HANDBOUND
AT THE
UNIVERSITY OF
TORONTO PRESS
BULLETIN
di; i.a
Société Préhistorique
FRANÇAISE
RECONNUE D'UTILITÉ PUBLIQUE
(Décret du 28 Juillet 1910).
Fondée, en 1901, sous le titre de Société préhistorique de France.
Séance du C2t& Janvier 1Q1S
SOMMAIRE PAGE3
Séance mensuelle du 28 Janvier 1915
M Harmois (Paris;. - A propos de l'usage des Haches polies et de deux Haches des
Côtes-du-Nord /tS
Marcel Hébert (Paris). — A propos de La Roche aux Fras et de ses Lége'n 'dès .*.'." .".*.*".".'. ".' 49
M. A. Sellier (Paris). — Une Pierre-Figure de la Seine ; 49
Marcel Baudouin (Paris). — Fréquence de la bifldité des racines des Dents' antérieures
chez les Squelettes de l'Ossuaire des Cous, à Bazoges-en-Pareds (Vendée) 'Prise de
date] >
Dr J. Ferrier (Paris). — Etude des Dents préhistoriques de la Sépulture Néolithique de
Vendrest (Seine-et-Marne). Recherches sur la tendance à la bifldité des racines
des canines et des prémolaires [Examen de 1359 dents reconnaissants et à racine
visible] .
Marcel Hébert (Paris). — A propos du Tableau de l'église Saint-Merri et de rhypothètiquô
Cromlech de Nanterre 33
P. de Givenchy (Paris). —Suite à l'Etude des Ciseaux Néolithiques (Ciseaux à coupe
cylindrique ovoïde) (5 Fig.) , 37
•^>.r\j\.*\r.
Tome XII. — N° 1. •— Janvier. — Année 1915.
PUBLICATION MENSUELLE
Ne se vend pas isolément au Numéro.
PARIS
SECRÉTARIAT G É N L
2r, rue Linné, Ve.
1915
ORDRE DU JOUR
de la Séance du Jeudi 25 Février 1915, quatre Heures :
Salle M (3e ÉTAGE), à la SORBONNE, rue Saint-Jacques.
1° Correspondance et Communications
2° Présentations.
3° Communications.
du Secrétariat général
base
' Auguste] (Sens, Yonne;. — Pointes Mousteriennes retouchi
[Gralloi/s-retouehoirs] du Sèn&nqis ^Présentation des Pièces .
DesfûKCF.s (Rëmilly, Nièvre). — Les Polissoirs mobiles recueillis en An et nais.
jdo.uin (Vendée). — Découverte d'un Menhir debout, tolahmtnt enfou:
la case d'une Alhnion marine, en Vendée [1er Fait observé; I
A. Brasseuk (Gournay. S.-I.)-
Marcel Ba
dam
1 90fi
Note sur les IJaches polies (Fig.).
AVIS» THES IMI»ORTA^TS.
I. — L'enregistrement dans le Bulletin des opinions librement
émises au cours des séances ri implique ni approbation ni désap-
probation de la part de la Société et ri engage en aucune façon sa
responsabilité.
II. -— Le Conseil d'Administration de la Société a pleins pouvoirs
en ce qui concerne la Rédaction du Bulletin et des Mémoires, et
décide , en dernier ressort, des Manuscrits qui doivent y figurer.
COTISATIONS DE 1915.
Conformément à l'Art. 4 du Règlement, les Coti-
sations pour 1915 seront mises en recouvrement
dans le cours du quatrième mois de Tannée 1915.
Elles doivent être adressées à M. MAURICE
GILLET, Trésorier de la S. P. F , 30, rue Garde-
nat-Lapostol, Suresnes (Seine).
Le mode d'envoi le plus pratique est le Mandat-
carte ou Mandat-lettre. Les Sociétaires, dont la
cotisation n'aurait pas été reçue au 15 Avril
1915, seront priés de vouloir bien, pour éviter
toute interruption dans le service du Bulletin,
faire honneur au Recouvrement postal, qui leur
(sauf entente particulière avec le Trésorier)
coà à HAmi^iû majoré de 0,75 centimes pour
DEC 61965
OF T0«té^
Soeiété Préhistorique
FRANÇAISE.
lois.
Fondée le 17 Janvier 1904, sous le nom de Société Préhistorique de France.
Reconnue d'Utilité publique par Décret du 28 Juillet 1910.
STATUTS
(i)
I. — But et Composition de l'Association.
Article Premier. — L'Association, dite Société Préhistorique Fran-
çaise, fondée en 1904, a pour but :
1° De grouper les personnes qui s'intéressent à l'étude des époques
les plus reculées de l'Histoire de la France et de ses colonies ;
2° De réunir les documents qui permettront de reconstituer cette
Histoire;
3° De s'intéresser à la conservation des Gisements et Monuments pré-
historiques ;
4° D'encourager les Fouilles relatives à la Préhistoire ;
5° D'organiser soit des Congrès préhistoriques', soit des Conférences,
à Paris ou en province;
6° De faciliter les Échanges entre collectionneurs.
Sa durée est illimitée.
Elle a son siège à Paris.
Art. 2. — La Société se compose de membres titulaires, de mem-
bres à vie, et de membres donateurs.
Pour être Membre titulaire, il faut : 1° être présenté par deux mem-
bres de l'Association, et agréé par le Conseil d'Administration ;
2° payer une Cotisation annuelle, dont le minimum est de douze francs.
Pour être Membre à vie, il faut racheter les cotisations, en versant
une somme fixe d'au moins deux cents francs.
Pour être Membre donateur, il faut être membre titulaire ou à vie, et
avoir versé, à titre de don à la Société, une somme d'au moins
cent francs, en dehors de la cotisation.
(1) Nouveaux Statuts, acceptés par le Conseil d'Etat pour la Reconnaissance
comme Établissement d'Utilité publique ; ratifiés par le Conseil de la S. P. F. le
19 Octobre 1910, et par l'Assemblée générale extraordinaire du 23 Novembre 1910
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE. \
2 SOCIETE PREHISTORIQUE FRANÇAISE
Art. 3. — La qualité de membre de l'Association se perd :
1° Par la démission ;
2° Par la radiation, prononcée, pour motifs graves, par le Conseil
d'Administration, le membre intéressé ayant été préalablement appelé
à fournir ses explications, sauf recours à l'Assemblée générale.
II. — Administration et Fonctionnement.
Art. 4. — L'Association est administrée par un Conseil composé
de quinze Membres, élus, pour trois ans, par l'Assemblée générale. Le
vote par correspondance ou par procuration est admis.
Le renouvellement du Conseil a lieu par tiers tous les ans.
En cas de vacance, le Conseil pourvoit au remplacement de ses
membres, sauf ratification par la plus prochaine Assemblée générale.
Les membres sortants sont rééligibles.
Ce Conseil choisit parmi ses membres un Bureau, composé d'un
Président, de trois Vice-Présidents, d'un Secrétaire général, d'un
Trésorier, et d'un Secrétaire des Séances.
Le Bureau est élu de la façon suivante, après l'Assemblée générale
de l'année : Le Président et les Vice-Présidents sont nommés pour une
année; ils ne peuvent être réélus dans les mêmes fonctions pour Tan-
née suivante. — Les autres membres du Bureau sont nommés pour
trois ans et rééligibles.
Les Présidents sortants, en outre, font de droit partie du Conseil
pendant trois ans.
Art. 5. — Le Conseil se réunit tous les mois, et chaque fois qu'il est
convoqué par son président, ou sur la demande du quart de ses Mem-
bres.
La présence du tiers des Membres du Conseil d'Administration est
nécessaire pour la validité des délibérations.
Il est tenu procès-verbal des séances. Les procès-verbaux sont
signés par le Président et le Secrétaire.
Art. 6. — Toutes les fonctions de Membre du Conseil d'Adminis-
tration et du Bureau sont gratuites.
Art. 7. — L'Assemblée générale des Membres de l'Association se
réunit une fois par an et chaque fois qu'elle est convoquée par le Con-
seil d'Administration, ou sur la demande du quart au moins de ses
Membres.
Son ordre du jour est réglé par le Conseil d'Administration. Son
Bureau est celui du Conseil.
STATUTS 3
Elle entend les rapports sur la gestion du Conseil d'Administration,
sur la situation financière et morale de l'Association.
Elle approuve les comptes de l'exercice clos, vote le budget de
l'exercice suivant, délibère sur les questions mises à l'ordre du jour,
et pourvoit au renouvellement des membres du Conseil d'Administra-
tion.
Le rapport annuel et les comptes sont adressés chaque année à tous
les Membres de l'Association.
Le vote par procuration est admis sur les questions mises à l'ordre
du jour.
Art. 8. — Les dépenses sont ordonnancées par le Président. L'As-
sociation est représentée en justice et dans tous les actes de la vie civile
par le Président.
Le représentant de la Société doit jouir du plein exercice de ses
droits civils.
Art. 9. — Les délibérations du Conseil d'Administration relatives
aux acquisitions, échanges et aliénations des immeubles nécessaires au
but poursuivi par l'Association, constitutions d'hypothèques sur les
susdits immeubles, baux excédant neuf années, aliénation de biens
dépendant du fonds de réserve, et emprunts, ne sont valables qu'après
l'approbation de l'Assemblée générale.
Art. 10. — Les délibérations du Conseil d'Administration, relatives
à l'acceptation des dons et legs, ne sont valables qu'après l'approbation
administrative, donnée dans les conditions prévues par l'article 910 du
Code civil et les articles 5 et 7 de la loi du 4 février 1905.
Les délibérations de l'Assemblée générale, relatives aux aliénations
de biens dépendant du fonds de réserve, ne sont valables qu'après l'ap-
probation du Gouvernement.
Art. 11 — La nomination et la détermination des pouvoirs des
personnes, chargées de diriger des travaux pour le compte de l'Asso-
ciation, sont réservées au Conseil d'Administration, qui, pour chaque
cas particulier, prend les mesures nécessaires.
III. — Fonds de Réserve et Ressources Annuelles.
Art. 12. — Le fonds de réserve comprend :
1° La dotation ; 2° Le dixième au moins du revenu net des biens de
l'Association ; 3° Les sommes versées pour le rachat des cotisations ;
4° Le capital provenant des libéralités, à moins que l'emploi immé-
diat n'en ait été autorisé.
4 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Art. 13. — • Le fonds de réserve est placé en rentes nominatives sur
l'Etat ou en obligations nominatives de chemins de fer dont le mini-
mum d'intérêt est garanti par l'Etat.
Il peut être également employé à l'acquisition des immeubles néces-
saires au but poursuivi par l'Association.
Art. 14. — Les recettes annuelles de l'Association se composent
1° Des cotisations et souscriptions de ses membres ;
2° Des subventions, qui pourront lui être accordées ;
3° Du produit des libéralités dont l'emploi immédiat a été autorisé;
des ressources créées à titre exceptionnel, et, s'il y a lieu, avec l'agré-
ment de l'autorité compétente ;
4° Du revenu de ses biens.
IV. — Modification des Statuts et Dissolution.
Art. 15. — Les Statuts ne peuvent être modifiés que sur la propo-
sition du Conseil d'administration, ou du dixième des membres titu-
laires, soumise au Bureau un mois avant la séance.
L'Assemblée extraordinaire, spécialement convoquée à cet effet, ne
peut modifier les statuts qu'à la majorité des deux tiers des membres
Drésents.
L'assemblée doit se composer du quart, au moins, des membres en
exercice.
Art. 16. — L'Assemblée générale, appelée à se prononcer sur la
dissolution de l'Association, et convoquée spécialement à cet effet, doit
comprendre, au moins, la moitié plus un des membres en exercice.
Si cette proportion n'est pas atteinte, l'Assemblée est convoquée de
nouveau, mais à quinze jours au moins d'intervalle; et, cette fois, elle
peut valablement délibérer, quel que soit le nombre des membres
présents. Dans tous les cas, la dissolution ne peut être votée qu'à la
majorité des deux tiers des membres présents.
Art. 17. — En cas de dissolution volontaire, statutaire, prononcée
en justice ou par décret, ou en cas de retrait de la reconnaissance de
l'Association comme établissement d'utilité publique, l'Assemblée géné-
rale désigne un ou plusieurs commissaires, chargés de la liquidation
des biens de l'Association. Elle attribue l'actif net à un ou plusieurs
établissements analogues, publics ou reconnus d'utilité publique.
Ces délibérations sont adressées sans délai au Ministre ne l'Inté-
rieur et au Ministre de l'Instruction publique.
Art. 18. — Les délibérations de l'Assemblée générale, prévues aux
articles 15, 16 et 17, ne sont valables qu'après l'approbation du Gou-
vernement.
STATUTS 0
V. — Surveillance et Règlement intérieur.
Art. 19. — Le Président devra faire connaître, dans les trois mois,
à la Préfecture tous les changements survenus dans l'Administration
ou la Direction.
Les registres et pièces de comptabilité de l'Association seront pré-
sentés sans déplacement, sur toute réquisition du Préfet, à lui-même
ou à son délégué.
Le Rapport annuel et les Comptes sont adressés chaque année au
Préfet, au Ministre de l'Intérieur, et au Ministre de l'Instruction pu-
blique.
Art. 20. — Un Règlement, préparé par le Conseil cC administration et
approuvé par Y Assemblée générale, arrête les conditions de détail, pro-
pres à assurer l'exécution des présents Statuts. Il doit être adressé au
Ministre de l'Instruction publique et au Ministre de l'Intérieur.
REGLEMENT
Article premier. — La Société s'interdit toute matière étrangère à
son objet, et notamment toute discussion politique ou religieuse.
Art. 2. — Tout membre nouvellement élu devra acquitter, dans le
mois qui suivra son admission, le montant de la cotisation de Tannée
— Il lui sera adressé les Bulletins de Tannée en cours, ayant paru
avant son admission.
Art. 3. — Tout membre, qui n'aura pas payé sa cotisation de
Tannée, après deux avis du Trésorier, dont le dernier sera recom-
mandé, pourra être considéré comme démissionnaire, sur avis du
Conseil d'Administration.
Art. 4. — Les cotisations sont mises en recouvrement dans le
premier mois de Tannée par les soins et sur les reçus du Trésorier.
Art. 5 — Le Président veille à l'exécution des statuts, dirige les
délibérations et représente la Société.
Le Secrétaire général est chargé de l'exécution des décisions du
Bureau et du Conseil de la Société ; de la correspondance ; de la
conservation des documents remis ; de la Rédaction et de la Gérance du
Bulletin périodique ; et, d'une façon générale, de l'exécution de toutes les
mesures intéressant la Société.
6 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Le Secrétaire est chargé de la rédaction des procès-verbaux des
séances et de la préparation des réunions du Conseil d'Administration,
et des Assemblées générales annuelles.
Le Trésorier encaisse les recettes [de la Société et en solde les
dépenses.
Art. g# — Le Président- fondateur et les Présidents d'honneur sont
admis aux délibérations du Conseil d'administration.
Art. 7. — Une séance est tenue le quatrième jeudi de chaque mois,
au siège de la Société. Des séances supplémentaires pourront être
organisées, sur la proposition du président.
Art 8. — Les travaux de chaque séance ont lieu dans l'ordre sui-
vant : lecture du procès-verbal de la séance précédente ; lecture de la
correspondance, et communications du secrétaire général ; proclama-
tion des nouveaux membres ; présentations de pièces ; communica-
tions verbales; communications écrites.
Art. 9. — La Société publie un Bulletin, dans lequel paraîtront les
travaux présentés par ses membres, et dont il aura été donné connais-
sance en séance. Aucun travail présenté antérieurement à une autre
société ne pourra être accepté dans la forme même où il aura été déjà
produit.
Art. 10. — Les manuscrits devront être remis au Secrétaire géné-
ral, dans la semaine qui suivra la séance. Les membres, prenant part
à une discussion, remettront au Secrétaire général, avant la fin de la
séance, une note résumant leur argumentation.
Art. 11. — Tout membre pourra être prié par le Président de con-
denser un mémoire dont la publication entraînerait des dépenses dis-
proportionnées avec les ressources de la Société.
Le Conseil d'Administration de la Société a pleins pouvoirs en ce
qui concerne la rédaction du Bulletin et décide, en dernier ressort,
des manuscrits qui doivent y figurer.
L'enregistrement, dans le Bulletin, des opinions librement émises
au cours des séances, n'implique ni approbation, ni désapprobation
de la part de la Société, et n'engage en aucune façon sa responsa-
bilité.
Art. 12. — Les auteurs recevront une épreuve, qui devra être retour-
née, dans un délai maximum de quatre jours, au siège de la Société.
Passé ce délai, les corrections seront faites d'office.
Les auteurs devront s'entendre pour les tirés à part avec l'impri-
meur de la Société.
Art. 13. — Le Bureau décide du choix des figures.
Art 14. — Les membres titulaires et les membres à vie reçoivent
seuls les publications de la Société.
CONSKIL DADMINISTR4TION POUR L'ANNÉE 191 S
I. — Bureau.
Président : MM. Dr ATGIER (1914) (1).
Vice-Présidents : Louis GIRAUX (1914).
LE BEL (1914).
Emile TATÉ (1914).
Secrétaire général : Dr Marcel BAUDOUIN (1913).
Secrétaire : Paul de GIVENCHY (1913).
Trésorier : Maurice GILLET (1914).
IL — Autres Membres du Conseil.
1° Membres de Droit.
MM. Adrien de MORTILLET, Président d'Honneur.
Léon COUTIL, ancien Président (1911).
Armand VIRÉ, ancien Président (1912).
Edmond HUE, ancien Président (1913).
2° Membres élus.
MM. BALLET (Dr), ancien Président, Paris (1914).
J. BOSSAVY, ancien Vice-Président (Seine-et-Oise) (1912).
Adrien GUÉBHARD (Dr), anc. Président (Alpes-Mar.)(1913).
PAGÈS-ALLARY, ancien Vice- Président (Cantal) (1912).
THIOT, ancien Vice-Président (Oise) (1912).
O. VAUVILLÉ (Aisne) (1913) (2).
Adresses :
Secrétaire général [Siège social] : 21, rue Linné, Paris-V.
Trésorier : 30, rue Gardenat-Lapostol, Suresnes (Seine).
Bibliothécaire : Ch. Géneau, 8, rue Abbé - de - l'Epée,
Paris-V.
Archiviste : Harmois, Office colonial, Palais Royal, Paris.
Conservateur des Collections : Edmond Hue, 60, rue de la
Pompe, Paris-XVI.
Laroratoire et Birliothèque : 250, rue Saint-Jacques, Paris-V.
-Avocat Conseil de la S. P. F. : M. Félicien Paris.
(1) Les Années indiquent l'année d'entrée au Conseil d'administration.
(î) Deux membres en moins, par suite de décès [Martial Imbert, en 1914] .
LISTE DES MEMBRES
DE LA
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
AU 31 DÉCEMBRE 1914 U)..
MM.
Adler (J.), Pharmacien en chef Hôpital Rothschild, 76, rue de
Picpus, Paris-XII.
Albaille (S. -J.), Naturaliste-géologue, Domaine de l'Ardide, Béziers
(Hérault).
Alibert, D. M., Médecin en Chef de l'Hôpital, rue Villenouvelle,
Montauban (Tarn-et-Garonne).
Allouard (G.), Institr. public, Seuilly, par Ghinon (Indre-et-Loire).
Almgren (Oscar), D. M., Dr phil., professeur agrégé à l'Université,
Upsala (Suède).
Ambayrac (Hippolyte), Professeur en retraite, 6, place Garibaldi,
Nice (Alpes-Maritimes).
Andrieu (Léopold), Capitaine, Villa Mireille, rue Demouilles, Tou-
louse (Haute-Garonne).
Aragon (Henri), Président de la Société Archéologique et d'Histoire
du Roussillon Château Roussillon, par Perpignan (Pyrénées-
Orientales).
Archambaud (Marins), Commis principal des Postes et Télégraphes,
113, rue Notre-Dame-des-Champs, Paris-VI. — Nouméa (Nou-
velle-Calédonie).
Atgier, D. M., 20, rue de Paris, Livry (Seine-et-Oise).
Aubin (E.), Greffier de Paix, rue Saint-Laurent, Montoir-sur-le-Loir
(Loir-et-Cher).
Aublant (Charles), 26, rue de Strasbourg, Périgueux (Dordogne).
Audinet, Villa des Muguets, Boulevard Félix -Faure, Chatellerault
(Vienne).
Augier (Marius), Capitaine en retraite, 29, Cours Saint-Martin,
Orange (Vaucluse).
Aveneau de la Grancière (Vicomte), Château de Kergonano,
Baden (Morbihan).
Aymar (Alphonse), Inspecteur des Contributions directes, 15, ave-
nue Croix-Morel, Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme).
(1) Le nom des Membres fondateurs est précédé d'un Astérisque.
LISTE DES MEMBRES 9
Bachelay (Emile), Agriculteur, Ménerval, par Haussez (Seine-Inf.).
Bachimont, D. M., Nogent-sur-Seine (Aube).
Ballet, D. M., anc. médecin militaire, 20, r. Bonaparte, Paris-VI .
Baquié (Georges), Géologue, Correspondant de la Société d'Etudes
des Sciences naturelles de Bèziers, Nissan (Hérault).
Barbier (H.), Pharmacien, Pacy-sur-Eure (Eure).
Barbier (Antoine), Lorgues (Var).
Barbier (Paul), Aide-Pharmacien, 31, rue Saint-Corneille, Com-
piègne (Oise).
Bardié (Armand), Industriel, Président de la Société linnéenne de
Bordeaux, 59, Cours de Tourny, Bordeaux (Gironde).
Barreau (J.-B.), Conducteur des Ponts et Chaussées, 2, rue Fai-
dherbe, Tours (Indre-et-Loire).
Barthélémy (Antonin), Industriel, Apt (Vaucluse).
Barthère F., Officier d'Administration de lre classe d'artillerie
coloniale, Tananarive (Madagascar).
Baud (Paul), Préparateur à la Faculté des sciences, 37, Rue Gay-
Lussac, Paris-V.
Baudouin (Marcel), D. M., Homme de lettres, Rédacteur en chef de
Y Homme préhistorique, Cor. Min. Inst. Publ. (Vendée), 21, rue
Linné, Paris-V.
Baudoux (Jean), Industriel, Fansanville, par Benzenville (Eure).
Baurain (E.), Propriétaire, 10, rue des Boucheries, Compiègne (Oise).
Bayol (Edouard), Percepteur, Bonnieux (Vaucluse).
Bazin (A.), Sous-Ingénieur des Ponts et Chaussées, en retraite,
Rebais (Seine-et-Marne).
Beaupré (Comte Jules), Membre non résidant du Comité des Tra-
vaux historiques et scientifiques, 18, rue de Serre, Nancy
(Meurthe-et-Moselle).
Begouen (Le Comte), Eté : Château des Espas, par St-Girons
(Ariège). — Hiver, 16, Rue Velane, Toulouse (Haute-Garonne).
Bellefontaine (A. de), Ingénieur, Villa-Cadio, Binic (Côtes-du-
Nord).
Bellucci (Joseph), Professeur à l'Université, 9, via Cavour, Peru-
gia (Italie).
Bénard (Paul), Astorville, par Callender, Ontario (Canada).
Benoist (Jules), Directeur d'Ecole, Etaples (Pas-de-Calais).
Benoist (Sylvain), Propriétaire, Vachères (Basses-Alpes).
Berry (Edward-E.), Vice-Consul de Grande-Bretagne, Monte-Verde,
Bordighera (Italie).
Bertheau de Chazal (Jules), Notaire, 31, Rue Jean-Macé, Brest
(Finistère).
10 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Berthiaux (Paul), Archéologue, Caissier des Usines R. Sachet, Mon-
tereau (Seine-et-Marne).
Berthier (Victor), 37, rue de l'Arbalète, Autun (Saône-et-Loire).
Bertin (Arcade), Instituteur public dans les Écoles de la Ville, 83,
rue du Chemin Vert, Paris-XI
Bidault de Grésigny, Château de Boulay, par Beaudrières (Saône-
et-Loire) (Eté); — 10, rue Molière, Lyon (Rhône) (Hiver).
Blanc (Baron Albert), Privât docent à l'Université de Rome, 56, rue
Fontanella di Borghète, Rome (Italie).
Blavier (P.), Château de La Bellière,par Montrevault (Maine-et-Loire).
Blin (Charles), 14, Villa des Couronnes, rue Chanzy, Asnières(Seine).
* Bloch (Adolphe), D. M., 24, rue d'Aumale, Paris-IX.
Bocquier (Emile), Inspecteur primaire, Bressuire (Deux-Sèvres).
Boismoreau (E.), D. M., Saint-Mesmin-le-Vieux (Vendée).
Boissy d'Anglas, Ancien Ministre plénipotentiaire, Sénateur de
l'Ardèche, 45, Boulevard Berthier, Paris-XVII.
Bonaparte (Prince Roland), 10, avenue d'Iéna, Paris-XVI.
Bonneau (Auguste), D. M , ancien interne des Hôpitaux de Paris,
13, rue du Chemin de fer, Mantes-sur-Seine (Seine-et-Oise).
Bonnet (Alexandre), 54, boulev. Bineau, Neuilly-sur-Seine (Seine).
Bordage (Edmond), Docteur ès-Sciences, Chef de laboratoire à la
Sorbonne (Laboratoire de l'Évolution des Êtres organisés), 3, rue
d'Ulm, Paris-Ve.
Borosdine (Elie), Professeur, rue Neglinnayh, Maison de l'Ecole
impériale des Théâtres, Moscou (Russie).
Bossa\y(J.), Inspecteur des Postes et des Télégraphes, 12, Avenue de
Paris, à Versailles (Seine-et-Oise).
Bossavy (Laurent), capitaine d'artillerie coloniale, Saint-Louis
(Sénégal).
Bosteaux-Paris, Maire, Cernay-lès-Reims (Marne).
Bottin (Casimir), Receveur des postes en retraite, Ollioules (Var).
Bouchot (Adrien), Adjudant-chef, 42e régiment d'infanterie de
ligne, Belfort (Haut-Rhin).
Bougault (Alfred), Ingénieur des Arts et Manufactures, 55, rue de
Boulainvilliers, Paris-XVI.
Bouillet (P.), D. M., 17. rue de l'Annonciation, Paris-XVI.
Bouillerot (Raoul), Directeur-fondateur de la Revue préhistorique il-
lustrée de V Est de la France, 50, rue des Forges, Dijon(Côted'Or).
Boulanger (C), ancien Notaire, Péronne (Somme).
Boulet, Villa Sarrobert, Fleurines, par Pont-Sainte-Maxence (Oise).
Bourdon (E.), Rozet-Saint- Albin, par Neuilly-Saint-Front (Aisne).
Bourgeade (Eloi), Les Planchettes, par Riom-ès-Montagne (Cantal).
Bourrilly (Joseph), Lie. en droit, Juge de paix, Marguerittes (Gard).
Bourrinet (Pierre), Instituteur, Teyjat par Javerlhac (Dordogne).
LISTE DES MEMBRES il
Bousquet (Maurice), 11, rue de la Tour, Paris-XVI.
Boutanquoi (Olivier), Instituteur, Nampcel (Oise).
Bout de Charlemont (H.), 21, r. Pierre-Dupré, Marseille (Bouches-
du-Rhône).
Boutillier du Retail (Madame E.), 46, rue Gourien, Saint-Brieuc
(Gôtes-du-Nord).
Boyard (Charles), Instituteur, Nan-sous-Thil, par Précy-sous-Thil
(Côte-d'Or).
Brasseur, Sous-Ingénieur des Ponts et Chaussées, Gournay-en-
Bray (Seine-Inférieure).
Brice-Cardot (Mme), 26, rue Gay-Lussac, Paris-V.
Brognard (L.), Pharmacien, 16, rue Gambetta, Lillebonne (S.-Infre.).
Brulard, D. M., Montréal (Yonne).
Brunehault (L.), Archéologue, Pommiers (Aisne).
Buchin (Marcel), D.-M., 78, boulevard Sébastopol, Paris-X.
Cahen (Albert), Receveur des hospices, 19, rue du Bastian, Le Havre
(Seine-Inférieure).
Caillaud (Madame G.), Archéologue, Château de La Guérinière, à
Cormelles-le-Royal (Calvados).
Calmels (L'abbé A.), curé, Saint-Rémy-de-Laguiole(Aveyron).
Camichel (P.), D. M., MédeGin-rnajor de 2e classe au 24e régiment
d'Infanterie, 29, Avenue Trudaine, Paris-IX.
Camps (Mme Pauline), Officier d'Acad., 62, r. Cortambert, Paris-XVI.
Camus (Paul), 15, boulevard Henri-IV, Paris-IV.
Cantacuzène (Le Prince Georges), ancien Diplomate, 13, rue de la
Trémoille, Paris-VIII.
Cartailhac (Emile), Correspondant de l'Institut, Professeur de
Préhistoire à la Faculté des Lettres, 5, rue de la Chaîne,
Toulouse (Haute-Garonne).
Cartereau, Agent voyer, Montfort-le-Rotrou (Sarthe).
Cathelin (F.), D. M., 21, rue Pierre-Charron, Paris-XVI.
Castelfranco (Pompéo), Directeur du Musée Archéologique, Via
Principe Umbertos, 5_, Milano, (Italie).
Cassin (Paul), D. M., 15, place du Palais, Avignon (Vaucluse).
Catelan (Louis;, Le Buis-les-Baronnies (Drôme).
Cazalis de Fondouce, Ingénieur civil, 18, rue des Etuves, Mont-
pellier (Hérault). ->
Cazenave (le Commandant), Géologue, kbis, rue Mertens, Bois-
Colombes (Seine).
Celos (Gabriel), Archéologue et Folkloriste, 46, rue du Four,
Paris-VI ; et 6, rue des Champs, Bernay (Eure).
Chaillan (L'abbé Joseph), curé, Quinson (Basses-Alpes).
12 [société préhistorique française
Chance (Gaston), Archéologue, Mailly (Marne).
Chantre (E.), Fontville, par Ecully (Rhône).
* Chapelet (H.), Caissier central de la Compagnie P.-L.-M., 25, rue
du Petit-Musc, Paris-IV.
Charvilhat (G.), D. M., 4, r. Blatin, Clermont-Ferrand (Puy-de-
Dôme).
Chatelet (C), 32, rue du Vieux-Sextier, Avignon (Vaucluse) .
Chaumier (Edmond), D. M , Directeur de l'Institut vaccina 4, rue
Corneille, Tours (Indre-et-Loire).
* Chauvet (Gustave), Notaire honoraire, 30, rue du Jardin des
Plantes, Poitiers (Vienne).
k Chervin, D. M., ancien Président de la Société d'Anthropologie de
Paris, 82, avenue Victor-Hugo, Paris-XVI.
Chevallier (Pierre), 8, Place Dancourt, Paris-XVIII.
Chiris (Marcellin), Rec. des Postes et Télég., Grasse (A. -M.).
Chomereau (Gaston de), Lieutenant au 7e Régiment d'infanterie,
18, rue Victor-Hugo, Cahors (Lot).
Clair (Louis), Administrateur des biens des Aliénés de la Seine,
5, Avenue Franco-Russe, Avenue Rapp, Paris-VII.
Clastrier (Stanil), Sculpteur-statuaire, Prof, à l'Ecole des Beaux-
Arts, 20, rue Saint-Sépulcre, Marseille (Bouches-du-Rhône).
Clément (Paul), Instituteur, Artins, par Couture (Loir-et-Cher).
Cloutrier, Sous-ing. des Ponts et Chaussées en retr., Gien (Loiret).
Coiffard (Joseph), 4, rue des Degrés, Villebois-Lavalette (Cha-
rente).
Collaye (Adrien), Agent principal des Chemins de Fer, Signy-
l'Abbaye (Ardennes).
Colas, Instituteur, St-Germain-Laval, près Monteraux (Seine-et-
Marne).
Colas (Ernest), Bonnières-sur-Seine (Seine-et-Oise).
Colin, D. M., ancien médecin militaire, 2, rue d'Ulm, Paris-V.
Colini (Dr Giuseppe), Direttoredel Museo nazionale di villa Giulia,
viaFarino, 7, Rome (Italie).
Collet (Abbé), 14, Rue de Marquetra, Boulogne-sur-Mer (Pas-de-
Calais).
Colleu (J.-B.), Huissier, Collinée (Côtes-du-Nord).
Commoxt (V.), Professeur à l'Ecole normale, 7, Avenue d'Edim-
bourg, Amiens (Somme).
Conde de la Vega del SELLA(Pr), Calle del Sol, Orviedo (Espagne).
Conil (A.), Château de Mézières, Ste-Foy-la-Grande (Gironde).
Corot (Henry), Archéologue, Savoisy (Côte-d'Or).
* Costa de Beauregard (Comte Olivier), Sainte-Foy, par Longueville
(Seine-Inférieure).
LISTE DES MEMBRES 13
Cotte (Ch.), Correspondant du Ministère de l'Instruction publi-
que, Notaire, Pertuis (Vaucluse).
Cauderay (H.), D. M., 85, boulevard de Strasbourg, Le Havre (Seine-
Inférieure) .
Courrent, D. M., Embres en ^Castelmaure, Saint-Jean de Barrou
(Aude).
Courty (Georges), Géologue, professeur à l'Ecole spéciale des Tra-
vaux publics, 64, rue Vercingétorix, Paris-XIVe.
Cousset (Arthur), Commis principal des Contributions indirectes,
Etaules (Charente-Inférieure).
Coutil (Léon), Correspondant du Ministère de l'Instruction pu-
blique, Saint-Pierre-du-Vauvray (Eure).
Couvreur-Perrin, Viticulteur, Rilly-la-Montagne (Marne).
Crova (Mme B.), 27, rue Asselin, Cherbourg (Manche).
Crova, Capitaine de frégate, 27, rue Asselin, Cherbourg (Manche).
Dabadie (Frédéric), 132, rue de la Victoire, Bruxelles (Belgique).
Daleau (François), Bourg-sur-Gironde (Gironde).
D'All-Osso (Le Professeur), Directeur du Musée, Ancône (Italie).
Dalmon (H,.), D. M., Bourron-Marlotte (Seine-et-Marne).
Dauphin (Louis), Pharmacien-naturaliste, Carcès (Var).
Debruge (A.), Commis principal des Postes et Télégraphes, Cons-
tantine (Algérie).
Deglatigny (Louis), 11, rue Biaise-Pascal, Rouen.(Seine-Infér.).
Delamain (Robert), Archéologue, Jarnac (Charente).
Delaporte (R.), Docteur en droit, Avoué, Ghateaulin (Finistère).
Delort (J.-B.), Professeur en retraite, Cosne (Nièvre).
Delvincourt (E.), Archéologue, correspondant du Ministère de
l'Instruction publique, Crécy-sur-Serre (Aisne).
Demitra, Cantonnier-chef de la ville de Reims, Reims (Marne).
Denier, Etudiant en médecine, 25, rue Nicolo, Paris-XVI.
Denoyelle (L.), Artiste-peintre, 3, rue d'Amiens, Beauvais (Oise).
Dervieu (Le Lieut. -Colonel), 4, rue du Doyen, Bourges (Cher).
Desailly (L.), Ingén. civil des mines, 134, rue de Rennes, Paris-VI.
Deserces, Avoué, 14, rue de l'Evêché, Angoulême (Charente).
Desforges (A.), Instituteur, Rémilly, (Nièvre).
Desloges (Armand), ancien Président de la Société Normande
d'Etudes préhistoriques, Rugles (Eure).
Desmazières (0.), Receveur particulier des finances, Marennes
Charente-Inférieure) .
Devoir, Capitaine de vaisseau, rue de PAmiral-Linois, Brest
(Finistère).
Deydier (Marc), Ex-Notaire, Correspondant du Musée de l'Instruc-
tion publique, Cucuron (Vaucluse).
14 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Deyrolle, Méciecin-major au 28e Régiment d'artillerie, Vannes
(Morbihan).
Deyrolle (Les fils d'Emile), Naturalistes, 46, rue du Bac, Paris-
VII.
Dharvent, Membre de la Commission départementale des Monu-
ments historiques, 42, rue du Faubourg-Saint-Pry, Béthune
(Pas-de-Calais).
* Doigneau (A.), Conservateur du Musée, 45, Boulevard Thiers,
Fontainebleau (Seine-et-Marne).
Dollot (Auguste), Ingénieur, Correspondant du Muséum d'Histoire
naturelle de Paris, 136, Boulevard Saint-Germain, Paris-VI.
Domezan, D. M [Rayons X], 7, rue Font-Froide, Perpignan (Pyré-
nées-Orientales).
Doranlo, D.-M., Mathieu (Calvados).
Dramard, 9, rue Saint- Vincent, Fontenay-sous-Bois (Seine).
Drioux (G.), Professeur à l'Ecole de Malrôy, Dammartin-sur-
Meuse (Haute-Marne).
Drouet, D. M., 36, rue de Varenne, Paris-VII.
Druher (L.), Voray, canton de Rioz (Haute-Saône).
Duralen (E.), Directeur du Musée, Mont-de-Marsan (Landes).
* Durus, Econome honoraire des Hospices du Havre, 2 et 4, petite
rue du Marquis, Neufchâtel-en-Bray (Seine-Inférieure).
Ducourtioux, 14, rue François-Miron, Paris-IV.
Dulau et Cie, 37, Soho Square, Londres-W (Angleterre).
Dumas (Mme Vve U.). Baron, par Saint-Chaptes (Gard).
Dupont (E.), Directeur des Docks, Le Havre (Seine-Inférieure).
Durand (Charles), Bourron (Seine-et-Marne).
Dutot, Ancien Greffier du Tribunal de Commerce, 56, rue Monte-
bello, Cherbourg (Manche).
DuvAux(Léon), Professeur d'Histoire au Collège, 108, rue du Pont,
Bonneville (Haute-Savoie).
Ede (Frédéric), Artiste peintre, Montigny-sur-Loing (Seine-et-
Marne).
Espina (Olivier), Commis des Contrib. directes, Gabès (Tunisie).
Estaunié (Désiré), Secrétaire de Commune mixte, Montagnac, Arr.
d'Oran (Algérie).
Evrard (Charles), Notaire, Maire, Varennes-sur-Argonne (Meuse).
Exsteens (L.), anc. Pharm., 21, r. de Loxum, Bruxelles (Belgique).
Fasset-Arbouin, Industriel, Cognac (Charente).
Favraud (J.), Palethnologue, Ancien inspecteur primaire, 94, rue de
Périgueux, Angoulême (Charente).
Féraud, Agent-voyer cantonal, Remoulins (Gard).
LISTE DES MEMBRES 15
Ferrier, D. M., Dentiste des Hôpitaux, 5, rue de Lisbonne,
Paris-VIII.
Ferton (Le G1 Charles). Chef d'escadron d'artillerie de réserve,
Bonifacio (Corse).
Feuvrier (Julien), Conservateur du Musée archéologique, 8. rue
des Romains, Dole (Jura).
Fiévé(G.),D. M.,Jallais (Maine-et-Loire).
Fleurieu (Comte Alphonse de), 26. avenue Kléber, Paris-XVI ;
Eté Château de Marzac, par Les Eyzies-de-Tayac (Dordogne).
Fleury, Capitaine, 3e Spahis, 14, rue dEcosse, Dieppe (Seine-
Inférieure)
Florance (E.), Archéologue-naturaliste, 16, Boulevard Eugène-
Riffault, Blois (Loir-et-Cher).
Fontes (Joaquim), Caminho do Forno do Tijolo, 11-D, Lisbonne
(Portugal).
Forrer (R.), Dr Phil., Conservateur du Musée archéologique, Uni-
versitâtsstrasse, 4, Strasbourg (Alsace).
Forsyth Major (C. J.), D. M., chez M. A. C. Southwell, Bastie
(Corse).
Foucault (Eugène), 50, rue de Messei, Fiers (Orne).
Foucher, Fabricant d'Orgues, 17-19, rue de la Véga, Paris-XIL
Fougerat (Mme), 46, avenue Mozart, Paris-XVI.
Fouju (G.), Vice-président de la Société d'Excursions scientifiques,
33, rue de Rivoli, Paris-IV.
Franchet (L.), 11, rue Barreau, Asnières (Seine).
Frappier, Archéologue, Saint-Germain-en-Laye (Seine-et-Oise).
Fuchs (A.), Libraire-Editeur, Saverne (Alsace).
Gadant (René), Conservateur du Musée de l'Hôtel Rolin, Autun
(Saône-et-Loire).
Gadeau de Kerville (Henri), Président de la Société Normande
d'Etudes Préhistoriques, 7, rue Dupont, Rouen (Seine-Infé-
rieure).
Gaillard, Conservateur du Musée, Muséum d'Histoire naturelle,
Lyon (Rhône).
Gaillot (Henri), 3, r. des Pavillons, Champigny-sur-Marne (Seine).
Gaillot (L.), Hôpital de Redeyel, par Metlaoui (Tnnisie).
Gamber, Editeur de V Homme préhistorique,! , rue Danton, Paris-VI.
Gardez (Honoré), Archéologue, rue de Pouilly, Reims (Marne).
Garfitt (G. -A.), Homesfield, Scheffield (Angleterre).
Garnier, Logis de Vaux, Saint-Palais-sur-Mer (Charente-Infé-
rieure).
Garnier (Mlle) Logis de Vaux, Saint-Palais-sur-Mer (Charente-
Inférieure).
16 SOCIÉTÉ PREHISTORIQUE FRANÇAISE
Garrisson (Eugène), 19, rue des Augustins, Montauban (Tarn-et-
Garonne).
Gasnier (F.), Docteur en Droit, 9, rue de Strasbourg, Nantes
(Loire-Inférieure) .
Gasser (A.), Directeur de la Revue d'Alsace, Mantoche (Haute-Saône).
Gaudin, D. M., Archéologue, Les Sables d'Olonne (Vendée).
Gaudelette (Le Général), 48 bis, rue d'Auteuil. Paris-XVI.
Gaurichon (Le Commandant J.), de la 9e section militaire, 58, rue de la
Fuye, Tours (Indre-et-Loire).
Géneau (Ch.), Etudiant, 17, bd. Saint-Marcel, Paris-XIII.
Gennevaux (Maurice), Conservateur du Musée de la Société Archéo-
logique, 5, rue Saint-Paul (place Saint-Roch), Montpellier
(Hérault).
Genson (Eugène), Domaine de Fontéranes, Béziers (Hérault).
Gérin-Ricard (Gle de), Correspondant du Ministère de l'Instruction
publique, Hiver : rue Vulfran-Puget, 33, Marseille (Bouches-
du-Rhône). — (Eté) : Château de Valdone, Peyrin (B.-du-Rh.).
Geuthner (Paul), Libraire-antiquaire, 13, rue Jacob, Paris-VI.
Gidon,D. M., Docteur ès-sciences, Professeur à l'Ecole de Médecine,
12, rue Singer, Caen (Calvados) .
Gillet (Maurice), Ancien Inspecteur des Postes et des Télégraphes,
30, rue Gardenat-Lapostol, Suresnes (Seine).
Gillet (Numa), Artiste Peintre, Les Ayeules, Montigny-sur-Loing,
(Seine-et-Marne) .
Gimon, Capitaine, 143e Régiment d'Infanterie, Castelnaudary (Aude).
Girardot (Abel), Conservateur du Musée, 28, rue des Salines, Lons-
le- Saunier (Jura).
Giraux (Henri), 22, rue Saint-Biaise, Paris-XX.
*■ Giraux (Louis), 11, rue Eugénie, Saint-Mandé (Seine).
* Givenchy (Paul de), 84, rue de Rennes, Paris-VI.
Givord_, Receveur de l'Enregistrement, Roussillon (Isère).
Gobillot (Louis), D. M., Maire, Conseiller général, La Tri-
mouille (Vienne).
Goby (Paul), Ancien vice-président de la Société Archéologique de
Provence, 5, boulevard Victor-Hugo, Grasse (Alpes-Maritimes).
Gorey, Homme de lettres, 33, boulevard de Clichy, Paris-IX.
Gorodzow (Basil A.), Professeur, Musée Historique Impérial, Mos-
cou (Russie). [Mockba; Nemopureckiù Myzéùs].
Goury (Georges), 5, r. des Tiercelins, Nancy (Meurthe-et-Moselle).
Graff, Directeur de l'Ecole municipale, Issou, par Gargenville
(Seine-et-Oise).
* Granet (Léonce), Propriétaire, Roquemaure (Gard).
Grillet (E.)., Propriétaire, Igé (Saône-et-Loire).
LISTE DES MEMBRES 1/
Guebhard (Adrien), D. M., Professeur agrégé delà Faculté de
Médecine de Paris, Saint- Vallier-de-Thiey (Alpes-Maritimes).
Guebhard (Roland), Saint-Cézaire (Alpes-Maritimes).
Guelliot (Octave), D. M., 9, rue du Marc, Reims (Marne).
Guénin (G.), A. U., Professeur au Lycée, 78, Rue de Paris, Brest
(Finistère).
Guéiun (J.-W.-M. de), Lieutenant-colonel, Le Mont-Durand, Guer-
nesey, Ile de Guernesey (Angleterre).
Guichard (Xavier), Chef de la Sûreté, 36, quai des Orfèvres,
Paris-I.
Guignaber (A.), Pharmacien, Membre de la Société d'Archéologie de
Bordeaux, Pauillac (Gironde).
Guillaume, D. M., 63, boulev. de la République, Reims (Marne).
Guillaume, Maître-Mineur, Redeyel par Metlaoui (Tunisie).
Guillon (André), 12, rue Pérignon, Paris-VII.
Guimet (Emile), Directeur du Musée Guimet, Musée Guimet,
Paris-XVL
Guy (A.), Ingénieur aux Chemins de fer du Midi, 6, rue Levieux,
Bordeaux (Gironde).
Guyochin, D. M., 171, faubourg Poissonnière, Paris-IX.
Hamal-Nandrin, Conservateur-adjoint du Musée archéologique lié-
geois, 51, quai de l'Ourthe, Liège (Belgique).
Hamonic, D. M., 7 ter, rue Clauzel, Paris-IX.
Hanotaux (G.), ancien Ministre, Membre de l'Académie française,
15, rue d'Aumale, Paris-IX.
Harlé, Ingénieur en chef des Ponts et Ch., 36, r. Emile-Fourcand,
Bordeaux (Gironde) .
Harmois (A.-L.), Office colonial, Palais-Royal, Paris.
Hauser (0.), Archéologue, Bâle (Suisse).
Hautin (Georges), 44, Avenue de Fredy, Villemomble (Seine).
Hébert (M.), 99, boulevard Arago, Paris-XIV.
Hémery (Marcel), Agriculteur, 6, rte de Clermont, Compiègne (Oise).
Henriot, 183, boulevard Voltaire, Paris-XI.
Héomet (Henri), Représentant de commerce (produits chimiques),
198, boulevard de Strasbourg, Billancourt (Seine),
Hermann, Libraire, 6, rue de la Sorbonne, Paris-V.
Hervé (Max), Etudiant en médecine, rue de l'Alboni, 5, Paris-XVI.
Heuzé (Henri), 110, rue de Paris, Vincennes (Seine).
Hincelin (Marcel), 8 bis, Boulevard de l'Ouest, Le Raincy (Seine-
et-Oise).
Hommey, D. M., Sées (Orne).
Houry, Géologue, 4, rue de Meudon, Issy (Seine).
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE. 2
18 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Houssay (F.), D. M., Pont-Levoy (Loir-et-Cher).
Hurert (G.), Ancien interne des hôpitaux de Paris, interne de l'Asile
de la Maison-Blanche, Neuilly-sur-Marne (Seine-et-Oise).
* Hue (Ed.), Médecin-vétérinaire, 60, rue de la Pompe, Paris-XVI.
Hugueniot, Représentant d'Assurance et de Commerce, Notre Dame
de l'Isle, par Port-Mort (Eure) .
Hugues (Albert), Saint-Geniès-de-Malgoirès (Gard).
Huret, Ingén. des Arts et Manuf., 24, pi. Malesherbes, Paris-XVII.
Hure (Mlle Augusta), Membre de la Société géologique de France et de
la Société des Sciences de F Yonne, 14, rue Savinien-Lapointe,
Sens (Yonne).
Hutinel, Ex-Professeur de Lycée, Vitteaux (Côte-d'Or).
Hutteau (Léonce), archéologue, Etampes (Seine-et-Oise).
Icard, D. M._, 8, rue Colbert, Marseille (Bouches-du-Rhône).
Institut Géologique de Mexico, Mexico (Amérique Centrale).
Ingelbeen (L'abbé René), Villa Dubochet-Clarens, Montreux
(Suisse).
Jacques, D. M., Secrétaire général de la Société d'Anthropologie de
Bruxelles, 42, rue du Commerce, Bruxelles (Belgique).
Jacquot (Lucien), Avocat, Juge honoraire, 6, rue Fantin-Latour,
Grenoble (Isère).
Jarraud (Albert), Propriétaire, 10, rue de Metz, Cognac (Charente).
Jodin (Alexandre), Président du Tribunal d'Hell-Ville, Nossi-Bé
(Madagascar).
Joleaud (L.), 16, Plage du Prado, Marseille (Bouches-du-Rhône).
Joly (Pierre), Vétérinaire principal de 2e classe, Directeur du
8e Ressort vétérinaire de l'Armée, 92, avenue de Grammont,
Tours (Indre-et-Loire).
Jousset de Bellesme, D. M., Château Saint-Jean, Nogent-le-
Rotrou (Eure-et-Loir).
Jullian (Camille), Prof, au Collège de France, 30, rue du Luxem-
bourg, Paris-VI.
Jullien (J.), D. M., Joyeuse (Ardèche).
Kessler (Fritz), Archéologue, Horbourg, près Colmar (Alsace).
Kreutzer, Artiste-peintre, 44, rue de la Pompe, Paris-XVI.
Kungl.-Vilterhets Historié ochAntikvitesAkademien,Stockho\m(Suède).
Lablotier (Anatole), Bourogne (Territoire de Belfort).
Laboratoire de Géologie, Faculté des Sciences de l'Université, Besan-
çon (Doubs).
Labrie (J.) (L'abbé), curé, Frontenac (Gironde).
LISTE DES MEMBRES 19
Lafay (Gilbert), 5, rue du Bel-Air, Mâcon (Saône-et-Loire).
Laguionie (Gustave), Officier de la Légion d'honneur, Directeur des
Grands Magasins du Printemps, 10, avenue Hoche, Paris-VHI.
Laire, Instituteur, Belleval-sous-Chatillon, par Cuchery (Marne).
Lalanne, D. M., D. Se, Gastel d'Andorte, Le Bouscat (Gironde).
Lambert (H.-J.), 36, faubourg Saint-Nicolas, Beaune (Gôte-d'Or).
Lamotte (Louis), D. M., Ancien Interne des Hôpitaux de Paris,
65, rue des Halles, Beauvais (Oise).
Lançon (P.), Receveur des Postes, Redeyef, par Mettaoui (Tunisie).
LANGLASSÉ(René), 52, quai National, Puteaux (Seine).
Laprévotte (P.), Membre de la Société d1 Archéologie Lorraine, 14,
rue Victor-Hugo, Nancy (Meurthe-et-Moselle).
Larmigny, Industriel et Archéologue, Château Porcien (Ardennes).
Laroze (Pierre), Courrenson, par Gondrin (Gers).
* Lazard (F.), Propriétaire, Maire de Sivergues, Apt (Vaucluse).
Le Bel, 250, rue Saint Jacques, Paris-V.
Lebrun, Licencié es-sciences, Professeur adjoint au lycée, 8, rue
du Puits-Salé, Lons-le-Saunier (Jura).
Leclerc, Instituteur, Solers (Seine-et-Marne).
Lecomte du Noûy (Jacques), 30, boulevard Flandrin, Paris-XVI.
Legrand, Interne en Pharmacie, Asile de la Maison Blanche,
Neuilly-sur-Marne (Seine-et Oise).
Lehmann-Nitsche (Dr Robert), Professeur à l'Université, Conser-
vateur du Museo nacional, La Plata (République Argentine).
Lejay (A.), 12, Rue Richebourg, Lons-le-Saunier (Jura).
LELOUTRE(Stanislas), Membre de la Soc. Arch. de Soissons, 2, Impasse
du Château, Soissons (Aisne).
* Le Maire (André), 143, boulevard Saint-Michel, Paris-V.
Lemaitre, Comptable, boulevard Jamin, 62, Reims (Marne).
Lénez, D. M., Médecin-major de lre classe, Médecin Chef des salles
militaires de l'Hospice mixte, Commercy (Meuse).
Leprince (MIle Marie), Sarcelles (Seine-et-Oise).
Leroy (Georges), Directeur d'Ecole, r. Jean-Macé, Le Mans (Sarthe).
Leroux (Alcide), Avocat, et Président de la Société Archéologique
de Nantes, 2, place Saint-Pierre, Nantes (Loire-Inférieure). —
Saint-Germain Langounnet (Morbihan).
Lesueur, D. M., 60, rue Saint-Germain, Bezons (Seine-et-Oise).
Létienne, D. M., 8, rue des Creux, Louveciennes (Seine-et-Oise).
Lewis (A. L.), 35, Beddington Gardens, Wallington Surrey (An-
gleterre).
Lissajous (Marcel], Géologue, 10, quai des Marans, Mâcon (Saône-
et-Loire).
Luppé (Mme la Marquise de), 29, rue Barbet-de-Jouy, Paris-VII.
20 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Mac Alister (R. A.), Professeur à l'University Collège, Newlands
Clonskcagh Go, Dublin (Angleterre).
Maertexs (J.), Conservateur du Cabinet d'Archéologie de l'Univer-
sité, 66, rue d'Ypres, Gand (Belgique).
Magni (Antonio), D. M., Inspecteur royal des fouilles et des monu-
ments d'antiquité, Via Annunziata, 19, Milan (Italie).
Mahoudeau (D.-M.), Professeur à l'Ecole d'Anthropologie, 188,
avenue du Maine, Paris-XIV.
Malaussène (J.), Juge au Tribunal civil, Carpentras (Vaucluse).
Malga (abbé), Cels, par Luzech (Lot).
Mann (F. W.), D.M., 1, Campden Hill Mansions, Kensington, W.
London (England).
Manteyer (G. de), Archiviste paléographe, ancien membre de
l'Ecole française de Rome, Château de Manteyer, près La-Roche-
des-Arnauds (Hautes-Alpes) ; - 34, quai de Béthune, Paris-IV.
Marchadier (René), 20, rue de l'Isle-d'Or, Cognac (Charenle).
Marchandeau, Inspecteur des Télégraphes, Ajaccio (Corse).
Marignan (Emile), D. M. , Marsillargues (Hérault).
Marlot (Hippolyte), Géologue, Villa Bellevue, Toulon-sur-Arroux
(Saône-et-Loire).
Marmagne (A.), Commis des Ponts et Chaussées, Coulommiers
(Seine-et-Marne).
Martel (E.-A.), Directeur de La Nature, 23, rue d'Aumale, Paris-IX.
Martel (Louis), Notaire, Sault (Vaucluse).
Martin (Anfos), Inspecteur primaire, Montélimart (Drôme).
Martin (Bernard Henri--), Etudiant, Villa Montmorency, 6, avenue
des Sycomores, Paris-XVI.
* Martin (Henri), D. M., Villa Montmorency, 6, avenue des Syco-
mores, Paris-XVI.
Martin (Henri- Charles) (Mme), 60, r. Boulainvilliers, Paris XVI.
Martz, Conseiller à la Cour, 30, rue des Tiercelins, Nancy (Meurthe-
et-Moselle).
Masfrand (A.), Président de la Société Les Amis des Sciences et des
Arts, Rochechouart (Haute- Vienne).
Massé (Ed.), 14, rue Saint-Faron, Meaux (Seine-et-Marne).
Matthis (Charles), Propriétaire, Niederbronn (Vosges-Alsace;.
Maudemain, Palethnologue, 118, Boulevard Voltaire, Paris-XL
Maury (J.), Directeur des fouilles de M. Le Bel, Laugerie, Les
Eyzies-de-Tayac (Dordogne).
Maury, Instituteur, Mallargues, près Allanche (Cantal).
Mautalent (Mme), 10, rue de la Pompe, Paris-XVI.
Mazéret (Ludovic), Archéologue, Gondrin (Gers).
Menand (Emile), Avoué, rue Saint-Saulge, Autun (Saône-et-Loire).
LISTE DES MEMBRES 21
Mennetrier (Ch.), Capitaine au 4e Tirailleurs Indigènes, Dar-Caïd-
Ito, par Meknès (Maroc).
Mercier (Gustave), Avocat, Vice-Président de la Société archéolo-
gique de Constantine. Cor. de l'Inst. publique, 6, rue de France,
Constantine (Algérie).
Meunier (Henri), 21, rue de Versailles, Bougival (Seine).
Meurisse (Georges), Archéologue, 33, rue de Tambour, Reims
(Marne).
Miguet (Emile), 1, Boulevard Henri-IV, Paris-lV.
Miquel (Jean), Barroubio, par Aiguevives (Hérault).
Moirenc, Agent-voyer cantonal, Bonnieux (Vaucluse).
Mollandin (H.), Capitaine du Train, 7e Escadron, Dole (Jura).
Montandon (Raoul), Architecte, 46, rue du Stand, Genève (Suisse).
Moreau, Pharmacien honoraire, 56, Boulevard Blossac, à Chatelle-
rault (Vienne).
Morel (Gaston), 55, rue Jeanne-d'Arc, Rouen (Seine-Inférieure).
Morgand (E.), D. M., L. D., 8, rue Escudier Boulogne-sur-Seine.
Morin-Jean, Artiste-peintre, 33 bis, boulevard de Clichy,
Paris-IX.
Mortillet (Adrien de), Professeur à l'Ecole d'Anthropologie, 154,
rue de Tolbiac, Paris-XIII.
Mortillet (Paul de), 36, boulevard Arago, Paris-XIII.
Mousson-Lanauze, D. M., Ancien interne, place de la Tourelle,
3 bis, Saint-Mandé (Seine).
Muller (H.), Bibliothécaire à l'Ecole de Médecine, Conservateur du
Musée Dauphinois, Grenoble (Isère).
Munro (Robert), Elmbank, Largs, Ayrshire (Ecosse).
Musée des Antiquités (M. le Conservateur), Nîmes (Gard).
Musée [Les Amis du) de Saint-Pons, Saint-Pons (Hérault).
Musée Archéologique de Besançon [M., le Conservateur), Besançon
(Doubs).
Musée impérial historique de Russie, Moscou (Russie).
Musée National Suisse [Schweitzerische Landes-Muséum], Zurich
(Suisse).
Musées royaux des Arts décoratifs et industriels (Bibliothèque des),
Parc du Cinquantenaire, Bruxelles (Belgique).
Nerson (Fernand), Valréas (Vaucluse).
Neveu (Raymond), D. M., 107, rue de Sèvres, Paris -VI.
Nobis (Charles), D, D., Avocat, Le Val, Saint-Bomer-les-Forges
(Orne).
Nœns (Joseph. H.), 8, rue du Casino, Saint-Nicolas, (Waës), près
Gand (Belgique).
Nourry (Emile), Libraire-éditeur, 62, rue des Ecoles, Paris-V.
22 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Novital (Albert de), 5, rue des Dominicains, Nancy (Meurthe-et-
Moselle).
Olivier, D.-M., 29, rue du Rhône, Genève (Suisse).
Oudot (Robert), 14, place de la Bonneterie, Troyes (Aube).
Pagès-Allary (Jean), Industriel, Murât (Cantal).
Paniagua (A. de), Archéologue, 11, rue Ghristiani, Paris-XVIII.
Pas (Le Comte Edmond de), villa Marguerite Savigny-sur-Orge,
(Seine-et-Oise) (Eté). — L'Hiver : Cagnes (Alpes-Maritimes).
Passemard (Emmanuel), Villa Naoh, rue d'Alsace, Biarritz (Basses-
Pyrénées).
Patte (Etienne), 79, rue du Connétable, Chantilly (Oise).
Paul (Mme), 5, rue Justin-Paul, Etain (Meuse).
Paul (Félix), 5, rue Justin-Paul, Etain (Meuse).
Pavlow (A. P.), Professeur de Géologie à l'Université, Moscou
(Russie).
Peabody (Charles), Instructor in European Archéology, 197,
Brattle Street, Cambridge, Mass. (U. S. A.).
Peabody Muséum of Harvard University, Harvard University,
Cambridge, Massachusseth (U. S. A.).
Pellegrin (Charles), Ingénieur civil des Mines, 24, rue Emile-
Zola, Bessège (Gard).
Perrier (Louis), D. M., Professeur chargé du cours d'Anthropologie
à la Faculté libre protestante, rue du Moustier, 8, Montauban
(Tarn-et-Garonne).
Petit (M.) (Le Capitaine), 1er Etranger, Guercif, Maroc-Oriental.
Pézard (Georges), Capitaine au 94e Régiment d'Infanterie, Bar-le-
Duc (Meuse).
Philippe (L'abbé J.), Curé, Breuilpont (Eure).
Philippe (Eugène), Percepteur, 46, rue du Faubourg-Saint-André,
Beauvais (Oise).
Pigorini (Dr Louis), Directeur du Museo Preistorico, Etnografico e
Kircheriano, 26, Via Collegio Romano, Rome (Italie).
Pinchon, D. M., Médecin-major de 2e classe, au 29e Dragons»
Provins (Seine-et-Marne).
Pinon (Paul), Délégué-adjoint de Madagaseur et Dépendances,
près l'Office Colonial, 37, rue de Simplon, Paris.
Piroutet, Licencié ès-sciences, Salins (Jura).
Pistât (Louis), 171, rue du Barbâtre, Reims (Marne).
Plainchamp (M.), 29, boulevard Murât, Paris-XVI.
Plessier (L.), Ancien Président de la Société historique, 9, rue de
Lancry, Compiègne (Oise).
Poilane (Alfred), Huissier, Montre vault (Maine-et-Loire).
Poisson (Georges), Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, 1,
Cité Vaudoit, Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme).
LISTE DES MEMBRES 23
Pokrowsky (Alexandre), Professeur agrégé de l'Université de
Kharkow, rue Technologuitcheskaja, Kharkow (Russie).
Pons (Raymond), Maire de Reillac, par Livernon (Lot).
Pontier, D.-M., Géologue, Lumbres (Pas-de-Calais).
Postel (Gustave), à la Madone, Corneville-sur-Risle (Eure).
Poulain (Georges), Archéologue, Saint-Pierre-d'Autils (Eure).
Poutiatin (Prince Paul Arsenievitch), Basseinaja, 60, log. 68,
Saint-Pétersbourg (Russie).
Prudhomme (Maurice), Propriétaire, 54, rue Vinchon Laon (Aisne).
Quénel (Clément), 19, rue des Goguenettes, Compiègne (Oise).
Quillier, Archéologue, 18, rue Saint-Luc, Châteauroux (Indre).
Ramond-Gontaud, Assistant au Muséum, 18, rue Louis-Philippe,
Neuilly-sur-Seine (Seine).
Raspail (Mme Juliette François-), 11, rue Joseph-Bara, Paris-VI.
Rasquin (Albert de), Ingénieur, 26, rue Martin- Bidouré, Constantine
(Algérie).
Ratinet (M.), Inspecteur des Contributions indirectes, Chaumont
(Haute-Marne).
Rau (Général de division, du cadre de réserve), 67, rue de Miromesnil,
Paris-VIII (Hiver); — La Frécheuse, près Sedan (Ardennes) (Été).
Raymond (Paul), D. M . , Professeur agrégé des Facultés de Médecine,
34, avenue Kléber, Paris-XVI .
Raynaud (Georges), 21, rue Saint-Paul, Paris-IV.
Reber (B.), Conseiller municipal, Conservateur du Musée épigra-
phique, 3, cour Saint-Pierre, Genève (Suisse).
Renault (Georges), Conserv. du Musée, Vendôme (Loir-et-Cher).
Rey (Lucien), Ingénieur, 60, rue des Mathurins, Paris-VIII.
Reynier (Ph.), Lizy-sur-Ourcq (Seine-et-Marne).
Reygasse (Maurice), Administrateur- adjoint, Tebessa (Algérie).
Ricaud (Mme), 118, Boulevard Voltaire, Paris-XI.
Roberdet (Gaston), 5, rue d'Espagne, Tunis (Afrique du Nord).
Roche (Gaston), Garde général des Eaux et des Forêts, Batna
(Algérie).
Rodet (Paul), D. M., 36, boulevard du Righi, Nice (Alpes-Mari-
times).
Roland, Instituteur, Villevenard (Marne).
Rollet (H.), Président de V Association des Naturalistes de Levallois-
Perret, 62, rue Voltaire, Levallois-Perret (Seine).
Romain (Georges), Courtier, Correspondant de l'Ecole d'Anthropo-
logie de Paris, 26, rue du Gymnase, Sainte-Adresse (Seine-
Inférieure).
24 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Romieu (André), D. M., 32, rue Balard, Montpellier (Hérault).
Romieu (Marc), Chef de laboratoire à la Faculté de Médecine 32, rue
Balard, Montpellier (Hérault).
Rothschild (Baron Edmond de), 41, faub. St-Honoré, Paris-VIII.
Rougé (Jacques), Ligueil (Indre-et-Loire).
Roulleaux-Dugage (G.), Député de l'Orne, Maire. Rouelle (Orne).
Rousseau (Lucien), Propriétaire, Cheffois, par La Châtaigneraie,
(Vendée).
Rousseau (Philéas), Institut1" public, Simon-la- Vineuse (Vendée).
Roussel (Georges), Négociant, Les Grandes Ventes (Seine-Infre).
Rouxel (Georges), 58, quai Alexandre III, Cherbourg (Manche).
Rutot (A.), Conservateur du Musée Royal d'Histoire Naturelle de
Belgique, membre de V Académie royale de Belgique, 189, rue
de la Loi, Bruxelles (Belgique).
Sage ^Marius), Facteur des Postes, Malemort (Vaucluse).
Saint-Didier (Baron de), 1 bis, place de l'Aima, Paris-XVI.
Saint-Périer (Comte René de), D. M., 24, rue du Bac, Paris-VII.
* Saint- Venant (J. de), Inspect. des eaux et forêts, 1, rue de la Petite-
Armée, Bourges (Cher).
Salle (Robert), Médecin aide-major, 30, rue Jeanne d'Arc, Nancy
(Meurthe-et-Moselle). »
Salle (Louis), Directeur du Trait d'union commercial, 69, rue de la
République, Rouen^(Seine-Inférieure) .
Salomon (A.), Conducteur des Ponts et Chaussées, 44, rue Gam-
betta, Bapaume (Pasde-Calais).
Sandars (Horace), 10H, Queen Anne's Mansions, Westminster,
London, SW (Angleterre).
Sarasin (Fritz), Docteur ès-sciences et en médecine, Directeur du
Musée zoologique de Baie, Spitalstrasse, 22, Bâle (Suisse).
Sartorius-Preiswerk (F.), Arlesheim, près Bâle (Suisse).
Savoye (Me M.), Odenas (Rhône).
Schaudel (L.), Receveur principal des Douanes, 43, rue Jeanne-
d'Arc, Nancy (Meurthe-et-Moselle).
Schetelig(Pf Haakon), Conservateur du Musée, Bergen (Norvège).
Scheurer (Ferdinand), Corr. Min. I. P., 21, Rue de Turenne, Belfort.
. Schleicher (Ch.), Palethnologue, 34 bis, rue Molitor, Paris-XVI.
Schmidt (F.), . Ingénieur civil des Mines, 125, rue de Rome.
Paris-XVIK
* Schmidt (0.), 86, rue de Grenelle, Paris-VII.
Schmit (Emile), Pharmacien, 24, rue Saint-Jacques, Châlons-sur-
Marne (Marne).
Schmit (Valdemar), D. M., Professeur à l'Université, Musée natio-
nal, 12, Frederiksholm Canal, Copenhague K (Danemark).
LISTE DES MEMBRES 25
Sellier (A.), Fatigrafo, Galle San-Andrès, 9, La Coruna (Espagne).
Siffre, D.M., 97, Boulevard Saint-Michel, Paris-V.
Siret (Louis), Ingénieur, Guevas-de-Vera, province d'Almeria
(Espagne).
Societa Archeologica, place Roma, 7, Corne (Italie).
Société française des Fouilles archéologiques, 29, rue Tronchet,
Paris-Vin.
Société Jersiaise (M. E. Toulmin-Nicolle, Secrétaire), 9, Pier
Road, Jersey (Angleterre).
Société d Histoire naturelle de Loir-et-Cher (M. le Président de la),
Blois (Loir-et-Cher).
Société d'Études des Sciences naturelles de Nimes (M. le Président
de la), quai de la Fontaine, Nîmes (Gard).
Socley, Archéologue, 17, Quai Gauthey, Dijon (Côte-d'Or).
Soubeyran (Emile), D. M., Andeville (Oise).
Soudan (Edward), Luzy (Nièvre).
Soulingeas (Joseph-Ambroise), 19, rue Albouy, Paris-X.
Sourdille, D. M., Ex-Interne des Hôpitaux de Paris, Chirurgien
suppléant des hôpitaux, 11, rue Kléber, Nantes (Loire-Infé-
rieure).
Spas, Directeur du service des Douanes, Bastia (Corse).
Sturge (Allen), D. M., Icklingham Hall, Mildenhall, Suffolk (Angle-
terre).
Tabariès de Grandsaignes, 44, rue d'Auteuil, Paris-Auteuil.
Tapp, Archéologue, 57, Saint-James Street, Piccadilly, S. W. Lon-
dres (Angleterre).
Tarbé des Sarlons, 34, avenue de Chatillon, Paris.
Tatarinoff (Eug.), Professeur, directeur du Musée, Soleure (Suisse).
Taté (E.), 123, avenue Mozart, Paris-XVI.
Taté fils (Claude), Etudiant, 123, avenue Mozart, Paris-XVI.
Terrade (Albert), Conducteur des Travaux au Canal du Nord?
33 bis, rue de Rouen, Beauvais (Oise).
Tessier (Georges), D. M., Villa Ketty, rue Gambetta, Biarritz
(Basses-Pyrénées).
Testot-Ferry (A.), Capitaine de frégate, 48, boulevard de la Blan-
carde, Marseille (Bouches-du-Rhône).
Testut (Léo), D. M., Professeur d'Anatomie à la Faculté de Mé-
decine de l'Université, 3, avenue de l'Archevêché, Lyon
(Rhône).
Théoleyre, Archéologue, 52, rue du Roi de Sicile, Paris-IV.
Thierry (Paul), 106, rue Vercingétorix, Paris-XIVe.
Thiot (L.), Palethnologue, Marissel, par Beauvais (Oise).
Thuret, Propriétaire, Château de Chabontière, Sers (Charente).
26 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Touflet (Albert), Palethnologue, Rugles (Eure).
Trassagnac, D. M., Médecin-major de lre classe, 5e Régiment d'ar-
tillerie, Verdun (Meuse).
Tryon-Montalembert (Le Marquis de), 5, rue Monsieur, Paris-VII.
Urpar (Jules), D. M., 28, rue des Arènes, Arles-sur-Rhône (Bouches-
du-Rhône).
Varaldi (René), Ingénieur-chimiste, Cannes, La Bocca (Alpes-Mari-
times).
Vareilles (Léon), 3, rue Bonneterie, Avignon (Vaucluse).
Vassy (A.), Fabricant de produits pharmaceutiques, route de Lyon,
Vienne (Isère) .
Vauvillé (0.), Archéologue, 17, rue Ghristiani, Paris-XVIII; —
Eté : Pommiers (Aisne).
Veber (René), Avocat, avoué agréé au Tribunal de Commerce, 20,
rue Rotrou, Dreux (Eure-et-Loir).
Vedel (Louis), Géologue, Molières-sur-Cèze (Gard).
Vésignié (Louis), Capit. d'artillerie, 2, rue de Dun, Bourges (Cher).
Vetel, Sous Chef de Bureau à la Préfecture de Police, 49, rue Mon-
sieur-le-Prince, Paris VI.
Vial (Honoré), Propriétaire, rue de la République, 6_, Le Cannet,
(Alpes-Maritimes).
Vialis (René), Adjoint principal des Affaires indigènes, Sélibaby
(Mauritanie).
Vigoureux (E.C.), Consul général de la République Argentine à
Monaco, 27, rue d'Angleterre, Nice (Alpes-Maritimes).
Villaret (Ë. de) (Général), Chef de la Mission militaire française en
Grèce, Athènes (Grèce).
Villeneuve (Chanoine L. de), Directeur du Musée Anthropologique
de Monaco, Monaco.
Villemereuil (Adrien de), o2bis, boulev. Saint-Jacques, Paris-XlV.
Viollier, Conservateur du Musée National Suisse, Zurich (Suisse).
Viot (Jean), Etudiant ès-Science, Chatillon-Coligny (Loiret).
Viré (Armand), Docteur ès-sciences, Directeur de Laboratoire au
Muséum d'Histoire naturelle, 8, rue Lagarde, Paris-V (Hiver). —
Souillac (Lot) (Eté).
Voinot, D. M., Haroué (Meurthe-et-Moselle).
Vouga (Paul), D. Phil., Conservateur du Musée archéologique,
Neuchâtel (Suisse).
WEisE(Mme), 58 bis, rue d'Assas, Paris-VI.
Westropp (Thomas Johnson), M. A., M. R. LA., 115, StrandRoad,
Sandymount, Dublin (Irlande).
LISTES DES MEMBRES 27
Wiedmer-Stern (J.), ancien Président de la Société Suisse de Préhis-
toire^ Rabbenthal Trepp, 10, Berne (Suisse).
Wuhrer (Mlle M. L.), 66, rue Gay-Lussac, Paris-V.
Zaborowski (S.), Professeur à l'Ecole d'Anthropologie de Paris,
ancien Président de la Société d'Anthropologie de Paris,
18, rue des Aubépines, Thiais (Seine).
-*— <"
Services et Echanges.
A. — France [Services].
Bibliothèque : Société Préhistorique Française, 250, rue Saint-
Jacques, Paris-V.
Laboratoire : Société Préhistorique Française, 250, rue Saint-
Jacques, Paris-V.
Secrétariat Général : Société Préhistorique Française, 21, rue
Linné, Paris-V.
Trésorerie : Société Préhistorique Française, M. M. Gillet, 30,
rue Gardenat-Lapostol, Suresnes (Seine).
Commissions : Société Préhistorique Française [Enceintes). — M. A.
Viré, 8, rue Lagarde, Paris-V.
B. — France et Etranger [Echanges] .
Revue Anthropologique [Ecole d'Anthropologie], 15, rue Ecole-de-
Médecine, Paris-VI.
Prehistoric Society of East Anglia W. G. Clarke, 12, Saint-
Philip's Road, Norwich (Angleterre).
28 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Membres donateurs.
MM. Prince Roland Bonaparte. — + Lionel Bonnemère. —
Mme Lionel Bonnemère. — Léon Coutil. — Louis Giraux.
— Docteur A. Guébhard. — M. Le Bel. — -j- Henri Marot.
Docteur Henri Martin. — Mme Mautalent — J. Pagès-
Allary. — Docteur Paul Raymond. — Baron Edmond de
Rothschild. — -J- Baron Gust. de Rothschild. — Lucien
Rousseau.
Membres à vie.
MM. G. Courty(1910); Henri Giraux (1911); Louis Giraux(1910) ;
Dr A. Guébhard (1904) ; Georges de Manteyer (1908) ;
Mme Charles-Henri Martin (1910) ; Mme Mautalent (1910) ;
M. le Baron Edmond de Rothschild (1904); M. L. Coutil
(1911); Fasset-Arbouin (1912).
Membres décédés (1).
MM. * Marquis de Ligneris (fl904). — * Gillet (+1904). —
* Vouga (+1904).— * Marquis de Nadaillac (+1904).—* Paul
Nicole, ancien Vice-président (+ 1904). — Vicomte René de
Montjoye (+1905). — * Bonnemère (Lionel) , ancien Pré-
sident (f 1905). - Tomasi (P.) (f 1906). — Alix (G.) (+1906).
Piette, Président d'Honneur (+1906). — Ramonet (+1906).
E. Fourdrignier, ancien Vice-président (+1907). — Dr Ma-
chelard (+1908). — F. Arnaud (f 1908). — Houle (+1908).
V. Bogisic (+1908). — R. de Ricard 1+1908). — * Lombard-
Dumas (+1909). Dumas (Ulysse) (+1909). — Babeau (Louis)
(+1909). — Pranishnikoff (Ivan) (+1909). — Audéoud, Géné-
ral (+1909). — Chantecler (Charles) (+1909). — Andrews
(J. B.) (+ 1909). — Wavre (William) (+ 1909). — Champagne
(+1910). — Léon Robert (+1910). — Bussière (+1910). —
Tabariès de Grandsaignes (+1910). — Meyer (Théodore)
(+ 1910). — Bellier (+1910). — Girod (Dr P.) (f 1911). —
Mallet (+1911). — * H Marot (+1911). — Rialland (+1911).
*Bon G. de Rotschild (+1911). — P. du Chatellier (+ 1911).
Fougerat (+ 1911). — 0. Heuzé (f 1911). — Santos Rocha
(A. dos) (f 1911). — Derens (+ 1912). — k Bonnet (+1912). —
Heierli (+ 1912). — Delaunay (j- 1912). — Pol-Baudet
(+ 1912). — * Stalin (+ 1912).— Moreau de Néris^+1912). —
Valérian (Isidore) (+1912). — Forel (+1912). — Dr Naulin
(+ 1913). — Lorrin (+ 1913). — Th. Baudon (+ 1913). — Le
Coniat (+ 1913). — C. Vire (+ 1913). — Solon (+ 1913). —
Puech (+ 1913). — Brochet (+1914). — * H. Marmottan
(+ 1914). - Martial Imbert (+ 1914). — Pader (f 1914). —
J. Déchelette (G.) (+ 1914). — Audéoud (G.) (f 1914). —
Letailleur (+ 1914). — Schwaeblé (G.) (+1914). — Dr Ber-
tholon •(+ 1914). — Cne Maurice Bourlon (G.) (+ 1914). —
Désiré Douet (f 1915).
Membres morts au Champ d'Honneur (1914-1915).
MM. J. Déchelette. — Cf Audéoud. — Cl Schwaeblé. — Cne M.
Bourlon. .
(t) * Membres Fondateurs. — (G.), Tués à l'ennemi (Guerre de 1914-1915). —
•f décédés.
LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIETE PREHISTORIQUE FRANÇAISE
par Pays et Départements français.
I. — France.
1° Départements ,
Aisne : Bourdon. — Brunehault. —
Delvincourt.— Leloutre. — Vauvillé.
Alpes (Basses): Benoist.-Chaillan (L'abbé)
Alpes (Hautes) : — G. de Manteyer.
Alpes- Mari Urnes : Ambeyrac. — Chiris
(M.). — Goby (P.). — Guébhard (A.).
— Guébhard (R.). — Pas (Comte
E. de). — P. Rodet. — Varaldi. —
Vial (H.). — Vigoureux.
Ardèche : Boissy d' Anglas . - Jullien (Dr).
Ardennes : Gollaye. — Larmigny. —
Général Rau.
Ariège : Comte Bégouen.
Aube : Bachimont. — Oudot.
-4wde:Courrent. — Gimon.
Aveyron : Galmels.
Belfort : Bouchot. — Lablotier. —
Scheurer.
B.-du-Rhône : Bout de Charlemont. —
Clastrier. — de Gérin-Ricard.— Icard.
— Joleaud. — Urpar.
Calvados : Mme Caillaud. — Dr Doranlo.
— Pr Gidon. — Leroy.
Cantal : Bourgeade. — Maury. — Pa-
gès-Allary.
Charente : Coiffard. — Deserces. —
Favraud. — Delamain. — Fasset-
Arbouin. — Jarraud. — Marchadier.
— Thuret.
Charente-Inférieure : Atgier. — Cousset.
— 0. Desmazières. — Garnier. —
Garnier (Mlle).
Cher : Vésignié (L.). — Dervieu.
Corse : G' Ferton. — Forsyth Major.
Marchandeau. — Spas.
Côte-d'Or: Bouillerot (R.). — Boyard.
— Corot (M.). — Hutinel. — Lambert.
— Socley.
Côtes-du-Nord : Bellefontaine. — Bou-
tillier du Retail (M™). — Colleu. —
Petit.
Dordogne: Aublant (Ch.). — Bourrinet.
— Maury. — Pr Peyrot. — Fleurieu
(de).
Doubs : Laboratoire de Géologie. —
Musée archéol
Brème: Martin (Anfos). — Catelan.'
Eure : Barbier. — Baudoux. — Coutil
(L.). — Desloges. — Huguenet. —
Philippe (L'abbé). — Poulain. —
Postel. — Touflet. — Veber.
Eure-et-Loir : Jousset de Bellesme. —
Fouju.
Finistère : Bertheau. — Delaporte. —
Devoir. — Guenin.
Gard : Bourrilly. — Ducerf. — Dumas
(Mej. — Féraud. — Granet. — Hugues.
— Musée des Antiquités . — Perrier.
— P. Raymond. — Soc. Se. Nat.
Nîmes. — Vedel.
Garonne (Haute) : Andrieu. — Begouen
(Cte). — E. Gartailhac.
Gers : Mazéret. — Laroze.
Gironde: Bardié. — Gonil. — Daleau.
— Guignaber. — Guy. — Harlé. —
— Labrie. — Lalanne.
Hérault : Albaille. — Amis du Musée de
St-Pons.— Baquié. — Cazalis de Fon-
douce. — Gennevaux. — Genson. —
Givord. — Marignan. — Miquel. —
Romieu. — Dr Romieu.
Indre : Quillier.
Indre-et-Loire : Allouard. — Barreau.
— Ghaumier. — Gaurichon. — Rou-
ge.
Isère : Jacquot. — Mûller. — Vassy.
Jura : Feuvrier. — Girardot.— Lebrun.
— Lejay. — Mollau. — Piroutet.
Landes : Dubalen (E.).
Loiret : Cloutrier. — Viot.
Loir-et-Cher : Aubin. — Florance. —
Clément. — Houssay. — Renault. —
Soc. d'Hisl. nat. de Blois.
Loire-Inférieure : Gasnier. — Leroux.
— Sourdille.
Lot: Malga.— Viré (A.).— Chomereau.
Maine-et-Loire : Blavier. — Fiévé. —
Mennetrier. — Poilane.
Manche: Crova (Mrae). — Crova. —
Dulot. Rouxel.
Marne : Bosteaux-Paris. — Carré. —
Chance. — Demitra. — Gardez. —
Guelliot. — Guillaume. — Laire. —
Lemaitre. — Meurisse. — Perrin-
Couvreur. — Pistât. — Roland. --
Schmit (E.).
Marne (Haute-): Ratinet. — Drioux.
Meurthe-et-Moselle: Beaupré (Cte J.).
. — Goury (G.). '— Laprévote. —
Martz. — Novital (de). — Salle (R.).
— Schaudel (L.). — Voinot.
Meuse: Evrard. — Lénez. — Paul (Me).
— Paul (F.). — Pézard. — Trassa-
gnac.
Morbihan : Aveneau de la Grancière.
Nièvre : Delort. — Desforges. — Saint-
Venant (de). — Soudan.
Oise : Barbier. — Baurain. — Boulet.
— Boutanquoi. — Hémery. — De-
noyelle.— Lamotte. — Patte.— Phi-
lippe. — Plessier. — Quénel. — Sou-
beyran. — Thiot. — Terrade.
Orne: Foucault. — Hommey. — Nobis.
— Roulleau-Dugage.
Pas-de-Calais : Benoist. — Collet (A.).'
— Dharvent. — Comte de Pas. —
Pontier. — Salomon.
Puy-de-Dôme : Aymar. — Charvilhat
(G.).— G. Poisson.
Pyrénées (Basses-) : Passemard. —
Tessier.
Pyrénées (Orientales) : Aragon. —
Dr Domezan.
Rhône : Chantre (E.)- — Gaillard. —
Savoye (M*)-. — Testut (Léo).
Saône-et- Loire : Berthier (V.). — Bi-
dault de Gressigny. — Gadant. —
30
LISTE DES MEMBRES
Grillet. — Lafay. — Lissajous (M.).
— Marlot. — Menand.
Saône {Haute-) : Druher. — Gasser.
Sarthe : Cartereau. — Leroy (GA
Savoie : Blanc (Baron A.).
Savoie (Haute-) : L. Duvaux.
Heine. Paris : Adler. — Ballet. — P.
Baud. — Baudouin (VI.). — Bertin
(A.). — Blin. — Bloch. — Boisy
d'Anglas. — Bonaparte (Prince). —
Bordage. — Bougault (Alf.). — Bous-
quet. — Brice-Cardot (Me). -- Bouil-
let. — Buchin. — Gamichel. —
Camps (Mme). — Camus (P.). —
Cantacuzène. — Prince (G.). —
Cathelin (T>r). — Chapelet. —
Chervin. — Chevallier. — Célos.
— Clair (L.). — Colin. — Courty.
— Denier. — Desailly. — Devrolle.
— Devrolle (les fils d'Em.). — Dol-
lot. — Ducourtioux. — Drouet. —
Ferrier. — Foucher. — Fougeret
(Me). — Fouju. — Gamber. — Gau-
delette. — Géneau. — H. Giraux. —
Givenchy (de). — Gorey. — Gui-
chard. — Guillon. — Guimet. —
Guyochin. — Hamonic. — Hanotaux
(G.). — Harmois Henri. — Hébert.
— Henriot. - Héomet. — Hautin. —
Hermann. — Houry. — Hue. —
Huret. — Jodin. — Jullian (C). —
Kreutzer, -r Laguionie. — Le Bel.
— Lecomte du Noùy. — Le Maire.
— Luppé (Mme de) . — Martel. —
Martin (Bernard). — Martin
(Mme Gh. H.). - Martin (H.).
— Maudemain. — Mautalent (Me).
— Miguet. — Morin Jean. —
Mortillet (A. de). — Mortillet(P. de).
— Neveu (R.). — Nourry. — Pa-
niagua (de). — Pinon. — Plaiu-
champ. — Rau. — Raymond. —
Raynaud. — Raspail (Mme). — Rey.
— Roy. — Rothschild (E. de). —
Ricaud (Mme). — Saint-Périer (de).
— Saint-Didier. — Schleicher (Gh ).
Schmidt (F.). — Schmidt (0.). —
Siffre. — Soulingeas. — Tryon-
Montalembert (de). — Société fran-
çaise des Fouilles Archéologiques . —
Stéchert. — Tabariès de Grand-
saignes fils. — Tailleur. — Tarbé
des tablons. — Taté.— - Taté fils. —
Théoleyre. — Vauvillé. — Vetel —
Viré (Armand). — Weise (Me). —
Wùhrer (M110).
Seine. Dép. : Cazenave. — Dramard.
— Gaillot. — Gillet. — Giraux (L.). —
Héomet. — Heuzé. — Langlassé. —
Meunier. — Morgand. — Mousson-
Lanauze. — Plainchamp. — Ramond-
Gontaud. — Rollet. — Zaborowski.
Seine-et-Marne : Bazin. — Bellier. —
Berthiaux (S.). — Colas. — Dalmon.
— Doigneau. — Durand. — Ede. —
Gillet. — Leclerc. — Marmagne. —
Massé. — Pinchon. — Reynier.
Seine-el-Oise : Atgier. — Bonneau. —
Bossavy. — Colas (E.). — Graff. —
Frappier. — Hincelin (M.). — Hubert.
— Hutteau. — Legrand. — Leprince
CMlle) — Lesueur. — Létienne. —
Meunier. — Tryon-Montalembert(de).
Seine-Inférieure : Bachelay (E.). —
Brasseur. — Brognard. — Cahen(A.).
— Cauderay.— Costa de Beauregard.
— Deglatigny. — Dubus. — Dupont.—
Fleury. — Gadeau de Kerville. —
Morel. — Romain. — Salle.
Sèvres (Deux-): E. Bocquier.
Somme : Boulanger. — Gommont. —
Tarn : Gamichel.
T arn-et- Garonne : Alibert.— E. Garris-
son. — Perrier.
Var : Barbier. — Bottin. — Bossavy
(L). — Dauphin (L.). — Moulin. —
Testot-Ferry.
Vaucluse : Aûgier. — Barthélémv. —
Bayol. — Cassin(P.,i. — Chatelet"(C).
— "Cotte. — Deydier. — Lazard (F.).
— Malaussène. — Martel. — Masse.
Moirenc. — Nerson. — Sage. — Va-
reilles.
Vendée : Baudouin (Marcel). — Boismo-
reau. — Gaudin. — L. Rousseau; —
Ph. Rousseau.
Vienne : Audinet. — Gobillot. —
Chauvet.
Vienne (Hte): Masfrand.
Yonne : — Brulard.
2° Colonies.
Algérie: Debruge. — Mercier. — Ras-
quin (de). — Revgasse. — Roche
(G.).
Calédonie (Nouvelle) : Archambaud.
Oran (Dép.) : Estaunié — Petit.
Maroc : Mennétrier. — Petit.
Sénégal-Niger : Bossavy.
Tunisie : Espina. — Gaillot. — Guil-
laume. — Lanson. — Roberdet.
Madagascar : Barthère. — Jodin.
II. — Étranger.
Alsace- Lorraine: Forrer. — Fuchs. —
Kessler. — Matthis.
Angleterre: Dulau. — Garfitt. — de
Guérin (Guernesey). — Lewis. — -
SOCIETE PREHISTORIQUE FRANÇAISE
31
Mac Alister. — Mann. — Sandars.
— Sturge (Allen). — Tapp. — So-
ciété Jersiaise (Jersey).
Belgique : Dabadie. — Exsteens. —
Hamal-Nandrin. — Jacques (Dr). —
Nœns. — Maertens. — Musées Royaux.
— Rutol.
Canada : Bénard (Paul).
Danemark : Schmidt (Valdemar).
Ecosse : R. Munro.
Espagne : Conde de la Veza dell
Sella. — Sellier. — Siret.
Etats-Unis: Peabody.
Irlande : Westropp.
Italie : D'AU Osso. — E. Berry. —
Bellucci (J.). — Gastelfranco. —
Colini. — Magni. — Pigorini. —Soc.
arch. Comense.
Mauritanie : Violis (R.).
Mexique : Institut géologique.
Monaco : Villeneuve (Chanoine de).
Norvège : Schetelig (Pr H ).
Portugal : Fontes (J.).
République Argentine : Pr Lehman n-
Nitsche.
Russie : Borosdine (E.). — Gorodzow.
— Musée impérial historique (Mos-
cou). — Pavlow(Pf)- — Pokrowsky
(A.). — Poutiatin (Prince).
Suède : Almgren (Dr 0.).
Suisse: Hauser. — Ingelbeen. — Mon-
tandon. — Musée (Zurich). — Oli-
vier. — Reber. — Sartorius Preis-
wek. — Sarrazin. — Viollier. —
Vouga. — Tatarinoff. — Wiedmer-
Stern.
Commission des Monuments Mégalithiques (1915).
Sur la proposition du Conseil d'Administration, en 1909, il a été créé
une Commission des Monuments Mégalithiques, chargée de centra-
liser tous les documents et d'étudier toutes les questions posées au
sujet de ces vestiges préhistoriques.
Ont été nommés membres de cette Commission, en dehors du Pré-
sident, du Secrétaire général, du Secrétaire et du Trésorier, faisant
partie de droit des Grandes Commissions : MM. A. de Mortillet,
H. Martin, A. Guébhard, A. Viré, L. Coutil, E. Hue, anciens pré-
sidents; MM. Atgier, ancien vioe-président ; L. Giraux, ancien tré-
sorier ; Fouju et 0. Desmazières (C . I.).
Par suite, la Commission est composée, en totalité, pour 1914, des
personnalités suivantes : Dr Atgier, Dr Marcel Baudouin, L. Coutil,
0. Desmazières, Fouju, L. Giraux, M. Gillet, P. de Givenchy,
A. Guébhard, E. Hue, Dr Henri Martin, A. de Mortillet,
A. Viré.
Délégués départementaux de la Société.
Aublant (Dordogne). — Dr Marcel Baudouin (Vendée). —
— J. Beaupré (Meurthe-et-Moselle) — V. Berthier (Saône-
et-Loire). — Cazalis de Fondouce (Hérault). — L. Coutil (Eure).
— A. Debruge (Constantine). — Doigneau (Seine-et-Marne). —
Doranlo (Calvados). — Ducourtioux (Morbihan). — Florance
(Loir-et-Cher). — Jullien (Ardèche). — Gaurichon (Indre-et-Loire).
— Girardot (Jura). — Gobillot (Vienne). — Dr A. Guébhard (Alpes-
Maritimes). — Jacquot 'Jsère). — F. Mazauric (Gard). — E. Passe-
mard (Basses-Pyrénées). — Pagès-Allary (Cantal). — L. Schaudel
(Meurthe-et-Moselle). — Thiot (Oise).
32 LISTE DES MEMBRES
Liste des Présidents de la Société.
1904. — Emile RIVIÈRE, Président fondateur.
1905. — f Lionel BONNEMÈRE.
1906. — Adrien de MORTILLET, Président d'Honneur.
1907. — Dr BALLET, ancien Médecin militaire.
1908. — f Théodore BAUDON, D. M., ancien Député de l'Oise.
1909. — Dr A. GUÉBHARD, Professeur agrégé de la Faculté
de Médecine de Paris.
1910. — Dr H. MARTIN, ancien Secrétaire de la Société.
1911. — L. COUTIL, ancien Vice-président de la Société.
1912. — Armand VIRÉ, ancien Vice-président de la Société.
1913. — Edmond HUE, ancien Vice-président de la Société.
1914-1915. — Dr ATGIER, ancien Vice-président de la Société.
AVIS DIVERS
Les Membres, prenant part aux discussions, sont priés de
remettre au Secrétariat une note, avant la fin de la Séance
(Art. 10. du Régi.).
Par Décision ministérielle du 20 mars 1907 [n° 5449], les
Militaires sont autorisés à faire partie de la Société préhistorique
Française et des Congrès préhistoriques de France ; mais ils ne peu-
vent y remplir aucune fonction d'Administration ou de Direction.
MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Les Mémoires ne sont mis en vente en Librairie qu'au prix de
Vingt Francs, dans les mêmes conditions que les Rulletins de la S. P. F.
Aucune remise n'est faite aux Libraires sur ce prix.
V engagement de souscription (Quinze francs) aux Mémoires n'est
valable que pour une année ; mais il sera toujours renouvelé
d'office, sauf contre-ordre en temps voulu (c'est-à-dire six mois
avant la fin de Vannée en cours), de la part des Souscripteurs.
SEANCE DU 28 JANVIER 1915
Présidence de M. LE BEL.
PROCÈS-VERBAL DE LA SÉANCE
La Séance est ouverte à 4 heures sous la Présidence de M. Le Bel,
Vice-Président.
Il est donné lecture du procès-verbal de la dernière séance (24 Dé-
cembre 1914), qui est approuvé.
A propos du procès-verbal, communications de M. Harmois
(Paris) [Haches polies des Côtes-du-Nord) ; M. Hébert (Paris) et
G. Guénin (Brest) [Chanson des Fradets].
Correspondance.
Lettres d'Excuses et de Condoléances. — MM. le Dr A. Guébhard; —
A. Viré; — Ch. Schleicher ; — E. Passemard ; — Thiot ; — L.
Coutil; — L. Schaudel ; — J. Viot ; — Dr Atgier.
Lettres de Changements d'adresses. — M. F. Schmidt (Paris) ;
A. Sellier.
Lettres d'Avis de Décès. — MmeDouET.
Bibliothèque*
La Bibliothèque de la Société Préhistorique Française a reçu les
ouvrages suivants :
Proceedings of the Prehistoric Society of East Anglia for 1913-1914. — London,
in-8°, 1914 [Volume I, partie IV. Dern. fasc. du tome I, 1908-1914;
p. 385-491].
Baudouin (Marcel). — Le Rocher du Chiron de la Vierge à Sculpture pédiforme
de Pitié, commune de La Chapelle-Saint-Laurent (D.-S.). — IX" Congrès
Préh. de France, Lons-le-Saunier, 1913. Par., 1914, p. 289-323, 4 fig. —
Tiré à part, Paris, 1914, in-8°, 35 p., 4 fig.
Baudouin (Marcel). — Description de l'Allée couverte et des Menhirs satellites de
La Planche à Puare, à l'Ile d'Yeu ( Vendée). — IXe Congrès Préh. de France,
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 3
34 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Lons-le-Saunier, 1913. Par., 1914, 372-409, 15 fig., dont 4 pi. h. texte. —
Tiré à part, in-8°, 40 p., 15 fig.
Baudouin (Marcel). — La Loi de Position des Menhirs périsépulcraux ou entou-
rant des Mégalithes funéraires. — Bull. Soc. Préh. Franc., Paris, 1914, 25
juin et 23 juillet. — Paris, 1914, in-8°, 46 p., 31 fig.
Baudouin (Marcel). — Les Silex taillés du Grand Pressigny (2e Mémoire). —
IXe Congrès Préh. de France, Lons-le-Saunier, 1913. Par., 1914, 226-245, 19 fig.
— Paris, 1914, in-8°, 20 p., 19 fig.
Baudouin (Marcel). — Le Chelléen de Vendée : Trouvailles nouvelles
(2e Mémoire). — IXe Gongr. Préhist. de France, Lons-le-Saunier, 1913. Paris,
1914, in-8», 114-124, 5 fig. — Paris, tiré à part. 1914, in-8°, 11 p., 5 fig.
Baudouin (Marcel). — Le Pas de la Vierge de l'Allée couverte de Pierrefolle, à
Commequiers {V.): Sculpture pédi forme à Orteils. — IXe Congrès Préh.
de France, Lons-le-Saunier, 1913. Paris, 1914, in-88, p. 304-347, 7 fig. — Tiré
à part, Paris, 1914, in-8*, 24 p., 7 fig.
Nécrologie.
Nous apprenons le décès de plusieurs membres de la S. P. F. :
M. Maurice Bourlon, capitaine de chasseurs à pied, en garnison au
Fort de Belle -Epine, à Charny-sur-Meuse (Meuse), puis à Verdun,
avant la guerre, décédé au Champ d'Honneur.
M. le Dr Bertholon (de Tunis), anthropologiste de valeur, connu
par de nombreux travaux de Graniologie et d'Ethnographie, relatifs en
particulier à la Tunisie et à l'Algérie, c'est-à-dire à l'Afrique du Nord.
Il a beaucoup publié dans les revues locales.
M. Désiré Douet, archéologue, aux Sablons, Valmondois (Seine-et-
Oise).
admission «le nouveaux Membres.
Est proclamé Membre de la S. P. F. : M.
Poisson (Georges), Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, 1,
Cité Vaudoit, Clermont-Ferrand (Puy-de Dôme).
[Dr Gharvilhat. — A. Aymar].
Présentations et Communications.
M. le Dr Ballet (Paris). — La Parure aux temps Paléolithiques
anciens [Chelléen, Acheuléen, Moustérien]. — Discussion : A. de
MORTILLET, TATÉ, A. BERTIN, M. BAUDOUIN, BALLET.
A. Sellier (Paris). — Une Pierre figure des Allumions de la Seine.
Marcel Baudouin (Paris). — De la tendance à la bifiditê dans les
Dents mono-radiculaires ou antérieures de l'Ossuaire Néolithique des
Cous, à Bazoges-en-Pareds (V.) [Propriété S. P. F.].
Dr Jules Ferrier (Paris). — Recherches sur la tendance à la bifiditê
des racines des Canines et Prémolaires de /' Ossuaire néolithique de
Vendrest (S.-et-M.) [Propriété S. P. F.].
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 35
L. Coutil (Eure) et Dr Brulard (Gôted'Or). — Les Tumulus de
Blaisy-Bas et de Saint-Hélier (Cote-d'Or) [Epées en fer, rasoirs et plans
de Tumulus].
Marcel Baudouin (Paris). — Présentation de Documents photogra-
phiques, montrant comment on se préoccupe de la Destruction des Monu-
ments préhistoriques classés !
Cotisations de 191o.
Les Membres, qui n'ont pas encore adressé le montant de leur Coti-
sation de l'année en cours (1915), sont priés, conformément à l'Article 4
du Règlement, de vouloir bien remplir cette formalité, le plus tôt pos-
sible.
Ceux, dontla Cotisation n'aurait pas été reçue au 15 avril 1915, seront
priés, pour éviter toute interruption dans le service du Bulletin, de
faire honneur au recouvrement postal, qui leur sera adressé à domicile,
dans la deuxième quinzaine du mois d'AvRiL, majoré de 0 fr. 75
pour les frais (sauf entente particulière avec le Trésorier).
Discours de Rentrée pour B 1» 1 :;.
Discours de M. le Président.
M. E. Taté, vice-président, a prononcé, en ouvrant la séance, le
discours suivant, et a cédé ensuite le fauteuil de la Présidence à
M. Le Bel, vice-président.
Mes chers Collègues,
L'état actuel de guerre et les circonstances qui l'accompagnent nous
privent de la présence de notre sympathique Président, M. Âtgier, actuel-
lement sur le front ; de plus un grand nombre de nos membres sont
mobilisés; nous sommes dans l'impossibilité de correspondre avec nos
départements occupés momentanément encore par l'ennemi, etc., etc.
Aussi votre Conseil d'Administration a-t-il pris une décision, approu-
vée par les membres en séance, de supprimer les Elections de 1915 et
de proroger pour une année les pouvoirs de votre Direction ; le Bulle-
tin de Novembre vous en a porté l'avis.
Notre dévoué Secrétaire général, dont l'état de santé laisse encore à
désirer et auquel nous souhaitons tous un complet rétablissement, a pu
assurer, mais combien difficilement, l'apparition de nos Bulletins, à
leurs dates habituelles. Il a établi et va nous lire le compte rendu maté-
riel et moral de la Société pour l'exercice écoulé ; et nous n'aurons pas
trop de remerciements à lui adresser.
Notre précieux Trésorier M. Gillet, dont le travail a été rendu très
difficile par l'état de guerre, notre sympathique Secrétaire des séances
36 SOCIÉTÉ PRÉH1STOKIQUE FRANÇAISE
M. de Givenchy, comme également le Conservateur des Collections,
notre ami M. Ilue, se sont dépensés sans compter et méritent tous nos
éloges et lous nos remerciements.
Dans notre première séance de guerre, nous sommes un peu sortis
du cadre de nos études, mais n en n'avons pas moins fait bonne besogne,
en radiant de nos listes les Allemands et Austro-bongrois.
Cette radiation générale a pu sembler radicale : il n'y a pas, actuel-
lement, de distinction à faire; la guerre engagée devant finalement pro-
voquer le rétablissement des divisions ethniques naturelles.
Tous nos collègues ont compris que jamais nous n'avions prétendu
exclure de la liste de nos membres les Alsaciens-Lorrains, que nous
n'avons jamais cessé de considérer comme des Français. Notre ostra-
cisme ne s'est pas porté non plus contre les Tchèques, les Roumains
de Pansylvanie, les Polonais, les Serbo-Croates, etc. : tous peuples,
asservis par la force, et que la paix, obtenue et imposée par la victoire
de la France et de ses Alliés, délivrera du joug, leur rendant, avec le
respect de leurs droits, leur liberté et leur nationalité ethnique.
En attendant ce moment, que nous souhaitons tous ardemment, lais-
sons un peu de côté les questions que nous traitons ordinairement ici
et pensons à ceux qui versent leur sang, pour la France et l'Humanité,
contre la Sauvagerie et la « Kultur » telle que nous ne pouvons la
comprendre.
A tous les nôtres et à nos alliés qui sont sur les champs de bataille,
qui ont mis au service de la Patrie et de la Civilisation leur temps, leur
science et leur vie, envoyons le témoignage de notre admiration et de
notre reconnaissance.
Adressons plus particulièrement toutes nos condoléances aux
familles de ceux de nos membres, qui ont perdu glorieusement leur
existence dans des combats meurtriers ; souhaitons un prompt réta-
blissement à nos blessés; une santé à toute épreuve à nos héroïques
défenseurs; et enfin l'écrasement absolu de nos ennemis, précédant la
victoire définitive et complète que nous espérons prochaine.
Rapport de M. le Secrétaire général sur la Situa-
tion morale et la gestion du Conseil d'Adminis-
tration en 1£>14ê de la Société Préhistorique
Française.
Mes chers Collègues,
Au nom du Conseil d'Administration de la Société Préhistorique
Française, j'ai l'honneur de vous soumettre le Rapport sur la Situation
morale actuelle de notre Association et la Gestion, pour l'année écoulée
(1914), de votre Conseil, conformément à la Loi et à nos Statuts (Art.
VIII).
Messieurs,
Jusqu'à la fin de Juillet dernier, le fonctionnement de notre Société
a été absolument normal. Et, comme, l'a dit notre Vice-Président,
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 37
M. E. Taté, dans son discours de rentrée, après notre séance men-
suelle, nous nous préparions, tous, à assister au Congrès d'Aurillac,
qui devait s'ouvrir, une quinzaine de jours plus tard, au centre de la
riante Auvergne.
Mais, au début d'août, la Mobilisation générale était ordonnée et
bientôt I'Etat de Guerre était déclaré!
Dès lors, la tenue de la Xe session du Congrès préhistorique de
France devenait absolument irréalisable; et il nous fallait d'urgence,
sans attendre les autorisations nécessaires, — lesquelles n'auraient
pas pu d'ailleurs nous parvenir à temps ! — prendre les mesures vou-
lues, pour ajourner, sine die, notre Réunion annuelle provinciale. La
Municipalité d'Aurillac et la Préfecture du Cantal furent informées
immédiatement par le Secrétariat général du Congrès, en l'absence du
Président; et des avis furent envoyés à la Presse, qui, d'ailleurs, ne
s'en préoccupa nullement. Elle avait d'autres préoccupations, à celte
époque, que la Préhistoire! — Tous nos préparatifs ont donc été vains;
et nos circulaires d'excursions, absolument prêtes à paraître, sont
restées à l'état d'épreuves. — Tout a dû être abandonné à veau l'eau;
et nous sommes, aujourd'hui, clans la même situation qu'au 2 Août
dernier....
Malgré la période des vacances et les circonstances exceptionnelle-
ment graves que nous traversions, il me fallut pourtant, à la fin du mois
de septembre, après avoir pris seul la décision de supprimer les numé-
ros d'août et septembre, en raison des difficultés postales et de
l'absence de mo}^ens de transport pour les Clichés, songer à mettre
sur pied le numéro d'Octobre du Bulletin, pour la séance de rentrée
statutaire de notre Société. Par suite de la désorganisation de toutes
les Imprimeries et de toutes les maisons de Photogravure, la tâche fut
particulièrement malaisée; et, en l'absence de tout article prêt à être
publié [tous les auteurs des manuscrits reçus étant mobilisés], votre
Secrétaire général dut, à lui seul, remplir les feuilles du numéro de
Juillet-Octobre. Il s'en excuse, en même temps qu'il tient à publique-
ment remercier l'Imprimeur de la réelle bonne volonté mise par ce
dernier au service de notre Société.
Comme d'ordinaire, grâce aux soins du Secrétariat des séances, la
réunion d'Octobre put avoir lieu normalement. Vous prîtes alors une
mesure de salubrité générale et prononcèrent Ye.vclusion des membres
de nationalité alleman le et austro-hongroise : mesure qui, de suite, à
été mise à exécution. Nombre de Sociétés savantes parisiennes impor-
tantes, en particulier la • Société d'Anthropologie, la Société nationale
d'Acclimatation, la .Société de Thérapeutique, etc., etc., ont d'ailleurs
procédé de même, à la suite du trop fameux manifeste des Savants
allemands, parmi lesquels nous avons eu le regret de trouver des
38 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
noms comme ceux de Rôntgen et surtout d'Haeckel! Nos anciens col-
lègues allemands et autrichiens ne recevront plus désormais nos
Bulletins, que, d'ailleurs, nous aurions été dans l'impossibilité abso-
lue de leur faire parvenir actuellement!
Etant donné les événements et en raison surtout de ce fait que notre
cher Président, M. le Dr Atgier, auquel nous adressons tous nos sou-
haits et envoyons nos sympathiques compliments, est sur le front des
armées depuis le mois d'août, vous avez décidé, en novembre, qu il ny
aurait pas en 1915 d'Elections générales, et que le Bureau et le Conseil
d'Administration de 1914 serait prorogé d'une année. Il vous a même
paru impossible de procéder en décembre à l'Assemblée générale
annuelle, vu le nombre des nôtres qui font face de l'ennemi.
Rien n'est plus justifié, car il aurait été profondément pénible à notre
ami Atgier de se voir privé pendant six mois de l'honneur que vous
lui avez fait, parce qu'un devoir, inéluctable et des plus glorieux, étant
donné son âge, le retient depuis de trop longs mois loin de nous.
Mais, quelles que soient les circonstances, votre Secrétaire général
vous doit, de par une de nos Lois nationales, qu'il a toujours respec-
tées, même quand elles nJont pour bas^2 qu'un chiffon de papier sans
sanction, le Compte rendu des Opérations de notre Société en 1914. Il
accomplit aujourd'hui ce devoir; et, tout à l'heure, votre Trésorier,
conformément à la même Loi, remplira également son mandat, en vous
présentant le Rapport sur la Situation financière et les Comptes de
l'exercice 1914.
Je n'ai pas besoin devous annoncer que les Rapports du Secrétaire
général et du Trésorier ne devront être régulièrement discutés et
ne pourront être approuvés qu'à la prochaine Assemblée générale ;
mais nous avons tenu à vous les présenter, dès le début de 1915,
pour vous permettre de vous rendre un compte exact, en ce moment,
de l'état actuel de la Société Préhistorique Française.
Mes chers Collègues,
J'ai dit déjà, dans notre Bulletin d'Octobre, quelle perte scientifique
nous avions faite en Joseph Déchelette, Conservateur du Musée de
Roanne, tué à l'ennemi, comme Capitaine de l'armée territoriale! Notre
Vice-Président, M. Taté, lui a adressé l'hommage que la Société lui
devait. C'est une perte irréparable pour la Préhistoire et l'Archéologie.
Mais son œuvre capitale sera terminée et conservera à tout jamais son
nom, rendu impérissable déjà par le sacrifice fait à la Patrie et son
admirable mort.
D'autres collègues sont tombés aussi au Champ d'Honneur : M. le
commandant Audéoud, du 31e dragons, en garnison autrefois à Luné-
ville; M. le commandant Schwaeblé, chef de^ section de préparation
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 39
militaire au Ministère de la Guerre; M. le capitaine Maurice Bour-
lon, fouilleur ardent et collectionneur acharné, chercheur infatigable
et véritable Préhistorien, auteur de nombreux travaux techniques.
Nous nous inclinons profondément devant les tombes qui renferment
les restes de ces vaillants Français.
Nous devons aussi un souvenir cordial et ému, à nos Collègues,
belges et alsaciens, dont nous n'avons plus de nouvelles, et en particu-
lier à M. Rutot et à M. F. Kessler, dont nous soupçonnons les dou-
loureuses tribulations. Nous ne pouvons pas, sachant quelles atrocités
abominables et quels actes systématiques de barbarie et de vanda-
lisme ont été commis, en Belgique et en Alsace, comme en France, ne
pas songer aux malheurs qui peuvent leur être réservés, car nous
sommes sûr, désormais, que ce ne seront pas les Représentants auto-
risés de la Science allemande, esclaves d'un maître sans foi ni loi, et
traîtres à leur carrière et à leur mission, qui viendront les défendre sur
le sol ennemi !
En dehors des victimes de la guerre, nous avons à enregistrer le
décès de plusieurs de nos collègues; et, en premier lieu, celui de
M. Martial Imbert (de Paris), disparu le 4 février 1914, à l'âge de
60 ans, dont les obsèques ont eu lieu le vendredi 6 février, à Paris.
M. Martial Imbert était l'un des plus anciens membres de la S. P. F.
Il était encore Membre de notre Conseil d'Administration et avait été
récemment Vice-président de la Société. Il nous aurait présidé sous
peu. La S. P. F. était représentée à ses obsèques par M. A. de Mortil-
let, Président d'honneur, qui y a pris la parole au nom de nos Col-
lègues et du Bureau, et par M. Louis Giraux, Vice-président. On doit,
vous le savez, à M. Martial Imbert de nombreuses publications préhis-
toriques. D'ailleurs, c'était un érudit, un orateur, et un écrivain de
talent, qui avait sérieusement étudié son pays d'origine (le centre de
la France) et fait connaître beaucoup de monuments de la Vienne, de
la Creuse et de la Haute-Loire. Nous garderons tous un excellent sou-
venir de cet homme aimable et énergique.
M. Charles PuECH(d'Aurillac, Cantal) a succombé en fin d'année 1913.
Né en 1846 à Murât, il était entré dans l'administration des Ponts et
Chaussées et y avait fait toute sa carrière. Géologue et préhistorien,
membre de notre Société depuis sa fondation, il était l'auteur de
recherches, appréciées, sur le Puy Courny et les silex tertiaires de sa
région, dont il possédait de magnifiques échantillons.
M. le Dr Bertholon (de Tunis), 1 anthropologiste bien connu, cor-
respondant du M. I. P., auteur d'un grand nombre de travaux relatifs
en particulier à l'histoire des peuples de l'Afrique du Nord, Membre
fondateur de la S. P. F. ; c'était un ancien élève de Broca et un ami
personnel de notre Président Atgier.
J'ai en outre à signaler la disparition de M. L, Solon, qui habitait
40 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
l'Angleterre; de M. Pierre-Alphonse Brochet, mort à 1 âge de 73 ans,
à Paris; de M. Letailleur, de Baingts (Landes); de M. Désiré
Douet, archéologue, aux Sablons, Valmondois (S.-et-O.).
J'ai encore à vous rappeler d'autres morts de la fin de l'année 1913 :
M. 8Pader, vétérinaire principal en retraite, à Bordeaux (Gironde), qui
avait assisté à notre Congrès de Nîmes.
M. le Dr Henri Marmottan (de Paris), ingénieur des mines, membre
fondateur de la S. P. F., officier de la Légion d'honneur, ancien Député
de Paris, ancien Maire du XVIe arrondissement, entomologiste et
géologue d'un très grand mérite.
M. Camille Viré, avocat, officier d'Académie, Conseiller municipal
de Bord-Ménaïel (Algérie), frère de notre ancien Président, M. Armand
Viré, décédé à 48 ans. On lui doit plusieurs importants mémoires, parus
dans nos Bulletins et dans Y Homme préhistorique.
Enfin, M. Ernest Olivier (de Moulins), naturaliste très distingué,
qui n'était pas membre de la S. P. F., mais qui suivait avec assez
d'assiduité nos Congrès préhistoriques.
Publications. — à) Bulletin. — L'activité de notre Société, pendant
Tannée qui vient de s'écouler, ne le cède en rien à celled es années
précédentes. Si notre Bulletin est un peu moins volumineux, par
suite de la suppression forcée des numéros correspondants aux vacan-
ces ordinaires, il n'en contient pas moins encore 520 pages, et de
nombreuses communications, intéressantes, parmi lesquelles je vous
demande de ne citer que les suivantes, dues au Dr Boismoreau (Décou-
vertes d'un Souterrain-refuge et de deux Pieds humains sculptés
entourés d'une Cupule et d'un Fauteuil); au Dr Ballet (Demi-Disques et
Pièces à têtes arrondies) ; à E. Bocquier (Pierre sculptée en Savoie et
Découverte d'une Station néolithique sous-marine) ; à P. de Givenchy
(Etude des Ciseaux néolithiques polis, à coupe cylindro-ovoïde), qui a
provoqué une discussion tout à fait documentée ; à E. Hue (Recher-
ches sur le Néolithique et la progression marine dans le Calvados) ; à
Joleaud, Debruge, Rutot, Mercier, le regretté Bertholon (sur la Géo-
logie et sur les Ossements de la Station de Mechta-Châteaudun) ; à
Kessler (Découverte des Pas du Diable et de Saint Dizier et étude du
Menhir percé de Courjenay) ; à Le Bel et Maury [sur la Glaciation du
Périgord et les fouilles de Laugerie-Basse] ; à Anfos Martin [sur une
station néolithique de la Haute-Vienne] ; à Hue et Socley [sur un crâne
de Cheval mérovingien] ; à L. Rousseau [Découverte d'un Polissoir
en granité] ; etc., etc.
Notre publication annuelle est d'ailleurs, en 1914, aussi bien illus-
trée que d'ordinaire.
b) Mémoires. — Le Tome III des Mémoires était en préparation au
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 41
moment de la Déclaration de Guerre; il devait paraître en Octobre
1914. Sa publication sera retardée de sept à huit mois, car nous avons
été obligé de tout arrêter jusqu'à ces temps derniers, les maisons de
photogravure n'ayant pas pu travailler fin 1914 et l'imprimerie ayant
manqué de personnel, par suite de la mobilisation. Mais, depuis quel-
ques semaines, la composition a repris; et, peu à peu, la mise en pages
avance. Ce volume contiendra, entre autres, la Description et la Fouille de
la Sépulture néolithique de la Ciste des Cous, à Bazoges-en-Pareds
(Vendée), monument quia été acquis et restauré par notre Société l'an
dernier, et qui est à comparer avec celui que nous possédons à Vendrest
(Seine-et-Marne). — A cette occasion, je me permets de faire un dernier
Appel auprès des souscripteurs accoutumés de celte publication, car,
dans quelques mois, il serait trop tard pour pouvoir bénéficier des
conditions spéciales d'acquisition, réservées à nos seuls membres.
Bibliothèque. — Notre Bibliothèque, toujours dirigée par notre col-
lègue, M. Ch. Géneau, préparateur à la Faculté des Sciences, a con-
tinué à s'accroître chaque mois dans la proportion que vous savez,
puisque nous publions, dans chacun de nos Bulletins mensuels, la liste
des envois de brochures ; mais je répète encore que beaucoup de nos
collègues oublient de nous adresser leurs tirés à part.
La Bibliothèque de la Société Préhistorique Française possédait, au
30 novembre 1913, 2026 ouvrages et brochures. Elle en a reçu un grand
nombre également en 1914; mais, en l'absence de M. Géneau, qui est
sur le front, il m'est impossible de vous donner des chiffres précis.
Nos Archives, administratives et scientifiques, prennent de jour en
jour plus d'importance ; il nous faudra, sous peu, en organiser le ser-
vice, en nommant un ou deux de nos Collègues Archivistes.
Laboratoire. — Notre Laboratoire est toujours dirigé par notre
excellent collègue, Edmond Hue, notre ancien Président rentré dans
le rang. Le Conservateur, zélé et dévoué, de nos Collections, déjà si
considérables et si précieuses, toujours à la tâche, n'est plus à l'hon-
neur ; mais, en 1914, il a continué son œuvre de l'an passé. Je n'ai pas
à vanter ses efforts et le succès de ses démarches. Mais je suis sûr
que, l'an prochain, j'aurais encore à vous signaler, à nouveau, les émi-
nents services qu'en 1915 il nous aura rendus.
Collections. — Certes, en raison des événements, cette année, notre
Caisse ne s'est pas remplie! Mais nos Collections, au moins, ont
encore augmenté chaque jour d'une façon très remarquable. Et même
elles ont pris un essor nouveau.
En 1912, nous avions pu meubler le local loué en 1911 pour cons-
tituer notre Siège social [250, rue Saint-Jacques]. — Notre proprié-
taire et cher collègue, M. Le Bel, dont l'inépuisable générosité vous est
bien connue, a participé en 1914 plus que personne à cette augmen-
42 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
tation et nous a donné, cette fois encore, des preuves, manifestes et
multiples, de l'intérêt réel qu'il témoigne à la Société Préhistorique
Française. Qu'il en soit, publiquement et à nouveau, vivement
remercié !
Il m'est absolument impossible de reproduire ici la liste com-
plète des Dons qui ont été faits à notre Laboratoire; elle serait
trop longue.
Je me borne à reproduire ici la note que m'a remise M. E. Hue, rela-
tivement à ce qui a trait à 1914.
M. A. de Paniagua, pointes de flèches en silex et outillage de
Temassinin et El Aoulef, au sud du Fort-Flatters, en plein Sahara. —
M. le Dr Marcel Baudouin, Moulage au 1/10 de la Pierre à Cupules et
Rigoles de Saint-Aubin (Suisse); 5 Moulages de la Pierre à V Etoile et
autres Sculptures du Temple des Vaux à Saint-Aubin-de-Baubigné
(D.-S.) [Roue et Etoile] ; Moulage du Cheval de la Dalle à Sculpture
de la Grotte de la Source, au Castellet, commune de Fontvieille (Bouches-
du-Rhône); etc. — M. Le Bel, Industrie des « Marseilles » à Laugerie-
Basse; Moulage du Crâne V de Mechta-el-Arbi (Algérie); une Armoire
pour les collections; Moulages delà dentition de MechtaYl; Tibia pla-
tycnémique à? AU Bâcha ; Calotte crânienne LXXI de Vendrest\ deux
pièces acheuléennes de Billancourt-, Crâne trépané de Montigny-sur-
Crécy (Aisne); Crâne de l'Homme écrasé de Laugcrie-Basse. — M. A.
Rutot, Moulages du Crâne du Trou du Frontal N° 1 et sa mandibule;
Crâne du Trou du Frontal N° 2 et sa mandibule; Crâne d'Australien
ancien et sa mandibule, des environs de Sidney, harpon barbelé de
Goyet, 3e Caverne, niveau 1. — M. P. de Givenchy, un superbe lis-
soir en silex. — M. le Pr Testut, un moulage du Crâne de Chancelade.
— M. le Dr Guébhard, un vase à surprise de fabrication moderne. —
M. Roland Guébhard, Cartes postales d'Ethnographie soudanaise. —
Mme Demarconnay, nombreuses séries d'outils de France et de
l'étranger. — M. A. de Mortillet, un moulage de bâton de comman-
dement moderne. — M. Harmois, un crâne de Breton moderne. —
M. le Dr Doranlo, une très importante série de silex d'Olendon (Cal-
vados). — M. Edmond Hue, haches de la Guadelouppe. — M. Bos-
savy, ossements humains et armes du Cimetière de Maisse (Seine-et-
Marne). — M. Doranlo, un moulage du menhir de Reviers (Calva-
dos). — M. Philippe Rousseau, objets préhistoriques d'Afrique (Ron-
delles de Coquilles d'Autruche) .
Qu'il me suffise d'ajouter que les dons les plus intéressants sont
pour la plupart dus, comme les années précédentes, à notre très dis-
tingué et dévoué Vice-Président, M. Le Bel. — En décembre dernier
d'ailleurs, notre Conservateur des Collections a publié la liste des
moulages et des principales pièces de notre Musée, en signalant le
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 43
nom des Donateurs ; on n'aura, qu'à s'y reporter, pour se faire une
idée juste des trésors qui nous ont été généreusement offerts pendant
ces dernières années. Je renouvelle, en votre nom, à tous ces géné-
reux collègues et confrères, les remerciements les plus sincères de la
S. P. F.
Mouvement des Membres. — Cette année, nous eu avons forcément
de trop nombreux décès à enregistrer; et, hélas ! plusieurs de nos dis-
parus étaient des collègues qui étaient profondément dévoués à notre
Société ! — Nous avons à enregistrer aussi d'assez nombreuses démis-
sions à la fin de 1914....
Nouveaux Membres. — En revanche, en 1914, nous avons encore à
enregistrer vingt-quatre admissions nouvelles, malgré la guerre.
Notre recrutement a donc continué jusqu'en Juillet à se faire dans
des conditions excellentes. Et, à l'heure présente, il y a encore, ins-
crits sur nos listes, près de 550 membres titulaires.
Mais la Guerre est venue ; et, dès lors, les admissions se sont
arrêtées. — Souhaitons que l'état anormal que nous subissons ne dure
pas trop longtemps et que nos finances ne se ressentent pas trop des
quelques défections qui, en 1915, paraissent inévitables.
Congrès de 1913. — Le Congrès de Lons-le-Saulnier a été, vous le
savez,presqueaussibrillant,et comme nombre des membres assistantsà
la session, et comme communications et comme excursions, que celui
d'Angoulême. Aussiavons-nouspubliéun compte rendu très volumineux;
ce qui a entraîné des dépenses considérables. Heureusement notre
Caisse, grâce aux subventions qui nous avaient été accordées par la
ville de Lons-le-Saunier, le Conseil général de la Charente, la
Chambre de Commerce, et le Ministère de l'Instruction publique, a été
parfaitement capable d'affronter pareille dépense.
Le Volume a paru en juillet 1914. Mais je dois vous aviser qu'un
certain nombre d'exemplaires n'ont pas pu encore être adressés à
leurs destinataires, par suite de l'interruption des communications
postales, provoquées par la Guerre.
J'insiste sur les excursions de ce Congrès, exécutées en Automobiles,
comme à Tours, Nîmes et Angoulême. Elles ont été admirablement
réussies au point de vue scientifique, en raison de tout ce qui avait été
préparé par notre cher collègue, le Président, M. Léon Coutil.
Administration. — Vous savez qu'un Procès intenté à notre Société
par l'un de nos membres, que nous avions été obligé de radier jadis, a
été rendu le 16 décembre 1911. Vous savez aussi que nous avions
obtenu gain de cause. Je dois rappeler que l'affaire n'est pas terminée
et ajouter que notre adversaire, qui avait interjeté appel, vient de
mourir. — Nous espérons donc cruersous peu, la bataille finira, faute
de contre-attaque !
44 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Diplômes accordés en 1914. — En 1914, les Diplômes suivants ont été
distribués :
M. le Dr Fidao et M1™ Fidao, à Malesherhes (Seine-et-Marne),
diplôme d'honneur, proposé par M. le Dr Atgier dans la séance du 22
janvier 1914.
M. le Pr Testut (de Lyon), diplôme d'honneur, proposé par MM.
E. Hue et M. Baudouin, dans la séance du 20 mars 1914.
M. le Pr Rutot (de Bruxelles), diplôme d'honneur, proposé par
MM. E. Hue et M. Baudouin, dans la séance du 2G mars 1914.
M. A. Gousset, à Etaules (Charente Inférieure), diplôme d'honneur,
proposé par M. Marcel Baudouin, dans la séance du 26 mais 1914.
M. Aymar père (Auvergne), diplôme d'honneur, proposé par
M. Pagès-Allary, dans la séance du 28 mai 1914.
M. Paul Boussingault, propriétaire à Maisse (Seine-et-Oise), di-
plôme pour services rendus, proposé par MM. Bossavy et A. de
Mortillet, dans la séance du 28 mai 1914.
M. Bordier, instituteur à Maisse (Seine-et-Oise), services rendus,
proposé par MM. Bossavy et A. de Mortillet, dans la séance du
28 mai 1914.
M. Alexis Laigneau, carrier à Maisse (Seine-et-Oise), services
rendus, proposé par MM. Bossavy et A. de Mortillet, dans la séance
du 28 mai 1914.
M. Antoine Graziani, à Grossa (Corse), services rendus, proposé
par M. Louis Giraux, dans la séance du 25 juin 1914.
M. Eugène Daudeville, cantonnier, à Bény-sur-Mer (Calvados),
services rendus, proposé par M. Doranlo, dans la séance du 25 juin
1914.
Commission des Enceintes. — La Commission des Enceintes a con-
tinué en 1914 la publication de Y Inventaire bibliographique des Enceintes
de France. Deux nouveaux Rapports ont paru. Mais son Président,
notre savant et aimable collègue, A. Viré, a été mobilisé ; et, forcément
ses érudites recherches, ainsi que ses fouilles dans le midi de la
France, ont dû être interrompues. — Nous exprimons, en ce jour,
l'espoir qu'il puisse bientôt, en raison de son âge, être rendu à son
Laboratoire et à ses précieux travaux.
Délégués départementaux. — En 1914, ont été nommés Délégués
départementaux : M. Thiot, pour l'Oise; M. Gobillot, pour la Vienne;
et M. Florance, pour le Loir-et-Cher.
Notre Collègue, M. Fritz Kessler (d'Alsace) a été chargé d'une Mis-
sion en Sardaigne pour l'Etude des Nuraghi. Vous savez qu'il a accom-
pli son voyage dans d'excellentes conditions et qu'il a rapporté de nom-
breux documents et photographies, qu'il nous communiquera dès que
les événements le lui permettront.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 45
Commission des Mégalithes, — Votre Commission des Mégalithes,
dans laquelle sont entrés en 1914 de nouveaux Collègues, a, en 1914,
procédé, grâce à l'initiative et la diligence de MM. Florance et Bos-
savy, à la pose du Poteau indicateur du Polissoir Legendre, à Ghissay,
près Montrichard, propriété de la S. P. F.
D'autre part, en Juillet, M. Lucien Rousseau et M. Marcel Bau-
douin ont terminé la Restauration de la Ciste des Cous, à Bazoges-
en-Pareds (Vendée), qui appartient à notre Société. Désormais, on
doit espérer qu'on n'y touchera plus, car la population du voisinage a
pu voir, par l'importance des travaux exécutés, qu'on tenait à conser-
ver, à tout prix, cet important Monument, unique en son genre, en
partie démoli l'hiver dernier par un amateur trop passionné pour les
grosses pierres
La Société a eu, en effet, à enregistrer cet hiver deux actes de Van-
dalisme, commis l'un d'entre eux précisément à Bazoges-en-Pareds,
sur le Monument lui appartenant. — Les délits ont été signalés, en
temps voulu, aux autorités compétentes; mais, comme vous le savez,
aucune sanction n'a été apportée à ces faits, très regrettables ! Une
telle inertie administrative ne peut avoir que des conséquences désas-
treuses, étant donné que le 2e Mégalithe, qui n'appartenait pas à notre
Société, était un Monument classé, c'est-à-dire placé sous la protec-
tion de l'Etat
Collections françaises. — Grâce à nos démarches et à l'initiative de
notre Délégué de l'Oise, M. Thiot, le vœu émis relativement à la con-
servation de la Collection de notre regretté ancien Président, le Dr Th.
Baudon, a été, en partie, suivi d'effet utile; et les belles pièces, que
notre collègue avait recueillies, ont pu presque toutes être sauvées.
Liberté des Fouilles. — Le Sénat avait voté, en juin 1913, un projet
de loi tendant à la création d'une Caisse des Monuments historiques,
dans laquelle avait été intercalé, subrepticement, un article très dan-
gereux pour la Liberté des Fouilles préhistoriques.
La Société Préhistorique Française, comme la Société d'Anthropologie
de Paris, s'était émue, en apprenant pareil vote! Elle a agi auprès de
la Chambre des Députés; et, après plusieurs interventions, M. le Pré-
sident de la Commission et M. le Rapporteur de la Loi à la Chambre
ont écrit que cet Article 6 était, pour le moment, retiré du texte de
loi. Mais, en présence de cette restriction [Pour le moment), sur la pro-
position de M. le Dr Chervin, avec la Société dy Anthropologie de Paris,
la Société préhistorique française a fait nommer une Commission mixte
de Vigilance, composée de 4 membres pour ces deux Sociétés, aux-
quels ont été adjoints 4 membres de la Société géologique de France,
sollicitée à ce point de vue.
46 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Les Membres de cette Commission de vigilance, nommés en 1914 pour
la Société préhistorique française, ont été MM. Adrien de Mortillet,
Atgier, Le Bel et Marcel Baudouin.
Vous savez que cette Commission a fonctionné au printemps et
qu'elle a rédigée une Protestation, énergique et motivée, qui a été
adressée au Ministère de l'Instruction publique, après avoir provoqué
une Assemblée générale, à Paris, des Délégués des Sociétés savantes de
Province.
En terminant, je suis encore obligé de redire que le zèle de votre
Conseil d'Administration ne s'est pas cette année ralenti une seule
minute, malgré nos malheurs. Chacune de nos séances a été aussi sui-
vie qu'à nos débuts et que l'an passé.
Notre excellent Trésorier, M. Gillet, toujours à la peine, mais pas
toujours récompensé de son dévouement, vous dira, dans un instant,
que nos finances restent excellentes, malgré les défections prévues et
nos dépenses sans cesse croissantes. Notre très aimable secrétaire,
M. P. de Givenchy, nous apporte toujours un concours des plus
dévoués et des plus précieux pour le Secrétariat. — L'avenir reste
donc assuré.
J'ai enfin à vous remercier, personnellement, de votre extrême bien-
veillance à mon égard, et à adresser, en votre nom, à tous ceux qui
soutiennent constamment le Bureau dans sa tâche ardue, l'hommage
reconnaissant de votre Président, absent et sur la ligne de feu, et de
votre Secrétaire général. Je le fais avec une émotion profonde, mais
vraiment un peu vécue, étant donné les mois pénibles que nous avons
récemment traversés et les misères de l'heure présente.
Messieurs et chers Collègues,
L'année, qui vient de s'écouler, malgré l'abominable forfait d'un
Peuple, avide de conquêtes et d'orgies, qui, dans l'intervalle de ses
patientes recherches de Laboratoire, n'aspire qu'à violer les Lois inter-
nationales et bien d'autres choses encore, et qu'à détruire, avec les
Musées et les Œuvres d'Art, les Etablissements scientifiques et sani-
taires de ses voisins, n'a pas encore été trop désastreuse pour notre
Société. — Souhaitons ardemment que nos Morts glorieux protègent
de leurs tombeaux les Vivants qui nous restent, et défendent aussi,
contre les bombes des airs, nos précieuses Collections! Désirons vio-
lemment que la Paix revienne sur le monde, pour que la véritable
Science puisse augmenter chaque jour et son domaine et son pouvoir
bienfaisant.
Mais écrasons, à tout jamais, l'aigle trop vorace et malade, dont
les ailes, atteintes d'acromégalie, ont cru pouvoir recouvrir, dans un
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 47
effort éperdu, l'Europe tout entière, sans se fracturer. — L'œuvre
accomplie, nous pourrons enfin travailler, dans le calme propice, sous
l'ombre, désormais efficace, d'un nouveau Palais de La Haye.
Rapport de M. le Trésorier sur l'Exercice 1914.
Messieurs et chers Collègues,
Conformément à nos Statuts, j'ai l'honneur de vous présenter les
Comptes de la Société Préhistorique française, du 1er novembre 1913 au
31 octobre 1914, comptes approuvés par votre Conseil dans sa der-
nière séance.
I. — Recettes.
1° En caisse au 1er novembre 1913 6.870 55
2° Cotisations. — 528 à 12 fr 6.336 »
Cotisation de 1913, 1 à 12 fr 12 » 6.348 »
3* Arrérages de rentes 210 »
Souscription du Ministère de l'Instruction Publique. 270 »
Remboursement de Clichés de 1914 50 »
Remboursement de Clichés de 1913 12 »
Vente de Bulletins 26 50
Vente de Brochures [1 Vendrest] 5 »
Versement d'un membre donateur 50 » 623 50
Total des recettes 13.842 05
II. — Dépenses.
1° Bulletin. — Frais d'impression 4.021 25
Frais de clichés 244 30
2° Frais généraux. — Imprimés divers 135 20
Impôt des dolmens 1 »
Papier et enveloppes 15 30
Local de la rue Saint-Jacques et de la Sorbonne... . 475 »
Entretien du Laboratoire 246 10
Fouilles [Indemnité] pour le Laboratoire 50 »
Envoi de volumes à l'Exposition de Lyon 5 »
- Fouilles du Comité de Luzech (Souscription) 50 »
Société française des fouilles archéologiques (Sous-
cription) 20 50
Association française pour l'avancement des Sciences
(Souscription) 20 »
Frais d'achat du Polissoir de Chissay et achat d'un
poteau indicateur 65 25
Dépenses du Secrétariat général 234 »
Dépenses du Secrétariat 50 »
Dépenses de la Trésorerie 236 50
5.869 40
3° Frais extraordinaires (Banquet 1913) 37 »
Total des dépenses 5.906 40
48 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
III. — Récapitulation.
Recettes 13.842 05
Dépenses : 5.906 40
7.93565
Au 31 Octobre 1914, l'actif de la Société est de 14.565 50,
ainsi constitué :
Espèces en caisse 7.935 65
210 francs de Rente française [Capitol immobilisé] 6.629 85
14.565 50
i*rojet, de Budget pour I U I :; .
