Bergson  ! 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  291 

l.e  Casse-Tête  naviforme   du   Champ-8aint-Père 
et  ceux  de  Vendée. 

Par  M.  le  Dr 
Marcel  BAUDOUIN  (Paris). 

I.  —  Casse-tête  naviforme  du  Champ-Saint-Père. 

La  Collection  N.  Jolly  (de  Luçon,  V.),  qui,  actuellement,  se 
trouve  au  Musée  Dobrée,  à  Nantes,  grâce  à  la  bienveillante  initia- 
tive de  mon  excellent  ami,  Guistheau,  Député,  ancien  Ministr?  de 
l'Instruction  publique  (1),  contient  une  pièce,  extrêmement  remar- 
quable, au  moins  pour  la  Vendée,  département  d'où  elle  provient. 

Il  s'agit  non  pas  d'un  Marteau  perforé,  mais  d'un  Casse-tête,  en 
très  bon  état  de  conservation  et  en  roche  très  rare,  de  la  variété 
Naviforme,  dite  aussi  Double  Hache  ou  Bipenne  naviforme  (2). 

Je  crois  devoir,  dans  ces  conditions,  en  publier  une  photogra- 
phie (Fig.  1)  et  une  description  circonstanciée,  vu  la  rareté  de  ces 
pièces,  surtout  dans  les  régions  du  Sud  de  la  Loire. 

D'après  une  lettre  que  m'a  écrite  jadis  (3)  M.  N.  Jolly,  voici  dans 
quelles  conditions  cette  trouvaille  a  eu  lieu. 

«  Une  de  mes  anciennes  servantes  m'a  apporté,  samedi  dernier, 
un  objet  en  pierre,  intéressant.  Ses  parents  habitent  près  Le  Champ 
Saint-Père  (4),  sur  la  route  du  Tablier.  La  pièce  a  été  trouvée  en 
bêchant  la  terre,  au  pied  d'un  arbre.  Je  n'ai  rien  vu  de  pareil,  ni 
comme  roche,  ni  comme  forme.  La  pièce  est  d'un  tel  fini  qu'on  la 
dirait  moderne  !  m 

A  la  photographie  de  profil  que  je  publie  ici  (Fig.  1),  il  est  facile 
de  voir  de  quel  objet  il  s'agit,  On  a  affaire  à  un  Casse-tête,  en  forme 
de  Nacelle  très  allongée. 

La  patine  est  grise  et  absolument  lisse.  La  pièce  présente  un  polis- 
sage parfait  et  une  réelle  élégance. 

La  roche  est  g  rist  bleuâtre,  avec  des  points  très  noirs,  épars  çà  et 

(1)  A  la  mort  de  M.  Jolly,  j'ai  pu  décider  en  effet  mon  ami  à  faire,  pour  le  compte 
de  l'Etat,  l'achat  de  cette  Collection  préhistorique,  très  précieuse  en  particulier 
pour  l'étude  de  l'Age  du  Cuivre  dans  l'Ouest  de  la  France. 

(2)  J.  Déchelette  n'admet  que  le  terme  Double  Hache  et  ne  fait  pas  rentrer  cet 
objet  dans  les  Casse-tête .  —  Je  crois  qu'il  a  tort. 

(3)  Datée  du  18  janvier  1911. 

(4)  Commune  peu  éloignée,  au  Sud,  de  La  Roche-sur-Yon  ;  chef-lieu  de  canton, 
Les  Moutiers-les-Maufaits,  Arr.  des  Sables-d'Olonne.  —  Elle  est  située  dans  le 
Bocage,  sur  la  vallée  du  Graon,  affluent  de  la  rive  droite  du  Lay. 


292  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

là,  distants  d'ordinaire  de  0m015.  Il  est  difficile  de  dire  de  quelle 
roche  il  est  question  ;  mais  il  doit  s'agir  d'une  variété  de  Talcschiste 

amphibolique  (G.  de  Mortillet),  certaine- 
ment étrangère  à  la  région  [Points  noirs 
sur  fond  gris]. 

Gomme  on  le  voit,  on  dirait  une  hache 
perforée,  d'aspect  très  fragile,  à  double 
tranchant,  un  peu  courbe.  C'est  bien  un 
Casse-tête  du  type  navi forme,  dont  on 
connaît  déjà  d'assez  nombreux  exemples 
en  France  et  à  l'étranger. 

Ce  ne  peut  être  qu'un  objet  de  parade, 
une  arme  d'honneur  ou  de  luxe. 

L'orifice,  bien  cylindrique,  est  très  bien 
exécuté  (Fig.  1)  ;  et  sa  paroi  interne,  ver- 
ticale, est  remarquable  par  son  poli  et 
son  fini. 

Le  poids  est  de  396  grammes. 

Les  dimensions  de  la  pièce  sont  les  sui- 
vantes :  Longueur  maximum  0m190  [axe 
central].  Largeur  maximum  (au  niveau 
du  trou),  0m045  et  0œ043.  Epaisseur  au 
centre,  0m032;  aux  extrémités  un  peu 
relevées,  0m042.  Distance  du  centre  du 
trou  à  une  extrémité,  0mÛ95  ;  à  l'autre 
extrémité,  0m095.  —  Le  trou  est  donc 
bien  central  {Fig.  2  ;  Os). 

Diamètre  du  Trou  :  transversal,  0m025 
(dessus),  0m024  (dessous);  longitudinal, 
0m024.  —  Il  est  donc  nettement  cylin- 
drique (Fig.  2;  To). 

Une  face  est  presque  plate.  Mais  l'autre 
présente  une  concavité  marquée,  les  deux 
tranchants  étant  relevés  sous  forme  de 
cornes  de  0m042  —  0m032  =  (M)10. 

Celle-ci,  comme  l'autre  face  d'ailleurs, 
par  suite  de  cette  courbure,  ne  mesure 
que  0m162  de  longueur,  au  lieu  de0'"190: 
distance  correspondant  aux  milieux  des 
tranchants.  La  face  plate  a  0m043  de 
large  ;  la  concave  0m045. 

La  face  concave  est  nettement  en  Nacelle. 
Les  deux  faces  sont  bordées,  tout  autour,  par  un  bourrelet  ou 
filet,  en  relief  large  de  Gm003  à  0m004,  haut  de  0m002  environ,  qui 


Fig.  l.  -  Casse-tête  Navi- 
forme.  —  Commune  :  Le 
Champ  Saint-Pére  (Vendée). 
—  Echelle  :  2/3  Grandeur  (Ré- 
duction de  1/3).—  Photographie 
Marcel  Baudouin.— Vue  oblique 

"  de  la  face  concave  et  d'une  face 
latérale. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 


293 


les  délimite  ;  mais  la  saillie  est  en  somme  faible.  Il  importe  d'in- 
sister sur  ce  dispositif,  à  cause  de  son  aspect  décoratif  indiscutable 
{Fig.  2;R). 

On  remarquera  que  le  Trou  est  exactement  central  et  que  les  deux 
tranchants  sont  absolument  symétriques  et  assez  effilés  (Fig.  2  ;  T.). 


Fig.  2.  ~  Schéma  du  Casse-tête  du  Champ-Saint-Père.  —  Echelle  :  1/2  Grandeur. 
Légende  :  I,  Vue  de  profil  ;  —  H;  Vue  de  la  face  concave  ;  —  III,  Vue  de  la  face  plate.  — 
L,  face    latérale;  —    T,   Tranchant;—  S,  Face    concave;  —  I.n.,    Face  plate;  —    To, 
Trou  central:  —  Os,   Orifice  du  trou  du   côté  de  la  concavité  ;  —  Oi.,   Orifice  du  côté 
plat.  —  R,  Saillie  ou  Rebord,  en  Bourrelet. 

L'outil  a  donc  été  exécuté  de  main  de  maître  ;  et  c'est  l'œuvre 
d'un  véritable  artiste,  ou,  en  tout  cas,  certainement  d'un  polisseur 
de  pierre,  ayant  la  parfaite  connaissance  de  son  métier. 

Mais  cet  objet  était  forcément  d'une  extrême  fragilité,  à  cause 
de  sa  perforation  et  de  sa  longueur  ;  ce  qui  explique  pourquoi  on 
n'en  rencontre  que  peu  d'aussi  intact  ! 


IL  —  Les  Casse-têtes  naviformes  de  Vendée. 

En  Vendée,  on  n'a  pas  encore  trouvé  de  pièce  entière,  comparable 
à  celle-ci,  à  ce  que  je  sache.  —  Je  ne  connais,  en  effet,  aucun  autre 
Casse-tête  Naviforme,  entier,  signalé  pour  ce  département. 

l°Toutefois  la  Collection  Crochet(de  Saint-Gilles-sur  Vie)renferme 
un  fragment,  inédit,  d'un  objet  très  analogue,  qu'il  faut  absolument 
rapprocher  de  la  découverte  du  Champ  de  Saint-Père,  d'autant  plus 


294  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

que  j'ai  pu  assez  facilement  en  exécuter  la  reconstitution  :  ce  qui  va 
permettre  de  le  comparer  au  précédent.  — La  trouvaille  a  été  faite  à 
La  Routière,  commune  de  Saint-Martin-de-Brem  (Fig.  3,  4  et  5). 

2°  De  plus,  j'ai  vu  jadis,  dans  la  Collection  Paul  Lepage  du  Bois 
Chevalier  (Les  Sables  d'Olonne),  un  Casse  tête  à  deux  Tranchants, 
entier,  recueilli  avant  1901  dans  la  commune  de  La  Roche  sur  Yon. 

Je  ne  me  souviens  pas  de  sa  forme  exacte.  Il  était  bien,  je  crois, 
entier,  et  du  type  de  celui  de  l'ex-  Collection  Jolly.  Cependant  je  ne 
puis  pas  affirmer  son  aspect  naviforme.  —  C'est  pourquoi  je  n'en 
parle  pas  et  ne  puis  donner  ici  une  description  de  cet  objet.  Par 
contre,  je  vais  décrire  le  fragment,  intéressant,  que  je  viens  de  citer, 
avec  tous  les  détails  voulus. 

Casse-tête  naviforme  de  Saint-Martin-de-Brem. 

1°  Description.  —  Cette  pièce  de  la  Collection  Crochet  représente 
certainement  une  moitié  de  Casse-tête  naviforme.  Et  M.  Crochet 
l'a  recueillie  à  Saint-Martin-de-Brem,  à  la  ferme  de  La  Routière, 
sur  la  rive  Sud  du  Brandeau  (Fig.  3). 

J'ai  d'abord  fait  un  Moulage  de  ce  fragment  (Fig.  4).  Puis,  comme 
celui-ci  semble  représenter  à  peu  près  la  moitié  de  la  pièce 
entière,  j'ai  reconstitué,  en  plâtre,  la  totalité  du  Casse-tête,  en 
accouplant  deux  exemplaires  de  ce  moulage,  et  en  surmoulant  ce 
modèle.  Le  résultat  obtenu  {Fig.  5)  est  très  satisfaisant  et  donne  une 
idée  assez  exacte  de  l'outil  entier,  si  l'hypothèse,  qui  m'a  servi  de 
point  de  départ,  est  exacte.  —  Le  polissage  est  très  beau. 

Le  fragment  pèse  135  grammes.  L'objet  entier  devait  donc  nota- 
tablement  dépasser  le  poids  de  135  gr.  X  2  =  270  grammes  (car 
il  manque  les  bords  du  trou)  et  approcher  de  300  grammes. 

La  roche  est  d'un  beau  vert-gris  tendre.  Ce  doit  être  une  variété 
de  Talcschiste  très  dense;  mais  elle  n'a  pas  de  points  noirs 
[Amphibole]. 

Le  tranchant  peu  convexe  présente  des  cassures  et  des  ébréchures 
sur  toute  son  étendue  :  constatation  qui  semble  prouver  que  la 
pièce  entière  a  dû  servir  à  frapper  violemment  et  indiquer  que  cette 
pierre  ne  faisait  pas  partie  d'un  simple  objet  de  parade.  La  face 
concave  est  en  forme  de  nacelle  (Fig.  4  ;  S).  Les  faces  latérales  sont 
quadrangulaires  {Fig.  4;  L).  L'autre  face  est  plane  ou  presque 
(Fig.  4;  In.).  La  périphérie  de  ces  faces  présente  un  bourrelet,  assez 
large  au  centre  (0m008),  et  saillant  de  0m001  à  0m002.  Quoique  peu 
marqué,  il  est  très  appréciable  (Fig.  3). 

Si  l'on  trace,  géométriquement,  avec  l'arc  de  cercle  du  Trou  central 
qui  persiste,  sa  circonférence  totale,  on  constate  que  la  perforation 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  295 

devait  avoir,  à  la  face  concave,  0m024  de  diamètre,  et  0m026  à  0m027 
à  la  face  plate  (Fig.  5). 

Le  trou  est  cylindrique,  bien  régulier  et  très  bien  poli.  Les  dimen- 
sions du  centre  du  trou  au  tranchant  sont,  pour  la  face  concave,  de 
0m075,  et  pour  l'autre  de  0m077.  La  hauteur  au  centre  est  de  0m030, 
tandis  qu'au  tranchant  elle  atteint  0m035. 

La  largeur  maximum  est  de  0m045;  mais  peut-être  arrivait-elle  à 
0m047  ou  0m048,  au  niveau  du  milieu  de  la  perforation. 

La  longueur  du  fragment  est  de  0m075  à  peu  près. 

L'objet  entier  devait  donc  avoir  une  longueur  de  0ra075  +  0m075 
=  0m150  en  moyenne. 

Le  trou  est  parfaitement  cylindrique  et  paraît  avoir  été  central  (1), 
bien  qu'on  ne  puisse  pas  l'affirmer. 

Il  faut  remarquer  Y  asymétrie  des  deux  côtés,  qui  apparaît  bien 


Fig 


Schéma  du  Fragment  du  Gasse-tète  de 


Fig.  3.  —  Casse-tête  naviforme. 

—  Gne  de  Saint-Martin-de- 
Brem  (Vendéei.  —  Fragment. 

—  Echelle  :  1/2  Grandeur  envi- 
ron. —  Photographie  Marcel 
Baudouin.  —  Vue  de  la  Face 
concave. 


Saint-Martin-de-Brem  (V.).  —  Echelle  :  1/2  Grandeur. 
Légende  :  I,  Vue  de  la  face  plate  ;  —  II,  Vue  de  la 
face  concave  ;  —  III,  Vue  de  Profil  (Face  latérale). 
—  Tr,  Tranchant;  —  e,  e',  e",  e'",  ébréchures;  —  L, 
face  latérale  ;  —  K,  Cassure  ;  —  To,  Trou   central  ; 

—  p,  circonférence  du   trou  ;  —  In,   surface  plane  ; 

—  S,  surface  concave  ;  —  R,  Saillie  ou    Rebord,  en 
Bourrelet. 


sur  les  dessins  des  deux  faces  du  fragment  (Fig.  4  ;  D',  R).  —  Il 
semble  qu'un  côté  représente  un  bord  droit  (R,  D'),  tandis  que 
l'autre  est  un  peu  plus  oblique  (R.). 

Certainement,  pour  ce  casse-tête,  l'aspect  naviforme  est  indiscu- 
table; mais  il  est  cependant  moins  marqué  que  dans  la  pièce  du 
Champ  Saint  Père,  ainsi  que  le  montre  la  restauration  en  plâtre  que 
j'ai  pu  effectuer  (Fig.  5). 


(1)  Ma    reconstitution   en    plâtre  a  été    faite,    bien    entendu,    dans   cette  hypo- 
thèse, qui  paraît  ici  la  plus  logique  {Fig.  5;  IV). 


296  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

2°  Comparaison.  —  Si  l'on  compare  les  deux  Casse-têtes  en 
Nacelle  ci-dessus,  il  est  facile  de  voir  que  le  second  est  beaucoup 
plus  court  que  l'autre  (0m150  pour  0m190),  que  leur  largeur  maxi- 
mum au  centre  diffère  à  peine  (0m045  et  0m048)  et  que  le  trou  central  a 
môme  diamètre  (0m024).  —  C'est  donc,  lors  de  la  fabrication,  le  forage 
du  trou  central  qui  dominait  le  travail  à  faire.  On  remarquera  aussi 
qu'il  y  a  peu  de  différence  dans  la  concavité  de  l'une  des  faces, 
l'autre  étant  presque  plane. 

Un  point  à  souligner  encore  est  la  différence  qui  existe,  sinon 
pour  l'espace  séparant  les  faces  latérales  de  la  périphérie  du  trou 
central  (elle  est  minime),  du  moins  pour  le  Bourrelet,  décoratif, 
des  faces.  Sur  la  pièce  de  Saint-Martin-de-Brem,  celui-ci  est  très 
large  et  aussi   large  au  niveau  du  trou  qu'il  borde  qu'au  tranchant, 

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Fig.  5.  —  Reconstitution  schématique,  théorique,  du  Casse-tête  de  Saint-Martin-de-Brvrn. 

—  Echelle:  1,2  Grandeur. 
Légende  :  Même  légende  que  pour  la  Figure  4.  —  A-IV,  Vue  de  Profil.  —  B,  Vue  de  la 

face  concave. 

tandis  que,  sur  l'autre  objet,  il  reste  séparé  de  ce  trou  par  une  dis- 
tance de  près  de  0m006;  aussi  est-il  ici  tangent  au  trou  lui-même,  au 
lieu  d'en  être  assez  espacé  (1). 

III.  —  Casse-têtes  divers  de  Vendée. 

Si  l'on  ne  connaît  jusqu'à  présent  pour  la  Vendée  que  ces  deux 
ou  trois  Casses-Têtes  naviformes,  il  faut  dire  qu'on  a  déjà  annoncé, 
pour  ce  pays,  la  trouvaille  d'autres  Casse-Têtes,  de  la  variété  dite 
Hache-Marteau  perforée. 

Haches-Marteaux.  —  Les  plus  célèbres,  parmi  celles  déjà  indiquées, 
sont  les  suivantes  : 

(1)  Gela  est  forcé;  sans  cela  l'objet  n'aurait  aucune  résistance.  A  égalité  de 
diamètre  pour  le  trou  (0m025),  il  faut  une  paroi  limitante  d'égale  épaisseur  (0m010- 
0m0l2)  et  d'égale  résistance. 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  297 

1°  Hache-Marteau  de  Saint-Urbain,  actuellement  au  Musée  de 
Nantes  (1)  ; 

2°  Hache-Marteau  de  Soullans  [Collection  particulière]  (2); 

3°  Hache-Marteau  de  Saint- Mesmin-le- Vieux  [Disparue]  (3). 

Mais  je  puis  en  citer  d'autres,  encore  inédits  : 

1°  Hache-Marteau  de  Saint-Hilaire  de  Talmont  [Collection  P.  du 
Bois  Chevalier]  ; 

2°  Fragment  de  Hache-Marteau  de  Saint  Martin-de-Brem  [Le 
Godet]  [Collection  Crochet]  (4). 

Je  décrirai,  dans  un  autre  mémoire,  toutes  ces  pièces,  rares  et 
très  intéressantes. 

IV.  —  Les  Casse-tètes  nàviformes  en  général. 

1°  Distrirution  géographique.  —  A.  France.  —  On  peut  rappro- 
cher des  Casse-têtes  de  Vendée,  que  je  viens  de  décrire,  une  série 
de  pièces,  en  forme  de  Nacelle,  à  trou  central,  trouvées  en  France 
et  souvent  figurées  : 

1°  Normandie  (5).  —  a)  Manche  (Musée  de  Saint-Lô)  (Fig.  6).  — 

b)  Orne  (Musée  d'Alençon)  :  Saint-Germain- du-Corbeis  (Fig.  6).  — 

c)  Eure  :  1°  Fragment,  Conches  (Fig.  6)  (Collection  L.  Coutil); 
2°  Les  Andelys  (Mantelle),  entier  (Collection  L.  Coutil).  — 
Total  :  4. 

2°  Bretagne  (6).  —  a)  Morbihan  :  Musée  de  Vannes  :  2  fragments 
(N°  300  et  54)  ;  Musée  Miln  :  1,  Brech;  1,  Plœmel;  2  fragments.  — 
b)  Finistère  (Musée  P.  du  Chatelier)  :    1,   Plobannalec;   1    fragment. 

—  c)  Côtes- du-Nord  :  1  pièce.  —  d)  Loire-Inférieure  :  Pont- 
château  (Moulage  au  Musée  de  Vannes),  1  ;  —  Saint-Père-en- 
Retz  (Dolmen  du  Carreau  Vert),  1;  —  Saint-Joachim-des-Eaux,  1. 

—  Total  :  12  (7). 


(1)  Pitre  de  Lisle.  —  Catal.  du  Musée  Arch.  Nantes.  —  Nantes,  1903,  3e  édit. , 
p.  4.  N°  122.  —  Beau  travail.  Parfaite  conservation.  Diorite  (?)  à  grains  noirs.  Col- 
lection P.  de  Lisle.  —  Mais  le  trou  n'est  pas,  je  crois,  central  (à  vérifier). 

(2)  CharbOnneau-Lassay  (L.).  —  Une  belle  arme  préhistorique  bas  poitevine  : 
La  Hache-Marteau  de  Soullans.  —  Rev.  du  Bas-Poitou,  F.  1.  G.,  1913,  ri°  1,   p.  9-11, 

(3)  Revue  du  Bas  Poitou.  —  Loc.   cit.  [Voir  p.   11]. 

(4)  Roche  granitoïde  décomposée.  —  Trouvée  en  labourant  dans  une  vigne^ 
c'est-à-dire  à  une  assez  grande  profondeur. 

(5)  L.  Coutil.  —  Bull.  Soc.-  Préh.  Franc.,  1908,  23  avril.  —  A.  de  Mortillet.  — 
Mat.  p.  l'Hist.   de  l'Homme,  1881. 

(6)  Aveneau  de  la  Grancière.  —  Inventaire  sommaire  des...  Haches  Doubles  en 
Pierre  Polie,  etc   —  Bull.  Soc.   Polym.  Morbihan,  1910.  —  Vannes,  1910,  in-8". 

(7)  Déchelette  {Manuel,  t.  I,  p.  517)  a  figuré  {Fig.  185;  Noc  4  et  5),  deux 
Casse-têtes  nàviformes,  trouvés  l'un  dans  le  Doubs  (dragages/  [Musée  de  Besan- 
çon], l'autre  dans  le  Dolmen  de  Bougon  (D.-S.). 


-08  SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

3°  Centre    —  Indre-et  Loire  (Musée  de  Tours),  1.  —  Loir-et-Cher 
Musée  de  Blois),  1.  —  Yonne  (Musée  d'Auxerre),  1.  —  Nièvre:  La 
Charité,  1.  —  Loiret,  1.  —  Total  :  5. 


PIOCHES    ,     HACHES  -MARTE AUX    ET    MARTEAUX 
DE     LA    NORMANDIE 

Fig.  6.  —  Les    Casse-têtes   naviformes  (H.    bipennes)    de  Normandie   [Cl.   L    Coutil]   — 
Sainl-Lô.   —  Saint-Gsrmnin- du-Corbéis  (A.).  —    Conches  (E.)  :  fragment  (1). 

4°  Ouest.  —  Deux-Sèvres  :  Tumulus  de  Bougon,  1.  —  Charente  : 
Collection  T.  de  Rochebrune,  1.  —  Total  :  2. 


(1)  Mentionnons  que  la  Hache-marteau  de  Conches  n'existe,  en  réalité,  que  pour 
une  moitié.  —  Sur  .«on  dessin,  M  L.  Coutil  a  rétabli, en  plus  clair,  l'autre  moitié,  en 
faisant  une  sorte  de  Casse-tête,  car  le  tranchant  est  mousse.  Or,  il  y  a  de  ces 
sortes  de  Haches,  qui  ont  un  tranchant  incurvé. 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE    •  299 

5°  Est.  —  Ooubs  (Musée  de  Besançon),  Le  Doubs,  1. —  Aube, 
1.  -  Loire  (Musée  de  Montbrison),  1.  —  Haute-Marne  1  (1  . 
—  Total  :  4. 

6'  Nord.  —  Oise  (Communication    Baudon)  :   Bury,    1  fragment 


Fig.  7.  —  Bury   (Oise).  Fragment.   [Odlect.  Baudon].   —  Cl.  Baudon. 

(Fig.  7)  (2).  —  Seine  (Musée  Saint-Germain),  1,  Seine  {Fig.  8)  (3) 
(Collection  Belgrand),  1,  Seine.  —  (Collection  Evans),  2,  Seine.  — 


Fig.    8.   -   Dragages    de    la  Seine  [Collect.  Fillon].  —  Cl.  Baudon.  —   Reproduction  de  la 
Fig.  du  Musée  préhistorique  (PI.  LVI1I,  N°  632). 

Seine  et-Oise    (Musée     Saint-Germain),    1,    Grigny.     —    Seine-et- 
Marne,  1  —  Total  :  7. 
Ensemble  :  34  (4). 

Avec  les  2  certains  de  Vendée,  cela  donne  déjà  un  total  de 
36  pièces  au  moins,  pour  la  France 

B.  Etranger.  —  En  Europe,  ces  Casses-têtes  ne  sont  pas  aussi 
rares.  —  Parfois  trouvés  entiers,  ils  ont  souvent  des  formes  très 
élégantes.  Mais  ils  diffèrent  un  peu  des  modèles  français.  —  Je  puis 
citer  les  faits  ci-dessous  : 

1°  Angleterre  :  Hunmanby  (Yorkshire)  [Trou  biconique,  et  non 
cylindrique  :  variété  rare];  —  Hove  (Brighton)  ;  -  Rolston-Field 
(Wilts);  —  Throwley  (Derbyshire)  [J.  Evans]. 

2°  Suisse  :  Palafittes  d'Obermeilen  ;  de  Wanvyl  ;  du  Lac  de 
Constance  ;  de  Nusdorf  ;  d'Agiez  [Vaud].  —  Musée  de  Genève 
divers).  —  [Pièces  cassées  en  général],  [R.  MunroJ. 

(1)  Le.  Préhistorique,  2«  Edit.,  1885  [V.   p.  649,  fig.  62], 

(2)  Bull.  Soc.  Préh.  Franc.,  1907,  p.  315. 

(3)  G.  et  A.  de  Mortillet  (Musée  préh.,  PI.  LVIII,  N°  632)  ont  représenté  ce 
Casse-tète,  reproduit  par  Baudon  (Fig.  8). 

(4)  Un  Casse-tête  naviforme  a  été  figuré  par  J.-M.  Le  Mené  [Cat.  du  Musée 
Arch.  de  la  Soc.  Pol.  Morb.,  1881,  pi.  I.  E].  —  J'ignore  ce  que  cette  figure 
représente;  c'est  sans  doute  celle  de  Pontchateau  (Cf.  p.  12)  ! 


*>00  SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

3°  Allemagne  :  Huelzen  (Hanovre).  —  Brandeburg.  —  Gardauen 
(Prusse).  —  Hallstatt.  —  Musée  de  Nuremberg  (N°  4737,  plutôt 
type  Hache-marteau). 

4'   Dancmarck.  —  Musée    de    Saint-Germain   [B.  '  S.  P.  F.,  1907, 


lig.  9    —  Danemark  [Musée  Saint-Germain].  —  Cl.  Baudon. 

p.  3151  (Fig.  9).  —  Collection  Paul  de  Givenchy,  1.  (Paris),  avec 
une  corne  plus  baute  que  l'autre;  etc. 

5"  Suède.  —  Collection  Sjoborg.  —  Fig  de  O.  Montelius 
(PI.  V,  fig.  1).  —  Collection  P.  de  Givenchy,  1.  (Paris),  avec  trou  non 
central,,  etc.  [Forme  de  Canot  automobile]  ;  etc. 

2°  Boche.  —  Bien  entendu,  la  roche  est  variable,  suivant  les  pays 
considérés.  —  Mais,  comme  l'a  dit  G.  de  Mortillet,  les  Naviformes 
sont  très  souvent  en  Talcschiste  amphiboliqae. 

La  difficulté  est  de  trouver  le  point  d'origine  de  la  pierre 
employée  ;  ce  problème  n'est  pas  résolu,  pour  la  France,  à  l'heure 
présente. 

Quand  on  en  aura  la  solution,  nous  aurons  là  une  nouvelle  don- 
née, très  importante,  pour  l'étude  du  Commerce  à  la  fin  de  l'époque 
de  la  Pierre  polie. 

Il  est  à  noter  qu'on  ne  connaît  pas  de  pièce  en  silex,  cette  roche 
étant  impossible  à  préparer,  à  polir  et  à  percer  de  la  sorte,  même  en 
utilisant  des  silex  à  trou  naturel,  servant  d'armorce  ! 

3"  Epoque.  —  Les  conditions  de  trouvailles  empêchent  de  dater  les 
pièces  de  Vendée  ;  mais  elles  sont  probablement  delà  fin  du  Néolithi- 
que, comme  celles  de  Bretagne  (sinon  de  Grande  Bretagne),  dont 
quelques  unes  ont  été  rencontrées  dans  des  Sépultures  de  la  Pierre 
Polie  et  des  Dolmens  {Le  Carreau  Vert,  L.  I).  —  Les  trouvailles 
dans  les  Palafittes  indiquent  d'ordinaire  la  même  époque. 

Certains  Casse-têtes  étrangers  peuvent  être  toutefois  du  début  des 
Métaux. 

3°  Fabrication.  —  Malgré  les  difficultés  de  fabrication  d'une  telle 
pièce,  en  particulier  la  confection  des  filets  saillants  des  faces  plate 
et  concave,  qu'on  n'a  pu  obtenir  en  relief  que  par  un  piquage  localisé 
très  méticuleux,  et  la  perforation  centrale,  il  est  démontré  aujour- 
d'hui que  ce  travail  n'était  pas  au-dessus  des  moyens  dont  dispo- 
saient les  Hommes  de  la  fin  du  Néolithique. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  301 

On  se  demande,  seulement,  comment  on  pouvait  arriver  à  polir 
les  faces  planes  et  concaves  de  ces  objets  ;  il  fallait,  évidemment,  user 
de  petits  Polissoirs  à  main,  à  assez  faible  surface  polissante. 

4°  Usage.  —  Il  est  impossible,  jusqu'à  trouvaille  de  pièce  emman- 
chée, de  voir  dans  ces  objets  autre  chose  qu'un  Sommet  de  Casse- 
Téte,  comme  l'ont  bien  reconnu  MM.  de  Mortillet.  —  Mais  est-ce 
bien  là  la  bonne  hypothèse  ? 

a)  En  tout  cas,  il  ne  peut  s'agir  d'un  Outil,  l'objet  étant  trop 
fragile  [vu  la  largeur  du  trou  d'emmanchage  et  la  forme  de  ses 
extrémités]  et  trop  soigné,  avec  des  parties  décoratives.  —  Pourtant 
il  a  pu  servir  d'arme  défensive  [Casse  tète]  (1),  tout  en  pouvant  être 
aussi  un  objet  d'apparat  ou  de  culte,  une  sorte  de  sceptre. 

b)  Malheureusement  on  n'en  connaît  pas  encore  de  préhisto- 
rique (2)  qui  ait  été  trouvé  enmanché  (3),  car  ces  pièces  ne  sont  pas 
entières,  quoique  très  communes,  dans  les  Palafitles  (4)! 

c)  On  ne  sait  pas,  par  suite,  si  ces  objets  étaient  emmanchés  les 
cornes  en  Vair  ou  en  bas,  c'est- à-dire  en  Casse-têtes  ou  en  Haches! 

Peut-être  la  différence  d'usage  et  de  polissage  des  faces  plate  et 
concave  pourrait-elle  renseigner  à  ce  sujet  ? 

Toutefois,  deux  pièces,  de  la  Finlande  Orientale  et  de  la  Carélie 
russe  (5),  semblent  plutôt  indiquer  une  emmanchure  avec  cornes  en 
bas.  —  Mais  ces  objets  ne  doivent  pas  être  analogues  à  ceux  de 
France  en  réalité  et  sont  sans  doute  de  l'Age  des  Métaux;  leur  forme 
en  diffère  trop. 

5°  Signification.  —  John  Evans  (6)  a  démontré,  simplement  à 
l'aide  des  figures  de  son  célèbre  ouvrage  (7),  qu'il  existe  tous  les  inter- 
médiaires entre  les  Casse-têtes  naviformes  [Hache  bipenne  ou  Dou- 
ble Hache  naviforme]  et  le  type  de  la  Hache  perforée  [Hache  uni- 

(1}  En  effet,  le  Casse-tête  de  Saint-Martin  de-Brem  (Vendée)  a  dû  être  employé 
à  frapper,  car  il  est  très  ébréché  [I''ig.  4  ;  III,  e,  e  ,  e"). 

(2)  Adrien  de  Mortillet  (Mai.  p.  Hist.  de  ÏHomme,  1882,  XVIII.  Tiré  à  part, 
p.  11)  affirme  pourtant  que,  dans  l'Amérique  du  Sud,  au  cimetière  d'Ancon  (Pérou), 
on  en  a  exhumé  plusieurs  spécimens,  ayant  encore  leurs  manches  en  bois;  mais 
j'ignore  la  forme  des  sommets  de  Casse-Têtes,  auxquels  il  est  ainsi  fait  allusion. 
Il  ne  doit  pas,  sans  doute,  s'agir  du  type  dit  Hache  bipenne  ou  naviforme. 

(3)  Adrien  de  Mortillet  [Mat.  p.  VHist.de  L'Homme,  1882,  XVIIIJ  en  a  figuré  un 
moderne,  de  la  Nouvelle-Guinée  (Collection  E.  Cartailhac,  Toulouse)  ;  mais  il  s'a- 
git d'un  sommet  de  Casse-Tête  en  forme  de  boule  et  sphérique. 

(4)  R.  Munro  (Les  Stations  lacustres  d'Europe,  Tr.  fr.)  n'en  figure  aucun  emman- 
ché ! 

(5)  Aspeliz.  —  L'Age  de  la  Pierre  des  régions  finno-Ongrienne .  —  Congrès  de 
Stockholm,  t.  I.  —  L'une  de  ces  Haches  (c'est  mon  diagnostic  actuel)  porte,  en 
effet,  à  une  extrémité  une  tête  d'animal,  qui  indique  le  sens  d'emmanchage. 

(6)  J.  Evans.   —  L'Age    de  la  Pierre.  —  Trad.    franc. 

(7)  Cf.  Fig.  135,  136,  137,  140,  126,  125,  et  surtout  118. 


302  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

penne],  dont  le  talon  a  la  forme  d'un  Marteau.  Par  conséquent  ce 
modèle  de  Casse -tête  n'a  rien  de  spécial,  d'autant  plus  qu'on  peut 
le  rattacher  aussi  au  Marteau  double  également  par  des  Bipennes 
qui  n'ont  pas  l'aspect  naviforme  et  présentent  deux  faces  absolu- 
ment planes  (1). 

Dans  ces  conditions,  je  crois  que  le  modèle  Naviforme  n'est  qu'une 
affaire  de  mode.  Je  ne  puis  donc  y  voir  la  représentation  d'un  Sym- 
bole, comme  certains  semblent  le  penser;  et  je  ne  crois  pas  qu'on 
ait  voulu  ainsi  représenter  un  Bateau  [et  en  particulier  le  Bateau 
solaire\,  de  façon  à  avoir  un  objet  qui  puisse  servir  d'attribut  spécial 
ou  cultuel  à  tel  ou  tel  chef  ou  prêtre. 

Mais,  comme  dans  ces  conditions,  à  la  base  de  cette  forme,  il 
semble  qu'il  y  ait  pourtant  l'idée  de  Hache  et  comme  la  Hache  a 
été,  indubitablement,  à  la  fin  du  Néolithique,  un  Symbole  so- 
laire (2),  il  n'y  aurait  rien  d'impossible,  en  réalité,  à  ce  que  les  Casse- 
Têtes,  en  forme  de  Hache,  aient  eu  une  signification  cultuelle  véri- 
table et  plus  ou  moins  différente  de  celle  des  Casse-têtes  en  forme 
de  Boule,  etc.  —  L'avenir  seul  pourra,  d'ailleurs,  nous  éclairer  sur 
ce  problème,  impossible  à  résoudre  aujourd'hui,  faute  de  trouvaille 

de  PIÈCE  EMMANCHÉE  ! 


La  Pierre  à  Cupules  de  Fontaine  (Isère) 


Le  capitaine  L.  JAGQUOT  (de  Grenoble). 

Le  16  mai  1915,  conduisant  les  Boys  Scout  en  marche-manœuvre 
au  Bois  de  Vouillant  et  voulant  leur  montrer  le  Coup  de  Sabre  —  qui 
est  une  fissure  naturelle  du  rocher,  au  fond  de  laquelle  passe  le 
chemin  — ,  je  leur  fis  traverser  Fontaine  et  nous  nous  engageâmes  dans 
le  chemin  muletier  qui  conduit  d'une  part  à  Pariset  et  de  l'autre 
aux  Balmes. 

Ce  chemin,  connu  pour  être  très  ancien,  est  d'un  aspect  particulier 
depuis  le  carrefour  jusqu'au  delà  du  village.  Il  est  pavé  en  morceaux 
de  roche  plantés  serrés  et  coupé  à  intervalles  rapprochés  de  [lignes 
parallèles,  formées  de  grands  éclats  de  pierre  provenant  de  lauzes 
brisées.  On  appelle  Lauzes,  dans  le  langage  du  pays,  de  très  grosses 

(1)  Cf.  Fig.  139,  142,  145. 

(2)  Marcel  Baudouin.  —  Hache  gravée  au  trait  des  Vaux,  en  Saint- Aubin-de- 
Beaubignè  (D.-S.).  —  A.  F.  A.-  S.,  Paris,  1913. 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  303 

dalles  plus  ou  moins  épaisses,  plates,  et  non  équarries,  extraites  de 
certaines  carrières  et  dont  on  se  sert  pour  clôturer  les  jardins  et  les 
champs  aux  abords  des  agglomérations  (1).  On  les  trouve  par  bans 
assez  faciles  à  débiter  et  leur  emploi  était  autrefois  d'un  usage  cou- 
rant, malgré  leur  poids  souvent  excessif. 

Immédiatement  après  la  dernière  maison  (appartenant  au  sieur 
Sibyllain),  à  l'Ouest  et  contre  le  chemin,  à  80  mètres  du  carrefour, 
une  très  grosse  dalle  ou  lauze  attira  mon  attention  par  sa  position 
oblique,  ayant  glissé  sur  le  talus  en  pente.  Je  m'arrêtai  pour  l'exa- 
miner et  j'y  découvris  du  premier  coup  d'œil  des  Cavités  cupelli- 
formes,  que  je  me  promis  de  revoir.  Un  orage  éclatant  alors  nous 
obligea  à  nous  réfugier,  un  peu  plus  haut,  sous  un  abri  naturel  que  je 


£Ut* 


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Fig.  1.  —  La    Pierre  a  Cupules   de  Eontaine  (Isère)    —  Echelle  :  1/20  environ. 
Légende  :  I  à  VIII,  N08  des  Cupules  certaines.  —  a,  b,  d,  Cavités  discutables. 

signalerai  à  notre  collègue  Muller,  sachant  qu'il  vient  souvent  dans 
les  parages  pour  y  faire  des  fouilles. 

Je  suis  retourné  le  13  juin  à  Fontaine  et  j'ai  dessiné  cette  fois  la 
Lauze,  en  déblayant  tant  bien  que  mal  les  orties  qui  la  recouvraient 
en  partie  Autant  que  j'ai  pu  m'en  assurer  faute  de  pioche,  cette  dalle 
mesure  3m50  de  long  sur  lm50  à  lm60  de  large  et  à  peu  près  0U,20 
d'épaisseur.  Elle  est  en  une  sorte  de  calcaire  très  veiné,  primitive- 


(1)  Ne  pas  confondre  aven  les  Lauzes  de  la  Haute-Savoie,  qui  sont  des  cuveltes 
retenant  les  eaux  de  pluie  [Lauzcnelle,   près  Thonon  ;  Lausanne,  etc.] 


304-  SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

nient    blanc,  mais    fortement   noirci  par   le  temps.   Son   orientation 
importe  peu,  puisque  la  pierre  îïest  plus  en  place. 

J'y  ai  relevé  8  cavités  (Fig.  1),  que  je  crois  pouvoir  certifier  être 
des  Cupules,  plus  une  douteuse  et  deux  qui  sont  probablement  dues 
au  travail  de  l'eau  de  pluie.  — Je  les  ai  numérotées  de  gauche  à  droite 
et  de  haut  en  bas.  Les  Numéros  I  à  V  sont  sensiblement  sur  une  même 
ligne  assez  régulière,  et  les  numéros  VI,  VII  et  VIII  sont  dispersés 
dans  le  bas  de  la  dalle.  Toutes  sont  sur  la  partie  gauche  de  la 
lauze. 

Voici,  dans  un  tableau,  les  dimensions  des  cupules  supposées: 


N°  d'ordre 

•  Longueur. 

Lnrgeur. 

Profondeur. 

Particularités. 

I. 

0,030 

0,030 

0,020 

conique. 

II. 

0,025 

0,025 

0,015 

III. 

0,040 

0,040 

0,015 

IV. 

0,080 

0,070 

0,125 

une 

2e  cavité  intér 

V. 

0,080 

0,000 

0,035 

VI. 

0,060 

0,040 

0,015 

VII. 

0,090 

0,070 

0,040 

piei 

Te  très  veinée. 

VIII. 

0,080 

0,080 

0,030 

cavité  1res  nette. 

Songeant  à  notre  secrétaire  général,  M.  M.  Baudouin,  j'ai  noté  les 
espaces  intercupulaires  ;  les  voici  (mesurés  d'axe  en  axe)  : 

De  III  à  IV,  0"070.-  De  IV  à  V,  0"'440.—  De  I  à  II,  0m070.—  De 
VI  à  VII,  0m175.  -  De  VII  à  VIII,  0m510.  -  De  V  à  VII,  0™740. 
—  De  I  à  d  (cavité  douteuse),  0m560. 

Remarque  :  Les  cavités  IV,  V,  VII  et  VIII  sont  de  forme  ovale', 
mais  elles  ne  sont  pas  pareillement  orientées. 

Observation.  —  Fontaine  est  exactement  au  pied  de  la  montagne 
(massif  du  Villard-de-Lans),  en  face  du  Casque-de-Néron,  et  en 
dehors  de  la  grande  voie  de  communication  Grenoble-Sassenage. 
On  y  a  trouvé  des  Grottes  préhistoriques,  auprès  des  carrières. 

M  Marcel  Baudouin.  —  Je  n'ai  pas  besoin  de  souligner  l'intérêt 
des  mensurations  de  M  L.  J  ;cquot.  —  Il  est  évident  que  la  Commune 
Mesure  intercupnlaire  existe  ici  et  est  typique.  Elle  est  de  0m070  et 
est  donnée  par  les  espaces  III  IV  et  I  II.  —  En  eftet,  0m440  ==  0"070 
X  6  +  0'"02;  ()in175  =  0"'070  X  25  ;  0m510  =  0m070  X  7  -f  0"02  ; 
et  0*560  =  0m070  X  8,  très  exactement. 

Par  suite  il  est  probable  que  la  Cavité  d  et  les  autres,  douteuses 
pour  M.  Jacquot,  sont  bien  réellement  de  vraies  Cupules. 


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SÉANCE  DU  22  JUILLET  1915 


Présidence  de  M.  LE  BEL. 


-<__ -"GM*S<=J»-0- 


PROCÈS-VERBAL    DE    LA     SÉANCE. 


La  Séance  est  ouverte  à  4  heures,  sous  la  Présidence  de  M.  Le  Bel, 
Vice-Président. 

Il  est  donné  lecture  du  procès-verbal  de  la  dernière  séance 
(24  juin  1915),  qui  est  approuvé. 

A  propos  du  procès-verbal,  note  de  M.  Marcel  Baudouin. 

M.  le  sous-lieutenant  de  génie  Patte,  décoré  de  la  Croix  de 
Guerre,  blessé  antérieurement,  assiste  à  la  séance. 

Légion   d'Honneur. 

Nous  avons  lu,  avec  le  plus  vif  plaisir,  au  Journal  Officiel,  la  men- 
tion suivante  : 

M.  le  Dr  Atgier  (Em.),  médecin-major  de  lre  classe,  territorial, 
directeur  du  service  de  santé  d'une  D.-T.,  compte  de  longs  et  honora- 
bles services.  Depuis  sa  mise  à  la  retraite  jusqu'à  la  mobilisation 
(9  ans),  est  médecin  et  chirurgien  de  la  Poudrerie  nationale  et  d'une 
garnison.  A  fait  preuve  de  zèle  et  d'autorité,  depuis  le  début  de  la  cam- 
pagne, dans  ses  fonctions  de  médecin  divisionnaire  ;  est  nommé  Méde- 
cin principal  (de  2e  Classe). 

Il  a  été,  en  outre,  nommé  Officier  de  la  Légion  d'Honneur  et  a  reçu 
la  Croix  de  Guerre,  depuis  l'ouverture  des  hostilités. 

M.  le  Dr  Atgier,  actuellement  malade  à  l'Hôpital  militaire  d'Amélie- 
les-Bains,  est  le  Président  en  exercice  de  la  Société  préhistorique 
française,  qui  lui  adresse  ses  plus  vives  félicitations  et  ses  meilleurs 
vœux  de  prompt  rétablissement. 

SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE.  20 


306  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 


Correspondance. 

Lettres  d'Excuses  et  de  Condoléances.  —  MM.  le  Dr  A.  Guérhard ; 
—  A.  Viré  ;  —  Ch.  Schleicher;  —  Thiot  ;  —  Dr  Atgier  ;  —  Edmond 
Hue;  —  0.  Vauvillé. 

Bibliothèque. 

La  Société  Préhistorique  Française  a  reçu  l'ouvrage  suivant  de  M.  : 

Chauvet  (Gustave).  —  Projet  d'aménagement  des   Antiquités  préromaines  au 
Musée  des  Grandes-Ecoles,  à  Poitiers.  —  Poitiers,  1915,  in-8°,  12  p. 


Prochaine  Séance. 

La  prochaine  Séance  de  la  Société  Préhistorique  Française,  confor- 
mément aux  Statuts,  n'aura  lieu  que  le  28  Octobre  1915. 

Présentations  et  Communications. 

Discussion  sur  les  Casse-têtes  navi/ormes  ;  par  E.  Taté,  L.  Coutil, 
A.  de  Mortillet,  Marcel  Baudouin. 

L.  Coutil  (Saint-Pierre-du-Vauvray).  —  Présentation  d'une  Hache 
à  bouton  typique  de  l'Eure. 

A.  Brasseur  (Gournay-en-Braye,  S.-I.).  —  Curieuse  trouvaille  des 
deux  moitiés  d'une  Hache  Acheuléenne,  avec  Fossile  à  V intérieur  (1  Fig.). 

Marcel  Baudouin. — La  Sculpture  pédiforme  et  les  Cupules  du  Rocher 
N°  I  de  La  Dévalée,  à  Vile  d' Yeu  (V.). 

J.  Bossavy  (Versailles).  —  Deux  Polissoirs  nouveaux  pour  Seine-ct- 
Oise.  —  Discussion  :  Marcel  Baudouin. 

Aug.  Devoir  (Brest,  F.).  —  Contribution  à  l'étude  de  l'Ere  monu- 
mentale préhistorique  :  L'Architecture  Mégalithique  bretonne  et  les 
observations  solaires.  —  Discussion  :  Marcel  Baudouin. 

Admissions   nouvelles. 

Sont  proclamés  Membres  de  la  «S1.  P.  F.,  MM.  : 

Carnoy,  professeur  au  Lycée  Voltaire,  Offficier  de  l'Instruction 
publique,  Folkloriste,  Warloy-Baillon  (Somme). 

[A.  DE  MORTILLET.  A.-L  .    HaRMOIs]  . 

Harmois,  Gustave,  architecte,  Officier  d'Académie,  26,  rue  de 
Reuilly  (Paris).  [A.  de  Mortillet.  —  A.-L.  Harmois]. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  207 

II.  —  NOTES,  DISCUSSIONS    ET  PRISES    DE  DATE. 


Découverte  d'une   IVéeropole  mérovingienne, 
près   rVancy. 

M.  Marcel  Baudouin.  —  Les  journaux  quotidiens  ont  annoncé 
la  découverte,  dans  la  région  du  Grand  Couronné,  près  Nancy 
(M.-et-M.),  de  plusieurs  Squelettes,  qui,  d'après  le  mobilier  décou- 
vert, semblent  remonter  à  l'époque  Mérovingienne.  —  On  a  exhumé 
des  armes  et  des  parures. 

Nous  signalons  cette  trouvaille,  surtout  parce  qu'elle  se  trouve 
dans  la  zone  des  Armées  et  est  peut-être  due  à  des  travaux  d'ordre 
militaire. 


Fond    de    cabane    de  PEpoque  mérovingienne    à 
Mainte  Geneviève  -  lés  ■  Gasny,     canton      d'Eco» 

(fÇure.)'. 

[Prise  de  Date], 


Georges  POULAIN  (Eure). 

A  environ  1,500  mètres  du  village  de  Sainte-Geneviève,  vers 
Vernon,  au  bord  du  chemin  de  grande  communication  n°  5,  dit  «  de 
Vernon  à  Bray  »  et  à  la  naissance  d'un  chemin  rural  dit  «  Voie  de  la 
Roquette  »,  conduisant  à  la  Chapelle-Saint-Ouen,  se  voit,  à  flanc  de 
coteau,  une  remise,  creusée  dans  la  craie,  en  arrière  d'une  carrière, 
d'où  on  a  extrait  cette  matière.  Le  lieu-dit  a  nom  La  Roquette. 

Sur  le  côté  droit  de  la  carrière  en  entrant  dans  celle-ci,  se  dessi- 
nait avant  la  fouille,  un  filet  horizontal  déterre,  battue  et  brûlée,  avec 
au-dessus  une  accumulation  de  cendres  :  le  tout  recouvert  par  un 
mètre  de  limon  des.  pentes.  C'est  ici  que  se  trouve  le  fond  de  cabane, 
qui  fut  l'objet  en  mars  dernier  de  mes  investigations,  aidé  par  un  de 
mes  amis,  très  averti  des  questions  archéologiques  locales,  M.  De- 
mante  (de  Sainte-Geneviève),  qui  découvrit  ces  vestiges . 

Ce  fond  de  hutte,  entamé  jadis  par  la  carrière  qui  en  a  diminué  la 
largeur,  était  taillé  à  même  le  terrain  crayeux  de  la  pente  et  une  des 
parois  atteint  encore  à  une  extrémité,  lm50  de  hauteur.  Il  mesurait 
5m80  environ  de  long  et  devait  avoir  une  forme  rectangulaire.  Le 
plancher  et  les  murailles  ont  subi  l'action  d'un  feu  violent.  Il  y  avait 
à  l'intérieur  un  amas  de  cendres,  charbons  et  silex  craquelés,  épais 
de  lm50,  provenant  sans  aucun  doute  de  l'incendie  et  de  l'effondré- 


308  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

ment  de  l'habitation,  qui  devait  comporter  en  hauteur  des  murs  en 
pierres  sèches. 

Les  trouvailles,  peu  riches,  consistent  seulement  en  quelques  os  de 
bœuf  et  tessons  de  poterie  mérovingienne,  dont  importe  le  treillis 
caractéristique.  A  l'extrémité  nord,  on  voit  une  sorte  de  voûte  de 
four,  remplie  de  cendres.  Cette  cabane  était  très  bien  orientée  au 
Sud,  vers  la  rivière  d'Epte,  dont  le  lit  roule  ses  eaux  limpides  à 
300  mètres  environ  de  là. 

A  quelques  centaines  de  mètres  de  ce  point,  existait  un  Cimetière 
franc,  dont  je  parlerai  plus  tard. 


Curieuse  Trouvaille  de  deux  moitiés  d'une 
Hache   Acheuléenne  avec  Fossile   à    l'intérieur, 


BRASSEUR  (Gournay,  Seine-Inférieure). 

Il  y  a  vingt  ans,  au  moins,  dans  une  excursion  faite  sur  les  hauts 
plateaux,  aux  abords  et  à  1  Est  de   Neufmarché,  pour  la  recherche 

d'outils  en  silex,  il  nous  a  été 
donné  de  rencontrer  une  moitié 
de  Hache  Acheuléenne,  très 
bien  taillée,  patinée  bleu  foncé, 
et  veinée  de  blanc.  Bien  que 
cette  pièce  ne  soit  pas  entière, 
nous  l'avions  ramassé,  à  cause 
de  sa  taille  qui  est  d'une  régu- 
larité parfaite  et  aussi  à  cause 
d'un  Fossile  (Spalangus  retusus) 
(F),  qui  se  trouvait  engagé  dans 
l'intérieur,  et  qui  s'était  détachée 
de  la  partie  manquante  (Fig .  1  ;  I). 
Nous  avions  mis  ce  morceau 
de  hache  de  côté,  l'ayant  trouvé 
curieux  à  cause  du  fossile  dont  il 
s'agit. 

Longtemps  après,  en  1914,  fai- 
sant   une    autre      excursion     au 
même   endroit,    nous   avons    pu 
rencontrer    le     deuxième     mor- 
ceau, lequel  s  adapte  parfaitement  avec  le  premier  (Fig.  1  ;  II). 

De  plus,  dans  la  deuxième  moitié,  on  voit  V empreinte  (E)  du  Fossile, 
resté  adhérent  au  premier  morceau. 


Fig.  1.  —  Hache  Acheuléenne,  avec  Fos- 
sile à  l'intérieur,  cassée  en  deux  mor- 
ceaux.   —    Echelle    :    1/2   Grandeur. 

Légende  :  I,  II,  les  deux  fragments  ;  — 
K,  K',  Cassure  ;  —  F,  Fossile  ;  —  E, 
Empreinte. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  309 

La  cassure  de  la  hache  (K,  K')  est  patinée,  d'un  bleu  foncé,  par- 
semé de  petits  points  blancs  ;  ce  qui  prouve  que  cette  cassure  est 
bien  du  temps. 

Les  deux  morceaux  se  rajustent  ensemble  d'une  manière  parfaite, 
et,  la  hache  posée  sur  une  table,  il  est  impossible  de  voir  la  cassure. 

N'est-il  pas  surprenant  de  rencontrer  à  intervalle  de  vingt  ans,  les 
deux  morceaux  d'une  même  hache  cassée  il  y  a  des  milliers  et  des  mil- 
liers d'années,  surtout  une  hache  renfermant  un  Oursin  à  l'intérieur? 

Cette  hache  mesure  en  longueur  0m115  sur  0m08  de  large  et  0m032 
d'épaisseur. 

Deux    Polissoirs  nouveaux   pour     Seine  et-Oise. 

PAR 

J.  BOSSAVY  (Versailles,   Seine-et-Oise). 

J'ai  eu  l'occasion  de  voir  récemment  à  Mantes-sur-Seine,  dans 
l'Hôtel  Brieussel,  transformé  en  Musée,  deux  Polissoirs,  nouveaux 
pour  Seine-et-Oise. 

Grâce  aux  soins  intelligents  du  Conservateur,  M.  E.  Philippe,  ces 
Polissoirs  ont  été  offerts  au  Musée  par  M.  Moisson,  propriétaire  à 
Mondreville,  qui  les  a  trouvés  sur  ses  terres  il  y  a  quelques  années, 
et  qui  les  hospitalisait,  depuis,  dans  la  cour  de  sa  ferme,  à  l'insti- 
gation de  M.  Rongeâtre,  alors  instituteur  dans  sa  commune.  —  C'est 
à  cette  initiative  que  l'on  doit  leur  conservation. 

Les  deux  Polissoirs  sont  en  grès  siliceux,  k  grain  très  fin,  légère- 
ment imprégné  de  fer. 

I.  Le  plus  grand,  d'un  poids  de  600  kilogrammes  environ,  à 
la  forme  d'une  ellipse  irrégulière  ;  il  mesure  en  moyenne  1  mètre 
sur  0m65,  avec  une  épaisseur  de  0m60.  Il  porte,  sur  l'une  des  grandes 
faces,  une  Cuvette,  centrale,  ovoïde,  de  0m45  sur  0m28  et  0m07  dans 
sa  plus  grande  profondeur,  à  pentes  douces  et  polie.  Toute  la  sur- 
face environnante  est  une  grande  plage  d'un  poli  excessif,  formant 
cuvette  circulaire  de  peu  de  profondeur,  par  rapport  à  la  cuvette 
centrale. 

La  face  opposée  présente  une  cavité  irrégulière,  en  forme  de  V 
renversé,  largement  ouvert,  dont  les  bras  auraient  0m50  et  0m38.  La 
largeur  moyenne  est  de  0m25,  les  bords  presque  droits  et  la  profon- 
deur de  7  à  8  centimètres.  Cette  cavité,  peu  distante  des  bords  du  bloc, 
s'y  relie  par  un  conduit  dont  la  largeur  passe  de  10  à  4  centimètres, 
pour  s'accompagner,  sur  la  tranche  du  bloc,  de  deux  parties  planes 
paraissant  volontairement  pratiquées  et  assez  lisses  qui  l'encadrent 
et  ont  respectivement  5  et  6  centimètres.  Le  conduit  prend  ainsi  une 
largeur  total  de  15  centimètres  ;  il  va  s'atténuant,  sur  une  largeur 
de  0m16.  L'épaisseur  moyenne  du  bloc,  à  cet  endroit,  est  de  0m25. 


310  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FKANÇAISE 

Dans  le  fond  de  la  cavité,  et  en  face  du  sommet  du  V,  est  un  trou 
assez  profond  de  5  centimètres  de  diamètre,  à  bords  assez  lisses. 

Sur  le  côté  le  plus  épais  0m55  X  0m60,  le  bloc  présente  cinq  autres 
trous  de  4,  5,  6  et  7  centimètres  de  diamètre,  dont  les  bords  sont 
également  lisses  et  d'une  profondeur  de  6  à  8  centimètres.  D'après 
M  Philippe,  qui  a  fait  placer  ce  Polissoir  dans  le  jardin  du  Musée 
et  à  qui  j'en  dois  l'indication,  la  partie  qui  repose  sur  le  sol  présente 
aussi  plusieurs  trous,  également  réguliers.  Leur  diamètre  semble 
constant  ;  mais  leur  distribution  paraît  irrégulière.  Faut-il  leur 
donner  une  interprétation  ?  Je  ne  crois  pas  que  cela  soit  encore 
possible.  Je  compte  me  rendre  à  Mondreville  pour  explorer  la 
région  d'où  provient  ce  bloc;  et  peut-être  l'occasion  me  sera-t-elle 
fournie  de  vous  en  reparler. 

II.  —  Le  second  Polissoir  ne  pèse  que  10  kilogrammes  environ. 
Il  a  la  forme  d'un  parallélipipède  à  angles  abattus.  Il  mesure  0m32 
sur  0m20.  La  partie  polie  en  cuvette  a,  sur  une  face,  une  largeur 
de  0m12,  avec  une  profondeur  au  centre  de  0m023.  La  face  oppo- 
sée, en  partie  abîmée,  est  polie  sur  une  longueur  de  0m24,  une 
largeur  de  0m07  avec  une  profondeur,  au  centre,  de  0m07. 

M.  Marcel  Baudouin.  —  Le  premier  Polissoir  a  une  Cuvette  fort 
intéressante,  qui  constitue  un  document  scientifique  de  première 
importance;  en  effet,  elle  prouve,  de  par  sa  forme  même,  que  Von  ne 
préparait  pas  au  préalable  les  pierres  destinées  à  polir,  contrairement 
à  ce  que  certains  préhistoriens  pensent. 


Note    sur    deux.    Casse-Têtes    en    pierre, 
et  uatvï formes  die  Scandinavie. 


Paul  de  GIVENGHY  (de  Paris)  (1). 

A  notre  séance  du  27  mai  1915,  M.  le  Dr  Marcel  Baudouin,  après 
avoir  présenté  des  Casse-Têtes  naviformes  provenant  de  la  Vendée, 
a  exprimé  le  désir  de  voir  établir  un  Inventaire  de  ces  rares  objets 
(Voir  Bulletin  1915,  pages  291  et  suivantes). 

Je  m'empresse  de  satisfaire  le  désir  de  notre  Secrétaire  général, 
en  présentant  aujourd'hui  les  deux  Casse-Têtes  naviformes  que  je 
possède. 

J'ai  peu  de  renseignements  à  donner  à  leur  sujet,  car  ils  pro- 
viennent d'anciennes  collections.  Ils  sont  photographiés  ici  gran- 
deur naturelle  (Fig-  1  et  2).  Celui  qui  est  représenté  de  face  et  de 


(1)  Présentation  faite  à  la  séance  du  24  juin  1915. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  SU 

profil  dans  la  Figure  1  provient  du  Danemark,  et  celui  de  la 
Figure  2  provient  de  Suède. 

Ces  deux  pièces- sont  celles  citées  par  M.  Marcel  Baudouin  dans 
sa  nomenclature,  à  la  page  300  du  Bulletin  de  cette  année. 

Si  ces  objets  offrent  tous  les  deux  des  caractères  communs,  ils 
présentent  aussi  de  notables  différences.  Ils  sont  tous  les  deux 
naviformes.  quand  on  les  considère  de  profil.  Celui  de  la  Figure  2 
notamment,  représente  assez  bien  la  forme  d'un  canot  automobile. 
Ils  ont  tous  les  deux  une  extrémité  biseautée,  c'est-à-dire  taillée  en 
tranchant,  tandis  que  l'autre  extrémité  est  plus  ou  moins  arrondie. 

Mais,  ce  qui  les  distingue  essentiellement  l'un  de  l'autre,  c'est 
que  le  trou  de  perforation  du  Casse-Tête  de  la  Figure  2  n'est  pas 
au  centre,  tandis  que  celui  représenté  Figure  1  se  trouve  exacte- 
ment au  milieu,  à  égale  distance  des  deux  extrémités. 

De  plus,  l'outil  de  la  Figure  2  présente  deux  bourrelets  ;  l'un 
très  saillant,  est  situé  autour  d'une  des  faces  du  trou  de  perfora- 
tion, comme  pour  le  renforcer;  l'autre  en  forme  de  bouton,  termine 
l'extrémité  opposée  au  tranchant. 

Ce  dernier  bourrelet  qui  offre  une  vague  ressemblance  avec  les 
Haches  bretonnes,  dites  à  Bouton,  est  entouré  d'une  rainure,  pro- 
bablement destinée  à  maintenir  et  à  empêcher  de  glisser  des  liens 
renforçant  l'emmanchure  (1). 

Deux  marteaux  Casse-Têtes,  absolument  identiques  comme  formes 
aux  deux  pièces  que  je  présente  ici,  figurent  dans  le  Catalogue  de 
Préhistoire  du  British  Muséum  {A  guide  to  the  Antiquities  of  the 
Stone  Age  in  the  Department  of  British  and  Mediœval  Antiquities  ; 
page  104,  figures  116,  édition  de  1902). 

Enfin  la  pièce  de  la  Figure  1,  qui  a  0m14  de  long,  est  en  roche 
grise,  granulée,  probablement  en  roche  amphibolique. 

Le  Casse-Tête  de  la  Figure  2  est  en  roche  dioritique  et  mesure 
0m15  1/2  de  long.  Pierre  de  couleur  grise,  lisse  au  toucher,  et 
beaucoup  moins  dure,  au  moins  en  surface,  que  la  pièce  N°  I. 

M.  A.  de  Mortillet.  —  Il  n'y  a  aucun  doute  que  les  objets  en 
pierre,  avec  trou  pour  le  manche  du  genre  de  ceux  qui  nous 
sont  présentés,  n'ont  jamais  été  des  outils.  Ils  sont  le  plus  souvent 
faits  en  roches  trop  tendres  et  les  tranchants  sont  trop  peu  cou- 
pants pour  qu'ils  aient  pu  servir  à  un  usage  industriel.  Ce  sont,  en 
réalité,  des  sommets  de  Casse-Têtes.  Ces  objets  présentent  des  formes 
extrêmement  variées.  Suivant  que  leurs  extrémités  sont  tran- 
chantes, contondantes  ou  pointues,  on  peut  leur  donner  le  nom  de 

(1)  Cette  pièce  présente  en  outre,  un  cran  4'usure  visible  sur  la  ligne  de  gauche 
de  la  Figure  2,  usure  qui  pourrait  avoir  pour  cause  le  frottement  des  liens  d'at- 
tache. 


312  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

hache,  de   marteau  ou   de  pic  d'armes.    Il  existe  aussi  des  pièces 
mixtes  :  le  marteau-hache,  la  hache-pic,  le  marteau-pic . 

La  forme  des  haches  d'armes  à  deux  tranchants  est,  elle-même, 


Fig,  1. 


Casse-Tête,  vu    de    face    et   de  profil    (Danemark). 
[Photographie  et  Clichés  Barret]. 


Grandeur  naturelle* 


très  variable.  C'est  à  cette  dernière  catégorie  qu'appartiennent  les 
Casse-Têtes  dits  naviformes.  Mais  ce  nom  doit  être  exclusivement 
réservé  à   un  type  assez  nettement  caractérisé,  de  galbe  élégant, 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  31 3 

plus  ou  moins  incurvé,  avec  face  inférieure  concave,  et  face  supé- 


Fig.2.  —  Casse-Tête  en  roche  dioritique  (Suède).  —  Grandeur  naturelle. 
[Photographie  et  Cliché  Barret]. 

Heure  convexe,  dont  les  tranchants  sont  généralement  très  arrondis. 
Ce  type  comprend  d'ailleurs  plusieurs  variantes.  Qu'il  nous  suffise 


314  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

de  signaler  les  deux  suivantes:  une  avec  les  deux  faces  lisses; 
l'autre  légèrement  recreusée  sur  les  deux  faces. 

La  pièce  danoise  de  M.  de  Givenchy  est  sans  conteste  un  sommet 
de  Casse-Tète  naviforme  de  la  première  de  ces  variétés. 

Quant  à  la  seconde  pièce  de  notre  collègue,  celle  d'origine  sué- 
doise, elle  doit  être  rangée  dans- la  catégorie  des  Marteaux-Haches, 
variété  à  bouton.  Je  serais,  pour  ma  part,  porté  à  la  considérer, 
ainsi  que  les  sommets  de  Casse -Tête  de  même  espèce  à  bouton 
parfois  beaucoup  plus  accentué,  comme  une  imitation  en  pierre 
d'une  arme  en  métal.  Il  est,  en  effet,  beaucoup  plus  facile  d'obtenir 
une  forme  semblable  par  le  moulage  d'une  matière  fusible  que  par 
le  polissage  de  la  pierre.  La  sorte  de  tube  qui  prolonge  l'ouverture 
forée  pour  le  passage  du  manche  est  parfaitement  inutile  ;  l'idée  de 
compliquer  ainsi  le  travail,  sans  aucun  profit  pratique,  n'a  pu  venir 
qu'à  un  ouvrier  ayant  vu  des  haches  en  métal  à  emmanchure  tubu- 
laire.  On  a,  d'ailleurs,  trouvé  en  Danemark  et  en  Suède,  des  som- 
mets de  Casse-Tête  en  pierre  et  en  bronze  de  modèles  absolument 
identiques.  Il  n'est  pas  possible  de  nier  qu'il  y  a  eu  copie  ;  et  ce  ne 
sont  certainement  pas  les  pièces  en  pierre  qui  ont  servi  de  modèles 
pour  celles  en  bronze.  Un  examen  attentif  des  objets  l'indique  clai- 
rement. 

Voir,  à  ce  sujet,  la  très  intéressante  discussion  qui  a  eu  lieu 
en  1874,  à  Stockholm,  au  Congrès  international  d'Anthropologie  et 
d'Archéologie  préhistoriques  (Compte  rendu,  tome  I,  pp.  333  à  345). 

M.  Harmois.  —  Au  sujet  du  Marteau  N°  II  de  M.  de  Givenchy, 
je  ferai  remarquer  que  le  bourrelet  n'est  pas  seulement  un  orne- 
ment, mais  bien  qu'il  est  nécessaire  pour  la  solidité  de  l'em- 
manchement. En  effet,  à  son  extrémité  tranchante,  le  marteau  vu 
de  profil,  a  une  épaisseur  de  0m028;  près  du  trou  il  n'a  plus  que 
0m025  et,  si  on  ajoute  la  hauteur  du  bourrelet,  on  trouve  0m038. 
Donc  ce  dernier  est  bien  une  gaîne,  servant  à  maintenir  le  manche 
horizontal  et  à  empêcher,  dans  le  mouvement  de  haut  en  bas  pour 
frapper,  l'outil  de  se  déplacer,  et  à  maintenir  aussi  le  centre  de 
gravité  en  place. 

M.  Marcel  Baudouin.  —  Je  tiens  à  remercier  notre  dévoué  Secré- 
taire de  sa  présentation,  qui  nous  fait  connaître  deux  spécimens 
d'objets  fort  intéressants .  —  L'un  (Fig.  1)  est  bien  du  type  naviforme; 
mais  l'autre,  quoique  ressemblant  à  un  canot  automobile,  est  d'un 
genre  distinct,  étant  donné  qu'une  de  ses  extrémités  se  termine  en 
bouton  et  que  son  canal  central  est  pourvu  d'une  sorte  de  douille, 
qui  doit  vraisemblablement  faire  reporter  à  une  époque  plus  tardive 
que  la  pierre  polie  ce  modèle  curieux. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  315 

Je  constate,  une  fois  de  plus,  que  ce  Bouton  a  les  caractères  des 
boutons  des  pièces  métalliques,  et,  en  particulier,  des  pièces  en 
Cuivre  pur.  —  Il  n'est  pas  du  tout  comparable  à  celui  des  Haches 
polies,  dites  à  Bouton,  néolithiques,  de  l'Ouest  de  la  France.  Ce 
qui  prouve,  une  fois  de  plus,  que  ces  haches  sont  indépendantes 
des  modèles  du  Centre  et  du  Nord  de  l'Europe,  auxquels  on  les  a 
comparées  parfois.  —  Il  s'agit  donc  bien  là  de  deux  idées  dis- 
tinctes. 


M.  Colleu  (Colïinée,  Côtes-du-Nord).  —  Je  possède,  dans  ma 
collection,  cinq  Casse-Têtes,  naviformes  ou  presque  naviformes, 
dont  quatre  sont  entiers  (Fig.  3  à  5)  ;  le  5e  (N°  V)  est  représenté  par 
une  moitié,  la  fracture  correspondant  à  peu  près  au  milieu  du  trou 
central,  comme  d'ordinaire. 

Voici  les  dimensions  et  les  poids  de  ces  pièces,  toutes  trouvées 
dans  .le  seul  Canton  de  Colïinée  (Côtes-du-Nord). 

1°  Granité.  —  Longueur,  158;  largeur,  73;  épaisseur:  centrale,  33; 
aux  cornes,  36;  trou  (diamètre),  25.  Poids  :  670  grammes.  Bourre- 


Fig.  3.   —  Casse-têtes  N°s   I,  II, 


III,  V  de  la  Collection  Colleu  (rôtes-du-Nord).  — 
Vues  de  Face. 


let  tout  autour  des  deux  bords  supérieurs.  —  Commune  de  Colïinée 
(mai  1915).  —  Objet  massif,  arrondi,  très  gros  et  très  large,  intermé- 
diaire entre  le  vrai  naviforme  allongé  et  la  Hache  marteau  (1  ig.  3 
et  4). 


316  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

2°  Granité.  —  Longueur,  135;  largeur,  50;  épaisseur  :  au  centre, 
43;  aux  cornes,  45;  trou  biconique,  20.  Poids  :  490  grammes.  Bour- 
relet complet.  —  Commune  de  Langourla  (1894).  —  Pièce  un  peu 
allongée  (Fig.  3  et  4). 

3°  Grès.  —  Longueur,  140;  largeur,  44;  épaisseur:  au  centre,  30; 
aux  cornes,  32;  trou,  25.  Poids  :  270  grammes.  Bourrelet.  —  Com- 
mune de  Saint-Gilles  de  Mené  (1905).  —  Allongé  (Fig.  3  et  4). 


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Fig.  4.  —  Casse-têtes  N°»  I,  II,  III,  IV  et  V  de  la  Collection  Colleu  (Côtes-du-Nord) .  — 

Vues  de  Profil. 

4°  Granité.  —  Longueur,  116;  largeur,  45;  épaisseur  :  au  centre, 
28;  aux  cornes,  37;  trou,  26.  Poids  :  250  grammes.  Bourrelet. — Type 
naviforme  à  cornes  alternes  et  à  bourrelet;  pièce  très  nette,  mais 
outil  court  et  ramassé,  non  allongé.  —  Commune  de  Saint-Gilles  du 
Mené  (1902)  (Fig.  5). 

5°  Granité  (Fragment).  —  Longueur  (totale),  120;  largeur,  50; 
épaisseur,  28;  trou,  27.  Poids  du  fragment  :  95  grammes.  Total  pro- 
bable :  200  grammes.  —  Commune  de  Langourla  (1899).  Bourrelet, 
mais  très  peu  naviforme  (Fig.  3  et  4). 


M.  Marcel  Baudouin.  —  On  remarquera  la  prédominance  du  gra- 
nité, roche  qui  paraît  presque  spéciale  à  la  Bretagne  pour  ces  outils. 

A  noter  aussi  le  type  à  cornes  alternes,  fort  intéressant,  car  il  semble 
contredire  l'opinion  de  ceux  qui  se  servent  de  la  forme  de  la  courbe 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  317 

comme  argument  pour  soutenir  que  les  naviformes  étaient  toujours 
emmanchées  les  cornes  en  bas  !  Dans  ce  cas  (Fig.  5)  (N°  IV),  il  y 
avait,  forcément,  une  des  cornes 
qui  était  en  haut;  et,  par  consé- 
quent, cela  semble  indiquer  que 
parfois  on  devait  emmancher  cer- 
tains casse-têtes  de  cette  façon, 
quoiqu'on  prétende. 

11  faut  souligner  aussi  que  le 
N°  II  (Fig.  4)  a  un  trou  bico- 
nique,  et  non  cylindrique.  Aussi 
les  cornes  y  sont-elles  très  peu 
prononcées.  C'est  plutôt  une 
forme  de  transition . 

M.  Harmois  (Paris).  —  Les 
plus  beaux  casse-têtes  navifor- 
mes des  Côtes-du-Nord  étaient 
dans  la  Collection  Lemoine  (de 
Lamballe).  —  Actuellement  ils 
sont  au  Musée  de  Dinan  (Côtes  du- Nord). 


Fig.  5.  —  Casse  tête  naviforme,  d'uu  iype 
spécial,  de  la  Collection  Colleu  (Côtes-du- 
Nord).—  F,  Face  supérieure;—  P,  Profil. 


Le  dernier  trouvé  par  M.  Colleu  (N°  I)  [1915]  (Fig.  3  et  4)  ne 
rentre  pas  dans  la  série  des  naviformes  vrais,  à  mon  avis. 

J'ai  fait  un  inventaire  complet  de  ces  sortes  de  pièces  pour  le 
département  des  Côtes  du  Nord.  C'est  M.  Aveneau  de  la  Grancière 
(Morbihan),  qui  le  possède. 


318  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

III.  —  ARTICLES  ORIGINAUX. 


Quelques  remarques  [à  propos  des  Pierres  à 
Nylon,  à  Genève,  et  des  Objets  en  Bronze, 
trouvés  sur  leur  emplacement. 


B.  REBER  (Genève,  S.). 

Quoique  j'aie  présenté  déjà  un  aperçu  à  ce  sujet  (1),  je  me  per- 
mets d'y  revenir,  parce  que  j'observe  qu'il  s'agit  d'abord  d'une  déno- 
mination rare  et  presque  inconnue.  Je  ne  l'ai  trouvée  nulle  part 
dans  les  traités  et  recueils  d'Archéologie  ou  de  Traditions  popu- 
laires. Et  cependant  les  Pierres  à  Nyton  du  port  de  Genève  seules 
méritent  d'être  connues  dans  un  rayon  aussi  élargi  que  possible. 
Elles  ne  manquent  pas  de  mentions,  c'est  vrai  ;  mais  il  s'agit  de 
répétitions  sans  nous  donner  de  nouvelles  indications.  C'est  une 
raison  pour  ne  mentionner  que  les  principaux  auteurs. 

Blavignac  dit  à  ce  sujet  (2)  :  «  Les  Pierres  à  Nyton  ou  Neyton 
sont  deux  blocs  isolés,  situés  dans  le  lac,  l'un  à  50  toises,  l'autre 
à  90  toises  environ,  de  la  rive  orientale  ;  au  pied  de  la  plus  grande  de 
ces  pierres  qui  a  probablement  servi  d'autel  au  Neithe  des  Gaulois  et 
plus  tard  au  Neptune  des  Romains,  on  trouva,  vers  le  milieu  du 
xviie  siècle,  des  haches  et  des  couteaux  en  bronze  pour  sacrifices.  Ce 
bloc  mesure  plus  de  14.000   pieds  cubes.  » 

Si  les  Helvétiens  de  Lausanne,  observe  Blavignac  à  un  autre 
endroit  (13),  vénéraient  la  Pierre  Oupin,  les  Allobroges  de  Genève 
en  faisait  autant  à  l'égard  du  bloc  granitique  Diolyn,  l'une  des  deux 
pierres  consacrées,  à  l'Esprit  des  Eaux  sous  le  nom  générique  de 
Niton,  mot  qu'il  est  mieux  d'écrire  Neith-on.  Au-dessus  de  tout  cela 
planait  Wuodan,  le  dieu  qui  fait  naître  et  qui  calme  les  orages. 

Dans  le  même  volume,  Blavignac  fait  remarquer  le  nombre  de 
marbres  élevés,  à  Genève,  à  la  gloire  d'Apollon  et  que  le  culte  de 
Neptune,  constaté  par  la  Pierre  Niton  et  à  Sciez,  au  fond  du  golfe  de 
Coudrée,  par  le  Mas  Niton,  est  un  indice  du  commerce  par  la  voie 
du  lac.  Une  autre  indication  sur  cette  dernière  pierre,  Mas  Niton,  se 
trouve  chez  Revon  (4). 

Dans  un  autre  mémoire  encore  de  Blavignac  (17),  je  trouve  le  pas- 
sage que  voilà  :  «  Suivant  l'opinion  commune,  les  divinités  des 
Celtes  étaient  adorées  à  Genève  avant  la  dénomination  romaine.  A 
cette  époque  reculée,  la  Pierre  à  Niton,  au  pied  de  laquelle  on 
trouva  des  haches  de  cuivre  destinées  aux  sacrifices,  était  arrosée 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  319 

du  sang  des  victimes  offertes  au  dieu  des  eaux,  et,  sur  le  sommet  des 
deux  collines  ou  la  ville  s'élève  aujourd'hui,  des  bois  sacrés 
voyaient  les  hommages  des  premiers  habitants  de  la  cité  s'adresser 
à  Bel  ou  Belenus,  le  Soleil  des  Gaulois.  » 

Citons  aussi  Galiffe  (3)  :  «  On  sait  que.  la  grande  pierre  (Petra 
concilia)  dans  laquelle  est  taillée  une  sorte  d'écuelle  et  au  pied  de 
laquelle  on  a  trouvé  au  xvir3  siècle  des  hachettes  (celts)  et  un 
couteau  en  bronze,  passait  naguère  pour  avoir  servi  d'autel  ou 
de  table  de  sacrifice.  —  Aujourd'hui  que  ces  objets  se  confondent 
avec  tant  d'autres  de  l'époque  lacustre,  la  forme  carrée  de  la  prétendue 
écuelle  à  sacrifice  nous  ramène  à  l'opinion  de  M.  Fatio  de  Duillier, 
qui  pensait  (Remarques  sur  l'histoire  naturelle  des  environs  du  lac  de 
Genève),  que  ce  trou  était  simplement  destiné,  avant  la  réformation,  à 
recevoir  une  grande  croix  en  bois,  selon  nous,  peut-être  aussi  un 
poteau-fanal.  » 

L'  «  écuelle  »,  dont  parle  Galiffe,  n'a  aucune  analogie  avec  les 
écuelles  des  monuments  à  gravures  préhistoriques.  C'est  un  trou, 
carré,  qui  ne  se  trouve  pas  tout  à  fait  au  milieu  du  bloc  et  qui 
mesure,  dans  le  sens  de  la  longueur  du  bloc,  0m34  et  dans  l'autre 
0m36.  Il  n'est  pas  possible  d'en  mesurer  la  profondeur,  car  le  trou, 
à  angles  un  peu  arrondis,  est  rempli  de  cailloux,  de  débris  et  de 
vase. 

Je  profite  de  l'occasion  pour  faire  remarquer  de  quelle  façon 
négligente  même  de  grands  savants  traitent  souvent  les  «  écuelles  » . 

A  un  moment  donné  les  écuelles  étaient  devenues  à  la  mode.  Tout 
le  monde  en  parlait,  surtout"  les  moins  qualifiés. 

Il  n'est  dès  lors  pas  du  tout  étonnant  qu'il  s'en  suivit  une  grande 
et  déplorable  confusion.  Comme,  pendant  25  ans,  je  fus  le  seul  à 
continuer  l'œuvre  des  Keller,  Troyon  et  Desor,  j'ai  le  droit,  et 
même  le  devoir,  de  dire  aujourd'hui,  après  avoir  réussi  à  intéresser 
un  si  grand  nombre  de  savants  à  l'étude  des  gravures  préhistori- 
ques à  faire  respecter  cette  science,  de  telle  façon  qu'elle  compte 
aujourd'hui  parmi  les  branches  les  plus  considérées  de  la  Préhis- 
toire, ce  que  je  pense  de  l'opposition  faite  à  ces  recherches. 

Seulement,  ce  n'est  pas  la  place  d'entrer  ici  dans  un  développe- 
ment à  ce  sujet.  Je  ne  dois  cependant  pas  manquer  de  rendre 
attentif  à  une  brochure  qui  date  déjà  de  bien  des  années  en 
arrière  (5),  ainsi  qu'à  un  autre  mémoire  communiqué  au  Congrès 
de  Genève  en  1912  (6). 

Des  deux  Pierres  de  Niton  le  bloc  le  plus  rapproché  du  bord  a 
une  grande  surface  plate  ;  on  y  remarque  également,  à  peu  près  au 
milieu,  un  trou,  quadrangulaire,  légèrement  arrondi,  mesurant  en 
longueur  comme  en  largeur,  environ  0m12  et  0m15  de  profondeur. 
Ces  trous  quadrangulaires  des  deux  blocs  datent  évidemment  d'une. 


320  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

époque  beaucoup  plus  récente  que  les  «  Ecuelles  »,  qui  ont  donné 
leur  nom  à  des  monuments  préhistoriques.  Cependant  une  véritable 
cupule  se  trouve  sur  ce  bloc  (le  plus  voisin  du  rivage),  à  0m60  du 
bord  Ouest,  un  peu  en  contre-bas;  la  forme  en  est  absolument 
ronde  ;  elle  mesure  0m08  de  diamètre  et  0m015  de  profondeur.  Une 
autre  Cupule  plus  petite  se  trouve  dans  la  direction  du  Nord,  à  0m45 
environ  du  trou  quadrangulaire.  Cette  constatation  nous  permet  à 
présent  de  classer,  d'une  façon  positive,  les  Pierres  à  Nyton  ou 
Niton  parmi  les  monuments  à  gravures  préhistoriques.  Ce  fait  a 
complètement  échappé  à  tous  les  observateurs  précédents. 

Il  est  superflu  d'entrer  ici  en  discussion  au  point  de  vue  du  but 
des  trous  quadrangulaires  arrondis,  qu'on  observe  sur  chacune  des 
Pierres  de  Niton.  Comme  j'ai  prouvé  que  ces  blocs  constituent  de 
véritables  monuments  préhistoriques,  rien  n'est  plus  naturel 
que  d'admettre  leur  christianisation,  en  y  plantant  une  Croix.  On 
rencontre  tous  les.  jours,  et  partout,  des  exemples  de  ce  genre.  Les 
Chrétiens  tenaient  à  en  finir  avec  le  paganisme.  Mais,  après  beaucoup 
de  siècles  de  peine,  le  résultat  est  resté  bien  incomplet.  Ce  que  ce  fait 
prouve  alors  encore  plus  péremptoirement,  c'est  qu'il  s'agissait  bien 
d'emplacement  d'un  culte  important  ;  ce  dont  du  reste  personne  n'a 
jamais  douté. 


D'après  les  quelques  indications  que  j'ai  pu  trouver,  il  semblerait 
qu'on  n'est  pas  bien  fixé  sur  la  signification  de  la  divinité  Neith  ou 
Nith.  Dans  un  livre,  La  Création  de  VHomme,  je  lis  (7)  que  les 
sujets  figurés  par  les  très  anciennes  gravures  était  la  Terre  nourri- 
cière Ghé,  fécondée  par  Cœlus,  le  Ciel  ;  que  c'était  Neithe  l'immense 
génératrice,  épouse  d'Ammon-Ra,  le  soleil  et  d'autres. 

Dans  les  Archives  suisses  des  Traditions  populaires  (12e  année, 
p.  93),  je  lis  (8):  <-  C'est  sans  doute  aussi  le  souvenir  bien  effacé  d'une 
divinité  romaine  qu'on  retrouve  dans  le  mot  Niton,  qui  s'appliquait 
à  un  individu  ou  à  un  enfant  rusé  et  espiègle.  Son  nom  servait  aussi 
à  désigner,  d'une  façon  détournée,  le  diable  (Niton,  du  latin 
Neplunum,  accusatif  de  Neptunus.  Le  vieux  français  disait  Netun, 
luitun;  d'où  le  mot  actuel  lutin).  » 

Je  crois  utile,  pour  compléter  les  sources,  d'indiquer  qu'en  Aus- 
tralie il  existe  un  nom  de  famille  Nitenstein,  Pierre  de  Nit  ou  Niten. 
11  serait  intéressant  de  connaître  l'origine  de  cette  dénomina- 
tion. 

Il  faut  relever  aussi  une  indication  que  je  ne  trouve  pas  sans 
intérêt.  L'auteur  (14)  dit  que  la  tradition  fait  des  Pierres  du  Niton 
des  autels  consacrés  jadis  à  Neptune  ;  mais,  ce  dont  on  ne  se  doute 
pas,  c'est  qu'elles  ont  valu  aux  Genevois  un  surnom  et  qu'autrefois 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  321 

ils  étaient  appelés  des  Neytons.  Dans  son  Edda,  le  professeur  Mallet 
fait  dériver  Niton  de  Neith,  divinité  des  eaux  chez  les  Gaulois. 


Sur  le  Mas  Niton,  déjà  cité  en  passant,  je  relève  la  notice  de 
Revon  (4)  :  «  Le  Neptune  gaulois  a  laissé,  dit  cet  auteur,  des  souve- 
nirs de  son  culte  sur  la  rive  savoisienne  du  Léman.  De  même  que 
dans  le  port  de  Genève,  on  voit  émerger  les  deux  Pierres  de  Niton  ; 
on  retrouve  également  le  Mas  Niton,  au  fond  du  golfe  de  Goudrée,  à 
Sciez.  Devant  le  promontoire  voisin,  à  Yvoire,  à  60  mètres  du  châ- 
teau, la  Pierre  d'Equarroz  apparaît  au-dessus  des  ondes  ;  selon  la 
tradition,  les  riverains  y  faisaient  des  sacrifices  à  Neptune,  Neithe 
ou  Niton  ;  les  offrandes  devaient  avoir  une  certaine  valeur,  car  on 
dit  que  la  dot  des  filles  d' Yvoire  est  sous  la  pierre  ». 

En  dehors  des  bords  du  lac  de  Genève,  il  existe  une  Pierre  du 
Niton,  sur  Fégère,  commune  de  Peron,  au  pied  du  Jura,  justement 
parmi  les  nombreux  blocs  à  gravures  préhistoriques  (19).  Elle  a  été 
découverte  par  M.  l'Abbé  Jolivet,  curé  de  Peron,  qui  a  le  plus 
grand  mérite  pour  la  recherche  des  monuments  préhistoriques  et 
les  antiquités  de  sa  contrée.  Ce  bloc,  de  grande  dimension,  est  situé 
au  Sud-ouest  près  de  la  Pièce  à  Girod,  à  l'entrée  du  Bas-Mont  (les 
taillis  communaux),  donc  dans  une  contrée  remplie  de  monuments  à 
gravures  préhistoriques.  Je  suis  particulièrement  heureux  de  pou- 
voir ajouter  aux  nombreux  blocs,  de  surprenantes  dénominations,  de 
ce  pays  (Pierre  du  Parey,  Grand  Piram,  de  l'Aigle,  à  Passon,  Lio- 
zet,  Tiambron,  à  Samson,  Fauteuil  de  Samson,  à  Goliath,  de  Pary- 
thiole,des  Fayes,du  Mulet,  des  Bruirets,  etc.)  encore  une  Pierre  du 
Niton.  Elle  trouvera  sa  description  exacte  prochainement,  dans  un 
mémoire  très  étendu,  que  je  prépare  sur  tous  les  monuments  préhis- 
toriques de  cette  partie  du  Jura. 

¥    ¥ 

Tous  les  anciens  historiens  de  Genève  font  grand  cas  d'une  trou- 
vaille d'instruments  en  bronze,  trois  haches  et  un  couteau,  trouvés 
en  1660  au  pied  de  la  Pierre  à  Niton,  la  plus  éloignée  du  bord.  On 
trouve  même  des  figures,  plus  ou  moins  bien  réussies,  chez  Keller  (12), 
Baulacre  (11),  Galiffe  (3).  Gomme  surtout  le  couteau  appartient  à 
une  catégorie  spéciale,  peu  répandue,  il  vaut  la  peine  d'en  dire 
quelques  mots  ici.  En  mentionnant  ce  couteau,  il  y  a  33  ans  (9),  je 
lui  avais  trouvé  une  analogie  avec  un  couteau  semblable,  trouvé  près 
de  la  petite  ville  de  Mellingen  (Argovie).  Dans  un  autre  mémoire  (10), 
j'ai  dû  y  revenir,  en  même  temps  que  je  cite  encore  trois  nouveaux 
couteaux  du  même  genre,  de  sorte  que  nous  nous  trouvons  actuel- 
lement en  présence  de  cinq  exemplaires  à  peu  près  analogues,  tous 
trouvés  en  Suisse.  Tant  qu'il  me  sera  possible,  je  vais  donner  de 

SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  21 


321  SOCIÉTÉ   PREHISTORIQUE   FRANÇAISE 

chacun  une  brève  description.  Si  de  semblables  bronzes  se  trouvent 
dans  d'autres  collections  et  musées,  on  voudra  bien  les  faire  con- 
naître en  même  temps  que  les  circonstances  de  leur  trouvaille.  Ces 
dernières  peuvent  devenir  d'une  certaine  importance,  au  point  de 
vue  des  conclusions  à  tirer  sur  l'emploi  de  ces  instruments  d'une 
forme  si  particulière. 

Mellingen.  De  ce  couteau,  j'ai  donné  une  description  avec  figure 
en  1882  (9).  Il  se  trouve  au  Musée  d'Aarau  et  le  catalogue  le  men- 
tionne (15).  Couteau,  manche  et  anneau  coulés  en  une  pièce,  de  0m18 
de  longueur.  La  pointe  du  couteau  est  brisée  et  manque.  Compara- 
tivement au  reste,  le  dos  se  montre  un  peu  massif;   la  partie  de 


Fig.  1.  —   Mellingen, 


l'anneau   est   plus    mince  et   aplatie.   Par  le   frottement,  la  patine 
manque  par  place,  le  tranchant  est  un  peu  ébréché  (Fig.  1). 

Mels.  Le  hameau  de  Ragnatsch,  commune  de  Mels,  dans  le  can- 
ton de  Saint-Gall,  très  remarquable  pour  ses  tombeaux  de  l'époque 


ilg.  2. 


Mois. 


du  bronze  (16),  a  également  fourni  un  de  ces  couteaux  à  manche 
évasé,  pour  faire  place  à  une  incrustation.  Celle-ci  manque  ici, 
comme  chez  les  autres  du  même  genre  :  preuve  qu'on  se  servait 
d'une  matière  fragile  ou  sensible  à  la  décomposition.  Sur  ce  couteau, 
on  remarque,  vers  la  pointe,  une  proéminence  qui  renforce  l'arme  et 
augmente  sa  résistance.  Le  tout  coulé  en  un  seul  morceau  est  de 
0m20  de  longueur.  Je  remarque,  entre  une  photographie  récente 
(Fig.  2)  et  les  reproductions  antérieures  (16  et  20),  une  différence 
frappante.  Ici  les  deux  lignées  de  courbures  sur  le  manche  pour 
retenir  l'incrustation  (en  bois,  os,  corne,  etc.),  se  touchent  presque 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 


323 


et  se  présentent  comme  cinq  creux  ovales,  tandis  qu'en  réalité  l'inté- 
rieur se  montre  très  dégagé  et  dans  son  ensemble  d'une  forme  très 
différente.  Les  mêmes  inexactitudes  se  trouvent  répétées  encore 
dans  un  autre  recueil  (21).  L'objet  est  déposé  dans  le  Musée  de 
Saint-Gall.  M.  Déchelette  le  cite  (23)  parmi  les  «  couteaux  à  poi- 
gnée de  bronze  fondue  avec  la  lame  ». 

Genève.  Le  couteau  qui  nous  occupe  a  été  trouvé  par  des  pêcheurs, 
en  1660,  avec  trois  haches  en  bronze,  au  pied  de  la  plus  grande 
Pierre  de  Niton,  située  dans  le  port  de  Genève.  Il  est  coulé  en  une 
seule  pièce  et  mesure  en  longueur  0m145.  J'en  ai  donné  une  descrip- 
tion comparative  (9);  on  trouve  encore  des  mentions  et  figures  chez 
Baulacre  (11),  Galiffe  (2),  de  Bonstetten  (22)  et  d'autres.  Ce  cou- 
teau est  le  résultat  d'un  travail  très  soigné.  Les  cinq  saillies,  dans 
chaque  lignée,  donc  10  d'un  côté  du  manche,  20  en  tout,  produisent 
12  ovales,  à  recevoir  une  incrustation  décorative  et  consolidante  à  la 
fois.  Il  manque  l'anneau.  Comme  ce  fait  me  surprenait,  je  supposais 
que  la  pièce  avait  manqué  dans  le  coulage.  Mais  ce  n'est  pas  le  cas. 
Le  bord  se  montre  bien  arrondi,  sans  le  moindre  défaut.  Le  couteau  a 
été  voulu  sans  anneau;  en  quoi  il  fait  exception  de  toute  cette  classe. 

Il  vaut  la  peine  de  présenter  ici  toute  la  remarquable  trouvaille 


Fig.  3.  —  a,  Genève. 


au  pied  de  là  plus  grande  Pierre  à  Niton  (Fig.  3,  a  et  b).  Les  trois 
belles  haches  et  le  couteau  appartiennent  à  la  Période  III  du  bronze, 
qui  précède  celle  du  grand  épanouissement  dans  l'art  du  bronze.  Ces 
objets  remontent  donc  à  un  âge  considérable,  malgré  leur  conserva- 
tion qui  ne  laisse  rien  à  désirer.  Il  faut  aussi  en  conclure  que  ces 


324 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 


quatre  instruments  ne  se  trouvaient  pas  souvent  en  usage,  ou  bien 
qu'ils  servaient  à  un  emploi  réservé,  sans  grands  efforts.  Cependant 


Fig.  3.  —  6,  Genève. 

leur  grandeur  et  leur  poids  nous  forcent  à  classer  ces  instruments 
parmi  ceux  d'une  utilisation  sérieuse. 

Thierachern  est  un  grand  village  non  loin  de  Thoune.  Dans  le 
Musée  de  Berne  se  trouve,  venant  de  cet  endroit,  un  couteau  {Fig.  4). 
Malheureusement  on  ne  connaît  aucun  détail  sur  cette  trouvaille. 
Le  rapport  annuel  du  Musée  de  Berne,  pour  1901,  déclare  simple- 
ment que  «  ce  précieux  couteau,  muni  de  saillies  pour  recevoir  une 
incrustation  en  corne  ou  en  bois,  a  été  trouvé  à  Thierachern  ».  Cet 
instrument  se  distingue  par  l'élégance  de  sa  forme  et  sa  bonne  con- 
servation. 

Binningen.   Le   couteau   de   Binningen,   près   de   Baie    (Fig.  4), 


Fig.  4.  —  Binningen  et  Thierachern. 


faisait  partie  d'une  trouvaille  très  remarquable  et  exceptionnelle- 
ment riche,  entre  autres  deux  bracelets,  deux  épingles  de  grande 
dimension,  avec  tête  ronde,  une  chaîne  à  grands  cercles,  le  tout  en 
bronze,  mais  de  forme  assez  primitive  (22).  Tous  ces  objets  ont  été 


S0C1ZTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  325 

trouvés  en  terre  libre,  sans  traces  d'ossements,  le  couteau  brisé  en 
trois  morceaux. 

Ce  qui  distingue  particulièrement  cette  trouvaille,  c'est  une  partie 
du  fourreau  de  ce  couteau,  recouvert  d'une  feuille  d'or  avec  des 
ornements  spéciaux.  «  Ce  sont  peut-être  des  fourreaux  d'or  pareils, 
dit  de  Bonstetten,  qui  ont  donné  lieu  au  conte  des  serpes  d'or  des 
Druides  (Pline),  qu'on  lit  en  tête  de  toutes  les  histoires  de  France. 
Les  trois  disques,  réunis  par  deux  traits  en  forme  de  triangle,  se 
retrouvent  comme  symboles  sur  plusieurs  monnaies  gauloises  de  la 
Lyonnaise  ».  Le  fait  de  la  rareté  de  l'or,  du  beau  travail  comme  exé- 
cution de  la  décoration  et  des  signes  symboliques,  la  rareté  et  la 
finesse  de  cette  sorte  de  couteaux  déjà  en  eux-mêmes  et  la  distinction 
de  toute  cette  trouvaille,  donnent  bien  à  réfléchir.  Si,  au  xvne  siècle, 
les  archéologues  genevois  déclaraient  le  couteau  trouvé  au  pied 
d'une  des  pierres  du  Niton,sans  doute  pour  sa  forme  exceptionnelle, 
Couteau  à  sacrifice,  donc  destiné  à  un  service  spécial,  sacerdotal, 
nous  serions,  après  avoir  pris  connaissance  des  détails  de  la  trou- 
vaille de  Binningen,  et  pour  des  raisons  sérieuses,  porté  à  une  opi- 
nion semblable. 

Au  moment  de  la  trouvaille,  le  couteau  se  trouvait  cassé  en  trois 
morceaux.  Il  a  été  très  adroitement  restauré  (Fig.  4).  D'après  le 
dessin  chez  de  Bonstetten  (22),  ce  couteau  aurait,  en  grandeur 
naturelle,  0m24  de  longueur. 

En  comparant  le  dessin  de  l'Atlas  de  de  Bonstetten  avec  la  photo- 


Fig.  5.  —   Binningen. 

graphie  récente  de  l'original  du  fourreau  en  or,  j'ai  de  suite  remar- 
qué que  le  premier  manquait  d'exactitude.  Comme  je  tiens  particu- 
lièrement à  cet  objet  remarquable,  je  fais  insérer  ici  la  reproduction 
de  la  photographie  (Fig.  5).  Aussi  bien  la  rareté  de  l'or  que  le  des- 
sin méritent  cette  attention. 


326  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

Outre  l'ornementation  linéaire,  on  remarque  sur  cette  plaque  en 
or,  d'abord  vers  la  pointe,  en  un  groupe  isolé,  trois  triples  cercles, 
avec  une  pointe  centrale.  Une  ligne  triangulaire  réunit  ces  trois 
figures  circulaires.  Ensuite  on  aperçoit  au  milieu  du  fourreau, 
alignés,  encore  cinq  doubles  cercles,  chacun  avec  un  point  au 
milieu.  Donc,  voilà  déjà  une  différence  frappante.  La  figure  isolée 
de  trois  triples  cercles  se  distingue  visiblement  dans  son  but  ou  sa 
signification  avec  la  lignée  de  double  cercles,  quoique,  au  fond,  les 
deux  signes  indiquent  clairement  le  Soleil.  On  en  a  constaté  par 
milliers  sur  les  objets  les  plus  différents.  Sur  les  monuments  à  gra- 
vures préhistoriques,  j'en  ai  vu  souvent  triples,  doubles  et  simples. 
Tous  les  savants  sont  d'accord  pour  y  reconnaître  la  signification  du 
Soleil. 

A  travers  l'Epoque  néolithique,  celle  du  Bronze  et  du  Fer,  on 
remarque  partout  les  traces  du  culte  du  Soleil.  Le  fait  que  ce  four- 
reau et  le  couteau  qu'il  contenait  se  trouvent  en  rapport  avec  ce 
culte  ne  souffre  pour  moi  aucun  doute.  Que,  à  travers  ces  longues 
périodes,  les  sacrifices  de  tout  genre,  y  compris  les  sacrifices 
humains,  se  trouvaient  à  l'ordre  du  jour,  cela  est  universellement 
reconnu.  Dans  ce  cas,  il  est  permis  de  supposer  que  ce  couteau 
appartenait  à  un  Prêtre,  préposé  aux  sacrifices. 

Si  la  trouvaille  de  Binningen,  dans  son  ensemble,  se  présente 
d'une  façon  extraordinaire,  il  est  d'autant  plus  regrettable  qu'aucune 
surveillance  ou  attention  n'ait  suivi  la  découverte.  A  ce  point  de 
vue,  tous  les  cinq  couteaux  du  même  genre,  trouvés  en  Suisse, 
laissent  à  désirer. 


Par  contre,  l'unique  couteau  de  cette  catégorie,  trouvé  en  dehors 
de  la  Suisse,  fait  partie  d'une  découverte  importante  et  irréprocha- 
blement surveillée.  J'emprunte  ces  quelques  remarques  au  Manuel 
de  M.  Joseph  Déchelette  (23).  Il  s'agit  d'une  sépulture  de  l'Age  du 
Bronze  III,  trouvée  à  Courtavant,  département  de  l'Aube,  en  France. 

Ce  couteau,  élégant,  ressemble  le  plus  à  celui  de  Thierachern.  «  La 
tombe  de  Courtavant,  dit  l'auteur,  se  composait  d'une  grande  fosse 
rectangulaire,  dont  les  parements  avaient  été  revêtus  d'une  épaisse 
muraille  en  pierres  sèches.  Elle  contenait  un  squelette,  couché  sur 
le  dos,  les  pieds  au  levant.  Le  chef,  qui  avait  été  inhumé  sous  cette 
espèce  de  tumulus-dolmen,  portait  une  épée  de  bronze,  placée  entre 
ses  jambes.  Cette  épée  était  renfermée  dans  un  fourreau  de  bois, 
dont  la  bouterolle,  en  bronze  très  oxydé,  a  été  retrouvée  en  place; 
un  couteau  en  bronze  était  glissé  sous  la  poignée  de  l'épée.  Une 
longue  épingle  de  bronze  a  été  retrouvée  sur  la  clavicule  droite.  A 
la  place   de  la   main,    dont  les   ossements   avaient  disparus,  on  a 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  327 

recueilli  un  anneau  de  bronze.  On  a  constaté  aussi,  sur  le  fémur 
droit,  la  présence  de  deux  viroles  de  bronze,  de  forme  allongée,  et 
d'un  petit  lingot  de  métal  semblable  à  de  l'étain  ou  à  du  plomb.  Le 
squelette  portait,  sur  la  poitrine,  sans  doute  comme  ornement,  une 
défense  de  sanglier.  Enfin,  de  nombreux  fragments  de  poterie  noire 
gisaient  aux  pieds  du  mort.  Il  est  intéressant  de  noter  que  cette 
céramique  se  rapproche  de  celle  des  tumulus  armoricains  de  l'Age 
du  Bronze  II,  si  l'on  en  juge  par  la  forme  d'une  anse.  » 

Ainsi,  comme  on  le  voit,  il  s'agit  d'un  tombeau  préparé  avec  les 
plus  grands  soins,  et  où  le  mort  a  été  placé  avec  les  honneurs  dus  à 
sa  haute  position  dans  la  vie.  Il  est  à  noter  que  surtout  la  grande 
épingle  de  Gourtavant  ressemble  aux  deux  trouvées  avec  le  couteau 
de  Binningen.  En  outre,  les  trouvailles  de  Mels  et  de  Genève  ne  se 
présentent,  dans  leur  ensemble,  pas  moins  remarquablement.  Résu- 
mant ces  faits  et  prenant  en  considération  la  forme  exceptionnelle 
de  nos  couteaux,  il  était  logique  de  se  demander,  si,  en  effet,  cette 
forme  artistique,  bien  typique  et  frappante,  n'avait  pas  été  choisie 
pour  désigner  un  instrument  voué  à  un  but  spécial.  Il  n'est,  pour 
le  moment,  pas  nécessaire  qu'on  en  fasse  directement  la  classe  des 
couteaux  à  sacrifices  (humains),  quoique  je  sois  enclin  à  penser  que 
les  instruments  destinés  à  ce  service  auraient  bien  pu  être  d'une 
forme  caractéristique.  En  attendant,  ces  réflexions  ne  restent  que 
de  suppositions.  Seules  de  nouvelles  trouvailles,  du  genre  de  celle 
de  Courtavant,  pourraient  nous  amener  à  la  certitude.  Pour  un  tra- 
vail comparatif  futur,  je  retiens  déjà  ici  un  passage  d'une  lettre  de 
M.  Joseph  Déchelette  (22  septembre  1914)  :  «  Quant  à  la  tombe  de 
Courtavant,  dit  il,  il  est  sûr  qu'elle  a  été  aménagée  pour  un  person- 
nage de  rang  social  très  élevé.  Elle  annonce  déjà  les  riches  sépul- 
tures de  Chefs  de  la  Marne,  époque  de  La  Tène.  » 


Ce  qui  caractérise  tous  ces  couteaux,  c'est  la  forme  et  l'aménage- 
ment du  manche.  Tous  coulés  en  une  seule  pièce,  on  voit  le  manche 
des  deux  côtés  creux,  le  défoncement  bordé  par  deux  lignées  de 
proéminences  surplombantes  pour  mieux  retenir  l'incrustation  en 
bois,  corne,  os  ou  autre  matière.  Les  couteaux  de  Genève,  Mellin- 
gen  et  Thierachern,  en  comptent  5  dans  chaque  lignée  :  ce  qui  fait 
10  de  chaque  côté  du  manche  ou  20  en  tout.  Ceux  de  Mels,  Binnin- 
gen et  Courtavant  n'en  comptent  que  4  dans  chaque  lignée  ;  ce  qui 
réduit  le  chiffre  total  à  16.  Tel  quel  ce  travail  produit  déjà  un  effet 
bien  décoratif.  Qu'on  se  figure  le  couteau  dans  son  état  neuf,  le 
bronze  dans  son  superbe  éclat,  bordant  exactement  la  matière  du 
remplissage  en  couleur,  soit  blanc,  brun,    rouge  ou  autre .  Incon- 


328  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

testablement,  on  se  trouvait  là  en  présence  d'un  outillage  distingué 
et  bien  supérieur.  Il  fallait  pour  ces  pièces  un  artisan  très  habile, 
disons  un  artiste.  Ce  fait  m'a  frappé  autant  que  la  rareté  de  ces  anti- 
quités. 


Par  ce  bref  mémoire,  j'avais  l'intention  d'atteindre  deux  buts.  En 
entrant  en  matière,  j'ai  mentionné  le  premier  :  attirer  l'attention  sur 
les  monuments  préhistoriques  dédiés  à  Niton  ou  Neiton,  une  caté- 
gorie de  Divinités,  qui  ne  me  semble  qu'insuffisamment  connue.  Il  en 
existe  probablement  dans  d'autres  pays.  En  les  faisant  connaître,  on 
rendra  service  à  la  science . 

Comme  la  trouvaille  d'un  couteau  d'une  forme  spéciale  s'attache 
à  la  Pierre  de  Niton,  de  Genève,  je  pensais,  comme  second  but,  de 
mettre  celui-ci  mieux  en  lumière  en  même  temps.  Des  autres  cou- 
teaux, des  fibules,  des  épingles,  fusaïoles,  etc.,  il  existe  des  milliers 
d'exemplaires  qui  se  ressemblent  et  qui  par  ce  fait  ne  frappent  plus 
l'attention.  Il  en  est  tout  autrement  avec  des  instruments  importants 
et  qui  ne  se  présentent  qu'en  petit  nombre,  mais  quand  même  avec 
une  visible  parenté  entre  eux. 

Tous  les  anciens  auteurs  appelaient  «  instrument  à  sacrifice  »  le 
couteau,  trouvé  en  1660,  au  pied  de  la  plus  grande  Pierre  à  Niton. 
Cette  supposition  se  base  sur  les  particularités  que  présente  ce  cou- 
teau. Peut-être  sera-t-on  mieux  éclairé  plus  tard  ?  On  sait  aujour- 
d'hui que  les  sacrifices  ont  eu  lieu  en  grand  nombre.  Est-ce  que  les 
instruments  présentaient  une  forme  spéciale  et  laquelle? 

On  a  trouvé,  en  Alsace,  plus  exactement  à  Colmar,  un  grand  vase 
cinéraire,  contenant,  en  compagnie  d'une  magnifique  épingle  à  boule, 
un  couteau  de  bronze,  à  anneau,  de  0m20  de  long  le  tout  d'une  pièce, 
qui  ressemble  beaucoup  à  nos  couteaux  spéciaux.  Mais  il  manque 
les  bords  recourbés  du  manche  pour  recevoir  un  remplissage,  Tel 
que  ce  couteau  se  présente  il  appartient  à  un  genre  également  rare, 
et  en  tout  cas  il  valait  la  peine  de  le  citer  pour  la  comparaison. 

Pour  pouvoir  assembler  le  matériel  de  ce  mémoire,  surtout  les 
photographies,  mais  aussi  les  détails  des  trouvailles,  j'ai  dû  avoir 
recours  à  l'amabilité  des  directeurs  et  conservateurs  de  Musées, 
surtout  à  MM.  Alfred  Cartier,  à  Genève  ;  Viollier,  à  Zurich  ;  Dr  Gess- 
ner,  à  Aarau  ;  Dr  Wegeli  et  Dr  Tschumi,  à  Berne.  Qu'ils  veuillent 
bien  agréer  ici  l'expression  de  ma  sincère  gratitude. 

Légende  des  Pierres  de  Niton.  —  Je  viens  d'apprendre  une  fort 
curieuse  légende  et  d'un  grand  intérêt.  Gargantua  était  fâché  contre 
les  Genevois.  En  songeant  à  se  venger  d'eux,  il  lui  vintl'idée  de  leur 
boucher  le  Rhône,  en  emplissant  le  port  de  Genève  avec  des  pierres 
et  de  la  terre.  Dans  ce  but  il  monte  au   Grand  Salève  et  remplit  sa 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  329 

hotte  avec  des  cailloux.  En  descendant  par  le  Petit  Salève,  il  trou- 
vait la  charge  très  lourde  et  fatigante.  Arrivé  en  bas,  il  se  convain- 
quit qu'il  ne  pouvait  pas  aller  jusqu'à  Genève.  Il  pose  sa  hotte  et  de 
fureur  il  saisit  un  gros  bloc  qu'il  lance  sur  Genève.  Elle  tombe  dans 
le  port.  C'est  celle  qu'on  appelle  aujourd'hui  la  grande  Pierre  de 
Niton.  Gargantua  déjà  un  peu  épuisé  lança  un  second  bloc  ;  mais 
celui-ci  tomba  à  Ambilly.  On  l'a  toujours  appelé  la  Pierre  à 
Bochet. 

Lorsque  ensuite  le  géant  soulevait  sa  hotte,  celle-ci  se  vida  toute 
seule,  ayant  perdu  le  fond,  et  le  contenu  lorma  la  petite  montagne 
de  Monthous.  Ainsi  s'anéantissait  les  actes  de  vengeance  de  Gar- 
gantua contre  Genève  ! 

M.  Marcel  Baudouin.  —  Je  tiens  à  remercier  notre  éminent  col- 
lègue de  Genève  de  son  intéressante  communication. 

1°  Qu'il  me  permette  de  dire  que  les  Nutons  ou  Noutons  [Namur, 
Walcourt,  Gedime]  sont,  en  Belgique,  les  équivalents  des  Lutons  (1) 
ou  Lutins,  variété  de  Farfadets,  comme  je  l'ai  montré  ailleurs  (2). 
Nnton  a-t-il  la  même  signification  que  Nyton  ?  Je  le  crois  (u  =  y), 
parce  que  les  Pierres  à  Nyton  de  Genève  sont  de  vrais  Rochers  à 
Cupules,  et  que  de  nombreuses  Roches  à  Farfadets  ne  sont  que 
des  Pierres  à  Cupules,  la  Cupule  étant  l'empreinte  d'un  Pied  de 
Farfadet  !  —  Mais  cette  explication  n'élimine  pas  du  tout  Neptune, 
bien  au  contraire,  car  qui  dit  Neptune  dit  le  Dieu  des  Eaux  et  le  Dieu 
au  Trident  et  partant  le  Dieu-Soleil  néolithique  [car  le  Trident  est  un 
Symbole  solaire,  comme  je  l'ai  prouvé  (3V].  —  Or  les  Pierres  à 
Cupules  sont  des  rochers  consacrés  au  Dieu-SoleiL 

2°  Les  trous,  carrés,  des  Pierres  à  Nyton  étaient  certainement 
destinés  à  recevoir  des  Pieds  de  Croix  de  Christianisation,  car  ils 
sont  tout  à  fait  semblables  à  l'un  de  ceux  du  Rocher  aux  Pieds  de 
Nanteau-sur-Essonne  (S.-et-M.)  (4),  à  Croix  connue  historiquement. 

3J  Quant  aux  beaux  couteaux  de  bronze  ici  décrits,  ce  sont  des 
Armes  de   Guerriers,  ainsi  que  le  prouvent  la  sépulture  de  l'Aube. 

Celui  de  Genève  ne  doit  qu'au  hasard  sa  situation  près  des  Pierres 
à  Nyton.  Cette  trouvaille  isolée  ne  peut  prouver  qu'il  s'agit  là  d'un 
couteau  à  sacrifices. 


(1)  Légende  d'Hautmont  (Luxembourg  belge).  —  Le  vrai  nom  des  Lutons  e?t 
bien  Nutons  [l  à  la  place  de  n,  fait  connu].  —  Les  Trous  des  Nutons  sont  assez 
nombreux  en  Belgique.  Les  Nutons  étaient  des  «  tisserands  »  [de  Paniagua,  1909] 
ou  des  «  tailleurs  »  (de  Paniagua). 

(2)  Bull.  Soc.  Préh.  Franc.,  1914  [Voir  p.  490,  note  1]. 

(3)  Marcel  Baudouin.  —  La  Pierre  à  l'Etoile  des  Vaux  en  Saint- Aubin-de-Bau- 
bigne  (D.-S.). —  Bull,   et  Mrm.  Soc.  d'Anthropologie  de  Paris,  1913. 

(4)  Marcel  Baudouin.  — Le  Rocher  aux  Pieds  de Nanteau-sur-Essomc  (S .-et-M  ). 
—  Bull,  et  Mém.  Soc.  d'Anlhr.  de  Paris,  1914. 


330  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 


BIBLIOGRAPHIE. 


(i)  B.  Reber.  —  Recherches  archéologiques  dans  le  territoire  de  l'an- 
cien Évêché  de  Genève.  Genève,  1892. 

(2)  Mémoires  et  Documents  publiés  par  la  Soc.  d'Hist.  et  d'Archéolog. 
de  Genève,  t.  V,  p.  5o3. 

(3)J.-B.-G.  Galiffe.  —  Genève  historique  et  archéologique.  Genève,  1869. 

(4)  Louis  Revon.  —  La  Haute-Savoie  avant  les  Romains.  Paris  et 
Annecy,   1878. 

(5)  B.  Reber.  —  De  l'knportance  des  monuments  à  sculptures  préhisto- 
riques. Appel  aux  Gouvernements,  aux  Conseils  municipaux,  aux  proprié- 
taires privés  et  à  tous  les  amis  de  l'Histoire  Nationale  pour  la  conserva- 
tion de  ces  monuments.  Genève,  1899 

(6)  B.  Reber.  —  La  question  de  la  conservation  des  monuments  préhis- 
toriques. Compte  rendu  du  Congrès  intern.  d'Anthropol.  et  d'Archéol. 
préhist.  Genève,  1912. 

(7)  Henry  du  Cleuziou.  —  La  création  de  l'homme  et  les  premiers  âges 
de  l'humanité.  Paris,  1887. 

(8)  Ed.  Lambelet.  —  Les  croyances  au  Pays-d'Enhaut  (Haute  Gruyère). 
Bâle,  1908. 

(9)  B.  Reber.  —  Zwei  Bronzemesser  von  Mellingen  und  Genf.  Indicateur 
d'antiquités  suisses.  Zurich,   1882. 

(10)  B.  Reber.  —  Das  Freiamt  vor  der  Geschichte.  Wohlen,   1913. 

(11)  Léonard  Baulacre.  —  Œuvres  historiques  et  littéraires  de  — ;  par 
Edouard  Mallet.  Genève  et  Paris  1857,  (T.  I,  p.  45).        * 

(12)  Dr.  Ferdinand  Keller.  —  Pfahlbauten.  Siebenter  Bericht.  Zurich, 
1876. 

(i3)  J.  D.  Blavignac.  —  Etudes  sur  Genève  depuis  l'antiquité  jusqu'à 
nos  jours.  Genève,  1872  (T.I,  p.  82). 

(i4)  M.  Gaudy-Le  Fort.  —  Promenades  historiques  dans  le  canton  de 
Genève.  Genève,  1849. 

(i5)  Dr  A.  Gessner.  — Katalog  des  kantonalen  Antiquariums  in  Aarau. 
Aarau,   1912. 

(16)  Jakob  Heierli.  —  Urgeschichte  der  Schweiz.  Zurich,   1901. 

(17)  J.  D.  Blavignac.  —  Notes  historiques  sur  l'église  de  Saint  Pierre, 
ancienne  cathédrale  de  Genève.  Genève,  1846. 

(18)  Dr  Faudel  et  Dr  Bleicher.  —  Matériaux  pour  une  étude  préhisto- 
rique de  l'Alsace.  Bulletin  de  la  Soc.  d'histoire  naturelle  de  Colmar,  i883 
à  i885.  Colmar,  i885. 

(19)  B.  Reber.  —  Les  pierres  à  sculptures  préhistoriques  du  Jura 
français,  département  de  l'Ain.  Bulletin  et  Mémoires  de  la  Soc.  d'Anthro- 
polog.  de  Paris,  1903. 

(20)  Dr  J.  Heierli.  —  Archseologische  Funde  in  den  Kantonen  St  Gal- 
len  und  Appenzell.  Indicateur  d'antiq.  suisses,  Zurich,  1903/ 1904  (Vol.  V, 
p.  5). 

(21)  J.  Heierli.  — Die  Chronologie    in    der   Urgeschichte  der  Schweiz. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  331 

Festgabe    auf    die  Erôffnung    des    Schweiz.  Landesmuseums   in  Zurich, 
1898  (PI.  III,  fïg.  i3). 

(22)  Le  Baron  de  Bonstetten.  —  Recueil  d'Antiquités  suisses.  Second 
supplément.  Lausanne,   1867  (PI.  II,  fig.  1). 

(23)  Joseph  Déghelette.  —  Manuel  d'Archéologie  préhistorique,  celtique 
ou  protohistorique.  Paris,   1910. 

(24)  B.  Reber.  —  Un  aperçu  sur  les  anneaux  légendaires  du  Déluge  et 
les  gravures  préhistoriques  en  forme  de  cercles  de  grande  dimension. 
Bulletin  de  l'Institut  nat.  genevois,   1915. 


Notes  sur  quelques  Touilles  pratiquées 

dans  les  Tranchées. 

Par  le  Dr 

TRASSAGNAG 

Médecin-major  de  lre  classe  (104e  Rég.  d'Inf.). 

Vers  la  fin  du  mois  de  mars  1915,  j'avais  remarqué,  en  parcou- 
rant nos  tranchées,  creusées  dans  un  sol  crayeux,  des  taches  de  terre 
noire,  qui  apparaissaient  nettement  sur  la  blancheur  des  parois.  Un 
examen  superficiel  m'ayant  permis  de  constater  que  quelques-unes 
d'entre  elles  étaient  formées  de  débris  organiques,  mélangés  de  tes- 
sons de  poterie  et  de  charbons,  je  résolus  d'y  pratiquer  des  fouilles. 

Etant  donné  la  proximité  des  lignes  allemandes,  éloignées  seule- 
ment de  quelques  centaines  de  mètres  du  boyau  où  j'ai  surtout  opéré 
ces  recherches,  et  en  raison  du  grave  inconvénient  qu'il  y  aurait 
pour  le  moment  à  livrer  à  la  publicité  des  renseignements  qui  pour- 
raient être  utiles  à  l'ennemi,  il  ne  m'est  pas  possible  de  donner 
maintenant  des  précisions  topographiques.  Après  la  guerre,  je  four- 
nirai à  la  Société  Préhistorique  Française  tous  les  éléments  néces- 
saires pour  pouvoir  contrôler  et  continuer  au  besoin  ces  fouilles,  qui 
réservent  peut-être  des  surprises  aux  chercheurs. 

La  région,  célèbre  par  les  nombreuses  tombes  à  char,  découvertes 
aux  environs,  n'est  d'ailleurs  pas  inconnue  des  préhistoriens. 

Par  ailleurs,  je  donne  ci-contre  un  plan  des  boyaux  avec  les  indi- 
cations de  chaque  point  fouillé  (Fig.  1).  Je  n'ai  pu  étendre  mes 
recherches  dans  les  terres  voisines ,  à  cause  du  danger  d'être 
aussitôt  repéré  et  canonné  par  l'artillerie  allemande. 

Je  décrirai  d'abord  une  série  de  Fosses,  ayant  toutes  entre  elles 
une  certaine  ressemblance.  Ce  sont  des  sortes  de  cylindres  ou  de 
troncs  de  cônes,  évasés  par  le  bas,  creusés  régulièrement  dans  la  craie 
et  remplis  d'une  terre  noire  mélangée  de  débris  de  poterie,  de 
quelques  os  d'animaux  brisés,  et  de  quelques  rares  charbons.  Leur 


332  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

profondeur  ne  dépasse  jamais  un  mètre  à  lm20,  et  leur  largeur  à  la 
base  présente  des  dimensions  analogues. 

Fosse  N°  1  (Fig.  1  ;  F.  1).  —  Coupée  en  deux  par  la  tranchée, 
elle  se  présentait  sous  la  forme  d'une  tache  de  terre  noire  triangu- 
laire à  base  inférieure.  A  0m25  de  la  base,  une  ligne  horizontale  de 
deux  ou  trois  centimètres  d'épaisseur  d'une  couleur  plus  sombre, 
était  composée  de  charbons,  de  cendres  mélangées  à  des  débris  noi- 
râtres d'aspect  terreux.  Un  coup  de  pioche,  donné  avec  précaution 
dans  cette  couche,  dégagea  un  objet  de  fèr,  de  forme  allongée,  de  la 


Fig.  1    -  Situation  géographique  des  Fosses  découvertes 


longueur  d'un  gros  clou  de  charpentier,  mais  impossible  à  détermi- 
ner en  raison  de  sa  profonde  oxydation.  Tout  auprès  de  ce  débris, 
la  pioche  mit  à  jour  un  autre  objet  très  fragile,  qui  fut  brisé  en  trois 
morceaux  {Fig.  2;  N°  1).  Réunis  bout  à  bout,  ces  fragments  nous 
représentent  un  couteau-poignard,  dont  l'oxydation  complète  a 
cependant  respecté  la  forme  générale.  Sa  longueur  totale  est  de  0m15, 
y  compris  la  soie  de  0m03.  La  lame,  qui  ne  dépasse  pas  un  centi- 
mètre et  demi  de  largeur  à  la  base,  s'amincit  graduellement  jusqu'à 
l'extrémité  qui  est  peu  acérée  et  se  recourbe  légèrement  vers  le  dos. 
Cette  lame  tranchante  seulement  sur  un  bord,  a  le  bord  opposé 
épais  et  mousse  à  la  façon  des  couteaux  actuels.  Cette  arme  devait 
être  emmanchée,  mais  le  manche  a  disparu. 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  333 

Tout  auprès  de  ce  poignard,  nous  avons  trouvé,  dans  la  même 
couche,  un  objet  en  pierre,  en  craie  plutôt,  affectant  la  forme  géné- 
rale d'un  tronc  de  cône,  dont  la  base  creusée  d'une  dépression  cupu- 
liforme  est  séparée  du  reste  de  l'objet  par  une  profonde  rainure 
(Fig.  2;  N°  2).  Le  godet  ainsi  formé  par  cette  dépression  porte  en  un 
point  une  sorte  de  bec  court  et  à  peine  ébauché,  analogue  à  celui 
des  lampes  romaines.  Cette  analogie  nous  fait  supposer  que  cet 
objet,  reposant  sur  sa  base  la  plus  étroite,  était  une  lampe  à  huile. 
La  rainure  très  profonde  creusée  autour  du  godet,  pouvait  servir 
à  fixer  un  lien  de  suspension. 

Cette  couche  ne  présentait  aucun  autre  objet,  à  l'exception  de 
quelques  charbons  et  de  petits  débris  d'os  d'animaux,  n'ayant  pas 
subi  l'action  du  feu. 

La  couche  inférieure  d'une  épaisseur  de  0m15  était  stérile.  La 
couche,  qui  surmontait  ce  niveau,  de  0m60  d'épaisseur  environ,  était 
constituée  par  une  terre  noire,  mélangée  à  des  fragments  de  craie  et 
à  des  tessons  d'une  poterie  blanc-grisâtre,  assez  grossière,  sans  revê- 
tement d'aucune  sorte,  paraissant  cependant  faite  au  tour.  Dans  ces 
débris  divers  dont  beaucoup  semblaient  provenir  de  la  surlace  du 
sol,  nous  avons  eu  la  surprise  de  trouver  un  instrumeut  acheuléen, 
de  forme  régulièrement  ovalaire  et  bien  intact,  à  l'exception  de 
légères  ébréchures  au  sommet.  Sa  longueur  est  de  0m12  et  sa  lar- 
geur maxima  de  0m08.  Il  est  en  silex  du  pays,  silex  peu  homogène, 
parsemé  de  petites  cavités  et  de  débris  terreux  qui  se  taille  mal  et 
donne  des  éclats  peu  conchoïdaux.  Sa  base  épaisse  et  taillée  grossiè- 
rement, se  prête  bien  à  la  préhension;  et  les  bords  ne  commencent  à 
être  tranchants  que  vers  le  milieu  de  sa  longueur.  Il  n'a  pas  subi  de 
retouches  et  le  tranchant  a  été  obtenu  par  percussion  simple.  Enfin 
l'extrémité  ébréchée  indique  nettement  que  cet  instrument  a  servi. 
Ajoutons  qu'une  patine  blanc-grisâtre  le  recouvre  tout  entier  sur  les 
deux  faces. 

La  fosse,  dont  nous  venons  de  décrire  le  contenu,  si  l'on  tient 
compte  de  la  partie  disparue  par  le  creusement  de  la  tranchée,  avait 
une  forme  conique,  à  base  inférieure  circulaire.  Sa  hauteur  était 
de  0m75  et  de  un  mètre  en  y  ajoutant  la  terre  végétale  et  le  diamètre 
de  la  base,  un  mètre. 

Fosse  N°  2  (Fig.  1  ;  F.  2).  —  A 60  mètres  environ  au  Nord  de  la  voie 
Romaine,  nous  avons  vidé  une  deuxième  fosse,  dont  la  tranchée 
avait  mis  à  découvert  la  partie  inférieure.  Un  grand  vase,  en  terre 
noire,  apparaissait.  La  terre,  enlevée  tout  autour,  nous  permit  de 
l'extraire.  Il  était  placé  sens  dessus  dessous;  et  sa  partie  supérieure 
était  brisée  (Fig.  2  ;  N°  3).  Malgré  cela,  sa  hauteur  était  encore  de  0m30 
S  Jr  Gm12  de  diamètre  à  la  base.  Constitué  par  une  terre  noire  mélan- 


334  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

gée  de  gravier,  mal  cuite,  s'effritant  à  la  main,  de  plus  d'un  demi 
centimètre  d'épaisseur,  il  était  recouvert  d'une  sorte  de  vernis  noir 
qui  tachait  la  main.  Sa  surface  lisse  ne  présentait  aucun  ornement. 
Il  était  fait  au  tour.  Un  débris  d'un  autre  vase,  d'une  forme  analogue, 
fut  trouvé  encore  dans  cette  fosse,  qui  contenait  en  outre  une  omo- 
plate de  mouton  ou  de  sanglier.  Aucun  autre  objet  n'a  été  rencon- 
tré dans  cette  terre  noire,  à  l'exception  de  tessons  de  poterie,  qui 
paraissaient  appartenir  aux  deux  vases  précédemment  décrits.  La 
fosse  une  fois  vidée  se  présentait  sous  la  forme  d'un  tronc  de  cône  à 
parois  légèrement  courbes,  dont  la  base  inférieure  circulaire  avait 
lm25  de  diamètre  et  la  base  supérieure  circulaire  également,  0m65. 

Fosse  N°  3  (Fig.  1  ;  F.  3). — A  300  mètres  au  Nord  de  la  voie  Romaine, 
nous  avons  reconnu  l'existence  d'une  autre  fosse,  qui  apparaissait, 
sur  la  paroi  de  la  tranchée,  sous  la  forme  d'une  petite  tache  noire 
triangulaire.  Elle  ne  contenait  que  des  débris  d'une  poterie  noire, 
analogue  à  la  précédente,  et  une  pointe  de  flèche  en  silex.  Aucun  vase 
intact  et  les  débris  recueillis  étaient  en  petit  nombre. 

Un  seul  tesson  présentait  quelques  ornements  (Fig.  2;  N°  4), 
constitués  par  des  encoches  disposées  circulairement  sur  la  panse. 

Quant  à  la  pointe  de  flèche,  elle  est  en  silex  blanc,  à  pédoncule  et 
à  ailerons,  très  finement  retouchée,  mais  brisée  à  l'extrémité 
(Fig.  2;  N°5). 

Cette  fosse  débarrassée  de  son  contenu  avait  la  forme  d'une  voûte 
régulière  de  0m80  de  hauteur,  avec  une  base  circulaire  de  lm10  de 
diamètre. 

Fosses  N"s  4  et  5  (Fig.  1  ;  F.  4  et  F.  5).  —  A  30  mètres  au  Nord  de 
la  fosse  précédente,  nous  avons  encore  mis  au  jour  deux  autres 
cavités,  remplies  de  la  même  terre  noire.  Elles  étaient  à  un  mètre 
seulement  l'une  de  l'autre  et  de  forme  cylindrique  l'une  et  l'autre. 
De  grandeur  très  inégale,  la  fosse  N°  4  avait  lm25  de  diamètre  sur 
un  mètre  de  hauteur,  tandis  que  la  fosse  N°  5  ne  mesurait  pas  plus 
de  0m30  de  diamètre  sur  0m80  de  hauteur  ;  elles  ne  contenaient  que 
quelques  rares  et  informes  débris  de  poterie  noire  analogue  à  la 
précédente. 

Aucun  fragment  osseux,  aucun  objet  d'aucune  sorte  n'a  pu  y  être 
rencontré. 

Dans  la  fosse  N°  5,  nous  avons  trouvé  engagé  perpendiculaire- 
ment au  centre  de  l'ouverture  et  enfoncé  complètement  sous  la  terre 
végétale,  un  instrument  de  fer,  qui  nous  a  paru  plus  récent. 

C'est  un  outil  plat,  de  forme  rectangulaire,  de  0m12  de  longueur 
sur  0m05  de  largeur,  ayant  la  forme  d'un  fer  de  pioche  très  étroit,  muni 
d'un  prolongement  à  coupe  carrée  formant  soie,  qui  devait  servir  à 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 


335 


Fig.  2.  —  Objets  trouvés  dans  les  Fosses  fouillées, 


336  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

l'emmanchement.  L'instrument  a  0m25  de  longueur  totale.  Je  l'ai  pris 
pour  un  déplantoir  ;  certains  y  voient  l'extrémité  d'une  houlette  de 
berger.  Quoi  qu'il  en  soit,  malgré  sa  présence  dans  une  fosse  d'ori- 
gine très  ancienne,  c'est  un  instrument  récent,  car  l'oxydation, 
quoique  profonde,  n'a  pas  eu  le  temps  de  faire  disparaître  complète- 
ment le  métal  qui  apparaît  au  fond  d'un  trait  de  lime  énergique. 

Fonds  de  cabane  de  l'époque  du  Fer. 

En  C,  sur  le  plan  ci-joint  (Fig.  1),  à  quelques  mètres  de  (F.  2)  et  à 
50  mètresau  Nord  de  la  voie  romaine,  existait  une  zone  noirâtre,  qui 
tranchait  sur  les  parois  crayeuses  du  boyau. 

Après  avoir  dégagé  la  partie  supérieure  de  la  paroi,  nous  avons 
aperçu  une  couche  grisâtre  de  0m10  à  0m15  d'épaisseur  que  nous 
avons  reconnu  être  un  lit  de  cendres,  mélangée  de  nombreux  char- 
bons. La  terre  supérieure,  épaisse  de  0m80  environ,  était  constituée 
par  des  éboulis  mélangés  de  tessons  de  poterie  très  grossière,  noi- 
râtre, très  épaisse,  se  réduisant  en  miettes  à  la  moindre  pression  et 
manifestement  antérieure  à  l'époque  gallo-romaine  Ces  éboulis, 
enlevés  sur  plusieurs  mètres  carrés  de  surface,  étaient  traversés  çà 
et  là  par  des  foyers  interposés  où  rien  d'intéressant  ne  fut  rencontré. 
Des  tessons  informes  toujours  de  la  même  poterie  grossière,  des 
fragments  d'os  dont  beaucoup  paraissaient  appartenir  à  l'espèce 
bovine,  quelques  côtes  de  chevreuil,  une  défense  de  sanglier,  des 
ossements  d'animaux  indéterminables,  constituaient  les  seuls  objets 
rencontrés.  Le  lit  de  cendres  primitivement  découvert  au  fond  de  la 
tranchée  s'enfonçait  sous  la  terre  végétale  et  sa  profondeur  dépas- 
sait 2  mètres  à  certains  endroits.  Dans  ce  lit  de  cendres  et  de  char- 
bons, la  récolte  n'a  pas  répondu  à  l'effort  nécessaire  pour  déblayer 
les  12  ou  15  mètres  cubes  de  terres  qui  le  recouvraient.  Cependant, 
à  ce  niveau,  nous  avons  recueilli  une  lame  de  couteau  en  fer,  dont 
l'extrémité  est  brisée  (Fig.  2;  N°  8).  La  lame  est  large,  le  dos  épais, 
et  le  tranchant  peu  coupant,  presque  mousse,  autant  qu'on  peut  en 
juger,  étant  donné  l'oxydation  profonde  du  métal.  Dans  la  même 
couche,  nous  avons  trouvé  un  fragment  de  fusaïole  en  terre  noire 
{Fig.  2;  N°  6)  et  un  vase  fragmenté,  que  nous  avons  pu  reconstituer 
(Fig.  2;  N°  7).  Le  vase  d'une  pâte  assez  fine,  noire,  est  recouvert 
d'un  enduit  noir  qui,  après  dessiccation  donne  à  la  surface  un  aspect 
lisse  et  brillant.  Sa  surface  est  recouverte  en  plusieurs  points  de 
dépôts  calcaires  dûs  aux  infiltrations  de  l'eau  de  pluie  passant  sur 
les  éboulis  de  craie  qui  le  recouvraient. 

Nous  inclinons  à  croire  que  les  fosses  décrites  ci-dessus  sont  de 
la  même  époque  que  le  fonds  de  cabane,  dont  nous  venons  d'inven- 
torier le  maigre  contenu,  auquel  il  faut  ajouter  un  fragment  de  pierre 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  337 

à  aiguiser,  constituée  par  une  mince  plaquette  d'une  pierre  noirâtre 
usée  par  le  frottement  et  qui  semble  être  en  grès.  Les  tessons  de 
poterie  dont  les  unes  et  les  autres  ont  le  môme  caractère,  semblent 
sortir  d'une  même  fabrique  et  leur  voisinage  dans  un  lieu  aujourd'hui 
inhabité  semble  bien  être  une  preuve  de  leur  contemporanéité.  Nous 
croyons  donc  que  tous  ces  dépôts  archéologiques  ne  sont  pas  anté- 
rieurs à  y  Age  du  Fer.  L'absence  complète  de  monnaies  dans  les 
points  fouillés  nous  fait  supposer  qu'ils  sont  antérieurs  à  l'époque 
gauloise  proprement  dite,  sans  que  nous  puissions  donner  de  préci- 
sions plus  grandes.  Quant  à  la  destination  de  ces  fosses,  nous 
avouons  n'en  avoir  aucune  idée.  Le  désordre  des  fragments  de  poterie 
mis  au  jour,  l'impossibilité  d'en  retrouver  assez  de  débris  pour 
pouvoir  en  reconstituer  un  seul  en  entier,  nous  avaient  fait  supposer 
tout  d'abord,  qu'il  s'agissait  de  fosses  funéraires  déjà  fouillées;  mais, 
d'autre  part,  le  contenu  de  ces  fosses,  toujours  le  même,  la  terre 
noire  qui  les  remplissaient  et  où,  en  général,  aucun  débris  de  surface, 
aucune  traînée  crayeuse  n'apparaissaient,  nous  a  fait  rejeter  l'hypo- 
thèse d'un  remaniement  ultérieur. 

Fosse  N°  6  (F.  6).  —  A  30  mètres  environ,  au  Nord  de  la  voie 
romaine,  la  tranchée  montrait,  dans  la  blancheur  de  la  craie,  une 
petite  zone  de  terre  noirâtre,  moins  foncée  que  les  précédentes.  Un 
examen  superficiel  nous  permit  d'y  reconnaître  quelques  fragments 
d'une  poterie  très  différente  de  celle  que  nous  venons  de  décrire  et 
qui  nous  parut  de  Yépoque  gallo-romaine.  Les  fouilles  de  cette  fosse 
furent  commencées  le  1er  avril  et  durèrent  pendant  plusieurs  jours. 
Elles  mirent  à  jour  une  fosse  très  différente  des  précédentes.  Creusée 
carrément  dans  la  craie,  le  fond  affectait  la  forme  d'un  trapèze,  dont 
les  deux  bases  avaient  respectivement  lm40  et  lm65  de  longueur.  Les 
deux  autres  côtés  étaient  d'une  longueur  égale,  lm50.  Les  parois 
verticales  étaient  d'une  hauteur  inégale.  La  hauteur  de  celle  qui  cor- 
respondait à  la  petite  base  du  trapèze  était  de  0ra45,  et  le  fond  s'in- 
clinait régulièrement  ijusqu'à  la  grande  base  du  trapèze  où  la  paroi 
mesurait  0m65  de  hauteur.  Aucune  orientation  nette  n'a  pu  être 
reconnue  à  la  boussole. 

Dès  les  premiers  coups  de  pioche,  nous  avons  constaté  que  le 
contenu  était  dans  un  désordre  complet.  De  grands  fragments  de 
poterie  en  terre  noire,  à  cassure  blanche ,  étaient  répandus  en  des  points 
assez  éloignés  et  cependant  faisaient  partie  d'un  même  vase  déforme 
nettement  gallo-romaine.  Le  débris  d'une  grande  urne  en  poterie, 
d'un  beau  noir  brillant  dont  la  pâte  fine  et  bien  cuite  ressemblait  à 
celle  des  faïences  actuelles,  gisaient  en  plusieurs  points  de  la  fosse. 
De  petits  vases  d'une  belle  couleur  rouge  étaient  également  brisés  et 
incomplets.  Un  col  d'amphore  de  très  grande  taille  fut  aussi  rencon- 

SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE.  22 


33S  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

tré  au  milieu  d'un  grand  nombre  de  fragments  de  tuiles  à  rebord. 
Parmi  tous  ces  débris,  nous  avons  recueilli  une  quinzaine  de  grands 
clous  à  tête  plate  fortement  oxydés,  un  fragment  d'une  grosse  chaîne 
composée  de  trois  chaînons  de  fer  ployés  en  forme  de  8,  des  ferrures 
diverses  en  mauvais  état  de  conservation  ou  d'un  usage  indéterminé. 
Les  objets  de  bronze,  que  nous  avons  pu  retrouver,  étaient  mieux 
conservés.  Nous  avons  recueilli:  1°  Une  jolie  fibule  (Fig.2;  N°  8)  ornée 
de  moulures  ciselées  et  qui  devait  porter  au  centre  deux  petits  dis- 
ques d'émail  dans  deux  petites  cavités  qui  restent  encore.  Son  extré- 
mité la  plus  large  présente  une  encoche  pour  loger  la  tête  d'une 
épingle  qui  a  disparu.  Cette  épingle  devait  y  être  fixée  au  moyen 
d'une  cheville  en  fer  engagée  dans  un  repli  du  métal  de  la  fibule.  Le 
petit  canal  cylindrique  formé  par  ce  repli  était,  en  effet,  rempli  de 
rouille,  trace  évidente  de  la  broche  qui  servait  de  pivot  à  l'épin- 
gle mobile.  La  longueur  de  cette  fibule  est  de  0m04. 