I. — Recettes.
540 cotisations à 12 francs 6.480 »
Arrérages de rentes 210 »
Souscription du Ministère de l'Instruction Publique 270 »
6.960 »
II. — DÉPENSES.
Impressions et envoi de Bulletins 4 . 500 »
Frais de Clichés 260 »
Frais d'impressions diverses ; 200 »
Frais généraux 400 »
Location et frais de Salles 480 »
Impôts 30 »
Deivrs et Imprimés 200 »
6.070 »
Certifié conforme : le Trésorier,
M. GlLLET.
II. — NOTES, DISCUSSIONS ET PRISES DE DATE.
A propos de l'usage des Haches polies
et de deux Haches des Côtes-du-Mord.
M. Harmois. — Notre collègue, M. E. Patte, signale deux haches
polies de Plomeur-Bodou ou de Trébeurden (Côtes-du-Nord). — Je
dois faire part de mes recherches personnelles à ce sujet. Or: 1° dans
l'arrondissement de Lannion, il y a très peu de haches polies; 2°
dans les deux communes citées, il n'en a jamais été signalé dans les
inventaires ! A ma connaissance, il n'en existe qu'une très grande.
Probablement, notre collègue, M. E; Patte, a été trompé sur
la provenance; et, Comme pour faire un inventaire, il faut être
certain de celle des outils ou armes, il y a lieu de se méfier, en
achetant chez les marchands des objets de collection, surtout lors-
qu'ils ne portent pas d'étiquette de provenance et que l'on ignore
de quelle collection ils ont été distraits.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 49
A. propos de La Hoche aux Fraa
et de ses Légendes.
M. Marcel Hébert (Paris). — A propos du Conte de La Roche
anx Frets, rapporté (p. 492) dans le Bulletin de la Société préhisto-
rique française (décembre 1914), M. M. Baudouin s'est demandé ce
que signifiait le refrain « des deux derniers jours de la semaine ».
Il est à craindre que la source citée n'ait commis là une confusion.
En effet, les Fées et les Nains, étant (aux yeux de beaucoup) des âmes
incrédules en pénitence, ont grand peur du Samedi (dédié à la
Vierge) et du Dimanche (consacré au souvenir de la résurrection du
Christ). — Aussi prennent-ils comme refrain tous les jours de la
semaine, sauf les deux derniers [Samedi et Dimanche] ! Si l'on pro-
nonçait ces noms devant eux, en ajoutant : < Et voilà la semaine
terminée », la longue pénitence à laquelle ils sont condamnés
prendrait fin. On trouvera ces explications, avec exemple, dans de
La Villemarqué [Chants populaires de la Bretagne. Paris, Perrin,
1913. — Introduction, p. LU et suiv. ; et p. 35 à 38].
M. Ci. Guénin (Brest). — Dans le si curieux et si intéressant
travail de M. M. Baudouin sur la Roche aux Fras, j'ai relevé un pas-
sage, dont je puis donner l'explication. La Chanson des Fras, des
Farfadets, comprend tous les jours, sauf le samedi et le dimanche !
Quand on les prononce, leur puissance s'évanouit. Le samedi,
parce que c'est la veille du dimanche, et que, jadis, les veilles d'un jour
donné étaient aussi sanctifiés que le jour lui-même; le dimanche,
parce que c'est le jour du Seigneur, qui a remplacé le jour du
Soleil. Si les Lutins sont épouvantés, quand on prononce ces deux
jours, c'est qu'ils leur rappellent là défaite de leur vieux Culte
solaire. — Je pourrais préciser, car je rechercherai, dans les légendes
de lutins que j'ai recueillies, les Chansons de Jours et les jours
néfastes.
Une Pierre-Figure de la Seine.
M. A. Sellier (Paris). — J'ai l'honneur de présenter deux
Cartes postales d'une Pierre-Figure, provenant des alluvions de
la Seine.
Sur la Carte N° 1, le profil d'un homme, à gauche, est assez
grossier ; le trou naturel forme l'œil. En retournant complète-
ment cette image, on obtient à droite un profil humain, plus appa-
rent et mieux fait que le premier (Carte N° 2).
Cette pierre ne semble pas avoir servi d'outil. Cependant elle
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE. 4
50 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
est taillée. Dans quel but? Serait-ce pour accentuer une ressem-
blance ? S'il est permis de se poser la question, elle ne paraît
pas facile à résoudre. Ces retouches semblent bien dues à une
cause intentionnelle. Sur la Carte N° 2 elles sont plus importantes
que sur la Carte N° 1. Il semble qu'une fois la courbe obtenue on
a fait des retouches plus fines, plus soignées, pour parfaire l'arête
du côté des profils à conserver.
Je remets cet exemplaire des deux figures [av ers et revers) pour
les Collections de la Société Préhistorique Française.
Fréquence de la Itifliclité des Racines des Dents
antérieures chez les Squelettes de l'Ossuaire
des Cous, à Bazoges-en-Pareds (Vendée).
[Prise de date],
par le Dr
Marcel BAUDOUIN (Paris)
L'examen des Dents libres, c'est-à-dire à racines visibles, et
des Alvéoles vides des maxillaires supérieurs, recueillis par
M. Lucien Rousseau et par moi à l'Ossuaire Néolithique des
Cous, à Bazoges-en-Pareds (Vendée), a montré une fréquence,
véritablement imprévue, de la Bifidité des Racines des Dents
dites monoradiculaires ou antérieures (Incisives, Canines et
Prémolaires).
1° C'est ainsi que j'ai noté deux Incisives latérales supérieures
(PS) nettement bifides, sur un total de 28 dents : ce qui donne
une proportion de 7 0/0 environ. — C'est là un fait nouveau et
insoupçonné ! — Les Incisives à sillon longitudinal sont très nom-
breuses, d'ailleurs.
2° J'ai constaté, d'autre part, qu'il y avait six Canines infé-
rieures nettement bifides, sur une trentaine de dents; d'où la pro-
portion de 18 0/0 environ. — Des auteurs avaient déjà indiqué
(Hamy, Magitot, Dunogier, etc.) la fréquence de cette bifidité des
Canines néolithiques.
On sait d'ailleurs que les Canines, à cette époque, ont toutes
un sillon longitudinal très marqué et que ce sillon est extrêmement
net sur les dents de l'Homme paléolithique (Homme Moustérien
de Jersey, par exemple, etc.).
J'ai même noté une Canine néolithique trifide : fait unique
jusqu'à présent ! .
3° En ce qui concerne les Prémolaires, c'est surtout la pre-
mière prémolaire supérieure (Pn^S) qui est bifide ; et cela dans des
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 51
proportions qui paraissent plus fréquentes qu'à l'époque actuelle.
J'ai noté, en effet, la bifidité dans plus de 25 0/0 des cas. De plus,
cette bifidité est toujours plus marquée qu'à l'époque moderne,
c'est-à-dire remonte souvent jusqu'à la couronne de la dent ou
presque. Magitot avait déjà insisté aussi sur cette constatation.
J'ai noté également un cas de trifidité, par dédoublement de la
racine externe ; mais ces faits sont d'une explication bien plus
facile ici que pour la canine.
Grâce à l'examen des alvéoles vides de crânes entiers, j'ai pu
constater que souvent la Bifidité était symétrique, c'est-à-dire se
voyait des deux côtés de la mâchoire pour cette dent (Pm'S).
D'ailleurs le Pr Hamy avait déjà remarqué le fait pour les Canines.
4° La 2e Prémolaire supérieure est beaucoup plus rarement
bifide que Pm'S (6 0/0 seulement) ; mais cette bifidité est prouvée
par l'examen des alvéoles. — En revanche les sillons sont très
fréquents, pour cette dent comme pour l'autre.
5° J'ai noté deux cas de trifidité pour Pm1 de la mâchoire infé-
rieure, qui a souvent trois sillons (et non pas deux) ; c'est là
aussi un fait tout à fait nouveau.
Il semble résulter de ces constatations que cette tendance à la
bifidité pourles Dents antérieures, monoradiculaires actuellement,
est vraiment une caractéristique de l'Anatomie néolithique.
On peut même dire que la Bifidité de Pn^S, grâce à sa fré-
quence, est un caractère néolithique plus important que la Perfo-
ration olécrânienne (dans la proportion n'est guère que de 20 0/0)
et la Cannelure des Péronés, encore moins fréquente.
Etude clés Dents préhistoriques de la Sépulture
Néolithique de Vendrest ( Seine - et - Marne ) •
Recherches sur In tendance à la bifidité des
racines des canines et des prémolaires.
[Examen de 1359 dents reconnaissables et à racine visible].
Par M. le D'
Jules FERRIE R (de Paris),
Stomatologiste des Hôpitaux {Hôtel-Dieu).
Voici la statistique que j'ai pu établir, à l'instigation de mon ami,
M. le Dr Marcel Baudouin, secrétaire général de la, Société préhisto-
rique française.
„ , . ( haut 260 bifides »
Molaires < , on„
( bas 209 — »
PrpTn c\\ f\ i pp^ <
k bas 185 — » Sillons indicateurs de 3 et 4 racines, 46.
52 SOCTÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Canines
Incisives
haut
55 -
»
bas
75 -
2
haut
265 —
»
bas
175 —
»
quelques Sillons indicateurs 2 racines.
Sillons indicateurs 2 racines: toutes !
Sillons 23.
Sillons toutes.
1359
Pourcentage des cas de Biûdité des Canines du bas, relativement au
nombre des canines du bas = 2,66; relativement au nombre total
des canines haut et bas: 1,53; relativement au nombre total des.
dents: 0,14.
M. Marcel Baudouin. — Je crois devoir souligner les différences
qui existent, au point de vue de la fréquence de la Bifidité des racines
des dents antérieures, pour les Sépultures Néolithiques de Bazoges-
en-Pareds (Vendée) et de Vendrest (Seine-et-Marne).
A Bazoges-en-Pareds, les Canines inférieures bifides donnent la
proportion, énorme, de 18 0/0; à Vendrest, nous n'avons que
2,66 0/0; peut-être 3 0/0 ! — Pourtant, le nombre des deux Canines
libres récoltées est à peu près le même dans les deux cas pour
chaque dent. — A quoi tient cette différence? J'ai songé à l'influence
de la race.
En effet, à Bazoges, nous n'avons, en somme, que des Dolichocé-
phales, tandis qu'à Vendrest il y a presque autant de Brachucé-
phales que de Dolichocéphales ! La Bifidité serait-elle par suite, en
rapport avec la Dolichocéphalie, c'est-à-dire avec la race la plus
vieille de l'Epoque Néolithique? Ce serait assez logique, au
demeurant.
Par contre, à Vendrest, la bifidité des Pra'S est de 37pour 98 :
2 environ ; soit environ 65 0/0, tandis qu'à Bazoges nous n'avons
trouvé que 25 0/0. Or ces chiffres sont assez contradictoires avec
ceux fournis par la Canine, car il semblerait, a priori que la Bra-
chycéphalie devrait rétrécir plutôt la mâchoire supérieure que Y infé-
rieure; mais peut être n'en est il rien et les modifications de la
mandibule ont peut-être été les plus importantes, si l'une des races
dérive de l'autre; ce qui n'est d'ailleurs nullement prouvé !
Bien entendu, ce n'est là qu'une vue de l'esprit, que des statisti-
ques ultérieures seules pourront légitimer ou contrecarrer.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 53
III. — ARTICLES ORIGINAUX.
A propos du Tableau de l'église S ni ni -llcrri et
de l'hypothétique Cromlech de Manterre (1).
PAR
Marcel HÉBERT.
La citation de « Jacques Du Breuil », par l'Abbé H. Boutin, relatée
dans notre Bulletin de juillet-octobre 1914 (p. 376), n'est que partiel-
lement exacte.
Il n'est pas question, dans « Du Breuil » — en réalité Du Breul —
d'eaux « s'arrêtant devant les pierres et s'élevant à l'entour comme
une muraille liquide ». La « muraille » est de l'invention de l'Abbé
Boutin. — Ainsi s'embellissent les légendes !
Du Breul, dans son Théâtre des Antiquitez de Paris, édité en 1612,
ne fait que textuellement copier la phrase des Antiquitez et recher-
ches de Du Ghesne (2) (dont la première édition est de 1609), que
j'avais citée dans le Bulletin de juillet 1914.
Or, écrivant « en l'âge octogénaire », Du Breul n'est certes pas
allé à Nanterre contrôler l'affirmation de Du Chesne, relativement à
l'enceinte de pierres.
Quant à l'assertion du « tourangeau » Du Chesne, elle n'inspire
pas, tout d'abord, pleine confiance. Il écrit : On voit, comme il écri-
rait : On dit. — Lui n'a pas vu :
« Amy lecteur, avoue-t-il dans sa Préface, ne t'imagine pas que
j'ay entrepris le voyage de la France, de ce grand et florissant
royaume, pour voir toutes les villes, places et chatteaux dont je
présente ici les antiquitez et singularitez plus remarquables, ny
moins encore afin de contempler les situations d'icelles.
C'est ce que j'ai glané de la moisson fertile
Des plus gentils esprits »
Quel est le « gentil esprit » iqui a renseigné Du Chesne? Nous
l'ignorons. Mais nous retrouvons mention du « parc environné de
(1) Cf. Bulletin de la S. P. F., août 1912; article du Dr Ballet, avec reproduction du
tableau (xvie siècle) de l'église Saint-Merri, représentant Sainte-Geneviève paissant
ses brebis dans un champ entouré d'un cercle de pierres fichées, ressemblant à un
cromlech. — « On ne sait rien sur l'origine de ce panneau ». Gazette des Beaux-Arts,
septembre 1892, p. 219.
(2) « Là (Nanterre) se voit le parc où l'on tient que cette sainte vierge (Gene-
viève) gardoit les troupeaux de son père ; parc tout enceint de grosses pierres
pour marque éternelle de sa première et simple condition, et parc lequel n'est
jamais couvert d'eaux, encore que tous les champs voisins en soient souvent
inondés par le debord de la rivière. ». Du Ghesne, Les antiquitez et recherches, etc.
Edit. 1609, p. 280. Du Breul, Le théâtre des antiquitez de Paris, Edit. 1612, p. 1166.
— S'agit-il d'une enceinte en cercle??... La figuration circulaire pourrait être
question d'esthétique.
54 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
grosses pierres » dans la Vie des Saints, du P. Giry (édit. 1683,
tome I, 3 janvier, p. 153) : « On montre auprès du village de Nan-
terre, lieu de la naissance de la sainte, un parc environné de gros-
ses pierres, où l'on tient qu'elle se mettait dans son enfance pour
faire ses dévotions en gardant les troupeaux de son père ; et l'on a
souvent observé que la rivière ne couvre jamais ce parc, quoiqu'elle
inonde par son débordement toutes les campagnes voisines. »
La phrase, cette fois, n'est pas copiée; mais il suffit de la comparer
avec celle de Du Chesne, pour être certain que Giry avait cette der-
nière sous les yeux (je l'ai citée, plus haut, en note). Tout cela donc
ne fait, en réalité, qu'un seul et même témoignage. Cependant, étant
donné que les ouvrages de Du Chesne, de Du Breul et de Giry
eurent plusieurs éditions et furent beaucoup lus, il paraît difficile de
contester que quelque chose d'objectif répondît, à Nanterre, à ces
affirmations.
Mais quoi ? Un Cromlech, comme le pensent certains de nos col-
lègues ? Cromlech que l'on aurait, à un moment donné, christianisé,
en y incorporant une légende relative à sainte Geneviève ? Certes, à
priori, la supposition est admissible, puisque l'on connaît tant
d'exemples de pareilles transformations (1).
Mais encore faudrait-il, en l'absence de preuves positives, que
toute autre interprétation fût impossible.
Or l'interprétation de beaucoup la plus simple, la plus naturelle,
c'est celle de Du Chesne, à savoir qu'il s'agit tout bonnement d'une
clôture (2).
Du Chesne et Giry, qui croient que Geneviève fut bergère,
pensent que c'est réellement l'ancienne clôture du parc où elle
paissait les moutons.
Ceux qui ne croient pas que Geneviève ait été bergère admettront
que clôture et parc furent arrangés pour satisfaire la dévotion popu-
laire, en lui fournissant une représentation matérielle de la légende.
Religieux, patriotiques, ou autres, les pèlerinages sont pleins de ces
figurations, localisations, identifications, précieuses aux âmes avides
d'être émues.
De fait, l'origine récente de ladite clôture est reconnue par l'abbé
Lebeuf dans son Histoire de la ville et de tout le diocèse de Paris
(1754):
« La clôture de pierres du parc où Geneviève restoit, et de laquelle
(1) J'en ai donné récemment un exemple relativement à la vieille pierre sacrée :
Chaire de saint Elophe, à Saint-Elophe (Vosges). Cf. Les Saints céphalophores dans
Revue de l Université de Bruxelles, janvier 1914.
(2) L'hypothèse d'une simple Clôture a été prévue par le Dr M. Baudouin
[Bulletin S. P. F., 1912, p. 495].
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 55
Du Breul fait mention, ne donne pas plus de force à cette tradition,
non plus que la remarque que dans les débordements l'eau n'y atteint
jamais. Tout cela est une amplification de ces Tragédies pieuses,
dans lesquelles on représentoit, il y a trois ou quatre siècles, la vie
de cette Sainte. Il en reste un manuscrit (1) en l'Abbaye de son
nom. » (Edit. Féchoz, Tome IH,s'p. 75, note 1).
L'abbé Lebeuf ajoute :
« Hors le Bourg (de Nanterre), à moitié chemin ou environ du
pont de Chatou, est encore une autre Chapelle très petite du même
titre de Sainte-Geneviève, entourée de quelques arbres, b.âtie, à ce
que l'on dit, à l'endroit où elle garda les moutons de son père, dans
le système qu'elle a été bergère. Mais, pour que cette chapelle en
servît de preuve, il faudrait qu'elle fût plus ancienne qu'elle n'est
et qu'il ne parût pas, au contraire, qu'elle a été nouvellement bâtie
pour aider à confirmer les idées des peintres (2) »
Je n'ai pas à faire ici une étude spéciale de la légende de sainte
Geneviève « bergère ». Qu'il me suffise de constater qu'il n'est nul-
lement question de ces fonctions pastorales, ni dans les anciennes Vies
de la Sainte, ni dans aucun des nombreux textes relatifs à sainte Gene-
viève, depuis le vie juqu'au xvie siècle (Cf Ch. Kohler. Etude critique
sur le texte de la Vie latine de sainte Geneviève, p. VIII).
« A partir du xvie siècle, écrivait le Curé de Saint-Etienne-du*Mont,
M. Lesêtre, on commença à altérer le type traditionnel de la sainte
(un cierge à la main, entre un démon qui éteint le cierge, et un
ange qui le rallume). A cette époque, un aveugle de Bruges, Pierre
du Pont, composa un poème en l'honneur de sainte Geneviève (3), et
jugea à propos de ne célébrer en elle que la bergère. L'idée fit son
chemin. Les artistes se plurent à traiter ce thème qui leur sembla
sans doute plus pittoresque... La légende réussit à s'accréditer à tel
point qu'aujourd'hui encore, pour beaucoup d'esprits mal informés,
elle tient lieu de l'histoire, et qu'on croit avoir dit tout quand on a
appelé sainte Geneviève la « bergère de Nanterre ». (Vie de sainte
Geneviève (Lecoffre, 1901; p. 186).
Non moins explicite est le R. P. Cahier, S. J. :
« Que dans son enfance le sainte ait pu être envoyée aux champs
par sa mère (femme un peu rude, comme dit l'histoire), pour sur-
veiller les bestiaux, je ne m'y oppose point. Mais je ne crois pas que
(1) On n'a pu me le procurer, ni à la Bibliothèque Sainte-Geneviève, ni à la
Nationale. — M. H.
(2) Il n'en subsiste rien de nos jours. Une exploitation de graviers (route de
Chatou, à un kilomètre environ de la station de Nanterre, à droite), porte encore
le nom de Parc Sainte-Geneviève. — M. H.
(3) La Gallia Christiana, Tome VII, édit. 1744, col. 766, précise la date : en
décembre 1512.
56 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
l'idée d'en faire une gardeuse de moutons soit antérieure à l'époque
des bergeries dans la peinture. En somme, ce n'était pas la repré-
sentation acceptée dans l'art populaire avant le xvne siècle. Adop-
tons, si l'on veut, pour excuser les premières dérogations à l'ancien
type, que, ne comprenant plus le sens du cierge qui était entre les
mains de la sainte, on l'aura pris pour le reste d'une houlette. Mais
c'est peut-être faire encore beaucoup d'honneur aux artistes qui ont
ouvert la nouvelle voie !
« N'omettons pas toutefois une origine qui peut expliquer plausible-
ment la dévotion moderne. Une ancienne estampe, voulant faire
entendre que la sainte avait rassuré les Parisiens contre la frayeur
que répandait Attila, montra Geneviève priant Dieu sur les murailles
de Paris, transformé en une sorte de bercail qui entoure et protège
les brebis. Au dehors, la fureur de l'invasion barbare est représentée
par une bande de loups qui brûlent de forcer l'enceinte. » (Caracté-
ristiques des Saints, Tome I, p. 156).
On s'exposerait donc, en tirant quelque conclusion du charmant
tableau de l'église Saint-Merri, à gratuitement attribuer une valeur
historique à des éléments légendaires. La fantaisie avec laquelle le
peintre a représenté la sainte, les montagnes du fond, etc., nous met
sur nos gardes, relativement à la clôture. L'eût-il d'ailleurs, dessinée
d'après nature, cela ne rendrait pas davantage préhistorique ce
détail de la naïve mise en scène d'un pèlerinage populaire.
Bien plus, l'emploi, en la circonstance, du thème de l'inondation
arrêtée suffirait à nous faire soupçonner le caractère factice de ces
constructions. Ce thème revient plusieurs fois, en effet, dans le
récit des miracles attribués à la sainte. Un jour, près de Meaux,
grâce à sa prière, un orage se déverse sur les champs « circonvoi-
sins », épargnant sa moisson à elle (Bollandistes, Acta Sanctorum, I,
3 janvier, p. 147). Au neuvième siècle, une terrible inondation de la
Seine entoure, sans y toucher, le lit de Geneviève, pieusement con-
servé dnas son ancienne demeure : « ambientibus quidem ab aquis
circumdatus, sed non infusus ; ascenderant enim aquse usque ad
médium vitrearum... Sancta Genovefa... absens corpore, sed virtute
praesens, irruentes aquas cohibuit et in murum suspendit. » (Act. S.
p. 148, § 8 ; et Lesêtre, Vie, p. 76 et 163). — Cette fois, voilà bien
les eaux formant muraille !
Il n'y a donc pas là survivance d'une Tradition préhistorique,
mais simple utilisation, application nouvelle et ingénieuse au « Parc
Sainte-Geneviève, » d'un type de miracle déjà connu. — Nous
sommes, en tout cela : légendes, pèlerinage, gravures, tableaux,
en plein domaine de la Poésie.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 57
Suite à l'Etude des Oiseaux Néolithiques
(Oiseaux à coupe cylindrique ou ovoïde).
P. de GIVENCHY (de Paris) (1).
La communication, que j'ai faite à notre séance du 22 janvier 1914,
sur les Ciseaux polis et fusiformes, a pris, depuis lors, plus d'exten-
sion que je n'aurais osé l'espérer. Grâce à l'intervention de M. Adrien
de Mortillet, qui en exprimait le désir, cette étude a presque pris
l'importance d'un véritable Inventaire.
En effet, d'autres communications ont suivi ; et, dans les séances
suivantes, MM. H. Barbier, A. Dubus, Mme B. du Retail, MM. H.
Chapelet et Patte ont apporté leur intéressante part contributive à
cette étude. Je ne reviendrai pas sur ces dernières communications,
qui ont paru au Bulletin.
Mais, depuis le 1er juillet, de nouveaux documents me sont parve-
nus; de nouveaux ciseaux m'ont été signalés. Ce sont ces communi-
cations que je viens exposer aujourd'hui.
C'est d'abord M. l'abbé Breuil, qui m'informe qu'il avait com-
mencé, il y a une dizaine d'années, en étudiant ces sortes de ciseaux,
à faire un relevé de leurs trouvailles pour le Département de l'Oise
et pays limitrophes.
M. l'abbé Breuil ajoute, très aimablement, que, n'ayant plus guère
désormais le loisir de publier des travaux sur le Néolithique, il met
cette liste à ma disposition. Je le remercie d'autant plus vivement de
son extrême obligeance qu'à cette liste se trouvent joints quelques
dessins de très beaux ciseaux, qu'il a dessinés lui-même, d'après les
originaux. J'en reproduis ici quelques-uns.
J'ai rassemblé, dans l'état ci dessous, les différentes localités qu'à
bien voulu me signaler M. l'abbé Breuil. Il lui a été difficile de
retrouver exactement le nom de tous les possesseurs de ces objets;
mais il les a tous vus et notés en son temps.
Notre sympathique Président, M. le Dr Atgier, qui fait en ce
moment son devoir de français et de médecin, en dirigeant une
ambulance sur le front, m'écrivait en Juillet dernier une lettre, d'où
je demande la permission d'extraire cette phrase : « Les savants,
« dit-il, ne se seraient pas prononcés pour les appeler Ciseaux, que,
|1) Communication faite à la séance du 26 novembre 1914. — Pour les communi-
cations précédentes, voir Bulletin, année 1914 : P. de Givenchy, L. Coutil. A. de
Mortillet et Dr Marcel Baudouin, page 84; H. Barbier (de Pacy-sur-Eure),
page 138; A. Dubus (de Neuchàtel-en-Brayej, page 201; M»" B. du Retail (de
Saint-Brieuc), page 202; H. Chapelet (de Paris), page 205; E. Patte (de Chantilly),
page 461.
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SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 59
« pour mon compte, je les aurais appelés des Polissoirs à main, ou
« plutôt des Brunissoirs, destinés à polir les objets en bois déjà tail-
« lés et sculptés ».
Il était de mon devoir de signaler cette opinion, surtout quand
elle émane de notre savant Président
C'est ensuite M. Florance, notre excellent collègue de Blois, qui
nous signale un beau type de ciseau poli, trouvé à Saint-Gourgan
(Loir-et-Cher), qu'il a vu autrefois, mais qui a été emporté par un
fonctionnaire dont il n'a plus l'adresse.
Notre Secrétaire général, M. le Dr Marcel Baudouin, nous signale
aussi un très beau ciseau néolithique, remarqué par lui l'été dernier
au Musée de Senlis (Oise). Et, puisque nous sommes dans l'arron-
dissement de Senlis, j'ajouterai en avoir vu également un très bel
exemplaire, il y a trois ou quatre ans,àNanteuil-le-Haudouin (Oise),
dans la collection Grégeois (décédé depuis).
M. Harmois (de Saint-Brieuc) a présenté à la Société un ciseau
néolithique, en diorite (à type large), provenant de Saint-Glen (Côtes-
du-Nord).
M. C. Boulanger, l'éminent archéologue de Péronne, possède dans
sa collection un magnifique ciseau néolithique, qu'il m'a très aima-
blement envoyé en communication. Je suis heureux d'avoir pu faire
photographier cette belle pièce, qui est représentée ici (Figure 5),
grandeur naturelle. Ce ciseau, qui doit être le même que celui signalé
plus haut à Péronne, par M. Breuil, a été trouvé à Allaines, près
Péronne (Somme), avec deux haches polies en même silex.
Je suis d'autant plus reconnaissant à M. Boulanger d'avoir bien
voulu me prêter ce beau ciseau, que cela m'a permis d'y faire une
remarque fort intéressante. Ce ciseau (comme on peut s'en rendre
compte du reste par la Figure 5) possède, en haut et à gauche de son
petit tranchant, une légère cassure ou éraflure. Or, dans ma présen-
tation du mois de janvier 1914, le ciseau N° 3 de la Planche I (voir
page 86 du Bulletin), qui provient d'Antilly (Oise), et qui fait partie
de ma collection, possède aussi, chose curieuse, la même petite cas-
sure, et au même endroit. J'insiste donc tout particulièrement sur
ce fait que voilà deux outils, absolument identiques, offrant de plus
une cassure identique localisée au même endroit!
Il est bien évident, que cette cassure est... accidentelle. Mais vrai-
ment il est difficile d'attribuer au hasard l'endroit, le même sur les
deux pièces, où s'est produit cet... accidentl II faut donc penser que,
si l'outil est susceptible de se casser plus facilement à cet endroit,
c'est qu'il s'use davantage sur ce point. Cela semblerait donc indi-
quer le point faible d'usure ou de fatigue, le point d'appui de tra-
vail de ce genre d'outils. J'ajoute que cela semblerait démontrer
aussi que ce ciseau se maniait toujours de la main droite, et qu'il
60
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Fig. 1. — Ciseau Néolithique de Catenoy (Oise). — [Aneienne Coll. Baudonj.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
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Fig. 2. — Ciseau Néolithique de Bailleul-le-Soc (Oise). — [Coll. Pouillet, à Clermont].
(Dessin Brkuil)].
Fig. 3. — Ciseau Néolithique de Prêcy (Oise). — Ex. Coll. Veuve Brunet, à Mello (Dessin
BREU1L).
62
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
appuie ainsi davantage sur la partie gauche du tranchant, ce qui
confirmerait les explications données par M. A. de Mortillet (page 90
du Bulletin 1914) sur l'usage de ce genre d'outils, destinés d'après
lui à l'usage du bois.
Du reste, si on examine attentivement les ciseaux néolithiques de
M. Coutil (Planche II et page 88, du Bulletin, année 1914), on remar-
Fig. 4. — Ciseau néolithique de Cœuvres (Aisne). — [Coll. Rouzé (Dessin Breuil 1.
quera que celui qui porte le N° 3 de cette planche (provenant de
Boisemont et étiqueté aussi (161), présente également de l'usure en
haut et à gauche. Et notre collègue, dans sa description, a eu soin
de le signaler comme : émoussé à une extrémité.
■ ;
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 63
Dans ma communication de janvier, à la page 86, à propos de
mon ciseau N° 3, d'Antilly, de la Planche I, que je viens de mettre
en parallèle avec celui de M. Boulanger, j'ai écrit : « Une légère
éraflure a malheureusement ébréché un coin du tranchant ». Eh
bien, je demande aujourd'hui à supprimer le mot : malheureuse-
ment! Car vous me voyez, au contraire,
enchanté maintenant d'avoir trouvé deux
ciseaux, sinon trois, écornés au même
endroit!
J'insiste donc sur l'utilité d'étudier
parfois les cassures, même les plus lé-
gères, sur les outils préhistoriques en
pierre. Il ne faut pas les négliger. En
voilà une preuve indéniable.
Je terminerai cette étude sur les Ci-
seaux néolithiques cylindriques, en ajou-
tant qu'ils peuvent se classer, je crois,
en deux types : le ciseau à type étroit,
et le ciseau à type large; ceux qui ont fait
l'objet de cette étude étant presque tous
du type étroit.
Mais, dans le type large, il faut être très
circonspect. Car, dans cette série on peut,
en passant par toutes les largeurs, arriver
sans transition à la Hache polie. Et on
arrive ainsi à être parfois très embar-
rassé pour savoir où finit le Ciseau, et
où commence réellement la Hache polie.
Car il y a des Haches polies cylin-
driques et à type allongé, qui peuvent
prêter à confusion.
C'est ainsi, qu'en réunissant tous ces
documents et ces présentations , qui
m'ont permis de faire ces deux com-
munications en 1914, il m'est arrivé, au
moins deux fois, d'être obligé d'éliminer
de cette étude, des ciseaux ou pseudo-
ciseaux (ou du moins des outils pré-
sentés comme tels), dans l'embarras où
je me suis trouvé, en raison de leur lar-
geur, de ne plus savoir si j'avais affaire à un ciseau ou à une
petite hache polie.
Je crois que l'extrême limite de largeur, que l'on peut réserver au
ciseau poli, est indiquée par le ciseau N° 7, de la Planche II, page 87,
lig. 5. — Ciseau néolithique
cI'Allaines (Somme). — [Coll.
Boulanger, à Péronne] (Pho-
tographie de GlVENCHY).
61 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
du Bulletin 1914, collection L. Coutil. — Au delà de cette largeur, on
risque de tomber dans la hache polie, le tranchant lui-même s'élar-
gissant.
MM. Marcel Baudouin et A. de Mortillet insistent sur l'intérêt
qu'il y a à étudier les cassures et usures de tous les outils.
M. le Dr Marcel Baudouin. — Je trouve fort intéressante la
remarque de M. P. de Givenchy, relativement au côté de l'outil
où l'on remarque, d'ordinaire, les éclatements dus à l'usage. Ce
côté est le côté gauche, l'outil étant supposé en main toujours de la
même façon. — Cela semble, en effet, bien indiquer qu'il était tou-
jours tenu de la même manière et de la même main!
Qui plus est, cette main devait être la droite, car, quand on fait
fonctionner un outil toujours de cette main, Y usure se trouve d'ordi-
naire plus marquée a gauche, ainsi qu'on peut le vérifier sur les
pelles de terrassiers et d'agriculteurs Droitiers ; chez les Gauchers (1),
l'usure est en sens inverse. — Dans ces conditions, on a là une
preuve, nouvelle, de Yexistence de la Droiterie, à I'Epoque néoli-
thique : Droiterie qu'on peut démontrer par bien d'autres procédés,
et, en particulier, par la comparaison des os d'un même squelette
néolithique, qui sont tous plus lourds à droite qu'à gauche (Ex.
Sépulture par Inhumation de La Planche à Puare (Ile d'Yeu. V.),
relative à un Brachycéphale) ; et aussi par l'étude anatomique des
Paires de Pieds sculptés sur Rochers et datés astronomiquement
comme Néolithiques (2).
(1) A propos des gauchers, je pourrais rapporter une curieuse anecdote. En
fouillant un Puits funéraire, j'avais trouvé un outil en fer, moderne, qu'un pays an
y avait subrepticement introduit! — Comme cet outil, d'après la technique de son
usure, ne pouvait avoir été utilisé que par un gaucher, j'ai pu ainsi déterminer
quel était le faussaire (un gaucher de la commune) !
(2) Marcel Baudouin. — Sculptures et Gravures de Pieds humains sur Rochers.
— A. F. A. S., Tunis, 1913. Paris, 1914, in-8<>.
SEANCE DU 25 FEVRIER 1915
Présidence de M. LE BEL.
I. — PROCÈS-VERBAL DE LA SÉANCE
La Séance est ouverte à 4 heures, sous la Présidence de M. Le Bel,
Vice-Président.
Il est donné lecture du procès-verbal de la dernière séance (28 Jan-
vier 1915), qui est approuvé.
A propos du procès-verbal, communications de MM. M. Baudouin,
P. DE GlVENCHY et PATTE.
Correspondance.
Lettres d'Excuses, — M. le Dr A. Guébhard; — MM. A. Vire ; —
Ch. Schleicher ; — Atgier ; — Lambert ; — Thiot.
Lettres de remerciements. — M. Poisson.
Lettres Diverses, — Le Musée Impérial Historique de Russie à
Moscou a adressé, par l'intermédiaire du Ministère de l'Instruction
publique de France, à la Société Préhistorique Française, le texte d'une
Protestation contre les actes de vandalisme, scientifique et artistique,
commis par les Allemands pendant la Guerre, qui est signée par un
grand nombre de Savants Russes et datée du 14 novembre 1914.
M. le Président de la Société Préhistorique Française, au nom du
Conseil d'Administration et de la Société Préhistorique Française, a
adressé une lettre de remerciements à M. le Directeur du Musée Impé-
rial Historique de Russie.
Bibliothèque.
Harlé (Ed.). — Un projet de transport du Gouvernement à Bordeaux en 1794.
[Extr. Rev. Hist. de Bordeaux et de la Gironde, 1914, VII, n° 5, septembre-
octobre]. — Tiré à part, 1914, in-8% 3 p.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE. 5
66 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Harlé (Ed.) et Stehlin (H. -G.)- — Un Gapridé quaternaire de la Dordogne,
voisin du Thar actuel de l'Himalaya [Extr. Bull. Soc. Géol. de France,
1913, 3 novembre, t. XIII, 4 février, p. 412-431, 2 fig.]. — Tiré à part,
1913, in-8\
Harlé (Edouard). — Lagomys de la Grotte de la Madeleine et Phoque de
l'Abri Castanet (Dorgogne) [Extr. Bulletin Soc. Géolog. de France, 1913,
t. XIII, 4e s, p. 342-351, 1" décembre, fig.].— Tiré à part in-8°, 1913,
10 p., Fig.
Mahoudeau (P' Pierre G.). — La recherche du début de l'Ere Humaine
[Cours d'Anthropologie Zoologique] [Extr. Bévue Anthrop., Paris, 1914,
XXIV, n° 9-10, p. 323-341J. — Tiré à part, Paris, in-8°, 1914.
Nouvelle Admission.
Est proclamé Membre de S. P. F. :
Devoir, Capitaine de Frégate, rue de l'Amiral-Linois, 24, Brest
(Finistère).
[E. Taté. — Marcel Baudouin],
Présentations et Communications.
M. Chapelet (Paris). — Présentation de Trois Crânes et d'un Vase
de l'époque Gauloise [Dons à la S. P. F. ].
1° Crâne de Champagne, trouvé à Saint- Mesmin [Marne) et vase
gaulois provenant du même endroit; — 2° Crâne trouvé dans les tranchées
faites pour la construction du chemin de fer de Bellegarde à Anne-
masse, aux environs de Saint- Julien-en- Genevois [Haute- Savoie) ; —
3° Crâne sans provenance, intéressant parce qu'il présente la suture
métopique persistante. — Discussion : Marc.el Baudouin; Dr Siffre;
A, DE MORTILLET.
Hure (Mlle Augusta) (Sens, Yonne). — Pointes Moustériennes retou-
chées à la base [Grattoirs-retouchoirs] du Senonais (Présentation des
Pièces offertes à la Société Préhistorique Française). — Discussion :
A. de Mortillet ; Marcel Baudouin.
A. Desforges (Rémilly, Nièvre). — Les Polissoirs mobiles recueillis
en Nivernais.
Marcel Baudouin (Vendée). — Découverte d'un Menhir debout tota-
lement enfoui dans la vase d'une Alluvion marine en Vendée [1er fait
observé : fouille 1906].
A. Brasseur (Gournay, S.-I.J. — Note sur les Haches polies [Fig.).
— Discussion; A. de Mortillet; Ed. Hue ; Marcel Baudouin;
Bossavy.
M. A. de Mortillet (Paris). — Présentation d'Outils en schistes
taillés d'Afrique [Soudan), au nom de M. de Zeltner [Don à la Société
Préhistorique Française] .
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 67
L. Coutil (Saint-Pierre-du-Vauvray, S.). — Pointes de Flèches de
l'Age du Bronze, munies de barbelures à la douille (Suite). — La
Grotte Néolithique de Courjeonnet,
archiviste de la S. I*. JF.
M. Harmois (de Paris) est nommé Archiviste [Section des Docu-
ments scientifiques] de la Société Préhistorique Française.
Réunions Mensuelles nu Laboratoire
de la S. P. F\
Désormais, tous les Deuxièmes Jeudis de chaque Mois aura lieu,
aux Laboratoire et Musée de la Société Préhistorique Française, 250,
rue Saint-Jacques, à Trois heures de l'après-midi, une réunion des
Membres de la Société Préhistorique Française»
Cette réunion, spécialement organisée pour Y examen des Collections
et la présentation des Pièces encombrantes, dont le transport au local
de nos séances est toujours malaisé et compliqué, est aussi destinée à
faire connaître à tous nos Collègues les ressources en objets préhisto-
riques, dont nous disposons déjà.
Il n'y aura ni procès-verbal ni publication, relativement aux Commu-
nications faites ce jour-là.
Avis très importants.
Cotisations de 1912».
Les Membres, qui n'ont pas encore adressé le montant de leur Coti-
sation de l'année en cours (1915) sont priés, conformément à l'Ar-
ticle 4 du Règlement, de vouloir bien remplir cette formalité le plus
rapidement possible.
Ceux, dont la Cotisation n'aurait pas été reçue au 15 Avril 1915,
seront priés, pour éviter toute interruption dans le service du Bulletin,
de faire honneur au recouvrement postal, qui leur sera adressé à domi-
cile, dans la deuxième quinzaine de ce mois d' Avril, majoré de 0 f. 75
pour les frais (sauf entente particulière avec le Trésorier).
Mémoires {Tome III. — igi4)>
Il y a urgence à adresser à M. le Trésorier la Cotisation
pour le Tome III des Mémoires de la Société Préhistorique
Française, actuellement sous presse [Souscription : 15 fr.
L'ouvrage n'est vendu qu'au prix de 20 francs].
68 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
II. — NOTES, DISCUSSIONS ET PRISES DE DATE.
l^a Préhistoire et les Tranchées.
En réponse à- la Circulaire de la Société Archéologique de la Pro-
vence, insérée dans un numéro antérieur du Bulletin, nous avons reçu
la lettre suivante de notre collègue, M. Hubeii, interne des hôpitaux,
Asile de Ville-Evrard (Neuilly-sur-Marne, S.-et-O.).
Ville-Evrard, 11 février 1915.
i < Mon cher Secrétaire Général,
; Je viens de recevoir le Bulletin de la Société Préhistorique Française
et ai lu avec beaucoup d'intérêt la Circulaire, envoyée par la « Société
archéologique de Provence ». Certes, si l'on pouvait visiter certaines
tranchées, on y ferait des trouvailes intéressantes, et moi-même j'avais
eu cette idée dès le mois d'octobre ; mais je n'ai pu mettre mon projet
à exécution. Et voici l'aventure qui m'advint.
Le 25 décembre dernier, je partis pour Chelles, distant de Ville-
Evrard de quelques kilomètres, afin de visiter, au point de vue préhisto-
rique et géologique, les tranchées, que l'on avait creusées près des
fameuses carrières de Chelles. J'étais à peine descendu de bicyclette
que j'étais appréhendé, bousculé, traité d'espion, boche et voleur, et
autres qualificatifs plus ou moins malsonnants; puis emmené à Chelles,
remis au poste militaire, où je fus interrogé par le commandant de
la place, qui, tout heureux d'avoir arrêté un espion, me fit conduire,
encadré de soldats, baïonnette au canon, à la gendarmerie de Chelles.
" Là j'eus a subir un interrogatoire ; et ce n'est que le soir, mon identité
ayant été dûment établie, que le Commandant consentit sur Tordre
du Général, à me relâcher. Je restais donc de 3 heures de l'après-midi
à .6 heures entre les mains de la gendarmerie et dus me contenter d'une
simple exploration du violon.... de la gendarmerie de Chelles.
J'ai tenu à vous mettre au courant de cette petite histoire, afin que
vous puissiez avertir les confrères de la Société Préhistorique Fran-
çaise, qui seraient tentés par les tranchées de Chelles ! — Chat échaudé
craint l'eau froide....
Croyez, mon cher Confrère, à mes sentiments dévoués,
HUBER.
M. A. de Mortillet. — Il est assurément très regrettable que
notre collègue ait été dérangé dans ses recherches; mais il n'y a
vraiment pas lieu d'en être surpris. Sa mésaventure est même de
bon augure. Elle prouve que l'on s'est enfin décidé à exercer par-
tout une active surveillance, afin d'arrêter un peu la louche besogne
des espions allemands, qui pullulent encore en France.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 69
M. Edmond Hue. — Si l'auteur de la burlesque équipée dont
nous venons d'entendre lecture s'était conformé aux sages conseils
du Manuel des Recherches, publié par notre Société, il n'eût pas eu
l'occasion de formuler des plaintes aussi amères. Le Manuel, se
basant sur les règles de la courtoisie la plus élémentaire, prescrit de
demander au détenteur d'une propriété l'autorisation de pénétrer
sur son domaine. Dans cette démarche, plus que jamais obligatoire
en temps de guerre, la carte de Membre de la Société Préhistorique
Française est d'un grand recours. Le titre qu'elle confère, joint au
geste courtois qui l'accompagne, ouvre toutes les portes. Il y a
bien quelques exceptions dues à des rivalités politiques ou simi-
laires, qu'il est du reste facile de prévoir; mais il vaut mieux laisser
le rôle ingrat au propriétaire récalcitrant. Se réclamer de cette, carte
quand on s'est mis en mauvaise posture est un geste qui porterait
préjudice au bon renom de la Société ; et j'espère que notre collègue
s'est abstenu d'user de ce procédé tardif. Par contre, nous savons
que tous les Membres des Sociétés, qui se sont conformés aux pres-
criptions du Manuel des Recherches, ont trouvé, auprès des Officiers
commandants des Secteurs, le meilleur accueil et la réponse la plus
favorable à leur démarche, quand les exigences du service le
permettaient.
M. Marcel Baudouin. — Je vous présente des Silex taillés, qui
ont été recueillis, en novembre 1914, dans les tranchées militaires
de Fitz-James, à Clermont (Oise). Ils ont été cueillis, en place, sur
la coupe même du terrain. Ces recherches ont été parfaitement
localisées comme situation. Le maître du terrain étant sur les lieux,-
on a donc ici tenu compte des indications fournies par M. Hue.
A. propos du Cromlech de ïVanterro.
M. M. Baudouin. — A propos du Cromlech de Nanterre (1), j'ai
parlé du Miracle des Eaux, se figeant pour ainsi dire autour du Cercle
de Pierre ; et je l'ai rapproché du miracle du Passage de la Mer
rouge par les Hébreux, que j'ai toujours considéré comme une
donnée de Folklore oriental, et non comme un fait d'HisTOiRE.
Je suis heureux de constater que M. Dussaud avait développé
déjà cette idée, dans une communication faite à Y Institut français
d'Anthropologie (22 octobre 1913) et avait rapproché le fait dé
Y Arrêt du Soleil de Josué. Cela prouve que le Cerveau humain est
(1) Bull. Soc. Préh. Franc., 1914 [Voir p. 376].
70 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
partout le même et qu'il a été capable d'inventer les mêmes mira-
cles, à des distances considérables
Dis-moi quelle circonvolution tu possèdes ; et je te dirai qui tu es !
Note rectificative sur les Oiseaux Néolithiques.
[Erratum].
M. P. de Givenchy (Paris). — Dans ma communication sur
les Ciseaux polis fusi formes, parue au dernier Bulletin, c'est par
erreur que le grand Ciseau double de Catenoy (Oise) est signalé
(au tableau de la page 58 et à la figure 1, page 60) comme ayant
fait partie de la Collection Baudon, M. le Dr Baudon n'en possédait
qu'un moulage. Mais cette magnifique pièce est au Musée de Beau-
vais depuis 1850 ou 1851, avec les objets du Camp de Catenoy,
légués à la Société Académique de l'Oise par M. Ledicte Dutlos.
Dans sa note sur la Vente de la Collection préhistorique de M. le
DT Th. Baudon (voir Bulletin 1914, page 194), notre collègue,
M. Thiot, à propos des objets remarquables du Camp de Catenoy
qui se trouvent eu Musée de Beauvais, cite ce ciseau double bien
connu et ses moulages. Voir, aussi, au sujet de cette belle pièce :
Le Camp de Catenoy (Oise) ; par N. Ponthieux, [Beauvais, 1872].
Description de quelques Ciseaux polis, à coupe
ovoïde.
[Collection Thiot].
M. Paul de Givenchy (Paris). — M. Thiot, notre collègue de
Beauvais (Oise), m'a envoyé, trop tard pour que je puisse l'insérer
dans ma seconde communication, la description d'une demi-dou-
zaine de ciseaux néolithiques faisant partie de sa collection.
En voici la nomenclature :
1° Ciseau double en silex lacustre. — Provenance : Mesnil- sous-
Vienne, canton de Gisors (Eure). Longueur : 0m120; largeur, 0m025 ;
épaisseur, 0m021. — Les deux extrémités sont ébréchées.
2° Ciseau en diorite. — Provenance inconnue, mais probable-
ment de la région. Longueur, 0m107; largeur, 0m018; épaisseur,
0m013. — Bel exemplaire, complètement intact.
3° Ciseau fragmenté en silex gris pâle. — Provenance : Saint-Just-
des-Marais, canton de Beauvais. Longueur, 0m075; largeur, 0m026;
épaisseur, 0m018> — Tranchant ébréché»
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 71
4° Ciseau fragmenté de même matière et de même provenance. —
Longueur, 0m055; largeur du tranchant, 0m021 ; épaisseur, 0n'009.
— Tranchant intact.
5° Ciseau fragmenté en silex gris foncé. — Provenance : Milly,
canton de Marseille-en-Beauvaisis (Oise). Longueur, 0m058; largeur,
0m023; épaisseur, 0in013. — Tranchant intact.
6° Ciseau en silex tabulaire, présentant du cortex sur les deux faces.
— Provenance : Quesnel-Aubry, canton de Froissy (Oise). Lon-
gueur, 0m118; largeur au tranchant, 0m035 et à l'extrémité opposée
0,n024; épaisseur, 0m013. — Sur cet exemplaire, qui est presque plat,
le tranchant, un peu émoussé, est poli sur environ 0m040.
M. Marcel Baudouin. — Je dois encore signaler l'existence d'un
« Ciseau, en jadéite verte, objet d'une extrême rareté » (1), prove-
nant des fouilles des Tumulus de Pornic (L.-I.) exécutées, en 1848,
par M. Verger, recueilli par le Dr Guilmin, et décrit par F. Paren-
teau et figuré par lui (2). — Il se trouve, actuellement au Musée
Dobrée (Nantes), sous le n° 214, vitrine 5 (Coll. Parenteau).
La Grotte néolithique de Çourjeonnet (Marne).
M. L. Coutil fait savoir qu'il a reçu des nouvelles de la Grotte
néolithique de Çourjeonnet (Marne), qu'il a acquise et aménagée
pour la Société Préhistorique Française.
Notre collègue, M. Roland, instituteur à Villevenard, l'a sauvée
de la destruction. Au moment des batailles de la Marne, il s'y était
réfugié avec sa famille et des amis. Voyant que la population se
trouvait en danger, il conseilla à ceux qui avaient des caves de s'y
réfugier; il emmena les autres dans les grottes néolithiques qu'il avait
découvertes, et derrière lesquelles les Allemands installèrent leurs
tranchées, parfois à 15 mètres de distance, comme pour celle de Çour-
jeonnet, où quatre shrapnells explosèrent sur les voûtes. Une
Centaine de pièces de canon allemandes étaient établies entre le
village et les grottes ; plus de 500 obus français s'abattirent sur la
zone occupée par les Allemands; les mitrailleuses faisaient rage.
Les Allemands pillèrent Villevenard et la collection de notre col-
lègue Roland. C'est à peu près au même moment que le Kronprinz
déménagea la Collection de Baye, située à 5 kilomètres de distance.
M. Roland a vécu pendant trois jours, avec douze personnes, dans
notre Grotte de Çourjeonnet ; il n'avait qu'un kilo 500 grammes de
c ■
(i) Cai. du Mme* Arch., Nanfci, 1903, in-*» [V. p. 6].
(8) Upêntair* Arch. d« la ColL Parenteau* N«nU# 187$, in-4» (PL Xt »• 2),
72 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
pain pour tout le monde; il dut, sous la mitraille et la nuit,
essayer de se procurer quelques gros radis à bestiaux, pour trom-
per la faim de ses onze pensionnaires. Un officier allemand et une
patrouille les ayant découverts, ils crurent leurs derniers jours
arrivés. — Chose bien surprenante, les barbares n'enlevèrent pas la
porte qui fermait la grotte. — Notre monument est donc intact ; et
nous devons remercier notre collègue de l'avoir ainsi défendu contre
la sauvagerie tudesque.
Anse mobile de seau en bronze, trouvée à
Montcy-Saint-Pierre, canton de Charleville
(Ardennes).
M. L. Coutil (Saint-Pierre-du-Vauvray) présente, de la part de
notre collègue, M. A. Collaye (de Signy-l'Abbaye, Ardennes), une
anse de seau en bronze trouvée, il y a une trentaine d'années, à
.Anse de Seau tkovvei.
a Mojïtcy SAin7*P/£:x.RE.prùMeztèrts.
crocket ouvrant ( AJWEM/ES.) Cr»tU ..«mnt
..lv.VA.xt ( Collfcl.on r.p£Ti:rjZs,à CMARt.evit.J.X.) ***»*«••
Fig. 1. — Frise supérieure et anse de seau (Ardennes).
Montcy-Saint-Pierre, canton de Charleville, arrondissement de
Mézières, parmi des substructions gallo-romaines, mérovingiennes
et du moyen âge, en un point situé à 3 kilomètres de Mézières et
2 kilomètres de Charleville. — Cette anse est la propriété de M. Petit-
fils, avocat à Charleville ; il nous a dit que l'ancien propriétaire
avait nettoyé avec beaucoup de mal la patine de cette anse et l'avait
raccommodée avec soin.
Ce qui constitue son intérêt, c'est d'abord la charnière médiane,
qui permettait de la replier sur elle-même, de manière à la rendre
moins encombrante, lorsqu'elle ne servait plus. Cette anse est
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 73
munie, aux deux extrémités, de crochets, dont les ouvertures assez
larges sont opposées, afin d'empêcher le seau de se décrocher (ce
qui eut été rendu facile, l'anse étant articulée et par suite moins
rigide).
La seconde particularité consiste dans l'ornementation extérieure,
formée de têtes humaines avec moustaches et langue tirée, sur-
montées de casques; deux zones de chevrons limitent ces têtes sur
les deux bords de l'anse, qui mesure 0m25 d'écartement et 0m20 de
rayon. Ces têtes humaines ont été obtenues, isolément, par la
percussion d'un coin en acier sur le métal (bronze jaune, ou laiton).
Ces têtes rappellent celles qui ornent la garniture d'un seau méro-
vingien, que nous avons vu au Musée de Carlsrhue et qui a été
trouvé à Feudenheim (duché de Bade) ; il a été reproduit par
M. Wagner, dans son travail, p. 210 (Fundstalten und Funde... im
grossherzogthum Baden. Das Badishe Unterland, Tom#II., Tûbingen,
1911). La forme du casque qui orne la tête figurée sur l'anse rap-
pelle bien la forme des casques mérovingiens. D'autre part, cette
tête ressemble aussi aux têtes humaines des parures Scandinaves
des ixe et xe siècles : ce qui nous permet de supposer que cette anse
pourrait être localisée entre les ixe et xme siècle (Casque à bombe et
à nasal).
Il est regrettable de ne pas avoir le seau lui-même ou sa garniture
métallique, car on pourrait aussi le dater avec précision (1).
1) Séance du 25 juin 1914.
74 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
III. — COMMISSION DES ENCEINTES
Commission d'étude
des Enceintes préhistoriques
et Fortifications anhistoriques.
M. Armand Viré, Président de la Commission, retenu à l'armée,
envoie le 68e Rapport de la Commission, consacré à la suite des
INVENTAIRES BIBLIOGRAPHIQUES DES ENCEINTES DE FRANCE
# XLVIII
LOT
L'inventaire bibliographique et topographique des Enceintes du
Lot a été publié au Bulletin de la Société préhistorique française, V,
1908, p. 23-24 et 70-81. Nous ne le reproduirons pas ici; mais il est
nécessaire d'y taire un certain nombre d'additions.
Nous commencerons par donner plus complètement la bibliogra-
phie de la question d'Uxellodunum, ou, selon les manuscrits :
Velutdunum (Leyde, sans date) (1), Uxelludonum (id.), Uxellodo-
num (id.), Auxilliodunum (Amsterdam, IXe ou Xe s.), Veludunum
(Paris, 5763, Xe s.), Uexellodunum (Paris 5056, XII* s.).
Uxellodunum est, on se le rappelle, la dernière des grandes places
fortes assiégées par César. Placée sur une montagne escarpée de
toutes parts, elle tint en échec le conquérant qui n'en put venir à
bout qu'en coupant souterrainement les conduits naturels d'une
grande source, qui alimentait d'eau les habitants. Sa chute mit un
terme définitif à la résistance des Gaules.
Le récit circonstancié du siège nous est donné dans le VIIIe livre
des Commentaires, rédigé par Hirtius, qui, malheureusement, ne
nous fournit pas les détails topographiques suffisants à déter-
miner l'assiette de cette place d'une façon absolue. Le texte nous
dit toutefois que cette ville était située « in finibus Cadurcorum ».
Il semble donc qu'il n'en faille point chercher le site en dehors de
(1) Certains auteurs ont cru récemment pouvoir lire, dans un grattage de ce
manuscrit, la variante Usercadunum. D'après une excellente photographie qu'a
bien voulu noua communiquer M. l'abbé tajeune, cette lecture résiste difficile-
ment a un examen sérieux»
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 75
l'ancien Quercy (Lot et Tarn-et-Garonne). Néanmoins, les com-
mentateurs en situent l'emplacement en des points du Quercy très
différents ou même en des régions complètement étrangères au
Quercy.
Les principaux emplacements proposés ont été les suivants :
Le Puy d'Issolud, entre Martel et Vayrac ; Luzech ; Gapdenac \
Cahors ; Puy l'Evêque ; Carennac ; Murcens ; le Pech d'Estillac,
commune de Sainte-Alauzie, dans le département du Lot ; Lauzerte
et Bonne, près de Saint-Antonin, dans le Tarn-et-Garonne; Uzerche
et Ussel, dans la Corrèze ; enfin Issoudun, dans le Cher; et même
Lusignan, dans la Vienne !
Comme pour Alésia (Voir B. S. P. F., Côte-d'Or), nous réunis-
sons ici sous un même titre tous les travaux qui se rapportent à
la question, sans nous préoccuper de l'opinion des auteurs sur
l'emplacement de cet Oppidum. Nous citerons [entre crochets] cette
opinion, chaque fois qu'il nous aura été possible de la connaître,
BIBLIOGRAPHIE D'UXELLODUNUM
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(Livre VIII, texte d'Hirtius»). Voir manuscrits et éditions, à l'article
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[Puy d'Issolud]. v
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[Puy d'Issolud].
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[id.]. > - -V-.
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[ID.].
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[Gahors] . ,
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16e sess. tenue à Limoges en 1859. Limoges 1860, I, p. 232.
Combet. — Sur la position d' Uxellodunum, Congr. scient, de
France, tenu à Limoges en 1859. Limoges 1860, I, p. 228.
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1859.
[Puy d'Issolud].
Id. — Note sur la fouille d'un tumulus au Puy aYIssolud, Mém.
Soc. d'Emul. du Doubs, 3° série, VI, p. 1, 1861.
Id. — Chemins, habitations et oppidum de la Gaule au temps de
César (fig., 2 pi.), Mém. Soc. Emul. du Doubs, VII, 1862, p. 312
et 314.
[Puy d'Issolud].
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Luzech, Ann. du Lot, 1862,
[Pas de conclusion].
Guilhou (l'abbé A.). — Uxellodunum, Ibid.
[Luzech].
Castagne. — Rapport de la Commission des fouilles du Puy d'Isso-
lud. Ibid.
[Puy d'Issolud].
Gessac (J.-B.). — Uxellodunum. Aperçus critiques, Paris,
Dentu, 1862.
[Puy d'Issolud].
Id. — Notices complémentaires. Ibid.
[ID.].
Id. — Lettre au directeur du Collège Sainte-Anne à Augsbourg.
Moniteur Universel, 6 mars 1863.
[ID.].
Id. — Observations touchant les fouilles exécutées à Luzech, Paris,
Dentu, 1863.
[ID.J.
Id. — Un dernier mot sur Uxellodunum. Ibid.
[ID.].
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 81
Id. — Mém. sur les dernières fouilles d'Uxellodunum. Ibid, 1864.
[ID.].
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[Ussel].
Périé (Raphaël). — Lettre sur Uxellodunum, Cahors 1863.
[Puy d'Issolud].
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[ID.].
Combet. — Manuscrit envoyé à la Commission de Topographie
des Gaules et intitulé : Recherches topo graphiques sur la ville d'Uxel-
lodunum.
[Uzerche].
Id. — Journal le Corrézien, n° 10, 1863, décembre 1865, mai 1867.
[ID.].
Cuquel (l'abbé). — Uxellodunum à Murscens, Cahors, Plan-
tade, 1865.
[Murscens].
Id. — Observations sur un mémoire adressé par M. Castagne à
M. de Pébeyre, préfet du Lot, touchant les ruines de Murscens,
Cahors, Combarieu, 1868.
[Murscens].
Fallue (Léon). — Analyse raisonnée des Commentaires, p. 33.
[LuzechJ.
Sarrette (A.). — Quelques pages des Commentaires de César,
1863.
[Ussel].
Id. — Uxellodunum. Aspect tout nouveau de cette question (fig.).
Bull. mon. 4e série I (XXXI), Caen 1865, p. 113-134; XLIII,
p. 585.
[Ussel].
Laquiante, Montaut, Deipon, Cipières. — Rapport de la
Commission des fouilles de Capdenac, Annuaire du Lot, 1865.
[Capdenac].
Gessac (J.-B.). — Uxellodunum. Fouilles exécutées à Luzech, à
Capdenac et au Puy d'Issolud, Paris, Dentu, 1865.
[Puy d'Issolud].
Nadal (J.-B.-D.). — Uxellodunum. Etudes hist. et critiques sur
l'emplacement de cette ville celtique, Cahors 1865.
[Luzech-la-Pistoule].
Id. — Uxellodunum. Journal du Lot, 27 mai et 7 juin 1815.
[Luzech-la-Pistoule] .
Lunet (l'abbé). — Itinéraire de Caninius Rebilus... Siège d'Uxel-
lodunum, Rodez 1865.
[Capdenac]..
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE. 6
82 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
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[Capdenac].
Bertrandy. — Première lettre sur Uxellodunum, adressée à
' M. Léon Lacabanne, Cahors 1865.
[Puy d'Issolud].
Id. — Deuxième lettre..., Cahors 1865.
Id. — Troisième lettre..., Cahors 1866.
Divers. — Sur remplacement d' Uxellodunum, Congr. arch.,
32e session, Caen 1866, p. 443.
Trémeau de Rochebrune (Alph.). — Huit jours dans la Cor-
rèze,ou impressions de voyage dans le Bas- limousin. Bull, des trav.
de la Soc. hist. et scient, de Saint-Jean-d'Angely, 4e année, 1866.
Devais. — Mém. sur l'occupation romaine dans les pays correspon-
dant au Lot et au Lot-et-Garonne. Congr. arch. de France, Séances
tenues à Montauban, Cahors et Guéret, 32e session, Caen, 1866,
p. 70.
[Pas de conclusion].
Tamisey de Larroque (Philippe). — De l'opinion de F Empe-
reur sur remplacement d Uxellodunum. Rev. de Gascogne, VII, 1866,
Auchl866, p. 245.
Id. — De la question de l'emplacement d! Uxellodunum. Rev.
d'Aquitaine, Paris, Dumoulin, 1865.
[Puy d'Issolud?]
Galotti (L.). — Lettre à M. Philippe Tamisey de Larroque sur
l'emplacement d' Uxellodunum, Agen, Noubel, 1866.
[Pas Luzech].
Ghabouillet. — Compte rendu détaillé des lectures faites à la sec
tion d'archéologie. Rev. des Soc. savantes des départements, 4e série,
III, 1866, 1er sem., p. 544.
Sarrette (le colonel). — Sur Uxellodunum. Soc. franc, d'archéo-
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Guéret. Guéret 1866, p. 37.
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[Puy d'Issolud].
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a. de l'Aveyron, IX, 1859 à 1867, p. 427.
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[ID.].
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SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 83
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[Puy d'issoludj.
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Id. — Travail manuscrit à rechercher.
[Cahors].
Dinter (Collection Teubner). — Edit. des Commentaires : 1° Leip-
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d'Issolud] .
Poulbrière (J.). — Excursions arch. dans le département du Lot.
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Gonstans. — Edit. des Commentaires, Paris, Delagrave, 1877.
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Desjardins. — Géogr. de la Gaule romaine, Paris 1878, p. 422.
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[Puy d'Issolud].
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84 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
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SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 85
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Comité d'Initiative de Luzech. — Uxellodunum. Journaux
du Lot de novembre 1912.
[Annonces de fouilles].
Lejeune (L). — A propos d' Uxellodunum. Courrier du Centre,
15 novembre 1912. *
86 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Anonyme. — Uxellodunum au Conseil municipal de Vayrac. La
Défense, 8 décembre 1912.
[Puy d'issolud].
Comité d'études d'Uxellodunum. La Défense, 15 décembre
1912, la Dépêche, etc.
[Annonces do fouilles à Luzech].
Labry (Raoul). — L'Impernal romain. Journal du Lot.
[Examen des ruines romaines de l'Impernal de Luzech].
Ardenne de Tizac (d1). — L'identité d'Uxellodunum et de Cap-
denac. L'Express du Midi, 11 octocre 1912.
[Capdenac].
Laroussilhe (F. de). — Puy d'issolud n'est pas Uxellodunum.
Le Réformateur du Lot, 22 décembre 1912.
Beaurepaire-Froment (de). — Uxellodunum. Le Réformateur
du Lot, 22 décembre 1912.
[Puy d'issolud].
Laurens. — Uxellodunum et Capdenac. Express du Midi, 31
décembre 1912.
[Capdenac] .
Rayssac (Gaston). — La question d'Uxellodunum. La Semaine
auvergnate, 20 mars 1913.
| Plutôt Capdenac].
Brousse (J. R. de). — Les fouilles de Luzech. Uxellodunum. Le
Télégramme, 25 mars 1913.
[Annonce de fouilles et de souscriptions].
Verdier (Jules). — Etude favorable sur les brochures de
MM. Brousse et Le jeune. Le Corrézien, 26 mars 1913.
Nussac (L. de). — Uxellodunum. La République de Brive, 30
mars 1913.
[Uzerche].
Labry (Raoul). — Les fouilles de l'Impernal, Journal du Lot, 28
mai 1913.
[Analyse des premières trouvailles : mur gaulois à poutres clouées; tuiles
et poteries romaines signées, etc.].
Anonyme. — La question d' Uxellodunum. Le Temps, mai 1913.
[Uzerche].
Id. — Les fouilles de l'Impernal. La Petite Gironde, 30 mai 1913.
[Compte-rendu des fouilles].
Viré (Armand). — Lettre au Comité d' Uzerche. La Dépêche, 10
juin 1913.
[11 faut fouiller sans préjuger la solution] .
Labry (Raoul). — Les fouilles de l'Impernal. Journal du Lot, 11
juin 1913.
[Suite des fouilles sur remplacement des villas romaines].
Anonyme. — Uxellodunum. Le Midi royaliste, 22 juin 1913.
[Uzerche],
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 87
Charles. — Les fouilles de l'Impernal à Luzech. La Dépêche, 23
juin 1913.
[Compte-rendu des fouilles].
Viré (Armand). — Les fouilles de 1913 à l'Impernal de Luzech
(Lot). Bull. Soc. Préhist. franc., X, n° 6, 26 juin 1913.
[Compte-rendu sommaire des fouilles].
Anonyme. — Uzerche-Uxellodunum. La Croix de Paris, 1er juillet
1913.
[UzercheJ.
Lajouanie (E.). — Le Limousin d'autrefois. Une conférence sur
Uxellodunum. Courrier du Centre, 8 juillet 1913.
[Uzerche].
Id. — Uzerche-Uxellodunum. Réveil de la Corrèze, 16 juillet 1913.
[Uzerche] .
Anonyme. — Uxellodunum. Echo de Paris, 22 juillet 1913.
Petit (Albert). — La question d' Uxellodunum. Les Débats et
Courrier du Centre, 25 juillet, 16 et 23 septembre 1913, la Croix de
la Corrèze, 27 juillet 1913.
[Fouilles d'Uzerche] .
F. G. — Discussion sur les limites des différents peuples gaulois.
Le Corrézien, 28 juillet 1913.
[Puy d'Issolud].
Gorey (Albert). — L'énigme d' Uxellodunum. La Dépêche, 20
juillet, la Liberté du Cantal, 29 juillet 1913.
[Résumé des fouilles de l'Impernal].
Le Nain Jaune. — Enfin est-ce bien Uxellodunum ? Echo de
Paris, 30 juillet 1913.
Anonyme. — Uxellodunum. Neue Zùricher Zeitung, 30 juillet
1913.
Id. — Uxellodunum. La Gazette de France, 31 juillet 1913.
Meunier (le chanoine). — Preuves hist. et linguistiques en faveur
du Puy d'Issolud. Union catholique de Rodez, 31 juillet 1913.
[Puy d'Issolud].
Grillière (Dr). — Les races du Haut et Bas-Limousin. Limoges
illustré, 1er août 1913.
[Uzerche].
Anonyme. — Uxellodunum. Le Télégramme, 1er août 1913.
[Puy d'Issolud].
Id. — Les prétentions d'Uzerche contre le Puy d'Issolud. Télé-
gramme, 2 août 1913.
[ID.].
Id. — Uxellodunum. L'Avenir du Tonkin, 5 août 1913.
[Fouilles d'Uzerche].
Gorey (Albert). — Où était Uxellodunum? Le Télégramme, 10
août; — la Liberté, 9 août 1913.
88 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
DArdenne de Tizac. — Encore Uxellodunum. Le Ralliement,
15 août 1913.
Anonyme. — Examen du site d Uxellodunum... Revue française,
17 août 1913.
Commission des fêtes de Martel. — Uxellodunum. La
Défense, 17 août.
[Reproduction d'un rapport du Préfet du Lot au Ministre de l'Instruction
Publique vers 1865].
A. D. — La querelle d' Uxellodunum. Le Midi historique, 21 août
1913.
Anonyme. — Conférence de M. A. Viré, à Vayrac. Télégramme,
26 août 1913.
Id. — Puy d'issolud ne peut-être Uxellodunum. Express du Midj,
29 août 1913 .
Marfond (Gabriel). — Uxellodunum, oppidum Pétrocorien.
Le Combat Périgourdin, 10, 17, 31 août, 28 septembre 1913.
[Luzech, Pech de la Nène].
Jean du Quercy. — Une galéjade. Ralliement, septembre 1913.
Meunier (le cbanoine J.-M.). — U emplacement d'Uxellodu-
num. Intervention de la linguistique. Lxellodunum aboutit à Issolu. —
Le Télégramme, 1er septembre 1913.
[Puy d'issolud].
Anonyme. — Uxellodunum. Capdenac, Luzech et Uzerche, pa-
raissent devoir être écartés. L'Eclair, 2 septembre 1913.
[Puy d'issolud avec doute].
Anonyme. — Exposé de Vopinion de M. de Laroussilhe. Les Nou-
velles, 4 septembre 1913.
[Contre Puy d'issolud] .
Anonyme. — Uxellodunum. Echo de Paris, 4 septembre 1913.
Maurice Bouygues (Dr). — Uxellodunum. Echo de Paris, 5 sep-
tembre 1913.
[Puy d'issolud].
Paul Bourdarie. — Uxellodunum. Echo de Paris, 7 septembre
1913.
[Puy d'issolud].
Anonyme. — Fouilles d' Uxellodunum. Excelsior, 13 septembre
1913.
[Uzerche] .
Reboul (Jacques). — Un Nuremberg français. Le Temps, 13
septembre 1913.
[Uzerche].
Vayrac (l'abbé P.). — Simples questions à MM. Brousse et
Lejeune. Objections contre Uzerche. Limoges illustré, 15 septembre
1913.
[Puy d'issolud]. .
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 89
Jean du Quercy. — Encore la linguistique. Télégramme, 17
septembre 1913.
[Puy d'Issolud].
Petit (Albert). — Résumé du texte d'Hirtius. Uzerche et Luzech
restent en ligne contre les prétentions de Puy d'Issolud. Les Débats, 16
septembre 1913.
ld. — Reproduction des lettres de M. le chanoine Meunier et du
Dr Mézard. (M. A. Petit conclut en écrivant que l'amour-propre
local ne peut que fournir les idées, et qu'il faut s'en rapporter aux
fouilles). Les Débats, 23 septembre 1913.
Id. — Les limites des Cadurques ne peuvent être reculées indéfi-
niment. Il ne suffit pas d'un «oppidum à boucle » pour répondre à
toutes les conditions. Les Débats, 2 octobre 1913.
[Contre Luzech].
Mézard (Dr G.). — La question d'Uxellodunum. Courrier du
Centre, 21 septembre 1913.
[Puy d'Issolud].
Meunier (le chanoine J. -M.). — La question de remplacement
d'Uxellodunum. Le Temps, 22 septembre 1913.
[Puy d'Issolud].
Reboul (Jacques). — Précis de l'histoire d' Uzerche, le ((Nurem-
berg français ». Journal du Caire, 28 septembre 1913.
Lejeune (l'abbé). — Réponse à F. Vagrac. Limoges illustré 1er
octobre 1913.
[Uzerche] .
A. A.-P. — Uxellodunum. Journal des Débats, 2 octobre 1913.
Laurens. — Où était Uxellodunum? Journal de l'Aveyron, 5, 12,
19, 26 octobre 1913..
[Capdenac].
Jean du Quercy. — La question d Uxellodunum. Une réponse.
Le Télégramme.
[Puy d'Issolud].
Anonyme. — Le cas Uxellodunum. Le Temps, 14 octobre 1913.
[Uzerche].
Anonyme. — Réponse de MM. Brousse et Lejeune, au comité de
Vagrac. Le Temps, 14 octobre 1913.
[Contre Puy d'Issolud].
Anonyme. — Uxellodunum. L'Aveyron républicain, 22 oc-
tobre 1913.
[Pas Issolud].
Dr Morely. — Uxellodunum. Le Corrézien, 28 octobre, 2, 29 no-
vembre 1913.
[Uzerche]. ■-,_
90 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Piédevigne (Jean). — Encore Uxellodunum. Le Télégramme,
31 octobre 1913.
[Article de linguistique].
Meunier (le chanoine J.-M.). — Uxellodunum aboutit phonéti-
quement à Puy d'Issolud. Le Télégramme, 14 octobre 1913.
[Puy (d'Issolud].
Ici. — L'évolution phonétique de la ville d' Uxellodunum. Le Télé-
gramme, 28 octobre 1913.
Id. — Toujours Uxellodunum. Id., 10 novembre.
Id. — Issolu devenant Icholu. Id., 18 novembre.
Id. — Uxellodunum, Uxollu et Euxolu. Id., 23 novembre 1913.
Teulière (l'abbé).— Uxellodunum. Limoges illustré, 1er novembre,
1er décembre 1913.
[Puy d'Issolud].
Anonyme. — Issolu et Icholu. Télégramme, 2 novembre 1913.
Petit (M.). — La question d' Uxellodunum. Compte-rendu de la réu-
nion de la Soc. d'ét. hist. et arch. d'Uzerche (Corrèze). Le Télé-
gramme, 3 novembre; Le Corrézien, 8 novembre 1913.
[Uzerche] .
Davillé (Louis). — Uxellodunum. Revue des et. hist., 2 no-
vembre et décembre 1913.
[Uzerche].
Laurens. — Etymologie des noms en ac. Courrier de l'Avevron,
9 novembre 1913.
[Capdenac].
A. P. (de Pau). — La question d' Uxellodunum. Le Télégramme,
12 novembre 1913.
[Puy d'Issolud].
Th. P. — La question d' Uxellodunum. Le Télégramme, 12 no-
vembre 1913.
Louis Bicorne. — Discussion étymologique sur les noms en ac
Journal de TAveyron, 16 novembre 1913.
E. Bombai — Les fouilles de Monceaux, près Argentat. Courrier
du Centre, 19 novembre 1913.
Th. P. et Jean du Quercy. — La question d' Uxellodunum. Une
facétie, une graphie. Télégramme, 19 novembre 1913.
Bombai (Eusèbe). — Uxellodunum. Courrier du Centre, 19 no-
vembre 1913.
[Puy d'Issolud].
Morély (Dr Paul). — Uzerche est-il Uxellodunum*! Le Corrézien,
20 novembre 1913.
[Uzerche].
Anonyme. — Compte-rendu de la réunion de VUzerchoise à Paris.
Le Limousin de Paris, 23 novembre 1913.
[Uzerche],
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 01
B. Marque. — La question d' Uxellodunum. Le Gorrézien, 26 no-
vembre 1913.
Anonyme. — Uxellodunum à Uzerche. L'Echo français de
Mexico, 26 novembre 1913.
Viré (Armand). — L'oppidum de l'Impernal à Luzech (Lot). Les
fouilles d'Uzerche et du Puy d'Issolud. Bull. Soc. Préhist. franc. X,
n° 10, 27 novembre 1913.
[Compte- rendu des fouilles dans les trois localités].
Laurens (D.), Dubois (A.). — Réponse à M. A. P., de Pau. Le
problème avance-t-il? Le Télégramme, 29 novembre 1913.
Lagarde (Edmond). — Uxellodunum. Etude pour contribuer à la
fixation de son emplacement. Le Télégramme, 2 décembre 1913.
[Pas le Puy d'Issolud].
Marque (B). — Encore la question d'Uxellodunùm. Courrier du
Centre, 2 décembre 1913.
[Uzerche].
Id. — (Réponse à Jean du Quercy). Télégramme, 7 décembre
1913.
Brousse (J. de). — Uxellodunum dans V Alsace (Facétie réclame
sur un ouvrage exposé rue Alsace, à Toulouse). Télégramme, 4 dé-
cembre 1913.
Jean du Quercy. — Est-ce Puy d'Issolud? (Art. de linguistique).
Le Télégramme, 4 décembre 1913.
Id. — Que le célèbre oppidum n'était pas entouré par la boucle d'une
rivière. Télégramme, 5 décembre 1913.
Anonyme. — La question passionne. Télégramme, 6 décembre
1913.
[Puy d'Issolud].
Id. — Uxellodunum. La Dépêche, décembre 1913.
[Puy d'Issolud] .
Jean du Quercy. — Courte réponse à M. Edmond Lagarde. Le
Télégramme, 9 décembre 1913.
[Puy d'Issolud].
Forot (Victor). — Uxellodunum-Uzerche. Le Corrézien, 10 dé-
cembre 1913.
[Uzerche] .
Anonyme. — Uxellodunum, 12 décembre 1913.
[Puy d'Issolud].
Teulière (l'abbé Cl.). — Uxellodunum. [Le Télégramme, 14 dé-
cembre 1913.
[Puy d'Issolud].
Bombai (Eusèbe). — ■ Le Corrézien, 15 décembre 1913.
[Puy d'Issolud],
92 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Forot (V.)- — Etude des remarques de M. Combet. Le Corrézien,
11 décembre 1913.
Th. P. — Uxellodunum (Inscription de Lucter). Télégramme,
14 décembre 1913.
[Pas Uzerche].
Bessieux (CL). — Uxellodunum. Télégramme, 18 décembre
1913.
Dubois (A.). — Uxellodunum. Télégramme, 19 décembre 1913.
Jean du Quercy. — Ce que traduit M. Bessieux. Ce que voit
M. Brousse. Télégramme, 21 décembre 1913.
[Puy d'Issolud].
Id. — Un mot à M. Claude Bessieux. Télégramme, 22 décembre
1913.
Id. — Dernier mot à M. Edmond Lagarde, Télégramme, dé-
cembre 1913.
Anonyme — Uxellodunum. La Dépêche, 21 décembre 1913.
[Puy d'Issolud].
Anonyme. — Uxellodunum. La Dépêche, 17 novembre 1913.
[Puy d'Issolud].
Id. — Id. Le Lot à Paris, 21 décembre 1913.
[Puy d'Issolud].
Bombai (Eusèbe). — Uxellodunum. Le Corrézien, 22 décembre
1913.
[Puy d'Issolud] .
Muzac (A). — Fouilles du Puy du Tour. Courrier du Centre,
22 décembre 1913.
Marque. — Uxellodunum. Corrézien, 30 décembre 1913.
Anonyme. — Uxellodunum. Dépêche, 31 décembre 1913.
[Puy d'Issolud] .
Anonyme. — Ce quen pense M. Jullian. Télégramme, 2 et 14 jan-
vier 1914.
[Puy d'Issolud].
Marque. — Uxellodunum. Télégramme, 2 et 8 janvier 1914.
[Uzerche].
Plantadis (J.). — La Cité des Lémovices. Courrier du Centre,
5 janvier 1914.
[Puy d'Issolud].
Bombai (Eusèbe). — Uxellodunum (A propos des limites de
Quercy). Le Corrézien, 8 janvier 1914.
Anonyme. — Uxellodunum. (Monnaie d'or de Cuzance). La
Dépêche, 14 janvier 1914.
Id. — Uxellodunum. La Dépêche, 21 janvier 1914.
[Puy d'Issolud]. ,j
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 93
Id. — Pensée délicate. (Plantation à Alésia de noix provenant du
Puy d'Issolud). Le Lot à Paris, 25 janvier 1914.
Id. — Uxellodunum. La Dépêche, 27 janvier 1914.
[Puy d'Issolud].
Id. — Uxellodunum (Revue des livres). La Liberté, 2 février
1914.
Dr Maurice Bouygues. — Le Puy d'Issolud est bien Uxellodu-
num. Broch., in-8° de 106 p., Limoges, Ducourtieux, 1914.
Anonyme. — Uxellodunum. La Dépêche, 4 février 1914.
[Puy d'Issolud].
Id. — A propos d' Uxellodunum . La Dépêche, 6 février 1914.
[ID.].
B. — Au sujet d' Uxellodunum. La Dépêche, 13 février 1914.
[10.].
L. L. (Lejeune). — La question d' Uxellodunum. Les savants du
Lot contre Issolud. C.-R. de la réunion de la Soc. des Etudes d'Uzerche.
Le Quercynois à Paris, nos de février 1914.
[Uzerchc].
Anonyme. — Conférence sur Uxellodunum. Dépêche, 1er mars
1914.
Roques (J.-B.). — Puy d'Issolud est Uxellodunum. Le Quercy à
Paris, 1er et 8 mars 1914. M
Anonyme. — Uxellodunum. La Dépêche, 4 mars 1914.
[Capdenac].
Id. — Uxellodunum. La Petite Gironde, 5 mars 1914.
[Capdenac].
Id. — Document important. Télégramme, 13 mars 1914.
[Puy d'Issolud].
Trespech (Jean). — Les origines romaines de la ville d'UsseL
Limoges illustré, 13 mars 1914.
Albe (le chanoine Edmond). — Luzech. Résultat des fouilles de
1913. Prochaine campagne de 191h. La Défense, 15 mars 1914.
Anonyme. — Contre Issolud. Question à M. J.-B. Roques Le
Quercy à Paris, 22 mars 1914.
Id. — Uxellodunum. Le Télégramme, 23 mars 1914.
Chambon (Emmanuel). — La limite Nord du Quercy, à propos
d' Uxellodunum. Journal du Lot, 25 mars 1914.
[Puy d'Issolud].
Id. — Les limites des Cadurques et des Lémovices, d'après les lieux
appelés Fines sur les itinéraires romains . Journal du Lot, 27 mars
1914.
Anonyme. — Uxellodunum. La Dépêche, 29 mars 1914.
[Pas Capdenac].
94 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
E. C. — La charte de Philippe-le-Long de 1320. Journal du Lot,
1er avril 1914.
fCapdenac].
Anonyme. — Uxellodunum. La Petite Gironde, 3 avril 1914.
[Puy d'Issolud].
Id. — L'emplacement d'Uxellodunum. La Dépêche, 5 avril 1914.
[Puy d'Issolud].
Soulier (le chanoine). — Uxellodunum. Croix de la'Corrèze, 5
avril 1914.
(Puy d'Issolud].
J.-B. Roques et J. Plantadis. — Uxellodunum. Le Quercy à
Paris, 5 et 12 avril 1914.
[Puy d'Issolud].
Anonyme. — Dans la Presse. Le Télégramme, 10 avril 1914.
[Puy d'Issolud].
Lejeune (J.). — Questions posées à J.-B. Roques. Le Quercy à
Paris.
[Uzerche].
Lafage (Léon). — Le Printemps dans ï Oppidum. Le Temps, 25
avril 1914.
[Luzech, rimpernal].
Lejeune (L.). — La question d Uxellodunum. La Croix de la
Corrèze, 10 et 14 mai 1914.
[Uzerche].
Anonyme. — Représentation théâtrale à Vayrac (Le siège d'Uxel-
lodunum). La Petite Gironde, 12 juin 1914.
Anonyme. — Uxellodunum. Le Télégramme, 26 juin 1914.
[Puy d'Issolud].
Id. — Le Dolmen-club de Bellac à Uzerche. La Petite Gironde, 19
juillet 1914.
[Pas de conclusion].
Lejeune (L.). — La question d'Uxellodunum. Le Corrézien, 23
juillet 1914.
[Uzerche] .
Anonyme. — Une vieille cité en péril. Le Siècle, 23 juillet 1914.
[Uzerche].
Jean du Quercy. — Une brochure sur Uxellodunum. Le Télé-
gramme, 24 juillet 1914.
Meunier (le chanoine). — L'emplacement d' Uxellodunum.
L'Univers, 27 juillet 1914. •
[Puy d'Issolud].
Anonyme. — La question d'Uxellodunum. Le Télégramme, 30
juillet 1914.
[Puy d'Issolud]. •
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 95
Pour les autres Enceintes du Département du Lot, il faut faire à
l'Inventaire de 1908, les additions suivantes :
3 et 4. Brengues.
[Bull, mon., I, 1834, p. 15].
14. Gastelnau-Moutratier. — Truco de Maourelis.
[La Nature, supplément du n° 946, 18 juillet 1891, fig.].
24. Gras. — Murcens.
[Bull. Mon., I, 1834, p. 15; XXXIV, p. 657; XLIII, p. 587, 1875. — ANO-
NYME, Sur la découverte d'une muraille gauloise à Mursceinl. Rev. arch.,
1868. — DICT. GAULES, 1875. — AURÈS (A.), Détermination du pied
gaulois déduite des dimensions des murailles de V Oppidum de Mursens. Mem.
Acad. du Gard, 1868-69, p. 17. — CASTAGNE, Mém. sur la découverte
d'un Oppidum avec murailles et emplacements d'habitations gauloises à Mur-
sens, commune de Cras, adressé à M. de Pébeyre, préfet du Lot. Cahors,
Laytou, 31 mars 1868. — CUQUEL (l'abbé), Observations sur un mémoire
adressé par M. Castagne à M. de Pébeyre, préfet du Lot, touchant les ruines
de Mursens. Cahors, Combarieu, 1868. — TRUTAT (Eugène), Le Midi pitto-
resque. Limoges, Barbou, p. 172 et sqs. — CAUMONT (Arcisse de), Le
mur de Laudunum, comparé aux murs de Voppidum découvert «. Mursens
{Lot) et au mur découvert cette année au Mont Beuvray (Saâne-el-Loirè).
Bull, mon., 4« série, Caen, 1868, p. 659.— DE LA NOÈ (lieutenant-colonel),
Principes de la fortification antique. Bull, de géogr. his't. et descriplive,
1887, n° 5 et 6, p. 63.
48. Saint- Jean-Lespinasse. — Les Césarines.
[CALVET, C. F. A. — Recherches nouvelles sur le camp des Césarines.
Mém. Soc. des 1., se., et a. de l'Aveyron, I, 1837-38, RodezJ.
56. Lacave et Rocamadour. — Rocher des Abeilles ou Roc de
Mandaval.
[A. VIRÉ, B. S. P. F., V, 1908, p. 372; et VI, 1909, p. 457].
57. Limogne. — Marcigaillet.
[PECHDO (Dr), B. S. P. F., VI, 1909, p. 79J. J ; "
58. Gales. — Le Castela.
[VIRÉ (Armand), IBID, 1909, p. 457]. '-!/,.
59. Payrac. — Le Pech des Monges.
[ID., Ibid.).
60. Duravel. — Le siège de Y Anglais. « Restes de retranche-
ments... sur la hauteur qui décrit une Sorte de cirque naturel au
nord de ce bourg ». • - ;
[DELONCLE (Charles). — Puy-l'Evéque et ses environs. Monlauban, 1867J.
96 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
III. — ARTICLES ORIGINAUX.
La I*arure
aux. Epoques Paléolithiques anciennes.
Par le Dr
BALLET (de Paris).
On semble s'être peu préoccupé des objets de parure, apparte-
nant aux époques paléolithiques anciennes. Beaucoup de per-
sonnes même les nient, car l'être, qui vivait à ces époques loin-
taines, était, suivant elles, incapable de s'élever à l'idée de
Parure. Je ne saurais partager cette opinion. Avant les Mousté-
riens du type de Canstadt, les Chelléens et les Acheuléens ont
fabriqué des pièces remarquables et possédaient déjà un outillage
bien plus complet qu'on ne le croit généralement. Une hache de
Saint-Acheul, présentée par notre distingué collègue, M. de
Givenchy, est un vrai bijou par le fini de la taille et l'harmonie
des proportions! Je pourrais citer un instrument de Chelles,
dans le Musée de la Société Préhistorique Française, qui est une
merveille de délicatesse et de fini. Cet objet, assez petit, ovalaire,
fabriqué avec ce silex si caractéristique de Chelles, présente un
talon et une pointe aiguë avec un tranchant linéaire à la péri-
phérie.
Il est donc évident qu'au Quaternaire inférieur c'est un être
intelligent, qui fabriquait des objets de cette sorte. Il n'est donc pas
hors de propos de rechercher les objets de parure de cette époque.
En dehors des Stations Solutréennes et Magdaléniennes, je
crois qu'on n'a rien signalé dans ce genre et que l'on a semblé
croire que le goût de la Parure n'existait pas avant.
Cependant d'éminents Préhistoriens, de Quatrefages, Hamy,
avaient pensé que ces ornements devaient être des cailloux per-
forés. M. Hamy dit que les ornements, trouvés dans les alluvions
à Elephas primigenius sont des pièces d'enfilage, fabriquées avec
des cailloux ou des fossiles de la craie, Tragos particulière-
ment (1). L'auteur ne s'étend pas davantage, ne décrit rien et ne
paraît pas avoir souvent rencontré ces pièces perforées, pourtant
assez fréquentes dans les alluvions anciennes. Ces objets sont
fort intéressants, quelquefois même presque jolis, malgré leur
rusticité. C'est que Benvenuto Cellini n'était pas encore venu....
(1) Hamy. — Traité d* Paléontholcgie humaine . 1870, p. 201 et suiv.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 97
On rencontre fréquemment des rognons de silex, perforés natu-
rellement, et plus ou moins retouchés. M. Ilamy en a trouvé dans
le Dolmen des Vignettes, Léry (Eure). Nous savons donc qu'à
l'époque néolithique ces pièces avaient une signification ! Mais on
ne saurait, je crois, y voir un objet de parure, étant donné le poids
de ces rognons.
Dans les sablières de la Seine, on rencontre fréquemment de
semblables rognons, en place, associés à ce que j'appelle des Pla-
quettes, pièces qui font l'objet de ce travail. Je dis en place, car
je ne saurais partager cette opinion de brassages et de remanie-
ments dans les couches alluviales profondes du bassin de la Seine.
Tout s'y est déposé tranquillement, régulièrement, ainsi qu'on
peut le constater. On peut presque partout y observer la succes-
sion des couches mentionnées par M. Ladrière. On y trouve trois
lits de cailloux, séparés par des sables diversement colorés et
des couches argileuses. A la base, confinant à la craie, on ren-
contre X Elephas antiquus et l'outillage chelléen et peut-être pré-
chelléen. Au-dessus se trouve l'Acheuléen et X Elephas primige-
nius. A la partie médiane, on rencontre le Moustérien. Les patines
sont très différentes. A la partie médiane, la patine varie du
jaune au jaune rougeâtre. Elle est bleue ou grise, quelquefois
blanche, à la partie inférieure. Il n'est pas rare de rencontrer des
pièces très fines, intactes, et des fossiles tertiaires très fragiles,
au milieu de cailloux volumineux! Leur intégrité exclut l'idée de
remaniement.
On admet généralement, sans discussion, que toutes les
<\ Balastières » sont brassées et remaniées. Si quelqu'un fait une
tranchée dans les mêmes terrains, il est encore admis que tout
est en stratigraphie! C'est ainsi qu'il se produit des courants
d'origine inconnue qui influencent les esprits et cela clans tout
ordre d'idées.
Je ne saurais trop recommander la lecture d'un article de notre
collègue, M. Houry (1). Cet article, très bien fait, est une démons-
tration complète de la régularité des couches, à Billancourt, sur
une étendue considérable. C'est un fait que j'ai observé et vérifié
maintes fois, depuis vingt-cinq ans que j'explore ces sablières.
Cette croyance aux remaniements est plus théorique que réelle,
ainsi que semble le démontrer une observation prolongée et
rigoureuse. Quand il y a remaniement, le phénomène est très
visible. Le parallélisme des strates a disparu et les éléments sont
mêlés en désordre. Ce qui se produit le plus souvent, ce sont des
(1) Bulletin de la Société Préhistorique Française, octobre 1911.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 7
98 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
affaissements avec éboulis, venant de la surface. L'eau s'est
infiltrée, entraînant les éléments ténus et le phénomène apparaît
d'une façon évidente. En un mot le remaniement est toujours
visible, quand on veut se donner la peine de voir.
Les pièces qui font l'objet de ce travail proviennent des couches
inférieures et moyennes. Elles sont donc Chelléennes, Acheu-
léennes et Moustériennes. Les objets de parures rencontrés par
moi, consistent en Silex, perforés naturellement, plus ou moins
retouchés au trou et à la périphérie; en Gravillons perforés; et en
Fossiles tertiaires de diverses espèces.
I. — Plaquettes en silex retouchées a la périphérie,
AVEC TROU PLUS OU MOINS MARTELÉ.
Ces objets de parure se rencontrent fréquemment, dans les
alluvions anciennes. Leur aspect particulier les fait distinguer
des nombreux cailloux à trous qui n'ont pas reçu cette destination.
hig. 1. — Plaquette retouchée à la périphérie. — Saint-Geerges-sur-Eure (E.-et-L.).
[ACHEULÉEN].
Les primitifs ont employé le silex parfois quoique percé; dans
d'autres cas, parce que percé. On trouve des haches, des cou-
teaux, desracloirs, etc., percés d'un trou naturel. Les silex de
parure ont été utilisés, parce que percés. On s'est efforcé d'en-
lever le plus de matière possible près du trou de suspension, et
l'on y est souvent arrivé d'une manière surprenante, ne conser-
vant parfois qu'un mince filet pour la suspension. La pièce sui-
vante {Fig. 1) vient de Saint-Georges-sur-Eure (Eure-et-Loir).
C'est une plaquette retouchée à la périphérie, dont le trou naturel
a été manifestement régularisé. C'est un des plus jolis spécimens
que j'ai trouvés; il vient d'un milieu où ne se rencontrent que des
pièces acheuléennes, comme en fait foi la belle hache en silex
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
99
semblable, trouvée dans le même gisement, et déposée au Musée
de la Société Préhistorique Française .
Il semble qu'on ait essayé parfois de régulariser la pièce (Fig. 2
et 3). L'une a une forme trapézoïdale (Fig. 2); l'autre est sensi-
Fig. 2 et 3. — Pièces trapézoïdale et carrée. — Grenelle (Seine) [Chelléen].
blement carrée (Fig. 3). Toutes deux proviennent de Grenelle,
rue Miollis, au niveau de la craie. C'est à ce niveau qu'a été
rencontré, dans la même sablière, YElephas antiquus.
On dirait que dans les pièces suivantes (Fig. 4 et 5), on ait voulu
figurer un anneau. Dans la Figure 4 on a conservé une mince
4 5
Fig. 4 et 5. — Pièces en Anneau.
bande de silex pour la suspension. Le hasard seul serait insuffi-
sant, à mon avis, pour résoudre une pareille difficulté. D'ailleurs,
la pièce présente des retouches bien évidentes. — Le N° 5 est plus
extraordinaire encore.
La pièce suivante est très habilement retouchée sur les deux
faces. Elle provient de Billancourt et a été trouvée par notre col-
lègue M. Houry. Le trou a été visiblement travaillé des deux
côtés. Cette pièce très intéressante est représentée sur les deux
faces (Fig. 6).
Les pièces, qui viennent ensuite, proviennent toutes de Billan-
court et de niveaux différents : Acheuléen et Moustérien. Quel-
ques-unes sont assez jolies de couleur et de patine. L'une d'elles
(PL I; Fig. 4), présente une forme allongée, qu'on rencontre peu.
Dans le N° 5, la pièce la plus volumineuse de la Planche I,on a
su, comme précédemment, conserver dans le haut une faible épais-
100 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
seur de silex. Le trou est manifestement retouché. Les pièces
figurées sous les Nos 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14 (PI. I) sont
assez petites. Elles ont été prélevées sur des morceaux de silex
perforés naturellement, mais de manière à conserver un trou de
suspension.
Je ne crois pas qu'on ait mentionné ces pièces jusqu'à présent.
Si on les a vues, et c'est probable, on les a dédaignées, sans même
y prêter attention. Certains chercheurs à ma connaissance en
ont trouvé de plus belles que celles que je vous présente ; mais ils
n'ont pas eu l'idée de les publier. Nos collègues Thieullen et
M. Bertin ont présenté des pièces similaires, mais sans succès.
Thieullen n'a peut-être pas su les présenter avec assez de calme ;
et, de plus, il les mêlait aux pierres-figures, dont personne ne vou-
lait entendre parler. Quant à M. Bertin, il me permettra de lui
G. 6*
Fig. 6. — Billancourt (Houry).
dire qu'il ne nous a présenté que des échantillons trop grossiers,
trop roulés, et qu'il n'avait pas recueillis en place dans les couches
alluviales. M. Bertin, aussi, a voulu y voir des pierres-figures;
et ceci est encore impardonnable actuellement. Les pierres-figures,
qui existent certainement, viendront sans doute à leur heure.
On dit généralement, quand elle est trop hâtive, qu'une ques-
tion n'est pas mûre. — Il serait plus exact de dire que ce sont
les esprits qui ne sont pas mûrs pour la question!
Depuis vingt-cinq ans que j'étudie la question (on ne me repro-
chera pas, j'espère, de parler trop vite), j'ai pu faire une sélection,
avec l'aide éclairée de notre collègue M. Houry; et je crois que
les échantillons que je vous présente réalisent la Bijouterie de
ces époques si lointaines. Les magasins de la rue de la Paix ne
devaient venir que beaucoup plus tard....
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 101
On pourra peut-être m'objecter que quelques pièces paraissent
bien lourdes pour avoir servi de pendeloques. Cependant nous
Planche I. — Parure paléolithique ancienne.
savons que certains sauvages se chargent d'orncmeuts très volu-
mineuxA L'essentiel est de reconnaître dans ces silex l'interven-
102 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
tion d'un être intelligent; et je crois qu'avec un peu d'attention
on arrivera à cette conviction, que je n'ai acquise qu'après de
longues années d'étude.
II. — Gravillons perforés naturellement et intention-
nellement.
Ces petits éclats de calcaire siliceux, appelés Gravillons parles
ouvriers, plats généralement, très usés, à angles arrondis et
percés d'un trou, semblent appartenir exclusivement aux dépôts
fluviatiles. Malgré leur fréquence et leur étrangeté, on ne paraît
guère s'en être occupé. On ne paraît pas avoir approfondi la
cause de la Perforation. Les uns ont voulu y voir l'action de l'eau
courante, mais sans bien se rendre compte comment cette cause
aurait pu agir ! La vitesse d'un cours d'eau varie suivant qu'on la
prend au fond ou à la surface. Elle est plus grande sur la rive
concave et se ralentit sur la rive convexe. La rive concave tend de
plus en plus à se creuser, tandis que la rive convexe tend de plus
en plus à s'avancer. On peut, par la pensée, décomposer un cours
d'eau en un très grand nombre de filets, avant des vitesses varia-
bles.
Pour qu'un de ces filets agisse en vrille sur un gravillon, il
faudrait d'abord que le gravillon, perpendiculaire à ce filet, fût
immobilisé: condition qui peut se réaliser pour quelques spéci-
mens, mais qu'on ne saurait généraliser à des milliers d'exem-
plaires ! De plus le filet d'eau agissant à la surface du gravillon
eut usé toute cette surface et n'eut point creusé un canal cylin-
drique, soit à une extrémité (c'est le cas le plus commun), soit au
milieu, comme cela se remarque souvent. A mon avis, l'eau n'a pu
être la cause du phénomène !
D'autres observateurs ont cru le trou creusé par des Mollus-
ques, que Ton qualifiait de Lithophages. Les mollusques qui creu-
sent la pierre ne la mangent pas. Ils la creusent pour se faire un
abri ou logis. Ex : les Pholades, qui se font des cavités pyriformes.
Le moule intérieur de ces cavités, très commun dans le calcaire
néocomien, m'avait bien intrigué au début de mes études paléon-
tologiques. Les ouvriers appelaient ces objets des queues de cas-
serole ; et, en effet, la ressemblance est très grande.
Les Oursins se creusent des godets assez profonds et très régu-
liers sur des morceaux de silex. L'idée de mollusques inconnus
passant au travers d'un gravillon pour aller en perforer un autre,
et ainsi de suite, comme des clowns, mejparaît impossible à sou-
tenir.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
103
Je crois donc qu'il faut chercher ailleurs le mécanisme de ces
perforations. Chacun a pu remarquer les dépôts qui se forment
dans les fossés qui bordent une route, après de violents orages.
Cette boue, ce magma, se dessèche, se durcit ensuite, sous l'in-
fluence du retour de la chaleur. Si vous soulevez la croûte de ce
dépôt, vous trouverez les couches sous-jacentespercées de canaux
en tous sens. Ce sont des Annélides, des fétus de Graminées, des
radicelles, des menus branchages, qui les ont formés. Cette boue
du fossé est tout a fait analogue aux dépôts sédimentaires qui
jadis ont donné naissance aux Calcaires. A la longue, le dépôt se
solidifie; le calcaire se forme, s'infiltre de silice; les matières
organiques disparaissent, mais les canaux restent. Ils sont plus
ou moins sinueux, ayant conservé la forme des radicelles et des
petites branches. A la longue encore, le calcaire ainsi formé se
Planche II. —Gravillons perforés utilisés [Paléolithique ancien] ou non.
délite à l'air libre; l'eau de pluie, qui dissout le calcaire, favorise
cet effritement. Les morceaux qui sont entraînés dans les cours
d'eau emportent avec eux un fragment du canal primitif. C'est
probablement ainsi qu'il faut expliquer l'origine des trous dans
les gravillons trouvés dans les alluvions (PI. II; Fig. 1, 2, 3, 4).
Nous savons que ces gravillons ont été employés comme orne-
ments aux époques Néolithiques. On en a trouvé dans des Sépul-
tures : à Vendrest, etc. Mais ceux que je présente ayant été trouvés
dans les couches alluviales, on ne peut que conjecturer leur
104 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
emploi. Ces petites pierres sont vraiment jolies et il semble pro-
bable qu'elles devaient être utilisées aux époques anciennes.
Voyons donc s'il ne serait pas possible d'obtenir quelques
notions plus précises. Laissant de côté les gravillons à trous
obliques ou sinueux, examinons ceux qui sont percés d'un trou
cylindrique, perpendiculaire aux deux faces, et bien placé pour la
suspension.
Ce sera d'abord une présomption. Voici un gravillon (PI. II ;
Fig. 6), réunissant ces conditions. — A côté j'en présente un
autre (PL II ; Fig. 7), percé par moi-même avec une pointe de
silex, ramassée au hasard dans la sablière. — Il est certain que
ce trou sera semblable au premier, quand l'eau l'aura usé en
passant dessus pendant des siècles.
Voici un exemple un peu plus probant. C'est un gravillon très
heureusement percé pour la suspension. Le trou, à la partie supé-
rieure, est manifestement usé par le lien de suspension. Ce trou,
peut-être naturel, a donc été utilisé (PL II, Fig. 5).
Enfin voici un gravillonindiscutablementpercé parl'homme ! On
l'a attaqué des deux côtés, en formant deux troncs de cône, adossés
par le sommet. — On peut, après cet exemple, affirmer que les
Paléolithiques anciens utilisaient les gravillons percés comme
parure, et qu'au besoin ils en perforaient eux-mêmes (PL II,
Fig. 8).
III. — Ossements empruntés a des Fossiles variés: Tragos, Spon-
giaires divers, Dentales, Serpula spirulea, Natica, Voluta,
Encrines, etc..
1° Coscinopores (Tragos globularis). — Bien qu'on ait beaucoup
parlé des Coscinopores, pour les rejeter hors du domaine scienti-
fique, je crois qu'il y aurait encore quelque chose à en dire. Les
Spongiaires présentent un canal central plus ou moins étroit,
mais s'élargissant dans certaines espèces jusqu'à prendre l'aspect
hypocratériforme. Autour du canal central existent en plus ou
moins grand nombre des canaux latéraux: Exemple l'Eponge
commune. Le Tragos présente quelquefois deux ou trois canaux,
se croisant à angle droit. Dans son terrain d'origine, la craie, le
Tragos a toujours son canal bouché par une craie, très dure. Il est
très difficile de déboucher un Tragos, sans le casser ou le dété-
riorer. Je ne connais pas d'exemple de Tragos débouché dans son
terrain d'origine. Peut-être y en a-t-il ? J'en ai vainement cherché
dans les Musées et les Collections particulières. Dans les terrains,
quaternaires, le Tragos est presque toujours , débouché. On en
trouve quelques-uns encore comblés ou débouchés à moitié. Ces,
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 105
fossiles ont servi de Parure, nous le savons, aux époques Néoli-
thiques. On en a trouvé dans les Sépultures : a Vendrest, etcj,
M. Hamy en a trouvé dans une sépulture du fer à Echinghem,
prèsBoulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais). On en a trouvé h Chelles,
à Saint-Acheul, dans bien des Dolmens (PI. III ; Fig. 9 à. 14).
Comment ont donc été débouchés les Tragos? Bien des per-
sonnes ont cru que les courants devaient suffire. Mais le fossile
tout entier eut été roulé, usé : ce qui n'est point le cas; et on
comprend peu qu'une craie si dure puisse s'user à l'intérieur en;
Planche III.
ZS *c *7
Fossiles préparés [Paléolithique ancien].
roulant. Je n'oserais certes pas dire que tous ont été débouchés'
par l'Homme. Cependant on trouve de. très larges trous, présen- j
tant des hachures à l'orifice. j
Lyell (1) semble admettre qu'on en a percé artificiellement pour
en faire des colliers et des bracelets. Rigollot le croyait aussi, car^^
disait-il, on les trouve entas, très souvent.
(1) Ltell. — V Ancienneté de l'homme. — 1870, p. 129 et suiv.
106 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
" Si l'on compare l'orifice d'un Tragos encore bouché par la craie
à celui d'un Tragos de même grosseur, mais débouché, on trouve
presque toujours le canal singulièrement agrandi (PI. III ;
Fig. 13-14).
Cette remarque, faite par Thieullen, paraît probante (1). Mais,
en admettant que le trou soit toujours naturel, il paraît impossible
d'admettre que ces perles naturelles n'aient pas été utilisées par
les Paléolithiques, qui perçaient des gravillons. Les échantillons,
trouvés à Billancourt, sont identiques à ceux de Vendrest et d'au-
tres sépultures. — Mais, il faut l'avouer, nous n'avons pas ici la
certitude que nous ont donnée les gravillons.
2° Spongiaires divers. — Ce sont des corps tubulaires ou
sphériques. Je présente une sorte de Perle (PI. III; Fig. 15), un
petit tube usé aux deux extrémités. Voici une rondelle (PI. III;
Fig. 19) taillée dans un spongiaire. Ces rondelles, variables dans
leurs dimensions, sont assez fréquentes (PI". II ; Fig. 8).
3° Articulations d'Encrines. — Nous savons que ces fossiles
ont servi de parure aux époques Néolithiques. On en a trouvé
dans des Sépultures diverses: à Vendrest. On ça a recueilli
tout un collier sur un squelette dans la sablière de Vignely
(Seine-et-Marne) ; le collier est conservé au Musée de Meaux,
où je l'ai vu jadis. Les rondelles des sablières sont identiques.
Elles ont dû certainement servir; mais la preuve ne pourrait
être faite que si les articulations offraient des traces évidentes
de travail. Il semble que, dans certains cas, le fossile a été
évidé ; la partie interne, rayonnée, a disparu, comme dans les
rondelles de Vendrest. Des pièces identiques se rencontrent
dans les alluvions (PI. III ; Fig. 16, 17, 20).
4° Mollusques divers. — On trouve souvent, et j'en ai déposé
à la S. P. F., des perles taillées dans le tube d'un Dentalium.
Ce sont de petits cylindres nettement tranchés aux deux extré-
mités. Le travail est trop net pour qu'il ne soit pas intentionnel.
Voici des Cérithes dont Tune présente un trou obtenu par usure
(PI. III ; Fig. 18); l'autre présente un trou de perforation intact.
Quelques coquilles du genre Nalica et Voluta offrent un trou placé
de la même façon et qui n'est pas celui que font les Murex. Ces
trous sont intentionnels, comme ceux des escargots des Escar-
gotières d'Afrique, qui sont percés du même côté et de la même
f^çon (côté d'élection).
On trouve quelquefois un petit fossile, Serpula spirulea^ percé
(1) Tuieullen, Varia, 1901, p. 8, "
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 107
d'un trou central. J'en ai dépose quelques exemplaires à la
S. P. F. — Peut-être ce petit fossile a-t-il été utilisé?
Un travail de ce genre eut sans doute été peu compréhensible,
sans les nombreuses figures qui raccompagnent. Ces dessins
remarquables sont l'œuvre de notre collègue, M. Hue, ancien
Président, dont l'obligeance est inépuisable. Il a bien voulu les
faire pour moi et je lui en exprime ici toute ma reconnaissance.
M. Marcel Baudouin. — Je ne saurais trop féliciter notre
éminent collègue et ami, M. le Dr Ballet, de sa savante commu-
nication aussi documentée que précise, et surtout de sa pré-
sentation des superbes pièces de Parure du Paléolithique infé-
rieur de sa Collection.
Jusqu'à présent, en effet, au cours des nombreuses confé-
rences (1) que j'avais faites sur les Bijoux préhistoriques (2),
faute de renseignements suffisamment circonstanciés, j'avais
toujours dit que la Parure ne semblait guère débuter qu'avec
le Moustérienl Et, à cette occasion, je n'ai jamais manqué de
citer les pièces très démonstratives à ce point de vue, trouvées
par M. le Dr H. Martin à La Quina [Canine avec trace de per-
foration', phalanges de renne percée, etc.].
Mais aujourd'hui je m'incline devant les objets qui nous sont
soumis, et qui font certainement remonter les restes matériels
de la Parure paléolithique jusqu'au Chellèen.
Certes, les Bijoux et la Parure étaient très probables pour ces
époques lointaines; mais actuellement la démonstration en est
faite et bien faite par les remarquables pièces qui nous sont
soumises !
Pour mon compte, j'en suis très aise, puisque je suis
convaincu depuis longtemps, que le Chellèen était déjà un
Homme très cérébralement évolué; mais je suis surtout bien
heureux, grâce à M. le Dr Ballet, d'avoir enfin aujourd'hui une
preuve irréfutable de cette manière de voir.
(1) La Roche-sur-Yon ; Fontenay-le-Gomte ; Les Sables-d'Olonne; Paris;
Lisieux; etc.
(2) Les Bijoux préhistoriques, etc., en Vendée. — Rec. du Bas-Poitou, 1907,
p, 249. — Evolution du Bijou préhistorique. — Bull. Soc. Préh. Franc., 1907*
p. 217-218; p. 256. — Perforations préhistoriques. — Bull. Soc. Anthr., Par.,
1904, p. 66.
108 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Les Tumulus «le Blnisy-Bas et de Saint- Hél 1er
(Côte-cTOr).
(Etude sur les Epées de Fer à antennes et les Rasoirs de bronze).
PAR
L. COUTIL fEure) et le Dr BRULA RD (Gôte-d'Or).
Le département de la Côte- d'Or est un des plus connus par ses
nombreux et riches tumulus, dont plusieurs ont fourni de précieux
documents sur la transition de la fin de l'Age du Bronze, et du Pre-
mier Age du Fer : nous rappellerons simplement les tumulus des
Mousselots, lieu dit la Garenne, à Sainte -Colombe, près de Chatillon-
sur-Seine, explorés par Flouest; de Magny Lambert, fouillés par
MM.Flouest, Abel Maître, et plus tard, par le DrBrulard; les tumulus
de Minot, par H. Corot; les tumulus de Mauvilly, par le vicomte
d'Ivory, etc,
En 1911, le Dr Brulard avait préparé pour le Congrès de l'Asso-
ciation française, la fouille d'un tumulus qui contenait vingt huit
sépultures de la fin du Hallstatt.
Dans le Gard, les tumulus de l'arrondissement d'Uzès, et ceux du
Jura, ont donné de précieux documents, dont quelques-uns de la fin
de l'Age du Bronze.
Nous avons pensé, avec le Dr Brulard, que les groupements funé-
raires de la région de Dijon méritaient une étude spéciale ; et grâce
à une subvention de l'Association, française pour l'avancement des
sciences, nous avons exploré deux groupes, situés sur Blaisy-Bas et
Saint-Hélier.
Tumulus de la Fontaine Saint-Julien (Bois Salle). — En explorant
BlaiSY Bas(Cotz d'o*.Y TuKulus ctuJBois SûUe clTonhmeStlaureni
J (atUe 8-jJ-
Planche I. — Blaisy-Bas (Côte- d'Or). Tumulus du Bois-Sallé
et Fontaine Saint-Laurent.
les bois situés sur les hauteurs de Blaisy-Bas, nous avons reconnu
plusieurs petits tumulus de 7 à 8 mètres de diamètre, au-dessus de
la Fontaine Saint-Julien, dans le bois Salle, à gauche de la route de
Blaisy à Semur, de chaque côté de la ligne de chasse 8-9. Nous en
avons fouillé deux, situés à 2 mètres et à gauche du bord de cette
ligne, presque sur la déclivité du coteau dominant les sources.
L'un était formé de grandes dalles, avec cavité centrale pro-
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 109
venant d'un effondrement d'environ 1 mètre et des interstices très
apparents entre les pierres, correspondant au caisson funéraire
effondré, delm10à lm20 décote, et composé de pierres verticales, légè-
rement inclinées en dedans. Contre ce locuhis, des pierres plates
étaient disposées sans ordre, sur environ lœ50 de largeur; et contre
un cercle, d'autres blocs placés presque verticalement formaient une
sorte de cromlech circulaire. Enfin, contre celles-ci et le pourtour
extérieur, de plus larges pierres plates étaient inclinées à 45 degrés
(Planche I). Le diamètre était de 7 mètres et l'épaisseur maxima
0m80. — Aucun débris d'os ou de poterie n'a été retrouvé.
Un autre tumulus se trouvait à 6 mètres de distance; son diamètre
était de 6 mètres sur 7; il était beaucoup moins bien construit et
composé de pierres posées à plat ; l'effondrement central correspon-
dait à l'affaissement du caisson. Nous n'y avons trouvé que des
débris minuscules d'ossements brûlés.
Sur la droite de la ligne de chasse 9-10, nous en avons fouillé un
troisième, situé à 60 mètres des deux premiers ; il avait environ
8 mètres de diamètre et 0m60 d'épaisseur; au centre existait un effon-
drement correspondant au caisson écroulé ; nous n'y avons recueilli
que des débris d'os humains incinérés et des fragments de poteries.
A côté existe un petit tumulus de 6 mètres de diamètre; et vers
l'Est, de l'autre côté de la ligne, un autre tumulus plus petit ; nous
ne les avons pas fouillés, car les trois premiers ne nous avaient rien
révélé.
Tumulus du Champ Huliot. — Nous avons continué nos fouilles à
5 kilomètres, vers le Nord, à la limite des communes de Blaisy-
Bas et de Saint-Hélier, dans le bois dit Champ Huliot, appartenant
à Etienne Laurent. Le tumulus est situé à l'altitude de 527 mètres,
il fait face au mont Tasselot, dont il est séparé par 3.500 mètres
et par une vallée peu profonde où coule l'Oze, alimentée par de
très nombreuses sources; d'ailleurs, le versant situé en contre-bas
du tumulus fournit à lui seul près de dix sources, dont une très
rapprochée ne tarit jamais ; on se trouve, du reste, à la limite du
partage des eaux de la Seine et de la Saône, et dans le voisinage
des sources de la Seine.
Construction. — Ce tumulus ressemble à un galgal aplati ; aucun
arbre n'a poussé dans sa masse calcaire, composée de pierres sèches,
plates etimbriquées, provenant du sous-sol constitué par du calcaire
feuilleté : tous les tumulus de la Côte-d'Or sont ainsi constitués.
Nous avons remarqué, tout d'abord, une sorte de petit parement
dépassant la surface de 0m35 sur environ 1 mètre à lm50 seu-
lement de pourtour. Nous avons fait dégager ce pourtour circulaire
bien appareillé à l 'extérieur (, et contre lequel on avait entassé, à plat,
110 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
mais avec moins de soin, les blocs intérieurs de remplissage; tandis
que la paroi extérieure de ce mur était arcboutée par de larges dalles
plates de 0m60 de long, posées à 45 degrés sur une largeur de 3 mètres
à3m50.Le diamètre de la partie centrale mesurait 8m75à 0 mètres et
le diamètre total 15 mètres. Le mur de soutènement du tumulus
: BlaÏsyBaé (Cirz d'or). Tumulus cfu Ckdmji Huliot
Planche H. — Blaisy-Bas (Côte-d'Or). Tumulus du Champ Huliot (côté Est).
s'élevait à lm10 ou lm20, la hauteur maxima du tumulus était de
lm70 (1) (Planche III).
Chambre latérale. — Contre ce mur, au Nord-Est, une petite
o 4- rV
Planche. III. — Plan et Coupe du Tumulus du Champ Huliot.
chambre ou loculus de 2m90 de long sur 2m15 se trouvait entièrement
(t) Des monuments circulaires de'même époque Ont été découverts a Ploupou-
melen et à Silfiac (Morbihan), à Herbascat, près Trépuennec (Finistère) ; quantau
tumulus du Bois Vert, commune de Villeneuve-les-Convers (Côte-d'Or). exploré
par MM. Lorirry et Corot, il offrait une chape circulaire en pierre avec trous, et
un noyau de terre; il remonte à la période de la ïène ; il est tout différent de
construction.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 111
remplie par des arbustes. Depuis qu'elle a été dégagée, on serait
tenté de croire qu'elle a été construite par des bûcherons ou des
bergers, car on en retrouve d'à peu près analogues dans les épierre-
ments des champs voisins.
Nous insistons cependant pour faire remarquer que cette chambre
est construite entièrement dans l'épaisseur du monument et que Von
a respecté avec soin le pourtour du mur] le tout est ancien, car les
broussailles actuelles ont poussé sur de vieux pieds d'arbres déjà
coupés quinze ou vingt ans avant ; les pierres sont tapissées de lichens
et d'une très ancienne patine; on doit remarquer aussi que cette case
a servi aux bûcherons qui ont démoli le côté Est pour faire une
entrée conservant ainsi pour s'abriter les côtés Ouest, Sud et
Nord, les plus exposés à la pluie et au vent, ce qui a permis
de conserver cette cavité intacte et dans son état primitif; ce
détail constitue une autre particularité intéressante du monument
(Planche II).
Forme du tumulus. — Il est impossible d'admettre que ce tumulus
ait eu la forme d'un cône bien défini, car on retrouverait sur le pour-
tour les éléments disparus : tout au plus peut-on admettre un très
léger éboulement des bords, et cependant il n'a pas découvert le mur
circulaire, sauf sur un point et sur environ 1 mètre de longueur. Le
centre était un peu déprimé par l'affaissement du loculus central.
Fouilles. — Nous avons tenu à conserver le parement du mur sur
son pourtour, ainsi que l'emplacement de la chambre adjacente ; par
suite, notre fouille s'est arrêtée à l'intérieur, à environ 1 mètre, à
1M50 du pied des murs, en dégageant suivant une pente à 45° : nous
avons donc exploré, au centre, la moitié de la surface intérieure du
tumulus qui a été fouillée jusqu'au sous-sol ; nous avons même enlevé
0m60 d'épaisseur de plaquettes calcaires, constituant le sous-sol
naturel, afin d'être bien certain de ne rien laisser (Planche III).
A mi-hauteur et au centre, à 0m70 de profondeur, nous avons
recueilli la moitié du pourtour d'une écuelle tronc-conique en terre
grise, à bords incurvés en dedans et mesurant 0m25 de diamètre sur
0m10 de profondeur (nous avons retrouvé cette forme dans les
tumulus du Jura, c'est une forme typique de la céramique des
tumulus du Premier Age du Fer, du Plateau de Ger (Basses-Pyré-
nées), de Niederweningen (Zurich), du duché de Bade, etc.);
cette écuelle se trouvait au centre d'une incinération dont nous
avons recueilli les ossements calcinés et les dents, un débris de
maxillaire inférieur, des métacarpiens et métatarsiens. Plus bas et
au niveau du sol se trouvait une seconde sépulture par incinération
avec parcelles crâniennes, de rocher, de maxillaire inférieur, quatre
molaires, débris de côtes, de métacarpiens et métatarsiens apparte-
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s'che IV. — Plan d'ensemble des Tumulus du Champ Huliot et de la Corne.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE H3
nant à un individu assez fort et adulte. L'orientation pouvait être
Nord-Sud; tandis que la précédente était peut-être Nord-Est et
Sud-Est.
En dégageant le pourtour du mur, vers l'Est, nous avons trouvé à
environ 0m45 de profondeur un squelette d'adulte d'environ 45 à
55 ans ; nous n'avons conservé que le crâne dont la partie anté-
rieure de la face manque, nous l'avons offert aux collections de la
Société Préhistorique Française ; il a été très habilement réparé par
notre collègue Hue, conservateur des collections ; lhumérus et le
cubitus mesuraient 0m51 ; le fémur et le tibia réunis mesuraient 0m74
et le sujet mesurait environ lm60. Aucun débris de poteries ne fut
recueilli près des ossements. Il se pourrait que d'autres sépultures
existent dans la partie non déblayée au Nord-Ouest, sur le pourtour
interne des murs, que nous avons conservée, pour que l'on puisse
étudier le monument.
Tumulus de la Corne (de la Combe). — A 60 mètres au Nord-Ouest
de ce tumulus, à la limite des territoires de Blaisy-Bas, Champre-
naut et de Saint-Hélier, au bord des bois, mais sur cette commune
et presque en face Tursay, le Dr Brulard remarqua un amas de
pierres mesurant 18 mètres de diamètre. Nous hésitions à le fouiller,
car il se trouvait tout à côté et adossé à de très nombreux épierre-
ments des champs voisins ; mais comme la partie centrale corres-
pondant au localus était effondrée, nous avons décidé de le fouiller.
L'endroit porte le nom de Sur la Corne (Sur la Combe). Ce tumulus
beaucoup moins intéressant comme construction, se composait
de pierres plates calcaires, formant une butte aplatie, peu régu-
lière comme pourtour, et limitée par des broussailles séparant le
monument de la plaine ; sa hauteur était de lm18 à 2 mètres au maxi-
mum. La base était formée d'une couche d'argile jaune, d'environ
0m15 à 0m20, reposant sur un lit de pierres plates assez bien agencées
comme pavage (Planche VI).
Fouille. — C'est en explorant cette couche correspondant à la cavité
effondrée du loculus, que nous avons aperçu entre deux pierres de
0m35, un rasoir en bronze en arc de cercle, avec trois ouvertures
triangulaires et un anneau; il était encore recouvert de terre rou-
geâtre ; il reposait sur une autre pierre plate ; sa forme nous était bien
connue par la série des types reproduits l'an dernier dans notre con-
férence du Congrès préhistorique de Lons-le-Saunier. Le Dr Bru-
lard reconnut aussitôt la similitude de ce rasoir semî-lunaire, avec
celui qu'il avait découvert dans le Tumulus des Fourches, à Magny
Lambert (Côte-d'Or), qui porte quatre ouvertures triangulaires ; il
rappelle aussi celui du Monceau Laurent, à Magny Lambert, plus
simple et avec deux ouvertures triangulaires, au lieu de quatre. On
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE. 8
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 115
peut dire que ces rasoirs en hémicycle, avec anneau de suspension,
sont spéciaux à la Côte-d'Or, car le Tumiihis du Monceau Milon en a
donné un autre à trois anneaux de suspension accolés; nous pou-
vons encore les rapprocher de ceux de Saint-Pierre Eynac (Haute-
Loire); de Gevingey (Jura); Gréâncey (Côte-d'Or); Clayeures
(Meurthe-et-Moselle) ; deux de la Bourgogne du Musée de Saint-
Germain ; de .Villeneuve-Saint-Georges (Seine-et-Oise) ; Borie
d'Arne, près Rogues (Gard); de Bernissart, Gedinne et Wawre
(Belgique). Ces rasoirs semblent dériver des rouelles employées
comme tranchets, et analogues à celui de Corcelette du musée de
Lausanne (1) (Planche V).
A 0m20 ou 0m25 du rasoir, notre attention fut à nouveau attirée
par des fragments d'os longs bridés, trois dents incinérées et quatre
fragments de poteries. Nos six ouvriers étaient à nos côtés et malgré
nos observations voulaient absolument fouiller; c'est ainsi que la
pointe d'une épée en fer fut jetée au remblai, un instant avant que la
partie médiane ne fut découverte près du rasoir; cette épée qui gisait
au milieu des ossements humains, de chien, de porc, de cerf, et des
fragments de poteries, était tellement oxydée qu'elle fut brisée en
quatre parties sous le poids des personnes qui avaient marché au-
dessus, sans prévoir sa présence. Nous avons d'abord recueilli la
partie médiane sur une pierre, ce qui nous prouva que la pointe
avait été jetée à côté sur les pierres du déblai et avait glissé dans
les interstices. Nous trouvâmes aussitôt, et bien en place, l'extré-
mité supérieure de la lame avec sa garde arquée, mais la poignée
très mince était brisée en quatre petits morceaux. Notre collègue
Socley, qui cherchait près de nous, souleva une masse bifurquée ;
c'était le pommeau muni de petites antennes. Cette épée a été
réparée par M. Champion, du musée de Saint-Germain, avec la
pointe retrouvée après notre départ par notre collègue. Cette épée
mesure 0m50 de longueur totale, dont 0m12 pour la poignée, et 0m075
pour le plus grand écartement des antennes, terminées par de gros
boutons ; la garde arquée mesure 0m045 ; la largeur de la lame 0m027
et sa longueur 0m36; l'épaisseur de cette lame nous paraît avoir été
de 0m008. Cette lame était épaisse et à section presque elliptique.
Cette forme est bien celle de Hallstatt; de Saint-Foy (Tarn) ; de
Sion (Valais), à poignée de bronze et lame de fer; de Créancey (Côte-
d'Or), à poignée plus petite avec bouton médian, à garde plus large
et à antennes plus divergentes; d'Alaise (Doubs) à antennes aussi
plus écartées et à garde plus droite; à'Airolles (Gard); de Donges
(1) Nous rappellerons que les sépultures villanoviennes des environs de Bologne
renferment presque toutes dans Furne cinéraire un rasoir semi-lunaire avec une
petite tige terminée par un anneau.
116
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
T3S
t. a
S
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE H 7
(Loire-Inférieure); Sesto-Calende, près Milan; Koban-le Haut,
Ossethie (Russie). Notre épée se rapproche aussi du type Pyrénéen
d'Avezac-Prat, du Plateau de Ger, près Tarbes, de Roquecourbe
(Tarn), et des nombreuses épées courtes de la Nécropole ibérique
d'Aguilar de Anguita, explorées par le Marquis de Cerralbo; tou-
tefois, les poignées de ces épées sont plus fortes, les antennes
encore plus rapprochées, puisqu'elles se touchent presque, comme
sur les épées de Civrg-les-Arnag (Côte-d'Or) et du Pont de l'Ouen
(Loire-Inférieure); nous citerons encore Fépée de la Saône, dans l'île
Saint-Nicolas, à 2 kilomètres de Châlons (Collection Milon, à
Dijon), et de Vix-Etrocheg (musée de Châtillon-sur-Seine), la
garde est également arquée et débordante, mais la lame des épées
est un peu triangulaire et plus large près de la garde. Nous
pouvons encore mentionner dans le duché de Bade, les épées à
antennes de Rielasingen (1), de Homburg (2); et l'épée d'Hof-
fenheim (3), duché de Bade, offre deux antennes incurvées en dedans
et concentriques ; cette terminaison rappelle celle de Sion (Valais),
et de Cotterdal (Yorkshire), avec poignée à cordons, mais cette
épée de Cotterdal doit être placée dans la période de la Tène
(Planche VI).
Il est curieux de voir au musée de Zurich trois fibules de
bronze à ressort très long, à arc, contemporaines de la période de
la Tène III et trouvées à Giubiasco XTessin) (4), offrir aussi, par
survivance, vers la tête de la fibule, deux antennes à bouton.
M. Schumaker (5), conservateur du musée de Mayence, croit que
le prototype des épées à antennes de bronze serait d'origine helvé-
tique; mais nous ferons remarquer qu'on l'a rencontré à Bologne,
Este, Corneto, au début de l'Age du fer; par suite, nous ne pouvons
croire à un prototype Helvète, parce qu'on a trouvé des épées de
bronze analogues en, Suède, dans le Danemark, et aux environs de
Mayence.
Nos ouvriers s'étant par trop intéressés au dégagement des objets
et voulant malgré notre défense fouiller à nos côtés, nous avons dû
suspendre nos fouilles, et confier à nos collègues, MM. Socley et
Bertrand, de Dijon, le soin de déblayer le pourtour Est de ce tumu-
lus, après notre départ. En A, vers l'Est, M. Socley découvrit deux
incinérations avec fragments de crânes et plusieurs dents humaines;
(1) Wagner. — T. I, p. 32, fig. 23,
(2) Wagneb. — Fig. 87, p. 136. Fundstatten und Funde... zeit im grossherzog-
tum Baden, 1908-1911.
(3) Wagner. — T. II, p. 344, fig. 279.
(4) Au Musée de Ulrich, pi. LXV.
(5) Schumaker. — Fundbericht aus Schwaben, t. VII, 1899.
118 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
à 3 mètres vers le Nord, une autre incinération, avec fragments de
poteries.
En recherchant la pointe de l'épée, vers le Nord-Ouest, il ren-
contra une autre incinération humaine avec fragments de Crâne et
dents usées d'adulte, sans poteries.
A l'Ouest, sous la pointe de l'épée et dans le sol qui n'avait pas
été exploré assez profondément au début de la fouille, ils trou-
■Saint IIélie.^- (Corn d'or). Tumulus de ~U Corne ou Comôe
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Jtfojit Tassttoè às.Soo'"
/
Planche VII. — Mont Tasselot.
vèrent un petit crâne de rongeur, des dents de chien et des osse-
ments d'animaux. Enfin, vers le point P, trois grandes pierres
placées verticalement dans l'argile, à peu de distance du bord Sud-
Ouest du tumulus ; elles pouvaient faire supposer qu'on les avait
placées intentionnellement; aucune trace d'incinération ne s'y
trouvait. Un petit éclat de silex ressemblant à une ébauche du grat-
toir a été recueilli à 0m80 de la poignée de l'épée (Planche VII).
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 119
Autres Tumulus voisins. — Ainsi que nous l'avons déjà mentionné,
cette région est riche en tumulus; outre ceux qui restent encore à
explorer, nous en citerons un autre peut-être plus important que
celui du Champ Huliot (avec chape circulaire), et d'au moins 20
mètres de diamètre; il a été exploré très superficiellement, vers
1912, par M. Cunisset-Carnot, en effectuant quatre cavités, mais
sans dégager complètement la partie centrale et profonde du tumu-
lus. Nous ignorons si ses recherches ont donné quelques rensei-
gnements; dans tous les cas, ils sont forcément très incomplets.
Comme les précédents, ce tumulus se trouve sur les sommets boisés
dominant la rivière l'Oze, entre Blaisy-Bas et Turcey, au lieu dit la
Forêt.
A 8 ou 900 mètres, au Nord de ce tumulus, et à 15 ou 1600 mètres
de celui du Champ Huliot, M. de Traynel en a fouillé un autre situé
aussi sur la même crête boisée, à la même altitude 527, au lieu dit
Chênois, où il a recueilli des petits bracelets en lignite.
En terminant, nous devons rappeler que l'Association française
pour l'avancement des Sciences nous a voté une subvention pour
effectuer ces fouilles ; et nous sommes heureux de lui en témoigner
toute notre gratitude.
Nous devons remercier aussi M. Bertrand, de Dijon, qui nous a
fait obtenir l'autorisation de fouiller les tumulus du bois Salle; et,
avec l'aide de M. Foitet, nous a recruté des ouvriers. Nous n'oublie-
rons pas M. Etienne Laurent, propriétaire du tumulus du Champ
Huliot; M. Coutety de Tursay, propriétaire du tumulus de la Corne;
ni M. Bochot, instituteur à Blaisy-Bas, qui nous ont prêté un con-
cours précieux; enfin, notre dévoué collègue Socley, de Dijon, qui
est venu nous aider plusieurs fois, et qui a terminé avec tant de soin
la fouille du pourtour du tumulus de la Corne, où il a retrouvé
quatre incinérations et la pointe del'épée en fer tombée par mégarde
dans les interstices des blocs provenant des déblais; il nous adonné
en outre, un plan très précis de ses recherches complémentaires.
Nous espérons, par la suite, continuer nos recherches dans cette
région spéciale où l'abondance des sources a séduit et retenu les
populations primitives, dont nous retrouvons avec tant de peine les
vestiges un peu trop rares pour l'importance et le nombre des
Tumulus qui les dissimulent à nos regards.
120 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
ï*ointes de Flèches de l'âge du t>i»otize munies
de barbelures à la douille {Suite).
PAR
L. COUTIL (Saint-Pierre-du-Vauvray, Eure).
Nous avons déjà décrit plusieurs séries de pointes de flèches,
trouvées dans des gisements caractéristiques de l'Age du Bronze; ce
qui permet de bien fixer l'époque de leur fabrication (1).
A ce premier groupe de quarante flèches, nous allons en ajouter
une nouvelle série aussi importante de trente-six autres, que nous
avons étudiées en Italie et dans l'Allemagne du Sud, au cours d'un
voyage effectué l'an dernier (Fig. 1).
Musée national de Munich (Bavière). — Ce Musée possède sept
flèches à douille creuse et à ailerons très écartés. Sur quatre exem-
plaires, la douille porte un appendice acéré et arqué, sur les quatre
numéros, 127, 128,3513, 3354; sur les trois exemplaires 69 K. IV,
125 et 126, la pointe acérée de l'appendice a été brisée; ces pointes
mesurent comme longueur de 0m022 à 0m036, de la pointe à l'extré-
mité de la douille, et de 0m012 à 0m017 pour le plus grand écar-
tement de la base des ailerons. Le même musée possède une belle
série d'autres pointes à douille épaisse, mais sans petite barbelure à
la base.
Musée de l'Académie des Sciences de Munich. — Ce Musée ren-
ferme onze autres pointes un peu plus fortes et plus allongées, dont
cinq proviennent de Tann,près Altmùhlmunster (1895) ; une plus fine
de Weihenstefan ; cinq flèches plus grandes de Meittendorf, mesu-
rant 0m052 de longueur de tige et 0m023 pour l'écartement des
ailerons.
Musée de Stuttgart (Wurtemberg). — Ce Musée possède six
autres flèches ; quatre à douille, dont trois assez longues et sem-
blables, trouvées à Gellmersbach, mesurant 0m042 de longueur et
0m020 d'écartement pour les ailerons ; une flèche beaucoup plus
petite, sans provenance, mesurant 0U1025 de longueur et 0m014 pour
l'écartement des ailerons.
Deux pointes plates, c'est-à-dire sans douille, trouvées dans un
tumulus de Welsingen, l'une mesure de 0m046 de long et 0m020
d'écartement des ailerons; l'autre beaucoup plus allongée, de 0m06
de long et 0m015 pour l'écartement des ailerons; c'est une des plus
grandes que nous ayons reproduites : le tumulus qui a donné ces
(1) L. Coutil. — Elude sur les pointes de flèches de l'Age du bronze munies
de barbelures à la douille. — Bull. Soc. Préhist. Franc., n» 2, 1912, p. 128-134
n<> 9.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 121
deux pointes renfermait des bracelets à spirales aux extrémités, une
faucille à bouton, deux épingles à tète plate et deux petits poignards
à rivets.
Musée de Carlsrhue (Duché de Bade). — Ce Musée possède deux
pointes de flèches à douille, à peu près semblables, de 0m052 et
0m054 de longueur, et ()m022 d'écartement des ailerons : l'une de
Rheinau, près Rastalt ; l'autre de Liedolsheim. Une troisième provient
de Marathon (Grèce); elle est plus petite et mesure ()m034 de
? £
Fi/j. i . — i ointes de Flèches de bronze munies de barbelures à la base.
longueur, avec de très petits ailerons de 0m008, un long appendice
latéral très peu arqué et presque parallèle à la douille.
Musée Kircher à Rome. — Ce Musée possède quatre flèches
plates, sans douille (N° 72.966), de Gottolengo-Castellaro, province
de Brescia; et une autre (N° 67.478) avec des ailerons également
très écartés de 0m025 de distance; tandis que les N°s 68.422 et
67.479 sont plus allongées.
La Collection de M. Bellucci, à Péronse, renferme une pointe à
douille creuse de Cortone, province d'Arezzo, avec petit appendice
122 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
latéral, elle mesure 0m034 de long, et porte de petits ailerons; c'est
la seule qui soit munie d'ailerons parmi les cent quatre pointes de
flèches en bronze qu'il possède.
Pour la France, nous ajouterons la pointe de flèche plate de la
Cachette de Larnaud (Jura); elle est allongée et mesure 0n044 de
longueur : elle rappelle un peu celle du tumulus de Welsingen, du
Musée de Stuttgart, elle se rapproche aussi de la suivante.
Les fouilles du Camp Harrouard, commune de Sorel ( Eure-et-Loir),
ont donné à M. l'abbé Philippe des foyers de l'Age du Bronze repo-
sant au-dessus des foyers néolithiques; ce camp avait déjà fourni des
pointes de flèches plates de l'Age du bronze, que nous avions
reproduites et décrites dès 1895, à la suite d'une excursion de la
Société normande d'études préhistoriques, en mentionnant les
recherches faites depuis 1880, en cet endroit, par M. Lanquetin (de
Dreux); c'est lui qui a attiré le premier l'attention sur ce gisement
très intéressant, et on a oublié de le citer depuis, dans les fouilles
récentes (1).
La pointe plate, que nous reproduisons, mesure 0m065 ; elle est
munie d'un petit appendice ; elle a été trouvée dans le niveau du
Bronze avec une autre pointe de flèche, sans appendice (2).
La pointe de flèche du camp néolithique et de l'Age du Bronze de
Granchamp, commune de Cernans (Jura), du Musée de Saint-Germain,
a été recueillie par notre collègue Piroutet, dans le rempart et sous la
couche de chaux de ce camp, visité par le Congrès préhistorique de
Lons-le-Saunier, en 1913; elle est plate, sans douille, avec ailerons
écartés de 0m025 et très long appendice acéré, elle mesure 0m045.
Il est à remarquer que ces deux dernières pointes plates à barbe-
lure, comme celle du camp de la Tourette (Charente), proviennent
de trois camps, formés par un éperon barré, et offrant deux habitats,
avec des foyers du Bronze au-dessus ou presque superposés à ceux
de l'époque néolithique.
Enfin, une pointe de flèche de bronze, reproduite dans Y Album
Caranda (PL I, Fig. 3), possède un pédoncule court.
En répartissant par régions, ces quatre-vingt-treize pointes de
flèches, nous verrons que c'est l'Allemagne du Sud, la Suisse, la
Hongrie, la France et l'Italie, qui paraissent avoir donné le plus de
ces particularités.
Cet inventaire démontre bien que ces appendices étaient inten-
tionnels, et destinés à rendre la blessure plus grave, en fixant la tête
de flèche dans les chairs.
(1) L. Coutil. — Le Camp Harrouard et l'Allée couverte de Marcilly-sur-Eure .
Bull. Assoc. Franc, p. avanc. des Sciences, Congrès, Nantes, 1898.
(2) Bulletin Soc. Norm. d'études préhistoriques, XV, pi. X, fig. 18.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 123
Suisse (18 exemplaires).
Mœringen (Musée de Zurich).
Corcelette (Musée de Saint-Germain).
Gorcelette (Musée de Lausanne).
— (Musée de Neuchàtel).
Corcelette, moule de ilèches (Musée de Lausanne).
Valamand, les Ferrages (Musée de Berne).
Estavayer (British Muséum).
— (Musée de Fribourg).
Auvernier (Musée national de Zurich).
Wollishofen —
Val de Travers —
Cormondrèche —
Lac de Bienne (Musée de Bienne).
Deux pointes reproduites par V. Gross, dans ses Helvètes.
Allemagne du Sud (43 exemplaires).
Karltein,près Reichenhall (Haute Bavière).
Musée national de Munich (Bavière); 7 exemplaires.
Musée de l'Académie des Sciences; 11 exemplaires.
Tann, près Altmuhlmunster; 5 exemplaires.
Weihenstefan ; 1 exemplaire.
Meittendorf ; 5 exemplaires.
Musée de Stuttgart; 6 exemplaires.
Gellmersbach ; 4 exemplaires.
Tumulus de Welsingen ; 2 exemplaires.
Musée de Garlsruhe; 2 exemplaires.
Rheinau, près Rastatt.
Liedolsheim.
Hostomitz.
Inzighofen, au Musée de Mayence, citées par Lindinschmidt.
Sigmarmgen. — —
Autriche (7 exemplaires).
Musée deKrems (Basse Autriche).
Szekelyfold (Transylvanie).
Dolany (Hongrie); 4 exemplaires.
Musée de Salzbourg (Hongrie).
124 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Italie (9 exemplaires).
Casaleechio, près Bologne (Montelius).
Pesehiera, lac de Garde; 2 exemplaires.
Gottolengo (Brescia).
Musée Kircher (Rome); 3 exemplaires.
Cortone. province d'Arezzo (Collection Bellucci, à Pérouse).
Reggio délia Emilia (Musée de cette ville).
Grèce (3 exemplaires).
Marathon (Musée de Carlsrhue).
Athènes et Syracuse (British Muséum); 2 exemplaires.
Russie.
Kulundinskaia Kiprinskaia, gouvernement de Tomsk (Sibérie
occidentale).
Perm (Russie Orientale).
Perse.
Kasvin (British Muséum).
France (12 exemplaires).
Cachette de Larnaud (Jura).
Camp de Granchamp, commune de Cernans (Jura).
Cachette de Vénat (Charente); culot de fonte et pointe de flèche.
Camp de la Tourette, commune de la Couronne (Charente).
Camp Harrouard, commune de Sorel (Eure-et-Loir).
Villevenard (Marne).
Aubenas, vallée du Largue (Basses- Alpes).
Alesia (Musée d'Alesia).
Amiens, cachette de Plainseau (Musée d'Amiens).
Vilhonneur, station du bois du Roc (Charente, collection
Chauvet).
Ramerupt (Aube), Musée de Troyes.
Soit 93 pointes de flèches à douilles creuses, ou plates, munies de
barbelures plus ou moins acérées à la base, dont 43 pour l'Alle-
magne du Sud, 18 pour la Suisse, 12 pour la France, 7 pour
l'Autriche, 9 pour l'Italie, 3 pour la Grèce, 2 pour la Russie, et une
pour la Perse (1).
(1) Une pointe de flèche plate en bronze du Cambodge porte à la base une sorte
d'appendice trop peu caractérisé pour nous permettre delà classer d'une manière
certaine (D. J. B. Noulet). L Age de la pierre polie et du bronze au Cambodge,
d'après les découvertes de M. Moura. Matériaux pour servir à l'histoire de l'homme
1879,14e vol. t. X, p. 320, fig. 104.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 125
On a écrit parfois que les pointes martelées plates étaient anté-
rieures à celles qui sont fondues et à douille ; cependant les pointes
de Larnaud et de Venat semblent bien prouver que l'usage des
pointes plates s'est poursuivi très tard, car ces deux dernières
cachettes, par leur ensemble d'objets, le prouvent suffisamment (1).
Nous avons ajouté à ces pointes de flèches une intéressante pointe
à anneau, situé à la base. Elle provient du Musée central de Magonza,
Fig. 2. — Pointe de Flèche de bronze à douille munie d'un anneau à la base,
du Musée de Magonza.
collection Marx; elle se rapproche de celles des Musées de Salzbourg
et de Krems (Autriche), que nous avons déjà reproduites ; mais elle
ria pas de pédoncule acéré à la base ; elle a été signalée par notre
collègue Bellucci dans son étude sur les pointes de flèches au
Congrès Préhistorique de Lons-le- Saunier (1) (Fig. 2).
Les Polissoirs mobiles recueillis en Nivernais.
PAR
A. DESFORGES (Rémilly, Nièvre).
Le Nivernais n'a fourni, jusqu'à ce jour, aucun Poussoir fixe.
Il y avait cependant des ateliers de fabrication de haches polies en
divers points, notamment à Fléty, dans la vallée de l'Alêne, à la
Sablière, commune de Saint-Parize-le-Chàtel, dans la Gâtine, com-
mune d'Alligny-Cosne.
Par contre, on y a recueilli un certain nombre de Polissoirs
mobiles ou Polissoirs à main. Ces outils, comme l'on sait, étaient
destinés à réparer les haches ébréchées, à donner le fil aux tran-
chants devenus mousses.
I^e plus intéressant fait partie de la Collection de M. J. de Saint-
Venant, ancien inspecteur des forêts à Nevers, qui l'a signalé au
Congrès d'Autun, en 1907. Il a été trouvé dans les fossés [du vieux
(1) Pr J. Bellucci. — Pointes de flèches en bronze, recueillies en Italie, 1914; et
Cuspidi de freccia in bronzo Loro impiego voiivo^ 1914.
126 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
château de Toury-Lurcy, canton de Dornes. C'est un parallélipi-
pède à peu près régulier, de grès ferrugineux, mesurant 0m28 de
longueur, sur 0m19 de largeur et 0m04 d'épaisseur. L'une de ses
faces présente trois rainures fusiformes ; sur l'autre face se voit une
légère excavation (1).
M. Etienne Tardy, propriétaire à Saint-Parize-le-Châtel, en a
découvert cinq, dans la célèbre station de La Sablière, entre
Nevers et Moulins.
L'un d'eux est assez volumineux, il mesure 0m55 dans sa plus
grande longueur, 0m21 dans sa plus grande largeur, et de 0m32 à
0m12 d'épaisseur; la surlace supérieure, la seule qui ait été utilisée,
est inclinée en formant un angle de 25°. Il est en grès brun très dur.
Les autres sont de dimensions restreintes.
Le plus gros est une petite plaquette presque régulière, de 0m10
sur 0m08 avec une épaisseur uniforme de 0m03; les deux faces sont
parfaitement polies; les quatre champs sont taillés; deux présentent
des traces d'usure. Ce polissoir, qui a dû être peu utilisé, est en
grès brun chocolat très fin et très dur.
Le second, en grès micacé plus tendre, a l'aspect d'un voussoir
dont le rayon de courbure serait de 0m30; il a 0m10 de long, sur
0m06 de large, et 0m025 d'épaisseur; ses deux faces sont à peu près
polies; trois champs sont taillés; le quatrième est usé et forme une
concavité d'environ 0m004 de profondeur, sur laquelle on remarque
des concrétions ferrugineuses.
Le troisième est un trapézoïde dont les bases ont 0m12 et 0ro09, la
hauteur de 0m05 à 0m055, et l'épaisseur 0m028 ; les champs des bases
sont usés, le plus grand, à peu près régulièrement, en formant une
dépression concave de 0m009 de profondeur, le plus petit en for-
mant une surface gauche; ces deux côtés utilisés présentent de
nombreuses concrétions ferrugineuses; l'un des plats, parlaitement
poli, offre une légère excavation ; l'autre est plus irrégulier; ce polis-
soir est en grès ferrugineux (Fig. 1).
Le dernier (N° V), le plus petit, est en grès ferrugineux excessive-
ment dur; il a 0m10 de longueur, de 0m033 à 0m045 de largeur, et
environ 0m028 d'épaisseur; ses grandes faces qui ont été utilisées,
sont irrégulièrement usées; les champs sont fortement entamés et
présentent des concavités d'un centimètre de profondeur ; on y voit
des excroissances ferrugineuses (Fig. 2).
(1) J. de Saint- Venant. — La Nièvre préhistorique : Restes des industries des
âges de la Pierre. [Résumé des relevés faits à ce jour]. — Congrès préh. France,
Autun, Paris, 1908 [p. 131 à 134].
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 127
Tous les Polissoirs de La Sablière sont confectionnés en grès
provenant des régions voisines de la station.
Le Musée de la Société académique du Nivernais, à Nevers, pos-
sède un Polissoir, en grès tendre, ayant vaguement la forme d'un
Fig. 1. - Polissoir de la Sablière (N° IIP
Echelle: 1/2 Grandeur.
[Fig. 2. - Polissoir de la Sablière (N° V).
Echelle : 1/2 Grandeur.
ellipsoïde, dont le grand axe a 0m08 et le petit axe 0ra07, et dont la
surface est un peu irrégulière. Cet objet a été recueilli, aux environs
de Luzy, par feu M. Lucien Gueneau, ancien Président de la Société.
Enfin, ma collection particulière en renferme trois. L'un, trouvé
Fig. 3. - Polissoir de la Cuaume. — Echelle : 3/4 Grandeur.
en 1908, au lieu dit Le Grand Champ, commune de Fléty, est en grès
rouge, roche étrangère à la région ; il mesure 0m095 de longueur,
0'"035 de largeur et autant d'épaisseur; sa base est brute; la partie
supérieure est usée et polie, elle forme une concavité régulière, dont
le rayon de courbure est de 0m15; l'un des côtés est entièrement
128 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
poli, l'autre est en partie désagrégé; les extrémités sont irrégu-
lières (Fig. 4).
Un autre, en grès très fin, a été trouvé également en 1908, dans
la station du Champ Michaud, commune de Fléty. Il est presque
cylindrique; il n'a que 0m033 de longueur et 0m02 environ de dia-
mètre; l'une de ses extrémités est polie; l'autre est cassée. Cette
pièce, n'est donc qu'un fragment; sa surface latérale est formée de
huit facettes à peine indiquée et de grandeurs différentes ; plusieurs
de ces facettes sont légèrement concaves (Fig. 5).
J'ai signalé ces deux objets dans le Bulletin de la Société préhisto-
rique française, n° 5, de mai 1908, p. 222 et 223 (Fig. 4 et 5).
Le troisième polissoir a été recueilli en décembre 1912, dans les
champs de la Chaume, commune de Lanty, par un chasseur de
Fig. 4 et 5. — Les deux Polissoirs de Fléty. — Echelle : 1/2 Grandeur.
Rémilly, M. Vaderot, qui me l'a offert. Il est en grès gris très fin ;
c'était, à l'origine, un prisme quadrangulaire, de 0m075 de longueur,
sur 0m038 de largeur, et 0m034 d'épaisseur ; les quatre grandes faces
ont été utilisées et présentent des dépressions plus ou moins pro-
fondes : celle de la face supérieure est la plus prononcée, elle a
0m065 d'ouverture, 0m01 de profondeur et son rayon de courbure
est de 0m05 ; celle de la face inférieure n'a que 0m003 de profondeur ;
l'une des faces latérales est profondément usée (environ un centi-
mètre de profondeur); l'autre est à peine entamée; par contre,
l'arête qui la sépare de la face intérieure est arrondie (Fig. 3).
Bien que le Nivernais ait fourni en divers points de nombreux
instruments préhistoriques, on remarquera que tous les Polissoirs
mobiles recueillis jusqu'à ce jour, proviennent exclusivement de sa
frontière méridionale.
SEANCE DU 25 MARS 1915
Présidence de M. LE BEL.
I. — PROCÈS- VERBAL DE LA SÉANCE
La Séance est ouverte à 4 heures, sous la Présidence de M. Le Bel,
Vice-Président.
Il est donné lecture du procès-verbal de la dernière séance (25 Fé-
vrier 1915), qui est approuvé.
A propos du procès-verbal, prise de date de M. le Dr A. Gué-
bhard et not*e de M. G. Poulain.
Correspondance.
Lettres d'Excuses et de Condoléances. — MM. le Dr A. Guébhard ;
— A. Viré ; — Ch. Schleicher; — Thiot ; — Dr Atgier ; — Edmond
Hue.
Lettres d'Avis. — M. Deydier.
Lettres administratives . — M. Reynier (Lizy-sur-Ourcq, S.-et-M.)
annonce que le Monument Mégalithique de Vendrest (S.-et-M.), qui
appartient à la Société préhistorique française, n'a pas souffert de l'In-
vasion Allemande, mais que le Poteau indicateur sur route a été ren-
versé. — Il sera rétabli sous peu.
Bibliothèque.
Rapport sur les Travaux de l'année 1913 de Vlnstitut de Paléontologie humaine,
n° I [Extr. Anthrop., Par., 1914]. — Paris, Masson, 1914, in-8°, fîg.
Westropp (Th.-J.). — The promontory forts and early remain of the Irland
of Connacht. Part. I. Achill. [Extr. The Journal of the Roy Soc. ofAntig of
Irland, 1914, Dec, XLIV, Part. 4., 4, p. 297-337, flg.].
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE. 9
130 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Westropp (Th.-J.). — The promontory forts and early remain of the coasts
of County Mayo. Part. IV. The Mullet [Extr. The Journ. of the Proc. of
the Royal Soc. of Antiqu. of Irland, 1914, Juin, Part. 2., XLIV, p. 148-
159,2 lig.].
Feuvrier (Julien).— Les Enceintes et Défenses préhistoriques et anhistoriques
de la région de Dôle [IXe Cong. Préh. France, 1913, Lons-le-Saunier, p. G86-
78GJ. — Tiré à part, Le Mans, 1914, in-8°, 100 p. ; 34 lig. 3 pi, et 1 carte.
Feuvrier (Julien). — Les Monuments gaulois du Musée de Dôle [Extr.
IXe Congr. Préh. France, Lons-le-Saunier, 1913, p. 544 548J. — Le Mans,
1914, in-8°, 7 p., G fig.
Feuvrier (Julien). — Comment on peut trouver de la Poterie néolithique dans
un milieu paléolithique [Extr. Congr. préh. France, Lons-le-Saunier x 1913].
— Tiré à part, Le Mans, in-8°, 7 p., 2 fig.
Sage (Marius). — Découverte d'un Gisement néolithique au Quartier de
Lagardy (Commune de Malemort, Vaucluse). [Extr. Homme préhist., Paris,
191 ij, n"8. —Tiré à part, Le Mans, 1914], in-8», 16 p., 3 fig.
Baudouin (Marcel). — La Roche aux Fras : Pierre à 95 Cupules et 6 Cavi-
tés pédiformes, Ile-Yeu (V.) [Extr. Bull. Soc. Préh. Franc, 1914, XI,
p. 484-513, 8 fig.]. —Paris, S. P. F., 1914, in-8% 30 p., 8 fig. dont 1 pi. hors
texte.
Baudouin (Marcel). — Nouvelles remarques sur la Pétrographie de la Station
sous-marine de Saint-Gilles-sur- Vie (Vendée) [Extr. Bull. Soc. Préh. Franc.,
Paris, 1914, 22 oct., p. 390-400]. — Tiré à part, Par., 1914, in-8°, 10 p.
Baudouin (Marcel). — Comment l'Anatomie préhistorique permet de rectifier
certaines données de l'Anatomie actuelle : Découverte du second point d'os-
sification complémentaire des Premiers Métacarpiens et Métatarsiens
[Ext. Bull. Acad. de Médecine, 4 mars 1915]. — Paris, 4 p., 1915, in-8°.
Nécrologie.
M. Deydier (de Vaucluse) annonce la mort, survenue à Apt, le
18février 1915, de notre collègue Barthélémy (Antonin), âgé de41ans,
industriel en ocres, membre de la Chambre de Commerce d'Avignon
et de la Société Préhistorique Française depuis 1910. — Passionné pour
la Préhistoire et l'Archéologie, M. Barthélémy s'était fait une petite Col-
lection locale, intéressante en objets préhistoriques notamment. Il avait
contribué quelque peu, avec quelques autres amis, à la partie préhisto-
rique concernant la station de Gargas (Vaucluse) de l'ouvrage de Fer-
nand Sauvé, intitulé « Gargas Notre-Dame de Bruaux, le Château, la
Commune et la Seigneurie », publié dans les Mémoires de V Académie de
Vaucluse (année 1905, avec tirage à part 1906). — Avec notre confrère,
M. Lazard, il avait publié quelques notes sur une station préhistorique ,
dans le Bulletin de la Société Préhistorique Française (année 1910,
p. 161).
On nous informe du décès du Dr DoiMEzan, Docteur en Médecine,
à Perpignan (Pyrénées-Orientales), spécialisé dans les études de
Radiologie.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 131
Commission des Monuments Mégalithiques
M; le Capitaine de Frégate Devoir (Brest) a adressé un exemplaire
d'un Rapport autographié, ayant pour titre : « Monuments Mégalithiques
du Finistère. Listes officielles et Classements. Notes et Commentaires.
Communication faite au Ministère des Beaux-Arts et à la Préfecture
du Finistère. Demande de Classement des Mégalithes sous-marins.
La Commission appuie avec énergie les desiderata de M. Devoir.
L'auteur exprime des craintes au sujet de l'efficacité de certains
Classements. — Nous espérons que l'Administration des Beaux-
Arts nous donnera les moyens de tranquilliser, définitivement, notre
Collègue.
Présentations et Communications.
L. Coutil (Saint-Pierre-du-Vauvray, Eure). — Haches à dimensions
anormales de l'Age du Bronze.
Dr Marcel Baudouin (Vendée). — Hache à double Bouton de Vendée.
M. Harmois (Paris). — Une Hache à bouton des Cotes-du-Nord.
A. Viré et M. Baudouin (Paris). — Le Pied de la Mule de Saint-
Martin [2 Sculptures de Sabots d' Equidés], à Padirac (Lot) [Don des
Moulages à la S. P. F].
G. Guénin (Brest). — Les Menhirs à Cupules du Finistère. — La
Croix des Rochers à Sculptures.
Dr E. Boismoreau (Vendée). — Découvertes de Sculptures Néolithi-
ques et d'un Abri sous roche néolithique aux Roches du Diable, près
Quimperlé (Finistère).
Eloi Bourgeade (Cantal). — Stations Néolithiques de î Extrême- Sud
Algérien, découvertes de nos jours.
A. Desforges (Remilly, Nièvre). — Torches en terre cuite de Toury-
Lurcy.
D. Reber (Genève). — Quelques remarques à propos des Pierres à
Nyton, à Genève, et les objets en bronze trouvés sur l'emplacement.
Dr Jousset de Bellesme (Eure-et-Loir). — Curieuse survivance des
flèches à tranchant transversal.
Georges Poulain (Eure). — Sur quelques Coutumes locales, super-
titions, légendes, etc., du Département de l'Eure.
Dons aux Collections.
M. le Conservateur des Collections a enregistré les Dons suivants
au Musée de la Société Préhistorique Française :
1°CP. 1. 29. — M. -F. de Zeltner. — Outillage de l'Afrique Occi-
dentale.
132 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
2° GQ. 1. G. — Mlle A. Hure. — Grattoirs-retouchoirs moustériens.
3° CR. 1. 4. — M. Chapelet. — Crâne gaulois et coupe gauloise
de Sain.t-Me.mie (Marne), ainsi que deux autres Crânes.
4° BV. 2. — Ecole d'Anthropologie (Echange). — Un Moulage de
la Mandibule de Puy-Moyen (Charente).
Cotisations de 1 U 1 :».
Conformément à l'Art. 4 du règlement, les Cotisations pour 1915
ont été mises en recouvrement dans le cours du quatrième mois de
l'année 1915. Elles doivent être adressées à M. Maurice Gillet, Tré-
sorier de la S. P. F., 30, rue Gardenat-Lapostol, Suresnes (Seine).
Le mode d'envoi le plus pratique est le Mandat-carte ou Mandat-
lettre. Les Sociétaires, dont la cotisation n'aurait pas été reçue au
15 avril 1915, sont priés de vouloir bien, pour éviter toute interrup-
tion dans le service du Bulletin, faire honneur au Recouvrement pos-
tal, qui leur sera (sauf entente particulière avec le Trésorier) adressé
à domicile, majoré de 0,75 centimes pour les frais.
rC«©'
II. — NOTES, DISCUSSIONS ET PRISES DE DATE.
Au sujet de Haches polies des Côtes-du-ïYord.
M. E. Patte (Chantilly, Oise). — A la suite de ma communication,
parue au Bulletin de décembre 1914, M. Harmois a mis en doute
l'attribution d'origine de deux haches signalées par moi, se basant
sur ce fait qu'il n'a pas connaissance de haches trouvées dans les
deux communes signalées et sur la rareté de ces objets dans la
région de Lannion,
De ce qu'on ne connaît pas d'objets trouvés dans une localité,
peut-on conclure de là à leur absence totalel
D'autre part je tiens à affirmer que je suis absolument sûr de l'ori-
gine de ces pièces, qui m'ont été données par un cultivateur du pays,
habitant entre Trébeurden et Plomeur-Bodou. Celui-ci les a trouvées
lui-même, n'avait aucun motif de me tromper, et m'a du reste remis,
en même temps, trois autres haches des mêmes communes (deux en
diorite et une en roche à texture fibreuse). Les événements m'em-
pêchent à l'heure actuelle de donner des renseignements plus précis
sur l'inventeur de ces pièces et sur ces pièces elles-mêmes, que je
fournirai plus tard, si l'avenir le permet.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 133
Une hache assez grande, en roche verte, que j'ai seulement vue,
a été également, à ma connaissance, trouvée dans la lande, àTréhcur-
den.
Enfin le pays est riche en Dolmens et surtout en Menhirs; la pré-
sence de haches polies n'y est donc point anormale.
Découverte de Castelars on Provence.
[Prise de date],
M. A. Guébhard (A. -M.) fait connaître, pour prendre date,
qu'à la découverte qu'il fit le 23 août 1914, à 1400 mètres d'alti-
tude, d'un très curieux Castclars, en Provence, sont venues s'en
ajouter deux autres, récentes, sur la commune de Seillans (Var) :
l'une à l'extrémité Est (point 775 de l'Etat-Major) de L crête de la
Pigne, dont l'extrémité Ouest porte une autre encein%, beaucoup
plus simple, désignée sous ce nom de quartier par H. Second,
dans le premier inventaire du Var (1); l'autre, sur le sommet de
YEouvière de Caille, dominant le hameau des Camandrons, au
Nord-Est de Seillans. — Toutes deux sont très importantes et seront
décrites ultérieurement.
Par contre, sur la colline qui porte, au cadastre de Fayence (Var),
le nom de Castellaras et que son aspect semblait bien désigner pour
l'emplacement d'une enceinte, M. Guébhard n'a trouvé aucune trace
sûre de fortification, soit préhistorique, soit médiévale.
Découverte de Sculptures néolithique»* et d'un
iVI>i-î sous roche aux Roches du Diable9 près
Quimperlé (Finistère).
Par le Dr
E. BOISMOREAU (de Vendée).
[Prise de date].
Dans la commune de Locunolé, dans l'arrondissement de Quirn-
perlé (Finistère), on remarque un amas d'énormes rochers, enca-
(1) Dr Adrien Guébhard. — Essai d Inventaire des Enceintes préhistoriques
(Castelars) du département du Var. — Compte Rendu du Congrès Préhistorique de
France, I, Périgueux, 1905, p. 331-395, 32 fig. — Le Mans, Monnoyer, 190S [Voir
p. 391, fig. 29].
134 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
drant le cours de l'Ellé, dans un vallon sauvage, extrêmement pitto-
resque, surnommé les Roches du Diable.
Ces rochers se trouvent à gauche, en descendant la rivière et sont
repérés dans les cartes pour touristes. D'une altitude déjà élevée,
ces quatre blocs de granité surplombent la rivière qui coule en cas-
cades au-dessous. Le site est très connu et sa réputation justifiée.
La roche principale porte le nom de Lucifer. C'est un bloc de
granité énorme, reposant par deux points sur les autres rochers et
les dominant. Elle est fixe et ne tremble pas. Les guides du touriste
disent qu'elle possède à son sommet des Trous, en forme de griffes,
et qu'autrefois les druides y faisaient des Sacrifices humains. D'après
la tradition, le Diable, la nuit, est assis sur ce roc et pousse de temps
en temps des hurlements lugubres. Une fois, un paysan l'aperçut au
clair de lune, et, plus audacieux que ses compatriotes, s'approcha,
en rampant, du roi des enfers. Il réussit à lui saisir le bout de la
queue, quand le démon, furieux, le saisit par la tête et le précipita
dans la rivière, où il se broya le crâne contre les rochers.
Je suis allé aux Roches du Diable en simple touriste; je ne pensais
pas me trouver en présence d'une Station néolithique très intéres-
sante.
Mon savant ami, M. le D'* M. Baudouin, m'avait bien prévenu
de porter toujours mon attention sur les pierres et rochers dits du
Diable. Presque toujours il y a des Gravures néolithiques dans ces
affaires; et la Légende populaire a pour but d'expliquer leur signifi-
cation. Cette fois encore il avait raison!
Comme au Pas de Saint Roch, les Griffes du diable sont des Bassins,
des Cupules ou des Rigoles ! Aux Rochers du Diable de Locunolé,
elles revêtent un caractère grandiose; et j'ai vu là des bassins que je
ne puis comparer qu'à ceux de la Filouzière, près des Epesses (en
Vendée), ici signalés par M. le Dr M. Baudouin (1).
Sur la pierre, dite Lucifer, on remarque une infinité de Rigoles et
de Bassins, de dimensions moyennes. La face zénithale de ce rocher
est presque entièrement sculptée... C'est le plus beau travail que j'ai
pu encore remarquer ! Ce bloc domine toute la vallée et le spectacle
qui se déroule à ses pieds, est vraiment grandiose. Il a su inspirer
les Néolithiques...
A droite, à gauche, sur la plupart des rochers, qui bordent l'Ellé
et le surplombent, on remarque des Bassins, dont quelques-uns sont
extrêmement typiques et aussi bien creusés que certaines Laverasses
du Bocage Vendéen! Les Rigoles sont nombreuses et bien creusées,
plutôt profondes.
(I) Bull, Soc. Vrçh. Française, Taris, 1912, p. 225,
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 135
J'ai eu la chance de pouvoir identifier comme époque, de suite, ces
fines gravures, en découvrant très vite un Abri sous roche typique.
Une sorte d'Escalier, plutôt dangereux, descend vers la rivière. A
mi chemin on remarque une sorte de Caverne, formée par l'éboule-
ment d'énormes blocs de granité et ménageant un espace vaste et
assez élevé. C'est Y Abri sous roche type.
Une fouille sommaire, faite avec des leviers de pneus (!), m'a per-
mis de trouver, à 0"'35 de profondeur, des Silex taillés et de la
Poterie, que, tout de suite, j'ai reconnue être Néolithique. Dans
l'espace de quelques centimètres, j'ai trouvé des Grattoirs bien nets;
une pierre de foyer, toute norcie et polie par le feu ; du charbon de
bois; de nombreux débris de silex, plutôt petits, de coloration bru-
nâtre. Ces pièces, très nettes, identifiaient bien les Sculptures des
rochers.
Plus bas, vers la vallée, les rochers ont des sculptures très belles;
des Bassins de plus de 0m70 de largeur et plus de 0m50 de profon-
deur, bien creusés en hémisphère.
Un travail plus complet résumera toute cette découverte.
x'orehes supports en terre cuite
de Toury-Lurcy.
A. DESFORGES (Rémilly, Nièvre).
Dans le courant du mois d'avril 1906, le métayer du domaine des
Glauds, commune de Toury-Lurcy, canton de Dornes (Nièvre),
M. François, découvrit, en creusant le sol près de sa maison d'habi-
tation, cinq Tores, circulaires, ou anneaux en terre cuite, placés les
uns sur les autres, à 0m80 de profondeur.
Plusieurs de ces objets furent brisés. Comme toujours « on voulut
voir ce qu'il y avait dedans » . Il en restait deux quand une excur-
sion à Toury me permit d'en sauver un d'une destruction presque
certaine. Ces tores sont à peu près d'égale grosseur. Celui que je
possède mesure 0m13 de diamètre extérieur et 0m()5 de diamètre inté-
rieur.
Ils sont faits à la main sans l'usage du tour; c'est dire qu'ils sont
un peu irréguliers. L'argile avec laquelle on les a confectionnés
est grossière et renferme de nombreux grains de quartz. La pâte,
à l'intérieur, est noirâtre, tandis que l'extérieur est d'une couleur
fauve de terre mal cuite,
136 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Les torches circulaires font leur apparition à Y Age du Bronze; les
plus anciennes que possède le Musée de Saint-Germain proviennent
des Palafittes de la Suisse. On les retrouve à l'Age du Fer et pendant
toute la période gallo-romaine. Celles de Toury remontent au début
de la conquête; elles sont gauloises, plutôt que romaines. Elles ser-
vaient de supports aux jarres et aux amphores au ventre renflé et à
la base étroite, pointue même, que l'on fabriquait en Gaule aux
premiers siècles de notre ère.
Il peut se faire aussi que ces couronnes grossières aient été uti-
lisées à maintenir les amphores dans le four, pendant la cuisson. Ce
procédé était en usage chez les céramistes des environs, notamment
à Toulon, à Saint-Pourçain-sur-Besbre, à Vichy (Allier), à Lézoux
(Puy-de-Dôme), etc.
Le grand centre de la fabrication des amphores et des supports,
dans la région, était Chàteaumeillant (Cher), comme Gien est
aujourd'hui le centre de la fabrication des assiettes communes, et
Montchanin celui de la fabrication des tuiles à emboîtement. Mais
il est certain qu'à l'exemple de ce qui se passe aujourd'hui pour ces
deux dernières industries on confectionnait aussi des amphores et
des supports dans d'autres endroits, où l'on rencontrait une argile
convenable. Ainsi s'explique la présence d'une réserve d'anneaux à
Toury-Lurcy, où se voit encore aujourd'hui une poterie assez pros-
père.
Stations Néolithiques de PExtrême-Sud
Algérien découvertes de nos jours.
Eloi BOURGEADE
(Les Planchettes, par Riom-ès-Montagne, Cantal).
Les dunes de sable, qui s'étendent du petit fort d'Hassi-Inifel à
El. Goléa, en passant par Fort-Mahon, Fort-Etienne, Ouargla, sont
fréquemment dominées par des rochers calcaires, d'environ 8 à 10
mètres de haut, désignés dans le désert sous le nom de « témoins » ;
ces témoins servent de point de repère et indiquent la route aux
caravanes de ravitaillement de nos missions du Sahara; c'est quel-
quefois à la base de ces « témoins » qu'ont été trouvés les silex
taillés, tels que pointes de flèches, pointes de lances, grattoirs, etc.
Quant aux disques ou rondelles percés, ils se trouvent toujours,
groupés dans une surface de 0m20 ou 0rn30, dans le sable des
dunes, à environ 0m30 ou 0m40 de profondeur; quelquefois à l'abri
d'un rocher « témoin », se trouve un foyer, avec nombreux éclats et
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 137
blocs de silex, portant encore les traces des anciennes industries
préhistoriques (1).
Ce sont des ateliers de taille.
Les disques, en coque d'œufs d'autruche, étaient destinés à la
fabrication des colliers, sans aucun doute.
On trouve aussi des stations néolithiques sur les hauts plateaux
de Bou-Saada, dans la région de Ghardaia à 650 kilomètres au Sud
d'Alger, et dans la contrée d'Ouargla (2).
Grâce à l'obligeance de M. Dumas et de M. Basset, il nous a été
donné d'examiner plusieurs centaines de pièces diverses, provenant
de ces ateliers en tous points remarquables.
Ultérieurement une étude détaillée en sera faite ; mais, comme
quelques-uns de ces ateliers commencent à s'épuiser, — ils ont déjà
donné des milliers de pièces, — nous avons tenu à les signaler avant
leur disparition. Les outils, les armes, surtout les pointes de flèche
qu'elles ont livré, sont d'une exécution parfaite; quelques-unes sont
des merveilles et demandaient la main d'un artiste pour obtenir une
taille aussi délicate. On y trouve toutes les variétés connues. Dans
la plupart des stations, les objets présentent une patine remarquable
ou bien un beau lustré suivant la nature de la roche. Il semble qu'on
ait choisi, pour les pointes de flèche, de préférence, les pierres les
plus dures et offrant à l'œil les plus belles teintes; en effet, nom-
breuses sont les pointes de flèche en calcédoine translucide bleue,
se rapprochant de la zaphirine, de la cornaline rouge du Japon ou
de la sardoine (rouge- orange); les diverses variétés d'agate ont été
employées pour la fabrication des lames, grattoirs, pointes, retou-
choirs,etc.
Les disques en coque d'œufs d'autruche pétrifiés ont, en générale-
un centimètre de diamètre, sur un millimètre 1/2 d'épaisseur et
quelques-uns; mais peu ont jusqu'à deux centimètres de diamètre.
Le diamètre des trous d'enfilage est variable, et à tous on s'y est
pris des deux côtés pour le forage, qui est en forme de côner*
M. Dumas, ainsi que moi-même, avons pu reconstituer quelques^,
uns de ces antiques colliers, en nous basant sur le nombre de
disques trouvés ensemble, groupés dans une surface de 0m20 ou 0m30
ainsi que je le dis plus haut.
f\) Ces renseignements nous ont été donnés, par notre ami, M. Dumas (de Tou-
louse), minéralogiste distingué.
(2) Renseignements dus à l'obligeance de M. Basset, instituteur à Levallois-
Perret, qui a passé six années en Algérie, et a exploré en compagnie d'indigènes
ces trois dernières stations, desquelles il a rapporté 1.150 échantillons de l'indus-
trie lithique.
M. Basset, actuellement à la guerre, nous ayant témoigné le désir d'entrer dans
notre Société, nous nous ferons un plaisir, la guerre terminée, de présenter sa
candidature à notre Conseil d'Administration.
138 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Discussion sur les Fossiles perforés, trouvés
dans les Alluvions, ayant pu servir de Parure
aux Epoques Paléolithiques anciennes.
PAR
Georges POULAIN (Eure).
Notre distingué collègue, M. le Dr Ballet, vient, dans un article
très documenté, d'attirer l'attention sur la Parure à l'époque quater-
naire ancienne.
Entre les nombreux spécimens de Bijoux de ces temps reculés,
trouvés dans les alluvions, il a montré des Tragos g lobularis, dont le
canal central a été débouché, peut-être par l'homme, ou, qui du
moins étant débouchés, ont pu être utilisés par lui. A ce sujet, je
me permets de faire connaître à nos collègues une trouvaille, faite
il y a quelques années dans les bas niveaux de la vallée de la Seine,
se rapportant à cette question.
A 2 kilom. de Vernon, joli chef-lieu de canton du département de
l'Eure, sis aux bords de la Seine, existe, triage de la Croix-Blan-
che (1), une carrière de balast, ouverte lors de la construction du
chemin de fer de Paris au Havre, tout proche. Cette carrière est
toujours en exploitation. Dans ce dépôt quaternaire, les couches
stratifiées sont légèrement inclinées d'amont en aval, dans le sens
de l'écoulement actuel des eaux du fleuve moderne. En voici la
coupe stratigraphique, en commençant de haut en bas :
a) Terre végétale, légèrement rougeâtre, ayant des silex blancs,
anguleux, à sa base, 1 mètre.
&) Limon jaune un peu argileux, 1 mètre.
c) Sable jaune avec veines de graviers, 0m70.
d) Cailloux roulés, mélangés de sable blanc, avec, par places, des
veines de 0m20 à 0m30 de sable pur et quelques filets de peroxyde
de fer, 4 mètres.
Hauteur totale du dépôt : 6m70.
On trouve l'eau à 6m70 de profondeur et avant de rencontrer la
craie, qui est, en somme, toute proche.
La Couche D est bien le fond de l'ancien fleuve quaternaire. Les
graviers et le sable blanc qui la composent, indiquant une longue
action d'eaux courantes et pures, ont surtout été formés par la
désagrégation pléistocène des assises crétacées. C'est dans cette
couche que j'ai trouvé, moi-même, cinq ou six Tragos globularist
PERFORÉS ENTIÈREMENT.
(i) Ce triage se trouve sur la commune 4e Saint-Marcel,
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 130
J'ai aussi ramasse, dans le même strate, des Fossiles, crétacés
et tertiaires, notamment des Gastéropodes. Comme spécimen de la
faune quaternaire, on n'a trouvé, jusqu'à présent, que des dents
d'Equas caballas (Cheval). Les ouvriers, employés habituellement à
la carrière, n'ont découvert aucun silex classique, travaillé par
l'homme : ce qui ne veut pas dire qu'ils font complètement défaut.
Ces ouvriers n'étant pas initiés à ce genre d'objets, ceux-ci ont pu
fort bien passer inaperçus. Un des Spongiaires (Tragos) trouvés
possède un trou, un peu évasé sur ses bords, à chaque extrémité.
Serait-ce un signe de Perforation artificielle ? Je ne viens pas affirmer
que ces Tragos ont été perforés intentionnellement et qu'ils ont
servi de grains de collier ; je signale le fait sans plus.
M. Marcel Baudouin. — Qu'on me permette de rappeler la note
du Dr Baudon, parue, ici même, à propos d'une trouvaille, en
place, d'un objet de parure du Paléolithique inférieur [B. S. P. F ,
1911, p. 696, 1 FigJ] et l'article de M. Thieullen [B. S. A. P., 1899].
140 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
III. — ARTICLES ORIGINAUX.
I^e Dolmen de Pierre Levée, Commune
de .iîin\ -ille-Hur-Juine (Seine-et-Oisej.
[Propriété de la S. P. F.].
Edmond HUB (Paris),
Directeur du Laboratoire de la S. P. F.
Nom. — Le Dolmen de Pierre Levée se trouve sur le territoire de
Janville-sur-Juine, canton de la Ferté-Alais, département de Seirte-
et-Oise.
Situation cadastrale. — Le Dolmen de Pierre Levée, dessiné et
décrit en 1880 par Delessard (voir plus loin Historique), est situé
dans les numéros parcellaires 1592 partie et 1593 partie, Sec-
tion A, troisième feuille, lieu dit Pierre Levée, du Cadastre de Jan-
ville-sur-Juine, dont nous donnons un décalque à la Fig. 1.
Le hameau de Janville a été érigé en commune en 1889 et les par-
celles cadastrales qui ont constitué son territoire sont de 1818. Dans
sa note de 1898, Delessard l'avait, à juste titre, dénommé Dolmen de
Janville-sur-Juine , nom qui lui a été légalement attribué par l'acte
notarié d'acquisition du 30 septembre 1910.
Le Dolmen se trouve sur le plateau de Pocancy, à la lisière orien-
tale des bois qui couvrent le versant de ce plateau, au-dessus et au
sud de la Mairie de Janville. Il est situé au bord du chemin d'ex-
ploitation reliant le chemin des Plaquières à la ferme de Pocancy,
auprès de laquelle se trouve une mare (Voir Itinéraire Fig. 2).
Propriétaire. — La Société Préhistorique Française est proprié-
taire du Dolmen et dune parcelle du terrain environnant, mesurant
9 mètres de largeur sur 20 mètres de longueur.
Le Dolmen fut gracieusement offert à la Société Préhistorique
Française par M. et Mme Edouard Multzer O'Naghten, capitaine du
génie en retraite, par vente pour le prix de un franc, M. Georges
Courty représentant la Société Préhistorique Française.
Nous adressons de nouveau tous nos remerciements aux géné-
reux donateurs, ainsi qu'à M. Georges Courty, qui avait bien voulu
continuer les pourpalers que notre regretté collègue Mallet avait si
heureusement commencés (Voir Acte de Vente).
SOCIÉTÉ PREHISTORIQUE FRANÇAISE
141
ÛK 12,5 2S,M 50*
Fig. 1. — Extrait du Cadastre de Janville-sur-Juine. — Emplacement du Dolmen de
Pierre-Levée.
142 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Coordonnées géographiques — Les coordonnées géographiques
sont les suivantes, d'après la Carte de l'Etat-Major : Longitude
Ouest : Og8' 30" ; Latitude Nord : 53g90'.
Altitude. — L'Altitude du dolmen est d'environ 134 mètres.
Géologie des environs. — D'après la Carte géologique au 80.000
de Melun, le plateau de Pocancy et la vallée de la Juine donnent
lieu aux remarques suivantes.
Toute la partie centrale du plateau de Pocancy est occupé par le
Limon des plateaux. En deux points de ce plateau, l'un au N.-O. et
l'autre au S -O., sont deux petits affleurements de Sables granitiques
de Lozère, en bordure du Limon des plateaux.
Sur tout le pourtour du dépôt de Limon des plateaux, et sur une
largeur variable, se trouvent des Meulières, Calcaires et Marnes de
Beauce, au milieu desquels est la ferme de Pocancy.
Les terrains ci-dessus sont en cultures et atteignent les lisières
des bois qui encerclent le plateau et en recouvrent toutes les
pentes.
Les Marnes de Beauce sont bordées au Nord, depuis Boinveau
jusqu'à Gillevoisin. par les Sables et Grès de Fontainebleau, dont les
affleurements touchent aux maisons de Janville (Carrière à pavés
de Pocancy). Les autres pentes du plateau sont des Marnes à Ostrea
d'Etréchy.
La route d'Auvers à Janville court le long d'une bande étroite de
Meulières et Marnes de Brie, tandis que le fond de la vallée est rem-
pli par des alluvions modernes.
Dans toute la plaine qui s'étend de Janville à Bouray et dans
celle qui se trouve entre le Bois d'Auvers et Chanteloup, nous
voyons des dépôts d'éboulis des pentes assez étendus.
Le dolmen se trouve sur la limite des Meulières de Beauce et des
Sables et Grès de Fontainebleau, dont les affleurements sont exploi-
tés à moins de 200 mètres du monument.
C'est à cause de cette proximité de l'affleurement du banc de Grès
de Fontainebleau que nous avons fait des réserves au sujet du
bloc B, que M. A. de Mortillet et Delessard déclarent être une
table du dolmen. Quant au bloc C, qui n'avait pas été signalé, nous
faisons à son sujet les mêmes réserves que pour le bloc B.
Nous sommes particulièrement heureux de remercier ici M. Ri-
chard, maire de Janville ; M. Jean, Instituteur à Janville; et M. Sé-
dart, garde champêtre de la commune, pour le bon accueil qu'ils
nous ont toujours fait et pour le dévouement qu'ils apportent à la
surveillance du dolmen.
Les habitants de Janville connaissent les origines de Pierre
Levée et l'entourent d'un discret respect.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 143
En reconnaissance de tous ces dévouements, la Société Préhisto-
rique Française a décerné à la Commune de Janville son grand
Diplôme d'Honneur, qui figurera dans la salle de la Mairie, à côté
de la superbe lithographie de Pierre Levée, due au crayon de l'émi-
nent artiste, M. A.-L. Clément.
Cartes postales. — Nous ne connaissons qu'une seule carte pos-
tale du Dolmen : avec cette inscription : « Collection J. Viaud, n° 12.
Janville -sur-Juine. La Pierre Levée (monument druidique) ».
C'est une vue de l'entrée du dolmen, où, selon la coutume, figurent
des personnages dont la prétention est de rendre la carie postale
plus intéressante. — De tels exemples ne sont pas à l'avantage des
Mégalithes.
Itinéraires pour se rendre au Dolmen. — A. En parlant de la
Fig. 2. — Carte des Itinéraires pour se rendre au Dolmen de Pierre- Levée.
Gare la plus proche (Fig. 2). — La gare la plus proche du Dolmen
est la gare de Lardy, à 47 kilomètres de Paris, sur la ligne de Paris
à Etampes.
144 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Voici l'itinéraire détaillé pour se rendre au Dolmen de Pierre
Levée. En sortant de la gare, prendre à gauche pendant une cen-
taine de mètres et tourner à droite par la route qui conduit à Jan-
ville. A 500 mètres de la gare, cette route tombe sur le Chemin de
Grande Communication N° 146 de Lardy. La direction de Janville-
sur-Juine est indiquée sur la plaque indicatrice. Suivre cette direc-
tion, à gauche, pendant 100 mètres, et prendre à droite le Chemin de
Grande Communication N° 5 de Lardy, qui conduit au moulin et au
pont sur la Juine. Le pont franchi, on suit la route jusqu'à la rue
principale de Janville, constituée par le Chemin de Grande Commu-
nication N° 17, allant à Bouray, 3 kilomètres.
Si on veut aller à la Mairie et à l'église de Janville, on prend, à sa
droite, et, à 200 mètres de là, on trouve la grande place de Janville
avec la Mairie et l'Eglise.
En sortant de la Mairie, pour se rendre au Dolmen, il faut prendre
en sens inverse le Chemin de Grande Communication N° 17 que
l'on vient de parcourir et le suivre pendant 400 mètres, jusqu'à
l'extrémité Nord-est du village, où l'on se trouve en présence de
trois routes. Celle de gauche, qui se dirige au Nord, est le Chemin
de Grande Communication N° 17, conduisant à Bouray 2 kil. 600 et
Arpajon, 11 kil. 700; celle du milieu est le Chemin vicinal N° 11,
conduisant à Itteville 5 kil. 700 et La Ferté Alais, 9 kil. 200. La
route de droite qu'il faut prendre, direction Sud-est, conduit à la
ferme de Pocancy, sur le plateau. C'est une très belle route, domi-
née par la Tour de Pocancy, laissant à gauche le cimetière, puis une
carrière de sable et de grès, montant entre deux bois jusqu'au bord
du plateau, où se trouvent des carrières de grès. Cent mètres plus
loin, on est à la porte de la ferme de Pocancy. Tourner à droite en
prenant un chemin d'exploitation qui longe le mur de la ferme et
qui se bifurque à 100 mètres de là, au niveau d'une ancienne mare,
située à droite. Prendre le chemin de droite qui conduit, à travers
les cultures, jusqu'à l'entrée d'un bois, située à 500 mètres de la
ferme de Pocancy.
C'est à l'entrée même de ce bois, que se trouve le Dolmen, à
gauche du chemin.
En toute saison, les voitures peuvent aller jusqu'à la ferme de
Pocancy, qui n'est qu'à 400 mètres du Dolmen.
- L'itinéraire total mesure environ 3 kilomètres.
B. En partant de ÏEglise de Janville. — On vient d'indiquer ci-des-
sus l'itinéraire à suivre, en partant de la Mairie.
C. Troisième itinéraire. — Il est un autre itinéraire plus court
pour se rendre au Dolmen, en partant de la Mairie. Il suffit de
prendre le sentier qui longe la Mairie à droite, et qui s'engage parmi
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 145
les rochers très pittoresques. Le trajet est charmant. Le sentier
aboutit sur le chemin des Plaquières, à 100 mètres au Nord du Dol-
men, que l'on rejoint en prenant le chemin d'exploitation allant à la
ferme de Pocancy. Un autre sentier, situé à 100 mètres au Sud de
celui-ci, conduit également au Dolmen, en passant par une petite ter-
rasse, d'où l'on a un point de vue superbe sur la vallée de la Juine
et Etrechy. Il est recommandé de prendre un guide pour ce dernier
itinéraire, car la promenade sous bois est assez compliquée et il
serait très facile de se tromper de chemin (Fig. 2).
I. — Description du Dolmen.
Le Dolmen de Janville se compose de neuf piliers debout, un
tombé en travers de l'entrée et d'une table, dont l'angle Nord-ouest
est fracturé. Les piliers et la table constituent une très belle
chambre, dont le grand axe est presque Est-Ouest (Fig. 3).
Tous les éléments sont en Grès de Fontainebleau et ont été pris sur
place ou tout au moins à peu de distance de l'emplacement du monu-
ment, qui se trouve sur le sommet d'un affleurement très impor-
tant de Grès de Fontainebleau, exploités pour faire des pavés. Il y a
six piliers debouts à droite, deux debouts au fond et deux à gauche,
dont un est tombé en travers de l'entrée. Une grande table forme la
couverture du Mégalithe.
Nous allons décrire très rapidement ces divers éléments.
Coté droit. — I. d. — Le premier pilier de droite est un petit
élément planté derrière le deuxième pilier et à demi enfoui dans les
broussailles. Il mesure un mètre hors de terre, sur 0m40 dans son
grand axe et 0m20 dans son petit axe. La partie supérieure est libre.
Ce pilier n'a été signalé que par Mallet, qui lui donne par erreur une
largeur de un mètre, mais qui le situe bien dans le prolongement de
la ligne des piliers de droite.
IL d. — Le deuxième pilier de droite est une dalle carrée verti-
cale, légèrement inclinée en arrière du côté de la chambre; ce pilier
présente sur sa face interne plusieurs fissures naturelles, les unes
horizontales, les autres verticales. L'arête postérieure est biseautée
à 45° et présente plusieurs reliefs ondulés.
Il mesure lm25 de hauteur, lm10 dans son grand axe, 0ra30 dans
son petit axe du côté de l'arête postérieure, et 0m37 dans son petit
axe du côté du bord antérieur. Le bord supérieur est libre.
III. d. — Le troisième pilier de droite est un grand bloc rectangu-
laire, presque vertical, légèrement incliné en dedans, mesurant lm65
de haut, 0m95 dans son grand axe, et 0m30 dans son petit axe.
La face interne est presque plane; elle ne présente que quelques
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 10
146 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
reliefs de délitements, surtout dans sa moitié postérieure. Ce pilier
est chevauché dans sa partie antérieure par le pilier II, qui en est
distant de 0m20 environ. Le bord supérieur est libre.
IV. d. — Le quatrième pilier de droite est une grande dalle irrégu-
lière plantée verticalement, ayant son bord antérieur presque verti-
cal et rectiligne ; le bord supérieur est d'équerre sur le bord anté-
rieur. A sa partie la plus postérieure et en dedans, il supporte la
table A sur une surface de 0m15 de long, sur 0m05 de large, et n'est
recouvert par cette table que sur cette région d'appui. Le bord pos-
térieur est irrégulièrement porté en arrière par trois pans arrondis à
leurs points de jonction.
La face interne est plane dans sa moitié inférieure; elle offre
quelques reliefs de délitement dans son tiers supérieur et postérieur.
Le bord supérieur est taillé en arête réunie à la face interne par un
plan incliné à 45° environ.
La hauteur au niveau du quart antérieur est de lm60; elle atteint
lm65 vers le quart postérieur au niveau du point d'appui de la
table A. Le grand axe mesure lm20 du niveau du sol; le petit axe
qui mesure 0,n30 en avant, atteint 0m35 en arrière.
V. d. — Le cinquième pilier de droite presque rectangulaire est
vertical. Le bord antérieur épouse l'arête postérieure du pilier pré-
cédent. Le bord supérieur horizontal dans la plus grande partie de
sa longueur, se selève en arrière pour donner appui à la table A sur
quelques centimètres carrés de son biseau postérieur. Sauf une
petite partie de l'angle antérieur, tout le reste du bord supérieur, est
recouvert par la table.
Le bord postérieur est vertical.
La face interne présente un double plan incliné, avec arête
médiane selon la diagonale d'arrière en avant et de haut en bas ;
elle montre de nombreuses cassures de délitements de la roche
orientés dans toutes les directions.
Le cinquième pilier de droite mesure lm55 de hauteur moyenne,
pour lm25 dans son grand axe et 0m30 dans son petit axe.
VI. d. — Le sixième pilier de droite, assez régulièrement rectan-
gulaire, est légèrement incliné en dedans.
Le bord antérieur est vertical avec son angle supérieur arrondi
naturellement. Le bord supérieur est rectiligne et horizontal, porte
sur toute la longueur de son arête externe, le fragment A 1, détaché
de l'angle Nord-ouest de la table A; mais la table A n'a pas de
contact avec le bord supérieur du sixième pilier et ne le recouvre
en aucun point.
Le bord postérieur n'est visible que dans son quart supérieur; le
reste de ce bord, ainsi que le tiers postérieur de la face interne
sont cachés par le pilier droit du fond du dolmen.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 147
Ce pilier mesure lm50 de hauteur, lm40 dans son grand axe et
environ 0m30 dans son petit axe.
Piliers du fond. — I. f. — Le pilier de droite du fond est un
retrait d'environ 0m20 sur le pilier gauche du fond ; il est rectan-
gulaire et légèrement incliné en dedans. Le bord supérieur est
rectiligne, avec des délitements du côté de la face interne. Le bord
externe, rectiligne, s'appuie contre le pilier VI. Le bord interne
plus irrégulier, touche le bord interne de l'autre pilier du fond. La
face interne présente un ensemble de délitements gréseux super-
posés et dirigés de bas en haut et de dedans en dehors. Ce pilier
ne monte pas jusqu'à la table A, mais est surmonté d'un bloc de
grès qui complète la fermeture du fond. La table A ne recouvre
que la moitié interne de ce pilier, et le fragment A 1 de la table ne
le recouvre en aucun point. Le pilier de droite du fond mesure lm10
de hauteur, lm30 dans son grand axe, et 0m30 dans son petit axe,
autant que l'on en peut juger pour cette dernière dimension.
IL f. — Le deuxième pilier du fond est un gros élément, incliné
en avant de 150°, à bord supérieur bilobé avec rainure verticale, ne
supportant pas la table A. Le bord interne plus large en haut
qu'en bas, touche et recouvre en partie le bord interne du pilier de
droite du fond.
Le bord externe, bombé en haut, s'appuie sur le pilier de gau-
che II G.
Ce pilier mesure lm50 de hauteur, lm25 dans son grand axe
supérieur, lm10 dans son grand axe au niveau du sol, et environ
0ra35 dans son petit axe.
Coté gauche. — I. g. — Le premier pilier de gauche est une dalle
rectangulaire, presque régulière, abattue actuellement en travers de
l'entrée du Dolmen. La face interne est en dessous; la face externe
est presque plane et se trouve en dessus. Ce pilier s'appuie par son
bord supérieur sur le deuxième pilier de droite, auquel il semblait
faire vis-à-vis dans l'architectonique primitive du monument.
Alors qu'il était incliné à 45° il y a deux ans, nous avons constaté,
à notre dernière visite, qu'il était tombé presque à plat sur le sol.
Ce pilier mesure lm40 de hauteur, lm10 à son grand axe, près
de la base, lm05 à son arête supérieure, et 0m30 dans son petit axe.
II g. — Le deuxième pilier de gauche est une superbe dalle de
grès rectangulaire, légèrement inclinée en dedans Le bord supé-
rieur est diagonalement taillé en arête, sur deux points de laquelle
s'appuie la table A. Le premier point d'appui est situé vers le tiers
antérieur, sur une longueur de 0m30 ; le deuxième point d'appui
se trouve sur l'angle interne de la terminaison postérieure de l'arête
du pilier ; il mesure 0m50 de long.
148
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
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.SEINE -ET- DIS E.
Figr. 3. — Plan du Dolmen de Pierre-Levée, Commune de Janville-sur-Juine.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 149
Le bord antérieur est vertical et présente un renflement en avant,
vers son tiers supérieur.
La face interne est cachée en arrière par inclinaison du pilier
gauche du fond. Elle présente en bas et en avant une dépression
inclinée à 30° en arrière, surmontée d'un renflement parallèle peu
accentué, se conjuguant avec un relief vertical situé vers le milieu
de cette face.
En arrière de ce relief est creusée une vaste dépression naturelle
légèrement inclinée en arrière, présentant plusieurs anfractuosités
cupuliformes alignées selon le grand axe de cette dépression. Plu-
sieurs autres dépressions arrondies, séparées par des renflements
émoussés constituent la région postérieure et supérieure de cette
face interne, tandis que sur le tiers antérieur on voit sept zébrures
peu profondes, plus ou moins horizontales.
Toutes ces dépressions et ces reliefs me paraissent naturels.
Quelques mousses à la base et des lichens sur toute la pierre.
Ce pilier mesure lm85 de hauteur maximum au niveau des points
d'appui de la table. Le grand axe mesure 4m60, et le petit axe
varie de 0m30 à 0m35.
Table. — A. La table A est une énorme dalle polygonale irré-
gulière, dont le bord Est est rectiligne et forme linteau ; il mesure
lm90 de long, sur une épaisseur de 0m40 environ. Le bord
Nord-est est également rectiligne et mesure 2m70, depuis l'angle
du bord Est jusqu'au point où la table s'est rupturée dans sa
partie Ouest. Cette rupture qui mesure 2Œ40 de long, constitue
actuellement le bord Nord-ouest du polygone. Le bord Ouest-est
irrégulier et participe à la formation d'une sorte de pointe située vers
le milieu du bord Sud.
Les dimensions de cette table sont les suivantes : Axe Ouest-est
maximum 3m80 ; axe Nord sud 4m10. L'épaisseur maximum de
la table se trouve dans la partie Ouest et atteint 0m65 environ.
La face inférieure de la tahle présente quelques craquelures, des
délitements, sur une surface presque plane.
La face supérieure présente : 1° une Cuvette de Polissage, mesu-
rant 0m40 de long sur 0m30 de large et de 0,n02 de profondeur, située
sur le bord et vers le milieu de la ligne Nord est ; 2° deux surfaces
elliptiques, mal délimitées, peu profondes, situées vers le tiers Ouest
de la table, le long d'une longue fissure à direction N.-o.-S.-e. Toute
cette partie de la table est si totalement surchargée de mousses et de
terreau qu'il n'a pas été possible, même après nettoyage, d'y recon-
naître les cuvettes et les rainures de polissage, dont ont parlé les
auteurs, soit par description, soit par des dessins, et nous indiquons
par un pointillé des plus dubitatifs ce que nous avons cru corres-
pondre à ces descriptions.
150 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
3° Presque au sommet du plan incliné formant le bord Ouest de la
table existent deux excavations assez profondes, à bords presque à
pic, dans lesquelles nous n'avons trouvé aucune trace détaille inten-
tionnelle ou d'adaptation, qu'il est indispensable de constater pour
être en droit de classer une excavation dans la catégorie des Bas-
sins (Fig. 3).
La cavité située la plus au Nord est rectangulaire, aux angles
arrondis avec son grand axe presque Nord-sud ; elle mesure 0,n55
dans son grand axe, 0m45 dans son petit axe, 0ra08 de profondeur
sur son bord oriental, et 0m05 sur son bord occidental.
La deuxième excavation est située à 0m50 au Sud de la première
et leurs grands axes sont presque perpendiculaires. Elle affecte
la forme d'un haricot, et mesure 0m50 dans son grand axe, 0m27 dans
son petit axe, et 0m06 de profondeur le long du bord Sud de la
dépression.
L'eau des pluies séjourne dans ces dépressions, qui sont actuelle-
ment abritées sous une luxuriante végétation.
Points d'appui. — La table A est soutenue par quatre points d'ap-
pui, qui sont : 1° sur l'extrémité Ouest du quatrième pilier de droite;
2° sur l'extrémité Ouest du cinquième pilier de droite ; 3° sur une
petite partie du quart antérieur de l'arête supérieure du deuxième
pilier de gauche ; 4° sur l'angle interne de la partie terminale du
bord supérieur du même pilier.
Tous ces points d'appui sont indiqués sur le plan du Dolmen
(Fig. 3), par des haches à quadrillage très serré.
A1. — Le fragment rocheux que j'ai marqué A1, n'est pas une
table du Dolmen, mais un fragment de la table A, qui s'est détaché
de l'angle Nord-ouest de cette table, et qui est resté sur place. Il
repose par son bord inférieur sur le sol environnant le monument et
par sa face inférieure sur une partie de l'arête extérieure du bord
supérieur du sixième pilier de droite. La partie fracturée mesure
2m30 de long, sur une épaisseur d'environ 0m60, et un mètredelargeur.
Banquette intérieure. — Les pierres, marquées en pointillé sur
le plan (Fig. 3) et désignées sous les lettres a, b, c, d, e, f, g, hy i,j,
k et m, constituent une Banquette, aménagée à l'intérieur du monu-
ment pour favoriser le repos des visiteurs. On se rendra compte de
leur disposition sur le croquis de la coupe transversale du plan. Ce
sont des blocs de calcaire, de dimensions moyennes, empruntés au
murger voisin, dit-on, et qui ont été disposés parallèlement aux
parois intérieures du mégalithe, dans le but que nous indiquons, et
non, ainsi que le prétend Mallet, comme' dispositif funéraire de la
Sépulture primitive. Nous avons du reste appris à Janville que cet
aménagement est récent,
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 151
Dimensions de la Chambre. — En se reportant au plan du Dolmen,
on constate que la partie couverte de la chambre mesure 3m60 de
longueur, et que le deuxième pilier de droite s'avance jusqu'à 5m20
du fond du Dolmen. Nous ne parlerons pas de l'avancée probléma-
tique du premier pilier de gauche, puisque rien de positif ne nous
fixe sur sa position et que nous tenons surtout à éviter les erreurs
d'interprétation.
Les largeurs, mesurées au niveau du sol, sont de 2m60 au fond ;
de 2ra75 à un mètre du fond ; de 2m65 à 2 mètres du fond ; de 2m60 à
3 mètres du fond et de 2m50 à 4 mètres du fond.
La hauteur mesurée selon le grand axe est de 2,n05, à lm75 du
fond, et de lm70 à l'entrée.
Bloc de Grès B du plan. — A 0m80 à l'est du premier pilier de
gauche, tombé en travers de l'entrée, et à 6 mètres du fond du dol-
men, une grosse pierre B émerge du sol. Elle mesure 0,n40 de large,
0m50 de long et une vingtaine de centimètres au-dessus du sol.
Cette roche serait la deuxième table dont parle M. A. de Mortillet
et Delessard. Il n'y a pas lieu à confusion à ce sujet, car Delessard
signale que notre premier pilier gauche, actuellement tombé devant
l'entrée, était debout et qu'il participait à former la paroi Sud du
Dolmen.
Donc le bloc B est bien celui dont parlent ces deux auteurs ; mais
la présence d'autres blocs de grès naturels sur le plateau doit laisser
cette affirmation en suspens jusqu'à ce que des fouilles nous aient
fixé sur ce point.
Bloc de Grès C du plan. — Environ lm20 plus à l'Est que le
bloc B, nous avons une autre grosse roche de grès C, enfoncée dans
le sol et pour laquelle les réserves faites au sujet du bloc B s'impo-
sent d'autant plus que le sol, situé devant le Dolmen, entre le monu-
ment et le chemin de Pocancy, a été fortement exploité et surbaissé
de près d'un mètre, nous rapprochant ainsi de l'affleurement des
Grès de Fontainebleau exploités dans le voisinage.
Murger. — Le Murger, signalé par M. A. de Mortillet et Deles-
sard, entoure la chambre du Dolmen, presque jusqu'au sommet des
piliers de soutènement.
Il a disparu du côté de l'entrée du Dolmen, vraisemblablement au
moment de l'exploitation dont parle Delessard, exploitation qui a
conduit à la découverte du monument.
Provenance des différentes Pierres du Dolmen. — Les pierres
du Dolmen proviennent des bancs de Grès de Fontainebleau, qui sont
exploités à deux cents mètres de là et qui affleurent sur le plateau
et sur les pentes de Janville.
152 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Légendes. — Nous n'avons recueilli aucune légende relative à ce
monument.
IL — Trouvailles. — En examinant les dires des auteurs que
nous avons cités à l'Historique du monument, nous trouvons les
indications suivantes : 1° Une hache en pierre polie, trouvée vers
1880, par un habitant du pays (A. de Mortillet).
2° Un tranchet en silex, des cendres, quelques pointes et des
débris d'Ossements humains ; plus un fragment de meule à broyer
le grain (Delessard).
3° Un grattoir en silex, auprès du Dolmen {Bulletin de la Société
d'Excursions scientifiques).
Il était du plus grand intérêt de savoir ce qu'étaient devenues ces
trouvailles.
D'après les renseignements obtenus auprès de nos collègues de la
région, les trouvailles devaient être aux Musées d'Etampes et de
Corbeil.
M. le Dr de Saint-Périer, notre aimable collègue, conservateur du
Musée d'Etampes, m'a déclaré, dans sa lettre du 10 mars 1914,
n'avoir, au Musée, aucune pièce provenant du Dolmen de Janville-
sur-Juine. Le Musée Saint-Jean de Corbeil, que j'ai pu visiter en
détail, grâce à l'amabilité de MM. H. Jarry et Creuzet, ne possède
aucune pièce provenant du Dolmen de Pierre-Levée.
Je n'ai trouvé à ce Musée que les pièces suivantes, se rapportant à
la région :
1° Un beau dessin de Pierre Levée, avec dédicace, de M. A.
L. Clément.
2° Dans une vitrine, contenant les Collections offertes par de
Souancé et Delessard, de Lardy, j'ai trouvé : une Photographie du
Dolmen ; « un fragment de boucle, en métal blanc, Sépulture de l'âge
du bronze, Auvers-Saint-Georges.
« Une portion de voûte crânienne, Sépulture de l'Age du bronze,
Auvers-Saint-Georges » .
« Une hache en bronze abords droits, carrière de Pocancy ».
En résumé, toutes les pièces annoncées par les auteurs ont tota-
lement disparu, aussi bien la hache trouvée par le paysan que les
pièces trouvées par les préhistoriens locaux.
IL — Historique.
I. Vente d'un Monument Celtique par M. et Mme Multzer
O'Naghten à la Société Préhistorique Française .
Le 30 septembre 1910.
Par devant Me S. Jeanniard, notaire à Lardy (Seine-et-Oise), enre-
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 153
gistré à La Ferté-Alais, le 7 octobre 1910, folio 37, case 9, reçu
25 centimes.
Signé : Musy.
M. Edouard Multzer O'Naghten, capitaine du génie en retraite, et
Mme Suzanne-Georgina-Auguste Boyer, son épouse, ont vendu à la
Société Préhistorique Française, représentée par Me Georges Gourty :
« 1° Une parcelle de terrain, de forme rectangulaire, d'une conte-
nance superficielle de cent quatre-vingt mètres, à prendre dans une
pièce de plus grande étendue en nature de bois et de friche, sise au
terroir de Janville-sur-Juine, lieu dit la Pierre Levée, pour tenir la
partie vendue par devant au chemin sur une façade de neuf mètres,
par derrière au surplus non vendu de la pièce de bois et friche, sur
une largeur de neuf mètres, d'un côté, MM. Millouet et Regnault, sur
une longueur de vingt mètres, et d'autre côté le surplus de la pièce,
dont la dite parcelle est distraite aussi sur une longueur de vingt
mètres.
« 2° Et le Monument mégalithique connu sous le nom de « Pierre
Levée » se trouvant sur la parcelle de terrain comprise en la présente
vente.
« Section A, n° 1592 partie et 1593 partie. »
« Origine de Propriété. — La parcelle de terrain et le monument
celtique appartenant en propre à Mme Multzer O'Naghten, qui les a
recueillis dans la succession de Mme Suzanne Boyer, sa tante, .proprié-
taire, veuve de Me Charles-Gabriel-Hubert Guillier de Souancé,
décédée à Lardy, le 17 juillet 1910, et de laquelle elle est légataire uni-
verselle aux termes du testament olographe de Mme de Souancé, en
date de Lardy, du 10 novembre 1902, déposé aux minutes de Me Hoc-
quet, notaire à Paris. Mme de Souancé était elle-même propriétaire
des immeubles vendus présentement, par acquisition, à M. Benjamin
Maleine, charron, demeurant à Bouray, et M. Ludovic Maleine,
ouvrier charron, demeurant au même lieu, suivant procès-verbal
d'adjudication dressé par M* Degommier, notaire à Lardy, le 23 mai
1880. »
J'attire l'attention sur les origines, officielles, de Propriété, qui
remettent au point les erreurs que l'on trouve dans les notes sui-
vantes.
II. — A. de Mortillet [Revue de l'Ecole d'Anthropologie, 1895.
— Compte-rendu de l'Excursion du dimanche 21 juillet 1895, page
364-365] . — « Dolmen de Pierre Levée. — Ce monument est situé à
environ 300 mètres au nord de la Ferme de Pocancy, et à peu près à
égale distance à l'ouest de la Tour de Janville. L'endroit porte le
nom de Champtier de la Pierre Levée. II fait partie de la commune
d'Auvers-Saint-Georges, et non de celles de Lardy ou de Bouray,
comme on l'a parfois indiqué.
Onze pierres : neuf supports et deux tables composent le Dolmen.
Elles forment une chambre assez régulière, exactement orientée de l'Est
à l'Ouest et précédée à l'Est d'un Vestibule {Fig. 54). La longueur inté-
154 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
rieure du Monument est de 4m70. La chambre proprement dite a les
dimensions suivantes : 3m70 de longueur, 2m65 de largeur à sa base
et au fond, et 2m40 de largeur dans le bas vers l'entrée ; dans le haut
elle n'a que 2m18 de largeur, les parois latérales étant légèrement
inclinés à l'intérieur; sa hauteur est de 1,D87 au fond et lm72 à l'en-
trée. Une forte dalle de 4m10 de longueur, 3m20 de largeur et 0m50
en moyenne d'épaisseur, la recouvre presque complètement, sa paroi
Sud comprend quatre supports, la paroi du fond deux et la paroi du
Nord un seul.
Le vestibule, large de lm40, était formé par deux supports, dont
l'un, celui du côté Nord, est venu en tombant buter contre l'autre. Il
était recouvert d'une seconde table, renversée depuis longtemps, qui
git actuellement à terre en avant du Monument.
La Pierre Levée, entièrement composée de dalles en grès, est
encore en partie engagée dans un murger de pierrailles calcaires, qui
formait jadis un vaste Tumulus, couvrant complètement le monument.
On l'a mise à découvert vers 1860_, en enlevant des pierres pour la
construction d'un chemin voisin. Depuis lors, elle a été fouillée à
diverses reprises. Vers 1865, les cultivateurs qui se omettaient
à l'abri dans la chambre, voulant la rendre plus habitable, en bais-
sèrent le sol. En exécutant ce travail, ils trouvèrent les squelettes
d'une dizaine d'individus, reposant sur un lit de cailloux ronds ; mais
ils ne firent aucune attention aux objets d'industrie et dispersèrent
le tout dans les champs. Plus tard, en 1880, de nouvelles fouilles
furent faites par un habitant du pays, qui y recueillit une hache en
pierre polie. M. de Souancé, possesseur actuel de la hache, se rendit
à cette époque acquéreur du Dolmen, dans lequel il entreprit à son
tour des recherches. Il ne rencontra que quelques débris d'ossements
humains, un petit tranchet en silex et un fragment de grès, portant
sur une de ses faces une cavité hémisphérique d'un beau poli, ayant
environ une trentaine de centimètres de diamètre. M. Delessard,
auquel nous devons ces renseignements, croit que c'est un morceau
de meule à broyer le grain au moyen d'un pilon.
i En examinant avec soin la face supérieure de la table, nous avons
reconnu qu'elle a servi de Polissoir. On remarque, à l'extrémité Ouest,
une sorte de bassin arrondi, où l'eau peut séjourner, et tout autour des
traces bien reconnaissables, quoique un peu effacées, de cuvettes et de
rainures (Fig. 55) ».
La Figure 54 est intitulée « Plan du Dolmen de la Pierre-Levée,
à Auvefs-Saint-Georges (Seine-et-Oise). Echelle 1/138 ».
La Figure 55 est intitulée « Table du Dolmen de Pierre Levée.
A, face supérieure de la table; B, fragment de la Table A;
P, P, P., Bassins et Cuvettes » (Dessins de M. Allorge).
III. — Le Préhistorique en Seine-et-Oise. Conférence faite à
f inauguration du Musée de la Société archéologique de Corbeil- Etampes ,
le 13 juin 1898; par M. Er. Delessard, Ingénieur des Arts et Manu-
factures, Paris, Alphonse Picard et fils, 1899, — 24 pp. 6 figures,
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 155
I PI. h. texte. Page 13 : La Pierre Levée. Dolmen de Janville-sur-
Juine]. — « Ce monument, en très bon état de conservation, est situé
à environ 300 mètres de la ferme de Pocancy. L'endroit porte sur le
cadastre le nom de Ghamptier de la Pierre Levée. Ce Dolmen ne
figurant pas sur la Carte générale des Dolmens de France, grande
carte exposée au Musée de Saint-Germain, nous avons envoyé, en
1880, dessin et description à M. G. de Mortillet.
Le Dolmen se compose de onze pierres, neuf supports et deux
tables. Elles forment une chambre assez régulière, exactement orientée
de l'Est à l'Ouest, et précédée à l'Est d'un Vestibule. La paroi Sud
est formée de deux pierres debout, et la paroi Nord de cinq. Le fond
Ouest est formé de deux dalles : l'une est de dimensions moindre que
l'autre, très peu enfoncée en terre et n'allant pas jusqu'à la couverture.
Cette dalle paraît avoir servi de porte d'introduction.
La couverture se compose de deux dalles, dont une, côté Est, a été
renversée il y a bien des années, et gît par terre en avant du monu-
ment. L'autre, la dalle principale, a 4m10 de longueur, 3,u60 de lar-
geur et en moyenne 0ra55 d'épaisseur. Le poids de cette pierre peut
être évalué à 16.000 kilogr. environ. La chambre devait avoir à peu
près les dimensions suivantes : longueur 4m30 ; largeur en bas à
l'entrée 2m25, au fond côté Est 2m58. Les supports formant les parois
latérales sont légèrement inclinés à l'intérieur. La hauteur des piliers,
constatée par les fouilles, est en moyenne de 2m50.
La Pierre Levée est entièrement construite en dalles de grès ; elle
se trouve, du reste, au milieu d'une région parsemée de rochers de
cette nature, et tout autour se trouvent des exploitations de carrières
pour pavés. Elle a dû être complètement recouverte d'un murger de
pierres calcaires, dont il reste encore une partie autour de la base. On
l'a mise à découvert il y a, dit-on, une quarantaine d'années, en enle-
vant des pierres pour la construction d'un chemin vicinal. Vers 1860,
les cultivateurs qui se mettaient à l'abri dans la chambre, voulant la
rendre plus habitable, en baissèrent le sol. En faisant ce travail, ils
trouvèrent les squelettes d'une douzaine d'individus, reposant sur un
lit de cailloux ronds; ils dispersèrent tout le contenu dans les champs.
II est fort probable que bien des objets intéressants ont été perdus
pour la science.
Le Dolmen fut acheté en 1872 par M. de Souancé, dans le but de Je
soustraire à la destruction. Nous fîmes quelques temps après une
fouille aussi profonde que possible. Nous ne trouvâmes que des
cendres, un tranchet en silex, quelques pointes et des débris d'osse-
ments humains. En avant se trouvait un fragment de grès, portant une
fraction de cavité hémisphérique d'un très beau poli, ayant environ
0m30 de diamètre. Il y a tout lieu de croire que c'est un fragment de
meule à broyer le grain, au moyen d'un pilon de la même matière.
En examinant avec soin la surface externe de la table, orî remarque
à l'extrémité Ouest, une sorte de bassin arrondi, où l'eau peut séjour-
ner, dont le fond est complètement lisse, et tout autour des traces, bien
reconnaissables quoique un peu efï$cées? de cuvettes et de rainures, ou
stries »f
156 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
IV. — La Pierre Levée de Janville (Seine-et-Oise) ; par Auguste
Mallet. — Revue Préhistorique, 2e année, 1907, n° 3. — « En 1895,
M. A. de Mortillet a signalé ce Dolmen dans son Cours à l'Ecole
d'Anthropologie. On a placé ce Dolmen et à tort sur Bouray, sur
Lardy et sur Auvers-Saint-Georges. Il est cadastré à la Mairie de
Janville-sur-Juine, lieu dit la Pierre Levée, sous le nom de Mme
veuve de Souancé, propriétaire à Lardy. Un sentier, à droite de la
Mairie de Janville, conduit directement au Dolmen à travers une col-
line rocheuse des plus jolies. Il est situé sur le plateau, à 300 mètres
de la ferme de Poquency, presque en bordure d'un chemin de terre.
Un fouillis inextricable de ronces et de broussailles l'enveloppe, et ne
permet pas de le voir dans son ensemble. Sa chambre s'ouvre à l'Est.
Elle est orientée très exactement de l'Ouest à l'Est. Sa largeur inté-
rieure, à l'entrée, est de 2mll, et, au fond, elle est de 2m40. Sa lon-
gueur intérieure, à partir de la dalle de recouvrement, est de 2m97. La
hauteur des supports, au-dessus du sol, est de lm97.
Les supports qui soutiennent la dalle, sont au nombre de six, de
largeur et d'épaisseur inégales.
Support, à gauche, longueur totale, 3m87; épaisseur, 0m25;
1er Support du fond, longueur totale, lm05 ; épaisseur, 0m27;
2e Support du fond, longueur totale, lm18; épaisseur, 0m40;
1er Support de droite, dans le fond, longueur totale, lœô0; épais-
seur 0m30 :
2e Support de droite, dans le fond, longueur totale, lm15; épais-
seur, 0m18;
3e Support de droite, dans le fond, longueur totale, lm13 ; épais-
seur, 0m21.
Le blocage très dur de cailloux calcaires reliés par de l'argile, sur
lequel reposaient les squelettes, était entouré d'une forme régulière en
grès grossièrement taillés, de dimensions variables, et d'une hauteur
moyenne de 0m25 au-dessus du blocage. Nous voyons à gauche cinq
blocs de grès, trois au fond, et trois à droite, un quatrième a été
enlevé ainsi que les blocs de l'entrée.
La dalle qui recouvre le Dolmen pèserait 16.000 kilogrammes
d'après les calculs de M. Delessard. Elle est de forme irrégulière,
plus large vers le fond. Epaisseur, 0m45; largeur, 2m88 et 3m70; lon-
gueur 3m05.
M. Delessard avait remarqué sur cette dalle des traces atténuées de
polissage. M. A. de Mortillet confirme cette opinion.
Devant la chambre se trouvent trois supports. Le premier à droite
est dans le prolongement des supports de la chambre. Il est resté dans
sa position première. Sa hauteur est sensiblement celle des autres sup-
ports : sa largeur est de un mètre, et son épaisseur de 0m21. Sensible-
ment de même hauteur, et, s'appuyant contre lui, en le couvrant en
partie, se voit un second support, d'une largeur de lm09 sur une
épaisseur de 0m36. Un troisième support, qui se trouvait primitive-
ment à gauche, est venu s'abattre contre le second support et le caler.
Sa largeur est de lm03, son épaisseur de 0m33. Sa partie inférieure est
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 1 57
recouverte de terre provenant sans doute d'une fouille. La longueur
de la partie visible est de lm45. Le vestibule et la dalle d'entrée ont
été détruits à une époque sans doute assez reculée.
La Pierre-Levée, dit M. Delessard, dont nous partageons complète-
ment l'avis sur ce point, a dû être complètement couverte d'un murger
de pierres calcaires, dont il reste encore une partie autour de la base.
On l'a mise à découvert vers 1858, en enlevant des pierres pour la
construction d'un chemin vicinal. Vers 1860, des cultivateurs, qui se
mettaient à l'abri dans la Chambre, voulant la rendre plus habitable,
en baissèrent le sol. En faisant ce travail, ils trouvèrent les squelettes
d'une douzaine d'individus reposant sur un lit de cailloux ronds. Ils
dispersèrent tout le contenu dans les champs. Il est fort probable que
bien des objets intéressants ont été perdus pour la Science.
Le Dolmen fut acheté, en 1872, par M. de Souancé, dans le but de
le soustraire à la destruction. Nous fîmes quelques temps après, une
fouille aussi profonde que possible. Nous ne trouvâmes que des
cendres, un tranchet en silex, quelques pointes, et des débris d'osse-
ments humains. En avant se trouvait un fragment de grès portant une
fraction de cavité hémisphérique, d'un très beau poli, ayant environ
0m30 de diamètre. Il y a tout lieu de croire que c'est un fragment de
meule à broyer le grain au moyen d'un pilon de même matière ».
Ensuite, M. Mallet tend à attribuer cette sépulture à l'époque du
bronze, sous le prétexte que l'on a trouvé à Auvers, un cimetière du
bronze, dans lequel les squelettes étaient orientés Ouest-Est, enca-
drés d'un entourage de blocs de grès sur lm90 de long, 0m60 à 0m70
de large et 0m30 de profondeur, et reposaient sur une aire de cail-
loux calcaires.
a Bien qu'aucun objet en bronze n'ait été récolté dans la chambre
du Dolmen de Pierre Levée, par suite de sa violation, ou simplement
parce qu'il n'y en avait pas, il y a entre le mode de sépulture indivi-
duelle de la vallée d'Auvers et celui de la sépulture collective de Jan-
ville, une telle analogie, que ces sépultures semblent marquer deux
phrases d'une même période rituelle ».
Il nous suffit d'ajouter que Mallet n'a vu ni les unes ni les autres
et qu'il tire des déductions de simples on-dits, de même qu'il a
inventé, de toute pièce, l'histoire de l'entourage de pierres calcaires,
que nous savons n'être qu'une Banquette !
V. — Bulletin de la Société d'Excursions scientifiques, Tome V,
1907-1908. Le Excursion. Environs d'Etampes: 23 juin 1907.
Page 16. — « Un sentier nous conduit rapidement au Dolmen de La
Pierre Levée, situé près de la ferme de Pocancy.
« Ce monument a été souvent désigné comme étant situé sur les
territoires de Lardy ou de Bouray, mais c'est bien à Janville qu'il faut
dorénavant l'attribuer.
158 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
« Ce Dolmen, bien conservé, est surtout remarquable par les blocs
qui le composent. La table de recouvrement et les supports sont de
grandes dimensions. Les supports d u vestibule, choisis aussi rectan-
gulaires que possible, feraient croire qu'ils ont été équarris intention-
nellement; il n'en est rien. Au milieu de blocs de grès qui étaient
accumulés sur cette colline, les préhistoriques n'avaient que l'em-
barras du choix et ils ont choisi les pierres qui s'adaptaient le mieux à
la construction du monument.
« Situé sur le bord du plateau, ce Dolmen n'est pas appuyé sur le
flanc de la Vallée comme un certain nombre d'autres Dolmens des
environs de Paris; c'est pourquoi il avait été recouvert de pierres et
de terre formant tumulus. La partie du fond, entourée d'arbres, est
encore en partie protégée par les matériaux qui le recouvraient.
« C'est en 1860 que ce monument a été découvert, alors que l'on
procédait à l'enlèvement des pierres qui composaient le tumulus, pour
empierrer les chemins. Vers 1865 ou 1870, en brisant le sol de la
chambre, pour en faire un abri, on découvrit une quinzaine de
squelettes, reposant non sur des plaques de grès ou de calcaire, ainsi
que cela a été constaté dans d'autres Dolmens, mais sur un lit de
petits cailloux ronds, probablement apportés des berges de la Juine.
« En 1880, un paysan trouva une hache polie et un grattoir en silex
auprès du Dolmen, tout cela suffit pour bien indiquer que nous
sommes en présence d'un caveau funéraire.
« Composé de neuf supports et de deux dalles, la chambre mesure
3m70 de profondeur, 2m65 de largeur et lm85 de hauteur. La table qui
recouvre cette chambre mesure 4m10 sur 3m20 et 0m50 d'épaisseur.
« Le vestibule se composait de deux supports, présentant cette
particularité, que, venant s'appuyer latéralement et en partie sur les
supports de la chambre, ils faisaient saillie par rapport à ceux-ci.
Cette disposition rétrécissait le vestibule, qui ne mesure que lm40 de
large. L'un des supports est renversé et la table qu'il supportait gît
un peu en avant du Dolmen.
o Sur la grande table de recouvrement encore en place, on remarque
une cuvette naturelle assez profonde, et à côté, des cuvettes et quel-
ques rainures peu accentuées de polissage.
« Ce monument est certainement un des plus beaux types de Dolmen
de la région des environs de Paris et, à ce titre, il mérite d'être con-
servé; avec un peu de frais, il serait possible de relever le support
tombé.
« Nous croyons devoir signaler que la dalle de recouvrement, qui a
servi de Polissoir,n'a pu être utilisée qu'antérieurement à l'édification
du Dolmen, puisque celui-ci avait été recouvert de terre. »
« Cette note est accompagnée d'une Photographie intitulée : Dolmen
de La Pierre-Levée, commune d'Auvers-Saint-Georges (Seine-et-Oise).
Vue du côté de l'entrée; d'après une Photographie de M. A. de Mor-
tillet. »
D'un plan du Dolmen par M. Paul Allorge ; et d'un dessin de la
table du Dolmen, du même auteur, montrant l'emplacement de
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 159
bassins et de traces de polissage. — Ces deux dessins furent publiés,
en 1895, par M. A. de Mortillet dans la Revue de l'Ecole d'Anthro-
pologie.
VI. — M. Paul de Mortillet, en 1911, dans Y Homme Préhistorique,
a également publié le plan de M. Allorge.
[L'Homme Préhistorique, 9e année, n° 3, Mars 1911, p. 71.
Paul de Mortillet. — Les Allées couvertes de Seine-et-Oise ; arron-
dissement d'tëtampes, canton de La Ferté-Alais]. — « Auvers- Saint-
Georges. — Le dolmen de Pierre-Levée est situé au champtier de ce
nom, sur le territoire et au sommet de la colline qui domine le hameau
de Janville. L'entrée est orientée à l'Est et l'allée ou le vestibule qui
précédait la chambre n'existe plus. La Chambre, bien conservée, mesure
3m70 de long, sur 2S40 de large, et lm70 à lm88 de haut. Deux supports
forment le fond, un seul le côté Sud et quatre le côté Nord ; sur ces
supports repose une forte table de grès, de 4m10 sur 3m30, et 0m50 en
moyenne d'épaisseur. A la partie supérieure de celte table, on remarque
trois cuvettes pour le polissage des haches et un certain nombre de fines
rainures. Mise au jour vers 1860, le sol de la chambre fut creusé par
les cultivateurs des environs, pour pouvoir se mettre à l'abri ; ils trou-
vèrent, dit-on, des ossements humains; mais les déblais et ce qu'ils
contenaient furent jetés dans les champs. Les recherches faites plus
tard firent découvrir une hache polie, un tranchet et un fragment de
grès d'usage indéterminé.
« Ce monument est, depuis 1910, la propriété de la Société Préhisto-
rique Française » .
Une figure accompagne cette note ; elle est intitulée « Plan du Dol-
men de Janville (D'après Paul Allorge, 1895) ». La commune de
Janville-sur-Juine date de 1889.
Nous ne parlerons pas des articles de journaux et autres publica-
tions relatives à ce dolmen, parce que toutes ces notes ne font que
répéter, sans les citer bien entendu, les dires des auteurs, dont nous
venons de publier les travaux.
M. Marcel Baudouin. — Au nom de la S. P. F., et en l'absence
de son Président, M. le Dr Atgier, président de la Commission des
Mégalithes, sur la ligne de feu, je dois remercier notre dévoué col-
lègue Ed. Hue, membre de cette Commission, d'avoir bien voulu
prendre la; peine de décrire, comme il convient, le Dolmen de Jan-
ville, propriété de la S. P. F.
J'ajoute que, d'après le plan qu'il nous en donne (qu'il faut
rapprocher de ceux déjà publiés), l'Entrée de ce Monument est
dirigée à 88° de la boussole, environ.
Dans ces conditions, puisque 88° =52° L. s. -f 15° D. m. + 21° D.p.
ce Dolmen a son grand axe placé sur la Ligne solaire correspon
160 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
dant à la Ligne solsticiale Nord-Lever et son entrée au point solaire
représentant le Lever du Soleil au Solstice d'Eté.
La Déviation de la Méridienne, par suite du phénomène de la
Précession des Equinoxes, étant ici de 21°, on peut dater, approxima-
tivement, cette sépulture de 5.000 av. J.-C.
Ce qui est tout à fait conforme à la théorie (1).
L'Homme de Hfeehta-Cbâteaiidun (AJgérle).
PAR
Gustave MERCIER (Gonstantine, Algérie).
La Société Préhistorique Française, dans sa séance du 23 octobre der-
nier, s'est livrée à une intéressante discussion sur le Crâne de Mechta-
Châteaudun, d'où il résulte que le terme de race néanderthaloïde,
proposé par MM. Bertholon, Debruge et moi-même, pour caracté-
riser notre découverte, doit être rejeté comme impropre. Mais l'ac-
cord ne s'est pas fait, entre les membres de la Société, sur les carac-
tères des Ossements qui lui étaient présentés. Alors que les uns, se
basant sur les mutilations dentaires, les déformations crâniennes, etc.,
les classaient dans les Néolithiques, d'autres ont pensé, avec nous,
qu'ils présentaient des caractères nettement paléolithiques. Notre
savant confrère, M. Rutot (de Bruxelles), a cru pouvoir apporter
des précisions plus grandes. Dans une étude insérée au Bulletin de
février, il attribue la race de Mechta à YAurignacien supérieur etf
voit une reproduction évoluée du type de Galley-Hill et de Combe-
Capelle, identification contre laquelle s'élève notre collègue M. Frai-
pont, dans le Bulletin de mars. Enfin, M. le Dr Bertholon a lui-
même expliqué (2) que, dans son esprit, l'homme de Mechta, tout en
présentant certains caractères avec l'Homme de Néanderthal, en
différait surplus d'un point; et il a émis l'hypothèse d'un croisement
entre ce dernier et la race de Tébessa-Redeyef, qui présente une
finesse de l'ossature, susceptible d'atténuer les caractères néander-
thaliens.
Les opinions les plus diverses, les plus opposées mêmes, ont donc
été soutenues. Est-il néanmoins possible de dégager de ces études, à
défaut d'une conclusion ferme, quelques considérations susceptibles
de rallier les suffrages et de préparer les interprétations que, seules,
pourront autoriser de nouvelles découvertes dans l'avenir ? Nous le
(1) Marcel Baudouin. — L'Orientation de Mégalithes funéraires et le Culte
solaire à Vépoque néolithique. — Genève, 1912, in-8° [Voir p. 133].
{2) Bulletin S.P.F., Par., Janv%, 1914, p. 46.
société préhistorique française
161
pensons ; mais, auparavant, il nous paraît indispensable d'attirer
l'attention de la société sur le Crâne n° 2 de Mechta, dont l'examen
Fig. 1. — Norma verticalis : Circonférence du Crâne. — Echelle : 1/2 Grandeur.
Pig% 2. — Norma latèraLis : Profil du Crâne. — Echelle : 1/2 Grandeur.
nous paraît indispensable, pour compléter les données fournies par
le Crâne N° 1. Nous en donnons ci-joint, en grandeur réduite
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE. ■ H
162
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAtSE
(1/2 Gr.) (JFig. 1 et 2), les Norma lateralis et verticalis, ainsi que des
reproductions de la mâchoire (1/3 Gr.) (Fig. 3 et 4). Ce crâne, qui
figure à notre Collection, a été étudié par M. le Dr Bertholon, pour
la Société archéologique de Constantine (1).
es Maxillaires supérieurs. Echelle : 1/3 Grandeur.
Notre confrère donne les mesures suivantes :
Diamètre antéro-postérieur 192 ; diamètre transverse 141 ; frontal
max. 118; frontal min. 99; indice céphalique (long, larg.) : 73,
fig. 4. — Maxillaire inférieur. — Echelle : 1/2 Grandeur.
44; orbite largeur 42; orbite hauteur 35; nez largeur max. 30;
nez hauteur 52 ; hauteur intermaxillaire 19 ; hauteur totale de la
(1) Recueil de Constantine, 1913.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 163
face 86 ; hauteur faciale avec la mandibule 143 ; indice orbitaire
83.33; indice nasal 57,69 ; indice facial ophryo-alvéolaire 59.72;
indice facial total 99.30 ; indice palatin 82.45 [Fig. 1 et 2).
Le front, tout en étant moins surbaissé que celui du Crâne de
Mechta N° 1, présente ici encore une forme bien particulière. Il est
très fuyant, et le bourrelet constitué par la glabelle et les arcs sour-
ciliers, sans être aussi marqué que celui des Crânes paléolithiques
d'Europe, est beaucoup plus développé que celui des indigènes con-
temporains. Il faut certainement écarter toute idée de mutilation
ethnique, en ce qui concerne l'aplatissement du front. Comme le dit
le Dr Bertholon, il suffît d'avoir manié les crânes souvent déformés
des indigènes actuels, pour éviter sur ce point toute confusion. Le
crâne qui nous occupe ne porte aucun indice de mutilation. Les os en
sont épais et massifs, les insertions musculaires très puissantes.
On me permettra de rapprocher de ces caractères ceux d'un
occipital que j'ai découvert à Mechta en 1907, et qui présente, avec
une épaisseur inusité des os, une apophyse faisant saillie de plus
d'un centimètre en forme de véritable crochet. Ce curieux fragment
est actuellement déposé au Musée de Constantine ; j'en ai donné ail-
leurs des photographies (1). Les muscles qui prenaient leurs inser-
tions autour de cette apophyse devaient présenter un volume vrai-
ment extraordinaire.
Le Crâne de Mechta N° 2 nous paraît surtout remarquable par ses
maxillaires, qui méritent un examen approfondi.
Le Maxillaire supérieur présente une usure complète des molai-
res, conséquence d'une alimentation végétarienne et herbacée. Les
deux incisives médianes manquent ; et toute trace des alvéoles a dis-
paru. Les deux incisives latérales, sans changer de place par chemi-
nement, se sont néanmoins développées en profitant du vide créé
par l'arrachement des incisives médianes. Les canines sont fortes et
usées. Les deux prémolaires et les trois molaires de droite existent ;
on ne retrouve à gauche que les deux prémolaires et une molaire ;
les deux autres ont disparu avec un fragment du maxillaire {Fig. 3).
Le Maxillaire inférieur est, au contraire, complet. Les dents en
sont un peu moins usées (Fig. 4). 77 ne porte trace que de deux incisives,
dont une est intacte ; l'autre manque, mais est représentée par son
alvéole. Ces deux incisives, immédiatement voisines des canines,
sont probablement les incisives latérales. Les médianes ont totale-
ment disparu, sans laisser de traces ; et les latérales en arrivent à se
toucher. Il paraît d'autant plus difficile de faire intervenir ici une
(1) Recueil de la Société Archéologique de Constantine, 1907.
164 SOCIÉTÉ PREHISTORIQUE PRANÇAtSE
migration des incisives latérales qu'elle aurait dû être partagée par
les canines et les prémolaires, aucun interstice n'existant entre
toutes ces dents, alors que d'autre part on ne peut constater sur le
maxillaire supérieur aucune migration analogue. Les mêmes remar-
ques s'appliquent exactement au Crâne de Mechta N° 1, dont les
incisives supérieures ont été arrachées, sans provoquer la migra-
tion des dents voisines, alors que les incisives centrales infé-
rieures ont disparu totalement, et que ce vide a été comblé par les
dents voisines qui n'ont pas laissé entre elles le plus léger inters-
tice.
Ces constatations deux fois répétées ne laissent pas d'être énigma-
tiques. Faut-il admettre que la Mutilation était pratiquée de très
bonne heure sur la mandibule ; à un âge beaucoup plus avancé sur le
maxillaire supérieur ?
Faut-il aller plus loin encore et conclure que la mutilation prati-
quée sur le sujet même à l'âge le plus tendre, dès la naissance de la
seconde dentition, n'expliquerait pas une migration aussi étendue ?
N'y aurait-il point là chez certains sujets un caractère acquis par
l'hérédité, à la suite de mutilations pratiquées sur un très grand
nombre de générations ? Le fait ne serait pas sans analogue dans
l'histoire naturelle des animaux ni même dans celle de l'homme.
Mais nous laissons à d'autres plus compétents le soin de conclure.
Nous voici donc en présence d'un second élément d'appréciation,
qui vient apporter une confirmation singulière aux données du pre-
mier. Il nous reste maintenant à tenter l'interprétation de ces
données.
Le terme de « race néanderthaloïde » pouvant prêter à confu-
sion, ainsi que l'ont montré MM. Henri Martin, A. de Mortillet,
Siffre et E. Hue, nous faisons d'autant moins de difficultés pour
l'abandonner, que nous estimons qu'il faut se garder d'établir en
pareille matière des rapprochements incomplets ou hasardés, a
fortiori des parentés. Admettons donc que l'homme de Mechta n'ait
rien de commun avec celui de Néanderthal, que l'épaisseur des os, un
aplatissement du front, moins prononcé toutefois, une forte saillie de
la glabelle et certains caractères spéciaux d'infériorité.
Faut-il en conclure, suivant l'hypothèse émise par le Dp Bertholon,
qu'il est un résultat du croisement du type de Néanderthal avec
celui aux os fins et graciles de Tébessa-Redeyef ? L'hypothèse nous
paraît d'autant plus hasardée que rien ne prouve jusqu'ici l'exten-
sion en Afrique de la race Néanderthalienne ; d'autre part, l'Homme
de Tébessa-Redeyef présente avec celui de Mechta, des caractères
absolument dissemblables et qui le rapprocheraient plutôt, comme
son industrie elle-même, des Néolithiques sahariens. Cette industrie
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 165
est évidemment postérieure à celle de Mechta ; comment dès lors ce
dernier type pourrait-il provenir du croisement du type postérieur
avec une race étrangère ?
Ces diverses hypothèses étant écartées, et la constatation une fois
faite que le Crâne de Mechta diffère complètement des autres types
crâniens dont nous possédons des moulages, on est bien obligé d'ad-
mettre, avec MM. Henri Martin et Hue, qu'il justifie un groupement
spécial. La question est maintenant de savoir à quelle époque il
convient de le faire remonter, et quelle a pu être son aire d'habitat.
Nous ne croyons pas qu'on puisse lé rattacher au Néolithique,
pour l'excellente raison que nous n'avons trouvé, dans le cube consi-
dérable des matériaux remués, et dans la profusion des outils de
tout genre qui ont été recueillis, ni trace de poterie, ni trace d'outils
quelconques, haches ou polissoirs,en pierre polie. Ce mobilier consi-
dérable est uniquement composé de silex grossiers de toutes les
formes, de dimensions petites ou moyennes, et d'instruments en os.
Ces derniers, pointes, couteaux, poignards, atteignent parfois des
dimensions de 0m15 à 0m20. Ce mobilier est, évidemment, Paléoli-
thique supérieur.
Des considérations sur une prétendue mentalité néolithique ne
sauraient prévaloir contre ces constatations. Les mutilations den-
taires, les seules qui soient réellement constatées, ont pu tout aussi
bien être pratiquées vers la fin de l'époque Paléolithique. La menta-
lité de l'Homme de Mechta était d'ailleurs telle qu'il ri enterrait pas
ses morts (1). La horde humaine vivait en plein air, à proximité d'une
eau courante, et laissait entassés sur place tous ses déchets, 'débris
de cuisine, restes d'animaux, ordures, ainsi que les cadavres
humains, dont les vestiges ont été éparpillés soit par les bêtes, soit
par l'action du temps ou des intempéries. Au cours d'une fouille
récemment pratiquée au même endroit, j'ai encore recueilli un tibia
et un fémur, repliés l'un sur l'autre, et à peu près intacts, alors que
le pied et tout le reste du squelette manquaient complètement et
n'ont pu être retrouvés. Je ne parle ici, bien entendu, que de
l'homme de Mechta plus ancien, celui dont nous étudions les vesti-
ges ; et j'ai indiqué ailleurs que l'escargotière avait servi, à une épo-
que beaucoup plus récente et peut-être néolithique, de lieu d'inhu-
mation à une autre race (2).
Est-il possible d'aller plus loin dans la voie des précisions, et
d'affirmer, avec MM. Edmond Hue et Rutot, que la race de Mechta
date de Y Aurignacien supérieur ?
(1) Voir, à ce sujet, Fart, de M. J. Leroy dans ]e Bulletin de la Société de
février 1914.
(2) Recueil de Constantine, année 1907, p. 171 et année 1912, p. 287.
166 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Mais nous ne pouvons accorder à ces dénominations elles-mêmes
qu'une valeur toute relative ; elles sont bonnes sans doute, pour les
contrées d'Europe qui ont fait l'objet de longues et patientes études ;
elles ne peuvent être transposées^d'un continent dans un autre que
pour désigner un genre d'industrie et deviendraient dangereuses si
elles avaient la prétention d'exprimer un synchronisme quelconque.
Les Préhistoriens d'Algérie ont déjà reconnu l'impossibilité où ils
se trouvent de faire cadrer le Paléolithique supérieur d'Afrique
avec les divisions établies pour les périodes correspondantes de
France et d'Europe (1). M. Pallary ne distingue que deux industries
bien marquées: l'une à l'Est de la Berbérie, l'autre à l'Ouest, et pour
lesquelles il a proposé les dénominations respectives de Gétulienne
et d'Ibéro-Maurusienne, cette dernière se retrouvant dans les sta-
tions Paléolithiques du Sud de l'Espagne.
L'homme de Mechta se rattache, dans cette classification, au
Gétulien, qui lui-même embrasse l'immense période allant du Mous-
térien au Néolithique, et que d'autres auteurs ont appelés le Cap-
sien à la suite des découvertes faites dans la région de Gafsa(2). Le
moment peut paraître venu d'apporter, dans cette trop longue
période, quelques subdivisions. Nous proposons de réserver le terme
de Capsien à la partie plus récente du Gétulien, qui caractérise
l'industrie de Gafsa-Redeyef, et à laquelle se rattachent les escargo-
tières explorées par MM. Latapie et Debruge dans la région de
Tébessa. L'industrie plus ancienne et les restes humains qui nous
occupent porteraient naturellement le nom de Mechtien, qui carac-
tériserait une race. Entre ces deux termes, peut-être avant ou après
eux, les1 découvertes et les études futures permettront de recons-
tituer d'autres anneaux de la chaîne. On peut indiquer que l'industrie
Mechtienne correspond, sans que ceci implique de synchronisme, à
l'Aurignacien, et la Capsienne au Magdalénien.
Il est d'ailleurs évident que la concordance ainsi indiquée n'établit
aucune similitude entre les races, aucune communauté entre les
origines.
Dans les Hauts Plateaux de la province de Constantine, où les
escargotières sont extrêmement nombreuses, un champ presque
inépuisable est ouvert aux chercheurs. Souhaitons que leur activité
vienne éclairer la solution des problèmes d'anthropologie que pose
actuellement la Préhistoire Nord- Africaine.
(1) Cf. Pallary, Instructions poar les recherches préhistoriques dans le Nord-
ouest de l'Afrique, p. 44 et 94. — Gsell. Histoire ancienne de l'Afrique du Nord,
t. I, p. 186.
(2) Cf. De Morgan, les Premières civilisations, p. 136.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 467
Le Menhir de La Tonnelle (Saint-Hilalre-deHiez,
Vendée), Monument classé, a été détruit à la
suite d'une Action humaine.
[Démonstration scientifique}.
Par M. le Dr
Marcel BAUDOUIN (Vendée).
Introduction.
I. — Première Étude. — a) En 1907, j'ai publié un mémoire,
détaillé (1), relatif à la Découverte, à I'Etude scientifique et à la
Restauration, exécutée en septembre 1906, du Menhir de La Ton-
nelle, en Saint-Hilaire-de-Riez (Vendée) (2).
h) La Restauration ayant été jugée utile, ce Mégalithe constituant
un Repère chronologique de premier ordre pour l'étude des modifica-
tions du rivage vendéen depuis l'époque mégalithique, je réussis,
ultérieurement (1913-1914), à faire classer, comme Monument pré-
historique, ce rare et très intéressant Menhir (3).
c) J'avais obtenu déjà du Touring-Club de France (1909) la mise
en place d'un Poteau Indicateur, sur Route, pour signaler aux
Touristes, fréquentant la Corniche Vendéenne, l'existence d'un but
de promenade, en une région où il y a peu d'attractions pour les
habitués des Stations balnéaires voisines (4).
II. — Menace de Destruction. — a) Mais, à une époque récente,
fin 1913, le champ où se trouve le Mégalithe ayant changé cette
(1) Marcel Baudouin. — Découverte et Restauration du Menhir de La Tonnelle,
à Saint-Hilaire-de-Riez [Vendée). Nouvelle preuve de la réunion de Vile d'Yeu
au Continent à l'époque néolithique. — A. F. A. S., Congrès de Reims, 1907.
Paris, 1908, t. I, p. 279 ; t. II, p. 843 863, 5 Fig. — Tiré à part, Paris, 1908,
in-8»; 21 p., 5 Fig.
(2) Relativement à la Bibliographie récente de ce Mégalithe, je dois citer ici la
note suivante : Ce qu'un Menhir apprend sur la Géographie [L'Illustration,
Paris, N° 3382, 21 décembre 1907, p. 420]. — Cette note est une brève analyse de
mon travail de 1907.
(3) Ces dernières années, une Carte postale de ce menhir a été éditée à Nantes,
avec une légende malheureusement des plus inexactes: « Saint-Gilles-Croix-de-Vie
(au lieu de Saint-Hilaire-de-Riez). Menhir de l'Epoque gallo-romaine (au lieu de
Néolithique), élevé dans un champ, près de Sion ». — Elle porte le N° 46 et montre
le menhir, vu par son Arête Nord-ouest (et non par une face). La face Sud-ouest
est à droite; et on voit nettement que, déjà, à l'époque où elle a été faite, le
mégalithe penchait légèrement vers le Sud- ouest {Fig. 4).
En 1906, au contraire [Voir Fig. 3; II], il penchait du côté opposé, c'est-à-dire
au Nord-est.
(4) Ce poteau est placé sur la route de Croix-de-Vie à Saint-Hilaire-de-Riez, à
l'embranchement du Chemin de traverse, qui mène directement au Menhir
[Fig.\;a).
168 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
année là de Propriétaire par suite de la cession du terrain, je fus
informé par un ami, cultivateur de la région, d'avoir à ouvrir l'œil,
car il était dans les intentions du nouvel acquéreur du sol, racon-
^±^-S^-/at'u, «, J?
Fig. 1. — Situation cadastrale du Menhir de La Tonnelle, Saint-Hilaire-de-Riez
(Vendée). — Cadastre réduit de moitié : Section F. — Echelle : 1/5.000.
Légende : R', R", a, b, c, d, Voies d'accès au Menhir par une Gare.
tait-on dans le pays (1), de détruire ce vestige des temps passés,
qui, pourtant, ne gênait en rien ni l'exploitation ni la culture de la
(1) Deux Témoins pourraient justifier cette affirmation.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
169
170 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
pièce de terre, le menhir se trouvant sur le bord même du fossé, sa
limite à l'Ouest (1) (Fig. 1 et 2).
b) Immédiatement, je prévins mon excellent ami, M. le Maire
de la Commune de Saint-Hilaire-de-Riez, de cette menace et le
priai d'aviser le garde champêtre d'avoir à surveiller, à ce point
de vue, les allées et venues et les actes du maître du sol.
c) Bien entendu, Y Autorité locale ne s'émut en rien de mes avis
et se désintéressa totalement de la question, un menhir ne pouvant
être, d'après une délibération même du Conseil municipal de cette
rig. 3. — Restauration du Menhir de la Tonnelle, à Saint-Hilaire-de-Riez (V.), en
1906. — Phot. exécutées au cours des travaux \Réduites], — Echelle : 1/200.
Légende : I, Redressement du Menhir. — II, Le Menhir redressé (Vue Sud-est) : Le
menhir penche nettement du côté du Nord-est (1906), et non pas au Sud-ouest. — III, Le
Menhir restauré (Vue de la Face Sud-ouest, à la fin du jour ; ombre portée à l'Est).
commune, d'aucune utilité pratique ! — Ce que l'on savait depuis
longtemps déjà, n'est-il pas vrai ?
d) Je demandai alors le Classement d'urgence : ce qui ne fut fait
qu'après de multiples négociations (2), d'ailleurs
(1) Je crois bien que ce qui gênait surtout la propriétaire c'était la visite des
Touristes] — Aussi s'est-on contenté de jeter à bas le menhir, sans le fairesauter
à la mine.
Mais cela est une indication formelle sur la conduite à suivre, en matière de
protection ! On ne sauvera les Monuments, susceptibles d'être visités en pleins
champs, que par une Expropriation et un Achat.
Avis au Touring-Club de France.
(2) Lors de cette demande de Classement, on n'a pas jugé, à propos, m'écrivait-
on officiellement, « de recourir à Y Expropriation, puisque la Loi nouvelle (1913)
permet le Classement sans l'autorisation du propriétaire et empêche ladfstruc-
tion des Monuments ».
On va voir qu'au contraire le Classement a activé la Destruction.... — Or, cela
ne se serait pas produit, si l'on avait, à temps, comme je l'avais demandé dès
1913, procédé à une Expropriation, d'office et en règle, motivée par la menace faite
au début de 1913.
Le refus de la Propriétaire de céder le menhir à un prix raisonnable a été
indiqué par une lettre du Préfet de la Vendée au Ministère. — Il y a eu aussi une
Décision du Conseil municipal de Saint-Hilaire-de-Riez, qui n'a pas voulu con-
sentir à poursuivre l'Expropriation, « le menhir n'ayant aucune valeur pratique... ».
La Propriétaire a été avisée d'ailleurs du Classement. — C'est une dame, veuve.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 171
III. — Destruction. — a) Au début de l'année 1914, je fus
informé, par un cultivateur du pays, que, comme je l'avais craint,
et en exécution de la menace formulée en 1913, le Monument avait
été détruit, pendant l'hiver 1913-1914.
b) De suite, j'avisai mon ami, M. le Maire de Saint-Hilaire-dc-
Fig. 4. — Le Menhir de la Tonnelle, à Saint-Hilaire-de-Riez (V.). — Vue de Y Arête
Nord-ouest. — Echelle : 1/20 environ.
Légende : K, Situation des Blocs de Calage, placés dans la Tranchée [Fig. 5 ; T]. — N. m.,
Nord magnétique. — 482, N° du Champ au Cadastre, Section F [Voir Fig. 1].
Riez et M. le Sous-Préfet des Sables-d'Olonne, puisqu'il s'agissait
désormais d'un Monument préhistorique, qui venait d'être classé !
c) Je prévins également le Touring-Club de France, qui promit de
172 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
faire les démarches voulues auprès des Autorités compétentes, à
Paris.
d) J'informai, en outre, par lettre, la Commission des Monuments
préhistoriques au Ministère des Beaux-Arts, en insistant sur les
antécédents de cette affaire : le Classement, d'office, grâce à la
nouvelle Loi (1), vu la résistance de la Commune et de la Proprié-
taire; la Menace, parvenue antérieurement à ma connaissance; etc.
I. — Documents administratifs. — Pièces officielles.
En réponse à mes diverses interventions, j'ai reçu les lettres sui-
vantes, que je crois utile — après avoir cité telle quelle la lettre
d'avis (2) — de publier in extenso, pour que le lecteur soit très pré- s
cisément renseigné sur l'efficacité de certaines de nos Lois récentes.
1° Lettre d'Avis de Vacte commis.
Sainl-Hilaire-de-Riez, le 7 avril 1914,
« Je vien [sic) vous écrire ses (sic) quelques mots tout particulière-
ment pour vous faire connaîte (sic) que la Pierre de la Tonnelle est
tomber (sic) par terre ; elle a eu une grande pente tout liver (sic).
Maintenant el et tomber (sic). On l'affirme pas; mais on pourrait
presque dire que cela a été fait expré (sic)...
L'on en avait parlé ; et on croyait qu'on vous avait prévenu... »
Lettre signée.
Or, pour qui est bien renseigné sur la mentalité des cultivateurs
de nos régions, une phrase comme celle-ci : « On ne l'affirme pas ;
mais on pourrait presque dire que cela a été fait exprès », doit se
traduire ainsi : « Je suis certain que cela a été fait exprès ! » — C'est
le dicton normand : « Ce n'est point une année à pommes ; mais,
pour des pommes, il yen a, cette année ».... — Inutile de développer
cet aphorisme, bien connu.
2° Lettres des Autorités.
Mairie de Saint-Hilaïre-de-Rikz,
12 avril 1914.
Monsieur,
En réponse à votre lettre du 8 courant, j'ai l'honneur de vous
informer que le Menhir de la Tonnelle s'est renversé seul, par suite de
l'affaissement des terres, dû aux pluies continuelles que nous subissons
dans la région.
J'estime que toute malveillance doit être écartée à ce sujet.
Veuillez, etc..
Signée : Le Maire.
(1) Loi du 31 décembre 19i3 [Article 6).
(2) J'ai, à dessein, respecté l'orthographe de la personne
cpi m'a renseigné.
société Préhistorique française 173
Sous-Préfecture des Sables-d'Olonne,
15 avril 1914.
Mon cher Docteur et ami,
Vous avez bien voulu me faire connaître que le Menhir de la Ton-
nelle, de Saint-Hilaire-de-Riez venait d'être classé comme Monument
préhistorique et qu'il avait été détruit tout récemment.
Or, de l'enquête à laquelle j'ai fait procéder ces jours derniers à
Saint-Hilaire-de-Riez, il résulte que le Menhir de la Tonnelle ri a point
été détruit, qu'il s'est renversé à la suite d'un affaissement du sol, occa-
sionné par les pluies. Toute idée de malveillance doit donc devoir être
écartée.
Veuillez, etc.
Signé : Le Sous-Préfet.
Il est facile de voir, en comparant ces deux lettres, qui reprodui-
sent les mêmes idées, dans les mêmes termes, que l'Enquêteur, dont
parle M. le Sous-Préfet, s'est borné à prendre l'avis du Maire : ce
dont on ne saurait lui faire d'ailleurs un reproche, car, évidemment,
il ne pouvait faire cette enquête lui-même et aller examiner lui-
même les lieux.... — Le malheur est que le Maire n'a été renseigné,
sans doute, lui-même, que par le garde champêtre ou peut-être sim-
plement par la propriétaire...
Préfecture de la Vendée,
6 mai 1914.
Le Préfet de la Vendée
à M. le Sous-Sécrétaire d'Etat, des Beaux-Arts,
J'ai l'honneur de vous faire connaître, en réponse à votre dépêche
du 20 avril dernier, relative au Menhir de la Tonnelle, situé commune
de Saint-Hilaire-de-Riez, que ce Monument mégalithique ri a pas été
détruit; il est seulement renversé sous l'affaissement des terres, dû aux
pluies de cet hiver.
Je viens en conséquence... d'indiquer à la propriétaire qu'il lui est
interdit d y porter aucune atteinte, en conformité ds l'article 9 de la
Loi du 31 décembre 1913.
Signé : Le Préfet.
C'est là la reproduction des lettres précédentes, bien entendu.
Ainsi donc, officiellement parlant, un Menhir renversé n'est pas
détruit ! Or, chacun sait pourtant qu'un Menhir, à terre, n'a plus,
scientifiquement parlant, qu'une valeur très relative et n'a plus, au
point de vue touristique surtout, aucun intérêt .. — Concluons que
l'Administration des Beaux-Arts n'est pas, en effet, tenu de savoir
tout cela.... Mais le Touring-Club de France a, au contraire, par-
faitement saisi la nuance, ainsi que le prouve la lettre suivante...
174 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
TouniNG Club de France,
10 avril 1914.
Monsieur et cher Délégué,
Par lettre en date du 8 courant, vous voulez bien nous faire con-
naître que le Menhir de la Tonnelle, situé à Saint- Hilaire-de-Riez (V.),
Monument classé, restauré, et, d'autre part, signalé à l'attention des
Touristes par un Poteau, placé parles soins de notre Association, vient
d'être détruit.
Je m'empresse de vous remercier très vivement de cette communi-
cation et de vous faire savoir que nous avons signalé cet acte de van-
dalisme à l'Administration des Beaux-Arts.
Veuillez, etc.
Signé : Le Secrétaire du Comité.
A propos de ce fait, la Démocratie vendéenne (de La Roche-sur-
Yon) a, d'ailleurs, publié l'entrefilet suivant :
Saint-Hilaire-de-Riez.
Un nouvel acte de Vandalisme. — Il existe, à La Tonnelle, de Saint-
Hilaire-de-Riez, un Menhir très important, qui a été classé comme
Monument préhistorique, vu son grand intérêt, en vertu des lois
récemment votées. Or nous apprenons que ce monument, vieux sou-
venir de nos ancêtres, vient d'être détruit. Gomme une pierre de ce
volume ne se déplace pas seule, il faut en conclure qu'on y a un peu
aidé... A quoi sert alors d'avoir des Lois, si elles né protègent rien? On
se rappelle qu'il y a quelques mois on démollissait, à Bazoges-en-
Pareds, une Sépulture antique [appartenant à la S. P. fi.] . On n'a pas pu
retrouver les coupables. Jusqu'à quand cela va-t-il durer en Vendée ?
Voilà les documents officiels. — Voyons maintenant quelle est
la Vérité, à l'aide des données que peut nous fournir la Science
préhistorique.
II. — Etude scientifique du Mode de la Destruction.
Etant donné la menace, faite en 1913 et la lettre d'avis du cultiva-
teur que j'ai citée plus haut, malgré les conclusions de l'Enquête
administrative, j'avais conservé de forts doutes sur la véritable Cause
de la chute de ce Menhir, en raison surtout de ce fait que cette pierre
avait été, en 1906, redressée par moi dans des conditions de solidité
telles que la raison, invoquée par les autorités, ne pouvait pas
avoir joué le rôle indiqué. — Je résolus d'en avoir le cœur net.
1° Etat des Lieux (1914). — Aussi, dès mon retour en Vendée, au
début de juillet 1914 — c'est-à-dire plus de cinq à six mois après
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 475
le prétendu accident (qu'on retienne bien ces dates !), — je me suis
rendu sur les lieux, pour constater, de visu, l'état actuel des choses.
J'ai, en effet, trouvé le Menhir, tombé; et je dois reconnaître qu'il
n'a pas été brisé par la chute et qu'il est encore intact (Fig. 6), à peu
près dans les mêmes conditions que, jadis, lorsque je l'ai découvert
dans le Fossé voisin (Fig. 2). — Il sera donc possible, quand on le
voudra, de le redresser et de le restaurer à nouveau : ce qui repré-
sentera une double dépense, puisque l'Etat avait déjà fait les frais
du premier redressement (1) ...
2° Etat actuel de la Pierre. — Mais voyons dans quelles condi-
tions le Menhir se présente actuellement et s'il existe des indices,
pouvant nous renseigner sur les causes de cette chute.
j
Fig. 5, — Situation du Menhir, tombé, de La Tonnelle, commune de Saint-Hilaire-de-
Riez (V.). — Schémas destinés à montrer comment le Menhir avait été calé
en 1906. — Echelle: 1/100 [d'après le Cadastre : Section F].
Légende. — I, Menhir tombé en place. — F, Fossé ; — A M B, menhir en situation d'origine ;
-~ A' M' B', Menhir déplacé, pour le Redressement. — 11, Menhir après le Redresse-
ment (A" B") : Mode de Constitution du Calage, au niveau de la base de la Face Sud-
ouest ; — S, Schiste à séricite ; — Tj, terre jaune du sol; — T. v., terre végétale ; — Ca,
Cailloux de Quartz blanc, pour Calages ; — T, Tranchée en plan incliné, où fut placée la
base B".
La pierre est tombée aujourd'hui sur la face qui regardait le Sud-
ouest, car son sommet est dans le fossé Ouest, touchant à la limite
(1) Fond de Mission Marcel Baudouin, antérieure à 1907.
176 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
du champ voisin (N° 481). Son grand axe fait, avec l'aiguille
aimantée de la Boussole (1), un angle Ouest-Est, de 110° (2).
La base, restée dans le champ N° 482 (Fig. 6), au niveau du pre-
mier sillon de culture (en juillet 1914, la pièce était en Blé, heu-
reusement non encore coupé), à son extrémité Est à lm40 du fossé,
et son extrémité Ouest à 0m80 seulement (au lieu de 0m50 (1907),
par suite d'une déviation légère à l'Ouest, en tombant).
A. Sens de la Chute (Ouest). — Le Menhir est donc tombé,
directement ou à peu près, dans la situation où il aurait dû choir, si
on l'avait attaqué au niveau de la base de sa face Sud-ouest, en enle-
vant les Blocs de Calage, que, précisément, nous avions placés de ce
côté, lors de la restauration — pour prévenir cette chute —
(Fig. 5; II; Ca); dans la situation qu'il avait, sur le champ N° 482,
avant le relèvement (Fig. 3; I; A' B').
Inclinaison de 1913. — Certes, en 1913, le Menhir penchait bien du
côté Ouest, comme le rappelle la lettre du cultivateur cité. Mais, mal-
heureusement, il existe une Carte postale de ce monument (Fig. 4),
montrant que cette inclinaison n'était alors que très légère. Nous
possédons une photographie, d'ailleurs exécutée par nous, à peine
antérieure à 1913, d'après laquelle la pierre est encore absolu-
ment verticale !
B. Aspect des lieux. — 1° Cavité à la base du côté Ouest. — En
examinant avec soin le sol, sous la base du Menhir, nous avons fait
la constatation suivante.
Il existe, en ce point, non pas des Terres refoulées par l'action de
la pierre, mais une véritable Cavité, très nettement visible, ne pouvant
résulter que d'une « Ablation de Terre » à ce niveau. — Donc
quelqu'un a enlevé cette terre, en creusant en ce point (3) 1
(1) A l'occasion de cette détermination, nous avons fait deux constatations
intéressantes.
1° Le Menhir, qui est en Granité schisteux, a fait dévier la boussole, orientée
exactement au Nord, de 10°, quand nous nous en sommes approché en venant de
l'Est; il a alors attiré vers lui (à l'Ouest) l'aiguille de 10°. — Il y a donc une
quantité assez notable de Fer dans cette roche.
2" La Boussole, placée exactement au milieu de la pierre, donne une indication
juste (contrôle avec une 2e boussole, placée loin du Menhir).
Par conséquent, il y a en ce point un balancement des influences magnétiques
et mise en équilibre de l'aiguille.
D'où la conclusion : Quand on prendra l'orientation de telles pierres, avoir bien
soin de se placer à leur centre (et non à une extrémité) ou assez loin de la pierre,
pour éviter toute action du fer du granité sur l'aiguille.
(2) En 1907, avant le redressement, cet angle n'était que de 50* environ. — La
pierre a donc pivotée vers l'Ouest, en tombant en 1914, de 60* (1106 — 50° = 60*).
(3) Si le Menhir était tombé spontanément, il y aurait eu là des « Terres Refou-
lées », mais pas de « Trou » !
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
177
2° Absence des Blocs de Calage. — Qui plus est, ce trou correspond
à la base de la face Sud-ouest. — Or c'est là que nous avions placé, en
1907, nos blocs de calage, comme le prouve la Figure [Fig.b; II; Ca]
publiée dès 1907 dans notre Mémoire. Et ces blocs de calage ne
sont plus en place ! — Donc quelqu'un les a enlevés. — Sinon la pres-
sion de la terre les aurait simplement refoulés et déplacés sous le
Menhir..., sans les faire disparaître complètement.
En 1907, nous avions écrit, prévoyant ce qui s'est produit : « On
Fig, 6. — Aspect actuel (1914) du Mexh<r dé La Tonnelle, tombé, après sa démolition. —
Photographie de la ligne Sud. — Echelle: 1/10 environ.
Légende: N, Nord magnétique; — M, Menhir tombé; — B, Base du Menhir; —
S, Sommet du Menhir ; — F, Fossé ; — A", Tas de terre enlevée de la base. —
— 181, 482, Nos des Champs [Voir Fig. 1|.
cala le Menhir du côté du Sud-ouest, en mélangeant les Cailloux avec
la Terre, de façon à avoir un Béton solide ; cette opération pourra
être, dans l'avenir, un Bepère, s'il y a destruction du monument ».
On voit que nous avions soupçonné alors ce qui devait arriver
en 1914!
3° Tas de Terre rapportée au Nord. — Or qu'est devenue la Terre
enlevée de la Cavité ci-dessus ? — Il est facile de le savoir.
En effet, à"0m20 au Nord de la base de la pierre, sur le bord même
du Fossé, il existait encore, au début de juillet 1914 (c'est-à-dire plus
de cinq mois après l'acte commis, malgré les pluies du printemps !)>
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE. 12
178 S0CIÉ1É PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
sur la terre végétale immaculée, un Tas de Terre jaune, avec petits
Cailloux de Quarlz de filon, bien isolé, et très net encore.
Il avait 0m40 Nord-sud et 0m50 Est-ouest, pour une hauteur au-
dessus du sol naturel (c'est-à-dire de la terre végétale, couverte
d'herbes) de 0m20.
J'ai photographié ce Tas, en place (Fig. 7; A), d'un volume de
0mc040 environ.
Or cette Terre jaune à cailloux, qui n'est nullement de la terre végé-
tale du champ, mais un « béton artificiel », n'est pas autre chose
que ce que nous avions mis, en 1907, à la base du Menhir du côté
du Sud-ouest, pour le caler.
Cet amas de terre — ancien Béton — a donc été apporté là, sur la
Terre Végétale; et, comme il n'a pas pu être pris dans le champ du
Fig. 7. — Photographie du Tas de Terre spéciale, extraite à la Base [côté Sud-ouest]
(Fig. 6; A») du Menhir, pour en faciliter la Chute. — Ligne Sud-ouest.
Légende: M, Menhir tombé; — B, sa base, avec dépôt de terre ; — a1, tas de terre ; —
t, Terre; — c, Cailloux; — T, Transport de la terre; —F, Fossé; — T. R., Terres
refoulées par la base B du Menhir M, en tombant au Sud-Ouest — C, Chaintre du
Champ N" 482, F.
Menhir, cultivé en Blé depuis l'automne 1913, puisque ce champ ne
présente nulle part une Cavité quelconque (sauf sous la Base du
Menhir), il provient, sûrement, de cette Cavité, d'autant plus que les
Cailloux de Quartz (en nombre inusité) révèlent nettement l'origine
artificielle de ce Béton, dû à un savant mélange, confectionné par
nous, pour obtenir un bon Ciment de calage, en 1907
4° Tas de Terre sur la Pierre. — Qui plus est, en juillet 1914 (c'est*
à-dire plus de 4 à 5 mois après la Chute !), nous avons encore trouvé,
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 4 79
en outre, un Dépôt de Terre jaune sur la face zénithale de la Pierre
tombée, à 0m80 de la base.
Or cette Terre, forcément apportée après la chute, puisqu'elle est
semblable à celle du Tas précédent, n'a pu venir là, grâce à une opé-
ration, terrestre.., spontanée...
Cet amas, de 0m20 de large et de 0m40 de long, est donc la preuve
d'une autre intervention humaine. — Nous l'avons aussi photographié
avec soin, pour qu'on ne puisse pas mettre en doute notre constata-
tion précise (Fig. 7 ; B).
On pourrait objecter que cette terre a accompagné la base, mise à
nu au Nord-est, lors du Renversement, et provient du sol, au niveau
du côté Nord-est. — C'est impossible, puisque l'amas est à 0m80 de
la base et que le Menhir n'avait été enfoui, en 1907, que sur une
hauteur de 0m50 !
Cet argument est décisif encore, sans parler de la qualité spéciale
de cette terre.
Reconstitution des Faits. — En présence de ces constatations,
le doute n'est pas permis un instant; et on peut affirmer, scientifi-
quement, qu'il y a eu une Intervention humaine au niveau de la
Base du Menhir.
Ce ne peuvent donc être les Pluies qui, seules, l'ont fait chavirer...
D'ailleurs, en examinant le bord du fossé, qui aurait dû s'étaler
sous l'influence des eaux et être grignoté par elles, il est facile de
voir qu'il est resté normal et à pic. — Certes, autour de la base, il
y a bien quelques centimètres cubes de Terres refoulées (Fig. 7 ; T. R.) ;
mais ce Refoulement n'est que la conséquence de la chute ic'est la
base du Menhir qui, en sortant de sa cavité, l'a produite), préparée
à l'aide d'une manœuvre évidente, dont nous avons retrouvé, encore
après 4 à 5 mois, les traces matérielles.
1° L'auteur de cet acte a donc, de façon raisonnée, enlevé la
Terre de la Base, côté Sud-ouest, du Menhir, ainsi que les Blocs de
Calage, démolissant ce que nous avions pris tant de peine à faire en
1907; creusé un Trou à ce niveau; puis placé la Terre enlevée dans
un Tas, à 0m20 au Nord, où on la voyait encore en juillet 1914, —
se trahissant lui-même, sans s'en douter....
Puis il n'a eu qu'à attendre la suite des événements ou à pousser du
coude la pierre dressée, vers ce côté Sud-ouest. Celle-ci devait fatale-
ment retourner dès lors au fossé d'où elle provenait, soit spontané-
ment (ce qui est à la rigueur possible), soit plutôt après un léger
coup de pouce
Plus tard, des enfants, gardiens de bestiaux, vinrent sans doute
jouer sur le Menhir renversé et y placer un peu de la terre du Tas
en question : d'où la deuxième constatation faite.
ISO SOCIÉTÉ PREHISTORIQUE FRANÇAISE
2° Si le Menhir s'était renversé spontanément, sous une influence
quelconque, c'est du côté du Nord-est qu'il aurait dû tomber, puisque
c'est de ce côté qu'il penchait en 1907 [cela, de façon voulue par
nous dès 1907, pour parer à l'avance, à une inclinaison ultérieure
possible vers le fossé, précisément parce que nous supposions réali-
sable cette action des eaux (Fig. 5; II)].
Mais, s'il était tombé au cours de l'hiver 1914 de ce côté Nord-est,
il aurait abîmé la culture en Blé de la propriétaire et gêné en 1915
l'exploitation du champ ! C'est pourquoi le Menhir a été assez intelli-
gent pour choir, au Sud-ouest, dans le fossé, de façon à ne détruire
aucun épi et à ne gêner ultérieurement personne. — Vraiment, voilà
de l'intelligence dans la chute ; ou je ne m'y connais pas ! — Les
Pluies et les Menhirs [Statues antiques du Dieu-Soleil] auraient-ils
donc le respect de leurs Propriétaires actuels ?
Conclusions. — 1° C. Scientifiques. — a) La vérité est celle-ci : On a
dégarni la base de la pierre, du côté du Sud-ouest, pour la faire pen-
cher fortement en 1914 du côté du Sud-ouest. Nous avons découvert
des preuves, manifestes et matérielles, de cette manœuvre (Cavité;
Terre apportée ; disparition des Blocs de Calage de 1907).
b) Le Menhir s'est alors forcément — et spontanément — incliné de
plus en plus violemment vers le Sud-ouest.
c) Et, à un moment donné, il a glissé, soit spontanément, soit
plutôt à l'aide d'une très légère poussée, clandestine.
Quoiqu'il en soit, la première cause de la Chute est bien une Action
humaine, voulue et raisonnée ; la suite n'est que la conséquence de ce
premier acte, dont les preuves matérielles étaient encore des plus
nettes en juillet 1914 et sautent aux yeux sur les Photographies,
documentaires, que nous avons tenu à exécuter à cette époque, pour
entraîner la conviction de tous.
2° C. pratiques. — La Morale de cette histoire... de brigands et la
conclusion pratique de cette étude technique est que la Loi du
31 décembre 1913, qui classe les Monuments, malgré les Proprié-
taires, sera, dans la plupart des cas, inutile et même funeste aux
Mégalithes de nos Champs, qu'elle engage à détruire, puisqu'il n'y
a pas de sanction pratique, possible.
Le seul remède est, comme je le soutiens, I'Expropriation par
l'Etat, et I'Achat, soit par l'Etat, soit par une Société scientifique
compétente, reconnue d'utilité publique, en l'espèce la Société
Préhistorique Française ou le Touring Club de France.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 181
Pointes - Grattoirs - Retoucheurs M oustériennea
du Sénonais.
PAR
Mademoiselle Augusta HURE (Sens, Tonne).