2°  Un  àemi-anneau  en  bronze  d'une  belle  patine  vert  sombre  et  qui 
semblait  brisé  intentionnellement.  Malgré  toute  notre  attention,  nous 
n'avons  pu  retrouver  l'autre  moitié.  Le  fragment  retrouvé  est  à  peu 
près  de  la  dimension  d'une  moitié  d'alliance,  mais  d'une  épaisseur 
plus  grande. 

3°  Une  moitié  d'un  grand  bronze  romain  du  Haut-Empire,  très 
fruste,  sur  lequel  aucune  effigie  ne  peut  être  reconnue. 

4°  Une  monture  en  bronze  de  0m04  et  demi  de  longueur,  qui  porte 
sur  une  face  deux  sortes  de  rivets  formant  corps  avec  le  métal,  et  qui 
devaient  servir  à  fixer  cette  monture  sur  un  objet  indéterminé  que 
nous  n'avons  pu  retrouver  (Fig.  2;  N°  10). 

Le  mobilier  trouvé  dans  cette  fosse  nous  paraît  représenter  les 
restes  d'une  Sépulture  de  l'époque  Gallo-romaine,  qui  aurait  été 
fouillée  antérieurement.  Le  fragment  de  grand  bronze  romain,  la 
poterie  caractéristique,  les  débris  de  tuiles  à  rebord,  ne  peuvent 
guère  laisser  de  doute  au  sujet  de  la  date  à  assigner  à  ce  dépôt. 

Fosse  N°  7.  —  A  1500  mètres  au  Nord-ouest  de  la  voie  romaine, 
nous  avons  mis  au  jour  une  autre  fosse,  de  forme  sensiblement  cubi- 
que, et  dont  les  dimensions  étaient  d'environ  deux  mètres  dans  tous 
les  sens.  Cette  fosse,  remplie  de  terre  mélangée  de  craie,  était  creusée 
dans  le  sous-sol  sablonneux  et  contenait  une  grande  quantité  de 
fragments  de  poterie,  absolument  semblable  à  celle  trouvée  dans  la 
fosse  précédente.  En  outre,  un  beau  fragment  de  vase  en  forme  de 
bol  d'une  magnifique  poterie  rouge  vernissée  et  ornée  sur  le  bord  de 
feuilles  de  lierre  en  relief,  ne  pouvait  laisser  le  moindre  doute  sur  son 
origine  gallo-romaine.  Malheureusement  nous  n'avons  pu  trouver 
aucun  vase  intact.  Le  tout  était  répandu  pêle-mêle  à  toutes  les  hau- 
teurs  et   avait  dû   être   l'objet  de    fouilles    antérieures,    car    des 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  339 

traînées  blanchâtres  indiquaient  que  le  sol  avait  été  remanié  autre- 
fois. Cependant  nous  avons  constaté  que  tous  les  tessons  retrouvés 
paraissaient  bien  appartenir  à  la  même  époque.  Malgré  toute  notre 
attention,  nous  n'avons  pu  découvrir  comme  objet  métallique  au 
milieu  des  innombrables  débris  de  poterie  que  celui  que  nous  avons 
figuré  sous  le  N°  11  (Fig.  2).  C'est  une  très  mince  plaquette  de  bronze, 
recouverte  d'une  belle  patine  verte,  munie  à  une  extrémité  d'un  cro- 
chet, et  ornée  sur  une  seule  face  d'une  croix  à  branches  égales  et  de 
quatre  croissants.  Ces  ornements  sont  profondément  gravés  dans  le 
métal  et  quelques-uns  sont  encore  comblés  par  une  matière  grisâtre, 
qu'une  pointe  désagrège  aisément.  En  outre  des  lignes  courbes 
formées  dune  série  de  points  gravés  dans  le  bronze  complètent 
d'une  façon  assez  heureuse  l'ornementation  de  ce  bijou.  Au  centre 
un  petit  trou  arrondi  servait  peut  être  à  fixer  un  rivet.  La  face 
opposée  est  lisse.  Nous  pensons  que  cet  objet  dont  les  dimensions 
sont  de  0m05  sur  0m025  est  une  agrafe  de  manteau.  La  présence 
de  la  croix  est-elle  dans  ce  cas  un  symbole  ou  un  simple  orne- 
ment? Nous  inclinons  à  croire,  étant  donné  l'époque,  qu'elle  doit 
être  l'un  et  l'autre. 

Au-dessous  de  la  couche  gallo-romaine,  nous  avons  trouvé  un  lit 
de  cendres  et  de  charbons  de  0m10  à  0m15  d'épaisseur,  qui  contenait 
seulement  des  fragments  de  poterie  noire,  épaisse  et  grossière,  d'ori- 
gine évidemment  antérieure  à  la  couche  gallo-romaine,  qui  la  sur- 
montait. Malheureusement  nous  n'avons  pu  trouver  dans  ce  foyer 
aucun  autre  objet. 

Fosse  N°  8.  —  En  V,  nous  avons  figuré  sur  le  plan  ci-joint  (Fig.  1), 
l'entrée  d'un  boyau,  dénommé  boyau  Vauban  ;  à  100  mètres  environ 
de  ce  point  initial,  un  aide-major  du  régiment,  M.  le  Dr  Cousyn, 
nous  dit  avoir,  après  grattage  superficiel  de  la  paroi  de  la  tran- 
chée, découvert  deux  objets  qu'il  nous  présenta.  Ces  deux  objets 
(Fig.  3;  Nos  12  et  13)  reposaient  en  contact  étroit  au  fond  d'une 
fosse  remplie  de  terre  noire,  et  tout  autour  il  avait  trouvé  des 
débris  de  poterie  et  des  os  calcinés,  parmi  lesquels  il  nous  affirma 
avoir  reconnu  une  phalange  humaine,  qu'il  ne  put  malheureusement 
nous  montrer.  Il  nous  conduisit  au  point  où  il  avait  commencé  des 
fouilles  ;  et,  avec  son  aide,  une  fosse  de  forme  assez  irrégulière,  fut 
vidée  de  son  contenu  avec  précaution.  Sa  profondeur  n'excédait 
pas  0m75  au-dessous  du  sol,  et  sa  largeur  maxima  était  de  0m50 
environ.  Elle  était  remplie  de  terre  noire  qui  contenait  quelques  os 
calcinés,  trop  fragmentés  pour  pouvoir  être  déterminés  et  des  débris 
d'une  poterie  très  différente  de  celle  que  nous  avons  trouvée  dans 
les  fouilles  précédentes.  Beaucoup  mieux  cuite  et  beaucoup  plus  fine 
que  les  tessons  trouvés  dans  les  fosses  Nos  2,  3,  4,  et  5,  elle  est  aussi 


340  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

plus  variée.  Elle  rappelle  un  peu  la  poterie  gallo-romaine  des  fosses 
Nos  6  et  7,  tout  en  étant  plus  grossière.  Faite  au  tour,  elle  est 
d'une  couleur  grise  ou  rouge  brique.  Un  seul  fragment  est  revêtu 
d'une  sorte  de  vernis  rougeâtre.  La  surface  de  ces  tessons  ne  pré- 
sente pas  d'ornementation,  à  l'exception  de  traits  parallèles  au  bord 
supérieur,  obtenus  au  moyen  du  tour.  Trois  fonds  de  vases  sem- 
blaient avoir  été  placés  intentionnellement  dans  la  fosse.  La  cas- 
sure des  bords  régulière  paraissait  bien  n'être  pas  le  résultat  de 
la  pression  des  terres,  mais  avoir  été  faite  volontairement.  D'ail- 
leurs aucun  fragment  répondant  à  ces  fonds  n'a  été  retrouvé  dans  la 
fosse. 


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Fig.  3.  —  Objets  Gallo-romains  des  Fosses  N0s  8  et  9. 


Quant  aux  deux  objets  figurés  aux  Nos  12  et  13  (Fig.  3),  ils  parais- 
sent être  tous  les  deux  en  fer;  mais  le  métal  s'est  conservé  d'une 
façon  exceptionnelle.  Le  N°  12  est  une  lame  de  0ra06  et  demi  de 
longueur  à  pointe  très  acérée,  à  dos  épais  et  à  tranchant  très  fine- 
ment aiguisé.  A  cette  lame  fait  suite  une  courte  poignée  de  0m03  de 
longueur  légèrement  recourbée  vers  le  tranchant  et  terminée  par 
une  tête  de  cygne.  Le  tout  est  d'une  seule  pièce;  et  nous  croyons 
que  ce  prolongement  n'était  pas  une  soie  destinée  à  en  faciliter  l'em- 
manchement, mais  bien  une  véritable  poignée.  Dans  ces  conditions, 
cette  lame  ne  peut  être  ni  un  couteau,  ni  un  poignard.  Elle  ne  pou- 
vait être  saisie  qu'entre  le  pouce  et  l'index  et  constituait  peut-être 
un  instrument  de  chirurgie,  analogue  à  la  lancette  d'autrefois,  qui, 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  34  I 

elle   aussi,  se  saisissait  entre   les   deux  premiers  doigts  de  la  main 
droite. 

Le  N°  13  est  un  fragment  de  fibule,  dont  les  autres  fragments  ont 
été  perdus.  Elle  est  du  type  de  la  Tène  II  et  sert  à  dater  le  gisement. 

Fosse  N°  9.  —  A  deux  mètres  de  la  fosse  précédente,  en  exami- 
nant la  coupe  du  boyau,  un  fragment  de  vase  nous  apparut  à  0,n60 
au-dessous  de  la  surface  du  sol,  sans  que  la  terre  qui  l'entourait 
présentât  de  différence  de  coloration  par  rapport  aux  couches  voi 
sines.  Ce  fragment,  reste  d'un  vase  qui  avait  du  être  brisé  d'un  coup 
de  pioche  au  moment  du  creusement  du  boyau,  contenait  des  débris 
d'os  calcinés,  et  trois  anneaux  de  forme  ovale  très  allongée  consti- 
tués par  une  mince  feuille  de  fer,  de  0m014  de  largeur  sur  0m14  de 
circonférence,  dont  les  deux  extrémités  sont  unis  par  un  clou  d'un 
centimètre  et  demi  de  longueur,  qui  devait  servir  à  maintenir  chaque 
anneau  sur  un  manche  en  bois  qui  a  naturellement  disparu  (Fig.  3; 
N°  14). 

Il  est  malheureusement  impossible  de  savoir  à  quel  instrument 
ou  à  quelle  arme  ce  manche  était  destiné,  car  l'autre  partie  du  vase 
brisé  a  été  rejetée  dans  les  déblais  dans  lesquels  la  proximité  de 
l'ennemi  interdit  toute  recherche. 


Après  que  ce  travail  eut  été  terminé,  j'ai  encore  mis  à  jour  deux 
autres  Fosses,  dans  le  premier  boyau,  où  j'avais  opéré  des  recher- 
ches. Ces  fosses,  très  analogues  aux  cinq  premières,  ont  toujours  la 
même  forme  tronc-conique  à  large  base  inférieure  et  ne  contiennent 
toujours  que  d'informes  débris  de  la  même  poterie  grossière,  de 
couleur  noire.  —  Il  est  à  présumer  que  les  terres  voisines  doivent 
en  receler  encore  en  grand  nombre. 

En  campagne,  le  14  juillet  1915. 

M.  Marcel  Baudouin.  -  Je  crois  de  mon  devoir,  au  lieu  et  place 
de  notre  cher  Président,  M.  le  Dr  Atgier,  médecin  principal, 
aujourd'hui  encore  sur  la  ligne  de  feu  et  qui  vient  d'être  nommé 
Officier  de  la  Légion  d'honneur  et  décoré  de  la  Croix  de  Guerre,  de 
souligner  tout  particulièrement  l'importance  de  la  communication 
de  notre  confrère,  basée  sur  des  fouilles  faites  sous  la  mitraille 
même  :  ce  qui  est  un  réel  titre  de  gloire. 

Ce  qu'a  découvert  là  M.  le  Dr  Trassagnac,  c'est  une  Nécropole 
gallo-romaine  à  incinérations,  analogue  aux  nombreuses  que  j'ai 
étudiées  et  fouillées  en  Vendée. 


342  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

La  Fosse  N°  1  a  fourni  un  gros  clou,  fait  commun,  provenant  vrai- 
semblablement du  coffre  où  se  trouvaient  les  cendres. 

Pour  la  Fosse  N°2,  je  note  la  présence  d'un  vase,  sectionné  en  haut 
de  façon  voulue,  trouvé  sens  dessus  dessous.  Or,  à  Noiron-sous- 
Gevrey  (Côte-d'Or),  avec  M.  Socley,  j'ai  constaté  le  fait,  de  même 
qu'en  Vendée. 

Il  est  probable  que  le  fond  de  cabane  indiqué  n'est  qu'une  Fosse  ou 
ce  qu'on  appelle  un  avant-puits  funéraire;  mais  il  est  impossible 
d'être  affirmatif,  sans  avoir  vu  les  lieux. 

L'absence  de  monnaie  ne  prouve  rien,  car  les  pièces  sont  géné- 
ralement uniques  dans  ces  fosses  et  très  difficiles  à  trouver.  Les 
Fosses  de  1  à  5  n'ont  jamais  été  remaniées  ;  on  les  trouve  toujours 
ainsi.  Elles  sont  d'ailleurs  un  peu  antérieures  aux  Fosses  6,  7  et  8, 
qui  nont  pas  été  remaniées  non  plus. 

La  Fosse  N°  8  a  fourni  trois  fonds  de  vases.  Ces  fonds  sont  toujours 
préparés  à  dessein  dans  ces  sépultures.  Nous  avons  maintes  fois 
observé  le  fait  en  Vendée  et  même  en  Côte-d'Or. 

Le  couteau  de  la  figure  N°  12,  à  tête  de  Cygne,  doit  être  un  ins- 
trument ayant  appartenu  à  un  Prêtre  du  Dieu  Soleil  (le  Cygne  est  un 
symbole  solaire,  J.  Déchelette  l'a  prouvé);  il  est  peut-être  un  couteau 
à  circoncision,  comme  j'ai  essayé  de  le  montrer  ailleurs  (Arch.  prov. 
de  Chir.). 

Il  est  probable,  en  effet,  qu'il  y  a  de  nombreuses  autres  fosses 
dans  le  voisinage  des  points  fouillés.  Parfois  ces  Nécropoles  contien- 
nent des  centaines  de  fosses... 


Sur  quelques  Coutumes  locales,  superstitions, 
survivances  antiques,  légendes,  du  Départe- 
ment de  l'Eure  (Suite). 

PAR 

Georges  POULAIN  (Eure). 

Aux  églises  du  Plessis-Grohan  (Canton  d'Evreux-Sud)  et  du 
Champ-Dominel  (par  Damville),  pendant  les  cérémonies  de  mariages, 
on  présentait  à  la  jeune  épousée  une  quenouille,  ordinairement 
exposée  sur  l'autel  de  la  Vierge.  C'était  une  invitation  au  travail, 
source  de  bien-être  pour  le  ménage. 

La  vieille  croyance  aux  Fées  se  retrouve  dans  le  folklore  du 
département.  Leur  souvenir  rôde  autour  de  certains  Monuments 
mégalithiques,  dont  quelques-uns  en  portent  le  nom. 

Une  curieuse  légende  était  encore  vivace  il  y  a  vingt-cinq  ans  aux 
confins  du  canton  Sud  d'Evreux,  commune  du  Plessis-Grohan.  A 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  343 

cette  époque,  s'élevait  encore  près  du  hameau  de  Grohan,  à  quelques 
mètres  du  chemin  de  grande  communication  d'Evreux  à  Damville, 
non  loin  de  l'endroit  où  on  a  retrouvé  les  restes  d'un  aqueduc 
romain  souterrain,  un  poirier  centenaire,  dont  le  tronc  vermoulu 
offrait  dans  ses  flancs,  en  temps  de  pluie,  un  refuge  bien  connu  des 
pâtres  et  des  laboureurs.  On  lui  donnait  le  nom  de  Poirier  à  la 
Fileuse.  Les  bonnes  gens  des  alentours  se  plaisaient  à  la  veillée,  ou 
lorsque  l'on  passait  près  de  cet  arbre  vénérable,  à  raconter  la  légende 
suivante,  qui  flottait  près  de  son  ombre  imposante.  «  Une  petite 
fileuse,  habillée  toute  de  blanc,  venait  toutes  les  nuits  filer  sous  le 
poirier,  en  chantant.  On  pouvait  la  voir  vers  minuit,  quenouille  et 
fuseau  en  mains,  travailler  d'un  geste  gracieux...  » 

Cet  arbre  est  mort  depuis  longtemps;  mais  le  propriétaire  du  ter- 
rain, M.  Saudbreuil,  de  Grohan,  s'était  fait  scrupule  de  ne  point 
l'abattre;  et  il  dressait  dans  l'air  son  vieux  squelette  décharné,  résis- 
tant malgré  tout  aux  rafales.  Aujourd'hui,  un  jeune  arbre  —  un  poi 
rier  toujours  —  remplace  le  disparu;  et  on  continue  à  le  qualifier  de 
«  Poirier  à  la  Fileuse  ». 

Dans  nos  campagnes  normandes,  le  pain  était  —  je  dis  était,  car 
cette  coutume  tend  à  se  perdre  —  l'objet  d'un  respect  profond.  Cette 
nourriture  primordiale  était  pour  nos  grands  parents  en  quelque 
sorte  sacrée.  Si  un  enfant  ou  un  adolescent  avait  entamé  une  miche 
de  façon  défectueuse,  ses  parents  lui  disaient  invariablement  ceci  : 
«  Tu  coupes  le  pain  comme  tu  le  gagnes  »,  —  c'est-à-dire  très  mal. 
L'habitude  de  tracer  une  croix  sur  le  pain  est  encore  en  usage  dans 
beaucoup  de  familles  chrétiennes.  Mettre  le  pain  sur  le  dos  veut  dire 
qu'on  est  incapable  de  le  gagner.  On  dit  aussi  qu'alors  le  Diable  est 
entré  dedans. 

Dans  l'arrondissement  d'Evreux,  en  particulier  dans  les  cantons 
d  Evreux-Sud,  de  Damville,  Saint-André,  Breteuil,  on  croit  que  les 
Oursins  fossiles  sont  tombés  du  ciel  et  on  les  qualifie  d'Etoiles.  Une 
vieille  croyance  est  attachée  à  ces  fossiles  si  abondants  dans  tous  les 
terrains  sédimentaires.  On  en  retrouve  associés  à  des  haches  de 
pierre  polie  dans  les  temples  gallo-romains  de  Normandie.  Les 
fouilles  de  M.  Léon  de  Vesly,  dans  la  Seine-Inférieure  et  dans  l'Eure, 
les  miennes  de  Saint-Aubin  sur-Gaillon  (Eure),  montrent  le  prix 
qu'attachaient  les  Gaulois  à  ces  fossiles.  Il  s'agit  peut-être  de  la 
croyance  à  iOvum  anguinum  dont  parle  Pline? 

Feux  de  joie.  —  La  veille  de  l'Epiphanie  ou  jour  des  Rois,  dans 
les  arrondissements  d'Evreux,  de  Louviers,  des  Andelys,  les  gens  se 
promenaient  le  soir,  armés  d'une  perche  à  l'extrémité  de  laquelle 
était  fixée  une  botte  de  paille  enflammée,  en  chantant  ce  refrain  : 


344  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Adieu  les  Rois 

Jusqu'à  douze  mois  ; 

Douze  mois  passés, 

J'en  (sic)  sommes  bien  près. 

En  certains  lieux,  on  allumait  un  grand  feu. 

La  veille  de  la  Saint- Jean,  le  soir,  des  lueurs  illuminaient  nos 
campagnes  :  des  montagnes  de  bourrées  brûlaient,  pendant  qu'au- 
tour de  la  meule  embrasée  la  jeunesse  dansait.  —  Restes  d'un  vieux 
rite  celtique. 

Dans  l'arrondissement  de  Pont-Audemer,  en  hiver,  on  voit  encore 
en  quelques  villages,  des  feux  de  joie  de  500  et  même  1000  bourrées. 
On  nomme  cela  les  Bourguelées.  Ce  sont  des  fagots  d'épines,  de 
ronces,  provenant  de  Télagage  des  haies,  clôtures  de  pâturages,  etc., 
que  les  jeunes  gens  ont  confectionné  gratuitement.  On  apporte  ces 
fagots  dans  une  terre  en  friche  et  ils  sont  entassés  tout  autour  d'une 
longue  perche  fichée  en  terre,  surmontée  ensuite  d'un  gros  bouquet. 
C'est  le  maire  souvent  qui,  un  dimanche  soir,  vient  y  mettre  le  feu, 
accompagné  d'une  cavalière  de  choix.  Cris  de  joie,  pétards,  coups 
de  pistolet,  violon  et  danses,  pendant  que  la  Bourguelée  flambe  et 
jette  dans  le  ciel  noir  des  lueurs  farouches.  Cette  coutume  est  près 
de  disparaître. 

Dans  le  Vexin  Normand  (arrondissement  des  Andelys),  il  y  a 
35  ans  encore,  le  jour  des  Rameaux  après  la  messe,  le  premier  char- 
retier de  chaque  ferme  était  chargé  de  planter  un  buis  dans  toutes 
les  pièces  de  terre. 

Il  est  toujours  d'usage,  dans  beaucoup  de  maisons  rurales,  de 
mettre  un  rameau  dans  les  étables,  pour  préserver  les  animaux  de 
maladies. 

Pour  conjurer  la  foudre,  on  avait  l'habitude  d'allumer  dans  la 
cheminée  un  grand  feu  alimenté  surtout  par  du  bois  vert  et  des 
feuilles,  de  façon  à  produire  beaucoup  de  fumée;  puis  on  l'arrosait 
d'eau  bénite. 

Relevailles.  —  Il  était  traditionnel  voilà  40  ans,  de  faire  dire  une 
messe  aux  femmes  «  relevant  »  de  couches.  Du  côté  de  Damville, 
celles-ci  portaient  à  l'église  deux  brioches  destinées  à  être  bénies  ; 
elles  en  remettaient  une  au  prêtre  et  gardaient  l'autre  pour  la  man- 
ger en  famille.  Quelquefois,  on  portait  une  grosse  brioche  pour  le 
prêtre  seulement. 

(A  suivre). 


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SÉANCE  DU  28  OCTOBRE  1915 


Présidence  de  M.  LE  BEL. 


I.    —     PROCÈS- VERBAL    DE    LA     SÉANCE. 


La  Séance  est  ouverte  à  4  heures,  sous  la  Présidence  de  M.  Le  Bel, 
Vice-Président. 

Il  est  donné  lecture  du  Procès-verbal  de  la  dernière  séance 
(22  Juillet  1915),  qui  est  approuvé. 

A  propos  du  procès-verbal,  notes  de  M.  Marcel  Baudouin  et  Tarbé 
des  Sablons. 

Correspondance. 

Lettres  d'Excuses  et  de  Condoléances,  —  MM.  le  Dr  A.  Guébhard; 
—  A.  Viré;  —  Ch.  Schleicher;  —  Ghervin  ;  —  Dr  Atgier  ;  — 
Edmond  Hue.  —  Denoyelle. —  Commont. 

Lettres  d'Avis.  —  M.  E.  Passemard;  —  Commont  ;  —  B.  Reber; — 
F.  Kessler;  —  Socley;  —  Denoyelle. 

Allocution    de    Rentrée    [1915-1916] 
de  M..   E.   Taté,    Vice-Président  en  exercice. 

Mes  chers  Collègues, 

Une  année  s'est  déjà  écoulée  depuis  notre  première  réunion  de  guerre  en 
octobre  1914  ! 

Devançant  la  décision  des  autres  Sociétés  Scientifiques,  nous  votions,  il  y  a 
un  an,  en  Conseil  et  en  Assemblée  générale,  l'exclusion  des  Austro-Allemands 
du  sein  de  la  Société  Préhistorique  Française. 

Si  notre  initiative  avait  eu  besoin  d'approbation,  elle  la  trouverait  dans 
l'unanimité  des  Sociétés  Françaises  à  procéder  aux  mêmes  évictions.  Les  faits 
nouveaux,  les  procédés  employés  par  nos  ennemis,  rendraient  encore  plus 
nécessaires  actuellement  cette  mesure,  si  elle  n'avait  été  prise;  car,  il  faut  bien 
le  reconnaître,  toute  relation,  tout  commerce  d'amitié,  est  devenu  impossible 
avec  eux. 

Après  la  destruction  systématique  des  Monuments  de  nos  amis  Belges,  du 
vol  et  du  pillage  de  leurs  Musées  et  de  leurs  Bibliothèques,  l'application  des 

SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE.  23 


346  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

mêmes  procédés  de  leur  «  Kultur  »,  à  Soissons,  à  Arras,  à  Reims;  après  les 
mêmes  agissements  en  Russie  et  à  Venise,  même  particulièrement  visée  par  les 
Barbares,  etc.,  etc.,  nous  ne  serons  pas  amenés  desitôt  à  revenir  sur  une  déci- 
sion, que  nous  ne  pouvons  aujourd'hui  que  confirmer  avec  plus  de  vigueur 
encore. 

Nos  vaillants  Collègues,  qui  sont  au  front,  qui  voient  et  subissent  les  horreurs, 
non  de  la  guerre  en  elle-même,  mais  de  cette  guerre  telle  que  la  leur  impose- 
la  «  Kultur  allemande  »,  ne  nous  auraient  pas,  et  avec  juste  raison,  pardonné 
d'avoir  procédé  autrement. 

Notre  ostracisme  ne  porte  pas  naturellement  sur  les  travaux  scientifiques  de 
nos  ennemis.  Empruntons-leur  ce  qu'ils  peuvent  avoir  de  bon.  Soyons  même 
plus  honnêtes  qu'eux,  en  en  indiquant  la  provenance.  Mais  soyons  prudents  et 
n'agissons  qu'à  bon  escient.  Ne  leur  attribuons  pas  des  idées  de  chez  nous, 
nos  travaux  sont  démarqués,  alambiqués,  alourdis,  noyés  dans  le  pathos 
d'in-folio  indigestes.  Analysons  et  contrôlons  bien  exactement  la  provenance, 
avant  de  leur  en  attribuer  la  paternité.  La  contrefaçon,  sous  toutes  ses  formes, 
est  chez  eux  un  dérivé  de  leur  «  Kultur  ». 

Cç  n'est  pas  assez  d'expulser  les  nationaux  Austro- Boches.  Derrière  eux 
subsistent  certaines  formules,  certaines  idées,  que,  par  snobisme,  nous  avions 
laissé  s'introduire  chez  nous  et  qu'il  faut  aussi  évincer. 

Nous  nous  devons  à  nous-même  de  conserver  notre  avance  dans  notre 
Science  et  de  réagir  contre  une  tendance  qui  avait  déjà  eu  son  action  chez  nous. 
Restons  Français,  soyons  nous-mêmes,  c'est-à-dire  clairs,  nets,  précis.  N'ac- 
ceptons pas  les  désignations,  non  plus  que  les  formules,  qui  forcent  l'esprit  à 
des  recherches  inutiles,  alors  surtout  que  nous  possédons  des  termes,  compris 
de  tous,  exprimant  bien  ce  qu'ils  désignent  et  montrant  clairement  ce  qu'ils 
représentent. 

Nous  avons  déjà  réagi.  Si  vous  vous  reportez  à  notre  Bulletin  du  22 avril, 
vous  pouvez  voir  que,  à  l'instigation  de  notre  collègue  Rémois,  le  Dr  0.  Guel- 
liot,  nous  avons,  à  l'unanimité,  après  discussion,  accepté  ses  conclusions,  qui 
refusent  d'admettre  les  nouvelles  formules:  «  La  Tène  1  ;  La  Tène  11  ;  La 
Tène  III  »,  pour  désigner  les  premiers  Ages  du  Fer. 

Ces  termes,  sous  une  forme  pseudo-scientifique,  sont  complètement  faux  ; 
ils  ont  visé  à  supprimer  la  désignation  française  (datant  de  1873)  de  «  Mar- 
nien  »,  et  ont  rendu  incompréhensible  ou  tout  au  moins  peu  claire  cette  clas- 
sification, qui,  sous  la  dénomination  «  Hallstatien,  Marnien,LaTèneet  Préromain 
ou  Beuvraysien  »,  reste  dans  la  tradition  et  possède  la  qualité  de  l'exactitude, 
tout  en  faisant  image  pour  les  Préhistoriens.  Notre  rédaction  a  été  bien  accueillie, 
puisque  le  mois  suivant  la  Société  d: Anthropologie  de  Paris  y  donnait  sa 
pleine  adhésion.  Ce  nom  de  «  Marnien  »  a  non  seulement  l'avantage  d'être  le 
terme  exact;  mais  il  est  encore  d'actualité,  après  nos  victoires  de  la  Marne  et 
de  Champagne,  qui  nous  le  rendent  encore  plus  précieux! 

Les  événements  actuels  laissant  la  Société  Préhistorique  Française  dans 
les  mêmes  conditions  qu'en  1945,  il  n'y  aura  pas,  cette  fois  encore,  lieu.de 
modifier  le  Conseil  d'Administration  de  la  Société,  les  mêmes  causes  pour  lé 
statu-quo  existant  toujours.  Ainsi  en  a  décidé  le  Conseil  d'Administration 
aujourd'hui  même. 

Notre  dévoué  Président,  M.  le  Médecin  principal  Dr  Algier,  est  actuelle- 
ment malade,  à  l'hôpital  d'Amélie-les-Bains,  après  avoir  été  au  front  depuis 
l'ouverture  de  la  campagne;  il  a  été  nommé  Officier  de  la  Légion  d'honneur 
et  décoré  de  la  Croix  de  Guerre. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  347 

Nous  n'avons  malheureusement  pas  les  éléments  pour  vous  indiquer  nos 
pertes,  non  plus  que  le  nom  de  nos  blessés  ou  les  récompenses  décernées  aux 
membres  de  notre  Société. 

Nous  sommes  sûrs  que  tous  ont  fait  bravement  leur  devoir.  Adressons  donc 
un  salut  de  reconnaissance  émue  à  ceux  qui  ont  payé  de  leur  vie  leur  amour 
de  la  Patrie  et  de  la  Civilisation;  à  nos  blessés  nos  vœux  de  prompt  rétablis- 
sement. Et,  à  nos  braves  défenseurs,  après  les  victoires  de  la  Marne  et  de  Cham- 
pagne, souhaitons-leur  de  fêter  bientôt  la  Victoire  au-delà  du  Rhin  ! 

Vifs  applaudissements. 

Bibliothèque. 

La  Société  Préhistorique  Française  a  reçu  les  Ouvrages  suivants 
de  MM.  : 

Harlé  (Edouard).  —  Découverte  de  Renne  dans  une  Grotte  de  Biscaye  (Espagne). 
Un  Capridé  quaternaire  de  la  Dordogne,  voisin  du  Thar  actuel  de  l'Hima- 
laya [Extr.  C.  R.  som.  des  séances  de  la  Soi;.  Gèol.  France,  1913,  n°  15, 
p.  175J.  —  1913,  1  p.,in-8°. 

Harlé  (Edouard).  —  Une  tournée  de  l'Ingénieur  en  chef  Le  Boulenger  dans  les 
Dunes  de  son  service,  entre  le  Cap  Breton  et  Cazaux  en  1817  [Extr.  des  Actes 
de  CAcad.  des  Se.  B  L.  et  Arts  de  Bordeaux,  1914].  —  Bordeaux,  1914, 
in-8°,  32  p.,  Fig. 

Harlé  (Edouard).  —  La  fixation  des  Dunes  de  Gascogne  [Extr.  Bull,  de  la 
Sect.  de  Géographie,  1914].  —  Paris,  I.  N.,  1914,  in-8°,  48  p.,  9  Fig. 

Harlé  (Edouard).  —  Un  Machairodus  soi-disant  de  Villeneuve-sur-Lot  [Extr. 
Bull.  Soc.  Géol.  de  France,  1913,  t.  III,  4e  s  ,  p.  264-266].  —  Par.,  4  p.,  1913, 
in-8°. 

Giraux  (Louis).  —  Les  Monuments  Mégalithiques  de  la  région  de  Sartène 
(Corse)  [Extr.  C.  R.  Congrès  du  Havre,  A.  F.  A.  S.,  1914.  —  Mém.  hors  vol., 
28  p.,  12  Fig. 

Givenchy  (P.  de).  —  Suite  à  l'étude  des  Ciseaux  néolithiques  (Ciseaux  à 
coupe  cylindrique  ou  ovoïde)  [Extr.  Bull.  Soc.  Prék.  Franc,  1914,  26  nov. 
pt  25  févr.  1915].  -  Le  Mans,  1915,  in-8°,  10  p.,  5  Fig. 

Dollot  (A.).  —  Profils  géologiques...  Les  Sables  d'Auteuil  et  les  Eaux  miné- 
rales d'Auteuil  et  Passy...  Les  Platrières  deGorgan,  à  Livry  et  Vaujours,  etc. 
(S.-et-O.)  [Extr.  C.  B.  des  Séances  Soc.  Géol.  France,  1915  [Plusieurs  com- 
munications]. —  Par.,  in-8°,  1915  [Don  de  M.  Ramon-Gontaud]. 

Proceedings  of  the  Prehistoric  Society  of  East.  Anglia  for  1914-1915  [Vol.  II, 
Part.  1].  —  London,  1915,  in-8°,  157  p.,  nombr.  lig.  et  pi.  hors  texte. 

Report  of  the  Excavations  at  Grime's  Graves,  Weeting,  Norfork  [Extr.  Prehist. 
Soc.  of  Easi  Anglia,  Mars-Mai  1914].  —  London,  H.  L.  Lewis,  1915,  in-8% 
255  p.,  30  PL.  et  86  Fig. 

Westropp  (Thomas  Johnson).  —  The  Earthworks  and  Castle  of  Bunratty, 
Co.  Clare.  —  In-8°,  9  Fig.,  Pi.  hors  texte. 

Westropp  (Thomas  Johnson).  —  Ancient  Remains  on  the  West  Coast  of  Co. 
Clare.  —  1915,  in-8°,  Fig. 

Baudouin  (Marcel).  —  Le  mobilier  funéraire  du  Mégalithe  vierge  de  La 
Planche  à  Puare,  à  l'Ile  d'Yeu  (Vendée)  [Extr.  A.  F.  A.  S.,  1914].  —  Mé- 
moire hors  volume,  Paris,  1915,  in-8°,  21  p.,  10  Fig. 

Baudouin  (Marcel).  —  Le  Squelette  de  la  Sépulture  par  inhumation,  de  l'époque 
Néolithique,  découverte  au-dessus  de  l'Ossuaire  dans  l'Allée  couverte  de  La 
Planche  à  Puare,  à  l'Ile  d'Yeu  (Vendée)  [Extr.  Bévue  Anthropol.,  1915,  Paris, 
Par.,  XXV,  mai,  n°  5,  p.  150-164,  11  Fig;  n°  6,  juin,  p.  199-211,  10  Fig]. 
—  Tiré  à  part,  Par.,  1915,  in-8°,  36  p.,  21  Fig. 


348  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Baudouin  (Marcel).  —  Le  Casse-Tête  naviforme  du  Champ  Saint  Père  et  ceux 

de  Vendée  [Extr.  Bull.  Soc.  Préh.  Franc.,  1915,  XII,  24  juin,  n<>  6,  291-302, 

9  Fig.].  —  Paris,  1915,  in-8°,  12  p.,  9  Fig. 
Jacquot  (L.).  —  Huileries  romaines  de  la  région  de  Sétif  [Extr.  Rec.  cl.  Not. 

et  Mém.  de  la  Soc.  Arch.  de    Const.,  XL VIII,  1914].  —  Constantine,   1914, 

in-8%  9  p.,  4  Fig. 

Jacquot  (L.).  —  Refuges  aériens  de  Roumane  (Aurès)  [Extr.  Rec.  des  Not.  et 
Mém.  Soc.  Arch.  de  Const.,  XLVIII,  1914].  —  Constantine,  1914,  in-8°,  3  p., 
2  PL  h.  texte. 

Les    Ouvrages    suivants    ont    été    Offerts   par    M.    Fritz    Kessler 

(d'Alsace)  : 

Fleury  (Gabriel).  —  Les  Fortifications  du  Maine  :  Le  Camp  de  Montjoie,  à 

Rahay.  —  Mamers,  1902,  in-8°,  2  Fig.,  12  p. 
Fleury  (Gabriel).  —  Les  Fortifications  du  Maine  :  La  Tour  Orbrindelle  et  le 

Mont-Barbet.  —  Mamers,  1891,  gr.  in-8°,  54  p.,  nombr.  Fig. 

Fleury  (Gabriel).  —  Notices  historiques  sur  Mamers.    Les  Fortifications.   — 

Mamers,  1887,  grand  in-8°,  Fig.,  plans  et  gravures. 
Fleury  (Gabriel).   —  Puits  funéraires  de  la  villa  gallo-romaine  des  Terres 

Noires,  à  Saint-Rémy-des-Monts,  près  Mamers  (S.)  [Extr.  Rev.  hist.  et  arch. 

du  Maine,  1881,  t.  X,  p.  104-124].  —  Mamers,  in-8°,  gr.  raisin,  1881,  24  p., 

9  Fig. 
Fleury  (G.).  —  Ce  qu'étaient   les  Puits  funéraires  [Extr.  Bull.  Soc.  his-t.  et 

arch.  de  VOrne,  1892,  t.  XI].  —  Mamers,  1892,  in-8°,  3  p. 
Fleury  (Gabriel).  —  Une   statuette  équestre  en   bronze   de  l'époque    galio- 

romaine.  —  Mamers,  1886,  in-8%  gr.  raisin,  16  p.,  2  PI.  hors  texte. 
Rostan  (M.  L.).  —  Notice  sur  la  Sainte  Baume.  4e  Edition.  —  Sainte  Baume, 

1899,  in-16°,  127  p. 
Laurin  (abbé  L.).  —  Notice  sur  l'antique  Abbaye  de  Saint- Victor,  de  Marseille. 

—  Marseille,  1915,  in-16°,  56  p.,  nombr.  Fig. 
Peyroux  (A.  du).  —  Les  Alpes  Mancelles.  —  Le  Mans,  1861,  in-8°,  361  p. 
Revista  de  Menorca,  Mahon  (Espagne),  1915,  t.  X  [Extr.  Trad.  esp.  de  l'Article 

de  F.  Kessler  sur  les  Mégalithes  des  lies  Baléares]. 


Admissions  nouvelles. 

Sont  proclamés  Membres  de  la  S.  P.  F.,  pour  1915,  MM.  : 
Ridola  [Docteur  Domenico],  Sénateur  du  Royaume  d'Italie,  Matera, 
province  de  Potenza  (Italie).         [Léon  Coutil.  —  Marcel  Baudouin] 
Loppé  (Docteur),  D.  M.,  Conservateur  du  Muséum  d'Histoire  natu- 
relle, 56,  rue  Chaudrier,  La  Rochelle  (Charente-Inférieure). 

[A.  de  Mortillet.  —  Marce  Baudouin]. 

Membres  Donateurs. 

Conformément  aux  Statuts  est  proclamé,  à  nouveau,  Membre  Dona~ 
teur  de  la  Société  Préhistorique  Française,  M.  Lebel,  Vice-Président 
en  exercice,  auteur  d'un  nouveau  Don,  supérieur  à  cent  francs. 

De  très  vifs  applaudissements  ont  accueilli,  à  la  séance,  cette  déci- 
sion du  Conseil  d'Administration. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 


349 


Mémoires  de  la  S.  P.  F. 

Le  Tome  III  des  Mémoires  de  la  Société  Préhistorique  Fran- 
çaise, a  paru  en  Octobre  1915  et  a  été  envoyé  à  tous  les  Souscripteurs 
de  ce  Volume. 

Il  renferme  de  très  importants  travaux  de  MM.  L.  Rousseau, 
A.  Cousset,  Dr  Marcel  Baudouin,  Dr  Ballet,  Léon  Coutil,  pourvus 
d'une  illustration  extraordinairement  abondante  et  soignée. 

Élections  de    1916. 

Par  décision  du  Conseil  d'Administration  de  la  Société  Préhistorique 
Française  en  date  du  28  Octobre  1915,  il  n'y  aura  pas  d'Élections  pour 
1916,  vu  la  persistance  de  l'Etat  de  Guerre. 

Dons  à  la  S.   I*.  JF. 

M.  A.  Guébhard  envoie  à  la  Société,  pour  ses  Collections  :  1°  une 
Pointe  de  flèche  en  silex,  trouvée  à  la  Commande  de  Jabron,  près  Camps 
(Var)    (Fig.    1;    I);  2°  un  fragment  de    Ciseau  en  pierre  verte,  polie, 


LA  COTA  MANDE 
cfe   Jabron. CoMPs 

(  Var) 


l .  —  Pièces   préhistoriques,  offertes  à  la 
S.  P.  F.  par  le  D'  A.  Guébhard. 
Echelle  :  Grandeur  naturelle. 


ROBIOTsr/BASSES-ALPES 


provenant  de  Valcros,  commune  du  Bourguet  (Var)  (Fig.  1  ;  II)  ; 
3°  un  Grattoir,  trouvé  posé  sur  une  grosse  roche  en  saillie  dite  Roucas 
blanc,  visible  de  très  loin,  et  servant  présentement  de    borne  interdé- 


350  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

partementale  entre  Le  Bourguet  (Var)  et  Robion  (Basses-Alpes),  qui 
avait  dû  frapper  doublement  l'imagination  des  Préhistoriques  par  sa 
situation  éminente  et  par  la  nature  spéciale  de  son  calcaire  lacustre 
lutécien,  tout  pétri  d'inclusions  siliceuses,  qui,  précisément,  four- 
nissent la  matière  des  rares  pièces  taillées  trouvées  dans  la  région 
(Fig.  1;  III);  4°  quelques  éclats,  semblant  bruts,  de  ce  même  silex, 
rencontrés  dans  des  conditions  géologiques  et  orographiques  excluant 
tout  autre  hypothèse  que  celle  d'un  apport  —  et  par  conséquent  d'une 
utilisation  —  par  l'Homme, 

Nécrologie. 

L.  Thiot  (de  Marissel,  Oise). 

Notre  Collègue,  L.  Thiot,  de  Marissel,  près  Beauvais  (Oise), 
est  décédé  subitement  fin  octobre  1915,  d'un  accès  d'angine  de  poi- 
trine, à  l'âge  de  67  ans. 

Membre  de  la  Société  Préhistorique  Française  depuis  ses  débuts, 
M.  Thiot  était  Membre  du  Conseil  d'Administration  et  Délégué  pour 
Y  Oise  de  cette  Société,  dont  il  fut  jadis  l'un  des  Vice-présidents  pour 
la  Province.  —  Il  était  aussi  Membre  du  Conseil  d'Administration  du 
Musée  de  Beauvais. 

L.  Thiot,  inspecteur  des  Postes  en  retraite,  laissera  un  grand 
vide  dans  l'Oise,  car  son  activité  réglée  s'étendait  à  bien  des  travaux 
historiques  et  scientifiques.  Né  à  Rousseloy,  fils  de  l'instituteur  de 
Bury,  il  fit  sa  carrière  postale  tout  entière  à  Beauvais,  ayant  même 
servi  en  1870-71,  à  titre  civil,  dans  l'armée  de  la  Loire,  aux  côtés  de 
Chanzy.  Fonctionnaire  précis,  exact,  compétent,  il  fut  un  modèle  de 
conscience.  Archéologue,  Préhistorien,  il  se  forma  d'abord  à  l'école  du 
Dr  Auguste  Baudon  (de  Mouy-,  père,  qu'il  aimait  particulièrement. 

Historien  local,  il  avait  une  préférence  marquée  pour  les  études  de  la 
Révolution;  et  il  fournit  plusieurs  articles  à  la  Revue  de  M.  Aulard. 
Tout  ce  qu'il  faisait  portait  la  marque  d'un  esprit  curieux,  solide  et 
rigoureux. 

Avec  notre  ami,  le  Dr  Baudon  fils,  Député,  ilnous  avait  rendu  de  si- 
gnalés services,  lors  de  l'organisation  du  Congrès  préhistorique  de 
France,  à  Beau  vais,  en  1909. 

Il  est  l'auteur  de  nombreuses  publications  préhistoriques,  parues 
dans  nos  Bulletins,  les  volumes  de  nos  Congrès,  et  dans  les  revues  de 
l'Oise. 

Nous  adressons  à  Mme  L.  Thiot,  préhistorien,  qui  prend  sa  place 
dans  notre  Société,  l'expression  sincère  de  nos  vifs  compliments  de 
condoléances. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  351 

M.  le  Pr  Gaston  Vasseur,  professeur  de  Géologie  à  la  Faculté  des 
Sciences  de  Marseille,  Docteur  ès-sciences,  correspondant  de  l'Ins- 
titut, auteur  de  plusieurs  Mémoires  d'Archéologie  relatifs  à  la  Pro- 
vence, et  en  particulier  de  recherches  sur  la  Céramique  pré-romaine 
de  la  région  de  Marseille  est  décédé.  Il  suivit  divers  de  nos  Congrès 
préhistoriques.  Géologue  éminent,  M.  G.  Vasseur,  qui  était  collabora- 
teur à  la  Carte  Géologique  de  France,  est  l'auteur  d'une  thèse  de 
doctorat  ès-sciences  extrêmement  remarquable  sur  les  Terrains  ter- 
tiaires de  l'Ouest  de  la  France,  qui,  très  jeune,  établit  sa  réputation, 

Présentations  et  Communications. 

A.  Guébhard  (Alpes-Maritimes).  —  Un  nouveau  Critère  de  l'utilisa- 
tion des  Silex  non  taillés. 

P.  de  Givenchy  (Paris).  —  Réflexions  sur  un  Ciseau  néolithique 
offert  par  A.  Guébhard  à  la  Société  Préhistorique  Française  et  prove- 
nant du  Var.  —  Discussion  :  A.  de  Mortillet  [Cf.  Fig.  1;  II,  p.  349]. 

A.  L.  Harmois.  —  Sur  quelques  Coutumes  locales,  Supertitions  et 
Survivances  antiques,  etc.,  de  la  Bretagne. 

A.  L.  Harmois  (Paris).  — Note  sur  un  Ciseau  néolithique  et  plusieurs 
Haches  polies  actuelles,  provenant  de  la  Guyane  française. 

Bossavy  (Versailles,  S.-et-O.).  —  Découvertes  de  Sépultures  méro- 
vingiennes dans  les  Tranchées,  en  Seine- et- Oise  [Umbos  de  Bou- 
cliers, etc.].  —  Discussion:  L.  Coutil;  A.  de  Mortillet. 

A.  Guébhard  (Alpes-Maritimes).  —  Découverte  de  gisements  néoli- 
thiques à  la  Commande  de  Jabron,  à  Camps  [Var],  au  Bourguet  [Var), 
et  à  Robion,  par  Castellane  (B.-A.).  —  Discussion  :  Marcel  Baudouin. 

L.  Jacquot  (Grenoble).  —  Contamporanéité  des  Armes  en  bronze 
et  des  Armes  en  pierre. 

J.-B.  Colleu  (Collinée,  Côtes-du-Nord).  —  Les  Haches-Marteaux 
du  Canton  de  Collinée  (Côtes-du-Nord). 

L.  Coutil  (Eure).  —  La  Céramique  de  l'Age  du  Bronze  du  Lac  du 
Bourget. 

J.  Bourrilly  (Gard)  [Mobilisé  au  Maroc].  —  Découvertes  préhisto- 
riques à  Safsefat  et  Village  de  Grottes  artificielles,  à  Safsefat. 

Fritz     Kessler     (Alsace)    [actuellement     à    Marseille],   —    Etude 
d'ensemble  sur  les  Mégalithes  de  la  Sarthe    [Mission  de  la  S.  P.  F. 
Août-Septembre  1915]. 


352  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

II.  —  NOTES,  DISCUSSIONS   ET  PRISES    DE  DATE. 


Conservation    insuffisante 
des  Monuments  Préhistoriques  classés. 

Nous  avons  reçu  la  lettre  suivante  de  notre  collègue,  Délégué  de  la 
Société  Préhistorique  Française  pour  les  Basses-Pyrénées. 

A  Monsieur  le  Président  de  la  Société  Préhistorique  Française, 

Paris. 
Mon  cher  Président, 

Au  cours  d'un  assez  long  voyage  d'études  à  travers  les  Grottes  ornées  de 
France  et  d'Espagne,  j'ai  eu  l'occasion  de  visiter  la  célèbre  Grotte  de  Niaux,  à 
Niaux,  près  Tarascon-sur-Ariège  (Ariège).  —  Classée  comme  Monument  histo- 
rique, elle  est  sous  la  surveillance  de  l'autorité  forestière. 

En  ma  qualité  de  Délégué  de  la  Société,  je  crois  de  mon  devoir  d'attirer  volfe 
attention  sur  l'état  delà  porte,  qui  en  défend  l'entrée  et  qui  tombe  en  ruines. 

Si  l'on  n'y  met  bon  ordre,  et  malgré  la  surveillance  parfaite  du  garde  fores- 
tier Massart,  les  splendides  peintures  pariétales,  vierges  d'inscriptions  jusqu'à 
ce  jour,  seront  à  la  merci  de  signataires  ignorants  ou  malfaisants. 

J'espère  quMl  vous  sera  possible  de  faire  savoir  à  l'Administration  qu'il  ne 
suffit  pas  de  Classer  un  monument,  mais  qu'il  faut  aussi  en  assurer  la  Conser- 
vation. 

Agréez,  je  vous  prie,  mon  cher  Président,  l'assurance  de  ma  très  haute  con- 
sidération. 

Em.  Passemard, 
Biarritz,  18  octobre  4915. 

Nous  attirons  l'attention  du  Gouvernement  sur  ce  renseignement. 
Il  y  a  urgence. 

Organisation  de  la  Défense  contre  la  Des- 
truction «le»  Vestiges  préhistoriques  en  Es- 
pagne. 

L'Association  espagnole  pour  l'avancement  des  Sciences  s'est  réunie  à 
Valladolid  du  17  au  22  du  mois  d'Octobre  1915.  Dans  sa  séance  du  21, 
la  Section  des  Sciences  naturelles  a  examiné  une  motion  de  M.  Her- 
nandez  Pacheco,  relative  à  la  défense  de  I'Art  préhistorique  et 
des  Gisements  contenant  des  restes  de  V Homme  primitif. 

La  Section  a  fait  sienne  la  proposition  et  a  nommé  une  Commission, 
chargée  de  proposer  au  Gouvernement  les  mesures  qu'il  faut  adopter 
pour  la  conservation  des  Peintures  des  Cavernes,  des  Gisements  préhis- 
toriques   et   des    Monuments    mégalithiques.    On    demande    également 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  353 

l'interdiction  de  laisser  sortir  d'Espagne  les  restes  des  Hommes  fos- 
siles. 

La  Commission  est  présidée  par  M.  le  Marquis  de  Gerralbo,  pré- 
historien bien  connu,  notre  collègue. 

Voici  les  noms  des  personnes  qui  font  partie  de  la  Commission, pré- 
sidée par  M.  le  Marquis  de  Cerralbo.  Ce  sont  :  MM.  le  Comte  de  la 
Vega  de  Selio,  Louis  M.  Vidal,  Ignacio  Bolivar,  Marcel  Rivas  et 
Edouard  Hernandez  Pacheco.  [Con  Dr  Chervin]. 

La  Société  Préhistorique  Française  ne  peut  que  féliciter  les  Préhis- 
torienses  pagnols  de  leur  préoccupation. 

Existence  du  Tribulum  [Herse  à  Silex] 
à  Chypre   (Asie-Mineure). 

M.  Tarbé  des  Sablons  (Paris).  —  Je  signale  le  passage  suivant 
d'un  article  que  M  Jean  Brunhes  (1)  vient  de  publier  sur  l'Ile  de 
Chypre,  offerte  à  la  Grèce.  «  En  quelques  districts  retirés  de  l'île, 
on  voit  encore  battre  le  grain,  selon  les  rites  anciens.  Un  bœut 
faisant  le  manège  traîne  une  Herse  de  bois,  dont  les  dents  sont  des 
Silex  et  sur  laquelle,  pour  faire  poids,  se  tient  toute  droite  une 
femme.  » 

M.  Marcel  Baudouin.  —  Le  même  article  cite  la  culture  du 
Henné,  autrefois  très  répandu  dans  l'île  ;  le  Henné  provient  des 
feuilles  d'un  Arbre,  appelé  Cypre,  du  nom  du  lieu.  —  On  sait  que 
Chypre  fut  aussi  autrefois  un  centre  préhistorique  très  important, 
car  elle  a  fourni  le  premier  Cuivre  d'Orient  (d'où  le  nom  du  Cuivre 
ou  celui  de  l'Ile,  comme  on  voudra). 


Etude  anatoniique  du  Crâne  australien  de  Talgaï, 
de  l'Epoque  glaciaire. 

M.  Marcel); Baudouin.  —  Il  y  a  déjà  quelque  temps  qu'a  été  décou- 
vert en  Australie  un  Crâne  humain  fossile,  qui  a  été  montré  aux 
membres  de  la  Section  d'Anthropologie  de  la  Bristish  Association, 
quand  celle-ci  a  tenu  sa  session  à  Sydney  (2). 

Cette  pièce  a  été  recueillie,  dans  le  sol  d'une  crique,  à  Darling 
Downs,  Queensland,  en  réalité  il  y  a  plus  de  30  ans. 

Les  conditions  de  fossilisation  sont  exactement  les  mêmes  que 
celles  des  restes  de  certains  Marsupiaux  éteints,  trouvés,  dans  la 
même   localité,  au  milieu  de  dépôts  que  les  géologues   considèrent 

(1)  UŒuvre,  Par.,  26  octobre  1915. 

(2)  Bristish  Médical  Journal,  LortJres,  1915,  25  septembre,  p.  479. 


354  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

comme  étant  de  la  période  pléistocène.  C'est  un  crâne  de  jeune 
homme,  qui  a  vécu  au  Queensland,  tandis  que  l'Europe  en  était  à  la 
période  glaciaire.  —  On  l'appelle  le  Crâne  de  Talgaï. 

Lorsque  les  membres  de  la  Bristish  Association  examinèrent  cette 
pièce,  qui  se  trouve  actuellement  au  Muséum  de  l'Université  de 
Sydney,  le  crâne  était  encore  englobé  dans  la  terre,  d'où  il  avait  été 
extrait.  On  ne  voyait  alors  que  la  voûte  palatine  et  les  dents  :  ce  qui 
permit  de  faire  le  diagnostic  de  l'âge  (14  à  15  ans).  Ces  organes 
avaient  des  dimensions  supérieures  à  la  normale. 

La  dent  canine  ressemblait  fortement  à  celle  du  Crâne  de  Pilt- 
down  et  le  palais  à  celui  des  Australiens  primitifs. 

Actuellement  (l),le  crâne  a  été  préparé  par  le  Pr  Wilson  et  toutes 
ses  parties  sont  visibles  ;  or  il  semble  qu'il  a  autant  d'intérêt  que  les 
restes  humains  de  Piltdown  et  d'Heidelberg.  —  On  est  actuellement 
en  train  de  l'étudier  complètement  à  Sydney.        .  j 

Il  serait  à  souhaiter  que  ce  crâne  soit  photographié  et  moulé 
avec  soin  et  que  des  exemplaires  de  ces  deux  documents  soient 
adressés  aux  Musées  préhistoriques  et  anthropologiques  d'Angle- 
terre et  de  France.  —  Les  descriptions  publiées  actuellement  sont 
trop  succinctes  pour  qu'on  puisse  se  faire  une  idée  de  la  race  à 
laquelle  appartient  le  Crâne  de  Talgaï. 


Découvertes    de    Gisements    néolithiques 
dans    le    Var. 

M.  leDrA.  Guébhard  (Saint- Vallier-de-Thiey,  Alpes-Maritimes), 
a  adressé  d'abord,  à  la  Société  Préhistorique  Française,  pour  ses  col- 
lections, un  petit  lot  de  silex  taillés  qu'il  a  recueillis  à  la  Commande 
de  Jabron,  commune  de  Camps  (Var). 

Il  s'agit  d'une  trouvaille  intéressante  qu'il  a  faite  lui-même  à  l'oc- 
casion de  courses  géologiques,  dans  une  région  où  les  stations 
préhistoriques  sont  extrêmement  rares.  —  C'est  la  première  fois  que 
notre  collègue  a  l'occasion  de  faire  une  telle  découverte. 

Les  silex,  dont  les  éclats  sont  patines  de  blanc,  étaient  éparpillés 
sur  le  sol  et  provenaient  d'une  roche  lutécienne  lacustre,  toute 
voisine. 

Toutes  les  pièces  sont  des  éclats  de  taille  indiscutables  ;  et 
quelques-uns  même  de  ces  silex  doivent  correspondre  à  de  petits 
outils   Couteaux  ;  Lames  utilisées  ;  Racloirs  ;  etc.). 

A  signaler  surtout  un  très  beau  spécimen  d'une  sorte  de  petite 
pointe  de  flèche  ou  de  lance  (Fig.  1,1;  p.  349),  ovalaire.  Une  extrémité 

(1)  Nature %  .Londres, -1915,  9  septembre. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  355 

est  pointue  et  mal  taillée  ;  mais  la  base  est  arrondie;  elle  a  été  fabri- 
quée avec  un  éclat  et  travaillée  surtout  du  côté  opposé  à  la  face 
d'éclatement.  Son  poids  est  de  5  grammes. 

Malgré  l'aspect  fruste  de  la  pointe,  il  n'est  pas  possible  qu'il  ne 
s'agisse  là  que  d'un  petit  grattoir  ;  les  retouches  sur  les  deux  faces 
permettent  de  s'en  tenir  au  diagnostic  Pointe  de  flèche.  En  tout  cas,  il 
s'agit  d'un  instrument  Néolithique. 

Dans  un  second  envoi,  il  s'agit  également  de  Silex  taillés  néolithi- 
ques, qui  correspondent  à  divers  éclats,  recueillis  au  Bourget 
(Var).  —  Il  a  dû  y  avoir  là  aussi  une  station  de  la  Pierre  polie. 

Nous  devons  remercier  particulièrement  notre  collègue  L.  Cootil 
d'avoir  bien  voulu  figurer  pour  le  Bulletin  les  pièces  ouvrées 
(Fig.  l;p.349). 


Découvertes  préhis toriques  au  Maroc  Oriental. 


M.  J.  BOURILLY  (Gard), 

[Mobilisée  Safsafat,  Maroc]. 
[Prise  de  date]  (1). 

J'ai  découvert,  depuis  que  je  suis  mobilisé  au  Maroc,  au  moins 
deux  sites  intéressant  la   Préhistoire  et   absolument  inédits. 

L'un  notamment  présente  un  grand  intérêt  au  point  de  vue  du  déve- 
loppement de  l'outillage  et  de  la  technique  dans  cette  partie  de  l'Afrique 
du  Nord.  C'est  un  ensemble  de  Stations,  de  toutes  les  époques,  envi- 
ronnant les  postes  militaires  de  Safsafat  et  d'El  Mizen  (situés  sur  la 
voie  ferrée  Oudja  Taza,  entre  Guercif  et  M'Çoun).  —  Ces  stations, 
importantes  et  distinctes,  sont  jusqu'à  présent  au  nombre  de  8, 
dépendant  de  la  région  Safsafat  (rive  gauche  du  Meloulouj  :  1  sur  la 
rive  droite  [El  Metrad),  1  au  Teniat  el  Beghal  (col  des  Mulets,  sur  la 
piste  dn  Guercif  à  M'Çoun),  vaste  atelier  très  important,  1  aux  envi- 
rons immédiats  du  poste  d'El  Mizen,  et  une  à  la  Kashah  Messaoud. 

Les  restes  siliceux  que  j'ai  recueillis  appartiennent  aux  époques 
Acheuléo-Moustériennes  (coups-de-poing  et  silex  taillés  divers,  en 
place,  dans  les  alluvions  quaternaires  du  ravin  du  Réservoir  à  Saf- 
safat et  de  la  Kashah  Messaoud);  au  Néolithique  ancien  et  à  l'époque 
Berbère.  —  Il  y  a  une  série  d'outils  localisés,  qui  peuvent  établir  une 
transition  entre  l'époque  Acheulèo-Moustérienne  et  le  Néolithique 
ancien. 

Mes  découvertes  dans  la  région  de  Safsafat  s'échelonnent  entre  fin 

(1)  15  septembre  1915. 


356  SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

juin  dernier  et  le- mois  de  septembre  courant.  J'ai  du  reste  fait  une 
communication  à  mes  amis,  MM.  Mazauric  et  Cabanes,  courant 
juillet,  qui  en  ont  parlé  à  la  Société  d'Etudes  d'Histoire  Naturelle  de 
Nîmes.  Je  compte,  à  la  fin  de  la  guerre,  et  après  étude  typologique, 
réserver  un  lot  intéressant  pour  les  séries  comparées  de  la  S.  P.  F. 

Mon  autre  découverte  est  celle  de  Grottes  artificielles,  formant  de 
véritables  villages  intéressants  et  qui  semblent  avoir  été  importants. 
Je  n'ai  malheureusement  pu  faire  aucune  fouille  ni  aucune  recher- 
ches, me  permettant  d'en  fixer  la  date.  Ces  villages  sont  situés  l'un 
autour  de  la  Kouba  sidi  Ahmed  ;  l'autre  derrière  la  Kasbah  aban- 
donnée et  ruinée  de  Bou-Ladgéraf,  auprès  du  Camp  de  ce  nom  (à 
12  kilomètres  avant  Taza). 


Les  petites  Boules  de  Calcaire  et  d'Argile  cuite 
des  Sépultures  gallo-romaines  en  Vendée. 

Par  le  Dr 
Marcel  BAUDOUIN  (Paris). 

A  propos  de  la  communication  de  M.  E.  Bourgade  (Cantal)  sur 
un  Hochet  gallo-romain  (1),  j'ai  signalé  que  l'intérieur  de  cet  objet 
était  occupé  par  de  petites  Boules,  en  argile  cuite;  et  j'ai  alors 
rappelé  que  j'avais  trouvé,  dans  deux  Sépultures,  en  Vendée,  des 
«  Boules  »  analogues,  en  particulier  à  la  Pierre  folle  du  Plessis,  au 
Bernard. 

Ces  temps  derniers,  j'ai  pu  retrouver,  dans  mes  Collections,  les 
dites  pseudo-billes  ;  et  j'ai  constaté  que  j'en  possédais,  en  réalité, 
trois  exemplaires,  le  troisième  provenant  d'une  seconde  sépulture,  le 
Dolmen  de  Gâtine,  à  l'Ile  d'Yeu. 

Ces  objets  ont  bien  été  trouvés  dans  des  Dolmens,  quoiqu'ils  ne 
puissent  être  Néolithiques  ! 

En  voici  une  brève  description  au  demeurant. 

A.  Dolmen  de  Gâtine  (Ile  d'Yeu,  V.)  (2).  —  Bille  tout  *  fait 
sphérique  en  calcaire  ;  très  blanche  ;  fabriquée  certainement  en 
dehors  de  l'île  actuelle  ;  à  surface  bien  régulière,  que  raie  le  cou- 
teau.— Diamètre  :  0m011.  —  Poids  :  2  gr    50. 

(1)  Bull.  Soc.  Preh.  Franc.,  Par.,  1915,  n«  4,  p.  223. 

(2)  Marcel  Baudouin.  -  Les  Mégalithes  de  Gâtine,  à  l'Ile  d'Yeu  (V.).  —  Bull,  et 
mem.  Soc.  d'Anthr.  de  Paris,  1912.  —  Tiré  à  part,  Par.,  1912,  ia-8°  [Voir  p.  371]. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  357 

Dans  ce  mégalithe  a  été  trouvée,  en  même  temps,  un  Disque  perforé 
ou  Anneau,  en  terre  cuite,  brisé,  qui  me  semble  aujourd'hui  n'être 
pas  Néolithique,  mais  gaulois  ou  plutôt  gallo-romain. 

Par  conséquent,  cette  pseudo-bille  peut  très  bien  être  de  cette 
époque  (1). 

B.  Allée  couverte  des  Pierres  folles  du  Plessis,  au  Bernard 
(V.)  (2).  —  Deux  billes,  tout  à  fait  sphériques,  en  argile  cuite,  d'une 
coloration  très  grise,  et  non  pas  blanche  comme  celle  de  Gatine. 

N°  1.  —  Bille  ronde  de  couleur  grise,  très  régulière.  —  Diamètre  : 
0m012.  —  Poids  :  4  grammes. 

N°  2.  —  Bille  ronde,  de  forme  irrégulière.  —  Diamètre  :  0m014.  — 
Poids  :  5  grammes. 

Il  semble  résulter  de  ce  que  nous  savons  désormais  sur  ce  sujet 
que  les  trouvailles  des  Dolmens  du  Bernard  et  de  l'Ile  d'Yeu  ne  peu- 
vent s'expliquer  que  par  l'hypothèse  d'une  Sépulture,  secondaire, 
de  l'époque  Gallo-romaine. 

Au  Bernard,  j'ai  retrouvé  des  traces  indéniables  de  cette  Sépul- 
ture adventice  (Squelette  ;  Céramique;  etc.),  dont,  au  début,  j'avais 
méconnu  la  nature,  comme  je  l'ai  dit  déjà. 

A  Gâtine  (l'Ile  d'Yeu),  par  contre,  tout  étant  démoli,  je  n'ai 
retrouvé  que  de  très  faibles  vestiges  de  cette  seconde  Sépulture 
(Traces  de  fer  ;  Poteries  ;  débris  de  Disque  perforé)  ;  mais  ils  sont 
suffisants,  pour  qu'on  puisse  admettre  cette  hypothèse  (3). 

Celle-ci,  d'ailleurs,  est  seule  susceptible  désormais  d'expliquer  ces 
deux  trouvailles,  car  ces  trois  objets  ne  peuvent  pas  être  Néolithi- 
ques (4). 

(1)  Dans  le  mémoire  relatif  à  la  fouille  de  ce  Dolmen,  j'ai,  tout  à  fait  à  tort,  con- 
sidéré ces  deux  pièces  comme  Néolithiques.  —  Actuellement,  je  les  crois  gallo- 
romaines.  —  D'ailleurs  les  Gallo-romains  ont  séjourné  à  l'Ile  d'Yeu  [partie  Sud  : 
Grunzland]. 

(2)  M.  Baudouin  et  Lacouloumère.  —  L'Allée  couverte  des  Pierres  Folles  du 
Plessis  au  Bernard  (Vendée).  —  Paris,  1904,  in-8°  [Voir  p.  337]. 

(3)  En  1912,  je  n'avais  pas  songé  à  cette  théorie,  pour  expliquer  les  trouvailles 
insolites,  non  néolithiques.  —  C'était  une  faute. 

(4)  C'est  aussi  à  tort  que  j'ai  considéré  autrefois  ces  pièces  comme  des  «  projec- 
tiles de  fronde  ».  —  L'objet  de  E.  Bourgade  prouve  qu'il  ne  s'agit  pas  de  cela  du 
tout! 


358  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

III.  —  ARTICLES  ORIGINAUX 


Observations  sur  une  Hache  on  os,  provenant 
des  fouilles  exécutées  par  l'académie  Mal- 
gache, à  Ampasambazimba  en  190ë  (Mada- 
gascar). 

PAR 

F. -M.  BARTHÈRE  (Madagascar). 

A  la  page  6  du  VIe  volume  du  Bulletin  de  l'Académie  Malgache, 
M.  le  Dr  M.  Fontoynont  alors  président  de  cette  Académie,  signale, 
à  la  suite-  d'un  rapport  sur  les  gisements  fossilifères  d'Ampasam- 
bazimba,  la  découverte,  au  milieu  de  fragments  d'Oepyornis  et  de 
nombreux  os  de  Lémuriens,  d'un  bâton  de  bois  travaillé,  et  un  outil 
en  os,  accompagnant  une  jarre  en  terre. 

Une  gravure  accompagne  l'article;  l'outil  en  os  est  représenté  vu 
de  face  et  désigné  à  la  légende  comme  Hache  taillée  dans  un  tibio- 
tarse  de  Mullerornis  et  le  bâton  de  bois  comme  son  manche  en  bois. 

Dans  sa  description  que  je  reproduis  ci-dessous,  M.  le  Dr  Fontoy- 
nont est  absolument  affirmatif  sur  l'emploi  de  cet  os  et  du  bâton  de 
bois. 

«  Le  morceau  de  bois  taillé,  dont  il  n'a  pas  été  possible  de  déter- 
«  miner  l'essence,  est  très  nettement  un  manche  d'outil.  Il  est 
«  facile,  sur  l'une  des  extrémités,  d'y  voir  les  traces,  produites  par 
«  un  instrument  tranchant  qui  a  servi  à  le  tailler  légèrement  en 
«  pointe  mousse.  Il  mesure  0m52  de  long.  Son  diamètre  est  de  0m03. 
«  L'autre  extrémité  est  cassée;  un  accident  sans  doute,  car  le  fabri- 
«  cant  ou  le  propriétaire  de  l'instrument  avait  dû  arrondir  cette 
«  extrémité.  Cette  arme,  qui  pouvait  servir  également  d'outil,  est 
«  représentée  par  une  hache  taillée  dans  un  tibio-tarse  de  Mulleror- 
«  nis  et  trouvée  tout  à  côté  du  bout  de  bois  décrit  précédemment. 
«  Cette  hache  figurée  ci-contre  est  fort  bien  faite.  Elle  a  un  biseau 
«  avec  une  lame  qui  dut  être  bien  coupante. 

«  L'hypothèse  d'une  fracture  accidentelle  déterminant  cet  aspect 
«  est  inadmissible  ;  car  il  y  a  eu  un  véritable  évidement  d'une  partie 
a  d'un  os  choisi  d'ailleurs,  certainement  pour  en  faciliter  la  taille, 
«  chez  un  Mullerornis.  Une  fracture  n'aurait  pu  donner  ni  la  cour- 
ce  bure  ni  le  poli  qu'on  constate  encore  facilement. 

«  Le  manche  et  la  hache  s'articulent  aisément.  Ils  semblent  bien 
«  faits  l'un  pour  l'autre  » . 

Et  M.  le  Dr  Fontoynont  termine  en  disant  que  cette  découverte 
est  une  preuve  absolue  de  la  présence  de  l'Homme  au  moment  où 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  b&9 

vivaient  nos  grands  Lémuriens,  nos  Oepyornis,  et  où  se  passaient 
dans  le  centre  de  l'île  des  phénomènes  volcaniques  d'une  intensité 
extraordinaire... 

Après  une  telle  affirmation,  j'eus  la  curiosité,  bien  naturelle  pour 
un  archéologue  débutant,  de  voir  cette  hache  et  son  manche;  mais, 
à  l'aspect  de  ces  objets,  loin  d'être  convaincu,  le  doute  sur  leur 
usage  entra  dans  mon  esprit. 

Je  fis  part,  alors,  au  Directeur  des  Musées  de  Tananarive,  de  mon 
intention  de  porter  mes  observations  à  la  connaissance  des  membres 
de  la  Société  Préhistorique  Française  à  seule  fin  de  désillusionner  les 
archéologues  qui  s'intéressent  à  l'histoire  préhistorique  de  Madagas- 
car et  qui  par  le  compte-rendu  de  l'Académie  Malgache  pouvaient 
considérer  le  premier  pas  franchi  depuis  les  fouilles  faites  en  1908. 
L'autorisation  officielle  de  photographier  ces  objets  me  tut  accordée 
immédiatement  ;  et  le  Conservateur  du  Musée,  M.  Maisonneuve, 
ainsi  que  le  secrétaire  de  l'Académie  Malgache,  M.  Lamberton,  se 
mirent  gracieusement  à  ma  disposition  pour  me  faciliter  la  tâche  et 
je  les  en  remercie  très  sincèrement. 

Je  pus  ainsi  à  loisir  étudier  ces  deux  objets  et  voici  les  observa- 
tions faites  à  leur  sujet  et  que  je  crois  utile  de  porter  à  la  connais- 
sance des  Préhistoriens. 

Le  bâton  de  bois  correspond  bien  à  la  description  faite  par  M.  le 
Dr  Fontoynont  (Fig.  1)  ;  mais  on  ne  s'est  peut  être  pas  assez  appe- 
santi sur  la  constatation  qu'il  a  faite  à  l'une  de  ses  extrémités  (A)  et 
qui  prouve  nettement  que  ce  morceau  de  bois  a  été  coupé  par  un 
instrument  tranchant.  Or,  si  l'on  n'a  pu  déterminer  l'essence,  il  est 
facile  de  constater  que  c'est  un  bois  très  dur,  de  ceux  que  les  Mal- 
gaches classent  dans  les  bois  qui  «  endommagent  la  hache  ».  C'est 
dire  que  l'instrument  tranchant  qui  a  servi  à  le  couper  devait  être 
d'une  bonne  trempe  et  en  bon  fer,  ou  peut-être  en  acier,  parfaitement 
aiguisé. 

On  se  rend  compte  facilement  même  de  la  façon  dont  ce  bout  de 
bois  a  été  coupé;  l'individu,  qui  a  voulu  le  détacher  de  la  branche,  a 
fait  plusieurs  entailles  avec  son  couteau  à  main  et  l'a  ensuite  rompu 
en  pesant  dessus;  c'est  ce  qui  indique  nettement  l'extrémité  a  du 
bâton. 

Si  donc  l'indigène  à  ce  moment  possédait  un  instrument  aussi 
parfait  et  aussi  tranchant,  il  est  fort  probable  que  les  haches  devaient 
être  de  même  matière,  fer  ou  acier,  et  que  depuis  longtemps  les 
haches  en  os  si  elles  ont  jamais  existé  à  Madagascar,  avaient  fini 
leur  temps  I 

L'os,  présenté  vu  de  face  comme  dans  la  gravure  du  Bulletin  de 
T  Académie  Malgache  (Fig.  2),  épouse  un  peu  la  forme  d'une  hache, 


360  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

avec  toutefois  beaucoup  de  bonne  volonté;  mais,  si  on  l'examine  de 


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Ft#.  1  à  4.  —  Bâton  et  prétendue  Hache  en  Os,  de  Madagascar  (1). 

profil  (Fig.  3,  1  et  2)  on  ne  peut,  à   mon  avis,  prendre  cet  os  pour 
une  hache;  et,  si  le  bâton  n'avait  pas  été  trouvé  à  côté,  on  n'aurait 


(1)  Les  dessins  ci-dessus  ont  été  faits  d'après   nature  et   d'après  des  agrandis- 
sements de  photographies  et  représentent  environ  le  1/5  delà  grandeur  de  l'objet. 


SOClZTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  361 

peut-être  pas  eu  l'idée  de  le  considérer  comme  tel.  La  difficulté  vient 
de  l'emmanchure;  elle  est  impossible  à  mon  avis.  M.  le  Dr  Fontoy- 
nont  suppose,  dans  sa  description,  que  le  manche  venait  s'adapter 
sous  la  courbure  indiquée  en  a;  mais,  s'il  en  avait  été  ainsi,  l'usage 
en  devenait  impossible,  car  le  manche  placé  sur  le  côté  de  l'outil  et 
non  perpendiculairement  à  la  ligne  médiane,  comme  dans  toutes 
les  haches  de  toutes  les  époques,  aurait  occasionné  à  chaque  coup 
un  choc  en  porte-à- faux,  avec  renversement  de  l'outil;  le  but  de 
l'instrument  n'aurait  pas  été  atteint. 

Il  est  inutile,  je  crois,  de  pousser  l'argument  plus  loin,  pour  être 
convaincu,  que  l'on  se  trouve  en  présence  de  deux  objets  absolument 
étrangers  l'un  à  l'autre;  d'autant  plus  qu'à  la  suite  de  mes  observa- 
tions faites  devant  M.  le  Secrétaire  de  l'Académie  Malgache, 
celui-ci  crut  se  rappeler  qu'un  autre  os  semblable  avait  été  trouvé 
depuis  et  qu'il  avait  même  constaté,  avec  M.  Standing,  Docteur  es 
sciences,  que  l'os  ci-dessus  était  un  éclat  naturel  de  l'extrémité  infé- 
rieure d'un  tibio-tarse  de  Mullerornis  et  que  ce  genre  d'éclatement 
se  trouvait  indiqué  dans  un  assez  grand  nombre  d'os  recueillis  dans 
les  fouilles  d'Ampasambazimba  (Fig.  4). 

Cet  argument  est  formel  et  bien  fait  pour  donner  plus  de  valeur  à 
mes  observations. 

M.  Marcel  Baudouin.  —  On  ne  peut  qu'appuyer  les  judicieuses 
remarques  de  M.  F. -M.  Barthère,  en  ce  qui  concerne  cette  prétendue 
hache.  A  la  séance  delà  S.  P.  F.,  à  laquelle  cette  note  a  été  pré- 
sentée, personne  n'a  reconnu  une  hache  préhistorique  dans  le 
fragment  d'os  en  question. 


*r»»»rc. 


La  Croix  des  Rochers  et  Dalles  à  Cupules 
et  Empreintes  pédiformes. 


G.   GUÉNIN  (Brest). 

Très  souvent,  Ton  rencontre  sur  des  rochers  à  empreintes  ou  sur 
les  dalles  de  certaines  sépultures  dolméniques  des  Signes  cruci- 
formes, qui  paraissent  en  relations  avec  les  Cupules,  et  surtout  les 
Empreintes  pédiformes.  Pour  en  trouver  des  exemples,  il  n'y  a  qu'à 
feuilleter  le  récent  ouvrage,  où  M.  le  Dr  Marcel  Baudouin  accu- 
mule, suivant  son  habitude,  une  si  grande  quantité  de  documents 
d'une  importance   capitale    pour   l'étude   des  antiquités   préhisto- 

SOGIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE.  24 


362  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

riqucs  (1).  C'est  ainsi  qu'il  conviendrait  de  se  reporter  aux  pages  76, 
88,  etc.,  où  figurent  la  Table  de  l'Hypogée  de  Fontvielle  (Bouches- 
du  Rhône),  la  Pierre  de  Lans-le-Villard  (Savoie),  tout  en  se  réfé- 
rant aussi  aux  Epoques  Préhistoriques  du  Finistère,  où  du  Châtellier 
reproduit  l'une  des  dalles  du  Tuniulus  de  Renongar,  en  Plovan, 
entre  autres  exemples. 

La  Croix  n  est-elle  que  la  simplification  de  la  Roue  solaire,  qui  se 
représente  par  un  Cercle,  dans  lequel  est  inscrit  une  Croix  à 
branches  égalesl  Ne  vaut-il  pas  mieux  y  voir  un  autre  signe,  I'Oiseau 
solaire,  que  l'on  aurait  ainsi  stylisé,  faute  de  pouvoir  le  bien  repré- 
senter?—  C'est  cette  hypothèse,  sans  doute  bien  aventureuse,  que  je 
voudrais  pouvoir  exposer  ici,  dans  l'espoir  que  cette  simple  esquisse 
provoquera  des  remarques  nouvelles,  dont  la  Science  préhistorique 
ne  saurait  que  profiter. 

A.  —  Les  Barques  solaires  des  Gravures  rupestres  de  Scandinavie 
présentent,  en  effet,  deux  séries  de  Disques,  les  uns  à  quatre  rayons 
et  les  autres  à  point  central  ou  à  disques  concentriques.  Ce  sont  ces 
derniers  seuls  qui  représentent,  à  mon  avis,  le  Soleil,  contrairement 
à  l'opinion  de  J.  Déchelette.  Comment  se  fait-il  que  les  roues  irlan- 
daises figurées  à  la  page  415  et  celle  du  chariot  de  Trundholm 
n'aient  que  des  disques  concentriques,  reliés  par  d'autres  disques 
beaucoup  plus  petits  ?  D'autre  part,  les  disques  solaires  rattachés 
aux  bateaux  par  des  tiges  n'ont  qu'un  point  central  (Déchelette, 
Fig.  166,  page  419).  11  en  est  de  même  pour  les  Barques  votives  de 
Nors  (Jutlandj  (Déchelette,  Fig.  172;  p.  425);  pour  les  situles  et 
vases  ornés  de  Siem  (Danemark),  d'Hadju-Bôszôrmény  (Hongrie, 
d'Orvieto  et  de  Bologne  (Déchelette,  Fig.  173,  p.  427),  etc. 

Le  seul  exemple  contraire  serait  le  n°  3  de  la  Figure  166  de  Déche- 
lette; or  il.se  trouve  justement  que  ce  n'est  pas  un  Disque  solaire, 
mais  une  rondelle  ordinaire,  ou,  si  l'on  veut,  une  simple  rouelle  ! 

Il  faut,  en  second  lieu,  remarquer  que,  dans  les  Barques  solaires, 
le  disque  cruciforme  (2)  n'occupe  qu'une  place  secondaire.  Les 
disques  solaires  sont  beaucoup  plus  grands,  tandis  que  le  disque 
cruciforme  beaucoup  plus  petit  est  placé  en  arrière,  mais  la  barque 
au-dessus  de  laquelle  il  est  posé  semble  prendre  la  tête  d'une 
théorie  nautique,  et  c'est  là  une  remarque  fort  importante  que  je  ne 
crois  pas  avoir  été  faite.  —  Dans  le  second  exemple,  qui,  cette  fois, 
n'est  plus  norvégien  mais  suédois,  le  disque  cruciforme  est  plus 
grand  que  les  disques  solaires;  mais  là  encore  ce  signe  est  au-dessus 


(1)  Dr  M.  Baudouin.  —  Les  Sculptwes  et  Gravures  de  Pieds  humains  sur 
Rochers.  —  Comptes  rendus  de  l'Ass.  franc,  pour  l'avanc.  des  Sciences,  Congrès 
de  Tunis,  1913.  —  Mémoire  hors  volume. 

(2)  Arch.  préhist.,  II,  lre  partie,  p.  419. 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  363 

d'une  barque  plus  petite  et  qui  précède  très  nettement  les  deux 
navires  solaires.  Il  faut  donc  en  conclure  que  ce  disque  cruciforme 
doit  précéder  le  disque  solaire  et  qu'il  n'a  pas  l'importance  de  ce 
dernier.  —  La  signification  en  serait-elle  donnée  par  les  Figures  178 
et  179  de  Déchelette  représentant  la  première  un  guerrier  '?),  qui 
s'élance  en  avant  et  la  seconde  un  cheval  au  galop.  Sur  le  ceinturon 
du  guerrier  (?)  se  trouve  un  disque  cruciforme  entre  deux  svastikas, 
qui  protègent  la  poitrine  et  les  parties  génitales;  sur  la  croupe 
droite  du  cheval  (1),  qui  est  guidé  par  un  homme  (?)  au  tablier  tim- 
bré d'un  svastika,  le  disque  cruciforme  apparaît  à  nouveau.  Il  semble 
évident  que  ce  signe  solaire  indique  un  mouvement  très  accentué, 
une  course  rapide;  et  c'est  le  point  auquel  je  voulais  arriver. 

De  l'étude  des  symboles  solaires,  décrits  par  Déchelette,  on  peut 
donc  tirer  ces  vraisemblances  :  1°  Le  Disque  cruciforme  n  est  pas  le 
Soleil;  2°  il  le  précède  et  paraît  beaucoup  moins  important;  3°  il  semble 
indiquer  une  course  rapide.  —  Peut-on  pousser  plus  avant  et  à  l'aide 
de  documents  fournis  par  des  sociétés  humaines,  encore  à  l'âge  de 
pierre  ou  dans  un  état  de  civilisation  très  rudimentaire,  arriver  à 
plus  de  précision? 

B.  —  Dans  les  civilisations  pré-colombiennes  d'Amérique,  les 
croix  à  branches  égales,  seules  ou  entourées  d'un  cercle  (2),  repré- 
sentent les  Quatre  Vents.  Le  dieu  mexicain,  Quetzalcôhuatl,  appelé 
aussi  Nahui-Ehecatl,  c'est-à-dire  les  Quatre  Vents,  possède  la  croix 
comme  principal  attribut  ;  il  en  est  de  même  du  dieu  Tlaloc-Chac, 
qui  commande  aux  pluies.  Les  Zunis,  les  Dakotas,  les  Mokis,  les 
Navajos.  les  Sias,  les  Lenapes...  disent  eux  aussi  que  la  croix  est 
le  symbole  des  quatre  points  cardinaux  et  l'attribut  des  divinités  de 
la  pluie  et  du  vent  (3).  Rien  n'empêche  d'attribuer  une  égale  valeur 
aux  croix  et  disques  cruciformes  de  nos  gravures  rupestres,  puisque 
l'on  a  pu  démontrer  qu'il  y  a  complète  identité  entre  certaines  repré- 
sentations graphiques  des  Esquimaus  et  les  Pétroglyphes  suédois, 
notamment  les  fameuses  représentations  des  Barques  solaires  de 
Bohuslaw  (4). 

Or,  très  souvent,  chez  ces  aborigènes  d'Amérique,  qui  en  étaient 
encore  à  employer  les  instruments  de  pierre,  les  quatre  branches  de 
la  croix,  seule  ou  inscrite  dans  un  cercle,  et  les  côtés  du  quadrila- 
tère, qui  circonscrit  le  signe  cruciforme,  sont  terminés  ou  ornés 
par  des  oiseaux  à  cou  et  bec  de  cygne,  de  canard,  d'épervier.  A  ce 

(1)  Le  Cheval  se  dirige  vers  l'Est. 

(2)  Le  cercle  peut  être  remplacé  par  un  quadrilatère  (Dakotas,  par  exemple).  — 
Ce  signe  se  trouve  également  sur  de  nombreux  rochers  à  empreintes  d'Europe 
et  d'Amérique. 

(3)  Cf.  entre  autres  G.  Raynaud  :  Les  nombres  sacrés  et  les  signes  cruciformes 
(Rev.  de  l'hist.  des  rcli#.,  XLIV,  p.  248  et  sqq.). 

(4)  Un.  States  Report  ofnat.  Muséum,  1895,  surtout  la  page  934. 


364  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

sujet,  je  renvois  aux  gorgerins  en  coquillages  du  Tennessee  et  du 
Mississipi  (1).  La  croix,  en  Amérique,  représente  donc  le  Vent,  qui 
aide  à  la  navigation  de  la  barque  solaire,  et,  de  plus  elle  se  trans- 
forme en  protomés  d'oiseaux  symboliques,  qui,  dans  la  mythologie 
des  Indiens,  escortent  la  barque  ou  le  char  solaire  jusque  dans  les 
contrées  du  froid  et  des  ténèbres  (régions  occidentales).  —  En 
Egypte,  plus  d'un  millénaire  avant  Jésus-Christ,  le  soleil  est  repré- 
senté par  un  disque,  et  l'on  trouve  dans  Maspero  (2)  la  figuration 
des  douze  barques  solaires  de  la  journée.  Deux  fois,  le  Dieu  Soleil 
est  représenté  sous  les  traits  d'un  Oiseau  (barques  7e  et  9e  (3)  et 
deux  fois  il  n'a  qu'une  tête  d'épervier  (barques  5e  et  11e).  Le  soleil 
est  d'ailleurs  issu  de  l'œuf  céleste,  que  l'oie  pond  et  couve  à 
l'orient  (4).  Lorsque  le  soleil  s'embarque  à  la  première  heure  du 
jour,  un  oiseau  au  long  bec,  semblable  à  celui  des  gorgerins  d'Amé- 
rique, vole  au-dessus  de  son  bateau  (5).  Les  conducteurs  des 
barques  solaires,  huit  fois  sur  dix  (6),  ont  une  tête  d'oiseau,  et  dix 
fois  sur  douze  des  personnages  du  même  genre  sont  au  gouver- 
nail (7).  //  convient  de  remarquer  que  les  légendes  de  la  Barque 
solaire  égyptienne  expliquent  à  merveille  certaines  scènes  des  Pètro- 
glgphes  suédois.  —  Plus  près  de  nous,  dans  la  Grèce  primitive,  le 
Cygne  est  l'attribut  de  l'Apollon  Hyperboréen,  de  ce  Dieu  qui 
revient  à  Délos,  monté  sur  un  cygne  ou  sur  un  char  conduit  par 
cet  oiseau  migrateur.  Dans  les  vieilles  mythologies  nordiques,  le 
Dieu  solaire  est  accompagné  de  Cygnes  :  ce  qui  explique  qu'en  Scan- 
dinavie les  poupes  et  les  proues  se  terminent  par  des  protomés  de 
cygnes.  —  Il  est  inutile  de  poursuivre  cette  énumération,  alors  que 
l'on  peut  encore  invoquer  les  disques  cruciformes  des  vases  villano- 
viens  toujours  placés  à  côté  de  l'oie  solaire  (8).  Puisque  des  concep- 
tions analogues  se  retrouvent  en  Amérique  et  en  Europe,  et  que  les 
espèces  solaires  sont  absolument  les  mêmes,  pourquoi  les  croix  de 
nos  gravures  rupestres  et  les  disques  cruciformes  ne  désigneraient- 
elles  pas  aussi,  comme  en  Amérique,  les  oiseaux-pilotes  ou  les 
oiseaux-vents  (9)? 
Il  ne  me  resterait  plus  qu'à  démontrer  la  stylisation  de  l'oiseau  et 

(1)  Rep.  of.  naL  Muts.%  1894,  Wilsoh  ;  The  svastika,  ftg.  263-265,  pages  906  et 
sqq. 

(2)  Hist.  anc.  des  peUpl.de  l'Or.,  I,  p.  89. 

(3)  A  remarquer  les  chiffres,  5,  7,  9,  tl. 

(4)  Maspero,  I,  p.  88. 

(5)  Maspero,  I,  p.  161. 

(6)  Sur  la  barque  solaire  pilotée  par  un  oiseau  et  escortée  par  lui   jusqu'à  la 
fente  de  l'Ouest  [Cf.  p.  197,  note  5,  etc.]. 

(7)  Deux  fois  la  barque  solaire  se  dirige  seule,  sans  voiles,  ni  gouvernail. 

(8)  Déchelette,  fig.  174,  n°  4.  —  Arch.  préhist.,  II,  lre  part.,  p.  431. 

(9)  Cf.  la  remarque  précédemment  faite  sur  l'identité  des  représentations  gra- 
phiques des  peuples  Esquimaus  avec  les  gravures  rupestres  de  Suède  et  Norvège. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  365 

sa  transformation  en  croix.  La  chose  existe  en  Amérique;  et 
Wilson  a  depuis  longtemps  remarqué  que  plusieurs  tribus  indiennes, 
entre  autres  celle  des  Dakotas,  représentaient,  bien  avant  la  décou- 
verte de  l'Amérique,  le  vol  des  faucons  et  des  dragons  par  des 
croix.  Il  en  estencore  ainsi  parmi  les  peuplades  Esquimaus,  dont  les 
archets  sont  ornés  (1),  sur  les  côtés,  de  croix  en  lignes,  n'indiquant 
pas  autre  chose  que  des  vols  d'oiseaux.  En  Europe,  cette  démons- 
tration peut  se  faire  également,  malgré  que  je  n'aie  pas  à  ma  dispo- 
sition tous  les  documents  nécessaires.  Sur  le  fragment  d'un  bandeau, 
découvert  à  Syros,  un  oiseau  déjà  stylisé  accompagne  le  disque 
solaire  que  traîne  un  cheval  (2).  C'est  le  premier  stade.  Mais  il  y  a 
mieux,  pour  peu  que  l'on  compare  aux  pierres  gravées  d'Amérique 
certaines  fusaïoles  trouvées  par  Schliemann  à  Troie.  Les  oiseaux 
stylisés  de  Naples  (Illinois)  ont  absolument  la  forme  des  oiseaux  de 
certaines  fusaïoles,  que  Schliemann  découvrit  à  côté  d'autres, 
ornées  de  svastikas,  d'animaux  solaires. 

Conclusion.  —  Si  l'on  se  rappelle  que  j'avais  essayé  d'établir, 
tout  d'abord,  que  le  Disque  cruciforme  précédait  le  Soleil  et  semblait 
indiquer  une  course  assez  rapide,  et  si  l'on  admet  que  la  croix  seule 
était  beaucoup  plus  facile  à  figurer  que  le  disque  cruciforme  sur  des 
rochers  difficiles  à  graver,  mon  hypothèse  devient  assez  plausible. 

La  croix  serait  alors  un  Oiseau  solaire,  dont  la  direction  indique- 
rait le  sens  dans  lequel  le  soleil  se  dirigeait.  Il  serait  curieux  de 
vérifier  si  la  direction  des  Empreintes  solaires  coïncide  avec  celle 
des  Croix  placées  à  leur  côté  ;  s'il  en  était  ainsi,  ce  serait  une  con- 
firmation que  je  n'ose  espérer.  —  Comme  on  l'a  dit,  «  la  Science 
vit  d'hypothèses  ».  Je  fais  la  mienne,  à  tout  hasard,  dans  l'espoir 
qu'elle  suscitera  de  nouvelles  recherches  et  fera  remettre  à  leur  vraie 
place  des  signes,  que  l'on  attribue  peut-être  à  tort  au  Christia- 
nisme (3). 

(1)  Rep.  of  nat.  Muséum  unit.  St.,  1894.  Wilson  :  ihe  swastika,  p.  936,  etc., 
Annual  rep.  of  the  bureau  of  Ethn.,  1888-89,  fig.  1165,  1229.  Cat.  Un.  St.  Nat. 
Mus,  n01  44.211,  45.020,  etc. 

(2)  Dechelette.  —  Arch.  préh.,  t.  II,  1"  part.,  p.  416. 

(3)  11  est  bien  entendu  qu'on  ne  saurait  mettre  en  discussion  ce  point,  définiti- 
vement acquis,  grâce  aux  travaux  de  M.  le  D*  M.Baudouin,  que  les  Empreintes 
solaires  sont  l'une  des  manifestations  du  Culte  du  Dieu-Soleil.  — Mon  petit  travail 
vise  aussi  bien  les  croix  placées  à  côté  de  ces  empreintes  que  les  signes  cruci- 
formes au  voisinage  de  grandes  cupules. 


366  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Un  nouveau  Critère  de  l'utilisation  des  Silex 
non   taillés* 

PAR 

Adrien  GUÉBHARD  (Saint- Vallié-de-Thiey,  A.-M.). 

Au  cours  de  mes  excursions  géologiques,  ayant  presque  constam- 
ment l'œil  fixé  à  terre  pour  la  reconnaissance  du  terrain,  il  est  cer- 
tain que  nul  objet  de  forme  un  peu  spéciale  ne  saurait  m'échapper.  Il 
m'est  arrivé  de  ramasser  ainsi  les  choses  les  plus  extraordinaires, 
depuis  le  grain  de  plomb  du  chasseur  jusqu'à  la  crotte  de  chèvre, 
ceci  presque  quotidiennement.  Et  pourtant,  depuis  trente  ans  que 
je  déambule  par  monts  et  par  vaux,  parcourant  toutes  sortes  d'es- 
paces où  seuls  ont  mis  le  pied  quelques  bergers,  il  ne  m'était  arrivé 
que  trois  fois  de  trouver  des  silex  ouvrés  :  deux  fois  des  haches 
polies,  dans  des  circonstances  psychiques  tellement  particulières, 
que  j'ai  cru  devoir  les  publier  (1)  ;  une  autre  fois  un  joli  fragment 
de  couteau  de  silex. 

Aussi  fus-je  agréablement  surpris,  le  4  août  1915,  en  passant  près 
de  la  bergerie  ruinée  de  la  Commande,  près  Jabron,  commune  de 
Comps  (Var),  d'apercevoir  une  ravissante  pointe  de  flèche  (Fig.  1  ; 
p.  349),  déforme  ovale,  un  peu  grande  cependant,  me  parut-il  (00m34 
de  longueur  sur  0m025  de  largeur),  pour  l'emploi  et  pour  la  qualifica- 
tion. Heureux  de  l'offrir  aux  collections  de  la  Société  préhistorique 
française,  j'en  laisse  l'étude  technique  à  plus  compétent   que  moi. 

Mais  ce  fut  le  point  de  départ  de  remarques  d'un  ordre  général 
qu'il  me  paraît  utile  de  signaler. 

Dans  le  voisinage,  je  trouvai  épars,  clairsemés,  d'autres  frag- 
ments, du  même  silex,  de  même  patine,  dont  la  provenance  me 
parut  toute  voisine,  d'un  calcaire  lacustre  lutécien,  affleurant  à  quel- 
que cinquante  mètres  de  là.  Aussi,  après  en  avoir  recueilli  sur 
place  quelques  fragments,  comme  simples  témoins,  pour  moi  pure- 
ment minéralogiques,  nullement  industriels,  ne  fus  je  pas  autrement 
étonné  d'en  rencontrer  à  des  distances  de  plus  en  plus  grandes, 
mais  où  le  géologue  qui,  même  dans  ceux  de  ces  fragments  qui 
présentaient  certaines  commodités  de  préhension  ou  d'utilisation, 
ne  voulait  voir  que  des  éclats  absolument  naturels,  pouvait  s'en 
expliquer  la  présence  par  celle  d'un  poudingue  miocène,  assez 
répandu  dans  ces  parages,  et  qui,  beaucoup  plus  récent  que  toutes 
les   roches  environnantes,  est  formé  principalement  de  leurs  frag- 

(1)  A.  Guébhard.  —  Sur  révocation  psychique  des  objets  réels.  — Anna/es  des 
Scienees psychiques,  V,  1895,  p.  129-135;  XIV,  1904,  p.  204-15. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  367 

ments,  parmi  lesquels  les  siliceux  sont  toujours  les  mieux  conser- 
vés. 

J'insiste  là-dessus  et  sur  ce  que,  personnellement,  je  n'apercevais 
dans  ces  cailloux  aucun  rapport  avec  l'homme.  Mais  mon  attention 
se  trouvait  éveillée  et  ce  fut  dès  lors  une  surprise  nouvelle  que  d'a- 
percevoir, de  loin  en  loin,  et  quelquefois  par  groupes,  des  fragments 
du  même  silex,  dans  des  endroits  où  aucune  possibilité  ni  géolo- 
gique, ni  orographique,  d'apport  naturel  ne  pouvait  être  acceptée. 
Alors  ? 

Si  aucune  cause  naturelle  ne  peut  avoir  ainsi  transporté,  surtout 
à  l'état  isolé,  ces  fragments  de  roche  loin  de  leur  point  d'origine,  ne 
fut-ce  qu'à  quelques  kilomètres,  même  quelques  centaines  de  mètres, 
en  ces  pays  extraordinairement  tourmentés  des  Basses-Alpes  où 
toute  distance  à  vol  d'oiseau  se  trouve  bien  plus  que  doublée  par  les 
ravins  et  précipices  ;  alors,  c'est  évidemment  que  l'homme  les 
y  a  portés  ;  et  s'il  les  a  portés,  c'est  qu'ils  lui  étaient  utiles, 
c'est  qu'ils  étaient  utilisables,  c'est  qu'ils  ont  été  utilisés.  En  vain 
l'œil  géologique  protestera-t-il  qu'aucun  signe  ne  subsiste  de  cette 
utilisation  ;  il  suffit  qu'il  y  ait  eu  utilisabilité  pour  que,  dans  de  telles 
conditions,  la   raison  permette  d'affirmer  qu'il  y  a  eu  utilisation. 

Et  voilà  comment  je  me  suis  mis  à  ramasser  de  temps  à  autre 
des  petits  silex  qui,  n'étant  rien  par  eux-mêmes,  tirent  toute 
leur  signification  de  la  place  où  je  les  ai  aperçus.  Peut-être  révéle- 
ront ils  à  moins  sceptique  ou  plus  à  l'œil  que  moi  ces  traces  posi- 
tives d'utilisation,  qui  échappent  à  mon  inexpérience.  Je  n'en  ai  pas 
besoin,  quant  à  moi,  pour  demeurer  persuadé  qu'ils  ont  servi 

Mais  fut-ce  seulement  aux  époques  où  la  taille  proprement  dite 
était  inconnue?  Le  fait  de  la  rencontre  d'une  pointe  néolithique  ne 
permet-il  pas  d'imaginer  qu'en  même  temps  que  les  objets  finement 
travaillés  l'homme  ne  dédaignait  pas  d'utiliser  ceux  qui,  sans 
travail,  pouvaient  dans  toute  la  fraîcheur  du  fil,  remplir  quelque 
office  (1)  ? 

Voilà  pourquoi,  au  sujet  de  ces  outils  certains  de  l'homme  primi- 
til,  je  me  garde  de  prononcer  le  mot  à'Eolithes.  Ils  peuvent  parfai- 
tement, à  mon  avis,  être  contemporains  des  fabricants  de  ma  jolie 
pointe  de  flèche,  ou  du  fin  couteau  de  Séranon  (actuellement  dans 
la  collection  Paul  Goby,  à  Grasse),  tous  deux  de  la  même  patine 
blanche. 

Mais,  sans  entrer  dans  la  grande  dispute  à  propos  deséolithes  eux- 


(1)  C'est  précisément  au  voisinage  d'un  grand  Castelar,  absolument  ignoré,  que 
j'ai  fait  quelques  rencontres  de  petits  silex  blancs,  au  milieu  d'argiles  bauteri- 
viennes  où  certains  bancs  calcaires  renferment  bien  de  grands  silex,  mais  gris,  de 
qualité  tout  à  fait  mauvaise  et  ne  donnant  jamais  d'éclats  de  ce  genre. 


368  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

mêmes,  il  m'a  paru  intéressant  d'apporter,  d'une  manière  toute  désin- 
téressée, et  simplement  pour  rendre  hommage  à  la  vérité  scientifique, 
un  argument  géologique,  au  moins  aussi  valable  que  celui  des  broyeurs 
de  Mantes,  qui  me  paraît  irréfutable  en  faveur  de  l'utilisation  cer- 
taine par  l'homme,  à  quelque  stade  de  son  développement  que  ce 
puisse  être,  des  simples  éclats  naturels,  ou  grossièrement  préparés, 
du  silex  qui  présentait  les  qualités  nécessaires. 

P.  S.  —  Depuis  que  ces  lignes  ont  été  écrites,  j'ai  renouvelé  main- 
tes fois  ces  trouvailles  isolées  d'éclats  exotiques  de  silex  bruts  (ou 
me  paraissant  tels),  dans  des  conditions  locales  excluant  toute  autre 
possibilité  de  provenance  que  par  l'apport  de  l'homme.  Dans 
ceux  que  j'envoie  à  la  Sm  P.  F.  peut-être  un  regard  mieux  adapté 
que  le  mien  découvrira-t-il  une  forme  d'instrument  ébauché.  Mais 
cela  est  plutôt  exceptionnel  et  je  m'en  veux  presque  d'avoir  fait  un 
choix  sur  d'aussi  grossières  apparences. 

M.  Marcel  Baudouin.  —  Si  j'en  juge  par  les  Silex  que  M.  le 
Dr  Guébhard  a  adressés  à  la  Société  Préhistorique  Française  et  auxquels 
il  fait  allusion  dans  cette  note  intéressante,  il  est  indiscutable  qu'il 
s'agit  là  d'éclats  de  taille,  et  probablement  de  débris  de  l'époque 
néolithique. 

Notre  collègue  a  donc  bien  raison  de  mettre  en  relief  l'intérêt 
réel  de  la  remarque  qu'il  a  faite  à  propos  de  ces  pièces.  Mais  il  est 
de  notre  devoir  d'ajouter  que  ses  judicieuses  réflexions  ne  peuvent 
guère  s'adresser  qu'aux  Géologues  purs.  Il  y  a  longtemps,  en  effet, 
que  les  Préhistoriens,  collectionneurs  de  silex,  surtout  dans  les 
régions  pauvres  en  vestiges  préhistoriques,  se  sont  basés  sur  le  fait  en 
question,  pour  affirmer  qu'ils  ne  ramassaient  pas  des  cailloux  quel- 
conques, mais  bien  des  pierres  autrefois  transportées,  maniées,  et 
même  taillées  par  l'Homme  !  —  Pour  mon  compte,  nombre  de  fois 
en  Vendée,  depuis  trente  ans,  j'ai  eu  assez  de  confiance  dans  ce 
Critère  pour  affirmer  le  passage  de  l'Homme  en  des  points  où  jus- 
qu'alors on  n'avait  rien...  découvert. 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  369 

Contribution  à  l'étude  de  l'Ere  monumentale 
préhistorique  :  l'Architecture  mégalithique 
bretonne  et  les  observations  solaires. 


Alf.  DEVOIR  (Brest,  F.), 

Capitaine  de  Frégate. 

Avant-propos.  —  Les  hypothèses  ont  joué  un  rôle  important  dans 
le  développement  de  l'archéologie  préhistorique,  du  jour  où  elles  se 
sont  appuyées  sur  quelques  faits  d'observation;  leur  destinée  est 
toutefois  de  provoquer  et  de  diriger  les  recherches,  puis,  bien  sou- 
vent, de  disparaître  devant  les  résultats  de  celles-ci.  Rares  sont  les 
hypothèses  archéologiques  qui  ont  pu  devenir  des  certitudes;  trop 
nombreuses,  par  contre,  celles  qui, passant  à  l'état  de  dogmes,  cons- 
tituent de  sérieux  obstacles  au  progrès. 

L'étude  méthodique  et  sans  idée  préconçue  de  tout  ce  qui  nous 
est  resté  des  civilisations  antiques  est  autrement  féconde  ;  nous  lui 
devons  la  plupart  des  acquisitions  désormais  incontestées  dont  la 
science  moderne  a  le  droit  de  s'enorgueillir. 

Parmi  ces  acquisitions,  les  suivantes  me  paraissent  utiles  à  rap- 
peler, au  début  du  présent  mémoire. 

1°  Les  époques  les  plus  lointaines,  celles  où  l'homme  vécut  à  côté 
d'espèces  animales  éteintes  ou  émigrées  ne  nous  sont  guère  connues 
que  par  des  instruments  de  dimensions  modérées,  maniables  au  sens 
exact  de  ce  mot  :  le  silex  et  les  variétés  de  quartzite  ;  puis  le  bois  de 
renne,  sont  presque  seuls  employés.  De  très  grands  progrès  se  réa- 
lisent peu  à  peu  dans  le  travail  des  matières  premières  ;  mais  nous 
ne  possédons  aucun  indice  certain  de  déplacements  intentionnels 
de  matériaux  non  périssables  en  grandes  masses. 

Les  races  quaternaires  n'ont  pas  été  au-delà  de  l'utilisation  des 
abris  naturels  sous  roche  :  telle  est,  à  nos  yeux,  la  conclusion  de 
longues  et  patientes  recherches.  Seule  la  juxtaposition  de  figurations 
animales,  sur  les  parois  ornées  de  quelques  cavernes,  donne 
l'impression  d'un  travail  dont  les  dimensions  excèdent  la  taille  de 
l'homme. 

2°  Plus  près  de  nous,  l'industrie  se  manifeste  sous  des  aspects 
tout  différents  :  la  fabrication  des  instruments  se  modifie  et  le  polis- 
sage apparaît;  des  matières  nouvellement  utilisées  se  répandent  sur 
des  aires  très  étendues,  bien  avant  l'aurore  de  la  métallurgie. 

De  tels  changements  indiquent  une  évolution  profonde,  que  carac- 
térisent nettement,  d'autre  part,  des  constructions  grossières,  on  la 
roche  est  employée  en  blocs  énormes. 

3°  La  prédominance  des  matériaux  de  volume  médiocre,  dans  les 


370  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

enceintes  défensives  et  les  sépultures,  et  aussi  l'absence  de  très  gros 
éléments,  sont  justement  considérées  comme  contemporaines  de 
l'introduction  et  du  plein  usage  du  Fer  dans  nos  régions  occiden- 
tales. 

Nous  sommes,  par  ce  qui  précède,  amenés  à  distinguer  dans  la 
succession  des  Civilisations  pré  et  proto-historiques  deux  grandes 
divisions  :  la  première  correspond  aux  temps  où  l'art  d'édifier  des 
constructions  résistantes  en  matériaux  non  périssables  nous  paraît 
avoir  été  inconnu  ;  l'autre  aux  temps  où  cet  art  fut  certainement 
connu  Cette  dernière  se  subdivise  à  son  tour  en  deux  autres,  sui- 
vant que  les  constructions  sont,  dans  leur  ossature,  totalement  ou 
partiellement  mégalithiques,  ou  qu'elles  sont  formées  de  menus 
matériaux,  avec  interposition  d'éléments  moyens. 

Ainsi  se  définit,  parallèlement  à  la  classification  basée  sur  les 
différences  entre  objets  maniables,  une  autre  classification  :  l'absence 
de  constructions  d'une  part  ;  l'évolution  de  l'architecture  de  l'autre, 
en  fournissent  les  repères  principaux.  Toutes  deux  semblent  en 
concordance  pour  les  pays  riverains  de  l'Océan;  on  en  peut  rappro- 
cher l'absence,  puis  l'évolution  de  l'art  du  potier. 

Alors  que  l'archéologie  des  époques  quaternaires  était  presque 
inexistante  et  que  les  graviers  de  la  Somme  n'avaient  pas  encore 
livré  les  restes  de  la  plus  ancienne  industrie  hominienne,  restes 
essentiellement  maniables,  les  édifices  mégalithiques  avaient  depuis 
longtemps  attiré  l'attention  :  quelques-uns  d'entre  eux  avaient  été 
explorés.  Les  objets  recueillis  étonnaient  par  leur  nature  et  par 
leurs  formes  ;  mais  la  masse  des  éléments  mis  en  œuvre  pour  les 
constructions  frappait  encore  bien  plus  les  imaginations. 

Cette  impression  est  d'ailleurs  persistante,  malgré  l'évanouis- 
sement des  légendes  où  Gargantua,  Roland,  les  Fées  et  les  Druides 
tenaient  les  premiers  rôles,  et  en  associant  au  qualificatif  mégali- 
thiques le  mot  Monuments y  la  Société  polymathique  du  Morbihan,  et 
après  elle  le  Congrès  archéologique  de  1867,  ont  été  bien  inspirés, 
comme  le  montre  l'emploi,  depuis  lors  généralisé,  de  cette  expres- 
sion. Ce  sont  bien  en  effet  des  Monuments,  que  nous  montrent  les 
blocs  pesants  des  Menhirs  et  des  Dolmens,  les  amas  terreux  et  pier- 
reux des  grands  Tumulus. 

Aussi  me  paraît-il  rationnel  de  réunir,  sous  le  nom  d'Ere  monu- 
mentale préhistorique  la  suite  des  âges  témoins  de  leur  édification. 

Je  me  propose  d'étudier,  dans  ces  notes,  les  restes  monumentaux 
de  cette  ère  qui  se  sont  conservés  sur  le  sol  breton,  en  utilisant  les 
résultats  d'observations   personnelles  poursuivies  depuis  25  ans,  et 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  371 

en  les  complétant,  pour  ce  qui  est  des  explorations,  d'après  les  pré- 
cieuses recherches  de  M.  Paul  du  Chatellier.  Je  ne  parlerai,  sauf 
rares  exceptions,  que  de  monuments  de  moi  connus  et  m'efforcerai 
de  séparer  ce  que  nous  pouvons  compter  comme  définitivement 
acquis  des  hypothèses  simples  ou  des  déductions. 

Chapitre  Ier.  —  Considérations  générales  sur  l'Architecture 
mégalithique. 

Les  restes  monumentaux  qui  font  l'objet  de  ces  notes  ont  été 
depuis  longtemps  ramenés  à  deux  types  fondamentaux  :  Menhir  et 
Chambre  à  recouvrement  mégalithique,  avec  ou  sans  galerie;  les 
coffres  et  les  chambres  à  ciel  ouvert  semblent  n'être  que  des  simplifi- 
cations du  second  type  (1). 

Les  Menhirs. 

Les  archéologues  du  commencement  du  xixe  siècle  ne  se  sont 
guère  préoccupés  des  menhirs  isolés,  ou  leur  paraissant  tels,  et  se 
sont  contentés,  pour  les  groupes  de  menhirs  rapprochés  les  uns  des 
autres,  de  formuler  des  hypothèses,  généralement  peu  étayées. 

Plus  récemment,  après  les  succès  obtenus  dans  l'exploration  de 
nombreuses  chambres,  des  fouilles  furent  pratiquées  au  pied  de 
quelques  menhirs  ;  leurs  auteurs  espéraient  y  trouver,  avec  des 
instruments  et  des  poteries,  le  secret  de  la  destination  de  ces 
monuments. 

Les  récoltes  ont  été  très  pauvres  et  trop  souvent  les  travaux  n'ont 
eu  que  ce  triste  résultat  de  provoquer  des  ébranlements  et  même  des 
chutes  infiniment  regrettables.  Des  recherches  aux  points  d'implan- 
tation de  menhirs  déjà  tombés  auraient  suffi  à  révéler  les  disposi- 
tions prises  par  les  architectes  préhistoriques  :  aplanissement  de  la 
base  du  mégalithe  et  préparation  d'un  calage,  destiné  à  recevoir 
cette  base. 

Remarquons,  en  passant,  que  de  telles  précautions,  indispensables 
d'ailleurs  en  raison  du  faible  développement  de  la  partie  enterrée 
de  nombreux  menhirs,  dénotent,  de  la  part  de  ceux  qui  les  ont 
dressés,  de  solides  facultés  d'observation. 

Dressage. 

Je  n'entreprendrai  point  de  discuter  ici,  après  beaucoup  d'excel- 
lents auteurs  (2),  les  méthodes  qui  purent  être  employées  pour 
l'érection  des  menhirs  :  le   basculement  sur  tertre  artificiel  dut  être 

(1)  l\  n'est  pas  impossible  que  ces  chambres  aient  été,  à  l'origine,  pourvues 
d'un  recouvrement  en  bois. 

(2)  P.  du  Chatellier.  —  Les  époques  préhistorique  et  gauloise  dans  le  Finistère. 


372  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

l'un  des  plus  fréquents,  l'emplacement  du  pied  'ayant  été  préala- 
blement excavé  et  garni  de  son  calage,  et  la  verticalité  obtenue  par 
traction,  au  moyen  de  cordes,  qui  paraissent  avoir  été  connues  dès 
cette  époque. 

Des  observations  dues  à  M.  du  Châtellier  confirment  d'ailleurs 
ces  hypothèses  et  leur  donnent  une  sérieuse  vraisemblance.  Cet 
archéologue  a  remarqué  en  effet  l'existence  de  terres  remaniées  sur 
l'une  des  faces  de  certains  menhirs  peu  épais,  alors  que,  sur  l'autre, 
les  terres  se  montrent  «  vierges  de  tout  remaniement  ». 

J'ajouterai,  pour  compléter  ce  que  nous  savons  de  l'implantation 
des  menhirs,  que  quelques-uns  émergent  encore  d'un  petit  tertre 
artificiel,  formé  de  pierres  de  volume  médiocre,  mais  que  bien 
plus  nombreux  sont  ceux  qui  ne  sont  entourés  d'aucun  ressaut  du 
sol,  même  s'ils  sont  situés  sur  des  falaises  incultes  et  non  suscep- 
tibles, actuellement,  de  culture. 

Il  existe  enfin  des  menhirs  peu  élevés,  qui  surmontent  de  grands 
tumulus  abritant  une  chambre  mégalithique;  ce  genre  d'implanta- 
tion ne  se  rencontre  que  rarement. 

Matériaux  et  formes. 

Si  Ton  se  place  d'autre  part  au  point  de  vue  des  formes,  quelques 
constatations  méritent  de  retenir  l'attention. 

Tout  d'abord  les  menhirs  empruntés  à  des  gisements  divers  d'une 
même  roche  ont  de  frappantes  ressemblances  :  ceux  de  grès  dur 
sont  généralement  parallélipipédiques,  avec  traces  de  grossier 
clivage  aux  cassures  ;  leur  sommet  porte  parfois,  mais  seulement 
vers  l'un  de  ses  côtés,  une  saillie  qui  en  augmente  la  hauteur  ;  ils 
n'atteignent  qu'exceptionnellement  4  mètres. 

Les  menhirs  en  schiste  sont  larges  et  de  faible  épaisseur  ;  les  pou- 
dingues  et  les  granités  donnent  des  silhouettes  très  variées  avec  des 
surfaces  plus  ou  moins  arrondies,  limitées  par  de  longues  arêtes, 
traces  évidentes  d'éclatements  intentionnels  ;  les  plus  grands 
menhirs  connus  appartiennent  tous  aux  diverses  variétés  de  gra- 
nité. 

La  Bretagne  est  par  excellence  le  pays  des  menhirs  ;  la  plupart  de 
ceux  qu'elle  possède  sont  frustes  ;  les  blocs  utilisés  l'ont  été  sans 
autre  travail  que  celui  qui  fut  nécessaire  pour  les  séparer  du  sol 
sous-jacent  ou  de  la  roche-mère. 

Des  exceptions  existent  toutefois,  et,  chose  remarquable,  seulement 
pour  des  menhirs  de  très  grandes  hauteurs. 

Les  menhirs  à  formes  géométriques  appartiennent  presque  tous 
aux  granités  syénitiques  à  très  grands  cristaux  de  feldspath  ;  leurs 
sections  droitesj  sont  des  courbes  régulières  allongées,  plus  rarement 
des  rectangles  à  sommets  arrondis. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  373 

Le  travail  a  été  poussé  au  point  de  ne  laisser,  sur  des  surfaces 
dépassant  20  ou  30  mètres  carrés  et  parfois  plus,  que  des  saillies  de 
moins  d'un  centimètre;  la  photographie  seule  peut  donner  une  idée 
de  ces  chefs-d'œuvre  des  tailleurs  de  pierre  préhistoriques. 

Les  monuments  de  ce  type  sont  rares  (1);  le  grand  menhir  brisé 
de  Locmariaquer  en  est  un  exemplaire  relativement  peu  régulier  ; 
les  plus  parfaits  sont  localisés  dans  le  Nord- Ouest  du  Finistère  et 
correspondent  au  granité  de  l'Aber  ildut,  dont  le  feldspath  est  rose  ; 
il  est  à  remarquer  que  des  menhirs  de  petite  taille  et  très  frustes, 
formés  de  la  même  roche  se  trouvent  dans  le  voisinage  immédiat  de 
ces  admirables  mégalithes  ;  la  différence  des  deux  styles  —  ce  terme 
n'a  rien  d'exagéré  —  n'en  est  que  plus  saisissante. 

L'érection  de  ces  grands  menhirs  dont  le  volume  hors  du  sol 
varie  de  8  à  20  mètres  cubes  (20.000  à  55.000  kilogrammes)  serait 
considérée  de  nos  jours  comme  une  opération  des  plus  délicates  ;  il 
suffit  de  se  souvenir  de  ce  que  fut  le  dressage  de  l'Obélisque  de 
Louqsor,  pour  estimer  à  sa  juste  valeur  la  science  pratique  des 
architectes  préhistoriques. 

Deux  remarques  nous  autorisent  d'ailleurs  à  penser  que  la  taille 
se  faisait  alors  que  le  bloc  choisi  reposait  encore  sur  le  sol  ;  le 
menhir  de  Kervaon  est  de  formes  parfaitement  régulières,  sauf  à  la 
partie  inférieure  de  sa  face  Sud- Est,  qui  est  restée  fruste  et  peut 
représenter  la  dernière  liaison  avec  la  roche  mère  ;  le  non-achève- 
ment de  la  taille,  sur  une  surface  peu  étendue,  nous  paraît  peu 
explicable,  si  l'on  ne  fait  intervenir  quelque  idée  rituelle  ou  quelque 
tabou,  interdisant  le  travail  de  la  pierre  une  fois  dressée. 

A  70  mètres  au  Nord-Nord-Est  du  menhir  de  Kergadiou,  de  tous 
le  plus  parfait  de  formes,  se  voit  un  énorme  bloc,  dont  la  face  supé- 
rieure, absolument  plane,  fait  avec  l'horizontale  un  angle  de  16°  ; 
sa  longueur  est  de  10  mètres;  la  largeur  de  3  mètres  à  la  partie 
basse,  est  encore  de  2  mètres  à  faible  distance  du  point  le  plus 
élevé. 

Adjacentes  à  la  face  plane  et  de  part  et  d'autre  de  celle-ci  sont 
deux  faces  courbes, très  régulièrement  taillées;  il  en  est  de  même  de 
la  partie  haute  de  la  quatrième,  plane  ou  à  très  grands  rayons  de 
courbure  sur  une  longueur  de  près  de  deux  mètres.  Au  delà  le  reste 
est  fruste  et  à  peine  dégrossi. 

Selon  toute  vraisemblance,  nous  nous  trouvons  en  présence  d'un 

(1)  J'en  connais,  pour  les  avoir  mensurés,  sept  taillés  sur  toutes  leurs  faces  :  ce 
sont,  en  outre  du  grand  Menhir  brisé  de  Locmariaquer  (plus  de  300  t.),  ceux  de 
Kerloas  en  Plouarzel,  Mesdoun  (Ouest),  l'île  Melon,  Kerhouézel,  en  Porspoder, 
Kergadiou  en  Plourin-Ploudalmézeau,  Kervaon  en  Landunvez  (Finistère,  arrondis- 
sement de  Brest),  Saint-Samson  (Ille-et- Vilaine)  ;  et  quatre  autres  partiellement 
taillés, 


374  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

bloc  destiné  à  devenir  menhir  et  dont  la  préparation  a  été  fort  avan- 
cée ;  son  poids  énorme  a  empêché  de  le  disposer  pour  l'achèvement 
de  la  taille  de  la  quatrième  face  et  à  tout  le  moins  de  le  dresser;  ce 
menhir  abandonné  nous  permet  toutefois  d'entrevoir  quelles  purent 
être  les  méthodes  de  travail  suivies  dans  l'une  des  plus  importantes 
parmi  nos  grandes  régions  mégalithiques. 

On  ne  saurait  trop  attirer  l'attention  sur  les  grands  menhirs  à 
formes  géométriques,  qui,  incontestablement,  représentent  à  la  fois 
l'apogée  de  la  taille  du  granité  dur  et  celui  de  la  manœuvre  des  poids 
énormes,  dans  les  temps  préhistoriques.  Aucun  de  ces  monuments 
n'est  propriété  nationale;  la  liste  officielle  en  mentionne  deux,  qui 
peut-être  ont  bénéficié  d'un  classement  effectif! 

Plus  rares  encore  sont  des  menhirs  presque  aussi  lourds,  mais 
tout  à  fait  frustes,  et  d'un  aspect  tout  différent;  ce  sont  les  menhirs 
de  vallées,  dalles  plates  de  granité  ;  plus  larges  que  hautes,  érodées 
par  les  eaux  sauvages  et  qui  paraissent  avoir  été  simplement  redres- 
sées sur  place.  Je  n'en  connais  que  deux  dans  le  voisinage  de  Pen- 
marc'h  (Finistère).  Le  plus  remarquable  est  le  menhir  Nord-Est  de 
Kerscaven,  haut  de  4m20  et  large  de  6  mètres,  sur  lm20  d'épaisseur 
moyenne  (N  C)  (1);  une  sorte  de  saillie  a  été  taillée  à  son  sommet 
ou  du  moins  paraît  intentionnelle;  est-ce  là  que  furent  fixées  les 
cordes  qui  serviront  à  son  érection? 

Me  réservant  de  traiter,  dans  un  autre  chapitre,  la  question  des 
Alignements  et  des  Cromlec'hs,  je  ne  parlerai  ici  de  leurs  éléments 
que  pour  résumer  le  résultat  de  mes  observations  personnelles  sur 
leurs  conditions  d'implantation.  Voici  ce  que  j'ai  constaté.  Toutes 
les  fois  que  la  section  droite  d'un  élément  a  une  dimension  notable- 
ment plus  grande  que  les  autres,  l'érection  a  été  faite  de  façon  que 
cette  dimension  soit  orientée,  ou  à  très  peu  près,  dans  le  sens  de 
l'alignement  ou  suivant  la  courbe  du  cromlec'h  ;  si  celui-ci  est  rec- 
tangulaire, comme  le  sont  les  Enceintes  de  la  presqu'île  de  Crozon 
(Finistère),  l'orientation  de  la  grande  dimension  varie  d'un  côté  à 
l'autre  du  rectangle;  et  je  vais  jusqu'à  penser  que  deux  menhirs  voi- 
sins dont  les  grandes  dimensions  sont  diversement  orientées  doi- 
vent être  considérés  comme  n'appartenant  pas  au  même  Alignement, 
au  même  côté  ou  à  la  même  courbe  de  cromlec'h. 

Les  observations  précédentes  s'appliquent  aussi  bien  aux 
ensembles  mégalithiques  à  grand  développement, —  Alignements  du 
pays  de  Carnac  et  Enceintes  multiples  à  allées  d'accès  de  la  pres- 
qu'île de  Crozon,—  qu'aux  Cromlec'hs  et  Alignements  peu  étendus  de 
la  Montagne  noire  et  du  Léon.  On  remarque  même  qu'à  toute 
inflexion  dans  la  direction  générale  d'un  alignement  correspond  un 

(1)  L'abrévation  (N  C)  indique  les  monuments  non  classés  qui  seront  cités. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  375 

changement  de  l'orientation  de  la  dimension  précitée  ;  de  tels  tracés 
coudés  sont  d'ailleurs  exceptionnels  [Croas  anteurec,  en  Saint-Goazec 
(N  G);  Keréven,  en  Locmaria  Plouzané  (Finistère)  (N  C)]. 

Nous  ignorons  comment  furent  choisis  les  blocs  destinés  à  être 
érigés;  mais  on  doit  reconnaître  que  les  architectes  préhistoriques 
possédaient  des  notions  assez  exactes  sur  les  propriétés  des  roches 
et  sur  leur  localisation;  des  menhirs  importants  se  voient  dans  des 
terrains  granitiques  et  gréseux,  à  proximité  immédiate  de  bandes  de 
schistes  tendres,  complètement  dépourvues  de  traces  de  monu- 
ments. 

Comme  exemples  tout  à  fait  remarquables,  je  me  borne  à  citer  les 
Alignements  du  Toulinguet  (grès  armoricain)  en  bordure  des  schistes 
noirâtres  de  Camaret  (ordovicien  moyen)  et  le  grand  menhir  de  Glo- 
mel,  situé  à  une  centaine  de  mètres  de  la  dépression  séparant  le  gra- 
nité de  Rostrenen  du  vaste  bassin  de  Carhaix  (carboniférien  infé- 
rieur stérile)  (1). 

Dans  les  régions  granitiques,  la  roche  se  présente  fréquemment 
sous  la  forme  de  noyaux  résistants  ou  boules,  érodés  par  les  eaux 
sauvages  et  les  intempéries,  et  reposant  sur  des  soubassements 
constitués  par  des  parties  plus  ou  moins  décomposées  ;  de  tels 
blocs  durent  être  très  largement  utilisés,  soit  dans  leur  état  naturel 
s'ils  ne  montraient  pas  de  fissures,  soit  après  séparation  des  frag- 
ments mal  adhérents  à  la  masse;  de  simples  coins  de  bois,  mouil- 
lés après  forcement,  suffisaient  à  en  provoquer  la  disjonction  par 
éclatement. 

Le  même  procédé  put  être  employé  pour  détacher  de  la  roche 
mère,  dans  les  endroits  où  les  boules  faisaient  défaut,  des  blocs  qui 
y  tenaient  plus  ou  moins  solidement  :  il  en  fut  sans  doute  fait  pareil- 
lement dans  certaines  régions  sédimentaires  où  les  quartzites  appa- 
raissent en  arêtes  vives,  sur  les  lèvres  de  fractures  consécutives  à 
des  plissements  énergiques. 

Ces  remarques  me  conduisent  à  énoncer  un  problème  des  plus 
délicats  :  celui  des  déplacements  possibles  ou  probables  des  blocs 
destinés  à  être  érigés  en  menhirs. 

La  question  des  transferts. 

Les  dits  blocs  ont-ils  été  utilisés  sur  place,  au  lieu  même  d'extrac- 
tion ou  transportés  en  un  point  choisi  d'avance  et  différent  du  pre- 
mier? 

Pour  répondre  en  pleine  connaissance  de  cause  à  cette  question, 

(1)  Des  constatations  de  même  ordre  sont  à  faire  pour  les  dolmens;  celui  du 
Mougau  bian,  en  Gommana,  est  formé  d'éléments  granitiques,  tout  près  du  Dévo- 


376  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

qui  se  pose  à  proprement  parler  pour  chacun  de  nos  menhirs  (1),  il 
faudrait  une  solide  documentation,  appuyée  d'une  compétence  pétro- 
graphique  que  je  regrette  de  ne  point  posséder;  je  me  bornerai  donc 
à  effleurer  ce  sujet. 

Je  dirai  tout  d'abord  que,  dans  les  régions  finistériennes,  qui  me 
sont  familières,  et  où  la  différenciation  des  assises  rocheuses  est 
relativement  facile,  je  n'ai  jamais  constaté,  de  façon  indiscutable,  de 
déplacement  d'une  assise  à  l'assise  voisine. 

Les  menhirs  formés  de  roche  sédimentaire  sont  généralement 
implantés  en  contre-bas  des  arêtes  mentionnées  précédemment  (2); 
la  distance  en  transfert  descendant  n'atteint  que  rarement  150  mètres, 
si  l'on  s'en  tient  à  l'aspect  actuel  du  terrain  ;  s'il  s'agit  de  monu- 
ments complexes,  le  parallélisme  entre  l'arête  et  la  direction  géné- 
rale du  monument  est  réalisé  dans  certains  cas,  nullement  dans 
d'autres. 

Les  menhirs  granitiques  se  trouvent  pour  beaucoup  sur  des  pla- 
teaux où  abondent  les  pointements,  ou  sur  les  bords  de  dépres- 
sions très  peu  profondes  et  riches  en  boules;  mais  le  plus  souvent 
hors  du  voisinage  immédiat  des  roches  naturelles  volumineuses  ;  je 
ne  connais  pas  de  menhir,  si  petit  qu'il  soit,  dominé  par  une  de  ces 
roches  dans  un  rayon  de  quelques  mètres  ou  dizaines  de  mètres  (3). 

L'implantation  sur  le  point  absolument  culminant  d'un  monticule 
est,  d'autre  part,  tout  à  fait  exceptionnelle;  pour  toutes  les  raisons 
précédentes,  il  n'est  pas  irrationnel  d'émettre  cette  hypothèse,  que 
tous  les  menhirs  ont  été  descendus  du  lieu  de  leur  extraction  au 
point  où  nous  les  voyons  aujourd'hui.  Ce  que  nous  savons  des 
calages  montre  de  plus  que  le  dressage  sur  surface  rocheuse  aurait 
été  des  plus  défectueux,  surtout  pour  les  mégalithes  de  grande 
masse. 

Ces  considérations  sur  le  transfert  des  blocs-menhirs  sont  à  rap- 
procher des  résultats  de  mes  observations  sur  les  grands  ensembles 
mégalithiques. 

De  ces  résultats,  qui  seront  développés  dans  un  autre  chapitre,  je 
neveux  retenir,  pour  le  moment,  que  ceci  :  au  temps  où  ces  groupes 
monumentaux  ont  été  édifiés,  les  architectes  préhistoriques  s'astrei- 
gnaient à  suivre  des  règles  de  position,  dont  le  simple  examen  du 
terrain  suffit  à  démontrer  l'existence. 

(A  suivre). 


(1)  La  question  se  pose  de  la  même  façon  pour  les  dolmens. 

(2)  Toulinguet,  Ty  ar  Ghurey  (presqu'île  de  Crozon)  ;  Croas  an  teurec  (Montagne 
noire). 

(3)  Le  grand  menhir  de  Brignogan  ^ou  de  Pontusval,  appartenant  à  l'Etat)  fait 
exception. 


<ll 


SÉANCE  DU  25  NOVEMBRE  1915 


Présidence  de  M.  LE  BEL. 


I.    —     PROCÈS- VERBAL    DE    LA     SÉANCE. 


M.  le  Secbétaire  donne  lecture  du  Procès^verbal  de  la  séance  du 
28  Octobre  1915.  —  Le  Procès-verbal  est  adopté. 

A  propos  du  Procès-verbal,  des  notes  ont  été  envoyées  par 
MM.  L.  Desforges  (Nièvre),  E.  Harlé,  Marcel  Baudouin,  etc.  — 
Elles  sont  insérées  plus  loin. 

Correspondance. 

Lettres  d'Excuses.  —  MM.  A.  Guébhard;  —  Edmond  Hue;  — 
A.  Viré;  —  Socley;  —  Cartereau;  —  A.  Hugues. 


Bibliothèque. 

La    Société  Préhistorique  Française  a  reçu    les    Ouvrages  suivants 
de  MM.  : 

Commont  (V.)-  —  Les  Hommes  contemporains  du  Renne  dans  la  Vallée  de 
la  Somme.  -  Amiens,  1914,  in-8»,  Yvert  et  Tellier,  428  p.,  150  Fig.,  dont 
nomb.  pi.  hors  texte. 

Lejay  (A.).  —  La  station  tardenoisienne  de  La  Condamine,  territoire  de  Lons- 
le-Saunier  (Jura).  —  Lons-le-Saunier,  1915,  in-8°,  8  p.,  2  pi.  hors  texte. 

Lejay  (A.).  —  La  station  néolithique  tardenoisienne  de  La  Condamine,  ter- 
ritoire de  Lons-le-Saunier  [Extr.  IX'  Congr.  Préh.  France,  Lons-le-Saunier, 
1913,  p.  187-192,  4  Fig.].  —  Tiré  à  part,  Le  Mans,  1914,  in-8%  8  p.,  4  Fig. 

Lejay  (A.).  —  Les  sépultures  tumulaires  de  Baregia  et  des  environs  (Jura). 
[Extr.  Revue  préhistor.,  Par.,  1910,  mai,N°  5,  138-142,  1  Fig.].  —  Tiré  à  part 
[artificiel  par  découpage],  1910,  5  p.,  2  Fig.,  in-8°. 

SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE.  25 


378  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Gelos  (Gabriel).  —  Mégalithes  de  l'Anjou:  La  Chaise  des  Morts  [Extr.  Bull., 
Soc.  Prêh.  France,  Par.,  1913,  27  nov.,  1  Fig.].  —  Le  Mans,  1914.  in-8°,  3  p., 
1  Fig. 

Gidon  (Dr  F.).  —  Sur  la  très  ancienne  topographie  de  la  campagne  de 
Gaen  [Extr.  Mém.  de  VAc.  des  Se,  Arts  et  Belles  Lettres  de  Caen,  1914- 
1915].  —  Gaen,  1915,  in-8%  1G  p.,  1  Fig. 

Gidon  (Dr  F.).  —  Tumulus  à  coupoles  et  terres  arables  primitives  dans  la 
campagne  de  Gaen  [Extr.  Bull.  Soc.  d'Antiq.  de  Normandie,  1914].  — 
Gaen,  1915,  in-8°,  H.  Delesques,  7  p.,  1  Fig. 

Gidon  (Dr  P.).  —  Tumulus  néolithiques  à  coupoles  et  régions  agricoles  pri- 
mitives de  la  Basse  Normandie  [Extr.  A.  F.  A.  S.,  Le  Havre  1914,  t.  II, 
663-667].  —  Paris,  1915,  in-8<\  6  p. 

Hure  (MUe  Augusta).  —  Les  Silos  de  Michery  (Yonne)  [Extr.  Bull.  Soc.  Se. 
Hist.  et  Nat.,  de  l'Yonne,  1914,  2e  s.].  —  Auxerre,  1915,  in-8°,  8  p. 

Hure  (Mlle  Augusta).  —  Pointes-grattoirs-retouchoirs  moustériens  [Extr. 
Bull.  Soc.  Préh.  franc.,  Par.,  1915,  25  mars].  —  Le  Mans,  1915,  in -8°,  6  p., 
1  Fig. 

Dubus  (A.).—  Discussion  à  propos  des  Ciseaux  polis  et  à  coupe  cylindrique 
ou  Ovoïde  [Extr.  Bull.  Soc.  Prèh.  Franc.,  Par.,  1914,  23  août].—  Le  Mans, 
1914,  in-8°,  4  p. 

Dubus  (A.).  —  Industries  recueillies  dans  les  briqueteries  des  environs  du 
Havre  (Bléville,  La  Mare-aux-Glercs,  Frileux)  [Extr.  A.  F.  A.  S.,  Congrès, 
Le  Havre,  1914,  p.  619-622].  —  Paris,  1915,  in-8°,  4  p. 

Dubus  (A.).  —  A  propos  des  Musées  cantonaux  et  régionaux  [Préhistorique] 
[Extr.  A.  F,  A.  S.,  Congrès  Le  Havre,  1914,  t.  I,  p.  780-783].  —  Paris,  1915, 
in-8%  3  p. 

Hugues  (Albert).  —  Les  Insectes  dans  le  Folklore  du  Gard  [Extr.  La  feuille 
des  Jeunes  Naturalistes,  Par.,  1914,  ler  juin,  V.,  44e  A.,  N0'  22].  — -  Tiré  à 
part,  Rennes,  3  p.,  in-8°. 

Hugues  (Albert)  et  Roux  (Albert).  —  Folklore  don  Parage  d'Uzès  [Patois 
lojal].  —  Prumilero  Serio.  —  Uzès  (Gard),  Malige,  1915,  in-8°,  40  p. 

Baudouin  (Marcel).  —  Le  Rocher  à  Cupules  et  Rigoles  de  La  Devallée  (N°  II), 
La  Nolandière,  à  l'Ile  d-Yeu  (Vendée)  [Extr.  A.  F.  A.  S.,  Le  Havre,  1914, 
t.  II,  p.  649-663,  8  Fig.  t.  I,  p.  142].  —  Tiré  à  part,  Par.,  1915,  in-8%  16  p. 


Admissions   nouvelles. 

Est  proclamée,  pour  1916,  Membre  de  la  S,  P.  F.,  Madame  : 
Vve  Thiot  (L.),  Marissel,  près  Beauvais  (Oise). 

[Denoyelle.  —  Marcel  Baudouin]. 

Nécrologie. 

J.-B.  Delort  (Gosne,  Nièvre). 

La  mort  impitoyable  vient  encore  de  nous  ravir  l'un  de  nos  plus 
sympathiques  et  de  nos  plus  érudits  collègues,  Jean-Baptiste  Delort, 
Professeur  honoraire,  Conservateur-adjoint  au  Musée  de  Gosne, 
décédé  dans  cette  ville,  le  28  mai  dernier,  à  l'âge  de  75  ans. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  379 

Né  à  Murât  (Cantal),  le  31  juillet  1839,  M.  Delort  fut  successivement 
professeur  de  collège  à  Saint-Flour,  à  Montluçon,  à  Auxerre,  à  Uzès, 
à  Romans,  à  Saint-Claude;  et,  dans  presque  toutes  ces  localités,  il  fit 
de  nombreuses  et  intéressantes  découvertes. 

C'est  à  Saint-Flour  que  naquit  son  goût  passionné  pour  l'histoire 
et  l'archéologie.  C'est  là  qu'il  fit,  en  1877,  les  fameuses  fouilles  de 
l'Oppidum  de  Mons,  qui  lui  valurent  une  médaille  de  bronze  à  l'Expo- 
sition universelle  de  1878  et  une  médaille  d'or  à  l'Exposition  régionale 
d'Aurillac  ;  enfin  les  palmes  académiques  en  1882. 

A  Montluçon,  il  étudia  le  Cimetière  franc  de  Saint-Victor,  où  il 
découvrit  la  belle  inscription  de  Siggeconde  (vie  siècle). 

A  Auxerre,  il  exhuma  la  stèle  d'Apinule,  qui  se  trouve  au  Musée 
lapidaire  de  la  ville,  puis  fouilla  une  vieille  Nécropole  où  la  tombe 
d'un  chef  burgonde  lui  donna  des  bijoux  semblables  à  ceux  de  la 
Collection  Beaudot. 

Dans  la  Drôme,  Saint-Marcel-les-Valence  lui  fournit  la  Vénus  de 
Caraboni. 