Le Sénonais n'est pas pauvre en Outils Moustériens, comme
d'aucun l'ont prétendu. Il ne faut pas avoir étudié le terrain de la
région pour affirmer une telle chose! Déjà, en 1888, Phil. Salmon
et le Dr Fitasier disaient, dans Y Yonne préhistorique, « que le Mous-
térien est si commun que nous ne pourrions songer à citer ces
gisements » ! (1). De notre côté, s'il nous fallait donner l'exposé de
toutes les trouvailles d'objets groupés ou isolés se rattachant à cette
époque, il nous faudrait non pas une note, mais des quantités de
notes.
Si jusqu'à présent, les outils moustériens sont rares dans des
collections importantes de la région, c'est qu'on les recueille avec
peu d'empressement. Des collections, constituées de nos jours avec
soin et méthode, contiennent de nombreux et beaux spécimens des
types de l'époque.
Nos découvertes surtout permettent de suivre l'évolution de cette
industrie. Bientôt, nous l'espérons, dans un volume en préparation,
nous pourrons en indiquer les principaux gisements et démontrer,
par la persistance des instruments Acheuléens, que nombre d'entre
eux se rattachent aux précédentes époques, alors que d'autres
gisements nous indiquent le pur Moustérien; puis l'ère ou appa-
raissent des formes à influence Aurignacienne.
Le Moustérien Sénonais ne se montre pas seulement identique
au Moustérien que l'on rencontre dans les alluvions, mais aussi
voisin de celui des limons des cavernes. Aux temps troglodytiques,
vivaient donc, en plein air, de nombreux chasseurs sur les
plateaux !
Les instruments Moustériens, à l'exemple des instruments
préhistoriques des époques antérieures et postérieures, furent
prélevés sur les silex répandus en abondance sur nos plateaux et
débités sur place; ils sont revêtus d'une patine blanche, ocre, grise
ou bleutée selon la nature du silex, de la constitution des terres, ou
bien que l'outil a été plus ou moins enfoui dans le sol. Si parfois
certains outils fraîchement ramenés au jour n'ont pas de patine, ils
présentent, outre leur technique et leur morphologie, un aspect
qui permet généralement de les reconnaître.
(1) Voir aussi : Augusta Hure. - Le Préhistorique Sénonais sur la rive gauche
de VYonne. Bull, de la Soc. des Se. de FYonne, 2e Semestre, 1908.
182 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Les Moustériens étaient plus industrieux que leurs prédéces-
seurs; nous connaissons déjà pas mal de leurs instruments et la
perfection de certaines formes. Longtemps ce matériel fut considéré
comme peu varié.
Cependant, les recherches méthodiques s'accentuant davantage,
cet outillage apparaît bien plus complet que nous le supposions! Il
n'existe aucune raison de ne pas croire que des populations aient
ajouté au matériel courant des outils que nous ne rencontrions pas
partout, et qui répondaient aux besoins de la vie, aux conditions de
la nature environnante.
Les éclats Moustériens revêtent souvent des factures très
diverses. Parmi eux figure un nombre sérieux de types qui cons-
tituent le fond du caractère de l'industrie. L'exécution de leur taille
est soignée, leur forme correcte, leur profil très fin ; il fallait que
l'ouvrier eut à sa disposition des outils spéciaux et une main
exercée, pour exécuter les retouches que nous admirons sur les
pointes et les racloirs.
Il est facile de comprendre devant l'ensemble des instruments
retouchés que des outils étaient nécessaires pour les déterminer.
Gomment les Moustériens auraient-ils pu faire des pressions, s'ils
n'avaient mis en œuvre le procédé employé plus tard par les Néoli-
thiques?
Qu'employait-on en effet pour accomplir cette partie du travail,
jusqu'à présent aucun outil à cet usage n'ayant été signalé? Nous
possédons bien le Grattoir, qui dans des cas aurait pu y suppléer ;
mais sa rareté parfois, dans des gisements à retouches évoluées,
vient éloigner l'idée que c'était là des pièces uniques destinées à
cet emploi. Le Retouchoir Moustérien était donc à trouver!
Les lignes qui vont suivre ont pour but la description de pièces
trouvées dans nos meilleures stations et dont la particularité de la
base nous entraînerait à les considérer comme des Grattoirs ou des
Retouchoirs.
Parmi les 60 que nous possédons, nous avons fait un choix, le
plus judicieux possible, de manière à donner une description nette
et intelligible.
En effet, examinant nos séries Moustériennes recueillies sur les
plateaux, nous avons pu constater que beaucoup d'outils, surtout
des pointes classiques, avaient été travaillées a la base, dans le
but d'une utilisation. Nous croyons que cette observation n'a fait
jusqu'ici l'objet d'aucune remarque, et malgré nos recherches nous
ne l'avons vu ni signalée, ni décrite. Nous même, pendant long-
temps, nous n'avions, apporté aucune attention à cette particularité,
jusqu'au jour ou un de nos obligeants confrères, M. Paul Jumeau
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 183
(de Sens), arrêta notre pensée sur ce fait que par la suite nous
avons étudié et que nous allons développer.
Parmi les véritables instruments Moustériens Sénonais,on peut
citer comme dominante la Pointe, plus ou moins triangulaire, plus
ou moins appointée, allongée ou étroite. Les unes épaisses sur les
bords sont alors retouchées ; les plus minces ont généralement les
bords coupants et l'ouvrier a obtenu le type désiré sans aucune
retaille.
G. de Mortillet, ainsi que bien des auteurs, en parlant de la Pointe
moustérienne, nous la décrivent dans ce sens que son extrémité
inférieure présente le plan de frappe et le conchoïde de percussion, à
l'état brut. Ce conchoïde se développe sur un côté non retaillé
qu'offre la face d'éclatement toute lisse, sans aucune retouche. Sur
l'autre face les bords sont plus ou moins retouchés sur les côtés et
se terminent en pointe au sommet. La base, ni retaillée, ni retouchée,
représente généralement le plan de frappe ; ce qui la rend irrégu-
lière (1).
Dans d'autres cas, on a pu constater que certaines pointes n'ont
plus de bulbe et que le pourtour inférieur est retaillé en Racloir,
donnant à l'instrument l'aspect d'une Pointe double, parfois amyda-
loïde, à base arrondie, travaillée et fort mince.
A part les pointes que nous venons de citer, on peut désormais
distinguer un autre type : celui de la Pointe classique, avec traces
de travail à la base du bulbe de percussion, et dont nous allons
proposer le nom de pointes Grattoirs-retouchoirs.
Pour plus de clarté, nous envoyons à la Société Préhistorique
Française, quelques-uns de ces silex qui simplifieront pour les
membres présents la description. D'autre part, nous reproduisons
des pièces appartenant à cette catégorie et ayant la particularité
que la ligne semi-circul aire du bulbe de percussion est devenue
Grattoir ou Retouchoir {Fig. 1 et 2).
Les Figures 1 et 2 représentent deux de ces pointes, choisies
parmi celles de moyenne taille. On peut voir sur le talon la netteté
du travail égalisant l'arc presque semi-circulaire. Rien au premier
abord ne les distingue des pointes ordinaires ; mais, une fois averti,
cette particularité est aisément reconnaissable et vient donner à
leur base un intérêt spécial.
Ce mode de faire rendait l'outil simultanément utilisable comme
Pointe, comme Grattoir et comme Retouchoir. C'était là un bon
instrument, puisque le travail s'adressait à la partie la plus robuste
(1) G. de Mortillet. — La Préhistoire, chap. V, p. 168. — Id. Le Musée
préhistorique.
184 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
de la pièce. En le fabricant le Moustérien obéissait au désir d'obte-
nir un outil, destiné à une utilisation courante. Ce n'était pas
encore dans certains cas un retouchoir bien établi, mais un retou-
choir pouvant répondre à une même nécessité et possédant déjà les
caractères que nous trouvons développés au retouchoir néolithique.
Simplement tenu à la main, il pouvait constituer un solide outil;
emmanché comme grattoir, on peut concevoir encore son utilité. Ne
pourrait-on pas aussi affirmer devant ce double emploi, que les
pointes moustériennes devaient ou ne devaient pas s'emmancher ?
Parmi ces pointes, il en est dont la base est mâchonnée, écaillée;
d'autres fois les prélèvements du silex sont fins et délicats. En géné-
ral ils sont moins habilement produits, que sur les véritables grat-
Fig. 1 el 'i.
Pointe moustérienne, montrant le Bulbe de Percussion et la base ae la
pièce, retouchée.— Echelle : 3/4 Grandeur.
toirs. Si la pointe porte des retouches latérales, on a alors des
racloirs-grattoirs ou retouchoirs.
Comme on le voit, nous venons de nous prononcer d'une façon
catégorique pour le Grattoir-Retouchoir. L'hésitation n'est plus
permise dans certains cas, quand on remarque que des pièces ont
été émoussées jusqu'à être polies par un frottement répété, soit
d'usure, soit de compression.
Comme nous l'avons dit, cette partie était la moins fragile pour
rompre sous l'effort d'une pression. Cependant très probablement
des pointes longues et plus fragiles, ne pouvant guère oflrir de
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 185
longue résistance, ont dû céder sous l'effort de l'ouvrier. De là,
sans doute, le fait que nous trouvons de ces pièces, tronquées à la
naissance du conchoïde de percussion !
Si l'homme s'est donné la peine d'utiliser ainsi la base de ses
outils, c'est qu'il en avait besoin. Cette opération s'est pratiquée non
pas seulement sur les pointes, mais aussi, quoique plus rarement,
sur la base des lames et des grands éclats informes. Il est facile de
démontrer que ce procédé relevait d'un usage répandu, puisque ce
travail intentionnel existe sur de nombreux exemplaires!
Parfois, ces outils semblent se rattacher tantôt aux Grattoirs, tan-
tôt aux Retouchoirs. Il est évident qu'ils ont été employés dans un
but ne devant pas avoir un usage unique.
Nous le répétons, les prélèvements du silex sont ici moins habile-
ments produits que sur les grattoirs arrondis ou allongés que nous
avons rencontrés dans les mêmes stations, et en plus diffèrent de
ceux des racloirs, en ce qu'ils sont plus perpendiculaires et ne modi-
fient en rien l'allure de la pièce. La ligne de contour de la base reste
convexe d'un côté, concave de l'autre, s'arrondit, sans faire dispa-
raître le bulbe de percussion.
Ce qui semblerait prouver que nous sommes souvent en présence
de retouchoirs, c'est leur proportion numérique avec les outils
retouchés dans chaque gisement, et en particulier dans ceux du
Moustérien supérieur.
En résumé, il n'en reste pas moins vrai que l'absence parfois de
grattoirs et toujours de retouchoirs dans l'industrie moustérienne,
si fertile en retouches, apparaissait plutôt suggestive.
Nous ne croyons pas que les pièces que nous venons de décrire
soit une spécialité régionale. Il serait vraiment extraordinaire
qu'elles se trouvent seulement dans le Sénonais. Si chacun cherche
dans son mobilier paléolithique, il est certain que de semblables
observations viendront consolider ces notes.
A priori, on ne voit d'ailleurs pas pourquoi le bon sens du Mous-
térien n'aurait pas compris le parti qu'il pouvait tirer d'une pièce
dont la base lui offrait déjà un outil tout fait et qui pouvait devenir
pratique. Avec un tel instrument, on pouvait aisément gratter le
bois, l'os, le cuir et retoucher les pointes et former les racloirs!
Certes, ce n'est pas d'emblée que l'on arrive à saisir de suite
toutes les particularités de l'industrie préhistorique; et chacun sait
que parfois les choses les plus simples sont les plus difficiles à trou-
ver et à comprendre ! Notre communication laisse désormais prise
libre aux raisonnements, aux arguments et aux essais de comparai-
son.
186 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
M. Marcel Baudouin. — Je dois rappeler ici que notre collègue,
M. Commont (d'Amiens), a publié de nombreuses figures où les
retouches de la base des pièces moustériennes, sur lesquelles insiste
Mademoiselle Hure, sont très bien représentées et très visibles
[Voir Fig. 3 et 4, par exemple]. — Dans son récent Mémoire sur le
Fig. 3 et 4. — Pointes moustériennes retouchées à la base [Cliché Commont].
Moustérien à faune chaude, il prononce même le nom de Retouchoir,
pour l'époque Moustérienne.
Au Laboratoire de la Société Préhistorique Française, j'ai trouvé,
facilement, dans nos collections, des pièces analogues.
Mais ces retouches peuvent très bien être dues à une toute autre
idée. — Rien ne prouve qu'il s'agit là de Grattoirs ou Retouchoirs,
jusqu'à présent du moins. — Il peut simplement ne s'agir, malgré
le poli constaté, que de Retouches d' accommodation, destinées à faci-
liter la bonne préhension des Outils.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 187
TVote sur le» Haches polies.
[Définitions].
PAR
A. BRASSEUR (de Gournay, S.I.),
Sous -Ingénieur des Ponts et Chaussées.
Imaginons une ellipse allongée A, B, C, D, posée sur un plan
horizontal, et un peu au-dessus un point M, ayant pour projection
horizontale le centre O de l'ellipse. Supposons qu'une courbe en
arc de cercle M, N, C, un peu renflée au milieu et partant du
point M soit assujettie à parcourir le contour de l'ellipse, la ligne
M, N, C, engendrera un solide, ayant à peu près la forme d'un cône
méplat, à surface un peu renflée au milieu (Voir Fig. 1). Si, ensuite,
on mène par le grand axe de l'Ellipse deux plans également inclinés
l'un à droite et l'autre à gauche, ces deux plans formeront entre
eux un angle dièdre, plus ou moins ouvert, qui sera le taillant de
la hache. C'est ce cône méplat, rendu coupant à la base, que nous
appellerons « Hache géométrique » (Fig. 2).
Donc, on peut définir une Hache géométrique comme suit : sorte
de cône droit, ayant pour base une Ellipse allongée et dont la sur-
face est engendrée par une génératrice un peu renflée au milieu,
la base étant ensuite sectionnée et rendue coupante, au moyen de
de deux plans passant par le grand axe de l'Ellipse.
Pour polir une hache et lui donner une courbure convexe régu-
lière dans tous les sens, c'est-à-dire pour arriver à rendre toutes
les génératrices égales, comme il a été dit ci dessus et obtenir une
hache géométrique, il fallait user la hache sur une pierre, appelée
Polissoir, présentant une concavité, en rapport avec la forme de la
hache à polir.
Cette concavité, appelée Cuvette, était préparée sur une dalle en
pierre et avait comme profil longitudinal la forme d'un segment de
Cercle A, B, C (Fig. 3). Le fond présentant une courbe concave, on
conçoit que le frottement dans la cuvette devait régulariser la
forme de la hache et qu'en la promenant assez longtemps dans
cette cuvette et ce. dans la direction voulue, on finissait par obtenir
une Hache, dite géométrique, très bien polie sur toute la surface.
Le Polissage se faisait donc dans des Cuvettes appelées Polissoirs;
mais, préalablement, il fallait préparer ces Cuvettes ; et voici com-
ment on devait opérer. On choisissait une grande dalle de grès, et,
à l'aide d'un gros poinçon conique servant de Percuteur, on creu-
sait, dans la pierre, par le Piquage, une Cuvette rectangulaire :
cuvette que Ton approfondissait ensuite progressivement vers le
milieu, pour arriver à lui donner la courbure voulue (Fig. 3).
188
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
fip 1 à 7. — La Hache Polie : Technique de Fabrication.
Société préhistorique française 189
Quand cette Cuvette était achevée, on régularisait le fond, en enle-
vant toutes les aspérités à l'aide d'une pierre spéciale, arrondie en
arc de cercle, que l'on promenait dans la direction du fond et on
commençait le polissage de la hache avec du grès et de l'eau. Pour
cela, on promenait le bord de la hache dans le fond de la Cuvette,
en la tenant sur le côté dans un plan bien vertical (Fig. 4). Par un
frottement longtemps répété, on conçoit que le bord de la hache
finissait par épouser le contour de la cuvette et que l'une des
génératrices, la génératrice de côté, était achevée.
On opérait de même sur le bord opposé, et, quand la deuxième
génératrice de côté était également achevée et que toutes deux
étaient bien symétriques on posait la hache horizontalement, de
façon que son axe soit bien dans la direction du lond de la cuvette
(Fig. 5); et on la promenait dans celle-ci, comme il a été dit ci-
dessus. On faisait de même sur la face opposée et on arrivait ainsi
à avoir les génératrices principales, parfaitement symétriques. On
faisait ensuite le polissage dune autre génératrice, comprise entre
la première et la deuxième ; puis entre la deuxième et le troisième,
et ainsi de suite ; mais en dirigeant la génératrice à polir toujours
dans l'axe de la cuvette.
Quand le contour commençait à se dessiner, on achevait le
polissage, en tenant la hache dans une direction voulue pour arriver
à raccorder les parties déjà polies.
Comme on le voit, toutes les génératrices étaient égales et con-
vergeaient vers le même point ; mais, à la base, l'extrémité de ces
génératrices ne se rencontraient pas. L'extrémité des génératrices
de même ordre étaient plus ou moins écartées, en sorte que la base,
au lieu d'être coupante, avait la section d'un demi-fuseau. Il fallait
alors faire le tranchant, c'est-à-dire polir la partie du bas sur un
autre Polissoir plan, ou un autre d'une courbure plus prononcée, en
tenant la hache un peu inclinée sur le deuxième polissoir et dans
une direction voulue, pour que le tranchant arrive à se confondre
avec l'axe de l'ellipse.
Souvent, le Polissage des haches n'est pas fait d'une manière
aussi méthodique. A l'inspection d'une hache, on ne voit pas cette
régularité que l'on rencontre dans une hache géométrique et on
constate que toutes les génératrices diffèrent les unes des autres, et
que parfois des parties presque planes se trouvent interposées sur
des parties bien polies. Il y a même des haches polies qui sont
toutes difformes ; et cela tient à ce que le polissage a été fait, à
diverses reprises, par des mains inexpérimentées, sur de mauvais
Polissoirs.
190 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
D'après ce qui précède, les haches, dont le deuxième polissage a
été fait sur un Polissoir plan, ont toujours un tranchant droit et il
ne peut en être autrement. Dans ce cas, le contour du deuxième
polissage plan est parabolique et se distingue très bien sur la sur-
face (Fig. 2) ; mais le plus souvent le deuxième polissage a été fait
sur un polissoir à surface concave, en tenant la hache dans une
position plus ou moins inclinée pendant chaque va et vient sur le
Polissoir. Dans ce cas, l'intersection des deux surfaces polies dis-
paraît et le taillant est convexe. C'est la plus belle forme de hache
que l'on puisse rencontrer.
Il pourrait se faire aussi que, par des polissages habilement faits,
le taillant soit rendu droit, bien que le 2e polissage soit convexe ;
mais c'est là un cas que l'on rencontre rarement.
Le bord des haches polies par suite du mode de polissage affecte
toujours la forme convexe. Cependant on rencontre des haches dont
le bord a été repoli après coup sur un polissoir pian; dans ce cas le
contour de la partie repolie à la forme d'une section de fuseau.
Puisque le polissage des haches se faisait par simple frottement
et que l'usure ne pouvait se produire que sur une génératrice à la
fois, on conçoit que ce polissage devait demander un temps extrê-
mement long ; et on se demande pourquoi et dans quel but l'homme
à cette époque s'attachait à faire si bien les choses !
Si réellement les haches polies servaient à travailler le bois, il
semble que nos anciens ancêtres n'auraient pas pris tant de soin
pour faire ce polissage, qui n'était pas absolument indispensable,
d'autant plus qu'une simple hache taillée, avec tranchant bien régu-
lier, pouvait produire le même effet plus facilement même, en ce sens
que les haches taillées sont plus coupantes que les haches polies,
dont le tranchant est toujours un peu mousse.
Il semble au contraire que ces outils appelés haches avaient une
autre destination que nous ne concevons pas. Et, en effet, certaines
haches ont un taillant biais ou oblique très bien marqué, qui n'a pu
être obtenu que par une usure faite après coup. Cette usure a dû
certainement se produire en faisant. travailler l'outil obliquement par
exemple, pour polir certaines surfaces {Fig. 6)
Il est par conséquent difficile d'admettre, si la hache était destinée
à travailler le bois, que le taillant se soit trouvé modifié ainsi !
Donc l'instrument devait plutôt servir de Lissoir; mais ici encore
on ne s'explique pas un polissage sur toute la surface.
Il semble plutôt que ces haches étaient des objets auxquels on
attachait une réelle valeur, en raison du temps dépensé pour les»
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 191
produire. Des objets qui s'échangeaient contre d'autres objets de
toutes sortes; une sorte de monnaie, permettant de faire des échanges
ou du commerce et peut être aussi des objets vénérés, sacrés que
chacun conservait religieusement chez soi et qui avaient, selon les
traditions, le don de prévenir de la foudre et de tous maléfices, ou
encore des objets donnés à titre de récompense à des chefs, c'est-
à-dire des haches d'honneur.
Ce qui paraît confirmer cette hypothèse, c'est que souvent on ren-
contre des haches polies de dimensions tout à fait minuscules et
aussi des haches brisées au taillant, puis retaillées et repolies à
diverses reprises, devenues très courtes et par suite impropres à
travailler le bois (Fig. 7).
Nota. — Dans nos Collections de Haches polies se trouvent les
divers types ci-après :
Haches à talon. — A bords convexes ou à bords droits, avec
taillant convexe droit ou biais.
Haches à pointe. — Avec bords convexes ou bords droits, avec
taillant convexe droit ou biais.
Haches à talon. — A bords parallèles, avec taillant convexe, droit
ou biais.
On y remarque également des haches polies très plates et d'autres
très épaisses.
M. Marcel Baudouin. — Je ne puis admettre la théorie d'après
laquelle une Cuvette aurait, toujours, été préparée, avant toute ten-
tative de Polissage, sur les Polissoirs : cela à cause de deux faits,
matériels, d'observation pure : 1° L'existence de ce qu'on appelle les
Plages de Polissage sur certains Polissoirs a rainures (par consé-
quent ce sont sûrement des Polissoirs), vastes Surfaces polies
n'ayant pas parfois un millimètre de creux et atteignant 0m40 à 0"'50
de diamètre ; 2° l'existence, sur les Polissoirs, en Quartz blanc de filon
ou en Silex, de Cuvettes peu profondes, impossibles à préparer à
l'avance [Ex. : Polissoir à rainures de la Vésinière, à Chelïbis
(Vendée) ; Polissoir de Pouzauges (Vendée); Polissoirs, en silex, du
Grand- Pressigny (I.-et-L.), etc., etc.].
C'est le Polissage seul qui devait déterminer la formation des
Cuvettes, des Rainures et de ces Plages étendues. — Le Polissoir
se faisait seulement quand on polissait ! Point n'était besoin d'aucune
préparation préalable de la Pierre.
Il y a longtemps que M. Pitre de Lisle (de Nantes) a écrit (1) ;
(1) Pitre de Lisle. — Les haches à tête dé 'la Bretagne et du Bocage. —
Nantes, 1880, in-8», 48 p., 6 pi. h. texte [Voir p. 20-22.
492 SOCIÉTÉ PRÊHISTORIOUE FRANÇAISE
<.< Le travail [de polissage] s'opérait, en frottant l'objet à polir
dans une Cavité, creusée au centre du Polissoir, et dans laquelle
on mettait de l'eau et des parcelles de roche dure » .
Ainsi donc, cet auteur semble admettre qu avant de polir on
creusait, dans le polissoir, une Cavité. — Mais est-ce bien cela qu'il a
voulu dire? Il est vrai qu'il ne parle que du Polissage des têtes-
de Haches à bouton !
Chacun sait que les Haches à bouton sont très fréquentes en
Vendée, comme cet auteur Ta d'ailleurs bien prouvé. Mais, cepen-
dant, jamais je nai trouvé, en Vendée, sur les nombreux Polissoirs
que j'ai découverts, une Cavité de cette sorte, pour fabriquer les
dits « boutons » de ces haches !
Faut-il en conclure que ces Haches n'ont pas été polies en Bre-
tagne et en Vendée ? Je ne puis pourtant pas admettre qu'elles
proviennent d'ailleurs, car la démonstration de leur origine locale
a été faite par M. Pitre de Lisle lui-même, à moins de les faire venir
de Y Atlantide [Pitre de Lisle], hypothèse qui n'est peut être pas
aussi folle qu'on pourrait le croire !
Mais, alors, comment tourner la difficulté? — Faut-il songer
à un Outil, qui nous est inconnu, pour la fabrique de ces a Boutons))?
Cela me paraît peu nécessaire, étant donné l'expérience même,
réalisée par M. Pitre de Lisle [qui aurait réussi à faire un «Bouton »
par simple polissage sur du Grès et, sans doute, sans « Cavité
spéciale], et l'existence des Polissoirs mobiles ou à main !
SÉANCE DU 22 AVRIL 1915
Présidence de M. LE BEL.
I. — PROCÈS VERBAL DE LA SEANCE
La Séance est ouverte à 4 heures, sous la Présidence de M. Le Bel,
Vice-Président.
11 est donné lecture du procès-verbal de la dernière séance
(25 mars 1915), qui est approuvé.
A propos du procès-verbal, note de M. A. Brasseur (Gournay,
Seine-Inférieure).
Correspondance.
Lettres d'Excuses et de Condoléances, — MM. le Dr A. Guébhard;
— A. Viré ; - Ch. Sghleicher; — Thiot ; — Dr Atgier ; — Edmond
Hue. — Gaurichon. — de Villaret. — Hippolyte Marlot.
Lettres d'Avis. — M. Hippolyte Marlot.
Bibliothèque.
Florance (E.-C). — Le Gui en général et le Gui sur le Chêne [Ext. Bull. Soc.
Hist. Nat. de Loir-et-Cher, 1914, n° 14, 138-260]. — Blois, 1914, in-8«, 128 p.
Florance (E.-G). — L'Escargotière de Mechta-el-Arbi ou Mechta-Chàteaudun
(Pro-v. de Constantine). — [Extr. Bull. Soc. Hist. nat. de Loir e-et- Cher,
1914, n» 14, p. 1-24 13!]. — Blois, 1914, in-8°, 8 p.
Petit (M.). — Le Préhistorique au Maroc Oriental : Note sur la station de Gonti-
tir [Extr. Bull. Soc. de Ge'og. et d'Archéol. de la prov. d'Oran, 1914, XXXIV,
fasc.,GXXXIX]. — Oran, 1914, in-8", 8 p., 3 pi. hors texte.
Baudouin (Marcel). — Le Rocher aux Pieds de Nanteau-sur-Essonne (S.-et-M.)
[Extr. Bull, et Mém. Soc. d'Anth. de Paris, 1914, n° 2, VIe, t. V, fasc. 2,
p. 159-177,8 tig.]. — Beaugency, 1915, in-8°, 19p.,8fig.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 13
194 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Nécrologie.
M. Victor Berthier (d'Autun).
La mort impitoyable fauche sans merci dans les rangs de nos socié-
taires. Voici le tour de M. Victor Berthier-Saucey, Président de la
Société d'Histoire Naturelle d'Autun, décédé dans sa 68e année, à la
suite d'un refroidissement, contracté au cimetière en suivant le, convoi
d'un soldat évacué à l'hospice et remplissant son devoir patriotique,
comme secrétaire-trésorier de la Société de secours aux blessés de
l'arrondissement.
M. V. Berthier, qui était aussi le fondateur de la Société d'Histoire
Naturelle devenue très florissante, y donnait tous ses instants, malgré
l'absorption des intérêts de son importante maison de commerce,
qu'il venait de céder : ce qui lui laissait toute sa liberté, qu'il consacrait
entièrement à la science et à la chose publique. Il suivait fidèlement les
Congrès scientifiques et en particulier ceux de la S. P. F.
C'est un préhistorien de la première heure, qui a publié, avec le
Dr Jeannin, de Montceau-les-Mines, avant 1870, une étude sur les
Stations des âges de la pierre polie dans la vallée de VArroux. Ces der-
niers temps, il s'était occupé de fouilles de tumulus, dans les envi-
rons de Cluny. Il a donné un certain nombre de notices intéressantes
sur le Préhistorique du Département. Délégué de la Commission des
Monuments préhistoriques de France, il avait fait redresser, avec la
collaboration de M. J. Déchelette, les Menhirs renversés de Saint-
Micaud et de Broyé. Travailleur actif et consciencieux, c'est une
grande perte pour les nombreuses sociétés savantes dont il faisait
partie et ses amis.
Hippolyte Marlot.
La Société Préhistorique Française doit reconnaître, en outre, que
M. Victor Berthier fut la cheville ouvrière de l'importante session du
Congrès préhistorique de France, qui eut lieu à Autun (S.-et-L.), en
1907, sous la présidence de M. le Dr A. Guébhard. En parcourant le
volume de ce Congrès, on verra ce que furent son œuvre et sa colla-
boration à cette manifestation imposante de notre Association.
Victor Berthier était né à Toulon-sur-Arroux, non loin d'Autun,
en 1846 ; il est décédé dans cette ville le 7 mars dernier.
Ancien négociant, Président de la Société d' 'Histoire naturelle d'Au-
tun, Officier de l'Instruction publique, Correspondant du Muséum
d'Histoire naturelle de Paris, Membre de la Société Eduenne, de V Aca-
démie de Mâcon, de la Société Préhistorique Française, Délégué de la
Commission des Monuments préhistoriques de France, il était un
ancien Membre de la Chambre de commerce d'Autun et de Chalon-sur-
Saône.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 495
Savant modeste, mais d'une grande valeur, il partageait son temps
entre les sociétés scientifiques et les œuvres morales et humanitaires
de son pays. C'est ainsi qu'on le vit à la Commission des Hospices
d'Autun, à la Société des habitations ouvrières, au Conseils des Direc-
teurs de la Caisse d'Epargne, au Comité de Secours aux Blessés, etc.
C'est lui qui fonda, il y a vingt-six ans, la Société d'Histoire natu-
re/le d'Autun, qui est si prospère. Par son aménité et son extrême
bienveillance, il sût grouper près de huit cents membres autour de
lui. C'est là une œuvre.
Présentations et Communications.
M. L. Giraux et Dr Mousson-Lanauze. — Silex taillés de Chine.
— Brunissoir de Chine. — Hache Herminette, ayant servi cC Amulette chez
les Maoris [Chine).
A. Devoir (Brest). — Deux Photographies de la Roche à Cupules de
Toula™ ck [Finistère).
Dr 0. Guelliot (Reims). — Marnien ou La Tène I.
Dr Marcel Baudouin (Paris). — Herminette avec traces d 'emman-
cha ge.
L. Jacquot (Grenoble). — Persistance du Culte des Astres jusquà
nos jours [Présentation de pièces],
Eloi Bourgeade (Les Planchettes, Cantal). — Hochet en terre cuite
de V Epoque gallo-romaine [Présentation de l'objet].
Marcel Hérert (Paris). — A propos du Tableau de V Eglise Saint-
Merri et de V hypothétique Cromlech de Nanterre [Note complémen-
taire] (1 Figure).
Classifications Préhistoriques .
La Société Préhistorique Française, après la discussion qui a suivi
la remarquable et très importante communication de M. le Dr 0.
Guelliot (de Reims), a pris la résolution suivante :
« La Société Préhistorique Française, approuvant entièrement les
conclusions de la Communication de M. le Dr Guelliot, est résolue
à maintenir le nom de Marnien, pour désigner la première partie
du IIe Age du Fer, réservant le mot de La Tène, exclusivement
pour la deuxième partie de cette période . »
Cette décision sera communiquée en mai à la Société d'Anthropo-
logie de Paris.
Elle sera transmise ultérieurement à toutes les sociétés savantes de
France et à toutes les autres Sociétés préhistoriques et archéologiques.
196 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Musée et Collection* de la t!i. I*. F1.
Le Conseil d'administration de la Sociélé Préhistorique Française a
décidé la création, au bénéfice du Musée, de deux Collections nouvel-
les, qui ont paru indispensables :
1° Collections d'Echantillons types de Silex non taillés, c'est-à-
dire naturels, recueillis en place, dans des gisements nettement repé-
rés (1) par des Préhistoriens et classés par Départements;
2° Collection d'Echantillons de Roches dures, rares ou non, pouvant
servir à la fabrication des Haches polies, recueillies dans les mêmes
conditions [Fibrolithe, Diorite, Amphiboliie, Eclogite, etc.], c'est-à-
dire prises, en place, dans les carrières d'origine.
En conséquence, le Conseil de la Société Préhistonique Française
prie instamment chacun de ses Délégués départementaux de consti-
tuer une Collection locale des principaux types de silex et de ces
roches, chacune des pièces étant nettement et dûment étiquetées, et de
l'adresser, en caissette, au Laboratoire de la Société Préhistorique
Française, 250, rue Saint- Jacques,
Les Collections générales de silex et de roches seront classées,
bien entendu, par Départements, avec l'indication du nom du Délégué
donateur. — La plus grande précision est demandée.
Cotisation* de 191 II.
Conformément à l'Art. 4 du règlement, les Cotisations pour 1915
ont été mises en recouvrement dans le cours du quatrième mois de
l'année 1915. Elles doivent être adressées à M. Maurice Gillet, Tré-
sorier de la S. P. F., 30, rue Gardenat-Lapostol, Suresnes (Seine).
Le mode d'envoi le plus pratique est le Mandat-carte ou Mandat-
lettre. Les Sociétaires, dont la cotisation n'aurait pas été reçue au
15 avril 1915, sont priés de vouloir bien, pour éviter toute interrup-
tion dans le service du Bulletin, faire honneur au Recouvrement pos-
tal, qui leur sera (sauf entente particulière avec le Trésorier) adressé
à domicile, majoré de 0,75 centimes pour les frais.
Le Conseil d'Administration de la Société Préhistorique
Française prévient les membres de la Société Préhistorique
Française que, les Cotisations de 191 5 étant d'une perception
très malaisée, en raison de l'état actuel des choses, il sera
(1) Nom de la Cojwmunk toujours ; et, si possible, n° et nom du Champ et. de la
section du Cadastre, pour permettre les vérifications ultérieures, s'il y a lieu.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 197
obligé de diminuer le nombre des feuilles du Bulletin et de sup-
primer les ncs de vacances igi5, si une amélioration rapide ne
se dessine pas dans les rentrées, dJici quelques semaines.
Visite aux Chantiers des Fouilles des Arènes
de Lutèce, r*nr»is.
Le Jeudi 13 mai, à 15 heures, la Société Préhistorique Française a
visité, sons la direction de M. Charles Magne, Inspecteur des Fouilles
Archéologiques de la Ville de Paris, le chantier actuel des Nouvelles
Fouilles, exécutées, rue Monge, aux Arènes de Lutèce, dans l'ancien
Dépôt de la Gie des Omnibus de Paris.
La moitié Nord des Arènes, jusqu'ici invisible, a été, en effet,
récemment dégagée et on a mis au jour toutes les substructions de
cette partie du Monument. — Il était intéressant de les examiner,
avant que la Restauration ne fut commencée.
II. — NOTES, DISCUSSIONS ET PRISES DE DATE.
Persistance du Culte des A.sti~es
jusqu'à nos jours :
Boutons à figurations nstrales.
M. L. Jacquot (Grenoble). — Il est un petit document, trop
négligé parce qu'éminemment modeste, dont l'intérêt ethnographique
ne le cède pourtant qu'à l'intérêt artistique : je veux parler du Bouton
d'Habillement, autrefois si soigné et aujourd'hui objet si banal, du
moins en ce qui concerne le costume masculin.
Vers la fin du xvme siècle, et jusque le milieu du xixe siècle dans
certaines provinces reculées (1), la classe moyenne (paysans aisés ou
petits bourgeois) usait d'un bouton en laiton, d'une seule pièce,
généralement plat, mais parfois cependant bombé, sur la face supé-
rieure duquel les fabricants aimaient à faire graver soit des fleurs,
ou des sujets animés, soit des ornements plus ou moins compliqués,
soit enfin des étoiles ou des soleils au naturel ou stylisés.
C'est ce dernier genre seul qui nous intéresse; et c'est le seul dont
je parlerai ici. Sur plus de 900 pièces différentes composant ma
(1) Auvergne, Bretagne, Savoie. Ce sont les seules régions qui nous aient fourni
des éléments pour notre enquête.
198 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
collection de boutons dits paysans, au 1er avril 1915, j'en ai classé
plus de 200 sur lesquels figure une Etoile, et plus de 150 sur les-
quels est représenté le Soleil. C'est donc plus du tiers; et c'est assez
dire de quelle faveur jouissait auprès du public l'image des astres (2),
symboles de lumière.
Les Etoiles sont figurées à cinq, six ou dix branches (une seule
est à huit branches, et encore est-elle plus exactement un dessin
qu'une étoile), seules ou entourées de points, sur fond uni ou sablé,
à bord nu ou cerclé d'une bordure ici dentelée, là pointillée ou plate,
ou encore ornées d'un motif central. Le Soleil, lui, est figuré de
différentes façons : 1° par une rosace placée au centre ; 2° par un
disque flamboyant ; 3° par un cercle dentelé ; 4° par un bouton cen-
tral d'où émergent une certaine quantité de lignes courbes ; 5° par une
sorte de swastika plus ou moins compliqué. Il figure tantôt seul,
tantôt dans un cercle ou un ovale, parfois entouré d'étoiles ou de
points, quelquefois sur un fond uni et quelquefois au contraire sur
un fond de rayons. Nous avons, en outre, trouvé un certain nombre
de boutons sur lesquels les représentations astrales sont intimement
associées à la fleur, et qui nous ont aussitôt remis en mémoire les
savants travaux de Soldi Colbert, et notamment son chapitre sur le
Temple et l'a Fleur.
Ainsi donc, la persistance du culte astronomique se manifeste
dans l'industrie du bouton par le choix du dessin sur un tiers des
documents étudiés. Les étoiles et le soleil semblent se partager par
égale part les faveurs du public; le soleil enfin figure sous toutes les
formes connues, depuis la plus simple — le swastika — jusqu'à la
plus compliquée — le disque auréolé — en passant par tous les
dérivés intermédiaires que peuvent former des rayons.
Nous avons groupé sur un carton quelques doubles de notre col-
lection et nous nous permettons de l'offrir à la Société Préhistorique
Française pour ses archives documentaires. Nous serions heureux
d'entrer, à ce propos, en relation avec quelque co-sociétaire s'occu-
pant également de questions analogues.
M. Marcel Baudouin. — Il existe, en Poitou, et en particulier
dans les Deux- Sèvres et la région de Fontenay-le- Comte (Vendée),
un certain nombre de Collections de Bijoux poitevins anciens, où se
trouvent un certain nombre de Boutons, du genre de ceux qui inté-
ressent notre collègue.
Malheureusement, ces collectionneurs ne sont pas, en général,
(2) Les fleurs sont au nombre de 300; les dessins artistiques ou géométriques au
nombre de 150 ; les portraits et figurations humaines au nombre de 20 ; les croix
et les blasons au nombre de 10 ; il y a 80 variétés de boutons unis.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 199
des Préhistoriens, ni même des Archéologues connus. — De plus,
ces Collections sont très difficiles à visiter en ces contrées, où l'accès
des maisons privées est presqu'aussi difficile qu'en Amérique. —
Sans un voyage spécial, il serait difficile de se rendre compte de la
richesse de ces Collections.
Discussion sur les Haches Polies
et les Polissoirs.
M. A. Brasseur (Gournay, Seine-Inférieure). — Dans l'observa-
tion faite à la suite de ma note sur les haches polies, parue dans le
Bulletin de la Société Préhistorique Française (mars 1915), il est dit
que le polissage des haches se faisait, non pas dans une cuvette pré-
parée à l'avance sur un polissoir, mais simplement sur une plaque
de grès à surface plane, et que c'est le polissage seul qui devait déter-
miner la formation des cuvettes et des rainures.
En examinant la question de près, il me semble que le frottement
d'une génératrice de la hache sur un polissoir plan ne peut jamais
rendre concave la surface de ce polissoir, en tant que la force agis-
sante est constante en intensité et en direction.
Si l'on dirige par exemple l'un des bords de la hache (la généra-
trice de côté) suivant une droite préalablement tracée sur le polissoir
et que l'on imprime un mouvement de va-et-vient à la hache dans la
direction ci- dessus, en faisant varier l'inclinaison dans chaque mou-
vement de va-et-vient pour permettre à chaque point de la généra-
trice de se tenir en contact direct avec le polissoir plan, on remar-
quera que la hache, dans chacune de ses positions, ne peut avoir
qu'un point de commun avec le polissoir. Par suite du frottement le
polissoir se trouvera usé dans la direction parcourue par la hache et
ce, simplement, sur une minime largeur. En sorte qu'il y aura déper-
dition de la matière, déperdition plus ou moins grande suivant la
dureté de la pierre. Il se formera donc, à l'endroit où la hache a tra-
vaillé, une petite déformation ou rainure, dont le fond sera encore
parallèle à la surface du polissoir, l'usure étant partout uniforme.
Et, comme cette opération peut se faire dans tous les sens en rayon-
nant autour d'un même point du polissoir, on voit que la surface
après le polissage de la hache restera plane quand même, et ne
pourra jamais prendre la forme d'une cuvette [Fig. 1 et 2).
Assurément, on pourrait arriver à polir une hache sur un polissoir
plan ; mais quel temps faudrait-il pour cela ? Un temps certainement
fort long, dont on se rend difficilement compte, tandis qu'il devait en
200 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
être tout autrement en faisant le polissage sur une Cuvette, pratiquée
à l'avance sur un polissoir.
A cela, il convient de faire remarquer que le polissage devait se
faire sans que les arêtes soient préalablement piquées, car il paraît
certain que ce piquage n'a jamais eu lieu !
Certains préhistoriens, cependant, prétendent que les angles des
haches taillées préparées pour le polissage étaient préalablement
piquées et abattues ; mais ce piquage ne paraît pas prouvé.
Ayant voulu nous renseigner à ce sujet, nous avons examiné
toutes les haches taillées de notre Collection, au nombre de 300,
Fig. 1. — Polissage des Haches. — Position de la hache pendant le mouvement de va-
et-vient sur le Polissoir plan. Position à donner à la hache dans chaque allée et
venue sur le polissoir. Ce polissage ne saurait jamais être géométrique. —1,1, 1, t,
Points de contact avec le polissoir. — K, abaissement ou usure superficielle, par suitn
du frottement. — M. N., Lieu géométrique du milieu du taillant. — Ce polissage
paraît seul pratique.
Fig. 2. — Polissage sur Polissoir concave. — Ce polissage paraît être le seul pratique.
ainsi que celles d'autres collections évaluées à 200 ; ce qui porte à
500, au moins, le nombre de haches visitées. Eh bien ! sur ces
500 haches, pas une ne porte de trace de piquage. Il est surprenant
que, sur ces 500 haches, aucune d'elles ne porte de trace de piquage
sur les arêtes. Pourtant, s'il était d'usage de piquer les arêtes avant
le polissage, il n'est pas possible que l'on. ne rencontre pas certaines
pièces restées inachevées. D'ailleurs, le piquage des arêtes paraît
être chose impossible, et, en effet, le contact du percuteur sur une
arête de taille ne pouvait détacher aucune molécule de silex par la
raison que l'angle formé par la rencontre de deux plans de taille
(angle dièdre) est trop obtus et que les deux côtés de l'angle se
rapprochent trop de la ligne droite.
Il n'y a donc pas lieu de supposer que l'on piquait les arêtes des
haches en silex avant le polissage. Ce polissage devait, selon nous,
s'effectuer dans des cuvettes, préparées à l'avance, sur de larges
dalles de grès, appelées Polissoirs, et ce, avec du grès et de l'eau; et
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE °20l
ces cuvettes devaient s'obtenir par le piquage ou modelage, à l'aide
d'un percuteur.
M. Marcel Baudouin. — Je constate simplement que notre collègue
admet ce que j'ai avancé : à savoir qu'assurément « on pourrait arriver
àpolir une hache sur un Polissoir plan ». Nous sommes donc d'accord ;
et, alors, il est bien inutile de tenter une démonstration scientifique,
théorique, pour soutenir l'idée contraire... Un fait d'observation serait
plus probant. — Notre collègue se rattrape sur le Temps.
Or, s'il avait assisté à la séance de la Société Préhistorique Fran-
çaise où son travail a été discuté, il aurait entendu nos collègues
A. de Mortillet, Harmois et autres, affirmer qu'on peut faire une
hache polie en très peu de temps, quand on a le coup de main voulu.
D'ailleurs, il ne faut pas oublier qu'en Préhistoire le Temps n'a
aucune valeur! Il suffit de regarder le paysan française l'ouvrage —
à côté de l'ouvrier américain — pour comprendre la portée de ce
dernier argument...
J'ajoute que les faits matériels cités par moi précédemment sont
irréfutables. Or ce qui se passait, pour les Polissoirs en Silex et en
Quartz, devait se passer pour ceux en Grès et en Granité, en général
au moins. — Mais des exceptions sont, certes, possibles. — Reste à
les trouver !
Tout le monde est d'avis qu'on ne piquait jamais les haches en
Silex; on les taillait. — On ne piquait que les haches en roche dure
(Diorite, etc.). — Il ne faut pas confondre.
rO«X>
202 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
III. — ARTICLES ORIGINAUX.
Les Menhirs à Cupules <lu Finistère.
PAR
G. GUÉNIN (Brest, Finistère).
A M. le Dr Marcel Baudouin.
I. — Le Menhir a Cupules, christianisé, de Plougonvelin.
A quelque distance de la première maison du village de Saint-
Mathieu, à moins de 500 mètres des ruines de la célèbre Abbaye, se
dressent, à l'intersection de la route de Plougonvelin et d'un petit
chemin rural [Fig. 1), deux Menhirs, que Von a christianisés.
Les inventaires de M. du Châtellier n'en mentionnent qu'un seul;
et personne n'a jamais parlé des Cupules, que l'un de ces méga-
lithes poj'te sur la face tournée vers YEst . Je puis donc me consi-
fri&ay. du. K.et*K<?wa<H>
WUe
iig. 1. — Situation des Menhirs de Floi gonvelin. — a, Menhir,
b. région mégalithique.
dérer comme ayant découvert ce menhir, aujourd'hui surmonté
d'une croix, et placé à côté d'un autre mégalithe, sans cupules (1).
I. — Les deux Menhirs. — à) On les a surnommés dans le pays :
An diou groas, les deux Croix; ou encore An groas hir, les Croix
longues.
(1) Au commencement du siècle dernier, ces deux Menhirs avaient été déjà
figurés dans le Recueil du Baron Taylor,
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 203
Il ne semble pas qu'à l'origine, ces deux menhirs aient été dressé
en cet endroit, parce qu'aucun nom des parcelles cadastrales ne
permet de le supposer. Il existe, au contraire, sur le bord des
falaises, à l'Ouest de ces deux menhirs, plusieurs champs, où l'on
retrouve les mots significatifs de Men (pierre), sans qu'il soit aujour-
d'hui possible d'y retrouver la moindre trace, matérielle ou légen-
daire, d'un Mégalithe quelconque. Je ne pense cependant pas que
ces deux pierres aient été transportées de cette partie de la pointe,
parce qu'elle est entièrement occupée par des Schistes à minéraux,
variés (Fig. 2), tandis que les deux mégalithes sont en Granulite
granitique. Comme la pierre est analogue à celle que l'on trouve.au
village de Saint-Merzan où des champs portent encore les noms
significatifs de parc-armen, parc-ar-
men-hir, etc., il est assez vraisem-
blable que les deux menhirs ont dû
provenir de cette région, et qu'ils
étaient, à l'origine, plantés à l'Est
de l'endroit où ils sedressent aujour-
d'hui.
A quelle époque, ce déplacement
s'est il opéré? Je ne puis le dire. • ^ -j-U«W -- éi'
Deux hypothèses sont possibles; mais '^_ J *" t ■ 3,c"v"'
elles n'ont peut-être pas grande va- Fig. 2. - géologie de la région
leur. De deux choses l'une : ou bien aux Menhirs. - m, Les Menhirs.
ce sont les moines de l'Abbaye de Saint-Mathieu, postérieure au
xie siècle, qui ont christianisé ces deux menhirs, en les retaillant
(1), et en les surmontant d'une croix ; ou bien c'est au Père Le Nobletz
(2), qu'il faudrait attribuer cette transformation, qui ne daterait guère
que de la première moitié du xvne siècle. Je pencherai plus volontiers
en faveur de la première hypothèse, parce que les deux croix surmon-
tant ces menhirs, taillés de manière à ce qu'elles s'y adaptent, sont
extrêmement barbares et que leurs sculptures, fort grossières, sont
visiblement romanes, usées d'ailleurs par les intempéries et rongées
de lichens. De plus, le Père Le Nobletz fut toujours un grand des-
tructeur de mégalithes ; et, dans les traditions que j'ai recueillies à
son sujet, il a bien ce caractère, mettant en pièces toutes les pierres
à superstitions qu'il pouvait rencontrer! Enfin, les quelques légendes,
qui m'ont été racontées sur les Deux Croix, ne parlent que de
l'Abbaye et de ses moines ! Ces derniers rendaient la justice au pied
des Croix longues et y pendaient aussi les coupables : c'est la
légende des Gibets-menhirs, que l'on retrouve dans tout le Finis-
(1) L'un est, en effet, quadrangulaire et l'autre octogonal. C'est ce dernier qui
porte les Cupules .
(2) Son tombeau est au Conquet, par conséquent non loin de Plougonvelin.
204 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
tère, en remplaçant les moines tantôt par des Gaulois, tantôt par
des Seigneurs. — Les Deux Croix étaient encore les Pierres à
cochons (?), marquant l'endroit où les moines achetaient et vendaient
ces animaux, chers à Saint-Antoine. J'avoue ne rien comprendre à
cette histoire, que je n'ai pu davantage éclaircir.
On peut donc admettre qu'à une époque assez ancienne et sans doute
romane, les moines de F Abbaye de Saint-Mathieu ont déplacé deux
menhirs, situés à Saint-Marzin, pour les amener
Ji- auprès de leur abbaye (1). Ils les ont retaillés de
manière à leur faire perdre l'aspect primitif et
rude quils pouvaient avoir et les ont surmontés
de croix, pour sanctifier ainsi des pratiques qu'ils
n'avaient pu déraciner.
b) A l'heure actuelle, ces deux menhirs,
situés à 2in70 l'un de l'autre, sont très diffé-
rents. Le menhir quadr angulaire est d'une
lia . 3 . — Disposition des . • . 1 1 „ • 1 1 •
Menhirs i un par .ap- teinte beaucoup plus grise que le menhir
port à l'autre. — N, w, octoqonal, plus jaunâtre.
E, Points Caidinaux. u . ,., f , ,
— i, ,.e \ienhn Sud; Je ne sais s il taut attacher quelque împor-
- n, Le Menhir Nord tance à cette remarque que j'ai eu l'occasion
de faire plus d'une fois, et qui s'applique, dansla région, aux deux
menhirs retaillés de Trégana, à ceux du Trézien, etc.
Les deux mégalithes ayant été déplacés, je n'ai pas à me préoc-
cuper de définir exactement l'orientation qu'ils peuvent avoir. Il me
suffira de dire qu'ils sont placés (Fig. 3) sur une ligne presque
Nord-sud, mais avec une légère inflexion au Sud-ouest. Nord-est.
Les côtés les plus larges sont actuellement tournés à Y Ouest (0ra82 et
O'^O) et au Nord (0m44 et 0,n38).. Les faces orientées au levant sont,
à peu de chose près, aussi larges que celles qui regardent le cou-
chant (0"76 et 0,n36); mais les cupules du menhir octogonal se
trouvent placées du côté de YEst et c'est une disposition intention-
nelle, que Ion a du respecter {Fig. 4, 5 et 6).
Quoiqu'il en soit, le Menhir quadrangulaire (n° 1) a ces dimen-
sions : largeur: 2m44 Ouest, 0m82; Nord, 0m44; Est, 0m76;
Sud, 0™42;; Hauteur : 2 mètres (croix 0n,70 = 2m70).
Le Menhir octogonal n° 2 est un peu moins élevé, puisqu'il n'a
que 0m05 de moins (lm95); mais sa croix est plus grande (0m80), de
sorte, qu'en fin de compte, il ne paraît guère plus imposant. Le
(1) La juxtaposition de deux menhirs est fréquente et se retrouve à Landaoudec-
en-Crozon, à Trégana, à Locmaria, à Trézien, pour ne citer que des endroits très
rapprochés de Plougonvelin. A la conception de deu^ menhirs juxtaposés, répond
encore l'érection de deux Croix placée? Tune a côté de l'autre (Plouarzel, par
exemple).
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FHANÇA1SE 205
périmètre est au sommet de lm65; au milieu, dans la partie la plus
Fig. 4. — Les Menhirs de Plougonvehn. — Phot. de la Ligne Est. — Vue des Cupules
sur le Menhir du Nord.
renflée, de i'"92; à la base, dans la section non dégrossie, et jadis
enterrée. 2m90 11).
Fig. 5. — Les Menhirs de Plougonvelin. — Phot. de la Ligne Ouest.
Je dois ajouter que j'ai dégagé, à la truelle, la base des Menhirs,
placés sur une sorte de terlre rapporté. Les deux Menhirs, étaient
(1) Je ne garantis pas ce chiffre ; il se pourrait que je me sois trompé!
206 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
primitivement ou plutôt autrefois, au même niveau que la route et
le chemin; des immondices ou des débris ont été jetés autour des
Menhirs et les ont enterrés de 0m20 à 0m30. Je ri ai trouvé aucun bloc
de calage et ne crois pas qu'il y en ait eu. Pour moi, ces deux
Menhirs ont donc été posés sur le sol et peut être consolidés, en
les encastrant de quelques centimètres sur le sol. Quand on a
rectifié la route et qu'on l'a baissée, les deux Menhirs ont paru
surélevés par rapport à cette route. Ayant constaté que ces Menhirs
étaient posés sur le sol, j'en conclus qu'ils ont été déplacés ; mais je
n'ai pas relevé exactement, à la boussole, l'angle qu'ils pouvaient
faire. Je ne puis donner de degrés, mais il me semble que la ligne
Nord-est-Sud-ouest s'infléchit d'environ 25° à 30° sur la verticale
(Fig.3).
En résumé, ces deux Mégalithes sont tout à fait dissemblables. Le
Menhir quadrangulaire est tout à fait régulier ; le Menhir octogo-
0.1W tôt
0 iî-*i ° l'*6 k^ J ° "* * n?li ' * '
l0'V^ii(
foe.
£. JL.
F.ig. 6. — Forme et Dimensions des Lechs de Plougonvelin. — l, Lech du Sud ; — II,
Lech du Nord à Sculptures. — Echelle : 1/15 environ.
naly malgré les retouches subies, garde encore quelque chose de
sa barbarie primitive. C'est qu'il ne fallait pas toucher aux Cupules,
dont il me reste à parler !
II. — Les Cupules du Menhir N° II. — a) Le premier groupe.
— A 0m15 du sommet, se détache (Fig. 7) une première cupule
a, dont les dimensions sont en longueur (1) 0m055 et en largeur
0m045. Elle est à 0m21 du bord méridional, à 0m12 du bord septen-
trional. Très régulière, sa profondeur au centre n'est que de 0m010.
A 0m14 de A et légèrement inclinée, la cupule b se trouve à 0m20
du bord méridional, à 0m15 du flanc septentrional, ses dimensions
sont de 0m050 (longueur), 0m055 (largeur) et O^OIS (profondeur).
A 0n,07 de Z>, une troisième cupule c estbeaucoup plus petite, puis-
qu'elle n'a que 0m04 pour une largeur de 0m045, avec une profon-
deur insignifiante (0m005). Elle se trouve à 0m15 du bord sud, à
0m20 du bord septentrional.
A 0m07 de d est gravée la plus grande des cupules de tout ce groupe
(1) J'appelle ainsi le plus grand axe, et largeur le plu» petit.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 207
(d) (0m073 longeur ; 0m080 largeur ; 0"'012 profondeur), tout au bord
de la Rainure, qui part du sommet du Menhir, et l'entoure de
manière à figurer plus ou moins grossièrement une Empreinte pédi-
forme (1).
A 0m04 de d et à 0m05 de c, il existe une grande Cavité pêdiforme
P1, à 0,n15 du bord méridional, et à 0m08 seulement du flanc septen-
trional. Ses dimensions sont de 0m18 de longueur, 0™04 de largeur
au talon, 0m06 au milieu delà plante et 0m025 à l'extrémité du pied,
où les orteils ne sont pas indiqués. — A 0m025 du talon, une petite
Fig. 7. —Ensemble des Sculptures du Menhir Nord. — a à x, Cupules — A, B, C,
les 3 Groupes de Cupules. — Pi, P2, P3, p4, les 4 Cavités pédiformes.
cupule e n'a que 0m032 sur 0m035, une profondeur si faible que je
n'ai pu la mesurer.
Une autre Cavité pêdiforme P2 se creuse à 0m035 de la cupule e,
sa longueur est de 0m15, sa largeur de 0m065 et 0m075 aux deux
extrémités du pied (?). La profondeur est beaucoup plus considé-
rable que celle de la première empreinte, puisqu'elle atteint 0m023.
(1) L'espèce de Rainure pêdiforme, qui encadre le Menhir, existe au-dessous des
dernières Cupules, mais extrêmement dégradée.
208 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Cette cuvette à fond plat, est la plus profondément entaillée de
toutes celles de ce premier groupe.
Peut-être convient-il de rattacher à tout cet ensemble une sixième
cupule /, gravée à 0m05 de la seconde empreinte en forme de pied.
Ses dimensions sont de 0m032, 0m037 et 0"'011 ; les distances aux
deux bords étant respectivement de 0m15 et 0m22.
En résumé ce premier groupe A a donc une disposition à part.
Il convient de faire à ce sujet plusieurs comparaisons, dont je me
réserve de tirer, plus tard, toutes les conséquences nécessaires.
1° Toutes les cupules de ce groupe, à l'exception de la première,
ne sont pas rigoureusement circulaires, mais légèrement elliptiques.
2° Les distances entre les cupules a et b, c et d, d et /, sont sensi-
blement égales ; ce qui ne doit pas être un simple effet du hasard.
3° La cupule d, la plus grande de tout le système, semble se
détacher et précéder tout l'ensemble des sculptures.
4° Les deux Cavités pédiformes, dont il convient de remarquer
u.\b l'inclinaison de l'une par rapport
à l'autre, sont également figu-
rées sur des pierres que l'on
trouve non loin de Plougonvelin.
Sur l'un des piliers de l'Allée
cl couverte de Kermorvan (au Con-
quet), il y a deux Empreintes,
^^^^S *'^**J (*ont l'une est allongée et l'autre
/ ^f f-~™*^" ^r beaucoup plus petite, mais aussi
plus profonde. — Il en était de
même sur la Pierre gravée de la
Vierge, à Penhoat [Fig. 8), en
Saint-Coulitz (1) (Du Chat. Ep.
préhis. dans le Finist., 2e édit.,
p. 174).
5° La disposition générale de
tout le groupe se retrouve en maints rochers, aussi bien dans le
Finistère qu'en Suisse, en Ille-et- Vilaine que dans l'Illinois. A
Dingé (Ille-et- Vilaine), à Grimantz (Suisse), à Naples (Illinois), la
disposition de certaines cupules, seules ou associées à des cavités
pédiformes, ressemble à s'y méprendre, à ce premier groupe cupu-
laire A du Menhir de Plougouvelin.
\*&£nar
O
)
Fig. 8. - Les deux Pieds de la Vierge, à
Saint-Coulitz (Finistère et les deux Pieds
de l'Allée couverte de Kermorvan (Finis-
tère). — Légende : a, Cavités ovoïdes de
Kermorvan; — b, Cavités de Saint Cou -
litz. — Echelle : 1/10.
b) Le deuxième groupe de Cupules . — A dix centimètres du pre-
mier groupe, à 0m135 et 0m20 de chacun des bords, une première
(1) Aujourd'hui détruite.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 209
cupule g a 0m05 de largeur (1), 0U,048 de longueur et 0m012 de pro-
fondeur.
A 0m05 de g, la cupule h a pour dimensions 0m045 de large sur
0m040 de long et la profondeur devient désormais insignifiante avec
0m005 pour cette cupule et ses voisines
A 0m02 de h, la cupule i est un peu plus élargie, les autres dimen-
sions restant les mêmes (0m050 larg., 0'"045 long., 0m005 épaiss.)
A 0-10 (2) de h, à 0m06 de G et 0m08 de L, une assez grande
cupulej a 0m06 de large, 0m055 de long, mais toujours avec cette
faible profondeur de 0m005.
A 0'"04 de J et à 0m06 de /, la cupule K a ces dimensions :
0m050 largeur, 0m040 longueur, 0m005 épaisseur.
L ressemble à K quant aux largeur et longueur (0m05 et 0m04),
mais elle en diffère essentiellement par sa profondeur si considérable
deOm012.
Enfin, à 0m03 de K et de L, il y a une Cavité pédiforme P3,
longue de 0m13, large de 0ff05 aux deux extrémités, et de 0m075 au
milieu, profonde de 0m024.
La disposition de ce groupe B est donc celle d'un pentagone, peut-
être terminé par une hampe ; l'ensemble se complète peut-être de la
Cavité P3.On pourrait presque faire la comparaison de cet ensemble
avec celui de la Pira Martgra, de Grimantz (Suisse), reproduit à la
page 17 de l'ouvrage de M. le Dr M. Baudouin sur les Sculptures
et gravures de Pieds humains. Il se peut que je découvre, plus tard,
une disposition tout à fait analogue ; mais, pour l'instant, je ne l'ai
pas.
c) Le troisième groupe. — 11 comprend à lui seul douze cupules
ou empreintes, les deux autres n'en ayant chacun que sept et huit.
La première cupule m est à 0m06 et 0m30 des bords du menhir, à
0m07 de la cavité pédiforme PK Elle est extrêmement profonde (0m02),
pour sa largeur (0m07) et sa longueur (0m055) .
La cupule N à O^OS de P3 est à peine creusée (0m005), mais elle est
assez grande (0m05 largeur et 0m045 longueur).
A 0m07 (3) de N, la cupule 0 est tout à fait minuscule (0m035 lar-
geur, 0m030 longueur, 0m005).
Sa voisine p, à 0m045 de 0, est un peu plus grande (0m045 largeur,
0m045 longueur, 0m005), mais absolument circulaire.
A O^Oo de p, q en reproduit toutes les caractéristiques (0m04
largeur, 0m04 longueur, 0m005).
(1) Dimensions prises sur une ligne partant de la base pour aboutir au sommet,
la longueur étant définie sur une ligne qui unit les deux flancs du menhir.
(2) Il serait possible, à certains endroits, de remplacer 10 par 11.
(3) A remarquer la prédominance de ce chiffre.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE, \k
210 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
r est de très faibles dimensions (0m035 larg., 0m030 long., 0ra005),
tandis que s, à 0m08 environ de o, à 0m065 larg., 0ra060 long., et
0m020 de profondeur. C'est donc une Cupule fort importante.
A 0,nll de m, t a 0m043 sur 0m043 et 0m010, et, tout auprès d'elle,
ii, qui en est à 0"035, a comme dimensions 0m05 larg., 0m045 long,
et 0m013.
La cupule v, à 0m045 de u, de 0ra05 larg. sur 0m045 long, avec
une profondeur de 0m01, est à 0m03 d'une quatrième Cavité pédi-
forme, P4.
Longue de 0m14, large de 0m08, et profonde de 0m034, cette
empreinte, la plus profonde de toutes, est aussi la plus régulièrement
creusée.
Enfin, la dernière cupule x, à 0m02 de P4, a comme dimensions
0m050 larg., 0m053 long, et 0m10.
Ce troisième groupe C semble donc être circulaire et contenir au
centre trois cupules disposées en triangles. J'ai retrouvé cette dis-
position plus d'une fois, et, notamment sur un pseudo-menhir à
Trégon, en réalité l'un des piliers d'une Allée couverte, aujourd'hui
presque entièrement disparue. Il est vrai que les trois cupules cen-
trales étaient remplacées par un grand bassin, de 0m25 de diamètre.
Sur la dalle A de l'Allée couverte de Kermorvan, dans la partie infé-
rieure qui se détache en relief, on retrouve cette disposition cir-
culaire, mais avec deux cupules centrales reliées entre elles par une
espèce de canal et deux cupules isolées. A la rigueur, on aurait
ainsi trois Empreintes centrales, dont une double et comptée par
suite pour une seule. Ce qu'il y a de plus remarquable encore, c'est
que cet ensemble de Kermorvan se termine par une grande cavité,
qui ressemble fort à lEmpreinte P4 du menhir de Plougouvelin, et
qu'enfin il existe, à l'extrémité inférieure de la dalle, une paire de
Cavités pédiformes. — A la partie supérieure du Menhir de Saint-
Urnel, que j'étudierai prochainement ici, il existe aussi tout un
ensemble de cupules, disposées en cercle, avec des Empreintes cen-
trales. Ce n'est donc pas le simple effet du hasard; et l'on peut se
demander s'il n'y a pas une intention voulue, que j'essaierai de
découvrir, lorsque j'en serai aux conclusions de ce petit travail.
Pour terminer, je tiens à faire une dernière constatation, que
j'estime être capitale. Le Menhir de Plougouvelin a 23 cupules et
4 cavités pédiformes ; le Fuseau de Sainte-Barbe, en Ploeven et le
Menhir de Saint-Urnel, en Plobannalec,ont également 27 Cupules ou
Empreintes. M. du Châtellier partageait en trois groupes celles du
Mégalithe de Saint Urnel; le Fuseau de Sainte-Barbe et le Menhir de
Plougouvelin pourraient être l'objet d'une pareille division ternaire
et par suite intentionnelle.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 211
3° Les Cupules. — Si l'on dresse un tableau des 27 Cupules et
Empreintes du Menhir, il est incontestable qu'elles se divisent en
trois groupes bien différents.
Deux combinaisons sont possibles pour chacun de ces trois
» .S
W — '
si
olXft
g a
2§ §
^p*
S c
J c
c
<n
a>
a
0,045
0,055
b
0,055
0,050
c
0,045
0,040
d
0,080
0,073
P1
0,180
0,060
e
0,035
0,032
P'i
0,150
0,070
REMARQUES
0,010
0,013
0,005
0,012
0,023
0,005
0,023
Les Cupules de ce groupe sont toutes, à
l'exception de A, plus longues que larges ;
c'est ce qui permettrait d'y comprendre f.
k
l
P3
0,037
0,032
0,048
0,050
0,040
0,045
0,045
0,050
0.055
0,060
0,040
0,050
0,045
0,050
0,130
0,070
0,011 I B.
0,012 I Les Cupules de ce second groupe sont
0.005 I moins longues que larges. — J'entends par lon-
0,005 l gueur une dimension prise sur une ligne, qui
0,005 / joint les deux bords du Menhir du Nord au
0,005 l Sud, et par largeur une dimension prise sur
0,012 j une ligne qui part de terre pour aboutir au
0,024 I sommet.
t
u
v
p*
X
0,055
0,045
0,030
0,045
0,040
0,030
0,060
0,043
0,045
0,045
0,140
0,053
0,070
0,050
0,035
0,045
0.040
0,035
0,065
0,043
0,050
0,050
0,080
0,050
0,020
0,005
0,005
0,005
0,005
6,005
0,020
0,010
0,013
0,010
0,034
0,010
C.
Ces Cupules ont la même caractéristique
que celles du groupe B. Il convient d'y dis-
guer deux séries m-s, et t-x. Entre m et s, il
n'y a que des Cupules à faible profondeur
0m,005, tandis que, de t à #, elles ont toutes
au moins le double.
groupes. Dans la première (A), chaque série se termine par une
Empreinte pédiforme ; dans la seconde (B), les cavités de ce
genre sont appareillées : ce qui semble beaucoup plus rationnel.
Dans le premier cas, les Cupules seules sont au nombre de 5, de 7
et de 11, chiffres magiques dont on connaît les pouvoirs mystérieux;
dans le second cas, elles sont deux fois au nombre de 6, et compren-
nent toujours le chiffre 11, qui est celui des grands Alignements.
212 SOCIÉTÉ PREHISTORIQUE FRANÇAISE
C'est sur cette dernière remarque que je termine. L'élude des
autres menhirs à cupules, dont je possède d'excellentes photogra-
phies (1), permettra de comparer les ensembles cupulaires et d'en
tirer certaines conclusions, qui pourront peut-être éclairer cette
question si complexe du menhir et de ses significations. (A suivre).
M. Marcel Baudouin. — Je ne veux dire ici qu'un mot sur la
direction relative des grands axes des Cavités pédiformes, les uns
par rapport aux autres. — Sur la Figure 7 de M. Guérin, il est
facile de voir que les axes de P1 et P3 sont, à peu près, parallèles ;
que l'axe de P2 sur P1 est d'environ 25° à 30°, l'angle étant à droite ;
que l'axe de P*, par rapport à ceux de P1 et P3, reportés en P\
fait un angle de 30° environ avec eux ; mais ici l'angle est ouvert
à gauche.
Si les Pieds sont bien placés, comme je l'ai prouvé ailleurs, sur
des Lignes Solaires, il est facile de remarquer que cet angle de
30°, qui se répète deux fois, est Y Angle équinoxio-solsticial ou Y Angle
solsticio-méridien. Par conséquent, les pieds P1 et P3 peuvent repré-
senter la Ligne équinoxiale de l'époque des sculptures, et P4 et P2
les Lignes solsticiales Lever, Sud et Nord, correspondantes.
De plus, le Grand Pied, formé par la Rainure, qui entoure le
tout, a son grand axe perpendiculaire aux grands Axes de P1 et P3,
qui peuvent être Yéquinoxiale ; par conséquent, ce Grand Pied, qui
englobe toutes les autres Sculptures, peut représenter aussi la
Ligne Méridienne, qui se trouve à 90° sur la première.
Cette hypothèse cadre très bien avec l'idée Menhir Statue du
Soleil; mais elle cadrerait aussi bien avec cette autre hypothèse
que ce Menhir est une ancienne Pierre à Cupules, transformée en
Menhir.
(1) J'étudiai les deux Menhirs de Plougonvelin par un temps abominable; et mes
clichés s'en sont malheureusement ressentis.
■ i — ■
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 213
Curieuse survivance des Flèches
à tranchant transversal.
Par le Dr
JOUSSET DE BELLESME (Nogent-le-Rotrou, E.-et-L.).
Les Préhistoriens, qui, les premiers, ont signalé l'existence des
Pointes de Flèches à tranchant oblique ou transverse, ont dû certaine-
ment éprouver quelque hésitation.
L'idée qu'on se lait d'une flèche, instrument perforant par excel-
lence, semhle peu compatible avec toute autre forme que la forme
pointue. Je me suis souvent demandé, et sans doute beaucoup l'ont
fait comme moi, quels pouvaient bien être les avantages d'une
semblable disposition et dans quel but l'homme préhistorique l'avait
inventée ! Il est évident que la force de pénétration doit se trouver
fort amoindrie.
Il faut croire pourtant que cette arme avait de sérieux avantages
car, chose vraiment singulière, non seulement l'Homme préhis-
torique s'est servi de la Flèche à tranchant transversal; mais cette
forme a traversé les âges et a été utilisée à l'époque du métal et
même aux temps historiques.
C'est par le plus grand des hasards que, parcourant certains
ouvrages de la littérature sanscrite, j'ai constaté qu'à des époques
de civilisation très avancée on employait encore cette forme préhis-
torique, dont l'usage semble peu compréhensible. Il faut donc en
conclure que ces flèches ont une action particulière; mais laquelle?
C'est ce que va nous apprendre, dans son poème du Ramayana,\e
célèbre Homère sanscrit, Valmiki.
Je me bornerai à quelques citations tout à fait caractéristiques. Il
est question d'une bataille terrible, engagée entre les Aryens des-
cendus des pentes de l'Himalaya pour conquérir la presqu'île de
l'Hindoustan et l'île de Ceylan. Inutile de dire que ces invasions
historiques se déroulent sous la forme symbolique de combats
contre les Démons, qui tiennent sous leur dépendance le sud de
l'Hindoustan et l'île de Ceylan (Lanka). Ces régions étaient occupées
par des populations barbares pour l'infériorité desquelles les Aryens
avaient le plus profond mépris ; aussi est-ce contre des Singes qu'ils
sont censé combattre ! Puis, les ayant vaincus, ils s'en font des
alliés pour aller investir Ceylan.
Tome I [p. 275] « ailleurs, tranchées par des dards en forme de
croissant, les têtes des ennemis tombent sur la terre. »
[P. 276} « le noble fils de Ragouh frappa le joug d'un seul
2 H SOCIÉÏÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
dard et le coupa net ; il trancha les cinq drapeaux, avec cinq traits
dont l'armure imitait dans sa forme l'oreille du sanglier »
Tome II [p. 5i0] « alors le général des Rakhsasas (Démons)
lui coupa de loin cette affreuse massue avec de grandes flèches en
DEMI-LUNE. »
[P. 191] « muni de flèches, ressemblant à des lunes demi-
pleines »
[P. 219] « à l'aspect de son vacillement, le magnanime Rama
saisit un dard flamboyant en forme de demi -lune et coupa rapidement
la tête du souverain des Yatavas »
[P. 261] « des flèches terminées en mufles de tigre, de lion, en
gueules de loup, d'hyène »
[P. 233] « à ces mots, Rama saisit deux flèches émoulues en
demi-lune et lui trancha les deux pieds »
Il est inutile de multiplier ces citations ; elles sont fort claires.
Ces flèches en demi-lune sont les flèches à tranchant transversal,
dont nous rencontrons l'usage dans les temps préhistoriques. Elles
devaient faire de larges blessures et provoquer probablement, chez
les animaux atteints, des hémorragies abondantes.
Il faut évidemment faire la part de l'imagination du poète, car il
semble impossible de faire voler une tête avec de semblables armes !
Remarquons aussi que, pour lancer avec succès des flèches de ce
genre, il fallait déployer une force plus considérable que pour
envoyer une flèche ordinaire. A l'époque où les flèches à tranchant
transverse ou oblique ont fait leur apparition dans l'outillage préhis-
torique, il est donc certain que l'évolution de l'arc était très avancée
et son usage pour la chasse devenu général. Il est assez probable
qu'avec l'aide de ces engins un archer habile pouvait réussir à
couper les jarrets d'un animal fuyant devant lui et parvenait ainsi à
l'arrêter dans sa course.
Ce qui est surtout remarquable, c'est de constater la survivance
de cette arme qui, au premier abord, paraît d'un usage tout à fait
problématique.
M. Marcel Baudouin. — Les Flèches à tranchant transversal
(Fig. 1), n'ont pas dû être utilisées souvent comme armes de jet,
c'est-à-dire en tant que Flèches.
A. Elles ont dû servir au moins autant comme Tranchets. On
en a des preuves irréfutables.
1° En effet, on connaît de ces pièces, qui ont été trouvées emman-
chées en Tranchets, et non pas en Flèches [Danemark; Aisne
(Fig. 2 et 3) ; etc.].
2° Ces tranchets servaient surtout à la Décarnisation des Cada-
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
215
vres Néolithiques . Je l'ai prouvé pour Vendrest, en recueillant parmi
des Os décharnés (encoches, stries), puis incinérés, des Tranchets
incinérés en même temps !
Cela explique leur grande abondance dans les Ossuaires de la
Pierre polie. Et je crois bien que la fameuse
pièce du baron de Baye n'est que le résultat d'un
Accident de Décarnisation, et non pas celui d'un
Traumatisme ante-mortem (1).
B. Ce qui est très grave pour la théorie de
la Flèche, c'est qu on nen a jamais encore trouvé
Fig. 1. — Lame de silex. — Les sections en A, B, C et D,
donnent une Flèche, I; — les sections en C, D, E et F, une
autre, II; etc. [Ch. Schleicherl.
Fig. 2. — Petit Tranchet emmanché, dans une gaine en corne.de
Cervidé, trouvé à Montigny-l'Engrain 'Aisne) par M. 0. Vau-
villé.
Fig 3. — Tranchet en silex, avec son manche de bois, lié au
moyen d'écorces, trouvé dans un tombeau (Danemark).
d'emmanché en flèche, tandis que je connais quatre emmanchures (2)
de Tranchets au moins [Danemark et Pièces des Collections Vau-
villé et Taté] , avec Tranchets en place !
(1) Ce qui tendrait à le prouver, c'est que M. le baron de Baye a trouvé, dans les
Grottes de la Marne, en même temps que cette pièce intéressante, mais discutable,
« plusieurs petites Gaines, en corne de Cerf, semblables à celle de l'Aisne, et qui
ont été, évidemment, employées comme manches » (Ch. Schleicher).
(2) Trois ont été figurées par J. Déchelette [Manuel).
2J6 société préhistorique française
In nouveau type «le Hache à Bouton :
La Hache à double Bouton.
Par M. le D'
Marcel BAUDOUIN (Paris).
Découverte. — J'ai l'honneur de présenter à la Société préhisto-
rique française un nouveau type de Hache à Bouton, originaire de
Vendée, que j'appelle, jusqu'à plus ample informé : Hache a double
Bouton ou à deux Boutons surperposés.
Collection. — Je regrette de ne pouvoir vous montrer cette
pièce, très rare, — peut-être même unique ! — qui fait partie de la
splendide Collection d'Armes de M. le comte Raoul de Rochebrune,
au Château de La Court, à Saint-Cyr-en-Talmondais (Vendée). Mais
voici un Décalque de cet objet, que j'ai vu et ai eu en mains : décal-
que qui m'est adressé, avec les renseignements d'origine ci-dessous,
par son heureux propriétaire, que je suis heureux de remercier ici
de son importante communication.
Origine. — Cette magnifique Hache a été trouvée, dans le Cime-
tière, à Mortagne-sur-Sèvre (Vendée), c'est-à-dire sur la rive
gauche ou ouest de la Sèvre-Nantaise, vallée où abondent les silex
importés du Grand-Pressigny (1). Elle devait se trouver dans l'inté-
rieur du sol, et non pas dans une Sépulture, d'époque historique.
Mais il est impossible d'être absolument affirmatif à ce point de
vue, faute de données précises.
Cette pièce provient, au demeurant, de l'ancienne Collection de
M. le Marquis de Saint- André (Deux-Sèvres).
a) Cette hache est-elle bien originaire de la Vendée? N'aurait-elle
pas, plutôt, été importée, à une époque plus ou moins reculée, par
un marin de ce pays de l'Amérique centrale (Guadeloupe par exem-
ple, etc.) ou d'ailleurs, et jetée sur le sol ; ou même placée dans
un cercueil du cimetière, de façon voulue?
Il est évident que ces hypothèses ne sont pas absurdes, vu le lieu
de trouvaille, certes un peu isolite, et vu surtout la forme bizarre et
inconnue de l'objet ! — Mais, cependant, je ne puis y croire et
accorder à cette manière de voir la moindre attention.
b) En effet, je ne connais aucune hache d'Océanie, d'Afrique ou
^1) Marcel Baudouin. — Les Silex du Grand-Pressigny en Vendée. — Vf Congr.
Préh. France, Tours, 1910, 341-376. — Tiré à part, Paris, 1911, in-8« [Voir#p. 32].
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 21 7
d'Amérique du Sud, ayant cet aspect (1) ; et, d'autre part, il y a
bien peu de marins Vendéens au long cours, originaires de la
vallée de la Sèvre-Nantaise !
Il faut renoncer, je crois, de suite à cette explication trop simpliste,
qui manque d'ailleurs totalement de base (2), vu surtout la nature
de la roche, qui est bien typique et locale.
Roche. — Elle est en une roche « couleur café au lait », m'a écrit
M. R. de Rochebrune. — Comme j'ai vu la pièce, j'ajoute qu'elle a
une superbe patine, luisante.
Pour moi, il doit s'agir d'une variété de Diorite ou peut-être, à
ce qu'il m'a semblé, de Porphyrite augitique, plus ou moins
comparable à la roche des Haches à bouton de la région (E. Char-
tron, Luçon).
Poids. — Le poids est considérable ; il atteint 680 grammes (3).
Forme. — a) Talon. — La forme de cette hache est extraordinaire,
au niveau de son Talon (Fig. 1). — Il n'est pas possible de mieux
définir celui-ci qu'en disant qu'il ressemble absolument au bouton à
virole et à gorge du Type I de M. Pitre de Lisle duDreneuc (4), sur
lequel on aurait placé un éteignoir, en métal, surmonté d'un petit
bouton sphérique, en forme de noisette !
En somme, la tête du premier bouton s'est allongée démesuré-
ment en forme de cône ; et ce cône est surmonté par un minuscule
bouton, bien arrondi, sans virole, mais à gorge nette.
b) Tranchant. — La Hache est d'ailleurs asymétrique et son tran-
chant est nettement oblique.
Ce qui différencie, en outre, cette pièce des haches à bouton ordi-
naires, c'est : 1° cette obliquité du tranchant (5), qu'on n'observe
presque jamais, d'une façon aussi marquée, sur les autres (6); 2° sa
(1) La hache de Méré-Méré (Nouvelle-Zélande), figurée en 1880 par Pitre de
Lisle (Planche II ; H), si elle a un microscopique bouton supplémentaire à son
sommet, ne présente pas le long cône intermédiaire entre les deux boutons, que je
signalerai plus loin.
(2) Fortuné Parenteau et Pitre de Lisle ont réfuté, pour les haches à boutons
classiques, cette théorie, soutenue, bien à tort, autrefois pour la Bretagne.
(3) Mais il y a des Haches à bouton ordinaires plus lourdes ! On peut, à ce propos,
citer celle de Yvias (Côtes-du-Nord), qui pèse 853 grammes et a 0m225 de long;
celle de la Collection du Dr Gobillot (Vienne), qui pèse plus d'un kilog , et surtout
celle du Marais de Goulaine, au Musée de Nantes, qui pèse 2 kg. 540 et a 0n,350
de long [Pitre de Lisle] .
(4) Pitre de Lisle. — Les Haches à tête de la Bretagne et du Bocage. — Nantes,
1880, in-8«>, 48 p., VI pi. hors texte.
(5) D'ailleurs, la belle hache à bouton de la Vienne (Coll. Gobillot) et certaines
de la Vendée ont un tranchant un peu oblique.
(6) On peut le mesurer par l'angle fait par Y axe médian de la pièce et la ligne
de plus grande longueur. Cet angle a mesure ici 4°, au lieu d'être égale à 0°,
comme dans le cas de tranchant circulaire et non oblique.
218 SOCTÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
largeur inusité (0n,090); 3° la faible hauteur du taillant proprement
dit (0m012 ici).
Dans ces conditions, cette pièce, qui a probablement été emman-
Fig. 1. — Hache à double Bouton.
— Mortagne-sur-Sèvre. — Echelle:
1/2 Grandeur [D'après le Décal-
que].
Légende : * Tr., Tranchant; — DR,
hauteur du tranchant; — F, Vue
d'une Face ; - t t', Petit axe
transversal maximum; — OM, Axe
longitudinal, perpendiculaire à 1 1';
— OR, Axe longitudinal maximum
oblique ; — MOR, Angle d'obli-
quité du tranchant (a — 4°). —
B', Gros Bouton ; — Gi, Gorge sous
le bouton ; — AC, Virole [Calotte] ;
— B", Petit Bouton ; — G",
2« Gorge ; — O, C. B1, Cône surmon-
tant le gros bouton.
chée (mais ce n'est pas sûr du tout!) par sa grande gorge (G1), devait
avoir le côté t' b', situé en bas [Fig. 1) (1).
Dimensions. — Les dimensions sont les suivantes:
1° Longueur totale (maximum) [R.-O.] = 0m195.
(1) Du Gleuziou (La Création de l'Homme, etc., Par., 1887, p. 373) a représenté
(fig. 234) des Haches polies ou Tapai (Océanie) et d'Afrique (Sénégal) qui ont un
talon à ailettes, plus ou moins comparables aux crêtes anguleuses de certaines
haches à bouchon. — Mais cela n'a aucun rapport avec le double bouton de la
pièce ici décrite.
En Amérique du Nord, à la Guadeloupe, etc., il existe des haches dites à
gorge, qui ressemblent un peu à nos haches à bouton; mais elles se distinguent
nettement en ce sens que, dans ces outils, c'est la partie moyenne, et non le
tranchant, qui est la plus large (Cf. Morin Jean, Arch. de la Gaule, 1908, p. 125,
fig. 67). — Cette forme conduit en réalité à la Hache à soie on pédoncule d'Asie
(Tonkin, Chine, etc.). Et c'est là une toute autre idée!
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 21 9
2° Longueurs partielles. — Tranchant — Gros Bouton [R.-A.] :
= 0m142. — Gros Bouton - Petit Bouton [A.-G«] : = 0m043. —
Cône intermédiaire [B*-B«] = 0m038. — Petit Bouton [Gn-O.l :
= 0m010. — Hauteur du Tranchant (maximum) [R.-D.] = 0m012.
3° Largeur des saillies. — Tranchant (maximum) [t, tl] = 0m090.
— Petit Bouton B11 terminal (maximum) = 0m015. — Gros Bouton B1
(maximum) = 0m053.
4° Largeur des gorges. — Gorge I = 0m047. — Gorge II = 0m013.
Si l'on supprimait par la pensée le cône et le petit bouton sura-
joutés, on aurait une hache à bouton de 0m147 de longueur seulement,
avec un tranchant, très large, de 0m090. — D'où un Indice de Lar-
geur (Tranchant) — Longueur de : 90 X 100 : 147 = 61,22.
Indices. — Les Indices principaux de cette pièce sont les sui-
vants :
Indice Longueur (Tranchant) — Longueur: 90 X 100: 195 = 46,15.
Indice Longueur (Talon et Petit Bouton) — Longueur : 15 X 100
: 195 = 75,89.
Indice Largeur (Faux talon ou Gros Bouton) — Largeur (Tran-
chant) : 53 X 100 : 90 = 58,88.
Mode de fabrication. — On est peu fixé, malgré les expériences
de M. Pitre de Lisle, sur le mode de fabrication au Polissoir fixe des
Haches à bouton, surtout celles à belle virole et à crête sur la
calotte. Et on se demande encore comment les Néolithiques ont dû
s'y prendre pour fabriquer de telles pièces !
Vraiment je ne vois pas comment on a pu faire, en travaillant sur
un Polissoir fixe, à Rainures et à Cuvettes du type classique, pour
obtenir une telle hache...
11 y a donc là un très curieux problème, que je soumets à mes
collègues, susceptibles de répéter les tentatives de notre confrère
Nantais, à l'aide de petits Polissoirs mobiles et de forme spéciale.
Il serait intéressant, en tout cas, de faire l'inventaire de cette
variété, très curieuse, de Hache à bouton, dont, pour mon compte,
je ne connais pas d'autre exemple; et de rechercher, si, à l'étranger,
on n'a pas observé déjà quelque chose de semblable.
Epoque. — Mais cet objet est-il bien de l'Epoque Néolithique,
comme les autres Haches à bouton de la contrée? — L'apparente
difficulté de sa fabrication, par les procédés en usage à l'âge de la
Pierre polie, ne doit pas être une raison absolument suffisante,
pour qu'on doive a priori le rejeter à l'ère des Métaux, et en parti-
culier à l'Age du Bronze.
220 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
D'ailleurs, ses rapports de forme avec les haches à bouton clas-
siques sont évidents, puisqu'il a suffi d'avoir l'idée de transformer en
Cône étiré la Calotte, sphérique, du Bouton typique, et d'ajouter
un second petit Bouton, pour obtenir cette pièce.
En outre, il y a des haches plates en pierre (et surtout en
schiste), qui ont des Tranchants aussi étalés et aussi larges. J'en pos-
sède une dans ma Collection, qui vient de Saint-Georges-de-Mon-
taigu (Vendée), bourg assez voisin de Mortagne-sur-Sèvre d'ailleurs.
De plus, on ne connaît pas, à l'âge du Cuivre ou du Bronze, de
hache, massive, de cette espèce même, sans trou central, et à deux
boutons.
Concluons donc qu'il s'agit bien là d'une Hache de l'âge de la
Pierre polie.
Certes, O. Montelius a figuré, pour la Suède et l'Autriche, des
Haches en pierre polie, terminées par un bouton typique, et indiqué
que ces pièces étaient fréquentes en Scanie ; mais toutes possèdent
un tranchant à cornes et un trou central, analogues à ceux des Casse-
têtes ou des Marteaux néolithiques; et, de plus, aucune ne ressemble
à la pièce de Mortagne-sur-Sèvre, qui, elle, a deux boutons superposés
et pas de trou !
De plus, il les place à l'âge du Bronze, sans dire au demeurant
pourquoi, alors qu'il existe une pièce de ce genre au moins en
Cuivre pur (2), qu'il a figuré lui-même (Fig. 61 ; p. 59). A mon
avis, il faut attendre la trouvaille de telles pièces dans des sépul-
tures, bien datées (3), avant d'être affirmatif sur leur époque, car la
Hache en Cuivre a sûrement été calquée sur une hache en pierre,
quoiqu'on en dise, et la hache en bronze de Scanie, à trou central et
bouton (Fig. 65 ; p. 62) paraît plutôt calquée elle-même sur celle en
Cuivre que sur celle en pierre de Scanie.
Je maintiens donc, jusqu'à nouvel ordre, que la Hache de Mortagne-
sur-Sèvre a plus de chance d'être Néolithique que de Y Age du Cuivre
ou du Bronze, quoique l'hypothèse de Y Age du Cuivre ne serait pas
pour me déplaire, bien au contraire !
Des Haches à bouton perforées, surtout du type de celles connues
en Autriche, ont été trouvées, en effet, dans une station lacustre, qui
est indiscutablement de I'Age du Cuivre pur : celle de Mondsee (4)
(District de Vôcklabruck), fouillée avec soin par le Dr Much (de
(1) O. Montelius. — Les Temps préhistoriques. Trad. S. Reinach. — Paris,
1895 [Voir p. 60; fig. 62 et 63 et p. 130].
(l) On sait qu'il y a, en Hongrie, des Haches en Cuivre de ce type [ J. Déchelette,
Man. d'Arch. préh., t. II] ; mais celles-ci n'ont aucun bouton!
(3) Je ne crois pas qu'on ait fait déjà une telle trouvaille, en effet.
(4) R. Munro. — Les Stations Lacustres d'Europe. Tr. P. Rodet. — Paris, 1908,
in-8° [Voir p. 168].
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 2*21
Vienne), auteur d'un ouvrage connu sur l'Age du Cuivre Elles ont
été trouvées avec des Haches plates, avec des emmanchures de ces
haches, avec des Creusets, encore pleins de Cuivre \ II n'y a pas de
doute possible. Ces haches sont donc de Y Age du Cuivre, et non pas
de Y Age du Bronze, comme on l'a dit jusqu'ici.
On a retrouvé, d'ailleurs, le Bouton sur des objets spéciaux de la
Station de Laibach (Carniole), qui est aussi de Y Age du Cuivre.
Dans ces conditions, la Hache à double bouton de Vendée ne
peut être que de la fin du Néolithique, puisqu'elle n'est pas perforée
et n'a pas de crête latérale sur les faces.
Il résulte de là que c'est bien la Bretagne-Vendée qui a inventé,
la première, le bouton, et que l'Autriche et les pays du Nord ne sont
venues qu'après, avec leur bouton spécial, sans d'ailleurs avoir
connue, très probablement, l'originale invention des côtes de
l'Océan vendéen.
Usage. — Cette pièce montre combien la théorie de M. Pitre de
Lisle du Dreneuc, d'après laquelle il ne faut voir dans les boutons
des haches de ce type qu'un ajutage, destiné à servir d'ouTiL a frap-
per, c'est-à-dire, soit de Marteau, soit de Casse-tête, a peu de chances
d'être la bonne.
Son bouton ne peut-être en l'espèce, vu sa petitesse, qu'un simple
motif de Décoration, tout comme le bouton d'une calotte de manda-
rin ou d'un casque à boule!
Il est par suite, évident, que cette pièce n'est qu'une Arme d'hon-
neur ou d'Apparat, et non pas un Outil, malgré son apparence
d'aiguisage, comme la plupart des autres Haches polies. Et cette
remarque justifie très bien l'hypothèse d'Armes, du même genre, pour
les splendides haches, en roches rares, trouvées dans les grands
Tumulus du Morbihan.
Sur quelques coutumes locales, superstitions,
survivances antiques, légendes, du Départe-
ment de l'Eure.
Georges POULAIN (Eure).
La valeur de la Tradition. — Ne dédaignons point trop la Tradition,
cet écho des vieux âges que les générations nous ont légué ; et, si
quelquefois sa naïveté nous fait sourire, ayons du moins pour elle
le respect qu'on doit aux vieilles choses.
2^52 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Le passage de la tradition à travers les siècles l'a souvent
déformée ; mais, malgré cela, il a été maintes fois constaté qu'elle
contient généralement un fond de vérité et est pour l'historien ou
l'archéologue un auxiliaire précieux. Le rôle du chercheur ajuste-
ment pour but de débarrasser la tradition des apports légendaires,
qui en ont déformé le vrai sens.
L'esprit populaire rapporte généralement avec fidélité ce qui lui a
été transmis par les ancêtres et ne cherche pas à élucider telle
légende, dont la signification lui paraît douteuse. Certaines remon-
tent à des époques fort reculées, quelquefois même préhistoriques.
Remises en honneur par les conteurs du xvme siècle, les Fées gau-
loises sont ainsi venues, dans la bouche de nos mères, bercer notre
crédule enfance.
Recueillons donc, pendant qu'il en est temps encore, ces vestiges
du Folklore ; notons soigneusement les coutumes anciennes, qui
sont presque toujours des survivances ethniques.
Cette méthode, qui a d'ailleurs été suivie par beaucoup de nos
collègues, réunira, dans nos Bulletins, des matériaux qui réjouiront
les Folkloristes.
Survivances funéraires. — Relativement aux Abeilles, la coutume
suivante était d'un usage général dans notre département et dans
toute la Normandie; mais sa pratique variait un peu d'une localité à
l'autre.
Dans les cantons de Damville, d'Evreux, de Saint-André, l'arron-
dissement de Pont-Audemer, lorsqu'un propriétaire de ruches
mourait, un membre de sa famille annonçait aux abeilles le décès
survenu, car, faute de ce faire, elles devaient mourir. Je me souviens
que, lorsque décéda mon bisaïeul Jean-Martin Poulain, propriétaire
d'une petite ferme à l'orée de la forêt d'Evreux (Les Ventes), sa
femme alla vers ses ruches communiquer le malheur aux abeilles,
leur disant : « Mes belles, votre maître est mort » !
Dans le Vexin Normand, lors du décès du chef de famille, on
attache encore à chaque ruche une loque noire, faisant ainsi, dit-on,
porter le deuil aux abeilles.
Même manifestation dans quelques cantons de l'arrondissement
de Louviers, notamment de Gaillon.
Aux environs de Rouen, on met aussi un ruban noir aux ruches,
sans autre formule ; l'étoffe y reste tant que dure le deuil de la
famille (1).
Ceci n'indiquerait il pas le reste d'une idée très ancienne, signalée
par B. Tylor (/a Civilisation primitive), à savoir que les abeilles sui-
(1) Cette coutume existe également dans les départements de la Marne, Seine-
et-Marne, la Sarthe, en Artois, basse Picardie, dans le Berry, etc.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 223
vraient l'esprit du mort? En tout cas, on sait que, de tout temps, on
a attaché à la vie de ces laborieux insectes des idées merveilleuses.
On admet généralement que les abeilles connaissent très bien leur
maître et ne le piquent jamais. On sait aussi que, dans l'antiquité
romaine, ces êtres gracieux étaient tenus en honneur et le respect
superstitieux dont le peuple les entourait.
Virgile ne les a-t-il pas louées magnifiquement dans les Géor-
giques ? Il a dépeint les mœurs policées, le travail méthodique, de
ces butineuses de fleurs .
<( Frappés des apparences, et d'après toute cette conduite, dit-il,
quelques-uns ont dit qu'il y avait dans les abeilles une parcelle de la
Divinité (1). »
L'Eglise a conservé, à côté de la grande idée chrétienne, les rites
ou pratiques cultuelles locales, antérieurs au christianisme, dont
quelques-uns sont touchants et ne manquent pas d'élévation.
A Jumelles, petite commune du canton de Saint-André, lorsque
Ton enterre une femme âgée, quatre vieilles personnes entourent
son cercueil, en portant chacune un cierge. A l'église, elle s'assoient
de chaque côté de la bière, et au cimetière s'agenouillent au bord de
la fosse, pendant que les assistants jettent l'eau bénite.
Aux environs d Evreux et par extension dans les cantons de Dam-
ville et de Saint-André, il était d'usage d'offrir, à l'issue des inhu-
mations, un Déjeuner aux membres de la confrérie de « Charité », qui
avaient assisté à la cérémonie. Survivance des libations antiques des
funérailles ! (A suivre) .
Marcel Baudouin. — On trouvera quelques données sur les tra-
ditions relatives aux Abeilles dans des notes, concernant l'Ouest de
la France, parues à ce sujet dans la Collection de Y Intermédiaire
Nantais. Les coutumes citées existent en Vendée. Voir aussi
Int. des Cherch. et Cur. [1906, 20 février, p. 267; etc.].
Hochet Gallo-Romain en terre cuite.
PAR
Eloi BOURGEADE,
(Les Planchettes, par Riom-ès- Montagne Cantal).
Cet objet, des plus rares, provient de l'une des antiques et riches
Nécropoles de l'Aisne, fouillée par des savants distingués, tels que
MM. Pilloy, Théophile Eck, conservateur du Musée de Saint -
(1) Virgile. — Les Géorgiques, livre IV.
224 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Quentin, et notre éminent collège M. Boulanger (de Péronne). Il a
été trouvé au Cimetière gallo-romain, de Sissy (Aisne), dont l'explo-
ration commença le 10 décembre 1896 et prit fin le 1er avril 1897,
ainsi que nous l'apprend la savante brochure du Conservateur des
Musées de Saint-Quentin (1).
Notre hochet est bien daté ; je n'ai pour cela qu'à citer les quel-
ques lignes suivantes extraites de la brochure que je viens de citer.
« Quelques-unes des sépultures de Siss}r sont un peu antérieures au
vie siècle; mais, si l'on consulte surtout les monnaies d'argent et de
bronze, mises dans les tombes pour aider le défunt à franchir le
Styx, l'on constate que le plus grand nombre paraît embrasser les
derniers temps de l'empire. C'est Théodose, qui clôt la série. »
Il me fut vendu l'hiver dernier par un nommé Amédée, de Chauny
(Aisne), qui, en 1896, fouillait pour le compte de M. Lelaurain, à qui
avait été accordé, au début, le droit exclusif de faire des recherches.
M. Lelaurain, habile fouilleur paraît-il, faisait commerce de ses
trouvailles, suivant l'expression de M. Amédée et fit de mauvaises
affaires. M. Amédée garda devers lui partie des trouvailles.
La parfaite authenticité de notre objet n'est pas douteuse. L'enquête,
que nous avons faite auprès de divers conservateurs de musées,
notamment à Saint-Quentin et Moulins, réputés pour la richesse de
leurs collections céramiques, ainsi qu'auprès des savants fouilleurs
des antiques nécropoles de la Somme, de l'Aisne et de l'Oise, que je
cite au commencement de ces lignes et qui tous m'ont répondu
avec un empressement dont je tiens à les remercier ici, n'avoir
jamais rencontré dans leurs fouilles, ni vu, un objet semblable, ne
fait que confirmer ma modeste opinion, concernant la rareté de
l'objet.
Tout au plus peut-on faire un rapprochement avec les deux objets
reproduits et décrits dans le Bulletin de la Société Préhistorique
Française (page 559, année 1911), conservés au Musée de Berne
(Suisse). Ce sont4deux objets de Palafittes, bien datés, de la fin de l'Age
du Bronze et qualifiés de hochets. — A ce propos, on me permettra
de citer la remarquable étude de mon compatriote, M. Pagès-AUary
(de Murât), sur les Hochets préhistoriques, parue dans le Bull, de la
Soc. Prèhist. Franc, (année 1911, pages 549 et suivantes), ainsi que
les notes de M. le Dr Charvilhat (2) (de Clermont-Ferrand) et de
M. le Dr A. Guébhard (3).
(1) Théophile Eck. — Les Cimetières Gallo-Romains de Sissy et de Berthenicourt
[Aisne). — Paris, imprimerie Nationale.
(2) Bull, de la Société Préhist. Franc. , 1911, p. 656 et suivantes.
(3) Dr A. 'Guébhard. — Objet bizarre en terre cuite. Bull, de la Soc. Préh.
Franc., avril 1911, p. 2k8. — Objet énigmatique trouvé par M. Pagès-AUary. Bull,
de la Soc. Préhist. Franc., mai 1911, p. 310.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 225
Le Hochet de Sissy a la forme d'une petite sphère, de 0m05 de
diamètre, creuse à l'intérieur, dans laquelle sont renfermées quatre
petites boules. L'objet est orné de trois rainures, creusées dans la pâte et
formant entre elles des intersections à angle droit: deux méridiennes ;
la troisième rainure passant à l'équateur, de ce fait elle est divisée en
huit parties égales. Au milieu de chaque partie a été pratiqué un
trou, de même qu'à l'intersection de chaque rainure : ce qui donne
un total de quatorze trous, bien cylindriques, et d'un diamètre de
0m006. L'épaisseur de la pâte n'étant que de 0m004, l'objet semblerait
assez fragile entre les mains d'un enfant, s'il n'y avait lieu de penser
qu'il était, sans doute, revêtu d'une enveloppe protectrice ajourée,
de la vannerie par exemple.
La pâte est très noire, fine, piquetée de quelques petits points
rouges, sans engobe, ni lustrage. Peut-être serait-il intéressant d'en
faire l'analyse ? Il se pourrait que ce soit une pâte spéciale ; elle
nous paraît bien ainsi. Par l'orifice des trous, on se rend très bien
compte que l'épaisseur de l'argile est invariable sur tous les points
de la sphère. Par contre, il est difficile de se rendre compte du
nombre de boules renfermées ; elles sont difficiles à compter.
Cette petite sphère ne laisse nullement soupçonner par quel pro-
cédé de moulage elle fut obtenue. Est-ce par la réunion de deux
calottes sphériques? Dans ce cas, le cercle de soudure se trahirait
par quelques bavures du raccordement. Nous pensons plutôt qu'elle
fut modelée autour dun noyau de matière organique, qui disparut
au moment de la cuisson, fondue ou carbonisée ; les petites boules
ayant été au préalable introduites dans cette matière restèrent
emprisonnées dans la sphère.
M. Marcel Baudouin. — Notre collègue, M. E. Bourgeade, ayant
envoyé par la poste, à Paris, pour présentation en séance, ce précieux
objet, celui-ci fut brisé pendant le transport postal. A la réception,
je constatai une cassure, permettant de contrôler le contenu du
hochet. Il est constitué par quatre petites boules sphériques d'argile
cuite, de couleur rougeâtre. semblables à des billes. Chacune d'elles
mesure 0m011 de diamètre et pèse 1 gramme et demi. L'enveloppe
pèse à elle seule 47 grammes. Toutefois une des billes, plus grosse,
de 0m013 de diamètre, atteint 2 grammes et demi, au lieu de 1 gramme
et demi. Poids de l'ensemble des billes: 7 grammes. Poids tolal de
la pièce intacte : 54 grammes.
La sphère, vue par l'intérieur, présente un petit rebord saillant
tout autour des trous : ce qui prouve que ceux-ci ont été obtenus
par refoulement de l'extérieur, sans doute avant l'inclusion des
billes. La sphère, épaisse de 0m004, en effet, à l'un de ses pôles,
semble avoir été ouverte, grâce à un orifice de 0m015, qui ne fut
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE. 15
226 SOCIÉTÉ PREHISTORIQUE FRANÇAISE
obturé qu'après l'introduction des billes. A l'extérieur, à ce niveau,
d'ailleurs, la surface est un peu irrégulière et trahit le manuel opé-
ratoire employé.
L'accident, si regrettable, survenu à cette belle et rare pièce de
collection, a donc été des plus utiles à la Science, et a permis de
découvrir le mode de fabrication !
En ce qui me concerne, je dois ajouter que j'ai, en 1903, trouvé,
en fouillant Y Allée couverte de la Pierrefolle du Plessis, au Bernard
(Vendée) (l),deux billes, très analogues, sinon exactement semblables,
que j'ai ainsi décrites autrefois, après les avoir figurées.
« Deux petites boules, paraissant faites en argile durcie, sembla-
bles l'une à l'autre. Leur diamètre est de 0m015 et leur poids de
4 grammes (2). Coloration gris-foncé. » — J'avais cru alors à de
petits projectiles de fronde ; mais j'ai dû jadis me tromper
Il faut dire, en outre, que j'ai reconnu, depuis 1903, que la Sépul-
ture par inhumation, trouvée dans ce Dolmen, ne peut être en réalité
qu'une Sépulture secondaire, de I'Age du Fer, et probablement de
l'époque gallo-romaine. — Ce qui corrobore Y époque attribuée à la
pièce de l'Aisne.
Dans ces circonstance, ma découverte s'expliquerait assez bien par
l'hypothèse d'un objet analogue, brisé en terre, mais prouverait
alors que cette pièce appartenait à un Sujet adulte, et non à un
Enfant ! — Dans ces conditions, s'agit-il bien d'un véritable Hochet
pour la pièce de l'Aisne? — Cela ne me semble pas prouvé, malgré
tout ce qui a été écrit à ce sujet.
Afarnien ou La Tène I?
Par le Dr
O. GUELLIOT (Reims, Marne),
Président honoraire de la Société d' Archéologie Champenoise.
Le Musée archéologique de la ville de Reims, très à l'étroit au
second étage de l'Hôtel de Ville, avait été transféré, à la veille de la
guerre, dans l'ancien Palais de l'Archevêché. Avec le Musée cham-
penois d'Ethnographie, déjà ouvert, avec le Musée lapidaire dont les
locaux étaient préparés et le Musée des Sacres dans les anciens
appartements royaux, il complétait un ensemble, digne enfin de la
grande cité historique qui allait être fière de son riche Musée rémois.
Chargé d'une installation qui s'achevait, j'avais dû procéder à la
(1) Marcel Baudouin et G. Lacouloumère. — Homme préhistorique, Paris, 1904,
II, n<> 6. —Tiré à part, in-8<>, 1904 [Cf. p. 33 et fig. 111, I et II].
(2) Ces p:èces sont toujours dans ma collection.
SOCTÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 227
répartition, dans six salles spacieuses, des onze ou douze mille
objets, que comprenaient les séries archéologiques depuis les temps
quaternaires jusqu'au moyen âge. Puis il fallut songer à la classifi-
cation et à l'étiquetage de cette importante collection.
Deux époques surtout étaient richement représentées: la Gauloise
et la Gallo romaine.
Mais la première nous intéressait d'autant plus que les nombreuses
trouvailles, faites sur la terre champenoise, ont permis de recons-
tituer toute une civilisation, appartenant à cette phase de l'Age du
Fer, dénommée autrefois Marnienne et plus généralement aujour-
d'hui La Tène I.
Il m'avait toujours paru juste — j'allais écrire honnête — de con-
server l'épithète de Marnien ; elle rendait un hommage mérité aux
fouilleurs si actifs de la région et reconnaissait la part prise par
eux à la connaissance du second Age du Fer (1). Mais peut-être
l'autre appellation avait quelques avantages ? Il fallait revoir ce
qu'en ont écrit les archéologues les plus compétents.
Eh bien î il est de toute évidence — et je vais essayer de le
démontrer — que la Période dite de La Tène I n'existe pas, en temps
qu industrie, à la station suisse de La Tène ; que, par conséquent, cette
dénomination est absolument injustifiée.
Jusqu'à ces quinze dernières années, la classification de l'Age du
Fer, généralement adoptée en France, était celle de M. Gabriel de
Mortillet.
Une première période, premier Age du Fer, avait tout d'abord
été individualisée, comprenant toute la première moitié du
premier millénaire avant l'ère chrétienne : Période de Hallstatt,
Hallstattien. Elle tire son nom de la Nécropole de ce nom, en Tyrol
autrichien. Succédant à l'Age du Bronze dont elle garde, surtout à
son début, de nombreuses survivances, elle constitue, dans l'Age du
Fer, une première tranche, sur laquelle tout le monde est d'accord.
En 1873, M. G. de Mortillet, dans un Tableau archéologique de la
Gaule, établit, après le Hallstattien, ou Epoque des tumulus, un
second Age du Fer : Epoque gauloise, Marnien (2).
Pourquoi ce nom emprunté au département de la Marne ?
C'est que, depuis longtemps, il était familier aux archéologues, à
ceux surtout qui s'intéressaient à la Préhistoire. Dès 1829, un officier,
ingénieur-géographe, Boulays, avait publié une note trop sommaire
(1) O. Guelliot. — Le Préhistorique, dans la Champagne rémoise ; Reims en
1907.— AFAS, p. 169.
(2) G. de Mortillet. — Matériaux... 1875, p. 273 (Comptes rendus du Congrès
archéologiqu*1 de 1873).
228 société préhistorique française
sur une Sépulture de Bergères-les-Vertus ; mais il l'avait accompagnée
d'une planche, où déjà figurent, fidèlement reproduits, le torque à
torsade, les bracelets, l'épée à bouterolle ajourée, caractéristiques de
cette période (1).
Aux environs de 1860, des fouilles actives avaient été entreprises
aux environs du Camp de Châlons, .sur l'initiative de Napoléon III,
puis du Musée de Saint-Germain, qui y fit une belle récolte. Enfin de
nombreux archéologues locaux vinrent fournir leur contribution à
l'étude de cette civilisation de la Gaule indépendante, alors si peu
connue.
En quelques lignes, G. de Mortillet traçait les principaux carac-
tères de l'industrie marnienne : épée pas très longue, fibule à pied
recourbé en arc, poterie noire, souvent décorée, objets de parure
en bronze plein; et il ajoutait : apparition des monnaies, parce
qu'alors il conduisait le Marnien jusqu'à la conquête romaine.
Mais, vingt ans plus tard, il faisait, selon son expression, « une nou-
velle coupe » dans la classification admise jusque là. Ayant remarqué
qu'à l'approche de l'invasion romaine l'industrie s'était modifiée, il
admit, entre le Marnien et ce qu'il appelait le Lugdunien (première
époque gallo-romaine), une nouvelle phase, troisième du Fer, le Beu-
vraysien. Ses caractéristiques étaient : fréquence de l'incinération,
application du tour à la fabrication de la poterie, et surtout apparition
de la monnaie. C'est l'Epoque des Oppida; elle va de 150 ans environ
avant J.-C. jusqu'à l'ère chrétienne.
A cette dénomination, on fit quelques objections : peut-être le
choix de l'Oppidum du Mont Beuvray n'était-il pas très heureux; les
fouilles y révélaient alors surtout des témoins de l'époque de l'occu-
pation romaine. G. de Mortillet ne tenait pas absolument au nom et
demandait qu'on lui indiquât une autre station, purement gauloise, de
la même époque (2). En tout cas - et c'est l'essentiel — un troisième
Age du Fer était déterminé, dont les types différaient de ceux du
Marnien.
Cependant une autre division de l'Age du Fer, déjà admise à
l'étranger, allait faire son apparition en France.
Elle réduisait à deux les trois périodes de G. de Mortillet.
Le premier Age du Fer gardait le nom de Hallstalt.
Tout ce qui suit, jusqu'à notre ère, s'appelait désormais Epoque
(1) Boulays. — Note sur des ossements trouvés auprès du village de Bergères. —
Mémoires delà Soc. roy . des Antiquaires de France, T. VIII, 1829, p. 311-314,
Planche.
(2) Voy. cette discussion dans les Bulletins de la Société d'Anthropologie, 1894,
p. 616; 1895, p. 728; 1896, p, 597.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 229
de La Tène. La station, qui servait de prototype, située sur le Lac de
Neufchâtel, avait été fouillée, surtout depuis 1858.
En 1867, en séance du 21 février, M. de Mortillet la signalait à
la Société d'Anthropologie, comme « une intéressante station de l'Age
du Fer, se rapportant à la civilisation gauloise » et postérieure au
Hallstatt (1). La même année, la collection Schwab et Desor figu-
rait à l'Exposition universelle. C'est encore M. de Mortillet qui en
rendait compte et signalait la fibule caractéristique de La Tène : « La
tige se recourbe et vient se fixer au milieu de l'arc; souvent le
retour ou bien le point de jonction avec l'arc est orné d'une
boule » (2). Il taisait du reste remarquer, et avec juste raison, que la
collection Schwab et Desor renfermait un mélange de dilïérentes
époques, allant même jusqu'au mérovingien.
A partir de 1876, les fouilles de La Tène furent conduites d'une
façon vraiment scientifique, surtout par la Société cantonale
d'Histoire de Neufchâtel ; et les objets mis au jour s'accumulèrent
dans les Musées de Berne et de Neufchâtel (3).
L'archéologue suédois Hans Hildebrand paraît avoir eu le pre-
mier l'idée, en 1872, de faire de La Tène le type de tout le second
Age du Fer (4). Mais, en somme, ce fut Otto Tischler, alors conser-
vateur du Musée de Kœnigsberg, qui fut le promoteur véritable de
la nouvelle classification.
Le mémoire qu'il publia en 1885, dans le journal de la Société
allemande d'Anthropologie, est très court : cinq pages à peine, avec
une seule planche de six figures (5) ; il n'en eut pas moins un grand
retentissement ; nous devons nous y arrêter quelque peu.
Outre quelques considérations sur la décoration des armes à cette
époque, Tischler établit une division du second Age du Fer, ou
période de La Tène, en trois sous-périodes, qu'il appelle : Frùh La Tène,
Mittel La Tène, Spàt La Tène; c'est-à-dire: La Tène ancienne, La
Tène moyenne, La Tène récente.
Il situe l'habitat de la première particulièrement en Champagne ;
et cela nous intéresse spécialement: « La plus ancienne période
de La Tène se trouve dans les grands cimetières delà Champagne, se
montre dans les riches tumulus du pays Rhin-Saar, traverse la
Suisse, l'Allemagne du sud, la Bohême jusqu'en Hongrie». Il indique
(1) Bull. Soc. Anthrop., 1867, p. 125.
(2) Matériaux, 1867, p. 280.
(3) Voy. un court historique des fouilles de La Tène, par H. Zintgraff : Notes sur
La Tène, dans Y Homme préhistorique, 1907, p. 225-236.
(4) Hans Hildebrand. — Sur les commencements de l'âge de fer en Europe.
Congrès int. d'Anthrop. et d'arch. préhist., Stockholm, 1874, p. 592.
(5) Tisculer. — Ueber Gliederung der La Tène-Période und ueber die Dekorirung
der Eisenwaffen in dieser Zeit. — Correspondenz-Blatt der deutschen Gesellschaft
fiir Anthropologie, Ethnologie und Urgeschichle, Munchen, oct. 1885, p. 157-161 et
Planche, p. 172.
230 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
bien les deux grands foyers, Champagne el sud de la Prusse rhénane,
alors que cette civilisation ne fait que traverser la Suisse (et pas à
La Tène), pour envoyer quelques expensions en Allemagne du Sud
et en Hongrie ; il eut pu y ajouter l'Italie du Nord. La Tène moyenne
est surtout représentée à la station même de La Tène ; quant à La
Tène récente, on en trouve les types à Bibracte, à Alésia.
Tout cela est parfaitement exact, mais ne dit pas pourquoi le nom
de la station suisse est donné à une industrie, dont les témoins ont
été exhumés surtout en Champagne et sur les bords du Rhin alle-
mand !
Comme éléments de diagnostic des trois sous-périodes qu'il admet,
Tischler ne s'intéresse qu'à deux objets : la fibule et l'épée ; rien des
torques, ni des poteries, et pour cause.
La fibule de La Tène ancienne est caractérisée par son extrémité
recourbée et libre : comme type est dessinée une fibule de Cham-
pagne. L'épée de la même époque est assez pointue, à soie étroite,
avec bouterolle ajourée; type donné : épée de la Gorge-Meillet, donc
aussi champenoise ou marnienne; et Tischler signale : « Infiniment
nombreuses sont les armes dans les grands cimetières de la Cham-
pagne, où nous trouvons un peuple équipé et bien armé. »
Epée et fibule de La Tène moyenne sont figurées d'après des
spécimens de la station suisse ; l'épée de La Tène récente vient
d'Alésia, la fibule, de Stradonitz, en Bohême.
On voit déjà, par cette courte analyse du mémoire princeps de
Tischler, que l'auteur n'a trouvé ses caractéristiques de la première
période de La Tène que dans des objets d'origine marnienne.
Sa classification fut admise avec enthousiasme en Allemagne, en
Scandinavie et en Suisse. Elle avait l'avantage d'être simple, peu
compliquée ; il suffisait de trouver une fibule ou une épée dans une
fouille pour la dater sûrement ; il est vrai qu'en l'absence de ces
objets la détermination devenait impossible. Une autre raison qui
fit oublier le Marnien, c'est que cette belle civilisation champenoise
de l'époque gauloise n'avait jamais été décrite avec quelques détails.
Elle avait fait le sujet de nombreux mémoires ; mais, malgré les
efforts louables de quelques archéologues (Fourdrignier, L. Morel),
aucun travail d'ensemble, aucune étude de synthèse n'avait attiré
l'attention du monde savant; peut-être avait-on le droit, à l'étranger
du moins, d'en ignorer l'importance et la richesse.
En France, les innombrables communications, publiées dans les
Antiquaires de France, le Bulletin Archéologique, à la Société d'An-
thropologie, à l'AFAS, Y Album Caranda de Moreau, la Champagne
souterraine de Morel, le Catalogue du Musée de Saint- Germain de
M. S. Reinach, auraient dû suffire pour éviter ce déni de justice.
Mais, nous pouvons l'avouer aujourd'hui, on accueillait trop facile-
SOCIÉTÉ PRÉHISTOKIQUE FRANÇAISE 231
ment ce qui venait de l'étranger; et c'était se donner à soi-même un
brevet d'érudit que de se montrer au courant de sa littérature et
d'accepter sans contrôle les produits de la science germanique.
Cependant, en 1900 seulement, la classification d'Otto Tischler
obtint ses lettres de naturalisation française au Congrès de Paris.
Oscar Montelius y fît, sur la Chronologie préhistorique en France et
en d'autres pays celtiques, une communication, dans laquelle il décri-
vit deux périodes de Hallstatt et adopta les trois divisions de La
Tène. M. J. Déchelette accepta aussi la classification de Tischler
dans une Note sur V Oppidum de Bibracte; et M. Salomon Reinach qui,
depuis plusieurs années, recommandait cette façon de scinder l'âge
du fer, fit très justement remplacer les expressions de La Tène
ancienne, moyenne, récente, par celles plus simples de La Tène I,
h, m u).
Le dernier volume du Manuel d'Archéologie, de Joseph Déche-
lette, s'intitule franchement : Second Age du Fer ou Epoque de La
Tène (2). C'est l'entrée définitive dans la littérature préhistorique de
la classification nouvelle, à laquelle de hautes autorités apportent
leur appui (3); ce peut être l'oubli définitif de notre Marnien !
De fait, M. Déchelette ne discute qu'en quelques lignes la classifica-
tion de G. de Mortillet (p. 929); et, cependant, tout ce qu'il dit de La
Tène I, dans son magnifique volume, est emprunté aux travaux des
archéologues champenois, sauf quelques pages sur les stations
suisses ou allemandes. Avec sa probité de savant, il indique du reste
scrupuleusement ses sources; et, en lisant ces chapitres si docu-
mentés, on se demande pourquoi l'archéologue français n'a pas con-
servé une dénomination que justifiaient pleinement ses propres
descriptions (4).
Le vocable de La Tène I, au contraire, n'a pas de raison d'être.
(1) Congrès international d'Anthropologie et d'Archéologie, Paris, 1900, p, 338,
350, 418. — Citons cette phrase du travail de M. Déchelette (p. 426) : « Dans la Gaule
propre, grâce à la richesse et à l'abondante variété des sépultures à inhumation
de la Marne, la période de La Tène I a livré aux collections publiques et privées
des matériaux d'étude extrêmement nombreux. »
(2) J. Déchelette. — Manuel d'Archéologie préhistorique, celtique et gallo-
romaine. Archéologie celtique; troisième partie : Second Age du Fer ou Epoque de La
Tène. — Paris, 1914.
(3) G. Jullian. Cours du Collège de France, 1915. — G. Dottin. Manuel pour
servir à l'étude de J. antiquité celtique, 2e éd., Paris, 1915. — Cependant, dans ce
manuel, on lit cette phrase, qui justifie à elle seule notre revendication : « Des deux
civilisations auxquelles on rattache les Celtes, Tune [Hallstatt] semble avoir eu
pour point de départ l'Europe Centrale, d'où elle aurait rayonnée à quelque dis-
tance à l'Est et à l'Ouest ; Vautre [La Tène] aurait peut-être eu pour foyer le
Nord-Est de la Gaule, d'où elle se serait répandue sur toute l'Europe occidentale,
orientale et septenrionale » (p. 425). — C'est moi qui souligne.
(4) Il est regrettahle que M Déchelette n'ait pu constater sur place la grande
importance de la période marnienne, comme il en avait du reste l'intention :
« Dans le tome II, je compte donner une liste des principales nécropoles ou
sépultures marniennes ou de la Tène. Il faudra pour cela que j'aille jeter un
coup d'œil sur les collections de la région rémoise, énumérées dans votre notice »
(Lettre datée de Roanne, 19 mai 1908).
232 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Les preuves en sont fournies par les auteurs même qui ont publié
les travaux les plus complets sur la fameuse station du lac de Neuf-
chatel.
Presque en même temps, ont paru deux descriptions, plutôt albums
que livres, des fouilles de La Tène : celles de Vouga et de Gross.
Vouga (1), dans ses vingt planches, figure une seule épée de La
Tène I (PI. IV, Fig. 1), tirée du Musée de Berne et rien n'indique
qu'elle provienne de cette station, l'auteur reproduisant des objets
« des stations analogues de Port et de Brûgg » (p. 14). Il décrit des
fibules en fer, quelques fragments de fibules en bronze appartenant
à la seconde période, la moitié d'un bracelet. Il parle d' « un seul
vase un peu complet » et des monnaies. Tout cela n'a rien à voir
avec la première période du second Age du Fer. Au reste, Vouga
conclut : « Les établissements explorés jusqu'à présent dateraient
des deux premiers siècles avant J.-C. ».
Pas plus de La Tène I dans l'ouvrage de Victor Gross (2). Les
plus belles pièces dessinées sont des épées, au nombre de trente-deux :
une seule est de La Tène I (Musée de Neufchatel) ; et, coïncidence
bizarre, elle occupe aussi le N° I de la Planche IV. Gross insiste sur
la rareté des parures, note les fibules en fer, trois fragments de fibule
en bronze, des torques en fer, un seul en bronze, fait d'un simple
fil, une moitié de torque d'or, très simple, des médailles romaines
jusqu'au temps d'Adrien. Les poteries « se réduisent à quelques
tessons de couleur grisâtre ». En somme, à La Tène, d'après Gross,
on trouve des spécimens de tout le second Age du Fer (la première
période exceptée), de l'époque romaine et même du moyen âge (3).
Je ne reviens pas sur le mémoire de Tischler (1885), qui, comme
types de La Tène I, donne des objets provenant des fouilles mar-
niennes.
En juin 1914, les membres du Congrès international d'Ethno-
graphie, réunis à Neufchatel, firent une excursion à la station de la
Tène. A ce propos, un fascicule fut édité. M. P. Vouge y conclut :
« La Tène n'a guère livré que des objets caractéristiques de la
deuxième période ; sa durée maximale se trouverait ainsi comprise
entre 250 et 50 avant J.-C. » (4).
(1) Vouga. — Les Helvètes à La Tène. Neufchatel, 1885, in-4°, 35 p. et XX planches.
(2) Victor Gross. — La Tène: un Oppidum helvète. Paris, 1880, in-fol., 62 p. et
XIII planches.
(3) Lire une curieuse discussion sur des éperons, signalés par Gross dans les
fouilles de La Tène. Plus tard, Vouga prétendit qu'ils provenaient d'un reitre du
xve siècle, enterré au-dessus de la couche historique ; Déchelette les croyait au
contraire contemporains des autres objets décrits et figurés par Gross ; et Four-
drignier concluait, non sans raison : « Pour présenter une époque nettement définie,
ce prototype (La Tène) sera encore longtemps discutable ». [Bull, de la Soc.
préhist. de France, 1904, p. 260].
(4) Les dernières fouilles à La Tène. Neufchatel, 1914, in-4°(p. 17).
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 233
Mais c'est encore le livre de M. J. Déchelette qui va me fournir
mes meilleurs arguments.
Bourré de faits méthodiquement présentés, appuyé de documents
puisés aux bonnes sources, l'ouvrage du brave et regretté archéo-
logue restera le livre de chevet des Préhistoriens ; demandons-lui
des assertions et des chiffres, que personne ne contestera
Dès le premier paragraphe, l'auteur, parlant du second Age du Fer,
écrit : « On désigne cette période par la dénomination d'Epoque de
La Tène ; ce nom est celui d'une importante station du lac de Neuf-
châtel, où les deux dernières des trois subdivisions que comporte le
second Age du Fer sont représentées par des trouvailles particuliè-
rement typiques » (p. 911).
En d'autres termes, la première subdivision, La Tène I, n'est pas
représentée à La Tène. Et, de fait, énumérant les quelques stations
suisses pouvant appartenir à cette période (encore sont-elles la plu-
part à cheval sur la première et la seconde périodes), Déchelette ne
cite même pas celle du lac de Neufchâtel (p. 1082)!
Ailleurs, il reconnaît « l'importance exceptionnelle du départe-
ment de la Marne » pour la connaissance de la culture de La Tène.
« Ce territoire, d'une étendue restreinte, a en effet livré à ses explo-
rateurs d'innombrables nécropoles, dont nous avons donné le
relevé » (1).
Je ferai remarquer en passant que Marnien ne se restreint pas
complètement au département de la Marne : cette récente division
administrative n'a rien à voir avec une localisation delà civilisation
protohistorique. Les principales découvertes ont été faites, il est
vrai, dans les limites de son territoire actuel, sur les bords de la
Vesle, delà Suippe, de la Marne et de ses affluents; mais les Nécro-
poles le débordent au Nord, à l'Est, surtout. Il faut y rattacher les
régions limitrophes de l'Aisne et des Ardennes. C'est à peu près le
pays qui, jadis, constituait la Haute-Champagne : ce que Grégoire
de Tours appelle déjà la Campania remensis, la Champagne rémoise,
par opposition à la Basse Champagne, dont Troyes était la ville
principale.
C'est dans cette zone de la France du Nord-est que Déchelette a
trouvé matière à ses descriptions de La Tène I.
Parle-t-il des chars de guerre, exhumés des sépultures ? Il en cite
vingt-quatre, dont vingt-deux dans le pays marnien (p. 1023, 1180).
Décrit-il les poteries? Toutes sont marniennes (p. 1460, Fig. 659).
Donne-t-il le tableau des épées de La Tène trouvées en France?
Il arrive au chiffre de 410; le bloc marnien en a fourni 264; soit
63 0/0 et beaucoup d'autres sont des seconde et troisième périodes
(p. 1121 et carte IV).
(1) Voy. surtout la figure 423 et la carte, p. 1060.
2:J,4 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Plus probantes encore sont les statistiques données dans les
appendices, qui constituent les preuves du Manuel (1).
Appendice V. — Liste des Nécropoles et sépultures de l époque de La
Tène, découvertes en France. Total, 380; Marniennes, 237 : 62,4 0/0.
Là encore sont mêlées les trois époques !
Appendice VI. — Inventaire par tombes des objets recueillis dans les
sépultures non tumulaires de La Tène. Cette liste est très incomplète;
elle ne porte que sur 880 tombes, alors que, dès 1889, Alex. Ber-
trand évaluait déjà à plus de 6000 celles qui avaient été fouillées en
Champagne, et que M. Goury, en 1909, se plaignait du bouleverse-
ment de 10,000 sépultures de cette région « par les vandales mo-
dernes ». Mais M. Déchelette n'a pu tenir compte que de celles dont
l'inventaire a été dressé et publié. Eh bien, sur 880 tombes, 794,
plus de 90 0/0, sont marniennes !
Inutile, semble-t-il, d'aller plus loin dans cette analyse. Il est
évident que l'industrie, la civilisation du début du second Age du
Fer, ne sont pas représentées à la station de La Tène; il est donc
absolument illogique de leur en donner le nom, aussi illogique que
si, en vue d'une simplification trompeuse, on avait eu l'idée de com-
prendre tout le Paléolithique supérieur dans l'Aurignacien, en don-
nant les dénominations d'Aurignacien I, II, III, aux trois époques
appelées maintenant aurignacienne, solutréenne, magdalénienne!
La civilisation celtique post-Hallstattienne paraît s'être épanouie,
en Europe, surtout dans la France du Nord-est et sur les bords du
Rhin moyen. Ce dernier centre est peut-être plus riche en objets
d'importation italo-grecque et en bijoux d'or ; mais le premier est
beaucoup plus complet dans la variété de ses armes, de ses orne-
ments, de sa céramique. C'est lui qui a fourni les premiers et de
beaucoup les plus nombreux documents à la reconstitution de cette
période. Enfin, il a pour nous le mérite d être bien français; et,
puisque le vocable Marnien a déjà sa signification connue, il est de
pure justice de le conserver dans la classification du second Age du
Fer (2j.
(1) Manuel d'Archéologie... Appendices (Supplément), Paris, 1912.
(2) Remarquez que les auteurs allemands semblent ignorer systématiquement
les nombreux travaux des Archéologues champenois. Deux mémoires relativement
récents ont paru sur La Tène. Reinecke [Zur Kenntniss der La Tènedenkmaler der
Zone nordwàrzt der Alpen. Correspondenz Blatt..., 1904, Mttnchen, 1904., p. 36 et 41]
propose une période antérieure à La Tène I classique (de 5C0 à 400), avec comme
caractéristiques les fibules à masque ou à tète d'oiseau. Robert Beltz (Die Late-
nefibeln. Zeitschrifft fur Ethnologie, 1911, p. 664 et carte), dans un important
mémoire de plus de 150 pages, ne cite pas davantage les nécropoles ni les collec-
tions de la Marne ; toute sa documentation est tirée des Musées de Suisse et
d'Allemagne.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 235
Qu'on n'objecte pas qu'en Champagne il existe des sépultures,
appartenant à d'autres périodes de l'Age du Fer. Le Hallstatt y est
très rare; j'ai pu m'en assurer, en revisant les dénominations données
aux objets faisant partie du Musée de Reims. On l'a cru plus fré-
quent ; c'est que nos fouilleurs se sont faits une classification sim-
plifiée. Pour eux, il y a le Gaulois de la belle période, et l'autre.
Celui-ci étant moins riche, moins travaillé, on en a conclu qu'il
devait être plus ancien et on a étiqueté Hallstattiens des objets, au
contraire, plus récents, appartenant, en réalité, aux époques ulté-
rieures de l'Age du Fer, si, du moins, on s'en rapporte à la classi-
fication des fibules aujourd'hui admise.
Par contre, plus souvent, on retrouve des Sépultures de La Tène II :
c'est qu'il n'y a pas de démarcation très nette entre cette période et la
précédente; la transition est insensible; et, si le nom de La Tène
peut être conservé à cette phase, surtout à cause des épées aux four-
reaux ornementés si nombreuses dans les Musées suisses (1), on
aurait pu aussi bien imaginer un Marnien II, suite normale et dégé-
nérée du beau Marnien !
Le Marnien a des caractéristiques dont on ne peut faire ici qu'une
brève énumcration (2).
Sépultures : tombes plates ; pas de tumulus, sauf peut-être au début ;
inhumation ; incinération très rare.
Tombes à chars : chars de guerre, mors, phalères ; ornements en
bronze découpé, ajouré, ornementé; casques coniques.
Epées: demi longues, effilées, à soie mince; lame à nervure, en fer
aciéré, de bonne fabrication ; bouterolle adventice et ajourée.
Fibule à extrémité (tête, pied, queue, selon les auteurs) recourbée
en col de cygne, avec bouton non adhérent à l'arc, parfois orné de.
corail. — Fibules jumelles à chaînette.
Bracelets : ajourés, segmentés, à perles, à godrons, toujours en
bronze. Bracelets en jayet.
Agrafes : à palmettes, à griffons.
Torques : en bronze, quelquefois simples ou en torsade, le plus
souvent à boutons, à tampons, souvent massifs ; ornements en S,
boules, rosaces ordinairement par trois . Ne se rencontrent que chez
les Femmes.
Boucles d'oreilles : rares: en or; en nacelle.
(1) C'est l'abondance de ces épées qui a fait penser que La Tène était un magasin
d'approvisionnement (Vouga). un poste d'observation (Gross), un lieu de péage
(Déchelette) ; les armes s'y accumulaient à titre de prélèvements sur les marchan-
dises et n'étaient que des articles d'exportation d'origine gauloise. Encore une
raison pour chercher en Gaule le nom de la station-type!
(2) Cf. la liste de La Tène I, dans Déchelette, p. 930.
2j6 société préhistorique française
Céramique : très nombreux vases. — Forme : turbinée, piriforme,
ovoïde, sans anses, carénée (Tépaulement faisant avec la panse
un angle saillant) ; gobelets presque apodes ; quelques vases cylin-
driques (1). — Couleur : noire surtout ; quelquefois brune, comme
lustrée. — Pâte: fine, bien cuite. — Décoration: vases lisses;
mamelons parfois en zones horizontales ; décors incisés, au
peigne, géométriques, dents de loup, chevrons, grecques, vases
peints : rehauts de peinture blanche et surtout rouge dans les inci-
sures, zones plates en rouge, mouchetures, rinceaux. Quelques
représentations zoomorphiques (griffons, chevaux stylisés), que
M. Déchelette attribue au début de cette période, ne sont peut être
que de La Tène II (2).
Cette céramique est donc des plus importantes et des plus variées ;
et J. Déchelette a pu écrire: « Aucun groupe de nécropoles celti-
ques n'a livré une aussi grande quantité de poteries que celles de la
Champagne et de l'Aisne à la première période » . Elle accuse un souci
de la forme, une recherche artistique, que l'on retrouve plus accen-
tués encore dans la belle métallurgie du bronze ; les ornements en S,
les palmettes, les ciselures, les ajours, l'emploi du corail, des estam-
pages d'or sont les indices d'une culture déjà avancée, de l'exis-
tence, en Champagne, du vie au me siècle de 1ère ancienne, d'une
civilisation bien autonome, en dehors de rares importations italo-
grecques : œnochoés, coupes à figures rouges. Epées, poteries,
parures, sont de fabrication locale et rien ne fait supposer, quoi-
qu'on en ait dit, que le centre de diffusion de cette industrie ait été
le pays rhénan (3) !
Les limites du Marnien ne sont pas absolument tranchées à ses
deux extrémités chronologiques ; à chaque pôle, il y a des transi-
tions. Aussi Reinecke a-t-il proposé d'ajouter à la division de Fis-
chler une période intermédiaire au Hallstatt et à La Tène I, caracté-
risée surtout par les fibules figurées. M. Viollier va jusqu'à diviser
La Tène I en trois phases : la première répondant à celle de Rei-
necke. M. Goury a trouvé des objets de la fin du Hallstatt et du
Marnien dans des tumulus du département de la Marne, et se
\\) Voy. une classification des formes delà céramique marnienne par le lieute-
nant Bérard, dans le Bulletin de la Société archéologique champenoise, 1913.