Entre  temps  il  publiait  de  nombreux  ouvrages.  — Voici  les  titres  des 
plus  importants  :  Monographie  sur  Saint-Gai,  Saint-Flour,  1876.  — 
Notice  historique  sur  N.-D.  des  Oliviers,  Saint-Flour,  1878.  —  Châ- 
teaux, Nouvelles  et  légendes  d'Auvergne,  Aurillac,  1891.  —  A  travers  le 
Cantal  et  la  Lozère,  Romans,  1891. 

En  1901,  parut  son  grand  ouvrage  :  Dix  ans  de  fouilles  en  Auvergne 
et  dans  le  Centre  de  la  France,  avec  40  planches  et  plus  de  250 
figures,  édité  chez  Rey  et  CIe  à  Lyon. 

Notes  Archéologiques  sur  de  récentes  découvertes  autour  de  Chastel- 
Marlhac.  Aurillac,  s.  d. 

Notes  et  documents  pour  servir  à  l'histoire  de  Condate.  Nevers, 
1908. 

Il  a,  de  plus,  adressé  de  nombreux  mémoires  au  Comité  des  Tra- 
vaux historiques  et  scientifiques  et  à  l'Association  française  pour 
l'Avancement  des  Sciences,  et  publié,  dans  les  journaux  locaux,  sous 
le  pseudonyme  à'Arvernophile,  une  quantité  considérable  d'articles  sur 
la  Préhistoire  et  l'Histoire  des  régions  qu'il  a  habitées. 

Comme  on  le  voit,  sa  vie  fut  bien  remplie.  Tous  ceux  qui  ont 
connu  ce  bel  Arverne,  qui  ont  été  témoins  de  son  labeur,  qui  ont  su 
apprécier  ses  qualités  de  cœur,  regretteront  le  travailleur  infatigable 
à  la  figure  sympathique,  à  l'accueil  bienveillant. 

A  Madame  Delort,  à  ses  enfants,  nous  adressons  l'expression  émue 
de  nos  bien  vives  condoléances. 

A.  Desforges. 

M.  Gustave  Harmois,  architecte,  officier  d'Académie,  Administra- 
teur du  Bureau  de  Bienfaisance  du  XIIe  Arrondissement,  est  décédé 


380  SOCIÉIÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

le  21  novembre  1915,  à  l'âge  de  70  ans,  à  Paris  (Rue  de  Reuilly,  n°26). 

Présentations  et  Communications. 

0.  Guelliot  (Reims).  —  Sculptures  dans  la  craie  de  la  Cham- 
pagne. 

L.  Coutil.  —  Etude  de  V Allée  couverte  de  Vaudancourt  (Oise), 
découverte,  au  début  de  1915,  dans  des  Tranchées  militaires.  —  Discus- 
sion :  Marcel  Baudouin;  A.  de  Mortillet. 

F.  Gidon  (Gaen).  —  L'ancienne  flore  des  Tumulus  de  la  campagne 
de  Caen  :  l'ancien  climat  et  la  submersion  atlantidienne .  —  Discussion  : 
Marcel  Baudouin. 

Marcel  Baudouin  (Paris).  —  Les  Actions  humaines  exécutées  sur  les 
Huîtres  entières  des  Buttes-des-Chauds,  à  Saint-Michel-en-V  Herm  (V.). 
—  Démonstration  de  V existence  d'un  Monument  cultuel. 

R.  Langlassé  (Puteaux,  S.).  —  Dessins  relatifs  aux  Sculptures 
dans  les  Arbres  en  Amérique  et  ailleurs. 

J.-B.  Colleu  (Gollinée,  C.-d.-N.).  —  Découverte  d'un  Casse-tête  et 
d'une  Amulette  à  Saint-Glen  (C.-d.-N.). 

A.  Brasseur  (Gournay,  S.-I.).  —  Galets  biseautés  [Figures). 

A.  Desforges  (Rémilly,  N.).  —  Les  Gravures  pèdiformes  de  la 
Pierre  de  Saint-Maurice,  à  Millay  (Nièvre)  [Figures], 

F. -M.  Barthère  (Tananarive,  Madagascar).  —  Les  Menhirs  de 
l'Emyrne  {Madagascar]  [Nombreuses  Figures], 

Edmond  Hue  (En  mission  aux  Etats-Unis).  —  Note  sur  le  Tic  des 
Chevaux  américains.  —  Note  sur  V Usure  en  cuvette  des  Dents. 

V.  Commont  (Amiens).  —  Les  Hommes  contemporains  du  Renne 
dans  la  Vallée  de  la  Somme. 

Dons  à  In  S.  P.  F\ 

M.  le  Dr  Marcel  Baudouin  a  offert,  pour  les  Collections  de  la 
Société  Préhistorique  Française,  les  Moulages  en  plâtre  suivants  : 

1°  Le  Pas  de  Saint-Cloud,  à  Saint-Cloud  (Seine).—  Sculpture 
obtenue  par  l'adjonction  d'une  Cupule  (Talon),  à  une  Surface  Ovoïde 
polie  (Plante),  sur  Grès. 

2°  Les  deux  Pas  du  Roi  ou  de  François  Ier,  qui  se  trouvent  dans  la 
Forêt  de  Saint-Germain,  entre  Poissy  et  Achères  :  Gravures  au 
Trait,  d'aspect  pédiforme,  avec  cupules  au  talon,  et  avec,  au  centre  de 
l'un  des  Pas,  un  Sabot  dlEquidé,  sur  Calcaire. 

3°  Les  Trois  Sculptures  pèdiformes  de  Clisson  (Loire-Inférieure), 
dont  une  seule  était  jadis  connue  (Le  Pas  de  la  Vierge)  [Surfaces  polies, 
à  Cupules],  sur  Micaschiste. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  &81 

4°  Sculptures  de  trois  Rainures  parallèles  sur  le  Menhir  N°  II  des 
Chaumes,  à  Saint-Hilaire-de-Riez  (Vendée),  sur  Grès  cénomanien. 

5°  Une  Cupule  et  deux  Bouches  des  Blocs-Statues  des  Vaux,  com- 
mune de  Saint-Aubin-de-Baubigné  (Deux-Sèvres),  sur  Granulite. 


II.  —  NOTES,  DISCUSSIONS   ET  PRISES   DE  DATE. 


Discussion  sur  les  Casse-Têtes  naviformes- 

M.  A.  Desforges  (Nièvre).  —  Notre  collègue,  M.  E.  Soudan  (de 
Luzy  (Nièvre),  possède  une  moitié  de  Casse  tête  navi forme,  assez  gros, 
en  Calcaire  je  crois. 

Le  Musée  de  Saint-Germain-en-Laye  en  possède  un  autre,  catalo- 
gué sous  le  n°  31.125,  comme  provenant  de  Moulin  (Allier).  J'en 
possède  la  photographie  ;  il  est  bien  naviforme.  —  Mais  est-il  bien 
de  Moulins  (Allier)  ?  Je  le  crois  de  Moulins  (Nièvre). 


Sculptures  dans  lu  Craie  de  la  Champagne. 

M.  le  Dr  O.  Guelliot  (Reims)  montre  la  reproduction  d'une  pho- 
tographie allemande,  parue  dans  Le  Matin  du  7  novembre  1915.  Elle 
représente  un  Abri  souterrain,  creusé  dans  la  Craie  de  la  Champagne  ; 
sur  une  des  parois  on  a  sculpté,  en  haut  relief,  un  Obus  de  420  ! 

Dans  la  même  région.  M.-J.  de  Baye  a  découvert  et  décrit,  il  y  a 
quarante  ans,  des  Grottes,  également  creusées  dans  la  craie,  demeu- 
res ou  dépôts  mortuaires  des  populations  néolithiques.  Plusieurs 
sont  ornées  de  sculptures  :  figures  de  femmes  très  rudimentai- 
res,  et  surtout  haches  de  pierre  avec  leurs  enmanchures,  qui  se 
détachent  un  relief  très  net  sur  la  roche  de  la  paroi.  On  a  relevé  la 
hache  sur  six  des  sept  grottes  à  sculptures  (J.  de  Baye.  Les  grottes 
à  sculptures  de  la  vallée  du  Petit  Morin  (Marne).  Bulletin  monumen- 
tal, 1875,  p.  358  à  370,  Hg.). 

Ainsi  les  Préhistoriques  de  la  fin  de  l'époque  de  la  pierre  polie, 
se  trouvant  en  présence  d'une  roche  tendre,  facile  à  tailler,  ont 
représenté  dans  la  Craie  l'objet  auquel  ils  tenaient  particulièrement, 
celui  qu'ils  considéraient  comme  leur  sauvegarde. 


382  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

Quatre  mille  ans  plus  tard,  les  Allemands,  redevenus  forcément 
troglodytes,  avec  des  loisirs  forcés  dans  leurs  demeures  souterrai- 
nes, ont  sculpté  dans  la  même  roche  l'engin  qui  est  pour  eux  l'es- 
poir, le  gage  du  succès  :  l'obus  monstre. 

Les  mêmes  conditions  ont  donc  produit  des  effets  semblables  ! 

Je  ne  voudrais  pas  comparer  les  deux  mentalités.  Si  les  Germains 
se  jugent  d'une  civilisation  singulièrement  plus  avancée,  peut-être  les 
Néolithiques  seraient-ils  peu  flattés  d'une  comparaison  avec  les  des- 
tructeurs de  Louvain  et  les  bombardeurs  de  Reims. 


Découvertes    préhistoriques   à   Saint-Glen 

(Côtesdu-Xord). 

M.  J.  B.  Colleu  (Gollinée,  Côtes-du-Nord).  —  A  Saint-Glen, 
bourg  situé  à  7  kilomètres  au  nord  de  Collinée,  j'ai  vu,  chez  M.  Bas- 
set, commerçant,  quelques  objets  de  l'âge  de  la  pierre  et  notamment 
3  pièces  ci-jointes  intéressantes  ;  1°  Un  Casse-tête  en  diorite,  en  très 
bon  état;  2°  Une  Pendeloque  ou  amulette  en  silex  transparent,  cou- 
leur ambre  jaune,  d'une  forme  extraordinairement  régulière  ;  le  trou 
biconique  est  également  remarquable  ;  3"  Une  pointe  de  silex  taillé, 
brun,  dont  la  base  droite  à  0m005  d'épaisseur. 

M.  Basset,  tout  en  chinant  des  chiffons,  demande  et  trouve  aussi, 
quelques  fois,  des  antiquités  d'un  certain  intérêt.  Il  a  été  initié  à  ce 
genre  de  recherches  par  M,  Lemoine,  grand  collectionneur,  à  Lam- 
balle. 

Ces  objets  ontété  trouvés  dans  lesenvirons  de  Saint-Glen.  Au  reste, 
Saint-Glen  est  le  centre  d'un  pays  très  intéressant  pour  les  archéo- 
logues. 


Deux  Enceintes  du  Gard. 

[Prise  de  daie~\. 

M.  A.  Hugues  (Saint-Geniès-de-Malgoirès,  Gard).  —  Deux  Encein- 
tes inédites.  —  1°  Serre  des  Cardaïres.  —  Une  enceinte  circulaire 
couronne  la  colline  de  ce  nom,  située  sur  le  territoire  de  la  commune 
de  Saint-Geniès-de-Malgoirès.  Plan  cadastral  :  quartier  des  Garri- 
gues Fontaine -de*Naval  (d'en  Aval),  Les  murs  épais,  construits  à 
l'aidé  de  grosses  pierres,  s'écroulent  sur  tout  le  pourtour  supérieur 
de  la  colline,  entourant  un  espace  de  3  hectares  environ.  Quelques 
cabanes  ont  dû  s'adosser  à  l'enceinte»  Sur  le  sol  débris  de  poterie 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  383 

grossière,  pierres  de  fronde,  cailloux  du  Gardan,  ayant  servi  à  divers 
usages,  meules  en  granit  très  abondantes.  —  Au  nord  de  l'enceinte, 
sur  la  colline  dite  de  la  Fontaine  de  la  Dragée,  nombreux  murs  pré- 
historiques, remaniés  par  la  culture,  centre  d'habitat  prolongé  avec 
tumulus  et  cabanes  écroulées.  Au  point  de  vue  défensif,  centre 
moins  important  que  celui  du  Serre  des  Cardaïres. 

2° Boucoiran  (Gard)  [Grand  Rang].  — Colline  du  Grand  Rang, 
240  mètres  d'altitude,  carte  de  l'Etat-Major.  Sur  les  pentes  faisant 
face  à  la  plaine,  murs  ayant  servis  de  défense  aux  populations  qui 
s'y  sont  succédées.  Le  rocher  du  sommet,  au  pied  duquel  s'ouvrent 
deux  petites  grottes  entièrement  obstruées,  constituait  le  dernier 
refuge;  il  est  clos  de  murs  sur  les  côtés  où  la  roche  ne  présente  pas 
une  falaise  naturelle.  Débris  de  céramique  de  tous  les  âges. 

L'étude  de  ces  enceintes  et  des  observations  sur  quelques  autres 
feront  l'objet  d'un  travail  plus  étendu. 


Note  sur  un  Ciseau  Néolithique  de  Provence, 


P.  de  GIVENGHY  (de  Paris)  (1). 

Gomme  suite  à  l'étude  des  Ciseaux  Néolithiques,  polis  et  fusifor- 
mes,  notre  collègue,  M. le  Dr  A.  Guébhard,  m'a  envoyé  en  commu- 
nication un  Ciseau  néolithique,  destiné  aux  collections  de  la  Société 
Préhistorique  Française  et  qui  a  été  trouvé  au  Bourguet,  dans  le 
département  du  Var. 

Cette  pièce,  que  notre  collègue  M.  Coutil  a  bien  voulu  dessiner,  et 
qui  est  représentée  ici  (Fig.  1)  grandeur  naturelle,  est  doublement 
intéressante. 

Elle  est  d'abord  en  roche  verte,  probablement  Eciogite.  De  plus  ce 
genre  d'outils,  déjà  rare  en  France,  l'est  encore  plus  dans  le  Midi, 
où  l'on  ne  trouve  guère  que  des  Haches  polies,  qui  elles-mêmes  ne 
sont  plus  très  communes. 

D'après  leur  forme,  leur  dimension,  et  probablement  aussi  leur 
destination,  toutes  ces  pièces  en  roche  dure  paraissent,  en  général, 
avoir  été  confectionnées  avec  des  galets.  Dans  le  Midi,  ces  galets 
en  roches  exotiques  proviennent  des  conglomérats  divers  de  l'épo- 
que tertiaire.  Ces  outils,  ou  ces  roches,  ne  semblent  donc  pas  avoir 

(1)  Présentation  faite  à  la  séance  du  28  Octobre  1915.  -  V' 


384  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

été  apportées   par  voie   commerciale,   ainsi    qu'on   l'a    dit   long- 
temps. 

Le  ciseau  en  question  montre,  sur  une  de  ses  faces,  une  petite 
partie  non  atteinte  par  le  polissage:  ce  qui  permet  d'y  distinguer  à  la 
loupe  une  roche  à  grains  fort  durs  et  serrés.  Et,  comme  me  le  fait  très 
justement  remarquer  M.  Guébhard,  ces  roches  vertes,  que  recher- 
chaient naguère  encore  pour  leurs  belles  pièces  les  insulaires  de 
l'Océanie,  présentent,  pour  le  polissage  et  la 
résistance,  des  qualités  que  n'offre  aucun  genre 
de  silex  dans  les  départements  du  Var  et  des 
Alpes-Maritimes.  Et,  en  effet,  les  autres  petites 
pièces  envoyées  par  notre  collègue  avec  ce 
ciseau  (comme  le  grattoir  et  la  pointe  de 
flèche,  représentés  au  dernier  Bulletin,  p.  349, 
Fig.  I  et  III),  sont  en  silex  lacustre,  bien  plus 
cassant. 

J'ajouterai  que  ce  ciseau,  présentant  égale- 
ment d'un  côté  une  face  légèrement  aplatie, 
rappelle  un  peu,  par  sa  forme,  ceux  que  j'ai 
présentés  en  janvier  1914  (p.  86  du  Bulletin) 
et  qui  appartenaient  à  notre  collègue,  M.  L. 
Giraux. 

Donc,  étant  donné  sa  roche,  ce  petit  outil 
devait  être  excessivement  solide  et  résistant. 
Il  paraît  du  reste  avoir  été  utilisé.  Il  n'est  pas  entier,  et,  du  côté 
opposé  au  tranchant,  il  doit  en  manquer  aumoins  un  bon  tiers,  peut- 
être  même  la  moitié. 

Enfin  c'est  une  pièce  curieuse  et  qui  méritait  d'être  signalée.  Je  ne 
saurais  donc  trop  remercier  M.  le  Dr  Guébhard  de  m'avoir  mis  à 
même  de  pouvoir  présenter  à  la  Société  Préhistorique  Française  cet 
intéressant  et  rare  échantillon  du  Préhistorique  provençal,  dont, 
grâce  à  sa  générosité,  vont  s'enrichir  les  Collections  de  notre  Société. 


Fig.  1 .  —  Cieeau  néoli- 
thique du  Bourguet  (V.). 
—  Dessin  L.  Coutil. 

Echelle  :  Grandeur  natu- 
relle. 


Trésors  cachés  composés  d'une  Vache  en  Or. 


M.  Edouard  Harlk  (Bordeaux).  —  Au  cours  de  mes  excursions 
dans  le  Sud-ouest  de  la  France,  on  me  dit  souvent  de  points 
parfaitement   définis  :    «  Là    est   enterrée   une    Vache   en   Or.  »    — 

Parfois,  au  lieu  d'une  Vache,  c'est  un  Veau  ;  d'autres  fois,  une 
Chèvre  ;  mais  toujours  en  or  ! 

Souvent,  l'on  ajoute  :  «  Ce  sont  les  Anglais,  qui  l'ont  enterrée  là, 
quand  ils  ont  quitté  la  France.  » 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  385 

Je  serais  curieux  de  savoir  quelle  est  l'origine  de  cette  légende. 
—  Pourquoi  une  Vache  ou  autre  ruminant  ;  et  non  pas  un  pot 
rempli  de  monnaies,  par  exemple? 

M.  Marcel  Baudouin.  —  J'ai  donné  la  réponse  à  cette  question, 
déjà  posée  à  Vint,  des  Cherch.  et  Cur.  (Paris,  1915,  LXXII,  p.  139) 
dans  un  numéro  récent  de  la  dite  revue  (20-30  nov.  1915,  p  322-323), 
auquel  je  renvoie  notre  collègue,  M.  E.  Harlé. 

Mais  je  dois  ajouter  que,  depuis  cette  époque,  j'ai  retrouvé  les 
indications  suivantes  :  1°  On  lit  dans  O.  Montelius  (Les  temps 
préhistoriques  en  Suède,  Tr.  fr.,  1895,  p.  275)  :  «  Les  bateaux  des 
Vickings  avaient  souvent  la  proue  surmontée  d'une  tête  de  Bœuf,  en 
bois  ou  en  métal  doré  ».  Or  les  bateaux  des  envahisseurs  nor- 
mands des  côtes  atlantiques  (vme-ixe  siècles)  ont  pu  perdre  ces 
statuettes  sur  nos  rivages,  où  on  a  pu  les  retrouver  depuis,  soit 
perdues,  soit  placées  dans  des  cachettes. 

Il  ne  faut  pas  oublier  d'ailleurs  que  le  Taureau  a  joué,  chez  les 
Normands  comme  chez  les  Celtes,  un  grand  rôle. 

2°  En  tout  cas,  en  Vendée,  il  y  a,  dans  la  commune  d'Angles,  un 
tènement  dit  la  Chapelle  de  la  Motte;  et  un  manuscrit  y  place  «  un 
Veau  d'Or  ».  Or  un  «  Veau  d'Or  »  se  trouverait,  aussi,  dans  un 
Puits,  qui  existe  au  tènement  voisin  dit  de  Y  Eau.  Comme  ce  puits 
est  rempli  de  débris  gallo-romains,  il  pourrait  très  bien  se  faire 
que  ce  fut,  en  réalité,  un  Puits  funéraire,  tout  comme  ceux,  bien 
connus,  de  la  commune  voisine,  Le  Bernard. 

Si  cette  hypothèse  était  vraie,  tout  deviendrait  très  clair,  car, 
dans  tous  les  Puits  funéraires  que  j'ai  touillés,  j'ai  toujours  trouvé 
des  Têtes  de  Bœufs  isolées,  mais  entières,  avec  leurs  deux  Cornes 
[aucune  exception].  Ce  seraient,  dès  lors,  les  trouvailles  faites  dans 
des  Puits  analogues  vidés  (1),  qui  auraient  donné  lieu  à  cette  his- 
toire de  Vache,  YOs  ayant  été  transformé  en  Or  ultérieurement. 

3°  Un  Taureau  de  bronze  a  été  découvert  dans  la  Grotte  de  Bycis 
Kala  (Moravie);  d'autres  ont  été  trouvés  en  Hongrie  et  à  Hallstatt. 
Ceux  recueillis  à  Bythin  (Posen)  sont  pré-romains  et  de  l'époque  de 
La  Tène  [S.  Reinach.  Bronzes  figurés]. 

Les  Taureaux  à  trois  cornes  ont  été  découverts  exclusivement  en 
Gaule. 

4°  On  a  prétendu  (Wackel)  que  le  Culte  du  Taureau  avait  été 
répandu  par  les  Cimmériens  et  que  des  Cimmériens  à  Bordeaux, 
par  Toulouse,  il  n'y  avait  pas  très  loin.  —  Ce  qui  ne  doit  d'ailleurs 
être  qu'un  romani 

D'ailleurs  cette  histoire  de  Vache  d'Or  doit  se  rattacher,  par  un 
lien  qu'il  faut  trouver,  au  fameux  Veau  d'Or  de  la  Bible. 

(1)  On  sait  que  ces  Puits  existent  en  Charente-Inférieure  et  même  jusqu'à 
Toulouse. 


386  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

III.  —  ARTICLES  ORIGINAUX 


La     Céramique    des    Palafittes   du    lac    du 

Bourget  (Savoie). 

PAR 

L.  COUTIL  (Saint-Pierre-du-Vauvray,  Eure). 

La  première  mention  de  recherches  faites  dans  le  lac  du  Bourget 
remonte  aux  20  et  22  juillet  1862  (1). 

M.  Laurent  Rahut  rendit  compte  de  ses  premières  recherches  dans 
la  baie  de  Grésine,sur  l'emplacement  des  pieux  signalés  parle  baron 
Despine,  en  septembre  1857,  lors  de  la  séance  générale  de  la  Société 
Savoisienne  à  Aix.  L'année  précédente,  en  1856,  les  travaux  effec- 
tués pour  la  construction  du  chemin  de  fer  avaient  amené  la  décou- 
verte de  pieux  et  d'objets  divers.  Les  fouilles  de  la  Société  Savoi- 
sienne furent  faites  sous  la  direction  de  M.  Delaborde,  qui  décou- 
vrit des  pieux  à  environ  100  mètres  de  la  rive,  sur  un  espace  de  près 
de  20.000  mètres  carrés,  à  une  profondeur  qui  alors  n'était  que  de 
lm80à2m50;  les  pieux  étaient  groupés  en  rond,  espacés  d'environ 
un  mètre,  parfois  avec  des  interruptions,  souvent  inclinés  et  carbo- 
nisés, la  pointe  avait  dû  être  faite  avec  des  outils  métalliques  ;  ces 
pieux  à  divers  états  de  conservation,  prouvaient  qu'ils  avaient  été  rem- 
placés, et  que  les  sations  ont  du  être  occupées  pendant  longtemps. 
Au  milieu  de  ces  pieux  gisaient  des  quantités  de  poteries  générale- 
ment grandes  et  grossières,  dont  la  pâte  contenait  des  grains  de 
quartz  :  la  destruction  de  la  station  était  due  à  un  incendie,  cette 
disparition  était  aussi  prouvée  par  des"  fruits,  noyaux,  glands,  en- 
veloppes de  châtaignes,  du  blé,  du  millet  carbonisés  et  contenus 
dans  les  vases.  Parmi  les  vases  remarquables  on  peut  citer  la  lampe 
à  quatre  pieds  dont  le  bec  était  fermé  par  une  tige  de  bois,  elle  fut 
trouvée  par  M.  Delaborde  :  il  commença  à  explorer  aussi  les  sta- 
tions de  Tresserve,  en  face  le  Saut  de  la  Pucelle,  qui  lui  donna  une 
hache  en  bronze,  et  celle  de  Conjux. 

Avant  ces  premières  recherches,  dès  1856,  le  Dr  Gosse  (de 
Genève)  et  Troyon  avaient  attiré  l'attention  de  l'Académie  Florimon- 
tane  sur  la  station  de  Roseley,  au  bord  du  lac  d'Annecy. 


(1)  Mémoires  et  documents  publiés  par  la  Société  savoisienne  d'Histoire  et  d'Ar- 
chéologie. T.  VI,  1863,  p.  XLIV  à  XLVIII,  séance  du  29  juillet  1863  ;  mémoire  de 
M.  Laurent  Rabut. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  387 

M.  Buvelot  est  le  premier  qui  ait  remarqué  et  attiré  l'attention 
sur  les  pilotis  lacustres  du  lac  du  Bourget,  à  Grésine,  où  Desor 
pratiqua  des  fouilles  en  1862,  et  ensuite  le  Dp  Davat,  maire  d'Aix; 
ensuite  Charles  de  La  Borde,  de  Segrès,qui  y  recueillit  de  très  belles 
poteries. 

Laurent  Rabut  continua  en  1863  ;  puis  André  Perrin  de  1866  à 
1874;  nous  citerons  encore  Costa  de  Beauregard(l),  Despine,  duc  de 
Chaulnes  (Musée  de  Chambéry),  Revon,  Cazalis  de  Fondouce, 
Chantre..,  les  pêcheurs  du  lac,  Pierre  Dava  (1862),  Vacher  et  Gobert 
propriétaire  du  restaurant  lacustre,  près  du  port,  qui  vendait  aux 
touristes  le  produit  de  ses  recherches  d'hiver.  Pierre  Dava  et  Vacher 
nous  ont  affirmé  que  plus  des  2/3  des  objets  ont  été  soulevés  de  la 
surface  de  la  vase  avec  une  pince,  la  drague  à  mains  n'a  jamais 
creusé  à  plus  de  0m10  à  0m20,  car  la  couche  stérile  de  craie 
lacustre  se  trouvait  en  moyenne  à  0m40  ou  0m45.  Vacher  est 
le  dernier  qui  ait  fouillé  pour  un  archéologue  italien  en 
1900,  et  pour  le  Congrès  préhistorique  de  France  en  1908  ;  Grésine 
et  Conjux  ont  donné  les  plus  jolies  poteries;  Châtillon,  Grésine  et 
Conjux  ont  fourni  les  poteries  ornées  d'étain,  et  cette  dernière  des 
moules  en  pierre  ;  les  poteries  en  couleur  proviennent  de  Grésine, 
Châtillon  et  le  Saut  de  la  Pucelle. 

Nous  devons  mentionner  sommairement  les  diverses  stations  ; 
nous  commencerons  par  celle  qui  a  fourni  le  plus  de  documents,  qui 
a  été  la  première  explorée  et  qui  paraît  avoir  été  la  plus  importante: 
nous  continuerons  par  les  stations  situées  sur  la  même  rive  Est, 
situées  du  côté  d'Aix,  elles  étaient  exposées  au  soleil  toute  la  jour- 
née, ayant  des  berges  basses,  des  champs  cultivables,  Châtillon, 
Grésine,  Meimart,  Le  Saut,  les  Fiollets;  tandis  que  la  rive  Ouest  est 
au  pied  des  abrupts  rocheux,  la  rive  est  plus  profonde  et  rocheuse, 
on  n'y  a  signalé  que  Conjux  et  Charpignat  (Fig.  4). 

1°  Station  de  Grésine.  —  Cette  station  est  la  plus  vaste  et  la 
plus  riche,  elle  se  compose  dé  deux  buttes  reliées  jadis  par  une 
passerelle  retrouvée,  formées  de  cailloux  roulés  et  des  habitations 
incendiées  ;  la  plus  petite  est  située  en  face  la  maison  du  gardien  du 
tunnel,  à  50  mètres  contre  la  voie  ferrée;  l'autre  en  face  de  la  voie 
ferrée  et  l'entrée  du  second  tunnel,  vers  la  tour,  à  150  mètres  de  la 
berge,  on  y  a  recueilli  un  moule  à  deux  faces,  pour   une  poignée 


(1)  Costa  de  Beauregard.  —  Habitations  lacustres  du  lac  du  Bourget  1870; 
*-  Costa  de  Beauregard  et  Perrin.  Catalogué  de  l'exposition  archéologique  du 
départ,  de  la  Savoie,  à  l' exposition  universelle  de  Paris.  1878,  Chambéry,  21  gran- 
des photographies.  —  Mémoires  et  documents  pub.  par  la  Société  Savoisiénne  d'hist. 
et  d'archeol,  T.  VIII,  1864.  —  Laurent  Rabut.  Habitations  lacustres  de  la 
Savoie,  1er  mém.  1863,  p.  79  à  145. 


388  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

d'épée,  et  une  agrafe,  cinq  marteaux  en  bronze  à  douille  et  quelques 
objets  de  bronze,  dont  une  clochette. 

Rabut  pensait  qu'il  y  avait  peut  être  une  troisième  station  plus 
près  de  la  rive;  il  admet  environ  10.000  pilotis,  qui  dépassent  la 
vase  de  0m15  à  0m30  :  la  poterie  y  était  très  nombreuse  et  variée,  des 
grandes  ollas  et  dolium,  des  écuelles,  des  plats,  des  faisselles,  des 
anneaux  et  pesons,  des  grains  de  collier.  On  y  a  trouvé  aussi  du 
néolithique,  marteaux,  disques,  aiguisoirs,  broyeurs;  et  des  haches  de 
bronze,  épingles,  bagues,  fruits  brûlés,  noisettes,  noyaux  de  cerises, 
grains  de  blé,  de  millet,  glands  ;  os  de  cheval,  de  vache,  veau, 
canard  ;  fragment  de  crâne  humain . 

2°  Station  de  Ghatillon,  à  150  mètres  du  rivage;  peu  explorée  et 
située,  comme  la  précédente  dans  une  anse,  à  l'extrémité  Nord-Est  du 
lac,  entre  la  butte  du  vieux  château  de  Châtillon  et  le  pont  du  che- 
min de  fer;  elle  était  couverte  seulement  de  2  à  4  mètres  d'eau  ;  les 
galets  du  tumulus  y  sont  moins  abondants  qu'ailleurs,  les  pieux  y 
sont  aussi  groupés  en  cercle  et  d'autres  sont  groupés  sur  un  côté  du 
tumulus;  ils  dépassent  la  base  de  0m80  à  lm10  et  sont  inclinés  à 
45°  vers  l'Est,  ils  sont  plus  longs  et  mieux  conservés,  peut-être  ont- 
ils  été  remplacés?  L'incendie  les  a  peu  atteints:  on  y  a  trouvé  un 
vase  romain  avec  le  nom  du  potier  SEVERINVSF  ;  des  poteries 
grossières  et  d'autres  très  évoluées  de  forme  et  de  pâte  ;  des  os  de 
mouton,  de  veau,  et  des  grains  de  millet  carbonisés.  Nous  citerons 
surtout  près  de  40  morceaux  de  vases  ornés  de  lamelles  d'étain  ; 
8  moules,  dont  un  de  lance  et  320  objets  de  bronze. 

3°  Station  de  Tresserve,  ou  du  Saut  de  la  Pucelle,  en  face  du 
rocher  du  Saut  de  la  Pucelle;  elle  forme  une  sorte  de  butte  située  à 
près  de  100  mètres  de  la  rive,  sa  profondeur  variait  entre  2  et 
5  mètres  :  les  poteries  trouvées  entre  les  piquets  étaientgrossières  et 
noirâtre,  avec  des  graviers  de  quartz;  plus  loin  dans  le  lac,  les  pilotis 
étaient  plus  apparents  ;  la  poterie  plus  fine  et  parfois  gravée;  des 
fruits,  des  noyaux  et  glands  ont  été  recueillis,  ainsi  qu'une  hache  à 
ailerons,  une  faucille,  une  fibule;  nous  citerons  aussi  une  poutre  de 
7  mètres  avec  de  nombreuses  mortaises. 

4°  Station  de  Conjux,  située  à  180  mètres  du  village  et  en  face  des 
habitations,  il  y  a  des  pilotis  à  45  mètres  de  la  rive,  elle  est  en  partie 
recouverte  par  des  éboulements  de  la  colline  ;  on  y  a  recueilli 
13  moules  en  pierre,  des  couteaux,  haches  à  ailerons  et  à  douille, 
fauciiïes,  marteaux,  épingles,  anneaux  et  boutons. 

5°  Station  de  Bonport,  en  face  du  hameau  des  Fiollets,  près  du 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  389 

château  de  Bonport,  plus  couverte  d'eau  que  les  autres  ;   par  suite, 
elle  a  été  peu  explorée. 

6°  Station  de  Meimart,  située  à  90  mètres  du  rivage  devant 
Saint-Innocent,  près  du  village  de  Meimart,  a  été  à  peine  explorée, 
bien  qu'assez  étendue,  à  cause  de  sa  grande  profondeur  de  5  à 
6  mètres  ;  on  y  a  remarqué  des  pieux  et  pas  de  poteries  à  la  sur- 
face :  elle  a  donné  une  épée  de  bronze,  des  moules  et  fragments  de 
poterie.  M.  Rabut  a  supposé  qu'il  y  avait  une  autre  station  devant 
Grumau  où  se  trouvent  aussi  des  pieux. 

7°  Station  des  FiOLLETS,prèsTresserve,  à  une  profondeur  variant 
entre  4m50  et  6  mètres;  elle  a  donné  des  épingles  et  une  petite  lime, 
au  Musée  de  Ghambéry. 

8°  Station  de  Gharpignat.  On  n'a  signalé  que  quelques  pieux,  près 
du  lac,  mais  aucun  objet  d'industrie  jusqu'à  ce  jour. 


En  1875,  A.  Perrin  alors  conservateur  du  Musée  de  Chambéry, 
mentionnait  près  de  4.000  objets  métalliques,  extraits  des  cités 
lacustres  du  Bourget;  depuis,  un  nouvel  inventaire  a  été  publié  en 
1896  par  M.  Daisay,  qui  lui  a  succédé  comme  conservateur  de  ce 
Musée,  on  y  trouve  plus  que  3.011  objets,  ce  qui  est  encore  un  fort 
intéressant  ensemble  M.R  Munro  arrive  aussi  au  total  de  4.002,  que 
nous  publions  ci-dessous.  Enfin,  en  1911,  Jules  Carotti  a  publié  un 
Catalogue  raisonné  du  Musée  de  Chambéry,  où  sont  mentionnés  les 
objets  les  plus  intéressants,  avec  leur  provenance  et  le  numéro  cor- 
respondant au  Catalogue  d'ensemble  de  J.  Daisay  :  le  catalogue  de 
J.  Carotti  est  très  bien  illustré  et  rédigé.  Depuis  sa  publication,  le 
Musée  a  été  transféré  dans  l'ancien  Evêché  et  dans  les  mêmes 
vitrines,  mais  avec  un  éclairage  parfait  :  nous  devons  adresser  de 
sincères  félicitations  à  M.  Pavèse,  le  nouveau  Conservateur  et  Maire 
de  Chambéry,  pour  cette  nouvelle  installation  ;  il  facilite  aux  tra- 
vailleurs l'accès  des  vitrines,  et  nous  tenons  à  l'en  remercier,  car 
sans  sa  bienveillance,  nous  n'aurions  pu  obtenir  les  photographies 
et  les  dessins  qui  commentent  cette  étude 

Pour  donner  un  aperçu  de  la  richesse  métallique  de  la  station 
de  Grésine,  la  plus  vaste,  nous  publions  le  tableau  suivant,  dû  à 
M.  Robert  Munro  (Traduction  française  du  Dr  P.  Rodet,  et  qui  a 
pour  titre  Les  Stations  lacustres  d'Europe  aux  Ages  de  la  Pierre  et  du 
Bronze,  Paris,  1908). 


390  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Inventaire  du  Mobilier  métallique  de  la  Station  de  Grésine 
et  des  sept  autres  stations. 


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Moules 

Lingots  et  culots 

Marteaux 

Haches 

Ciseaux 

Gouges 

Faucilles 

Couteaux 

Tranchets 

Rasoirs 

Matrice  et  coins  à  estamper 

Poinçons  et  burins  .... 

Scies 

Lime 

Rivets  et  clous 

Aiguilles 

Hameçons 

Pinces    

Epées 

Poignards 

|  /  Lances 

<     Pointes  de  flèches    .... 

Umbos  de  Boucliers  .    .    . 

Epingles  à  cheveux.    .    .    . 

Fibules 

Bracelets 

Torques .  .. 

Bagues 

Pendants  d'oreilles  ... 
1  Ceinture. 

Boucles,  Anneaux,  etc.  .    . 

Pendeloques 

Agrafes 

Boutons 

Appliques . 

Perles. 

Tubes  et  spirales 

Objets  non  déterminés   .    . 


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SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  391 

Un  certain  nombre  de  lacs  voisins  possédaient  aussi  des  stations; 
le  lac  d'Annecy  a  donné  celle  de  Rosely,  avec  tumulus  de  galets  à 
peine  exploré  par  l'Académie  Florimontane  d'Annecy  (objets  au 
Musée  d'Annecy),  les  stations  du  Port,  de  Vieugy  et  de  Ghâtillon. 

Le  lac  d'Aiguebelette  ;  deux  emplacements  au  beau  Phare. 

Le  lac  de  la  Thuile,  au-dessus  de  Montmelian. 

Les  lacs  de  Saint-Martin  de  Belleville  et  de  Saint-Marcel,  près  de 
Moutiers. 

Nous  avons  rappelé  que  les  pointes  des  pilotis  avaient  dû  être 
taillées  avec  des  instruments  métalliques.  Costa  de  Beauregard  qui 
a  fouillé  ces  stations,  ajoute  que  la  présence  de  quelques  instruments 
en  silex  ou  en  roche  dure,  ne  suffit  pas  à  prouver  que  ces  stations 
remontent  à  la  fin  du  Néolithique  ;  l'examen  des  instruments  et  objets 
de  bronze  prouve  aussi  que  cette  station  remonte  plutôt  à  la  fin  de 
l'Age  du  Bronze  ;  la  céramique  confirme  ces  considérations,  ainsi  que 
nous  allons  essayer  de  le  démontrer,  ce  qui  la  rend  à  peu  près  con- 
temporaine de  la  cachette  de  Larnaud  (Jura);  et  cette  céramique 
se  rapproche  de  celle  de  nos  abris  de  Baume-les-Messieurs  (Jura); 
toutefois,  la  céramique  ornée  de  lamelles  d'étain,  à  décor  géométrique, 
et  la  poterie  polychrome  sur  trois  teintes,  jaune  ocreux,  grenat  et 
noire,  parfois  en  relief,  doit  être  classée  au  début  du  Hallstatt,  bien 
que  les  outils  en  fer  manquent  (on  en  compte  à  peine  deux  ou  trois, 
peu  concluants). 

Etude  de  la  Céramique  du  lac  du  Bourget. 

Grandes  Ollas  (PL  I).  —  Dans  son  étude  sur  le  lac  du  Bourget. 
Rabut  dit  qu'il  n'a  pas  trouvé  deux  poteries  semblables,  leur  forme 
variait  donc  à  l'infini;  les  buttes  lacustres  de  Grésine  et  Tresserve  en 
étaient  pavées,  les  plus  grands  vases  étaient  cassés  par  morceaux  et 
les  cols  très  grands  permettaient  une  reconstitution  qui  a  été  faite 
par  Perrin  dans  son  Album  des  Habitations  lacustres  de  la  Savoie 
(Chambéry,  1864,  PL  I  à  VI).  Pour  les  grands  vases  atteignant  de 
0m45à  0m70,  garnis  de  grains  de  quartz,  la  pâte  est  rousse,  grise,  rose, 
noire  ou*  rouge  à  l'intérieur  :  les  teintes  grise  et  noire  sont  réservées 
pour  les  poteries  fines  et  ornées  de  dessins  géométriques;  générale- 
ment, le  col  est  court,  renversé  extérieurement,  avec  un  cordon  à  la 
naissance  de  la  panse,  qui  s'arrondit;  la  bordure  du  col  est  souvent 
ornée  de  dépressions  inclinées  ou  de  traits  creux  faits  avec  une  sorte 
de  molette  ;  sous  le  col,  on  remarque  un  cordon  tressé  qui  le  ren- 
force et  imite  absolument  une  corde  ;  tantôt  ce  sont  des  dépressions 
parallèles,  sortes  de  cupules.  Ces  vases  en  forme  de  jarre  à  conserver 
la  viande,  les  céréales  ou  les  liquides,  offrent  beaucoup  d'analogies 
avec  ceux  de  Knossos,  de  Pompeï    et   d'Ostia;    l'analyse  a   donné: 


392  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

Silice   58,50;    Alumine   22,50;    Oxyde   de   fer  5,70;    Chaux   1,65; 
Magnésie  1,10  ;  pertes  au  feu,  10;  total  99,  45. 

Parmi  les  ouvrages  très  rares  consacrés  à  la  céramique  lacustre 
de  l'Age  du  Bronze,  nous  citerons  la  conférence  faite  par  notre 
collègue  Morin  Jean  et  publiée  dans  le  volume  du  Congrès  préhis- 
torique de  Chambéry  en  1908  (1);  et  le  chapitre  de  J.  Déchelette, 
dans  son  Manuel  d'Archéologie  (II,  Archéologie  celtique  et  gallo- 
romaine,  lre  partie.  Age  du  Bronze,  p.  373  et  suivantes). 

Il  faut  bien  reconnaître  que  les  pièces  qu'ils  décrivent  ont  été 
généralement  trouvées  à  la  surface  du  fond  des  lacs,  à  l'aide  d'une 
pince;  toute  chronologie  est  donc  impossible. 

Nos  collègues  ont  oublié  de  rappeler  ce  détail  que  nous  avons  pu 
contrôler  au  port  d'Aix- les  Bains,  de  la  bouche  des  pêcheurs  Pierre 
Dava  et  de  Vacher,  ainsi  que  de  sa  femme  qui  pécha  aussi.  Nos 
Collègues  Cartier,  Conservateur  du  Musée  de  Genève  ;  D.  Viollier, 
Sous-Directeur  du  Musée  de  Zurich  ;  Tschumi,  du  Musée  de  Berne  ; 
P.  Vouga,  Conservateur  du  Musée  de  Neuchâtel  ;  de  Molin,  ancien 
Directeur  du  Musée  de  Lausanne,  nous  ont  tous  affirmé  qu'aucune 
de  ces  fouilles  n'avait  été  faite  stratigraphiquement. 

On  a  recueilli  des  choses  minuscules,  délicates,  des  graines  et  des 
tissus  très  fragiles,  mais  les  niveaux  ou  le  voisinage  des  objets 
n'ont  pas   été   mentionnés  et  c'était  la  chose  principale. 

En  Normandie,  nous  ne  pouvons  citer  pour  l'Age  du  Bronze  que 
les  vases  de  Combon  (Eure),  les  poteries  noires  carénées  du  port 
de  Dieppe,  le  vase  du  Val- Saint-Père  (Manche),  que  nous  avons 
signalés  dans  nos  Inventaires  de  ï Age  du  Bronze  des  départements 
de  l'Eure,  1899,  de  la  Seine-Inférieure,  1900  et  de  la  Manche,  1910, 
et  celles  du  camp  Harrouard,  commune  de  Sorel  (Eure-et-Loir) 

Si  nous  voulons  établir  des  rapprochements,  nous  nous  porterons 
aux  Matériaux  pour  l'Histoire  de  l'Homme  (1884,  p.  211,  Fig.  134),  où 
sont  mentionnés  les  trois  vases  de  Devoc,  dans  les  grottes  de  Vallon 
(Ardèche),  ils  sont  biconiques  ;  l'un  renfermait  une  série  d'objets  de 
bronze,  des  pendeloques  ajourées,  13  bracelets,  150  perles  de  bronze, 
des  disques  à  tube  latéral  :  nous  citerons  aussi  le  très  grand  vase- 
dolium  de  Venat  de  0m60  de  hauteur. 

Les  fouilles  que  nous  avons  faites  sous  les  Abris  larnaudiens  et 
hallstattiens  de  Baiime-les-Messieurs  (Jura)  en  1913-1914  (Congrès  de 
l'Association  française  pour  l'Avancement  des  Sciences  au  Havre), 
nous  ont  procuré  des  échantillons  qui  nous  ont  permis  de  les  recons- 
tituer :  les  quelques  objets  de  bronze  étant  analogues  à  ceux  du 
Bourget,  il  nous  est  donc  possible  d'être  affirmatif  et  de  les  rappro- 

(1)  Morin  Jean.  —  La  Céramique  du  lac  du  Bourget.  Essai  de  classification,  sa 
place  dans  l'Archéologie  européenne. 


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Planche   Mil, 


L.  Coutil. 


Céramique  des  Palafittes  du  lac  du  Bourget  (Savoie). 

PI.  8.  —  Poteries  incisées  1  à  9,  12  à    15,  28  à'31. 

Revêtements   de    cabanes   16   à  19  ;    figurines  26,    27. 

Croissant  animal?  23;  croissants  20  à  22;  roues  24  et  25. 


Planche  IX. 


L.  Coutil. 


La  céramique 


des  Palafittes  du  lac  du  Bourget  (Savoie). 


P1    9,  _  Poteries  fines,  noires  et  ornées 


s  de  lamelles  d'étain. 


Planche  X. 


L.  Coutil. 


J-E    BOUHCET 


Haguenau  (Alsace) 


Baume-les-Messieurs  Qura) 


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Céramique  des  Palafittes  du  lac  du  Bourget. 
PI.  10.  —  Plats  peints  en  grenat  et  noir  sur  fond  jaunâtre,  sauf  un  plat  du  Bourget 

sur  fond  blanc. 


Planche  XI. 


Coutil. 


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Céramique  des  Palafittes  du  lac  du  Bourget  (Musée  de  Chambéry). 

PI.  11.  —  Débris   de  vases  peints  en  grenat  et  noir. 
Le  vase  N°  17    (1074)  du  Catalogue,    porte  un  décor  en  relief  colorié. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  393 

cher  de  ceux  du  Bourget,  les  foyers  étant  isolés  des  couches  gau- 
loises par  des  éboulis  énormes  provenant  des  parois  et  qui  les  ont 
recouverts. 

Nous  allons  étudier  les  diverses  formes  de  vases. 

Vases  façonnés  à  la  main,  avec  grains  de  quartz  dans  la  pâte  (PI.  I). 
—  Nous  étudierons  d'abord  une  série  de  grands  vases  à  parois  épaisses, 
contenant  des  grains  de  quartz  ou  des  grains  de  sable  :  on  n'a  recueilli 
que  des  moitiés  de  cols  et  de  panses,  dont  deux  ont  été  restaurés,  ils 
ont  0m70  à  0m80  en  moyenne  de  hauteur  et  non  lm50  comme  on  l'a 
écrit:  certains  bords  sont  projetés  dans  le  prolongement  de  la  panse  ; 
mais  il  en  est  aussi  dont  les  bords  sont  projetés  vers  l'extérieur  formant 
ainsi  un  angle  avec  la  panse  très  rebondie  et  ornée  de  larges  filets 
creux  parallèles;  à  l'angle  du  col  existe  un  gros  bourrelet  cordelé,  ou  des 
dépressions  comme  des  pastilles  concaves,  ou  des  raies  obliques,  ainsi 
quesurle  col;  les  fonds  sont  aussi  festonnés  sur  les  bords  ;  l'épaisseur 
de  la  pâte  varie  entre  0m015  et  0m035,  suivant  la  hauteur  du  vase  ; 
l'extérieur  est  rose,  rouge  ou  gris,  le  centre  rouge,  mais  plus  souvent 
noir  :  ils  se  rapprochent  des  PITHOI  d'Hissarlik  et  de  Crète. 

Nous  avons  figuré  sur  la  Planche  II  les  vases  de  moyenne  gran- 
deur de  0m14  à  0m25  de  hauteur  pour  les  plus  grands  N°  20  et  32  : 
les  terrines  du  bas  ou  soupières  Nos  26,  28  et  30  mesurent  0m33  à 
0m34  de  diamètre  à  l'ouverture.  Parmi  ces  vases,  il  en  est  qui  sont 
lisses  et  qu'on  croirait  avoir  été  faits  au  tour.  Presque  toute  cette 
série  se  retrouve  parmi  nos  poteries  de  Baume-les-Messieurs  (Jura). 

Nos  collègues  suisses  Cartier,  Viollier,  Vouga,  Tschumi  sont  d'ac- 
cord pour  classer  tous  ces  vases  dans  l'Age  du  Bronze,  bien  qu'on 
en  ait  retrouvé  aussi  de  semblables  dans  les  stations  néolithiques  et 
dans  la  station  lacustre  du  Port  sur  le  lac  d'Annecy,  qui  est  de  la  fin 
de  l'Age  de  la  Pierre.  D'ailleurs,  toutes  ces  poteries  du  Bourget 
ayant  été  trouvées  à  la  surface,  il  n'est  pas  possible  de  les  admettre 
comme  néolithiques,  on  peut  même  ajouter  que  beaucoup  de  ces 
formes  ont  survécu  jusqu'au  Hallstatt. 

Plats,  écuelles  (PI.  V  et  VII).  —  Plusieurs  écuelles  portent  des 
trous  disposés  avec  symétrie  (PI.  V,  Nos  8,  9,  12,  13),  ils  ont  pu 
servir  à  égoutter  le  lait  pour  confectionner  des  fromages;  elles  pro- 
viennent de  Grésine.  D'autres  plats  portent  une  ornementation  en 
creux  ;  toutefois,  les  gravures  des  plats  ou  coupes  évasés  et  figurés 
sur  la  Planche  VII  ne  peuvent  pas  être  rapprochées  de  celles  de 
Vilhonneur  (Charente),  ni  des  tumulus  de  Haguenau  (Alsace),  ni 
de  celles  des  grottes  du  Gardon  à  Saint- Vérédème  (Gard). 

Le  platN0  5  (PI.  VI)  porte  de  plus  fortes  gravures,  l'ornementation 
se  compose  de  bandes  creuses  formant  une  croix  et  des  angles  ott 
chevrons  opposés  les  uns  aux  autres  par  quatre  :  dans  l'intérieur 
de  ces  bandes  creuses  se  voient  des  raies  gravées  obliquement.  Si 

SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE.  26 


39£  SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

ce  plat  avait  été  trouvé  dans  l'Allemagne  du  Sud,  on  le  classerait 
comme  étant  du  Hallstatt  III  ;  ici,  cette  attribution  n'est  pas  pos- 
sible, car  aucun  objet  typique  de  l'Age  du  Fer  n'a  été  recueilli.  Les 
plats  Nos  2  et  6  sont  ornés  de  croix  gravées  offrant  la  même  disposi- 
tion, avec  des  séries  de  damiers  en  pointillé  assez  profond  :  ce 
n'est  pas  non  plus  un  décor  typique  de  Hallstatt.  Nous  ferons  re- 
marquer que  sur  tous  ces  plateaux,  c'est  la  croix  qui  forme  le  motif 
décoratif,  sauf  sur  deux  ornés  de  grecques.  Beaucoup  de  fonds  de 
vases  portent  une  croix  qui  fut  gravée  avec  un  instrument  métal- 
lique, lorsque  la  terre  était  sèche  et  que  l'on  allait  les  porter  à  la 
cuisson,  cette  croix  est  fruste  et  maladroite,  à  côté  des  fins  dessins 
qui  ornent  d'ordinaire  la  panse,  le  col  ou  l'intérieur  des  vases. 

Bols,  tasses,  petites  coupes  (PI.  II  et  IV).  —  Les  tasses  sont  munies 
d'une  anse,  exceptionnellement  de  deux,  qui  sont  parfois  cannelées. 
Les  bols  sont  plus  ou  moins  évasés,  avec  un  pied  plus  ou  moins 
large;  il  en  existe  de  carénés  et  aussi  de  forts  petits  comme  des  jouets 
d'enfant  (PI.  IV).  La  Planche  IV  montre  aussi  quelques  tasses  et 
bols. 

Ce  qui  caractérise  ces  vases,  c'est  le  peu  d'épaisseur  et  la  finesse 
de  la  pâte. 

Vases  coniques  ou  à  base  ronde  (PL  IV).  —  Les  vases  les  plus 
typiques  de  l'Age  du  Bronze  sont  à  pâte  mince,  façonnée  au  tour, 
hoirs  ou  gris,  parfois  lustrés  ou  enduits  de  graphite,  leur  panse  est 
souvent  proéminente  ou  carénée  ;  ils  sont  souvent  ornés  de  raies 
gravées  ou  de  dessins  ;  leur  hauteur  varie  entre  0m15  à  0m18  ;  il  en 
existe  de  minuscules,  comme  de  véritables  jouets  d'enfant,  ou  de 
godets  à  parfums,  Planche  IV,  Nos  26,  28,  30,  34,  36,  38,  40,  42,  44, 
46,  48,  50).  Tous  ces  vases  sont  renversés  sur  la  Planche  III,  car  ils 
ne  pourraient  se  maintenir  en  équilibre  leur  base  étant  en  pointe  ou 
arrondie;  on  les  plaçait  sur  le  sable  dans  une  cavité  ou  sur  un  gros 
disque  en  terre  cuite,  comme  il  en  existe  Planche  IV,  Nos  1  à  2,  cer- 
tains de  ces  anneaux  ou  torches  étaient  ornés  de  raies  creusées  et 
saillantes  (PI.  VI,  N°  3). 

Biberons.  Vases  à  pieds  (PI.  V  et  VI).  — Sur  la  planche  V  se 
trouvent  groupés  des  vases  presque  tous  brisés,  sauf  un  seul  placé 
au  centre  qui  est  complet,  il  provient  de  Grésine;  il  se  compose  d'un 
récipient  oblong  muni  d'un  col  supérieur  et  d'un  petit  tube  à  une 
extrémité,  qui  était  encore  obstruée  par  une  petite  tige  de  bois, 
lorsqu'on  le  découvrit  :  à  l'autre  extrémité  se  trouvent  deux  petits 
tenons  :  l'ensemble  porte  sur  quatre  petits  pieds  ;  on  a  voulu  classer 
ces  vases  comme  des  lampes,  ce  qui  est  inadmissible,  le  trou  serait 
bien  petit  pour  une  mèche.  On  peut  certainement  rapprocher  de 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  395 

ces  biberons  d'autres  vases  gallo-romains  où  la  représentation  ani- 
male est  indiscutable  ;  mais  pour  ce  vase  de  Grésine,  on  ne  peut 
insister  sur  cette  interprétation  que  rien  ne  confirme. 

De  chaque  côté  de  ce  vase,  sur  notre  Planche  V,  on  compte  les 
débris  d'environ  quinze  autres  analogues,  mais  fragmentés. 


Fig.  1.  —  Biberons.  —  1,  Grésine  (lac  du  Bourget).  ;  —  2,  Corcelette  (lac  de  Neuchâtel)  ; 
—  3,  Saint-Pierre-en-Chastre  (Oise);  —  Chypre*[Cliché  Morin  Jean], 


Sur  la  Planche  VI  se  trouvent  d'aulres  vases,  bols  ou  écuelles 
munis  aussi  de  quatre  petits  pieds  :  l'un  d'eux  est  muni  d'un  cou- 
vercle N°  20,  21,  23  (cette  forme  existe  à  l'époque  Gallo-Romaine). 
Cette  même  planche  contient  des  vases  à  un  seul  pied  très  long, 
sortes  de  calices  (Nos  12,  14,  15),  et  un  autre  N°  16  dont  le  pied  est 
encore  plus  long,  il  est  privé  de  sa  base.  A  côté  se  voient  d'autres 
formes  exceptionnelles. 

Croissants  (PI.  VIII).  —  Cinq  supports  en  forme  de  croissant 
offrent  des  extrémités  plus  ou  moins  recourbées,  la  base  plus  on 
moins  concave,  plus  ou  moins  large  et  la  hauteur  différente;  la 
terre  est  grise,  ou  rose  :  le  dessus  est  plat,  mais  il  en  est  qui  sont 
angulaires,  c'est  pourquoi  on  a  rejeté  l'hypothèse  à' appuie-tête  qui 
est  vraisemblable  dans  certains  cas,  mais  inadmissible  lorsque  le 
dessus  forme  une  arête  vive.  On  en  a  fait  des  objets  de  culte,  et  des 
chenets  lorsque  la  terre  est  calcinée  par  le  feu,  ce  qui  semble 
prouver  leur  attribution. 

Disques,  Fusaïoles,  Perles.  —  Nous  avons  déjà  parlé  des  gros 
disques  en  terre  cuite  grise  qui  ont  servi  de  supports  pour  les  vases 
à  fond  conique  (PL  IV,  Nos  1  à  11,  et  pi.  V,  Nos  1,  2);  le  N°  3  porte 
des  lignes  en  relief;  le  Musée  de  Cliambéry  en  possède  25. 

Nous  n'avons  pas  reproduit  les  fusaïoles  dont  on  pourrait  citer 
au  moins  cent  variétés;  elles  portent  généralement  de  petites  coches, 
des  cavités  elliptiques,  des  cannelures,  des  cercles  creux  sur  les 
côtés  ou  des  rainures  avec  parties  saillantes  sur  le  pourtour,  les 
cavités  rondes  alternent  aussi  avec  les  rainures.  Les  diamètres 
varient;  il  en  est  de  très  petits  que  l'on  peut  considérer  alors 
comme  des  perles  de  collier.  Il  en  est  qui  sont  ornées  de  bandes 
d'étain  (PI.  IX,  O.P.),  de  Ghâtillon  et  Grésine. 


396"  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Céramique  ornée  en  creux  (PI.  VII  et  VIII).  — Nous  savons  que  dès 
l'époque  Néolithique,  les  parties  creuses  du  décor  des  vases  étaient 
souvent  remplies  de  matière  blanche  pour  les  faire  mieux  voir. 
Le  Musée  de  Heilbroon  (duché  de  Bade)  possède  une  série  fort 
complète  de  ces  sortes  de  vases  ;  mais  on  en  a  trouvé  aussi  en 
France.  A  l'Age  du  Bronze,  ce  décor  fut  continué  et  on  le  retrouve 
dans  les  stations  du  lac  du  Bourget,  au  Musée  de  Chambéry.  Le 
catalogue  Daisay  en  cite  573  morceaux,  la  poterie  est  noire  et  ornée 
d'une  ou  deux,  rangées  de  dents  de  scie  parallèles;  de  feuilles  de 
fougères,  de  carrés  avec  diagonales  se  croisant,  de  croix  de  Saint- 
André  disposées  les  unes  à  côté  des  autres,  d'empreintes  rondes  ou 
carrées,  de  têtes  d'épingles  ornées.  Ces  spécimens  proviennent  de 
Grésine,  Le  Saut,  Conjux,  Ghâtillon  (PI.  VII).  Sur  notre  Planche 
VII  le  grand  plat  N°  2  et  celui  d'en  dessous,  sont  ornés  de  lignes  et 
de  points  creux  carrés  ;  le  plat  5  est  orné  en  creux. 

Revêtements  de  cabanes  (PL  VIII).  —  Parmi  les  poteries  se  trouvent 
de  nombreuses  plaques  de  terre  cuite  portant  encore  d'un  côté  les 
traces  des  roseaux  contre  lesquels  elle  avait  été  appliquée  et  lissée 
de  l'autre.  On  peut  se  demander  comment  cette  terre  avait  pu  se 
durcir  assez,  sans  avoir  brûlé,  ou  tout  au  moins  roussi  les  roseaux 
contre  lesquels  elle  était  appliquée?  Il  existe  des  plaques  qui  consti- 
tuent -des  motifs  vraiment  décoratifs  ornés  de  dents  de  loup  et  de 
lignes  avec  des  cercles  concentriques  et  point  central,  ils  sont  en 
terre  rosée.  Certains  morceaux  perforés  ont  été  considérés  comme 
plaques  de  sortie  de  la  fumée. 

Idoles.  Roues  (PI.  VIII).  —  De  curieuses  figurines  en  terre  grise, 
au  nombre  de  cinq,  proviennent  de  Grésine,  on  a  supposé  que 
c'étaient  des  figures  humaines  ;  on  distingue  deux  tiges  allongées 
pouvant  correspondre  aux  bras,  et  deux  autres  allongées  correspon- 
dant aux  jambes,  la  tête  n'est  indiquée  que  par  un  seul  appendice. 
Deux  autres  figurines  peuvent  correspondre  à  des  représentations 
d'animaux,  avec  quatre  pattes,  une  tête  munie  d'oreilles  et  trois 
mamelles  :  ces  sept  figurines  en  terre  grise  proviennent  de  Gré- 
sine; elles  mesurent  en  moyenne  0m05  et  0'"06. 

Deux  sortes  d'animaux  avec  indications  de  pattes,  l'un  en  terre 
cuite  noire,  l'autre  grise,  ont  été  trouvés  aussi  à  Grésine  (Collections 
de  Chambéry  et  Costa  de  Beauregard). 

Nous  mentionnerons  aussi  deux  parties  différentes  de  petites  roues 
de  char  au  Musée  de  Chambéry. 

Céramique  en  couleur  (Planches  XI  et  XII).  —  Nous  connaissons 
très  peu  de  fragments  céramiques  peints  dans  les  stations  lacustres  ; 
même   en  Suisse;  tandis  que  les  stations  du  lao  du  Bourget  ont 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  397 

donné  plus  de  soixante-dix  morceaux  provenant  de  Grésine,  Le  Sdiit, 
Châtillon,  Conjnx,  N°  103,  nous  en  avons  même  compté  près  de  120 
au  Musée  de  Chambéry.  Ce  sont  des  petites  écuellcs  basses  et  des 
plats  qui  représentent  cette  céramique.  Nous  avons  reproduit  sur 
la  Planche  X  trois  vases  reconstitués;  le  plus  grand  plat  ou  écuelle 
vient  de  Châtillon,  le  fond  est  grenat  avec  croix  noire  et  cercle  noir 
sur  le  pourtour  extérieur  et  au  centre,  son  diamètre'  est  de  ()'"34.  Un 
second  est  d'une  technique  un  peu  différente,  il  est  sur  fond  gris 
avec  5  bandes  grenat  et  le  bouton  central  :  il  mesure  seulement  0m20 
de  diamètre;  il  y  a  près  de  50  morceaux  de  ce  genre. 

Le  troisième  est  plus  petit,  sur  fond  gris  jaune,  avec  croix  peinte 
en  noir  et  bouton  central  ;  diamètre  0m14. 

Sur  la  Planche  XI,  nous  retrouvons  quelques  exemplaires  appar- 
tenant à  la  même  période  que  le  grand  plat;  le  grand  fragment 
central  B  de  Grésine,  orné  de  damiers  et  de  bandes  diagonales 
noires,  d'autres  bandes  et  dents  de  scie  grenat,  le  tout  sur  fond  jau- 
nâtre, les  fragments  A.  C.  D.,  offrent  trois  teintes,  grenat  et  noir  sur 
pâte  jaunâtre  de  fond;  le  fragment  O,  est  peint  en  grenat  et  noir 
sur  teinte  de  fond  grise.  Les  fragments  du  bas  V  et  X  sont  ornés  de 
diagonales  rouges  sur  fond  gris.  Les  autres  morceaux  E.  F.  I.  N.  P. 
n'ont  que  la  teinte  jaunâtre  avec  dessins  peints  en  noir.  Les  frag- 
ments G.  H.  P.  sont  en  poterie  fine  grenat;  le  morceau  R.  est 
exécuté  en  blanc  et  grenat.  Cette  poterie  est  beaucoup  plus  évoluée 
comme  finesse  de  pâte,  mais  la  forme  est  encore  celle  de  l'Age  du 
Bronze.  Le  morceau  B  plus  épais  est  aussi  grenat. 

Enfin,  le  morceau  P  est  totalement  différent  de  technique,  il  est 
constitué  par  des  bandes  circulaires  alternativement  creuses  et  en 
relief;  les  bandes  en  relief  sont  grises  ou  grenat  :  celles  du  fond 
sont  grises  avec  raies  obliques  gravées  :  il  a  été  trouvé  au  Saut  en 
1869.  Ce  morceau  rentre  dans  la  série  du  plat  N°  5  de  la  Planche  VII. 
Cette  céramique  est  classée  en  Allemagne  du  Sud  et  en  Autriche- 
Hongrie  comme  étant  du  Hallstatt  III  (classification  que  nous  ne 
saurions  admettre,  même  en  Allemagne);  mais  pour  les  stations  du 
lac  du  Bourget,  cette  céramique  n'est  pas  accompagnée  d'objets  en 
fer  synchroniques  :  on  ne  peut  donc  admettre  que  ce  morceau  et  le 
plat  n°  5  de  la  planche  VII  sont  aussi  récents. 

De  même,  si  nous  nous  reportons  à  la  Planche  X,  où  nous  avons 
figuré  divers  plats  ou  écuelles  de  même  époque  et  de  même  style, 
nous  voyons  que  le  plat  de  Grésine  se  rapproche  beaucoup  de  celui 
de  Baume  qui  se  trouve  dans  le  bas,  à  gauche  de  la  planche,  et  de 
celui  de  Haguenau,  tous  de  la  fin  de  l'Age  du  Bronze,  avec  celui  de 
Mceringen  (Suisse);  quant  au  plat  du  tumulus  de  Pullach,  près 
Munich,  de  même  style  et  de  même  couleur,  il  serait  du  Hall- 
statt. 


398  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

Nous  allons  voir  encore,  par. ce  qui  suit,  que  les  Palafittes  du 
Bourget  ont  dû  exister  pendant  la  civilisation  Villanovienne. 

Poteries  ornées  de  bandes  d' étain  (P\,  IX). —  Le  catalogue  du  Musée 
de  Chambéry,  par  Daisay,  mentionne  41  fragments  de  poteries  ornées 
d'accessoires  en  étain;  21  sont  très  intéressants,  nous  les  avons 
reproduits  sur  notre  Planche  VII,  ce  qui  nous  dispense  d'insister. 
Les  plus  compliqués  sont  les  vases  B,  D,  E,  F,  M;  le  vase  B  est 
orné  de  très  fines  lamelles  obliques  ou  formant  des  chevrons;  sur 
le  vase  F,  les  bandes  sont  plus  larges,  le  décor  est  plus  apparent,  ce 
sont  des  chevrons  ou  des  damiers. 

On  a  prétendu  que  ces  bandes  étaient  collées  au  moyen  de  la 
résine  parce  qu'une  boulette  de  résine  a  été  trouvée  collée  sur  un 
vase  et  que  des  bandes  d'étain  disposées  en  damier  sont  fixées  au- 
dessus;  elle  provient  de  Grésine  (PI.  IX,  Fig.  T,  au  bas  de  la 
Planche).  Nous  ferons  remarquer  que  pour  coller  l'étain  au  moyen 
de  la  résine,  il  fallait  chauffer  l'étain  :  dans  certains  cas,  la  lamelle 
a  pu  résister  à  la  chaleur,  mais  pour  les  petites  tiges  minces  comme 
un  léger  trait  de  plume,  nous  nous  demandons  comment  on  a  pro- 
cédé. Le  dessin  devait  probablement  être  composé  et  collé  sur  une 
matière  mince,  puis  transporté  et  fixé  ensuite  sur  le  vase.  Parmi  les 
plus  jolies  spécimens  de  céramique  de  l'âge  du  bronze  ornée  de 
lamelles  d'étain,  on  doit  citer  le  beau  plat  de  Cortaillod,  au  Musée 
de  Neufchâtel  (Suisse).  Parmi  ceux  du  Bourget,  il  en  est  un  qui  est 
fort  connu  (1),  mais  dont  le  dessin  n'a  jamais  été  reproduit  fidèle- 
ment, c'est  pourquoi  on  a  fait  des  dissertations  peut-être  un  peu 
fantaisistes  à  son  sujet. 

De  même  pour  les  biberons  où  l'on  a  cru  voir  des  formes 
d'animaux,  on  a  vu  des  hommes  dansant  ou  des  soldats,  dans  les 


Vase  de  Châtillon,  avec  figurines  humaines  en  étain. 


quatre   figurines    dont    la    partie   médiane    a   disparu   :    ce  même 
motif  semble  réédité  un  peu  plus  loin  (Fig.  2). 

(1)  M.  G.  et  A.  de  Mortillet.  —  Musée  préhistorique.  1™  édition,  1881,  PI.  XII, 
1117. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  399 

Nous  ne  pouvons  le  rapprocher  que  du  morceau  de  vase  du  cime- 
tière gaulois  à  épée  de  bronze  découvert  à  Villement  (commune  de 
Saint- Aoustrille,  Indre),  et  décrit  par  M.  des  Méloises,  où  se  voient 
deux  rangées  de  personnages  les  jambes  écartées  :  sur  le  morceau  de 
vase  d'Œdenburg  (Hongrie),  la  représentation  humaine  est  encore 
plus  sommaire,  J.  Déchelette  voit  dans  ce  décor  une  influence 
dipylienne  archaïque  (1200-800).  Les  vases  à  long  pied  de  la 
Planche  V,  nos  12-14-15  pourraient  aussi  alors  avoir  une  tendance 
dipylienne? 


Fig.  3.  —  Urne  cinéraire  avec  son  couvercle  orné  de  bandes  d'étain. 
Corneto  [Musée  de  blorence)  [1000  à  800  av.  J.-C.]. 


On  peut  rapprocher  leur  forme  des  amulettes  peignes,  dont  le 
manche  ou  tenon  simule  aussi  un  personnage  ayant  les  jambes  écar- 
tées (Bologne,  Palafitte  de  Guévaux,  Vallamand,  sur  le  lac  de  Morat, 
Estavayer;  Italie,  etc.)- 

Au  sujet  des  vases  ornés  de  bandes  d'étain,  nous  croyons  devoir 
figurer  un  casque  en  terre  cuite  ou  plutôt  un  couvercle  d'urne  ciné- 
raire orné  de  trois  bandes  ajourées  de  lamelles  d'étain,  provenant 


400  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

de  la  nécropole  de  Corneto,  et  que  nous  avons  figuré  dans  notre 
étude  sur  les  Casques  antiques  (1). 

Ces  casques  en  terre  cuite  sont  classés  dans  la  période  proto- 
Etrusque  ou  de  Benacci  (1000  à  800),  comprenant  pour  l'Italie  du 
Nord  des  tombes  à  incinération  avec  décor  incisé  et  gravé  (tombes 
de  Villanova,  Corneto,  etc.). 

Essai  de  Chronologie  des  vases. 

Notre  collègue  Morin  Jean  a  proposé,  pour  les  vases  du  Bourget, 
les  divisions  suivantes  : 

lre  série.  —  De  la  fin  de  l'Age  de  la  Pierre  jusqu'à  une  période 

AVANCÉE  DE  l'Age  DU  BRONZE. 

A.  Groupe  indigène.  —  Céramique  lacustre  proprement  dite. 
Poteries  à  parois  épaisses,  en  pâte  grossière,  mêlée  de  petits  gra- 
viers; décor  très  rudimentaire  (jarres,  tasses,  gobelets,  etc). 

B.  Groupe  d'origine  méditerranéenne.  —  Vases  étroitement  appa- 
rentés avec  les  poteries  de  la  région  égéenne. 

2e  série.  —  Bel  Age  du  Bronze,  synchronique  avec  les  débuts  de 
la  Civilisation  Hallstattienne. 

A.  Plats  et  cuvettes  à  couverte  peinte.  —  Prototypes  des  vases 
polychromes  de  la  période  de  Hallstatt. 

B.  Type  urne,  descendant  du  vase  bulbeux,  à  fond  conique  de  la 
Suisse  et  apparenté  aux  urnes  de  Golasecca. 

C.  Vases  ornés  de  bandes  d'étain. 


Nous  ne  voyons  pas  d'observations  à  formuler  pour  la  lre  série 
et  le  groupe  A,  qui  se  trouve  figuré  sur  nos  Planches  I  et  II. 

Quant  aux  formes  à  panse  saillante  et  un  peu  carénée  et  à  pâte 
fine,  nos  11,  12,  13, 14,  18,  22,  26,  28,  30,  PI.  III  et  IV,  et  les  deux  ran- 
gées supérieures  de  la  Planche  VI,  quoique  offrant  une  pâte  plus  fine 
et  un  galbe  plus  évolué,  on  peut  encore  les  y  laisser,  bien  qu'ils  se 
rapprochent  un  peu  des  formes  Villanoviennes. 

On  arrive  au  groupe  d'origine  méditerranéen  des  vases  supportés 
par  plusieurs  petits  pieds.  Mais  doit-on  faire  une  subdivision  pour 
une  forme  qui  se  trouve  un  peu  plus  ou  un  peu  moins  représentée 
dans  nos  gisements  ou  stations  de  l'Age  du  Bronze?  Les  biberons 
ont  été  trouvés  non  seulement  dans  la  Palafitte  de  Wallishofen, 
mais   aussi   dans    les  stations   du   bassin  du  Rhin  et  dans  l'Alle- 

(1)  Mémoires  Société  Préhistorique  Française,  T.  III,  1915,  p.  178,  fig.  15. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  401 

magne  du  Sud,  Nierstein  (Hesse  Rhénane),  Tulln  (Basse  Autriche), 


(o&uvtMoivùti<2%ÂcHit  ityOS. 


Fig.  4.  —  Le  Lac  du  Bourget  (Savoie)  [Cliché  Ed.  Hue](l). 

Platenic  (Bohème),  qui  offre  un  plus  gros  tube,  la  seule  que  l'on 
pourrait  admettre  comme  lampe. 


(1)  Congrès  prékist*  France,  Chambéry  (1908). 


402  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

,  Pour  la  seconde  série,  nous  avons  exposé  ce  que  nous  pensions 
des  plats  et  coupes  unies  à  l'extérieur  et  ornées  à  l'intérieur  de  des- 
sins géométriques  exécutés  en  couleur,  esquissés  ou  non  limités  par 
un  trait  gravé.  Les  stations  du  Bourget  sont  particulièrement  riches 
en  céramique  peinte  (Châtillon,  Grésine,  le  Saut);  les  Palafittes  de 
la  Suisse  n'en  ont  donné  que  de  très  rares  échantillons  (Corcelette, 
Mœringen,  Nidau). 

En  terminant,  nous  insistons  en  disant  que  par  sa  variété  de 
décor  et  de  pâte,  on  trouve  au  Bourget,  une  partie  de  l'évolution 
de  la  Céramique  peinte  du  premier  Age  du  Fer,  ce  qui  est  très 
important  ;  et  la  plus  nombreuse  série  d'ornements  d'étain  sur  les 
vases;  par  suite,  les  riches  Palafittes  du  Bourget  soutiennent  la 
comparaison  avec  celles  de  la  Suisse,  si  même  elles  n'ont  pas  donné 
une  plus  grande  variété  d'objets  et  surtout  une  céramique  plus 
variée. 

Quant  aux  urnes  du  type  de  Golasecca,  nous  ne  les  trouvons  pas 
identiques,  mais  à  l'état  minuscule  sur  notre  Planche  IV,  ce  sont 
des  vases  coniques  ;  et  encore  nous  n'osons  faire  rentrer  dans  cette 
série  les  vases  nos  11, 12, 13,  14, 18,22,  26, 28,  30,  de  la  Planche II, qui 
sont  les  plus  nombreux,  ces  formes  ne  sont  pas  assez  Villanoviennes 
pour  en  faire  un  groupe  distinct  et  synchronique. 

Enfin,  nous  ne  voyons  pas  de  distinctions  suffisantes  dans  tous 
ces  vases,  pour  vieillir  beaucoup  les  uns  et  rajeunir  d'autant  les 
autres,  surtout  qu'aucun  objet  typique  de  l'Age  du  Fer  n'a  été  trouvé 
pour  soutenir  cette  théorie  et  que  certains  objets  de  bronze  indiquent 
l'extrême  fin  de  cette  période. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  403 

Contribution  à  l'étude  de  l'Ere  monumentale 
préhistorique  :  l'Architecture  mégalithique 
bretonne  et  les  observations  solaires  (suite)  (1). 


Alf.  DEVOIR  (Brest,  F.), 

Capitaine  de  Frégate. 

Pour  les  monuments  dressés  sous  l'empire  de  ces  règles,  il  n'était 
pas,  en  général,  possible  de  choisir  arbitrairement  la  position  d'un 
menhir  projeté  ;  un  tel  choix  n'était  permis  que  pour  le  Mégalithe- 
origine  d'un  ensemble. 

Dans  ces  conditions  le  point  d'extraction  et  le  point  d'implanta- 
tion ne  doivent  coïncider  que  très  exceptionnellement  ;  il  y  a  donc 
eu  le  plus  souvent  transfert  du  bloc-menhir  avant  érection,  toutes 
les  fois  que  celui-ci  n'avait  pas  été  trouvé  sur  une  ligne  d'orienta- 
tion déterminée  à  l'avance  et  dont  un  point  au  moins  était  déjà  repéré 
par  un  monument  préexistant. 

Il  est  d'ailleurs  vraisemblable  que  le  transfert  ne  se  faisait  que  sur 
une  courte  distance  et  qu'à  l'époque  où  les  règles  de  position  furent 
connues  des  architectes  préhistoriques,  ceux-ci  s'abstinrent  de  pré- 
voir aucun  dressage  de  menhir  nouveau  là  où  des  matériaux  conve- 
nables ne  se  rencontraient  pas  à  proximité  immédiate  des  lignes 
dont  je  viens  de  parler. 

Il  nous  est  évidemment  impossible  de  préciser  l'époque  à  laquelle 
furent  définies  des  règles  de  position  ;  leur  application  dans  des 
régions  très  diverses  —  Locmariaquer,  Carnac,  Grozon,  pour  ne 
citer  que  les  principales  —  indique  que  très  nombreux  sont  les 
monuments  dressés  après  cette  remarquable  conquête  de  la  science, 
remontant  peut  être  à  trois  ou  quatre  mille  ans,  peut-être  plus  avant 
encore  dans  la  nuit  des  âges. 

En  mentionnant  que  de  très  rares  menhirs  portent  des  groupes 
de  cupules  et  d'autres  signes  gravés  intentionnellement  (2),  j'aurai 
résumé  ce  que  l'on  pouvait  savoir  des  menhirs  vers  la  fin  du  xixe  siè- 
cle. 

(1)  Voir  Bull.  Soc.  Prék.  France,  1915,  n°  10,  p.  369. 

(2)  Je  ne  connais,  dans  le  Finistère,  que  deux  Menhirs,  indiscutables,  portant 
des  Cupules  nombreuses  :  Fun  signalé  par  P.  du  Cbatellier  (Saint  Urnel  en  Plo- 
meur);  l'autre  par  M.  A.  Jarno  (Bois  du  Duc  en  Spézet)  [Bulletin  de  la  Société 
archéologique  du  Finistère,  1914], —  Le  premier  était  debout  quand  son  inventeur  le 
fit  transporter  dans  le  Parc  de  Kernuz  ;  le  second  est  authentifié  de  ce  fait  qu'il 
appartient,  tout  renversé  qu'il  est,  à  un  Alignement  (N  G),  dont  un  menhir  de 
5  mètres  est  encore  debout.  —  Les  Cupules,  au  nombre  de  2  ou  3,  signalées  sur 
quelques  blocs  naturels  ou  tables  de  dolmens  (Dolmens  de  Kerbervez  (N  C)  et  du 
Riblj(N  C)  me  paraissent  dues  aux  eaux  pluviales. 


40i  SOCIÉTÉ   PREHISTORIQUE  FRANÇAISE 

C'était,  en  réalité,  bien  peu  de  chose  ;  les  renseignements  fournis 
par  les  fouilles  étant  des  plus  restreints  et  l'étude  des  groupes  pres- 
que inexistante,  les  manuels  les  mieux  documentés,  qui  décrivaient 
longuement  les  dolmens  et  surtout  les  récoltes  qui  y  avaient  été 
faites,  ne  consacraient  généralement  que  quelques  pages  à  la  ques- 
tion des  Menhirs. 

La  science  a  heureusement  progressé,  en  ce  qui  les  concerne, 
depuis  une  vingtaine  d'années.  Je  le  montrerai  dans  la  seconde  par- 
tie de  ces  notes,  après  m'être  occupé  des  monuments  de  l'autre 
type. 

Les  Chambres  a  recouvrement  mégalithique. 

L'exploration,  plus  ou  moins  méthodique  et  complète,  des  Cham- 
bres à  recouvrement  mégalithique  a  été  pendant  longtemps  la  base 
pour  ainsi  dire  unique  de  l'archéologie  de  l'ère  monumentale  pré- 
historique ;  la  recherche  des  instruments,  en  pierre  ou  en  métal, 
plus  tard  celle  des  poteries,  des  ossements  et  des  restes  incinérés, 
était  le  but  principal,  sinon  exclusif. 

Les  monuments  n'intéressaient  alors  que  pour  les  objets  qu'ils 
pouvaient  contenir  ;  cette  tendance  a  eu  de  navrantes  conséquences, 
car  nombreux  sont  les  dolmens,  qui,  bouleversés  pour  une  plus 
facile  exécution  des  fouilles,  ne  sont  plus  aujourd'hui  que  des 
ruines  informes  ou  ont  complètement  disparu  de  la  surface  du  sol. 
Les  explorations  ont  fait  depuis  cinquante  ans  une  effroyable  '<  con- 
sommation »  de  chambres  dolméniques. 

Il  faut  reconnaître  que  les  récoltes  ont  été,  surtout  en  Bretagne, 
très  abondantes  et  riches  ;  des  collections  remarquables  se  sont  for- 
mées et  s'accroissent  sans  cesse. 

Une  remarque  s'impose  à  leur  sujet  ;  si  les  résultats  obtenus  sont 
très  considérables  sous  le  rapport  de  la  quantité  des  objets  décou- 
verts, les  types  auxquels  peuvent  se  ramener  ces  objets  sont  et 
restent  très  peu  nombreux  ;  et  les  fouilles  récemment  effectuées  ne 
nous  en  ont  fait  connaître  aucun  qui  fut  inconnu  des  premiers 
explorateurs  sérieux  des  grands  monuments  bretons.  Pour  dire  vrai, 
les  richesses  des  collections  augmentent  beaucoup  plus  rapidement 
que  les  connaissances  dont  nous  leur  sommes  redevables  ;  leur 
développement  a  eu  toutefois  cet  heureux  effet  de  montrer  la  néces- 
sité d'un  classement  des  récoltes,  ainsi  que  d'une  terminologie  pré- 
cise. 

D'excellents  résultats  ont  été  acquis  dans  cet  ordre  d'idées  ;  mais 
on  peut  regretter  que  l'étude  des  objets  maniables  ait  fait  quelque 
peu  délaisser  celle  des  Monuments  qui  les  enfermaient,  et  que 
les  recherches  «  de  Musée  »  aient  détourné  beaucoup  d'archéologues 
des  mensurations  architecturales,  souvent  pénibles  et  d'exécution 
délicate. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  405 

Les  récoltes  ont  donné  et  donnent  lieu  à  de  longues  discussions, 
faciles  à  ouvrir  à  un  moment  quelconque  :  aussi  sommes-nous  très 
documentés  sur  les  types  industriels  et  ornementaux  et  sur  les  varia- 
tions correspondantes  de  la  technique.  Nombreux  sont  les  préhis- 
toriens qui  distinguent  à  première  vue  un  objet  de  style  campi- 
gnyen  d'un  objet  de  style  robenhausien  ou  un  rnorgien  d'un  larnau- 
dien. 

Idées  généralement  admises    sur  la   destination  des  Chamrres 

A     RECOUVREMENT     MÉGALITHIQUE.      LE     «    POSTULATUM    »      DE     l'eN- 
FOUISSEMENT. 

Tout  au  contraire  les  controverses,  relatives  aux  monuments  eux- 
mêmes,  abstraction  faite  des  découvertes  réalisées  ou  escomptées, 
se  bornaient  tout  récemment  encore  à  peu  de  chose  ;  et  les  idées 
généralement  acceptées  ne  différaient  guère  de  celles  qu'émirent,  au 
début  du  xixe  siècle,  les  créateurs  de  l'archéologie  de  l'ère  monumen- 
tale préhistorique. 

Elles  peuvent  se  résumer  ainsi  :  les  chambres  totalement  ou  par- 
tiellement mégalithiques  sont  et  ne  peuvent  être  que  des  tombeaux  ; 
elles  ont  été  construites  pour  cette  seule  destination  ;  les  objets  qui 
en  sont  exhumés  sont  les  armes,  instruments  et  ornemenls  familiers 
du  défunt,  déposés  dans  la  sépulture  en  même  temps  que  son  cada- 
vre ou  ses  restes  incinérés;  une  même  tombe  reçoit  parfois  plusieurs 
morts. 

A  cette  affirmation  se  superposa  le  postulatum  de  l'enfouisse- 
ment de  toutes  les  chambres  sous  un  tumulus  édifié  peu  après  les 
funérailles,  avec  cette  conséquence  que  la  nature  de  la  récolte  éta- 
blissait, de  façon  indiscutable  et  sauf  le  cas  de  violation  ultérieure 
de  la  sépulture,  l'âge  relatif  de  celle-ci  :  ce  qui  revenait  à  assimiler 
le  monument  à  un  gisement  paléontologique  vierge,  sous  la  réserve 
énoncée  ci-dessus. 

La  conception  très  simple  que  je  viens  d'exposer  a  paru  trop  abso- 
lue à  plusieurs  auteurs  contemporains  ;  elle  ne  laisse  point  en  effet 
de  prêter  à  des  critiques  que  quelques  pages  consacrées  aux  divers 
types  architecturaux  me  permettront  de  définir. 

Les  chambres  à  recouvrement  mégalithique  peuvent  se  classer, 
pour  la  presque  totalité  (1),  en  deux  grandes  catégories,  suivant 
que  la  ou  les  tables  de  recouvrement  reposent  sur  des  supports 
mégalithiques  ou  sur  un  muret  en  maçonnerie  de  pierres  sèches. 

Les  premières  sont  de  tracés  très  divers   et   de  dimensions  très 

(1)  Les  dolmens  à  encorbellement  et  ceux  à  grands  blocs  arc-boutés  sont  très 
rares*.. 


406  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

variables  ;  ce  sont  les  Dolmens  proprement  dits,  avec  ou  sans  gale- 
rie, à  chambre  unique  ou  à  chambres  multiples;  le  nombre  des  élé- 
ments mégalithiques  est  au  moins  de  trois  et  souvent  beaucoup  plus 
considérable. 

Les  secondes  ne  comprennent,  en  général,  qu'un  élément  de  ce 
genre,  fermant  à  sa  partie  supérieure  une  cavité  assez  régulièrement 
parallélipipédique  ;  elles  sont  toutes  enfouies  soustumulus. 

Il  en  est  de  même  d'un  certain  nombre  de  dolmens  de  tous  tracés, 
tandis  que  les  tables  de  beaucoup  d'autres  sont  visibles  du  dehors, 
ainsi  que  la  partie  supérieure  des  supports  ;  d'après  le  postulatum 
ci-dessus,  la  dénudation  de  ces  éléments  est  due  à  la  désagrégation 
du  tumulus  qui,  à  l'origine,  devait  recouvrir  le  monument,  désagré- 
gation imputable  surtout  aux  intempéries,  secondairement  au  défri- 
chement et  à  la  culture. 

La  possibilité  de  ce  postulatum  ne  suffit  pas,  à  mon  sens,  à  en  éta- 
blir la  probabilité,  qui  me  semble  rester  sujette  à  discussion. 

Il  convient  en  effet  de  remarquer  qu'on  rencontre  fréquemment 
en  Bretagne,  à  côté  de  dolmens  apparents,  des  tumulus  parfaite- 
ment conservés  ;  si  l'on  admet  que  les  causes  indiquées  précédem- 
ment ont  dénudé  les  uns,  pourquoi  n'en  aurait-il  pas  été  de  même 
des  autres  ? 

Les  exemples  abondent.  Dans  la  plus  belle  région  dolménique  de 
France,  celle  de  Locmariaquer-Carnac,  des  tumulus  comme  le 
Mané  er  Hroeck,  comme  le  Mont-Saint-Michel,  sont  voisins  de 
grands  dolmens  découverts,  Mané  Rutual,  Table  des  Marchands 
(Fig.  2),  Kermario  ;  les  chambres  presque  circulaires  abritées  par 
les  premiers  diffèrent  d'ailleurs  profondément  des  longues  galeries 
des  seconds.  Sur  les  falaises  finistériennes,  fortement  battues  par  le 
vent  du  large,  des  tumulus  terreux  se  sont  fort  bien  conservés  (1). 

Si  Ton  raisonne  sur  les  procédés  que  purent  employer  les  archi- 
tectes préhistoriques,  les  constatations  précédentes  n'ont  rien  qui 
doive  étonner. 

Le  déplacement  de  mégalithes  énormes  ne  pouvait  incontestable- 
ment pas  se  faire  uniquement  à  bras  d'hommes  ;  des  machines  sim- 
ples étaient  indispensables  pour  manœuvrer  des  poids  atteignant 
plusieurs  dizaines  de  tonneaux;  l'association  du  plan  incliné  et  des 
cordes  suffisait,  à  condition  d'y  employer  une  solide  traction,  four- 
nie par  moteurs  animés. 

Tertres    de  construction  et  cromlec'hs  de  soutènement, 
Avant  d'édifier  une   chambre  entièrement  mégalithique  quelcon- 

(1)  Kerlorec  en  Ploudalmézeau  (N  G),  Kerandraon  en  Landunvez  (N  C),  Kerprima 
en  Ploumoguer  (N  G),  etc. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  407 

que,  les  Tables  étant  toujours  surélevées  par  rapport  au  sol  environ- 
nant, il  convenait  donc  d'établir  tout  d'abord  un  tertre  de  construc- 
tion, formant  plan  incliné  dans  tous  les  azimuts. 

Destiné  à  supporter,  pendant  les  travaux  d'édification  de  la 
chambre,  de  lourdes  charges  en  mouvement  (1),  le  tertre  devait  être 
^mêrae  de  résister  à  l'écrasement,  comme  aux  efforts  tendant  à  faire 
glisser  ses  matériaux  les  uns  par  rapport  aux  autres,  aussi  le  trou- 
vons nous  généralement  composé  d'éléments  pierreux  de  formes  irré- 
gulières et  anguleuses,  avec  interposition  de  terres  assurant  la 
liaison  de  toute  la  masse. 

Par  ce  procédé  absolument  rationnel,  les  architectes  préhistoriques 
ont  réalisé  des  conditions  de  résistance  telles  que  peu  nombreux 
sont  les  dolmens  découverts  dépourvus  de  toute  trace  du  tertre  élevé 
pour  leur  édification  ;  dans  certains  cas,  néanmoins,  des  consolida- 
tions supplémentaires  ont  dû  paraître  utiles  ou  indispensables;  nous 
en  constatons  l'existence. 

Elles  sont  constituées  par  des  blocs  de  dimensions  assez  fortes, 
bien  supérieures  à  celles  des  éléments  pierreux  dont  je  viens  de 
parler,  encastrés  dans  le  sol  naturel  et  noyés  d'autre  part  dans  la 
masse  du  tertre  ;  cette  disposition  se  rencontre  surtout  quand  la 
pente  de  celui-ci  est  très  forte  (Ty  ar  boudiguet  (2),  dolmen  sous 
tumulus  en  Brennilis,  Finistère)  (Fig.  1);  quand  ses  matériaux  sont 
relativement  meubles  (Mané  Lud,  Locmariaquer)  ou  quand  le  recou- 
vrement comprend  de  très  pesants  mégalithes  (Ty  ar  boudiguet, 
Kermorvan  (3),  Finistère).  Je  lui  donne,  faute  d'expression  plus 
convenable,  le  nom  de  cromlech  de  soutènement,  tout  en  faisant 
ressortir  qu'il  ne  s'agit  point  ici  d'un  élément  monumental,  mais 
seulement  d'un  perfectionnement  du  tertre  ordinaire. 

Les  blocs  des  cromlechs  de  soutènement  ne  dépassent  guère,  dans 
l'état  actuel  de  la  plupart  des  tertres,  la  surface  de  ceux-ci  :  ils  n'ap- 
paraissent nettement  dégagés  que  dans  le  cas  d'arasement  impu- 
table à  l'une  des  causes  suivantes  :  besoins  agricoles,  commodité 
d'une  fouille,  érosion  marine  (Roc'hou  bras,  en  Plouescat)  (N  C). 

Cette  remarque  autorise  à  penser  qu'au  moment  delà  construction, 
—  un  certain  tassement,  assez  faible  d'ailleurs,  ayant  pu  se  pro- 
duire, —  les  dits  blocs  ne  faisaient  au  plus  qu'affleurer,  et  plus  pro- 
bablement étaient  recouverts  ;  peut-être  ont-ils  formé  points  d'appui 

(1)  Mouvement  plus  ou  moins  rapide  selon  le  genre  de  déplacement,  par  roule« 
ment  ou  par  glissement;  il  convient  de  remarquer  que  la  hauteur  de  table,  au- 
dessus  du  sol  naturel,  des  plus  grands  dolmens  permettait  une  traction  presque 
horizontale. 

(2)  Propriété  de  la  Société  Archéologique  du  Finistère.  M.  du  Chatellier  a  donné, 
dans  ses  Epoques  préhistorique  et  gauloise  dan^  le  Finistère,  un  bon  croquis  de  ce 
monument;  l'orientation  en  est  toutefois  très  erronée. 

(3)  Figure  dans  la  liste  officielle;  rédaction  imprécise,  classement  douteux. 


408  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

pour  des  madriers-glissières,  reposant  d'autre  part  sur  le  sol,  ou  sur 
les  faux-supports  existant  dans  les  parois  de  beaucoup  de  dolmens 
et  qui  n'ont  pas  de  contact  avec  la  table  qui  les  domine.  Les  crom- 
lechs de  soutènement,  assez  fréquents  autour  des  monuments  de  ce 
genre  enfouis  ou  non,  font  défaut  dans  les  tumulus  des  chambres  à 
parois  maçonnées,  quelles  que  soient  la  masse  et  la  hauteur  de  ces 


Ce  ope  sutvûntAB 


Hg.  1.  —  Dolmen  recouvert  de  B.-ennilis,  ditTy  ar  Boudiguet.  —  D'après  M.  P.  du 
Chatellier.  —  Echelle  :  1/200.  -  I,  Plan  du  Mégalithe.  —  II,  Coupe  du  Tumulus. 


tumulus,  quelle  qu'en  soit  aussi  la  pente;  la  raison  s'en  dégagera  plus 
loin. 

Les  recouvrements  mégalithiques  des  deux  types  de  chambres, 
différant  par  leurs  poids,  bien  plus  considérables  dans  les  dolmens 
proprement  dits  que  dans  les  chambres  à  murets  de  pierres  sèches, 
on  est  tenté  d'admettre  que  le  cromlech  de  soutènement  des  premiers 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  409 

avait  surtout  pour  but  de  maintenir  le  tertre  pendant  les  travaux  de 
construction. 

Je  dois  reconnaître  que  M.  Paul  du  Chatellier  est  d'un  avis  con- 
traire et  voit  dans  le  cromlech  de  soutènement  un  dispositif  de  con- 
solidation après  achèvement.  Dans  sa  description  du  dolmen  de  Ty 
ar  Boudiguet,  il  s'exprime  ainsi  :  «  Les  pierres  jouent  le  rôle  de  con- 
trefort, et,  par  un  remplissage  entre  elles  et  les  piliers  de  la  galerie, 
sont  destinées  à  empêcher  ceux-ci  de  chasser  sous  le  poids  énorme 
des  tables  (Epoques  préhistorique  et  gauloise  dans  le  Finistère, 
page  227). 

L'opinion  du  savant  archéologue  breton  est  incontestablement 
soutenable  ;  la  mienne  est  renforcée  par  cette  constatation  que  les 
blocs  des  cromlechs  de  soutènement  sont  plus  généralement  inclinés 
à  leur  partie  haute,  vers  l'intérieur  des  monuments  que  vers  l'exté- 
rieur, c'est-à-dire  dans  le  sens  du  déplacement  des  matériaux  manœu- 
vres pour  la  construction  et  non  dans  le  sens  qui  correspondrait  à 
une  déformation  après  achèvement  des  travaux. 

Quelle  que  soit  d'ailleurs  l'hypothèse  adoptée,  j'estime  que  le  nom 
de  Menhirs  ne  doit  pas  être  appliqué  aux  blocs  des  cromlechs  de 
soutènement,  ces  blocs  n'étant  en  réalité  que  des  éléments,  plus  volu- 
mineux que  les  autres,  des  tertres  de  construction  ;  leur  encastre- 
ment dans  le  sol  n'est  pas  un  argument  suffisant  pour  l'emploi  d'une 
appellation  qu'il  convient  de  réserver  aux  pierres  levées  d'aspect 
monumental,  et  caractérisées  par  ce  fait  qu'elles  dominent  le  sol  dans 
lequel  elles  ont  été  implantées  (1). 

Ceci  posé,  examinons  quels  purent  être  les  procédés  employés  pour 
la  construction  des  chambres  des  deux  genres  fondamentaux. 

Une  telle  étude,  bien  que  condamnée  à  rester  presque  entièrement 
dans  le  domaine  des  hypothèses,  a  du  moins  cet  avantage  de  sou- 
lever d'intéressantes  controverses  sur  un  sujet  qui  me  paraît  avoir 
été,  jusqu'à  présent,  trop  négligé  par  les  préhistoriens. 

Je  prends  comme  point  de  départ  la  notion  du  tertre  de  construc- 
tion ;  cette  base  peut  être  estimée  solide,  de  tels  tertres  existant 
encore  en  très  grand  nombre. 

Occupons-nous  tout  d'abord  des  chambres  à  supports  mégalithi- 
ques. 

Les  Dolmens  proprement  dits. 

L'édification  du  tertre  sur  le  sol  préalablement  dressé  ou  légère- 
ment creusé  représente  la  première  phase  du  travail  architectural 

(1)  Les  considérations  précédentes  ont  été  esquissées  dans  mes  articles  de  la 
Pensée  bretonne  (1913). 

SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  27 


410  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

proprement  dit,  après  détermination  de  l'emplacement  où  devait 
s'élever  le  monument,  détermination  subordonnée  à  des  conditions 
analogues  à  celles  que  j'ai  précédemment  définies  pour  les  menhirs  : 
la  nature  du  sol,  les  facilités  d'extraction  et  de  déplacement  des  blocs 
devaient  entrer  en  ligne  de  compte  ainsi  que  les  positions  des  monu- 
ments déjà  construits  dans  le  voisinage,  ou  tout  au  moins  de  ceux 
qui  n'étaient  point  masqués  aux  vues  par  d'importants  obstacles 
naturels,  collines,  rochers  ou  forêts. 

Nous  savons  que  les  flancs  des  tertres  —  encore  existants  — 
étaient  généralement  faits  de  matériaux  résistants  et  bien  liés,  mais 
ignorons  comment  était  constituée  la  partie  centrale,  celle-ci  étant 
actuellement  occupée  par  la  chambre;  il  est  assez  probable  que 
cette  partie  était  moins  soigneusement  préparée,  comme  devant  être 
ultérieurement  déblayée,  et  qu'on  laissait  s'écouler  un  certain  temps 
entre  l'achèvement  du  tertre  et  les  autres  travaux  pour  que  les  maté- 
riaux subissent  un  tassement  naturel  par  leur  propre  poids. 

Les  blocs  supports  une  fois  extraits  du  sol,  dégrossis  (1)  et  amenés 
à  pied  d'œuvre,  la  suite  des  opérations  pouvait  se  dérouler  dans 
l'ordre  que  je  vais  indiquer. 

a)  Tracé  de  la  chambre  et  préparation  des  implantations.  —  D'après 
le  nombre  et  les  dimensions  des  blocs  disponibles,  on  déterminait, 
sur  le  tertre,  le  contour  qu'il  était  possible  de  donner  à  la  chambre, 
en  raison  du  genre  de  tracé  choisi,  circulaire,  à  galerie  ou  sans 
galerie. 

Puis  la  partie  centrale  était  encavée,  non  toutefois  jusqu'à  la  base 
du  tertre  (2),  et  une  fosse  continue  —  ou  plusieurs  fosses  devant  cor- 
respondre chacune  à  un  support  —  creusée  à  la  périphérie  de  l'exca- 
vation ;  des  pierres  de  calage  y  étaient  au  besoin  déposées  et  forcées. 

b)  Mise  en  place  des  supports.  —  Les  supports  étaient  successive- 
ment montés  à  flanc  de  tertre  et  descendus  par  basculement  (3),  de 
façon  que  leurs  pieds  viennent  reposer  dans  les  emplacements  déjà 
préparés  ;  il  était  relativement  facile,  au  moyen  de  cordes  ou  de 
leviers,  ou  même  à  bras  d'hommes,  de  les  amener  en  position  à  peu 
près  verticale  et  de  les  y  consolider.  La  régularité  du  contour  de  la 
chambre  dépendait  évidemment  des  soins  apportés  au  tracé  primitif 
sur  tertre,  et  à  celui  de  la  rigole  d'implantation,  ainsi  qu'à  la  liaison 
des  matériaux  sur  les  bords  de  l'excavation;  un  tassement  artificiel 
devait  compléter  les  effets  du  tassement  naturel,  au  moins  dans  cette 
région. 

(1)  Certains  supports  ornés  sur  des  faces  latérales  (Mané  Rutual,  Locmariaquer) 
ont  été  forcément  gravés  avant  implantation. 

(2)  Une  excavation  profonde  aurait  occasionné  dans  la  suite  un  inutile  travail 
de  remplissage;  voir-ci-après. 

(3)  Yoir  ce  qui  a  été  dit  précédemment  au  sujet  du  dressage  des  Menhirs. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  411 

Nous  n'avons  pas  de  preuve  palpable  à  porter  à  l'appui  de  cette 
hypothèse  ;  mais  l'examen  de  nombreux  supports  tend  à  lui  donner 
quelque  vraisemblance;  ceux-ci  sont  en  général  constitués  par  des 
blocs  beaucoup  plus  larges  qu'épais,  forme  éminemment  favorable  au 
basculement. 

Le  dallage  de  fond  était  probablement  mis  en  place  après  les  sup- 
ports (1)  et  concourait  à  leur  tenue  dans  la  suite  des  opérations. 

c)  Consolidation  avant  recouvrement.  —  L'ensemble  tertre-supports 
étant  ainsi  établi,  il  importait  de  le  rendre  indéformable  pendant  la 
manœuvre  des  blocs  de  recouvrement,  et  notamment  d'empêcher  le 
chavirement  des  supports  à  l'intérieur  de  la  chambre,  sous  l'effort 
transversal  qui  se  produisait  forcément  du  fait  du  hissage  desdits 
blocs. 

La  paroi  menacée  étant  la  première  chargée,  et  l'autre  s'appuyant 
sur  la  masse  du  tertre,  la  seule  solution  possible  était  de  les  rendre 
toutes  deux  solidaires  :  on  y  arrivait  soit  par  remplissage  de  la 
chambre,  remplissage  fait  de  pierres,  ou  de  pierres  mélangées  de 
terre,  soit  par  établissement  d'un  solide  étançonnage  en  madriers, 
s'appuyant  sur  des  supports  symétriquement  choisis  par  rapport  au 
centre  ou  à  Taxe  ;  le  premier  moyen  paraît  le  plus  sûr,  mais  aussi  le 
plus  long,  l'autre  suppose  des  connaissances  en  charpentage  assez 
développées. 

Quelle  qu'ait  été  d'ailleurs  la  solution  adoptée,  le  tertre  plus  ou 
moins  défoncé  par  les  premières  opérations  devait  être  régularisé  et 
relevé,  son  niveau  supérieur  atteignant  ou  dépassant  le  sommet  des 
plus  hauts  supports,  l'épaisseur  des  glissières  et  des  rouleaux  excluant 
tous  risques  d'arc-boutement  :  pour  les  monuments  de  grande  lon- 
gueur, une  voie  de  halage  pouvait  être  installée  selon  cette  dimen- 
sion, et  servir  successivement  à  la  mise  en  place  des  diverses  tables. 

Il  se  peut  aussi,  surtout  si  des  madriers  d'échantillon  convenable 
se  trouvaient  à  proximité  du  chantier,  que  ces  madriers  aient  été 
appuyés  sur  les  sommets  des  faux-supports  par  leurs  extrémités 
hautes  :  les  faux  supports  auraient  ainsi  constitué  un  dispositif  inten- 
tionnel, facilitant  après  achèvement  des  travaux,  le  dégagement  des 
engins  de  manœuvre. 

d)  Mise  en  place  du  recouvrement.  —  C'était  incontestablement  la 
partie  la  plus  délicate  des  opérations,  en  raison  des  poids  des  blocs 
employés,  poids  généralement  bien  plus  considérables  que  ceux  des 
autres  éléments,  ainsi  que  de  la  nature  des  mouvements  à  produire, 
puis  à  enrayer  à  un  moment  et  en  un  point  assez  précis. 


(1)  Ceci  s'applique  aux  dallages  eu  moyens  ou  petits  éléments  ;  les  dallages 
mégalithiques  devaient  être  mis  en  place  pendant  les  premiers  travaux  d'édifica- 
tion du  tertre. 


412  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Quel  qu'ait  été  le  sens  du  déplacement  prévu,  transversal  ou  lon- 
gitudinal, il  fallait  hisser  la  table  à  flanc  de  tertre  et  la  faire  ensuite 
passer  au-dessus  des  supports. 

Le  hissage  se  faisait,  avec  ou  sans  glissières,  comme  je  l'ait  dit 
précédemment  :  à  un  moment  donné,  la  table,  amenée  à  l'aplomb  de 
la  position  quelle  devait  occuper  pour  reposer  sur  au  moins  trois 
supports  ou  saillants,  s'en  trouvait  séparée  par  l'épaisseur  des  rou- 
leaux de  manœuvre. 

Le  nombre  de  ceux-ci  pouvait,  pour  cette  dernière  phase  être 
réduit  à  deux  (1),  placés  de  part  et  d'autre  des  supports  prévus 
pour  la  table,  et  en  cas  de  hissage  transversal,  en  dehors  des  faces 
externes  de  ces  supports,  ce  qui  exigeait  une  largeur  de  recouvre- 
ment notablement  supérieure  à  celle  de  la  chambre;  il  en  est  ainsi 
sur  presque  tous  les  dolmens,  pour  ne  pas  dire  sur  tous. 

Ces  dispositions  prises,  la  descente  devenait  relativement  facile  ; 
il  suffisait  d'excaver  le  tertre  au-dessous  des  rouleaux,  en  enlevant 
successivement  un  certain  nombre  de  ses  éléments  pierreux  :  la  table 
suivait  le  mouvement  des  rouleaux  et  venait,  sans  ébranlement 
violent,  se  poser  sur  ses  supports. 

La  même  opération  se  repétait  pour  les  autres  tables,  s'il  en  était 
prévu;  quand  toutes  étaient  en  place,  le  tertre,  défoncé  pour  le 
dégagement  des  rouleaux,  avait  perdu  de  sa  hauteur  primitive,  les 
sommets  des  supports  étaient  ramenés  au  jour. 

Une  régularisation  de  la  surface  latérale  semble  avoir  été  effectuée, 
même  si  le  monument  devait  être  enfoui;  pour  ceux  qui  ne  l'ont  pas 
été,  le  doute  n'est  guère  possible  sur  la  réalité  d'un  arasement 
intentionnel  et  très  soigné  Le  tassement  et  la  cohésion  obtenus 
avant  construction  constituaient  une  garantie  sérieuse  contre  l'action 
érosive,  même  prolongée,  des  intempéries  ;  dans  ces  conditions, 
nous  voyons  vraisemblablement  beaucoup  de  tertres,  parmi  ceux 
qui  contiennent  une  forte  proportion  d'éléments  pierreux,  dans  un 
état  peu  différent  de  l'état  où  ils  se  trouvaient,  le  dolmen  terminé  (2). 

Quant  au  débourrage  de  la  chambre,  il  ne  devait  se  faire  que  plus 
tard,  alors  que  le  monument  paraissait  avoir  pris  son  assiette  défini- 
tive ;  j'emploie  à  dessein  une  expression  très  vague,  aucune  évalua- 
tion, mois,  années  et  peut  être  siècles,  ne  pouvant  se  justifier  par  un 
argument  de  quelque  valeur  ;  la  rencontre  du  dallage  indiquait  le 
niveau  qu'il  eut  été  imprudeut  de  dépasser. 


(1)  On  devait,  au  cours  de  la  manœuvre,  en  utiliser  un  plus  grand  nombre,  dont 
un  au  moins  à  l'intérieur  de  la  chambre  :  ce  dernier  pouvait  être,  au  dernier 
moment,  dégagé  par  excavation,  juste  avant  la  phase  ultime. 

(2)  Un  affaissement,  s'il  s'est  produit,  n'a  pu  être  qu'un  mouvement  d'ensemble, 
laissant  le  profil  à  peu  près  semblable  à  lui-même. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  418 

Le  débourrage  prêtait  à  un  certain  aléa  ;  quand  les  tables  étaient 
très  lourdes,  des  déformations  et  même  des  effondrements  étaient  à 
craindre,  si  des  supports  insuffisamment  calés  étaient  mal  chargés  ; 
aussi  trouve-t-on,  dans  quelques  dolmens,  des  supports  intérieurs, 
généralement  placés  dans  la  partie  la  plus  large  de  la  chambre. 

Certains  de  ces  supports  ne  touchent  pas  la  face  inférieure  de  la 
table  sus-jacente  (galerie  de  Brenniles,  Pierres  plates  de  Locma- 
riaquer)  ;  d'autres  ont  prouvé  leur  utilité  en  consolidant  une  table 
qui  s'est  brisée  sous  la  charge  du  tumulus  de  recouvrement  (Grugou 
en  Plovan,  Finistère,  N  C). 

Ces  derniers  sont  au  nombre  de  deux  et  placés  dans  le  sens  de  la 
longueur  de  la  galerie  ;  leurs  grandes  dimensions  sont  orientées  de 
la  même  Jàçon  ;  à  Brennilis  et  aux  Pierrres  plates,  au  contraire, 
l'unique  support  intérieur  barre  partiellement  la  galerie  comme  si 
les  constructeurs,  tout  en  installant  une  consolidation,  avaient  voulu 
ménager,  dans  la  partie  la  plus  reculée  du  monument,  une  sorte  de 
réduit,  d'accès  plus  difficile  que  le  reste. 

Il  convient  d'ajouter  que,  dans  le  cas,  assez  fréquent,  où  les  sup- 
ports latéraux  ne  forment  pas  paroi  continue,  une  sorte  de  parement 


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Fig  2.  —  Table  des  Marchands,  à  Locmariaker  [d'après  un  croquis  de  M.  L.  Bonneau]. — 
Coupe  médiane  et  Elévation  de  la  paroi  S.  W.  —  Ce  croquis  montre  les  supports  et  faux- 
supports,  ain-i  que  le  tertre  de  construct  on  —  A,  muret  établi  tout  récemment. 
S,  S,  Niveau  approximatif  du  sol  naturel.  —  Echelle  de  0^0075  pour  1  mètre. 

en  pierres  assez  peu  volumineuses  garantissait  la  chambre  contre 
les  infiltrations  des  matériaux  du  tertre  ;  le  parement  ne  s'élevait 
que  jusqu'au  niveau  supérieur  de  celui-ci,  sauf,  naturellement,  en  ce 
qui  concerne  les  monuments  prévus  pour  l'enfouissement,  où  il 
montait  jusqu'à  la  face  inférieure  des  tables. 

On  ne  saurait  trop  insister  sur  l'importance  de  ce  parement  : 
dans  les  dolmens  découverts,  mais  encore  inexplorés  et  dont  la 
chambre  s'est  comblée  dans  la  suite  des  temps,  il  peut  indiquer  quelle 
était  primitivement  la  hauteur  du  sommet  du  tertre  de  construc- 
tion. 


414  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

Les  monuments  à  tables  ne  sont  point  les  seuls  édifices  préhisto- 
riques à  ossature  mégalithique  complète  ;  un  autre  type,  représenté 
par  deux  spécimens  bien  nets  et  un  troisième  plus  confus,  semble 
localisé  au  Finistère. 

M.  P.  du  Chatellier,  qui  a  signalé  ceux  de  Castel  Ruffel  (N  C)  en 
Saint-Goazec  et  de  Lesconil  (N  C)  en  Poullan,  leur  donne  le  nom  de 
«  galeries  en  pierres  arc-boutées  »  ;  il  qualifie  d'autre  part  de  demi- 
dolmen  le  monument  de  Kersidal  (N  C),  en  Plameur,  dont  la  partie 
moyenne  correspond  à  ce  type,  tandis  que  les  extrémités  semblent 
d'un  dolmen  ordinaire,  dont  les  tables  auraient  disparu. 

Lesgaleries  de  Lesconil  (1)  et  de  Castel  Ruffel  sont  relativement  bien 
conservées;  la  première  possède  encore  son  cromlech  de  soutènement, 
en  blocs  larges  et  minces,  plantés  de  champ  ;  le  tertre  de  construc- 
tion est  assez  abîmé,  mais  reste  bien  visible;  il  est  en  bien  meilleur 
état  à  Castel  Ruffel  où,  par  contre,  le  cromlech  n'est  pas  apparent. 

Dans  chacune  de  ces  galeries,  les  blocs  formant  l'une  des  parois 
viennent  s'arc-bouter  sous  les  blocs  de  l'autre  à  des  distances  varia- 
bles des  sommets  :  l'arc-boutement  se  fait  toujours  dans  le  même 
sens. 

Ces  monuments  d'un  type  si  particulier  sont  intéressants  à  étudier 
parce  que  leur  mode  de  construction  ne  prête  pas  à  discussion  ;  un 
tertre  allongé  a  été  édifié,  sur  lequel  les  blocs  les  plus  petits  ont  été 
présentés  à  leur  inclinaison  définitive,  puis  fortement  calés.  Les 
grands  blocs  hissés  sur  l'autre,  ont  été  appuyés  sur  les  têtes  des 
premiers  ;  et  le  tertre  encavé  sur  ce  flanc,  au-dessous  des  pieds,  jus- 
qu'à ce  que  ceux-ci  viennent  prendre  calage  sur  le  sol  résistant  ou 
soutenu. 

Il  suffisait,  pour  l'équilibre  ultérieur,  que  ce  calage  fut  bien  réalisé 
et  que  les  régions  en  contact  de  la  dalle  accorante  et  de  la  dalle 
accorée  se  trouvent  nettement  au-dessus  du  centre  de  figure  de  cette 
dernière. 

L'utilisation  de  la  chambre  ainsi  formée  nécessitait  évidemment 
un  débourrage  des  matériaux  du  tertre  initial;  c'est  une  conclusion  à 
laquelle  nous  a  déjà  conduit  l'étude  des  conditions  d'établissement 
des  dolmens  ordinaires. 

Je  ne  puis  apporter  aucune  preuve  indéniable  à  l'appui  des  hypo- 
thèses qui  viennent  d'être  énoncées  ;  mais  j'estime  que  les  faits  d'ob- 
servation suivants  contribuent  à  leur  donner  une  sérieuse  vraisem- 
blance. 

(1)  La  Galerie  de  Lesconil,  en  granit,  a  16  blocs  inclinés  et  2  de  fermeture;  le 
cromlech  de  soutènement  en  comprend  27;  elle  mesure  intérieurement  12  mètres 
de  long  sur  lm20  de  largeur.  —  Celle  de  Castel  Ruffel  est  de  même  longueur,  mais 
plus  large;  elle  est  de  grès  silurien. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  415 

1°  Les  pieds  des  supports  pénètrent  dans  le  sol  ou  dans  la  base  du 
tertre,  bien  au-dessous  de  la  couche  archéologique.  Ceci  a  été  cons- 
taté pour  tous  les  dolmens  de  quelque  importance  ;  il  y  a  donc  eu 
creusement  intentionnel  de  leurs  implantations. 

2°  Le  dallage  mégalithique,  quand  il  existe,  contribue  à  la  tenue 
des  supports,  qui  s'appuient  sur  sa  tranche.  Cette  disposition  consti- 
tuait une  garantie  de  solidité  très  avantageuse  ;  elle  se  remarque 
surtout  dans  les  très  grands  monuments  du  Morbihan,  qui  paraissent 
représenter  le  plus  haut  degré  de  perfection  de  l'Architecture  préhis- 
torique (1). 

Un  dallage  en  éléments  moyens,  mais  bien  tassés,  comme  ceux 
des  couches  inférieures  des  tertres,  répondait  à  peu  près  au  même 
but,  moins  parfaitement  toutefois. 

3°  Les  dessous  de  tous  les  blocs-tables  ont  des  formes  planes  ou  à 
très  grand  rayon  de  courbure,  et  régulières,  c'est-à-dire  se  prêtant 
bien  au  transfert  sur  rouleaux  ;  les  faces  supérieures  sont  au  con- 
traire souvent  accidentées  ;  quand  au  pourtour  on  y  voit  fréquem- 
ment des  arêtes  vives,  causes  inévitables  d'accrochages  et  d'arc- 
boutements  sur  les  sommets  des  supports,  si  les  précautions  définies 
précédemment  n'avaient  pas  été  prises. 

On  est  frappé,  en  examinant  quelques  dolmens,  du  contraste  entre 
les  parois  intérieures  et  les  dessous  de  tables,  bien  dégrossis  et 
paraissant  taillés  ou  au  moins  piqués,  et  les  faces  externes  des  divers 
éléments  ;  parmi  ces  faces,  les  dessus  de  tables  sont  de  beaucoup 
les  plus  frustes. 

Cette  dernière  constatation  soulève  un  difficile  problème,  celui  du 
choix  des  blocs  employés  pour  les  recouvrements  ;  dans  les  régions 
sédimentaires  ou  gneissiques,  dans  les  formations  feuilletées,  grani- 
tiques ou  granulitiques,  des  dalles  naturellement  inclinées  par  les 
plissements  géologiques  attiraieut  forcément  l'attention  ;  dans  d'au- 
tres lieux,  des  blocs,  perchés  sur  socles  argileux  ou  constitués  par 
des  parties  rocheuses  décomposées,  fournissaient  d'excellents 
éléments. 

L'extraction  de  carrière  devait  être  exceptionnelle,  dans  ces 
derniers  terrains  à  cause  de  l'aléa  qu'elle  présentait  ;  l'inconvénient 
résultant  de  l'éclatement  (2)  d'un  bloc  de  forte  épaisseur  n'était  pas 
très    considérable,  s'il  s'agissait   d'un  menhir  projeté  ;  la  question 

(1)  La  Galerie  du  Mané  Lud  en  est  un  des  exemples  les  plus  remarquables,  avec 
cette  circonstance  particulière  des  objets  précieux  déposés  sous  le  dallage  (Explo- 
ration Z.  Le  Rouzic). 

(2)  Des  coins  de  bois,  introduits  dans  les  fissures  d'une  rocbe,  même  très  résis- 
tante, puis  mouillés,  suffisent  à  provoquer  l'ouverture  de  ces  fissures  sur  une 
grande  profondeur. 


416  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

était  tout  autre  pour  des  tables.  Aussi  voit-on,  dans  la  riche  région 
mégalithique  de  Porspoder,  les  dolmens  érigés  en  bordure  des 
traînées  de  boules  granitiques. 

Un  dessus  de  roche  de  fond  à  surface  régulière  devait  parfois 
inciter  au  retournement;  mais  la  manœuvre  paraît  trop  délicate  pour 
avoir  été  acceptée  comme  solution  courante  (1),  surtout  en  ce  qui 
concerne  les  blocs  de  recouvrement  de  grande  masse  ;  ceux-ci  n'ont 
pas  été  retournés,  selon  toutes  probabilités.  Cette  manière  devoir  est 
confirmée  par  l'extrême  rareté  des  Gravures  sous  tables,  même  dans 
les  monuments  à  supports  ornés,  rareté  que  ne  justifierait  pas  la 
difficulté  d'exécution,  résultant  de  la  position  de  l'artiste,  celui-ci 
opérant  après  mise  en  place  de  la  table. 

Je  ne  connais  que  deux  exemples  de  telles  gravures  au  trait;  ce 
sont  l'ensemble  «  quadrupède-hache  de  labour  »  de  la  Table  des 
Marchands  (2;  ;  et  la  figure  dite  scutiforme  du  Mané  Rutual.  Dans  la 
même  commune,  Tune  des  tables  du  dolmen  de  Kervrès  porte  à  sa 
face  inférieure  de  nombreuses  cupules  :  d'après  leurs  positions  par 
rapport  aux  supports,  les  gravures  ont  pu  être  entièrement  faites, 
alors  que  la  construction  était  achevée. 

4°  Quelques  tables  d'énormes  dimensions,  dépassant  de  plusieurs 
mètres  la  paroi  de  la  chambre,  sont  aujourd'hui  brisées  en  deux  par- 
ties :  les  bords  des  cassures  sont  très  nets  et  pourraient  être  remis 
en  contact  assez  parfait. 

Telles  sont  les  grandes  tables  des  dolmens  du  Mané  Rutual  et  du 
Mané  Lud.  Le  tertre  du  premier  est  assez  restreint  comme  hauteur  ; 
mais  celui  du  second  est  bien  conservé;  il  est  beaucoup  moins  élevé 
que  le  tumulus  de  recouvrement  qui  le  prolonge  vers  l'Est. 

Dans  l'un  et  l'autre  cas  la  table  aurait  dû  protéger  la  masse  sous- 
jacente  contre  l'érosion  atmosphériques  et  recevoir  soutien  de  cette 
masse.  Si  la  rupture  s'est  produite,  elle  a  pu  être  consécutive  à  l'ara- 
sement intentionnel  dont  j'ai  parlé  précédemment;  ces  tables  étant 
relativement  minces  et  le  granit  qui  les  forme  de  qualité  assez 
médiocre,  tout  porte  à  faux  notable  était  dangereux  ou  pouvait  le 
devenir. 

(A  suivre). 


(1)  On  conçoit  que  cette  manœuvre  ait  pu  se  faire,  pour  des  blocs  de  poids 
modéré,  par  basculement  et  renversement  en  tranchée,  la  première  partie  de 
l'opération  étant  analogue  à  celle  décrite  pour  les  menhirs  ;  la  2e  nécessitant  l'em- 
ploi de  cordes;  la  manœuvre  devait  être  repétée,  en  sens  inverse,  si  l'on  voulait 
utiliser  la  table  après  dégrossissement  du  dessous  primitif. 

(2)  Le  Rouzic  et  Gh.  Keller,  1910. 


V  /  7 


SÉANCE  DU  23  DECEMBRE  1915 


Présidence  de  M.  LE  BEL. 


I.    —     PROCÈS-VERBAL    DE    LA     SÉANCE 


M.  le  Secrétaire  donne  lecture  du  Procès-verbal  de  la  séance  du 
24  Novembre  1915.  —  Le  Procès-verbal  est  adopté. 

A  propos  du  Procès-verbal,  des  notes  ont  été  envoyées  par 
M.  Desforges, Marcel  Baudouin,  etc. —  Elles  sont  insérées  plus  loin. 

Correspondance. 

Lettres  d'Excuses.  —  MM.  A.  Guébhard;  —  Edmond  Hue;  — 
A.  Viré;  —  L.  Jacquot. 

Lettres  diverses.  —  Gh.  Peabody  (Etats-Unis);  — E. Patte  (Serbie). 


Bibliothèque. 

La  Société  Préhistorique  Française  a  reçu  les  Ouvrages  suivants 
de  MM.  : 

Ballet.  —  A  propos  des  Eolithes  du  Puy-Courny  [Extr.  Mém.S.  P.  F.,  t.  III, 
1915,  p.  92].  —  Tiré  à  part,  Le  Mans,  1915,  in-8%  15  p.,  1  flg. 

Magni  (Dr  A.).  —  Il  Gaslè  di  Ramponio.  Il  primo  Castelliere  scoperto  in  Lom- 
bardia,  in  Val  d'Intelvi  (Como).  —  Gomo,  1915,  in-8°,  72  p.,  22  fîg. 

Hommage  à  la.  Science  Française. 

Le  Bureau  de  la  Société  Préhistorique  Française  a  reçu  la  lettre  sui- 
vante, adressée  au  Secrétaire  général  : 

Mon  cher  Collègue, 

Un  petit  mot  de  souvenir  et  de  bienveillance  pour  Noël  ne  vous  fera  pas  de 
mal,  en  ces  temps  tristes  ! 

Gomme  j'ai  la  nostalgie  pour  votre  France  bien-aimée  et  pour  les  amis  et 
confrères,  je  voudrais  bien  trouver  une  fouille  préhistorique  à  exécuter  quelque 

SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE.  ?8 


418 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 


part  en  Franco,  de  façon  à  me  trouver  encore  une  fois  sur  le  terrain  où  je  pro- 
fère travailler. 

Acceptez,  pour  vous-même  et  pour  tous  les  Préhistoriens  qui  se  souviennent 
de  moi,  tous  mes  vœux  pour  1916  :  La  France  Viclorieuse\ 

Pr  Charles  Peabody 
(Harvard  University,  Cambridge,  Mass  ). 

Le  Conseil  d'Administration  de  la  Société  Préhistorique  Française, 
adresse  à  notre  savant  collègue,  M.  le  Pr  Peabody,  ses  très  vifs  remer- 
ciements pour  les  sentiments  que  cette  lettre  exprime  d'une  façon  si 
noble. 

I>on«  aux  Collections  de  la  S.  F*.  F*. 


M.  le  Dr  A.  Guébharo  envoie  à  la   Société   Préhistorique    Française 

pour  ses  collections,  trois  petits 
instruments,  en  pierres  vertes, 
polies,  dont  deux  de  la  forme  dite 
«  haches  »,  mais  d'un  usage  pro- 
bablement tout  différent,  étant 
données  leurs  petites  dimension», 
0m053  et  0m038  de  plus  grande 
longueur,  0m035  et  0m030  de  tran- 
chant, presque  droit  dans  la  plus 
petite,  remarquable  par  le  brillant 
de  son  poli,  légèrement  incurvé 
dans  l'autre ,  malheureusement 
ébréchée.  —  La  troisième  pièce, 
plus  petite  encore  (0m035  de  long 
sur  0m018  de  large  et  0m008  à 
peine  de  plus  grande  épaisseur),  de 
la  section  triangulaire  aiguë,  pré- 
sente la  forme,  certainement  rare 
en  cette  substance,  d'un  prisme 
mince,  affilé  en  ciseau  à  son  extré- 
mité et  en  couteau  sur  l'arête  de 
l'angle  dièdre  formé  par  la  ren- 
contre des  deux  faces  planes,  soi- 
gneusement polies,  séparées  par 
un  dos  simplement  dégrossi,  qui 
rappelle  celui  de  nos  modernes 
rasoirs. 

Les  deux  premières  pièces  proviennent  d'Éoulx  (Basses-Alpes),  la 
seconde    du    Petit-Ray  au,    commune  de     Gastellane    (Basses-Alpes), 


3. 


Fig.  1.  —  Fragment  de  Hache  polie,  ayant 
pu  être  utilisé  comme  petit  ciseau  ou 
tranchet.  —  Echelle  :  2  fois  Grand,  nat.  (1). 

Légende  :  A,  B,  Longueur  réelle  de  l'ob- 
jet. —  CD,  Coupe  suivant  le  croquis  ci- 
dessus. 


(1)    Ce    dessin    a   été    exécuté    au    double    de    la  grandeur    réelle   de  l'objet, 
\u  sa  petitesse. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  41 9 

toutes  de  la  proximité  d'une  petite  Enceinte,  inédite,  sise  au  Teil,  sur 
un  contrefort  de  la  montagne  de  Destourbes,  à  1150  mètres  d'alti- 
tude. 

Collections  de  la  S.  P.  F\ 

Grâce  à  l'initiative  de  notre  collègue,  M.  J.-B.  Colleu  (Gollinée, 
Gôtes-du-Nord),  les  pièces  suivantes  ont  pu  entrer,  par  achat  direct, 
dans  les  Collections  de  la  Société  Préhistorique  Française  : 

1°  Casse-tête,  légèrement  naviforme,  recueilli  à  Langourla,  canton 
de  Gollinée  (Gôtes-du-Nord)  ; 

2°  Pendeloque  percée  en  Silex  clair  (Galet  roulé),  trouvée  au 
hameau  de  Boissy,  commune  de  Penguily,  canton  de  Moncontour 
(Gôtes-du-Nord)  [Pièce  très  rare  et  très  belle]. 

3°  Fragment  de  pointe  de  poignard,  en  Silex  translucide,  proba- 
blement du  type  La  Bonnetière,  à  taille  du  Grand  Pressigny  ou  Pressy- 
gnyenne,  provenant  du  hameau  de  Mirel,  commune  de  Flencé-Jugan, 
sur  les  confins  du  canton  de  Gollinée. 

Ces  pièces  sont  celles  signalées  dans  une  note  précédente  (1)  de 
M.  Colleu. 

Membres  Donateurs. 

Sont  proclamés  Membres  Donateurs  de  la  Société  Préhistorique  Fran- 
çaise MM.  R.  Langlassé  (Puteaux,  S.)  et  Paul  de  Givenchy  (Paris), 
auteurs  de  dons  supérieurs  à  cent  francs  [Art.  II  des  Statuts]. 

Délégués  de  la  S.  P.  F1. 

M.  Bossavy  (Versailles),  membre  du  Conseil  d'Administration  de  la 
Société  Préhistorique  Française,  est  nommé  Délégué  pour  le  Départe- 
ment de  Seine-et-Oise  de  la  Société  Préhistorique  Française, 

Missions  scientifiques. 

M.  F.  Kessler  (d'Alsace),  actuellement  à  Marseille,  est  chargé,  sur 
sa  demande,  d'une  Mission  préhistorique  à  Marseille  [Etude  des  pièces 
préhistoriques  des  Musées  de  Marseille], 

Présentations  et  Communications. 

A.  Guébhard  (Saint- Vallier-de-Thiey,  Alpes-Maritimes).  —  Deux 
Hachettes  polies  et  un  débri  poli  des  Basses-Alpes. 

(1)  Bull.  Soc.  Préh.  France,  Par.,  1915,  N°  11»  p.  382. 


420  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇA*" 

Marcel  Hémery  (Oise).  —  Découverte  d'objets  de  l'époque  gauloise  à 
Tracy-le-Val  (Oise),  au  cours  de  Travaux  militaires. 

Marcel  Baudouin  (Paris).  —  Enquête  sur  les  Tdrauds  Néolithiques . 
—  Discussion  :  A.  de  Mortillet  ;  E.  Taté  ,  ^.ossavy. 

Georges  Poulain  (Eure).  —  Sur  la  destination  d'une  catégorie  d'Ou- 
tils en  Silex  :  époques  Magdalénienne  et  Néolithu  e.  —  S  ur  un  *lartedu- 
hache  trouvé  dans  l'Eure  (Fig.). 

D.  Estaunié  (Montagnac,  Algérie).  —  Note  sur  le  C.  attciri  fJov,- 
culés  oranais . 

Dr  Jousset  de  Bellesme  (Nogent-le-Rotrou). — Nôu.  :aux  Polis- 
soirs  à  La  Perrière  {Orne). 

A.  Brasseur  (Gournay,  Seine-Inférieure).  —  Note  sur  le"  Percuteurs 
en  Silex. 

A.-L.  Harmois  (Paris).  —  La  Pierre  d'attente  des  Morts  de  Brix 
[Manche). 

Nécrologie. 

M.  Bout  de  Charlemont  (Hippolyte),  de  Marseille  (B.-du-R.), 
décédé  le  2  juin  1915.  —  Il  avait  publié  plusieurs  notes  dans  notre 
Bulletin  et  est  l'auteur  de  nombreux  Mémoires  sur  l'Archéologie  pro- 
vençale. 


II.   —  NOTES,  DISCUSSIONS   ET  PRISES   DE  DATE. 


Discussion  sur  les  Casse-têtes. 

MA.  Desforges.  —  La  note  parue  sous  mon  nom  dans  le  der- 
nier Bulletin  (N°  11  de  novembre  1915,  p.  381),  renferme  trois 
erreurs  matérielles  :  1°  Le  casse  tête,  en  calcaire,  de  M.  Soudan 
(de  Luzy)  est  entier  ;  mais  il  est  semi-  navifo.rme.  2°  Celui  du  Musée 
de  Saint  Germain,  catalogué  «  Grand  Marteau  en  pierre,  trouvé  à 
Moulins  (Nièvre),  porte,  non  le  N°  31.125,  mais  bien  le  N°  31.121. 
3°  Enfin  je  doute  que  ce  Marteau  provienne  de  Moulins  (Nièvre);  je 
le  crois  plutôt  de  Moulins  (Allier).  La  note  en  question  me  fait  dire 
le  contraire. 


Découvertes    Préhistoriques    en    Serbie 
(Vallée  du  ¥ardar)    Guerre  d'Orient]. 

[Prise  de  Date]. 

M.  E.  Patte  (Chantilly,  Oise).  —  J'ai  eu  le  plaisir  de  faire  quel- 
ques découvertes,  au  point  de  vue  préhistorique,  dans  la  vallée  du 


^oiÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  421 

Vardar,  où  j'ai  reconnu  trois  stations,  Néolithiques  toutes  trois,  je 
pense.  Le  silex  paraît  fort  rare  dans  le  pays  ;  et  il  n'y  a  que  la  pre- 
mière station  que  j'ai  reconnue  qui  m'en  ait  fourni  :  une  sorte  de 
Grattoir  ou  Tranchât,  taillé  sur  les  deux  faces  avec  talon  réservé; 
et  un  petit  éclat,  peut-être  paléolithique,  car  il  est  roulé.  La  deuxième 
ne  m'a  fourni  qu'un  pçtit  Disque,  en  quartz  opaque. 

Ces  deux  striions  tort  voisines  contiennent  des  éclats,  en  général 
assez  informes,  de  quartz,  dont  beaucoup  sont  certainement  taillés, 
ïisième  station  située  bien  plus  au  Sud-est,  à  50  kilomètres 
des  d^*.-  /aères,  ne  m'a  pas  fourni  de  silex;  elle  m'a  donné  plu- 
sieurs pièces  intéressantes  :  une  hachette,  en  roche  qui  s'effiloche  en 
brins  d'amiante;  une  herminelte  incomplète  en  roche  noire  verdâtre; 
une  lame  pointue  en  jaspe  rouge,  à  texture  assez  grossière.  En  dehors 
de  ces  trois  roches,  je  n'ai  trouvé  que  du  quartz  taillé  plus  ou  moins 
nettement,  et  de  la  Poterie  ;  cette  dernière  est  de  tous  les  âges  et  de 
toutes  les  dimensions  ;  il  y  en  a  certainement  de  toutes  les  époques, 
Néolithique,  Bronze,  Fer,  jusqu'à  nos  jours  :  ce  qui  n'aurait  rien 
d'étonnant,  étant  donné  la  situation  de  la  station  sur  un  petit  piton 
escarpé,  presque  isolé,  au  confluent  du  fleuve  et  d'un  ruisseau.  Posi- 
tion forte  que  les  Balkaniques  n'avaient  pas  manqué  d'occuper  en 
1912  ou  1913  (et  dont  les  tranchées  m'ont,  du  reste  facilité,  sinon 
permis,  les  recherches).  J'ai  recueilli  quelques  échantillons  de  Poterie 
primitive;  en  particulier  un  fragment  portant  un  mamelon  avec 
embryons  de  perforation.  Je  me  propose  de  continuer  les  recherches 
en  ce  point  et  sur  les  crêtes  voisines. 


Découverte  d'Objets  de  FRpoque  Gauloise  à 
Tracy-le-Val  (Oise),  au  cours  de  Travaux  mili- 
taires. 

[Prise  de  Date]. 

M.  Marcel  Hémery  (Oise),  caporal.  —  J'ai  l'honneur  de  signaler  à 
la  Société  Préhistorique  Française  la  découverte  faite  au  cours  de  cet 
été,  dans  des  conditions  plutôt  malheureuses,  de  vases  et  de  diffé- 
rents objets  en  fer  et  en  bronze,  particulièrement  d'armes,  que,  d'après 
les  renseignements  qui  m'ont  été  donnés,  je  n'hésite  pas  à  déterminer 
comme  étant  de  la  Période  gauloise.  Ces  trouvailles  ont  été  faites  par 
des  soldats,  en  exécutant  divers  travaux  de  terrassement  dans  les 
bois  situés  à  l'Est  du  château  de  Tracy-le-Val  (Oise),  arrondisse- 
ment de  Gompiègne  [l'emplacement  est  marqué  sur  la  carte  (Fig.  1), 
par  une  croix  X]. 

Ce  qui  donne  plus  d'importance  à  cette  trouvaille,  c'est  la  proximité 
de  la  riche  station  néolithique  de  Nampcel,  que  j'ai  visitée  longue- 


422  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

ment  pendant  plusieurs  années,  avec  notre  dévoué  collègue,  M.  Bou- 
tanquoi. 

Malheureusement,  ces  trouvailles  si  importantes  ont  été  anéanties, 
car  il  ne  s'est  trouvé  personne  pour  pouvoir  mettre  en  sûreté  ces 
objets  si  précieux  et  donner  des  détails  sur  leurs  emplacements  et 


©  l  %  i 

Fig.  0.  —  Les  environs  de  Tracy-le-Val  <Oise),  près  Compiègne. 


leurs  positions.  Ils  sont  restés  exposés  sur  le  bord  de  la  tranchée  pen- 
dant plusieurs  jours,  jusqu'à  ce  que  les  obus  les  aient  détruits. 

Je  tiens  ces  renseignements  d'un  officier,  qui  se  trouve  dans  ce 
secteur  et  qui  se  désintéresse  malheureusement  des  découvertes 
archéologiques.  —  Il  serait  à  souhaiter  que  pareil  fait  ne  se  renou- 
velle pas. 


Enquête  sur  les  Tarauda  ou  Fraises 
Néolithiques. 


M.  Marcel  Baudouin.  —  Jusqu'à  présent,  il  semble  qu'on  ait 
assez  mal  compris,  défini  et  décrit  un  Outil,  qu'on  pourrait  désor- 
mais, en  Préhistoire,  appeler  Taraud  ou  Fraise. 

Mais,  pour  plus  de  clarté,  nous  nous  en  tiendrons  ici  à  l'étude  du 
Taraud  ou  de  la  Fraise  Néolithique,  car  c'est  surtout  à  l'époque 
de  la  Pierre  polie  que  l'on  a  dû  avoir  à  se  servir  d'un  tel  instrument, 
soit  pour  agrandir  les  petits  orifices  exécutés  sur  le  bois  ou  l'os 
d'abord  au  Perçoir,  ou  réaliser  des  trous  énormes  relativement,  des- 
tinés surtout  à  l'emmanchement  des  gros  outils  perforés,  dont  la 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  423 

perforation  n'a  pas  du  être  obtenue  par  le  Forage  au  roseau  [Forage 
cylindrique  d'emblée]  ou  qu'on  n'a  pu  percer  au  début  [Roches  très 
compactes],  malgré  l'emploi  de  la  percussion  et  du  forage  au  bois. 

Il  est  bien  évident  qu'on  ne  doit  pas  appeler  Tarauds  les  outils  qui 
ont  une  forme  pointue,  parfois  très  aiguë,  mais  souvent  aussi  assez 
mousse,  auxquels  jusqu'à  présent  on  a  réservé  le  nom  de  Perçoirs 
(pour  la  pierre)  et  de  Poinçons  (pour  les  objets  en  os  surtout)! 

Mais,  où  la  difficulté  de  diagnostic  et  de  détermination  commence, 
c'est  lorsqu'il  s'agit  d'établir  la  distinction  avec  certains  Grattoirs, 
fins  et  allongés,  parfois  assez  épais  et  même  presque  cylindriques, 
sur  bout  de  lame,  plus  ou  moins  étranglés  et  ayant  par  exemple  une 
extrémité  large  et  non  pointue  de  plus  de  0m005,  pour  prendre  un 
repère  artificiel. 

A  mon  avis,  on  doit  classer,  dans  les  Fraises  ou  Tarauds  [à  bois 
ou  à  os],  les  instruments  de  cette  sorte,  à  une  double  condition:  1°  que 
les  bords  de  la  pointe,  assez  mousse,  présentent  des  éclats  d'utilisation 
sur  environ  0m010  de  hauteur  et  davantage;  2°  et  que  le  silex  soit 
presque  aussi  épais  que  large (0m005/0m005).  —  Sans  cela,  il  n'aurait 
pu  servir  à  transpercer  ou  fraiser,  sans  se  briser  de  suite. 