(2) Mazaru \Musée de Saint-Germain. La Céramique, 1874, p. 321) a insisté
sur les produits marniens : « Les poteries gauloises sont encore réduites à des
types aussi simples que peu variés, lorsque nous voyons surgir dans la Cham-
pagne une fabrication originale, dont les produits s'accusent par des formes telle-
ment caractéristiques, que nous n'hésitons pas à en faire le prototype de la céra-
mique gauloise des derniers temps qui ont précédé la conquête. » Ici une petite
erreur de chronologie, qui s'explique par l'absence de subdivision du second âge
du fer, il y a un demi -siècle. Mazard dit encore: « La Champagne qui, incon-
testablement, a été le siège de la fabrication la plus variée et la plus étendue en
Gaule... »
(3) Cf. C. Jullian, Histoire de la Gaule, II, p. 317-318.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 237
demande si cette transition n'est pas apparente et ne résulte
pas du mélange de deux mobiliers, suite d'importations commer-
ciales (1).
D'un autre côté, le Marnien se continue insensiblement avec la
période suivante, dite de La Tène II. La vraie coupure est après
celle-ci, à une date que les archéologues placent vers Tan 150,
l'an 120 ou l'an 100. Elle correspond en réalité à l'invasion des
Cimbres et des Teutons et à la victoire de Marius (102 avant J.-C).
La dernière période, Beuvraysienne, La Tène III, ou Préromaine,
devrait être franchement séparée des précédentes. — La description
d'ensemble des trois époques, dans le livre de J. Déchelette, n'est pas
sans entraîner une certaine confusion, en obligeant à d'incessantes
parenthèses.
Je crois avoir le droit de tirer ces conclusions suivantes des
considérations qui précèdent.
1° L'industrie dite de La Tène I n'existe pas à la station de La
Tène ;
2° Le nom de Marnien, qui lui a été donné dès 1873 par
G. de Mortillet, doit lui être conservé.
_a»g-:e du
FEE
III. Beuvraysien.
LaTène. /
I.
III. Préromain (100 0).
(Beuvraysien ; La Tène III).
II. Marnikn.
La Tène (250-100).
(La Tène II).
IL Marnien (500-250).
(La Tène I).
I. Hallstattien.
I. Hallstattien.
I. Hallstattien.
(900-500).
Et j'avais l'intention, pour l'instruction des visiteurs et en con-
cordance des différentes classifications, d'étiqueter nos collections
suivant la dernière colonne du tableau ci-dessus.
(1) Reinecke, loc. cit. — Viollier, AFAS, Dijon 1911, p. 636. - G. Gourt, L'En-
ceinte .d' H aulzy et sa nécropole ; Nancy 1911, in-fol., 107 p., IV planches.
Le comte Beaupré a signalé des tuuiulus hallstattiens avec sépultures super-
ficielles ou adventices de l'époque marnienne (Bull. Soc, préhisi., 1904, p. 311) ;
cette disposition peut être la source d'erreurs, si la fouille n'est pas faite avec
beaucoup de soin.
£38 SOCIÉTÉ PRÉHISTOHIQUE FRANÇAISE
Les bombes incendiaires des Allemands ne l'ont pas permis.
Le 19 septembre 1914, avec la Cathédrale, brûlaient l'Archevêché
et les Collections ethnographiques et archéologiques qu'il abri-
tait (1).
Il reste heureusement, à Saint-Germain, à Châlons, à Londres, et
chez nos archéologues marnais, des Collections, suffisantes pour
l'étude complète de cette belle époque gauloise. Le sol champenois,
aujourd'hui éventré par les tranchées, réserve encore de nouvelles
richesses aux fouilleurs de l'avenir ; et, j'en ai la profonde convic-
tion, alors que Reims renaîtra de ses cendres, le Musée rémois,
effondré sous le sauvage bombardement, se reconstituera peu à
peu, avec l'aide de tous les amoureux de la petite patrie. Cela se
fera, parce que cela est nécessaire pour la gloire de notre cité.
x* propos du Tableau de l'Eglise Saint-Merri
et, de l'hypothétique Cromlech de Manterre.
[Note complémentaire].
PAK
Marcel HÉBERT (Paris).
Parmi les observations qui me furent adressées à propos de l'ar-
ticle de janvier dernier, la plus intéressante est, sans contredit,
celle de M. Léon Germain de Mai dy (Nancy).
L'érudit archéologue m'a fait observer (en m'envoyant pièces à
l'appui) que l'enceinte des pierres qui entoure Sainte-Geneviève
pourrait bien être un symbole mystique, analogue à Yhortus con-
clusus (jardin fermé), qui a joué un grand rôle dans l'iconographie
chrétienne, au xv" et au xvie siècle.
On appliquait à la « Vierge » Marie les paroles du Cantique des
Cantiques : « Tu es un jardin fermé, ma sœur, ma fiancée, une
source fermée, une fontaine scellée » (IV, 12 ; trad. Segond). Ces
comparaisons réalistes du vieux chant d'amour, purifiées, idéalisées
par les consciences mystiques, devinrent des symboles de la
pureté parfaite de la « Vierge », des emblèmes des dogmes de l'« Im-
maculée conception » de Marie et de la « conception virginale » de
Jésus
On représenta donc Marie dans un jardin entouré d'un treillis,
ou d'un clayonnage, une palissade, une muraille. On trouvera, par
exemple, YHortus conclusus clôture rectangulaire en treillis, dans
(1) A l'ancien fonds du Musée, s'étaient joints, dans la section gauloise, les
produits des fouilles Orblin et Logeart, la collection Goyon, la belle collection Bos-
teaux-Paris. — L'ensemble marnien comprenait approximativement : 80 épées,
200 fibules, 250 bracelets, 150 torques, 600 vases.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 239
MA le, L'art religieux de la fin du moyen âge, p. 230 (Vhorlus est
représenté près de la Vierge, avec d'autres symboles); clôture palis-
sade (Paul Lacroix, cité plus loin) ; clôture en clayonnage (Maury,
Revue archéologique, 1844, Planche XIV) ; clôture mur rectangu-
laire crénelé (A. Michel, Histoire de Y Art, Tome III, l,e partie,
p. 249, Fig. 138) ; clôture, mur circulaire crénelé, véritables
murailles (Revue de l'art chrétien, 1888, La Légende de la Ià-
corne(Y), p. 16, Planche III) ; mur circulaire crénelé de très petites
dimensions (Paul Lacroix, Les Arts an moyen âge et à la Renais-
sance, p. 477, Fig. 344). Voici l'esquisse de ce dernier spécimen,
Fig. 1. — L'Hortus conclusus de la a Chasse à la Licorne » [xvie s.].
provenant de la Bibliothèque de Rouen, et datant de la première
moitié du xvie siècle ; je dois ce schéma (Fig. 1) à l'obligeance de
notre collègue, M. Maurice Garnier.
Il s'agit, dans cette représentation, d'une « chasse à la licorne »,
symbole qui eut grand succès dès le xv* siècle : la licorne, animal
fabuleux, passait pour ne pouvoir être capturé que par une vierge.
La licorne, chassée par l'ange Gabriel et se réfugiant dans le sein de
Marie, c'est l'image du Verbe divin s'incarnant en Marie au moment
de l'Annonciation.
(1) Cf. aussi L. Germain de Maidy. — La chasse à la Licorne et l'Immaculée
conception (Plaquette, extrait du journal V Espérance, Nancy, 1897); — A. Blanchet,
Sur une plaquette représentant le jugement de Paris et V Annonciation, dans Bulle-
tin des Musées, Juin- septembre 1893; — A. Hurel, La Vierge et les palinods du
moyen âge, dans Annales archéologiques de Didron, Tome XXI (1861); — et l'article
Licorne du Dictionnaire de la Bible (Letouzey).
240 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
L'enceinte préservatrice, symbole de la virginité inviolée, passa
de la Vierge Marie à d'autres vierges. Ainsi, l'on trouvera dans
Les Arts au moyen âge et à la Renaissance, de Paul Lacroix (Didot,
1869, p. 311, Fig, 240), Sainte Catherine, Sainte Barbe, Sainte Mar-
guerite et une quatrième sainte, dont je n'arrive pas à déchiffrer le
nom, associées à Marie et enfermées toutes cinq dans un Hortus
conclusus à palissade (Cette estampe date de 1418; Bibliothèque
royale de Bruxelles).
Bien plus, on gratifia de l'enceinte protectrice de simples per-
sonnifications : la Liberté hollandaise, par exemple (1), pour symbo-
liser l'inviolabilité des droits qu'elle représentait.
Rien d'étonnant donc si, à la Renaissance, nous trouvons Sainte
Geneviève dans une sorte d' hortus conclusus (2). L'objection qui me
vint de suite, c'est que Yhorius n'est pas conclusus ; les pierres
fichées ne se touchent point ; elles sont plantées à une certaine dis-
tance l'une de l'autre.
A cette difficulté, M. Germain de Maidy répond :
Ce n'est pas là, en effet, un véritable hortus conclusus. Le peintre,
ou celui qui avait donné la commande au peintre, aurait eu plutôt
l'intention d'entourer Geneviève d'une de ces enceintes mystérieuses
dont l'origine se perd dans la nuit des temps préhistoriques et aux-
quelles le peuple accordait sans doute, comme aux haches de pierre,
un caractère sacré, une vertu talismanique. Surtout s'il se les
représentait hantées par les esprits qui, rendant leurs abords dan-
gereux et redoutables, les transformaient en inexpugnables cita-
delles.
L'hypothèse de M. Germain de Maidy a l'avantage d'être un inter-
médiaire entre les deux thèses opposées : il ne s'agit point d'un crom-
lech réel, mais d'un cromlech mystique ; les vieilles croyances rela-
tives aux cromlechs joueraient donc réellement un rôle dans la
scène représentée à Saint-Merri.
Il reste toujours possible, d'ailleurs, qu'il n'y ait eu là qu'une
fantaisie du peintre ; il aurait trouvé peu esthétique le petit mur
crénelé et l'aurait remplacé par un dispositif plus rustique et plus
pittoresque, que l'on aurait ensuite plus ou moins imité au Pèlera
nage de Nanterre.
Un bon texte d'archives trancherait seul définitivement la ques-
tion. Le notaire de Nanterre, à qui je me suis adressé, n'a pu me
procurer aucun document.
(1) Représentation présumée de Jeanne d'Arc sur une plaque de foyer: par L. Ger-
main de Maidy. Anvers, De Backer, 1900; figure 2.
(2) J'ai cherché en vain la gravure que mentionne le P. Cahier (Gfr. mon arti-
cle de Janvier, p. 56); la muraille dont il parle ne serait-elle pas une de ces encein-
tes mystiques ?
-a»
SÉANCE DU 27 MAI 1915
Présidence de M. LE BEL.
PROCÈS-VERBAL DE LA SÉANCE.
La Séance est ouverte à 4 heures, sous la Présidence de M. Le Bel,
Vice-Président.
Il est donné lecture du procès-verbal de la dernière séance
(25 mars 1915), qui est approuvé.
A propos du procès-verbal, note de M. Jacquot (Grenoble).
[Voir plus loin].
Correspond an ce.
Lettres d'Excuses et de Condoléances. — MM. le Dr A. Guébhard;
— A. Viré ; — Gh. Schleicher; — Thiot ; — Dr Atgier ; — Edmond
Hue.
Lettres d'Avis. — M. E. Passemard ; — Ph. Reynier; — A. de la
Grancière; — B. Reber; — Trassagnac; — G. Cotte; — Kessler ;
— Gloutrier.
Bibliothèque.
La Société Préhistorique Française a reçu les Ouvrages suivants :
Ballet (Dr). — La Parure aux époques paléolithiques anciennes [Extr. Bull.
Soc. Préh. Franc., Paris, 1915, 25 février]. — Le Mans, 1915, in-8°, 12 p.
6 fig. et 3 planches.
Westropp (Thomas Johnson). — Prehistoric Remains (Forts and Dolmens)
in Burren and its south western border, Go Gare. — Part XII : North
Western Part [Extr. The Journ. of the Proced. of the Roy. Soc. of Antiq.
of Ireland,' XLV , p. 1, t. VI, 19 mars 19t5, 45-62, 4 fig., 2 pi. hors texte].
Westropp (Thomas Johnson). — Fortified headlands and castles in Western
Gounty Cork. Part. I. From Cape Clear to Dunmanus Bay [Extr. Proceed. of
the Royal Irish Academy, XXXII, sect. C, n° 17, p. 249-286, 1 fig. 2 pi.].
Bellucci (Joseph). — Pointes de flèches en bronze, recueillies en Italie [Extr.
IXe Congr. Préh. de France, Lons-le-Saunier, 1913, 490-496, 5 fig.]. — Le
Mans, 1914, in- 8°, 7 p., 5 fig.
Bellucci (J.). — Sur l'éclatement intentionnel des Disques et des Pointes de
flèche à l'Epoque Néolithique [Extr. IX' Congrès Préh. de France, Lons-le-
Saunier, 1913, 211-219, 3 fig.]. — Le Mans, 1914, in-8% 11 p., 3 fig.
Bellucci (Giuseppe). — La regione di Todi. Prima délia Storia [Extr. Bollet.
délia Regia Deputazione di Storia Patria per l'Umbria, 1915, vol. XIX, I-III,
n°» 47-49]. — Perugia, 1915, in-8», 7 p.
Bellucci (Giuseppe). — Cuspidi di freccia in bronzo. Loro Impiego votivo
[Extr. Bulletino di Palethnologia ilaliana, XL, nos 1-6, 1914, 5 fig.]. — Parma,
1914, in-8% 18 p., 5 fig.
Gérin-Ricard (Henry de). — Histoire et Archéologie: Bio-bibliographie proven-
çale. — Marseille, Barlatier, 1912, in-8°, 12 p.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 16
242 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Gérin-Ricard (Henry de). — Les stèles énigmatiques d'Orgon et de Trets
[Extr. Mémoires de l'Académie de Vaucluse, 1910]. — Avignon, Seguin, 1910,
in-8°, 7 p., 2 fig.
Gérin-Ricard (Henry de). — Un Pèlerinage gaulois alpin avant et après la
Conquête romaine [Extr. Bulletin archéologique, Paris, 1913, 193-205, 1 pi.].
— Paris, I.-N., 1913, in-8°, 15 p., 1 pi. hors texte.
Baudouin (Marcel). — L'Ossuaire à Os décarnisés et brisés de l'Allée couverte
de La Planche à Puare à l'Ile d'Yeu (Vendée) [Extr. Bull, et Mém. de la
Soc. d'Anthr. de Paris, 1914, 5 mars, 98-123, 9 fig.]. — Paris, 1914, in-8°,
28 p., 9 fig.
Baudouin (Marcel). — La Paire de Pieds du Dolmen du Petit Mont, à Arzon
(Morbihan) [Extr. Homme Préhistor., Paris, 1914, sept.-oct.]. — Paris, 1914,
in-8°, 28 p., 8 fig.
Bulletin de la Société Archéologique de Provence, année 1914, n° 20. — Marseille,
1914, t. II (fin).
Distinctions honorifiques, v
Est nommé Chevalier de la Légion d'honneur M. le Dr Deyrolle,
médecin-major de lre classe, au 7e régiment de marche de Tirailleurs
[Guerre de 1914-1915].
Présentations et Communications.
M. Bossavy (Versailles). — Le Pas de Saint-Martin, à Ollioules (Var).
— Présentation du Décalque. — Discussion: Marcel Baudouin.
Dr Marcel Baudouin (Paris). — Casse-têtes naviformes de Vendée. —
Discussion: L. Coutil, A. de Mortillet, P. de Givenchy.
A. Brasseur (Gournay-en-Braye). — Note sur les Retouchoirs (Fig.).
— Discussion: E. Taté, L. Coutil, Ballet.
P. Reynier (Lizy-sur-Ourcq). — La Préhistoire dans les Tranchées
[Commune de Lizy-sur-Ourcq, S.-et-M,).
Dr Trassagnac, médecin-major. — Etude de Sépultures, trouvées au
cours de fouilles dans les Tranchées, face à Vennemi.
Don aux. Collections de la S. P. F1.
M. le Dr Jousset dr Bellesme (Nogent-le-Rotrou, Eure-et-Loir)
fait don à la Société Préhistorique Française de deux Planches de
Silex, utilisés par l'Homme, provenant de France, et classés comme
EOLITHES.
1° La première a trait au Mafflien (Rutot); elle comprend:
7 Racloirs ; 8 Perçoirs ; 7 Grattoirs; 5 Coche-Grattoirs; 5 Racloirs;
1 Percuteur-tranchant. — Vallée de l'Huisne, à Nogent-le-Rotrou
(Eure-et-Loir): Station préhistorique du Champ Bossu (Silex bleuâtres).
2° La seconde se rapporte au Mesvinien (Rutot) ; elle comprend :
6 Perçoirs; 6 Racloirs; 6 Coche-Racloirs ; 4 Grattoirs et divers;
1 Retouchoir. — Outillage roulé. Silex jaunâtres , où l'on voit appa-
raître le débitage du Silex, qui précède la taille de l'Epoque Stré-
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 243
pyienne. — Station préhistorique du Champ-Bossu, à Nogent-le-
Rolrou (Eure-et-Loir). Vallée de l'Huisne.
Des remerciements sont adressés par la Société Préhistorique
Française à notre Collègue pour ce don, fort intéressant.
Restaurations des Monuments Préhistoriques.
Sur la proposition de M. le Dr Marcel Baudouin, faisant allusion à
ce qui se passe fréquemment en Bretagne et ailleurs, le vœu suivant a
été voté à l'unanimité.
« La Société Préhistorique Française, en présence de faits
multiples, éminemment regrettables, émet le vœu que, lors de
fouilles de Monuments Préhistoriques, les travaux de consoli-
dation et de restauration jugés nécessaires soient très minutieu-
sement décrits et publiés, pour éviter d'induire en erreur les
savants à venir ».
A la suite de ce vœu, il a été exprimé le désir qu'un plan
exact des Monument* soit levé, avant toute Restauration.
Cotisations de 191o.
Conformément à l'Art. 4 du règlement, les Cotisations pour 1915
ont été mises en recouvrement dans le cours du quatrième mois de
l'année 1915. Elles doivent être adressées à M. Maurice Gillet, Tré-
sorier de la S. P. F., 30, rue Gardenat-Lapostol, Suresnes (Seine).
Le mode d'envoi le plus pratique est le Mandat-carte ou Mandat-
lettre. Les Sociétaires, dont la cotisation n'aurait pas été reçue au
15 avril 1915, sont priés de vouloir bien, pour éviter toute interrup-
tion dans le service du Bulletin, faire honneur au Recouvrement pos-
tal, qui leur sera (sauf entente particulière avec le Trésorier) adressé
à domicile, majoré de 0,75 centimes pour les frais.
Le Conseil d' Administration de la Société Préhistorique
Française prévient les Membres de la Société Préhistorique
Française que les Cotisations de 191 5, étant d'une perception
très malaisée, en raison de Vélat actuel des choses, il a été
obligé de diminuer le nombre des feuilles du Bulletin, et de sup-
primer les nos de Vacances 1915, une amélioration ne se dessi-
nant pas dans les rentrées.
Désormais et jusqu'à nouvel ordre, chaque Numéro ne
comprendra donc que deux feuilles (32 p.), au lieu de quatre
(64 p.).
244 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
// est très regrettable qu'on soit absolument obligé de recou-
rir à cette mesure, très préjudiciable aux intérêts de la Pré-
histoire.
Nous prévenons nos Collègues que l'insertion, plusieurs fois
répétée de cette note dans le Bulletin, organe officiel de la
S, P. F., remplace, par raison d'économie, la Lettre d'Avis,
non recommandée, indiquée par l'Article 3 du Règlement.
II. — NOTES, DISCUSSIONS ET PRISES DE DATE.
Fouilles dans les Tranchées militaires.
M. le Dr Trassagnac, médecin-major de lre classe (sur le Front).
— J'ai été mobilisé, avec mon régiment, le 2 août dernier; et je n'ai
depuis lors jamais quitté le front.
La guerre a naturellement tourné depuis bientôt neuf mois mes
occupations et préoccupations vers un tout autre objet que la Préhis-
toire ; mais, depuis que des tranchées ont commencé à être creusées
sur la ligne de feu, tout en m'occupant de mes blessés, je ne négli-
geais pas de jeter un regard interrogateur sur la coupe des terrains
mis à jour. Ces derniers temps même, profitant d'une accalmie
momentanée des combats auxquels mon régiment a pris part, j'ai pu
entreprendre des Fouilles, à quelques centaines de mètres de l'en-
nemi. A ce titre, les quelques trouvailles, que j'ai faites jusqu'à pré-
sent, ont un petit attrait de curiosité, qui me déciderait à les présenter
à la Société, si la chose était possible en ce moment.
J'ai notamment fouillé quelques Fosses, de formes et de dimen-
sions analogues, sortes de troncs de cône à base inférieure, nette-
ment circulaire, creusées dans la craie à un mètre de profondeur
environ, dont le contenu ne m'a pas suffisamment fixé sur leur desti-
nation. Certaines étaient vides de tout mobilier; d'autres paraissaient
se rapporter à l'Age du Fer. Quant à leur destination, j'ai pu croire
qu'il s'agissait de Tombes; mais, dans aucune d'elles, je n'ai trouvé la
moindre trace d'ossements humains ni de débris d'incinération.
Ces périodes de la Préhistoire m'étant peu familières, je désire
livrer les éléments de ce problème à de plus compétents que moi.
J'ai également mis à jour, au voisinage immédiat d'une voie
romaine, une Fosse, peu profonde, taillée carrément dans la craie,
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 245
de lm50de côte sur 0,n75 de profondeur, contenant dans un désordre
complet des débris de grands vases en terre, noire ou rouge, des
tuiles à rebord, un col d'amphore, une fibule ornée, et divers objets
en bronze ou en fer, le tout de l'époque gallo romaine. Est-ce une
Sépulture? Est ce tout autre chose? Je l'ignore.
Enfin, je déblaie en ce moment deux fonds de cabane, qui me
paraissent être de l'Age du Fer, et qui, malheureusement, en dehors
de nombreux tessons et débris de cuisine, ne m'ont encore donné
qu'une bien maigre récolte.
Toutes ces recherches, que le manque d'ouvrages ou de publica-
tions traitant de la Préhistoire me permet de faire sans le moindre
parti-pris, en tenant compte seulement des faits observés, peuvent
peut-être avoir un certain intérêt.
M. Marcel Baudouin. — La Société Préhistorique Française ne
peut que féliciter très vivement M. le Dr Trassagnac de son initiative
et de son dévouement à la Science. Elle sera heureuse et fière de
publier de telles observations, dès que les circonstances le permet-
tront.
Ces trouvailles consoleront des déboires qu'ils ont éprouvés, en
visitant des Tranchées, nos collègues de la région parisienne et en
particulier notre ami Ph. Régnier.
-a I*réhï*toïre des Tranchées dans le Canton
de Lizy-surOurcq (S.-et-M.).
Ph. REYNIER (Lizy -sur- Ourq, S. -et M ).
Les Tranchées militaires, au point de vue géologique, ont une
certaine importance.
En ce qui concerne la Géologie, pour le canton de Lizy-sur-Ourcq
(S.-et-M.), elle nous indique à nouveau ce qui a déjà été constaté
par de nombreux géologues du Bassin parisien et par l'un des plus
connus, M. Stanislas Meunier. Sur les plateaux dits du Multien, en
ce qui concerne le canton de Lizy, depuis Mayen-Multien jusqu'à
Borcy et Morcilly, elles sont creusées dans un limon qui repose
sur le Calcaire de Saint Ouen remanié; sur les collines, par places,
dans le Banc des Sables moyens ; dans un terrain d'éboulis, sur les
bords de la Marne ; dans une sorte de Limon, formé par les débor-
dements de cette rivière et aussi dans les graviers du Dihwium.
Comme je viens de le dire, tous ces terrains sont bien connus ;
246 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
donc, au point de vue géologique, il y a peu à glaner, comme fos-
siles et pièces de minéralogie, si ce n'est en quelques endroits, où
l'on a creusé les tranchées dans les Sables de Beanchamp ,
Il n'en est pas de même, en ce qui concerne la Préhistoire, car
un examen, très superficiel, m'a démontré que l'on pourra trouver,
en certaines places, divers objets et même de très belles pièces. Le
mode de recherches doit être localisé dans les places reconnues
pour être des Stations ; néanmoins, il est bon de visiter tous les ter-
rassements. — Si l'on veut éviter toute discussion avec la Police, il
faut se munir de bons papiers, lors même que l'on serait de la loca-
lité où sont creusées les tranchées ! Pour Paris, sauf-conduit du
Commissaire de Police ; pour les Communes, sauf-conduit du
Maire (1).
L'époque la plus intéressante pour les recherches sera l'époque
du comblement des tranchées, car le creusement s'est fait par couche
de terrain de 0m60 à 0m80 d'épaisseur ; de cette manière il résulte
que la partie où Ton pourrait trouver des objets néolithiques se
trouve recouverte par des terrains, souvent non remaniés. Les épo-
ques acheuléennes et moustériennes peuvent se trouver dans les ter-
rains non remaniés.
Au comblement des tranchées, les terres, qui forment la surface
actuelle, seront jetées au fond de la tranchée.
Discussion sur l'usage des pointes de flèches
en silex.
M. Jacquot (Grenoble). — A propos de la discussion sur les
outils en silex de forme trapézoïdale et dont certains archéologues
font des tranchets, tandis que les autres préfèrent y voir des pointes
de flèches, qu'on me permette de donner une indication, qui, je crois,
aura quelques valeur dans la circonstance.
Demmin, dans son Guide des amateurs d'armes, donne [page 494]
une planche où sont reproduites de nombreuses pointes de flèches,
de formes très diverses. Les numéros 22, 23, 24 et 25 sont typiques.
En voici la description.
22. — Croissant, indiqué avec le nom de petite lune; la concavité
est tournée vers le haut. Du milieu descend une soie, assez longue,
destinée à fixer l'arme sur la tige en bas de la flèche.
(1) J'insiste sur ce que je viens de dire, pour le port des papiers. Pour Paris,
sur le sauf-conduit, il faut faire indiquer la localité où vous voulez commencer à
visiter; mais cela n'est pas suffisant encore; il faut, si l'on visite plusieurs Com-
munes, qu'elles soient toutes inscrites sur le dit sauf-conduit.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 247
23. — Grande lune, aux cornes plus fermées que la précédente.
« Elle servait — indique la note — à couper les jarrets des hommes
et des chevaux. »
24. — Trapèze presque carré. La notice mentionne : « pointe de
flèche, forme hache, du xve siècle. Musée de Sigmaringen ».
25. — La forme trapézoïdale est beaucoup plus prononcée. —
Mêmes annotations que le n° 24.
Les flèches à tranchant carré devaient surtout servir dans la pour-
suite du gibier. Une blessure au jarret abattait instantanément le
gibier; même frappé plus bas, l'animal ne pouvait plus fuir que
difficilement, car sa blessure, très large, non seulement laissait
échapper le sang à flot, mais encore intéressait presque à tout coup
quelque tendon important.
III. — ARTICLES ORIGINAUX.
Note sur les Retouchoirs.
PAR
A. BRASSEUR (Gournay-en-Bray, S.-L).
Dans nos collections d'outils en silex, on rencontre des silex taillés,
qui tous ont un air de famille et que nous considérons comme des
Retouchoirs.
Ce sont des lames, rectangulaires, étroites et trapues, avec arête
dorsale au milieu, retaillées et retouchées sur les deux bords d'un
même côté.
Les éclats de taille n'atteignent jamais l'arête dorsale, en sorte que
l'outil est plat d'un côté et bombé de l'autre. En outre, il est un peu
effilé à chaque extrémité, et se termine par une pointe, un peu mousse.
Ces outils ont tout à fait l'aspect de vrais Retouchoirs, en forme de
fuseau allongé, ou de Ciseau polit à cette exception près qu'ils ne
sont taillés que sur une face.
A bien les examiner, ces outils sont bien des retouchoirs, ainsi que
le témoigne chaque extrémité qui est le plus souvent usée et comme
polie : indice d'un long usage.
En outre, les deux bords sont comme mâchés et ont dû, par consé-
quent, servir de Percuteur, pour arrondir certains petits grattoirs
concaves.
Mais, si ces arêtes de côté servaient de Percuteur et, à chaque extré-
mité de l'outil, de retouchoir, il est un autre outil, qui a dû avoir la
même destination.
248 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Cet outil n'est autre que le Grattoir rectangulaire, dit Bec de canard,
un peu trapu, avec large Encoche de côté et au bout, à la partie supé-
rieure. Ce grattoir présente donc deux becs ; l'un inférieur, l'autre
supérieur (Fig. 1).
Nous avons toujours considéré ce grattoir comme un outil des-
tiné à arrondir des manches d'outils; mais, en l'examinant de plus
près, on peut le considérer comme étant également un Retouchoir,
Fig. 1. — Manière de se servir du Retouchoir a Encoche, pour tailler les outils en silex ;
— Fabrication des retouches d'une Pointe.
destiné à régulariser le taillant de certains petits outils, tels que des
pointes à main, etc.
Ce qui permet de supposer que l'outil ci-dessus (Fig. 1), est bien
un Retouchoir à Encoche, c'est que le bec supérieur (celui qui a tra-
vaillé) est toujours arrondi et comme usé par l'usage.
Le croquis ci-joint (Fig, 1) indique bieni en effet, comment l'outil
était tenu en main, et comment on opérait pour faire les retouches.
En appliquant le bec inférieur du retouchoir derrière le bord de
l'outil à retoucher (côté de la taille) et le bec supérieur sur le même
bord du côté de la lace d'éclatement, à la rencontre de deux états de
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 249
taille consécutifs, et en imprimant au retouchoir un mouvement de
rotation de gauche à droite, l'outil fait office de Levier et permet
de détacher, par la pression, un petit éclat ou lamelle. Ce retouchage
ne devait se faire qu'en dernier lieu, c'est-à-dire lorsqu'on avait déjà
détaché des éclats de taille et des éclats secondaires.
Cet outil nous paraît donc être également un Retouchoir; mais
nous donnons cette appréciation sous toutes réserves, pensant que
certains membres de la Société Préhistorique Française voudront bien
donner leur avis à ce sujet.
Dans nos collections d'outils en silex se trouvent bon nombre de
silex taillés, absolument semblables à celui ci-dessus décrit, mais
avec encoche variable de grandeur. Il y a même de grands Grattoirs
concaves, faits sur le tranchant de Grattoirs à large tranchant (forme
trapèze). On a d'abord fait, sur ce taillant, une petite Encoche; on l'a
élargie et on est arrivé à avoir un large Grattoir concave, avec pointe
de chaque côté, pouvant en quelque sorte servir de Compas, ou
bien à arrondir des manches d'outils.
M. L. Coutil (Saint- Pierre-du-Vauvray , E.). — Les instruments k
encoches de M. Brasseur nous rappellent un vieux souvenir remon-
tant à près de vingt ans. Nous avions attiré l'attention de nos collè-
gues sur des silex à encoches et, à une séance tenue à Fécamp, notre
collègue présenta de très belles encoches obtenues dans des lames
patinées et portant en outre des traces d'oxyde de fer provenant des
socs de charrues. Ces instruments à encoches lui avaient été échan-
gés par un faussaire, heureusement décédé (l'auteur de Y âge du pou-
dingue et des pierres figures retouchées « par lui »). Que de mauvais
tours ce collectionneur ne fît-il pas, notamment d'aller placer des
pointes de flèches (très bien taillées par lui et patinées à l'acide
fluorhydrique) dans une station des environs de Saint-Saëns qu'ex-
plorait avec succès M. Ternisien. Les débats de cette affaire furent
tragiques et faillirent nous amener un duel.
Mais si certaines encoches signalées au début furent truquées,
depuis, M. Brasseur a pu en recueillir d'excellentes.
Une des stations qui nous en a le plus donné est la station du
Bois de la Caboche, près de Saint-Pierre-du-Vauvrag (Eure). Ces
encoches sont presque toujours à arêtes mousses et à angles très
ouverts (non aigus), elles ont donc dû travailler beaucoup. Quant à
oser risquer un usage possible, cela serait vraiment téméraire, car
nous ignorons totalement les besoins de ces Préhistoriques.
Dans le cas du Bec de perroquet dont la pointe est restée aiguë, il
est impossible d'admettre que cette pointe ait servi à détacher de
petits éclats; c'est elle qui se serait brisée en vertu de la théorie du
levier.
250
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Haches, Spatules et Oiseaux
à dimensions anormales de l'Age du Bronze.
(Haches d'honneur «*t do luxe).
L. COUTIL (Saint-Pierre- du- Vauvray, Eure).
En groupant un certain nombre de haches de* dimensions ou de
formes anormales, notre but n'a pas été de leur attribuer un usage,
mais plutôt de les faire mieux connaître, de rappeler les circons-
tances de leur découverte et l'ensemble des objets qui parfois les
accompagnaient, enfin de tenter un classement chronologique ; et en
les décrivant, de montrer que ces armes et ces instruments dont
les dimensions sont le double ou le triple de celles auxquelles elles
correspondent ordinairement, comme formes, ont dû très peu servir
ou être simplement des armes de luxe; et dans tous les cas, être
d'un usage très limité, autant que l'on peut l'observer par l'état par-
fait de conservation et des fines gravures qui parfois les ornent.
Nous commencerons cette étude par les Haches plates et à légers
bords droits du Bronze I et II, ou Morgiennes, qui sont de beaucoup
les plus nombreuses dans cet inventaire.
I. — Haches plates.
Les haches plates sont généralement en cuivre, les formes très
Fig. 4. — Haches plates de Grèce, de Hongrie et de la Russie méridionale.
allongées, minces, sans bords droits ont été trouvées dans le bassin
de la Méditerranée : en Grèce, à Tirynthe et à Y Acropole de
Mycènes : on en a trouvé aussi en Asie-Mineure, à Hissarlick-Troie,
(couche II ; 2.400 à 1.500) qui a donné près d'une centaine de frag-
ments de moules en micaschiste ; à Chypre, notamment, la nécro-
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 251
pôle de Katydata-Linou, explorée par Ohnefalsch-Richter, les
haches se trouvent au Cyprus Muséum, les plus petites mesurent
comme longueur 0m165, largeur au tranchant 0m03 a 0m04, poids
343 grammes ; les plus grandes 0m28, avec un tranchant de 0m065 ;
elles sont donc très allongées et très minces (Fig. 1).
Une hache analogue a été trouvée à Naxos (Grèce); elle mesure
0m185, elle se trouve au Musée de Copenhague (1).
En Hongrie, von Pulasky en a signalé une de 0m240, à tranchant
très arqué; mais elle est très épaisse (2) (Fig. 1).
En Scandinavie, on en a trouvé avec le tranchant arrondi (3).
Aux Indes Anglaises, près du village de Gungeria, dans le Mhow
Talook au nord de Boorha, dans l'Inde centrale, 424 haches plates
lurent trouvées pareilles à celle que nous figurons (Fig. 2), c'est à-
dire extrêmement allongées (0m63 de longueur environ) ; d'autres
<Ju.NûE*lA(jYtHO\</ TALOOK) 1NI<ES ANGLAISES, o"'53
(.BRITISM MUSEUM)
Fig. 2. — Gungeria (Mhow Talook, Indes Anglaises) (0,63).
courtes, larges, avec tranchant arqué, et de 0m44 de large; chose
curieuse, il y avait à côté 102 objets en argent, sortes de plaques
minces, rondes, striées ; les autres munies de sortes de croissants.
En France, nous citerons une hache du département de la Marne,
actuellement au Cabinet des Médailles, à Paris (N° 30.138); elle
rappelle les formes grecques, mentionnées ci-dessus; sa longueur
est de 0m143. La grande hache de Saint- Aigny (Indre), du Musée de
Bourges est en cuivre; elle mesure 0m220 et 0m082 au tranchant. Elle
est ornée de deux rangées de feuilles de fougères terminées par des
points ; elle était accompagnée de quatre haches à bords droits, d'une
hache à talon, d'une épingle, d'un poignard triangulaire et d'une
faucille. Une autre hache provient de Montbéliard. Une hache du
Musée de Bruxelles provient des environs de Gand ; elle se rap-
proche plutôt des Nos 11 et 12, fig., elle ne mesure que 0m13; sa tige
est courte, son tranchant est arrondi et large.
Pour la Russie, nous citerons une hache plate allongée des steppes
Kirghises ; elle a été trouvée à Sary Osisk; elle mesure 0m175 de
long et 0m045 au tranchant (4) (Fig. 1).
(1) Matériaux. 17° vol., 1882-1883, F*£\ 67, p. 172.
(2) V. Pulasky. — Age du Cuivre en Hongrie, 1876, pi. 1.
(3) Montelius. — Sur la Chronologie de l'Age du Bronze et spécialement dans
la Scandinavie. — Matériaux, 19" vol., 1885, p. 108, pi. I.
(4) Aspelin. — Sur l'Age du Bronze Altaico — Ouralien, p. 572, Fig. 39 (Congres
intern. Anthrop. et Arch. préhist., 7e Session, Stockholm, 1874,
252 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
1. Hache plate de Lawhead {Angleterre), au Musée d'Edimbourg,
à tranchant large, peu arrondi, avec très légers bords droits, prove-
nant du martelage des bords ; cet instrument forme la transition
entre la hache plate en cuivre pur et la hache à bords en bronze de
la première période. Elle mesure 0m34 de long, 0m225 pour la partie
la plus large du tranchant et 0U034 à la partie opposée la plus
étroite ; son épaisseur est d'environ 0m015 au centre de [la (lame et
Fig. 3. — Spatules» — Haches à] bords droits et Haches à talon.
son poids est de 2 kilos 466; elle a été trouvée sur le territoire de la
ferme de Lawhead, près Edimbourg (Ecosse) et appartient au Musée
de cette ville {Fig. 4 ; 1).
2. Hache plate de Nairn {Angleterre), avec l'extrémité opposée au
tranchant plus large et les plats ornés de trois lignes parallèles de
feuilles de fougères ; elle mesure 0m265 de long, 0m155 au tranchant,
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 253
0m042 au sommet opposé le moins large ; elle est très mince et
mesure 0m008 ; elle a été trouvée près de Nairn (Angleterre) (1).
II. — Haches a bords droits.
Les haches à bords droits forment plusieurs groupes, suivant que
F. y. 4. — Haches plates en Cuivre. - Haches à bords droits. — Ciseaux- Haches.
le martelage des bords a plus ou moins relevé le métal, afin de
former des arrêts latéraux. Il est même arrivé que pour les bords
droits très proéminents, ceux-ci ont été fondus directement dans
(1) John Evans. — L'Age du Bronze, 1882, N° 1, Fis. 20, p. 61 ; le N° 2, Fi». 21.
p. «2.
>■
254 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
des moules spéciaux : certaines de ces haches portent même un
arrêt médian, offrant ainsi la transition vers la hache à talon.
Nous retrouvons ces différentes formes sur notre planche IV, Nos3,
8, 11, 12, 15 à 21. Sur les N('* 22, 25, 26 (Fig. 3), on aperçoit l'é-
paulement médian préparant la transition vers les haches à talon
Nos 39 et 40. Si bien que les Nos 3 à 8, 11 et 12, 31 à 37, sont nette-
ment du Bronze II (1900 à 1600 av. J.-G) et les derniers du Bronze
III (1300 à 900 av. J.-C).
Hache de Pierre fitte (Calvados) au Musée de Gaen, mesure 0m255
de long et 0m105 au taillant, qui est oblique, particularité qui se
remarque sur d'autres haches analogues de Campandré-Valcongrain
(Calvados), Cintray (Eure) (1), et du tumulus de Saint-Fiacre en
Melrand, canton de Baud (Morbihan).
3. Hache de Bnry (Oise) (ancienne collection duDr Baudon, actuel-
lement dans la collection de M. Bodereau, à Paris). Cette hache
offre un tranchant très large, très arqué, de 0,n12, rappelant l'outil
des bourreliers, nommé couteau à pied ; alors que l'autre extrémité
la plus étroite mesure 0*10; le centre de la tige mesure 0m14 de
long et 0m02 de large, la longueur totale est de 0m21 : les bords droits
sont très relevés, leur face externe est ornée de petits cercles et de
six groupes de dix petites raies parallèles gravées. Cette très belle
hache a été mentionnée et reproduite par G. et A. de Mortillet,
comme ayant été trouvée à Mouy; mais notre collègue Thiot nous a
affirmé qu'elle avait été trouvée sur la commune voisine, à Bury
(Oise), à 400 mètres de la propriété de son père (2).
4. Hache d'Abbeville (au Musée d'Abbeville), trouvée dans la tourbe ;
sa forme rappelle la précédente ; ses bords droits sont crénelés, et
sur le pourtour du tranchant se trouvent des petits traits gravés
parallèlement; sa longueur est de 0m20, son tranchant très arrondi
est de 0m13 ; la partie étroite de la tige mesure 0m012 ; son épaisseur
estde0m007 àOm008(3).
Nous citons à titre de comparaison, pour la largeur et la forme
du tranchant la Hache du Danemark recouverte d'une feuille d'or,
longueur 0m295, largeur du tranchant 0in195 qui est en demi-cercle;
elle est ornée de points et de dessins sur les bords {Fig. 5).
Il existe dans la Suède et la Norvège, d'autres haches du même
genre, tout aussi richement ornées ; une hache trouvée en Fionie
(1) L. GoUTH . — Inventaire des découvertes de l'Açe du Bronze dans le départe-
ment du Calvados, p. 21, 29 et pi. I, Fig. 9.
(2) G. et A. de Mortillet. — Musée préhistorique, lre édition, 1881, pi. LXVI,
Fig. 671. — D'A. Baudon. Notice sur les découvertes archéologiques du canton
de Mouy et territoires voisins. Beauvais, 1867.
(3) Abbé Breuil. — L'Age du Bronze dans le bassin de Paris. L'Anthropologie,
1905. T. XVI, 2, p. 150, Fig. 1, N° 8.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 255
mesure 0m40 de longueur, une autre 0m475 ; ces armes étaient cer-
tainement des armes de luxe.
Ces instruments à très large tranchant pouvaient servir à écor-
cher, à dépecer les animaux, ou encore aux bourreliers, qui de nos
jours se servent d'un instrument analogue, nommé couteau à pied ;
toutefois, la hache de Bury, par sa riche ornementation, semble
avoir eu un emploi plus recherché.
Cette hache du Danemark figure ici à titre de comparaison, son
classement chronologique la reporte
à la fin de notre étude.
Hache de Chambrau {Eure), lieu
dit la Côte aux Anglais, se trouve
au Musée de Louviers; elle offre
une transition entre Jes n,s 3, 4
(Fig. 4) et le suivant, mais elle est
beaucoup moins longue (0m12 sur
0m066 au tranchant); elle se rap-
proche d'une série de haches d'Ir-
lande reproduites par John Evans
(p. 64 à 74).
5. Hache de Saint-Cyr du-Vau-
dreuil (Eure), semblable aux précé-
dentes, munie de bords droits, avec
un tranchant arrondi, mais exacte-
ment moitié moins large et de
0m065, alors que la tige mesure en moyenne 0m02; elle est très
mince et à peu près aussi longue, 0m22 ; l'extrémité de cette tige est
très mince et munie d'un trou destiné à la retenir dans le manche,
particularité qui se retrouve sur une hache d'Escheim (Musée de
Schaffouse, Suisse) (Fig. 6). Cet instrument est dans notre collec-
tion; il a été trouvé avec trois autres objets un peu moins anciens,
deux haches à talon et un bracelet réniforme orné de quatre motifs
finement gravés reproduisant des losanges séparés par des raies
parallèles.
6. Hache de Saint-Aubin (Jura), également à bords droits et à
tranchant arrondi, un peu plus large de 0'"078; la tige est encore
plus étroite et de 0m012; l'épaisseur n'est que de 0m005, comme poul-
ies haches de Bury (Oise), d'Abbeville et de Saint Cyr-du-Vaudreuil
(Eure); elle appartient au Musée de Dôle (Jura).
Cette hache avec sa languette supérieure peut se rapprocher d'une
hache du British Muséum de Londres ornée de fins dessins sur les
côtes, elle mesure 0m155.
7. Hache de Broc, près Fribourg (Suisse), ressemble absolument
/ ig. 5.
Hache de Danemarck /Musée
de Copenhague).
256 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
aux précédentes, mais son tranchant est beaucoup plus arrondi; son
sommet le plus étroit est muni d'une échancrure (1).
On peut rapprocher également de la hache de Broc (N° 7) (Fig. 7),
celles de Wollishofen (0m16de longueur); du lac de Sempach (0m19) ;
d UnterUhldingen (0m19) ; à'Haltnau (Suisse) (0m18), reproduites dans
les Stations lacustres d Europe de Robert Munro ; de Lodi (British
b><\. G — 'lombt' à inhu-
malion «lE.Ncheim. Mu-
s'-e de Schaflbuse.
t'ig. 7.
Tombe à inhumation de Broc. Musée de
Fribourg (Suisse).
Muséum) du lac de Varèse (Italie), et trois du Cabinet des médailles
à Paris (Nos 2077-2078-2079)' sans provenance certaine, mesurant de
0m19 à 0m21, avec un tranchant en arc de cercle très prononcé de
0m085 de largeur; d'une hache de Strasbourg de 0m17; de Vai-
hingen (Musée de Stuttgart) et une du Musée de Bruxelles de 0ra18.
(1) D. Viollier. — Quelques sépultures de l'Age du Bronze en Suisse, 1914, p. 130,
Fig. 5. —Nous tenons à remercier notre très aimable et savant collègue de ses
clichés qui nous ont permis de documenter notre inventaire. — Voir aus?i A' bé
H. Breuil : Mobiliers funéraires de V Age du Bronze conservés au Musée de I ri-
bourg (Soc. préhist, Suisse, p. 67 à 74).
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 257
8. Hache de Rhosnesney, près de Wrexham (Angleterre), offre
aussi un tranchant arrondi, des bords droits; mais le sommet va en
s'évasant, il a été émoussé par des chocs, comme on le remarque
sur l'extrémité des ciseaux à froid.
9. Hache de Scharnhausen, Musée de Stuttgart (Wurtemberg)
avec légers bords droits ; elle est très allongée, avec un tranchant
très peu large de 0m04, orné de six filets gravés et disposés en arc
de cercle, suivant la forme du tranchant; longueur totale 0,n245,
largeur moyenne de la tige 0m015 (1) (Fig. 3, N° 9).
10. Hache de Strattlingen, Musée de Berne (Fig. 8), trouvée en
1829, dans la vallée de l'Aar, à la sortie de cette rivière, dans le lac
Fig. 8. — Tombe à inhumation de StrattlLigen. Musée do Berne.
de Thoune, dans une sépulture à inhumation construite en dalles
brutes; le mort portait un bandeau frontal, six torques ouverts, un
crochet de ceinture ajouré et triangulaire, deux épingles différentes
de forme, une pointe de lance et la hache à bords droits, dont la
tige porte deux rangées de petits losanges en or; le sommet est
(t) Fundberichten aus Schwnben-Baud, XVIII, 1910, p. 14.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE.
17
25S SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
cassé en biais ; la base est ornée de quatre raies gravées en arc de
cercle ; le tranchant est renflé sur les côtés et presque droit (1).
Elle est reproduite dans YAlbuin préhistorique de G. et A. de Mor-
tillet (lre édition, pi. XX, Fig. 747), comme trouvée à Reuzenbùhl,
près Buchholz, commune de Thun (Suisse), c'est le même objet.
Plus récemment, en 1914, D. Viollier l'a reproduite et a rectifié la
provenance dans sa notice sur Quelques sépultures de l'Age du Bronze
en Suisse (p. 128, Fig. 3).
Montelius a cité d'autres exemples analogues dans sa Chronologie
der altesten Bronzezeit in Nord Deutschland und Skandinavien.
Archiv. fur Anthropologie, Band 25/ 26.
11 et 12. Hache de la station des Roseaux, à Morges (Suisse), ainsi
que la suivante de Vienne (Isère), sortent un peu de la série des ins-
truments que nous étudions, car leurs tiges sont courtes, mais leur
tranchant est aussi en arc de cercle et très large, leur longueur totale
est de 0m15 et 0m165.
Le Cabinet des médailles de Paris en possède deux analogues de
Trept (Isère) (2).
En Scandinavie il existe aussi de ces haches (3).
13. Hache du collège de Sorèze (Tarn), rentre au contraire dans la
série des instruments à tige très longue; elle porte des bords droits,
ornés de petites coches, et ses plats, de fines gravures en dents de scie;
la longueur totale est de 0m29et le tranchant très arqué mesure 0m13.
14. Hache de Mareuil-sur-Ourcq (Oise) est une des plus grandes
haches et des plus belles connues ; elle mesure 0m35 de longueur et
0"165 au tranchant très arqué en demi-lune; ses plats sont aussi
très richement ornés de fines gravures en dents de scie et en damier:
l'original a appartenu à M. Héricart de Thury ; nous ignorons ce
qu'il est devenu ; on peut en voir un moulage au Musée de Saint-
Germain (Fig. 4, N° 14).
14a. Hache du Musée d'Avignon (Moulage N° 36.067 du Musée de
Saint-Germain-en-Laye). Nous n'avons pas reproduit cet instrument
qui rappelle les Nos 13 et 14, à cause des échancrures qui se voient
sur chaque bord droit, vers le milieu de l'entaille du haut; nous
nous demandons si ces cavités faites à la lime, à bords très perpendi
culaires et très nets, ne sont pas modernes ; la longueur totale
est de 0m23 et celle du tranchant très arrondi est de 0'"08.
15. Hache de Concise (lac de Ncuchâtel) offre une échancrure au
(1) F. Keller. — Cette arme a été décrite d'abord par F. Keller. Alt helvetische
Waffen,MZII, 7 p., 21 pi. III, Fig. 3.
(2) Matériaux, 1883, 19e yo\^ pi. I, Fig. 14, 0. Montelius.
(3) Dictionnaire archéologique de fa Gaule celtique. Atlas, pi. 24, fig. 8.
SOCIÉTÉ PltÉlIlSTOMQUE FRANÇAISE 259
sommet, un tranchant arrondi et des bords droits fortement rentrés
en dedans; sa longueur est de 0l,225 et le tranchant 0m07(l).
Une hache analogue trouvée en Italie est reproduite dans les
Matériaux (1882-1883, vol. 17e, T. XIII, fig. 95).
Haches de Vauvert (Gard), au nombre de 31, mesurant de 0m154 à
0m215.
15 bis. Deux haches de Porcieu Amblagnieu (Isère), ressemblent à
celles de Concise ; elles mesurent 0m23 de longueur.
16. Hache de Meilen (lac de Zurich ?) indiquée au Musée de Saint-
Germain sous le nom de Meilen, mesure 0m195 ; ses bords droits
sont plus fins, son tranchant plus large et plus arqué, son sommet
un peu échancré (Musée de Saint-Germain-en-Laye), et de Bagnole
(France du Nord); nous rapprocherons de ces haches celles de
Saint-Cyr au Mont-d'Or (Rhône), de Vienne (Isère), du British
Muséum.
17. Hache d'Auvergne, à sommet droit, à bords droits, fins, à
tranchant moins large ; longueur totale 0m19. Cette hache est au
Musée Peabody, aux Etats-Unis ; le moulage existe au Musée de
Saint-Germain.
O. Montelius en a reproduit d'analogues dans les Matériaux de
1885 (T. XIX, pi. I, fig. 2, et PI. II, fig. 15).
17A. Hache de Saint-Cgr-sur-Rhône, avec bords légèrement con-
tournés et concaves au centre, et échancrure au sommet (Chantre.
Etudes palethnologiques),
Haches trouvées à Maçon (Saône-et-Loire) 0m18 et 0m21, une autre
de Vienne (Isère), 0m195, au Musée de Saint-Germain.
Hache de Staadorf (Haut Palatinat) 0m175 de long.
18. Hache de Bestallung (Wurtemberg)auMusèede Stuttgart, est du
même type, mais extrêmement étroite; avec des bords moins rentrés,
elle offre un tranchant très étroit, comme un ciseau, et au sommet
une petite échancrure; longueur 0m20, tranchant 0m03. Cette hache
ressemble un peu au N° 666, pi. LXVI de l'Album préhistorique,
lre édition de G. et A. de Mortillet, qui a été trouvée dans la pala-
fitte de Meilen, lac de Zurich, au Musée de cette ville.
18A. Hache de Pontallier (Côte-d'Or) lit de la Saône, collection
Millon, à Dijon, avec légers bords droits, occupant toute la lon-
gueur de la hache, ils sont incurvés au centre, où se trouve un petit
arrêt médian ; le sommet est un peu échancré ; le tranchant un peu
arrondi, il mesure 0m045, la longueur est de 0m188 ; la forme géné-
rale est très allongée (Collection Millon, PL XVI, fig. 1) (2).
18B. La même collection renferme une hache moins effilée et moins
(1) Album des antiquités lacustres de Van Muyden et Colomb* PI. XXX, fig. îf,
(2) J. Deghelette. — La collection Millon, pi. XVI, fig. 3.
260 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
longue, elle mesure 0m16 et 0I"()4 au tranchant; elle provient aussi
de la Saône et de Pontallier.
18e. Hache de Teti (Sardaigne), de 0ni24 de longueur et 0m051 au
Fig 9. — Hache de Teti (Sardaigne), 0ni24.
tranchant, est droite comme un ciseau (Fig. 9.)
18D. Haches de Vernaison (Rhône) et de Trept (Isère), à bords
droits contournés, avec échancrure au sommet (Cabinet des mé-
dailles), reproduites par Chantre, dans ses Etudes palethnologiques
dans le bassin du Rhône.
18e. Hache allongée à bords légèrement contournés du Musée de
Rouen, donné par le Dr Baudon père, de Mouy (Oise), devait pro-
venir de ce département; longueur 0ml 75, tranchant 0m03, sommet
échancré.
19. Hache d'Auxonne (Côte-d'Or), à bords droits, est encore plus
allongée et étroite que les précédentes, sa longueur est de 0m175.
(Musée de Saint-Germain-en-Laye).
20. Hache d'Amblagnieu (Isère), à bords droits, à peine indiqués ;
très mince et munie à son sommet de cinq petits crans faits à la
lime; sa longueur est plus faible, elle ne mesure que 0mll; elle se
trouve au Musée de Saint- Germain, avec la série des autres armes
de la même cachette
21 et 24 bis. Les haches de Hagnau (lac de Constance) et du lac de
Sempach, sont d'une forme différente ; elles marquent la transition
entre la hache à bords droits, qui s'arrêtent au premier tiers supé-
rieur ou à la moitié, formant une tige étroite, terminée au sommet,
par une échancrurej alors que le corps de la hache offre des bords
arqués, un tranchant large et en arc de cercle. Cette forme évoque le
type de la fonderie de Bologne, et la fin de l'Age du Bronze.
22. 24. 25. Haches de Saint-Martin et de Broc, au Musée de Fri-
bourg (Suisse) forment une transition entre la hache à bords droits
et la hache à talon ; sur les Nos 24 et 25 (Fig. 3), les bords s'arrêtent
vers le milieu, en formant sur un des spécimens de Saint-Martin,
un léger épaulement médian, tandis que sur l'autre hache de
Saint Martin, N° 22, les bords droits descendent jusqu'en bas, ce
qui rend le tranchant moins arrondi ; ces trois instruments sont
très étroits (1) (Fig. 10).
Sempach, Saint-Triphon et Sion, Valais (Suisse) ont donné des
exemplaires analogues au N° 24.
(1) Viollier. — Quelques sépultures de VAge du Bronze en Suisse, p. 130 fig. 5
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 261
Hache d'Auvernier (Collection Desor) à bords contournés, longueur
0m16, reproduites par Chantre, dans ses Eludes palethnologiqucs,
fig. 17.
28 bis. Hache du Tumulus N° 1, des Grandes Cotes d'Onay, près
de la Chapelle (Jura), analogue à la hache de Broc ; décrite par
Piroutet. Fouilles d'un Tumulus de l'Age du Bronze, aux environs de
Salins (Jura).
23. Hache d Auxonne (Côte-dOr), présente une variante sur les
Nos 24 et 25 en ce que les bords droits sont contournés, le sommet
Fig. 10. - Tombe à inhumation do Saint-Martin. Musée de Fribourg.
échancré et le tranchant évasé ; longueur 0m19 (Musée de Saint-
Germain).
26. Hache de la cachette d'Amblagnieu (Isère), se rapproche de la
précédente, mais son tranchant est plus droit.
Les haches à talons très étroites de Counord (Gironde), du
Musée de Montargis, se relient à cette série.
27. Hache de Muhlthal (Bauière) au Musée de Munich, présente une
particularité unique, ses bords droits ont été soudés vers le milieu,
ils forment un étranglement arrondi qui n'offre plus l'élégance des
autresv exemplaires; longuenr totale 0m195.
262 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
III. — Thanchets-Haches.
On a trouvé en Hongrie (Chanlre, fig. 40), et en Ecosse, de très
longs et très étroits ciseaux.
28. Hache d Ecosse, sans bords droits, à tige ronde, très mince,
avec deux petites saillies centrales et latérales, avec large tranchant;
longueur 0m125, décrite et reproduite par John Evans {JU Age du
Bronze) (Fig. 4, N° 28).
29. Hache Ciseau de Yattendon, Comté de Berks (Angleterre), sans
bords droits, plus large, plus plate, avec saillies latérale et médiane,
tranchant plus étroit; décrite et reproduite par John Evans (Fig. 4,
N° 29).
30. Tranchet-Hache deBronton Comté de Chesteri Angleterre) formé
d'une tige plate très étroite, de 0m20 de long, avec tranchant aplati,
un peu arqué, et deux protubérances de chaque côté, vers le milieu ;
il offre des analogies avec les ciseaux à double tranchant d'Ir-
lande (1) (Fig. 4, N° 30).
31. Ciseau de Bor di Pacengo (lac de Garde), très allongé, avec de
légères saillies vers le milieu et de légers bords droits; longueur
0ro18 (2).
31 A. Ciseau de Plymstock, comté de De von, formé d'une tige
étroite deOm105.
31B. Ciseau de Glenluce, avec tranchant arrondi, comme les haches
grecques. (John. Evans. Age du Bronze, fig. 190-192.)
Ces haches-tranchets sont dérivées d'instruments plus petits
trouvés à Petit Villatte, Saint-Brieuc-des-Ifs (Ille-et-Vilaine), Venat
(Charente), Marlers (Somme) et de Bologne (Italie) ; elles se ren-
contrent avec des instruments du Bronze IV, nous citerons aussi un
très long ciseau de Teti (Sardaigne), mesurant 0m30 de long sur
0^03 au tranchant (1300 à 900 av. J.-C).
IV. — Spatules.
Les spatules à tiges allongées appartiennent au Morgien ou
Bronze II ; les documents qui permettent de les dater sont très
rares : Spatule de Villars-sous-Mont (Fig. 11). — Nous ne connaissons
que la sépulture à inhumation de Villars-sous-Mont, près Fribourg
(Suisse), près de laquelle se trouvait une spatule avec deux beaux
(1) John Evans. — L'Age du Bronze, p. 183, Fig. 197; p. 182, Fig. 196.
(2) Munro. — Les Stations lacustres d'Europe, pi. 33, fig. 15. — Abbé Breuil,
îoc. cit., fig. 22.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 263
poignards à baî»e large et à rivets ornés de lignes parallèles : cette
découverte remonte à 1900, elle est rapportée par D. Viollier clans
Quelques sépultures de l'Age du Bronze en Suisse. La plus ancienne
mention qui ait été faite de ces spatules remonte à 1712. Cette spa-
tule a fait partie du Cabinet de l'Intendant Foucault; elle a été
trouvée à 8 kilomètres de Langres, vers 1712 : elle a été publiée par
Dora J. Martin, dans la religion des Gaulois (T. I, p. 107, pi. 2,
fig. 4), elle fait partie du Cabinet des médailles de Paris.
32. Spatule du Musée de Colmar (Alsace), offre la même longueur
que celle de Saint-Martin, près Fribourg (0in195), avec un taillant
Fig. il. — Tombe à inhumation de Villars-sous-Mont. Musée de Fribourg (Suisse).
plus petit de 0m077 ; la tige est plus simple et un peu plus large,
légèrement ovale, et sans olive médiane.
33. Spatule de Chaussin (Jura), au Musée de Dole, est intermédiaire,
plus longue, car elle mesure 0*29 de long, 0m036 au taillant et 0m01
pour la tige très étroite, qui a 0m013 d'épaisseur; elle a été trouvée
entre le Doubs, les lignes de Chagny à Dole et de Saint-Jean à Lons-
le-Saunier.
264 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
33 bis. Spatule des environs de Langres {Haute-Marne), trouvée en
1712, à 8 kilomètres de cette ville; elle ressemble à la précédente, elle
mesure 0m30 de long et 0m033 pour la lame ; c'est la moins large de
toutes celles que nous décrivons et la plus effilée ; son sommet est
légèrement échancré, et l'arrêt du milieu est droit; elle se trouve au
Cabinet des médailles sous le N° 2.140 ; elle est reproduite dans le
catalogue illustré de M. Babelon.
34, 34A, 34B. Deux spatules semblables des environs de Dijon, au
Musée de Saint-Germain-en-Laye (ancienne collection de Maixmo-
ron à Dijon, avec tranchant très ovale, et arête médiane ; les bords
droits très fins s'arrêtent vers le milieu en formant un léger renfle-
ment, la tige est très mince, longueur 0m325.
34e. Spatule de Pontcharra (Isère) -/ancienne collection Costa de
Beauregard, analogue aux précédentes (1).
34D. Spatule sans provenance connue, au Musée de Saint-Germain-
en-Laye à lame très allongée, avec l'extrémité supérieure déviée
accidentellement ; nervure centrale s'arrêtant perpendiculairement
vers le centre, comme pour la spatule de Langres ; longueur 0m30 :
elle est reproduite par J. Déchelette dans son Manuel d'Archéologie
(T. II. Archéologie celtique ou protohistorique, 1 Age du Bronze,
fig. 83). Nous croyons qu'il s'agit d'une des trois spatules ci-dessus.
35 et 35A. Spatules de Saint- Martin (Musée de Fribourg, et de
Bevaix (lac de Neuchâtel) (Suisse.) ; elles sont identiques aux neuf
qui précèdent, mais elles sont un peu moins longues ; elles mesurent
seulement 0m195 et 0m20, comme celle du Musée de Golmar (2).
36. Spatule de Rame (Hautes Alpes), à longue tige, à tranchant
très court et rond, nervure médiane , longueur 0m225 (3); elle était
associée à un poignard triangulaire à filets gravés et 6 trous de
rivets disposés en demi-cercle.
36A. Spatules de Bohème, de Moravie et de Hongrie, citées par
Déchelette (Manuel d'Archéologie celtique ou protohistorique, lre par-
tie, Age du Bronze, p. 248).
37. Spatule de Sucy-en-Brie [Seine -et Oise), à tige très mince com-
plètement ronde, avec extrémité supérieure très mince et coupante,
alors que l'autre extrémité est large et allongée ; la tige est légère-
rement coudée ; longueur totale 0ra20 (Musée de Saint-Germain) (4).
On voit dans les Matériaux (17e vol. T. XIII, 1882-1883, fig. 52 à
54, p. 148) des épées de bronze provenant du Japon, ou plutôt des
(1) G. et A. de Mortillet. — Album préhistorique, 1" édit., pi. LXXII, fig. 746.
(2) G. de Mortillet. — Cachette de bronze de Sucy. Matériaux p. hist. homme,
XVIIe vol. 2* ser. T. XIII, 1882-1885, p. 270, fig. 109.
(3) Viollier. — Quelques sépultures de l'Age du bronze en Suisse, p. 131, fig. 7.
— R. Munro. — Les stations lacustres d'Europe, pi. 10, fig. 18.
(4) Matériaux p. hist. homme, XITI* vol. 2* sér. T. IX, 1878, p. 155.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 265
hallebardes à douille mesurant 0m875, dont la forme rappelle un peu
les spatules que nous venons de décrire.
Nous n'avons pas formulé d'hypothèse sur l'usage de ces spatules
qui offrent toutes un très beau poli et une belle patine : ces objets ont
tous été soigneusement retouchés après la fonte, et leur parfait état
de conservation prouve qu'ils ont très peu servi, si toutefois ils ont
servi.
V. — Haches a talon.
Les haches à talon sont classées avec les haches à bords droits
très accusés, ou avec bords droits séparés par un petit talon; on les
place au Bronze III (1600 à 1300 av. J.-C).
42. Hache à talon de Seira Alla (Portugal), du Musée de Carmo, à
Lisbonne, elle mesure 0m252, sans son bouton fixé au sommet,
qui doit simplement être le jet de fonte et qui est resté ; cet instru-
ment n'offrirait rien d'anormal, sauf qu'il correspond à une grande
hache à talon, munie de deux oreilles (1).
41. Hache de Sierra de Baza, Andalousie {Espagne) ; elle présente
une forme très rare, très allongée, une nervure médiane se termi-
nant en trident vers le tranchant très large ; deux oreilles existent
sur les deux côtés : sa longueur est de 0m18 (2).
38. Hache du Hanouard (Seine-Inférieure) est aussi à talon, fort
étroite, avec un petit tranchant de 0m03, elle mesure 0m18 de lon-
gueur (au Musée de Rouen), elle est identique à une hache de la
collection de M. Taurin, à Rouen, qui doit provenir aussi de la
Seine-Inférieure, et une du Musée de Bayeux (Calvados), avec ner-
vure médiane sur le tranchant.
39. Hache du Mont Rotg (Seine-Inférieure), ne mesure que 0m14
et 0m025 au tranchant ; les bords se terminent par un arc de cercle
coupé par un talon, la douille mesure 0m018 ; c'est une forme inter-
médiaire (notre collection). Nous avons retrouvé cette forme au
Musée de Falaise pour deux exemplaires que nous avons reproduits
dans notre Inventaire des découvertes de l'Age de Bronze dans le
Calvados (AFAS, 1907, fig. 38, 39, 40).
40. Hache du département de Y Eure, de notre collection, mais
dont la provenance se trouve égarée, ne mesure queOm12 de long et
0m03 au tranchant ; avec un talon très accusé et une douille de
0m017 seulement de largeur.
41. Hache à talon de Rosenfors, près Borgholm, Olland (Suède), au
Musée de Stockholm, elle est à talon, élancée, avec renflement tout
(1) G. et A. de Moktilllt — Album pr historique, pi. LXVII, Fig. 687.
(ïj John Evans. — L'Age du Bronze, y. 10'*, lig. 89.
266 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
autour du talon ; des bords droits sont simulés sur la partie infé-
rieure, dont le trachant est arqué ; de fines gravures ornent la par-
tie centrale et les côtés. Cette arme par le soin des gravures et son
poli, prouve qu'elle n'a jamais servi ; sa longueur est de 0m225 et
son tranchant est de 0in055 (1).
VI. — Haches votives ou d'Honneur de la fin de l'Age du
Bronze et de 1er Age du Fer.
A la fin de l'Age du Bronze et au commencement de l'Age du Fer,
on trouve dans les terramares, un type de Haches à oreilles rabat-
tues, vers le tiers supérieur. — Cette
forme s'est trouvée dans les terra-
mares de la fin du Bronze et dans les
sépultures à urnes des environs de
Bologne (Périodes de Benacci I et II
1000 à 1500 av. J.-C), avec des ra-
soirs en croissant, à manche ter-
miné par un petit anneau, et des
fibules en arc de violon. — En France,
les formes sont un peu différentes,
mais le sommet a toujours une petite
échancrure. Les stations lacustres en
ont donné qui forment la transition,
par exemple le n° 21 de Hagnau (lac
de Neuchâtel) et du lac de Sem-
pach.
L'importante cachette de fondeur de Bologne en a donné de très
nombreux exemplaires
Dans les urnes de la Toscane, on trouve parfois de grandes haches
à douille ouverte, de même forme, mais plus plates, et ornées sur
les côtés de cinq groupes de lignes parrallèles ; la lame est mince,
comme une feuille de bristol, et sur les deux faces, on voit huit
cercles concentriques avec point central. Le Cabinet des médailles
de Paris en possède une trouvée à Herculanum ; elle mesure 0m24
(N° 2071) ; l'autre de même longueur est ornée de trois groupes
de lignes parallèles (sans provenance N° 2069). Il nous est impos-
sible de citer toutes les localités d'Italie où l'on a recueilli de ces
haches, plus fréquentes cependant en Toscane, dans les Nécropoles
Bolonaises (Musée de Bologne).
Le peu d'épaisseur des lames de ces haches qui sont même par-
Fig. 12. — Haches votives de la fin
de l'Age du Bronze et du l,r Age
du Fer.
(1) G. et A. de Mortitlet. — Album préhistorique, pi. LXXIII, Fig; 755.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 267
fois flexibles prouve que c'étaient des haches votives ou d'hon-
neur.
C'est aussi au Premier Age du Fer que l'on peut classer certaines
haches du Nord, à large tranchant arqué, à sommet terminé par un
bouton, avec trou traversant le dernier tiers du sommet pour faire
passer un manche. Ces haches sont généralement très ornées, ce
qui prouve qu'elles n'ont jamais servi pour des travaux pénibles.
En Hongrie, on en a trouvé d'un peu différentes; on peut en voir au
Musée de Saint-Gerraain-en-Laye (1).
La Fionie (Danemark) en a donne d'autres, également très ornées,
mesurant 0m40 et 0m475 de longueur ; elles sont au Musée des Anti-
quités du Nord, à Copenhague.
Nous n'avons pas la prétention d'avoir signalé toutes les haches
offrant des dimensions anormales, nous avons simplement groupé les
principales, ce qui permet de voir que la fabrication des haches de
bronze avait acquis tout son développement au IIe Age de Bronze et
au début du Bronze III, c'est-à-dire pendant la période des haches
à bords droits où le martelage et le polissage furent constamment
appliqués ; car on a pu voir que les haches à talon sont ordinaire-
ment à peine travaillées après la fonte, et que le plus souvent
le tranchant seul a été allongé au marteau.
La gravure sur les plaques et les bracelets se continua pendant
les Bronze III et IV. Il est permis, à ce propos, de se demander
comment on a pu graver de très délicates spirales et de nombreux
cercles concentriques aussi parfaits sur le bronze, alors qu'il nous
faut des burins d'acier pour exécuter le même travail ; nous devons
donc avouer que l'époque Morgienne ou du Bronze II est une des
plus riches et la plus parfaite pour l'industrie de l'Age du Bronze
(1) G. et A. de Moriillet. — Album préhistorique, n05 1170 et 1171, pi. XC1X
268 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Détermination do Fépoquo «l'emploi en Années
<lea llaelies à ltouton.
Pak M. le D'
Marcel BAUDOUIN (Paris).
Tous les Préhistoriens connaissent cette superbe sorte de Hache
polie, particulière au Centre mégalithique de Bretagne-Vendée, qui
a reçu le nom de Hache a Bouton.
Etudiées avec soin par B. Fillon et F. Parenteau (de Vendée),
qui n'ont d'ailleurs rien publié à ce propos; puis, par M. Pitre de
Lisle (1). à qui l'on doit un mémoire magistral sur la question, ces
haches sont remarquables, [en dehors de ce qui a trait à leur fracture
et à la roche qui les constitue, par ce fait qu'on ne les rencontre
presque jamais dans les Mégalithes funéraires.
A quoi cela tient-il ? On l'ignore. Mais on sait pourtant, grâce à
M. Pitre de Lisle, qu'on en a trouvé déjà au moins trois dans des
Monuments de cette nature; et cela toujours dans le Morbihanl
L'une a été recueillie dans le Cromlech dEr Lanic, bien connu,
par M. P. du Chatellier et se trouverait encore dans cette collection.
La seconde provient du Tumiilus de Saint-Galles, à Arradon, et
aurait disparu.
La troisième, enfin, a été recueillie dans le Dolmen de l'Ile Rhéno,
commune de Baden, canton Ouest de Vannes, par M. le Dr G. de
Closmadeuc, qui l'a offerte au Musée des Antiquités Nationales, à
Saint-Germain-en-Laye, où elle se trouve toujours.
Après avoir retrouvé la trace de cette dernière pièce, j'ai eu l'idée
d'essayer de déterminer l'époque, en années, de l'emploi de ces
sortes de haches, en utilisant : a) d'abord cette trouvaille, excep-
tionnelle, dans un Dolmen; b) puis, la méthode que j'ai imaginée
pour calculer Y Age, en années, de ces Monuments, à l'aide du phé-
nomène astronomique de la Précession des Equinoxes (2).
Il est bien évident, en effet, que cette époque doit correspondre, à
quelques centaines d'années près au moins à celle de l'Edification
(1) Pitre de Lisle. — Les Haches à tête de la Bretagne et du Bo<:age, etc. —
Nante», 1880, in 8% 48 p., VI pi. h. texte.
(2, Certes, on pourrait employer la même méthode pour le Mégalithe Saint-
Galles; mais je ne possède aucune donnée sur ce Monument.
Par contre, on ne peut pas utiliser ce procédé dans les Cromlechs, parce que là,
la hache, non enfouie à dessein comme dans une Sépulture, a pu être perdue sur
le sol, ù une époque t/ès postérieure ù leur érection.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 259
de ce Mégalithe et n'a guère de chances d'être postérieure (1), si,
du moins, la Sépulture incluse n'a pas été remaniée au Bronze.
J'ai donc eu d'abord à me procurer : a) les données relatives à
cette Hache ; b) et surtout les détails de la Fouille, de la part de
M. le Dr de Closmadeuc; cela pour pouvoir utiliser ensuite ces
documents de la façon voulue. — Mais, pour plus de sûreté, je me suis
adressé d'une part, à M. S. Reinach, au Musée; et d'autre part, à
M. de Closmadeuc lui-même. — Aussi je tiens à remercier, tout
d'abord, ces savants et aimables confrères de l'empressement qu'ils
ont mis à répondre aux questions posées.
1° Hache a Bouton du Dolmen de Rhéno. — M. G. de Closma-
deuc, en 1873 (2), a cité cette pièce en ces termes :
« Cependant le Celtœ s'écarte quelquefois du type primitif. Ainsi
il arrive qu'au lieu de se terminer par une pointe plus ou moins
aiguë il se termine par une surface ovalaire, comme se présente le
Celtœ, que j'ai offert au Musée de Saint-Germain? et qui provient de
l'Ile de Rhéno ».
Voici la note que m'a remise le Musée de Saint-Germain sur cette
pièce :
« N° 3957. Original. — Dolmen de l'Ile de Rhéno, près Locma-
riaquer. — Don Closmadeuc. »
M. Pitre de Lisle, en 1880 (3), s'est borné à dire que cette pièce,
en « diorite foncée », était du Type I de sa classification.
Il s'agit donc bien d'une véritable Hache a Bouton.
2° Le Dolmen de lTle de Rhéno [Commune de Baden]. — 1° His-
torique. — a) M J.-M. Mené, en 1881 (4), a indiqué qu'en. 1864
une fouille avait été faite par M. de Closmadeuc au Dolmen de Vile
de Rhéno et donné le détail des trouvailles faites à cette occasion et
remises au Musée de la Société polymathique du Morbihan. Il n'y est
pas question de la Hache à bouton ci-dessus, évidemment parce
qu'elle était déjà à Saint Germain, depuis de longues années.
b) J'ai demandé à M. de Closmadeuc, quelques renseignements
sur cette fouille. Voici ce qu'il m'a fait écrire d'abord dans une lettre
datée du 7 avril 1915. « J'ai sans doute donné la hache en question
(1) Inutile de répéter ici ce que nous savons déjà de Y époque de ces haches.
Elles sont datées, dans les trois Cachettes néolithiques connues qui en renfer-
maient, par le voisinage d'autres Haches polies ordinaires. — Elles sont donc
sûrement Roberhàusiennes.
(2) Bull. Soc. Polym. Morbihan, 1873.
(3) Loc. cit. — Tiré à part, 1880 [Y. p. 31].
(4) J.-M. Mené. — Catalogue du Musée Arch. dé la Soc. Polym. du Morbihan.
— Vannes, 1881, p. 17.
270
SOCIETE PREHISTORIQUE FRANÇAISE
à Alexandre Bertrand. Elle provient bien de l'intérieur du Dolmen,
et j'ai noté YOricntalion : Sud-est, je crois ».
c) D'autre part, mon excellent et dévoué collègue de la Société
Préhistorique Française, M. Ducourtioux, m'a fourni un plan, iné-
dit, du Dolmen de Rhéno (Fig. 1), dû à M. Louis Galles, qu'il a
trouvé dans des documents et notes de cet Archéologue, n'ayant pas
S c2 olcn^.
Uûi
Fig. 1. — Plan du fond du Dolmen de l'Ile de Rhéno, en Baden (Morb.i. D'après un Cro-
quis de Louis Galles. — I, II, Piliers des parois latérales ; — III, IV, Piliers de fond ;
— V, Table (1). — Orientation magnétique, très probable.
encore été publiées. Je le remercie de ce document précieux, sur
lequel la direction du Nord est indiqué.
3° Description de la Fouille du Dolmen. — Enfin le 14 avril
1915, j'ai reçu de M. le Dr de Glosmadeuc, le récit complet de la
Fouille du Dolmen de Rhéno, inédit jusqu'à présent. — Je suis
heureux de pouvoir donner ici cette note originale.
« La fouille a été faite en 1864 par mon oncle Gauzique. Il entre-
prit cette fouille sur ma demande et à ses frais. C'est lui qui dirigea
l'opération et surveilla les ouvriers (2).
« Dès la première journée de travail, nous acquîmes la preuve
que le Monument avait été visité antérieurement.
« Le Dolmen était à ciel ouvert, dégarni de son Tumulus.
(1) D'après un dessin à moi communiqué très obligeamment par mon excel-
lent collègue, M. Ducourtioux.
(2) M. Cauzique était un homme instruit et consciencieux. 11 n'était pas à ses
débuts en fait d'explorations archéologiques. Il était, en même temps, posses-
seur de nie de Gavr'inis. C'est lui qui, après 1830, pénétra le premier dans le
Monument célèbre. CVst lui qui en déblaya l'intérieur et mit à découvert les admi-
rables Sculptures qui décorent la chambre et la galerie souterraine. [Note de
M. G. Closmadeuc].
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 271
« L'intérieur était comblé jusqu'à la table, d'un amas de maté-
riaux, de toutes sortes. — Terre meuble ; ferraille (1); cailloux roulés,
jusqu'à des fragments de poteries diverses et de bois pourri. Le
déblaiement fut exécuté avec le plus grand soin. Nous recueillîmes,
a l'intérieur de la crypte (2), sur la dalle du pavage (3), les
objets suivants : 1° quelques fragments de Poteries caractéristiques
de l'époque dolmenique ; 2° une certaine quantité de Silex pyro-
maques (4); 3° une boule, en silex; 4° une hache en pierre, à pointe
renflée, dite à bouton.
« En dehors du dolmen, et à une certaine distance, on trouva
une petite hache, en quartz blanc (5).
« M. Cauzique fit don de ces objets à la Société Polymathique. Ils
furent placés ensemble sous une vitrine avec l'étiquette « Dolmen
du Rhéno ». On les y a toujours vus et y sont restés jusqu'à ce
jour ».
4° Calcul de l'Age de la Hache. — Ainsi donc, grâce à
M. Ducourtioux, j'ai pu obtenir, un plan, bien Orienté, du Dolmen
de Rhéno (Fig. 1). Ses données concordent, d'ailleurs, avec l'indi-
cation [Sud-est], à moi fournie par M. le Dr de Closmadeuc, puisque
l'orientation correspond sur le dessin à 140° [Il s'agit, très proba-
blement, de l'Orientation à la Boussole].
Malheureusement, on n'a affaire ici qu'à un Monument incomplet,
dont nous avons seulement la Chambre de fond, et non pas YEntrée !
Ce qui est indispensable en l'espèce, car on sait que, souvent, de
tels dolmens peuvent présenter, vers l'Entrée, une Galerie, plus ou
moins coudée ou oblique.
Quoiqu'il en soit, si nous admettons, par hypothèse, que cette
Orientation est exacte [mais redisons bien qu'il ne sera possible de
l'affirmer qu'après de nouvelles Fouilles], nous pouvons considérer
(1) Attaque à l'Age du Fer évidemment. Elle doit dater de l'époque gallo-romaine
ou du Moyen âge. [M. B.].
(2) Point très important, à souligner tout spécialement. [M. B.].
(3j Constatation capitale également. [M. B.].
(4) Ce sont les classiques Eclats de Silex, qu'on trouve toujours, si Ton fouille
avec soin. — Cette remarque prouve que la fouille a été très bien exécutée par un
archéologue attentif.
(5) Dans le Catalogue du Musée de Vannes de MM. Limur et d'Ault (1865), on
trouve mention de cette pièce : TS'° 255. Hache en quartz-agate blanc, type A. —
Long. 0^089; lurg. 0m039; épaiss. 0,n029. Arêtes arrondies. [Don Cauzique].
D'autre part, dans les B. de la S. P. M., on lit (séance du 29 décembre 1863] :
« Don Cauzique, 1 Celtœ silex blanc, trouvé dans l'Ile de Réno » [Ducourtioux],
272 SOCIÉÏÉ I'RÉlIISTrilIQUE FRANÇAISE
que ce Mégalithe était construit sur la Ligne équinoxiale, avec
entrée au Levant (1).
En effet : 140° = 90° [Eq.] + 17°30 [Dév. magn.] + 23°30° [ Dév.
Prèc] -\- 9° [Erreur de visée ou de construction] (2).
Ce qui indique qu'il date de 4000 ans av. J.-C.
Cette Orientation cadre très bien, au demeurant, avec la trou-
vaille d'une Hache à Bouton, c'est-à-dire d'une hache en roche rare,
de forme perfectionnée.
En effet, on sait que le Culte de I'Equinoxe, en ce qui concerne
les Dolmens, n'est apparu qu'après celui du Soleil à Midi et celui du
Solstice d'Hiver, et que, parfois, il a été encore très tardivement uti-
lisé, en même temps que celui du Solstice d'Eté,
Conclusions. — Dans ces conditions, sans crainte de se tromper,
on peut affirmer qu'on fabriquait et utilisait les Haches à Bouton
4000 ans avant J.-C. ; ce qui correspond à peu près, d'ailleurs,
presque à la fin de l'Epoque Néolithique, qui, en Bretagne, toute-
fois, a pu se prolonger un peu plus longtemps qu'ailleurs.
Tout concorde donc pour bien préciser l'âge de ces curieuses
pièces : et la technologie, et les trouvailles dans les Cachettes, et
celles des Sépultures (3)!
Elles datent au moins de 4000 ans et peut-être remontent-elles
jusqu'à 4500 ou 5000 ans av. J.-C.
(1) L'Orientation sur la Ligne Solsticiale Sud-Lever (126°) ne peut cadrer, car
140° <^ 126° + 1"°30 (143°30), à moins de supposer une erreur de visée négative
et un Dolmen âgé de plus de 10.000 ans. — Ce qui est inacceptable pour la
Bretagne et surtout pour les Haches à bouton !
(2) Cette erreur, quoique forte, n'a rien d'extraordinaire [Cf. celle des Menhirs
de l'Allée couverte des Landes, Bazoges-en-Pareds (V.), ouverte aussi à TEqui-
noxe : erreur qui atteint là le même chiffre].
(3) Ces faits sont d'ailleurs une confirmation directe de la théorie que j'ai ima-
ginée pour trouver Y Age des Dolmens. — Si mon Hypothèse était mauvaise, il y
aurait beaucoup de chances pour qu'il n'y ait pas ainsi concordance entre les
données fournies par les Cachettes et les Sépultures !
SÉANCE DU 24 JUIN 1915
Présidence de M. LE BEL.
I. — PROCÈS-VERBAL DE LA SÉANCE
La Séance est ouverte à 4 heures, sous la Présidence de M. Le Bel,
Vice-Président.
Il est donné lecture du procès-verbal de la dernière séance
(27 mai 1915), qui est approuvé.
A propos du procês-verbal, notes de M. Marcel Baudouin.
Correspondance.
Lettres d'Excuses et de Condoléances. — MM. le Dr A. Guébhard;
— A. Viré ; — Ch. Schleicher; — ïhiot ; — Dr Atgier ; — Edmond
Hue.
Bibliothèque.
La Société Préhistorique Française a reçu les Ouvrages suivants
de MM. :
Bellucci (Pr G.). — L'Epoca paleolitica dell* Umbria [Extr. Archivio per l'An-
tropol. e la Etnologia, 1914, XLIV, fasc. 4,289-324, 10 fig.]. — Firenze, 191b,
in-8% 38 p., 10 fig.
Marlot (Hippolyte). — Recherches de mines métalliques et métaux précieux,
or, argent, dans le Morvan [Extr. Pr. - Vx de la Soc.de VHist. nat., Autun,
année 1914]. — Autun, 1914, in-8", 30 p.
Marlot (Hippolyte). — Le Lérot; comment on le détruit [Extr. Pr. - Vx Soc.
d'tiist. nat., Autun, 1913]. — Autun, 1913, in-8°, 3 p.
Guelliot (0.). — Marnien ou La Tène I [Extr. Bull. Soc. Préh. Franc., 1915,
22 avril]. — Le Mans, 1915, in-8°, 12 p.
Baudouin (Marcel). — Les Pieds humains sculptés de la Pierre Le Mulot
(n°I) à Bleurville (Vosges) [Extr. Bull, et Mém. Soc. d'Anlhr., Paris, 1915,
VI s., t. V, fasc. 3, 16 avril, n° 3, p. 181-196, 4 fig.]. — Tiré à part, 1914,
in-8', 16 p. 4 fig.
Baudouin (Marcel). — Remarques sur un crâne, d'origine inconnue, offert à
la S. A. P. par M. le D? Le Pileur [Extr. Bull, et Mém. Soc. d'Anthr.,
Paris, 1914, 7 mai, VI s., t. V, fasc. 3, n° 3, p. 205-209].— Tiré à part, 5 p.,
in-8% 1914.
Baudouin (Marcel).— Le Menhir de La Tonneile en Saint-Hilaire-de-Riez (V.),
Monument, classé, détruit à la suite d'une Action humaine [Extr. Bull. Soc,
Préh. Franc., Par., 1915, XII, 23 mars, n° 3, p. 167-180,7 Fig]. - Paris,
S. P. F., 1915, in-8°, 14 p., 7 Fig.
Présentations et Communications.
Paul de Givenchy (Paris). — Deux Casse-têtes naviformes de Scanie.
Marcel Baudouin (Paris). — Silex du Grand- Pressigny , trouvés en
Vendée.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 18
274 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Bossavy (Versailles). — Découverte d'une Gravure sur la Pierre aux
Moines du Bois de Meudon, à Clamart (Seine) [Prise de date],
Dr Marcel Baudouin (Paris). — Découverte et Fouille d'un Menhir
tombé, à Sculptures et Polissoir, découvert sous les Dunes, aux Chaumes,
commune de Saint- Hilaire-de-Riez (Vendée), — Nécessité de la Restau-
ration,
Dr Jousset de Bellesme (Eure-et-Loir). — Des signes propres à
reconnaître si un Silex non taillé a été utilisé intentionnellement.
L. Jacquot (Grenoble). — La Pierre a Cupules de Fontaines (Isère)
(1 *%.)•_
A. Guérhard (Saint-Vallier-de-Thiey, A. -M.). — Nouvelles décou-
vertes de Castellars dans le Var.
Poulain (Georges) (Eure). — Fond de Cabane mérovingienne à
Sainte- Geneviève-les-Gasny (commune d^Ecos, Eure),
Barthere (Madagascar). — Observations sur une prétendue hache,
en os d'oiseau, provenant des fouilles exécutées par V Académie mal-
gache , à Ampa-sam-Tazeinba en 1908 (Madagascar) [1 Fig.].
Poulain (G.) (Eure). — Sur quelques coutumes locales, etc., de
VEure (Suite).
Cotisations de 19 1£».
Conformément à l'Art. 4 du règlement, les Cotisations pour 1915
(Douze Francs) ont été mises en recouvrement dans le cours du qua-
trième mois de l'année 1915. Elles doivent être adressées à M. Mau-
rice Gillet, Trésorier de la S. P. F., 30, rue Gardenat-Lapostol,
Suresnes (Seine).
Le mode d'envoi le plus pratique est le Mandat-carte ou Mandat-
lettre. Les Sociétaires, dont la cotisation (12 Fr.) n'aurait pas été reçue
au 15 avril 1915, sont priés de vouloir bien, pour éviter toute interrup-
tion dans le service du Bulletin, faire honneur au Recouvrement pos-
tal, qui leur sera (sauf entente particulière avec le Trésorier) adressé
à domicile, majoré de 0,75 centimes pour les frais.
Le Conseil cT Administration de la Société Préhistorique
Française prévient les Membres de la Société Préhistorique
Française que les Cotisations de 191 5, étant d'une perception
très malaisée, en raison de Vétat actuel des choses, il a été
obligé de diminuer le nombre des feuilles du Bulletin, et de sup-
primer les n°* de Vacances 191 5, une amélioration ne se dessi-
nant pas dans les rentrées.
Désormais, et jusqu'à nouvel ordre, chaque Numéro ne
comprendra donc que deux feuilles (32 p.), au lieu de quatre
(64 p.).
Il est très regrettable qu'on soit absolument obligé de recou-
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 275
rir à cette mesure, très préjudiciable aux intérêts de la
Science Préhistorique.
Nous prévenons nos Collègues que V insertion, plusieurs fois
répétée de cette note, dans le Bulletin, remplace, par raison
d'économie, la Lettre d'Avis, non recommandée) indiquée par
l'Article 3 du Règlement.
II. — NOTES, DISCUSSIONS ET PRISES DE DATE.
l^a. Préhistoire dam les Tranchées.
M. Marcel Baudouin. — Le journal Le Temps (20 juin 1915) a
raconté ce qui suit : « M. le Dr Barot, maire d'Angers, médecin-
major d'infanterie, actuellement sur le front, vient d'adresser à ses
amis une lettre dans laquelle il leur donne des renseignements sur
une découverte que les soldats de son régiment ont faite. « En creu-
sant une tranchée, sur un col de 400 mètres d'altitude, on a décou-
vert de très vieilles sculptures. Des fouilles méthodiques entreprises
ont mis à jour un Cimetière gaulois. On a exploré en ce moment six
sépultures et retrouvé 2 glaives, 2 couteaux, 1 vase, des objets de
toilette, et des parures féminines (perles en terre cuite ou verroterie,
débris de peignes en os ciselé, médailles). On a pu également
recueillir quelques crânes et parties de squelettes bien conservés.
Tous ces objets ont une réelle valeur archéologique ou anthropolo-
gique. On continue les fouilles ; et les trouvailles iront au Musée
Saint- Jean d'Angers. »
D'un autre côté, M. G. Jullian a communiqué, à l'Académie des
Inscriptions, le mois dernier, une découverte faite dans les mêmes
conditions, dans les tranchées. Nous y renvoyons.
Une Sépulture de l'époque mycénienne en Crête.
M. Marcel Baudouin. — Le 25 avril 1915 les journaux quotidiens
annonçaient, de La Ganée, la découverte d'une tombe de l'époque
mycénienne, d'une grande importance, au village d'Episkopi (Crête).
Elle renfermait deux magnifiques urnes ciselées et de très nom-
breux objets en terre cuite.
276 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Nouvelles découvertes de Castelars dans le Var.
PAR
Adrien GUÉBHARD (Saint- Vallier-de-Thiey, A. -M.).
Poursuivant mes explorations géologiques dans le Nord-Est du
département du Var, j'ai eu l'occasion de découvrir encore un
nombre inattendu de Castelars, dans un domaine où il est certain
que le regretté Henri Segond, s'il n'eût été enlevé prématurément à
la Science, n'eût plus rien laissé à trouver.
A l'W. de Callas, le point coté 705 est un petit sommet isolé,
formé par la saillie verticale de gros bancs de dolomie siliceuse
bajocienne, au Nord desquels l'Infralias forme une terrasse demi-
elliptique assez étroite, d'une quarantaine de mètres au plus. Cette
terrasse n'aurait certainement pas subsisté sans le contrefort d'un
très gros mur présentant tous les caractères des constructions pré-
historiques.
Sur le seul territoire de Montferrat, les enceintes préhistoriques
abondent. Le promontoire bajocien, terminé en pain de sucre au
Sud, sur lequel s'élève la chapelle de Notre-Dame, ancien centre
d'une agglomération médiévale presque disparue, était barré à son
étranglement vers le Nord, par un énorme mur, dominant d'une
dizaine de mètres le fossé naturel d'une gorge bathonienne. Son
emplacement est par 48G468 de latitude Nord et 4G61 de longitude
Est.
Cette gorge est dominée au Nord par un sommet arrondi bien
détaché, par 48G472 de latitude et 4G609 de longitude, où se décou-
vrent, surtout du côté Est, au milieu des nombreux murs de défri-
chement anciens, quelques morceaux paraissant attribuables à une
grande enceinte ovale, dont Notre-Dame n'aurait été que le poste
avancé. On pourrait appeler ce sommet du nom de la bastide du
Colombier qui est à son pied, au Nord.
De l'autre côté de la large vallée de Favas, on voit d'abord, gar-
dant l'entrée occidentale et la route du Sud, sur un petit sommet
conique, par 48G482 de latitude et 4G62 de longitude Est, les restes
très considérables d'un poste qui l'était beaucoup moins, mais qui
avait exigé l'accumulation d'une quantité énorme de fragments du
calcaire bajocien pour surélever au Sud la petite ellipse de 10 X 20 m.
à peine, que fermait au Nord un haut galgal.
Ce devait être une sentinelle avancée de l'enceinte, — très impor-
tante, celle-là — qui a donné son nom, en l'absence de tous restes
d'agglomération médiévale ou autre, au sommet encadré de ravins
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 277
et d'abrupts de tous côtés, dit de Ville -Vieille, par 48'J474 de latitude
et 4G636 de longitude Est. L'accès ne pouvant guère avoir lieu que
par le Nord, il y avait de ce côté comme un petit camp d'avant-
garde, de forme ovale, mais de murs peu élevés, d'après ce qui en
reste. Mais l'extrémité Sud, sur plus de 100 mètres de longueur et
•50 de large, est encore encadrée d'un très gros mur présentant tous
les caractères des constructions proprement dites cyclopéennes,
constitué par deux parements distants de 3 à 4 mètres, bâtis avec les
blocs les plus gros (de fait, ici, par force, pas cyclopéens dans le
sens vulgaire, inexact, du mot) et à intervalle rempli de pierrailles.
A l'extrémité Sud, la plus abrupte, le mur était doublé extérieure-
ment d'un second pareil, puis se repliait en dedans de la terminai-
son de l'autre pour donner son entrée, suivant le mode commun.
Outre ces restes préhistoriques caractérisés, il y a tout lieu de
croire que les ruines, d'aspect purement médiéval, visibles aux lieux
dits Saint-Paul et la Madeleine, ont du occuper l'emplacement de
castelars préhistoriques; la seconde, surtout, qui se montre entourée
d'une vaste agglomération disséminée de grandes cases en pierre
sèche, toujours bâties en contre-bas sur plan rectangulaire, rappelant,
à première vue, les agglomérations anhistoriques signalées dans le
Cantal par M. Pagès-Allary. Même, si cela n'a rien de préhistorique,
cela méritait mieux en tout cas que d'être totalement ignoré par le
récent historiographe des origines (?) de la commune de Mont-
ferrat (1), qui ne fait pas non plus la moindre allusion aux remar-
quables monuments que je viens d'énumérer sur le territoire de la
commune.
P. -S. — Parmi les castelars nouveaux cités dans ma précédente
Note sur la commune de Seillans (Var), j'ai pu vérifier dans mon
ancien Inventaire, dès que je l'ai eu sous les yeux, que l'un d'eux,
celui de YEouvière de Caille avait déjà été mentionné sous le nom
des Camandrons, que m'avait fourni, sans autres détails, feu leDrTar-
dieu, de Fayence.
Quant à celui, très important, du sommet coté 775 à l'extrémité E.
de la crête de la Pigne, on pourrait, pour le distinguer de celui de
l'extrémité W., lui donner le nom du Calvaire de Saint- Arnonx, qui,
quoique point cadastral, lui est appliqué couramment dans le pays.
(I) Abp.é Puntello. — Montferrat; noies d'histoire civile t trcligieuae, in-8° , 78 f .
Fréjus, 1913.
278 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
III. — ARTICLES ORIGINAUX.
Des Signes propres à reconnaître si un Silex non
taillé a été utilisé intentionnellement.
Par M. le Dr
JOUSSET DE BELLESME (Nogent-le-Rotrou, E.-et-L.).
Tout le monde est d'accord pour admettre que la transformation
du singe en homme ne s'est pas faite du jour au lendemain! Mais,
par une anomalie bien singulière, il est des préhistoriens qui croient,
enseignent et écrivent que les primitifs se sont réveillés, un beau
matin, sachant tailler des silex et façonner les beaux outils en forme
d'Amande de Chelles et de Saint-Acheul, auxquels de Mortillet a
infligé le nom impropre de Coup-àe-Poing .
On ne peut que s'étonner de telles inconséquences. L'outillage
des primitifs a suivi la même marche que leur développement orga-
nique et que leur mentalité.
Ce n'est qu'après s'être servi pendant des siècles de morceaux de
silex ramassés sur le sol, après les avoir manié longuement, que les
primitifs ont fini par trouver, grâce à une tension d'esprit conti-
nuelle, le moyen de briser des blocs de silex pour en faire des
éclats, puis de façonner ces éclats.
La préhistoire comprend donc deux périodes bien distinctes.
L'une, la plus ancienne, pendant laquelle l'homme ou son précur-
seur ignorait Y art de tailler le silex; la seconde, la plus récente, celle
pendant laquelle il était en possession de ce procédé.
Les premiers préhistoriens ont commencé par étudier cette seconde
période, parce que les instruments qu'on y rencontre frappent
davantage l'esprit; et de suite ils ont établi des règles, permettant
de reconnaître si un silex a été taillé ou non. Ils ont admis qu'un
silex ne pouvait être reconnu comme ayant servi à l'homme primi-
tif que s'il portait un plan de frappe et un bulbe ou conchoïde de
percussion. Conséquents avec eux-mêmes et avec leur définition,
ils ont donc fait commencer le début de la Préhistoire à l'industrie
Chelléenne.
Ces signes caractéristiques de la taille sont très bons en effet pour
reconnaître les silex taillés ; mais ils sont sans valeur pour les silex
non taillés, dont l'homme s'est servi si longtemps, et même à des
époques si diverses. Il fallait donc trouver d'autres indices caracté-
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 279
ristiques, non plus d'une opération comme la taille, qui n'existait
pas ; mais de Y utilisation des silex non taillés, c'est-à-dire éclatés natu-
rellement.
Ce n'est que depuis une vingtaine d'années que l'étude de toute
cette première et lointaine période de la préhistoire a été abordée et,
comme cela a lieu toujours en pareil cas, ceux des préhistoriens,
dont le siège est fait, ont refusé de quitter leurs positions et se sont
cantonnés dans un dédain superbe où ils sont demeurés pendant
que la Science marchait à grands pas dans cette région, inconnue
des Boucher de Perthes et de Mortillet.
Chose singulière, le nom qui a servi à désigner ces débuts de la
préhistoire a été forgé par G. de Mortillet. Quelques silex qu'il
regardait, d'ailleurs à tort, comme taillés (les silex recueillis à The-
nay, par Bourgeois), ayant été signalés de son temps dans les ter-
rains tertiaires, il les nomma Eolithes. Ce mot a servi depuis à dési-
gner toutes les industries, qui ont précédé la découverte de la taille.
Afin d'éviter une confusion fâcheuse, on ne doit pas employer ce
terme, pour désigner les silex éclatés naturellement et utilisés par
l'homme dans les multiples industries de la préhistoire. Il est bien
certain qu'à toutes les époques, même dans celles qui nous ofirent
des silex taillés avec une rare perfection, comme dans YAcheuléen,
les primitifs ont employé des éclats naturels, lorsque ceux-ci se pré-
sentaient sous une forme immédiatement utilisable. Pour désigner
ces silex non travaillés mélangés à des industries perfectionnées, il
convient d'employer l'expression d'Eolithique; ce qui ne veut pas
dire que l'industrie où on les rencontre soit êolithique. Une indus-
trie éolithique est celle dans laquelle on ne rencontre aucun silex,
portant des traces d'une taille véritable. A partir de la fin du Mesvi-
nien, on ne trouve plus d'industrie éolithique, ni par conséquent de
véritables Eolithes.
La reconnaissance des silex qui ne portent que des traces d'utili-
sation est certainement moins facile que celle des silex taillés. Là,
on ne peut plus faire état du plan de frappe ni du conchoïde de per-
cussion. La forme même ne saurait nous guider, puisqu'il s'agit
d'éclats produits accidentellement et dans lesquels on ne rencontre
aucune régularité ni symétrie comparable à celle des instruments
Chelléens ou Acheuléens.
Les Eolithes n'ont d'autre forme que celle qu'affecte le silex, lors-
qu'il se divise spontanément, sous l'influence des variations de tem-
pérature et d'humidité. Néanmoins, comme les primitifs choisis-
saient au milieu de ces nombreux éclats épars sur le sol, ceux qui
leur présentaient une forme assez bien appropriée à un usage détçr-
280 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
miné, il en résulte une certaine ressemblance entre les morceaux
qui ont été ramassés sur le sol pour le même usage. C'est ainsi que
beaucoup de Grattoirs se reconnaissent à première vue par une simi-
litude d'aspect que viennent confirmer d'autres signes spéciaux. Il
en est de même de quelques autres outils.
Cet aspect fruste et informe des éolithes, a éloigné de leur étude
beaucoup d'amateurs de préhistoire, dont le sentiment artistique les
portait à préférer ce qu'on appelle les belles pièces ; mais le but de
cette science n'est pas de collectionner des objets d'une forme ou
d'un poli agréable à l'œil ! Ce serait bien futile... Ce qui est digne
de nos recherches, c'est de bien connaître la psychologie de nos
ancêtres.
A ce point de vue, recueillir tous leurs instruments est le seul
moyen de pénétrer dans leur mentalité.
Les Débuts de l'humanité sont précisément ceux pendant lesquels
ce problème devient le plus intéressant. On comprend que l'étude
de cette longue série d'industries qui ont précédé le Chelléen soit
la plus importante de la préhistoire, parce qu'elle peut nous don-
ner, mieux que les époques plus récentes, une idée du chemin par-
couru par notre encéphale pendant son développement.
A partir du moment où la taille du silex fut imaginée, l'intérêt est
moindre; les facultés Imaginatives étaient acquises et déjà développées,
puisqu'elles permettaient de concevoir une forme et de s'essayera la
réaliser. Le cerveau humain était donc déjà très organisé. Les prin-
cipaux centres de notre encéphale avaient fait leur apparition et ils
n'ont fait depuis que se perfectionner. Suivre leur évolution ulté-
rieure et le développement des facultés artistiques, c'est très bien ;
mais il importe au moins tout autant de débrouiller l'écheveau ini-
tial, de notre mentalité naissante.
Cela ne peut se faire que par l'étude approfondie de la Période
Eolithique.
Comme je l'indiquais plus haut, la difficulté de reconnaître avec
certitude les traces de l'utilisation sur les éclats que les premiers
manieurs de silex, Lémuriens, Simiens, Anthropoïdes, nous ont
laissés, est cause qu'un certain nombre d'hommes, adonnés à la Pré-
histoire, se sont rebutés devant des collections qui flattaient si peu
l'œil des visiteurs et la vanité des propriétaires. Cette difficulté a été
exagérée. Si quelques cas restent manifestement douteux, on peut
affirmer que la plupart du temps la reconnaissance d'un Eolithe se
fait avec autant de facilité et de certitude que celle d'un Silex taillé .
Etudions donc avec précision les signes distinctifs des traces
d'utilisation de ces silex non taillés, auxquels les primitifs ont eu
recours pour leurs besoins.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 281
Lorsqu'un rognon de silex se divise spontanément en un certain
nombre de fragments, pour une cause ou pour une autre, quelques-
uns des morceaux présentent un bord mince et extrêmement cou-
pant, pendant que le bord opposé est relativement plus épais. En
recueillant un certain nombre de ces éclats, on remarque, sur le
bord tranchant de quelques-uns d'entre eux, des ébréchures, qui
revêtent des formes particulières.
Quelques préhistoriens, notamment MM. Breuil, Obermaier,
Gommont, Boule, etc., ont soutenu que, la plupart du temps, sinon
toujours, les ébréchures des silex éolithiques étaient le résultat d'ac-
tions naturelles, telles que la compression des silex les uns sur les
autres dans les terrains, les chocs subis dans les cours d'eau et les
éboulements, la gelée et autres causes.
En examinant les choses de près, ces affirmations paraissent un
peu hâtives. On a fréquemment l'occasion d'étudier, dans certaines
couches de terrains, ces conglomérats qu'on appelle Argile à Silex,
Ils peuvent nous fournir quelques éclaircissements. Leur origine
n'est pas douteuse; elle est due à la décalcification lente de la partie
supérieure de la craie, sous l'influence de l'action prolongée de l'eau
de pluie. Le calcaire disparaissant, l'argile et le silex qui ne sont pas
solubles au même degré forment un magma, souvent très compact.
Au-dessous, la décalcification étant moins avancée, les couches cal-
caires sont réduites à un état de marne argileuse renfermant aussi de
nombreux rognons, encore distants les uns des autres.
Les silex tassés ainsi dans l'argile sont pour la plupart éclatés ou
tout au moins fissurés. Le tassement s'étant fait sur place, on
n'observe par conséquent aucune trace d'usure des arêtes ! Le bord
des fragments est resté coupant et les éclats sont de toute forme et
de toute dimension.
Un premier fait saillant attire l'attention. Lorsqu'on fait un triage
de ces éclats pris au hasard en ne tenant compte que de ceux dont
un des bords est mince, coupant et par conséquent susceptible d'avoir
été endommagé par la pression des silex voisins, on est frappé de
ce fait qu'un fort petit nombre d'entre eux portent des ébréchures ! On
peut l'évaluer en moyenne à 4 ou 5 0/0. — Il semble pourtant que»
si les ébréchures étaient le résultat de la pression des silex les uns
contre les autres, elles devraient être beaucoup plus nombreuses !
Cette constatation n'est pas , favorable à la thèse d'après laquelle les
traces observées au bord des silex résulteraient de leur contact avec
leurs voisins, puisque la pression s'exerce forcément sur presque
tous les silex contenus dans la masse.
Après avoir recueilli, en cherchant beaucoup, une certaine quan-
tité d'éclats ébréchés, leur examen fait voir que souvent, sinon tou-
282 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
jours, ces traces existent sur les parties concaves mieux protégées
et presque jamais sur les parties saillantes, lesquelles devraient au
contraire être plus exposées aux compressions pendant les tasse-
ments qui se sont produits. Cette particularité n'est pas favorable à
l'intervention des actions mécaniques !
Enfin, l'examen poussé plus loin montre que ces ébréchures sont
toujours placées sur les points où elles se trouveraient si, prenant à
la main un de ces silex, on cherchait à l'employer pour un travail
quelconque ! Ce dernier point est, à notre avis, d'une grande valeur,
et constitue un critérium très sûr de l'utilisation d'un silex par les
primitifs, car, dans les actions naturelles, il n'existe jamais d'adap-
tation à un but déterminé (1).
Il est bien évident que pour apprécier ces caractères, il ne faut pas
se borner à l'examen d'un seul silex. Mais, lorsqu'on les rencontre
réunis sur un ensemble de pièces, ils acquièrent une certaine
valeur.
Sans vouloir donc prendre parti pour ou contre les actions natu-
relles, je crois que les trois indices, signalés plus haut, permettent
dans la plupart des cas, d'apprécier si les ébréchures qu'on observe
sont dues à des actions mécaniques ou si elles reconnaissent
pour cause l'action préméditée d'un être intelligent. Et sur ce mot
d'intelligent, il faut encore se garder d'équivoquer car l'expres-
sion d'être intelligent ne s'applique pas exclusivement à l'Homme.
Quand il s'agit de manier un silex, un Simien quelconque possède
l'intelligence suffisante. J'ai insisté, dans mon travail sur les causes
de YEvolution du Cerveau humain pendant les temps préhistoriques ,
sur ce point que la seule condition indispensable à un être vivant
pour se servir d'un silex de façon à ce que son action y laisse des
traces, c'est de posséder une main à pouce opposable. Il est bien cer-
tain que, dès l'origine des temps tertiaires, il existait des Lémuriens à
pouce opposable.
Pour répondre donc à la question que nous avons posée tout
d'abord, à savoir s'il est possible de distinguer les ébréchures pro-
duites sur les silex par la main de l'homme de celles qui résultent
des actions naturelles, nous pouvons affirmer que cela est presque
toujours possible, si l'on a égard aux considérations exposées ci-
dessus et que nous allons développer.
Dans ce qui précède, nous nous sommes servi constamment du
mot Ebréchures et c'est avec intention. Rien n'est plus utile pour la
(l) J'élimine naturellement l'histoire par trop absurde des moulins à ciment de
Boulogne! On ne les connaissait pas, sans doute, aux époques préchelléennes. —
11» font un digne pendant aux moulins à vent dont parle Cervantes.,.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 283
clarté des sciences que la précision dans les termes. Le nom de
Retouches, trop communément employé pour désigner les traces que
l'action de se servir d'un silex pour racler ou gratter un corps quel-
conque, laissent sur le bord tranchant de l'outil, esttout à fait impro-
pre, parce qu'il n'exprime pas une action initiale, mais consécutive à
une autre. Il devrait être réservé pour désigner certaines opéra-
tions, qui consistent à corriger des inégalités gênantes, à donner à
une partie du silex une forme plus favorable à la préhension, ou
encore à raviver un tranchant émoussé par l'usage.
Le mot à'Ebréchure indique plutôt toute altération, naturelle ou
artificielle, du tranchant d'un silex; mais les Ebréchures naturelles
et artificielles ne se ressemblent en aucune manière. Si donc l'on
conserve ce dernier terme pour le résultat des actions naturelles,
comme il convient de le faire, il faut se servir d'un autre mot pour
désigner les traces laissées par l'utilisation intentionnelle. Il nous
semble que l'expression de facettes, souvent employée, répond assez
bien à ce besoin de précision.
Nous désignerons donc par Facettes toutes les traces laissées sur
un tranchant de silex par le départ des petits éclats que la pression
sur un corps dur a fait sauter.
Les facettes méritent un examen particulier, car elles sont la preuve
d'une opération intentionnelle, une sorte de signature que les pri-
mitifs ont laissée sur leurs outils et sur leurs armes. Elles ont une
physionomie spéciale, qui permet à un œil exercé de les reconnaître,
même lorsqu'elles sont en partie effacées sur des pièces roulées par
les eaux.
Tandis que les ebréchures naturelles sont anfractueuses, angu-
leuses et irrégulières, les facettes sont au contraire arrondies et
régulières.
Les roches siliceuses ont, comme on le sait, la propriété d'avoir
des cassures conchoïdales, autrement dit courbes ; or la pression
qu'on exerce sur le bord tranchant d'un silex, en appuyant fortement
sur un os ou sur du bois, détermine toujours le départ de petits éclats
qui laissent à leur place des facettes conchoïdales. Lors, donc, qu'on
observe ces facettes au bord d'un silex, surtout si elles sont disposées
en série régulière, il y a les plus grandes probabilités pour que l'on
soit en présence d'un silex qui a été manié, utilisé, à l'époque pré-
historique.
Détaillons maintenant avec soin, la disposition et la structure de
ces facettes.
Il convient de les examiner à la loupe, pour en bien saisir les
détails caractéristiques, car elles sont souvent assez petites,
284 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
La facette est toujours creuse et de forme conchoïdale. Sa base est
sur le bord même de la lame et son contour se développe en hémi-
cycle sur cette lame.
On remarque presque toujours à la base, un point où le silex pré-
sente un écrasement très net. Il est reconnaissable à l'aspect blanc et
terne de cette partie. Cet écrasement se trouve à l'endroit où le tran-
chant a été appuyé avec force, et c'est cette pression qui a déterminé
le départ du petit éclat, dont la facette marque l'emplacement. A
partir de ce point, la petite cavité s'étend en demi- cercle, présentant
une dépression sur laquelle on observe presque toujours plusieurs
petites rides concentriques, d'autant plus accentuées que la facette
est plus large. Enfin elle se termine par une ligne courbe se reliant
quelquefois insensiblement à la surface de la lame ; mais le plus
souvent offrant un bord très accentué, nettement limité et donnant
l'impression d'un rebord légèrement relevé. Lorsque les facettes sont
nombreuses, elles empiètent les unes sur les autres, et chacune d'elles
n'est délimitée que par une portion de circonférence; c'est le cas le
plus habituel.
Telle est la structure de ces traces qu'un usage intentionnel laisse
au bord des silex préhistoriques. Elles permettent d'affirmer sans
hésitation, que le silex sur lequel on les observe a été manié par un
être intelligent, qui s'en est servi pour exécuter un acte conçu
d'avance dans ses centres nerveux.
Si, maintenant, nous examinons comparativement les Ebréchures
dues à des actions naturelles ou purement mécaniques, telles que le
tassement dans les terrains, la démolition et l'éboulementdes falaises,
le transport par les cours d'eau, etc , nous n'y rencontrons que dans
de rarissimes occasions le caractère dont nous venons de parler, et
surtout nous n'y trouvons pas la réunion, l'ensemble des autres
caractères. On peut rencontrer par hasard et encore est-ce rare, une
facette assez semblable à celles que nous venons de décrire ; mais
elle sera isolée, placée dans un endroit inutilisable. Rien n'est plus
instructif à cet égard, que l'examen de ces tas de cailloux que l'on
rencontre au bord des routes. Ils ont tous été débités à l'aide de chocs
par un cantonnier. En les brisant, il ne s'est appliqué qu'à les
réduire en fragments et nulle autre intention ne s'est présentée à son
intelligence dans ce travail, aussi, les morceaux ne portent aucune
trace d'un but d'utilisation intentionnelle. On n'en rencontre aucun
sur lequel on puisse observer cette série de facettes marginales, qui
accusent un but proposé et obtenu, tant il est vrai que tout ce qui
sort delà main de l'homme est une émanation directe, un reflet indis-
cutable de ce qui s'est passé dans ses centres nerveux.
Au nombre des indices qui peuvent guider le préhistorien, il faut
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 285
ranger l'examen des arêtes du silex et de ces parties dénudées qui se
remarquent souvent dans la croûte.
Remarquons en passant que si les primitifs n'ont conçu l'idée de
la taille du silex que tardivement eu égard à la longue durée des
temps éolithiques qui ont précédé l'industrie Strépyienne, le façon-
nage du silex (qui n'est pas la taille, mais qui a pu y conduire à la
longue) paraît avoir fait son apparition de très bonne heure. Il ne
faut pas confondre le façonnage avec la taille. Cette dernière con-
siste à dégrossir un bloc de silex brut et à l'amener à une forme
voulue et préconçue dans l esprit de l'ouvrier, en enlevant une série
d'éclats. Le façonnage est tout autre. Il consiste à enlever d'un
éclat naturel de silex que l'on utilise certaines parties qui blessent la
main ou gênent la préhension. C'est ce qu'on a désigné sous le nom
de Retouche d'accommodation. Le façonnage peut s'étendre aussi à la
mise en état d'un tranchant hors d'usage par suite d'un long service;
c'est la retouche d'avivage. Il peut encore s'appliquer à rendre plus
aiguë une extrémité de silex dont on veut se servir pour percer. Ce
sont là les seules opérations auxquelles s'est livré l'être probléma-
tique des époques éolithiques, dont la série s'échelonne de l'origine
du Tertiaire à la base du Quaternaire.
A partir du Chelléen, et surtout dans l'Acheuléen, la taille per-
fectionnée a su éliminer la croûte et ne présenter que des surfaces
taillées et unies, mais dans la période éolithique il est plutôt rare
de rencontrer un instrument qui n'ait pas des portions plus ou
moins étendues de la croûte primitive.
Les rognons de silex sortant de la craie sont entièrement recou-
verts d'une enveloppe calcaire ou croûte, très adhérente. Lorsque
par suite des intempéries ces rognons viennent à se fendre, ils se
divisent fréquemment en tranches parallèles, puis en fragments, dont
la plupart conservent une portion de croûte. Très fréquemment
aussi la partie corticale du rognon se sépare du noyau central, for-
mant un éclat courbe qui comprend la croûte calcaire et une couche
mince de silex.
Dans certaines industries, en particulier dans le Mafflien, ces
éclats courbes et concaves ont souvent été employés comme Racloirs
et Grattoirs.
Du reste les éolithiques ont tiré bon parti de la croûte qui assu-
rait à leurs outils une préhension solide et même dans l'industrie
strépyienne elle était souvent conservée dans ce but.
Nos poignards strépyiens, du Perche, sont toujours formés d'un
rognon allongé et à peu près cylindrique, dont un des bouts a été
disposé en pointe, pendant que l'extrémité opposée restée brute, sert
de poignée et est solidement en main. Si, dans cette dernière partie,
286 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
quelque aspérité gênante se rencontrait, elle était habituellement
supprimée, et cette élimination s'accomplissait de deux manières,
soit en l'écrasant avec un percuteur, soit en la faisant sauter par un
coup porté obliquement. Dans le premier cas, l'emplacement de cette
saillie intempestive est égrigné, martelé et facilement reconnaissable,
dans le second, on trouve à la place de la saillie, une place lisse et
unie plus ou moins large où le silex est à nu.
L'examen de ces surfaces mises à nu au milieu de la croûte, pré-
sente un grand intérêt à cause de la position qu'elles occupent.
Elles peuvent quelquefois résulter d'une cause accidentelle, mais
bien rarement, car les saillies ou tubérosités des rognons ont le
plus souvent une base épatée qui offre à l'enlèvement par les chocs
naturels une résistance presque invincible.
Il y a lieu, d'abord, d'examiner si ces surfaces sont anciennes ou
récentes.
Récentes, elles ne sont brillantes que dans les silex très purs,
comme le quartz; autrement elles sont mates et terreuses, surtout
quand le silex est tant soit peu calcaire. Leur surface est parsemée
de fines esquilles blanches, très visibles. Ce sont de petits éclats
incomplètement détachés sous lesquels une mince couche d'air a
pénétré.
Lorsque les cassures sont anciennes, elles ont un autre aspect, un
peu différent de la masse du silex, aspect que l'on désigne sous le
nom de Patine.
La patine est un caractère très essentiel dans les instruments pré-
historiques. Elle est pour eux un brevet d'ancienneté ; aussi ceux
qui ont cherché à reproduire des outils en silex se sont évertués à
l'obtenir, mais inutilement. Le temps seul produit des patines authen-
tiques.
La patine résulte d'une altération de la surface du silex, due à
l'influence de l'action prolongée de l'air humide. Elle existe sur tous
les silex éclatés anciennement. Lorsqu'on dit qu'un silex ne se patine
pas ou n'est pas patiné, cela veut dire qu'il n'offre pas un de ces
changements de coloration qui frappe les yeux ; mais ce changement
existe toujours. Il suffit pour s'en assurer de briser un petit fragment
de la surface.
Nous ne nous arrêterons que brièvement sur ce sujet, qui a été
souvent traité .
Les aspects sous lesquels se montre la patine sont très différents.
Le plus remarquable est ce qu'on appelle le Cacholong. C'est une
couche d'un blanc laiteux plus ou moins épaisse, intéressant même
parfois toute l'épaisseur de la masse. On l'attribue à la présence
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 287
d'une multitude de petits canalicules très fins, dans lesquels l'air
aurait pénétré. En somme, c'est un commencement de désagréga-
tion de la matière. Certaines conditions paraissent nécessaires à la
production du Gacholong, en particulier l'action alternative de la
sécheresse et de l'humidité. On trouve souvent des silex qui ne sont
cacholongués que d'un côté. Cela se produit quand ce silex est resté
longtemps sur le sol. La face inférieure ne porte pas la patine
blanche. Il est à remarquer aussi, que les silex d'origine lacustre
prennent plus facilement le Cacholong que les antres, ou encore
ceux qui proviennent des couches supérieures du calcaire et dont
la couleur est d'un fauve clair. Lorsque dans une fouille on ren-
contre des outils enfouis et cacholongués, on doit en conclure qu'ils
sont restés très longtemps à la surface de l'ancien sol, avant d'avoir
été recouverts par les limons.
Les autres patines n'occasionnent pas à la surface des modifica-
tions aussi radicales. La pâte du silex renferme toujours une quan-
tité variable d'oxydes de fer. A la longue les surfaces en contact
avec l'air subissent une lente oxydation qui leur donne une colora-
tion en rapport avec la nature de l'oxyde et sa teneur plus ou moins
grande. Quand l'oxyde de fer est abondant, on peut observer des
patines douées de colorations fort vives, tantôt jaune foncé, tantôt
orangé ou même tout à fait rouge. Il est rare qu'il n'existe pas au
bord de ces silex quelque éclat plus récent qui laisse voir la pâte
intérieure, on juge bien alors de la différence.
Lorsque des silex ont séjourné longtemps dans des terrains ferru-
gineux, il se dépose à leur surface une couche ferrugineuse très
adhérente, de coloration brun foncé, qui peut aller jusqu'au noir
velouté intense.
Ce que nous venons de dire à propos de la patine s'applique à
ces surfaces dénudées au milieu de la croûte que nous étudions
en ce moment. Il est à remarquer toutefois, que ces surfaces sont
rarement patinées. Il semble qu'une large surface siliceuse se patine
avec plus de facilité qu'une petite.
Un autre caractère des cassures anciennes est d'être plus ou
moins brillantes. Elles le sont même quelquefois au point de paraî-
tre vernissées. Cet effet est dû aux frottements qu'elles ont pu éprou-
ver de la part du milieu . Dans un cours d'eau, le sable transporté
donne aux silex un poli tout à fait remarquable. Les poussières
sablonneuses, transportées par le vent, agissent de même. Quant aux
outils qui sont restés enfouis au sein de la terre, la surface de frac-
ture oflre toujours un certain poli, dont la cause est la même que
celle dont nous parlerons plus loin au sujet des arêtes.
288 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Lorsqu'une saillie a été enlevée intentionnellement au moyen d'un
choc porté latéralement, ce qui est un cas très fréquent, on trouve
presque toujours au bord de la surface dénudée, la trace de ce coup
sous la forme de cette tache blanchâtre que nous avons signalée à
propos des facettes.
Lorsqu'au contraire, cette protubérance a disparu sous l'action de
chocs répétés, ce qui est moins fréquent, parce que le procédé est
plus long, il est habituellement facile de voir que le martellement est
circonscrit précisément à l'endroit utile, ce qui est un indice très
net d'intervention volontaire.
La position occupée par ces parties dénudées est certainement le
point le plus important de la question qui nous occupe, parce qu'il
se rattache à la préhension du silex. On remarquera donc avec soin
la place occupée et l'on recherchera si elle se trouve sur des points
où la main qui saisit l'outil aurait pu être gênée par une saillie du
silex. Cet examen est surtout instructif sur les instruments qui, par
leur destination, doivent être tenus fortement, tels queles casse-têtes,
les poignards, les percuteurs, les assommoirs à pointe, etc. Sur ces
silex, la dénudation de certaines parties de la croûte est caractéris-
tique d'une intention bien marquée et il ne peut y avoir de doute
lorsqu'en saisissant l'instrument on remarque que ces dénudations
facilitent la préhension. Lorsque les primitifs avaient reconnu qu'un
rognon de silex globuleux avait une forte densité et était apte à faire
un bon percuteur, ils l'adaptaient la plupart du temps à la main
pour le saisir commodément. Les retouches d'accommodation qu'ils
lui faisaient subir en enlevant des saillies là où il le fallait, sont dis-
posées de telle sorte que certains doigts de la main s'y appliquent
exactement.
On trouve, en observant ces faits, des indications précieuses sur
l'usage plus ou moins fréquent de Tune des deux mains Au Congrès
Préhistorique de France, à Périgueux, j'ai présenté une série de
Percuteurs Acheuléens, provenant de mes collections, qui étaient
tous pourvus de retouches habilement faites, sur lesquelles les doigts
de la main droite seule s'appliquaient parfaitement. Nos ancêtres,
à cette époque reculée, avaient donc déjà pour l'usage de cette main,
une préférence qu'ils nous ont léguée et qui a traversé les siècles, en
laissant des traces que l'on peut suivre à travers les âges protohis-
toriques et historiques.
L'arme, que j'ai désignée sous le nom d'Assommoir à pointe, si
fréquente dans nos stations du Perche, présente toujours en dehors
des deux ou trois éclats destinés à former la pointe, toute une série
de retouches, dont le but est d'arrondir l'extrémité globuleuse oppo-
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRAr^ÇAISE 289
sée à la pointe, de façon à l'adapter convenablement à la paume de la
main. Si la forme naturelle de cette partie est irrégulière, anfrac-
tueuse, on remarque que certaines de ces saillies ont été enlevées,
tandis que celles qui pouvaient favoriser la préhension sont soigneu-
sement conservées. Nous n'insistons pas davantage sur ce point, dont
on comprend facilement l'importance au point de vue du diagnostic
de l'utilisation des éclats naturels.
Ainsi qu'on vient de le voir, les surfaces dénudées que l'on observe
au milieu de la croûte, peuvent nous fournir de précieux indices.
L'examen des arêtes n'offre pas un moindre intérêt.
Il n'est pas toujours facile de reconnaître si l'arête d'un silex est
ancienne ou récente. Cependant il existe un caractère a&sez net qui
permet de l'apprécier. Je n'ai pas vu qu'on ait insisté sur ce fait et,
en tout cas, que Ton en aie donné la signification. Quand on passe
le doigt sur une de ces arêtes, pourvues généralement de ces facettes
d'utilisation que nous avons décrites, la sensation obtenue peut dif-
férer notablement. Cette arête peut sembler coupante et aigre au
toucher, ou paraître légèrement arrondie, un peu émoussée. Les
silex dont le bord a été utilisé anciennement, présentent ce dernier
caractère de sensation douce au toucher, bien qu'à des degrés diffé-
rents. Nous ne parlons pas ici des silex transportés, charriés par les
eaux et entassés avec des sables et des graviers comme dans lesbal-
lastières, leurs arêtes sont émoussées plus ou moins. Il arrive même
dans ce cas que les facettes peuvent avoir entièrement disparu.
Néanmoins, la plupart des outils préhistoriques roulés, conservent
encore quelques traces et une forme assez caractéristique pour qu'on
puisse les identifier en recourant à l'ensemble des signes que nous
avons décrits. Cet état émoussé des arêtes s'observe très bien dans
l'industrie Mesvinienne, dont les instruments ont été brassés et trans-
portés parles crues Campiniennes. Il est à noter que les petits outils
étant plus légers, sont moins émoussés que les moyens et les gros.
Beaucoup d'instruments de silex n'ont pas été roulés. Les stations
de surface, les industries abandonnées par des populations fuyant
devant les inondations, et dont les crues ont recouvert l'outillage
resté sur le sol, ne nous offrent pas trace de roulage. Cependant, si
on examine leurs arêtes en passant le doigt dessus, on est surpris
de constater que le bord n'a pas le caractère d'aigreur d'une arête
récente. Cette douceur au toucher est caractéristique des éclats de
silex anciens et on peut dire qu'elle est constante. Aucune explica-
tion na été donnée de ce fait, qui peut paraître singulier chez des
silex restés en place.
A mes yeux, l'arrondissement du bord coupant de ces silex
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE. 19
290 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRAIS ÇAlSK
anciens, tient à ce que ce bord très mince a subi pendant des siècles
un commencement de dissolution de la silice, à la suite de l'action
prolongée de l'eau des pluies et de l'humidité du sol. Quoique peu
soluble, la silice l'est pourtant assez pour que l'action de l'eau pro-
longée ait suffi à arrondir légèrement une arête primitivement très
mince et coupante. Telle est l'explication qui me paraît la plus vrai-
semblable pour rendre compte de cet état particulier des arêtes
anciennes.
Une autre chose est encore à envisager dans les arêtes. Il arrive
souvent qu'au lieu d'être vives elles sont égrignées et comme marte-
lées, écrasées sur certains points. Ce tait mérite d'attirer l'attention,
car les accidents naturels ne produisent rien de semblable. Il faut
pour obtenir un tel résultat, que l'arête ait reçu une série de coups
appliqués au même endroit.
Dans ce cas, il faut rechercher avec soin en maniant le silex dans
diverses positions, si la portion de l'arête ainsi martelée ne corres-
pond pas à un point où les doigts doivent porter pour obtenir une
préhension solide. Presque toujours, c'est ce qui existe; et cela prouve
que le Martelage a été pratiqué intentionnellement et qu'on se trouve
en présence d'un silex authentique.
Notre but, en exposant ces diverses remarques sur les silex, a été
de fixer les caractères auxquels on peut avoir recours pour recon-
naître avec certitude quels sont ceux dont les êtres primitifs se sont
servi, avant que leur intelligence se soit élevée jusqu'à débiter et tail-
ler les instruments dont ils avaient besoin.
Il est inutile d'insister sur l'intérêt que présente l'étude de la for-
mation et du développement de l'Encéphale humain pendant les
immenses périodes de temps qui ont précédé des industries, telles que
le Chelléen et l'Acheuléen . En repoussant systématiquement l'étude
de toute cette série d'Eolithes tertiaires, on se priverait de la partie
la plus intéressante peut-être des sciences préhistoriques. Lors-
qu'on remonte plus près des origines de l'humanité, la connaissance
de l'outillage est le seul moyen que nous ayons à notre disposition
pour apporter de la lumière sur les transformations que notre cer-
veau a subies dans l'évolution dont il a été le siège, et qui l'ont amené
de la mentalité simienne à la mentalité pyramidale d'un Bergson !
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 291
l.e Casse-Tête naviforme du Champ-8aint-Père
et ceux de Vendée.
Par M. le Dr
Marcel BAUDOUIN (Paris).
I. — Casse-tête naviforme du Champ-Saint-Père.
La Collection N. Jolly (de Luçon, V.), qui, actuellement, se
trouve au Musée Dobrée, à Nantes, grâce à la bienveillante initia-
tive de mon excellent ami, Guistheau, Député, ancien Ministr? de
l'Instruction publique (1), contient une pièce, extrêmement remar-
quable, au moins pour la Vendée, département d'où elle provient.
Il s'agit non pas d'un Marteau perforé, mais d'un Casse-tête, en
très bon état de conservation et en roche très rare, de la variété
Naviforme, dite aussi Double Hache ou Bipenne naviforme (2).
Je crois devoir, dans ces conditions, en publier une photogra-
phie (Fig. 1) et une description circonstanciée, vu la rareté de ces
pièces, surtout dans les régions du Sud de la Loire.
D'après une lettre que m'a écrite jadis (3) M. N. Jolly, voici dans
quelles conditions cette trouvaille a eu lieu.
« Une de mes anciennes servantes m'a apporté, samedi dernier,
un objet en pierre, intéressant. Ses parents habitent près Le Champ
Saint-Père (4), sur la route du Tablier. La pièce a été trouvée en
bêchant la terre, au pied d'un arbre. Je n'ai rien vu de pareil, ni
comme roche, ni comme forme. La pièce est d'un tel fini qu'on la
dirait moderne ! m
A la photographie de profil que je publie ici (Fig. 1), il est facile
de voir de quel objet il s'agit, On a affaire à un Casse-tête, en forme
de Nacelle très allongée.
La patine est grise et absolument lisse. La pièce présente un polis-
sage parfait et une réelle élégance.
La roche est g rist bleuâtre, avec des points très noirs, épars çà et
(1) A la mort de M. Jolly, j'ai pu décider en effet mon ami à faire, pour le compte
de l'Etat, l'achat de cette Collection préhistorique, très précieuse en particulier
pour l'étude de l'Age du Cuivre dans l'Ouest de la France.
(2) J. Déchelette n'admet que le terme Double Hache et ne fait pas rentrer cet
objet dans les Casse-tête . — Je crois qu'il a tort.
(3) Datée du 18 janvier 1911.
(4) Commune peu éloignée, au Sud, de La Roche-sur-Yon ; chef-lieu de canton,
Les Moutiers-les-Maufaits, Arr. des Sables-d'Olonne. — Elle est située dans le
Bocage, sur la vallée du Graon, affluent de la rive droite du Lay.
292 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
là, distants d'ordinaire de 0m015. Il est difficile de dire de quelle
roche il est question ; mais il doit s'agir d'une variété de Talcschiste
amphibolique (G. de Mortillet), certaine-
ment étrangère à la région [Points noirs
sur fond gris].
Gomme on le voit, on dirait une hache
perforée, d'aspect très fragile, à double
tranchant, un peu courbe. C'est bien un
Casse-tête du type navi forme, dont on
connaît déjà d'assez nombreux exemples
en France et à l'étranger.
Ce ne peut être qu'un objet de parade,
une arme d'honneur ou de luxe.
L'orifice, bien cylindrique, est très bien
exécuté (Fig. 1) ; et sa paroi interne, ver-
ticale, est remarquable par son poli et
son fini.
Le poids est de 396 grammes.
Les dimensions de la pièce sont les sui-
vantes : Longueur maximum 0m190 [axe
central]. Largeur maximum (au niveau
du trou), 0m045 et 0œ043. Epaisseur au
centre, 0m032; aux extrémités un peu
relevées, 0m042. Distance du centre du
trou à une extrémité, 0mÛ95 ; à l'autre
extrémité, 0m095. — Le trou est donc
bien central {Fig. 2 ; Os).
Diamètre du Trou : transversal, 0m025
(dessus), 0m024 (dessous); longitudinal,
0m024. — Il est donc nettement cylin-
drique (Fig. 2; To).
Une face est presque plate. Mais l'autre
présente une concavité marquée, les deux
tranchants étant relevés sous forme de
cornes de 0m042 — 0m032 = (M)10.
Celle-ci, comme l'autre face d'ailleurs,
par suite de cette courbure, ne mesure
que 0m162 de longueur, au lieu de0'"190:
distance correspondant aux milieux des
tranchants. La face plate a 0m043 de
large ; la concave 0m045.
La face concave est nettement en Nacelle.
Les deux faces sont bordées, tout autour, par un bourrelet ou
filet, en relief large de Gm003 à 0m004, haut de 0m002 environ, qui
Fig. l. - Casse-tête Navi-
forme. — Commune : Le
Champ Saint-Pére (Vendée).
— Echelle : 2/3 Grandeur (Ré-
duction de 1/3).— Photographie
Marcel Baudouin.— Vue oblique
" de la face concave et d'une face
latérale.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
293
les délimite ; mais la saillie est en somme faible. Il importe d'in-
sister sur ce dispositif, à cause de son aspect décoratif indiscutable
{Fig. 2;R).
On remarquera que le Trou est exactement central et que les deux
tranchants sont absolument symétriques et assez effilés (Fig. 2 ; T.).
Fig. 2. ~ Schéma du Casse-tête du Champ-Saint-Père. — Echelle : 1/2 Grandeur.
Légende : I, Vue de profil ; — H; Vue de la face concave ; — III, Vue de la face plate. —
L, face latérale; — T, Tranchant;— S, Face concave; — I.n., Face plate; — To,
Trou central: — Os, Orifice du trou du côté de la concavité ; — Oi., Orifice du côté
plat. — R, Saillie ou Rebord, en Bourrelet.
L'outil a donc été exécuté de main de maître ; et c'est l'œuvre
d'un véritable artiste, ou, en tout cas, certainement d'un polisseur
de pierre, ayant la parfaite connaissance de son métier.
Mais cet objet était forcément d'une extrême fragilité, à cause
de sa perforation et de sa longueur ; ce qui explique pourquoi on
n'en rencontre que peu d'aussi intact !
IL — Les Casse-têtes naviformes de Vendée.
En Vendée, on n'a pas encore trouvé de pièce entière, comparable
à celle-ci, à ce que je sache. — Je ne connais, en effet, aucun autre
Casse-tête Naviforme, entier, signalé pour ce département.
l°Toutefois la Collection Crochet(de Saint-Gilles-sur Vie)renferme
un fragment, inédit, d'un objet très analogue, qu'il faut absolument
rapprocher de la découverte du Champ de Saint-Père, d'autant plus
294 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
que j'ai pu assez facilement en exécuter la reconstitution : ce qui va
permettre de le comparer au précédent. — La trouvaille a été faite à
La Routière, commune de Saint-Martin-de-Brem (Fig. 3, 4 et 5).
2° De plus, j'ai vu jadis, dans la Collection Paul Lepage du Bois
Chevalier (Les Sables d'Olonne), un Casse tête à deux Tranchants,
entier, recueilli avant 1901 dans la commune de La Roche sur Yon.
Je ne me souviens pas de sa forme exacte. Il était bien, je crois,
entier, et du type de celui de l'ex- Collection Jolly. Cependant je ne
puis pas affirmer son aspect naviforme. — C'est pourquoi je n'en
parle pas et ne puis donner ici une description de cet objet. Par
contre, je vais décrire le fragment, intéressant, que je viens de citer,
avec tous les détails voulus.
Casse-tête naviforme de Saint-Martin-de-Brem.
1° Description. — Cette pièce de la Collection Crochet représente
certainement une moitié de Casse-tête naviforme. Et M. Crochet
l'a recueillie à Saint-Martin-de-Brem, à la ferme de La Routière,
sur la rive Sud du Brandeau (Fig. 3).
J'ai d'abord fait un Moulage de ce fragment (Fig. 4). Puis, comme
celui-ci semble représenter à peu près la moitié de la pièce
entière, j'ai reconstitué, en plâtre, la totalité du Casse-tête, en
accouplant deux exemplaires de ce moulage, et en surmoulant ce
modèle. Le résultat obtenu {Fig. 5) est très satisfaisant et donne une
idée assez exacte de l'outil entier, si l'hypothèse, qui m'a servi de
point de départ, est exacte. — Le polissage est très beau.
Le fragment pèse 135 grammes. L'objet entier devait donc nota-
tablement dépasser le poids de 135 gr. X 2 = 270 grammes (car
il manque les bords du trou) et approcher de 300 grammes.
La roche est d'un beau vert-gris tendre. Ce doit être une variété
de Talcschiste très dense; mais elle n'a pas de points noirs
[Amphibole].
Le tranchant peu convexe présente des cassures et des ébréchures
sur toute son étendue : constatation qui semble prouver que la
pièce entière a dû servir à frapper violemment et indiquer que cette
pierre ne faisait pas partie d'un simple objet de parade. La face
concave est en forme de nacelle (Fig. 4 ; S). Les faces latérales sont
quadrangulaires {Fig. 4; L). L'autre face est plane ou presque
(Fig. 4; In.). La périphérie de ces faces présente un bourrelet, assez
large au centre (0m008), et saillant de 0m001 à 0m002. Quoique peu
marqué, il est très appréciable (Fig. 3).
Si l'on trace, géométriquement, avec l'arc de cercle du Trou central
qui persiste, sa circonférence totale, on constate que la perforation
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 295
devait avoir, à la face concave, 0m024 de diamètre, et 0m026 à 0m027
à la face plate (Fig. 5).
Le trou est cylindrique, bien régulier et très bien poli. Les dimen-
sions du centre du trou au tranchant sont, pour la face concave, de
0m075, et pour l'autre de 0m077. La hauteur au centre est de 0m030,
tandis qu'au tranchant elle atteint 0m035.
La largeur maximum est de 0m045; mais peut-être arrivait-elle à
0m047 ou 0m048, au niveau du milieu de la perforation.
La longueur du fragment est de 0m075 à peu près.
L'objet entier devait donc avoir une longueur de 0ra075 + 0m075
= 0m150 en moyenne.
Le trou est parfaitement cylindrique et paraît avoir été central (1),
bien qu'on ne puisse pas l'affirmer.
Il faut remarquer Y asymétrie des deux côtés, qui apparaît bien
Fig
Schéma du Fragment du Gasse-tète de
Fig. 3. — Casse-tête naviforme.
— Gne de Saint-Martin-de-
Brem (Vendéei. — Fragment.
— Echelle : 1/2 Grandeur envi-
ron. — Photographie Marcel
Baudouin. — Vue de la Face
concave.
Saint-Martin-de-Brem (V.). — Echelle : 1/2 Grandeur.
Légende : I, Vue de la face plate ; — II, Vue de la
face concave ; — III, Vue de Profil (Face latérale).
— Tr, Tranchant; — e, e', e", e'", ébréchures; — L,
face latérale ; — K, Cassure ; — To, Trou central ;
— p, circonférence du trou ; — In, surface plane ;
— S, surface concave ; — R, Saillie ou Rebord, en
Bourrelet.
sur les dessins des deux faces du fragment (Fig. 4 ; D', R). — Il
semble qu'un côté représente un bord droit (R, D'), tandis que
l'autre est un peu plus oblique (R.).
Certainement, pour ce casse-tête, l'aspect naviforme est indiscu-
table; mais il est cependant moins marqué que dans la pièce du
Champ Saint Père, ainsi que le montre la restauration en plâtre que
j'ai pu effectuer (Fig. 5).
(1) Ma reconstitution en plâtre a été faite, bien entendu, dans cette hypo-
thèse, qui paraît ici la plus logique {Fig. 5; IV).
296 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
2° Comparaison. — Si l'on compare les deux Casse-têtes en
Nacelle ci-dessus, il est facile de voir que le second est beaucoup
plus court que l'autre (0m150 pour 0m190), que leur largeur maxi-
mum au centre diffère à peine (0m045 et 0m048) et que le trou central a
môme diamètre (0m024). — C'est donc, lors de la fabrication, le forage
du trou central qui dominait le travail à faire. On remarquera aussi
qu'il y a peu de différence dans la concavité de l'une des faces,
l'autre étant presque plane.
Un point à souligner encore est la différence qui existe, sinon
pour l'espace séparant les faces latérales de la périphérie du trou
central (elle est minime), du moins pour le Bourrelet, décoratif,
des faces. Sur la pièce de Saint-Martin-de-Brem, celui-ci est très
large et aussi large au niveau du trou qu'il borde qu'au tranchant,
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Fig. 5. — Reconstitution schématique, théorique, du Casse-tête de Saint-Martin-de-Brvrn.
— Echelle: 1,2 Grandeur.
Légende : Même légende que pour la Figure 4. — A-IV, Vue de Profil. — B, Vue de la
face concave.
tandis que, sur l'autre objet, il reste séparé de ce trou par une dis-
tance de près de 0m006; aussi est-il ici tangent au trou lui-même, au
lieu d'en être assez espacé (1).
III. — Casse-têtes divers de Vendée.
Si l'on ne connaît jusqu'à présent pour la Vendée que ces deux
ou trois Casses-Têtes naviformes, il faut dire qu'on a déjà annoncé,
pour ce pays, la trouvaille d'autres Casse-Têtes, de la variété dite
Hache-Marteau perforée.
Haches-Marteaux. — Les plus célèbres, parmi celles déjà indiquées,
sont les suivantes :
(1) Gela est forcé; sans cela l'objet n'aurait aucune résistance. A égalité de
diamètre pour le trou (0m025), il faut une paroi limitante d'égale épaisseur (0m010-
0m0l2) et d'égale résistance.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 297
1° Hache-Marteau de Saint-Urbain, actuellement au Musée de
Nantes (1) ;
2° Hache-Marteau de Soullans [Collection particulière] (2);
3° Hache-Marteau de Saint- Mesmin-le- Vieux [Disparue] (3).
Mais je puis en citer d'autres, encore inédits :
1° Hache-Marteau de Saint-Hilaire de Talmont [Collection P. du
Bois Chevalier] ;
2° Fragment de Hache-Marteau de Saint Martin-de-Brem [Le
Godet] [Collection Crochet] (4).
Je décrirai, dans un autre mémoire, toutes ces pièces, rares et
très intéressantes.
IV. — Les Casse-tètes nàviformes en général.
1° Distrirution géographique. — A. France. — On peut rappro-
cher des Casse-têtes de Vendée, que je viens de décrire, une série
de pièces, en forme de Nacelle, à trou central, trouvées en France
et souvent figurées :
1° Normandie (5). — a) Manche (Musée de Saint-Lô) (Fig. 6). —
b) Orne (Musée d'Alençon) : Saint-Germain- du-Corbeis (Fig. 6). —
c) Eure : 1° Fragment, Conches (Fig. 6) (Collection L. Coutil);
2° Les Andelys (Mantelle), entier (Collection L. Coutil). —
Total : 4.
2° Bretagne (6). — a) Morbihan : Musée de Vannes : 2 fragments
(N° 300 et 54) ; Musée Miln : 1, Brech; 1, Plœmel; 2 fragments. —
b) Finistère (Musée P. du Chatelier) : 1, Plobannalec; 1 fragment.
— c) Côtes- du-Nord : 1 pièce. — d) Loire-Inférieure : Pont-
château (Moulage au Musée de Vannes), 1 ; — Saint-Père-en-
Retz (Dolmen du Carreau Vert), 1; — Saint-Joachim-des-Eaux, 1.
— Total : 12 (7).
(1) Pitre de Lisle. — Catal. du Musée Arch. Nantes. — Nantes, 1903, 3e édit. ,
p. 4. N° 122. — Beau travail. Parfaite conservation. Diorite (?) à grains noirs. Col-
lection P. de Lisle. — Mais le trou n'est pas, je crois, central (à vérifier).
(2) CharbOnneau-Lassay (L.). — Une belle arme préhistorique bas poitevine :
La Hache-Marteau de Soullans. — Rev. du Bas-Poitou, F. 1. G., 1913, ri° 1, p. 9-11,
(3) Revue du Bas Poitou. — Loc. cit. [Voir p. 11].
(4) Roche granitoïde décomposée. — Trouvée en labourant dans une vigne^
c'est-à-dire à une assez grande profondeur.
(5) L. Coutil. — Bull. Soc.- Préh. Franc., 1908, 23 avril. — A. de Mortillet. —
Mat. p. l'Hist. de l'Homme, 1881.
(6) Aveneau de la Grancière. — Inventaire sommaire des... Haches Doubles en
Pierre Polie, etc — Bull. Soc. Polym. Morbihan, 1910. — Vannes, 1910, in-8".
(7) Déchelette {Manuel, t. I, p. 517) a figuré {Fig. 185; Noc 4 et 5), deux
Casse-têtes nàviformes, trouvés l'un dans le Doubs (dragages/ [Musée de Besan-
çon], l'autre dans le Dolmen de Bougon (D.-S.).
-08 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
3° Centre — Indre-et Loire (Musée de Tours), 1. — Loir-et-Cher
Musée de Blois), 1. — Yonne (Musée d'Auxerre), 1. — Nièvre: La
Charité, 1. — Loiret, 1. — Total : 5.
PIOCHES , HACHES -MARTE AUX ET MARTEAUX
DE LA NORMANDIE
Fig. 6. — Les Casse-têtes naviformes (H. bipennes) de Normandie [Cl. L Coutil] —
Sainl-Lô. — Saint-Gsrmnin- du-Corbéis (A.). — Conches (E.) : fragment (1).
4° Ouest. — Deux-Sèvres : Tumulus de Bougon, 1. — Charente :
Collection T. de Rochebrune, 1. — Total : 2.
(1) Mentionnons que la Hache-marteau de Conches n'existe, en réalité, que pour
une moitié. — Sur .«on dessin, M L. Coutil a rétabli, en plus clair, l'autre moitié, en
faisant une sorte de Casse-tête, car le tranchant est mousse. Or, il y a de ces
sortes de Haches, qui ont un tranchant incurvé.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE • 299
5° Est. — Ooubs (Musée de Besançon), Le Doubs, 1. — Aube,
1. - Loire (Musée de Montbrison), 1. — Haute-Marne 1 (1 .
— Total : 4.
6' Nord. — Oise (Communication Baudon) : Bury, 1 fragment
Fig. 7. — Bury (Oise). Fragment. [Odlect. Baudon]. — Cl. Baudon.
(Fig. 7) (2). — Seine (Musée Saint-Germain), 1, Seine {Fig. 8) (3)
(Collection Belgrand), 1, Seine. — (Collection Evans), 2, Seine. —
Fig. 8. - Dragages de la Seine [Collect. Fillon]. — Cl. Baudon. — Reproduction de la
Fig. du Musée préhistorique (PI. LVI1I, N° 632).
Seine et-Oise (Musée Saint-Germain), 1, Grigny. — Seine-et-
Marne, 1 — Total : 7.
Ensemble : 34 (4).
Avec les 2 certains de Vendée, cela donne déjà un total de
36 pièces au moins, pour la France
B. Etranger. — En Europe, ces Casses-têtes ne sont pas aussi
rares. — Parfois trouvés entiers, ils ont souvent des formes très
élégantes. Mais ils diffèrent un peu des modèles français. — Je puis
citer les faits ci-dessous :
1° Angleterre : Hunmanby (Yorkshire) [Trou biconique, et non
cylindrique : variété rare]; — Hove (Brighton) ; - Rolston-Field
(Wilts); — Throwley (Derbyshire) [J. Evans].
2° Suisse : Palafittes d'Obermeilen ; de Wanvyl ; du Lac de
Constance ; de Nusdorf ; d'Agiez [Vaud]. — Musée de Genève
divers). — [Pièces cassées en général], [R. MunroJ.
(1) Le. Préhistorique, 2« Edit., 1885 [V. p. 649, fig. 62],
(2) Bull. Soc. Préh. Franc., 1907, p. 315.
(3) G. et A. de Mortillet (Musée préh., PI. LVIII, N° 632) ont représenté ce
Casse-tète, reproduit par Baudon (Fig. 8).
(4) Un Casse-tête naviforme a été figuré par J.-M. Le Mené [Cat. du Musée
Arch. de la Soc. Pol. Morb., 1881, pi. I. E]. — J'ignore ce que cette figure
représente; c'est sans doute celle de Pontchateau (Cf. p. 12) !
*>00 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
3° Allemagne : Huelzen (Hanovre). — Brandeburg. — Gardauen
(Prusse). — Hallstatt. — Musée de Nuremberg (N° 4737, plutôt
type Hache-marteau).
4' Dancmarck. — Musée de Saint-Germain [B. ' S. P. F., 1907,
lig. 9 — Danemark [Musée Saint-Germain]. — Cl. Baudon.
p. 3151 (Fig. 9). — Collection Paul de Givenchy, 1. (Paris), avec
une corne plus baute que l'autre; etc.
5" Suède. — Collection Sjoborg. — Fig de O. Montelius
(PI. V, fig. 1). — Collection P. de Givenchy, 1. (Paris), avec trou non
central,, etc. [Forme de Canot automobile] ; etc.
2° Boche. — Bien entendu, la roche est variable, suivant les pays
considérés. — Mais, comme l'a dit G. de Mortillet, les Naviformes
sont très souvent en Talcschiste amphiboliqae.
La difficulté est de trouver le point d'origine de la pierre
employée ; ce problème n'est pas résolu, pour la France, à l'heure
présente.
Quand on en aura la solution, nous aurons là une nouvelle don-
née, très importante, pour l'étude du Commerce à la fin de l'époque
de la Pierre polie.
Il est à noter qu'on ne connaît pas de pièce en silex, cette roche
étant impossible à préparer, à polir et à percer de la sorte, même en
utilisant des silex à trou naturel, servant d'armorce !
3" Epoque. — Les conditions de trouvailles empêchent de dater les
pièces de Vendée ; mais elles sont probablement delà fin du Néolithi-
que, comme celles de Bretagne (sinon de Grande Bretagne), dont
quelques unes ont été rencontrées dans des Sépultures de la Pierre
Polie et des Dolmens {Le Carreau Vert, L. I). — Les trouvailles
dans les Palafittes indiquent d'ordinaire la même époque.
Certains Casse-têtes étrangers peuvent être toutefois du début des
Métaux.
3° Fabrication. — Malgré les difficultés de fabrication d'une telle
pièce, en particulier la confection des filets saillants des faces plate
et concave, qu'on n'a pu obtenir en relief que par un piquage localisé
très méticuleux, et la perforation centrale, il est démontré aujour-
d'hui que ce travail n'était pas au-dessus des moyens dont dispo-
saient les Hommes de la fin du Néolithique.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 301
On se demande, seulement, comment on pouvait arriver à polir
les faces planes et concaves de ces objets ; il fallait, évidemment, user
de petits Polissoirs à main, à assez faible surface polissante.
4° Usage. — Il est impossible, jusqu'à trouvaille de pièce emman-
chée, de voir dans ces objets autre chose qu'un Sommet de Casse-
Téte, comme l'ont bien reconnu MM. de Mortillet. — Mais est-ce
bien là la bonne hypothèse ?
a) En tout cas, il ne peut s'agir d'un Outil, l'objet étant trop
fragile [vu la largeur du trou d'emmanchage et la forme de ses
extrémités] et trop soigné, avec des parties décoratives. — Pourtant
il a pu servir d'arme défensive [Casse tète] (1), tout en pouvant être
aussi un objet d'apparat ou de culte, une sorte de sceptre.
b) Malheureusement on n'en connaît pas encore de préhisto-
rique (2) qui ait été trouvé enmanché (3), car ces pièces ne sont pas
entières, quoique très communes, dans les Palafitles (4)!
c) On ne sait pas, par suite, si ces objets étaient emmanchés les
cornes en Vair ou en bas, c'est- à-dire en Casse-têtes ou en Haches!
Peut-être la différence d'usage et de polissage des faces plate et
concave pourrait-elle renseigner à ce sujet ?
Toutefois, deux pièces, de la Finlande Orientale et de la Carélie
russe (5), semblent plutôt indiquer une emmanchure avec cornes en
bas. — Mais ces objets ne doivent pas être analogues à ceux de
France en réalité et sont sans doute de l'Age des Métaux; leur forme
en diffère trop.
5° Signification. — John Evans (6) a démontré, simplement à
l'aide des figures de son célèbre ouvrage (7), qu'il existe tous les inter-
médiaires entre les Casse-têtes naviformes [Hache bipenne ou Dou-
ble Hache naviforme] et le type de la Hache perforée [Hache uni-
(1} En effet, le Casse-tête de Saint-Martin de-Brem (Vendée) a dû être employé
à frapper, car il est très ébréché [I''ig. 4 ; III, e, e , e").
(2) Adrien de Mortillet (Mai. p. Hist. de ÏHomme, 1882, XVIII. Tiré à part,
p. 11) affirme pourtant que, dans l'Amérique du Sud, au cimetière d'Ancon (Pérou),
on en a exhumé plusieurs spécimens, ayant encore leurs manches en bois; mais
j'ignore la forme des sommets de Casse-Têtes, auxquels il est ainsi fait allusion.
Il ne doit pas, sans doute, s'agir du type dit Hache bipenne ou naviforme.
(3) Adrien de Mortillet [Mat. p. VHist.de L'Homme, 1882, XVIIIJ en a figuré un
moderne, de la Nouvelle-Guinée (Collection E. Cartailhac, Toulouse) ; mais il s'a-
git d'un sommet de Casse-Tête en forme de boule et sphérique.
(4) R. Munro (Les Stations lacustres d'Europe, Tr. fr.) n'en figure aucun emman-
ché !
(5) Aspeliz. — L'Age de la Pierre des régions finno-Ongrienne . — Congrès de
Stockholm, t. I. — L'une de ces Haches (c'est mon diagnostic actuel) porte, en
effet, à une extrémité une tête d'animal, qui indique le sens d'emmanchage.
(6) J. Evans. — L'Age de la Pierre. — Trad. franc.
(7) Cf. Fig. 135, 136, 137, 140, 126, 125, et surtout 118.
302 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
penne], dont le talon a la forme d'un Marteau. Par conséquent ce
modèle de Casse -tête n'a rien de spécial, d'autant plus qu'on peut
le rattacher aussi au Marteau double également par des Bipennes
qui n'ont pas l'aspect naviforme et présentent deux faces absolu-
ment planes (1).
Dans ces conditions, je crois que le modèle Naviforme n'est qu'une
affaire de mode. Je ne puis donc y voir la représentation d'un Sym-
bole, comme certains semblent le penser; et je ne crois pas qu'on
ait voulu ainsi représenter un Bateau [et en particulier le Bateau
solaire\, de façon à avoir un objet qui puisse servir d'attribut spécial
ou cultuel à tel ou tel chef ou prêtre.
Mais, comme dans ces conditions, à la base de cette forme, il
semble qu'il y ait pourtant l'idée de Hache et comme la Hache a
été, indubitablement, à la fin du Néolithique, un Symbole so-
laire (2), il n'y aurait rien d'impossible, en réalité, à ce que les Casse-
Têtes, en forme de Hache, aient eu une signification cultuelle véri-
table et plus ou moins différente de celle des Casse-têtes en forme
de Boule, etc. — L'avenir seul pourra, d'ailleurs, nous éclairer sur
ce problème, impossible à résoudre aujourd'hui, faute de trouvaille
de PIÈCE EMMANCHÉE !
La Pierre à Cupules de Fontaine (Isère)
Le capitaine L. JAGQUOT (de Grenoble).
Le 16 mai 1915, conduisant les Boys Scout en marche-manœuvre
au Bois de Vouillant et voulant leur montrer le Coup de Sabre — qui
est une fissure naturelle du rocher, au fond de laquelle passe le
chemin — , je leur fis traverser Fontaine et nous nous engageâmes dans
le chemin muletier qui conduit d'une part à Pariset et de l'autre
aux Balmes.
Ce chemin, connu pour être très ancien, est d'un aspect particulier
depuis le carrefour jusqu'au delà du village. Il est pavé en morceaux
de roche plantés serrés et coupé à intervalles rapprochés de [lignes
parallèles, formées de grands éclats de pierre provenant de lauzes
brisées. On appelle Lauzes, dans le langage du pays, de très grosses
(1) Cf. Fig. 139, 142, 145.
(2) Marcel Baudouin. — Hache gravée au trait des Vaux, en Saint- Aubin-de-
Beaubignè (D.-S.). — A. F. A.- S., Paris, 1913.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 303
dalles plus ou moins épaisses, plates, et non équarries, extraites de
certaines carrières et dont on se sert pour clôturer les jardins et les
champs aux abords des agglomérations (1). On les trouve par bans
assez faciles à débiter et leur emploi était autrefois d'un usage cou-
rant, malgré leur poids souvent excessif.
Immédiatement après la dernière maison (appartenant au sieur
Sibyllain), à l'Ouest et contre le chemin, à 80 mètres du carrefour,
une très grosse dalle ou lauze attira mon attention par sa position
oblique, ayant glissé sur le talus en pente. Je m'arrêtai pour l'exa-
miner et j'y découvris du premier coup d'œil des Cavités cupelli-
formes, que je me promis de revoir. Un orage éclatant alors nous
obligea à nous réfugier, un peu plus haut, sous un abri naturel que je
£Ut*
tJL *t»*
Fig. 1. — La Pierre a Cupules de Eontaine (Isère) — Echelle : 1/20 environ.
Légende : I à VIII, N08 des Cupules certaines. — a, b, d, Cavités discutables.
signalerai à notre collègue Muller, sachant qu'il vient souvent dans
les parages pour y faire des fouilles.
Je suis retourné le 13 juin à Fontaine et j'ai dessiné cette fois la
Lauze, en déblayant tant bien que mal les orties qui la recouvraient
en partie Autant que j'ai pu m'en assurer faute de pioche, cette dalle
mesure 3m50 de long sur lm50 à lm60 de large et à peu près 0U,20
d'épaisseur. Elle est en une sorte de calcaire très veiné, primitive-
(1) Ne pas confondre aven les Lauzes de la Haute-Savoie, qui sont des cuveltes
retenant les eaux de pluie [Lauzcnelle, près Thonon ; Lausanne, etc.]
304- SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
nient blanc, mais fortement noirci par le temps. Son orientation
importe peu, puisque la pierre îïest plus en place.
J'y ai relevé 8 cavités (Fig. 1), que je crois pouvoir certifier être
des Cupules, plus une douteuse et deux qui sont probablement dues
au travail de l'eau de pluie. — Je les ai numérotées de gauche à droite
et de haut en bas. Les Numéros I à V sont sensiblement sur une même
ligne assez régulière, et les numéros VI, VII et VIII sont dispersés
dans le bas de la dalle. Toutes sont sur la partie gauche de la
lauze.
Voici, dans un tableau, les dimensions des cupules supposées:
N° d'ordre
• Longueur.
Lnrgeur.
Profondeur.
Particularités.
I.
0,030
0,030
0,020
conique.
II.
0,025
0,025
0,015
III.
0,040
0,040
0,015
IV.
0,080
0,070
0,125
une
2e cavité intér
V.
0,080
0,000
0,035
VI.
0,060
0,040
0,015
VII.
0,090
0,070
0,040
piei
Te très veinée.
VIII.
0,080
0,080
0,030
cavité 1res nette.
Songeant à notre secrétaire général, M. M. Baudouin, j'ai noté les
espaces intercupulaires ; les voici (mesurés d'axe en axe) :
De III à IV, 0"070.- De IV à V, 0"'440.— De I à II, 0m070.— De
VI à VII, 0m175. - De VII à VIII, 0m510. - De V à VII, 0™740.
— De I à d (cavité douteuse), 0m560.
Remarque : Les cavités IV, V, VII et VIII sont de forme ovale',
mais elles ne sont pas pareillement orientées.
Observation. — Fontaine est exactement au pied de la montagne
(massif du Villard-de-Lans), en face du Casque-de-Néron, et en
dehors de la grande voie de communication Grenoble-Sassenage.
On y a trouvé des Grottes préhistoriques, auprès des carrières.
M Marcel Baudouin. — Je n'ai pas besoin de souligner l'intérêt
des mensurations de M L. J ;cquot. — Il est évident que la Commune
Mesure intercupnlaire existe ici et est typique. Elle est de 0m070 et
est donnée par les espaces III IV et I II. — En eftet, 0m440 == 0"070
X 6 + 0'"02; ()in175 = 0"'070 X 25 ; 0m510 = 0m070 X 7 -f 0"02 ;
et 0*560 = 0m070 X 8, très exactement.
Par suite il est probable que la Cavité d et les autres, douteuses
pour M. Jacquot, sont bien réellement de vraies Cupules.
\o
r
SÉANCE DU 22 JUILLET 1915
Présidence de M. LE BEL.
-<__ -"GM*S<=J»-0-
PROCÈS-VERBAL DE LA SÉANCE.
La Séance est ouverte à 4 heures, sous la Présidence de M. Le Bel,
Vice-Président.
Il est donné lecture du procès-verbal de la dernière séance
(24 juin 1915), qui est approuvé.
A propos du procès-verbal, note de M. Marcel Baudouin.
M. le sous-lieutenant de génie Patte, décoré de la Croix de
Guerre, blessé antérieurement, assiste à la séance.
Légion d'Honneur.
Nous avons lu, avec le plus vif plaisir, au Journal Officiel, la men-
tion suivante :
M. le Dr Atgier (Em.), médecin-major de lre classe, territorial,
directeur du service de santé d'une D.-T., compte de longs et honora-
bles services. Depuis sa mise à la retraite jusqu'à la mobilisation
(9 ans), est médecin et chirurgien de la Poudrerie nationale et d'une
garnison. A fait preuve de zèle et d'autorité, depuis le début de la cam-
pagne, dans ses fonctions de médecin divisionnaire ; est nommé Méde-
cin principal (de 2e Classe).
Il a été, en outre, nommé Officier de la Légion d'Honneur et a reçu
la Croix de Guerre, depuis l'ouverture des hostilités.
M. le Dr Atgier, actuellement malade à l'Hôpital militaire d'Amélie-
les-Bains, est le Président en exercice de la Société préhistorique
française, qui lui adresse ses plus vives félicitations et ses meilleurs
vœux de prompt rétablissement.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE. 20
306 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Correspondance.
Lettres d'Excuses et de Condoléances. — MM. le Dr A. Guérhard ;
— A. Viré ; — Ch. Schleicher; — Thiot ; — Dr Atgier ; — Edmond
Hue; — 0. Vauvillé.
Bibliothèque.
La Société Préhistorique Française a reçu l'ouvrage suivant de M. :
Chauvet (Gustave). — Projet d'aménagement des Antiquités préromaines au
Musée des Grandes-Ecoles, à Poitiers. — Poitiers, 1915, in-8°, 12 p.
Prochaine Séance.
La prochaine Séance de la Société Préhistorique Française, confor-
mément aux Statuts, n'aura lieu que le 28 Octobre 1915.
Présentations et Communications.
Discussion sur les Casse-têtes navi/ormes ; par E. Taté, L. Coutil,
A. de Mortillet, Marcel Baudouin.
L. Coutil (Saint-Pierre-du-Vauvray). — Présentation d'une Hache
à bouton typique de l'Eure.
A. Brasseur (Gournay-en-Braye, S.-I.). — Curieuse trouvaille des
deux moitiés d'une Hache Acheuléenne, avec Fossile à V intérieur (1 Fig.).
Marcel Baudouin. — La Sculpture pédiforme et les Cupules du Rocher
N° I de La Dévalée, à Vile d' Yeu (V.).
J. Bossavy (Versailles). — Deux Polissoirs nouveaux pour Seine-ct-
Oise. — Discussion : Marcel Baudouin.
Aug. Devoir (Brest, F.). — Contribution à l'étude de l'Ere monu-
mentale préhistorique : L'Architecture Mégalithique bretonne et les
observations solaires. — Discussion : Marcel Baudouin.
Admissions nouvelles.
Sont proclamés Membres de la «S1. P. F., MM. :
Carnoy, professeur au Lycée Voltaire, Offficier de l'Instruction
publique, Folkloriste, Warloy-Baillon (Somme).
[A. DE MORTILLET. A.-L . HaRMOIs] .
Harmois, Gustave, architecte, Officier d'Académie, 26, rue de
Reuilly (Paris). [A. de Mortillet. — A.-L. Harmois].
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 207
II. — NOTES, DISCUSSIONS ET PRISES DE DATE.
Découverte d'une IVéeropole mérovingienne,
près rVancy.
M. Marcel Baudouin. — Les journaux quotidiens ont annoncé
la découverte, dans la région du Grand Couronné, près Nancy
(M.-et-M.), de plusieurs Squelettes, qui, d'après le mobilier décou-
vert, semblent remonter à l'époque Mérovingienne. — On a exhumé
des armes et des parures.
Nous signalons cette trouvaille, surtout parce qu'elle se trouve
dans la zone des Armées et est peut-être due à des travaux d'ordre
militaire.
Fond de cabane de PEpoque mérovingienne à
Mainte Geneviève - lés ■ Gasny, canton d'Eco»
(fÇure.)'.
[Prise de Date],
Georges POULAIN (Eure).
A environ 1,500 mètres du village de Sainte-Geneviève, vers
Vernon, au bord du chemin de grande communication n° 5, dit « de
Vernon à Bray » et à la naissance d'un chemin rural dit « Voie de la
Roquette », conduisant à la Chapelle-Saint-Ouen, se voit, à flanc de
coteau, une remise, creusée dans la craie, en arrière d'une carrière,
d'où on a extrait cette matière. Le lieu-dit a nom La Roquette.
Sur le côté droit de la carrière en entrant dans celle-ci, se dessi-
nait avant la fouille, un filet horizontal déterre, battue et brûlée, avec
au-dessus une accumulation de cendres : le tout recouvert par un
mètre de limon des. pentes. C'est ici que se trouve le fond de cabane,
qui fut l'objet en mars dernier de mes investigations, aidé par un de
mes amis, très averti des questions archéologiques locales, M. De-
mante (de Sainte-Geneviève), qui découvrit ces vestiges .
Ce fond de hutte, entamé jadis par la carrière qui en a diminué la
largeur, était taillé à même le terrain crayeux de la pente et une des
parois atteint encore à une extrémité, lm50 de hauteur. Il mesurait
5m80 environ de long et devait avoir une forme rectangulaire. Le
plancher et les murailles ont subi l'action d'un feu violent. Il y avait
à l'intérieur un amas de cendres, charbons et silex craquelés, épais
de lm50, provenant sans aucun doute de l'incendie et de l'effondré-
308 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
ment de l'habitation, qui devait comporter en hauteur des murs en
pierres sèches.
Les trouvailles, peu riches, consistent seulement en quelques os de
bœuf et tessons de poterie mérovingienne, dont importe le treillis
caractéristique. A l'extrémité nord, on voit une sorte de voûte de
four, remplie de cendres. Cette cabane était très bien orientée au
Sud, vers la rivière d'Epte, dont le lit roule ses eaux limpides à
300 mètres environ de là.
A quelques centaines de mètres de ce point, existait un Cimetière
franc, dont je parlerai plus tard.
Curieuse Trouvaille de deux moitiés d'une
Hache Acheuléenne avec Fossile à l'intérieur,
BRASSEUR (Gournay, Seine-Inférieure).
Il y a vingt ans, au moins, dans une excursion faite sur les hauts
plateaux, aux abords et à 1 Est de Neufmarché, pour la recherche
d'outils en silex, il nous a été
donné de rencontrer une moitié
de Hache Acheuléenne, très
bien taillée, patinée bleu foncé,
et veinée de blanc. Bien que
cette pièce ne soit pas entière,
nous l'avions ramassé, à cause
de sa taille qui est d'une régu-
larité parfaite et aussi à cause
d'un Fossile (Spalangus retusus)
(F), qui se trouvait engagé dans
l'intérieur, et qui s'était détachée
de la partie manquante (Fig . 1 ; I).
Nous avions mis ce morceau
de hache de côté, l'ayant trouvé
curieux à cause du fossile dont il
s'agit.
Longtemps après, en 1914, fai-
sant une autre excursion au
même endroit, nous avons pu
rencontrer le deuxième mor-
ceau, lequel s adapte parfaitement avec le premier (Fig. 1 ; II).
De plus, dans la deuxième moitié, on voit V empreinte (E) du Fossile,
resté adhérent au premier morceau.
Fig. 1. — Hache Acheuléenne, avec Fos-
sile à l'intérieur, cassée en deux mor-
ceaux. — Echelle : 1/2 Grandeur.
Légende : I, II, les deux fragments ; —
K, K', Cassure ; — F, Fossile ; — E,
Empreinte.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 309
La cassure de la hache (K, K') est patinée, d'un bleu foncé, par-
semé de petits points blancs ; ce qui prouve que cette cassure est
bien du temps.
Les deux morceaux se rajustent ensemble d'une manière parfaite,
et, la hache posée sur une table, il est impossible de voir la cassure.
N'est-il pas surprenant de rencontrer à intervalle de vingt ans, les
deux morceaux d'une même hache cassée il y a des milliers et des mil-
liers d'années, surtout une hache renfermant un Oursin à l'intérieur?
Cette hache mesure en longueur 0m115 sur 0m08 de large et 0m032
d'épaisseur.
Deux Polissoirs nouveaux pour Seine et-Oise.
PAR
J. BOSSAVY (Versailles, Seine-et-Oise).
J'ai eu l'occasion de voir récemment à Mantes-sur-Seine, dans
l'Hôtel Brieussel, transformé en Musée, deux Polissoirs, nouveaux
pour Seine-et-Oise.
Grâce aux soins intelligents du Conservateur, M. E. Philippe, ces
Polissoirs ont été offerts au Musée par M. Moisson, propriétaire à
Mondreville, qui les a trouvés sur ses terres il y a quelques années,
et qui les hospitalisait, depuis, dans la cour de sa ferme, à l'insti-
gation de M. Rongeâtre, alors instituteur dans sa commune. — C'est
à cette initiative que l'on doit leur conservation.
Les deux Polissoirs sont en grès siliceux, k grain très fin, légère-
ment imprégné de fer.
I. Le plus grand, d'un poids de 600 kilogrammes environ, à
la forme d'une ellipse irrégulière ; il mesure en moyenne 1 mètre
sur 0m65, avec une épaisseur de 0m60. Il porte, sur l'une des grandes
faces, une Cuvette, centrale, ovoïde, de 0m45 sur 0m28 et 0m07 dans
sa plus grande profondeur, à pentes douces et polie. Toute la sur-
face environnante est une grande plage d'un poli excessif, formant
cuvette circulaire de peu de profondeur, par rapport à la cuvette
centrale.
La face opposée présente une cavité irrégulière, en forme de V
renversé, largement ouvert, dont les bras auraient 0m50 et 0m38. La
largeur moyenne est de 0m25, les bords presque droits et la profon-
deur de 7 à 8 centimètres. Cette cavité, peu distante des bords du bloc,
s'y relie par un conduit dont la largeur passe de 10 à 4 centimètres,
pour s'accompagner, sur la tranche du bloc, de deux parties planes
paraissant volontairement pratiquées et assez lisses qui l'encadrent
et ont respectivement 5 et 6 centimètres. Le conduit prend ainsi une
largeur total de 15 centimètres ; il va s'atténuant, sur une largeur
de 0m16. L'épaisseur moyenne du bloc, à cet endroit, est de 0m25.
310 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FKANÇAISE
Dans le fond de la cavité, et en face du sommet du V, est un trou
assez profond de 5 centimètres de diamètre, à bords assez lisses.
Sur le côté le plus épais 0m55 X 0m60, le bloc présente cinq autres
trous de 4, 5, 6 et 7 centimètres de diamètre, dont les bords sont
également lisses et d'une profondeur de 6 à 8 centimètres. D'après
M Philippe, qui a fait placer ce Polissoir dans le jardin du Musée
et à qui j'en dois l'indication, la partie qui repose sur le sol présente
aussi plusieurs trous, également réguliers. Leur diamètre semble
constant ; mais leur distribution paraît irrégulière. Faut-il leur
donner une interprétation ? Je ne crois pas que cela soit encore
possible. Je compte me rendre à Mondreville pour explorer la
région d'où provient ce bloc; et peut-être l'occasion me sera-t-elle
fournie de vous en reparler.
II. — Le second Polissoir ne pèse que 10 kilogrammes environ.
Il a la forme d'un parallélipipède à angles abattus. Il mesure 0m32
sur 0m20. La partie polie en cuvette a, sur une face, une largeur
de 0m12, avec une profondeur au centre de 0m023. La face oppo-
sée, en partie abîmée, est polie sur une longueur de 0m24, une
largeur de 0m07 avec une profondeur, au centre, de 0m07.
M. Marcel Baudouin. — Le premier Polissoir a une Cuvette fort
intéressante, qui constitue un document scientifique de première
importance; en effet, elle prouve, de par sa forme même, que Von ne
préparait pas au préalable les pierres destinées à polir, contrairement
à ce que certains préhistoriens pensent.
Note sur deux. Casse-Têtes en pierre,
et uatvï formes die Scandinavie.
Paul de GIVENGHY (de Paris) (1).
A notre séance du 27 mai 1915, M. le Dr Marcel Baudouin, après
avoir présenté des Casse-Têtes naviformes provenant de la Vendée,
a exprimé le désir de voir établir un Inventaire de ces rares objets
(Voir Bulletin 1915, pages 291 et suivantes).
Je m'empresse de satisfaire le désir de notre Secrétaire général,
en présentant aujourd'hui les deux Casse-Têtes naviformes que je
possède.
J'ai peu de renseignements à donner à leur sujet, car ils pro-
viennent d'anciennes collections. Ils sont photographiés ici gran-
deur naturelle (Fig- 1 et 2). Celui qui est représenté de face et de
(1) Présentation faite à la séance du 24 juin 1915.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE SU
profil dans la Figure 1 provient du Danemark, et celui de la
Figure 2 provient de Suède.
Ces deux pièces- sont celles citées par M. Marcel Baudouin dans
sa nomenclature, à la page 300 du Bulletin de cette année.
Si ces objets offrent tous les deux des caractères communs, ils
présentent aussi de notables différences. Ils sont tous les deux
naviformes. quand on les considère de profil. Celui de la Figure 2
notamment, représente assez bien la forme d'un canot automobile.
Ils ont tous les deux une extrémité biseautée, c'est-à-dire taillée en
tranchant, tandis que l'autre extrémité est plus ou moins arrondie.
Mais, ce qui les distingue essentiellement l'un de l'autre, c'est
que le trou de perforation du Casse-Tête de la Figure 2 n'est pas
au centre, tandis que celui représenté Figure 1 se trouve exacte-
ment au milieu, à égale distance des deux extrémités.
De plus, l'outil de la Figure 2 présente deux bourrelets ; l'un
très saillant, est situé autour d'une des faces du trou de perfora-
tion, comme pour le renforcer; l'autre en forme de bouton, termine
l'extrémité opposée au tranchant.
Ce dernier bourrelet qui offre une vague ressemblance avec les
Haches bretonnes, dites à Bouton, est entouré d'une rainure, pro-
bablement destinée à maintenir et à empêcher de glisser des liens
renforçant l'emmanchure (1).
Deux marteaux Casse-Têtes, absolument identiques comme formes
aux deux pièces que je présente ici, figurent dans le Catalogue de
Préhistoire du British Muséum {A guide to the Antiquities of the
Stone Age in the Department of British and Mediœval Antiquities ;
page 104, figures 116, édition de 1902).
Enfin la pièce de la Figure 1, qui a 0m14 de long, est en roche
grise, granulée, probablement en roche amphibolique.
Le Casse-Tête de la Figure 2 est en roche dioritique et mesure
0m15 1/2 de long. Pierre de couleur grise, lisse au toucher, et
beaucoup moins dure, au moins en surface, que la pièce N° I.
M. A. de Mortillet. — Il n'y a aucun doute que les objets en
pierre, avec trou pour le manche du genre de ceux qui nous
sont présentés, n'ont jamais été des outils. Ils sont le plus souvent
faits en roches trop tendres et les tranchants sont trop peu cou-
pants pour qu'ils aient pu servir à un usage industriel. Ce sont, en
réalité, des sommets de Casse-Têtes. Ces objets présentent des formes
extrêmement variées. Suivant que leurs extrémités sont tran-
chantes, contondantes ou pointues, on peut leur donner le nom de
(1) Cette pièce présente en outre, un cran 4'usure visible sur la ligne de gauche
de la Figure 2, usure qui pourrait avoir pour cause le frottement des liens d'at-
tache.
312 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
hache, de marteau ou de pic d'armes. Il existe aussi des pièces
mixtes : le marteau-hache, la hache-pic, le marteau-pic .
La forme des haches d'armes à deux tranchants est, elle-même,
Fig, 1.
Casse-Tête, vu de face et de profil (Danemark).
[Photographie et Clichés Barret].
Grandeur naturelle*
très variable. C'est à cette dernière catégorie qu'appartiennent les
Casse-Têtes dits naviformes. Mais ce nom doit être exclusivement
réservé à un type assez nettement caractérisé, de galbe élégant,
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 31 3
plus ou moins incurvé, avec face inférieure concave, et face supé-
Fig.2. — Casse-Tête en roche dioritique (Suède). — Grandeur naturelle.
[Photographie et Cliché Barret].
Heure convexe, dont les tranchants sont généralement très arrondis.
Ce type comprend d'ailleurs plusieurs variantes. Qu'il nous suffise
314 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
de signaler les deux suivantes: une avec les deux faces lisses;
l'autre légèrement recreusée sur les deux faces.
La pièce danoise de M. de Givenchy est sans conteste un sommet
de Casse-Tète naviforme de la première de ces variétés.
Quant à la seconde pièce de notre collègue, celle d'origine sué-
doise, elle doit être rangée dans- la catégorie des Marteaux-Haches,
variété à bouton. Je serais, pour ma part, porté à la considérer,
ainsi que les sommets de Casse -Tête de même espèce à bouton
parfois beaucoup plus accentué, comme une imitation en pierre
d'une arme en métal. Il est, en effet, beaucoup plus facile d'obtenir
une forme semblable par le moulage d'une matière fusible que par
le polissage de la pierre. La sorte de tube qui prolonge l'ouverture
forée pour le passage du manche est parfaitement inutile ; l'idée de
compliquer ainsi le travail, sans aucun profit pratique, n'a pu venir
qu'à un ouvrier ayant vu des haches en métal à emmanchure tubu-
laire. On a, d'ailleurs, trouvé en Danemark et en Suède, des som-
mets de Casse-Tête en pierre et en bronze de modèles absolument
identiques. Il n'est pas possible de nier qu'il y a eu copie ; et ce ne
sont certainement pas les pièces en pierre qui ont servi de modèles
pour celles en bronze. Un examen attentif des objets l'indique clai-
rement.
Voir, à ce sujet, la très intéressante discussion qui a eu lieu
en 1874, à Stockholm, au Congrès international d'Anthropologie et
d'Archéologie préhistoriques (Compte rendu, tome I, pp. 333 à 345).
M. Harmois. — Au sujet du Marteau N° II de M. de Givenchy,
je ferai remarquer que le bourrelet n'est pas seulement un orne-
ment, mais bien qu'il est nécessaire pour la solidité de l'em-
manchement. En effet, à son extrémité tranchante, le marteau vu
de profil, a une épaisseur de 0m028; près du trou il n'a plus que
0m025 et, si on ajoute la hauteur du bourrelet, on trouve 0m038.
Donc ce dernier est bien une gaîne, servant à maintenir le manche
horizontal et à empêcher, dans le mouvement de haut en bas pour
frapper, l'outil de se déplacer, et à maintenir aussi le centre de
gravité en place.
M. Marcel Baudouin. — Je tiens à remercier notre dévoué Secré-
taire de sa présentation, qui nous fait connaître deux spécimens
d'objets fort intéressants . — L'un (Fig. 1) est bien du type naviforme;
mais l'autre, quoique ressemblant à un canot automobile, est d'un
genre distinct, étant donné qu'une de ses extrémités se termine en
bouton et que son canal central est pourvu d'une sorte de douille,
qui doit vraisemblablement faire reporter à une époque plus tardive
que la pierre polie ce modèle curieux.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 315
Je constate, une fois de plus, que ce Bouton a les caractères des
boutons des pièces métalliques, et, en particulier, des pièces en
Cuivre pur. — Il n'est pas du tout comparable à celui des Haches
polies, dites à Bouton, néolithiques, de l'Ouest de la France. Ce
qui prouve, une fois de plus, que ces haches sont indépendantes
des modèles du Centre et du Nord de l'Europe, auxquels on les a
comparées parfois. — Il s'agit donc bien là de deux idées dis-
tinctes.
M. Colleu (Colïinée, Côtes-du-Nord). — Je possède, dans ma
collection, cinq Casse-Têtes, naviformes ou presque naviformes,
dont quatre sont entiers (Fig. 3 à 5) ; le 5e (N° V) est représenté par
une moitié, la fracture correspondant à peu près au milieu du trou
central, comme d'ordinaire.
Voici les dimensions et les poids de ces pièces, toutes trouvées
dans .le seul Canton de Colïinée (Côtes-du-Nord).
1° Granité. — Longueur, 158; largeur, 73; épaisseur: centrale, 33;
aux cornes, 36; trou (diamètre), 25. Poids : 670 grammes. Bourre-
Fig. 3. — Casse-têtes N°s I, II,
III, V de la Collection Colleu (rôtes-du-Nord). —
Vues de Face.
let tout autour des deux bords supérieurs. — Commune de Colïinée
(mai 1915). — Objet massif, arrondi, très gros et très large, intermé-
diaire entre le vrai naviforme allongé et la Hache marteau (1 ig. 3
et 4).
316 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
2° Granité. — Longueur, 135; largeur, 50; épaisseur : au centre,
43; aux cornes, 45; trou biconique, 20. Poids : 490 grammes. Bour-
relet complet. — Commune de Langourla (1894). — Pièce un peu
allongée (Fig. 3 et 4).
3° Grès. — Longueur, 140; largeur, 44; épaisseur: au centre, 30;
aux cornes, 32; trou, 25. Poids : 270 grammes. Bourrelet. — Com-
mune de Saint-Gilles de Mené (1905). — Allongé (Fig. 3 et 4).
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Fig. 4. — Casse-têtes N°» I, II, III, IV et V de la Collection Colleu (Côtes-du-Nord) . —
Vues de Profil.
4° Granité. — Longueur, 116; largeur, 45; épaisseur : au centre,
28; aux cornes, 37; trou, 26. Poids : 250 grammes. Bourrelet. — Type
naviforme à cornes alternes et à bourrelet; pièce très nette, mais
outil court et ramassé, non allongé. — Commune de Saint-Gilles du
Mené (1902) (Fig. 5).
5° Granité (Fragment). — Longueur (totale), 120; largeur, 50;
épaisseur, 28; trou, 27. Poids du fragment : 95 grammes. Total pro-
bable : 200 grammes. — Commune de Langourla (1899). Bourrelet,
mais très peu naviforme (Fig. 3 et 4).
M. Marcel Baudouin. — On remarquera la prédominance du gra-
nité, roche qui paraît presque spéciale à la Bretagne pour ces outils.
A noter aussi le type à cornes alternes, fort intéressant, car il semble
contredire l'opinion de ceux qui se servent de la forme de la courbe
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 317
comme argument pour soutenir que les naviformes étaient toujours
emmanchées les cornes en bas ! Dans ce cas (Fig. 5) (N° IV), il y
avait, forcément, une des cornes
qui était en haut; et, par consé-
quent, cela semble indiquer que
parfois on devait emmancher cer-
tains casse-têtes de cette façon,
quoiqu'on prétende.
11 faut souligner aussi que le
N° II (Fig. 4) a un trou bico-
nique, et non cylindrique. Aussi
les cornes y sont-elles très peu
prononcées. C'est plutôt une
forme de transition .
M. Harmois (Paris). — Les
plus beaux casse-têtes navifor-
mes des Côtes-du-Nord étaient
dans la Collection Lemoine (de
Lamballe). — Actuellement ils
sont au Musée de Dinan (Côtes du- Nord).
Fig. 5. — Casse tête naviforme, d'uu iype
spécial, de la Collection Colleu (Côtes-du-
Nord).— F, Face supérieure;— P, Profil.
Le dernier trouvé par M. Colleu (N° I) [1915] (Fig. 3 et 4) ne
rentre pas dans la série des naviformes vrais, à mon avis.
J'ai fait un inventaire complet de ces sortes de pièces pour le
département des Côtes du Nord. C'est M. Aveneau de la Grancière
(Morbihan), qui le possède.
318 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
III. — ARTICLES ORIGINAUX.
Quelques remarques [à propos des Pierres à
Nylon, à Genève, et des Objets en Bronze,
trouvés sur leur emplacement.
B. REBER (Genève, S.).
Quoique j'aie présenté déjà un aperçu à ce sujet (1), je me per-
mets d'y revenir, parce que j'observe qu'il s'agit d'abord d'une déno-
mination rare et presque inconnue. Je ne l'ai trouvée nulle part
dans les traités et recueils d'Archéologie ou de Traditions popu-
laires. Et cependant les Pierres à Nyton du port de Genève seules
méritent d'être connues dans un rayon aussi élargi que possible.
Elles ne manquent pas de mentions, c'est vrai ; mais il s'agit de
répétitions sans nous donner de nouvelles indications. C'est une
raison pour ne mentionner que les principaux auteurs.
Blavignac dit à ce sujet (2) : « Les Pierres à Nyton ou Neyton
sont deux blocs isolés, situés dans le lac, l'un à 50 toises, l'autre
à 90 toises environ, de la rive orientale ; au pied de la plus grande de
ces pierres qui a probablement servi d'autel au Neithe des Gaulois et
plus tard au Neptune des Romains, on trouva, vers le milieu du
xviie siècle, des haches et des couteaux en bronze pour sacrifices. Ce
bloc mesure plus de 14.000 pieds cubes. »
Si les Helvétiens de Lausanne, observe Blavignac à un autre
endroit (13), vénéraient la Pierre Oupin, les Allobroges de Genève
en faisait autant à l'égard du bloc granitique Diolyn, l'une des deux
pierres consacrées, à l'Esprit des Eaux sous le nom générique de
Niton, mot qu'il est mieux d'écrire Neith-on. Au-dessus de tout cela
planait Wuodan, le dieu qui fait naître et qui calme les orages.
Dans le même volume, Blavignac fait remarquer le nombre de
marbres élevés, à Genève, à la gloire d'Apollon et que le culte de
Neptune, constaté par la Pierre Niton et à Sciez, au fond du golfe de
Coudrée, par le Mas Niton, est un indice du commerce par la voie
du lac. Une autre indication sur cette dernière pierre, Mas Niton, se
trouve chez Revon (4).
Dans un autre mémoire encore de Blavignac (17), je trouve le pas-
sage que voilà : « Suivant l'opinion commune, les divinités des
Celtes étaient adorées à Genève avant la dénomination romaine. A
cette époque reculée, la Pierre à Niton, au pied de laquelle on
trouva des haches de cuivre destinées aux sacrifices, était arrosée
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 319
du sang des victimes offertes au dieu des eaux, et, sur le sommet des
deux collines ou la ville s'élève aujourd'hui, des bois sacrés
voyaient les hommages des premiers habitants de la cité s'adresser
à Bel ou Belenus, le Soleil des Gaulois. »
Citons aussi Galiffe (3) : « On sait que. la grande pierre (Petra
concilia) dans laquelle est taillée une sorte d'écuelle et au pied de
laquelle on a trouvé au xvir3 siècle des hachettes (celts) et un
couteau en bronze, passait naguère pour avoir servi d'autel ou
de table de sacrifice. — Aujourd'hui que ces objets se confondent
avec tant d'autres de l'époque lacustre, la forme carrée de la prétendue
écuelle à sacrifice nous ramène à l'opinion de M. Fatio de Duillier,
qui pensait (Remarques sur l'histoire naturelle des environs du lac de
Genève), que ce trou était simplement destiné, avant la réformation, à
recevoir une grande croix en bois, selon nous, peut-être aussi un
poteau-fanal. »
L' « écuelle », dont parle Galiffe, n'a aucune analogie avec les
écuelles des monuments à gravures préhistoriques. C'est un trou,
carré, qui ne se trouve pas tout à fait au milieu du bloc et qui
mesure, dans le sens de la longueur du bloc, 0m34 et dans l'autre
0m36. Il n'est pas possible d'en mesurer la profondeur, car le trou,
à angles un peu arrondis, est rempli de cailloux, de débris et de
vase.
Je profite de l'occasion pour faire remarquer de quelle façon
négligente même de grands savants traitent souvent les « écuelles » .
A un moment donné les écuelles étaient devenues à la mode. Tout
le monde en parlait, surtout" les moins qualifiés.
Il n'est dès lors pas du tout étonnant qu'il s'en suivit une grande
et déplorable confusion. Comme, pendant 25 ans, je fus le seul à
continuer l'œuvre des Keller, Troyon et Desor, j'ai le droit, et
même le devoir, de dire aujourd'hui, après avoir réussi à intéresser
un si grand nombre de savants à l'étude des gravures préhistori-
ques à faire respecter cette science, de telle façon qu'elle compte
aujourd'hui parmi les branches les plus considérées de la Préhis-
toire, ce que je pense de l'opposition faite à ces recherches.
Seulement, ce n'est pas la place d'entrer ici dans un développe-
ment à ce sujet. Je ne dois cependant pas manquer de rendre
attentif à une brochure qui date déjà de bien des années en
arrière (5), ainsi qu'à un autre mémoire communiqué au Congrès
de Genève en 1912 (6).
Des deux Pierres de Niton le bloc le plus rapproché du bord a
une grande surface plate ; on y remarque également, à peu près au
milieu, un trou, quadrangulaire, légèrement arrondi, mesurant en
longueur comme en largeur, environ 0m12 et 0m15 de profondeur.
Ces trous quadrangulaires des deux blocs datent évidemment d'une.
320 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
époque beaucoup plus récente que les « Ecuelles », qui ont donné
leur nom à des monuments préhistoriques. Cependant une véritable
cupule se trouve sur ce bloc (le plus voisin du rivage), à 0m60 du
bord Ouest, un peu en contre-bas; la forme en est absolument
ronde ; elle mesure 0m08 de diamètre et 0m015 de profondeur. Une
autre Cupule plus petite se trouve dans la direction du Nord, à 0m45
environ du trou quadrangulaire. Cette constatation nous permet à
présent de classer, d'une façon positive, les Pierres à Nyton ou
Niton parmi les monuments à gravures préhistoriques. Ce fait a
complètement échappé à tous les observateurs précédents.
Il est superflu d'entrer ici en discussion au point de vue du but
des trous quadrangulaires arrondis, qu'on observe sur chacune des
Pierres de Niton. Comme j'ai prouvé que ces blocs constituent de
véritables monuments préhistoriques, rien n'est plus naturel
que d'admettre leur christianisation, en y plantant une Croix. On
rencontre tous les. jours, et partout, des exemples de ce genre. Les
Chrétiens tenaient à en finir avec le paganisme. Mais, après beaucoup
de siècles de peine, le résultat est resté bien incomplet. Ce que ce fait
prouve alors encore plus péremptoirement, c'est qu'il s'agissait bien
d'emplacement d'un culte important ; ce dont du reste personne n'a
jamais douté.
D'après les quelques indications que j'ai pu trouver, il semblerait
qu'on n'est pas bien fixé sur la signification de la divinité Neith ou
Nith. Dans un livre, La Création de VHomme, je lis (7) que les
sujets figurés par les très anciennes gravures était la Terre nourri-
cière Ghé, fécondée par Cœlus, le Ciel ; que c'était Neithe l'immense
génératrice, épouse d'Ammon-Ra, le soleil et d'autres.
Dans les Archives suisses des Traditions populaires (12e année,
p. 93), je lis (8): <- C'est sans doute aussi le souvenir bien effacé d'une
divinité romaine qu'on retrouve dans le mot Niton, qui s'appliquait
à un individu ou à un enfant rusé et espiègle. Son nom servait aussi
à désigner, d'une façon détournée, le diable (Niton, du latin
Neplunum, accusatif de Neptunus. Le vieux français disait Netun,
luitun; d'où le mot actuel lutin). »
Je crois utile, pour compléter les sources, d'indiquer qu'en Aus-
tralie il existe un nom de famille Nitenstein, Pierre de Nit ou Niten.
11 serait intéressant de connaître l'origine de cette dénomina-
tion.
Il faut relever aussi une indication que je ne trouve pas sans
intérêt. L'auteur (14) dit que la tradition fait des Pierres du Niton
des autels consacrés jadis à Neptune ; mais, ce dont on ne se doute
pas, c'est qu'elles ont valu aux Genevois un surnom et qu'autrefois
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 321
ils étaient appelés des Neytons. Dans son Edda, le professeur Mallet
fait dériver Niton de Neith, divinité des eaux chez les Gaulois.
Sur le Mas Niton, déjà cité en passant, je relève la notice de
Revon (4) : « Le Neptune gaulois a laissé, dit cet auteur, des souve-
nirs de son culte sur la rive savoisienne du Léman. De même que
dans le port de Genève, on voit émerger les deux Pierres de Niton ;
on retrouve également le Mas Niton, au fond du golfe de Goudrée, à
Sciez. Devant le promontoire voisin, à Yvoire, à 60 mètres du châ-
teau, la Pierre d'Equarroz apparaît au-dessus des ondes ; selon la
tradition, les riverains y faisaient des sacrifices à Neptune, Neithe
ou Niton ; les offrandes devaient avoir une certaine valeur, car on
dit que la dot des filles d' Yvoire est sous la pierre ».
En dehors des bords du lac de Genève, il existe une Pierre du
Niton, sur Fégère, commune de Peron, au pied du Jura, justement
parmi les nombreux blocs à gravures préhistoriques (19). Elle a été
découverte par M. l'Abbé Jolivet, curé de Peron, qui a le plus
grand mérite pour la recherche des monuments préhistoriques et
les antiquités de sa contrée. Ce bloc, de grande dimension, est situé
au Sud-ouest près de la Pièce à Girod, à l'entrée du Bas-Mont (les
taillis communaux), donc dans une contrée remplie de monuments à
gravures préhistoriques. Je suis particulièrement heureux de pou-
voir ajouter aux nombreux blocs, de surprenantes dénominations, de
ce pays (Pierre du Parey, Grand Piram, de l'Aigle, à Passon, Lio-
zet, Tiambron, à Samson, Fauteuil de Samson, à Goliath, de Pary-
thiole,des Fayes,du Mulet, des Bruirets, etc.) encore une Pierre du
Niton. Elle trouvera sa description exacte prochainement, dans un
mémoire très étendu, que je prépare sur tous les monuments préhis-
toriques de cette partie du Jura.
¥ ¥
Tous les anciens historiens de Genève font grand cas d'une trou-
vaille d'instruments en bronze, trois haches et un couteau, trouvés
en 1660 au pied de la Pierre à Niton, la plus éloignée du bord. On
trouve même des figures, plus ou moins bien réussies, chez Keller (12),
Baulacre (11), Galiffe (3). Gomme surtout le couteau appartient à
une catégorie spéciale, peu répandue, il vaut la peine d'en dire
quelques mots ici. En mentionnant ce couteau, il y a 33 ans (9), je
lui avais trouvé une analogie avec un couteau semblable, trouvé près
de la petite ville de Mellingen (Argovie). Dans un autre mémoire (10),
j'ai dû y revenir, en même temps que je cite encore trois nouveaux
couteaux du même genre, de sorte que nous nous trouvons actuel-
lement en présence de cinq exemplaires à peu près analogues, tous
trouvés en Suisse. Tant qu'il me sera possible, je vais donner de
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 21
321 SOCIÉTÉ PREHISTORIQUE FRANÇAISE
chacun une brève description. Si de semblables bronzes se trouvent
dans d'autres collections et musées, on voudra bien les faire con-
naître en même temps que les circonstances de leur trouvaille. Ces
dernières peuvent devenir d'une certaine importance, au point de
vue des conclusions à tirer sur l'emploi de ces instruments d'une
forme si particulière.
Mellingen. De ce couteau, j'ai donné une description avec figure
en 1882 (9). Il se trouve au Musée d'Aarau et le catalogue le men-
tionne (15). Couteau, manche et anneau coulés en une pièce, de 0m18
de longueur. La pointe du couteau est brisée et manque. Compara-
tivement au reste, le dos se montre un peu massif; la partie de
Fig. 1. — Mellingen,
l'anneau est plus mince et aplatie. Par le frottement, la patine
manque par place, le tranchant est un peu ébréché (Fig. 1).
Mels. Le hameau de Ragnatsch, commune de Mels, dans le can-
ton de Saint-Gall, très remarquable pour ses tombeaux de l'époque
ilg. 2.
Mois.
du bronze (16), a également fourni un de ces couteaux à manche
évasé, pour faire place à une incrustation. Celle-ci manque ici,
comme chez les autres du même genre : preuve qu'on se servait
d'une matière fragile ou sensible à la décomposition. Sur ce couteau,
on remarque, vers la pointe, une proéminence qui renforce l'arme et
augmente sa résistance. Le tout coulé en un seul morceau est de
0m20 de longueur. Je remarque, entre une photographie récente
(Fig. 2) et les reproductions antérieures (16 et 20), une différence
frappante. Ici les deux lignées de courbures sur le manche pour
retenir l'incrustation (en bois, os, corne, etc.), se touchent presque
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
323
et se présentent comme cinq creux ovales, tandis qu'en réalité l'inté-
rieur se montre très dégagé et dans son ensemble d'une forme très
différente. Les mêmes inexactitudes se trouvent répétées encore
dans un autre recueil (21). L'objet est déposé dans le Musée de
Saint-Gall. M. Déchelette le cite (23) parmi les « couteaux à poi-
gnée de bronze fondue avec la lame ».
Genève. Le couteau qui nous occupe a été trouvé par des pêcheurs,
en 1660, avec trois haches en bronze, au pied de la plus grande
Pierre de Niton, située dans le port de Genève. Il est coulé en une
seule pièce et mesure en longueur 0m145. J'en ai donné une descrip-
tion comparative (9); on trouve encore des mentions et figures chez
Baulacre (11), Galiffe (2), de Bonstetten (22) et d'autres. Ce cou-
teau est le résultat d'un travail très soigné. Les cinq saillies, dans
chaque lignée, donc 10 d'un côté du manche, 20 en tout, produisent
12 ovales, à recevoir une incrustation décorative et consolidante à la
fois. Il manque l'anneau. Comme ce fait me surprenait, je supposais
que la pièce avait manqué dans le coulage. Mais ce n'est pas le cas.
Le bord se montre bien arrondi, sans le moindre défaut. Le couteau a
été voulu sans anneau; en quoi il fait exception de toute cette classe.
Il vaut la peine de présenter ici toute la remarquable trouvaille
Fig. 3. — a, Genève.
au pied de là plus grande Pierre à Niton (Fig. 3, a et b). Les trois
belles haches et le couteau appartiennent à la Période III du bronze,
qui précède celle du grand épanouissement dans l'art du bronze. Ces
objets remontent donc à un âge considérable, malgré leur conserva-
tion qui ne laisse rien à désirer. Il faut aussi en conclure que ces
324
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
quatre instruments ne se trouvaient pas souvent en usage, ou bien
qu'ils servaient à un emploi réservé, sans grands efforts. Cependant
Fig. 3. — 6, Genève.
leur grandeur et leur poids nous forcent à classer ces instruments
parmi ceux d'une utilisation sérieuse.
Thierachern est un grand village non loin de Thoune. Dans le
Musée de Berne se trouve, venant de cet endroit, un couteau {Fig. 4).
Malheureusement on ne connaît aucun détail sur cette trouvaille.
Le rapport annuel du Musée de Berne, pour 1901, déclare simple-
ment que « ce précieux couteau, muni de saillies pour recevoir une
incrustation en corne ou en bois, a été trouvé à Thierachern ». Cet
instrument se distingue par l'élégance de sa forme et sa bonne con-
servation.
Binningen. Le couteau de Binningen, près de Baie (Fig. 4),
Fig. 4. — Binningen et Thierachern.
faisait partie d'une trouvaille très remarquable et exceptionnelle-
ment riche, entre autres deux bracelets, deux épingles de grande
dimension, avec tête ronde, une chaîne à grands cercles, le tout en
bronze, mais de forme assez primitive (22). Tous ces objets ont été
S0C1ZTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 325
trouvés en terre libre, sans traces d'ossements, le couteau brisé en
trois morceaux.
Ce qui distingue particulièrement cette trouvaille, c'est une partie
du fourreau de ce couteau, recouvert d'une feuille d'or avec des
ornements spéciaux. « Ce sont peut-être des fourreaux d'or pareils,
dit de Bonstetten, qui ont donné lieu au conte des serpes d'or des
Druides (Pline), qu'on lit en tête de toutes les histoires de France.
Les trois disques, réunis par deux traits en forme de triangle, se
retrouvent comme symboles sur plusieurs monnaies gauloises de la
Lyonnaise ». Le fait de la rareté de l'or, du beau travail comme exé-
cution de la décoration et des signes symboliques, la rareté et la
finesse de cette sorte de couteaux déjà en eux-mêmes et la distinction
de toute cette trouvaille, donnent bien à réfléchir. Si, au xvne siècle,
les archéologues genevois déclaraient le couteau trouvé au pied
d'une des pierres du Niton,sans doute pour sa forme exceptionnelle,
Couteau à sacrifice, donc destiné à un service spécial, sacerdotal,
nous serions, après avoir pris connaissance des détails de la trou-
vaille de Binningen, et pour des raisons sérieuses, porté à une opi-
nion semblable.
Au moment de la trouvaille, le couteau se trouvait cassé en trois
morceaux. Il a été très adroitement restauré (Fig. 4). D'après le
dessin chez de Bonstetten (22), ce couteau aurait, en grandeur
naturelle, 0m24 de longueur.
En comparant le dessin de l'Atlas de de Bonstetten avec la photo-
Fig. 5. — Binningen.
graphie récente de l'original du fourreau en or, j'ai de suite remar-
qué que le premier manquait d'exactitude. Comme je tiens particu-
lièrement à cet objet remarquable, je fais insérer ici la reproduction
de la photographie (Fig. 5). Aussi bien la rareté de l'or que le des-
sin méritent cette attention.
326 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Outre l'ornementation linéaire, on remarque sur cette plaque en
or, d'abord vers la pointe, en un groupe isolé, trois triples cercles,
avec une pointe centrale. Une ligne triangulaire réunit ces trois
figures circulaires. Ensuite on aperçoit au milieu du fourreau,
alignés, encore cinq doubles cercles, chacun avec un point au
milieu. Donc, voilà déjà une différence frappante. La figure isolée
de trois triples cercles se distingue visiblement dans son but ou sa
signification avec la lignée de double cercles, quoique, au fond, les
deux signes indiquent clairement le Soleil. On en a constaté par
milliers sur les objets les plus différents. Sur les monuments à gra-
vures préhistoriques, j'en ai vu souvent triples, doubles et simples.
Tous les savants sont d'accord pour y reconnaître la signification du
Soleil.
A travers l'Epoque néolithique, celle du Bronze et du Fer, on
remarque partout les traces du culte du Soleil. Le fait que ce four-
reau et le couteau qu'il contenait se trouvent en rapport avec ce
culte ne souffre pour moi aucun doute. Que, à travers ces longues
périodes, les sacrifices de tout genre, y compris les sacrifices
humains, se trouvaient à l'ordre du jour, cela est universellement
reconnu. Dans ce cas, il est permis de supposer que ce couteau
appartenait à un Prêtre, préposé aux sacrifices.
Si la trouvaille de Binningen, dans son ensemble, se présente
d'une façon extraordinaire, il est d'autant plus regrettable qu'aucune
surveillance ou attention n'ait suivi la découverte. A ce point de
vue, tous les cinq couteaux du même genre, trouvés en Suisse,
laissent à désirer.
Par contre, l'unique couteau de cette catégorie, trouvé en dehors
de la Suisse, fait partie d'une découverte importante et irréprocha-
blement surveillée. J'emprunte ces quelques remarques au Manuel
de M. Joseph Déchelette (23). Il s'agit d'une sépulture de l'Age du
Bronze III, trouvée à Courtavant, département de l'Aube, en France.
Ce couteau, élégant, ressemble le plus à celui de Thierachern. « La
tombe de Courtavant, dit l'auteur, se composait d'une grande fosse
rectangulaire, dont les parements avaient été revêtus d'une épaisse
muraille en pierres sèches. Elle contenait un squelette, couché sur
le dos, les pieds au levant. Le chef, qui avait été inhumé sous cette
espèce de tumulus-dolmen, portait une épée de bronze, placée entre
ses jambes. Cette épée était renfermée dans un fourreau de bois,
dont la bouterolle, en bronze très oxydé, a été retrouvée en place;
un couteau en bronze était glissé sous la poignée de l'épée. Une
longue épingle de bronze a été retrouvée sur la clavicule droite. A
la place de la main, dont les ossements avaient disparus, on a
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 327
recueilli un anneau de bronze. On a constaté aussi, sur le fémur
droit, la présence de deux viroles de bronze, de forme allongée, et
d'un petit lingot de métal semblable à de l'étain ou à du plomb. Le
squelette portait, sur la poitrine, sans doute comme ornement, une
défense de sanglier. Enfin, de nombreux fragments de poterie noire
gisaient aux pieds du mort. Il est intéressant de noter que cette
céramique se rapproche de celle des tumulus armoricains de l'Age
du Bronze II, si l'on en juge par la forme d'une anse. »
Ainsi, comme on le voit, il s'agit d'un tombeau préparé avec les
plus grands soins, et où le mort a été placé avec les honneurs dus à
sa haute position dans la vie. Il est à noter que surtout la grande
épingle de Gourtavant ressemble aux deux trouvées avec le couteau
de Binningen. En outre, les trouvailles de Mels et de Genève ne se
présentent, dans leur ensemble, pas moins remarquablement. Résu-
mant ces faits et prenant en considération la forme exceptionnelle
de nos couteaux, il était logique de se demander, si, en effet, cette
forme artistique, bien typique et frappante, n'avait pas été choisie
pour désigner un instrument voué à un but spécial. Il n'est, pour
le moment, pas nécessaire qu'on en fasse directement la classe des
couteaux à sacrifices (humains), quoique je sois enclin à penser que
les instruments destinés à ce service auraient bien pu être d'une
forme caractéristique. En attendant, ces réflexions ne restent que
de suppositions. Seules de nouvelles trouvailles, du genre de celle
de Courtavant, pourraient nous amener à la certitude. Pour un tra-
vail comparatif futur, je retiens déjà ici un passage d'une lettre de
M. Joseph Déchelette (22 septembre 1914) : « Quant à la tombe de
Courtavant, dit il, il est sûr qu'elle a été aménagée pour un person-
nage de rang social très élevé. Elle annonce déjà les riches sépul-
tures de Chefs de la Marne, époque de La Tène. »
Ce qui caractérise tous ces couteaux, c'est la forme et l'aménage-
ment du manche. Tous coulés en une seule pièce, on voit le manche
des deux côtés creux, le défoncement bordé par deux lignées de
proéminences surplombantes pour mieux retenir l'incrustation en
bois, corne, os ou autre matière. Les couteaux de Genève, Mellin-
gen et Thierachern, en comptent 5 dans chaque lignée : ce qui fait
10 de chaque côté du manche ou 20 en tout. Ceux de Mels, Binnin-
gen et Courtavant n'en comptent que 4 dans chaque lignée ; ce qui
réduit le chiffre total à 16. Tel quel ce travail produit déjà un effet
bien décoratif. Qu'on se figure le couteau dans son état neuf, le
bronze dans son superbe éclat, bordant exactement la matière du
remplissage en couleur, soit blanc, brun, rouge ou autre . Incon-
328 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
testablement, on se trouvait là en présence d'un outillage distingué
et bien supérieur. Il fallait pour ces pièces un artisan très habile,
disons un artiste. Ce fait m'a frappé autant que la rareté de ces anti-
quités.
Par ce bref mémoire, j'avais l'intention d'atteindre deux buts. En
entrant en matière, j'ai mentionné le premier : attirer l'attention sur
les monuments préhistoriques dédiés à Niton ou Neiton, une caté-
gorie de Divinités, qui ne me semble qu'insuffisamment connue. Il en
existe probablement dans d'autres pays. En les faisant connaître, on
rendra service à la science .
Comme la trouvaille d'un couteau d'une forme spéciale s'attache
à la Pierre de Niton, de Genève, je pensais, comme second but, de
mettre celui-ci mieux en lumière en même temps. Des autres cou-
teaux, des fibules, des épingles, fusaïoles, etc., il existe des milliers
d'exemplaires qui se ressemblent et qui par ce fait ne frappent plus
l'attention. Il en est tout autrement avec des instruments importants
et qui ne se présentent qu'en petit nombre, mais quand même avec
une visible parenté entre eux.
Tous les anciens auteurs appelaient « instrument à sacrifice » le
couteau, trouvé en 1660, au pied de la plus grande Pierre à Niton.
Cette supposition se base sur les particularités que présente ce cou-
teau. Peut-être sera-t-on mieux éclairé plus tard ? On sait aujour-
d'hui que les sacrifices ont eu lieu en grand nombre. Est-ce que les
instruments présentaient une forme spéciale et laquelle?
On a trouvé, en Alsace, plus exactement à Colmar, un grand vase
cinéraire, contenant, en compagnie d'une magnifique épingle à boule,
un couteau de bronze, à anneau, de 0m20 de long le tout d'une pièce,
qui ressemble beaucoup à nos couteaux spéciaux. Mais il manque
les bords recourbés du manche pour recevoir un remplissage, Tel
que ce couteau se présente il appartient à un genre également rare,
et en tout cas il valait la peine de le citer pour la comparaison.
Pour pouvoir assembler le matériel de ce mémoire, surtout les
photographies, mais aussi les détails des trouvailles, j'ai dû avoir
recours à l'amabilité des directeurs et conservateurs de Musées,
surtout à MM. Alfred Cartier, à Genève ; Viollier, à Zurich ; Dr Gess-
ner, à Aarau ; Dr Wegeli et Dr Tschumi, à Berne. Qu'ils veuillent
bien agréer ici l'expression de ma sincère gratitude.
Légende des Pierres de Niton. — Je viens d'apprendre une fort
curieuse légende et d'un grand intérêt. Gargantua était fâché contre
les Genevois. En songeant à se venger d'eux, il lui vintl'idée de leur
boucher le Rhône, en emplissant le port de Genève avec des pierres
et de la terre. Dans ce but il monte au Grand Salève et remplit sa
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 329
hotte avec des cailloux. En descendant par le Petit Salève, il trou-
vait la charge très lourde et fatigante. Arrivé en bas, il se convain-
quit qu'il ne pouvait pas aller jusqu'à Genève. Il pose sa hotte et de
fureur il saisit un gros bloc qu'il lance sur Genève. Elle tombe dans
le port. C'est celle qu'on appelle aujourd'hui la grande Pierre de
Niton. Gargantua déjà un peu épuisé lança un second bloc ; mais
celui-ci tomba à Ambilly. On l'a toujours appelé la Pierre à
Bochet.
Lorsque ensuite le géant soulevait sa hotte, celle-ci se vida toute
seule, ayant perdu le fond, et le contenu lorma la petite montagne
de Monthous. Ainsi s'anéantissait les actes de vengeance de Gar-
gantua contre Genève !
M. Marcel Baudouin. — Je tiens à remercier notre éminent col-
lègue de Genève de son intéressante communication.
1° Qu'il me permette de dire que les Nutons ou Noutons [Namur,
Walcourt, Gedime] sont, en Belgique, les équivalents des Lutons (1)
ou Lutins, variété de Farfadets, comme je l'ai montré ailleurs (2).
Nnton a-t-il la même signification que Nyton ? Je le crois (u = y),
parce que les Pierres à Nyton de Genève sont de vrais Rochers à
Cupules, et que de nombreuses Roches à Farfadets ne sont que
des Pierres à Cupules, la Cupule étant l'empreinte d'un Pied de
Farfadet ! — Mais cette explication n'élimine pas du tout Neptune,
bien au contraire, car qui dit Neptune dit le Dieu des Eaux et le Dieu
au Trident et partant le Dieu-Soleil néolithique [car le Trident est un
Symbole solaire, comme je l'ai prouvé (3V]. — Or les Pierres à
Cupules sont des rochers consacrés au Dieu-SoleiL
2° Les trous, carrés, des Pierres à Nyton étaient certainement
destinés à recevoir des Pieds de Croix de Christianisation, car ils
sont tout à fait semblables à l'un de ceux du Rocher aux Pieds de
Nanteau-sur-Essonne (S.-et-M.) (4), à Croix connue historiquement.
3J Quant aux beaux couteaux de bronze ici décrits, ce sont des
Armes de Guerriers, ainsi que le prouvent la sépulture de l'Aube.
Celui de Genève ne doit qu'au hasard sa situation près des Pierres
à Nyton. Cette trouvaille isolée ne peut prouver qu'il s'agit là d'un
couteau à sacrifices.
(1) Légende d'Hautmont (Luxembourg belge). — Le vrai nom des Lutons e?t
bien Nutons [l à la place de n, fait connu]. — Les Trous des Nutons sont assez
nombreux en Belgique. Les Nutons étaient des « tisserands » [de Paniagua, 1909]
ou des « tailleurs » (de Paniagua).
(2) Bull. Soc. Préh. Franc., 1914 [Voir p. 490, note 1].
(3) Marcel Baudouin. — La Pierre à l'Etoile des Vaux en Saint- Aubin-de-Bau-
bigne (D.-S.). — Bull, et Mrm. Soc. d'Anthropologie de Paris, 1913.
(4) Marcel Baudouin. — Le Rocher aux Pieds de Nanteau-sur-Essomc (S .-et-M ).
— Bull, et Mém. Soc. d'Anlhr. de Paris, 1914.
330 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
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SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 331
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Bulletin de l'Institut nat. genevois, 1915.
Notes sur quelques Touilles pratiquées
dans les Tranchées.
Par le Dr
TRASSAGNAG
Médecin-major de lre classe (104e Rég. d'Inf.).
Vers la fin du mois de mars 1915, j'avais remarqué, en parcou-
rant nos tranchées, creusées dans un sol crayeux, des taches de terre
noire, qui apparaissaient nettement sur la blancheur des parois. Un
examen superficiel m'ayant permis de constater que quelques-unes
d'entre elles étaient formées de débris organiques, mélangés de tes-
sons de poterie et de charbons, je résolus d'y pratiquer des fouilles.
Etant donné la proximité des lignes allemandes, éloignées seule-
ment de quelques centaines de mètres du boyau où j'ai surtout opéré
ces recherches, et en raison du grave inconvénient qu'il y aurait
pour le moment à livrer à la publicité des renseignements qui pour-
raient être utiles à l'ennemi, il ne m'est pas possible de donner
maintenant des précisions topographiques. Après la guerre, je four-
nirai à la Société Préhistorique Française tous les éléments néces-
saires pour pouvoir contrôler et continuer au besoin ces fouilles, qui
réservent peut-être des surprises aux chercheurs.
La région, célèbre par les nombreuses tombes à char, découvertes
aux environs, n'est d'ailleurs pas inconnue des préhistoriens.
Par ailleurs, je donne ci-contre un plan des boyaux avec les indi-
cations de chaque point fouillé (Fig. 1). Je n'ai pu étendre mes
recherches dans les terres voisines , à cause du danger d'être
aussitôt repéré et canonné par l'artillerie allemande.
Je décrirai d'abord une série de Fosses, ayant toutes entre elles
une certaine ressemblance. Ce sont des sortes de cylindres ou de
troncs de cônes, évasés par le bas, creusés régulièrement dans la craie
et remplis d'une terre noire mélangée de débris de poterie, de
quelques os d'animaux brisés, et de quelques rares charbons. Leur
332 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
profondeur ne dépasse jamais un mètre à lm20, et leur largeur à la
base présente des dimensions analogues.
Fosse N° 1 (Fig. 1 ; F. 1). — Coupée en deux par la tranchée,
elle se présentait sous la forme d'une tache de terre noire triangu-
laire à base inférieure. A 0m25 de la base, une ligne horizontale de
deux ou trois centimètres d'épaisseur d'une couleur plus sombre,
était composée de charbons, de cendres mélangées à des débris noi-
râtres d'aspect terreux. Un coup de pioche, donné avec précaution
dans cette couche, dégagea un objet de fèr, de forme allongée, de la
Fig. 1 - Situation géographique des Fosses découvertes
longueur d'un gros clou de charpentier, mais impossible à détermi-
ner en raison de sa profonde oxydation. Tout auprès de ce débris,
la pioche mit à jour un autre objet très fragile, qui fut brisé en trois
morceaux {Fig. 2; N° 1). Réunis bout à bout, ces fragments nous
représentent un couteau-poignard, dont l'oxydation complète a
cependant respecté la forme générale. Sa longueur totale est de 0m15,
y compris la soie de 0m03. La lame, qui ne dépasse pas un centi-
mètre et demi de largeur à la base, s'amincit graduellement jusqu'à
l'extrémité qui est peu acérée et se recourbe légèrement vers le dos.
Cette lame tranchante seulement sur un bord, a le bord opposé
épais et mousse à la façon des couteaux actuels. Cette arme devait
être emmanchée, mais le manche a disparu.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 333
Tout auprès de ce poignard, nous avons trouvé, dans la même
couche, un objet en pierre, en craie plutôt, affectant la forme géné-
rale d'un tronc de cône, dont la base creusée d'une dépression cupu-
liforme est séparée du reste de l'objet par une profonde rainure
(Fig. 2; N° 2). Le godet ainsi formé par cette dépression porte en un
point une sorte de bec court et à peine ébauché, analogue à celui
des lampes romaines. Cette analogie nous fait supposer que cet
objet, reposant sur sa base la plus étroite, était une lampe à huile.
La rainure très profonde creusée autour du godet, pouvait servir
à fixer un lien de suspension.
Cette couche ne présentait aucun autre objet, à l'exception de
quelques charbons et de petits débris d'os d'animaux, n'ayant pas
subi l'action du feu.
La couche inférieure d'une épaisseur de 0m15 était stérile. La
couche, qui surmontait ce niveau, de 0m60 d'épaisseur environ, était
constituée par une terre noire, mélangée à des fragments de craie et
à des tessons d'une poterie blanc-grisâtre, assez grossière, sans revê-
tement d'aucune sorte, paraissant cependant faite au tour. Dans ces
débris divers dont beaucoup semblaient provenir de la surlace du
sol, nous avons eu la surprise de trouver un instrumeut acheuléen,
de forme régulièrement ovalaire et bien intact, à l'exception de
légères ébréchures au sommet. Sa longueur est de 0m12 et sa lar-
geur maxima de 0m08. Il est en silex du pays, silex peu homogène,
parsemé de petites cavités et de débris terreux qui se taille mal et
donne des éclats peu conchoïdaux. Sa base épaisse et taillée grossiè-
rement, se prête bien à la préhension; et les bords ne commencent à
être tranchants que vers le milieu de sa longueur. Il n'a pas subi de
retouches et le tranchant a été obtenu par percussion simple. Enfin
l'extrémité ébréchée indique nettement que cet instrument a servi.
Ajoutons qu'une patine blanc-grisâtre le recouvre tout entier sur les
deux faces.
La fosse, dont nous venons de décrire le contenu, si l'on tient
compte de la partie disparue par le creusement de la tranchée, avait
une forme conique, à base inférieure circulaire. Sa hauteur était
de 0m75 et de un mètre en y ajoutant la terre végétale et le diamètre
de la base, un mètre.
Fosse N° 2 (Fig. 1 ; F. 2). — A 60 mètres environ au Nord de la voie
Romaine, nous avons vidé une deuxième fosse, dont la tranchée
avait mis à découvert la partie inférieure. Un grand vase, en terre
noire, apparaissait. La terre, enlevée tout autour, nous permit de
l'extraire. Il était placé sens dessus dessous; et sa partie supérieure
était brisée (Fig. 2 ; N° 3). Malgré cela, sa hauteur était encore de 0m30
S Jr Gm12 de diamètre à la base. Constitué par une terre noire mélan-
334 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
gée de gravier, mal cuite, s'effritant à la main, de plus d'un demi
centimètre d'épaisseur, il était recouvert d'une sorte de vernis noir
qui tachait la main. Sa surface lisse ne présentait aucun ornement.
Il était fait au tour. Un débris d'un autre vase, d'une forme analogue,
fut trouvé encore dans cette fosse, qui contenait en outre une omo-
plate de mouton ou de sanglier. Aucun autre objet n'a été rencon-
tré dans cette terre noire, à l'exception de tessons de poterie, qui
paraissaient appartenir aux deux vases précédemment décrits. La
fosse une fois vidée se présentait sous la forme d'un tronc de cône à
parois légèrement courbes, dont la base inférieure circulaire avait
lm25 de diamètre et la base supérieure circulaire également, 0m65.
Fosse N° 3 (Fig. 1 ; F. 3). — A 300 mètres au Nord de la voie Romaine,
nous avons reconnu l'existence d'une autre fosse, qui apparaissait,
sur la paroi de la tranchée, sous la forme d'une petite tache noire
triangulaire. Elle ne contenait que des débris d'une poterie noire,
analogue à la précédente, et une pointe de flèche en silex. Aucun vase
intact et les débris recueillis étaient en petit nombre.
Un seul tesson présentait quelques ornements (Fig. 2; N° 4),
constitués par des encoches disposées circulairement sur la panse.
Quant à la pointe de flèche, elle est en silex blanc, à pédoncule et
à ailerons, très finement retouchée, mais brisée à l'extrémité
(Fig. 2; N°5).
Cette fosse débarrassée de son contenu avait la forme d'une voûte
régulière de 0m80 de hauteur, avec une base circulaire de lm10 de
diamètre.
Fosses N"s 4 et 5 (Fig. 1 ; F. 4 et F. 5). — A 30 mètres au Nord de
la fosse précédente, nous avons encore mis au jour deux autres
cavités, remplies de la même terre noire. Elles étaient à un mètre
seulement l'une de l'autre et de forme cylindrique l'une et l'autre.
De grandeur très inégale, la fosse N° 4 avait lm25 de diamètre sur
un mètre de hauteur, tandis que la fosse N° 5 ne mesurait pas plus
de 0m30 de diamètre sur 0m80 de hauteur ; elles ne contenaient que
quelques rares et informes débris de poterie noire analogue à la
précédente.
Aucun fragment osseux, aucun objet d'aucune sorte n'a pu y être
rencontré.
Dans la fosse N° 5, nous avons trouvé engagé perpendiculaire-
ment au centre de l'ouverture et enfoncé complètement sous la terre
végétale, un instrument de fer, qui nous a paru plus récent.
C'est un outil plat, de forme rectangulaire, de 0m12 de longueur
sur 0m05 de largeur, ayant la forme d'un fer de pioche très étroit, muni
d'un prolongement à coupe carrée formant soie, qui devait servir à
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
335
Fig. 2. — Objets trouvés dans les Fosses fouillées,
336 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
l'emmanchement. L'instrument a 0m25 de longueur totale. Je l'ai pris
pour un déplantoir ; certains y voient l'extrémité d'une houlette de
berger. Quoi qu'il en soit, malgré sa présence dans une fosse d'ori-
gine très ancienne, c'est un instrument récent, car l'oxydation,
quoique profonde, n'a pas eu le temps de faire disparaître complète-
ment le métal qui apparaît au fond d'un trait de lime énergique.
Fonds de cabane de l'époque du Fer.
En C, sur le plan ci-joint (Fig. 1), à quelques mètres de (F. 2) et à
50 mètresau Nord de la voie romaine, existait une zone noirâtre, qui
tranchait sur les parois crayeuses du boyau.
Après avoir dégagé la partie supérieure de la paroi, nous avons
aperçu une couche grisâtre de 0m10 à 0m15 d'épaisseur que nous
avons reconnu être un lit de cendres, mélangée de nombreux char-
bons. La terre supérieure, épaisse de 0m80 environ, était constituée
par des éboulis mélangés de tessons de poterie très grossière, noi-
râtre, très épaisse, se réduisant en miettes à la moindre pression et
manifestement antérieure à l'époque gallo-romaine Ces éboulis,
enlevés sur plusieurs mètres carrés de surface, étaient traversés çà
et là par des foyers interposés où rien d'intéressant ne fut rencontré.
Des tessons informes toujours de la même poterie grossière, des
fragments d'os dont beaucoup paraissaient appartenir à l'espèce
bovine, quelques côtes de chevreuil, une défense de sanglier, des
ossements d'animaux indéterminables, constituaient les seuls objets
rencontrés. Le lit de cendres primitivement découvert au fond de la
tranchée s'enfonçait sous la terre végétale et sa profondeur dépas-
sait 2 mètres à certains endroits. Dans ce lit de cendres et de char-
bons, la récolte n'a pas répondu à l'effort nécessaire pour déblayer
les 12 ou 15 mètres cubes de terres qui le recouvraient. Cependant,
à ce niveau, nous avons recueilli une lame de couteau en fer, dont
l'extrémité est brisée (Fig. 2; N° 8). La lame est large, le dos épais,
et le tranchant peu coupant, presque mousse, autant qu'on peut en
juger, étant donné l'oxydation profonde du métal. Dans la même
couche, nous avons trouvé un fragment de fusaïole en terre noire
{Fig. 2; N° 6) et un vase fragmenté, que nous avons pu reconstituer
(Fig. 2; N° 7). Le vase d'une pâte assez fine, noire, est recouvert
d'un enduit noir qui, après dessiccation donne à la surface un aspect
lisse et brillant. Sa surface est recouverte en plusieurs points de
dépôts calcaires dûs aux infiltrations de l'eau de pluie passant sur
les éboulis de craie qui le recouvraient.
Nous inclinons à croire que les fosses décrites ci-dessus sont de
la même époque que le fonds de cabane, dont nous venons d'inven-
torier le maigre contenu, auquel il faut ajouter un fragment de pierre
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 337
à aiguiser, constituée par une mince plaquette d'une pierre noirâtre
usée par le frottement et qui semble être en grès. Les tessons de
poterie dont les unes et les autres ont le môme caractère, semblent
sortir d'une même fabrique et leur voisinage dans un lieu aujourd'hui
inhabité semble bien être une preuve de leur contemporanéité. Nous
croyons donc que tous ces dépôts archéologiques ne sont pas anté-
rieurs à y Age du Fer. L'absence complète de monnaies dans les
points fouillés nous fait supposer qu'ils sont antérieurs à l'époque
gauloise proprement dite, sans que nous puissions donner de préci-
sions plus grandes. Quant à la destination de ces fosses, nous
avouons n'en avoir aucune idée. Le désordre des fragments de poterie
mis au jour, l'impossibilité d'en retrouver assez de débris pour
pouvoir en reconstituer un seul en entier, nous avaient fait supposer
tout d'abord, qu'il s'agissait de fosses funéraires déjà fouillées; mais,
d'autre part, le contenu de ces fosses, toujours le même, la terre
noire qui les remplissaient et où, en général, aucun débris de surface,
aucune traînée crayeuse n'apparaissaient, nous a fait rejeter l'hypo-
thèse d'un remaniement ultérieur.
Fosse N° 6 (F. 6). — A 30 mètres environ, au Nord de la voie
romaine, la tranchée montrait, dans la blancheur de la craie, une
petite zone de terre noirâtre, moins foncée que les précédentes. Un
examen superficiel nous permit d'y reconnaître quelques fragments
d'une poterie très différente de celle que nous venons de décrire et
qui nous parut de Yépoque gallo-romaine. Les fouilles de cette fosse
furent commencées le 1er avril et durèrent pendant plusieurs jours.
Elles mirent à jour une fosse très différente des précédentes. Creusée
carrément dans la craie, le fond affectait la forme d'un trapèze, dont
les deux bases avaient respectivement lm40 et lm65 de longueur. Les
deux autres côtés étaient d'une longueur égale, lm50. Les parois
verticales étaient d'une hauteur inégale. La hauteur de celle qui cor-
respondait à la petite base du trapèze était de 0ra45, et le fond s'in-
clinait régulièrement ijusqu'à la grande base du trapèze où la paroi
mesurait 0m65 de hauteur. Aucune orientation nette n'a pu être
reconnue à la boussole.
Dès les premiers coups de pioche, nous avons constaté que le
contenu était dans un désordre complet. De grands fragments de
poterie en terre noire, à cassure blanche , étaient répandus en des points
assez éloignés et cependant faisaient partie d'un même vase déforme
nettement gallo-romaine. Le débris d'une grande urne en poterie,
d'un beau noir brillant dont la pâte fine et bien cuite ressemblait à
celle des faïences actuelles, gisaient en plusieurs points de la fosse.
De petits vases d'une belle couleur rouge étaient également brisés et
incomplets. Un col d'amphore de très grande taille fut aussi rencon-
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE. 22
33S SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
tré au milieu d'un grand nombre de fragments de tuiles à rebord.
Parmi tous ces débris, nous avons recueilli une quinzaine de grands
clous à tête plate fortement oxydés, un fragment d'une grosse chaîne
composée de trois chaînons de fer ployés en forme de 8, des ferrures
diverses en mauvais état de conservation ou d'un usage indéterminé.
Les objets de bronze, que nous avons pu retrouver, étaient mieux
conservés. Nous avons recueilli: 1° Une jolie fibule (Fig.2; N° 8) ornée
de moulures ciselées et qui devait porter au centre deux petits dis-
ques d'émail dans deux petites cavités qui restent encore. Son extré-
mité la plus large présente une encoche pour loger la tête d'une
épingle qui a disparu. Cette épingle devait y être fixée au moyen
d'une cheville en fer engagée dans un repli du métal de la fibule. Le
petit canal cylindrique formé par ce repli était, en effet, rempli de
rouille, trace évidente de la broche qui servait de pivot à l'épin-
gle mobile. La longueur de cette fibule est de 0m04.
2° Un àemi-anneau en bronze d'une belle patine vert sombre et qui
semblait brisé intentionnellement. Malgré toute notre attention, nous
n'avons pu retrouver l'autre moitié. Le fragment retrouvé est à peu
près de la dimension d'une moitié d'alliance, mais d'une épaisseur
plus grande.
3° Une moitié d'un grand bronze romain du Haut-Empire, très
fruste, sur lequel aucune effigie ne peut être reconnue.
4° Une monture en bronze de 0m04 et demi de longueur, qui porte
sur une face deux sortes de rivets formant corps avec le métal, et qui
devaient servir à fixer cette monture sur un objet indéterminé que
nous n'avons pu retrouver (Fig. 2; N° 10).
Le mobilier trouvé dans cette fosse nous paraît représenter les
restes d'une Sépulture de l'époque Gallo-romaine, qui aurait été
fouillée antérieurement. Le fragment de grand bronze romain, la
poterie caractéristique, les débris de tuiles à rebord, ne peuvent
guère laisser de doute au sujet de la date à assigner à ce dépôt.
Fosse N° 7. — A 1500 mètres au Nord-ouest de la voie romaine,
nous avons mis au jour une autre fosse, de forme sensiblement cubi-
que, et dont les dimensions étaient d'environ deux mètres dans tous
les sens. Cette fosse, remplie de terre mélangée de craie, était creusée
dans le sous-sol sablonneux et contenait une grande quantité de
fragments de poterie, absolument semblable à celle trouvée dans la
fosse précédente. En outre, un beau fragment de vase en forme de
bol d'une magnifique poterie rouge vernissée et ornée sur le bord de
feuilles de lierre en relief, ne pouvait laisser le moindre doute sur son
origine gallo-romaine. Malheureusement nous n'avons pu trouver
aucun vase intact. Le tout était répandu pêle-mêle à toutes les hau-
teurs et avait dû être l'objet de fouilles antérieures, car des
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 339
traînées blanchâtres indiquaient que le sol avait été remanié autre-
fois. Cependant nous avons constaté que tous les tessons retrouvés
paraissaient bien appartenir à la même époque. Malgré toute notre
attention, nous n'avons pu découvrir comme objet métallique au
milieu des innombrables débris de poterie que celui que nous avons
figuré sous le N° 11 (Fig. 2). C'est une très mince plaquette de bronze,
recouverte d'une belle patine verte, munie à une extrémité d'un cro-
chet, et ornée sur une seule face d'une croix à branches égales et de
quatre croissants. Ces ornements sont profondément gravés dans le
métal et quelques-uns sont encore comblés par une matière grisâtre,
qu'une pointe désagrège aisément. En outre des lignes courbes
formées dune série de points gravés dans le bronze complètent
d'une façon assez heureuse l'ornementation de ce bijou. Au centre
un petit trou arrondi servait peut être à fixer un rivet. La face
opposée est lisse. Nous pensons que cet objet dont les dimensions
sont de 0m05 sur 0m025 est une agrafe de manteau. La présence
de la croix est-elle dans ce cas un symbole ou un simple orne-
ment? Nous inclinons à croire, étant donné l'époque, qu'elle doit
être l'un et l'autre.
Au-dessous de la couche gallo-romaine, nous avons trouvé un lit
de cendres et de charbons de 0m10 à 0m15 d'épaisseur, qui contenait
seulement des fragments de poterie noire, épaisse et grossière, d'ori-
gine évidemment antérieure à la couche gallo-romaine, qui la sur-
montait. Malheureusement nous n'avons pu trouver dans ce foyer
aucun autre objet.
Fosse N° 8. — En V, nous avons figuré sur le plan ci-joint (Fig. 1),
l'entrée d'un boyau, dénommé boyau Vauban ; à 100 mètres environ
de ce point initial, un aide-major du régiment, M. le Dr Cousyn,
nous dit avoir, après grattage superficiel de la paroi de la tran-
chée, découvert deux objets qu'il nous présenta. Ces deux objets
(Fig. 3; Nos 12 et 13) reposaient en contact étroit au fond d'une
fosse remplie de terre noire, et tout autour il avait trouvé des
débris de poterie et des os calcinés, parmi lesquels il nous affirma
avoir reconnu une phalange humaine, qu'il ne put malheureusement
nous montrer. Il nous conduisit au point où il avait commencé des
fouilles ; et, avec son aide, une fosse de forme assez irrégulière, fut
vidée de son contenu avec précaution. Sa profondeur n'excédait
pas 0m75 au-dessous du sol, et sa largeur maxima était de 0m50
environ. Elle était remplie de terre noire qui contenait quelques os
calcinés, trop fragmentés pour pouvoir être déterminés et des débris
d'une poterie très différente de celle que nous avons trouvée dans
les fouilles précédentes. Beaucoup mieux cuite et beaucoup plus fine
que les tessons trouvés dans les fosses Nos 2, 3, 4, et 5, elle est aussi
340 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
plus variée. Elle rappelle un peu la poterie gallo-romaine des fosses
Nos 6 et 7, tout en étant plus grossière. Faite au tour, elle est
d'une couleur grise ou rouge brique. Un seul fragment est revêtu
d'une sorte de vernis rougeâtre. La surface de ces tessons ne pré-
sente pas d'ornementation, à l'exception de traits parallèles au bord
supérieur, obtenus au moyen du tour. Trois fonds de vases sem-
blaient avoir été placés intentionnellement dans la fosse. La cas-
sure des bords régulière paraissait bien n'être pas le résultat de
la pression des terres, mais avoir été faite volontairement. D'ail-
leurs aucun fragment répondant à ces fonds n'a été retrouvé dans la
fosse.
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Fig. 3. — Objets Gallo-romains des Fosses N0s 8 et 9.
Quant aux deux objets figurés aux Nos 12 et 13 (Fig. 3), ils parais-
sent être tous les deux en fer; mais le métal s'est conservé d'une
façon exceptionnelle. Le N° 12 est une lame de 0ra06 et demi de
longueur à pointe très acérée, à dos épais et à tranchant très fine-
ment aiguisé. A cette lame fait suite une courte poignée de 0m03 de
longueur légèrement recourbée vers le tranchant et terminée par
une tête de cygne. Le tout est d'une seule pièce; et nous croyons
que ce prolongement n'était pas une soie destinée à en faciliter l'em-
manchement, mais bien une véritable poignée. Dans ces conditions,
cette lame ne peut être ni un couteau, ni un poignard. Elle ne pou-
vait être saisie qu'entre le pouce et l'index et constituait peut-être
un instrument de chirurgie, analogue à la lancette d'autrefois, qui,
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 34 I
elle aussi, se saisissait entre les deux premiers doigts de la main
droite.
Le N° 13 est un fragment de fibule, dont les autres fragments ont
été perdus. Elle est du type de la Tène II et sert à dater le gisement.
Fosse N° 9. — A deux mètres de la fosse précédente, en exami-
nant la coupe du boyau, un fragment de vase nous apparut à 0,n60
au-dessous de la surface du sol, sans que la terre qui l'entourait
présentât de différence de coloration par rapport aux couches voi
sines. Ce fragment, reste d'un vase qui avait du être brisé d'un coup
de pioche au moment du creusement du boyau, contenait des débris
d'os calcinés, et trois anneaux de forme ovale très allongée consti-
tués par une mince feuille de fer, de 0m014 de largeur sur 0m14 de
circonférence, dont les deux extrémités sont unis par un clou d'un
centimètre et demi de longueur, qui devait servir à maintenir chaque
anneau sur un manche en bois qui a naturellement disparu (Fig. 3;
N° 14).
Il est malheureusement impossible de savoir à quel instrument
ou à quelle arme ce manche était destiné, car l'autre partie du vase
brisé a été rejetée dans les déblais dans lesquels la proximité de
l'ennemi interdit toute recherche.
Après que ce travail eut été terminé, j'ai encore mis à jour deux
autres Fosses, dans le premier boyau, où j'avais opéré des recher-
ches. Ces fosses, très analogues aux cinq premières, ont toujours la
même forme tronc-conique à large base inférieure et ne contiennent
toujours que d'informes débris de la même poterie grossière, de
couleur noire. — Il est à présumer que les terres voisines doivent
en receler encore en grand nombre.
En campagne, le 14 juillet 1915.
M. Marcel Baudouin. - Je crois de mon devoir, au lieu et place
de notre cher Président, M. le Dr Atgier, médecin principal,
aujourd'hui encore sur la ligne de feu et qui vient d'être nommé
Officier de la Légion d'honneur et décoré de la Croix de Guerre, de
souligner tout particulièrement l'importance de la communication
de notre confrère, basée sur des fouilles faites sous la mitraille
même : ce qui est un réel titre de gloire.
Ce qu'a découvert là M. le Dr Trassagnac, c'est une Nécropole
gallo-romaine à incinérations, analogue aux nombreuses que j'ai
étudiées et fouillées en Vendée.
342 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
La Fosse N° 1 a fourni un gros clou, fait commun, provenant vrai-
semblablement du coffre où se trouvaient les cendres.
Pour la Fosse N°2, je note la présence d'un vase, sectionné en haut
de façon voulue, trouvé sens dessus dessous. Or, à Noiron-sous-
Gevrey (Côte-d'Or), avec M. Socley, j'ai constaté le fait, de même
qu'en Vendée.
Il est probable que le fond de cabane indiqué n'est qu'une Fosse ou
ce qu'on appelle un avant-puits funéraire; mais il est impossible
d'être affirmatif, sans avoir vu les lieux.
L'absence de monnaie ne prouve rien, car les pièces sont géné-
ralement uniques dans ces fosses et très difficiles à trouver. Les
Fosses de 1 à 5 n'ont jamais été remaniées ; on les trouve toujours
ainsi. Elles sont d'ailleurs un peu antérieures aux Fosses 6, 7 et 8,
qui nont pas été remaniées non plus.
La Fosse N° 8 a fourni trois fonds de vases. Ces fonds sont toujours
préparés à dessein dans ces sépultures. Nous avons maintes fois
observé le fait en Vendée et même en Côte-d'Or.
Le couteau de la figure N° 12, à tête de Cygne, doit être un ins-
trument ayant appartenu à un Prêtre du Dieu Soleil (le Cygne est un
symbole solaire, J. Déchelette l'a prouvé); il est peut-être un couteau
à circoncision, comme j'ai essayé de le montrer ailleurs (Arch. prov.
de Chir.).
Il est probable, en effet, qu'il y a de nombreuses autres fosses
dans le voisinage des points fouillés. Parfois ces Nécropoles contien-
nent des centaines de fosses...
Sur quelques Coutumes locales, superstitions,
survivances antiques, légendes, du Départe-
ment de l'Eure (Suite).
PAR
Georges POULAIN (Eure).
Aux églises du Plessis-Grohan (Canton d'Evreux-Sud) et du
Champ-Dominel (par Damville), pendant les cérémonies de mariages,
on présentait à la jeune épousée une quenouille, ordinairement
exposée sur l'autel de la Vierge. C'était une invitation au travail,
source de bien-être pour le ménage.
La vieille croyance aux Fées se retrouve dans le folklore du
département. Leur souvenir rôde autour de certains Monuments
mégalithiques, dont quelques-uns en portent le nom.
Une curieuse légende était encore vivace il y a vingt-cinq ans aux
confins du canton Sud d'Evreux, commune du Plessis-Grohan. A
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 343
cette époque, s'élevait encore près du hameau de Grohan, à quelques
mètres du chemin de grande communication d'Evreux à Damville,
non loin de l'endroit où on a retrouvé les restes d'un aqueduc
romain souterrain, un poirier centenaire, dont le tronc vermoulu
offrait dans ses flancs, en temps de pluie, un refuge bien connu des
pâtres et des laboureurs. On lui donnait le nom de Poirier à la
Fileuse. Les bonnes gens des alentours se plaisaient à la veillée, ou
lorsque l'on passait près de cet arbre vénérable, à raconter la légende
suivante, qui flottait près de son ombre imposante. « Une petite
fileuse, habillée toute de blanc, venait toutes les nuits filer sous le
poirier, en chantant. On pouvait la voir vers minuit, quenouille et
fuseau en mains, travailler d'un geste gracieux... »
Cet arbre est mort depuis longtemps; mais le propriétaire du ter-
rain, M. Saudbreuil, de Grohan, s'était fait scrupule de ne point
l'abattre; et il dressait dans l'air son vieux squelette décharné, résis-
tant malgré tout aux rafales. Aujourd'hui, un jeune arbre — un poi
rier toujours — remplace le disparu; et on continue à le qualifier de
« Poirier à la Fileuse ».
Dans nos campagnes normandes, le pain était — je dis était, car
cette coutume tend à se perdre — l'objet d'un respect profond. Cette
nourriture primordiale était pour nos grands parents en quelque
sorte sacrée. Si un enfant ou un adolescent avait entamé une miche
de façon défectueuse, ses parents lui disaient invariablement ceci :
« Tu coupes le pain comme tu le gagnes », — c'est-à-dire très mal.
L'habitude de tracer une croix sur le pain est encore en usage dans
beaucoup de familles chrétiennes. Mettre le pain sur le dos veut dire
qu'on est incapable de le gagner. On dit aussi qu'alors le Diable est
entré dedans.
Dans l'arrondissement d'Evreux, en particulier dans les cantons
d Evreux-Sud, de Damville, Saint-André, Breteuil, on croit que les
Oursins fossiles sont tombés du ciel et on les qualifie d'Etoiles. Une
vieille croyance est attachée à ces fossiles si abondants dans tous les
terrains sédimentaires. On en retrouve associés à des haches de
pierre polie dans les temples gallo-romains de Normandie. Les
fouilles de M. Léon de Vesly, dans la Seine-Inférieure et dans l'Eure,
les miennes de Saint-Aubin sur-Gaillon (Eure), montrent le prix
qu'attachaient les Gaulois à ces fossiles. Il s'agit peut-être de la
croyance à iOvum anguinum dont parle Pline?
Feux de joie. — La veille de l'Epiphanie ou jour des Rois, dans
les arrondissements d'Evreux, de Louviers, des Andelys, les gens se
promenaient le soir, armés d'une perche à l'extrémité de laquelle
était fixée une botte de paille enflammée, en chantant ce refrain :
344 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Adieu les Rois
Jusqu'à douze mois ;
Douze mois passés,
J'en (sic) sommes bien près.
En certains lieux, on allumait un grand feu.
La veille de la Saint- Jean, le soir, des lueurs illuminaient nos
campagnes : des montagnes de bourrées brûlaient, pendant qu'au-
tour de la meule embrasée la jeunesse dansait. — Restes d'un vieux
rite celtique.
Dans l'arrondissement de Pont-Audemer, en hiver, on voit encore
en quelques villages, des feux de joie de 500 et même 1000 bourrées.
On nomme cela les Bourguelées. Ce sont des fagots d'épines, de
ronces, provenant de Télagage des haies, clôtures de pâturages, etc.,
que les jeunes gens ont confectionné gratuitement. On apporte ces
fagots dans une terre en friche et ils sont entassés tout autour d'une
longue perche fichée en terre, surmontée ensuite d'un gros bouquet.
C'est le maire souvent qui, un dimanche soir, vient y mettre le feu,
accompagné d'une cavalière de choix. Cris de joie, pétards, coups
de pistolet, violon et danses, pendant que la Bourguelée flambe et
jette dans le ciel noir des lueurs farouches. Cette coutume est près
de disparaître.
Dans le Vexin Normand (arrondissement des Andelys), il y a
35 ans encore, le jour des Rameaux après la messe, le premier char-
retier de chaque ferme était chargé de planter un buis dans toutes
les pièces de terre.
Il est toujours d'usage, dans beaucoup de maisons rurales, de
mettre un rameau dans les étables, pour préserver les animaux de
maladies.
Pour conjurer la foudre, on avait l'habitude d'allumer dans la
cheminée un grand feu alimenté surtout par du bois vert et des
feuilles, de façon à produire beaucoup de fumée; puis on l'arrosait
d'eau bénite.
Relevailles. — Il était traditionnel voilà 40 ans, de faire dire une
messe aux femmes « relevant » de couches. Du côté de Damville,
celles-ci portaient à l'église deux brioches destinées à être bénies ;
elles en remettaient une au prêtre et gardaient l'autre pour la man-
ger en famille. Quelquefois, on portait une grosse brioche pour le
prêtre seulement.
(A suivre).
-evjj» *=r~
SÉANCE DU 28 OCTOBRE 1915
Présidence de M. LE BEL.
I. — PROCÈS- VERBAL DE LA SÉANCE.
La Séance est ouverte à 4 heures, sous la Présidence de M. Le Bel,
Vice-Président.
Il est donné lecture du Procès-verbal de la dernière séance
(22 Juillet 1915), qui est approuvé.
A propos du procès-verbal, notes de M. Marcel Baudouin et Tarbé
des Sablons.
Correspondance.
Lettres d'Excuses et de Condoléances, — MM. le Dr A. Guébhard;
— A. Viré; — Ch. Schleicher; — Ghervin ; — Dr Atgier ; —
Edmond Hue. — Denoyelle. — Commont.
Lettres d'Avis. — M. E. Passemard; — Commont ; — B. Reber; —
F. Kessler; — Socley; — Denoyelle.
Allocution de Rentrée [1915-1916]
de M.. E. Taté, Vice-Président en exercice.
Mes chers Collègues,
Une année s'est déjà écoulée depuis notre première réunion de guerre en
octobre 1914 !
Devançant la décision des autres Sociétés Scientifiques, nous votions, il y a
un an, en Conseil et en Assemblée générale, l'exclusion des Austro-Allemands
du sein de la Société Préhistorique Française.
Si notre initiative avait eu besoin d'approbation, elle la trouverait dans
l'unanimité des Sociétés Françaises à procéder aux mêmes évictions. Les faits
nouveaux, les procédés employés par nos ennemis, rendraient encore plus
nécessaires actuellement cette mesure, si elle n'avait été prise; car, il faut bien
le reconnaître, toute relation, tout commerce d'amitié, est devenu impossible
avec eux.
Après la destruction systématique des Monuments de nos amis Belges, du
vol et du pillage de leurs Musées et de leurs Bibliothèques, l'application des
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE. 23
346 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
mêmes procédés de leur « Kultur », à Soissons, à Arras, à Reims; après les
mêmes agissements en Russie et à Venise, même particulièrement visée par les
Barbares, etc., etc., nous ne serons pas amenés desitôt à revenir sur une déci-
sion, que nous ne pouvons aujourd'hui que confirmer avec plus de vigueur
encore.
Nos vaillants Collègues, qui sont au front, qui voient et subissent les horreurs,
non de la guerre en elle-même, mais de cette guerre telle que la leur impose-
la « Kultur allemande », ne nous auraient pas, et avec juste raison, pardonné
d'avoir procédé autrement.
Notre ostracisme ne porte pas naturellement sur les travaux scientifiques de
nos ennemis. Empruntons-leur ce qu'ils peuvent avoir de bon. Soyons même
plus honnêtes qu'eux, en en indiquant la provenance. Mais soyons prudents et
n'agissons qu'à bon escient. Ne leur attribuons pas des idées de chez nous,
nos travaux sont démarqués, alambiqués, alourdis, noyés dans le pathos
d'in-folio indigestes. Analysons et contrôlons bien exactement la provenance,
avant de leur en attribuer la paternité. La contrefaçon, sous toutes ses formes,
est chez eux un dérivé de leur « Kultur ».
Cç n'est pas assez d'expulser les nationaux Austro- Boches. Derrière eux
subsistent certaines formules, certaines idées, que, par snobisme, nous avions
laissé s'introduire chez nous et qu'il faut aussi évincer.
Nous nous devons à nous-même de conserver notre avance dans notre
Science et de réagir contre une tendance qui avait déjà eu son action chez nous.
Restons Français, soyons nous-mêmes, c'est-à-dire clairs, nets, précis. N'ac-
ceptons pas les désignations, non plus que les formules, qui forcent l'esprit à
des recherches inutiles, alors surtout que nous possédons des termes, compris
de tous, exprimant bien ce qu'ils désignent et montrant clairement ce qu'ils
représentent.
Nous avons déjà réagi. Si vous vous reportez à notre Bulletin du 22 avril,
vous pouvez voir que, à l'instigation de notre collègue Rémois, le Dr 0. Guel-
liot, nous avons, à l'unanimité, après discussion, accepté ses conclusions, qui
refusent d'admettre les nouvelles formules: « La Tène 1 ; La Tène 11 ; La
Tène III », pour désigner les premiers Ages du Fer.
Ces termes, sous une forme pseudo-scientifique, sont complètement faux ;
ils ont visé à supprimer la désignation française (datant de 1873) de « Mar-
nien », et ont rendu incompréhensible ou tout au moins peu claire cette clas-
sification, qui, sous la dénomination « Hallstatien, Marnien,LaTèneet Préromain
ou Beuvraysien », reste dans la tradition et possède la qualité de l'exactitude,
tout en faisant image pour les Préhistoriens. Notre rédaction a été bien accueillie,
puisque le mois suivant la Société d: Anthropologie de Paris y donnait sa
pleine adhésion. Ce nom de « Marnien » a non seulement l'avantage d'être le
terme exact; mais il est encore d'actualité, après nos victoires de la Marne et
de Champagne, qui nous le rendent encore plus précieux!
Les événements actuels laissant la Société Préhistorique Française dans
les mêmes conditions qu'en 1945, il n'y aura pas, cette fois encore, lieu.de
modifier le Conseil d'Administration de la Société, les mêmes causes pour lé
statu-quo existant toujours. Ainsi en a décidé le Conseil d'Administration
aujourd'hui même.
Notre dévoué Président, M. le Médecin principal Dr Algier, est actuelle-
ment malade, à l'hôpital d'Amélie-les-Bains, après avoir été au front depuis
l'ouverture de la campagne; il a été nommé Officier de la Légion d'honneur
et décoré de la Croix de Guerre.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 347
Nous n'avons malheureusement pas les éléments pour vous indiquer nos
pertes, non plus que le nom de nos blessés ou les récompenses décernées aux
membres de notre Société.
Nous sommes sûrs que tous ont fait bravement leur devoir. Adressons donc
un salut de reconnaissance émue à ceux qui ont payé de leur vie leur amour
de la Patrie et de la Civilisation; à nos blessés nos vœux de prompt rétablis-
sement. Et, à nos braves défenseurs, après les victoires de la Marne et de Cham-
pagne, souhaitons-leur de fêter bientôt la Victoire au-delà du Rhin !
Vifs applaudissements.
Bibliothèque.
La Société Préhistorique Française a reçu les Ouvrages suivants
de MM. :
Harlé (Edouard). — Découverte de Renne dans une Grotte de Biscaye (Espagne).
Un Capridé quaternaire de la Dordogne, voisin du Thar actuel de l'Hima-
laya [Extr. C. R. som. des séances de la Soi;. Gèol. France, 1913, n° 15,
p. 175J. — 1913, 1 p.,in-8°.
Harlé (Edouard). — Une tournée de l'Ingénieur en chef Le Boulenger dans les
Dunes de son service, entre le Cap Breton et Cazaux en 1817 [Extr. des Actes
de CAcad. des Se. B L. et Arts de Bordeaux, 1914]. — Bordeaux, 1914,
in-8°, 32 p., Fig.
Harlé (Edouard). — La fixation des Dunes de Gascogne [Extr. Bull, de la
Sect. de Géographie, 1914]. — Paris, I. N., 1914, in-8°, 48 p., 9 Fig.
Harlé (Edouard). — Un Machairodus soi-disant de Villeneuve-sur-Lot [Extr.
Bull. Soc. Géol. de France, 1913, t. III, 4e s , p. 264-266]. — Par., 4 p., 1913,
in-8°.
Giraux (Louis). — Les Monuments Mégalithiques de la région de Sartène
(Corse) [Extr. C. R. Congrès du Havre, A. F. A. S., 1914. — Mém. hors vol.,
28 p., 12 Fig.
Givenchy (P. de). — Suite à l'étude des Ciseaux néolithiques (Ciseaux à
coupe cylindrique ou ovoïde) [Extr. Bull. Soc. Prék. Franc, 1914, 26 nov.
pt 25 févr. 1915]. - Le Mans, 1915, in-8°, 10 p., 5 Fig.
Dollot (A.). — Profils géologiques... Les Sables d'Auteuil et les Eaux miné-
rales d'Auteuil et Passy... Les Platrières deGorgan, à Livry et Vaujours, etc.
(S.-et-O.) [Extr. C. B. des Séances Soc. Géol. France, 1915 [Plusieurs com-
munications]. — Par., in-8°, 1915 [Don de M. Ramon-Gontaud].
Proceedings of the Prehistoric Society of East. Anglia for 1914-1915 [Vol. II,
Part. 1]. — London, 1915, in-8°, 157 p., nombr. lig. et pi. hors texte.
Report of the Excavations at Grime's Graves, Weeting, Norfork [Extr. Prehist.
Soc. of Easi Anglia, Mars-Mai 1914]. — London, H. L. Lewis, 1915, in-8%
255 p., 30 PL. et 86 Fig.
Westropp (Thomas Johnson). — The Earthworks and Castle of Bunratty,
Co. Clare. — In-8°, 9 Fig., Pi. hors texte.
Westropp (Thomas Johnson). — Ancient Remains on the West Coast of Co.
Clare. — 1915, in-8°, Fig.
Baudouin (Marcel). — Le mobilier funéraire du Mégalithe vierge de La
Planche à Puare, à l'Ile d'Yeu (Vendée) [Extr. A. F. A. S., 1914]. — Mé-
moire hors volume, Paris, 1915, in-8°, 21 p., 10 Fig.
Baudouin (Marcel). — Le Squelette de la Sépulture par inhumation, de l'époque
Néolithique, découverte au-dessus de l'Ossuaire dans l'Allée couverte de La
Planche à Puare, à l'Ile d'Yeu (Vendée) [Extr. Bévue Anthropol., 1915, Paris,
Par., XXV, mai, n° 5, p. 150-164, 11 Fig; n° 6, juin, p. 199-211, 10 Fig].
— Tiré à part, Par., 1915, in-8°, 36 p., 21 Fig.
348 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Baudouin (Marcel). — Le Casse-Tête naviforme du Champ Saint Père et ceux
de Vendée [Extr. Bull. Soc. Préh. Franc., 1915, XII, 24 juin, n<> 6, 291-302,
9 Fig.]. — Paris, 1915, in-8°, 12 p., 9 Fig.
Jacquot (L.). — Huileries romaines de la région de Sétif [Extr. Rec. cl. Not.
et Mém. de la Soc. Arch. de Const., XL VIII, 1914]. — Constantine, 1914,
in-8% 9 p., 4 Fig.
Jacquot (L.). — Refuges aériens de Roumane (Aurès) [Extr. Rec. des Not. et
Mém. Soc. Arch. de Const., XLVIII, 1914]. — Constantine, 1914, in-8°, 3 p.,
2 PL h. texte.
Les Ouvrages suivants ont été Offerts par M. Fritz Kessler
(d'Alsace) :
Fleury (Gabriel). — Les Fortifications du Maine : Le Camp de Montjoie, à
Rahay. — Mamers, 1902, in-8°, 2 Fig., 12 p.
Fleury (Gabriel). — Les Fortifications du Maine : La Tour Orbrindelle et le
Mont-Barbet. — Mamers, 1891, gr. in-8°, 54 p., nombr. Fig.
Fleury (Gabriel). — Notices historiques sur Mamers. Les Fortifications. —
Mamers, 1887, grand in-8°, Fig., plans et gravures.
Fleury (Gabriel). — Puits funéraires de la villa gallo-romaine des Terres
Noires, à Saint-Rémy-des-Monts, près Mamers (S.) [Extr. Rev. hist. et arch.
du Maine, 1881, t. X, p. 104-124]. — Mamers, in-8°, gr. raisin, 1881, 24 p.,
9 Fig.
Fleury (G.). — Ce qu'étaient les Puits funéraires [Extr. Bull. Soc. his-t. et
arch. de VOrne, 1892, t. XI]. — Mamers, 1892, in-8°, 3 p.
Fleury (Gabriel). — Une statuette équestre en bronze de l'époque galio-
romaine. — Mamers, 1886, in-8% gr. raisin, 16 p., 2 PI. hors texte.
Rostan (M. L.). — Notice sur la Sainte Baume. 4e Edition. — Sainte Baume,
1899, in-16°, 127 p.
Laurin (abbé L.). — Notice sur l'antique Abbaye de Saint- Victor, de Marseille.
— Marseille, 1915, in-16°, 56 p., nombr. Fig.
Peyroux (A. du). — Les Alpes Mancelles. — Le Mans, 1861, in-8°, 361 p.
Revista de Menorca, Mahon (Espagne), 1915, t. X [Extr. Trad. esp. de l'Article
de F. Kessler sur les Mégalithes des lies Baléares].
Admissions nouvelles.
Sont proclamés Membres de la S. P. F., pour 1915, MM. :
Ridola [Docteur Domenico], Sénateur du Royaume d'Italie, Matera,
province de Potenza (Italie). [Léon Coutil. — Marcel Baudouin]
Loppé (Docteur), D. M., Conservateur du Muséum d'Histoire natu-
relle, 56, rue Chaudrier, La Rochelle (Charente-Inférieure).
[A. de Mortillet. — Marce Baudouin].
Membres Donateurs.
Conformément aux Statuts est proclamé, à nouveau, Membre Dona~
teur de la Société Préhistorique Française, M. Lebel, Vice-Président
en exercice, auteur d'un nouveau Don, supérieur à cent francs.
De très vifs applaudissements ont accueilli, à la séance, cette déci-
sion du Conseil d'Administration.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
349
Mémoires de la S. P. F.
Le Tome III des Mémoires de la Société Préhistorique Fran-
çaise, a paru en Octobre 1915 et a été envoyé à tous les Souscripteurs
de ce Volume.
Il renferme de très importants travaux de MM. L. Rousseau,
A. Cousset, Dr Marcel Baudouin, Dr Ballet, Léon Coutil, pourvus
d'une illustration extraordinairement abondante et soignée.
Élections de 1916.
Par décision du Conseil d'Administration de la Société Préhistorique
Française en date du 28 Octobre 1915, il n'y aura pas d'Élections pour
1916, vu la persistance de l'Etat de Guerre.
Dons à la S. I*. JF.
M. A. Guébhard envoie à la Société, pour ses Collections : 1° une
Pointe de flèche en silex, trouvée à la Commande de Jabron, près Camps
(Var) (Fig. 1; I); 2° un fragment de Ciseau en pierre verte, polie,
LA COTA MANDE
cfe Jabron. CoMPs
( Var)
l . — Pièces préhistoriques, offertes à la
S. P. F. par le D' A. Guébhard.
Echelle : Grandeur naturelle.
ROBIOTsr/BASSES-ALPES
provenant de Valcros, commune du Bourguet (Var) (Fig. 1 ; II) ;
3° un Grattoir, trouvé posé sur une grosse roche en saillie dite Roucas
blanc, visible de très loin, et servant présentement de borne interdé-
350 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
partementale entre Le Bourguet (Var) et Robion (Basses-Alpes), qui
avait dû frapper doublement l'imagination des Préhistoriques par sa
situation éminente et par la nature spéciale de son calcaire lacustre
lutécien, tout pétri d'inclusions siliceuses, qui, précisément, four-
nissent la matière des rares pièces taillées trouvées dans la région
(Fig. 1; III); 4° quelques éclats, semblant bruts, de ce même silex,
rencontrés dans des conditions géologiques et orographiques excluant
tout autre hypothèse que celle d'un apport — et par conséquent d'une
utilisation — par l'Homme,
Nécrologie.
L. Thiot (de Marissel, Oise).
Notre Collègue, L. Thiot, de Marissel, près Beauvais (Oise),
est décédé subitement fin octobre 1915, d'un accès d'angine de poi-
trine, à l'âge de 67 ans.
Membre de la Société Préhistorique Française depuis ses débuts,
M. Thiot était Membre du Conseil d'Administration et Délégué pour
Y Oise de cette Société, dont il fut jadis l'un des Vice-présidents pour
la Province. — Il était aussi Membre du Conseil d'Administration du
Musée de Beauvais.
L. Thiot, inspecteur des Postes en retraite, laissera un grand
vide dans l'Oise, car son activité réglée s'étendait à bien des travaux
historiques et scientifiques. Né à Rousseloy, fils de l'instituteur de
Bury, il fit sa carrière postale tout entière à Beauvais, ayant même
servi en 1870-71, à titre civil, dans l'armée de la Loire, aux côtés de
Chanzy. Fonctionnaire précis, exact, compétent, il fut un modèle de
conscience. Archéologue, Préhistorien, il se forma d'abord à l'école du
Dr Auguste Baudon (de Mouy-, père, qu'il aimait particulièrement.
Historien local, il avait une préférence marquée pour les études de la
Révolution; et il fournit plusieurs articles à la Revue de M. Aulard.
Tout ce qu'il faisait portait la marque d'un esprit curieux, solide et
rigoureux.
Avec notre ami, le Dr Baudon fils, Député, ilnous avait rendu de si-
gnalés services, lors de l'organisation du Congrès préhistorique de
France, à Beau vais, en 1909.
Il est l'auteur de nombreuses publications préhistoriques, parues
dans nos Bulletins, les volumes de nos Congrès, et dans les revues de
l'Oise.
Nous adressons à Mme L. Thiot, préhistorien, qui prend sa place
dans notre Société, l'expression sincère de nos vifs compliments de
condoléances.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 351
M. le Pr Gaston Vasseur, professeur de Géologie à la Faculté des
Sciences de Marseille, Docteur ès-sciences, correspondant de l'Ins-
titut, auteur de plusieurs Mémoires d'Archéologie relatifs à la Pro-
vence, et en particulier de recherches sur la Céramique pré-romaine
de la région de Marseille est décédé. Il suivit divers de nos Congrès
préhistoriques. Géologue éminent, M. G. Vasseur, qui était collabora-
teur à la Carte Géologique de France, est l'auteur d'une thèse de
doctorat ès-sciences extrêmement remarquable sur les Terrains ter-
tiaires de l'Ouest de la France, qui, très jeune, établit sa réputation,
Présentations et Communications.
A. Guébhard (Alpes-Maritimes). — Un nouveau Critère de l'utilisa-
tion des Silex non taillés.
P. de Givenchy (Paris). — Réflexions sur un Ciseau néolithique
offert par A. Guébhard à la Société Préhistorique Française et prove-
nant du Var. — Discussion : A. de Mortillet [Cf. Fig. 1; II, p. 349].
A. L. Harmois. — Sur quelques Coutumes locales, Supertitions et
Survivances antiques, etc., de la Bretagne.
A. L. Harmois (Paris). — Note sur un Ciseau néolithique et plusieurs
Haches polies actuelles, provenant de la Guyane française.
Bossavy (Versailles, S.-et-O.). — Découvertes de Sépultures méro-
vingiennes dans les Tranchées, en Seine- et- Oise [Umbos de Bou-
cliers, etc.]. — Discussion: L. Coutil; A. de Mortillet.
A. Guébhard (Alpes-Maritimes). — Découverte de gisements néoli-
thiques à la Commande de Jabron, à Camps [Var], au Bourguet [Var),
et à Robion, par Castellane (B.-A.). — Discussion : Marcel Baudouin.
L. Jacquot (Grenoble). — Contamporanéité des Armes en bronze
et des Armes en pierre.
J.-B. Colleu (Collinée, Côtes-du-Nord). — Les Haches-Marteaux
du Canton de Collinée (Côtes-du-Nord).
L. Coutil (Eure). — La Céramique de l'Age du Bronze du Lac du
Bourget.
J. Bourrilly (Gard) [Mobilisé au Maroc]. — Découvertes préhisto-
riques à Safsefat et Village de Grottes artificielles, à Safsefat.
Fritz Kessler (Alsace) [actuellement à Marseille], — Etude
d'ensemble sur les Mégalithes de la Sarthe [Mission de la S. P. F.
Août-Septembre 1915].
352 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
II. — NOTES, DISCUSSIONS ET PRISES DE DATE.
Conservation insuffisante
des Monuments Préhistoriques classés.
Nous avons reçu la lettre suivante de notre collègue, Délégué de la
Société Préhistorique Française pour les Basses-Pyrénées.
A Monsieur le Président de la Société Préhistorique Française,
Paris.
Mon cher Président,
Au cours d'un assez long voyage d'études à travers les Grottes ornées de
France et d'Espagne, j'ai eu l'occasion de visiter la célèbre Grotte de Niaux, à
Niaux, près Tarascon-sur-Ariège (Ariège). — Classée comme Monument histo-
rique, elle est sous la surveillance de l'autorité forestière.
En ma qualité de Délégué de la Société, je crois de mon devoir d'attirer volfe
attention sur l'état delà porte, qui en défend l'entrée et qui tombe en ruines.
Si l'on n'y met bon ordre, et malgré la surveillance parfaite du garde fores-
tier Massart, les splendides peintures pariétales, vierges d'inscriptions jusqu'à
ce jour, seront à la merci de signataires ignorants ou malfaisants.
J'espère quMl vous sera possible de faire savoir à l'Administration qu'il ne
suffit pas de Classer un monument, mais qu'il faut aussi en assurer la Conser-
vation.
Agréez, je vous prie, mon cher Président, l'assurance de ma très haute con-
sidération.
Em. Passemard,
Biarritz, 18 octobre 4915.
Nous attirons l'attention du Gouvernement sur ce renseignement.
Il y a urgence.
Organisation de la Défense contre la Des-
truction «le» Vestiges préhistoriques en Es-
pagne.
L'Association espagnole pour l'avancement des Sciences s'est réunie à
Valladolid du 17 au 22 du mois d'Octobre 1915. Dans sa séance du 21,
la Section des Sciences naturelles a examiné une motion de M. Her-
nandez Pacheco, relative à la défense de I'Art préhistorique et
des Gisements contenant des restes de V Homme primitif.
La Section a fait sienne la proposition et a nommé une Commission,
chargée de proposer au Gouvernement les mesures qu'il faut adopter
pour la conservation des Peintures des Cavernes, des Gisements préhis-
toriques et des Monuments mégalithiques. On demande également
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 353
l'interdiction de laisser sortir d'Espagne les restes des Hommes fos-
siles.
La Commission est présidée par M. le Marquis de Gerralbo, pré-
historien bien connu, notre collègue.
Voici les noms des personnes qui font partie de la Commission, pré-
sidée par M. le Marquis de Cerralbo. Ce sont : MM. le Comte de la
Vega de Selio, Louis M. Vidal, Ignacio Bolivar, Marcel Rivas et
Edouard Hernandez Pacheco. [Con Dr Chervin].
La Société Préhistorique Française ne peut que féliciter les Préhis-
torienses pagnols de leur préoccupation.
Existence du Tribulum [Herse à Silex]
à Chypre (Asie-Mineure).
M. Tarbé des Sablons (Paris). — Je signale le passage suivant
d'un article que M Jean Brunhes (1) vient de publier sur l'Ile de
Chypre, offerte à la Grèce. « En quelques districts retirés de l'île,
on voit encore battre le grain, selon les rites anciens. Un bœut
faisant le manège traîne une Herse de bois, dont les dents sont des
Silex et sur laquelle, pour faire poids, se tient toute droite une
femme. »
M. Marcel Baudouin. — Le même article cite la culture du
Henné, autrefois très répandu dans l'île ; le Henné provient des
feuilles d'un Arbre, appelé Cypre, du nom du lieu. — On sait que
Chypre fut aussi autrefois un centre préhistorique très important,
car elle a fourni le premier Cuivre d'Orient (d'où le nom du Cuivre
ou celui de l'Ile, comme on voudra).
Etude anatoniique du Crâne australien de Talgaï,
de l'Epoque glaciaire.
M. Marcel); Baudouin. — Il y a déjà quelque temps qu'a été décou-
vert en Australie un Crâne humain fossile, qui a été montré aux
membres de la Section d'Anthropologie de la Bristish Association,
quand celle-ci a tenu sa session à Sydney (2).
Cette pièce a été recueillie, dans le sol d'une crique, à Darling
Downs, Queensland, en réalité il y a plus de 30 ans.
Les conditions de fossilisation sont exactement les mêmes que
celles des restes de certains Marsupiaux éteints, trouvés, dans la
même localité, au milieu de dépôts que les géologues considèrent
(1) UŒuvre, Par., 26 octobre 1915.
(2) Bristish Médical Journal, LortJres, 1915, 25 septembre, p. 479.
354 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
comme étant de la période pléistocène. C'est un crâne de jeune
homme, qui a vécu au Queensland, tandis que l'Europe en était à la
période glaciaire. — On l'appelle le Crâne de Talgaï.
Lorsque les membres de la Bristish Association examinèrent cette
pièce, qui se trouve actuellement au Muséum de l'Université de
Sydney, le crâne était encore englobé dans la terre, d'où il avait été
extrait. On ne voyait alors que la voûte palatine et les dents : ce qui
permit de faire le diagnostic de l'âge (14 à 15 ans). Ces organes
avaient des dimensions supérieures à la normale.
La dent canine ressemblait fortement à celle du Crâne de Pilt-
down et le palais à celui des Australiens primitifs.