Certes,  il  y  a  des  outils  plus  larges  que  0m005.  Il  y  en  a  qui  ont 
0m010  et  0m020  et  plus;  mais,  avec  une  épaisseur  de  0m005  à  0m010, 
on  a  une  résistance  suffisante  pour  pouvoir  percer  le  bois  et  des 
planches  assez  épaisses. 

J'en  ai  fait  plusieurs  fois  l'expérience.  A  condition  de  débuter  par 
un  fin  Perçoir  solide,  on  arrive  vite  par  Fraisage  à  faire,  dans  le  bois, 
une  Cupulette  de  0m005  de  diamètre  ;  et,  dès  lors,  tout  Taraud  ou 
Fraise,  bien  solide  et  bien  conditionné,  permet  d'obtenir  des  orifices 
atteignant  0m020  et  plus.  Cela  même  dans  le  Granité  (1),  lorsqu'il 
est  un  peu  friable  et  a  été  préparé  au  préalable  par  une  forte  Percus- 
sion. 


Je  sais  très  bien  que  la  dénomination  Taraud,  utilisée  dans  le 
sens  où  je  l'emploie,  ne  vaut  pas  grand  chose,  parce  qu'à  l'époque 
actuelle  le  terme  Taraud  implique  l'idée  de  pas  de  vis,  qui,  au  sens 
propre  de  ce  dernier  mot,  ne  peut  pas  exister  avec  des  instruments  en 
pierre.  Mais,  à  mon  sens,  il  vaut  autant  que  celui  de  Fraise,  trop 
moderne;  et  je  n'ai  que  ce  choix,  car  il  n'y  a  pas  de  meilleur  mot,  à 
ma  connaissance,  pour  l'opération  que  tout  le  monde  connaît  désor- 
mais, et  pour  le  sens  que  j'ai  indiqué  ci-dissus. 

(I)  Expériences  exécutées  à  l'Ile  d'Yeu(V.)  sur  le  terrain  même  pour  les  Cupules; 
—  à  Croix-de-Vie  (V.),  pour  les  Objets  de  Bois  et  d'Os. 


424  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

En  effet,  l'étymologie  des  termes  Tarière  et  Taraud  ne  fait  pas  du 
tout  intervenir,  comme  on  le  croit,  l'idée  de  Pas  de  vis.  En  effet  tara, 
en  sanscrit  (de  la  racine  tr),  signifie  simplement  traverser  ou  passer  à 
travers  (en  écartant  un  obstacle  ou  autrement  [dara  (trou)  [Burn.]. 

Par  conséquent  nous  avons  donc  absolument  le  droit  de  main- 
tenir le  terme  français  Taraud,  adopté  jusqu'ici,  d'autant  plus  qu'il 
vient  du  Gaulois  (1). 

D'ailleurs,  les  silex  dont  on  se  sert  en  l'espèce  finissent  par  pré- 
senter sur  ses  côtés  des  Encoches,  très  nettes  et  distinctes,  qui  arri- 
vent à  simuler  un  Pas  de  vis,  et  qui,  sans  doute,  dès  l'époque  des 
Métaux,  ont  dû  faire  songer  d'abord  au  Taraud  et  à  la  Tarière  métal- 
liques, puis  à  la  Vrille,  et  enfin  au  Tire-bouchon  et  à  leurs  dérivés. 


Recherchons  maintenant,  dans  les  ouvrages  classiques,  ce  qu'on 
a  pu  dire  des  Tarauds  et  des  Fraises.  Nous  n'y  trouvons  au  demeu- 
rant que  des  données  des  plus  vagues  et  très  rares  ! 

G.  et  A.  de  Mortillet,  par  exemple,  dans  Le  Préhistorique,  se 
bornent  à  parler  des  Perçoirs  et  des  Poinçons  paléolithiques  ou  non  ; 
aucun  article  n'est  consacré  aux  Tarauds,  qui,  pour  ces  auteurs, 
n'existent  pas  [Cf.  A.  de  Mortillet]  (2). 

Dans  le  Musée  préhistorique  des  mêmes  savants,  une  Planche 
(N°  XLII)  est  bien  consacrée  aux  Perçoirs  et  Poinçons  Robenhau- 
siens;  mais  le  mot  Taraud  n'y  est  pas  prononcé  non  plus! 

Dans  le  Manuel  de  J.  Déchelette,  le  mot  Taraud  n'existe  pas 
davantage  à  la  Table  des  Matières  et  il  n'en  est  pas  question  dans  les 
descriptions  qu'il  donne  dans  son  premier  volume.  L'outil  est 
mélangé  avec  le  Perçoir. 

Dans  Y  Age  de  la  Pierre  de  John  Evans,  on  trouve  bien  un  article 
«  Foret  »  ;  mais  il  ne  se  rattache  guère  qu'aux  poinçons,  perçoirs 
et  alênes.  —  Toutefois,  plusieurs  des  figures  qui  illustrent  ce  cha- 
pitre sont  à  mon  sens  de  vrais  Tarauds  ou  des  Fraises,  et  non  pas 
des  Forets  (Fig.  231  et  232).  D'ailleurs,  cet  auteur  a  écrit  lui-même  : 
«  Il  est  douteux  que  l'on  puisse  classer  au  nombre  des  Forets  les 
instruments  231  et  232...  ».  Et  il  y  voit  des  pointes  de  flèches, 
alors  que  je  crois  plutôt  à  des  Tarauds  emmanchés,  hypothèse  que 
d'ailleurs  il  a  indiquée  lui-même  (p.  320). 

(1)  En  gaélique,  on  a  thar,  à  travers  ;  en  irl.,  lar;  en  welsch,  trwy  ;  en  anglais, 
through. 

(2)  A.  De  Mortillet.  —  Le  travail  de  la  Pierre  aux  Temps  préhistoriques .  — 
Rev.  de  l'Ecole  d'Anlhrop.,  Paris,  1910,  N°  1,  Janvier.  —  Tiré  à  part,  Paris, 
1910,  51  p.,  18  fig. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  425 

En  réalité,  le  Taraud  ou  Fraise  a  été, jusqu'à  présent,  totalement 
négligé  par  les  auteurs  classiques.  On  n'a  songé  qu'aux  Perçoirs. 

Il  est  pourtant  des  instruments  spéciaux,  qui  ne  sont  plus  de 
vrais  Perçoirs,  parce  qu'avec  eux  il  serait  très  difficile,  et  même 
impossible,  d'attaquer  directement  le  Bois,  Y  Os,  et  surtout  la  Pierre 
tendre  ou  attendrie,  mais  auxquels  il  faut  donner  un  nom! 

Depuis  que  l'étude  technique  des  Sculptures  sur  Rochers  et  en 
particulier  des  Cupules  Néolithiques  a  été  poussée  assez  loin,  cette 
nécessité  de  la  Fraise  ou  du  Taraud  s'impose,  d'autant  plus  que  le 
Perçoir  classique  serait  insuffisant  même  pour  la  fabrication  des 
Cupulettes  d'une  part,  et  que,  d'autre  part,  les  grandes  Cupules, 
coniques  et  profondes,  n'ont  pu  être  faites  qu'avec  un  instrument  de 
ce  genre,  très  résistant,  et  en  pierre  dure.  Un  travail,  au  foret  en 
Bois,  n'aurait  pas  pu  suffire. 

Il  y  a  donc  un  intérêt  réel  à  rassembler  ici  tout  ce  qu'on  sait 
aujourd'hui  sur  cet  outil.  J'y  convie  les  Membres  de  la  Société 
Préhistorique  Française,  de  façon  à  pouvoir  ultérieurement  ébaucher 
une  étude  d'ensemble,  impossible  à  tenter  aujourd'hui,  avec  les 
trop  rares  documents  connus. 

M.  A.  de  Mortillet  prend  la  parole  à  ce  sujet. 

M.  Marcel  Baudouin  insiste  sur  les  faits  suivants.  On  a  perforé 
les  Casse-têtes  par  le  procédé  du  Forage  cylindrique  et  par  le  pro- 
cédé des  Cupules  hiconiques.  Il  est  facile  d'en  donner  des  preuves. — 
Même  pour  ce  qui  a  trait  aux  Cupules,  on  a  pu  parfois  opérer  ainsi, 
en  ce  qui  concerne  les  instruments  en  pierre. 

Qui  plus  est,  certaine  de  ces  sortes  de  Cupules  ont  simplement 
été  faites  pour  permettre  une  bonne  prise  de  F  Outil  (Cavités  digi- 
tales), et  non  pas  pour  obtenir  des  trous  complets,  comme  je  l'ai 
prouvé  (1). 

Mais  comment  obtenait-on  ces  Cupules?  Evidemment  par  Per- 
cussion au  début  ;  puis  par  Usure  ou  fraisage  ou  taraudage,  soit  à  l'aide 
d'un  Outillage  en  bois  [bâton,  eau,  sable,  etc  ],  soit  peut-être  aussi  à 
l'aide  d'un  Outil  en  pierre  !  , 

Est-il  bien  certain  que  l'Outil  en  pierre  Taraud  n'a  jamais 
existé,  comme  on  le  dit.  —  Tout  ce  qu'on  a  raconté  jusqu'ici  ne 
le  prouve  pas  du  tout. 

M.  Bossavy  (Versailles).  —  Le  Maillet  d'Yvré-le-Polin,  dont  j'ai 
publié  la  description  dans  nos  Bulletins  (2),  a  été  travaillé  par  le  pro- 

(1)  Bull.  Soc.  Préhist.  France,  1913,  N6  1,  p.  54. 

(2)  Bull.  Soc.  Préh.  France.,  1906,  p.  25. 


426  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

cédé  du  creusement  à  la  Cupule,  en  ce  qui  concerne  le  commen- 
cement de  perforation  qu'il  présente.  *I1  est  d'ailleurs  analogue  au 
procédé  utilisé  pour  les  pièces  des  communications  de  M.  Marcel 
Baudouin,  dont  la  description  a  paru  aussi  dans  le  «  Bulletin  »,  et 
dont  l'une  provient  de  la  Collection  L   Bonnemère  (1). 


Sur  la  destination  «l'une  catégorie  d'Outils  en 
Silex  des  Epoques  Magdalénienne  et  Néoli- 
thique. 


Georges  POULAIN  (Eure). 

Les  Préhistoriens  se  sont  souvent  demandé  à  quoi  pouvaient  bien 
servir  les  Grattoirs  en  général.  D'aucuns  ont  affirmé  qu'ils  étaient 
affectés  à  la  préparation  des  peaux  d'animaux  tués  à  la  chasse;  d'au- 
tres... ont  avoué  leur  ignorance  en  la  matière.  C'est  alors  que  — 
ainsi  que  le  disent  spirituellement  G.   et  A.  de  Mortillet  dans  le 

Musée  préhistorique  — 
les  adversaires  de  la 
Paléoethnologie  ont 
dit  avec  ironie  «  que 
les  Préhistoriques  de- 
vaient avoir  joliment 
à  gratter  »  ! 

Le  complet  accord 
n'est  donc  pas  encore 
établi,  pour  donner  à 
ces  instruments ,  si 
abondants  dans  nos 
stations,  une  destina- 
tion certaine. 

Je  ne  parlerai  ici 
que  de  certains  Grat- 
toirs, longs,  très  communs  dans  le  Magdalénien  {Fig.  1  ;  I)  et  qui  se 
retrouvent,  par  l'effet  de  la  persistance  des  formes  industrielles  à 
travers  les  âges,  dans  le  Robenhausien  (Fig.  1  ;  II). 

Ce  qui  m'a  mis  sur  la  voie  de  l'opinion  que  je  professe  à  leur  égard , 
est  la  découverte,  à  la  surface  du  sol,  dans  les  terres  labourées  du 
hameau  de  Mestreville,  commune  de  Saint-Pierre-d'Autils  (Eure), 
d'une  sorte  de  tarière,  représentée  sur  la  Fig.  1,  au  N°  III.  —  Avec 
cet  outil,  j'ai  sans  peine  perforé  une  planche  de   sapin    de   0m0150 


Fig.  1.  —  Outils  divers.  —  I,  Grattoir  Magdalénien;  — 
II,  Grattoir  Néolithique  ;  —  111,  Taraud  Néolithique. 
—  Echelle  :  3/4  Grandeur  nat. 


(1)  Bull.  Soc.  Préhist.  de  France.,  1906,  p.  242. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  427 

d'épaisseur  d'un  trou  parfaitement  cylindrique.  Bien  en  main,  son 
extrémité  rendue  coupante  par  des  retouches  savantes  (1),  il  creuse 
fort  bien  et  rapidement  le  bois,  faisant  l'office  d'une  «  mèche  »  en 
acier,  mue  par  un  vilebrequin. 

J'ai  pensé  alors  que  nombre  de  lames-grattoirs  devaient,  elles 
aussi,  donner  —  emmanchées  solidement  —  le  même  résultat.  La 
Fig.  1  (N°  II)  est  un  Grattoir  long,  néolithique,  de  même  prove- 
nance. 

Je  serai  trop  heureux  si  cette  petite  expérience  intéressait  nos 
collègues  de  la  Société  Préhistorique  Française. 


Gontomporainéilé  des  armes    en   bronze  et   des 
armes  en  pierre» 

PAR 

L.  JAGQUOT  (Grenoble). 

Puisque  mon  malheureux  ami  C.  Viré  n'est  plus  et  que  son  fils, 
qui  devait  mettre  à  jour  son  travail,  a  été  tué  à  l'ennemi,  je  demande 
à  son  frère  aîné  Armand,  l'autorisation  de  publier  ici,  sous  forme  de 
note,  une  observation  intéressante,  dont  il  n'a  peut-être  pas  connais- 
sance et  que  Camille  m'a  faite  sur  place,  il  y  a  plus  de  quinze  ans  de 
cela. 

Dans  la  région  de  Bordj-Ménaïel  (province  d'Alger)  existe  une 
belle  ruine  romaine,  Drâ  Zeg-et-Tir,  située  à  peu  près  à  mi-distance 
de  Bordj  (à  l'Est)  et  du  village  des  Issers  (2)  (à  l'Ouest),  mais  assez 
au  Sud  de  ces  deux  localités.  Drâ  indique  en  langue  arabe  une  colline 
allongée  et  peu  haute.  Celle-ci  est  bordée  du  côté  du  Sud  par  des 
escarpements  à  pic,  mais  elle  descend  en  pente  douce  dans  la  plaine 
du  côté  du  Nord.  A  l'Est  et  à  l'Ouest  ce  sont  des  gradins  d'accès 
difficile.  La  ruine  occupe  toute  la  partie  supérieure  du  dra.  La  pente 
Nord  est  coupée  à  mi-hauteur  par  une  plate-forme  naturelle  sans 
traces  de  construction,  c'est  à- dire  complètement  extra-muros. 

Camille  Viré,  en  explorant  Drâ  Zeg-et-Tir,  a  trouvé  sur  cette  ter- 
rasse des  pointes  de  flèches  en  bronze,  des  balles  de  fronde  en  terre 
cuite  et  des  armes  en  silex,  notamment  des  pointes  de  flèches.  Voici 
l'explication  qu'il  m'a  donnée  de  ce  mélange  de  types  d'armes  dispa- 
ra'.es  qui,  considérées  à  part,  sembleraient  les  unes  appartenir  à 
1  Age  du  Bronze  et  les  autres  remonter  à  l'Age  de  la  Pierre  taillée. 

(1)  A  remarquer  :  ces  retouches  sont  traitées  de  même  façon  que  celles  des  lames- 
gr  iltoirs.  Le  revers  de  l'instrument  est  plat,  un  peu  évidé  même. 

(2)  Le  nom  d'oued  Isser,  ce  petit  fleuve  Kabyle,  est  à  rapprocher  de  celui  de 
loaed  Isser,  rivière  du  Sud  de  l'Oranie,  et  aussi  de  l'Isère  en  Dauphiné,  comme  de 
l'Vsser  belge  désormais  historique,  et  de  l'Jser  issue  de  Bohême. 


428  SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

«  Les  soldats  ou  les  vétérans  romains,  qui  habitaient  dans  la  bour- 
gade de  Zeg-et-Tir,  étaient  pourvus  d'armes  en  bronze  ;  les  indigènes, 
qui  occupaient  la  plaine  et  les  hauteurs  voisines,  ne  possédaient, 
eux,  que  des  armes  en  silex.  La  situation  était  analogue  à  celle  de 
nos  premiers  postes  militaires,  dont  les  soldats  étaient  armés  de 
fusils  à  capsule,  tandis  que  les  Indigènes  n'avaient  encore  que  des 
moukelas  à  pierre.  A  une  époque  indéterminée,  ceux-ci  ont  essayé  de 
prendre  le  burg  (2)  d'assaut  et  se  sont  élancés  sur  les  pentes  Nord. 
Parvenus  sur  la  plate-forme,  ils  s'y  sont  ralliés  pour  poursuivre  leur 
mouvement  en  avant  ;  mais  la  garnison  les  a  criblé  de  traits,  et  les 
assaillants  ont  perdu  là  de  nombreux  guerriers.  Ces  morts  accumulés 
sur  un  même  point  peuvent  expliquer  la  présence  simultanée  des 
flèches  en  bronze,  lancées  par  les  défenseurs,  et  des  flèches  en  silex, 
perdues  par  les  blessés.  On  voit  donc  qu'il  faut  être  très  circonspect, 
quand  on  veut  déduire  d'une  époque  par  le  seule  découverte  d'objets 
habituellement  classés  dans  un  âge  ou  dans  l'autre  d'après  leur 
nature  ». 

Cette  réflexion  de  Camille  Viré  m'est  revenue  souvent  à  l'esprit  en 
voyant  des  lames  de  sabre  et  des  pistolets  datant  de  l'époque  de 
Louis  XIV  ou  de  Louis  XV  et  saisis  ou  trouvés  entre  les  mains 
d'arabes  de  notre  époque.  Ce  synchronisme  est  bien  fait  pour 
dérouter  les  archéologues!  Et  ce  n'est  rien,  n'est  ce  pas,  à  côté  des 
mélanges  que  la  guerre  de  tranchées  amènera  forcément  dans  la 
région  du  Nord-est... 


Note    sur     un    Ciseau    néolithique     et   plusieurs 
Haches  polies  Néolithiques,  provenant  de  la 

Guyane  Française. 

PAR 

A.-L.  HARMOIS  (Paris). 

Pour  faire  suite  au  travail  si  intéressant  que  vient  de  publier 
M.  de  Givenchy  sur.  les  Ciseaux  néolithiques  en  France,  je  vous  en 
présente  un  de  la  Guyane  Française.  Il  a  été  rapporté  par 
M.  Laveau,  explorateur  de  cette  Colonie,  qui  l'a  trouvé  lui-même  sur 
les  bords  de  la  rivière  Aroua,  affluent  du  Maroni.  Cet  outil  en 
serpentine  a  0m110  de  longueur  ;  sa  largeur  au  tranchant  qui  est  un 
peu   oblique   par   suite   du  travail    est   de  0m014  et  son  poids  de 

(1)  En  langue  arabe  bord/  (souvent  prononcé  borge)  est  une  construction 
civile,  solidement  (pi.  bordjii)  édifiée  ou  un  poste  de  commandement;  les  habi- 
tante d'un  bordj  sont  des  borgia.  A  rapprocher  de  Bourg,  Bourges,  Burgos,  Bûrg, 
Bruges,  etc. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  429 

110  grammes.  Il  est  iusiforme  dans  sa  longueur  et  ovoïde  dans  son 
épaisseur  ;  ses  diamètres  au  centre  sont  de  0m027  et  de  0"'020.  La 
base  est  plane;  plusieurs  esquilles  enlevées  laisseraient  supposer  que 
l'on  s'en  servait  en  tapant  dessus  avec  une  sorte  de  maillet. 

M.  Laveau  a  vu  en  place  les  Polissoirs,  qui  servaient  à  polir  les 
haches  et  ces  ciseaux. 

Les  pièces  polies  sont  très  rares  aujourd'hui  à  la  Guyane  Fran- 
çaise ;  et  il  faut  aller  fort  loin  dans  les  terres  pour  en  rencontrer. 

C'est  principalement  sur  l'emplacement  de  très  anciens  villages, 
détruits  ou  abandonnés  depuis  fort  longtemps,  que  l'on  trouve  des 
Haches  polies,  ou  dans  les  criques  formées  par  les  rivières.  —  Après 
plusieurs  années  d'exploration  dans  notre  Colonie,  M.  Laveau  n'a 
rapporté  qu'un  seul  exemplaire  de  schiste  taillé,  du  type  Saint 
Acheul;  il  a  0m120  de  longueur;  trois  Haches  polies  :  une  en  quartz 
et  deux  en  diorite. 

1°  La  première  très  massive  a  0m110  de  longueur,  0m045  de  lar- 
geur au  tranchant  et  0m040  à  la  crosse  ;  son  épaisseur  est  de  0m035  au 
centre  et  de  0m030  à  la  crosse.  Ses  bords  sont  parallèles- avec  une 
légère  courbure  vers  la  crosse  et  le  tranchant. 

2°  Hache  polie,  brisée,  en  diorite  de  la  même  forme  que  celle  ci- 
dessus.  Sa  largeur  est  de  0m048  ;  son  épaisseur  à  la  cassure  est  de 
0m030.  Ses  bords  étant  parallèles,  nous  ne  pouvons  donner  sa  longueur. 

3°  Hache  polie  à  épaulements  ;  elle  est  en  diorite  ;  sa  longueur  est 
de  0m055  ;  sa  largeur  à  la  corde  du  tranchant  qui  est  rond  est  de 
0m035.  Les  bords  sont  incurvés  à  partir  du  tiers  de  la  hache;  ce  qui 
lui  donne  une  largeur  de  0m030  et  à  la  crosse  une  de  0m040  ;  son 
épaisseur  à  cette  place  est  de  0m020  et  de  0m015  au  centre. 

4°  Un  morceau  de  diorite  polie,  en  forme  de  hache,  mais  non 
aiguisé.  Sa  longueur  est  de  0m147,  sa  largeur  à  la  corde  0'"060  et  à 
la  crosse  0m030  ;  son  épaisseur  au  centre  est  de  0m030  également. 

Nous  avons  pensé  qu'il  était  utile  de  signaler  ces  quelques 
spécimens  de  l'âge  de  pierre  dans  notre  Guyane  et  nous  rendons 
hommage  à  M.  Laveau,  qui  a  rapporté  en  France  ces  témoins  du 
passé  qui  sont  de  plus  en  plus  rares. 


Sur   quelques  Coutumes  locales,  superstitions* 

survivances   antiques»  légendes,  de 

la  Bretagne. 

fÀft 

A.-L.  HARMOIS  (Paris). 

Relevailles.  —  Dans  les  Côtes- du-Nord  en  particulier,  la  tradition 
de  faire  dire  une  messe  aux  femmes  relevant  de   couches   existe 


430  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

encore.  Elles  portent  à  l'église  deux  brioches,  destinées  à  être 
bénites  ;  elles  en  remettent  une  au  prêtre  et  avec  l'autre  elles  font  le 
tour  du  village  en  offrant  un  morceau  dans  chaque  ménage. 

Récoltes.  —  On  plante  encore  le  jour  des  rameaux  un  buis  dans  les 
pièces  de  terre  pour  protéger  la  récolte. 

Feux  de  Joie.  —  La  veille  de  la  Saint-Jean,  le  soir,  dans  toute  la 
Bretagne,  on  allume  de  nombreux  feux  de  joie,  lesquels  pour  la 
plupart  du  temps  sont  bénits  et  le  feu  y  est  mis  par  le  curé  de  la 
commune.  Lorsque  le  feu  est  terminé  et  qu'il  n'y  reste  plus  que 
quelques  tisons,  les  garçons  et  les  filles  sautent  par  dessus.  En  ren- 
trant chez  soi,  chaque  habitant  emporte  un  tison  qui  est  déposé 
précieusement  dans  la  maison,  pour  préserver  de  la  chute  du  ton- 
nerre, et,  d'une  année  à  l'autre,  ce  tison  est  brûlé  avec  la  bûche  de 
Noël. 

Au  pardon  de  Notre-Dame-de-Quelven  (Morbihan),  un  ange  des- 
cend du  clocher  et  vient  allumer  le  feu  de  joie. 

Pendant  très  longtemps  le  clergé  breton  a  présidé  ces  fêtes  des 
Solstices,  qui  remontent  à  la  plus  haute  antiquité.  Les  processions  de 
nuit  à  la  lueur  des  torches  et  des  lanternes  se  font  encore  à  ces 
mêmes  époques.  A  Nantes,  c'était  autrefois  celles  de  la  paroisse  de 
Saint-Nicolas.  Actuellement  Saint- Brieuc  et  Guingamp  rivalisent 
encore  pour  leur  procession  de  nuit. 

La  Quenouille.  —  Dans  beaucoup  d'églises  de  Bretagne  on  voyait 
et  on  voit  encore  des  quenouilles  couvertes  de  lin  ou  de  chanvre,  qui 
sont  placées  près  de  la  statue  de  la  Vierge.  Cette  quenouille  est 
présentée  généralement  par  les  parents  du  futur  à  la  jeune  mariée. 
C'est  pour  l'inviter  au  travail  et  ensuite  ces  quenouilles  toutes 
garnies  sont  vendues  à  l'enchère  le  jour  de  la  fête  patronale  du  pays, 
au  bénéfice  de  la  fabrique.  Un  long  article  a  été  publié  à  ce  sujet 
dans  le  Folklore  Breton.  (A  suivre). 


La   Céramique    des    I*alafîttes 
du  Lac  du  Bourget  (Savoie). 

{Note   additionnelle). 

PAR 

L.  COUTIL  (Eure). 

Parmi  les  ouvrages  qui  se  sont  occupés  de  la  céramique  des  Pala- 
fittes  du  lac  du  Bourget,  nous  en  avons  mentionné  déjà  un  de  A.  Per- 
rin  ;  mais  nous  avons  oublié  de  citer  trois  autres  articles  de  la  Revue 
Savoisienne,  journal  publié  par  la  Société  Florimontane  d'An- 
necy. 


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SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  431 

Dans  le  numéro  du  25  février  1873  (p.  9  et  10),  l'article  porte  le 
titre  :  Palafittes  du  lac  duBourget  ;  croissants  en  terre  (1),  chenets.  Il  est 
accompagné  d'une  planche,  reproduisant  quatre  croissants  complets 
(Fig.  2,  8,  9, 12)  et  cinq  fragments  (Nos  1,  4,  5,  10,  12)  ;  les  numéros 
4,  5,  6,  7  de  cette  planche  proviennent  de  la  station  de  Grésine  ;  tous 
sont  ornés  de  dessins  en  creux  ;  nous  avons  reproduitun  de  ces  frag- 
ments sur  notre  Planche  VIII,  Fig.  8,  et  trois  croissants  complets, 
Nos  20,  21,  22,  tous  au  musée  de  Chambéry.  Dans  la  même  revue 
(N°  du  27  avril  1873,  p  28  et  29),  une  seconde  note  est  consacrée  à 
Y  industrie  du  potier;  elle  n'offre  rien  de  spécial. 

L'année  suivante,  dans  le  numéro  du  30  janvier  1874,  p.  1,  2,  3, 
Perrin  a  publié  un  Essai  de  classification  des  vases  lacustres  d.i  Bour- 
get  ;  il  a  décrit  les  différents  types  recueillis  et  il  a  insisté  sur  les  for- 
mes types  du  Bourget  ;  elles  correspondent  à  celles  qui  figurent  sur 
notre  Planche  IV:  vases  à  base  ronde  ou  pointue,  en  terre  fine,  grise 
ou  noire,  souvent  ornée  de  lignes  ou  de  dessins  géométriques.  C'est 
le  meilleur  article  de  A.  Perrin  ;  aussi  tenons  nous  à  le  rappeler,  car  il 
date  de  1874  ;  s'il  n'a  pas  insisté  sur  la  céramique  en  couleur,  c'est 
qu'à  cette  date,  on  ne  connaissait  pas  les  spécimens  de  la  Suisse,  de 
l'Alsace  et  de  l'Allemagne  du  Sud  ;  s'il  n'a  pas  fait  de  rapproche- 
ments avec  les  nombreuses  poteries  ornées  de  bandes  d'étain,  c'est 
que  les  urnes  de  Corneto  n'étaient  pas  découvertes.  Il  a  joint  à  son 
intéressant  essai  de  classification  une  planche,  lithographiée  par  J. 
Blériot  (2)  et  imprimée  chez  lui;  car  il  est  utile  de  rappeler  que  c'est 
chez  lui  que  les  séries  de  lithographies  consacrées  aux  Palafittes  du 
Bourget  ont  été  éditées,  et  c'est  aussi  à  lui  et  à  Rabut  que  l'on  doit 
la  réunion  et  la  restauration  des  nombreux  vases,  qui  constituent  la 
très  remarquable  série  exposée  au  musée  de  Chambéry.  Ce  n'est 
que  justice  de  terminer  cette  étude,  en  associant  les  noms  de  Rabut 
et  Perrin,  qui  ont  mis  en  valeur  nos  célèbres  Palafittes  du  Bourget. 

(1)  Pour  l'étude  des  croissants  en  terre  cuite,  lire  l'étude  de  Von  0.  T.<chumi. 
Vorgeschichtliche  Mondbildcr  und  fcucrbocke,  Bern.  1912.  45  p.  fig. 

(2)  Nous  reproduisons  cette  lithographie  sur  notre  Planche  XII;  nous  aVonâ 
ajouté  à  notre  dessin  plusieurs  vases  et  objets,  oubliés  par  Perrin,  ainsi  qu'une 
perspective  des  stations  lacustres 


432  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

III.  —  ARTICLES  ORIGINAUX 


Les  Sculptures  pédi  formes,  les  Cavités  ovoïdes 
et  les  Cupules  du  Rocher  ÇX°  1)  de  La  Devallée, 
à  La  Nolandière,  en  l'Ile  d'Yeu  (V.). 

Par  M.  le  D' 

Marcel  BAUDOUIN. 

Définition.  —  A  l'Ile  d'Yeu  (Vendée),  au  lieu  dit  La  Nolandière, 
existe  un  gros  Rocher  fixe,  qui  présente  des  Sculptures,  d'ordre  varié 
(Fig.  2). 

Je  lui  ai  donné  le  nom  de  La  Devallée  (Rocher  N°  I),  pour  le 
distinguer  d'autres  pointements  rocheux  du  voisinage,  où  il  y  a 
aussi  des  sculptures  analogues  (1). 

On  voit,  sur  ce  pointement  de  granité  assez  volumineux  (Fig.  2), 
une  Cavité  pédiforme,  que  j'ai  reconnue  en  1908,  peu  après  avoir 
découvert  les  «  Empreintes  de  Pied  »  du  Dolmen  de  Gatine,  à  l'Ile 
d'Yeu  (Fig.  5);  puis  deux  Cavités  ovoïdes,  analogues  à  celles  de  La 
Roche- aux- F  ras  (Fig.  6),  que  je  considère  comme  des  Cavités  pédi- 
formes  très  frustes;  et,  enfin,  des  Cupules,  au  nombre  de  six. 

Ce  mémoire  sera  consacré  à  la  brève  description  de  ces  neuf 
sculptures. 

Topographie.  La  Nolandière  (2)  se  trouve  à  1  kilomètre  environ 
au  sud  du  Bourg  de  Saint-Sauveur,  sur  le  côté  Ouest  de  la  route 
qui  va  aux  Corbeaux,  un  peu  au  Sud-ouest  des  Martinières,  sur  le 
flanc  Est  de  la  Butte  de  la  Guette  (Fig.  1),  à  l'altitude  de  25  mètres 
environ.  —  Le  champ  du  rocher  s'appelle  La  Devallée,  en  raison  de  la 
pente  du  terrain  à  cet  endroit  (3);  il  est  placé  sur  le  bord  même  du 
chemin. 

(1)  Marcel  Baudouin.  —  Le  Rocher  à  Cupules  et  Rigoles  (N°  II)  de  La  Devallée, 
à  la  Nolandière,  de  l'Ile  d'Yeu  {Vendée).  —  A.  F.  A.  S.,  Congrès  du  Havre, 
1914,  649-663,  8  Fig.  —  Paris,  1915,  in-8%  16  p.,  8  Fig. 

(2)  Il  est  assez  difficile  de  donner  une  étyniologie  pour  ce  terme,  qui  ne  corres- 
pond à  aucune  maison. 

Peut-être  s'agit-il  d'une  ancienne  ferme,  ou  habitation,  détruite  depuis  longtemps, 
dont  le  propriétaire  s'appelait  Noland  ?  —  Peut-être  Noland  n'est-il  même  qu'une 
corruption  de  Roland}  Ce  qui  serait  plus  compréhensible.  —  En  effet,  on  connaît 
beaucoup  de  Rolandière,  de  Rolande  (Baume-la-Rolande,  à  Niort  ;  etc.),  etc.  ;  mais 
très  peu  de  Nolandière. 

(3)  Déballée,  mot  patois  vendéen  signifiant  en  effet:  «  pente,  côte,  descente  a  ; 
du  verbe  devallcr,  descendre. 

J'ai  trouvé  le  mot  ainsi  orthographié  :  Devalaye  {Ann.  Soc.  Em.  Vendée, 
1913,  p.  5). 


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.  1.  —  Le  Cenlre  cultuel  du  Sud  de  l'Ile  d'Yeu  (Vendée),  au  niveau  de  la  Butte  de  la 
Guette.  —  Echelle  :  1/20.000  [D'après  la  Carte,  inédite,  à  courbes  de  niveau,  du  Génie 
maritime]. 

Légende:  I,  Sabot  d'Equidé  et  Cavité  ovoïde  du  Grand  Chiron  [Est].  —II,  Sabot 
d'Equidé  du  Chiron  Brulin  [Ouest].  —  P,  Rocher  à  Cupules  de  La  Devallée  (N°II).  — 
III,  Sculptures  de  Pied  humain  de  La.  Devallée  (N°  I)  [Centre  des  Sculptures]. 

Le  Grisé  correspond  à  une  altitude  de  25  à  30  mètres  et  est  limité  par  une  ligne  repré- 
sentant la  courbe  de  niveau  de  25  mètres,  plus  accentuée.  —  On  voit  que  la  Butte  de  la 
Guette  correspond  au  sommet  le  plus  Sud  de  l'île,  prolongeant  de  ce  côté  le  point  cul- 
minant central  (Ker-Viroux,  35  mètres) . 


434  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Historique.  —  J'ai  signalé  cette  trouvaille,  faite  en  1908  au  cours 
de  mes  excursions  dans  l'île  à  la  recherche  des  Sculptures  sur 
rochers,  dès  1908,  en  ces  termes,  d'ailleurs  peu  exacts  (1)  et  trop 
vagues  : 

a)  Découverte.  «  Pierre  de  La  Dévoilée.  Roche  dressée,  libre  (2), 
de  forme  irrégulière  ;  au  sommet  Ouest  de  la  roche  la  plus 
élevée  du  groupe,  un  grand  Pied  et  une  Cupule  (3)  ;  sur  le  même 
rocher,  autres  Cupules  éparses,  à  la  face  supérieure.  Une  plus 
allongée,  ovoïde,  ressemblant  presque  à  un  petit  Pied  (0mlP,  de 
long)  (4).  Total  :  Cinq  Cupules  (5)  et  deux  Pieds  (6).  Moulage  du 
Grand  Pied  et  de  la  Cupule  voisine.  Photographie.  Découverte  de 
1908...  » 

I.  Rocher.  —  Le  Rocher  N°  I  de  La  Devallêe,  que  j'étudie  ici, 
est  une  masse  de  granité,  correspondant  autrefois  à  un  pointement 
marqué  et  allongé  de  l'Ouest  à  l'Est.  Mais,  aujourd'hui,  il  semble 
presque  détaché  du  sous-sol  par  une  faille  horizontale,  presque 
complète,  isolant  le  bloc  (Fig.  2). 

Toutefois,  on  doit  considérer  cet  ensemble  comme  un  Rocher 
encore  fixe f  car  il  n'a  certainement  pas  pu  être  remué  depuis  l'époque 
néolithique.  Par  conséquent  les  Orientations  qu  il  nous  fournit  peu- 
vent être  considérées  comme  bonnes  à  utiliser.  En  forme  de  parallé- 
lipipède  coudé  (Fig.  3),  il  mesure  au  moins  2m90  de  longueur 
Est-Ouest  et  près  d'un  mètre,  du  Nord  au  Sud.  Son  grand  axe  va 
donc  du  Levant  au  Couchant.  —  Il  est  surélevé  d'au  moins  lm50 
sur  le  sol  du  champ  (Fig.  2).  —  A  l'époque  néolithique,  il  devait 
être  presque  Nord-Sud,  au  contraire  (7). 

II.  Sculptures.  —  C'est  sur  sa  face  zénitale,  c'est-à-dire  supé- 
rieure, d'ailleurs  très  irrégulière  (Fig.  2  ;  A-B),  que  se  trouvent 
toutes  les  Sculptures.  —  Je  n'en  ai  pas  remarqué  sur  les  flancs  de 
la  pierre,  où  il  ne  doit  pas  y  en  avoir. 

A.  Situation.  —  Cette  surface  peut  se  diviser  en  deux  parties 
(Fig.  3)  :  a)  une  Ouest  (A-B),  où  se  voient  le  «  Pied}>  et  six  Cupules, 

(1)  Marcel  Baudouin.  —  Découvertes  de  Rochers  gravés  et  de  Pierres  à  Cupules 
à  Vile  d'Yeu  {V.).  —  Homme  préhist.,  Par.,  VI,  1908,  N°  12,  360-369  [Voir  p.  366]. 
Tiré  à  part,  in-8°,  1908  [Voir  p.  9].  —  Le  Vendéen  de  Paris,  1909,  Avril, p.  1-3. 
Tiré  à  part,  1909,  in-8°  [Voir  p.  6]. 

(2)  Je  disais  alors,  en  note  (N°  2)  :  «  Cette  roche  provient  sûrement  d'un  ancien 
Rocher  fixe,  qui  ne  paraît  pas  avoir  été  déplacé,  mais  qui  est  devenu  libre  sous  l'in- 
fluence des  gelées,  c'est-à-dire  spontanément,  il  y  a  relativement  peu  de  temps  >». 

(3)  Notre  Cupule  N«  IV. 

(4)  Cavité  Ovoïde  N°  IX. 

(5)  En  réalité,  il  y  a  là  Six  Cupules,  ordinaires. 

(6)  En  réalité  trois  Pieds,  si  Ton  compte  comme  Cavités  pédiformes  les  Cavités 
Ovoïdes. 

(7)  Par  suite  de  la  Déviation  précessionnelle. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  435 

dont  la  grande  Cavité  ovoïde  (N°  III)  ;  b)  l'autre  Est  (B-D),  séparée 
de  la  précédente  par  une  fissure,  verticale  (BB'l,  du  granité,  divisée 
elle-même  en  deux  régions  par  une  autre  fissure  (C-C),  parallèle  à  la 
précédente,  chacune  de  ces  deux  parties  portant  une  sculpture 
(la  huitième  et  la  neuvième)  (1). 

B.  Etude  technique.  —  a)  Pour  étudier  ces  sculptures,  j'ai  d'abord 
exécuté  un  Décalque,  très  précis,  de  l'ensemble  des  cupules  de  la 
Partie  Ouest  de  la  face  zénithale  du  Rocher,  où  Six  Cupules  sont 
groupées,  autour  du  Pied,  après  avoir  déterminé  et  indiqué  à  la 
craie,  sur  le  granité,  la  ligne  méridienne  magnétique,  repère  tou- 


Fig.  2.  —  Le  Rocher  Fixe  N°  I  de  La  Devallée,  à  l'Ile  d'Yeu  (V.).  —  Phot.  Marcel 
Baudouin  [1908],  exécutée  à  l'Ouest.  —  Vue  de  l'extrémité  Sud  de  la  Face  Nord-Ouest.  — 
Echelle  :  1/30  environ. 

Légende  :  Ou,  Face  Nord-Ouest;  —  B  B',  Fissure  verticale  du  Pointement  rocheux,  isolant 
la  partie  Sud  A-B,  de  l'autre,  Nord  ;  —  H,  Flanc  Ouest  ;—  A-A',  Face  Sud  du  Rocher  ;  —  D\ 
Situation  du  Grand  Pied  ;  —  Mo,  Dispositif  (Pierrailles  :  p,  pi),  utilisé  pour  la  prise  de  la 
contre-empreinte  en  plâtre  de  la  Sculpture  pédiforme  et  d'une  Cupule. 

jours  indispensable  en  ces  matières  ;  mais  j'ai  égaré  ce  décalque  et 
n'en  ai  retrouvé  qu'un  schéma  (Fig.  3). 

b)  Puis  j'ai  procédé  au  Moulage  de  la  Cavité  pédiforme  (N°  I)  et 
d'une  Cupule  voisine,  en  l'espèce  la  plus  importante  (Cupule  N°  IV), 
située  au  Sud-est  du  Pied  (Fig.  2;  Mo). 

J'ai  opéré  comme  d'ordinaire,  en  limitant  la  partie  à  mouler  par 
des  pierrailles  (Fig.  2  ;  p,  p1)  et  en  prenant  la  contre-empreinte  au 
plâtre. 

(1)  Sur  un  rocher  isolé,  très  voisin  (N°  V),  il  existe  une  10e  Cupule,  sans  inté- 
rêt, que  nous  n'avons  ni  repérée  ni  mesurée. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 


437 


Tl   ; 


Cette  opération  n'a  pas  été  trop  difficile,  malgré  sa  complication 
dans  un  endroit  comme  l'Ile  d'Yeu. 

I.  Description  du  Pied  de  La  De- 
vallée.  —  1°  Situation.  —  Cette 
Cavité  pédiforme  est  située  au  Sud- 
ouest  de  la  région  Ouest  du  rocher 
(1),  toutes  les  autres  Sculptures  étant  ^,[  \_.ct! 
à  Y  Est,  c'est-à-dire  du  côté  du  Soleil 
Levant  :  ce  qui  semble  déjà  indiquer 
un  rapport  entre  cette  œuvre  humaine 
et  le  Culte  Solaire,  le  Nord  Néoli- 
thique étant  jadis  presque  en  D  (Fig.  3  ; 
Nn). 

2°  Orientation.  —  Le  grand  axe 
du  Pied  fait  avec  la  ligne  Nord-sud 
magnétique  un  angle  d'environ  12°, 
ouvert  à  l'Ouest  (Fig.  3;  I). 

a)  Si  nous  calculons  sur  cet  angle 
de  l'Azimuth  Ouest,  pour  atteindre 
le  Point  solaire  le  plus  rapproché  à 
l'Ouest,  c'est-à-dire  54°  [Coucher  au 
Solstice  d'Eté],  à  l'Ile  d'Yeu,  nous 
constatons  qu'il  manque  :  54°  —  12° 
=  42°. 

Comme  la  Déclinaison  magnétique 
est  ici  de  17°  au  moins,  il  reste, 
comme  Déviation  précessionnelle  :  42° 

—  17°  =  25°.  Et,  comme  le  maximum 
de  cette  Déviation  est  de  23°  30',  il 
y  aurait  donc   là  une   erreur   de  25° 

—  23°30'  -=  130'  :  ce  qui  n'a  rien 
d'exceptionnel  (2). 

b)  Dans  ces  conditions,  le  talon 
étant  du  côté  du  Nord,  la  plante  du 
pied  regarde  le  Lever  du  Soleil  au 
Solstice  d'Hiver,  c'est-à-dire  à  126° 
Néolithique  [avec  une  Déviation  pré- 
cessionnelle maximum]. 

Le  «  Pied  »  donne   donc  la  Ligne 
Solsticiale  Sud-Lever,  la  Brumalis  des  Latins   (Aulu-Gelle) 
Plante  au  Lever. 

(1)  C'est-à-dire  au  Couchant. 

i2j  D'autant  plus  qu'en  1908  —  époque  de  la  prise  d'Orientation  —  la  Déclinai- 
son magnétique  pouvait  très  bien  être  de  19°30'  (au  lieu  de  17°)  :  ce  qui  rédui- 
rait l'erreur  des  Néolithiques  à  0°. 


Type  de  Sculpture  pédiforme, 
profonde,  plus  grande  que 
nature  [Pied  de  Géant]. 

Fig.  4.  —  Le  Grand  Pied  de  La 
Devallée  'Rocher  N°  I),  à  La  No- 

landière   Ile  d'Yeu,  V.).    —  Echelle: 

1/4  Grandeur  [D'après  un  Décalque, 

1908] . 

Légpnde  :  I,  Plan  [Décalque  du  Po- 
cher] ;  —  II,  Décalque  de  la  Coupe, 
longitudinale,  du  Moulage  en  plâ- 
tre; —  D.  d.,  Pied  droit;  —  Ta, 
talon  ;  —  PI,  Plante  ;  —  Or,  Orteils  ; 
—  N,  m.  Nord  magnétique;  —  LL' 
L",  L'",  Grand  axe  du  Pied  [Angle 
Ouest  :  12"];  —  Cp.  Cp'  ;  Ci  Ci',  Ct- 
Ct\  Coupes  !  grisé)  transversales 
du  Moulage  en  plâtre,  au  niveau 
de  la  Plante,  du  Centre  et  du  Ta- 
lon; —  T,  T\  Talon  (Petit  axe  ;  — 
P,  P',  Plante  (Petit  axe)  ;  —  I,  F, 
Axe  entre  T.  et  PI. 


avec 


438  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

Cette  Orientation,  qui  semble  indiscutable,  me  permettra  d'expli- 


Fig.  o.  —  Les  deux  Pieds  gauches  de  la  Table  du  Mégalithe  de  Gatine  à  l'Ile  d'Yeu  (Ven- 
dée). —  Echelle  :  1/2  Grandeur.  —  Légende  :  A,  Le  Grand  Pied.  -  B,  Le  Petit  Pied. 
—  XIII,  Cupule  voisine  de  B;  —  T,  talon;  —  P,  PP.  Plante;  —  a',  b';  centre  de  la 
Cupule  de  talon;  —  a'-,  b-,  centre  de  la  Cupule  ovoïde  (Plante).  —  L,  longueur  du  grand 
axe;  —  m,  n,  corde  de  concavité  interne;  —  c,  d,  flèche  mesurant  cette  concavité;  — 
F,  Concavité;  —  M'  N',  Convexité;  —  O,  Contact  des  Cupules  d'origine;  —  Pr,  Profon- 
deur; —  D,  diamètre;  —  E.  g,  Côté  gauche. 


q:ier  tout  à  l'heure  la  présence  des  Cupules,  qui  entourent  la  Sculp- 
ture pédiforme,  car,  en  partant  de  cette  donnée,  l'ensemble  de  la 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  439 

Figure  devient  des  plus  clair  et  aussi  démonstratif  qu'aux  Pierres 
de  Saint-Roch,  à  Menomblet  (Vendée). 

3  Dimensions.  —  Les  dimensions  du  Pied  de  La  Devallée  sont  les 
suivantes  (Fig.  4). 

a)  Longueur  maximum  [Grand  axe]  =  0m340. 

(  j    Longueur  maximum  =  0m108. 

b)  Largeur  \  '    I    Largeur  maximum  (Centre)  =  0m084. 

(   b)    Talon  :  Largeur  maximum  =  0m090. 

c)  Profondeur  :  Orteils  =  0m031  ;  —  Plante  (maximum)  =  0m027; 
—  Centre  =  0m023;  —  Talon  —  0m017. 

Comme  on  le  voit,  il  s'agit  d'un  Pied  beaucoup  plus  grand  que 
nature,  et  beaucoup  trop  étroit  pour  sa  longueur.  —  Il  ne  faudra  donc 
pas  s'étonner  si,  ici,  les  Indices  anatomiques  ne  sont  pas  respectés! 

C'est  le  type  des  Pieds  dits  de  Géant,  de  Gargantua,  d'Hercule, 
etc. 

4°  Indices.  —  Les  Indices  anatomiques  sont  : 

Indice  soléo-podalique  :  108  X  100  :  340  =  31,76. 

Indice  talo-podalique  :  90  X  100  :  340  =  26,47. 

Indice  talo-soléen  =  90  X  100  :  108  =  83,33  (1). 

Par  suite,  nous  sommes  en  présence  d'une  Sculpture  très  fruste, 
mais  dont  l'aspect  pédiforme  est  pourtant  aussi  indiscutable  qu'à 
Gatine  (Pied  N°  I)  (Ile  d'Yeu),  dont  les  indices  sont  très  compa- 
rables (Fig.  5). 

Ce  fait  explique  les  Empreintes  pédiformes,  dites  Géantes,  de 
divers  pays  d'Europe  [Russie  (2)  ou  Asie  (3);  etc.]  et  fait  bien 
ressortir  et  leur  possibilité  et  leur  ancienneté. 

5°  Caractères  généraux.  —  L'aspect  pédiforme  est  indiscutable; 
mais  ici  le  bord  interne  est  droit,  sans  concavité;  une  faible  con- 
cavité correspond  à  la  partie  inter-talo  plantaire,  du  bord  externe 
(Fig.  4;  l.  Ci). 

On  remarquera  que  la  Cupule  voisine  [le  N°  IV]  est  aussi  pro- 
fonde que  le  Pied  et  très  belle,  d'aspect  tronc-de-conique,  plutôt 
qu'hémisphérique.  Elle  est  sûrement  une  annexe  de  la  Sculpture 
pédiforme.  Le  pied  est  à  0m10  environ  du  bord  Ouest  du  Rocher 
{Fig.  3). 

a)  Côté.  —  Il  s'agit  d'un  Pied  du  coté  droit  ;  ce  qui  est  bien  indi- 
qué d'une  part  par  le  bord  droit,  situé  à  YEst,  et,  d'autre  part,  par 
l'a  pïc  des  parois,  qui  est  plus  marqué  de  ce  côté  que  de  l'autre,  sur- 
tout au  niveau  des  Orteils  (Fig.  4;  Cp',  Ci'). 

(1)  31,76,  au  lieu  de  40;  —  26,47,  au  lieu  de  27,33;  —  83,33,  au  lieu  de  73,30. 

(2)  Pied  d'Hercule  (Hérodote),  etc. 

(3)  Pied  de  Bouddha,  au  Pic  d'Adam  (Geylan),  etc.,  etc. 


440  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Il  est  impossible  de  dire  ici  s'il  y  a  inversion  de  la  Gravure; 
mais,  cependant,  étant  donné  ce  qui  s'observe  ailleurs,  il  y  doit  s'agir, 
en  réalité,  de  la  représentation  d'un  Pied  gauche. 


b)  Constitution.  —  Nous 


Fig.  6.  —  La  Roche-aux-Fras, 
à  l'Ile  d'Yeu  (Vendée^.  —  Le 
Pas  du  Fradet.  —  Echelle  : 
1/4  Grandeur. 

Légende  :    P.  G.,  Pied  gauche. 

—  Ta,  Talon  ;  —  PI,   Plante  ; 

—  I,  Cupule  du  Talon  ;  —  II, 
Cupu'e  de  la  Plante;  —  Lo, 
Grand  Axe.  —  Jo,  Pont  de 
Jonction  des  Cupules  I-N;  — 
F,  F',  fond  de  la  Cavité  ;  — 
Co.  I.  Ta,  Coupe  transversale 
au  Talon  (Grisé)  ;  —  Co,  II. 
PI.,  Coupe  transversale  à  la 
Plante  (Grisé);  —  Co.  0.  Jonct., 
Coupe  transversale  au  milieu 
de  la  Cavité  Ovoïde;—  Co.  Lo, 
Coupe  longitudinale  (Grisé). 


avons  procédé  à  des  Coupes,  transver- 
sales et  longitudinales,  du  Moulage  en 
plâtre  du  Pied,  pour  pouvoir  étudier  la 
constitution  de  la  Sculpture;  nous  les 
reproduisons  ici  en  partie  (Fig.  4;  Cp, 
Ci,  Ct). 

Cette  cavité  a  été  fabriquée  par  le  pro- 
cédé des  Cupules, 

a)  Le  Talon  correspond  à  une  Cupule 
circulaire,  de  0m090  de  diamètre  et  de 
0m15  à  0m18  de  profondeur,  avec  paroi 
interne  un  peu  plus  à  pic  (Fig.  4;  Ct.). 

Celle-ci  est  tangente  à  une  Cupule  de 
la  Plante. 

b)  La  Plante  est  formée  de  deux 
Cupules,  tangentes,  ovoïdes  ou  allongées, 

de  0m120  et  0m130  de  longueur,  placées 
l'une  à  la  suite  de  l'autre.  Après  l'abla- 
tion des  ponts  rocheux  de  séparation,  on 
a  régularisé  le  fond  de  la  cavité  (Fig.  4; 
II)  ;  mais  on  ne  semble  pas  les  avoir 
polies,  comme  à  La  Roche  aux  Fras 
(Fig.  6). 

La  cavité  est  fruste  en  effet  et  à  grains 
de  granité  parfois  très  saillants,  comme 
pour  les  Pieds  de  Gâtine  (Fig.  5)  ;  mais 
peut-être  le  Polissage  a-t-il  disparu  sous 
l'influence  du  séjour  de  l'eau,  par  décom- 
position de  la  roche. 

L'un  des  Pieds  de  la  Vierge  de  Saint- 
Coulitz  (Finistère)  [Fig.  7  ;  b]  devait  y 
ressembler. 


II.  Description  des  Cupules.  —  Les  Cupules,  qui  accompagnent  le 
Grand  Pied  de   la   Devallée,  sont,   au  total,  au  nombre  de  Huit. 

Mais,  comme  nous  n'en  avons  décalqué  que  six,  nous  serons  obligé 
de  ne  nous  appesantir  que  sur  celles  là.  —  Il  s'agit  de  Huit  Cupules, 
dont  six  sont  du  type  classique  et  deux  un  peu  spéciales  ;  ces  der- 
nières, en  réalité,  constituent  des  Cavités  Ovoïdes,  du  type  de  celles 
de  La  Roche  aux  Fras  (Fig.  6).  - 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  441 

Etudions  ces  Cupules,  numérotées  de  II  à  IX,  le  Pied  portant  le 
N°  I  dans  l'ensemble  des  Sculptures. 

1°  Etude  des  Cupules.  —  La  Cupule  N°  III  est  au  Nord  magnéti- 
que du  Pied,  sous  un  angle  de  12°  vers  l'Est.  Elle  semble  bien  conti- 
nuer au  Nord  le  grand  axe  du  Pied  ;  mais  on  ne  peut  pas  l'affirmer, 
car  cet  angle  de  12°  semble,  en  effet,  un  peu  élevé  pour  corres- 
pondre à  une  simple  erreur  de  l'artiste  sculpteur,  qui,  dans  cette 
hypothèse,  aurait  reporté  sa  Cupule  trop  vers  l'Est  (1). 

Elle  est  en  tout  cas  du  type  hémisphérique  et  peu  profonde  (Fig.  3). 

2°  La  Cupule  N°  111,  située  à  l'Est  du  N°  II,    est  au  Nord-Est  du 
Pied.  Nous  verrons  tout  à  l'heure  que  c'est  elle  qui  donne  le  Nord 
néolithique,  car  la  ligne  qui  la  réunit  au  Talon  du  Pied  fait  un  angle 
de  42°  avec  la  Méridienne  magné- 
tique (Or  :  42"  +  12°  =  54°).  Elle  est 
du  même  type,  quoique  un  peu  plus 
profonde,  que  la  précédente. 

3°  La  Cupule  N°  IV,  du  type  tronc- 
de- conique,  vu  la  largeur  de  son 
fond  (0m040)  et  sa  profondeur 
(0m035),  est  au  Sud-est  du  Pied. 

Elle  se  trouve  sur  une  ligne  faisant 
environ  48°  avec  la  Ligne  méri- 
dienne. Or  :  42°  +  48°  =  90°.  — 
C'est  donc  là  une  cupule  donnant 
la  Ligne  équinoxiale.  tig.  r  _  Les  Pieds  de  ]a  Vierge>  de 

4°  Les    Cupules   Nos  V    et  VI,   mi-  Saint-Coulitz  (Finistère)  et  les  Cavités 

de    Kermorvan     (a)     (Finistère).     — 
llUSCUleS,  forment  un    groupe  à  élé-  Echelle:   Î/IO.  —  Cliché    Guénin.  — 

ments  très  rapprochés  et  réunis  par        £ie(?st  de  Saint-Gouiitz.  -L'une  des 

^r  .='.■■  -,  Sculptures   ressemble  au  Pied  de   La 

un  petit  Canal  de  Conjugaison.  Devaiiée. 

Elles  sont  très  petites,  comme  si 
ces  deux  cupules  en  remplaçaient  une  grande,  unique  ;  elles  sont 
placées  sur  une  ligne  faisant  un  angle  d'environ  36°  Ouest  au  nord 
de  la  ligne  précédente.  —  Or  cela  précise  leur  signification,  car  36°, 
c'est  l'Angle  équinoxio-solsticial.  Elles  donnent  donc  la  Ligne 
Solsticiale  Nord-Lever  (Solsticialis  des  Latins). 

5°  La  Cupule  N°  VII  est  une  Cupule  Ovoïde,  sur  laquelle  il  faudra 
insister  plus  loin.  Elle  est  assez  éloignée,  vers  l'Est,  de  l'ensemble 
précédent  (environ  0m50).  Elle  est  très  proche  du  bord  Est  du 
Rocher  et  opposé  au  grand  Pied,  du  côté  du  Levant.  C'est  une 
Cavité  pédiforme  fruste  {Fig.  3). 


(1)  Jusqu'à  présent,  nous  n'avons  pas  pu  expliquer  cette  Cupule,  à  moins  de  la 
s  apposer  voulue  dans  le  prolongement  de  la  Solsticiale  Sud-Lever. 


442  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

6°  La  Cupule  N°  VIII  est  encore  plus  à  l'Est,  à  0m60  de  la  précé- 
dente environ  et  presque  au  contact  aussi  du  bord  de  la  pierre.  Elle 
est  du  type  hémisphérique  et  moyenne. 

7°  Quant  à  la  Cupule  N°  IX,  c'est  une  autre  Cavité  Ovoïde,  plus 
petite,  dont  le  grand  axe  semble  bien  parallèle,  comme  le  N°  VII,  au 
grand  axe  du  Pied  N°  I.  Elle  se  trouve  très  loin  (à  au  moins 
1  mètre)  vers  le  Levant,  près  du  bord  Nord-est  du  Rocher  et  au 
niveau  de  la  précédente. 

Pour  moi  ces  deux  Cavités  Ovoïdes  (VII  et  IX)  sont  bien  des  Cavités 
pédi formes. 

2°  Dimensions.  —  Voici  les  dimensions  des  Cupules  ;  elles  sont 
assez  considérables.  —  a)  Cupules  ordinaires  : 

C  N°  II  =  0m085  X  (M)10.  Solstice  d'Hiver  [Coucher]. 

C.  N'  III  =  0'«075  X  0m015  [Nord]. 

C.  N"  IV  =  0-100  X  0m035.  Equinoxe  [Lever]. 

C.  N°  V   =  0-050  X  0IB006  )  c  ,  .,      ,,„,.  [T        , 

C.  No  VI  =  0^050  X  0-005  {  SolstlcedEte  V***\ 

C.  Nu  VIII  =  0«'080  X  0m020  Solstice  d'Été  [Lever]. 

b)  Canal  de  Conjugaison  VI-V  =  0m,025  X  0m,'015  X  0m,002. 

c)  C  Ovoïdes.  —  C.  ovoïde  N°  VII  =  0m150  X  0m095  X  0m020. 
Solstice  d'Hiver  (Lever). 

C.  ovoïde  N°  IX  =  0m110  X  0m80  X  0-015  Solstice  d'Hiver  (Le- 
ver). 

Comme  on  le  voit,  les  Cupules  sont  d'autant  plus  importantes,  en 
diamètre  et  en  profondeur,  qu'elles  représentent  des  phases  solaires 
plus  en  rapport  avec  celle  qu'indique  le  «  Pied  ». 

On  doit  même  conclure  de  là  que  les  Cavités  Ovoïdes  Nos  VII  et 
IX  ne  sont  en  réalité  que  de  petits  Pieds  ;  d'ailleurs  les  Orientations 
de  leurs  grands  axes  sont  exactement  les  mêmes  (12°  Ouest)  que  celle 
de  la  Sculpture  pédi  forme  N°  I. 

Par  suite,  ce  sont  les  analogues  de  certaines  Cavités  Ovoïdes  de  La 
Roche  aux  Fras  (1)  (Fig.  6),  qui  sont  presque  semblables  et  appa- 
raissent parfois  comme  disposées  par  paire  [P3  et  P4]  (2). 

(1)  Marcel  Baudouin.  —  La  Roche  aux  Fras:  Pierre  à  95  Cupules  et  6  Cavités 
pédiformes.  —  Bull.  Soc.  Preh.  Franc  ,  Paris,  1914,  N°  12,  Dec  ,  p.  484-513,  8  fig. 
—  Tiré  à  part,  1915,  in-8°,  8  figures. 

(2)  Marcel  Baudouin.  —  Les  Sculptures  frustes  de  Pieds  humains  :  Les  Cavités 
pédiformes  de  La  Roche  aux  Fras,  etc.  —  Gand,  W.  Siffer,  1914,  in-8»,  27  p.,  8  fig. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  443 

3^  Distances  intercupulaires.  —  Voici  les  principales  : 

/   Cupule   VI  =  ()m25  [6x4  +  0m01j. 

T1        )       —        II  =  0m23[6  X  4  —  0,n01]. 

11        )       —       HI«=0m37[6  X  6  +  0-01]. 

1°   Pied  J  —      VII  =  0ra50  [6x8  +  0m02]. 

N°  l     )  Plante     (        -        IV  =  °">23  [6  X  4  —  0'"01]. 

I»  ■      )       —         V  =  0m23  [6  X  4  —  0m01]. 

I       —       VI  =  0m18  [6  X  3]. 

—      VII  =  0m58  [6  X  10  —  0m02]. 
2°  Cupules  II-III  =  0m19  [6x3  +  0ml]. 
3'  Cupules  V-VI  =  0m06  [6x1]. 
4°  Cupules  IV-V  =  0*12  [6  X  2] . 
5°  Cupules  IV-VI  *=0»15  [6x2+6:2]. 
6°  Cupules  III-VII  =  0m29  ^6  X  5  —  0m01]. 
7°  Cupules  VII-VIII  «=  0-60  [6  X  101 . 

Comme  on  le  voit,  ces  mensurations  montrent  que  la  Commune 
Mesure  est  ici  respectée  :  très  exactement  pour  les  petites  distances 
(Commune  mesure  simple,  double  ou  triple)  ;  avec  une  erreur  de 
un  centimètre  pour  les  moyennes  distances  ;  et  une  de  deux  centi- 
mètres, pour  les  grandes,  conformément  à  ce  qu'on  observe  d'ordi- 
naire, au  demeurant  (1). 

Il  n'y  a  pas  lieu  d'insister  davantage,  car  nous  ne  connaissons  pas 
encore  la  Loi  qui  régit  ces  distances  dans  les  Ensembles  cupulaires. 

4°  Lignes  Solaires.  —  1°  Il  est  facile  de  voir  que  la  ligne  qui  réunit 
la  Cupule  N°  III  et  le  Talon  du  Pied  paraît  bien  correspondre  à  la 
Ligne  méridienne  [Nord-sud  Néolithique] . 

2°  D'autre  part,  la  ligne  qui  réunit  les  Cupules  Nos  III  et  IV  est 
parallèle  à  l'axe  du  Pied  et  par  suite  est  la  Ligne  du  Solstice  d'Hiver 
ou  Sud  Lever  (Brumalis). 

11  semble  que  la  Ligne  méridienne  soit  donnée  aussi  par  la  petite 
Cupule  N°  IX  et  la  grande  Cupule  ovoïde  N°  IV,  et  même  la  Cupule 
N°  VIII,  avec  la  Plante  du  Pied  (Fig.  3)  (2). 

3°  La  Ligne  équinoxiale  est  fournie  par  la  ligne  :  Cupule  N°  IV  — 
Plante  du  Pied. 

En  effet,  cette  ligne  est  perpendiculaire  à  la  Méridienne  néoli- 
thique, puisqu'elle  fait  un  angle  de  50°  avec  l'axe  du  pied.  Or:  50°  + 
40' =  90°. 

(1)  On  remarquera  que  les  erreurs  'correspondent  surtout  au  Pied  N°  I;  ce  qui 
se  conçoit. 

(2)  Mais  ceci  n'est  pas  du  totfl  certain. 

(3)  Si  l'on  supposait  que  le  «  Pied  «  est  orienté  au  Soleil  à  Midi  (au  lieu  du 
Solstice  d'Hiver),  il  faudrait  admettre  une  Déviation  négative  d'au  moins  23°30,  éga- 
lement. —  Or  cela  ferait  remonter  beaucoup  trop  haut  (20.000  ans)  ces  sculptures  ! 
—  Notre  hypothèse  est  donc  la  seule  admissible,  à  notre  avis  du  moins. 


444 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 


4°  La  ligne  du  Solstice  d'Eté  Nord-Lever  (Solsticialis)  est  donnée 
par  le  centre  de  la  combinaison  de  deux  Cupules  Nos  V  et  VI,  car,  si 
l'on  joint  le  milieu  de  leur  Canal  de  conjugaison  au  centre  de  la 
Plante  du  Pied,  cette  ligne  fait  un  angle  de  36°  Ouest  au  nord  de  la 
ligne  Equinoxiale.  —  Or  36°,  c'est  bien  l'Angle  équinoxio-solsticial 
Sud-Lever. 

Comme  on  le  voit,  toutes  les  Lignes  Solaires  sont  représentées  ici, 
avec  la  Déviation  méridienne  maximum,  exactement  comme  à  La 
Roche  aux  Fras  ! 

III.  Nature  des  Sculptures.  —  Il  résulte  de  là  que  nous  sommes 
en  présence  d'un  Rocher,  consacré  au  Culte  du  Soleil  Levant;  que  les 
trois  figures  principales  :  le   Grand  Pied  et  les  deux  Pieds  frustes 


,-:,:  ...              -                                                                                                                    •     ■ 

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F*g.  8.  —  Le  Rocher  à  Rigoles  et  a  Cupules  (N°  II)  de  La  Devallée,  à  l'Ile  d'Yeu 
(Vendée).  —  Photog.  Marcel  Raudouin,  exécutée  au  Sud-Est  environ  (1).—  Echelle: 
1/10  environ. 

Légende  :  R,  Rl,  Grande  Rigole  Nord-Sud;  —  B,  Rigole  Ouest;  —  C,  Rigol?  Sud-Est  ;  — 
D,  Rigole  Nord-Est  ;  —  N,  Nord  ;  —  E,  Est.  —  A,  A'  R',  trois  parties  de  la  Rigole  R  ;  — 
b',  c',  d',  abouchement  des  petites  rigoles  sur  la  grande;  —  e',  a',  extrémités  de  R-R1  ; 
—  I  à  XI,  Les  Cupules;  —  b,  Bec  de  la  Cupule  V  (Cupule  à  Bec).  —  Nm,  Nord 
magnétique. 

Les   flèches    (g^__^.)  indiquent   l'inclinaison]  des    faces  Est    et  Nord  du    Pointement 
Rocheux.  —  Le  mètre  (0m80)  constitue  l'échelle. 


(Cavités  Ovoïdes  ou  Plantes  seules)  (2),  sont  en  rapport  avec  le  Lever 
au  Solstice  d'Hiver  et  que  ces  trois  sculptures  (3)  donnent  par  suite  la 


ta 


(1)  Cupules    et  Rigoles    remplies   de  Plâtre   sec,  pour  accentuer  leurs  contours 
[Procédé  personnel]. 

(2)  Ces   trois  cavités  pédiformes  semblent  alignées  d'ailleurs  sur  la  Ligne  méri- 
dienne Néolithique,  en  ce  qui  concerne  les  Plantes. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  445 

Ligne  solsticiale  Sud-Lever,  ici  trois  fois  répétée.  C'est  donc  un 
Rocher  cultuel,  relatif  à  I'Orient  d'Hiver,  au  Brumalis  cTAulu- 
Gelle(l). 

Quant  aux  Cupules  ordinaires,  l'une  donne,  avec  le  grand  Pied, 
la  Ligne  équinoxiale  ;  les  deux  petites  la  Ligne  solsticiale  Nord-Lever  ; 
et  une  autre  la  Ligne  méridienne,  avec  le  talon  dudit  Pied.  Enfin  les 
autres  correspondent  soit  à  la  Méridienne  (N°  VIII)  avec  les  Pieds, 
soit  à  l'Orient  d'Hiver  (N°  II),  quoique  cela  soit  moins  certain. 

IV.  Epoque  des  Sculptures. — Comme  la  Déviation  précessionnelle 
est  ici  maximum,  et  exactement  comme  à  la  Roche  auxFras,  j'estime 
que  ces  Sculptures  sont  assez  récentes  et  datent  de  4.000  ans 
av.  J.-C.  environ. 


Rocher  voisin  a  Sculptures.  —  Il  est  indispensable  d'ajouter  ici 
qu'à  l'Est  de  ce  Rocher  N°  I,  à  une  vingtaine  de  mètres,  se  trouve 
le  Rocher  N"  II  de  La  Devallée  (Fig.  8),  qui  présente  aussi  des 
Sculptures  nombreuses  et  importantes,  dont  probablement  un 
Petit  Pied  [Cavité  Ovoïde  :  B].  —  Or,  ce  qui  domine,  sûrement,  sur 
ce  second  rocher,  c'est  le  Culte  du  Soleil  Levant  a  l'Equinoxe, 
comme  je  l'ai  montré  déjà  (2). 

Dans  ces  conditions,  le  Centre  de  La  Devallée,  aujourd'hui 
connu,  était  à  peu  près  complet,  en  ce  qui  concerne  le  Culte 
solaire. 

Conclusions.  —  Le  Rocher  N°  I  de  La  Devallée,  à  une  Sculpture 
pédiforme,  deux  Cavités  ovoïdes,  et  plusieurs  Cupules,  apparaît  comme 
l'un  des  Rochers  cultuels  à  Sculptures  les  plus  faciles  à  débrouiller 
qui  existent  à  l'Ile  d'Yeu. 

En  effet,  la  Divinité,  auquel  il  est  consacré,  est  représentée  ici  par 
des  Pieds  (Soleil  Levant  au  Solstice  d'Hiver,  puisque  la  Plante  est  à 
l'Est),  et  par  des  Cupules,  qui  donnent  toutes  les  autres  Lignes 
solaires,  sans  exception. 

Il  ressort  de  là  qu'au  moins  dans  ce  cas  les  Cupules  représentent 
bien  le  Soleil  [Symbole  :  Points  et  Lignes],  comme  les  Sculptures 
pédiformes.  —  Et  il  est  très  probable  qu'il  doit  en  être  très  souvent 
ainsi  ! 

(1)  Aulu-Gelle.  —  Œuvres  complètes.  —  Trad.  franc.  —  Paris,  Garnier,  t.  I, 
Nuits  attiques:  Livre  II,  ch.  22  ["Cf.  p.  121],        v 

(2)  Marcel  Baudouin.  —  Loc.  cit.,  A.  F.  A.  S  ,  1914. 


446 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 


I„es  Gravures  pédiformes  de  la  Pierre  de  Saint 
Maurice,  à  Millay  (mièvre). 


A.  DESFORGES  (Rémilly,  Nièvre), 

Correspondant  du  Ministère  de  l'Instruction  publique,  Instituteur. 

A  1500  mètres  au  N.-E.  de  la  gare  de  Millay,  dans  un  champ, 
appelé  les  Hauts  de  Lavault  (section  B,  N°  261  du  plan  cadastral  de 
Millay),  entre  le  chemin  de  fer  de  Nevers  à  Chagny  et  la  route 
nationale  N°  73  de  Moulins  à  Baie,  en  face  de  la  maison  dite  Fon- 
taine Alêne  ou  Fontaine 
Alâne,  sur  le  flanc  Nord 
d'une  petite  colline,  à  340 
mètres  d'altitude,  se  trouve 
un  amas  de  six  rochers  de 
granité  (1),  désigné  sous  le 
nom  de  Pierre  de  Saint 
Maurice,  et  dont  l'ensemble 
est  orienté  NNO-SSE 
(335°).  —  Trois  de  ces  ro- 
chers, les  Nos  1,  4  et  5 
{Fig.  1)  portent  des  Gra- 
vures du  plus  haut  intérêt. 

Le  plus  gros  bloc,  et  le 
plus  intéressant,  celui  du 
Nord(N°  1),  est  incliné,  sui- 
vant la  pente  du  sol,  du 
SSE  au  NNO  d'environ  45°. 

Il  a  plus  ou  moins  l'as- 
pect d'un  menhir  renversé, 
dont  les  autres  rochers  au- 
raient constitué  les  blocs 
de  calage.  Mais  la  gravure 
de  sa  base  ôte  toute  vrai- 
semblance à  cette  hypo- 
thèse. 


Fig.  1.  —  Rochers  de  la  Pierre  de  Saint-Maurice,  à 
Millay  (Nièvre).  —  1  à  6,  N°*  des  Rochers.  —  A  à 
E,  les  diverses  Sculptures. 


La  face  supérieure  est  en  dos  d'âne;  sur  le  flanc  Est  de  ce  dos  d'âne 
se  voient  deux  Gravures  pédiformes. 


(1)  Granité  éruptif    de    Luzy,   contemporain   du  Permien  ou  Carbonifère   supé- 
rieur. Le  sous-sol  est  également  formé  de  granité  de  Luzy. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  447 

La  première,  au  Nord  (Fig.  1  et  2),  représente  un  Sabot  de  Cheval, 
parfaitement  exécuté,  de  0m21  de  longueur  sur  0m15  de  largeur  et 
0m075  de  profondeur  maximum. 

Le  bord,  surtout  à  droite,  est  évasé.  Au  lieu  d'être  en  creux,  la 
partie  médiane  correspondant  à  la  fourchette,  est  en  relief.  Quand  il 
a  opéré,  l'artiste  avait  vraisemblablement  sous  les  yeux  un  Sabot 
évidé,  c'est  à-dire  débarrassé  des  parties  molles. 

Cette  fourchette  est  à  0m05  du  bord  extérieur  et  mesure  0"15  de 
long  sur  0m025  à  0m06  de  large.  Son  relief  varie  entre  0m045  et  0m01 

La  gravure  est  orientée  O.-E  (275°  O.  ou  95°  E.).  —  Comme  on 
peut  le  constater,  elle  représente  un  Sabot  de  Cheval,  de  très 
grande  taille. 


A  0m30  plus  au  Sud,  se  trouve  une  seconde  gravure,  figurant  un 
Pieu  de  Bœuf,  de  0m21  de  long  sur  autant  de  large  {Fig.  1  et  3). 


Fig.  2. 


Sabot  d'Eqoidé  A,  de  la  Fig.  i.  —  Le  Pas  de  l'Ane  de  Saint  Maurice.  —  Echelle 
4/4  Grandeur. 


Les  onglons,  qui  s'enfoncent  obliquement  dans  la  roche,  ont  de 
0m02  à  0m28  de  profondeur.  L'espace  interdigité  mesure  0m07  de 
hauteur  et  de  0m005  à  0m02  d'épaisseur.  L'artiste,  pour  obtenir  cette 
partie  médiane,  a  utilisé  une  dés  veinules  de  quartz,  plus  résistantes, 
qui  traversent  la  roche .  C'est  ce  qui  explique  sans  doute  l'inégalité 


448 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 


constatée  dans  la  largeur  des  onglons.  Mesurés  au  sommet  de  l'es- 
pace interdigité,  celui  de  droite  a  0™11,  tandis  que  celui  de  gauche, 
plus  trapu,  n'a  que  0m09. 

La  gravure  est  orientée  de  l'ENE  à  l'OSO  (40°  Est  ou220°S.-O.). 
(Fig.  3). 


Sur  la  face  SSE  de  ce  même  bloc,  perpendiculaire  à  la  précédente, 
se  voit  une  troisième  gravure,  placée  à  0m20  seulement  de  la  seconde 


fàtipe    SLUV4CM.?  AB 

Fig.  3.  —  Le  Pied  de  BœufB,  de  la  Pierre  de  Saint-Maurice.  —  Echelle  :  1/4  Grandeur. 

et  descendant  jusqu'au  sol.  Cette  gravure  affecte  la  forme  d'un  fer  à 
cheval,  très  allongé  (Fig.  1  et  4).  Elle  a  0ro30  de  long,  0m15  de  large 
en  haut  et  0m24  en  bas,  0m15  de  profondeur  à  droite  et  0m04 
seulement  à  gauche.  La  partie  médiane  en  relief  mesure  0m30  de 
long  et  0m05  de  large. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  449 

L'orientation  générale  est  S.-N.,  avec  déviation  de  10°  vers  l'Ouest 
(Fig.  4),  soit  350°  Ouest. 


Le  bloc  N°4  de  \aFig.  1,  de  forme  irrégulière,  mesure  0m75  de  haut 


Fig.  4.  —  Sculpture  C,  de  la  Pierre 
de  Saint  Maurice.  —  Fer  à  Cheval 
très  allongé  ou  Glissade.—  Echelle: 
1/8  Grandeur. 


Fig.  5  —  Fers  à  Cheval  D  ef  E,  de  la  Pierre  de  Saint  Maurice. 
—  Echelle  :  1/4  Grandeur. 


Fig.  6.— Sculpture  ellipsoïde,  qu'on  obtiendrait  par  l'accollement  de  deux  Fers  à  Cheval  D 
et  E.  —  Echelle  :  1/4  Grandeur. 

sur  0m55  de  large.  Il  présente,  à  0m10  environ  de  sa  base  et  à  droite,  une 
gravure,  en  forme  de  fer  à,  cheval,  très  évasée  ayant  0m22  d'ouver- 

SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE.  30 


450  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

ture  sur  0m14  de  long  ;  la  partie  médiane,  en  relief,  a  0m10  sur  0m08  ; 
la  profondeur  de  la  gravure  est  de  0m10. 

Son  orientation   est  O.-E.   avec  déviation   de  5°   vers   le  Nord 
275°  O.  ;  soit  95°  E.  (Fig.  5). 


En  face  de  ce  bloc  s'en  trouve  un  autre  (N°  5,  de  la  Fig.  1),  avec 
lequel  il  paraît  n'avoir  fait  qu'un.  En  effet,  à  peu  près  à  la  même 
hauteur  du  sol  et  à  gauche,  se  voit  la  gravure  symétrique  de  la 
Fig.  5,  mais  seulement  ébauchée:  ce  qui  indiquerait  que  la  Fig.  5 
n'a  été  creusée  qu'après  cassure  du  rocher  en  deux  parties. 

Si  cette  hypothèse  est  vraie,  la  gravure  primitive  sur  le  rocher 
complet  aurait  donné,  non  deux  fers  à  cheval,  mais  un  Ellipsoïde, 
entouré  d'une  rainure  (Fig.  6). 


A  4  mètres  au  Nord  (10°  Est)  du  groupe  principal  se  trouve  un 
petit  rocher  isolé,  de  0m90  X  0m55  X  0m35,  formant  satellite. 


Fig.l.—  Grande  Cuvette  ou  Bassin,  avec  Bouton  central,  d'un  Rocher  voisin  X.—  Echelle  : 
1/10.  —  Légende  :  A,  Bassin  ;  —  B.  Bouton. 

Sur  une  face  NNO  (322°),  presque  verticale,  se  voit  une  gravure, 
assez  curieuse,  ayant  la  forme  d'une  Cuvette,  à  peu  près  hémisphé- 
rique, de  0m27  de  diamètre  et  de  0m15  àOr,,16  de  profondeur  (Fig.  7). 

Au  fond  il  y  a  une  sorte  de  bouton,  deOm055  de  longueur  sur  0m03 
de  largeur  et  0m06  de  hauteur  (Fig.  1). 


Cet  ensemble,  si  curieux,  n'avait  jamais  été  décrit. 
Seuls,   MM.    Gabriel  Bulliot,  Président   de  la  Société  Eduenne 
(d'Autun),  dans  la  Mission  et  le  Culte  de  Saint  Martin  d'après  les 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  451 

légendes  et  les  monuments  populaires  dans  le  pays  êduen  (1),  et 
Lucien  Gueneau,  Président  de  la  Société  Académique  du  Nivernais  à 
Nevers,  dans  son  petit  livre  humoristique  sur  Monsieur  Saint  Mar- 
tin (2),  y  font  allusion,  pour  constater  que  saint  Maurice  a  été 
confondu  avec  saint  Martin  dans  la  région  de  Chiddes  (3)  et  de 
Millay  ! 

J'en  ai  dit  moi-même  un  mot  dans  un  travail  d'ensemble  sur  les 
Stations  préhistoriques  et  protohistoriques  de  la  vallée  de  l'Alaine  (4). 


Voici  la  légende  qui  s'y  rapporte.  —  Elle  m'a  été  contée  par 
M.  Vadrot,  ancien  adjoint  au  maire  de  Fléty,  qui  avait  habité  très 
longtemps  la  ferme  de  Magny,  sur  laquelle  se  trouve  la  Pierre  de 
Saint  Maurice. 

«  Un  jour,  saint  Maurice  et  saint  Romain  s'étant  rencontrés  sur 
le  mont  Beuvray,  joutèrent  à  qui  sauterait  le  plus  loin  avec  sa 
monture.  Ils  s'élancèrent  l'un  au  Nord,  l'autre  au  Sud  de  la  mon- 
tagne. Saint  Romain  alla  choir  à  Château-Chinon,  où  l'on  célèbre  son 
culte,  tandis  que  saint  Maurice,  vénéré  à  Millay,  vint  tomber  sur  le 
rocher  des  Hauts  deLavault,  où  sa  monture  imprima  ses  pieds.  » 

Cette  monture  devait  être  un  animal  singulier,  puisqu'elle  avait  des 
pieds  d'Équidè  et  un  pied  de  Bovidé  l 

Mais  j'y  songe.  Le  nom  de  la  Fontaine  Alane,  qui  se  trouve  non 
loin  de  là,  ne  nous  donne-t-il  pas  la  clef  du  mystère  ?  Saint  Maurice 
devait  chevaucher  sur  un  roussin  d'Arcadie  ;  et  c'est  sans  doute  la 
raison  pour  laquelle  il  perdit  son  pari  ! 

On  sait  que  saint  Maurice,  chef  de  la  légion  thébaine,  quand  il  fut 
mis  à  mort  en  246,  est  considéré  comme  le  patron  des  guerriers.  Il 
est  certain  d'ailleurs  que  ce  personnage,  martyrisé  dans  le  Valais, 
en  arrivant  d'Egypte,  ne  mit  jamais  les  pieds  dans  le  Morvan  !  Mais 
il  était  le  saint  préféré  de  Saint-Martin,  qui,  dit-on,  portait  toujours 
sur  lui  quelques-unes  de  ses  reliques.  Il  est  donc  possible  que  la 
Pierre  de  Saint  Maurice  ait  été  catholicisée  au  ive  siècle,  lors  du 
passage  de  Saint  Martin  dans  la  région,  pour  obliger  les  popula- 
tions à  rendre  aux  nouveaux  saints  les  hommages  qui,  dans  leur 
pensée,  se  rapportaient  à  un  culte  beaucoup  plus  ancien. 

Certaines  vieilles  légendes  relatives  aux  gravures  pédiformes 
nous  montrent  qu'au  culte  des  pierres  se  rattachait  celui  des  Fon- 

(1)  Mémoire  de  la  Société  Eduenne,  t.  XIX,  p.  111  et  112. 

(2)  Imp.  de  la  Tribune,  Nevers,  1900. 

(3)  Chiddes,  commune  du  canton  de  Luzy  (Nièvre),  où  se  voit  un  autre  Monument 
à  Gravures  pédiformes. 

(4)  Mém.  de  la  Soc.  Acad.  du  Nivernais,  t.  XIV,  p.  58  et  59. 


452  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

taines.  On  connaît  celle  de  Pégase,  faisant  jaillir  d'un  coup  de  pied 
la  source  de  l'Hippocrène.  Est-ce  qu'un  Pégase  morvandeau,  quel- 
que peu  facétieux,  mué  plus  tard  en  saint  Maurice,  ne  serait  pas 
venu  à  Millay  faire  jaillir  la  fontaine  d'en  face  ? 


Mais  revenons  aux  choses  sérieuses.  On  est  aujourd'hui  à  peu 
près  fixé  sur  l'âge  et  la  destination  de  ces  gravures  sur  rochers. 

Des  groupes  de  cupules  représentant  des  constellations  qui  ne 
ressemblent  pas  à  celles  d'aujourd'hui,  ont  permis  aux  astronomes  de 
calculer  la  date  à  laquelle  la  position  des  astres  correspondait  a  celle 
donnée  par  les  gravures  ;  et  ils  ont  trouvé  que  ces  gravures  avaient 
de  5.000  à  7.000  ans. 

Par  analogie,  en  prenant  l'Orientation  exacte  des  gravures  pédi- 
formes,  en  tenant  compte  de  la  déclinaison  et  surtout  du  phénomène 
astronomique  de  la  Précession  des  Equinoxes,  M.  le  Dr  Marcel 
Baudouin,  secrétaire  général  de  la  Société  Préhistorique  Française,  est 
arrivé  à  déterminer  approximativement  leur  âge,  qui  remonte 
parfois  à  la  fin  de  l'époque  néolithique,  c'est-à-dire  à  environ 
4.000  ans  avant  J.-C 

Il  est  également  arrivé  à  démontrer  que  toutes  ces  gravures  pédi- 
formes  sont  sur  les  lignes  solaires  de  l'époque  (ligne  équinoxiale  ; 
lignes  solsticiales :  solstice  d'été  et  solstice  d'hiver;  etc.)  (1).  L'orien- 
tation des  gravures  de  la  Pierre  de  Saint-Maurice  ne  fait  que 
confirmer  sa  théorie. 

On  doit  donc  les  considérer  soit  comme  les  éléments  d'un  cadran 
solaire  néolithique,  soit  plutôt  comme  «  l'indication  d'une  marche 
religieuse  vers  l'astre  du  jour  »  et  par  conséquent  comme  les  vesti- 
ges de  l'ancien  Culte  solaire. 

Si  Ton  compare  entre  elles  les  dimensions  des  diverses  Gravures, 
on  constate  que  le  nombre  de  0m07  peut  être  considéré  comme  leur 
Commune  Mesure  : 

1°  Gravure  (Fig.  2):  longueur  0m21  ou  7  X  3;  largeur  0*15  ou 
7  X  2  (+  1);  profondeur  0m07  ou  7. 

2°  Gravure  (Fig.  3) :  longueur  0m21  ou  7  X  3  ;  largeur  21  ou  7  X  3; 
profondeur  0,D28  ou  7x4. 

(1)  M.  Baudouin  et  A.  Gousset.  Découverte  de  Gravures  de  Sabots  d'équidés 
sur  rocher  au  Pas  du  Roi,  à  Saint-Just,  près  Marennes  (Ch.  /»/.).  VIe  Congrès 
préh.  de  France,  Tours,  1910.  —  M.  Baudouin.  Les  Rochers  à  Sabots  d'Equidés 
et  la  théorie  de  leurs  légendes.  Congrès  int.  d'Anihr.  et  Arch.  réh.,  Genève, 
1912,  in-8°,  fig.  —  M.  Baudouin.  Les  sculptures  et  gravures  de  Pieds  humains 
sur  rochers.  A.  F.  A.  S.,  Tunis  1913.  —  Marcel  Baudouin,  ^orientation  des 
Sabots  d'équidés  du  Pas  du  Roi,  à  Saint-Just  et  le  culte  solaire  Homme  Préhisto- 
rique,  Paris,  1914. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  453 

Distance  entre  les  2e  et  3e  gravures  :  0m20  ou  7  X  3  (—  1). 

3e  gravure  (Fig.  4)  :  longueur  0m39  ou  7  X  5,5  ;  largeur  0m15  ou 
7  X  2  (+  1)  ;  profondeur  0m15  ou  7  X  2  (+  1). 

4e  gravure  (Fig.  5):  ouverture  0m22  ou  7  X  3  (+  1);  longueur 
0m13  ou  7  X  2. 

5e  gravure  (Fig.  7)  :  diamètre  0ra27  ou  7  X  4  (—  1)  ;  profondeur 
0m15  X  7  X  2  (+ 1).    / 

Ce  qui  confirme  les  observations  faites  sur  différents  points  par 
plusieurs  palethnologues,  notamment  dans  l'Isère  par  M.  L.  Jac- 
quot,  après  la  découverte  de  cette  donnée  en  Vendée  et  en  Charente- 
Inférieure  par  M.  le  Dr  Marcel  Baudouin. 

M.  Marcel  Baudouin.  —  L'Orientation  des  Sculptures  est  extrê- 
mement remarquable. 

Les  Sabots  A  et  D  se  dirigent  vers  l'Orient  à  95°  Est  de  la  Bous- 
sole. —  Le  Sabot  B  va  à  220°  Sud-Ouest. 

Si  nous  calculons  Yangle  formé  par  ces  deux  lignes,  nous  avons  : 
220°  —  95°  —  125°.  —  Or  cet  angle  doit  nous  faire  immédiatement 
songer  à  un  Angle  solaire  bien  connu  :  l'angle  méridio-solsticial- 
Nord-Lever,  qui  est  de  180°  — -  55°  =  125°  à  la  latitude  en  question, 
en  effet  !  —  Impossible  d'avoir  un  chiffre  plus  précis... 

Il  en  résulte  que  les  Sabots  A  et  D  correspondent  au  Lever 
Solaire  du  Solstice  d'Eté  (Ligne  solsticiale  Nord-Lever),  et  que  le 
Sabot  B  correspond  à  la  Ligne  méridienne. 

Par  suite,  puisque  dans  la  Nièvre,  la  Déclinaison  magnétique  étant 
actuellement  de  15°  environ,  nous  avons,  comme  Orientation  astro- 
nomique actuelle  du  Sabot  A  :  95°  —  15°  »  80°,  et  comme  déviation 
précessionnelle  :  80°  —  55°  =  25°,  c'est-à-dire  la  Déviation  maxi- 
mum, avec  une  erreur  de  1°  30  (25°  =  23°  30  +  1°  30)  (1). 

Ces  Sculptures  sont  donc  de  la  même  époque  et  peuvent  être 
datées  de  4. 000  ans  avant  Jésus-Christ.  Elles  sont  par  suite  mani- 
festement Néolithiques  et  de  la  fin  de  cette  période,  là  comme  en 
Charente-Inférieure  et  en  Vendée. 

Si  l'hypothèse  d'un  Ellipsoïde  pour  les  figures  D  E  est  exacte,  on  a 
affaire  à  un  Ovale  gravé,  tout  à  fait  comparable  à  celui  que  j'ai  décrit 
pour  les  Vaux  de  Saint-Aubin-de-Baubigné  (2),  où  les  gravures 
sont  un  peu  plus  anciennes  d'ailleurs. 

J'ajoute  que  la  sculpture  N°  4  [Fig.  4)  est  très  comparable  à  celle 

(1)  La  Sculpture  G,  orientée  à  350°  Ouest  ne  correspond  pas  sans  doute  à  une 
ligne  solaire,  car  elle  donnerait  une  forte  erreur  (16°30)  pour  le  Coucher  Solaire 
au  Solslice  d'Eté. 

Elle  doit  avoir  une  autre  signification  ;  d'ailleurs  sa  forme  est  très  spéciale. 

(2)  Marcel  Baudouin.  —  La  Pierre  à  l'Etoile  du  Temple  du  Soleil  des  Vaux, 
à  Saint- kub in- de-Baub igné  (D.-S.).  —  Bull,  et  Mém.Soc.  Antkr.,  Par.,  1913.  — 
Tiré  à  part,  Par.,  1913,  in-8°. 


454  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

de  la  Chaire  de  Saint-Elophe  (M.-et-M.),  signalée  par  notre  col- 
lègue, M.  Hébert. 

Enfin  j'insiste  sur  le  Bouton  du  fond  de  la  Cuvette  de  la  Fig.  7, 
qui  est  une  sculpture  en  relief,  venant  justifier  la  théorie  que  j'ai 
émise  pour  les  sculptures  en  relief  des  piliers  de  Dolmens  de  la 
région  parisienne  et  que  je  considère  comme  des  Disques  solaires, 
et  non  pas  des  Seins  de  femme,  comme  on  s'obstine  à  le  croire  encore. 

Ce  bouton,  dans  un  Bassin  typique,  est  l'analogue  (mutatis  mutan- 
dis)  de  la  Cupule  centrale  du  grand  Bassin  des  Epesses  (Vendée). 

Je  n'insiste  pas  sur  la  Commune-Mesure;  elle  est  évidente  ici.  Mais 
est  un  peu  plus  grande  (0m07,  au  lieu  de  0m065  ou  0m060)  qu'en  Vendée. 

Cette  observation  est  donc  une  confirmation  éclatante  de  toutes 
mes  hypothèses,  relatives  aux  Sculptures  sur  rochers. 


Hïote  sur  le  Tic  chez  les  Chevaux  américain». 


Edmond  HUE  (Paris), 

Vétérinaire-Major,  en  Mission  aux  Etats-Unis. 

A  plusieurs  reprises,  la  question  du  tic  du  cheval,  avec  usure  des 
dents  incisives,  a  été  soulevée  dans  les  discussions  de  la  Société 
Préhistorique  Française  ;  et  le  problème  de  la  corrélation  du  Tic  et  de 
la  Domestication  a  été  posé  avec  assez  de  précision  pour  que  son 
importance  ait  attiré  l'attention  de  tous. 

-Avant  tout  il  faut  bien  établir,  techniquement,  ce  que  c'est  que  le 
Tic  et  quels  sont  ses  résultats. 

On  a  donné  le  nom  de  tics  à  des  manifestations  vicieuses  que  pré- 
sentent certains  chevaux. 

Parmi  ces  tics,  il  en  est  un  qui  porte  le  nom  de  Tic  avec  usure  des 
dents,  parce  que  les  manœuvres  du  cheval  aboutissent  à  user  les 
incisives  avec  assez  d'intensité  pour  que  leur  simple  examen  per- 
mette de  déceler  le  vice. 

C'est  celui  qui  nous  occupe  en  ce  moment.  Le  cheval  qui  tique 
frotte  ses  dents  sur  un  corps  dur,  placé  à  portée  de  sa  bouche,  en 
exécutant  des  manœuvres,  tantôt  de  haut  en  bas,  tantôt  d'avant  en 
arrière,  tantôt  de  droite  à  gauche  et  inversement,  tantôt  en  mordant 
les  objets. 

Les  chevaux  tiquent  soit  sur  la  longe  qui  les  attache  ;  soit  sur  la 
mangeoire  ;  soit  sur  les  barreaux  du  râtelier  ;  soit  sur  le  mur,  etc. ,  etc. 

Le  résultat,  avons-nous  dit,  est  d'user  les  incisives  de  diverses 
manières,  plus  ou  moins  liées  avec  la  forme  et  la  résistance  du  corps 


SOCIÉTÉ  PRÉniSTOIUQUE   FRANÇAISE  455 

étranger,  et  dont  les  principales  sont  représentées  dans  les  figures 
schématiques  suivantes,  profil  et  face  (Fig.  1). 

L'usure  due  au  tic  est  toujours  facile  à  différencier  d'une  cause 
accidentelle  par  le  poli  de  la  partie  de  la  dent  soumise  au  frottement 
léger  et  répété,  qui  constitue  le  tic  et  qui  donne  à  cette  région  des 
tons  de  vieil  ivoire. 


Dans  quelles  conditions  les  chevaux  tiquent-ils  ? 

Les  auteurs  s'accordent  à  reconnaître  que  les  chevaux  tiquent  soit 
quand  ils  sont  attachés,  soit  quand  ils  sont  enfermés,  soit  quand  ils 
s'ennuyent  d'une  trop  longue  stabulation;  et,  dans  tous  les  cas,  lors- 
qu'un corps  étranger  propice  au  tic  est  à  portée  de  leur  bouche. 


A 


^ 


A 


iniiii  i  m  iMiitn 


Fig.  1.  —  Exemples  de  traces  de  Tic. 
Légende.  —  A,  Incisives  supérieures  vues  de  profil.  — B,  Incisives  supérieures  vues  de  face. 
—  A',  Incisives  inférieures  vues  de  profil.  —  B',  Incisives  inférieures  vues  de  face.  —  Les 
hachures  indiquent  lés  parties  usées. 


Une  autre  question  plus  concise  est  aussi  posée  : 
Pourquoi  les  chevaux  tiquent-ils  ? 

Les  timorés  répondent  tranquillement  :  on  ne  sait  pas  !  Les  auda- 
cieux disent  :  parce  qu'ils  sont  attachés,  parce  qu'ils  sont  enfermés, 
parce  qu'ils  s'ennuyent,  et  surtout  parce  qu'ils  ont  un  objet  sur  lequel 
ils  peuvent  tiquer! 


456  SOCIÉTÉ   PREHISTORIQUE  FRANÇAISE 

Cette  dernière  manière  de  voir  est  celle  de  tous  les  gens  de  métier  : 
éleveurs,  marchands,  hommes  de  cheval  ou  gens  d'écurie,  etc.  ;  de 
tous  ceux  qui  ont  observé  les  chevaux  de  près  et  qui  ont  eu  à  lutter 
contre  ce  vice.  —  Ce  qui  est  acquis,  c'est  que  tous  s'accordent  à  dire 
que  la  contrainte  est  la  seule  cause  de  cette  manifestation  vicieuse  (1). 
D'où  cette  déduction  logique  que  la  Domestication,  avec  ses  moyens 
de  contrainte  prolongés,  est  la  cause  originelle  du  tic  ! 

C'est  alors  que  se  pose  la  question  corollaire  : 
Les  chevaux  sauvages,  ou  ceux  qui  vivent  dans  des  condi- 
tions analogues,  tiquent-ils  ? 

Il  y  a  longtemps  que  la  question  a  été  posée  et  je  ne  sache  pas 
qu'elle  ait  jamais  reçu  de  réponse. 

Les  circonstances  actuelles  m'ayant  fait  désigner  pour  une  Mission 
aux  Etats-Unis,  mes  fonctions  m'ont  presque  mis  dans  l'obligation 
de  résoudre  la  question.  Je  m'explique.  Vous  jugerez  «près. 

Chargé  d'inspecter  les  chevaux  achetés  d'autre  part  par  le  Gouver- 
nement français,  je  suis  obligé  de  constater  l'état  des  incisives,  pour 
la  détermination  de  Yâge  des  animaux  et  pour  le  tic. 

Cet  examen  dentaire  obligatoire  a  porté  jusqu'à  ce  jour  sur  plus  de 
16.000  (seize  mille)  chevaux,  qui  m'ont  été  présentés.  Je  vous  donne 
le  résultat  :  j'ai  trouvé  deux  tiqueurs  en  tout  (2)  ! 

En  France,  on  a  été  obligé  de  comprendre  ce  tic  dans  les  vices 
rédhibitoires  :  ce  qui  implique  sa  grande  fréquence. 

C'est  alors  que  je  me  suis  posé  la  question  suivante  : 
Pourquoi  les  chevaux  américains  ne  tiquent-ils  pas? 

Et  j'ai  voulu  en  savoir  les  raisons. 

Je  dois  dire  que  j'opère  dans  les  campagnes,  dans  les  lieux  d'éle- 
vage, aussi  près  que  possible  de  la  production. 

Dans  les  fermes,  il  n'y  a  pas  d'Ecuries  et  les  chevaux  ne  sont  jamais 
attachés. 

Quand  ils  sont  déharnachés,  après  le  travail,  on  les  laisse  en 
liberté  complète,  sans  même  un  licol,  dans  la  prairie  qui  entoure  la 
maison. 

Et  toute  l'année  —  hiver  comme  été  -  ils  sont  dehors  et  libres. 
Rien,  ni   personne,  ne  les    contraint   à   rester    ici  plutôt    que   là  ; 

(1)  Tous  mes  contracteurs  et  marchands  de  chevaux  américains,  auxquels  j'ai 
posé  ces  questions,  ont  tous  répondu  qu'on  ne  voit  de  chevaux  tiqueurs  [scrubbers] 
que  dans  les  villes,  parce  qu'il  y  a  des  Ecuries.  —  La  réponse  est  nette. 

(2)  Ce  sont  deux  chevaux,  d'une  douzaine  d'années,  appartenant  à  un  vieux  pro- 
priétaire de  Chicago.  Ces  chevaux  ne  font  qu'une  sortie  par  semaine.  Ils  ont  tout 
le  reste  du  temps  pour  tiquer,  et  ils  en  profitent,  car  ils  n'ont  presque  plus  de  dents. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  457 

et  leurs  ébats  sont  à  peine  limités  par  les  fils  de  fer  qui  clôturent  des 
prairies  de  plusieurs  hectares. 

Les  chevaux  ne  sont  pas  contraints  :  ils  ne  tiquent  pas  ! 

Ce  ne  sont  pourtant  pas  les  corps  étrangers  qui  manquent  ;  ils 
sont  même  à  profusion.  Le  cheval  libre  ne  s'en  occupe  pas.  Quand 
il  en  a  assez  de  pâturer  en  une  place,  il  pousse  un  peu  plus  loin,  à 
son  gré  ;  et  tout  est  dit. 


Soit,  voilà  pour  les  chevaux  domestiques.  Mais  pour  les  chevaux 
sauvages  ou  au  moint  vivant  à  l'état  sauvage  ? 

Dans  les  grands  ranchs  du  Wyoming,  Idaho,  Nevada,  Texas, 
Orégon,  Nebraska,  Montana,  South  Dakota,  etc.,  ranchs  comprenant 
plusieurs  sections  cadastrales  américaines  de  6  milles  chacune  de 
côté  ;  ranchs  où  les  chevaux  vivent  et  procréent  à  volonté,  comme 
dans  la  vie  réellement  sauvage  ;  dans  les  grands  ranchs,  dis-je,  il 
n'y  a  pas  plus  de  chevaux  tiqueurs  que  dans  les  chevaux  de  ferme  ! 

Jusqu'à  ce  jour,  j'ai  vu  environ  cinq  mille  (5.000)  chevaux  prove- 
nant de  ces  ranchs  et  je  puis  vous  affirmer  que  la  seule  trace  de 
domestication  qu'ils  présentent  consiste  en  une  brand,  au  fer  rouge, 
que  les  propriétaires  font  apposer  à  leurs  produits  de  l'année. 

Pour  beaucoup  de  ces  chevaux,  c'est  le  seul  contact  qu'ils  ont  eu 
avec  l'homme  depuis  cinq  ou  six  ans  ;  et  franchement  il  me  semble 
qu'ils  en  ont  conservé  un  mauvais  souvenir. 

Ces  chevaux  sauvages  sont  dressés  par  nos  cowboys  qui,  en  quel- 
ques séances,  en  font  des  chevaux  abordables  et  utilisables. 

Pourvu  qu'ils  ne  deviennent  pas  tiqueurs  pour  me  donner  raison  ! 

Car  je  suis  absolument  convaincu  : 

1°  Que  le  tic  avec  usure  des  dents  est  le  résultat  de  la  contrainte 
prolongée,  comme  la  Domestication  seule  peut  le  faire. 

2°  Et  que  faire  la  preuve  qu'une  incisive  de  cheval  présente  des 
traces  de  Tic,  est  faire  la  preuve  de  la  Domestication  de  ce  Cheval. 

Si  j'ai  bonne  mémoire,  la  solution  de  cette  question  a  été  forte- 
ment avancée  par  mon  ami,  le  Dp  Henri  Martin,  au  Congrès  Préhisto- 
rique de  Nîmes. 

Enfin  je  suis  heureux  de  pouvoir  répondre  d'une  façon  catégorique 
à  la  question,  posée  jadis  au  sujet  du  tic  chez  les  chevaux  vivant  à 
l'état  sauvage  :  Les  chevaux  vivant  à  l'état  sauvage  ne  tiquent 
pas.  Alliance  (Nebraska),  15  octobre  1915. 


458  SOCIÉ'IÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Contribution  à  l'étude  de  l'Ere  monumentale 
préhistorique  î  l'Architecture  mégalithique 
bretonne  et  les  observations  solaires  (Suite)  (1). 


Alf.  DEVOIR  (Brest,  F.), 

Capitaine  de   Frégate. 

Une  description  précise  de  chacun  de  ces  grands  monuments, 
faite  au  moment  des  premières  fouilles,  et  mentionnant  l'état  du 
tertre  ainsi  que  la  position  des  fragments  avant  toute  restauration, 
serait  justement  considérée,  de  nos  jours,  comme  un  document  de 
valeur  inappréciable  (2);  elle  aurait  depuis  longtemps  éclairci  la 
question  très  importante  dont  je  m'occupe  ici  Malheureusement,  les 
archéologues  du  début  du  xixe  siècle  avaient  de  tout  autres  préoccu- 
pations; l'étude  des  monuments  était  pour  eux  peu  de  chose;  les 
récoltes  attiraient  seules  leur  attention.  La  Science  a,  de  ce  fait,  subi 
d'irréparables  pertes  ! 

Imprécision  des  Orientations. 

Je  termine  cette  étude  des  moyens  qui  ont  pu  être  employés  (3) 
pour  la  construction  des  dolmens  proprement  dits  par  une  remarque, 
d'importance  prédominante,  à  mon  avis  du  moins. 

La  manœuvre  de  supports  très  pesants,  effectuée  à  l'aide  d'engins 
grossiers,  ne  pouvait  être  une  manœuvre  de  précision  ;  quelles 
qu'aient  été  les  précautions  prises  des  mouvements  imprévus  étaient 
inévitables  ;  un  tassement  accidentel  d'une  partie  du  tertre  déran- 
geait le  bloc  déjà  basculé  et  dont  l'implantation  ne  pouvait  plus  être 
rectifiée,  la  pesanteur,  utilisée  d'abord  comme  puissance,  se  chan- 
geant dès  lors  en  résistance.  C'est  ainsi  que  l'on  voit,  dans  de  nom- 
breux dolmens  des  supports  à  faces  internes  très  régulières  faire 
entre  eux  des  angles  assez  grands,  ou  déborder  les  uns  sur  les 
autres,  alors  que  l'intention  première  des  constructeurs  était, 
évidemment,  de  constituer  une  paroi  continue,  curviligne  ou  recti- 
ligne. 

La  construction  d'un  dolmen  était,  d'autre  part,  une  opération 
incontestablement  très  longue  ;  et  tel  repère,  utilisé  au  début  des 

(1)  Voir  Bull.  Soc.  Préh.  trance,  1915,  N°  10.  p.  369,  N°  11,  p.  403. 

(2)  Nous  possédons  un  renseignement  de  ce  genre  sur  la  Table  des  Marchands  : 
la  relation  des  fouilles  exécutées  en  1811  par  MM.  Renaud  et  Maudet  de  Penhouët 
montre  que  la  table  et  une  partie  des  supports  émergeaient  alors  du  tertre. 

(3)  Je  ne  pense  pas  qu'il  ait  été  fait  usage,  pour  la  manœuvre  des  tables,  de 
leviers,  sur  lesquels  il  aurait  été  difficile  défaire  agir  convenablement  un  nombre 
d'hommes  suffisant. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  459 

travaux,  ne  pouvait  plus  l'être  dans  la  suite  ;  l'auteur  de  la  concep- 
tion initiale  devait  souvent  disparaître  avant  achèvement  de  l'œuvre 
par  lui  commencée,  et  qui,  dans  certains  cas,  se  ressentait  d'un  chan- 
gement d  architecte. 

Pour  ces  multiples  raisons  il  serait  imprudent  surtout,  pour  des 
chambres  de  faible  développement,  d'estimer  précise  et  intention- 
nelle une  orientation,  d'ailleurs  difficile  à  fixer  sur  le  monument 
même. 

Quels  seront,  en  effet,  les  éléments  déterminatifs  de  l'azimut  ? 

Si  le  monument  est  formé  d'une  longue  galerie,  à  parois  sensible- 
ment parallèles  et  planes,  on  peut  évidemment  admettre  que  la 
direction  de  ces  parois  représente  l'orientation  de  la  galerie. 

En  dehors  de  ce  cas  simple  et  d'ailleurs  assez  rare,  l'indécision 
apparaît. 

Si  les  parois  ne  sont  pas  parallèles,  aucune  raison  incontestable 
n'autorise  à  choisir  l'une  plutôt  que  l'autre  ;  si  elles  ne  sont  pas 
planes,  négligera  t-on  tel  ou  tel  support,  pour  ne  s'occuper  que  de 
leurs  voisins? 

Tiendra  t-on  compte  de  la  galerie  seule,  ou  de  l'ensemble  galerie- 
chambre,  cette  dernière  partie  du  monument  pouvant  avoir  un  axe 
différent  de  l'autre,  ou  bien  du  centre  de  figure  de  la  chambre  et  du 
milieu  du  support  qui  en  forme  le  fond?  Si  oui,  quel  sera  le  second 
point  déterminatif? 

Un  dolmen  n'est  généralement  pas  une  figure  géométrique  régu- 
lière, et,  comme  les  architectes  préhistoriques  n'en  ont  pas,  sauf 
l'exception  mentionnée  plus  haut,  indiqué  le  jalonnement  d'une 
façon  indiscutable,  des  erreurs  d'appréciation  sont  toujours  à 
redouter,  surtout  si  le  monument  a  subi  des  fouilles,  ou  une  restau- 
ration plus  ou  moins  profonde,  dont  les  conditions  d'exécution  sont 
ou  peuvent  rester  ignorées. 

Les  considérations  précédentes  montrent  que  les  estimations 
peuvent  varier  d'un  observateur  à  l'autre,  parfois  de  plusieurs 
degrés  ;  tout  jalonnement  choisi,  arbitrairement  d'ailleurs  dans 
beaucoup  de  cas,  ne  sera  pas  forcément  celui  que  s'étaient  fixé  les 
constructeurs  :  ce  qui  nous  paraît  simple  et  de  toute  évidence  ne 
l'était  peut  être  pas  pour  eux,  dont  la  géométrie,  au  témoignage  de 
leurs  poteries  ornées,  se  bornait  à  la  notion  de  l'angle  droit  (1). 

J'ai  fait  ressortir  que  des  supports  devaient  fréquemment  s'écarter 
de  l'implantation  prévue  ;  ces  erreurs  de  position  ont  eu  une 
influence  d'autant  plus  grande  que  le   développement  en  longueur 


(1)  L'étude  des  grands  ensembles  non  restaurés  de  la  presqu'île  de  Crozon  établit 
nettement  que  les  architectes  préhistoriques  possédaient  sûrement  cette  notion. 


460  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

des  monuments  du   genre    dolmen  est  relativement  restreint;   les 
galeries  de  15  mètres  sont  exceptionnelles  (1). 

En  réalité,  à  cette  erreur  préhistorique  peut  se  superposer  une 
erreur  actuelle  de  l'archéologue,  sans  que  nous  soyions  à  même  de 
dire  si  toutes  deux  sont  de  même  sens,  ou  de  sens  contraires. 

L'indécision  est  déjà  moins  grande  si,  dans  la  direction  de  l'ouver- 
ture d'une  galerie  à  parois  planes  se  trouve  un  menhir;  surtout  si  la 
grande  dimension  de  celui-ci  est  orientée  comme  la  galerie  ;  elle 
disparaît,  si  les  menhirs  sont  au  nombre  de  deux  au  moins,  convena- 
blement orientés. 

Mais  il  n'existe  pas,  à  ma  connaissance  d'exemple  indiscutable  de 
cette  dernière  disposition  ;  l'autre  elle-même  est  assez  rare  ;  et  l'on 
ne  trouve  d'orientations  définies  avec  quelque  précision  que  dans 
quelques  groupes  de  dolmens  implantés  les  uns  à  la  suite  des 
autres  dans  un  même  tertre  allongé,  généralement  pourvu  d'un 
cromlec'h  de  soutènement  (Kermorvan  en  Ploumoguer;  Molène  NC, 
ce  dernier  groupe  en  ruines). 

Par  contre  les  monuments  à  chambre  circulaire  ou  elliptique 
fermée  sont  essentiellement  sans  orientation.  Enfouis  pour  la  plu- 
part, ils  paraissent  représenter  un  type  de  transition  entre  les 
dolmens  proprement  dits  et  les  chambres  à  murets  de  pierres 
sèches  ;  j'en  reparlerai  dans  un  autre  chapitre,  pour  montrer  leur 
rôle  dans  les  ensembles  mégalithiques  à  grand  développement  où  ils 
servent  simplement  de  points  déterminatifs,  au  même  titre  que  de 
simples  menhirs. 

Chambres   a  Parois  maçonnées. 

Il  convient  maintenant  d'étudier  les  chambres  à  parois  maçonnées. 

Ce  qui  frappe  tout  d'abord  dans  ces  monuments,  c'est  l'extrême 
simplicité  du  tracé  de  la  chambre,  simplicité  formant  contraste 
avec  la  complication  et  la  variété  des  constructions  à  supports 
mégalithiques. 

Il  semble  que  celles-ci  ont  dû  paraître,  à  un  moment  donné  ou 
dans  certains  cas,  d'édification  trop  longue  ou  pénible,  et  que 
l'adoption  d'un  nouveau  mode  architectural  ait  été  la  conséquence 
d'une  recherche  du  moindre  effort  ;  la  transition  est  d'ailleurs 
indiquée  par  des  monuments  de  type  intermédiaire,  où  le  recou- 
vrement est  supporté  en  partie  par  des  maçonneries,  en  partie  par 
des  blocs  d'assez  grandes  dimensions,  implantés  de  champ  dans  le 

SOI.  y 

Ces  monuments  intermédiaires  se  rattachent  d'ailleurs  beaucoup 
inoins  aux  dolmens  qu'aux  chambres  maçonnées  :  la  caractéristique 

(1)  Pour  cette  longueur  une  erreur  de  position  de  0m70  correspond  à  un  écart 
angulaire  de  cinq  degrés. 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  461 

de  ces  dernières  est  l'existence  d'une  cavité  sensiblement  paralléli- 
pipédique  complètement  fermée,  sans  galerie  d'accès,  limitée  laté- 
ralement par  quatre  murets  qui  s'appuient  solidement  sur  le  sol 
naturel  excavé.  Le  recouvrement  est  presque  toujours  formé  d'une 
seule  dalle,  reposant  directement  sur  les  assises  supérieures  des  murets. 

Les  dimensions  de  la  cavité  sont  très  variables,  mais  ne  dépas- 
sant pas,  sauf  de  très  rares  exceptions,  deux  mètres  en  hauteur  et 
en  longueur,  un  mètre  et  demi  en  largeur;  elles  sont  un  peu  plus 
fortes  dans  les  monuments  du  type  intermédiaire;  à  Saint-Bélec 
(NC)  en  Leuhan  (Finistère),  une  belle  chambre  composite  avait, 
d'après  du  Châtellier,  3m86  de  long  sur  2m30  de  large,  et  lm86  sous 
table. 

D'une  façon  générale,  les  dispositions  intérieures  des  chambres  à 
parois  maçonnées  ne  diffèrent  que  par  des  détails  :  quelques-unes 
sont  pourvues  d'une  banquette  étroite,  faite  de  pierres  sèches 
(Penker  en  Plabennec,  Finistère,  NC),  ou  dessinée  par  une  exca- 
vation de  largeur  inférieure  à  celle  de  la  chambre  (Brignon-en- 
Berrien,  Finistère,  NO,  sur  laquelle  reposaient  les  extrémités  de 
madriers  en  chêne,  placés  en  travers,  parfois  recouverts  de 
branches  du  même  arbre;  mais  la  forme  intérieure  de  beaucoup  la 
plus  fréquente  est  fa  parallélipipédique  simple. 

Le  fond  est  toujours  excavé  et  au-dessous  du  niveau  du  sol 
naturel,  parfois  même  en  contre-bas  du  pied  des  murets:  on  connaît 
un  ou  deux  exemples  de  dallage  mégalithique  ;  par  contre  il  semble 
que  le  planchéiage  ait  été  d'un  usage  assez  courant,  moins  toutefois 
que  le  simple  lit  de  sable  ou  de  galets. 

Les  blocs  de  recouvrement,  à  face  inférieure  peu  accidentée,  ont 
des  dimensions  suffisantes  pour  recouvrir  la  chambre  et  les  murets 
en  dépassant  quelque  peu  l'arête  extérieure  de  ceux-ci  ;  comme  leur 
épaisseur  est  voisine  de  0m50  en  moyenne,  la  table  est  d'un  mètre, 
ou  un  peu  davantage,  plus  large  et  plus  longue  que  la  chambre  ; 
elle  est  dans  beaucoup  de  monuments  formée  d'une  dalle  mince  ; 
des  blocs  relativement  épais  ne  se  trouvent  que  dans  les  régions 
granitiques,  là  où  la  roche  ne  se  débitait  pas  en  feuillets. 

Fait  remarquable,  les  recouvrements  mégalithiques  des  chambres 
à  parois  maçonnées  sont,  sauf  très  rares  exceptions,  fort  peu  élevés 
au-dessus  du  sol  environnant,  beaucoup  moins  en  tout  cas  que 
dans  Timmense  majorité  des  dolmens  :  il  en  résultait  une  grande 
facilité  de  mise  en  place,  s'ajoutant  aux  facilités  d'édification  que 
les  auteurs  de  ces  monuments  semblent  avoir  avant  tout  recherchées. 

D'après  les  constatations  précédentes  (1),  les  travaux  pouvaient 

(1)  Pour  cette  exposition,  de  larg-es  emprunts  ont  été  faits  aux  œuvres  de  P.  du 
Châtellier. 


462  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

être  ainsi  conduits  :  une  excavation  rectangulaire  était  creusée  dans 
le  sol,  jusqu'à  une  profondeur  peu  inférieure  à  la  hauteur  prévue  de 
la  chambre,  et  des  murets  construits  sur  son  pourtour  ;  le  fond 
était  battu  ou  dallé,  puis  la  cavité  bourrée  ou  étançonnée. 

Un  tertre  surbaissé  raccordait  le  sommet  des  murets  au  terrain 
environnant  et  formait  un  plan  incliné  pour  le  hissage  et  la  présenta- 
tion de  la  table  ;  les  procédés  de  manœuvre  appelaient  ceux  indi- 
qués plus  haut  pour  les  dolmens,  mais  avec  des  difficultés  bien 
moindres  :  les  arc-boutements  et  les  accrochages  n'étaient  pas  à 
craindre;  le  tout  était  de  préserver  les  murets,  pendant  le  mouve- 
ment de  la  dalle,  contre  la  tendance  à  Féboulement  vers  l'intérieur; 
le  bourrage  et  un  bon  établissement  du  chemin  de  glissement  y 
suffisaient  parfaitement. 

Il  est  fort  possible,  comme  le  pense  M.  du  Châtellier,  que  les 
petits  côtés  de  la  chambre,  ou  au  moins  l'un  d'eux,  n'aient  été 
murés  qu'après  mise  en  place  de  la  dalle,  celle-ci  étant  soutenue 
par  le  reste  des  parois  jusqu'à  cette  dernière  opération  ;  le  hissage 
se  serait  fait  dans  cette  hypothèse  suivant  la  direction  des  grands 
côtés  et  le  débourrage  par  l'ouverture  restée  béante. 

J'ai  constaté,  d'autre  part,  dans  des  monuments  de  ce  type 
(Kerandraon  en  Landunvez-Finistère  NC)  que  la  table  avait  été 
échancrée  vers  l'une  des  extrémités  de  la  chambre;  Téchancrure, 
suffisante  pour  donner  passage  à  un  homme,  avait  été  ultérieure- 
ment obturée  par  une  petite  dalle.  Avec  une  telle  disposition,  les 
murets  pouvaient  être  entièrement  établis  avant  mise  en  place  du 
recouvrement,  le  débourrage  se  faisant  par  l'échancrure  ;  il  convient 
de  remarquer  que  dans  les  chambres  précitées  la  maçonnerie  était, 
sur  toutes  les  parois,  des  mieux  réussies  ;  elle  avait  supporté  un 
très  lourd  recouvrement,  sans  autre  déformation  qu'un  fléchisse- 
ment, à  courbe  verticale  très  régulière,  des  grands  côtés. 

J'ai  dit  que  la  construction  des  chambres  à  parois  de  pierres 
sèches  correspondait,  par  rapport  aux  dolmens,  à  une  diminution 
du  nombre  des  éléments  mégalithiques  et  des  efforts  considérables 
que  nécessitait  leur  manœuvre;  une  autre  modification  a  fait  dispa- 
raître le  dernier  de  ces  éléments. 

Dans  les  chambres  dites  à  encorbellement,  la  lourde  table  n'existe 
plus  :  la  partie  haute  n'est  plus  en  voûte  plate,  mais  ogivale,  cons- 
tituée par  des  dalles  minces,  chargées  vers  l'extérieur  et  débordant 
de  plus  en  plus  à  l'intérieur,  jusqu'à  ce  qu'une  dernière  puisse 
s'appuyer  en  même  temps  sur  deux  dalles  opposées  ;  dans  ce  genre 
de  monuments,  le  travail,  moins  pénible,  était  d'exécution  délicate  ; 
et  des  effondrements  se  sont  produits.  (A  suivre). 


TABLE   DES  AUTEURS 


Ballet  (Dr)  (Paris).  —  La  Parure  aux  Epoques  paléolithiques  anciennes,  96. 

Barthère  (Madagascar).  —  Observations  sur  une  hache  en  os,  provenant  des 
fouilles  exécutées  par  l'Académie  Malgache  à  Ampasambazimba  en 
1908  (Madagascar),  358. 

Baudouin  (Marcel)  (Paris).  —  Fréquence  de  la  bifidité  des  racines  des  dents 
antérieures  chez  les  squelettes  de  POssuaire  des  Cous,  à  Bazoges-en- 
Pareds  (Vendée),  50. 

—  A  propos  du  Cromlech  de  Nanterre,  69. 

—  Le  Menhir  de  La  Tonnelle,  Saint-Hilaire-de-Riez  (Vendée),  167. 

—  Découverte  d'une  nécropole  mérovingienne  près  de  Nancy,  207. 

—  Un  nouveau  type  de  hache  à  bouton:  La  hache  à  double  bouton,  216. 

—  Détermination  de  l'époque   d'emploi,    en    années,   des    hcahes    à   bou- 

tons, 268. 

—  La  Préhistoire  dans  les  Tranchées,  275. 

—  Une  sépulture  de  l'époque  mycénienne  en  Crête,  275. 

—  Le  Casse-Tête  naviforme  du  Champ-saint-Père  et  ceux  de  Vendée,  291. 

—  Etude  analomique  du  crâne  australien  de  Talgaï  de  l'époque  glaciaire,  353. 

—  Les   petites  boules  de  calcaire  et   d'argile  cuile  des  sépultures  gallo- 

romaines  en  Vendée,  356. 

—  Trésors  cachés  et  veaux  en  Or,  385. 

—  Enquête  sur  les  Tarauds  ou  Fraises  Néolithiques,  422. 

—  Les    Sculptures    pédiformes,    les   Cavités    ovoiMes    et   les  Cupules   du 

Rocher     n*    I     de    La    Devallée,   à    La   Nolandière ,     en     l'Ile-d'Yeu 
(Vendée),  432. 

Brasseur  (Gournay,  Seine-Inférieure).  —  Notes  sur  les  haches  polies,  18  7. 

—  Discussion  sur  les  haches  polies  et  les  polissoirs,  199. 

—  Note  sur  les  retouchoirs,  247. 

—  Curieuse   trouvaille  de  deux  moitiés  d'une  haché  Acheuléenne  avec  fos- 

sile à  l'intérieur,  309. 

Boismoreau  (Dr)  (Vendée).  —  Découverte  de  sculptures  néolithiques  et 
d'un  abri  sous  roche  aux  Roches  du  Diable,  près  Quimperlé  (Finis- 
tère), 133. 

Bossavy  (Versailles,  Seine-et-Oise).  —  Deux  Polissoirs  nouveaux  pour  Seine- 
et-Ôise,  309. 

Bourgeade  (Eloi)  (Les  Planchettes,  par  Riom-ès-Montagne,  Cantal).  —  Sta- 
tions néolithiques  de  l'Extrême  Sud  Algérien,  découvertes  de  nos 
jours,  136. 

—  Hochet  gallo-romain  en  terre  cuite,  223. 

Bourilly  (Gard).  —  Découvertes  préhistoriques  au  Maroc  Oriental,  355. 

Chervin  (Dr)  (Paris).  —  Organisation  de  la  défense  contre  la  destruction  des 

vestiges  préhistoriques  en  Espagne,  352. 
Golleu    (Collinée,    Côtes-du-Nord).   —   Découvertes    préhistoriques   à  Saint- 

Glen,  382,  419. 


464  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

Coutil  (Saint-Pierre-du-Vauvray,  Eure).  —  La   Grotte   néolithique   de   Cour- 
jeonnet  (Marne),  71. 

—  Anse  mobile  de  seau  en  bronze,  trouvée  à  Montcy-Saint-Pierre,  canton 
de  Gharleville  (Ardennes),  72. 

—  Pointes  de  flèches  de  l'âge  du  bronze  munies  de  barbelures  à  la  douille 

{suite),  120. 

—  Haches  spatules  et  ciseau  à  dimensions  anormales  de  l'âge  du  bronze, 

250. 
-—      La  Céramique  des  Palafittes  du  Lac  du  Bourget  (Savoie),  386,  430. 

—  et  Dr  Brulard  (Côte  d'Or).  —  Les  tumulus  de  Blaizy-Bas  et  de  Saint- 

Hélier  (Gôte-d'Or),  108. 

Desforges  (Rémilly,  Nièvre).  —  Les  Polissoirs   mobiles    recueillis  en  Niver- 
nais, 125. 

—  Torches  supports  en  terre  cuite  de  Toury-Lurcy,  135. 

—  Discussion  sur  les  casse-têtes  naviformes,  381,  420. 

—  Nécrologie  :  Delort,  378. 

Les    Gravures    pédiformes    de  la  Pierre  de  Saint-Maurice,  à   Millay 
(Nièvre),  446. 

Dveoir  (Brest).—  Contribution  â  l'étude  de  l'Ere  monumentale  préhistorique  : 
l'Architecture  mégalithique  bretonne  et  les  observations  solaires,  369, 
403  et  458. 

Ferrier  (Dr)  (Paris).  —  Etude  des  dents  préhistoriques  de  la  Sépulture  néoli- 
thique de  Vendrest  (Seine-et-Marne)  :  Recherches  sur  la  tendance  à  la 
bifidité  des  racines  des  canines  et  des  prémolaires,  51. 

Givenohy  (De)  (Paris).  —  Suite  à  l'étude  des  Ciseaux  néolithiques  :  Ciseaux  à 
coupe  cylindrique  ovoïde,  57. 

—  Note  rectificative  sur  les  ciseaux  néolithiques  (Erratum),  70. 

—  Description  de  quelques  ciseaux  polis  à  coupe  ovoïde,  70. 

—  Note  sur  deux  Casse-Têtes  en  pierre  naviformes  de  Scandinavie,  310. 

—  Note  sur  un  ciseau  néolithique  de  Provence,  383. 

Guébhard  (Saint-Vallier-de-Thiey,  Alpes-Maritimes).  —  Découverte  d'un 
Castellar  à  Peyroules  (Basses-Alpes),  133. 

—  Nouvelles  découvertes  de  Casteliars  dans  le  Var,  276. 

—  Découvertes  de  stations  néolithiques  dans  le  Var,  354. 

—  Un  nouveau  critère  de  l'utilisation  des  Silex  non  taillés,  366. 

—  Dons  à  la  S.  P.  F.,  418. 

Guénin  (Brest,  Finistère).  —  Les  Menhirs  à  cupules  du  Finistère,  202. 

—  La  Croix  des   rochers  et  dalles  à  cupules  et  empreintes  pédiformes, 

361. 

Guelliot  (Dr)  (Reims,  Marne).  —  Marnien  ou  La  Tène  I,  226. 

—  Sculpture  dans  la  craie   de  la  Champagne,  381. 

Harlé  (Bordeaux).  —  Trésors  cachés  composés  d'une  vache  en  or,  384. 

Harmois  (Paris).  —  A  propos  de  l'usage  des  haches  polies  et  de  deux  haches 
des  Côtes-du-Nord,  48. 

—  Note  sur  un  ciseau  néolithique  et  plusieurs  haches  polies  provensnt  de 

la  Guyane  française,  428. 

—  Sur    quelques   coutumes   locales,    supertitions,    survivances  antiques, 

légendes,  de  Bretagne,  429. 

Hébert  (Marcel)  (Paris).  —  A  propos  de  la  Roche-aux-Fras  et  deses  légendes,  49. 

—  A  propos  du  Tableau  de  l'Eglise  Saint-Merri  et  de  l'hypothétique  Crom- 

leck  de  Nanterre,  53  et  238. 

Hémery  (Marcel  (Oise).  —  Découvertes  d'objets  d'époque  gauloise  à  Tracy-le- 
Val  (O.),  au  cours  de  Travaux  militaires,  421. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  465 

Hue  (Paris).  —  Le  Dolmen  de  Pierre  Levée,  commune  de  Janville-sur-Juine 
(Seine-et-Oise),  140. 
—      Note  sur  le  tic  chez  les  Chevaux  américains,  454. 

Hure  (Mlle  Augusta)  (Sens,  Yonne).  —  Pointes-grattoirs,  retouchoirs  mous- 
tériens  du  Sénonais,  181. 

Hugues  (Saint-Geniès-de-Malgoires,  Gard).  —  Deux  enceintes  du  Gard,  382. 

Jacquot  (Grenoble).  —  Persistance  du  Culte  des  Astres  jusqu'à  nos  jours  : 
Boutons  à  figures  astrales,  197. 

—  Discussion  sur  l'usage  des  pointes  de  flèches  en  silex,  246. 

—  La  Pierre  à  cupules  de  Fontaine  (Isère),  302. 

—  Contemporanéité  des  Armes  en  bronze  et  des  Armes  en  pierre,  427 

JousBet  de  Bellesme  (DT)  (Nogent-le-Rotrou,  Eure-et-Loir).  —  Curieuse  sur- 
vivance des  flèches  à  tranchant  transversal,  213. 

—  Des  signes  propres  à  reconnaître  si  un  silex  non  taillé  a  été  utilisé  inten- 

tionnellement, 278. 

Mercier  (Gustave)  (Constantine,  Algérie).  —  L'Homme  de  Mechta-Châteaudun 
(Algérie),  170. 

Passemard  (Biarritz,  Basses-Pyrénées).  —  Conservation  insuftisante  des  monu- 
ments préhistoriques  classés,  352. 

Patte  (Chantilly,  Oise).  —  Au  sujet  des  haches  polies  des  Côtes-du-Nord,  132. 

—  Découvertes  préhistoriques  en  Serbie   v  Vallée  du  Vardar)  [Guerre  d'O- 

rient], 420. 

Poulain  (Georges)  (Eure).  —  Discussion  sur  les  fossiles  perforés  trouvés  dans 
les  alluvions,  ayant  pu  servir  de  parure  aux  époques  paléolithiques 
anciennes,  138. 

—  Sur    quelques   coutumes    locales,   superstitions,    survivances    antiques, 

légendes  du  département  de  l'Eure,  221  et  342. 

—  Fond  de  cabane  de  l'époque  mérovingienne  à  Sainte-Geneviève-lès-Gasny, 

canton  d'Ecos  (Eure),  307. 

—  Sur  la  destination  d'une  catégorie  d'Outils  en  Silex  des  époques  Magda- 

lénienne et  Néolithique,  426. 

Reber  (Genève,  Suisse).  —  Quelques  remarques  à  propos  de  pierres  à  Nyton,  à 
Genève  et  des  objets  en  bronze  trouvés  sur  leur  emplacement,  318. 

Reynier  (Lizy-sur-Ourcq,  Seine-et-Marne).  —  La  Préhistoire  des  Tranchées 
dans  le  canton  de  Lizy-sur-Ourcq  (Seine-et-Marne),  245. 

Sellier  (Paris).  —  Une  Pierre-Figure  de  la  Seine,  49. 

Tarbé  des  Sablons  (Paris).  —  Existence  du  Tribulum  à  Chypre  (Asie 
Mineure),  353. 

Trassagnac  (Dr)  (Sur  le  Front).—  Fouilles  dans  les  Tranchées  militaires,  244 
et  331. 

Viré  (Armand)  (Paris).  —  Commission  d'étude  des  Enceintes  préhistoriques  et 
fortilications  anhistoriques,  74. 


TABLE  DES  MATIÈRES 


A 

Pages. 

Abri  sous  Roche,  par  Boismoreàu.  133 

Algérie 170 

Anse  mobile  de  seau  en  bronze, 

par  Coutil 72 

Ardennes 72 

Astres  (Culte  des),  par  Jacquot..  197 

Australien  (Crâne),  par  Baudouin.  253 


BlFIDITÉ  DES  RACINES  DES  DENTS,  par 

Baudouin 50 

Boules  calcaires,  par  Baudouin.  356 
Boutons  a  figures  astrales,  par 

Jacquot 197 

Bronze  (Objets  en)....     250,308,  427 


Casse-tête  naviforme,  par  Bau- 
douin     291 

Casse-têtes  en  pierre  naviformes, 

par  de  Givenchy 310 

Casse-têtes  naviformes,  par  Des- 
forges      381 ,    420 

Castellars 133,    276 

Céramique   des    Palafittes,  par 

Coutil 386,    430 

Chevaux  (Tic  des),  par  Hue 454 

Ciseaux  a  coupe  cylindrique  ovoï- 
de, par  Givenchy 57 

Ciseaux  néolithiques  (Erratum), 

par  Givenchy 70 

Ciseaux  néolithiques,  par  Given- 
chy et  Harmois 70,    428 

Ciseau  néolithique  de  Provence, 

par  Givenchy 333 

Côtes-du-Nord 108,    132 

Crâne  australien,  par  Baudouin.    253 

Crète  (Sépulture  de) 275 

Croix  des  rochers,  par  Guénin...    361 
Cromlech  de  Nanterre,  par  Hé- 
bert     53,    238 


Cromlech  de  Nanterre,  par  Bau 
dôuin 

Coutumes  locales,  superstitions, 
Survivances  antiques,  légendes, 
par  Poulain  et  Harmois.  221,342, 

Culte  des  Astres,  par  Jacquot.  . . 

Cupules  (Dalles  et)....    202,302, 


Pages. 


429 
197 
432 


Dalles  a  cupules,  par  Guénin 202 

Découvertes  de  Castellars,  par 
Guébhard 133,    276 

Découvertes  de  stations  néoli- 
thiques, par  Guébhard  et  Patte, 
354 420 

Découvertes  préhistoriques,  par 
Bourilly 355 

DÉCOUVERTES    PRÉHISTORIQUES,   par 

Colleu 382 

Dents  préhistoriques,  par  M.  Bau- 
douin        50 

Dents  préhistoriques,  par  Fer- 
rier 51 

Destruction  des  vestiges  préhis- 
toriques, par  Chervin. 352 

Dolmen  de  Pierre  Levée  de  Jan- 
ville-sur-Huisne,  par  Hue 140 


Enceintes  du  Gard,  par  Hugues.  .    382 
Enceintes     préhistoriques,     par 

Viré 74 

Empreintes  pédiformes,  par  Gué- 
nin,   Baudouin  et    Desforges, 

361,  432,     446 

Epoque    mycénienne,    par    Bau- 
douin      275 

Espagne 352 

Eure 221,307,342,    426 


Finistère 133,  202,    361 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 


467 


Pages. 

Flèches  a  tranchant  transversal, 
par  Jousset  de  Bellesme 213 

Fond  de  cabane  d'époque  méro- 
vingienne, par  Poulain 307 

Fortifications  anhistoriques,  par 
Viré 74,    133,    276,    382 

Fossiles  perforés,  par  Poulain..     138 

Fouilles  a  Madagascar,  par  Bar- 
thère 338 

Fraises 422 


Grotte  néolithique,  par  Coutil..      71 

Grattoirs 118,    426 

Guyane 428 


Hache  a  bouton,  par  Baudouin.  . .  216 
Hache  a  double  bouton,  par  Bau- 
douin   216 

Haches  a  bouton  :  détermination 

de  l'époque,  par  Baudouin 268 

Hache  acheuléenne,  par  Brasseur.  309 

Hache  en  os,  par  Barthère 358 

Haches  polies  des  Côtes-du-nord, 

par  Patte 132 

Haches  des  Côtes-du-Nord  et  de  . 

la  Guyane,  par  Harmois...  48,  428 
Haches  polies,  par  Brasseur  ....  187 
Haches  polies  et  Polissoirs,  par 

Brasseur 199 

Haches    spatules  et    Ciseau    en 

Bronze,  par  Coutil 250 

Hochet  gallo-romain,  pai*  Bour- 

geade 223 

Homme  de  Mechta  Ghateaudun,  par 

Mercier 170 

I 

Isère 302 


Lac  du  Bourget,  par  Coutil.    386,  430 
Légendes  de  la  Roche-aux-Fras, 

parHÉRERT  49 

Légendes  diverses 429 

M 

Madagascar 358 

Marne 71,  381 

Marnien  ou  La  Tènè,  par   Guel- 

liot 226 


Pages. 

Maroc  oriental  355 

Mégalithes  :  Ère  monumentale 
préhibtorique,  architecture  mé- 
GALITHIQUE, par  Devoir  369,  403,    458 

Menhirs  a  cupules  du  Finistère, 
par  Guénin 202 

Menhir  de  La  Tonnelle,  par  Bau- 
douin      167 

Mérovingien 206,    307 

Monuments  préhistoriques  clas- 
sés, par  Passemard 352 

Moustérien 118 


N 


Nécropole     mérovingienne,    par 

Baudouin 206 

Nièvre 446 


Objets  en  Bronze,  par  Reber.  ...    308 
Oise 421 

Ossuaire  des  Cous,  par  Baudouin.      50 


Parures  aux  époques  paléolithi- 
ques, par  Ballet 96 

Parure  a  l'époque  paléolithique, 

par  Poulain 138 

Pédiformes  (Sculptures) 432,    446 

Pierre  a  cupules,  par  Jacquot...    302 
Pierres  a  Nyton  a  Genève,  par 

Reber 318 

Pierre  Figure,  par  Sellier 49 

Pointes  de  flèches  de   l'âge   du 

bronze,  par  Coutil , 120 

Pointes  de  flèches  en  silex,  par 

Jacquot 246 

Pointes  -  grattoirs  -  retouchoirs 

moustériens-,  par  Hure 118 

Polissoirs,  par  Brasseur 199 

Polissoirs   mobiles,   par  Desfor- 
ges      125 

Polissoirs  nouveaux,  par  Bossa vy.    309 
Préhistoire  des  Tranchées,  par 

Reynier  et  divers.  244,  245,  331    421 
Préhistoire  dans  les  Tranchées, 
par  Baudouin 275 


Racines  des  Dents 50,     51 

Retouchoirs 118,    247 


468 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 


Pages. 


Sculpture   dans   la  craie  de  la 

Champagne,  par  Gueilliot 

Sculptures  néolithiques,  p  r  Bois- 

moreau 

Seau  en  Bronze,  par  Coutil 

Seine-et-Oise 140, 

Sépulture  en  Crète,  par  Baudouin 
Sépultures    gallo-romaines,    par 

Baudouin,  Trassagnac,  etc.  244, 

3;t  

Sépulture   néolithique,  par  Fer- 

rier,  Baudouin,  elc 50, 

Serrie  (Découvertes  en) 

Silex  non  taillés,  par  Jousset  de 

Bellesme 

Silex  non  taillés,  par  Guébhard. 
Stations  néolithiques,  par  Bour- 

geade  et  Patte 136, 


381 

133 

72 

309 

275 


356 

51 
420 

278 
366 

420 


Tableau  de  l'Eglise  Saint-Merri, 

par  Hébert 53,    238 

Tarauds  (Les),  par  Baudouin 422 


Pages. 
La    Tène    ou    Marnien,    par    O. 

Guelliot 226 

Tic  des  Chevaux,  par  E.  Hue 454 

Torches-supports,  par  Desforges.  135 
Tranchées  (Préhistoire  des),  par 

Reynier,    Baudouin,    etc.    244, 

245,    KM 421 

Tranchées     militaires     (Fouilles 

dans  des),  par  Trassagnac.    244, 

321,     .....    421 

Trirulum  a  Chypre,  par  Tarbé  des 

Sablons 353 

Trésors  cachés,  par  Harlé 384 

TumulusdeBlaizy-Bas  et  deSaint- 

Hélier,  par  Coutil  et  Brulard.     108 


Vache  ou  Veau  en  or,  par  Harlé.     384 

Var 354 

Vendée  ....  49,  50,  167,  291,  356,    432 


4^ 


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(O 


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J»     Société  prâilatorl<m# 

^562      Bulletin 


1. 12 


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