Actuellement (l),le crâne a été préparé par le Pr Wilson et toutes
ses parties sont visibles ; or il semble qu'il a autant d'intérêt que les
restes humains de Piltdown et d'Heidelberg. — On est actuellement
en train de l'étudier complètement à Sydney. . j
Il serait à souhaiter que ce crâne soit photographié et moulé
avec soin et que des exemplaires de ces deux documents soient
adressés aux Musées préhistoriques et anthropologiques d'Angle-
terre et de France. — Les descriptions publiées actuellement sont
trop succinctes pour qu'on puisse se faire une idée de la race à
laquelle appartient le Crâne de Talgaï.
Découvertes de Gisements néolithiques
dans le Var.
M. leDrA. Guébhard (Saint- Vallier-de-Thiey, Alpes-Maritimes),
a adressé d'abord, à la Société Préhistorique Française, pour ses col-
lections, un petit lot de silex taillés qu'il a recueillis à la Commande
de Jabron, commune de Camps (Var).
Il s'agit d'une trouvaille intéressante qu'il a faite lui-même à l'oc-
casion de courses géologiques, dans une région où les stations
préhistoriques sont extrêmement rares. — C'est la première fois que
notre collègue a l'occasion de faire une telle découverte.
Les silex, dont les éclats sont patines de blanc, étaient éparpillés
sur le sol et provenaient d'une roche lutécienne lacustre, toute
voisine.
Toutes les pièces sont des éclats de taille indiscutables ; et
quelques-uns même de ces silex doivent correspondre à de petits
outils Couteaux ; Lames utilisées ; Racloirs ; etc.).
A signaler surtout un très beau spécimen d'une sorte de petite
pointe de flèche ou de lance (Fig. 1,1; p. 349), ovalaire. Une extrémité
(1) Nature % .Londres, -1915, 9 septembre.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 355
est pointue et mal taillée ; mais la base est arrondie; elle a été fabri-
quée avec un éclat et travaillée surtout du côté opposé à la face
d'éclatement. Son poids est de 5 grammes.
Malgré l'aspect fruste de la pointe, il n'est pas possible qu'il ne
s'agisse là que d'un petit grattoir ; les retouches sur les deux faces
permettent de s'en tenir au diagnostic Pointe de flèche. En tout cas, il
s'agit d'un instrument Néolithique.
Dans un second envoi, il s'agit également de Silex taillés néolithi-
ques, qui correspondent à divers éclats, recueillis au Bourget
(Var). — Il a dû y avoir là aussi une station de la Pierre polie.
Nous devons remercier particulièrement notre collègue L. Cootil
d'avoir bien voulu figurer pour le Bulletin les pièces ouvrées
(Fig. l;p.349).
Découvertes préhis toriques au Maroc Oriental.
M. J. BOURILLY (Gard),
[Mobilisée Safsafat, Maroc].
[Prise de date] (1).
J'ai découvert, depuis que je suis mobilisé au Maroc, au moins
deux sites intéressant la Préhistoire et absolument inédits.
L'un notamment présente un grand intérêt au point de vue du déve-
loppement de l'outillage et de la technique dans cette partie de l'Afrique
du Nord. C'est un ensemble de Stations, de toutes les époques, envi-
ronnant les postes militaires de Safsafat et d'El Mizen (situés sur la
voie ferrée Oudja Taza, entre Guercif et M'Çoun). — Ces stations,
importantes et distinctes, sont jusqu'à présent au nombre de 8,
dépendant de la région Safsafat (rive gauche du Meloulouj : 1 sur la
rive droite [El Metrad), 1 au Teniat el Beghal (col des Mulets, sur la
piste dn Guercif à M'Çoun), vaste atelier très important, 1 aux envi-
rons immédiats du poste d'El Mizen, et une à la Kashah Messaoud.
Les restes siliceux que j'ai recueillis appartiennent aux époques
Acheuléo-Moustériennes (coups-de-poing et silex taillés divers, en
place, dans les alluvions quaternaires du ravin du Réservoir à Saf-
safat et de la Kashah Messaoud); au Néolithique ancien et à l'époque
Berbère. — Il y a une série d'outils localisés, qui peuvent établir une
transition entre l'époque Acheulèo-Moustérienne et le Néolithique
ancien.
Mes découvertes dans la région de Safsafat s'échelonnent entre fin
(1) 15 septembre 1915.
356 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
juin dernier et le- mois de septembre courant. J'ai du reste fait une
communication à mes amis, MM. Mazauric et Cabanes, courant
juillet, qui en ont parlé à la Société d'Etudes d'Histoire Naturelle de
Nîmes. Je compte, à la fin de la guerre, et après étude typologique,
réserver un lot intéressant pour les séries comparées de la S. P. F.
Mon autre découverte est celle de Grottes artificielles, formant de
véritables villages intéressants et qui semblent avoir été importants.
Je n'ai malheureusement pu faire aucune fouille ni aucune recher-
ches, me permettant d'en fixer la date. Ces villages sont situés l'un
autour de la Kouba sidi Ahmed ; l'autre derrière la Kasbah aban-
donnée et ruinée de Bou-Ladgéraf, auprès du Camp de ce nom (à
12 kilomètres avant Taza).
Les petites Boules de Calcaire et d'Argile cuite
des Sépultures gallo-romaines en Vendée.
Par le Dr
Marcel BAUDOUIN (Paris).
A propos de la communication de M. E. Bourgade (Cantal) sur
un Hochet gallo-romain (1), j'ai signalé que l'intérieur de cet objet
était occupé par de petites Boules, en argile cuite; et j'ai alors
rappelé que j'avais trouvé, dans deux Sépultures, en Vendée, des
« Boules » analogues, en particulier à la Pierre folle du Plessis, au
Bernard.
Ces temps derniers, j'ai pu retrouver, dans mes Collections, les
dites pseudo-billes ; et j'ai constaté que j'en possédais, en réalité,
trois exemplaires, le troisième provenant d'une seconde sépulture, le
Dolmen de Gâtine, à l'Ile d'Yeu.
Ces objets ont bien été trouvés dans des Dolmens, quoiqu'ils ne
puissent être Néolithiques !
En voici une brève description au demeurant.
A. Dolmen de Gâtine (Ile d'Yeu, V.) (2). — Bille tout * fait
sphérique en calcaire ; très blanche ; fabriquée certainement en
dehors de l'île actuelle ; à surface bien régulière, que raie le cou-
teau.— Diamètre : 0m011. — Poids : 2 gr 50.
(1) Bull. Soc. Preh. Franc., Par., 1915, n« 4, p. 223.
(2) Marcel Baudouin. - Les Mégalithes de Gâtine, à l'Ile d'Yeu (V.). — Bull, et
mem. Soc. d'Anthr. de Paris, 1912. — Tiré à part, Par., 1912, ia-8° [Voir p. 371].
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 357
Dans ce mégalithe a été trouvée, en même temps, un Disque perforé
ou Anneau, en terre cuite, brisé, qui me semble aujourd'hui n'être
pas Néolithique, mais gaulois ou plutôt gallo-romain.
Par conséquent, cette pseudo-bille peut très bien être de cette
époque (1).
B. Allée couverte des Pierres folles du Plessis, au Bernard
(V.) (2). — Deux billes, tout à fait sphériques, en argile cuite, d'une
coloration très grise, et non pas blanche comme celle de Gatine.
N° 1. — Bille ronde de couleur grise, très régulière. — Diamètre :
0m012. — Poids : 4 grammes.
N° 2. — Bille ronde, de forme irrégulière. — Diamètre : 0m014. —
Poids : 5 grammes.
Il semble résulter de ce que nous savons désormais sur ce sujet
que les trouvailles des Dolmens du Bernard et de l'Ile d'Yeu ne peu-
vent s'expliquer que par l'hypothèse d'une Sépulture, secondaire,
de l'époque Gallo-romaine.
Au Bernard, j'ai retrouvé des traces indéniables de cette Sépul-
ture adventice (Squelette ; Céramique; etc.), dont, au début, j'avais
méconnu la nature, comme je l'ai dit déjà.
A Gâtine (l'Ile d'Yeu), par contre, tout étant démoli, je n'ai
retrouvé que de très faibles vestiges de cette seconde Sépulture
(Traces de fer ; Poteries ; débris de Disque perforé) ; mais ils sont
suffisants, pour qu'on puisse admettre cette hypothèse (3).
Celle-ci, d'ailleurs, est seule susceptible désormais d'expliquer ces
deux trouvailles, car ces trois objets ne peuvent pas être Néolithi-
ques (4).
(1) Dans le mémoire relatif à la fouille de ce Dolmen, j'ai, tout à fait à tort, con-
sidéré ces deux pièces comme Néolithiques. — Actuellement, je les crois gallo-
romaines. — D'ailleurs les Gallo-romains ont séjourné à l'Ile d'Yeu [partie Sud :
Grunzland].
(2) M. Baudouin et Lacouloumère. — L'Allée couverte des Pierres Folles du
Plessis au Bernard (Vendée). — Paris, 1904, in-8° [Voir p. 337].
(3) En 1912, je n'avais pas songé à cette théorie, pour expliquer les trouvailles
insolites, non néolithiques. — C'était une faute.
(4) C'est aussi à tort que j'ai considéré autrefois ces pièces comme des « projec-
tiles de fronde ». — L'objet de E. Bourgade prouve qu'il ne s'agit pas de cela du
tout!
358 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
III. — ARTICLES ORIGINAUX
Observations sur une Hache on os, provenant
des fouilles exécutées par l'académie Mal-
gache, à Ampasambazimba en 190ë (Mada-
gascar).
PAR
F. -M. BARTHÈRE (Madagascar).
A la page 6 du VIe volume du Bulletin de l'Académie Malgache,
M. le Dr M. Fontoynont alors président de cette Académie, signale,
à la suite- d'un rapport sur les gisements fossilifères d'Ampasam-
bazimba, la découverte, au milieu de fragments d'Oepyornis et de
nombreux os de Lémuriens, d'un bâton de bois travaillé, et un outil
en os, accompagnant une jarre en terre.
Une gravure accompagne l'article; l'outil en os est représenté vu
de face et désigné à la légende comme Hache taillée dans un tibio-
tarse de Mullerornis et le bâton de bois comme son manche en bois.
Dans sa description que je reproduis ci-dessous, M. le Dr Fontoy-
nont est absolument affirmatif sur l'emploi de cet os et du bâton de
bois.
« Le morceau de bois taillé, dont il n'a pas été possible de déter-
« miner l'essence, est très nettement un manche d'outil. Il est
« facile, sur l'une des extrémités, d'y voir les traces, produites par
« un instrument tranchant qui a servi à le tailler légèrement en
« pointe mousse. Il mesure 0m52 de long. Son diamètre est de 0m03.
« L'autre extrémité est cassée; un accident sans doute, car le fabri-
« cant ou le propriétaire de l'instrument avait dû arrondir cette
« extrémité. Cette arme, qui pouvait servir également d'outil, est
« représentée par une hache taillée dans un tibio-tarse de Mulleror-
« nis et trouvée tout à côté du bout de bois décrit précédemment.
« Cette hache figurée ci-contre est fort bien faite. Elle a un biseau
« avec une lame qui dut être bien coupante.
« L'hypothèse d'une fracture accidentelle déterminant cet aspect
« est inadmissible ; car il y a eu un véritable évidement d'une partie
a d'un os choisi d'ailleurs, certainement pour en faciliter la taille,
« chez un Mullerornis. Une fracture n'aurait pu donner ni la cour-
ce bure ni le poli qu'on constate encore facilement.
« Le manche et la hache s'articulent aisément. Ils semblent bien
« faits l'un pour l'autre » .
Et M. le Dr Fontoynont termine en disant que cette découverte
est une preuve absolue de la présence de l'Homme au moment où
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE b&9
vivaient nos grands Lémuriens, nos Oepyornis, et où se passaient
dans le centre de l'île des phénomènes volcaniques d'une intensité
extraordinaire...
Après une telle affirmation, j'eus la curiosité, bien naturelle pour
un archéologue débutant, de voir cette hache et son manche; mais,
à l'aspect de ces objets, loin d'être convaincu, le doute sur leur
usage entra dans mon esprit.
Je fis part, alors, au Directeur des Musées de Tananarive, de mon
intention de porter mes observations à la connaissance des membres
de la Société Préhistorique Française à seule fin de désillusionner les
archéologues qui s'intéressent à l'histoire préhistorique de Madagas-
car et qui par le compte-rendu de l'Académie Malgache pouvaient
considérer le premier pas franchi depuis les fouilles faites en 1908.
L'autorisation officielle de photographier ces objets me tut accordée
immédiatement ; et le Conservateur du Musée, M. Maisonneuve,
ainsi que le secrétaire de l'Académie Malgache, M. Lamberton, se
mirent gracieusement à ma disposition pour me faciliter la tâche et
je les en remercie très sincèrement.
Je pus ainsi à loisir étudier ces deux objets et voici les observa-
tions faites à leur sujet et que je crois utile de porter à la connais-
sance des Préhistoriens.
Le bâton de bois correspond bien à la description faite par M. le
Dr Fontoynont (Fig. 1) ; mais on ne s'est peut être pas assez appe-
santi sur la constatation qu'il a faite à l'une de ses extrémités (A) et
qui prouve nettement que ce morceau de bois a été coupé par un
instrument tranchant. Or, si l'on n'a pu déterminer l'essence, il est
facile de constater que c'est un bois très dur, de ceux que les Mal-
gaches classent dans les bois qui « endommagent la hache ». C'est
dire que l'instrument tranchant qui a servi à le couper devait être
d'une bonne trempe et en bon fer, ou peut-être en acier, parfaitement
aiguisé.
On se rend compte facilement même de la façon dont ce bout de
bois a été coupé; l'individu, qui a voulu le détacher de la branche, a
fait plusieurs entailles avec son couteau à main et l'a ensuite rompu
en pesant dessus; c'est ce qui indique nettement l'extrémité a du
bâton.
Si donc l'indigène à ce moment possédait un instrument aussi
parfait et aussi tranchant, il est fort probable que les haches devaient
être de même matière, fer ou acier, et que depuis longtemps les
haches en os si elles ont jamais existé à Madagascar, avaient fini
leur temps I
L'os, présenté vu de face comme dans la gravure du Bulletin de
T Académie Malgache (Fig. 2), épouse un peu la forme d'une hache,
360 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
avec toutefois beaucoup de bonne volonté; mais, si on l'examine de
c2
<#*
;nf. â
0
Ft#. 1 à 4. — Bâton et prétendue Hache en Os, de Madagascar (1).
profil (Fig. 3, 1 et 2) on ne peut, à mon avis, prendre cet os pour
une hache; et, si le bâton n'avait pas été trouvé à côté, on n'aurait
(1) Les dessins ci-dessus ont été faits d'après nature et d'après des agrandis-
sements de photographies et représentent environ le 1/5 delà grandeur de l'objet.
SOClZTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 361
peut-être pas eu l'idée de le considérer comme tel. La difficulté vient
de l'emmanchure; elle est impossible à mon avis. M. le Dr Fontoy-
nont suppose, dans sa description, que le manche venait s'adapter
sous la courbure indiquée en a; mais, s'il en avait été ainsi, l'usage
en devenait impossible, car le manche placé sur le côté de l'outil et
non perpendiculairement à la ligne médiane, comme dans toutes
les haches de toutes les époques, aurait occasionné à chaque coup
un choc en porte-à- faux, avec renversement de l'outil; le but de
l'instrument n'aurait pas été atteint.
Il est inutile, je crois, de pousser l'argument plus loin, pour être
convaincu, que l'on se trouve en présence de deux objets absolument
étrangers l'un à l'autre; d'autant plus qu'à la suite de mes observa-
tions faites devant M. le Secrétaire de l'Académie Malgache,
celui-ci crut se rappeler qu'un autre os semblable avait été trouvé
depuis et qu'il avait même constaté, avec M. Standing, Docteur es
sciences, que l'os ci-dessus était un éclat naturel de l'extrémité infé-
rieure d'un tibio-tarse de Mullerornis et que ce genre d'éclatement
se trouvait indiqué dans un assez grand nombre d'os recueillis dans
les fouilles d'Ampasambazimba (Fig. 4).
Cet argument est formel et bien fait pour donner plus de valeur à
mes observations.
M. Marcel Baudouin. — On ne peut qu'appuyer les judicieuses
remarques de M. F. -M. Barthère, en ce qui concerne cette prétendue
hache. A la séance delà S. P. F., à laquelle cette note a été pré-
sentée, personne n'a reconnu une hache préhistorique dans le
fragment d'os en question.
*r»»»rc.
La Croix des Rochers et Dalles à Cupules
et Empreintes pédiformes.
G. GUÉNIN (Brest).
Très souvent, Ton rencontre sur des rochers à empreintes ou sur
les dalles de certaines sépultures dolméniques des Signes cruci-
formes, qui paraissent en relations avec les Cupules, et surtout les
Empreintes pédiformes. Pour en trouver des exemples, il n'y a qu'à
feuilleter le récent ouvrage, où M. le Dr Marcel Baudouin accu-
mule, suivant son habitude, une si grande quantité de documents
d'une importance capitale pour l'étude des antiquités préhisto-
SOGIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE. 24
362 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
riqucs (1). C'est ainsi qu'il conviendrait de se reporter aux pages 76,
88, etc., où figurent la Table de l'Hypogée de Fontvielle (Bouches-
du Rhône), la Pierre de Lans-le-Villard (Savoie), tout en se réfé-
rant aussi aux Epoques Préhistoriques du Finistère, où du Châtellier
reproduit l'une des dalles du Tuniulus de Renongar, en Plovan,
entre autres exemples.
La Croix n est-elle que la simplification de la Roue solaire, qui se
représente par un Cercle, dans lequel est inscrit une Croix à
branches égalesl Ne vaut-il pas mieux y voir un autre signe, I'Oiseau
solaire, que l'on aurait ainsi stylisé, faute de pouvoir le bien repré-
senter?— C'est cette hypothèse, sans doute bien aventureuse, que je
voudrais pouvoir exposer ici, dans l'espoir que cette simple esquisse
provoquera des remarques nouvelles, dont la Science préhistorique
ne saurait que profiter.
A. — Les Barques solaires des Gravures rupestres de Scandinavie
présentent, en effet, deux séries de Disques, les uns à quatre rayons
et les autres à point central ou à disques concentriques. Ce sont ces
derniers seuls qui représentent, à mon avis, le Soleil, contrairement
à l'opinion de J. Déchelette. Comment se fait-il que les roues irlan-
daises figurées à la page 415 et celle du chariot de Trundholm
n'aient que des disques concentriques, reliés par d'autres disques
beaucoup plus petits ? D'autre part, les disques solaires rattachés
aux bateaux par des tiges n'ont qu'un point central (Déchelette,
Fig. 166, page 419). 11 en est de même pour les Barques votives de
Nors (Jutlandj (Déchelette, Fig. 172; p. 425); pour les situles et
vases ornés de Siem (Danemark), d'Hadju-Bôszôrmény (Hongrie,
d'Orvieto et de Bologne (Déchelette, Fig. 173, p. 427), etc.
Le seul exemple contraire serait le n° 3 de la Figure 166 de Déche-
lette; or il.se trouve justement que ce n'est pas un Disque solaire,
mais une rondelle ordinaire, ou, si l'on veut, une simple rouelle !
Il faut, en second lieu, remarquer que, dans les Barques solaires,
le disque cruciforme (2) n'occupe qu'une place secondaire. Les
disques solaires sont beaucoup plus grands, tandis que le disque
cruciforme beaucoup plus petit est placé en arrière, mais la barque
au-dessus de laquelle il est posé semble prendre la tête d'une
théorie nautique, et c'est là une remarque fort importante que je ne
crois pas avoir été faite. — Dans le second exemple, qui, cette fois,
n'est plus norvégien mais suédois, le disque cruciforme est plus
grand que les disques solaires; mais là encore ce signe est au-dessus
(1) Dr M. Baudouin. — Les Sculptwes et Gravures de Pieds humains sur
Rochers. — Comptes rendus de l'Ass. franc, pour l'avanc. des Sciences, Congrès
de Tunis, 1913. — Mémoire hors volume.
(2) Arch. préhist., II, lre partie, p. 419.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 363
d'une barque plus petite et qui précède très nettement les deux
navires solaires. Il faut donc en conclure que ce disque cruciforme
doit précéder le disque solaire et qu'il n'a pas l'importance de ce
dernier. — La signification en serait-elle donnée par les Figures 178
et 179 de Déchelette représentant la première un guerrier '?), qui
s'élance en avant et la seconde un cheval au galop. Sur le ceinturon
du guerrier (?) se trouve un disque cruciforme entre deux svastikas,
qui protègent la poitrine et les parties génitales; sur la croupe
droite du cheval (1), qui est guidé par un homme (?) au tablier tim-
bré d'un svastika, le disque cruciforme apparaît à nouveau. Il semble
évident que ce signe solaire indique un mouvement très accentué,
une course rapide; et c'est le point auquel je voulais arriver.
De l'étude des symboles solaires, décrits par Déchelette, on peut
donc tirer ces vraisemblances : 1° Le Disque cruciforme n est pas le
Soleil; 2° il le précède et paraît beaucoup moins important; 3° il semble
indiquer une course rapide. — Peut-on pousser plus avant et à l'aide
de documents fournis par des sociétés humaines, encore à l'âge de
pierre ou dans un état de civilisation très rudimentaire, arriver à
plus de précision?
B. — Dans les civilisations pré-colombiennes d'Amérique, les
croix à branches égales, seules ou entourées d'un cercle (2), repré-
sentent les Quatre Vents. Le dieu mexicain, Quetzalcôhuatl, appelé
aussi Nahui-Ehecatl, c'est-à-dire les Quatre Vents, possède la croix
comme principal attribut ; il en est de même du dieu Tlaloc-Chac,
qui commande aux pluies. Les Zunis, les Dakotas, les Mokis, les
Navajos. les Sias, les Lenapes... disent eux aussi que la croix est
le symbole des quatre points cardinaux et l'attribut des divinités de
la pluie et du vent (3). Rien n'empêche d'attribuer une égale valeur
aux croix et disques cruciformes de nos gravures rupestres, puisque
l'on a pu démontrer qu'il y a complète identité entre certaines repré-
sentations graphiques des Esquimaus et les Pétroglyphes suédois,
notamment les fameuses représentations des Barques solaires de
Bohuslaw (4).
Or, très souvent, chez ces aborigènes d'Amérique, qui en étaient
encore à employer les instruments de pierre, les quatre branches de
la croix, seule ou inscrite dans un cercle, et les côtés du quadrila-
tère, qui circonscrit le signe cruciforme, sont terminés ou ornés
par des oiseaux à cou et bec de cygne, de canard, d'épervier. A ce
(1) Le Cheval se dirige vers l'Est.
(2) Le cercle peut être remplacé par un quadrilatère (Dakotas, par exemple). —
Ce signe se trouve également sur de nombreux rochers à empreintes d'Europe
et d'Amérique.
(3) Cf. entre autres G. Raynaud : Les nombres sacrés et les signes cruciformes
(Rev. de l'hist. des rcli#., XLIV, p. 248 et sqq.).
(4) Un. States Report ofnat. Muséum, 1895, surtout la page 934.
364 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
sujet, je renvois aux gorgerins en coquillages du Tennessee et du
Mississipi (1). La croix, en Amérique, représente donc le Vent, qui
aide à la navigation de la barque solaire, et, de plus elle se trans-
forme en protomés d'oiseaux symboliques, qui, dans la mythologie
des Indiens, escortent la barque ou le char solaire jusque dans les
contrées du froid et des ténèbres (régions occidentales). — En
Egypte, plus d'un millénaire avant Jésus-Christ, le soleil est repré-
senté par un disque, et l'on trouve dans Maspero (2) la figuration
des douze barques solaires de la journée. Deux fois, le Dieu Soleil
est représenté sous les traits d'un Oiseau (barques 7e et 9e (3) et
deux fois il n'a qu'une tête d'épervier (barques 5e et 11e). Le soleil
est d'ailleurs issu de l'œuf céleste, que l'oie pond et couve à
l'orient (4). Lorsque le soleil s'embarque à la première heure du
jour, un oiseau au long bec, semblable à celui des gorgerins d'Amé-
rique, vole au-dessus de son bateau (5). Les conducteurs des
barques solaires, huit fois sur dix (6), ont une tête d'oiseau, et dix
fois sur douze des personnages du même genre sont au gouver-
nail (7). // convient de remarquer que les légendes de la Barque
solaire égyptienne expliquent à merveille certaines scènes des Pètro-
glgphes suédois. — Plus près de nous, dans la Grèce primitive, le
Cygne est l'attribut de l'Apollon Hyperboréen, de ce Dieu qui
revient à Délos, monté sur un cygne ou sur un char conduit par
cet oiseau migrateur. Dans les vieilles mythologies nordiques, le
Dieu solaire est accompagné de Cygnes : ce qui explique qu'en Scan-
dinavie les poupes et les proues se terminent par des protomés de
cygnes. — Il est inutile de poursuivre cette énumération, alors que
l'on peut encore invoquer les disques cruciformes des vases villano-
viens toujours placés à côté de l'oie solaire (8). Puisque des concep-
tions analogues se retrouvent en Amérique et en Europe, et que les
espèces solaires sont absolument les mêmes, pourquoi les croix de
nos gravures rupestres et les disques cruciformes ne désigneraient-
elles pas aussi, comme en Amérique, les oiseaux-pilotes ou les
oiseaux-vents (9)?
Il ne me resterait plus qu'à démontrer la stylisation de l'oiseau et
(1) Rep. of. naL Muts.% 1894, Wilsoh ; The svastika, ftg. 263-265, pages 906 et
sqq.
(2) Hist. anc. des peUpl.de l'Or., I, p. 89.
(3) A remarquer les chiffres, 5, 7, 9, tl.
(4) Maspero, I, p. 88.
(5) Maspero, I, p. 161.
(6) Sur la barque solaire pilotée par un oiseau et escortée par lui jusqu'à la
fente de l'Ouest [Cf. p. 197, note 5, etc.].
(7) Deux fois la barque solaire se dirige seule, sans voiles, ni gouvernail.
(8) Déchelette, fig. 174, n° 4. — Arch. préhist., II, lre part., p. 431.
(9) Cf. la remarque précédemment faite sur l'identité des représentations gra-
phiques des peuples Esquimaus avec les gravures rupestres de Suède et Norvège.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 365
sa transformation en croix. La chose existe en Amérique; et
Wilson a depuis longtemps remarqué que plusieurs tribus indiennes,
entre autres celle des Dakotas, représentaient, bien avant la décou-
verte de l'Amérique, le vol des faucons et des dragons par des
croix. Il en estencore ainsi parmi les peuplades Esquimaus, dont les
archets sont ornés (1), sur les côtés, de croix en lignes, n'indiquant
pas autre chose que des vols d'oiseaux. En Europe, cette démons-
tration peut se faire également, malgré que je n'aie pas à ma dispo-
sition tous les documents nécessaires. Sur le fragment d'un bandeau,
découvert à Syros, un oiseau déjà stylisé accompagne le disque
solaire que traîne un cheval (2). C'est le premier stade. Mais il y a
mieux, pour peu que l'on compare aux pierres gravées d'Amérique
certaines fusaïoles trouvées par Schliemann à Troie. Les oiseaux
stylisés de Naples (Illinois) ont absolument la forme des oiseaux de
certaines fusaïoles, que Schliemann découvrit à côté d'autres,
ornées de svastikas, d'animaux solaires.
Conclusion. — Si l'on se rappelle que j'avais essayé d'établir,
tout d'abord, que le Disque cruciforme précédait le Soleil et semblait
indiquer une course assez rapide, et si l'on admet que la croix seule
était beaucoup plus facile à figurer que le disque cruciforme sur des
rochers difficiles à graver, mon hypothèse devient assez plausible.
La croix serait alors un Oiseau solaire, dont la direction indique-
rait le sens dans lequel le soleil se dirigeait. Il serait curieux de
vérifier si la direction des Empreintes solaires coïncide avec celle
des Croix placées à leur côté ; s'il en était ainsi, ce serait une con-
firmation que je n'ose espérer. — Comme on l'a dit, « la Science
vit d'hypothèses ». Je fais la mienne, à tout hasard, dans l'espoir
qu'elle suscitera de nouvelles recherches et fera remettre à leur vraie
place des signes, que l'on attribue peut-être à tort au Christia-
nisme (3).
(1) Rep. of nat. Muséum unit. St., 1894. Wilson : ihe swastika, p. 936, etc.,
Annual rep. of the bureau of Ethn., 1888-89, fig. 1165, 1229. Cat. Un. St. Nat.
Mus, n01 44.211, 45.020, etc.
(2) Dechelette. — Arch. préh., t. II, 1" part., p. 416.
(3) 11 est bien entendu qu'on ne saurait mettre en discussion ce point, définiti-
vement acquis, grâce aux travaux de M. le D* M.Baudouin, que les Empreintes
solaires sont l'une des manifestations du Culte du Dieu-Soleil. — Mon petit travail
vise aussi bien les croix placées à côté de ces empreintes que les signes cruci-
formes au voisinage de grandes cupules.
366 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Un nouveau Critère de l'utilisation des Silex
non taillés*
PAR
Adrien GUÉBHARD (Saint- Vallié-de-Thiey, A.-M.).
Au cours de mes excursions géologiques, ayant presque constam-
ment l'œil fixé à terre pour la reconnaissance du terrain, il est cer-
tain que nul objet de forme un peu spéciale ne saurait m'échapper. Il
m'est arrivé de ramasser ainsi les choses les plus extraordinaires,
depuis le grain de plomb du chasseur jusqu'à la crotte de chèvre,
ceci presque quotidiennement. Et pourtant, depuis trente ans que
je déambule par monts et par vaux, parcourant toutes sortes d'es-
paces où seuls ont mis le pied quelques bergers, il ne m'était arrivé
que trois fois de trouver des silex ouvrés : deux fois des haches
polies, dans des circonstances psychiques tellement particulières,
que j'ai cru devoir les publier (1) ; une autre fois un joli fragment
de couteau de silex.
Aussi fus-je agréablement surpris, le 4 août 1915, en passant près
de la bergerie ruinée de la Commande, près Jabron, commune de
Comps (Var), d'apercevoir une ravissante pointe de flèche (Fig. 1 ;
p. 349), déforme ovale, un peu grande cependant, me parut-il (00m34
de longueur sur 0m025 de largeur), pour l'emploi et pour la qualifica-
tion. Heureux de l'offrir aux collections de la Société préhistorique
française, j'en laisse l'étude technique à plus compétent que moi.
Mais ce fut le point de départ de remarques d'un ordre général
qu'il me paraît utile de signaler.
Dans le voisinage, je trouvai épars, clairsemés, d'autres frag-
ments, du même silex, de même patine, dont la provenance me
parut toute voisine, d'un calcaire lacustre lutécien, affleurant à quel-
que cinquante mètres de là. Aussi, après en avoir recueilli sur
place quelques fragments, comme simples témoins, pour moi pure-
ment minéralogiques, nullement industriels, ne fus je pas autrement
étonné d'en rencontrer à des distances de plus en plus grandes,
mais où le géologue qui, même dans ceux de ces fragments qui
présentaient certaines commodités de préhension ou d'utilisation,
ne voulait voir que des éclats absolument naturels, pouvait s'en
expliquer la présence par celle d'un poudingue miocène, assez
répandu dans ces parages, et qui, beaucoup plus récent que toutes
les roches environnantes, est formé principalement de leurs frag-
(1) A. Guébhard. — Sur révocation psychique des objets réels. — Anna/es des
Scienees psychiques, V, 1895, p. 129-135; XIV, 1904, p. 204-15.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 367
ments, parmi lesquels les siliceux sont toujours les mieux conser-
vés.
J'insiste là-dessus et sur ce que, personnellement, je n'apercevais
dans ces cailloux aucun rapport avec l'homme. Mais mon attention
se trouvait éveillée et ce fut dès lors une surprise nouvelle que d'a-
percevoir, de loin en loin, et quelquefois par groupes, des fragments
du même silex, dans des endroits où aucune possibilité ni géolo-
gique, ni orographique, d'apport naturel ne pouvait être acceptée.
Alors ?
Si aucune cause naturelle ne peut avoir ainsi transporté, surtout
à l'état isolé, ces fragments de roche loin de leur point d'origine, ne
fut-ce qu'à quelques kilomètres, même quelques centaines de mètres,
en ces pays extraordinairement tourmentés des Basses-Alpes où
toute distance à vol d'oiseau se trouve bien plus que doublée par les
ravins et précipices ; alors, c'est évidemment que l'homme les
y a portés ; et s'il les a portés, c'est qu'ils lui étaient utiles,
c'est qu'ils étaient utilisables, c'est qu'ils ont été utilisés. En vain
l'œil géologique protestera-t-il qu'aucun signe ne subsiste de cette
utilisation ; il suffit qu'il y ait eu utilisabilité pour que, dans de telles
conditions, la raison permette d'affirmer qu'il y a eu utilisation.
Et voilà comment je me suis mis à ramasser de temps à autre
des petits silex qui, n'étant rien par eux-mêmes, tirent toute
leur signification de la place où je les ai aperçus. Peut-être révéle-
ront ils à moins sceptique ou plus à l'œil que moi ces traces posi-
tives d'utilisation, qui échappent à mon inexpérience. Je n'en ai pas
besoin, quant à moi, pour demeurer persuadé qu'ils ont servi
Mais fut-ce seulement aux époques où la taille proprement dite
était inconnue? Le fait de la rencontre d'une pointe néolithique ne
permet-il pas d'imaginer qu'en même temps que les objets finement
travaillés l'homme ne dédaignait pas d'utiliser ceux qui, sans
travail, pouvaient dans toute la fraîcheur du fil, remplir quelque
office (1) ?
Voilà pourquoi, au sujet de ces outils certains de l'homme primi-
til, je me garde de prononcer le mot à'Eolithes. Ils peuvent parfai-
tement, à mon avis, être contemporains des fabricants de ma jolie
pointe de flèche, ou du fin couteau de Séranon (actuellement dans
la collection Paul Goby, à Grasse), tous deux de la même patine
blanche.
Mais, sans entrer dans la grande dispute à propos deséolithes eux-
(1) C'est précisément au voisinage d'un grand Castelar, absolument ignoré, que
j'ai fait quelques rencontres de petits silex blancs, au milieu d'argiles bauteri-
viennes où certains bancs calcaires renferment bien de grands silex, mais gris, de
qualité tout à fait mauvaise et ne donnant jamais d'éclats de ce genre.
368 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
mêmes, il m'a paru intéressant d'apporter, d'une manière toute désin-
téressée, et simplement pour rendre hommage à la vérité scientifique,
un argument géologique, au moins aussi valable que celui des broyeurs
de Mantes, qui me paraît irréfutable en faveur de l'utilisation cer-
taine par l'homme, à quelque stade de son développement que ce
puisse être, des simples éclats naturels, ou grossièrement préparés,
du silex qui présentait les qualités nécessaires.
P. S. — Depuis que ces lignes ont été écrites, j'ai renouvelé main-
tes fois ces trouvailles isolées d'éclats exotiques de silex bruts (ou
me paraissant tels), dans des conditions locales excluant toute autre
possibilité de provenance que par l'apport de l'homme. Dans
ceux que j'envoie à la Sm P. F. peut-être un regard mieux adapté
que le mien découvrira-t-il une forme d'instrument ébauché. Mais
cela est plutôt exceptionnel et je m'en veux presque d'avoir fait un
choix sur d'aussi grossières apparences.
M. Marcel Baudouin. — Si j'en juge par les Silex que M. le
Dr Guébhard a adressés à la Société Préhistorique Française et auxquels
il fait allusion dans cette note intéressante, il est indiscutable qu'il
s'agit là d'éclats de taille, et probablement de débris de l'époque
néolithique.
Notre collègue a donc bien raison de mettre en relief l'intérêt
réel de la remarque qu'il a faite à propos de ces pièces. Mais il est
de notre devoir d'ajouter que ses judicieuses réflexions ne peuvent
guère s'adresser qu'aux Géologues purs. Il y a longtemps, en effet,
que les Préhistoriens, collectionneurs de silex, surtout dans les
régions pauvres en vestiges préhistoriques, se sont basés sur le fait en
question, pour affirmer qu'ils ne ramassaient pas des cailloux quel-
conques, mais bien des pierres autrefois transportées, maniées, et
même taillées par l'Homme ! — Pour mon compte, nombre de fois
en Vendée, depuis trente ans, j'ai eu assez de confiance dans ce
Critère pour affirmer le passage de l'Homme en des points où jus-
qu'alors on n'avait rien... découvert.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 369
Contribution à l'étude de l'Ere monumentale
préhistorique : l'Architecture mégalithique
bretonne et les observations solaires.
Alf. DEVOIR (Brest, F.),
Capitaine de Frégate.
Avant-propos. — Les hypothèses ont joué un rôle important dans
le développement de l'archéologie préhistorique, du jour où elles se
sont appuyées sur quelques faits d'observation; leur destinée est
toutefois de provoquer et de diriger les recherches, puis, bien sou-
vent, de disparaître devant les résultats de celles-ci. Rares sont les
hypothèses archéologiques qui ont pu devenir des certitudes; trop
nombreuses, par contre, celles qui, passant à l'état de dogmes, cons-
tituent de sérieux obstacles au progrès.
L'étude méthodique et sans idée préconçue de tout ce qui nous
est resté des civilisations antiques est autrement féconde ; nous lui
devons la plupart des acquisitions désormais incontestées dont la
science moderne a le droit de s'enorgueillir.
Parmi ces acquisitions, les suivantes me paraissent utiles à rap-
peler, au début du présent mémoire.
1° Les époques les plus lointaines, celles où l'homme vécut à côté
d'espèces animales éteintes ou émigrées ne nous sont guère connues
que par des instruments de dimensions modérées, maniables au sens
exact de ce mot : le silex et les variétés de quartzite ; puis le bois de
renne, sont presque seuls employés. De très grands progrès se réa-
lisent peu à peu dans le travail des matières premières ; mais nous
ne possédons aucun indice certain de déplacements intentionnels
de matériaux non périssables en grandes masses.
Les races quaternaires n'ont pas été au-delà de l'utilisation des
abris naturels sous roche : telle est, à nos yeux, la conclusion de
longues et patientes recherches. Seule la juxtaposition de figurations
animales, sur les parois ornées de quelques cavernes, donne
l'impression d'un travail dont les dimensions excèdent la taille de
l'homme.
2° Plus près de nous, l'industrie se manifeste sous des aspects
tout différents : la fabrication des instruments se modifie et le polis-
sage apparaît; des matières nouvellement utilisées se répandent sur
des aires très étendues, bien avant l'aurore de la métallurgie.
De tels changements indiquent une évolution profonde, que carac-
térisent nettement, d'autre part, des constructions grossières, on la
roche est employée en blocs énormes.
3° La prédominance des matériaux de volume médiocre, dans les
370 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
enceintes défensives et les sépultures, et aussi l'absence de très gros
éléments, sont justement considérées comme contemporaines de
l'introduction et du plein usage du Fer dans nos régions occiden-
tales.
Nous sommes, par ce qui précède, amenés à distinguer dans la
succession des Civilisations pré et proto-historiques deux grandes
divisions : la première correspond aux temps où l'art d'édifier des
constructions résistantes en matériaux non périssables nous paraît
avoir été inconnu ; l'autre aux temps où cet art fut certainement
connu Cette dernière se subdivise à son tour en deux autres, sui-
vant que les constructions sont, dans leur ossature, totalement ou
partiellement mégalithiques, ou qu'elles sont formées de menus
matériaux, avec interposition d'éléments moyens.
Ainsi se définit, parallèlement à la classification basée sur les
différences entre objets maniables, une autre classification : l'absence
de constructions d'une part ; l'évolution de l'architecture de l'autre,
en fournissent les repères principaux. Toutes deux semblent en
concordance pour les pays riverains de l'Océan; on en peut rappro-
cher l'absence, puis l'évolution de l'art du potier.
Alors que l'archéologie des époques quaternaires était presque
inexistante et que les graviers de la Somme n'avaient pas encore
livré les restes de la plus ancienne industrie hominienne, restes
essentiellement maniables, les édifices mégalithiques avaient depuis
longtemps attiré l'attention : quelques-uns d'entre eux avaient été
explorés. Les objets recueillis étonnaient par leur nature et par
leurs formes ; mais la masse des éléments mis en œuvre pour les
constructions frappait encore bien plus les imaginations.
Cette impression est d'ailleurs persistante, malgré l'évanouis-
sement des légendes où Gargantua, Roland, les Fées et les Druides
tenaient les premiers rôles, et en associant au qualificatif mégali-
thiques le mot Monuments y la Société polymathique du Morbihan, et
après elle le Congrès archéologique de 1867, ont été bien inspirés,
comme le montre l'emploi, depuis lors généralisé, de cette expres-
sion. Ce sont bien en effet des Monuments, que nous montrent les
blocs pesants des Menhirs et des Dolmens, les amas terreux et pier-
reux des grands Tumulus.
Aussi me paraît-il rationnel de réunir, sous le nom d'Ere monu-
mentale préhistorique la suite des âges témoins de leur édification.
Je me propose d'étudier, dans ces notes, les restes monumentaux
de cette ère qui se sont conservés sur le sol breton, en utilisant les
résultats d'observations personnelles poursuivies depuis 25 ans, et
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 371
en les complétant, pour ce qui est des explorations, d'après les pré-
cieuses recherches de M. Paul du Chatellier. Je ne parlerai, sauf
rares exceptions, que de monuments de moi connus et m'efforcerai
de séparer ce que nous pouvons compter comme définitivement
acquis des hypothèses simples ou des déductions.
Chapitre Ier. — Considérations générales sur l'Architecture
mégalithique.
Les restes monumentaux qui font l'objet de ces notes ont été
depuis longtemps ramenés à deux types fondamentaux : Menhir et
Chambre à recouvrement mégalithique, avec ou sans galerie; les
coffres et les chambres à ciel ouvert semblent n'être que des simplifi-
cations du second type (1).
Les Menhirs.
Les archéologues du commencement du xixe siècle ne se sont
guère préoccupés des menhirs isolés, ou leur paraissant tels, et se
sont contentés, pour les groupes de menhirs rapprochés les uns des
autres, de formuler des hypothèses, généralement peu étayées.
Plus récemment, après les succès obtenus dans l'exploration de
nombreuses chambres, des fouilles furent pratiquées au pied de
quelques menhirs ; leurs auteurs espéraient y trouver, avec des
instruments et des poteries, le secret de la destination de ces
monuments.
Les récoltes ont été très pauvres et trop souvent les travaux n'ont
eu que ce triste résultat de provoquer des ébranlements et même des
chutes infiniment regrettables. Des recherches aux points d'implan-
tation de menhirs déjà tombés auraient suffi à révéler les disposi-
tions prises par les architectes préhistoriques : aplanissement de la
base du mégalithe et préparation d'un calage, destiné à recevoir
cette base.
Remarquons, en passant, que de telles précautions, indispensables
d'ailleurs en raison du faible développement de la partie enterrée
de nombreux menhirs, dénotent, de la part de ceux qui les ont
dressés, de solides facultés d'observation.
Dressage.
Je n'entreprendrai point de discuter ici, après beaucoup d'excel-
lents auteurs (2), les méthodes qui purent être employées pour
l'érection des menhirs : le basculement sur tertre artificiel dut être
(1) l\ n'est pas impossible que ces chambres aient été, à l'origine, pourvues
d'un recouvrement en bois.
(2) P. du Chatellier. — Les époques préhistorique et gauloise dans le Finistère.
372 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
l'un des plus fréquents, l'emplacement du pied 'ayant été préala-
blement excavé et garni de son calage, et la verticalité obtenue par
traction, au moyen de cordes, qui paraissent avoir été connues dès
cette époque.
Des observations dues à M. du Châtellier confirment d'ailleurs
ces hypothèses et leur donnent une sérieuse vraisemblance. Cet
archéologue a remarqué en effet l'existence de terres remaniées sur
l'une des faces de certains menhirs peu épais, alors que, sur l'autre,
les terres se montrent « vierges de tout remaniement ».
J'ajouterai, pour compléter ce que nous savons de l'implantation
des menhirs, que quelques-uns émergent encore d'un petit tertre
artificiel, formé de pierres de volume médiocre, mais que bien
plus nombreux sont ceux qui ne sont entourés d'aucun ressaut du
sol, même s'ils sont situés sur des falaises incultes et non suscep-
tibles, actuellement, de culture.
Il existe enfin des menhirs peu élevés, qui surmontent de grands
tumulus abritant une chambre mégalithique; ce genre d'implanta-
tion ne se rencontre que rarement.
Matériaux et formes.
Si Ton se place d'autre part au point de vue des formes, quelques
constatations méritent de retenir l'attention.
Tout d'abord les menhirs empruntés à des gisements divers d'une
même roche ont de frappantes ressemblances : ceux de grès dur
sont généralement parallélipipédiques, avec traces de grossier
clivage aux cassures ; leur sommet porte parfois, mais seulement
vers l'un de ses côtés, une saillie qui en augmente la hauteur ; ils
n'atteignent qu'exceptionnellement 4 mètres.
Les menhirs en schiste sont larges et de faible épaisseur ; les pou-
dingues et les granités donnent des silhouettes très variées avec des
surfaces plus ou moins arrondies, limitées par de longues arêtes,
traces évidentes d'éclatements intentionnels ; les plus grands
menhirs connus appartiennent tous aux diverses variétés de gra-
nité.
La Bretagne est par excellence le pays des menhirs ; la plupart de
ceux qu'elle possède sont frustes ; les blocs utilisés l'ont été sans
autre travail que celui qui fut nécessaire pour les séparer du sol
sous-jacent ou de la roche-mère.
Des exceptions existent toutefois, et, chose remarquable, seulement
pour des menhirs de très grandes hauteurs.
Les menhirs à formes géométriques appartiennent presque tous
aux granités syénitiques à très grands cristaux de feldspath ; leurs
sections droitesj sont des courbes régulières allongées, plus rarement
des rectangles à sommets arrondis.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 373
Le travail a été poussé au point de ne laisser, sur des surfaces
dépassant 20 ou 30 mètres carrés et parfois plus, que des saillies de
moins d'un centimètre; la photographie seule peut donner une idée
de ces chefs-d'œuvre des tailleurs de pierre préhistoriques.
Les monuments de ce type sont rares (1); le grand menhir brisé
de Locmariaquer en est un exemplaire relativement peu régulier ;
les plus parfaits sont localisés dans le Nord- Ouest du Finistère et
correspondent au granité de l'Aber ildut, dont le feldspath est rose ;
il est à remarquer que des menhirs de petite taille et très frustes,
formés de la même roche se trouvent dans le voisinage immédiat de
ces admirables mégalithes ; la différence des deux styles — ce terme
n'a rien d'exagéré — n'en est que plus saisissante.
L'érection de ces grands menhirs dont le volume hors du sol
varie de 8 à 20 mètres cubes (20.000 à 55.000 kilogrammes) serait
considérée de nos jours comme une opération des plus délicates ; il
suffit de se souvenir de ce que fut le dressage de l'Obélisque de
Louqsor, pour estimer à sa juste valeur la science pratique des
architectes préhistoriques.
Deux remarques nous autorisent d'ailleurs à penser que la taille
se faisait alors que le bloc choisi reposait encore sur le sol ; le
menhir de Kervaon est de formes parfaitement régulières, sauf à la
partie inférieure de sa face Sud- Est, qui est restée fruste et peut
représenter la dernière liaison avec la roche mère ; le non-achève-
ment de la taille, sur une surface peu étendue, nous paraît peu
explicable, si l'on ne fait intervenir quelque idée rituelle ou quelque
tabou, interdisant le travail de la pierre une fois dressée.
A 70 mètres au Nord-Nord-Est du menhir de Kergadiou, de tous
le plus parfait de formes, se voit un énorme bloc, dont la face supé-
rieure, absolument plane, fait avec l'horizontale un angle de 16° ;
sa longueur est de 10 mètres; la largeur de 3 mètres à la partie
basse, est encore de 2 mètres à faible distance du point le plus
élevé.
Adjacentes à la face plane et de part et d'autre de celle-ci sont
deux faces courbes, très régulièrement taillées; il en est de même de
la partie haute de la quatrième, plane ou à très grands rayons de
courbure sur une longueur de près de deux mètres. Au delà le reste
est fruste et à peine dégrossi.
Selon toute vraisemblance, nous nous trouvons en présence d'un
(1) J'en connais, pour les avoir mensurés, sept taillés sur toutes leurs faces : ce
sont, en outre du grand Menhir brisé de Locmariaquer (plus de 300 t.), ceux de
Kerloas en Plouarzel, Mesdoun (Ouest), l'île Melon, Kerhouézel, en Porspoder,
Kergadiou en Plourin-Ploudalmézeau, Kervaon en Landunvez (Finistère, arrondis-
sement de Brest), Saint-Samson (Ille-et- Vilaine) ; et quatre autres partiellement
taillés,
374 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
bloc destiné à devenir menhir et dont la préparation a été fort avan-
cée ; son poids énorme a empêché de le disposer pour l'achèvement
de la taille de la quatrième face et à tout le moins de le dresser; ce
menhir abandonné nous permet toutefois d'entrevoir quelles purent
être les méthodes de travail suivies dans l'une des plus importantes
parmi nos grandes régions mégalithiques.
On ne saurait trop attirer l'attention sur les grands menhirs à
formes géométriques, qui, incontestablement, représentent à la fois
l'apogée de la taille du granité dur et celui de la manœuvre des poids
énormes, dans les temps préhistoriques. Aucun de ces monuments
n'est propriété nationale; la liste officielle en mentionne deux, qui
peut-être ont bénéficié d'un classement effectif!
Plus rares encore sont des menhirs presque aussi lourds, mais
tout à fait frustes, et d'un aspect tout différent; ce sont les menhirs
de vallées, dalles plates de granité ; plus larges que hautes, érodées
par les eaux sauvages et qui paraissent avoir été simplement redres-
sées sur place. Je n'en connais que deux dans le voisinage de Pen-
marc'h (Finistère). Le plus remarquable est le menhir Nord-Est de
Kerscaven, haut de 4m20 et large de 6 mètres, sur lm20 d'épaisseur
moyenne (N C) (1); une sorte de saillie a été taillée à son sommet
ou du moins paraît intentionnelle; est-ce là que furent fixées les
cordes qui serviront à son érection?
Me réservant de traiter, dans un autre chapitre, la question des
Alignements et des Cromlec'hs, je ne parlerai ici de leurs éléments
que pour résumer le résultat de mes observations personnelles sur
leurs conditions d'implantation. Voici ce que j'ai constaté. Toutes
les fois que la section droite d'un élément a une dimension notable-
ment plus grande que les autres, l'érection a été faite de façon que
cette dimension soit orientée, ou à très peu près, dans le sens de
l'alignement ou suivant la courbe du cromlec'h ; si celui-ci est rec-
tangulaire, comme le sont les Enceintes de la presqu'île de Crozon
(Finistère), l'orientation de la grande dimension varie d'un côté à
l'autre du rectangle; et je vais jusqu'à penser que deux menhirs voi-
sins dont les grandes dimensions sont diversement orientées doi-
vent être considérés comme n'appartenant pas au même Alignement,
au même côté ou à la même courbe de cromlec'h.
Les observations précédentes s'appliquent aussi bien aux
ensembles mégalithiques à grand développement, — Alignements du
pays de Carnac et Enceintes multiples à allées d'accès de la pres-
qu'île de Crozon,— qu'aux Cromlec'hs et Alignements peu étendus de
la Montagne noire et du Léon. On remarque même qu'à toute
inflexion dans la direction générale d'un alignement correspond un
(1) L'abrévation (N C) indique les monuments non classés qui seront cités.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 375
changement de l'orientation de la dimension précitée ; de tels tracés
coudés sont d'ailleurs exceptionnels [Croas anteurec, en Saint-Goazec
(N G); Keréven, en Locmaria Plouzané (Finistère) (N C)].
Nous ignorons comment furent choisis les blocs destinés à être
érigés; mais on doit reconnaître que les architectes préhistoriques
possédaient des notions assez exactes sur les propriétés des roches
et sur leur localisation; des menhirs importants se voient dans des
terrains granitiques et gréseux, à proximité immédiate de bandes de
schistes tendres, complètement dépourvues de traces de monu-
ments.
Comme exemples tout à fait remarquables, je me borne à citer les
Alignements du Toulinguet (grès armoricain) en bordure des schistes
noirâtres de Camaret (ordovicien moyen) et le grand menhir de Glo-
mel, situé à une centaine de mètres de la dépression séparant le gra-
nité de Rostrenen du vaste bassin de Carhaix (carboniférien infé-
rieur stérile) (1).
Dans les régions granitiques, la roche se présente fréquemment
sous la forme de noyaux résistants ou boules, érodés par les eaux
sauvages et les intempéries, et reposant sur des soubassements
constitués par des parties plus ou moins décomposées ; de tels
blocs durent être très largement utilisés, soit dans leur état naturel
s'ils ne montraient pas de fissures, soit après séparation des frag-
ments mal adhérents à la masse; de simples coins de bois, mouil-
lés après forcement, suffisaient à en provoquer la disjonction par
éclatement.
Le même procédé put être employé pour détacher de la roche
mère, dans les endroits où les boules faisaient défaut, des blocs qui
y tenaient plus ou moins solidement : il en fut sans doute fait pareil-
lement dans certaines régions sédimentaires où les quartzites appa-
raissent en arêtes vives, sur les lèvres de fractures consécutives à
des plissements énergiques.
Ces remarques me conduisent à énoncer un problème des plus
délicats : celui des déplacements possibles ou probables des blocs
destinés à être érigés en menhirs.
La question des transferts.
Les dits blocs ont-ils été utilisés sur place, au lieu même d'extrac-
tion ou transportés en un point choisi d'avance et différent du pre-
mier?
Pour répondre en pleine connaissance de cause à cette question,
(1) Des constatations de même ordre sont à faire pour les dolmens; celui du
Mougau bian, en Gommana, est formé d'éléments granitiques, tout près du Dévo-
376 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
qui se pose à proprement parler pour chacun de nos menhirs (1), il
faudrait une solide documentation, appuyée d'une compétence pétro-
graphique que je regrette de ne point posséder; je me bornerai donc
à effleurer ce sujet.
Je dirai tout d'abord que, dans les régions finistériennes, qui me
sont familières, et où la différenciation des assises rocheuses est
relativement facile, je n'ai jamais constaté, de façon indiscutable, de
déplacement d'une assise à l'assise voisine.
Les menhirs formés de roche sédimentaire sont généralement
implantés en contre-bas des arêtes mentionnées précédemment (2);
la distance en transfert descendant n'atteint que rarement 150 mètres,
si l'on s'en tient à l'aspect actuel du terrain ; s'il s'agit de monu-
ments complexes, le parallélisme entre l'arête et la direction géné-
rale du monument est réalisé dans certains cas, nullement dans
d'autres.
Les menhirs granitiques se trouvent pour beaucoup sur des pla-
teaux où abondent les pointements, ou sur les bords de dépres-
sions très peu profondes et riches en boules; mais le plus souvent
hors du voisinage immédiat des roches naturelles volumineuses ; je
ne connais pas de menhir, si petit qu'il soit, dominé par une de ces
roches dans un rayon de quelques mètres ou dizaines de mètres (3).
L'implantation sur le point absolument culminant d'un monticule
est, d'autre part, tout à fait exceptionnelle; pour toutes les raisons
précédentes, il n'est pas irrationnel d'émettre cette hypothèse, que
tous les menhirs ont été descendus du lieu de leur extraction au
point où nous les voyons aujourd'hui. Ce que nous savons des
calages montre de plus que le dressage sur surface rocheuse aurait
été des plus défectueux, surtout pour les mégalithes de grande
masse.
Ces considérations sur le transfert des blocs-menhirs sont à rap-
procher des résultats de mes observations sur les grands ensembles
mégalithiques.
De ces résultats, qui seront développés dans un autre chapitre, je
neveux retenir, pour le moment, que ceci : au temps où ces groupes
monumentaux ont été édifiés, les architectes préhistoriques s'astrei-
gnaient à suivre des règles de position, dont le simple examen du
terrain suffit à démontrer l'existence.
(A suivre).
(1) La question se pose de la même façon pour les dolmens.
(2) Toulinguet, Ty ar Ghurey (presqu'île de Crozon) ; Croas an teurec (Montagne
noire).
(3) Le grand menhir de Brignogan ^ou de Pontusval, appartenant à l'Etat) fait
exception.
<ll
SÉANCE DU 25 NOVEMBRE 1915
Présidence de M. LE BEL.
I. — PROCÈS- VERBAL DE LA SÉANCE.
M. le Secbétaire donne lecture du Procès^verbal de la séance du
28 Octobre 1915. — Le Procès-verbal est adopté.
A propos du Procès-verbal, des notes ont été envoyées par
MM. L. Desforges (Nièvre), E. Harlé, Marcel Baudouin, etc. —
Elles sont insérées plus loin.
Correspondance.
Lettres d'Excuses. — MM. A. Guébhard; — Edmond Hue; —
A. Viré; — Socley; — Cartereau; — A. Hugues.
Bibliothèque.
La Société Préhistorique Française a reçu les Ouvrages suivants
de MM. :
Commont (V.)- — Les Hommes contemporains du Renne dans la Vallée de
la Somme. - Amiens, 1914, in-8», Yvert et Tellier, 428 p., 150 Fig., dont
nomb. pi. hors texte.
Lejay (A.). — La station tardenoisienne de La Condamine, territoire de Lons-
le-Saunier (Jura). — Lons-le-Saunier, 1915, in-8°, 8 p., 2 pi. hors texte.
Lejay (A.). — La station néolithique tardenoisienne de La Condamine, ter-
ritoire de Lons-le-Saunier [Extr. IX' Congr. Préh. France, Lons-le-Saunier,
1913, p. 187-192, 4 Fig.]. — Tiré à part, Le Mans, 1914, in-8% 8 p., 4 Fig.
Lejay (A.). — Les sépultures tumulaires de Baregia et des environs (Jura).
[Extr. Revue préhistor., Par., 1910, mai,N° 5, 138-142, 1 Fig.]. — Tiré à part
[artificiel par découpage], 1910, 5 p., 2 Fig., in-8°.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE. 25
378 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Gelos (Gabriel). — Mégalithes de l'Anjou: La Chaise des Morts [Extr. Bull.,
Soc. Prêh. France, Par., 1913, 27 nov., 1 Fig.]. — Le Mans, 1914. in-8°, 3 p.,
1 Fig.
Gidon (Dr F.). — Sur la très ancienne topographie de la campagne de
Gaen [Extr. Mém. de VAc. des Se, Arts et Belles Lettres de Caen, 1914-
1915]. — Gaen, 1915, in-8% 1G p., 1 Fig.
Gidon (Dr F.). — Tumulus à coupoles et terres arables primitives dans la
campagne de Gaen [Extr. Bull. Soc. d'Antiq. de Normandie, 1914]. —
Gaen, 1915, in-8°, H. Delesques, 7 p., 1 Fig.
Gidon (Dr P.). — Tumulus néolithiques à coupoles et régions agricoles pri-
mitives de la Basse Normandie [Extr. A. F. A. S., Le Havre 1914, t. II,
663-667]. — Paris, 1915, in-8<\ 6 p.
Hure (MUe Augusta). — Les Silos de Michery (Yonne) [Extr. Bull. Soc. Se.
Hist. et Nat., de l'Yonne, 1914, 2e s.]. — Auxerre, 1915, in-8°, 8 p.
Hure (Mlle Augusta). — Pointes-grattoirs-retouchoirs moustériens [Extr.
Bull. Soc. Préh. franc., Par., 1915, 25 mars]. — Le Mans, 1915, in -8°, 6 p.,
1 Fig.
Dubus (A.).— Discussion à propos des Ciseaux polis et à coupe cylindrique
ou Ovoïde [Extr. Bull. Soc. Prèh. Franc., Par., 1914, 23 août].— Le Mans,
1914, in-8°, 4 p.
Dubus (A.). — Industries recueillies dans les briqueteries des environs du
Havre (Bléville, La Mare-aux-Glercs, Frileux) [Extr. A. F. A. S., Congrès,
Le Havre, 1914, p. 619-622]. — Paris, 1915, in-8°, 4 p.
Dubus (A.). — A propos des Musées cantonaux et régionaux [Préhistorique]
[Extr. A. F, A. S., Congrès Le Havre, 1914, t. I, p. 780-783]. — Paris, 1915,
in-8% 3 p.
Hugues (Albert). — Les Insectes dans le Folklore du Gard [Extr. La feuille
des Jeunes Naturalistes, Par., 1914, ler juin, V., 44e A., N0' 22]. — - Tiré à
part, Rennes, 3 p., in-8°.
Hugues (Albert) et Roux (Albert). — Folklore don Parage d'Uzès [Patois
lojal]. — Prumilero Serio. — Uzès (Gard), Malige, 1915, in-8°, 40 p.
Baudouin (Marcel). — Le Rocher à Cupules et Rigoles de La Devallée (N° II),
La Nolandière, à l'Ile d-Yeu (Vendée) [Extr. A. F. A. S., Le Havre, 1914,
t. II, p. 649-663, 8 Fig. t. I, p. 142]. — Tiré à part, Par., 1915, in-8% 16 p.
Admissions nouvelles.
Est proclamée, pour 1916, Membre de la S, P. F., Madame :
Vve Thiot (L.), Marissel, près Beauvais (Oise).
[Denoyelle. — Marcel Baudouin].
Nécrologie.
J.-B. Delort (Gosne, Nièvre).
La mort impitoyable vient encore de nous ravir l'un de nos plus
sympathiques et de nos plus érudits collègues, Jean-Baptiste Delort,
Professeur honoraire, Conservateur-adjoint au Musée de Gosne,
décédé dans cette ville, le 28 mai dernier, à l'âge de 75 ans.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 379
Né à Murât (Cantal), le 31 juillet 1839, M. Delort fut successivement
professeur de collège à Saint-Flour, à Montluçon, à Auxerre, à Uzès,
à Romans, à Saint-Claude; et, dans presque toutes ces localités, il fit
de nombreuses et intéressantes découvertes.
C'est à Saint-Flour que naquit son goût passionné pour l'histoire
et l'archéologie. C'est là qu'il fit, en 1877, les fameuses fouilles de
l'Oppidum de Mons, qui lui valurent une médaille de bronze à l'Expo-
sition universelle de 1878 et une médaille d'or à l'Exposition régionale
d'Aurillac ; enfin les palmes académiques en 1882.
A Montluçon, il étudia le Cimetière franc de Saint-Victor, où il
découvrit la belle inscription de Siggeconde (vie siècle).
A Auxerre, il exhuma la stèle d'Apinule, qui se trouve au Musée
lapidaire de la ville, puis fouilla une vieille Nécropole où la tombe
d'un chef burgonde lui donna des bijoux semblables à ceux de la
Collection Beaudot.
Dans la Drôme, Saint-Marcel-les-Valence lui fournit la Vénus de
Caraboni.
Entre temps il publiait de nombreux ouvrages. — Voici les titres des
plus importants : Monographie sur Saint-Gai, Saint-Flour, 1876. —
Notice historique sur N.-D. des Oliviers, Saint-Flour, 1878. — Châ-
teaux, Nouvelles et légendes d'Auvergne, Aurillac, 1891. — A travers le
Cantal et la Lozère, Romans, 1891.
En 1901, parut son grand ouvrage : Dix ans de fouilles en Auvergne
et dans le Centre de la France, avec 40 planches et plus de 250
figures, édité chez Rey et CIe à Lyon.
Notes Archéologiques sur de récentes découvertes autour de Chastel-
Marlhac. Aurillac, s. d.
Notes et documents pour servir à l'histoire de Condate. Nevers,
1908.
Il a, de plus, adressé de nombreux mémoires au Comité des Tra-
vaux historiques et scientifiques et à l'Association française pour
l'Avancement des Sciences, et publié, dans les journaux locaux, sous
le pseudonyme à'Arvernophile, une quantité considérable d'articles sur
la Préhistoire et l'Histoire des régions qu'il a habitées.
Comme on le voit, sa vie fut bien remplie. Tous ceux qui ont
connu ce bel Arverne, qui ont été témoins de son labeur, qui ont su
apprécier ses qualités de cœur, regretteront le travailleur infatigable
à la figure sympathique, à l'accueil bienveillant.
A Madame Delort, à ses enfants, nous adressons l'expression émue
de nos bien vives condoléances.
A. Desforges.
M. Gustave Harmois, architecte, officier d'Académie, Administra-
teur du Bureau de Bienfaisance du XIIe Arrondissement, est décédé
380 SOCIÉIÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
le 21 novembre 1915, à l'âge de 70 ans, à Paris (Rue de Reuilly, n°26).
Présentations et Communications.
0. Guelliot (Reims). — Sculptures dans la craie de la Cham-
pagne.
L. Coutil. — Etude de V Allée couverte de Vaudancourt (Oise),
découverte, au début de 1915, dans des Tranchées militaires. — Discus-
sion : Marcel Baudouin; A. de Mortillet.
F. Gidon (Gaen). — L'ancienne flore des Tumulus de la campagne
de Caen : l'ancien climat et la submersion atlantidienne . — Discussion :
Marcel Baudouin.
Marcel Baudouin (Paris). — Les Actions humaines exécutées sur les
Huîtres entières des Buttes-des-Chauds, à Saint-Michel-en-V Herm (V.).
— Démonstration de V existence d'un Monument cultuel.
R. Langlassé (Puteaux, S.). — Dessins relatifs aux Sculptures
dans les Arbres en Amérique et ailleurs.
J.-B. Colleu (Gollinée, C.-d.-N.). — Découverte d'un Casse-tête et
d'une Amulette à Saint-Glen (C.-d.-N.).
A. Brasseur (Gournay, S.-I.). — Galets biseautés [Figures).
A. Desforges (Rémilly, N.). — Les Gravures pèdiformes de la
Pierre de Saint-Maurice, à Millay (Nièvre) [Figures],
F. -M. Barthère (Tananarive, Madagascar). — Les Menhirs de
l'Emyrne {Madagascar] [Nombreuses Figures],
Edmond Hue (En mission aux Etats-Unis). — Note sur le Tic des
Chevaux américains. — Note sur V Usure en cuvette des Dents.
V. Commont (Amiens). — Les Hommes contemporains du Renne
dans la Vallée de la Somme.
Dons à In S. P. F\
M. le Dr Marcel Baudouin a offert, pour les Collections de la
Société Préhistorique Française, les Moulages en plâtre suivants :
1° Le Pas de Saint-Cloud, à Saint-Cloud (Seine).— Sculpture
obtenue par l'adjonction d'une Cupule (Talon), à une Surface Ovoïde
polie (Plante), sur Grès.
2° Les deux Pas du Roi ou de François Ier, qui se trouvent dans la
Forêt de Saint-Germain, entre Poissy et Achères : Gravures au
Trait, d'aspect pédiforme, avec cupules au talon, et avec, au centre de
l'un des Pas, un Sabot dlEquidé, sur Calcaire.
3° Les Trois Sculptures pèdiformes de Clisson (Loire-Inférieure),
dont une seule était jadis connue (Le Pas de la Vierge) [Surfaces polies,
à Cupules], sur Micaschiste.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE &81
4° Sculptures de trois Rainures parallèles sur le Menhir N° II des
Chaumes, à Saint-Hilaire-de-Riez (Vendée), sur Grès cénomanien.
5° Une Cupule et deux Bouches des Blocs-Statues des Vaux, com-
mune de Saint-Aubin-de-Baubigné (Deux-Sèvres), sur Granulite.
II. — NOTES, DISCUSSIONS ET PRISES DE DATE.
Discussion sur les Casse-Têtes naviformes-
M. A. Desforges (Nièvre). — Notre collègue, M. E. Soudan (de
Luzy (Nièvre), possède une moitié de Casse tête navi forme, assez gros,
en Calcaire je crois.
Le Musée de Saint-Germain-en-Laye en possède un autre, catalo-
gué sous le n° 31.125, comme provenant de Moulin (Allier). J'en
possède la photographie ; il est bien naviforme. — Mais est-il bien
de Moulins (Allier) ? Je le crois de Moulins (Nièvre).
Sculptures dans lu Craie de la Champagne.
M. le Dr O. Guelliot (Reims) montre la reproduction d'une pho-
tographie allemande, parue dans Le Matin du 7 novembre 1915. Elle
représente un Abri souterrain, creusé dans la Craie de la Champagne ;
sur une des parois on a sculpté, en haut relief, un Obus de 420 !
Dans la même région. M.-J. de Baye a découvert et décrit, il y a
quarante ans, des Grottes, également creusées dans la craie, demeu-
res ou dépôts mortuaires des populations néolithiques. Plusieurs
sont ornées de sculptures : figures de femmes très rudimentai-
res, et surtout haches de pierre avec leurs enmanchures, qui se
détachent un relief très net sur la roche de la paroi. On a relevé la
hache sur six des sept grottes à sculptures (J. de Baye. Les grottes
à sculptures de la vallée du Petit Morin (Marne). Bulletin monumen-
tal, 1875, p. 358 à 370, Hg.).
Ainsi les Préhistoriques de la fin de l'époque de la pierre polie,
se trouvant en présence d'une roche tendre, facile à tailler, ont
représenté dans la Craie l'objet auquel ils tenaient particulièrement,
celui qu'ils considéraient comme leur sauvegarde.
382 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Quatre mille ans plus tard, les Allemands, redevenus forcément
troglodytes, avec des loisirs forcés dans leurs demeures souterrai-
nes, ont sculpté dans la même roche l'engin qui est pour eux l'es-
poir, le gage du succès : l'obus monstre.
Les mêmes conditions ont donc produit des effets semblables !
Je ne voudrais pas comparer les deux mentalités. Si les Germains
se jugent d'une civilisation singulièrement plus avancée, peut-être les
Néolithiques seraient-ils peu flattés d'une comparaison avec les des-
tructeurs de Louvain et les bombardeurs de Reims.
Découvertes préhistoriques à Saint-Glen
(Côtesdu-Xord).
M. J. B. Colleu (Gollinée, Côtes-du-Nord). — A Saint-Glen,
bourg situé à 7 kilomètres au nord de Collinée, j'ai vu, chez M. Bas-
set, commerçant, quelques objets de l'âge de la pierre et notamment
3 pièces ci-jointes intéressantes ; 1° Un Casse-tête en diorite, en très
bon état; 2° Une Pendeloque ou amulette en silex transparent, cou-
leur ambre jaune, d'une forme extraordinairement régulière ; le trou
biconique est également remarquable ; 3" Une pointe de silex taillé,
brun, dont la base droite à 0m005 d'épaisseur.
M. Basset, tout en chinant des chiffons, demande et trouve aussi,
quelques fois, des antiquités d'un certain intérêt. Il a été initié à ce
genre de recherches par M, Lemoine, grand collectionneur, à Lam-
balle.
Ces objets ontété trouvés dans lesenvirons de Saint-Glen. Au reste,
Saint-Glen est le centre d'un pays très intéressant pour les archéo-
logues.
Deux Enceintes du Gard.
[Prise de daie~\.
M. A. Hugues (Saint-Geniès-de-Malgoirès, Gard). — Deux Encein-
tes inédites. — 1° Serre des Cardaïres. — Une enceinte circulaire
couronne la colline de ce nom, située sur le territoire de la commune
de Saint-Geniès-de-Malgoirès. Plan cadastral : quartier des Garri-
gues Fontaine -de*Naval (d'en Aval), Les murs épais, construits à
l'aidé de grosses pierres, s'écroulent sur tout le pourtour supérieur
de la colline, entourant un espace de 3 hectares environ. Quelques
cabanes ont dû s'adosser à l'enceinte» Sur le sol débris de poterie
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 383
grossière, pierres de fronde, cailloux du Gardan, ayant servi à divers
usages, meules en granit très abondantes. — Au nord de l'enceinte,
sur la colline dite de la Fontaine de la Dragée, nombreux murs pré-
historiques, remaniés par la culture, centre d'habitat prolongé avec
tumulus et cabanes écroulées. Au point de vue défensif, centre
moins important que celui du Serre des Cardaïres.
2° Boucoiran (Gard) [Grand Rang]. — Colline du Grand Rang,
240 mètres d'altitude, carte de l'Etat-Major. Sur les pentes faisant
face à la plaine, murs ayant servis de défense aux populations qui
s'y sont succédées. Le rocher du sommet, au pied duquel s'ouvrent
deux petites grottes entièrement obstruées, constituait le dernier
refuge; il est clos de murs sur les côtés où la roche ne présente pas
une falaise naturelle. Débris de céramique de tous les âges.
L'étude de ces enceintes et des observations sur quelques autres
feront l'objet d'un travail plus étendu.
Note sur un Ciseau Néolithique de Provence,
P. de GIVENGHY (de Paris) (1).
Gomme suite à l'étude des Ciseaux Néolithiques, polis et fusifor-
mes, notre collègue, M. le Dr A. Guébhard, m'a envoyé en commu-
nication un Ciseau néolithique, destiné aux collections de la Société
Préhistorique Française et qui a été trouvé au Bourguet, dans le
département du Var.
Cette pièce, que notre collègue M. Coutil a bien voulu dessiner, et
qui est représentée ici (Fig. 1) grandeur naturelle, est doublement
intéressante.
Elle est d'abord en roche verte, probablement Eciogite. De plus ce
genre d'outils, déjà rare en France, l'est encore plus dans le Midi,
où l'on ne trouve guère que des Haches polies, qui elles-mêmes ne
sont plus très communes.
D'après leur forme, leur dimension, et probablement aussi leur
destination, toutes ces pièces en roche dure paraissent, en général,
avoir été confectionnées avec des galets. Dans le Midi, ces galets
en roches exotiques proviennent des conglomérats divers de l'épo-
que tertiaire. Ces outils, ou ces roches, ne semblent donc pas avoir
(1) Présentation faite à la séance du 28 Octobre 1915. - V'
384 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
été apportées par voie commerciale, ainsi qu'on l'a dit long-
temps.
Le ciseau en question montre, sur une de ses faces, une petite
partie non atteinte par le polissage: ce qui permet d'y distinguer à la
loupe une roche à grains fort durs et serrés. Et, comme me le fait très
justement remarquer M. Guébhard, ces roches vertes, que recher-
chaient naguère encore pour leurs belles pièces les insulaires de
l'Océanie, présentent, pour le polissage et la
résistance, des qualités que n'offre aucun genre
de silex dans les départements du Var et des
Alpes-Maritimes. Et, en effet, les autres petites
pièces envoyées par notre collègue avec ce
ciseau (comme le grattoir et la pointe de
flèche, représentés au dernier Bulletin, p. 349,
Fig. I et III), sont en silex lacustre, bien plus
cassant.
J'ajouterai que ce ciseau, présentant égale-
ment d'un côté une face légèrement aplatie,
rappelle un peu, par sa forme, ceux que j'ai
présentés en janvier 1914 (p. 86 du Bulletin)
et qui appartenaient à notre collègue, M. L.
Giraux.
Donc, étant donné sa roche, ce petit outil
devait être excessivement solide et résistant.
Il paraît du reste avoir été utilisé. Il n'est pas entier, et, du côté
opposé au tranchant, il doit en manquer aumoins un bon tiers, peut-
être même la moitié.
Enfin c'est une pièce curieuse et qui méritait d'être signalée. Je ne
saurais donc trop remercier M. le Dr Guébhard de m'avoir mis à
même de pouvoir présenter à la Société Préhistorique Française cet
intéressant et rare échantillon du Préhistorique provençal, dont,
grâce à sa générosité, vont s'enrichir les Collections de notre Société.
Fig. 1 . — Cieeau néoli-
thique du Bourguet (V.).
— Dessin L. Coutil.
Echelle : Grandeur natu-
relle.
Trésors cachés composés d'une Vache en Or.
M. Edouard Harlk (Bordeaux). — Au cours de mes excursions
dans le Sud-ouest de la France, on me dit souvent de points
parfaitement définis : « Là est enterrée une Vache en Or. » —
Parfois, au lieu d'une Vache, c'est un Veau ; d'autres fois, une
Chèvre ; mais toujours en or !
Souvent, l'on ajoute : « Ce sont les Anglais, qui l'ont enterrée là,
quand ils ont quitté la France. »
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 385
Je serais curieux de savoir quelle est l'origine de cette légende.
— Pourquoi une Vache ou autre ruminant ; et non pas un pot
rempli de monnaies, par exemple?
M. Marcel Baudouin. — J'ai donné la réponse à cette question,
déjà posée à Vint, des Cherch. et Cur. (Paris, 1915, LXXII, p. 139)
dans un numéro récent de la dite revue (20-30 nov. 1915, p 322-323),
auquel je renvoie notre collègue, M. E. Harlé.
Mais je dois ajouter que, depuis cette époque, j'ai retrouvé les
indications suivantes : 1° On lit dans O. Montelius (Les temps
préhistoriques en Suède, Tr. fr., 1895, p. 275) : « Les bateaux des
Vickings avaient souvent la proue surmontée d'une tête de Bœuf, en
bois ou en métal doré ». Or les bateaux des envahisseurs nor-
mands des côtes atlantiques (vme-ixe siècles) ont pu perdre ces
statuettes sur nos rivages, où on a pu les retrouver depuis, soit
perdues, soit placées dans des cachettes.
Il ne faut pas oublier d'ailleurs que le Taureau a joué, chez les
Normands comme chez les Celtes, un grand rôle.
2° En tout cas, en Vendée, il y a, dans la commune d'Angles, un
tènement dit la Chapelle de la Motte; et un manuscrit y place « un
Veau d'Or ». Or un « Veau d'Or » se trouverait, aussi, dans un
Puits, qui existe au tènement voisin dit de Y Eau. Comme ce puits
est rempli de débris gallo-romains, il pourrait très bien se faire
que ce fut, en réalité, un Puits funéraire, tout comme ceux, bien
connus, de la commune voisine, Le Bernard.
Si cette hypothèse était vraie, tout deviendrait très clair, car,
dans tous les Puits funéraires que j'ai touillés, j'ai toujours trouvé
des Têtes de Bœufs isolées, mais entières, avec leurs deux Cornes
[aucune exception]. Ce seraient, dès lors, les trouvailles faites dans
des Puits analogues vidés (1), qui auraient donné lieu à cette his-
toire de Vache, YOs ayant été transformé en Or ultérieurement.
3° Un Taureau de bronze a été découvert dans la Grotte de Bycis
Kala (Moravie); d'autres ont été trouvés en Hongrie et à Hallstatt.
Ceux recueillis à Bythin (Posen) sont pré-romains et de l'époque de
La Tène [S. Reinach. Bronzes figurés].
Les Taureaux à trois cornes ont été découverts exclusivement en
Gaule.
4° On a prétendu (Wackel) que le Culte du Taureau avait été
répandu par les Cimmériens et que des Cimmériens à Bordeaux,
par Toulouse, il n'y avait pas très loin. — Ce qui ne doit d'ailleurs
être qu'un romani
D'ailleurs cette histoire de Vache d'Or doit se rattacher, par un
lien qu'il faut trouver, au fameux Veau d'Or de la Bible.
(1) On sait que ces Puits existent en Charente-Inférieure et même jusqu'à
Toulouse.
386 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
III. — ARTICLES ORIGINAUX
La Céramique des Palafittes du lac du
Bourget (Savoie).
PAR
L. COUTIL (Saint-Pierre-du-Vauvray, Eure).
La première mention de recherches faites dans le lac du Bourget
remonte aux 20 et 22 juillet 1862 (1).
M. Laurent Rahut rendit compte de ses premières recherches dans
la baie de Grésine,sur l'emplacement des pieux signalés parle baron
Despine, en septembre 1857, lors de la séance générale de la Société
Savoisienne à Aix. L'année précédente, en 1856, les travaux effec-
tués pour la construction du chemin de fer avaient amené la décou-
verte de pieux et d'objets divers. Les fouilles de la Société Savoi-
sienne furent faites sous la direction de M. Delaborde, qui décou-
vrit des pieux à environ 100 mètres de la rive, sur un espace de près
de 20.000 mètres carrés, à une profondeur qui alors n'était que de
lm80à2m50; les pieux étaient groupés en rond, espacés d'environ
un mètre, parfois avec des interruptions, souvent inclinés et carbo-
nisés, la pointe avait dû être faite avec des outils métalliques ; ces
pieux à divers états de conservation, prouvaient qu'ils avaient été rem-
placés, et que les sations ont du être occupées pendant longtemps.
Au milieu de ces pieux gisaient des quantités de poteries générale-
ment grandes et grossières, dont la pâte contenait des grains de
quartz : la destruction de la station était due à un incendie, cette
disparition était aussi prouvée par des" fruits, noyaux, glands, en-
veloppes de châtaignes, du blé, du millet carbonisés et contenus
dans les vases. Parmi les vases remarquables on peut citer la lampe
à quatre pieds dont le bec était fermé par une tige de bois, elle fut
trouvée par M. Delaborde : il commença à explorer aussi les sta-
tions de Tresserve, en face le Saut de la Pucelle, qui lui donna une
hache en bronze, et celle de Conjux.
Avant ces premières recherches, dès 1856, le Dr Gosse (de
Genève) et Troyon avaient attiré l'attention de l'Académie Florimon-
tane sur la station de Roseley, au bord du lac d'Annecy.
(1) Mémoires et documents publiés par la Société savoisienne d'Histoire et d'Ar-
chéologie. T. VI, 1863, p. XLIV à XLVIII, séance du 29 juillet 1863 ; mémoire de
M. Laurent Rabut.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 387
M. Buvelot est le premier qui ait remarqué et attiré l'attention
sur les pilotis lacustres du lac du Bourget, à Grésine, où Desor
pratiqua des fouilles en 1862, et ensuite le Dp Davat, maire d'Aix;
ensuite Charles de La Borde, de Segrès,qui y recueillit de très belles
poteries.
Laurent Rabut continua en 1863 ; puis André Perrin de 1866 à
1874; nous citerons encore Costa de Beauregard(l), Despine, duc de
Chaulnes (Musée de Chambéry), Revon, Cazalis de Fondouce,
Chantre.., les pêcheurs du lac, Pierre Dava (1862), Vacher et Gobert
propriétaire du restaurant lacustre, près du port, qui vendait aux
touristes le produit de ses recherches d'hiver. Pierre Dava et Vacher
nous ont affirmé que plus des 2/3 des objets ont été soulevés de la
surface de la vase avec une pince, la drague à mains n'a jamais
creusé à plus de 0m10 à 0m20, car la couche stérile de craie
lacustre se trouvait en moyenne à 0m40 ou 0m45. Vacher est
le dernier qui ait fouillé pour un archéologue italien en
1900, et pour le Congrès préhistorique de France en 1908 ; Grésine
et Conjux ont donné les plus jolies poteries; Châtillon, Grésine et
Conjux ont fourni les poteries ornées d'étain, et cette dernière des
moules en pierre ; les poteries en couleur proviennent de Grésine,
Châtillon et le Saut de la Pucelle.
Nous devons mentionner sommairement les diverses stations ;
nous commencerons par celle qui a fourni le plus de documents, qui
a été la première explorée et qui paraît avoir été la plus importante:
nous continuerons par les stations situées sur la même rive Est,
situées du côté d'Aix, elles étaient exposées au soleil toute la jour-
née, ayant des berges basses, des champs cultivables, Châtillon,
Grésine, Meimart, Le Saut, les Fiollets; tandis que la rive Ouest est
au pied des abrupts rocheux, la rive est plus profonde et rocheuse,
on n'y a signalé que Conjux et Charpignat (Fig. 4).
1° Station de Grésine. — Cette station est la plus vaste et la
plus riche, elle se compose dé deux buttes reliées jadis par une
passerelle retrouvée, formées de cailloux roulés et des habitations
incendiées ; la plus petite est située en face la maison du gardien du
tunnel, à 50 mètres contre la voie ferrée; l'autre en face de la voie
ferrée et l'entrée du second tunnel, vers la tour, à 150 mètres de la
berge, on y a recueilli un moule à deux faces, pour une poignée
(1) Costa de Beauregard. — Habitations lacustres du lac du Bourget 1870;
*- Costa de Beauregard et Perrin. Catalogué de l'exposition archéologique du
départ, de la Savoie, à l' exposition universelle de Paris. 1878, Chambéry, 21 gran-
des photographies. — Mémoires et documents pub. par la Société Savoisiénne d'hist.
et d'archeol, T. VIII, 1864. — Laurent Rabut. Habitations lacustres de la
Savoie, 1er mém. 1863, p. 79 à 145.
388 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
d'épée, et une agrafe, cinq marteaux en bronze à douille et quelques
objets de bronze, dont une clochette.
Rabut pensait qu'il y avait peut être une troisième station plus
près de la rive; il admet environ 10.000 pilotis, qui dépassent la
vase de 0m15 à 0m30 : la poterie y était très nombreuse et variée, des
grandes ollas et dolium, des écuelles, des plats, des faisselles, des
anneaux et pesons, des grains de collier. On y a trouvé aussi du
néolithique, marteaux, disques, aiguisoirs, broyeurs; et des haches de
bronze, épingles, bagues, fruits brûlés, noisettes, noyaux de cerises,
grains de blé, de millet, glands ; os de cheval, de vache, veau,
canard ; fragment de crâne humain .
2° Station de Ghatillon, à 150 mètres du rivage; peu explorée et
située, comme la précédente dans une anse, à l'extrémité Nord-Est du
lac, entre la butte du vieux château de Châtillon et le pont du che-
min de fer; elle était couverte seulement de 2 à 4 mètres d'eau ; les
galets du tumulus y sont moins abondants qu'ailleurs, les pieux y
sont aussi groupés en cercle et d'autres sont groupés sur un côté du
tumulus; ils dépassent la base de 0m80 à lm10 et sont inclinés à
45° vers l'Est, ils sont plus longs et mieux conservés, peut-être ont-
ils été remplacés? L'incendie les a peu atteints: on y a trouvé un
vase romain avec le nom du potier SEVERINVSF ; des poteries
grossières et d'autres très évoluées de forme et de pâte ; des os de
mouton, de veau, et des grains de millet carbonisés. Nous citerons
surtout près de 40 morceaux de vases ornés de lamelles d'étain ;
8 moules, dont un de lance et 320 objets de bronze.
3° Station de Tresserve, ou du Saut de la Pucelle, en face du
rocher du Saut de la Pucelle; elle forme une sorte de butte située à
près de 100 mètres de la rive, sa profondeur variait entre 2 et
5 mètres : les poteries trouvées entre les piquets étaientgrossières et
noirâtre, avec des graviers de quartz; plus loin dans le lac, les pilotis
étaient plus apparents ; la poterie plus fine et parfois gravée; des
fruits, des noyaux et glands ont été recueillis, ainsi qu'une hache à
ailerons, une faucille, une fibule; nous citerons aussi une poutre de
7 mètres avec de nombreuses mortaises.
4° Station de Conjux, située à 180 mètres du village et en face des
habitations, il y a des pilotis à 45 mètres de la rive, elle est en partie
recouverte par des éboulements de la colline ; on y a recueilli
13 moules en pierre, des couteaux, haches à ailerons et à douille,
fauciiïes, marteaux, épingles, anneaux et boutons.
5° Station de Bonport, en face du hameau des Fiollets, près du
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 389
château de Bonport, plus couverte d'eau que les autres ; par suite,
elle a été peu explorée.
6° Station de Meimart, située à 90 mètres du rivage devant
Saint-Innocent, près du village de Meimart, a été à peine explorée,
bien qu'assez étendue, à cause de sa grande profondeur de 5 à
6 mètres ; on y a remarqué des pieux et pas de poteries à la sur-
face : elle a donné une épée de bronze, des moules et fragments de
poterie. M. Rabut a supposé qu'il y avait une autre station devant
Grumau où se trouvent aussi des pieux.
7° Station des FiOLLETS,prèsTresserve, à une profondeur variant
entre 4m50 et 6 mètres; elle a donné des épingles et une petite lime,
au Musée de Ghambéry.
8° Station de Gharpignat. On n'a signalé que quelques pieux, près
du lac, mais aucun objet d'industrie jusqu'à ce jour.
En 1875, A. Perrin alors conservateur du Musée de Chambéry,
mentionnait près de 4.000 objets métalliques, extraits des cités
lacustres du Bourget; depuis, un nouvel inventaire a été publié en
1896 par M. Daisay, qui lui a succédé comme conservateur de ce
Musée, on y trouve plus que 3.011 objets, ce qui est encore un fort
intéressant ensemble M.R Munro arrive aussi au total de 4.002, que
nous publions ci-dessous. Enfin, en 1911, Jules Carotti a publié un
Catalogue raisonné du Musée de Chambéry, où sont mentionnés les
objets les plus intéressants, avec leur provenance et le numéro cor-
respondant au Catalogue d'ensemble de J. Daisay : le catalogue de
J. Carotti est très bien illustré et rédigé. Depuis sa publication, le
Musée a été transféré dans l'ancien Evêché et dans les mêmes
vitrines, mais avec un éclairage parfait : nous devons adresser de
sincères félicitations à M. Pavèse, le nouveau Conservateur et Maire
de Chambéry, pour cette nouvelle installation ; il facilite aux tra-
vailleurs l'accès des vitrines, et nous tenons à l'en remercier, car
sans sa bienveillance, nous n'aurions pu obtenir les photographies
et les dessins qui commentent cette étude
Pour donner un aperçu de la richesse métallique de la station
de Grésine, la plus vaste, nous publions le tableau suivant, dû à
M. Robert Munro (Traduction française du Dr P. Rodet, et qui a
pour titre Les Stations lacustres d'Europe aux Ages de la Pierre et du
Bronze, Paris, 1908).
390 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Inventaire du Mobilier métallique de la Station de Grésine
et des sept autres stations.
S S
■ai c
"S y
Moules
Lingots et culots
Marteaux
Haches
Ciseaux
Gouges
Faucilles
Couteaux
Tranchets
Rasoirs
Matrice et coins à estamper
Poinçons et burins ....
Scies
Lime
Rivets et clous
Aiguilles
Hameçons
Pinces
Epées
Poignards
| / Lances
< Pointes de flèches ....
Umbos de Boucliers . . .
Epingles à cheveux. . . .
Fibules
Bracelets
Torques . ..
Bagues
Pendants d'oreilles ...
1 Ceinture.
Boucles, Anneaux, etc. . .
Pendeloques
Agrafes
Boutons
Appliques .
Perles.
Tubes et spirales
Objets non déterminés . .
46
171
5
7
19
38
2
4
1
1
7
23
35
126
4
13
18
32
1
32
164
1
2
1
115
248
46
190
38
144
5
7
2
3
9
12
5
16
23
49
1
2
163
798
2
2
82
252
1
2
32
121
4
22
1
1
140
598
7
16
7
50
35
63
43
185
115
488
8
73
34
108
i
1110
2400
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 391
Un certain nombre de lacs voisins possédaient aussi des stations;
le lac d'Annecy a donné celle de Rosely, avec tumulus de galets à
peine exploré par l'Académie Florimontane d'Annecy (objets au
Musée d'Annecy), les stations du Port, de Vieugy et de Ghâtillon.
Le lac d'Aiguebelette ; deux emplacements au beau Phare.
Le lac de la Thuile, au-dessus de Montmelian.
Les lacs de Saint-Martin de Belleville et de Saint-Marcel, près de
Moutiers.
Nous avons rappelé que les pointes des pilotis avaient dû être
taillées avec des instruments métalliques. Costa de Beauregard qui
a fouillé ces stations, ajoute que la présence de quelques instruments
en silex ou en roche dure, ne suffit pas à prouver que ces stations
remontent à la fin du Néolithique ; l'examen des instruments et objets
de bronze prouve aussi que cette station remonte plutôt à la fin de
l'Age du Bronze ; la céramique confirme ces considérations, ainsi que
nous allons essayer de le démontrer, ce qui la rend à peu près con-
temporaine de la cachette de Larnaud (Jura); et cette céramique
se rapproche de celle de nos abris de Baume-les-Messieurs (Jura);
toutefois, la céramique ornée de lamelles d'étain, à décor géométrique,
et la poterie polychrome sur trois teintes, jaune ocreux, grenat et
noire, parfois en relief, doit être classée au début du Hallstatt, bien
que les outils en fer manquent (on en compte à peine deux ou trois,
peu concluants).
Etude de la Céramique du lac du Bourget.
Grandes Ollas (PL I). — Dans son étude sur le lac du Bourget.
Rabut dit qu'il n'a pas trouvé deux poteries semblables, leur forme
variait donc à l'infini; les buttes lacustres de Grésine et Tresserve en
étaient pavées, les plus grands vases étaient cassés par morceaux et
les cols très grands permettaient une reconstitution qui a été faite
par Perrin dans son Album des Habitations lacustres de la Savoie
(Chambéry, 1864, PL I à VI). Pour les grands vases atteignant de
0m45à 0m70, garnis de grains de quartz, la pâte est rousse, grise, rose,
noire ou* rouge à l'intérieur : les teintes grise et noire sont réservées
pour les poteries fines et ornées de dessins géométriques; générale-
ment, le col est court, renversé extérieurement, avec un cordon à la
naissance de la panse, qui s'arrondit; la bordure du col est souvent
ornée de dépressions inclinées ou de traits creux faits avec une sorte
de molette ; sous le col, on remarque un cordon tressé qui le ren-
force et imite absolument une corde ; tantôt ce sont des dépressions
parallèles, sortes de cupules. Ces vases en forme de jarre à conserver
la viande, les céréales ou les liquides, offrent beaucoup d'analogies
avec ceux de Knossos, de Pompeï et d'Ostia; l'analyse a donné:
392 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Silice 58,50; Alumine 22,50; Oxyde de fer 5,70; Chaux 1,65;
Magnésie 1,10 ; pertes au feu, 10; total 99, 45.
Parmi les ouvrages très rares consacrés à la céramique lacustre
de l'Age du Bronze, nous citerons la conférence faite par notre
collègue Morin Jean et publiée dans le volume du Congrès préhis-
torique de Chambéry en 1908 (1); et le chapitre de J. Déchelette,
dans son Manuel d'Archéologie (II, Archéologie celtique et gallo-
romaine, lre partie. Age du Bronze, p. 373 et suivantes).
Il faut bien reconnaître que les pièces qu'ils décrivent ont été
généralement trouvées à la surface du fond des lacs, à l'aide d'une
pince; toute chronologie est donc impossible.
Nos collègues ont oublié de rappeler ce détail que nous avons pu
contrôler au port d'Aix- les Bains, de la bouche des pêcheurs Pierre
Dava et de Vacher, ainsi que de sa femme qui pécha aussi. Nos
Collègues Cartier, Conservateur du Musée de Genève ; D. Viollier,
Sous-Directeur du Musée de Zurich ; Tschumi, du Musée de Berne ;
P. Vouga, Conservateur du Musée de Neuchâtel ; de Molin, ancien
Directeur du Musée de Lausanne, nous ont tous affirmé qu'aucune
de ces fouilles n'avait été faite stratigraphiquement.
On a recueilli des choses minuscules, délicates, des graines et des
tissus très fragiles, mais les niveaux ou le voisinage des objets
n'ont pas été mentionnés et c'était la chose principale.
En Normandie, nous ne pouvons citer pour l'Age du Bronze que
les vases de Combon (Eure), les poteries noires carénées du port
de Dieppe, le vase du Val- Saint-Père (Manche), que nous avons
signalés dans nos Inventaires de ï Age du Bronze des départements
de l'Eure, 1899, de la Seine-Inférieure, 1900 et de la Manche, 1910,
et celles du camp Harrouard, commune de Sorel (Eure-et-Loir)
Si nous voulons établir des rapprochements, nous nous porterons
aux Matériaux pour l'Histoire de l'Homme (1884, p. 211, Fig. 134), où
sont mentionnés les trois vases de Devoc, dans les grottes de Vallon
(Ardèche), ils sont biconiques ; l'un renfermait une série d'objets de
bronze, des pendeloques ajourées, 13 bracelets, 150 perles de bronze,
des disques à tube latéral : nous citerons aussi le très grand vase-
dolium de Venat de 0m60 de hauteur.
Les fouilles que nous avons faites sous les Abris larnaudiens et
hallstattiens de Baiime-les-Messieurs (Jura) en 1913-1914 (Congrès de
l'Association française pour l'Avancement des Sciences au Havre),
nous ont procuré des échantillons qui nous ont permis de les recons-
tituer : les quelques objets de bronze étant analogues à ceux du
Bourget, il nous est donc possible d'être affirmatif et de les rappro-
(1) Morin Jean. — La Céramique du lac du Bourget. Essai de classification, sa
place dans l'Archéologie européenne.
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Planche Mil,
L. Coutil.
Céramique des Palafittes du lac du Bourget (Savoie).
PI. 8. — Poteries incisées 1 à 9, 12 à 15, 28 à'31.
Revêtements de cabanes 16 à 19 ; figurines 26, 27.
Croissant animal? 23; croissants 20 à 22; roues 24 et 25.
Planche IX.
L. Coutil.
La céramique
des Palafittes du lac du Bourget (Savoie).
P1 9, _ Poteries fines, noires et ornées
s de lamelles d'étain.
Planche X.
L. Coutil.
J-E BOUHCET
Haguenau (Alsace)
Baume-les-Messieurs Qura)
Tw*yi«v& de Pujlla.<ïkj*^% Munich
Céramique des Palafittes du lac du Bourget.
PI. 10. — Plats peints en grenat et noir sur fond jaunâtre, sauf un plat du Bourget
sur fond blanc.
Planche XI.
Coutil.
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Céramique des Palafittes du lac du Bourget (Musée de Chambéry).
PI. 11. — Débris de vases peints en grenat et noir.
Le vase N° 17 (1074) du Catalogue, porte un décor en relief colorié.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 393
cher de ceux du Bourget, les foyers étant isolés des couches gau-
loises par des éboulis énormes provenant des parois et qui les ont
recouverts.
Nous allons étudier les diverses formes de vases.
Vases façonnés à la main, avec grains de quartz dans la pâte (PI. I).
— Nous étudierons d'abord une série de grands vases à parois épaisses,
contenant des grains de quartz ou des grains de sable : on n'a recueilli
que des moitiés de cols et de panses, dont deux ont été restaurés, ils
ont 0m70 à 0m80 en moyenne de hauteur et non lm50 comme on l'a
écrit: certains bords sont projetés dans le prolongement de la panse ;
mais il en est aussi dont les bords sont projetés vers l'extérieur formant
ainsi un angle avec la panse très rebondie et ornée de larges filets
creux parallèles; à l'angle du col existe un gros bourrelet cordelé, ou des
dépressions comme des pastilles concaves, ou des raies obliques, ainsi
quesurle col; les fonds sont aussi festonnés sur les bords ; l'épaisseur
de la pâte varie entre 0m015 et 0m035, suivant la hauteur du vase ;
l'extérieur est rose, rouge ou gris, le centre rouge, mais plus souvent
noir : ils se rapprochent des PITHOI d'Hissarlik et de Crète.
Nous avons figuré sur la Planche II les vases de moyenne gran-
deur de 0m14 à 0m25 de hauteur pour les plus grands N° 20 et 32 :
les terrines du bas ou soupières Nos 26, 28 et 30 mesurent 0m33 à
0m34 de diamètre à l'ouverture. Parmi ces vases, il en est qui sont
lisses et qu'on croirait avoir été faits au tour. Presque toute cette
série se retrouve parmi nos poteries de Baume-les-Messieurs (Jura).
Nos collègues suisses Cartier, Viollier, Vouga, Tschumi sont d'ac-
cord pour classer tous ces vases dans l'Age du Bronze, bien qu'on
en ait retrouvé aussi de semblables dans les stations néolithiques et
dans la station lacustre du Port sur le lac d'Annecy, qui est de la fin
de l'Age de la Pierre. D'ailleurs, toutes ces poteries du Bourget
ayant été trouvées à la surface, il n'est pas possible de les admettre
comme néolithiques, on peut même ajouter que beaucoup de ces
formes ont survécu jusqu'au Hallstatt.
Plats, écuelles (PI. V et VII). — Plusieurs écuelles portent des
trous disposés avec symétrie (PI. V, Nos 8, 9, 12, 13), ils ont pu
servir à égoutter le lait pour confectionner des fromages; elles pro-
viennent de Grésine. D'autres plats portent une ornementation en
creux ; toutefois, les gravures des plats ou coupes évasés et figurés
sur la Planche VII ne peuvent pas être rapprochées de celles de
Vilhonneur (Charente), ni des tumulus de Haguenau (Alsace), ni
de celles des grottes du Gardon à Saint- Vérédème (Gard).
Le platN0 5 (PI. VI) porte de plus fortes gravures, l'ornementation
se compose de bandes creuses formant une croix et des angles ott
chevrons opposés les uns aux autres par quatre : dans l'intérieur
de ces bandes creuses se voient des raies gravées obliquement. Si
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE. 26
39£ SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
ce plat avait été trouvé dans l'Allemagne du Sud, on le classerait
comme étant du Hallstatt III ; ici, cette attribution n'est pas pos-
sible, car aucun objet typique de l'Age du Fer n'a été recueilli. Les
plats Nos 2 et 6 sont ornés de croix gravées offrant la même disposi-
tion, avec des séries de damiers en pointillé assez profond : ce
n'est pas non plus un décor typique de Hallstatt. Nous ferons re-
marquer que sur tous ces plateaux, c'est la croix qui forme le motif
décoratif, sauf sur deux ornés de grecques. Beaucoup de fonds de
vases portent une croix qui fut gravée avec un instrument métal-
lique, lorsque la terre était sèche et que l'on allait les porter à la
cuisson, cette croix est fruste et maladroite, à côté des fins dessins
qui ornent d'ordinaire la panse, le col ou l'intérieur des vases.
Bols, tasses, petites coupes (PI. II et IV). — Les tasses sont munies
d'une anse, exceptionnellement de deux, qui sont parfois cannelées.
Les bols sont plus ou moins évasés, avec un pied plus ou moins
large; il en existe de carénés et aussi de forts petits comme des jouets
d'enfant (PI. IV). La Planche IV montre aussi quelques tasses et
bols.
Ce qui caractérise ces vases, c'est le peu d'épaisseur et la finesse
de la pâte.
Vases coniques ou à base ronde (PL IV). — Les vases les plus
typiques de l'Age du Bronze sont à pâte mince, façonnée au tour,
hoirs ou gris, parfois lustrés ou enduits de graphite, leur panse est
souvent proéminente ou carénée ; ils sont souvent ornés de raies
gravées ou de dessins ; leur hauteur varie entre 0m15 à 0m18 ; il en
existe de minuscules, comme de véritables jouets d'enfant, ou de
godets à parfums, Planche IV, Nos 26, 28, 30, 34, 36, 38, 40, 42, 44,
46, 48, 50). Tous ces vases sont renversés sur la Planche III, car ils
ne pourraient se maintenir en équilibre leur base étant en pointe ou
arrondie; on les plaçait sur le sable dans une cavité ou sur un gros
disque en terre cuite, comme il en existe Planche IV, Nos 1 à 2, cer-
tains de ces anneaux ou torches étaient ornés de raies creusées et
saillantes (PI. VI, N° 3).
Biberons. Vases à pieds (PI. V et VI). — Sur la planche V se
trouvent groupés des vases presque tous brisés, sauf un seul placé
au centre qui est complet, il provient de Grésine; il se compose d'un
récipient oblong muni d'un col supérieur et d'un petit tube à une
extrémité, qui était encore obstruée par une petite tige de bois,
lorsqu'on le découvrit : à l'autre extrémité se trouvent deux petits
tenons : l'ensemble porte sur quatre petits pieds ; on a voulu classer
ces vases comme des lampes, ce qui est inadmissible, le trou serait
bien petit pour une mèche. On peut certainement rapprocher de
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 395
ces biberons d'autres vases gallo-romains où la représentation ani-
male est indiscutable ; mais pour ce vase de Grésine, on ne peut
insister sur cette interprétation que rien ne confirme.
De chaque côté de ce vase, sur notre Planche V, on compte les
débris d'environ quinze autres analogues, mais fragmentés.
Fig. 1. — Biberons. — 1, Grésine (lac du Bourget). ; — 2, Corcelette (lac de Neuchâtel) ;
— 3, Saint-Pierre-en-Chastre (Oise); — Chypre*[Cliché Morin Jean],
Sur la Planche VI se trouvent d'aulres vases, bols ou écuelles
munis aussi de quatre petits pieds : l'un d'eux est muni d'un cou-
vercle N° 20, 21, 23 (cette forme existe à l'époque Gallo-Romaine).
Cette même planche contient des vases à un seul pied très long,
sortes de calices (Nos 12, 14, 15), et un autre N° 16 dont le pied est
encore plus long, il est privé de sa base. A côté se voient d'autres
formes exceptionnelles.
Croissants (PI. VIII). — Cinq supports en forme de croissant
offrent des extrémités plus ou moins recourbées, la base plus on
moins concave, plus ou moins large et la hauteur différente; la
terre est grise, ou rose : le dessus est plat, mais il en est qui sont
angulaires, c'est pourquoi on a rejeté l'hypothèse à' appuie-tête qui
est vraisemblable dans certains cas, mais inadmissible lorsque le
dessus forme une arête vive. On en a fait des objets de culte, et des
chenets lorsque la terre est calcinée par le feu, ce qui semble
prouver leur attribution.
Disques, Fusaïoles, Perles. — Nous avons déjà parlé des gros
disques en terre cuite grise qui ont servi de supports pour les vases
à fond conique (PL IV, Nos 1 à 11, et pi. V, Nos 1, 2); le N° 3 porte
des lignes en relief; le Musée de Cliambéry en possède 25.
Nous n'avons pas reproduit les fusaïoles dont on pourrait citer
au moins cent variétés; elles portent généralement de petites coches,
des cavités elliptiques, des cannelures, des cercles creux sur les
côtés ou des rainures avec parties saillantes sur le pourtour, les
cavités rondes alternent aussi avec les rainures. Les diamètres
varient; il en est de très petits que l'on peut considérer alors
comme des perles de collier. Il en est qui sont ornées de bandes
d'étain (PI. IX, O.P.), de Ghâtillon et Grésine.
396" SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Céramique ornée en creux (PI. VII et VIII). — Nous savons que dès
l'époque Néolithique, les parties creuses du décor des vases étaient
souvent remplies de matière blanche pour les faire mieux voir.
Le Musée de Heilbroon (duché de Bade) possède une série fort
complète de ces sortes de vases ; mais on en a trouvé aussi en
France. A l'Age du Bronze, ce décor fut continué et on le retrouve
dans les stations du lac du Bourget, au Musée de Chambéry. Le
catalogue Daisay en cite 573 morceaux, la poterie est noire et ornée
d'une ou deux, rangées de dents de scie parallèles; de feuilles de
fougères, de carrés avec diagonales se croisant, de croix de Saint-
André disposées les unes à côté des autres, d'empreintes rondes ou
carrées, de têtes d'épingles ornées. Ces spécimens proviennent de
Grésine, Le Saut, Conjux, Ghâtillon (PI. VII). Sur notre Planche
VII le grand plat N° 2 et celui d'en dessous, sont ornés de lignes et
de points creux carrés ; le plat 5 est orné en creux.
Revêtements de cabanes (PL VIII). — Parmi les poteries se trouvent
de nombreuses plaques de terre cuite portant encore d'un côté les
traces des roseaux contre lesquels elle avait été appliquée et lissée
de l'autre. On peut se demander comment cette terre avait pu se
durcir assez, sans avoir brûlé, ou tout au moins roussi les roseaux
contre lesquels elle était appliquée? Il existe des plaques qui consti-
tuent -des motifs vraiment décoratifs ornés de dents de loup et de
lignes avec des cercles concentriques et point central, ils sont en
terre rosée. Certains morceaux perforés ont été considérés comme
plaques de sortie de la fumée.
Idoles. Roues (PI. VIII). — De curieuses figurines en terre grise,
au nombre de cinq, proviennent de Grésine, on a supposé que
c'étaient des figures humaines ; on distingue deux tiges allongées
pouvant correspondre aux bras, et deux autres allongées correspon-
dant aux jambes, la tête n'est indiquée que par un seul appendice.
Deux autres figurines peuvent correspondre à des représentations
d'animaux, avec quatre pattes, une tête munie d'oreilles et trois
mamelles : ces sept figurines en terre grise proviennent de Gré-
sine; elles mesurent en moyenne 0m05 et 0'"06.
Deux sortes d'animaux avec indications de pattes, l'un en terre
cuite noire, l'autre grise, ont été trouvés aussi à Grésine (Collections
de Chambéry et Costa de Beauregard).
Nous mentionnerons aussi deux parties différentes de petites roues
de char au Musée de Chambéry.
Céramique en couleur (Planches XI et XII). — Nous connaissons
très peu de fragments céramiques peints dans les stations lacustres ;
même en Suisse; tandis que les stations du lao du Bourget ont
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 397
donné plus de soixante-dix morceaux provenant de Grésine, Le Sdiit,
Châtillon, Conjnx, N° 103, nous en avons même compté près de 120
au Musée de Chambéry. Ce sont des petites écuellcs basses et des
plats qui représentent cette céramique. Nous avons reproduit sur
la Planche X trois vases reconstitués; le plus grand plat ou écuelle
vient de Châtillon, le fond est grenat avec croix noire et cercle noir
sur le pourtour extérieur et au centre, son diamètre' est de ()'"34. Un
second est d'une technique un peu différente, il est sur fond gris
avec 5 bandes grenat et le bouton central : il mesure seulement 0m20
de diamètre; il y a près de 50 morceaux de ce genre.
Le troisième est plus petit, sur fond gris jaune, avec croix peinte
en noir et bouton central ; diamètre 0m14.
Sur la Planche XI, nous retrouvons quelques exemplaires appar-
tenant à la même période que le grand plat; le grand fragment
central B de Grésine, orné de damiers et de bandes diagonales
noires, d'autres bandes et dents de scie grenat, le tout sur fond jau-
nâtre, les fragments A. C. D., offrent trois teintes, grenat et noir sur
pâte jaunâtre de fond; le fragment O, est peint en grenat et noir
sur teinte de fond grise. Les fragments du bas V et X sont ornés de
diagonales rouges sur fond gris. Les autres morceaux E. F. I. N. P.
n'ont que la teinte jaunâtre avec dessins peints en noir. Les frag-
ments G. H. P. sont en poterie fine grenat; le morceau R. est
exécuté en blanc et grenat. Cette poterie est beaucoup plus évoluée
comme finesse de pâte, mais la forme est encore celle de l'Age du
Bronze. Le morceau B plus épais est aussi grenat.
Enfin, le morceau P est totalement différent de technique, il est
constitué par des bandes circulaires alternativement creuses et en
relief; les bandes en relief sont grises ou grenat : celles du fond
sont grises avec raies obliques gravées : il a été trouvé au Saut en
1869. Ce morceau rentre dans la série du plat N° 5 de la Planche VII.
Cette céramique est classée en Allemagne du Sud et en Autriche-
Hongrie comme étant du Hallstatt III (classification que nous ne
saurions admettre, même en Allemagne); mais pour les stations du
lac du Bourget, cette céramique n'est pas accompagnée d'objets en
fer synchroniques : on ne peut donc admettre que ce morceau et le
plat n° 5 de la planche VII sont aussi récents.
De même, si nous nous reportons à la Planche X, où nous avons
figuré divers plats ou écuelles de même époque et de même style,
nous voyons que le plat de Grésine se rapproche beaucoup de celui
de Baume qui se trouve dans le bas, à gauche de la planche, et de
celui de Haguenau, tous de la fin de l'Age du Bronze, avec celui de
Mceringen (Suisse); quant au plat du tumulus de Pullach, près
Munich, de même style et de même couleur, il serait du Hall-
statt.
398 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Nous allons voir encore, par. ce qui suit, que les Palafittes du
Bourget ont dû exister pendant la civilisation Villanovienne.
Poteries ornées de bandes d' étain (P\, IX). — Le catalogue du Musée
de Chambéry, par Daisay, mentionne 41 fragments de poteries ornées
d'accessoires en étain; 21 sont très intéressants, nous les avons
reproduits sur notre Planche VII, ce qui nous dispense d'insister.
Les plus compliqués sont les vases B, D, E, F, M; le vase B est
orné de très fines lamelles obliques ou formant des chevrons; sur
le vase F, les bandes sont plus larges, le décor est plus apparent, ce
sont des chevrons ou des damiers.
On a prétendu que ces bandes étaient collées au moyen de la
résine parce qu'une boulette de résine a été trouvée collée sur un
vase et que des bandes d'étain disposées en damier sont fixées au-
dessus; elle provient de Grésine (PI. IX, Fig. T, au bas de la
Planche). Nous ferons remarquer que pour coller l'étain au moyen
de la résine, il fallait chauffer l'étain : dans certains cas, la lamelle
a pu résister à la chaleur, mais pour les petites tiges minces comme
un léger trait de plume, nous nous demandons comment on a pro-
cédé. Le dessin devait probablement être composé et collé sur une
matière mince, puis transporté et fixé ensuite sur le vase. Parmi les
plus jolies spécimens de céramique de l'âge du bronze ornée de
lamelles d'étain, on doit citer le beau plat de Cortaillod, au Musée
de Neufchâtel (Suisse). Parmi ceux du Bourget, il en est un qui est
fort connu (1), mais dont le dessin n'a jamais été reproduit fidèle-
ment, c'est pourquoi on a fait des dissertations peut-être un peu
fantaisistes à son sujet.
De même pour les biberons où l'on a cru voir des formes
d'animaux, on a vu des hommes dansant ou des soldats, dans les
Vase de Châtillon, avec figurines humaines en étain.
quatre figurines dont la partie médiane a disparu : ce même
motif semble réédité un peu plus loin (Fig. 2).
(1) M. G. et A. de Mortillet. — Musée préhistorique. 1™ édition, 1881, PI. XII,
1117.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 399
Nous ne pouvons le rapprocher que du morceau de vase du cime-
tière gaulois à épée de bronze découvert à Villement (commune de
Saint- Aoustrille, Indre), et décrit par M. des Méloises, où se voient
deux rangées de personnages les jambes écartées : sur le morceau de
vase d'Œdenburg (Hongrie), la représentation humaine est encore
plus sommaire, J. Déchelette voit dans ce décor une influence
dipylienne archaïque (1200-800). Les vases à long pied de la
Planche V, nos 12-14-15 pourraient aussi alors avoir une tendance
dipylienne?
Fig. 3. — Urne cinéraire avec son couvercle orné de bandes d'étain.
Corneto [Musée de blorence) [1000 à 800 av. J.-C.].
On peut rapprocher leur forme des amulettes peignes, dont le
manche ou tenon simule aussi un personnage ayant les jambes écar-
tées (Bologne, Palafitte de Guévaux, Vallamand, sur le lac de Morat,
Estavayer; Italie, etc.)-
Au sujet des vases ornés de bandes d'étain, nous croyons devoir
figurer un casque en terre cuite ou plutôt un couvercle d'urne ciné-
raire orné de trois bandes ajourées de lamelles d'étain, provenant
400 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
de la nécropole de Corneto, et que nous avons figuré dans notre
étude sur les Casques antiques (1).
Ces casques en terre cuite sont classés dans la période proto-
Etrusque ou de Benacci (1000 à 800), comprenant pour l'Italie du
Nord des tombes à incinération avec décor incisé et gravé (tombes
de Villanova, Corneto, etc.).
Essai de Chronologie des vases.
Notre collègue Morin Jean a proposé, pour les vases du Bourget,
les divisions suivantes :
lre série. — De la fin de l'Age de la Pierre jusqu'à une période
AVANCÉE DE l'Age DU BRONZE.
A. Groupe indigène. — Céramique lacustre proprement dite.
Poteries à parois épaisses, en pâte grossière, mêlée de petits gra-
viers; décor très rudimentaire (jarres, tasses, gobelets, etc).
B. Groupe d'origine méditerranéenne. — Vases étroitement appa-
rentés avec les poteries de la région égéenne.
2e série. — Bel Age du Bronze, synchronique avec les débuts de
la Civilisation Hallstattienne.
A. Plats et cuvettes à couverte peinte. — Prototypes des vases
polychromes de la période de Hallstatt.
B. Type urne, descendant du vase bulbeux, à fond conique de la
Suisse et apparenté aux urnes de Golasecca.
C. Vases ornés de bandes d'étain.
Nous ne voyons pas d'observations à formuler pour la lre série
et le groupe A, qui se trouve figuré sur nos Planches I et II.
Quant aux formes à panse saillante et un peu carénée et à pâte
fine, nos 11, 12, 13, 14, 18, 22, 26, 28, 30, PI. III et IV, et les deux ran-
gées supérieures de la Planche VI, quoique offrant une pâte plus fine
et un galbe plus évolué, on peut encore les y laisser, bien qu'ils se
rapprochent un peu des formes Villanoviennes.
On arrive au groupe d'origine méditerranéen des vases supportés
par plusieurs petits pieds. Mais doit-on faire une subdivision pour
une forme qui se trouve un peu plus ou un peu moins représentée
dans nos gisements ou stations de l'Age du Bronze? Les biberons
ont été trouvés non seulement dans la Palafitte de Wallishofen,
mais aussi dans les stations du bassin du Rhin et dans l'Alle-
(1) Mémoires Société Préhistorique Française, T. III, 1915, p. 178, fig. 15.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 401
magne du Sud, Nierstein (Hesse Rhénane), Tulln (Basse Autriche),
(o&uvtMoivùti<2%ÂcHit ityOS.
Fig. 4. — Le Lac du Bourget (Savoie) [Cliché Ed. Hue](l).
Platenic (Bohème), qui offre un plus gros tube, la seule que l'on
pourrait admettre comme lampe.
(1) Congrès prékist* France, Chambéry (1908).
402 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
, Pour la seconde série, nous avons exposé ce que nous pensions
des plats et coupes unies à l'extérieur et ornées à l'intérieur de des-
sins géométriques exécutés en couleur, esquissés ou non limités par
un trait gravé. Les stations du Bourget sont particulièrement riches
en céramique peinte (Châtillon, Grésine, le Saut); les Palafittes de
la Suisse n'en ont donné que de très rares échantillons (Corcelette,
Mœringen, Nidau).
En terminant, nous insistons en disant que par sa variété de
décor et de pâte, on trouve au Bourget, une partie de l'évolution
de la Céramique peinte du premier Age du Fer, ce qui est très
important ; et la plus nombreuse série d'ornements d'étain sur les
vases; par suite, les riches Palafittes du Bourget soutiennent la
comparaison avec celles de la Suisse, si même elles n'ont pas donné
une plus grande variété d'objets et surtout une céramique plus
variée.
Quant aux urnes du type de Golasecca, nous ne les trouvons pas
identiques, mais à l'état minuscule sur notre Planche IV, ce sont
des vases coniques ; et encore nous n'osons faire rentrer dans cette
série les vases nos 11, 12, 13, 14, 18,22, 26, 28, 30, de la Planche II, qui
sont les plus nombreux, ces formes ne sont pas assez Villanoviennes
pour en faire un groupe distinct et synchronique.
Enfin, nous ne voyons pas de distinctions suffisantes dans tous
ces vases, pour vieillir beaucoup les uns et rajeunir d'autant les
autres, surtout qu'aucun objet typique de l'Age du Fer n'a été trouvé
pour soutenir cette théorie et que certains objets de bronze indiquent
l'extrême fin de cette période.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 403
Contribution à l'étude de l'Ere monumentale
préhistorique : l'Architecture mégalithique
bretonne et les observations solaires (suite) (1).
Alf. DEVOIR (Brest, F.),
Capitaine de Frégate.
Pour les monuments dressés sous l'empire de ces règles, il n'était
pas, en général, possible de choisir arbitrairement la position d'un
menhir projeté ; un tel choix n'était permis que pour le Mégalithe-
origine d'un ensemble.
Dans ces conditions le point d'extraction et le point d'implanta-
tion ne doivent coïncider que très exceptionnellement ; il y a donc
eu le plus souvent transfert du bloc-menhir avant érection, toutes
les fois que celui-ci n'avait pas été trouvé sur une ligne d'orienta-
tion déterminée à l'avance et dont un point au moins était déjà repéré
par un monument préexistant.
Il est d'ailleurs vraisemblable que le transfert ne se faisait que sur
une courte distance et qu'à l'époque où les règles de position furent
connues des architectes préhistoriques, ceux-ci s'abstinrent de pré-
voir aucun dressage de menhir nouveau là où des matériaux conve-
nables ne se rencontraient pas à proximité immédiate des lignes
dont je viens de parler.
Il nous est évidemment impossible de préciser l'époque à laquelle
furent définies des règles de position ; leur application dans des
régions très diverses — Locmariaquer, Carnac, Grozon, pour ne
citer que les principales — indique que très nombreux sont les
monuments dressés après cette remarquable conquête de la science,
remontant peut être à trois ou quatre mille ans, peut-être plus avant
encore dans la nuit des âges.
En mentionnant que de très rares menhirs portent des groupes
de cupules et d'autres signes gravés intentionnellement (2), j'aurai
résumé ce que l'on pouvait savoir des menhirs vers la fin du xixe siè-
cle.
(1) Voir Bull. Soc. Prék. France, 1915, n° 10, p. 369.
(2) Je ne connais, dans le Finistère, que deux Menhirs, indiscutables, portant
des Cupules nombreuses : Fun signalé par P. du Cbatellier (Saint Urnel en Plo-
meur); l'autre par M. A. Jarno (Bois du Duc en Spézet) [Bulletin de la Société
archéologique du Finistère, 1914], — Le premier était debout quand son inventeur le
fit transporter dans le Parc de Kernuz ; le second est authentifié de ce fait qu'il
appartient, tout renversé qu'il est, à un Alignement (N G), dont un menhir de
5 mètres est encore debout. — Les Cupules, au nombre de 2 ou 3, signalées sur
quelques blocs naturels ou tables de dolmens (Dolmens de Kerbervez (N C) et du
Riblj(N C) me paraissent dues aux eaux pluviales.
40i SOCIÉTÉ PREHISTORIQUE FRANÇAISE
C'était, en réalité, bien peu de chose ; les renseignements fournis
par les fouilles étant des plus restreints et l'étude des groupes pres-
que inexistante, les manuels les mieux documentés, qui décrivaient
longuement les dolmens et surtout les récoltes qui y avaient été
faites, ne consacraient généralement que quelques pages à la ques-
tion des Menhirs.
La science a heureusement progressé, en ce qui les concerne,
depuis une vingtaine d'années. Je le montrerai dans la seconde par-
tie de ces notes, après m'être occupé des monuments de l'autre
type.
Les Chambres a recouvrement mégalithique.
L'exploration, plus ou moins méthodique et complète, des Cham-
bres à recouvrement mégalithique a été pendant longtemps la base
pour ainsi dire unique de l'archéologie de l'ère monumentale pré-
historique ; la recherche des instruments, en pierre ou en métal,
plus tard celle des poteries, des ossements et des restes incinérés,
était le but principal, sinon exclusif.
Les monuments n'intéressaient alors que pour les objets qu'ils
pouvaient contenir ; cette tendance a eu de navrantes conséquences,
car nombreux sont les dolmens, qui, bouleversés pour une plus
facile exécution des fouilles, ne sont plus aujourd'hui que des
ruines informes ou ont complètement disparu de la surface du sol.
Les explorations ont fait depuis cinquante ans une effroyable '< con-
sommation » de chambres dolméniques.
Il faut reconnaître que les récoltes ont été, surtout en Bretagne,
très abondantes et riches ; des collections remarquables se sont for-
mées et s'accroissent sans cesse.
Une remarque s'impose à leur sujet ; si les résultats obtenus sont
très considérables sous le rapport de la quantité des objets décou-
verts, les types auxquels peuvent se ramener ces objets sont et
restent très peu nombreux ; et les fouilles récemment effectuées ne
nous en ont fait connaître aucun qui fut inconnu des premiers
explorateurs sérieux des grands monuments bretons. Pour dire vrai,
les richesses des collections augmentent beaucoup plus rapidement
que les connaissances dont nous leur sommes redevables ; leur
développement a eu toutefois cet heureux effet de montrer la néces-
sité d'un classement des récoltes, ainsi que d'une terminologie pré-
cise.
D'excellents résultats ont été acquis dans cet ordre d'idées ; mais
on peut regretter que l'étude des objets maniables ait fait quelque
peu délaisser celle des Monuments qui les enfermaient, et que
les recherches « de Musée » aient détourné beaucoup d'archéologues
des mensurations architecturales, souvent pénibles et d'exécution
délicate.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 405
Les récoltes ont donné et donnent lieu à de longues discussions,
faciles à ouvrir à un moment quelconque : aussi sommes-nous très
documentés sur les types industriels et ornementaux et sur les varia-
tions correspondantes de la technique. Nombreux sont les préhis-
toriens qui distinguent à première vue un objet de style campi-
gnyen d'un objet de style robenhausien ou un rnorgien d'un larnau-
dien.
Idées généralement admises sur la destination des Chamrres
A RECOUVREMENT MÉGALITHIQUE. LE « POSTULATUM » DE l'eN-
FOUISSEMENT.
Tout au contraire les controverses, relatives aux monuments eux-
mêmes, abstraction faite des découvertes réalisées ou escomptées,
se bornaient tout récemment encore à peu de chose ; et les idées
généralement acceptées ne différaient guère de celles qu'émirent, au
début du xixe siècle, les créateurs de l'archéologie de l'ère monumen-
tale préhistorique.
Elles peuvent se résumer ainsi : les chambres totalement ou par-
tiellement mégalithiques sont et ne peuvent être que des tombeaux ;
elles ont été construites pour cette seule destination ; les objets qui
en sont exhumés sont les armes, instruments et ornemenls familiers
du défunt, déposés dans la sépulture en même temps que son cada-
vre ou ses restes incinérés; une même tombe reçoit parfois plusieurs
morts.
A cette affirmation se superposa le postulatum de l'enfouisse-
ment de toutes les chambres sous un tumulus édifié peu après les
funérailles, avec cette conséquence que la nature de la récolte éta-
blissait, de façon indiscutable et sauf le cas de violation ultérieure
de la sépulture, l'âge relatif de celle-ci : ce qui revenait à assimiler
le monument à un gisement paléontologique vierge, sous la réserve
énoncée ci-dessus.
La conception très simple que je viens d'exposer a paru trop abso-
lue à plusieurs auteurs contemporains ; elle ne laisse point en effet
de prêter à des critiques que quelques pages consacrées aux divers
types architecturaux me permettront de définir.
Les chambres à recouvrement mégalithique peuvent se classer,
pour la presque totalité (1), en deux grandes catégories, suivant
que la ou les tables de recouvrement reposent sur des supports
mégalithiques ou sur un muret en maçonnerie de pierres sèches.
Les premières sont de tracés très divers et de dimensions très
(1) Les dolmens à encorbellement et ceux à grands blocs arc-boutés sont très
rares*..
406 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
variables ; ce sont les Dolmens proprement dits, avec ou sans gale-
rie, à chambre unique ou à chambres multiples; le nombre des élé-
ments mégalithiques est au moins de trois et souvent beaucoup plus
considérable.
Les secondes ne comprennent, en général, qu'un élément de ce
genre, fermant à sa partie supérieure une cavité assez régulièrement
parallélipipédique ; elles sont toutes enfouies soustumulus.
Il en est de même d'un certain nombre de dolmens de tous tracés,
tandis que les tables de beaucoup d'autres sont visibles du dehors,
ainsi que la partie supérieure des supports ; d'après le postulatum
ci-dessus, la dénudation de ces éléments est due à la désagrégation
du tumulus qui, à l'origine, devait recouvrir le monument, désagré-
gation imputable surtout aux intempéries, secondairement au défri-
chement et à la culture.
La possibilité de ce postulatum ne suffit pas, à mon sens, à en éta-
blir la probabilité, qui me semble rester sujette à discussion.
Il convient en effet de remarquer qu'on rencontre fréquemment
en Bretagne, à côté de dolmens apparents, des tumulus parfaite-
ment conservés ; si l'on admet que les causes indiquées précédem-
ment ont dénudé les uns, pourquoi n'en aurait-il pas été de même
des autres ?
Les exemples abondent. Dans la plus belle région dolménique de
France, celle de Locmariaquer-Carnac, des tumulus comme le
Mané er Hroeck, comme le Mont-Saint-Michel, sont voisins de
grands dolmens découverts, Mané Rutual, Table des Marchands
(Fig. 2), Kermario ; les chambres presque circulaires abritées par
les premiers diffèrent d'ailleurs profondément des longues galeries
des seconds. Sur les falaises finistériennes, fortement battues par le
vent du large, des tumulus terreux se sont fort bien conservés (1).
Si Ton raisonne sur les procédés que purent employer les archi-
tectes préhistoriques, les constatations précédentes n'ont rien qui
doive étonner.
Le déplacement de mégalithes énormes ne pouvait incontestable-
ment pas se faire uniquement à bras d'hommes ; des machines sim-
ples étaient indispensables pour manœuvrer des poids atteignant
plusieurs dizaines de tonneaux; l'association du plan incliné et des
cordes suffisait, à condition d'y employer une solide traction, four-
nie par moteurs animés.
Tertres de construction et cromlec'hs de soutènement,
Avant d'édifier une chambre entièrement mégalithique quelcon-
(1) Kerlorec en Ploudalmézeau (N G), Kerandraon en Landunvez (N C), Kerprima
en Ploumoguer (N G), etc.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 407
que, les Tables étant toujours surélevées par rapport au sol environ-
nant, il convenait donc d'établir tout d'abord un tertre de construc-
tion, formant plan incliné dans tous les azimuts.
Destiné à supporter, pendant les travaux d'édification de la
chambre, de lourdes charges en mouvement (1), le tertre devait être
^mêrae de résister à l'écrasement, comme aux efforts tendant à faire
glisser ses matériaux les uns par rapport aux autres, aussi le trou-
vons nous généralement composé d'éléments pierreux de formes irré-
gulières et anguleuses, avec interposition de terres assurant la
liaison de toute la masse.
Par ce procédé absolument rationnel, les architectes préhistoriques
ont réalisé des conditions de résistance telles que peu nombreux
sont les dolmens découverts dépourvus de toute trace du tertre élevé
pour leur édification ; dans certains cas, néanmoins, des consolida-
tions supplémentaires ont dû paraître utiles ou indispensables; nous
en constatons l'existence.
Elles sont constituées par des blocs de dimensions assez fortes,
bien supérieures à celles des éléments pierreux dont je viens de
parler, encastrés dans le sol naturel et noyés d'autre part dans la
masse du tertre ; cette disposition se rencontre surtout quand la
pente de celui-ci est très forte (Ty ar boudiguet (2), dolmen sous
tumulus en Brennilis, Finistère) (Fig. 1); quand ses matériaux sont
relativement meubles (Mané Lud, Locmariaquer) ou quand le recou-
vrement comprend de très pesants mégalithes (Ty ar boudiguet,
Kermorvan (3), Finistère). Je lui donne, faute d'expression plus
convenable, le nom de cromlech de soutènement, tout en faisant
ressortir qu'il ne s'agit point ici d'un élément monumental, mais
seulement d'un perfectionnement du tertre ordinaire.
Les blocs des cromlechs de soutènement ne dépassent guère, dans
l'état actuel de la plupart des tertres, la surface de ceux-ci : ils n'ap-
paraissent nettement dégagés que dans le cas d'arasement impu-
table à l'une des causes suivantes : besoins agricoles, commodité
d'une fouille, érosion marine (Roc'hou bras, en Plouescat) (N C).
Cette remarque autorise à penser qu'au moment delà construction,
— un certain tassement, assez faible d'ailleurs, ayant pu se pro-
duire, — les dits blocs ne faisaient au plus qu'affleurer, et plus pro-
bablement étaient recouverts ; peut-être ont-ils formé points d'appui
(1) Mouvement plus ou moins rapide selon le genre de déplacement, par roule«
ment ou par glissement; il convient de remarquer que la hauteur de table, au-
dessus du sol naturel, des plus grands dolmens permettait une traction presque
horizontale.
(2) Propriété de la Société Archéologique du Finistère. M. du Chatellier a donné,
dans ses Epoques préhistorique et gauloise dan^ le Finistère, un bon croquis de ce
monument; l'orientation en est toutefois très erronée.
(3) Figure dans la liste officielle; rédaction imprécise, classement douteux.
408 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
pour des madriers-glissières, reposant d'autre part sur le sol, ou sur
les faux-supports existant dans les parois de beaucoup de dolmens
et qui n'ont pas de contact avec la table qui les domine. Les crom-
lechs de soutènement, assez fréquents autour des monuments de ce
genre enfouis ou non, font défaut dans les tumulus des chambres à
parois maçonnées, quelles que soient la masse et la hauteur de ces
Ce ope sutvûntAB
Hg. 1. — Dolmen recouvert de B.-ennilis, ditTy ar Boudiguet. — D'après M. P. du
Chatellier. — Echelle : 1/200. - I, Plan du Mégalithe. — II, Coupe du Tumulus.
tumulus, quelle qu'en soit aussi la pente; la raison s'en dégagera plus
loin.
Les recouvrements mégalithiques des deux types de chambres,
différant par leurs poids, bien plus considérables dans les dolmens
proprement dits que dans les chambres à murets de pierres sèches,
on est tenté d'admettre que le cromlech de soutènement des premiers
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 409
avait surtout pour but de maintenir le tertre pendant les travaux de
construction.
Je dois reconnaître que M. Paul du Chatellier est d'un avis con-
traire et voit dans le cromlech de soutènement un dispositif de con-
solidation après achèvement. Dans sa description du dolmen de Ty
ar Boudiguet, il s'exprime ainsi : « Les pierres jouent le rôle de con-
trefort, et, par un remplissage entre elles et les piliers de la galerie,
sont destinées à empêcher ceux-ci de chasser sous le poids énorme
des tables (Epoques préhistorique et gauloise dans le Finistère,
page 227).
L'opinion du savant archéologue breton est incontestablement
soutenable ; la mienne est renforcée par cette constatation que les
blocs des cromlechs de soutènement sont plus généralement inclinés
à leur partie haute, vers l'intérieur des monuments que vers l'exté-
rieur, c'est-à-dire dans le sens du déplacement des matériaux manœu-
vres pour la construction et non dans le sens qui correspondrait à
une déformation après achèvement des travaux.
Quelle que soit d'ailleurs l'hypothèse adoptée, j'estime que le nom
de Menhirs ne doit pas être appliqué aux blocs des cromlechs de
soutènement, ces blocs n'étant en réalité que des éléments, plus volu-
mineux que les autres, des tertres de construction ; leur encastre-
ment dans le sol n'est pas un argument suffisant pour l'emploi d'une
appellation qu'il convient de réserver aux pierres levées d'aspect
monumental, et caractérisées par ce fait qu'elles dominent le sol dans
lequel elles ont été implantées (1).
Ceci posé, examinons quels purent être les procédés employés pour
la construction des chambres des deux genres fondamentaux.
Une telle étude, bien que condamnée à rester presque entièrement
dans le domaine des hypothèses, a du moins cet avantage de sou-
lever d'intéressantes controverses sur un sujet qui me paraît avoir
été, jusqu'à présent, trop négligé par les préhistoriens.
Je prends comme point de départ la notion du tertre de construc-
tion ; cette base peut être estimée solide, de tels tertres existant
encore en très grand nombre.
Occupons-nous tout d'abord des chambres à supports mégalithi-
ques.
Les Dolmens proprement dits.
L'édification du tertre sur le sol préalablement dressé ou légère-
ment creusé représente la première phase du travail architectural
(1) Les considérations précédentes ont été esquissées dans mes articles de la
Pensée bretonne (1913).
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 27
410 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
proprement dit, après détermination de l'emplacement où devait
s'élever le monument, détermination subordonnée à des conditions
analogues à celles que j'ai précédemment définies pour les menhirs :
la nature du sol, les facilités d'extraction et de déplacement des blocs
devaient entrer en ligne de compte ainsi que les positions des monu-
ments déjà construits dans le voisinage, ou tout au moins de ceux
qui n'étaient point masqués aux vues par d'importants obstacles
naturels, collines, rochers ou forêts.
Nous savons que les flancs des tertres — encore existants —
étaient généralement faits de matériaux résistants et bien liés, mais
ignorons comment était constituée la partie centrale, celle-ci étant
actuellement occupée par la chambre; il est assez probable que
cette partie était moins soigneusement préparée, comme devant être
ultérieurement déblayée, et qu'on laissait s'écouler un certain temps
entre l'achèvement du tertre et les autres travaux pour que les maté-
riaux subissent un tassement naturel par leur propre poids.
Les blocs supports une fois extraits du sol, dégrossis (1) et amenés
à pied d'œuvre, la suite des opérations pouvait se dérouler dans
l'ordre que je vais indiquer.
a) Tracé de la chambre et préparation des implantations. — D'après
le nombre et les dimensions des blocs disponibles, on déterminait,
sur le tertre, le contour qu'il était possible de donner à la chambre,
en raison du genre de tracé choisi, circulaire, à galerie ou sans
galerie.
Puis la partie centrale était encavée, non toutefois jusqu'à la base
du tertre (2), et une fosse continue — ou plusieurs fosses devant cor-
respondre chacune à un support — creusée à la périphérie de l'exca-
vation ; des pierres de calage y étaient au besoin déposées et forcées.
b) Mise en place des supports. — Les supports étaient successive-
ment montés à flanc de tertre et descendus par basculement (3), de
façon que leurs pieds viennent reposer dans les emplacements déjà
préparés ; il était relativement facile, au moyen de cordes ou de
leviers, ou même à bras d'hommes, de les amener en position à peu
près verticale et de les y consolider. La régularité du contour de la
chambre dépendait évidemment des soins apportés au tracé primitif
sur tertre, et à celui de la rigole d'implantation, ainsi qu'à la liaison
des matériaux sur les bords de l'excavation; un tassement artificiel
devait compléter les effets du tassement naturel, au moins dans cette
région.
(1) Certains supports ornés sur des faces latérales (Mané Rutual, Locmariaquer)
ont été forcément gravés avant implantation.
(2) Une excavation profonde aurait occasionné dans la suite un inutile travail
de remplissage; voir-ci-après.
(3) Yoir ce qui a été dit précédemment au sujet du dressage des Menhirs.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 411
Nous n'avons pas de preuve palpable à porter à l'appui de cette
hypothèse ; mais l'examen de nombreux supports tend à lui donner
quelque vraisemblance; ceux-ci sont en général constitués par des
blocs beaucoup plus larges qu'épais, forme éminemment favorable au
basculement.
Le dallage de fond était probablement mis en place après les sup-
ports (1) et concourait à leur tenue dans la suite des opérations.
c) Consolidation avant recouvrement. — L'ensemble tertre-supports
étant ainsi établi, il importait de le rendre indéformable pendant la
manœuvre des blocs de recouvrement, et notamment d'empêcher le
chavirement des supports à l'intérieur de la chambre, sous l'effort
transversal qui se produisait forcément du fait du hissage desdits
blocs.
La paroi menacée étant la première chargée, et l'autre s'appuyant
sur la masse du tertre, la seule solution possible était de les rendre
toutes deux solidaires : on y arrivait soit par remplissage de la
chambre, remplissage fait de pierres, ou de pierres mélangées de
terre, soit par établissement d'un solide étançonnage en madriers,
s'appuyant sur des supports symétriquement choisis par rapport au
centre ou à Taxe ; le premier moyen paraît le plus sûr, mais aussi le
plus long, l'autre suppose des connaissances en charpentage assez
développées.
Quelle qu'ait été d'ailleurs la solution adoptée, le tertre plus ou
moins défoncé par les premières opérations devait être régularisé et
relevé, son niveau supérieur atteignant ou dépassant le sommet des
plus hauts supports, l'épaisseur des glissières et des rouleaux excluant
tous risques d'arc-boutement : pour les monuments de grande lon-
gueur, une voie de halage pouvait être installée selon cette dimen-
sion, et servir successivement à la mise en place des diverses tables.
Il se peut aussi, surtout si des madriers d'échantillon convenable
se trouvaient à proximité du chantier, que ces madriers aient été
appuyés sur les sommets des faux-supports par leurs extrémités
hautes : les faux supports auraient ainsi constitué un dispositif inten-
tionnel, facilitant après achèvement des travaux, le dégagement des
engins de manœuvre.
d) Mise en place du recouvrement. — C'était incontestablement la
partie la plus délicate des opérations, en raison des poids des blocs
employés, poids généralement bien plus considérables que ceux des
autres éléments, ainsi que de la nature des mouvements à produire,
puis à enrayer à un moment et en un point assez précis.
(1) Ceci s'applique aux dallages eu moyens ou petits éléments ; les dallages
mégalithiques devaient être mis en place pendant les premiers travaux d'édifica-
tion du tertre.
412 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Quel qu'ait été le sens du déplacement prévu, transversal ou lon-
gitudinal, il fallait hisser la table à flanc de tertre et la faire ensuite
passer au-dessus des supports.
Le hissage se faisait, avec ou sans glissières, comme je l'ait dit
précédemment : à un moment donné, la table, amenée à l'aplomb de
la position quelle devait occuper pour reposer sur au moins trois
supports ou saillants, s'en trouvait séparée par l'épaisseur des rou-
leaux de manœuvre.
Le nombre de ceux-ci pouvait, pour cette dernière phase être
réduit à deux (1), placés de part et d'autre des supports prévus
pour la table, et en cas de hissage transversal, en dehors des faces
externes de ces supports, ce qui exigeait une largeur de recouvre-
ment notablement supérieure à celle de la chambre; il en est ainsi
sur presque tous les dolmens, pour ne pas dire sur tous.
Ces dispositions prises, la descente devenait relativement facile ;
il suffisait d'excaver le tertre au-dessous des rouleaux, en enlevant
successivement un certain nombre de ses éléments pierreux : la table
suivait le mouvement des rouleaux et venait, sans ébranlement
violent, se poser sur ses supports.
La même opération se repétait pour les autres tables, s'il en était
prévu; quand toutes étaient en place, le tertre, défoncé pour le
dégagement des rouleaux, avait perdu de sa hauteur primitive, les
sommets des supports étaient ramenés au jour.
Une régularisation de la surface latérale semble avoir été effectuée,
même si le monument devait être enfoui; pour ceux qui ne l'ont pas
été, le doute n'est guère possible sur la réalité d'un arasement
intentionnel et très soigné Le tassement et la cohésion obtenus
avant construction constituaient une garantie sérieuse contre l'action
érosive, même prolongée, des intempéries ; dans ces conditions,
nous voyons vraisemblablement beaucoup de tertres, parmi ceux
qui contiennent une forte proportion d'éléments pierreux, dans un
état peu différent de l'état où ils se trouvaient, le dolmen terminé (2).
Quant au débourrage de la chambre, il ne devait se faire que plus
tard, alors que le monument paraissait avoir pris son assiette défini-
tive ; j'emploie à dessein une expression très vague, aucune évalua-
tion, mois, années et peut être siècles, ne pouvant se justifier par un
argument de quelque valeur ; la rencontre du dallage indiquait le
niveau qu'il eut été imprudeut de dépasser.
(1) On devait, au cours de la manœuvre, en utiliser un plus grand nombre, dont
un au moins à l'intérieur de la chambre : ce dernier pouvait être, au dernier
moment, dégagé par excavation, juste avant la phase ultime.
(2) Un affaissement, s'il s'est produit, n'a pu être qu'un mouvement d'ensemble,
laissant le profil à peu près semblable à lui-même.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 418
Le débourrage prêtait à un certain aléa ; quand les tables étaient
très lourdes, des déformations et même des effondrements étaient à
craindre, si des supports insuffisamment calés étaient mal chargés ;
aussi trouve-t-on, dans quelques dolmens, des supports intérieurs,
généralement placés dans la partie la plus large de la chambre.
Certains de ces supports ne touchent pas la face inférieure de la
table sus-jacente (galerie de Brenniles, Pierres plates de Locma-
riaquer) ; d'autres ont prouvé leur utilité en consolidant une table
qui s'est brisée sous la charge du tumulus de recouvrement (Grugou
en Plovan, Finistère, N C).
Ces derniers sont au nombre de deux et placés dans le sens de la
longueur de la galerie ; leurs grandes dimensions sont orientées de
la même Jàçon ; à Brennilis et aux Pierrres plates, au contraire,
l'unique support intérieur barre partiellement la galerie comme si
les constructeurs, tout en installant une consolidation, avaient voulu
ménager, dans la partie la plus reculée du monument, une sorte de
réduit, d'accès plus difficile que le reste.
Il convient d'ajouter que, dans le cas, assez fréquent, où les sup-
ports latéraux ne forment pas paroi continue, une sorte de parement
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Fig 2. — Table des Marchands, à Locmariaker [d'après un croquis de M. L. Bonneau]. —
Coupe médiane et Elévation de la paroi S. W. — Ce croquis montre les supports et faux-
supports, ain-i que le tertre de construct on — A, muret établi tout récemment.
S, S, Niveau approximatif du sol naturel. — Echelle de 0^0075 pour 1 mètre.
en pierres assez peu volumineuses garantissait la chambre contre
les infiltrations des matériaux du tertre ; le parement ne s'élevait
que jusqu'au niveau supérieur de celui-ci, sauf, naturellement, en ce
qui concerne les monuments prévus pour l'enfouissement, où il
montait jusqu'à la face inférieure des tables.
On ne saurait trop insister sur l'importance de ce parement :
dans les dolmens découverts, mais encore inexplorés et dont la
chambre s'est comblée dans la suite des temps, il peut indiquer quelle
était primitivement la hauteur du sommet du tertre de construc-
tion.
414 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Les monuments à tables ne sont point les seuls édifices préhisto-
riques à ossature mégalithique complète ; un autre type, représenté
par deux spécimens bien nets et un troisième plus confus, semble
localisé au Finistère.
M. P. du Chatellier, qui a signalé ceux de Castel Ruffel (N C) en
Saint-Goazec et de Lesconil (N C) en Poullan, leur donne le nom de
« galeries en pierres arc-boutées » ; il qualifie d'autre part de demi-
dolmen le monument de Kersidal (N C), en Plameur, dont la partie
moyenne correspond à ce type, tandis que les extrémités semblent
d'un dolmen ordinaire, dont les tables auraient disparu.
Lesgaleries de Lesconil (1) et de Castel Ruffel sont relativement bien
conservées; la première possède encore son cromlech de soutènement,
en blocs larges et minces, plantés de champ ; le tertre de construc-
tion est assez abîmé, mais reste bien visible; il est en bien meilleur
état à Castel Ruffel où, par contre, le cromlech n'est pas apparent.
Dans chacune de ces galeries, les blocs formant l'une des parois
viennent s'arc-bouter sous les blocs de l'autre à des distances varia-
bles des sommets : l'arc-boutement se fait toujours dans le même
sens.
Ces monuments d'un type si particulier sont intéressants à étudier
parce que leur mode de construction ne prête pas à discussion ; un
tertre allongé a été édifié, sur lequel les blocs les plus petits ont été
présentés à leur inclinaison définitive, puis fortement calés. Les
grands blocs hissés sur l'autre, ont été appuyés sur les têtes des
premiers ; et le tertre encavé sur ce flanc, au-dessous des pieds, jus-
qu'à ce que ceux-ci viennent prendre calage sur le sol résistant ou
soutenu.
Il suffisait, pour l'équilibre ultérieur, que ce calage fut bien réalisé
et que les régions en contact de la dalle accorante et de la dalle
accorée se trouvent nettement au-dessus du centre de figure de cette
dernière.
L'utilisation de la chambre ainsi formée nécessitait évidemment
un débourrage des matériaux du tertre initial; c'est une conclusion à
laquelle nous a déjà conduit l'étude des conditions d'établissement
des dolmens ordinaires.
Je ne puis apporter aucune preuve indéniable à l'appui des hypo-
thèses qui viennent d'être énoncées ; mais j'estime que les faits d'ob-
servation suivants contribuent à leur donner une sérieuse vraisem-
blance.
(1) La Galerie de Lesconil, en granit, a 16 blocs inclinés et 2 de fermeture; le
cromlech de soutènement en comprend 27; elle mesure intérieurement 12 mètres
de long sur lm20 de largeur. — Celle de Castel Ruffel est de même longueur, mais
plus large; elle est de grès silurien.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 415
1° Les pieds des supports pénètrent dans le sol ou dans la base du
tertre, bien au-dessous de la couche archéologique. Ceci a été cons-
taté pour tous les dolmens de quelque importance ; il y a donc eu
creusement intentionnel de leurs implantations.
2° Le dallage mégalithique, quand il existe, contribue à la tenue
des supports, qui s'appuient sur sa tranche. Cette disposition consti-
tuait une garantie de solidité très avantageuse ; elle se remarque
surtout dans les très grands monuments du Morbihan, qui paraissent
représenter le plus haut degré de perfection de l'Architecture préhis-
torique (1).
Un dallage en éléments moyens, mais bien tassés, comme ceux
des couches inférieures des tertres, répondait à peu près au même
but, moins parfaitement toutefois.
3° Les dessous de tous les blocs-tables ont des formes planes ou à
très grand rayon de courbure, et régulières, c'est-à-dire se prêtant
bien au transfert sur rouleaux ; les faces supérieures sont au con-
traire souvent accidentées ; quand au pourtour on y voit fréquem-
ment des arêtes vives, causes inévitables d'accrochages et d'arc-
boutements sur les sommets des supports, si les précautions définies
précédemment n'avaient pas été prises.
On est frappé, en examinant quelques dolmens, du contraste entre
les parois intérieures et les dessous de tables, bien dégrossis et
paraissant taillés ou au moins piqués, et les faces externes des divers
éléments ; parmi ces faces, les dessus de tables sont de beaucoup
les plus frustes.
Cette dernière constatation soulève un difficile problème, celui du
choix des blocs employés pour les recouvrements ; dans les régions
sédimentaires ou gneissiques, dans les formations feuilletées, grani-
tiques ou granulitiques, des dalles naturellement inclinées par les
plissements géologiques attiraieut forcément l'attention ; dans d'au-
tres lieux, des blocs, perchés sur socles argileux ou constitués par
des parties rocheuses décomposées, fournissaient d'excellents
éléments.
L'extraction de carrière devait être exceptionnelle, dans ces
derniers terrains à cause de l'aléa qu'elle présentait ; l'inconvénient
résultant de l'éclatement (2) d'un bloc de forte épaisseur n'était pas
très considérable, s'il s'agissait d'un menhir projeté ; la question
(1) La Galerie du Mané Lud en est un des exemples les plus remarquables, avec
cette circonstance particulière des objets précieux déposés sous le dallage (Explo-
ration Z. Le Rouzic).
(2) Des coins de bois, introduits dans les fissures d'une rocbe, même très résis-
tante, puis mouillés, suffisent à provoquer l'ouverture de ces fissures sur une
grande profondeur.
416 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
était tout autre pour des tables. Aussi voit-on, dans la riche région
mégalithique de Porspoder, les dolmens érigés en bordure des
traînées de boules granitiques.
Un dessus de roche de fond à surface régulière devait parfois
inciter au retournement; mais la manœuvre paraît trop délicate pour
avoir été acceptée comme solution courante (1), surtout en ce qui
concerne les blocs de recouvrement de grande masse ; ceux-ci n'ont
pas été retournés, selon toutes probabilités. Cette manière devoir est
confirmée par l'extrême rareté des Gravures sous tables, même dans
les monuments à supports ornés, rareté que ne justifierait pas la
difficulté d'exécution, résultant de la position de l'artiste, celui-ci
opérant après mise en place de la table.
Je ne connais que deux exemples de telles gravures au trait; ce
sont l'ensemble « quadrupède-hache de labour » de la Table des
Marchands (2; ; et la figure dite scutiforme du Mané Rutual. Dans la
même commune, Tune des tables du dolmen de Kervrès porte à sa
face inférieure de nombreuses cupules : d'après leurs positions par
rapport aux supports, les gravures ont pu être entièrement faites,
alors que la construction était achevée.
4° Quelques tables d'énormes dimensions, dépassant de plusieurs
mètres la paroi de la chambre, sont aujourd'hui brisées en deux par-
ties : les bords des cassures sont très nets et pourraient être remis
en contact assez parfait.
Telles sont les grandes tables des dolmens du Mané Rutual et du
Mané Lud. Le tertre du premier est assez restreint comme hauteur ;
mais celui du second est bien conservé; il est beaucoup moins élevé
que le tumulus de recouvrement qui le prolonge vers l'Est.
Dans l'un et l'autre cas la table aurait dû protéger la masse sous-
jacente contre l'érosion atmosphériques et recevoir soutien de cette
masse. Si la rupture s'est produite, elle a pu être consécutive à l'ara-
sement intentionnel dont j'ai parlé précédemment; ces tables étant
relativement minces et le granit qui les forme de qualité assez
médiocre, tout porte à faux notable était dangereux ou pouvait le
devenir.
(A suivre).
(1) On conçoit que cette manœuvre ait pu se faire, pour des blocs de poids
modéré, par basculement et renversement en tranchée, la première partie de
l'opération étant analogue à celle décrite pour les menhirs ; la 2e nécessitant l'em-
ploi de cordes; la manœuvre devait être repétée, en sens inverse, si l'on voulait
utiliser la table après dégrossissement du dessous primitif.
(2) Le Rouzic et Gh. Keller, 1910.
V / 7
SÉANCE DU 23 DECEMBRE 1915
Présidence de M. LE BEL.
I. — PROCÈS-VERBAL DE LA SÉANCE
M. le Secrétaire donne lecture du Procès-verbal de la séance du
24 Novembre 1915. — Le Procès-verbal est adopté.
A propos du Procès-verbal, des notes ont été envoyées par
M. Desforges, Marcel Baudouin, etc. — Elles sont insérées plus loin.
Correspondance.
Lettres d'Excuses. — MM. A. Guébhard; — Edmond Hue; —
A. Viré; — L. Jacquot.
Lettres diverses. — Gh. Peabody (Etats-Unis); — E. Patte (Serbie).
Bibliothèque.
La Société Préhistorique Française a reçu les Ouvrages suivants
de MM. :
Ballet. — A propos des Eolithes du Puy-Courny [Extr. Mém.S. P. F., t. III,
1915, p. 92]. — Tiré à part, Le Mans, 1915, in-8% 15 p., 1 flg.
Magni (Dr A.). — Il Gaslè di Ramponio. Il primo Castelliere scoperto in Lom-
bardia, in Val d'Intelvi (Como). — Gomo, 1915, in-8°, 72 p., 22 fîg.
Hommage à la. Science Française.
Le Bureau de la Société Préhistorique Française a reçu la lettre sui-
vante, adressée au Secrétaire général :
Mon cher Collègue,
Un petit mot de souvenir et de bienveillance pour Noël ne vous fera pas de
mal, en ces temps tristes !
Gomme j'ai la nostalgie pour votre France bien-aimée et pour les amis et
confrères, je voudrais bien trouver une fouille préhistorique à exécuter quelque
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE. ?8
418
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
part en Franco, de façon à me trouver encore une fois sur le terrain où je pro-
fère travailler.
Acceptez, pour vous-même et pour tous les Préhistoriens qui se souviennent
de moi, tous mes vœux pour 1916 : La France Viclorieuse\
Pr Charles Peabody
(Harvard University, Cambridge, Mass ).
Le Conseil d'Administration de la Société Préhistorique Française,
adresse à notre savant collègue, M. le Pr Peabody, ses très vifs remer-
ciements pour les sentiments que cette lettre exprime d'une façon si
noble.
I>on« aux Collections de la S. F*. F*.
M. le Dr A. Guébharo envoie à la Société Préhistorique Française
pour ses collections, trois petits
instruments, en pierres vertes,
polies, dont deux de la forme dite
« haches », mais d'un usage pro-
bablement tout différent, étant
données leurs petites dimension»,
0m053 et 0m038 de plus grande
longueur, 0m035 et 0m030 de tran-
chant, presque droit dans la plus
petite, remarquable par le brillant
de son poli, légèrement incurvé
dans l'autre , malheureusement
ébréchée. — La troisième pièce,
plus petite encore (0m035 de long
sur 0m018 de large et 0m008 à
peine de plus grande épaisseur), de
la section triangulaire aiguë, pré-
sente la forme, certainement rare
en cette substance, d'un prisme
mince, affilé en ciseau à son extré-
mité et en couteau sur l'arête de
l'angle dièdre formé par la ren-
contre des deux faces planes, soi-
gneusement polies, séparées par
un dos simplement dégrossi, qui
rappelle celui de nos modernes
rasoirs.
Les deux premières pièces proviennent d'Éoulx (Basses-Alpes), la
seconde du Petit-Ray au, commune de Gastellane (Basses-Alpes),
3.
Fig. 1. — Fragment de Hache polie, ayant
pu être utilisé comme petit ciseau ou
tranchet. — Echelle : 2 fois Grand, nat. (1).
Légende : A, B, Longueur réelle de l'ob-
jet. — CD, Coupe suivant le croquis ci-
dessus.
(1) Ce dessin a été exécuté au double de la grandeur réelle de l'objet,
\u sa petitesse.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 41 9
toutes de la proximité d'une petite Enceinte, inédite, sise au Teil, sur
un contrefort de la montagne de Destourbes, à 1150 mètres d'alti-
tude.
Collections de la S. P. F\
Grâce à l'initiative de notre collègue, M. J.-B. Colleu (Gollinée,
Gôtes-du-Nord), les pièces suivantes ont pu entrer, par achat direct,
dans les Collections de la Société Préhistorique Française :
1° Casse-tête, légèrement naviforme, recueilli à Langourla, canton
de Gollinée (Gôtes-du-Nord) ;
2° Pendeloque percée en Silex clair (Galet roulé), trouvée au
hameau de Boissy, commune de Penguily, canton de Moncontour
(Gôtes-du-Nord) [Pièce très rare et très belle].
3° Fragment de pointe de poignard, en Silex translucide, proba-
blement du type La Bonnetière, à taille du Grand Pressigny ou Pressy-
gnyenne, provenant du hameau de Mirel, commune de Flencé-Jugan,
sur les confins du canton de Gollinée.
Ces pièces sont celles signalées dans une note précédente (1) de
M. Colleu.
Membres Donateurs.
Sont proclamés Membres Donateurs de la Société Préhistorique Fran-
çaise MM. R. Langlassé (Puteaux, S.) et Paul de Givenchy (Paris),
auteurs de dons supérieurs à cent francs [Art. II des Statuts].
Délégués de la S. P. F1.
M. Bossavy (Versailles), membre du Conseil d'Administration de la
Société Préhistorique Française, est nommé Délégué pour le Départe-
ment de Seine-et-Oise de la Société Préhistorique Française,
Missions scientifiques.
M. F. Kessler (d'Alsace), actuellement à Marseille, est chargé, sur
sa demande, d'une Mission préhistorique à Marseille [Etude des pièces
préhistoriques des Musées de Marseille],
Présentations et Communications.
A. Guébhard (Saint- Vallier-de-Thiey, Alpes-Maritimes). — Deux
Hachettes polies et un débri poli des Basses-Alpes.
(1) Bull. Soc. Préh. France, Par., 1915, N° 11» p. 382.
420 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇA*"
Marcel Hémery (Oise). — Découverte d'objets de l'époque gauloise à
Tracy-le-Val (Oise), au cours de Travaux militaires.
Marcel Baudouin (Paris). — Enquête sur les Tdrauds Néolithiques .
— Discussion : A. de Mortillet ; E. Taté , ^.ossavy.
Georges Poulain (Eure). — Sur la destination d'une catégorie d'Ou-
tils en Silex : époques Magdalénienne et Néolithu e. — S ur un *lartedu-
hache trouvé dans l'Eure (Fig.).
D. Estaunié (Montagnac, Algérie). — Note sur le C. attciri fJov,-
culés oranais .
Dr Jousset de Bellesme (Nogent-le-Rotrou). — Nôu. :aux Polis-
soirs à La Perrière {Orne).
A. Brasseur (Gournay, Seine-Inférieure). — Note sur le" Percuteurs
en Silex.
A.-L. Harmois (Paris). — La Pierre d'attente des Morts de Brix
[Manche).
Nécrologie.
M. Bout de Charlemont (Hippolyte), de Marseille (B.-du-R.),
décédé le 2 juin 1915. — Il avait publié plusieurs notes dans notre
Bulletin et est l'auteur de nombreux Mémoires sur l'Archéologie pro-
vençale.
II. — NOTES, DISCUSSIONS ET PRISES DE DATE.
Discussion sur les Casse-têtes.
MA. Desforges. — La note parue sous mon nom dans le der-
nier Bulletin (N° 11 de novembre 1915, p. 381), renferme trois
erreurs matérielles : 1° Le casse tête, en calcaire, de M. Soudan
(de Luzy) est entier ; mais il est semi- navifo.rme. 2° Celui du Musée
de Saint Germain, catalogué « Grand Marteau en pierre, trouvé à
Moulins (Nièvre), porte, non le N° 31.125, mais bien le N° 31.121.
3° Enfin je doute que ce Marteau provienne de Moulins (Nièvre); je
le crois plutôt de Moulins (Allier). La note en question me fait dire
le contraire.
Découvertes Préhistoriques en Serbie
(Vallée du ¥ardar) Guerre d'Orient].
[Prise de Date].
M. E. Patte (Chantilly, Oise). — J'ai eu le plaisir de faire quel-
ques découvertes, au point de vue préhistorique, dans la vallée du
^oiÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 421
Vardar, où j'ai reconnu trois stations, Néolithiques toutes trois, je
pense. Le silex paraît fort rare dans le pays ; et il n'y a que la pre-
mière station que j'ai reconnue qui m'en ait fourni : une sorte de
Grattoir ou Tranchât, taillé sur les deux faces avec talon réservé;
et un petit éclat, peut-être paléolithique, car il est roulé. La deuxième
ne m'a fourni qu'un pçtit Disque, en quartz opaque.
Ces deux striions tort voisines contiennent des éclats, en général
assez informes, de quartz, dont beaucoup sont certainement taillés,
ïisième station située bien plus au Sud-est, à 50 kilomètres
des d^*.- /aères, ne m'a pas fourni de silex; elle m'a donné plu-
sieurs pièces intéressantes : une hachette, en roche qui s'effiloche en
brins d'amiante; une herminelte incomplète en roche noire verdâtre;
une lame pointue en jaspe rouge, à texture assez grossière. En dehors
de ces trois roches, je n'ai trouvé que du quartz taillé plus ou moins
nettement, et de la Poterie ; cette dernière est de tous les âges et de
toutes les dimensions ; il y en a certainement de toutes les époques,
Néolithique, Bronze, Fer, jusqu'à nos jours : ce qui n'aurait rien
d'étonnant, étant donné la situation de la station sur un petit piton
escarpé, presque isolé, au confluent du fleuve et d'un ruisseau. Posi-
tion forte que les Balkaniques n'avaient pas manqué d'occuper en
1912 ou 1913 (et dont les tranchées m'ont, du reste facilité, sinon
permis, les recherches). J'ai recueilli quelques échantillons de Poterie
primitive; en particulier un fragment portant un mamelon avec
embryons de perforation. Je me propose de continuer les recherches
en ce point et sur les crêtes voisines.
Découverte d'Objets de FRpoque Gauloise à
Tracy-le-Val (Oise), au cours de Travaux mili-
taires.
[Prise de Date].
M. Marcel Hémery (Oise), caporal. — J'ai l'honneur de signaler à
la Société Préhistorique Française la découverte faite au cours de cet
été, dans des conditions plutôt malheureuses, de vases et de diffé-
rents objets en fer et en bronze, particulièrement d'armes, que, d'après
les renseignements qui m'ont été donnés, je n'hésite pas à déterminer
comme étant de la Période gauloise. Ces trouvailles ont été faites par
des soldats, en exécutant divers travaux de terrassement dans les
bois situés à l'Est du château de Tracy-le-Val (Oise), arrondisse-
ment de Gompiègne [l'emplacement est marqué sur la carte (Fig. 1),
par une croix X].
Ce qui donne plus d'importance à cette trouvaille, c'est la proximité
de la riche station néolithique de Nampcel, que j'ai visitée longue-
422 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
ment pendant plusieurs années, avec notre dévoué collègue, M. Bou-
tanquoi.
Malheureusement, ces trouvailles si importantes ont été anéanties,
car il ne s'est trouvé personne pour pouvoir mettre en sûreté ces
objets si précieux et donner des détails sur leurs emplacements et
© l % i
Fig. 0. — Les environs de Tracy-le-Val <Oise), près Compiègne.
leurs positions. Ils sont restés exposés sur le bord de la tranchée pen-
dant plusieurs jours, jusqu'à ce que les obus les aient détruits.
Je tiens ces renseignements d'un officier, qui se trouve dans ce
secteur et qui se désintéresse malheureusement des découvertes
archéologiques. — Il serait à souhaiter que pareil fait ne se renou-
velle pas.
Enquête sur les Tarauda ou Fraises
Néolithiques.
M. Marcel Baudouin. — Jusqu'à présent, il semble qu'on ait
assez mal compris, défini et décrit un Outil, qu'on pourrait désor-
mais, en Préhistoire, appeler Taraud ou Fraise.
Mais, pour plus de clarté, nous nous en tiendrons ici à l'étude du
Taraud ou de la Fraise Néolithique, car c'est surtout à l'époque
de la Pierre polie que l'on a dû avoir à se servir d'un tel instrument,
soit pour agrandir les petits orifices exécutés sur le bois ou l'os
d'abord au Perçoir, ou réaliser des trous énormes relativement, des-
tinés surtout à l'emmanchement des gros outils perforés, dont la
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 423
perforation n'a pas du être obtenue par le Forage au roseau [Forage
cylindrique d'emblée] ou qu'on n'a pu percer au début [Roches très
compactes], malgré l'emploi de la percussion et du forage au bois.
Il est bien évident qu'on ne doit pas appeler Tarauds les outils qui
ont une forme pointue, parfois très aiguë, mais souvent aussi assez
mousse, auxquels jusqu'à présent on a réservé le nom de Perçoirs
(pour la pierre) et de Poinçons (pour les objets en os surtout)!
Mais, où la difficulté de diagnostic et de détermination commence,
c'est lorsqu'il s'agit d'établir la distinction avec certains Grattoirs,
fins et allongés, parfois assez épais et même presque cylindriques,
sur bout de lame, plus ou moins étranglés et ayant par exemple une
extrémité large et non pointue de plus de 0m005, pour prendre un
repère artificiel.
A mon avis, on doit classer, dans les Fraises ou Tarauds [à bois
ou à os], les instruments de cette sorte, à une double condition: 1° que
les bords de la pointe, assez mousse, présentent des éclats d'utilisation
sur environ 0m010 de hauteur et davantage; 2° et que le silex soit
presque aussi épais que large (0m005/0m005). — Sans cela, il n'aurait
pu servir à transpercer ou fraiser, sans se briser de suite.
Certes, il y a des outils plus larges que 0m005. Il y en a qui ont
0m010 et 0m020 et plus; mais, avec une épaisseur de 0m005 à 0m010,
on a une résistance suffisante pour pouvoir percer le bois et des
planches assez épaisses.
J'en ai fait plusieurs fois l'expérience. A condition de débuter par
un fin Perçoir solide, on arrive vite par Fraisage à faire, dans le bois,
une Cupulette de 0m005 de diamètre ; et, dès lors, tout Taraud ou
Fraise, bien solide et bien conditionné, permet d'obtenir des orifices
atteignant 0m020 et plus. Cela même dans le Granité (1), lorsqu'il
est un peu friable et a été préparé au préalable par une forte Percus-
sion.
Je sais très bien que la dénomination Taraud, utilisée dans le
sens où je l'emploie, ne vaut pas grand chose, parce qu'à l'époque
actuelle le terme Taraud implique l'idée de pas de vis, qui, au sens
propre de ce dernier mot, ne peut pas exister avec des instruments en
pierre. Mais, à mon sens, il vaut autant que celui de Fraise, trop
moderne; et je n'ai que ce choix, car il n'y a pas de meilleur mot, à
ma connaissance, pour l'opération que tout le monde connaît désor-
mais, et pour le sens que j'ai indiqué ci-dissus.
(I) Expériences exécutées à l'Ile d'Yeu(V.) sur le terrain même pour les Cupules;
— à Croix-de-Vie (V.), pour les Objets de Bois et d'Os.
424 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
En effet, l'étymologie des termes Tarière et Taraud ne fait pas du
tout intervenir, comme on le croit, l'idée de Pas de vis. En effet tara,
en sanscrit (de la racine tr), signifie simplement traverser ou passer à
travers (en écartant un obstacle ou autrement [dara (trou) [Burn.].
Par conséquent nous avons donc absolument le droit de main-
tenir le terme français Taraud, adopté jusqu'ici, d'autant plus qu'il
vient du Gaulois (1).
D'ailleurs, les silex dont on se sert en l'espèce finissent par pré-
senter sur ses côtés des Encoches, très nettes et distinctes, qui arri-
vent à simuler un Pas de vis, et qui, sans doute, dès l'époque des
Métaux, ont dû faire songer d'abord au Taraud et à la Tarière métal-
liques, puis à la Vrille, et enfin au Tire-bouchon et à leurs dérivés.
Recherchons maintenant, dans les ouvrages classiques, ce qu'on
a pu dire des Tarauds et des Fraises. Nous n'y trouvons au demeu-
rant que des données des plus vagues et très rares !
G. et A. de Mortillet, par exemple, dans Le Préhistorique, se
bornent à parler des Perçoirs et des Poinçons paléolithiques ou non ;
aucun article n'est consacré aux Tarauds, qui, pour ces auteurs,
n'existent pas [Cf. A. de Mortillet] (2).
Dans le Musée préhistorique des mêmes savants, une Planche
(N° XLII) est bien consacrée aux Perçoirs et Poinçons Robenhau-
siens; mais le mot Taraud n'y est pas prononcé non plus!
Dans le Manuel de J. Déchelette, le mot Taraud n'existe pas
davantage à la Table des Matières et il n'en est pas question dans les
descriptions qu'il donne dans son premier volume. L'outil est
mélangé avec le Perçoir.
Dans Y Age de la Pierre de John Evans, on trouve bien un article
« Foret » ; mais il ne se rattache guère qu'aux poinçons, perçoirs
et alênes. — Toutefois, plusieurs des figures qui illustrent ce cha-
pitre sont à mon sens de vrais Tarauds ou des Fraises, et non pas
des Forets (Fig. 231 et 232). D'ailleurs, cet auteur a écrit lui-même :
« Il est douteux que l'on puisse classer au nombre des Forets les
instruments 231 et 232... ». Et il y voit des pointes de flèches,
alors que je crois plutôt à des Tarauds emmanchés, hypothèse que
d'ailleurs il a indiquée lui-même (p. 320).
(1) En gaélique, on a thar, à travers ; en irl., lar; en welsch, trwy ; en anglais,
through.
(2) A. De Mortillet. — Le travail de la Pierre aux Temps préhistoriques . —
Rev. de l'Ecole d'Anlhrop., Paris, 1910, N° 1, Janvier. — Tiré à part, Paris,
1910, 51 p., 18 fig.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 425
En réalité, le Taraud ou Fraise a été, jusqu'à présent, totalement
négligé par les auteurs classiques. On n'a songé qu'aux Perçoirs.
Il est pourtant des instruments spéciaux, qui ne sont plus de
vrais Perçoirs, parce qu'avec eux il serait très difficile, et même
impossible, d'attaquer directement le Bois, Y Os, et surtout la Pierre
tendre ou attendrie, mais auxquels il faut donner un nom!
Depuis que l'étude technique des Sculptures sur Rochers et en
particulier des Cupules Néolithiques a été poussée assez loin, cette
nécessité de la Fraise ou du Taraud s'impose, d'autant plus que le
Perçoir classique serait insuffisant même pour la fabrication des
Cupulettes d'une part, et que, d'autre part, les grandes Cupules,
coniques et profondes, n'ont pu être faites qu'avec un instrument de
ce genre, très résistant, et en pierre dure. Un travail, au foret en
Bois, n'aurait pas pu suffire.
Il y a donc un intérêt réel à rassembler ici tout ce qu'on sait
aujourd'hui sur cet outil. J'y convie les Membres de la Société
Préhistorique Française, de façon à pouvoir ultérieurement ébaucher
une étude d'ensemble, impossible à tenter aujourd'hui, avec les
trop rares documents connus.
M. A. de Mortillet prend la parole à ce sujet.
M. Marcel Baudouin insiste sur les faits suivants. On a perforé
les Casse-têtes par le procédé du Forage cylindrique et par le pro-
cédé des Cupules hiconiques. Il est facile d'en donner des preuves. —
Même pour ce qui a trait aux Cupules, on a pu parfois opérer ainsi,
en ce qui concerne les instruments en pierre.
Qui plus est, certaine de ces sortes de Cupules ont simplement
été faites pour permettre une bonne prise de F Outil (Cavités digi-
tales), et non pas pour obtenir des trous complets, comme je l'ai
prouvé (1).
Mais comment obtenait-on ces Cupules? Evidemment par Per-
cussion au début ; puis par Usure ou fraisage ou taraudage, soit à l'aide
d'un Outillage en bois [bâton, eau, sable, etc ], soit peut-être aussi à
l'aide d'un Outil en pierre ! ,
Est-il bien certain que l'Outil en pierre Taraud n'a jamais
existé, comme on le dit. — Tout ce qu'on a raconté jusqu'ici ne
le prouve pas du tout.
M. Bossavy (Versailles). — Le Maillet d'Yvré-le-Polin, dont j'ai
publié la description dans nos Bulletins (2), a été travaillé par le pro-
(1) Bull. Soc. Préhist. France, 1913, N6 1, p. 54.
(2) Bull. Soc. Préh. France., 1906, p. 25.
426 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
cédé du creusement à la Cupule, en ce qui concerne le commen-
cement de perforation qu'il présente. *I1 est d'ailleurs analogue au
procédé utilisé pour les pièces des communications de M. Marcel
Baudouin, dont la description a paru aussi dans le « Bulletin », et
dont l'une provient de la Collection L Bonnemère (1).
Sur la destination «l'une catégorie d'Outils en
Silex des Epoques Magdalénienne et Néoli-
thique.
Georges POULAIN (Eure).
Les Préhistoriens se sont souvent demandé à quoi pouvaient bien
servir les Grattoirs en général. D'aucuns ont affirmé qu'ils étaient
affectés à la préparation des peaux d'animaux tués à la chasse; d'au-
tres... ont avoué leur ignorance en la matière. C'est alors que —
ainsi que le disent spirituellement G. et A. de Mortillet dans le
Musée préhistorique —
les adversaires de la
Paléoethnologie ont
dit avec ironie « que
les Préhistoriques de-
vaient avoir joliment
à gratter » !
Le complet accord
n'est donc pas encore
établi, pour donner à
ces instruments , si
abondants dans nos
stations, une destina-
tion certaine.
Je ne parlerai ici
que de certains Grat-
toirs, longs, très communs dans le Magdalénien {Fig. 1 ; I) et qui se
retrouvent, par l'effet de la persistance des formes industrielles à
travers les âges, dans le Robenhausien (Fig. 1 ; II).
Ce qui m'a mis sur la voie de l'opinion que je professe à leur égard ,
est la découverte, à la surface du sol, dans les terres labourées du
hameau de Mestreville, commune de Saint-Pierre-d'Autils (Eure),
d'une sorte de tarière, représentée sur la Fig. 1, au N° III. — Avec
cet outil, j'ai sans peine perforé une planche de sapin de 0m0150
Fig. 1. — Outils divers. — I, Grattoir Magdalénien; —
II, Grattoir Néolithique ; — 111, Taraud Néolithique.
— Echelle : 3/4 Grandeur nat.
(1) Bull. Soc. Préhist. de France., 1906, p. 242.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 427
d'épaisseur d'un trou parfaitement cylindrique. Bien en main, son
extrémité rendue coupante par des retouches savantes (1), il creuse
fort bien et rapidement le bois, faisant l'office d'une « mèche » en
acier, mue par un vilebrequin.
J'ai pensé alors que nombre de lames-grattoirs devaient, elles
aussi, donner — emmanchées solidement — le même résultat. La
Fig. 1 (N° II) est un Grattoir long, néolithique, de même prove-
nance.
Je serai trop heureux si cette petite expérience intéressait nos
collègues de la Société Préhistorique Française.
Gontomporainéilé des armes en bronze et des
armes en pierre»
PAR
L. JAGQUOT (Grenoble).
Puisque mon malheureux ami C. Viré n'est plus et que son fils,
qui devait mettre à jour son travail, a été tué à l'ennemi, je demande
à son frère aîné Armand, l'autorisation de publier ici, sous forme de
note, une observation intéressante, dont il n'a peut-être pas connais-
sance et que Camille m'a faite sur place, il y a plus de quinze ans de
cela.
Dans la région de Bordj-Ménaïel (province d'Alger) existe une
belle ruine romaine, Drâ Zeg-et-Tir, située à peu près à mi-distance
de Bordj (à l'Est) et du village des Issers (2) (à l'Ouest), mais assez
au Sud de ces deux localités. Drâ indique en langue arabe une colline
allongée et peu haute. Celle-ci est bordée du côté du Sud par des
escarpements à pic, mais elle descend en pente douce dans la plaine
du côté du Nord. A l'Est et à l'Ouest ce sont des gradins d'accès
difficile. La ruine occupe toute la partie supérieure du dra. La pente
Nord est coupée à mi-hauteur par une plate-forme naturelle sans
traces de construction, c'est à- dire complètement extra-muros.
Camille Viré, en explorant Drâ Zeg-et-Tir, a trouvé sur cette ter-
rasse des pointes de flèches en bronze, des balles de fronde en terre
cuite et des armes en silex, notamment des pointes de flèches. Voici
l'explication qu'il m'a donnée de ce mélange de types d'armes dispa-
ra'.es qui, considérées à part, sembleraient les unes appartenir à
1 Age du Bronze et les autres remonter à l'Age de la Pierre taillée.
(1) A remarquer : ces retouches sont traitées de même façon que celles des lames-
gr iltoirs. Le revers de l'instrument est plat, un peu évidé même.
(2) Le nom d'oued Isser, ce petit fleuve Kabyle, est à rapprocher de celui de
loaed Isser, rivière du Sud de l'Oranie, et aussi de l'Isère en Dauphiné, comme de
l'Vsser belge désormais historique, et de l'Jser issue de Bohême.
428 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
« Les soldats ou les vétérans romains, qui habitaient dans la bour-
gade de Zeg-et-Tir, étaient pourvus d'armes en bronze ; les indigènes,
qui occupaient la plaine et les hauteurs voisines, ne possédaient,
eux, que des armes en silex. La situation était analogue à celle de
nos premiers postes militaires, dont les soldats étaient armés de
fusils à capsule, tandis que les Indigènes n'avaient encore que des
moukelas à pierre. A une époque indéterminée, ceux-ci ont essayé de
prendre le burg (2) d'assaut et se sont élancés sur les pentes Nord.
Parvenus sur la plate-forme, ils s'y sont ralliés pour poursuivre leur
mouvement en avant ; mais la garnison les a criblé de traits, et les
assaillants ont perdu là de nombreux guerriers. Ces morts accumulés
sur un même point peuvent expliquer la présence simultanée des
flèches en bronze, lancées par les défenseurs, et des flèches en silex,
perdues par les blessés. On voit donc qu'il faut être très circonspect,
quand on veut déduire d'une époque par le seule découverte d'objets
habituellement classés dans un âge ou dans l'autre d'après leur
nature ».
Cette réflexion de Camille Viré m'est revenue souvent à l'esprit en
voyant des lames de sabre et des pistolets datant de l'époque de
Louis XIV ou de Louis XV et saisis ou trouvés entre les mains
d'arabes de notre époque. Ce synchronisme est bien fait pour
dérouter les archéologues! Et ce n'est rien, n'est ce pas, à côté des
mélanges que la guerre de tranchées amènera forcément dans la
région du Nord-est...
Note sur un Ciseau néolithique et plusieurs
Haches polies Néolithiques, provenant de la
Guyane Française.
PAR
A.-L. HARMOIS (Paris).
Pour faire suite au travail si intéressant que vient de publier
M. de Givenchy sur. les Ciseaux néolithiques en France, je vous en
présente un de la Guyane Française. Il a été rapporté par
M. Laveau, explorateur de cette Colonie, qui l'a trouvé lui-même sur
les bords de la rivière Aroua, affluent du Maroni. Cet outil en
serpentine a 0m110 de longueur ; sa largeur au tranchant qui est un
peu oblique par suite du travail est de 0m014 et son poids de
(1) En langue arabe bord/ (souvent prononcé borge) est une construction
civile, solidement (pi. bordjii) édifiée ou un poste de commandement; les habi-
tante d'un bordj sont des borgia. A rapprocher de Bourg, Bourges, Burgos, Bûrg,
Bruges, etc.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 429
110 grammes. Il est iusiforme dans sa longueur et ovoïde dans son
épaisseur ; ses diamètres au centre sont de 0m027 et de 0"'020. La
base est plane; plusieurs esquilles enlevées laisseraient supposer que
l'on s'en servait en tapant dessus avec une sorte de maillet.
M. Laveau a vu en place les Polissoirs, qui servaient à polir les
haches et ces ciseaux.
Les pièces polies sont très rares aujourd'hui à la Guyane Fran-
çaise ; et il faut aller fort loin dans les terres pour en rencontrer.
C'est principalement sur l'emplacement de très anciens villages,
détruits ou abandonnés depuis fort longtemps, que l'on trouve des
Haches polies, ou dans les criques formées par les rivières. — Après
plusieurs années d'exploration dans notre Colonie, M. Laveau n'a
rapporté qu'un seul exemplaire de schiste taillé, du type Saint
Acheul; il a 0m120 de longueur; trois Haches polies : une en quartz
et deux en diorite.
1° La première très massive a 0m110 de longueur, 0m045 de lar-
geur au tranchant et 0m040 à la crosse ; son épaisseur est de 0m035 au
centre et de 0m030 à la crosse. Ses bords sont parallèles- avec une
légère courbure vers la crosse et le tranchant.
2° Hache polie, brisée, en diorite de la même forme que celle ci-
dessus. Sa largeur est de 0m048 ; son épaisseur à la cassure est de
0m030. Ses bords étant parallèles, nous ne pouvons donner sa longueur.
3° Hache polie à épaulements ; elle est en diorite ; sa longueur est
de 0m055 ; sa largeur à la corde du tranchant qui est rond est de
0m035. Les bords sont incurvés à partir du tiers de la hache; ce qui
lui donne une largeur de 0m030 et à la crosse une de 0m040 ; son
épaisseur à cette place est de 0m020 et de 0m015 au centre.
4° Un morceau de diorite polie, en forme de hache, mais non
aiguisé. Sa longueur est de 0m147, sa largeur à la corde 0'"060 et à
la crosse 0m030 ; son épaisseur au centre est de 0m030 également.
Nous avons pensé qu'il était utile de signaler ces quelques
spécimens de l'âge de pierre dans notre Guyane et nous rendons
hommage à M. Laveau, qui a rapporté en France ces témoins du
passé qui sont de plus en plus rares.
Sur quelques Coutumes locales, superstitions*
survivances antiques» légendes, de
la Bretagne.
fÀft
A.-L. HARMOIS (Paris).
Relevailles. — Dans les Côtes- du-Nord en particulier, la tradition
de faire dire une messe aux femmes relevant de couches existe
430 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
encore. Elles portent à l'église deux brioches, destinées à être
bénites ; elles en remettent une au prêtre et avec l'autre elles font le
tour du village en offrant un morceau dans chaque ménage.
Récoltes. — On plante encore le jour des rameaux un buis dans les
pièces de terre pour protéger la récolte.
Feux de Joie. — La veille de la Saint-Jean, le soir, dans toute la
Bretagne, on allume de nombreux feux de joie, lesquels pour la
plupart du temps sont bénits et le feu y est mis par le curé de la
commune. Lorsque le feu est terminé et qu'il n'y reste plus que
quelques tisons, les garçons et les filles sautent par dessus. En ren-
trant chez soi, chaque habitant emporte un tison qui est déposé
précieusement dans la maison, pour préserver de la chute du ton-
nerre, et, d'une année à l'autre, ce tison est brûlé avec la bûche de
Noël.
Au pardon de Notre-Dame-de-Quelven (Morbihan), un ange des-
cend du clocher et vient allumer le feu de joie.
Pendant très longtemps le clergé breton a présidé ces fêtes des
Solstices, qui remontent à la plus haute antiquité. Les processions de
nuit à la lueur des torches et des lanternes se font encore à ces
mêmes époques. A Nantes, c'était autrefois celles de la paroisse de
Saint-Nicolas. Actuellement Saint- Brieuc et Guingamp rivalisent
encore pour leur procession de nuit.
La Quenouille. — Dans beaucoup d'églises de Bretagne on voyait
et on voit encore des quenouilles couvertes de lin ou de chanvre, qui
sont placées près de la statue de la Vierge. Cette quenouille est
présentée généralement par les parents du futur à la jeune mariée.
C'est pour l'inviter au travail et ensuite ces quenouilles toutes
garnies sont vendues à l'enchère le jour de la fête patronale du pays,
au bénéfice de la fabrique. Un long article a été publié à ce sujet
dans le Folklore Breton. (A suivre).
La Céramique des I*alafîttes
du Lac du Bourget (Savoie).
{Note additionnelle).
PAR
L. COUTIL (Eure).
Parmi les ouvrages qui se sont occupés de la céramique des Pala-
fittes du lac du Bourget, nous en avons mentionné déjà un de A. Per-
rin ; mais nous avons oublié de citer trois autres articles de la Revue
Savoisienne, journal publié par la Société Florimontane d'An-
necy.
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SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 431
Dans le numéro du 25 février 1873 (p. 9 et 10), l'article porte le
titre : Palafittes du lac duBourget ; croissants en terre (1), chenets. Il est
accompagné d'une planche, reproduisant quatre croissants complets
(Fig. 2, 8, 9, 12) et cinq fragments (Nos 1, 4, 5, 10, 12) ; les numéros
4, 5, 6, 7 de cette planche proviennent de la station de Grésine ; tous
sont ornés de dessins en creux ; nous avons reproduitun de ces frag-
ments sur notre Planche VIII, Fig. 8, et trois croissants complets,
Nos 20, 21, 22, tous au musée de Chambéry. Dans la même revue
(N° du 27 avril 1873, p 28 et 29), une seconde note est consacrée à
Y industrie du potier; elle n'offre rien de spécial.
L'année suivante, dans le numéro du 30 janvier 1874, p. 1, 2, 3,
Perrin a publié un Essai de classification des vases lacustres d.i Bour-
get ; il a décrit les différents types recueillis et il a insisté sur les for-
mes types du Bourget ; elles correspondent à celles qui figurent sur
notre Planche IV: vases à base ronde ou pointue, en terre fine, grise
ou noire, souvent ornée de lignes ou de dessins géométriques. C'est
le meilleur article de A. Perrin ; aussi tenons nous à le rappeler, car il
date de 1874 ; s'il n'a pas insisté sur la céramique en couleur, c'est
qu'à cette date, on ne connaissait pas les spécimens de la Suisse, de
l'Alsace et de l'Allemagne du Sud ; s'il n'a pas fait de rapproche-
ments avec les nombreuses poteries ornées de bandes d'étain, c'est
que les urnes de Corneto n'étaient pas découvertes. Il a joint à son
intéressant essai de classification une planche, lithographiée par J.
Blériot (2) et imprimée chez lui; car il est utile de rappeler que c'est
chez lui que les séries de lithographies consacrées aux Palafittes du
Bourget ont été éditées, et c'est aussi à lui et à Rabut que l'on doit
la réunion et la restauration des nombreux vases, qui constituent la
très remarquable série exposée au musée de Chambéry. Ce n'est
que justice de terminer cette étude, en associant les noms de Rabut
et Perrin, qui ont mis en valeur nos célèbres Palafittes du Bourget.
(1) Pour l'étude des croissants en terre cuite, lire l'étude de Von 0. T.<chumi.
Vorgeschichtliche Mondbildcr und fcucrbocke, Bern. 1912. 45 p. fig.
(2) Nous reproduisons cette lithographie sur notre Planche XII; nous aVonâ
ajouté à notre dessin plusieurs vases et objets, oubliés par Perrin, ainsi qu'une
perspective des stations lacustres
432 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
III. — ARTICLES ORIGINAUX
Les Sculptures pédi formes, les Cavités ovoïdes
et les Cupules du Rocher ÇX° 1) de La Devallée,
à La Nolandière, en l'Ile d'Yeu (V.).
Par M. le D'
Marcel BAUDOUIN.
Définition. — A l'Ile d'Yeu (Vendée), au lieu dit La Nolandière,
existe un gros Rocher fixe, qui présente des Sculptures, d'ordre varié
(Fig. 2).
Je lui ai donné le nom de La Devallée (Rocher N° I), pour le
distinguer d'autres pointements rocheux du voisinage, où il y a
aussi des sculptures analogues (1).
On voit, sur ce pointement de granité assez volumineux (Fig. 2),
une Cavité pédiforme, que j'ai reconnue en 1908, peu après avoir
découvert les « Empreintes de Pied » du Dolmen de Gatine, à l'Ile
d'Yeu (Fig. 5); puis deux Cavités ovoïdes, analogues à celles de La
Roche- aux- F ras (Fig. 6), que je considère comme des Cavités pédi-
formes très frustes; et, enfin, des Cupules, au nombre de six.
Ce mémoire sera consacré à la brève description de ces neuf
sculptures.
Topographie. La Nolandière (2) se trouve à 1 kilomètre environ
au sud du Bourg de Saint-Sauveur, sur le côté Ouest de la route
qui va aux Corbeaux, un peu au Sud-ouest des Martinières, sur le
flanc Est de la Butte de la Guette (Fig. 1), à l'altitude de 25 mètres
environ. — Le champ du rocher s'appelle La Devallée, en raison de la
pente du terrain à cet endroit (3); il est placé sur le bord même du
chemin.
(1) Marcel Baudouin. — Le Rocher à Cupules et Rigoles (N° II) de La Devallée,
à la Nolandière, de l'Ile d'Yeu {Vendée). — A. F. A. S., Congrès du Havre,
1914, 649-663, 8 Fig. — Paris, 1915, in-8% 16 p., 8 Fig.
(2) Il est assez difficile de donner une étyniologie pour ce terme, qui ne corres-
pond à aucune maison.
Peut-être s'agit-il d'une ancienne ferme, ou habitation, détruite depuis longtemps,
dont le propriétaire s'appelait Noland ? — Peut-être Noland n'est-il même qu'une
corruption de Roland} Ce qui serait plus compréhensible. — En effet, on connaît
beaucoup de Rolandière, de Rolande (Baume-la-Rolande, à Niort ; etc.), etc. ; mais
très peu de Nolandière.
(3) Déballée, mot patois vendéen signifiant en effet: « pente, côte, descente a ;
du verbe devallcr, descendre.
J'ai trouvé le mot ainsi orthographié : Devalaye {Ann. Soc. Em. Vendée,
1913, p. 5).
çjMjLtJb
. 1. — Le Cenlre cultuel du Sud de l'Ile d'Yeu (Vendée), au niveau de la Butte de la
Guette. — Echelle : 1/20.000 [D'après la Carte, inédite, à courbes de niveau, du Génie
maritime].
Légende: I, Sabot d'Equidé et Cavité ovoïde du Grand Chiron [Est]. —II, Sabot
d'Equidé du Chiron Brulin [Ouest]. — P, Rocher à Cupules de La Devallée (N°II). —
III, Sculptures de Pied humain de La. Devallée (N° I) [Centre des Sculptures].
Le Grisé correspond à une altitude de 25 à 30 mètres et est limité par une ligne repré-
sentant la courbe de niveau de 25 mètres, plus accentuée. — On voit que la Butte de la
Guette correspond au sommet le plus Sud de l'île, prolongeant de ce côté le point cul-
minant central (Ker-Viroux, 35 mètres) .
434 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Historique. — J'ai signalé cette trouvaille, faite en 1908 au cours
de mes excursions dans l'île à la recherche des Sculptures sur
rochers, dès 1908, en ces termes, d'ailleurs peu exacts (1) et trop
vagues :
a) Découverte. « Pierre de La Dévoilée. Roche dressée, libre (2),
de forme irrégulière ; au sommet Ouest de la roche la plus
élevée du groupe, un grand Pied et une Cupule (3) ; sur le même
rocher, autres Cupules éparses, à la face supérieure. Une plus
allongée, ovoïde, ressemblant presque à un petit Pied (0mlP, de
long) (4). Total : Cinq Cupules (5) et deux Pieds (6). Moulage du
Grand Pied et de la Cupule voisine. Photographie. Découverte de
1908... »
I. Rocher. — Le Rocher N° I de La Devallêe, que j'étudie ici,
est une masse de granité, correspondant autrefois à un pointement
marqué et allongé de l'Ouest à l'Est. Mais, aujourd'hui, il semble
presque détaché du sous-sol par une faille horizontale, presque
complète, isolant le bloc (Fig. 2).
Toutefois, on doit considérer cet ensemble comme un Rocher
encore fixe f car il n'a certainement pas pu être remué depuis l'époque
néolithique. Par conséquent les Orientations qu il nous fournit peu-
vent être considérées comme bonnes à utiliser. En forme de parallé-
lipipède coudé (Fig. 3), il mesure au moins 2m90 de longueur
Est-Ouest et près d'un mètre, du Nord au Sud. Son grand axe va
donc du Levant au Couchant. — Il est surélevé d'au moins lm50
sur le sol du champ (Fig. 2). — A l'époque néolithique, il devait
être presque Nord-Sud, au contraire (7).
II. Sculptures. — C'est sur sa face zénitale, c'est-à-dire supé-
rieure, d'ailleurs très irrégulière (Fig. 2 ; A-B), que se trouvent
toutes les Sculptures. — Je n'en ai pas remarqué sur les flancs de
la pierre, où il ne doit pas y en avoir.
A. Situation. — Cette surface peut se diviser en deux parties
(Fig. 3) : a) une Ouest (A-B), où se voient le « Pied}> et six Cupules,
(1) Marcel Baudouin. — Découvertes de Rochers gravés et de Pierres à Cupules
à Vile d'Yeu {V.). — Homme préhist., Par., VI, 1908, N° 12, 360-369 [Voir p. 366].
Tiré à part, in-8°, 1908 [Voir p. 9]. — Le Vendéen de Paris, 1909, Avril, p. 1-3.
Tiré à part, 1909, in-8° [Voir p. 6].
(2) Je disais alors, en note (N° 2) : « Cette roche provient sûrement d'un ancien
Rocher fixe, qui ne paraît pas avoir été déplacé, mais qui est devenu libre sous l'in-
fluence des gelées, c'est-à-dire spontanément, il y a relativement peu de temps >».
(3) Notre Cupule N« IV.
(4) Cavité Ovoïde N° IX.
(5) En réalité, il y a là Six Cupules, ordinaires.
(6) En réalité trois Pieds, si Ton compte comme Cavités pédiformes les Cavités
Ovoïdes.
(7) Par suite de la Déviation précessionnelle.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 435
dont la grande Cavité ovoïde (N° III) ; b) l'autre Est (B-D), séparée
de la précédente par une fissure, verticale (BB'l, du granité, divisée
elle-même en deux régions par une autre fissure (C-C), parallèle à la
précédente, chacune de ces deux parties portant une sculpture
(la huitième et la neuvième) (1).
B. Etude technique. — a) Pour étudier ces sculptures, j'ai d'abord
exécuté un Décalque, très précis, de l'ensemble des cupules de la
Partie Ouest de la face zénithale du Rocher, où Six Cupules sont
groupées, autour du Pied, après avoir déterminé et indiqué à la
craie, sur le granité, la ligne méridienne magnétique, repère tou-
Fig. 2. — Le Rocher Fixe N° I de La Devallée, à l'Ile d'Yeu (V.). — Phot. Marcel
Baudouin [1908], exécutée à l'Ouest. — Vue de l'extrémité Sud de la Face Nord-Ouest. —
Echelle : 1/30 environ.
Légende : Ou, Face Nord-Ouest; — B B', Fissure verticale du Pointement rocheux, isolant
la partie Sud A-B, de l'autre, Nord ; — H, Flanc Ouest ;— A-A', Face Sud du Rocher ; — D\
Situation du Grand Pied ; — Mo, Dispositif (Pierrailles : p, pi), utilisé pour la prise de la
contre-empreinte en plâtre de la Sculpture pédiforme et d'une Cupule.
jours indispensable en ces matières ; mais j'ai égaré ce décalque et
n'en ai retrouvé qu'un schéma (Fig. 3).
b) Puis j'ai procédé au Moulage de la Cavité pédiforme (N° I) et
d'une Cupule voisine, en l'espèce la plus importante (Cupule N° IV),
située au Sud-est du Pied (Fig. 2; Mo).
J'ai opéré comme d'ordinaire, en limitant la partie à mouler par
des pierrailles (Fig. 2 ; p, p1) et en prenant la contre-empreinte au
plâtre.
(1) Sur un rocher isolé, très voisin (N° V), il existe une 10e Cupule, sans inté-
rêt, que nous n'avons ni repérée ni mesurée.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
437
Tl ;
Cette opération n'a pas été trop difficile, malgré sa complication
dans un endroit comme l'Ile d'Yeu.
I. Description du Pied de La De-
vallée. — 1° Situation. — Cette
Cavité pédiforme est située au Sud-
ouest de la région Ouest du rocher
(1), toutes les autres Sculptures étant ^,[ \_.ct!
à Y Est, c'est-à-dire du côté du Soleil
Levant : ce qui semble déjà indiquer
un rapport entre cette œuvre humaine
et le Culte Solaire, le Nord Néoli-
thique étant jadis presque en D (Fig. 3 ;
Nn).
2° Orientation. — Le grand axe
du Pied fait avec la ligne Nord-sud
magnétique un angle d'environ 12°,
ouvert à l'Ouest (Fig. 3; I).
a) Si nous calculons sur cet angle
de l'Azimuth Ouest, pour atteindre
le Point solaire le plus rapproché à
l'Ouest, c'est-à-dire 54° [Coucher au
Solstice d'Eté], à l'Ile d'Yeu, nous
constatons qu'il manque : 54° — 12°
= 42°.
Comme la Déclinaison magnétique
est ici de 17° au moins, il reste,
comme Déviation précessionnelle : 42°
— 17° = 25°. Et, comme le maximum
de cette Déviation est de 23° 30', il
y aurait donc là une erreur de 25°
— 23°30' -= 130' : ce qui n'a rien
d'exceptionnel (2).
b) Dans ces conditions, le talon
étant du côté du Nord, la plante du
pied regarde le Lever du Soleil au
Solstice d'Hiver, c'est-à-dire à 126°
Néolithique [avec une Déviation pré-
cessionnelle maximum].
Le « Pied » donne donc la Ligne
Solsticiale Sud-Lever, la Brumalis des Latins (Aulu-Gelle)
Plante au Lever.
(1) C'est-à-dire au Couchant.
i2j D'autant plus qu'en 1908 — époque de la prise d'Orientation — la Déclinai-
son magnétique pouvait très bien être de 19°30' (au lieu de 17°) : ce qui rédui-
rait l'erreur des Néolithiques à 0°.
Type de Sculpture pédiforme,
profonde, plus grande que
nature [Pied de Géant].
Fig. 4. — Le Grand Pied de La
Devallée 'Rocher N° I), à La No-
landière Ile d'Yeu, V.). — Echelle:
1/4 Grandeur [D'après un Décalque,
1908] .
Légpnde : I, Plan [Décalque du Po-
cher] ; — II, Décalque de la Coupe,
longitudinale, du Moulage en plâ-
tre; — D. d., Pied droit; — Ta,
talon ; — PI, Plante ; — Or, Orteils ;
— N, m. Nord magnétique; — LL'
L", L'", Grand axe du Pied [Angle
Ouest : 12"]; — Cp. Cp' ; Ci Ci', Ct-
Ct\ Coupes ! grisé) transversales
du Moulage en plâtre, au niveau
de la Plante, du Centre et du Ta-
lon; — T, T\ Talon (Petit axe ; —
P, P', Plante (Petit axe) ; — I, F,
Axe entre T. et PI.
avec
438 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Cette Orientation, qui semble indiscutable, me permettra d'expli-
Fig. o. — Les deux Pieds gauches de la Table du Mégalithe de Gatine à l'Ile d'Yeu (Ven-
dée). — Echelle : 1/2 Grandeur. — Légende : A, Le Grand Pied. - B, Le Petit Pied.
— XIII, Cupule voisine de B; — T, talon; — P, PP. Plante; — a', b'; centre de la
Cupule de talon; — a'-, b-, centre de la Cupule ovoïde (Plante). — L, longueur du grand
axe; — m, n, corde de concavité interne; — c, d, flèche mesurant cette concavité; —
F, Concavité; — M' N', Convexité; — O, Contact des Cupules d'origine; — Pr, Profon-
deur; — D, diamètre; — E. g, Côté gauche.
q:ier tout à l'heure la présence des Cupules, qui entourent la Sculp-
ture pédiforme, car, en partant de cette donnée, l'ensemble de la
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 439
Figure devient des plus clair et aussi démonstratif qu'aux Pierres
de Saint-Roch, à Menomblet (Vendée).
3 Dimensions. — Les dimensions du Pied de La Devallée sont les
suivantes (Fig. 4).
a) Longueur maximum [Grand axe] = 0m340.
( j Longueur maximum = 0m108.
b) Largeur \ ' I Largeur maximum (Centre) = 0m084.
( b) Talon : Largeur maximum = 0m090.
c) Profondeur : Orteils = 0m031 ; — Plante (maximum) = 0m027;
— Centre = 0m023; — Talon — 0m017.
Comme on le voit, il s'agit d'un Pied beaucoup plus grand que
nature, et beaucoup trop étroit pour sa longueur. — Il ne faudra donc
pas s'étonner si, ici, les Indices anatomiques ne sont pas respectés!
C'est le type des Pieds dits de Géant, de Gargantua, d'Hercule,
etc.
4° Indices. — Les Indices anatomiques sont :
Indice soléo-podalique : 108 X 100 : 340 = 31,76.
Indice talo-podalique : 90 X 100 : 340 = 26,47.
Indice talo-soléen = 90 X 100 : 108 = 83,33 (1).
Par suite, nous sommes en présence d'une Sculpture très fruste,
mais dont l'aspect pédiforme est pourtant aussi indiscutable qu'à
Gatine (Pied N° I) (Ile d'Yeu), dont les indices sont très compa-
rables (Fig. 5).
Ce fait explique les Empreintes pédiformes, dites Géantes, de
divers pays d'Europe [Russie (2) ou Asie (3); etc.] et fait bien
ressortir et leur possibilité et leur ancienneté.
5° Caractères généraux. — L'aspect pédiforme est indiscutable;
mais ici le bord interne est droit, sans concavité; une faible con-
cavité correspond à la partie inter-talo plantaire, du bord externe
(Fig. 4; l. Ci).
On remarquera que la Cupule voisine [le N° IV] est aussi pro-
fonde que le Pied et très belle, d'aspect tronc-de-conique, plutôt
qu'hémisphérique. Elle est sûrement une annexe de la Sculpture
pédiforme. Le pied est à 0m10 environ du bord Ouest du Rocher
{Fig. 3).
a) Côté. — Il s'agit d'un Pied du coté droit ; ce qui est bien indi-
qué d'une part par le bord droit, situé à YEst, et, d'autre part, par
l'a pïc des parois, qui est plus marqué de ce côté que de l'autre, sur-
tout au niveau des Orteils (Fig. 4; Cp', Ci').
(1) 31,76, au lieu de 40; — 26,47, au lieu de 27,33; — 83,33, au lieu de 73,30.
(2) Pied d'Hercule (Hérodote), etc.
(3) Pied de Bouddha, au Pic d'Adam (Geylan), etc., etc.
440 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Il est impossible de dire ici s'il y a inversion de la Gravure;
mais, cependant, étant donné ce qui s'observe ailleurs, il y doit s'agir,
en réalité, de la représentation d'un Pied gauche.
b) Constitution. — Nous
Fig. 6. — La Roche-aux-Fras,
à l'Ile d'Yeu (Vendée^. — Le
Pas du Fradet. — Echelle :
1/4 Grandeur.
Légende : P. G., Pied gauche.
— Ta, Talon ; — PI, Plante ;
— I, Cupule du Talon ; — II,
Cupu'e de la Plante; — Lo,
Grand Axe. — Jo, Pont de
Jonction des Cupules I-N; —
F, F', fond de la Cavité ; —
Co. I. Ta, Coupe transversale
au Talon (Grisé) ; — Co, II.
PI., Coupe transversale à la
Plante (Grisé); — Co. 0. Jonct.,
Coupe transversale au milieu
de la Cavité Ovoïde;— Co. Lo,
Coupe longitudinale (Grisé).
avons procédé à des Coupes, transver-
sales et longitudinales, du Moulage en
plâtre du Pied, pour pouvoir étudier la
constitution de la Sculpture; nous les
reproduisons ici en partie (Fig. 4; Cp,
Ci, Ct).
Cette cavité a été fabriquée par le pro-
cédé des Cupules,
a) Le Talon correspond à une Cupule
circulaire, de 0m090 de diamètre et de
0m15 à 0m18 de profondeur, avec paroi
interne un peu plus à pic (Fig. 4; Ct.).
Celle-ci est tangente à une Cupule de
la Plante.
b) La Plante est formée de deux
Cupules, tangentes, ovoïdes ou allongées,
de 0m120 et 0m130 de longueur, placées
l'une à la suite de l'autre. Après l'abla-
tion des ponts rocheux de séparation, on
a régularisé le fond de la cavité (Fig. 4;
II) ; mais on ne semble pas les avoir
polies, comme à La Roche aux Fras
(Fig. 6).
La cavité est fruste en effet et à grains
de granité parfois très saillants, comme
pour les Pieds de Gâtine (Fig. 5) ; mais
peut-être le Polissage a-t-il disparu sous
l'influence du séjour de l'eau, par décom-
position de la roche.
L'un des Pieds de la Vierge de Saint-
Coulitz (Finistère) [Fig. 7 ; b] devait y
ressembler.
II. Description des Cupules. — Les Cupules, qui accompagnent le
Grand Pied de la Devallée, sont, au total, au nombre de Huit.
Mais, comme nous n'en avons décalqué que six, nous serons obligé
de ne nous appesantir que sur celles là. — Il s'agit de Huit Cupules,
dont six sont du type classique et deux un peu spéciales ; ces der-
nières, en réalité, constituent des Cavités Ovoïdes, du type de celles
de La Roche aux Fras (Fig. 6). -
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 441
Etudions ces Cupules, numérotées de II à IX, le Pied portant le
N° I dans l'ensemble des Sculptures.
1° Etude des Cupules. — La Cupule N° III est au Nord magnéti-
que du Pied, sous un angle de 12° vers l'Est. Elle semble bien conti-
nuer au Nord le grand axe du Pied ; mais on ne peut pas l'affirmer,
car cet angle de 12° semble, en effet, un peu élevé pour corres-
pondre à une simple erreur de l'artiste sculpteur, qui, dans cette
hypothèse, aurait reporté sa Cupule trop vers l'Est (1).
Elle est en tout cas du type hémisphérique et peu profonde (Fig. 3).
2° La Cupule N° 111, située à l'Est du N° II, est au Nord-Est du
Pied. Nous verrons tout à l'heure que c'est elle qui donne le Nord
néolithique, car la ligne qui la réunit au Talon du Pied fait un angle
de 42° avec la Méridienne magné-
tique (Or : 42" + 12° = 54°). Elle est
du même type, quoique un peu plus
profonde, que la précédente.
3° La Cupule N° IV, du type tronc-
de- conique, vu la largeur de son
fond (0m040) et sa profondeur
(0m035), est au Sud-est du Pied.
Elle se trouve sur une ligne faisant
environ 48° avec la Ligne méri-
dienne. Or : 42° + 48° = 90°. —
C'est donc là une cupule donnant
la Ligne équinoxiale. tig. r _ Les Pieds de ]a Vierge> de
4° Les Cupules Nos V et VI, mi- Saint-Coulitz (Finistère) et les Cavités
de Kermorvan (a) (Finistère). —
llUSCUleS, forment un groupe à élé- Echelle: Î/IO. — Cliché Guénin. —
ments très rapprochés et réunis par £ie(?st de Saint-Gouiitz. -L'une des
^r .='.■■ -, Sculptures ressemble au Pied de La
un petit Canal de Conjugaison. Devaiiée.
Elles sont très petites, comme si
ces deux cupules en remplaçaient une grande, unique ; elles sont
placées sur une ligne faisant un angle d'environ 36° Ouest au nord
de la ligne précédente. — Or cela précise leur signification, car 36°,
c'est l'Angle équinoxio-solsticial. Elles donnent donc la Ligne
Solsticiale Nord-Lever (Solsticialis des Latins).
5° La Cupule N° VII est une Cupule Ovoïde, sur laquelle il faudra
insister plus loin. Elle est assez éloignée, vers l'Est, de l'ensemble
précédent (environ 0m50). Elle est très proche du bord Est du
Rocher et opposé au grand Pied, du côté du Levant. C'est une
Cavité pédiforme fruste {Fig. 3).
(1) Jusqu'à présent, nous n'avons pas pu expliquer cette Cupule, à moins de la
s apposer voulue dans le prolongement de la Solsticiale Sud-Lever.
442 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
6° La Cupule N° VIII est encore plus à l'Est, à 0m60 de la précé-
dente environ et presque au contact aussi du bord de la pierre. Elle
est du type hémisphérique et moyenne.
7° Quant à la Cupule N° IX, c'est une autre Cavité Ovoïde, plus
petite, dont le grand axe semble bien parallèle, comme le N° VII, au
grand axe du Pied N° I. Elle se trouve très loin (à au moins
1 mètre) vers le Levant, près du bord Nord-est du Rocher et au
niveau de la précédente.
Pour moi ces deux Cavités Ovoïdes (VII et IX) sont bien des Cavités
pédi formes.
2° Dimensions. — Voici les dimensions des Cupules ; elles sont
assez considérables. — a) Cupules ordinaires :
C N° II = 0m085 X (M)10. Solstice d'Hiver [Coucher].
C. N' III = 0'«075 X 0m015 [Nord].
C. N" IV = 0-100 X 0m035. Equinoxe [Lever].
C. N° V = 0-050 X 0IB006 ) c , ., ,,„,. [T ,
C. No VI = 0^050 X 0-005 { SolstlcedEte V***\
C. Nu VIII = 0«'080 X 0m020 Solstice d'Été [Lever].
b) Canal de Conjugaison VI-V = 0m,025 X 0m,'015 X 0m,002.
c) C Ovoïdes. — C. ovoïde N° VII = 0m150 X 0m095 X 0m020.
Solstice d'Hiver (Lever).
C. ovoïde N° IX = 0m110 X 0m80 X 0-015 Solstice d'Hiver (Le-
ver).
Comme on le voit, les Cupules sont d'autant plus importantes, en
diamètre et en profondeur, qu'elles représentent des phases solaires
plus en rapport avec celle qu'indique le « Pied ».
On doit même conclure de là que les Cavités Ovoïdes Nos VII et
IX ne sont en réalité que de petits Pieds ; d'ailleurs les Orientations
de leurs grands axes sont exactement les mêmes (12° Ouest) que celle
de la Sculpture pédi forme N° I.
Par suite, ce sont les analogues de certaines Cavités Ovoïdes de La
Roche aux Fras (1) (Fig. 6), qui sont presque semblables et appa-
raissent parfois comme disposées par paire [P3 et P4] (2).
(1) Marcel Baudouin. — La Roche aux Fras: Pierre à 95 Cupules et 6 Cavités
pédiformes. — Bull. Soc. Preh. Franc , Paris, 1914, N° 12, Dec , p. 484-513, 8 fig.
— Tiré à part, 1915, in-8°, 8 figures.
(2) Marcel Baudouin. — Les Sculptures frustes de Pieds humains : Les Cavités
pédiformes de La Roche aux Fras, etc. — Gand, W. Siffer, 1914, in-8», 27 p., 8 fig.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 443
3^ Distances intercupulaires. — Voici les principales :
/ Cupule VI = ()m25 [6x4 + 0m01j.
T1 ) — II = 0m23[6 X 4 — 0,n01].
11 ) — HI«=0m37[6 X 6 + 0-01].
1° Pied J — VII = 0ra50 [6x8 + 0m02].
N° l ) Plante ( - IV = °">23 [6 X 4 — 0'"01].
I» ■ ) — V = 0m23 [6 X 4 — 0m01].
I — VI = 0m18 [6 X 3].
— VII = 0m58 [6 X 10 — 0m02].
2° Cupules II-III = 0m19 [6x3 + 0ml].
3' Cupules V-VI = 0m06 [6x1].
4° Cupules IV-V = 0*12 [6 X 2] .
5° Cupules IV-VI *=0»15 [6x2+6:2].
6° Cupules III-VII = 0m29 ^6 X 5 — 0m01].
7° Cupules VII-VIII «= 0-60 [6 X 101 .
Comme on le voit, ces mensurations montrent que la Commune
Mesure est ici respectée : très exactement pour les petites distances
(Commune mesure simple, double ou triple) ; avec une erreur de
un centimètre pour les moyennes distances ; et une de deux centi-
mètres, pour les grandes, conformément à ce qu'on observe d'ordi-
naire, au demeurant (1).
Il n'y a pas lieu d'insister davantage, car nous ne connaissons pas
encore la Loi qui régit ces distances dans les Ensembles cupulaires.
4° Lignes Solaires. — 1° Il est facile de voir que la ligne qui réunit
la Cupule N° III et le Talon du Pied paraît bien correspondre à la
Ligne méridienne [Nord-sud Néolithique] .
2° D'autre part, la ligne qui réunit les Cupules Nos III et IV est
parallèle à l'axe du Pied et par suite est la Ligne du Solstice d'Hiver
ou Sud Lever (Brumalis).
11 semble que la Ligne méridienne soit donnée aussi par la petite
Cupule N° IX et la grande Cupule ovoïde N° IV, et même la Cupule
N° VIII, avec la Plante du Pied (Fig. 3) (2).
3° La Ligne équinoxiale est fournie par la ligne : Cupule N° IV —
Plante du Pied.
En effet, cette ligne est perpendiculaire à la Méridienne néoli-
thique, puisqu'elle fait un angle de 50° avec l'axe du pied. Or: 50° +
40' = 90°.
(1) On remarquera que les erreurs 'correspondent surtout au Pied N° I; ce qui
se conçoit.
(2) Mais ceci n'est pas du totfl certain.
(3) Si l'on supposait que le « Pied « est orienté au Soleil à Midi (au lieu du
Solstice d'Hiver), il faudrait admettre une Déviation négative d'au moins 23°30, éga-
lement. — Or cela ferait remonter beaucoup trop haut (20.000 ans) ces sculptures !
— Notre hypothèse est donc la seule admissible, à notre avis du moins.
444
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
4° La ligne du Solstice d'Eté Nord-Lever (Solsticialis) est donnée
par le centre de la combinaison de deux Cupules Nos V et VI, car, si
l'on joint le milieu de leur Canal de conjugaison au centre de la
Plante du Pied, cette ligne fait un angle de 36° Ouest au nord de la
ligne Equinoxiale. — Or 36°, c'est bien l'Angle équinoxio-solsticial
Sud-Lever.
Comme on le voit, toutes les Lignes Solaires sont représentées ici,
avec la Déviation méridienne maximum, exactement comme à La
Roche aux Fras !
III. Nature des Sculptures. — Il résulte de là que nous sommes
en présence d'un Rocher, consacré au Culte du Soleil Levant; que les
trois figures principales : le Grand Pied et les deux Pieds frustes
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F*g. 8. — Le Rocher à Rigoles et a Cupules (N° II) de La Devallée, à l'Ile d'Yeu
(Vendée). — Photog. Marcel Raudouin, exécutée au Sud-Est environ (1).— Echelle:
1/10 environ.
Légende : R, Rl, Grande Rigole Nord-Sud; — B, Rigole Ouest; — C, Rigol? Sud-Est ; —
D, Rigole Nord-Est ; — N, Nord ; — E, Est. — A, A' R', trois parties de la Rigole R ; —
b', c', d', abouchement des petites rigoles sur la grande; — e', a', extrémités de R-R1 ;
— I à XI, Les Cupules; — b, Bec de la Cupule V (Cupule à Bec). — Nm, Nord
magnétique.
Les flèches (g^__^.) indiquent l'inclinaison] des faces Est et Nord du Pointement
Rocheux. — Le mètre (0m80) constitue l'échelle.
(Cavités Ovoïdes ou Plantes seules) (2), sont en rapport avec le Lever
au Solstice d'Hiver et que ces trois sculptures (3) donnent par suite la
ta
(1) Cupules et Rigoles remplies de Plâtre sec, pour accentuer leurs contours
[Procédé personnel].
(2) Ces trois cavités pédiformes semblent alignées d'ailleurs sur la Ligne méri-
dienne Néolithique, en ce qui concerne les Plantes.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 445
Ligne solsticiale Sud-Lever, ici trois fois répétée. C'est donc un
Rocher cultuel, relatif à I'Orient d'Hiver, au Brumalis cTAulu-
Gelle(l).
Quant aux Cupules ordinaires, l'une donne, avec le grand Pied,
la Ligne équinoxiale ; les deux petites la Ligne solsticiale Nord-Lever ;
et une autre la Ligne méridienne, avec le talon dudit Pied. Enfin les
autres correspondent soit à la Méridienne (N° VIII) avec les Pieds,
soit à l'Orient d'Hiver (N° II), quoique cela soit moins certain.
IV. Epoque des Sculptures. — Comme la Déviation précessionnelle
est ici maximum, et exactement comme à la Roche auxFras, j'estime
que ces Sculptures sont assez récentes et datent de 4.000 ans
av. J.-C. environ.
Rocher voisin a Sculptures. — Il est indispensable d'ajouter ici
qu'à l'Est de ce Rocher N° I, à une vingtaine de mètres, se trouve
le Rocher N" II de La Devallée (Fig. 8), qui présente aussi des
Sculptures nombreuses et importantes, dont probablement un
Petit Pied [Cavité Ovoïde : B]. — Or, ce qui domine, sûrement, sur
ce second rocher, c'est le Culte du Soleil Levant a l'Equinoxe,
comme je l'ai montré déjà (2).
Dans ces conditions, le Centre de La Devallée, aujourd'hui
connu, était à peu près complet, en ce qui concerne le Culte
solaire.
Conclusions. — Le Rocher N° I de La Devallée, à une Sculpture
pédiforme, deux Cavités ovoïdes, et plusieurs Cupules, apparaît comme
l'un des Rochers cultuels à Sculptures les plus faciles à débrouiller
qui existent à l'Ile d'Yeu.
En effet, la Divinité, auquel il est consacré, est représentée ici par
des Pieds (Soleil Levant au Solstice d'Hiver, puisque la Plante est à
l'Est), et par des Cupules, qui donnent toutes les autres Lignes
solaires, sans exception.
Il ressort de là qu'au moins dans ce cas les Cupules représentent
bien le Soleil [Symbole : Points et Lignes], comme les Sculptures
pédiformes. — Et il est très probable qu'il doit en être très souvent
ainsi !
(1) Aulu-Gelle. — Œuvres complètes. — Trad. franc. — Paris, Garnier, t. I,
Nuits attiques: Livre II, ch. 22 ["Cf. p. 121], v
(2) Marcel Baudouin. — Loc. cit., A. F. A. S , 1914.
446
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
I„es Gravures pédiformes de la Pierre de Saint
Maurice, à Millay (mièvre).
A. DESFORGES (Rémilly, Nièvre),
Correspondant du Ministère de l'Instruction publique, Instituteur.
A 1500 mètres au N.-E. de la gare de Millay, dans un champ,
appelé les Hauts de Lavault (section B, N° 261 du plan cadastral de
Millay), entre le chemin de fer de Nevers à Chagny et la route
nationale N° 73 de Moulins à Baie, en face de la maison dite Fon-
taine Alêne ou Fontaine
Alâne, sur le flanc Nord
d'une petite colline, à 340
mètres d'altitude, se trouve
un amas de six rochers de
granité (1), désigné sous le
nom de Pierre de Saint
Maurice, et dont l'ensemble
est orienté NNO-SSE
(335°). — Trois de ces ro-
chers, les Nos 1, 4 et 5
{Fig. 1) portent des Gra-
vures du plus haut intérêt.
Le plus gros bloc, et le
plus intéressant, celui du
Nord(N° 1), est incliné, sui-
vant la pente du sol, du
SSE au NNO d'environ 45°.
Il a plus ou moins l'as-
pect d'un menhir renversé,
dont les autres rochers au-
raient constitué les blocs
de calage. Mais la gravure
de sa base ôte toute vrai-
semblance à cette hypo-
thèse.
Fig. 1. — Rochers de la Pierre de Saint-Maurice, à
Millay (Nièvre). — 1 à 6, N°* des Rochers. — A à
E, les diverses Sculptures.
La face supérieure est en dos d'âne; sur le flanc Est de ce dos d'âne
se voient deux Gravures pédiformes.
(1) Granité éruptif de Luzy, contemporain du Permien ou Carbonifère supé-
rieur. Le sous-sol est également formé de granité de Luzy.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 447
La première, au Nord (Fig. 1 et 2), représente un Sabot de Cheval,
parfaitement exécuté, de 0m21 de longueur sur 0m15 de largeur et
0m075 de profondeur maximum.
Le bord, surtout à droite, est évasé. Au lieu d'être en creux, la
partie médiane correspondant à la fourchette, est en relief. Quand il
a opéré, l'artiste avait vraisemblablement sous les yeux un Sabot
évidé, c'est à-dire débarrassé des parties molles.
Cette fourchette est à 0m05 du bord extérieur et mesure 0"15 de
long sur 0m025 à 0m06 de large. Son relief varie entre 0m045 et 0m01
La gravure est orientée O.-E (275° O. ou 95° E.). — Comme on
peut le constater, elle représente un Sabot de Cheval, de très
grande taille.
A 0m30 plus au Sud, se trouve une seconde gravure, figurant un
Pieu de Bœuf, de 0m21 de long sur autant de large {Fig. 1 et 3).
Fig. 2.
Sabot d'Eqoidé A, de la Fig. i. — Le Pas de l'Ane de Saint Maurice. — Echelle
4/4 Grandeur.
Les onglons, qui s'enfoncent obliquement dans la roche, ont de
0m02 à 0m28 de profondeur. L'espace interdigité mesure 0m07 de
hauteur et de 0m005 à 0m02 d'épaisseur. L'artiste, pour obtenir cette
partie médiane, a utilisé une dés veinules de quartz, plus résistantes,
qui traversent la roche . C'est ce qui explique sans doute l'inégalité
448
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
constatée dans la largeur des onglons. Mesurés au sommet de l'es-
pace interdigité, celui de droite a 0™11, tandis que celui de gauche,
plus trapu, n'a que 0m09.
La gravure est orientée de l'ENE à l'OSO (40° Est ou220°S.-O.).
(Fig. 3).
Sur la face SSE de ce même bloc, perpendiculaire à la précédente,
se voit une troisième gravure, placée à 0m20 seulement de la seconde
fàtipe SLUV4CM.? AB
Fig. 3. — Le Pied de BœufB, de la Pierre de Saint-Maurice. — Echelle : 1/4 Grandeur.
et descendant jusqu'au sol. Cette gravure affecte la forme d'un fer à
cheval, très allongé (Fig. 1 et 4). Elle a 0ro30 de long, 0m15 de large
en haut et 0m24 en bas, 0m15 de profondeur à droite et 0m04
seulement à gauche. La partie médiane en relief mesure 0m30 de
long et 0m05 de large.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 449
L'orientation générale est S.-N., avec déviation de 10° vers l'Ouest
(Fig. 4), soit 350° Ouest.
Le bloc N°4 de \aFig. 1, de forme irrégulière, mesure 0m75 de haut
Fig. 4. — Sculpture C, de la Pierre
de Saint Maurice. — Fer à Cheval
très allongé ou Glissade.— Echelle:
1/8 Grandeur.
Fig. 5 — Fers à Cheval D ef E, de la Pierre de Saint Maurice.
— Echelle : 1/4 Grandeur.
Fig. 6.— Sculpture ellipsoïde, qu'on obtiendrait par l'accollement de deux Fers à Cheval D
et E. — Echelle : 1/4 Grandeur.
sur 0m55 de large. Il présente, à 0m10 environ de sa base et à droite, une
gravure, en forme de fer à, cheval, très évasée ayant 0m22 d'ouver-
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE. 30
450 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
ture sur 0m14 de long ; la partie médiane, en relief, a 0m10 sur 0m08 ;
la profondeur de la gravure est de 0m10.
Son orientation est O.-E. avec déviation de 5° vers le Nord
275° O. ; soit 95° E. (Fig. 5).
En face de ce bloc s'en trouve un autre (N° 5, de la Fig. 1), avec
lequel il paraît n'avoir fait qu'un. En effet, à peu près à la même
hauteur du sol et à gauche, se voit la gravure symétrique de la
Fig. 5, mais seulement ébauchée: ce qui indiquerait que la Fig. 5
n'a été creusée qu'après cassure du rocher en deux parties.
Si cette hypothèse est vraie, la gravure primitive sur le rocher
complet aurait donné, non deux fers à cheval, mais un Ellipsoïde,
entouré d'une rainure (Fig. 6).
A 4 mètres au Nord (10° Est) du groupe principal se trouve un
petit rocher isolé, de 0m90 X 0m55 X 0m35, formant satellite.
Fig.l.— Grande Cuvette ou Bassin, avec Bouton central, d'un Rocher voisin X.— Echelle :
1/10. — Légende : A, Bassin ; — B. Bouton.
Sur une face NNO (322°), presque verticale, se voit une gravure,
assez curieuse, ayant la forme d'une Cuvette, à peu près hémisphé-
rique, de 0m27 de diamètre et de 0m15 àOr,,16 de profondeur (Fig. 7).
Au fond il y a une sorte de bouton, deOm055 de longueur sur 0m03
de largeur et 0m06 de hauteur (Fig. 1).
Cet ensemble, si curieux, n'avait jamais été décrit.
Seuls, MM. Gabriel Bulliot, Président de la Société Eduenne
(d'Autun), dans la Mission et le Culte de Saint Martin d'après les
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 451
légendes et les monuments populaires dans le pays êduen (1), et
Lucien Gueneau, Président de la Société Académique du Nivernais à
Nevers, dans son petit livre humoristique sur Monsieur Saint Mar-
tin (2), y font allusion, pour constater que saint Maurice a été
confondu avec saint Martin dans la région de Chiddes (3) et de
Millay !
J'en ai dit moi-même un mot dans un travail d'ensemble sur les
Stations préhistoriques et protohistoriques de la vallée de l'Alaine (4).
Voici la légende qui s'y rapporte. — Elle m'a été contée par
M. Vadrot, ancien adjoint au maire de Fléty, qui avait habité très
longtemps la ferme de Magny, sur laquelle se trouve la Pierre de
Saint Maurice.
« Un jour, saint Maurice et saint Romain s'étant rencontrés sur
le mont Beuvray, joutèrent à qui sauterait le plus loin avec sa
monture. Ils s'élancèrent l'un au Nord, l'autre au Sud de la mon-
tagne. Saint Romain alla choir à Château-Chinon, où l'on célèbre son
culte, tandis que saint Maurice, vénéré à Millay, vint tomber sur le
rocher des Hauts deLavault, où sa monture imprima ses pieds. »
Cette monture devait être un animal singulier, puisqu'elle avait des
pieds d'Équidè et un pied de Bovidé l
Mais j'y songe. Le nom de la Fontaine Alane, qui se trouve non
loin de là, ne nous donne-t-il pas la clef du mystère ? Saint Maurice
devait chevaucher sur un roussin d'Arcadie ; et c'est sans doute la
raison pour laquelle il perdit son pari !
On sait que saint Maurice, chef de la légion thébaine, quand il fut
mis à mort en 246, est considéré comme le patron des guerriers. Il
est certain d'ailleurs que ce personnage, martyrisé dans le Valais,
en arrivant d'Egypte, ne mit jamais les pieds dans le Morvan ! Mais
il était le saint préféré de Saint-Martin, qui, dit-on, portait toujours
sur lui quelques-unes de ses reliques. Il est donc possible que la
Pierre de Saint Maurice ait été catholicisée au ive siècle, lors du
passage de Saint Martin dans la région, pour obliger les popula-
tions à rendre aux nouveaux saints les hommages qui, dans leur
pensée, se rapportaient à un culte beaucoup plus ancien.
Certaines vieilles légendes relatives aux gravures pédiformes
nous montrent qu'au culte des pierres se rattachait celui des Fon-
(1) Mémoire de la Société Eduenne, t. XIX, p. 111 et 112.
(2) Imp. de la Tribune, Nevers, 1900.
(3) Chiddes, commune du canton de Luzy (Nièvre), où se voit un autre Monument
à Gravures pédiformes.
(4) Mém. de la Soc. Acad. du Nivernais, t. XIV, p. 58 et 59.
452 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
taines. On connaît celle de Pégase, faisant jaillir d'un coup de pied
la source de l'Hippocrène. Est-ce qu'un Pégase morvandeau, quel-
que peu facétieux, mué plus tard en saint Maurice, ne serait pas
venu à Millay faire jaillir la fontaine d'en face ?
Mais revenons aux choses sérieuses. On est aujourd'hui à peu
près fixé sur l'âge et la destination de ces gravures sur rochers.
Des groupes de cupules représentant des constellations qui ne
ressemblent pas à celles d'aujourd'hui, ont permis aux astronomes de
calculer la date à laquelle la position des astres correspondait a celle
donnée par les gravures ; et ils ont trouvé que ces gravures avaient
de 5.000 à 7.000 ans.
Par analogie, en prenant l'Orientation exacte des gravures pédi-
formes, en tenant compte de la déclinaison et surtout du phénomène
astronomique de la Précession des Equinoxes, M. le Dr Marcel
Baudouin, secrétaire général de la Société Préhistorique Française, est
arrivé à déterminer approximativement leur âge, qui remonte
parfois à la fin de l'époque néolithique, c'est-à-dire à environ
4.000 ans avant J.-C
Il est également arrivé à démontrer que toutes ces gravures pédi-
formes sont sur les lignes solaires de l'époque (ligne équinoxiale ;
lignes solsticiales : solstice d'été et solstice d'hiver; etc.) (1). L'orien-
tation des gravures de la Pierre de Saint-Maurice ne fait que
confirmer sa théorie.
On doit donc les considérer soit comme les éléments d'un cadran
solaire néolithique, soit plutôt comme « l'indication d'une marche
religieuse vers l'astre du jour » et par conséquent comme les vesti-
ges de l'ancien Culte solaire.
Si Ton compare entre elles les dimensions des diverses Gravures,
on constate que le nombre de 0m07 peut être considéré comme leur
Commune Mesure :
1° Gravure (Fig. 2): longueur 0m21 ou 7 X 3; largeur 0*15 ou
7 X 2 (+ 1); profondeur 0m07 ou 7.
2° Gravure (Fig. 3) : longueur 0m21 ou 7 X 3 ; largeur 21 ou 7 X 3;
profondeur 0,D28 ou 7x4.
(1) M. Baudouin et A. Gousset. Découverte de Gravures de Sabots d'équidés
sur rocher au Pas du Roi, à Saint-Just, près Marennes (Ch. /»/.). VIe Congrès
préh. de France, Tours, 1910. — M. Baudouin. Les Rochers à Sabots d'Equidés
et la théorie de leurs légendes. Congrès int. d'Anihr. et Arch. réh., Genève,
1912, in-8°, fig. — M. Baudouin. Les sculptures et gravures de Pieds humains
sur rochers. A. F. A. S., Tunis 1913. — Marcel Baudouin, ^orientation des
Sabots d'équidés du Pas du Roi, à Saint-Just et le culte solaire Homme Préhisto-
rique, Paris, 1914.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 453
Distance entre les 2e et 3e gravures : 0m20 ou 7 X 3 (— 1).
3e gravure (Fig. 4) : longueur 0m39 ou 7 X 5,5 ; largeur 0m15 ou
7 X 2 (+ 1) ; profondeur 0m15 ou 7 X 2 (+ 1).
4e gravure (Fig. 5): ouverture 0m22 ou 7 X 3 (+ 1); longueur
0m13 ou 7 X 2.
5e gravure (Fig. 7) : diamètre 0ra27 ou 7 X 4 (— 1) ; profondeur
0m15 X 7 X 2 (+ 1). /
Ce qui confirme les observations faites sur différents points par
plusieurs palethnologues, notamment dans l'Isère par M. L. Jac-
quot, après la découverte de cette donnée en Vendée et en Charente-
Inférieure par M. le Dr Marcel Baudouin.
M. Marcel Baudouin. — L'Orientation des Sculptures est extrê-
mement remarquable.
Les Sabots A et D se dirigent vers l'Orient à 95° Est de la Bous-
sole. — Le Sabot B va à 220° Sud-Ouest.
Si nous calculons Yangle formé par ces deux lignes, nous avons :
220° — 95° — 125°. — Or cet angle doit nous faire immédiatement
songer à un Angle solaire bien connu : l'angle méridio-solsticial-
Nord-Lever, qui est de 180° — - 55° = 125° à la latitude en question,
en effet ! — Impossible d'avoir un chiffre plus précis...
Il en résulte que les Sabots A et D correspondent au Lever
Solaire du Solstice d'Eté (Ligne solsticiale Nord-Lever), et que le
Sabot B correspond à la Ligne méridienne.
Par suite, puisque dans la Nièvre, la Déclinaison magnétique étant
actuellement de 15° environ, nous avons, comme Orientation astro-
nomique actuelle du Sabot A : 95° — 15° » 80°, et comme déviation
précessionnelle : 80° — 55° = 25°, c'est-à-dire la Déviation maxi-
mum, avec une erreur de 1° 30 (25° = 23° 30 + 1° 30) (1).
Ces Sculptures sont donc de la même époque et peuvent être
datées de 4. 000 ans avant Jésus-Christ. Elles sont par suite mani-
festement Néolithiques et de la fin de cette période, là comme en
Charente-Inférieure et en Vendée.
Si l'hypothèse d'un Ellipsoïde pour les figures D E est exacte, on a
affaire à un Ovale gravé, tout à fait comparable à celui que j'ai décrit
pour les Vaux de Saint-Aubin-de-Baubigné (2), où les gravures
sont un peu plus anciennes d'ailleurs.
J'ajoute que la sculpture N° 4 [Fig. 4) est très comparable à celle
(1) La Sculpture G, orientée à 350° Ouest ne correspond pas sans doute à une
ligne solaire, car elle donnerait une forte erreur (16°30) pour le Coucher Solaire
au Solslice d'Eté.
Elle doit avoir une autre signification ; d'ailleurs sa forme est très spéciale.
(2) Marcel Baudouin. — La Pierre à l'Etoile du Temple du Soleil des Vaux,
à Saint- kub in- de-Baub igné (D.-S.). — Bull, et Mém.Soc. Antkr., Par., 1913. —
Tiré à part, Par., 1913, in-8°.
454 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
de la Chaire de Saint-Elophe (M.-et-M.), signalée par notre col-
lègue, M. Hébert.
Enfin j'insiste sur le Bouton du fond de la Cuvette de la Fig. 7,
qui est une sculpture en relief, venant justifier la théorie que j'ai
émise pour les sculptures en relief des piliers de Dolmens de la
région parisienne et que je considère comme des Disques solaires,
et non pas des Seins de femme, comme on s'obstine à le croire encore.
Ce bouton, dans un Bassin typique, est l'analogue (mutatis mutan-
dis) de la Cupule centrale du grand Bassin des Epesses (Vendée).
Je n'insiste pas sur la Commune-Mesure; elle est évidente ici. Mais
est un peu plus grande (0m07, au lieu de 0m065 ou 0m060) qu'en Vendée.
Cette observation est donc une confirmation éclatante de toutes
mes hypothèses, relatives aux Sculptures sur rochers.
Hïote sur le Tic chez les Chevaux américain».
Edmond HUE (Paris),
Vétérinaire-Major, en Mission aux Etats-Unis.
A plusieurs reprises, la question du tic du cheval, avec usure des
dents incisives, a été soulevée dans les discussions de la Société
Préhistorique Française ; et le problème de la corrélation du Tic et de
la Domestication a été posé avec assez de précision pour que son
importance ait attiré l'attention de tous.
-Avant tout il faut bien établir, techniquement, ce que c'est que le
Tic et quels sont ses résultats.
On a donné le nom de tics à des manifestations vicieuses que pré-
sentent certains chevaux.
Parmi ces tics, il en est un qui porte le nom de Tic avec usure des
dents, parce que les manœuvres du cheval aboutissent à user les
incisives avec assez d'intensité pour que leur simple examen per-
mette de déceler le vice.
C'est celui qui nous occupe en ce moment. Le cheval qui tique
frotte ses dents sur un corps dur, placé à portée de sa bouche, en
exécutant des manœuvres, tantôt de haut en bas, tantôt d'avant en
arrière, tantôt de droite à gauche et inversement, tantôt en mordant
les objets.
Les chevaux tiquent soit sur la longe qui les attache ; soit sur la
mangeoire ; soit sur les barreaux du râtelier ; soit sur le mur, etc. , etc.
Le résultat, avons-nous dit, est d'user les incisives de diverses
manières, plus ou moins liées avec la forme et la résistance du corps
SOCIÉTÉ PRÉniSTOIUQUE FRANÇAISE 455
étranger, et dont les principales sont représentées dans les figures
schématiques suivantes, profil et face (Fig. 1).
L'usure due au tic est toujours facile à différencier d'une cause
accidentelle par le poli de la partie de la dent soumise au frottement
léger et répété, qui constitue le tic et qui donne à cette région des
tons de vieil ivoire.
Dans quelles conditions les chevaux tiquent-ils ?
Les auteurs s'accordent à reconnaître que les chevaux tiquent soit
quand ils sont attachés, soit quand ils sont enfermés, soit quand ils
s'ennuyent d'une trop longue stabulation; et, dans tous les cas, lors-
qu'un corps étranger propice au tic est à portée de leur bouche.
A
^
A
iniiii i m iMiitn
Fig. 1. — Exemples de traces de Tic.
Légende. — A, Incisives supérieures vues de profil. — B, Incisives supérieures vues de face.
— A', Incisives inférieures vues de profil. — B', Incisives inférieures vues de face. — Les
hachures indiquent lés parties usées.
Une autre question plus concise est aussi posée :
Pourquoi les chevaux tiquent-ils ?
Les timorés répondent tranquillement : on ne sait pas ! Les auda-
cieux disent : parce qu'ils sont attachés, parce qu'ils sont enfermés,
parce qu'ils s'ennuyent, et surtout parce qu'ils ont un objet sur lequel
ils peuvent tiquer!
456 SOCIÉTÉ PREHISTORIQUE FRANÇAISE
Cette dernière manière de voir est celle de tous les gens de métier :
éleveurs, marchands, hommes de cheval ou gens d'écurie, etc. ; de
tous ceux qui ont observé les chevaux de près et qui ont eu à lutter
contre ce vice. — Ce qui est acquis, c'est que tous s'accordent à dire
que la contrainte est la seule cause de cette manifestation vicieuse (1).
D'où cette déduction logique que la Domestication, avec ses moyens
de contrainte prolongés, est la cause originelle du tic !
C'est alors que se pose la question corollaire :
Les chevaux sauvages, ou ceux qui vivent dans des condi-
tions analogues, tiquent-ils ?
Il y a longtemps que la question a été posée et je ne sache pas
qu'elle ait jamais reçu de réponse.
Les circonstances actuelles m'ayant fait désigner pour une Mission
aux Etats-Unis, mes fonctions m'ont presque mis dans l'obligation
de résoudre la question. Je m'explique. Vous jugerez «près.
Chargé d'inspecter les chevaux achetés d'autre part par le Gouver-
nement français, je suis obligé de constater l'état des incisives, pour
la détermination de Yâge des animaux et pour le tic.
Cet examen dentaire obligatoire a porté jusqu'à ce jour sur plus de
16.000 (seize mille) chevaux, qui m'ont été présentés. Je vous donne
le résultat : j'ai trouvé deux tiqueurs en tout (2) !
En France, on a été obligé de comprendre ce tic dans les vices
rédhibitoires : ce qui implique sa grande fréquence.
C'est alors que je me suis posé la question suivante :
Pourquoi les chevaux américains ne tiquent-ils pas?
Et j'ai voulu en savoir les raisons.
Je dois dire que j'opère dans les campagnes, dans les lieux d'éle-
vage, aussi près que possible de la production.
Dans les fermes, il n'y a pas d'Ecuries et les chevaux ne sont jamais
attachés.
Quand ils sont déharnachés, après le travail, on les laisse en
liberté complète, sans même un licol, dans la prairie qui entoure la
maison.
Et toute l'année — hiver comme été - ils sont dehors et libres.
Rien, ni personne, ne les contraint à rester ici plutôt que là ;
(1) Tous mes contracteurs et marchands de chevaux américains, auxquels j'ai
posé ces questions, ont tous répondu qu'on ne voit de chevaux tiqueurs [scrubbers]
que dans les villes, parce qu'il y a des Ecuries. — La réponse est nette.
(2) Ce sont deux chevaux, d'une douzaine d'années, appartenant à un vieux pro-
priétaire de Chicago. Ces chevaux ne font qu'une sortie par semaine. Ils ont tout
le reste du temps pour tiquer, et ils en profitent, car ils n'ont presque plus de dents.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 457
et leurs ébats sont à peine limités par les fils de fer qui clôturent des
prairies de plusieurs hectares.
Les chevaux ne sont pas contraints : ils ne tiquent pas !
Ce ne sont pourtant pas les corps étrangers qui manquent ; ils
sont même à profusion. Le cheval libre ne s'en occupe pas. Quand
il en a assez de pâturer en une place, il pousse un peu plus loin, à
son gré ; et tout est dit.
Soit, voilà pour les chevaux domestiques. Mais pour les chevaux
sauvages ou au moint vivant à l'état sauvage ?
Dans les grands ranchs du Wyoming, Idaho, Nevada, Texas,
Orégon, Nebraska, Montana, South Dakota, etc., ranchs comprenant
plusieurs sections cadastrales américaines de 6 milles chacune de
côté ; ranchs où les chevaux vivent et procréent à volonté, comme
dans la vie réellement sauvage ; dans les grands ranchs, dis-je, il
n'y a pas plus de chevaux tiqueurs que dans les chevaux de ferme !
Jusqu'à ce jour, j'ai vu environ cinq mille (5.000) chevaux prove-
nant de ces ranchs et je puis vous affirmer que la seule trace de
domestication qu'ils présentent consiste en une brand, au fer rouge,
que les propriétaires font apposer à leurs produits de l'année.
Pour beaucoup de ces chevaux, c'est le seul contact qu'ils ont eu
avec l'homme depuis cinq ou six ans ; et franchement il me semble
qu'ils en ont conservé un mauvais souvenir.
Ces chevaux sauvages sont dressés par nos cowboys qui, en quel-
ques séances, en font des chevaux abordables et utilisables.
Pourvu qu'ils ne deviennent pas tiqueurs pour me donner raison !
Car je suis absolument convaincu :
1° Que le tic avec usure des dents est le résultat de la contrainte
prolongée, comme la Domestication seule peut le faire.
2° Et que faire la preuve qu'une incisive de cheval présente des
traces de Tic, est faire la preuve de la Domestication de ce Cheval.
Si j'ai bonne mémoire, la solution de cette question a été forte-
ment avancée par mon ami, le Dp Henri Martin, au Congrès Préhisto-
rique de Nîmes.
Enfin je suis heureux de pouvoir répondre d'une façon catégorique
à la question, posée jadis au sujet du tic chez les chevaux vivant à
l'état sauvage : Les chevaux vivant à l'état sauvage ne tiquent
pas. Alliance (Nebraska), 15 octobre 1915.
458 SOCIÉ'IÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Contribution à l'étude de l'Ere monumentale
préhistorique î l'Architecture mégalithique
bretonne et les observations solaires (Suite) (1).
Alf. DEVOIR (Brest, F.),
Capitaine de Frégate.
Une description précise de chacun de ces grands monuments,
faite au moment des premières fouilles, et mentionnant l'état du
tertre ainsi que la position des fragments avant toute restauration,
serait justement considérée, de nos jours, comme un document de
valeur inappréciable (2); elle aurait depuis longtemps éclairci la
question très importante dont je m'occupe ici Malheureusement, les
archéologues du début du xixe siècle avaient de tout autres préoccu-
pations; l'étude des monuments était pour eux peu de chose; les
récoltes attiraient seules leur attention. La Science a, de ce fait, subi
d'irréparables pertes !
Imprécision des Orientations.
Je termine cette étude des moyens qui ont pu être employés (3)
pour la construction des dolmens proprement dits par une remarque,
d'importance prédominante, à mon avis du moins.
La manœuvre de supports très pesants, effectuée à l'aide d'engins
grossiers, ne pouvait être une manœuvre de précision ; quelles
qu'aient été les précautions prises des mouvements imprévus étaient
inévitables ; un tassement accidentel d'une partie du tertre déran-
geait le bloc déjà basculé et dont l'implantation ne pouvait plus être
rectifiée, la pesanteur, utilisée d'abord comme puissance, se chan-
geant dès lors en résistance. C'est ainsi que l'on voit, dans de nom-
breux dolmens des supports à faces internes très régulières faire
entre eux des angles assez grands, ou déborder les uns sur les
autres, alors que l'intention première des constructeurs était,
évidemment, de constituer une paroi continue, curviligne ou recti-
ligne.
La construction d'un dolmen était, d'autre part, une opération
incontestablement très longue ; et tel repère, utilisé au début des
(1) Voir Bull. Soc. Préh. trance, 1915, N° 10. p. 369, N° 11, p. 403.
(2) Nous possédons un renseignement de ce genre sur la Table des Marchands :
la relation des fouilles exécutées en 1811 par MM. Renaud et Maudet de Penhouët
montre que la table et une partie des supports émergeaient alors du tertre.
(3) Je ne pense pas qu'il ait été fait usage, pour la manœuvre des tables, de
leviers, sur lesquels il aurait été difficile défaire agir convenablement un nombre
d'hommes suffisant.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 459
travaux, ne pouvait plus l'être dans la suite ; l'auteur de la concep-
tion initiale devait souvent disparaître avant achèvement de l'œuvre
par lui commencée, et qui, dans certains cas, se ressentait d'un chan-
gement d architecte.
Pour ces multiples raisons il serait imprudent surtout, pour des
chambres de faible développement, d'estimer précise et intention-
nelle une orientation, d'ailleurs difficile à fixer sur le monument
même.
Quels seront, en effet, les éléments déterminatifs de l'azimut ?
Si le monument est formé d'une longue galerie, à parois sensible-
ment parallèles et planes, on peut évidemment admettre que la
direction de ces parois représente l'orientation de la galerie.
En dehors de ce cas simple et d'ailleurs assez rare, l'indécision
apparaît.
Si les parois ne sont pas parallèles, aucune raison incontestable
n'autorise à choisir l'une plutôt que l'autre ; si elles ne sont pas
planes, négligera t-on tel ou tel support, pour ne s'occuper que de
leurs voisins?
Tiendra t-on compte de la galerie seule, ou de l'ensemble galerie-
chambre, cette dernière partie du monument pouvant avoir un axe
différent de l'autre, ou bien du centre de figure de la chambre et du
milieu du support qui en forme le fond? Si oui, quel sera le second
point déterminatif?
Un dolmen n'est généralement pas une figure géométrique régu-
lière, et, comme les architectes préhistoriques n'en ont pas, sauf
l'exception mentionnée plus haut, indiqué le jalonnement d'une
façon indiscutable, des erreurs d'appréciation sont toujours à
redouter, surtout si le monument a subi des fouilles, ou une restau-
ration plus ou moins profonde, dont les conditions d'exécution sont
ou peuvent rester ignorées.
Les considérations précédentes montrent que les estimations
peuvent varier d'un observateur à l'autre, parfois de plusieurs
degrés ; tout jalonnement choisi, arbitrairement d'ailleurs dans
beaucoup de cas, ne sera pas forcément celui que s'étaient fixé les
constructeurs : ce qui nous paraît simple et de toute évidence ne
l'était peut être pas pour eux, dont la géométrie, au témoignage de
leurs poteries ornées, se bornait à la notion de l'angle droit (1).
J'ai fait ressortir que des supports devaient fréquemment s'écarter
de l'implantation prévue ; ces erreurs de position ont eu une
influence d'autant plus grande que le développement en longueur
(1) L'étude des grands ensembles non restaurés de la presqu'île de Crozon établit
nettement que les architectes préhistoriques possédaient sûrement cette notion.
460 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
des monuments du genre dolmen est relativement restreint; les
galeries de 15 mètres sont exceptionnelles (1).
En réalité, à cette erreur préhistorique peut se superposer une
erreur actuelle de l'archéologue, sans que nous soyions à même de
dire si toutes deux sont de même sens, ou de sens contraires.
L'indécision est déjà moins grande si, dans la direction de l'ouver-
ture d'une galerie à parois planes se trouve un menhir; surtout si la
grande dimension de celui-ci est orientée comme la galerie ; elle
disparaît, si les menhirs sont au nombre de deux au moins, convena-
blement orientés.
Mais il n'existe pas, à ma connaissance d'exemple indiscutable de
cette dernière disposition ; l'autre elle-même est assez rare ; et l'on
ne trouve d'orientations définies avec quelque précision que dans
quelques groupes de dolmens implantés les uns à la suite des
autres dans un même tertre allongé, généralement pourvu d'un
cromlec'h de soutènement (Kermorvan en Ploumoguer; Molène NC,
ce dernier groupe en ruines).
Par contre les monuments à chambre circulaire ou elliptique
fermée sont essentiellement sans orientation. Enfouis pour la plu-
part, ils paraissent représenter un type de transition entre les
dolmens proprement dits et les chambres à murets de pierres
sèches ; j'en reparlerai dans un autre chapitre, pour montrer leur
rôle dans les ensembles mégalithiques à grand développement où ils
servent simplement de points déterminatifs, au même titre que de
simples menhirs.
Chambres a Parois maçonnées.
Il convient maintenant d'étudier les chambres à parois maçonnées.
Ce qui frappe tout d'abord dans ces monuments, c'est l'extrême
simplicité du tracé de la chambre, simplicité formant contraste
avec la complication et la variété des constructions à supports
mégalithiques.
Il semble que celles-ci ont dû paraître, à un moment donné ou
dans certains cas, d'édification trop longue ou pénible, et que
l'adoption d'un nouveau mode architectural ait été la conséquence
d'une recherche du moindre effort ; la transition est d'ailleurs
indiquée par des monuments de type intermédiaire, où le recou-
vrement est supporté en partie par des maçonneries, en partie par
des blocs d'assez grandes dimensions, implantés de champ dans le
SOI. y
Ces monuments intermédiaires se rattachent d'ailleurs beaucoup
inoins aux dolmens qu'aux chambres maçonnées : la caractéristique
(1) Pour cette longueur une erreur de position de 0m70 correspond à un écart
angulaire de cinq degrés.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 461
de ces dernières est l'existence d'une cavité sensiblement paralléli-
pipédique complètement fermée, sans galerie d'accès, limitée laté-
ralement par quatre murets qui s'appuient solidement sur le sol
naturel excavé. Le recouvrement est presque toujours formé d'une
seule dalle, reposant directement sur les assises supérieures des murets.
Les dimensions de la cavité sont très variables, mais ne dépas-
sant pas, sauf de très rares exceptions, deux mètres en hauteur et
en longueur, un mètre et demi en largeur; elles sont un peu plus
fortes dans les monuments du type intermédiaire; à Saint-Bélec
(NC) en Leuhan (Finistère), une belle chambre composite avait,
d'après du Châtellier, 3m86 de long sur 2m30 de large, et lm86 sous
table.
D'une façon générale, les dispositions intérieures des chambres à
parois maçonnées ne diffèrent que par des détails : quelques-unes
sont pourvues d'une banquette étroite, faite de pierres sèches
(Penker en Plabennec, Finistère, NC), ou dessinée par une exca-
vation de largeur inférieure à celle de la chambre (Brignon-en-
Berrien, Finistère, NO, sur laquelle reposaient les extrémités de
madriers en chêne, placés en travers, parfois recouverts de
branches du même arbre; mais la forme intérieure de beaucoup la
plus fréquente est fa parallélipipédique simple.
Le fond est toujours excavé et au-dessous du niveau du sol
naturel, parfois même en contre-bas du pied des murets: on connaît
un ou deux exemples de dallage mégalithique ; par contre il semble
que le planchéiage ait été d'un usage assez courant, moins toutefois
que le simple lit de sable ou de galets.
Les blocs de recouvrement, à face inférieure peu accidentée, ont
des dimensions suffisantes pour recouvrir la chambre et les murets
en dépassant quelque peu l'arête extérieure de ceux-ci ; comme leur
épaisseur est voisine de 0m50 en moyenne, la table est d'un mètre,
ou un peu davantage, plus large et plus longue que la chambre ;
elle est dans beaucoup de monuments formée d'une dalle mince ;
des blocs relativement épais ne se trouvent que dans les régions
granitiques, là où la roche ne se débitait pas en feuillets.
Fait remarquable, les recouvrements mégalithiques des chambres
à parois maçonnées sont, sauf très rares exceptions, fort peu élevés
au-dessus du sol environnant, beaucoup moins en tout cas que
dans Timmense majorité des dolmens : il en résultait une grande
facilité de mise en place, s'ajoutant aux facilités d'édification que
les auteurs de ces monuments semblent avoir avant tout recherchées.
D'après les constatations précédentes (1), les travaux pouvaient
(1) Pour cette exposition, de larg-es emprunts ont été faits aux œuvres de P. du
Châtellier.
462 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
être ainsi conduits : une excavation rectangulaire était creusée dans
le sol, jusqu'à une profondeur peu inférieure à la hauteur prévue de
la chambre, et des murets construits sur son pourtour ; le fond
était battu ou dallé, puis la cavité bourrée ou étançonnée.
Un tertre surbaissé raccordait le sommet des murets au terrain
environnant et formait un plan incliné pour le hissage et la présenta-
tion de la table ; les procédés de manœuvre appelaient ceux indi-
qués plus haut pour les dolmens, mais avec des difficultés bien
moindres : les arc-boutements et les accrochages n'étaient pas à
craindre; le tout était de préserver les murets, pendant le mouve-
ment de la dalle, contre la tendance à Féboulement vers l'intérieur;
le bourrage et un bon établissement du chemin de glissement y
suffisaient parfaitement.
Il est fort possible, comme le pense M. du Châtellier, que les
petits côtés de la chambre, ou au moins l'un d'eux, n'aient été
murés qu'après mise en place de la dalle, celle-ci étant soutenue
par le reste des parois jusqu'à cette dernière opération ; le hissage
se serait fait dans cette hypothèse suivant la direction des grands
côtés et le débourrage par l'ouverture restée béante.
J'ai constaté, d'autre part, dans des monuments de ce type
(Kerandraon en Landunvez-Finistère NC) que la table avait été
échancrée vers l'une des extrémités de la chambre; Téchancrure,
suffisante pour donner passage à un homme, avait été ultérieure-
ment obturée par une petite dalle. Avec une telle disposition, les
murets pouvaient être entièrement établis avant mise en place du
recouvrement, le débourrage se faisant par l'échancrure ; il convient
de remarquer que dans les chambres précitées la maçonnerie était,
sur toutes les parois, des mieux réussies ; elle avait supporté un
très lourd recouvrement, sans autre déformation qu'un fléchisse-
ment, à courbe verticale très régulière, des grands côtés.
J'ai dit que la construction des chambres à parois de pierres
sèches correspondait, par rapport aux dolmens, à une diminution
du nombre des éléments mégalithiques et des efforts considérables
que nécessitait leur manœuvre; une autre modification a fait dispa-
raître le dernier de ces éléments.
Dans les chambres dites à encorbellement, la lourde table n'existe
plus : la partie haute n'est plus en voûte plate, mais ogivale, cons-
tituée par des dalles minces, chargées vers l'extérieur et débordant
de plus en plus à l'intérieur, jusqu'à ce qu'une dernière puisse
s'appuyer en même temps sur deux dalles opposées ; dans ce genre
de monuments, le travail, moins pénible, était d'exécution délicate ;
et des effondrements se sont produits. (A suivre).
TABLE DES AUTEURS
Ballet (Dr) (Paris). — La Parure aux Epoques paléolithiques anciennes, 96.
Barthère (Madagascar). — Observations sur une hache en os, provenant des
fouilles exécutées par l'Académie Malgache à Ampasambazimba en
1908 (Madagascar), 358.
Baudouin (Marcel) (Paris). — Fréquence de la bifidité des racines des dents
antérieures chez les squelettes de POssuaire des Cous, à Bazoges-en-
Pareds (Vendée), 50.
— A propos du Cromlech de Nanterre, 69.
— Le Menhir de La Tonnelle, Saint-Hilaire-de-Riez (Vendée), 167.
— Découverte d'une nécropole mérovingienne près de Nancy, 207.
— Un nouveau type de hache à bouton: La hache à double bouton, 216.
— Détermination de l'époque d'emploi, en années, des hcahes à bou-
tons, 268.
— La Préhistoire dans les Tranchées, 275.
— Une sépulture de l'époque mycénienne en Crête, 275.
— Le Casse-Tête naviforme du Champ-saint-Père et ceux de Vendée, 291.
— Etude analomique du crâne australien de Talgaï de l'époque glaciaire, 353.
— Les petites boules de calcaire et d'argile cuile des sépultures gallo-
romaines en Vendée, 356.
— Trésors cachés et veaux en Or, 385.
— Enquête sur les Tarauds ou Fraises Néolithiques, 422.
— Les Sculptures pédiformes, les Cavités ovoiMes et les Cupules du
Rocher n* I de La Devallée, à La Nolandière , en l'Ile-d'Yeu
(Vendée), 432.
Brasseur (Gournay, Seine-Inférieure). — Notes sur les haches polies, 18 7.
— Discussion sur les haches polies et les polissoirs, 199.
— Note sur les retouchoirs, 247.
— Curieuse trouvaille de deux moitiés d'une haché Acheuléenne avec fos-
sile à l'intérieur, 309.
Boismoreau (Dr) (Vendée). — Découverte de sculptures néolithiques et
d'un abri sous roche aux Roches du Diable, près Quimperlé (Finis-
tère), 133.
Bossavy (Versailles, Seine-et-Oise). — Deux Polissoirs nouveaux pour Seine-
et-Ôise, 309.
Bourgeade (Eloi) (Les Planchettes, par Riom-ès-Montagne, Cantal). — Sta-
tions néolithiques de l'Extrême Sud Algérien, découvertes de nos
jours, 136.
— Hochet gallo-romain en terre cuite, 223.
Bourilly (Gard). — Découvertes préhistoriques au Maroc Oriental, 355.
Chervin (Dr) (Paris). — Organisation de la défense contre la destruction des
vestiges préhistoriques en Espagne, 352.
Golleu (Collinée, Côtes-du-Nord). — Découvertes préhistoriques à Saint-
Glen, 382, 419.
464 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Coutil (Saint-Pierre-du-Vauvray, Eure). — La Grotte néolithique de Cour-
jeonnet (Marne), 71.
— Anse mobile de seau en bronze, trouvée à Montcy-Saint-Pierre, canton
de Gharleville (Ardennes), 72.
— Pointes de flèches de l'âge du bronze munies de barbelures à la douille
{suite), 120.
— Haches spatules et ciseau à dimensions anormales de l'âge du bronze,
250.
-— La Céramique des Palafittes du Lac du Bourget (Savoie), 386, 430.
— et Dr Brulard (Côte d'Or). — Les tumulus de Blaizy-Bas et de Saint-
Hélier (Gôte-d'Or), 108.
Desforges (Rémilly, Nièvre). — Les Polissoirs mobiles recueillis en Niver-
nais, 125.
— Torches supports en terre cuite de Toury-Lurcy, 135.
— Discussion sur les casse-têtes naviformes, 381, 420.
— Nécrologie : Delort, 378.
Les Gravures pédiformes de la Pierre de Saint-Maurice, à Millay
(Nièvre), 446.
Dveoir (Brest).— Contribution â l'étude de l'Ere monumentale préhistorique :
l'Architecture mégalithique bretonne et les observations solaires, 369,
403 et 458.
Ferrier (Dr) (Paris). — Etude des dents préhistoriques de la Sépulture néoli-
thique de Vendrest (Seine-et-Marne) : Recherches sur la tendance à la
bifidité des racines des canines et des prémolaires, 51.
Givenohy (De) (Paris). — Suite à l'étude des Ciseaux néolithiques : Ciseaux à
coupe cylindrique ovoïde, 57.
— Note rectificative sur les ciseaux néolithiques (Erratum), 70.
— Description de quelques ciseaux polis à coupe ovoïde, 70.
— Note sur deux Casse-Têtes en pierre naviformes de Scandinavie, 310.
— Note sur un ciseau néolithique de Provence, 383.
Guébhard (Saint-Vallier-de-Thiey, Alpes-Maritimes). — Découverte d'un
Castellar à Peyroules (Basses-Alpes), 133.
— Nouvelles découvertes de Casteliars dans le Var, 276.
— Découvertes de stations néolithiques dans le Var, 354.
— Un nouveau critère de l'utilisation des Silex non taillés, 366.
— Dons à la S. P. F., 418.
Guénin (Brest, Finistère). — Les Menhirs à cupules du Finistère, 202.
— La Croix des rochers et dalles à cupules et empreintes pédiformes,
361.
Guelliot (Dr) (Reims, Marne). — Marnien ou La Tène I, 226.
— Sculpture dans la craie de la Champagne, 381.
Harlé (Bordeaux). — Trésors cachés composés d'une vache en or, 384.
Harmois (Paris). — A propos de l'usage des haches polies et de deux haches
des Côtes-du-Nord, 48.
— Note sur un ciseau néolithique et plusieurs haches polies provensnt de
la Guyane française, 428.
— Sur quelques coutumes locales, supertitions, survivances antiques,
légendes, de Bretagne, 429.
Hébert (Marcel) (Paris). — A propos de la Roche-aux-Fras et deses légendes, 49.
— A propos du Tableau de l'Eglise Saint-Merri et de l'hypothétique Crom-
leck de Nanterre, 53 et 238.
Hémery (Marcel (Oise). — Découvertes d'objets d'époque gauloise à Tracy-le-
Val (O.), au cours de Travaux militaires, 421.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 465
Hue (Paris). — Le Dolmen de Pierre Levée, commune de Janville-sur-Juine
(Seine-et-Oise), 140.
— Note sur le tic chez les Chevaux américains, 454.
Hure (Mlle Augusta) (Sens, Yonne). — Pointes-grattoirs, retouchoirs mous-
tériens du Sénonais, 181.
Hugues (Saint-Geniès-de-Malgoires, Gard). — Deux enceintes du Gard, 382.
Jacquot (Grenoble). — Persistance du Culte des Astres jusqu'à nos jours :
Boutons à figures astrales, 197.
— Discussion sur l'usage des pointes de flèches en silex, 246.
— La Pierre à cupules de Fontaine (Isère), 302.
— Contemporanéité des Armes en bronze et des Armes en pierre, 427
JousBet de Bellesme (DT) (Nogent-le-Rotrou, Eure-et-Loir). — Curieuse sur-
vivance des flèches à tranchant transversal, 213.
— Des signes propres à reconnaître si un silex non taillé a été utilisé inten-
tionnellement, 278.
Mercier (Gustave) (Constantine, Algérie). — L'Homme de Mechta-Châteaudun
(Algérie), 170.
Passemard (Biarritz, Basses-Pyrénées). — Conservation insuftisante des monu-
ments préhistoriques classés, 352.
Patte (Chantilly, Oise). — Au sujet des haches polies des Côtes-du-Nord, 132.
— Découvertes préhistoriques en Serbie v Vallée du Vardar) [Guerre d'O-
rient], 420.
Poulain (Georges) (Eure). — Discussion sur les fossiles perforés trouvés dans
les alluvions, ayant pu servir de parure aux époques paléolithiques
anciennes, 138.
— Sur quelques coutumes locales, superstitions, survivances antiques,
légendes du département de l'Eure, 221 et 342.
— Fond de cabane de l'époque mérovingienne à Sainte-Geneviève-lès-Gasny,
canton d'Ecos (Eure), 307.
— Sur la destination d'une catégorie d'Outils en Silex des époques Magda-
lénienne et Néolithique, 426.
Reber (Genève, Suisse). — Quelques remarques à propos de pierres à Nyton, à
Genève et des objets en bronze trouvés sur leur emplacement, 318.
Reynier (Lizy-sur-Ourcq, Seine-et-Marne). — La Préhistoire des Tranchées
dans le canton de Lizy-sur-Ourcq (Seine-et-Marne), 245.
Sellier (Paris). — Une Pierre-Figure de la Seine, 49.
Tarbé des Sablons (Paris). — Existence du Tribulum à Chypre (Asie
Mineure), 353.
Trassagnac (Dr) (Sur le Front).— Fouilles dans les Tranchées militaires, 244
et 331.
Viré (Armand) (Paris). — Commission d'étude des Enceintes préhistoriques et
fortilications anhistoriques, 74.
TABLE DES MATIÈRES
A
Pages.
Abri sous Roche, par Boismoreàu. 133
Algérie 170
Anse mobile de seau en bronze,
par Coutil 72
Ardennes 72
Astres (Culte des), par Jacquot.. 197
Australien (Crâne), par Baudouin. 253
BlFIDITÉ DES RACINES DES DENTS, par
Baudouin 50
Boules calcaires, par Baudouin. 356
Boutons a figures astrales, par
Jacquot 197
Bronze (Objets en).... 250,308, 427
Casse-tête naviforme, par Bau-
douin 291
Casse-têtes en pierre naviformes,
par de Givenchy 310
Casse-têtes naviformes, par Des-
forges 381 , 420
Castellars 133, 276
Céramique des Palafittes, par
Coutil 386, 430
Chevaux (Tic des), par Hue 454
Ciseaux a coupe cylindrique ovoï-
de, par Givenchy 57
Ciseaux néolithiques (Erratum),
par Givenchy 70
Ciseaux néolithiques, par Given-
chy et Harmois 70, 428
Ciseau néolithique de Provence,
par Givenchy 333
Côtes-du-Nord 108, 132
Crâne australien, par Baudouin. 253
Crète (Sépulture de) 275
Croix des rochers, par Guénin... 361
Cromlech de Nanterre, par Hé-
bert 53, 238
Cromlech de Nanterre, par Bau
dôuin
Coutumes locales, superstitions,
Survivances antiques, légendes,
par Poulain et Harmois. 221,342,
Culte des Astres, par Jacquot. . .
Cupules (Dalles et).... 202,302,
Pages.
429
197
432
Dalles a cupules, par Guénin 202
Découvertes de Castellars, par
Guébhard 133, 276
Découvertes de stations néoli-
thiques, par Guébhard et Patte,
354 420
Découvertes préhistoriques, par
Bourilly 355
DÉCOUVERTES PRÉHISTORIQUES, par
Colleu 382
Dents préhistoriques, par M. Bau-
douin 50
Dents préhistoriques, par Fer-
rier 51
Destruction des vestiges préhis-
toriques, par Chervin. 352
Dolmen de Pierre Levée de Jan-
ville-sur-Huisne, par Hue 140
Enceintes du Gard, par Hugues. . 382
Enceintes préhistoriques, par
Viré 74
Empreintes pédiformes, par Gué-
nin, Baudouin et Desforges,
361, 432, 446
Epoque mycénienne, par Bau-
douin 275
Espagne 352
Eure 221,307,342, 426
Finistère 133, 202, 361
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
467
Pages.
Flèches a tranchant transversal,
par Jousset de Bellesme 213
Fond de cabane d'époque méro-
vingienne, par Poulain 307
Fortifications anhistoriques, par
Viré 74, 133, 276, 382
Fossiles perforés, par Poulain.. 138
Fouilles a Madagascar, par Bar-
thère 338
Fraises 422
Grotte néolithique, par Coutil.. 71
Grattoirs 118, 426
Guyane 428
Hache a bouton, par Baudouin. . . 216
Hache a double bouton, par Bau-
douin 216
Haches a bouton : détermination
de l'époque, par Baudouin 268
Hache acheuléenne, par Brasseur. 309
Hache en os, par Barthère 358
Haches polies des Côtes-du-nord,
par Patte 132
Haches des Côtes-du-Nord et de .
la Guyane, par Harmois... 48, 428
Haches polies, par Brasseur .... 187
Haches polies et Polissoirs, par
Brasseur 199
Haches spatules et Ciseau en
Bronze, par Coutil 250
Hochet gallo-romain, pai* Bour-
geade 223
Homme de Mechta Ghateaudun, par
Mercier 170
I
Isère 302
Lac du Bourget, par Coutil. 386, 430
Légendes de la Roche-aux-Fras,
parHÉRERT 49
Légendes diverses 429
M
Madagascar 358
Marne 71, 381
Marnien ou La Tènè, par Guel-
liot 226
Pages.
Maroc oriental 355
Mégalithes : Ère monumentale
préhibtorique, architecture mé-
GALITHIQUE, par Devoir 369, 403, 458
Menhirs a cupules du Finistère,
par Guénin 202
Menhir de La Tonnelle, par Bau-
douin 167
Mérovingien 206, 307
Monuments préhistoriques clas-
sés, par Passemard 352
Moustérien 118
N
Nécropole mérovingienne, par
Baudouin 206
Nièvre 446
Objets en Bronze, par Reber. ... 308
Oise 421
Ossuaire des Cous, par Baudouin. 50
Parures aux époques paléolithi-
ques, par Ballet 96
Parure a l'époque paléolithique,
par Poulain 138
Pédiformes (Sculptures) 432, 446
Pierre a cupules, par Jacquot... 302
Pierres a Nyton a Genève, par
Reber 318
Pierre Figure, par Sellier 49
Pointes de flèches de l'âge du
bronze, par Coutil , 120
Pointes de flèches en silex, par
Jacquot 246
Pointes - grattoirs - retouchoirs
moustériens-, par Hure 118
Polissoirs, par Brasseur 199
Polissoirs mobiles, par Desfor-
ges 125
Polissoirs nouveaux, par Bossa vy. 309
Préhistoire des Tranchées, par
Reynier et divers. 244, 245, 331 421
Préhistoire dans les Tranchées,
par Baudouin 275
Racines des Dents 50, 51
Retouchoirs 118, 247
468
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Pages.
Sculpture dans la craie de la
Champagne, par Gueilliot
Sculptures néolithiques, p r Bois-
moreau
Seau en Bronze, par Coutil
Seine-et-Oise 140,
Sépulture en Crète, par Baudouin
Sépultures gallo-romaines, par
Baudouin, Trassagnac, etc. 244,
3;t
Sépulture néolithique, par Fer-
rier, Baudouin, elc 50,
Serrie (Découvertes en)
Silex non taillés, par Jousset de
Bellesme
Silex non taillés, par Guébhard.
Stations néolithiques, par Bour-
geade et Patte 136,
381
133
72
309
275
356
51
420
278
366
420
Tableau de l'Eglise Saint-Merri,
par Hébert 53, 238
Tarauds (Les), par Baudouin 422
Pages.
La Tène ou Marnien, par O.
Guelliot 226
Tic des Chevaux, par E. Hue 454
Torches-supports, par Desforges. 135
Tranchées (Préhistoire des), par
Reynier, Baudouin, etc. 244,
245, KM 421
Tranchées militaires (Fouilles
dans des), par Trassagnac. 244,
321, ..... 421
Trirulum a Chypre, par Tarbé des
Sablons 353
Trésors cachés, par Harlé 384
TumulusdeBlaizy-Bas et deSaint-
Hélier, par Coutil et Brulard. 108
Vache ou Veau en or, par Harlé. 384
Var 354
Vendée .... 49, 50, 167, 291, 356, 432
4^
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(O
ZmmHGSECT. M0Vltf19R5
J» Société prâilatorl<m#
^562 Bulletin
1. 12
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